I NOUVELLE t f BIBLIOTHEQUE | | BELGIQUE. I — _____ A. rar une Sociité de Gens de Lettres * % ~ A § TOME SIXIEME. A - " '" A Y ► tl D C C L X X x 1 r ^ f , ' 4 J- * A LA HA TE, ^ # C h e z C. PLAAT, $ a Librairc dans 1c Hofflraar. T Y A |' é ^ Cetta Biblietheque qui parol: legulieremenf. tous ^ Y iss trois M°is» fe trouve chez les piiucipaux A A Libiaires dans Jes Païs-Bas; <& dans les Pays ifc" Ecrangers, a Paris chez Delaiain 1'ainé. Lon ^> dres, Elmfiy. Leipzig ^..F. Göttingue, * $ïi. van rffn //  TABLE des ARTiCLES. ART' Pao Que, par M. Fmema. Tora- ™. .... m VIL Apologie de l'Emploi de Pasteur, par jyj# Rütz. ... .iv, 129 VIII. Tableau de l'Histoi- re des PROVrNCfiS-ünies. par M. Cerifter. Tom. X. i37 IX. Poësies ...... ij8 X. Traits de Generositk et DE BlBNFAISAtiCB. . jfa XI. Nouvelles Litté- raires XII. Avis, Annonces, Prospectus. ...... l82 XIII. correspondance de Pa- R,s- ' • ■ W NOU-  NOUVELLE BIBLIOTHEQUE BELGIQUE. POUR LES MOIS de Janvier, Février & Mars. MDCCLXXXIF. ARTICLE PREMIER. Museum Duisburgense, con* Jlruftum a Jo. Petro Berg. Tomi I. Pars Secunda. Ceft-a-dire, Cabinet ou Recueil fait A Duisbourg par J. P. Berg, Pro/es- feur en Théologie, Hifloire EccléJiajlique é? Langues Orientales, dans 1'UniverJité de cette Vïile, Tome I. Toms Vh Part, I. A idt  £ NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE, 2de Part ie, a la Haye & a Duis» hourg, aux fraix de C. Plaat 1784» Prix ƒ I - 5 - o Cette feconde Partie du Mufée deDuisbourg (a) complette le premier Volume de ce favant Recueil; les Pièces qui la compofent ne font ni moïns ïntéreffantes ni moins curieufes que les précédentes. La Diff-rtation de Mr. Ernesti, de futura mortuorum refurrec. tione ex 1 Cor. XP. placée k la tête de ce Volume, fut imprimée è Leipzig en 1774. Mr. Berg fait un grand éloge de ceMémoire, quoiqu'il ne paroiiïe pas goüter abfolument Ie fyftême de YAw teur , & qu'il préfère hautement une Diiïertation de Mr. Mo rus, publiée 1'année dernière fur lemême fujet,mais que des raifons d'honnêteté & de bienféance ne lui ont pas permis d'inférer dans ce Recueil. • / Notre (a) Voyez 1'Extrait de Ia première Partie «aas la Btol. Belg. Tom. IV. Part. 2. Art. I.  Janvt., Fbv., Mars, 1784. 3 Notre fiècle fi diftingué par fes lumiè. res, par les progrès de la raifon &des iciences, abonde malheureufement d'un grand nombre d'ouvrages impies & libertins, oü ]'on fappe hardiment les grands principes de la Religion Naturelle & Révélée, oü 1'on porte des mains profane» fur les objets révérés du culte religieux, & oü, en feignanc d'éclairer les hommes, on les replonge dans les ténöbres & les chemins tortueux de 1'incertitude & du fcepticisme. Le dogme de la réfurreclion desmorts, ce dogme fi confolant pour les gens de bien, eft furtout une pjerre d'achoppement pour les prétendus esprits forts, qui voudroient fe perfuader, malgré le cri de leur confcience, que tout finit è la mort, &; qu'il n'eft a craindre ni peines ni chatimens dans une autre économie. A 1'exemple de tant de pieux AthJèces du Chnftianisme, Mr. Ernejli deseend ici dans 1'arène , pour combattre ces malheureux Sophiftes, qui fouciennent que 1'homme, ainfi que la brute meurt pour ne jamais fe réveiller; qu'4 liBftant fatal marqué par le deitin comA 2 mence  4 Nouv. Biblioth. Belgiqus. tnence cette dïüolutiorj des parties vivifiantes qui fe termine enfin par un entier anéantiffement, doctrine monftrueufe, reprouvée par lafaine raifon, contredite par ce defir d'immortalité qui anime tous les mortels, & combattue enfin de la fa$on la plus fatisfaifante dans plufieurs endroits du Nouveau Teftament. St. Paul a confacré le Chapitre Quinzième de la première Epitre aux Corinthiens h prouver cette réfurreclion des morts. Dans le Mémoire que nous avons fous les yeux, Mr. Ernefii fuit pas _ pas leraifonnement de 1'Apötre, desorte que fon Ouvrage n'eft pas une Dis. fertation complette fur le dogme de la rèfurreftion, mais plutót un commentaire lumineux des argumens dont s'eft fervi 1'Apótre des Gentils. 11 femble que du tems de St. Paul quelques Corinthiens avoient élevé des doutes fur la vérité du dogme dont-il s'agit ici. Mais on ignore fi ces Corinthiens étoient Payens ou Juifs. Plufieurs Interprêtes croyent qu'ils étoient de la fecte des Sadducéens, qui difent qu'il n'y a point de réfurrettion, d'autres aetri- buenc  Janv., Fev., Mars, 1784. 5 buent cette doctrine erronée aux EJJéniens, qui foutenoient que 1'ame une fois dél.ivrée de la prifon abjecte oü elle étoit retenue ne devoit plus y rentrer après la mort. Mr. Ernejti n'adopte aucune de ces conjcétures, mais il fuppofe que St. Paul avoit en vue dans ce Chapitre les erreurs d'Hymenée & de Pbiüte, qui avoient beaucoup gagnées parmi les Corinthiens. 2. Tim. II. 171. Ces Sectaires s'étoient dévoyés de la vérité en difant que la réfurrettion étoit déjdarrivée (ib\d v. 18.) Et St. Paul au verfet 12e du Chapitre dont-il eft ici queltion, dit expreflement, ft on pricbe que Cbrift eft reffttscité des morts, com* ment difent quelquss uns d'entre vout (Hymenée & Philete & leurs disciples) qu'il n'y a point de réfurredion des morts. Car, ajoute 1'Apötre, au verfet 14e, s'il n'y a point de réfurreftion des morts, Cbrift aujji n'ejt point rejfuscité. II paroit donc que St. Paul vouloit combattre proprement ceux qui foutenoient que la réfurre&ion des morts étoit déjè arri"vée, tels que Hymenée & Pbilete', cetto A 3 expli.  5 Nouv, BlsLioTH. Belgiqub. explication de Mr. Ernefti nous parok fatisfaifante a tous égards, paree.qu'elle eft Fondée fur le rapprochement trés naturel des deux palfages dont nous venons de faire mention, & que d'aiüeurs le discours de St. Paul femble évidemment rouler fur cette matière. L'Auteur explique enfuite avec beaucoup de fagacité, quoique pcut-être d'une manière trop fcientifïque* & trop chargée de termes fchólaftiques, toute la doCtrine que St* Paul nous enfeigne dans ce Chapitre; il infifte furtout fur la néceffité d'admettre la réfurreftion de J. C. li 1'on veut établir une réfurreftion géfiérale, parceque celle du Sauveur eft le gage de eelle qui nous eft promife. „ „ Nous fommes tous rachettés a une s, meilleure vie par la mort de Chrift, „ & fur cette rédemtion dont nous avons „ les plus fortes preuves, eft aufïï fon„ dée 1'espérance & la néceffité de noj, tre réfurreftion. Car lï Dieu ne vou„ loit pas reffusciter ceux que Chrift a „ dèlivrés, dans quel but, a qüellefin „ auroit il refluscité leur Rédempteur ? „ C'eft de 1'aiïiirance que nous avons „ de  Janv., Fèv.j Mars, 1784. 7 j, de fa réfurreétidn que dépendent nos i, plus cherw espéranccs." Si Cbrifi n'étoit pas rejfuscité notre prédication feroit vaine votre foi feroit aujji mine. Mr. Ernejti paffe enfuite au verfet 20, on il eft dit, que J C. a étéfait les prémices de ceux qui dorment, c'eft- a ■ dire, des morts; facon de parler ordina're aux Ecrivains Sacrés, comme le prouve une multitude de paifages. Chrift eft rejfuscité Ie premier, comme le Chef & Ie confommateur de la foi, & paree que lui qui eft notre Chef eft reffuscité, nous auiTi ferons reffuscités. Tel eft Ie raifonncment de St. Paul, qui n'a pas befoin de commentaire: mais dit 1'Apótre au verfet 29e. Que feront ceux qui font batifés pour morts, fi abfolument les morts ne refiuscitent ptint, pourquoi doncfont Ut batifés pour morts ? Ce paflage a exercé nos Interprêtes, qui ne s'accordent pas fur Ie véritable fens de ces paroles | fans nous arrêter è rapporter leurs différentes opinions il fuffira de faire connoitre celle de notre Auteur. La voici „ Si „ les Morts nereffuscitent point, nefaut }s il pas convenir que ceux qui fe font A 4 „ bati-  8 NoUV. BlBLIOTH. BeLGIOÜÉ. „ batifer d l'article de la mort, propter ,, corpora morti propmqua, »«{•») „ agiïfentfans raifon? En effet il étoit d'ufage autrefois de différer la cérémonie du Baptême ju«qu'au dernier 3, inftant de fa vie, témoin Conftantin, „ qui aa rapport d'Eufebe, L. 4. C. 61. „ ne fe fit adminiftrer ce facrement qu'au „ lit de mort, pour fe punfier de fes „ péchés par cette eau falutaire. Ainfi s, f»*e», les morts, font pris au même „ fens dans eet endroit que dans 1'Epi„ tre aux Rom. W. 19. oü ils figDifient „ des gens épuifés, amortis, n'ayant „ plus qu'un fouffle de vie." „ Si donc Chrift n'eft pas reffuscité, 3, pourquoi les mourans fe font ils baa, tifer, c'eft-a dire, initier dans une „ Religion, qui repofe fur 1'affurance J} de la mort & de la réfurreftion d'un 3, Sauveur, rédempteur de nos pêchés „ &c". Mr. Berg, dans fa Préface, combat cette explication du Dofteur Ernefti. Selon lui, 1'ufage d'attendre 1'heure de la mort pour recevoir le baptême ne remonte pas è une actiquité fi reculée. On ne  Janv., Füv., Mars, 1784. 9 ne fauroit prouver, dit-il, que eet ufage ignoble (ignobilis mos ) fut recu du tèrns des Apötres. L'exemple de Conftantin eft trop récent pour être admis comme une preuve. Les morts, dont parle St. Paul font uniquement, & Jefus Chrift lui même, & tous ceux, qui devenus mortels par la chute d'Adam, font morts, ou doivent mourir encore. Surtout ce font ceux, qui meurent en Cbrift, c'eft-è-dire, qui ont la ferme aflurance de reffusciter un jour, comme leur maitre, leur Chef, celui qui a été fait ies prémices de ceux qui dorment, eft resfuscité. Ainfi le baptême pour mort ne fignifie autre chofe, qu'un baptême adminiftré è celui qui defire mourir en Chrift pour revivre avec lui. Cette explication entre plus naturellement dans le fens des verfets 16—23 du même Chapitre, elle nous femble aufli plus fatisfaifante, que celle de M. Ernefti, toute ingénieufe qu'elle paroiffe d'abord. La feconde Dilfertation de ce Recueil jntèreffera plus généralement.nos Lecteurs. En voici le titre. Enarratio riHum, quds Romana Ecclefia a MajoriA 5 iut  fo Nóu?. Biblioth. FÈLGrous. tas fuit Gentilibus in fua Jacra trans, tttlit. I/Auteur, feu Mr. C. Hamberger, Ia jpublia en 1751 en prenant fes dêgrésen Philofophie, fous le Profeifeur J. M. Gesner, k Gottingue. Après avoirprouvé dans une courte Préface la née ffité d'un culte public quelconque, 1'Auteur examine quels écoienc les rites religieux dans les premiers fïècles de 1'Eglife, il montre qu'on s'écarta bientöt de la noble fimplicité des cérémonies facrées, qu'on introduifit dans les Temples des tites inut.iles,& accompagnés d'une pompe CöUtetife; ce fut furtout fous le. Pontificat de St. Grégoire, dit le Grand, que des coutumes fuperftitieufes & gênantes, une fomptuofité.jusqu'alors ignorée dans les babillemens & dans tout 1'extérieür du culte fe glifferent dans 1'Eglife; desorte que les Temples du Dieu de vérité refpiroient 1'air profane des autels élevés dans 1'aveugle paganisme è fes abfurdes divinités. M. Hamberger entreprend de prouver que cette reifemblance n'eft pas imaginaire & que la plupart des cérémonies religieufes de 1'Eglife Romaine font emprun-  Janv., Fev., Mars, 1784. if eropruntées de celles qui étoient regues chez les Payens. Plufieurs Auteurs anciens & modernes ont déjè traité ce fujet, tels que Jean Baptijle Mantuanut (a)4 Rbenatius O), Polydore firgile (c), & de nos jours Fabricius (<2), Gisb. Voetius (e)> Middleton (ƒ), & tout récemment le Chevalier Olyveira (g). Notre Auteur fe propofe quatre objets dans ce Mémoire. II traite premierement des Tems Sacrés, des Fêtes religiënfes, & de tout cc qui a rapport a eet objet. En fecond lieu, des lieux oü 1'on pratique les rites religieux, comme les Temples, les Couvents &c. Troi- fieme- (a) InFaftis. (b) Ad Tertullianum de corona militis p. 412. (c) De renm inventor, Lib. 5. Cap. I* p. 29<5. Cd) Bibliograpbia Antiquaria, p. iotf. [e) Disputat. Theol. Sel. Part II. p. 600. (ƒ) Ctnformitès des Cérémonies Modernes wee les Anciennes, (£) Qiuvres mtlées Tom, I. p. 74.  th Nouv. Biblioth. Belgi^i/b. fiemement des per/onnes qu'on employé 'dans ces cérémonies, enfin des aftes de religion & de dévotion qui fe pratiquent dans ces Temples. On ne trouvé ici que la première Partie de cette Dilfertation, une mort pré- j maturée ayant empêché 1'habile Auteur de mettre la derniere main a eet intéres- I fant Ouvrage. La première reflemblance qui fe pré- I fente entre les cérémonies anciennes & nouvelles, c'eft 1'attention qu'on apportoit autrefois & que 1'on a imitée depuis de cbo'fir les jours convenables aux facrifices & aux autres attes religieux. Numa, Roi des Romains, & Chef du Confeil des Prêtres qu'il inftitua, régla le cours de 1'année, fixa les jours ouvriers & les jours de fête, & fous le Pontificat de Grégoire XIII. nous avons vu 1'année partagée d'une nouvelle fagon, | & le calendrier reftifié, avec ordre exprès ö tous les Monarqües Chrétiens de le recevoir fous peine de 1'indignation divine. La muldtude des Fêtes religieufes fut un fujet de plainté pour les anciens Ro¬ mains  Janv., Fev., Mars, 1784. 13 niains, comme elle Pelt encore pour les Italiens, & les autres peuples Catholiques. Augufte fut le premier qui tScha d'apporter quelque remede aux inconvêniens qui naiflbient en foule de ce nombre prodigieux de jours de fête, oü les Tribunaux étoient fermés & le commerce fuspendu, & qui fervoient d'occafion & de prétexte k la longue durée des procés, & k mille autres maux fi funeftes k 1'Etar. De nos jours ces plaintes fe font renouvellées de toute part, avec plus de fuccès a la vérité dans quelques pays, mais cette heureufe réforme eft poftérieure au tems oü no: tre Auteur écrivoit. Les Payens ne confacroient pns feufe* ment des journées entières au Culte de leurs Dieux, ils s'y livroient aufli pendant la nuit dans de certaines Fêtes, comme celles de Bacchus Sc de Venus , delk le Pervigilium Ventris, les Bacchanalen & tant d'autres Fêtes nocturnes, qui entrainoient mille désordres è leur fuite, Parmi les Chrêtiens la néceffité de cacher leurs exercices religieux aux ye«x de leurs perfécuteurs introduifit Ie culce  *4 N«uv. BiatioTH» Belgique. culte Do&urne dans la. primitive Egljfe, il fut généralement adopté depuis dans quelques occafïons folemneües, mais les excès auxquels on fe livroit, les profanations, les débauches que la nuit couvroit de fes voiles, fit bientót proscrire ce culte, dont on ne trouve plus gueres de trarcs parmi les Catholiques, qu'è 1'occafionde la veille de Noël, oü 1'on célèbre encore dans plufieurs Eglifes la Mclfe, ditede minuit. Nous ne faurions fuivre notre Auteur dans le détail oü il entre des cérémonies modernes,qu'il trouve plus oumoins conformes a celles des Anciens; il fuffira den indiquer les plus remarquables & nous paflbns fous filence ce qu'il obferve touchant la dénonciation des Jours de Fête, le repos & Ia celfttion de tout travail dans ces tems confacrés au culte de la divinité, les ornemens extraordinaires dont on décoroit les Temples dans des jours folemnels &c. Dans le Chapitre fecond I'Auteur traite des Fêtes anmelles, & d'abord de celle de Noël, parceque c'eft la oü commence 1'année eccléfiaftique. II  Janv., Fev., Mars,1784. 15 II eft notable que vers le fixième fiècle les canons de 1'Eglife défendoient le mariage, fous peine de nullité, depuis la Noël ., jusqu'après VEpipbcmie, c'eft adire, jusqu'au 6 de Janvier. Ces jours, étoient regardés comme fxrés, & 3e mariage n'en devoit pas troubler la pareté. La même fuperftition avoiteulieu chez les Romains, oü il n'étoit poinc permis de fe marier pendant Ia Fête des Lemures, qui fe célébroient durant tro» nuits. Nee viduae taedis eadem, nee virginis apta* Tempora ,quae nupfit, non diuturna ftaS» Ovid. Fait. 5. 487. La Fête de Noël, pourfuit notre Auteur» n'a point été inftituée par les Apócres. On ne trouve aucune tracé de fa célé* bration Rendant les 4 premiers fièclesi ce fut a cette époque que 1'Eglife la.foïemnifa avec une grande pompe. Dans un ancien Ca'endrier , compofil felon le Pere Hardouin 1'an 326, lon d'autres en 354, on trouve a la date du 25 Décembre ces mots, Nataïis Js- tip»  16 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. vifti. Les Interprêtes attribuent ce titre les uns è 1'Empereur Conjiant, les au-» tres è Conjtantin; d'autres croyent qu'il faut entendre par ce mot le Soleil, parcequ'il nait, ou plutót qu'il recommence fon cours vers cette époque de 1'ar,née. Et en effet les Payens célébroient alors des fêtes a 1'honneur de ce Dieu, comme M. Hamberger le prouve fort do&ement. Hardouin, toujours ingénieux dans fes conje&ures, fuppofe que 1'Eglife Romaine adopta en 1'honneur de la Nativité de J. C les fêtes que le Paganisme célébroit è la même époque pour le Soleil: Graeviut, Batnage, Calvoeriut ont fuivi ce fentiment, qui ne paroit pas deftitué de vraifemblance, & que 1'on peut confirmer encore par plufieurs paflages des Perps de 1'Eglife, cités par notre Auteur. Le mois de Janvier préfente les Fêtes de la Circtncifion, de l'Epipbanie & de St. Antoine. La première eft d'une inftitution affez récente felon le Cardinal Bellarmini (a) cependant Mr. fl.prou. ve (a) De triumph. EccleJ. Lil. 3. C. iS.  Janv., Fev., Mars, 1784. 17 ve par un Canon du fecond Concile de Tours, qu'elle fut établie dès le fixième fiècle. Comme cette fête arrivé le premier Janvier, il eft d'ufage de la célébrer avec certaines cérémonies, qui ont fans doute quelque analogie avec celles quk fe pratiquoient chez les Payens au renouveliement de 1'année. Les préfens,les étrennes, les voeux, mille autres circonilances, que 1'Auteur ne laiiTe pas échapper , prouvent encore cette conformité. L'Epip'tanie ou la Fête des Rois porte plufieurs marqués d'une origine profane* On y cé.'ébre le Baptême du Sauveur, VAdoration desMages & leMiracle de Canaan. Chez ks Romains ce jour étoic de même confacté a fêter trots circonftances glorieufcs du regne é'Augufte. ■ C'eft une opinion affez ancienne & trés répandue, que les Mages d'Oiient qui vinrent adorer J C. étoient des Rois, cette opinion a fait naitre une foule de cérémonies bifarres & ridicules, qui ne fubfiftent cependant aujourd'hui que parmi le petit peuple, ou parmi les perfonnes d'un rang plus élevé èla vérité, mais qui pour 1'esprit les connoiflances & Terne VI. Part. 1. B le*  i8 Nouv. Biblioth. Beloiqub. les amufemens font encore bien peuple. La Fête de St. Antoine, fe célébre avec beaucoup de pompe k Rome le 17 Janvier. II fe fait alors une proceffion folemnelle vers 1'Eglife dédiée è ce Saint. On y conduit tous les chevaux, les muiets & les anes de cette capitale, & des Prêtres les aspergent d'eau bénite, mais Ie bon St. Antoine ne dispenfe point fes faveurs gratis; les moines qui diftribuent cette eau falutaire retirent de ce petit commerce environ cinq mille couronnes Romaines. Cette cérémonie remonte felon notre Auteur aux fiècles Payens, oü il étoit d'ufage d'asperger d'eau luftrale les chevaux qui devoient disputer Ie prix dans les cirques. Voici comment elle fut fanftifiée; le faint homme Hilarion fetrouvanta Rome vit les chevaux d'un Italien fuccomber & Ia courfe, parcequ'üs étoient atteints de quelque malêfice, Cet hommc étoit Chrêtien. Auflkót Hilarion fe fait donner le gobelet dans Iequel PItalien buvoit ordinairemeBt, Ie remplit d'eau, & lui ordonnc d'en arrofer Ie cocher, les chevaux,  Janv, F&v.f Mars, 1784. vaux, 1'écurie & le char< L'Italien obéit, & les chevaux remplis d'une axdeur fur. naturelle rcgagnent en un clin d'ceil Pespacequ'ils avoient perdu, & obtiennenele prix de la courfe. 'Le pauvre Hilarion malgré ce miracle a du ceder è St. Antoine Phonüeur d'asperger les chevaux, qui lui revenoit a fi jufte titre, apparem. ment paree qu'il ne fut quedisciple deSt. Antoine, aveclequel il paffa troisansdans 1c defert. Tant-il eft vrai que les plus habiles ne font pas toujours les mieux récompenfés. D'autres Ecrivains ont prétendu que Ia cérémonie de 1'asperfion ne revenoit qu'au feul St. Antoine; puisque les animaux les plus fauvages avoient dépouillé pour lui leur férocité&s'étoiene jetté è fes pieds dans Ie defert, ou il vivoit ifolé, après avoir lu ces paroles de 1'Evangile, Ji tu veux être parfait, vends tout ce que tupojfedes, & fuis moï. Nous n'anticiperons point fur le jagement que le Lefleur portera de ces deux opinions, & lui JailTons le foin de dêcu der cette grave dispute. Le mois de Février préfente d'abord la Fête de la Purification. Parmj les AnB 2 cis»s  ±o Nouv. Biblioth. Belgiquë. ciens on célébroit dans le même tems des Fêtes en 1'honneur du Dieu Februut, ou Pluton, qui préfidoit aux luftrations ; plufieurs cérémonies que 1'Eglife a adoptées pour cette fête tirent manifeftement leur origine de celles que les Payens pratiquoient dans leurs Lupercales. Men/is ab bis (\x\&rzt\on\bus) di£tus:fecla quia pelle Luperci Omne folum luftrant, idque piamen babet. Ovid. Fajt. 11. 31. En voila bien affez fans dnute fur ce fujet. Nous regrettons que I'Auteur n'ait pas achevé fa t&che, & nous invitons les amateurs de la Littérature a remplir ce vuide. Cette matière pour avoir été traitée fouvent n'eft rien moinsqu'épuifée, elle fourniroit un beau fujet pour une Differtation Académique. On pourroit fuivre Ie plan que M. Hamberger tracé dans fa Prèface, & confulter les Auteurs qu'il indique. Hijloire de la Langue Latine dans le culte public: telle eft le titre de la troificme Differtation qui a pour Auteur M. Er-  Janv., Fev., Mars, 1784. li Ernest. Frid. Wernsdorf. Dans les premiers fiècles de 1'Eglife on ne fe fervoit point pour le culte public d'une langue inconnue aux plus grand nombre des Chrêtiens, mais le fervice fe célébroit en langue vulgaire. C'eft ce qu'atteftent généralement les Anciens Docteurs de 1'Eglife, tëls qu'Origène, St. jférome, £? St. Ambroife, ce fait eft d'ailleurs fufEfamment prouvé par les anciennes Liturgies, & par d'autres monumens dignes de foi. Après 1'irruption des Vandales, des Gots & des Huns la langue Latino fut étrangement corrompue par le mélange de plufieurs idiomes barbares, mélange qui produifit la langue Franque & Romance. En Angleterre on adopta un compofé bifarre du Normand, du Saxen & du Danois, que nous nommons YAnglo-Saxon. Les Allemands préferverent leur langue de cette contagion générale, mais leur idiöme alors difficile & fort dur ne fut point adopté par les autres Nations. LeLatin demeura donc feul la langue de 1'univers. On s'en fervoit dans les Eglifes, & dans les Tribunaux. Feu a peu les autres langues B 3 ré  %* Nouv. Biblioth.Bblgiqüe, fe formerent, mais ce fut d'une facjon trés lente & presqu'imperceptible. Les inojnes demeurerent les feuls dépofitaires de la langue des Céfars, & depuis cette époque les peuples Catholiques ont célébré Dieu dans une langue étrangère. Les Papes k mefure qu'ils étendoient leur autorité voulurent a 1'exempie des anciens Romains faire adopter la langue Latine k leurs nouveaux tributaires; preuve bien éclatante, obferve PAuteur, du pouvoir fuprême. „ En effet" ajoute-t'il, „ il n'appartientqu'è lapuiffance fouveraine de cbanger a fa volonté la langue d'un peuple & de lui en fub„ ftituer une autre". Cette dernièrc remarque ne nous paroit pas ertièremene jufte: k 1'exception du feul peuple Romain nous ne connoiffons dans 1'hifloire aucune Nation qui puiiTc fe vanter d'avoir fait adopter fa langue parmi les peuples qu'elle s'efl foumis; Guiüaume le Conquérant, ce Monarque abfolu qui regnoit en despote fur un peuple d'Esclaves, Guillaume tenta vainement d'introduire en Angleterre le langage de Ia Normaodie. II eut beau exclurre dei écoles,  Janv., Fbv., Mars, 1784. 2g écoles, des tribunaux & de fa cour toute autre langue que le Francois, il ne put ea faire Ia langue de 1'Angleterre. St. Grégoire, après avoir établi une nouvelle forme de fervicej voulut enintroduire 1'ufage dans toutes les Eglifes de 1'Occident, comme une marqué de leur fujettion au St, Siège, & il les obligea & célébrer en Latin toutes les parties du fervice, quoique les Peuples euffent déja ceffé d'entendre cette langue. Les Moines contribuerent encore k établir cette flngulière coutüme dans tous les Pays Chrêtiens; avides de pouvoir & brulants de ce zèle perfécuteur qui les 3 toujours diftingués, ils fe firent de cette langue étrangère comme un mur de féparation entre eux & le vulgaire, qu'ils obligeoient ainfide recourir & eux, comme feuls en droit de porter & la divinité Phommage des prières & des voeux des mortels. Les Frifons refuferent conlTamment,fous lePontificat de St. Grégoire, derecevoir la ReligionChrêtienne, s'imaginant qu'il leur faudroit abandonner leur langue, & adopter eelle de 1'Eglife, ce qui leur paroilToit indigne de la maB 4 jefté  s4 Novv. Biblioth. Bblgique. jefté d'un peuple übre, qui n'avoit jamais courbé la téte fous les loix d'un vainqueur. Nous relevons ce trait avec. complaifance, paree qu'il honore .nos Compatriótes, & que nos Hiftoriens n'onc peut-être pas aifez infifté fur la conftance avec laquelle les Frifons ont toujours défendu leurs droits & leurs libertés, & fur le courage qu'üs ont montré dans toutes les occafions oü cette liberté li précieufe leur paroifioit en danger. Les Eglifes Moraves réfifterent longtems k la contagion générale. Elles s'obftinerent k conferver dans le culte la langue du pays, & firent échouer toutes les rufes & toutes les intrigues de Grégoire, pour introduire en tout lieu 1'ufage du latin, intrigues dont 1'Auteür faitun recit trés intéreffant, & qui n0Us. donne de juftes idéés de 1'esprit des premiers fiècles de 1'Eglife. L'impérieux Grégoire VU. vint enfin a bout de ce deffem. II perfécuta cruellement ceux qui ne vouloient point recevoir le Rituel Latin & admettre Ia langue Latine dans' le culte public. Ce fut le premier crime des mforcunés Vauiois.. Innocent UL dans  Janv., Fev. , Mars, 1784. 25 dans le Concile de Latrun, tcnu en 1215, fit défendre aux Francois de lire la bible en langue vulgaire fous peine. d'excomrnunication. Enfin le Concile de Conftance condamna aux flammes le fameux Jean Hus, atteint & convaiccu de s'être élevé contre une tyrannie qoe 1'on nommeroit ridicule & bïfarre, fi elle n'avoit pas fait couler des flots de fang. Luther plus audacicux & plus heurcux öfa le premier attaquer hardiment un abus aufli étrange; foorenu par fon caractère, par les circonflances, & par quelques Princes de PEmpïre,iï pro-; jetta & opéra cette fameufe Réformatioa que 1'Europe courbée fous le plus vil des despotismes, celui des Moims, fembloit envain defirer depuis longtems.: Toutes les EglifesProteftantes, avec les fuperftitions monachaïes, abjurerent 1'ufage d'une langue que leur Polit'que avoit établie. Les Liturgies, les Cantiques,; les Prières, les Sermons, en un mot toutes les parties du culte public furent cé-lèbrées en langue vulgaire. Rome s'oppofa vainement aux progrès de Ia réformation. Les Ecrivains qui voulurent B 5 fou-  26 Nouv. Biblioth. Belgique» foutenir fa doctrine furent viétorieufemect combattus par le célèbre Melancbton, & par d'autres Réformateurs. Le Concile de Trente, au défaut d'argumens, fe vit enfin réduit è recourir a ces armes fpirituelles redoutées fi jufteraent autre. fois, oüelles étoient des foudres "exter» minateurs dans ces mêmes mains oü. elles languifTent aujourd'hui émouffées & fans force. Si quelqu'un dit, ce font les Paroles du Canon IX de la 22. SeJJion de Ce Concile, fi quelqu'un dit, que la MeJJe doit Ure célébrée en langue vulgaire, qu'il foit anatbême. L'Esprit vraiment philofophique qui depuis prés d'un fiècle a pris racine en Europe n'a point encore éteint ces querelles. Rome continua toujours k profcrire Ia langue vulgaire du culte divin; témoin lafameufe BaUeUnigenitus, lancée coutre le Prêtre Quesnel, de 1'Oratoire, qui foutenoit „ qu'il eft utile & „ même néceffaire en tout tems, en „ tout lieu, & pour toute forte de per„ fonnes, d'étudier & de connoitre les j, myftères de la religion, par la leclure „ des Livres Saints, & que défendre „ aux  Janv., Fjev., Mars, 1784. *t „ aux Cbrêtiens UDe leéture aufii fa'u}} taire que celle du Nouveau Tcftament, 3, c'eft interdire Ia clarté du jour aux Enfans de lumière". Rome condamEa ces opinions comme erronées, hérétiques & perverfes. 11 n'eft perfonne un peu inftruit qui ne fache combien de disputes & de divifions cette BuIIe a fait naitre en France; heureufement que ces querelles font devenues fort rares. Les Catholiques eux mêmes ne condamnenc plus fi rigoureufement la leclurc de la Bibie en langue vulgaire; les gens éclairés de cette communion rougilfent de rancienaveuglement,oüleurs Prêtres les avoient tenus pendant tant de fiècles. Quant aux Eglifes Proteftantes tout le monde fait qu'elles célébrent Ie fervice divin dans la langue duPays ou elles font établies, ufage falutaire, fondé fur la faine raifon & trés commode furtout pour quelques uns de nos Prédicateurs. Le quntnème Mémoire de ce Cabinet conncne 1'H'ftoire de la Cmfane ordonnée contre les Stedingeois au treizihne Jiècle. 1'Auteur eft M<\ y. D. Rutterus. Nous renvoyons nos Lefteurs a 1'ouvrage mêmes  i8 Nouv. Biblioth. Belgiqub. même, qui contient des détails trés intéreflans mais peu fusceptibles d'extrait. D'ailleurs 1'hiftoire de cette perfécution, qui fait rougir Phumanité, n'eft que trep connue de tous nos Leéteurs. La cinquieme & dérnière Pièce a été communiquée a 1'Editeur par M. leProfeffeur Barkey, ancien Rédacteur de ce Mufée, qui malgré les glacés de la vieilleffe cultive encore les Lettres avec tout le feu de fes premières années. L'Auteur, Mr. J. D. Koeler, y fait 1'hiftoire des Scaldes, ou des plus anciens Poëtes des nations feptentrionales. Les Peuples du Nord fi renommés pour la force & le courage, ont eu de tout tems des Poëtes, qui célébroient les louanges de leurs Divinités, les exploits de leurs héros, & d'aütres événémens mémorables. Notre Auteur fait nn grand éloge de ces Poëtes, que Pon nommoit Scaldes, d'un vieux mot Suédois, qui fignifie lefon. Apparemment'', paree qu'ils chantoient leurs vers, comme les Rhapfodift.es Grecs, les Bardes Irlandois, & les Troubadours Gaulois. Leurs Odes étoient aflujetties a un eer- tain  Janv., Fev., Mars, 1784, 49 tain rythme mufical, & compofées d'après les plus étroites regies de la Poëfie. j, Erant odae rytbmicae ,juxta leges quas~ dam poëticas, fummo adbibito judicio ê? fiudio, elaboraiae, in quibus obfervatur ratio apte collocandi verba èf verfabantur omni modo numeri, ne aures offenderent". La langue dans laquelle ils écrivoient n'étoit pas ce compofè monftrueux de föns durs & baroques, qui défigurent les langues du Nord; mais ils fe fervoienc de 1'ancien langage Afiatique, qu'Odin, felon la tradition, avoit introduit parmi fes Compatriotes. Ce langage fe nommoit AJamal. Quelques Scaldes fe, distinguoient par une facilité prodigieufe dans la compofition de leurs poëfïes. Ils étoient ce que les Italiens nomment lmprovifatori. D'autresnéanmoins travailloient leurs ouvrages avec beaucoup de foin. Tous, dit 1'Auteur, qui femble un peu partager 1'enthoufiasme de fes Héros , tous fembloient anitnés de ce beau dèlire qui fait les vrais Poëtes, & qu'ils nommoient Scalvyngl, c'eft-a-dire, vertige poëtique. Les Scaldes habiterent la Sucde, le Dannemarc & la Norvège, comme ü  $0 NoUV. BlBLIOTH. BELGlQüfi. il paroit par le Catalogue des principauX Scaldes, que nous a donné Olaus Wormius (a) mais leur véritable pacrie eft proprement YIs lande, felon Saxon le Grammairien, qui en faic le plus grand éloge. Les Scaldes avoient 1'avantags d'être bien recus chez les Grands & chez les Rois, ce qui donnoit k leurs ouvrages cette fleur de politefle & d'élégance, qui en fait le plus bel ornement. D'ailleurs ils y étoient confidérés, refpeftés & chéris, i!s exercoient les charges les plushonorables, & affiftoient a tous les feltins, non point, dit I'Auteur, comme ie vils Parafites, mais pour apprendre aux Convives, qu'il faut manger pour W ARTICLE SECOND. Legaat van Gtlles Blasius Stern, &c. c'eft-a-dire. Legs de Gilles Blaise Stern. Ouvrage non traduit. Avec cette JLpigvaphe, un homrae qui ric ne fera jamais dangereux, Sterne. in 8°. de 195 pages, 1784. Pns ƒ o - 15 . o T es br?ns Originaux en touc genre ont JL^J produit fouvent de foibles & plus fouvent encore de mauvaifes copies. Le Vüjage Sentimental du Dr. Sterne, eet ouvrage inimitable,a été fuivi d'une foute de brochures médiocres, oü 1'on croyoïc avoir attrappé la manière de I'Auteur Anglois, paree qu'a fon exemple on y donr.oit des titres courts & particuücrs a chaque Chapitre. Peu  Janv., Fev., Mars, 1784. 33 Peu de gens que le ciel cbérit &gratifiet Ont le don d'agréer infus avec la vie. C'eft un point qu'il leur faut laijjfer; Et ne pas rejfembler d La Fontaine. A I'Auteur du Legs de Gilles - Blaife i Stern? . . Non fans doute, Ie trait feroit injufte* L'Ouvrage que nous annoncons a du mérite, de Pagrément, mais ce n'eft pas Yorick. On n'y trouve ni cette profonde connoiifance des plus fecrets replis du cceur humain, ni cette gaieté légère, ni cette critique affaifonnée, ni cette fenfibilité qui caraétérifent Sterne, en un mot malgré plufieurs bons morceaux que eet Ouvrage renferme & que nous ferons connoitre, cette copie aura le fort de toutes les autres, elle reftera infiniment au deffous de fön modèle. L'Editeur fuppofe avoir trouvé ce Livre dans 1'hoirie de I'Auteur défunt, dont il eft 1'Exécuteur Teftamentaire ; 1'hêritage de Gilles Blaife Stern confistoit, outre fes papiers, en une paire de culottes'ufées, un gilet, deux chemifes, Tome VI. Part. u C &  34 NOUV, BlBLIOTH. BfiLGI^Ufc. & quelques vieux Livres, tels que Rabelais, Triftram Sbandy, & autres. Tous ces détails ne font pas bien plaifans. Oa s'eft moqué cent fois de ia pauvreté des gens de lettres ,& bien k tort; il eft honteux que desLittérateurs ne refpeétent pasdavantage 1'honneur du corps, que d'expolèi a Ia rifée de quelques richesignorans, 4$ quelques pefants financiers, des hommes qui par leurs lumières, leurs talens, valent mieux mille fois. Le Père de notre Héros ne lui laiffa en mourant qu'une fortune trés médiocre. Orphelin de bonne heure, il fe prit d'inclination peur une Demoifelle riche & belle, mais des Parens avares ne voulurent jamais confentir h une alliance auffi disproportionnée que celle de Por & des ümples vertus. La carrière des honneurs Jui femble ouverte, il vole a la Cour & pénêtre dans PAntichambre du Prince. Obfervons que I'Auteur nous laifle d^vi^ ner que la fcene fe pafie en Hollande, les premiers Chapitres de fon Ouvrage % intitulés, — je dors, je rive, je m'êwille, la Jeune Fille, le Père, la Soli. Ude, monSoliloque, ne nous apprennent tien  Janv., Fev., Mars, 1784. 3^ rien ni du lieu de fa nailTance ai de fon étac. L'Antichambre. „ Arrivé a la Cour j'entrai dans une „ Chambre, oü fe trouvoient plufieurs perfonnes bien mifes. Un premier laai quais du Prince (a) nommé le Gentil„ homme du Jour, apparemmenc pour „ cacher la balfeffe de fon emploi fom „ 1'éclat d'an beau titre, me préfen„ ta une lifte, oü il me fallut écrire st mon nom & mes qualités. J'ignore s'il en eft ainfi des autres, mais „ pour moi rien ne m'embarraffe plus „ que d'étre obligê de dire qui je fuis. M Gilles Blaife Stern n'eft pas d'ailleurs t» un (o) Satyre outrée & groffière. Dans toute» les Cours de 1'Europe il eft d'ufage qu'un Gentilhomme fafie les honneurs de 1'Antichambre. Seroit il plus décent que pour reccvoir les perfonnes les plus diflinguées on placlt un Laquais dans Ia chambre? Certes Mr. Stem vous ne 1'exigerez pas. Note dit Journalifiti C 2  36" 'Nö"v. Biblioth. Belgiciüe. „ un nom bien harmonieus. ( Jamais ce nom ne me parut fi désagréable.) „ Je Pécrivis cependant. — Vos quali,, tés — mé demanda le Gentilhomj, me, — je n'ec ai point, repris.je, „ mais je viens ici pour en acquérir, je „ vous les dirai enfuite. — La deflus Ie Seigneur me placa dans un coin re3, culé de la chambre, & comme j'y reftai pendant cinq heures d'horloge, j'eus „ tout le tems néceffaire d'y exercer „ ma patience & d'y occuper mon esprit." Dans quelques circonftances que „ Pon fe trouve placé, on commence 3, toujours par s'arranger de la facon la „ plus commode & la plus décente» „ avant que d'obferver les objecs exté* „ rieurs. — Auffi profitant du coin oü „ j'étois tapi je m'appuyai dans Panj, gle du mur, & portant une main dans mon goulfet & Pautre fur ma poitnne, „ je pouffai une profond foupir. ■—. 3, Ce figne d'une arfeétion douloureufe s, de Pame fut répété fidellement par „ quelques Mefiieurs, habillés de noir comme moi, & qui peut-être avoient „ aufli quitté leur cabinet; les ha- „ bits  Janv., Frv., Mars, 1784. 37 „ bits galonnés fubftituerent au foupir „ qui s'élévoit dans leur fein une petite „ & discrette toux. Dans tout 1'appartement regnoit un filence profond, „ affez femblable a celui qui s'obferve „ dans les maifons de deuil, au moment oü 1'on s'affemble pour conduire Ie défunt dans fon dernier afyle. — II „ fembloit que la Patrie fut morte & que nous étions la pour faire au Prince ,, nos complimens de condoléance. — Cefpeftacle me rappella ceque j'avois ,, lu jadis dans mes livres, que le vrai „ bonheur n'habite furement pas les cours, & je fus convaincu de cette ,, vérité. Les premiers Miniftres de „ 1'Etat portoient un front chargé de foucis & d'inquiétude; les autres Magiftrats fembloient agités de mille intéréts oppofés, les Ambaffadeurs „ rioient fous cape", (a) «O (0) Quelle féconde fource d'obfervations pour un pbilofophe que 1'antichambre d'un Grand. Les circonftances nous y ont appellé quelquefois, mais il s'agiffoit C 3 aloxs  ' s 8 Nouv. BIblïoth. Belgïqüb. „ OmaPatrie! ma Patrie! que votre „ fïtuation me paroit facheufe quaud on 1'envifage du coin d'une Anticham„ bre". „ Enfio mon tour venu, je m'appro„ chai refprftueufement du Prince, & M après lui avoir expliqué en peu de ^, mots les raifons de ma vifite, je lui 'offris mes fervices, è lui & è 1'Etat, „ en le priant de me donner 1'Emploi, „ auquel je ferois jugé le plus convenaj, ble, après 1'examen requis; le Prince „ me •lors d'y figurer comme Aifteur, & malgré la philofophie, on oublie dans ces momens le rdle de Speftateur. Qui n'eut ri de nous ▼oir faluer profondemenc de gros Meflïeurs qu« fe promenant en long & en large' nous tournoient le dos au moment que nous les abordions. Pénétrés du feDtiment de notre exiguité noas allions modeftemenc prendre place parmi un petit nombre de perfonnes auffi embarraflees que nous, & qui ffembloient craindre d'occuper toute entière Ia chaife qu'elles ivoient prife. Revenus de k première furprife nos yeux étonnés fe poiterent vers ces infitigables promeneurs, qui  Janv. , Fbv. , Mars , 17 84. 39 „ me rêpondit, qu'il ypenferoit, &je w fortis", Cette fcene nous paroit affez bien écrïte, 1'AuteuT charge un peu fes pinceaux, mais fa critique n'eft pas amère, il n'eft perfonne qui ne fe rappelle d'avoir vu quelquefois k 1'audiencé des Princes l'original de ce Tableau. NourrifTant j on ne fait trop pourquoi, le plus flatteur espoir, notre Héros retourne a fon Aubefge, 1'Höte homme bavard, mais d'un grand fens, diffipa bientót les fumées d'amour propre dont le qui touftoient, crachoient, prenoient da ta« bae avec grand bruit. Ils faifoient de fréquentes gliflades en marchant, & rendoient exaétement tout le fervice d'un Ventilateur, comme nous admirions 1'aflurance de ces lUeflieurs! que leur fort nous fembloit digne d'envie! mais le revers de la médaille nous faifoit dire tout bas. ——< Heureux quifatisfait de fort bumblefortufte — Vit dm l'état ebfcnr oit les Dieux l'on't placé, R acute. flote dn Journatifti. C4  4o Noüv, Biblioth. Belgiotjk; Ie bon Stern alloit fe repaitre. Dans Ia même Hotellerie logeoit un Général qui déteftoit la folitude. Stern lui fut préfenté un matin, écoutons lui raconter cette converfation. „ Son Excellencefe faifoit coeffer au „ moment ou. j'entrai; le Perruquier lui „ avoit fi bien blanchi le vifage, que je i$ ne pu diftinguer aucun trait de fa phy„ fionomie. II ouvrit a grand-peine fes »> paupières chargées d'un nuage depou. i, dre. Je faluai, & 1'Hóte me préfen„ ta. A mefure que fon vifage fe dé», barbouiïloit, je vis un vermillon foncé fe faire jour fous Ia main du Fri„ feur, enfin parut un nez cramoifi ris, chement furchargé de rubis, 1'ExeeI„ Ience me témoigna en mauvais Hol„ landois, que ma vifite lui faifoit plai„ fir, je pris donc ma place prés de la table a thé, le Général fe mit vis-ö„ vis de moi, la chemife encore toute „ couverte de poudré. „ Je me fuis dia„ blement ennivré hier au foir", c'eft 9, aïpfi qu'il entraenmatière, „aujour„ d'hui encore la même hiftoire, nous n é?iocs 4 Px» devinez combien on a ü bu  Janv., Fev., Mars, 1734. 4* ,, bu de bouteilles". — Je firis un pau,, vre devin, monfieur le Général „ — ti eh! bien mon Ami, trente fix — ,, allons, quelques goutes de liqueur t >, & me voila prêt h rerommencer. Je „ ne fuis plus jeune, mais en cas de be„ foin je fais tenir tête è mon homme. ,, Hé! yea»,apporte moi un gobelec de bon genevre de Cologne — mon dé„ jeuner ordinaire". — Votre Excellen„ ce eft robufte. — Oui fans doute, je puis continuer cette vie lè encore une „ vingtaine d'années. Mon Régiment „ eft aétuellement en garnifon è „ j'oublie toujours cette diable deville, „ tant y a qu'il portera encore longr „ tems mon nom, fi je ne viens è le „ vendre. „ A le vendre, Monfieur le Géné„ ral? ,, oui fans doute, & pour- quoi non ? on vend tous les jours ici des Drapeaux, des Lieutenances, des „ Compagnies, les Solliciteurs font les „ Courtiers de cette marchandife, moi qui vous parle je ferois encore Lieu3, tenast, fi je n'eufle & tems acheté „ une Compagnie" — mais Monfieur C 5 „ lo  4% Norrv. Biblïoth. Bbmique.' ti te Général, une profefiion G nobfe —; les Romains „ Eli! parbleu „ qae me chantez vous la. Le Paps de Rome n'entend rien è tout eelt. Je ,f vous dis que le fervice eft miférab-le „ ici, . . il y a trop de Négociants, & nous nous ruinons pour 1'Etat, & ne „ fommes que des gueux galonnés, il „ y a d'ailleurs presqu'autant d'Officiers a que de Soldats; il nous faudrolt au moins une armée de cent mille hórn- mes, alors les Francois ne nous traij, teroient plas en petks garcons *— „ mais on n'a point d'oreilles pou* ce,, Ja —1 n'eft il pas malheureux que des „ Robins (a) faffent ainfi la loi è ua ,, militaire - ..Je ftns, afin que vous s, le fachiez, le Baron de Drinkendens, drink, j'ai engagé toute ma Baïonnie ,» pour (a) Le Hoilaffidöis porte des Folitiaues, jrar oppofition aux Milicaires; mais ceta> ne feroit pas entendu en Francois-, d'ailleurs tous le» Robtas ne font pas juftemenc de pands Politiques, des Pttitiques par excellence» Ncte du Joumrtifie.  