NOÜVELLË BIBLIOTHEQUE BELGIQUE* TOME TROISIEME. Première Partie._ pour les mois de JUILLET, AOUT, SEPTEMBRÈj M u c c i. x x x i I. A LA HAT É^ti^ G ii e z C P L -A A % Libraire dans le Hofïlraat MDCCLXXXIL  T A B L E DES A R T I C L E S. i. Histoire Naturelle de i LA HOLLANDE. 2» A.près avoir examinéd'un oeil attentif tout ce que la terre renferme dans fon fein en Hollande, nous aüons quitter fes couches fouterraines pour obferver fa furface." Mais que cette étude eft difficile, quelles vaftes connoifTances ne demandent-elles pas! les plus grands naturaliftes fe font fouvent trouvés arrêTome lil. A té»  2 NOUV. BrBLIOTH. BfiLGIQUB. tés au milieu de leurs recherches par les tbornes prefcrltes è 1'efpric humain, & depu;3 l horome, qui forme Ie premier anpeau de ld chaine immenfe des Etres Julquau plus petit des reptiles, touü eft pour nous un objet d'admiration & d'étonnement.L'Auteur fe propofe dans ce Volume tion HoIIandoifc fous trois points de vue différens; i». dan» fon éeat phyGque & rai, 3 . dans fon état de maladie .Après avoir rapporté les diverfes OD; mona des Savans fur 1'origine des fiata ves, Mr de E. expofela fienne; il CS avec Taate, (a) que CeS peuple. "2 C,a"eS' Caujourd'bui k's Hejois) lesquels ayant été chaffés de leur pays par une ftdition domeftique sétabiirent en deca.du Rhin aux extrê mK s delapaule, dans un c^olt d'une jfle Sfl™parereDt en même tems « «ne Jlle, qm a en avanc ]es flots ^ 1'Océ- Hisxoa, la. jy, cap, ia.  JüILLET, AOUT, SEPTB. I?82. 5 1'Ocóan & les eaux du Rhin derrière elle & & fes cötés. Les Bataves fe mélêrent depuis avec d'autres peuples, qui fucceffivement s'établirent dans leur Is* le. Ils firent pafier des colonies dans d'autres p3ys; ce fut ainfi que le Marcgraviat de Brandebourg fut peuplé; les Hollandois y apporterent des Loix, connues fous le nom de Jus Hollandricunt ou Droit Hollandois; mais Adolphe Duc de Sleswich rétablit en 1438 1'ancietr droit du Holflein & caffa les Loix dont nous venons de parler. L'Auteur tertnine ce Chapitre en indiquant les endroits de ces Provinces oü les mélanges d'origine font plus ou moins fenflblcs. Les anciens Bataves, au rapport de Jules Céfar, & de Tacite, étoient d'une taille avantageufe, & jouiffoient d'une conftitution robufte, qualités qu'il faut attribuer fans doute k 1'influence du climat de leur pays, h Ia vie laborieul'e & dure qu'ils menoient. Ils avoient le regard fier, les yeux bleus; Ia couleur des cheveux d'un blond ardent, leurs habillemens étoient fimples & commoA 2 deïj  4 Nouv. Biblioth. Belgïqüe'* des, & leurs mceurs tenoient de Ieüt temperament, fm,guin & phlegmatique; deforte qu'on leur attribue avec aflez de raifon tous les vices ordinaires a de tels hommes; mais ne leur refufons pas non plus, les vertus males & fubümes qui cara&érifoient ces peuples. II eft difficile de donner des renfeignemens bien furs fur l'habillement des Hollandois dans les premiers fiècles de notre Ere. On conjc&ure cependant d'après une ftatue de Roland qu'on voit encore a Amfterdam fur le perron d'un ancien édifice, qu'il.s portoient fous la colte de maille, le Sagulum ou la faye, qui tombe en grands plis depu's les hanches jufqu'aux genoux. Cette ftatue a les jambes couvertes d'une efpèce de pantalon, qui remonte jufqu'au haucdes cuifles; les bras font auffi voir les manches pliffées d'une chemifette. Elle porte d'ailleurs un chapeau, qui raflemble beaucoup aux bonnets ou chapperons qui étoient en ufage en Hollande au douziéme fiècle. Le deffin de cette ftatue fe voit fur une planche affez bien exécucée, & qui ré-  JuiLLET, aout, SePTB. I?82. £ répréfent les difFérens coftumes Hollandois depuis ces tems lè jufqu'a nos jours: cous ne fuivrons pas 1'Auteur dans les détails oü il entre a ce fujec: il faut les lire dans l'ouvrage, en comparant la description avec le deffin qui l'accompagne; nous ajouterons 1'eulement en fw veur de nos Leftrices, que vers le i5è lïècle la cöefFure des Dames corfiftoit en des trefles plattes, entourrées d'un bandeau d'or; tandis que quelques petites boucles détachées tomboient négligemmcnt fur les tempes. Les filles étoient cöeffées en cheveux , & avoient la tête nue ; ]es femmes mariées por- toient un bonnet de toile ou telle .autre cëeffure; cette mode de natter les cheveux fubfifte encore en quelques endroits de ce pays: quant k l'habillement elles fe ferroient le fein & les bras, & lts Dames de qualitè affeöoient furtout de fe diftinguer par une efpèce de bouffante qui couvroit .les épaules, & h laquelle on mettoit beaucoup de luxe; les plis en étoient ordinairement retrouffés & garnis de noeuds de ruban: le cprfet garni de treffes d'argent étoit attaché au.A 3 tour  : 6 Nouv. Biblioth. Belgioue. tour du cou avec un collet relevé, furmonté d'un petit collet de toileplifle, qui s'uniflbit par derrière au cou. C'eft ce eollet qui a été Porigine des fraifes énormes que les hommes & les femmes porterent depuis pendant longtems. Le refte de Pajuftement des Dames confistoic en une robe pendante uniment avec deux pans par devant, & garnie communément d'un bord en or, en argent ou brodé, ou de quelque riche efpèce de fourrure. Les Bataves en fe confondant avec d'autres peuples perdirent bientót cette fimplicité de moeurs qui les diftinguoienr. Au culte pur & facré qu'ils rendoient k PEtre fuprème fuccéderent bientót les cérémonies payennes, & le Chriftianisme, ou plutót la fuperftition & le fanatisme qu'on leur prêcha fous ce faint notn, dénaturerent entierement leur caraétère. Affervis k des Prêtres dont la plupart ne voyoient dans leur é'tat que des moyens d'exercer impunément toutes fortes derapines, on neles vit plus occupés que de proceffions, de pélerinages & de croifades; en négligeanc leurs  JüILLET, AOÜT, SEPTB. I?8a. ? leurs propres foyers ils nc fongeoienc qu'a foutenir la puiflance de la cour de Rome. Les Citoy-.rs fe i*;vifercnt entr'eux, & bientót ia confiance, Ia bonne foi fureDt oubliécs. Le courage, 1'amour de Ia liberté & de Ia religion fubfiftoient toujours; mais ces qualités refpeQables, tn s'ixerqant fur de faux cbjets, n'en devenoient que plus ftffiét* tes. Les facïions 4 les divifions les guerres tiviles acheverent de boulevcrfer totalement les moeurs prminvcs. L e üers écac feul fembla conferver fon antique pureté: il & des microscopes. Ils porterent enA 4 core  8 Nouv. Biblioth. Belsique. core une aörivité incroyable dans Ia commerce & dans Ia navigation, è peine entrés dans cette carrière ils y firent admirer leur efprit d'ordre, d'économie, de patience & de travail qui fubfifte encore malgré les modifications que les moeurs acluelles ont du néceflairement faire fubir au carattère primitif de la Nation. L'Auteur tracé encore avec beaucoup de précifion l'habillement des Hollandois du 16 & 17 fiècle. Cette partie de fon Ouvrage peut être d'une grande utilité aux Peintres, aux Afteurs, & généralement a tous ceux, qui defirent de connoitre ces détails, Le régime du peuple dans ces tems li étoit une des caufes de 1'exellence de leur conflitution. La différence entre les Hollandois d'alors & ceux de nos jours eft trés fenfible. Le thé & le caffé étoient k peine connus, le matin on buvoit de Ia biere forte, & le diner confifloit en viandes fucculentes ou quelques autres mets nourrifTans & fains; Les bourgeois ne buvoient que rarement du yin, 1'eaude vje de genièvre, étoit re- gar-  JüILLET, AOUT, SEPTB. I782. 0 gardée cömme une boiffon ignoble, la biere forte écoit refervée aux perfonnes graves comme un regal; les Profefieurs de Leyden fréquentoient alors , felon notre Auteur, les cabarets. Jujte Lip. fe, Baudé, en revenoient fouventivres, & c'étoit la le Parrjaffe oü ils compc; foient leurs épigrammes. Les femmes de leur cöté jouiffoient d'une fanté plus robufte qu'aujourd'hui. On ne les marioit pas avant vingt ans, celles qui fans neceflité prenoient une nourrice étoient 1'objet de la raillerie & du mépris des autres femmes. Quelque chofe néanmoins nuifoit dès ce tems la a leur taille & k la fraicheur du teint; c'étoit 1'ufagg des cotillons énormes & d'un poids ex. traordinaire qu'elles portoient fur les hanches; cette mode femble fe renouveller de nos jours. Le période que nous parcourons, a auffi été fertile en grands hommes de tout genre. Guerriers, Savans, Hommes de Lettres paroiffoient en foule en Hollande; la Nation montra encore une aöiyité fingulière dans le commerce, & elle y porta eet efprit d'économie fi néA 5 ces-  fo Nouv. BiBLroTH. Belgiqjüe. ceflaire pour des négociants, & que Pon a confondu fans raifon avec 1'avarice» Cefar reproche aux Bataves une extrê. me malpropreté; elle n'étoit plus le défaut des Hollandois au temps dont nous parions, au rapport même du Chevalier Temple, qui d ailleurs porte fur notre 'pays eet efprit de prévention & de eau. fticitéaffez ordinaire è fes Compatriótes. Enfin cette époque efl è jamais mémorable pour le courage infatigable des Holjandois dans la gu^rre qu'ils eurent è foutenir contre 1'opprefleur de leurs liber. tés, ce farouche Philippe, qui arma contre lui un peuple naturellement doux & pacifique, mais qui ne fe laiflbit pas opprimer impunément. Mais les Hollandois étoient alors fujets h pluficurs vices, & furtout k ceux que 1'on a toujours reproché aux peuples feptentrionnaux, 1'yvrognerie & le jeu. La débauche leur donna auffi du goüt pour les p^èces de théétre indécentes & indignes d'être répréfentées devant d'honnêtes gens; mais peu k peu on commenga a donner des fpeftacies plus  JÜÏLLET, AOUT, SEPTB. 1782. II plus réguliers, & 1'on vit une réforme confidérable dans les moeurs. En continuant toujours 1'Hiftoire des modes & de l'habillement des Hollandois 1'auteur nous tracé les différentes modi» fications qu'on leur fit efiuyer pendant ce liècle; & enfin ü paffe au tableau fingulier de la figure & du cara&ere des Hollandois dans les différentes parties de la Province qu'iïs occupent. Auxenvirons de Dordrecht, de Gorcum, de Schoonhoven, de Heusden & de la Haute Meufe, les deux fexes font en général, d'une taille moyenne & d'une fanté robufte. Les hommes y ont Jes épaules larges & les jambes bien fournies. Les femmes font pour :1a plupart brunes; elles ont 1'ceil bleu, & d'une taille bien prife. Plus loin du cöté de Rotterdam les hommes font d'une taille moyenne, ils ont de gros yeux bleus en' foncés dans la tête avec un regard affuié quoique doux & modeftes, qui ne laiffe appercevoir aucun figne de haine a de malice ou d'envie. Remarquons avec Mr. de B. que ces. obfervations ne peuvent pas être regar- dées  ra Nouv. Bibuoth. Belgiqjd-e.' dées comme abfolument exaftes; paree, que chaque canton ofFre quelque chofe de particulier qu'on ne trouve point dans les autres & dont on ne peut donner une raifon plus plaufible que le mélange avec d'autres nations, qui a été plus confidérable dans 1'un de ces diftriös que dans 1'autre. Sans nous arrêter a fuivre 1'auteur dans les détails oh il entre fur le cara&ère différent des Hollandois k raifon du lieu qu'ils habitent, paflbns è la description générale qu'ils nous donne des Payfans des Quartiers du Weftland & du Rhynland. — Ils font plutót fanguins que phlegmatiques & mélancholiques. Les femmes font plus vives, d'une perfpicacité plus prompte, & d'une plus grande adrefle dans les travau& que les hommes. Cette claffe de Citoyens paroit plus modérée que vive & emportée; dela cette conftance k pourfuivre leurs entreprifes, cette ardeur infctigable k chercher leurs avantages, & ce zèle invariable k maintenir leurs droits & leur liberté dont ils font toujours occupés. Leur ton de voix eft fort mo- deré;  JülLLET, AOÜT,SEPTB. I7$l. l£ deré; les femmes font de bonnes Chanteufes, au moins pour le timbre; élles s'exercent continuellement a chanterdes pfeaumes, ce qui en fortifiant fans doute leur piété, ne contribue pas néammoins k perfettionner leur goüc dans la mulique. La tolérance en fait de religion femble encore une des vertus particulières des habitans de cette partie de la Hollande. Les Réformés & les Catholiques y font également portés k cette amitié patriotique qui fait le lien le plus facré des nations. Ces Payfans aiment beaucoup la Poëfie, & réuffiffent fouvent dans les autres Arts d'agrément. Rembrand, Pynaker, V*m der Codde font connus. Le dernier atrempli une chaire de profefleur en langues orientales k 1'Univerfité de Leyden. Le Prince Maurice qui fe faifoit un honneur d'avoir pour compatriotes des payfaDS aufli inftruits, invita un jour 1'Ambaffadeur de France è faire avec lui un tour k Ia campagne & Ie conduifit a 1'endroit oü Van der Codde étoit k Ia charrue. Ayant fait approcher le laboureur ce Ia voi-  14 Nouv. Biblioth. Belgi^ue. * voiture le Prlnce pria PAmbafladeur dé Pinterroger dans plufieurs langues, dans lesqueües Van der Codde répondit avec une facilité qui excita Padmiration du miniftre. Le même Van der Coddt fut dans la fuite appellé è Leyden, comme nous 1'avons dit , mais fes frères ne quitterent point la charme, en continuant néammoins leurs études favorites* L'Auteur fait un grand éloge des Payfans du Waterland. Leur retenue eft extréme. On prétend qu'au Texel & en d'autres endroits voifins les garcons vont faire 1'amour fur le lit de leur maitrefle, en mettant la couverture entre deux., & IaiïTant les portes ouvertes» C'eft ce qu'on appellé Kweeften en langage du Pays. On connoit affez la pro. preté rafinée desNord-Hollandois, 1'Auf. teur en rapporte plufieurs cxemples. Au Chapitre feptième Mr. de B. traite de la figure & du cara&ère des habitans des villes de la Hollands. Au relte la population des cités confifte dans le mélange de plufieurs peuples , ce qui ne peut qu'occaiionner une altération conjStiérable dans le cara&ère & les moeurs > prin-  JüILLET, AOUT, SePTB. 1782. ïf principalement dans les grandes villes. Cependant on remarque toujours dans 1© bas peuple quelques qualités caraCtèriftiques qui le diftingue de celui des au* tres Villes. Ainfi felon notre Auteur les habitans des villes de commerce ont une fanté plus vigoureufe & plus robufte quö dans celles oü le travail n'eft pas aufiï conftant; Ils ont le caraöère focial & doux. Les loix de 1'équité y font obfervées avec plus de rigueur & d'exaftitude, rarement y voit on des malhcureux pêrir par la ma'n du bouireau. Les crimes attroces y font presqu'inconnus. En général iils aiment les Sciences utk ]es & exattes. On remarque qu'a Amfterdam & a Rotterdam le defir de s'in» ftruire s'augmente de jour en jour parmi les négocians aifés; ainfi que le prouvent les fociétés littéraires qu'on trouve dans ces deux Villes, & le mouvemens continuel des preffes, dont les productions y forment une branche confidérable de commerce. Ccux de Leyden, dont 1'Auteur exalte fort les vertus, tiennent encore dee Wallons dont*ils descendent cette humeur  l5 NOÜV. BiBLIOTH. BfiLGIcïTJEi tneurgaie, qui leur fait oublier tous leurs malheurs lorsqu'ils trouvent le moyen de fe divertir. On en a vu qui ont vendu leurs meubles & jusqu'a leur lit pour aller au Camp de Breda il y a quelques années, Mr. de Berckbey fe livre ici a fon a< mour pour la ville oü il a pris naiflance, c'eft lui, qui a chanté en 1773. lors du fecond jubilé féculaire de la délivrance de cette Ville fon courage & fa défenfe vigoureufe du tems du iiège; Nous trouvons aufli que 1'Auteur dit beaucoup de bien des habitans de la Haye^ cü 1'on obferve cependant le plus grand mélange de Citoyens., Ceux de Dordrecht pa'roiflent froids au premier abord; (mais on découvre bientót qu'ils font francs & trés fociables, & loin d'être d'une économie fordide, ils aiment k dépenfer, & k fe faire honneur de leur bien. La fimplicité & la modeftie ne les rendent que plus eftimables. On doit aufli les reg3rder eomme le peuple le moins abatardi, & qui a le plus confervê fon ancien carac- tère  jüILLETj AOUT, SEPTB. I782. 17 tére nationnal. Ils paroiflcnt avoir hérité de leurs ancêtres cette taille avanta" geufe qui les diftinguoir. aütrefois parmi les habitans de ce Pays, ce qui leur donne peut être cette fierté & cette audace qu'on remarque en eux; L'Auteur n'auroit il pas pu ajouter, que Pon obferve généralement plus de franchife & de cordialité , dans les Villes qui ne font point ce qu'on nomme villes de paffage, mais oü 1'on ne va, que lorsque les affaires ou le plaifir y appellé; les habü tans, fachant que c'eft eux feuls qu'on vient voir, tachent de répondre par leurs prévenances k Pattention qu'on leur témoigne. Au moins ceux de Dordrecht juftifient pleinement notre obfervation. Paffons avec 1'Auteur aux moeurs, aux ufages & coutümes des Hollandois, particulièrement de celles qui ont rapport au mariage;nous ne choifirons que quelques morceaux affez intén-ffins. On fe marie généralement affez tard en Hollande : ordinairement vers les mois de Mai & de Novembre; c'eft k ces époques oii Pon renouvelle auffi les baux des terres, des maifons, & les en* Tomé III. B ga*  i8 Nouv. Biblioth. Bblgiqtjb. gagemens ectre les Makres & les Do« meftiques. ]1 fe contrséte plus de mariages en Hollande, proportion gardée, que dans aucun autre pays de 1'Europe. On évaluelenombre des couples mariés a 124902 Nous ne parions ici que des Villages de la Sud & Nord Hollande; le nombre feroit bien plus confidérable encore fi nous y joignons celui des mariages qui fe font dans les villes de cette Provjnce. Les cérémonies des époufailles font affez fingulières, furtout parmi les habitans de "la campagne. Les fiancés fe font mutuellement des préfens, qui confiftent ordinairement en un anneau que la fiancée porte è la main gauche jusqu'au jour du mariage, Ie marié Ie garde toujours du même cóté. Le premier dimanche de la publication les jeunes habitans des deux fexes fe rendent è la maifon des fiancés, oü ils font régalés de thé, de vin, & debiele. On ne couvre jamais la table, pour ne pas contrevenir aux anciennes loix fomptuaires par lesquelies de pareilsrepas font  Jüillet, Aout, Septb. 1782. tg font défendus ou du moins réglés exactement. (Voyez entr'autres une Ordori' nance de la Ville d'Amfterdam du 29 Janvier 1655.) On donne aux futurs conjoints des couronnes; mais lorsqu'un des deux a eu une avanture galante, ou qu'il a eu un enfant naturel avant le mariage on attaché a leur porte des couronnes ou des poupées de paille. Si le fiancé ou la fiancée ont été enlevés k quelqu'autre perfonne du village qui 1'aimoit, on feme de 1'herbe, du fable ou de la paille hachée d'une maifon jusqu'a 1'autre. A la ville on diftribue aux Amis aulieiï de dragées de l'Hypocrai, ou du vin dans lequel on a fait infufer de la cannelle, dans des bouteilles enjoüvées de noeuds de faveur; c'eft ce qu'on appellé les larmes de la fiancée. Un jour ou deux avant celui du mariage, les paranmyphes & les autres convives s'affemblent pour orner la table des noces de fieurs, de guirlandes de pervenche ou de liferon, fur lesquelles on a appliqué de 1'or en feuille & de la canetille; c'eft ce qu'on appellé en Hollan° B a dois  ■20 NOUV. BlBLIOTH. BELGiqUÉ. de, nmer le li/eron. Les ferviettes au repas font marcmées du nom de chaque convive qui doit s'en fervir. Le jour de la célébration la fiancée eft hab.'llée par fes paranymphes; a Amfterdam on invite deux voifines a venir voir la mariée lorsqu'elle eft parée. En fortanc de la maifon pour aller k 1'églife on répand devanc les époux des fieurs & du liferon, dont on orne quelquefois même la porte. Cet ufage femble avoir été adopté des Romains, comme il paroit par ces vers de Juvenal. Nette coronam JPoJlibus, 6? den/os per limma tende corymbos, Ornentur poftes, & grandi janua lauro. Sat. VI. v. 51, 5-2 & 79. Tous ces ufages s'obfervent encore parmi la bonne bourgeoifie; le petit peuple, & les villageois; la nobleffe &ceux qui fe font gloire de 1'imiter méprifent & dédaignent ces cérémonies nationnales. Si c'en étoit ici le lieu, nous prou- ve-  JüILLET, AOUT, SePTB. I782. 21 verions que ces ufages, qu'on affedte de condamner , contribuent k donner au facré lien du maria;;e ce caraélère augufte & vénérable qui n'eft outragé que trop fouvent parmi les gens d'un cenain ordre; Ajoutons que ces coutü:nes tendent auffi a referrer les noeuds de bonne amitié entre les Parens & les amis des nouveaux époux; au lieu que par le mépris de tout ce qu'il y a de cérémoniel dans le mariage, on s'accoutume peu a peu a ne le regarder que comme une chofe trés indifférente, & a laquelle la convenance & 1'intéret ont feuls droit de préfider, fans que 1'on veuille, une fois au moins en fa vie, ouvrir fon coeur h ces douces émotions de joye, de tendreffe & d'affe&ion, qui font tant d'honneur a 1'homme fenfible. II n'eft pas nécefiaire pour cela d'imiter les Villageois dans toutes leurs cérémonies. Chez eux tout eft ce jour la orné de rubans jusqu'a la pipe du marié, qu'ordinairement il conferve précieufement tout le tems de fa vie. Ils font presque toujours après le gouter une promenade dans le village; les nouB 3 ve-  22 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE.' veaux époux ouvrent la marche, & le refte de la Compagnie les fuit deux a deux: les hommes en fumant, & les femmes en tenant une branche de fleurs a la main. En revenant au logis on foupe; après le repas tous les conviés fe mettent k danfer au fon du violon; au milieu de ces danfes on enleve comme par force la mariée qui n'eft rendue a fon époux qu'è condition qu'il donnera une feconde fête, c'eft ce qu'on appellé vendre la mariée. Lorsque les époux ont quitté le lit nuptial, la mere de la mariée ± accompagnée de la paranymphe & d'une domeftique fe rend a la chambre a coucher. L'époufe en ouvre la portes fa mere & la paranymphe lui font quelques complimens, tandis que la fervante préfente au mari une cuvette avec de 1'eau, & une ferviette; foin que celui-ci ïécompenfe par quelque préfent honnête; c'eft ce qu'on appellé préfenter l'eau du matin, & recevoir le don nuptial. A a campagne on fert aux amis qui fe rendent chez les jeunes époux du vin ou de ' eau de vie; les conyives apportent une jat-  JuiLLET) AOTJT} SfiPTB. 1^82. 23 jatte de crème & du beurre frais. Cela s'appelle aufli, en quelques endroits, l'examen des drops nuptiaux. Dans le Cnapitre neu^ième 1'Auteur traite de Ia fccondité des femmes en Hollande, de 1'éducation des cnfans, & des cérémonies qui s'obfervent aux naiffances. Les femmes deviennent ordinairement enceintes en Hollande immédiatement après le mariage, & par conféquent elles font Mères au bout de 1'année. D'aprés les calculs de Mr. Kerjfeboom cbaque fois qu'il nait un enfant dans cette Province la maffe de tout Ie peuple eft de 35. Cela pofé il eft certain que Ie nombre des naiffances étant de 28000. il doit y avoir 980,000 perfonnes vivantes, étant le produit de 28000 multipüé par 35. Au refte ce calcul n'eft qu'une pare approximation. Les mariages donnent environ tous les ans 3122$- enfants vivans, en y comprenant les juiheaux. « Qu»nt aux accouchemens de jumeaux, •&• trijumeaux &c. ils ne font pas aufli rares en Hollande qu'on le prétend. B 4 Des  24 NOUV. BlBLIOTH. BeLGTQUÊ. Des obfervations certaines indiquent, fuivant notre Auteur, qu'une femme de ce Pays, & particulièrement celle de la campagne, qui a une fois donné la vie k des jumeaux, peut enfanter dans la fuite encore, & accoucher même quelquefois de trijumeaux. II exifte une femme a Voorhout, village de la Sud-Hollande, qui fe maria k 1'age de 34 ans; la première année de fon mariage elle accoucha de trois fils & d'une fille. Après quoi elle mit au monde trois fois des trijumeaux, cinq fois des jumeaux, & deux fois un feul enfant, deforte que cette femme eft accouchée en quinze ans de vingt-cinq enfans; (a)Ies foeurs de cette femme n'ont pas été guères moins fécondes qu'elles; 1'une accoucha d'abord de trijumeaux, & eut de cinq maris vingt cinq enfans. L'autre n'accoucha qu'une feule fois, mais elle donna alors la vie a fix enfans, dont quatre qnt été baptifés k la Haye. ° Ces (a) Elle fe nommoit Jearme van Rbeenen, $ fon mari Jacques Krefct,  JUILLET-AOUT, SfiPTB. 1732. *J Ces trois foeurs fe frouvant enceintes k ]a fois ont donné Ia vie k treize enfants dans ia même année. Un pareil exem* ple de fècondité s'eft vu a Scheveningen, village maritime k une demie lieue de Ia Haye, oü une femme, morte en 1762. eüt de deux maris quatorze enfans, trois fois des jumeaux, une fois cinq, & trois fois un feu! enfant. En Nord-Hollande les accouchemens de jumeaux font communs, & fuivant les obfervations de Mr. Struick on peut compter que parmi 72 enfans baptifés, il y a toujours deux jumeaux; en général c'eft parmi les femmes délicates, blondes ou blanchesqu'il faut chercher les plus fécondes en Hollande. Cette regie cependant foufFre, il nous femble j^beaucoup d'cxceptions. L'auteur obferve encore que dans cette province la proportion entre Ie nombre des garcons & des filles eft affez égale. II y nait cependant plus de m§les que de filles; le nombre en eft comme de 17 k 18. On remarque encore que la plupart des femmes fécondes qui donnent la vie k 14 ou 15 enfants font ordinairement deux ou trois faufles couches. B 5 C'eft  •25 Nouv. Biblioth. Belgique.' /C'eft parmi les femmes qui ont le plus d'enfans vivans qu'on trouve le plus grand nombre de fauffes eouches. Les tempéramens fanguins y font le plüs fujets en Hollande. On peut confulter avec fruit les ouvrages de Struick, de Kersjeboom & de Suszmüch fur ces différens objets. Revenons avec 1'Auteur aux cérémonies qui fe pratiquenten Hollande lors de Ia groffeffe & de 1'accou- .chement de la femme; en obfervant nêammoins que tout ce que M. de B. nous :dit a eet égard n'a lieu, en général, que parmi le peuple, & fUrtout parmi les 'gens de la campagne. L'Auteur rapporte au long les ufages qui ont lieu en Hollande lors de la grosfesfe de Ia femme. Aux repas de cérémonie on boit h la fanté de 1'enfant qu'elle porte; c'eft ce qu'on appellé encore boire è la fanté du petit Jean de : la Cave ( Hansje in de Kelder.) 3) On fe fervoit autrefois pour cela d'une efpece de gobelet d'argent, qui avoit Ia for. me d'une foucoupe, ou d'une écuelle montée fur un pied. Au milieu de cette .efpèce de foucoupe il y avoit un globe creux,  JüILLET, AoUT, S£P"TB. 17S2. 2/ creux, qui 'étoit d'égalité avec le fond du balfin de cette boule creufe & la figure de 1'enfant étoient furmontée par un demi-globe pareillement creux;' dans le cercle qui rêuniffoit ce dérni-globe au baffin fe trouvoient des trous par lesquels le vin pafibit, pour ainfi dire, d'une manière imperceptible. Lorsqu'on verfoit donc du vin dans le baffin "de ce bocal, la liqüeur pafibit dans le demi-globe de defibus, & foulevoit par conféquentla boule creufe avec 1'enfant, qui alloit frapper au convercle qui couvroit le demi-globe de dcffus, & 1'enfant en fortoit auffi tot. Lorsqu'on vouloit faire fortir 1'ènfant du demi-globe pour témoigner la part qü'on prénoit a Theüreufe délivrance de la femme enceinte, il falloit remplir k peu prés le baffin du bocal, lequel étant grand, contenoitune quantitê afféz confidérable de liqueur qu'il falloit boire d'un feul trait. Au pied du bocal pendoient trois anneaux ou figures d'enfant, pour fignifier que la mere pourroit accoucher de trijumaux, les vertes ne font plus de mode; mais 1'ufage fubfifte encore. Les  li 8 NOUV. BlBLIOTH. BELGTQUE." Les Propriétaires & les Armateurs de Vaiffeaux attendent fouvent pour en mettre en conftru&ion les couches de leurs femmes; on donne alors au vailTeau le nom du nouveau né: delè tant de navires qui portent le nom du Jeune Pierre, de la Jeune Cornélie &c. Les hommes portent beaucoup de refpeór, aux femmes enceintes, & fatisfont autant qu'ils peuvent, a leurs fantaijies, ou envies. Heureux le ménage, oü une femme, dans eet état, fait bomer fes defirs. Jl faut lire dans 1'ouvrage même les détails des ufages immédiatement après Ja délivrance. Nous n'éerivons pas uniquement pour des médecins. On célèbre ordinairement les relevailles par des repas, oh. 1'on préfente du vin fucré, dans lequel il y a un grand baton de cannelle, avec lequel chaque buveur remue k fon tour Ia liqueur, qu'on fait palfer k la ronde. Parmi les gens de la campagne on fait porter aux enfants des chaines autour du cou & des bracelets, faits avec de la graine de pivoine, pour accélérer, fui- vant  Juillet, Aour, Septb. 1782. 29 vant le préjugé populaire, la croiffance des deDts & des os. Les Romains nommoient cette efpèce d'amulette Orebis', ou Fascini, comme fervant de préfervatif contre le fortilège. On fe fert aujourd'hui de colliers de karabé pour faciliter la dentition. Chaque nation a des jeux & des exercices de corps qui différent plus ou moins de ceux des autres peuples. L'Auteur traite dans le Chapitre dixième de ces amufemens, mais il nous refte encore a rendre compte de chofes plus intéreffantes; nous remarquerons fimplement avec lui, que „ les Hollandois permettent ordinairement k leurs enfans de s'amufer avec de3 joujoux qui ont rapport a 1'état ou au métier des Parens." Les alimens & les boiffons des 'habitans de la Hollande; tel eft le fujet du Chapitre XII, qui fert d'introdu&ion au Chapitre fur les maladies naturelles du Pays. Ce n'eft que chez le peuple ou plutót chez les gens de Ja Campagne qu'on trouve aujourd'hui les brnffon.' & les alimens propres & naturels au pays; en-  30 Nouv. Biblioth. Belgicvcje. encore même font ils mêlés de mets & furtout de liqueurs étrangères, telles que le thé, le caffé &c. La nourriture du peuple eft Ia même adtuellement que du tems des Bataves; la viande de boeuf» de mouton, de porc & le laitage detoute efpèce; 1'ufage de la chair de chat & de loütre n'eft pas commun ; on trouve cependant des gens qui ont un goüt décidé pour ces mets bifarres & dégoutans. Toutes les claffes de citoyens fe nourriffent fouvent d'ceufs, & de falade; dela Ie furnom de gobeurs d'mufs qu'on a donné aux Hollandois. Mais c'eft le poiffon qui fait 1'aliment Ie plus ordinaire de ce pays. La mer & les rivières enfourniffentde toutes les efpèces: le hareng feul nourrit les habitans pendant une grande partie de 1'été. On nomme ce tcms les vacances des médecins; paree que ce poiffon peu falé purifie le corps des mets groffiers & folides, dont on s'eft nourri pendant 1'hyver; 1'ufage du hareng foret n'eft pas auffi univerfel. Quant aux végétaux, les pommes de terre font aujourd'hui regardées comme un légume trés falutaire, on en fert fur les  Jüillet, Aour, Septb. 1782. 31 les meilleures tables, ainfi que les pois-, les feves de toute forte &c. Les Hollandois, ainfi que les Allemands, aiment les liqueurs fortes & nourriffantes; ce qui faut attribuer en partie a 1'humidité du climat & en partie a la qualité des mets dont on fe nourrit. L'eau de vie, le genievre & la bierre font, comme du tems des Bataves, les böiffons favorites du peuple. Au refte depuis que 1'ufage du thé & du caftë a été adopté le nombre des brafferies a confidérablement diminué, mais il eft a préfumer que la bierre reftera toujours la liqueur ordinaire. Pour l'eau les Ho'* landois n'en boivent presque point, c'eft une peine a laquelle ils ne fe loumettenc qu'a la dernière extrêmité. II y a un plante dont la confommation eft prodigieufe en Hoilande; c'eft le tabac k fumer; peu de gens qui ne font ufage de cette plante fcchée; il eft même commun parmi les femmes du Gooiland de fumer. Les marins font presque tous dans 1'habitude de nücher continuellement du tabac, dans les villes les bourgeois s'invitent mutuelle- ment  3* Nouv. Biblioth. Belgique» ment a venir fumer, comme les fem* mes fe pricnt k boire du thé. Les gecs de lettres même font une grand ufage du tabac, & prétendent qu'il facilite 1'étude, c'eft néammoins ce que 1'Au. teur ne décide pas. Voila une partie de ce que nous avons trouvé d'intéreffant dans Ie troifième Volume; nous remarquerons en général, que cette leéture peut fuppléer k tout ce qui a été dit jusqu'è ,préfent fur les moeurs & les ufages de notre Nation. Les Ecrivains étrangers feront bien a 1'avenir, lorsqu'ils nous donneront quelque nouvelle compilation, fous Ie titre de Voyage en Hollande; Description de la Hollande &c. de conlulter eet Ouvrage plutöt que de copier fervilement des Itinéraires & des Voyages fouvent trés incorrcéts, & peu exa&s. Si 1'Abbè Coyer, & quelques autres euffent fuivi cette route, on ne les auroit pas vu accumuler erreur fur errcur dans Ia description d'un Pays, qu'ils jugeoient digne de faire connoïtre a leurs Compatriotes. Au refte 1'Ouvrage dont nous parions n'eft pas exempt lui même d£ fau-  JüILLET, AOUT, SSPTB. I782. 3$ fautes, mais trop legeres pour nous y arrêter ici. On montrera bientót dans un autre Ouvrage que Mr. de B. s'effc trompé fouvent fur des articles plus importans. Dans le quatrième Volume 1'Auteur confidère le Hollandois fous le troifième point de vue indiqué; dans 1'état de maladie. II eft trés difficile d'affigner è certains maux des caufes aufli douteufes, que lefont fouvent 1'influencedu climat, des élémens, fi différente d'un Pays a 1'autre, & même d*une ville k 1'autre. Ce n'eft pas la feule ehofe embarraffante k eet égard; comment diffiper les chimères & les préjugés dont fe trouve imbu non feulement 1'efprit du peuple mais celui du plus grand nombre des médecins? comment expofer des expé-. riences & développer des idéés contraires aux fyftêmes des anciens & des modernes, fans encourir la cenfure del'un ou de 1'autre parti. Un autre obftacle felon Mr. de B. ,, c'eft la manie des Hollandois en général d'avoir fans ceffe recours aux Médecins; ceux - ci cherchent k portcr 1'art plus loin que Ia Tome III. C ij»'  ■ 34 Nouv. Bibltoth. Bélgiqub. nature, & fes livres fourmillcnt de prétendues découvertes Douvelles & de fousdivifions h l'infini, de forte que pour avoir un air plus important on trouve le fecret de donner jusqu'a trois dénominations différentes de Ia même maïadre. Ajoutons a cela le grand nombre de remedcs nouveaux qu'on hazarde Ie plus fouvent aux dépens du pauvrfc patiënt, & qui en multipliant les accidens des maladies ne font que rendre plus difficile l'art de les guérir". Le Lecïeur voudra bien obferver, que c'eft un Médecin qui fait cette remarque. Enfin Boerbave, van Swieten, Gaubius, vanRoyen, Albinus ontdonné' des fyftêmes complets des maladies qui affligent 1'homme en gênéral, & 'les habitans de la Hollande en particulier; ces discuffions feroient donc affez füperflues ici. Ajoutons que la Sociétéde Correspondance de la Haye, dont nous avons déjè parlé, & dont 1'Ouvrage nous occupera encore dans ce Volume, a pour büt de rafTembler les différentes obfervations fur les caufes & Ia nature des maladies naturelles a ce Pays, pour en tor-  jüILLÈT, AÖUTj SEPTB. I782. 35 former après un fyftême lié & folide. Ce n'eft donc i j'un iimple eflai dans ce genre que 1'Auteur va nous donner, & qu'il a mis a la portée de tout le monde. Mr. de B. divife les fourceS de nos maux en deux claffes. II range fous Ja première les caufes externes, ou celles qui dérivent de la température de 1'atmosphère ou du climat en Hollande & des différens météores de l'air, dont il a étè parlé plus haut: les caufes internes font le régime & la manière de vivre, leS excès dans le boire & le mangcr. Jettons un coup d'ceil rapide fur ces deux objets. On fait que 1'efFet de l'air eft confidérable fur le corps de 1'homme, & qu'il influe beaucoup fur fon économie animale. II ne faut pour fe convaincre de ce principe que confidérer la preffion de 1'atmosphère fur tous les points de la furface de notre corps; cette preffion eft égale a celle d'un cylindre d'air dont la bauteur feroit la même que celle de 1'atmofphère, d'oü il s'enfuit que chaque pied quarré de la furface de norrc corps C i e fr  36 Nouv. Biblioth. Belgiqjje. eft preffé par Ie poids de 32 pieds cubes d'eau, & en fuppofant que cette furface contienne if pieds quarrés, on trouvera que notre corps foutient un poids de 335600 livres. On ne doit donc pas être furpris qu'une atmofphère plus ou moins condenfée, épaiffe, fubtile & raréfiée affecte notre corps d'une manière différente & puiffe déranger notre fanté; cette variation eft fouvent trés foudaine, furtout en Hollande; elle agic fur Ie fang, fur les parties folides, fur les fibres &c. L'Atmofphère de ce pays, fitué entre le 51 dégrè & demi, & le 53 dégré de Jatitude feptentrionale, eft parconféquent condenfée, humide & épaifl'e; cette cóntrêe eft une des moins élevées & des plus unies de 1'Europe, elle eft felon JMr. de Buffon, peut-être la partie la plus baffe du monde entier; ajoutons qu'elle eft marécageufe & humide, étant traverfée par deux grandes rivières, Ia Meufe & le Rhin; de lè ce grand nom. bre de lacs, de marais, decanaux, qui rendent ce pays fi marécageux, que fans le fecours des éclufes & des digues, il fe-  JUILLET, AOUT, SEPTB. I782. 37 feroit entièrement inhabitable. Après cela il eft aifé de comprcndre que les exhalaifons d'une contrée aufli humide & aufli marécageufe jointcs a celles de la mer du Nord, & du périple du Zuiderzee doivent charger 1'atmofphère de vapeurs aqueufes, & la rendre par con* féquenc plus épaiffe & plus condenfée que celle des au tres Pays feptentrionaux. La température d'un pareil climat doit naturellement rendre les fluides épais & tenaces & empêcher le mouvement promt & facile ou plutót la force élaftique des fibres. La conftitntion naturelle eft arrêtée par cette I preffion humide; dela ces afflétions pénibles qu'éprouvent les perfonnes poitrinaires, au moindre changement d'atmofphère, 65 même plus ou moins ceux qui jouiffent d'une bonne fanté. Une chaleur fubite qu'on reffent affez fréquemment en Hollande après des jours humidcs, agit auflï fortement fur 1'économie animale. Les fluides qui auparavant fe trouvoient dans une efpèce de ftagnation font tout k coup atténués lorsque les fibres & les vaiffeaux fe trouvent reldchés & amol- C 3 ty.  38 Nouv. Bïblioth. Belgique. lis , les humeurs fe trouvent tout è coup foumis a une plus grande atténuation. Ces changemens fpontanés occaflonnent des accidens trés graves» furtout dans les corps fanguins qui ont toujours une paralyfie a redouter: lorsqu'è une pareille chaleur fuccède tout a coup un froid fubit, les pores fe ferment auffi-töt & fe contraétent; deia, les pefanteurs de tête & des lobes des poumons, ainfi que les incommodités connues fous le nom d'enrouement, de rhume, de migraine, de fluxions catharrales, qui trainent a leur fuite les rhumatismes, la goute, &c. L'Influence d'une atmofphère tempérée n'eft pas moins remarquable; elle produit de même plufieurs incommodités & maladies endémiques, principalement celles qu'on nomme maladies chroniques ou de langueur. A la campagne c'eft pendant les jours tempérés del'été que fe déclarent toujours les rou. geurs, les éréfipeles & les dartres fur le corps, que fuivent fouvent les fievres chaudes & même putrides. Si on ne yient pas a bout de les guérir parfaite- ment  JüILLET, AOUT jSePTB. 1782. 39 ■ment, ces fievres deviennent alprs le principe de la phthifie, des maladies de poitrine ou de poütnon. Pendant 1'hyver le vent du nord eft un fléau pour les habitans de la Hollande ; ce qui provient, ou de ce quele vent amene des matières nuifibles qui pénetrent dans les pores & dans les vaiffeaux, ou bien de ce que 1'intenfité de fon froid pénétrant rarifie l'atmofphère au point que 1'on appercoit fes effets, longtems avant qu'il foit parvenu jusqu'a nous. Qui fait encore fi les matières magnétiques qui circulent dans la partie la plus feptentrionale du globe n'y contribuent pas auffi? L'Auteur traite enfuite avec profondeur la matière de 1'évaporaüon des exhalaifons humides de la Hollande, entant qu'elle a rapport aux maladies naturelles du pays. Une chaleur fubite, un froid fpontané contribue beaucoupi raréfier ou a condenier 1'atmofphère. Ces changemens inftantanés doivent donc opérer auffi fur 1'évaporation des eaux. II eft facile de concevoir, en faifant attention a la grande preffion de l'atmofC 4 phèro  '4o Nouv. Biblioth. Belgique. phère de ce pays, que les vapeurs qui s'élevent de la mer, des lacs & des marais doivent y monter beaucoup plus lentement que dans d'autres climats oü l'air eft fubtil & raréfié. C'eft donc a cette quantité de nuages chargés d'eau, de brouillards & de vapeurs qui circulent dans 1'atmofphère de Hollande qu'il faut attribuer les maux de gorge & d'autres incommodités,qui fe font beaucoup plus reffentir dans un endroit que dans tel autre; plus fréquens par ex. k Amfterdam, qu'è Haarlem qui en eft voifine. En Gueldreles maladies épidémiques fe propagent fur une grande étendue de pays, tandis qu'en Hollande elles fe tiennent toujours renfermées dans une feule ville. Mr. Van Doeveren a fait la même remarque rélativemept k la Frife. II eft donc certain qu'il s'éleve continuellement de la mer une certaine quantité d'eau dans notre atmofphère; mais ces évaporations font elles falutaires ou nuifibles, ou bien, outre I'influence générale de l'atmofphère commune & de fes variations dont nous avons parlé, ces vapeurs de la mer contiennent-elles quel-  JüILLET, AoUT, SEPTB. I782. 4I quelque fubftance qui puiffe produire ime maladie particuliere au pays? L'Autcur n'eft pas du fentiment de plufieurs médecins, qui regardent ces vapeurs comme le principe des maladies fcorbutiques; en effet les habitans des cötes maritimes de la Hollande jouiffent d'une fanté forte & robufte, & la plus grande partie d'entr'eux parviennent a un age fort avancé. D'ailleurs les globes fcorbutiques, furtout des enfans, fe guériffent en faifanc boire au malade de l'eau de la mer. Suivant Mr. de B. le fcorbut n'eft donc pas une maladie qui appartienne a la Hollande feule. On doit 1'attribuer ainfi que les autres maladies particulières au mélange des vapeurs nuifibles qui s'élevent des tourbières, des terreins marécageux, des terres ftériles ochreufes, ainfi que des rivières; & qui fait, fuivant une conjedïure aflez ingénieufe de 1'Auteur, fi la grande quantité d'exhalaifons, qui s'élevent des mines de fouffre acide, volatil, & des eaux minérales, qui fe trouvent dans le voifinage de ce pays, na eontribue pas beaucoup a la caufe qui C j pro-  42 Nouv. Biblioth. Belgique produit les maladies fcorbutiques. Joignez a cela 1'influence des vents du nord & le* elfets daDgereux de 1'ufage qu'on fait de l'eau faum&tre pour boiffon; d'ailleurs le fcorbut regne dans toute 1'AHemagne, & furtout dans les parties les plus feptentrionales de ce pays. En voila fans doute affez pour donner a nos Leéieurs une idéé du climat de la Hollande, entant que principe des ma» lad'ies qu'ony éprouve: nous renvoyons les favans, qui defireroient des détails ultérieurs a 1'ouvrage même. Nous ne fuivrons pas 1'Auteur dans Ie repertoire analifé qu'il nous donne des maladies naturelles de ce pays, mais nous pafferons aótuellement k la feconde eaufe qu'il avoit affignée de ces maladies; Celles qui proviennent du régime de vie. La nature des alimens eft fans doute une des premières. La grande quantité de viandes falées, de lard, dont on fe nourrit dans ce pays eft nuifible k ('économie animale, en contribuant a la phthifie, au fcorbut & a la goutte qui y regseet continuellement; le danger qui ré- ful-  JuiLLETj AOUT, SEPTB. 17 82. 4$ fulte de 1'abus de manger avec excès de la chair des beftiaux morts de la maladie épizottque eft plus grand encore, il . peut en réfulter, felon quelques Ecrivains , des maladies endemiques. Le lait, foit en nature foit en fromage, n'eft pas favorable è quelques conftitutions, paree qu'il charge 1 eftomaQ d'une QröÉfe aigue ó> indigefte qui caufe le dégout & des anxiété?; il occafionne alors fouvent les vers inteftinaux dool certains enfans font tourrnentés. Les pommes de terre, mangées avec excès caufent de grandes obftruftions 3? d'autres incommodités qui font les fuites orduaaires des mets farineux Quant aux boiffons, on ne peut nier, que la coutüme de boire avec excès de l'eau chaude ne contribue beaucoup avec 1'humidité naturelle de l'atmofphère aux maladies qui regnent dans ce pays en atténuant trop les humeurs. L'ufage trop fréquent du thé & du café délebile Feftomac, & produit tant de conftitu. tions phlegmatiqucs, cacochymes & même hydropiques. D'un autre cöté la bier»  44 Nouv. Biblioth. Belqique. bierre occafionnoit dans le tems, quron ne connoiflbit pas encore de liqueurs étrangères, la pierre & le calcul des reins; obfervations qu'il faut appliquer aufli è 1'ufage fréquent des vins de Rhin, qui donnoient lieu a des concrétions tartreufes, k caufe des mélanges du blanc de plomb, de minium, de fucre de Saturne & des autres ingrédiens dont on fe fert pour falfifier & adoucir ces vins. II n'eft pas décidé encore fi 1'ufage des eaux de la Meufe & de PYflel ne peuvent point contribuer k la formation de la pierre & de la gravel Ie, par les particules fablonneufes & argilleufes dont ces eaux font chargées. Les liqueurs fortes, Ia fumée de tabac portée a I'excès caufent aufli de terribles maladies en Hollande: mais quittons cette matière affligeante pour nous occuper encore quelques momens des recherches de 1'Auteur fur Ia durée moyenne de Ia vie des habitans de la Hollande, & du plus grand age auquel ils parviennent. Quel-  JüILLET, AOUT, SePTB. 1782. 45 Quelque» calculateurs (a) fe font trompés, en affurant que la vie des Hollandois n'eft pas auffi longue que celle des autres peuples de 1'Europe: II eft facile de détruire cette erreur cn confultant les fameufes tables de M. Kersfeboom & 1'Ouvrage de M. Suzmilcb. C'eft ce que 1'Auteur nous prouve en entrant dans des détails fort curieux fur eet objet, mais qui n'auroient plus a préfent le charme de la nouveauté. II y a quelques diftriéts en Hollande ou, 1'on parvient è une grande vieilleffe; Croiroit-on qu'il y même un endroit oü dans 1'espace de 19 ans, depuis 1755-1773 inclufivement, on a compté ( pour ne pas parler de ceux de 90 a 100 ans) 13 perfonnes de 100, 5 de 101, 7 de 102, 1 de 103, 5 de 104, 1 de lof, 3 de 106, 2 de 107, 1 de 110, & enfin 1 de 119; ce qui fait enfemble 39 perfonnes, qui font parvenues a 1'age de 100 ans & au dela?  JülLLET, AöÜT, SePTB. Jffa. rement les Prieurs annoncent Ia mort, on prépare le deuil &c. L'Auteur expofe tout ceci dans le plus grand détail, mais on nous faura gré de ne pas nous appéfantir la deffus, d'autant plus qu'il n'y a rien de fort extraordinaire dans toutes ces cérémonies; celle de 1'inhurhation eft répréfentée au naturel dans une planche affez bien exécutée, & jointe k ce Volüme. Les repas mortuaires ne font plusguèrë en ufage parmi les gens comme il faur. A la campagne on a confervé 1'aneien ufage, qui probablement eft auffi venü des Romains, dont on connoit les EpuIcb Sepulcfales. 