NOUVELLE BIBLIOT HEQUE BELGIQUE. Par une Sociétê de Gens de Lettres. TOME SECOND i)7 1) C C L X X X I I. A LA HATE, C h e z C. PLAAT, Librairc dans le Hofftrsat. Cette Pibliosheque qui paroic regulierement tous les trois Mois, fe trouve chez les principaux Libraires dans les Païs-Bas; & dans les Pays Etrangers, a Paris cb&z Delalain 1'ainé. Loiidres, Elmjly. Leipzig ^.F. B'öhtne, Göttingue, van den Hoek. Hambourg, Virfchaux & fauve JJerold. Duisburg, Eehving. Wezel, Rider.   NOUVELLE BIBLIOTHEQUE BELGIQUE. TOME SECOND Première Partie. JANVIER, FEVRIER, MARS. MDCCJLXXXII. A LA HATE, Chez C. PLAAT, Libraire dans le Hofftraat. UUQCLXJLX.IL   t a b l e DES ARTICLES. I* La Richesse de la Hóllande, 2d Extr. * ■ II. RéflExions sur le crédit actuel de l'angl: ET de la FrANCE. 2& ' III. Nouveau ThéAtreHql- landois. 34 IV. Discours sur les Méde- cins hollandois. 52 . v. essai sur la physiognomonie par Lavater. 63 vi. mémoires de la société Batave de Rotterdam Tom. v. 2d Extr. 95 vii. Dissertations Philoso- phiquesde m. PeRRENOT. ï l6" * % VIII.  4 Tabls des Articles VIII. Tableau de l'Histoire des Provinces-Unies par Cerisier. i 30 IX. HlSTOIRE DE L'ALLE. magne par M. Schmidt. iöj X. Traité de Psychologie. 184 XI. Traité des Serpens du Pays de Drenthe. 19j XII. Discours de l'Inocula» tion aux habitans db Batavia. *%% XIII. Avis, Annonces, Prospectus ETC. a,. XIV. Poesies Latines. XV. Anecdote sur le Poite A. Hoogvliet. ^ XVI. NouvellesLitteraires. 259 oü entre-autres Articles nouveau* on trouve une notice de TOuvrage de Mr. de Perponchtry intitulé, Entretiens a rufagt du Enfant, NOU-  NOUVELLE BI BLIOTH EQUE BELGIQUE, POUR. LES MOIS DE Janvier, Fevrier, Mars, MDCCLXXXII. ARTICLE PREMIER. Hollands Rykdom &c. C'cft-a-dire, La Richesse.de la Hollande. SEGOND EXTRAIT. Dans le feptième Chapitre ,'du Volume qüe nous analifons Mr. Luzac traite des caufes de 1'accroiffemene de notre Commerce & de notre Navigation après que les Hollandois eurent feTmJI.Part.2' A coué  * noüv. BrBLIOTH. BeLGIQUE. couélejoug dePhilïppe, & qu'ilsfe furent UDis par le Traité d'Utrecbt. i Laliberté, qui fut le fruit de la guerre, que nos Ancêtres foutinrent contre le Roi d'Efpagne, rompit en même tems toutes les barrières, qui s'oppofoient encore k notre commerce. Le Nêgociant déformais Iibre dans fes fpéculations ofoit-former hardiment les projets les plus valles, & rien n^en troubloit 1'exécution ; le Navigateur parcouroit fans craiate 1'Océan , montroit a desmers éloignées un Pavillon nouveau, & faifoit refluer dans £a Patrie les tréfors des deux mondei Mais la liberté feule n'eut jamais opéré eette heureufe révolution ü la nécefïïté de fe défendre contre un Ennemi puilTant n'eut forcé les Hollandois a faire marcher de front Ia Guerre & le Commerce; cen'étoitpas affez pöur mus de repouffer le Tyran 51 falioit porter le Théêtre de la guerre fur fes propres terres, il falioit attaquer Philippe II. dans tous les lieux de fa domination, & par conféquent il falioit le pourfuivre daas les quatre parties du monde.  Jan?. Fev. Mars. 1782. 3 Si 1'heurcuxaffranchilTement dont nous parions fe fut exécuté fans peine , li Philippe eut abandonné fans réfiftance les rênes du Gouvernement de ces Provinces nous n'aurions jamais prisdans le Commerce cette prépondérance, qu& les efforts multipliés de nos Rivaux n'onc pu nous faire perdre ; lemblables auxr Danois, & a d'autres peuples du Nord, nous ferions peut-être parvenus après bien du tems a pofféder quelques Ifles hors de 1'Europe, mais nous n'auriots jamaisfixé daDSnotreRépublique un Commerce auffi immenfc & une Navigation aufliéténdue: Au lieuquela Guerre contra 1'Efpagne nous rendit maitres d'une partie de fes poffeffions éloignées; la cóced'Afriq'ue, l-'Afie & 1'Amériquefurent fucceffivement remplies de nos Facteurs & de nos Nayigateurs; ainfi en arrachant a Philippe des Provinces qu'il s'étoit rendu indignes de pofféder, nous portames un coup redoutable a la monarchie Efpagnolle, nous nous enrichimes de fes pertes : Ia réu. ston Portugal en 1580 a la Couronne d'Efpagne, ne fut pour nous qu'une nouvelle occafion d'étendre nos poffesA 2 üousf  4v Nouv. Biblioth. Bëlgique. fions. Tour. cela ne fut cependant que Pouvnge du tems: JPeu a peu de funpies défenfeurs de nos foyers nous devinmes des aggreffcurs formidables ; nos premiers fuccès fur mer nous enbardirentj & nos vahTeaux furentbientót peuplés de marins intrépides, que 1'appas du gain attiroient en foule : 1'enthouliasme. de la liberté civile & religieufe échauffant tous les cceurs confervoit a 1'ame cette énergie, cctte force, feule capable d'engendrer& d'exécuter lesplus vastes deffeins.. Par un heureux concours de circonftances, les Puiffances auxquelles nous offrimes fucceflivement la fouveraineté re'fuferentcet honneur, & nous nous vimes enfin après uneguerre longue & fanglante un Etat libre & puiffant par Ie com-, merce. Tel eft Pintéreffant tableau que 1'Au-' tcur nous tracé dans Pintrodu&ion de ce Chapitre. II paffe enfuite au déve-. loppementdes principales caufes qui con-. tribuèrent k cette heureufe révolution, mais qui toutes découlent cependant de eelle que nous venons d'expofer, laguer-  Janv. Fbv. Mars. 1782. 5" re avantageufe que nous foutinmes contre le Roi d'Efpagne. Ce fut aprèsa"voir abjuré 1'autorité de ce Monarque que s'établit 1'heureufe Conftitution de eet Etat, fixóe par le Traité connu fous le nom de 1'Union d'Utrecht. Hfaudroit, dit Mr. L. être bien indifférent fur les caufes de norre prospérité, pourne pas reconnoitre que c'efta notre conftitution que nous en fommes redevables. II eft donc important de la développer & d'arrêter nos idéés fur la nature de notre Gouvernement, entièrement nouveau, & dont on ne trouve aucun modèle dans 1'Hiftoire. C'eft a tort que 1'on a voulu comparer la conftitution des Provinces Unies avec celle de quelques anciennes RépublJques, lesquelles, comme le remarque notre Auteur, n'avoient pas ce centred'union, qui ne fait de toutes iesProvinces, qu'un feul & même Corps. II n'entroit point dans le plan de notre Auteur de faire un Traité complee fur cette matière, il feborne uniquemenc ce qui a un rapport immédiat a fon fuift, les caufes de notre prospérité. II re*wj~ 5 a 3 monte  6 Nouv. Biblioth. Belcique. monte donc k 1'origine de notre Conftitution , & il fait voir que la néceffité de fc réunir pour ne pas tomber dans les maux qu'entraine 1'Anarchie fut la bafe de 1'Union d'Utrecht. Nous ne pouvons nous refufer au plaifir de tranfcrire une partie des réflexions que Mr. Luzae fait a cette occafion. j> Lorsqu'un peuple court aux armes pour fe fouftraire k la tyrannie, il paroie animé d'une nouvelle ardeur, & les plus belles vertus femblent échauffer fon courage : 1'efprit de parti, 1'intérêt perfonnel, tout céde, tout difparoit devant les grands motifs de la néceffité commune, & de la confervation de la Patrie; tels on voitdemalheureuxPaflagerss'emprefler a jetter a la mer leurs plus précieux effets , lorsque le Vaifleau battu par 1'orage, femble prêt a s'abimer au' fond des eaux; ilsobéiffent a la voix du Pilote, & fe gardent bien de s'oppofer par un entêtement hors de faifon aux ordres qu'il leur donne. —— L'Amoiar de la Patrie, le patriotisme proprementdit, ce fublime reffort des vertus fociales, ne conferve fon énergie qu'auflï  Janv. Fev. Mars. 1782. f qu'aufii longtems que le corps de 1'Etac parvenu a fa maturité ait acquis toutcs fes forces. II n'eft pas donné a rtiomme de conferver une conftitution Politique, quelque bonne qu'elle foit, dans toute fon excellence ; il faut du moins pour la foutenir des fecours étrangers, on ne peut les trouver que dans la réunion des différens corps, dans le noble abandon de fes intéréts perfonels, en les facrifiant au bien public; maisun tel dévouement exifte t'il encore, trouve t'on encore des ames de cette trempe? Ofons le dire, ce n'eft que lors de 1'établiflement ou de la chüte des Etats libres qu'il s'éleve de grands hommes. C'eft ce que prouve 1'Hiftoire de toutes les anciennes Républiques. ■ La meilleure forme de gouvernement pour une Républiquej la plus heureufe pour le peuple, c'eft celle qui après avoir porté 1'Etat au plus hauc dégré de profpérité, fait en prévenir Ia chüte. Mais cette ch&te eft inévitable , fans le Patriotisme qui facrifie 1'intérêt particulier au bien de la Commupauté. 1 in 1 On peut fe former d'après A 4 ces  g Nouv. BisLroTH. Belciqüe. ces obfervations une idéé de 1'excellence de notre Conftitution, ChaqueProvince nous offre dans le corps de la noblefl'e 1'image plus ou moins frappaEte d'un Gouvernement Ariftocratique; dans les Députés des Villes une démocratie répréfentative, & dans le S;adhouder une espèce de Monarchie. Ce mélange destrois Eormes peut fe faire d'une infinité de manières, il n'eft pas uniforme danschaque Province, ajoutons, quece mélanT ge a été fait accidentellement, & que c'eft auffi de cette farpn que nous fommes parvenus a jouir de la plus psrfaite forme de Gouvernement poffible felon les Anciens : C'eft ce que les Etats de de Frife ont démontié dans leur Déduction de 1'année 1651. On peut ajouter aux preuves qui fe trouvent dans cette Pièce ces paroles de Ciceron. — Statuo eJJe optime conjtilutam rempublicam, quot ex tribus generibus iltis, regali, optimatum £ƒ populari confufa ejl". Mr. Luzac s'occupe enfuite aprouver que c'eft dans le même efprit que s'eltformée VUniond'Utrecht, &que 1'on cpmpfic alors de quelle utilicé étoit 1'ad-  Janv. Fev. Mars. 1782. 9 miniftration Stadboudérienne, pour unir les différens membres de 1'Etat. C'eft , pourfuit il, a 1'influence des Stadhouders que nous devons unepartie de nos riches poffeflions hors de 1'Europe, c'eft encore è elle que nous fommes redevables de 1'éterjdue de notre navigation, & de 13 prospérité de notre Commerce. L'Auteur confacre enfuite une bonne partie de ce Volume a prouver non feulement l'utilité mais la néceffité du Gouvernement Stadboudérien pourlcmaintien de notre conftitution, &-il répondauxobjeétions de ceux qui penfentdifféremment fur ce fujet. II eit de nos jours fi bien démootré, qu'il nous faut un chef pour tenir 1'équilibre dans les différens mouvemens de 1'Etat,-une perfonne qui foit le centre deréunion des intérêtsjdivers, le nceudjl'ame de laRépubIique,quiprévienne le danger des prérogatives des corps Ariltocratiques, qui refferre toutes les parties de la confédération, qui dirige tous les cfforts vers un même but, enfin un génêral dont la dignité impofe a 1'armée, qu'il tft inutile de développer au long les railbnnemens de nctre Auteur, qui aufil A 5 ,bica  IP NOUV. BlBLIQTH. BELGIQUE. bien revienncnt ace que nous venons d'indiquer,il feroit encore fuperflu de faire connoitre les objcdti-ms rebattues, & les réponfes folides qu'on fait fur ce fujet; les différens partis qui agitent encore 1'Etat, quoique divifés fur d'autresfujets, fe réuniflcpt tous cependant pour reconnoitre 1'utilité & la néceffité de 1'adminiftration Stadboudérienne. La plus dangereufe objeftion que 1'on puiffe faire, felon Mr. Luzac, contre notre Conftitution aétuelle, c'eft celle-ci. La liberté civile périclite par 1'Adminiftration des Stadhouders: II faut donc rechercher préalablement la nature de la liberté civile de ces Provinces & notre Auteur s'en occupe avec d'autant plus de foin, qu'il n'a trouvé aucun Ouvrage oü cette matière fut traitée è fond. II eft néceflaire pour éviter les logomachies de définir les termes, & de rechercher quel fens il faut donner ici aq mot de liberté. La fignification incertaine de cc terme a caufé bien des disputes & bien des maux, & aujourd'hui encore on ne celTe d'écrire fur la liberté , de parlerdc liberté, mais moins d'après ■  Janv. Fev\ Mars. i 82. 11 le vrai fens de ce mot, que d'après les fauiïes fignifications qu'on lui donne. La liberté dans le fens ordinaire, & telle qu'on la définit dans le commerce de la \ie, effc la facultê de faire ce que l'on veut ( * )• Mais une liberté auffi étendue, auffi indéterminée n'eft pas compa; tible avec 1'état de Société dans lequel nous vivons; 1'hommele plus borné fent, que s'ilfaifoit ufaged'une telle liberté, il en réfulteroitde trèsgrandsinconvéniens, puisquefon voifin ayant la mêmefaculté, de faire tout ce qu'il veut, pourroit vour loir le contraire, que de maux ne cauferoit pas une telle liberté ? Mais ( * ) C'eft cependant la définition de'sGra* vefande, Jntnd. ad Phiiofophi#m Cap. X. §. 115. Libertatem vocamus facultatem faciendi, quod libuerit, quacunque fwrit voluntatis determinatio, mais ilajoute, §.117. InEnte create limitata femper ejl libertas ad cafus peculiares &c. II faut remarqaer que s' Gravefande ne parle ici qu'en Métaphyficien; Ia liberté civile n'eft qu'une modification de la liberté naturelle. Notre dujournolifle.  I % NöÜV. BïBLIOHT. BeXGIQÜE. Mais ce principe inné dans 1'homme, tit fai/ons a autrui, que ce que nous uoalons,qu'on nous faffe, refferre & épure, pour ainfi dire, 1'idée de la liberté; nous fentons la néceffité de ne pas nous écarter de certaines régies que la raifon nous diöe, nous forames convaincus, que malgré notre indépeodancc naturelle Ü ne nous eft pas permis de porter aucune atteinte au droit parfait d'un autre individu ; nous comprenons que pour jouir des avantages de la vje civile il faut fuiVre les Loix établies pour la fureté & le bonheur de tous les Membres par ceux auxquels on a cédé fous de certaines conditions le droit d'en prefcrire, d'après ces principes 1'homme perd donc plus öu moins de fa liberté naturelle dés 1'inftant qu'il fait partie de la Société civile. Mr. Lüzac prouve enfuite par des exemples fort heureufement choifis, que chaquc peuple fe forme fur la liberté des ïdées diffêrentes, il indique les raifons de cette diverfité, & il conclue enfin , que I'état le plus libre eft celui, qui agitdans yneentière indépendance'desvdsntés d'au. trui,  Janv. Fev. Mars. 1782. 13 trui, en ob/ervant néanmoins toutes let Loix tnorales. Ainfi les anciens Frifons, les Saxons,- les Germains furent des peupleslibres, jufqu'aux tems des guerres des Romains, des conquêtes de Charles Martel, & de Charlemagne, & enfin de la domination des Comtes. L'Auteur expofe enfüite en grand détail les différens fentimens des Ecrivains-fur 1'adminiftration des Comtes; les uns la répré•fentent comme entièrement defpotique, d'autres croyent que Ia fbuverainété demeura toujours dans Ie fein du. Peuple: Mr. L uz A c croit devoïr tenir ün milieu entre ces deux opinions, &il réfute Grotius &,Mr. Kluit, qui. étendent tous deux trop loin, felon notre Auteur, leurs différens •fyflêines. i On regarde aujourd'hui les' Anglois comme le peüple le plus librè, mais fans youloir leur contefter cette prérogative, comment accórder 1'idée qn'on doit fe former de Ia liberté, avee ces violences horribles dont on ufe pour avoir des matelots, avec les perfécutions qu'on fait cffuyer a ceux qui ne profeffent pas la rell-  14. Not/v. BlBLIQTH. Belgiqjïe. religion dominante? La violence & la liberté font deux idéés contradiótoires; le Liberum veto des Polonois n'eft qu'un abus de la liberté, celle-ci eft détruite lorsqu'üne feule perfonne a le droit de s'oppofer è la volonté de toute une Société. Cependant, ajoute Mr. Luzac, c'eft rn Angleterre qu'on s'eft le moins écarté de ces deux fondemens de la liberté civile, favoir, Ie droit de ne payer d'autres impöts que ceux que le peuple a confenti de fournir, & le privilège de n'étre jugé que par le Jury, ou par fes Pairs. On a vu de nos jours des exempies mémorabies de eet ufage dans le procés delaDucheffe de Kingfton, dans celui dé 1'Amiral Keppel , & du Lord Gordon. Après avoir ainfi expofé la nature de la liberté civile > 1'Auteur répond a ceux qui croyent PAdminiftraticn des Stadhouders oppofée a cette liberté. L'expérience, pourfuit il, döic en premier lieu nous raffurer: jamais depuis Guillaume I. ijusqu'è Guiliaume V. on a'a vu les Stadhouders empiéter fur nos droits,  Janv. Fev. Mars. 1782. 15 droits, afpïrer a un plus haut d^gréd'aütorité qu'ü celui dont ilsétoient révêtus , ou former des projets, qui puflent le moitis du monde faire cramdre pour la liberté. Mr. Lüzac ne fe borne pas a cette réponfe générale, il expofe tcutes les difficultés, quecertains faitspourroient faire naitre, & il entreprend de les réfoudre. Nousne proconcerons pss entre M. Lozac&fes adverfaires, c'eft au Leöeur impartial &éclairé a comparer, a pefer, &a jager. Quoiqu'il enfoitil nous femble que bien mêmequel'on puilTe trouver dans la ceriduife du PrincéMauriceou de Guillaume IL par ex. quelque raifon pour ne pas admettre indiftindlement i'opiniondeMr. Lüzac, Ja nature de notre Conftitution démontre néanmoins invinciblemenr la néceffité d'un Stadhouder, dont FAdminiftration allure notre liberté & nos privilèges; & malgré les écarts avérés ou exagérés de quelques Princes il n'en eft pas moins vrai de dire, que fans le Stadhoudérat nous ferions bien moins libres que nous ne Je fommes par 1'heureux mélange de cette Forme da  t6 Nouv. Biblïoth. Belgiqüe. de Gouvernement avec l'Ariflrocratique & la Démocratique. Mr. Luzac prouve enfuite quel'étendue du pouvoir accordé aux Stadhouders ne doit point nous allarmèr, vü que leurs différentes prérogatives ne font point contraires a cette partie de la liberté naturelle , que nous nous fommes réfervée en accédant au contract focial: il entre a ce fujet dans des détails fort curieux furie droit'de chaffe, fur rétabliflcment des Confeils de guerre & fur d'autres objets. L'Auteur confacre encore quelqucs pages a démontrer 1'excellence du Stadhoudérat, dont la République a toujours éprouvéles heureux effets, &fi quelques exemples tirés de PHiftoire de eet Etat, ou des circonftances préfentes pouvoient faire douter de cette vérité, Mr. Luzac répond; une montre qui indique 1'heure avec la dernière précifion ne fera t'elle point dérangée, li de crainte d'ufer fon refforton 1'arrête continuellement, ou que 1'on veuille ajouter de nouveaux inftrumens pour diriger le cours de 1'aiguil. 3e2 ' Après  • Jaüv.-Fev. Mars. 1782. ï? Après avoir ainfi démontré que la bonté de notre conftitution eft une des principales fources de la Ricbejfe de la Hollande, Mr. Luzac paffe a d'autrcs caufes de notre prospérité. Parmi cellesci il ne faut pas oublier les Traités & les Alliancesque les Etats firent dès le commencement avec d'autres peuples. Dès 1'année 15-98 nous nous liames avec la Porte; en 1614 la Hollande fit un Traité avec le Roi de Suède Guftave Adolphe, en 1615 avec les Villes Anféatiques, traité mémorable, par la fupériorité que nous primes alors fur ces anciennes rivales ; il-faut obferver que tous ces Trai* tés, & d'autres poftérieurs avoient pour objet principal le Commerce & la Navigation , & que les Etats s'y ménagerent toujours des avantages confidérables. Jusqu'a la Paix de Munfter la Hollande fut toujours intimement liée d'intérêc avec la France, & nous ne fimes jamais, obferve Mr. Luzac, de Traités plus utiles qu'avec cette Puiffance. Henri IV. nous accofda en 1591 des Privilèges trés lucratifs , & nous renouvellames cette Alliance en 1608, 1609, 1624, 1630, Tom. II. Pm. u B 1635»  Ï8 Nouv. Biblioth. Belgiqtje. 1635, 1636, 1643, 1644&1047, mais la paix particulière que la Hollande fit avec 1'Efpagne en 1648 porta un coup mortel a la bonne intelligence qui avoit toujours regnée entre la France cVla République, depuis ce temsil n'a plus été poffible de remettre les chofes fur Taneien pied. La conduite que les Hollandois tinrenc dans les contrées oü ils établitent des comptoirs & des Colonies, cn leur aflurant 1'amitié des Indigenes, contribua auffi trés avantageufement a jetter les fondesnens de ce Commerce immenfe qu'ils y firent depuis. Plufieurs autres caufes eoncoururent encore è faire fleurir notre commerce, & notre navigation. II ne faut pas oublier de compter parmi celles la les avantages que retirerent ies Provinces Unies de la Réformation. Avant cette heureufe époque on regorgeoit de Couvens , de Monaftères, & d'Etabüflernens religieuxde toute efpèce, qui jouiflbient d'immunités fi conildérables, qu'en 1515 on ne comptoit en Hollande que jooco arpens de terre, 42000 ^maifon?  Janv. Fev. Mars. 1782. 19 inaifons & 70000 habitans fujcts è Ia taXe, le refte des tcrres & des maifons appartenoienta des moines, mais Ia réforme diffipa- cette nuée de fainéans, doDt i'exiftence parafite chargeoit ls£tat d'ua fardeau inutile, & même nuifible. Oa vit renaitrel'amour du travail, 1'induftrie & toutes les vertus qui en découlent; la liberté de confcienceaccordée indiftinctement è tout le monde, 1'afile qu'on s'empreffa de donner k ceux qui fuyoienC la perfécution & la tyrannie, rendirenc en peu de temsces Contrées floriflantes; Les Pays-Bas Efpagnols, gémiffant fcus une adminiftration defpotique virent leur commerce palfer k la République; Anvers dont le Roi d'Efpagne fit follemenè fermer le Port, tombaïentièrement, & Amftcrdam éleva fur fes ruines Ie commerce Ie plus folijde, & Ie plus Vallei La révocation de 1'Edit dé Nante* attïra dans la République une foule d'Emigrans, qui apporterent en échange de 1'accueil qu'on leur fit leurs Manufaétures & leur induftrie; Enfin les différentes efpèces de Négoce que les Hollandois entreprirent, leur habileté & leur? B a bon-  39 Nouv. Biblioth. Belgique. bonne foi, 1'abondance d'argent que 1'on trouve parmi les Négocians de ce Pays, & qui les mêt en état d'embraüer différences branches de commerce ; le Cabotage, leChange, la Eanque, 1'Aflurance, tous ces divers objets, dont il faut lire les détails dans 1'ouvrage même, contribuerent encore è faire monter la Hollande a ce haut faite de profpérité, oü nous Favons vue encore de nos jours U nous a iété impoffible d'indi- quer dans eet Excrait toutes les caufes qui ont concouru , felon Mr. Luzac, a rendre notre commerce auffi florilfant: dous croyons cependant en avoir marqué les principales, d après 1'öuvrage que nous venons d'analifer. Nous y renvoyons avec confiance nos Le&eurs; quelque ibit leur facon de penfer fur plufieurs points politiques ils ne pourront refufer è 1'Auteur le tribut d'admiration que méïitent fes lumières & fes talens. Au restecetroifième Volume peut être regardé, ainli que Mr. Luzac le dit lui même, comme le Commentaire trés ample de la fameufe propofition que Guillaume IV. fit cn 1755 & qui a été imprimée fous le titre  Janv. Fev. Mars. 1782. ai titre de Propojition de S. A. S. faite et l'AJfemblée des Etats Généraux des Etats de Hollande, pour le rétablijfement ö" l'amélioration du Commerce de la République. B 3 ARTICLE  -il NOUV. BlBLTOTH. BeLGIQTJE. ARTICLE SECOND. Réflexions sur l'Etat Actuei. du Crédit Public de VAngleterre & ie la. France. gr. in 8vo de 50 pp. ƒ o - 5 - a Cette Brochure, qui fe trouve chez P. Aillaud Libraire a Ia Ha}'e, mérite de fixer dans le mement préfent 1'attcntion de nos Lecteurs. L'Auteur fe propofe de rechercher les impreiïions que la guerre actuelle a produit fur Ie crédit de PAngleterre & de la France, II examine d'abord le fyitême de crédit de l'Angleterre; cette PuilTance a fu feménager avec art des reiTources dans ce genre, elle a employé Ia force & 1'adrelTe pour parvenir k fes fins , & jusqu'a préfent elle paroit avoir rempli fon but. C'eft un fpeüacle bien étonnant que de voir l'Angleterre lever fur fes fujets prés de 13 Millions de Livres Sterling tous les Snspar Ia voiede rimpofition, & 12 k 13 Mü-  Janv. Fev. Mars. 1782. 23 Millions par Ia voie de 1'emprunt, c'eft è dire, de faire paüer depuis qnelques années au moins 25 Millions de Livres Sterling par an dans les Coffires du Fifc public, quoique tout 1'argent monnoyé du Royaume ne monte pas a plus de 20 Millions de Livres Sterling, & ce qui eft plus étonnant encore, c'eft que cette opération inconcevable n'opère aucune raretéd'argent, même momentanée; ces effets ne font néanmoins furprenans que pour ceux qui ne connoiflent point la nature & la rapidité des mouvemens qu'une Banque accréditée & un grand crédit public peuvent impofer k la circulation. La Banque d'Angleterre fondée vers la fin du dernier fiècle a été le principalinftrument de 1'élévation du crédit public L'Auteur expofe iciunepartie desmoyens qu'elle a employé pour s'élever au point oii elle eft de nos jours; Elle a fait a diverfes reprifes des augmentations afon Capital, dont elle a toujours prêté le montant k un intérêt moindre que le précédent au Gouvernement, au point qu'ayant commencé par lui prêter £,200,000 Livres Sterling a 8 pour cent B 4 en  5t4 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUS. en 1694, e^e a fin' par lui prêter prés de 11 MillioDS Sterling a 3 pour cent, depuis 1'année 1749. Mais, pourluit 1'Auteur, 111'on a regardé avec raifon ces diminutions fuccesfives du taux de 1'Intérêt de 1'argent comme des preuves de la prospérité de l'Angleterre, & de la bonté intrinféque de fon crédit, la marche contraire qui paroit s'être établie depuis quelques années ne doitelle pas nous conduire a des conféquences toutes oppofées: & la dépréciation continuelle des Fonds publics en Angleterre ne démon tre t'elle pas que la fomme de fes befoins a toujours été plus grande que celle de fes produits. Pour s'en convaincre il ne faut que jetter les yeux fur le tableau que PAuteur fait de Ia marche des Emprunts, & du prix progreffif des Fonds publics depuis 1'année 1700 jusqu'aujourd'hui. En 1700 l'Angleterre ne devoit que 16 Millions de Livres Sterling, & au mois de Juillet 1781 la dette publique liquide &confo!idée montoit è plus de 177 Millions, portant un Intérêt annuel de prés de 7 ïvlillions. Cette dette eft indépen- dantc  Janv. Fev. Mars. 1782. 25 dantc des Biüets d'Echiquier eD circulation , de la dette énorme de la Marine, dont les Billets fe négocient a 13 pour cent de .'pene. On n'y comprend pas non plus la fomme confidérable des anticipations ordinaires & annuelles de la Banque &c. &c. Si a toutes ces fommes on ajoutecelles qui font duesapresque tous les Départemens, il paroit fans exagération que l'Angleterre doit une fomme de plus de 200 Millions Sterling. Les Fonds Publics étoient a 88 au commencement des troubles d'Amérique, aujourd'hui ils font k 56. A chique Campagne la difproportion deviendra plus grande entre les befoins de 1'Etat & Jesfacultés des Préteurs, ainfiqu'aubout de peu d'années il faudra recourir aux voies les plus funeftes. L'Auteur condamne plufieurs efpèces d'Impöts que la néceffité a introduits, & il blame beau.coup ceux qui ont confeillé cette méthode au Gouvernement; il combat enfuite dans une nöte le fyftême de 1'Auteur de 1'Eloge de Colbert, plus remarqua> l>!e, dit-il dans la carrière de l'ambitiort B j que  26 Nouv. Biblioth. Bblgiquï. que dans celle des Lettres, qui attribu» le fort heureux des Jalariésen Anglererre, au pouvoir qu'ils ont d'êlire ou de ne pas élire certaines perfonnes comme Membres du Parlement ; cetce prér'ogative qu'ils n'exercent que tous les fept ans, répond notre Auteur, ne peut opérerau. cune diniinution fur le prix de la main d'ceuvre, d'ailleurs ce ne font point ordinairement les Artifans , mais prefque toujours les Francs-Fcnanciers, qui votent dans les Eleétions. Le poids & 1'énormité des impofitions fera, pourfuit 1'Auteur, une des caufes puiffantes de la dépopulation que l'Angleterre doit éprouver a la paix, & cette caufe agira de différentes manières; que 1'Auteur développe avec beaucoup d'intelligence. II montre combien cette opération de la Banque, d'avoir ordonné un appel de 8 pour cent fur fon Capital au même inftant ou elle augmentoit fon Dividende d'un demi pour cent, dénonce fon befoin réel. La Hollande enfin pofTède des armes bien dangereufes pour le crédit de l'Angleterre; Les Capitahfles de cette Répu- bli-  Janv. Fev.. Mars. 1782. 27 blique ont verfé dans le fein de leur Ennemie aftuelle des fommes immenfes; mais aujourd'hui ils ne voudront plus accumuler les Capitaux, qu'ils ont placé en Angleterre, dont la valeur primitive leur a couté prés de 40 Millions de Livres Sterling, & qui font réduits par la déprêciation continuelle que ces Effcts ont éprouvé, k ne valoir que 22 a 24 Millions au plus. L'Auteur démontre enfuitc combien la vente des fonds que les Hollandois poffédent en Angleterre feroit funefle k ce Royaume, mais comme les Capitaliftes partageroient eux mêmes la perte, il n'eft pas probable, que ce danger fe réalife jamais. Cepen. dant ceux qui poffédent des fonds en Angleterre feroient prudemment de les retirer peu k peu; pour fe convaincre de cette néceffité il ne faut que jetter les yeux fur le tableau des prix des 3 pour cent confolidés depuis 177S jusqu'è préfent, que 1'Auteur nous donne k la fin de fon Ouvrage: on y verra combien il leur en a déja couté pour attendre. . „ II faut convenir, ajoute t-il, que la pofition des Capitalifles Hollandois eft  28 NOUV. BlBLIOTH. BlïLGTQUE. eft bien fingulièrement inquiétante: comme Patriotes il doivent dcfirer Phumiliation de l'Angleterre; cependant tout ce qui nuit a leurs Ennemis, nuit auffi k leurs Capitaux, tant qu'ils les laiftenten Angleterre, ils tirent fur leur* propres troupes. La guerre a écablie une discorde invincible entre les Intéréts de la Patrie, & ceux de la Fortune ", L'Auteur prouve enfuite que 1'efpérance d'une hauiTe dans le prix des Fonds Anglois, lors de la paix, ne peut être. qu'imaginaire , & que Pexemple de ce qui arriva lors de la paix d'Aix la Chapelle &c, ne peut fervir de régie, attendu que les tems font changés & que les circonftances différent du tout au tout k ce qu'elles étoient lors de cette époque; il faut voir les raifennemens dont il appuie fes conjeclures dans 1'Ouvrage même. Enfin le peu de foin que les Miniftres ont apportés auxconditions desEmprunts annonce une indifterence fur la libération, également inquiétante pour la nation & pour les Préteurs, c'eft ce que prou-,  . Janv. Fev. Mars. 1782. 29 prouve la forme qui a été donnée aux Emprunts depuis plufieurs années , & par laquelle la Nation a été rendue débïtriced'un Capital imaginaire, qu'ellen'avoit pas recu. Au lieu, qu'en ne fe conftituant Débiteur que de ce que Pon empruntoit réellement, &eny attachanc 1'Intérêt quelconque que les circonftances rendroient indispenfables au fuccès de 1'emprunt, on auroit prévenu les fuites facheufes de 1'autre méthode. Qui croiroit encore, qu'on ait fait en Angleterre un abus ïi conftant du Fonds d'Amortiflement ( * ), en le détournant aux befoins courans de 1'année, au lieu de 1'employer a éteindre la dette publique, qu'on a perdu jusqu'au dernier palliatif des raaux de la Finance. Tel eft le fommaire des réflexions que 1'Auteur nous expofe d'après la marche pas- (* ) Le Fonds d'Amortiflement fut créé en 1716 ce devoit être un Dépdt facré, deftiné a éteindre les Capitaux des dettes nationales, &? ^ nul autre ufage, ni emplos queiconque.  $0 NöüV. BlBLIOTK. ËELGtQÜË. paffee, & Pétat aótuel des Finances Ang!oife3. Nous en ignorons la deftinée future, mais Pabus du crédit ne doit-il pas en amener néceffairement la décadence? or on a vu de quclle manière les Anglois ont abufé dans ces dernières arnées de toutes leurs reffources en ce genre. Du Tableau du Crédit en Angleterre L'Auteurpaffe a celui de la France; Pour conti nuer la guerre que cette Puiffance foutient contre fa Rivale, elle n'abefoim de fecours extraordinaires que d'environf 150 a 160 Millions par an , tandis que les Emprunts de l'Angleterre s'éleventaplus du doublé cette fomme Le fyftême gé* néral du crédit public en France s'efl; beaucoup reffenti de la nature de fa conftitution, il a été en tout le contraire de celui des Anglois, qui ont gouvernélong* tems leurs affaires comme des Marchands, qui connoiffent le prix du crédit. La France au contraire, s'cft conduite dans fes Finances, comme ees grafids Seigneurs 'qui abandonnent Ie foin de leurs Terres a des Intendans tantöt économes tantöt prodigues, & le plus fouvent fort  Janv. Fev. Mars. 1782. 3* négligens. On peut expliquer d'après cela tant d'opérations deftrudtives & inutiles depuis 1759 jusqu'en 1774. Depuis cette année un nouvel ordre de chofes s'eft développé, la France femblable k un malade dont la conftitution triomphe du Médecin , paroit s'être rétablie par les principes du nouveau règne , dont la fermeté & la vjgilance ne s'eft pas encr> re démentie : i'économie, 1'ordre & la juftice ont repris tous leurs droits, & la Foi Publique a été maintenue avec rigidité; enfin on s'accoutume aintroduire dans les Finances une Partie des principes mercantils, dont l'Angleterre s'eft fibien trouvée. II ne faut donc que perfeétionner ce fyftême pour donnerau crédit public une folidité a toute épreuve. „ Car ajoute 1'Auteur, pour ce qui eft de la richefle intrinféque & réelle, aucune nation de 1'Europe n'en approche, & nul Auteur n'a jamais contefté a la France, les avantages prodigieux dont elje jouit, fondés fur la bonté, la ricbefle de fon. fol, fur 1'escellence & la variété de fes produttions, le nonjbre & la fituationde fe*  gi Nouv. Biblïoth. Belgiqüe.' fes ports, fon heureux clitnat, le'génie attif .'de la Nation , & fa population qui s'accroit indubitablement tous les jours. Les Emprunts fe font fuccédés en France avec beaucoup de rapidité depuis piufieurs années, & toujours a des prix afl'ez rnodérés. Les Loteries a Epoques n'ont couté a 1'Etat qu'environ 6 pour cent, & en rendant annuellement aux Capitaliftes une partie de leurs fonds on a entretenu la confiance & ménagé des moyens de faire encore de nouveaux Emprunts. Les Rentes viagères n'ont guèrcs couté que 9 pour cent fur une tête, & 8' pour cent fur deux; elles forment aujourd'hui la majcure partie de fa Dette Publique} & leur charge annuelle fe trouve fur les revenus conftans de 1'Etat, ellesoffrent donc a 1'adminiitration des moyens doux, faciles & atrayanspour formerune caiffe d'Amortiflement, al'aidedelaquelle la dette Fra'ngoife cefferoitau bout d'una certain tems d'être a charge k la Nation. C'eft prefque la feule inftitution qui manque aujourd'bur en France pour faciliter les  Janv. Fev. Mars. 1782. 33 moyens d'emprunter toujours en s'acquittant fans ceffe. La cailfe d'Efcompte pourra rendre Un jour les mêmes fervices que Ia Banque de Londres a rendus k l'Angleterre; Enfin on a renoncé au perfide fyfiême d'entalTer les Emprunts fans augmenter par des Impöts les Revenus du Roi. La France n'a encore ufé d'aucune de fes reffources ordinaires en tems deguerre, tous fes moyens principaux font encore en referve , & 11 la feüle Opinion de l'économie a fuffi depuis quelques années pour établir la confiance, comment la réalité des rihejfes n'acheveroit elle pas de la confolider? On peut juger d'après ces réflexions de 1'état actuel du crédit en Angleterre & en France: & s'il manquoit encore quelque chofea la conviftion, 1'Auteur a eu foin d'ajouter le Tableau comparatif de la dégradation & de la haufle des EfFets Publics! en Angleterre & en France depuis 17 76 jusqu'en 1781. Tm.ÏLr«TU*< C ARTICLB  S4 Nouv. Biblioth. Belgique. ARTICLE TROISIÈME. JNieuwe (0) Spectatoriale Schouwburg &c. C'eft-a-dire, Nouveau Théatre Hollandois, tontenant desPiècesOriginales, des-, iinées a corriger les mcsws, par Mr. P' T. H. Terne I. omé de planches; h Jmfterdam chez IJaac dt Jongh. 1782. Prix. ƒ 2 - a - Notfc pofledons déja pluiïeurs Recueils fous le même titre que celui de 1'Ouvrage, dont nous allons ren- dre (a) II n'eft guères poffible de rendre er* Francois Ie tcrme de Spe&atoriale Schouwburg', on entend aujourd'hui en Hollandois par ceterme, un Recuül de Pièces Moralts, parcegue i'on n'y infèxe que des Drmis3, & d'au-  Janv. Fev. Mars. 1782. 3^ dre compte , mais les Pièces qui s'y trouvent font pour la pluparc traduites du Francois, deil'AIIemand, ctdel'Anglois; au lieu que celles que renferme ce Volume ont été compofées pour la Nation Hollandoife, & dans le louable defieinde contribuer ainfi è épurer les mceurs de nosconcitoyens. On necontefte plus aujourd'hui 1'utilité & même la néceflitê de 1'Art Dramatique , depuis pluiïeurs années furtout cette partie de la Littérature paroit avoir acquife plus de conlïftance & même de dignité , a raifon des objets qu'elle embraffe de préférence; le Théatre ne refpire aujourd'hui que Pamour de la vertu & la haine du vice (b); & foils ce point de vue, la Comédie Morale eft tres Pièces dont Ie but eft moral. Le Spec tateur, cette fameufe Feuille Périodique iWigloife femble avoir fait naitre 1'idée de ce titre. (6) Nous ne parions pas ici des Farces des Boulevards de Paris ,ni dequelques anciennes Comédie* auffi plattes qu'indécentes, que 1'on iépréfente encore quelquefois en Hollande par condefcemknee pouï le goüt du Peuple. C 2  3<5 Nou?. Biblioth. Belgiojcjje. eft infiniment préférable aux plus belles' Tragédies, & même aux Chefs d'ceuvre de Molière & des autres Comiques, qui n'attaquoient que les ridicules , tandis que le Drame s'attache principalement a détruire Ie vice. On croitcommunément que ce genre exige beaucoup moins de talens, qu'il eft plus facile d'encadrer dans une fable quelconque des préceptes moraux, que de conduire une intrigue' avec vraifemblance, ou de foutenir un caractère pendant cinq acles; mais ceux qui raifonnent ainfi comparent mal a propos nos bonnes pièces de Thé&tre avec les produótions informes dequelques modernes» Pourquoi ne feroit il pas poflible de porter le genre des Drames au dégré de perfection de la Tragédie & delaComédie? Tous les genres font bons, dit Vollaire , bors le genre ennuyeux (a_). ■■ Dans une courte Préface 1'Auteuranonyme de ce Recueil rend compte des raifons de fon entreprife, il en expofe 1'u- ti- (a) Préface de VEnfant Prodigut,  Janv. Fev. Mars. 1782. 37 tilité , & finit par quelques réflexions fur 1'ufage ofj 1'on eft d'écrire en Hollande toutes ]es Pièces en vers; il s'éleve contrel'abusde larime, intolérable, fuivant lui, dans les Drames, & dans les Pièces oü 1'on ne répréfente que des mceurs bourgeoifes. Ce n'eft pas ici le lieu de difcucer cette opinion erronée , que Mr» Diderot a beaucoup contribué a mettre en vogue, & qu'il ne feroit peut-être pas difficile dedétruire.Il paroit cependant que 1'on donne h Amfterdam dans un excès oppofê , on dit que les Directeurs du Théatre de cette Ville n'admettent point de Pièces en profe, & qu'on a été même forcé de mettre en vers une trés bonne traduction du Père de Familie , avanS qu'on ait toléré ce Drame fur la fcène. Paffons a&uellemcnt aux Comédies que ce Volume contient: elles font au nombredetrois, dont voici les titres. L'Honnête Fermier; Ritmer, ou la corruption des tnmurs Hoilandoifes ; Les enrdiemens fous Guillaume iPrince d'Orange. L'Honnête Fermier nous offre Ie tableaule plustoucbantdcla candeur&dela fimplicité villageoifes. Jacqiies , c'eft le C 3 nom  3$ Nouv. Biblioth. Belgique. r.om du Fermier a toujours vécu enhom-me de probité, il ne s'eft jamais fouil—lé'par aucuneacTïon injufte; ilvivoitheu'reux & content, lorsqu'une maladie contagieufe lui enleva tous fes beftiaux, & pour comble de malheur dans un tems, oü il comptoit fur le produit de la vente de fon troupeau pour payer au poffeffeur de la Terre fa redevance annuelle. II part pour Ia ville, oü habite fon maitre, & lui racontc fon défaftre. Dans fonabfence fa Femme & fes Enfans déplorcnt leur fituation , mais fe promettent bien d'adoucir l'amertumede leur état parleuc travaii & leur vigilance. C'efii le moment oh. la Pièce commence: le ThéStre répréfente une chambre de Payfan , on y voit des chaifes, des armoires, & d'autres meubles- groffiers mais propres; Gertrude Femme de Jacques préparé le déjeuner de la familie, & exprime fa douleur d'une facön naive & touchante. —, „ Mes pauvres Enfans c'eft pour vous que je pleure, nous avons tout perdu, car le peu qui nous refte ne peut fuffire pflur payer notre redevance. • HéJas; fans les confolations de mon man", je  Janv. Fev. Mars. 1782. je fuccomberois è ma douleur — mais le pauvre cher homme a un courage, une foree qui m'étonnent, il ne cefledeme dire; Femme, Femme, tout n'eft pas défefpéré, le Ciel n'abandonne pas les honnêtes gens; ah Jacques! tu esfibon, combien de fois n'as tu pas fecouru les malheureux; tu as prouvé toujours que tu étois leur Ami ie brave homme» fon amour me tient de lieu de tout; nos Enfans nous aiment, ils nöus rendent des foins fi tendres , que malgré mon chagrin, je me crois encore heutcufe". La petite Jeannette , Fille de Jacques & de Gertrude arrivé, fa Mère lui donne du pain, mais 1'aimableEnfant n'en veut recevoir que la moitié. Gertrude. Comment donc Jeannette as tu perdu 1'appétit ? Ah! fans doute que tu aoras été cueillir des fruits dans le jardin. Jeannette, oh! Non; mon Père nous le défendit hier. „ Enfans, nous dit-il, depuis que nous avons perdu nos vaches, ïicn de ce qui eft ici ne nous appartient C 4 da-  4Q Nquv. Biblioth. Belgique. davantage, • & il ne faut pas toucher au bien d'autrui. ——— Gertrude(d part) le cher, le yertueüx homme! Eh bien Jeannette, j'ai- me a te voir fi obéilTante va donc, ma chère, va manger ton pain. Jeannette, ma Mère, ce morceau eft trop grand pour moi feule, je le partagerai avec mon petit Frère: je le lui ai promis. Gertrude. Mais ma fille voici le déjeuner de ton Frère, pourquoi donc de te priver du tien. Jeannette, Ah ma Mère, Gerardm'en a promis la moitié pour ce foir; tenez ma chère Mère, hier nous entendimes mon Père, qui vousdifoit; notre Troupeau a péri, nous devons nous foumettre a la yolonté du Ciel, & vivre avec la plus grande économie. —— Eh bien ma Mère ,- nous voulons en faire autant. Getrude, aimable Enfant, que Ie Ciel te béniflé! tu me fais fentir le bonheur d'être Mère. — Jeajinette continue dans cette fcène  Janv. Fev. Mars. 1782. 4* a déploier fon caraöère, elle raconte, que fon Frère ainé lui a promis & a fe^s autres Frères de leur apprendre k lire & è écrire, pour épargner ainfi cette dé. penfe k leurs Parèns ; enfin elle prépare le déjeuner de Jacques, qui arrivé fur ces entrefaites de la Ville. II raconte 'd'une manière fort naive fon entrevue avec leur Seigneur, il fait un grand éloge de fon affabilité & dit, qu'il a promis de venir chez eux dans la matinée ; mais comme il eft impoffible k ces bonnes gens de lui payer douze cent florins qu'il luidoivent, ils prennent la réfolution de lui abandonner leur blé, leurs meubles, en un mot" tout ce qu'ils poffédent pour faire cette fomme. Jeannette, ma Mère, il faut y ajouter mon beau bonnet de dentelles, & mon corfet des Dimanches , le Seigneur doit les prendre aufii, n'eft ce pas mon Père? Jacques ( embraffant fa Fille & cachant quelques larmes ) ma charmante Jeannette! Getrude , allons Jeannette, viens ma fille , viens m'aider a recueillir tout ce* C S que  4* NOUV. BiBLIOTH. BBLOiqUE. que nous poffédons, le Seigneur va verrir. Un voifin de Jacques vient Ie confoIer, & lui apprend de quels moyens fe fervent quelquefois des gens obéréspour ne payer qu'une tres petite partie de leur dette; Jacques rejette avec indignationdes rufes auffi baffes, & préfère de mourir pauvre&dénué de touta iahonte de vivre du bien d'autrui. Cette fcène, qui ne feroitpas entendue en Francois, eft excellente: on y expofe toutes les fourheries dont on ufe pour fauver une partie de fes biens, en feignant de les abandonner; ces rufes condamnables & qui ne font que trop fréquentes* en Hollande ne peuvent être asfez connues, & 1'on doit favoir gré k 1'Auteur de les avoir développées ici dans toute leur turpitude. Le voifin fe retire pénétré d'admiration ; Gertrude apporteun cuillier & une fourchette d'argent, & demande 'k fon mari fi ces uftenciles, qu'il a recude fon ayeul, doivent être cédées avec ie refte. — Jacques (avec force) ünsdoüte; Nous fommes obligés dc les céder a notre Seigneur  Janv. Fev. Mars. 1782. 43 ncur, quoiqu'ils nous viennent d'une main fi chère - - ( «« les confidérant) Oui Femme, les voila; je ms fouviens encore comme du jour d'hier du préfent que m'en fit eet excellent homme. J'avois alors dix ans il me prit fur fes genoux, & me dit, mon cher petit Ami Jacques , tiens accepte ceci pour ta fête. Souviens toï en regardant ce préfent de ton vieux grand - Père , & de la lecon qu'il te donne, de préférer toujours le plaifir de faire une bonneaétion ja toutes les richefles du monde. J'efpère que tu conferveras ce don pendant toute ta vie, mais fi jamais 1'adverfité te furmonte, alors plutóc que de faire quelquechofeindigne d'un honnéte homme ne balance pas a t'en défaifir (en étant fon bonnet) Oui cher & vertueux homme, je prouverai aujourd'hui par ma conduite que je n'ai pas oublié tes lecons. —— Tiens , Gertrude, regar- de fon nom qu'il fit graver delïus, le bon homme; il m'aimoit tant! Je les lui montrai un jour qu'il dinoit avec D0US. Puifletu, monfils.' lesmon- trer ainfi a tes petits Enfans » «•* me difoit  44 Noüv. BibLioth. Belgiq^ue. difoit il alors. —- Prends les ma fem, me, & pofe les avec Ie refte. Gertrude (avec attendrijfement) Hélas 1 s'il nous voyoit aujourd'hui! Jacques s'il nous voyoit! il béniroit Ie Ciel, que dans 1'adverfité même fon petit fils demeure vertueux. Dans Ie fecond Acte en voit Jacques & fa femme étaler tous leurs effets pour les céder au Baron de Wernard, Propriétaire de Ia Ferme. Un feul paquet caché dans une armoire fecrette eft exceptéde 1'abandon général; les hardes qu'il contient appartiennent a un jeune garcon, qui paffe dans le Village pour le fils ainé de Jacques, mais qui dans le fait n'eft qu'un pauvre Enfant que 1'on confia k eet honnête homme, & dontfa Femme & lui prirent foin comme de leur fils , quoique depuis vingt ans ils n'euffent acquis aucun renfeignement fur le fort de ce malheureux jeune homme. Jeannette dans la fcène fuivante apporte tout ce qui lui appartient, fes Parens Ia careffent & approuvent fon défintérefiement; Guillot qui  Janv. Fev. Mars. 1782. 4$ qui paffe pour le Fils de Jacques apprend le dèfaftre de fon Nourricier, il arrivé des champs & veut auffi confoler Jacques, celui - ci 1'exhorte a le quitter ■» ■ il lui répond avec chaleur; moi, vous quitter mon Père, vous qui m'avez recueilli dans votre fein, & qui m'avez élevé avec tant de tendreffe fans pouvoir efpérer jamais la moindre récompenfe de toutes vos peines — ■■ ■■ mon Père, combien de fois en revenant des champs» oü volts aviez travaillé pour fubvenir a mon entretien, ne m'avez vous pas caresfé, tandis que vous ma Mère vous me prodiguiez les plus tendres foins, que ne vous fuis-jepasredevable; & decomc-ien de marqués de votre amour ne me comblez vous pas encore tous les jours.— Mes chers Psrens 1 aujourd'hui que vous avez tout perdu, aujourd'hui je fens toute 1'étendue de ma tendreffe envers vous, je redoublerai d'ardeur pour le travail, duffai-je me trainer aux champs; mon fang, ma vie, je veuxtout vous facrifier". ■ Enfin le Baron arrivé; il eft recuavec beaucoup de cordialité : le Fermier lui pré  46 Nquv. BiBLröTH. BexgiojiS. préfente tout ce qu'il poiTéde en diminution de la redevance, qu'il ne peut payer fur 1'heure, il lui demande comme une grace d'accepter tout & de lui donner du délai pour s'acquiter du reste. ■ Le Baron demeure étonné de la probité de ces Villageois; & il eft touché jusqu'aux larmes en voyant Jeannette & Gérard lui apporter , 1'unjune cage remplie de pouletsóc 1'autre quelque argent, que ces bons Enfans avoient épargné du produit de leurs ceufs. Le Baron accepte le tout, & demande enfuite au Père & k la Mère, s'ils ne veulent pas fe referver quelque chofe, Jacques choifitune bêche& un rateau, & fa Femme le berceau, oü repofe fon plus jeuna enfant; enfin le Baron leur demande s'ils ne croient pas qu'il eft actuel lemen t maitre de faire du refte tout ce qu'il lui plait? les Payfans rêpondent „ fans doute; nous fommes trés fatisfaits, de ce que vous avez lagénérofité de vous contenter de ces bagatelles pour le payement de ce que nous vous devons ". Jacques (avec joie) Dieu merci, Femxoe nous voila fans aucune deqte! Mon. fieur3  Jany. Fev. Mars. 1782. 47 fieur, ayez la bonté de nous dire, ce que vous defirez que Fen falie du bied & de ces meubles. Le Baron. Je fuis riche, & j'ai appris dès mon Eafance a faire du bien s des gens vertueux. Mon bon, mon honnête Jacques, je vous regarde avec étonnement, mon Ami, acceptez tout ce que vous venez de me donner, je votfs en fais préfent". On peut juger de la joye du Fermier, & de la reconnoiiTance de toute la familme, qui eft expriméetrès naturellement; le bon Jacques invite le Baron k diner, celui-ciayant apportédes provifions,accepte de bon cceur, & partage le plailir qu'il a fait k ces honnêtes gens. Le troifième A6le eft fans doute un hors d'ceuvre, & dans les régies, après le préfent du Baron, la pièce étoit finie; mais on le lira cependant avec beaucoup d'intérêt. L'Auteur s'eft approprié fort heureufement pluiïeurs fituations de la Partie de Cbaffe de Henri W, & le bon Jacques rappelle ici fouvent 1'honriête Micbau. Lc Baron retrouve dacrs Guillot ub  48. Nouv. Biblioth. Belgique. un Fils qu'il avoit longtems pleuré, Sr qu'il avoit (étéforcé d'éloigner, afin de te» nir fon mariage caché; il combiede biens Jacques & toute fa familie, qui éprouvent enfin dans eet heureux jour, que laf vertu ne demeure jamais fans récompenfe. Cette charmante Piècc fera Iue avec attendriffement par tous les cceurs fenfib!es ; elle fait 1'éloge du caractère &des talens de 1'Auteur, & apeu de chofeprès elle feroit fusccptible d'une Traduciion Francoife : il ne faudroit pour cela que retrancher certains endroits, quitiennent trop a nos mceurs, & qui paroitroient ridicules dans une autre langue. Nous n'en dirons pas autant de Ritmer ou la eerruption des mceurs Hollandoifes; le but de 1'Auteur eft d'y montrer le danger de mettre auprès de la jeunesfe de ce pays des gens lans principes; & perfonne ne lui conteftera cette vérité; ceux qu'il introduit ici font un Pefruquier nommé le Flus, & une fuivante, tous deux Francais de nation. Ces deux peribnnages prêchent l'athéisme,&Ieliberti- nage  Janv. Fev. Mars. 1782. 49 page d'une facon fi platte & fi dégoutante, qu'il faudroit être auffi borné qu'on nous répréfente le Héros de cette Piècc , pour fe laifler .corrornpre par de tels féduöeurs.. L'Auteur a fuivi fouvent le George Barnnaell des Anglois & le Jenneval de Mr. Mercier, mais cette imitation n'eft guères heureufe. On peut reprocher encore a 1'Auteur une faute non moins eflentielle, c'eft celle de répréfenter tous les Francois fcus des couleurs auffi odieufes, que celles dont il dépeintle Perruquier, & la Suivante. _ II eft injufte, il eft même indécent, de jetter fur toute une nation le blame dontfe couvrent quelques individus; «Si quelquel miférables, échappés h la Policede France, viennent apporterdans nos Provinces leurs vices & leurs ridicules, faut il juger tous leurs compatriótes avec la même févérité? Une telle facon da raifonner choque êgalement le bon fens &l'équitè. - v ■ _ Dans les Enrólemens on nous prêierttele contraftededeuxCapitaines, dontle premier, lache &intéreiTé, employé pour Tome II. Patt. x, £> com-  50 Nouv. Biblioth. Belgiojje, completter fa Compagnie les moyens les plus eriminels, tandis que Pautre ne veut eDgager que des hommes de bonne volontó. Pluiïeurs traits caractérifent dans le cours de la Pièce ces deux Perfonnagés; Guülaume I, Prince d'Orange arrivé a la fin du quatrième Acte, punit re méchant Capitaine, récompenfe le bon, & donne le congé aux Soldats qui avoient été enrölés de force. Nous ayons lu avee plaifir quelques fcènes, oü une jeune Fille vient reclamer fon Amant, engagé par artifice; e!Ies font écrites avec rapidité, & avec feu. ■« Au refte on pourroit appliquer S tout autre Général ce qu'on attribue a Guülaume il n'y a ki rien de particulier qui carattérife ce Prince, mais les Hollandois verront néanmoins dans cette Pièce , avec uné vive fatisfaction, Je Fondateur de notre Liberté, jouer un róle auffi convenable a fon cara&ère & è fa fas^on de penlèr. — Chaque Pièce de ce' Volume e£t accompagaée d'une eftampe, aaalogue a»  Janv. Fjev. Mars. 1782. 51 au fujet, Ia première nous a paru Ia meilleure. Le Public attendra fans doute avec impatience le fecond Tome de cette Colledtion 1 qui fait honneur a la Nation. t  g2 Nouv. Biblioth. Belgïque. ARTICLE QUATRIEME. Gualtheri Forsten Verschuur Oratio Inauguralis, De Recentiorum Medicorum 5 inprimis Belgarum , meritis , in pluenomenis & effectibus Principü , quod vitam animalem conjlituit, indagandis £f ad Jiatum cor.poris humani fanwn & 'morbofum applicdndis. C'eft-a-dire, Discours InaUgural, sur les ser. vices que les Médecins modernes, &f particulierement les Hollandois, ont rendus h la Société, en recherehant les phênomènes & les effets du Principe, qui confiitue la vie animale, & en les appliquant au corps humain dms Véffl de, fanté & de  Jakv. Fev. Mars. 1782. 53 maladie; par Mr. G. Forsten Verschuur M D. & Profesfeur en Médecine & en Chymie h rAcadémie de Groningue. Groning. chez la Veuve de Hajo Spandaw 1781. L'Auteur de ce Difcours le prononca en prenant poffcffion d'une chaire de Profefleur en Médecine h 1'Academie de Groningue, après avoir exercé fon art pendant douze ans avec beaucoup de fuccès k Amfterdam ; fentant combien il eft utile a un Médecin de connoi-' tre le principe, qui conftitue la vie ani. male, il preiTe avec beaucoup de force ]a néceffité dc cette connoiflance, après avoir expofé fuccinétement les fentimens des anciens & des modernes fur cette matière. Nous allons le fuivfe dans les deux Parties de fon Discours. Hippocrate, Galien , Arijlote , Pline, ont tous obfervés un principe de vitalité, & en rcconnoilTent Pexiftence dans plu. fieurs endroits de leurs Ecrits. Les Poe? tes même en ont paflé comme d'une D 3 chofe  54 Nouv. Biblioth. Belgique. chofe connue: témoin ces vers d'Qvide en racoDtant la cruaucé queTérée exerca fur fa fceur QMetamorpb. Lib. VI. vs. radix micat ultima linguce, ]pfa jacet, terrceque tremehs immurmurat Utque falire fokt mutilatcecauda colubr®! Palpitat, £ƒ mariens domina vestigiaqucsrit ". " " & plus bas (vs. 645) » 1'occafion du meurtre d'Itys. „ Fimque adbuc, animcsque aliquid reti' nentia membra, 3, Dilaniat — &c. On trouve dans Senèque & dans d'autres Poëtes des expreffions pareilles. Les Anciens cherchoient ce principe vital, dans lachaleur innêedu cceur, d'oü elle fe rêpand dans toutes les parties: Cicéron eft auffi du même fentiment, qui fut fuivi dans les fiècles fuivans, & qui felon notre Auteur n'eft pas deftitué de vraifemblance. Parmi les modernes plufieurs 1'ont adopté, Descartes par ex. 1'ad-  Janv. Fev. Mars. 1782. 55 3'admettoit, parceque la chaleur excite le mouvement des parties, Bacon de Verulam croyoit, qu'il y avoit dans 1'homme un efprit vital, plus délié que 1'air, plus doux que le feu, & qui en s'échappant, caufe la mort. Les expériences faites dans le dernier fiècle fur les animaux pour démontrer la circulation du fang par Eoyle, Harvêy Stenok & d'autres, ont prouvé, que le cceur, féparé du corps, & même divifé en Iplufieurs parties, fe contratte, palpite, fe crispe , & produit divers mouvemens lorsqu'on 1'irrite. La même chofe a lieu dans Ie cceur de 1'homme , Francois Bacon en fut témoin oculaire è 1'éxécution d'un criminel coupable de haute trahifon. Senac, & Albinus ont depuis obfervé le même phénomène. On a remarqué encore q'ie les autres parties du corps humain jouilTent de Ia même force; Stenon, Lancijïus & WaIfks en ont fait Pobfervation fur la veine cave, Severin £? Pecquet, célèbre par Ie canal qui porte fon nom, fur les inteffins. Baglivius a vu que chaque D 4 fibre  56 Nouv. Eiblioth. Belgique. fibre mufculaire fe contracte, lorsqu'on la fépare du corps. Ou a baci fur cesexpériences plufieurs hypothéfes, que 1'Auteur expofe iei avec beaucoup de clarté, & qui ne ne prouvent que trop la lenteur de la marche des connoifiances humaines, & la difficultè de connoitre la vérité même dans les chofes qui fe palfent fous nous yeux: Les uqs ont cherchéleseffets que le principe vital produit dans le corps, dansles qualités phyfiques des corps inanimés, & les ont attribué a la gravité, è 1'élasticité, la cohéiïon, l'attraétion, & 1'électricité; ce dernier fyftême a repris faveur de nos jours, après les expériences que 1'on a faites fur les poifibns doués dj'une force éleftrique. D'autres ont cru découvrir la caufe de la vie dans la circulation, & dans fon influence fur les diverfes parties du corps, d'autres, dans le cerveau & fes membres, d'autres encore dans les nerfs & leur ofcillation. Quelques Auteurs ont attribué le mouvement du corps au liquide nerveux, ou aux efprits animaux, plufieurs, au contra!»  Janv. Fev. Mars. 1782. 