Janv., Fev\, Mars, 1784. 45 „ pour acheter une Cumpagnie au fervi„ ce de Hollande. — Je fu s il eft vrai „ Général aujourd'hui, — j'ai ƒ 7000 „ de revenu, mais c'eft une mifère pour „ un homme tel que moi".... A combien de Batailles avez vous afiifté „ Monfieur le Général? — „ des Ba,, tailles! — des Batailles, je n'en ai 3, jamais vu, car depuis qui je fcrs on „ n'a point eu de guerre". — Au moins „ Monfieur le Baron vous avez lu Po. „ fy&e? „ —- Je ne lis que YAlmarm Militaire; mon Domeftique me lit „ quelquefois la Gazette, pour être „ au courant des Promotions militatfes, mais on n'y fait jamais mentfon du Polype dont vous venez de parler, le Sergent de ma Compagnie qui 33 écrit mes billets doux le cormoitra „ peut-être (a) le voici, Hé Sargent!.,. „ Je parlois de vous è Monfieur; vous „ avez étudièdans votre jeuneffe? (») Nous fupprimons quelques longueurs, & quelques détails fur la facon de faire, c'efti-dire, d'enróler des hommes en Allemagne.  44 Nouv\BiBtroTH. Beloiqub. „ Le Sergent. Oui, Monfieur Ie Gé„ néral, nous aatres roturiers étudions presque tous en Allemagne, j'ai eu „ 1'honneur de dire a votre Excellence, „ que j'avois fuivi les Iecons de Gel* „ lert. „ Le Ginéral. Vous connoiffez donc „ un certain Polype?. . . Le Sergent. „ Oui Monfieur le Général, c'eft un „ animal qui fe reproduit en.... „ Le Général. Un animal, maraud; „ eh Monfieur ne me venez vous pas „ de me demander, fi j'avois luPolype? „ Moi. Sergent 1 je demandois h Soa #> Excellence, fi elle avoit lu Polybe. „ Le Sergent. Polybe l je prie Votre „ Excellence de me pardonner, j'ai mal „ compris fa queftion. " Un Polype eft „ un animal comme je le difois, maïs „ Polybe eft un ancien Auteur qui a „ écrit fur Part militaire. Le Roi de „ Prufle battit les Francois è Ros9> bacb, tenant 1'épée d'une main, & „ Polybe de 1'autre. L'Ouvrage de ccc „ Ecrivain eft de la plus grande utilité ii P0"1" un Officier cxpérimenté. C'eft s> un non potejt carcre. Le  Janv., Fev.a Mars, 1787. 4/ „ Le Général. Vous levoyez, Monfieur, mon Sergenc eft un hom me „ inftruit, aufil c'eft lui qui dirige les „ affaires de ma Compagnie. „ Moi. Et qui conduit les affaires de „ votre Généralat ? ,, Le Général. On voit bien que vous n'entendez rien au fyftême militaire. „ Monfieur, eet habit, tout couvert „ d'or, que vous voyez la fur une ehaifë „ prouve... ,, Le Sergent. Ce Monfieur dans fa „ fimplicité a voulu parler de la perfon„ ne, abftraftion faite de 1'habit, pour „parler logiquement, peut-être par„ ce que votre Excellence eft encore en 3, chemife.... „ Le Général. Et c'eft pourquoi je „ vais m'habiller. Sergent aidez moi;... „ cl poffer le général, ajoutai-je en fai„ fant une profonde révérence , fur „ quoi je me retirai." Un ouvrage de cette nature n'exigepas une analife bien fidelle, nous choifirons encore un morceau intitulé le Rouf. (a) L'Au-: (0) Tout le monde fait que le Rouf d'une  46 Noüv, Bibwoth. Bklgtqitr; L'Auteur agité a'une terreur panique s'êtoit jetté dans !a première barque prfte a partir „ La compagnie etoit » compoféf d'une grande femme bien „ roide, roëffé d'un petit bonnet rond, ,, borgne & auffi aigtfc: qu'un poincon „ d'un homme fur le retour, en habie „ bleu avec de grands paniers k 1'anciennemode, boutonné par Je bas, de Js „ fervante de eet au^ufte coup!e& moi. „ Bientót Ie mari tira une belle tabatiè>i re d'or de fa poche, & prit une pri. fe. „ Ab\ mon cber, dit Madame, „ toujours prendre du tabac, en vérité 33 mon enfant ttu en fais un trop fréquent 3, ujage". „ Le bon mari reconnut fa faute, & „ remit avec emprelfement fa tabatière „ dans fa poche, fans cela je voyois è » f» birque eft un petit appartement féparé oij 1'on trouve ordinairement meilleure compaglie qtie dans la Barque. Au refte cette flène Aappqfe une connoiflance préliminaire de bos moewrs & de nos ufages, elle feroit infipide pour on étranger, Wete du JenmaUJle.  Janv,, Fev., Mars, J784. 47 „ fa pbyfionomie qu'il alloit me préfenter,une prife, j'en fuis fur, & je lui ep ai la même obligation. Ne fachanc „ apparemment quelle contenance te„ nir, il fe mit quelques momens après „ a jouer du clayeffin fur )a table; ah! „ mon petit cher, s'écria Madame, ceffe „ ce bruit tu me fais tourncr le coeur; „ le mari obéiffant tira de fa poche une „ boëte è tabac, & fe dispofoit è fu}, mer, mais Madame lui d't.com„ ment petit Ami, fumer, dans unlieuj 3, aufli étouffé, alfurément je ne le per3, mettrai point, le petit ami ïèrra la boete avec Ia même obéiffance, & foupiras „ ni preadre du tabac, ni remuer les „ doigts, ni fumer, quel martire; enfin „ il s'avifa d'ouvrir les portes de la ca„ bine pour avoir du moins Ie plaifir de voir Ie batelier — comment petifc „ ami, s'écri» de nouveau Madame , 3, ouvrir les portes, vrairnent le froidj ,, eft beaucoup trop fenfible; lemari f© leva, & referma la porte fans pro,, férer une feule parole". „ Jusqu'ici j'avois été témojn muet de „ toste cette fcene, je m'avifai enfin de 3, de-  48 Nöüv. BiBLïOTH. BblgiqüeJ 3> dernander a la fervante, oü nous al„ lions, k D.., répondit Madame-— „ faDS doute, repris-je, Monfieur, (en „ montrant fon mari) fera bien aife „ d'arriver. La Femme m'entendit, „ mais non pas le mari. ,, Oui, ajoutat'elle, il eft demon devoir de veiller „ en voyage fur la fanté de mon petic ,,'mari, n'eft-il pas vrai, mon chou"? ,;*& en difant ceia eile le prit tendre„ ment fous le menton. — Vous vous „ acquittez merveilleufement bien de ce » devoir. Eh! comment ne pas m'en „ acquitter, je n'ai rien de plus cher que i£ mon petit mari, car nous n'avons ,, point d'enfans. Je m'en étois douté „ Madame. J'en fuis alfez mor- „ tifié, dit le mari, & moi aufïï, dit la „ femme, &moi aufii répéta la foubret„ te &c. Les détails de cette petite fcène fond trés amufans, mais encore une fois il faut connoitre nos moeurs, pourenfentir tout le fel. Nous regrettons que la fureur d'écrire fur les affaires du tems fe manifefte même dans ce petit écrit. Les derniers Cnapi-  Janv., Fbv., Mars, 1784. 49 Chapitres ne traitent uniquementque de cette matière, & malheureufement le fyftême de I'Auteur ne contentera ni 1'un ni 1'autre parti. Nous avons relevé le ton peu fèant avec lequel I'Auteur parle des Gentilshommes de la Chambre» & nous remarquerons ici, qu'il a eu tort de prendre un membre de rAffemblée Souveraine pour le róle du mari benin dans le Chapitre dont nous avons traduit une partie. En fuppofant même que eet original ne fut pas fans copie, il eft toujours indécent d'expofer au ridicule Ja perfonne refpeöable d'un Magiftrat, & d'accoütumer le peuple è lui trouve? des travers aufil aviliffans. Quoiqu'il en foit, ce livre fe lira avec plaifir, mais malgré eet aveu, on ne pourra s'empêcher de regretter la tabatière du bon Per$ Laurent. Tom, Vh Part. u P ARTI-  $0 NÓW. BlBLIOTH. BflLGTQUE. ARTICLE TROISIEME. Mémoires pour servir A l'Histoiue des Réfugiés Francois dans les Etats du Roi (dePru/Jh) par M. M. Erman et Réctam. Tome II èi Berlin chez J. Jasper-i I783> gr. in Zvo. de 362 pages. (Pi nos Le éteurs ont paru recevolr avec O plaiür 1'extrait du premier Volume de eet Ouvrage; II le fpeébcle d'une foule de Réformés, poufles par 1'amour de la liberté & Tattachement pour leur culte a srexpatrier & è chercher des afyIes contre la perfécution, aréveillé la fenfibilité de nos Compatriotes, en leur' rappellant combien ils ont eux-mêmes contribué è ce grand ouvrage; nous ne doutons pas que 1'on ne nous fache gré d'annoncer le plutót poflible Ja continuaïion de cette intéreffante Hiftoire. L'Accueil qu'on avoit fait aux'Réfugiés  Janv., Fev., Mars, 1784. 51 giés du Brandebourg étoit bien propre a en attirer de nouveiüx; aufli en arnvoitil presque journellement de fx>utes le» Provinces de France. Malgré cee érnigrations, le fyftéme de la Cour de Verlailles demeuroit également intolérant d£ eruel; il fembloit que plus on perdoit de fujets, plus Pacharnement è perfécuter ceux qui demeuroient, acquéroit de force & de barbarie. Metz, un des boulevards de la Réformation, & qui ne fut cédé è la France par la paix de Wefl> phalie,que fous Ia condition expreffed'y laiffer les affaires de la Religion fur le pied oü il avoit été en 1G24., Metz reffentic bientót toutes les horreurs de la perfécu» tion. „ Cette Eglife avoit une doublé afTu„ rance de n'être pas troablée dans „ la poffefiion tranquille de fa libertéj 3) 1'Edit de Nantes, dont 1'intolérance s, la plus aveugle & la plus mauvaifa „ politique feules ont pu ne pas refpeca, ter 1'irrévocabilité, & un Traité d« „ Paix, è 1'obfervation exafte duqvei „ fembloit tenir le repos de 1'Europe 5, entière", D 2 1,9  5& Npuv. Biblioth. Belgioue. Le Temple des Réformés de cette. ville fut néanmoins détruit, immédiatement après la Révocation. Cette Eglife avoit alors pour Pafteurs Meffieurs David Ancillon, de Combles, Bancelin & Joly; le premier de ces Pafteurs eft fi célèbre, qu'on nous faura peut-être gre de transcrire ici le morceau qui le regarde, & qui préfente plufieurs traits curieus. ,, M. Ancillon, Ie Doyen des 3> Pafteurs, jouiflbit d'une confidération „ due a fon mérite diftinguê a tous „ égards; fa familie Tune des plus no„ tables de Metz a tenu Ie même rang „ parmi les families Réfugiées dans le 3, Brandebourg, & il a été lui même „ Doyen des Pafteurs de 1'Eglife Francoife de Berlin. — II jouiflbit d'une 3, fortune trés brillante qui lui fervit a former une des Bibliotheques les plus „ confidérables du Royaume. Lors. qu'en i68f par arrêt du 29 Aoftt 1'Archevêque de Paris publia le fa* meux Catalogue des livres hérétiques qui devoient être proscrits & fuppris, més, M. Ancillon eut le bonheur de s, fouitraire au zèle aveugle des perfécu- „ eeurs  I Janv., Fev., Mars, 1784. 53 teurs les livres condamnés, & lors„ que quelque tems après il fut obligè* 3, de s'expÉltrier, ces livres furent les 3, feuls qu'il fauva, le refte ayant été 53 mis aupillage, tomba entre les mains des Moines & des Eccléfiaftiques de ,, M«tx& du voifinage, qui depuis Iong- tems convoitoient cette belle Biblio- thèque". „ Théologien auflï favant que Pafteur ,, zélé, M. Ancillon ne pouvoit man,, querd'étre trés eftimé dans fon parti, mais fa vertu & fon mérite comme homme de lettres, lui concilierent ,, même l'eftime des Catholiques. II jj avoic furtout acquis beaucoup decélé3, brité par la conférence publique fur 3, les points de controverfe qu'il eut è 3, Metz avec M. de Bedacier Do&eur de Sorbonne, Evêque d'Augufte, & 3, Suffragant de Metz. Cette conféren„ ce, dans laquelle, comme dans toutes s, celles qui furent tenues, on ne termi- na rien, donna lieu a la publication 3, de divers ouvrages qui firent du bruit dans le tems. „ On avoit espéré que Ié mérite de D 3 » M.  54 Noov. BiBLiera Belgxque. „ M. Ancillon & celui des Pafteurs fes „ Co'lé^ucs, tous également refpecïa« bles par leur nailfance & par leur age 9, feroit obtenir en leur faveur quelques 3, adouciffemens è la rigueur de 1'Edit qui ordonnoit, fous les peincs les plus „ févèies, aux Miniftres de quitter le 3, Royaurne. On envoya des Dépurés a la Cour; ils avoient ordre de travail„ I r a la fléchir, öc de faire de fortes répréfentations fur les privileges de la Ville, que 1'Edit de Révocation vio„ loit fi ouvertement, Tout fut inutile, ,, & Ton auroit bien du s'y attendre. On 9, avoit été trop loin pourreculer; une t, entreprife injufte ne peut fe foutenir ,, que par de nouvelles injuftices. On „ ne put même rien obtenir en faveur des Pafteurs: on s'étoit cependant „ borné a demander, qu'étant tous „ avancés en Age, il leur fut permis de paif'rfeulementl'hyver chez eux, pour „ n'écre pas obligés è faire un long voya„ ge, avec leurs families, dans une a faifon rigoureufe. M. Charles Ancillon, fils du Pasn teur, & 1'un des Députés, avoit des 3, liai-  Janv\, Fev., Mars, 1784. 55 „ liaifons dans Ia maifon de Lsuvois; il „ eut une audience de ce Miniftre & lui cxpofa fa demande. Louvois lui ré„ pondit avec fa duretè accoutumée: ,, Quoil Monfieur, ils riant qu'un pas „ d faire pour fortir du Royaume, (pils rien font point encore debors ? Si 1'infiexibilité de Ia Cour foi ca les Pafteurs „ è fongerè la retraite, ils eureut bien,, tót une nouvelle raifon pour ne pas „ demeurer plus longtems; on apprit „ que le Roi témoignoit quelque regret d'avoir larfTé fortir les Miniftres du „ Royaume, que même dans quelques Provinceson en avoit anê é plufieurs, & qu'on fe permettoit envers eux les traitemens les plus inbumains, pour les „ forcer a fe réunir è 1'Eglife Romaine. ,, Le Troupeau de Metz follicita donc „ lui même fes Pafteurs de fe fouftraire, „ par une prompte retraite, aux perfé„ cutions barbares qu'on leur feroit „ éprouver s'ils reftoient. „ Leur départ offrit le fpeclacle Ie plus douloureux, & arracha des lar„ mes amères è tout le troupeau, qui fe „ voyoit privé de ceux qui auroient p» D 4 „ feuls  S6 Nouv. BlBLtOTH. BeLGIQÜE. , „ feuls le confoler dans des maux aux„ qüels il ne voyoit plus aucun remède; „ le plus grand nombre des Réformés „ fongerent dès lors aux moyens de fui„ vre leurs Pafteurs dans leur exil, & „ de fe fouftraire è 1'intolérance ,qui après „ les avoir privés de leur culte, vou5, loit encore les contraindre è adopter „ des opinions & un culte condamnés s, par leur confcience. M. Ancillon qui „ par 1'ancienneté de fon Miniftère étoit „ regardé comme le Pere du Troupeau,' „ excita les plus vifs regrets & on de„ voit s'attendre qu'il attireroit après „ lui les perfonnes les plus diftingués d'entre les Réformés de Metz". Le grand Eleóleur fit k M. Ancillon Sc h fa familie 1'accueil Ie plus diftingué. On peut voir dans I'ouvrage même avec quelle aménité ce Prince recut les premiers hommages de ce Pafteur, & avec quelle générofïté il le récompenfa bientót de toutes fes fouffrances. Les Réfugiés de Metz, au moins les plus notables d'entre eux, furent affez heureux pour emporter dans leur Fuite une grande partie de leur for- tune.  Janv., Fev., Mars, 1784. 57 tune. On évalue h deux millions d'écus les fommes qu'ils porcerenc dans le Brandebourg; c'eft ainfi que la perfécution en faifanc h la France une plaie fi cruelle, enrichitj a fes dépéns, une terre hos. pitalière, oü 1'induftrie des émigrants fic fleurir les arts & fema 1'abondance. Nos Auteurs, après avoir ainfi rendu compte des premiers établilfemens accordés aux Réfugiés du Brandebourg, & dont ils font monter le nombre jus» qu'è plus de vingt mille, examinent enfuite, fi les Colonies Francoifes, fon» dées par les Réfugiés, fe font accrues ou fi elles ont diminué? Ils fe décident pour 1'affirmative; fans contredit plufieurs Colonies Francoifes font aujourd'hui beaucoup moins confidérablesqu'elles ne l'ont été du tems du Réfuge, cependant les descendans des Réfugiés font plus nombreux que leurs ancêtres, mais comme une grande partie ont fixé leur demeure dans des villes ou des villages, oü il n'y a ni Eglife ni Juftice Francoife, on ne les compte plus parmi les descendans de Réfugiés. D'ailleurs plufieurs fe font mêlés par des mariages avec les nationnaux, ils n'ont plus 1'air D 5 étran*  Si Nouv. Bibuoth. Belgiqub. étra-iger de leurs ancêtres, la langue du pays eft pour eux Is langue maternelle, enfin plufieurs autres orjt changé leurs noins; des la Croix ,de* Poirier,dK?, la Forgttds$duPrés ,ri?s Harang , des reffources probablemeDt bien peu es1 pérées. Dès longtems il s'étoit occupe ï du projet de créer une marine, & ne I'avoit pas fait fans fuccès. En 1080 il : fit équiper dans !e pert de Pillau fix fré- gates  ;ö Nouv. Bibuoth. Belgiqub. gates de vingt a quarante caDons, & montées par 6co Matelots & 300 Soldats. Cornelit van Beveren, Hollandois, commandoit cette flotille & fe mit en croifiere dans Ie canal, pour s'emparer de tous les Vailfeaux Espagnols, qu'il rencontreroit fur les cótes de Flandres & d'Espagne. II y eut même un combat è la hauteur du Cap Sr. Vincent, dans lequel les Brandebourgeois déployercnt beaucoup de valeur. Dans Ia fuite 1'Eleéteur forma quelques établiflemens fur Ia cóte d'Afrique, un Réfugié nommé Raulé lui en dcnna le plan, & dirigea lui même 1'expédition. Le Douzième Livre traite des fecours qu'on accorda 1 la noblefle Réformée, réfugiée en Brandebourg. Elle avoit été cruellemeDt traitée en France, oü 1'on s'étoit permis contre elle les procédés les plus bas & les plus révokans, puisque 1'on alla jusqu'a brüier & détruire tous les papiers, les titres & les Documens qui conftatoïent fon origine. On leur fit le plus grand accueil dans les Etats du grand Ele&rur, qUi employa 1'interceffion de fes Miniftres è Paris pour obte-  Janv., Fsv., Mars, 1784. 77 AR Ti- obtenir des renfeignemens en faveur de quelques Nobles Réfugiés des families les plus diftinguées de France. D'ailleurs plufieurs Réformés établis en Prulfe faci* literent ces recherches, & fur leur parole plufieurs Gcntilshommes dépouiüés de leurs tkres reprirent 1'état que leur naiflance leur avoit donné. La Cour du grand Eleéteur fut pour une grande partie de la Noblefle Réfagiée un afyle auffi fisr qu'honorable, ou. elle retrouva toute l*aménité & le brillant de celle de Verfailles. Fréderic Guillaume aimoit les Lettres , protégeoit les Savans & les Artiiles & avoit naturellement cette fleur de politeffc, cette élégance dans Ia converfation, cette douceur dans Ia fociété privée, qui font le charme de la vie. — TJ'après le plan que nos Auteurs fe font propofés, il leur refte encore plufieurs objets è traiter, nous nous empreflerocs de faire connoitre la fuite de cette Histoire, a mefiire qu'elle paroitra.  ARTICLE QUATRIEME. Grond beginselen der Meetkunde, &c. c'eft-a- dire. Elémens de Geometrie, contenant les fix premiers, Vonzieme & le douzième JLivre d'Euclide par Mr. S. T. de Püyt, Examinateur des Arpenteurs pour .la Cour de Hollande, Zêlande & (Vejt. Frife , & pour cdle de Eraband, &c. h heide chez, Murray & Phtygers , 1784. gr. in-* 8°. de 595 pages, avec 28 planches de figitres géométtiques. < Prix ƒ 5 - 5 . o L'Ouvrage que nous annoncons nous \ fournic UDe occafion trés favorable deplacerici certaines réflexious, quin,* fe-  Janv., Fév., Mars, 1784. 79 . feront pas indifférentes a quelques uns denos Leéteurs, furtbut k ceux qui aiment la fcience géömetrique, & qui s'intéreflent k fes progrès. Ces réflexions d'ailieurs ne paroitront pas déplacées dans un Jourhal, oü 1'on fe propofe autant d'icftrüire nos Compatriotes, que de faire connoitre aux étrangers notre mérite litcëyaire. Nous 1'avouons k regrêtj on afait peu de progrès parrni nóus dans les mathématiques, on femble même méprifer cette fcience; c'eft ce que prouve évidemment, & le petit nömbre d'Ecrits géo» métriques, qui fe publient dans ces provinces, & leur médiocrité, enfin la plupart d'entr'éux ne paffent pas les bornes élémentaires, il eft aifé de s'en convaincre. Nousv abuferions de la patience du Ledteur, fi nous voulions remonter ici aux diffërentes caufes, qui retardent les progrès de cette branche utile & fublime des connoiffances humaines, furtout parmi une Nation qui ne manque furement pas de cette profondeur & de cette pénétration d'esprit, fi néceffafres dans-l'écude des fcicn-  So Nouv. JBibuoth. BsLGiqus.' fciences exaéles. Contentons nous d'icdiquer une de ces caufes, celle qui nous a 'e plus vivement frapüée, &quer,ous crnyons crouver dans la manièrc dont on .explique les Mathématïques dans nos Livres Elémentaires, & dans la méthode de plufieurs Inftituteurs furtout des na^tionnaux. L'Etude de la Géomêtrie (& c'eft de ceite partie des MathématiquLS qui fait la bafe de plufieurs autres, que nous .traiterons principalement) peut avoir .une doublé utilité, d'aboid par la jus,tcffe d'esprit qu'elle donne & 1'habitude qu'elle fait contraéler de ne rien admettre fans des preuves évidentes & bien con. ftatées, par la marche fure & févere de propofer & de démontrcr les vérités qui en font 1'objet; enfuite par les applications nombreufes qu'on en peut faire . dans les fciences phyfiques & mécani. ques aux befoins les plus indispenfables . & les plus intéreffans de Ia Société. . C'eft ce doublé avantage qu'on fe propofe de retirer de 1'étude de la Géométrie, c'eft auffi celui que doivent procurer les Livres élémentaires, lorsqu'ils fout  Janv., Fev., Mars, 1784. gif foDt compofés non par des écrivains donc les connoilTances fe bornent ö ces rnêmes èlémtrjs, mais par des hommes d'un mérite transcendanc, & pour ainfi dire fu^ périeurs a leur profeffion. La plupart denosMathématiciensfonc encore foi tement attachés a 1'ordre dans lequel Euclide nous a propofé les vérités géométriques; M. ce Puyt en eft enthcufiasmé au point de regarder comme ud trés grand défaut de s'en éloigner le moins du monde. Quelque ridicule que puifie paroïtre ce préjugé, furtout pour un Mathématicien, qui de tous les favans eft celui auquel on devroit le plus appliquer ce mot connu tfELorace, Nullius addiiïus jurare in verba Magi/lrf. nous ne Ie combattrions pas, fi nous* n'étions pleinement convaincus par 1'expérience, que eet attachement mal fondé aux Elémens d'Euclide & 1'appareil trop fcientifique qui en réfulte, font réellement trés nuifibles aux progrès de la Géométrie, parmi un grand nombre de perfonnes, que cette ftérilité & cette Tme Pi. Part. F fechs-  82 NOUV. BlBLIOTH. BeLÖIQÜE. fechereffe apparentes efFraye & rébutè. D'un autre eóté nous fommes bien 3oin d'approuver une méthode qui femble adoptée par quelques Mathématiciens, de gliffer en quelque facon fur les démonftrations & de les rendre palpables plutót aux yeux qu'k Pesprit, afin de diminuer la prétendue aridicé des premiers élémens. Si 1'on ne fe propofe autre chofe que de remplir la mémoire des commenc/.ns de cette provifion de Vérités géométriques, dont on a befoin dans les Mathématiques mixtes, comme p. ex. dans la Mécanique, la Phyfique, &c. il vaudreit mieux, a notre avis, les propofer fimplement fans y ajouter ces pré^endues démonftrations. Nod, la Gêométrie a été regardée de tout tems, av.c raifon, comme le moyen le plus efficace, fi non pour former, du moins pour accoutumer les esprits k cette marehe lente & certaine de raifonnement, qui nous conduit k la vérité, qui nous empêehe de nous livrer k des illufions fanraftiques & de prendre les fruits de 1'imagination pour des vérités démon» erées. Nous ea appellons k fexpérience de  Janv., Fev., Mars, 1784. 83 de ceux qui ont cultivé la Géoméerie avec foin, qu'elle fournit Ia meilleure Logïque pratique, logiqüe bien fupérieure k celle de 1'école, dont les régies abftraites, pour être ingénieufes en elles mêmes, ne font que d'une trés ïnince utilité dans 1'application. La géométrie joignant 1'exemple au précepte, habitué I'esprit a raifonner jufte & è ne pas s'écarter de la véritable route. Et c'eft peut-être plutóc pour eet avantage, que les Grecs ont tanÉ chéri 1'étude de la géométrie, que pour les applications in= certaines & peü nombreufes qu'ils en pouvoient faire. II eft donc effende! de conferver k la géométrie ce précieux avantage, afin de pouvoir toujours Ia préfenter comme un modèle de juftefïe è; d'exaéïitude dans le raifonnement * cette maxime ne peut être contredite que par ces esprits laches & pareffeux9 qui ne veulent ni effayer leurs forcess ni perfeftionner leurs facultés intellectuelles. Mais nepeut-on obtenir eet avantage qu'en fuivant fervilement Ia marche d'Èuiïidè) &ns ófer toucher ni a 1'ordre ni F 2 au  84 Nouv. Biblioth. Belgiqub. au nombre de fes propofitions? Pour répondre è cette queftion nous remarquerons d'abord que l'cxaétitude ou la rigueur géométrique ne confifte pas dans 1'ordre felon lequel on propofe ies vérités géométriques, mais plutóc dans Ia clarté, 1'évidence des principes ou des définitions, & dans Ia méthode févère de n'admettre aucune propofition, qui ne découle pas immédiatement & évidemment de ces définitions, ou de propofitions antérieures, déduites de la mê« me manière; & que par conféquent tout ordrc, ou toute fuite de propofitions ok ces deux points font obfervés, doit être cenfée bonne,quant a la rigueur des démonftrations. Mais nous répondons encore a la queftion propofée par des foits* Un grand nombre d'excellens Géomêtres, de toute radon, fe font écartés de !a route d'Euclide, & nous ont donné des Elémens de Géométrie d'une fupériorité décidée & bien plus adaptés aux befoins aérue's des fciences mathémariques; il fuffit de citer parmi les modernes, MM, Bezm, Boffut, Simpfon, Knejincr & quelques autres, & ce ne feut  Janv.,,Fêv., Mars, 1784. S5 font pas lè, a coup für, des Géométres è faire des parologismes ou a nous donner des démorftrations vicieufts. Mais la médiocrité trouve fon profit a re pas s'écarter du chemin ordinaire, pour ne point fe perdre dans des tcrrcs inconnues, & elle tache de déguifer fa foiblelfe fous un inutile & pédaLtesque fatras. Venons aux motifs qui femblent devoir engager tout Mathématicien, qui fe voue k l'inftruétion publique,a ne pas fuivre avec les CommeDcans la route indiquée par Euclide. Dans les vingt fiècles qui fe font écoulés depuis que ce grand hommeacompofé fesElémens,les Mathématiques ont entièrement changé de face; les différentes parties des Mathématiques pures ou abftraites ont été tellement multipliées par les modernes, & font devenues d'une étendue fi confidérable que la Géométrie n'en fait plus qu'une petite partie. Les applications en font devenues immenfes tant par leur nombre que par la difirculté & la profondeur de la plupart d'enti'elles, & ce font ces applications qu'on en fait dans F 3 les  85 NOÜV. BIPLÏOTH. BfiLGIQUE. les fciences phyfiques & mécaniques, qui rendent les Mathématiques fi précieufes aux befains de la fociété & k la connoiffance de ia Nature. Aufiï la plüpart des jeunes gens, qui s'appliquent pendant quelque tems è 1'étude de la Géométrie, n'ont ils en vue que de fe procurer aflêz de connoiffances, pour entendre quelque partie de la Phyfique, ou pour les appliquer a quelque ufagé ütile ou lucratif. Or plus une fcience eft vafte, plus elle eft d'une utilité générale, plus aufïï il eft du devoir de ceux qui fe youent k 1'enfeigner, d'en faciliter 1'étude, autant que Ia nature d'une telle fcience le comporte, & autant qu'on peut Ie faire fans nuire k fa folidité; il faut donc ne pas efFrayer les commencans par des fubtilités inutiles Sc des longueurs accablantes; il importe fur. tout de leur donner du goüt pour une ëtude plus approfondie, en leur faifant entrevoir des applications heureufes Sc utiles de ces mêmes principes, en apparence fi ftériles & fi fecs. Mais en fuivaBt pas k pas la route tracée par Euöüde, on rencontre un grand nombre de SJP u: iX : Pro-  Janv., Ffiv., Mars, 1784. 87 Propoficions, furtout de ProblêmcSj qui ne font d'aucune utilïté dans 1'applicadon & qui ne s'y trouvent que pareequ'jls font autant de chaiuons de la chaine Euclidéënne. Si 1'on ne choifiifoit parmi la muldtude de vérités géométriqueSj que celles qai peuvent avoir leur application dans les autres parties des mathématiqueSj on racourciroit de beaucoup la chaine que doivent former les Elémens. C'eft auflï ce qu'on taché d'effeétuer les grands Céomêtres qui fe font éloignés de 1'ordre ó'Euclide, ils ont eu ainfi le doublé avantage de contribuer k 1'avancement de la faine Jogique, & d'épargner aux commer^ans un tems précieux, qui peut être employé avec plus d'udlité k d'autres parties des Mathématiques foit fimples, foit appliquées. Les plus zélés partifans des Elémens d'Euclide ne fort plus ufage des Livres compris entre le fixième & 1'onzieme, puisque 1'Algèbreles arenduinudles. Eh! pourquoi ne pas auflï préfenter les autres Livres fous une forme différente & plus convenable k nos befoins aétuels. Les Maehématiques n'ont elles F 4 pa?  $8 Noyv. Biblioth. Bblgioüe. pas affez de difflcultés, pour en faire naitres d'inutiles? Nous iconvenons fans peine que celui qui eft déja profond mathématicien, lira avec plaifir Euclide & les autres Géomêtres Grecs, donclesouvrages feront toujours des modèles o exadtitude & de fineffe de raifonnement, mais nous le répétons ni les commencans, niceux qui ne veulent point pousfer fort loin leurs études, ne doivent point débuter dans, la carrière par la lec ture de pareils ouvrages. Enfin, qu'on nous permette encore cecteréfleXIon. En n'occupant les commenSans qu'aux Mathématiques fimples li arnve qu'ordinairement ils les oublienc bientót après, paree que cette fcience abftraite, mais ftérile quand on ne la met point en pratique, leur devient parfa!tement inutile, au Iieu que fi 1'on joint èune étude fuffifante des élémens, une part,e de 1'Aftronomie, de la Mécanique pu de quelque autre partie des Mathématiques appliquées, le commencant fentira 1'utilité de ces principes, ii les gravera plus profondement dans 1'esprit, & ll fe trouvera a portéed'en faire des ap- • pit-  Janv., Fev., Mars, 1784. 8$ plications utiles dans les différens emplois qu'il fera appellé è remplir. Mais Ja plupurt des Inftituuurs font malbeureufcment fi peu au fait des fciences phyfico - mathématiques, qu'ils fe trouvent, pour leur propre intérêt, obligés de trainer en longueur leurs inftructions , & de fuivre les routes les plus tortucufes, afin de n'arrivcr pas trop vite au bout de leur Cours, qui eft auffi celui de leur fcience. L'Auteur de eet Extrait a parmi fes amis un Seigneur qui s'appliqua pendant fes études avec beaucoup de zèle aux mathématiques. Son maitre le retint cinq années a la Géométrie & a 1'Algèbrè, fans lui en avoir jamais indiqué la moindre applica* tion. Dégouté d'une fcience dont il ne retiroit aucune utilité, il négligé aujourd'hui les mathématiques éi les aura bientöx entierement cubliées. Combien 1'ignorance de pareils inftituteurs n'eft elle pas nuifible aux progrès des fciences & de 1'esprit humain! (a) Après (a) Nous prionsnos Lefteurs de confulter f{« les matières que nous venons de traite?, ' Fj  $>o Nouv. Biblioth. Belgiqub. Après ces reflexions générales, que Ie defir d'infpirer du goüt pour les Matnématiques nous a diétées, il eft tems de dire un mot de 1'ouvrage qui les a amerées. Mr. de Puyt ;'a deftinè aux Commencans. C'eft donc comme Livre Élémentaire qu'il doit être jugé. Dans la Préface nous trouvons une courte notice de la Vie & des Ecrits é'Euclide, Pénumération du nombre & du fujet des propofitions de chaque Livre; enfin une lifte des différentes édïtions Hollandoifes des Elêmens de eet Auteur. A eet étalage d'érudition alfez inutile, paree que tous ces détails font connus, I'Auteur auroit pu fublbtuer une expofition abrégée & philofophique de Ia méthode géométrique, & furtout une explication des termes dont-il fait ufage, comme par ex. Scbolium, Confetïarium, Corol' 1'Artide Géométrie dans les Elémens ie PhiloJophie de Mr d'Alembert, Mélang. de Littér. Tom. IV. & Ia Préface des Elémens de Géométrie (.Grondbeginselen der Meetkunde,) de M, Stecnjlm,  Janv., Fev., Mars, 1784. 9,1 Corollarium, Hypotbefis &c ; ces mots grecs & latins dont ïe Livre eft hériffé ne font pas connus fans doute des Coittmengans, & il n'étoit pas diffieile d'ailleurs de leur trouver des équivalens en i Hollandois. Comme M. de Puyt a fuivi & confervé fcrupuleufement 1'ordre & le nombre : des propofitions d'Euclide, il ne s'tftpas embarraffé d'épargner aux Com mencans la longueur qui en eft inféparable. Les, démonftrations des propofitions que nous , avons fuivies ne pêchent pas fans doute | par leur trop grande brièveté: nous rei connoiflbns cependant que cette métho: de peut avoir fon utilité è 1'égard des jeunes gens dont 1'espric eft un peu bor1 né, mais elle paroitra extrêmement en1 nuyeufe a d'autres. On trouve a la fin de 1'Ouvrage un j grand nombre de notes, deftinées a ! éclaircir les définitions & les propofitions 1 contenues dans ce Livre & è en montrer : les ufages. L'Auteur fe flatte que ces Notes feront utiles aux commengans; il bous permettra d'en douter. La plupart d'en-  n NOÜV. BlBLTOTH. BfiLGlQÜE. d entr elles font tirées des différensCommentaires fur Euclide, & furtout de celui de M Simfm, dont on retrouve icï des pages entjères. Mais comme elles renferment plus de discuffions hiftoriques & critiques fur les Elémens d'Euehde, qu'elles ne fervent ré élement k en éclaireir les propofitions, nous croyons que M. de Puyt auroit pu les abréger beaucoup, ou du moins les remplir de chofes plus utiles & néceffaires aux commenc^ns, auxquels il deftine ce Livre, déjè- bien volumineux pour des Eiémens de Géométrie. Nous palferions fous filence un étalage d'érudition bien déplacé è notre avis, qu'on rencontre dans ces notes, fi nous n'y avions pas defiré des réflexions propres a faire naitre dans 1'esprit des Commencans des notions claires & diftinftes, objet fi eflentiel dans les fciences mathématiques; mais ii nous paroit, & c'eft a regret que nous en faifons la remarque, il nous paroit que I'Auteur n'a pas lui même des notions bien diftinéles & philofophiques du fujet qu'il traite, & fes obfer-  Janv., Fev., Mars, 1784. 93 obfervations ne font guères propres è en donner de bien fkisfaifuntcs a ceux qui feront ufage de fon Livre. Le ftyle de ,cèt Ouvrage eft extréme* ment négligé & rempli de fautes esfentielles contre la langue, au point 1 de rendre 1'énoncé d'un grand nombre de propofitions obfcur & indéterminé. D'ailleurs la traduótion eft li littéralement calquée fur la verfion Latine, qu'on auroit de la peine k faifir difticciement plufieurs propofitions, fi elles n'étoient pas déjè connues d'ailleurs. Enfin, nous ne faurions le diflïmuler, nous avons été étrangement frappés de la publication de eet ouvrage, qui fe reffent fi peu des progrès que les fciences ont fait de nos jours, furtout après le bel exernple que M. Steenftra nous a donné de la manière dont on peut renI dre Euclide, uttle & facile aux Commen; cans. Dans un Volume bien moins épais ; que celui de M. de Puyt, il a fu renfer! mer une petite introducfion au Calcul Littéral, une Trigonométrie, & la doci trine des Logarithmes, avec un grand nom»  94 Nouv. Bièlioth. BelgiquÜ nombre d'applications è> d'exemples dè pratique, fans rien omettre de tout ce que les Elémens ó'Euclide önt d'utile. Aufli ne balangons nous pas un inftanc k préférer k ce Isivre celui de M. Steenftra (a), & k le recommander for°tement è tous' ceux de nos Gompatriotes qui defirent de s'infïruirê folidement & avec fruit dts mathématiques pures, lans être rebutés par un appareil fcientifique & par des longueurs abfolument inütiles; Nous regrettons, pour le bien des fciences, de n'avoir point è porter un jugement plus avantageux de eet Ouvrage de M. de Puyt. Nous ne craignons pas nêanmoins d'être accufés d'injuftice, puisque noüs n'avons rien avancé, dont ïl ne nous eut été facile de donner Ia preuve en détail, fi ]a maitiere étoit du telfort de tous nos Lcdleurs. Si les critiques d'un Journalifte font impartiales, elles" («) M. Steenftra, favant Mathéroaticien, eonnu tres avantageufeinent par plufieurs «cellens Ouvrages far I'Aftronomie, IaMéèamque,- & l'Hydraaliqoe,  Janv., Fev., Mars, 1784. 95 elles peuvent étre de la plus grande utilité è 1'avancement des Arts & des Sciences. Au contraire en accordant des éloges a des prouuétions médiocres, on fait une injuitice aux Auteurs de bons ouvrag s, qui méritent réellement des i louanges, & on n'encourage pas les auI tres è employer tous leurs talens, toute leur capacitê d'une manière plus avanta^eufe aux fciences & plus honorable pour eux mêmes. Enfin ces obferva, tions nous ont paru ■ 'autant plus nécesI faires, que Mr. de Puyt fe propofe de j publier dans la fuit? une traduétion des autr- s Livres ÜEuchdt, dont iln'a point i encore parlé. ARTI»  g6 Nouv. Bibltoth. Belgiqub. ARTICLE CINQÜIEME. Gedenkschriften, &c. C'eft-a-dire, MÉMOIRES Dü MaRQUTS DE PoM- bal, Tome I. gr. in 8°. de 212 . pages, aAmfterdam chez D. Schuurman 1784. Prix ƒ I - 5 - o Le Marquis de Pombol, premier Miniftre du Roi deTortugal, a joué un fi grand róle dans les affaires de 1'Europe, qu'on eft presque certain de trouver des L'tleurs, en tracant le tableau de la vie privée & publique de eet homme célèbre. L'Auteur des Mémoires que nous annoncons fe propofe de nous le faire connoitre de plus prés, de nous le répréfentcr avec tous fes vices, & toutes fes vertus, & de nous montrer dans le Mar-  Jaw., Fev., Mars» 1787. 97 Marquis de Pombal, finon 1'émule des Ximênès, des Sully, des Ricbelieu &de? Cbatbam, du moins un homme, dont le caraétère fingulier ne permec pas de le ranger dans la claife ordinaire des Miniftres d'Ecat, & dont par conféquent les moindres acüions ne fauroient être indiiférentes a la pofiérité. Malgré 1'impartialité dont I'Auteur fe pare, & dont il promet dans fa Préface de ne point s'écarter, on découvre aifément en lui un ami zé'é & chaud de eet ordre relïgieux, jadis fi redoutable, aujoürd'hui disperfé & anéanti, mais qui au premier inftant favorable reparoitroit peuc-être plus nombreux que jamais. Quoiqu'il en foit, il n'eft rien moins qu'adroit de lailfer appercevoir ce penchant, en écrivantl'Histoire du plus grand ennemi qu'eurent jamais les Jéfuites, „ Nous nevöulons „ point,dit-iI,offenfer les amis qui font „ reftés a ce miniftre, nous ne vou- lons point aufil ouvrir de nouveau le* „ playes des malheureufes viélimes de fa „ févérité". Le voilé donc jugé définitivement. Avant d'avoir lu 1'Ouvrage on fait que Tom VI Part. 1. G Pom-  Nouv. Biblioth. Belgique. Pembal fut févère, qu'il exerca deö cruautés infinies envers les malheureux Jéfuites, que ceuxci furent les innoceutes viétimes qu'il immola a fa haine contre leur Ordre, & è fon ambition. Quel' le impartialité! Mais cen'étoit pas alfez d'indiquer cette dispofition d'esprit, I'Auteur confacre une longue Préface a réfuter 1'Ecrivain d'un Ouvrage nouveau intitulé, Lettres fur l'état ancien 6f moderne du Portugal, oü le Miniftère & Ia perfonne du Marquis de Pombal font traités avec beaucoup de ménagement; il attaque même les Annaliftes de Florence, qui ont rendu, dans le tems, un compte avantageux de eet Ouvrage; quoiqu'il en foit, en bMmant leur prétendue partialité, il ne falloït pas donner fi lourdement dans le même excès. On a dit fi fouvent qu'un hiftorien doic être impartial, qu'il nedevroit avoir ni patrie ni religion pofitive, & cette regie effc fi naturelle, fi fimple, qu'il eft trés inutile de Ia répéter ic>. Quant è I'Auteur de ces Mémoires il paroit entièrement 1'avoir perdue de vue, & jamais cependant.cette regie n'eft-elle plus es- fen«  Janv., Fav.. Mars, 17*4. t*h fentielle que dans 1'hiftoire des événemens récens, qui ne font pas encore parfaitement éclaircis, ou dont les eaufes ne fauroient étre développées fans toucher a des objets refpeétables, & dont la poftérité fcule peut juger en dernier reliort. C'eft pour cette raifon, comme nous 1 'avons remarqué ailleurs, quel'Histoire de notre Patrie eft fi difficile & bien eenre, «Sc qu'il eft moralement impofiible d y garder ia févere neutralité qui feule diftingue 1'hiftoire de ces brochures éphémeres fi nombreufes de nos jours, oü 1'on cherche moins è établir Ja vérité, qu'a foutenir Ia caüfe qu'on a une fois embralfée. Sébaftien Jófepb de Carvalbo, longtems connu fous le nom du Comte d'Oeyras & plus célèbre encore depuis fous celui du Marquis de Pombal, étoit fils d'un Gentilhomme Portugais, trés mal partagé des biens de la fortune, qui demeuroit a Soura, gros bourg fous la jurisdief ion de Coimbre. II embrafia dans fa jeunefle 1'état militaire, mais le désagrément que lui caufa un paflb-droit injufte lui fit abandonner bientöt cette profes* 6 2 fiorv  ïoö No* tre genre de vie. II rechercha vivement 1'amitié de tous ceux qui avoient 1'oreille du Roi, & il s'appliqua de toutes fes forces k cultiver celle des Jéfuites, tout puilfans afors en Portugal. Dans les vifites fréquentes qu'il leur rendoit, il fe faifoit annoncer avec toute 1'humilité poffiblefous le nom du Jêjuitique, titre obferve I'Auteur, qui ne lui convenoit, que comme celui d'Africain è Scipion, mais dont toute la fagacité des bons Pères ne découvrit pas alors Ie véritable fens. C'étoit le vrai moyen de fe conciüef les bonnes graces du monarque. Jean V f émoignoit la plas haute vénération pour 1'ordre  Jajjv\. Fév., Mars, 1784. ioj 1'ordre entier des Jéfuites & furtout pour la perfonne du Pere Jean Baptifte Carboni, Napolitain, qu'il ne rougiffoit pas de nommer fon Ami» On voit affez, fans qu'il foit befoin d'en faire la remarque, que I'Auteur ne fe foucie gueres de don« ner une idéé fort avantageufe de fon Hésos. An contraire il en fait a chaque page le portrait le plus affreux, tandis qu'il ne lailTe échapper aucune occafion de célébrer les vertus, la piété, la modération des Compagnons de Jéfus. Ceuxci empioyerent tout leur crédit pour élever un hornme dont ils fe croyoient för, & qui leur montroit tant de refpefl: & de zèle. Cepecdant ó en croire nocre Auteur , ce tems même fut 1'époque de la haine que le Marquis concut contre les Jéfuites, dont il ne fe croyoit pas affez chaudement foutenu,mais qu'il avoit le plus grand intérêt a ménager. La mort de Jmn V arrivèe le 30 Juillet 1750 diffipa tous les obftacles qui s'étoient oppofés a fon élevation. II femble que depuis ce tems la fortune fe déclara pour Carvalbo. La Reine obtint pour fon protègé la charge de Sécrétaire des affaires G4 étran-  104 Noüv. Biblioth. Belgique; étrangères, & tous les Jéfuites applaudirent a ce choix, Le Roi Jofepb I étoit d'un caraöère foible, pufillanime, & extrêmement crédule; craignant toujours pour fa vie & pour fa couronne, il ne connoiffoit de vrais Amis que ceux qui montroient le zèle le plus minutieux autour de fa perfonne, enfin pour achever Ion esquifle, il ne faifoit rien fans confulter le Père Moreira fun confeffeur. Carvalbo ne tarda point è déméler le foible de fon Maitre, il vit que fa fortune dépendoit de la proteéVion de Moreira, auflï fe dévoua-t'il entièrement k fon fer. vice, & lè crédit de ce Père lui rendit quelques mois après fa place, qu'il avoit perdue par fa négligence. Les circonftances ne pouvoient être plus favorables dans le Miniftère pour fe faire un nom, & pour bien mériter de fa Patrie, qu'elles ne Pétoient lorsde 1'avénement de Jofepb I au tröne du Portugal. „ Ce Prince quoique pufillanime Se méfiant étoit cependant bon, & „ facile; il aimoit fon peuple, il écou„ toit volontiers les confeils qu'on lui ?, donnoit, enfin il étoit jaloux de fe faire  Janv., Fev., Mars, 1784. 