11 n'y a peut-être pas de pays oii Ia mémoire des morts foit plus honorée par des tombeaux, & des épitaphes qu'en Hollande, comme on peut s'en convaincre en vifitant nos Eglifes. L'ufage d'y enterrer les mofts fubfifte toujours; il n'y a que le bas peuple & les juifs quö 1'on met dans des Cimetieres hors de la ville; Espérons que cette coutüme impie & abfurde ceflera enfin; dans une fiècle auffi éclairé que le nótre il eft inConcevable qu'on ne fe foit pas encore Tome III. D d«-  5Q Nouv. Biblioth. Belgique. défabufé fur eet article, & que le vil intérêt de quelques particuliere n'ait pas cedé au bien général. Après avoir parlé de 1'homme, 1'Auteur paffe aux animaux qu'on trouve en Hollande, & voici Ia diviiion qu'il fait des êtres vivans. Première Divijlm: L'Homme-, clafie Éf genre unique. Seconde Divijion. Des animaux fubordonnésy rangés fous io claffes. Qjaadrupedes , Oifeaux , Reptiles , Poiffons Cartilagineux, Poiffons proprement dits, Cruftacées,, Infe&es, Teftacésj les Vers, Zoophytes. Après avoir donné les caraclères de ces différentes claffes, 1'Auteur revient a la première, & traite d'abord duCheval, comme celui de tous les animaux domeftiques qui contribue le plus è 1'utilité & au plaifir de 1'homme. Les Chevaux de Hollande & furtout de Frife font réputés comme les plus grands & les plus forts qu'il y_ ait. Le. noir eft toujours la couleur primitive & principale des chevaux Hollandois, en vieilliffant ils font fujets a changer de jiétrijfoient fous la verge tyrannique deGharles XI. il étoit fuffifamment autorifé a les répéter, a reppendre ces posfeffions ufurpées. Après la batajlle de Narva Charles>Xïï au beu de percer dans les Etats du Czar fe rètourna fur la Pologne, dont il vouloit détróuer le Roi; c-itwt- s'amu/et> 4 une partie d'écbecs. Ce fut k la prife de Marienbourg- que ie Czar vit Catherine néc dans 1'obfcurké, mais qui fe rnontra digne du rang qu^elïe^ocqupa. L'Auteur ne croit pas avec Mr. de Voltaire, le plus bardi conteur de notre Jiècle, que cette Princeffe descendit d'une familie noble, elle n'avoit- pas befoin d'ayeux, étant faice pour (^meneer fa race. Mais ne lui attri- buocs  Jejillet, Aout, SfiPTB. 1782. 79 feuons pas non plus une naifTance trop vile. Il eft gaucbe de chercber d la ravaler, c'eft entrer dans les vues de Ven. vie. Le reeft de !a bataille de Pultavacommence par une invocation rompeüfe k la Fortune, qui erttraine l'Univers dans un tombillon itrêfiftible. Les disparates de ftïie font fféquentes dans cet Ouvrage. Après un début fi emphatiquie,on nous parle d'un officier, bon par tout aiU leurs, mais qui par un prejfentïment fa. tal avoit per du la tête, avant qüe de cotri. battre, & ce ne fut pas encore la feute fauie qu'tt cotiimii dans cette Journée. L;Auteur eft un peu févère, ]orfqu'on' perd la tête par prefl'enriment, on eft bien excufable, en faifant d'autres fau. tes. Catherine; pendant le feu de 1'action portoit de l'eau de vie, £? du Unge aux bleffês, tandis que les Suédóig tombent morts les uns fur les autres lont il eft vrai qüe de braves gens font moins tués de pied ferme que ceux qui /oibl'Jfem. La Fortune fe déclare pour F 2 les  JJo Nouv. Biblioth. Belgique.1 les Ruffes; dix mille de ceux ci mft« ncnc en leffe dix mille Suédois. Abl que l'bemme eft petit, s'écrie 1'Auteur, quand il n'eft grand que dans la prosplrité. Mais lorfqu'on eft mené en leffe on ne fauroit guère faire le héros. Ce fut au lit de mort que Pierre déploya la fenfibilité de fon caraÊtère, on eut dit un bourgeois mourant au milieu de fes enfans, il s'endormit au fein de Vimmortalitè. L'Auteur nous promet bientót une nouvelle édition des Lettres iS des Nègociations d'Antoine le Febure, Seigneur de la Boderie; il y ajoutera des Extraits des manuscrits de Jean le Fe • bure, anciennement Evéque de Cbartres Ö* Cbancelier de Louis d'Anjou, Roi de Naples, retrouvés par Mr. le Febure, Vicomte de la Maillardiere, Lieutenant de Roi de la Province de Picardie, Confeiller Honoraire au parlement de Dijont & qui dans la carrière de la politique, marche fur les traces des ayeux de notre Auteur. Cet Ouvrage pourra lui faire honneur fans doute; mais, en prouvant ainfi  JuiLLET, A0ÜT,SEPTB. Ï782. 8l' ainfi la noblefie de fon extraöion, nous efpérons qu'il daignera foigner fon ftile avecattention, & marcher ainfi plus dignement fur les traces de ces illuftres ancêtres, qui n'ont pas dédaigné de cultiver les Lettres. % ?3 ARTT*  jp Npuv. Biblioth. -Belgiquev ARTICLE QUATRIEME. ÏA BEAU de l'Histoire des Provinces - Unies, par A. M. C&risier, Tome 8. in 8°. de 516 />ag. ^ Utrecht chez B. Wild 1782. Prz'ï ƒ 1 - 16 - o Lei Volumes de cet Ouvrage fe fuc. cedent avec rapidité, & peut-être trop vite pour répondre aux précédens. On fuppofe que 1'Auteur ne confidere aujourd'hui ce travail que comme une tSche dont il fe hate d'être débaraifé, & qu'il a eifuyé dans cette carrière des désagrémens, qui lui onc rendu fon état pénible & facheux. „ II n'attache pas une grande importance k ce travail, & il eft bien loin de Ie donner pour un chef d'ceuvre, il I'envifage moins comme un bon Ouvrage, que comme un affemblage de matériaux pro-  JüILLET, AoüTjSepTE. 17S2. % ftopres a en faire un bon. Au refte des entraves ridicules font elles propres k réveiller ces élans du génie, qui donnent la vie, la rapidité k tous les genres d'écrire. Avec tous les talens & la meilleure volonté du monde, pourróit on faire un beau poëme fur la liberté, fi après avoir été garotté, on foreoitun Auteur k enfanter tant de vers chaqüe jour". Politique Hollandois No. 79. Tomé IV. p. 9. , Sans pénêtrer plus Ioin dans les raifons qui ont forcé Mr. Cerifier dë hater la publication de fon Ouvrage, nous nous abftiendrons de toute critiqüe Sc de toute remarque fur la forme & le ftile de ce huitième Volume; le morceau que nous venons de tranfcrire nous ferme Ia bouche, Sc nous nous borneróns fimplement k extraire lés endróits Iels plus intéreffans. Ce Volume renferme les événemens, qui fe font paffés depuis 1'année 1879 jufqu'è la mort de Guillaume 3. & contient par conféquènt Un période dé quaratitc deux années. Le premier objet qui fixe notre atF 4 ten-  ?4 Nouv. Biblioth. Beloiqub. tention, eft la rivalité entre Louis XIV & le Prince d'Orange. Le Monarque Francois réfolut de fe faire une amie des Provinces-Unies, pour exécuter enfuite fes projets ambitieux; Guillaume, animé par le reffentiment perfonnel, fecondé par les circonftances, descendit contre lui dans 1'arêne politique de 1'Europe, & par les refforts de fa politique, fouleva les nations, balanca 1'énorme puiffance des Francois, & leur prépondérance dans la guerre. Louis XIV Iaiffa bientót percer le deffein qu'il avoit de s'allier avec la République. A la première Ambaffade qu'elle lui envoya , les Ambaffadeurs ' demanderent k être introduits avec les honneurs accoutumés, en paffant la grande Cour du Louvre, au milieu d'une doublé haye de Gardes du Corps. Louis, après avoir contefté beaucoup fur cette aveur ftérile, fans doute pour en releer 1'importance, voulut bien céder & laiffer gagner. Le Prince d'Orange de fon cóté nourflbit dèja Ie projet de regner un jour ur 1'Apglcterre; mais tenta vainement de  JüILLET, AOUTj SfiPTB. I782. 8* de fe réconcilier avec le Roi de France; felon Mr. Cerifier Louis auroit répondu aux propofitions du Prince par un discours impérieux, & en lui faifant dire qu'il devoit commencer par prouver fes fentimens par fa conduite. Cette réponfe, qui eft conteftée par les meilleurs Hiftoriens, n'étoit pas non plusdigne de la grandeur d'ame, & même des vues politiques du Monarque, qui ne defiroit rien plus vivement alors, que d'être bien avec la Hollande. 11 eut été maladroit, de commencer par heurter de front Guillaume 3. dont il connoilToic déja le caraftère; d'ailleurs Louis XIV. fe piquoit toujours de s'exprimer avec nobleffe & avec décence, & ne fe feroit jamais permis un propos auffi révol* tant. L'Auteur expofe enfuite les divifions continuelles qui déchiroient les Provinces - Unies; il raconte en grand détail la fameufe querelle au fujet de la levée de feize mille hommes, k laquelle Amfterftam ne voulut point confentir. Tous ces faits font connus, mai» chaque parti les explique aujourd'hui felon F s fts  Só" Nouv, Biblioth. Belsig>üe. fes intéréts & fon fyftême particulier.' Ce n eft donc pas le moment d'en donner ia véritable explication. Guillaume augmenta bientót fon autorité dans les villes & dans les différen tes Provinces. On en rapporte ici plu. fieurs exemples; il parvint même è ramener les plus ardens républicains è fes opimons, & enflamma tous les coeurs Ce la haine qu'il portoit 4 Louis XIV. Un événement a jamais mémorable, & dont un écrivain célébre nous promet 1'Hiftoire, la Révocation de l'fidit de Nantes acheva d'irriter tous les esprits contre Ia France, gouvernée alors par des Prêtres fanatiques, par un Roi trompé, fubjugué & par une dévote peu éclairée. Toute la Hollande retentit de lintolérance de Louis XIV; fes réfugiés proteftans furent accueillis aveé Ie plus vif empreffement. Amfterdam en particulier recut & protégea plufieurs Manufadturiers célébres, tels qUe Cabrier. qui avoit: étabH une Fabrique de taffetas luftre, Vincent, qui occupoit cinq cent Sres'r 3 faife dU P8pier' & plufieurs Pour  JlTILLETjAOUT,SEPTB. 1782. §7 Pour ufer de répréfailles les Etats Généraux publierent en 1687 un Edic par lequel il étoit enjoint a tous les Religieux de fbrtir des terres de leur domination avec défenfe d'y rentrer jamais. Ils alléguerent plufieurs raifons pour juftifier cette rigueur. Les Jéfuites & les moines étoient des mifiionnaires étrangers peu affeftionnés a 1'Etat, dépendant de leurs Cloitres& de leurs fupérieurs, d'ailleurs les Catholiques Romains pouvoient fe fervir de prêtres nés dans ces Provinces, & les Prêtres indigens avoient eux mêmes prié les Etats de renvoyer les Jéfuites cV autres moines étrangers. On fait combien la France fe répentit d'une aufli abfurde intolérancej elles fouilla le regne de Louis XIV, éleva d'invincibles barrières a fes armes, & fit a la religion qu'il prétendoit défendre un tort, qu'elle ne pourra jamais réparer. La haine que cet événement infpira en Angleterre contre la Religion Catholique hata peut être la réyolution qui plaf»  88 Nouv.Biblïoth. Belgique; Guillaume 3. je thróne de fon beau Père. Le zèle imprudent de Jacques II. y contnbua encore efficacement, & le Prince d'Orange eut le bonheur rare, de voir fes ennemis faire précifement toutes les démarches néceffaires pour accomplir fes delfeins. L'opiniatreté du Roi a ne point révoquer les privilèges accordés aux non Conformiftes lui aliéna lescoeurs des Proteftans. Le Prince &la Princeffe d'Orange de leur cöté réfuferent de confentir è la révocation de 1'E. dit du Teft, (a) L'Auteur rapporte en entier la fameufe lettre de Guillaume fur ce fujet. II faut la méditer attentivement; elle eut la plus grande influence fur les événemens qui fuivirent, par Ie courage qu'elle infpira aux Proteftans. Guillaume avoit dans Ie Penfionnaire Fagel un excellent miniftre, celui de Jacques 00 La Loi du Te/i oblïgeoit ^uiconquo ©btenoit un emploi public a condamner l*univerfalité de 1'Eglife Romaine, 1'autoiité du Pape & Ia tranfijbltantiation,  JüïLLET, AOUT, SEPTB. 1782. 89 ques, le Marquis d'Albeville, au contraire ne favoit garder le filence fur aucune chofe. Un jour que le Prince d'Orange lui parloit des promeffes que le Roi avoit faites de maintenir la religion dominante, & lui répréfentoit, qued'ail. leurs 1'Eglife Anglicane devoit être ménagée, par ce qu'elle faifoit le corps de la nation; 1'imprudent Marquis repliqua , qu'il y avoit des occafions , oü les promeiTes des Souverains ne tendoient point è conféquence, & qu'enfin ce corps qu'il nommoit 1'Eglife Anglicane n'enavoit pas pour deux ans: paroles, qui dévoiloient les deffeins du Roi, & qui fembloient juftifier en queique forte la conduite du Prince. Celui ci préparoit de fon cóté de longue main tout ce qu'il falloit pour Ia réuffite de fon projet. II fe réconcilia avec la Ville d'Amfterdam, fans la quelle il n'auroit pu rien faire, parceque c'étoit detè que le Prince attendoit les fecours les plus efficaces. Cette Politique de Guillaume lui affura les sutres villes; il eut des flottes, des armées; il engagea les Princes de 1'Empire a lui four-  $Q Nouv. Bïbltoth. Belgique. fournir des troupes; & malgrê les réclamationsde Ia France les Etats foutinrent leur Stadhouder dans une enüreprife, oh il alloit pour Tui des plus grands intéréts. La Franee déclara la guerre aux Etats, tandis que 1'heureux Guillaume s'afiïc fans effufion de fang fur Ie tröne de fon beau père, qui fe réfugia honteufement è la Cour de Louis XIV celui-ci le regut avec une magnificence & une générofité, qui lui font plus d'honneur que fesnombreufes viótoires. Cependant cette démarche eni lüi attirant encore de nouveaux ennemis donna nailTance k Ia confédération connue depuis- fous le nom de Grande Alliance, paree qu'elle réunit & foutint la ïigne d'Augsbourg, è caufe de la multitude &< de la puilfance des Rois qui y accéderent. Guillaume néammoins, au comble de fes voeux, commencoit déjè k fe défier de la Nation, fur laquelle il regnoir. „ Tout va fort bien pour Ie préfent, difoit il aux députés de Hollande, je n'entends encore que des Htmanna; maïs*  JüïLLETj AoUTj SéFTB. T?$2. $t mais peut-être ne ferez vous pas longtems avant d'entendre Crucifiez le." Les Etats ne trouverent pas en Angleterre la reconnoiffance qu'ils avoient attendue de» fervices importans qu'ils venoient de lui rendre; les Seigneurs Hollandois que Guillaume combla de bienfaits & d'honneurs ne purent échapper a la jaloufie des Anglois. La populace de Londres fut choquée de la mine, de l'habillement & du langage des troupes Hollandoifes; elles eurent be* foin de touc lè flegme nationnal' pour fouffrir les rrrauvais traitemens d'un peuple, qui les avoit invités a devenirteurs libér-ateurs» Un- des membres des communes ayanfc déclamê contre le danger de tomber entre les maihs des Francois & des Irlanr dois, un autre dit d'un air chagrin, ajoutez, fi? des- Hollandois. L'Averfion des Anglois fe- porta jusques fur le Roi. Ils étoient accoutu-mês & des Rois populaires & familiersj. mais Guillaume toujours froid & taciturne affè&oit de déployer k la Campagn» tout le cofttone-Hollandois, On en vin* jus-  oa Nouv. Biblioth. Belgiqüeï jusqu'è critiquer les défauts de fa perfonne, la populace 1'appelloit par dérifion nez crocbu. Tout cela caufa de tels désagrémens au Roi, qu'il balanca s'il n'abandonneroit pas une dignité qui lui donnoit taut de chagrins. Au . mois de Janvier 1690 il écrivoit k Mr. de Ben'inck — „ Je trouve que les gens* commencent k être fort en peine de mon voyage en Irlande, furtout lesWhigs qui ont peur de me perdre, avant qu'ils n'aient fait avec moi ce qu'ils veu'ent: car, pour leur amitié vous favez ce qu'il va d compter la-dejfus dans ce Pays ci. Auffi contrarié mais plus puiffant'en Hollande, Guillaume conferva toujours 1'ascendant qu'il avoit pris fur ]a République, toutes les querelles qu'il eut k foutenir avec les villes fe terminerent k fa fati&fadtion. Dela le mot du Peuple il eft Roi de Hollande & Stadhouder d'Angleterre. Quoiqu'il menoic une vie trifte & amere parmi fes nouveaux fu. jets il en étoit amplement dédommagé par le róle qu'il jouoit dans les affaires de 1'Europe; il étoit 1'ame de la confédération armée contre le Monarque Franco'*  JrjILLET, AoüTj SfePTB. i782. 93 cois; La guerre s'alluma de toute part; Ja Fortune fe déclara d'abord contre les Alliés, mais Guillaume balanca ces fuccès en Irlande, oü la bataille de la Bay71e acheva d'écraler le parti de 1'infortuné Jacques II. La Flotte Francoife fut enfin totalement défaite au mémorable combat de la Hogue en 1692; on prétend que Jacques , étonné de voir des effaims de matelots s'élancer de leurs bateaux fur les flancs élevésdes naviresFrancois,s'écria vivement: „ Oh! il n'y a que mes braves Anglois qui foient capables d'une action fi courageufel" Dans les Pays-Bas Ie Duc de Luxembourg eut beaucoup de fuccès. Après la prife de Charleroi, le Roi Guillaume s'écria, dit on, avec amertume; Je ne pourrai donc jamais dé faire ce Bojfu lal paroles rapportées a Luxembourg, qui dit: Eb qu'enfait-ill La paix de Ryswyck en 1697 mit fin aux expéditions guerrières; mais la fucceflion d'Espagne occafionna bientót après une guerre plus fanglante encore. On négocia longtems avant que de comTome III, G bat-  9\ Nouv. Biblioth. Bblgiqüe battre; Je Roi; d'£*Pagne, indigné du parcage qu'on faifoit de fes dépouilles fit entendre ces paroles: Tout traité ejl nul, tantque Dieu ne l'a pas figné Guillaume ligua de nouveau 1'Europe contre Louis XIV; il forma la grande Alliance, qui fut conclue k la Haye le 7 de Septembre 1701; & bientót après les hoftihtés commencerent, mais Ia mort vint 1'interrompre dans le cours de fes vaftes defilins. Depuis quelque tem* déja il fentoit fa fin s'approcher; il n'avoit pu s'empêcher de dire è fon favon le Comte de Portland, qu'il ne croyoit pas pouvoir poufler fa carrière plus loin que Pété fuivant, le priant en même tems de n'en rien dire k perfonne avant fa mort. Un accident qui lui arriva k Hamptoncourt oh il chafibit hata fes jours; enfin, malgré tout Part des médecins, il rendit 1'ame Je 19Mars 1702, dans la cinquante troifième année de fon age, après avoir regné treizeans en Anglcterre, & gouverné trente ans comme Stadhouder cinq Provinces de la République. L'Auteur tracé un tableau du caraélère de ce Prince qui BOus pa-  jüILLET, AOUT, SEPTB. I782. 95- paroit un peu chargé. Quoiqu'il en foit, il fut toujours malheureux a la guerre; du grand nombre de combats & de fièges qu'il entreprit, il ne gagna que la bataille de la Boyne & ne prit d'aütre ville que Namur. A fa mort tous les ordres de 1'Etat recurcnt ordre de preadre Ie deuil; le peuple porta même l'enthoufiasme au point de maltraiter ceux qui fa moqüerent de cet ordre. Un de ces railleurs fut malfacré è Amfterdam. Guillaume n'ayant pas Iaisfé d'enfans, il n'eut point de fuccesfeur dans les charges éminentes dè la République. G 2 ARTI»  5>5 Nouv. BlBLIOTH. BeLGIqUE.' ARTICLE CINQUIEME Verhandelingen vande Natuur- en Geneeskundige Correspondentie. C'elU-dire, Mémoire de la Société de correspondance, Métêorolo- gique & Médicinale dans les Proyinces-Unies des Pays-Bas , tftahlie a Ia Haye &c. SECOND EXTRAIT. A Yant donné dans notre dernier jour^ Dal un extrait de la partie MétéoroIogiquedel'Onvrage, que nous annongons, nous nous batons de dégager notre promeffe en offrant le précis de Ja partie Médicinale, nous croyons que le lecteur la verra avec autant de plaifir, que  JtriLLET, Aout,Septe. 1782. 97 que la partie que nous avons déja communiquée. Dans le programme que les inftituteurs ont donné au jour, ils exigent de leurs Correspondans avec 1'Hiftoire de la maladie, celle de 1'endroit, oü a elle eu lieu; juftement convaincus, que la connoiffance du fol peut beaucoup contribuer a diftinguer la nature & les caufes des maladies. En vertu de cette regie Mr. G. j. H u l 1 n licentié en Médecine a St. Nicolas dans le Pays de Waas, auteur du premier Mémoire, O) commence par une description top°graphique du lieu; oü après avoir dit que ce pays abonde tellement en grains que les habitans ne fuffifent pas k la recolte, & qu'ils font obligés de fe fervir pour cela d'étrangers, qui viennenfi pour la plus grande partie du Brabant, A obferve que ces laboureurs étrangers font (a) Ce Mémoire & tous ceux qui le fuivent ont été envoyés en marmfcrit aux inftituteurs , quelques uns en latin comme celui ci, & les autres en hollandois. G3  $8 Nouv. Biblioth. Belgique» font ordinairement les premiers attaqués de la fièvre, qui communement eft intermittente. Obligés de quitter le travail ces miférables retournent dans leur chaumieres, oü logés plufieurs enfcmble ils. couvent & propagent le mal, en le communiquant è ceux qui les environnent. L'Eté de 1779 dans lequel les eaux furent extrémement corrompues, donna naifTance k des fièvres qui de tiercés redoublées dégénéroient en continuës remittentes. Cette révolution fe faifait dans I'efpace de huit jours, avec un rnal de tête accablant, furtout vers le front, une pefanteur vers la région de 1'eftomac, avec une défaillance de forces, & un abattement par tout lc corps, un goüc amer dans la bouche, & la langue cliargée quoique humide & rouge fur les bqrds. Sa méthode confiftait k donner, tant que Ia fièvre était encore intermittente, deux heures avant 1'accès, un vomitif, qui diminuaic ordinairement le mal de téte, ce qui 1'engagea k le réiterer a 1'accès fuivant avec un tel fuccès que fouvent Ie mal étoit dispara, furtout fi les ma-  JaiLLET, Aout, Septb. 17S2. 96 malades avoient jcttés beaucoup de bile. Pour calmer la foif Mr. H. leur confeilla le petit Jait, I-orgeade, la limonade, (b) il facilitoit les felles par la Rhubarbe, Ja Tamarinde, & les fels neutres; par cette méthode les fiévres restoient intermittentes & étoient faciles k guérir. —. Traitée d'une autre manière la fièvre dégénera bientót en continue, qui tenait cependant encore un peu'de la tiercé. Le traitement fut environ le même, & Ja cure fe termina par un ufage foutenu & abondant du quinquina, même dans des cas désespérés, comCS) Dans de pareils cas 011 peut fe préparer une boiflbn agréable en prenant dans la faifon une demie üvre de grofeilles , après les avoir froiffées on verfe deflus quatre livres d'eau, après quoi on fait bouillir le tout enfemble pendant une demie heures» on paffe la décoeïion & on y ajoute autant de fucre qu'il en faut pour la rendre agréable. On peut fe fervir de la même facon & a la même fin des autres fruits acidules comme des cerifes, des framboifes, des meures &c. G4  loo Nouv. Biblioth. Belgiquèv comme 1'Auteur le prouve par de belles obfervations. La dyfenterie & la diarrhée accompagnerend quelquefois cette maladie (|a première etait épidémique dans le Brabant & fe fit fentir fur les bords de 1'Efcaut) ce qui engage Mr. H. h demander fi les mêmes matières billieufes corrompuës de 1'eftomac, cbarriées dans les inteftins ne deviennent pas plus acres & plus corrofives par Ie mouvement de la fievre & par 1'intenfité de la chaleur? Les rédacleurs de ces mémoires répondent que cela fe peut dans un certain fens, qui a déjè été connu des An--. ciens (c). Nous fuivrons notre Auteur dans le traitement de Ia dyfenterie. Si les forces le permettoient, il faifoit d'abord prendre au malade l'Ipecacuanba; après quoi il leur donnoit trois fois par jour une petite dofe de Rhubarbe; & dans les intervalles toutes les deux heu- res (O Voyés Pringle Part. ii. Chap. iv. Degner hifto. Dy/enter Bilio. Contagioffe, $. LX1V. & lxv. & Van s wietew Tom. If. p. 44. as}. 586.  JtriLLET, AoüTj Septb. 1782. ior res cinq grains d1 Ipecacuanba, dans Ie deffein d'intervertir le mouvement péristaltique des inteftins. II leurs prescrivit auffi une boiffon compoféedu mucilage, de la gomme arabique, de la guimauve, & de la grande confonde, mêlee avec une quantité modïque de vin; ce qui obvolva admirablement 1'acrimonie, caima les tranchées & fit cefiër peu a peu les déjeétions fanguines. —'• Chez quel-ques uns cependant malgrê ces remedes les fymptömes continuerenc avec la même force; Mr. H. fe refibuvint des confeils du grand Sydenham & èut recours au Laudanum Liquidum de ce fameux médecin. II en fit prendre deux ou trois fois'par jour uce petite dofe felon 1'exigence des cas avec cet heureux effet que ces accidens effrayans disparu- • rent. La petite fievre qui reffcoit fut emportée par un ufage circonfpect du quinquina, donné plutötdans 1'intention de fortifier que de rompre la fievre (d). > Mr. . (<0 Nous nous fommes un peuétendus fur , cette maladie, paree qu'on ne peut trop in-; l G y  Ï02 NOUV. BlBLIOTH. BzLGIQUe. Mr. H. reconrjoit modeftement tout ce qu'il doit a 1'excellent ouvrage du celèbre Profeüeur Oosterdyk Schacht diquer les meilleurs moyens pour combattre ce terrible fléau. Pour cette raifon qu'il nous foit permis d'y ajouter ce que notre propre expérience nous a fourni pendant la mêae année O770. ) La plupart de ceux qui en furenc attaqués fubirent aucommencementune diarrhée violente, accompagnée de naufées, d'envies fréquentesde vomir, de rapports aigres, & de tenesmes continuels. Le bon traitement ayant été négligé dans ces premiers momens , ia dyfenterie netarda pas a paroitre, pour Ia prévenir je me fervis avec fuccès depoudres compofées de 1'Ipecacuanha, de Ia Rhubarbe, # des yeux d'écrévifles, J'en &t prendre toutes les deux heures une, rarement Ia diarrhée refiftaa ces remedes, dont 1'effet étoit de purger le corps des matières bilieufes& acres Quand malheureufement il en étoit autrement' ou que ravois été appellé trop tard & que h dyfenterie exiftoit déja, après avoir fait précéder ces remedes, j'ordonnois felon le précepte du celébre Vogel, ]a gomme  JüILLET, AOUT, SePTB. 1782. log Schacht (e) dans le traitement des maladies qui ontregné alors, furtout pour 1'ufage du quinquina, & quoique fes Gollégues condamnerent au commencement fa méthode, il eut la fatisfattion de les voir obligés de la fuivre. Le 2y joignit d tois des fievres catarhales qui chez quelques uns fe changerent en inflammatoires. Dans ces cas Ia pleure & les muscles peétoraux étoient Ie fiège ordmaire de la maladie, les douleurs dans 1 accès du froid étoient violentes, accomPagnées d'une forte toux. - Le mois de Novembre quoique froid & humide &parconféquent peu favorable auxconvalescens vit diminuer le nombre des malades jusqu'a 19, & les maladies qui regnoicnt, Cexceptées celles qui étoient encore des reftes de la fievre bilieufej étoient des tiercés & des doublés tiercés, qui exigerent eependant encore des vomitifs & des purgatifs. Au mois de Décembre les maladies refterent dans Ie même état. Vers Ie milieu de Janvier de 1780, les fievres devinrent plus bénignes. Ce qui rend ce mois remarouable étoit une toux violente & con-  JuilleTjAout^Septb. 1782. 109 convulfive, dont 1'Auteur & toute fa familie furent auffi attaqués. La matière expeöorée étoit trés mordante & falée, & devoit néceffairement produire une violente irritation dans la trachée artére & dans le gofier & par la même raifon une toux fuffocante. Ce fymptome facheux fut furmonté par 1'ufage des adouciffans & des obvolvants ; cette toux parut devoir fon origine è un brouillard épais, qui obfcurcit l'air pendant quelque tems. Les Mois de Fevrier, de Mars & d'Avril n'ayant rien de remarquable, 1'Auteur les a paffés fous filence. On ne peut que louer le traitement qu'il a fuivi. Le Corollaire placé a la fin de cette feótion eftrempli d'érudition. La 2e. feétion contient des recherches Phyfiques & Médicales des caufes générales & particulieres de cette maladie. La même exadtitude, le même efprit obfervateur qui regne dans la ie. feétion brille dans celle ci. On y trouve une bonne description typographique de Pbilipine alaquelle 1'Auteur en a joint une autre des vents qui regnent le plus fréquemment Tm, IJl Part. 1. H dan«  ïio Nouv. Biblioth. Belgiqüö. cet endroit. Mr. D. obferve que quoiquelacoutume des cbambrées, foit trés louable & trés bonne, cependant dan* ces contrées, Iorfque Ia quantité des malades eft fi grande, qu'on ne peut plus faire de chambrées, cela doit avoir de facheufes fuites tant pour ceux qui fe portent bien que pour ceux qui font malades, & cela par deux raifons principales. La ie que les malades diminuent doublement le nombre de ceux qui fe portent bien, paree que ceux ci doivent faire le fervice de leurs camarades incommodés, tant pour monter la garde, que pour foigner la ebambrée. Ce qui occalionne fouvent que les fains font privés de leur nourriture ordinaire; pour ne pas faire mention de leur doublé fervice militaire, ce qui les affoiblit & les rend plus fusceptiblesd'être attaqués de la maladie. Lafeconde qui n'eft pas moins effentielle, eft que la nourriture ordinaire ne convient plus aux malades, qui font obligés de faire pot a part au grand détriment du ménage. Ce font les malades qui en fouffrent le plus, fe trou- vaot  Juiixet, Aout,Septb. 1782. ur vant dénués a la fin de toute refiburce pour fe nourrir & iè fortifier. D'ailIeurs l'air des cafernes naturellement mal fain, deviens contagieux par le nombre des malades, ce qui occafionne facilement les progrès rapides de la maladie. Enfin outre les caufes particuliere», Mr. D. clafle la difette & la cherté des légumes, & autre faine nourriture, a quoi il faut ajouter le défaut de bonnes eaux dans ces quartiers, & les eaux ftagnantes, qui en été font plus corrompues & remplies d'infedtes; ce que les foldats font obligés de boire faute de meilleures. Nous nous étendrions encore plus loin fur cet excellent mémoire, mais nous prêferons de rapporter deux obfefvations curieufes , que 1'Auteur a cru devoir communiquer: rien n'eft plus propre a étendre nos connaiffances en médecine que des obfervations exaöes, & furtout lorsqu'elles démontrent les refiburces de 1'art dans les cas les plus déstfperé3. Le Maitre d'école de Philippine fut attaqué d'une péripneumonie, Mr. D. après lui avoir fait une largc faignée, H z pr«-  ri2 Nouv. Biblioth. Belgiojjb» prefcrivit une boiflbin laxative & rafraichiffante, & lui fic appliquer un lavement purgatifrles premières voyes nettoyées, on ordonna au malade un looch pettoral & atténuant, & on fit appliquer un grand vèficatoire fur la poitrine. Le foir Ia refpiration étant encore plus génée on lui prépara une décoélion émolliente avec l'efprit de nitre pour en boire beaucoup. Le vèficatoire n'ayant pas fait d'effet fut renouvellé. Le lendemain notre auteur trouva le malade en grand danger, fouffrant non feulement dans la poitrine, mais encore dans le bas ventre & dans les voyes urinaires. II vit avec beaucoup d'étonnement que le fecond Vèficatoire n'avoit pas mieux opéré que la premier, cela le jetta dans une grande perplexité, concluant non fans raifon, qu'au lieu de tirer la matière morbifique en dehors, 1'effet étoit paffé dans le fang. Mr. D. prefcrivit cequi étoit néceflaire pour calmer & prévenir les fuites funeftes de ce venin & donna tout ce qu'il crut propre pour faciliter 1'expeétoration ; mais tous fes efforts furent vains. Le 5e. Jour de Ia mi-  JüïLLET, AOUT, SEPTB. 1782. IIJ maladie, Ie malade fut attaqué d'une efpèce de fièvre putride, accompagnée de délire, d'un prompt abattement du pouls, & Ia langue fe trouva chargée d'aphtes. Ces facheufes circonftances 1'engagerent è donner au lieu de l'efprit de nitre doux , une forte dofe de 1'es" pritde Vitriol, avecun tel fuccès, qu'aprés que le malade en eut fait ufage pendant deux jours, Ia nature chancelante fe ranima, de forte qu'elle opéra le 9e. jour une crife complette tant par l'expedtoration que par les autres évacuations, & Ie malade fut non feulement en état de fortir le ij-e. jour, mais fondïionna même ce jour ïk comme Cbantre & ne s'eft plus reffenti depuis de fon mal. La feconde obfervation a auffi pour objet 1'hiftoire d'une pèripneumonie, qui dégénéra en fièvre putride, nonobflant 1'heureux effet des vêficatoires, & un ufage foutenu mais infrudtueux pendant trois femaines de 1'esprit de Vitriol. Le péril éminent dans lequel Ie malade fe trouva, engagea Mr. D. k faire I'épreuve de 1'huile de Vitriol, k cette fin il en H 3 pres-  H4 Nouv. BlBLIOTH. BELGrqüB. prescrivit un drachme fur quatre onces de fyrop de Violette, & en fit donner toutes les demi heures nne cuiller a fucre, ce remede fut fuivi Ie 27e. jour de la maladie d'une heureufe crife & d'une parfaite guérifon (ƒ). Ce que nous avons encore cru devoir coramuniquer a nos leóteurs, c'eft 1'heureux effet que Mr. O. a obtenu dans les hydropifies & dans les tumeurs lymphatiques & féreufes: dans le pre- (ƒ) On pourroit demander quelle eft Ia caufe que ces péripneumonies ont dégénéré en fièvre putride. II arrivé affés fouvent qu'une matière biüeufe & putride fe joigne a Ia matière infiammatoire, ce qu'on connoit par un fentiment de péfanteur a Ia région de 1'eftomac, une mauvaife bouche, une langue chargée, Ie dégotit des mets or* dinaires, un appétit violent après les boisfons aigres &c. Si après Ia faignée, cette matière n'eft pas évacuée par un vomitif elle exerce fa fureur avec plus de violence Dans ces cas les véficatoires font ordinairement plus nuifibles qu'avantageux puisqu'ils augmentent la fièvre & contripuent a la dis-  JUILLETj AOUT, SEPTB. 1782. I premier cas on lui aflöcie les feuilles de fenné pour augmtnter fa vertu purgative, dans le fecond 1'écorce de fureau feule fuffit (g). Le 5c Mémoire envoyé par Mrs. J. Baart & A. R. Jonkerheld Médecins , eft un précis des maladies des derniers mois de 1'année 1779. Ce font en- folution du fang. Aufli Ie Médecin nepeut il être trop circonfpeét dans ces cas. Et fi 1'oppreffion, & les autres fymptomes femblent abfolument exiger un vèficatoire, on doit tacher de mitiger leur aétion, c'eft ce qü'on fait heureufement en prenant trois parties de Pemplatre de meljtote, & uno partie de 1'emplitre vèficatoire. Au refte on peut confulter Ia deflus Stoll rati» tnedend. Part. t. & Q u a r i u comment d e febrib. & de inflauu. ( NotB du Journal.) (g) Ce remêde, placé par Vogel Hip. Mater. Médic. p. 206, parmi les remedes hors d'ufage, (quoiqu'il lai attribue d'excellentes vertus dans 1'hydropifie , infufé avec de la bierre ou du vin, ou bien ea H 4  li6 Nouv. Biblioth". Belgtquë; encore des fièvres automnales, bilieufes fimples, bilieufes putrides, quelque peu de pulrides malignes. Ce Mémoire eft terminé par la lifte des naiffances depuis 1772 jusqu'a i779 inclufivement & TjEo ^ m01'S dCPl fe d65cr de 1 faabileté de leurs artifr.es, & acheter a haut pnx celles de leurs voifins, è caufe du goüt exquis qu'ils ieur attribuent exclufivement. Les befoins réels ont pluiïeurs caufes; il eft poflible d'en déraciner quelques unes plus ou inoins lente, ment, il en eft d'autres qu'on ne parvient presque jamais a détruire. Telles font, la parejfe invéterêe &> difficile d Jurmonter des babitans d'une certaine clas. fe; la fuperftition; la pauvreté; la pé. nurie de produclions naturelles dont les ortijtes puiffent fe fervir ou la cberté de celles qu'on importe; la nêceffitê de recewon des marcbandifes faites ailleurs £f envoyées par des marcbands étrangers, dans l'efpoir de leur rendre en écbange des produclions dont on abonde; le trop grand nombre de foldats, que 1'on fous. trait par cela même eux manufacïures, des guerres continuelles; Vexportation de produclions travaillêes dans le pays, fjf dont le Souverain a le monopole, par de> marcbands étrangers, quand celui ci préfère de livrer tout d'un coup fc? d un  JulLLET, AoüTj septb. I782. i5i tin prix fixê ces marcbandifes que de let vendre en détail d fes fujets; Le foin fordide du fouverain d'engraiffer fon fisc aux dépends des citoyens; la négligence de cuU tirer l'amitiê des autres peuples, qui vendent les matêriaux pour le travail, ou des chofes déja travaillées; le défaut d'émulation de plufieurs peuples, qui n"exportent point chez leurs voifins des marcbandifes dont ils ont befoin &c. Un peuple qui retire de fes manu* factures des émolumens rélatifs, doit fe conduire autrement envers les étrangers , que celui qui peut f» procurer de fon propre cru les marchandifes qu'il confume ou qu'il exporte, & qui par conféquent doit travailler a faire fentir, qu'il peut fe paiTer des autres, mais qu'on ne fauroit fe paiTer de lui. §. 146. Nous avons traduit littéralement tout cet article, parcequ'en donnant une idéé du ton de cet Ouvrage, il prouve les talens de 1'Auteur; il faudroit être bien difficile pour ne pas reconnoïtre ici beaucoup de philofophie, d'humanité, &une connoiffance approfondie des intéréts des nations rélativement au commerce. Tout  Nouv. Bibltoth. Belgique: Tout ce Chapitre contient les détails les plus fatisfaifans fur toutes les branches de notre commerce tant extérieur qu'intérieur, on y trouve auffi plufieurs chofes intéreflantes fur les monnoyes, lechange, Ia banque, & les monts de piété ou Lombarts, connus en Hollande depuis le treizième fiècle. Ce n'eft que depuis quelques années qu'un établifiement auffi falutaire a pafie en France, oü il n'eft encore re§u que dans quelques Villes. Le Chapitre XIII traite de nos Colonies, & de nos Compagnies des Indes nous ne dirons rien de cet article inftru&if comme tous les autres, maïs qui n'offre guere que des objets connus. La feconde Partie de cet Ouvrage eft deftinée , comme nous 1'avons dit, a expliquer la forme £? l'adminijtrationdu gouvernement dans cbacune des Provin. ces- Unies. D'abord 1'Auteur explique certaines chof s qui font communes k toutes 1 s Provinces. Selon l'efprit du Traité d'Utrecbt la Souveraineté appartient exclu- five-  JtflLLET, AOUT, SEPTB. 1782. 153 fivement a chacunc d'entr'elles, dans 1'enceinte qu'elles occupent. Le Systême de 1'Union confifte dans la réunion ou la jonétion de plufieurs villes indépendantes & libres, qui fe font unies pour le grand bien général, fans reconnoitre pour cela un même Souverain. On a beaucoup disputé fur ce fyftême, on a tracé des paratleles plus ou moins heureux de notre conftitution avec celle de certains peuplcs de 1'antiquité; quoiqu'il en foit, il paroit du moins que la Ligue d'Acbaie dont parle Juftin Liv. 34. C. 1. ne reffemble point a notre fyftême politique. Toutes les Provinces ont h peu prés la même forme de gouvernement, foit Ariftocratique, foit Démocratique & Mixte; toutes reconnoiffent un Stadhouder, dont 1'Auteur expofe les Droits & les prérogatives dans les §§. 188,189, iqo & dans le Chapitre IV de la troifième Partie; dans celle ci 1'Auteur explique fort au long la conftitution particuliere de chacune des Provinces; c'eft le fujet de tous les Chapitres, que nous ce pouvons analifer, mais qui méritent néara-  ï£4 Nouv. Biblioth. Belgtquë: néammoins une leéture approfondie, & une méditation férieufe, furtoutde la part ceux qui veulent connoitre la République pour être en état un jour de lui être utïle. La troifième Partie traite du noeud qui joint les Conféderés depuis VUnion d'Utrecbt; & le premier Chapitre des droits & des devoirs réciproques des Confédérés. Après avoir tracé en abrégé Phiftoire de ce Traité & de ceux qui y accéderent, PAuteur expofe les fources d'oii découlent nos droits & nos devoirs entant que membres de 1'Union. Elles font au nombre de trois; i°. la nature, la Iettre & Pesprit du Traité d'Utrecht (de 1579) 20. les Edits des Confédérés émanés depuis ce tems, 30. La Coutüme. Mr. P. donne enfuite une courte analife des principaux articles de cette 17nion, nous y renvoyons le Lecteur. Le fecond Chapitre nous donne des idéés fort juftes de 1'alTemblée des EtatsGènéraux. Ce n'efl point, comme le croyent des Étrangers mal inftruits, 1'asfemblée du Souverain. Ce titre n'ap» partient point aux Etats-Généraux, qui ne  JiTILLET, AOUT, SePTB. I782. 15$ ne font que les Députés d'autant de Souverains particuliers , ou de Provinces différentes réunies par les noeuds d'un intérêt commun. L'Auteur explique enfuite les Droits & les prérogatives de cette Affemblée, & tracé le tableau des différentes disputes qu'on a élevê fur certaines précentions de ce corps. Dans un autre Chapitre Mr. P. expofe les droits & les occupations du Confeiï d'Etat, quoiqu'il n'y ait rien d'abfolument nouveau dans tout ceci, on pourra toujours confulter cet ouvrage avec fruit, paree que 1'Auteur a Pattention de citer avec exaéb'tude les différentes Loix & les divers Edits qui ont été promulgués fur tous ces objets. Paflbns avec 1'Auteur au Chapitre IV qui traite des fonétions du Stadhouder 9 comme'Capitaine Général & Amiral; & de tout ce qui regarde 1'armée. Autref ois, comme on fait on n'entretenoit point de Troupes réglées; les Vaffaux fe rangeoient fous les drapeaux du Seigneur, & retournoient enfuite dans leurs habiïations. Ce  *5<5 Nouv. Biblioth. Bslgiqtjeï Ce n'eft que depuis le XV"e Siècle que s'eft introduit 1'ufage de garder une armée a fa folde même en tems de paix; Enfin après la paix de Munfter toute 1'Europe a fenti 1'utilité & la néceffité même de cette coutüme; les Hollandois è 1'exemple des autres Nations 1'ont auffi adoptée. C'eft au Prince qu'on a confié la direótion fuprême (Impermn) de nos armées & de nos flpttes. En conféquence il doit entretenir la discipline militaire, publier les Edits rélatifs h cet objet, il a le droit de nommer les Gouverneurs (PrasfeEtus ) des places frontières &c. &c. L'Armée dépend de tous les Confédérés. C'eft a l'Affembléedes Etats-Généraux qu'on fait le ferment de fidélité, c'eft avec elle que les Princes étrangers traitent de la guerre cc de la paix &c. En 17J0 Guillaume IV établit un Haut-Confeil de Guerre. II eft permis d'appeller h ce Tribunal de toutes les fentences, qui n'ont point été porties d'après la confcflion des accufés. II s'eft élevé plufieurs différens fur Ia na-  JüILLET, AOUT, SBPTB. 1782. lSf nature de ce Tribunal, fur le droit qu'il s'attribue de juger les militaires accufés de délits qui ne regardent point le fervice & la discipline, & qu'on appellé delicla communia, fur 1'utilité de ce Confeil, queues uns regardent comme infiniment 'avantageux a la tranquillité püblique, tandis que d'autres le croyenc immédiatement contraire k ce but; Mr. P. ne décide pas toutes ces queftions, quoiqu'il laifle aflez clairement percer fon opinion (§. 390 feqq.) Pour nous il ne nous appartient point de hazardet des doutes fur cet objet, comme fur une infinité d'autres. C'eft au Souverain k régler, quand il lui plaira, tous ces articles; on peut en attendant fuspendre fon jugement; c'eft du moins Ie devoir d'un Journalifte, appellé a rendre compte des Livres, & non de fa mahièrè de penfer fur des objets Iitigieux de Politique. Le Chapitre V traite de nos Flottes & de toutes les chofes qui font rélatives a cet article. L'Auteur commence ce Cha. pitre par un Eloge délicat de notre maTom. lil Part. 1. L rine  158 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. rine sétuelle. (a) „ Beiges qua wlueruiit navoli gloria, valent etiam nunc. Heroicas Reuterorum Trompiorumque aêtatei effujius laudaturi caveant, ne noftrorum temporum bellicis virtutibus & fenfibus nobilibus obtreclare merit^ accu/en' tuf'. Mr. P. tracé Je tableau hiftorique & politique des différentes époques de notre marine. Aujourd'hui Ia direétion générale de cette partie eft confiée au Stadhouder. II doit en tems de guerre faire fortir des flottes contre 1'ennemi; il eompofe les Inftruftions fejon Iesquelles les Amiraux doivent agir, il nommé les Capitaines de Vaiffeaux; des Con- Ma- (a) „ Ce que les Bataves étoient autrefois fur mer, ils ie font encore aujourd'hui. Qu'on fe garde donc de célébrer trop magnifiquement les tems héroiques des De Ruiter Sc des Tromps; afin de ne pas être foupconné juftement, de vouloir diminuer le courage, la valeur généreufe, & les vertus de nos Guerners.''  JüILLET, AcJÜT, SEPTB. Ï782. l$$ feils de guerre compofés d'Offlciers de Marine jugent les coupables au nom des Etats - Généraux & du Prince. Celui ci permet aux Corfaires de fortir & leur donne pour cet effet des lettresde marqué, c'eft ce qui diftingue nos Capres des Pirates proprement dits. L'Auteur explique enfuite 1'örigine & les fonélions des Amirautés, il parle des revenus que 1'Etat leur accorde, & qui font repartis fur plufieurs Jimpolitions, &c. Dans le dernier Chapitre Mr. P. traite de 1'adminiftration du Gouvernement dans les pays qui dépendent de la Généralité, & qui parconféquent ne font point partie de la Confédération proprement dite. L'Auteur expofe enfin les rélations des Hollandois avec les autres Peuples. Le premier Chapitre contient des obfervations détachées fur plufieurs objets rélatifs a la guerre & a la paix. Le grand but de la Confédération eft de conferver autant qu'il eft poffible 1». paix au dehors & la concorde au dedans. L 2 Ainfl  i6b. Nouv. Biblioth. Belgiqub: Ainfi les Hollandois font alfez faciles fur plufieurs disputes d'étiquette, qui malheureufement ont enfanglanté fi fouvent 1'Europe, comme par ex. le droit de falutüir mer,on eft fort accomodant fur cet article; du moins autant que cela eft compatible avec la dignité d'un Etat libre; 1'Auteur en donne encore plufieurs exemples. Cependant la République maintient fes droits & fes privilèges, elle ne fouffre point de violation de fon territoire, elle protégé fes fujets, mais ne vient jamais a des voyes de fait qu'a Ja dernière extrêrnité. Voyez l'Edit de» Etats Gén. du 3 Dec. 1728. Le Chapitre II traite des AmbaiTades, & Ie dernier explique certains Traités que les Hollandois ont fait avec d'autres Peuples; Tel eft 1'appereu que nous avions promis de cet Ouvrage; pour éviterleton louangeur qu'on nous reproche, nous nous abftiendrons des éloges que nous pourrions lui donner; fans approuver aveuglement toutes les affertions de 1'Auteur, on peut regarder fon Livrey comme. un Ouvrage clafiique, & qui fe- ra  JUILLET, AOUT, SfiPTB. 1782. IÖ"t ra bientót a la portée de tous les Lee-, teurs, puisque Mr. .P. fe propofe de le publier en Francois & en Hollandois; Ia Traduólion fe fera fous fes yeux; elIe fera conféquemment fidelle; nous y reviendrons lorsqu'ell'e aura paru. L 3 ARTI-  IÓ2 NOUV. BlBLIOTH. BeLOIQUE. ARTICLE HUITIEME. üitgeleesene verhandelingen, &c. C'eft- k- dire, ChOIX de DissertatiO ns SUR la philosophie & les bel- les Lettres, tirées des Mémoires de f Académie Royale des Sciences de Berlin, traduit es du Francois; avec quelques P feces nouvelles qui pa* roifjent pour la première fois , par Mr. J. F. Hennert Profeffeur en Philofophie; Tom. III a Utrecht chez A. van Paddenburg & J. M. van Vloten 1782. gr. in 8°. de 509 pages, Prix ƒ 2 - 4 - o Nous annoneames Ic fecond Volume de cet Ouvrage dans un de nos Numéros précédens. (a) Celui qui va (0) Tom. I. Part. II. p. 464. nous  JüILLET, AOUTj S£PTB. 1782. I63 nous occuper renferme plufieurs Difl'er■ tations intéreflantes; la dernière feule n'a pas encore été publiée, les autres font tirées des Mémoires de V Académie de Berlin, & font traduites par de jeu* nes gens, auxquels Mr. Hennert donne beaucoup d'éloges dans fa Préface. II fe propofe de publier encore trois Volumes pareils a celui ci, ce qui privera peutétre les Lecfeurs Hollandois de plufieurs Differtations intéreffantes mais trop Iongues, pour entrer dans le plan de 1'Auteur; telles font les fept Dis. fertations de Mr. Merian fur le fameux probleme de Molyneux &c. L'Auteur avoit eu d'abord I'idée d'inférer dans chaque Volume 1'éloge de quelques Académiciens. II avoic déja même préparé celui de Mr. Sulzer, mais certaines raifons femblent 1'en avoir détourné; nous regrettons infimment qu'il n'ait point exécuté ce deflein. Comme il eft facile de confulter les Journaux qui dans le tems ont annonce les Mémoires, dont nous avons Ia tradudlion fous les yeux (a) nous nous (a) Voyez entr'autres le Journal des SaL 4 bor-  i#4 Nouv. Biblioth. Belgiöüê. bornerons uniquement k la dernière Dis. fertation, ,qui roule fur VAtbèism mo-" derne. C'eft un morceau tout neuf, & qui mérite bien de nous occuper quelques inftans. Mr. H. commence ce Mémoire par expliquer les motifs qui le portent k traiter ce fujet. Mais préalablement il donne de juftes idéés de ce qu'il faut entendre par Ie mot Atbéisme moderne. Ce font les fentimens que les Athées ont adopté dans ce fiècle fur 1'origine & 1'exiftence du monde. „ Loin de moi pourfuit 1'Auteur, de donner le nom d'Athées k ceux dont les idéés, au fujet de 1'Etre fuprême & de Ia Création, dif. férent de celles que Eglife réformée a adoptées. On peut les nommer Hérétiques ou Deijles, c'eft ce que je laiffe k ceux qui ont le pouvoir de lancer des excommunications. J'attaque fimplement ceux qui foutiennent que le mouvement eft fi intimement lié k la matière que Ie mon- vans & la BibliothèquS des Sciences £? des Beaux-Arts 1753—1764, fnffm.  