57 mire, 1'ont attribué a 1'empira de 1'ame, a laquelle ils ont donné la faculté d'exécuter, quelquefois même contre fon gré, toutes les f onftions du corps. II en eft qui ont été jusqu'a créer un certain E/prit ReStew , qui réfide dans le cerveau, dans le cceur, ou dans 1'eftomac, (car on n'eft pas d'accord fur leljeu de fa ^éfidence; Cet efprit dirige les mouvemens des autres parties, il excite quelquefois le trouble dans les différentes régions qui lui font aflujetties, mais ce fyftême extravagant n'a guères trouvé de fectateurs. Enfin dans le fiècle précédent plufieurs Médecins croyoient voir dans quelques principes chymiques cette caufe fi difficile atrouver. Boerbave aété le premier qui s'eft oppofé de nos jours a ce torrent d'hypothèfes , qui ne tendent qu'a décréditer la Médecine. Malgré tant de folies on comptoit néanmoins alors d'habiles Médecins, tels que Bellilinus, Baglivi, Hofman, Stcél, &même Van Helmont Le premier qui répandit quelque jour fur cette matière fut F. Glijfonius,-regardé par Boerbave même comme, le plus D 5 exaét  $ 8 Nouv. Biblioth. Bêlgiqujè. exact- anatomifte de fon fiècle. II obferva, que par une vertu qui leur eft propre, les fibres du cceur étoient irritós par le fang, & excités a la contraction, mais qu'ils fe relachoient & reprenoient leur fituation naturelle, auflitöt que 1'irritation ceflbit. II prouve enfuite par pluiïeurs expériences, la vérité de cette irritation dans 1'état de fanté, & il en conclüe, que les fibres du corps, peu. yent fentir 1'irritation fans le fccours des fens. Mais comme GliJJbnius embrouilla fon fyftême, en le propofant,- felon 1'efprit du tems d'une facon obfcure & trop frientifique, il demeura dans I'oubli jusqu'au milieu de ce fiècle , que le fameux (*) Jein de Gorter, Hollandois & difciple dejBoerhave , découvrit en fui- (*) Jean pe Gorter, s'eft fait un grand nom dans la Médecine par fon Traité fur la Perfpiration, & par d'autres Ouvrages, il fut Profefleur a Harderwyk eri Güeldre, & depuis Médecin de 1'Impératrice de Rusiïe. Note du Joumalijle.  Ja^v. Fev. Mars, 1782. 59> fuivantles idéés de GliJJoniu: , quelques chofe dans le corps humain, qu'on ne trouve dans aucun objet inaniiné & qu'il nomma force vitale: en 1'attribuant cependant au fiuide nerveux. Frederic Winter,WLèdecm du Stadhouder Guillaume IV & Profeffeural'Univerficé de Leiden eft néanmoins celui de nos compatriótes, qui a fait fur le principe vital les meilleures obfervations. II attribué le mouvement du corps a 1'irritabilité excitée par un certain aiguillon CStimulus) qui le met en aftion. Cet habile homme a fait d'excellens difciples, qui, ont fuivi fon fyftême avec fuccès; tels font par ex. Mrs. Bikker (fl) & Van den Bofcb (&)• ( a) Mr. Bikker eft Médecin z Rotterdam & Sécrétaire perpétuel de la Société des Sciences de la même Ville. ( b) Mr. Van den Bofch eft Médecin a 1« Haye, & Sécrétaire de la Société qui vient de s'y établir fous le nom de Correfpondance de Médecine. Nous nons propofons de donner dans le ïrimeftre prochain un Extrait dé»  60 Nouv. Biblioth, Belgique. L'Auteur fait ici un éloge mérité du célèbre Haller, dont les démonftrations & les expériences ont beaucoup contribué a détruire les anciens préjugés fur cette matière; il a été fuivi par Mrs. Zimmerman, Oeder, Cajtelius, Sproegel, Wdjlorf, & plufieurs autres. N'oublions pas de citer ici Mr. Fan Doeveren, Profefleur a Leyden, qui a mis cette matière dans tout fon jour. Dans la feconde partie de fón Difcours, 1'Auteur expofe les avantages qui réfultent de la connoiflance approfondie du principe vital: & d'abord, lorsqu'on réfléchit avec quelle facilité les Phyfiologiftes expliquent aujourd'hui la circulation des humeurs > la contradtion & la dilatation des vaifleaux du cceur, la respiration, 1'action des muscles, le mouvement périltaltique des inteftins, on s'apr détaillé des ouvrages de cette Société; Pabondance des matières nous en a empêché jusqs'ici, mais nous reparerons le plutót poffible cette omifllon. Notes du Journalijle.  Janv. Fev. Mars. 1782. ^iRTlCLE  Janv. Fev.. Mars. 1782. 6k ARTTCLE CINQUIÈME. ESSAI SUR la PhYSIOGNOMONIE, defiinê a faire connotire F Homme & ale faire aimer, parjEAN Gaspar a Lavtater, CitoyendeZurich &'.MinL flre du St.Evangile. Première Partie. Imprimêala Hayegr. in 4*0 de 290p. &fetrouve chezj. vanCleeflAbxdkQ* Peu d'Ouvrages ont fait en Allemagne autant de fenfation que eet Effai fur la Pbyjiognomonie. On a écrit des Volumes pour & contre la Science que Mr. L. a voulu créer oureÏÏaurer. Beaucoup de gens fe font laifTé entramer par la nouveauté & Ia fingularité de la matière; ilsfe fontüvrés k toutl'enthoufiasme qüe leur infpiroit un Ecrivain respectable par fes verti's, par fes talens & par fes connoiffances. D'autres fe font attachés k une critique outrée, ont tourné la Science des Phyfionomies en ridicule  #4 NOUV. BlBLTOTH. BELGIQtTE. cule, en font venus jusqu'aux difputes &aux querelles, jusqu'aux pcrfonalités les plus indócentcs. . H nous femble qu'il n'eft pas céceüaire de donncr dans 1'un ou 1'autre excès, pour ju<*er & pour apprécier un Ouvröge, original a la vérité, & fi Ton veut, quelqucfois extraordinaire, mais en même temps intéreffant & utiie. Nous ne nous érigerons ni en admirateurs aveugles ni en Critiques outrés de Mr. L., & en confervant tous les égards qui font dus k fon mérite & afon caractère, nous nous bomerons k une analyfe fuocincte & impartiale de 1'Edition Franeoife, annoncée & attendue depuis fi longtemps. Cette tache ne fera pas abfolument difficile k rcmplir; le premier Volume de 1'Original Allemand étant déjè fuffifamment connu de nos Lefteurs par Je Journal auquel le nötre a fuccédé. La Biblktbéque des Sciences 6f des Beauxjirts en a rendu un compte détaillé, & les extraits inférés dans les Volumes 44. 45 & 46. nous difpenferons de retracer ici'le fyftême & le plan de 1'Auteur. Le fond  Janv. Fev. Mars. 1782. 6$ fond de 1'édifice eft refté le même; il n'y a que la cocftruction & les décorations qui ent changé. Nous allons développev 1'ordre des matlères, & nous choifirons le petit nombre de nos citations parmi les morceaux qui ne font point entrés daus 1'Edition Allemande. Quand on connoitla matière & leftyle de Mr: L., on s'effraye des difficultés qu'il afallufurmonter pour rendre fes idéés en Francois. Nous en.croyons volontiers le Traduéteur, lorsqu'il nous avertie dans fa Préface,qu'il n'a pas trouvé dans la langue Francoife les richefies &les reffourcesquï font propres k celle de 1'Auteur. En effefc la langue Allemande, fi énergique ,'fi riche & fi hardie en elle-même, le devient encore davantage fous la plume deMr. L. Tournures fingulières,!écarts,créations;& compofitions de mots, rien ne lui coüte. Son génie & fon imagination étonnante 1'emportent au deflus des entraves de la Grammaire & de 1'ufage; cette hardiefle eft pardonnée jusqu'a un certain point en Allemagne; mais elle ne fauroit être imitée dans une langue auffi pure & auffi févère que la Francoife. 'TtouII.P&t.ti E 1» li*  $6 Nouv. Biblioth. Belgique. „ Le Traducleur s'eft donc vu placé „ entre deux écueils, partagé entre la „ crainte d'étre i&fidelle & celle de pa- roitre ridicule ; & dans eet embarras 3y il a fallu quelquefois, pour ne pas al,. térer un Ouvrage auffi original que cem lui ci, hazarder des expreffions que s, 1'ufage n'a pas confacré". H s'en faut cependant que cette néceffité ait dégénéré en abus. Au contraire il nous a paru que les Traducteurs n'y|ont cédér qu'avec la plus grande referve, & on doit leur favoir gré de s'ètre affranchis des gênes que leur impofoit 1'original. D'ailleurs ils ont travaillé fur un manufcrit nouveau, adepté plus ou moina pour des Le&eurs Francois, oü 1'Auteur a refondu plufieurs morceaux de fa première édition, arrangé les matières dans un nou vel oïdre, & ajouté de nouveaus jugemens» Mr. L. fe rend compte a lui même des difficukésimmenfèsde fonentreprife, & avec fa modeftie ordinaire il en demande grace dans la Préface qui eft a la tête du Volume. 3, Refpeöables Insonnjus de diverfes nations, devapt qui  Janv. Fkv. Mars. 1782. j'ofe paroitre fous un coftume étran» gCr 1, ■ ■ je rougis en pcnfant aux impcrftctions de mon Ouvrage , mais fi vous pefez les difficultés de 1'entreprife , fi vous confidérez que 1'étude des phyfionomies ne pouvoit être pour moi qu'une étude acceflbire. Vous ferez trop équitables pour ne pas excufer les défauts de eet Ecrit, & peut-être y trouverez vous des chofes qui ne fonc pas indignes de votre attention, quoique vous pourriez attendreinfiniment davantage d'unEcrivain plus habile &plusmaatre de fon temps ". Le morceau déja connu de Mr. Herfter, fiif 'a dignité de la Nature bumai ne, a été confervé pour tenir lieu d'/ntroduStion. Dans le I. Fragment 1'Auteur fait part h. fes Leéteurs de la marche qu'il a fuivie dans la carrière phyfiognomonique. C'eft Mr. Zimmermann d'Hannovre qui a découvert le premier fes talens pour cette Science, & qui Vi animé aleè cultiver. Le Fragment fur la Nature bumaine, cccupe dans 1'édition Francoife la feE 2 c°l*  O'S Nouv. BlBLIOTEr. Belgiqüe. .conde place. -L'Auteur y établit une dlftinction génerale pour fa Science, & il la divile en deux parties: „ \aPbyJiognomonie immédiate, qui obferve Je caradtère dans 1'état du repos, & la Pbyfiognomonie qui 1'étudie lorsqu'il eft en atïion. Dans le III. Fragment qui traite de la Pbyfiognomonie en particulier, on retrouve Jes mêmcs définitions & les mêmes divilions que 1'Auteur avoit déja adopté prê« cédemment. Dans Ie IVe il diftingue la Pbyfiognotnonie proprement dite, de la Patbognomique. Le Ve parle de la vérité de la Pbyfiognomonie. Le Vle des Préjugés contre la Science des Phyfionomie. Tous ces Fragmens n'ont point fubi des cbangemens remarquables. VII. Fr. Outre les Autorités dont ]ylr. L. s'eft étayé dans Pédition Allémende , il cite encore ici celle de la Cbambre, Auteur d'un Ouvrage intituló, VArt dé comoitre les hommes, &Ia Plaftique de Mr. Herder. Son portrait de l'bom- mt  Janv. Fev. Mars. 1782. 69 me nous paroït tracé de main de maitre, & nous le rapportons avec d'autant plus de plaiör, qu'il eft fupérieurement rendu dans la traduétion. „ Quelle main pourra faifir cette fubftance logée dans la tête & fous le crane de 1'homme? Un organe de chair ponrra t-il atteindre eet abyme de facultés & de forecs internes, qui fermentent ou fe repofent? La Divinité ellemême a pris löin de couvrir ce fommet facré, féjour&attelier des opérations les plus fecrettes, 1 la Divinité, disje, 1'acouvert d'une forêt (*) emblême des bois facrés, oü jadis on célébroit les myftères. On eft faifi d'une terreur religieufe è I'idée de ce mont ombragé, qui renferme des éclairs, dont un Jeul échappê du chaos peut éclaircr, embellir, — ou dévafter & détruire un Monde. Quelle expreflion n'a pas même la forêt de eet Olympe, fa croiüance naturelle , la maniére dont la chevelure s'-ar* (t) La Chevelure. ; E3  TO NOUV. BlBLTOTH.. Bfil^TojJE. s'arrange, defcend, fepartage, ous'cntremêle? Le Cou, fur lequel la tête eft appuyée? montre , non ce qui eft dans 1'intérieur de 1'homrae , imais ce qu'il veut expri. mer. II défigne la ferrneté & la liberté , ou bien la mollejje & la douce fiexibilitê. Tantót fon attitude rjoble & dégagée annonce la dignité de lacondition, tantóten fc courbant il exprime la réfignatios du Martyr , & tantót c'eft une colonne, enblême de la force d'Alcide. Enfin fes difformités , fon enfoncement dans les épaules, font encore des fignes caradtcriftiques & pleins de vérité. Paflbns au vifage humain , tableau de 1'ame, image de la Divinité. Le Front eft Ie. fiège de la férénité, de la joye, dunoirchagrin, dePangoiffe, de la ftupidité, de 1'ignorance, & de la méchanceté. C'eft une table d'airain oü tous les fentimens fe gravent en caractè- res de feu. Je neconcois pascom- ment un front peut jamais paroitrc un objet indifférent. A 1'endroit oü il s'abaifïe, \'entendement paroit fe confondre avec la volontê. C'eft ioi  Janv. Fev. Mars. 1782. 71 ici oü 1'ame fe concentre, & raflèmble des forces pour fe préparer k Ia réfiftance. Au deflbus du front commenee fabelle frontière, le fourcil, are-en-ciel de paix, dans fa douceur are tendu de la difcorde, lorfqu'il exprime le courroux, ainfi dans 1'un & dans Pautre cas c'eft le figne annonciateur des affeclions. Je ne connois point d'afpeft plus attrayant pour 1'obfervateur éclairé, qu'un angle fin, bien prmonci & qui fe termine avee grace entre le front & 1'ceil. Le ne? met un enfemble k tous les traits dn vifage: II forme pour ainfi dire une montagne de féparation entre deux vallées oppofées : ■ la racine du nez, fon dos, fa pointe, fon cartilage, les ouvertures par lesquelles il refpire la vie, - que de fignes expreftifs de Pefprit & du caradtère! Les yeux, i n'en juger même que par Pattouchement, fout par leur forme des fenêtres dePame, des globes diaphanes, dés fources de lunuère cc de vie. Le fimple taö découvre que leur forme artiftement arrondie, feur coupe & leur grandeur ne font pas E 4 des  72 Nqüv. Biblioth. Belgique. des objets indifféreris. II n'eft pas moins eflentiel d'obferver fi 1'os de 1'ceil avance beaucoup, ou s'il fe perd imperceptiblement? fj les tempes fe creufenc en cav«rpes, ou préfentent une furface unie? En général la région oü fe raflemblent les rapports mucuels entre les fourcils, les yeux, & le nez, eft le üège de 1'expreffion de la volonté & de la vie aftive. Le fens noble, profond & occulte de 1'ouie, a été placé par la nature aux cötés de la tête, oü il eft caché a demi»' L'Homme devoit ouir pour lui-même> auffi 1'oreille eft elle dénuée d'ornemens. La dêlicateffe , le fini, la profondeur, yoila fa parure ". Dans le VIII. Fragment 1'Auteur con? fidère la Pbyfiognomonie comme Science, & lui prédit, que malgré fes bornes actuelles, elle peut le devenir auffi bien que tout ce qui porte le nom de Science, auffi bien que la Phyfique, que la Médecine, que la Théologie , que les Mathématiques. Son utilité eft dómontrée dans Ie IX. Fragment, i, a titre de connoijjance en géaéral, 2, de connoijjance de l'bomme $ 1 3> en°  Janv. Fév. JVTars. 1782. 73 $, enfin de connoiffance empyrique de l'bomme. Outre ces avactages Scientifiques, outre ceux qu'elle promet en particulier è Ia Peinture, la Phyfiognomonie affermira le fentiment de Ia perfection & de l'imperfeétion; c'eft par elle que fe formeront les amitiés.f; elle de-, viendra 1'ame de la prudence, & la terreur du vice. Mais d'un autre cóté on lui reproche des Inconvéniens. On 1'accufe d'encourager Ia manie de 'juger le prochain, & de nourrir Ia vanité. Ces deux objeétions font réfutées dans le X. Fragmenr. XI. Fr. II eft factie de faire des progrès dans cette Science, puisque tous les jours nous avons des hommes fous nos yeux, & qu'ainfi nous fommes toujours a portée de les étudier. II ne s'agit que d'obferver ft de comparer, de fentir Ie befoin de bien connoitre les hommes , & de croire que ce befoia peut-être fatisfaic en grande partie. L« Méthode qu'il conviendroit de fuivré pour cette étude, eftrefervée pourun des yolmnes fuivans. E 5 XII,  74 Nouv. Riblioth. Belgioue. XII. Fr. Rien de plus univerfel que le TaSt pbyfiognomomque. L'Auteur^ dit „ qu'il n'eft point d'homme , & même „ point a'animal qui ne 1'ait reeu", & il entend par ce tafl: „ la fenfation & les conjeclures que fait naitre 1'extér.ieur „ d'après lequsl nous jugeons de 1'inté, rieur ". II le reconnoït jusques dam lés termes & les proverbes phyfiognomoniques, clans les defcriptions poëtiques &c. XIII. Fr. Malgréla facilité & 1'univerfitéde cette Science, elleeft hériffée de difficultés, Le deffein le plus exa& ne fauroit faifir toutes les reflemblances ——» lefiège du cara&ère eft fou- vent caché ou enveloppé les im- prefllons font difficiles a faifir les accidens phyfiques ou moraux, ia dtefimulation, peuvent nous induire on errcur , enfin le Phyfionomifte lui-même n'eft pas toujours exempt d'unepartialké in volontaire. XIV. U efi rare d'avoir Vefprit obfer'Wteur en Pbyfiognomonie; Des hommes «Je génie , des obfervateurs célèbres, des Phyfionomiftes habiles& naême les  Janv. Fev. IVL\RjS. 178a. 75: Peintres, confondent fouventdesportraits & des fiihouettes entièrement différentcs, ou leur irouvent de fauffes reflemblances. C'eft pour écarter ces fortes de mèprifes que 1'Auteur fe propofe de fixer 1'attention de fes Lecleurs fur les différences légères, & a peine perceptibles, qui au premier coup d'ceil paroisfent avoir de la reffemblance. II propofe a la fuite de ce fragment plufieurs exemples « < - 4 profïïs qui fe rcfièm- blent en apparence • . 3 carricatu- res du Lord Anfm —— & 3 têtes idéales d'après Rapbaël. Le Pbyjïonomifte —— c'eft le titre que porte le XV. Fragment >—• doit avoir les avantages de la figure , un corps bien conftitué, une organifation fine, des ferjs faciles a émouvoir & qui transmettent fidélement k 1'ame 1'impreflion des objets extérieurs , furtout un regard pénétrant. L'Efprit d'obfervation, un jugemenc mur & folide, une profonde fagacité, une imagination vive & forte, un efprit prompt & fubtil — font autant de qualités indifpenfables au Phyfio-  f6 Nouv. Biblïoth. Belgique. Phyfionomifte. II doit être verfé dans 1'Hiftoire Naturelle, & dans les Arts; avoir acquis une certaine habileté dans celui du deflein; étudier l'Anatomie& la Phyfiologie; mais furtout connoitre le cceur humain, & plus que tout le refte fon propre cceur: il doit avoir une ame ferme & douce, innocente & calme, un cceur exeropt de paflions farouches & dont tous les replis lui foient connus. Enfin la connoiflance du monde , les voyages,des rélations étendues,le commerce des Artiftes &des Savans, celui des perfonnes trés vicieufes ou trés vertueufes, tres inftruites ou trés bornées, celui des enfans —— toutes ces reflburces lui deviennent encore néceflaires. M. L. ajoute qu'„en trawant le portrait du , Phyfionomifte, il a prononcé fon propre arrêt, c'eft-a-dire fa condamna-i " tion". Nous prendrons la liberté de lè contredire. II fuffit de le lire pour prendre 1'idée la plus avantageufe de fon caraétère moral, de fon efprit, de 1'étendue & de la variété de fes connoisfances. Mais il n'eneft pas moins vraj qua  Janv. Fev. Mars. 1782.' 7*7 que toutes ces qualifications rendront le Dombre des vrais Phyfionomiftes exceffivemerit rare. Le XVI. Fr. établit la certïtude d'une harmonie, d'un rapport vifib'e entre la beauté morale 6? la beauté pbyfique, Il eft iuivi de onze additions accompagnées d'eftampes ou de vignettes- Le XVII. Fr. eft confacré h) Socrate feul, dont 1'exemple a été 13 fouvent employé contre la Science des Pbyllonomies. On rapporte dans le XVIII. les Obfermtions d'un Savant Allemandfur laPby. fiognomonie , ( nous les croyons de Mr. Sturtz , mort a Ia fleur de 1'dge, après avoir accompagné Ie Roi de Dannemarc dans fesVoyages), Mr.L.les aentrecoupées de fes propres remarques & additions. Son adverfaire convient que les paffions, que le caractère moral en général, ont une expreffion pbyfiognomonique; mais il croit qu'il n'eft pas auffi facile de découvrir les fignes des facultés internes, des talens, du genre de vocatïon auquel on eft propre. EPailIeurs diC-il, on juge en Pnyfiognomonie, moins par ( ; fen.  78 Npuv. Biblioth. Belgiojue. fentiment, que par réflexion & comparaifon Cette derrière opinion eft rèiutèe par uae fuite d'exemples, parmi lesquels on diftingueun Judas d'aprfcs Hol-, bein, & le portrait de Samuel Jobnfon. Nous ne fuivrons point 1'Auteur dans les óbiettions générales & particulières qui rempliffent les deux Fragments fuivans. Le dernier offre encore un grand nom- bre d'exemples ■ diverfcs têtes an- tiques, plufieurs têtes de Savans Francois Anglois &Allemands, lesportraita de Charles XII, du grand Sfforceja. Le premier Volume de ces EJJais eifc terminê par un morceau tres eonfidérable & trés intèreflant, dans lequel Mr. L examine une Dijfertation publiée con*> tr« fon Ouvrage par Mr. le Profeflèur Lichtenberg de Gottingue. Celle-ci n'eft rapportée qu'en forme d'extrait, ouplutötpar morceauxdêtachés; & cette méthode embarraflera peut-être le Lefteur impartial qui auroit voulu juger les parties fur des pièces compiettes. Laquestion principale fe réduit a favoïr » fi effeaivement les talens & les facultes *' de Vefprit» ont deefignes ounon dans  Janv. Fev. Mars. 1783. 79* „ les parties folides " ? Le Savant do Gottingue contefte cette opinion, & Mr; L. cherche a la prouver de toutes les manières , par les fimples contours du vifage, par des filhouettes & des profils, par des buftes & des portraits en face, & pour finir, par des portraits faits après la mort de ceux qu'ils répréfentent. Dans le cours de cette réfütation la dispute s'échauffe queiquefois; mais on y retrouvera & on y admirera encore la modeftie de Mr. L,, quand on fautaque fon Adverfaire s'eft perm's contre lui les attaques anti-phyfiognomoniques les plus violentes, qu'il auroit pu & dü s'épargner. Cette dernière partie eft Ia plus riche pour Ia gravure. On s'arrête avec plaifir fur plufieurs portraits célèbres, que Mr. L paffe en revue; Attila, Juies Cé/ar, la lëted'Antinoüs, Locke, 1'Abbéf Raynal. Nous citerons ici le Jugement porté fur ce derniér. 3, La têteci-jointe confidérée dans 1'étae de repos & feulementd'après fes contours,. doit frapper tous ceux qui ne cherchent pas  8o Noüv. BiBLioxH. Belgique. & fe faire illufion, & ife conviendront avec moi que ce n'eft pas la une têteordinaire. Je n'entreprendrai point d'analyfer un tel caraftère, nide 1'apprécier; mais je crois pouvoir dire fans préfomp- tion comme fans flatterie que la li^ne qui partant de 1'os de 1'eeil gauche & piffant par deffus le fommêt de la tête vient fe terminer jusques vers le milieu de fl'oreille ■ indique feule & ah- firattion faite de tout le rejte un p,:nfeur, doué de 1'efprit d'analyfe & de détail, qui traite fa matière a fond & ne céde pas aifèment a 1'opinion d'autrui. La même expreffien fe retrouve dans le contour de 1'oreille, & fans qu'il foit befoin pour cela de mouvement ou de mobilité. dans le contour du nez & de la lèvre fupérieure, & dans la ligne que forment les lèvres en fe„fer- mant. . „ ,' Les fignes qne je viens d oblerver, anroncent de la facilitè a faifir rapidement •un prand nómbre d'objets, & le talent dc reproduire ce qu'on a vu, fous une forme nouvelle & dans un nouvel ordre/ L'intelligence $ lafemetê da caratlère, té-  Jaüv. Fev. Mars. 1782. Sr réfident fur tout dans le derrière de la tête. Je paffe fous fïïence diverfes qualités originales plus difficiles a découvrir". Cette courte analyfe fuffira pour donner une id6e.de 1'Edition qui paroit aujourd'hui , & qui ne tardera pas d'exciter la curiofitè des Amateurs de lajbelle Littérature. Nous nous fommes bornés en partie a ne rapporter que les titres desFragmens, puisque nous nousferions vus dans la néceffité de copier les Ex-, traits, de la Bibliothèque des Sciences quï fe trouvent entre les mains de presqua tous nos Lecteurs & auxquels nous les xenvoyons. II étoit naturel & jufle que Ia Phyfiognemönie de, Mr. L. acquit une grande célébrité^ Elle la mérite : foit qu'on 1'envifage comme Ouvrage de goüt, ou comme Traité fcientifique. Ducótéde la Littérature, ou fi 1'on veut,- comme fimple ficlion, ces EfTais renfermeroient encore des recherches curieufes&profondes, un npmbre infini d'obfervations neuves&rines; judicieufes & vraiment philofophiques, auxqueüesles arts &les belles-lettres gagneront néceffairement, que 1'homme de Tom. II. Part. 1. F goAs  81 Nouv. Bisltoth. Belgiqüe. goüt lira avec plaifir, & dont il fera fon profat- Comme théorie d'une fcience nouvelle, ils ouvrent une carrière intéreflante , & conduiront en grande partie au but que Mr. L. fe propofe. Si, comme il 1'es. père , la Phyfiognomonie acquiert un jour la confiftance qui lui manque encore, les initiés de fon fancluaire confidéreront eet ouvrage, comme un code préeieux, auquel ils rapporteront 1'inftitution de leur fcience. Mais en tout tems & dans tous les ages, ce même ouvrage demeurera un monument de i'habileté & desgrandes qualités de 1'Au. teur. II eft impoffible d'être plus rem. pli de fon objetque lui; d'en parler avec plus de génie & d'efprit , d'obferver avec plus de patience & de fagacité; nfaimer davantage la vertu & la religion; de s'intéreffer avec plus de fenfibilité k tout ce qui tient k 1'humanité. Nous jfen difons pas trop & nous ofons en appeller k tous les cceurs honnêtes. II» n*en eftpeint qui pi>iücrefufer foneftime a M. Lavater, Le Pübïïc attendia avec empreflernent la publication du fecond volume, qui Vfai;  Janv. Fev. Mars. 1782. 83 vraifemblement fera tomber quelqnes objections qu'en pourroic faire contre Ia forme de 1'ouvrage. Les Fragmens qui nous font préfentés jusqu'ici, ne portent encore que fur des vues générales, & ne font pas un guide commode pour celui qui voudroit embraffer 1'étude des phylïonomies. Mr. L. dit. a la vérité qu'il doit fe bomer d des ejjais, a de firn* pies fragmens, que fon imention n'eft pas de donner un Systeme. Mais puisque la Phyfiogriomonie doit palTer pour une fcience, elle doit auffi ctre aiTujettiea des régies; & ce font ces régies que noas espérions de voir rédigées dans un ordre plus ou moins fyftématique. Si 1'Auteur continuott a généralifer fes préceptes, fi le Letteur étoit obligê de les déduira des exemples, il faut avouer que cette difficuké , que ce travail, pourroient rebuter d'une étude , a laquelle nous fommes invités avec d'auffi fortes in*» Itances. Pour peu qu'on fuive attentivement Mr. L., on fe lailTe féduire, ou pour mieux dire entramer par le fujet qu'il traite & qufil ar 1'art de prêfenter fou»  84 NOUV. BlBLIOTU. BELGrQUKi tant de faces intéreflantes. Mais avec les meilleures difpofitions que nous ayons apportées a cette Icclure , & quoique perfuadés d'avance de Ia vérité de 1'expreffion phyfiognomonique, il nous at pourtant été impoffible de retrouver partout le même dégré de convi&ion. A force de vouloir analyfer chaque trait, 1'Auteur tombe dans des fubtilités uiinutieufes , dans toutes fortes' de fingularités. C'eft ainfi, parexemple, que nous avons été furpris de la comparaifon des deux portraits de Tule-Céfar, pag. 265 & 266. Deux figures fi différentes peuvent-elles être de la même perfonne? & fuffit-il d'établir pour diftindtion, que 1'un eft Céfar le Général d'Jrmée, 1'autre Céfar l'bomme de Cabinetl Deminé par une imagination ardente, & pénétré profondément de fa doctrine, Mr. L; a pu ;s'égarer quelquefois. De la ce ton d'enthoufiasme qu'il prend fou▼ent, & auquel on ne s'accoutume pas aifément. En jugeant p. 249. quatre profiïs qu'il appelle lui-même immobiles » inanimés, il die ,, que rimprefiion qu'ils „ pioduifent eft ijrréfiftible comme celle. » dt  Jatjv. Fev. Mars. 1782. 85*- de la voix de Dieu. Celui qui a le „ moins d'expérience ■ & celui „ qui en a le plus} en jugeront de mêj, me au premier coup d'ceil & d'après j, une forte d'inftincT. Confultez le 3, fentiment du vrai, la plus noble de 3, nos facultés, fentiment que j'oferois 3, nommer la parole de Dieu, qui fe fait „ entendre a tous les hommes, conful3, tez ce fentiment invincible qui précè„ de le raifonnement —— il prononcej, ra auiïïtót". Et è 1'occafion des deux profils pag. 252. 253. „ Comparez —• & demandez-vous enfuite, ou des, mandez au premier venu ce qu'ils an3, noncent. - La réponfe fera dé33 cifive, & la voix du peuple fera la „ voix de Dieu même". pag. 264.. la tête „ d'Antinoiis préfente un homme fans „ pareil, l'babitant d'un meilleUr monde , „ un demi-dieu ". II nous femble que tous ces jugemens pouvoient être prononcés en termes moins exaltés. Par un excès oppofé on nous offre quelquefois des carricatures effrayantes. Telles font celles des pages 15S.» F 3 fó4?  86 Nouv. Biblioth. Belgique. 164, 165, 195. De pareilles horreurs n'exiftent nulle part dans Ia nature. Nous nerelevons pas ces défauts dans 1'intcntion de rabaiffbr le mérite de 1'ouvrage ; ils n'appartiennent pour ainfi dire qu'è 1'originalité de carattère, qui fe manifefte & dans 1'entreptife & dans 1'exécuticn. Le morceaux que nous venons detransfcrire fufilfent fans doute pour doar^r une idéé du mérite de la Traduétion, nous croyons cependant devoir citer encore quelqucs paifages , que 1'on ne. trouwe point dans les Extraits que la Bibliotbèque des Sciences a douné de 1'Ouvrage Allemacd. Le dix-eme Fragment eft 'confacré, comme nous 1'avons déja d:t, a détruire certaifies objeétions que 1'on fait cor> tre la Science Phyfiognomonique. „ Je crois entendre une ame honnête m'dddreffer ce langage? Que fais tu, toi 1'ami déclaré de la Rtligon & de la Vertu? combien de maux tu vas.eaüftrl Tu te propofes d'appiendre aux hommes 1'art malheujeux de jugcr leurs  Janv. Ffiv. Mar?. 1782. s? leurs frères fur des traits de vifage, fur des mines équivoques ? Le fureur de cenfurer, de blamer, d'épier les dél'auts d'autrui - n'eft elle pas déja trop générale? Faut il encore que tu enfcignes k puifer au fond des éceurs les feercts, les penfées, les fautes qu'ils rccèlent? — Vois des Obfervaeeurs s'élever de toute part5 portant autourd'«_ux un regardpercant, des yeux armés. Dans les Sociétés, les Convois, les Temples, —— partout des Phyfionomiftes rien ne les occupe, ne les touche ne les intéreffe, quele foin d'écudier ks vifages, & de fonder les cceurs. Et c'eft toi, c'eft ton Livre qui les a fait naure. Chefc eux 1c penchant a juger, a condamncr leurs frères fe tourne en paffion, lesagite, les embrale & détruit jusqu'aux derniers reftes d'humanité & de vertu , qui pouvoient encore fe troüver dans leurs cceurs ". ,, Tu parles de 1'utilité de tonobjet? Tu crois enfeigner aux hommes è connoïtre, a fentir la beauté des caraclères de la vertu , & la laidcur du vice, &tuprétends les attirer ainfi a la vertu, & leur F 4 in-  $8 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE, infpirer 1'horreur du vice par le fentiment de fa difFormité extérieure. Confidérés de plus prés , fais - tu a quoij fe réduiront tes efforts? a inviter a devenir bon, afin de palier pour tel; & cec Etre déja fi yain, fi avide de louanges, qui n'aime que trop a paroïtre aux autres ce qn'il devroit être en efFet, deviendra plus vain encore , & briguera 1'eftime & la louange, non feulement par fis actions & fes parölcs , mais encore p^r chaque trait , chaque linéament de fon vifage. Voila donc ce que tu opères , au*lieu de üarFoiblir , ce trop puiflant reflbrt des aélions humaines & d'en fortifier un meilleur: au lieu d'apprendre a 1'homme è rentrer cn lui même, è corrigcr fon intérieur, h refter innocent, ou & devenir bon en filence, fans raifonner furies caraétèresextérieurs du vice & de la vertu " ? Mr. Lavater répond parfaitement a cette accufation grave & fpécieufe; elle porte fur deux Chefs ; la Science Phyfiognomonique encourage la man:e • de juger le procbain, elle nourrit la vanitê de l'bomtne. Nous ne pouvons, vü fa  Janv. Fev. Mars. 1782. 89 fa longueur, feranfcrire ici la réponfe au premier Chef d'accufation , bornons nousfcau fecend. „ La Science Phyfiognomonique nourrit la vanité ". r? „ Défenfeur de rinnocencc! peu s'en faut que tu ne me féduifes par eet argument ? Cependant je te dirai, mais avec douleur: que ton idéal a été pris dans un Monde peuplé d'Etres innocens, & qu'il ne convient pas au notre"? „ Les Hommes quetu veux corrigerne font pas des Enfans, qui font bons fans le favoir; il s'agit d'Hommcj faits, a. qui 1'experience doit apprendre a discerner le bon du mauvais, cc qui, pour devenir meilleurs , doivent nécelTairement connoïtre & leurs mauvaifes , & leurs bonnes qualités. Permets que 1'Homme aflbeie au noble penchant qui le porte k la vertu, le defir d'êtreapprouvédes gens de bien, & ne détruis point eet appui des vertus humaines; permets a l'Homme de reconnoitre & de fentir, que Dieü note le vice de difforrnité , & qu'il reyêt la vertu d'un charme inimitable - ■— F 5 peT  Nouv. Biblioth. Belgique. permets lni un fentiment de joie, lors; an'il volt fes traits s'embellir, a mefure que fon cceur s'ennoblit. Cependant, dis lui, que la vertu dont la vanité eftle principe n'eft pas une vertu pure & folide, que Ia vanité porte un caractère ig. noble, & que la vraie beauté que donne la vertu, ne peut jamais être acquifeque par la vertu même, qui fuppofe auffi un cceur exemptde vanité". „ Vois tu s'échapper une larme des yeux de cëjeune-homme, qui s'eft écarté du fentier de la vertu: fon miroir, ou peut-être le regard douloureux qu'a fixé fur lui un Phyfionomifte qui 1'aime, l'a> vertit de fa dégradation chaque grand idéal des Maitres de Part lui préfente la nature humaine dans toute fa dignité. II déplore fes erreurs, & dès eet inftant, il forme le vceu de les reparer, il afpire a devenir un jour un des ornemens de la Création". • Qu'une pareille Traduótion fuppofe de goüt, de fenfibilité & de génie. —— Montesquieu difoit , fi vous traduifez toujours on ne vous traduira jamais, Ce mot ne reg3rde que les traducleurs ordi-  Janv. Fev. Mars. 1782. 91 ordinaires. Ce c'eft pcint ici urp Trar duftion , c'eft une nouvelle ctéation; & fi 1'on m connoiflbit pas l'Ouvrage AUemand, on firoic m>'>le ibis tenté de prendre l'Cuvrage Francois pour 1'original même. L'Edition eft de Ia p'us grande magnificence. La partie typographique eft trés belle & fait honneur aux preffes du Sieur van Karnebeek, dignes de foutenir la réputation dont Plmprimerie joiffoit autrefois en Hollande. Les eftampes & vignettes font gravées par des maitres habiles & pour la plupart des mieux exécutécs. Nuus ne critiquerons que la tête d'Antimüs , dont le deffein eft manqué ; & le portrait de Socrate qui nous paroit préfcnté trop en beau. «• Dans un Avertiffement qu'on d'ftnbue anx Souscripteurs, les Edit.urs, Mrs. Steiner de Wintertbur prévienncnt le Public, que l'Ouvrage en entier contiendra au moins une centaine de planches |& plus de 4C0 Vignettes, quoique les fragmens prélirninaires qu'il falioit p^aor a la têten'ayent admis que 14 planches. II  §2 NOÜV. BlBLIOTH. BBLGlQUe. y aura trois volumes, cn tout, dontcha» cun coüte 3 Louis. Ce prix paroit d'abord exceffif, mais on le trouvera équitable, lorsqu'on le comparera aux frais immenfes qu'exïge la gravure des eftampes & aux autres dépenfes fans nombre qu'entraïne une édition auffi difpendieufe. ARjTJ.*  Jatïv. Fev. Mars. 1782. 9$ ARTICLE SIXIEME. VERHANDELrNGEN van het BataafJch Genootfchap der Prtefon» dervindelyke Wysgeerte te Rotterdam. Vie Deel. te\ Rotterdam by R. Arrenberg &c &c. C'eft -k-óke, Mémoire de la Société de Phi» losophie Expérimentale étdblie fa Rotterdam. Tomé 5. &c. &c. SECOND EXTRAIT. Nous avons déja eu cccafion dans notre Ir Extr. de dire un moe touchant le mérite de la Diflërtation de M. Tiboel a qui la Société des Sciences de Rotterdam avoit accordé PAccesfit, en couronnant le Mémoire de MM* Dei wan & Paets van Troostwyk fur .  £4> NOUV. B'blioth. Bel&iqtje. VAir fixe; Nous regrettons bien fincèrement que cette excelieDte Diflertation , qui riexifte que pour ceux qui entendenf la langue Holiandoife, ne foit pas de nature a pouvoir être analyfée en riéfiail ; mais r'érutfition qui y règne, y&me k. i'étendue & la profoadsur des r .i'biinrmens,-. quimoatrentque 1'Auteur eft un Cftimifte coöfommeV r ne _ nous permvttroient pas d'en tere coniioitrè le vrai mérite fans excêderde beaucoup les bornes étroites d'un Extrait; nous nous contenterons donc, quoiqu'a* regret, d'expoler en géréral 1'ovöre que fuit M. Tx- 'Ét, & nous exhortons tous ceux qui pavent entend-re la Diffcrtation même, de 1'êcaxfier. avec forr. M. T. établit (Pafoord ce qu'il faut entendr«^ar le mot Air & fait 1'énumération de fes principales propriétós: il r-marque enfu'te qu'il ne faut pas confonore VAir pur & Dropremcpt ainfi nummé avec celui qu^ ''on nomrnc Amqfpbère^ ou Air Atmofphèriquc, cefabici eft ua Chaos ou un Au enzrgé oe fciwces lortes d'Exrwiaifoiis & 4b Vapeurs; dé:a il ne faut pas attribuer ics effas de 1'^ïr. At-  Janv. :Fev. Mars. 17S2; c/y mqfphérique, uniquement aux propriétés de 1'Air, confïdéré comme Airpur , mais ilfaut furtoutlesdéduire èeceslpartiesHêtérogenesqm mélées avec VAir pur ,conftituent VAtmofphère. Le Ceiètre van Helmont avoit déja, dans fon temps , tiché de faire connoitre ce fluide élaftique, qui fèdégageidaos la fermentation, ious le nom de Gas Silveftre, mais vu les raifonnemens finguliers, obfcurs & miftérieux de eet Auteur, on y fir peu d'attention; dans la fuite les Expérienees deHALES, & celles de BnfiK. Wvth, Macbride & Priestley continuérent de plus en plus k développer la Théorie de 1'Air Fixe. M. T. pafte k fon tour k 1'examen de cct Air fixe „ rien dit-il, n'eft plus „ propre a nous faire connoitre la Natu„ re de eet Air, que le développement j, de fes propriétés conftantes; ce font „ comme autant dzfaits qui nous conj, duifenr. jusqu'4 fon origine". U fait enfuite 1'érutnération de ces propriétés reconnues eomme conftantes & invariables, & il en compte jusqu'a 24 difféxentcs. Le*  $Ó* NOÜV. BlBLIÓTH; BELGIQJJE. Les §§. depuis Ie i ie jusqu'au 32111e font confacrés au développement de ces propriétés, & notre Auteurconclut,que VAir fixe contient un Acide , & qu'il agit comme Acide : que eet A- F. a UDe trés grande affinitè avec le Pb'ogijtique. II examine enfuite trés en détail cette question d'ou VMr fixe obtient eet Acide. II difcute d'une maniè.re . trés profonde lesopinions &Ies expériences de Priest£ey , Hey , Bewley, Bergman , (Comm* de Acido Aè'reo. Nova Acta Upfnl. Tom. II) Deiman (a) Fontana, Landriani ' (a) Les Expériences de M. Deiman; que M. Tiboel a ici en vue, & dont il fait encore fouvent mention dans la dernièr£ partie de fa Differtation, fost celles qui fc trouvent dans un Mémoire que MM. Deiman & Paets van Tuoostwyk publiérent en 1778 dans un Journal Hollandois , intitulé Hedendaagfché Vaderlandfche Letteroeffeningen Tomé 7.2de Partie. Ce Mémoire traite de l'Utilité de la Fégitacian' des Plantes &c. pour purifier 1'Air. II contient en abregé les mêmes principes touohant PA, F. PA. PM. &c. que ces Auteurs ont établi dans leur  Janv. Fev. Mars. 1782. 9? ( Pbyfic. Unterfucb uber die Gefundbeid der Luft. Bas. 1778. ) & d'autres Phyficiens, & fe range du cöté de 1'opinionde M. Bergman qui dérive de VAlcali fixe 1'origine de eet Acide particulier de 1'A. Fixe. M. T. déclare enfuitequ'il ne voit point de difficulté a croire que 1'A. F. confilte en 1'Acide de VAlcali purifié ou fubtilifé pendant 1'efferveicence, combiné avec une portion d'Air, & qui conferve dans 1'A. F. , une nature trés fine & trés fubtile. Je ne vois pas, continue t-il, qu'il y ait quelque difficulté a admettre, qu'une portion d'un Pblogijlique trés fubtil& trés pur, reftecombiné avec eet Acide, & que même ce Pblogijlique mette leur Mémoire couronné , & dont ils avoient auffi fait ufage dans leur Diflertation quï avoit concourue a Utrecht & dont nous avons fait mention dans notre Ier Extrait. Les trois Mémoires de MM. D. & P. vak T peuvent donc être confidérés comme ét'ant quant au fond, le même ouvrage, niais différemmentétendus fuivarit 1'ufage q»« les Auteurs en ont voulu faire. Tom. II. 1, O  $8 Nouv. Biblioth. Belgique. mette eet Acide en état de ponvoir fe cömbiner avec 1'Air Commun fous la forme d'un fluide des plus fubtils, & de prendre ainfi une forme Aërienne". — „ II eft vrai que la Calcinaticn cc fubftances Alcalines & Calcaires donne auffi de 1'A. F. mais cela n'eft pas contradictoire, a notre opinion , remarque notre Auteur, toutes ces fubftances contiennent de 1'Acide ". II reftedonca favoir comment 1'union de ces trois principes, 1'Acide, 1'Air, & le Phlogiftique, qui exiftent dans tous les corps, produit VAir Fixe, & M. T» avoue qu'il ne fauroit rélbudre cette importante queftion d'une manière auffi fatisfaifante qu'il ledéfireroit: - A la fin du §. 34 notre Auteur conclut par dire „ je crois que 1'A. F. eft un Element Acide particulier —— un Air chargé, même furebargé d'un Acide tres atlénuê —— ei? qui ne contient point de Pblogijlique: Se dégageant des Corps fous la forme d'Air *—— confervant la nature quï lui eft propre, lorsqu'il ejt de nouveau introduit dans les corps —»— féparé derethef de tes corps, fe refroduifant de pouvem  Janv. Fev. Mars. 178a. 99 nouveau fous la forme d'Air Fixe, • mifcible avec de l'eau capable de fe cbarger fc? de diffoudre les fubftances qui peuvent être dijfoutes au moyen d'un Acide fübtïï: Ö1 pu:sque dans la Nature il y a pour ainfi dire, une efpèce de circulation d'A. F., qui entre fort continuellement des Corps, H y « tout lieu de penfer que c'eft un Vèhicule trèspropre d transporter beaucoup de matières necejjaires d Ventri tien du Règne Animal 6? Vêgêtal • CeSl donc 1'Air Élémentaire ordinaire, chargé d'un Acide Hétérogene. M. T. pasfe enfuite k 1'examen de 1'Air'Pblogiftiqué ; on entend par la en généralun Air qui eft corrompu, ouiurchargé de Phlogiftique, ou bien un Air saté paria putréfaöion dePlantes, d'Animaux, & par la refpiration &c. II fait Fénumeration des différens moyens qui peuvent phlogiftiqucr 1'Air, tels que Mr. Priestley les adétaillés,&il remarque que ce Phyficien ne s'eft pas toujours expliquêfort clairement fur ce fujet. M» T. remarque enfuite que les différens Airs Phlogifliqués, qu'il vient de fpéciG z fier»  100 N0UV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. fier, nefont pas, engénéral, Inflammables, quoique le Phlogiftique foit la caufë de 1'Inflammabilité: il peut cependant y avoir des cas, comme par ex. dans les charbons, oü 1'Air devienne inflammable, après que le Phlogiftique le plus grofiier s'eft dégagé;dans ces Airs PhlogiftiquéslePhlogiftique n'eft pas dansun état de pureté, ou intimement uni è 1'Air; mais il n'yeft qu'adhérentou tout au plus répandu, difperfé, étendu, & plus ou moins impur, fuivant les différentes particules qui le dêgagent des corps & qui fe joignent au Phlogifti'que. Dans un Air par- faitement inflammable, le PrincipePblogiftique y eft diflbus ou répandu en en. tier&parfaitement, fous une forme Aërienne, il refte uni è eet Air d'une manière inféparable.—Notre Auteur.examice en détail, dans les §§ fuivants, depuis le 41 jusqu'au s%e, les diverfes caufes qui peuvent Pblogiftiquer 1'Air, il rapporte & difcute les expériences rélatives a ce fujet: enfin il termine eet Article par fix refléxions générales. Nótre Auteur traite enfuite en détail de YAit Inflammable : eet article eft vrai-  Janv. Fev. Mars. 1782. 101 yraiment intéreflant ; d'abord M. T. examine 1'A. I. du Fer & de VH. de Vitr. „ On fait, dit-il, que 1'on produit du fouffre en combinant du Phlogiftique &de 1'Acide, furtout de 1'Ac. Vitriolique; Je ne ferois donc pas éloigné de penfer, qne dans la production de 1'A. I. il ne fe forme un Souffre Jërien, trés fubtil, & qui feroit la caufe de l'Inflammabilité. M. T. confirme fon opinion par des exemples, & examine les fentimens de Lai^driani & Volta touchant Ylnflammabilité, il remarque encore que Mr. Priestley n'a répandu que peu de jour fur cette matière, qu'il eft plus ou moins confus dans fes Expériences, & que fouvept on ignore s'il les a fait avec de 1'A. I. des métaux, ou avec celui qu'on obtient en brulant des fubftances Animales & Végétales. Le § 58 & les fuivants jusqu'au 65e , font deftinés k 1'examen de 1'a. I. des Marais, & des principes de M. Volta touchant cec Air. Après avoir décrit ( § 66 & fuivans) lp procédé par lequel on obtient 1'A. Nitreux que notre Auteur examine a fon tour G3 cn  joz Nouv. BlELIOTII. Belgique. en détail, & après avoir re-marqué que eet Air eft compofó £ Acide Nitreux, de Pblogijlique & peut Être d'un peu de Cbaux métallique fuivant Priestley , ou bien que c'eft de 1'Air Commun furchargé de Phlogiftique & pourvu d'Acide Nitreux fuivant Landeuani, M. T déclare qu'il eft de Fopinion de M. S^heele touchant la rutilation qu'on obferve dans le mélange de 1'A. N. avec !'A.. C. Ce dernier Auteur penfe que 1'Air Nitreux, auffi-tót qu'il entre en cont et avec 1'A. C. s'empare du Pblogijlique de 1'A. C. & perd fon élaftiq.té: que la diminution que fubit 1'A. C, dépendde la perte de fon Phlogiftique. „ Je ne vois point de raifon, continue notre Auteur, de penfer avec M. Bewley que 1'A. C. rende 1'A.N. Acidercelui-cifemanifefte'commelétantunAir^a'&pendantl'effervefcence: il teint en rouge le Tournefol. Priestley avoit remarqué que 1'A. N. n'étoit pas fort Injlammable, mais qu'ayantféjourné quelque tems fur 1'eau, une bougie y bruloit mieux. M. Landriani dit que 1'A. N. fecoué dans 1'eau devient Injlammable: M. T. explique ces eftets ainfi ",  JaNv. Fev. Mars. 1782. 103 ainfi, " 1'eau attire 1'Acide fiirabondant & laifle un Air qui eft chargé de Phlogiftique au point d'être Inflammable, du moins au point qu'une bougie y brule d'une lumière plus forte;mais eet Air n'eft pas auffi Inflammable que 1'Air Inflammable ordinaire, parceque le Phlogiftique, ayant moins d'Affinité avec 1'Acide Nitreux qu'avec 1'Acide Vitriolique , fe trouve combiné avec une baze qui lui eft moins propre & ne peut par conféquent bruler avec la même force". Notre Auteur employé encore quelques §§ au développement de quelques autres propriétés de 1'A. N. mais nous nous voyons obligés de renvoyer nos Lecieurs a la DiiTertation même: Voici comment „ M. T. conclut eet article de 1'A. N. il me paroit dit-il qu'on peut regarder eet Air comme étant de 1'A. C chargé ff Acide de Nitre Pblogiftiqué par le Pblogijlique accejfoire duMétal; cjf qui après avoir été purifié par 1'eau , laijfe un Air Commun chargé ou modifié par un Acide Juk* til, Pblogijtiqué £? Inflammable pour at» tant qu'il y a affez de Pblogijlique pour ptoduire un véritable Air Inflammable &c. G 4 M;  184 Nouv. BlBLIOTH. Belgiojoe. M. T. dit un mot aux §§ 78 83. de VAir Alcalin: Ie 5 81 contieDt cette judicieufe remarque „ quoique VAlcali fixe teigne en Vna le Tournerol, on „ n'obtient jamais eet effet en employanfc „ un Alcali Volatil, parceque dans la préparation même du Tournefol, la „ putréfadtion des Plantes produit un Alcali Volatil. Faute de n'avoir pas fait attention a cette différence on 3, s'eft fouvent trompé dans les Expéj, riences, qui devoient fervir k prouver la préfence d'un Sel Volatil. — M. Priest„ LEyfemble auffi n'y pas avoir rétléchi" M. T. conclut „ que eet A. AU n'eft „ autrechofe qu'un Alcali Volatil, fubti- lifé, atténué & volatifé, quiconferve 3, dans eet état presque toutes les pro3, priètés de ce Sel". Notre Auteur pafte enfuite a Pexamen de VAir Acide marin, il rappelle &difcute ce que M. Priestley en a dit; au §86"M. T. fait mention de 1'extinétion de Ia flammed'une bougie plongée dans eet Air, effet qui indique la préfence d'un Acide. la flamme en s'éteignant, & après avoir  Janv. Fev. Mars. 1782. 105 été allumée de nouveau, prend une couleur bleuatre, eet effet dépend d'une propriété particuliere de 1'Acide de Sel, parceque le Sel Marin donne aufli cette couleur a la Flamme du feu: mais je ne déciderai pas, & ne pais décider avec certitude, continue-il, fi cette couleur particulière dépend du Principe Arfenical, qui, a ce que quelques Chimiftes affurent, fe trouve dans PEfprit de Sel. Notre Auteur examine dans le §. 89. 1'expérience de M. Priestley , (Exp, 6? Obf. fur différente; Efpécesd'Airs Tom. U p. 306. Part. II. Seét IV. Trad. Franc.) qui, dans Ie deffein de produire un Air Inflammable, avoit mis dans 1'Air Acide marin du Foye de Souffre, comme contenant du Phlogiftique, Expérience qui neréufllt point. M. Priestley conclutde la, que 1'Air Acide & le Phlogiftique peuvent former une efpèced'Air qui n'eft pas Inflammable. Peut-êtreun pareil Air fe trouve-t-il dans 1'état oü feroit de 1'Air Commun chargé de Phlogiftique , & dont 1'A. F. a été précipité Ou plutót, eet Air eft - il la même chofe que 1'A. I. qui a perdu fon Inflammabilité G 5 par  k>5 Nouv. Biblïoth. Belgioue. par un long féjour dans 1'eau. C'eft cequiméritoitun examen plus approfondi & notre Auteur continue aldonner 1'explica- tion de ce Phénomene „ M. T. conclut eet Article de 1'A; Acide Marin en difant," il paroitque eet Air, produit aumoyen des métaux, n'eft autre chofe qu'un Acide Pblogijliqué, eft que celui qu'on obtient fans 1'intermède des métaux, eft une fimple Vapeur Acide d'un Sel Acide fubftantiel". Notre Auteur pafte enfin k 1'examen de 1'Air Dépblogifliqué; après avoir décrit les propriétés de eet Air, & les méthodes fuivant les quelles on 1'obtient, M. T. réfute 1'opinion de M. Fontana iRecb.fur VAir N. 6? VA. Dépblogijli? qué p. 130) qui penfe que le Précipité rouge du Mercure ne contient point de Pblogijlique, puisqü'il donne un Air Dépblogijliqué. ,, B eft vrai, dit notre Auteur, qu'en général le Phlogiftique feperd paria Diflblution des Métaux dans leurs Menjlrues, mais le Précipité rouge n'eft pas entièrement dans ce cas il faut faile attention k la nature du diflblvant ft è. d.a 1'Efprit de Nitre: celui-ci contient,  Janv. Fev. Mars. 1782. 107 £icnt, fuivaDt 1'opinion unanime des Chimiftès, beaucoup de Pblogijlique, ce Phl. refte dans la thaux métallique , & lui donne la couleur rouge : Voyez auffi ce que Carthuiser en a dit dans fa Pharmacologia pag. 167. BoerBAAve (Elem. Cbem. Tom. II. Procef. Ï97J avoit déja remarqué quel'Efprit de Nitre de cette diffolution diftillé ou féparé du Mercure au moyen d'un feu violent ,neproduifoit plus avec les Huiks EJfentielles uneflamme paréille a celle qu'il avoit produit auparavant;preuve que eet E. de N. étoit dépouülé d'une partie de fon Phlogiftique. — Le Mercuve adoncune grande affinité avec le Pblngljl'que. M. Scheele obtint auffi dans u.ie Jorte calcination de ce Précipité non feulement du Mercure révivifie-, mais un Air Inflammable ( Cbem. Af band. üoerFeuer und Luft.). Enfin notre Auteur fait encore qudques réfl.xions fur ce que dit M. Fontana que le Précipité per fe mis 'dans un Matras Sfefmé a donné un Air Dépblogifliqué &c. II renvoy aux belles obfervations de M. WtricELlürce fuict ( Obfervationes Cbem. Mineral. Tom.  Jto8 NOUV. BlBLIOTH. BELGIQTJE.' Tom. I, II. Gott. i77r. Grypb. 1773.) il remarque en généra? que M. Fontana ne paroit pas avoir d'opinïon fixe touchant le Phlogiftique, qu'il femble même fe contredire. Les 30 dernières pages du Mémoire que nous analyfons, condennent la reponfe è la 4e partie de Ia Queftion propofée, touchant les Avantages que la Société retire de la Théorie des différentes', fortes d'Airs. Nous nous ferions un plaifir de développer le mérite fupérieur de cette partie du Mémoire de M. T., mais il faudra encore nous borner, pour ainfi dire, au fommairedc chaque paragraphe. Notre Auteur établit d'abord cette propofition générale; que d'un cóté la connoiiïance des propriétés des difFérentes fortes d'Airs eft d'une trés grande utilité dans la Chimie, puisqu'elle fert aexpliquer & è confirmer plufieurs vérités chimiques, tandis quedel'autre cóté il eft abfolument indifpenfable d'avoir une connoiflance profonde de cette Science, pour faire des progrès dans le développement de la Théorie des Airs. Avant que cette Théorie fut parvenue au pöint oh elle eft k pré.  Janv. Fev. Mars. 1782. 109 préfent, on a imaginé différens fyftêmes, pour expliquer la caufticité de la Cbaux Vive: quelques Chimiftes embrafferent le fyftême de Black, d'autres celui de YAcidum pingut de Mkyer. M. T. croit que la Caufticité de la Cbaux Vive provient du Pblogijlique qui s'unit a la Chaux pendant la Calcination ; & c'eft èprouver fon opinion que notre Auteur employé les §§ depuis le 102e jusqu'au noe inclufivement. Dans le § me on rendraifon ieVinfalubrité des appartemens, dont les murailles font nouvellement platrées: M. T. croit que eet effet dépend de ce que 1'Air eft chargé & infecté d'exhalaifons acres, cauftiques, &Pblogiftiques qui s'arrêtent volontiers dans 1'humidité de 1'Air. Notre Auteur dit enfuite un mot de 1'ufage & de 1'utilité de 1'A. F. employé dans les maladies putrides, inflammatoires , cancereufes &c. Les recherches touchant les différentes fortes d'Airs nous ont fourni un moyen de pouvoir connoïtre le dégré d'icfalubrité de l'atmofphère ,ce Chaos demaüèreshétérogénes, qui le rendent fouventfi nuifible a la Vie Animale; notre Auteur traite  TOO NOUV. BlBLÏOTH. Bet.GIQUE. te en particulier des Eudiomètres & de la diminution de Volume quis'opère dansle mélange de 1'Air Nitreux & 1'A. C. 11 fait enfuite mention des tentütives de M. Achard pour former des Cryltaux & des Pj> rres précieufes au moyen de 1'Air Fixe (Voy- Rozier Journ.de Phyfique Janv. 1778.) (&) ainfi que du Piltoiet è Air Inflam: de Volta, & de 1'opinion de ce Phyficien qui croit que les Féux FolIets font des inflammations d'Air Inflam. des (6) M. Achard communiqua fes Exp. a M. le Prrce de Gallitzin Minülre Plénipotentiaire de Sa Mij. 1'Impératrice de Ruflle, a Ia Haye. Ce Prince , qui aime & cultive les Sciences avec les plus heureux fuccès, & en qui les Gens de Lettres & les Arciftes trouvent un ami & un protefteur généreux, répéta d'abord les Exp. du Phyficien de Berlin: mais quoique Son Excellence y apporta 1'exaftitude & La patience la plus fcrupuleufe les réfultats ne répondirent point a fon attente. Elle ne put, parvenir a former des Ciyftaux , ainfi que M. Achard dit en avoir formé. 11 ne nous a pas paru qu'on fe foit occupé autre' part de ces Exoériences, ou que quelque? Pbyficisns les ayent repété.  Janv. Fbv. Mars. 1782. m des Marais &c. Quant k Ia formatïon de Pierres précieufes notre Auteur rapporte uneobi'ervation qu'il, avoit rencontré quelque part dans fes ledtures, c'eft que les célèbres Glauber & Henckbl avoient trouvé qu'après un certain tems il s'étoit formé un petit caillou dans le mélange de Sable & d'Acïde Minéral. M. T- examine auffi en détail 1'utilité des Plantes, & de la Végétation en genéral, pour purifier 1'Air. II rapporto une obfervation de M. Falconer (Priestley, Exp. &? Obferv. fur differ. Efpèces d'Air Tom. I. p. 418- Trad. Franc) , que les plantes croiflent toujours avec plus de vigueur fur un fumier , & voici comment il 1'explique : non feulement la putréfaction phlogiftique 1'Air, mais 1'Air fe charge de particules volatiles, huileufes & falines, qui donnent une nourritureplus fubftantielle aux Plantes, qu'unAirfimplement Pblogifliquê: ces plantes trouvent non feulement en abondance cette nourriture dans 1'Air qui s'évapore , mais elles la fuccent encore par les racines» dela cette végétation plus rapide& plus vive. ; M.  ïj2 NOUV. BlBLIOTH. BelGIQUE. M. Deiman a confirmé par plufieurs expériences le pouvoir des Plantes de rétabiir un Air Phlogiftiqué. Mais il a remarqué qu'il y a quelques Plantes qui, au lkü de purifier 1'Air, le gatent davantage: telles font p. ex. urie feuille de Choux, une plante de Groffe Fève, une plante de Joubarbe. M. T. tache d'expliquer ces fingularités. M. Deiman a remarqué que la vapeur de 1'eau purifie un Air corrompu — on fait aufiï que 1'eau abforbe le Phlogiftique , & d'autres fels volatils qui s'évaporent, ainfi que 1'A. F. N'eft ce pas dela , dit M. T. que la Pluie adoucit & rétablit ün Air d'orage, ar- dent & étouffé. tlne telle Pluie eft toujours avantageufe a la Végétation des plantes, elle leur donne une nourriture fine & fraiche, plus efficace encore par les particules falines qüi fe trouvent toujours dans 1'eau de Pluie. Dans le § 13Ö M. T. réfute une Obfervation de M. Brenner rapportée par M. Priestley, Tomé 2 p. 228 Seét.X. Edit. Franc, k laquelle nous renvoyons nös Lefteurs. Voici les remarques deM- T. Plu-  Janv. Fev. Mars. 1782. 113 Plufieurs Chimiftes, & entr'autres MM.' WallEricjs & Carthusèr dans lcurüfydrologie , ont démontré que 1'eau fe purifie le mieux lorsqu'elle eft dans un état de repos, parcequ'elle dépofe alors toutes les matiéres impures, terreufts & d'autres particules Hétérogènes, ilyrefte une eau infipide & p!üs pure: c'eltle casdel'eaü du refervoirs la matière verte ótoit un effet, & non la caufe de la püreté de l'eau; M. Priestley cependant vouloit la faire fervir a la purification de 1'Air, ce qui diffère beaucoup de la purification de l'eau. Un même degré de chaleur eft plus fupportable dans les Pays naturellemect fecs, que dans les Pays naturellemenfc aqueux & humides; il faut remarquer, dit M. T. que pendant la chaleur il fe fait une forte évaporation de parties putrides, & que 1'A. F. qui s'en dégage, eft plus aftif lorsqu'il eft uni avec de l'eau: ne fe pourroit-il donc pas que cette humidité combinée avec 1'A. F»; füt la caufe de ce qu'un Air chaud nous eft plus a charge dans un pays plus hurhide. —— Une plus grande quantitê de Pblogijlique qui fe dégage, & d'Alcali Tom. II. P«rt. 1. H pucri-  H4 Nouv. Biblioth. Belgique. putride peut pareillement devenir plus aclive par les vapeurs aqueufes. Enfin M. T. termine fon excellente Djflqrtation par treize Corollaires généraux, oü il rappelle en peu de mots les principaux caractères des différentes fortes d'Air. Le dernier Corollaire contient cette 'conclufion générale: qu'il ne faut pas confidérer les différentes fortes d'Airs, comme des Airs naturels , originairement différens, mais différens accidentellement; VAir pur, élémentaire, homogene, ejldonc la baze de toutes ces différentes efpèces d'Airs'. elles ne différent entr'elles que pour auta/nt que VAir Élémentaire por te aves foi différentes parties hétérogènes. Nous regrettons beaucoup d'être obligés de paffer fous filence les autres Mémoires contenus dans ce Volume, & dans lesquels on trouve des chofes trés. curieufes & trés intéreiïantes; en voiei, fimplement les titres. Differtation Cbymique fur m Sel ammo: niacal qui fe forme aut&ur- des vaijfeaux qui ont été expofés pendant longtems au feu des Cbarbons de Tourbes par Mr. G. G  Janv. Fev. Mars. 1782. 115 G. Ten Haaff Do&eur en Médecine. Obfervation fur la guérifon d'une grande bernïe étranglée du Scrotum, réduite par le Taxis, par Mr. G G. Ten Haaff. Obfervation fur une blejfure trés griève d latête, par Mr.D. Van Gesscher Chirurgien. Expofition abrêgêe de la manière de guérir lafurdité, le bourdonnement & le tiniement d'oreilies au moyen d'injeffions dans les Trompts d'EuJtacbe, par Mr. Ten Haaff. 