105 „ faire un grand nom. Jamais on n'a„ voit vu tant de places vacantes dans „ les divers Départemens, jamais les Miniftres n'avoient-ils eu d'occalion fi „ favorables de favorifer leurs crèatures & leurs amis, depuis 1'année 1735 il ne s'étoit faite aucune promotion militaire. Les coffres du Roi étoient „ remplis, le voeu général de Ia Nation 3, demandoit la reftauraticn des manufaélures, le rétabliffement du commerce; on aspiroit après un gouvernement Dlus ferme & plus dècidé,qui s, tix&t Ie Royaume de 1'état de foiblefle j, oü il languiffoit fous le regne de Jeaa V. Ce Moüarque laiffa dans les dernièrcs années de fa vie flotter négligem„ ment les rênes de l'adminiftration, ac„ cablé de maux, & furtout d'une noire mélaneholie, il menoit plutöt Ia vie j, d'un moine que celle d'un Monarque; „ toujours aiax pieds des Autels, rare„ ment dans les Confeils, il confumoit „ fa vie a des pratiques & k des cérémonies religieufes, & ne fe mêloit „ guères des affaires d'Etat. Quelques „ mois avant fa mort il devint inlènfible G j „ aux  JOrÓ NöUV. BlBLTOTH. BeLGIQUS. „ auxplaifirs innocens de la fociété; iL s, fe faifoit porter chaque jour dans fa „ Chapelle, & Jè, affiftant avec la plus „ grande dévotion au fervice divin, il 3, méritoit le nom de Trés Fidelle que „ Ic Pape lui donna è fi jufte titre, pour récompenfe de tant de piété, de tant de zèle pour la religion Catholique, „ & de tant de préfens & de dons qu'il „ accorda aux Cloitrts & aux Eglifes, „ C'étoit ce même esprit de dévotion „ qui lui faifoit confulterun moinejdans les affaires même les plus épineufes, j, & les plus difficiles; le Père Gaspari, „ fon favori, étoit un homme refpec- tabte pour fa piété & fa candeur, mais. „ plus- propre è diriger les ames, qu'è „ former un grand Politique". " Ce tableau ne manque point d'intétèi, on defireroit feulement plus d'élévation & d'élégance dans le ftile; c'eft un objet fi important pour 1'hiftoire qu'on ne fauroit trop le recommander, celui dc I'Auteur des Mémoires eft trainant, diffus, ou d'une féchereffe infoutenable, nous nous afiurons que nos Lecfeurs qui entendent le Holfandois ne trouveront pas  Janv., Fjév.. Mars, 1784. 107 pas ce jugemeDt trop févere, s'ils fe donnent la peiae de parcourir eet ouvrage. Une hiftoire reffembleroit è une Gazerte fi 1'on ne cherchoit a en rendre 1'utilité plus dircóle par des réflexions politiques & morales qui développeht les caufes fecretes des acfions bumaines Sc en découvrent les fuites. Carvalbo s'appliqua férieufement a rétablir 1'ordre dans la Monarchie; de concert avec les autres Miniftres il s'occupa des finances, de la marine, du commerce & de la navigation, & fes foins furent bientót couronnés des plus heureux fuccès. Le Commerce reprit fon aftivité, une marine nombreufe & bien disciplinée fit refpedter le Pavillon Portugais, ék purgea les mers des Pirates qui 1'infestoient & qui désoloient la navigation marchande. Jl ne nêgligea pas les affaires étrangères: il renouvella les anciennes Alliances avec les Puilfances voifines, en particulier avec 1'Espagne; cependant 51 rencontra des obftacles infurmontables dans 1'exécution de deux projets qui lui tenoienr fort h coeur; le premier confiftoit a défendre aux Anglois l'exporta- tion  Jo8 NOUV. BlfiLtOTH. BÉLGIQUBrr tion de 1'or du Bréfil, le fecond étoit de coDcIftre avec les Espagnols le traité pour la cefilon de la Colonie du St.Sacrement, traité projetté depuis longtems, mais que 1'obftination des Colons a refufer de fe foumettre a ia domination Espagnole, & diverfes autres caufes ne permirent jamais d'accomplir. L'Auteur ne peut s'empêcher ici dereconnoitre que les Jéfuites ne contributrent pas peu è infpirer ces fentimens è la Colonie, quoiqu'il ajoute que ces fidelles fujets s'empresferent dans la fuite a faire exécuter la volonté de leur Souverain, auflïtöt qu'elle leur fut clairement manifeftée. On ne fait trop pourquoi I'Auteur fait mention d'un Edit publié è Lisbonne en 1751 contre certains Poliifous, qui s'étoient permis des plaifanteries bien déplacées contre quelques nouveaux ma> riés; cette anecdote eft abfolument iadigne de la majefté & de la gravité de 1'hiftoire, elle ne regarde qu'une licecce momentanee qui fut bientót réprimée, & d'ailleurs ces petits traits, intérelfans peut étre pour les contemporains, doivent disparoitre aux yeux de la poftérité pour ne  Janv., Fev., Mars, 1784. 100 ne laifTer voir que les grands événemens qui ont fixé la deftinée des Empires. Carvalbo fignala fon avénement aa miniftère par des loix plus mémorables, telles furent les Edits contre 1'autorité excelfive du St. Office; celui qui défendoit aux habitans du Bréfil d'envoyer leurs Filles en Portugal, fans la permiffion exprelfe duRoi,Ioi faiutaire & philofophique, paree qu'elle centribuoit 4 la population de cette Colonie, & qu'elle diminuoit le nombre des vidlimes de la fuperftition ou de 1'avidité. En effet fous prétexte de faire donner en Europe aux Filles une meilleure éducation qu'el: les n'en recevoient au Bréfi!, on peuploit les monafteres & les Couvens, & 1'on contraignoit fouvent ces Filles a embras! fer un état qu'elles déteftoient. Selon notre Auteur, Carvalbo ne négligeoit aucun moyen de s'icfinuer.de plus en plus dans les bonnes graces du ; Roi; la mort de la Reine Mcre lui laiffa , un champ libre pour 1'exécution de fes : defl'eins; il fut fi bien s'tmparer de Ia confiance du foible Jofeph, que ce Mo: narque ne faifoit rien fans Ie" cocfulter li  ?io Nouv. BiBLiom Belgious. .11 commenga dès lors a préparer les res* forts qu'il vouloit faire jouer un jour ! pour la deftrucfion des Jéfuites. Le fameux tremblement de terre dui Novembre 1755 qui renverfa Lisbonne de fond en comble & changea en peu de jours une ville fioriffante dans un amas confus de mafures & de ruines, donna occafion au Marquis de Pombal de déployer fon aétivité, fon zèle & fon huinanité. Secondant les vues paternelles du Monarque il maintint une police févère dans ces tems d'horreur & de deftru&ion; &quoiqu'en dife I'Auteur des Mémoires, il témoigna k fes malheureux compatriotes tout 1'intérêt qu'il prenoit a, leur fort, quoique lui-même eut le bonheur de voir fes polfeffions épargnées. Peut. être déploya t'-il trop de févérité envers ceux qui profitant des malheurs du tems s'en faifoient comme un titre pour piller & pour dévafter, mais quels hommes ou plutót quels monftres que ceux qui fe fe permettoient de pareils forfaits.' Quoiqu'il en foit nous ne prètendons pas nous ériger en apologiftes de la cruauté, mais notre Auteur charge fi fort fes couleurs, il  Janv., Fuv., Mars, 1784. ir» MOT il envifage les aéüons même les plas indiiférentes de fon Héros avec des yeux fi prévenus, qu'il eft permis fans douw, ne fut-ce que pour 1'honneur de l'humanité, de douter un peu de la véracitéde fon recit. Par la même raifon nous ne fuivrons pas notre Auteur dans les détails oü il entre des mefures que le Marquis dePombal prit pour hater la ruine & ia dcftruction des Jéfuites. Ces évenemens font encore fi récens, que la plupart de nos Lcéteurs en ont été les témoins oculaires. Quant aux caufes fecrettes qui ameoerent cette révolution, aux reflbrts qne 1'on fit agir pour 1'exécuter, nous renvoyons nosLefleurs foit k 1'Ouvrage même, s'ils veulent y trouver 1'apologie des jéfuites, foit è la brochure que M. A'Alembert publia dans le tems fur ce fujet, s'ils veulent s'en former des notions plus juftes & plus impartiales. Nous ferons connoitre les autres Vb. lumes de ces Mémoires auflit6t qu'ils nous feront parveuus.  112 NöW. BlBtlöTH. E&LQiqüSé ARTICLE SIXIEME. Hermamni Venbma Institutiones Hifioriae Ecclefize veteris éi? novi Tejtamenti. c'eft-4-dire. i.*H*istoire ecclésiastique du Vieux & du Nouveau Teflament Tom. VII, contenant VHifioire de la Réformatim, par M. H. Venema Profesfew a Franequer, avec une table de Matieres pour tous les Volumes, paf Mr. L. Meyer Pafieur de ÏEglife de Tvyfel. Leid. chez Luchimans & Leeuwarden chez Ttesling, in 40. 856 pages 1783. Prix ƒ 5 - o - o On adans le Journal, auquel le notre a pour ainfi dire fuccédé (a) rendu un compte fort avamageux du premier Volu- (a) Le plan des Auteurs de Ia Bibliothêque des Sciences £■? dis beaux Arts étoit plus  Janv., Fev.3 Mars, 1784. 113 Volume de cette Hilioire qui parut en J7?7- » Si nous difions", ainfi s'expri- moiect vatte que celui que nous avons cru devoir adopter. Ce Journal qu'on diftinguera toujours de la foule de ces Ecrits périodiques merts nés, qui pullulent aujourdhui, étoit rédigé par feu Monfieur de la Fite, Pafteur de 1'Eglife Walonne de la Haye, homme refpeétable s'il en fut jamais, & dont la méHioire fera en vénération & en bénédicïion. parmi les ames honnêtes & fenfibles Ce Littérateur tftimable a tous égards, & qui fflrement n'a point été affez regretté, joignoit i une mémoire prodigieufe, a" un favoir peu commun, une élocution facile & briljante. Dans Ie commerce de fa vie privée, ami für & fidelle, on ne pouvoit lui reprocher qu'un amour exceffif de la retraite & de 1'étude, mais ce reproche joftilre la haute opinion qu'on avoit concue de fes vertus & de fes talens. Comme Pafteur il remplit tous les devoirs de fon état avec une ferveur & un zèle exemplaires. ii fut nommé quelque tems avant fa mort Chapelain de L. a, % & R., & le féjour d'une Cour ne parut poiift étranger è un homme, qui paffa toute f» vie dans la folitude du Cabinet. ii fe coaTome PI. Part, 1. li  11% NOUV. BfBLIOTH. BeLGIQUE, ■ (*) Vo'y'ez Bibl. Belg. Tom. I.'p. 4 e, Lutber eut le courage de le donner, & bien-  Janv., Ff/v-, Mars, 1784.'ir7 bientót une partie de l'Allemagne adopta avec emprcffement une doctrine dont les principaux articles fe trouvoicrt abfolument oppofés aux erreurs qu'on appercevoic dans cclle de Rome, & aux fuperftitions dont on avoit défiguré la religion fimple & pure de J. C. L'Auteur retrace 1'hiftoire de cette Réformation en Allemagne depuis 1'année 15-19 jusqu'en 1553* On y trouve la vie de Lutber, le recit des obftaeles qu'il eut la force de combattre,'&'le bonheur de furmonter; viennent enfuite les premiers établiffemens Proteftans, enfin les divifions qui ne tarderent pas a éclater parmi les nouveaux convértis, & qui panagerent la religion proteftante en différentes feftes, dont les plus célèbres font la Réformée, & la Luthé» rienne, qui fe fousdivifent encore è 1'infini. Tous ces faits font fi connus, que nous abuferions de la patience de nos Lréteurs en y infiftant davantage. üe VAllemagne I'Auteur palfe a la Suede; la Réformation s'y introduifit en 1556, & y fut embralfée généralement en moins de deux ans fous les auspices H 3 da  zf$ Noüv. Biblioth. Belgioub, du Roi alors regnant Guftave Eric. Ge Monarque qui descendoit des anciens Rois Gots & de Charles Canut délivra deux fois fon Royaume , d'abori de 1'oppreffion oü la tenoit Cbriftiern II ce féroce Roi de Dannemarc, enfuite de la tyrannie qu'y exercoient les Moines. II fiic bien fecondé dans cette demière entreprife par deux hommes dont 1'histoire a confervé les noms, Olaus Pierre disciplé de Lutber, & Prédicateur h Holm, & Laurens Anderfon, qui fut depuis Sécrétaire de Guftave. Ce Roi avoit étó d'ailleurs lui même è portée d'entendre Lutber, du tems qu'il étoit exilé a Lubec, lorsque 1'ufurpateur Cbristiern occupoit fon tróne. S'il fut arden t a iutrodifire Ia Réformation dans fes Etats, il ne témoigna pas moins de prudence en rêprimant les excès auxquels certains esprits exaltés fe porterent contre les Catholiques; Cnopperdolling, Melcbior Rinkus & autres facatiques furent chaffés de fon Royaume, enfin il ne voulut ufer d'aucun moyec, de contrainte pour faire recevoir la nouvelle dcéh-ine; il fic imprimer & répandre la Bibls  Janv., Fiiv., Mars, 1784. 110 Bible traduite en Suédois, paf Olaus Pierre, & ilordonna une espècedeColJoque, femblable k celui qui fe tint depuis è Poifiy, oü un Profefieur en Théologie nommé Pierre Gallei foutint le parti des Catholiques contre Olaus,maïs ce dernier, comme on peut bien le croire, remporta une vicloire facile. Dans une Affemblée des Etats du Royaume tenue en 1527, il fit publier plufieurs Edits lélatifs k la réformation du culte religieux, a 1'extinélion des abus qui s'étoient gliffés dans 1'Eglife, furtout il n'oublia pas d'enlever au Clergé des tréfors inutiles & dangereux, & en lui laiffant le fimple néceffaire, il appliqua leurs richeffes k des ufages plus utiles, & les fit fervir è des vues plus nobles, au bien de fon peuple. Cet cxemple, on le fait, a été fuivi de nos jours par un grand monarque, il fut en Suède 1« premier pas vers Ia réformation; puilde Ie parallele fe foutenir dans toute fon étendue! Plufieurs Eccléfiaftiques diftingués quitterent le Royaume a cette époque; un d'eux, Jean Magnus, Archevêque iïUpfal, is'échappa"' & kemporta H 4 avec  tioNovv. BrBLlOTH. Bewiqub. avae lui les papiers les plus fecrets & les archives de la Suède, il s'en fervit pour la confeétion de fon Hit. toire des Gatbs, qu'il écrivit è Rome, oh il s'étoit retiré. (a) Ainfi ce qui en d'autres pays fut 1'ouvrage de plus d'un fiècle, s'exécuta en moins de deux ans en Suède, & chofe bien rare en fait de réformation, il n'en coftca Ia vie ni la liberté i perfonne. Par une finguliere conformité après 80 ans d'abaiffement le Roi de Suède a de nos jours rétabli auflï heureufement les prérogatives de la couronne; en moins de huit jours il rentra dans tous les droits qu'on avoit ufur» pé fur fes ayeu*, & cela fans répandre une goute de fang. Pourquoi les Anna- les (a) Ce n'eft point Jéan, mais fon Frère Ohus Magnus qui écrivit Vbiftoire des Maeurs, ies Cowumes 6? des Guerres des Peuples du Septtntrion. Cet Olaus parut avec éclat «u Coucile de Trepte en 1546; deux ant juparavant il avoit fuccédé a fon Frère dans l'Archevêché d'Upfal. Note du Journalijle,  Janv., Fav., Mars, 1784. 121 les n'offrent-elles quo fi rarement de pareils exemples! Après avoir tracé en abrégé 1'hiftoire de la Réformation de Luther, I'Auteur paffe k 1'expofition de celle dont Jean Calvin fut auteur, ce qui 1'amene naturellement k la réformation de la Suijfe, des Provinces Unies, & de l'Angleterre. L'Hiftoire Eccléfiaftique de cette première République eft accompagnée d'un précis trés intéreffant de Ia vie de Calvin, dont M. Venema paroit faire le plus grand cas, quoiqu'il ne fe diflimule pas les défauts de ce Réformateur, qui étoit fouvent trop emporté & trop enclin k la colère (nimis fervide zelota) fes Ouvrages font dans les mains de tous les Théologiens; a une pénétrat-ion d'es. prit admirable,a une grande délicateffe, il joignoit une érudition profonde, fon ftyle eft d'une élégance bien rare pour fon fiècle & pour fon état, on diroit un homme nourri des chefs - d'ceuvre des anciens. Le morceau qui traite de Ia Réformation des Pays-Bas eft fi bien fait, fi fi intéreffant, que nous ne faurions asH 5 fez  «as- Nouv> BïBLiflT-ij, Belgiqije. fez exhorcer üos< Cornpatrióces è le lire & è le méiiter: il fera fur;couc, d'une trés grande utijité pour nos jeunes Candidats en Théologie, qui nJauront jamais eu de guide plus fur & pius-agréable. Ce qui bous paroit le caracfére djftinétif de cec Ouvrage, c'eft Part avec lequel I'Auteur fait préfenter en. peu de, lignes plufieurs événemens mémorables, d'une facon qui pour être trés abrégêe n'en donne pas moins les idéés, les plus claires & les plus fatisfaifantcs; tel eft le grand mérite des ouvrages élémentaires, tel eft Je hut que doivent fe prescrire tous ceux qui écrivent pour la jeuneffe'. Mr. Vemma en le- rempliffarit eft bien fór de trouver des Leétears dans une claffe plus relevée. L'Auteur paffe affez légérement fur PHiftoire de la réformation de la Hongric, & de la Tranfilvanie, qui ne préfente gueres de révolutions bien intéresfantes; la Religion Proteftante y fut longtesis cruellement perfécutée, tolóróe erfuite, & Pon ne commenca qu'au dixfeptième fiècle è en faire une'confeffioo. publique & autentiqus. . Après avoir d-it un  Jaw., Fev., Mars, 1784. 221 un mot des Frères Moraves, & de I* Réformation en Polopre, M. I emmat arrivé enfin k une époque p'us intér ■> fante, celle de la réforniifon en Frn* ce. Cet événement eft d'.Uint plus? digne de mémoire, qu'en France, pitiS: peut-être que partout aiileurs, la réformation a eu la plus grande influer.ee für les affaires politiques, & que c'eft elle-. qui a frayé la route aux progrès qu-. 1'on a fait depuis dans les Arts & dans les.; Sciences, paree qu'elle rendit plus. univerfel cet esprit de recherche & d'analife, qui feul allure des fuccès conflaas & folides. L'Auteur ne parle point du tout de 1'hiftoire de la réformation en Italië, renvoye avec une rare modeftie è un ouvrage moderne, intitulé Hijtoria Evcrngelii renomtiy du Profefleur Gerdes. Après ce qu'on pourroit appeller 1'histoire générale de la Réformation, M, Venema nous expofe avec plus de détail celles des fcétes particulières qui fe formerent dans le fein du Proteftantisms. La première eft eclte des Msmnonites ainfi, nomméod'ua fameux S él ure Hoh lan-  124 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQÜB. landois du feizieme fiècle, appellé Mem» no Simons. Les Memnonites de cePays font encore partagés en différentes clasfes, comme les Waterlanders ou les Memnonires rigides, les Flamands, les Frifons &c. &c. L'Auteur expofe avec beau. coup de netteté les articles de leur croyance, d'abord ceux qui les diftinguent des autres feöes Chrètiennes, ei qui leur font communs k tous; il traite enfuite eu peu de mots des opinions particulieres de chaque ftcfe. Sur tous ces détails, que les bornes oü nous devons nous renferroer, ne nous permettent pas même d'indiquer, I'Auteur obferve Ia plus exacte impartialité. Hiftorien fidelle des écarts de 1'imagination & d'une dévotion outrée il ne fe permet aucune de ces inveétives fi famiiieres aux Théologiens de toutes les communions, lorsqu'il s'agit d'expofer les dogmes de leurs adverfaires. L'aigreur des disputes de religion ne palfe point k fon ftyle, qui eft fimple, naturel, en un mot celui de la chofe. M. Vmema nous donne enfuite des détails lort fatiff aifacs fur la vie, les écrits &  Janv, F£v., Mars, 1784. 125 & les opinions d'un certain David George, qui au feizieme fiècle fut le fondateur d'une feéte, qui d'après fon nom fut appellée la Sefte Davidienr.e : c'étoit une espè'ce d'enthoufiafte qui ne feroit aujourd hui que ridicule, mais dont les erreurs étoient contagieufes au tems eb. il vivoit; d'ailleurs fes moeurs extrêmement corrompues, f'affreufe licence qu'il autorifoit & dont il donnoit 1'exemple, firent bientót tomber en discrédit & fa perfonne & fes fentimens. Tel eft 1'empire de la vertu, que 1'erreur même ne peut fe dispenfer d'en offrir au moins les apparences. Viennent les Anti Trinxtalres dont Ie malheureux mais imprudent Micbel Sef vet fut le premier fecfatcur. L'Auteur nous donne ici 1'hiftoire abrégée de fa vie d'après M. de la Rocbe (a) & Mosbeim. Vdentin Gentil, Matbieu Gribaldus, Jean Paul Alciats George Blandrata, Francais Davidis, Jean Sylvanus Adam Ntufenus font encore fameus; parmi O) Bibl. Jngl. Tm. II.  f 2ire,comrne que 1'indique le tïtre, a été prélencé par I'Auteur, au Magiftrat de la Haye, le 21 Janvier de cette année. Tom. Vh Part. 1. I Vu  i$o Nouv. Biblioth. Belcidus. • Un particulier de cette Ville, membre de 1'Eglife Luthérienne, foutient depuis plufieurs années un proces que lui intenta fcandaleufement fon Epoufe; il ne s'agiflbit pas moins que d'une féparation de corps & de biens. L'affaire a été portée de Tribunaux en Tribunaux; enfin le Haut Confejl oü elle eft dévolue en dernier reflbrt, avant de la terminer définitivement, a jugé è propos d'ordonner a 1'Epoufe de prouver la vémé de plufieurs alfertions qui ont été faitespar elle au procés, c'eft ce qu'on nomme en Hollande, un jugement interlocutoire. Pour s'y conformer & pour prouver ces alfertions, 1'Epoufe a cru devoir fe munir du témoignage de M. Rütz, qui felon elle avoit été témoin de plufieurs chofes, & favoit certainei particularités eflentielles au procés, particularités qui lui avoient jadis été confiées par le Mari, fous le fceau dufecret 4? comme d fon pafteur. M. Rutz ayant refufé de fatisfaire k cette demande, s'eft vu cité devant le Haut Confeil, pour y répondre aux queftions qui lui feroient faites de la part de  Janv., Fêv., Mars, 1784. «31 de 1'Epoufe; mais ce Pafteur s'eft rédamé du Magiftrat de la Haye, comme de fon feul juge compétent en première inftance, & c'eft lk oü 1'Epoufe vient de porter 1'affaire. L'objet de ce Mémoire Jujiificatif eft donc de prouver qu'un Pafteur n'eft pas obligé de révêler eu juftice des fecrets confiés k fa religion. Après bien des détails, des divifions & des fous divifions, après avoir montré un peu longuement de quoi il n'eft pas queftion ici, I'Auteur entre en matière k Ia page 37 de fon Ouvrage. II appuye fa thèfe fur cinq raifons principales dont nous allons donner le précis, avec toute la concifion pofiible. L'Auteur fe fonde 1°. fur le véritable but de la Ioi qui permet k un Magistrat d'obliger en certains cas les particuliers k répondre en juftice - fur le danger qui réfulteroit pour la fociété, de 1'application illimitée de cette Ioi, fpé. cialement k 1'égard des Miniftres, fur 1'analogie du Droit Romain. Et d'abord cette Loi qui oblige les fujets è répondre en juftice, quoiqu'elle xépugne a Ia liberté naturelle, eft une 1 2 Ioi  ï3£ Nouv. Biblioth. Belgiqüb. Ioi fage, néceffaire & unie, mais comïnc toutes les autres elle admet des exceptions, dans tous les cas, öii fon exécution rigoureufe & littérale produiroit plus de mal que de bien; dans les cas oü 1'avantage d'un particulier fe trouve contrebalancé par celui de la fociété entière, enfin dans les cas oü loin de produire quelque bien, elle ne ferviroit qu'a faire perdre la confiance néceffaire que certaines perfonnes ont droit d'exiger, & a les rendre des traitres & des délateurs. Les Loix Romaines admettent aulïï ces exceptions. Témoin la Loi 9 de Testibus. Tejtis idoneus pater filio aut filius patri non ejl; La Loi 6 au Code, eod. Parentes &? liberi invicem adverfus fe% nee volentes, ai tejtimonium admittendi funt. II eft de fait encore qu'on ne peut obliger un Avocat è répondre en juftice dans une caufe oh il a été employé, la même chofe a ücu a 1'égard des Médecins & des Cbirurgiem, pourquoi les Ministres de 1'Evangile ne jouiroient ils pas de la même exemption? On fent aifêmen: que I'Auteur excepte les cas oü il impor•' ■ te  Janv., Few., Mars, 1784. 133 te a la fociété entière que des fecrets confiés a un Pafteur foient connus & publiés,* comme par ex. dans les cas de haute trahifon, de crime de Lèfe-lYLv jefté & autres. Mais dans tout autre cas il eft de 1'intérèc dircél de la ibciétè d'exempter un Pafteur de la dure néceffité de révêler des fecrets qui lui ont été confiés en cette qualité, le nier ce feroit détruire abfolument 1'infiuence fi utile qu'un Pafteur eftimable doit avoir fur Pesprit de fon troupeau, & cette Öernicre confidération eft de plusdeforce encore a Pégard des Luthériens,- puisque les membres de cette communion attribuent a la confeffion une vertu & une faintité, qu'un Pafteur doit rcfpcéter plus fcrupuleufement encore, que dans les feétes, oü Pon n'attache pas au miniftère Evangélique tine. pareille importance. Le droit Canon vient encore a Pappui du fyftême de I'Auteur, nous ne fe. rons qu'indiquer les palfages Can. 1. Dift. 6. de poeniteniia; Cap. 12. extra de poenitentia, Cap. 2. extra de officio judk. ordinar. Ces Loix n'ont aucune autoI 3 rite  *34 Nouv. Buslioth. Belgiqüï. rité dans un pays Proteftant, oü 1'on ne croit point è la confeffion auriculaire, mais felon d'habiles Jurisconfultes d'autre eurent Je fuccès ordinaire de ces fortes de disputés. Ils ne convertirent perfonne. Chacun refta dans 1'opirjion favorable k fes intéréts. La Compagnie d'Ofterjde continua fon commerce. Les avantages qu'el-  Janv., F£v., Mars, 1784. 15c qu'elle en tira fervirent k 1'affermir dans fes idéés encore plus que les belles dis. fertations écrites pour fa défenfe. Cette obftination augmenta la jaloufie & 1'anniofité du parti contraire. L'Angleterre crut y voir fes intéréts compromis aufü bien que les Pays-Bas Unis: accoutumée k jaloufer tous les Pays qui cherchoient a fonder un commerce maridme, elle s'alfoeia aux Etats contre la compagnie d'Oftende. Ces deux puiffances commencerent par défendre a leurs fujetsd'y prendre part: mais le bien de 1'Etat parle envain quand 1'intérêt particulier fe fait entendre; la Compagnie d'Oftende ne tarda pas a voir fon capital rempli & fes aétions enlcvées. Son fuccès fut tel que, dans les quatre premières antiées elle envoya régulièrement chaque année, trois ou quatreVaiifeaux aux Indes Orientales. Les Etats Généraux en furent tellement irrités, qu'ils allerent chercher des ennemis k la nouvelle Compagnie jiasqu'en Espagne. Ils engagerent le Roi è fe déclarer formellement contre les prétentions des Pays-Bas Autrichiens. II porta la complaifance jusqu'a faire paifer K 4  «52 Nou»/. BlBLIOTS. BELGIQU2; au mois d'Aont 1724 une répréfentatioa a ce fujet au Roi de la Grande Bretagne, qui n'avoit gueres befoin d'un pareil aiguillon. Le monarque Espagnol ne s'en tint pas la. II voulut que cette affaire fut portée au Congrès deCambray pour que la nouvelle Compagnie y fut fupprimée folemnellement". Ce ne fut cependant qu'en 1727, que les puiffances intéreffées obtinrent par Ia médiation du Cardinal de Fleury, que le commerce d'Oftende Sc des Indes-Orien. tales feroit fuspendu durant dix ans, & que celui des Francois, des Anglois & des Hollandois feroit rétabli fur Ie pied oüil étoit avant 1725. Néammoinspar ï • fia rieme de ^31 Ia Compa. gnie d Oftende fut entierement abolie ? bien que des particuliers continuafW jusqu'en 1743 è faire ce commerce fécrettement, les Etats obligerent 1'Em. percur, k interdire k fes fujets d'emprunter des pavillons étrangers, ou de recounr è quelque autre reffource pour contmuer Ie commerce des Indes.„C'eft Pal'pf AAütT» qUe Ies »ans des Pays-Bas Autncbjens furent réccmpen- fés  Janv., Fev., Mars, 1784. 153 fés de leur attachement è leurs anciens Souverains. C'eft ainfi que leur Prince fe vic obligé de faire a leur préjudicedes ceflions h un peuple qui avoit fecoué la domination de fes prédéceffeurs". Notre but n'étant pas de fuivre I'Auteur dans les différentes parties de fon Hiftoire, nous nous dispenferons d'entrer dans aucun détail fur les événemens , qui amenerent, accompagnerent & fin", virent le rétabliffement du Stadhoudérat dans la maifon des Princes d'Orange, & que 1'on trouve confignés dans ce Volume, d'après Wagenaar & les écrits du tems. Cette révolution préparée de longue main , vérifia en partie ce quel'Abbé de Ville avoit dit a quelques Magiftrats. Ce nefera pas vous, ce fera nous qui vous donner ons un maitre; on ne fauroit nier en effet que la guerre pour la fuccefiion de 1'Empereur Cbarles VI n'ait hatée 1'accompliflement de cette nouvelle forme de Gouvernement, fi defirée des uns, & fi redoutée des autres. Quoiqu'il en foit le Stadhoudérat fut déclaré unique & héréditaire, même dans la ligne féminine , quoiqu'a ce dernier égard fous de K 5 eer-  f54 Nouv. Biblïoth. Belöiqüe. eertaines reftriétions. Guillaume IV ne jouit pas longtems de fon élévation; depuis la maladie qu'il avoit efluyée en 1748, fa fanté étoit toujours languiffante. Les eaux d'Aix la Cbapelle ne 1'avoient pas rétablie, la fièvre le prit; fes forces diminuerent fi fenfiblement que le vendredi 22 0ér.obre 1751 il expira a 1'aged'un peu plus de quarante ans entre les bras du Baron de Grovefiin. Voici le portrait que I'Auteur nous tracé de ce Prince. Guillaume iV avoit dans ia phifionomie quelque chofe de noble & d'affable, qui lui concilioit 1'amour & le refpect II .étoit profondé» ment verfé dans plufieurs fciences ab. ftraites & furtout dans 1'hiftoire de fon pays. 11 convenoit de bonne foi des défauts comme des vertus de fes prédéceffeurs. Outre fa langue materneile il parloit avec facilité le Lstin, le Francois, 1'Anglois & 1'Allemand. II avoit une mémoire fi heureufe, qu'il répondoit fouvent, article par article, h de tres longs discours. II n'eut jamais occafion de déployer les talens qu'il pouvoit avoir pour la guerre. Son zèle pour la  Janv., Fev., Mars, 1784. 15$ la Religion réformée dans laquelle il avoit été élevé, ne Pempêchoit pas deporter bien loin les maximes falutaires de la tolérance. II donnoit fa confiance & les eroplois aux Rémonftrans & aux Anabaptiftcs, ainfi qu'aux Réformés. II étoit compatiffant & généreux. II déteftoit les moeurs corrompues: ce qui ne Pempêchoit point de porter une gaiété décente dans les compagnies. 11 déclaroit fouvent qu'il ne defiroit que de rétablir les affaires de PEtat fur un pied folide, & que fon grand objet étoit de rendre a la République fon ancien éclat. II faut avouer en effet que les circonftances firent plus pour lui qu'il n'auroit fait lui même. On doit même avoir la juftice de convenir que les irrégularités venues dans ces troubles de la Cour Stadhoudériennc partoient moins de lui que d'une multitude de laches flatteurs qui Pobfédoient pour s'élever par fa faveur. Quoi* qu'on ne puiffe lui attKjbuer Pambition adroite de Guillaume III, on ne peut s'empêcher de trouver beaucoup de resfemblance dans leur fituation. Tous deux naquirent après la mort de leur Père;  i5t Nouv. Biblioth. Belgioue. Père; tous deux étoient d'une foible conilitution : tous deux époufèrent desPrincefles Angloifes: tous deux furent rétablis aux dignités de leurs ancêtres par des faétions puilfantes, élevées également dans des guerres malheureufes & funeftes k 1'Etat; 1'avancement de 1'un & de 1'autre fut également le fruit des mouvemens populaires, & ces mouvemens prirent également nailfance k Veste". Ce Volume eft terminé par un Etat des Forces, des Finances, de la Navigagation, du Commerce, des Arts & des moeurs de la Nation Hollandoife durant ce demi fiècle. Ce précis nous a paru fait k la hdte, trés fuperficiel, &erroné même en quelques endroits, ces défauts font caufés peut-être par les désagrémens inouis &? les cbaines odieufes que l'aviditê typograpbique a impofées k I'Auteur, & dont il fe plaint amèrement ó la fin de ce Volume, En méditant plus mürement ce fujet intéreffant, la feule partie des Arts & des Sciences lui auroit fourni une matière auffi ample que curieufe. Nous nous étonnons qu'il n'ait pas fait men-  Janv., Fëv., Mars, 1784. t«? meotion de plufieurs Savans qui illustrerent la Hollande pendant cette époque, il ne nomme que Boerbave, Aïïnnus, Van Svoieten, de Haan £ƒ Wagenaar, il oublie 1'établiffement de la Société des Sciences de Haarlem, qui a tant contribuée a. donner aux Hollandois le goüt des fciences utiles; mais ne pouflbns pas p'us loin ces obfervations, qui feront Ie fujet d'un ouvrage que nous préfenterons bientót au public; I'Auteur désarme d'ailleurs le critique le plus févère, en lui répondant nous ne pmfions guere que cet ouvrage eut ajjez de mérite pour qu'on put mettre quelque importance aux erreurs qui pouvoient s'y trouver (a). (o) Voyez la Préface de ce Volume. ARTICLE  Ï58 Nouv. BlBLIOTH. BELGIQU8. ARTICLE NEUVIEME. P O Ê S I E S. D. M. J A N I G R O T I I. cantata mihi Burmaani funera vatis, Carmina, Geotiadê, funt quoque danda tibi. Quis vel amicitia vixft te carior alter, Vel magïs in patriata par pietate viro? Adde quod Aonidum vaftum maris aequor aranti Rapta in utroque meae fit Cynofura ratf. Tramite vos primi jusfiftis pergere coepto, Atque aliquid Iufus efle putare meos, Dignati toties citharae juveniübus orfis Emendatrices adpticuifle manus. Cur igitur fimilis non tangat pectora Jucrus, Perfephones Petroquatn fubeuntedomos? Gloria quum tenui füblata fit altera Mufae, Et mihi in adverfa forte fidele caput. Quera  Janv., Fev., Mars, 178/. 15*9 Qiiem novi, unanimis Fato turbante hymenaei Gaudia, faepe meis ingemuifle malis. Debuit hic cumulus reliquls aecedere curis. Ut mihi lugendus tam cito, Jake , fores? Ut qui, vere novo quum Chloridos alma redibunt Regna, & Byperboreo terra erit orba gelu, Sperabam exigui vivo tibi dona Übelli Ferre, feram trifti dona fuprema rogo? Dona quidem luxu vanoque carerstia faftu, At domini lacrymis dona rigata pii. Et, licet infomni multo fudata labore, Parva tarnen magnae pignora triftitiae. Asperanam, Groti, te poftquam fata tulerunt, Non mihi luce venit, non mihi noéle, quies. Nulla juvant animum folatia, gaudia nulla, Tempore praeterito quae placuere, placent," Pene etiam fordet, fieriquod pofTe negabam, Albius ingenio Virgiliusque meo. Una tuae relegens modulamina dulcia vecae Tam cultae doleo fila tacere lyrae. Nee tantum proprios conmuniincladedolores Conqueror & privae damna geinen da rei. , In fua te mecum deplorat conmoda natum Atrataque Themis corpora vefle tegit. Te mecum Latiae deplorant, Jane, Ca» moenae, Praefes & Aonü pulchef Apollo chori. Liber-  zóo Nouv. Bibltoth. Belgique^ Libertas animos tibi faepe in carmina fubdens Cuitori exfequias it miferanda fuo. Atque uitnam judo potuiflent numina quetïu A Stygis obfcuro te revocare fpecu* At prece non Orpheus rediit Phagtonve paren tis, SitHeetiiie Jovis, fit licet iile, nepos. Sed quid ego Elyfia doleo te fede receptunï, Umbra ubi jam nullis exagftata malis? Felix, qui patriae praereptus forte ruinae Gaudia agis folis cognita coelitibus. Nos vero infauftos, rerum quos turbine verfat Et defiderio Sors iaimica tui. Non tarnen ex omni tu nobis parte perifti, Non tumuli totus praeda vorantis eris. Auguror, Aufonii Santenus carminis arte Aemulus, invidiae fed fine felle, tibi, Officium ferale pius perfolvet amico, Quaque poteft fati vincere jura dabit. Non Pariis ftatuet monumenta infignia faxis, Infcribet tumidis non monumenta notis. Colliget iile lyrae, quis otia rara terebas , Fragtnina, vix variis invenienda locis. Hts vives, tua femper in his fpirabit imago; Haec tibi pro titulis, haec tibi marmor erunt. H. HQEUFFT. DE  Janv., Fev., Maks, 1784. 161 DE LYCIDA et NEAERA, Hiftoriam vide in Pope fs Lettere* to and from Mr. Gay N*. 6» Diviciisquepotens & fertilis ubere glebae Angiica qua tollit fiu&ibus ora caput; Aequales inter, velut inter fidera Phoebe, Et fortnae & morum clara Neaeta bonis,. Et Lycidas, quo non paftorum dignior ullu» Virgine, contiguas incoluere domos.. Sed propior jam tuncfociabatcopuiamafKCT,. Reptabant patrios quum fimul ante Dcdes. Qui puero lufus, lufus placuere puellas, Et, nifi conjunctos, gaudia nulla juvant». Idem erat ambobus creseentibus ardor in an~ nis, Qui teneris, idem nee tarnen ardor erar.. Amplefti nullo quam fueverat ante ruborc,- Sentit ab adfpe&a jam rubuifle genïs. Quumque loqui tencat, vox interclufa refiiïitj, Infolitusque quattt frigida membra tremor, lila, verecundos oculos dejefta, tumultus Diflimulat juvenis, diffimulatque. fuos. Tarnt VI. Part i. L Danec  ?6z No'^v. Biblioth.'Belgiquè. Donec amatori manifefto certa favoris Pauilatim nutu figna loquace dedit. Inftabatque dies, laeta quo mente parabant Foedera legitimi concelebrare tori. Forte fed, Aurora noctis pellente tenebras, Conjunctos agitant nota per arva greges; Et modo, dura refonis Echorefpondetab antris, Dulcifonis inplent cantibus omnenemus; Et modo bafiolis rumpentes carmina, jam jam Praecipiunt animo gaudia milie fuo; Undique quum nigris denfatur nubibus aether, Fulguraque horrendo mixfa fragore micant, Nee mora; fub f3gi dum vitant frondibusimbrem, Perforat ambobus flamma trifulca Iatus. Vifus adhuc moriens defendere ab igne puellam Mortuaque amplexu membra fovere fuo. Defunétos, miferata genus lacrymabile mortis, Moeruit haud ficcis Anglia tota genis. Juftaque perfolvit fociis vicina juventus, Oflfaque conpofuit, quoperiere, loco. Manibus & fagi flatuens fub tegmine buftuia Incidit teneris taüa corticibus: Quisquis amas, myrti fragrantes fparge coroilas, i Ede pio gemitus peftore, quisquis amas. Una morte duos rapuit quos fulminis iclus, . Conditur hic Lyeidae junfla Neaera fuo. - S«d  Janv., Fev.j Mars, 1784. t6$ Sed tarnen hoe melius, disrupto foedere quam fi Alteruter flefTet funus amantis atnans. Vivere praereptis thalamis fi denique vitaeft,, Certe praecipiti triftior illa nece eft. ?, H. HOEUFFT. L z STAN:  ify. Nouv. Biblioth. Belgiqub. S T A N C £ S jf^Lmitiél pafllon des coeurs vrais & fenfibles, Que tes plaifirs font purs, qu'ils font doux & paifibles! De defirs infenfcs 1'amour nous fait brüler, 11 embrafe nos fens, tu les fais modérer. L'Amour porte en tout lieu le plaifir fur fes alles, II n'aime que des coeurs i fon culte fidelles: Toi! divine Amitié! dans nos plus grands malheurs, On te voit toujours prête i calmer nos douleurs, Partager d'un Ami les revers, Ia disgrace, Quelquefois d'un ingrat chercher ericor la tracé, Le fuïvre, l'embrafler, lui pardonner, 1'aimer, A force de bienfaits a toi le ramener, O divine Amitié, pafllon-du vrai fage, C'eft Ia ton carattère & ton fublime ouvrage, L'Amour SUR L'A Mini.  Jasjv., Fev., Mars, 1784. l6s L'Amour comme un tiran regne feul fur nos coeurs, II ne partage point fes cruelles faveurs, Jaloux de fes autels, qu'aveugle 1'on encenfe, II veut tout affervir a fon obéiflance; Refpectable Amitié, quand on connoit tes Loix, Desvertus, du devoir, onhonore la voix. Animé de tes feux on fert mieux la Patrie; Tu nous fais écouter cette voix fi chérie, Le cri de Ia Nature & de 1'Humanité , De tous les coeurs bien nés fans cefTe révérè. Enfin fi de 1'Amour on chante la puifTance, Si 1'amant fur fa lyre, avec reconnoiflance, Célèbre les appas des Philis, des Mirté, Ou langoureufement déplore leur fierté; A de plus grands objets, Amitié! tu m'appelie, Le charme de 1'étude en mon coeur étincelle, Vaime è communiquer mes travaux, mes progrès, Etplairei mon Ami me tient lieu de fuccès. Tobferve la nature & veux connoitre 1'homme, je méditeles Loix de la fuperbe Rome, De ce peuple poli, formé par les beaux Arts, Eclairant 1'üdiVeis fous 1'aigle des Céfars. Le Compas de Newton, la fphère d'Uratue, Leurs fublimes lecons élevent mon génie, Et Caftor & Pollux, placés au haut des Cieux, De ton culte, Amitié! meretracent les feux. L 3 ARTI-  266* Nouv. BftLiöTH. Belgique» t T Tn Particulier , qui jouiflbit d'une ^ fortune honnête, mais trés bornée, avoit acfieté trois Numéros k la Lotterie du Confeil d'Etat. Caufant un jour avec fes amis fur ce fujet, un d'eux lui propofe de lui céder un Billet, avec pro. tnefle de le rembourfer le lendemain. De retour chez lui il met de cóté un de ces billets, pour le donner kfon Amijquelques heures après on vient lui apprendre qu'un des Numéros avoit gagné joooo florins. C'étoit juftemenc celui qu'il deftinok è fon Ami. Ce n'eft pas d mdi, répondit-il froidement, c'eft d M d qui appattient ce billet; je le lui ai cêdè bier, êf l'ai mis de cöté dfon intention. Quelque chofe qu'on put lui dire ff ne vou- ARTICLE DIXIEME. ZraITS DE GêNÉROSITÉ Eï DE BlENFAISAIÏCE,  -Janv\, Frv., Mars, 1734-. i6f voulut jamais profiter de cette aventuré & remit fideilement le billet fortuné a fon ami,qui pénêtré d'unfi rare désintéreffement effaya vainemént de lui faire acceptcr au moins la moitié de Ia fomme; eet bomme généreux fe contenta du prix du billet. C'étoit ld notre convention, ajouta-t'il, £? je m'y tiens. II. L'Hyvér rigoureux que nous venons d'elfuyer, en augmentant Ie nombre des pauvres & des nécefliteux, faifoit crain» dre que les fources qui fournilfent des fecours pour fubvenir a leurs befoins ne tariffent, ou du moins ne s'affoibliffene beaucoup. Mais ces craintes ont été bientót dilfipées par les auménes abondantes que les Adminiftrateurs des charités publiques ont recueillies durant tout le cours de 1'byver. Les Magiftrats des différentes villes de Hollande ordonnerent des Colledr.es extraordinaires, qui rapporterent des fommes confidérables, elles furent diftribuées k tous les néceffiL 4 te«x5  %6$ NOVV. BlBLïöTH. BÈLOrQüJS.3 tcux, fans diftinflion de religion ni de communion. La Nation Juive d'Amfterdam s'efk fignalée dans cette occaiïon, & les Chrêtiens aflignèrent de fortes fommes, pourétre diftribuées parmi les pauvres d'entre ce peuple. Ces Collecïes extraordinaires ne diminuerent en tien le produit des Collectes qui fe font toujours vers Ie commencement de 1'année. Les Villes d'Amfterdam, de Leidt t deDordt, fe font particulierement diftin. guées par leur bénéficeace. A la Haye on recueillit auffi des aumónes confidérables, & les pauvres de cette Réfidence furent abondamment pourvus de vivres de chauffage & de vêtemens. Les né' ceffiteux, membres de 1'Eglife Wallonne, quoique non compris dans la distribution des Collectes extraordinaires n'éprouverent point les fuites funestes de la rigueur de la faifon, grace è la charité exemplaire de ce Troupeau. Enfin de nouvelles calamités firent bientót connoitre, que les bourfes des riches s'itoient pas encore épuifées ni 1'ardeur de  Janv., Fev., Mars, 1784. t6> de la charité rallentie. Le débordement des Eaux ayant dévafté une grande partie des Provinces, le plus expofécs h ce terrible fléau, & ruiné leurs malheureux' habitans, on s'eft empreffé de voler au fecours de fes Compatriotes. La Brancbe Economique de la Socié:é des Sciences de Haarlem nornma des Commiffdres, qui recueillirent pendant plufieurs femaires les dons gratuits qu'on venoit leur offrir pour cet objet. Les Direcleurs du Département de la Haye recurent dans 1'espace de quatre femaines ƒ 20265 -14-0 que les habitans de cette ville verferent dans leurs mains. On vit jusqu'a des Artifans, des domeftiques même, y porter leur falaire & leurs gages, enfin fi jamais de toute part les befoins ne furent plus preffans, jamais auffi ne vit-on la charité plus ardente & plus emprrflée qu'a cette époque. Nous ne parions point ici des dons particuliers, des fecours fecrets que recurent les pauvres honteux, des families indigentes; ces acles de bénéficence ont été exercés par des L 5 per-  17° Nouv. BlBLIÖm BÈLGIQVi, perennes trop délicates pöur les pobüer, cc bies que quelques uns foient parvenus è notre connoiffance, nous croirions en diminuer le prix, en les révêlant ici. ARTI-  Janv., Fêv., Mars, 1784- #<^#^^#«^*<^*<*^* ARTICLE ONZIEMË. NOÜVELLES LITTERAIRES. Befcbryving der Stad Leyden (pc. c'eft' è-d-re, Description de la Vïlle de heide , contenant Ja Jituation, fon origine fes a-rcmdijfemens, fa forme ancienne (p modtrnebjes établijfemens Religieux, (p autres édifices remarquables, (pc. (pc. Ouvrage compofé par Frans va n Ivi 1 e r 1 s, 6? acbevé après fa mort par Mr. Daniël van Alphen, avec des figures en taille douce: Tome Jll. contenant un Supplément d l'Article des Ëd'fices Religieux , in foi. de 273 pp. fins compter VAppendice, qui en a lóó, (p la Préface (pc. d Leiden chez HeyUgert (p Honcoop 1784 Cet Ouvrage eft déja" fuffifamment conhö eoHoliande & y jouit d'une réputation mciiicf, la continuatioh qui paroit aujourd'hui a été longtems attendue, mais cette entreprife exigeoit des recherches laborieü- fés,'  J7* NOVV. BlBLIOTH. BeLGIQUE, fes, & un travail opiniatre. Ceux qui posfédent les premiers Volumes de cette De fcriftion, s'empreflëront fans doute i acquérir celui-ci dont ils ne feront pas moins contents que des précédens. Le titre de cet Ouvrage indique fuffifamment fon objet, & prouve affez qu'il n'efl gueres fusceptible d'extrait, d'ailieurs ce Volume ne contient que des Supplément aux Articles dont 1'Auleur avoit déja fait mention, nous ne pouc rions donc offrir è nos Leéleurs rien de bien intéreflant fur ce fujet. Les Agrémens de la Bienfaifance, ou les Mémoires du Baron de Montval, dit du Cbêne, par Jacques Ebrard du Casquet, Maitre de langue ordin. de l'Univerfité. Première Partie. Duisbourg, aux dépens de V Auteur, chez la Veuve Bentbon, Imprimeur de l'Académie 1784. On trouve des Escemplaires de ces Mémoires, chez le Libraire Imprimeur de ce Journal. L'Auteur ne juftifie guere fon titre de Maitre de Langue, & B >ileau a dit — Sans la langue en un mot I'Auteur k plus divin (pc. Verhandeling over Int getal des Beefles, itor Joh. Be uw, Wed. Booken, c'eft- k dire  Janv., Fev., Mars, 1784. 