JlTILLET} AOUT, SëPTB. i782. l6$ monde peut fubfifter par fes propres forces , qui affurent que la connoiffance de 1'Etre fuprême, celle la religion & de la morale qui en découle, eft non feulement inutile mais dangereufe". L'Auteur n'en veut qu'aux Athées modernes. „ 1'Hiftoire des anciens Athées reffemble k un vaiffeau brifé, donc le Littérateur ramaffe quelques débris, ou quelques fragment. II lui eft impoffible de remettre toutes les pièces a leur place, & pour rebatir le Vaiffeau il eft obligé de remplir les vuidcs avec d'autres matêriaux que ceux dont le conftruéteur eut peut-être fait choix". Il n'exifte qu'un feul fyftême complet & connu d'Athéisme de 1'antiquité , c'eft 1'Ouvrage d'Oceliut Lucanus fur l'Univert. Mr. H. donne un abrégé des principes répandus dans ce Livre, mais il ne s'explique pas fur Lucrece & fur Ciceron. A la téte des Athées modernes Mr. H. place le fameux Toland, dont on ne connoit que trop 1'ouvrage intitulé, Lettres Pbilofophiquet fur l'origine des préjugés, fur le dogme de l'immortalité L 5 de  i§6 Nouv. Biblioth. Belgiqub/ de l'ame, de Vidoldtrie üf de lafuperfti. tion,fur le fyjtême de Spinoza & fur l'origine du mouvement dans la matière, mais le Livre oii il a entièrement ievé le masqué, c'eft le Pantbeifticon &c. qui parut en 1720 l'édition en ejl trés belle, felon un Bibliographe moderne, dont nous aurons occafion de parler, & com» tne on n'en a tiré que peu d'exemplaires, il ejl difficile de le trouver. L'Auteur dont nous analifons la differtation expofe ici dans un jour trés Iumineux le fystême monftrueux de cet Athée, & trance enfuite un parallele - fort curieux entre la doébrine de Wolf & de Toland fur la nature des corps. II paroit que ce fameux Philofophe & 1'Athée Anglois ne différent a ce fujet que dans les mots, oui même, felon Wolf, le mouvement eft une propriété effentielle, il compofe les parties fubftantielles de la matière. C'eft a combattre ces erreurs qu'eft des. tiné ce Mémoire. Et d'abord Mr. Hen. tiert dispute aux Athées cette propofition, que c'eft a 1'expérience qu'il faut reoourir pour prouver la liaifon néceffaire ou contingente du mouvement avec Ia  Juillet,Aout,Septb. 1782. 167 Ia matière. II nie cette affertion & démontre avec folidité que 1'expérience n'eft pas un guide fur pour remonter a cette connoiffance. Son raifonnement revient k ceci. 1'Exiftence de deux chofes dans le même tems, & liées 1'une k 1'autre n'implique pas abfolument leur liaifon & néceffaire & naturelle; or le mouvement.& Ia matière exiftent enfemble, font liés entr'eux, mais fans qu'il foit prouvé que leur liaifon foit k caufe de cette exiftence fimultanée, néceffaire & naturelle. C'eft pour cette raifon qu'on ne fauroit prouver par 1'expérience, que 1'ame & le corps agiffent immédiatement 1'un fur 1'autre, ou bien que Dieu les tiennent immédiatement en équilibre, ou bien qu'ils foient tous deux féparement foumis k Dieu par des changemens fuccesfifs & conformes. C'eft donc au feul tribunal de la raifon, & non a 1'expérience qu'il faut porter cette queftion. L'expérience nous apprend Ie fait, la raifon nous en fait appercevoir les caufes néceffaires & contingentes; pour connoitre par conféquent les caufes d'un fait,  16*8 Nouv. Biblioth. BELGiqxm: fait, fa liaifon avec un autre, il ne fuffit pas de connoitre 1'exiftence de 1'effet, il eft néceffaire de remonter è la fource, de calcular & de combiner tout ce qui peut lui avoir donné lieu. Après ces préliminaires, 1'Auteur établit I'état de la queftion. Le mouvement eft il néceffairement & intimement iié a la matière, fi 1'on entend par le mot de matière un être étendu & folide. Pour que cette affertion foit vraie; il faudroit fuppofer qu'un petit corps neft fusceptible que d'un petit" mouvement, & qu'un grand corps ne 1'eft que d'un grand mouvement, ou' bien on devroit avouer que tous les corps, grands cc petKs, peuvent produire le même mouvement. Mais 1'une & 1'autre asfertion eft renverfée par les premiers prmapes de Ia Méchanique. Qui „" iait que le mouvement eft propoTtïonné t \,comP°fée ^ la maffe cc de IT ï' & qUC Par co^équent deux ™ff«d'un poids inégaï produifent Ie même mouvement en raifon invcrfe de leur viteffe? ae öans cet Article «Sc dans quelques fui- vans  JüILLET, AotJT, SePTB. ï?82. IÓ>" vans 1'Auteur continue d'établir les fondemens folides fur lesquels la doftrine de 1'exiftence de Dieu repofe; après quoi il rep ren d fon fujet, qui eft proprement 1'expofition des fentimens des Athées modernes. L'Ouvrage le plus étendu fur Pathéi'sme eft fans contredit le SyjUtne de las Nature, ou des Loix du monde pbyfiqus £f du monde moral, qui parut en 1770 k Londres fous le nom pfeudonime de Mirabaud. Le véritable Auteur vit encore & Mr. H. a la discrétion de ne pas le nommer. Voici le principe que 1'Auteur adopte & fur lequel il batit. 11 ne faut raifonner fur rien que d'après 1'expérience, c'eft \k notre feul guide, la contemplation de 1'ünivcrs de fes loix & des caufes naturelles doit nous apprendre k n'attribuer k aucun être hors du monde les événemens qui fe paffent fous nos yeux. Par conféquent nos prières font inutiles, Iorsque nous fupplions le Ciel de faire ceffer quelque calamité nationale, paree que ces maux, felon le cours de la nature, doivent commencer & finir a un tems marqué. L'lgno- ran-  tfO NOÜV. BlBLIOTH. BcLGIquE. rance des caufes naturelles a fait attrïbuer des événemens excraordinaires, des bouleverfemens effrayans a quelque chofe que 1'on ne connoit pas, & par conféquent k quelque chofe d'invifible.' Voila 1'origine des Esprits, Démons. Oa s'imagina que différens esprits regnoient fur l'air, le feu, le foleil, les étoiles. Vinrent des esprits plus fubtils, qui rangerent tous ces Génies ou DémoDs fous une première caufe univerfelle & toute puiffante. Enfin Ia crainte du malheur & des désaftres Ordinaires dans la vie firent foupirer 1'homme après 1'exiftence d'un Etre, qu'ils puffent appaifer par des prieres & des facrifices. Voila, felon 1'Auteur du Syftême de la nature, comment 1'homme eft parvenu k fe former une idee d'un Dieu & d'une religion. Mr. Hennert expofe avec beaucoup de clarté la foibleffe de ces hypothèfes. II prouve que I'état de la queftion n'eft pas de connoitre la caufe de certains événemens particuliers, comme des inondanons, des maladies èpidémiques &c. mais de eoncoicrc 1'effence & 1'origine du monde. Com-  JlT(LLET) AOüTj SfiPTl. I782. 171 Comment peut on alors appliquer la regie qu'il nous donne, puisque l'expérience ne Jui indique nulle part des caufes qui pourroient expliquer 1'effence & 1'origine de cet Univers. La nature de notre Journal ne nous permet guere d'entrer dans des discus, fions de ce genre; II faut lire les réponfes de Mr. Hennert dans la Differtation même, elles nous ont paru nettes & fatisfaifantes. Une autre brochure de ce genre, intitulée, Le BonSens, ou idéés naturelles oppofées aux idéés furnatut elles , contient les mêmes principes répandus dans le fyftême de la Nature. Mr. H. rcgarde cet ouvrage comme fort dangereux pour des gens peu éclairés, paree que 1'Auteur ne raifonne pas, mais fe perd fans ceffe dans un ftyle dé1 clamatoire qui éblouit la multitude; ótez > lui ce petit avantage, ce n'eft plus qu'un tiffu defauxraifonnemens, de conféquences abfurdes, de jeux de mots & de contradi&ions. On nous donne ici quelques exemples de la manière de raifonaer de cet Athie moderne. « Dieu  172 NoUV. BlBLIGTH. BeLGÏQUEV „ Dieu ne fauroit être un Esprit, par„ ce qu'un Esprit ne peut pas agir fur ,, la matière, & lui communiquer Ie „ mouvement". j, Si Dieu eft un être incompréhenfi,, ble, & fi fes décrets font impénetra„ bles la religion n'eft qu'une chimère. — „ La confufion qui regne & qui boulever- fe tout n'eft pas une preuve de Ia fages- fe de celui qui gouverne le monde" — affurement obferve Mr. Hennert, 1'Auteur n'eft pas Aftronome. L'Exiftence durable du monde eft une preuve fans replique de 1'ordre & de 1'harmonie univcrfelle qui regne dans toutes les parties de cet Univers. En 1780 il parut a Londres un Livre intitulé, The antiquity and duration of the world by G. H. Toulmin. Mr. Heiu tiert nous en donne 1'analife d'après 1'extrait de cet ouvrage qui fe trouve dans un Journal Allemand ( Gottingifcbe Anzeigen) N°. 20. 1781. Le but de 1'Auteur eft de prouver que le monde a existé de toute éternité; fes preuves font tout au plus propres k faire croire que le monde pourroit bien avoir plus d'an-. ti-  JuiLLETj AOÜTj SEPTB. 1782. Ifj tiquité qu'on ne lui en attribue communement. Au refle le Journalifte Allerrïand reieve une infinité de fautes & de bévues, que 1'athée Anglois commet k chaque page; II eft étonnantj ajoute Mr. Hennert, que les Athées modernes entendent :fi peu le livre dans le quel ils foutiennent qu'il faut puifer toutes les connoiffances, la nature; & qu'ils attribuent cependant 1'idée de Dieu k une connoiffance défeétueufe de cette même nature, qu'ils expliquent fl mal» Les bornes de cet extrait ne nous per* mettent pas de fuivre.Mr. Hennert dans les obfervations qu'il nous donne fur les Ecrits de Bayle & de David Hume. II explique trés bien le but caché de ces Sceptiques ,& renverfe les hypothèfes fur lesquellcs ils fondent leurs raifonnemens. . Après le Syftême de la Nature on connoit encore deux Ouvrages qui lui fervent comme de fupplément & qui paroiffent fortir de la même plume; c'eft le Systême focial, ou principes naturels de la Marais é? de la Politique; Londres 1773, 2 Tome UI. Part 1. M vol  174 Nouv. Biblioth. Belgiqub. vol. & la Morale Univerfelle, ou les de. voirs de l'bommefonaés fur la naturesAmfb. 1776. 3 vol. On peut nommer ces trois Ouvrages le Code'de l'Atheïsme, Mr. Kennen nous donne un appercu rapide de la manière & du ton de ces Ecrits, dont il nous femble que certains Journaux ont rendu compte dans le tems. II parut alors plufieurs réfutations des principes contenus dans ces ouvrages. Mr. Kennert indique encore quelques Ecrits du même genre, tels que le Christianisme dévoilé, Lettres d Eugenie, Esfai fur les préjugés. &c. Ces Ouvrages font dangereux pour des perfonnes chez qui 1'ombre d'une objeclion fuffit pour détruire 1'évidence des vérités les plus folides". D'autres Ecrivains ont attaqué la Réligion d'une manière moins dirette, & ne lui ont porté que des coups indirects. Tel eft Boulanger, donton connoit l'An. tiquité dévoilée par les ufages & fes Recherches fur le Despotisme Oriental, oh 1'Auteur tache de prouver que Ia Théo- cra>  JüILLET, AoüT,SePTB. I782. 175" cratie eft 1'origine ou la caufe du Despotisme. Le dernier Ouvrage dont Mr. Hennert nous parle eft intitulé, La Contagion fa~ crée, ou bijtoire naturelle de la fuperftition, Londres 1768. 2 vol. in 8°. Sous prétexte de démasquer la fuperftition 1'Auteur attaque toutes les religions, dont il tache de démontrer 1'infuffifance & la fauffeté. [ Mr. Hennert termine cette Differtation par quelques Thefes oü tous les principes des Athées font établis avec beaucoup d'art; c'eft 1'ouvrage d'un jeu* ne Théologien, verfé dans les Mathématiques & dans la Philofophie, & que la mort vient d'enlever. Je crois, ajoute 1'Auteur, rendre un fervice aux jeunes gens qui fe deftinent au miniftere facré, en publiant ces Thefes. Ils fentiront que la Pbilologie Oriëntale n'eft pas la feule fcience qu'ils doivent apprendre, mais qu'il faut encore fe remplir des grandes verités fur lesquelles repofe la connoiffance approfohdie de Dieu & de la Religion. Je défie M 2 ceux-  jr?6 Nouv. Bibltoth. Belgiqub.; ceux, qui regardent 1'antiquité & les langues comme le non plus ultra des études AcadémiqueSjderéfuter ces Thefes. Ces contempteurs de la Philofophie, qui favent 11 merveilleufement inpirer k la jeunelTe le mépris qu'ils reffentent pour elle, ne font pas feulement en état de les comprendre". Comme il faudroit transcrire toutes ces Thefes nous préférons de renvoyer £ 1'ouvrage même, & nous termine' rons cet article par Ie parallele que Mr. Hennert tracé entre 1'Athéisme moderne & le Spinozisme. Les Athées de nos jours banniffent 1'entendement de Ia nature, ils ne le regardent que comme un jeu du cerveau , & le rejettent comme une caufe infuffifante & inutile, qui ne peut rien ajouter k 1'arrangement & k 1'ordre des événemens naturels. Tout eft matériel, & muni de forces agiffantes, mais fbj. pides. Spinoza au contraire reconnoit un Etre intelledtuel & infini pour principe général de la Création. L'Uni- vers  JüILLET, AoÜT,SEPTB. I782. 177 vers exifte dans 1'esprit divin; les ames. font immortelles, impériffables, ce font des idéés de 1'esprit divin. Les Athées modernes méprifent la religion; ils la regardent comme inutile, nuifible a la morale, k la Sociécé, k la Politique.; Spinoza témoigne le plus profond respecl: pour la religion, il recommande par döffus toute chofe la contemplation des chofes divines & veut que Pon commence par connoïtre Dieu. Ce font Ik les feules idéés complettes & pures. La connoiffance de la religion fraye^ le chemin qui nous réunic k PEtre fuprême. Quoique Spinoza paroiffe imbu des erreurs de Socin & de Sabellius, quoiqu'il nie les miracles & qu'il foit le proteóteur de la doótrine du Fatalisme, il travaille cependant k faire confidérer la religion comme le fondement de la morale & du bonheur. On ne trouve pas dans les Ecrits des Athées modernes la pénétration, 1'habilité & le favoir étendu, qu'un esprit capable de fe livrer a des mêditations abftraites découvre M 3 dans  1?S NOUV. BlBLIOTH. BfiLGiqüS. dans Spinoza. Le libertinage d'esprit , le ton fuperficiel & leger qui diftinguent leurs écrits, augmentent tous les jours le nombre de leurs disciples. Ils regardent Spinoza comme un vrai fuperftitieux". AR Ti-  JüILLET, AöUT,S£PTB. 1782. 179 ARTICLE NEUVIEME. MELANGES. I. Lettre oü il n'ENTRE point LA VoYELLE A. Rèponfe a une Lettre qui n'eft point encore écrite. Vous devinerez, Eglé ( que "ne puis je vous donner ici toutes les Epithètes, que vous doivent le coeur & 1'esprit) vous devinerez, dis-je, tout ce que je penfe, tout ce que je fens,tout ce que je ne dis point, lorsque vous voudrez bien m'écrire Ie billet dont je me forme une idéé ü délicieufe; j'ignore, en vérité, pourquoi je réponds donc, & j'ofe deviner, pour vous obéir & non pour me féliciter. Je connois du refte tout ce que 1'on peut dire fur mon compM 4 te,  180 NOUV. BrBUOTH. Belgi^ue, te, je defire tout Sc je n'espere rien: 1'esprit & le jugement difteront ce que vous écrirez; le goüt feul m'infpire ce que j'écris; quel prix quel retour, quelle réponfe fe promcttre d'une docilité qui m'interdit même ce mot fi doux, dont vous infpirez & dont vous ignorez les effets, une lettre de plus ou de moins eft elle donc un crime ? je m'en confole, dois-je le dire ? lorsque je foDge que cette Loi févère ne défend que le mot. Nos coeurs s'immoleront volontiers, pourvu que vous nous permettiez le fentiment. (a) Billet de J. Roujeau d une Demoifelle qui lui avoit demandé un lacet defafacon pour le jour de fes nocet. Le voila, Mademoifelle, ce préfent que vous avez defiré; s'il s'y trouve du fu- OO Nous ne croyons pas que ce billet ait été jamais imprimé; s'il fe trouve ailleurs, on nous pardonoera aifément ce plagiat inVolontaire,  JüILLET, AOUT, SEPTB. 1782. l8l fuperflu faitesen bonne Ménagere, qu'il •air. bientót fon emploi. Portez fous d'heureux auspices cet emblême des liens de douceur & d'amour dont vous tiendrez enlacé votre heureux Epoux; & fongez que porter un lacet tiifu par la main qui traca les devoirs des Meres, c'eft s'en» gager k les rernplir. III. Traduftion Libre d'une infcription Latine de Mr. L. van Santen fur leportrait de Mr. Salomon Dbdelj Contre Amiral de Hollande. A cet air doux & noble, inti épide & modefte, ReconnohTez Dedel, préfagez fes exploits. Pour croire a fa valeur, faut- il qu'on vous l'attefte! Jnterrogez 1'Anglois qui 1'éprouva deux fois. Par Mr. H. N. M 5 IV.  iZt NOÜV. BlBLIOTH. BfiLOlQüB. IV. Vers d Mademoifelle D * M * * *, fur VAnniverfaire de fon jour de Naijfance révolutf célébré le 11 Aouft 1782. De ce jour trés prcspere, Oü fur notre hémisphere, A 1'aftre radieux Qui verfe la lumiere. En entrouvant vós yeux, Du plus vénéré pere, De Ia plus tendre mere, Vous comb'ates les voeux, Voici I'Anniverfaire : Que ce jour eft heureuxl Eh! quelle circonftance, Pour offrir, en efFet, Au genre d'éloquence, Qui s'exprime en cadence, Un plus ample fujet, Que ce jour de naüTance? Mais  JvtLLETf, AOUT, SePTB. Ï782. igsj Mais quelle humble rougeur Colore votre joue! Vous craignez qu'on vous loue» Ah l grande eft votre erreur. Franchement je 1'avoue : Je fuis mauvais flattéur. Oui, je vous le confefle, A donner de 1'encens, Trop gauche eft mon adrefle; Les plus vrais complimens Veulent de la finefle; Et j'ai plus de gros fens Que de délicateiTe. Fiez vous donc a mol, Croyez 4 ma parole, La tenir c'eft ma loi. Sans aucune hyperbole. Je fuis de bonne foi. Oui, foyez en trés fure, Point ne revêlerai Ce que grace & nature Vous donnent fans mefure: Tout je fimulerai. Et fut-ce a la torture Conftamment je tairai, Ce naturel aimable, Respirant la candeur; Ce caraftere affable, Exhalant la douceur; Ce  184 NOUV. BlBLIOTH. BELGIOUEr Ce propos agréable, Cette angélique humeur, Ce tout inexprimable, Qui rend au véritable Votre esprit votre coeur. Cette piété rare Dont ie ciel eft avare, Qui méconnoit 1'excés,' Qui, nullement bizarre , Sans quintes, fans acces, Ne fe dément Jamais, Et jamais ne s'égare. Sur tous ces attributs Que dans vous on admire, Je ne veux rien produire, Pour chanter vos vertus., 11 faut une autre lire Que celle dont je tire Quelques fons rebattus, Siflés par Ia fatire. Aufli, dès ce moment, Sans tambour, ni trompette, Je vais, fort prudemment, Faire prompte retraite; Et ma Mufe discrette Vous dira fimplement, Tout bas-, tout doucement, D'une  JUILLET, AOUT, SEPTB. I782. I&5 „ D'une Santé paifaite „ Jouiflez longuement, „ C'eft bien fincerement „ Ce que je vous fouhaite. Par le même. V. Vers, Imités de V Anglois. Pour charmer ,fi je peux, mes ennuis défolans, Sans fa voir oü je vas, je fais le tour du monde. Tantót fur des rocbers je gravis k pas lents; Tantót fur la plaine profonde Je vogue a. la merci des vents. Aujourd'hui je rencontre une plage féconde, Demain je n'appercois que des fablesbrulans; lei le tems eft caline, ici la foudre gronde, La ferpente un ruiffeau, la roulent cent torrens: Mais dans ma courfe vagabonde Jc ne change point de panchans, Sur la terre ainfi que fur l'onde J'ai toujour pour Fanni mes tendres fentï. mens. Par le même.  185 Nouv. Bibliotrt. Belgique.' VI. On connoit 1'avanture d'Tncle Sc de Tatigo dans le fpettateur Anglois. Mr. Borat en a fait le fujet d'une Héroide, qui a eu du fuccès. Mr. Hoeufft femble avoir furpaffé' le Poëte Francois, Les amateurs en jugeronr. Jaricus, puellae Americanat ai YsclüM) Anglum, Epiftola. Quae legis, Tncle, tibi mittit nuncferva, fed antt Peïïoris Jarico pars bene magna tui. Si quid in bis cirnes inculti forte tabellis, Da veniam, fcribens barbara quippe fuit. Sarbara certe ego fuin, fed quae nonfallere novi, Non Europaeos diffimulaire dolos. Vt übi,fi reliquisfic artespeiiora formant, Quantum tufticitas anteferenda fuit! Et tarnen hi mores jaüari faepe folebant, Terraque, nescio quae, faepa Britanna tibi, Credulitas nocuit, nocuit fallacia amantis Pettora peïïoribus adfimlajfe meis. Felicem, notas cingenti indagine filvas Vita mihi patriis Ji periijfet agris! Sic  Jüillét.Aout,Septb. 1782. 1B7 Sic non fervitium, fic non ego verbera nojjem, Nee tremere ad nutus cunüa jubentis heri. Quid potui poena dignum conmittere tante? Düigere ingratum maxima culpa fuit. Non ego, pollicitis thalami decepta jugalis , Debueram lateri conferuiffe latus. Haec dos paüa mihil _ quamquam non dos miU paüa, Solus at ingratae tu mihi caujfa vïae. Haec rota me niveis veBura per oppida bigis! Haec trabe marmoren confpicienda domus l Haec aurata meo geftanda monilia collo,. Quaeque mibi falfus plura fpopondit amorl Talia J'ervatae redduntur praemia vitae, Cogar ut heul Istho deteriord pati? Talia reddantur, vel Jic non poenitét aS/; Ipfa fatis pretium mens gensroja fibi. Ut meminijfe juvat, quam me jincera volüptas Contigit, hospitium te fabeunte meum l Forte pererrabam jaculis ar mat a f erarum Tesqua, ubifrondofisJilva fiat altacomis; Quum fubito tumidis agitatur fluüibus aequor. Et gravis cjfufa decidit imber aqua. Auditur Unitrusque fragor Jlridorque Notorum, Nee lux ulla, nifi fulminis igne, micat. Handprocul adparet fcopulis adlifa carina, Irato Jpolium mox peritura mari. Duin trahit adtonitam peregrinae machina farmae t Ante oculos cenjlat mufragus ecce msos! Vix  188 Nouv. Biblioth. Belgïqué. Vix pede femianimis titubanti membra trahsba' f ' Nee, m; praeter, opem qui f er at, ullus adeji. Cénmoveor, mox èf (pietas mé folajubebat) Te duco ad patriae rujlica teïïa cafae. Limpidulique fltim pello tibifontis ad undam, • Etfacili vittu,quem dabat herba ,famem. Corpora qiiis ponas, Jlernuhtur ter gaf'erarum, Pro madidis jicca membraque vejle tego. Interea infolitummirans modo frontis bonorem, , Et modo candenti qui micat ore rubor , Et modo non no/ire volitantês more capillos; Nescio quam fenfi ferpere in ojjafacem. Nonjüvat aut piüas in litore quaerere conchas, Aut focias inter ludere, Ut ante, meas. Quim etiam memini, me feptem ex ordini luces Aegrotam nullas exagitajjeferas. Membra notat macies linquitque cubilia fomnus, AdpoJitUm libat vix mibi lingua cibum. Adque tui adjpeüum demittens lumina vultus, Vox mea quod nequiit dicere, dixitamo. Tu quoque vifus eras duro non robore natus Tu quoque fervores aequiparare meos. O quoties, cupidis circumdans colla lacertis, Me fore jurafti tempus in omne tuam! Quam poterim vultus, dicebas, Unjuere amatos ' Ante ftias vertent Lunaque Solque Vices. LunaqucSolque Vices vertant; non linquere tantum Sujtinuit; fervam vendit amator hero, Haec  JuIXLETjAoUT,SePTB. 1782. 180 Haec tarnen ante oculos tibi quid, male grate, repono , Barbariem fleBi ceu ratapojfe tuam% QUem non tanta fides, tantus non molliit ignis, Huk valeant nudifrangere corda foni ? At, puto, natura faltem ftimulante movebit Heu male foecundiflebile ventris onus. In tua quid faevire juvat te viscera, mftrat Sortis & infantem reddere participem ? Tene ego, tene, infatis, emittam in luminis au» ras, Ut  *92 Nouv. Biblioth. Belgïqüe. ARTICLE DIXIEME Frobleme Algébrique. Un Père voyant que fon Fils dgê de 6 ans pouvoit porter un poids de 30 i livrety a ïdge de 12 ans un poids de jo8 liv., kVdgede 18 ans un foids de 168 liv. & a Vdge de 24 ans un de 210 liv. en fuppofant que le Fils avancera en force fur * * le même pied, ê? qu'aujji il ceffera de viyre, lorsqiCü ne pourra plus rien porter, demande quel dge ce Fils atteindra,, ö" quand il aura fa plus grande force ? S O L U T I O N. Les années 6. 12. 18- 24 &c. font dans une Progreffion Arichmétique, è laquelle on peut fubftituer auffi la férie 1. 2. 3. 4. &c. dont chaque terme doit  JlTlLLETj AOUT, SEPTB. I782. I9J. doit être multiplié par 6, Cette férie contient Ie nombre des termes de la férie des différens dégrés de force 30. 108. 168. «10. &c. c'eft pourquoi les fécondes différences font des quantitês conftantes, ainfi qu'il paroit par ce qui fuit. Nombre des termes. 1. 2. 3 4. 30. 108. 168. 210; Premières dif, férences. 78. öo. 42. &c. Secondes différences. — 18. — 18. On peut donc exprimer le Problême d'une manière plus générale. Etant donné une férie de nombres, dont les fécondes différences font négatives, & conftantes, trouver le quantième terme de cette férie qui s'évanouira, & en même tems déterminer le Maximum de Ia férie, ou le plus grand terme. Pour cet effet fuppofons qu'on ait cette férie, 1. 2. 3. 4. 5. 6. A. B. C, E, F. G. N 3 Pre-  Ï94 Nouv. Biblioth. Beloique. Premières différences. a, b, c, e, f. Secondes différences, «,—«. Parconféquent B—A = a. & B = A + a, C—B=:b, örb — a=«, &b = a 1—«, donc C=b+B=A+2fl — *• Deplus E—C = c, donc ErrC-fr c, mais c—b =—«, donc c==b— r=a— 2«, parconféquent E=A+3a — g cc, On trouvera de même F=A+4a— (5 «. Les termes de cette férie prendront donc la forme fuivante. i 2 3 4 S 6 Chaque terme de cette férie confifta en trois membres, dont A eft le premier, fi n = eft au nombre des termes, le fe?Qfld membre pourra ètte exprimé par A=A B = A + a C=A + 2 a — *. E = A + 3 a — 3 *. F=A + 4 a — 6 *. G= A + 5- a — io* &c.  juillet, AOUT, SEPTB, I782. I95 (« + 1) *, les Coèficients de * dans le trcfième membre font des nombres tri-, angulaires, qui commencent au troifième terme, & font exprimès par, Par conféquent la formule générale pour chaque terme de cette férie eft = A + (m — 1) a — (n — O (« — O a» ce qui cxprïme le dégré de force pour le nombre d'années o. II faut rendre cette formule = o pour trouver 1'année n, oü les forces ceffent, & oü 1'homme meurt. En pofant donc A +f>-0 a — O—O (» —2) * —- o, on obtient une équation quarrée, d'oü Pon trouve n=:(3 « + n + Telle eft la première opération. Pour trouver le Maximum du. dégré de force, il faut rendre la Différentielle du dégré de la force, ou de CA + (» — 1) a— O—O O-a) V=o; en confidérant » comme variable , N 4 de  ip5 Nouv. Biblioth. Belgique. dela on trouve a da — (n—.2) -frai) ^ = oAdonc»=^ ce qui étoit Ia feconde opération. Appliquons cette Equation au problême propofé, oü A = 30, a = 78 & » == 1$. On trouve donc, d'après les deux racine», qu'on a trouvé deux cas, oü les dégrés de force ceflent, ou deviennent nulles; 1'un doit donc indiquer le tems de la mort, & 1'autre celui de la naiflance, c: h: d: ra = (210 + 186 ) ---- parconféquent ra = n eft aufli == ces nombres étant multipliés par 6,1'on trouve 66 &4. pour les années oü les forces ceifent ou font nulles. Ainfi le Fils mourra a 1'êge de 66 ans. Mais que fignifie Ia feconde racine? A 1'age de 4 ans les forces étant bien avancées, la feconde racine ne peut être utile, & elle doit cependant indiquer le période de la nailfance, on ne peut donc pas pofer quelque chofe d'arbitrai, re  JüILLET, AOUT) SEPTB. I782. 197 re pour A ou le dègré de force d'un certain age: pour que cette feconde racine, ou«= — J 2 * (3a + 2 « — Vl A m + (2a + *;2) devienne = 0, il faut que 3 * + 2 * foit = y A * + ( 2 a + «) *) d'oü il fuit que A = * + a, c: k: d:, le dègré de force d'un premier période, doit être égal a la fomme de la première & feconde Différence négative. En pofant donc A = a + «, on trouve n = 3 a ^ 2 * === au tems du décès. M Mais puisque le Maximum du dégré de la force a ététrouvé == 3 * ^2 *, il fuit que le Maximum a lieu au milieu du période de la vie, ainfi une pcrfonne qui mourroit a la 8ome année de fon age, auroit eu le plus de force a 1'age de 40 ans. Au contraire, le tems oü elle auroit atteint fa plus grande force étant donné, on pourroit probablement prédire fa mort. J'ajouterai feulement un N S exem-  jp8 Nouv. Biblioth. Belgique. exemple; fuppofons que le dégré de force d'un enfant d'un an = 23 = A , cette force accroit de facon qu'a la feconde année elle eft de 45, a la troilième 66 &c. a fera = xa, « = 1, parconféquent cette perfonne mouranfc 3 a f 2 <* après le période de —j-t: = 68 ans, auroit eu fa plus grande force dans la 34m= année de fon Sge. NB. Ce Problême intireffant eft tirê de la Dijfertation de Mr. Hennert dont nous venons de rendre compte, {Art. 8,) ARTI-  JüILLET, A0UT,SePTB. 1782. I99, ARTICLE ONZIEME. Avis, & Annonces. MACHINE PORTATIVE PARITHMETIQ UE, d'u m e Invention Recente, Chez F. J. R O E D E R, Libraire d Wesel. Depuis plus d'un Siècle les Savants s'oc» cupent a trouver un moyen Méchanique & expéditif pour faire toutes forte* de Calculs, pour réfoudre ies problêmes les plus difficiles fans autre fecours que celui des yeux & de la main- Le célébre Blaife Pafcal, cet Homme extraordinaire qui regut en partage de la nature tous les dons de  aoo Nouv. Biblioth. Belgique.' de l'efprit, s'eft propofé Ie premier de donBer ce moyen par fa fameufe Machine arithmétique, qui porte fon nom & dont Monfieur Diderot a fait la Defcription exafte dans le premier volume du Di&ionnaire Encyclopédique: Leibnitz, un de ces Hommes privilégiés qui embraffent tout & qui réuflisfent dans tout, Hiftorien, Philofophe, Julisconfulte & Mathématicien du premier ordre, cet Homme univerfel employa une partie de fon tems & de fa fortune a perfeétionner cette Machine, qui ne fut même entièrement achevée que dans les' dernieres années de fa Vie. Le Pafteur Habn a Kom. •weftheim, prés de Louisbourg, en marchant fur les tracés de ces Hommes illuftres a réuül a fimplifier cette Machine, dont Je Mercure jllkmand de 1'an 1779 & la Gazette d'Education N°. 31. ont donné quelque détail. Mais malheureufement toutes ces Machines font couteufes, embaraffantes par leur volume, fnjettes a fe déranger, & d'aiileurs n'exprimant pas en dernière Analyfe toutes les rélations poflïbles de quantités, qui entrent dans un Problême comme on le voit par le profpeftus même de la Machine du Curé Hahn. Un Mathémacien de ce Pays sprès des recherches bien pénibles a eu le fuc-  JüILLET, AOUT, SEPTB. I782. 20ï fuccès de lever tous ces obftacles; il a inventé & conftruit une machine d un trés petit volume, qui n'a que deux pouces de largeur fur fix pouces de longueur & haut d'un & un quart & qui, mis dans un Etui de bois, defigure parallélogramme, eft femblable è une Tabatière de tabac è fumer dó moyenne grandeur; tous les produits & tous Jes quotients poflibles & imaginables a 1'iufini fe trouvent d'abord a 1'aide de cette Machine, d'ailleurs elle eft d'un Méchanisme trés fimple , fans roues, fans pïgnons & par conféquent en aucune facon fujette i fe déranger. Au refte cette Machine ne préfente pas les opérations è'Addition & de Souflraüion, efpeces qui étant trés fimples, faciles & i portée de tout le monde ne fatiguent pas aflez l'efprit pour qu'on ait befoin de recourir aun moyenmechanique,ellesentrent, il eft vrai, dans la Machine du Pafteur Hahn: mais avec cet inconvénient infurmontable de ne pouvoir y trouver, la fomme mi je total de deux nombres donnés a la fois; L'auteur de cette nouvelle Machine portativa s'eft donc bomé avec raifon a la Multiplication & Divijion, dont la qualité des lignes hcrizontales des nombres eft toujours égale, dans  $02 NOUV. ËIBLTÓTH. BéLGIOUÉ. tians tous les problêmes quelconques. On n'a dans 1'ufage de cette Machine qu'a reJnuer quelques barillets & a transcrire les produits ou les quotients qüe la fuite d'une opération mechanique ofFre aux yeux, On. y ajoutera au refte une Inftruclion imprimée pour faciliter cet ufage & 1'identifier avec les opérations du Géometre & du Cominereant, fur tout dans 1'art de tenir les li» vres è partie doublé, qu'on nomme pratique Italienne, Si le Public malgré le peu d'utilité & I'inconvénient fusmentionné fouhaite d'avoir une Machine üAdiilitm i§ de Seujtraüion, 1'Auteur s'offre de la lui fournir, mais elle fera d'un plus grand volume, & fujette au même inconvenient, que celle de Moniieur Halm. 11 fera trés inutile de s'étendre ici fur Ja commodité de cette Machine. les opérations arithmétiques font indispenfables dans le commerce ordinaire de la Societé , elles ne le font pas moins dans les applications, que 1'on en peu faire aux Mathématiques, a la Phyfique & aux Arts, puisqu'en deroière analyfe les rélations des quantités, qui entrent dans un Problême, doivent toujours être  JülLLET, AOUT, SEPTB. ï?82. 2O3 être exprimées en nombre-, les Méthodes pour énoncer ces Calculs numériques une fois trouvées, leur ufage monotone prolixe & difficile fatigue fouvent 1'attention fans occuper l'efprit, ou augmenter le eerde des connoiffances. La Machine qui par le fecours des yeux & de la main offie la combinaifon & les réfultats les plus difficiJes des calculs ne peut donc être que d'une utilité, & d'unecommodité fenfible. Le foufigné F. J. R ö d e r , qui poffede cette machine, fe préfentede la montrer i ceux, qui pourroient douter de la réalité de cette nouvelle Inventionj la Juftice de Wefel & plufieurs Scavans ont déja fait reffai de cet Inftrument ar'thmétique, & ils fe font offerts de donner 4 cet égard des certificats par écrit. L'auteur choifit pour la diftributïön de fa machine, la voie de la foufcription ou prénumération , parcequ'il eft honnête qu'il ait un petit revenant bon pour les peines, effais & frais que cette décesuverte lui a couté ; mais ce gain eft trés modique, puisque les Souscripteurs pourront avoir cette machine chez le fouffigné F. J. Rö'd er, avec fort Etui de Bois, ainfi que 1'inftruér.ion en francois ou en flamand, pour une Piftole en Or, &  S04 NOUV. BlELIOTH. BfiLGTQUE. & en Etui de bois de maboni pour deux Du~ cats d'Hollande, affrancbi de port jusqu'a Amfterdam, Berlin, Francfort fur le Main, LeipJïc, Lubec & Hambourg, ou en tels endroits, qu'on fouhaitera de 1'avoir. L'on fouscrit par prénumeration chez les Colle&eurs fousmentionnés, ainfi qu'auxBureaux des poftes en Allemagne, dans les grandes Villes & Univerfités, & la première diftribution ou livraifon s'en fera a la fin de Mars de l'an 1782, afin que 1'Auteur, qui en a déja un petit nombre, puifle gagner du tems pour livrer tous ceux, qui feront commandés au terme marqué. Les Collecteurs auront pour bénéfice, une de ces machines fur dix, a diftribuer, & fur cinq la moitié de la Valeur, qu'ils pourront décluire fur 1'argent qui leur fera remis : on les prie feulement d'envoyer au plutót, lorsqu'il- y-a 10 a 20 Souscripteurs leurs noms au fouffigné, afin qu'on les puifle imprimer a la tête de rinftru&ion, & fcavoir le jufte nombre des machines a conftruire. On les prie ègalement de vouloir encaiffer 1'argent de la prénumération, ainfi qne de répandre cette nouvelle Invention dans Ie Public. Les fusdits Colle&eurs, qui fuivent, f».  JrjILLET, AOUT, SEPTB. 1782» 20£ feront auffi priés de prendre 1'avance & de mettre en lumiere cette nouvelle invention. ' Monfieur Ahlfeld, a Wittenberg. Mr. BaJJompiere, a. Liège. Mr. Bede , a Hambourg; Mr. Boffiege, a. Gottingen. Mr. van den Brink, a Utrecht. Mr. Bruyvlied, a Rotterdam. Mr. Bruyfet, a Lyon.. Mr. Cotta, i Tuiingen. Mr. Cramer, a Bremen. Mr. Cramer, & Ca/fel. Mr. Cicno, a Jena. Mr. Donatius, a. Lubec. Mr. Drach[ledt, h Bauzen. Mr. Endters, a Nurnberg. Mr. Met, a .Ba/e/. Mr. Fioerfce, a Dantzic. Mr. Franfcen, è Minden. Mr. Gebauer, a Ha/Ze. Mr. Gehlen, è Fienne. Mr. va» Gior, a iVijnfgue. Mr. GrffiW, a Varfovie. Mr. f?arr*»oc«, a /Jiga. Mrs.„ Haude & %ner, a; .Ber/i». Mrs, Heinek & Fafc«r , h Copenhague. Mr. Heinftus , a Leipjic. Mr. Hoffmann, £ Weimar. Mr. Kanter, i Koeningsberg. Mr. KeJJler, a Francfort fur le Main. Mr. ZfoA/a Pètersbourg. Mr. Koppe, a, Roebelle. Mr. iforw, Jan. a Breslau. Mr. Krieger, h Giefjen. Mr. Kuhnlein, a Helmfledt. Mr. Löchner, a Ulm. Mr. Luchtmans, n libre & complete aura édairci ch ique partie de la législation, alors c'eft a ceux que le fort a chargés  JülLLET, AOUT, SEPTB. I782. 217 gés de diriger les états, de choifir parmi les projets qui leur feront préientés, celui qui s'accordera le mieux avec les circonftances pbyfiques, morales & politiques deslieux qu'ils gouvernent. Sans le concours de ces deux conditions, il eft impoffible que le= loix foient bonnes; car fans les lumieres des écriyains, que peuvent les législateurs ? Ignorans ou eruels, ils font méprifés ou haïs; éclairés, ils ne font pas entendus, paree que les esprits ne font pas aflez préparés. Et d'un autre cóté, 'es projets des écrivains ne font que des rêves, lorsque les chefs n'ont pas le courage de les réalifer. Nous ne fommes plus heureufement dans ces tems, oü un prince s'üuaginoie être un héros pour avoir fait alTafliner des hommes par milliers fur un champ de batailie ; les fouverains d'aujourd'hui s'occupent du bonheur réel de leurs fujets. Or une des parties de 1'adminiftration qui contribue le plus a ce bonheur, eft fans contredit la législation criminelle. C'eft cependant celle oü les législateurs ont fait plus de faur.es, oü les fautes ont été plus funeftes aux individus & d la fociété. 11 s'agit de les réparer; on le peut, fi 1'on adopte les deux moyens que j'indique. c'ett  2i8 Nouv. Biblioth. Belgique. C'eft pour remplir la première conditionele cette opération, que j'offre au public cette BibÜotheque philofophique fur les loix criminelles. Le titre en annonce 1'étendue, & 1'esprit dans lequel elle eft compofée. II n'eft pas queftion de faire reparoicre ici les abfurdités pleines d'érudition, qu'ont enfeignées les anciens criminaliftes, & que les lïecles ont crus avec ftupidité. Non, je ne citerai, je n'analyferai, je ne publierai que les écrits qui ont paru depuis que la raifon a éclairé la jurisprudence, depuis que les philofophes ontcombattu fes erreurs. Tels font parmi les Francois, Montesquieu, Dagueffeau, Voltaire, Servant, Letrosne, Linguet, Dupaty, &c. &c, Parmi les Italiens, Beccaria, Riz2i, Caldara, Mutena, d'Arco, Monterofate. Parmi les Anglois, Blackftone, Dagge, Howard, Fielding même, dont on a quelques morceaux curieux fur les loix pénales. Parmi les Allemands, Sonnenfeld , Boehmer & plufieurs anonymes, &c. &c. A 1'exception du traité de M Beccaria, des discours de M. Servant & de M. Letrosne, & de quelques fragmens de Voltaire & de Linguet, on ne connolt point du tout les autres ouvrages, foit francois, foit étrangers, qui ont paru fur cette matière. cet-  JrjïLLET, AOUT, SEPTB. I782. 2IJ> Cette collection aura donc J'avantage, d'abord, de réunir toutes les differtations & les discours publiés en francois, a prélent épar , & qu'on a bien de Ja peine a trouver; enfuite de faire connoltre les travaus des étranger- , & de procurer par cette doublé réunion, fur Jes loix criminelles, une Bibliotheque complete également intéreilaate pour tous les pays. 11 n'étoit par indifferent, péut accé'érer cette entrepiife, pour y mettre de l'enfemble & conferver par-tout le même esprit, le même ftyle, de connol're une partie des langues de 1'Europe On a dit judicieufement que 1 'étude des langues ne menoit qu'a une fcience ftérile, JorscjuelJe fe I>oriroït i 1'étude des mors; j'ai donc cru pouvoir 1'appliquer a 1'étude des hommes & des loix Caphmtur Jigna hand levia, fe£ obfervatu digna de ingeniis £f moribus populsrum ex linguis ipforum. Bacon, De fcient. VI. I. Plufieurs écrivains s'é.ant exercés fur les mêmes objers , ont fouvent employé les mêines raifons. Les publier en entïer, ce feroit tomber dans une répédtion faftidiet;fe. J'analyferai donc fouvent, fouvent auffi je me bornerai a indiquer les auteurs fur telle matière qui aura déja été éciairciff- II  220 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE II n'eft pis queflion ici de furcharger Ie public d'une compüation inutile, mais de 1'éclairer par un choix raifonné La reconnoiffance que nous devons aux bienfaiteurs de Phumanité , m'engage adonner une notice concernant les écrivains dont *es travaux nous ont éclairés. J'y joindrai une autre notice fur les réformes faites depuis quelques années par plufieurs Souverains pour Ie bonheur de leurs peupies. Cette colleétion feroit imparfaite, fi elle n'étoit pas accompagnée d'une tab'e raifonnée. Elle formera le dernier volume. Cette table fera dans un ordre doublé, alphabétique, & par matière?. On y verra fur chaque article les opinions de chaque écrivain, les discuffions, les réfïïtations; enforte que cette table mettra Ie iedteur i portée de voir d'un coup d'ceil les vérités éclaircies, celles qui reftent a éclaircir, & le point oü 1'on s'eft arrêté. Ce travail eft immenfe: je ne I'aurois pas tenté , fi je n'y avois été forcé par la nécesfïté de mettre de 1'ordre dans mes travaux fur cette matière Ma Théorie des loix criminelles, mes deux discours fur la réf.irme des loix pénales en France, 1'HiJloire de la législation criminelk de tous les tems, de tous les  jfüILLET, A0UT,SePTB. I782. 22Ï les pays, & laquelle je travaille actuellement, önt pour buc dindiquer les abus des législations anciennes & modernes, Jeurs remedes, & par Ie choix des meilleures loix poffibles, de concourir au bonheur des peuples. Mais, pour choifir, il falloit comparer; pour comparer, il falloit rapprocher les écrivains de tous les tems, de tous les Pays, pefer les raifons, en imaginer de nouvelles, & du conflit des discuflions faire fortir Ia vérité. Ces comparaifons m'ont encore mis a portés de relever des erreurs chez beaucoup d'écrivains, d'éclaircir des paffages, de développer des vérités qui n'avoient été qn'entrevues. Et tel eft 1'objet des notes qui accompagneront chaque discours, Cet ouvrage eft celui de tous les amis de 1'humanité. J'ofe donc espérer que tous ceux qui defirent fon bonheur & la réformo de fa législation, concourront a fon exécution. Je les invite a m'envoyer leurs 'obfervations , mémoires , renfeignetnens, a cette adreffe: A. M. Desauges, libraire, rus S. Louis du Palais, pour 1'Auteur de la'Bibliotheque criminelle, a Paris. Cette colleétion contiendra dix volumes in 8". de quatre a cinq cents pages, imprimés mêmes caradteres, même papier que Tome III. Part, 1 P me  22 2 NOUV. BlBLIOTH. BeLGICTUE. ma Théorie des loix criminettes. Les deux premiers paroitront au commencement de 1'année 1782, les trois & quatre vers Ie milieu, enforte que toute Ia colleétion fera linie vers la fin de 1783. Le prix eft de 4 liv. par volume. On fera Ia remife de quinze fois par volume aux libraires, & même aux perfonnes qui, avant la publication des deux premiers volumes, fe feront infcrire pour Ia coüection entiere, en affranchiffant leurs lettres. On donnera Ie treizieme gratis & ceux qui prendront douze exemplaires. On peut s'adreffer: A Paris, chez Desauges, libraire, rue S. Louis du Palais. A Neachatel, a Ik Société Trpo- graphique. A Londres, chez Becket, in theStrand.A la Haye, chez C. Plaat, libraire. A Lyon, chez les freres P e r i s s e. AHambourg, chez Virchaux, libraire, &c. N O U-  JüILLETj AoUTj SEPTB. I782. 223 NOÜVELLES LtTTERAlRES. Hijtoire naturelle, générale £? particuliere, pour fervir de fuite d l'Hisloire des animaux quadrupedes, par Mr. le Comte de Boffon fifci £rV. Supplément , Tome V. Nouv. Edit., d Amfierdam cbez J. H. Scbneider; avec privilege 40. 1781. Cet Ouvrage qui paroit fous le tifre de Supplément a 1'Hiiloire naturelle, eft du en entier è Mr. Allamamd, ProfeiTeur a Leyden. II contient une description fort exaéte & des deffeins fupérieurement bien gravés des Animaux, dont Mr. Gorden , Capitaine au Cap de Bonne Espérance , a communiqué la figure & 1'hiftoire. Aucun de ces animaux n'a été décrit dans 1'édition de Paris. P 2 K,duardi  224 NOUV. BlBLIOTH. BELGIQÜE. Eduardi Sandifort, Med. Anat. Chirurg, in Acad. Batavd , qua Leidat eft Profejforis , Descriptio muscukrum Hominis &c. c. a d. Description des muscles de 1'homme, par Mr. Sandifort Profeffew en Medecine, Anatomie & Chirurgie è Leyden; Leyd. chez P. van der Eyk, £f D. Vygh. 40. Le but de Mr. Sandifort dans cet Ouvrage sü de faciliter aux Etudians Ia lecture des Ecrits du grand Albinus fur Ia Myologie. On trouve encore chez les Libraires, fusdits les Obfervations Anatomiques Pathologiques du même ProfeiTeur, Tome IV. in 40. Cette continuation doit confirmer le Public favant dans la haute idéé qu'il s'eft formé de Ia capacité & de la vafte érudition de Mr. Sandifort. Proeven van Poëtifche Mengeljloffen &c. c. a. d. Ejfais de Mélanges de Poëfic, par la Société fous la Devife, L'Amour de l'art n'êpargne aucune peine; auxquels on ajouté les Pièces de Poëfies couronnées par la même Société, Tom. VIII. a Leyden , chez C. van Hogeveen Junior, & P. V D. Eyck en D. Vygh in S». 1782. Oa trouve dans ce Re-  JüILLET, A0UT,SEPTB. 1782. 225 •cueil plufieurs morceaux faits avec goftt & avec foin; Ie meilleur de tous. fans contredit eft la pièce couronnée. Le fujet du prix étoit le Discours de Charles V. a Phiüppe II. en abdiquant en fa faveur Ia Royauté. Mr. Rhynvis Feitfi, connu déja trés avantageufemect fur le Parnaffe Hollandois, vient d'obtenir la médaille, & ce choix fait autant 1'éloge des Académïciens que de 1'Auteur. On trouve dans ce Discours des penfées neuves, une manière forte & énergique, un coloris brillant & furtout beaucoup de finefie & de goüt, ce qui n'eft pas abfolument ordinaire parmi quelques-uns de nos Poè'tes modernes. Nous ferons connoitre quelques endroits de ce Poëme; quoique traduire les vers en profe, ce foit peut-être leur rendre un bien mauvais fervice. II étoit difficile de faire entrer dans ce Discours Ie tableau des cruautés que Philippe exerca dans les Pays-Bays, cependant c'eft peut être - ici le morceau le plus intéreffant del'Ouvrage dont nous parions. Mr. Fdth s'eft fervi d'un cadre fort ingénieux. Charles V. tiche d'infpirer a fon Fils de hautes idéés fur Ie caraétère du Hollandois. „ L'Amour de la Patrie anime fes aflions, P 3 une  226 NOUV. BlBLTOTH. BeLGIQÜE. une confcience tranquille fait naitre des rofes fous fes pas, le coup d'ceil farouche d'uij Tyran ne fauroit 1'effrayer, ni 1'empêcher de faire fon devoir. Menacé de mille morts il ne foupire encore que pour le bonheur de fes concitoyens, accablé des maux les plus cruels, environné des plus affreux dangers, il a de fon cóté malgré tant de penis, tout brave Hollandois, & Ie ciel & fon coeur. Affemblez des armées nombreufes, couvrez Ia mer de vos vaiffeaux, repandez Ja terreur de 1'Orient a I'Occident, affervisfez les nations, rempliffez la terre de carnage & de défolation, votre rage, votre fureur n'ébranlera pas fa fermeté. De chaque goutte de fang que vous ferez répandre, nakra une armée innombrable de Héros «jui vengeront la mort de leurs compagnons. I!s triompheront enfin, 1'ambition fera punie, on maudira Ie Tyran, & 1'on brifera fes chaines. Voila le fort de Ia Tyrannie. — Tu me vois frétnir ■— ne crains rien mon Fils; Philippe Je connois ton coeur, c'eft a tes vertus que je j'abandonne un thröne. J'attends tout de ces vertus ■ - cependant moi qui ne connus jamais Ia terreur — le dirai-je? un fonge vient troubler lacalme de mon amej fon image erre fans ces-  JüILLET, AOUT, SePTB. 