'é.vis touchant un retnède propre d guérir une maladie de l'osil, nomtnée Chemofis3 par Mr. G j. Van Weï. Obrervation au fujet d' une hydropifie'êvacuéepar la langue, par Mr. C. Bac «seks. H i AR TI-  n6 Nouv. Biblioth. Belgique. (* ) Voyez. Tom, I, Part. I, pag. 22C ARTICLE SEPTIÈME. Bedenkingen over de Beoeffening der Rechtsgeleerdheid cjf c* C'eft-a-dire, considerations sur l'EtüDE de la Jurisprudence Quatre Differtatims fur des matieres de Philofo. ■phiefpéculative; par Mr. A. Pbrkenot gr. in Zvo de 339. pag. a Dordrecht chez Bluffé & Fils 1781 Prix ƒ 3 - 16 - o TVTous avons déja ( * ) annoncé 1'Ou1 > vrage, qui va nous occuper aujourd'hui; L'importance des matieres , & la facon dont elles font traitées doit fixer les regards du Public fur cette Collec- tion  Janv. Fev. Mars. 1782; 117 tion. Les Journaux ont eu fouvent occafion de parler de 1'Auteur & de fes productions littéraires, de fes talenspour la Poëfie Latine, de fes progrès dans la Jurisprudence Univerfelle,& dans la Littérature. On fait encore que Mr. Per. renot s'eft élévé par fes Ecrits, contre 1'abus d'enterrer les morts dans 1'enceinte des Villes; qu'il a détruic cette opinion fi généralementrecue, que les anciens Romains expofoient leurs enfans nouveaux nés, qu'ils vendoient ou faifoient mourir les adultes, fans en être aucunement refponfables. Pour ne pas entrer dans d'autres détails nous foufcrivons volontiers au jugement que Mrs les Profefteurs de 1'Univerfité de Leyden ont porté de plufieurs autres Disfertations de notre Jurisconfulte, dans la Préface du Ir volume des Pièces, qui ont fucceffivement obtenu le Prix ou 1'Acceflit du Legs de feu Mr. Stolp. —— „ Nous devons,difentils,al'érudition de Mr. Perrenot une nouvelle Proi „ duétion de ce genre, fi 1'une d'elles a remportéleprix, certainement plufieurs , l'ont mérité, & nous déclarons que H 3 rien  118 Nouv. Bidlioth. Belgiqjje. „ rien ne nous eft plus agréable, que de „ voir un Auteur fi célèbre s'appliqucr „ a 1'étude de la Théologie Naturelle ". Le première Pièce du Recueil que nous annoncons eft une trés élégante & fidelle TraductJon des Conjidérations fur i'Etude de la Jurisprudence, que Mr. Perrenot addreiTa en 1771 a S. M. le Roi de Prufle, & qu'il fit réimprimer a Utrecht, en 1776; L'ouvrage eft court, (c'eft le jugement qu'en porta dans le tems ia Bibliothèque des Sciences ( Tom. XLV. pag 342.) mais il eft fuhftantiel, rempli de vues , d'idées beureufes finet; de ré,jiexions utiles , diclées par l'bumanité, i'amour de la juftice & du bien public". La Traduólion a été faite par feu Mr. Van de Waal un dc nos bons Poëtes Hollandois: elle fervira utilement k ceux d'entre nos Concitoyens qui n'entendent point la langue, dans laquelle 1'original eft écrit. On trouve encore dans ce Volume quatre Diflcrtations fur des fujets également intèreflans, & dont nous allons donner 1'Extrait, après avoir dit un motdcl'EpitreDëdicatoire. Elle eftd'un genre neuf;puisqu'elleeft adreflee a Madame  Janv. Fev. Mars. 1782. 119 me Perrenot , connue avantageufement par fon goüt pour la Poëfie, les BellesLettres & la Philofophie. L'auteury rend compte en peu de mots des motifs qui 1'ont porté è le publier. C'ejt d vous, ajoute t-il, Epoufe tendrement cbérie & Ji digne del'être, c'ejt d vous d rêpondre du fuccès de eet Ouvrage. Fous-. étes è même de porter fur ces matieres, fur la fagon dont elles Jont traitées un jugement fur & fincère; vous n'avez pour eet effet qu'd modérer un injtant votre amour pour 1'Auteur. L'accueil que le Public fera d mes efforts ne me fera pas indifférent, mais c'ejt de vous feule que j'attends ma récompen/e; Quelque étrangère que foit d votre Sexe l'étude approfondie de la Métapbyjique de la Morale, vous avez recu du Ciel enpartage une ame capable d'en fonder les profondeurs ei? de les faire fervir de règle d toute votre conduite. Mais il n'appartient qu'aupetit nombre de ceux qui vous connoijfent de prés, d'apprêcier vos talens Êf vos qualités —— fentir le prix de votre ejtime & de notre bonbeur, vous ti 4 cbérir  IZO NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. cbérir par dejjur toutes cbofes, voila les feuls motifs, qui puijfent me rendre la vie précieuft! &c. Qu'une pareille Dédicace eft propre a faire 1'éloge decesheureuxépoux, qu'elIe eft fimple & touchante pour tous les cceurs fenfibles & vertueux. La première Diflertation roule fur la Légijlation Divine toute parfaite, quoique übfolument arbitraire, elle peut être ajoutée ainfi que les fuivantes a celles de 1'Auteur, que 1'on trouvedansla Collection du Legs de Stolp. Mr- P. traite en premier lieu de l'exercice du Pouvoir légijlatif de Dieu: en fecond lieu de la perfeStion de ce Pouvoir. Loin de mettre en oppofition ces deux Parties, il montre qu'elles font parfaitement d'accord enfemble, & il commence par rechercher, s'il eft vrai que Dieu exerce en effet fon Pouvoir légi/latif d'une faQon purement arbitraire '? Mais avanc toutes chofes, gardons nous bien, pourfuit 1'Auteur, de donner a ce mot arhiirairt un fens abfurde & dangereux. II  Ïanv. Fev. Mars. 178a. 121 II ne fautentendre par ce terme , que Vordremorald'un Maitre, la direcliond'Etresfenfibles, doués de lafaculté d'agir capables d'imputation. Un autre écueil qu'il faut foigneufement éviter dans cette matière, c'eft de ne pas fe laifler furprendre par des fpéculations, ou plutót des conjecturcs, par de grands mots, qui n'ont de fens, que lorsqu'on les joint, ou qu'on les applique aux actions humaines; tels que font par ex. les termes de Jufte, é'Injufte, de Bonté, de Beauté &c, qui ne peuvent ni ne doivcnt jamais être pns dans un fens abfo'u. L'Auteur déclare encore qu'ii n'apoint deffein d'entrer ici dans les queftions fouvent agitées, fur la moralité interne des actions , fur l'exijlence de quelque obligation ou de quelque devoir antérieur aux Loix naturelles; indépendant de l'idée de Légifiateur &c. II préfére defe bomer aux recherches, qui entrent immédiatement dans fon fujet. . Pour expliquer fon fyftême3 Mr. P. fe fert de cette règle qu'on trouve ailleurs ft,, H 5 fou-  122 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUK. fouvent négligée . de comparer les chofes connues , d celles qui font inconnues, 6? de parvenir ainfi d la découverte des propriétés cacbées des Etres, en leur appliquant ce que nous en connoijfons déja. Ainfi par exi on peut parvenir a fe faire une idéé des perfedtions divines, en retranchant des facultés de 1'homme tout ce qu'il y entre d'imperfeclions, & en attribuant enfuite a Dieu ces perfeclions ainfi épurées: de même pour fe réprèfenter 1'excellence de la Légiflation fuprême, on doit commencer par examiner préalablement la Juftice & la Légiflation humaine. JMous fentons la néceffité du maintien de Vordre dans la Société & nous concevons que cette connoiflance nous a été donnêe par notre Créateur & notre Maitre, pour nous fervir de règle dans notre conduite; que comme Citoyens du Monde, nous fommesles fujets d'unArbitre Souverain, qui fera Juge un jour del'ufage bonoumauvais, que nous aurons fait de nos facultés. II elt vrai qu'il n'y a aucune comp.araifon a faire entre l\Etre nécejfaire £? infini  Janv. Fev. Mars. 1782. 12^ ivfiniScdescréatures contingentes &finies, mais ceci n'a lieu que par rapport a. cette incompréhenfible Efience Divine qui demeure a toujours un myftère pour nous; mais il en eft tout autrement quand on confidère la Bonté & la Juftice morde de Dieu, qui font & doivent être pour ainfi dire, (quoiquedansun dégré infinement fupérieur ) le modèle de ces mêmes qualités parmi les hommes. II feroit donc contradictoire d'établir la Jujtice- Divine pour fondement de la Jujtice bumaine, & de foutenir en même tems que cette Jujtice D'vine eft d'un tout autre genre, entièrement au dela de nos conccptions : d'ailleurs nefommcs nous pas appelles en plufieurs endroits de 1'Ecriture a juger les voies de Dieu? & FEvangile ne les préfente - t'il pas comme le modèle le plus digne d'imitation. Mais puisque pour connottre le Pouvoir légijlatif de Dieu il faut recourir a la jurispiudence humaine, il eft clair que c'eft uniquement le Droit Naturel , cette regie de tous les Peuples, ce Code Univcrfel de 1'humanké, qu'il faut confulter, m  Ü4- Nouv. Biblioth. Belgiojje. & non les Lohpofitives, de telle pu telle Société particulière. On eutentlpar Loix Pofitives celles que certaines circonftances rélatives a 1'état des chofes ont établies dans chaque Société; & dans ce fens toutes les Loix humaines font Pofitives, mais d'une touteautre facon que les Loix Naturelles qui ne font telles, que par rapport a 1'Etre fuprême qui nous les a données, au lieu que par rapport a nous , cellcs-ci font éternellcs & immuables,comme leur Auteur. Mr. P. recherche enfuite ce que c'eft propremenc que le Pouvoir légijlatif. Selon les Jurifconfultes. c'eft une branche, une partie du Pouvoir fuprême, ou de la Majefté dans cbaque Société % il prouve que C'eft dans le fein de la Communautê entière que réfide la Majefté réelle, & que la Majefté perfonnelle n'eft qu'une partie de cette Autorité, confiée h une ou a plufieurs perfonnes de la Société, auxquelles on a donné le choix des moyens de veiller a la fureté & au bonheur de tous ( a > Or parmi ces moyens ( a) L'Auteur admet ici une diftinclioa teiettée par Grotius de Jure B. & P- Lib- i Cap-  Janv. Fev. Mars. 1782. 125 moyens on compte principalementle pouvoir de faire des Loix, & le droit de les mettre en exêcution. Voyons donc, continue 1'Auteur, fi Vexercice de ce Pouvoir doit être pure- ment ï. Cap. 3. 5- 8. & par Puffendtrf Lib. 7Cap. 6. §. 5- En effet, dit Barbeiw en note , il implique contradiétion de dire, que Ton confère un Pouvoir a quelqu'un, & que cependant on le retient-, du moment qu'un Peuple s'eft foumis, de quelque manière que ce foit, è. un Roi véritablement tel, il n'a plus le Pouvoir Souverain ". .Cette 'diftinaion entre Ia Majefté réelle & perfonnelle ne nous parofc auffi guères fondée , elle eft même dangereufe quelquefois; aurefte il eft des tems & des occafions oiile Peuple a le'droit de reprendre de nouveau les rênesdu Gouvernement, ou de les confïer en de plus dignes mains, mais il nous femble que eela ne prouve rien en faveur de la diftinétion de 1'Auteur. Voyez le pour & le contre dan9 Milton, Defenfio Populi AngHcani; Salmafius Pefenfio Regia ; Wolf, 'fur. Nat §. 164. Graswinkel, deSumm. Imp. Cap. 10. tjfc Sffi.' Note dujoumalijle,  126 Nouv. BiBLioTH. Belgique. ment arbitraire ? & d'abord, puisque fc but d'un Söuverain quelconcue eft la féIlcjté de fes fujets, c'eft a lui feul qu'il faut lailTer la direétion & le choix des mefures nécefisires pour acquérir & conferver cette félicité; a quels défordres 1'Etat ne feroit il pas expofé, fi chaque individu, avoit le droit d'examiner d'après fes vues, fes intéréts ou fa capacité les moyens que le Söuverain employé è ces fages fins. Non: chaque membre d'une Société une fois établie doit fe repofer fur la fagcfle de celui qu'il s'eft choifi J qu'il a placé a la tête de fa communauté, il doit lui fuppofer toutes les qualités néceflaires pour bien gouverner & mettre en oeuvre la Volonté générale de tous les Citoyens, fans empiéter jamais fur cette dire&iom D'ou viendroient autrernentces formules, Car telestnótre bon plaisir , & parmi nous, car nous jugeons ceci avantageux a 1'Etat f fi ce n'eft du choix libre & purement arbitraire des ordres fuprêmes ? Déla encore il ëft dit dans les Pandedtes , LeX eujusqut 'Loei inexorabilis Jüeet, nmdif. putat. '  Janv. Fev. Mars. 1782. 127 Le Söuverain n'eft pas cependant audcfllis des Loix, i! doit les fuivre dans toutes fes affaires privéer & fes droitscivils, & ii demeure refponfable de fes actions k la Communauté. II fuit donc de ces principes que la volonté du Söuverain , qui fe manifefte dans 1'exercice du pouvoir légiflatif eft abfolue & indépendante, mais qu'elle doit cependant toujours tendre vers Ie bien public. La volonté générale; doit toujours être au deffus de 1'exercice de cette volonté. Et s'il arrivoit que tous les membres de la Société fuffent convaincus que le RéDi-éfentant de la Majefté Réelle abufat opiniatrement de fon pouvoir, alors le Droit naturel peut revivre danstoute fa force, &leurpermettredeprendrelesmefures les plus efBcaces pour rémédier au mal avec toute Ia prudence qu'exige ce même Bien Public (*). C'eft ( * ) Voyez Algeenon Sidnei , Difi Concern. Government. Schelius, Libertas Pullka; Noodt, de Jmt Summi Jmperii, Note de Mr. P.  ïü8 Nouv. Biblioth. Belgique. C'tft d'après cette Théorie que nous devons rembnter a la Légiflation Divine, en la comparant avec ce qu'il y a de plus parfait en ce genre fur la Terre: & bientót nous nous appercevrons de la convenance ou de la d;fférence de la Légiflation Divine & Humaine, & ce tableau nous convaincra que quelqu'arbitraires que foyent les Loix Divines, le genre bumain a néanmoins les plus fortes raifónS de croire a leur fageffe, & d'en bénir 1'Auteur. En effet, celui qui a créé tout ce qui exifte librement, de la maniére & dans le tems qu'il a jugé convenables; Lui qui ètoit libre de créer un tout autre monde , & d'introduirepar ccnfêquent un autre ordre de chofes, un tel Etre peut il avoir agi autrement que d'une facjoü purement Arbitraire ? Les Loix humaines doivent être adaptées sux eirconftanccs particulières d'un peuple; des befoins différens exigent des loix différentes ,mais le Créateur de 1'Univers n'apas eu befoin deformer fes Loix d'après un plan donné; il eft 1'Auteur du genre bumain &dt fes befoins, c'eft lui qui nous a fait d'une manière plu»  Janv. Fev. Mars. 1782. lis p^utót que d'une autre. L'Univers & tout ce qu'il contient, 1'homme & fes différens rapports , tout eft 1'ouvrage de fa Volonté: Rien n'a pu prefcrire des bornes h 1'étendue de fon pouvoir, fon indépendance eft fi abfolue, fi illimitée, qu'on ne peut la comparer a rien de ce qui exifte, quelques efforts que fafle 1'imagination pour s'en former une idéé! . Une feconde différence entre l'arbitre fuprême de 1'Univers & les Souverains de la terre, c'eft que ceux-cj (comme nous 1'avons infinué tout a 1'heure }tiennent a Ia Société par la doublé ré'ation de Chef, & de Membre de la Communauté. Comme Chef ils font au deflus des Loix, mais comme membres ils font afiujettis a 1'ordre prescrit, tandis que Dieu au defiüs de toutes fes Créatures, eft au deflus des Loix qu'il leur a données, & n'a de compte a rendre de fes attJons qu'a fon in time fageffe & a 1'harmonie de fes perfeétions! mais telle eft la foi. blefle de la nature humaine, qu'auflltót que nous entreprenons de concevoir, oü de décrire quelques uncs des perfeftions de 1'Etre fuprême, nous fentons Tome IJ. Part. 1. I toute  130 Nouv. Biblioth. Belgique. notre infuffiflance,&nepouvons exprimer que foibleraect lesfimples rayons de fon effence inconcevable & ineffable! Deseartes , qui a parlé avec plus de refpect que d'autres Philofophes de la Majefté Divine, écrivoit a fes Amis, que les vêrités que nous nommonsêternelles,ne font :elles, que par ce qu'il a plu d Dieu de les rendre ainfi. Cette idéé qui fuppofe que Ia Néceffité morale & Ia Liberté Ia plus illimitée ne font en Dieu qu'une feule& même propriété, eft bien préférable a ces disputes frivoles fur le pouvoir que Dieu a ou n'a point de faire certaines chofes. En un mot Dieu ne veut que ce qu'il peut, & il peut tout ce qu'il veut. Dire que Dieu a le pouvoir de faire des chofes impoffibles, comme'parex.que deux& deux folent cinq» c'eft dire une chofe contradictoire , parceque Dieu dans ce cas ne feroit rien: car la puilïance fuppofe toujours un. objet fur lequel elle puisfe s'exercer. Ainfi encore par ua effet de fa néceffité & de fa liberté Dieu ne peut faire que ce qui eft infiniment jufte, fage& raifonnable. Ces remar-  Janv. Fev. Mars. 178a. 131 marqués nous conduifent è la définition de la Toute Puiffance de Dieu, c'eft fuivant notre Auteur, cette propriétê Divine, par laquelle il agit fur l'Univers £ƒ en même tems fur les facultés, les atïions, Ö* toute Vexiftence des Créatures raifonnables, d'une facon purement arbitraire {f nêanmoins analogue 6? entiirement confortion d fes autres perfeStions. D'après cette définition il paroit que malgré 1'indépendance abfolue de Dieu, ce grand Etre ne peut ou ne veut rien faire de contraire a fa Nature, & parconféquent rien d'imparfait. Toutes fes perfeétions font tellement liées enfemble, qu'on ne peut en exalter une au deflus de 1'autre, qu'on ne peut même en confidérerune féparement, en faifant abftraction des autres. L'Auteur juftifie encore par la le terme d'arbitraire dont il fe fert, pour exprimer 1'étendue de la Puisfance de Dieu: Chez les hommes, agir arbitrairement, c'eft agir fans règle&fans principes, mais en Dieu agir raifonnablement fj? arbitrair ement font fynonimes. II fuit de lè que 1'homme doit fe conformer a la Volonté de fon Créateur & diI z 5i-  132 Nouv. Biblioth. Belgtque. riger fes facultés d'une facon qu'il puiffe rendre compte un jour de 1'ufage qu'il en aura fait: & que tandis qu'un Citoyen peut douter del'excellencedes Loix qu'on lui impofe, 1'Homme ne peut former le moindre doute fur la fageffe & la bonté de fon Divin Maitre. Dans la feconde Partie de cette Disfertation , Mr. Perrenot examine comment il eft poffible aux hommes de fe faire une idéé claire de la perfection des Loix Divines, & cette queftion conduit naturellement a paffer des fondemens du Pouvoir Ugijlatif aux motifs d'obéijfance & de furbordination a ces Loix. Plufieurs Ecrivains, tcls que Barbeyrac, les deux Cocceiut &c. ont prouvé que la Volonté de Dieu feule donne force de loi aux maximes qu'il a imprimées dans nos cceurs, & nous impofe une néceffité in. difpenfable de nousy conformer, en ver. tudu droit qu'il a de géner, de fixer notre Liberté tout comme il le juge a propos & convenable anótrebonheur.Ce principe eft fimple & évident, il fe déduit des rélations qui exiftent entre Dieu & les hommes. Aucune de fes perfeflions prifes,  Janv. Fev. Mars. 1782. 133 prifes dans un fens abftrait, & indépendamment de fa Volonté ne peut êtrefubftituée comme fondement de 1'cbéiflance a fes Loix: de quel ufagejferoit par ex. la Juftice divine, 111'on ne fuppofcit en même tems, que Dieu peut obliger les hommes a fuivre fa Volonté ? II en eft de même de la Bonté, de la Sageffe, & des autres perfections Divines. C'eft donc uniquement la Volonté de Dieu qui eft la bafedu Droit naturel, du Bon & du Jufie moral, & qui les diftinguent de Ylnjufte & du Mal. Si bien que la Volonté du Söuverain n'étant point manifeftée il n'exifte aucune obïigation de lui obéir. Quels défordres, comme nous 1'avons déja dit, ne fuivroient pas la permiftion que s'arrogeroit chaque Citoyen d'examïüerl'excellence des Loix de fon maitre, & de ne s'y conformer, qu'autant qu'elles lui paröitroient juftes & raifonnabks? affurérnentle Defpotifme ftroit préférable è une pareille anarchie. Mais fi dans toutes les formesde Gou* vernement on eft tenu d'obéir aux Loix, I combien plus forte raifon les hommes I 3 ne  134 Nouv. Biblïoth. Belgioue.' ne font ils pas obligés d'obéir aux Loix de Dieu; lui qui n'exigepoint uneobéisfance fervile &c paflive, mais qui nous permet d'examiner la perfeclion de fes commandemens, & de rechercher s'il a en effet le droit d'exiger une entièrefoumiffion k fes ordres; foyons donc afïurés qu'un Etre auffi parfait ne peut faire que les Loix les plus fages & les plus conformes k notre fituation; & que dans un état de foibleffe & de dépendance tel que leoótre, ilnenouspouvoit'rien arriverde plus avantageux , que de recevoir des Loix d'un Etre, qui ne veut que notre bonheur? Enfin comme il eft parfaitement libre dans le choix des moyens qu'il employé, on ne peut douter de 1'excellence de fon choix. Tous ces rnotifs font donc encore autant de raifons pour nous perfuader de la vérité de cette propofition ; que la -Volonté de Dieu eft le feul fondement de l'obligation oü nous fommes de lui obéir. L'Auteur répond enfuite aux objeclions, qu'on peut faire contre ce fyftême; ilne fait qu'indiquer celles dont la fimple expofition montre Pabfurdité> & il rêfute les  Janv. Fev. Mars. 1782. 135 les argumens de ceux qui font d'un fentiment oppofé. Leur erreur vient dit-il de deux caufes. 1". Parcequ'iis ne confidérent Ia Volonté de Dieu que d'une facon abftraite, & non, eomme ils devroient le faire, dans 1'enfemblede fes autres perfedtions. 2°. D'autres cherchent dans VEJJenct êescbofes une Droiture & une Bonté interim , & croyent que c'eft d'après ce modèle éternel qne Dieu s'eft vouiü cönduire lors de la formation du monde, cette Doctrine fcholaftique tient étroitcment a celle des idéés innées, fi heureufement combattue par Locke. Les réponfes de Mr. Perrenos ne font pas moins fatisfaifantes, mais les hornes de eet Extrait nous empêchentdeles rapporter ici. Par le fyftême de notre Auteur on peut facilement concilier celui d'autres Ecrivains; on peut fe pafler de la diftindtion que font Barbeyrac & Burlamaqui entre Loix d'obiigation jlricte, &Loix depermiffion, puisqu'il eft démontré, que toutes les actions des hommes ne deviennent morales & imputables I 4 qu'au  136 Nouv. Biblioth. Belgique. qu'au moment 511e le libre Arhitre de Dieu les aflujettit k certaines Loix. Ceux qui ont foutenu, que bien même qu'il n'y auroit point de Dieu, ou que eet Etre ne s'intéreflat pas aux actions des hommes, on devroit cependant fuivre certafns devoirs moraux , ont avancé (de la meilleure foi du monde) une contradiétion manifefte, puisque la oü il n'ya point de droit d'exiger 1'obfervance des Loix, il n'y a point non plus d'obligation a les fuivre. Un athée, perfuadéque les devoirs moraux ont une infiuence directe fur fon bonheur, peut les remplir, s'il veut,'mais il n'y a pour lui aucun motif de néceffité k le faire, il peut les fuivre, comme des avis falutaires, mais il peut également les négliger, vü que d'après fes malheureux principes, il n'a aucun compte k rendre, après les avoir transgreffés. Enfin c'eft uniquement 1'idée de cette Volonté purement libre de Dieu qui peut agir efficacément fur 1'efprit & le cceur d'êtres, compofés comme nous le fommes, & nous apprendre a modércr nos defirs, ilréprimer nos pafllons, &è facrifier nos  Janv. Fev. Mars. 1782. 137 vues particulières a 1'incéret public; par ce que celui qui d'un mot peut nous óter 1'exiftence, veut que nous 1'employons de cette manière. II fint de ce que nous de venons de dire, que toutes les perfettions Divines agiflent de concert pour former la meilIeure & la plus complette Légiflation: de forte que notre raifon n'y trouvanc rien que d'infiniment jufte & bon , & principalement conforme au bonheur de 1'humanité, adopte avec reconnoilTance, Vexercice purement arbitraire, mais tout parfait de la Puijfance Divine. Cette doctrine tient un jufte milieu entre Ie fentiment de ceux qui attibuent k Dieu une toute PuiiTance, indigne de fes perfeótiops, & par conféquent contradictoire: & de ceux, qui admettent une diftinction réelle entre le jufte & 1'injufte t indépendamment de 1'idée d'un Légiflateur fuprême, & de la déclaration de fa Volonté. Tel eft Ie précis de la première Diflèrtation, nous nous fommes un peu étendus fur cette matière, vü. qu'il étoit impoffible de faire appercevoir autrement I 5 la  138 Noüv. BiBLiom Belgiqtje. la chaine des idéés de notre Auteur, & de mettre ceux qui n'entendent pas le Hollandois a portée d'en faifir 1'enfem- ble. Le tout mérite d'être étudié & approfondi avec foin. Ceux qui peuvent confulter 1'original y trouveront encore bien des afiertions que nous avöns paffé fous filence, & après une fcconde leéture, ils feront, fclon nous, pleinement de 1'avis de 1'Auteur. Nous difons, une feconde letture, parcequ'il eft impofllble, qu'il n'échappe point d'abord certaines chofes qui tiennent cependant au fil des raifonnemens. Mr. Perrenot fuppofe dans fes Leéteurs plufieurs connoiffances préliminaires & abfolument néceffaires pour bien comprendre fon fy ftême, fans lesquelles des efprits moins exercés devront employé r d'autant plus d'attention pour le fuivre & le faifir. Lafuiteau Trimejtre procbain. AR-  Janv. Fev. Mars. 1782. 139 ARTICLE HUITIEME. Tableau de l'Histoire des Pr 9vinces Unies , par A. M. Certsier,- Tome Vil. h Utrecht chez B. Wild, 1787 in 8vo de 584 pages. Prix ƒ 1 - 16. ^Tous annonqames ce feptième Voluit me de 1'HiJloire des Provinces- Unies dans le Trimeftre précédent, & fuivant lt promeiTe que nous en fimes alors, nous en donnerons a&uellement 1'Extrait, en parcourant rapidement les différentes époques qu'il renferme. Dans une courte Préface 1'Auteur expofe une partie des difficultês, que rencontre un Hiftorien, obligé è parler avec impartialité des événemens qui fe rapprochent de nos jours: on eft accab!é fous le poids des matériaux, il faut en faire un choix, il faut favoir choifir ocitre deux opinions dianétralement oppo-  I4'0 Nouv. BlBLIOTH. Bf.lgiqus. pofées la plus naturelle & Ia plus vrair femblable, enfin les générations encore fubliftantes des Acteurs, . qui ont joué dans 1'Hiftoire un rólefi voifin de nöus, font extrêmement délicatcs fur des faits qu'il n'auroient vu qu'avec indifférence dans une perfpecfive plus éloignée. Mr. C. fe plaint enfin des entraves qu'on lui a impofées pour retracer tes annales d'une nation libre; nous ignorons la nature de ces obftacles, il nous femble cependant, vü. le ton libre & hardi qui regne dans fon Ouvrage , qu'il a bien fufe dégager d'une grande partie de ces entraves , & que c'eft trés mal a propos qu'il traite Ia Hollande de Pays barbare,paree qu'on n'aura peut-êcre point toléré certaines licences, quenosEcrivains modernes ne fe permettent que trop aujourd'hui. Le Volume dont nous allohs nous occuper a préfent renferme 1'Hiltoire des tems les plus orageux & les plus glorieux de la République. Tour a tour aux prifes avec deux formidables Puiflances , fouvent attaquée par toutes deux a la fois, déchirée par des faftions inteftines, tout fembloit aononcer fa ruine prochaine, mais bien- td,t  Janv. Fev. Mars. 1782.' 141 tót on vit la Hollande fe rendre 1'arbitre de 1'Europe & 1'ame de tous fes mouvemens; le Prince d'Orange, élevé aux dignités de fes ancêtres, prendun afcendant réel fur les plus grands Monarques; il fe place fur le thróne de l'Angleterre, & malgré fes défaites fait trembler fes vainqueurs, il renverfe le fyftême polttique, établi par la paix de Weftphalie, arme contre Louis XiV PEurope entière , & abaiffe 1'orgueil de ce Roi qui furvécut a fa gloire & aux beaux jours de fa profpérité. La première Epoque s'étend depuis 1'année 1663 jusqu'a Ja paix de Breda en 1667 & contient 1'Hiftoire de la feconde guerre contre les Anglois» Charles II qui regnoit alors, ne fupportoit qu'impatiemment les progrès du commerce de ia République, animé par Louis XIV & fans cefie perfécuté par le Duc d'Yorck fon Frère, imbu de ces maximes de Rome, li funeftes a Charles I, il fit attaquer les Hollandois fous différens prétextes. Sir Robert Holmes leur enleva plufieurs établiflemens, & au mépris des Traités les plus facrés il commit en pleine  142 Nouv. Biblioth. Belgique. pleine paix plufieurs hoflilités contre la République. Enfin le Roi leva Ie masqué , & les Hollandois fe préparerent de leur cóté a repoufier avec toute la vigueur poffible une attaque fi imprévue. En peu de tems les Etats équiperent une flotte de cent trois Vaifieaux, & Obdam, Seigneur de Waffenaer fut nommé Lieutenant Amiral Général de ce formidable armement. La fortune fe [déclara cependant cn faveur des Anglois; le Duc d'York a la la tête de cent quatorze Vaifieaux attaqua la flotte de la République. Le combat fut fanglant & opiniatre. Kortenaar, Stellingwerf, Bankert, plufieurs autres Officiers de nom périrent dans la mêlée ; & dans le plus fort de 1'aciion le feu prit aux poudres de 1'intrépide Obdam, fon Vaiffeau fauta avec tout 1'équipage, qui füt englouti par les flammes & les flots. Ce malheur décida du fort de la journêe, les Anglois ne profiteren t heureufement point de leur vicloire, & nos - Vaifieaux renferent quoique fort dèlabrés dans les différens Ports de la République.  Janv. Few. Mars. 1782. 91 Ce revers caufa des troubles extrèmes en Hollande, les factions a peine aflbupies fe reveillerent avec plus de force, mais on fongea cependant è réparerla honte de la dernière bataille. De Ruiter que 1'on croyoit perdu, arriva inopinément couvert de lauriers, qu'il avoit remporté fur les ennemis, on crüt voir en lui Ie fauveur de 1'Etat, & il fut bientót élevé a la première dignité de la Marine. — Le Roi de Dannemarc fe détermina enfin pour les Etats, on négocia infruftueufement avec la Suède, oü Pinjure faite a Charles X étoit trop récente, pour que l'impreffion en fut effacée du cceur des Suédois : mais la France qui craignoit que la République ne fuccombat fous les efiorts de la Grande Bretagne & qui ne perdoit pas de vue fes projets fur les Pays Bas , fe déclara ouvei tement pour les Etats. Louis commenca par envoyer des Troupes contre le fougueux Evêque de Munfter , Chriftophe Bernard van Galen, qui fut toujours 1'enncmi lephjsacharné des Etats. „ Ce Prélat étoit un libertin feandaleux, homme ambitieux & mi bulent, pluspropre a faire Ia guerre ï  3C44 Nouv. Biblioth. Be-lgiotje. a Ia manière des Tartares qu'a remplir les fonctions graves & pacifiques du Sa- cerdoce"- •] ■ " L'Evêque de Munfter fut bientotoblieè de demander la paix, & les Etats debarraffés de eet ennemi, poufferent les chofes avec vigueur contre l'Angleterre. Le Roi de France déclara en même temps la euerrea cette PuilTance, mais cette rupture n'étoit qu'un jeu concerté entre Louis XIV & Charles II pour tromper la République. La conduite équivoque de la Cour deVerfailles, les débats qu'elle fit naitre fur la manière dont devoit fe faire la jonétion des deux Flottes, les conteftations fur les honneurs du Salut, tout cela donna les; plus violens foupqons fur la bonne fox de eet Alliê; mais dans la conjonéture prêfente les Etats étoient affez contents den'avoir pas un ennemi dans la France: Ilsequipèrent une flotte de quatre-vingtcinq Vaiffeaux, qaimirentenmerfous les ordres de de Ruiter. La Flotte Angloife étoit commandêe par le fameux Général Monck alors Duc d'Mbemarle. Les deux Nations fe rencontrerent bientót k la  Janv. Fev. Mars. 1782. 145 la hauteur des Dunes & commencerent le combat le plus long&le plus opiniatre qui fut jamais. La Bataille dura quatre jours entiers. On fit des deux cötés des prodiges de valeur, mais la gloire demeura entièrement aux Hollandois; les Anglois perdirent vingt-trois Vaifieaux, ilseurent cinq a fix mille hommes de tués & environ trois mille prifonniers. Pendant que De Ruiter foutenoit'ainfi 1'honneur du Pavillon des Etats, le grand Penfionnaire De Wit travailloit aéloSgner pour toujours la maifon d'Orange du Stadhoudérat de ces Provinces. II fe chargea de 1'éducation du Prince encore enfant alors , & mit autour de lui des gens entièrement dévoués a fes intéréts; mais malgrê ces précautions le Parti op. pofé ne laiffoit pas que d'inquiéter. On avoit dècouvert un projet de confpiration dans lequel plufieurs perfonnes fe trouverent impliquées, mais le ch&timent. des conjurés difiipa eet orage. De Buat Gentilhomme Frangois fut la principale viftime, d'autres échapperent au fupplice en fe fauvant en Angleterre. Pour augmenter leur autorité les cners TomJL Part.u K du  Ï4Ö NrfUV. BlBLÏOTH. BELGiqUB. du Gouverneüent fentoient le befoin qu'ils avoient d'enchainer la fortune daDS les opérations militaires. De Ruiter re« cut ordre de fe joindre a 1'Efcadre Francoife , mais plufieurs accidens imprévus» 3c la[ timiditê des Francois 1'en empecherent. II fut donc obligé de s'éloigner du Canal, en tirant vers les Ports de la République: A cette nouvelle le Roi de France fe répandit en plaintes amères contre les Hollandois, il envoya même le Comte de la Feuillade au bord de De Ruiter pour le faire entrer dans les vues du Roi; celui.ci eutbeau démontrer mathématiquement qu'il étoit impofiible que Ia Flotte du Roi püt entrer dans la Manche a caufe des vents eontraires; La Feuillade lui répondit, qu'elle irtit contre vent& marée, 6? que Mr. de Beaufort en avoit regu Vordre. Pe Ruiter qui n'étoit pas accoutumé aux" expreffions hyperboliques, furtout dans un fujet, ou, Pefprit géométrique étoit fi néceflaire, fut effrayé de ce discours. II prit a la lettre des expreffions exagérèes 5 aflez ordinaires a la vivacité des Franeois; il s'irnagina que leur peu d'ex- jté-  Janv. Fev. Mars. 1782:. ttf périence dans la marine les feroit périr. II recueillit le peu de forces que fa maladie lui laiflbit pour prier les Etats d'empêcher que les Francois n'allaflent fe perdre en forcant les vents & la marée. Cette Lettre, comme on le juge bien, apprêta beaucoup k rire aux Etats, mais elle ne diminua point la vénération qu'on avoit pour de Ruiter. Enfin les deux Nations laflees de Ia guerre fignerent a Breda le 31 Juillet 1667 un Traité folemnel, quel'Auteur rapporte ici en entier; cette paix glorieufe fut célébrée par des démonftrations extraordinaires de joye dans toutes les Provinces. De Wit fe piqua lui même de participer aux réjouiflances publiques. II donna un grand repas, & fe confondit familierement parmi le peuple , en danfant & buvant devant fa maifon une bonne partie de la nuit. II ne prévoyoit guères Ie funefte fort qui 1'attendoit. Ce fut alors , que maitre de tous les efprits il porta les derniers coups a la puiffance des Stadhouders, en faifant paffer le fameux Edit perpétuet, par lequel on éteignit le Stadhoudérat k perK 2 pi'  148 Nouv. Biblioth. Bëlgique. pétuité; il n'y eut qu'un feulDéputé, c'étoit un Vieillard de la petite Ville ö'Edam, qui refufa de prêter Sermenr. II fe retira, en difant, qu'il étoit vieux & fourd, & qu'il ne pouvoit figner ce qu'il n'entendoit pas. Cette démarche rendit de Wit & fes adhérens odieux au peuple de ces Provinces, toujours dévoué a la maifon d'Orange. Dans la feconde Epoque Mr. Cerijier expofe avec beaucoup de clarté & de précifion les raifons qui portèrcnt 1'Etat a entamer le projet de la Triple Alliance, dont le but étoit, comme on fait, de s'oppofer a 1'ambition du Monarque Francois. Ce Traité que 1'on doit encore k la politique & k la fageffe de Le Wit, prouve auffi qu'il s'en falioit beaucoup qu'il füt 1'aveugle partifan de cette Puiffance. La nouvelle de ce Traité fut un coup de foudre pour LouijkXIV. II arrêtoit dans leurs cours les deffeins ambitieux, qu'il étoit alors fur le point d'exécuter, & pour comble de dépit il avoit e chagrin de fe voir pris dans fes protes filets. La paix d'dix la Chapelle qui  Janv. Fev. Mars. 1782. 149 qui füt fignée bientót après rétablit enfin le calme en Europe. Mais cette tranquillité ne fut qu'apparente. La France irritée au dernier point de la Triple Alliance couvoit dès - lors fes projets contre la République: Et nous croyons que c'eft a ce Traité feul qu'il faut attribuer la guerre que Louis XIV nous déclara en 1672. II commen9a par détacher l'Angleterre de cette Alliance, & n'y réuffit que trop bien, quoique le Chevalier Tempte, trop honnête homme pour entrer dans de pareilles intrigues, aflura toujours De Wit que fon Maitre n'avoit rien de plus a cceur que de maintenir la Triple Alliance. Rien n "étoit plus faux cependant , mais Ia Cour de Londres n'avoit garde de confier fes projets au généreux Temple, dont 1'ame étoit trop élévée pour tremper dans d'auffi noirs complots. C'eft fous'la troifième Epoque que Mr. C range ces négociations infidieufe?. On travailloit auffi fourdement a réveiller les nombreux partifans de Ia maifon d'Orange ; le jeune Prince avoit alors attteint fa dixhuitième année, & 1'on sppercevoit K 3 déja  ÏJO NOÜV. BlBLIOTH. BELGlojJE. déja en lui une partie de ces'qualitès qu, le rendirent 11 fameux dans la fuite. Accoutumé de bonneiheure, & peut-être par la néceffité des circonitances, a diffimuler quelquefois fes vrais fentimens, il ne s'ouvroit qu'a fes plus intimes amis. Un jour qu'il s'étoit entretenu avec Gourville fur les obftacles que les adverfaires de fa maifon oppofoient a fon aggrandisfement, on vint 1'avertir que Mr. De Wit entroit pour lui parler. Au moment même il courut au devant du Penfionnaire, & lui fit les plusgrandes amitiés. En s'en allant, Gourville le regarda fixementj & le Prince lui avoua depuis, qu'il avoit bien erjtendu ce regard. Nous ne faurions fuivre Mr. C. dans les détails oü il entre fur les diffenlions , qu'occafionna en Hollande Pélévation du Prince a plufieurs dignités , non que plus dans 1'expofition intéreffante des refforts que !a France fit jouer pour détacher les autres Puiffances du parti de la République. Tout cela eft fuffifamment connu, mais ceux qui n'ont lu 1'Hiftoire de ces tems la que dans les Ecrivains Francois, trouve  Janv. Fbv. Mars. 17X2. ï$t trouveront ici plufieurs particulantés qui leur étoient fans doute inconnues. Louis XIV jetta enfin le masqué, & déclara la guerre è la Hollande; l'Angleterre de fon cóté chercha toutes les occafions de fe brouiller avec la République (*) & bientót nous nous vimes dans la fameufe Année 167 a a deux doigts de notre perte. On fait que Louis XIV déborda comme un torrent dans fes Provinces, que toutes les Villes oa il fe préfentoit lui ouvrirent leurs portes, & que l'Angleterre de concert avec la France nous attaqua vivement fur mer. Mais on ignore communément a quelles divifions inteftinesla République étoitalorsen proye3combien lesAflemblées de 1'Etat étoient tumultueufes, & c'eft ce que Mr. C. rapporte ici d'après IVagenaar, le meilleur fans contredit de nos Hiftoriens Hollandois. On délibéroit beaucoup alors fur Ia négr> (*) Voyezuntrait de la conduite de l'Angleterre dans le Volume que nous analyfoni. pag. 214 & 215. K 4  152 nouv. BlBLIOTH. BeLGIQUË. négociation avec la France; De Wit lui même Pappuyoit de tout fon crédit, onze Villes , favoir, Dort, Haarlem, Delft , Leyden, Gorcum, Schiedam, Schoonhoven, Edam, Monnikendam, Medenblik & Pumerende opinerent pour faire la paix avec la France a tout prix, pourvu que 1'on confervat la Religion, la Liberté, & la Souveraineté. Amjlerdam fut la feule Ville, qui s'éleva contre la réfolution de traiter avec des vainqueurs infolens. Elle répréfenta qu'elle étoit prête a foutenir les autres Membres de la Confédération; Elle offrit d'envoyer fes Bourgeois pour défendre les Poftes ménacés, enfin elle protefta contre une Réfolution qui cauferoit le plus grand tort a 1'Etat; réfolution dont la fituation dèplorable des finances rendoit 1'exécution impoflible. Ceux $ Alkmaar furent les feuls qui foutinrent le parti courageux de la Ville d'AmJterdam. En effet les conditions propofées, par la France n'étoient pas recevables. Le Roi vouloit conferver tout ce qu'il avoit acquis par droit de conquête, oh ne le céder qu'avec une compenfation con-  Janv. Fev. Mars. 1782. 153 convenable. II exigeoit 1'indemnifation des fraix de la guerre, & une entiere fatisfadtion pour fes Alliés. Louis fe relacha cependant peu après de ces conditions, & l'Angleterre inquiéte fur ces négociations s'étoit hÉkée de faire partir pour la Hollande Buckingbam, Arlington , & le Lord Hallifax. Ils furent recus par le peuple avec des acclamations de joye, mais Buckingbam ne tarda pas a dévélopper fon caractère. 11 ne faut plus parler de la République , dit-ilau Prince, les glacés de l'biver feront bientót tomber ce que les inondations de Vété ont confervél Ne voyez vous pas qu'elle ejt perdue? 11 répéta fi fouvent ces dernières paroles,que le Prince d'Orange impatienté lui fit cette belle réponfe, qui mérite une place dans 1'Histoire. — Je fais un bon moyende nepas voir la ruine de ma Patrie. C'ejt de périr dans le dernier retrancbement. Ce Prince diftingué par 1'éclat de fa naiffance, intéreflant par fa jeuneffe, fut 1'objct fur lequel tous les regards fe porterenr; on 1'envifagea comme deftiné a êtrele Libérateur de la Patrie3 &bienK T tót  154 Nouv. Biblïoth. Belöioob. tót après j une révolution fubite Ie placa dans toutes les dignités, dont l'Edit perpétuellui avoit cinq années auparavantinterdit la poffeffion. Mr.C. rapporte ici tous les défordres qui accompagnent ordinai. rement les révolutions populaires. On forca dans les Villes les Régens a figner un acte ofi ils renoncoient a l'Edit perpétuel. Corneille de Wit, Frère du Penfionnaire , celui lè même qui s'étoit fi glorieufement diftingué dans 1'afFaire de Cbattbam, & en d'autres occafions, étoit retenu au lit par une indispofition contractie fur la flotte, lorsque 1'adle de dispenfe lui fut apporté pour Ie figner. Sa première reponfe fut un refus. II dit froidement , qu'il aimeroit mieux mourir que de violer un ferment légitime dont perfonne fur la terre n'avoit droit de le relever. On lui répréfenta envain qu'une populace mutinée & furieufe environnoit fa maifon, & menacoit de fe porter aux dernières violences; eet in. trépide Citoyen, accoutumé dans les eombats & dans les orages civils è roidir fon ame contre les plus grands dangers ne füt  Janv. Fev. Mars. 178a 155 füt point ébranlé. Tant de balles,<ïït-i],m'ont Jifflé aux oreilles dans le dernier combat que je ne faurois les craindre. J'aime mieux périr que de figner un pareil écrit. Sa femme vint toute éplorée avec fes enfans, lui prit la main avec une tendre follicitude, & le fupplia les yeux baignés de larmes de fe conferver pour elle & pour fa familie. II demeura inflexible, mais cette femme prenant alors le ton ferme du défefpoir, ménaca d'aller fe jetter entre les bras du peuple en reclamant fon innocence & la pitié dueafon fexe & a fes enfans, d'abandonner a fa fureur un Epoux obftiné, qui vouloit le défier témérairement & a pure perte. De Wit n'eut pas la force de tenir contre une fcene fi touchante; II figna; mais croyant fauver fon honneur, il ufa d'un vain fubterfuge pour pouvoit fe maintenir quand Porage feroit palTé, il ajouta donc a fa fignature ces deux lettres V. C. c'eft-a-dire, Vi Coaclus, contraint par la force. Mais il füt encore obligé de les rayer; comme fi la manière dort cette fignature lui avoit été extorquée n'étoit pas fuffifante pour en con- ftater  i55 Noüv. Biblïoth , Belgiqüe.' Hater Ia violerjce; tant il eft vrai que dans des crifes délicates il eft bien difficile aux plus grands hommes de conferver une railbn entièrement ferme & excmpte de foiblefle- Pour èpargner Ja fcnfibilité de nos Lectcurs nous ne fuivrons pas Mr. C. dans le tableau qu'il "nous tracé du masfacre exécrabledes Frères De Wit, événement dont nous dirions volontiers, comme le Chancelier de 1'Hópital le difoit de la St. Barthélemi. Excidat Ma dies cevo! qu'il fuf- file feulement de remarquer que les Auteurs de ce complot abominable neréusfirent que trop bien a 1'exécuter, & a faire périr les deux Frères a la fois, en attirant le Penflonnaire dans la prifon oü le Ruward étoit détenu, après y avoir fubi la queftion extraordinaire, pendant laquelleilrècitacette belle Ode d'Horace, Jujlum £? lenacem propofiti virum &c. Ils furent trainés de cette prifon au lieu oü 1'on exécute les criminels a la Haye, 61 que 1'on nomme le Groene Zootje, (fur la Place en face du Vivier) Ils n'y eut forte d'horreur que 1'on ne commit fur leurs corps,  Janv. Fev, Mars. 1782. 157 corps, & 1'on vit fe renouveller les détestables fureurs que le peuple de Paris fe permit autrefois fur le Maréchal d'Ancre. On eut foin de faire paff 'r fecrettement les enfans du Penfionnaire dans la maifon de perfonnes fures oü ils paflerent la nuit (*). De (*) L'Auteur tombe ici dans une fingu'.iére méprife qu'il auioit évitée en lifant avec plus de foin le paflage da Wagenaar, qu'il a voulu traduire. Mr. C. dit que 1'on fit pafler fecretement les enfans du Penfionnaire dans' la maifon des demoifelles Koster, Anabaptiftes oü ils refterent cacfeés fous un tfcalier, jusqu'au lendemain. La vérité eft, que les Enfans de De Wit furent conduits dans une maifon fur un canal, dis Is Lange Gragt, a la Haye; dans le mur extérieur de cette maifon étoit taillé un escalier en forme de vis, que 1'on y voit encore aujourd'hui , & qui fervoit probab!ement d'enfeigne. On voit donc que ces enfans ne furent pas cachés fous un efcalier, mais dans une maifon , dont 1'enfeigne étoic un efcalier tournant. La méprife eft tres  I58 NOUV. BlBLIöTH. BELGIOUE. De 11 horribles forfaits ne demeurerent pas cependant impunis, & au défaut de la juftice humaine il femble que la Providence ait pourfuivi les principaux Auteurs de ce maffacre. L'Echevin van Bancbem nommé è 1'emploi de Baillif de ]a Haye s'acquitta fort mal de fon devoir, il fut mis en prifon & condamné a perdre la tête, mais il mourut avant que de fubir fon fupplice. Verboef, qui avoit porcé le premier fes mains fur les de Wit füt fouetté pour un autre crime a. Leiden: Pendant fon exécution des Etudians firent jouer des violons devant 1'échaffaut, & le bourreau afFeótoit d'adapter la mefure des coups a la cadencede cette mufique fingulière. Tichelaar le délateur parjure de Corneille De Wit tomba dans la plus affreufe mifére, après la mort de ceux qui le foutenoient; on le vit dans un age trés avancé , fe trainant a peine fur des Béquilles, mandiant dans les rues de la Haye fans que perfon- très légere, fans doute, mais il «ut été aifé ie ne point y tomber.  Janv. Fev.. Mars. 1782. 159 perfonne eut pitié de 1'état oü il étoit rêduit, il mourüt déchiré de remords, & accablé de mépris. JeanvanValen, autre 3ffaflln des de Wit péric au milieu des plus affreufes doulcurs que lui caulbit une malach'e terrible. II croyoitvoirfans ceffe roder autour de lui 1'ombre des deux Frères : d'autres eurent une fin également funelte & déplorable. Remarquons cependant avec Mr. C. qu'il n'y a rien que de fort naturel dans le fort de ces miférables, puisqu'il n'y avoit que des gens defac&decorde qui pufl'entfecharger d'une aétion aufli abominable & s'ea acquitter avec des circonfiances aufli rèvoltantes ". La guerre fe contïnuoit avec vigueur fur terre & fur mer, 1'année fuivante fe donna la fameufe Bataille de Scboonveld oü De Ruiter défit les forces combinées de la France & de l'Angleterre. Ce grand homme facrifiant dans cette occafion fes animofités particulieres au falut de la Patrie, abandonna Ie combat oü il étoic engagé avec quelques Frégates Angloife* pour venir au fecours de Tromp fon, en-  i6o Nouv. Biblioth. Belgique. ennemi capital, qui fetrouvoit environné de toute la Flotte Francoife. Camarades , s'écria Tromp, voild le Bon Père qui vient d notre fecours; auffi ne l'abandonnerai - je jamais tant que je vivrai. De Ruiter dégagea Tromp , & tomba fur les Vaiffeaux Francois, dont il coula plufieurs a fond: Je fuis charmé , difoit-il, en voyant que 1'ennenu s'écartoit pour éviter fes bordées, que 1'on redoute les Sept Provinces, c'étoitle nom du vaifléau , qu'il montoit. Le lendemain de cette aftion, Tromp écrivït a fa fceur la.lettre fuivante, qui mérite d'être confervée pour connoitre le ftile & la franchife d'un marin. „ Trés chère Smr; „ Uier nous avons commencé la danfe , fc? nous nous en fommes donnés d coeur , joye. Je fuis fur mon quatrième Vaisfeau, la Comête, £? féjpère recommen' eer aujourd'hui la danfe de plus helle. I', Nous donnons fi bien la chaffe aux 'M Francois, que pour mieux fuir il font J> „ obli-  Janv. Fev. Mars. 1782. ïrJr obligés de porter toutes leurs voiles, )■> &Jï cela continue de même aujourd'hui, j'efpère que nos amis Jeront exaucés, ,» Êf que nous ferons affranchis de la ty- if rannie. Adieul Courage! fur „ ma parole , tout ira bien. le 8 Juin t, 1673. Dans le refte de. ce Volume Mr. G* fait 1'Hiftoire de la paix avec l'Angleterre , Munfter & Cologne, de la réupion des Provinces démembrées par Louis XIV. & enfin de 1'accomodement particulier entre la France & la République en 1678, qui füt figné quatre jours avanc laBatailledeSt.Denis. Nous n'infifterons pas fur tous ces événemcns affés connus dans 1'hiftoiré. Nous nous fommes déja expliqués au Tujet de 1'Auteur de eet Ouvrage , en rendant compte du fixième Volume (*), & nous n'avons rien a ajouter k ce que nous en dimes alors. On defireroit feulement, que dans une Hiftoire auffi impor. tante que celle ci, Mr. C. fe füt donné 13 (*) Voyez. Tom. i. Part. i, pag. 17, Tom. II. Part. 1. L  i6i Nouv. Biblioth. Belgique. la peine de revoir fon Manufcrit avec plus de foin , & de corriger plufieurs fautes qui déparent fon Ouvrage. Par ex. pag. 313. „ Les conditions de la France étoient bien plus dures, —— les Etats les firent imprimer, ainfi que ceux (pour celles) de l'Angleterre. Ces négligences disparoitront fans doutedans une feconde Edition. , ARTi  Janv. Fev. Mars. 1782. 165 ARTICLE NEUVIÈME. Geschiedenis van Duitsland &c. C'eft-a-dire, Histoire d'Allemagnej par Mr. J. SchmidT) Profejfeur en Hiftoire h Wirtburg. Ouvrage traduit de VAllemand. Tom. I. gr. in 8vo de 240. h Utrecht chez la Veuve Terveen & G. Van den Brinck* Janfz. 1782. Prix ƒ - 1 - 10 - o L'AHemagne, fi féconde depuis un demi-fiècle en bons Ecrivains, ne pouvoit cependant point encore fe vanter de poitéder des Hiftoriens, dignes d'être mis en parallele avec ceux des autres Nations, cette gloire étoit réferv.ée a 1'eftirnable Auteur de l'Ouvrage, dont nous annoncocs Ia Traduftion HolL 2 lan-  IÓ4 Nouv. Biblioth. Belgique. landoife. Nous nous empreffons de faire connoitre cette excellente Hiftoire, en adoptant le jugement qu'en ont porté les Rédacteurs d'un Journal Hollandois intitulé Hedendaagfche Mgemeene Letter- Oeffeningen. N° i de cette année; qui en font un trés grand éloge. Avant de palier a 1'analife de ce Volume, nous nous arrêterons quelques inftans a la Préface, qui mérite bien d'être lue. L'Auteur y expofe le but de fon Ouvrage, c'eft de chercher 1'origine de Ia Conftitution politique, civile, &religieufe de 1'AUemagne, d'examiner les progrès des Arts & des Sciences dans cette vaste contrée, enfin de fuivre, & de dévélopper les changemens fuccefiifs qu'elle a éprouvée, dans fes Loix, dans fes Ufages & dans fes Mceurs. Comme la température de 1'air, & Ia nature du fol ont une influence direéte fur 1'homme, Mr. Schmidt examine d'abord qu'elle étoit priginairement la fituation phyfique de 1'Allemagne. Dela il paffe au caraftère & aux mceurs dec  Janv. Fev. Mars. 1782. 165 des anciens Germains, & il croit, avec raifon, ne pouvoir fuivre de meilleurs guides dans ces recherches, que Céfar & Tacite. Le premier fait en peu de mots le portrait des anciens Germains, 1'autre a écrit un ouvrage exprès fur ce fujet. Ce fontlè, ajoute t-il, avec Robertfon, les monumens de l'antiquité les plus précieux& les plus inftructifs pour les habitans actuels de 1'Europe. Bien loind'adopterle fentiment de quelques Auteurs, quiaccufent Tacite d'avoir voulu faire plutöt une fatire des Romains de fon tems, qu'une expofition fidelle des mceurs des Germains ,H'Auteur prouve, quece tableau entroiteffentiellement dans le plan de 1'Hiftorien Romain, parceque fans cette connoiffance préliminaire on étudieroit envain Pefprit des Loix & des Coutümes de la Nation dont il écrivoit 1'Hiftoire. Les Arts, les Sciences, le Commerce, tiennent de prés au caractère d'un peuple ; il n'eft pas difficile de juger des mceurs d'une Nation , lorsqu'on fait k quellee Sciences elle s'applique de préférence; comme. 1'on peut encore remonter a fon L 3 carüéiè-  i<56 Nouv. Biblioth. Belgique. caradlère primitif, en raifon du plus ou moins de rélations qu'elle a entretenu avec fes Voifins; un peuple qui ne fe communiqué point avec fes Voifins par le négoce ou la navigation conferve plus longtems Pimprefïïon de fon ancien caractère, qu'une nation commercante; la raifon en eft fenfible. Pour bien connoitre par conféquent le caractère d'une Nation, il fautobferver 1'état des Arts, des Sciences & du Commerce, que 1'on cultive dans fon fein. Enfin en recherchant les changemens fucceflifs du Gouvernement & des Loix, ïl faut examiner avec attention. quel a été le fort du peuple dans fes différentes févolutions, c'eft la ce qui rend 1'étude de fes Loix & de fes ufages vraiment in« téreflante. De tout tems 1'état politique de 1'Allemagne, & le bonheur du peuple a été dépendant de fa conftitution militaire. Dans les commcncemens tout citoyen, tout propriétaire de terre étoit Soldat. Les inftitutions fcodales contraignirent enfuite les Vaffaux a prendre les armes fur larequifition de leurs Supérieurs, & a •f les  Janv. Fev. Mars. 1782. 167 fuivre au combat avec un nombre d'hommes proportionné a 1'étendue du terrein qu'ils avoient recu. Enfin les Rois établirent des troupes réglées, qu'ils tenoient a leur folde, comme on le voit aujourd'hui. Mr. Schmidt reprend ici Robertfon de n'avoir pas affez exa&ement diftingué ces deux premières époques. Le fyltême féodal ne fut recu en Allemagne felon notre Auteur, que longtems après 1'invafion des Germains dans d'autres contrées, oü ils 1'établirent immédiatement: ils ne 1'adopterent formellement dans leur patrie que vers la fin du regne des Rois ou Empereurs Saxons. A en croire 1'Hiftorien que nous venons de citer, la défenfe nationale füt le principal objet du fyftême féodal; Mr. S. eft d'un fentiment oppofé: il lui paroit bien plus vraifemblable de fuppofer, que les Rois 1'introduifirent, pour affcrmir & étendre Pautorité royale fur les ruines de la liberté du peuple; pour s'aflujettir un plus grand nombre d'esclaves, difpofés a voler dans un clind'ceil aux ordres de leurs maitres, & dc L 4 les  i68 Nouv. Biblioth. Bblgique. les fuivre dans toutes les guerres. C'eft en particulier è caufe de cette dernière prérogative que Charlemagne favorifa fi fort le fyftême féodal; parceque les hommes libres ( * ) de fon tems, fatigués du fervice militaire que 1'on exigeoitd'eux, commengoient a murmurer contre eet Empereur. Or felon les Loix Féodales rien n'excufoit les hommes libres de 1'obligation de fe mettre en campagnelorsqu'il en étoit befoin. Mr. Schmidt , en continuant d'expofer leplan qu'il fe propofe de remplir, nous prévientj que dans 1'Hiftoire des anciens Germains il s'eft particulièrement attaché aux (*) On appelloit homme libre , dan» un fens oppofé a celui de VaJJal tout propriétaire allodial, parcequ'il poffédoit fes tertes 'par droit de propriété, au lieu que les Vaffaux ne les tenoient qu'a titre de bénéfice. Ces {hommes libres étoient néanmoins obiigés de fervir 1'Etat, & de fe mettre en campagne , lorsqu'ils en étoient fomirés. Voy. Robertfon Introd. a l'Hift. de Charles V Tom. I. Note VIII.  Janv. Fev. Mars. 1782. 169 aux événemens, qui la lient avec celle des Romains;l'Hiftoire des différentes peuplades Germaniques , de leurs guerres particulières, & de leurs traités mutuels feroit fans doute trés curieufe, mais les fources cü 1'on devroit puifer font trés inccrtaines , ou manquent abfolument; d'ailleurs 1'Hiftoire d'Allemagne n'eft jamais plus intéreflante, que la oü elle entre,pour ainfi dire,dans 1'Hiftoire Romaine. „ Cependant, ajoute 1'Auteur, jene parlerai des caufes de la décadence de 1'empire des Céfars, qu'autant que mon fujet 1'exigera; au contraire, je m'étendrai au long fur la foi difante irruptionou invafion des Germains ". Le terrible tableau que Robertfon nous fait de cette irruption n'eft que trop véritable, mais eet Hiftorien fait tort aux Germains en les accufant feuls de ces cruautés , & du deffein affreux de détruire les habitans des pays qu'ils avoient fubjugués. Les Germains avoient appris déja parl'exemple des Romains, è faire un trafic de leurs femblables. llsn'ötoient doncpoint la vie a ceux qu'ils faifoient prifonniers, mais ils les expofoient en vence, ou ils L 5 ks  170 Nouv. Biblioth. Belgique. les condamnoient aux travaux ]e» plus pénibles. Les Vandales traiterent, il eft vrai, les anciens habitans avec beaucoup de dureté, mais il n'ont jamai3 eu la penfée de les exterminer. L'Afrique fouffrit beaucoup des guerres que ces Barbares eurent depuis è foutenir contre les Romains fous les ordres de Bélifaire; elle fut tellement dépeuplée alors, dit Procope, cité par Robertfon, que 1'on pouvoit y voyager plufieurs jours de fuite fans y rencontrer un feul homme; mais Procope rejette la caufe de cette dépopulation fur les tributs exceffifs , que Juftinien exigea, fur la perfécution que 1'on fit fouffrir aux Ariens, & enfin fur la révolte desSoldats, quife mutincrent pareequ'ils ne recevoient point de Solde, Unousfemble cependant que Mr.S., ferme bien volontairement les yeux fur le témoignage de cette foule d'Auteurs, qui tous atteftent les cruautès inouies des Vandales, en Espagne & en Afrique. L'Hiftoire des Francs eft encore intimement liée a celle des Germains, puisque ce font eux qui du fond des Gau- les  Janv. Fev. Mars. 1782. 171 les ont donné les premiers des Loix a 1'Allemagne. La vie des Souverains Allemands n eft intéreflante qu'autant que leurs actions ont eu de 1'influence fur le fort de la nation. Dans les premiers tems la Nation entière n'avoit d'autre reflbrt que celui qui lui étoit donné par fes Princes. Dans la fuite leur autorité devint extrêmement chancellante, & dans ce période 1'Histoire ne nous offre presqu'aucun événement, qui intéreffat vivement le corps entier de 1'Etat. Déchiré au dedans par des factions , méprifé au dehors, paree qu'il n'y avoit plus dans fon Gouvernement des forces fuffifantes pour maintenir 1'ordre public, 1'Empire éprouva toutes les calamités auxquelles eft cxpofé tout Etat, livré a 1'anarcbie. Enfin depuis 1'avénement de la maifon d'Autriche au Thröne Impérial, 1'Allemagne reprit un nouvel éclat, & fon Hiftoire depuis cette époque mérite auffi d'être plus approfondie. Ce premier Volume embraffe les évén^méns qui fe font paffés depuis que les 1 Ger-  .172 Nouv. Biblioth. Belgi^üb. Germains font connus dans 1'Hifr.oirc r jusqu'a la conquête des Gaules par Clovh: L'Auteur a divifé ce période en douze Chapitres, nous ne parierons que des premiers. Les Ecrivains Grecs & Romains ont donné le nom de Germanie k toute cette étendue de pays, fituée entre le Rhin, la Mer du Nord, la Baltique, laPologne & le Danube, & ils nous I'ont dépeint comme une contrée placée fous un ciel apre & rigoureux, remplie de forêts & de marécages,- & presque inhabitable. II faut attribuer fansdoute aux progrès de 1'agriculture, au foin que 1'on prit de détruire ces bois horribles qui couvroient une partie du terrein, la température actuellede 1'Allemagne, fi différente de ce qu'elle étoit autrefois. Du tems de lacite on avoit de la peine k trouver un ieul arbre fruitier dans toute la Germanie; la terre ne produifoit que quelques légumes, mais elle étoit particulièrement propre k la nourriture des bestiaux. Aufli la principale richefle confiftoit dans de nombreux troupeaux, les habitans faifoient encore beaucoup de cas des  Janv. Fev. Mars. 1782. 