273 a-d'.re, Dijfertations fur le nombre de la BI. te; Apocalyp. XIII. 18. par Mademoifelle Joh. Beun, Veuve Boonen; a Amjlerdam chez de Bruyn 1783- gr-»'« 8°. de 404 pp. fans la Préface fipc Prixf z-6-O II eft aflez finguüer qu'une Dame s'exerce fur des matières de Théologie critique, mais il eft plus fingulier encore qu'elle aic choifi pour fujet de fes méditations Ie Livre de ï'Apocalypfe, & furtouc ce verfet; Qui a de l'entendement qu'il compte le nombre de la béte: car c'eft un nombre d'homme; £? fon nombre tfl fix cent foixante fix, XII. 18. L'Auteur n'interprête point ce pafTage comme Ie vul. gaire des Interprêtes. EUe y croit trouver le nombre 606: & voici fa preuve; „ Le „ Grec exprime ces nombres par X { S, or „ dit-elle, felon Ia f3500 de compter des „ Grecs X, fignifie öco, f. 60, &S,6. Le „ premier chifFre joint aux deux autres en „ déduifant le dernier donne 60. 6, les deus „ premiers marquent 60, le dernier 6, donc „ 606". Ce nombre de 606 eft auffi celui de 1'année oü Eoniface III, Evêque de Rome, fut déclaré Souverain Pontife & Chef de' 1'Eglife par 1'Empereur Pbocas; or Boniface eft manifeftement 1''Ante-Chrifi; Je PafTage de VApualypfe eft donc une pro- phétie  174 Nouv. Biblioth. Belgiqi^. phétietrèsdaire de la venue de \'Ante-Cbrift $ «Jont ie regne finira en i8fiö, après 1260 jours prophétiques, qui revieren C a nos années, c'tfi ce qne I'Auteur expïique en grand détail. On nous dispenfera bien de fspporter fes conjeftares, qyi font tr.êae deïlituées de toute vraifeRiblan.ee chronologiq«e & hiaorique. Après cette Differtation on en trouve une autre fur ï'A-ige l'Abime; Apec. IX. Selon Madera si felle Bsm cet Ange eft le tjpe de Mahomet; toutes les ciïcor.flances rapporsées pari'Apótre fe trouvent expliquées par l'établüTcmenc de la Religion Mahométanne; lz dethtction de fïrt Ostsman eft encore clairement annoncée dans le même Chapitre, dit i'Auteur, mais malgré fa fagacité eüe n'a pu en découvrir fépoque précife, bien qvJelle fe ooit fon. dée a footeoir, que cet événement fuivra de prés la chüte de l'Ants-Ckri/i, Elle parcours enfuite toute Ï'Apocalypfe. & en explique? les endroits obfeurs & dlfficiles avec une copSance admirable. EnSn dans une troifieaae & deroière Differtation, elle nous ap. prersd, qae les quatre animaux dope paris St. Jean défignent les qua're Evavgéliftes, elle interprête encore la vislon A'Ezichiel I & d'Efaie VI. Ie toot d«s ie mêms goüc: Nü«s foaimes trop polis pour noes perme.ttre h  Janv., Fev.j Mars, 1784. 175 la moindre critique fur cet Ouvrage; le beau lexe a des droits que nous faurons toujours rtfpeéter; que I'Auteur nous permette uniquement de lui rappeller un trait d'hiftoire rappoité dans Hérodote, elle nous le pardonnera, pour l'amour du gmc. La PrincefTe Pheretime, chaffée de Cyrene avec fon fils Arcefiias, fe retira prés d'Evelton Roi de Cypre, auquel elle demanda une armée pour fe rétablir dans fon Royaume. Evelton éladoit toujours, en lui faifant fans csffe de nouveaux préfens. Elle les recevoit, mais demandoit continuellement des troupes. Enfin le Roi de Cyrène, laffé de fes perfécutions lui envoia un beau matin, des toiles, des fufeaux & des quenouilles. & Phèrétime ne demanda plus de troupes. —— G. j. Voor da Leovar dienfis, Exercitati» de caritate Patriae vera virtute, explicita atque afferta, c'eft-a-dire. Effai fur l'amour de la Patrie, oü 1'on explique £f 1'on prouve la neceffité de cttte vertu, par Mr. Voorda de Lmwarden, des Tresling in 8J. de 171 pp. Prix ƒ o • 8 • o Nous reviendrons fur cet Ouvrage dans Ia Tïimeflre fuivant. Schetft det eenvtjudigfte bev/yzen voor dt waar •  I76 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQÜÊ. voaarbdd van den Chrijlelyken Godsditn/i fêc c'eft - a - dire. Esquiffe des preuves lis plur Jimples de la vérité de la Religion Ckretienne expojèes felon la méthode de Socrate, a Am' Jlerdam chez la Veuvt J. Doll 1783. gr. in Svo. de 79 pp. Prix f o -11 - o L'Auteur de cet Ouvrage prouve la vérité de la Religion Chrétienne p3r 1'excellence de Ia Révélation; nous ne craignons pasd'avancer que cet Esquifle eft un des meilleurs ecrits que 1'on ait publié jamais pout Ia défenfe de notre Sainte Religion. Cet Ouvrage eft a Ia portée de tous les Lecteurs, & fa précifion n'en fait pas Ie moindre mérite, Vadedandfch, Gefchied, Aardryks, Gejlagts en Staalkundig Woordenboek &c. c'eft d dire. DiSionnai'c Hijlorique , Géograpbique , Gé. néalogique £f Politique, contenant 1'HiJloirt ancienne cjf moderne, eccléfiaftique & civile militaire & politique des Provinces ■ Unies & des Pays de Uur domination, avec une descriptiondes Villes. Villages, Seigneuries fcfEdifices £fc ainfi qu'une notice fur la vie desHommes Êf des Femmes célèbres, qui fe font iiftingués dans la Politique, la Guerre, les. Arts &p lgs Sciences (pc. £ft. par Mr. J. Kok. gr. in %vo. de 417 pp, Tm. XP. DA DIO. Prix f 1-16-0 Nous  Janv., Frv., Mars, 1784. 17f Nous avons fait connoitre précédemment 1'objet & la nature de cet Ouvrage , & Pon peut faire a ce Volume les mêmes reproches qu'aux premiers: prolixité, détails minutieus. articles étrangers au but de ce Di&ionnaire, tels font encore les défauts qu'on retrouve ici. Les Articles, Delft & Deventer occupent feuls une grande partie du Volume, auffi le Lexicographe a t'il fidellement copié les descriptions connues queMr. Bleiswyk & Gautier Sihanus ont donné de ces Villes. I! n'eft pas difficile ainfi de compofer de gros Duvrages. Obfervons néammoins que (a Forme alphabétique entraine plufieurs inconIféniens, dont le plus confidérable eft celui ie préfenter quelquefois une férie de nomg St de faits peu intéreflans. Les Di£Honnai'es ont cela de communs avec les Journaux, lont on a dit, en les comparant aux Voitu■es publiques; il faut qu'ils partent, vuiies m pleins. Gevoyde Toneeljïukken (fc. c'ejl - a - dire. Drames tirés de l'Ecriture Sainte; traduits de 'Anglois de Mademoifelle H. M o r e ; i Amlerdam chez Allart & Holtrop, in li" jolie ïdition, Nouv. BiELiora Belgïqtje. POUR L'ALLEMAGNE et POUR TOUT LE KORD, A Berlin, chez G. ƒ. Decker, Imprimeur d«> Roi; Bourdeaux & Fils. Francfort fur Mein , H. L. Broenner. Gotha, C. G. Ettinger, Libraire de la Cour, Leipzich, les Hériüers IVeidmann & Rtickl Strasbourg, Tremel. Breslaa, G. T. Kom, Brême, G. L. Forfler. - Vienne, R. Graeffer, Libraire de Ia Cour. Hambourg, J. G. Virchaux; A, Daclin. POUR LA SUISSE. A Berne, chez la Nouvelle Société Typogra* pkique. POUR L'ITALIE. A Rome, Bouchard & Gravler. Turin, Frères Reycends. Et en général dans toutes les principales Villes de 1'Europe, chez la plupart des» Libraires. AVER-  Janv. , Fev., Mars, 1784. rpr AVERTISSE M E NT. Ja veuve H. Merkus, a Amfterdam, averJ~J tit,que paria rêimpreftion de quelques Volumes ellevient de faire quelques Corps complets de l'Hiltoire Univerfelle depuis le commencement du Monde jusqu'a préfent, d'après VAnglois d'une Société de Gens de Lettres, par Mrs. Joncourt, de Chaüffefié, Robinet, Frères Castilhon, de Sacy , F. F. 15'c. formant 43. Volumes gr. in $to. avec figures, Edition privilégiée, magnifique, toujours préférable de feu Mrs. Arkstee £ƒ Merkus, que depuis quelque tems on a commencé de contrefaire trés-mal in &vo. en formant 40. Volumes de ce qui n'en fait que 14. de la dite Edition in i,to. Elle ojfre ce Corps complet jusques au mois de Mai de cette annët pour les Provinces - Unies, ou jusqu'au 1. a'Aoüt pour les Pays Etrangers, au prix de f j3o: — de Hollande; (ce qui eft plus de la moitié au deffous du prix ordinaire èf plus de deux tiers au-dejjous de ce que doit revenir la Centrefapon in 8vo.) Mrs. les Amateurs, qui fmhaitent s'enpourvoir a ce prix modique, font priés de cbarger leurs Correspondans en Hól-  JS>2 Nouv. Biblioth. Belgique. Hollande de le leur procurer, ou d'adrejfer leurs ordres & Iturs remifes francs de porf £ la dite Veuve H. Merkus: Ils front fervis avec ixaüitude &peuvent être perfuadés.que, fi pafféca termes il refle des Exemplaires, ils ne Je donneront qu'a l'ancien prix. ANNONCE. L'accueil favorable qu'a recu Ia Carte générale des ProduBions naturelles de l'Eu* rope, que j'ai publiée 1'année dernière, a furpaffé mon attente. Das hommes célèbres & trés verfés dans Ia connoiflance des pays, 1'ont jugée neuve & utile; ils ont trouvé qu'elle préfentoit une exécution heureufe d'une idéé originale par laquelle fa fcience géographique acquéroit unhaut'degré d'imjiortance, dans touc ce qui concerne les finances, 1'économie & la politique. Au nombre de ces gens de mérite dont j'ai eu Ie boaheur d'obtenir les fuffrages, fe trouvent plufieurs favans étrangers, qui m'invitent è publier en francois une nouvelle édition de ma Carte, ainfi que du livre fur les produftions naturelles de 1'Europe, qui Paccompagne. Ofant me fiatter que cette invitation n'eft pas  Janv., Fev., Mars, 1784. 191 pas un pur compliment, & qu'elle tend réelJement a rendre mon ouvrage d'une utilité plus générale, j'ai pris la réfolution de m'y conformer, & è cet effet j'annonce une édt« tion refondue & complette de cet ouvrage en francois. La Carte ci - devant d'une feuie feuille, confiftera maintenant en deux grandes feuilles, que 1'on pourra colier eHfemble, & que je ferai graver & imprimer avec toute 1'exactitude & 1'élégance poflible. Le livre qui y appartient, recevra des additions & des correétions importantes: il fera presqu'entiérement refondu, deforte que la traduftion pourra être regardée comme un ouvrage original. Enfin fi j'ajoüte que c'eft Mr. Bernoulli, de PAcad. R. des Sciences & Belles - Lettres de Beriin, qui fe charge de traduire le livre, on doit juger, que je ne négligé rien pour fatisfaire le public; ce fa« vant étant également connu par fes cravaus géographiques, & par une étude approfonfondie des deux largues. L'Ouvrage fe publiera par fouscription. En fouscrivant on payera d'avance pour le tout, c'eft a dire, pour la Carte & pour le livre en deux Tomes; 6 Florins d'HoIlande. On ne fera admis a fouscrire, que jusqu'au I Juin 1784. Ce terme paffé, l'ouvrage coutera 8 Florins d'HoIlande, chez les LiTom. VI. Part 1. N fcr,ai-  *94 Nour* Blbuoth. Belgiqui. braires; quoiqu'il ne puifie paroitre qu'i la Sr. Michel 1784. Les fouscripteurs recevront les épreuves de la Carte, fuivant la date de leur fouscription & de leur payement. Leurs noms s'irnprimelont a la tête da livre. Ils voudront bien affranchir Ie port dei lettres 4 de 1'argent. A Deffau, ce 1 Septembrd 1783. A. F. W. Crome, Membre de I'Académie des Sciences de Mayence. L'on peut fouscrire chez GUERIN Libraire ê Amfterdam fur Ie Heeregraft, la ame Maifon du Harteftraat, & chez les principaux Libraires des VII Provin. ces - Unies. Nous fommes priés de placer I'Avertiffement fuivant du célèbre M. Lavater de Zuricb, Au Public. Te viens de recevoir une lettre de Ia Hor. J lande, par Jaquelie on m'apprend, que ians une brochure, qoi m'eft totalement inconnne,  Janv., Fev\, Mars, 1784. iy$ connue & intitulée, Catalogue raifmni de Tableaux peints par les plus fameux Artiftes de ce Pays. N*. 2 en Hollande 1783. fcfc, ze. Partie, pair. 23 (f 24, H fe CroUve un paffage qui me regarde & qui porte a l'extrême mon étoncement fur Ia perverfité des hommes. L'Auteur enonyme y publie flt m'y attribue, dit-on, un jugement, foj difanc phyfiognomique que je devrois avoir porté fur une Jilbouette, qu'on m'auroit coinmuniquée. Tous ceux qui me connoisfent, foit de perfonne, foit par mes écrits, doivent être convalncus, qu'un jugement aufli dur, auffi raéchant, aufli entierement dénué" de toute charité, ne fauroit jamais fortir ni de mon coeur, ni de ma bouche, ni de ma plume; ils ne fauroient ignorer, que je ne me fuis jamais accoutomé de porter un jugement quelconque far des Silhouettes pareilles qu'on pourroit m'envoyer; enfin ils doivent favoir, que je détefle & abomine tout ce qui peut fervir a fomenter de la discorde & de i'aigreur. Quant a ceux a qui je fuis totalement inconnu, je me trouve dans la ndcefllté de leur dire, tranquillement, férieufement, & a la face dé 1'Etre éternel, qui fait toutes chofes, & au tribunal duquel je ferai jugé un jour". „ Que le jugement en queftion ne vient N 2 aucu-  ioö Nouv. Biblioth. Belgiojtje. ARTL „ aucunement de moi, ni en tout nien partie, ni médiatement, ni immédiatement; „ mais que tel qu'il eft; on me 1'a fciemment „ & de propos délibéré, fuppofé a faux & a „ tort, avec une efFronterie, qui infultea „ toute vérité & a tout bon ordre". Ainfi, a moins que I'Auteur n'aitefFacé de fon coeur tout fentiment d'honnêteté & de pudeur, je le fomme de fe nommer, ou bien de produire mon autographe & de Ie foumettre a des juges impartiaux: s'il ne le fait point, Ia charité Ia plus étendue ne fauroit plus permettre de le regarder autrement que comme un ennemi déclaré de la vérité & j'nacceflSble au remord. Donné è Zurich le\s Janvier 1784. (Signé) Jean Cas par Lavater»  Janv., Fev. , Mars, 1784. 197 ARTICLE TREIZIEME. CORRESPONDANCE DE PARIS. P?ur ie peu qu'on fouffre ou qu'on aic fouffert, on s'attendrit facilement fur le fort des malheureux dont on conjeéture ou dont on apprend les peines; mais il n'en eft & n'en peut-être ainfi de ces individus privilégiés, nés, bercés, élevés dans le fein des richefles & des jouiffances. Pour eux, 1'homme miférable eft un être révoltant fur lequel ils n'ont garde de réfiéchir, afin de lui conferver ce froid dédain qui les tranquilife fur la cruauté de fa fituation, & les maintient dans cette ftupidité qui les rend inacceffibles a la commifération comme a 1'humanité. Dela cette foule fans cefle renaiflante d'infortunés dans la plüpart des conditions de la fociété, car il n'eft que trop vrai que la clafle appellée la plus baffe, n'eft pas la plus véritablement malheursufe, parceque les fecour? publics ferablent lui être fpécialement deftinés, tandis que de trés honnêtes families tralnent fous des vètemens fanés, & le fenciment de leur N 3 mifare  108 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. mifers & h honte de Ia faire eonnoitre, & rincertitude, le défespoir même d'obtenir des fecours équivalens è leur humiliation, & proportionnés a I'exigence de leur pofition. Ce n'eft pas qu'il n'y ait dans les fondations & dans Iesaumónes journalieres, des refiburces presque fuffifantes pour fubvenir aux befoins réels des indigens; mais la cupidité, le défaut d'intégrité, & furtout de zele dans tóut ce qui s'appelle adminiftration, ont porté tant d'abus & de vices dans 1'ordre ou l-'exaflitude des répartitions, que c'eft, pour ainfi dire, moins a la dureté des riches & des grands qu'a" la mauvaife diftribution de leurs graces que 1'on peut imputer les miferes pubiiques & fecretes dont cet hyver furtout a manifefté 1'étendue... Ne pouvant tout dire, prouvons par un exemple notoire, qu'il n'eft pas impoflïble ni fi difficile qu'on lerépete. de remédier i tant de maux, & qu'il ne faut que le vouloir forti £? conftanti animo. Si, lofs de Ia première crife de cet hyver le public a, comme on s'en eft plaint, été trop abandonné a lui-même, il faut rendre juftice & dire a la gloire du Miniftre & du Magiftrat, a la vigilance desquels Ie fort de cette capitste eft confié, qu'on n'a pö mettre pips de prévoyance, plus d'aftivlté, plus d'at-  Janv., Fbv., Mars, 1784. -199 d'attention & d'humanité dans les précaution» & les foins qui on a pris pour fecourir iadifttndtement & de toutes chofes néceffaires, tous ceux qui fe font piéfentés pour participer aux difiributions extraordinaires qu'on a faites d'après les ordres pofitifs & iliimilét qu'a doncé S. M. fur les premières repréfentations qui lui ont été faites rélativement aux foufFrances du peuple. Ces moyens, tout efficaces qu'ils étoient, n'ont pas été les feuls employés, & voilé furtout en quoi s'eft montrée la fagefle de l'adminiftration; on a annoncé par des placards, que tous ceux qui manqueroient d'ouvrage & qui feroieut en état de travailler, pouvoient s'adrefTer a la Police, & qu'ou les occuperoit, è leur coovenance, moyennant un falaire. Et en effet, depuis quelque tems toutes nos rues font garnies de travailleurs qui y entretien' sent affez de propreté pour qu'au moins elles foient fréquentables fans danger; en dépit des calculateurs qui, au moyen de quelques cent milliers de feaux d'eau qu'ils fuppofent entrer journellement dans Paris pour la con* fommation des citoyens, ont prétendu démontrer qu'il étoit irapoffible de rendre Parit praticable pendant les premières neiges, & qu'il eft également impoflïble de le garantir de cette malpropreté malfaine & désagréable N 4 ou'ob  200 NOÜV. BlBLIOTH. BelGIQUE. qu'on lui reproche en général, & qui pourtant, a le bien prendre, ne demande qu'asfez d'eau , que des égouts affez grands & parci par la des trotoirs. Au refte, une des preuves qu'il ne fuffit pas que des fecours foient étendus, mais qu'il faut furtout qu'ils foient prompts, c'eft qu'on n'a pü fauver nombre d'honnêtes & déplorables viaimes des rigueurs exceffives de cet hyver. Un malheureux pere de familie, ayant chez lui 3 enfans, & fa pauvre femme au moment fa. tal de lui en donner un quatrieme, fans avoir pü leur offrir un feul morceau de pain depuis 3 jours, hafarde de s'adreffer au bureau de charité a S. R. (*). fa paroiffe. Un prêtre, ou plutót un monftre s'y trouva, le recut avec humeur, 1'écouta avec impatience & finit par lui dire qjn'en verrolt: indigné, confondu, ce malheureux pere retourne chez Iu & revoit fa trifte familie dans les angloiffes de la mort. Le défespoir s'em- pare (*) Les grandes Salles des Auguftins, Céleftins & autres religieux ont été chauffées plufieurs jours ft tout le public y étoit itqu. Chez le Duc de Chartres, on donnoit da feu i qui en demandoit.  Janv., Fev., Mars, 1784. 2or pare de fon coeur, fa tête fe perd, & cédant a fon égsrement, ü ravit par fa mort, un pere è fa familie dont il devïent le boorreau. . . Qjelques heures fe paficnt; on vient aux informations. Qyel tableau! une femme enceinte expirant fur Ie grabat, trois enfins fans vie a fes cötés, le pere fuspendu derrière la porte O ciel!. Et Iet coeurs ne feroient pasamollis? Mais ces coeurs fe lesferrent aifémert: contriftoBs-les donc encore par des réci's non moins vrais & non moins affl;geans, afin d'y graver plus profondément cette inquiétude, cette pitié pour des malheureux, que les moindres révolutions expofent a tant de fnuffrances, & de faire naltre en d'autrès circonftances de nouveaux aftes de bienfaifancd & d'humanité. Un malheureux magon egalement pere de familie, fe voyant fans pain, fans travail & fans reffource», prit la cruelle réfolution de voler un pa;n pour appaifer les cris & les befoins de fes enfans. II va de rues en rues f de boutique en boutique, toujours éprouvant ce qu'il en coüte pour fairs ce premier pas. Enfin du faubourg S. Germain, ii parvient a la rue du four S. Honoré & !a fe rappeliant tout le courage d'un pere qui, pour fauvet N 5 fes  202 NoüV. BlBLIOTH. BbLGIQJTE. (*) Ce fut Ie vendredi 30 janvier. lei flens, doit s'expofer a tout, il entre chez un boulanger (*) prend un pain & s'enfuit. On crie au voleur: la garde furvient, 1'arrête & Ie conduit chez un commhTure. Le" boulanger fait fa déclaration & le macon convient de Ia vérité. Son air exténué, fon naintien chagrin intéreffent le C^mmiffaire; il 1'interroge avec douceur, & ne peut ap. prendre fans émotion, qu'après avoir vendu ce qu'il poffédoit pour foutenir fa petite familie depuis que la faifon 1'avoit privé d'ouvrage, il s'étoit vu réduit, manquant de pain, de feu & d'eau , depuis plufieurs jours, a la oéceffité de tout braver plutót que d'abandonner fa femme & fes enfans prêts a mourir de faim. Le CommifTaire, touché de ces détails, voulut pourtant les eonftater,& fit auffitóc transporter un de fes clercs a la demeure du pauvre macon. A peine Ie clerc eut-i! agité la porte pour 1'ouvrir, que les malheureux enfans fe mirent a crier ces mots fi déchirant: Papa! du pain, du pain! Le jeune homme entre, & trouve la femme, couchée fur de la paiile, tenant é fon fein un pauvre enfant a la mamelle. Ce fpecïacle at-  Janv, Ffiv., Mars, 1784. 203 attendriflant produiflt toat fon effet for Yame du jeune homme; il avoit 12 liv. dans fs poche, & bientót ii les eüt employees au plus faint des ufages; fut chercber du pain, dB vin & du bois; il fit da feu, & s'emprefla de les réchaufFer & de leur donner i cbacan . quelque nourriture. II fe Mie enfuite d'aller rendre compte de ce qU'il avoit vtt, Le commilfaire paya le pain au boulanger qu'il renvoya, & charges le mscpn de le porter , a fa familie en ne le lui diilribnant que mo- ' ! dérément, 1'afïurant qu'il ne tarderoit pas £ recevoir de nouveaux fecours: maisbélasl le ; malheureux ni les fiens n'en devoient pas jouir: la nature avoit trop fouffeit, & leur avidité les perdit. Le lendemain lorsqu'on alla pour ajouter i teur premiers fecours, on eut la douleur de trouver le pere & les trois i enfans morts; la femme rendit elle-même peu après les derniess foupirs. Une avanture non moins touchante eft celle qui vient de fe paffer dafis le faabourg : S. Antoini. La cefTation d'ouvrage avoit i également réduit aux abois un ouvrier pere de familie. Dars un de ces moment crue's i oü la faim & le déftspoir s'irritent 1'un par 1'autre, la fureur s'empara du coeur & de Il'esprit de celle qui devoit donner aux autres 1'ex-  2e>4 Neuv. Biblioth. Bêlgiqde. I'exemple de la réfignation. La femme s'étant permi Iesplaintes les plus fenfibles envers fon mari, s'abandonna bientöt aux démonftrations les plus violentes. Son mari parvienta la calmer, & lui promet qu'il ne partira pas fans rapporter du pain. Rempli de ce projet. il veut tout hafarder, & fe propofe d'aller tenter la fortune. L'occafion s'ofFre, une boutique lui paroit feule, il y entre, prend un pain, & gagne fa maifon au 'plus vite. Mais il n'a pas plutót monté quelques degré qu'il appercoit qu'il eft pour« fuiwi par le boulanger. Son courage 1'abandonne, il chancelle, il eft prêt ès'évanouir, fi le boulanger charitable & humain ne 1'afruroit que fa feule intention eft de connoitre fes vrais befoins. 11 le foutient, le conduit jusques chez lui: mais quelhomble fpetfacie s'ofFre a leurs yeuxl la femme qui pendant la courte abfence de fon mari , s'étoit pendue malgré les larmes de deux pauvres petits innocens a qui elle avoit donné le jour. Le mari fuccombe a cette feconde épreuve: il perd connoifFance, & ne rouvre les yeux que pour recommander a la charité du Boulanger, les deux enfans infortunés qui ne lui furvivoient que par une forte de miracle & peut-ltre pour leur malheur. L'Apo-  Janv., Fev., Mars, 1784. 205 L'Apologue fuivant a circulé dans nos fociéiés a 1'occafion de ces circonflances. Le louable objet qui Pa dióté & Pheureux effet qu'il peut produire en réveillant des fentirriens peut-être naturels a tous les hommes , mais que la diflipation des fociétés n'engourdit qne trop fouvent, me font une loi de 1'inférer iet'. LA MERE ET L'ENFANT. F A B L E. Au* petits des oifeaux Dieu donna Ia pature l Ce vers pecbe, Maman, contre la vérité, Difoit en cette faifon dure, Un jeune Enfant de qualité, Qui d Athalie unjour avoit fait la leüure. Le neige cï? de frimatstous les champs font couverts : Oul'oifeau pourroit-il trouver fa nourriture? Oui,Dieufemble,aufort dss hivers Abandonner le foin de la nature, Et pour eux £f pour nous appauvrir l'univers. ,, Pour nous, reprit la merel abl mon filsf ,, quel blaspkéme! „ Mais ouvrezlafenitre,&je vousrépondrai". L''infant cour ut ouvrir, 11 difoit en lui-même: Ceft  20f5 Nouv. Biblioth. Belcjqtjb. C'ejï Men moi gaf /a confondrai. Beau moyendeprouvtr. enfouffrant davantage Que Mver nefait pas le md dont je me phins • Ma Mere iéraifome: elle a déja de l'dge. L'kttel qu'il habitoit donnoit fur des jardins. La fenétre ejl cl peine ouverte, Un oiftauvitnt, puts deux, puis enfin des esJains, Peuple ie meniians dont il la voit couverte. Maman, s'écria-t'il foudain, Ehl vite, dennens leur du pain. A merveille, menfilsl (o qu'une Jage mere Spait inftruire avec fentimentl) Cettepitïi, qui m'efi bien cbere, „ Répond feule & votre argument Contre le maitre de la terre; „ Cefi de lui que vous vient ce tendre mouvement „ Qui vous fait plaindre la mifere. ., Suivez le. pour Voifeaufouffrant „ Honorez voui du foin d'être fon Lieutenant. „ Des hammes, men ami, foufrent égaleme, t; „ Ne les laiffez jamais languir a votre porte ': „ Dieu vous donna les bienspeur leurfoulage* ment". Mlle Guimard fe fait diftinguer par les bienfait» qu'elle répand fur les paurres; elle leur  Janv., Fev\, Mars, 1784. 207 (,*) Ariette de cet opéra," leur fait diftribuer des comeftibles. Sa bienfaifance eft plus éclairée que celle des Princes qui donnent de 1'argent aux curés pour leurs dévotes. Mlle Dufayal du théatre italien a de Is voix; mais elle eft peu muficienne quoiqu'elle place quelquefoi6 fes doigts fur les touches du Forte Piano. Sa figure eft froide; elle n'a ni ame ni expreffion. Elle jouoit daas la fauffe magie: le fpectacle étoit commence" lorsqu'un particulier eft arrivé i l'amphithéatre; il a demandé i M. le Marq. de Champcenez fi Mlle du Fayel avoit chanté, commt un éclair (*): non, a répondu le cauftique, elle a chanté comme un cochon. On m'écrit de Londres que M. Serres de ia Tour a abandonné Ia rédaction du Courier de l'Europe. Elle a été confiée au trop fameux auteur du Gazetier cuirajjé, qui, dit«on, a embrafTé depuis quelques annécs tous les moyens qui lui ont été offerts pour expier plus d'une faute de ce genre dont il s'eft rendu coupable envers notre Gouvernement. Quant è Ia Société, on peut lui manquer iaipunément; on eft même dispenfe d'en roa-  ato8 Noov. BiBLfoTH. BÊLOiquc gir; elle a raremenc des défenfeurs, él des vengeurs plus rarement encore. \ L'abbé Delille traducleur des Géorgiques & auteur du poëtoe des jardins eft trés laid, trés fat, tres avare. II ne peut encore fe confoler de la perte d'une paire Je manchet- \ tes de point qui lui furent déchirées a Rome par une Lacrece italienne & moderne. Il vlent de refufer un exemplaire de fon portrait gravé par Vangelifty. è M le Bon fon ancien camarade. Celui-ci piqué du refus du rimeur a acbete la gravure & la lui a envoyée avec ce diftique écrit au bas. Ate te petü, temet donante volebam; Non vis, emi te; tu mihi, non meuses. La confidération qu'on a pour un auteur inflae fur les jugemc-ns qu'on porte de fes écrïts: peut-êtrejamais uerfonnene 1'a éprouvé plas direftement que l'auteur de Macbeth a la première repréfentation de cette piece. On n'en a pas moins fuivant l'ufage accablé ie manvais Calembours, de méchantes épigrammes le pauvre M. Ducis; voici la feu'e qui m'ait paru piquante. Le Comte de la B... apprenaut qu'on devoit donner Macbeth dimanche, jour ah ie peuple peut affifler au fpeftacle fans nuire i fes affaires, s'ecria: MêUr  Janv0 Ffiv., Mars, 1784. 209' mauvais calcul, les fripiers Je cmnoijjer.t eii guenüles. Nous at'endons avec impatience une traduétion complette des voyages du Capitaine Cook. Rien n'eft plus digne dë la curiofité des honnêtes gens, que les récits iimples & fideles des auteurs d'une découverte; vous avez en les lifant 1'original d'un grand ta. bleau, que la recherche & la correftion miriutieufe n'ont point gaté. La descriptiori des ufages & des mreurs fauvages charmé tous les esprits j elle fatisfait furtout Feuropéen qui triomphe de fa fupériorité, qui voit avec orgueil le point d'oü partirent fes ancêtres, pour arriver a 1'état de civilifation dont il jouit; fans fonger qu'il fera lui-même un fauvage aux yeux de la génération qui doit lui fuccéder. Les détails d'un voyageur donnent è Pimagination de nouveaux objets i combiner, a 1'esprit un nouvel aliment & réveillent dans Ia mémoire le fentiment des fcenes intéreffantes, des réflexions philofophiques que l'&ge ou I'unifoimité de notre vie nous font perdre. II feroit a fouhaiter pourtant que fans négliger les contrées lointaiBes, le francois voulut travailler a connoi" tre parfaitement celles qu'il habite. La France a fes fauvages, a fes moeurs étranges; elle ofFre encore dans le Vivarais, dans la bafft tem. VI. Pari i. O  aio Nouv. BiBLroTH.Bblgique. Bretagne, des caraderes ou des accidens quf ne font pas indlgnes d'un obfervateur éclaiïé; mais il faut s'écarter des grandes routes, ne pas cratndre de gravir des montagrjes, ou de pénêtrer dans les forêts. Je me fuis queiqutfois transporté1 des allées fablées & des boulingrins de Ferjailles dans les ronces & les épines de la province, & je préférois tour 5 tour & le palais des rois de France, & la cabane d'un charbonnier maitre chez lui. Un des plus piquans accidens de mes voyages eff mon féjour è la Cnartreufe d'Away : elle fut élevée fur le chariip de bataille ou Cbarles de Bleis, & Jean de Montfort fe disputerent le Duché de Bretagne. J'eus 1'occafion de voir les prétendus fpactres que dans les riut'ts d'été le ciédule brêton voit fortir des marais , d'entendre les plaintes lamenta. bles d'une foule de héros qui murmurent dans les rofeaux ou fur la cime des arbres, comme les ombres des perfes aux champs de Marathon. J'errai dans les hautes futaies qui dérobent 1'églife & le couvent £ 1'oeil du voyageur. J'interrogai des chênes antiques qui ne me parierent pas comme les oliviers du Licée, ou les platanes de 1'Académie, mais qui fe firent entendre cependant & me plongérent dans une fainte mélancolie. Je goutemplai longtems les murs & demi ruinés, cou.  Janv., Fev., Mars, 1784. 211 couverts de lierre, foibles obftacles pour ceux qui voudroient les détruire, mais que 1'opinion défend & foutient: je m'attendois en penetrant dans leur enceinte a rencontrer & les Comminges, & les Rar.cé, & & retrouver les têtes que le pinceau du Guide & de fe Sueur ont confacrées; je devois écouter avec refpecl & fenfibilité les récits & les confeils de ces bons folitaires; mes espérances furent vaines: je les vis occupés de petits intéréts, brouillons, divifés, inquiets, jaIoux de leurs chefs, fe plaignant de leurs négligences & vantant leurs préJécefleurs. Presque tous avoient embrafTé leur état pour éviter le travail ou la mifere: fans parens fans enfans, fans ami, fans maitrefle, luttant contre toutes les paffions, tourmentés par les caprices de leur prieur, accabiés de regrets & de defirs, 1'imagination exaltée par les veilles & par leurs jeünes, Que feroient-ils aux fonds de leurs déferts. Si dans un myftique délire. Ils n'embraffoient les palmes du martyre, Etnevoyoient les cieux ouverts? Crédulité reiigieufe, Enveioppes leurs murs de tes voiles épais, Et pour y conferver une ignoranceheurettic, Fais que la vérité n'y pénetre jamais. O 2 M.  si2 N^v. BlBLIOTH. BeLGIQJJE. M. 1'Abbé Auger, qui depuis 27 ans commente fit traduit les ouvrages des grands orateurs Grecs,,lut il y a quelques jours chez M. le Comte de C** * le discours contre Mifias, — Dtmoftbene frappé publiquement a la ]oue , fur le Théètre, dans les fêtes de Bacchts, a la tête de fa troupe, étant Correge, par Mifias citoyen riche & puiffant, implore la juftice & la févérité des loix. II n'employe pas un vain luxe de mots; fon expofition eft claire & iïmple, fon récit eft vif & preffant, fes concluiions d'une fogique, fa peroraifon d'une force que Cxéron lui même n'atteignit jamais. Ce beau morceau qu'on. n'avoit pas encore traduit dans nótre langue, avoit fans d'oute été dédaigné par les favans, qui frappés de la grandeur de Démoflhtnt quand il plaidoit contre Philippe, quand il forcoit les Athéniens a reprendre les armes, r*e fentirent pas tout 1'intérêt que pouvoit infpirer aux légifla'eurs, la fage application de que.'cjues loix de Drjcon, aux moraliftes, l'expofition des idéés grecques fur 1'honneur & fur les injures, aux hiftorlens enfin, une fnule de faits que l'orateur a raffemblés dans fon ouvrage. Louons Ie refptftable tradufteur ,qui nous force par fes travaux conftans a nous occuper enco-  Janv., Fev., Mars, 1784- 213 encore quelquefois de ces grecs que bier.töt nous oublierön» en France, fi quelqu'heureufe révolution ne nous arrache a l'jgnorance cï) le mépris des bonres lettres & Ie Charlatanisme de quejques petils favans nous entrainent. Voici une charmante ficlion qui nous arrivé, dit on, ie \'Alkmigne: c'eft VApotheoj'e moderne, conté poëtique, Florije fur fon balcon révoit è fon amant; je trois rrêine qu'elle cbamoit des couplets qui lui étoient adrefics, lorsqu'ün char de triompbe desccnd des airs & préfente a fes yeux Detby rayoiinant de glöire E'\e le prend pour un fantome qui vient s'amufer de fon erreur. L'amant s'annonce comme un Dieu ; Florjfe part avec lui dans fa machine airoftatique, (vous vous êtes bien douté de la chofej; bientót il la désabufe: Flurife obfervant un profond fiience, faifoit tous fes tfforts pour exprimer Ie courroux de la, pudeur,- mais Delby lifoit fon pardon dans fes yeux. .. ,, Florife „ confirmoit par fon (ilence l'espoir de fon „ atnanr, elle nepe-Tfoit pas n.ême a retirer , fa belle main, qu* l avoit placée dans la „ fienne, & fur laquelle il imprimoit des „ baifers de flamme.... Qje cette canfieur „ e!l précitufe! c'eft l'ouvrage de la i-ature, 03 .. *  ai4 Nouv. Biblioth. Belgique. ,, & nous avons dérruit par notre perfidie., „ ce charme ravrffant. Un fexe doux, fenfible, rempli de graces, créé pour notre „ conlolation & notre 'felicité, eft devenu „ par notre faute, timide, réfervé, artifi„ cieux & perd, a nous étudier, a nous éprouver, une partie d'une vie paffagere „ qu'on devroit employer è jouir." Nos deux amans arrivent dans 1'ile de Taiti: on les prend pour des divin tés; ils y regnent & y font regner le bonheur rjar de fages loix. „ Delby ayant voulu prendre le nom de Louis, „ on l'appella Louis k bienfaifant. II ne fut „ pas un Dieu du del: mais un Prince bien„ faifant n'eft-il pas un Dieu de la terre"? Tous les honnêtes gens lifent avec dégout e tas de brochures qui paroifTent fur les glcbes aëroflatiques. Celles qui nous arrivent de Lion font encore plus ridicules que celles qui nadTent dans la Capitale; il.en eft une entre autres dont 1'extravagance & ladéraifon paffent toute idée. L'auteur, qu'on dit être u^bonnêremagiftrac. par la bifarrerie de fes tournures & de fes expreffions, critique ceux rclü °" Par'ant dU Ch6V' D«*Pier. r&'deh lU\JeUne h°mme de b°" "om " d£ 'f Plus haute espéranCe, qui par,8 v » tac-  Janv., Fev., Mars, 1734. 215 , taftique comme M. Guibert, Phyfiqu£ ,, comme M. Piliere, bien public comme „ vm bourgeois, humanité comme un pauvre „ \'c"... L'invention de M. de Montgolfier donne une telle fecouffe aux têtes frangoifes, qu'ellerend des forces aux vieillard*. donne de 1'imagination aux pédants, & de la conftance a nos dames On voit ces dernieres fuivre tout un cours de phyfique ou de chymie & s'occuper beaucouo moins du brillant des expériences, que des caufes qui les déterminent: on les voit noter fur leurs tablettes, au lieu des noms d'Jnacreon, de Chaulieu, de Cré~ billon, ceux de Volta, de Borelli, de Prie/lley; leurs modes fe conforment a leurs idéés, leurs ccëfFures font au Globe, & les rubans qui les décorent font 1'élégante enfeigne du. parti qu'elles ont adopté; on diftingue fur les uns la noble ascenfiou du globe de m. Montgolfier, & fur d'autres le vol de Charles. Vous devezêtre las, M., de tous les détails qui paroiffent fur cette nouvelle découverte; les rélations des journaux même les plus accrédités font fautives ou partiales & prouvent combien ü eft difficile fur les chofes les plus marquantes de connoitre la vérité; combien sJ eft rare de trouver, même chez les gen» O 4  ti6 Novv. BlBUOTH. EfiLGIQTJa. d'espric, ce précieux bon fens, qui devroit pré/ïder a tous (eurs écrits. Le froid fe foutient ici avec une rigueur exceflïve; les courriers.font retardés, |a mifere augmente; Ie charbon de lorre & Ie bois manqucnc. Les prifonniers de la conciergerie, enriuyés d'être toujours entourés de neige ont imaginé de la faire fervir a leurs piaifirs. Ils ont modelé tous les Confeillers & Ie> Préfidens; les robes, les perruques. les xabats, rien n'a été oublié. Ou prétend même qu'on y trouve ia charge groffière de? chacun de ces Mtfïïeurs: un froid violent a parfaitement durci ce Parlement de neige. Les amateurs l'ont jugé 'trés raffemblant. Comme une éoigramme ne prouve rien'que 1'envie venue a quelque mauvais plaifant de placer un bon mot, je vous transcrirai celleet fans craindre d'être accufe de médifance ni de calomnie. II sagit des flatues que I'ori Vient de piacer au Palais. Vous (avez que ce temple de Thémis a été détruit en partie par un incendie, il y a quelques années & ^éparantptU'arendu un peu mJins Pour orner ce pa|qis, un artifle fameux km% 9ue"e eft fa plus belleflatue?, La  Janv. , Fev., Mars, 1784. 217 La Prudence til fort bien, Ia Force eft encor mieux, Mais la Justice eft mal rendue. Oa débite ces vers de M. de Cambray: Tant de baifers, belle Manon , Lafferoient Céladon lui-même: Je ravis le premier, je recus lefecond, Ah! fais moi grace du troifieme! Cot'plets chantés par Mad. de S. S, qui venoic d'être admife dans la fociété de la par- FAITE ÉGALITÉ. Sur 1'Air : De l'aveugle de Palmire. La lumiere la plus pure. Vient de briller a mes yeux , A la nuft la plus obfcure Succede un jour radieux; fe vois cet augufte templs Qu'éleva la Vérité: Avecplsifir j'y contemple La parfaite égalité. Heureux tems du premier £ge. Qu'on nomma le iiecle d'or. Des vertus fidelle image ïci 1'on vous voit encor, P S Ami-  218 Nouv. Biblioth. Belgi^e. Une trffte vérité que I'expérience & Ia reflexen nous procureur, c'eft que le vrai-bien fur Ia terre n'eft qu'une chimère; qu'il fauc renoncer è fon rxiftence, & qu'il faut fe féIictter de voir encore cette belle idole recevou des offrandes plus ou moins pures & plus ou moins abondantes en faveur de 1'humanité. D,fons donc. & difons avec joie que, fi J'on n'a pas fait tout le bien qu'on pouvoit taire pendant un hiverauffi conftamment rigoureux que 1'a été celui ci, on en a fatt aflxz pour raffurer fur 1'horrible infenfibiIité dont on eaxe, non fans fondement, routes ces /olies petites machines fibreufes qUe 1'égois- Amitié, candeur aimabie Conftance, fidélité, Vous rendez ineftiniable La parfaite égalité. Ainfi que 1'a fleur nouvelle, Le plaifir na qu'un momer.t, Toujours pure, toujours belfe, La vertu plait con(lammet;t; lei tout vit, tout enchante, On y trouve la gaité, Une fête n'eft charmante Qu'au fein de 1'égalité.  Janv., Ffiv.a Mars, 1784. 