1782. 227 xeffe autour de moi; un frtmiffemenf in volontaire s'empare de mes fens. Je voyois tin fombre nuage étendu fur ce Pays; la douce aurore ne venoit plus confoler les mortels; on ne voyoit plus ce beau foleil dont I'édat ranime Ia nature. A la pale lueur de torches lugubres dont 1'odeur fe lépandoit au loin, Ja tyrannie parcouroit en fmieufe les villes d'alentour; une année de bouneaux accompagnoit fes pas; elle leur diftribuoit des inftrurrens demeurtre & de torture. La mort guidoit leur fer, 1'on n'aspiroit qu'aux fiammes , qu'au pillags, 5a Fureur fe baignoit dans Ie fang des Citoyens; les plus horribles eruautés devenoient un devoir facré, 1'age, le fexe, les conditions, rien ne fut épargnc, toute la contrée »'étoit plus qu'un vafte échaffat't. Ici 1'on entendoit des cris, de.; pleurs, des gémiffemens fe réunir au fifllement du fer, aux mugiffemens des flammes; la 1'époux accufé & puni au même inftant tomboit aux pieds d une époufe chérie, & cette jeune fleur a peine épanouie voyoit un fer meurtrier couper la trame de fes plus beaux jours. Plus loin, dans Ie fein même d'une Mère, une Fille abandonnée a toute la fureur d'une Soldatecque effrénée, hatoit par fes crïs un fupplice moins affreux pour elle; par P 4 fon  228 Nouv. Bibliot». Belgique. fon muet mais attendrifTant langage Ie jeune enfant excitoit envain Ia compaffion, je Ie vis arraché des bras de fa Mère, & écrafé a fes yeux fur une pierre, qu'il rougit de fon fang. Les Saints Lieux n'ont rien de facré pour ces impies, ils font en proie aux fiammes. Vainement des fujets tremblans implorent Ia juftice. Les heurlemens de déféspoir montent jusqu'aux cieux, & fe réuniflent au bruit du fang & des larmes, au cri de 1'honneur, aux gémifiemens de 1'innocence, aux pleurs de la piété, a la voix de 1'humanité — ce cri aigu pénêtre jusqu'aux cieux, il retentit dans les voutes cé lefr.es, & les rempïit d'une fainte horreur. L'creille de 1'Eternel en eft frappée. II fait un figne — a 1'inftant un miniftre' de fis vengeances descend fur Ia terre fa foudre frappe le Chef de toutes ces barbaries; - il chancelle, reconnoit le Dieu vengeur, & grince les dents de défespoir & de rage. Le féraphin fe jette fur lui, & le renverfe de fon fiège. 11 frémit -J^ il s'abiine devant le thróne du Dieu terrible - j'approche, grand Dieu! c'étoit toi! ö mon Fils! DiJJerttttio Jariiica inauguralis, de Majer. tate legibus armata , ac privilegiis decorata, quam  JUILLET, AOUT, SEPTB. 1782. 229 quam pre gradu DoBoratus fummisque in atroque jure bonoribus ac priviiegiis rite ö5 Zegitime conjequendis, eruditis examinandam offert Petrus va n der S ta r , Dordraco Ba~ tavus, Lugd. Bat. apud Fratres Murray 1782. Cette DilTertation n'offre rien de neuf, mais L'Auteur entend la matière, & développe les principes d'une manière claire & fatisfaifante. Dijfertatio Juris Naturae inauguralis, de aequalitate in contra&ibus praefertim onerofis inter paciscentes obfervanda; £fe. &c. AuBore W. J. G. van Gendt. Lugd. Bat. 1782. in 4Q. de 104 pages. La place nous manque pour donner une idéé de cette excellente DilTertation, qui fait honneur aux talens de Mr Van Gendt. 11 paroit avoir médité profondement fon fujet & polléder des connoiffances bien rares a fon age. 11 n'eft pas néceffaire d'être Jurisconfulte pour lire cet Ouvrage, qui trouvera des Lecteurs parmi tous ceux qui font cas d'une faine philofophie: nous exhortons 1'Auteur a prendre fur lui la tache qu'il abandonne trop modeftement a d'autres dans fa préface, & nous espérons voir paroltre un jour la fuite de cette DilTertation, qui devra contenir 1'application de fes princiP 5 pes  230 Nouv. BruLroTH. Belgiqve. pes au Droit Romain & i notre Iurisprudence. De togt van Ce/ar Jofephus de tweede, &c. C a. d. Le Voyage de l'Empereur Jofeph II au regne de l'immortalité; a Am[l. chec J F. Rofard en Comp. 1782 in gr. Qfir. 22 pa!r'. Frtx f o - 6 • o Autrefois on ne déi&oit les Empereurs qu'aprés leur mort, 1'Auteur de ce Voyage va plus loin, il ronduit fon héros de fon vivant au regne de i'immortali. té, d'oü il ne Ie fait revenir, que pour demeurer encore quelque tems le bienfaiteur du monde; II nous femble que c'eft poufier la flatterie un peu loin. Sans doute Ie regne de Jofeph II fera mémorable a jamais dans 1'hiftoire, & Ie Poëre auroit dü fe ontenter d'affurer cette ipmorfalité a fon Héros, mais le déclarer immortel dès fon vivant, c'eft anticiper fur les droits de Ia poflérité. Au refte 1'Auteur pêche encore contre une des premières loix de la poe'/ie, qyi défend Ie rconftrueix mélange des Dieux du Paganisme, avec les objets révéiés de nc:re foi & de notie culte. De kleine Grondt/Jon &c. c. è d. Le petit Gaandijjon, ou le Fils Obtijant , dans un? Juht  JüILLET, AOÜT, SEPTB. i;82. 231 fuite de Lettres & d« Converfations, par Madame de Cambon, née van der Werken, 2 vol. h la Haye chez H. H. van Drecht 1782 in 8°, Prix ƒ -20-0 On fuppofe dans ce Roman , que Ie Chevalier Sir Charles Grandisfon, ce modele de 1'humanité exifte encore, c'eft chez lui, qu'une Dame Hollandoife envoye fon Fils, qui fe propofe Grandiffön pour modele. Cet ouvrage eft écrit fort naturellement, & nous le croyons fort utile aux enfans; des perfonnes faites Ie liront même avec plaifir. Madame de Cambon a trouvé 1'art d'intéreffer le coeur fans préfenter a 1'esprit des objets bien capables de le fixer; c'eft qu'elle a peint la vertu fous les plus douces couleurs, & que les événemens de ce petit Roman ne fortent point de 1'ordre ordinaire des chofes. Vaderlandjche Hijlorie &c. c. a. d. Histoire de la Patrie (ou des fept Provinces Linies) rédigée d'une fagon impartiale d'après des Pièces authentiques: Tom. II. Part. I. in 8°. de 160 pag. a Amfterdam chez de Jongh &f IVynands, Prix ƒ 1-0-0 Nous annon«james cette entreprife dans un des Trimestres de cette année. (Janv.-Mars pag. 263.) Cette première partie du Tome II, contierft les événemens de notre Hiftoire depuis 1'année 1759 jusqu'en 17Ó5. Et ne ren-  232 Nooy. BiBLiora Belgique: Tenferme par conféquent que des chofes otri ont rapport au gouvernement intérieur de la République, mais on la lira dans ie mo. ment préfent avec d'autant pius d'iotérêt, quelle retrace fous 1'année 1759 notre mol dération envers 1'Angleterre, d'une facori qui rappellera notre conduite en 1770 mo dératiou dont cette Puiffance n'a que'trop abufée depuis. F j, Tnir ?Ckt' in Lette^dig Kabinet, c. a. d. BMmheque Plrilologique, Poëtique fi? Littermre ou Recueil de DiJJertations fur la Lan. gue laPoepe g> ïa Littérature Hollandoife & l ufage des amateurs de la Poëfie, rediJ *ar Mr. bREKDssA Brandis. 3 vol nS2 A Amft. chez Greenewoud, gr. jn 8° Cet' te Bibliotbèque nous a paru infiniment intéreffante a tous égards; elle eft fouotit deftmée a fermer nos jeunes gens, è leur donner le vrai goót de la poëfie, & & ]e familïarifer avec nos meilleurs Auteurs Cet Ouvrage périodique fe continue avec fuc cès depuis 1'année 178r. La première par" -tie du Tome III. qui vient de paroi;re ren ferme la continuation d'une DilTertation de 'Thomas Warton fur 1'origine des Romans en Europe la tradudion de cet Ou.rage Auglors eft fa.te avec foin, ainfi que celle de quelques Fables Juives, tr^duites de 1'AI- le-  JurxLET) AouTj Septb. 1782.233 Iemand. Chaque Volume eft t&rminé par des pièces de Poëfie qui ont toutes plus ou moins leur mérite. Le Rédacteur en fournit un bon nombre. II ne faut pas croire au refte qu'on fe borne dans cette Bibliothèque Poëtique rjf Littéraire a de fimples traduftions, On y rencontre plufieurs Mémoires originaux, qui font marqués au bon coin, tel eft furtout Ie Mémoire du Rédacteur (ïome II. N°. 2) intitulé, EJfai d'Obfervatkns Poëtiques, oü les règ'es de Part Poëtique font dévéloppées avec autant de justeffe que de précifion, il nous a paru que Mr. Brender donne avec le même fuccès lalt gon & le modele. Principes de Geométrie Élémentaire & 1'ufage des Commenfans, par f.D. Blassièee le Fils, o la Haye chez Menfert, gr. in 8°. de 191 pages, 1782 Prix f 1-8-0 Cet Ouvrage de Mr. Blajfière Ie Fils eft un Extrait du grand Ouvrage deMr.fon Pere, intitulé, Introdaüion a la Geometrie Théorétique& Pratique, dont les Journaux ont rendu compte dans le tems. Son but en y travaillant, dïcil modeftement, a été de s'inftruire, & Ie. defir d être utile aux commenems Ie lui a fait publier. 11 nous a paru que la méthode du jeune Géomêcre eft claire & facile vuita  234 Nouv. Biblioth. Belgique. voila fans doute Je meillenr éloge qu'on puifle faire d'un ouvrage de ce genre. Lorsqu'on aura bien écudié ce Livre il fera aifé" d'entendre Euclide & les autres Mathématiciens. Au refte c'eft un phénomène dans Je monde favant, que de voir un jeune homme de quinze ans publier un Ouvrage qui fuppofe des connoiffances & une applicacion bien rares è cec age: il eft élement honorable pour Mr. BlaJJière d'avoir formé un tel fils, qu'il l'eft pour celui ci de marcher fur les traces de fon Père: Nous espérons que 1'accueil que 1'on fera a ce Livre, engagera 1'Auceur a publier bientót 1'extrait du Traité de l'Arpentage, qui coatiendra la géométrie pratique. Reize naar Peru &c. c. a. d. Voyage au Ferou, depuis 174.9. 1770 par le P. Wolfan* Bayer Jéfuite, i Amjlerdam chez Holtrop* gr. in 8°. de 204 pages, 178?. Prix f 1.5-0 C'eft Ouvrage eft traduit de 1'AIIemand, & peut fervir de fuite aux Lettres Edifiantes £? eurieufes des MJJionmires {fc. Le P. Bayer eft un Jéfuice AUemand, qui voyagea pendant Iongtems au Pérou, oü il eut occafion de voir de prés bien des chofes. Au lieu de nous entretenir de prétendus miracles, de converfions furnaturelles, dont abon- dent  JüILLET, AOUT, SEVTB. I782. 235- dent les Lettres Edifiantes £f Curieufes, qui quelquefois ne font ni I'un ni 1'autre, Ie P. Bayer entre dans des discuffions fort intéreflkntes fur Ia nature de ces valles provinces, fur fes productions naturelles, fur leur gouvernement &c. Son flyle ell fimple, mais chatié, il montre la plus parfaite impartialité au fujet de la religion, & de ce cóté la même, fon Ouvrage fera trés utile pour tous les Chrêtiens. Enfin après Ia traduftion de 1'Ouvrage de D. Juan en D, A. de Ulloa, nous ne connoiflbns point de meillenr Livre de ce genre en Allemand ou en Hollandois. Dijjertatio Juridica Inauguralis de Judicilus prafertim de Scabinis in Be'.gio a primis inde temporibus — quam Erudhis examinandam offert, Daniël Deutz, Amflelodamo Batavus Leyd. 1782. Cette DilTertation peut fervir de fuite 4 celles de M. Af. Heeneman, Van der Pot [y Poelman, annoncées dans nos premiers Numeros, entant qu'elle roule fur des points curieux de notre ancien gouvernement. Ceux qui cultivent la Jurisprudence Hollandoife trouveront des détails fort intéreffans fur la nature & les fonótions des Juges, nommés Echevins. Le jeune Auteur fait preuve d'énidition & de dis*  2j5 Nouv. Biblioth. Belgiqvb. discernement, & nous voyons avec bien du plaifir, que le goüt pour i'étude de 1'ancien Droit Public Hollandois tiré par Mr. Kluis d'un long alToupifrement, fe réP3nde de plus en plus. Au refte Mr. Deutz eft non feulement habile Jurisconfulte, mais encore bon Poëte. II donne un effai de fes talens dans ce genre dans une Epitre placée a la tête de fa Differtation & dédiée a la Patrie. Voici les voeux qu'il forme pour elle , „ Magna Batavorum praefes , Concordfa rerum, * Cui foli cundas Patr ia debet opes, Mutua ferratis conftringat peétora vinc'lis! Ut redeat Batavo , qui fuit ante, decor t Aetheriis collapfa Iocis, des aurea Belgis , Libertas, Patriae Armee & ornét opes! Intacta haec vigeat, quosvis exofa Tyrannos, Nee nifi cum Mundo fera ruente ruat! " &c. Twaalf Leerredenen &c. c. d, d. Douze Sermons fcf quelques Priéres & l'ujage des ee~ns du commun, publiés par Madame Wol ff nes Bekker, fif Mademoifelle A. D e k e k La Haye gr. in 8». de ' Prix f 1-5-0 * II  JrilLLET, Aout, Septb. 17 8 2. 2 3 7 II eft a craindre que cet ouvrage ne parvienne point a fa deftination; ceux pour qui il a été compofé n'en foupconneronc peut-être pas 1'exiftence, tandis qj'il leur feroit infiniment utife a tous égards. Cependant comme fur 1'important article de la Religion bien des gens font auffi bornés que le peuple, il faut espérer qu'il fera lu avec fruit par des perfonnes d'un ordre plus relevé. II eft inutile de nous expliquer ici fur les auteurs de ce Livre, dont rtoas avons eu fouvent occaiïon de parler. Mengeldichten van Cynthia Lenige; c. a, d. Mélanges de Poëfies, par Mademoifeüe Lek i g e , Amjlerdam chez Holtrop-r gr. in 8°. de''26a pages 1782. Prix f 3-0-0 c'eft 1'Ouvrage cfune jeune perfonne, que' la mort a arrachée trop tót a fes amis, & aux Lettres. Mad'le Lenige étoit née a Maklum en Frife en r75J. Les Foëfiesque nous devons a des Editeurs connus fur notre ParnaiTe, lui affareront un nom pariai nos Femmes célèbres. De Hervorming van den Gadsdienjt in Schotlané, c. i. d.; Hi/loire de la Réformation en Tomé UI, Part 1, q Ecos-  338 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE.T EcoJJe; traduit! de f Anglois du D. Gilbert Stuard, gr. in 8°. de 330 pages, Leyden chez Herdingh 178 a. Prix ƒ 1 - 16 • o Cette Traduétipn nous a paru répondre è Po. riginal, qui eft connu fuffifemment. Onderzoek der Oorzaken van de Opkomfti &c. c. è d. Recherches fur les caufes de l'accreiffement, de la décadente £? du rétabliffement des Provinces-Unies Tome V. qui contient lts événemens depuis 17^3 - 1751, par Mr. Zillesen; a Utrecht chez v«n den Brink m 1782, gr. in 8°. «fe 320 pages Prix f 1-16-0 Les Volumes de cet Ouvrage fe fuccedent avec rapidité, mais n'en font pas moins travaillés avec foin; Voyez ce que nous avons dit de ces Recherches, Tom. I, p. 456" Tom. II. p. 290 £ƒ fuiv. J, O. Valckewaer Oratio de Schola Qujaciana; ditta püblice ad diem XXII Martii 1782, quum ordinariam Juris profejfionem in Academid Frifiorum Franequerana Sollemniter auspicaretur. Franequer apud Vid. Coulon Acad. Typogr. 1782. L'Auteur de ce Discours eft Fils du célébre. ProfeiTeur de ce nom 4 Leyden, H vient d'obtenir une Cha*  JüïLLET, AoUTjSfiPTB. 178a. 23$ Cbaire k un age, oü d'autres jeunes gens connoiffent a peine la Jurisprudence. Le fujet de ce Discours eil trés bien «choifï, & la manière dont 1'Auteur le traite eft fort intérefiante, nous y reviendrons,   NOUVELLE BIBLIOTHEQUE BELGIQUE. TOME TROISIEME. Seconde Partie. Pour les mois de 0CTOBRE, NOVEMBRE, DECEMBREj MDCCLXXXII. A LA HAT Ey^t Chez C. PLAAT, Libraire dans le Hofftraat. MDCCLXXXII.   AVERTISSEMENT. Pour fe conformer amant qu'il eit pofïïble aU goüt du Public, leis Auteurs de la Bibliothèque Belgique ont réfolu de donner a ce Journal plus de variété & d'intérêt. t)éformais il aura trois Parties; la première contiendra la Littérature Hollandoife, & fe* ra deftinée, comme par le pafle*, k rendre compte des ouvrages nouveaux qui paroiflènt fucceffivement dans ces Provinces: dans la feconde on réimprimera les plus piquans articles du Journal Helvétique, ouvrage périodique qui jouit d'une réputatiori diflinguée, & qu'on ne peut fe procurer que trés difficilement ici. Ceux qui connoiffent 1'Auteur de ce Jour* nal, Mr. C.} ceux qui le lifent, trou* % ve*.  iv AVERTISSEMENT. veront qüe c'eft rendre un vrai feN vice au public, que de lui mettre ious les yeux un des meilleurs ouvrages périodiques de ce fiècle. L'Auteur ne fe borne pas a rendre froidement compte d'un ouvrage, il raifonne, il diiTerte de fon cöté, & fouvent les réflexions du Journalifte valent mieux que celles de 1'Auteur. Ce Journal a 1'avantage de n'être pas imprimé en France; il lui eft permis par conféquent de parler de tous les ouvrages que le Gouvernement y fait fupprimer; & fouvent ce font les meilleurs, ou du moins les plus piquans. Enfin Ia troifième partie de notre Bibliotbèque fera confacrée k des objets de pur amufement, tels que les fpeclacles, les modes, les anecdotes du jour, & en général tout ce que peut fournir en ce genre une ville auffi  AVERTISSEMENT. f auffi vafte que Paris; en réimprimant la Correspondance Littéraire Secretet comme le faifoit Mare Michel Rey, dans fonEdition duMercure deFrance, nous remplirons facilement ces engagemens. Nous nous fervirons cependant de tous les mémoires qu'on voudra nous communiquer, pourvu que nous en puilïïons décemment faire ufage. Le prix reftera toujours & ƒ 4 - o - o ainfl pour cet argent on aura trois Journauxj dont ledernier feul coute plus de douze florins aux Abonnés. On prie Meffieurs les fouscripteurs, eeux qui voudront fe faire inferire encore, d'indiquer aux Libraires qui débitent la Nouvelle Bibliothèque BeU gique, leurs noms, leur adrelTe & leurs qualités, avant le 15 Mars 1785. * 3 afin  vi AVERTISSEMENTi afia que 1'on en puifle former une lis* te; qui fera placée a Ja tête du Journal , & qu'on réimprimera tous le* ans. TABLE  TABLE DES ARTICLE S. i I. Discours de Ma. Valcke- naar sur l'ecole db Cu jas 341 II. mémoires de la SoCIÉté zélandoise des Sciences. Tom. VIII. 249 { III. Observations sur la Nouvelle Comête découvertë eüt Angleterre en 1781. . l6j iv. drssertations sur la Morale Chrêtienne , qui ont remïorté le prix du legs de feu M. Stolp 279 V. Mémoires de la Société db Philosophie Ex- ,?e-  vm TABLE des ARTICLES. périmentale établie a Rotterdam. Tom.VI. 30g VI. Discours sur la Physi- ognomonie, par M. Hennert ^So VII. Histoire des Révolu- tions arrivées dans le Gouvernement et dans l'esprit humain. 393 VIII. Histoire db Mx.lb.Sara francoeur , publiée par Mmes. bekker et Deken. ^ IX. Le Voyageur Ameri- cain. . . v tvt «... 437 x. jnotice sur la VlE et les Ouvrages du PqëteHelvetius. . . ,0 XI. PoËSIES. _ /Zl XII. Avis Annonce's. XIII. NouvellesLittéraires.' 'sol  NOUVELLE BIBLIOTHEQUE BELGIQUE, POUR. LES MOIS DE OÏÏobre, Novembre, Décembre, MDCCLXXXII. ARTICLE PREMIER. J. O. Valckenaer Oratio de SCHOLA CüJACIANA &c. C'eft-k-dire, Discours sur l'Ecole de Cu jas, prononcê par Mr. O. Valckenaer, en prenant pojfes. jion d'une Chaire de Profeffeur en Droit) a rAcadémie de Franequer en Frife, Franeq. chez Coulon 1782. Après avoir annoncé dans Ie Trimestre précédent le fujet de cette DilTertation il eft jullie de doener une • Tome III. Part.2 R idéé  242 NOUV. BfBLIOTH. BeLGIQÜE. idéé de Ja manière dont Mr. Valckenaer la traitóe; Les Jurisconfultes nous fauront gré fans doute de les entretenir quelcju écrivit auffi pu. rement que les anciens _ Jurisconfultes: üyant fait une étude férieufe de toutes .les parties de PHifioire &des Antiquités, on 1'eut pris pour un Citoyen de 1'ancienne Rome; enfin doué d'un esprit .vni, rf'un jugement fur, il fut excellent Dialecticien, & fage Philofopbe. . Mr. V. nous donne quelques détails fur les différens ouvrages de Cujas, qui '. .■ . tous  Oct.jNov., Decemb. 1782. 245: tous fe diftinguent de Ja foule des commentateurs par le flyle, la folidité, & la faine critique, il furpaffa même de bien loin fon contemporain Francois Duarenus,. dont on a plufieurs écrits fort eftimés. L'Auteur après avoir recommandé 1'étude des Belles Lettres ne veut pas cependant qu'elles occupent. feules le Juris. confulte. La Littérature doit éclairer 1'homme de droit dans fes recherches, mais elle ne doit pas en être le feul objet. Voila pourquoi les Muretus, les Saumaife les Budê, & tant d'autres, ont fini par devenir de Littérateurs excellens, de fort médiocres ' jurisconfultes. Pour mettre le comble k la gloire de Cujas, il lui étoit refervé de s'immortalifer non feulement par fes ouvrages, mais encore par les Disciples qu'il a fait; Tels que J. d Cojla, Mar anus % les Pitbou, Petrus Faber> Erebenus, Burgius, Labittus, qai font tous fortis de fon école, & qui confolerent la France de la mort de ce grand homme; cependant, obferve 1'Orateur, ces disciples, femblables k ceux de Socrate, fe ' r 3 font  245 Nouv. Biblioth. Bblgiqüe. font partagés pour ainfi dire les différentes branches d'érudition que Cujas poffcdoic feu!, aucuri d'eux ne les a réunies comme lui. Aujourd'hui, felon Mr. V. 1'EcoIede Cujas femble éteinte ailleurs qu'en Hollande. L'Aliemagne ne compte qu'un Ernefti, la gloire des autres Jurisconfultes de ce pays, s'il en eft, femble circonfcrice dans leurs propres foyers. La France fi fercile autrefois en grands hommes de cette profcffion n'en produit plus que rarement. Mr. Filckenaar comme le feul Potier • nous croyons ce jugement un peu fél vère; en effet 1'étude du Droit Romain n'eft rien moins que négligée dans ce Royaume. Nous ne citerons en preuve que le feul Mr. Tournel. Le Traité fur les EviStions fc? l*s garanties formelles qui vient de parojtre, contredit encore 1'afJertion trop générale de 1'Auteur; en récompenfe il cite une foule de nos Jurisconfultes' célèbres, les Noodt, Scbulting, Bynckersboek, Noordkerk , Brenkman, Te Water &c • & leur prodigue des éloges bien jufte! ment  Oct.,Nov., Decemb. 1782. 247 ment mérités. La Frife en a produit: auffi plufieurs fur lesquels 1'Auteur s'étend avec d'autant plus de complailance que c'eft dans une Académie de cette Province qu'il a prononcé ce Discours. L'Auteur rend enfin un jutte tribut de reconnoiflance a fon précepteur Mr. Poorda Profeffeur a 1'académie de Leyden , & fils de Jacobus Voorda, dont nous avons plufieurs ouvrages eftimés. La gravité du ftile oratoire n'a point permis k Mr. V. de rappeller plufieurs anecdotes rélatives k Cujas, dont le nom a été pendant longtems en fi grande vénération dans les Univerfités d'Allemagne, que les Profefleurs ne le prononcoient jamais fans fe découvrir. Mais ce qui fait le plus grand honneur encore k ce favant, c'eft qu'il fut furnommê par fa bienfaifance le Pere des Ecoliers, qu'il affiftoit de fes biens. On connoit fa dispute avec les Touloufains, & les chagrins que lui caufa fa Fille Sufanne , qui fe rendit fameufe par fes déréglemens. Les Ouvrages de Cujas ont été recueillis en 10 Volumes; in fol: Fabrot en a donné u; e R 4 exccl-  248 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE; excellente èdition: Le Pape Grégoire XIIf. lui fit les offres les plus avantageufes pour 1'attirer k Bologne, mais il aima mieux fe fixer a Bourges, oü il eut un nombre prodigieux de disciples de tous Jes Pays. AR TI-  Oct.jNov.jDecemb. 1782. 245 ARTICLE SE CO ND. Verhandelingen uitgegeeven door het zeeuwsch Genoodschap der Wetenschappen te Vlissingen. &c. C'eft-a-dire, Mémoires de la Société Zélandoise des Sciences a Flessingue; Tom. 8. a Middelbourg chez P. Gillijjen 1782. gr. in 8°. de 539 pages, fans la Préface qui ena 136. Prix ƒ 4 - o - o Nous avons eu dejè. fuffifamment occafion de faire connoitre la Société dont les Mémoires vont nous occuper: Ce huitième Volume contient R j plu-  z$o Nouv. Biblioth. Belgiqus. plufieurs Differtations fur les moyens de perfedcionner 1'éducation publique; comme un tel fujet doit néceiTairement être d'une utilité générale, on a imprimé féparement ces Mémoires, ainfi qu'on a pia Ie voir dans notre Trimeftre d'Avril; nousallons en donner quelque idéé, de même que des autres Discours. . La Queftion propofée revenoit a ceci. De quelle manière pourroit - on améliorer & perfeclionner les Ecoles en Hollande, comment feroit il poffible d'introduire & de conferver les cbangemens qu'on feroit dans cette partie? Mr. Krom a remporté la première médaille; fon Mémoire eft auflj placé k la tête du Volume. ' L'Auteur envifage d'abord 1'utilité de 1 Education publique lorsqu'elle eft bien dingée, mais il nepeut fe diffimulerque lesécoles, telles qu'elles font conftituées aujourd'hui ,'ne prêfentent unemultitude d'inconvéniens qu'il faut têcher de fupprimer. Voila Ie but de fon Mémoire qu'il a divifé en deux Parties. Dans la première il traite des Ecoles Hollandoi, fes.  Oct., Nov., Decemb. 1782. 251 fes, dans la feconde des Ecoles Francoifes & Latines. Quant aux Ecoles nationnales 1'Auteur fait une diftinclion entre ceiles des Villages & celies des villes, quoiqu'a cet égard plufieurs petites Villes aient autant befoin de réforme que les villages. D'abord dans les villages, les Vacances emportent la moitié de 1'année, dans quelques hameaux il n'y a presque aucune occafion de s'inftruire; la chambre oü fe tiennent les écoles eft ordinairement un endroit, ouvert è tous les vcnts, écrafé & parconféquent mal fain; mais s'il eft aifé de rémédier h. ces inconvéniens, il eft en récompenfe bien difficile de trouver de bons Maitres d'Ecole, doués d'un jugement fain & d'un esprit raifonnable, capables de conduire & d'inftruire la jeuneffe avec modération, patience & avec une gravité qui n'ait rien du pédantisme, des maitres qui fachent gagner le coeur de leurs disciples, qui étudient le caraótère de chacun d'entr'eux, & les élevent d'après cette connoiffance &c. Mais  252 NOUV. BlBLIOTH. BfiLGIQUE. Mais il s'agit ici des maitres d'Ecole de Villages. Oo exige de ceux ci qu'ils fachent épéler, lire, écrire, chiffrer & cbanter, & malheureufement 1'expérience n'apprend que trop fouvent combien il eft rare de trouver des maitres qui poffédent è fond ces qualités. L'Auteur attribue 1'ignorancc de la plupart d'entr'eux d'abord k leur premier metier. Ge font ordinairement des Domeftiques d'un Seigneur de Paroiffe, que 1'on récompenfe de cette manière; & qui trés en état de fonner la cloché, d'ouvrir Téglife &c. ne le font pas d'enfeigner ce qu'ils ignorent eux-mêmes; d'ailleurs on recherche avec plus de foin un bon Le&eur qu'un habile maitre, & comme ces emplois font réunis, il arrivé que de forts poumons 1'emportent fur les qualités de 1'esprit. D'autres poffédent bien quelques unes de ces connoiffances, mais ne font pas en état de les enfeigner ; de reprendre ceux qui ont une mauvaife prononciation ou un faux ton, défauts rééls & qui ne fe corrigent dans la fuite que dif> ficilement. Dans  Oer,,Nóv.,Decemb.I782. 253 Dans la plüpart des petites Ecoles Hollandoifes il regne un bruit confus, un murmure de voix diflbnantes qu'on entend de bien loin, & qui détourne 1'attention du maitre; d'ailleurs la manière de montrer è lire eft fouvent des plus défeccueufes; le drsciple répete comme un perroquet les fons que le maitre profere. & au bout de plufieurs mois il n'eft pas plus avancé que le premier jour. L'Auteur infifte fortement fur 1'abomtnable ufage oü font plufieurs maitres de frapper fans raifon & pour des fautes légeres les malheureufes viclimes foumifes au despotisme de la férule. Souvent la mauvaife humeur, le caprice, des circonftances domeftiques n'infiuent que trop fur des chatimens, qui pour rempltr leur but, doivent être rares, juftes & modérés; Enfin dans les Ecoles Hollandoifes on ne s'attache qu'aux mots & 1'on négligé les chofes effentielles, comme de former- le coeur des juncs gcns, de perfedlionner leur jugement &c. Après avoir indiquê ainfi les vices es- fen-  254 NOUV. BlBLIOTH. BeLGTQUE.' fentiels des ecoles, 1'Auteur propofe Ie' changemens qui lui paroiffent néceffaires0 dans cette partie; changemens qu'il tache autant qu'il eft poffible d'adapter a la conftitution établie, afin de les rendre faciles a exécuter. Et d'abord on doit être fort févère fur le choix d'un maitre d'Ecole, & ne I'admettre a cette profeffion qu'après un examen férieux & impartial, oü. n'entre pour rien une fauffe indulgence ni une commifération déplacée pour Ie fort d'un tel homme. Une fois admis il faut tacher de rendre fa profeffion refpeöable, lui donner 1'espècede confiftance dont il a befoin, tant pour bien exercer fon emploi, que pour engager des enfans d'une honnête familie k fu.vre fon exemple & k embrasfer le même état. Pour cela il feroit néceffaire encore d'augmenter fes modiques honoraires, qui ne fuffiferJt pas la plüpart du tems pour le tirer de la mifère. L'emplacement de 1'école doit être dans un endroit fain, dos & airé & la durée de chaque exercice ne pas'ex: céder 1 espace de trois heures, mais il faut  Oer. , Nov., Decemb. 1782. 255 faut que dans le moiadre hameau on tienne école toute 1'année, furtout en byver, ce qui eft fort fouvent négligé. Les maitres eux-mêmes, falariés plus génereufement qu'on ne le fait ordinairement, doivent fe borner a leurs fonctions & au fervice de 1'Eglife, mais ne point remplir en même tems d'autres emplois, tels que ceux de Cabaretiers, de Péagers, de Receveurs &c. Quant a l'iBftruécjon, aux petites écoles on doit fe borner k montrer les lettres & les difFérens cara&ères d'impresfion, a faire apprendre I'oraifon Dominicale, le Symbole» & les Dix-Comnjandemens, & k donner k ceux qui font un peu plus avancés les premières notions du Chriftianisme, & même de 1'Hiftoire de leur Patrie, enfin pour leur jnculquer de bonne heure le goüt de la Poëfie on pourroit leur mettre en les mains les ouvrages deM. M. van Jilpben Pape & T Hoen (0). Dans (<0 Auteurs de Poëfies remplies de naivc» té, de bon goüt & delUnées aux Enfans.  256" Nouv. Biblioth. Belgiq_ue; Dans les grandes Ecoles il fauc premierement felon 1'Auteur, inftruire la jeuneffe dans la Religion révêlée; il entre a ce fujet dans beaucoup de détails, qui feroient étrangers è nos Lefteurs, & qu'il faut lire dans 1'ouvrage même. II eft encore de la dernière néceflité de donner des inftruclions convenables dans l'Hiftoire de Ia République, totalement ignorée pour 1'ordinaire des gens du commun, & qui cependant entretiendroit les femences de 1'amour de Ia Patrie, que nous apportons presque tous en naiffant pour le pays qui nous a vu riaitre. L'Auteur recornmande auffi 1'ufage d'enfeigner a écrire des deux mains, ufage dont 1'expérience journalière démontre 1'utilité. Mr. Krom tracé enfuite le plan des occupations dans les écoles, occupations qui différent toujours felon ÏÈge & la capacité des disciples: il voudroit aufii introduire, furtout dans les villes, des E-' Coles oü '1'on enfeigneroit les principes de plufieurs arts utiles & agréables, il nous donne les regies qu'il faudioit ob- fer-  Oct.jNov.,Decem8.I782. 257 férver fur cet article, & il indique les précautions néceffaires pour prévenir les abus qui fe gliffent dans ces établiflemens. II voudroit fürtöUt que 1'on apprit k la jeuneffe k faire ufage des globes & qu'on leur donnSt même quelques idéés élémentaires de l'aftronomie, fcience fi utile, fi indispenfable pour les gens de mer en particulier; c'eft ce que 1'Auteur prouve en détail par divers exempies, & il indique plufieurs Ouvrages dont on pourroit fe fervir. Enfin Mr. K. répond k la faconde partie de la queftion propofée; comment fe procurer des maitres capables de répondre au but de ces établilTemens, & par quels moyens pourra-t'on introduire & conferver les changemens néceffaires? C'eft en général en n'admettant k cette profeffion que des perfonnes infl.ruit.es qui auront fait leurs preuves & qui feront capables de fubir 1'examen; il propofe a cet égard de nommer des Surveillans, des Re&eurs, auxquels appaTtiendroit le droit d'examiner les candidats, qui ne poürroient être recuj Tm. HL Part. 2. S que  258 Nouv. Bïblioth. Belgiqub que d'après 1'approbation & le confentement des Recteurs ou des Supérieurs; ceux-ci feroient tenus de vifiter de tems en tems les écoles, de maintenir 1'ordre établi & de veiller aux progrès des disciples ainfi qu'a la conduite du maitre. Dans la feconde Partie de ce Mémoire 1'Auteur traite des Ecoles Francoifes & Latines de ce Pays. Quant aux Ecoles Francoifes on en connoit de deux fortes, pour les jeunes Mejjieurs, & pour les jeunes DemoifeU. le-s. Pour les fécondes (car on peut appliquer aux premières ce que 1'Auteur a dit des Ecoles Hollandoifes & ce qu'il dira dans la fuite des Ecoles Latines) Mr. Krom recherche les qualités nécesfaires dans ces Etabliflemens & d'après Fordyce (a) il examine ce qu'il importe le plus au beau fexe de favoir. Le premier défaut des Ecoles ou Pen- ilons (a) Sermens pour les Jeunes DemoifeUes. Cet eftitoable Ouvrage eft entre les mains d@ tout le monde.  Oer., Nov„ Pecemb. ï?§2. 259 fions Francoifes, c'eft que 1'on y enfeigne fort défeclueufement la langue, & même 1'ortographe, dont fouvent les maitrtffcs_n'ont pas la moindreidée. Pour y rémédier il faudroit donc fe fervir habi. tuellement d'une bonnc grammaire, expliquer aux Penfionnaires les régies d'une' langue qu'elles croyent entendre, lorsqu'au fond elles ne favent tout au plus qu'un petit jargon, que certains mots, qu'elles employent le plus fouvent mal-a-propos. On devroit encore pour leur former Ie goüt leur faire lire de bons ouvrages, tels, dit 1'Auteur, que des Contes moraux, des Eloges &c. (ö). Jl eft important furtout de leur donner un ftile, & pour cet cffi;t d'oblïgcr les écolières a écrire en Francois une partie de ce qu'elles auroient retcnu, (n) L'Auteur défend la leflure des Ouvrages de Théatre, & n'excepte de cette proscription que les Pièces de Racine, &c, la précaution. eft bonne fans douce: mais permettxe Je.s Qmtes morauxl Séveres mai-. S 2  2fjO NOUV. BlBLIOTH. ElïLGIqTJÈ'. Une maitreffe d'EcoIe Francoife doit auffi veiller a la conduite de fes Penfionnaires hors du tems deftiné aux exercices , prévenir furtout la leóture de mauvais livres, en un mot travailler i tout ce qui peut leur former 1'esprit & le cosur; enfin elle doit donner des foins drfférens è fes Ecolieres, felon leur état, leur age & leur condition. L'Auteur fait encore d'excellentes ré. flexions fur nos Ecoles Latines; dans la méthode adluelle de montrer cette langue il y a plufieurs défauts a corri- ger, trefles ne voos en rapportez pas att titre; les Contes mcraux de Marmontel par ex. font plus dangereux mille fois que les Comédies de Molière & les Tragédies de Voltaire. Une jeune Fille qui prendra goüc aux 'Quatre Flacons, a Tout ou Rien, a Heureufement & a tant d'autres charmans mais dangereux Contes de cet Auteur, risque beaucoup plus, que celle qui lira Tancrede, Zaire,, Nanine &c. Nous nous en rapportons a ceux qui connoiffent le coeur humain. Note du Jownilifte.  Oct. , Nov., Decemb. 1782. 261 ger, mais auffi plufieurs chofes è adoptcr ailleurs. On doit fe garder de mettre trop tot entre tes mains des jeunes gens des Auteurs Claffiques au deffus de leur portee, tel eft Horace par ex, qu'on ne fauroit bien entendre lans avoir écudié les antiquités Romaines, & fans connoitre du moins lts premières nptions du Droit Romain. Le même Auteur eft auffi dangereux a caufe de Ia licence qui regne dans fes ouvrages, c'eft le reproche que Mr. Krom fait aux Eclogues de Virgile, il cite ces vers de la 3e. Eclogue. Novimus c? qui te> transverfatuentibus bircis , Et quo> fed faciles Nympbce rifere, facello. L'Eciogue Formofum Pajlor Corydon eft connue; Ovide dans fes Héroides 'même eft quelquefois fort libre; en effec comment un grave maitre expliquera t'il a fes jeunes Elèves ces vers de 1'Héroide, intitulée Sapbo. S 3 Haec  '2Ó2 NOÜV. BlBLIOTH. BeLGIQÜÉ. Haec quoque laudabas, omnique a par te placebam; Sed binc praecipue, cum fit amoris opus, Tune te plüifoUto, £rV. Les autres Differtations fur Ie même fujet renferment auffi un grand nombre de vues fages, de réflexions uciles & de fcónfeils dignes d'être fuivis, mais les bornes d'un Extrau ne nous permettent pas de nous y arrêter. A'près ces Mémoires on en trouve d'autres fur des objets d'Aftronomie. Tel eft celui de Mr. Mecbain Aiïronome du Dépot de Ia Marine k Paris, & traduit par Mr. P. Boddaert de Fïeffin"gue, "im l'-Oppofition de Saturne obfirvêe le i Mai 1778 d Paris, £? cómparée avec les Tables. Un autre de Mr. Fokter Jtir 'les Élémens de la Comité de 1'année 1779, qui ejl la 04. dont le "cours ejt connu. Cette Comête a été découverte pour la première fois a Berlin le 6 Janvier 1779- par Mr. Bode, enfuite par Mr. Mejjier k Paris, par Mr. Klinkenberg k la  Oct.,Nov0Decemb.i782. 265 :!a Haye, & enfin par 1'Auteur h Leyden, le 28 Fevrier de Ia même année.; aux inftances de quelques Amis Mr. Fokker publie fes obfervations fur le cours apparent & vrai de la Comête dont il s'agit ici. L'Auteur fe fervit d'un Thélescope de 28 pouces de Marcel pour trouver la diftance de la Comête è quelques étoiles fixes, & pour calculer ainfi fa longitude & fa latitude. „ Ilferoitridiculepourfuit.il, devouloir fixer la route d'une Comête, fans Micrometre, cu quart de cercle &c, mais j'ai pris pour bafe deux obfervations de Mr. Bode & deux autres de Mr. Mejjier, d'ajlleurs quelques un.cs de mes meilleures obfervations peuvent fervir de preuve aux calculs." Ces obfervations ne font pas tout a fait ex3c"tes, elles ne le font qu'a quelques minutes prés. La difette de bons inftrumens doit excufer 1'Auteur; fingulière excufe affuïérnent, comme le remarque Mr. Fokker lui même, aux ■yeux des Savans de Londres & de Paris. . : ' > S 4 Qu'on  2ó4 Nouv. Biblioth. Belgique. Qu'on nous permette de déplorer ici h la honte de notre patrie, que des obfervateurs fe trouvenc dans la néceflité d'alléguer une telle excufe, dans un pays, oü les arts & les Sciences font en fi grande eftime, oü leur culture n'eft plus regardée comme un phénomene, dans un pays enfin qui a produit de fi grands pbyficiens & qui en poffede encore un nombre confidérable; Voici les obfervations de notre Auteur. S. Le noeud adfeendant. o 250 j* ia". Inclinaifon. o 32 2 19 Périhélie, 2 27 39 30 Logar. dift.du Périh. .9 85457*8 Paflage au Périhélie le 6 Janvier 1779 a 5 h. 54' tems moyen, mouvement direct. Ces Calculs s'accordent aflez bien avec ceux du Préfident Sacan qui a calculé 1'orbite de cette Comête fur. trois Obfervations de Mr. Messier, ,fa- voir  .OctYjNov., Decemb. 178a. 267 voir du 18 Janvier, du n Février,& du 6 Mai, ces. élémens font. s. Lieu du Noeud adfcendant o 250 £ 1" Inclinaifon de Porbite o 32 26 14 Périhélie dans l'orbite 227 14 o Diftance Périhél. 071 3218 Paffage au périhélie le 4 Janvier 1779 a 2 h. 30, tems moyen, mouvement direct. Obfervation fur la Comête üe 1'année 1780. par Mr. Mechain. Cette Comête découverte par Mr. Messier le %7 Oftobre eft la 6ye dans 1'orbite , elle a été calculée felon le calcul de Mr. Messier, fes Élémens font. S. Lieu du Noeud adfcendant 4 40 3' 19' Inclinaifon de fon orbite - 530 48' 15" Périhélie dans 1'orbite 8 6. 21 18' Logarith. dift.'pcrih. 8. 99Ö7550 Dift. périh. nomb. nat. o. 99*556 S 5 i>as"  n66 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. Paffage. au périhélie le 30 Septembre 18 h. 12' 50" tems moyen, mouvement indirect. Tel efJi'Abrégé des Mémoires conténus dans le8eTome de la Société de Flefiingue, nous parierons des autres Volumes a mefure qu'ils paroitront. ARTI-  Oct.,Nov.,Decemb. 1784. 267 ARTICLE TROISIEME Observations sur la Nouvelle Comête découverte e n A n c l e t e r r. e en 1781. Nous fommes redevables de cet Article intéreffant k Mr. G. van der Weybe, jeune Aftronome de Ia Haye, qui fe diftingue dans les hautes fciences par foo application, fes connoiffances & fon ardeur pour le travail. II fe propofe de publier bientót une fuite h la Description & d la Théorie des Comités de Mr. N. Struyk, Ouvrage qui mérite toute 1'efiime des Aftronomes, & dont Mr. Montucla a dit. 3, C'eft un „ Ouvrage qüe les Afironomes euffe'nt „ fans doute vu avec plaifir & avec re„ conn©iilancea s'il n'étoit pas écrit „ dans  ar58 Nouv. Bibuoth; Belcique. „ dans une langue auffi peu connue des „ Étrangers que Ia Hollandoife". (a) Les Aftronomcs qui auront fait quelques obfervations, quelques calcuis, ou des femarques iür les Comêtes font priós de vouloir lescommuniquer a Mr. & van der Weyde, & de lui faciliter ainfi un travail aufli pénible & aufli laborieux. Les vrais favans ne lui refuferont pas cette demande. Ceux qui cultivent les fciences exa&es par amour pour les progrès des connoiffances de 1'esprit humain, fe feront un plaifir d'encourager un jeune athlète, qui, dós les premiers pas qu'il fait dans la carrière, fe montre digne de fe mefurer avec les meillenrs Aftronomes. Le public impartial en jugera. La planete dont il s'agit ici a été découverte par Mr. Hercbel (connu par divers Mémoires Afr.ronomiqu.es inferés dans les Tranfaftions Pbüofopbiques) k Bath en Angleterre Ie 13 Mai 1781. II voulöit déterminer la pofition de 'plufieurs Etoilcs Télescopiques dans la Con. ftel. fo) Hifioire des Mathématiques Tom. 2. p. 58 les analitiques les élémens qui fui9, vent de la Comête en queftion & fes t, élémens ont pour fondement les obj, fervationsqueM.MEssiKRafaitesa „ 1'obfervatoire de la Marine, mais feu- lement avant que la Comête ait été ,, en conjonöion avec le foleil". Élémens de la Théorie de la Comête découverte par M. Herchell, felon M. de la Place. Logarithme de la distance périhél. o. 9749896 Nombre Naturel de la diftance périhél. 9. 4404 Lieu du Périhélie 5 f. 28 d. 12' 30" La 27 Janvier 1790, a 6 h. 19' du foir, paffage de la Comête par fon périhélie. Le fens du mouvement de cette Comête efi: direft. Selon ce calcul on pourroit voir cette planfite pendant 20 a 21 années, mais vu  Oct.,Nov.,Decemb. 1782'. 273- vu le peu de données qui ne font que de quelques dégrés, a caufe de ion mouvement lent, un feul homme n'eft pas en état de calculer Jon Trajeftoire avec l'cxaétitudenéceffaire, &tcut Aftronome fait combien les calculs des Comêtes différent pour les obfervations éloignées & celles qui font faites trés proches 1'une de 1'autre. La plüpart des Aftronomes Francois, Allemands, Hollandois & Italiens, lont a préfent d'opinion que cette Comête eft une planète qui fait fa révolution autour du foleil, comme les autres planêtes, puisque toutes les obfervations faites fur elle s'accordent aux calculs. Mr. Eoobe Aftronome dg l'Académie des Sciences d BerU'n a calcur lé fon mouvement dans un eerde fi» dans une parabole & a trouvé que fon mouvement dans une parabole devoitr être plus grand qu'il 1'eft effectivement; & que le mouvement dans un cercle eft conforme aux obfervations (a) & Gom- (a) JJlronomisch Jahrbuch for das JaW 1784. P*g- 21S. Tome III. Part. 2 T  274 Nouv. Biblioth. Belgiqub. comme le Trajectoire de cette planête fen une Ellipfe comme les autres Planètes, on ne doit pas être furpris de trouver, que les obfervations s'éloigneront des calculs a Pavenir, puisque les Aftronomes ne peuvent encore déterminer 1'excentricité de fon orbite. Mr. Hennert Profeffeur de Ma.tbématique a Utrecht, a déterminé la diftance de la planète au foleil = 18. 83*10, la diftance moyenne de la terre au foleil étant = 1. I'inclinaifon de fon orbite, = 50' 55" & le Lieu de fon noeud adfcendant = 2 f., 149 30'. & ayant comparé ces calculs avec 14 ohiervations faites k Paris il a trouvé que la plus grande différence étoit d'une minute. Mr. Hennert a de plus caleulé la Longitude, Latitude, Asceniïons droites & déclinaifons de quinfe en quiafe jours depuis le ie Oftobre de cette année courante jusqu'au ie Avril de 1'année prochaine; & dela fon lever, coucber & paffage par le méridien (b): Si (&) Algmtmt Faderlandfche Letteroeffe-  Oer. 3 Nov., DecemE. 1/82. 27J Si cette nouvelle Etoile eft une planète comme on vient dele voir, il eft certain cu'elle aura paru depuis la création de 1'Univers (k moins qu'on ne veuille pofer que cette planète eft une Comêtp qui. par Pattradtion du foleil ou de quelque planète a été forcée de changer de Trajeétoire:J mais qui k caufe de fa petiteffe & de fon mouvement lent n'a pas été obfervée, ou a été mife entre les Etoiles fixes par des obftrvateurs anciens ; or il y a plufieurs Etoilés marqueés dans les Catalogues de Ticho Brahé, Hevelitjs, Flamsteed & Mayer; que 1'on ne trouve point dans le ciel, feroit t'elle aufli parmi ce nombre ? M. Bootje a fait plufieurs recherches fur cela & il a calculé diverfes obfervations pour trouver, s'il y a une de ces Etoiles qui rèponde au mouvement de cette planète, & fes recherches! n'ont pas été vaines , car dans la XV Ta- ningen 4 Deel. N?. 10. Mengelw. pag. 401ÖH T a  2?6 NoUV. BïBLIOTH. Bëlgique. Table pag. 217. du ie vol. du Recueil des Tablet JJlronomiques publié par 1'ACademie Royale de PrulTe, on trouve qu'HEVELius ne put pas trouver dans leciel la 27e Etoile du Capricorne, oblervée par Tycho Brahé felon fon Catalogue calculé pour 1'année 1600 a 20° 16' SS o°. 10' de la latitude aufirale; or on trouve dans le Recueil des obfervations de Tycho Brahé, raffemblé & publié par L. Baretti, que Tycho a obfervé cette Etoile le 20 Novembre au foir de 1'année 1589. Si nous comptons le mouvement annuel moyen de cette planète a 40 22' comme donne le calcul, on trouve que la difFérence en longitude entre 1'Etoile de Tycho & celle de la nouvelle planète eft presque nulle, & qu'aïnö cette planète & cette Etoile feront la même Etoile. Je joins ici 1'Extrait d'une Lettre dont Js/lr. Boode m'a bonoré en date du 7 Septembre 1782, dont voici la Traduction de PAiierriand.' „ J'ai depuis quelques , femaines retrouvé notre nouvelle pla, pète dans la matinée & je trouve enJ, core les obfervations conformes a la „ Thé-  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. 277 Théorie : vous verrez dans mes „ Ephemérides ( Jabrbucb ) pour Pan* née 1785 qui paroitra dans quelques femaines, ces obfervations & recher„ ches fur cet important phénomêne „ de plufieurs aftronomes je ne „ trouve pas aufli non plus au ciel 1'Etpile „ de Mayer & il paroit décidé qu'el„ le a été la nouvelle planète, a comp„ ter felon le mouvement actuel, la planète feroit en 1750" le 25 Décem„ bre, lorsque M. Mayer a obfervé cetteEtoile, plus avancée de 70, mais „ cette difFérence peut provenir de fon „ excentricité &il paroit aufli, que cet- planète eft a préfent dans ion pé,, rihélie & qu'elle fe meut ainfl plus „ vite que fon mouvement moyen. „ Sa latitude australe de 40 jusqu'a fo „ minutes, convient aufli avec la planê„ te , & ainfi on auroit connu plus „de 100 degrés de'fon orbite. J'ai „ donné a la nouvelle planète le norh „ d'üranüs, qui eft agréé de p!u„ fieurs aftronomes"; une autre fois je communiqucrai mes propres recherches, mes obfervations & les calculs que j'ai déT3 ik  278 Nouv. BiBLroTH. Belgiqüe. ja fait fur cette planète, qui aurontfans doute leur utilité (a). A la Haye le 27 OStobre 1782. («) Nous invitons 1'eftimable Auteur de ce Mémoire a nous communiquer fucceillvement fes obfervations, dont nous nous ferons un honneur de décorer notre Journal. ARTT-  Oct..Nov., Decëmb. 