173 des chevaux dont il mangeoient Ia chair comme un mets délicieux. Les hommes, continue notre Auteur, étoient remarquables par une iïngulière refiemblance qu'ils avoient tous entreeux, leur taille haute & ferme, leurs grands yeux bleus, leurs cheveux rougeatres, les diftinguoient de tous les autres peuples. En comparaifon de la population actuelle de 1'Allemagne la Germanie étoit autrcfois fort dépeuplée; on s'eft fait beaucoup de fauffes idéés fur les hordes de Barbares qui devafterent PEurope. Cependant felon plufieurs Hiftoriens on ne comptoit dans la fameufe Bataille entre 1'Empereur Julien & les Germains qu'environ 135000 hommes de cette Nation. Daus le Chapitre fecond Mr. Scbmidt continue f:s recherches fur le caractère , les mceurs, les ufages & les Loix des Germains. Suivant le témoignage de Tacite , de Strabon & d'autres Ecrivains, c'étoit un peuple belliqueux, & ne refpirant que la liberté & 1'indépendance. lis ne commengoient a vivre qu'au  J74 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. qu'au moment oü ils prenoient les armes pour la première fois, ct dès eet inftant ils ne les quittoient plus, même en pleine paix, è table, dans les affemblées du peuple ils paroiflbient toujours armés, &cetyfage, remarqué notre Hiftorien, qu'ils firent adopter dans les pays, qu'ils fe foumirent., s'eft confervé jusqu'a nos jours. Cet efprit guerrier fe manifeftoit dans toutes leurs actions. Leurs fpcctacles, leurs plaifirs portoient 1'empreinte de leur goüt militaire, on le retrouvoit jusques dans leurs cérémonies religieufes, même dans leur Théologie. Cependant, remarqué Mr. Schmidt, ces dispofitions ne font point naturelles h 1'homme; 1'habitant du Groenland aufli fauvage, que 1'étoient les Germains, n'a que des iDclinatious fort pacifiques. II faut donc fuppofer que longtems avant quela Germanie fut connue des Romains. elle efluya des révolutions, qui dénaturerent fi fingulièrement le caractère primitif de fes habitans, L'Auteur eflkye de remonter aux caufes de ce changement; la ftérilité de la terre obligea peut-  Janv. FêV. Mars. 1782. 175 peut-être les Germains k fe nourrir de ia chair des animaux, & la néceffité de les attaquer, de les furprendre, & de fe défendre contre eux forgea les premières armes. Ces exercices ayant rendu les Germains plus féroces ils ne tarderent pas k fe faire la guerre mutuellementjajoutons encore aveeMr. Schmidt, que 1'état militaire a un certain charme fecret, qui flatte & entraine ceux qui 1'ont une fois embraffé, furtout dans ces tems de barbarie, oü la force, la dextêrité , tenoient lieu de mérite, de fcience, & de vertus. Les Germains ne fe faifoient aucun fcrupule de commettre toutes fortes de violences & de rapines, & s'approprioienttout ce qu'ils trouvoient è leur bienféance; on prétend même qu'ils fe donnoient mutuellement par honneur le furnom de quelque oifeau de proye, dont ils avoient toutès les inclinations. Comme les Germains vivoient dans une entière indépendance ils tombèrent bientót dans 1'oifiveté, qui en eft lafuite ordi-  176 NOUV. BlBLTOTH. BeLGTqUEV ordinaire f*); ils le perfuadèrent même,• qu'il y avoit une efpèce de fiétriiïure a travaillera laterre, dès-lors ils abandonnerent ces occupations a leurs Efclaves & ne s'appliquerent qu'a laguerre; le rcfte du tems ils le paflbicnt dans les festins & dans toutes fortes de divertiflements. Une telle vie n'annonce pas des principes de morale fort févères, cependant ils étoient religicux obfervateurs de la foi conjugale; Padultère, trés rare parmi eux, fe puniffoit fort rigouréufement; 1'époux offenfé ioflige@it lui même le chatiment a fa femmeil lui rafoit Ia tête, & la chaffoit ignominieufement de chez lui, la pourfuivant a coups de béton dans tout le canton. Cette femme ainfi déshonorée ne retrouvoit jamais un fecond é'ppux; en général des vices de ce genre étoient rares chez' un peuple , qui ne refpiroit que la guerre & fes fureurs, & oü 1'on ne connoiiToit point ces fpeólacles féduifans, ces jeux voluptueux, qui faifoient les délices des Romains. Les (*) Voyez Tacite de Morïb. Germ. C. 15^  Janv. Fev. Mars. 1782. 177 Les Germains ne connurent que bien tard Tart d'écrire; Mr. S. croit qu'il leur manqua pendant longtems un Alphabet particulier, du moins jusqu'au neuvième fiècle ne fongerentils jamais k faire écrire leurs Loix. I!s eurent ce, pendant de bonne heure des Poëtes,connus fons le nom de Bardes, & des Muficiens. Ils chantoient les exploits de leurs Héros, & ces hymmes en éternifant leur valeur , excitoient le courage & 1'émulation de la jeuneffe. Cette muu> que n'étoit cependant guères barmonieufe; 1'Empereur Julien, qui eut la cunofité de 1'entendre , la comparoit aux cris aigus de certains nifeaux fauvages. La harpe étoit Pinftrument le plus ufité parmi ce peuple; 1'Auteur rapporte a ce fujct une conjeöure aff z ingémeufe de Fojftus, qui croit que tous les lnftrumens de mufique furent inventés cnez les barbares, mais que les nations poh> cées les perfeétionnerent depuis. Les fpecvtades Germaniques fe reilentoient du caractère martial de ces peunks: leur amufi ment favori étoit de voit Torna II. Part.u M  t/8 Nouv. Biblioth. Belgique. des hommes nuds fauter fans fe bleffer au milieu d'un endroit hériffé de piqués, & d'épées. Dans le troijième Cbapitre 1'Auteur paffe k la Conftitution polirique de la Germanie. La Nation ne formoit point un corps unique, mais elle étoit diviféc en plufieurs parties, qui fe reffembloient beaucoup pour le caractère & les mceurs, mais qui n'avoient entre-elles aucune espèce de liaifon. L'amour de la liberté étoit le mobile de toutes leurs actions. Les Germains redoutoient les grandes Villes, qu'ils ne regardoient que comme de vaftes prifons, & le tombeau de leur chère liberté- Leurs Rois ou leurs Princes avoient un pouvoir trés borné, & des revenus fort médiocres. On en vit qui préférerent un commandement fubalterne dans les Armées Romaines a leur Royauté. C'étoit dans rAffembléedu Peuple que 1'on délibéroit fur les affaires importantes. Les Prêtres impofoient filence, Ie Roi ou le Chef faifoient la propofition, & le Peuple 1'agréoit ou la rejettoit. Quel-  Janv. Fev. Mars. 1782. iftf Quelque changement que Ia conftitution Germanique éprouva depuis, on retröuve cependant encore dans les Dietes actuelles 1'image des affemblées dont nous parions. On ne connoiflbit point encore de Jurisprudence, ni de Cours de Juftice." Chaque individu vengeoit fes querelles particulières, le Söuverain empéchoit feulement autant qu'il pouvoit, que 1'on ne port at la vengeance trop loin ; ordinairement on rachetoit une offenfe par une amende; 1'offenfé s'en approprioit la moitié, 1'autre étoit pour le Roi. La peine de mort étoit totalement inconnue parmi eux. Ils ne pouvoient comprendre comment un homme ofoit s'arroger quelque droit fur la vie de fon femblable. Auffi les vit on fouffrir patiemment toutes les perfécutions de^Généraux Romains, meis a 1'afpeft cjes haches & des verges , ils fe revolterenÉ comme de concert, il en coüta la vie a Quinmiius Varus , & la perte d une belle armée a Augufte. En tems de guerre tout homme libre étoit Soldat, comme nous 1'avóns dèja M 2 <*-  i8o Nouv. Biblioth. Belgiojtè. obfervé; leurs armes ordinaires étoient de Iongues piqués, & des javelots; les cris qu'ils pouffoient dans les combats étoient affreux & reflembloient, felon Marcellin, au bruit des vagues irritées qui fe brifent contre des roes. C'eft dans ces tems obfeurs que s'étafelit peu k peu , fuivant notre Auteur, le fyftême féodal, qui changea encore une fois la face de notre Europe. Dans le quatrième Chapitre 1'Autcur traite de Ia Religion & des coutümes rcligieules des Germains. II ne faut pas s'étonner que ces peuples ayent pouffé la fuperftition & la crédulité k 1'excès; car, feIon la remarqué fatirique de Mr. Schmidt,, les femmes avoient beaucoup de part k tout ce qui regardoit la Religion. Les Cimbres fe faifoient fuivre par elles è la guerre . Ariovifte même négligea une belle occafion de battre les Romainsj parceque les DevinereiTes, qu'il avoit dans fon camp, lui avoient déconfeillé de livrer bataille avant Ia nouvelle Lune. Quoiqu'il en foit, il paroit par lerécit de Céfar & de Tacite, que les Germains étoient  Janv. Fev. Mars. 1782. 181 étoient piongés dans la plus ftupide idolatrie , ils adoroient tous les élémens, en particulier la Terre, dont ils tiroient leur fubfiftancc. Les Romains s'imaginèrent que ces peuples adoroient leur Dieux: on voit dans leurs Ecrits que 1'on retrouva chez les Germains le culte de Jupiter, de Mars &c. mais avec auffi peu de fondement, ajoute Mr. Scbmidt, que le fivant Cluverius crftt trouver dans 1'ancienne Théologie des Germains la doctrine de la Trinité. II paroit au contraire que 1'on adoroit chez plufieurs nations de la Germanie d'autres Dieux, que ceux des Romains. On y vénéroit le Tonnerre fous le ram de Tborus, origine de mot Doniwrftag, Jeudi; le Dieu ou la DéelTe des plaifirs amoureux fous le nom de Freya , d'ot* 1'on afait Frytag, Vendr-edi. I!s avoient leurs Divinités martiales, telles que OtUn ou Wodan, que 1'on fuppofe avoir été un de leurs premiers Héros.' Au lieu de Temples ils avoient des bois facrés, & dans ces Forêts plufieurs arbres particulièrement deftinés au culte religieux. II paroit par les Loix de Charlemagne, M 3 ^ue  18a Nouv. Biblioth. Bslgiqub, que de toutes les fuperftitionsqueceMonarque entreprit d'abolir, celle-ci füt la plus difficile 4 détruire. LeDogme d'une vie a venir étoit reen parmi les Germains , mais il étoit entremêlé de plufieurs idéés fauffes & groflières. Ils croyoient que la félicité des Elus dans 1'autre monde confifteroit principalement a triompher toujours dans les combats, & a boire de la bierre delicieufe dans Ie crane de leurs ennemis; on fait que fouvent ils fe permettoient de jouir pendant leur vie de 1'avant-goüt de ce féroce bonheur. Ce dogme influoit beaucoup fur les cérémonies qu'ils faifoient pour enterrer leurs morts, elles étoient è peu les mêmes que celles des Afiatiques & des Péruviens. On brüloit avec le mort fes armes, fon cheval & fes chiens, quelquefois mêmes fes Efclaves, delaon s'eft imaginé plufieurs fiècles après qu'il y avoit eu autrefois des géans en Germanie , a caufe de la grandeur des os que 1'on retrouva fous terre , mais ces os étoient ceux des Chevaux que 1'on brüloit avec leur maitre. Souvent encore ton  Janv. Fev. Mars. 1782; ifa on donnoit au mort quelques pièces d'argent; dela ce préjugé du petit peuple, qu'il y a des trêfors cachés , dans les endroits, oü Pontrouve des charbons confumés. Dans le tombeau de Cbilderic, Roi des Francs; découverta Tourna^ les favans virent avec étonnement outre les armes de ce Prince plufieurs chofes inconnues, Tur lesquellesils écrivirentasfez inutilement de gros Traités. Le refte de ce Volume contient 1'Hisroire des guerres des Germains avec les Romains; mais comme ce morceau eft affez long , & qce d'ailleurs on trouve le recit des mêmes événemens dans plufieurs Ou vragesconnus, nous terminerons ici eet Extrair. Au refte la Tradu&ion Hollandoile nous a paru faite avec foin, & on la lira fans doute avec plaifir. M4 AR-  i?4 Nouv. Biblioth. Belgique, ARTICLE DIXIEME. Eerste Waarheden der Ondervindelyke en Redelyke Geejl-Kunde &c. C'eft-a-dire, Principes de la Psychologie tant empyrique ou expérimentale que raifonnêe; Ouvrage oh Z'ora racherche tout ce que l'expérience nous apprend fur la nature de Vame fur Jes différentes opérations , fes propriétés Avec un Discours particulier, oü Von prouve Vimmatérialité cj? Vimmortalité de Vame, d'une maniere intelligible aux moins inftruits, par feu Mr.D. Kleman, Pajleur a Voorbourg: Seconde Edition., corrigée &? confidérablement mgmentée par 1'Auteur , avec un Aver.  Janv. Fev. Mars. 1782. 185 AvertifJement de VEditeur, Mr. P. Nieüwland , Pqfteur de VEglife Hollandoije Réformée de la Haye. gr. in Svo de 377 pag. fans la Préface qui en a 16, h la Haye chez J. A. Bouvink Libraire 1781. Prix ƒ 1 - 16. C'eft auxfoins de Mr. Nieüwland, non moins avantageufement connu par divers excellens Ouvrages que comme Prédicateur, que nous devons cette feconde Edition de l'Ouvrage de Mr. Klemam. La première, ainfi que 1'Editeur nous Papprend dans un court Avertiffement, étoit totalement épuifée, du moins n'en rencontroit - on que d.fficilement quelques Exemplaires ; graces au Pafteur de la Haye le Public eft admis de nouveau a lire le Traité le plus complet qui foit écrit en Hollandois fur la connoiffance de 1'ame. Mais cette feconde Edition eft d'autant plus précieufe, que 1'Auteur peu avant fa mort la confidérablement revue, corrigée & augmentéc, de forte que, pour nous fervir M 5 de  186" Noüv. Biblioth. Belgiqtje. de 1'expreffion de Mr. NiehwlanD , on peut regarder ce Traité pip tóe comme un Ouvrage entièrement rituf, que comme une nouvelle Edition. L'Auteür traite par demande* & par rêponfes, toutes les parties.de'la Piychogïe avec beaucoup d'habileté, d'exaÖitude, & de méthode, & en même tems ■avec toute la clarté dont ces matières font fufceptibles (* )■ Pour donner a nos Lefteurs étrangers une idéé du ton général de eet Ouvrage & de la manière de 1'Auteur, nous traduirons en leur faveur quelques morceaux, que nous choifinonsau hazard; parceque n'ayant pas VEdition de 1765 fous les yeux, nous ignorons fi ce que nous allons tranferire appartient è la première ou a la feconde Edition. Au Chapitre dix-feptième 1'Auteur recherche quelles font les facultés qui perfecta *) Voyez le jugement qu'ont portc de eet Ouvrage les Auteurs de la Bibliothèque des Sciences & des Beaux.Jrts, Tom, XXII. p. S37 & 533.  Janv. Fev, Mars. 1782. 187 fcclionnent notre entendement ; il les rêduit a trois; L'Efprit (ingenium) la Raifon , & la Prévilion raifounée (prcevifus rationalis ). Après avoir trés clairement expliqué ce qu'il faut entendre par les deux pre» mières, 1'Auteur prouve, que la Parole eft Ie moyen par lequel la Raifon fe ma. fefte; il donne des définitions fort juftes de cette faculté, des mots, des larjgues &c. il allure avec Mr. De la Cbapelle qu'il ne peut y avoir de véritables Venitïloques, enfin il démontre, que certains animaux , qui proférent quelques fons femblables aux nótres, comme le Perroquet, la Pie &c. ne font néanmoins pas douésde la faculté proprement dice de Darler, enfin il pourfuit ainfi. Demande. La Parole eft donc felon vous une preuve certaine de Raifon ? Rêponfe. Sans doute; Les Etres qui ne jouiffent point de cette faculté, n'ont point de raifon, c'eft ce que nous obfervons dans les animaux: nous remarquons encore que 1'ufage de la raifon eft fuspendu ou arrêté dans ceux qui par leur age ou quelque accident pbyfique font privés  i88 Nouv. Bibliot*. Belgique. privés de Ia parole, comme les petitsenfans & les muets. D. Pouvez vous appuyer cette aflertion par des témoignages hifloriques? R. Inconteftablemenr. II ne faut pour s'en convaincrequeréfléchir fur ces Etrcs malheureux, qui on été abandonnés dans leur première jeunefle dans des Forêts, & rendus a leur état primitif, de facon qu'on a pu juger des progrès de leur raifon , au berceau avant cette époque. Quelques uns d'entre - eux n'ont jamais pu apprendre a parler, & malgré toutes les peines qu'on s'eft données, plufieurs fontreftés dans leur état d'anéantilTement & de ftupidité;témoinl'enfantfauvage trouvéen ióöidanslesboisdela Lithuanie,ob il vivoit parmi des Ours, témoin encore cette fille de 16 a 17 ans quel'on trouva dans une Forêt des Pyrenées, oü elle s'étoit ègarée a 1'age de 7 ans. Pendant eet efpace de tems elle avoit totalement perdu la mémoire, & 1'ufage de la parole; lorsqu'elle füt prife, elle ne voulut apprendre aucune langue; elle paffoit des jours entiers a gémir, comme regrettant la perte de fa liberté, c'eft ce qu'on ob- fer-  Janv. Fev. Mars. 1782. 189 ferve auffi dans quelques animaux fauvages. D'autres plus heureux réufiirent è parler, & recouvrirent 1'ufage de leur raifon, mais tout ce qui avoit rapport a leur fituation paiTée s'effaca en même tems de leur efprit (*). D. Pour- (*) Ceci ne prouve? point que la parole n'eft pas naturelle a 1'homme, comme Rousfeau l[a dit, voyez les Notes fur le Discours fur l'inégalité des conditions, pag. 227 Amft* 1755. 11 auroit du remarquer , que ces fau. vages étoient fólitaires, & que Ia parole exigeant néceflairement une rélation avec d'autres individus, elle leur étoit a ia fois impoflible & inutile. Voyez un exemple bien fingulier de eet oubli de la parole dans les Voyages du Capitaine Roggers, cités par Mr, De Paawv, Recherch, Philos: fur les A-mérk. Tom. I. p. 353, Voyez ce que dit encore eet Auteur, Tom .II. pag. 63 , Mr. Êleman auroit pu ajouter aux exemples qu'il arapporté celui de Madlle LeBlanc. Voyez 1'Hiftoire de cette Fille par Mr. De hCondamim, Note du Journalijle,  190 Nouv. Biblioth. Belgique. D. Pourriez vous me citer encore quel. ques exemples d'indivtdus piacés dans •1'état focial, mais dépourvus auffi de raifoD , par la perte de la Parole. R. Les Mémoires de V Académie des Sciences de Paris, année 1705 font mention d'un jeune Payfan fourd & muct de naiflance; qui étoit élevé dans la Religion Catholique , il affiftoit a toutes les cérémonies de 1'EgHfe, entendoit la mtffe, marmotoit un Pater , &c. &c. a 21 ans ilrecouvrit 1'ufage de 1'ouie; on lui apprit peu a peu a parler; fa raifon fe dévéloppa, mais quel i'üc 1'étonnement de fes Maitres, lorsqu'il leur avoua, qu'il n'avoit aucune idéé ni de 1'exiltence de Dieu, ni de tout ce que lui-même avoit fait jusqu'a cette époque. Prcuve manifeftc que fans la parole nous ne faurions faire >ufage de notre raifon. Un exemple bien frappant de cette vérité a été configné dans les Gazettes Hollandoifes du 17 Mai 1777- Le Marqu.s de, Tavora ayant été condamnè a une lon. gue prifon avee toute fa familie par le Marquise Pombal, premier Mmiftre du Roi de Portugal, il eutla douleurdevoir Ion  Janv. Fev. Mars. 1782. 191 fon fils agé de 5 ans enveloppé dans cette condamnation. Ce jeune enfant, qui durant toute fa captivité n'avoit va perfonne qu'un féroce Géolier, fortit de prifon lors de la disgrace du Miniftre. Mais il avoit perdu entièrement la parole, la mémoire & même toute idéé de fon rang, & de fa fituation. L'Auter avoue cependant plus bas que fi 1'on pouyoit parvenir a fubftituer comme Mr. de 1'Epée a commencé dit oa heureufement a le faire, en faveur des fourds & des mucts, 1'ufage des figncs a celui de la parole, ils feroient capabks jusqu'è un certain point de raifon. It nous paroit que Mr. Kleman fe fert ici de termes bien foibles pour exprimer la grandeur du fervice que 1'Abbé de VEpêt a rendu & continue a rendre a 1'humanite. Difons encore un mot de la troifième Faculté, le Prmvifus rationalis; la Prévifion raifonnée ou morale. C'efï felon Mr. Kleman cette facu'té de 1'ame, pat laquelle on peut juger des cffets par la connoifl'ance diflincTte des caufes qui les produifent. Par ex. Je connois particu- lie-  192 nouv. BlBLIOTH. BeLGIQUE. lierement certain Orateur, je fais que c'eft un homme favant , & éloquent, & d'après cette connoiffance je puis conclurre qu'il fera un bon Discours. Encore un autre exemple. Un Horloger connoit parfaitement toutes les parties d'une montre, il fait exaétement, comment il faut en dispofer les roues, quelle elt la force du reffort &c. il fait enfin de quoi il eft lui-même capable. II fe met a 1'ouvrage, & peut affurer avec certitude qu'il fera une bonne montre; pourquoi ? parcequ'il juge des effets par ra connoiffance diftincte des caufes qui les produifent. —— D. Mais notre ame a t'elle auffi la faculté de prévoir 1'avenir? (Prtevifusfu. turorum ). R. On conjeQure d'après des faitsinconteftables qu'elle a quelquefois cepouvoir, témoin ceux qui prédifent 1'heure de leur mort; (prasfagium mortis) témoin les vifions & les préc ctions de ceux que Ton croit être nés Coeffés : enfin les fenfations agréibles&défagréables que nous éprouvons foit dans la veille; foit dans le fommeil, & qui ont été fuivies de cer- tains  Janv. Fev. Mars. 1782. 193 tairjs événemens heureux ou f&cheux fae permettenc pas de douter, que Taaie fait jusqu'è. un certain point la faculté de prévoir 1'avenir. Vraifemblablement Ie cerveau & 1'ame des Prophêtes étoient parfaitement dispofés pour eet effet. Mais cette faculté eft extrêmement bornée , elle ne s'étend que fur un trés petit nombred'objets, &ne fe développera apparemment que dans une autre ceconomie. L'Auteur cite ici en riote , l*avanture du Lord Littleton, rapportée dans les Papiers Anglois du mois de Novmbre 1779. Ge Seigneur, trois jourt avant fa mort, crüt entendre en rêvant le bruiC d'un Pigeon qui voltigeoitcontre fes rideaux; a cette vifion fuccéda celle d'üne Femme * habillée de blanc, qüi Pavertit de fe préparer a la mort, puisqu'il n'avoit plus que trois jours k vivre. II badina beaucoup de ce rêve, cóntinua a vivre de fon train ordinaire, mais le troifièmé jour, comme il alloit fe coucher, en fe moquantdela prédiction, il lui prit une convulfion & il mourüt. Ce qu'il yade plus étonnant encore, continue 1'Auteur,' c'eft que la même nuit de cette vifion, Tam. II Part. i. N an  194 Nouv. Biblioth. Bélgique. un des Amis du Lord, dans le Comté cPElTex, rêva que Littleton lui apparoisfoit & lui difoit un éternel adieu ( * ). Nous recomaiandons a tous nos Lecteurs 1'excellente Differtation fur 1'immortalité & 1'immatérialité de 1'ame. Ce morceau nous a paru écrit avec beaucoup de clarté & de précifion, & on ne fauroit, aprés 1'avoir Iu, conferver encore raifonnablement quelques doutes fur la vérité du dogme confolant que 1'on y établit. ( * ) II feroit i fouhaiter que 1'Auteur fè ffet expliqué un peu plus clairement fur cé qu'il entend par la faculté qu'il nomme Pree* vifus futurorum. Les exemples qu'il rap-porte nous paroiffent trés fufpects, auffi bien que ce qu'il dit de la difpofition du cerveau^ fcde 1'arne des Prophêtes. Note du Journaltjleï AR.  Janv. Fev. Mars. 1782. 105- ARTICLE ONZIÈME Verhandeling over de Slangen en Adders ét# C'eft-a-dire, DlSSERTATION sur les SeRPENS <3? les Viperes , qu'on trouvt dans le Pays de Drenthe, auquel on a ajouté quelques Remarques 6jf quelques Particularités, rélatives ci ces efpèces de Serpens & h d'autres. Par jp. van Lier, Dotleur en Droit, Receveur Général, £f Membre de la Cour de 'Juftice du Pays de Drenthe, Membre de la Société des Sciences Hollandoife, Zêlandoife, de celle de Leiden.} de Groningue pro excolendo Jure Patrio. In quar'to de 372 pages, enrichi de Planches coN 2 lorées^  ipó" nouv. BtBI.ioth. Belgique. lorées; a Amfterdam, & & Groningue chez les Héritiers Houttuin, & L. Huifingh 1781 avec cette Epigraphe , tirée de Gallen , Le Lefteur ne doit pas s'ennuyer de lire ê? d'examiner ce que r Auteur de la Nature ne s'eft pas ennuyé de faire naitre, Prix ƒ 10 - o - o. Nous anrjoneames dans le Trimeftre précédent ( * ) eet important Ouvrage, & nous promïmes alors de ne point nous borner a cette fimple annonce. Pour fatisfaire k nos engagemens nous donnerons aftuellement 1'Extrait de ces Dijfertations, qui méritent fans contredit toute 1'attention des amateurs del'Histoire Naturelle. Le texte Hollandois eft aecompagné d'une traduétion Francoife, qui nous a paru plus fidelle qu'élégante mais comme dans des Ouvrages de ce genre, on recherche plütót l'exadtitude des Obfervations, que les graces du ftile, 00 (*) Pag. 354-  Janv. Fev. Mars. 1782. i£7 on pardonnera aifément au Traducteur quelques incorreftions & quelques phrafes négligées. _. „ . Mr. Van Lier commence ion lraité par une remarqué fort judicieufe fur le caractère de fes Compatriótes, qui ont en général le malheureux défaut de prêférer en tout genre les productions des autres Pays i celles de notre Patrie: cette ridicule affedtation s'obferve dans nos goüts, dans nos modes, dans nos plaifirs , même dans les Sciences que nous cultivons, dans les !Arts auxquels nous nous appliquons. En particulier 1'étudede 1'Hiftoire Naturelle parminous porte Pempreinte de ce penchant qu'on nous reproche a fi jufte titre; on recherche avec empreffement tout ce que la Nature produit dans d'autres Climats, on n'a épargné nipeinesni dêpenfespour en faire 1'acquifition, & 1'on eft reftêöans une honteufe ignorance fur tant de Produftions dans les trois règnes, que notre climat, notre fol & notre terre fournifient avec abondance. La Société Hollandoife de Haarlem vivement pêriêtrèe de cette vérité, propofa en I767 une N 3 Q.uc$'  198 Nouv. Biblioth. Belgiqub. Queftion rélative a eet objet. II falioit rechercher, ceque 1'onavoitécritjusques a préfent fur 1'Hiftoire Naturelle de notre Pays, ce qu'il v manquoit encore, & quelle étoit la meïlleure méthode d'écrire cette Hiftoire: Les Mémoi¬ res couronnés (qui fe trouvent dans les Mémoires imprimés de cette Société; Tome XL pag. 3. & 63O fious indiquent fuffifamment quel vdte champ il y a encore a cultiver, & combien d'objets curieux, & de chofes importantcs il nous refte k rechercher. Puisque 1'on connoit actuellement tout cc qu'il y a encore de défecTucux dans la Ia connoiflance de 1'Hiftoire Naturelle de ce Pays, il ne feroit pas difficüe d'y rémédier. Si dans chaque Province, dans chaque Ville, on vouloit fe donner la peine d'examiner & d'obferver' avec foin tout ce que la Nature y produit, on pourroit facilement, en raffemblant ces différentes obfervations , faire un Recueil complet d'Hiftoire Naturelle. En attendant que cevoeu fe réalife danstoutes les parties de la République, Mr. Van Lier, pour joindre 1'exempie au pré-  Janv. Fev.. Mars. 1782. 199 précepte, entreprend de décrireles produétions les moins connues du Pays de Drenthe; oü il habite & oü il exerce plufieurs emplois importans. Après quelques réflexions générales fur 1'utilité de 1'Hiftoire Naturelle & fur la manière de Pétudier, 1'Auteur entre en matière, & fe propofe de décrire les Serpens & les Vipères du Pays de Drenthe. Onn'apublié jusqu'ici aucunedescription particulière de ces Animaux, qui füt exacte , ni aucune figure bien fake. Houttuin, lui même, ce fgavant Naturalifte, a qui les Hollandois font redevables d'une Hijloire Naturelle gér nérale rangée felon le fyftême de Linntsus ne paroit pas être iüffifamment inftruit des différentes efpéces de Serpens de Drenthe. „ J'ai peine k concevoir, dit il, que nos Serpens indigènes foient tous de la même efpèce, d'autant que leur habitation dans les bruyères fablonneufes,dans des endroitsmarécageux, & dans l'eau eft totalement différente. 11 n'öfe même les ranger fous la claffe des Amphibies ( *). . Mr. ( *) Voyez 'Nat. Hifi. 6de Deel p. 37PN 4  200 NOUV. BlBLIOTH. BELGIOUB. Mr. Va n Lier a pouffé fes recher-. ches plus Ioin fur eet objet, & ilaajouté a la defcription trés exacte qu'il nous donne de ces animaux , des planches bien deffinées & enluminées avec beaucoup de foin, felon 1'age plus ou moins avancé des animaux, que ces deffeins répréfentent. En effet 1'age, les faifons, produifent fur les animaux un changement trés confidérable , tant dans leur figure, que dans leur couleur: le Coq [de Bruyère, par exemple, a dans fa jeunefTe fur plufieurs endroits de fon corps des plumes d'un brun jaunatre avec de petites taches noires, qui ne s'appercoivent jamais aux vieux Coqs de Bruyère, deforte que eet animal doit être presque méconnoiffable au Printems, a ceux qui ne 1'ont vu que pendant 1'Autommeoul'Hyver. En ne perdant pas de vue cette ob. fervation, il n'eft pas difücile dedécouvrir la raifon, pourquoi 1'on rencontre fouvent des defcriptions, fi non tout a fait oppofées 1'une a 1'autre, du moins fortJ différentes entre-elles, du même animal. II eft donc néceffaire lorsqu'on veut fe  Janv. Fev. Mars. 1782. 201 fe former une jufte idéé d'un animal, de 1'obferver foigneufement pendant toutes les faifons de 1'année. Uce autre obfervation non moins importante, c'eft que tous les Etres créés différent effentiellement entre-eux, de forte que dans toute la Nature , il n'y a pas deux Etres parfaitement femblables; ce phénomène a lieu particulièrer ment dans le genre des Serpens. Linnceus affure que dans 1'Inde entière on ne rencontre pas deux Serpens de la même couleur. • Plint , D'Aubenton , Haffelquift, Shaw. Houttuin, font mention de différentes particularités fur Ia couleur des Serpens, quichangefouvententièrement. II eft de fait, que ces animaux acquièrent, en dépofant leur ancienne peau, un air de fraicheur & de jeunefie, qui leur vient de leur nouvelle peau, brillante des plus vives couleurs. II fe trouve dans le Pays de Drenthe trois fortes d'Animaux, appartenant au genre des Serpens; on leur a donné le hom de Couleuvres, (Slangen) de ViN 5 pères  202 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. pères (Adders )& d'Orvets ( Hazelvoor* men ). Quelques perfonnes croyent qu'il exis* te dans le Pays de Drenthe, une quatrième efpèce de Serpens, qu'on devroit mettre au rang des animaux aquatiques, mais Mr. Van Lier n'a jamais pudécouvrir cette efpèce, il fuppofe , qu'on a pris pour un anima! différent, la Couleuvre, lorsqu'elle étoit dans l'eau; on n'a point fait réflexion, que eet animal fait nager parfaitement, & qu'il fe fouftrait ainfi fouvent h ceux qui veulent le prendre ou le tuer. Pour donner de 1'ordre a ce Traité , 1'Auteur fe propofe de marquer d'abord ce qui appartient a cha. que efpèce en particulier, & enfuite ce qu'elles ont de commun entre-elles. La Couleuvre, dont Mr. Van Lier donne la répréfentation, eft nommée par Linnceus&L par d'autres Auteurs, Celuber Natrix: le favant Suédois entend par Coluber, cette efpèce de Serpens, dont le ventre eft garni d'écailles fcutiformes, & dont la partie inférieure de la queue eft couverte d'écailles ordinaires; dans fa  Janv. Fev. Mars. 1782 203 fa clafiification des animaux amphibies, il adjuge le fecond rang aux reptiles (*). Parmi les Hollandois eet anima! porte le nom de Heyaal, & communémeut celui de Ring-Slang, ou Serpent a anneau; les Francois le nomment Couleuvre a Collier, parcequ'on voit derrière la tête fur le col de eet animal deux taches Manches, qui reflemblent en quelque forte k un Collier. Ces taches qui , furtout chez le male, font fort vives, paroïffent a une certaine diftance comme des pointes éminentes & laillanees au deffus de la tête; elies ont quelque rapport a ces couronnes, qui dans les Médailles R0. maines ceignent la têce des Empcreurs. Voila ce qui a fait fuppoler au peuple', qu'il y a dans le Pays de Drenthe des Serpens a têtes couronnées. Vraifemblablement on a donné 1'épithète de Natrix a eet animal, k caufe qu'il nage avec une vélocité furprer.ante, quoiqu'il ne faffe ufage de cette faculté C*) LiBNffiüs Syflema Natur. Tom I Ed. XII.  204 Nouv. Biblïoth.Belgiqüe. culté que pour éviter ceux qui le pourfuivcnt: le Serpent a fonnette, dont Mr. Vosmaar a donné la defcription, rampcit fouvent dans un baffin oü il y avoit de 1'eau, &s'ycouchoitmêmequelquefois. La Tête de la Couleuvre eft plus longue que large, elle reffemble a un tfemi carreau applatti, dont les angles font obtus; les écailles fcutiformes du desfus de la tête font les plus grandes de toutes, & différentes des autres Ecailles de ce Serpent. Cet animal peut ouvrir fa gueule jusqu'au commencement du Col; fes machoires font garnies de lêvres , ou de rebords durs & épais, chacune desquelles eft couverte d'écailles feu. tiformes. Dans la machoire fupérieure & inférieure on trouve de trés petites deDts enchaffées dans leurs alvêoles, & plus ou moins recourbées en arrière; entre les deux machoires inférieures il _y a un tuyau cylindrique, qui s'étend jusqu'au fond de la gorge presque jusqu'aj 1'extrêmitè antérieure de la machoire , & entre les deux os de la machoire fupérieure  Janv. Fev. Mars. 1782. astf rieureilïyaunecavitê dans lequelle tuyau s'adaptê, lorsque la gueule eft fermée; la Langue eft fendue en deux a fa partie antérieure, elle eft applatie, & d'une couleur de pourpre foncé; les yeux fonc grands & d'un brun clair; la prunelle entourée d'un cercle jaune , eft ficuée k la partie antérieure de la t ête , entre le bord de la machoire, & les écailles fcutifor. mes, qui font applatics; les narinesfonc placées en ligne droite horizontalement eu égard aux yeux. Ces animaux n'ont üoint de partie extérieure de l'ouie, quoiqu'ils en poffédent 1'organe même. Pour ce qui eft de la figure du Serpent Ccar D0US ne faurions fuivïe Auteur dans tous les détails) on fait quelle eft longue, cylindrique, effilée, que ces animaux n'ont nipattes, ninageoires» ni ailes, nioreilles externe*, & que c'eft en ceci que confifte leur forme particulière. La femelle avant qu'elle ait pondu fes ceufs, eft plus grofle qu'après ca tems lè, & le Serpent devient plus gros &plus arrondilorsqu'il aavalé unoifeau, une fouris, ou quelqu'autre animal. La plupart des Couleuvres du pays de Dren-  2o5 Nouv. Biblioth. Belgique. Drenthe ont trois pieds de long, on en trouve cependant qui en ont quatre. La Couleuvre è collier n'a point de dents canines , on ne peut par corféquent la placer parrhi les animaux nuifibles & venimeux , d'autant plus qu'elle eft privée de tout venin. Cependant lorsqu'elle fe défend en mordant 3 on a obfervé que les piaies faites par fes petites dents, & infecties de fa falive colérique, s'enflammrnt & fe tumêfient. En revanche du venin que la Nature lui a refufé, la Couleuvre a des petites dents pointues, courbées en. forme de crochet vers le gozier, pair le moyen desqueiles il eft Jmpoffible a la proye dont elle s'eft une fois faiGe, de fe retirer & de s'échapper. La Couleuvre n'enfante póint des petits vivans, elle c-ft fimplement ovipare, au lieu que Ia Vipère eft vivipare. Cet animal dépofe ordinairement fes ceufsfur des tas de fumier, & furtout dans des parcs de Brebis, dans lesquels les Payfans ont coutume de1 jetter pendant des ttiois de fuite, des mottes munies de bruyère ( nommées en Hollandois Plaggen ) fur le fumier du jóur & de la nuit pré-  Janv. Fev. Mars. 1782. 207 "précédente , afin de commu.niquer h ces mottes la vertu du fumier Iorsqu'il. commence a s'échauffer, & d'avoir par la plus de facilité pour engraifler lesTerres labourables. C'eft entre ces tas de mottes ou de fumier que les Couleuvres dépofent leurs ceufs, par ce que ces endroits paroiflent les plus propres a les faire éclorre. Cette chaleur ne doit pas juftement être fort confidérable, on a vu même des ceufs de Couleuvre éclorre fans chaleur quelconaue. Pour ce qui regarde le tems & la manière de leur accouplement., la durée de leur portée, le tems précis oü elles pondent, 1'Auteur n'en fauroit fixer le terme: on fait feulement que tout celadoit arriver entre les mois de Mai & de Septembre. On. ne fauroit déterminer au jufte tous ces procédés, attendu que eet animal eft fort craintif, & languit lorsqu'on le privé de fa liberté. L'Auteur réfute ici toutes les Fables mCAriftote & fes Dtfciples, & plus tard Valentin, Cbaras, & le Pere Labat ont débitê fur 1'accouplement des Couleuvres. Mrt Van Lier aflure qu'il n'a jamais pu  208 Nouv. Biblioth. Belgiqwe. pu réuffir k faire prendre quelque nöurfiture aux Couleuvres qu'il avoit prifes, elles peuvent refter néanmoins longtems en vie malgré cette abftinence, jusqu'a ce qu'étant entièrement épuifées, elles ineurent de foibleffe & d'inanition. Les Couleuvres ne mangent guères qu e des infecles, & même des tSouris, des Oifeaux, des Grenouilles,des Taupes, des Lézards, &c. &c. 1'Auteur foupconne cependant qü'elles fe nourriffent quelquefois de plantes & de fruits, quoiqu'fl n'ait jamais trouvê de traces de ces fubftances dans 1'eftomac des Couleuvres qu'il avoit ouvertes. Quelques Habitans de la Campagne lui ont aflurê, que les Couleuvres s'infinuent volontiers dansles! vafes remplis de lait ou de crème , & que fouvent même elles trayent les vaches qü'elles trouvent couchées par terre. La Couleuvre eft la plus vive des trois efpèces de Serpens , qu'on rencontre dans le Pays de Drenthe, furtout lorsqu'elle eft dans l'eau; mais elle eft aufli 1* plus craintive, peut-être qu'elle connoit fon impuiffance a nuire; Elle habi- ië  Janv. Fev. Mars. 1782. 209 té* communement les Paturages & les Prairies, les Hayes & les Buiflbns. On prétend que la Vipère dévore les petits des Couleuvres, du moins eft il fur que Ie nombre de ces dernières diminue dans les lieux, oü il y a beaucoup de Vipères. Sbavo dans fes Voyages dit que Ia Couleuvre eft le plus rufé de tous lesSerpens, & quele Demon emprunta fafigure pourféduirela première femme (*). On ne peut trouver d'autres preuves de cette imputation, quelaconformité entre les motsiVacbasb&Hannesb, dont le premier eft employé par Moyfe pour défignerle Serpent {entateur; le fecond fignifie, dit-on, en Egyptien, 1'animal dont nous parions; cependant Sbavo croit auffi que le Serpent d'Efculape étoit la Couleuvre dont il i'agit iei, & ilrend par conféquent ècet animal d'un cóté ce qui lui öte de 1'au- tre. . » v: Paflbns è la Vipère, feconde efpèce de Serpent du Pays de Drenthe. Le mot de Vipère , femble prove- air de vivipare, qui fignifie un animal» qui C*) Voyages Tom. 2. p. 194» Tem. II. Part. i. O  aio Nóuv. Biblioth. Belgique. qui produit fon femblable tout en vie, parcequ'en effet les Vipères ne pondenc pas d'oeufs proprement ainfi nommés. Mr. De Buffon foutient néanmoins que la Vipère doit êcre mife au rang des O vipares, a caufe qu'elle fe trouve envelop» pée en naiffant d'une membrane trés fine, qu'elle déchire cependant peu de momens après fanaiflance. Mr. Van Lier croit que 1'on peut concilier les deux partis en définiflant exaftement ce que 1'on entend par le motd'Oeaf, & d'0«tpares. B croit que par Animaux Ovipares il faut entendre ceux, dont les Femelles ayant congu , pondent des corps plus ou moins durs, ou des coquilles, que nous nommons ordinairement des Oeu/x, & qui contiennent chacunjen particulier non feulement le principe vital du germe , mais encore une quantité de fluide nourricier, fuffifiinte pour faire venir 1'embryon è ce dégré de grandeur & de force, dont il a befoin pour pouvoir fubfifter & vivre hors de 1'ceuf. Ces ceufs doivent être éclos par une chaleurdouce appliqüée au dehors ; foit que cela fê faffe uniquement par le moyen des animaux  ]anv. Fev. Mars. 178a. *it rhaux, qui les ont pondus, ou bien par d'autres animaux, ou par les males , comme chez les Öifeaux ; foit [par les rayons du foleil, comme cela a lieu dans les ceufs de Tortue, foit Iqu'on faffe éclorre les ceufs , par la chaleur du fumier échauff é, ou par d'autres fubftances qui font dahs une fermentation putride , dans Iesquels les Serpens pondent ordinairement leurs ceufs, dans le déffein de les y faire éclorre. Au contraire les animaux Vivipares fónt ceux qui n'ont pas coutümedepöndre des ceufs , tels que ceux que nous venons de décrire ; & dont les petitf reflemblent, d'abord qu'ils font nés , élus ou moins parfaitement aux vieux, & poffédent la faculté de cherqher eur mêmes leur nourriture, ou de la recevoir de leurs parens, jusqu'è ce qu'ils foiene en état de pouryoir a leur propre fubfiftance. Par cette diftinftion il nous femble que la chofe eft claire. La Vipère n'eft pas fi fertile qüe la Couleuvre; elle a immédiatement après fa nalffance la faculté de fe nourrir elle même; la mèfe ne marqué aucun foin pour fes peO 2 «iw»'  si2 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIqÜR. tits, il en eft de même encorede la Couleuvre. Le Ventre de la Vipère eft couvert d'Ecailles fcutiformes, fa tête eft plus applatie que celle de la Couleuvre, proportionnellement plus petite eu égard a leur corps , elle eft plus large par derrière que par devant, plus longue que large, & plus large queprofonde ou groffe. Les Écailles qui couvrent la partie fupérieure de la tête font plus petites que celles de la Couleuvre, & font arrangées de facon que juftement au milieu entre les deux yeux 1'on appergoit une Ecailleovalo-fcutiforme, laquelle eft entourée d'un doublé rang d'Ecailles pareilles, mais plus petites — la Gueule eft entourée d'un rebord large & dur, qui eft couvert de fix Écailles uoires & blanches qui fe fuccèdent alter- sativement. ■ ■ le premier objet qui s'offreau dedans, eft cetteïerrible défenfe,* avec laquelle Ia Vipère peut non feulement faire des bleflures, mais auffi empoifonner ceux qu'elle a bleffé, & qui confifte en deux Dents canines trés aigues; lalongueurde ces Dents eft dans une  -Janv. Fev. Mars. 1782. 213 «ne Vipère adulte du pays de Drenthe égale a la cinquième partie d'un pouce. On fent aifément que les bornes d'un Extrait ne nous permettent point de donner ici d'après l'Ouvrage que nous analyfons , la defcripcion anatomique de la Vipère, nous nous contenterons de tranfcrire les remarques, qui nous paroiflent les plus propres a intéreffer tous les ordres de Leéreurs. Jamais la Vipère ne pourfuit ni ne blefle perfonne, k moins qu'on ne 1'irrite ou qu'elle fe fente en danger; elle ne fe fert des armes que la Nature lui a donné que défenfivement, en laneant fa tête avec une rapidité prodigieufe vers fon ennemi, & en le mordant. Cet animal de même que la Couleuvre n'accepte aucun aliment lorsqu'il eftpris, il fe laiffe plutót mourir de faim. Les Philofophes ont été fort partagés fur la nature du venin que la Vipère exale. II en eft qui foutiennent que ce venin eft porté a refroidir & è cogauler Ie fang , d'autres , au contraire , croyent qu'il eft trés échauffant & qu'il opère les mêmes effets que les fels Akalins. Dans 0 3 ,a  214 Nouv. Bibliqth. Belgiojje. la traduction Hollandoife de la Bible le venin des Serpens eft nommé un venin brülant (Pfeaume LVI1I. 5. CXL.4.) cette épithète ne fe trouve ni dans 1'original ? rfi dans les verfions Francoife & Allemande (de Micbaëlis). Le venin des Vipères n'eft point dangereux lorsqu'on 1'avale, aucune des parr ties intérieures n'en font affectées, le lang feul femble avoir la faculté de idévélopper ce venin. Le Roi-Prophète paroit avoir eu concoiflance de 1'endroit oü la Vipère cache fon venin; caron lit au Pfeaume CXL# v. 4. — II y adu veninde Vipères fous ieurs levres; 11 faut que cette faculté d'exhaler du venin foit une prganifation particulière , qui confifte en quelques glandes conglomérées , placées derrière chaque ceil de la Vipère, qui poffedenf la faculté de féparer du fang de ces animaux le venin enfuite par, qui coule pn canal, pour fe décharger dans une efpèce de véficule placée au bas de la racine de chaque Dent canine: & k chaque fois que cette véficule fe trouve tant foit pen comprimée par Ia morfure de 1'anif mal,  Janv. Fjsv. Mars. 1782. ai$ mal, auffi fouvent Ia liqueur venimeufe eft expulfée le long de la cavité & de la fente de la dent, portée dans la playe & mélée avec le fang. II exifte un Ouvrage imprimé il y a cent ans, & dont voici le titre, Melcbioris Friccii, Medici Ulmenfis, Trattatui medicus de virtute venenorum medica* 1'Auteur y aflureavec confiance que fouvent les venins ont été employés avec liiccès dans des cas déféspérés. Ce petitlivre contient peut-être des idéés dignes d'être approfondies, & qui aurroient pu fervir de guide,en quelqueforte,aux favants du Nord,qui entreprirent il y a plufieurs années Ie voyage de 1'Afiepour s'inftruire dans certaines parties des Sciences; Parmi les queftions quele fameux Mr. Micbaëlis leur propofa, on fait que fe trouve celle dont nous parions. Mr. Van Lier ne doute point qu'a force d'expériences on ne parvienne adécouvrir dans le venin des Vipères 1'heureufe propriété de guérir certaines maladies. Les effets de la morfure de la Vipère ne font pas toujours les mêmcs, on a O 4 re'  %\6 Nouv. Biblioth. Belgiojje. remarqué plufieurs fois dans le Pays de Drenthe, qu'elle produit de la chaleur, du gonflementj de 1'oppreffion , des verti* ges, delaroideur & une ftupeut. Quelques ayent été les fecrets des Pfylles & des Mar/es,dont Aelien & d'autres anciens Eqrivains nous rapportent tant .de merveilleux efFets, pour guérir la morfure de ces animaux, nous ne manquons auffi nullement de moyens pour prévenir ou bien pour guérir les funeftes efFets de cc venin, qui, pour être fubtil, n'eft du moins pasopiniatre, mais au contraire facile a furmonter. Mr. Van Lier rapporte ici les différens remèdes que les fcavansindiquent dans ces occafions, on a guéri quelque fois la morfine par 1'ufage de 1'Eau de Luce. Voyez Journal de Médecine, Chirurg, tfc Avril 1763. On fe fert dans le Pays de Drenthe de la graifie de ces animaux tant intérieurement qu'extérieufement & toujours avec fuccès. Notre Auteur paroit ajouter volontiers foi a la vertu médécinale & chirurgicale de la Vipère, & il regrette que de nos jours on s'éloigne fi fouvent de la route frayée par.  Janv. Fev. Mars. 1782. 217 par les Anciens. Comme 1'Auteur de eet Extrait n'eft point Médecin, il n'entreprendra point de dècider entre Mr. Van Lier & les Médecins modernes. Au refte il eft conftanc qu'on fe fert encore aujourd'hui de la Vipère dans la compofition d'une infinité de remèdes. La peinedu parricide étoit chez les anciens Romains d'êcre enfermé dans un facavec un Chien, un Singe, un Coq & une Vipère , & d'être ainfi jetté dans la mer. Cette punition terrible avoit felon Mr; Van Lier une fignification ernblématique; le' Chien que les Anciens mettoient au rang des animaux impurs pourroit répréfenter ici la fouillure de 1'ame: le Coq dont le naturel eft belliqueux & hautain feroit 1'image de Torgueil; 1'effroyable & venimeufe Vipère répréfenteroit 1'horreur du crime, enfin le Singe, qui, fans être de notre Nature, nous reflemble en quelque facon pourroit fervir a rappeller 1'idée du forfait qu'on puniflbit ainfi. L'Auteur réfute aufii toutes les fables que les AncieDS& les Modernes ont imagir.ê fur la copulation de ces animaux, O 5 1U»  %i% Noüv. Biblioth. Belgique, qui fe fait aufli firnplemenc que chez les autres créatures & par des routes, que 1'Auteur de la Nature a deftiné è pet ufage. On obferve cette particularité chez la Vipère, favoir, que Yinteftin retlum & la matrice aboutiffent au dedans du corps dans un canal commun, qui eft fermé par un mufcle orbiculaire, & couvert par le moyen d'une écaille. Pour ce qui regarde la furdité que 1'on attribué k Ia Vipère, a caufe de ces paroles de David, Pfeaume LVIII. 56". fis font comme VAfpic fourd, qui boucbe fon oreille, qui n'écoute point la voix de VEncbanteur. — Mr. Vam Lier remarqué trés fagement k ce fujet, que 1'Aqteur facré n'a aucunement en vue une furdité naturelle ou réelle, mais une furdité volontaire & faftice. David fuppofe même dans la Vipère la faculté d'ouir, mais il donne la raifon, pourquoi elle boucbe quelquef oïs fon oreille, c'eft afin de ne point entendre la voix de VEncbanteur. Au refte la Vipère ne manque point d'organe pour oüir , cette feule remarqué fufHt pour démontrer Ia foibleffe de pateilles conjectures. L'Orvet  Jajjv. Fev. Mars. 1782. 119 L'Orvet, dont la defcription fait Ia troifième partie de ce Traité eft un Serpent Pygmée, pour nous fervir des termes de 1'Auteur, le plus grand qu'il a yü, & qui fe trouve auffi répréfenté dans 'fa jufte mefure dans la troifième planche, "a quinze pouces de long, & un demipouce de diamètre dans fa plus grande grofleur. Aldrovandut nomme cette efpèce de Serpens, Ccecilia vulgaris. Linnaus, lui donne le nom d'Anguis fragilis,' les Francois celui d'Avoye, ou Orvet, en Languedoc on 1'appelle Naduel, ou Nadiol, en Hollandois Hazelworm, La Queue de eet animal a huit pouces de longueur, elle s'allonge en cóne, & fe termine en une pointe plus arrondie, que n'eft celie de Ia Couleuvre ou de la Vipère. On craint communément l'Orvet plus que la Vipère; en général les habitans du Pays de Drenthe regardent la iriorfure de eet animal comme presqu'incurable. L'Orvet eft vivipare au rapport de notre Auteur; quoique le Dr. Ty/onafiufe, que le Serpent a fonnettes, & la Vipère  £2o Nouv. Eiblioth. Belgique. père foient les feuls animaux de ce genre qui ne font point ovipares ( Pbilofopb. Tranfatt. N°. 144.) On remarqué chez les Orvets la même indiffèrence pour leurs petits que chez les autres Serpens; on ne connoïc auffi pas mieux leur manière des'accoupler. Cet animal a la propriété fingulière de fe brifer en morceaux comme du verre lorqu'on le frappe, on ignore la raifon de ce phénomène. II eft faux que l'Orvet vive comme la Taupe auffi bien fous terre, que deflus , cette fable cftdétruite par 1'expérience, Plufieurs Auteurs aflurent, que l'Orvet renferme beaucoup d'huile & de fel volatil, & qu'on peut s'en fervir dans la Médecine aufli bien que de la Vipère. II ne faut point confondre cet animal wecl'Ampbisbcena, & le Biceps, quifont tout è. fait différens de l'Orvet. Voyez leur Defcription dans Rai , Synepf. Metb. Anim. p. 288. & dans Gronovius, Mufaeum &c. Tom. II p. 52. 2. Le refte de l'Ouvrage que nous venons d'analyfer, eft deftiné k des réflexipns trés.  Janv. Fev. Mars. 1782. 12a trés judicicufes fur la reffemblance & la différence des Serpens que 1'on vient de décrire avec les autres Serpens; on les lira avec intérêt, fouvent même avec êdification, attendü que 1'Auteur nelaifTe échapper aucune occafion de faire remarquer la grandeur, la bonté & la puiffance du Créateur de 1'Univérs. AR TI-  I84 NOUV. BlBLIOTH. BELGIQpBi ARTICLE DOUZIEME. Redevoering der Inenting &o> C'eft-a-dire, Discours de l'Inoculation , addreffê aux HaUtans ie Batavia aprèsfonretour de Samarang',&remis a la Société des Sciences de cette Fille, par Mr. Güillaume Van Hogendorp. in 8°. de 35- pages, a Batavia, Chez L. Dominicus; 1780 avec apprO' lation de la dite Société. L'Inoculation, cette pratique fi falutaire, apportée en Europe vers le cummencement de fe fiècle CO yeft i (*) Milady Worthley Mentogu , femme célébre par la force de fon efprit, & par 1'éten*  Janv. Fev. Mars. 1782. 423 3 peu prés généralement adoptée; Depuis que des plumes habiles ont porté jusqu'a la démonftration Tutilité de cette méthode, il ne peut refter raifonnable. ment aucun doute fur ce fujet; & 1'expérience confirme tous les jours la véri. té des obfervations que 1'on a faites k cet égard. De TEurope l'Inoculation arepaffée dans les lieux oü elle a pris naiftance; dans 1'étendue de fes connoüTances, avoit accompagné è Conftantinople fon mart, qui étoit Ambaffadeur a la Porte. A peine eut-elle vü Tinoculation qu'elle en comprittous les avantages & qu'elle réfolut de faire inoculer fon fils; projet qu'elle exécuta en 1717. A fon retour en Angleterre, dans Ie commencementdu regne de Georgesl. en ,1721, elle fit inoculer fa fille, & engagea Ia Prince de Galles a foumettre acette opération les deux Princes. fes enfans. Les deux Filles de h Princeffe fubirent 1'épreuve , & le Prince de Ga//« fut inoculé depuis aHanovrej par Maitland Chirurgien de Milady Montagu. C'eft ainfi qu'elle devint la bienfaitrice de fa Na* tion & de 1'Europe entière. Note du Joumalifo.  224 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE- dans la plus grande partie de PAfie, & particulièrement dans nos Colonies orientales on inocule depuis plufieurs années avec un fuccès, qui doic fermer la bouche aux adverfaires de cette Pratique. C'eft ce que nous avons obfervé dans le Trimeftre précédent en rendant compte du premier Volume des Mémoires de la Société de Batavia -, ou 1'on trouve les plus fortes preuves des progrès de 1'inoculation dans cette Golonie. Mais quelques convaincantes que foient les raifons de ceux qui ont plaidé Ia caufe de 1'inoculation , leurs écrits font bien plus eftimés qu'ils ne font lus; d'ailleurs la multitude n'eft point capable ordinairement de fuivre le fil des raifonnemens, & la cbaine des preuves; pour la perfuader il faut moins parler k fon efprit qu'a fon cceur; ce font les Mères, & en général le beau fexe, qu'il faut gagner; il faut encore détruire dans les coDfciences trop délicates Ia crainte qü'elles ont d'offenfer la Providence, en prévenant 1'effet de fes dispenfations: en un mot il faut toucher ceux que les rai«  Janv. Fev. Mars. 1782: 22^ raifons n'ont pu convaincre. C'eft dans ce but que Mr. Van Hogendorp, (membre de la Société de Batavia, & connu, tant par diverfes Differtations dont il a enrichi le premier Volume des Mémoires, dont nous venons de parler, que par plufieurs Opufcules, qui ont été recus avec beaucoup d'applaudiffement cnEurope,) vient d'envelopper fous une fiction trés ingénieufe les principauxmotifs en faveur de l'Inoculation. II perfonnifie ici l'Inoculation, & il fuppofe qu'après avoir parcouru quelques Provinces voifines,' Ellerevient a Batavia & s'adreffe aux Habitans en ces termes. „ Habitans de Batavia ! LorsqueDémofthènes prononca dans la Tribune d'Athènes fon premier Discours contre le Roi de Macédoine, ce Monarque n'étoit encore qu'au pied des Thermopyles. Quelques Troupes avoient recu ordre de lui disputer le pasfage, mais le nom de Philippe, de ce Conquérant auffi infatigable a la guerre, que verfé dans les détours de la pölitique, rempliflbit le cceur des Athénéensde troüble Sèd'efj froi; totalement découragés ils tendoient Tom- Ü> Part' *• P déja>'  225 NOUV. BlBLIOTH. BeLGiqOE. déja la tête au joug de la fervitude. Ce füt dans cette conjoncture que 1'Orateur dont je parle entreprit de relever le courage abattu de fes Concitoyens ; il leur montra Philippe en vainqueur redouté,. mais non en Héros invincible, il leur fit envifager une vittoire alTurée, pourvüqu'ils vouluffent faire ufage des moyens de défenfe, que les Dieux leur préfentoient, ■pourvü qu'animés du véritable patriotisme ils ne perdiffent point dans des délibérations oifeufes &inutiles le temsdeftiné pour combattre ". „ Peuple de Batavia 1 je me trouve aujourd'hui dans une fituation bien plus critique que cellede 1'Orateur d'Athènes. L'Ennemie, que je vous appelle a combatre, n'eft pas moins redoutable, mais bien plus avide de fang, que Philippe. Eh! plütauCiel, qu'elle fut auffi éloignée de vous, que les Thermopyles 1'étoient d'Athènes; mais, hélas 1 elle eft déja dans vos murs; déja elle a moisfonné plufieurs de vos Concitoyens, déja d'autres ont reffenti les effets de fa fureur, & bientot, peut être, un grand nombre de ceux  Janv. Fev. Mars. 1782. 227 ceux qui m'environnent a préfent mais qui ferment 1'oreille a ma voix, vont fervir de victimes a fa cruauté "i „ Mais plus le péril eft grand, plusje me croirois coupable en gardant lefilencc. Al'exemple de Demofthènes je viens vous expofer vos dangers & vos reffources. Votre Ennemie (*_) eft cruelle, elle eft redoutable, mais elle n'eft pasinvincible——— que dis-je? vous triompherez d'elle, fi vous ofez courageufement vous fervir des armes que je viens vous offrir pour la combattre". La Déefle en continuant fon Discours fait allufion aux obftacles que le préjugé & la fuperftition oppoferentpendantlóngtems a fes progrès; au découragement qui fembla faifir tous les habitans de Batavia, ala vue d'un Jeune Enfant, qui füt 1'unique viétime de 1'inoculation parmi un trés grand nombre de perfonnes qui lafubirent trés heureufement; encore n'eft il pas bien conftaté que cet Enfant périt de 1'inoculation même. Après ces reproches, exprimés dans 1'original avec beaucoup (*) La petite Vérole. P 2  228 NOÜV. BlBLIOTK. BeLGTQUE. beaucoup de noblefle, la Déefle raconte que le premier qu'elle infpira fut un jeune ( * ) difciple de fes plus chers Favoris ( Mrs. Van Deeveren & Camper.') 31 commenc-a par inoculer fon Fils unique, & cette première expérience, pourfuit-el!e, devoit feule vous perfuader de J'excellence de mes opérations; puisque 1'art & la nature coneoururent a lesadopter; puisqu'un Père, habile médecin, ne balan^a pas a fe fervir de cette resfource de fon art pour fauver 1'objet chéri de fes foins & de fon amour. „ Cet exemple ne vous toucha point cependant, en vain je me préfentois devant vous, a 1'exception d'un feulEuropéen & de douze jeunes Efclaves, perfonne n'ofa fe eonfier a moi. II fallut enfin qu'un de vos grands, pénétré de 1'excellence du remede que j'apportois, me recut avec transport. Après cette époque plufieurs d'entre vous s'enhardirent k adopter mes opérations, On vit jusques dans les huttes des Pécheurs, le foupconneux Javanois dépouiller fa timi- <* dité» \ ) Mi. Van des Stees,  - Janv. Fbv. Mars. 1782. 