219 1'égoisme agite en tant de fens dans cette Capitale, & qui fe reflbuviennent a peine des rjomf d'hommi & de fociété, Difons doncque les aumönes & les fecours, en tous genres, ont été confidérables, & que fi L. M. n'ont point mis de bornes a leur pieufe munificence, toutes les claffes de citoyens ont montré la plus noble émulation a fuivre un fi bel exemple. II eft peu de Corps, peu de par. ticuliers, même de ceux qui ne font qu'au delTus du mal-aife, qui n'ayent voulu participer a' ces aftes de bienfaifance; & certainement fi tous ies malheureux n'ont pas été fecourus, c'eft moins parcequ'on ne 1'a pas pu, que parcequ'on ne les a pas connus. Mais pour les connoicre il ne faudroit pas les faire rougir, & c'eft Ie -moindre affront qu'ils ayent a redouter dans la fituation oü font les chofes. Je voudrois donc qu'uD certain nombre de bons philantropes rempiiffent 1'utile & fainte fonction de rechercher les vrais malheureux , d'en captiver Ia confiance , de reconnoltre leurs miferes, & de leur procurer des fecours prompts & propordonnés. Tel homme qui ne mériteroit qu'ind;gnation s'ii étoit connu, vous arrache par fon importunité ce qu'un autre mérite par tant de titres; & fi vous négligez cette diftinclion, vous donnerea beaucoup fans donner utiiement. Eh  220 NöUV. BlBLIOTH. BeLGIQÜE. Eb comment. direz vous, parvenir a discerner le mendiant du föufFrant ? LaifTez agir votre fenfibilité, veuillez Ie imitez un jeune Monarque dont la prudence éclatre les charités afin de les rendre plus légitimes plus fruftueufes & pius durables. Un jour ié R.ii revenoit feul a cheval d'une chafTe au tirer qui s'étoit faite dans un petit bouquetin peu diftant de Verfaüles; enveloppé dans fon manteau., un jeune payfan le prend pour un particulier, Taborde, Ie fuit & lui de^ mande ï'autnone avec perfévérance: Mori pere fcf ma mere font malades, difoit-il, nous manquons ds pain depuis deux jours. Ces paroles affeaent le Monarque; il s'arrête malgré le froid, & veut connolrre la véri- te- " Tu m''n impofes peut étre? Et tu ne fah que répéter une complaiwe qu'on fa foufflée pour Jurprendre la charité despaffans. — Ah Monfieur, Monfeigneur . je vous dis la vérité. — Oit dtmeures tu? — Dans k bameau voifin. — Conduis moi Ec voila Ie Monarque & le jeune garcon qui s'acheminent pour s'y rendre. -- ils arrivent: S. M. voic le trop fidele tableau de la mifere, & verfe fa bourfe, s'inftruit de 1'honnêteté 'des malheureux qu'il avoit vifités & leur fait affurer è fon retour une penfion convenable pour Ie refle de leurs jours. Cette aventure étant  Janv., Fev., Mars, 1784. a*ï étant bientót fue de toute la cour, & Ie récit en étant fait devant une jeune Princeffe 4 qui quelqu'un fe penriit ri'obferver que S. M. n'auroit pas du s'expofer avec autant de confiance, on eut bien lieu de recunnoitre a fa replique la vérité de notre ancien Proverbe; que Bon Sang ne fat point mentir — Je ne vois rien que de naturel dans la démar* cbe de mon freré, dit elle fi fagement, & c ejl un grand mal d'éloigner ainfi des Princes la vérité fous le fpécieux pritexte de l'intérét qu'on prend d leurs perfonnes. Ces paroles fi belles dans la bouche d'une aufli jeune Priaceffe font un affez grand éloge de fon coeur & de fon esprit, & juftifient ces vers de M. Roucher. „ Flatteurs, ne ditesplus aux Rois, „ Qu'élevés au deffus des loix, „ Le ciel de toutimpótafFrancbitla Cou,, ronne, „ LOUIS vous répondroit, qu'en des jours, „ rigoureux, „ Le facrifice entier des déüces du Tróne, ,, Efi 1'itnpöt que les rois doivent aux malheureux.\ La cbronique fcandaleufe ne rapporte raalheuxeufement, dans les circonftaïïcss préfen- tes,  3(22 NoUV. BlBLTOTH. BelGiQJJB. Notre tes, que trop de traits flétriffans pour quelques unes de ces perfonnes affea honorées, pour être ordinairement chargécs de la diflribution des libéralités publiques: un Anonyme a cru devoir, par la fabie fuivante, prémunir la rociété contre les êtres que I'inactivité, le défaut de zele, 1'intOlérance, la partialité &c. rendent auffi dangereux que VitiSdélité Si la dicïion lailTe a defirer, la mora!e en eft exacte & frappante, & dès lors bonne i répandre & a fuivre. Les deux nids. Fablt. ün Marmot du grand ton, que fes gens & fa mere. Appelloient Monfieur le Marquis, Venoit de découvrtr deux méchans pots d'e rerre Oü Ia neige i floccons battoit deux méchans nids, A demi dépouillés de leur mouffe légere. La giffoient maints & maints petits Depuis du tems éclos mais ne profitant g'uere. Qui, tranfis, morfondus, fous ces frêles lambris, IMouroient comme chez nous de froid & de mifere.  Janv-, Ffiv., Mars, 1784. 223 Notre Marquis enleve habitans du logis: Tiens, dit-il a Colas fon frere, Frere de lait s'entend, car vous ne verrez pas, . Si ce n'eft dnns fon baptiftaire, Que frere de Marquis ait jamais nom Colas: Prens ce nid, nous garderons l'autre, Tous deux me font pitié, tu foigneras le tien; Et Champagne oü Jasmin veülera furie nótre. Colas accepte bel & bien : Des deux même fon ame eft en fecret tentée. Colas vite emporte Ie fien, le réchauffe, 1'arrange, apprête une patde, Qa'il préfente lui même au bout du chalumeau A la bégayante couvée. La voilé par fes foins & refaite & fauvée. Le Marquis au rebours: il auroit été beau De le voir de fa main faire ainfi le ménage D'un chétif & commun oifeau! Carc'étoit des Pierrots, Meffieurs , pas davan« tage, Ce foin li des laquais n'étoit il pas I'ou vrage ? II le leur avoit dit; c'en devoit être affez. Des laquais I belle race! En connoit-on de pire ? De leurs maltres fouvent, & ce n'eft pas peu dire, L'infolence & les airs par eux font furpaffés. Et Jamin & Champagne avoient ud coeur de pierre. Ni  \S21 NOUV. BlBLrOTH. ÈELGÏQVEi Ni ces gens ni la Chambriere (C? feite eft bon pourtant) ne furent emprefie's • D'amcher a ia mort une familie entiere', Et lafaitn sloifir, fur les petits glacés Imprimant fa dent meurtiere. Fit de leur nid un cimetiere. N Jtre marquis au fond en eut quelque douleur: Bien qu'élevé dans la grandeur 11 étoit par inftans compatilfant & tendre. O vous qui, comme lui, ne pouvez vousdéfendre fuivre quelquefois les mouvemens du cceur, C^tte fable doit vous apprendre A ne faire jamais ie bien par Procureur. VöUS vous intéreffez a toutes (es découvertes qui peuv^nt fervir les arts; vous ap. prend^ez avec plaifir que M. Hofman de Strasbourg, potTéde un fecret, dont je vais effiyer de vous faire connoitre 1'utilité. II compofe une encre a 1'aide de laqueMe vous prouvez écrire ou deffiner fur un cuivre préparé. Par une opération qu'il connoit feul, dans Pespace de cinq ou fix heures, il vous donne un trés grand nombre d'exeroplaires de votre ouvrage. II eft impoffible de remarquer la moindre différence entre 1'original & la copie; les traits les plus délicats, 1'esprit au maitre, funt rendus avec une  Janv., Füv., Mars, 1784. 225 Une précifion qu'aucun autre procédé ne peut atteindre; & les objets fur le papier ne fonl pas transpofés comme dans les gravures ordinaires. II n'eft rien dans la nature qu'on ne puiffe imiter par le moyen de M. Hofman; ilrend avec une égale déiicateffe, & 1 effet des paslions fur la phifionomie, & les reflets de Ia lumiere, & le jeu des ombres, les bois, le» animaux, les nuages & l'architeécure. Les plus habiles deflinateurs MM.Barbier, Renou, la Grenée lui fourniffent déja des deffins: ils font convaincus que ce nouvel art eft fusceptible d'arriver a la plus grande perfection; ils travaillent avecd'autant plus de hardieffe que le contour qu'ils vlennent d'hafarder peut s'efFacer avec un linge trempé dans l'esprlt de vin, & qu'après avoir vu Ie premier traic de leur ouvrage exécuté, ils peuvent le corriger, le retoucher a volonté, fans craindre de nuire è ce qu'ils ont déj4 produit. Vous fentez, M-, que ces derniers avantages font inappréciables, puisqu'ils évitent aux planches de M. Hof man tttte féchereffe, cette dureté inévitaöles d*}S celles qui font corrodées par 1'eau forte, on taillées par le Burin. Par ce beau procédé, on graveroiten cmq ou fix ans. è peu de frais, les plus ricbes Tom. VI. Part. i. P «M-  SÊSSff NOUV. BlBLIOTH. BeLGIqUE. cabmets de 1'Europe, ce qu'on ne pourroit exécuter dans deux eens ans,.avec des dépenfes énortnes, par les moyens déja connus. M. Hofman a de plus trouvé le fecret de tirer d'une pjanche i la tnaniere noire, quatre ou cinq mille épreuves, auffi belles que les quatre ou cinq eens que jusqu'a préfent , on en obtenoit avec peine. II efl i préfumerque le gouvernement franeois protégera les établiOemens que M. Hofman veut formef en France, dés que fes découvertesct fes projets lui feront connus. Les neiees dont la France a été couverte ont occafionné d'afFreux accidens. On a trouvé trois hommes morts depuis Paris jusqu'au Bourg-h-reins. Un homme menoit des pourceaux il y a quelques jours; il eut le malheur de tomber dans un trou, le troupeau qu'il conduifoit iondit fur lui & le dévora. Un Gourier perdit fon cheval; il ferendit i la pofle pour en demander un autre: il ne fut pas un quart d'heure dans le voyage des oups avoient mangé 1'animal qu'il venoit de la-ifTer expirant. Ces biftoires échaufFerent Ia vieille Mar- qutfe Sê eKe alla gronder notre bon srchevegue de Paris, & nous dit * fon t9m tour:  Jahv., Fisv., Mars, 1784. iif tour: „ Quel moment pour faire fortir te „ chaffe delte Cénevieve! > que veut on „ deplus? le tems eft favorable; Dieu trou. veroit bien agréable la pompe d'une pro* „ ceffion qui ne feroit pas dérangée par les „ voiturés, & pour laquelle fes zelés fervi„ teur ne fe bruleroient pas les pieds • • „ Comme tout dégénéré, bon dieu! faut-il „ s'étonner que le ciel nous traïte comme „ des renégats" ? Un jeune homme de qualité pria le Maréchal de R. d'avancer de trois jours la fortfe de fon frere qu"une faute légere retenoit a 1'abbaye Mon ami, lui dit le duc de R - je--- fouffrirez vous, Monfieur le Maréchal, que le frere de votre ami paffe la nuit en prifon ? II obtint ce qu'il de> mandoit. Un de ces Marquis qui ne font pas gentilshommes dit è M. Piis en parlant d'une dg fes pièces, qu'elle étoit dètejlable. Avec beaucoup de douceur & d'honnêteté Pauteur lui demanda les motifs de fon jugement —k Elle eft exécrable, vous dis je, & dix petJonnes de qualité avec lesquelles je foupois hier font de mon avis ——- Vous ne faifieï pas un Joupé de familie, lui dit M. Piis en lui tournant le dos. Un moine ayant enfendu dire que dans lift  228 NfJUV. BlBMOTH. BeLGIQUB. maifons de jeu deux hommes qui s'entendent & ie dorment des points è propos, peuvent Tuiner une Galerie , fic habiller en faiin le marmiton d'un traiteur, & fe rendit chez Dianier. Un garde du Corps lui vit donner point a la triomphe ayant le roi, la dame öt Ie valet; if faifit le bras du moine, démontra fa friponnerie & le fit conduire chez le comm ffaire; obligé de fe faire connoitre, il avoua bonnement, que ce moyen étoit le plus fimple qu'il eut imaginé pour avoir de l'argent - • • Comme cette fcene caufe du fcandale, qu'elle eft publique; je plains le moi e imbécil'e. Les punitions du cloitre font terribles; celui qui vous les inflige a toujours quelques motifs de vengeance contre fon frere, & ne laiffe pas échapper 1'occafion de fe fatisfaire. Rien n'eft fitót épaifé que 1'admiration ides hommes : 1'a t on une fois exaltée, envain prétendroit on la fixer: c'eft un fentiment aride, dont une irration extraordinaire fait Jaillir une belle fiamme, & voila tout. Aptès tant de démonftrations univerfelles d'entouii;isn>e & d'yvreffe, lors de Pexpérience de MM. Charles & Robert, eut on dü penfer que ce même fpeclacle ne feroit fitot revu qu'avec la plus froide indifférence ? M. Blanchird . qui depuis plufieurs années , nous beiert de l'cspoir de Ie voir s'élever dans  Janv., Fev., Mars, 1787. 229 dans les airs, ayanc ennn vuwu icamci ia promelTé, avoit annoncé qu'au moyen d'un Globe-fuspenfoir auquel il adaptcroit fon bateau méchanique, il démontreroit Ie premier la poflibilité de fe diriger a volonté dans les p'aines aëriennes. Le feul nom de Blanchari a réveülé la malignité; le pauvre méchinicitn fut bientót couvert de farcasmes & de ridicule: cependant fa machine, offerte è ia curiofité des amateurs, parut ingéoieufe, tlle lui acquit quelques partifans, & 1'on finit par en espérer quelque fuccès. Finalement 1'expérience a été annoncée & tout Paris s'eft porté au Cbamp de mars, lieu défigné pour fon exécution. Mais qu'eft-il arrivé? C'eft ce que furement on n'oferoit fuppofer poffibls dans un pays policé, & furtout dans cette Capitale. Tandis que notre argonaute dispofoit toutes fes manoeuvres, un jeune hom> me, un furieux s'élance dans fa nacelle, j'épée nue è la main, & prétend le forcer a le prendre pour compagnon. On lui repréfente la témérité, l'injuftice de fon entreprife, il rejette infolemment toutes les remontrances, & menace quiconque ofera davantage. Des Perfonnes de la plus haute qualité fe trou▼oient préfentes; quelques unes fuyent, d'autres perorent. M. Le Duc de Cmflans entreprend de fermoner ce jeune fanaüque; P 3 ' un  ?3® NOITV. BlBLIOTH. BELGiatT^ nC,°Up de pied fur ,a P°itïine de M. jeOuerefl fa réponfe. LeDucoutré, pal Vient 4 e faiGr, fui brife fon épée, mais le W «thoufiafte a bteutót faifi fo» courfmv * dJU" braS viS°ute«. il frappe de "fOHfl et de gauche comme un déterminé qui. crojt avoir 4 défendre fa vie. Bien heureuiement, qui que ce foit ne fut b!effé fi ce ncft le pauvre M. Bhnchard, qui, vouwt garantir fa nacelle.' dont il voyoit tous Js agrets dévaftés par ceftrrieux, avoit reCu dans la main un coup d'épée. Quoique A% pourvu de tous inftrurnens dirigls Ju préfc'wtifs. H fent que les trois quarts de « pubhc afTembié, qui ignorc ce fatal événement, ne va pas manquer de" lui jetter Ia pierre s',1 nef.tisf.lt pas fon attente: il fe réfout donc è s'expofer 4 tout. Dom Pecb Béné ,a,n qui devait .Vcompagner pour £ re des ob ervat.ons météoroiogiques, partage fa réfo ut.on & veut ie fuivre-. - on les E gage, Ie Ballon part; mais i pei„e s'eft-ii «levé de li è ij pieds qu'il retombe Mort nTT rLa f8"6 d'air W éprouvée P r es faccades du jeune extravagant lui avo* Até la légereté fpecifique „éceffaire 4 fJ% ït* k TJP°K,Ï aufli c°"fidérables. D gaferdée, descendtt è regret, & M. £/a„fWi partie  Janv., Fev., Mars, 1784. 231 partit feul. Son courage méritoit des encouragemens, & cependant, au lieu de ces acclamations, de ces applaudiiïemens dont MM. Charles & Robert furent comblés, le pauvre Blanchard a recu des uns des huées accablantes, & trouvé dans les autres de 1'indifFérencö & un filence non moins défespérant. Son élevatton a été effrayante par fa hauteur, que quelques obfervateurs ont portée jusqu'è 2530 &. 3000 toites (*). Parvenu la, on a vu, non fans étonnement & daus la perfuafion qu'il fedirigeoit, cet intrépide argonaute réfifter en apparerce au vent trés fenfible d'eft nord, puis le vaincre & remonter au Sud-Efi, , infpi-  Janv., Fev., Mars, 1784. 23$ „ infpirer le gout de l'inftruftion a ces es„ prits que 1'incertitude, le doute & la mét. „ hode lente & rigoureufe des fciences exaa. „ tes , fatiguent ou rebutent. On a dit qu'ils „ falloit des fables aux hommes pour leur „ faire fupporter la vérité, & ces opinions „ fyftêmatiques font peut être la feule mytho„ logie qui convienne a des fiecles éclairés". Jamais 1'aflembiée de Pacadémie ne fut plus briilante. Ce que nous avons de plus aimable & de plus élégant i la cour s'y rendit; vingt femme'; qui jouiffent du fuprême bonneur d'avcir un tabouret tout entier chez la Reine furent obligees d'y fiéger fur le pommeau d'une chaife, ou fur le bras d'un fauteuil. Le Mufée de la rue Dauphine préfidé par M. Court'deGébelin, fic, ces jours derniers, une féance oü ie# dame? furent admifes. Ce préfident nous lut une differtation fur le Bx'^f «Pis, qui fut peu goutée des femmes qui Pécoutoient encore moins des hommes inftruits qui 1'entendirent: v'eft une froide compilation de ce qu'on trouve fur cette divipiri dans Montfaucon, dans les mémoires de Pacadémie des infcriptions, dans Pluche & fur tout dans 1'abbé TerfaJJin. Un morceau d? la traduction d'Ovide (la mètamorplofe de Paphné en laurier) par M. de S. Ange; quelques fables affez fptrituelles, mais mal écri- tes.  a3<5 Nouv. Biblioth. Belgiqub. tes, & furtout la harpe de Hosbrucker nous arracherent au fommeil oü 1'air méphithjue de la falie trop pleine, & quelques écoliers bratllards nous avoient piongés. On nous annonce pour les premiers jours de la belle faifon, un poSme intitulé/e PrinMms: o'eft l'ouvra^e de M. Vienh de Boisjodin, jeune homme aimable qui chante fes premières fenfatior s avec grace, avec harmonie. On a vanté fes vers dans les journaux, on les applaudit dans les cercles: parmi ceux qu'il rn'a récités & qui ne font point invrimés, j'ai remarqué ceux-ci. Lfi LEVIl DU SOLEIL, L'ombre füit lentement: I'alouette légere, De Paurore embellie tiflive meffagere, Dans 1'air qui s'éclaircit s'élance, & de fa voix. Le bruit va réveiller le peuple ailé des bois. Sons des rameaux en fleurs, Philömele tranquille Lui permet Ie plaifir d'un triomphe facüe, EUe fait que fes chants doivent lendre èleur tour \ Les accens de la nuit plus doux que ceux du jour. Le  Janv., Fev., Mars, 1784. 237 Le foleil é^ayant la terre rajeunie Va répandre fes feux, ies couleurs, & la vie. Ses rayons enflammés n'entrouvrent point encor Les nuages voifins qu'il charge en vaguesd'or. Son éclat efl voilé: mais bientöt ia lumiere Perce , vole, & s'éiend fur la nature entiere , Elle frappe, elleéclaire, & rougit les cöteaux Dont lapenteblanchit fous de nombreux troupeau*. Elle gliffe St produit dans 1» foiêt moinsfombre Le mobile combat de la nuit a de 1'ombre. La riviere a l'aspeft du globe lumineux Solitaire, fans ombre.en recoittous les feux, Elle étincelle au loin: & fon onde plus belle Seroble 3'enojgueülir de fa beauté nouvelle. Les rayons divifés en éclatans rezeaux RouUnr en nappes d'or fur l argent de fes eaux, Sa mobile fplendeur feprolonge, étendue Jusqu'aux lieux oü ie bois par d'obliques dé. tours Ombrage, rembrunit & me cache leur cours. Je viens de lire une differtation fur Perfe parM.Selis: il fcffaie de répondre aux critiques de M Dufaulx traduéleur de juvenal: il prétend lui démontrer que les défauts qu'on reproche a Perfe font imaginaires, que les critiques qui l'ont attaqué ne le jugeoient pas  23$ Nouv. Biblioth. Belgioue pas avec impartiaüté, qu'acccmtumés au frife facile & peut-être diffus de Ciceron, la précifior» de ce fatyrique les mdispofoit conrre luique l'autorité de (es approbateurs, l'emport. filr celle de fes cenfeurs On voit dans Je defnier parti, les Scafiger, les le vafleur. Daniël Heiniius, Ie P. Petau, le P Rapin Gérard Voflius, Farnabe, Colucius'&c Les psmfans de Perfe font Lucain, Quintilien Martial, Eufebe, St. Augurtin , Laftance' Pithon, Turnebe, Cafaubon, Drvden Ai diiTon, Brown, Du Mariais &c 1 M Sélis affure qu'il a lu tous lei ouvrages de St. Jéróme fans y trouwer la preuve du mp:d>ié, Ils ne veulent d'iutre hêrit?ge Que 1'honneHr & la probité. Par M. Le Ctmc de Bruck. (*) L'ancien Contr61eur-généial & fon coufin gcrraai».  NOUVELLE filBLIOTHEQUE BELGIQUE, Tome Sixieme, Seconde Partie. Pour les mois de AVRIL, MAI, JUIN. MDCCLXXXIF. A LA HA T%T^L Chez C. P L A A Libraire dans le Hofïïraat, MD CCLXXXïv.   AVIS. Dans le Profpeétus de cette Bibiiofhèque nous promfmes de cefter nos travaux auffitöt, que le Public s'en ennuieroit. Le cas exifte peut être depuis la naiffafice de ce Journal. II eft donc plus que tems de finir. Ainfi nous préfentons au trés petit nombre de nos Leéïeurs la derniére Partie de la Nouvelle Bibliotheque Bel. gique — nous les remercions fincerement de la proteétion qu'ils nous ont accordée pendant trois ans, & nous les prions d'excufer toutes les inégularités qui ont défiguré ce Journa'. En voila donc un de moins en Europe! fur les fix cent qui 1'ennuient périodiquement. Allons,mesconfrères! (fl) rendez vous juftice comme nous, (a) On fent que cela nes'adrefTe niau Jour* n?l Encyclopèdique, ni au Monthly Revew, ni aux Nouvelle s de Gottingue, ni &c. &c * 2  AVIS. nous; fongez qu'il n'eft pas honnéte de ruiner fon Libraire — de s'obftiner a écrire, quand on ne veut pas vous lire — mais que deviendroii alors VEfprit dei Joumaux?  T A B L E DES ARTICLES. Art. Pao, I. Elémens de l'Histoïre Batave par M. Sax. . 241 II. Introduction aux Livres du V. Testament . par M. Eichorn. . 247 III- Observations sur le Gouvernement et les loix des Etats Un is de l'AmERIQUE , PAR M. Mably. 259 IV. Memoires de la Societé de CorrespondanceMetéorologique &c . 274 * 3 V.  TABLE DES ARTICLES. V. F. J. Voltelen Oratio 300 vi. Fables , publiées par Mesd. Bekker et Deken. 308 vii. dlssertation sur les Machines Aërostatiques, par M. v. Lier . 329 VUL Sermonsurl'Insensibilité aux chatimens de Dieu . par M. de la Sauffaye. . . ... .345 EX. Academie de l'ArT öes accouchemens , par M. Jacobs 372 X. Recherches sürlaDys- de  TABLE DES ARTICLES. senterie epidemique, par M. VAaGeuns. . 38© NB. Dans tous les Numéros des Articles fuivants ü s'eft glijfè une faute typographique. XI. contemplation PhYSIQUE ET MaTHEMATIQUK du ballon aërostaït- que par M. Damen. . 391 XII. Poësies Latines . . 439 XIII. Avis, Annonces &c. . 448 XIV. Anecdote 45* XV.  TABTE DES ARTICLES. XV. NoiTVE lles LITTErair e s. .... .453 XIV. CorrespondanceSecret te de Paris. . . . 4^ F I N.  NOUVELLE BI BLIOTH EQUË BELG1QUE. POUR. LES MOIS DE Jvril, Mai, Juin. MDCCLXXXIt*. ARTICLE PREMIER. MONOGRAMMATA HlSTORIAE ba" tavae, &c. c'eft-a-dire. Élemens de l'Histoire Batave depuis les tems les plus reculés jusquen 1713. par ordre chronologiqüe c}?c. a Fufage des cólleges atadêmiques,• par M. Cilristophè Sax, Profejfeur en Hiftoire, Antiquitési tome VÏ. Pari. 2. Q. ÉU>'  242 noüv. BlBLIOTH*. BeLGIQUB. Eloquence &c. h Utrecht chez B. Wild 1784, g*. in 8°. di 282 pp. Prix ƒ 2 - io - o Cet ouvrage é'émentaire eft recommarjdable k divers égards & fèra plus utile a la jeunefTe des Pays-Bas, que les Abrégés de Drackenborcb, & d'Offerbaus, dont on s'eft fervi jusqu'a préfent dans nos Académies. Ces Auteurs ont tous deux négligé de donner des idéés nettes & précifes de PHiftoire Hollandoife fous les Comtes; & fe font attachés a faire connoitre de préférence ce période brillant de nos annales, oü. 1'on vit une poignêe d'hommes mal disciplinés fe révolter contre la plus puilTante monarchie du feizieme fiècle, fe fouftraire a fes tyrans, & former un état libre cc indépendant. Mais pour donner de juftes notions d'une rêvolution aufli étonnante, il falloit remonter sax caufes qui 1'amenerent, aux raifons qui la motiverent, & que 1'on ne fauroit connoitre ni apprécier, fans être au fait de la cotftkution politique des Pays-Bas fous les Corotes. Les  Avril, Mat, Juin, 1784. 24$ Les évéoemens de I'Hiftoire fe denneet comme les anneaux d'une chaine; ils s'expliquent les uns par les autres, & 1'on ne parviendra jamais a en connoitre parfaitement une partie fans avoir étudié attentivement le tout. II étoit refervé a M. Sax, déja connu dans le monde favant par,divers ouvrages importans, de frayer 3 fes disciples une nouvelle route dans 1'étude de 1'hiftoire de Ia. Patrie3 & nous ne doutons pas qUe I'Abrégé que nous annoncons ici, ne contribue efficacément a perfeftionner le goftc qui depuis quelques années femble renaitre parmi nous, pour des recherches- auffi curieufes & auffi intéreffantes. L'Auteur a eu un foin tout particulier de diftinguer les tems & les époques; ce foin eft abfolument néceffaire dans'un ouvrage Chronologique, il en fait Ie premier mérite. Ainfi nous voyons d'abord I'Hiftoire de nos ancêtres fous les' Empereurs Romaips. Vers la fin du feptjème fiecle ces Pays tomberent fous ]a domination des Francs., & le ChriftianJs» me Commecca a s'établir parmi nousI'Auteur indique les évenemens qui fe Q. i pas ■  244 Nrv'v. Biblioth. Belgïqüe. palTerent fous Dagobert & fes fucceffeurs & fous Ie gouvernement des Evêques d'ötrecht. Viennent enfuite les Empereurs A'.lemands, les Ducs de Gueldre & les Comtes de Hollande. Chaque page fe trouve alors divifée en cinq colomnes, la première contient les noms des Empereurs, feigtieurs fuferains, & fbuverains des Pays; Ia feconde ceux des Evêqués d'Utrecht, Ja troifieme ceux des Ducs de Gueldre, la quatrième ceux des Comtes de Hollande; enfin la derniere embralTe 1'hiftoire des Pays-Bas, avec une précifion & une netteté admirables. On fent aifément que dans un espace fi relTerré I'Auteur ne peut tout au plus qu'iüdiquer les faits, cet ouvrage n'eft donc a proprement parler que le canne«as de la grande hiftoire qu'il expofe è fes Auditeurs dans fes Le^ons Académiques, mais ce précis eft fait avec tant d'habileté & de jugement qu'il peut presque fuffire pour donner aux jeunesgens, ci même a ceux qui ne veulent pas pousfer bien avant leurs études, des idéés afTez fatisfaifantes de I'Hiftoire aneienne &  Avril, MaIj Juin, 1784. 245 & moderne de cette République, cet ouvrage joint au mérite de 1'éruJition & de la clarté celui du ftile. II eft rare de nos jours d'écrire en Latin avec autanc de pureté & d'élégance que M. Sax, peut. être pouffe-t'il quelquefois cette attention jusqu'au fcrupule, peut-être trouvera-t'on un peu de recherches dans certaines expreffions, un peu d'obfcurité dans certains tours de phra("e, mais ces défauts font rachetés par taot de véritables beautés qu'il feroit injufte de les reprocher k I'Auteur. Un abrégé Chronologique n'eft guères fusceptible d'extrait, & d'ailleurs le ftile de M. Sax eft fi ferrê, fi concis qu'il eft presque impofiïble de donner a nos le&eurs une idéé même füperficielle de la manière de notre Auteur. Nous renvoyons donc a 1'ouvrage même, qui eft fait pour être entre les mains de tout ProfelTeur d'Hiftoire, & de tout fage inftituteur, pourvu qu'il fache développer convenablement ce qui n'eft ici qu'iBdiqué, & qu'il imite fur» tout la noble franchife & Pimpartia* lité de M. Sax. Ce dernier article Q3 eft  %\6 Noot. Biblioth. Belgique. ARTI- eft de la plus grande conféquence. II importe de donner aux jeunes habitans d'un pays libre des notions vraies & précifes de I'Hiftoire de leur Patrie. La moindre erreur fur cet article eft dangereufe. Qu'on fe dispute tant que 1'on voudra fur les anciennes dynaflies, fur les qualités bonnes ou mauvaifes de quelque Prince afiatique, la chofe eft au fond trés indifférente; mais Phiftoire de cette République nous intéreffe plus direélement. Jusqu'a préfent la haine ou la flatterie n'en ont que trop akéré la pureté, nous avons tous été élevés plus ou moins dans certains préjugés qu'il eft tems d'abandonner. Lifons, étudions Phiftoire; öfons y porter Ie flambeau de la critique3 ne craignons point d'analifer les' faits, & cette étude ainfi dirigée ffoïtnéra notre jugement, nous donnera de juftes idéés de notre Conftitution, de notre gouvernement, nous apprendra a discerner nos véritables intéréts, & fera conféquement d'une utilité directe & continuelle dans toutes les occurreuces ke la vie.  Avril, Mai, Juin, 1784. MI ARTICLE SECONQ. Inleiding in het Oude Testament, &c. C'eft-a-dire, Introduction avx Livres dü Vieus Testament, par M. J. G. Eichorn, traduit de VAUemand, par M. Y. van Hamelsveld, Docteur Profesfeur en Théologie a Utrecht. Tome I, a Amjlerdam chez IVeppelman 1784. gr. in 8w. de 546 pp. Prix f 3 - 0 . $ Le Traduöeur de cet Ouviage, M. Ysbrand van Hamehveld, nous apprend dans une courte piéface, qae cette IntroduÖiion aux Livres du Vieux Testament eft regardée en AJleraagne comQ 4 me  248 Nouv. Biblioth. Belgique; me un des meilleurs Ecrits que 1'on ait jamais publié fur cette matière, qu41 fert comme de fuite a 1'ouvrage du Chevalier Micbaelis fur le Nouveau Teflament, & cet Auteur a lui même accordé les plus grands éloges au travail de M. Eicborn. Les Journaliftes de Gottingue en ont parlê dans le tems d'une facon fi flatteufe, que le tra.ludteur a placé leur Extrait è la tête du Volume que nous annoncons. Nous croyons donc rendre un vrai fervice aux Lettres en faifanc connoitre è notre tour un Ouvrage, que tous nos Théologiens doivent s'empresfer d'acquérir, paree qu'il contribuera efficacément aux progrès de leurs connoifiances dans une étude infioement plus néceffaire que celle de tant dequesdons abftrufes & oifeufes, qui les occupent fi fouvent, & qui n'aboutiflentqu'è des disputes fcandaleufes ou ridicules, telles qu'è la honte du fiècle nous en voyons aujourd'hui fous nos yeux. . Comme nous aimons, autant que le fujet le comporte, a nous faire entendre des difFérentes dalles de lefteurs, nous jpe nous. appéfantirons pas fur les oh- ferva-  Avril, Mai, Juin, 1784. 249 fervatioDs philologiques de notre Auteur & qui fe trouvent princip'alement dans la troifieme partie de ce Volume, n nvoyant pour a t objet a 1'analife du Journal de Gottingue. Le premier Chapitfe traite de Ia publication, de la confervation, colhction, authenticité, & de 1'aucorité canonique des Livres du Vieux Teftament, Les Egyptiens, les Chaldéens, Jes Phéniciens & les Hébreux font inconteftablement les plus anciens peuples policés dont 1'hiftoire nous ait confervé la mé» moiré; tous quatre ils odl joué un grand röle dans le monde, & oDt lailTé è leurs descendans plufieurs ouvrages comme autant de monumeDS de leur antique fplendeur & de leurs progrès dans les Arts & les Sciences. De tous ces Peuples les Hébreux ont éprouvé les révolutions les plus fingulieres, & cependant c'eft le feul, qui de génération en gécération fe foit transmis jusqu'è nos jours, tandis que de leurs rivaux Ie nom même a disparu, fims nous la,fler des traces diftin&es de leur exiftence. Leurs Livres fpnt perdus pour nous, ce qui eft échapQ.5 pé  %$o Nómr. Biblioth, Belgiqus. pê au Daufrage ne fert qu'a augmenter nos regrets, & par une direction toute particuliere Ie Peuple Juif a confervé tous les liens. Les Ecrits des Hébreux font les plus anciens monumens qui nous ïeftent, un de leurs Hiftoriens a vécu plufieurs fiècles avant que les Grecs connuflènt feulement 1'art d'écrire, & leur écrivain le plus moierne eft contemporain d'Hérodote ce Pere des Hiftoriens Grees. Dans la colleciion que les Hébreux nous ont confervée on trouve des Poëtes, des Prophètes, des Hiftoriens, tous plus anciens les uns que les autres. Qui de nous en réfléchiflant fur cette fingularité ne fe demandera-t'il pas ? — Mais ces Livres feroient ils en effet auffi anciens qu'on le prétend, par quelheureux concours de circonftances ont il pu ëchapper aux injures du tems ? Combien dedangers n'ont-ils pas encouru, combien ont ils perdu en venant jusqu'a Wous, par quels moyens peut-on réparer ces pertes? toutes ces queftions & plujjeurs autres encore nous femblent trés naturelles; 1'autenticité, la canonicité de la Bible dépend fans doute de la ré- ponfe  Avrjl, Mai, Juin, 1784. 25? ponfe qu'on peut y faire, car fi 1'on ne 1'auroit prouver que la Bible ne foit véritabiement auffi ancienne qu'on le prétend, que Moife, Esdras, David, Jeremie ne foient les Auuurs des Ouvrages qu'on connoit fous leurs noms on ne fauroit affirmer non plus que 1'origine de ces Livres foit celle que nous la lbppofons, ni que ces Auteurs aienc été infpirés par 1'Ksprit de Dieu. De tous tems plufieurs Théologiens ont travaïlfé fur cette matière, & leurs ouvrages font connus. Carpzovius & Pfe ff er font dans toutes les Bibliothèques, mais ce qui a écé écrit depuis fur ce fujet eft fi disperfé dans une foule de brochures, de Recueils , de Journaux & d'autres Aéfces Littéraires, qu'il falloit un courage extraordinaire pour raflembler toutes ces fources éparfes, les réunir fur un plan nouveau. Ce travail exigeoit des recherches iDfinies, une fagacité peu commune pour discerne'r le bon du mauvais, enfin beaucoup d'ordre Sc de méthode pour en faire un Ouvrage qui feu! put tenir lieu de tous les autres. C'eft a AL Eicborn qu'eft rêfervée cette gloire, & c'eft  252 NOUV. BlBLIOTH. BeLGIQUB. C'eft encore au Profefleur Barkey que nos Compatrior.es doivecc 1'avantage de conpoitre cet excellent Traité, comme nous 1'apprend le Tradudteur, qui lui même s'eft déjè fait un nom dans les Lettres, entr'autres par fon ouvrage intitulé: Apologie de la Bible, & dont nous avons parlé dans le tems. L'Auteur obferve d'abord quant a la pullication des Livres du V. T. que tous ne parurent point originairement, celle que nous les voyons aujourd'hui. La plüparc furent publiés en partie, & i'on ne les raffembla qu'a Ia mort de I'Auteur, ainfi les prophéties par exemple ne parureDt que Tune après 1'autre, comme on peut le voir par Jerem XXX 2. XXXVI. 1. 41. 60. II en eft de même des Cantiques ou Pfeaumes de David & 'des Ouvrages de Salomon. Prov. XXV. 1. XXX. 1. Quant è Ia confervation des Livres Saints, nous voyons que Moyfe prit un foin tout particulier de dépofer Ie Pentateuque dans un endroit fiir & facré, il le fit mettre a cóté de 1'arche de 1'Alüance. On en agic de même dans la fuite a  Avril, Mai, Jüïm, 1784. 253 a 1'égard du livre de Jofuê, mais nous ignorons fi 1'on prit les mêmes précautions pour les autres Livres avant la captivité de Babylone; I'Auteur fe permet a ce fujet plufieurs conjeótures qui nous paroilTent trés ingénieufes, mais qui n'équivalent point è une preuve hiftorique, quoique nous adoptions volontiers fon opinion fur l'exiftence de plufieurs Copies des Livres Saints, furtout des Pfeaumes & des Prophéties, opinion que la conformité de certains Ecrits du V. T. rend trés vraifemblable. Au retour de Ia Captivité on raflembïa tous les Livres des Hébreux, & c'eft Ia colleöion que nous nommons Ie Vieux Teframent; il eft apparent qu'Esdras & Néhémie entreprirent cet ouvrage. Nous ne fuivrons pas notre Auteur dans !es détails ou il entre fur la maniere dont fefir. cette colkélion, non plus que fur 1'ordre que les juifs adopterent dans la dispofition des différens Livres, ces objets doivent être connus des Théologiens & n'intéreiïeroient guère les autres Leéteurs. La plus grande partie des LivresSrnts eft écrite en Hébreu. Cette langue étoit auffi  »54 Nouv. Bibliqth. Belgique. auffi univerfeliement coDDue, que Ie Grec du tems de J. C. ou Ie Francois de nos Jours, les Phéniciens enfaifoient ufage» & elle avoit beaucoup de rapport avec Je Chaldéen & I'Arabe, deforte que 1'Hébreu étoit entendu de presque tous les peuples alors connus. Depuis Moife jusqu'a Malachie tous les Auteurs Hébreux fe font fervis du même Dia'ecïe , è quelque difFérence prés que le tems & 1'ufage avoient introduit dans Ia hmgue; mais tous les Ecrivains Juifs modélerent leur ftile fur celui de Moife, qu; étoit devenu pour eux un Auteur Ciaffique. L'autenticité des Livres Saints ne fauïoit-être conteftée. II eft d'abord im* poffible de fuppofer qu'ils foient tous 1'ouvrage du même Impofteur. L'Auteur du Pentateuque ne fauroit être celui du Livre ó'Efaie. Malgré la conformité du ftile & de Ia langue on remarque une difFérence prodigieufedans les tournures les phrafes, la manière de préfentcr les objets, &c. II eft au contraire fuffifamment prouvé que la Bible eft véritablernent 1'ouvrage de plufieurs hommes toas infpirés de Dieu, mais qui vécurenc en  AvitïL, Mai, Juin, 1784. 25? en différens tems, en un mot s'il eft prouvé qu'Homere eft véritablement Auteur des Livres qu'on lui attribue, il eft mille fois plus évidemment prouvé encore que Moife, Jofuê, les Prophetes, . ont écrit les ouvrages qui portent leur nom. Nous ne nous arrêterons point a démontrer ici une vérité inconteftable, nous obferverons feulement avec notre Auteur, que ces Livres portent un caraflère de véracité & d'authenticité auquel il eft impoflïble de fe refufer. Les moeurs qu'ils retracent font exaöement, celles du tems oü ils furent écrits,voyez Moife, dans ces premiers êges du monde teut eft fimple, & naturel. Abraham, Melchifedec retracent la noble fimplicité des Bergers & des Rois d'Homere, & nous trouvocs encore aujourd'hui les mêmes moeurs parmi les Arabes du défert. Peu a peu le luxe & le fade corrompirent cette belle ingénuité, quelle difFérence prodigieufe de ces moeurs a celles des Juifs du tems de Salomon —» mais en même tems quelle dirférence dans le ftile des Ecrivains Sacrés, comparaifons, images, reeks même, tout por-  i$6 NOVV. BlfcLIOTH. BeLGIQUÈ; pórte 1'empreinte des progrès de 1'csprit humaindans les arts & les fciences, mais tout indique en même tems combien on étoit déja dégénéré des moeurs primitives. L'Auteur rsppbrte enfuite en grand détail les preuves de la canonieke des LivreS Saints, telle que les Proteftans ]a reconnoilT^nt. Après avoir indiqué ce qü'il faut entendre par le motCanon, par cHui ü'Apocryphe, I'Auteur examine les différens Canons connus parmi les juifs, en particulier celui de Jofephé, fur lequel il fait plufieurs obfervations trés jntéreflantes, mais qui pourroient bien n'être pas toutes également juftes, il nous paroit par exemple bien difficile de foutenir, que le Livre de Job ait été jaïYiais rangé par Jofepbe au rang des Livres Prophétiques. -Le Chapitre fecond contient I'Hiftoire «3üTexte des Livres dü Vieux Teftament. L"Auteur allure que le caraétère dont fe fervoient les anciens Hébreux étoit le Pbénico-Egyptien, & il fuppofeunpeu gratuitement que Jacob & fa familie apprirent 1'ècriture dans le Pays de Goscen: après  Avrtl, Mat, Juin, 1784. 257 après Ja captivité de Babil.one les Juifs firent ufa^ du caradtère Cbaldéen, ils avoient auffi pour la Pcöfie un caradtère particulier. Ces différentes especes d'écriture occafionnerent dans la fuite bieti des fauces de Copifte, & autres que I'Auteur indique en détail: il fuit les chaogemecs progreffifs qu'ép ouva le caradtere Hébreu, & en conclut que les Livres du Vieux Teftament ont beibin auffi bien que ceux dü Nouveau d'une révifion critique teile que le Dr. Kennicott, «Sc M. de RoJJi viennent de 1'entreprcndre de nos jours. L'Auteur défi^ne les matériaux dont il faudroit fe fervir pour la cont'edtion a'un ouvrage auffi important, mais auquel un feul homme ne pourroit farsdoute point fuffire. C'eft cé qui fait proprement le fuj. t de la troifieme partie , qui nous a paru en général parfaitement bien traité: & plus foigcée que les dtux autres, quoiqu'elle ne foit pas elle même a 1'abri de la critique fage & raifonnée des Journaliftes de Gcrrinjiue. II nous paroit étonnant que M Himelsveld n'aic point fait mention de Ces ob. feivatior*, & n'ait point fuppléé dans des • Terne VL Part. 2. R notes  258 Nouv. Biblioth. Belgique. notes a ce que le texte pouvoit avoir de défe&utux, ou du moins qu'il n'ait point répondu a ces critiques, & juftifié pleinemenc 1'on Auteur. II eft trop habile lui même pour n'avoir pu entreprendre cette tiche avec confiance, ce qui auroit encore augmencé le mérite dc fon Ouvrage. ARTI-  Avb.il , Mai, Jura, 1784. 25^ ARTICLE TROISIEME. 0BSERVATIONS SUR LE GOUVERNE" MENT ET LES Loix des Etats Unis d'Amérique, par Mr. V Abbè DE Mably, in 8°. de au pp.Amlierdam, chez J. F- Rofart & Camp. 1784. Pm ƒ 1 » o • o Cet Ouvrage, dans le moment préfent, doit fixer 1'attention de tous nos L( ateurs. Le nom de I'Auteur eft un préjugé bien avantageux pour la bonté de fon Livre, qui nous a piru rempli de vues excellentes, & d'obfervations trés judicieufes. U eft écrit en förme de Lettres adreffées a M. Mams. „ Tandis que presque toutes les na» tions de 1'Europe ignorent les principes conftitutifs de la Soeiété & ne regardenp les Citoyens qUe comme les beftiauxd'ujie ferme qu'on gouverne pouj 1'ajantage R' 2 , par-  tóo Nouv. Biblioth. Belgtohit. .particulier du propriétaire; on eft étonné, on eft édi6é que les treize Répuoliques d'Amérique, ayent connu a la fois la dignité de Phomme & foient allées puifer dans les fources de la plus fage philofophie les principes humains par les quels elles veulent fe gouverner". „ Heureufement pour vous les Rois d'Angleterre en donnant a vos Pères des Chartes pour rétablilTement de vos Colonies fe laifferent conduire par leurs paffions & leurs préjugés: ils n'avoient que des idéés d'ambition & d'avarice. En fe débarraflant d'une foule de Citoyens qui les gênoient, ils voyoient déja fe former de noüvelles Provinces qui devoient augmenter la majefté de 1'Ëmpire Britanoique. II fe flartoient en même tems d'ouvrir une nouvelle fource de richefles pour le commerce de Ia Mé» tropole; & ils voulurent vous faire prospérer pour jouir plus que vous mêmes des avactages de votre pro.«périré. Vous auriez été perdus fans reflburce, fi ces Princes avoient été aflez inftruits de Ia politique malheureufe de Machiavel pour vous donner des Loix favorables è leur ambi-  Avril, Mat, Juin, 1784. 261 ambition. Leur jgnorance vous iervic trés utilement; ils s'abandonnerent è la routine qui gouvernoit 1'Angleterre, & établirent parmi vos Peres des reg'es & des loix d'adminiftration qui, en vous rappellant que vous étiez les enfans d'uïpeuple libre, vous invitoient a vous occuper de vos intéréts communs. Pendant longtems vous avez été facrifïés aux intéréts de la mere-patrie & vcus avez regardé ces facrifices comme un tribut qu'il étoit jufte de payer è la protcétion qu'elle vcus accordoit & dont vous aviez befoin". Enfin la grande révolution s'eft opérée, & les Colonies Américaines font devenues un peuple libre. Mais les treize Etats n'ont pas confondu leurs droits, leur indépendance & leur liberté pour ne former qu'une feule République, qui auroit établi les mêmes loix & reconnu les mêmes magiftrats, c'eft un grand avantage pour elle, obferve M. de Mably. J'aurois cru remarquer dans cette conduite des Colonies une certaine crainte, une défiance d'elles mêmes qui auroient été d'un trés mauvais augure, & furtout R 3 une  % 62 Nouv. Biblïoth. Belgiqub. une profonde ignorance de ce qui fait la véritable puiffance de la fociété". L'Auteurdéveioppe enfuite les espérances que lüi fait concevoir le fyftême adopté par lts Treize Etats, qui eft fondé furl'union & fur la concorde, & afferrbi par le lien du Congres Continental. Dacs la jurisprudence il les félicite d'avoir confervé la méthode des Jurés qui eft touc ce que les hommes ont imaginé de plus fage pour établir entre les forts & les foibles une véritable égalité. Cependant ce fyftême n'eft pas fans inconvéniens, la Démocratie eft bien ea effet le gouvernement qui fait tirer le meilleur parti polïïble des citoyens, mais en même tems elle veut être maniée, tempérée & établie avec la plus grande prudence. II faut voir dans 1'ouvrage les èxcellentes confidération& de I'Auteur fur ce fujet, ce feroit les atténuer que fl'en offrir une partie; tout homme des. tiné a 1'étude des Loix ne peut lire trop attemivement ce ra >rceau. En méditant fur les Loix des Treize Etats on y voit 1'esprit des Loix AngloiJes, Loix purement Démocratiques & dont  Avril, Mai, Juin, 1784. 