1782. 279 ARTICLE QUATRIEME. Verhandeling, dat de Chriftetelyie Zedekunde geen eenen plicht yoorfchrvft, welke den Burger belette zyne belangen te behartigen, en ftrydig zy tegen het beftier van lm Gemeene Beft, naa de Regelen eener gefonde Staatkunde, &c. C'eft-a-dire, Dissertation pour prouver: que la Morale Chrétienne ne prescrit aucun devoir qui empêche le Citoyen de travailler a fon bien-être, qui foit contraire au Gouvernement d'un Etat, felon les Regies d'une fahie Politique, par Mr. Henri Constantin Cras, Profeffeur en Droit dans VEcole Illuftre d'Amfterdam, qui a remporté le prix du Legs de T4 ftu  1S0 Nouv. Biblioth. Belgique. feu Mr. Stolp, le I? Octobre, 1781. On y a joint trois Difftrta. tions fur le même fujet. La première en Hollandois par Mr. Pierre Verstap, Junior. La feconde en Latin par un A n onyme. La troifieme pareillement en La. tin par Mr. Joseph Pap de Fagaras. Leyde chez S. & J. Luchtmans 1782. vol. in 40. de 320 pages Prix f 3 - o - o On trouve dans le premier Volume de la Bibliotbêque des Sciences Ê? des Beaux-Arts p. 23^ l'annonce du prix légué par Mr. Jean Stolp en 175-4, & dans les 25 premiers Volumes de ce Journal des Extraits des Diflertations qui opt été couronnées pendant cet espace tle tems, Nqus nous ferpns pareillement  Oer., Nov.,Decemb. 1782. 28e ment un devoir de rendre compte des fruits de cette fondation, li propre k développer & k établir les principes de la Théologie Naturelle & de la Morale Cbrétienne qui, felon les intentions expreffes du Fondateur, doivent faire alternativement le fujet des queftions propofées. Les Adminiftrateurs du Legs témoignent dans la Préface qu'ils ont mife k la tête de ce Volume, que leur attente n'a pas été cette fois ci entierement fatisfaite; ni par rapport au nombre des concurrens, ni par rapport k la manière de traiter cet important fujet. „ Ils ne demandoient pas qu?on défendit cette „ thèfe contre 1'incréduüté qui attaque „ la Morale Evangélique par des ca„ lomnies ou des farcasmes, ni même contre une faufle Théologie qui en al„ tére les préceptes, ou en forge de „ nouveaux. Plufieurs favans d'Angle„ terre, d'Allemagne & des Pays-Bas „ ont rempli abondamment cette tdche. „ Ils auroient voulu qu'on fe futprincipa„ lement attaché a prouver; que la vraie „ Politique, qui n'eft autre chofe que la 3, vraie Prudence, tant dans l'Oeconomie T 5 » do-  282 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. „ meflique, que dans la Vie Civile, ne ,, fe trouve jamais oppofée è la Religion; que pour cet cffet on eut dé,, montré par quelques événemens tirés 3, de Phiftoire de notre tems & de ceux 3, qui Pont précedé, que ia plus haute prudence & Ia vertu Chretienne la 3, plus pure ont pu toujours fe trouver ,, réunies; que ceux qui féparent ces ,, deux chofes, fi intimement Iiées par 3, leur nature, confondent la prudence ,, avec larufe,avec une méchancetéar „ tificieufe, au moyen de laquelle on ,, peut fe procurer faas doute quelqu'a,, vantage prélent, mais qui finit d'or3, dinaire par tourner au préjudice du ,, méchant lui même, & de Ia Socié. „ té . On conviendra que cette idéé bien developpée eut fourni une réponfe plus mtéreiTante & PIUS neuve que toutes celks qui ont été faites; mais qu'ü D0US foit permis de remarquer, qUe pour avoilieu d attendre une telle réponfe. il a„ rou falludéterminer pareille^nt la ques! tion, qui, propoféedans toute fa généra- lité,  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. 283 lité, a du faire croire qu'il falloit y répondre de même. La Préface nous apprend encore que cinq pièccs feulcment ont concouru pour le prix. „ Et quoiqu'on put pen3, fer", difent encore les Adminiftratcurs, „ que les Auteurs de ces pièces „ n'ont pas fuffifamment développé la „ partie la plus importante du fujet; ils ont dit cependant chacun en par_,, ticulier des chofes excellcntes & trés utiles". On a déja vu dans 1'Annonce,Tome I. de notre Biblioth., II. Par' tie p. 470, que les fuffrages ont été partagés entre les deux premières pièces; & comme le Teftateur aordonné, qu'en cas pareil la décifion feroit remife au fort, on y a eu recours; & il a été favorable a la Differcation deMr. le Profeffeur Cr as, déja connu avantageufement dans la République des lettres par plufieur- produótious trés eftimées, dont la Bibliotbéque des Sciences a rendu compte dans le tems. Nous allons donner 1'analyfe de ces deux, pièces rivales pour faire connoitre a nos ïeéleurs la méthode que leurs auteurs ont  284 Nouv. Biblioth. Belgique. ont fuivie, & les matières dont on peut trouver le développement dans ces deux Ouvrages. Ce qui a engagé les Adminiftrateurs a faire imprimer les deux autres pièces, c'eft, difent ils, „ Ja bcaun té du ftyle, & 1'abondance des cho- les qu'elles renferment". _ Mr. Cr as après quelques réflexions introdudtoires fur 1'importance du fujet obferve que 1'énoncé de h queftion fem-' bloit exiger qu'on parcourut 1'un après 1 autre tous les préceptes de 1'Evangile & qu'on réfutat- toutes les objeftions fai. tes, ou a faire contre la Morale Chrétienne , autant qu'elle fe rapporte au bien-être du Citoyen, & aux devoirs de ceux qui gouverneur, ce qui iroit è 1'infini. Pour atteindre le même but par une voye plus courte, voici le plan que Mr C. s'eft propofé, favoir. I. D'expofer en peu de mots les devoirs de la Morale Chrétienne, dont la pratique peut contribuer au bonheur des particuliers, è la prospérité des Etats, & k la gloire d'un bon Prince. II. D'établir enfuite des régies d?interprétation prbpres k mettre dans tout fon  Gct., Nov.jDecem'b. 1782. 285 fon jour 1'esprit de chicane & la mauvaife foi de quelques incrédules, & 3 dégager de toute difficulté ces préceptes de 1'Evangile, qu'ils ont cherché a transformer en maximes pernicieufes. III. De montrer enfin, que les devoirs prescrits par 1'Evangile, & qu'on a regardés inconfidérement comme nuifibles a la Société, ne le font point; mais contribuent au contraire a la prospérité des particuliers, & des Etats. Première Partie. Soyez parfaits com* me votre Père qui eft aux cieux eft parfait, Matt V. 48. ce feul précepte de 1'Evangile, & qui eft comme 1'esprit de toute fa Doctrine, fuffiroit pour prouver que la Morale Chrétienne eft trés propre a contribuer au bonheur des particuliers , & a diriger les Souverains dans la manière de gouverner heureufement leurs Etats; par ce feul précepte toutes les vertus font recommandées & tous les vices condamnés; mais afin de prouver la thèfe plus en détail, 1'Auteur remarque que les devoirs, qui peuvent contribuer k notre bien-être fe rapportent a trois-  2'85 NOÜV. BlBLlOTtt. BeLGXQUE. trois objets, k 1'ame, au corps Cc'k h fortune. Les principales facultés de 1'ame font J'entendement & Je.s affeétions. Mr. C. montre fort bien que la Morale Evangélique tend k éclairer 1'esprit, & k régler fagement le coeur; qu'elle nous donne pareillement les confeils les plus utiles pour Ie corps, pour Ia direclion denos affaires domcftiques, & pour le bon ufage des plaifjrs innocens de la vie. „ Je ,, nefais que gliffer la deffus", dkMr. C., „ paree que Ia matière a été am,, plement & bien traitée dans les dis. ,, fertations pour le Legs de Stolp, qui ,, traitent de la perfeólion des Loix Di„ vines, & paree qu'elle ne paroit pas „ appartenir direélement k la queftion ,, propofée", en effet il ne s'agit dans Ia queftion aétuelle que du bonheur des particuliers entant que Citoyens, & cependant ce que la Morale Evangéüque present k cet égard eft expofé ici avec plus de briéveté encore. „ Pour qu'un Etat foit bien gouverné, il eft néceffaire avant tout que » les  Oct.,Nov.,Djecemb. 1782. 287 „ les fujets foyent bien inftruits de l'o,, béïffance qu'ils doivent a leur Souve„ rain , & de Pimportarjce de ce de« „ voir. Mais oü trouvera t'on de plus „ beaux préceptes fur ce fujet que dans „ 1'Evangile? Les Pharifiens font a J. ,, C. cette queftion infidieufe: eft ilper„ mis de payer le tribut & Cé/ar, ou „ non ? le Sauveur répond : rendez & j, Cé/ar les cbofes qui font d Cé/ar". 1'Auteur cite enfuite - 1. Pierre II. 13. 14. 1. Tim. II. 1. 2., mais furtout ce beau paffagedeSt. Paul, Rom.XIII. 1-6, oü 1'Apötre expofe avec tant d'énergie les devoirs des fujets envers leur Souverain, en établit les fondemens, & en indique les vrais principes; pendantqu'ailleurs le refpecl: pour la puiffance humaine eft fubordonné a celui qui eft du a 1'autorité divine. Aft. IV. 19. V. 29. „ „ Et en général" continue Mr. C, ,, „ les préceptes de 1'Evangile qui com„ mandent aux Cnrétiens la charité en„ vers tous les hommes, 1'hurnïlité, la „ modeftie, la concorde, la patience, „ 1'aftivité, 1'induftrie & toutes les au„ tres vertus, ces préceptes,-fi beaux » es  288 Nouv. Biblioth. Belgique. en eux mêmes, font encore trèspro„ pres a exciter les fujets a travailler au bien commun, & a leur faire re„ fpedter & aimer ceux qui les gouver- nent: des Citoyens,en qui fe trouvent j, toutes ces vertus, feront prets k fa„ crifier leurs biens & leur vie pour le „ falut de 1'Etat; ce n'eft pas de leur s, part qu'on doit craindre des oppofi- tions aux fages mefures du Souverain; „ de tets Citoyens ne troubleront pas 5, la paix & la tranquillité intérieure par „ des féditions". „ L'Evangile ne prescrit pas direfte„ ment aux Souverains leurs devoirs. 5, Cependant de 1'esprit de fes précep„ tes on peut facilement déduire le por- trait d'un bon Prince, & toutes les „■ veitus requifes pour gouverner fage„ ment un Etat. — Je me crois fondé si k foutenir", dit Mr. C, „ qu'un „ Prince imbu des principes de la Doe3, trine Chrétienne s'attachera k accroi-. 9, tre le bonheur public par tous les $J moyens poffibles; qu'il mettra ce foin „• k la tête de tous les autres, qu'ils y fubordonnera même fa propre félici* té.'  Oct.,Nov.,Dec£mb. 1782. 2gtJ j', té. II travaillera de tout fon pouvoir „ a maincenir la paix & la tranquillitê ,, intérieure de 1'Etat, & a le défendre „ contre toute attaque du dehors; il „ excitera puisfammeDt les Citoyens par ,, fon exemple au refpeét pour les loix, „ k la modération, k la tempérance, a „ toutes les vertus morales; il favori„ fera &' encouragera 1'étude des arts & des fciences, le commerce, I'état mi-, litaire, les flnances, & tout ce quï peut contribuer ó la prospérité & k la ,, gloire d'un Etat; il ne s'arrogera pas „ un pouvoir plus étendu que celui quï lui a été conféré, Ou que le bien pu„ blic exige; il ne cherchera point a „ empiéter fur la liberté des Citoyens^ ni k acquérir une gloire militaire qui „ nes'achete d'ordinaire que par lemal-, heur des fujets; ne defirant de regner ,, que fur un peuple heureux & jóuiffant ,, de toutes les douceurs & de tous les avantages que peut procurer la paix,, „ il ne cherchera point & ne fournira ,, point inconfidérement des fujets de guerre ; mais fera foigneux d'obfer- ver envers tous les peuples l^jfoi des Tomé UL Part, 2 V „ traf-  290 Nouv. Biblioth. Belgique. „ traités & de remplir envers eux tous „ les devoirs que le droit des gens exi„ ge. S'il arrivé cependant que Ie la„ lut de 1'Etat requierre qu'on prenne „ les armes pour fa défenfe, il n'évitera ,, point fêchement la guerre; mais étant, ,, en vrai Cbrétien, au deffus de toute ,» crainte humaine, & dispofé k tout facrifier au devoir & a la vertu, il „ combattra avec courage & apprendra „ aux Citoyens par fon exemple è s'ex„ pofer avec magnanimité aux périls les „ plus éminens pour la Patrie. Ajoutez „ k tout cela ce que 1'Evangile enfeigne „ d'une ceconomie de rétribution après „ la mort, dont voici la conféquence „ naturelle -y que fi ce noblc motif, l'affeétion d'un Prince pour fes fujets, i, étoit prêt a s'éteindre dans fon coeur, „ la feule crainte des vengeances célestes 1'engageroit du moins a fe mettre „ en état de pouvoir un jour rendre „ comptc a 1'Etre fuprême de fon adminifiration". Nous avons traduit ce morceau pour donaer un échantillon du ftyle de cette u " piè-  Oct. , Nov., Decemb. 17ga. 291 pièce, dans lequel on pourroit defirer plus de nerf & de précifion. Seconde Partie. Telle étant 1'excellence de la Morale Chrétienne, il eft naturel de rechercher, d'oü vient que tant d'ennemis fe font élevés coTitr'elle pour la calomnier, Mr, C. 1'attribue 4 deux caufes en apparence contradiftoi. res; d'un cóté èun refpect fuperftitieux* de 1'autre au mépris & a la haine. * Des hommes plus pieux qu'éclairés, & en particulier les Pcres de 1'Eglife pour exalter d'autant plus la Morale Chrétienne au deffus de la Philofophie Payenne Cen particulier celle des Stolciensj ont outré les préceptes de 1'Evangile, & les ont expliqués avec une" févérité peu adaptée a la nature humaine: de la ces éloges de Ia retraite, du célibat, de Ia mortification des fens, du' mépris des richeffes, des honneurs & de la gloire, en un mot de tout ce que les hommes eftiment & recherchent dans le monde; felon Clement £Aléxandrie ]« vie la plus éloiguée de la Société & des' moeurs des hommes, eft celle qui apV 2 pfoche  2^1 NOUV. BlBLIOTH. B£LGrQUE. proche le plus de la perfe&ion Chrétienne. Ces idéés fauffes & outrées ont été extrêmement nuifibles aux intéréts du Chriftianisme, furtout en fournilTant matière aux déc'amations calomnieufes des incrédules. En particulier c'eft cette fauffe interprétation des plus excellens préceptes , qui dans ce fiècle & dans le précédent, a donné lieu aux Tindal, Toland , Collins , Wbifton , Sb'.ftsbury, Trancbard, Bayle, Voltaire , Rousfeau, &c. de foutenir ; les uns que les préceptes de 1'Evangile font contradictoirs ; les autres qu'ils exigent des ehofes au deffus des forces humaines ; il y en a enfin qui ont imputé au Chriftianisme de rendre les hommes craintifs & laches, d'éteindre en eux non feulement le courage & l'adtivité, mais 1'amour de la Patrie, ce puiflant reffort des devoirs du Souverain & des fujet1;. A cette fauffe interprétation de Ia Doctrine Chrétienne, il faut donc oppofer la véritable, ce feul moyen de bien' comprendre un Auteur quelconque eft par-  Oct. , Nov., Decëmb. 1782. 293 particulierement indispenfable pour entendre 1'Ecriture Ste &c., k caufe du flyle oriental qui y regne; flyle fouvent exagéré & hyperbolique, qu'il fuffit aiors de prendre au fens propre, pour faire dire a 1'Auteur, ce qu'il n'a jamais, eu intention d'avancer. Nous allons donc, dit Mr. C, appeller k notre fccours les regies d'une bonne interprétation; & nous ne ferons ufage que de celles qui font claires, eertaines & généralement reconnues. En réfutant avec le fecours de ces regies les calomnies des ennemis de la Morale Chrétienne, nous mettrons dans tout fon jour la vérité & 1'énergie de cette fentence de J'illuflre Grotius: il n'y a rien dans la Religion Chrétienne (je la confidère en elle même, & fans le mélange des erreurs qu'on peut y ajouter) qui nuïfe k la Société humainc; ou plutót il n'y a rien qui ne foit k l'avantage commun des hommes. I. Regie. Beaucoup de préceptes de VEvangile doivent être entendus, non dans un fens propre £f littéral, mais dans ym fens figuré 6? allé^onque. PerV 3 fon-  394 Nouv. Biblioth. Belgiqüë. fonne ne peut ignorer, que les figures oracoires font familières aux écrivains facrés; le Sauveur en particulier couvroit fouvent lés inftructions publiques du voiledel'Aliégoriej&lesexpliquoitenfüi. te è fes Apótrcs; c'eft donc une mauvaife foi infigne de prendre toujours les passages de 1'Ecriture au fens littéral. Mr. C, réfute au moyen de cette regie le» calomnies de Voltaire & d'autres incrédules, qui ont ofé charger la Morale Chrétienne, non feulement d'approuver Ia haine, la discorde, 1'intolérance; mais de les commander; afin d'en conclure que cette Morale eft directement contraire au bien de Ia Société, & des iudividus qui Ia compofenr. II. Regie. L'Evan^ile condamne en général plufieurs cbofes, dont la condamnation ne porte que fur leur abus, fcf fur les vices qui les accompagnent ordinairement; ou par laquel e d veut fimplement mus apprendre d préférer d ces tbofes la d'autres objets plus impartans. Cette regie eft d'un grand ufage pour bien comprendre un traité de Morale quelconque, cependant elle a été hon- teu-  Oct. , Nov.,Decemb. 1782. 29$ teufement réglipée, cV par ceux qui ont outré la Morale Chrétienne (ici 1'Autcur répete ce qu'il a dit plus haut des Peres de 1'Eglife) & par ceux qui ont fondé leurs calomnies & leurs farcasmes fur ces fauffes explications, L'Auteur entre dans le détail & applique cette 2e. regie a ce que dit 1'Evangile par rapport è certaines affeétions naturelles du coeur humain, qu'il commande d'étoufFer; par rapport a la fuite du monde, au mépris des richeffes, du luxe, des plaifirs; enfin par rapport aux fcienccs humaines, aux emplois civils & militaires qu'il paroit condamner. Mr. C. prouve par les argumens ordinaires, que les préceptes de 1'Evangile fur tous ces objets, entendus dans leur véritable fens & expliqués felon la regie fusdite ne commandent rien de contraire è la prospérité des Citoyens & des Etats. 111. Regie. Beaucoup èe préceptes de VEvangile font exprimés en termes gêné* raux & indéterminés, mais doivent , pour plufieurs raifons, être entendus dans un Jens particulier £ƒ rejlreint. 1'Auteur en produit plufieurs exemples V 4 ia-  zg6 Nouv. Biblioth. Belgi-oue. inconteflables. Cependant on a négligé 'encore cette regie fi claire & fi fimple par rapport aux préceptes de 1'Evangile, furle/«rme»t&c.j maisMr.C. s'attache en particulier a expliquer felon cette regie la Doctrine de 1'Evangile fur le divorce, il réfute les cenfures indiscrettcs de Foltaire & de Montesquieu, en montrant i9. que le divorce rendu difficile bien loin d'être nuifible au bonheur particulier & public, leur eft au contraire avantageux, 2°. que 1'opinion affez ordinaire, qUe Ie divorce eft totalement 'défendü par 1'Evangile, ou permis feu. lement pour caufe d'adultere & d'abandon, eft contraire a Ja faine raifon & a" 1'Ecriture fainte. Cet article eft traité de la facon Ia plus claire & Ia plus }„. dicieufe. J • IV. Beaucoup de préceptes de 1'Evangile, exprimés en termes généraux ö3 indé ter minés , ddvent être rejlreints d de eer tams lieux, & d de certaines perfori nes. Lt Sauveur a prescrit è fes Ano" tres beaucoup de chofes rélatives a Lil vocat.on particulière; on ne doit donc pas les appüquer a toutes fortes de per- fon»  Oer. , Nov., Decemb. 1782. 297 fonnes, ni k tous les tems. Par cette xegle 1'Auteur explique ce que dit 1'Ecriture fur le célibat, Ia communauté de bieos , les procés devant les tribunaux, & la non réiiftance. V. Regie. Beaucoup de préceptes de 1'Evangile font exprimés en termes byperboliques, qu'il faut prendre %arde d''entendre su d'expliquer dans le fens propre. 1'Auteur appuye cette regie d'une citation un peu longue de Séneque, de Beneficiis VII: 22, 23, & il s'en fert pour cxpliquer la Doctrine de 1'Evangilc fur le ferment, le menfonge officieux, 1'ufure, 1'office de juge & la guerre. Dans le détail de tous ces articles Mr. C. a le mérite, non d'avoir dit des chofes nouvel!es,maisd'avóir recueilli ce qu'ont enfeigné de meilleur fur ces différens fujets, Grotius , Puifendorf, Barbeyrac &c. il a foin de citer ces Auteurs dans ce qu'il en a emprunté, & il y renvoye lorsque les bornes prescrites 1'obligent d'abréger. Obfervons encore que les regies indiquées ne font pas asfez diftirétes, & ont donné lieu k quelques répétjtions. V 5 Troi'  2p8 Nouv. Biblioth» Bêlgiqüb. Troijième Partie. On a eacore atta. «qué d'une autre manière Ia Morale Chrétienne. Les uns ont prétendu, que certains préceptes de 1'Evangile bien compris, font cependant contraires au bonieurdes particuliers, a la prospérité de 1'Etat & aux devoirs d'un bon Prince; les aatres ont têché de rendre Ia Morale Chrétienne odieufe, en lui imputant les maux qui n'ont eu d'autre fource que les vices des hommes. L'Auteur entre en discuffion fur la Polygamie entierement proscrite par 1'Evangile, & cela au grand détriment de Ia Société felon quelques incrédules. Cette matière a été un fujet de longues <3c de violentes disputes entre les Chrétiens; disputes qu'on n'avoit pas lieu de s'attendre è voir renouvellées dans ce fiècle, comme elles viennent de I'être cn Angleterre par 1'Auteur du Tèelypbthora. Mr. C. s'attache principalement a montrer contre les incrédules, io.qUe la polygamie eft contraire au bonheur des particuliers, 2". que quand elle fa. voriferoit Ia populatioo, il ne s'enfuivroit pas qu'elle feroit toujours avactageufe au  ,Qct.,Növ.,Decemb. 1782. 299 au bien public. La multitudede Citoyens, dès qu'eile excède les reffources d'un Etat, lui devient nuifible, 30. & enfin 1'Auteur démontre que la Polygamie eft contraire a la population bien loin de lui être favorable. Mais quelle vigueur, quel courage, quelle force d'ame, quelle énergie pour former de grandes entreprifes, & quelle conftance pour les exécuter peut on s'attendre a trouver chez des hommes, fans ceffe occupés a fe rendre doux, débonnaires, humbles» patiens dans les injures, pleins d'amour pour leurs cnnemisj è fe détacher du monde & a travailler a leur falut ? Telles font les objeétions de Macbiavel , Bayle , Diderot & furtout du céiébre J. J. RouJJeau dans Ie Cb> 8 du Liv. 4. de fon ContraSt Social. 1'Auteur fe borne k combattre ce dernier j & on ne 1'accufrra pas fans doute d'avoir choifi le plus foible de fes ad» yerfaires; en reconnoiffint la fupcnorité des talens du Citoy- n d< Gewève, il fuit pied k pied fes paradoxe» ,& les réfute vidtorieufcment. La Differtation de Mr. P. Verstas of-  goo Nouv. Biblioth. Belgiqüe. offre a peu prés les mêmes matières, mais dans un ordre différent. II n'eft pas néceffaire", dit il, „ de prouver que le Citoyen eft dans Pobligation de travailler k 1'avancement de fon ,, bien-être, & qu'une faine Politique 4, doit être préférée k unemauvaife: ce „ font des vérités que la queftion pro„ pofée fuppofe; mais", continue Mr. Verstap, „ il fera plus néceffaire s, d'expofer les vrais intéréts du Citoyen ,, & de tracer les regies d'une faine Po„ litique"; auffi y confacre t'il les deux premières parties de fon discours; dans une troifième il fe propofe de prouver, que la Morale Chrétienne enfeigne aux Souverains k pratiquer ces regies d'uue faine Politique, & aux Citoyens k avancer leurs intéréts; & dans une quatrieme 51 entreprend de démontrer que la Morale Chrétienne n'enfeigne rien de contraire aux regies d'une faine politique, ou aux intéréts du Citoyen, I. Pour determiner les regies d'une faine politique, 1'Auteur remarque, que I'inftitution du gouvernement civil a pour kW ces deux fins importantes i°. de pro-  Oct. , Nov., Decemb. 17S2. 302 procurer aux Citoyens la fureté & Ia tranquillité, 2°. d'élever la prospéritê publique au plus haut point de perfection poffible. A Ia première de ces fins 1'Aüteur rapporte les regies fuivantes; maintenir la Religion & encourager la vertu; accorder la liberté de confcience; conferver fans altération la liberté naturelle & les droits du peuple; entretenir le refpect dü au Souverain; veiller & 1'exécution de fages Loix; diftribuer les punitions avec fageffe, équifé & justice; juger impartialement les différents qui s'élevent entre les Citoyens; ne pas impofer au peuple des taxes arbitraires; cultiver autant qu'il eft poffible la concorde entre les membres du gouvernement ; obferver la plus exacte justice envers les autres peuples; travailler a conferver la paix, mais} lorsqu'elle eft rompue, employer les forces de 1'Etat pour fa défenfe, de Ia meilleure manière poffible. A Ia feconde fin indiquée 1'Auteur rapporte ces 4 regies; cultiver' les arts & les fciences; encourager 1'agriculture, les manufadtures, la navigation & le commerce ,aicfi que les mariages; ban-  302 NOÜV. BlBLTOTH. BeLGTQJJE. bannir de 1'Etat 1'indigence oifive , & enfin diriger jusqu'aux amufemens du peuple. On lira avec plaifir le développement de toutes ces regies; Mr. V. s'étend le plus fur les articles de la Réligion, de la vertu & de Ia tolérance pour réfuter les paradoxes de La Mettrie, Mandeville, Halbes, Sbafsbury & Bajle. II. Quels font les vrais intéréts du Citoyen? Mr. V. les rapporte èy chefs ; i« comme le Citoyen ne peut fe croire en fureté que par la proteétion du Souverain, fon premier intérêt eft que le Souverain foit revêtu de la puiffance néceffaire pour maintenir le Citoyen dans fes droits, 2°. puisque le repos & le bonheur de chaque Citoyen dépend en grande partie d'un gouvernement libre, modéré & fage, I'intérêt de chaque Citoyen exige naturellement que fon Sou. verain fuive les regies d'une faine politique, 3°. puisqu'il eft certain que Ia fanté des membres dépend de celle du corps entier, il eft encore de I'intérêt de chaque particulier, que fes Concitoyens prosperent, 40. comme dans Ia Só-  Oct. , Nov., Decbmb. 1782. 303 Société on ne peut fe paiTer de Ia proteclion, du fecours, de l'affection les unsdes autres, I'intérêt de chacun demande encore qu'il foit eftimê, honoré & aimé de tous. 5° Enfin le Citoyen doit travailler non feulement a procurer Ie néceffaire a foi même & aux fiens, mais encore a améliorer fon fort s'il eft posfible. 1'Auteur montre k chaque article que Ia pratique de la vertu efl Ie moyen le plus fur d'avancer folidement tous cesi intéréts. III. On ne trouve point dans 1'Evangile un fyftême complet du droit de Ia Nature & des Gens tel que ceux de Puf» fendorf , Grotius , Barbeyrac, Noodt, Binkersboek, Montesquieu; mais on y trouve les principes fur lesquels ces grands hommes reconnoiffent eux mémes avoir Mti, les bafes inébranlable9 fur lesquelles repofe la faine Politique. L'Auteur le prouve en détail, en reprcnant toutes les regies qu'il a indiquées dans fes deux premières parties & en citant les paffages de 1'Ecrit: Ste. qui s'y rapportent. L'avancerrrnt de tous ces. intéréts, continue Mr. V., exige Ia* pra-  £04 Nouv. Bielioth. Belgiqué pratique d'un grand nombre de devoirs»' II ne feroit pas difficile d'en montrer les préceptes dans 1'Evangile. La description que fait St. Paul de la charité -Chrétienne les renferme presque tous; mais pour abréger 1'Auteur fe contente 4e produire quatre préceptes généraüx de J. C. ou de fes Apótres, comme autant de fources d'oü découlent tous les devoirs des Souverains & des fujets, ces quatre préceptes font i°. celui de St. Paul: tout ce que vous faites, faites le a la gloire de D eu, 2°. celui du Sauveur: faites aux autres ce que vous vou* driezqui vous fut fait, 30, la pureté de coeur que 1'Evangile exige, 40. Ia belle exhortation de St. Paul aux Phiiippjqns IV: 8- 9. que toutes les cbofes qui font véritables &c. Mais le fondateur du Chriftianisme n'auroit il pas mieux fait de prescrire aux Chrétiens, k 1'exemple de Moïfe, non feulement un code de loix morales, mais encore un code de loix politiques; afin de lier enfemble plus étroitemenc le bonheur temporel & éternel des hommes? 1'Auteur réfoud en paffant cette ob-  Öcf., Nov., Decémb 1782. 305" objection par la Nature des deux dispenfations; celle de Mbïfe avoit pour objet un peuple particulier, dont Dieu s'étoit déclaré Ie Roi, celle de J. C. embraffe les hommes de tous les lieux & de tous les tems & ne pouvoit régler par conféquent que ce qtii fe röpportoit a'leurs intéréts corhmuns. TV. Un inéréduie pourroit dire: je conviens de tout ce qui a été avancé jusques ici; cependant on rencontre dans la Morale Evangélique une multitude de préceptes, dont la pratique feroit le malheur de la Société; la profeffion dut Chriftianisme eft bien calculée pour une fecte particulière, mais plufieurs de fes loix font impratidables dans un Etat, & contradictoires avec un fage Gouvernement. Les objeétlons de cette nature qu'ón trouve dans Bolingbrokey Sbafttbury » Hume, Cbubb &c, ne portent que fur les idéés fauffes & outrées que les Chrétiens fe font faites de certaines Vertus Evangéliques; fur Ia conduite dé J. C. & de fes Apótres, dans leur vo« cation particuliere; fur certains palTagesf de 1'Ecriture mal enténdus ; & fur ce? Time UI. Part. 2. X qm  So5 Nouv. Bijslioth. Bblgique. que PEvangüe dg prescrit pas direétement certaines aftions, qu'Epicurc a regardécs comme des vertus civiles. Mr. V. réfute toutes ces objections en développant & en prouvant les propofitions fuivantes: i<\ ]e dogme d'une vie a v«nir ne porte aucun préjudice a notre bien-être temporel, a». Ia Morale Chrétienne na favurife pas 1'intolérance. 3». elle ne conduit pas a la Tyrannie, a 1'Indépendance ni è 1'Anarchie, 40. Elle n'interdit a perfonne Ia défenfe de fes drots légitimes. Elle ne condamne m les Sciences, ni Ie Manage, 6°. elle ne détourne pas Ie Citoyen de travaillcr a fa prospérité, 7°. elle n'interdit paS'a 1'homme de défendre & d'aimer fa Pa. trie. Ceux qui liront les détails intéreffans dans lesquels 1'Auteur entre fur tous ces chefs, conviendront qu'il n'a rien négligé de tout ce qui pouvoit contribuer h éclaircir & è prouver la queftion teile qu'elle a été propofée: en général il regne dans la pièce de Mr. V. beaucoup d'ordre de méthode & de précifion: le ftyle en eft clair, aifé, ■obie, en un mot, fi 1'ouvrage de Mr. Grot  Öct.jNov.-Decemb. 1782. 307 Crus ne dément point fa qualité de Profc'ffeur & la réputation qu'il s'eft acquife, il nous paroit que celui de Mr. Verflap, fimple Négociant, faitun honneur infini k fon application, fes talens, fes lumieres, fon amour & fon zele pour la Yérité & la Réligion.  5o? Nodv. Biblioth. BelgïqJub. ARTICLE CINQUIEME. Verhandelingen van het Bataafsch Genoodschaf der Pr oef onder vindelyke Wyslegeerte te Rotterdam. Vide. Deel, teRotterdam by R. Arrenberg i-zgr, 4°. loo bl. C'eft- a-dirè, mémoires de la société de Philosophie Expérimentale établie a Rotterdam. Tome 6. &c. &c. Prix ƒ4.0-® La remarque de Mr. D'alembert eft trés jufte „ que le bazard a fait plufieurs découvertes dans les arts „ 6? même dans la Science des fa i t s telles que la Physique", 1'Hiftoire de > 1'E-  Oer., Nov.,Decemb. 1782. 309 1'Eleclrieité nous en fournit des preuves convaincantes. Eft-il une branche de la Phyfique oii les découvertes ayent été plus étonnantes, & qui doiventleur origine k des effais plus fimples. Un morceau d'ambre frotté qui attire quelques pailles ou d'autres corps légers nous a conduit jusqu'è la connoiflance de Ia nature de ces Météores autrefois Ia terreur des mortels. Ce n'étoit pas aflez de les connoitre, il falloit encore pour être utile k 1'Humanité pourvoir aux moyens de fe garantir de leurs funeftes effets; il étoit réfervé au célèbre F r a n kl i n de remplir cette tlche, de nous rendre un des plus importaus fervices & d'acquérir les droits les mieux fondés k notre reconnokTance: c'étoit k lui qu'étoit réfervée la gloire* de nous apprendre k foumettre a nos Loix un des plus terribles Météores, de manière qu'on peut lui appliquer entièrement ce mot Eripuit coelo fultnen. —< Plufieurs Phyficiens fe font appliqués k confirmer de plus en plus le Syfteme de l'illufire Phyficien de Pbiladelpbie, & fpécjalement a en tirer des conféqucnX 3 ces  3io Nouv. Biblioth. Belgique. ces pratiquss & d'une utilicé réelle, en nous indlquant les meilleurs moyens de nous préferver des effets de la Foudre. La Société dePhilofophie Expérimentale de Rotterdam qui s'occupe avec tant de zèle de tout ce qui peut conitribuer au bien être de 1'humanité, propofa en 1779. au nom & pour le cornpte de la Société des Sciences établie & Batavia le fujet fuivant, de montrer par des Expériences quels font Zet Météores ^ui dépendent de ïatïion de 1'EleStricitê 'naturelle, comment elle les produit, &f quels font les moyens les plus propres de préferver nos Maifons, nos Vaiffeaux, £f nos Perfonnes des funefies effets de ces Météores ? Parmi les Mémoires entrés en Concoursen Mars 1780, la Société jugea que celui qui avoit pour devife, non ratiocinandum, fed tentandum, quid Natura faciat, aut'fer at. Ba co: & dont 1'Auteur eft M. M. van Ma rum. DofiE. en Pbil. &? Mei. DireEleur du Cabinet H'Hifi. Nat. 6? Membre de la Société Hollandoife des Sciences d Haarlem, méritoit d'obtenir le Prix de la .Médaille d'or.  Oct.,Nov.,Deceme. 1782. 311 d'or. Ce Mémoire fait partie du Volume que noüs annoncons; nous allons fuivre 1'Auteur pas a pas, & mettre ainfi nos Ledleurs en état de pouvoir juger eux mêmes du mérite de cette Pièce. Dans une courte introduótion 1'Auteur remarque „ que les Météores ont toujours été des fujets trés difficiles pour les Phyficiens: tout ce qu'on avoit produit pour les expliquer ne confiftoit presque qu'en fimples conjeélures, jusqu'a ce qu'on eut acquis quelques connoiffances touchant la vertu élecïriquè de 1'Atmosphere". L'Eleöricité fe trouve partout dans 1'Atmosphere, è quelque élévation que ce foit qu'on ait fait les recherches: plus on s'éleve dans 1'Atmosphere , plus elle devient forte, prés des nuages, ou dans les nuages mêmes, elle eft la plus forte. C'eft dela que les Phyficiens tüchent d'expliquer la plüpart des Météores, qui ne font pas expliquahlcs autrement; mais beaucoup de Phyficiens ont été trop loin; ne s'arrêtant pas a ce que 1'Expérience enfeigne, ils ont formé« des fyftémes, ou X 4 Je  £12 NoUV. BlELIOTH. BfiLGlQJJE. Ic certain efl: confondu avec Vincertain. — Afin d'éviter ces défauts Ia Société de Rotterdam a demandé qu'on montrat par des Expériences, quels font les Méféores &c. M. V. M. fe propofe de prouver que la Foudre, la Trombe (ou Typbon) eertains Tourbillons de Vent & les Aurafes Boréales font des Piiénomènes Elèctriques. Le Mémoire que rjous analyfons efl; divifé en 4 parties. Dans la re. 1'Au. teur établit cette propofition, que la Foudre ejl un effet de VEleblricitê Naturelle de V Atmospbere. Pour prouver cette propofitfon 1'Auteur rapproche les Phénomènes & les effets de la Foudre avec ceux de 1'ÉIectricité, & il indique plufieurs traits de reffemblance ou d'analogie. i°. La Foudre traverfe V Atmospbere en Zigzag, c'effc aufli de cette facon que la matière éleftriqut's'élance d'un Conducteur bien chargé d'Eledtricité fur un corps placé è Ia diftance de quelques pouces. 2°. L'Expérience prouve que la Foudre frappe, jrdinairemeut les corps qui font les tneil. leurs  /DcT.j Nov.,Decemb. 1782. 313 leurs Condutleurs, comme les Métaux par ex. &c. La même chofe a lieu dans 1'Elecjtricitéi ces faits font trop connus des Phyficiens pour qu'il foit néceffaire de nous y arrêter. 30. La Foudre, ainfi que PEleQricité, allume les matières infuimmables. 40. La Foudre fond les métaux ; c'eft ce que nous faifons auffi au moyen d'une forte Eliétricité. 5?. La Foudre perce, fend & brije les corps fur lesquels elle tombe, & qu'elle traverfe ou pénêtre: de même nous percons, fendons, ou brifons du Papier, du Bois, du Verre &c. lorsque nous employons de fortes batteries éleétriques. 6°. La Foudre & les explofions éleétriques ont un effet femblable fur la vie animale, l'une 6? 1'autre tuent les animaux. 7?» La Foudre & l'Ele&ricité produifent les mêmes effets fur 1'Aiguille aimantée, foit en détruifant les Poles , foit en les renverfant. (1 ) Enfin fi Pon fait encore attention que les nuages font tou- (1) L'Auteur pofe ici & le répete encore è la'fin du f. 4. comme une chofe X 5  314 Nomr. Biblioth. Belgique. toujours chargés d'une forte Eleétricité a i'approche de quelque oragc, on peut pofer comme une vérité prouvée par expérience, que la Foudre eft une explo. fion des Nuages Eieftriques. Dans le §. 3. 1'Auteur paffe aux Expêriences; mais auparavant il donne ia description de 1'appareiJ dont il sY.fi: fervi: nous ne pouvons Je fuivre dans ces certaine, ce qui nous femble encore loin d'être bien conftaté. Nous aurions bien fouhaité que M. V. M. fe fut occupé des expériences rélatives a ce fujet & eut répété celles de M. Wïlcke, contenues dans les Mem. de Stockholm, celles de Franklin & d'autres Phyficiens. Ces effets de !'EIecïricité fur le Magnétisme nous paroiffent encore fort douteux furtout depuis que M. Van Swinden ïrofeffeur de PhilofopHie a Franeker a exal miné & traité cette matière a fond dans fon Mémoire, couronné par VAcad. de Baviere fur l'Analogie entre le Magnétisme £? l'Èlellricité Cette Diflertation fe trouve dans le dernier Volume des Meji. de cette Academie.  Oct.,Nov., Decemb. 1782. 315 ces détails paree qu'il nous fauiroit des Planches gravées; mais il fuffira de dire que cet appareil fort fimple efl. a peu pies femblable ktemaifonnelte de Ferguson, pour montrer les effets de la Foudre lorsqu'elle tombe fur quelque batimenr, & les moyens de les prévenir: cet inftrument connu de tous les Phyficiens fe trouve entre les mains de "tous ceux qui s'occupent d'Eleclricité Expérimentale, il efl: décrit aufli dans plufieurs ouvrages de Phyfique. (2) M. van Ma rum a fait quelques changemens a la conftruction ordinaire de cette machine , p. ex. en ce que la tige fur laquelle on laiflè tomber 1'étincelle élcélrique efl: interrompue en trois endroits différens, formant des espaces de diverfes grandeurs, afin de pouvoir y placer différens corps, comme des matières inflammables, une feuille de métal pour en fake la fufion, &c.; fur la par- (2) Voyez la PI. 2. fig. 1. du Complete Treatife of EleStricity, by T. Cavallo London 1777.  .316* Nouv. Biblioth. Belciqjje. partie poftérieure de ce petit édifice s'éleve k 4 pouces de diftance un gros fil de cuivre, mais courbé a Ia hauteur du fommet de cet édifice, de manière qu'il foit trés proche de Ia pointe ou de la boule fur laquelle I'étincelle éledtrique tombe: c'eft a cette tige que M. V. M. adapte un plateau de Verre de 20 p. dé largeur, fur 16 pouces de hauteur, au moyen de deux anneauxde cuivre cimentés fur ce plateau. Ce plateau eft couvert d'un cöté d'une armure d'étain, & de 1'autre de bronfe réduit en poudre bien fine, qu'on fixe fur le verre au moyen d'un Vernis de maftic. Ce plateau eft exactement le Carreau de Bevis. On place fur 1'extrêmité d'un Conduéteur d'une forte machine électrique un fil de cuivre, qui touche Ie Plateau du cóté couvert de bronfe, l'é. tincelle éledtrique qui s'échappe de ce fi! fur 1'armure de bronfe , va en Zig. zag, & imite ainfi (du moins è. la vue) la figure d'un éclair: le Plateau fe charge entierement, & fe décharge enfuite fur la boule placée fur le fommet du oeéït édifice. • *V w j, Ge  OcT.,Nov,,DiïcEMB. 1782. 317 „ Ce Plateau, continue notre Auteur, repréfente un Nuage: le cóté couvert de bronfe eft en effet un Nuage factice c. a. d.j qu'il eft de même nature que les Nuages, car prèmièrement comme les Nuages font compofés d'eau & d'air, & parconféquent de deux matières, dont Tune, (1'eau) eft conducteur, & 1'autre (l'air) n'eft point conducteur, de même la furface de ce plateau eft compofée auffi de matières qui font conducteurs, & d'autres quï ne le font point; le bronse par - ex. eft dans le premier cas, le vernis dans le fecondr s*. comme dans les Nuages les parties aqueufes ne fe touchent point immédiatement, mais font féparées par des particules d'air, qui ne font point conducteur, de même fur ce plateau les parcelles de bronfe étendues en couche trés minces fur le vernis ne fe touchent pas immédiatement , mais ont entr'elles ,une fubftance qui n'eft point conducteur, lë vernis. M. V. M. fait enfuite au moyen de fon appareil 6 expériences pour prou«* ver qu'on peut imiter en petit par une explofion élecïrique tous les effets de la1  3l8 NOUV. BlBLÏOTH. BeLGIQUE» Foudre: ces expériences ne font point nouvelles, &. trop connues pour les répéter ici. 1'Auteur les récapitule dans le §. 5; „on voit dit-il, quele Nuage artificiel fuspendu au deffus 'de notre petit édifice fe décharge fur le conducteur q.ue la matière électrique qui s'échappe dans cette décharge, parcourt un chemin tortueux —- qu'elle fe jette par préférence fur les métaux, comme la Foudre, quoiqu'elle eut pu tomber également fur un autre corps moins conducteur, mais dont elle étoit également proche, que 1'étincelle électrique, allume comme la Foudre les matières inflammables, — qu'elle fend & brife du bois, qu'elle fond les métaux qui ne font pas affez forts pour lui fervir de Conducteur, qu'enfin elle opére des effets pernicieux fur la vie animale." M. V. M. conclüt que d'après ces Expériences on doit être perfuadé, que les effets des Explojions éleclriques, £? ceux delp Foudre font de même nature, & ne différent qu'en dégré de force. Notre Auteur donne avant de finircet. 38. Pbil. Tram. vol. S2. p. 633. Vol. 54. P204. 153. vol. f3- p. 44- vol. 64- p. j. p. 133. Voyages de M. C o o k Tom. 2. p. 297. Burnabï Travels tbrougb tbe Midllefettlemens in Nortb America in tbe Tear 1759- and lV5°^ tbe 2d. Edit. hond. 1775. 8°. ƒ>. 9- 1* Dans Partiele qui traice de la manière Z 3 frnt  §42 NOTJV. BEBUOTH. BELGiqUB.' dont nous pouvons prémunir nos perfonnes contre les effets de la Foudre, ——. M. V. M. donne de bons corneiis; p, er. ü 1'on fe trouve dans une maifon quï n'a point de Conducteur, il faut éviter de fe placer dans les endroits oü nous fcrions proches de quelque fer ou de quelque autre Conducteur de cette nature, de peur que la foudre ne s'élance dela fur nos corps, quï font de bons Conducteurs , & ne cherche a s'óchapper de cette manière foit k terre, foit dans quelque autre partie du batiment. II faut éviter de fe tenir proche des cordons des fonnetres, de tuyaux de plomb, de tapifferies de cuir doré ou dans des appartemens peu cxhauffés. — II faut fc tenir auffi ■k une certainc diftance des Conducteurs, vers lesquels la Foudre pourroit fe frayer un chemin au moyen de nos corps. II ne faut donc pas fe tenir.près de poëles de fer, de pompes de plomb, ou de tuyaux pour les fontaines; il ne faut point fe tenir fur des citernes, ou des refervoirs d'eau, ni fur des pavés qui «nt fous eux des terreins humides: il ne faut donc pas chercher k fe garantir de II  OcT.,Nov., Djecemb. 1782. 343 Ja foudre en fe cachant dans une cave. On s'en garantit le mieux en fe plaeant au milieu d'une chambre fpacieufe & exhauffée, dont le plancher foit fee & élevé de quelques pieds au deffus du fol. II faut encore éviter de fe mettre proche de quelque miroir: dans les Pbil. Trans. vol. 24. p. 36. on trouve un exemple que la Foudre eft tombée fur un miroir &c. M. Martinet a communiqué une Obfervation pareille a la Société des Sc. de Haarlem. Voyez le$ Mém. de la Soc. Tomé 14. Pour prévenir ces effets il fuffit de tourner a 1'envers les miroirs, ou de mettre une planehe devant ceux qui font attachés a la muraiile on è la boiferie. — Dans les Eglifts il faut éviter de fe mettre au deffous des luftres de métal, ou de fe placer prés de la tour. Dans les Vaiffeaux il faut s'éloigner du Mat autant qu'il eft poffible & fe tenir a la Poupe du Vaiffeau. C'eft cnvain qu'on a cherché a fe préferver de la Foudre en s'habillant en foye on en laine : ou en mouillant fes habits: mais on peut quitter tout ce qui eft métal, comme des Z 4 Epées  344 Nouv. BrBLioTH. Bblgique Epêes &c. .JLes Femmes feront prudcmment de fe défaire de leurs ornemens, comme boucles d'oreilles ou autres ornemens de tête. Les crochets de métal qu'on employé dans les coëfFures peuvent être nuifibles; en 1760 a Augsbourg une Demoifelle, en fe tenant devant une fenêtre, fut frappée de la Foudre; on vit diftinólement que les crochets de métal de fa coëffure en étoient affectés. II vaut mieux fe tenir au milieu de Ja rue pendant un orage que de s'approcher des maifons: il faut éviter de trayerfer les grandes places ou plaines; il ne faut point chercher a fe mettre a 1'abri fous quelque arbre. Si 1'on fe trouve en rafe campagne il eft prudent de fe coucher k terre, & de s'éloigner des Foffes, Canaux. clcc. Si Pon fe trouve è cheval, il faut en descendre, attacher Ie cheval k quelque arbre, & fe coucher è terre. Enfin 1'A. fait mention des foi-difants Para-tonnerres, & il en mon. £re 1'infuffifance & le ridicule Dans la IV. Partie, M. V. M. traite des Trombes, des Tourbillons de Vent, SA is VAurore Boreale.  Oct.jNov.,Decemb.i782, 34$ II donne d'abord la description d'une Trombe & de fes différens effets-. Nous nous dispenferons de le fuivre dans ces détails, parceque ce Météore tft fuffifammeEt connu des Phyficiens; ceux qui voudroient s'en inftruire d'avantage encore pourront avoir recours aux ouvrages dont M. V. M. a fait ufage ici, & que nous allons indiquer. MustCHENbroek Intr. ad. Pbil. Nat. Tom. II. Tab. LX. fig. 1. 2. 3. 4. Mémoire de Ivl. Dryfhout dans les Mém. de la Soc. de Haail. Tome III. p. 321. oii 51 y a de trés bonnes figures. Pbil. Trans. N. 493. Vol. 46. p. 248. & Vol. 47. p. 477. Pbil. Trans. N. 454. p. 229. Beccaria Dell' Elettricisme Arlificiale e Naturale p. 206". Après avoir expofé les opinions de quelques Phyficiens, comme de M ü sschenbroek, par-ex. fur la nature des Trombes, M. v. M. déclare que celle ducelèbre Beccaria lui paroic la mieux fondée, que la Trombe eft un tff et de la force électrique de l'Atmosphè.re: ce fentiment efl: appuyé fur diverfes obfervations, 1e. la plupart des Z 5 Trom-  346" NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQU*. Trombes ont lieu lorsqu'il fait de Po» "ge» — elles ont donc lieu lorsque les nuages ont le plus de force électrique. a?. On a vu quelquefois s'ékancer autour de ces Trombes des traits de feu, ou des éclairs avec une célérité prodigieufe. Voy. C o o k s Voyage round tbe ivorld &c. by M. Forster. Vol. I. P« 194- Beccaria, {. c. p. 213. 3" On a obfervé fous la Trombe ou Ie nuage dont elle provenoit, des attraftions «Sc des répulfions de gouttes d'eau, on d'autres corpuscules, qui resfembloïent beaucoup aux attraftions & répulfions éleélriques. Voyez le Mém.: cité ci-deflus de M. Dryfhoüt, «Sc les belles figures qui 1'accompagnent. 4°. Enfin fuivant le témoignage de Beo. caria il y a des obfervations qui montrent qu'on a détourné & diflipé des Trombes en élevant des Conducteurs pointus, & il remarque que c'eft un ufage généralement recu chez les Marins dans les parties du monde oü il y a beaucoup de Trombes. D'après ces données PA. paffe è Pexplication de Ia forïnation de ce Météore. La terre dok at-  Ogt. ,Nov., Decemb. 178a. 347 attirer les nuages électriques, qui n'en font pas trop éloignés, cette attraction agit néceffairement le plus fur la partie inférieure du nuage, c'eft pour cela que cette partie s'en approche en forme de colomne ou de cóne: mais les particules aqueufes du nuage étant plus fortement attirées par la terre que les particules d'air qui fe trouvent entr?elles, l'eau doit nécesfairement s'accumuler dans la partie inférieure de cette colomne; & puisque cette même attraction fait descendre encore les particules aqueufes du nuage dans la colomne, celle-ci devient de plus en plus péfante, jusqu'a cequ'elle tombe tout k coup par fa propre péfanteur. 