229 dité, & fupplier Ie médecin d'Europe d'inoculer fes Enfans". „ Une Société qui s'eft établie dans vos murs, & qui n'a d'autre but que votre bien-étre anima un de fes Membres ( * ) è preffer mon utilité dans quelque Apologue, & a exciter dans tous les cceurs la haine de votre ennemie, le fuccès répondit en quelque forte h fes efforts; & 1'on vit plufieurs families embraffer la méthode dont il vantoit a fi jufte titre la bonté". O Vous ! tendres Mères, qui avez eu le noble courage d'expofer vos Enfans a ce falutaire danger, j'en attefte ici votre cceur! Ne palpite-t-il pas de joie? n'éprouvez vous pas les plus douces fenfations en voyant vos Enfans jouir d'un bon*. (*) C'eft 1'Auteur même de ce Difcours. On a de lui , Sophronisbe ou la Mère heureufe par 1'inoculation de fes Enfans , Anecdote Européenne. Nous croyons que c'eft l'Ouvrage dont on parle ici. Au refte Mr, Van Hogendorp eft un des principaux membres de la Société de Batavia. P3  •230 Nouv. Biblioth. Belgiqus. bonheurque dcsParens moins éclairés ont jusqu'ici refufé aux leurs; maisconnois. fez cependant 1'étendue de vos obligations; vousne mériteriez pas votre bonbeur, fi vousnetendezpar la perfuafion, par les prières, par 1'exemple de vos Enfans, par toutes fortes de moyens, d'amenervos Amis, vosParens, aeffayer auffi de 1'inoculation. La Déeffe fait enfuite le tableau de tems moins beureux ; Ie malheur arrivé a un jeune Enfant de quatre ans, que 1'on inocula, découraga les efprits; le troifième jour après 1'opération il füt attaqué d'une colique& d'une ébullution trés facheufcs. Ces accidens , que les antagoniftes mème de 1'inoculation n'attribuer-ent point a cette pratique, enleverent 1'enfant le vingt-unième jour; il n'en fallut pas davantage pour faire condamncr 1'inoculation ; comme fi , dit 1'Orateur, cette Pratique étoit en.même tems un préfervatif contre tous les autres maux, comme s'il falioit s'étonner que dans une Ville oü la mortalité fait jouvent les plus crucis ravages, un jeune enfant  Janv. Fev. Mars. 1782. 231 enfant ne put mourir, après unemaladie de trois femaines. L'Inoculation pourfuit fon recic, elle ne vit partout que des fcènes de défolation caufées par fon ennemie. Ces tableaus font tracés ici de main de maitre & font le plus grand honneur k Ia fenfi. bilité & aux talens de 1'Auteur. La Déeffe fut rccue avec de vifs tranfports k Samarang, oü 1'on ne tarda pas aéprouverfabénigneinfluence. Enfin au bruit des ravages que la petite Vérole caufoit k Batavia, elle vint une fecondefois auxfecours de fesHabitans. Elle termine fon Discours par une Tirade, qui eft de la dernière force dans 1'original, & dont nous allons tacher de donner quelque idéé, en terminant cet Extrait. Auguftes Chefs de ces nombreufes & fertiles Provinces! Qu'il me foit permis de m'adreffer a vous avec une noble & jufte confiance: La fageffe de votre adminiftration, la pureté de vos inten•tions, votre vigilance infatigable, votre zèle conftant pour ce peuple vous mettent au rang des plus cé'ébres Hommes d'Etat de notre Patrie; Mais c'eft auffi P 4 cn  2^2 ïfOUV. BlBLIQTH. BeLGIQUE. en vertu de ces éminentes qualités, que 1'on obferve en vous, que je crois avoir des droits fur votre blenveillance, Vous êtes les bienfaiteurs des Habitans de ces Contrées; & raa main leur préfente de? dons précieux. Vous êtes le bouclier, 1'appui, les protecteurs de leur exiftence , je leur apporte la confervation & la vie. Vous favez que la gloire des Princcs confifte dans le grand nombre des fujets , & je yiens les multiplier. Tous mes efforts tendent vers le même but, que vous vous propofez. Puisfai-je donc ne pas compter envain fur votre proteótion 1 Miniltres du Sancluaire! C'eft a vous furtout que mes opérations ne fauroient être indifférentes; le foin de la vie de tant de milliers d'hommesvous eftconfiè comme celui de leur bouheur éterr nel. Voila pourquoi on a vu les plus célèbres & les plus pieux Théologiens de 1'Europe fe réunir pour annoncer 1'excellence de mes opérations. En Angleterre les Madox, les Sorne, les Doddridge , les Warburton, en Hollande les Cbais, les Nieuvsland les Superville, les Cbe.  Janv. Fev. Mars. 1782. 233 Cbevalier , les Nabuis, & ce fameus Profefleur, donc les connoiffances, & 1'intérêt qu'il a pris a vos Eglifes ne fauroient vous être inconnus (*) , tous, foit dans la chaire de vérité, foit dans leurs écrits, foit dans leurs discours ont attefté mes fuccès mais fi vous préférez de fuivre la lumiere qui vous a été dêpartie, plutót que ces grands exemples> tout puiffants qu'il font, Hommes Respectables! permettez moi de vous propofer cette queftion; oubien vouscroyez 1'inoculation falutaire & conforme aux Loix divines, ou vous croyez que la Religion la condamne ; mais alors ne vousferiez vous point déclarés ouvertement contre-elle, dans les tems oü 1'on pomptoit plus de cent inoculés dans 1'enceinte de cette Ville. Fidèles Pafteurs! n'auriez vous point veillé fur votre Trou< peau ! Ah! fans doute, animés d'un zè'e religieux vous vous feriez élevés contre cette pratique. Point de crainte de (*) Nous ne connoiiTons que Mr. HofJlede a qui c»s traits puiflent faire ajlufion. P 5  234 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. de déplaireaux hommes, poincdemotifs humains ne vous euflent retenu. Vous auriez a jufte titre fait retentir nos Temples des anathèmes du Ciel contre ceux qui m'auroient adoptée. Et les malédictions d'Ebal euflent été trop foibles encore contre moi. Puis donc que vous avez gardé le lilence, j'ofe affirmerque vous goutez cette Pratique, & que vous ne la croyez pas contraire aux Loix Divines. Mais alors n'eft il pas de votre devoir, Hommes de Dieu! de prefier 1'utilité de la méthode que je propofe, d'exciter le Troupean que vous dirigez, a 1'adopter; en un mot, de me bénir, moi qui Papporte ici cette falutaire pratique, de me bénir a la face de tout le Peuple des bénêdictions de Jerizim? Et vous, Hommes favans & humains, qui voyez tous les jours de prés les ravages de mon Ennemie, vous qui faites fervir toute la Nature h la confervation des malheureux mortels, pourrois-jedouter de votre bienveillance? Ah! puifle la prudence , 1'attcntion accompagner fans cefle vos pas, furtout lorsque vousmet=> tez  Janv. Fev. Mars. 1782. 23$ tez en pratique ia méthode que j'annonce. Qü'elles ne vous quittent point depuis le moment oü vous ferez couler le venin bienfaifant dans le fang de 1'inoculé jusqu'a celui de fon entièrc guérifon. Puiffent cet paroles d'un des plus dignes membres de votre corps ( * ); l'Efclave le plus abjeSb ejtun bomme, & comme tel il a les mémes droits fur mon cceur que le plus ricbs Citoyen, — puiffent ces paroles être toujours adoptées parmi vous, qü'elles foient toujours votre devife, & que 1'efprit qui les a difté, puiffe vous animer toujours. Habitans de Batavia ! c'eft a vous maintenant a vous décider —— c'eft a vous a choifir entre celle qui vous parle & fa cruelle fceur ; fi j'ai le bonheur d'être préférée, j'apporterai lajoyedans vos maifons, j'en bannirai ou du moins j'en diminuerai le deuil & les affliclrons, j'afTurerai la force de vos Fils , & Ia beauté ( * ) Nous avons rapporté ce beau trait de Mr. Fan der Steeg; Voyez le Trimeftre de Nov. Dec. 1781. pag. 301u  236 NpUV. BfJLIOTH. jBELGTQUE. beauté de vos Fiiles, je demeurerai parmi vous comme une amie fidelle, comme une Protectrice foigneufe & éclaiïée, —— O Batavia.' fi jamais je t'oublie alors, que ma droite s'oublie elle-même, que ma langue foit attacbée d mon palais, fije neme fouviens de toi,fije ne fais de toi leprincipalfujet de maréjouisfance'? Ce Discours doit avoir fait la plus vive impreffion a Batavia, 1'importance du fujet, les charmes du ftile, tout a fans doute concouru a confirmer le Public dans lahaute idéé qu'il s'eft fait des talens de Mr. Van Hogendorp. Nous deflrons ardemment que les peuples de ces Provinces puiffent être bientót a même de lire dans 1'original cette charmante pièce. Ellene fera point fans doute le moindre ornement dufecond Volumejdes Mémoires de la Société de Batavia; que nous attendons dans peu, & dont nous nous haterons alors de donner l'Extrait. AR TI-  Jatjv. Fev. Mars. 1782. 23f ARTICLE TREIZIEME. Avis, Annonces, &c AVERTISSEMENT. La Haye. Ma'gré les foins & les dépenfes incroyables qui ont été confacrés a. 1'Edition Francoife des ESSAYS PHYSIOGNOMONIQUES de Mr. Lavater , il s'en faut pourtant de beaucoup que 1'exécution du premier Volume réponde entièrement aux efpérances de 1'Auteur & de PEditeur, Ia plupart des vignettes n'ayant pas réuflï comme ils 1'auroient fouhaité. L'impeffibilité de fe procurer a la Haye un Ouvrier alfez intelligent ou affez exact pour cette partie, exigera d'autres arrangemens, & on s'en occupe dès k préfent. L'impresfjon des vignettes ne fera donc confiée k 1'avenir qu'a des maïns dont Phabileté aura été fuffifammant éprouvée & reconnue, düt-on y pourvoir on dans une ville voifinea  238 NOUV. BlBLïOTH. BELGTOJJE. voifine, ou même en pays étraDger. Cette attention doitintérefl'ad'autant plus les Soufcripteurs, que le plus grand nombre des gravures eft refervé pour le fecond & le troifième Tome. Il en refultera un furcroït de fraix très-confidérable, mais 1'Auteur les fupportera feul; & non content de ce facrifice, il fera tout ce qui dépendra de lui pour rectifier les dêfauts du Volume qui vient de paroitre. Pour cet effet il fera refaire les vignettes qui ont été leplus négligées; on les réïmprimera fur des feuillets féparés, & ces nouvelles épreuves feront diftribuées gratis, avec le fecond Volume.; Enfin pour ne rien laiffer k defirer, Monfieur Lavater promet que les deux Tomes fuivans de fon Ouvrage auront plus d'étendue, & contiendront un plus grand nombre d'eftampes & de vignettes, qu'il n'en a annoncées par le Profpeétus & par 1'Avertiflement qui accompagne Ie premier Volume. Tant de dédommagemens qu'il s'impofe de fon propre mouvement , prouveront du moins qu'il cberche è remplir fcrupuleufement tous fes engagemens, & aréparerun aceident qui  Janv. Fev. Mars. 1782. 239 qui ue doit être reproché ni a lui-même3 ni i fon Editeur. d la Haye le j Mars 1782. Leydén. Ceux d'entre Mrs. les Profeffeurs de 1'Univerfité de Leyden, qui font chargés de 1'Adminiftration du Legs de feu Mr. Stolp, ont déterminé, le 15 Février, dans leur Affemblée ordinaire une Queftion de Théologie Naturelle , a 1'éclairciffement de laquelle ils invitent tous ceux, qui voudront prétendre au Prix, dont ils ont la difpofition , & qui confifte dans une Médaille d'or de la valeur de ajo Florins de Hollande. Voici cette queftion: Qud via fjf ratione op. time demonftrari potejl , non ejfe contra' naturam Dei perfeSiffimam, effecijfe mundum, in quo mala infunt ? c'eft - è - dire Quelle eft la meilleure maniere de démontrer, qu'il n'ejlpoint contraire dia Souveraine'perfeüion de Dieu, d'avoir créê un monde, dans lequel il y a des maux? Ceux qui travailleront è répondre k cet" te Queftion, font priés d'écrire leurs Uiffertations en Latin ou en Hollandois de forte qü'elles n'excèdent pas 40 pa! ges  240 Noüv. BlBLÏOTH. Belgiqijï. ges d'impreffion, & de les faire parveni? franco a Mr. le Profeffeur Pestel, Sécrétaire aciuel du Legs de Stolp, avant le ier Juillet 1783. Hs font avertis aufli d'y joindre un Billet cacheté, qui contienne leur nom & leur adreffe , avec une Devifc , qui doit encore être mife a la tête de leur Ouvrage. Le prix fera adjugéie 13 Oétobre 1783, & Ponn'ouvrira que le feul Billet, appartenant ala Differtation couronnée : Les autres, fans être décachetés , feront jettés au feu, a 1'exception de ceux, qui font attachés aux Pièces , qui auront méritéYAccefiit; & 1'on n'ouvrira ceux-ci qu'après cn avoir obtenu la permiffion des Auteurs. :£4-«iMH> PROSPECTUS. Hodierni Belgïi feptemdecim Provincias iifque interfertas ditiones, utpote & rerum infignium ubertate & crebra fortunae viciffitudine inprimismes&orandas, plurimi quidem , nee fanfr ine-  Janv. Fev. Mars. 1782. 24T ineruditi Scriptores fuisilluftrarunt lucübrationibus; alt vix non omnesaut unarri dumtaxat, aut certè paucas tantüm Regiones, ac paffim non ab omni retro antiquitate, fed nee genuinis veterum testimoniis fincerifque monumentis ubique adornandas fufcepêre. Neque tarnen videri mirum id debet, ctim eos fat muite defecerint venerands antiquitatis Monumenta, qusnempèyet longiüs latiüfque fparfa jacebant, quam ut ab homme uno poffent colligi; vel fpiffioribus obvolutatenebris erant, quam ut facilè dignofcerentur ; vel pluribus fervata clavibus tenebantur , quam ut püblica donarentur luce, virifque ijlu. ftrands Patrise ftudiofis vel tantilloeffent fubfidio. . ,■ Itaque quo de Patria fua pro viribus bené mererentur, atque eruditorum veritatis hiftoricae diligentium compendio fubfervirent, id fibi negbtii fumpferunc non.nulli Academie Scientiatum BruxellenfisSocii, ut difperfa veneranda: antiquitatis Documenta, tumprofana, tum facra, ac fingillatim inter haeevprobatiora Santïorum Èelgicorum Atia unde- fom.II.ParUi. Q cünv  2j2 NOUV. BlBLIOTH, BELGiqUE. cümque congererent, Monumenta qua?libet feüci forte inventa, divulgarent; fuis tandem erepta ergaftulis in lucem ederent; ac denique congruenti ordine difpofïta, fub Monumentorum Belgicorum titulo, juris facerent publici. Iftud porrö Opus ab eruditis Belgis Patriseque Hiftorias ftudiofis jam pridem avidiffimè exoptatum , è viris fummis ipfisque Belgii Moderatoribus iummoperè commendatum, in varias dividetur partes, de quibus fuo tempore' eruditos publico programmate monebit Iix.Marchio Du Chasteler,. ejufdem Academias Socius ac Direótor. Mihi interim, cui inter alias hxc demandata eft cura, ut SanStorum Belgii Chronologicam Seriem nova methodo, novoque ordine texam, ac, dum res feret, eorum Acla in epitomen cogam» vifum eft fufcepti a me Operis rationem reddere. Jam pridem eruditis omnibus notum perfpedtumque eft, ipfas Provinciarum, urbium & familiarum Hiftorias ex genuinw Sm&Qrum AStis jnagnam mutuari lu-  Janv. Fev. Mars. 1782. 243 cem, indéque opimam confcribendse Historiaj haud raró colligi meffem. At non ita inter omnes convenit, fitne Hiftorias Patrise ftudiofis optabilius, ut quasdam dumtaxat ex Atlis Sanclorum Belgii excerpantur loca , an ut eorum Afta integra cum commentariis in lucem proferantur. Er illi quidem, qui priori adftipulantur fententis, brevitati unicè ftudendum cenfent, at immemores Horatiarji hujus , Brevis ejje laboro, obfcurus fio ; adhsec non fatis illi advertunt, ipfummet Bouquetum integra SantHorum Afta fubinde Operi fuo intexuifie variifque illuftrafle obfervationibus. Alii contra, qui pofteriori adherent fententias, Bollandiani Operis prasclara" fama, ac velipfo, feu Henfchenii, feu Papebrochii nomine, fuam tuentur opinionem; at vice verfa haud fatis expendunt hi, non uniuscujufque facultatibus commodoque, confultum iri, fi omnia prorfus SanSlorum Belgii Atta cum amplis commentariis in lucem prodeant, utpote quae ad vicena facilè volumina excurrere nataftmt. Q z Ego  244 NoÜV. BlBLIOTH. BelGIQUE, Ego ita rem mecum ipfe reputavi. Suntin Boliandianorum Opere ineditaque eorum fuppellectile litteraria Sanftorum Belgii Afta nonnulla, puta SS. Eligii, Sigeberti, Vedafti, Amandi, Wïllibrordij quibus ne unam quidem periodum, citra eruditorum juftiffimam querelam , adimere queas. A t verö exftant & in laudato Opere atque in Bollandianorum fcriniis complura Sanftorum indigenarumActa, qua? falva eruditorum Pacria3queHistorie amantium pace, non una ex parte minui, aut faltem in epitomen contrahi poflunt. Itaque neutri altercantium fententiaï adhasrendum cenfui , placuitque adeö viam inire mediam, qua nempè& Historicorum veterum intelligentie, & argumenti, qaod tractant , dignitati, ac publico fimul commodo inferviatur. Statui ergo, ne ceteroquin exfuccam, mutilam & indecoram Academico focio farraginem, néve è contrario valium nimis Opus emittam, pauca dumtaxat, eaque Selefta Sanftorum Belgii Afta, ex manufcriptis codicibus, vel ex Bollandiano Opere Typis ernittere; rcliqua veró S'vne*  Janv. Fev. Mars. 1782. 245 Sanftorum Belgii Afta, quantüm res finet, in epitomen contrahcre ; acdernüm qua: Bollandiani , pro fui Operis inftituto, hafteniis intaóta liquerunt, Documenta Belgica, ea itidem ex manufcriptis codicibus in lucem protrahere; ac novo prorfus ordine cunóu difpoDere, nimirum Chronologico , ac ferie non interrupta, ad eum ferè modum , quo gentium Annales feu facri, feu profani, contexi folent. Porrö quae ex codicibus manufcriptis editurusfum Afta, aut, prout res poftulabit, felefta ex iis teftimonia hiftorica, ea non ?amplis commentariis , quod fuo tempore Bollandiani prasftabunt, fed brevibus illuftrabo obfervationibus, ac vel maximè ejufcemodi , quibus veteri feptemdecim Belgii Provinciarum acLeodienfis Cameracenfisque dicecefium Historie Topographisque lux indubia afferatur. Atque hoe quidem patio non ultra lex volumina hoe Opus excurrer. Ceterhm de fingulorum hujufce Opens voluminum difpofitione, de editionis modo, voluminumque pretio leöorem hsec monitum velim : 1°. unumquodque Q, 3 v0"  246 Nouv. B:Bi*roTH. Bélgiqué. volumco coroplccletur paginas plüs rrtinis feptingentas, ac binos faltem indices, his. toricum nempe & topographicum, quo. rum alcero res peifonsque memorabiles, altero locorum. nomina fitufque recenfebuntur. II0. Characterum ad propofiti Operis editionem adhibendorum forma? charta? fpecies ac magnitudo easdem erunt, quas Profpedtus exhibet ; & quidem, quod ad charaéleres feu typos attinet, novis omninö ac fumma induftrii confiatis hoe Opus excudetur. 111°. Prodibit fingulis annis tomus unö3, fi modö per typographorura diligentiarfl liceat. IV°. Noia excudentuf, nifi cefitum hüjus Operis cxempbria fupraeorum numerum,qui hie impreiTas pagina fequenti fcheduis nomen fuum ante diem i Aprilis, auni 1782 fubferipferint. V°. Qui ante prsefixum diem fimili fcheduls non fubferipferunt, pro fingulis voluminibus folvent florenos novem Brabanticos, currentis, utvocant, monetce. Reconnoiffance qui doit être envoyée a 1'Auteur a Bruxelks, ou a Jean Van Duren Librairca la Haye.  Janv. Fev. Mars. 1782. 247 Je fffufiigné m'engage a prendre Exemplaire complet de l'Ouvrage ayant pour titre Acfa Sanctorum Belgii Selecta, ij dpayer è M. l'Abbé Ghesquiere» ci-devant 1'un des Bollandiftes, la fomme de fept fiorins argent courant de Brabant, pour cbaque volume dudit Ouvrage qu'il me délivreta, ou qu'il remettra & mon CommiJJionnaire • promettant de faire parvenir auiit Abbé avant le 1 d'Avril 1782, la préfente reconnoijjance affrancbie de port, ainfi que ladite fomme de fept fiorins, i la litraifon de cbaque volume. En foi de quoi j'ai fignè la préfente d ce NB. On prie MM. les Soufcripteurs de vouloir bien marquer diftinftement fur la Reconnoiflance ci-deflus, leurs noms, leurs furnoms, 1'endroit de leur domicile, & leurs titres , afin de pouvoir les inférer (s'ils le permettcnt) dans la lifte des Soufcripteurs qui fera publiée coDjointement avec le premier Volume. Q 4 Mas-  2 \g NOUV. BlBLIOTH. B^LGIQUE. Maestricht. Une Société Patriotique de cette Ville promet pour prix une Médaille d'or, de la valeur de 300 fiorins, Brabant de Liége, ou bien en efpèces, a celui qui aura Je mieux iatisfait aux queitions fuivantes. Qjtelles font les caufes. , auxquelles on doit attribuer la cbüte du commerce. & des Fab iques dans la Ville de Maeftricht ? Quelles font les branches de commerce £ƒ les Fabriques qu'on pourroit y entreprendre avec avantage ? Quels font les molens les plus propres a être emploiés pour les introduire les faire prof pér er dansk cette Ville? Les réponfes ne devront pas fimplement fe bomer aux principes de commer. ce en.général, mais 1'application doit en être faice a cette Ville en particulier. On défire que ce qui fera propofé, réiativement a quelques branches de commerce ne confifie pas en fimples fpéculatipns, mais que Tavantage en foit, réél- lft  Janv. Fev.. Mars. 1782. 249 iement démontré, & juftifié par un cSlcul exact autant que poflible. Et quant aux moiens a employer pour 1'avancement des différentes branches de commerce , ils ne devront pas être contraires è la conftitution actuelle de la ville , mais tels, qu'on puiffe les effectuer, fans de nouvelles exemptions ou de nouveaux privileges. Les réponfes , écrites en Latin, Hollandois, ou en Francois, feront adreffees franco, avant Je 15 du mois de Maïs 1783 h Mr. Pb. Fermin, Echevin de Ja Ville & membre de la dite Société. On prie les Auteurs de ne point fe Hommer, mais de mettre fimplementune devife , a laquclle ils joindront un billet cachété, qui contiendra ayec la devife leur nom & leur demeurc. Le mémoire couronné par Ja Société fera imprimé a. fes fraix, & on y ajoutera le nom de. 1'Auteur, s'il y confent. Ma n h e 1 m. Nous avons été requis d'infèrer le programme fuivant dans notre Journal. On fe rappelle que Ja Société Palatine de Météréologie qui le publie Q 5 avoic  %$o Nouv. Biblioth. Belgiqué. avoit déja annoncé précédemment ( * ) un projet d'Obfervations Météréologiques entreprife par elle; oü elle demandoit des Correspondans pour travailler de concert, avec des inftrumens femblables , & 'oü elle ofFroit de la part du Prince Palatïn , Fondateur de cette Académie de fournir ces inftrumens a ceux qui voudroient s'occuper de ces obfervations comparables. Ce projet étoit trés bien vü ,. & rien n'eft fans doute plus propre S favorifer les progrès de la Science Mé$éréologique. AD REI METEOROLOGICAE STÜDIOSOS. Societas meteorologica Palatina, tomo primo Ephemeridum fuarum in lucem emittendo fe accingens, omnibus pra> ( * ) Veyez Journal des Savans, Mai ï78t p. 4.15. & 1'Efpritdes Journaax, AoiiÉ 2781. P- 403-  Janv. Fév. Mars. 178a 251 praster propter fubductis comperit, fum-> tus ad hoe opus necefiarios ob vim prope immenfam riumerorum in tabuiis occurrentium non exiguos fore. Ne igitur plura edendo exemplaria , quam forte diftrahantur , impenfas perdéret, vram fubferiptionis inire decrevir. Argumentum hujus tomi erit, 1 ) hiftoria Societatis; 2 ) defcriptio inftrumentorum me tcorologicorum, tam eorum, quae Societas per Europam diftribuit, quam quibus praeter haec Manheimii utitur; 3) obfervationes arni 1781, éx diverfis^ quae hucusque ereclae funt, ftationibus colleclae, integrae, ut faclae funt, non eentractae, variisque notis & calculis ilïuftratac; 4) cetera edam in Monite (*) denuntiata, fi tempus & circumftantiae bac vice id tulerint. LiDgua, qua opus prodit, latina eft, cete-f (*) Ante hunc annum Manheimii edito, atque ita inferipto, Monitum ad objervatores Soeittatis ineteorbhgicae Palatinae , a Sèrtmjim» Eleüore Carefo Theedüi recent itifti- tuïae.  t$2 NöUV. BlBLIOTH. BELGïQUE. ceteris propterea antelata , quod literaus omnibus fit communis. Levi pretio ut comparare illud fibi rerüm meteorologicarum amatores queant, folia fingula 5 crucigeris, five-h Floreni rhenani (*.), focietas hac faltcm vice dabit. Eodem pietio venibit fupra memorata inftrumentorum defcriptio , ita typis excudenda, ut feparari a reliquis operé poffit. Haec non tantum inftrumenta integra & particulatim adjunctis figuris aeneis diftin&e exhibebit, fed & fingulares illas rationes ac cautiones tradet., quae ad multorum conftructlonem ufumque requiruntur. Cum nondum expletus fit ftationum numerus, quas Societas ponere conftituit, praeterea earum nonnuilae, quas modo habet, aut rjihil aut parum adhuc conferant, opus integrum hoe anno, duo, ni fallimur, alphabeta haud multum excedet. ^ Tam ,o)jD9 iinuddatJ." cunas >••9 v ■ (*) Floreni hujus generis undecim libras galjicas 24 afficiunt, thaleros Saxonicos fex $t groflbs duos.  Janv. Fèv. Mars. 1782. 253 Tam pro opere integro quam pro defcriptione inftrumentorum feparatim iubfcribi usque ad finem menfis Maji in Stationibus noftris principibus poteft. On indique encore dans le programme que nous venons de tranfcrire les endroits oü. les foufcripteürs peuvent s'addreffer. Pour Ia Hollande, on eft prié de fe faire infcrire , chez Mr. S, P. Van Swinden Avocat k Ia Haye , & Frère du fameux Profeffeur de ce nom a Franeker. On prie ceux qui voudroient foufcrire d'affranchir le Port de leurs Lettres. La Société aura foin fon de cötê d'envoier Franco les exemplaires;de fes Mémoires, aux plus fameux Libraires de Strasbourg, d'Ausg' bourg, de Cologne, de Francfort, deieipzig, & de Vienne. AR-  £3© iNpUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. MEMQRIAE ARTICLE QUATORZIEME. P O E S I E S. Comme le but de ce Journal eft parciculièrement de faire connoitre aux Etrangers nos richeffes Littérairesen tout genre, nous croyons faire plaifir aux amateurs la Poëfie Latine, de leur tranfcrire quelques pièces qui méritent d'être diftinguécs: la première a pour Auteur Mr. J. De Groot, célèbre Avocat k la Haye,' & connu par plufieurs pièces de vers qui lui ont fait beaucoup de réputation. Les deux autres morceaux font de Mr.Marron, dont nousavons déja parlé dans la première Partie de cette Bibliothèque.  Janv. Fev. Mars. 1782. 255 J. MEMORIAE. BENTINKI ANAE (% S. Sparge triuinphaies hocmoefto in funere laurus, Belgica, magnanimos fueta creare viros. lias meruit tuus ah! viridi Bentinkius aevo Qui cecidit, efigaas mauibus inferias. Has viftor domitis tibi detulit ille Britannis, Ornatura tuas munira grata eomas : Quum Pauiam rediit, fed vulncre truncus aeerbo, Sti Stygiis jam jam piaeda futurus aquis. Pro doior! O quanto ftetit baec viétoria, quae nosa Sanguine tam caro fqrdida, fiere jubet 1 Janus Grotius. I I. D. M. FORTISSIMI HEROIS. GUALTERI, JANI, BENTINKII,' -Sifte gradum, Patriae quicunque accenfus amore, Exeris invil'o libcra colla jugo. iStemmaJ (*) C'eft ce brave Capitaine, qui périt des fui-I ns d'une bleflüre, qu'il reeilt » la Bataille du Dog-i Smirnik le 5 Aoüt 1781.  25 lons, m'écriai - je, nous y rémédierons. ■ Nous demandames au marchand s'il vouloit nous vendre des bas & des jupons pour ces enfans. le marchand fe prit è rire & nous dit qu'il ne vendoit rien de tout cela, & qu'a la Sr. Nicolas on n'achetoit que des bonbons & des joujoux. Heureufement Fanchon nous mon-  Janv. Fev. Mars. 1782: 287 montra une Boutique, vis a vis de celle du marchand, oü Ton vendoit ce que nous cher- chions. Oh! c'eft bon! c'eft bon, di- mes-nous Mr. le Marchand nous revien- drons tout a Theure > > nous courumes k cette boutique & j'y achetai une paire de bas pour le plus petit, ma Coufine donna un jupon a i'autre, nous les leur fitnes mettre tout de fuite; la pauvre femme paroilTiit fi contente elle nous remercia tant, tant, oui ■ bien - mille fois. . Après cela je dis a la pauvre Femme —— ma Bon- ne avez vous bien du pain pour ce foir 1 Hélas —— repondit - elle , en foupirant, pas trop , . . Eh bien demandois- je a Fanchon , n'y a t'il pas ici prés un Boulanger. Oui, ma chère Charlotte, me dit Fanchon, a quatre paf. Allons lui-dis- je, ces bas ne m'ont pas couté grand chofe,. tiens, voila encore de Targent, cours acneter deux bons pains pour cette pauvre Femme ■ 1 Ah f ma chère Demoifelle, dit-elle du pain de feigle fuffit, cela eft aftez bon pour nous. Oui - oui, dit Fanchon, je fais bien ce qui vous convient elle fut chez le Boulanger, & revintun inftant après avec un grand pain blanc deftbus le bras, elle Ie donna 4 la Femme; la bonne perfonne fe mit a pleurer de joie', Ah Maman! ma Coufine & moi nous avions aufli bien envie de pleurer • & cependant nous étions fi con« tentes.' Pendant ce tems les Enfans ne cesfoient de regarder vers Ia belle boutique, & ne paroiüoient pas aufli contens que la mère.  288 Nouv. Biblioth. Belgiqtje. mère. Les Pauvres petits .' dit Fanchon, ils ne fentent pas ce qu'il leur eft néceflai- re allons, dit ma Coufine; rendons auffi ces Enfans contents, j'ai ene are un peud'ar- gent, je leuracheteraiungateau. &moi dis-je, je leur donnerai a chacun une petite poupée nous retournames émc a la première boutique , & nous fitnes ces emplettes; oh.' alors ces Enfans furent fi contens, oh.' maman , c'étoit un plaifir de les voir; ils nous remercierent tant, ils moncrerent tant de reconnoiflance , Ia pauvre femme faifoit la révérence & nous remercia auffi bien - mille fois &c. C'eft aux cceurs fenfibles i apprécier ce récit, nous nous garderons bien d'en affoiblir 1'effet par de froides louanges; nous croyons qu'il eft impoffible de le lire fans attendiffement; il eft bien plus piquant encore dans Poriginal, par le ton naif de Charlotte malgré nos efforts nous n'a- vons pu 1'imiter que bien foiblement. Vie de BarberouJJe, Général des ArméesNavales deSoliman n Empereur des Turcs; dBrU' xelles éf » Amjlerdam chez le Francq, é? Vlam li%xin 120 de 142 pages. Prix ƒ o-11-0.Les Journaux Francois feront connoitre fans doute cetOuvrage qui eft de PAuteur de la vie óejean Bart; il contient des détails fortintéreffans fur ce fameux Rénégat, qui de fimple Gentilhomme Frangois parvint aux premières dignités de la Marine Turque fous le nom de Hariaim.  NOUVELLE BIBLIOTHEQUE BELGIQUE, TOME SECOND Seconde Partie. AV RIL, M A I, JUIN, MDCCLXXXIL V d J A LA HAYE, — Chez C. PLAAT, Libraire dans le Hofftraat. MDCCLXXXIL  $XMS JbÜ LÏBRJltR& Par un eoneoufs fortuit de circoDftances» que 1'on n'apuni prévoir, ni prévenir, cet» te Bibliothèque paroit plus de quinze jours après le tems. On allure Meffieurs les Souscripteurs, qu'ils n'éprouveront point 4 1'ayenir de pareil retard. Au refte il eft bon de faire obferver ici, que nous ne nous bornons pas exaftement au nombre de 15 feuilles felon nos engagemens; puisque la première Partie de ce fecond Volume ea coBtient 18, & celle-ci 17. Le rjrix reftera cependant toujours le même. TABLE  i»g. tb T A B L E DES ARTICLES. I. Recherches sdr les cao- ses de LA PROSPfeRlTÉ JDES Provinces Unies. 290 II. HlSTOIRE NaTURELLRDE tA Hollande, ir. £axt. 296 III. BlBLIOTHÈQUE. de Mêdecine. 329 IV. Instructions sür l'Histoire Sainte. 334 V. Recherche sür l'Fpoqüe de la Liberté Batave. 343 VI. Mémoires de la Société de Haarlem. 367 VIL M moirls de la Société de Metëreol: et de Medec: de la Haye , ir. Extr. 402 VUL R. CHEkCHES SUR la MYthologie des JüIFS. . 43 % XI. R£-  w TABLE des ARTICLES. pag, IX Rkchprches sur le Bapteme des Adultes. 442 X. Letti ce qu'on puniroit dans un particulier, n'eft regardé trop Jouvent dansles Prin«es que comme des traits de génie & d'une Tl fi*  202 NOUV. T3lBLT0Tflr. BELGtQUfi. fublime politique. II étoit donc trés dangereux d'expofer les deftins de 1'Etat aux hazards ü'une Alliance que Ia moindre circonllance pouvoit détruire". „ Avant la Paix de Munfler il étoit de notre intérêt de nous liguer avec toutes les Puiflances Européennes contre la Tyrannie Efpagnolle, & de fufciter k Philippe affez d'ennemis pour 1'obliger k divifer fes forces ". „ Mais la Paix de Weftphalie auroit dünous engager k fuivre un autre fyftême Politique. Le commerce, ce nerf de 1'Etat, exigeoitque nous vivions enbonne harmonie avec tous nos voifins; Nous n'avions plus d'Ennemis k combattre, mais des rélations k former, pour étendre notre Navigation & notre Commerce; il étoit donc naturel de faire des Traités d'amitié, de commerce récipro.que tjc. mais rien n'étoit plus mal vü que de former des alliances pour la difenfe commune, qui n'aboutiffoient qu'a éveiller la jaloufie, & 1'ambition des au. . tres Peuples, lesquels ne pou voient pas rester fpeitateurs indifférens de ces Négotiations. Ceft ce que la guerre qui fui- vit  . AvriLj Mai, Juin. 293 vit de prés Ia Triple Alliance 11'a que trop confirmé "• £n rendant aux De Wit toute la juftice duea leurs vertus & a leurs talens, 1'Auteur remarqué cependanr,que ces iiluftresFrèrcs ont malheureufement poulTé beaucoup trop loin leur acharnement contre la maifon d'Orange. Sans eux, fans les resiörts qu'ils firent jouer pour éloigner le Prince, nous ri'aurions pas eu a foutenir la feconde guerre contre les Anglois, & Charles II feroit, peut-être, demeuré fidclle obferveleur de la Triple Alliance. En effet, malgré notre fupériorité fur mer, & les fuccès de nos Amiraux, 1'armée de terre étoit dans un état déplorable; rien ne pouvoit réfifter a Louis XIV & Ia République étoit, peut-être, perdue fans relTource. Mais Guillaume dès fon avénement au Stadhoudérat trouva le moyen d'engager fon Oncle, 1'Electeur de Brandebourg, è fe declarer contre Louis XIV. L'Efpagne, 1'ancienne ennemie de la République entra dans la même alliance, le théatre de la guerre füt porté ailleurs & la Hollande füc fauvée &c' L'Au-  294 Nouv. Biblioïh. Belgïque. L'Auteur obferve après plufieurs Historiens, que la mort de Guillaume III, ne caufa presqu'aucun changement dans les Traités & dans les Alliances, que ce Prince avoit projettés pour abaiffer la France. Le grand point étoit d'empêcher que les Pays-Bas Espagnols ne tombasfent pas a la Maifon de Bourbon, & que ni celle-ci, ni 1'Autriche ne parvinlfent è regner fur 1'Efpagne. La République attaquée par la France , fe vit obligée, pour arriver a fes fins, d'entrer dans la fameufe guerre de Succeffion; mais, continue 1'Auteur, je ne vois pas qu'il étoit fi fort nécelTaire de fe conferver au prix de tant de fang & de tréfors des Villes, qui depuis la perfeftion de Tart militaire ne font jamais dés remparts affurés contre des forcés fupérieures. Les mines, les globes de compreffion & tant d'autres inventions de la Tarftique moderne, rendent presque inutiles 1'art des Vaubans, & des Coeborn , ó quoi fervent donc ces Barrières fi vantées? k «en, qu'a faciliter les fuccès de 1'cnne'mi, en nous formant è divifer nos tröupes, en expofant nos armées dans des places  Avril, Mai, Juiw. 195" places de peu de valeur, au lieu de le« cmployer k défendre le cceur du pays; &c. Notre unique but, en prenant part k cette guerre, étoit de conferver nos Frontières dans les Pays-Bas, maispuisque ces Villes étoient d'une li petite importance en comparaifon de ce qu'il en coütoit k 1'Etat pour lesgarder , il;eut été fans doute plus politique & plus avantageuxdene point entrer dans cette guetre"— &c. T 4 AR.  %o6 Nouv. Biblioth. Belgique. ARTICLE SECOND. Histoire Geographique , Physique, Naturelle 8* Civile de la Hollande, par Mr. le Francq de Berkhey, M. D, 6? Lecteur $'Hiftoire Naturelle de VUniverfitè de Leide; Traduit du Hollandois. IV Volumes, a Bouillon, aux dépens de la Société Typographique, 1782. ( £? fe trouve h la Haye chez J. van Cleef Libraire), prix ƒ 6 - 10 - o, PREMIER EXTRAIT. Comme l'Ouvrage' Hollandois dont nous annoncons la Traduction, eftregardé, malgré fes défauts, comme un des plus beaux monumens qu'on a érigé h lagloire de notre Patrie, il nous femble convenable de fixer les yeux de nos Ledteurs fur cette eftimable pro. duftion de Mr, de Berkhey; il eft per-  Avril, Mai, Juin. sq? mis de reprendre fon bien partout oü on le trouve; or comme 1'Hiftoire Naturelle de la Hollande appanient fanscontredit a cette Province, les Auteurs de la Bibliothèque Belgique peuvent auffi: s'occuper de ce Livre, quoiqu'imprimé cfeez 1'Etranger. Le goüt de 1'Hiftoire Naturelle eftgênéral en Hollande; il n'y a point de Ville, point de Village, pour ainfi dire, oü il n'y ait des cabinets, remplis des plus rares produöions de la Nature. Le célèbre Linnxus doit une partie de fa gloire aux Savans Hollandois, qui ont écrit avant fan; tels font MM. Boerhaven , Swammerdam, Seba, & tant d'autres. La Botanique, en particulier, a été cultivée depuis bien longtems avec fuc-' cès en Hollande. Dodonteus, Bevervoyk, Nyland, Hondius, fe font diftingués dans cette carrière. Dans le 16 & 17e fiècle la Phyfique fit en Hollande des, progrès conftans, Ce fut au milieu des troubles de la guerre que Pifon , né è Leide , écrivit 1'Hiftoire Naturelle du Bréfil. On peut encore citer les Ouvrages de plufieurs Voyageurs illuftres, tels T j que  298 Nouv. Biblióth. Belgique. que Rumpbitt!, Valentin, Zorgdrager, & furtout ceux de MUe. Sybille Merian, qui, après avoir fait 1'Hiftoire des Infectes de 1'Europe, eüt le courage de traverfer la mer, pour nous donner celle des infecles de Surinam-. Les Arts Méchaniques oe doivent pas moins aux Hollandois de ces tems. On fait que JanJJen & Lipperbeim, faifcurs d'inftrumens d'optique en Zélande, firent les premières Lunettes d'approche; & que Corneille Drebbel, oü Drebellius d'Alkmaar, inventa le microscope a doublé lentille, & le thermomêtre. Toutes les autres parties de la Philofophie ont été de même cultivées avec Ie plus grand fuccès en Hollande, & 1'Europe favante ne fe rappelle qu'avec TeconnoifTance les noms immortels des Leeuwenhoek ( * ) des Boerbave , des Caubius , des Van Merven , Van CoUn, Leegwater Ct) &c. des Huygens, 's Gra- (*) Connu principalement par la découverte des animaux fpermatiques. ( \) Ces Mathématiciens célèbres perfec- tion-  AvriLj Mai, Juikt. 499 's Gravezande , Hartzoeker , Mujfchtniroek & de tant d'autres. C'eft ercore a 1'étude de la Phyfïque en Hollande qu'on eft redevable de 1'invention falutaire des pompes a feu. On a fait encore des progrès furprenans dans 1'Anatomie; les Ruyfcb, les Tulpius, les Albinus, font trop connus, pour qu'il foit néceffaire de prouver combien cet art doit aux Hollandois. Mr. Le Francq de Berkbey marche bien dignement fur les traces de ces grands hommes, & l'Ouvrage dont nous allons maintenant nous occuper lui affign?ra fans doute une piace diftinguée parmi les Savans, & les Naturalift.es Hollandcis; furtout depuis que fon Livre vient d'acquérir un nouveau dégré de publicité par la Traduction que nous avons fous les yeux, & qui mettra les Lecteurs étrangers en état d'en apprécier tout le mérite Voict tionnerent le moulin « êcopes. On doit au dernier le recouvrement de plufieurs belles prairies , qu'il trouva 1'art de retiret du fein des eaux qui les couvroient.  300 NOUV. BlBLIOTH. BELGIQUE. Voici en peu de mots le plan qu'il a fuivi. B ne fe borne pas a faire une fimple nomenclature des productions de la nature en Hollande, quoiqu'il n'entreprenne point de les claiïer avec toute l'exaftitude qu'un ouvrage de cette efpèce femble 1'exiger. II nous donne uniquement 1'Hiftoire des Animaux & de leur manière de vivre : a quoi il ajoute ce que fes propres recherches lui ont fourni d'utile & d'agréable. Après avoir traité tout ce qu'une clafTe a offert & fes obfervations, il enfeigne la meilleure manière de raffembler & de conferver les objets de cette clafle; afin que les amateurs, quiregardent cet art comme un fecret important, puiffent en retirer quelque fruit. En fuivant cette méthode , il traite d'abord des terres, des foffiles , & des pétrifications ; enfui» te il paffe a 1'Hiltoire Naturelle des animaux , enfin il nous donne celle des plantes. Notre Auteur a préféré cette divifioo, parceque le regne minéral n'eft pas affez abondant en Hollende pour fovjrnir feul ua volume: d'ailleurs il eft  Avril, Mai, Juin. 17Ö1. 301 aflez indifférent lequel des trois regnes fe trouve le premier. Mr. de Berkbey fait précéder fon Ouvrage d'une courte defcription Géographique de la Hollande & de fes rivières; il y a joint quelques recherches fur 1'état de l'atmosphère de ce Pays. L'Hiftoire naturelle eft le récit des événemens & des propriétés de la nature; Dans ce fens elle eft pour 1'homme une fcience immenfe, qui, fous ce nom , en comprend plufieurs autres; & comme c'eft par leur réunion, qu'on peut établir fur une bafe folide 1'Hiftoire Naturelle, 1'Auteur a cherché h les appuyer 1'une fur 1'autre, pour en former un feul plan régulier. Mr. De B. s'eft era autorifé a érendre les divifions des regnes, des claiTes, des races & des rangs qui ont été trop relTerrés par quelques Auteurs. II ne fait auffi aucune difficulté de donner le nom de genre divifé ou mi-parti auxobjets en qui la nature lui fait reconnoitre des qualités équivoques: plutót ajoutet-il, que de ranger ridiculement 1'homme dans ia claffe desChauves-Souris- Cette  80» NOÜV. BlBLIOTH. BeLQIOJJE. Cette méthode, qui eft celle de MM. de Buffon & d'Aubenton, mérite fans doute la préférence a bien des égards. II eft tems de paffer a l'Ouvrage roê% me, car tout ce que nous venons de dire eft tiré de l'Introduüion, qui contient encore une infinité de chofes intéreffarjtes. Les deux premiers Chapitres contiennent Ia Defcription Géographique de la Hollande, en tant qu'elle a rapport a •1'Hiftoire Naturelle du Pays; on fent qu'ils ne font pas fufceptibles d'Extrait. Dans quelques Chapitres fuivans PAu' teur décrit le cours des rivières de la Hollande; il fait plufieursremarques fort curieufes fur les cótes de cette Province, & fur le flux & reflux de la Mer du Nord le long de ces cótes. „ Les cótes de la Hollande, le long desquelles le fable & les bancs de fable s'accumulent cu diminuent tour a tour, éprouvent auffi 1'influence générale du flux & du reflux ae 1'Océan 'dans Ia mer du Nord. Les effets des différentes phafes de la Lune fe remarquent particuliè- rc-  Avstl, Mai, Jura, i?8i. S«3 rement fur Ia marée. —— La Lune dans 1'efpace de vingt quatre heures, cinquante minutes ou environ, c'eft a dire, pendant Ie tems qu'elle met k revenir au même point du méridien d'un lieu donné de la terre, caufe deux fois le flux, & deux fois le reflux. La marée emploie ordinairement fix heures k monter; après quoi il y a une fuspenfion infenflble ou de balancement de douze minutes, pendant lequel 'la mer n'a ni flux ni reflux. On obferve la mêmechofe après le reflux. Lorsque la marée monte, la greve eft fi tendre & laboure fi fort, qu'on ne peut aller en voiture que fort prés des Dunes, & c'eft ce que les Pécheurs nomment maumis rivage. Outre Ie flux & le reflux journalier de la mer du Nord, elle eft fujette encore aux hautes & balles marées , au tems de la nouvelle & de la pleine lune; les marées, font plus grandes encore pendant la nouvelle & pleine lune aux équinoxes du pr interns &«de 1'automne. Ces doublés hautes marées font trés dangereufes, k caufe de la difficulté de déterminer le mouillage & laprofondeur de l'eau: d'au- tant  304 Nouv. Biblioth. Belgique. tant plus qu'il eil difficile alors de conDoitre les bas fonds; Le flux & le reflux ont a peu prés la même influence fur 1'emboucbure des rivières, les golfes j les lacs, & les autres eaux de la Hollande. On a dreffé des tables fort exadtes de ces tems; de forte que le moindre matelot peut trouver facilement 1'heure &l'inftantduflux & du reflux dans tous les ports". II y a en Hollande un grand nombre de terres marécageufes, lesquelles, principalement en byver, font molles & humides: la plus grande partie des Polders, doivent être garantis par des chauffées & des moulins, des eaux intérieures. Outre ces Polders, qui proviennent de la fituarion bafle des terres, il y a encore une autre efpèce de marais qui font formés au milieu des terres élevées par l'eau, qui découle des eaux & des dunes. La caufe naturelle de ces goufFres de fable ou fables mouvans qu'en trouve en grand nombre fur les grèves de la Hollande, doit être attribuée è l'eau de la mer, laquelle, portée par le flux par deflus  Avril, Mai, Juin. 1782. 30$ deflus les bancs fecmes pofés fur de 1'argille ou de Ja terre glaife, jusqu'aux endroits , oü. il n'y a point deS fonds d'argiile, croupit fur un fond de fable, qui fe delTèche & perd fa confiftance furtout après les petites marées. A quoi il faut ajouter une communication fouterraine, plusou moins grande, que ces goufFres de fable ont avec la mer, qui, en bouillonnant par deflbus, tient ce fable dans cet état mouvant, en emporte 1'affife, ctl'empêche de s'entafler pour former un terrein folide, ainfi que cela eft naturel au fable que la mer jette fur des banes folides. Peut-être encore que cela provient de ce que l'eau ne s'imbibe pas auffi promptement dans 1'argille que dans le fable; ou bien qu'étantportée par deflus les bancs, elle y eft retenue, tandis qu'elle eft entrainée ailleurs par le reflux. Quoiqu'il en foit, il eft furprenant que ces goufFres de fable changent quelquefois de place, de fortejqu'il s'en forme d'autres ailleurs: ce qui doit fans doute être attribué aux changemens,qui arri vent dans le cours de la marée,foit par des tempêtes, foit par des profondeurs. Ces . Tome II. Part. 2. V gonf.  n 306 Nouv. Biblioth. Belgique. goufFres font trésdangereux, furtout lorsque la marée monte, parceque croyant pofer lepied fur un terrein folide, on enfonce tout a coup dans le fable. 1\ exifte des fontaines minérales dans les environs de la Hollande, & affez probablement dans cette Province même. Pline parle d'une pareille fontaine, & felon ccrtains Savans, on conjeéture qu'elle doit avoir été aux environs. de la Riviere 1'Eem , dans le Pays des anciens Cauches, ou Auches, c'eft-a-dire, fur les frontières d'Utrecht du cöté d'Amersfoort. En effet on trouve dans ces endroits une grande quantitê de matières minérales, ferruginenfe* & même vitrioliques. Dans le Chapitre fixième 1'Auteut traite du climat Ide la Hollande. Les amateurs de la fcience Météréologique trouveront ici plufieurs détails , qu'ils ne liront pas fans intérêt; lesobfervations que Mr. le F. de B. nous communique fur la rofée font trés importantes; Le Chapitre fuivant trajte des Phénomenes de l'air, caufés parj les météores aqueux; des tremblemens de terre &c. dans le huitieme 1'Auteur difcute trés pro-  AvRiL, Mai, Juin. 1782. 307 profondement tout ce qui a rapport aux Vents, & il nous donne des tables de Ia force des Vents pendant une longue fuite d'années. II paroit par les différentes obfervations que 1'on a faites a ce fujet, „ que les vents fe fuccèdent bien 1'un a 1'autre en Hollande , mais que leur quantité diffère cependant beaucoup d'une année a 1'autre, quoiqu'on trouve une égalité entre la quantité des jours des années moyennes. ■■ Que par rapport k leur force & quantité pendant une faifon on ne peut rien conclüre de certain d'une année précédente pour 1'année fui.vante, fi ce n'eft feulement que Ia plupart des orages & la plus grande force des vents ont lieu dans les mois de Décembre, Janvier & Février; que cela eft moins général durant les mois de Mars, è'Avril, de Septembre, ó'Oclobre & de Novembre, & qu'on éprouve le moins de tempêtes, & les plus foibles vents pendant le refte de 1'année. Ce qu'on doit attribuer aux variations 'qu'éprouvent les vents principaux par la rotation de la terre , $c k 1'oppofition que les V 2 ter-  4.o3 Nouv. Biblioth. Belgique". terres offrent aux vents', ou & leur libre palTage par des mers vaftes & éloignéesj ainfi qu'i la condenfation & la raréfaftion auxquelles 1'air, qui eft la caufe principale des vents,eft fujet. En parlant des trombes de mer qui font fort communes en Hollande 1'Auteur rapporté une obfervation alTez curieufe d'un Phyficien de fes amis. „ Lorsque le vent pouffe un nuage chargé de matières élettriques contre un autre nuage, qui n'eft pas élecïrique, alors il fe forme une étincelle de foudre , de la même manière que j'ai obfervé une fois que la fumée de tabac qu'une perfonne quifumoit pendant qu'on 1'électrifoit venant a rencontrer la fumée d'une autre perfonne qui n'étoit pas électrifée , produifit une efpèce de foudre en petit au milieu de 1'air. Ce Phénomene fut fuivi d'une forte commotion dans les deux petits nuages de fumée qui s'entremêlerent. Ces deux tourbillons de tabac formerent quelques.uns de ces cercles qu'on apperc,oit lorsque la fumée eft plus condenfée, & par un heureux hazard on vic ces cercles s'entrechoquer mucuellèmerjr, „Mais, pour  AvaiL, Mai, Juin. 1782. 309 pour favoir, ajoute notre Auteur, Heette expérience pourroit être appliquée aux efFets des trombes de mer il feroit néceilaire de faire de nouvelles obfervations ". On obferve encore en Hollande un autre Pbénomene comme Houwmouwen, oü les efFets du vent femblent provenir de la même caufe que dans la forma» tion des trombes. Les Houwmouwen, felon un habile Phyficien C Mr. Bryfbout) (*), fuivent une ligne droited'une largeur fi peu confidérable , que dans les environs- >des blanchifieries de Haarlem, oü ils font particulièrement connus, ils ne caufent fouvent du dégat que fur une feule blanchifierie. Ces Houwmouwen enlevent de terre dans une direótion oblique, des pièces entières de toile, quoique mouillées, & les tiennent fuspendues fort longtems en 1'air, pour les laiffer tomber enfuitefort en- ( *) Voyez fon Mêmoir^ fur les trombes de mer dans !e Recueil des Mémoires de la Société de Haarlem, Tom. III. pag. 321, V3  31 o Nouv. Biblioth. Belgique. endommagées, quelquefois entortillées les unes dans les autres, d'une manière furprenante, ou toutes déchirées; fouvent même fortement nouées & jettées a plus de cinquante toifes de 1'endroit oü elles ont été enlevées. „ Ce Phenomène eft a peu prés femblable a celui de l'eeil de brnuf, qu'on appclle en Hollande Wind-dooren. Peut-être même ne différent ils que de nom. Le neuvieme & dernier Chapitre du premier Volume renferme des détails fur les Eaux & les autres fluides dont 1'Auteur avoit déja parlê. Paffons au fecond Volume. Celuici ne fournit pas moins d'objets intéreffans. L'Auteur traite d'abord des couches d'argille en Hollande. Le terrein de cette Province eft fertile, le lol n'en eft cependant pas également bon dans tous les endroits, la terredifFère dans ce pays,. comme ailleurs, dans fes couches, & dans les matières qui compofent ces couches. On peut les réduire è quatre espèces. L'argük, le/able, la tourbe, & la ?«rr« mixte. C'eft  Avril, Mai, Juin. 1782. 311 C'eft en élevant des digues, & en faifant Ia fouille des tourbes & de la terre è potier, qu'on eft parvenu a diftinguer les différentes couches, & la nature des terres en Hollande. Mr. de Turbilly dans fes Mémoires Jur les défricbemens, donne le modèle _ d'une terrière, qu'il prétend être d'une invention nouvelle, mais dont il faut attribuer la première connoiflance & le premier ufage aux Hollandois ; chez qui ces terrières font aufli anciennes que la fouille des tourbes & de 1'argille même. Mr. de B. parcourt enfuite les différens quartiers de la Hollande, & indique les diverfes efpèces de terre qu'ils renferment. Les couches d'argille font, en génêral, d'une nature fertile, il eft aifé de les labourer è, caufe de la douceur, de la molleffe & de la nature humide du terrein. Le bied y vienc fort bien : année commune on recueille 34 a 35 facs de grains par arpent, & jusqu'a 40 lorsque 1'année eft fertile. On cultive auffi dans ce pays beaucoup de lin, & les arbres prennent merveilleufement bien dans les V 4 ter-  312 Nouv. Biblioth. Belgique. terres argilleufes qui font hautes & cornpaftcs. On voit de beaux vergers fur cette efpèce de terrein, furtout dans les environs de Vinnen & ó'Tsfelftein, oü. les couches d'argille s'étendent fort loin. Ailleurs on fe fert des terres argilleufes pour les prairies. La quantité de briques qu'on en fait eft immenfe; il en eft de même des tuiles dont il pasfe, ainfi que des briques, des quantités prodigieufes chez 1'Etranger. Cette exportation feroit même plus confidérable encore, fi le Gouvernement n'avoit pas fixé la quantité d'argille qu'il eft permis d'exploiter. Les couches d'argille & de fable font mêlées, & fe relayent, pour ainfi dire, alternativement, puisqu'il n'y a presque point de couches d'argille qui ne porte fur un Ht, de fable, ce qu'il faut attribuer a la pefanteur du fable, qui le fait précipiter plutö.t. L'Auteur recherche dans le Chapitre fecond la nature de ces couches de fable, & des terres ochreu. fes & ftériles, appellées en Hollandois, Qeejt-Gronden, ces terreins font compofés d'une terre maigre, feche, &ftérile? qui  Avril, Mai3 Juin. 1782. 413 qui confifte pour la plus grande partie en fable. On comprend fous le nom de Geeft gronden (_*), deux espèces de terres fablonneufes; favoir des terres molles, fablonneufes & fertiles, & des terres dures, feches & ftériles; ces dernières font proprement nommées terres ochreufes. II faut lire dans Pouvrage même les différentes particularités réïatives a ces objets, qui nous meneroient trop Iqin, & qu'il faut méditer d'après la chaine des raifonnemens de 1'Auteur; nous paffons par la même raifon fous fiIence tout ce que Mr. de B. dit de curieux fur les couches de tourbe de terre glaife, & des terres marécageufes , donc il eft parlé dans Ie Chapitre troifième. Rien n'eft plus difficile que de déter: bl ' miner ( *) Ce nom de Geejt-grond (terre aux efprits) vient fans doute , de ce qu'on y enterroit anciennement les morts, car la plupart de ces terreins fe trouvent, autour des anciennes Abbayes, au refte cette étymolo-, git n'eft que purement conjefturale. Note de Mr, de Berkhey  314 Nouv. Biblioth. Belgique. miner exaótement la matière dont eft compofée la terre proprement dite. II eft vrai, que la croüte fupérieure de le terre n'eft qu'un mélange de toutes fortes de fubftances; cependant outre cette croüte fuperficielle, il y a réellemenc d'autres couches compofées d'une terre noire végétale naturelle, & nullement d'un mélange de matières différentes.' L'Auteur croit que 1'on trouve en Hollande des couches de terre noire, telle que la nature la forme de fa matière élémentaire ; en effet, dans les parties les. plusdéliées de 1'argille, on trouve le principe élémentaire de la terre. Dans une fouille faite a Amfterdam en 1605 pour y creufer un püits, on a trouvé è la première profondeur 7 pieds -de terre végétale ou de jardin: mais a la profondeur de 33 pieds on a rencontré de nouveau une couche de terre de 4 pieds; enfuite è la profondeur de 47 pieds, une autre couche de terre auffi de 4 pieds : enfin une troifième couche de 5 pieds, a la profondeur de 67 pieds. Et ce qu'il y a de remarquable , c'eft que fous cette couche il s'en eft trouvé une d'un pied de  Avril, Mai, Ju n. 1782. 315 de terre molle; c'eft pourquoi on a défigné la couche, qui fe trouvoit fous cette terre molle par le nom de terre feche. Ces exemples auxquels on pourroit en ajouter plufieurs autres réfutent fuffifamment, du moins pour la Hollande, le fentiment de JVoodward, & de Mr. de Buf/o«,qui foutiennent que la-terre noire végétale ne confifte qu'en des corps hétérogènes décompofés. 11 y a donc trois efpèces de terre en Hollande. La première eft la crpüte fuperficielle de la terre; la feconde confifte en une couche de terre noire pure. Enfin la terre molle qui eft la véritable terre noire. La terre feche eft une terre particulière confiftant en parties argilleufes trés fines , dépourvues de la matière grafie, qui rend 1'argille ductile & malléable. Notre Auteur réfute ici le fyftême de Mr. de Buffon fur les changemens qu'éprouve la croüte fuperficielle de terre végétale, mais comme ces détails nous meneroient trop loin, nous renvoyonea l'Ouvrage même.  $i6 Nouv. Biblioth. BelgiqüB. Le cinquième Chapitre contient des recherches extrêmement curieufes fur la lltuation primitive & naturelle des couches de terre de la Hollande d'après les changemens qü'elles ont naturellemcnt du fubir. L'Auteur examine d'abord de quelle manière & jusqu'a quel point le terrein de la Hollande a été élevé par les fédimens des eaux, ou d'autres caufes acceffoires, enfuite quel eft 1'état oafe trouve attuellement le terrein de ce Pays. Voici en abrégê 1'opinion de Mr. de B, La. Hollande s'eft formée depuis le déluge univerfel du fëdiment des couches unifprmes & parallèles fur les fondemens de la terre qui nous font inconnus. Après la confolidation de ces couches ce pays doit avoir été longtems dêfert, in» connu & inhabitéj fe trouvant dans le même cas que toutes les autres contrées du Nord. B eft fans doute impoffible, de marquer avec quelque certitude les changemens que les couches de la Hollande ont éprouvé, & de quelle manière ces changemens ont pu s'opérer. Mais d'après la nature d?s chofes on peut. fup-  Avril, Maï, Juin. 47S2. 317 fuppofer un fecond changement k une époque moins reculée, c'eft a dire, dep\iis la première irruption des fources du Rhin & de Ia Meufe, & par conféquent depuis Pinftant oh ces rivières ont commencé, & ont enfuite continué a porter leurs eaux, leur limon & leur fable dans ce Pays. La troifième caufe de cbangegement doit être attribuée k la proximité, k 1'éloignement & è la fituation haute ou baffe de la mer du Nord. "* Après avoir examiné les fubftances qui compofentles différentes couches, 1'Auteur paffe k la defcription des foffiles de Ia Hollande, favoir des terres, des pierres, & desminéraux, enlesrangeanü dans un ordre méthodique. Les Savans liront avec intérêt ces différens articles; les Chymiftes furtout y trouveront une foule d'expériences & d'ob« ljérvations tr.ès remarquables. Nous nous bornerons ïïmplement ici k rapporter une partie de ce que 1'Auteur dit delaïoMrfo, efpèce de terre fortconnue & trés utile en Hollande. Après avoir refuté les différens fyftêmes des Ecri vains fur l'origine;ou plutflt fur la  318 Nouv. Biblioth. Belgique. la matière conflituante de cette fubftance> Mr. De B. croit pouvoir conclüre d'après fes propres expériences que ce font les particules legères des plaDtes décompofées, lesquelles entrainées par l'eau de pluie, la neige &c. vers les bas fonds, s'y accumulent avec le tems, y formenc d'abord un marais, & danslafuiteayant recu de nouvelles parties des plantes aquatiques qui y croiffent, fe changent enfin en une terre è tourbe. II eft certain que cette terre accroit tous les ans, tant par la nouvelle décompofition des plantes, que par une efpèce d'extenfion de la matière. II eft trés probable encore que la matière élémentaire terreftre de la terre glaife & de la tourbe, provenant du regne végétal, peut être tellement afte&ée dans la terre par 1'acide univerfel fulfureux & par les fels , qü'elles deviennent d'une nature bitumineufe , ou qü'elles fe changent même tout-a-fait en bitume. L'Auteur conftate cette afiertion en comparant les qualités qu'on découvre par les opérations Chymiques dans la tourbe avec celles qui fe trouvent dans le bitume. L'u-  Avrix, Mai, Juin. 1782. 