2.6% dont tant d'écrivains ont loué lafageffe; mais ce qui peuc convenir è l'Anglecerre ne convient pas a la lituation deJ'Amé-; rique. Le gouvernement Anglois s'eil formé au milieu de la barbarie des fiefs , celui des Etats-Unis 1'eft ü'une manière toute différente, & leurs Loix ne font point 1'ouvrage de plufieurs fiècles & de mille circonftances contraires qui fe fons fuccédées les unes aux autres, comme en Angleterre, oü le caraétère national s'eft formé lentement, oü chacun s'eft accoutumé peu a peu k la place .qu'il occupe ,oü une habitude routinière a as» focié 1'ambition du Prince ei la liberté des fujets. lei le paffage a été trop brusque, les esprits n'y étoient pas affez préparés, & peut être une plus longue guerre leur eut été avantageufe. L'Auteur redoute encore ce germe é'Ariftocratie emprunté de la mere Pa» trie, qui cherchera continuellement è s'étendre & qui mettroit en contradiftion les Loix fondées fur une Démocratie trop «ntiere & les moeurs. „ Jl me femble qu'au lieu de réWeiller magnifiquemect 1'ambition & les espérances du peuple il R 4 at*  s«4 Nouv. Biblioth. Belgioüe. auroit été plus fage de lui propofer firnplement de s'afFranchir du joug de la Cour de Londres , pour n'obéir qu'a des magiftrats, que la médiocrité de leurfortune rendroit modeftes & amis du bien public, en réglant fes droits de facon qu'il ne püt craindre aucune injuftice: il auroit failu priücipa'ement s'occuper a mettre des entrav(>s è 1'Ariftocratie, & fa-re des Loix pour empêcher les riches d'abufer de leurs richefles & d'acheter une autorité qui ne doit pas kur appartenir". — Dans une feconde fettre FAuteur communiqué è M. Mams fes réflexions ou fes fcrupules fur les Loix de Penfihanie de Majfacbufet & de Georgië. Cette premiere Province, a congé le droit de faire les Loix è une Chambre compofée d s hommes libres de la République & choi fis pouryrépréfenter les habitans de leu'r ville ou de leur Comté & porter en leur nom les loix & faire les régiemens qu'ils jugeront les plus falutaires; les Répré fentans feront choifis parmi les hommes les plus éclairés & les plus vertueux — Ce«e Ioi paroit è trés forte raifon, k notre  Avrix, Mai, Juin, 1784. 265 notre Auteur, d'une d fficile exécution ; il ne faut qucconnoitre les hommes pour juger combien elle efl: impratiauable furtout loisque 1'é!. flion des Répréfentans fe fait par lcrutin comme chez les Penfylvaniens, cette méthode prouve combien on eft loin parmi eux d'avoir 1'esprit qui doit animer une Démocratie puisqu'elle fuppofe d'un cóté des hommes puilTans qu'on doit ménagcr & de 1'autre que lts El: cVurs n'ófent point dire ouvertement leur avis. L'Auteur s'é. leve avec force contre 1'ufage du fcrutin, ufage blamê par les plus fages Politiques de 1'Antiquité, &qui ouvre Ia portc aux cabales,aux vengeances& au menfonge; maïs fi cet ufage eft néceflaire, dit M. de Mabl-jy concluez qu'il faut refferrer les dro ts de la Démocratie. Parmi la multitude d'objets intéreffans que prèfente cet Ouvrage nous devons neus cortenter de choifir ceux qui fixent natureliement 1'attention de tous nos Ledteurs, tel eft celui de la Religion dont I'Auteur s'occupe en détail dans fa troifième Lettre. Ilobferve d'abord que 1'Amérique ne R 5 Peut  jUïtS NoUV. BlBLIOTH. BeLGIQJJE. peut presque tirer aucun avantage de Ia Eeligion, pour les moeurs. Ce que Ia politique de tous les peupies a cependant regardée comme un des plus puiffans res. forts qui fait mouvoir le coeur humainée dirigent notre esprit. 11 auroit été néceffaire felon lui de reftreindre un peu I'extrême tolérance des conftitutions fur ce fujet. Ce qui étoit indispenfablepour lés premiers Colons, eft dangereux pour un peuple naiffant. A Ia vérité les EtatsBnis ont fagement réduit les miniftres *fe la Religion a 1'enfeigner; ijs nejouisiênt que de la proteciion que les Loix tloivent è tout homme pour fa fureté mais pour quoi demande I'Auteur, rlétrir en quelque forte, des hommes chargés tfenfeiger la morale! Vous paroiffez vous défier d'eux, c'eft les inviter è ne pas aimer vos Loix; cet article demandtoit un peu de développement; I'Auteur a'indique pas fuffifarnmenc en quoi les conftitutions Américaines ftétriffent les Mifiiftres des Autels; car on ne fauroit donner ce nom aux fages précautions qui les excluenc de toute charge publique; 1'txpérience n'a que trop prouvé le dan- ger  4vr.il, Max, Juin, 1784. 36? ger d'tflociir le facerdoce aux fonftioas du gouvernement. M. de Mdbly voudroit encore qu'oa n'euc admif> que la feule Rel g on Chrêtienne & les différenas feÉtes fans y apw peller les Religions les plus étrangeres, qui viendroient y jetter une pomme de discorde & réveiller cec esprit de dispute & de controverfe que le tems a fait h-jureufement disparoitre; en général il Croit cette ext ême tolerance propr • a répandre de plus cn plus une indilFérence fu» nefte pour la Religion , a f ormer desüéis» tes, & pout être même dans la fuite des Athées. Nous ne voulons point prévoif les malheurs de fi loin, il nous feiijble au contraire que la tolérance univeffelle bien dirigée eft le remparc le plu* fur pour la vérrable Religion, tandis que gêntr les esprits fur cet article important n'eft propre qu'a les irriter, qu'a leur faire attacher une importance grave è des objets qui le plus fouvent ne font dignes que de mépris, c'eft ce qu'a'ttefte J'histoire de 1'Univers, & les Américains onE profité de la legon. Nous adopterions plus volontiers 1'idée de  268 Nouv. Biblioth. Belgique, de I'Auteur pour Ia compofition d'un catéchisme moral £c politique qu'on ap. prendroit aux enfants en même tems qu vu ic» uucruiruic aes aogmes particuliers de leurs Peres & du culte par lequel ils doivent honorer Dieu. — „ u eft jufte, il elt pieux, y diroit on, que toutes IesReligions d'Amérique, en adorant les profondeurs des jugemens de Dieu, iè tolerent mutuellement, puisque Ja Providence les totere toutes avec la même indulgence. Ne jugeons point nos Freres dans la crainte de nous juger nous mêmes. En faifant des prieres fmceres pour la révélation & la propagation de Ia vérité, que les Américains obfervent avec fidélité le culte dans lequel ils ont été élevés. S'ils fe trompent, qu'ils foyent perfuadés que la bonté divine fera grace k Terreur d'un homme qui croit de bonne foi obéir è Ia vérité. On peut fe tromper aifément dans les rapports de la Religion avec Dieu, paree qu'ils font enveloppés de miftères; mais les rapports de la Religion avec la fociété font connus de Ia maniere Ia plus évidente. Qui peut douter que Dieu n'ait voulu unir  Avril} Mai, Juin, 1784. 269 urjir tous les hommes par Ie Hen de la morale & des vercus fur lesquelles eft fondé le bonheur de chaque citoyen & de la foeiété". En terminant cet Extrait nous ne pouvons nous dispenfer de rapporter le tableau que fait I'Auteur des troubles & des divifions qurdechirerent ootreRépublique depuis fa nailTance, & qui amenerent les différentes révolutions confignées dans nos* Anna'es. L'Auteur en prédit autant aux Américains, a caufe de 1'irrégulatité de leur Législation; puiffe notre exemple les rendre fages, & détourner ces funestes préfages. „ Je vous prie de remarquer que cette République, en fecouant le joug de PEspagne, comme vous avec fecoué celui de 1'Angleterre, s'accoutuma fans peine a obéir a un Stadhouder c'eft a dire a un magiftrat (a) dont 1'autorité presque royale contenoit & lioic entre elles toutes les (a) Ce précis eft une nouvelle preuve de 1'ignorance oü font les étrangers de notre eonftitution, de nos intéréts politiques & même  t7® Nouv. Biblioïh. Belgiqüb. les parties mal-unies de Ia confédération. Les vernis & les talens des premiers princes d'Orange ont fuppl^é pendant longterm è tout ce qui manquoic aux rcfforts du Gouvernemen'; & u'ailleurs la crainte de Ia maifon d'Autrich?, ainfi que le remarque Grstiui ,occupok lés nouveaux Répuhliciinsde foinstrop importans pour que les mauvais effets de leur esprit comtnereant ne fufient pas fuspendus. La paix de Weftphalie & de grandes richesfes chaneerent la disp-fition des esprits, & commencerent a donner de I'inquiétude. On fe défia du Stadhoudérat; on crut c'en avoir plus befoin; on leproscrivit parcequ'on hc redoutoit plus i'Espagne & la république auroit été c'ès lors livrée aux plus cruelles divifions i fi Louis XIV ne lui eut infpiré la plus grande terreur. „ Ls partis fe rapprocberent; les De fPt'tpérirect, le jeune Guillaume fut fait Stad- inlme de notre HWoire. I! n'eft pèrfonne en Hollande qui ne fente combien 1** faits font dénaturés ici, & tirés de leur enfemble.  Avril, Mai, jun», 1784. 371 Stadhouder & Ia Hollande pleine de res* fentiraent contre la France «Sc gouvernée par le plus habile Politique de 1'Europe fe trouva trop mêlée dans toutes les plas grandes guerres, pour ne pas reprendrc en quelque forte 1'esprit qu'elle avoit cv a fa naiflance". „ En effet après Ia mort de Guillaome, les Provinces Unies qui avoient encore détruit le Stadhoudérat firent le le le plus important dans la guerre de la fucceffion d'Espagne. Les troupes au* paravant trop négligées avoient repris leur ancienne discipline & leur courage. Mais la paix d'Utrecht ne devint pay moins funefte que I'avoit été Ia paix de Weftphalie. Des magiftrats cornmercans, ambitieux, mais avides, oublierent leur gloire en fe livrant entierement aux foins de leur commerce. Toute PEurope étoit laffe de la guerre qui fa* voitépuifée, & dans le calmede la paix, les Provinces Unies s'abandonnerent aai caraüère qu'elles devoient avoïr. Elles déchurent fans s'en appercevoir. La noblefle croyoit que fa dignité tenoït è celle du Stadhoudérat, «Sc voyoit avec dé- 1*  272 Nouv. Biblioth. Belgiquë. pit que quelques families bourgeoifes" plus riches & plus adroite s que les autres fe fuifent emparées dans les Provinces de la puilTance publique. Les autfes Bourgeois fe trouvant dégradés ne pouvoient plus aspirer aux magiftratures , vouloient fe venger & defiroient une révolution. Le peuple privé de fes fufFrages n'étoic compté pour rien , & n'attendoit que le fignal des rrécontens pv;ur éclater. Les plaintes, les rnurmures, les haines auj,~ mentoient chaque jour, & la guerre de la fucceflion autric ienne vint encore au fecours des Provinces-Unies. Des magiftrats qui avoient abufé de leur pouvoir pendant la paix furent incapables de s'en fei vir dans la crife violente oü ils fe trouvoient. On demanda è grands cris un S adhouder ,il fut proclamé en ua inflanr. On rendit fa dignité héréditaire, pa-re qu'on crut que la République ne pouvoit s'en palTer. Cette puilTance plus forte que celle de tous les partis qui s'étoient formés étouffa leurs haines, leur donna de nouveaux intéréts & frrca les Hollan* dois a ne plus penfer qu'aux affaires de ■leur commerce". On  Avril, Mai, Juin, 1784. 273 Tem, FI Pm. 3* t AJtTl! On doit la publication de cet Ouvrage aux foins de Mr, Cerijier: nous aurions defiré quelques correétifs en certains endroics, un peu moins de chaleur & d'enthoufiasme en d'autres, mais en général ces Obfervations ne peuvent que contribuer efficacement au développement de nos idéés politiques fur bien des fujets y. ,& la traduétion Hollandoife , annoncée par le libraire Holtrop è Amfterdam, fera fans doute re§ue trés favorablement du public.  374 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. ARTICLE QUATRIEME. Verhandelingen van de Natuur en Geneeskundige Correspondentie in de vereenigde nederlanden, opgericht in ,sHage. Vmtos, & varium Coeli praediscere morem Cura fit, ac Patrios cultusque babitusque locorum! Vir g ili us. I Deel, III en IV Stuk, en Supplement op het IV Stuk, in 'sHage by J. A. Bouvink 178* en 1783. 8°. C'eft-a-dire, mémoires de la SoCIÉTÉ de CoRRESPONDANCE MëTEOROLOGIQUE et Medicinale dans les Provinces Unies des Pays-Bas, étoblie a la Haye &c. Tome I. Partie Troifieme  Avril, Mai, Juin, 1784. ?7J iïeme & Quatrieme, avec le Supplément a la 4e Partie, 8». &c. &c. Si depuis notre Journal pour le 2 il faut y voir aufli tout ce qu'iï  Avril, Mai, Juin, 1784. 279 qu'il dittouchant les divers pénodes d'abailTcmeDt & .i'élévation du Mercure, aiuti que des coïncidences affez bien mai-> quéts entre ces diverfes oscillatious& les points Lunaires. — Ce fut le 20 de ce mois que cette Température 11 douce & fi agréable, cette élévation fi extraordinaire du Mercure, qui avo't fait 1'étonnement de tous les Météorologiftes, pendant 31 mois, fembla prendre fin; elle reprit cependant bientót le deffus, ainfi que la fuite de ce Mémoire le prouve en détail. Après avoir fuivi la même marche touchant Pexamen des élévations du Mercure dans leThermomêtre,ladireCtion des Vents, leur force, ainfi que le nombre des jours fereins, I'Auteur termine cet article, en difant que ce mois d'Avril coïncide aff z bien avec celui de 1'Année 1722, Tune de ces années qui tombent dans la Période Lunaire de 10 Ans) quant a la preffion de 1'Atmofphere, & la quant'tè de Pluie, mais que la chaleur a été moins forte alórs; qu'il en eft de même du mois d'Avril 1741, excepté que les Vents de NNO & NE , ont alors regné le plus, ce qui n'a, pas S 4 ey  aSo Nouv. Biblioth. Belgiqub» eu lieu a préfent; enfin que le mois d'Avril de 1'année 1760 a eu encore bien autant de reffemblance avec Ie mois d'Avril 1779, que h'avoiént eu ceux des années 1722 & 1741. — Voici encore la conclufion générale pour ce mois, la plus grande moitié a fourni une tempé» rature belle, agréable & féche, le vent de SÓ, & après celui la le NO ont été presque partout les dominants, le mercure s'eft tenu pendant les f du mois a une hauteur étonnante, la chaleur a été extraordinaire, mais vers Ie 20 & le 21 (le 4e jour après une N. Lune au Luneftice Boréal, & au Périgée) cette température fi douce & fi extraordinaire a pris fin; le refte du mois a été froid, désagréable & orageux. — Tels font les réfultats que les 4 premiers mois de 1'année nous offrent, ceux des deux fuivants feront moins extraordinaires,pour le devenir dans la fuite de nouveau, mais è d'autres égards. —Lemois de Mai n'a rien offert d'extraordinaire quant au Baromêtre , cependant la prefiion de I'Atmofphereaété un peu plus forte qu'elle ne 1'eft Année commune. Aux 6 ou 7 premiers  Avril, Mai, Juin, 1784. 281 miers jours du mois fuccéda une chaleur exceflive (a Frnneker de 87I le 24. 3 la Haye de 85^ & è Leiden de 870. &c.) (a) Cette chaleur fut accompagnée d'un vent de NE. tandis que le SO, a été en général le vent dominant — la férénité confiante de 1'Air a ajoucê encore a la tempéracure agréable de ce mois, pendant lequel il y a eu peu de pluye &de vent; excepté pendant peu de jours vers le moitié du mois. La coïncidence des années comprifes dans la Période Lunaire de 19 ans fe conto) On trouve encore ici un ncuvel exemple de cette inconftance de température a laquelle notre Pays eft fi fujet; le 24 du mois le Therm. étoit a 2h a Ssi a 6h è 85°, & Ie 25, il étoit aux mêmes heures è 725 & 62-'-, il y a eu donc une variation de 2i±a. On fe fouvient fans peine du changement de température étonnant qui a eu lieu du 31 Dec. dernier au 1 Janv. de cette an'née. Un de nos eórrespondants nous a marqué avoir obfervé en 24 heures, du matin du 31 Dec.au matin fuivant, une variation de 34degrés, - une pareille variation eft trés-rare.  282 NOUV. BïBLIOTH. BeLGIOUE. confirme affez bieD dans ies mois de Jurq & de Juillet. Mais il femble que la Nature qui s'étoit comme épuifée en faics extraordinaires pendant plus de 5 mois confécutifs (en faifant att^ nu'on au mois de Décembre 1778) a voulu fe repofer pendant quelques momens, pour nous offrir de nouveau plufieurs faits extraordinaires. Le mois de Juin n'offrit rien de remarquable, fi ce n'eft la fréquence des Vents de NE. qui foufHerent pendant la partie du mois la plus chaude; 1'élévation du Mercure fut égale a celle de 1'année commune, il en fut de même de lachaleur, qui fut entremêlée de quelques jours froids,la féchereffe fut moyenne, mais le calme, a l'exception de quel. ques jours, remarquable. Pareillement le mois de Juillet n'offrit rien d'extraordinaire, fi ce n'eft une chaleur conftante, & de fréquents orages, qui ont éclaté partout: — la grande quantité de pluie & le calme de ce mois furent aufli remarquables. Le mois tfAoüt offre un vafte champ d'obfcrvations extraordinaires. Le Maximum d'élévation du Mercure dans le Ba- ro-  Avril, MAi, Juin, 1784. 283 romêf re fut è Franeker de 29 p. 6* è Zwanenburg 29 p. 4 1, 9. a la Haye 29 p0 4 1. Leiden 29 p. 5 1. &c. &c. II eft rare de trouver en Aoüt des Maxima qui furpafient celui de ce mois, ou qui les êgalent, c'eft ce que I'Auteur prouve en détail en examinant les Recueils d'Obfervations faites è Zwanenburg, a la Haye: par M. M. P. Cabry & Van Swindkn , a Franeker par le Prof. Van S wind en &c. 11 en conclut de même que les Minima ont été rarement ü peu confidérables, & que les élévation moyennes fur» paffent celles de 1'année commune. — La chaleur fut extraordinaire & presque fans exemple. A Franeker p. ex. le Maximum fut de 87 degrés, Ie 6me a Amfterdam de 85°. Zwanenburg 780. le 6e ietden 85". le <5e la Haye 8i| (le j è 79°. & le 6-77}0.) Middelbourg ( b ) 89». le 31 &c. — La cbaleur moyenne du mois (l) Les obfervations de Middelbourg dont la Société fait cet ufage font celles de Mr. Van de Purre , Seigneur de Nieuwesve ; cl» devant Répréfentant de S. A. S. Monfei- gneur  284 Nouv. Biblioth. Belqiqüe. mois ne trouve que rarement fon égale dans les recueils d'obfervacions d'Années précéddnces, elle fut par ex. a Franeker 68-8. Amfterdam 70-90. Zwanenburg 6n-6. Leiden 69-15. La Haye 70-94. M. Mohr remarque avec raifon, en discutant ces excellentes obfervations faites è Amfterdam, „ que la chaleur moyenne d'Aoüt fut de 70I0, & que du 2 Aout „ jusqu'au 2 Sept. elle fut de 7^ ce'qui eft de 30. plus haut que ce qu'on avoit „ obfervé jusqu'ici en Aoót, & de plus s, d'un degré plus haut que Juillet 1757 „ 1c mois le plus chaud qu'on ait eu de„ puis 44 ans — que cette chaleur tient „ un milieu entre la chaleur moyenne yt 63* du mois è'Aoüt dans cette Pro- vince" la chaleur ordinaire du mois d'Aoüt a Batavia calculée è 780. — II faut gneur le Prince d'Orange & de NafTau, comme premier membre de 1'ordre Equeftre de la Province de Zélande &c. ée Seigneur qui entourage & protégé efficacement la Société Météor. de la Haye, fe confacre entierement aux études, & fe fait un véritable plaifir de protéger les arts & les fciences.  Avrïl, Mai, Juin, 1784. 28s faut voir dans le Mémoire même avec quel détail I'Auteur examine les diverfes périodes de chaleur, & leur coïncidence avec différents points Lunaires: — Le calme de ce mois, tout auffi remarquable que celui du commencement de 1'annêe, a encore beaucoup contribué a la chaleur qu'on y a éprouvé. Nousregrettons de ne pouvpir fuivre les détails, mais nous nous voyons obligés de nous en tenir k la conclufion générale, que ce mois a fourni une multitude de faits extraordinaires, tant k 1'égard de 1'élévation1 extraordinaire du Barom. & fes Minima peu confidérables, que par la continuité de la chaleur extraordinaire, & le calme ainfi que la fécherefle, dont on ne trouve nulle part d'exemples. Si les obfervations du Baromêtre pendant le mois de Septembre n'ofFrent rien de remarquable, la chaleur extraordinaire du mois précédent continua encore pendant celui-ci, de maniere qu'il n'y a pas d'exemple d'une chaleur fi forte, & tout è la fois li conftante. — Voici quelques exemples des Maxima. Franeker 84* le 1 & 8i°- le 2d. Amjterdam 83 le i-8o le 2d.  a86 Nouv. Biblioth. Belgiqüê. ffid. Zwanenburg 770. le 1. 740 le 2d. Li Haye 8t°4 le ir- & 76J Ie 2d. Breda 81* & 82. le 27e. Middelbourg 84. Ie ir. & 740. ,1e 27, — Les Etévationf moyennes furent auffi extraordinaires, & furpasfent de plufieurs dégrés celle de 1'année commune par ex. a Franeker «54. o. 2. Amjlerdam 634. Zwanenburg 62. 2. La Haje 65. 85- .Breda 6». 9. &c Mais pour montrer encore'plus pofitivement combien la chaleur a été extraordinaire, I'Auteur calcule les divers périodes de chaleur & combien de fois le Mercure a été è tel ou tel dégré. Du refte ce mois a été pluvieux, mais calme, quoique les Vents ayent été inconftants, & le plus du NO «Sc SO. —- La relTemblance entre ce mois, & les mois de Septembre des années 1741 «Sc 1760. feroit difficile a déterminer; mais les années 1722 & 1741 différent décidemment beaucoup entr'elles. Dans le mois d'OStobre le Baromêtre n'offrit encore rien de remarquable; on avoit vu précédemment des Maxima plus & moins confidérables que ceux de fe mois, quoiqu'en général ils n'ont point  Avril, Mai, Juin, 1784. 28/ point été des moindres, il en eft de même des Minima. II faut voir avec quel foin I'Auteur examine les différentes périodes d'élévation «Sc combien de fois le Mercure a été au deffus ou au deffous de 29 p. en y joignant toujours les divers points Lunaires. —La chaleur peu ordinaire du mois de Septembre continua encore pendant celui-ci, voici quelques exemplesdes AfaJciraa;Fra«e£er 70. le 1. Amfierdam 68| le *3« Zwanenburg 67. le 13 Leiden 68. le v. Breda 71. Mii. delbourg 68 le 19 «Sec. II y a eu des an* néts oü le maximum a été plus confidé.' rable encore, mais fi 1'on fait attentioa a la chaleur moyenne de Franeker 57. 8. Amfierdam 56$. Zwanenburg 55. Leiden jj-7. La Haye 57-48. Breda 56-2, la remarque de Mr. Mohr eft trés jufte „ qu'O&obre a été depuis le commen„ cement jusqu'a la fin d'une cha'euc „ extraordinaire, de forte que ce moi» ,, eft le plus chaud des mois d'Oöobre „ qu'on trouve dans les Recueils a'Ob„ fervations, hormis celui de 1'année ,» i772: ~~ 'es I3 & 10 furent les jours les plus chauds". 11 n'y avoit Doinr. d'exem*  288 Nouv. BlBLIOTH. BeLOTQUE. d'exemple de Minima fi peu confidérables que ceux-de ce mois, qui le deviennent encore davantage fi 1'on fait attention aux dates, Franeker 44 le 9. AmJitrdam 44 le at* Zwanenburg 46 le 8. Leiden 44 le ai.' La flaye 48 le 9. —— Une température fi douce. a fourni aufli des Variatiöns diurnes, noEturnes &c. moins fortes que celles qui ont eu lieu communement, c'eit ce que I'Auteur exa. mine en détail. Ce mois ne peut être compté ni parmi les pluvieux, ni parmi les mois de fécherefle, les Vents O. & S. furent les dominants; ce mois fut en général calme a Pexception du iólefoir & le 17. tempête, ainfi que le 28 & le 39. jusques vers le foir. -— Le mois d'Oétobre de 1'Année 1722 a eu quelque reffemblance avec celui de cette année quant au Baromêtre & le peu de pluie; du rede il n'y en a point eu entre Oétobre 1741 & 1779, il n'y a d'autre resfemblance qu'è 1'égard de la chaleur, Ia fécherefle & Ia diretStion du vent: entre 1760 & 1779 nulle coincidence. Le mois de Novembre fut auffi remarquable par la dépreflion du Mercure dans Je  Avb.il, Mat, Juin, 1784. 289 le Baromêtre, que les mois de Janvier & de Février le furent par fa hauteur extraordi nairer les Minima furent trés extraordinaires, k Franeker 27 p.81,875. k Amfierdam 27 p. 8 1, 49. Zwanenburg 27. 8, 49. Leiden 27. 9. La Haye 27. 8, 875. Breda 27. 9, 22. Middelbourg 27. 10. Tous ces Minima eurent lieu Ie 26. on n'avoit obfirvé depuis prés d'un demi fiècle a Zwanenburg , ou k la Haye depuis plus de 30 ans, que trés rarement un pareil minimum, ou quelque chofe plus bas encore. II en eft de même de 1''Elévatton moyenne du mois qui fut paf ex. k Franeker de 28 8, 7. k Amfierdam 28. 7, 87. a Zwanenburg 28. 8, 6. a Leiden 28. 8, 3. La Haye 28. 7» J38. Utrecht 28. 7, 39. Breda 28. 7, 554. Middelburg 28. 8, 69. Nous ne poilvons fuivre I'Auteur dans les dé- — tails dts diverfes Périodes d'ascenfion & abaiffement du Mercure, mais communiquons du moins a nos leéteurs les justes remarques de Mr. Mohr & Engelman. „ Au commencement de Novem- „ bre (dit le premier,) le Mercure fut w & fe tint fort haut, il fut même le 9. Tome VI. Part. 2. T „ &  2Qo Nouv*. Biblioth. Belgique; „ & t2, jours de vent fort & orHées „ de JPIure, a 29. o. 75- & 2g. 2( 7, „ cequi n'a pas lieu ordinairement alorsj „ quoique Ie Ver.t fo:t NO. enfuite le „ Mercure commen^a è descendre le 11 „ & n, & refta fi bas jusqu'au 23 Décembrequelahauteur moyenne de ces „ 41 jours ne fut pas au dela de 28. y, „ 72, & pendant 22 jours, depuis le 13 „ Novembre jusqu'au 4 Decembre 28. „4,5. le Maximum de ces 22 jours a „ été de 28. 8, 58. - les julles crairi„ tes de voir fuccéder des Tempêtes a „ ces dépreffions extraordinaires, fe „ diffiperent è chaque fois,. Ie Vent fut „ bien fort le 2Ö Novembre mais on ,, ne fauroit le qualifier de Terapête • il „ en fut de même du 29: au contraire „ malgré ces dépreffions extraordinaires " ?n* eu du JS jusqu'au 24 Novembre, „ a létonnement d'un chacun, en gé» néral, Ie tems leplus calme & le plus „ lerein du mois, même gelée". De toute 1'année dit M. EngelMAN jj „•„ a eu de grande inconftance dans le BamoTs L& |,Atm-P^-e, que dans cc mois. Ie mercure s'étant abailTé è 13« au-  Avril, MaIj Jüin, 1784. 291 audeflbus, & élevé a 7 lignes au deffus de la hauteur moyenne du Baromêtre, cequi „ fait de la preflïon entière de „ 1'Atmosphere; quelle étonnante dif„ férence, fur nos corps, fi on 1'exprime „ en Livres pefants. Les plus yandes ,, Elévations ont eu lieu dans la premie* „ re moitié du mois, au dernier& premier quartier de la Lune. Trois jours „ après la PI. Lune le Baromêtre fe tint „ le plus bas, & depuis ce tems jusqu'au „ dernier quartier les Minima ont eu „ lieu". La chaleur des deux précédents mois continua encore jusqu'è la moitié de ce. lui-ci; k Franeker p. ex. 63 Amjterdam 60, 5. Zwanenburg 60. Leiden 60. La Haye 6o\. Breda 61. Middelbourg 60. &c. On n'a vu que trés rarement de pareilles élévations Novembre c'eft. ce que I'Auteur prouve par des exemples. — Mafe les Minima n'en font pas remarqusbles; il ont été de 24. 27. 29 & 31 degré pour les divers endroits, & ont eu lieu du 2/e au 14. Les Elévations moyennes du mois n'ont rien eu d'extraordinaire. L'Auteur exaT 2 mine .  292 -Nouv. Biblioth. Belgiqüe. mine enfuite les 3 périodes dans lesqueues la chaltur du mois fe divife vifiblement, du moins pour quelques endroits: la 3<=. eut lieu du i6e. jusqu'au 26*., & la température fut froide, mais la de période fut de nouveau doux— les judicieufes remarques de MM Mohr & Holl, qui terminent cet article, prouvent encore combien la température de ce mois fut douce. II eft tombé beaucoup de plqie ^pendant ce mois, on y a eu beaucoup de jours couverts. - M- Mohr remarque que pendant les 9 premiers jours du mois qui furent fort tempérés, 1'air étoit extrêmement calme & fee, mais fort couvert — le ealme continua jusqu au 2< , excepté le 9 & le 10 - mais du reste on eut du 9 Novembre jusqu'au 22 oU 23 Décembre un tems fort pluvieux, & depuis le 26 Novembre les v«nts furent tempétueux, — cependant quoique le tems fut mauvais , le Baromêtre donna fouvent fujet de craindre encore nire, &fournit de nouvelles fingularités direftement oppofées a ce qui a eu liep au commencement de 1'année. y— La maniere dont tous ces points font discu-  Avril, Mat, Juin, 1784. 295 ïÊs dans le Mémoire que .nous analyfous, merite d'actirer 1'attertion. Li coïi ciJence entre les mois des années des périodes Lunaires, fe confirme afl-'z bien dans ce mois; il coïncideaflez avec le mois de Novembre de 1'année 1722 a 1'égard du Baromêtre & de la. chaleur, mais la quantité de pluie varie beaucoup: l'ani.éj 1741 coïncide auffi ó réuard de la chaleur, des jours de Pluïc, & Ia diredtion des vents & il eft de même de 1'année 1760, excepté pour les jours de Pluie. — Concluons que ce mois a été remarquable par la déprefllon extraordinaire du Mercure, le rapport fingulier entre les variations du Baromêtre & les variations des différens points de la Lune, sinfi que la continuité de Ia chaleur qui a duré jusqu'a la mi-Novembre — De plüs encore par Ia rareté des vents d'Eft, qui n'ont presque pas Ibufflés pendant cc mois, tandis que ceux de SO. ont été prés d'une fois & demie plus fiéquer.s que d'ordinaire, enfin par Jé calme extraordinaire du mois. Enfin le mois de Décembre a encore fourni des exemples extraordinaires d'aT 3 bais-  494 N«v*v. Biblioth. Belgiqub, büillement du Mercure dans le Baromêtre: en paffant fous filence les Maxima & les Media d'élévation, qui n'ont rien offert de remarquable, contentons-nous de mettre fous les yeux de nos Lecieurs quelques unes des obfervations: p. ex. Franeker z8. p. 8, 5- 1 Amfterdam 28. p. 8. ?. 53- 1- Zwanenburg 28. p. 8. 25. L Leiden 28. p. 8.1. La Haye 28. 7, 875 Breda 28 8, 10. Middelbourg 28. 9. En confultant les Recueils d'Obfervations on ne trouve que trés rarement de pareils abaiffcmenjs du Mercure. — L'Auteur forme enfuite, d'après Mr. le Prof. van Swinden, un tableau détaillé de la marche du Baromêtre, de fes diverfes élévations, & de fes abaiffemens, en y ajoutaot toujours les différens pointsLunaires. La Température de ce mois a été extraordinaire: Voici quelques Maxima, F aneker j"8°. le 2e. & le 3e. Amfierdam 57. le 2d- Zwanenburg 55. le 3e. Leiden 570. le 2d. La Haye 57*-. le ad. Breda 59, 5- ,e 3- 2d. è 5-9. Middelbourg 54. le 2d. Utrecht 58. &c. Notre auteur prouve que de pareils dégrés de cha-  Avbxl, Mai, Juin, 1784. 29^ chaleur en Décembre ne fe trouvent que trés rarement dans les régiftrtsMétéorologi^ues, c'eft donc avec raifon que Mr. Holl, die, „ j'ai remarqué dans mes oblirvaiions pour Décembre i7;8,qu'une chaleur de 57'/ n'avoit encore jamais été obfervée en Décembre dans cc Pays, celle de ce- mois eft aftuellement encore plus grande car Je 2a 2 h. après midj le Thermomêtre marqué ici Breda) 5Sl~ Ie foir a 10 h. 59, & le 3e. au matin 8 h. 59;-»". Les Minima & Media du Thermomêtre ne font pas rcmarquablts. A'ous regrettons de nouveau de ne pouvoir fuivre notre Auteur dans les détails touch ntl s diverfes périodes d'élévations & d'a-aifl" ments du Mercure dans L-Tnermomêtre; ces recherches prouvent de plus en plus combien la température de ce mois, du moins jusqu'au 21e, a été lïngulierement douce, —— le ad. le 3e. Je 18. 10 & 20a. furent plutó' des jours d'automne que d'hyver. Erfin ce mois a été extrêmcment pluvieux, & couvert; les vents dominants ont été le MO. NE. ócdans quelques endroits SO. T 4 c'eft  ig6 Nouv. BiBLioTft. Belgique. c'eft a ces égards, ainfi qu'è 1'abaiiTement extraordinaire du Mercure, & la température extraordinairetnent douce de ce mois comme des précedens, qu'on peut conclure que la fin de 1'année n'a pas été moins remarquable que le commencement. Telle eft en abrégé la marche que I'Auteur luit dans 1'examen des dilférens points de Météorologie qu'il falloit examiner.— Nous ne doutons pas que les détails, qu'il faut voir dans le Mémoire même, né recoivent les applaudiffemens de tous les Météorologiftes, & nous pouvons les affurer que Ie Mémoire pour 1'année 1780, dont la Société de la Haye s'occupe actuellement, les fatisfera encore d'avantage. Le Mémoire dont nous venons de nous occuper eft terminé par une récapitulation ou conclujion générale dont voici 1'abregé. 1. Le Baromêtre a été extraordinairement haut depuis le i'. Janvier — 20 Avril — mais depuis le mois d'Avril le Baromêtre n'a gueres fourni des obfervacons fort remarquables, hormis i êlévation extraordinaire du moisd'Aoüt, &  Avril, Maj, Juin, 1784. 297 & les abailTemens extraordinaires de Novembre & Décembre. ■ Du refte l'élé- vation moyenne pour 1'année, a été plus grande que celle de 1'année commune. Les années qui ont le plus de rapport avec ccllc-ci font 1:59 & 1766. 2. En faifant attention è .Ia chaleur de 1'été & la férenité de 1'Air, ainfi que le calme continuel; cette année eft une des plus extraordinaires: elle le devient encore d'avantage en y joignant la grande fécherefle du commencement & la grande humidité de la fin de 1'année, qui a eu è 1'égard du dégré & de la durée de la chaleur, le plas- de rapport avec les années 1757-1775 & 1778. 3, Le calme a encore furpaflé celui de 1'année 1759 qui avoit été remarquable. 4. Enfin Jes vents de N. NO. & SO. ont foufflés bien au dela de ce qui a lieu année commune, tandis que les O. S. & SO., ont été bien inférieurs en nombre è ce qui a lieu communement. Si la partie Météorologique eft traitée avec foin & en détail, la partie Médicinale ne lui eft pas inférieure; un trés grand nombre de Mémoires la compoT 5 fect,  898 Nouv. Biblioth. Belgique. feot, nous en ferons connoitre quelquesuns dans un Volume fuivant de notre Journal- Mais cela n'étoit p^s encore fuffifant, il falloit de plus pour répondre parfaitement au but que la Société de la Haye fe propofe, faire connoitre les rapports qu'il peut y avoir entre les Maladies & lés Variations del'Acmosphere, ainfi que le local de chaque Ville, Djftriétj ou Province. •—- C'eft dans le defTein de remplir cette tache, qu'on trouve dans le fupplément des Mé. moirés de cette Société, un Mémoire trés étendu oft 1'on examine la Nature & Ie Cows des Maladies, Epidimies de VAnnée 1779. li eft divifé en 4 chapitres, le v. contient un tableau gé" néral & racourci de l'état de I'Atmosphere & du cours des Maladies &Epidémies pour chaque Ville ou chaque endroit dont on a recu des obfervations, dans le 2J. on examine jusqu'oü. la température de 1'Air peut produire les maladies, & jusquVii celles-ci en dépendent: on y compare encore les maladies de cette année avec celles des années de la Période Lunaire, le 3e. chapitre traite de  Avril, Mai, Juin, 1784. 29$ de Ia méthode fuivie dans la guérifon des maladies; le 4c. enfin traite des précautions a obferver dans les tems d'épidémies &c. Nous öfbns fans fcrupule recommander la leüure de ce Mémoire, è tous les Médecins, il prouve clairement 1'utilité & la néceflité qu'il y a de joindre la Météorologie a la Médecine. ARTI-  300 NojJV. BlBLIOTH. BeLGIQUE. ARTICLE CINQUIEME. Florts Jacóbi Volt el en Oratio aditialis de Chemiae hodiernae pretio riie conjiüuendo. A Leide chez S. & J. Luchtmans 1784. a/°. de 53 PaSes- L'Auteur a prononcé ce Discours a fon éntrée dans 1'Univerfité de Leide, comme ProfciTeur de Méciécine & de Chymie, a la place de feu M. Hahn, dont nous regrettons fincèrement la perte. Dans un ftvle également pur&agréable M. Voltelen y tracé les principaux progrès de la Chymie dans les derniers tems, furtout depuis la mort de Boerhaa•oe, & ü dépeint 1'état atluel de cette fcience de manière a faire voir, qu'il eft trés au fait des découvertes nouvelles, ce qui fe rencontre affez rarement parmi les Médécins, qui pendant plufieurs années fe font adonnés a la pratique de la Médécine. D'a-  Avril• Mai, Juin, 1784. 30Ï D'abord il combat cette opinion erro» née, qui malheureufement n'eft que trop générale dans ce Pays, d'envifager la Chymie uqiquement comme une partie de la Médécine, ou comme fimplement deftinée a 1'ufage des Arts écönomiques; au contraire il fait voir, que de nos jours la Chymie eft une partie effentielle de Ia Phyllque, qui peut nous frayer le chemin aux fecrets les plus intérefl'ans de la Nature. Après ces remarques I'Auteur nous tracé les devoirs & les qualités néccflaires d'un Cbymifte-Phyficien; il entre en quelque détail fur I'abüs qu'oa peut faire des Expériences, tant en les faifant qu'en en tirant des conclufions; enfin il marqué la véritable route qu'on doit fuivrc pour arriver a des connoisfances certaines en Chymie. Dans toute cette partie il développe des vues faines & philofophiques, qui noys font trèsbien augurer de la fuite de fes travaux. Afin de donner quelques preuves des 'progrès de la Chymie, I'Auteur parcourt la plupart des nouvelles découvertes, en fe bornanr. principalement a I'Hiftoire de ce qu'on' nömme les Elémens. Nous y trou-  S°a NOÜV. BlBLIOTH. BELt5lQJEJE. trouvons d'abord un expofé fuccinft des recherches fur les différentes espèces d'Air. L'Auteur regarde 1'Air fixe,proprement dit, comme un vrai élément, & il paroit croire que les autres Fluïdes aëriens, n'en font que des espèces & des mixtions dhTérentes: il doute cependant fi 1'acide de 1'Air fixe lui eft pro pre, ou s'il n'eft qu'accidentel. Qu'il nous foit permis ici de douter è notre tour, fi les Faits & les Expériences bien conftatées jusqu'a préfent, nous autorifent affez è prononcer fur la nature de ces Fluïdes élaftiques: il nous paroit, au contraire, qu'elles ne foat pas encore fuffifantes pour y fonder folidement aucune opinion, & qu'il faudra encore du tems pour arriver è des connoiffances certaines fur ce fujet compliqué. En faifant 1'énumération des découvertes auxquelles celle de 1'Air fixe a donné lieu (*), I'Auteur fait une remarque judi- (*) Parmi les Phyficiens qui ont iraité de 1 influence de la Végétation fur Ia pureté de 1'Air, & que notre Auteur cite presque tous, nous  Avrilj Mai. Juin, 1784. 503 judicieufe fur 1'ufage de 1'Eudiomêtre, qui paroit mériter de 1'attention. Oa fait que 1'Eudiomêtre fert è mefurer Ia diminution de volume d'un mélange d'Air nitreux & d'un autre Air, dont on veut connoitre le degré de falubrité. La plu part des Fnyficiens regardent la falubrité de 1'Air comme étant proportionnelle a cette diminution de volume, c'eft-ó-dire, que plus elle eft grande plus aufli 1'Air, qu'on examine, eft propre a la refpiration des animaux. Mais, è proprt-ment parler, 1'Eudiomêtre ne peut nous faire connoitre que Ia quantité d'Air pur, ou déphlogiftiqué, contenue dans 3'Air que nous respirons; & la quantité de diminution du volume lui eft proportionnelle. 11 fe peut donc fort bien qua daus deux porn'ons égale? d'Air, qu'on fe piopofe d'examiner, il fe trouve la même quantité d'Air pur des deux có- tés, nous fnrnmes étonnés de ne pas trouver M. Sentbier He Genève, qui, farsdoute, occupe un rang très-difïingué parmi ceux qui ont fait des recherches fur ce fujet»  zo4 Nouv. Biblioth. Belgiqus. tés, & que par conféquent la diminution de volume, qui fe fait par 1'addition de 1'Air nitreux, foit aufli égale , fans qu'il s'en fuive pour cela que les parties délétères & nuifibles, qui s'y trouvent, foyent de même nature dans ces deux portions. Ainfi, outre le Phlogiftique, une de ces portions, peut contenir des particulcs épiüémiques & morbifiques de tout genre, fans que cette qualité nuifïble foit indiquée par Pexamen eudiométrique, qui, par conféquent, feul ne fuffic pas pour pouvoïr prononcer fur la bonté de 1'Air a Ia refpiration. On explique par Ia asfez bien, pourquoi M Sigaud de la Fond (*) a trouvé une fi petite difFérence eudiométrique, entre 1'Air de ÏHótel-Dieu a Paris & celui de fon Cabinet. Cette remarque pourroit bien diminuer en quelque fatzon la confiance qu'on a donnée jusqu'ici a l'Eudiomêcre. Nous crayons que M- Cavendisb 1'a faite de même. M. Vbltelen tourne enfuite fes vues fur le Feu, & il nous donne un Expofé clair (*) Ejfayfur les diff. Espèe. d'Air, pag. 190.  Janv,, Fev., Mars, 1784. 305 clair & diftincï des opinions de M. M. Lavoifier & Crawford, qui quoique oppofées entre elles, tachent de culbuter la dodhine de Stabl; mais il juge de ces deux hypothèfes, qu'il leur manque encore beaucoup pour être admifes,oupréférées a celle de Stabl. L'Oeconomie animale, principalement celle de 1'Homme, & la lumière que la Chymie a porté dans cette partie de nos connoiffances, occupent enfuite notre Orateur. En parcourant 1'analyfe des différens fucs du corps animal, du fang, de la Iymphe, de la bile &c., il remarqué aufli cette propriété lingulière dulait, de fournir par la fermentation une liqueur fpiritueufe, qui fait les déliccs des Tartares en Siberië, Ce n'eft pas le petit-lait ou Ie Serum, rempli du fucre ou fel de lait, qui fournit cette liqueur, mais ce font toutes les parties du lait réunies enfemble; & au lieu que les^Sütres fermentations exigent le repos des matières fermentantes, celle du lait exige que Ie lait foit fouvent & fortement remué; I'Auteur rapporte en preuve une expérience de M. Habn, qui nous Tome FI, Part, 2. V paroit  905 NOUV. BlBLIOTH. BfiLGIOÜE. paroit digne d'être propofée a nos Lecteurs. Le2d'Aoót 1770, on mittrente livres de lait de vache frais dans une coriiue de verre, fermée d'un bouchon de liège, dans lequel paflbit un bout de tuyau, afin de donner accès & Sflue è 1'air. Trois fois par jour on remuoit fortement la cornüe, afin que la crème fe mélat avec le refte; on n'y avoit aj'oüté aucun ferment, ni employé aucune chaleur, pas même celle des rayons du foleil. Le 6. les fignes de fermentation n'étoient pas douteux: 1'eau de chaux fut troublée par la vapeur qui s'exhaloit de la liqueur. Le 10 de Septembre la fermentation duroit encore affez vivement: 1'odeur de la liqueur étoit non feulemenc acide & vineufe, mais auffi un peu ful. fureufe. Enfin le 15 & Ie 17 M. Hahn a procédé a la dilïïllation, & de 26 livres de lait fermenté il a recueilli, par reprifes, 11 onces d'un esprit fort.& agréable, qui étant chauffé dansTfne cuiller & allumé, brftloit d'une flamme bleue, mais pas longtems. Sa gravité fpécifique étoit de 0,976. Outre cet esprit, il en a encore recueilli 15 onces d'une  Avril, Mai, Juin, 1784. 307 V 2 Èjfcttï d'une liqueur fpiritueufe, mais qui ne prit pas flamme. Nous fommes obligés de renvoyer pour les détails de ces distillations a 1'ouvrage même. Nous terminons ici 1'extrait de ce Discours, qui ne pourra faire que beaucoup d'honneur k fon Auteur, en fouhaitant que Pactlvité & les talens reconnus de M. Voltekn faffent revivre la Chymie dans ce Pays ; car quoïque M. M. Gaubius & Rahn ayent été d'excellens Chymiftes, on ne fauroit dire, que pour les découvertes, nos laboratoiresfoyent res? té de niveau avec ceux de nos voiüns, les Francois & les Allemands. La raifon en eft-elle que nos Chymiftes, ordinairement des Médécins, fe livrent avec trop de zèle a la pratique de la Médecine, qui furement, du cöté des avantages, a bien des charmes?  