2°. Si la Trombe eft un cffet électrique, il faut que 1'élévation de l'eau fous la trombe, éi rcnlévement des corps qui fe trouvent fur la furface de la Terre fe dérivent auffi de cette même force éleftrique. (4) Notre A. avond" qu'il ( 4.) M. V. M. auroit pu faire mention ici de 1'explication de la formation des Trombes qui fe trouve dans le ï. Vol. de l'Hisfoire Naturt\lt de la Hollande, écrite ca  348 Nour. Biblioth. Bulgiojje. qu'il en faudroit encore d'avantage pour expliquerla nature des Trombes, il croit que Ia connoiffance des effets éledtriques nous y menera loin: mais comme la queftion propofée par Ia Société des Sciences n'exige que des explications expérimentales il croit en avoir dit affez; il fim't par une expérience fort fimple qui ïmite au moyen de 1'EIeclricité la formation d'une Trombe. L'Article des Tourbillons eft fort court: pour prouver que ce font des effets électriques, M. V. M. rapporte & transcric en entier une belle obfervation de Mr. Wilke, publiée dans une differtation qui a pour titre J. G. Wilke. Disputatio Pbyjica Experimentalis de Electricitatibus Contrariis. Roftocb 1757. p. 142. Nous regreteons de ne pouvoir Ia trans. Hollandois par M. Berk het Tome r, p. 438. Cette explication a pour bafe l'ilectricité & a été communiquée a M, Beik* bet par un Prof. de Philofophie , Ie célèbre M. Allamand, fi nos informations foet «saftes.  öct. , Nov.j Decemb. 1782. 349 ttanscrire k notre tour, mais les hornes d'un Extrait, que nous avons óé]k excédées, ne nous le permettent point. M. V. M. ne craint point d'affirmer qu'il eft trés probable que YAurore Sa-. réale èft la matière Eleclrique qui fe répand dans la partie la plus élevée & ïa moins denfe de 1'Atmosphère; ce fyftême dit-il eft appuyé fur diverfes expériences & obfervations. 1*. Quand Ia matière électrique pasfe par de l'air raréfié jusqu'è un certain point elle forme des jets, des rayons, des corruscations •qui reffemblent beaucoup k YAur. Bor. Ea faifant pafier plus ou moins de matière électrique k la fois, ön peut imicer parfaitement les différentes cculeurs qu'on remarque dans YAur.Bor. zQ. On a obfervé que 1'Air a quelquefois une électricité extrêmement forte lors d'une Aur. Bor. & que les machines électriques produifent des effets extraordinaires. Voy. Tram. Vol. jp. p. 88 (5) 3°. Dans les Pays Sep- (5) H y a d'autres Obfervations qui proutreat le contraire, c'eft ainfi par ex. qam  350 NöUV. BlBLlOTH. BfiLGIQJJE. Septentrionaux on entend fouvent a Pap.' parition des AuroresBor. nn craqusment ou un bruit femblable k celui qu'on en! tend lorsqu'il s'échappe une étincelle électrique de quelque corps électrifé. 4". La variation de déclinaifon de 1'Aiguillée Aimantée, lors de 1'apparition d'une Aur. Bor. eft auffi une preuve, fuivant M. V. M., que VAur, Bor. eft un effet électrique, parcequ'on fait, tant d'après les obfervations de 1'influence de Ia Foudre fur les Bouffoles, que d'après les expé- rien- S. E. Prince de Gallitzin dit dans fon Mém. fur les Cerfs-Volans Eletsriques, Voy. Mém, de Bruxellis Tome 3. p. 12 da Journ. des Séances. „ L'Analogie qu'on „ trouve entre les Aurores BoréalesSc I'Elec,i tricité ne me paroit pas encore auffi as_ }i furée qu'on le croit. Les Expériences „ dont il s'agit ici ne m'ont rien donné de j, régulier k cet égard. Les Aur Bar. affeétenc i, ü eft vrai VAiguille Magnètique, mais Je „ n'ai pas remarqué qu'elles influent fur les „ fignes d'Eleftricité que donaoit i» Csrf' a Volant".-  Oct. , Nov., Dëcemb. 1782. 351 riences éle&riques faites fur les aiguilles aimantées, que Pinfiuence de la matière éleétrique fait varier les B'öuffoles. Les variations de la décliDaifon des aiguilles aimantées pendant YAur. Bor. a été fouvent obfervée par M. le Prof. Bergman h. Upfal, dans PAnnée 1757: 4 PObfervatoire de Parit elle fut tres remarquable le y Dec. 1768. Cette même variation a été auffi obfervée dans ce Pays depuis plufieurs années —— w „ Pendant des orages, continue notre Auteur, les aiguilles aimantées font " fujettes h des variations & des irrégu\t larités pareilles: C'eft ceque meprou„ vent les Obfervations diurnes que Mr* „ J. Engelman D. en Med. & üst- fpeüeur des Eclufes a Sparendam. a „ bien voulu me communiquer, &c, „ Ces variations & ces irrégularités. J5 dans Ia déclinaifon de 1'aiguille aiman„ tée pendant 1'apparition de YAur. Bor* „ &la préfence d'un orage ont fans dou„ te une caufe femblable: puisqu'oa „ fait que les orages font des phéno„ menes éleélriques, on peut en con« clure avec beaucoup de probabihté  352 NtfUV. BlBLÏOTH. BELGIQVe; i, que Ia force électrique de l'Aur. Bor. eft »> la caufe de ces variations. Les ex* périences & les obfervations fusdites „ montrent donc clairement que YAur. „ Bor. eft la matière électrique qui fe s, répand dam la partie fupérieure de 3, VAtmosphère. Enfin dit M. V. M. nous ne pouvons donner, pas même Ia moindre conjecture touchant les queftions fuivsntes; quelle peut-être 1'origine de cette matière électrique? —- pourquoi fe montre t'elle furtout au Nord ? — eft elle une matière électrique furabondante dont le globe de Ia terre fe décharge par des les deuxPoles? - & d'autres queftions femblablesrélatives W Aur.Bor. parceque nous fommes trop dénués de connoiffance fur ces matières. „ Quant aux autres Météores comme' „ les Éclairs, les Etoiles Tombantes, „ la Pluie, les Ouragans, quoiqu'acers) tain égard ils paroiffent dépendre aus3i ü de 1'Electricité de 1'Atmosphère. „ je n'en dirai rien pourlepréfent,ajoute ü M. V. M., paree que leur nature élec-  Oct. jNovo Decemb. 1782. 353 J, électrique n'eft pas encore aflTez bien établie par des expériences & des obfervations convaincantes, & que je ne pourrois alléguer que des conjectu„ res fort vagucs". Nous fommes étonrtés que M. V. M. ait pu fe perfuader d'après de fi légers mits d'analogie entre l'Eleótricité & YAur. Bor. que Ce météore foit un météoré électrique, fans faire mention des autres fyftêmes qu'on a formé fur ce fujet & fingulierement de celui de M. de Maira n. S'il y a quelques obfervations qui femblent étayer le fentiment de M. V. M. il y en a un trés grand nombre d'autres qui le combattent: II nous femble que les obfervations fans' nombre que M. le Profeffeur Van Swin'. den, a faites pendant une fuite de plufieurs années h Frarieker fur la dêclinaifon de 1'aiguille aimantée, & 1'influencé des Aur.Bor. fur celle ci, prouvent clai» rement, que les variations dedéclinaifon pendant 1'apparition des^ar. Bor. dépendent de quelque autre caufe que de 1'Electricité, & que ce météore n'eft pas élecTom. 111. Part. 2. Aa tri-  %S4 Nouv. Biblioth. BelCi^us. triquc. Voyez le Mémoire M. Va» S win den fur la Fabrique des 4iguil,-. lts Aimantées, couronné è Paris & imprimé parmi les Mém. des Savans Étrangers : ainfi que le Mém. couronné k Munxcb du même Profefleur, & dont nous avons parlé ci dev3nt. La Disfertation de M. V. M. efl: éerite avec fimpliciEé & clarté, elle pourra être unie; mais il nous femble qu'elle ne contient rien de nouveau, ou qu'on neren» contre dans la plupart des ouvrages qui ont traité de I'EIectricité. C'eft ainfi par ex. que dans POuvrage dc M. Sigaüd de la Fond intitulé Précis Htflorique Expérimental des Pbénonmes EleSriques, a la 3 Seétion qui traite de l'Analogie entre la Matière Électrique (elle du Tonnerre, £? avec Is Magnétisme, on trouve b peu pres \e$ mêmes idéés que celles qui font contenue,* dans la Differtation de M. V. M. II en efl; de même encore par rapport a une petite brochure qui parut en Hollandois , a la Haye en 1779, & dont le titre efl:, Inilmgtions tmehant la manière dont il faut fe  ■ OCT.,N0V.jD£ceme. I782. 355 fe conduire d l'approcbe d'un orage, les moyens de fe prémunir contre les ƒ«nejles effets de la Foudre. traduit de l''AlIemand, &c. D1 s s e rtat ion fur VAir Déphlogistiquê, la manière d'en obtenir de le faire fervir a la respiration. Par M. Jean Ingenhousz. Doft. en Med. Si en s'occupant des objets qui peuvent être d'une utilité directe pour Ie bien-être de 1'humanité, on s'acquiert des droits fur la reconnoiffance du pui blic, ceux de Mr. Incenhousz font des mieux fondés: Dans ce Mémoire, ij ( 1) qu'il avoit adreffé a fon intime a- mi. (1) Ce Mémoire écrit en Frangois a été traduit en Hollandois, alademande de 1'Auteur , par M. J. Van Breda, Doft. en Med. «St Confeiller de la Ville de Delft., Aa 2  356 Nouv. Biblioth. Belgiqub. mi. Mr. S. de Monchy Doft. en Méd. & Profeffeur k Rotterdam, pour le préfenter k la Société des Sciences, il s'occupe d'un moyen trés fimple & trés facile de faire respirer k des malades des espèces d'air, dont on peut attendre quelques effets falutaires, & en particulier de cette espèce d'air qui nouirit & entretient la vie, da ce pabulum Vitale , connu préfentement fous la jufte dénömination d'Air Dépblogiftiqué. Ce Mémoire eft divifé en 5 parties. Dans la première M. i. fait quelques reflexions générales, touchant 1'ufage que 1'on pouroit faire de cet A. D. dans plufieurs maladies, provenantes d'un air plus ou moins corrompu, ou infeélé d'exhai- laifons putrides. U rappelle que M. M. Priest'ley & Fontana- ont toujours éprouvés une fcnfation agréable lorsqu'üs ont refpiré de cet A. D. expérience qu'ils ont répétée fouvent. M Ingenhousz lui même témoigne de s'être trouvê extraordinairement bien dispofé, un jour qu'il avoit respiré 14 fois defiiite 172pouces cubiques d'air, en  Qct.,Nov.,Decemb. 1782. 357 en prenant bien foin que cet Air ne communiquat pas avec l'air commun ; après avoir fait fon expérience, il trouva cet A. D. en 1'examinant au moyen de 1'Eu. diomêtre, plus pur encore que 1'A. C. dans la proportion de 116: 94: ie *°ir il répéta 1'expérience & les réfultats furent è peu prés les mêmcs. „ Si ces effêts, continue notre A., font li fenfibles fur un corps qui eft en état de fanté , dont les différentes nuances ne font pas fi fenfibles, combien ne le doivent ils pas être fur un corps en état de maladie, puisque cet état a une infinité de diflYreris dègrés, depuis la plus petite indis- 1 pofition"jusqucs è la mort." L::s maladies dans Lesquellcs 1'A. D. peuvent être utiles font cel'es qui ont pour caule la respiration d'un air imput, ou qui empirent par la respiration d'un air qui n'eft même que peu corrompu. VA. D. peut donc être utile dans les afthmes fpasmodiqu'-s, les maladies des poumons &c. Jusqu'ici il n'y a aucune ra.fon qui puifle faire foupepnner, que cet A. D. put devcnir nuiüble fi on en faifoit ¥ A a 3 fré"  S58 Nouv. Btblioth. Belcique. fréquemrrient ufage: au contraire les gens de mer qui vivcnt dans un air qui par fa pureté approche d'avantage de 1'A. D. que l'air qu'on respire fur terre, s'cn trouvent tres bien, & nevivent pas moins longtems cue ceux qui paffent toute leur vie fur terre. M. J. a donné fur ce fujet une belle Difftrr. dans le 70e Vol. des Trans. Pbil. La 2de. Partie traite des Subf.ances dont on peut tirer VA. D. £f des propriêtés particulier es de cet Air, tirè de différens corps fuivant différentes manières. L'A. fe flaite que les expériences qu'il a faites en 1779, & qu'il a publiéesdans fon ouvrage intitulé, Expériences fur les $ Végetaux , 0" fpécialement fur la pro. priété qu'ils poffédent d un baut dégré. Jon d'améliorer Vair quand ils font au f0. leil, foit de le corrompre la miit oü lorsqu'ils Jont d Vombre, auront beaucoup contribué a nous faire jouir dans peu des avantagcs que 1'ufage de 1'A. D. fem ble■ rous promettre „ j'ai donné, dit« il, une méthode des plus fimples de le procurer a peu de frais pendant 1'Ecé  Oct.jNov., Decemb. 1782. SS9 r, 1'Eté une grande quantité d'A. D. „ au moyen des plantes les plus com„ munes,mais il falloit encore enfeigner „ la manière de fepourvoir de cet Air en ,, Hyver, lorsqu'on ne peut faire ulage fe des plantes, & la manière de pou, voir refpirer cet Air facïlement: J ai taché de répondre d'une manière fttisfaifante k cette feconde condition: J'auroiJ bien defiré de pouvoir trou* ver une manière de fe procurer cet " Air, k bon marché,pendant 1'hyver, " afin que les perfonnes les moins ll*' fées pulTent 1'acquérir dans le befoin." Je fuis de 1'avis de M. M. Scheële & Fontana, continue notre Auteu'-, qu'il n'y a pas jusqu'ici de manière plus courte, ni moins couteufe de fe pro. curer 1'A. D. que de le tirer du Nitre : ce fel paroit en contenir une quantité immenfe. M. Fontana m'a affuvé qu'il en a tiré un volume d'Air Hco fois plusétendu, que celui du Nitre qu'il avoit employé. Le Vitriol Vcrd, <& fe Minium fournifffnt auffi de 1'A. D. Le Aa4 JW-  f 6b Nouv. Biblioth. Belgiqüe. Prêcipité rouge en donne beaucoup & bn a cet avantage en employant cette fubffance, qu'il faut moins de feu que lorsqu'on employé le Nitre, & que le Vaiffeau qui contient 1c Brécipité ne court pas risque de fe rompre; car outre que le Nitre en fe réfroidiffant fait éclater le Verre, celui ci ne fe décompofe par l'aétion de YAlcali qu'après que la plus grande partie de 1'Acide du Nitre en a été féparée. — II faut avoir foin de laiffer échapper une bonne partie de 1'Air que la chaleur dégage des corps dont on tire 1'A. D., afin d'avoir cet A. D. dans toute fa puretê & fans mélange d'Air Fixe: ou bien il faut aufli le fecouer dans l'eau pour le iaver & le purifier. Voici comment M. J. faifit le moment oü 1'Air Fixe ceflè de fe produire au deffus du récipient, dans lequel il recueille 1'A. D.; il y a un robinet, ii approche de tems en tems la mêc're luifante d'une chandelle qu'on vient de fouffler; fi la mêche recommence a bruler avec une vive flamme, on efl: aflüré que tout 1'Air Fixe a déja paffé. Mr. J. a taché de découyrir qu'elle pouvoit être la caufe des difAa 5 fé.  Oct.,Nov.jDecemb. 1782, 361 -férens dégrés de pureté de 1'A. D. tiré du Nitre, mais fes efforts ont été yains: il croit cependant avoir remarquê que 1'Air étoit d'autant plus pur & d'une qualité plus uniforme, que le feu avoif été continué également pendant toute 1'opération; il faut qu'il foit tel, que le Nitre puiiTe bouill'ir continuellement; au milieu de 1'opération l'air qu'on tire du Nitre eft le plus pür. L'Auteur a auffi examiné la purefé de cet Air Dépbl. en fuivant la méthode qu'il a décrite dans fon ouvrage cité cjdeffus, Exp. fur les Végetaux &c, & il entre dans de grands détails fur ce fujet. II employa 4 onces de Nitre pur, qui lui donnerent 600 a 700 pouces cubiques d'Air Dépbl. le col du Matras de Verre s'étant rompu, 1'opération ne put - être continuée jusqu'a Ia fin: après avoir Jaiffé échapper 1'Air Fixe, YAir Dépbl. fut recueüli dans diverfes bouteilles de capacite* différente , & Mr. J. trouva que 1'Air qui s'étoit manifefté le premier, après avoir laiffé échapper 1'A. F. étoit le plus pur, & qu'il diminue en pureté a mefure que 1'opération tire a fa fin: Aa5 "il  St| NöüV. BlBLÏÖTH. BELGIQÜÉ. il donne un tableau exaft des diffèren» tes mefurcs que fon Eudiomêtre a fourni tant dans 1'examen de VAir Dépb. du Nitre, que celui des autres fubftances minéraies & végétales, mais il nous Cft impoffible de fuivre 1'Auteur dans tous les détails. La 3c Partie, traite de la manière de tirer VA. D. du Nitre. Mr. Ingenhousz prend unMatras de Verre fortement enduit de terre: il leremplit jusqu'a Pendroit oüla courbure du vaiffeau commence, de Nitre bien pur: il le place dans un fourneau fur un creufet de terre cuite rempli de fable. U fait entrer enfuite le col de Ia retörte -dans un tuyau de Réfine Elaftique, que 1'on ferre contre le Verre au moyen d'un anneau de cuivre que 1'on paffe par desfus: dans 1'autre extrêmité de ce tube de Réfine élaftique, ön adapte un tube de Verre recourbé versie bas, afin de pouvoir le faire paffer fous un Rëcïpient de Verre plein d'eau, a peu prés comme dans les expériences ordinaire* Z, . 1 Fe Réc,Pent qui eft exaéteisentpareilè ceux dont onfe fert dans les  Oct.3Nov.3Dec£mb. 1782. 363 les Exp. pneumatiques eft furmonté d'ua robinet: quand le Nitre commence k fe fondre, 1'Air fixe s'échappe, & on laiffe le robinet ouvert, mais auflitöt qu'il cesfe, ce qu'on éprouve en y approchant la mêche d'une chandeile, comme 'nous 1'avons dit plus haut, on ferme le robinet . & on y ajufte au deffus une bonne veffie pareillement garnie d'un robinet qui eft fait de facon, qu'il s'adapte dans celui du Récipient; en les ouvrant tcus deux, VAir Dépbl. paffe par l'eau contenue dans le Récipient, & le remplit: mais comme ce Récipient eft lui même plongé dans un Vafe, ou bacquet étroit rempli d'eau, l'air eft forcé par la preffion d'entrer dans la vefiie : il faut avoir foin de verfet dans le vafe ou fe trouve le RécN pient, autant d'eau, qu'il fort de l'air du Récipient dans la veffie, afin d'entretenir conftamment une prefiibn fuffifante pour forcer l'air de monter dans ]a veffie: Vers le bordfupérieurdu vais* feau extérieur, il y a un petit tuyau qui donne de 1'écoulement k l'eau furabondante. La description de cet appareil eft  364 Nouv. BiBLIOTH. Bblgiqub. eft accompagnée d'une bonne planche qui préfente la chofe d'une manière trés -claire. Qim\d on öte la veffie remplie d'A. D. du Récipient, on ferme le Robinet, & pour verfer enfuite cet Air dans une bouteille, on ajufte au robinet un t'uysu de cuivre de 8. a 10 pouces de Jongucur, reco.urbé paren bas: on remplit la bouteille d'eau, on en alonge 1'ouverture dans 1'ean, & cn fait entrer le bout teconrbé du tuyau dans 1'orifice de la bouteille, ainfi qu'on le pratique dans JesExp. ordinaires fur les Airs faftices' 1'orifice de la bouteille eft garnie d'une platine fur laquelle il y a un robinet, & outre cela un tuyau de cuivre, c'eft par ce tuyau qu'on fait entrer l'air, tandis que l'eau s'échappe par le robinet: on ferme enfuite le robinet, & on ajuste un bon bouchon dans le tuyau, cette opération fe fait fous l'eau: pour faire rentrer'de cet air de la bouteille dans Uoe veflie, il faut ajufter le robinet de celle-ci fur le robinet de 1'autre, & verfer de l'eau dans la bouteille au travers du tuyau. M. J. reconnoit devoir cette méthode fi fimple & fi ingénicufc de faire  Oct.,Nov.,Decêmb. 1782. 165 faire rentrer 1'Air de la bouteille dans la veffie a M. Pickel Profeffeur de PhyEque a Wurtberg en Franconie.' ïl faut encore rcmarquer qu'on doit entretenir, autant qu'il eft poffible, une chaleur égalc autour du Matras, car fi le feu efl: trés inégal, la partie la plus échauffée du vaiffeau fe dilate , fe gonfte & fe rompt: il eft prudent de ranger les charbons de manière qu'ils repofent les uns fur les autres, & ne touchent point Ie Matras, fi celui-ci n'eft pas fortement enduit de terre graffe. Le verre doit être épais, & 1'enveloppe de terre doit avoir 1'épaiffeur de 3 ou 4 lignes. — M. J. a cru qu'en mettant le Matras dans un bain de fable & en 1'entourant bien de cette matière, il ne feroit pas nécesfaire de 1'envelopper de terre, & qu'il n'y auroit point de danger que Ie vaisfeau fe- rompit, mais il a enfuite écrit au Traduéteur de cette Differtation, pendant qu'elle étoit déja fous preffe, qu'il n'avot jamais pu obtenir de 1'A. D. fuivant cette manière, pas même lorsque lc Matras & le fable étoient devenus rouges. — La fin de cet article recfer- me  36"6* NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. me encore quelques précautions k prendre fur le choix des vaiffeaux, ceux p. ex. dont Ie col eft large font les meil- Jeurs &c. La 4e Partie traite de Ia manière de reJpirer trés facilement de VA. D. cjf de la manière de le purifier de VA. Fixe3 dont il fe charge m pajfant par les Poumons. II eft a fouhaiter pour Ie bien-être de Phumanité, dit Mr. J. que les Médeeins, qui prennent intérêt a 1'avancement de la Médecine, s'empreffent de faire des Expériences fur leurs malades avec 1'Air Déphl. Si d'un cötó dans une affaire d'une pareille importance il ne convient pas qu'un obfervateur éclairé prononce trop légérement, ou favorablement k la première apparence de réus-' fite, de 1'autre cöté il ne faut pas rejetter ce remede, fi dans les premiers esfais qu'on en fera fur des malades, on n'obtient pas 1'effet defiré, d'autant plus que beaucoup de maladies font abfolument incurables, k caufe de Ia grande corruptjon dont les malades étoient infecfés intérieurement, corruption qu'on se'  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. 367 ne foupconnoit pas tant qu'ils étoient en vie, & qu'on n'a pu connoitre qu'a 1'ouverture de leurs cadavres. Mr. Ihgenhodsz avoitdefirépouvoir faire das Expériences fur des Malades attaqués d'Astbmes fpasmodiques, de Maladies de Poumons, de Fievres &c. % il s'addreffi pour cet effet a Mr. Stole, Prof. de Médecine Pratique h Vienne% mais il ne put rencontrer de pareils fujets. Notre A. dit avoir plufieurs fois éprouvè la methode de Mr. F 0 m ta n a , pour lefpirer de 1'A. D. mais il la désaprouve; il dit s'être toujours trouvé extrêmement fatigué après avoir infpiré «Xexpiré cinq ou fix fois, parcequ'il faut fermer les narines. Après avoir tenté plufieurs autres manières, Mr. J. s'eft enfin déterminé pour celle-ci. Je prends dit-il deux veffies de boeufque je nettoye de toute leur graifle, je les sêche, & après cela je les frotte de beurre frais ou de bonne huile d'olive, qui n'a poine d'odeur j par la. elles deviennent plus fouples & plus durables : II ajufte un tuyau de cuivre de 3 ou 4 lig. de diamê- tre  36*8 Nouv. Biblïoth. BelgiqübV tre garni d'un cóté du robinet; a 1'au* tre extrêmité j'adapte le col d'une petite bouteille de Caoutcboue, ou de Réfine élaftique: cette bouteille cu enton. noir doit avoir, étant applati, au moins le diamêtre de 3 pouces, & autant de longueur. — Par diverfes manipulations que 1'Auteur décrit, & qu'il eft aifé de concevoir, on facönne cette pièce de Réfine élaftique de manière, qu'elle s'ajufte exactement autour du nez, & ne donne aucun paffage è 1'Air entr'elle & Ia peau; il faut qu'elle ferre bien de tout cóté. On prend donc une des Veffies qu'on remplit d'A. D. on y adapte le tuyau ainfi préparé, on tient la Veffie de la main gauche, & Pon ouvre le robinet de la main droite, en prenant foin que la Réfine élaftique s'applique bien exactement autour du nez & ne donne aucun paffage a l'air. Si la Veffie contient a peu prés ayo pouces cubiques d'A. D. d'une trés bonne qualité, on peut la refpirer aumoins 16 & peut-être 20 fois avant que cet Air foit tellement diminué en bonté qu'il foit a I'égal de 1'Air commun: Cet Air peut enfuite en-.' core  OcT.j Nqv.,Decemb. 1782. 36$ coreêtre purifié de ?Air Fixe dontil s'eft chargé en forcant des poumons. Les poumons abforbent une partie de 1'Air qui y entre, le refte de 1'Air qui en reflbrt eft infeété de deux principes nuiCbles, le Phlogiftique & 1'A. F. Si l'air n'eft chargé que d'une quantité médiocre d'Air Fixe, il n'eft pas nuifible aux poumons, lorsqu'on fe porte bien; les ouvriers qui travaillent dans les brasferies en font une preuve. Mais on fait que le phlogiftique furabondant eft dangereux. Mr. J. donne enfuite les réfultats de fes expériences, pour montrer quel eft le dégré de diminution de pnrété que fubit 1'A. D. par 1'action dei poumons, il en réfulte que Ia quantité. d'A. D. qui eft néceffaire pour une feule infpiration, ne devient inférieure en qualité k 1'Air commun, qü'après avoir été expofé 4 fois 4 1'aótion des poumons* la 5e infpiration n'agueres"pu y apporter quelque altération, parceqnécet Air étoit déja furchargé d'Air Fixe & de Phloi. giftique. Üne pareille quantité d'Air commun infpiré de la même manière; Tornt UI. Part. 2. Bb % chatf.  NóUV. ËlBLIOTk. BeLGIQÜÊV changea bien plus promptement de qualité. M. J. penfe que pour avoir quelque effet 'fenflble de 1'ufage de cet Air., il faut au ■moins en employer iooo a 1200 pouces cubiques par jour: en fuivant la méthode que nous venons de décrire, cette quantité d'Air pourra fervir a 100 ou iao ïnfpirations; il fe pourroit que 'dans les maladies inflammatoires, putrides & autres, 1'Air D. fut chargé plus promptement de Phlogiftique, en ce cas il faudroit le renouveller plus fouvent: 1'Auteur affure qu'ayant diverfes fois infpiré une certaine quantité d'A. D. il s'eft trouvé toujours plus gai, & plus fort, 1'appétit étoit plus grand, éï le fommefi plus tranquille que de coutume. Notre A. montre encore par une expérience faite avec beaucoup de foin & d'exaétitude, comment une certaine quantité d'A. D. s'altére par la refpiration? & comment on peut parvenir a purifier Cet A. en le faifant paffer au travers de Peau, ou mieux encore au travers de l'eau dej*haux; il faut en voir les détails dans Ie Mémoire même; mais nóus  Oct..Nov.,Decemb.I782. 371 fuivrons 1'A. dans les deux manières qu'il employé pour purifier 1'Air qui a palTé par les poumons. Voici la première; ayant adapté autour du nez la petite bouteille de Réfine élaftique, avec fon tuyau & fa Veffie remplie d'Air D. pendant qu'on fait 1'infpiration , on tient dans la bouche une petit tuyau plat d'ivoire, qui s'adapte au moyen de Réfine élaftique au tuyau recourbé, qui dans la préparatk>n de 1'A. D. tiré du Nitre fervoit a faire paffer cet Air du Matras dans le Récipient, & dela au travers de l'eau dans la veffie, on fe fert donc ici du même appareil comme s'il s'agiflbit de faire óe 1'A. D. mais au lieu que c'eft de 1'Air forti du Matras qui entre fous le Récipient, c'eft ici de 1'Air infpiré par le nez qui a paffé par les pourrons & qui reffort par la bouche, il paffe tu travers de l'eau, fe lave & fe pürifie pour monter enfuite dans la velïïe placée fur, le Récipient. II vaut mieux employer, de l'eau de chaux, & il eft bon auftï de fécouer un peu le Récipient: c'eft ainfi que pendant qu'une veffie fe vuide 1'autre fe remplit d'Air purifié. Dans la B b 2 fe;  372 Nouv. Biblioth. Bblgiqüe.' feconde manière de pürifier 1'A. D., & qui fatisfera peut-être d'avsntage, die M. J. je prends un cilindre de cuivre de 4-i p. de hauteur, & de 5 p. de diamêtre: au deux extrêmités il y a un bord extérieur afin de pouvoir y attacher une veffie; a la diftance d'un £ p. du bord fupérieur il y a intérieurement un cercle on petit bord qui porte une petite grille on treilles de fil de cuivre. On lie enfuite autour du bord fupérieur une vesfie dont on a coupé le fond, au col de la veffie on adapte un petit tuyau de cuivre d'un pouce, iceluïci ua tuyau de réfine élaftique, & enfin le tuyau de cuivre & le robinet comme dans les Expériences précédentes: on place Ie cilindre de cuivre dans un vafe rempli d'eau, de manière cependant que l'eau ne touche point la petite grille pour que la veffie ne fe mouille point. On fait fortir de la veffie tout 1'Air commun qu'elle contenoit, & on ferme le robinet: Je fais entrer enfuite par deffous le bord inférieur du cilindre de cuivre placé dans le vafe rempli d'eau, au moyen du tuyau recourbé, dont on a' par-  Oct. Nov., Decemb. , 17 82. 373 parlê ci-devant autaot d'A. D. qu'il en faut pour que la Veffie fe dêtende: on infpire enfin par le nez cet Air D., & on 1'expire de même dans la veffie, de .facon que cet Air eft continuellement lavé & purifié de fon A. F. par l'eau avec lequel il entre en contact. Cet article eft terminé par le détail de deux Expériences prifes fur des Oifeaux , qui prouvent clairement que l'eau, & furtout l'eau de chaux améliore beaucoup 1'Air, & même que l'eau prévient d'une manière trés fenfible , les pern:cieux effets de la refpiration fur 1'Air. La fe Partie donne une manière abrégée de déterminer le dégré de bonté de VAir Dépblogiftiqué. „ M. Fontana dit notre Auteur a porté 1'Eu-iiomêtre au point de perfcctïon & de fimplicité, oü il eft préfentement; ■lorsqu'on employé cet inftrument, 1'esfentiel de 1'opération confifte k faire un mélange de parties égales d'Air Nitreux & d'Air commun dans un tube de verre. Une fcule mefure d'Air Nitreux ne pouvant pas faturer une pareille mefure d'A. ■ Dépbl. il faut en ajouter une feconde, Bb 3 quel-  374 Noüv. Bibliotb. Belgique. quelquefois une croifième, quelquefois même jusqu'a la 5e. quand D. eft d'une purété extréme. En tirant ccp A. D. d'un grand nombre de différentes Plantes, une feule épreuve de la bonté de cet Air exige plufieurs opérations. —. J'ai donc chercbé depuis longtems, continue M. J. k pouvoir abréger 1'épreuve, de manière qu'elle put fe faire aufli promptement que celle de 1'Air Atmosphérique, mais je cherchois auffi k garder un rapport entre les réfultats de cette nouvelle manière, & les réfultats des expériences que j'avois déja publiées, c: k: d:, que le nombre des dégrés abforbés des deux Airs, fut è peu prés égal a celui des dégrés abforbés en fuiyant 1'ancienne manière. — j'ai affez bien réufii. 11 faut auparavant fe rappeller les Exp. de la 21e partie du 2 que nous devons a notre fyftême phyfique. Il faut donc éviter avec foin de juger & d«" décidertroppromptement des caraftères." Note de 1'Auteur de cet Extraitr  384 Nouv. Biblioth. Belgique.' pour perfectionner cette fcience; en effes de la diflribution des ncrfs, organes immêdiats de la fenfation, qui la rendent au cerveau, ffège de la conceptipn, & de 1'accord qu'ils occafionnent entre les parties fenfitives & celles du mouvement, Mr. H. croit pouvoir cqnclurrë, que presque toutes les fenfations de 1'ame doivent fe manifefter au dehors. Eu voici un exemple. ,, Un homme fortement occupé de „ quelque objet, en méditant fe paffe „ fouvent la main fur le front, le ride „ & le fronce, tantöt il éleve les yeux, „ tantöt il les abaiffe, tantót il femJ} ble les fixer avec attention fur le mê,', me objet, il fepofe fa tête fur fon s, bras, ou il la fecoue quand fes recher„ ches ne lui plaifent pas; toutes les „ aüions de cet être penfant femblent , fe rapporter au front, aux yeux, & „> furtout è la tête." Les Paflions donnent des traits aux muscles du vifage, & influent fur leur contrtcüion, la voix même fe modifie d'après les fenfations qui nous affectent. L'Auteur appuie fon fyftême du témoig- na«  Oer.3Nov., Decemb. 1782. 38$ gnage de Ciceron, qui allure que chaque mouvement de 1'ame a fon regard & fon gefte particulier &c. Enfin 1'imprefiion que leS traits & les geftes font fur nous fournit encore une nouvelle preuve a Mr. H. II voit I'oUvrage ingénieux d'Athénodore, Ldcoon eutoüré de ferpens qui 1'étoufiènt lui & fes enfans par leurs différens concours. Son ame s'émeut a ce fpecta:cle, fon cceur palpite, tout annonce en lui la plus terrible perplexité. — Faut-il qu'il rompe de fes mains les noeuds qui Penveloppent, qu'il les arrache avec fes dents, qu'il comprimé ces veines livides, qu'il donne dd fecours. O! Laöoi ort! 0! Père infortuné! ton amour entremêlé de crainte & d'agitation me pénêtre vivement, c'eft envain que tu veuxi te fouftraire avec tes enfans è une more feévitable ■ ■ ■ que je partage tes douleurs! — j'entends fortir de ta playé des foupirs d'angoiflej & je poüffe avec t'öi ma plainte vers le ciel." La ftatue d'Apollon fait d'autres ifriprefiions fur 1'homme fenfible. Dans Ce moment fon ame eft pénêtrée de re- Tom» IJL Part. 2 Cc fpeéï  386",Nouv. Biblioth. Belgique: fpeü & de vénération. „ Quel eft 1'homme, pourfuic 1'Auteur, qui ait regu de la nature une ame affez infenlible, affez dure pour ne pas être ému de ce fpectacle, pour ne pas fentir la vérité de la Pbyjiogmmonie* Je lui offrirai les exemples vivans que Sallujle & Suétone nous ont transmis. Ici Mr. H. tracé avec une touche énergique le caractèr'? des Catilina., des Tibères, des Caligulas , monltres dont les traits & les gefies dénonccient 1'affreux caraélère. En lifant ces morceaux , on fent que c'eft avec une efpèce d'horreur que 1'Autcur a décrit ces fléaux de i'humanité. Au contraire il s'arrête avec complaifance fur celui de Titus, de ce mo, dêle des bons Princes, qui comptoit, felon 1'exprefllon d'un Ecriyain, fes jours par fes bienfaits. II eft ;donc affez prouvé, & c'eft aufli la .conqUiflon que Mr. H. déduit des exempjes qu'il a rapporté, il eft affez pro'uvê, qüe Ia fage nature diftingue par des traits marqués les ames honnêtes des ames :méchantes & mal-faifantes. L'Auteur obferve encore que les traits du  Oer., Nov., Deceme. 1782. 387 du vice font bien plus caradtérisques que /ceux de Ia venu, paree que toutes les vertus fuppofent de 1'égalité d'esprit Se de la tempérance. II fait le tableau du fage, dont le vifage ne s'enflamme „ ni par la colere ni par Ia volupté; la s, haine ni le crime ne le font palir. Le 5> vifage ferein & honnête du fage con„ ferve cette beauté dont la nature a 3, doué 1'homme exempt de forfaits, & s> comme rien ne peut être plus parfait a que les ouvrages de la nature, nous ofons hardiment foutenir, que le fage „ feul eft véritablement beau,' vérita„ blement aimable. La vraie beauté „ dure jusqu'a la mort, oui elle dure même vifiblement après la mort, & „ fe décèle dans le cadavre inanimé de „ 1'homme de bien, comme fi elle étoit „ réfervée pour 1'éternité. Les Pein,, tres ne rendent que difficilement leö „ traits du fage: ils réufliffent mieux dans la peinture des crimes, que dans „ celle des vertus. «s Rapbaèl, le fu„ blime Rapbaèl, eft presque le feul qui „ foit parvenu k imiter par fon pinceau la phyfionomie de la vraie piété. TelCc a „ les  3 88 NOUV. BlBLIOTft. BELGfpüE. „ le efl: la douceur de la fageffe, qu'il „ efl: plus facile de la fentir, que de „ 1'exprimer par des paroles ou par des „ fignes." C'eft ainfi qüe Mr. H. finit la première partie de fon Discours, qui étoit confacrée a indiquer les fignes auxquels oa connoit le caractère moral de 1'homme. La feconde partie eft confacrée aux fignes qui marquent les différens dégrés du génie. Les extrêmes font en tout genre faciles a faifir, mais il eft fouvent fort embarraffant d'indiquer les modifications fans nombre qu'on découvre dans le génie des hommes, d'afligner avec précifion le rang & la fupériorité de chacun d'entr'eux. D'ailleurs è la honte de 1'humanité il faut avouer, comme 1'ob» ferve 1'Auteur, qu'il y a bien peu d'a* nalogie entre les traits d'un grand génie & ceux d'un bon caractère. La fcience éclaire bien 1'esprit, mais corrige rarement le cceur. II n'eft pas rare de trouver parmi les favans du premier ordre des esprits inquiets, envieux , & bilieux. „ Les favans ne fe battent pas & Pé* „ pée,  Oct., Nov.,Decemb. 1782. 389 „ pée, mais fe déchirent mutuellement „ dans leurs écrits. — Ils brulent, „ comme les marchands, de la foif de ,, 1'or, raremenc contents de leur fort, „ ils fe plaignent toujours de 1'injuftice „ des hommes qui reconuoiffent fi peu ?, le vrai mérite." Ce qui confirme encore 1'Auteur dans fes idees fur la vérité de la Science Phyfiognomonique, c'eft fon rapport avec la Semeiotique, ou la feience des fignes des maladies. Pour juger fainement foit en Médecine foit en Phyfiognornie il ne faut pas s'arrêter a un fimple figne détaché, mais il faut juger 1'homme d'après le réfultat que peuvent donner les fignes de maladie ou de caraftère pris. dans leur enfemble. L'Auteur tache enfijite de préyenir le découragement que pourroient faire naitre les difficultés de cette fcience. II rejette 1'opinion de ceux qui prétendent déduire les régies Phyfiognomiques de la reffemblance fouvent imaginaire de 1'homme avec certains animaux, & qui en tirent des conféquences pour le caraétère & les moeurs. L'Auteur paffe enfuite Cc 3 k  39° Nouv. Biblioth. Belgique. è 1'utilité de la Phyfiognomonie, premièrement pour la vie civile, paree qu'elle contribue a nous faire éviter ces hom? mes dangereux dont 1'abord & la converfation démontrent le caractère. Mais n'en déplaife a 1'illuftre Auteur, ce principe ne doit être appliqué qu'avec la plus grande précaution , & feulement lorsqu'on eft parvenu k la plus vafte connoiffancedes fymptómes différens, qui annoncent la dépravation de 1'esprit, & le déréglement du coeur. L'exemple de Socrate eft connu; combien ne v©it on pas d'hommes qui nés avec les talens les plus heureux, les dispofitions les plus favorables ont fait le plus mauvais ufage de ces mêmes talens ? d'ailleurs 1'art de fe déguifer a été porté fi loin de nos jours, qu'il se fauroit être que trés difficile de diftinguer 1'homme fous le masqué dont il fe couvre. Enfin 1'Auteur croit encore la Phyfiognomonie néceffaire & même indispenfable dans 1'étude de la Pfychologie, & il termine fon Discours en réfutant les principaux argumens des adverfaires de cette fcience ingénieufe, & dmt  Oct. , Nov., Decemb. 1782. 391 dont 1'utilité croïtra a mefure des progrès de 1'esprit hUmain. Nous ne rapporterons point les vocux que Mr. H. addreffe felon 1'ufage, au Souverain, au Prince Stadhouder, k 1'üniverfité &c. remarquons feulement que 1'Auteur y déploye toute la fenfibilité de fon ame. II eft beau de voir un Géomêtre s'écrier avec enthoufiasme. „Dieu Puiffant! fauve la Patrie, & s'il faut une viétime k ta colere, frappe! Dieu puiffant! verfe les flots de ton indignation fur ma tête, & en mourant, je magnifierat encore ta clèmencej &c. Les obfervations qu'on trouve après ce discours font d'un autre ton. L'Auteur y perfifie certains favans, qui n'eftiment un ouvrage latin qu'autant qu'il eft hériffé de phrafes & d'hémiftiches dérobês aux anciens. H répond auffi a ceux qui pourroient le blamer de n'avoir pas cité en note les auteurs dont il s'eft fervi. ,', Je ne me fouviens pas, que Dêmojtbène ou Ciceron ufoient de cette méthode:" Nul Gloffateur , Grammairien , Commentateur , Compilateur ou 'Editeur ne mettra en Cc 4 dou-  392 Nouv. Biblioth. Belgique: doute que je n'ai fuccé ma laiinité goute è goute dans Ciceron lui même, & que le grand Ernefii n'ait achevé mon inftruffion. Que mon commentateur fe fourniffe donc des meilleures éditions de Ciceron &d'Ernefii, & qu'il s'applique & y chercher les phrafes dont je me fuis fervi, & qui ne feroient point Hennertiennes; qu'il rétabliffe la lecon corrompue de tel ou de tel pafiage, d'après les variantes ou les endroits parallèles, ou que d'après Jon génie il y faffe enfin les; plus beureufes correcl;ions" &c. ART-I.  OcT.jNov., Decemb. 1782. 393 ARTICLE SEPTIEME. HlSTOIRE DES RÊVOLUTIONS arrivées .dans le Gouvernement cif dans F Esprit humain, après la converjion de Conftantin , jusqu'ci la Chüte de l'Empire d'Occident, gr. in 8''. de 670 pages; a la Haye, chez C. Plaat Libraire 1783. Prix ƒ 3 - o - o Voici un de fes Ouvrages faits pour fixer toute l'attention du Public. L'Auteur a jugé a propos de garder 1'anonime , mais les principes répandus dans ce Livre, la manière de préfenter certains objets, les discuffions fur plufieurs parties du Gouvernement Romain, «Sc de !a Jurisprudence de cet Empire, tout décèle 1'Auteur du Traité des Loix Politiques des Rotnains, & d'autres ouvrages. dont nous avons parlé dans Ie C c 5 tems.  3P4 Nouv. Biblioth. Belgiqüè. tems. Quoiqu'il en foit c'eft au Lefteur a décider ce point, & peut-être s'il fe rappelle 1'ouvrage cité, & qu'il Ie compare avec celui que nous alloris extraire, il lui fera facile d'apprécier nos conjectures fur cet article. Cette Hiftoire mérite fans contredit d'être lue avec beaucoup d'attention; elle préfente un fpectacle infiniment intéreffant, une des plus fameufes révolutions que notre Europe a efluyée; & bien que tous ces évéuemens fuffent connus, on en retrouvera ici le tableau avec d'autant plus de plaifir, que 1'Auteur ne s'adftreint pas a la marche lente & uniforme de 1'Hiftoire, mais tire de ce cabos les faits , les maximes, les fyfiêmes qui peignent les caraSlères Éf les talens des hommes, desPrinces & des nations, & qui ont etcajionné les principales révolulions dans le gouvernement, dans les loix £ƒ dans 1'esprit bumain. L'Auteur divife fon ouvrage en deux parties. Dans la première il recherche les changemens arrivés dam la Politique, le Gouvernement & la Religion, dans Ia fe-  Oct.,Nov.,Decemb.i782. 395 feconde il traite des Révolutions dans la Législation. y, Ce ne fut point la fortune qui renverfa 1'Empire Romain & qui amena la grande révolution dans 1'esprit humain, ce furent les nouveaux régiemens de Conftantin; les nouveaux vices du gouvernement, la méchanceté & Pimbécillité des nouveaux Empereurs, les caprices & les viles pafiions des Eunuques, la dépravation des moeurs, 1'aviliffemenC & 1'abrutiffement des pcuples, les fuperftkions nöuvelles , Ie fanatisme & 1'esprit d'intolérance, le mélange des Barbares avec les Troupes Romaines, la, perte de la discipline militaire, & 1'oubli de 1'art de la guerre." Telles font les caufes auxquelles 1'Auteur rapporte Ie bouleverfement de 1'Empire, & qu'il développe fuccefflvement. 11 n'eft pas néceffaire de rappeller ici que nous ne faifons que les fonctions de Journalifie, & que nous fommes bien loin d'approuver ou de rejetter indifticétement les opinions de PEcrivain dont nous analifons 1'ouvrage; c'eft a lui de répondre de fes affertions, a  306* Nouv. Biblioth. Belgiqj;»: a nous de les faire connoitre avec fidélité & imparcialité. Selon 1'Auteur, Conftantin en renverfant les anciennes inititutions, que tous fes Prédéceffeurs avoient refpectées, ïmagina un plan de Gouvernement, qui óta a fes Succeffeurs jusqu'a 1'espoir de Téparer fes fautes. 11 cafla les Gardes Prétoriennes, il affoiblit les pouvoirs de tous les corps & de toutes les charges de 1'Etat; il abaiffa Pautorité des Préfets du Prétoire, & par cette fauffe politique il ébranla la discipline militaire; enfin il transféra le fjège de 1'Empire k Byzance, fous prétexte que le Dieu des Chrétiens le lui avoit ordonné, mais dans le fond pour favorifer les projets de despotisme qu'il avoit coneus, & que dans Pancienne Capitale du monde plufieurs circonftances auroient peut-être contrariées. Cette averfion pour Rome le porta même a préférer les goüts, les manières & les moeurs des nations barbares; il prit un grand nombre d'étraugers a fa folde, démembra 1'Empire, Srmalgré tant de nouveautés, il n'affura pas mieux ni fon auto. rité  ÖCT.,N0V.,ÖECEMB. I7Ü2; 39;? rité ni fa vie. Plufieurs Hifttoriens pré* tendent a la vérité que les régiemens faits par Conftantin produifirent du moins cet avantage, que dés-lors la vie des Souverains commenga a être plus affurée, qu'ils pürent moürir dans leurs Hts', fans fe croire obligés désormais h verfer le fang avec tant de férocité. L'Auteur combat cette aiTertion en rappcllant les fcenes horribles qui enfanglanterent 1'Empire a la mort de Conftantin ; les révoltes fucceffives contre les Empereurs, les maffacres ordonnés par Conftant, Conftance, Gallus & Théodofe; le meurtre des neveux de Conftantin, de fes deux Freres, de fes principaux cóurtifans & favoris ; quelle fuite d'horribles preuves, ditl'Auteur, contre Ie fentiment de ceux qui croyent, que les arrangemens pris par Conftantin avoient rendu plus affurée la vie des Princes! Peu k peu les Barbares acquirent fur! les Romains cette fupériorité que des ames fortes prennent toujours fur des hommes mous& efféminés; ils contraignirent leurs anciens Vainqueurs è demander, a acheter la paix, on leur céda des Pro-  398 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. Provinces entières; enfin les donations cxcefiives que Conftantin & fes fuccesfeurs firept aux Eglifcs & a leurs Ministres, les impóts ruineux qu'il fallut établir pour fubvenir a ces dépenfes, & les exemtions qu'on accorda au Clergé, tout acheva de détruire la fplendeur de 1'Empire Romain. Dans le fecond Chapitre de la premièr re Partie, 1'Auteur traite particulièrement des changemens arrivés dans la Religion, & dë ceux qu'on obferva vers le même tems dans 1'esprit humain. On fent qu'il nous eft impoffible de fuivre dans un Extrait Ie fil d'une hiftoire, d'ai!» leurs connue a la plus grande partie de nos Leéteurs, nous nous contenterons donc de leur en préfenter les traits principaux. Toute Ia conduite de Conftantin prouve, felon notre Auteur, que fa converfion n'a jamais été fincère, mais que des motifs purement humains opérerent ce changement en lui. Et en effet aprè3 tous les crimes dont cet Empereur fe fouilla, il eft difficile de croire k Ia pureté de fa foi pour une religion, qui a en hor-  Gct. , Nov., Decemb. 1782. 399 horreur de pareils forfaits. L'Auteur indique d'autres raifons de ce changement; il vouloit fe rendre plus abfolu que fes prédéceffeurs, il vouloit détruire tous les anciens ufages, qui fervoienc è faire reconnoitre les marqués des limites que les anciennes inftitutions avoient prescrites au pouvoir des Empereurs. C'eft dans ce même but qu'il s'attacha par des munificences extraordinaires les Prêtres Chrêtiens, qui avoient beaucoup d'ascendant fur 1'esprit des fidelles, & qu'il commenca k perfécuter les Payens. Bientót lesdivifions & les fchismes déshonorerent le Chriftianisme; le fchisme des Donatiftes, né d'une bagatelle, caufa des désordres & des atrocités horribles , après la mort de Conftantin; le fond de la querelle confiftoit a favoir auquel des deux partis appartiendroit le fimple dépot de vafes facrés. Les disputes des Ariens font encore une trifte preuve de 1'esprit de chicanne & de mauvaifefoi, qui fembloit alors animer les fectateurs d'une religion d'union & de paix. St}  4oö Nouv. BiBtioTH. Belgi^e. St. Cyrille fe diftingua fous Théodöfe II. par fon intolérance contre les Juifs. Lors d'un tümulte arrivé k Alexandrie dont il étoit Evêque, il fe commit une aclion qui cöuvrit, felon 1'expreffion de PHiftörién Socrate , d'une grande infamie 1'Evëque & 1'EgÜfe. „ Orefte, gouverneur de la ville, voyoit fouvent Hypetie, fille du fameux Géomêtre Tbéon, plus favante qüe fon Pere, & que tous les Philofophes de fon tems. Elle étoit payenne & enfeignoit publiquement la philofophie platonicienne. Sa doctrine étoit relevée par üne rare modeftie, par une grande beauté & par tous les genres de mérite. Le peuple fanatique la foupconna d'avoir incité Orefte contre St. Cyrille & empêché la réconciliation que 1'Evêque avoit voulu ménager. Un clerc, nommé Pierre, cherche par fes discours a donner du poids a ce foupcon: il affemble une troupe de fürieux, fe met k leur tête, fait faifir Hypetie en pleine rue, d'oü elle eft trainée dans une Eglifé, dépouillée, affommée, mife en pièces & brü>  Oct. 5 Nov. s Decemb. 1782. 