319 L'ufage de préparer & de brtiler de la tourbe en Hollande eft auffi ancien que la population même de ce pays. Autrefois on fe contentoit de païtrir avec la main la tourbe en mottes, fans faire aucun choix de la matière. L'ufage de fouiller la tourbe, de la préparer avec les pieds, & de la réduire en parallélipipedes s'eft introduit en Hollande entre le dixieme & douzième fiècle. Vü l'ufage continuel & journalier qu'on fait de la tourbe, 1'impót fur cette fubftance eft trés avantageux pour la caiffe publique. On prétend que cette taxe forme un revenu de huit cent mille fiorins, L'Auteur décrit enfuite trés exactement la manière dont on prépare la tourbe; il indique les différens ufages auxquels on peut 1'appliquer; outre celui du feu auquel elle fert en Hollande, on en fait quelquefois les murailles intèrieures, & le haut des murailles, qui ne portent pas fur une baze fort folide. C'eft furtout dans les maifons de campagne qu'on employé cette matière, qui eft utile, en «e que la tourbe attire a elle toute 1'hu- midité>  g20 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. midicé de 1'air, & rend, parconféquent, les appartemens plus fecs & plus fains. On fe fert de Ia fuie de tourbe, dont 1'Auteur donne ici une trés bonne analyfe chimique, pour nettoyer 1'étain, & pour enlever la groffe rouille du fer. Les fermiers croyent que la fuie de tourbe eft bonne pour purger le bétail & on 1'a employé auffi dans la maladie des bêtes acornes, qui, pendantfilongtems dèfola la Hollande; mais Ie fuccès n'en a pas été bien marqué. Quelques jardiniers penfent que cette fuie glutineufe eft un bon fumier pour la vigne; mais il eft démontré que cette fuie douée d'une graifleoléagineufe, poffède cependant une acreté brülante; laquelle, en femê lant a la feve de la vigne, la corrode & la fait périr. La pouffière de la tourbe fert auffi & différens ufages. La cendre de tourbe contient beaucoup de fel, une matière calcaire, fujette a faire effervefcence, & de la matière non calcaire, qualités qui la rtndent propres k fertilifer Ia terre. On négligé cependant de profiter de cet avan-  Avril, Mai, Jüin. 1782. 321 avantageen Hollande, foit par uneefpèce d'ancienne prévention, foit qu'oa croye que les terres de ce pays n'ont pas befoin de cette amélioration. Peut-être bien auffi que Ia quantité de fumier que fournit le grand nombre de beftiaux, fait négliger tout autre engrais. Voici trois Vers de C. Huygens trés applicables a la defcription de Ia tourbe. Addmus hoe etiam ad patriot miracula terra} Eft ubi corrtdi patiens, viseera , nohis Vulnus alit v e n i s , c5? ceco carpitur igni. Epigramm. Lib. vii. En 1767 on a trouvé dans le Zyp une tourbe brune formée de Ia décompofition de joncs , de rofeaux , & de flambe ou gayeul. JNous obferverons avec Mr. de B. en terminant Partiele des terres, que toutes celles de la Hollande font chargées de fel; de forte que le moindre ouvrier connoit leur nature nitreufe. Sous la feconde ClalTe des Foffiles, 1'Auteur range les fables. II croit que cette fubftance n'eft point une terre, mais plutót une terre changée en grains Tem, II. Part. 2. X - de  321 Nouv. Biblioth. Belgique- de pierre, laquelle eft d'une nature lapifique, de forte que le fable quoiqu'il ne foit plus une véritabie terre , lorsqu'il eft formé en particules feniibles de pierre nous préfente cependant les veftiges de la terre naturelle dans les fablonnièies & fes couches mobiles, & nousconduit aux plus grandes pierres formées de terre ;Mr. de B. ne balance.pas a regarder cette claffe comme formant une anneau entre la précédente & celle qui la fait, Tous les fables de la Hollande font chargés de particules ferrugineufes a uq plus ou moindre dégré. Le fable enpousfière trés commun dans les couches fupérieures de ce pays, eft ordinairement blanc, trés fin, & comme farineux, le tnoindre vent 1'emporte >- lorsqu'il eft fee. Le fablon ou fable mouvant, que les Alchymiftes ont regardé comme un des premiers principes de notre globe offre ici quelques particulantés cuneu, fes. On fait que dans les couches de terre & le long des cótes de cc pays, on stouve de ce fablon, qui paroit véritabler meet  Avril, Mai, Juin. 1782. 32^ ment mouvant & dans lequel on peut enfoncer une perche auffi facilement que dans un terrein marécageux; qu'on y enfonce même de manière a ne s'en tirer qu'au péril de la vie. , Ce fable ne poffede point par lui même une telle fluidité, en effet les grainsdece fable coulant ont une parfaite analogie avec ceux des autres fables s tant par la forme que par les qualités, & n'ont point de pores, ni d'autre qualité fpon» gieufe. En mêlant ce fable avec de l'eau dans un vafeou une bouteille, ilfe précipité au fond comme les autres fables, quoiqu'un peu plus lentement 5 & lorsjqu'après que le fable eftdescenduaufond on en verfe l'eau, ce fable quand il 3 encore repofé quelque tems, s'affaiffe & fe reflerre de plus en plus, & forme une couche plus compacte endonnantde nouveau de l'eau. - 11 faut donc attribuer Ia principale caufe des fablons mouvans ou fluides aux fources d'eau; car fi c'étoit une qualité da fablon même,ces fables devroient toujours conferver cette qualité; or on voit tous les jours le contraire, le long des cótes X 2 de  324 Nouv. Biblioth. Belgique. de Hollande. II y a de ces fablons mouvans fur les cótes; il y en a de fouterrains dans 1'intérieur des terres. Le fable le plus remarquable de toute la claffeeft le fable vitreux ,ou dequartz: tous fes grains font de la plus grande blancheur. II eft réputé le plus beau & le meilleur. Les femmes le recherchent pour écurer le cuivre, parcequ'il ne le rend pas bleuatre comme tous les autres fables. La troifième claffe, c'eft-a-dire, des pierres, ne fournit prefque rien en HolJande. Sur Ia bruyère de Naarden & aux environs d'Amersfoort on trouve des pierres a chaux par couches, du gyps en lames, ou feuilleté; dugrais mêléde points brillants, des quartz non colorés, dont on s'eft fervi avec fuccès dans la fabrique de porcelaine, que Mr. le Baron de. Cronsveld avoit établie a Amfterdam: J'on pourroit fans doute, obferve 1'Auteur, tirer un parti avantageux de ces cailloux pour les fabriques de faïance de Delft, en réduifant ce quartz en poudre impalpable, pour le mêler avec lés différentes argilles, donton fefert dans c?s  Avril, Mai, Juin. 1782. 323* marjufactures. On a découvert encore dans les endroits que nous venons de nommer, quelques agathes, & même un trés beau morceau de jaspe fanguin a demi transparent, ainfi qu'un autre morceau, qui eft de même d'un beau rouge, mais plus opaque, & parfemé de veines dorées. Devant Scbeveningen, a quelque diftance en mer, il y a un banc de fable, fur lequel il fe forme tous les jours des fubftances compofées par le moyen d'un fable ferruginenx pétrifiant, furtout de cailloux, donton trouve quelques échantillons dans le cabinet du Stadhouder. La Gaffe des métaux ne comprend que le fer; dont il y a différentes mines dans ce pays, favoir des mines de fer noiratres feuilletées; du fer minéralifé dans le fable, des mines de fer ochreufes ou en tuyaux;&des élites ou pierres d'aigle. Les concrétions & les pétrifications forment la fixième clafle des fofiiles qu'on trouve en Hollande: d'abord 1'Auteur décrit lës incruftations picrreufes qui fe forment dans l'eau; enfuite les incruftations calcaires, celles de la mer; les Stala&ites, & le Tuf du lac prés de X 3 Ra-  3»6 Noüv. Biblioth. Belgique» Rokanje (*> Mr. Pallas croit que ce tuf appartient au genre des lythophytes ou plantes dures & piérreufes; notre Auteur, au contraire, penfe devoir le ranger dans celui des fimples concrétions, & il appuye cette opinion par différentes raifons qui nous paroiffent trés plaufibles. II y a trés peu de pétrifications en Hollande, celles que 1'Auteur y a vues, confiftent en fubftances animales ou végétales , qui font encore naturelles au Pays. Nous rapporterons a ce fujet dans les termes de 1'Auteur une fingularité qui nous a paru remarquable, & c'eft paroüv nous terminerons cet Extrait. „ En faifant , il y a quelque tems, une (*) Derrière ie viUage de Rokanje, dans rille de Voorne au fud-Oueft de la Brille il y a un petit lac, fort étroit au Nord, & plus large au Sud-Oueft. 11 fe termine de ce dernier cóté en une efpèce de baffin rond au pied des Dunes de cette ifle & fe décharge au Nord-Eftidans une petite branche de la Meufe, laquelie en paffant par le Brielfch* Piep traverfe rifte de Voorne. Note tirée du texte.  Avrïl, Mai, Juin. 1782. 32? une courfe dans les Dunes de Noordwyk & de Zandvoort, pour y herboriferavcc un de mes amis, Mr. Wiersma, nous arrivames dans un vallée fablonneufe qui fe trouve derrière le bois de Noordwyk: c'étoit au commencement du printems, & il faifoit encore affez froid; il y avoit cu une petite gelée, le tems étoit ferein. Dans cette vallée nous appereümes une grande quantité de mouettes, poféesdans leur état naturel, & garnies de toutes leurs plumes. Nous penfames d'abord qü'elles étoient vêritablement vivantes, mais lorsque nous nous en fümes appro. chés nous trouvames que ces oifeaux étoient morts. La raifon la plus naiurelle que nous pümes en donner étoit que ces oifeaux, ayant comme toutes les autres efpèces d'animaux un tems déterminê pour vivre, & prévoyant le moment de leur mort, ferendoient dans ces lieux folitaires pour y mourir tranquillement de compagnie. Ce ne pouvoit pas être le froid qui les eut privés de la vie, car ils y réliftent facilement, le défaut de nourriture ne pouvoit pas non plus être la caufe de leur mort: car la mer X 4 étoic  328 Nouv. Biblioth. Belsique. étoit alors ouverte, & il n'y avoit pas eu de tempête, ce qui les empêche quelquefois de trouyer leur "fubfiltance. En faifant ces réflexions nous continuamcs notre promenade ; mais notre furprife augmenta, lorsque dans une vallée, k quelque diftance de la première iious trouvames encore un grand nombre de ces mouettes mortes & plufieurs carcafïès de ces oifeaux dans Ie fable, lesquèlles étoient devenues tout a fait Manches & calcaires, excepté le bec & les óngles, ce qui nous confirma dans notre Idéé, que ces oifeaux cherchent une retraité dans les vallées des dunes, pour y mourir tranquillement & pour être couverts par le fable volant ". (La fuite au Trimefirepracbain.') AR TI-  Avril, Mai, Juin. 1782. 32$ ARTICLE TROIZIEME. Genees- Natuur , Huishoud - kundig Cabinet &c. C'eft-a-dire, Bibliotheque de Médecine, dePhi- " LOSOPHIE (*) ET D'OecoNOMIE,0M Collettion choifie des plus nouvelles, cjf des plus utiles Differtations, des Expériences & des Obfervations tirées des principales Académies &> Sociétés de 1'Europe, ff des meilleurs Auteurs tant Hollandois qu'étrangers, rajfemblées & publiées a Vu. Jage de nos Compatriótes, par une S$. cié-< (?) On entend ici put Philefophie tout ce qui a rapport i la Phyfique & a fes différentes parties, & en un mot tout ce qïij regarde les Arts & les Sciences. X5  33ö Nouv. Biblioth. Belgique. - ciété tï'Amateurs des Sciences. Tonii UI. N°. 1—2. gr. in 8vo, è Leyden chez Van liffelen 65* Onnekink, 1782. L'Ouvrage que nous annoncons mérite bien fans doute d'être diftingué de la foule d'Ecrits Périodiques dont rïous fommes inondés. Le But des Auteurs eft de répandre de plus en plus parmi leurs Concitoyens Pamour des arts & des fciences, d'exciter leur émulation par le tableau comparatif des progrès de 1'efprit humain dans ce fiècle, enfin d'être utiles a cette clafle norhbreufe de Letteurs, qui n'ont ni les moyens, ni le tems de parcourir les différens Ouvrages de Philofopbie,de Médécine, d'Agriculture, d'Oeconomic domeftique,& rurale , qui paroiffent tous les jours. Ce Recueil eft une efpèce de dépot, oül'on configne tout ceque les Arts &les Sciences offrent de plus mémorable & de piquant. 11 ne faut donc pas confondre ce Livre avec les Journaux proprement dits. Ceux Cl  AVRÏL, MAÏ, JOW, 178». $$t Ci donnent Pextrait des Ouvrages nouveaux, au lieu que la Colledtion dontil s'agit ici contient des Mémoires entiers, ou bien des obfervations détachées, ou tirées des meilleurs Ecrivains modernes, &c. Le Rédacteur de cet Ouvrage (Mr. Jacob VoegenVan Engelen) eft Médecin a Leyden, & trés connu dans la République des Lettres, oü il s'eft acquis de bonne heureuneréputation bien méritée. C'eft lui qui en fociété avec Mr. fon Père, nous donne une excellente Traduction Hollandoife de 1'Hiftoire Naturellede Mr. de Buffon, qu'ils continuent encore avec fuccès. On doit encore k cet eftimable Ecrivain plufieurs autres Ouvrages, qui n'onc pas été moins accueillis. La Colleöion que nous annoncons avoit paru dans les commencemens k Dort fous le titre d'Mnales; mais quelques démêlés avec les Libraires obligèrent le Rédacteur k leur óter 1'impreffion de cet Ouvïage. Les Annales ont été imprimées depuis k Leyden fous le titre que nous venons de tranferire; les deux pre* miers  332 Nouv. Biblïoth. Belojque, miers Volumes ont juftifiê 1'attente du Public, & les deux cahiers du troifième, qui renferment les quatre premiers mois de cette année ne Ie cédent en rien aux précédens , tant pour le choix des matières que pour les chofes mêmes» .. Chaque Numéro contient des DilTertations de Médecine, de Philofophie &c. tirées des Mémoires des Académies étrangères, ou qui ont été fournies au Rédacteur par les Auteurs mêmes. Oh y trouve encore toutes les Découvertes & les Inventions utilesdans les Sciences & dans les Arts; comme auffi quelques faitsmémorables, quelques obfervations curieufes rélatives aux trois regnes de Ia Nature. Le Rédacteur a I'attention de donner dans chaque cahier des tables Météréologiques fort exacles, d'après celles de Mr. Holl & Van Swinden Sc d'après fes propres obfervations. Cette collection comprend enfin une Liflede tous les Ouvrages nouveaux qui paroiflentfjournellement en Europe , pour peu qu'ils ayent rapport a la Médecine, a Ia Phyfique Sec. Sec. On  AvRiL, Mai, Juin. 178a. 333 On comprend qu'il eft inutile après Ce que nous venons de dire d'entrer dans d'autres détails, c'eft au Leéleur en étac d'apprécier le mérite de cet Ouvrage de 1'acquérir, & de le lire avec attention. Nous ajoutons feulement, qu'on trouve dans le n*. 2 la Defcription du Wouva*üomw fj efpèce de finge afféz commune dans 1'Ifle de Java, mais quï n'eft pas encore connue en Europe_) par Mr. J. Van Jperen, tirée du fecond Volume des Mémoires de 1'Académie de Batavia, qui n'eft point encore parvenu en Hollande. Les deux cahiers que nous venons d'annoncer contiennent auffi une excellente DilTertation fur la Phyflognornonie , dont nous comptions donner 1'éxtrait, mais comme le Rédacteur de notre Journal fepropofe de la traduireenentier9 & de la donner au Public, nous n'anticiperons point aujourd'hui fur le jugement qu'on en portera. A R§  334 Nouv. Biblioth. Belgique, ARTICLE QUATRIÈME. Historische, Character- en Zedekündige Bybel Onderwyzer ffcs C'eft-a-dire, Instructions sur l'Histoire , ié Caraiïère desprincipaux perfonnagesy ff la morale de PEcriture Sainte; Tom.I. enrichi defigures,a Amfter' dam, chez Gartmfln 1782, gr.in %vq is 35- P*S' Prix ƒ I - 10 - 0. Le Plan de eet Ouvrage n'eft pas abfoment nouveau. II exifte déja plufieurs Livres dans ce genre. On connoit par ex- les Magazins de Madame de Beaumont, oü 1'on trouve une partie de 1'Hiftoire de la Bible avec des remarques k la portée des Enfans. Dans toutes les , lan-  Avril, Mai, Juin. 1782. §35 langues de 1'Europe on a des Ouvrages de la même nature, mais nous n'en connoiffions point encore Hollandois d'aufiï fatisfaifant & d'auflï raifonnable que celui que nous annon$ons. L'Auteur a préféré comme de raifon la forme de Dialogues. Les Interlocuteurs font un Gou= verneur, Charles & Léonore fes Ele< ▼es. Le premier Entretien roule fur Futilité de connoitre les principaux événemens marqués dans PEcriture; le Gouverneur ou 1'Auteur indique tous les ufages que 1'on peut retirer de cette Lecture, même pour la vie civile. Les perfonnages de Tanden Teftament, par ex. hommes comme hous , avoient des vertus & des vii ces,& leur hiftoire eft décrite dans laBible avec tant de fimplicité & de vérité qu'il eftfacile dereconnoïtreeneux lespaffions qui nous agitent, les défauts qu'on nous. reproche, les qualités que nous devons lacher d'acquérir &c. malgré 1'éloigne-y ment des tems 3 la différence des mceurs.' & du langage ce font toujours des hommes tels que nous qu'on retroave , & leur  336. Nouv. BiDLioTH' Belgique. leur hiftoire nous offre autant de modèles a imiter, que d'exemples a fuir & è détefter. Charles. Dans quel but devons nous lire laBible? Le Gouverneur. St.Paul nous 1'apprend en peu de mots pour devenir fages & heureux. La Leóture des livres faints vous rendra fages, fi vous employez vos facultés a faifir le but fublime des Auteurs Sacrés. L'énergie du ftyle, Ia richeffe des expresfions, 1'élevation des penfées ne! doivent point vous détourner du véritable but des Ecritures ; 1'efprit de vérité qui infpirales chofes, ne condamne point ces tournures hardies & fublimes, ces embelüflemens qui tenoient au génie de Ia langue, & au caractère des Auteurs. Qu'il vous furfife de rencontrer, pour ainfi dire, a. chaque page 1'image d'un Etre infinement bon, puiffant, jufte & fage, mais en même tems incompréhenfible & impénétrable pour 1'homme. La raifon vous guidera dans les preuves de 1'exiftencedeceDieu, niais elle vous abandonnera auffitót que vous  Avril, Mai, Jüin. 1782. 33? vous voudrez fonder & connoitre fa nature. Dieu a créé 1'homme, que cette vérité incónteftable vous falie remonter au but du Créateur. Dieu a créé 1'homme k la gloire de fon Formateur, pour fon propre bonheur, & pour celui de fes femblables. L'Homme s'étoit rendu malheureux a jamais, mais le DieudU Ciel & de Ia Terre lui montra dans le Sauveur un défenfeur, un pleige. L'Ecriture vous découvrira, commedt vous pourrez participer aux fruits de fon faerifice. La doctrine de Jéfus Chrift, les devoirs qu'il vous prefcrit pour vous rendre heureux,' doivent être les objets révérés de vos méditatïons; en un mot, laiffez tout ce qui paffera vos foibles conceptiobs k 1'Etre fuprême, & vous acquerrez la fageffe. Mais Ja Lecture de 1'Ecriture fainte eft encore propre k vous rendre heureux.' Vous, Charles, vous y apprendrez par quel moyen vous pourrez parvenir au comble de la félicité vous y apprendrez les devoirs du Chrétiea, du Citoyen, du Peré & de 1'Homme. Pour vous, ma chère Léonore, 1'Ecritüre vous découvrira la route qu'il Tom. II. Part 2. y faur-  338 Nouv. BiBLiOTft. Belgique. faut fuivre pour parvenir a la félické fuprême, en vous tracant les plus beaux exemples de vertu & de fageffe, &c. Dans les Dialogues fuivans 1'Auteur commence 1'Hiftoire Juive; il raconte d'après Moyfe les principaux événemens, & il joint a fon rêcit d'excellentes réflexions. Au fujet de Job & de fon Livre, 1'Auteur fe permet des discusfions qui nous femble un peu étrangères a fon but, telles font les recherches fur 1'Auteur de ce Livre, fur le tems ou ce faint homme vécut ckc. Mais nous avons lu avec beaucoup de plaifir les réflexions fur les idéés fublimes que Job s'étoit formées du Tout Puiffant. II comparecertains paffages de ce Livre avec les descriptions d'Homere fur le même fujet, mais qü'elles font foibles k cóté de celles dc Job! Le Jupiter d'Homère ne nous donne jamais 1'idée entière de 1'Etre fupiême, toujours quelque chofe de foible entre dans les traits les plus fublimes de ce Poete. Comparez, par - ex, ce paffage (*_) fi fameux de {*) Iliad. Liv. I, $ 31-37.  AvriLj Mai, Juin. 33^ de 1'IIiade , oü Thétis demande au Maitre du Tonnerre de combler Achille de gloire & d'honneur. Jupiter lui répond. „ J'aurai foin d'accomplir ct que vous foubaitez, £f afin que vous ne puifiiez en douter, je vais vous leconfirnier par un figne de tête, qui eft la mar* que la plus füre dont je fcelle la vérité des promejfes que je fais aux Immortels. Car tout ce que j'ai autorifé par la mak' jejié de ce figne ne trompe point, eft ir~ révocdble &? ne manque jamais a'arriveri Ainfi paria le Fils de Saturne; au même inftant ilfit un figne defesnoirsfourcils, les facrés cbeveux furent agités fur la tête immortelle du Dieu- Tout l'Olympe s'ébranla" (*). Comparez avec cette defcription, toute fublime qu'elle eft dans 1'original, le Chapitre XXVI. de Job. .— „ Les chofes inanimées font formêes au deffous des eaux; 1'abime eftnud devant lui, & le gouffre n'a point de cou- (*) Voyez le commentaire de Madame $acier, §. 107. du Livre I. Y 2  340 Nouv. Biblioth. Belgique. couverture. - II étend 1'Aquilon fur Ie vuide & il fufpend la terre fur le néant—II ferre les eaux dans fes nuèes, fans que Ia nuée fe fende fous elle—les Colomres des cieux s'ébranlent & s'étonnent k fa ménace &c. Voyer encore le Chapitre XXXVIII. XXXIX. XL & XLI, du même Livre. II n'y a. rien dans aucune Langue qui approche du fublime de ces morceaux. Voici encore quelques réflexions de 1'Auteur fur 1'Hiiloire fi touchante de Jofeph & de fes Frères-. „ Ce Patriarche pour éprouver fes Frères avoit affccté une grande févérité envers eux. II voulok voir jufqu'4 quel point cette conduite exciteroic leurs paffions; mais k bien des égards le cceur des Fils de Jacob étoit changé. Le mècontentcment de leur Pere au fujet de la fureur de Siméon & de Levi, fa profonde douleur fur la perte de Jofeph, qui éclatoit toujours dans les actions & dans les difcours de ce Patriarche, avoit adouci leur caractère & appaifé en quelque forte la fougue de leurs fens. L'abatsement eft peint fur leur vifage. Jofeph les  Avrïl, Ma r, Juin. 441 }es reldche, mais garde Simeon le plus coupable de tous, en otage. Les Fils dejacob retournent en Egypte avec Benjamin. Jofeph feint de vouloir le retenir; alors la douleur de Juda n'a plus de bornes, il tombe avec fes Frères aux pieds de Jofeph, il le fupplie de rendre Benjamin k un Père éploré, il peint la douleur de Jacob lorfqu'il apprendra la perte de fon Fils," Ton Serviteur arépondu de Venfant pour Vemmener d'auprés demon Pere-Comment remonterai-je vers mon Père fi Venfant n'eft avec moi! Que je ne voye point Vaffliëtion qu'en aura mon Père. Ces fentimens ne laiffe plus de doute a Jofeph fur la fincérité du rèpentir de fes Freres. L'idée de fon Père fe reveille en lui avec force, il ne peut retenir fes larmes, fon cceur oppreffé ne peut contenir toute la force du fentiment qui 1'agite; il s'écrie je fuis Jofeph, mon Père vit-il encore! „ — Quelque éloquente que foit la paraphrafe que 1'Auteur nous donne ici de ces paroles , elle eft de beaucoup inférieure £ Y 3 la  34* Nouv. Biblioth Belgique. la noble fimplicité de 1'expreffion facrée; ■jefuis Jofepb ff'ey Cet Ouvrage ttès recommandabb k tous égards mérite d'être le manuel de ceux qui font prépofés k 1'inftruction de la Jeuneffe. Ceux même qui craignent de montrer aux enfans la vive lumière de PEvangile, de peur de leur donner pour le refte de leur vie de fausfes idéés de la Religion, pourront fans crainte faire lire a 1'enfance ces Inftruc■tions. En effet, on ne trouve dans ce premier volume, que des réflexions , pour la plupart, fort k la portée de tous les enfans; & 1'Hiftoire fainte propofée de cette manière , leur fournira une Leéture auffi inftruétive qu'intéreflante. ARTICLE  Avril, Mai, Juin. 1782. 343 ARTICLE CINQUIEME. Geschied en Staatkundig Onderzoek, &c. C'eft-a-dire, Recherches Historiques ff Politiques fur le tems oü Philippe fecond, Roi d'Efpagne, a ceffé d'étre Söuverain des Provinces Unies; Ouvrage dans lequel onprouve, tant par les principes du Droit Public Univerfel, que par des Pièces Authentiques du feizième fiècle ff de tems poftérieurs, que ce Prince ne doit être cenfé déchu de fes droits d la Souveraineté des Pays - Bas y que depuis le Placard des Etats - Généraux du 26 jfuillet 1581. par Mr. * * *; avec ce:te épigraphe. Amemus patriam , pareamus fenatui; confulamus bonis : prsfentes fru6tus negligamus, pojleritati: gloria ferviaY 4 mus:  #41 Nouy. Biblioth. Belgique. mus: id ejfe optimum putemus, quod grit tectijjimum : fperemus qua volumus, fed quid accident feramus: cogitemus denique, corpus virorum fortium magnorumque bominum ejfe mortale : animi vero motus 6? virtutis gloriam fempiternam: neque banc opinionem —— —- minus exiftimemus , eos, qui banc tantam Rempublicam fuis conjiliis aut laboribus *ut auxerint aut defenderint, aut fer varint, ejfe immortalem gloriam confecutos. Cicero in Orat. Pro P. Sextio: Cap. 68. k Arnhem chez Nyhoff 1781. gr. in 8°. de 110 pages, Prix - ƒ o - 18 - o. L'IntérefTante queftion qui fait robjet deces^c&erci&wadéjaétéagitée par plufieurs habiles Ecrivains Politiques. Aufli 1'Auteur de cette Diflertation ne Tauroit-il pas publiée, fi d'un cóté des amis refpecfables ne Py euflent engagé, & fi d'un autre il ne s'y étoit vu en queljque forte |obligé pour répondre a d'autrps Ecrivains, qui tout nouvellement vien.  A vril, Mai, Juin. 345 viennent d'écrire auffi fur le même fujet, (*) L'Auteur ne fe nomme pas, mais il afTure fes Leöeurs, qu'il a recouru aux fources mêmes pour v.érifier tous les faits qu'il avance, qu'il en a fait ufage avec toute la circonfpect,ion poffible, & que le public peut compter fur 1'authenticité des Pièces & des matériaux, dont il appuye fon fentiment; nous ne chercherons pas a lever le voile, fous lequel 1'anonyme Mr. ***, a voulu fe cacher; mais malgré fes précautions le public ne verra pas moins en lui, un Politique éclairé, un homme profondement verfé dans 1'Hiftoire de notre Pays, & un fort bon Auteur. Pour juftifier ces éloges, & pour faire connoitre plus particulièrement cet écrit, nous allons fuivre 1'Auteur dans les trois points de fa Differtation, après avoir dit un mot de l'Introdu&ion. Gel- (*) Mi'. Van der Kemp, dans fes Remarques fur l'Explication de l'Union d'Utrecht, publiées fous le nom de E. H. i. Y 5  34 qu'ils  !5o Nouv. Biblioth. Belgiqu?. qu'ils fe foumettent a un empire arbitraire. En recherchant encore la nature de? conventions & des contract mutuels, il eft clair que celui qui en rompt les claufes n'a aucun droit d'en exiger l'obfer* vance de celui avec lequel il a contracté; celui-ci de fon cóté peut obliger 1'autre k rempür fes engagemens, ou lors* que ce moyen ne lui réuflit pas, il peut fe regarder dégagé de toute convention avec celui, qui le premier en a trangresfé les articles. En appliquant ces principes au contract, qui fubfifte entre le Prince & les fujets, la queftion n'eft pas difficile k réfoudre. Le peuple a le droit de fe dégager de la domination d'un Söuverain injufte, fous les reftriétions que nous avons indiquées. —- Mais comment faire connoitre autrement, que par une déclaration authentique, faite a la face de 1'Univers, la réfolution qu'il aprifed'ufer u l'avenir des droits que la conduite icique du Prince lui a rendus, furtout lorfque ce même peuple a déclaré dans toutes les occafions, qu'il n'auroit jamais  Avril, Maï, Juin. 351 mais pris les armes fi 1'on eut prêté 1'oreille a fes requêtes, fi 1'on n'eut pas méprifé fes juftes demandes, & lorfqu'il s'eft montré toujours prêt a mettre les armes bas, auffitót qu'il appercevroit dans fon Söuverain des intentions plus pures, & une conduite plus conforme aux obligations qu'il avoit contractées. Ce n'eft donc pas ici, comme Mr. van der Kemp femble 1'indiquer, une fimple queftion de Droit, c'eft une quefti<» de Fait aufli bien que de Droit. II ne s'agit pas feulement de favoir ce que les Etats (comme répréfentant le peuple) ont eu Ie droit de faire, ou d'alléguer, mais encore ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont allegué en effet. C'eft par leurs actions que nous pouvons juger a quel point ils ont été perfuadés de la juftice de leur caufe; & de quelle facon ils ont lié les droits qu'ils rèclamoient avec 1'oppofition qu'ils montrèrent k Philippe. Or comme les Etats ont prouvé de la facon la plus convainquante que longtems avant 1'abjuration de 1581 ils- avoient  Nouv. Biblioth. Belgique. auroiedt été fondés a rompre avec le Roi d'Efpagne, il fuit dela que 1'on doit examiner la chofe, & de droit & de fait. L'Auteur établit enfuite la néceffité d'une déclaration publique en pareil cas, .fur plufieurs raifons trés folides, comme par ex. 1'intérêt de la Société en général, qui demande que les droits des Souverains & des fujets foient aflurésj 1'intéret du peuple même qui doit favoir s'il elf. obligé d'obéir ou non a celui qu'il regarde comme fon maitre, de payer les impofitions qu'on exige de 1^, &c. Notre Hiftoire nous fournit plufieurs exemples de ce que produit une pareine ïncertitude.' L'Auteur n'en cite qu'un feul, mais qui prouve fuffifamment fon aflertion; il eft tiré de 1'Hiftoire de la patrie par Wagenaer, Tom. VII. pag. 107. Les nations voifines font encore intérefTées k favoir précifement a qui appartient la Souveraineté d'un Pays: fans cette certitude comment voudront elles s'allier avec des Princes, dont 1'autoritê n'eft pas bien établie, ou qui n'ont pas le pouvoir de la faire refpedter?- Gom*  Avril, Mai, Juin. 1782. 353 Comment le Citoyen d'une de ces nations pourroitil contra&er avec les fujets d'un tel Prince, lorfqu'il ignore 11 les Loix prescrites pour la fureté du commerce, par ex. font maintenues &obfervéeg? Comment voudra t-il acquérirdes polTeflions dans un Pays, dont .il ne connoit pas le Söuverain? qui les lui affurera? &c. II fuit évidemment de ce que nous yenons de dire; qu'un Prince qui par fes actions fe montre 1'ennemi de fon peuple, qui foule aux .pieds les engagemens les plus facrés, fans s'embarralTer des téclamations de fes fujets, qu'un tel Prince ceffe de Pêtre, auffitót que Ié Peuple dèclare guthentiquement Ia réfolution qu'il a prife de fe remettre en poffeffion de fes droits naturels, dont-ii avoit cédé une partie a fon Söuverain, mais fous des conditions, que celui-ci a violées; au contraire, tant que le peuple n'a point fait une pareille dèclaration, mais qu'il fe borne aux répréfentations ou même a d'autres moyens d'obtenir juftice, le Söuverain demeure ce qu'il eft; c'eft-a-dire, le Maitre légi- Tomé 11. Part. 2. Z tiw*  3J4 Nouv. Bibltoth. Belgique. time de fes fujets. On ne peut, il eft1 vrai, exiger de ces derniers, qu'ils quittent les armes, auffi longtems que le Prince n'aura point témoigné de revenir a des maximes plus juftes, & qu'il n'aura point changé de conduite, parceque 1'intérêt de la communauté exige manifeftement, que le Söuverain n'abufe point de fon pouvoir. • Pour faire maintenant 1'application de Ces principes k la queftion propofée, il faut examiner la conduite que les Etats tinrent dans cette occurrence; c'eft ce qui occupe 1'Auteur dans la feconde partie de fon Ouvrage. ■ 2°. II fuffiroit, peut- être, pour prouver notre affertion de fixer nos regards fur le Placard de 1581; Cet Edit feul femblc établir notre Thèfe.. En effet les Etats y dêclarent de la facon la plus authentique, que leRoi d'Efpagne eft décbu, ipfo jure, de fa domination, de fes droits; fur ce Pays & ils dégagent a Vavenif tout le monde du ferment de fidélité qu'on lui avoit prêté. ÏIs y défendent encore, de fe fervir darts lafuite du nom du Roi, de fes dttés, de fes fceaux, :' ■ de  Avril, Mai, Juin. 1782. 355 de fes armes &c. Toutes les autres claufes de cet Edit contiennent toutes cette exprefïïon , d ïavcnir, dans la fuite [voortaan) elles prouvent manifeftement, (puifqu'il n'eft pas permis de finv pofer, qü'elles furabondcnt) que ce ne fut que depuis cet inftant , que les Etats abjurerent la domination Efpagnolle, qu'ils avoient regardé avant cette époque comme légitime. Une feconde preuve eft tirée du Traité d'Union étroite conclü en 1576, a Delft, entre la Hollande & la Zélande$ ob. ces Provinces déférerent la directioa Souveraine des affaires au Prince d'O range, tant que laguerre dureroit. v En examinant avec attention ce Traité, & les Inftructions données èGuillaume I, on voit clairement ces trois chofes ip. que dans ce tems lè ceux de Hollande & de Zélande ne fe regardoiene pas encore comme dégagés de 1'autorité de Philippe II, puifqu'il ne perrqettoient au Prince d'Orange d'adminiftrer les af. faires qu'au nom du Roi d'Efpagne, 2". qu'ils fe croyoient autorifés, vü les circoDftances, a s'unir ainfi pour leur furez 2 t£  35ö Nouv. Biblioth. Belgiqüe. tó & leur défenfe, fans porter aucune atteinte aux droits du Söuverain; eDfin 3°. la reftrielion que 1'on trouve dans la Commiffion donnée au Prince, oü ils lui conférerent la direction des affaires , autant qu'il étoit en eux, femble indiquer, que ces Provinces ne fe regardoient pas encore alors comme entièrement indépendantes. Ce n'étoit donc pas la Souveraineté proprement dite , que les Etats aceorderent au Prince d'Orange; s'ils avoient crü lui faire cette conceffion, pourquoi auroient ils réfola en ïj8i de 1'éléver è la dignité deComte de Hollande & de Zélande? f>> L'Auteur ne fe contente pas de prouver (*) Voyez encore les Négociatkm infruc tueufes de Breda; la Réfolution des États dt Hollande de 1575. Le Traité de SatisfaQiois entre le Prince les Etats de Hollande d'wi cttè, £? la ville d'Amfterdam de 1'autre, 8, Fèvrier 1578. Toutes ces pièces prouyent que les Etats ne fe regarderent jamais avant l'Edit de Juillet ij8i. comme déga-' gés vis-avis du Roi d'Efpagne; t  Avril, Mai, Juim. 17S2. 35? ter que telle étoit 1'opinion des deux Provinces, que nous venons de nommer mais il démontre encore que tel füt le fentiment unanime des autres Provinces, & particulierement de la Guek dre; comme il paroit évidemment par plufieurs négociations de ces tems lè, que 1'Auteur rapporté au long, mais fur lesquelles nous ne pouvons nous appéfantir dans cet Extrait. Enfin les Etats reconnurent encore en-' eore en 1577 la Souveraineté de Philippe II, lorfqu'ils dèfèrerent è Mattbias, Archiduc d'Autricbe la charge de Gou* verneur Général des Pays-Bas; car ils 1'obligèrent de prêter ferment de fidélité au Roi d'Efpagne, comme Söuverain, Seigneur, Êf Prince naturel des PaysBas. En 1578 lors des négociations avec le Duc d'Anjou, on s'engagea a luidêférer la Souveraineté, dès qu'on fe croitoit obligéde cbanger de maitre; preuve manifefte qu'en 1578- on ne fe regardoit donc pas déliê du ferment de fidélité prêté a Philippe. Ajoutons encore que Ie Prince d'Orange en 1581, fit jurer h ceux, ' Z 3 d'Ove-  §$8 No'üv. Biblïoth. Belgtqtje. d'Overyflel obéifiance aü Roi, cornmeDuc de Braband, Comte de Hollande, 6? Seigneur d'O very [fel. L'Auteur a donc prouvé évidemment que la conduite des Etats avant 1'Edic de 1581. démontre, qu'ils n'ont regardé Philippe déchü de la Souveraineté que depu's cette époque. Mais il ajoute, que la conduite des Etats après cet Edit dénote le même fyftême. C'eft ce qu'il faut examiner. • Peu après l'abjurntion dc Juillet les, Villes de Hoorn, Enkbuizen & Medenblik, fituées dans les anciens limites de la Weft-Frife, foutinrent qu'ils avoient acquis la Souveraineté de cette coatrée, comme les Etats de Hollande s'étoient fait reconnokre Souverains de leur Province. Dans les négociations avec la. France en 158?. la Weft-Frife eft distinguée de la Hollande, & ce ne füt que fous le Prince Maurice que ce différent fut terminé. Cette opinion des WeftFrifons indique donc, que 1'idée générale dans ces tems la étoit, que Philippe II, n'avoit ceffé d'être regardé comme Söuverain, qu'en 1581, & confirme par  .Avr.il» Mai, Juin. 1782. 359 par-conféquent le fyftême de notre Auteur. Enfin tel a été le fentiment de* Confeillers Députés de la Province de Hollande, dans leur réponfe aux Etats de Frife du 27 Juin 1663 des Etats de Zélande dans leur Déduftion du 22 Juin 1654. La Ville d'Amfterdam en 1689 , réclama un Privilège, qui lui avoit été accordé par Philippe, le 3 Janvier ij8i. Les Etats de Hollande déclarerent le 27 Janvier 1690 ce Privilège fufpeét., non paree qu'il avoit été accordé au nom du Roi d'Efpagne, mais paree que c'étoit Guillaume I, qui le leur avoit donné; lequel proscrit en ïy8o par Philippe, n'avoit pü en 1581 fe fervir de fon nom. II eft donc permis de conclüre, que fi c'eut été le Roi lui même qui eut accordé ce Privilège, on ne fauroit pas contefté, furtout puisque les Etats ne fongerent point alors a prouver que Philippe avoit perdu au mois de Janvier 1581 fes droits a la Souverainteté; ce qu'ils n'auroient pss négligé de faire, pour peu que la chofeleur eüt paru problématique. On entreprit néammoins dans ces tems Z + la  $éo Nouv. BlBLIOTH. BeLGIQÜB. lè de prouver le contraire, mais remarqué 1'Auteur, comme Mr. Paulus s'eft beaucoup fcrvi des argumens de ces anciens Ecrivams, nous neréfuterons point Jeur fyftême, puifque Ia troifième partie de cet Ouvrage eft deftinée a combattre 1'o'pinion de ce jeune Publjcifte, & celle de Mr. van der Kemp. D'abord, dit Mr. Paulus, fi Philippe n'a cefië d'être Söuverain qu'en 1581, il fuit que 1'TJaion d'Utrecht faite en 1579, eft illégale, & nulle. Car de papils Traités faits par des fujets fans le confentement, & même contre le gré du Söuverain, ne font point légitimes fuivant le droit des gens. Avant de répondre a cette difficulté notre Auteur établit cette régie générale; Que la Puiiïance Souveraine de Philippe fur les Pays-Bas étoit fubordonnée a certaines Loix, a certains Privilèges, & £ des Coutümes dotn il avoit juré 1'obfervation, & qu'il ne lui étoit point permis d'enfreindre ou de violer ; d'un autre cóté les Etats des différentes Provinces étoient obligés felon le ferment Qu'ils, avoient prêté, de veiller' au main- tieq  Avril, Mai, Juin. 1782. 3<5i tien de ces Loix, de ces Privileges, & de ces Coutümes; par conféquent ces Etats ne doivent point être regardés comme fujets d'un Prince Söuverain, dans 1'acception illimitée de ce mot, mais comme fujets d'un Maitre, lié lui même par des Loix équitables, & dont il avoit juré Tobfervation. II fuit encore de ce principe, que plufieurs chofes qui regardoient la Souveraineté même ne pouvoient pas fe faire fans le confentement des Etats, & qu'ils avoient parconféquent a plufieurs égards un plus grand pouvoir, & plus de prérogatives, que n'en ont d'autres magiftrats fous d'autres Empires Souverains. Ge Principe, dont on ne peut nier Pévidence, une fois établi, nous conduit naturellement a juftifier la légalité de 1'Union d'Utrecht. — i°. de pareils Traités entre les Etats & les Villes de ces Provinces pour la confervation matuelle de leurs privilèges ne font rien moins que fans exemple dans notre Histoire. Mr. J. W. Te Water dans fon Hiftoiu de la confédération £ƒ des ReZ 5 qui-  352 Nouv. Biblioth. Belgique. quêtes des Nobles des Pays - Bas (*_) en fournit plufieurs. 2°. Les circonftances critiques oü 1'on fe trouvoit alors, peu. vent auffi juftifier la néceffité de cette Union, dans la fuppofition même qu'elle n'étoit point abfolument conforme aux régies du Droit ftrifit. Ces Provinces dans la fituation la plus facheufe, en proye a des ennemis domeftiques autant qu'a ceux du dehors, voyoient leurs privilèges les plus facrés foulés aux pieds, les Traités les plus folemnels enfreints & méprifés, tout étoit mis en ceuvre pour les réduire fous le joug le plus dur & le plus infupportable. II falioit donc s'oppofer a ce torrent , fe réunir efficacément pour la défenfe commune. C'eft: ce que dictoitoui, c'eft ce qu'exigeoit le Droit naturel & celui des gens. D'ailleurs toute leur con- (*) Voyez Ie jugement & 1'Extrait de cet Ouvrage dans la Biblioth. des Sciences. Tom. XLVI. pag. ii6, & XLvii. pag. .33..  Avril, Mai, Juin. 4782. 363 conduite porte les caradlères les moins équivoques de prudence & de circonfpeótion. II ne faut que lire 1'Introduction de 1'Union d'Utrecht pour fe con» vaincre de la modération dont on ufoit envers le Roi d'Efpagne, puisqu'on confervoit la plus grande partie des articles de la Pacification de Gand, dans laquelle on reconnoifloit toujours la Souveraineté de Philippe. Telle eft aufli 1'opinion de Mr. Van de Spiegel, dans fon Hijloire da Traité connufous le nom de SatisfaSlion de la Ville de Goes £ƒ de l'Isle de Sud-Beveland. (*) Enfin on ne peut regarder 1'Union d'Utrecht que comme un Traité de défenfe & de confervation de la Liberté Batave, arrangé cependant de facon k pouvoir fervir un jour de L01 Eondamentale de 1'Etat, lorfque Philippe jf i • (*) Voyez deux bons Extraits de cet Ouvrage dans la Bïbk des Sciences, Tom. XLVII. 453. & Tom. XLVU1. 160. NW du Jourmlijle.  364 Nouv. Biblioth. Belciquiï. pe auroit poufTé les chofes au point, qu'on fe verroit réduit k fecouer fon joug defpotique; par conféquent cette Union n'auroit eu aucune efficace, fi les •négociations de Cologne euflènt réuffi, fi Ion fe füt réconciliè avec le Roi, ou bien fi la France ou l'Angleterre eusfent accepté Thommage de la Söuverain neté de ces Provinces. Mais, pourfuit M. Paulus(*)fi Iaguerre contre Philippe étoit légitime, comme il eft prouvé, il fuit delè , que ce Prince ne pouvoit plus être regardé comme Söuverain légitime de ce Pays: II implique contradiction de foutenir, que des fujets puiffent prendre légitimement les armes contre leur Söuverain légu time. Pour répondre k cette objeftion il faut d'abord, dit notre Auteur, bien fixer le fens du mot légitime, dont Mr. Pa«lus fe feft fi fouvent: Si Ton entend par ce terme de Söuverain légitime, un Prior C*) Introduïïimi 'Joc.'jit, pag. 183.  Avril, Mai, Juin. 1782. 365 Prince qui gouvcrne fes fujets felon les Loix & les Privilèges donc il a juré 1'obfervation, il eft für que toute oppo» fition armée de la part du peuple eft illégitime. Mais Philippe dans ce fens ne pouvoit point être regardé comme Söuverain légitime. II donnoit k fes fujets des raifons bien fondées de fe plaindre de fon adminiftfati&n & conféquemment le peuple étoit obligé è: pourvoir a fa fureté, a tacher de ramener Philippe a des maximes plus juftes, en lui montrant dansl'éloignement, la perte toüale de ces Provinces, comme une fuiteimimmédiate & néceflaire de fa tyrannie, Les bornes d'un Extrait ne nous permettent pas de fuivre notre Auteur dans les autres détails ou il entre. II nous femble , qu'il répond toujours avec clarté, avec préciüon & avec force aux objecVions des Auteurs que Mr. Paulus a> fuivi; & 1'on eft obligé, felon nous, de convenir avec lui; que les Provinceff Unies n'ont regardé Philippe comme déchü de la Souveraineté, foit de droit, foit de fait, que depuis l'Edit de 1581. Les  $66 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. Les amateurs de 1'Hiftoire & de la Politique, afiigneront fans doute a Phabile Ecrvain de ce Traité une place diftinguéc parmi \el bons Auteurs de ce gen-» re, & il nous femble, qu'il la mérite 4 tous égards. ARTI-  Avril, Mai, Jüin. 1782. 36"r. ARTICLE SIXIÈME. Verhandelingen, &c. C'eft -a-dire, Mémoires de la Société Hollandoife de Haarlem; Tome XX. I. Partie, h Haarlem chez Van Walrk, Itnprimeur de la Société, 1781, avec Privilege de N. S. les Etats de Hollande, gr. in 8°. de 330 pages. La Société des Sciences de Haarlem eft, li je ne me trompe, la plus. ancienne de toutes les Inftiturions pareilles dans ces Provinces. La réputation dont elle jouit, tant en Hollande que dans le refte de 1'Europe, le choix févère de fes membres, 1'excellence des ï^êmoires qu'elle publie, tout nous» Aa dia»  g68 Nouv. Biblioth. Belgique/ qifpenfe d'infifter ici fur 1'origine & les progrès de cette Académie; nous nous' hatons de palier k 1'analyfe du Volume qué nous venöns d'annoncer. Selon fon ufage,la Société rendcompte daris un Avant - propos, des pertes qu'elle a afiuyées, & des acquiütions qu'elle I faites. La mort lui a ravi deux Directeurs, Meflleurs Van Boetzelaar & j)e Clerkï &quatre membres —— Me£fieurs Gaubius, van Lil, fameux Chirurgien de Rotterdam, Van Iperen, Pasteur k Batavia, & Nahuis, Profefleur en Théologie a Leyden. Les nouveaux membres font, Meflleurs Godin, Directeur, Belgen, k Smithaufen prés de Clèves; le Baron Van Hupscb,k Cologne, Scbmiedel, Premier Médecin deS. A. de Brandenbourg Anspach; &c, Tbunlergi Profeffeur a Upfal, Gummer, Mé', decin k Groningue, Benkö, Pafteur , Keun, Pafteur k Smyrne, Aenea, k Amfterdam, Van Dyl,ibid, & Court de Gébelin k Pi rir  Avril, Mai, Juin. 1782. 39/ „ rir i fes fermons, en parler fans ces„ fe, & reprendre du goüt pour la Re„ ligion." En terminant la feconde partie de ce Discours 1'Auteur fe récrie fur le peu de progrès de la faine Pfychologie; il retrace les caufes de cette lenteur, qu'il faut chercher furtout dans l'éducation recue, dans les préjugés, & la parelfe des gens en place, dans la fotte prévention & 1'amour propre exceffif de certains Inftitu* teurs, que Mr. T. fait parler ainfi. „ Notre mérite eft évident, nous fom„ nes des modèles a propofer aux jeunes „ gens; il ne nous manque rien du cóté „ des connoiffances, ni du cóté des ta„ lens, c'eft k l'éducation recué' que „ nous devons ce que nous fommes, c'eft elle qui nous a formés, & puis' qu'il faut juger des caufes par les effets, quel meilleur fyftême pourroiton adopter, que celui qui a enrichi la ^ Société de gens tels que nous." Enfin la jaloufie, 1'envie, 1'ignorance attacquent tour k tour ceux qui veulent fe frayer de nouvelles roütes dans Ia connoiffance de, la vérité, mais, dit „ 1'Au-.  398 Nouv. Biblioth. Belöique. 1'Auteur, ,, on doit faire attention qu'a5, prés l'sjiime des gens -éclairês, ce qui s, doit le plus fiatter un homme de mérite, c'eft h critique des fots. (*_) La troifième partk- eftdeftinée, comme nous 1'avons dit, k la recherche des moyens de perfcftionner la Pfycholo* gïe. L'Auteur commence par remarquer qu'il faut avant tout fe faire une jufte ïdée de ce que doit être la Pfychologie, afin d'éviter les erreurs dans lesquelles on ■ CO La T'radu&ion Höllandoife de cet Ou* vrage eft trés bonne; elie eft, pour le ftile, rnoins régligée même que 1'original. Mais le Tradufteur n'a pas bien entendu fe fens de la phrafe que nous avons mife en caraflère Italique. II fait dire a Mr. Trembley. D'ailleurs on doit faire attention que lorfqu'on remporte l'approbation des gens éclairês, ce qui doit le plus flatter un homme de mérite, on ne peut s'attendre a des critiques que de la paft des Hots. On voit que ce n'eft point Ja Ie fens de ''"Auteur. Au refte Terreur eft légére.  Avrïl, Mai, Juin. 1782. 399 on eft tombé, & de garder un jufte milieu entre les divers écarts des métaphyficiens. L'Homme ne peut connoïtre que les faits; il faut les obferver avec toute 1'exaclitude poffible, faifir leurs rapports tels que nous les montre 1'expérience ; voir comment ces rapports concourent k produire certains efFets; il faut remonter enfuite aux faits les plus généraux qu'il ibit poffible d'obférvêr. ïl faut comparer entre eux les faits particuliers, voif en quoi ils conviennent, en quoi ils font oppofés, les dépouiller de tout ce qu'ils peuvent avoir d'accidentel, pour ne conferver que leurs qualités efTentielles, les lier entre eux, Sc ne point s'arrêter dans cette marche, jufqu'i ce que 1'on foie parvenu k la plus grande généralitê posfible, au dela de laquelle on n'appercoit plus rien. Par cette méthode on 3 dércouvert les deux grands principes développés dans Je corps de ce difcours; 1'amour du bonheur, principe général de toutes les aiftions des Etres Sentans, & le plaifir que trouve 1'ame è exercer fos  Sóo Nouv. Biblioth. Belgique. fon a&ivité, phénomène univerfel dans tous les Etres aStifs. Les faits généraux un? fois trouvés & étabns il faut leur lier tous les faits fecondaires. Pour cela on doit les analifer fcrupuleufement, & voir comment jls fe décompofent & fe réduifent enfin aux faits généraux, enfin descendre infenfiblement du général au particulier, & voir comment les faits généraux font la caufe des faits particuliers, & c'eft ici qu'on ne peut fe palier de 1'efprit d'obfervation & de la connoiflance du monde. C'eft en fuivant ces régies que 1'on peut parvenir a faire des progrès conlijdérables dans la Pfychologie; la théorie des caufes n'eft pas faite pour nous. L'itcndue de cet extrait ne nous permet pas de fuivre plus loin 1'Auteur dans cette troifième partie, on fent aifément que Mr. T. développe encore les principes que nous venons d'indiquer, & nous renvoyons nos Lecteurs è cet excellent Discours, bien digne fans doute du prix ie ia Société lui a décerné. Le  Avril, Mai, Juin. 1782. 401 Le fecond Mémoire de ce Volume donne quelques éclairciffemens fur Ia pierre changeante nommée Oculus mundi. L'Auteur, Mr. Houttuyn, donne la defcription d'une pierre trés llngulière de cette nature, & une planche fort bien cxécutée, jette beaucoup de jour fur les raifonnemens du Naturalifte. / Tornt 11. Part, 2 Cc ARTI-  402 Nouv. Biblioth. Belgique. ARTICLE SEPTIÈME. Verhandelingen van deNatuur- en Geneeskundige Correspondentie in de Vereenigde Nederlanden, Opgericht in 's Hage. Ventos, cjf varium Oe.li prcediscere morem, Curafit,acPatrioscultusque habitus'jaelocorunu VlRGILIUS. I. Deel. II. Stuk, in 'sGravenhage, by J. A. Bouvink, 1781. 8°, C'eft - h - dire, Mémoires de la Société de Correspondance Météorologique &méd iginale, dans les Pro vinces-Unies des Pays'Bas , établie a la Haye, &c. Tomé  Avril, Mai. Juin. 1782. 403 Tome I. Seconde Partie. Volume in Zvo. de 290. pages fans les Préfacesy Tables, &c. &c. W "*\ans un Siècle fi fertile en AcadéJL-'mies ou Sociétés Littéraires , il feroit inutile de vouloir encore s'arrêter longtems k en prouver 1'utilité, fur tout k 1'égard de Sciences fondées uniquement fur Pobfervation, & qui ne peuvent faire de progrès, qu'autant que les efforts font réunis, les obfervations comparées , & les rêfultats discutés avec foin. Plufieurs Auteurs fe font occupés k montrer les avantages qui réfultent de ces AlTociations, & fi quelques uns de noslecteurs defiroient encore quelques preuves de la vérité de ce que nous difons, nous les prions de jetter les yeux fur la belle préface de M. Vidal placée k la tête du 13. Tome de la Colleclion Acadé. mique; Voici comment il s'exprime ;„ que 5, pouvoit on imaginer de pius propre i „ 1'avancement des Sciences & .des Arts „ que ces corps refpeétables dont les Membres, fans cefle eclairés les uns Cc 2 „ par  404. Nouv. Biblioth. Belgique. par les autres, font toujours en garde „ contre Terreur, & qui par le concours •„ des lumieres, & la perpétuité dont ils „ jouiffent, peuvent embraffer des ob„ jets trop au deflus de Tefprit d'un feul ,, homme , ou de Ia durée de fa Vie. — On ne peut disconvenir que les Scien„ ces ne doivent aux Académies les pro„ grès immenfes qü'elles ont fait depuis „ un fiecle. C'eft: furtout k ces bel- ,, les inftitutions que nous devons les progrès de cet efprit philofophique, qui ne marche qu'avec Ie ftambeau de „ Texpérience & de Tobfervation, qui „ ne fait un pas qu'après s'être afluré qu'il ne s'écarte pas du chemin de la 3, vérité, & qui préfère Tignorance, ou „ le doute, k une faufle Science; de cet efprit qui examine les faits, les „ rapproche, les envifage fous toutes „ les faces poflïbles, & en fait éclore j, des germes précieux qui n'y parois„ foient pas renfermés, ou du moins qui „ ne cröit pas pouvoir les négliger ou „ les difïïmuler, quoique actuellement inexplicables, mais au contraire les 3, recpir. cvacavidité, les enré^iftre foig- „ neu-  Avril, Mai, Juin. 1782. 4°5 „ neufement, & attend pour les mettre „ en oeuvre qu'une fuite de faits ana„ logues ait amené les matériaux nèces„ faires." Tels font les fruits qui doivent réfulter de ces Affociations Littéraires, tels font les moyens qü'elles doivent employerpour les obtenir, voyons quels font les matériaux que la Société Metéorologique Mèdicinale de la Haye employé, pour parvenir a des fins fi louables & fi utiles. Avant que de paffer a Vexamen des pièces contenues dans ce Volume, arretons nous un moment fur ce qui a donné naiffance a cette Société Météorolovüo-Médicinale. La Société des Sciences établie k Haarlem propofa en 1770 pour la première fois ,& en 1772 pour la feconde fois, la queftion fuivante ;quelles font les maladies qui découlent du Climat fcf de la conftitution même du Pays des Provmces-Unies, quelles font les précautions d prendre contre ces maladies 6? quels font les moyens de les guérir. Mr. le Doclcur J. J. van den Bosch n'épargna ni trnvaux, ni dépenfes, pour compofer un Mémoire qui répondit aux défirs de la Société de Cc 3 Baar-  aoö Nouv. Biblioth. Belgique. Haarlem, comme en effet elle jugea la Differtation qu'il foumit a fon examen, digne d'obrecir le Prix. Mais notre infatigable Médecin jugea bientöt qu'il auroit été impardonnablc de négliger une Correfpondance, qu'il avoit été obligé d'établir dans prefque tous les endroits de notre République, pour raffembïer les obfervations néceffaires k Ja compofition de fon Mémoire. Encouragé par quelques favans du premier ordre , entre autres par feu le céiébre Profeffeur Gaübius, il concüt Je projet de perpétuer cette Correfpondance & de raffembïer ainfi autant d'obfervations annuelles fur les maladies de ce Pays, qu'il lui feroit poiïïble de fe procurer. •— Mais il fallut pourvoir aux fraix inévitables, qu'une telle Correfpondance exigeoit néceffairement; il ouvrit pour cet effet une foufcription annuelle de 2 Ducats, (*) & bientöt par le zèle patriotique de plu- (*) Dans Ia fuite cette contribution a été réduite a un Ducat par an, afin de faciliter è chacun les moyens d'encourager & de foutenir cette eftimable entreprife.  Avril, Mai, Juin. 1782. 407 plufieurs Perfonnes d'un rang illuftre, & le concours de divers Citoyens de tout ordre, la Société fe trouva en état de faire face aux premiers fraix, & de publier vers la fin de 1'année 17b0 la ic. partie du lr. vol. de fes Mémoires. * Nous ne répéterons pas ici les élogcs "uftement mérités que tous les Journalistes tant Francois que Hollandois ont donné a cette produéhon; il étoit convenable que ce Volume contint des pièces qui pufl'ent fervir , comme d'Introduction a ce qu'on publieroit dans la fuite, & on y trouve d'abord un Mémoire touchant la Météorologie, contenant les Inftruclions nêcefiaires pour que les obfervateurs réglaffent leurs obfervations d'une manière uniforme & étendue fuivant un même Plan. Cette Pièce a été généralement applaudie, leplus grand nombre des obfervateurs s'y font conformés, delè notre Société Météorologique a 1'avantage fi rare, de recevoir de toutes les parties de la République des Obfervations faites & rédigées avec foin, & fuivant un Plan uniforme. Le Sccond Mémoire contient une 'DefcripCc 4  408 Nouv. Biblioth. Belgique. tion Topograpbique de la Fille de VEclufe en Flandre, avec un Etat du nombre des Naiffances 6? des Morls dans le Dijlricl: de cette Vitte, ainfi que des Maladies qui y ont régné pendant 1'année 1778 6? 1779, enfin vne lifie des Maladies de la Garnifon de cette Ville pendant 1'année 1779» par M. Callenfels, D. en M. Ce Mémoire efl des plus intérefiants. Le troifième Mémoire contient des Réfiexions toucbant les Lijtes des NaiJJances Êf des Morts, avec des projets de diverjes Czrreëtions & Améliorations d faire dans ces li fles, par M. M. A'. 'sGravezande , Pafteur de lEglife Flamande a Middelbourg, & J. Wyngaard, D. en M. & Leéïeur en Anatomie ö5 Art des Accoucbemens dans 1'Ecole Illuftre k Deventer. Cette troifième Pièce eft pareillemer.t d'un mérite diftingué, & peut fervir de Modele a ceux qui s'occupent de ces objets & qui veulent communiquer leurs obfervations k la Société. Remarquons encore que cette première Produöion de la Société de Médecine & de Météorologie de la Haye a été tellement applaudie, que peu après fa  Avril, Mai, Juin. 1782. 409 fa publicacion, la Société Royale de Médecine de Paris s'eft empreffée k s'unir k Elle, ainfi qu'il paroit par la Preface du Volume que nous annoncons aujourd'hui ; pareillement la Société Electorale de Météorologie a Manbeim tendune main d'union a celle de la Haye, de manière même qu'elle lui deftine les Inftrumens Météorologiques qu'EUe envoye k fes Obfervateurs. Eft-il dans notre République quelque autre Société littéraire qui puifle fe glorifier d'être unie a quelque Société Etrangere? Nous croyons que non. —• Voila en peu de mots 1'Hiftoire de 1'origine & des progrès de. cette Société, laquelle quoique dans fon berceau encore, a deja receuilli de II beaux matériaux. Elle ne peut que tourner véritablement au bien-être de 1'Humanitè, en faifant connoitre de plus en plus la nature du Climat que nous habitons, les maladies aux quelles nous fommes expofés & les remedes les plus efficaces pour nous en préferver, ou nous en délivrer. Tous ceux qui s'intércflent au bien être de fes Concitoyens ne peuvent s'em» pêcher d'applaudir aux vues patriotiques Cc 5 &  4to Nouv. Biblioth. Belgique. & aux cfforts de cette Société naiffante, fes recherches fonrniront un tréfor de connoiffances utiles. Après avoir dit un mot du contenu de la ie. Partie du jr. ïome de ces Mémoires, dont nous ne pouvons affez recommander la lecture è ceux qui poffédent la langue Hollandoffe, nous allons paffer a Texamen du contenu de la 2~ Breda, par Mr. R. Holl, 2dv Lt. d'Artillerie. — Bergen op -Zoom, par Mr ~ Utrecht, par Mr. Romer, Doft- en Med. — Zutphen, par Mr. Le Profefleur de Gorter, cesobfervations ne regardent que la Place & 1'évaporation.  Avril, Mai, Juin. 1782. 