3o8 Nouv. Biblioth. Belgique. ARTICLE SIXIEME. Fabelen, &c c'eft-a-dire. Fables, publiées par Mesdames E. Bekker, Veuve A. Wol ff, & A. Deken, gr. in 8vo. de 172 pages, ornèes defigures en taille douce, de vignettes &c. a la Haye chez J. fan Cleef 17-84. Prix ƒ 8 - o - o Plus d'une fois nous avons eu occafion dans ce Journal de faire connoitre les différentes produftiöns de Mesdames Wolf & Deken. II n'eft presqu'aucun genre de littérature dans lequel elles ne fe foient exercées; Hiftoire, Morale, Théologie, Romans, Chanfons, tantót auteurs, tantót traductrices, elles ont fait preuve d'une fertilité rare,  AVRiL, Mai, Juin, 1784. 309 rare, paree qu'elle a toujours été accompagnée d'un véritable talent. Dans leurs ouvrages les pius foibles on trouve mille traits hardis, ingénieux & délicats, qui les diftingueront toujours de la foule de nos Ecrivains. Aujourd'hui ce font des Fables qu'elles préfentent au public, imitées de La Fontaine, de Fleury (a), de Gleim, de Licbtwerr, de Hagedorn, de Baar, &c. On retrouve ici furtout les meilleures Fables du Fabulifte Fran§ois; & nos Auteurs promettent un fecond Volume, pour peu que celui-ci foit recu favorablement. Dans (a) Jaques Fleury, Avocat au Parlement de Paris, mort en 1766; Ie Recueil de fes Poëfiesoffre une colleétion de Fables, d'Epitres, de Chanfons, deMadrigaux, d'Epigrammes, qu'on peut placer parmi les Ouvrages qu'on ne lit point; de la profe en mefure & en rime voilé tout ce qu'on auroit a regretter: nous nous étonnons que nos Auteurs ayent préféré les Fables de cet obfeur Ecrivain è celles de tant d'autres qui les furpafTent infiniment, comme La Motte, l'Abbé Aubert, Richer, Pejjelitr £fc. Note du Jourmlifte. V3  $io Nouv. Bzblioth. Belöique. DaDs la Préface Mesdames W. & D. vengenc les manes de la Fontaine de 1'injufte oubli de Boileau, & nous donnent fur le caradtère & les écrits du bon bomme des détails qui pourront n'être pas connus de tous nos Compatriotes. Avec une modeftiepeu ordinaire aux Poëtes nos Auteurs reconnoiffent combien elles doivent aux Ecrivains qu'elles ont imité, cependant fouvent elles n'ont pris de leurs originaux que Ie fonds de Ia Fable & la morale, le refte eft de leur invention. Deforte qu'è peu de chofe prés on peut regarder Mesdames Bekker & Deken s comme les premiers Fabulift.es Hollandois, de Ia même manière qu'elles occupent déja la première place parmi nos Romanciers. II n'eft gueres poflible d'ailleurs d'imiter fervüement la Fontaine & d'être naif comme lui, ce deffein qui Qrdinairement eft le germe de Ia médiocrité, décéleroit un talent bien médiocre & des vues fort bornées. Cet Auteur n'eft lui-même jamais aufli r>rès de la perfcclion que dans les Fables dont il eft i'invenf:ur, ou qu'il a crées de nouveau , par la tournure originale qu'il leur v a  Avbil, Mai, Juin, 1784. 31? adonnée, témoin les deux Pigeons, les Jinimaux malai.es de la Pefte, le Cbène $ le Rofeau &c. Enfin de quelque talent, qu'on fe fentedoué, comment imiter cette naiveté piquante & affaifonnée, ce tour d'cxpreffion toujours fimple & toujours imprévu , cette philofophie fans prétention, ces graces fans nul apprêt, en un mot ce charme que la leciure des ouvrages de la Fontaine fait mieux éprouver qu'on ne peut le définir? Un Fabulilïe qui entreprend de marcher fur fes traces doitavoir,feIon ï'Abbé Aubert (o) ,, une naiveté piquante dans le recit & dans le ftile, une délicatefle finguliere dans les réflexions, une gaieté philofophique dans la moraie, un choix exquis dans les images, une facon de narrer toujours féduifante, une facilité étonnante è répandre tous les tréfors de la poëfie fans paroitre y fonger;. un air de bonne foi, une fimplicité apparente qui empêcheric qu'on ne foit en garde contre Pinftruc- tion, (a) Avant Propos da Recueil de Fables p. 13. v4  312 Nouv. Biblioth. Belgique. tion, mille graces ingénues & touchantes, quand il s'agit d'exprimer le fentiment; enfin un nombre prodigieux de maximes fages, neuves, profondes & intéreffantes"; voila en effec les qualités heureufes qui ont fait goüter en France 1'apologue manié par La Fontaine. Qu'on fe garde néanmoins de tomber dans 1'excès contraire, fi nous condamnons 1'imitation fervile, nous condamnons beaucoup plus encore 1'amplification, qui ne devroit plus être connue que dans les Colléges. On ne confond cependanr que trop fouvent ces deux chofes, le goüt fcul en fait fentir la difFérence. Nous ne donnerons pas auffi les mêmes éloges a 1'imitation de Ia Fable du Lion devenu vieux, qu'a celle de la Laitiere, du Serpent fc? la Lime, du Laloureur ré fes Enfans &c. . Juflifions cette diftincïion par des exemples. —— Ecoutons d'abord La Fontaine. Le Lion devenu vieux. Le L'orj, terreur des forêts, Chargé d'ans & pleurant fon antique proueffe, Fut enfin attaqué par fes propres fujets, Devenus forts par fa foiblefTe, Le  AVRIL, MaI, JüIN, 17S4. 513 Le Cheval s'approchant, lui donne un coup de pied, Le Loup un coup de dent, Ie Boeuf un coup de corne. Le malheureux Lion, languiflant, trifle & morne, Peut i peine rugir, par l'age eftropié, II attend fon deftin fans faire aucunes plaintes; Quand voyant 1'Ane même a fon antre accourir, Ah! c'eft trop, lui dit - il,» je voulois bien mourir; Mais c'eft mourir deux fois que fouffrir tes atteintes. Voici 1'imitation. (a). De Oude Leeuw. Een Leeuw,weleer defcbrik van 't woud Wiens brullen 'tftoutjie dier deed beven, Dagt-, weenende, aan zyn roemryk leven • , Hy was Jtok oud. Zyn (o) Pour mettre nos Ledteurs i même d'apprécier notre jugement, il faUoit biea transcrire ici lafable Hollandoife, Ia traducv 5 tioa  314 NOUV. BlBLIOmBfiLGIQUB. Zyn kragten badden hem verlaaten; iV« wierd by door zyne onderzaten Be/pot t beledigd en ge/maat; Elk vierde bot aan eenen baat, Zo lang door bun gevoed, maar door de vrees verborgen, Zyn zwakheid gaf bun kragt ;zy naadren zyn verblyf, Daar by, verteert door duizend zorgen, Van honger flaauw ,'t verzwakte lyf, Niet dan met moeite voort kan flepen. Zy, die zyn flaat zeer wel begrepen, Zyn allen even Jlout. Het Paerd geeft hem een fcbop; De Wolf een felle beet; de Os flaat hem voor zyn kop, En flooi hem op de borjl; elk toont hem zyn verachting. Hoe zeer dit fnood bedryf flreed tegen zyn verwachting; De Leeuw verdroeg dien boon Jlüzwy- gend, bleef bedaard; En toonde zich den rang, door hem bekleed, nog waard. Men Cion littérale que nous en donnons ne fuffisoit point pour cet objet.  Avril, Mai, Juin, 1784. 31 s Men boorde in 't bevigft dezer /lagen, Geen nutteloos, lafhartig klagen; Maar zyn gelaatenbeid verdween, Toen de Ezel ook voor bem verfcheen. j, Acbl riepby, 't is te veel! 'k wil wel „ bet leven derven. j, Een Ezel valt my aan!... beledigtmy! ,, dees finart „ Doorboort myn afgefolttrt bart.... Zyn fcboppen!.. dit, dit s' tweemaal ,, ft erven"- ,, Un vieux Lion, jadis la terreur des forêts, dont les rugiffemens faifoient „ trembler Panimal le plus intrépide, „ fongeoit, en verfant des larmes a fa „ vie gloricufe. 11 étoit accablé de vieil- leflc, fes forces 1'avoient abandonné. ,,11 fe voyoit hué, offenfé & méprifé „ de fes fujets. Cbacun donnoit un li- bre cours a une haine, qu'ils nour„ riffoieDt depuis fi longtems, mais que la „ peur avoit déguifée. Sa foibleffe leur ,, donnoit des forces. lis s'approchent ,, de fa taaiere, oü coniumé de mille foins, affoibli, épuifé par la faim, il ,, ne pouvoit qu'a peine fe trainer. Con- nois-  $16 Nouv. Biblioth. Belgique. 3, noiflant fon état ils fe montrent éga„ lement hardis. Le Cheval lui donne „ un coup de pied, le Loupunemor„ fure aigue. Le Boeuf le frappe è la „ tête & è la poitriae; tous lui témoi„ gnent leur mépris. Bien que cette ,, cruelle aftion furpaffe fon attente, le 3, Lion fupporte cet affront fans fe plain,, dre, & avec calme, fe montrant digne ,, encore du rang qu'il occupc. Au ,, milieu des coups on ne Pattendit pous„ feraucune plainte,auffi lache qu'inuti„ le. Mais fa réfignation disparut, en voyant 1'Ane paroitre devant lui. Ah! „ s'écria-t'il, c'en eft trop! — je veux „ bien perdre la vie. — Un Ane m'as„ faillit!... m'offenfë! cet affront acheve „ de me percer le coeur. Ses coups!... „ ah! c'eft Ja, c'eft lè mourir deux fois"! Tout Lecteur un peu inftruit fait que la Fable a fes régies de même que les autres Poëmes, c'eft une atTon; elle doit donc être une, intéreffante, avoir un commencement, un milieu, une fin : voilé les premiers principes, comme cette aéèion eft en recit, on exige dans celui-ci beaucoup de briéveté & de clarté. Oo n'y doit  Avril, Mai, Juin, 1784. 317 doit ajouter rien d'mutile, ny meier rien d'étranger, on y fous-entend cequï peut être entendu fans être dit, enfin on ne doit y dire chaque chofe qu'une fois. C'eft la furtout, avec 1'élégance du ftile, le caradtère des Fables de Pbèdre, briéveté que la Fontaine lui-même fe reconnoifibit incapable d'imiteri II nous paroit que dans la Fable que nous avons fous les yeux, nos Auteurs s'éloignent davantage encore de cette concifion fi recommandable. La Fontaine, d'après Pbèdre, peint en deux mots 1'état du Lion. Le Lion terreur des Forêts Cbargé d'ans 6? pleurant fon antique prouejfe. • Ce peu de mots nous donnent une idéé complette de la fituation du Héros de cette Fable. L'Auteur fous entend qu'un Lion èpouvante par fes rugiffemens, & ne le dit pas, paree que cette idéé n'ajoute rien a 1'adtion. Nos Auteurs délayent cette penfée; Ie fecond vers eft abfolument inutile, & n'eft  3i 8 Nquv. Biblioth. Bzlgiqve. n'eft la qu'en forme d'antithefe, n>ure dangereufecc qu'il ne faut manier qu'avec les plus grands ménagemens, le cinquième vers pêche par le même endroit. En efFet La Fontaine avoit dit chargé d'ans ce qui eft parfaitement bien rendu par le by wasjtokoud; mais pourquoiajouter fes forces l'avoient abandorlné. Zyn kragten hadden hem verlaten. Ce vers n'exprime que la même idéé, & bien plus foiblement, ce qui eft toujours un vice, ce n'eft p3s la imker, c'eft amplifier; & la fable ne permet ces détails que lorsqu'ils font néceffaires, & pittoresques. C'eft bien pis encore dans la fuice. Nos Auteurs confacrent dixvers a exprimer le.. fut attaqué par fes propres fujets devenus forts par fa foiblejfe. Nous nê voyons point la des fujets dont-il eft ld rif ie, qui £offenfent & l'injurient; on n'y parle point de cette baine couvée depuis Ungtems ê? qui éclate enfin; tout cela dans la Fontaine eft fous-entendu dans le devenu forts par fa foiblejfe, & pourquoi cette bnéveté? paree que ces détails font inutiles encore une fois, paree qu'ils embarraffent & rallentiflenc la marche de I'ac i  Avrjlj Mai, Juin, 1784. 319 raflion, paree qu'enfin la grande règle, furtout dans la fable, eft le Semper ad ■ èventum fejtinat é'Horace. Le ftile de I 'ces vers eft peut-être auffi trop relevé I pour le genre du Poëme rien ne nuit tant ! è la fable que Pappareil & Pair compo| fé, qui met le Lecieur en garde contre I 1'inllnuation; admirons cependant ce vers 1 de poëlle imitative. , 't verzwakte lyf Niet dan met moiete voort kan Jleepen. Et ne traine qu'a peine/on corps épuifê, Ce vers au contraire Zy die zyn flaat zeer wel begrepen, Eux qui connoijfoient bien fon état. qui flik immédiatement, eft foible, Sc profaïque; d'ailleurs on fentoit bien, fans qu'il fut befoin de le dire, que les fujetsr du Lion ne fe feroient point approchés de lui, après tant d'infultes, s'ils avoient eu a redouter Peffet de fon couroux. En général 1'objet de cette Fable étoit de montrer le Lion ExpU  $io Nouv. Biblioth. Belgique. Expirant du coup de pied de Vdne. de faire fentir toute Pignominie d'un pareillemort; encore dit !e Lion, paffe de mourir des coups du Cheval, du Loup &c, le perfonnage odieux de cette attion eft donc l'Ane;maisalors il eft mal adroit, c'eft même manquer le but principal, que de faire partager ce caradtère aux autres animaux. La Fontaine 1'a bien fenti fans doute. Voilé pourquoi il glisfe fur cet objet; nos Auteurs dépeignent ]a conduite des fujets du Lion de couleurs, qui ne convenoient, pour la moralité de la fable, qu'a 1 action de l'4ne; c'eft fur lui que doit principalement retomber 1'indignation. Obfervons en paflant que les coups du boeuf exprimés par la Fontaine, par... le Boeuf un coup de corne, font rendus dans la traduction d'une fac,on trop familière, flaat bem voor de kop, furtout a cóté du fnood bedryf, (ce forfait odieux) & d'autres exprelTions de la haute poëfie, & en comparaifqfB du ton général de cette fable. Ser.  Avril, Mai, Jüïn,' 1784. 32Ï Servetur ad {mum Qualis abincoepto procejferit, tffibi conftet. II eft encore bien fupeiflu d'ajouter, après le recit des affronts qu'efluya le Lion. — Tous les animaux lui timoignent leur mépris. C'eft ce que devoit indiquer leur conduite, enfin cet hémiftiche n'eft Ia que pour la rime - Elk toont bem zyn verachting. La description de 1'état du Lion après fes blefiures, nous pafort finon furpaffer du moins approcher beaucoup de 1'original; & ce vers, fe montrant dtgne encore du rang qu'il occupe, qui n'eft pas dans fa Fontaine, ajoute aux beautés du tableau, paree qu'il eft non feulement fonore & bien travaillé, mais furtout paree qu'il donne une idéé, qu'il fait image, & qu'il peint la fierté,la majefté du Lion. C'eft Bajazet devant Tamerlan. Cette comparaifon d'une petite chofe avec les grandes, cette fagon de mefurer les grands intéréts par les petits eft Ia fource du riant dans la fable, obfervons Tom. VI Part, 2. X fur-  %%Z NOÜV. BlBirOTH. BfiLGIQÜBi furtout, que cette élévation, cette dig. nité ne détruit point la fimplicité, paree que le familier doit être un choix de qu'il y a Ide plus fin & de plus délicat dans le langage ordinaire. „ Maar zyn gelatenheid verdween „ Toen de Ezel ook voor hem verfebeen", ,, Mais fa ré/ignation disparut, „ Lorsque l'dne s'approcba de lui". Ceci de nouveau eft foible & languissant, on ne doit point prévenir ainfi fur ce qm doit fuivre. Enfin le discours du .Lion dans LaFontaine eft plus ferré D, nerveux que dans 1'imitation. Le Fabn ifte Franeois a ia délicatefie d'erprE lesruadesdel'anepar lemot aJnus ' CeJt mniïleds!UXf0is iUtfoufrir * depied,fes ruades; il fafioit, pour ainfi En Zl7,aa Li°D Ce Pén*le aveu éraI,Cette ^aduftion eftbeau«oup trop proljxej ]e Mc eft ÜD peu ha- ché,  Avrili Mai, Juin, 1784. 32* ché, & fi les phrafes font courtes, Ie recit eft long. Ces obfervations peuvent paroitre févères, mais nous les foumettons au jugement des auteurs elles-mêmes, notre but eft de concourir k !a perfeélion de leur art, & nous apprécions trop leur talent pour ne leur prodiguer que des louanges infipides. La Fable intituiée, Parole de Socrate, eft fort bien imitêe en Hollandois, nous ne critiquerons que le pénultieme vers, qui nous paroit un peu profaïque,&quelques longueurs dans le commencement: La Fontaine femble lui - même exiger Ia briéveté dans Ie recit, lorsqu'il dit dans fa Préface. „ II ne fera pas bien difficile de donner un autre tour aux Fables même que j'ai choifies; & fi ce tour ejt moins long, il fera fans doute plus approuvé". Voilé la décifion du maitre. Nous avons diftingué la Fable du Lion abattupar l'bomme, celle èe \z Laitière > celle du Laboureur ö1 fes Enfans, toutes trois imitées de la Fontaine, mais oü 1'on a parfaitement faifi la maniere de I'origiaal 3 les ames fenfibles ne liront pas fan* X a atten-  *24 Nouv. Biblioth. Belcique; attendrifïement la Fable du Pauvre {ƒfin Fils d'après 1'AlIemand de Gleim. Plufieurs Fables font écrites en vers blancs ou non rimés, & n'en fost pas moins trés poëtiques, telle eft celle de VAmitié & la Flatterie, & furtout celle du Perrequet fcf la Souris blancbe écrite en un mètre inconnu a la Poëfie Francoife ; on y fait rimer les feuls vers masculins, les autres font libres. En voici Ia traduélion littérale. Un jeune & beau Perroquet verd, Babilloit plus & peut-être aufli bien Que maint de ces petits maitres Qu'on voit partout en fon cbemin. Souvent on vantoit fes talens; Les fpeftateurs s'extafioient: L'un difoit. ., Oh! le bel oifeau, „ II répete fi bien ce qu'on lui fait dire, „ Que le plus fin s'y tromperoit. „ II a uce ame, la chofe eft füre, „ Voyez comme cet oeil eft fin". Mais quoi; 1'on n'aimoit point Pierrot; II lui manquoit cet art aitnable De gagner, de ravir les coeurs. En un mot nul de Ia maifonnée Mai-  AVRIL, MAI, JüIN, I787. 22$ Maitre, Valet, Enfant ni Femme, Nul de lui ne faifoit cas. Tandis qu'une Souris blanche Tendre, gentille & douce enfin De tous faifoit les délices Par fes jeux, & par fes fauts; A 1'envi autour de fa cage, On s'empreffoit, on fe rangeoit; On lui prodiguoit les mots tendtes Et les douceurs & les biscuit.. Pierrot vit cette difFérence, „ Frère, lui dit-il, un jour, „ Apprenez moi je vous fupplie, „ Le fecret de fe faire aimer". La Souris compatifTante Ne fe fit pas longtems prier. „ Pierrot, dit-elle, ce myflère „ Efi bien fimple & le voici. Je ne me fais craindre de perfocne, „ Je badine & ne dis jamais mot". De Baas. La morale d'une Fable de Hagedorn intkulée le Voeu indiscret, nous paroit fort belle; nous ne faurions nou* refufer au plaifir de la transcrire, en faveur de nos lefteurs Hollaudois. X3 „Geen  g25 Nouv. Biblioth. Belgique. „ Kitm uwaasoeia ts geiyk aan de uwe, 9 Wraakgezinden! Een Boer mift, onverwacht, zyn befte kalf, en zweert, Indien hit my gelukt den rover uit te vinden, Dan wordt, d Pan, aan u door my één Bok verëerd. Zyn bede werdt verhoord; by ziet door ftruik en hoornen, Een yslyk Pantherdier, met opgefperden muil, Met oegen vol van moord en bloeddorft naderkomen, fiiy beeft, by trilt door 't naar, het gruwzaam moordgehuil. Het Beeft treedt op hem aan, en dreigt hem te verfcheuren. Toen zuchtte, enfmeekte hy dus: „ Verlos me „ uit dezen nood. „ i Pan verjaag hem toch! mag my die gunfi *, gebeuren, „ Tienvoudig wordt voor « myn offerhand ver- „ groot'K: * * * Kent gy uw waar geluk, verdoolde Stervelingen f Wat bragt gy menigwerf door zuchten, door gebeén In 'sHoogflen fchikkingen niet wel veranderingen; Was uwe mogt hier toe, gelukkig, niet te kleen! Als  Avril, Mai, Juin, 1784. 327 Als in 't verkregen goed Gods gramfchap is gebleken, Dan leren wy eerft recht waarom 't ons paft te fmteken. „ Nulle folie eft pareille k la votre hommes vindicatifs! Un manant perdit è 1'imprévu, le vean le plus gras de fon troupeau —^6 Pan, s'écrie-t'il, montre moi le Voleur, & je jure de te facrifier un Bouc; fa prière fut -exaucée. Au travers les arbres & les buiflbns, il voit s'approcher une horrible Panthère, la gueule ouverte,les yeux brülans de meurtre & de carnage. Au bruit des épouvantables rugilTemens de la Béte, le mananttremble comme la/euille, 1'animal s'avance vers lui d'un pas menacant. —■ 6 Pan! dit-il alors en foupirant, délivre moi de ce danger. ó Panl daigne 1'éloigner d'ici, & je te promêts dix victimes de plus! Vous ne connoiffez pas votre vrai bonheur, roortels aveuglés. Ah! fi votre puilTance répondoit a vos defirs, combien de fois, è force de foupirs & de prières ne changeriez vous pas les dêcrets du Très-Haut. C'eft en nous X 4 exaa?,  328 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. exaucant dans fa colere que Dieu nous enfeigne è ne demander, que ce qm nous eft véritablement falutaire". , Les planches qui accompagnent cette Edition font ttès bien exécutées, elles ont été deflinées par J. Buys & gravées par R. Vinkeles & A. Cardon. Le portrait des deux Auteurs eft au titre, & dans un Quatrain on laifTe a dey^ier aa Leeteur lequel des deux eft Madame Bekker ou Madiie Deken. L'air fin & malicieux du fecond femble indiquer fuffifamment la Veuve du Pafteur Wolff. ARTI.  Avril, Mai, Juin, 1784. 329 ARTICLE SEPTIEME. Verhandelingen over het algemeen en byzonder gebruik, enz. C'eft-a-dire, dlssertation sur l'usage général et particulier des Machines Aëhostatiques, £jp les phénomènes, qu'elles peuvent nous pré/enter, par Helperus Ritzema van Lier , Maitre es Arts, Dotteur en Philofophie 6? étudiant en Théologie, a Groningue chez LubbartusHuifingh, 1784. ƒ 1-0-0 Nous ne nous attendions pas qu'après 1'ouvrage de M, Faujas de St. Fond fur les Machines Aëroltatiques, qu'on nous a donné en notre langue, il en paroitroit d'autres fur la théorie de X ƒ, cette  gjo Nouv. Biblioth. Belgiqujs. cette brillante expérience. En efFet cet ouvrage contient tout ce qu'il y a deplus intéreilant a cet égard & laifle trés peu a glaner pour un phyficien, qui fe corjtente de raifonner fur les globes dans fon Cabinet,fanss'appliquer a trouver& a préfenter quelque nouvelle expérience ou a perfedlionner 1'art de naviguer par les airs, dont la découverte de MM. Montsolfier a fait concevoir la plus grande espérance. Auffi devons nous avouer que nous avons trcuvé trés peu de chofe dans 1'ouvrage que nous annoncons, qui meritat d'être publié après ce que nous avons lu fur cet objet; quoique ce livre puiffe fervir de manuduétion pour avoir une idéé des globes aëroltatiques & de la maniére de les faire. Pour prouver ce que nous avangons nous allons donner une esquilfe fuCcindte de cet ouvrage en fuivant les chapitres, qui font au nombre de trois, avec unfupplément. Après avoir donné au chapitre I un narré irès fuccinét des découvertes qui ont précédé & préparé celle des machines aëroftatiques, igavoir la théorie des flui-  Avril, Mai, Juin, 1784. 3it fluides aëriformes, !'Auteur prouve qu'il eft impoflïble que 1'homme s'é'éve j imais dans les airs par des ailes artificieiles, ou par le mouvement rapide de grands plans proportiqnnés a fa péfanteur, ou enfin par des boules vuides d'air. Viennent enfuite le vaiffeau du Jefuite Lana, le bateau de m. Blanchard, lacolombe d'archytas, 1'aigle & la mouche de Reciomontanus, & 1'auteur remarque que la verité de ceux de ces ouvrages artificiels qui ont eu du lüccès eft au moins douteuïe. L'invention des Machines Aëroftatiques, conclut I'Auteur, dans le chapitre fecond, nous donne donc 1'unique moien de s'élever dans 1'air, & I'Auteur paffe h la confidération de leurs caufes & de leurs effets, & des phénomenes qu'elles préfentent, dans leur ascenfion & dans leur descenfion dans 1'atmosphère. II y en a de deux fortes, 1'une remplie d'air inflammable, 1'autre s'élevant par un air rarefié qu'on entretient dans cet état par un feu continuel. L'Auteur examine les qualités & les parties conftituantes de 1'air inflammable & conclut qu'il  332 Nouv. Biblioth. Belgiq/je. qu'il y a un acide dans cet air & que cet acide eft 1'acide vitriolique, il paffe enfin a cette qualité de 1'air inflammable qui 1c rend propre a produire les effets que nous voions dans les ballons, fcavoir fa légereté fpécifique & fon élafticité. Entre les airs inflammables il y en a qui font égaux en légéreté a 1'air de I'atmosphère, il y en a d'autres qui font plus pefants, d'autres enfin qui font plus legers, que 1'air atmosphérique. Entre les airs inflammables tirés de fubftances végétales, il y en a, comme celui qu'on tire de 1'orge, qui font d'une péfanteur égale è celle de 1'air atmofphérique , fuivant les expériences de M- Achard (*)• Les airs inflammables plus pefants que 1'air commun font ceux qu'on tire par le moien du feu de 1'huile de vitriol & de 1'espric de nitre, de 1'esprit de vin &c. Les airs (*) Voyez fon Mémoire fur la péfanteur des airs &c. daos les Nouv. Mém de l'Acad. des Sciences belles lettres de Berlin pour l'Année 1778.  Avril, Mai, Juin, 1784. 332 airs inflammables des marais & des eaux dormantes, & celui qu'on tire de 1'acide vitriolique-phosphonque & 1'acide marin avec le fer ou le zinc &c. font plus legers que 1'air commun. La proportion de la péfanteur de 1'air inflammable des marais & des eaux dormantes ,a celle de 1'air commun eft, felon MM. Deiman & Paets van Troostwys, en raifon de 90 a 138. La péfanteur de 1'air inflammable de 1'acide vitriolique & du fer eft a celle de 1'air commun = 1:3 felon les uns, felon d'autres = 1: 4, d'autres le difent = 1:5, d'autres = 1:6. Le pied cubique d'air commun pefant è peu prés | d'une once, il faudra fuppofer que la proportion de 1'air inflammable foit a 1'air commun == 1: 3, ajoutant£ d'une once è un pied cubique de cet air inflammable tiré de 1'huile de vitriol & du fer, pour qu'il pefe autant qu'un pied cubique d'air commun; felon la proportion de 1: 4 il faudra U d'une once, felon la proportion de is 5 U faudra une once entiére & felon la raifon de 1: ö il faudra 1^ d'une once. II y en a même qui déterminent la raifon dans laquelle ces  |34 Nouv. BibliotH" BfiLOrqrjK ces airs font 1'un a 1'égard de 1'autre i moins que r: 3. Les Auteurs ci delfus mentionnés Ia décerminent sa jo: 138. M. A ch a r o détermine la péfanteur de Fair inflammable de 1'acide vitriolique & du fer k celle de 1'a'r commun = 353* 1000, celle de 1'air, qu'on tire par 1'acide phosphorique du fer ou du zinc—i: 2 & de celui qu'on tire de 1'acide de vinaigre du fer = 538: 1000. L'air inflammable d'acide marin & de zinc, eft ordinairement dix fois plus leger que 1'air commun & feroit par cette raifon Ie plu» convenable pour remplir des machines aërr.ftatiques, fi les fraix beaucoup plus confidérables ne Pempêchoient, puisqu'un pied cubique de cet air, demande ii once de poids pour égaler un pied cubique d'air commun en péfanteur. M. Achard détermine la raifon de la péfanteur de l'air inflammable d'acide marin a l'air commun == 1: 6. L'Auteur pafte enfuite k 1'examen de la caufe de la plus grande légéreté fpécifique de ces airs inflammables tirés des acides-vitrioliques & marins & des métaux; & il la trouve dans la moindre quantité d'aci,  AvniL, Mai, Juin, 1784. 333* d'acide dans ces airs & dans leur plus grande atténuation. Nous ne le fuivrons pas dans la discuflion de ce fujet, qui, purement chymique, nous écarteroic trop du but principal de cet ouvrage. Si on prépare donc ua ballon, qui foit fpécifiquement plus leger que 1'air atmosphérique, c'eft-a-dire dont la matière pefe moins que le poids, qui manque è l'air inflammable qu'il contient pour être aufli pefant qu'une même quantité d'air commun, cette machine devramonter dans Patmosphère; mais Patmosphè» re diminuant en denfité a mefure qu'elle s'élojgne de la fuperficie de la terre, il s'enfuit que l'air diminue graduellement en péfanteur, ce qui fait que les machines aëroftatiques, ne peuvent jamais monter jusques aux confins extrêmes de 1'atmofphère, mais feulement tant qu'elles feront parvenues a une couche atmosphérique , oü les machines ont la même pe» fanteur fpécifique que l'air qui les enviionne & dans lequel elles flottent. , Les Machines Aëroftatiques monteroient aflurement en ligne perpendiculaire , 13 elles ne fuivoient que les loix de la péfan-  «, 36" Nouv. BlBLIOTH. BELGIOtr^ péfanteur, mais cette dire&ion eft changée par les vents, par 1'attracr.ion des nuages & par quelques autres caufes que I'Auteur confidére féparement. II pasfe enfuite a leur descente & en recherche les caufes, comme la perte infenfible du gaz, fon elafticité laquelle furpaffant l'air ambiant rompt fa prifon & donne paffage a l'air inflammable, le pancbement de Ia machine fi on a laifl'é une ouverture en bas, comme dans les machines de M. M. Montgolfier, un vent dont la direétion feroit vers la terre, le défaut d'aliment du feu, fi Ia machine montepar un air raréfié, un air humide & froid, de la pluie, de la neige & tout ce qui peut faire condenfer l'air raréfié dans le ballon aëroftatique. L'Auteur entre enfuite dans Ie détail hiftorique des voyages aëriens, qu'ont exécutés les hardis Argonautes Francois, qui les premiers ont ofé s'élever dans le fluide atmosphérique & s'immortalifer ainfi p?.r leur induftrie & par leur courage. Nous nous dispenferons de le fuivre, puisqu'il n'eft presque perfonne qui s'intérefie tant foit peu aux progrès des  Avril, Mai, Juin, 1784. 33^ des fciences, qui n'ait lu & relu ce qu'il y & déja de pubüé a ce fujet, & qui De foit informé des procédés, qu'ont fuivi les navigateurs aëriens pour fe diriger dans leur ascenfion & dans leur descente; nous fouhaitons ardemment avec I'Auteur, que les tentatives qu'on fait pour découvrir Ie moyen de diriger les ballons aëroftatiques en ligne horizontale,foyent couronnées du fuccès defiré. Paffons au troifieme chapitre: I'Auteur détruit d'abord quelques objections futiles, que le préjugé forme contre les machines aSroftatiques, & qui méritene a peine d'être réfutées férieufement ;après quoi il s'applique è démontrer que les dangers de la navigation aërienne ne font pas è beaucoup prés auffi grands qu'jls femblent au premier abord, qu'on pourra les prévenir, & qu'ainfi 1'utilité qu'on peut attendre de ces machines furpasferales dangers, dont elle paroiflènt menacer ceux qui en feront ufage. L'Auteur confidère en premier lieu les dangers de différens genres qu'on pourra courrir. Le premier eft que la machine pourroit fe fendre par la preffion intéT«m, VI, Pm, 2. Y rieure  33 8 NOUV. BlBLÏOTH. BeLGIQUE. rieure de I*„ir renfermé. L'Auteur détruit cette appré'henfion, & on fqvt Ie moyen que M. Charles a déja employé dans fon voyage. Le fecond danger, dont parle I'Auteur. eft celui que les yoyageurs curroient en fe trouvant dar* rimpmlTance de dcscendre, écpérisfmt par un féjour trop continué dans un air exrrêmement rare. L'expérïence a encore appris que ce danger eft trés imaginaire avec une machine bien faite, ainfi nous nous dispenferons de donner la folution de cette objVdïion. Ne pourroit-on pas dcscendre fur I'eau &fe Doyer? L'Auteur remarque qu'ayant toujours dans fa puilTance de monter ou de dcscendre, on doit prendre terre,dès qu'on appergoit qu'on vogue vers la mer ou quelquesgrandes eaux; mais, dit-on, fi on fe trouvoit au deflus de Ia mer avant que de Ie fcavoir & fi le vent venoit de terre^ on ne pourroit retourner ? alors dit I'Auteur, on monteroit auffi haut qu'on pourroit dans 1'espérance d'avoir dans les coaches plus bautes de 1'atmosphère ou un calme, ou un vent contraire qui ramenSt la machine au deflus de terre,  Avrïl, Mai, Juin, 1784. 339 re, cSc il eft yès probable qu'on en rencontreroit un tel, Pour ce qui eft des rempêtes j elles auront peu de prife fur les machines aëroftatiques, puisque flottantes dans l'air toutes leurs parties font également preflees par le vent & qu'ainfi il eft impoflïble qu'on foit renverfé. On demande enfin fi un coup de foudre ne pourroit pas rompre la machine ou allumer l'air inflammable & faire périr les voyageurs. Voila,dit I'Auteur, un dadger trés apparent, mais on n'eft pas obligé, en premier lieu,de monter quand il furvient un orage ,& en fecond lieu I'Auteur propofe d'attacher un conducteur fait d'une ficelle entortillée de fil de lai« ton, aufli longue que la hauteur a laquelle on voudroic monter au ballon, & de le faire descendre jusques fur la terre ou fur 1'eau. Nous remarqueronsque cemoyen feroit bon quand on ne voudroit refter que ftationnaire,- mais on concoit quel embarras une telle queue trainant a terre pourroit caufer dans desvoyages aëriens de quelque éteudue. Quant aux ballons remplis d'air raréfié , les dangers que les voyageurs ont &. Y 2 redoiK  34° Nouv. Biblioth. Belgiqübv redouter avec ces machines ne font ni plus grands ni plus difficiles a prévenir. Ces machines ne fe fendront pas fi aiféinent, puisqu'ii y a une ouverture en bas, qui permet è l'air raréfié & k la vapeur phlogiftique, qui s'éleve du feu, de fe mettre en équilibre avec l'air atmofphérique, & en fecond lieu une fente dans la tojle de ces machines ne produira pas toujours leur descente, puisque le feu produifant toujours la vapeur phlogiftique avec beaucoup de célérité, en fournira autant que la machine en puisfe perdre par une fente affez confidérable. (*) Après les dangers, Cdont nous avons mentionnés les plus apparens) I'Auteur nous (*) C'etl par cette caufe que la machine de Lyon eft descendue ; cette machine faite d'un tiflu trés foible fut furchargée & ne put léfifler au foulevement du poids dont on l'avoit chargée; elle fe fendit dans fa partie fupérieure & on vit par 1'expérience qu'ei? voulant produlre du nouveau gaz, pour faire remonter la machine, on établiflbit un courant plus rapide par le trou, qui déprimoit  Avril, Mai, Juin, 1784. 34.1 nous propofe Putilité, qu'on peut retirer de ces machines. On a déja remarqué ailleurs des fervices de pluöeurs genres, que ptuvent nous rendre les ballons aëroftatiques & dont on retrouve ici 1'énumération. Mais perfonne, je crois, ne s'étoic avifé jusqu'ici de propofer férieufement aux antiquaires de monter en ballon au Mont Ararat, pour décider la queftion importante fi on y trouve encore des reftes de 1'Arche de Noé. Dansle Supplément k cet ouvrage,quï a été écrit après que la traduclion de 1'ouvrage de M. Faojas de St. Fond, fut parvenue è la connoiffance de I'Auteur, on trouve en premier lieu quelques obfervations fur un procédé pour diri- Ia machine; qu'ainfi il vaut mieux dans tel cas la laifTer tomber; la grande enveloppe d'une telle machine 1'empêche d'accélerer beaucoup fa chüte; auffi les voyageurs ne defcendlrent pas affez rudement pour fouffrir quelque incommodité, hors une legére contufioo, qu'un d'eux eut en touehant terre. Le Journalijle. V3  34* Nouv. Biblioth. Belgique; diriger les ballons, qu'un anonyme a don» né dans cet ouvrage; fecondementquelques remarques fur Ie gaz de M. M» Montgolfier. L'Auteur ne croit pas avec M. le Docteur Van Noorden que le fluide, avec lequel M. M. MontgoxsFier rempliflènt leur ballon ne foit qu'un air commun raréfié, ni avec le Docteur Houttuin (*) qu'un air raréfié ne joue aucun role dans le procédé; il dit au contraire (& nous ne balancons pas a fuivrefon fentiment) que, quoiqu'il ne s'éleve point d'air raréfié de la paille & Ia laine enflammées, néanmoins l'air atmosphérique, qui s'introduit dans le ballon., dés qu'il fe gonfle, fe raréfié par la chaleur de ce feu, en paflant par Ia Uamme. ©n doit donc, ajoute I'Auteur, con- (*) C'eft avec raifon que M. van Lür a'éleve contre la maniére indécente & indigne d'un fcavant & d'un philofophe, dont il aplu a M. Houttuin da traiter M van IJooiDüN dans la préface de fa traduétion ^!e 1'ouvrage de M. Fat; jas, en redrefTant NOÜV. BlBLÏOTH. BeLGIQUE; étendue 1'application de ces paroles aus peuples de ces Provinces, il croit cependanc qu'il n'eft pas inutiie, dans les circonftances act.uelles,den faire le principal fujet de fes réfkxions. „ Si, dit-il, 1'infenfibiüté aux chêtimens dont Dieu nous vilite eft le caracStère le plus marqué d'une dépravation extréme, & le ftniftre préfage des derniers malheurs, combien n'fft il pas néceffaire de nous examiner nous mêmes pour favoir jus-, qu'è quel point nous fommes coupables de cette dispofition criminelle. Quel intérêt n'avons nous pas k remonter k la fource du mal pour y apporter les reme» des les plus convenablcs, ou du moins pour empêcher qu'il ne fafle de plus grands progrès"! C'eft le grand but qu'il fe propofe dans les 2 Parties de fon Discours. La , première eft deftinée a caraétérifer Yinfenfibilitê dont-il parle, & la feconde a en expofer les Caufes. 1. Pour juftifier la vérité des reproches que le Prophéte adrefle aux Juifs dans fon Texte, le Prédicateur fe dispenfe d'en tirer les craits de leur Hiftoire même.  Avril, Mai, Juin, 1784. sjt me. Elle en fournit malheureufemeDt des preuves en abondance. Le témoignage feul de Jérémie, qui devoit connoitre fes contemporains & qui étoit bien capable de les apprécier, fuffit pour s'en convaincre. Mais ce dont I'Auteur croit qu'il importe le plus a fes Auditeurs d'ê. tre inftruits c'eft de la nature même des reproches que le Saint Homme fait aux Juifs. II accufe ceux-ei, qui gémiffbient aótuellement fous la verge de Dieu, de ne pas en féntir les coups, de n'en avoir point de douleur 8* d'avoir endurci leurs faces plus qu'une rocbe, c'eft- a-dire, que ce peuple accablé fous le poids des jugeraens du Seigneur, ou s'y montroic entiérement infenfible, ou n'éprouvoit qu'une douleur ftérile qui ne produifoit en lui aucun amandement. „ Le premier trait fe concoit a peine. On imagine difficilement une infenfibilité fi complette qu'elle foit è 1'épreuve de la douleur qu'excite toujours un chatiment rigoureux". Auffi quelques interprêtes ont remarqué qu'on devoit traduire,i!s n'en ont point fenti decrainte, & Mr. de la SauJJaye avoue que 1'expres- fioa  $S* Nouv. BlBLlOTH. BeLGIQVS. fion du Prophéte eft fusceptible de ce fens. Mais ajoute t'il, fi les interpröces avoient confulté 1'expérience ils auroieDt compris que notre Texte pour être entendu n'avoit pas befoin de cet adoucifilment. — Une pareille infenfibilité eft elle fans exemple, & ce qui fe pafte au milieu de nous ce rend-il pas croyaWe une chofe qui de fa nature eft diffic.le è croire. Oublions le peuple Juif & fixons toute notre attention fur nous mêmes. N'envifageons que les Cbdtimens dont Dieu nous vifite, & YlmpreJJion que ces chcitimens font fur nous. Pour prouver ce qu'il avance Mr. de la Saujaye tracé ici Ie tableau des chètimens dont Dieu a frappé & frappe encore ce Pays, & ce tableau fait de roain de maitre n'eft malhcureufement que trop conforme è la vérité. II faut le lire tout entier dans Poriginal. Nous ne faurions cependant nous refufer d'en transcrire quelques endroits, pour faire connoitre 1'éloquence fimple & fublime de I'Auteur. „ Dans quelle partie de notre exiftence, s'êrie t'il, ne fommes nous point frap-  AV-ril, Mai, Juin, 1784. 353 frappés? II n'y a rien en nous qui foit parfaitement fain & entier. Quel bien nous refte t'il, dont nous puifiïons dire qu'il n'a point fouffert de diminution, & que nous le poffédons dans fon intégrité ? Eft ce le Commerce, dans lequel nous avons plus que jamais des Concurrens & des Rivaux ? Sont ce nos finances épuifées par la Guerre? Eft ce la Marine prés qu'anéantie par les nauffrages? Sont ce nos Frontières, Jorsqu'on nous reflerre les unes, & qu'on nous dispute les autres? Sont ce nos Campagnes, dont plufieurs font encore fubmergées & plufieurs couvertes d'un fable ftérile? Sont ce nos loix prêtes a périr dans les défordres de 1'Anarchie? Eft ce enfin notre Libertédégradée ccavilie par la Licence". Nous fommes frappés, continue Je Prédicateur, mais quelle douleur en resfentons nous? Penfons nous feulement au funefte fort dont la Patrie eft ménacée? Avec quelle froideur, avec quelle indifférence n'envifageons nous pas feff maux? Notre infenfibilité doit nous étonner nous mêmes — & n'étoit 1'animofité des partis, la fureur des libejlesj Tomé FI, Part. 2. Z 1'éclat  354 Nouv. BiBLioT». Belgique. 1'éclat des commotions civiles, on croiroit que nous ne prenons aucun intêrêr. a la fortune publique. — Frappés comme autrefois les Juifs, ne les imitons nous pas dans leur endurcifTement, & ne fommes nous pas 1'original de ce portrait qu'en tracent les Prophètes? Ils élngnent de leurs Têtes les parfums les plus txquis, ils mangent let Agneaux cboifis du Troupeau, ils frédonnent des Airs au jon de la Mufette fc? ils ne font point malades de la froiffure de Jofepb". Cependant quoique cette infenfibilité aux jugemens du Giel foit la marqué non équivoque d'un endurcifTement extreme I'Auteur ne croit pas qu'on doive conclu. re de-la, que toute espèce de douleur que ces jugemens excitent, eft par Ia même la preuve certaine d'une vraie converfion. II y a une fenflbilité faufTe, comme il y en a une véritable & abondante en bonnes oeuvres. I>s pécheurs qui fentent les coups dont Dieu les frappe font a la vérité plus fusceptibles de converfion que ceux qui n'en font pas touchés; mals il$ n'en font pas encore con- vertis  AVRIL, MA!, JrjIM, I784. 355 verti's pour cela. Si le fentiment douJoureux qu'ils out de leurs maux n'opére aucun charjgement dans leur conduite & dans leurs moeurs, ce fentiment ue fera jamais qu'un fentiment facheux, qui n'eft d'aucun prix devant Dieu & dont auffi il ne tient aucun compte. Telle étoit la douleur des Juifs. Douleur infructueufe. Et malheureufement a cet égard encore I'Auteur montre que le peuple de la Hollande n'a que trop de conformité avec eux. — II y a de la douleur parmi nous,il n'en faut pas douter. 11 y en a même dans toutes les conditions; chez Ie peuple qui ne trouve plus dans fon travail, comme autrefois une fubfiftance abondante & facile. Chez les gens de 1'état médiocre, qui fe plaignent que les tems font durs & facheux. Chez les riches importunés des demandes des pauvres, &c. „ Si 1'on confidere 1'état aétuel de Ia Société parmi nous, nous y découvrons encore plufieurs caufes particulières de douleur. La fermentation générale qui agite les esprits doit néceflairement y faire éclóre mille projets discordans, Z 2 mille  p ■ 356" Nouv. Biblioth. Belgiqub. mille craintes chimériques, ou bien fondées, mille espérances vraies ou illufoires, & felon que ces projets réuffiffenc ou échouent, que ces espérances & ces craintes s'évanouilTent ou fe réalifent, il y a de la joye ou de la douleur. Dans cette multitude d'intérêts, qui tantót fe réunifJent & tantót fe divifent & le plus fouvent fe heurtent & fe brifent, ces fentimens font partagés & palTent alternativement des uns aux autres. Mais de quelque coté que panche Ia balance, il doit y avoir toujours bien des vues d'ambition fruftrées, bien des prétentions humiliées, bien des intrigues éventées, bien des hypocrilies démasquées, & parconféquent aufli bien des fujets de trifteffe & d'amertume. Oui, nous fen* tons de la douleur & peut être plus que nous n'en faifons paroitre! Mais quelle douleur! oü prend elle fa fource, quels font fes efFets? Nous inftruit-elle, nous convertit-elle? Nos paflions font contriftées,mais elles ne font ni fubjuguées ni foumifes; & dèslors quelque foit la douleur que nous éprouvons, foyons affurés que nous n'avons qu'une triftejje felon  Avril, Mai, Juin, 1784. 