40 i brulée publiquement au Cinaron." Ce crime demeura impuni. II faut voir dans Pouvrage même les disputes continuelles dans les Conciles, les désordres qui en réfulterent, les reflörts que les Evêques faifoient jouer pour triompher de leurs adverfaires; vainement les Empereurs ttcherent - ils quelquefois de concilier les partis oppo-, fés; „ comme nous préférons," écrïvoit Théodofe le Jeune au Concile général d'Ephèfe en 431» >« ]a Paix des ,3 Eglifes k toute autre affaire, nous „ avons effayé de vous rêconcilier non „ feulement par nos officiers mais par „ nous mêmes. Mais nous y avons fi „ peu réuffi, qu'il ne neus a feulement '„ pas été poffible de vous engager dpren* „ dre en délibérations les matières con» „ teflêes, ainfi nous ordonnons que la „ Concile d'Ephèfe foit féparé." L'Esprit d'iutolérance devenu unïver-' fel retomba fouvent fur les intolérans^ Ainfi lesCatholiques perfécuterent Priscillien & fes Seftateurs en Espagne. Lors de Pirruption des Vandales, les Priscillianiftes s'armerent contre lesCatholiques, Tsme III P«rï. 2 D d ils  40 z Nouv. BiBaoTH. Belgique.; ils revendiquerent leurs églifes, tuerent ou maltraiterent les Evêques, les Prêtres , & réduiilreat la religion k I'état le plus déplorable. „ La discipline fe perdit, la foi s'altéra, les opinions fe corrompirent comme les peuples; on ne fut plus ce qu'on devoit croire, & on continua néammoins k s'égorger pour jee qu'on vouloit faire croire." Combien de malheurs inconnus avant la converfion de Conftantin, s'écrie 1'Auteur en terminaut ce Chapitre; combien de malheurs inconnus, dirons nous plutöt, fi la converfion de Conftantin, fincere ou non, eut été calquée fur les préceptes de 1'Evangile. Si Pon n'eut pas oublié 1'csprit de la religion pour s'attacher k de vaines fubtilités, fi les Princes eusfent été Philofophes, & le Clergé toléranr. Le troifième Chapitre préfente le tableau rapide de nouvelles espèces de bigoterie, de nouvelles fuperftitions &de nouvelles moeurs. L'Auteur indique les caufes qui concoururent k cörrompre fi étrangement la fainteté & la pureté des préceptes de J. C. & de fes Apótres. JD'a-  OcT.aN0V.,DECEMB. I/82. 403 D'abord plufieurs fecles de Philofophes & de Juifs Ascétiques, établies dans les lieux mémes oü. le Chriftianisme avoic commencé a fe répandre, faifoient profeffion d'une grande auftêritè. On s'imagina qu'il falloit furpaffer cesfectes eh rigidité, &les Chrétiensdevinrentles émules desThérapeutes, des Efféniehs des Syncrétiftes, des Eleótiques, dont le Chef fut Ammonius Saccas d'Alexandrie; om connoit encore les rêveries des Phari• fiens, qu'ils avoient empruntées de Pythagore & de Platon, & qu'ils transpor* rent en Judêe, après la Captivité. On retröuve les principes de toute<£ ces fedtes chez les Chrétiens du tems da Conftantin & de fes Succeffeurs. Les moines furent les premiers a in« troduire la fuperftition & h la répandre* 1'Egypte feule offre un exemple frappant de 1'excès de dépravation oü peu« vent fe porter des hommes, qui aban- J^onnent la raifon pour fuivre un guida auffi aveugle que la bigotterie. Les aüstérités 3 les jeunes , les Ciliceé, le renoncement au monde. Ia haine des arts & des fciencesi la folitude, voilé quellei Dd 2 étoieat  404 Nouv. Biblioth. Bblgique étoient les vertus du Chriftianisme dénaturé de ees tems lè. Au rapport de St. Bafile, témoin oculaire, il y avoit a Naziance des moines, qui pratiquoient des auftérités auffi prodigieufes que ridicules. Les uns fe chargeoient de chaines pour matter leur corps,d'autres paflbient des années entières dans des êglifes fans dormir, d'autres s'abftenoient de parler & de rêciter des prières pour ne louer Dieu qu'en esprit. On fait le genre de vie que mena St. Antoine, qui s'imaginoit avoir le pouvoir de chafler les Démons. L'Hiftorien Tbéodoret rapporte les extravagantes macérations de St. Siméon Stylite; 1'Auteur en donne quelques échantillons qui amuferont le leéleur; fi tant eft que de pareilles abfurdités ne rempliflent plutót 1'ame de compaflion pour ces miférables vidlimes de la fuperftition; & fans les Sciences & la Philofophie peut-être admirerions nous encore S. Siméon. \ II étoit bien digne de ces tems Ik de croire aux prodiges, aux miracles; ceux. ci bien différens des miracles conftatés que rapportent les Ecritures, font ou d'une  OcT.jNov., Decemb. 1782. 40$ d'une fauffeté évidente, ou indignes de la majefté de Dieu & de fa fageffe, par ce qu'ils ont été faits pour des motifs de nulle importance, indignes de fa bonté, paree qu'ils n'étoient d'aucune utilïté, indignes de fa toute puiffance,paree qu'ils n'étoient point foutenus, & qu'ils reffembloient a ces enchantemens, qu'on a défait par des charmes contraires. L'Auteur rapporte plnfieurs de ces prétendusmiracles, dont il prouvemême trop bien Pabfurdité & 1'impolfibilité. "Ce n'eft plus au dix huitième fiècle qu'il eft néceffaire de combattre les vifions des Chrétiens du fixième. A peine quel eJfe inhumanum videatur, per leges qua» perjuria puniunt, viam perjuriis aperiri,'^ L'Empereur afFoiblit néammoins cette dis-; ppfition dans . la Novelle XXII. Chap. 43j & 44. Au refte ceci ne s'^tendoit point, comme le prétend 1'Auteur, a la condition de garder la virginité, mais feulement a Ia viduité; ce qu'indique fufEfamment Ia No~: veile alléguée, Voyez Peret. ad iit. C. dé indiiïd vidüit. tóll. No. g. Gomes. Variat: Êefolut. Tom. 1. Chap. 12. N0. 78. & d^autres"' Ênfin plufieurs favans ont prétendU que ce£ te condition, par rapport aux Veuves, h'avöit rien de contraire aux bonnes moeurs & ï 1'utilité publique, ce.que Juftinien obferve avec raifon dans la L. 3. de indiiï. viduë, . Noic du JoumaUJIri Tom. 111. Part. 2. Ke  \li NöüV. BrBLlOTH. Bêlgioüb." tefter, comme étant fous la puiffance paternelle; une fois dans les ordres il leur étoit défendu dei tefter & parconféquent tout Ie bien appartenoit a« Couvent. Les Parens ne gagnerent par les nouvelles Loix que la permiffion de confacrer leurs enfans k Dieu dés 1'age de fix ou fept ans, fur tous les autres points leur puiffance fut affoible, on leur donna ia feule qu'ils ne devoienE pas avoir. Cbapitre IX. On permit pendant longterns Jes travaux de is campagne le Dimanche. Dés que le Clergé fe fue emparé de cette partie de Ia législatioa* féculière qui fixe les jours de repos, oq augmenta prodigieufement le nombre des Ffites, oü il falloit s'abftenir de toute -espèce de travail, & ce qui eft encore plus intolérable, il en plaea le plus granct nombre dans les mois, oü la campagne dximande le plus de travaux. Cbapüres X. L'Auteur traite ici de* Loix fur fes lieux d'Afyle. Ce qne JMoyfe avoit établi a eet égard, (Mm* br. Cbcip. 35.) nefervit point de régie. On accorda indiftinclement un afyle  öcr.,Nov.,DECERiB. 1782. 419 dans certains temples a toutes fortes de meurtiers & de filoux; au lieu que fous Moyfe, les villes d'afyle n'offroient un réfuge qu'aux homicides involontaires. On ne tarda pas d'abufer de cette loi, & les Empereurs Arcadius & Honorius, quelque imbécilles , quelque fuperftitieux, & quelque esclaves qu'ils fültenc du Clergé, dit 1'Auteur, fe virent forcés de publier une loi, pour réprimer les abus de 1'interceffion des clercs & des moines en faveur des criminels. Dans la fuite Juftinien lui même foutint cette loi d'une facon éclatante; & en Oriënt ón ne permit les afyles que pour des crimes légers, & qui n'emportoient ni peine de mort, ni confiscation de biens: Mais en Öccident, Majorien,par Ia plus abfurde des contradictions, défendit fous peine de la vie d'arracher aucun criminel de PEglife & de 1'autre il établit 1'ufage de mettre la tête a prix, même pour des crimes qui n'entrainoient pas un fupplice capital. (Quels tems! Quels Législateurs! Le concile d'Orléans affemblé' en 511 établit dans Ie ï> Canoö la fain£eté des afyles, & cette loi fe trouve Eèa ré-  420 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQÜK. répétée, dans tous les concilcs du tems;; „ On pouffa fi loin la fuperftition a ce fujet, que, Gontran Roi des Francs fe trouvant en 587 a Chaións, fut abordé en communiant par unhomme, qui voulant trop fe preffer, laiffa tomber un cou. teau; on le faifit auffitót & on trouva qu'il en tenoit encore un autre; on le tira hors de 1'églife, & ayant été mis a la queftion il découvrit qu'il avoit été envoyé pour tuer le Roi, & qu'on lui avoit ordonné d'exécuter cet attentat dans PégHfe, paree que dans ce lieu, le Roi n'étoit point environné de gardes. Les complices furent punis de mort ^ mais ralTaffin lui même demeura impuui, paree qu'il avoit été pris dans l'êglifë'" Cbapitre XI. L'Auteur y traite de Ia Procédure criminelle. II ne faut pas s'attendre que dans ces tems de forfaits & de fuperftition on fongeat a établir des Loix fages & uniformes fur cet article; les délateurs qui fervoient Ia cupidité* des Priqces, jouiffoient de la plus haute favew, on peut juger de quel prix étoit H  Oer.,Nov.?Decemb. 1782. 421 la we des citoyens, & combien peu on refpettoit les droits de I'humanité. Cbapitre XII. Conftantin a diflé des peines capitales pour les moindres déJitS j comme pour les plus atroces: quelquefois cependant il ufoit d'indulgence , & faifoit grace de la vie: fes fucceffeurs conferverent fes Loix & n'imiterent point fa modération. L'Auteur cite ici une fqule de Loix qui ne prouvent que trop combien on calculoit peu le chatiment fur le crime. II s'étend fur la fameufe Loi j. Cod. ad Leg. Jul Maj. & fur la Loi 2. Cod. de crim. Sapril. Les Philofophes furent aufli notés par ces Loix; les favoris de Valens firent périr presque tout ce qu'il y avoit de eens k talens. Les Cbapitres XllJ & XIV qui roulent fur certaines Loix touchant le Clergé contiennent des détails intéresfans, mais il nous refte encore bien des choies k dire; & nous fommes obligés de referver de la place pour d'autres articles. Le Cbapitres XV traite d'un Réglemcnt au fujet des Papes. Dans les Ee 3 1 pre.  4?a Nouv. Biblioth. Belgique. premiers tems les Papes étoient abfolument fous la puiffance des Empereurs, rnais peu a peu leur Jurisdictiën s'acctüt tant au civil que pour les affaires eccléfiaftiqnes. L'Auteur fuit ici en grand détail les différentes révolutions qu'éprouva le St. Siège, avant de parvenir k ce dégré de puiffance dont il a joui depuis. Ce Chapitre eft trés curieux, & pous ïnvrtons nos Lecteurs k Ie lire avec attention. Le Cbapitre XVI traite des Loix concernant le fonlagemenc des peuples; elles furent toujoilrs en trés petit nombre , révoquées, altérées, modifiées, & caffécs felon les circonftances, & furtout felon la dispolition d'esprit des Législateurs , gouvernés par des moines. L'Auteur a placé k la fin de cet ouvrage quelques réflexions en forme de córollaire, dont nous allons dire un mot, en terminant cet Extrait. Le corps entier du Clergé ayant confervé par fa qualité de dépofitaire des Loix divines une fi grande influence dans tous les changemens caufés par le Christianisme, on doit Ie regarder comme le  Oer., Nov.jDecemb. 1782. 423 le premier mobile des plus importantes révolutions arrivées après que la Religion Chrétienne fut établie fur le thröre. On trouve ici un parallele fort piquant entre les vices du gouvernement payen avec ceux qui regnerent fous les Empereurs Chrétiens; les vices de ces derniers tenoient è la forme de la conftition établie, au pouvoir étonnant qu'on avoit lailfé prendre au Clergé. Une remarque affligeante eft que fous les Princcs Chrétiens infiniment moins corrompus que les Caligula &. les Néron, 1'Empire ne fit que dépérir, au lieu qu'il fleurit conftamment fous ces derniers. C'eft que fous les Céfars un fucceffeur fage & éclairé réparoit les maux qu'avoit caufé fon prédóeeffeur; au lieu que les moyens de conferver 1'cmpire fous les princes Chrétiens fe perdirent a roefure que les Empereurs, bons ou mauvais, fe fuccédoient. L'Auteur après avoir tracé le tableau du débordement horrible des moeurs depuis Tibere jusqu'a Aurélien, celui de finconcevable prodigaiité dans {es jeux Ee 4 cc  424 Nouv. Biblioth. Belgique. & dans les fpectacles, & enfin des horreurs de tout genre, qui devinrent poüf ainfi communes dans 1'empire, 1'Auteur, difons nous , recherche enfuite les caufes qui concoururent fous les Princes Chrétiens, moins méchans que les Payens, è rehverfer 1'Empire. ' La doctrine du renoncement au monde prêchée dans 1'évangile , Popiniön alors généralement recue que la fin du monde étoit fur le point d'arriver, commenca cette grande révolution. On abufa de l'efprit de la Religion, qui nous détache des grandeurs humaines j & on fe perfuada qüe le eomble de la perfection étoit de donner fon bien aux mi* niftrés de 1'Eglife, & de vivre dans une ^arfaite apathie. Ce préjugé (de la fin prochainé du monde ) donnoit aux Chrétiens un caractère trifte & fombre, qui les habituoit a s'interdire également tout plaifir & toute aétivité. Cette tournuré d'efprit leur fit haïr auffi les arts & les fciences, Pécjat, Sc ja magnificence. L'Auteur afiigne plufieurs raifons de Cette infoucianee. D'afi 2i ... . u bord,  Oct.Nov.,Decemb., 1782. 42* bord, dit-ïl, les premiers Chrétiens 'étoient de race Juive, & par conféquent d'une nation qui mépriioit les goüts, les amufemens & les lumières de toutes les autres; enfuite Ia plupart des Chrétiens étoient des perfonnes des plus baffes claffes; leur religion diamétralement op« pofée au Paganisme, qui mêloit les rites facrés avec les fêtes & les jeux, devojc •leur interdire des plaifirs qui tenoient toujours plus ou moins de Pidoldtrie; enfin le clergé expliquoit 1'évangile a la lettre, & par de fauffes interprétations altéroit la pureté des préceptes de J. C. Les Chrétiens de ces tems étoienc plus portés aux disputes de théologie qu'è 1'embarras de la vie civile; bientót on disputa par tout; en Oriënt ce goüt décruifit 1'empirèdes Grecs, & les affervit aux Turcs. Corruptie- optimi pejjima, voilé Ja folurion du probléme , poürqnoi le Chriftiahisme, c'eft- adire , la plus douce, la plus fociale, la plus aimable des religions, a pu produire les effets que nous venons d'indiquer. Ee s Le%  42tT NOUV. BlBLIOTH. BfiLGIQUE. Les Ascétiques, qui préchoient 1'ab? fiinencc des plaifirs, les Gnoftiques , qui faifoient la guerre au mariage, & a toutes les délices terreftres, & cette foule d'autres fectes qui, divifées entr'elles, s'accordoient cependant è condamner les plaifirs, devoïent rendre les Chrétiens stifantropes & d'un eomroerce peil agréable. Une grande ignorance, une ïmagina# tion ardente & désordonnée, les climats brülans des pays, oü le Chriftianisme a jetté fes premiers fondemens, ont du porter une infinité de Chrétiens è courir après les vifions, & a donner dans le goüt des prodiges. Dela ces faux miracles, ces faux martyres, & tant d'autres impoftures des premiers fiècles. Ils pouflbient 1'extravagance religieufe jusqu'a fe faire un fcrupule de fe rafer, de fe coëffer, de rire &c. Tertullien dit gravement, qu'un Chrétien qui fe fait la barbe ment contre fa propre face, & fait une tentative impie pour perfectionner 1'ouvrage du créateur. A  OcT.,Nov., Decemb. 1782. 427 A toutes ces caufes il faut encore joindre I'intérêt particulier du Clergé. Celui ci fonda dans le Chriftianisme une république ariftocratique, jusqu'alors fans exemple. II avoit la puiffance législative & exécutrice; il interpré. toit les Ecritures, & prononcoit des excommunications contre les désobeisfans. Enfin il acquit un fi grand empire, qu'il n'y avoit presque rien de ce qui fe faifoit en public ou en particulier, qui nefut foumis a la législation, k la cenfure & k la correction du Clergé. On exigeoit des Laiques 1'obéiffance la plus fërvile, mais les Prêtres fe disputoient continuellement: dela 1'esprit de fchisme qui déchira les Chrétiens en diverfes fc&es, 1'esprit d'intolérance, né de 1'esprit du corps: les moines vouJoient non feulement qu'on adoptat aveuglcment leurs décifions, mais qu'on cherchat auffi a exterminer les Auteurs & les ftétateurs des nouveautés, en matière de doctrine. Ils défendoient méme aux Princes de fe mêler des affaires du Prince, d'examiner fes Loix, fes régie-  423 Notfv. Biblioth. Belgique.' glemens, fous prétexte d'empêcher, qu'il n'y entrat rien de contraire au faJut des hommes & au bien de 1'églife. Telles furent les caufes de cette basfeffe d'ame, de cette bigotterie qui caraöérifa alors les disciples de J. C. ,• leur laifon fe corrompit, leur coeur s'abattit, leur ame s'avilit; 1'églife fut remplie de fanatiques & ou d'hypocrires , qui fe permettoient en fecrct les plus abominables horreurs. La valeur héroique, qui fut le reffort des Romains, fit place a de miférables querelles auxquelles les Princes prirent part. Les tracafferies du Clergé furent regardées comme des chofes de la dernière conféquence, tout fe dénatura , tout tomba dans Pavileffement; ou fut pbligé d'appeller des barbares pour défendre PEtat, & pour le gouverner. Or ce furent ces mêmes barbares qui occalionnerent la deftrucfion de ce vatte empire Romain, monument éterncl de grandeur & de corruption. Tel eft 1'expofé fidelle des principes répandus dans cet ouvrage j nous en  Oct. , Nov., Decemb. 17 82.'42! f én avons dit affez pour mettre Ie Lecteur en état d'en apprécier le mérite , & nous ne doutons pas, qu'il ne fouscrive aux juftes éloges que nous $vons cru devoir lui donner< ART/.  43© Nouv. Bibuoth. Belgique, ARTICLE HUITIEME. Historie van Mejuffrouw Sara Burgerhart, &c. C'eft- a- dire; HlSTOIRE de MaDEMOISÉLLÈ Francoeur, C<0 publiés par Mmes E. Bekker, Veuve Wolff ê? A. Deken, 2 vol. gr. 8P. a la I Haye chez van Cleef 1782. Prix ƒ 4 - 10" - d Les Auteurs de ce Roman font fa. meufes fur le ParnalTe Batave, & plus d'une fois nous avons fait connoïtre leur mérite a nos Lecteurs Étrangers. (a) Ce mot Hollandois ügnifie i la lettre Coeur Bourgeois, & revient a ce qu'on nonïineroit en Frangois, Francoeür:  r Oer.) Nov., Decemb. 1782. 433; gers. L'ouvrage que nous annoncons juftifie bien 1'idée qu'on a concue de leurs talens. C'eft un Roman, oü 1'on peine d'après nature les moeurs & le caractère de nos Compatriótes: il ejl calculi, pour nous fervir de 1'expreffion des Auteurs, fur le mêridien de la vie bourgeoife, „ a pour but principal, de montrer qu'unj j, excès de vivacité & ce penchant dé„ méfuré qui en découle, pour les plai„ firs bruyans du monde, penchant que ,, la mode & le luxe ne femblent que SJ trop juftifier, expofent fouvent des filles d'ailleurs heureufement nées aux j, maux les plus cruels, au mépris de j, certaines femmes, qui ne les valent „ pas, ni pour le coeur ni pour les fen„ timens, qui fe fentent éclipfées par : s, leur mérite, & qui jouiffent du plaiIj, fir barbare d'accabler d'opprobre & i, de porter les derniers coups aux mal; heureufes viélimes de 1'Imprudence 3) plutót que du Vice, Que pour „ cette raifon une jeune fille doit regar4, der comme un bonheur ineftimable j, d'être fous la direétion de ces femme* ij refpeÊtables, q«i réuniffent la pru, den-  '432 NtfUV. BlBLIOTH. BfiLGlQUBi 3, dence a la douceur, & la bonté aune, j, fermeté jnébranlable & raifonnée, & „ qui font feules propres a faire des meil- leüres Filles les meilleures Epoufes." Les Auteurs dé cet Ouvrage nous offrent un cxemple de cette vérité dans PHifloire de Sara Francoeur, qu'elles nous répréfentent comme une jeune perfonne,qui joignoitè une grande beauté toujtes les qualités du coeur. Fille' d'un riche marchand, la mort lui ravit fes Parens de trop bofine heure; elle fut placée fous la Tutelle de Mr. Blancard, un bon Hollandois de la vieille roche, & de fa Tante Mademoifelle Hofland, fille furannée, qui affecte tous les dehors de la dévotion, & qui dans la fuite fut cruellement trömpée par deux hypocrites de fa trempe. Le Tuteur de Sara étant obligé de paffer quelque tems a Paris pour fes affaires , elle demeura chez fa Taute, qui la maltraita fi fort, qu'un beau jour elle s'échappa & fè réfugia chez une Dame tefpeélable, dont le beau caraétère fe fait connoitre, a mefure que fon hiftoire fè développe. Sara trouva dans cette' mai-  Oer., Nov., Décemb. f782. 433 maifon, de la liberté, une compagnie choifie & beaucoup de gaieté. Peu k peu elle met plus de goüt dans ia parure, & commence a jouir de la vie, elle fe livre enfin a fa paffiorf poür les plaifirs, qu'on avoit trop voulu réprimer dans fon enfance. Sa beauté, fon esprit, fa vivacifé,' la' bonté de fon naturel, lui attirent bientót une foule d'amans de différens caradtères. Ellé les écoute tous, fans en favorifer aucun, paree qu'ils lui fervent k paroitrè avec plu's d'éclat dans lés affemblées ét dans les lieux publiés. Cértain Mr. R. homme qui cache fous les dehórs les plus aimables, un ctéur faux & corrompü, fait cönnoiffance avec nótre Héroine, ea fiattant fes goüts & fes pencnans; II & formé le projet abominable de faire fa maitreflè de Sara; 1'honnêteté & la can* deur de celle - ei ne lui permettepc pas de foupeónnef un deffein aufli hbrrible; dèsorte que le Lecteur qui corinoit R. j ne peut s'empêcher de craindre,', que Sara nedevienne Ia vi&imè de fa méchanceté & dé fon abominable hypocrifie.' Par le plus grand bönheur du monde elle fe fauve defesmains, au moment mémè; fms UI. Part. 2. Ff qu'it  434 Nouv. Biblioth. Belgique." même qu'il alloit confonmér fon crime? revenue è elle même elle regarde avec effroi 1'abime, oü 1'amour exceffif des plaifirs iicites alloit Pentrainer. Elle écoute avec plus d'attention les confeils de fa bienfaitrice, & donne enfin fa main a un jeune homme eftimable, qu'on lui avoit fouhaité pour époux depuis longtems; fans ófer espérer qu'il deviendroit un jour le mari de fon choix. Ici finiffent d'ordinaire les Romans.Celui-ci va plus loin & nous préfente Sara,.mariée, & rempliffant fes devoirs comme époufe & comme mere, d'une facon qui fait bien oublier les petites taches «que fa légéreté avoit autrefois jetté fur fon caractère, dont 1'excellence paroiü enfin dans tout fon jour. Outre 1'héroine , d'autres perfonnages qui paroifibnt dans ce Roman, le rendcnt auffi inftru&if qu'amufant: il efl écrit en forme de lettres , & 1'on ne fauroit affez admirer la prodigieufe variété des caractères, & avec quelle perfcétion chaque perfonnage foutient lp fien jusqu'a la fin. En un mot ce Li. vre, a cet égard, eft excellent, & méïitc fans contredit d'être placé a cóté de Pal  Oer. ,Nov., DeceMb. 17S2. 435 Pamela de GrandiJJbn, de Clarijfe, & d'autres productions étrangères de ce genre, que 1'on avoit regardé jusqu'icï comme inimitables. Nous en dirions davantage k ce fujet, fi nous ne craignions pas d'être taxé de partialitè eri faveur de nos Compatriótef. Nous nous permettrons une obfervation; la feule que nous puiffions faire i nos Auteurs. II nous femble qu'elles fe font quelquefois trop abandonnées k Is. vivacité & & Ia gaietè de leur esprit. Ainfi, par exemple, 1'épithète Zoo, Zoo, donnée au Miniftre Smit noüs paroit un peu dêplacéë. Noüs favons qiie Madame Wol f f,5 en caufant avec fes plus intifnes amis, fe fert quelquefois de ce mot, pour caraétérifer ces miniftres, qui parient des moindres bagatelles avec une gravité affectie, & qui croiroient déroger k leur dignité, s'ils descendoient a cette familiarité aimable, qui fait le fel de la converfation. Mais d'après 1'idéejqu'ori nous donne de Mr. Smit il ne paroiq pas devoir être rangé dans' cette claffa. Au refte nous aurions bien defiré pouvoir doiner un échantillon du ftyle ds Ff 2 «et  436" NOÜV. BlBLïOf H. BÉLGIOJtTlf.' cet ÖJvrage ; (a) Ce qüe nóus en avoris dit fuffira pour aiguillónner la curiofité' de nos compatrióteS ; d'ailleurs ce Ronïan appartient teliement au fol oii il a pris nailTance, qu'il eft impoffible fans être né en Hollande, óu du moins fans cntendre parfaitement notre Idióme de comprendre la moitiédece Livre, ou d'apprécief la dixième partie des beautés qu'il renferme. (a) II exifte un Roman Anglois, intitulé, rEtowdie, ou l'Hiftaire de MijJ Betfy Tatlejf,quirelfemble,quant au fond, i celui dont nous avons rendu compte , mais du refte il n'a aucun trait de reflemblance avac hu. AR TI-  O.ct., Nov.,Dbckmb. 1782. 437 ARTIGLE NEUVIEME. Le Voyageur Americain, ou Observations JurFEtatactuely la Culture, le Commerce des Colonies Britanniques en Amérique; les Exfortations 6? Importations refpeüives /entre elles^ 6? la Grande Bretagne , avec un état des revenus que cette derniereen retire frc, Adreffées par un Négociant expérimenté, en forme de lettres, au tres honorable Comte & Tvaduit de i'Anglois- augmenté d'un Précis fur l'Amérique Septentrionale, &? ia Répu? blique des T rei ze Etats-Ü- nis, par Mr. J. H. M a Amjlerdatn chez jf. Schuring, Libraire fur le Rockin 1782. gr. in 8°. dt 353. pages, enrühi d'une C^te - 'F f 3 nou-  438 NouV. BlBLIOTH. BfiLQIQÜE. nouvelle qui réprèfente les Treize Etats-Unies de rAmèrique. Prix f 2 - io - o Dans un tems oü toutes les têtes politiques & commercantes de 1'Europe ont les yeux fixés, non plus fur les deftins , mais fur la prospérité de jour en jour accroiffante de 1'Amérique: dans un fems oü il importe a tous les Etats de de calculer les ayantages que des lïaïfons plus ou moins intimes avec la nouvelle République peuvent procurer, il amporte fans doute de connoitre k fond la conftitution Américaine, & fa iltuapon] préfente, furtout par rapport £ fon commerce 3 k fes manufactures & a fa Navigation. i L'Ouvrage que nous annoncons ne pianquera donc point d'être favorablement regu. II fut entrepris en Anglois par le mjaiftère & fous les ordres du célèbre Lord Cbatam. Ce grand homme voulut s'inftrüire en détail du commerce avec rAmériqee, & un Négociant éclairé, dont  Oct. } Nov. i Decemb. 1782. 439 dont on ignore le nom, publia fes Obfervations a Londres en 1769, löus ce Titre, Tbc American Traveller. Mais la cour intéreffée a tenir fecrete une partie des opérations de la Métropole avec fes Colonies, n'épargna ni foins ni argcnt, pour s'emparer fous main des Exemplaires & en empêcber ainfi la disfêmination. Le livre ne refta donc qu'entre les mains d'un petit nombre d'invididus, & füt bientót presqu'entièrement oublié. Le Traduéleur a donc bien mérité de fes concitoyens en leur oiTrant dans uné langue qu'ils entendent généralement des lumières, dont ils trouveroient difficilement la réunion en confultant différens ouvrages, oü 1'on ne voit que des traits épars fur cette importante matière. Pour fupplécr a ce que 1'Auteur Anglois ne dit pas, le Traduéleur a donné & la fuite de cet Ouvrage, un Précis de ce qu'il importe le plus de favoir, pour la partie hiftorique, topographique & smercantile de l'Amérique Scptcntrionale, & il y a ajouté lé Traité que la Hollande vieht de conclure avec les Treize ff 4 Etats-  449 Noüv. Biblioth. Belgiqub; Etats - Unis; enfin pour ne Iaifièr rien a defirer, Mr. M.'a joint & fon Ouvrage une carté générale de Ia nouvelle République, gravée avec foin d'après celle de Mr. Bonne , publiée en deux feuilles dans 1'Atlas, qui eft k la fuite de I'Histoire Politique de PAbbé Raynal, ed. in 4°, Les détails qu'on vient de lire font tirés en partie de 1'avant propos. Quant au nom du Traducteur on aflure qu'ii faut attribuer cet Ouvrage a Mr. Josepiï Ma^drii^lon, Négociant è Amfterdam, & cqpnu déj$ avantageufement comme Pqëte, & comme Qrateur. Nous espérons qu'il ne nous faura point; mauvais gré de Pavóir nommé, puisque 1'Auteur du Politique Hollandois Ia, fait avant nous, $. que cette feuille périodique eft généralement répandue. Qri y trouve aufli un fort bon extrait de 1'Ouvrage dont nous ajlons rendre compte; & nous n'auripns aflurément fait aucune difficulté de nous 1'approprier en tierement, fans la crainte d'indispofer öu cet Auteur ou nos Leóteurs, qui deftiandent notre facon de penfer & non, cel-  PCT. ,N0V.,DECEMB.I782. 441 Ie d'un autre. L'Extrait du Politique Hollandois fe trouve dans le 1NQ. XCIII. pag. 229. £? fuiv. Les premières Lettres du Voyageur. Américain fervent comme d'introduétion aux fuivantes. L'Auteur y rend eompte des raifons qui lui ont fait choifir ia forme épiftolaire préférablcrruïnt a toute autre; il établit fa facon de penfer fur }es différens qui commeDcoicr.t cus-lors k s'élever entre les Colonics & la mère Patrie; & il fait profeffion dc la plus parfaite jmpartialité , ce qui n'ift pas ordinaire de nos jours, furtout en pa. reille matière. L'Auteur nous appread encore que fes obfervations font le réfultat & le fruit de 1'expérience & des connoiffances perfonelles qu'il avoit acquifes fur les lieux mêmes. Pendant plus de 30 ans il a fait le commerce de tput genre avec la pljjpart des ColQnies 4méricaines; il a traverfé les cótes entiëres de 1'Amérique depuis le 68e dégré de Jatitude Sept. jusqu'au cap de la Floride, & pénêtré k plus de cinq cent Jieues k 1'Oueft, dans des déferts, oü japais Européen n'avoit mis le pied. Ff J, Tout  442 Noüv. BfBLioTH. Belgique. Tout cela doit naturellement donner du poids, & faire ajouter foi aux confidérations de 1'Auteur, qui n'a pu étre trom. pé fur tous ces articles, & qui n'a eu aucune raifon de cacher la vérité au Lord Cbatam, dont la pênétratiori lui étoit d'aiileurs connue. Un desEcabiiilemens Anglois le moins connus, étoit la Baye d'Hudfon, il mé. rite cependant de 1'étre, & c'eft aufit 1'objet de la troifième Lettre. Les premières caufes du commerce avec les habitans de ces pays furent pu» ïemcnt cafuelles & un effet de la nécesficé; le deffein de chercherun paffage a la Chine fit tenter cette vore; le befoin de rafraichiffemens, quelquefois même des chofes néceffaires k la vie, obligea les" navigateurs arelacher dans cet endroit, lbuvent même k y pafier un tems confidérable, & le premier commerce qu'on y fit, confifta fimplement en échange, en trocs. 11 devint bientót trés important, mais le monopole que des particuliers s'attribuerent de ces denrées, rendit ce commerce presque inutile a 1'Anglcterre. Dans la fuire ils furent obli- gés  Oct.jNoy.,Decemb. 1782. 443 gés de le reftreindre, au lieu de 1'augrnenter, pour ne pas attirer les regards du public; è 1'aide d'une Charte.ils fe conferverent le bénéfice immenfe de ce commerce. Dans un tableau comparatif que 1'Auteur donne au Miniftre, on voit que les marchandifes exportées de 1'Angleterre pour la Baye de Hudfon, au prix moyen de trois années, en y comprenant tout ce que la Compagnie envoie pour 1'entretien & 1'approvifionnement de fes agens & ferviteurs, montoient a. L. St. 16,000; &que les marchandifes exportées pour 1'Angleterre coutoient a Quebec au prix moyen de 3 ans L. St. •29,340. II faut encore fe rappeller quö ce commerce eft déprifé è deffein, & par les voies les plus iniques, voies dont 1'Auteur rend compte dans la Lettre IV. Un autre fyftême rendroit fans doute cet . établiffement plus utile k 1'Etat; on pourroit étendre les branchés de ce commerce, qui ne confifte encore qu'en pelleteries; la pêche de la baleine, & du veau marin eft capable d'un produit fuffifant, 1'Auteur le fait par fa propre expérieijce,  444 NOÜV. BlBLIOTH. BBLGIQJJ2. Ce cuivre qu'il eft facile d'exploifter dans cette centree, rendroit un profit confidérable, mais les i agens de la Compagnie, toujours dans les marnes vues, en dêfendirent la fouille; cependant aujourd'hui que nos mines d'Europe fonc presque épuifées, quoique 1'ufage du cuivre augmente de jour en jour, cette nouvelle branche deviendroit générale, ment utile. En fuivant une conduite oppofée le commerce de la Baye d'Hud. Jon eut été infinjment plus avantageur a 1'angleterre. La lettre VI. oü 1'Auteur développe fes idéés a cet égard nous paroit profondement penfée , & fait un honneur infini tant a fa fagacité qu'a fes fentimens. II recommande furtout la candeur, Ia bonne foi & 1'aménité en vers les naturels du Pays, qui de leur póté s'emprefferoient è prévenir les de firs de leurs hótes. Cette réflekion eft jufte; & fon application eft d'un ufaaè général. 6 ; iPrèf la d'H»Von la contrée qui s offre la première en allant au Sud, eft le Labrador Le climat de cette cóté eft moins rude que celui des pays quj J co'n-  Öct. , Nov., Decemb. 1782. 445 ronfinent faBaye cTIiudfon. Le fol abondè en bois de conftruétion; 1'on y trouve différentes fortes d'animaux dont les foürrufes pourroient faire un commerce avatatageux. La pêche efl; Ia feule entreprife qu'on ait formée jusqu'ici dans' cet èndroir. On en eut tiré un profit; bien plus confidérable en y formant des Colonies, qui auroient multipüé plufieurs branches de Négoce, qu'on a négligées. La pêche de la morue fur les cótes de Terre Neuve, efl: trés avantageufe a, 1'Angleterre. Les Francois en ont enVahi une partie; il faut donc y rémédier. Les marchandifes exportêes de Ia Grande -Bretagne è Terre Neuve» coutent au prix moyen de trois années L. St: 273,400, & les marchandifes imporcées en Angl'eterre montenti L.St. 345,000 fur les lieux ; le bénéfice eft bien plus condérable lorsqu'on évalue leur rapport dans les lieux oü on les envoie; en un mot ce commerce ajoute annuellement aüx richeffes de la Nation un profit nee de plus d'un demi-million. Dans la Neuvieme Lettre 1'Autcur par*  44.6* Nöw. Bibliotit. Belgïque; parle du commerce du Canada. Cette Colonïe a toujours été un objet de rivalité entre la France & 1'Angleterre; & 1'Auteur indique les moyens les plus propres k la conferver k fon Pays: les principaux font de diminuer PaiPedlion que les Francois ont fü s'y concilier, & de cultiver ï'agriculture; on pourroit abandonner aux naturels les autres branches de commerce qui font entre leurs mains. La Nouvelle ËcoJJe fituée prés de 1'embouchure du fleuve de St. Ldureni offriroit bien des avantages,fi 1'on y euc formé de bons établiiTemens: mais il faudroit d'abord extirper les naturels du Pays, qui portent la haine la plus invétérée aux Colons. Le commerce y confifte principalement en bois de conftruétion, & d'après le tableau comparatif que 1'Auteur nous donne il paroit que dans I'état aéluel des chofes 1'Angleterre retire de la nouvelle Ecoffe un bénéfice de plus de L. St. 11,^00. L'Auteur parcourt ainfi fuccefiivement les domaines que 1'Angleterre poltédoit alors fur le continent de 1'Amérique; il eft inutile de le fuiyre pas k pas dantf cha-  0cToNpy.,DECEME. 1782. 447 chaque contrée dont il parle; nous en avons dit affez pour donner une idéé & de fa manière, & de la grande utilité de fon fujet. Le Voyageur fait une réftexion bien mortifiante pour les Européens fur le caractère moral des Indiens. ,9 Leurs vices & leurs vertus font 1'cuvra* ge d'une nature inculte. — Une chofe certaine c'eft qu'ils tiennent de nous leurs plus grands vices, & par cette raifon que nous n'avons aucun droit de les leur reprocher. —— Selon les calculs de 1'Auteur les Colonies dont il a parlé étoient d'un grand avantage pour la mère Patrie. A en juger par le Tableau Général qui termine POuvrage, le montant des exportations en Angleterre excédoit de beaucoup celui des marchandifes qu'on faifoit paffer cn Amérique. Ces dernieres reve- Ia L. St. 3,370,00-0 & les autres k L. St. 33,924,605. Après avoir vu de quelle utilité PAmérique fut aux Anglois, voyons quels avantages les Hollandois Cc les autres Nations Européennes en pourront retijcr, depuis que les Colonies, avant bri-v fé  Nóuv. Bibltóth. Bblgiqü'éV fé le joug impérieux de la grande-Bre*' tagne, font devenues un peuple libre & indépendant. Ceft 1'objet du Précit fur VAmêriqüe Septèntrionalè. Mr." M ..... . prouve d'abord combien nos liaifons avec FAmérique, dans le moment préfentferont avantageufes pour la reftauration de nótre co'mmercè, que la guerre acïuelle a presque ruiné, enfuite il paffe k une coürte description topographique de FAmérique Septèntrionalè, il indique les productions les plus effentiellcs qu'elle fait naitre, & termine enfin ce Précis par quelques1 réflexions intéreffantes. Ce n'eft cependant que Fesquiffe d'un Ouvrage plus étendu fur le commerce & les productions' de ces Cölohies que 1'Auteur nous préfentè. „ Le fyftême polique de 1'Europe, en fe développant, nous aidera' d'autant plus a dónner du poids k nos idéés, & au móyen dés doéümens authentiques & directs qu'on nous a promis, noüs nous verrons plus én état par la fuite de les préfenter aved iütérêc & de les faire adopter." La Divifion de FAmérique Sepfentrïo- na»;'  Oct., Nov.,DeceMb. 1782. 445' nale eft faite avec foin, & comprend cette vafte étendue de pays qui commence au 7e dégré de latitude feptentrionale & s'étend jusqu'au 8oe dégré de même latitude. Les longitudes & Jatitudes de ces différens pays font pour la plüpart fort exaétes; celles marquées d'un Aftérique ont été foumifes a 1'examen de Mr. de la Lande. L'Amérique produit des arbres qu'oni ne trouve que dans cette partie du globe , tels que VErdble & Je Cirier. Onj fait du premier des meubles de divers genres, fa feve eft rafraichiflante. L'Oifeau-moucbe eft un des plus finguliers animaux qui peuplent les forêts de ces contrées. II a le bec long, pointu comme une aiguille; fes pattes n'ont que la grofleur d'une épingle ordinaire. On voit fur fa tête une huppé noire, d'une beauté incomparable, la portrine eft couleur de rofe & fon ventre eft blanc comme du lak 5 un gris bordè d'argent & nuancé d'un jaune trés brillant éclate fur fon dos, fur fes ailes & fur fa queue. Le du vet qui regne fur tout le plumage de cet oifeau, lui Tomé ili. Pari. a Gg don»  4SO NOUV. BlBLIOTH. BELGiqUE. ' donne un air fi délicac qu'il reffcmble è une fl 'ur veioutée, dont la fraicheur fe fane au moindre atcouchement. ^ Les Abeiües font abondances dans FAmérique Septentrionale, maison creit que cet infecte y a été apporté d'Euïope. Le Maïs, dont 1'Auteur donne Ia description, réunit plufieurs avantages; fa feuille eft trés bonne pour la nourriture des beftiaux, chofe infiniment précieufe *<3ans les contrées oü les prairies ne font pas communes. On trouve en abondance en Amérique des mines d'or, d'argent, de cuivre & de fer; ce font elles qui attirerent les premiers Européens ; on leur doit Ia découverte de ce nouveau monde, mais cette découverte a t'ellc produit plus de bien que de maux ? C'eft 1'intéreffante queftion que PAcadémie de Lym a propofée, & qui ne fera pas facile k féa foudre. La popu'ation efl actuellement trés forte: felon les calculs du Congrès les Citoyens doubient tous les quinze ou feire aas dans certaines Colonies, & tous ks  Oer., Nov\, Decemb» 1782. 451 les dix-huit ou vingt ans dans les autres. On y comptc environ quatre cent mille noirs. Dans un article fuivant 1'Auteur tracé le tableau des polT.fljons Angloifes en Amérique avant la guerre prélente; il expofe les bénéfices immenfes que la Grande - Bretagne tiroit du commerce avec fes Colonies; il recherche 1'origine de ces établifiemens, indique les fources de fa prospérité, & paffe enfin a la defcription décaillée des différentes Provinces , qui compofent aujourd'hui les Etats-Unis de 1'Amérique. Ce morceau abfolument neuf feroit feul la fortune de cet ouvrage, fi le refte même n'y répondoit pas. Nous espérons que 1'Auteur fera bientót en état de rem-* plir les engagemens qu'il a contraétés envers le public, & de nous donner de plus amples détails fur le commerce, 1'induftrie, les arts & les fciences des Treize Etats Unis. Le ftyle de 1'Auteur eft trés bon ; il s'élcve felon la matière, mais il eft toujours pur & aifé. L'introdudtion al'ouvrage, Gg 3 ceh  45^ Nouw Biblioth. Belgique: celle qui précêde Ia description des Etats-Unis, le discours de Logan, font fortement penfés & parfaitement bien rendus; en général il eft rare de trouver en Hollande de pareils Écrivains; c'eft un hommage que nous rendons & la vérité, & non a 1'Auteur, qui ne nous connoit pas, & dont nous ne cherchons point k capter la bienveillance, comme on nous le reproche quelquefois bien mal-è-propos. ARIT-  O t. , Nov., Decemb. 1782. 453 ARTICLE DIXIEME. Notice sur i.a Vie et les Ouvrages du Poëte Helvétius, (a) Mr Helvétiüs étoit d'une familie oü 1'esprit & le favoir femblent avoir été héréditaires, & que le fameux Auteur du Livre de VEsprit, avoit déja illuftrée. Son Père, quoique Négociant, étoit fort verfé dans les Lettres Grecques & Latines, il enfeigna lui-même ces deux langues a fon Fils, Celui - ci fic des progrès fi rapides fous un tel maitre, qu'a 1'age de treize ans il poffédoit déja Démojlbène k fond. Ce Prince des Orateurs de 1'Antiquité fit conftamment fes plus cheres délices. II en (a) Voyez le Tome II. Part II. pag. 520 & fuiv. de ce Journal, oü nous avons ren-r du compte des Poëfies de Mr. Helvetius, Gg 3  454 Nouv. Biblioth. Bblgique en favoit par coeur les plus belles harangues, & bien que fort jeune encore, il en rétablit fi bien quelques leeons vicieufes, qu'il réunit les fuffrages des meilleurs critiques de nos jours. II pourfui. Vit & acheva fes études a Utrecht. Son Pere en mourant laiiïa k notre Helvéiius un bien confidérablc; mais fon gout pour les lettres ne lui permettant pas de le gérér par lui mème, il en laiffa la diredtion a un homme d'affaires, qui abufa de fa confiance, au point de le ruiner entièrement; & fans le fecours d'un favantjurisconfulte, fon intime ami, Helvétiut perdoit jusqu'a fa belle Bibliothèque , que fa rigoureufe probitê alloit facrifier pour faire honneur aux dettes de fon Commis. Cette Bibliothèque fut, du naufrage de tous fes biens, le feul débris qu'il fauva. N'ayant plus de fonds, il ne pouvoit que contracter des dettes. Ses créanciers le pourfuivirent, & pour la feconde fois il étoit fur le point de perdre fes Livres, lorsque de tous lesriches, que fts amis follicitoient en fa faveur, Je Hul Mr. Bergman Wuytiers, Eche- vin  Oer. , Nov., Decemb. 1782. 455 vin de Ia ville id'Amfterdam , la lui fauva, avec la plus noble générofitè. Legrand Bourg-meftre Hajfelaer, ce vrai protedteur des fciences & de ceux qui les cultivent, donna a notre poëte qui avoit gagné fon amitié & fa confiance, un petit emploi, qui le mit a 1'abri des risques qu'il venoit de courir: furement il en auroit eu dans Ia fuitc de plus lucratifs, fi Ia mort nc 1'eut réduit •a pleurer fon Mécène. II n'eft pas furprenant que ce nourisfon des Mufes ait trouvé des reffources auffi puiffantes. II réuniffoit toutes les qualités de 1'esprit & du coeur: on trouveroit difficilement une auffi belle ame, un caractère auffi excellent, une probité auffi intègre, un dévoucmcnt auffi entier pour fes amis, des moeurs auffi aimables, & nous ofons dire aufiï irréprochables. En effet c'eft a tort que quelques perfonnes ont pris peur des fymptömes de déréglement, ce qui n'étoit que 1'effet des douleurs que lui caufoient une colique de Poitou, dont il fut tourmenté toute fa vie. II eft peu de fciences qu'il n'ait culti Jacrilega manu Produxit, &c. Le genre de Helvetius tient du fublime ; quoiqu'il ait donné dans 1'Elégie, Ü n'a ni 1'enjouernent ó'Ovide, ni la molltffe de Tibulle, mais beaucoup de 1'élévation de Properce. Son goüt le portoit vers le grand: il dit de lui même dans une pièce qui n'a jamais été ynprimée:  Oct., Nov., Decemb. 1782. 459 Me juvat eniti, qua remige fervidus alat Lesbius audaci nubila rupit olor. Et qui Cecropiis vates animofus ab otis Oebalias pled.ro vertat in aimamanus\ Quoque vaieni animae Mavortis Jigna Ba* rujfi Vtxit in Hero:s Gleimia muja rotis. Dans 1'EIégie il pouvoic le disputer k Mr. Barman lui même, mais ils aimerent micux 1'un & 1'autre être amis que rivaux. Du refte fi Helvétius étoic plus pompeux , Mr. But man étoit plus naturel; mais pour le genre Lyrique Helvétius 1'emportoic, peut-étre, fur tous fes contemporains, & de ceux qui ont voulu fe rapprocher d'avantage de fa manière aucun n'a jamais atteint fa hauteur. Cependant il faut convenir, qu'aufli extraordinaire dans fes ouvrages que dans fa vie, fes exprcffions & fes métaphores fingulieres le rendent un peu obfeur. II a fait quelques vers dans fa propre langue, & même dans des langues étrangêres, mais ils n'approchent pas de fes vers Latins, tant il eft vrai, qu'en fait de compofition, 1'étude approfondie de la  &6o Nouv. Bibltotii. Belgique. Ia langue dans laquelle on travaille,faï£ les trois quarts du fuccès. Les morceaux que nous avons rap» porté précédemment, ont donné fans dcute une haute idéé des talens de Mr, Helvétius. Entrons ici dans Ie tecnique de fa vcrfification, montrons avec quel discernement il a fu s'approprier ïes beautés des anciens, avec quelle fineffe il les imite fans les copier jamais. Ces fortes de rapprochemens ne font pas fans utilité pour nos jeunes poëtes Latins, qui aiment è fe nourrir des bons modèles, & en général rien ne forme plus le goüt que 1'étude comparative des anciens avec ceux qui les ont pris pour guides. Comme les bornes de cet article ne nous permsttent pas de longs détails , nous choifirons de préférence une Epitre, (a) de 1'Auteur a feu M. P. Burman Secundus, a 1'occafion d'un Poëme que ce favant prononca, & qui rouloit fur ce fujet: De Eruditionis ne* glecïu, ö1 luxus Reipublicae perniciofis. Ob- (a) Voyez Pag. 28 des Poëfies d'Helvi~ tfus.  OcT.jNoV.jDfiCEMB. I782. 46%, Obfervons d'abord, que Ie Poëte prédit dans cette Pièce admirable la révolution a jamais célèbre, que nous voyons aétuellement s'accomplir en Amérique. On pourroit donc la regarder comme une infpiration poëtique, b. aufli jufte titre que la fameufe Elégie de Loticbiui fur le fac de Magdebourg: Car après tout, il eft trés poffible que dans le cours d'un fiècle une ville foit faccagée; mais il en faut dix au moins, pour qu'une nation entière échange les ténébres de 1'ignorance & les fers de la fervitude contre les lumières du favoir & les faisceaux de la liberté (b). Vol. (b) Fors-erit ut, fa/lus Eurtpae pajfa novercae; Orbe alio latebras mufica turba petat; Auriferae felix cum fifiet America gtebae Numina, quae tepido cardine grata colat. Mexica cum, Phoebique Juperba nepotibus cri. Perrumpent duri, barbara claujïra jugi; ïbit in inbellis cum liber Araucus, Iberi Vulnera, Smyrnaac raptus in arma fwM,&C|  46*4 Nouv. Bjbltoth. Belojque: Voici le commencemen de cette Elégie. Qualis Dircaeas Ampbion viilor ad arce* Movit Apollineae faxa caw>re lyrae; Qualiscjf'Alcaei fiu£tus,pulfosque lyrannos. Armaque Lesb 8. SS- Tune igitur veris gaudebat Graecia natis* On voit par cette imitation qv'Helvétius confirme la bonne lecon veris, d'autres y fubftituent a tort le mot Qa\lis. Tome lil Part. $ Hb Mi  46"5 NoÜV. BfÉLTÓTH. BELSïquB. Ibid. Sed Marti duranda pater Jincera pfobabat, Exploratrici , corpora Rbenu» ■ aquas. Grotius, admTrabJe jusques dans fes PoEfles, mais cependant un peu trop attaché k Lucain , pafle de la même couiö.iie des Anciens Bataves. Pag. 47, An decus boe partus exploratricibus und-ir, Rbenus baba ? natales amne probanti Prom^iere fidem. Pa». 31, Horum nullus amat ratienis quaerere legum. L'Auteur nous rappclle epcöre fon mpjèle Properce II. 25. 95. Harum nulla Jolet 'rationem quaererê ntundi, Nee mm ft aWnis Lam labórét eq\ff. WA ' Ilïis ampla fatis gloria Deffliat, Propïrce, patlaat des BeHns, I, 2,24, ■Lllis ampjajatis forma,. Pudicitia. Pui.  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. a6? Pag. 32. Tdis Antoni, dominum patientis sinubin, V Languit in Papbiis vitapudenda rofis. C'eft avec beaucoup d'arc que 1'Autsuï s'approprie ici une expreffion de Properce. II. 25, 59. Me /«Def bejlernis pojitum languere corollis. Md: Haec funt, quae populos expugnant arma potentes, Fatorumque gravifub pedeJeeptra terunt. Ceci eft une imitation de Properce. III. 11. 