417 Sociécó, & celles de M. Gabry depuis 1747 —- 1768. pour le même endroit: enfin la Colleétion d'Obfërvations de prés d'un demi fiècle faites a Haarlem ou Zwanenburg. L'Auteur regrette enfuite d'avoir du omettre 1'examen de plufieurs points extrêmement intéreflants, tels que les Variations Diurnes & Nocturnes , d'un jour a 1'autre pour le Baromêtre & pour le Thermomêtre. La fréquence & la durée des mêmes Vents, leur influence fur la Pluie, la Grele &c, & dont la Société a traité en détail dans le Manuel Météorologique dont nous avons parlé plus haut; mais Timperfettion des obfervations employées dans ce Mémoire n'a pas permis de faire mention de ces Articles : il en eft de même de la queftion de 1'icfiuence de la Luae fur les divers Méteores; 1'Auteur du Mémoire remarqué que jufqu'ici les Obfervateurs Hollandois ne fe font occupés que peu ou point de cette queftion, excepté Mr. le Profefleur van S wind en qui en afait trés fouvent mention dans 1'ouvrage cité ci deflus, aufli la Société a-t-elle in£ér& Tom. 11. Part. 2. D d dans  4i8 Nouv. Biblioth. Belgique, dans fon Mémoire ce que ce célèbre Obfervateur avoit dit fur ce fujet. (*) Enfin, continue notre Auteur, nous avons encore fait mention des Années qui ont eu quelque relTemblance avec la préfente, puifqu'il il eft trés irapoitant pour la Médecine de conpoitre fi celles qui s'accordent quant aux Obfervations Météorologiques, ont auffi été fujettes a des maladies du même genre. Tel eft 1'expofé général du Plan & du but de ce Mémoire, mais avant que d'en venir a 1'examen du mois de Janvier, 1'Auteur récapitule en peu de mots ce qui a eu lieu dans les derniers jours de Décembre lorfque le Mercure du Baromêtre parvint è une hauteur fi extraordinaire qu'il n'y a que trés peu d'exemples de quelque élevation pareille, ou peut-être n'y en a-t-il point du tout, li 1'on confidere la continuité de cette éle- va- (4) M. Le Do&eur En gilman, en touche quelque fois un mot dans fes Obfervations communiqués en M. S. * 9 So-  Avril, Mai, Juin. 1782. 419 vatfon; la cfnlte de ce même Mercure le dernier jour de 1'année; la Tempête du foir de ce jour, & enfin 1'afcenfion fubite du Baromêtre dans la matinée du 1. Janvier & les 2 jours fuivants. La fin de 1'année 1778 & le commencement de 1779, dit notre Auteur furent liés enfemble par la Variation la plus extraordinaire dans Ia conftitution de 1'Atmofphere. Nous avons déja dit qu'il n'étoit pas poffible d'entrer dans des détails touchant les Obfervations: il faudroic faire un Extrait a peu prés auffi étendu que le Mémoire même. Ainfi nous nous bornerons a développer la marche de TAuteur dans la tractation de chaque mois. On recherche d'abord quelles ont été les plus grandes élevations, les plus petites & les moyennes pour chaque mois; on compare chacun de ces termes è ce qui a lieu année commune, ou même a ce qui a eu lieu dans des années extraordinaire:. Enfuite on recherche s'il y a- eu quelques Périodes d'élevation ou d'abaiffement extraordinaire foit pour le Baromêtre foit pour le Thermomêtre, & fi ces- Périodes s'accordent avec quelDd 2 quee"  42o Nouv. Biblioth. Belgique. ques Points Lunaires', les obfervations employées paroilTent indiquer affez clairement que les changemens des Points lunaires ont eu quelque fois certaine influence fur la marche du Baromêtre, &c. Ou du moins qu'il y a eu une fïmultanêité de Variations. Un fecond article important auquel il faut faire attention pour bien conftater le Climat d'un Pays., c'eft la Sérénitéde 1'Air, ou bien la fréquence des Jours Couverts, a demi Couverts, Pluvieux&c. Cet article eft traité avec foin dans le Mémoire que nous analifons. Quant au nombre des Jours Sereins, SemiCou. nerts &c. Je n'ai pu en donner une énumération exacte, dit notre Auteur; „ d'un, „ cötè parceque les obfervations ne „ font pas fort détaillées fur cet fujet, „ & d'un autre cóté parceque les divers „ obfervateurs employent fouvent dif„ férentes denominations, onbien com„ prennent fous le même titre diverfes „.nuances de 1'état de 1'Atmofphére , „ Pour remplir en quelque forte le vui„ de que cette imperfection auroit pu M caufer, un des Membres de cette So-, „ ciê-  Avril, Mai, Juin. 1782. 42Ï „ eiété s'eft chargé de rédiger autant „ qu'il a été poffible toutes les obferva„ dons fuivant le §. 25. du Plan Mé„ téorologique que la Société avoit pu„ blié dans fon Volume précédent, & „ il a rangé chaque jour dans une des „ Gaffes, c: a: d. de Jours Sereins ou a „ peu prés, 2. de Jours Couverts om d, „ peu prés, & 3. de Jours Semi Sereins „ ou Semi Couverts, oü il appartïent. II „ confte, ajoute-t-il, d'après les diver■„ fes obfervations, qu'en général il y a „ eu en Janvier peu de jours entiere„ ment couverts, au contraire qu'il y „ en a eu beaucoup h demi fereins, & „ que les autres ont éte parfaitement „ fereins." C'eft ce qu'il prouve par les détails de chaque endroit, &il montre jufqu'a quel point ces Obfervations s'ècartent de ce qui a lieu ordinairemenr. Les Refultats pour Février & Mars font a peu prés pareils a ceux de Janvier. L'expofidon de la Diredtion des Vents, eft pareillement traitée avec beaucoup de foin , & a exigé beaucoup de travail, parceque lesObfervations n'ayant été ou point du tout rédigées, ou bien faites fuivant Dd 3 un  4%i Nouv. Biblioth. Belgique. un Plan peu uniforme, chaque obfervateur ayant fuivi une manière différente i] a fallu commencer par le réduire, pour ainfi dire, a la même dénomination, en les rédigeant tous de la même manière, & fuivant le §. 46. du Plan que la Société avoit publié. Mais 1'Auteur regrette de ne pouvoir comparer ces réfultatsavec ceux.des annéesprécédentes, ou de 1'année commune, parceque les Obfervations de ces années ne font point rédigées, „ depuis longtems dit-il, beau„ coup de Phyficiens fe font occupés >} d'Obfervations Météorologiques, mais „ il y en a peu qui fe font appliqués k les réduire en Tables, pour en tirer „ quelque conclufions: fi nous avions „ fur tous les points de la Météorologie des Tables femblables a celles de Mr. „ Mohr, (5) dont on a parlé rides„ fus, & des Mémoires pareils a ceux »> du (5) M. Mohb, a donné dans Ie Tome IV. d'un recueil Hollandois intitulé Natuurkundige Verhandelingen, une Table des Ob. ferv. Thermomêtriques faites a Zwanenburg t pendant 40 ans, avec les réda&ions néceffai-  Avril, Mai, Juin. 1782. 4*3 „ du même Auteur, & a celui de Mr. „ Van Swinden, nous faurionsquel„ que chofe de certain touchant le Cli„ mat de ce Pays; il y a bien mainte„ riant beaucoup d'Obfervations, mais „ elles exiftent fans être utiles." II y avoit encore un autre article difficile dans la cömparaifon des diverfes Obfervations, c'étoit la Force du Vent. Les Obfervateurs employent différentes manières de 1'exprimer, fouvent c'eft d'après le Mouvement des Ailes d'un Moulin, de VEau, des Nuages , des Voiles des VaiJJeaux &c. La divifion de ces Forces en 16 parties eft affez généralement recue parmi les Obfervateurs Hollandois & ils fe fervent des nombres o. 1. 2. 4. 6. &c. pour exprimer les divers dégrés de Force du Vent, 16". défigne Tempête ; d'autres Obfervateurs emplovent 1'Anémométre de Mr. Bouguér qui res. Cette Table & le Mémoire qui 1'acêompagne eft un pièce vraiment admirable, & compofée avec un j'ugement & une exactitude extréme. Dd 4  424JN0UV. Biblioth. Belgique. qui exprime la Force du Vent. en Onces fur un pied quarré. Mr. le Profefleur Van S wind en, avoit déja rangé en différentes ClalTes ces Forces expriméés en Onces. Voyez fes Qbferv. furie Sroid rigoureux de Janvier 1776, a Amfier dam, chez M. M. Rey 1778, §. +. 5. 6. Mais 1'Auteur du Mémoire que nous examinons a taché de faire une comparaifon détaillée entre les diverfes manières dont les Obferv. Hollandois fe fervent de celle de M. Botjguer , c'eft ainfi par ex. que le Vent eft trés foible, lorsfqu'il eft entre o. & 8. Onces, ou dansles 4 premièresClafles, fuivant MVan Swinden (1. c.) ou entre o. & 2. fuivant Peftimation d'après la vitefle des ailes d'un Moulin, &c. Que le Vent eft fort lorfqu'il eft entre 24. & 40. Onces, on entre la 9. & la 13. Clasfe; ou bien encore entre 6. & 8. Et ain, fi du refte: Cette Table de Comparaifon, qui peut-être n'eft pas exaéle a toute rigueur, pourra cependant être utile, en donnant des d peu prés. Après avoir détaillé quelles ont été les opérations in, djfpenfables pour pouvoir faire ufage des  Avril, Mai, Juin. 1782. 425 des Obfervations que Ia Société avoit en main, 1'Auteur donne en détail les réfultats de ces Obfervations pour chaque endroit, & il y ajoute fouvent quelques recherches touchant 1'influence de la Lune fur la Direótion des Vents, elle a été plus d'une fois trés palpable. Un §. féparé (cemne nous 1'avons déja dit) eft confacré è 1'examen de 1'accord ou de la difFérence qu'il peut y avoir eu entre cette année 1779, & les autres années qui fe rencontrent dans le Période Lunaire de 19. ans. L'Auteur de ce Mémoire avoue n'avoir pu qu'inférer ici ce que Mr. le Profefleur Van Swinden avoit déja dit dans fon ouvrage cité cideflus. Les années de ce Période font 1750. 1741. 1722 & 1703: il n'y apoint d'Obfervations de cette dernière année pour ce qui regardé ce Pays, & M. Van Swinden avoue que pour 1'Année 1722, il n'en connoit pas d'autres, du moins détaillées, que les Obfervations Manufcrites de feu M. j. EckHardt, Receveur des Domaines de S. A. S. Monfeigneur le Prince d'Orange, a Breda, de. Dd 5 puis  426 Nouv. Biblioth. Belgique. puis 1'Année 1709. - 1741 : Mr. Ie Baillif Eckhardt, un des Directeurs de cette Société Météorologico • Médicinale, toujours animé d'un vrai zèle pour 1'avancement des Sciences, a confié ce véritable Tréfor d'Obfervations de feu M. fonPère, au cèlèbreProfeffeurdeFranefor, qui en a fait ufage, & qui en reconnoit le vrai merite. (6) Cette collection contient auffi plufieurs belles Obfervations fur 1'AuroreBoréale dont Mr. V. S. efpère rendre compte dans 1'ouvrage qu'il projette furee fujet &dont ila donné leProfpeclut dans le Journ. des Savans de Nov. 1779. EdiU d'/imfterdam. Quant a cet accord entre ces années il a eu lieu quelque fois, mais pas toujours entre les mêmes années ni aux mêmes égards. Enfin chaque mois efi: terminé par une re- C6") »> je ne doute pas dit Mr. V. S.' '„ qu'on ne puiife tirer un grand parti de „ ces Obfervations, je me livrerai a ce tra- vail, dès que d'autres occupations m'en „ laifferont le tems." V. Obferv. Mété. p. M 131. n. 257-  Avril, Mai, Juin. 1782. 427 récapitulacion générale de ce qu'il y a eude plus extraordinaire; p. ex. le mois de Janvier a été remarquable i°. par la violente Tempête du Ir. 20 par la hauteur extraordinaire a laquelle le Mercure s'eft foutenu, 3° par la quantité de petite Pluie, qui eft tombée, ainfi que par le Calme&Iafécherefle extraordinaire qui ont eu lieu. 40 Enfin par le grand nombre de Vents de S. O. qui ont fouffléy. (7) Pareillement le Mois de Février, a été trés extraordinaire par TElévation extraordinaire Sr conftante du Mercure dans le Baromêtre, la température douce de 1'Air, fans Gelée, Neige ou Grêle, par le peu de Pluie, & par la fréquence des Vents de S. O. O. & S. Le mois de Mars eft terminé par cette rej» (7) Diverfes notes renferment encore des Obfervations détacbées trés intéreffanteï, c'eft ainfi p. ex. qu'au mois de Janvier o& trouve 1'Extrait d'une Lettre de Mr. Va n Breda de Delft, i Mr. P- Van Swinden a la Haye. 11 paroit que Mr. Van Breda fbupconne, non fans quelque fondement, qu'il y a  428 Nouv. Biblioth.. Belgique. remarqué générale. „ Ce mois ainfi que „ les précédents, a été trés remarquable „ par rapport a 1'élévation extraordi„ naire du Baromêtre, (8) la chaleur „ continue, la Sérénité agréable & con„ ftante de 1'Air, enfin par la Sécheres- „ fe eu l Delft Ie matin du i Janvier entre 6| & 7. h. un petit Tremblement de Terre: plufieurs habitans de Ia même Ville croyoient s'en être appercus. Une autre obfervation intérefTante c'eft qu'il eft trés probable que Ia Matière Ele&ri que étoit vers 7. h. du matin dans une violente agitation autour de Ia Tour de l'Eglife Neuve élevée de 300 pieds. (8) Mr. Va n Swinden de la Haye ^marqué, que s'il eft rare de voir Ie Mercure du Baromêtre fe foutenir pendant un mois entier (Févr.) audeflus de 29. p. Ce fait devient encore bien plus extraordinaire fi on y ajoute les 3 derniers jours de Jan v. & les 14 premiers de Mars, ce qui fait enfemble 45 jours, période pendant lequel le Mercure s'eft foutenu entre 29. 75. & 20. 108.  AvRiL) Mai, Juin. 420 )S fe peu commune, le Calme & la fré„ quence des Vents de N. O. & N. E., fi „ cette agréable Température fembla „ vouloir prendre fin, vers le 18 ou 19 „ du Mois, lors d'une Nouvelle Lune, „ le beau temps, qui depuis 2* mois a„ voit été fi conftant, reprit bientöt le „ deflus; & dura jufques bien avant dans ,, le mois d'Avril, comme il paroïtra „ par les détails de ce Mois." Les détails de ce mois d'Avril & des fuivants doivent devenir de plus en plus intéreflants, puifque le cours entier de cette année a été des plus extraordinaires. Nous attendons le 3e Volume avec jmpatience, & nous croyons n'en pas trop dire, en préfumant que tous les Météorologiftes fouhaitent d'en voir hater la publication; il nous a paru que ce Mémoire eft travaillé avec foin & pour. ra être trés utile tant pour faire connoitre 1'Année 1779 même, que pour fervir de point de comparaifon pour les années fuivantes, peut être pourroit-on reprocher a TAuteur un peu trop de prolixité, puifque le Mémoire entief rem-  430 Nouv. Biblioth'. Belgique.' ' remplira feul un Volume; il eft apparent que 1'ouvrage s'eft étendu impercepti"blement en le compoiant, du moins remarqué t-on aifement que la fin du Trimeftre eft travaiilée avec plus de foin & d'ordre que le commencement, lbit que les matériaux ayent été plus abondants, ou que le maniment en foit de. venu plus famiüer k 1'Auteur : mais il ne fera pas poffible de faire pour chaque année un Mémoire auffi étendu que celui ei,, & la Société avifera fans doute a quelque Plan fixe & ceneis fuivant lequel Elle puifle k 1'avenir publier chaque" année les réfultats généraux des Obfervations qu'elle recevra, réglés fuivant le Modèle qu'elle a publié dans la première Partie de fes Mémoires. Paflbns a prefent k 1'examen de la feconde partie du Volume que nous analifons, elle contient des Mémoires de Médecine d'un mérite fupérieur, & dont nous ne pouvons aflez recommander la leéture. Cejl  Avril, Mai, Jüin. 431 Ceft a regret que nous fommes obligés de ren~ viier au Trimeftre prochain la fuite de cet Extrait; mais les barnes que nous nous ftmmes prefcrites, 6? I'abondance des matieres exigent de nous ce facrifice. Ju refte le fecond Volume de cette Correfpondance vient de paraitre, Jjp nous en parierons auffi dans la fuite. dmtiff. du Rêdaüeur. ARTïj  432 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. ARTICLE HÜITIEME. De Voetstappen der Leere, van s Menfchen Leeven na den Dood in de Schriften van het Oude Verbond , ffc. C'eft - a-dire, Recherches sur la Doctri- m e d'une Vie après la mort, tirées du Vieux Tefiament, ff dédiêes cl la Société Théologique de Teyler k HaarlemTome Premier, qui traite de la Mythologie des Hé. breux, ff des idéés qu'ils avoient de PEmpire des Morts; pour fervir d7ex. plication k plufieurs paffages de VEcriture Sainie, ff divifé en trois Chapitres. Par Jean Chrétien B AU M. Pafteur de VEglife hut-  Avril, Mai, Juin, 1782. 433 Luthérienne a dillenburg, gr. in 8° de 120 pages d la Haye chez lfaac Du Mée 1782. Prix ƒ o - 16-0 Un riche Particulier de la Ville de Haarlem nommé Teyler laifla en mourant un fonds trés confidérable, dont les intéréts font deftinés a recompenfer ceux qui au jügement de certaines perfonnes , nommées dans le Teftament, auroient le mieux répondu a différentes queftions de Théologie ou de Jurisprudence, propofées par elles. Cette Société, nommée d'après fon Fondateur la Société de Teyler propofa 1'an paffé la queftion fuivante. „ Rechercher quel a été le fentiment des Pbilqfopbes 3, Payens fur 1'état de 1'homme après la „ mort, depuis les premiers Pbilofopbes „ Grecsjufqu'dCiceronouSeneque." C'eft pour jetter plus de jour encore fur cette matière que le favant Auteur de l'Ouvrage que nous annoncons vient de publier fes recherches fur les idéés que les Hébreux fe faifoient de 1'état de I'hom- ' Tom. II. Part. 2. Ee me  434- Nouv. Biblioth, Belgique. me après la mort. On peut donc regarder ce Traité, comme une efpèce d'Introduction a la queftion propofée par la Société de Teyler, d'autant plus qu'un des premiers Philofophes del'Ecole Grecque, Pythagore, a été violemment foupconné par deux de fes Difciples, Numene & Porpbyre, & par fon Hiftorien Hermippe, d'avoir puifé une partie de fa Doftrine dans la converfation de quelques Juifs de fon tems, ou du moins d'avoir tiré ces idéés de la même fource que lesHébrenx, c'eft-a-dire, des myftèrcs des Prêtres Egyptiens. l\ eft donc néceflaire de bien établir la croyance des Juifs fur cet article, pour juger 'enfuite, fi le reproche que 1'on fait a Pythagere eft fondé ou non; & voila ce que Mr- Baum entreprend d'examiner. L'Auteur, en publiant fon Ouvrage a eu encore un autre but; celui de répondre aux objeftions de certain Incrédule (*) q«ii foutient que les Juifs n'ont eu, (*) Nous ignorons quel eft TAuteur dont Mr. Bau-m parle ici, mais pour peu qu'oa  Avril, Mat, Juin. 1782. 435 du tems de leurs Prophêtes, aucune idéé du dogme de 1'immortalité de 1'ame; Mr. Ba um s'éleve contre cette imputation, du'on ne fait,que pour mettre en doute, s'il étoit poffible, la Divinité de la Religion Judaique. Au refte le favant Micbaë. lis a déja longtems avant notre Auteur démontré toute Pabfurdité de cette objeclion. Ce premier Volume eft divifé en trois Chapitres, dont nous allons donner le précis. Les plus anciens Peuples, tels que les Egyptiens, les Indiens, les Grecs, les Romains, les Celtes, &c. ont tous adopté le dogme de 1'immortalité de 1'ame, ou du moins d'un état futur après la mort; mais ils ont enveloppé cette idéé vraie, fous des emblêmes & des allégo- ries foit verfé dans les Ecrits des Incrédules,' on n'ignore pas que la même objeftion a été faite cent fois par plufieurs Incrédules Anglois & Francois, & en dernier lieu par Mr. De Voltaire. Note du Journalijle. Ee 2  436 Nouv. Biblioth. Belgiqus. ries plus ou moins ingénieufes, 11 n'eft pas étonnanc que les anciens Hébreux & les Juifs euflent le même ufage; & 1'on trouve dans 1'Ancicn Teftament plufieurs paflages, qui font manifeftement allufion aux expreflions figurées dont fe fervoient les Jsraëlites a ce fujet. Pour bien entendre ces paflages il eft donc néceflaire d'avoir de jufles idéés de la Mythologie des Hébreux 6? des Juifs touchant 1'état des morts; C'eft le fujet de ce premier Volume. Dans le premier Chapitre 1'Auteur examine ce qu'étoit le S c h e o l des Juifs, dont il eft fait fi fouvent mention dans les Livres Sacrés. Le Scheol eft une Fiction, qui reffemble beaucoup a notre fabuleux Empire ou Regne des morts; on fait que cette Allégorie eft regue parmi nous, & que c'eft pour refter dans la Métaphore que la Scène de nos Dialogues des morts fe paffe toujours dans le vafte lieu, oü 1'on fuppofe que les morts de tous les tems, & de tous les lieux fe raflemblent. Les Hébreux attachoient la même fig« nification è leur ScbeoL Les  Avril, Mat, Juin. 437 Les Traductcurs de Ia Bible auroient mieux fait par conféquent de conferver ie mot Scbeol , que de Ie traduire par celui ó'Enfer, ou de FoJJe, comme ils Ton fait. L'Auteur prouve, par des exemples trés bien choifis, que Ie mot Scbeol ne fignifie jamais une feule Fojfe, ou feul un Tombeau, mais quel'Ecrivain facré, pour exprimer ce dernier terme, fe ferr toujours du mot Kever. Voyez Genèfe XXIII. 4. 9. 20. Rois XIII. 21. Ei'ai» XXII. 10. 2. Cbron: XVI. 14. &c. Lorfque Jacob pleure la perte de fon Fils Jojepb, qu'il croit avoir été dévoré par une béte féroce, & conféquemment, qui n'avoit point été enféveli; il s'exprL me ainfi. Certainement je descendrai en menant deuil au Scheol vers mon Fils; or, puifque Jofeph felon 1'idée de Jacob lui-même n'étoit point dans la folie; le mot Scbeol ne peut pas fignifier ici, Sépulcre, comme les interprêtes l'ont rendu ,mais il faut entendre au contrairepar ce terme, 1'Empire le Règne des morts, fendroit ou les ombres fe raflerhbloient. Ee 3 Vo-  438 Nouv. Biblioth. Belgique. Voyez aufli Efaie XIV. 19* Cependant, obferve Mr. Baum, le Scbeol fignifie aufli Pendroit oii les corps de tous les hommes étoient enterrés. Les Juifs n'entendoient pas par Scbeol, un lieu de punition pour les méchans, nos Traducteurs font fouvent tombés dans cette erreur, qu'ils n'auroient pas commife, s'ils euflent réflechis fur 1'exclamation de Jacob que nous venons de citer. Certainement ce Patriarche ne penfoit pas a defcendre vers fon fils, dans VEnfer. Mr. Baum examine enfuite les raifons de ceux qui admettent la propofition que nous venons de condamner, il réfute leurs objeclions avec beaucoup de force. Le Scbeol n'eft donc autre chofe qu'un Lieu imaginaire, 1'Empire, le Royaume des morts. II eft plus difEcile de décider, fi les mortsrepofoient dans cesLieux, ou bien s'ils y jouiflbient d'une certaine attivité; Mr. Micbaelis penche pour la première de ces fuppofitions. ; • Le  Avril, Mai, Juin. 1782. 439 Le Second Chapitre traite du Paradis & de la Géhenne des Juifs. Avant laCaptivité de Babylone les Hébreux s'étoient fait outre leur Scheel, un Tartare, & des Champs Elifées. C'eft ce qu'ils appelloient les Isles mortes, au bout du grand Océan, aux confins de la Terre. Mais depuis cette époque les Juifs réunirent ces deux endroits, & at-. tacherent au Scheol les mêmes idéés que leurs Peres avoient eu des Isles mortes. On obferve la même progreffion parmi les Grecs, qui du tems de Demofthenes croyoient que le Hadès étoit le lieu oü. les morts habitoient, tandis que leurs ancêtres, de même que les Hébreux, diftinguoient le Hadès, & les Isles Heureufes. Les Juifs ornerent encore leur Mythologie d'une nouvelle Fable, en placant res bien-heureux dans le Jardin d'Edén, & les méchans dans la Gehenne. Orr ne trouve aucune tracé de cette idéé dans 1'ancien Teftament, mais le nouveau nous en fournit plufieurs exerriples, Voyez la paraboledu mauvais Riehe; Ee 4 de  44° Nouv. Biblioth. Belgique. de même que Mattbieu XI. 23. XVI. 18. Luc: X. ij. L'Auteur nous donne dans le troifième Chapitre une Defcription des Isks mortes, dont nous avons parlé. En remontant a Ia plus haute antiqnïté on retrouve cette Fable. Les Egyptiens adoroient leur DéelTe Buto dans un temple placé dans une Isle, or cette Divinité étoit invoquée l'ous le nom de la DéefTe des morts. Le Voyageur Pokoeke rapporté que les corps des Rois Egyptiens étoient placés au milieu des Pyramides dans une vafte enceinte en. tourèe d'eau, qu'on y introduifoit au moyen d'un aqueduc. Les Efleniens avoient a peu prés la même idéé des lieux oü les morts alloient après leur trépas; les Grecs, qui a 1'exemple des ElTéniens emprunterent beaucoup de chofes de Ia Mythologie Egyptienne, adopterent aufli cette fiction. On retrouve encore chez les Malabares la même opinion, qui fut aufli celle des Celtes, des Gaulois &c. II n'eft donc pas étonnant que les Hébreux, qui vó-'  Avril, Mai, Juin. 441 vécurent pendant fi longtems en Egyp. te, aient aufli emprunté cette idee: comme il paroit par Deuteron: XXX. 13. Job: XXIV. 18-19. XI. 17. Pfeaum: XC. 10. Rom: X. 7, En terminant ce Chapitre 1'Auteur a 1'attention de citer les Auteurs qu'il a confulté, il avoit eu le même foin pour les Chapitres précédens Eej ARTI-  44x Nouv. Biblioth.'Belgique. ARTICLE NEUVIÈME. De Doop der Kindeken ver^ worpen, &c. C'eft. k- dire, Le Batême des Enfans rejet té, ff celui des Adultes préféré, en quatre Dijfertations fort étendues., in 8 Harlingen, chez V. van der Vlaats 1782. Prix ƒ 1 - o - o L'Auteur anonyme de ces Difcours, fe permet dans la Préface de cet Ouvrage un langage bien différent de celui qu'on auroit droit d'attendre d'un Ecrivain modéré & impartial, qui ne cherché que la vérité. II fe dépeint lui même comme un homme, élevé dans le fein de l'Eglife Réformée, qui s'ima• I .;[ A ? 33 fi1'-  Avril, Mai, Juin. 443 ginoit être obligé en confcience, 6? pour fervir Dieu, de condamner ou d'aider d, damner tous les membres des autres communions cbrêtiennes qui profeffent des dogmes contraires d ceux de fon Eglife. II paroit que cette difpofition a donné un certain pli a fa facon de penfer, & de s'exprimer; deforte qu'aujourd'hui même, qu'il appartient k une de ces communions qu'il damnoit autrefois, il fe croit autorifé k prendre un ton tranchant & décifif qui s'accorde bien peu avec la cbarité Evangelique. Quoiqu'il en foit il nous apprend encore, que de foibles preuves pour le Batême des Enfans, lui ont fait naïtre de bonne heure des doutes fur ce dogme; qu'étant tombé enfuite entre les mains degens, qui fe fervirent de trés mauvais moyens pour le ramener a cette Doctrine , il s'eft confirmé de plus en plus dans fon propre fyftême, & qu'enfin il s'eft vü dans 1'obligation indifpenfable de communiquer k fes compatriötes fes idéés fur ce fujet. 1 Quant k 1'ouvrage même ; malgré la modeftie de 1'Auteur qui reconnoit fon ig-  4-44- Nouv. Biblioth. Belgique, ignorance dans tout ce que 1'on nomme fcience, en priant auiïï d'excufer les fautes qu'il auroit pü commettre, ilfaut avouer cependant, qu'il a bien médité fon fujet, & qu'il préfente fes objeclions fous un jour trés lumineux. II expofe dans le premier Difcours 1'état de la queftion agitée par 1'un & 1'autre parti, & il indique les difficultés que 1'on éleve contre le Bateme des Enfans. Dans le fecond , on trouve les raifons qui ont forcé 1'Auteur k rejetter ce dogme. Les deux derniers Chapitres renferment les preuves ordinaires, dont on fe fert pour établir la néceffité du Batême des Enfans , il tache de les réfuter, & termine fon ouvrage par une application fort étendue. On a déja une infinité d'ouvrages fur cette queftion, qui a été fouvent agitée, furtout dans ces Provinces, & réchauffée nouvellement dans 1'affaire de Mr. le Doöeur Pereboom k Hoorn, & de Mr. Zion Quint k Amfterdam. (a) On ne trou- (_a) C'eft cette dernière affaire que notre Auteur avoit en vue fans doute, pagt  Avril, Mai, Juin. 1782. 445 troiavera dans les Difcours que nous annoncons rien de fort neuf fur cette matière. L'Auteur reconnoit lui même, qu'il a tiré un grand parti des Ouvrages de John Gale's Objervations fur lebatême des Enfans, & de Venema Disfertation fur les Sceaux de l''Alliance. On ne peut difconvcnir cependant que 1'on ne rencontre ici de tems en tems quelques réflexions qui méritent bien d'être approfondies a tête repofée & fans 14 de lapréface, lorfqu'il parle d'une perfonne propoféepour remplir la fonction deDïacre, mais qui fut rejettéc par ce qu'elle ne faifoit point batifer fes Enfans. Si on lit tout ce que 1'Auteur dit pag. 22. £? /üiv. pour prouver, ,, qu'un bomme, qui n'ad„ mêt point le batême des Enfans, mais 5) qui du refte foufcrit entièrement a la ,, profeflion de foi, doit être toléré dans „ 1'Eglife & regardé comme un digne Mem, bre", & qie 1'on compare enfuite les Mémoires Juftificatifs de Mr. Ouint, on trouvera dans ces deux Ecrits une confortuiti frappante.  446 Notjv. Biblioth. Belgique. fans aucune prévention. On y découvrira Ia foibleiTe de certaines preuves, dont quelques Théologiens n'ont pas honte de fe fervir dans un fiècle, oü 1'on a fait de fi grands progrès dans la faine Critique, & dans la Logique. On y apprendra, combien il eft dangereux de s'appuyer fur des hypothèfes, qui ne font ni ne peuvent être prouvées. Enfin nous croyons que ces Difcours convaincront tout homme de bonne foi, que dans le Dogme dont nous parions , tel qu'il eft recu parmi les Proteftans, on découvre encore certaines chofes qu'il faut certainement ranger fous la clafle des additions humaines; & qui ne s'accordent pas avec 1'aimable fimplicité primitive de notre fainte Religion. ARTI-  Avril, Mai, Juin, 1782. 447 ARTICLE DIXIEME. Lettre d'un des Auteurs de la Nouvelle Bibliothèque Belgique au Ré-, dacteur de ce jo urn al» Monsieur, La Langue Allemande a tant d'affinitê avec celle de notre Pays, elle y eft fi recherchée & d'un intérêt fi univerfel pour la Littérature, qu'elle a fans contredit les droits les plus légitimes a notre attention. Auffi voyons nous qu'un bon Ouvrage n'eft pas plutót forti de la preffe, qu'on ne le traduife ici en Francois ou Hollandois. Permetter moi donc d'entretenir un inftant nos Leéteurs de trois Ouvrages Allemands , qui ne font pas connus encore univerfellement en Hollande, & dont on attend des traduétions. Cette complaifan- ce  448 Nouv. Biblioth. Belgique. ce de votre part ne vous fera pas manquer aux engagemens que nous avons contractés avec le Public, & la Bibliotbèque Belgique reftera toujours ce qu'elle, devoit être dans fon inftitution, entièrement confacrée k Ia Littérature intérieure du pays, oü elle paroit. Je ne ferai donc ici qu'anticiper fur les Extraits que nous donnerons dans le tems des Traductions; ce que je vais en dire fera naitre fans doute quelque curiofité de connoitre ces Ouvrages. Je fuis &c. b Mm Hiftorique fur VOrdre des Templier s , fcf fur les Myjlères de leur injtitut, avec une addition fur l'Origi. ne de la Franc-Maconnerie par Fr e- DÉRIC NlCOLAl. ^«"^'«1782.14. feuilles d'impr. in 8°. L'Auteur du Magifter Sebaldus n'eft que trop connu en Hollande, mais cette fois-ci fon nom ne doit efFrayer perfonne<; il n'eft ici queftion ne de dogmes, ni de caufticité. Mr. Nicolai s'ouvre aujourd'hui le champ de 1'hiftoire, & les recherches dont il s'occupe dans 1'Ou-  Avril, Mat, Juin. 1782. 449 l'Ouvrage que nous annoncons, fuppofent autast de fagacité que d'érudition. On a fouvent écrit 1'Hiftoire des Tempüers, & tous les Auteurs qui l'ont traitée, fe font érigés en défenfeurs de cet órdre fi inhumainement extirpé par Philippe le Bel. L'Auteur Allemand a fuivi une route différente. H admet cornme fondées la plupart des accufations qu'on a faites en tout temps contre une Société de Religieux Militaires, dont le zèle étoit peu éclairé; mais il effaye en même temps d'expliquer 1'origine des préceptes & des erreurs qu'ils avoient embrafTés. C'eft ainfi par exemple, qu'on accufoit les Chevaliers de renier J. C. en entrant dans 1'ordre, de cracher fur la croix, & de la fouler aux pieds. Selon Mr. N. il fe pourroit que cette cérémonie fcandaleufe ait réellement fubfiftê, mais il n'en réfulte pas qu'elle doit être attribuée a des principes d'impieté. Peut être en reniant le Sauveur, pretendoit-on feulement défavouer fa nature divine, que les Templiers regardoient comme contradictoire avec 1'unité de Dieu — erreur qui leur Tornt 11. Part. 2 Ff avoit  450 Nouv. Biblioth. Belgique. avoit été transmife par les Sarrafins ou, Arabes, & par les Gnoftiques. L'Auteur dèduit auffi de cette dernière fe&*. l'ufage de la tête dorée que les Templiers adoroient dans leurs affemblées, & il cherché a démontrer que cette image répréfentoit le Söuverain Créateur de 1'LJnivers. Ces Hypothèfes font ingénieufes & développées avec beaucoup d'efprit; elles approchent fouvent de la probabilité Hiftorique; mais elles n'en feront pas moins de flnjples Hypotbèft>s> puifqu'elles manquent de preuves. On trouve dans 1'Addition quelques recherches curieufes fur 1'origine des. Franc-Macons. Mr. Nicolai a furieufement rabattu. 1'antiquité de cette inftitution, & au lieu de la r-eculer, com-r.e Ramfay , jufqu'au temps des Croifades, il la place avec plus de vrai, femblance vers le milieu du 17. fiècle. L'Angleterre, dit-il, a été le berceau de la Société Maconnc, & fes premiers fondemens ont été jetté.s, felon toute apparence ,par les Frères de la Rofe-crax. Les Membres de. cette confratermte sveient form& le projet louable de per-  Avril, Mai, Jüïn. 1782. 451 feétionner les fciences utiles a 1'humanité. Jalcux de leurs progrès ils fe juroient mutuellement une fidélité & un fecret iuviolables; tout profane étoit exclu de leurs conciabules. Les ouvrages du grand Bacon, & la naiflance de 1'Académie Royale de Londres firent du tort a la réputation Littéraire des frères de Ia Rofe-croix. lis conferverent cependant des partifans; on s'imaginoit que leur école myitèrieufe conduifoit au favoir par un chemrn plus court & plus fur; ils reprirent une nouvelle vogue, & 1'année 1646 devint pour eux Tépoque d'une réunion formelle. C'eft alors qu'ils jugerent è propos de fe faire recevoir dans Ia maitrife des Macons, oii ils furent appellés par diftinction Macons francs £P adoptés ( Free and accepted Ma/o«i.) Delè Ie nom qu'ils portent encore aujourd'hui. Dans les circonftances critiques de ce temps les Initiés n'eurent rien de plus prefTé que d'écarter le voile dont ils s'étoient d'abord couverts & cette précaution devenöit d*autant plus néceflaire que leurs affemblées avoient réellement Ff 2 un  45^ Nouv. Biblioth. Belgique. un but caché, celui de défendre les pfërogatives de la Couronne, & de contraricr les mefures defpotiques du Parlement. Apj-ès la décapitation de Charles I, en 1649 le nombre des FrancsMaqons s'accrüt confidérablement; une multitudede Royaliftes embraffèrent leur parti dans 1'intention de venger la mort duMonarque & de rendre le tröne a 1'héritier légitime. On forma un comité fecret & les membres qui le compofoient choifirent des fymboles analogues h Pcntreprife qui les occupoit. Dans la fuite ce Comité efiuya encore une reforme, & les nouveaux Elus furent chargés des négociations qui amenèrent la révolution opérée en Ecofle par le Gênèral Monk. Telle eft 1'origine politique & honorable que Mr. N. afligne 1 la Maconnerie. B feroit affez curieux de vérifier ces découvertes par les archives de 1'Ordre, qu'on n'aura pas manquè de conferver, mais qu'on aura tout autant de foin d'enfermer fous bonne garde, dans quelque loge filentieufe. Un ouvrage auffi imérefiant qui celui-cï mérite aflurément les hoifeeurs d'une tra-  AvaiL, Mai, Juin. 1782. 453 traduttion francoife. On la promet effeélivement, & nous y reviendrons avec plaifir. II. Confidérations fur Vêtat de: Juifs rj? la réforme civile qu'on pourroit y introduin , par Chrijlian Guillaume Dobm. (Confeiller de Guerre de S. M. le Roi de Pruffe) Berlin cbez Nicolai 1781. 3°. 200 p. Cette matière importante étoit digne d'exercer la plume d'un Politique Philofophe, qui jouit dans fon pays de la léputation la plus diftinguée & la mieux meritée: Mr. D. perfuadé que teut ce qui tient d l'bomme doit intérejfer l'bumanité, vient plaider ici la caufe d'un peuple malheureux que les Chrétions ont recu dans leur Société, & auquel ils en refufent la plupart des avantages. Nous fèlicitons la nation Juive d'avoir trouvé un defenfeur fi habile, & nous allons tracer en deux mots la marche qu'il afuivie. Après avoir établi pour principe général que toute intolérance eft nuifible k Ff 3 1»  454. Nouv. Biblioth. Belgique. la Drofpérité des Etats, 1'Auteur cherché a dèmontrer qua la doctrine de la rclir gion Juive n'eft point incompatible avec les devoirs du Citoyen. Auffi eft ce moins fous ce prétexte que par des vues polkiques, qu'on a voulu juftifier 1'oppreffion de cette pation. On fe récrie d'ordinaire contre le caractère moral des Juifs ;pn les accufe de fuperftition, d'ignorance, de ftupidité, d'infenfibiüté, d'avarice, & furtout de manque de foi dans le négoce, le feul moyen de fubfiftance qui leur foit refié. Mais ce qui eft regardé ici comme caufe, n'eft propre. menc qu'e/et. La bafièfie n'eft-elle pas une fuite naturelle de 1'oppreflion ? C'eft a nos injuftes préventions qu'il faut attribuer 1'origine du mépris qui accable les Juifs. Peut-on s'éconner après cela que tant de rigueurs leur aient infpiré a leur tour la défiance & la haine, 11 fuf. fit d'ouvrir 1'Hiftoire pour fe faire une idéé des perfécutions & des cruautés que ce peuple infortuné a efluyées non-feulement dans les fiècles de barbarie,mais prefque de nos jours. On le dit a regret, mais la vérité exige cet aveu -w- la cor- rup-  Avkil, Mai, Juin. 1782. 455 ruption des Juifs eft 1'ouvrage des Chrétiens. Quels feroient donc les moyens d'améliorer le fort des Juifs & den faire des membres utiles a la Société? Voici les idéés propofées par Mr. D. que nous ne faifons qu'effleurer. 11 faudroit leur permettre d'exerccr des métiers, les attacher k 1'agriculture, leur donner des établiflemens & des terres & les obliger a en devenir eux mêmes les laboureurs. Leur accorder une entière liberté de commerce, au lieu de leur abandonner exclulivement telle ou telle branche par* •ticulière; abus qui a fubfifté & qui fübiifte encore dans plufieurs Etats. II faut leur faciliter les moyens de fe diftinguer dans les Arts & les Sciences, les admettre même dans certains cas aux emplois. On doit s'occuper d'avantage de leutinftruction, leur ouvrir 1'entrée de nos écoles publiques, perfeélionner celles qui font deftinées k l'éducation particulière de leurs enfans. Ff 4 ef-  4JÓ" Nouv. Biblioth. Belgique. Effacer de bonne heure dans 1'ejprit de la jeunefle chrétienne les préjugés dominans qui fe font perpétuês jufqu'ici de gênération en génération contre les Juifs. Enfin laifler a ceux-ci pleine liberté de confcience & de culte. Avec d'auffi beaux privilèges la nation Juive n'auroit furement plus a fe plaindre & ne tarderoit pas a fe relever de 1'étac d'avilifl'ement oü elle eft tombée. 11 n'eft pas trop vraifemblable que toutes ces innovations fe feront k la fois, mais pour peu qu'on s'en occupe, il doit cn rêfulter un grand bien pour 1'humanité. L'Auteur s'attend k voir fes idéés combattues, & il répond dès - a préfent aux principales objeclions qu'il a prévues. Ce qui doit le flatter infiniment & le rècompenfer de fon travail, c'eft que dans le temps même qu'il compofoit fon ouvrage, 1'Empereur a déja commencê è exécuter en partie la réforme que Mr. D. ne regardoit pour le moment que comme un objet de fpéculation. Dans un fiècle aufli tolérant & aufli éclairé que le  Avf.il, Mai, Juin. 1782. 45; le rótre, on peut efpéter que Pexemple de Jofeph II. aura des hnitateurs. On a annoncé dans les gazettes Alle* mandes une traduftion Francoife de cet ouvrage. Nous la devrons & la plume habile de Mr. Bernouilli, digne membre de 1'Académie de Berlin, qui a prouvé par fes écrits nombreux, que toutes les langues & toutes les fciences lui font familières. (*_) III. L'Ouvrage dont nous venons de rendre compte en a produit un fecond fur la même matière, qui porte le i titre fuivant: Apologie des Juifs par Manaffn Ben Israël, traduit e de VAnglois avec une préface de Mofes - Mendels Sobn. Berlin, cbez Nicolai, 8». 1782. 7 feuilles d'impr. Manaffeb Ben Israël étoit un Rabbin du (*) La Colleclion des Voyages de Mr, Bernoulli, fe continue toujours, & il «i Ff 5  458 Nouv. Biblioth- Belgique. du 17e. Siècle, & fon Apologie a été imprimée pour la première fois en 1656. Quelque mérite qu'elle put avoir dans ce temps, elle feroit peu de fenfatioa aujourd'hui fans la préface qui 1'accompagne. L'IUuftrc Mr. Me/es Mendel Sobn, y examine d'après les principes adoptès par Mr. Dobm, la poffibilité de la réforme propofée, les difflcultés qu'elle pourroit rencontrer, les motifs qui devroient la faire entreprendre, & les avantages qui en réfulteroient. Rien de plus impartial, de plus jufte, & de plus folide que les réflexions du Philofophe ]uif. B convient des torts de fa nation; des obftacles qu'elle a mis elleuiême k fon bonheur, il cherché a les ècarter & a infpirer k fes frères des fen- timens paiolt régulièrement un Volume tous les trois mois. On peut foufcrire tn Hollande chez Mr. Renfner, Secrétaire de 1'AmbaiTade Pruflienne, qui procure aux Acheteurs Jes exemplaires, rendus francs de port a la Haye.  Avril, Mai, Juin. 1782. 45$ timers de charité & d'honnêteté capables de leur concilier 1'eftime & !a bienveillance des Chrêtiens. La Hollande eft citée comme un exemple frappant des avantages infuus qu'un Etat peut re- . tirer en accordant aux Juifs une protection éclairée. Et en effet combien n'avons-nous pas gagné en recueillant dans nos heurcufes provinces un peuple infortuné, perfécuté & banni chez nos voifins? Les Juifs Portugais nous ont apporté leurs richefles; ils ont eiTentiellement contribué k étendre & a faire fleurir notre commerce; plufieurs d'entr'eux fe font diftingués dans les lettres & les fciences; fruits falutaires que nous ont procurés la liberté & la tolérance. Puisfions-nous affez reconnoitre & apprécier ces prérogatives précieufes qui font la bafe de notre conftitution! Puifle 1'esprit de douceur, de modération & de concorde s'établir & s'affermir de plus en plus parmi nous! Ce voeu qui nous échappe, ne paroitra point déplacé dans des temps de troubles & de divifions, oü nos prefles s'occupent d'une foule de  460 Nouv. Biblioth. Belgique. de brochures & de pamphlets poliriques ou plutót polémiques, dont il nous feroit aifé de remplir notre journal, mais que nous préférons d'écarter, pour ne pas nous engager nous - mêmes dans des discuflions qui ne feroient pas de notre reffort. ARTT-  Avril, Mai, Juin. 1782. 40*1 ARTICLE ONZIEME. Vaderlandsch, Geschied; Aard ryks-G e s l agts en Staatkundig Woordenboek. C'eft- a-dire, DlCTIONNAIRE HlSTORlqUE/ Géographïque, Généalo- gique & politique, COnte. nant 1'Hiftoire Ancienne ff Moder* ne, Eccléfeajlique ff Civile des Pro^ yinces-Unies, ff des Pays de leur domination, avec une Defcription des Villes, Villages, Seigneuries ff EdU fices, ffc. ffc. ffc. ainfi que VHistoire des Hommes ff des Femmes cè~ ïebres, qui fe font diflingués dans la Politique, dans la Cuerre, dans lef  462 Noot. Biblioth. Belgique. les Arts, ff les Sciences, par ordre Alphabétique &c. ffc. ffc., par Mr. J. Kok, Amfterdam 1781 — 1782. Tom. V.& VI. BA-BLY. Prix f 5 ~ 8-0 Nous avons parlé de ce Recueil dans le premier Volume de cette Bibliothèque (pag. 346 fc? fuiv.) nous ne répéterons point ce que ce nous dimes alors fur cette volumineufe Colledtion, dont nous annoncons aujourd'hui la fuite. L'Auteur (Mr. Kok) mérite bien de fe Patrie par une entreprife auffi utilc, maïs avec un peu plus de choix & de goüt il' pourroit rendre fon Ouvrage moins étendu & plüs intèreffant. 11 ne faut que jetter les yeux fur certains Articles de ce Didt-ionnaire pour fe convaincre de la vérité de cette remarqué. A PArticle Bentinck, il ne fe contente pas de rapporter la mort de ce vaillant Capitaine peu après la Ba taille du Doggersbank, mais il part de la pour tracer tous les événemens de cette jour- née,  Avril, Mai- Juin. 1782. 403 nêe, oü la Marine Hollandoife déploya fon ancienne valeur. La Lettre du Vice- Amir.al Zoutman, celle de Mr. Kingsbergen, la Rélation de Parker, la Lettre du Prince d'Orange, la Lettre de la Veuve Bentinck, la defcription circonftanciée des funérailles du Héros dont nous parions, tout fe trouve trés au long dans cet Article; & par une fingulière omiffion 1'Auteur oublie de rapporter ua trak dont plufieurs témoins oculaires nous ont attefté la vérité. Lorfqu'on tranfporta Mr. Bentinck trés griévemeDt blcffó h Amfterdam, Ie peuple accourut en foule pour voir ce Héros, déja des cris d'attendriflement & de reconnoifiance frappoient 1'oreiIIe du malade. A 1'inftant un des Amis de Mr. Bentinck fe préfente au peuple, & le prie de modérer 1'exeès de fes tranfports, furtout de ne point aggraver par des clameurs indifcretcs le douloureux état de fon Ami. Ce peuple fi tumultueux, fi indifciplinable, en d'autres occafions,. garde dès ce moment un filence refpeftueux. S fe range en haie pourlaifler $afièr le brancard qui portoit Bentinck^ il  464 Nouv. Biblioth. BELGiqua. il le fuit jufqu'è la maifon qu'il devoit occuper. On n'entendoit que des larmes, auxquelles la crainte feule de déplaire au malade empêchoic de donner un libre cours; ainfi la reconnoiffance que 1'on devoit a un des Héros du Doggersbanck fut plus puifiante, que toutes les mefurcs que 1'on auroit voulu prendre pour contenir la foule, ainfi dans les clafTes même les plus balles le courage & la vertu font toujours relpectés. Cette Anecdote fi précieufe a 1'humanité eft bien plus intéreffante, il nous femble, que la dénomination faftidieufe de tous ceux qui fuivirent le convoi de Mr. Bentinck. Voici une Anecdote qui ne fait pas tant d'honneur au Peuple; nous Ja tirons del'Article De Baan, fameux Peintre de 1'Ecole Flamande, qui imita beaucoup la manière de Rembrand. Ce Peintre avoit fait le portrait de CVneille De Witt, Ruard de Putten, celui la même auquel on doit en grande partie la glorieufe Journée de Cbattam. En 1667. Ce Héros fut magnifiquement récompenfé par les Etats, & de Baan vou- lut  Av'ril, Mai, Juin. ïfiYi 46Y lüt de fon cóté immortalifer cet homme célèbre par un Portrait, oü de Witt eft répréfenté en pied. Gn voit des ^énies qui couronnent fa tête de lauriers. Plus loin la Renommée embouche la trompette, a fes pieds 1'Abondance ticnt fon emblême ordinaire. Dans 1'cnfoneement on appercoit les VaiiTeaux Aü' plois confumés par le feu, & la Fioite Hollandoife victorieufe. Une Copie de ce Portrait fut placée a Dordrecht dans la Grand - Chambre du Confeil. Mais en 1672 lörfque les Be Witt périrent d'une facon auffi barbare qu*iDjufte, Ia populace de la Haye menara de Baan de fe porter aux plus terribles excès, s'il ne iui livroit Ie portrait dont nous venons de parler, heureufement il avoit été averti è tems; il le cacha foigneufement , & 1'on parcourut vainemenc fa maifon. Mais le Peuple de Dordrecht arracha Ia Copie de ce portrait de 1'Hötel de Ville, & chercha encore a aflbuvir une rage impuifl'aute fur ca qui reftoit d'un homme autrefois 1'amour, & alors 1'exécration des Citoyens. De Baan échappé è un péril li éT9m,IJ.Part.2. Gg mi-  456 Nouv. Bt.bi.ioth. Belgiqüe. minent refufa peu k prés 1'honneur de peindre Louis XIV, qui étoit dans ce tems la a Zeift; le profit qui auroit pu lui en revenir n'équivaloit pas è fes yeux le danger qu'il auroit certainement encouru. Ce peintre auffi diftingué par fes vertus que par fon talent fut 1'objet de la jaloufie de fes confrères, qui tenterent fouvent de 1'affaffiner. Voyez HoubrakEN, Vie des peintres, Tomé 2. pag. 3°3—324- A 1'Article Baltbazar Gerard notre Auteur rapporté en entier la fentence prononcée contre cet abominable aflaflin de Guillaume I, 1'immortel Fondateur do notre Liberté: Son fupplice fut aufli terrible que celui de Damiens; On affujettit fa main droite dans des pinces de fer ardentes; enfuite on la lui brüla entièrement , il fut tenaillé, on lui arracha la chair dans les endroits oü elle n'avoit pas encore été rougie. Enfuite on 1'écartela; on lui fendit le ventre, on arracha fon cceur, dont on lui battit le vifage, fa tê-'  Avril, Mai, Juin. 1782. 467 te fut coupée, & placée fur Ia plus haute tour de la ville; Les reftes de ce fcélérat furent attachés aux quatre principales portes de la ville. Lorfqu'on lui annonca fon fupplice, Girards tomba dans le plus affreux déféspoir, mais bientöt fe rappellant la courontie de vie éternelle, que fon attentat lui procureroit infailliblement, il parut plus cranquille, & fe foumit avec réfignation aux horreurs d'un fupplice, qu'il n'avoit que trop mérité. L'Auteur en déplorant 1'efprit funefte de ces tems la, rapporté en preuvequelques traits d'un Ouvrage d'un fanatique d'alors nommé W. Ellius. C'eft ainfi qu'il parle du fupplice de Baltazar Gerard, dans fon Hiftoire Viridique des Mar* tirs de Gorcum. „ Tout le monde con„ noit la piété excellente de Baltazar „ Gerard Bourguignon, quieütlecou„ rage de faire périr 1'ennemi commun „ & dêclaré du Pays & de la Religion, „ rejetté comme tel du fein de 1'Eglife; „ on fait aufli avec quelle conftance „ extraordinaire il fouftrit les tourmens les plus affreux. II s'eft monGg 2 „ tré  4cTS Nouv. Biblioth. Belgique. „ tré en cjla un fecond Jean de Nico: médie qui arracha les Edits impies, jj que les Empereurs avoient publiècon- », tre les Chrêciens de même „ Baltazar G^rards a frappé Guillaume. — „ Mais ne croyez pas qu'il eommenca 3j fon ceuvre fans être muni du bouclier 3, de la foi, & fans avoir ardemmenc prié „ le Sjigneur." L'Orateur éleve la force, Ie courage & Ia réfignation de ce faint i&omwze; vous croiriez entendre les Moines de Paris béatifiant Clement, meurtrier de Henrilü. Tant-il eft vrai qu'il n'y a pas deux fiècles que 1'Europe entière étoit encore plongée dans Ia plus afFreufe barbarie. La fuperftition , le fanatisme naquirenc de 1'ignorance. A 1'article Barrière, Mr. Kok. transcrit en entier le fameux Traité qui porte ce nom. Jaques Basnage nê a Roüen le 8 Aouft iöJ3, étoit fils d'un Avocat au Parlement de cette Ville. II eommenca fes Etudes a Saumur fous le fameux Tanne%ui le Terne, qui n'étoic pas grand ami des Eccléfiaftiqucs. Auffi déconfeilla t-il  Avril, Mat, Juut. 1782. 469 t il au jeune Basnage d'cmbrafler cet état, mais celui ci n'en perfifta pas moirs 'dans ce qu'il appelloit fa vocntion. II étudia è Gerève fous Mr. Ctovet, Mestrezat & Turret'n, & enfin k Sedan fous le trop célèbre Jurieu. Lors de la rèvocation de l'Edit de Nantes Basnage qui defTervoit l'églife de Quevilly obtint de Louis XIV la permiffion de fe retirer en Hollande avec fa femme, petite fille du Miniftre Pierre du Moulin. En 1691 II fut appellé Pafteur a Rotterdam, mais il yefluya beaucoup de désagrémens de la part de Jurieu qui étoit devenu fon beaufrère, &qui approuvoit hautement la révoltedes habitans des Cevennes, révolte que Basnage condamnoit. Le hazard le fit connoitre du Marquis de Torcy, & du Grand Penfionnaire Heinfius, qui lui procura une place de Pafteur ordinaire a la Haye en 1704. Heinfius avoit tart de confiance en lui, qu'il 1'envoya au Congrès d'Utrecht , chargé d'afraircs trés importantes. II fe lia aufli trés intimement avec le Cardinal de Bouillon, qui s'étoit.retiré en Hollande. L'Abbé deGg 3 puis  47° Nouv. Biblioth. Belgique. puis Cardinal Dubois, recut en 1716 de la part du Régent des ordres trés précis de lier connoiflance avec Basnage & de fuivre fes confeils. On a de ce favant plufieurs Ouvrages, dont notre Auteur ne parle pas, tels font, 1'HiJtoire de VEgliJe, VHiJtmre de la Bible, l'Histoire des Juifs, püfieurs Traités decontroverfes, un Traité de la Confcience, & trois Volumes de Sermons. Mr. Kok ne cite que fes Annales des Provinces Unies, en 2 vol: in fol, ouvrage que Basnage entreprit pour remplir fa charge ü'Hijloriograpbe des Etats. II n'accepta cependant cet emploi, que moyennant qu'on lui donnat une pleine liberté de dire la verité, & qu'il lui fut permis d'examiner les Régiftres & autres Papiers de 1'Etat. II a pouffé fon Hiftoire jusqu'a 1'année 1669. Basnage mourüt le 22 Septembre 1723; Bayle le nommoit dès. 1'age de 19 ans une Bibliothèque vivante. Peu de gens avoient tant Ju & tant écrït que lui, fa Mémoire étoit excellente, & il jouit jufques vers la fin de fes jours d'une fanté conftante, A  Avril, Mai, Juin. 1782. 471 A la tête du fixième Volume Mr. Kok a placé une carte trés exacte de la Pro* vince de Frife avec une Table fort-commode pour trouver fans peine les différens endroits marqués fur cette carte. Gg 4 ARTI-  472 .Norv. Biblioth. BELoroeE- ARTICLE DOUZIÈME. Bedenkingen, &c. Ce ft - k- dire, constdér ations sur l'Etud e de la Jurifprudence, auxquelles on a joint Quatre Differtations fur des matieres de Philofophie, par Mr. A. Perrenot. SE.COND EXTRAIT. La Srconde Diflertation de ce Recueil roule fur le Principe univerJel, £? Fnndamental des Devoirs moraux. Cette Doctrine fi fimple & fi naturelle a été dófigurée par 1'efprit de fyftême, qui füt trop lonetems le partage des Métapbyficiens. Dans la fuite ceDendant Cju Iques auteurs fé font frayés des routes plus fures ? en confidérant 1'ordre, 1'ar9 ran-  AvRiL, Mai, Juin. T782. 473 rangement phyftqüe des. oeuvres de la créntion, comme le Principe de connoisfance des loix , des commandrmens, des ordres moraux de l'Etxe fuprêrne, envifagé comme Créateur du monde & I égiflareur du Genre Humain. Déja Sc. Auguftin avoit icdiqué ce principe univerlel, dans fon grand Ouvrage contre Fauftus le manichéen. Et pour en venir tout d'un coup aux modernes, on trouve dans Hemmingius, dans Veltbuifent dans Neocellus, dans Bodin, dans Reinold, le développement de ce grand principe de 1'ordre. Le célèbre Miniftre BouiU lier s'eft fervi de ce principe-pour réfuter le dangcreux Syftême de MJ.le Hubert dont on connoit 1'ouvrage insjtulé, la Religion ejjentielle d l'bomme. On trouve auffi dans le Pbilofopbe Payen de Air. Formey une Dittenmoo d'un Anonyme fur la même matière. Enfin-Mr. Perrenot lui même a démontré ce principe du Droit Univerfel dans une Disfertation inférée dans le V. Volume des Mémoires de la Société Hollandoife des Sciences; dont la Bibliothèque des Sciences a donné un extrait siTez étendu dans, Gg j iet  474 Nöuv. Biblioth. Bslgique; le Tom. XIV. En la comparant avec celle qui va nous occuper il paroitra clairement, que comme le Droit Civil n'eft autre cbofe, (fuivant Ariftote') que l'ordre de la Société civile, de même aufti le Droit naturel n'eft autre cbofe que l'ordre primitif, l arrangement cjf le but de la grande Société du monde. On voit par ce que nous venons de dire, que c'eft è tort que M. M. Dupont & la Rivière ont donné ce principe de l'ordre pour une découverte nouvelle, dans deux ouvrages récens, dont 1'un eft intitulé, hPbyfiocratie, & 1'autre,i'Ordre naturel 6? effent iel des Sociétés Politiques. Mais outre les Auteurs que nous avons cité, il en exifte encore plufieurs autres fur Ie même fujet, tous antérieurs 'aux Traités de M. M. Dupont & la Rivière, mais qui paroiflent inconnus a ceux qui n'ont pas, comme M* Perrenot, fait une étude particulière de de 1'Hiftoire de la Jurisprudence Naturelle. Dans les 4 premiers §. §. cejurisconfulte établit quelques principes généraux & donne des définitions fort juftes de eer-;  Avril, Mai, Juin. 1782. 475 certains termes, doet 1'ambiguité caufe fouvent des mal entendus. Dans le §. 5. II prouve la néceffité d'un principe unique 6? univerfel, du» quel découlent tous les devoirs partie*liers (§.6.) En effet foit que nous remontions k la volonté générale & au deffein, plan & but du Légiflateur, foit que nous examinions 1'état même de Phomme, tout prouve qu'il exifte un principe univerfel, fource unique de tous les devoirs particuliers. Ce principe ( §. 7.) re met jamais fes devoirs en oppofition les uns avec les autres, auffi peu que deux véritès peuvent jamais être en contradi&ion, paree qu'il émane d'un Etre fage dont les propriétés Naturelles & Morales forment un tout fi parfait, qu'aucun désordre , aucune confufion n'y fauroient avoir lieu. 1'Auteur discute & termine cette queftion au 18. Quel elt donc ce Principe? L'Etre fuprême (§. 8.) s'eft manifesté a 1'homme, il lui a fait connoitre fa volonté; c'eft une vérité de fait & d'expérience; & il n'eft gueres plus difficile de  '47*5 Nouv. BiBLTom Belgiquï. de s'appercevoir de la nature de cette volonté. Une curiofité que tout étrangrr qui arrivé dans un Pays pour s'y établir taehe de fatisfaire, c'eft celle de favoir k quelles loix on y eft aflujetti, quelles font les rr.ceurs & les coütümes de fes habitans. B en eft de même dans la grande Société civile (§. o.) on doit fe demander naturellement, oüfuis-je, que dois je faivel la réponfe eft aifée. „ J'appartiens fans doute k mon Créateur, ayant tout recu de lui, je lui dois tout, & je fuis obligé principalement de refter fous fa dépendance , de fuivre fa volonté & les vues qu'il a fur moi. Mais comment pourrai-je parvenir a remplir ce devoir? —— comme il eft néceflaire pour décrireun cercle de me fervir d'un compas auffi eft - il néceflaire pour obéir k mon maitre de fuivre le chemin qu'il m'a frayé." Et ce chemin, cette route aifée & droï•te que Ie Créateur a tracé, c'fft l'ordre, la convenance, la bienfêanre; c'eft ce principe qui eft gravé dans 1'homme mo. ral-  Avril, Mai, Juin. 178-. 477 ral. II eft fi clair, fi fimple, fi Iumineux, 1'idée ó'ordre eft tellement inhérente è notre être, qu'un Enfant le comprend lorfqu'on 1'applique a des chofes ferifibles (§. n.> , J C'eft en imitant & en fuivant I ordre divin, que 1'homme s'élève a cette fublime vérité qu'il exifte pour lui une Lói exprefle, & pofitive d'un Maitre, qui récompenfera ou punira ceuxqui 1'auront fuivie ou transgreffée* (§• 12 ) Cet Ordre eft, comme 1'a dit Socrate , imprimé en I bumme par la Divinité pour qu'il en déduife fes Loix. II ne faut donc que vouloir le confulter pour fe perfuader qu'il contient tout ce qu'il faut, pour être la bafe & le principe univerfel du Syftême entier de la morale (§• 13-) Cette Loi de l'ordre eft le Code de Ia nature humaine. La même voix fe fait entendre dans tout 1'univers a tous les Etres raifónnables. „ Ton Créateur, 6! homme! eft ton guide, 1'ouvrage de fes mains dóit être ton modèle, imite le, & ne veuille pas être,plus éclairê,  478 Nöuv. Biblioth. Belgiqüe. plus fage que celui qui t'a donné la liberté & les facultês néceflaires pour travailler 4 ton bonheur, en t'avertiflant de régler ta conduite fur les dirèftions fages & utiles de l'ordre qu'il a établi." C§ 14.) Nous venons de le dire; toirt les devoirs découlent de ce principe. II obligé les Puiffances & les Nations entr'elles, il oblige le Söuverain & les fujets a travailler conjointement au bien être de la Patrie, il oblige les membres d'une Société quelconque, ainfi que 1'homme dans fes difFérentes rélations de Père, d'Epoux, de Fils,. de Maitre, de Domeftique. Tout eft fondé fur l'ordre. II n'exifte point d'union, ni de Société dans 1'Univers qui n'ait befoin d'ordre pour fe foutenir. II n'y a pas jusqu'è. une bande de Voleurs qui ne foit aftreinte a un certain ordre & a de certaines Loix. (§• 16.) Ainfi donc le Syjtéme de la Nature indique a 1'homme la volonté de Dieu, qu'il a manifeftée dans l'ordre admirable qui règne dans tout 1'Univers. Cette contemplation apprend è 1'homtne aaimer, k fervir uniquement 1'Auteur dt  Avril, Mai, Juin, 1781. 479 de cet ordre, elle lui enieigne è aimer fon prochain comme foi même, a préférer le falut de 1'Etat a fon bonheur particulier, h être tempérant, a fuir la calomnie & les injures, ahonorerl'é. tat du mariage, en fuivant ce que l'ordre lui ditte, a éviter par conféquent ces alliances monftrueufes qui troublent l'ordre en jettant de la confufion dans les families. En un mot il apprend è s'abftenir de tout ce qui pourroit troubier l'ordre & le deffein du Créateur, & rendre ainfi illufoire le but qu'il s'eft propofé. (§• 17.) Les §§. 