9- Notre Poëte explique en même tems un pentamêtre affez difficile du même Chevalier Romain. Haec etiam claufas expugnant armapudicas, Quaeque terunt fajlus, Jcarioti, tuos. Mais Mr. Rubnkenius ce fameux CriHh2 tique,  458 Nouv. Biblioth. Belgiqjtb. tique, n'a pas tort, en remarquant que , Ia meilleure lecon eft, gerunt fajtus. Ibid. Fata trabunt populos: fatis «rguentibus urbes, Regnaque damnato procubuere Jolo. Ceci reffemble trop peut-être k ces vers de Sannazar. II. IX. 31. Fata trabunt hommes, fatis urguentibus urbes, Et quoaxumque vides, auferet ipfa ' dies. Ce n'eft pas cependant que Mr. Helvétius fut plagiaire: avec fa facilité de faire des vers il n'avoit pas befoin de recourir k cette miférable reffource des imaginations pauvres & ftériles. Comme 1'Auteur Italien, fans doute notre Auteur fe rappelloit ce paffage fi remarquable de Manilius, au commencement du IV. Livre. Fata regunt orbem &c. Ibid. Mufarum fpretas exigit illa vi' . . tes. Tm.  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. 460 Properce a dit I. 13. 10. Multarum feras exigit una vices. Comme nous lifons, avec Mr. Burman. Pag. 34. Irociiumque trucem, Huronaque molliet olim Corda Venufinae fuada canora lyrae. Dans le premier de ces vers 1'èlifion efl: négligée, k caufe de 1'aspiration; ce que les jeunes Poctes ne doivent point imiter, quoique Tibulle ait dit. I. j. 33. Et tantum venerata virum, bunc fedula curet. Ibid. Qjios privata fua commoda lege regunt. Voila encore le nombre, la cadence de Tibulle. III. 3. 22. Nam Fortuna fua tempora lege regit. Ibid, Omnia quis Batavae fordent miracula terrae. Hh3 Pri-  470 NoiJV. BlBLTOTH. BfiLGIQ'JE. Properce. fff. Ei. 17. Omnia Romanae cedent miraculi terrae. Au refte il efl bon d'engager la jeuneffe a abandonner 1'habitude de faire Ia pénultième fyllabe de Bata-vus breve. C'eft une erreur oü Lucain a induit tous les Poëtes modernes, par ce vers tronquê. Vaugiones, Batavique truces, quts ae. re recurvo &c. Mr. Scbrader* Profeffeur, trés expert en Poëfie Latine Pa démontré évidemment dans fes Emendationes, pag. 26. On dit, que Nic Heinfius, 1'un des amateuis de la Poëfie Latine qui avoit le plus de tact, a lui même cbangé de fa propre main, fur un excmplaire imprimé de fes Poëfies, tous les pafiages, oü fuivant 1'ufage commun il avoit fait Ia penukième de Batavus brève. Qjiid meritos dicas. quisfua viïis humus ? Tournure de Properce. III. 5. 45. Quid  Oct.,Nov.,Decemb. i/F2. tft Quid meritum dim, cui fua terra parum ejt? Pag. 35. Has tile infidians animis fuf. fecit avaris. Properce. III. 3- 49. Fortuna infidias pontum fubftravit a, varis. Jbid. Tu prius &f fluft'is poteris vada reddere Nereo, Coctaque Zemblaeo condere vina gelu, Quam facee, ut Bitavae redeant, Burmanne, juvenfae Alta peregrinae taedia luxurioe. Idéés nouvelles, tournure empruntée de Properce. IL 23. iof. Tu prius & fluStus poteris ficcare tw rit: os, Alpag-ie mortali deUge^e aftri mmu: ,Qjam facere, ut n>firne nolxni ptccare pmiïae. Hh 4 PrAr  472 Nouv. Biblioth. Belgiqub;' Properce a die encore I; 2. 32. Taedia dum miferae fint tibi luxuriae. Md. Aut Tbebas veter es; £? Acbivüm nomen Atbenas; lnque triumpbato Byrfa fepulta folo. Le premier vers rappelle celui de Pro* perce. II. 1. 21, JVbn veteres Tbebas} nee Pergama nomen Homeri. Obfervons que dans le fecond vers Ie Poëce décline Burfa, Burjorum- quoique Virgile ait dit. Mercatique folum. faSti de nomine Byr/am. Amor I. 367. Mr. Helvétius prétendoit que les noms propres Latins qui tiroient leur étimologie duPhénicien, devoient étre neutres au pluriel; & il foutenoit que Virgile ne connoiflbit pas cette Langue. Pour nous qui Pignorons profondément, nous nous en tiendrons auPaflre deMantoue, qui  Oct.,Nov.,Decemb. 17^2. 473 qui avoit auffi voyagé en Idumée: fans doute que Mr. Helvétius, emporté par la chaleur de la compofition n'y avoit pas affez réflechi. pag, 35. Et Quiscunque ferax antiqui criminis aetas. Properce. I. 4. 7- Et quascunque tulit formojï temporis aetas. Ibid. Cumfemel eft vitiis lïberafaEtaviai Properce. III. n. 4' Luxuria nimium libera faiïa via eft. Pag. 30. Non ita Pboebei mirata e(l unda Cayftri. Alciden Lyra ^ducere fila colu. Manière de s'exprimer femblable k celle de Properce. II. 11. I. Non ita Dardanio &c. Quid Bataii, nifi nomen, babes gravis, accola Rbenil Hh5 Tam  474 Noot. Cibltoth. Bbloioob. Tattj te fortem olim, non pudet eiïe levem ? Properce. IV. 137. Nilpatrium, nifi nomen, babet Ro~ manus alumnus: Sanguinis altricem nunc pudet eiïe Lupam. Le même. II. 19. 2. Tam teformofam, non pudet effe levem? Ibid. Tanti membra fuit peregrino fin» gere cultuï Properce. I. 2. 4. Tequ-e peregrinis vendere muneribus? Naturaeque decus mercato prodere cultul Pag. 38. Tune poter as, te digna mori; qu.e tempor e ab Ulo Inminuit, probris poenapitdenda fyit. C'eft la peDfée .è'Qwde. Ltervid. lil. ?. Tune  Oct.Nov.,Decemb., 1782. 475 Tune potui, Medecu, mori bene; quicquid ab Mo Produxi vitae tempore, poena fuit. Nous ne poufferons pas plus loin ces Obfervations, qui ne fauroient plaire qu'au petit nombre des vrais amateurs de la belle Littérature. Pour ne pas groffir inutilement ce Volume, on n'a transcrit quclcs endroits paralleles; nous renvoyons nos Ltcteurs a 1'ouvragc même è'Helvétius , qu'il ne peuvent fe dispenfer d'acquérir. Ils y diftingueront après la pièce rapportée ci deffus, une Elégie fur la mort de Hinlopen, fur le Luxe, fur la mort du Comte de Brubly dont nous ferions presque tentés de citer quelques morceaux, fi la place nous le permettoir, paree que dans cette Elégie on femble reconnoitre particuiièrcmert encore la touche male & fubiivne 'de Mr Helvétius. On lira auffi avec erand pla:fir fon élégic fur la ftatue de Newton. Notre Poëte avoit une vénération particulièrc pour ce grand homme Se trouvant un jour a Cambrid£e, il fut voir avec quelques Anglois la 6 ' fta-  4?6" Nouv\ Biblioth. Bjïlgique.' ftatue de Newton; appercevant une toïJe d'araignéc fur Ia têce de ce Philofophe, ii fe retira auffitót, & revint un moment après muni d'un grand balai, dont il fe fèrvit pour óter avec toutes les précautions poffibles Ia toile qui ne devoit pas approcher de cette fublime tête. A ce trait les Anglois furent pénêtrés d'admiration , & peu s'en fallut qu'ijs ne tombalTent aux genoux d'Hel* véttur, Ce Poëie eft mort fort jeune, lailTant après lui des admirateurs, qui fe font emprefies de jetter des fleurs fur fa tombe: mais les amis qu'il avoit fu fe faire n'oublieront jamais ni fes talens ni fes excelientes qualités. C'eft a 1'un d'entr'eux que nous fommes redevables de cette Notice, & nous lui en témoi. gnons ici notre fincère reconnoilTance que nos Leéteurs fans doute voudront bien partager. ARTI-  Oct. , Nov., Decemb. 170*2. 47 f ARTICLE XI. P o e s i e S. S O M N I U M: T^ox erat, & medio fulgebantfideracoeloj Sideribusque comes candida Luna fuit; Fortunae auguriis caecae quum motus iniquis Direxi fefTos ad mea ftrata pades. Sed quid ego infelix ? tamquam me ftrata Javarent; Hoe fperanda mihi eft tempore nulla quies. Saepe ego noéturnum tentans captare foporetn, Nunc jacui pronus, nunc refupinus eram; Saepe ego fineert Divos fum voce precatusy Ut mibimet Somni munera gïata darent. Somne veni fperate, voco, noftrumque cabile Introeas placido murmure; Somne veni. Sed fruftra; in ventos fupplex vox ibat inanes; A leftofomnus luminibusque fugit; Pro  478 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUB. Pro dulci requie vario contunditur ictu Mens mea; pro Somno fedula cura venit: Cumqae ita follicitus traxiiTirn piurima noftis Tempora, fub vigiü peftoremultamovens, Irepfit tandem multis dsvifta querelis In me furtiva proditione quies: Sed vix illa meos tenebris invafit ocellos, Ecce aniraum turbant fomnia vana ineum. Vifa etenim refidens rapto per inania curru Terna fuit numero Diva verenda mihi; Obftupui, gelidoque mstu riguere capüli; (Advencu hoe partesnam tremuere tori.) Talis eram; codo pracceps quum miiTus ab alto eft Currus & in terram defiluere Deae; Cuique fuit greffu gravitas augufta, nitore Ignivomo fulfk quae Dea cumque fuo. Altera Calliope; Juris fuit altera Praefes ; Tertia, (quid referam ?) MaterAmoris ferat. Exhis prima Tüetnis verfus me tendit, &aurem Vulfit, & attonito talia verba dedit: i, Quid tu, lente, jaces ?quasnam tubicauiTa morandi eft, „ Cur mea tam pjgoa tramite caftra fub is ? Tu m;hi jam primis fueras addiftusab annis; „ Tu Patrio jml\i jam mihi votus eras; j, Nunc fervor juvenilis adeü; ïmnc aptior „ aetas; „ Nunc  Oct., Nov., DecemB. 1782. 479 „ Nunc datur Aftraeae thura creinare focis. „ Et tarnen imprudens, (utinam tibi cogni„ tos error.') ,, Ucile pro vano negligis usque bono; „ Tu m;a faepe lubens feftari caftra recufas, - Impleat ut vacuüm turba novena locum. „ Sed tibi quale ferent lucrutr., (die vera „ roganti,) „ Nunc juveni Pindi Numina, quale viro? „ Non tibi de Mufis furget laus vera per ae,, vum; „ Irrita.quam tribuet CypriaMater, erit. m Efl: aüquid majus, damnatos voce Tribuni „ Infontés av:da folvere fauce necis; „ Eft aliquid majus, viduaeprolisque parento „ Gibatae dici dulce patrocinium ; „ Quam levibus nugis, ftudioque repletu^ „ inarii, ( „ Saepe vel invitam folücitare clelyn, „ Aut non maturojam jam deduftus amors „ Ante genu Dominae pmcubuifle fuae. v Ergo rumpe moras; Mufis Venerique fa* „ premum „ Die, (tif i üt quamvis durius usque,} H Vale "> . i ' -V .i Namque ambae mentem gratis cruciatibas. „ angunr, „ Duke, mihi cradas,Mufa Venusquema'•lUfliea' „Hls  4.80 NoUV. BlBLIOTH. BfiLGlQUS; „ His deinceps ducibus greffum fi tenders „ pergas , ,', Te fpeft itnullus, meduce,verus honor." Dixerac; & tenues fubito vanescit in auras; Cura fed in memori mente repofta manet. Vosne igitur linquam, toties mihi Numina culta , Delicium & itae gaudia, nofter amor, Vosne igitur linquam mihi, gens gratiffima, Mufae, Et potius Themidos caftra fevera fequar ? Quin decet, ac fas eft; hoe poscit cura parentis; Poscunt officii munia facra meft Ergo vana Venus, Vanaeque valete Camoenae; Nil mihi vobiscum eft; liberacolla gero! Nu1 c, A'traea, fero foli tibi thuris honores! A te deviftas do tibi, Diva, manus! Dum loquor; aadito ridens fermone, finiftro Adftabat lateri Cailiopea meo ; Ore verecundo, formae fpeótata decore Ante meos oculos confttit ipla Venus. Hasubifpeftabam mecummeadicta recordans, Haerebant animo fpicula torta meo; Utraque vix piacida cernebat luce rebellem, (Heu pudet heu!) fateor; mox quoque vift is eram. O nimis inconftans, ventoque incertior ipfo, Liber vix, iterum das tua colla jugo.' Jgnos*  Oer.,Nbv.,Decemb. 1782. 481 rgnoscas mihi Diva Themi, & manfueta fatentl, Concedas culpam, firn tuus usque, precor. Sed tantum liceat, ftudiis mihi rite peraótis, IVJenterh de'iciis exhüarare meis! Annuic alma Themi--; fubrifitque ore fereno Calliope; diets annuit ipra Venus. His ita compofitis, Divae fua regna revifurit, Et me cum fomno piliida cura fï'git, Talia prov'eniant, gratos'imitantia cafus, Somnia nocturno tempore faepe, preeorl Tom. UI. Part. 2. II ARTÏ*  482 Nouv. BlBLIOTH. BELGIOUe. ARTICLE X I L AVIS ANNONCES. On trouve dans l'Esprit des Journaux, Ofï. 1781. Tom. X. pag. 413. Varti* cle fuivant. Aux amateurs &? connoijfeurs de la par* faite harmonie par M. le C. D. T. Le piano-forte de la parfaite harmonie," dont on trouve le modele ci-joint (*) exifte depuis un an en Autriche. II eft ap. prou- (*) Le modele ci-joint confifte dans une planche mal deifinée, & ininteligible pour le faifeur de Claveflln. L'on y trouve noté: que les touches y font mifes fur 3 ponts en fix rangécs, au lieu qu'elles doivent r£tre en 5 rangée's, favoir ii 1'octave 5 doublés croix, la deübus 7 croix, plus bas 7 naturelles, Ia defious 7 bémols, & plus bas 5 doublés bémols tous faits de la même facon, que ceux qu'on trouve. au j^effus des tpwehes d'un Claveffin ordinaire!  Oer., Nov.,Decems. 1782. 483 prouvé par des maitres & connoiffeurs de Ivlufique. II ne Iaiffe rien è defirer pour la perfeftiom de 1'harmonie. Cette invention a deux avantages: elle furprend les connoiffeurs par Ia régu'arité des 31 imervalles, ou tons différens depuis 1'uniffjn jusqu'a l'cft've, & elle donne pius de faciiité que i'mcienne méthode, pour exécuter toot es Ier pièces de Miifique. L'ancienne pétbède des touches y eft confervée. La feule d fférence, qui y regne, confifte en ce que th;icun ds ces 31 tons a fon dièze au deffus, Sc foa bemol au deflbus de fa touche. Toute autre divifion de 1'octave eft ctéfec* tueufe. La délicateffe des connoiffeurs trouvera dans cette nouvelle invention de quoi fe contenter par des accords multipliés, & par des vibrations parfaitement fonores. — A cet avertiffement 1'on peut ajouter qu'un claveffin a 31 touches a 1'oftave existe déja depuis 1'année 1771. a la Haye en Hollande, de même quun Monochorde, pour 1'accorder facilement, & une planche li z d#  484 Nouv. BiELioTri. Belgtqüe. de divifïon pour conftruire ce Monochor* de; Ie tout amplement décrit avec beaucoup d'autres chofes, rélatives a laMufique, & qui fatisferont I tous égards la curiofité du compoflteur, maitre & amateur de Mufique, dans un livre, qui a été imprimé a la Haye chez J. A. B ou vink, Libraire fur Ia Place 1772, contenant 379 p. & 8 planches en gr. 8°. Prix / 2 - 10 - o argent de Holiande. II a pour titre: Verhandeling over de Muficq. —■ c'eftsk-dire. ,, Traité de la Mufique, oü „ 1'on tSche de réduire cet art 4 des „ principes plus clairs, & en même „ tems plus fimples, d'en écarter tout ce qu'y eft de trop, de le rendra „ plus aifé pour 1'exécuteur, & de „ 1'élever è un plus haut degré de per„ feftion." —- PRO-  Oct.,Nov.jDecemb. 178a. 485 On nous a fait parvenir le Programme fuivant. Programme de la Société Zélandoise des Sciences établie A Flessingue, pour l'Année 1782. T a Société Zélandoife des Sciences, dans JL/ fon Affemblée Générale, tenue èFlesfingue le Vingt Septième d'Aout 1782. a réfolu de publier ce qui fuit. La Société aiant promis la Médaille d'or „ cfrdinaire a 1'Auteur du Mémoire le plus „ court, le plus effentiel & le plus fur con„ cernant la ftrufture des Navires & de ce qui „ y appartient, pour autant que cela influe „ fur la fanté & le bien des gens de mer — ,, 1'entretien de 1'Equipage, foit a terre ou „ en Rade, foit en pleine mer, eu égard „ a la bonté du logement, de l'habillement „ & des alimens; — La meilleure manière „ de faler, conferver & apprêter les pro- viflons de bouche fur terre & fur mer ; „ Les boiffons d'un ufage journalier, qui „ font les plus falutaires, pom prévenir le li 3 „ fcor-.  485 Nouv. Biblioth. Belgique. fcorbut & fes autres maladies qui regnent „ fur )es Vaiffeaux avec les préceptes & „ mefores d'icü'les ; 1'amélioratiori „ néceffaire du bifeuit pour 1'Equipsge du „ Vaiffeau; —> La meiUeure manière de te,, nir propres lc Nnvires & les Hts qu'on y 5, employé; ■ La féparation de ceux qui „ fe portent bien d'avec les ma;ades, tant „ fur les Navires a pont ouvei t que fur ceux „ a trois ponts; • ■ 6: ce qui peat ulté- rieurement y être rélatif," a trouvé bon de I'adj' uger & 1'Auteur de Ia réponfe qui z pour devife: Tot heil van 't Vaderland, het Zuid, IVeJl^ Noord en Ooflen, Poog ik de Zeevaart en Colonien te trooflen. Qui a* I'ouverture du billet cacheté a para être Jkan Harcf. r Doiïeur en Médecint a Rotterdam, & è qui par conféquent fera lemife en main Ia Médaille d'or, pour Ie compte de la Société des Arts & des Sciences , établie a Batavia, Un généreux Ami de Phumanité aiant clairement appris par 1'expérience combien funeir.es , & fouvent pour plufieurs, font mortelles les fuites des Fièvres de 1'arrière faifon, qui furtout après des Etés ckauds  Oct. , Nov.,Decemb. 17S2. 487 chauds & fecs regnent dans les places des Garnifons de la Flandre Hollandoife & fpécïalement parmi les Militaires, pria la Société de propofer au Public, fous promefie ds la Médaille d'or a 1'Auteur de la réponfe Ia plus fatisfaifante; cette queftion:,, „ Quelles font les véritables caufes & les „ marqués des Fièvres, qui en 1'arrière ,, Saifon, regnent dans les places des Gar„ nifons de Ia Flandre Hollandoife; Et „ quels font les meilleurs remedes, qu'on „ peut emploier pour les prévenir &pour les „ guérir fur tout parmi les Militaires? Parmi les réponfes parvenues a la Société, & qu'EUe a foigneufement examinées, il s'en eft trouvé une, qui excelle le plus, & qui a pour devife. Non eft in Medico femper relevetur ut aeger, Interdum doüa plus valet arte malum. Et dont 1'Auteur eft G. W. Callehhls DoQeur en Médecine & Echevin de la Ville de l'Eclufe en Flandre, auquel la Médaille d'or a été adjugée , & cela aux fraix de 1'Ami de Phumanité, jusqu'a ce jour inconnu, qui recoic par Ia préfente les témoignages de gratitude de Ia Société & qui remportera chez tous les coeurs fen-  4-88 Nouv. Bibliot». Belgiqub. fenfibles, Ia Iouange Ia mieux mérirée Uno feconde réponfe parvenue fur la même question , fous Ia devife. Prcemium labore meo dignum accipere opto; & qui a été jugée la plus approchaüte de la première, fera cou* ronnée d'une Médaille d'argent: pour cet efFet, 1'Auteur efl: prié de vouloir déclarer.le plutót poffible, par lettre, fon nom, s'il préfère de recevoir de la Société pour fon travail utile cette marqué d'eftime. La Société, aiant confidéré dans les deux précé lentes années , que quelque bien qu'aient été expliqyées diverfes parties da Droic Public Belgiqui, par plufieurs Auteurs renommés, cependant il rnanque jusqu'a préfent une Manudu&ion complette & fuccinte , qui ferve a Ia vraie intelligence de cette utile Science, & par laquetle Ia jeuneffe de la Patrie puifle être conduite, pour s'en former une jufte idéé; invita les favans a former. „ Un complet & fuccint fyftême „ duDroit Public des fept Provinces-Unies, „ en indiquant les fources oü 1'on pourroit „ puifer de plus amples connoiffances tou»• chant 'es points particuliers de ce Droit.'' Un tel fyftême n'aiant pas été envoié au tems : fixé a la Société; Elle a réfolu aujourd'hui de faire encore une fois cette propofition, avec promeiïe de la Médaille d'or i celui qui, avant le r. de Janvier 1784 lui  Oct.,Nov.,Decemb. 1782. 489 lui aura fait parvenir le plus complet, & le plus fuccint fyftême de cette Nature. Les Autems ne doivent pas fe borner uniquement au Droit Public que les Sept Provinces-Unies ont de commun entr'EUes, & qui réfulte de la communication de certains Droits de Souveraïnété, mais on demande aufli une Description fuccinte & exacte du Droit Public de chaque Province féparement, comme aufli qu'ils citent a chaque Article, autant qu'il fe peut, les principaux Auteurs, qui 1'ont expreflbment traité St mis dans un plus grand jour. Quelques Ouvrages qui ont paru, depuis la première publication de cette propofltion, fait d'autant plus espérer a la Société , qu'Elle parviendra a fon but. C'eft une Verité connuë, que I'intérêt du Commerce, qui fe fait par le moien de la Navigation, exige, que les Navires, autant qu'il fe peut, puiflent être chargés de beaucoup de Marchandifes, & en même tems faire voile , avec une nrnche rapide, foit avec le Vent en poupe, & en mer calme, foit avec le Vent contraire, cii il s'agit de virer, & en mer orageufe, quand la pefanteur du Navire, augmentée par la charge , efl encore confidérablement augmentée par 3'impreffion des voiles, qui funt fervice, li s ce  49© NOUV. BlBLIOTH. BfiLGiquÈ.' ce qui fait que Ie Vaiffeau s'enfonce pludans l'eau. que ne feroit la pefanteur du Navire & de fa charge, conildérée uniquement en elle même. Les Architect.es des Vaiffeaux favent, que 1'enfemble de ces deux qualités une grande cfaarge, & en même tems, la rapidité, ou lalenteur a avancer avec toute fortede Vents &demers, dépend fpécialement de la conftitution de cette partie des Vaiffeaux qui s'eafonce dans l'eau, tant par Ia pefanteur da Navire, que par celle de fa charge, & qa'oa nomme l'ceuvre vivante. On fait auffi par expérience, qu'un Vais. fean compofé d'arcs peu courbes, eft bien propre pour fendre Ia mer, & marcher rapidement dans un tems modéré, & d'une mercalme, mais quececin'a pas lieu,quand les vents fouftlent violemment & que les mers font orageufes, paree que le petit are qui forme 1'avant vaiffeau, n'eft pas fuffi. fant, pour empêcher que le Navire, tant par fa pefanteur, que par celle de fa charge, comme aufli par 1'imprefllon des Voiles vante , partie dont Ia conftruct-ion eft fi importante, tant pour la charge, que pour la rapidité du navire. Parconféquent la Société Zélandoife propofe-fous promeffe de fa Médaille d'or, pour Ie compte de celle établie a Batavia, cette doublé queftion, pour y répondre avant le i, de Janvier 1783. En premier lieu. „ De quelle grandeur „ doit être 1'arc de 1'avant vaiffeau, ou „ Je la prouë, pour être propre a fendre „ aifément Ia mer, afin d'avancer prompte„ ment & a fufïïre en même tems, pour „ prévénïr le trop grand enfoncement du „ Vaiffeau & de fa charge , par 1'impreffion „ des voiles qui font fervice. En fecond lieu: De quelle grandeur doit être 1'arc de tout le Corps de Vaiffeau, fur la ligne du Vaiffeau chargé, pour faciliter a virer  492 Nouv. Biblioth. Belgique. virer Ie Vaiffeau promtement de bord, foit Vent d'Avant ou Vent d'Arrière ? La Société reïtère la promeffe qu'EUe a faite de Ia Médaille d'or ordinaire, a 1'Auteur qui aura envoié, avant Ie dit i. de Janvier 1783. un fatisfaifant „ Mémoire „* Chronologique & exacl, de tous 'les Au. „ teur & Eerits, foit de ce Païs, foit d'ail„ leurs qui fervent a éclaircir i'Hiftoire & „ les Antiquités des Païs-Bas, depuis le „ commencement du Gouvernement des „ Comtes jusqu'apréfent. i°. On doit fe „ borner aux Sept Provinces-Unies, & aux „ Païs qui en dépendent. 2°. La partie „ Chronologique doit être rélative , non „ feulement au tems oü vivoient les Au„ teurs, mais auffi a 1'époque des évene„ mens dont ils font mention. „ 30. On doit auffi, autant qu'il fe peut, „ faire mention des Manuscripts & pièces „ non publiées que gardent les Amateurs „ de I'Hiftoire de Ia République: des „ Descriptions particulières de Villes & „ Villages; — & des Ecrits & Auteurs A„ nonimes, qui ont répandu quelque jour „ fur I'Hiftoire & Ie Gouvernement de la „ Patrie. „ 40. On demande encore qu'on indique, „ cü Ton pourroit trouver de plus anjples » ïnr  Öct. ,Nov.,Decemb.i782. 493 „ infonnations, touchant les Auteurs ci- „ tés." De plus, la Société a réfolu depropofer a préfent pour la première fois, fouslaprcmeffe ordinaire de Ia Médaille d'or, cette queftion pour y répondre avant le i. de janvier 1784: Qu'y a t il jusqu'a préfent d'écrit, dans la langue Flamande, fur les Fièvres Catarrhales qui depuis quelques années fe montrent dans ces Païs plus qu'autrefois, cc qu'eft ce qu'il y manque ? Quelles font leurs marqués ordinaires, leur cours, fymptomes, & complications ? Y-a-t-il quelques raifons a découvrir, par oü il puiffe paroitre, pourquoi cette maladie a plus lieu qas ci-devant? Quelle eft fa fure & certaine guérifon dans toutes fes différentes fortes ? L'expérience apprend, que des gens qui vont en mer en qualité de Matelots, foit aux Indes-Orientales, ou au fervice d'autres Sociétés, comme aufli fur des Navires de guerre, non feulement dans le combat. mais aufli par divers malheurs, de même que par des maladies & infirmités, fur tout par 1'age, font mis hors d'état de pouvoir rem. plir leur fon&ion, & ainfl de fe procurer 1'entretien néceffaire , par oü ils font expofés è une extréme pauvreté & indigence, & même réduiti k la mendicité. Par-  494 Nouv. Bibltoth. Belgique." Par conféquent ce feroit une particulière confolation pour de braves gens de mer, & pour tous ceux qui iucJineroient au fervice .de mer dans la Province de Zélande, & pourroit fervir a un encouragement convenable, s'il y avoit quelque moien de pouvoir fournir a de tels Matelots foibles ou Agés. un entretien perpétuel & bien réglé dans un Édifice en cette Province. , Pour parvenir a ce but la Société demande le plan Ie mieux ordonné & Ie moins fujet a de grandes dépenfes pour la ftrufture d'un Batiment convenable, fous le nom _d Hopital ou Maïson pour les gens de mer 1nécess1teux et AGÈS. Pour cet effet la Société demande, dans les réponfes, une description, & un deirein d'un tel Batiment, munides Sales & appartemens néceffaires pour les malades, & pour ceux qui font en fanté, en indiquant 1'cndroit le p'us convenable pour le fonder , comme auffi en fixant Ie nombre des furintendants & infpefteurs, aufli bien que celui des domeftiques néceiEiires; 1'appareil des meubes requis, des habillements des lits & de ce qui en dépend; outre cela, 1'entretien de Ia vie, avec Je pourvoiement des médicaments, comme auffi le moien d'exer- cer  Oct., Nov.,Decemb. 1782. 49$ eer le fervice divin pour 1'inftruct.ion & Védification. II faut principalement fonger a la taxadon des fommes néceiTaires, pour fubvenir aux fraix, tant de la première éreclion d'un tel Édifice, que pour !e maintien de cet établisfement; pour la fuite du tems, eu égard a Pen treden du Batiment, aux falaires des domeftiques, & au fournifferaent de tout ce qui eft néceffaire a la vie des gens de mee; Pour un effai on pourroit former le plan pour le nombre de cent hommes. Mais il faut auffi fixer fon attention fur la proportion qui auroit lieu, dans 1'augmentation de Batiment & d'entretien en tout, fi le nombre venoit è fe monter jusqu'a deux , trois , quatre cent hommes , ou plus. Avec cela, il faut penfer aux fonds coavenables pour 1'éredtion & 1'entretien. Et on pourroit confidérer. Si 1'on pourroit pour cet effet retenir une certaine contribution pofitive, ou de la paye d'un mois & gain des gens de mer, par le Canal des Teneurs de livres, des Armateurs, ou Payeurs en d'autres Départements. Ou fi, pour cet effet feulement ou avec  49Ö NOUV. BlBLIOTH. B2LGIQTJE. le précédent, il faudroit inviter les Amis Patriotiques de 1'humanité i exercer leur générofité. Ou quels autres moiens oh pourroit indiquer pour parvenir a ce falutaire but ? Celui qui avant le r. Janvier 1784. aura fourni, fur ce fujet, une réponfe fatisfaifanté, fera couronné de la Médail e d'or pour le compte de la Société établie a Batavia. Lés réponfes a toutes les fusdites questions doivent être lifiblement écrites en Flamand, Latin ou Francois, munies d'un doublé, & envoiées franches de port, avant le tems fixé a Monfieur Juste Tjeeuk, Secretaire de la Société Zélandoife des Sciences, & Fleffingue. Les Auteurs ne doivent pas joindre leurs noms aux Mémoires, mais les munir d'une devife, accompagnée d'un billet cacheté, dont le deffus portera la même devife, & dans lequel fe trouvera mentionné le nom & le lieu de la réfidence des Auteurs. La Société, pour des raifons de poids, s'eft tenue ponétuellement jusqu'èpréfent a la réfolutiou, par laquelle tous ceux qui 4 quelque égard en font Membres, font exclus du privilege d'aspirer au prix attaché aux Cieilleuies réponfes des différentes ques- tions,  . Oer., Nov., Decemb. 1782. 49? .tions; raais elle a remarqué, depuis quelques années, qu'en vertu de cette réfolution ici comme ailleurs, plufieurs questions reftoient entièrement fans réponfes, ou tout au moins que les meilleures réponfes qu'on espéroit, fe retenoient, A ces caufes, la Société , après mure délibération, & a 1'exemple d'autres Sociétés lettrées de notre Patrie , a uouvé bon aujourd'hui d'arrêter, que doresnavant, tous les Directeurs & membres de cette Société , avec d'autres, auront la liberté d'aspirer au prix de toutes les queftions propofées , mais uniquement aux conditions fuivantes: que de tels Auteurs ne mettront rien dans leurs Mémoires & billets, par oü il puiiTe paroitre, qu'ils-font membres de la Société, & qu'ils doivent faire copier leurs Mémoires par une autre main, afin de pouvoir d'autant plus refter inconnu?. Les membres quï auront envoié de cette manière leurs réponfes , que des Connoifleurs impartiaur auront eftimé avoir le mieux fatisfait au contenu des queftions, & aux vuës de la Société, pourront auifi bien que'les autres Auteurs, remporter le prix. Il ne fera point permis a celui qui aura remporté le prix de faire imprimer en Flamand 1'ouvrage couronné, en tout ou en Tomé III, Part. 3. KJc p*r-  498 Nouv. Biblïoth. BelgiojlTe. partie, a part, ou dans quelqu'autre ouvra* ge, fans en avoir préalablement demarrdé & obtenu le confentement de la Société. La Société fe referve le droit de faire, pour I'utilité du Public, tel ufage qu'Elte trouvera i propos, de tous les ouvrages qui lui feront envoiés, & de les faire imprimer, parmi fes Mémoires, en tout ou en partie, bien que non couronnés, foit en ajoutant les devifes qu'ont eu les Auteurs, foit en marquant leurs noms, fi, en étant requis, ils trouvent a propos de fe faire connoitre. AR TI-  Oer.,Nov.,Decemb. 1782. 499 ARTICLE XIII. Cours de Dejfein 6? de PeiMurL Ce Journal eft deftiné a faire connoitre aux Étrangers I'état actuel des Arts & des Sciences en Hollande. II doit contribuer auffi è. ouvrir les yeux a plufieurs dë nos Compatriotes, qui regardent d'un ceil de mépris nos richeflës littéraires, tandis qu'ils recherchent avec empreflemenc jus-^ qu'aux productions médiocres de nos Voifins. Enfin cette Bibliothèque doit être regardée comme un dépot, oü 1'on configne avec impartialité nos progrès en tout genre, & oü la nation peut trouver a chaque page des raifons de s'enorgueillir des lumieres qu'elle acquiert de jour en jour. Parmi les nombreufes inftitutions qu'ori voit fe former en Hollande, il manquoic jusqu'a préfent des Cours de lefture & da démonftrations fur différentes branches des arts agréables, qu'on n'enfeigne point dans toutes nos univerfités. £U Tel-  Soo Nouv. Biblioth. Belgique; Telles font les langues & Ia littérature modernes, la peinture, le deffein, Ia fcalpture, & en général tout ce qui a rapport aux arts d'imitation. Les voeux de plufieurs perfonnes de goüt viennent d'être remplis, du moins quant a Ia peinture, par Mr. Humbert, Peintre trés connu a Ia Haye. Joignant a 1'expérience une connoisfance approfondie & théorétique de fa profeffion il étoit bien propre a donner des lecons dans un art qu'il exerce avec fuccès. Depuis deux mois il vient d'établir un Cours de Peinture cif de Deffein, qui fe ticnt chez lui tous les Vendredis. Les féances, qui durent environ deux heures, ont un doublé objet. Mr. Hombert en confacre une partie a Ia Ieéture da fes obfervations fur les principes du desfein & de Ia peinture, & en général fur tout ce qui regarde cet art fublime. Poffefieur d'une colleétion choifie d'eltampes Jl prouve enfuite par des exemples la vérité & Ia justeiïe des regies qu'il a données, & les obfervations qu'il a faites; enforte que ce Cours réunit deux objets, difficiles & concilier, 1'agrément & 1'utilité. Ceux qui 1'ont fuivi jupqu'rci admirent le goüt, le tact & la finefie des remarques de 1'Auteur, fe lou« ent beaucoup de fa complaifance, & de fon at-  OCT., NoV.,D£CEMB. I782. 50Ï attention a rendre les féances aulü "anées qu'intéreflantes. Des perfonnes de la plus haute condition ont daigné favorifer cet étsbliiTement, & 1'approbation des connoiffeurs & des amateurs prouve mieux que nos éloges combien Mr. Humbeet a juftifié leurs espérances. Le Cours entier eft d'une demie année 5 on peut s'adreijer a Mr. Humbeet, qui donnera les éclairciiTemens ultérieurs. Nous nous flattons que cette inftitution naiilante fera foutenue & protégée; elle mérite da 1'être, paree qu'elle fait également honncur & 3 1'art, & a une Nation, qui a produiten ce genre une foule d'artiftes célèbres, dont fes noms, fameux chez 1'Ktranger, font au? jourd'hui presque oubliés parmi nous. Kk S NOU-  £02 Nouv. Biblioth. Belgiqüe. NOUVELLES LÏTTERAIRES. Leven der Nederlandfcbe Dichters en Dicbterejjen &c. y c. d. d. Vies des Poëtes Hollandois; ouvrage publié par la Société de Leyden fous la devife, l'application fait naitre l'art. Tomé i. h, Leyden chez C. van Hogeveen Junior £f C. Heyligert. gr. in 8°. d'environ 300. pages 1782. Prix ƒ1.4.0 Ce Recueil qui manquoit encore i no?' tre Littérature contient la vie de trois fameux Poëtes Hollandois, Philippe van Marnix de Ste. uildtgonde, Sybrand Feytama, & Arnold Hoogvliet, nous reviendrons a cet puvrage. EJfai d'une Mimique: Ceil fous ce titre que Mr. le ProfefTeur Engel de BeTÜn annonce une Théorie de la déclamation dit geile. Voila un fujet également neuf & inr téreiTant, §c il ne pouvoic tomber en de, Ek 4 mei!,  Oct.,Nov., Decemb. 1782. 5°3 meilleures mains. On fait ce qu'on p*"t attendre de la plume de Mr. Engel. Ses Pièces deThéatre, plufieurs morceaux d'éloquence & de goüt, 1'ont mis depuis longtems au rang des premiers Écrivains de 1'A'lemagne. La Mimique paroitra vers Paques 1783. L'Edition fera enrichie d'eftampes gravées. par Meil & le prix de la fouscription efl; d'un ducat. On peut s'adrefler pour la Hollande a Mr. le Sécrétaire Renffner a la Haye. Mufeum Duisburgenfe , cenJiruSum & J». Petro Berg, S. Th. L. Ejusdem Ilijlór. Eccles, 6? Ling. Oriënt, in Acad. Duisburg. Prof. Publ. Ordin. Tomus I. Pars I. Hagm Comitum fc? Duisburgi 1782. Prix ƒ 1-4-0 C'eft la fuite de 1'Ouvrage connu du Profefleur Barkey; nous nous en occuperons dans le Trimeftre prochain. Het Speüatmaal Toneel &c. c. a. d. Thédtre Hollandois, par une Société fous la devife, Ex gaudio virtus, Tom. 3. in 8*. a Utrecht chez B. Wild 1782. Prix ƒ 1 - 5 - o Nous avons rendu compte de 1'objet de ce Thé&tre dans le Tom. 2. Part. a de cette Bibliothèque , pag. 515 Jmv. &k 4 Gc  504 Nouv. Biblioth. Bjïlgiquh. Ce Volume contient, l'Epoux Corrigé, Dra»' me traduit de 1'AIIemand; Jérome Pointu, Comédie Parade, Nanine, l'Anglois a Bourdeaux, fous le titre, de 1'Anglois h la Haye j Julie ou l'heureufe Epreuve, de St. Foix. Le chóix de ces Pièces eft plus févèreque celui des volumes précédens: il nous femble cependant que Jérome Pointu ne fera point lire notre Public. C'eft un portrait dont Poriginal nous eft inconnu, & nous voulons d-Js tableaux; tels font les Pièces a grand caractère, comme Ie Mifanthope, l'Avare, Is Glorieux: ceux-ci font a peu prés les mêmes en tout lieu; tous les peuples y reconnoisfent les originaux, que la nature leur a mi•fe fous les yeux. Qu'on ne dife pas, il y a des Vointus parmi nous, & certains Procureurs Hollandois valent bien ceux de Paris; Eh bien, joueznos Procureurs, & confervez les nuances: il y a certains ridicules qui tiennent au fol qui les a vu naitre, & qui ne plairoient plus, une fois transp:antés fur un autre terrein. Au refte la Traduction de ces Comédies eft trés bonne, & les Editeurs parouTent fort verfés dans les deux langues. Sebaldi, Fulconis, Ravii Seb. Fil. Tra. Jeiïum ai Rhenun, accedunt Conjiantini HuJ ge-  0CT.N0V.,D£CEMB. , I782. 505 genii de eodem argumento Epigrammata &c, c. a. d. la Fille d'Utrecht, Poême, par Mr. Ravius le Fils; avec quelques Epigrammes fur le même fujet par Conftantin Huygens, gr. in 8°. de 46 pages. Utrecht aux dépens de 1'Auteur 1782. Ce petit ouvrage mérite d'être avantageufement diftingué de Ia foitle de ces Poëfies, qu'un même jour voit naitre & mourir. Rien de plus commun aujourd'hui que des verfificateurs Latins, rien de plus rare que de bonnes Poëfies dans cette langue. Ce n'eft pas ici le lieu de remonter aux fources de cette difette; le Puëme de Mr. Ravius nous la fait perdre de vue , bon Citoyen, & Poëte harmonieux, fon ouvrage fait honneur a fes talens & fon coeur. L'objet de ce Poëme eft tres bien décrit dans les premiers vers. „ Moenia celfa cano, Batavae antiquiffimtk gentis, „ Heroumque domum, quam, tot labentibus annis, „ Nee furor armorum, nee barbara jiamma, nee ingens „ Ventorum rabies, non ipfa volubilis aevi „ Mobüitas terumque vices fuper aetherit ignes Kk 5 „ Ferj  SOö" NOUV. BlBLIOTII. BëLGIQUE. „ Ferre altumvetuere caput; fednumine Divüw „ JNunc tandem fecura niget, fatisque fuperftes „ Ipfa fuis, magnos animos morituraqus nunquam Nomina miranti genuit (ublimior orbi. Le Pcëte commence par décrire 1'origine ëe la ville d'Utrecht, habitée autrefois par On y travailla de bonne heure en Hollande, & 1'ouvrage de Luiken efl: connu. Depuis on a multiplié partlculierement en Allemagne les écrits è 1'ufage des Enfans, & nos compatriótes' ont de nouveau repris un ouvrage aufl néceffaire. La Société des Scierïtes de Haarlem propofa des queftions rélatives 4 cet objet; dans la même ville on a confaeré un exercice de dévotion a 1'inftruc-' tion des Enfans; des plumes habiles n'ont pas dédaigné d'employer leurs talens fur le même fujet: & 1'on a vu paroicre fuccelEve* ment les Poëfles de Mr. Fan Alpber., T Hoen , de Mmes Wolff & Beken, 1'ouvrage de Mr. de Per ponther, le Catêclnsme de la Nature de Mr. Martinet, &c. Les Editeurs de la Feuille que nous annoncons veulent eontribuer aufli de leur cóté è former 1»  Oct.,Nov..Decemb. 1782. 5tt Ie coeur de nos jeunes gens: Cet ouvrage efl: calqué fur un autre de la même nature, qu'on imprime en Allemagne fous Ie titre de Nieder Saechfisches Wocheriblatt futr kinder, & qui contient des Hiftoires, des Lettres, des Poëfies, des Drames, des Discours i Ia portée de Ia jeunefle. Cependant les Ëditeurs ne s'attachent point 4 traduire fervilement leur modele, mais ils 1'adaptent avec goüt aux moeurs & aux circonftances particulières de notre Nation. Les deux premiers Numeros de cette Feuille viennent de paroitre; & juftiüent les espérances que le Prospectus nous avoit fait concevoir. Dans le N°. r. on trouve d'abord. un Discours de 1'Auteur adrefle 4 fes jeunes Ledteurs, & le commencement d'une Hittenette, qui nous paroit empruntée d'un Roman Anglois, intitulé The Fooi of quality; quoiqu'il en foit, c'eft un excellent morceau & qu'on lira avec plaifir: 4 Ia fin du N». on trouve la traduc. tion d'un Cantique de Gtllert fur Ia nouvelle année: elle fait honneur aux talens poëtiques de 1'Editeur. Nous recommandons cet ouvrage avec confiance: 1'utilite en eft tnconteftable, & l'exécution ne laifle tien a defirer. (Le refte des Nouvelles Littiralrês tFtrdi* twre .vrtchain.) ' fJB,  512 Nouv. Biblioth. Belgiqtjb. iNfB. Comme on imprimoit cette Feuile, nous venons de recevoir laTeconde Partie du 2d. Tome du grand & célóbre ouvrage de Mr. Kluit, ntitulóe Hijloria critica Comitatus Rullandiae, 1'espace ne nous permet pas d'en parler aujourd'hui; luffi bien il ne convient pas de paiTer légérement fur des Livres de cette importance. Fin du Troifième Tome.  PROGRAMME DE LA SOCIÉTÉ d'AGRICüLTURE ÉTABLIE AMSTERDAM. 1782. ' T a Société d'AgricuIture, établie a Amj_jfterdam, a jugé dans fon AsfembJée du I 15 Mai de cette année que 1'Auteur du Mé! moiré, qui porte pour Divife De ondervinding is de beste Leermeesteres. J avoit le mieux repondu k la Queftion qu'el'. le avoit propofée en 1779. „ Comme PExpérience déroontre que 1'on rencontre, parmi le gros bétail des qualités , qui ne font pas géi érales i A „ tou.  co „ toute i'efpèce, mais que feulement quelques individus poffédent, ou en parti. culier, ou a un plus grand degré que les „ autres; & que ces qualités leur font uti„ les ou nuifibles, non feulement quand ils ,, jouiiTent d'une parfaite fanté, mais auffi „ dans le cas qu'ils deviennent malades": ,, 1'on démande. v Q!jcl!es dc ces qualités fe perpétuent & fa „ transmei tent auxFeaux? Ojielks, au aon„ tra-re, foient (etilement prupres a quelques individus, & fe bornent a ceux-la, fans Jc „ trammettre a leur race. Ouels font les fig. „ nes par lesquels on peut décoitvrir cel/es, qui „font permanenies & fe perpétuent? Et dc „ quelle manière peut on fe fervir de cette „ conr.oiffance, pour en retirer le plus grand „ pro fa? A 1'ouverture du Billet appartenant a ce Mémoire, que Geert Keinders, Cuinvateur a Camwert, dans la Province de G/oning-te, s'eft trouvé en être 1'Auteur; auquel, par confequent la Société a adjugé Ie prix, confiftnnt en une Medaille d'or de la valeur de 50 Ducau, ou bien en une fomme de Ia même valeur avec une Medaille d'argent, au choix de 1'Auteur. Enfuite Ia Société è adjugé Ie prix de 40 Ducats pour 1'inoculation des Veaux dans ia Province de Hollande & de ÏVeflfrife a Ja- coe  C3) cob Tanse Pos ^W,derneufantdahs feRyke Waveren; qui a demontré h la falisfaclion de la Société n'i^K jnoculé avec un fort heureux fuccês 68 Vtaux. Le fecond prix de 40 Duetft, promfc * celui qui dms quelatïautrc Province oa nam TpaTcle la LneraliU, avoit inoculéla plus grand,- quantité de Veauxfa* />f»/»«W. avec le meilleur fuccês k été remponé par M. E. Am? avoit prouvé a la Société d'avoir inoculé avec fuccês, 43 Veaux. • La Société donnera un rapport plus détaillé de ces Inoculationsdans un lome luivant de fes Mémoires. Et comme , par leur fuccês , elle eft de plus en plus convamcue de 1'utilité de cette operauon pour la confervation du beta.1 ; «Sc qu eUe eft d'opinionen meme tems, que Unoculation ooit etre encouragée particulierement dans Tulllande; ellf offre de nouveau Deux Prix, chacun de la valeur de QU^rlAlN 1 B. DÜCATS: le premier acelui qui, demeurant dans la dite Province, aurale Pl» *u™£ ment inoculé la plus grande quantité de Veaux pourvu que le nombre ne foit pas moms queue^ cette année, & qui en aura envoié a la Société avant le 1 Mars 1783. V™ & }es, P^I ves requifes. Le fecond a celui qui dans ta  (4 ) même intervalle de tems, dans quelqu'autre Provmce, o« d^ns les' pais de? la Generah é aura inoculé Je plus de Veaux lui ap. partenant en proprié'6, avec Je meilleur fuccês; pourvu que le nombre n'en pas audeiTous de trente, & qu'd envoie le précis de fes expériences, avec les preuves reqmfes, aufli avant Ie i Mars i783 a la Societe. Les Concurrens a ces deux Prix exaStemcntdatn leurs AL moirés, &> de prou. jr forme lement, quelles aient é!é lesfuites de Inoculatton par rapports aux Veaux inoculé;&> parlicuherement s'ils ont eu des fitnes non équivoques de la Maladie. La Société nexclut du nombre des Competiteurs que Au refte la Société fe croit obligée k m-ïfnnS!Iafi0D ' Pu°Ur d''SfiPCr tOUS ,eS bruitS rnulfon^és, touchant ce qui efl arrivé aux Veaux inoculé,- de feu M. Hooft Se- dp n ViHe d'A^rdam &c.' d'avertir le Pubnc , que dèsqu'elle eut rccu avis de cet evenement, elle a fait faire les recherches neceffaires , pour fe nrocurer que'qae éclairciffement'a ce fujet: S qu'eï le è ére convaircue que ce cas particulier ne fa.c aucun tort è l'lnoculation.' Les Veaux de J\....Hookt n'ont donné aupun figne de maladie après. qu'ils fuffent inoculés ; ce qu on doit attnbuer a la manière de laqueile on  C5) on avoit fait cette operation. On s'étoit fervi cie fils imbibés & trempés dans la matière purulente prife dans le gofier & non dans les narines, puisque cette derniere, a caufe des chaleurs excesfives , etoit trop fêche , comme 1'Inoculatèur lui même 1'a declaré a la Société, ajoutant a cela, qu'a la feconde inoculation la peau de ces veaux étoit fi file & fi crottée , que la matière purulente n'a pu penetrer affez profondement. — De tout ceci refulte que c'eft evenement n'influe en rien fur le mérite de 1'Innocjlation, & que la Société exige, avec plus d'exa£titude qu'auparavant , que les concurrens pour les Prix, qu'elle a propofé, indiquent & prouvent dans leur Memoires qutlles aient é'é les juitcs dc leurs expériences, & partïtulkrcmau fi in Veaux ont eu des fignes non équivoques de la contagion, après avoir öté inonculés. La Société propofe fpour envoier les reponfes avant le i Décembre 1784.) laquestion fuivante. „ Qiiels font les meilleurs moiens pour les „ terres, qui ont été abandonnées par les pro • „ priélaires, acaufr de leurs peu de feriililé „ cn comparaifon des taxes qui leurs font im„ pofées, pour les rendre (foit qu'on les con„ veriife cn prairies, foit qu'on les enfemen„ ce, ou foit qu'on y plante des taillis~) d'un „ produit affez confiderable, qu'elles pui fon, A 3 •» fauf  C6) fauf Ui taxes, procurer au proprktaire, un „ revenu fuffifant? A quoi moment les jrais „ neceffaira que Pon doit faire pour cette „ operatiun, par arpent ou far quelqu'aulre „ mefure quclconque.?" La Queftion propofée pour y repondre avant le i Décembre 1782. eft celle-ci. „ Quel eft le meilleur moyen de porter les ,, différentes fortes des Champs des Provinces „ Unies, tant par la charrue, que pardes au- tres opérations, fans pourtant augmenter la „ quantité ordinaire de jumier , a un plus „ baut degrés de fertilitéT'' Celle k laquelle on attend les Réponfes avant le 1 Décembre 1783. eft celle ci. ,, Quelles font les caufes que la culture du Lin, qui occupoit autre fois tant de mams „ dans notre pats, eft fi négligée aujourdhui? Eft il des moyens pour la faire refleurir ? s II en eft, quels font ils ? El quelle enfin efl „ la meilleure Mélhode de cultiver le Lin fur „ les terreins differents de notre Patrie.'" Le Prix que Ia Société propofe k celui qui aura le mieux repondu k une des Questions fusmentionnées, confifte en une Médaille d'or de la valeur de cinquante Ducats» frappée au coin de la Société, avec le nom de 1'Auteur en gravure; ou bien en une fora-  C7) forr.me de la même valeur avec une Medaille d'argent, a fon choix. Au cas que, felon le jugement 'de la Société, aucun des Mémoires n'ait mérité le prix propofe , elle fe réferve le droit de propofer la Queftion une feconde fois, ou de la retirer. Au contraire fi, parmi les Mémoires, qui lui fercnc adreffées, il s'en trouve plus d'un feul, qui paroiffentmeriter quelque diftinclions, elle offre un Acces/it au concurrent, qui aura approché le plu's prés au Mémoire le mieux fdtisfaifant; & avant que 1'on ouvre le Billet, appartenant a fa DilTertation, cette diftinélion lui fera notifiée dans les papiers publics. La Société gratifiera auffi d'une Medaille d'argent , ceux qui lui communiqueront quelques découvertes intereffantes, rélatives a. 1'Agriculture, & 1'on encouragera le fuccês felon qu'elle le jugera k propos. Les Auteurs, qui concourront pour le Prix, envoyeront, avec leurs Mémoires, un Billet cacheté, contenant leurs Norm c? leurs demeures, rrnrqué en dehors de la même devife, qui fe trouvera k Ia fin de leurs Mémoires. Ceux-ci feront écrits d'une main lifible, en Hollandois, en Latin, en Franfóis, en Anglois ou en A'.lemand; & remis, ainfi que toutes les autres Pièces, ou avis, qui feront adieffés a la Sociéié, francs de port  C8) port h M. Jeröme de Bosch, fur ie Leydfchegragt , prés du Heeregragt, ou a M. H. Calkoen, Avocat, fur le Keizer sgragt, prés du Beer efl raat,, Secrétaires de la Société d'Agricullure a Atnfierdam, On trouve les Loix felon les quelles Ia Soc été propofe ces pr.x dans I'Avantpropos du premier Volume de fes Mémoires.