18 19-20 & 21 font deftinês h démontrer qu'il n'y a, ni peut y avoir aucune contradiction entre nos devoirs qu'ils font fubordonnés les uns aux autres, & qui fi 1'on y trouve quelque contradiction, elle ne fauroit naïtre que dans 1'état civil, oii les Loix ont été faites par des hommes, & portent par conféquent le caraftère de la foiblesfe & de 1'imperfection des Etres créés; mais dans 1'état naturel il eft impoflible que nos devoirs fe croifent ou fe beur-i tónt réciproquement; fans quoi bientöt 1'on  480 Nouv. Biblioth. Belgique. l'ordre fe charjgeroit en un chaos d'ofa» fcurité, & de contradicfions, que Dieu ne peut vouloir admettre; au contraire puifqu'il la établi, fans doute il le maintiendra jufqu'a la fin des fiècles; fans doute cet ordre aura force de loi pour les hommes, lors même que cette habitation paflagère n'exiftera plus; car c'eft alors que l'ordre naturel & primitif fcrarétabli, & que fes obfervateurs ou transgreffeurs feront a jamais récompeafés, ou punis. Sur le fens Moral. Tel eft Ie titre de la troifième DilTertatipn;. Mr. Penenot avoit déja publié fes idéés fur cette matière dans une brochure anonyme, qui parut en 1774 a Utrecht, fous le titre de Réponfe d'un Jurisconfulte d fon ami, dans laquelle on tdcbe de concilier les diverfes opinionr, fur la doSlrine du fens moral. L'Auteur commence par faire 1'Hiftoire de cette Doctrine depuis fa öaifiance jufqu'a nos jours, il parcourt entr'autres au fujet des deux grands principes de; morale, les différentes hvpothèfes que ies Métaphyficiens dchereut de fubfti- tuer  Avril, Mai, Juin. 1782. 481 tuer k celles de Gaffendi & de Hobbes, au fujet des deux grands principes de mora'e. Hobbes foutenoit que Vamour propre ou l'intérêt particulier étoit le fsul motif de nos actions. Cudwortb & d'autres avangoient que la raifon étoit le feul guide néceflaire pour pratiquer le bien & pour fuïr le mal, tandis que Hutchefon & ceux qui l'ont fuivi at.tribuoient k 1'homme une faculté particuliere pour arriver k ce but: faculté qui obtint d'eux le titre de fens moral. Lorfqu'il s'agiiToit d'examiner la nature du bon & du mal moral, & de rechercher par quel moyen on parvenoit k connoitre toujours & dans tous les cas Ia différence entre Ia vertu & le vice, on a vu Clarke, Wallajion, Sbaftesbury faire confifter cette vertu dans la conformité de nos defirs avec la nature de la chofe defïrée. Tandis que Cudwortb, Cumberland, Hutcbefon fuppofoient une certaine bienveillance défintérefiée, qui rous fait fubordonner nos vues au bien 'général. II s'agit donc d'examiner I. fi la Doctrine du fens moral, ne porte pas fur Tom. II. Part. 2. Hh ces  482 Nouv. Bièlioth. Belgique. ces deux principes, i°. qu'il y a dans 1'horntne un principe inné qui le porte a aimer & a pratiquer Ia vertu; & 2°. un principe qui le dirige dans la recherche de la vertu, & lui apprend h la diftinguet du vice, II: fi ces principes font nommés avec raifon, fens moral, fentiment moral, goüt moral. Comme Hutcbefon s'eft formellement déclaré pour 1'afiïrmative de ces queftions, c'eft auffi contre lui en particulier que Mr. P. dirige la force de fes raifonnemens. Sans fuivre ici 1'Auteur dans toutes les preuves qu'il apporte contre le fyftême du fens moral, nous nous eontenterons de tranfcrire celles qui nous ont paru les plus neuves & les plus lumineufes. La Doctrine du fens moral ainfi qu'elle eft développée par Hutcbefon, (a) renferme unè contradiction manifefte. En efFet felon lui, il eft la caufe & Veffet de toutes nos actions ;d'abord c'eft la règle même , enfa) Voyez furtout fon Ouvrage A Syftem of moral Phiiofopky, Glasg. 1755. 2 Vol. in 4v». qui n'a parü qu'après fa mort.  Ayril, Mai, Juin. 1782. 483 enfuite c'eft ce qui nous apprend a fuivre cette règle. C'eft quelque chofe é'infaillible ,de fuffifant dans tous les cas, dans tous les tems, & cependant on 3voue que ce fens fe perfectionne avec les années, que la Raifon doit aider a fon développement; pour être & pd^r demeurer la fource & la pierre de touche de tout ce qu'on peut nommer vertu & honnêteté dans le monde moral, fans qu'on veuille y joindre le mot de paffion, de pencbant inni, d'idée, ou de confcience. Le nom de moral, que 1'on donne k ce prétendu fens, ne femble pas convevir a une faculté qui n'agit qu'en 1'abfence de la raifon. Ou bien pourquoi créer de nouvelles facultés pour un trés petit nombre de cas, qui peuvent a tout prendre être fort bien expliqués par le méme principe, dont la marche eft tantót plus lente & tantót plus rapide & que de tout tems on a nommé la Raifon; au fond on joue ici fur les termes; & fi le fens moral n'eft pas entièrement une chimère, au moins il a tout aufli peu de conformité avec le Droit Naturel Hh 2 qu'il  4H Nouv. Biblioth Belgique. qu'il feroit dangereux de 1'admettre comme principe de 1'obligation mor3le dans la Société Civile. Dans Ia quatrième Diflertation , Mr. P. établit cette Thèfe; que 1'exiftence de Dieu ne fauroit être démontrie d priori (*) d'une fagon alTez fatisfaifante, & que cette preuve n'eft pas a 1'abri des objeclions d'un Athée. Nous n'entreprendrons point de développer ces discufllons; la queftion n'eft dans le fond que de pure fpéculation, puifque 1'évidence de cette propofition, il y a une première caufe, eft démontrée d pojteriori de Ia fagon la plus manifeste; & que 1'Auteur 1'a traitée avec autant d'élégance & de clarcé que le permet un fujet pareil, dans une Diflertation Latine qui a obtenu 1'Acceffit de Mrs. les Adminiftrateurs du Legs de Stolp a Leide. (*) Feu Mr. Fan iet Kemp, Officier darjs le Régiment des Dragons & frère du Profeffeur de ce nom, a publié il y a quelques années un Ouvrage, oü il entreprend de juftifier 1'argument de Descartes; ce Livre eft  Avril, Mai, Juïv. 1782. 4S5 aflëz curieux. d'autant plus que 1'Auteur s'eft fervi exa&ement dans fa démonftration de la Méthode des Géomêtres. 11 pofe d'abord quelques axiomes, enfuite il paffe aux propofitions, enfin aux Corollaires. La concidon avec laquelle le tout eft traité ajoute encore au mérite de cet Ouvrage. Hh3 ARtI-  486 Nouv. Biblioth. Belgique; ARTICLE TREIZIÈME. A- Kluit Primje LiNEiE Col- legii DlPLOMATlCO HlSTOrico-PoLITlCI, &c. C'eft. 4- dire, Principes de Diplomatique Historique & Politique, oü 1'on expofe d'après VHiftoire Van. den Droit Public Belgique illuftré par d''anciens monumens, & par des chartres antiques, par Mr. Kluit. Profejfeur en Antiquités & en Hisi loire Belgique, furtout pour la partie Diplomatique, Leide chez C. Van Hogeveen Junior 1780. II paroitra furprenant, peut-être, qUe nous annoneions au milieu de J'année 1782 un Ouvrage imprïmé en 1780; * &  Avril, Mai, Juin. 1782. 487 & qu'au lieu de nous occupcr exclufivement de Livres a peine fortis de la presfé, nous remontions fur cos pas pour parler des Principes de Diplomatique, qui font entre les mains de tout le monde. Ceux qui feront cette objection auront la bonté de fe rappeller que notre but principal eft de faire connoitre aux Etrangers notre Littérature nationale, & les progrès que les Hollandois ont fait dans les Sciences & dans les Arts, qu'ainfi il n'eft pas hors de faifon de parler d'un Ouvrage d'un genre entièrement neuf; qui traite d'une Science fur laquelle perfonne jufques Ik n'avoit donné des principes furs, & qui eft d'autant plus intéreflante, que 1'hiftoire Diplomatique de la Hollande fous les Comtes eft intimément liée avec toute 1'Hiftoire du moyen age, & principalemcnt avec celle de 1'Allemagne. En voila aflez fans doute pour nous juftifier; paffons k 1'ouvrage. Le titre indique fuffifamment que 1'Auteur n'a pas voulu donner un Traité complet de Diplomatique. Son Livre ne contient que les premiers principes Hh 4. de  483 Nouv. Biblioth. Belgioi/e. de cette Science; (Primas Linecs} & j[ eft particulierement deftiné a fes difciples. On fait que Mr. Kluit eft Profesfeur dans 1'Hiftoire de 1'ancien Droit Public Hollandois. C'eft pour lui qu'on k crée cette Chaire, qu'il remplit avec beaucoup de réputation. Avant lui le goüt pour I'étude de 1'ancien Droit Public de ces Provinces étoit fort foible mais Mr. Kluit k peine ep poffeffion de cette place a fait renaitre ce goütil a déja formé d'excellens Disciples' qui ont donné des preuves non équivo* ques de leurs progrès, M. M. Heeneneman & van dsr Por. Nous avons parlé de leurs DilTertations Tom i p- 2v- & Tom- ii p. 263. /uw., & I on attend bien tón que d'autres é'leves de ce Profeffeur publient en prenant lems dégrés des Thèfes fur cette partie fi négligée de notre Hiftoire. L'Ouvrage eft diyifé en deux Parties. Dans la première 1'Auteur traite de Ia Diplomatique , dans Ia feconde de 1'Hiftoire Poli tique de cette République. I! jndiqQe d abord quels font les caraétères externes auxquels on peut xeconnoïtrc 1'authenti- cité  Avril, Mai, Juin. 1782. 489 cité des Diplomes, On doit pour s'en convaincre examiner, i°. fur quelle matière ces Diplomes font écrits; z°. dans quelle langue, 3$». quelle écriture on y découvre. Pour diflinguer la vraie écriture de la fauffe il faut faire attention h la forme des lettres, aux notes, ou fignes d'abbrévations, enfin aux cbiffres, 4°. il faut examiner les fceaux qu'on y trouve appofés, il y a encore bien des précautions a prendre pour ne pas fe tromper fur 1'authenticité de ces fceaux. Quant aux caraétèresintérieurs, il faut prendre garde aux Formules initiales des Chartres ou des Diplomes, è leur contenu, aux formules finales. Mr. Kluit donne des détails fort lumineux fur ces différens objets. Après le Traité fur la Diplomatique, 1'Auteur paffe dans le Chapitre IVe. a la partie Hiftorique & Politique. Trois Périodes remarquables occupent. tour a tour le Leéteur. Le Période Romain, le Période Franc (Pérwae Francica~) le Période Germanique. Mr. Kluit paffe affez légérement fur ce premier Période, au moins dans cet Hh j abré-  4po Nouv. Biblioth. Belgtquï, abrégé; car, dans fon Collége il infifte auffi beaucoup fur cette Epoque. Le Chapitre V. & VI. traite du Pérïo. de Franc, ou des tems oü les Beiges étoient foumis aux Princes & aux Rois de cette Nation. Enfin le refte de cet Ouvrage eft deftiné a la description de 1'état politique des Bataves fous les Empereurs & fous les Comtes. Nous 1'avoüerons franchement; en parcourant ce période nous avons eu peine a revenir de notre étonnement, au fujet de la puiflance que Mr. Kluit attribué aux Comtes de Hollande; nous avions toujours crü avec la roultitude, que cet eftimable favant penchoit pour 1'opinion de ceux qui foutiennent que 1'Admimftration des Comtesa été entièrement despotique. Nous en étions fi perfuadés, qu'en rendant compte du Livre de Mr. Luzac, intitulé la Ricbejjc de la Hollande nous n'avons point balancé a nommer'notre Auteur comme fauteur du Systême que Mr. Luzac réfutoit. Rien de plus erroné.; Nous en demandons pardon a Mr. Kluit, & nous allons prouver par  Avrïl, Mat, Juin. 1782. 491 par fon Ouvrage meme combien il eft éloigné de cette opinion. En effet au § 312,1'Auteur dit en autant de termes; Non confundenda eft Summa majestas &? arbitraria potejtas, cajus modi Ttunquam fuit apud eos qui Superioritate Territoriaü fub Imperio Rom. Germ. gavifi funt. II ne faut pas confondre la majefté fuprême avec le pouvoir arbitraire, qui na jamais été exercé par ceux qui ont eu quelque dommation Territoriale fous VEmpire Rom. Germ., enfuite après avoir prouvé que l'edminiftration de la Juftice civile & criminelle réiïdoit tant en Allemagne que dans ces Provinces auprès des Nobles Seigneurs, ou Terra Dominos (maitres de la terre) il dit dans les termes ies plus clairs. „ Non debemus tarnen nobis fingere Dominos abfolutos & omni plane lege folutos-fuperioritas Territoriale numquam arbitraria fuit potejtas." II ne faut pas croire cependant que ces mattres étoient abfolus, dans le fens du defpotisme. La Souveraineté Territoriale n'a jamais confifté dans y,n pouvoir arbitraire. Mr.  4.92 Nouv. Biblioth. Belgique. Mr. Kluit ne dit donc pas, comme nous Pavions afluré, que l'adminiftration des Comtrs a été entièrement despotique; il croit Cmplemcnt, que les Maitres Territorials de la Hollande, connus fous Ie nom de Ducs & furtout de Comtes ont été originairement & font toujours demeurés Souverains du Payt, dans le fens le plus propre de ce mot; deforte qu'ils avoient tous les caraétères propres & effenciels de la Souveraineté, tels que la Légiflation, la Puiflance gubernatrice & exécutrice, avec le pouvoir de nommer tous les magisltrats; ainfi a la mort du Comte toutes les commiflions des magiftrats, des Officiers des Gouverneurs celToient, & devoient être continuées par le fucceffeur du Comte défunt. Voyez §§ 366-367 de 1'ouvrage que nous analifons. 11 exifte encore aujourd'hui plufleurs de ces commiflions renouvellées. En un mot ils étoient abfolument libres, de même que les Rois de France, de faire ce qu'ils jugeroient* néceflaire pour le bien de leurs fujets, fans étre obligés de demander 1'approbation du peuple ou des Etats  Avr.il, Mai, Join. 1782. 403 Etats. C'étoit en un mot un Gouvernement purement Monarchique. Tels font, felon le Syftême bien entendu de Mr. Kluit les Loix fondamentales que le Peuple juroit de refpccter en faifant hommage au Comte, lorfqu'il promettoit de maintenir la Seigneurie, £f les Droits des Comtes (de Graafelyke Hoogheid, Heerlykbeid en Rechten) & de leur obéir; tandis que les Comtes de leur cóté faifoient ferment de conierver a leurs fujets les droits & les libertés dont ils jouiffoient dans fon Pays & fur fon territoire. Ce ferment avoit peur baze les Loix fondamentales que nous venons de rapporter, & les Comtes par cette promeffe ne vouloient pas y donner la moindre atteinte. CesPrivilèges que certains Auteurs font fonner fi haut n'étoient donc pas proprement & dans toute 1'étendue du terme des Paiïa conventa, auxquels il n'étoit pas permis de toucher; c'étoient autant d'exceprions aux Loix générales & fondamentales de 1'Etat; au fond ils ne •onfiftoient qu'en certaines iniu'tutions do-  494 Nouv. Biblioth. Belgique. dorneftiques dans les moindres départemens; o'étoient des Juraminora, minus ejjentialia, que les Comtes avoient confié a quelques perfonnes., pour être plus libres dar.s i'adminiftration générale de 1'Etat. Ils confervoient toujours même dans ces efpèces de conceffions leur droit de Souveraineté, leur imperium eminens, dont ils faifoïent ufage auffi fouvent que le befoin ou 1'utilité du Pays Pexigeoit; (voyez les §§ 919-624.) H eft vrai que les Comtes juroient le maintien de ces PaSta Conventa, c'eft ce que notre Auteur affirme auffi dans les termes les plus elairs, §§ 684—706. Mais juroient ils par la de ne jamais fe fervir k cet égard de leur droit de Souveraineté ? non fans doute; il faut en excepter cependant le grand Privilege de Marie de Bourgogne de 1'année 1476, mais auffi les fuecefleurs de cette Princefle n'ont jamais voulu re. connoitre ce Privilège , comme Mr. Kluit ie rapporté aux §§ 714-720, Jal mais les Comtes n'ont-ils prétendu, par leur ferment, donner la moindre atteinte aux parties intégrantes & effentielles de  Avril, Mai, Jotn. 1782. 495 de leur Souveraineté, (a) 1'HiftorieQ Wogenaar dit quelque part que le Privilege de non evocando étoit le plus confidérable de tous ceux que les Comtes avoient accordé aux Hollandois (b) mais qui ne voit a la fimple leéture de ce Privilège qu'il portoit fimplement fur les différens des Particuliers; II ne faut que lire avec attention les quatre exceptions remarquabies contenues dans cet Acté pour en être convaincu. On laiffe uniquement aux Juges du Lieu le droit de connoitre des conteftations ou des procés entre particuliers. Avant cette époque, tous ces différens étoient portés au Confeil du Comte, qui par cette exemption fe trouva débaraffé d'un far- O) Les Villes de Frife demanderent bien a Charles V. la fuppreflïon de toutes les brafferies du plat pays, fans qu'il fut befoin de prendre 1'avis de la nobleiTe, voilé o» vs réduifoit la plüpart de ces privileges. (b) Voyez le Grand Livre des Placards (gr. PI. Boek) Tm. 3. p. 512. tf/«'v.  496 Kouv. Biblioth. Belgiqjje. fardeau trop péfant. Ces Privileges, ne diminuoient pas plus 1'autorité & la Souveraineté des Comtes, que ne le font en France les droits & les Privilèges accordés aux Villes & aux Pariemens; Et cependant les Rois, lors de leur avénement, font ferment de maintenir les droits & les Jujlices du Peuple. Pour pouvoir contefter ce raifonnement il faudroit prouver que le fermenc des Comtes les empêchoit d'administrer feuls, & fans 1'intervention du Peuple ou des Etats; que ceux - ci ayent cu quelques part a 1'autorité Souveraine, & qu'enfin le pouvoir dont les Comtes étoient révêtus venoit d'une conceffion volontaire de leur part & non pas de celle de 1'Empïre Germanique. Mais c'eft ce qu'on ne fauroit prouver, comme le remarqué Mr. Kluit dans fon Ouvrage. Les Comtes n'étoient cependant rien moins que despotiques c'eft ce que notre Auteur établit dans les §§ 2ƒ6—278, ils vouloient que leur fujets fuffent foumis aux Loix qu'ils avoient donné pour le bien de 1'Etat; & qu'ils lajflöient fubfis- terj  Avril, Mai, Juin. 1782. 497* ter, tant qü'elles leur paraifloierjt avantageufes; voilé Ie caractère du véritable Söuverain, bien différent du defpote dont le caprice feul fait la loi; dont le peuple gémit dans Pincertitude cc dans I'esclavage, fans ofer fe réclamer de Loix qu'il ne connoit pas, & qui changent du foir au lendemain. Enfin il ne faut que jetter les yeux fur la conftitution du Brabant & de la Flandre Autrichienne pour s'afTurer que malgré les Privilèges le Söuverain demeure toujours maitre abfolu, mais non pas despotique. Ces Provinces ont des Pac ta Conventa, plus forts encore que ceux de Ia Hollande, cela n'empêche point, que 1'Empereur comme Seigneur héréditaire de ce Pays n'y foit Söuverain, & n'y faffe comme tel des Aétes de Souveraineté. C'eft ce que Mr. Kluit démontre encore, & c'eft ce que 1'exemple de JofephII, aCtuellement regnant,confirme de la facon la plus manifefte. II paroit par cette analife que nous rendions bien peu de juftice h Mr. Kluit en le taxant dans 1'extrait que nous venons de citer, de foutenir, que les Comtes Tornt 11. Part 2. Ii ayoient  498 Nouv. Biblioth. Belgique.' avoient joui d'une autorité entièrement despotique. Nous croyons avoir fuffifamment réparé cette erreur en expofant aujourd'hui fon fentiment. Si tous ceux qui ont réfuté ou prêtendu réfuter Mr. Kluit euiTent pefé ces raifons on ne les auroit p3s vu attribuer a Mr. Kluit le projet ridicule de faire Papologie de Philippe II, ou de foutenir que nous n'avions eu aucune raifon de fecouer le joug de ce tyran; mais il a fimplement avancé (& cela étoit conforme k fes principes ) que la violation des Privilèges pa le Roi d'Efpagne ne pouvoit pas être regardée feule,comme nous ayant donné le droit de nous délivrer de fon oppresfion; paree que les Comtes de Hollande en vertu de leur Souveraineté avoient le droit de révoquer les privilèges. Mais que notre oppofltion avoit été légitime, par ce que Philippe nous attaqtioit k main armée. Mr. Kluit n'a donc point faitconfitter notre Jus caujfes ou notre bon dtoit dans le droit du plus fort, comme on a voulu lc faire entendre, mais Hnique- ment  AvriLj Mai, Juin. 1782. 499 ment dans 1'obligation naturelle oü nous étions de repoufler la force ( opprejfit armata ) par tous les moyens poflïbles. Ainfi le tout revient a une fimplé queftion de théorie; le fyftême de Mr. Kluit vrai ou non, ne diminuoit en rien la légicimité de nos efforts pour fecouer la Tirannie Espagnolle, & c'eft ce qu'auroient du comprendre ceux qui fe fonc fi fort empreffés a condamner notre Auteur. Au refte on trouve k la fin de cet Ouvrage d'excellentes Tables Chronologiques que 1'on peut confulter avec beaucoup de fruit, (a) (a) Sous radrainiftration des Comtes les Etats n'aToient feulement pas le droit de s'afiembler fans la permiflïon du Söuverain, Voyez T. Boei Antiquitès de la Cour. ( Oudheden van *t Hof) p. 160—178. 1'Auteur y rapporté deux lettres oü les Cenfeillers da Prince fe plaignent d'une tentative que Ia Nobleffe & les Villes avoient" voulu faire pour s'afiembler de leur propre autorité. II paroit par le Recueil intitulé Réfolutions ds Htllanie i 1'année 1564, (, 13 Décembri ) I i % pag.  5oo Nouv. Biblioth. Belgique; pag. 72. que les Etats ne croyoient pas leurs aflemblées plus éminentes que celles des autres aflcmblées de Magiftratures inférieures, comme Vroedfchappen, Heemraden- en andere diergelyke geapprobeerde Collegien, cmme de fueeken van haerh adminiftratie te beleyden en te effeUueeren. Voyez encore ce que dit Mr. Kluit au §• 499, ce qui confirme notre remarqué; En effet on y lit une Réfolution du 18 Mai de 1'année 1571 ou les Etats reconnoilTent eux-mêmes, qu'ils ne Jont pour ce qui concerne la levée des impots tj? autres repartitions {omjlagen') que les Jimples executeurs des Subfides de S. M. R. qui ont été autorifés par Elle a percevoir les fusdits Subjides par de tels moyens. De forte que les Etats, après avoir été convoqués, devoient demander ur> Oflroi, pour une telle Adminiflration Provinciale; adminiftration, qui reflembloit beaucoup h celle que Mr. Necker dans fon Compte rendu au Roi confeilloit, pour faire porter les charges au peuple avec moins de répugnance, mais non pas, pour diminuer en rien la prérogative Royale, conférez le 5 §. 932 & 752 du Livre dont nous venons de donner le précis. Les Princes ont été toujours reconnus pour Souverains, ils prenoient ce titre & on le leur donnoit auffi. Voyez le grand  AvrïL) Mai, Juin. 1782. 501 grand Livre de Ckartres de Mieris année 1314» T. II. p. 14.3. No. 4 en 5. Oii Guillaume 3 Comte de Hollande s'exprime ainfi: nous confentons de certaine fcience . . . comme Jires Souverains. Mr. Kluit cite encore deux exemples mémorables J. 424. Le Duc Albert en laiffant par fon Teftament a fon Fils Jean Ie pays de Woerden pour fon Appanage, le lui donne en ces termes, que Jehan - ayt • après le trespas de nous fen Pere, Le Terre de Woerdens au pays de Hollande, tout enfy quelle gyfi Ö3 s'eftent, en toutes droytures exceptet la Souveraineté', qui devoit paffer a fon ainé. Ainfi le Duc Philippe donna le 13 Janvier 1459 au Seigneur de Waffcnaar en faveur de fon mariage avec Dame Catherine de Craon, la haulte Seigneurie des Villagesde Voorfcboten & de Catwyk, reserve les Foy, Hommage, ReJJmt £5" Souveraineté. Qu'on nous permette encore quelques citations; l'Hiftorien Wagenaar Hifi: d'AmJlerdam ed: in 8vo. T. II. p. 39S. rapporté ces paroles extraites des Régiftres de la Ville an: 1497. Le Magijlrat affemblé £f confidèrant que le Sire Söuverain étoit Seigneur de la Ville. On trouve dans Mr. Van de Wall, Handveften van Dordrecht p. 562. in med: an: li 3 1444-  ƒ02 Nouv. Biblioth. Belgique, 1444. Ils ont emprifonné le Maire (de Scout) ils fe font rendus Seigneurs, ayant comrnis par la un grand crime & s'étant oppofés 3 1'exv cellence (die hoicheydt,) & a la Seigneurie (heerlicheydt) de mon dit Seigneur, car c'ejl contre la Souveraineté de mon Seigneur. L'Empereur Charles V. remit en 1555 les Pays-Bas, avec la même Souveraineté qu'il les avoit poffédès. Voyez Wagen. Hiftoire de la Ptttrie Tom. 5. p. 435. On trouve les paroles notables de cette Ceflon , dans le Livre des Placards d'Utrecht, de Mr. Fan de Water, Tom. 1. p. 34, donnant ces Pays avec ia Souveraineté, comme fon patrimoint le faijant Söuverain tjf Prince abfolu & Seigneur Söuverain; cela fe fit en préfence des Etats, qu'il n'avoit point prié mais qu'il avoit ordonné de fe rendre k cette cérémonie. Mr. Kluit au 5 513. rapporté les titres plus éminens encore que les Etats lui donnerent. Ajoutons que les Etats de Hoilande dans leur Réfolution du 9 Févrler 1562, (Voyez le Recueil cité plus haut p. 159) s'exprimerent de la mème manière. Sur la Requête de ceux d'Oudewater qui demandoient d'être protégés contre le Burgrave de Montfort, il a été réfolü, qu'aitendu que ceci appartient i H  Avb.il, Mai, Juin. 1782. 503 la Souveraineté' de fa Majefté Roy. tant en Hollande, &c. Telles étoient donc les Loix Fondamentales de ces tems la. La plênitude de lapuiffancepublique, la légiflation Souveraine, 1'exercice du dernier reffort ont donc été les caraüères dis. tiniïifs de nos Comtes, pour nous fervir des termes de Bouquet Droit Public de France p. 347. Et les peuples faifoient ferment d'obferver cette conftitution. Wagen: Amfterd. T. II. p. 433. rapporté la formule de ce ferment tiré des Régiftres de la Ville. Nous jurons que nous recevons tjf recomoiffons pur jwtre Seigneur £5* Prince naturel &f hé-^ réditaire notre Seigneur le Duc Philippe ta préfent, comme Comte de Hollande , nous promettons a Lui, a son Conseil de Hollande, au Haot Conseil * tous f" officiers, qui feront leur devoir, Soumission fcf obéijfance, de défendre £? d'aider fa noble perfonne envers fep contre tous, comme nous y fommes obligés de droit, de faire tout ce que de bons' £f fidelles fujets font tenus de faire pour leur Seigneur £ƒ Prince naturel. Il eft remarquable que ce même Philippe, deux ans 3uparavant, avoit révoqué & caffé le Privilege de Marie de Bourgogne. Les Comtes de leur cóté juroient de conferver a chacun fes droits, & ce ferment li 4 étoit  504 Nouv. Biblioth. Belgique; étoit ofité dans toute 1'Europe, maiscelanff les empêchoient point de demeurer Souve* rains, & de faire in terra utilitatetn de tels changemens & de telles Loix qui leur fembleroient néceflaires. Voyez le Livre de* Chartres de Frife de Zwarzenburg Tom. II. p. 620. b. oü les Villes de cette Province fe réclament de la plênitude du p mvoir desComtes & leur demandent de nouveaux pri-. vileges, nonobfiant quelques droits, eoutumes y contraires, ö* non objlant que les intèreffés n'ayent point été requis £? entendus. lis leur attribuoient donc le droit de ré-, voquer & de caffer les Loix, les droits & les ufages antérieurs, lorfqu'ils le jugeoient avantageux pour le bien général. Nous avons trouvé encore dans la Differtation déja citée de Mr.. Van der Pot p. 87. une. Réfolution des Etats de Hollande QRéfolut. van Holland A°. 1554. p. 2. ef. A°. 1553. p» 5.) communiquée a 1'Empereur Charles V qU[ leur demandoit des fubfides. Les Etats les lui accordent, pourvü qu'il veuille anéantir tous les privilèges d'exemtions, riexcepter per* fonne de l'obligation de contribuer, & cela nonobftant quelques privilèges, exemptions ou franchifes qu'ils ponrroient allé^uer, (hoe die ook geclaufuleerd moge zy/j) £f qu'il plaife tja majejlé de fa csrtainefcience £? ex motu pro-s  Avrjl, Mai, Juin, 178a. 50$ froprio d'y déroger. C'eft en vertu de ce même droit que dans l'Ordonnance fur la Jujlice Criminelle de 1'année 1570 g 61 Philippe II. cajfe, révoque, annulle toutes les Loix , coutümes précédentes, contraires a la teneur des préfentes. Les amateurs de 1'ancien Droit Public Hollandois nous fauront peut-être gré d« cette note, que nous n'avons point voulu fondre dans le texte, pour éviter a ceux de nos Lecteurs qui n'aiment pas ces détails, la peine de les- lire. Note du Journalifte. Ii 5 AjRTI-  §&6 Nour. Biblioth. Belgique. ARTICLE QUATORZIEME. AVIS DIVERS. On délivre aftuellement chez S a« muel Fauche Libraire du Roi de Prufle a Neucbdtel en SuiJJe, Ia fuite des OeuvresdeM. CHARLES BONNET. Cette 2de. livraifon eft de 6 Vols. jn8°, & de 4 in 4?, 1'abondance des matieres nous ayant obligés de partager les Toms. 4 & 5 in 40. chacun en v Vols. aflez gros pour être réliés féparement puisqu'ils ont tous au dela de 400 pages d'impreffioD. Cependant quoique cette nouvelle partition ait encore entrainê de nouveaux frais de Gravures, nous ne compterons & Meflleurs les Soufteurs ces 4 Vols. que pour 3. Cette livraifon qui complette la partie d'Hiftoire Naturelle, renferme Ia Contemplation de la Nature, enrichie de Notes, qui fe font beaucoup plus multipliées que 1'Auteur ne 1'avoit prévu en com- men-  ÜVRiL, Mai, Juin. 1782. 507 mengant fontravail, de manière qü'elles forment un Vols. plus confidérable que le Texte même. A la fuite de la Contemplation fe trou« vent les Mémoires fur divers fujets d'His. toire Naturelle qui avoient paru dans le Journal de Phyfique, & auxquels 1'Auteur a joint de nouveaux; ces Mémoires font accompagnés de 8 Planches defii. nées d'après Nature, & gravées fous les yeux de M. Bonnet. On diftribuera auffi avec le VlI^e Vols. ja qo^ \e pro. fil He 1'Auteur deffiné & gravé par les mêmes Artiftes qui ont fait celui de i'in 4.*. Enfin on y trouve fes Lettres è divers Naruraliftes, tels que Mrs. Les Abbés Spallanzani £ƒ Corti, Mr. Dabamel du Monceau, &c. &c. Colkéhon précieufe, & qui n'avoit point encore été publièe. On voit par la que plus de la moitié des Ecrits qui compofent cette Livraifon font entièrement nouveaux. Le tems qu'a exigé leur compofition," & fur tout celle des nombreufes Notes fur la Contemplation, eft la principale caufe des retards dont Mrs. les Souscripteurs fe font plaint tant de fois. Nous  508 Nouv. Biblioth. Belgique. Nous aimons a penfer avec Mr. Bonnet, qu'ils les pardonneront d'autant plus volontiersj qu'ils font en partie involontaires & que les motifs qui ont animé 1'Auteur font trés louables. Comme les 3 derniers Vols. de Philofophie fpéculative qui doivent completler cette Collection n'exigeront pas, a beaucoup prés, autant d'additions que ceux d'Hiftoire Naturelle, nous efpérons de pouvoir les livrer tous dans le courant de cette année? Le Public verra par lui même qu'on n'a rien négligé pour la partie Typographique, & la reconnoiflance nous fait un devoir d'ajouter, que la générofité avec laquelle 1'Auteur en a agi dans cette entreprife , qu'il dirige lui même, nous donne la facilité de céder cette édition originale & ornée des plus belles gravures, 4 un prix auffi bas que les contrefactions qu'on pourroit annoncer chez 1'Ettanger, & que 1'Auteur défavoue par avance. Neucb&tel en Suijfe, le premier Janvier 1782. LES EDITEURS. AVER-  Avril, Mai, Juin. 178a. 50^ AVERTISS EMENT. Les recherches que les Savans denos jours ont faites avec affiduité dans 1'Hiftoire naturelle & fur VEconomie, ont embralTé prefque toutes les parties de ces Sciences, oü ils ont fait des progrès étonnans: mais ils paroiffent avoir abfolument laiffé en arrière une branche trés effentielle & qui mérite toute 1'attention du Naturalifte & de 1'Economifle; c'eft l'Ichtyologie, qu'ils fe font contentés d'eflieurer, & pour laquelle ils annon-i cent fi peu de goüt, fi peu d'inclination, que dans 5000 volumes dont les preffes feules de notre Patrie enrichiflènt annuellement ce fiècle lettré, k peine en 1'espace de 5 ans, & par conféquent parmi 25000 titres, on en trouve un qui pro. mette quelque chofe fur 1'Hiftoire naturelle des Poifibns. N'eft ■ il pas étonnant de voir négliger k ce point une partie auffi importante, tandis que des Sociétés entières s'occupent de la culture des ruches? Les Poiflbns doivent-ils donc moins attirer notre attention, notre étude  5Ter Nouv. Biblioth. Belgiquè; étude particuliere ? Ne compofent-ilspas dans tous les tems, une grande partie de notre nourriture? N'ont-ils pas formé dans tous les tems, ne forment-ils pas conftammenr une branche trés étendue du commerce? Réfléchiffanc, tant fur Ia confufion qui regne malheureufement encore, dans cette partie de 1'Hiftoire Naturelle, que fur fon étude retardée ou négligée; confidèrant les avantages, 1'utilité, qu'apporteroient la culture bien foignée de cette branche, je me déterminai de m'y livrer autant que pourroient me lepermettre les occupations de mon étau C'eft dans cette vue que pendant longtems j'ai employé mes heures de loifir dans un villa. ge de Pêcheurs: j'ai recueillide ces bonnes gens un grand nombre d'obfervations utiles k mon objet, & je me fuis procuré des connoiffancps exacT^s fur les autres efpèces de Poiflbns qui fe trouvenc dans nos contrées, par les correfpondances folides & éclairées qui j'ai pris foin d'établir dans toutes les Provinces. Les fruits que j'ai retirés de mon travail me mettent actuellement en état de publier  Avril, Mai,- Juin. 1782. $n publier VHiJtoire Naturelle £? Economique des PoiJJbns, en commencant par ceux qui fe trouvent dans les Etats de S. M. Pruffienne. Cependant, la plupart des PoifTons que fourniflent la Mer Ealtique & du Nord, la Viftule, 1'Oder, 1'Elbe, Ie Wefer, & le Rhin, fe trouvant également dans les autres grandes rivières de 1'Europe, je penfe que cet Ouvrage quï, formera environ dix k douze cahiers „' fera d'une utilité générale pour toutes les autres Nations. C'eft pourquoi je me fuis déterminé k faire paroïtre pres-4 qu'en même tems que POriginal en AU Iemand, une traduöion en Langue FranH caife, comme étant 1'idiome le plus uni^ verfellement répandu, cc dans lequel oqf trouve le plus grand nombre d'ouvragesj & les meilleurs , touchant 1'HistoireNatüJ relle, de förte que le mien pourra y êtrii annexé comme une fuite eflentielle. La difficulté de trouver un Librairsf qui, fous des conditions raifonnables,' eüt voulu fe charger de 1'édition de cet ouvrage, qui m'a occafionné & m'occa» fionnera encore beaucoup de dépenfes, pour  512 Nouv. Biblioth. Belbiqub. pour les recherches, lesenvois, lesdesfeins &c. m'engage k Ie faire imprimer moi même, en le propofant aux Amateurs par Ia voyede la foufcription, tant pour POriginal Alfemand que pour la traduction Frarcoife, qui feront 1'un & 1'autre imprimés en format in quarto: Les Planches feront en in folio, afin que chaque poiflbn puiffe être répréfenté dans fa grandeur naturelle. J'ai eu foin d'en faire faire les deffeins d'après nature, & les modèles ont été, pour la plupart, pris parmi les poilfons parvenus a toute ieur grandeur, paree que les jeunes poisJbns, étant plus étroits que les vieux, ne donneroient pas des idéés affez parfaites de leurs dimenfions réelles. Defirant de porter mon addition è 1'Hiftoire Naturelle au point de perfe&ion que j'ambitionne, j'y ajouterai beaucoup de Poiffons d'Amérique, dont je tirerai les deffeins d'après-*un Manulcript du Pere Plumier, que je me fuis procuré, enrichi de planches fupérieurement enlumimécs; & je clafferai chaque efpèce de ces poiffor s dans l'ordre qui lui convient. Je prie en outre les Savans étrangers de vou«  Avril, Mai, Juin. 1782. 513 vouloir bien m'aider dans cette entreprife, en me communiquant de bons desfeins, & en me donnant des renfeigneriiens fürs touchant cette partie; je recevrai avec reconnoiflance les lumières qu'ils me feront parvenir; & je m'emprefferai de leur en rémoigner la réali£é, par des efFets. Les Poiffons, quoique dë clafle ou d'efpèces différentes, ayant quelquefois beaucoup de reflemblance entre eux, ce qui entraïne une recherche fcrupuleufe & aflez difficile de leurs marqués diftinctives, j'ai exigé de l'Artifte qu'il faifit jufqu'aux moindres dégrés de reflemblance ou de dérivation: & il s'eft attaché avec le plus grand foin. j) A la proportion exacte des parties- 2) A la jufte fituation des nageoires, 1 leur forme, & principalement de celles de la queue, fi elles font droites, ea forme de croiflant ou bién fourchues. 2) Au nombre exact des rayons dans les Membranes des ouïes, (Branchies) & des nageoires, en ce que les premiers font la marqué difticélive du Sexe Sc les autres de l'efpèce des Poiflbns. Tam, II. Part. 2. Kk 4)  5Tr4 Nouv. Biblioth. Belgique. 4) A la jufte dircction de la ligne la* térale. 5) A 1'exact.e pofition des écailles; oii 1'on exprime fi elles font comme embriquées, ou bien, fi elles fe couvrent feu^ lement des bords; de plus de quelle facon leurs bordures, rayons ou pointsfont faits. 6) En enluminant les planches, on a eu grand foin de repréfenter la couleur naturelle de chaque poiflbn: mais comme ces couleurs différent encore dans la même efpèce des poiffons, fuivant les eauX ou les rivières dans lefquelles ils vivent, au point de les faire paroitre plus claires ou plus foncées, j'ai toujours eu foin de choifir les modèles parmi ceux' qui apportent le moins de nuance dans ]a couleur de ceux de leur efpèce. Chaque Planche porte la dénominatiorr Latine, Allemande, Frangaife & Anglaife du poiflbn repréfenté, afin que l'oo puiffe voir du premier coup d'oeil "de quel puiffon il eft d'abord queftion: & afin que 1'on puiffe de même jager s'il eft épais ou mince3 j'y ai joint une dé. Hnèation dé k |>arïfs oui a le plus de cir-  Avril, Mai, Juin. 1782. 515 fcirconférenee: & par les mots, Grandeur naturelle ou réduite, j'indique fi 1'efpèce de Poiflbns eft grande ou petite. Les curieux qui voudraierjt transporter, ou faire tranfporter des Poiflbns d'un lieu a un autre, trouverpnt dans cet ouvrage les régies qu'ils devront obferver pour réuflir dans cette opération. C'eft auffi dans la vue de faciliter Ia letture de 1'Original Allemand, aux Etrangers qui font verfés dans cette langue, que j'ai préferé des caractères Romains aux caraftères gothiques que 1'on emploie dans nos imprimeries; quant è 1'édition en francais, elle fera, non feulement fur même papier, mais en trés beau caraétère & trés bien foignée; & je n'oublierai rien pour que 1'une Cc ï'auire réponde a 1'importance du fujet. Les deux premiers Cahiers de 1'édition Allemande in quarto, font fords de presfe a Piqués 1781, la traduftion francailé de ces mêmes cahiers paroïtra intesfamment. Dans la fuite je donnerai régu. lièrement tous les trois mois, un cahies de cet ouvrage dans les deux langues. Kk * Le  516" Nouv. Biblioth. Belgique.' Le prix de chaque cahier, avec les planches enluminées fur du papier Royal d'Hollande fera de deuxécus; fur du papier médian Royal d'HolIande un écu 12 gros; les planches imprimées fur du beau papier de SuiiTe, fans être enluminées, 18 gros, par chaque cahier, & un gros chaque feuille du texte. Le Louis d'or évalué a cinq écus, & 1'écu a 24 gros. La Soufcription reftera ouverte jusqu'è la Si. Michel de 1'année 1782; ce terme écoulé, le prix fera augmenté d'untiers. Enfin pour fatisfaire les perfonnes dont les moyens ne permettroient pas de fe procurer cette belle édition in quarto, j'en foignerai une édition in otïavo, qui paraitra inceffamment en Allemand & en frangais, & dont chaque cahier de texte avec les planches réduites dans le même format, & enluminées, ne reviendra qu'a feize gros & a huitgros, fans être enluminées. J'ofFre a ceux qui voudront fe donner la peine de me procurer des Soufcriptions le dixième Exemplaire. J'accorderai 10 pour 100 de pro-, vifion aux Libraires qui prendmnt- de% exemplaires.  Avril, Mai, Juin, 1752. 517 Je prierai, en outre, M. M. les Soufcripteurs de vouloir bien me faire parvenir leurs noms, dignités, ou eraplois, avec Ia défignation de leur domicile, afin de les mettre fur chaque feuil1c qui couvrira le cahier qu'ils devront recevoir; & lorfque les deux éditïons feront achevées, je ferai imprimer l«ir noms k la tête de 1'ouvrage. Les perfonncs chez qui 1'on peut fouscrire, font. A Berlin, M. le Secrétaire privé Oftos & M. Le Bauld de Nans, 1'un des Rédacteurs de la Gazette Litteraire, demeurant place des Gens-d'Armes, maifon de Mde Laval, qui recevront feuls les foufcriptions pour les Exemplaires en francais. A Berne en Suiffe, M. Wïttenbacb, Pafteur de 1'Eglife Reformée. A Brunfwick, M. Brückmann, premier Médecin de Mgr. Ie |Duc-Regnant. A Breslau, M. Bomer, Secrétaire perpétuel de la Société économique. A Coppenhague, M. Spengler, Infpecteur du Cabinet de rHiftoire Naturelle. Kk 3 A  |i8 Nouv. Biblioth. Bjilgiquè. A Francfort fur le Mein, M. le Doc- teur Ricbard, A Halle, M. le ProfefTeur Eberbari, A la Haye, M. le Secretaire Renf- ner. A Hambourg, Ie Dodteur & Prof. Qiefeke. A Hannover, M. le DodVur Marx. A Kcenigsberg, M. le Coafeiller pri» vé & Prof. Mezger. A Liepfick, M. !e Profrlfcur Leske. A Londres, M. Louis Bing. A A Paris, chez M. Guyot, rü.-Montconfeil, chez M. de LeJJere, Banquier. A Padoüe, M. Le Dodteur Salone. A Petersbourg, M. Geurgi, membre de 1'Académie. A Stettin, chez M. Meyer, apothicaire de la Cour. A Strasbourg, M. le Profefleur Herr* mann. A Utrecht, M. P. Boddaert, Dodteur en méd. membre du Confeil de la Ville de Fleffingue &c. A Vienne, M. Aren{ieins & M. Ie Dodteur Auenbrugger, A  Avril, Mai, Juin. 1782. 519 A. Zurich, chez M. Hirzel, fils, Médecin , & membre du Grand Confeil de la République. Berlin ce 30 Avril 1781. D, M. C. BLOCH, Kk 4 NOUi  5 2 O NOÏTV. BfBLTOTH. BeLGIQJÖE1. NOU VELLES LITTERAIRES. Jani Helvetti Poëmata, edente , Laur - Santmio, Leide chez Pluy, gers 178*. Prix ƒ 1 - 4 - o M. Helvetids étoit un Poëte, qui déja de fon vivaut a joui d'une réputation méritóe; feu Mr, Burman en faifoit beaucoup de cas, & cet illuitre Liftérateur exprima dans les vers fuivans la douleur qu'il relTentoit de fa perte. Ante diem Helvstiusmiki funere raptus acerbo. Innumeras dotes in fua bufta tulit: Non aures Latiique tenent Grajique lepores Et Lyra Lesbao pcüine pul/a filet. Poem. Lib. IV. p. 485. Mr. L. Van Santen dont on a des poèV Ges pleines de goüt & de fentiment étoit lans doute bien digne de publier ce Re-  Avril, Mai, Juin. 1782. 521 Recueil. Ami d'Helvetius, il a cultivé comHie lui avec beaucoup de fuccès les Mufcs Grecques & Lacines. II ne faut pour s'en convaincre que lire 1'Epitre Dédicatoire da eet Ouvrage & les Vers addreffés aux manes de fon Ami; oü 1'on appercoit plufieurs traits dignes des beaux jours de la Poëüe Latine. Ecquid amicorum fuperat poft funera cura? Quique manet nobis & tibi perftat amor ? Certe ego, fi pietas pro divite muneregrata eft, Annua folenni carmine facra feram. Sed fortunato, dum te lugemus, in arvs Tu noftri ignarus forte doloris agas, Hic poft vexatum tibi mille laboribus aevura Sperata exfukas pofte qujete frui. Dulciaque ingratae potanti oblivia lucis Lethaeus largo proluit ora latex; Sublimesque animas, meliores praeftat amjcos, Quae numeros, vallis, clauditamoenapios'. Te colit hic veterum te vatum turba novorum, Pukrior accubitu turba futura tuo. HiStua, Jane, comes vivisque incognita.ducit Otia nee fuperis invidet umbra borjis. Kk 5 Quip-  $21 Nouv. Biblioth. Belgique. Quippe tot aerumnas, tot amara taedia vitae Quis Deus excepta tollere morte potell ? Les Poëfies de Mr. H. font partagées en deux Parties, Elegiaca & Lyrica, nous citerons quelques morceaux de cette derniere, Commencons par ces Strophes tirées de Tode intitulée Salicetus. Diva Libertas, duce qua Batavus Mars fcf Hispani trucuknta faftus Regna, £f immanis furibunda Jlravit Agmine Celtael Hic adcs Mater! tibi facra Mater t Centis antiquo referenda ritü, Exfuli magno fociata Belgae. Turba paramus. Turba fed leges coluiffe folas Certa, fed forti juga nolle collo Ferre, fed regnis docilis priorem Ducere mortem. Haee tibi cordi, Feneranda, forti, Integro, legum patriot cïf tenace, Vicrimis centum potiore, cultu Peccore gaudes. Jpfe vel ftritto praeëam facerdas Enfe, civiles dlacer triumphos, Laetus heroüm tonuiffe forti Praelia verfu, Pi  Avrix, Mai, Juin. 1782. 523 En voici d'un autre genre: nous les tir.ons d'une Ode inticulée EHcium ad Venerem,foli adpropinquantem. Pradi venuflo Jidere, lucidi Formofe coeli janitor, faces Submiffus auïïorem propinquas Nunc iterum venerare Phoebum! Seu tu ceruscum Urnen & auream Tentabis crcem feu pudor ignium Ambire fedem te moaebit Numinis exteriore limbo. Tu blinde, mag*-i folü idoneus Librore vires, ponder ique orbium, Tu lance momentum datums Signifero gravae furgis axi. Te fanEta vatum, principe calcula', DixiJJe leges temparihus cohors, Aftrisque felir, adf'.turum Attonito cecinere feclo, £?<\ Leerreden over Febr: XIII. 7. &c. c. a d. Sermon a la mémoire de feu Mr. H. Ribbers, Pafteur a Arnhem, prononcé par fon Ami £? Collegue A. van den Beeg, Pafteur de la même Eglife, a ArnJiem chez Nyhoff £P Trooft 1782. gr, in 8°. de 52 pages Prix / 08-0  524 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. Le Prédicateur a pris pour texte ces paroles de Se. Paul, Souvenez vous de vos Con~ duUeurs, qui vous ont porté la parole de Dieu, il en fait 1'application a fon défunt Collégue dont il tracé un portrait trés intéreffant & trés propre a fervir de modèle a ceux qui embraffent la même carrière. La Lecture de ce Sermon nous a paru édifiante, & doit confirmer le Public dans la bonne idéé que d'autres Ouvrages de ce Prédicateur avoient déja donnée de fes talens. Le Libraire Pluygers, a Leyden, a mis fous preffö & débitera dans peu; A. J. Arntldi Obfervationes Exegeticae Ö5 Criticae ad quaedam loea Proverbiorum Salomonis, ex Germanico fermont in Latinum verfa. Nous y reviendrons. Aanmerkingen over de Veranderingen, welke de jleenen in de Pisblaas der menfchen ander ondergaan &c. c. è. d. Obfervations fur les changemens qwéprouve la pierre dans la Vejfie urinale de 1'homme (fc. par Mr. P. Camper gr. in 8°. a Amflerdam chez Tntema £? Tieboel 1782. Faute de place convenable nous forrrmes obligés de renvoier au Trimeftre prochain Panalyfe de ce nouveï Ouvrage de Mr. Cam- - fer  Avril, Mai, Juin. 1782. 525 ptr. On nous faura gré de ce retard, puisque fur une fimple notice on ne pourroit apprécier les nouvelles obfervations de cet habile Ecrivain. Het SpeUatoriaal Toneel («) c. a. d. Thédtre Hollandois, avec cette devife Ex gaudia virtus, 2. vol. in 8". a Utrecht chez B. Wild 1782,Prix ƒ 2-T0-0 LeThéatreHollandois n'eft pas encore porté au point de perfection oü il pourroit parvenir. On y manque abfolument de bonnes petites pièces. (6) Les farces que 1'on répréfente ordinairement après la Tragédie font rougir Thalfe. On y a porté la licence a 1'excès, & une hon* nête femme n'oferoit prefque affifter a Ia répré- fen» (a) Voyez la Note du Trimeftre précédent pag. 34; (f) L'ufage de donner une petite pièce après Ia grande n'eft pas ancien, même en France, oii il n'eft établi que depuis 1722. Les grandes Pièces fejouoient feules auparavant, & 1'on n'y joignoit une petite pièce qu'après ies huk ou dis premières répréfentations, ce qui donnoit lieu de croire, que Ia Pièce commencoit il tomber. Pour prévenir ces jugemens désavantageux, la Motte fit jouer nne petite pièce dès la première répréfentation de Romulus. Cctt exemple a été luivi depuis par tous les autres. Noti ffe Journalijit.  5a6 Noüv. Bibliotr. Belgique. fentation de la plupart d'entr'elles. A 1'erception des Pièces de Langendyk, & d'un trés petit nombre d'autres, nos Comédies font tout au pius tolérables fur les treteaux d'un Vendeur de Mitbridate. C'eft ee qui a engagé les Auteurs du Recueil que nous annoncons a traduire des petites Pièces Francoifes & Allemandes. Le premier Volume contient, l'Epoufe innocente, le Duel ou les Jeunes Mariés, traduites de 1'AUemand, & VAmant Bourru de Mr. Monvel- dans le fecond on trouve, l'Anglois ou le Fou Raifon* -nable. Charlot ou la Comtejje de Givry, Vimpatiënt, Narcijje ou VAmoureux de lui même, & le Rival Suppofé. Toutes ces Pièces font connues. A 1'exception de Charlot, & de Narcijje il nous femble que le choix de ces Comédies fait honneur au discernement des Tradufteurs. Frbd. Wilh. Pestkl Commentarii de Republica Batava, Lugd. Bat. 1782. Nous donnerons l'extrait de cet Ouvrage dans le Trimeftre fuivant. Handelingen van het Geneeskundig-Genood[chip, onder de Zinfpreuk fervandis civibus, c. a. d. Mémoires de la Société de Médecine fous la devife fervandis civibus; Tom. VU.  Avril, Mai, Jüïm. 1782. 527- i Amfterdam chez Conradi 1782. Nous n'avons pas eu occaiion encore, de fai. re connoitre la Société dont nous annoncons les Mémoires. Elle a été établie en 1766, & depuis ce tems elle a publié con-* fécu'tivement plufieurs Volumes. Nous reviendrons plus amplement au 7e Tome qui vientde paroitre, en nous bornant aujourd'hui è la fimple expolition du but de cette Aflbciation. Les membres qui la compofent ont envifagé principalement 1'avantage qui pourroit en réfulter pour 1'humanité en général. Ils ont confidéré enfuite que la Médecine n'eft pas encore portée a ce point de perfectiora dont elle eft fusceptible, & qu'en particulier les Hollandois ont malheureufement été furpaffés dans cette fcience par les autres nations; furtout pour la partie des découvertes. Ge défaut d'émulation parmï nous avoit fans doute des caufes étrangéres & accidentelles, on ne connoiflbit point ces Sociétés, ces Académies de Médecine, établies depuis longtems en France en Angleterre & ailleurs ■, il ne falioit qu'ouvrir les yeux pour fentir toute 1'utilité de ces éta~ bliffemens, qui excitent & réveillent Témulation, & 1'amour du travailj oü toutes lesObfervations, les recherches & les expériences-.  *85 Nouv. Biblioth. Belgique.' eoces médicirnales fe réuniffent comme dans un foyer, pour éclairer le monde, & pour concourir 4 diminuer en parti ces fiéaux de tru&eurs dont notre pauvre humanité eft affligée Heureufement pour notre République _on a fenti toute la néceffité de ces établiffemens qui fe font multpüés dans Ia fuite, & qui ont contribué efficacément 4 nous laver du reproche que les membres de Ia Société Servandis Civibus faifoient i leurs Compatriö'es, Elf cal Kerkelyke Reden/voeringen &c. c. a. d. Onze Sermons par Mr. van der Kemp; Pafteur de l'Eglife Anabaptifte de Leyden, gr. in 8° de 243 pagesa Leyden chez Herdingh LiIraire 1782, Prix ƒ 1 • 8 -o Mr. vander Kemp 1'Auteur de cet Ouvrage, eff Ie même quf depuis quelque tems a fait parler de lui a I'occafion d'une certaine Ode, furies affaires du tems. 11 paroit aujourd'hui fous un afpeft plus convenable pour un Miniftre de l'Evangle. Les buit premiers fermons de ce Recueil roulent fur les devoirs de 1'homme dans fes différens rapports, on y trouve plufieurs chofe* excellentes & qu'on lira fan-' doute avec plaifir. Nous en dirïons d'avantage fi cet Ouvrage étoit purement un Traité de Morale, mais comme nous ne  Avril, Mai, Jüin. 1782. 52c) ne faurions accorder indiftinctement notre approbation a ces Difcours, confidérés comme des Sermons prononcés dans une affemblée Chrétienne. En général nous fommes bien élöignés de critiquer le choix de ces fermons: nous penfons que rien n'eft plus utile que de rappeller a 1'homme les devoirs qu'il eft obligé de remplir dans fes différentes rélations; mais il nous femble que Ia manière ddnt M. Fan der Kemp traite fdn fujet n'èft guères propre a lui conci* lier tous les fufFrages. Sans nous arrêtet a prouver que ces Sermons ne font pour la plupart que de fimples Discours, qui n'ont pas plus d'analogie avec le Texte que le Prédicateur a choili, que n'en ont les épigraphes tirées de Ciceron ou de Virgüe a la tête des Discours du Speétateur, avec les fujets que cet Auteur y traite ; nous croyons pouvoir faire k cet Ouvrage ün reprocho plus effentiel; c'eft que 1'Auteur manque effentiellement le grand but qu'il fe propofe. L'Orateur facré doit éclairer le cceur & Vejprit de fes Auditeurs. Pour cet effet il faut fe mettre a leur portée, & tacher d'exprimer fes idéés de avec toute Ia clarté & la flmplicité poffible. Mais la plupart de ces Sermons n'ont point ce caraélêre, ce font Tom. II. Part. 2. LI plu-  530 Nouv. Biblioth. Belgioüe. plutót des D'ffirtations, trés bien compofées ft 1'on veut, mais plus propres a être méditées par quelque favant dans le filence du cabinet qu'a produire dans une affemblée de chrêciens de tout ordre & de tout age cette utilité générale qu'on a droit d'en attendre. Mr. Van der Kemp ne daigne pas s'aftreindre è la méthode univerfellement recue d'indiquer les différens objets für letque.'s ils fe propofe de fixer 1'attention, de fes auditeurs . il faut êcre accoutumé de bonne heure a la médita'ion, il faut avoir beaucoup de contention dans 1'efprit. pour fuivre le fil d'un discours pareil, & peu de gens dan» une affemblée nombreufe ont cet avantage. Ajoutons tncore qu'il ne fi-ffit pas d'expofer fiinplement les devoirs de I'bomine, & de montrer les fruits falutaires qu'on icc eille en les pratiquant, mais il eft f'/rtou. . é> ceffaire d'appuyer fur les moyens qi.'il faut mettre en oeuvre pour acquérir ia pratique de ces devoirs. Nous remarquerons encore que cec défauts ne font pas rachetés par un ftyle fimple, clair, & intelligible pour le plus grand nombre. Au contraire notre Auteur affecte, pour ainfi dire, de fe fervir de tournures recher-  .Avr.il> Mai, Juin. 1782. 531 ïecherchées , d'exprelïïons métaphoriques, fon plan eft trop compliqué, fes tranfitions ne font pas afTez fortement indiquée*. Il eft facile de remporter ainfi les fufFrages de ! quelques favans, & de quelques Beaux-Esprit» , mais ceux la ne forment pas exclufi'vement une affemblée de Chrétiens. Le grand Art eft de fe faire un ftyle qui në foit ni trof) élevé pour le gros des auditeurs ni trop familier ou trop bas pour les gens de Lettres. Mr. Van der Kemp nous avertit dans fa Préface (car fon Epitre Dédicatoire peut en tenir lieu) que tous ces Discours ont été prononcés publnuement. II convient encore qu'il nJa d'autre but que relul d'être utilt k tous les ordres de Chrétiens, mais comment accorder cette difpofitton avec Ie fecond Sermon de ce Recueil, qui roule uniquement fur les devoirs des Femmes, fans que 1'on y adreffe une feule fois la parole aux hommes, 11 eft vrai que le Prédicateur qui prévoyoit cette objeétion y répond de la facon la plus galante a la page 24. ,, Perfonne dit-ü, ne doit s'étonner qu'en traitant des devoirs des Epoux, j'accorde le premier rang a la partie la plus aimable de Vhumanité." Que dirons nous de LI 2 ce  53» Nomr. Biblioth. Belgique. ce tableau oü le Prédicateur tracé les fenfations que l'tiomme reffent lors du développeuient de fa puberté. „ l'un & 1'autre fexe éprouve vers cette „ époque une fenfibilité plus vive & plus „ afFeétueufe; elle colore le vifage d'un rouge plus éclatant, elle rend les traits „ plus énergiques, plus parlants, elle fait „ briller les yeux d'un feu nouveau . & ,, trahit par des mouvemens involontaires „ les fenfations délicieufes de 1'ame. . Tous „ les membres reffentent une élafticitéextraor„ dinaire-, le fang coule & fe précipité avec „ force. — L'organifation du corps eft a „ fon p us haut dégré de perfeéhon , toutes les roues font en mouvement, les nerfs font tendus, le moindre muscle eft en ac„ tion. Les defirs brülans de 1'ame ne peu„ vent être plus longtems-enchainés, des „ foupirs pouffés avec force ou retenus avec „ peine décelent le befoin qu'on reffent, ,, une langueur vifible démontre la néceffi„ té de le fatisfaire au plutót. On com„ mence i fentir 1'exiftence d'un bien in„ connu, peu a peu on s'en fait des idéés „ plus juftes, Pimagination vient au fecours „ & en exalte 1'excellence; on brüle d'en „ jouir, & 1'on ne fe croit heureux, que „ lors-  Avril , Mai , Juin. 1782.533 •„ lorfqu'on a fatisfait a ces defirs,* q^e le „ Créateur lui-inême nous a donné. (a) Au refte on trouve de fort bonnes eho. fes dans ces Sermons-, nous y avons remarqué des inft.ruct.ions trés faluiaires & dont on peut faire fon profit; mais nous defirerions que le Prédicateur s'attachat furtout a raffembler les motifs les plus puiffans qui doivent engager les hommes a obferver les regies qu'il leur prescrir, qu'r n'oubliat pas principalement les motifs qu'on a droit d'attendre d'un Miniftre de 1'Evangile Ainfi par ex, dans Ie cinquième Sermon oü il s'agit des devoirs des Enfans il nous femble que Mr. Van der Kemp auroit bien pu offrir è notre imitation le modèle parfait de Jefus Chrift. Le neuvieme Sermon traite du Changement qu'éprouva la conftitution Politique des Juifs lors de 1'avénement de Saul; I. Sam; VIII. 1—22. L'auteur recherche i°. qu'elle étoit la conftitution primitive du gouvernement Judaïque 2°. les caufes qui ont fait abolir la Démocratie, & les moyens dont on fe fervit pour établir un gouvernement Monarchique, 3°. les fuites de ce grand évé- ne- vlr. v an), voyez Traité des Serpens. Luzac (Mr.), voyez Richeffi. M. Marron (PeSfies de Mr.), 25* & fuiv. Mémoires de la Société Batave di Rotterdam ad. Extr: du Tom. V. 95. , de la Société Hollandoife des Sciences, Extr: du Torn. XX. 36?. . de la Société fervandis Civibus, ann: du Tom. VIL 526. . de la Société de Correspondance Météréologique cjfc. de la Haye, Ir. Extr: du Tom. I. Part. II. 402. '. Mendelfohn (Mr. Moyfe), voyez Apologie, N. Nouveau Théatre Hollandois, Extr. du Ir. Vol; de cet Ouvr. 34. Nn Nou-  ■5 Politique Extr : de cet Ouvr. du Prof. Kluit 486. R. TJéflexions fur 1'état actuel du Crédit Public en France cif en Angleterre, Extr : de cet Ouvr. 22. Recherches fur les caufes de la décadenee &c. des Prov: Un: Extr: 289, Re-  MATIERES. 563 Recherches Hijloriques für l'époque de la Liberté Botave &c. Extr. 343. fur la Dotlrine d'une Vie après la mort &c Extr: de cet Ouvr. de Mr. Baum 432. Recueil de Pièces rélatives aux Treize Etats de l'Amérique, annonce de cet Ouvr : 259. Répréfentation des Cigales £f des Punaifes &c, ann. du N°. V. de cet Ouvr. Richesse de la Hollande 2d. Extr. de cet Ouvr. 1. s. Oaint Euflache conquis £i? reconquis, notice de ce Poëme de Mr. Loosjes 537. Sermon de Mr. van den Berg, fur Hebr: XIII: 7. (fc. ann: 523. Sermons pour la Marine HolhnSoife, notice de cet Ouvr. 260. —— de Mr vak der Kemp, précis de cet Ouvr. 528. Sepp (Mr), voyez Répréfentation. Sterk (Mr.) voyez Dittionnaire. Symbolae Haganae &c. notice de cet Ouvr: de Mr. Barkey 267. T. 'p a b l e a u de 1'HiJloire des Provinces Unies, par Mr. Cerisiir, Extr.du lom. VII. 139. Nn s Taxe  j«t TABLE dss MATIERES. Taxe fur les immeubles en Hollande, notice d'une Differt: fur ce fujet. 263, Jhédtre Hollandois, notice de cet Ouvr: 525, Jhelyphthora, ann ,nee de cet Ouvr. 265. T ■ a1t É