3571 felon le monde & non pas une trifteffe felon D'eu & qui lui foit agréaöle. Celleci nous fait détefter dans le vice Ie vice même, plutötque le préjudice qu'il pent caufer è notre tranquiilité & è DOtre bonheur. — En un mot elle produit Ia confiance, la paix, la répentance, le falut. Tout au contraire de Ia trifteffe felon le monde qui produit le découragement, la confufion, 1'impénitence & Ia mort. O malheureufe condition d'un Peuple endurci! Ou il n'eft point touché de fes maux, ou il n'en a qu'une douleur qui ne lui pronte de rien, & qui eft elle même un nouveau mal"! Telle eft en général le fujet de la première partie de ce Sermon. 2. La feconde eft deftinée è rechercher les caufes d'une infenfibih'té li funefte, afin de la combattre & de la détruire i ou du moins pour prévenir quel. le ne fafle de plss grands progrès. L'Auteur en indique deux particulières, qui font elles mêmes fubordonnées a une troifième. 1. Plufieurs ne font point frappés. Z 3 2. Plu-  358 Nouv. Biblioth. Belgiqub. 2. Plufieurs ne penfent pas que c'eft; Dieu qui les frappe. Voila pourquoi les uns font infenfibles, tandis que les autres n'ont pas 1'espèce de douleur qu'il convient d'ea avoir. 3. L'Affoibliflernent des Principes de Religion lequel fe remarque de plus en plus dans toutes les Gaffes de la Société, eft la troifième caufe plus générale. 1. Plufieurs ne font point frappés. Les jugemens du Seigneur ne tombent pas fur eux, voila la caufe de leur infenfibilité. Ici I'Auteur prévient UDe objection qu'on pourroit. lui faire d'apr&s ce qu'il avoit dit dans fa première partie touchant la nature & Ia rigueur de ces jugemens, en faifant obferver a fes Auditeurs, que dans les calamités nationales, quelques grandes & quelques générales qu'elles foient, il y a un nombre affez confidérable de particuliers qui font épargnés. L'on convient que des Citoyens dignes de ce nom fouffrent toujours des malheurs publics, Iors même que ces malheurs ne les approchent pas. — Mais  Avril, Mai, Juin, 1784. 359 Mais qu'ils font rares en comparaifon de ceux que domine un amour propre petic & méprifable! Ici Mr. de la Saujfaye fait le portraic de ces derniers, & les traits par lesquels il les caraétérife méritenc d'autant plus 1'attention, que loin d'être exagérés ils y font peints, avec autant de vérité que d'énergie. Nous fommes mortifiés que les bornes oü nous devons nous renfermer nous obligent a y renvoyer nos Letteurs. 2. La feconde caufe que I'Auteur in« dique de cette infenfibilité aux jugemens du Ciel, vient de ce que la plupart ne re» montent point a la principale caufe qui les dispenfe. Ils fe bornent aux caufes fecondesj & ne remontent point k la main puiffante qui les dirige. On prend les effets pour la caufe. On voit les inftrumens de nos mifères, mais on n'appercoit pas la main qui les employé & les fait agir. .Toujours la fageffe des politiques, les talens des négociateurs, la valeur des guerriers, les vents, les tempêtes, mille évenémens imprévus dont notre ighorance ne peut appercevoir la caufe principale, & on s'imagine après  36b Nouv. Biblioth. Belgique.' après cela avcir tout dit & tout expliqué. Et que réfulte t'il de cette maniere de penfer. De ces deux chofes 1'une, ou 1'on eft abattu par fes disgraces, & accablé de leur poids, ou 1'on dcne de réparer fes malheurs en recourant uniquement a des moyens qui n'ont pas été capables par eux mêmes de les prévenir. L'Auteur eft fort éloigné de penfer que J'on doive méprifer les moyens prochains qui fe préfentent d'améliorer fon fort, & de prévenir les malheurs qui nous ménacent. Mais il foutient que ces moyens font vains &inutiles,fi celui qui dispofe comme i! lui plait des événemens n'y répand fa bénédiétion. Pour révoquer en doute ce principe il faut Dier 1'exiftence d'un Dieu qui préfide aux caufes fecondes. Le vrai moyen donc de rémédier aux maux que 1'on foufFre c'eft de remonter è celui de qui fls pro. cèdent. Si nous favions donc, s'écriele Prédicateur, quel eft celui qui nous frappe; nous faurions aufli quel eft celui qui peut nous guérir. S'il a le pouvoir de nous abattre, n'a t'il pas celui de nous relever? Pour-  AvniL, Mai, Juin, 1784. 36* Pourquoi donc 1'éJoigner de nos penfées ? Pourquoi femblons nous éviter de le rencontrer? Que ne verfons nous dans fon fein paternel nos peines & nos foucis. Son bras nous frappe a coups redoublés, maïs notre répentir le défarmera. II n'y a qu'un moment dans fa colère 6? toute une vie in fa faveur. Mais pourquoi une confidération fi propre k nous confoler ne produit elie pas fon effet? C'eft ce qui conduit I'Auteur k la troifième caufe qu'il a indiquée, 1'affoibliiTcment des principes de Religion, lequel n'eft que trop géréral dans toutes les dalles de la Société, & qui óte aux motifs les plus puiiTans de couverfion toute leur efficace. 3. II s'eft répandu de nos jours une espéce d'incréduüté, que Mr. de laSausfaye ne croit pas pouvoir mieux caractérifer qu'en la définiffant — Un affoiblijfement des principes de la Religion, pu^squ'elle ne rejette pas entièrement fes principes. — ,,-S'il falloit,dit-iI, donner un nom a cette incrédulité d'un genre nouveau, nous Pappellerions un Epicuréisme mitigé & adapté au goüt de ia géZ 5 néra-  %6z Nouv. Biblioth. Belgique. Siération préfente. Dans ce fyftême il y a un Dieu, & uneProvidence. Mais ce Dieu ayant donné aux Hommes certaines facultés, c'eft uniquement de l'emploi qu'ils en font que dépend Ie bonheur ou le malheur de la vie. La providence a tout arrangé dès le commencement. Elle n'interpofe plus fa puilTance dans ce qui arrivé ici bas. La Nature, c'eft Texpreflion le plus en ufage, la Nature, dont ces Philofophes ont fans doute calculé toutes les forces, ne s'écarte point, des régies une fois prefcrites. Dans ce fyftême (Ecclef. IX.) la prudence des fages n'eft jamais trompée; la Vicloire ejt toujours aux VaiU lans & le prix de la courfe aux Legers, Ces pofitions vagues & indéterminées font dans leur totalité contredites par la raifon, mille fors démenties par 1'expéTience, fans parler du témoignage exprès de PEcriture qui leur eft directement contraire. L'on doit comprendre fans peine 1'influence pernicieufe d'un fyftême qui en reléguant 1'Etre fuprême des affaires des hommes, tend néceffaiEement a éloigner les hommes de lui; & que  Avril, Mai, Juin, 1784. 36*3 que parconféquent toutes les expreffions de nos Livres Sacrés, qui exhortent les hommes è regarder è 1'Eternel, a fe confier en lui, è attendre tout de fa clémence & de fa bonté, ne fignifient rien ou n'ont aucun fens raifornable". Après avoir expofé les Dogmes de cette Philofophie moderne, I'Auteur en fait connoitre la morale, qui en eft une conféquence naturelle. „ 1'Amour propre eft le feul mobile des actions humaines.~ II eft agréable de pouvoir trouver fon bonheur dans la prospérité publique, mais il n'eft pas naturel de Ie facrifier au bonheur des autres. Celui qui préfère les intéréts de la Patrie aux fiens propres eftun homme vain quis'immole a fa propre gloire ou un infenfé qui prend la voix de fes préjugés pour le cri de la confcience. Tous les hommes font égaux — ils ont tous une même origine, une même nature & éprouvent les mêmes fenfations. Voila 1'unique raifon qu'ils ont de s'aimer & de fe faire du bien. 1'Amour de la Patrie eft un fentiment factice. 1'Humanité eft la Loi Univerfelle &  36*4 Novv. Biblioth. Belgiqwe. & il ne faut point lui en ajouter une autre". „ Quand de pareilles maximes fe répandent généralement & que la conduite y eft conforme, — faut il demander d'oü vient cette licence effrénée qui franchit toutes les bornes & toutes les bienféances, & ne refpedte ni rang ni naiflance ni vertu. D'oü vient que les aftections les plus naturelles qui puiflent unir les humains font refroidies, & que les noms fi doux de parent, de compatriote & d'ami nefont plus que des noms. Nous le répétons, M. F. 1'afFoibliffement des bons principes, voila notre plus grand malheur. La guerre, les inondations, les tempêtes, ne font rien, en comparaifon de cette gangrène, qui gagne de tous les cótés, & qui, fi nous n'y remédions, détruira enfin tous les reflbrts de notre exiftence". Cette réflexion porte naturellement notre Orateur è jetter un coup d'oeil fur les principes & les moeurs qui caractérifoient nos Ancêtres. Ils eurent comme nous des vices, des foiblefles; ils pécherent  Avril, Max, Juin, 1784. 3651 chèrent fouvent contre le Dieu fort,& comme nous ils fe trouverent plus d'une fois dans des circonftances en apparence plus déplorables encore que celles oü nous nous trouvons. Mais ils craignoient Dieu. Les grands principes de Religion n'étoient point étouffés. Aufli les chatimens dont ils furent vifités produilirent leur effet, & donnerent a leur principes une nouvelle énergie, comme s'exprime I'Auteur, en retournant de tout leur coeur, vers celui qui avoit fait la playe afin qu'il la bande & la guérisfe. „ Leurs espérances ne furent poinc trompées. Le Séigneur leur fuscita des Libérateurs. 1'Etat chancelant, & panché vers fa ruine, eft reporté fur fa baze, & y demeura affermi. „ Voila conclut le Prédicateur, 1'erTet des bons principes, & les relTources que ceux - ci nous ofFrent dans nos dangers & dans nos disgiaces. Mais fi nous les abandonnons, ajoute t'il, fi nous les traitons de préjugés, quel fruit retirerons nous d'un fi coupable égarement. Dieu nous frappera encore, & nous n'en fentirons point de douleur, il nous confumera & nous ne  %66 Nouv. Bibliöth. Belgique. ne recevrons point inftruétion, nous endurcirons nos faces plus qu'une roche «Sc nous ne ferons ni convertis ni fauvés. A des motifs fi preil.ns pour infpirer une fenfibilité fage «Sc filutaire, Mr. de la Sausfaye ajoute, avant de finir, une confidération bien confblante, & bien propre en même tems pour engager fes Auditeurs a prendre, avec la bénédiétion du Ciel, une ré'folution conforme è leur bonheur préfont «Sc è venir. II ne fe rétracte point de ce qu'il a dit en commencant ce Discours. II ne paroit poinr que les paroles de fon Texte foient abfolument en tout point applicables k la Nation. „ Graces, s'écrie t'il, Graces aux bontés Divines, nous avons encore parmi nous des hommes droits, qui déplorent la perverfité des tems, & dont les oeuvres de pieté «Sc de charité, pour être cachées aux yeux du monde ne font pas cachées a leur Père célefte. Pour fatisfaire aux obligations de notre miniftère nous avons ,quoiqu'è regret, expofé le mal avec liberté «Sc fincérité. Qu'il-nous foit permis de remplir un devoir doux a notre coeur celui de publier le bien. Non, fi nous  Avril, Mai, Juin, 1784. §6? nous fommes infenfibles aux chitimens dont Dieu nous vifite, nous ne le fomü mes pourtant pas a 1'infortune de ceux ': fur lesquels ces chêtimens font déployés ü avec plus de vigueur. On n'a jamais vü : plus de compalfion pour les malheureux, \ ni plus d'empreflement a les foulager: j Et les mifères publiques ont donné lieu k des actes de bénéficence & de généro1! fité que nous ne louerons point, paree 1 qu'ils font au deflus de nos Elogcs". „ Ce précieux levain fanötifiera t'il toute la P§te? Ce qu'il y a de fain dans la Nation fer3 t'il compen fation pour ce j' qu'il y a de corrompu? Seigneur Eternel I toifeul tu le fais! Mais li nos maux font II trop invétêrés pour être guéris. Si la : corruption eft: trop générale pour ne pas entrainer la ruine de la Patrie; S'il faut 1 enfin que celle-ci périfle, il y a du moins : quelque douceur a penfer quelle renferme encore des Citoyens dignes de pleurer fur elle... S'il faut quelle périfle ? ; Grand Dieu! feroit-ce donc la le u rme i ou viendroit aboutir deux fiècles de traI vaux? II feroit donc renverfé ce noble I Edifice élevé par la fageflè des Peres, &  $68 NOUV. BlBLTOTH. BELGIqus, cimenté de leur fang ?.... S'il faut qu'elle périfle. Pourquoi donc, Seigneur, 1'astu placée dans un état renommé fur la Terre! Pourquoi 1'as tu couronnée de tant de gloire, & lui as tu accordé de fi glorieufes délivrances? Non,Grand Dieu , non, nous ne ceflerons point d'espérer en toi, & les térnoignages que tu nous donnés encore de ta proteétion & de ta bonté nous raflurent & raniment notre confiance. Au milieu des maux dont tu nous affliges, tu ne laifles pas de nous fournir plus d'un fujet de te iouer & de te rendre graces. Tu entretiens parmi nous le flambeau de ton pur Evangile; tu nous ouvres les portes de ta Maifon, tu nous cooferves notre Liberté & nos Loix, & l'Augufte Race dans laquelle tu choifis nos Libérateurs n'eft pas encore éteinte. Maintien, O Eternel, maintien ton oeuvre en fon être, durant le cours des êges, furtout inpline nos coeurs a te craindre „ & a garder tes commandemens. Amen"! Après cet expofé fidelle du plan & de la marche de ce Discours, il eft bien fuperflu d'ajouter, ce que tous nos Lec- teurs  Avril, Mai, Jtjin, 1784. 3*9 teurs auront déja fènt:, que ce plan eft nettement concu & fagement développé , que les réflexions lont heureuferhent amenées & tirées du fujet même* que le ftile eft presque partout celui de la chc~ fe, qu'en plufieurs endroits on trouve des morceaux de la grande élorjuence, & qu'enfin ce Discours méritoit en tout fens les honneurs de 1'impreflion Peutêtre defireroit-on quelquefois ün peu plus de développement; certaines matières ne font qu'indiquées & devoient être approfondies, il auroit fallu peut-être tracer plus fortement les circonftances actuelles de la Patriej & montrer avec plus de détail, en quoi nous avons iti frappés? Le tableau de la Phjlofophie moderne eft de main dë maitre t mais n'eft il pas un peft trop long, furtout eft- il a la portée du gros des Auditeurs? A t'on compris généralement ce que c'eft qu'un Epicuréisme mitigé £ƒ qdapté au goüt de la génératión préfenle? (pag. 32). Quant au ftile nous nous propoferons comme un döute; s'il eft d'ufage de dire, la mémoire des Pè~ res, la fagefle des Pères, dans un fens Tom. VI. Part, 2. A a ab>  37° Nouv. Bibltoth. Belgtqub. Ibfolu ? Nous dernaDderons enfin k I'Auteur lui-mêmc, s'il eft content de cette image (pag. 24). „ Vous diriez , s'il n'eft permis d'employer cette image , vous diriez qu'ils bnt des fibre: qui aboutiffent d tous les points de ïécendue que la Patrie embrajfe, fc? qui leur repetent une Jenfation de douleur ou de plaifir de tous les endroits, même les p us reculés, oü celleci eft aff-clée, foit en bien, Joit en mal", ft dans une feconde Edition il iaiffera iubiïfter cette phrafe ils fe compofent un bonheur d part, & quelques aucres, peut* être un peu trop recherchées ? — Que ets miruries ne nous fallent pas néanmoins p^r.Jre de vue le grand mérite de ce'Discours, furtout dans i'effervescence afturïl •, celui de 1'impartialité. ^ Qu'il étoit d fficjle dans ces jours de discorde «5c de confufion de psrler fur les affaires du tems d'une fagon qui contentit tous les pards, d'expofer ie tnfte tableau de notre :.bjiffjment * fans y mêler de ces réfl-xions ameres, qui nprès tout ne font qu'aigrir les esprits, rap lei ramener k des vues de concorde & de réconciliation: en un mot tout cc que 1'Au-  Avril, Mai, Juin, 1784. 371 I'Auteur dit fur ce fujet a été entendu avec plaifir, avec édification même de tous les Auditeurs; nous ne fuurions en. fin, en twninant cet Extrait^ nous refu» fer au plaifir de rappeller a nos Ledteurs la conclufion de ce Discours, & cette penfée attendriiTantp i & lüblime. rr S'il faut enfin que cette République périjfe; il y a du moins 'quelque douceur d penfer, qu'elle renfermc encore des Citoyens dignes de pieurer fur elle. — A qur-'que parn que nous foyons attachés, quelque foit nutre fagon de penfer fur les affaires pubhques , qui ne dcfireroit d'être du nombre de ces vcrtueux Patriotes, mais en m?me tems qui n'employeroit tous fes efforts, pour prévenir cette mine « pour ramener des jours plus beaux é des tems plus heureux! Aas ARTl  17 i Nouv. Biblioth. Belgique. t «t» ■*& «► 4» **» <»v • • %f V*? «»ï W 5»? S»? ARTICLE NEUVIEME. Vroedkundige Oeffen- school, &c. c'eft-a-dire. Académie de l*art des Accouchemens, contenant en abrégé tout ce qui regarde cet art, excepté la Médécine, ff publiée en formé de lecons par le Profeffeur Jacobs; avec des planches, in 40. de 432 pp. a Gand chez J. F. van der Scheuren 1784. Prix ƒ 7-0-0 Les Auteurs d'un Journal Hollandois (a) en rendant compte de cet Ouvrage, en ont parlé d'une fagon trés peu avan- (a) Hedendaagfcbe Algem. Letter-oeffeningen.  Aviul, Mai, Juin, 1784. 373 i avantageufe, mais n'ont point motivé la févérité de leur jugement. Pour nous qui aimons i'impartialité, & qui exercons nos fonélions fine ira & ftudio quorum caufas procul babemus (b) nous croyons qu'en envifageant ce Traité fous i fon véritable point de vue on ne peuc que rendre juftice aux intentions de l'Au« teur, & a la manière dont il développe fon fujet. Son but eft d'être utile aux jeunes accoucheurs, & aux fages Femmes novices, c'eft pour ceux la qu'il êcrit, c'eft a eux qu'il dicle fes lecons, : & dans ce fens cet Ouvrage contient les meilleurs préceptes fur Part difficile des I accouchemens d'après la théorie & la pratique moderne. On y dtlireroit ce» 1 pendant plus d'ordre & de méthode & plus de précifion. Surtout I'Auteur au- I roit du s'abftenir d'une foale de détails I de Médecine & de Chirurgie, qui paffe- ; ront la porcée de fes élevcs, ou qui ne font propres qu'a leur donner des idéés I Ibperficiellcs, & par cela même daDge- reufes, ) Tncitt. Aa 3  374 Nouv. Bïblioth. Belgiqüe. reufes, puisqu'elles les engageront peutêtre a exercer une Charlatanerie pernicieufe, comme tant d'Accoucheurs le font tous les jours. - Cet Ouvrage eft divifé en trois parties. Dans la première on parle du baffin & des parties qui fervent a la génération des femmes, & en 'général des accouchemens naturels,' du méchanisme de la groflefle, &c. La feconde traite des accouchemens difflciles & extraordinaires, des faufles grofieflcs, des faufles couches, des fuites1 des couches & la troifieme du méchanisme de 1'accouchement, de 1'opération céfarienne &c. Chacune de ces Parties eft divifée en Chapitres & fubdfVifée en divers articles & feétions, Pouvrage eft terminé par plufieurs figures fur la groflefle & 1'accouchement, dont I'Auteur nous donne 1'explication méchanique. > « La nature de ce Journal ne nous permet guères d'entrer dans beaucoup de détails fur une matière qui n'cnVde la compétence que d'un petit nombre de Ledteurs, en eflxf il feroit difBcüe de traiter ces objets d'une facon décente, même en °' : l'■ ■ -• • • » lés'  Avrïl, Mai, Juin, 1784. 375 jes préfentant avec cette indifférence phïlofophique, qui cétruit tout fentiment dans 1'expreffion, & ne laiffe aux mots que leur fimple fignificatiorj. Nous ne nous arrêcerons donc que fur Partiele oü I'Auteur traite du choix d'une nourice, 1! exioe d'abord qu'une mère allaite fon Enfant, pour peu que cela foit poffible j paree que 1'Enfant eft dér ja accoutumé au lait de la roère, s'étant nourri avant fa na'flance d'une liqueur !aiteufe (O <1H' eft 1"ort femblable au lait qui fe forme dans les mammelles, & que celui d'une autre-nourrice eft une nourriture nouvelle pour lui, & qui eft quelquefois alT z différente de la première pour qu'il ne puilïL" pas s'y accoutumer. M. Jasois indique enfuite les cas oü il fe- (e) L'Auteur femble confondre cette liqueur avec le lait, proprement dit, que Ia nature prépare dans les mammelles de la mère: ce font eependant deux fubüances dislinéïes, Note du Joutnalifte. Aa 4  376" Nouv. Biblïoth. Beloiouisw feroit dangereux d'allaiter, darjger qui eft fouvent commun a la mère «Sc au fruit. Par exemple, lorsque les parties qui doivent fervir a cet ufage font mal conftituées, ou qu'elles manquent abfolument, lorsque la mère eft attaquée d'une maladie de poitrine, ou de toute autre maladie contagieufe, telles que le haut mal, 1'hypocondrie, la maladie angloife «Sec. II exceptè cependant Ie mal vénérien, paree qu'il fuppofe que la mère & 1'Enfant peuvent être guéris durant 1'allaitement è 1'aide du mercure. Nous croyons que dans ce cas il feroit plus prudent néanmoins de donner a I'enfant une autre nourrice, ou plutót de Pélever a Ia cuiller. L'Aüteur défend encore a une mère de nourrir fon Enfant, lofs* qu'elle fort d'une maladie dangereufe, lorsqu'elle fe trouve enceinte de nou. veau, enfin lorsque fon lait eft mauvais, & qu'on ne peut en Corriger 1'acreté par des rafraichiflans, dans tous ces cas «Sc d'autres pareils I'Auteur veut qu'on fafle choix d'une autre nourrice, mais il exige dans ce choix la plus grande févérité, & ea  Avb.il, Mai, Juin, 1787. 377 en indique les raifoDS. Nous ne les rapporterons point ici, paree que ces objets font connus. L'Auteur ne veut point qu'on falie têter 1'enfant nouveau nê paree qu';l f'auc lui donner auparavant le tems de rendre la liqueur & les glaires qui font dans Peftomac. II permêt cependant de le faire peu è prés, paree'que le premier lait de la mère purifie Peftomac. Nous croyons cepeDaant qu'il eft dangereux de donner 11 tót a têter, rant è caufe des glaires de 1'eftomoc que du meconiuw qui eft dans fes inteftins, & qUi peuvent faire aigrir 1c lait & proJuire un mauvais effet. Rien de plus pernicieujc, dit I'Auteur, & trés fagement fans doute, que de don ner aux Enfans d'autre aliment que le lait. II paroit qu'en Flandre, comme en Hollande, on a la mauvaile coutüme de iübftituer quelquefois a cet aliment naturel ub compofé de farine & de lait (Pap,) cette nourriture attaque & affoiblit 1'eftomac & les inteftins, & devient fouvent le principe de plufieurs maladies, dont on ignore la caufe. Aa 5 corn-  3f 8 Nouv. Biblioth. Belgiq/je. Comme cet Ouvrage eft proprement deftioé aux fages Femmes & aux gardemalades I'Auteur entre dans des détails qui pourront paroitre minucieux aux gens de Part, mais qui n'en font pas moins de la derniere importance; tels font les confeils qu'il donne fur la pofi. tion qu'il faut faire prendre aux Enfans dans le berceau, fur le maillot, fur le fommeil , & les précautions néceffaires pour éveiiler 1'enfant & le rendormir. Nous nefaurions palTer fous filence, qu'è 1'occaflon de 1'accouchement &de la ligation du cordon ombitical, I'Auteur précend que la petite hémorragie qui accompagne cette opération eft un préfervatif contre la petite vérole. N'eft ce pas la donner cours è une erreur populaire ? Dans un ouvrage comme celui - ci il falloit furtout combattre toutes ces faufles idéés: quoiqu'il en foit, cette opération qui fefait pour féparer le corps de 1'enfant du placenta, en nouant le cordon a un doigt de diftance du nombril, & en le coupant a un doigt au des- fu$  Avril , Mai, Juin ,"1784. 379) fus de la ligature,eit trés céceflaire, & hullement darjgercufe, paree que le res-' te du cordon fe fépare de lui même h 1'endroit du nombril & fe delTeche peu k peu, ordinairement au lixieme ou fep. tième jour. ARTI-  380 NOÜV. BlBLIOTH. BelGIQUE. ARTICLE DIXIEME. De Heerschende Persloop, &c. Recherches sur la Dysenterie Epidémique qui a regnè pendant trois ans ff Jurtout en 1783 dans la Pnvince de Gueldre, particulieremtrit dans le Quartier de Veluwe, publiées pour le trien général parM. Matthias van Geuns, premier Médecin de la Province de Gueldre, ff Profejfeur h fon Académie, ffc. avec un Supplément ff des Pièces, gr. in 8°. de 30a pp. Harderwyk ff Amfierdam chez Mooyen ffHoltrop}ijB4.Pfi-i6 o Parmi les calamités fans nombre dont la République a reflenti les atteintes depuis plufieurs années on ne compte qu'a trop jufte titre cette funefte Dy/en- terie,  Avril, Mai, Juin, 1784. 38? terie, quï a ravagé nos Provinces, mais qui furtout s'efl manifeftée avec le plus de violence dans celle de Gueldre, plufieurs milliers de perfonnes en ont été attaquées, & en moins de quatre mois on a vu périr plus de quatre mille victimes de ce terrible fléau. Quel Médecin attentif, quel ami de 1'humanité, fpetffcateur de ces défolations , ne s'emprefferoit a rechercher les caufes de cette maladie, a mèditer fur les moyens de s'en préferver, ou du moiDS de la guérir, & d'en atténuer la fureur. C'eft ce que vient d'exécuter avec un fuccès non équivoque, 1'habile Profefieur van Geuns de Hardervoyk, & 1'Ouvrage que nous annoncons eft le réfultat des obfervations multipliées, & des expêriences qu'il a faites è ce fujet. Non content de porter des fecours a fes concitoyens, il a parcouru la campagne & les villes voifines, & a 1'aide des Médecins éc des Chirurgiens du lieu, il eft parvenu è rasfembler toutes les lumieres requifes fur 1'état des malades, & les fignes cara&ériftiques de cette épidémie. L'Auteur fe propofe trois Queftions, a  $H Nouv. Biblioth. Belgiqüe. a charune drsauetles il répond de Ia facon la plus fatksfaifant?. Et d'abord il exainine quelle eft ia meilleure.maniere de traiter la Dyfenterie Epidémique. Ce Traité, dont il avoit déja publié avec beaucoup de fuccès un abré.^é en 1779, va nous occuper en premier lieUj nous parierons eniüite des précautions qu'il indique pour fe garartir des caufes qui produifent cette ma'adie, enfin nous rechercherons a^rc notre Auteur s'il eft pofiible de fe défendre dé la conta^ion lorsqu'on eft obügé a fréquenter les perfonnes attaques. Comme cet Ouvrape eft publié pour le bien général, qu'il doit êcre lü par conféquent de tout le monde,, on ne doit point s'attendre è des discuffions favantes, non plus qu'a mille détails minutieus, qui ne feroïent que diftraire le Leéteur & parta^er fon attentioD. Les fymptómt s de la Dyfenterie épidémique font affez nómbrrux, en voici les principnux. Dès le commence-ment un peu de fievre, un abartement & une lafiitude extréme dans tous les membres, des friffbes, & alternativementunegran- de  Avril, jMai, Jüin, 1784. 383 de chaleur & un grand froid, en Automne furtout la fievre fe manifefte plus régulierement; on éprouve en même tems des mouvtmens, & du bruit dans les entrailles, accompagnés foiïvént d'un cours de ventte > des crampes douloureufes furviennent enfuite furtout dans le bas ventre, auxquelles fe joignent de fortes tranchées & des felles nombreufes, on n'évacue que des bumeurs glaireufes & teintes de taches ou de rayes de fang; ies forces défaillent coup fur coup, & en peu de jours le patiënt a l'air aufli blême & aufli foible, que s'il fortoit d'une longue maladie. On ne trouve point ici des fignes de corruption dans les boyaux ou dans 1'estomac; la langue elt tout au plus blanchatre, & les felles ne font fétides que lorsque le mal eft k fon apogée. Le malade ne perd que rarement 1'appétit, cepcndant il a de fréquentes naufées, des oppreffions & des maux de coeur, quelquefois on évacué des vers, mais cela n'eft point ordinaire. On ne découvre non plus qu'en certains cas une véritable iuflammation dans les inteftins» vers  3 84 Nouv. Bibltoth. Belgique. vers la fin de la maladie fe. manifeftenc des fignes trés dangereux, & le hoquet qui furvien; quelquefnis eft presque toujours mortel., Le cours de ce mal n'eft pas réglé,. il dure environ buit ou dix jours, au bout de ce terme 1'état du malade fe décide. Tels font les principaux fymptómes de cette maladie, mais elle diffère beaucoup en dégré, en intenfité, en durêe & en accidens, il faut voir dans 1'Ouvrage Ia desenption de ces divers caracteres. L'Auteur combat enfuite deux opinions popu'aires extrêmement dangercufes fur la nature de cette maladie, paree qu'elles influent fouvent fur le trai.tcment qu'on croit devoir adopter. Lt première erreur c'eft de confondre la Dyfenterie avec une Diarrbie ordinaire, & de chercher Ie principe du mal dans celui de cette dernière, comme dans une corruption de matières, dans ]es boyaux, dans un amas de bile, de glaires &c. Souvent la Dyfenterie femanifefte fans aucune apparence de ces caufes, ou bien elle fe joint a la Dïarrhée & devient ainfi une maladie compliquée. La  Avril, Mai, Juin, 1784. 38s La feconde erreur c'eft de fuppofer qu'on n'eft point attaqué de la Dyfenterie, parcê que 1'on n'appergoit point de traces de fang dans les felles, cette erreur, qui fait différer 1'adminiftration desrémedes néceflaires, eft fouvent mortelle; I'Auteur prouve que la perte" de fang n'eft pointun fymptóme abfolu dans cette maladie, & la dernière épidémie n'a offert que peu d'exemples de pareils accidens. Le peuple a donné è cette maladie le nom de Roode-Loop, auquel I'Auteur fubftitue celui de Persloop, qm répond nlus exaótement au grec kva-tmet* , ( Difficultas inteftinorum ) Mr. v Geuns rérute dans une note la Dêfioiti in qu'en ont donnée de Savages & Linnaeus, & adopte de préférence celle de Vogel, de Cullen & de Sagar. La voici: Frequent , pauca, torminofa ac tenesmodea alvi dejetlio, mucofa vel {ƒ fanguinolenta, retentis plerumque foccibus alvinis. Après ces détails que nous avons • jugés néceflaires pour faire connoitre cette maladie, voyons quelle eft Ia méthode de la guérir felon M. Van Geuns. 11 condamne 1'ufage général des Tornt VI. Part. z. B b vomi-  l%6 Nouv. Biblioth. Belgique; vomitifs, qu'il ne pernaet que pour foulager la nature, lorsque le patiënt Cent des doul-urs dans ces parties & alors voici les formules qu'il prescrit. fy. Rad. Ipecac. Dr. fi - Scr. ij. Sal Polychr. Gr. x. Aqu. Menth. Dr. vj. M. F. Hêuft. D. %». Rad. Ipecac. Ser. j. Tart. emet. Gr. j.--ij. Aqu. Menth. Unc. fi. M. F. Haujt. D. Mais lorsque le mal eft plus avancé, & qu'il faut recourir aux vomitifs, 1'Auteur confeille les poudres, dont voici la formule. 3$o. Rad. Ipecac. Gr. xxxij. Sacch. Alb. Gr. xxviij. M. Divid. in Pulv. N». viij. On fent aifément qu'il ne nous eft pas poffible de fuivre I'Auteur dans les détails oü il entre des différens remedes des-  Avbxl , Mat, Juïh, 1784. 38? deftinés è guérir cette maladie, nous nous arrêterons uniquement a 1'article important oü I'Auteur traite de 1'ufage de YOpium, remede qui a produit dans la derniere épidémie les plus heureux ef* fets, tandis que le Quinquina, le Cortex Salicis, le Simaruba & autres pour avoir été employés avec fuccès dans certainscas, n'ont point obtenu des effists conftans & généraux. Dés longtems plufieurs habiles Médeeins, tels que Willis (a), Sydenbam(b)v Tralies (b) &c. ont recommandé 1'ufage du Laudanum, pour cette maladie, mais certains Auteurs Modernes, & furtout Tijfot, condamnent ce remede, & s'en tiennent a Pancienne méthode. Cependant, dit I'Auteur, les fortes dofesd'Öpium dans la Dyfenterie, calment les douleurs, & procurentune falutaire transpiration; elles préviennent cette funester Ca) Phamac. rat.S. 3. C. 3. p.50. (b) Scbsd. monit. de nBvefebr. ingreff. cppi P' 531. ftq coll. cum. pag. iü<).&c. (c) De Ufu Opü Seft. Cap. 3, p, io8i Bb *  388 N golfier parurent & firent naitre tout a, coup une fcience nouvelle, dont toutes les nations de 1'Europe fe font d'abord occepées. Cet art nouveau de s'élever dans les Airsè des hauteurs prodigieufes, par les feules loix de la ftatique, cette expérience étonnante, dont peu de mois auparavant on n'auroit pas même öfé fuppofer la poflibilité, fera fans doute époque daus 1'hiftoire des connoilTances humaines. Eft-il donc étonnant qu'on fe foit Ca) Mr. Faüjas de St. Fond. nous a donné une defcription de 1'invention d'un Bateau volant du Jéfuite L ana: mais cette machine, quoique calculée avec foin, étoit entierement chimérique, & impofEble dans 1'exécution. 11 eu eft de même de toutes les inventions de ce genre dont on arap. pellé le fouvenir pour de primer, s'il étoit poffible, 1'invention de M. M. Mohtooi?I15R.  Avril, Mai, Juin» 1784. 395 foit prelTé partout comme a 1'envie de répéter cette belle expérience, & faut-il regarder toutes les différentes tentatives , comme inutiles & indignes de 1'attention de vrais Phyficiens, paree quel les n ont pas encore porté la Théone des Ballons Aëroftatiquesa cette perfeöion , dontelle fera peut-être fufceptible: nous croyons que ce jugement feroit trop févère, qu U faut s'applaudir de tout ce qui «ene a la \inti,& «« « ne jont pas toujours le épreuves les plus beureujes qui mftruiLt ie plus. l'Hifime des ècueüs ap. Lendales éviter , les fautes meme font les lecons utiles, 8> elles condmfent quelaue fois a des réfultats plus intérejfans que ,f fuccès. CO TeUe expérience qui fem- - ble (6) V. Lettre de M. Mat hom de l'a Cour fi" l'Expéritnct de Lyon dans la i° fuite de la Defcript. des Exp. Aërottatiques de M. M. Montgolfier par M. FauJaï de St. Fond f. 97- Bb 5  394 NOUV. BlBLIOTH. BELOIQ.TJB.1 bleoifive& inutile, liée è une autre expérience, jettera dans la fuite un trait de lumiere. Si les Expériences avec les Aëroftates furent nombreufes, les divers ouvrages qui en traiterent ne le furent pas moins, maïs ily en a bien peu quiméritent quel que attention. — Nous avouerons avec I'Auteur de Ia Differtation que nous alIons analyfer, que Ia plupart de ces ouvrages étoient plus propres è indiquer les méthodes qui'il faut fuivre dans la conftruclion des ballons, qu'è en cxpliquer les effets & les propriétés , ce qui n'y étoit traité qu'en paffant & im parfaitement; il falloit encore les coDfidérer fous un point de vue phynquc &mathématique; cette tache étoit re fervée aux talents phüofophiques de M Damen; fi nous leur avons rendus juftice* en annoncant fa belle Difl'ertation fur la mejure des Montagnes par le Baromêtre nous leur rendons encoreaujourd'hui avec empreffement le même hommage & nous croyons n'en pas trop dire,en aft», rant que cette Differtation fur les Ballons Aë-  Avrïl, Mai, Juin, 1784. 39 J Aëroft. occupera toujours une des premieres places parmi tout ce qui paroitra fur ce fujet; que la lecture de cet ouvrage doit renouveller les regrets de ce que la langue hollandoife eft fi peu connue hors de 1'enceinte de la République, tandis que cette Differtation mériteroit fans doute d'être entre les mains des Phyficiens de toutes les Nations. L'Ouvrage de M. Damen eft précédé d'une Préface affez étendue. Ennemis de tout trait piquant, & de tout ce qui a 1'air d'un ton décifif ou tranchant, nous fnuhaiterions que notre Auteur eut paffe fous filence quelques réflexions prêliminaires fur le carattère des Nations, h en juger par la differente manière dont elles ont accueillie la découverte des Ballons Aëroftatiques , 1'épithète de fiècle Philofophique donné h celui dan s lequel nous vivons', enfin"lê mérite de 1'Ouvrage de Mr. de St Fond. (O Mr. D. rend enfuite rai- (c) SI 1'ouyrage de Mr. F au jas necontient pas une théorie complette des Ballons Aëroftatiques, fi cette matlère n'y eft pastraitée profondement, fouvenons-nous que le  196" NOUV. BlBLIOTH. BbLGIQUE. raifon du but de fon ouvrage. „ I'i0. vention des Ballons Aë.oftatiques, dit-il, quelque foit leur fort, d'être réellement utiles a la fociété, ou un fimple objet de fpéculation, fera toujours une de ces inventions importantes, qui femblent étendre la fphère d'acïivité de 1'efprit humain, & mériter par Ik qu'on en connoiffe Ia nature. Mais li l'Aëroftatdoit être utileen effet ala fociété, ou étendre nos connoiffances Phyfiques, il eft indifpenfable qu'on connoiffe la manière dont agit, afin qu'on putffe en déterminer d'avance avec précifion les effets. Dépourvu de ces connoiffances, on ne fera pas en état de juger & d'apprécier fuivant des régies fixes, les projets & les idéés qu'on pourroit concevoir fur 1'ufa. ge des Ballons ou la manière d'en perfectionnerlaconftruclion." Dans la ie & la 2^ partie de cet Ouvrage Mr. D.expofe la Théorie Phyfique des deux fortes de Ballons Aëroftatiques, but de M de Faujas a été de ralTembler les différentes expériences , de former une hifi toire de cette admirable découverte, «St de pubier un recueil de matériaux qu'on pourroit letter enfuite dans d'autres moule/  Avril, Mai, Juin, 1784- 397 il y évite, autant qu'il eft pofllble, tous lesraisonnemens mathématiques, afin de de la rendre plus intelligibie a un plus grand nombre delecteurs,& y infèreune lectre de Mr. le Roy & une partie du difcours de M. Charles &c. La 3e Partie contient brièvement lafolution mathéroatique de quelques problêmes importants touchant les efFets ou les forces des Ballons; tous les calculs ont été éclaircis par des exemples, & les principes mathématiques dont on s'eft fervi font appuyés d'autorités des meillcurs Auteurs Hollandois. I'Auteur auroit volontiersajouté & cette Seétion 1'expreflion générale du mouvement des Ballons, c k. d. de la viteffe avec laquelle,& du tems dans lequel ils s'élevent & defcendent, mais cette théorie fuppofe une connoiffanceprofondedu calcul intégral; que 1'on ne rencontre que dans un petit nombre de leéteurs; M. D. ne 1'a donc pas publiée aujourdhui, non plus que quelques autres détails,qu'il donneroit volontiers au Public.fi 1'ouvrage,qu'il lui préfente aujourdhui, étoit regu avec quelques applaudiffemens. Dans  398 NOUV. ^BlBLIOTH. BelGÏQUE» Dans !a 4e Partie Mr. D. fait quelques réfiexions fur 1'ufage des Ballons & il fixe fpécialement fon attention fur les ■ divers moyens qu'on a propofé pour les diriger k volonté. Mais il a eu foin de réferver pour les notes, les calculs mathématiques, qui viennent k 1'appui des raifonnemens dont il fe fert fur ce fujet, afin de ne point embaraffer les ledteurs qui ne font point verfés en Mathématique. Enfin on trouve dans un Supplément i cette Differtation, les belles remarques d'un des plus célébres Phyliciens, fur Ia nature de 1'air ou du gaz, qui fait éléver 1'Aëroftat de M. Montgolfier; on y réfute la faufle opinion de Mr. Fauj a s d e St. Fond, adoptée par fon traducleur Hollandois, Mr. Ie Dr. Hoüttüyn, fur ce fujet, enfin on têcbe d'y prouver,qu'on ne peut attribuer 1'invention des Ballons qu'è un heureux hafard, malgre tout 1'encens offert a leurs iuventeurs. (c) (e) En lifant Ie Rapport fait a I'Académie fur la machine aè'roftatique de M, Most. GOIv  Avril, Mai, Jüin, 1784. 399 Le fujet de cette Differtation eft fi intérefl'ant, les Aëroftats attirent tellement 1'attention de PEurope entiere, que i nous nous flattons que nos Ledteurs nous ! fauront quelque gré fi nous nous y arrêtons plus longtems que les hornes ordii naires d'un Extrait ne le permettent. Puifque Pexplication des effets des Ballons Aëroftatiques dépend principale, ment de la connoiffance Jdes propriétés 1 de 1'Air qui nous environne & dans le: quel il doic s'élever, Mr. D. explique en I peu de mots les principales propriétés ; de 1'Air, telles que fon Elafticité, fa Gravité, & les Effets de la cbaleur fur 1'Air. i ft feroit inutile de nous arrêjer aux détails de ces propriétés ,qui font, ou doi* i vent être connues de tous les Phyficiens', j & qu'on trouve au long dans les ouvrages de Nollet, Müsschen- SROEK solfier (Faujas de St..Fond ie faite de I la Defcript. ?. 200 & fuiv.) nous doutons I que 1'on puifie fe perfuader que cette Invention foit due au hazard, mais uous airaons * croire plutót que c'eftle fruit de la découi verte d'un hommede génie.  4oo Nouv. Biblioth. Beloiqüe. broek & autres — Maisil eft nécéffaire d'appliquer ces propriétés aux Aëroftats. — On peut définir un Bailon Aëroftatique (dit notre Auteur) un corps folide, ou une machine, qui abandonnée a lui méme, s'éleve dans (l'Atmofphère & s'y peut foutenir. 11 fuit delè que le poids d'un Bailon doit être moindre que celui d'un égal volume d'air-que fuivant les loix de 1'Hydroftatique la force avec laquelle un Ballon tend a s'éléver, ou bien le poids qu'il peut foutenir, & qui feroit'fuffifant pour le retenir, eft toujours égal a la difFérence entre le poids du Ballon, & celui d'un égal volume d'air dans lequel il fe trouve. — Je dis dans lequel il fe trouve , car puifqu'il eft prouvé que la denfité de 1'Air diminue a mefure que le Ballon s'éleve, tandis que 1'Aeroftat conferve fon même poids, la difFérence entre leur pésanteur fpécifique diminuera aufli, & le poids qu'il pourra foutenir fera pareil- lement moindre. , Jufqu'icionn'a trouvé d'autres moyens de f aire un corps dont la péfanteur fpécifique foit moindre que celle de l'air dans lequel  Avril, Mai, Juin, 1784. *t lequel il s'élève(enun motun Ballon Aëroftatique) qu'en employant de 1'Air raréfié par lacbaleur, ou de 1'Air inflammable — renfermer une de ces efpèces ''air dans un corps, & en faire un tout plus léger que l'air atmofphefique, voila en quoi confifte tout le fecret des Ballons , Aëroftatiques. Plusla légereté fpécifique 1 d'un Ballon fera grande, mieux il repon1 dra au büt qu'on fe propofl-, qui eft 1 d'élever un grand poids, ou de s'élever ! bien haut: on obtiendra cette légereté d'autant plutót qu'on y employtra les matières les plus légeres, qu'on les remj plira de fluides aëriformes les plus légers, & quenfin le Ballon fera auffi grand que les circonftances pourront le permettre, Ipuisqu'un grand Ballon, toutes chofes d'ailleurs êgaleS, réuflira mieux qu'un Bal Ion plus petit, & en voici la raifon;fuppofonsdeux Ballons, tous deux de même figure, & de même matière; les poids des circonférences de ces Ballons font entr'eux comme les quarrés de leur diamètres, puifque les circonférences étanttrès minces, peuvent être confidérées comme les furfaces mêmes; mais les poids des Tme Vh Part. 2. Cc flui- i  402 Nouv. Biblioth. Bblgiquts, fluïdes ,dontles deux Ballons fontremplis, fontentr eux comme les cubes des mêmes diamètres; doncdans un plusgrapd Ballon, cequi le rend léger augmente en plus grande raifon, quece qui ]e rend pefant, donc un pms grand ballon doit être fpécifique. ment plus leger qu'un Ballon plus petit; Notre auteur confirme encore ceci par une formuie algébrique trés fimple. A conOdérer la chofe théoriquement d n eft pas impoflïble d'employer au lieu tèrlsl'^',011 a^symatier2 nutZ r TÜCe$* des macie«* folideS& celles-cinef^oien^e^ 4 caufe de leur poids, la grandeur qu'il faudrmt donner è de telles machines tefoi tS fraiS Cp°Dfidé5,bles co . teroient. pUISqu»ii faut d ployer de la toile, il faut encore QUet fluïde aërifome dont on remplit Ie S5 foit Blafflqne, ftMqu^^'°; 1'A.r Atmofphérique applatiroftJZlon comme une Veflieflafqu?. Leflu deouï employé doit avoir ces deux p?Ses détre^'^r&pour lemomst]? éhf.  li Avrïl, Mai, Juin, 1784. 403 tique que 1'Air Atmofphérique ; elles fe trouvent reünies dans 1'Air raréfié paf le Feu & VAir Inflammable. Ce font aufli les feuls qu'on ait employé jusqü'a préfent, dela la difFérence entre les Ballons remplis par le Feu, fuivant la methode de M. Montgolfier , ( appellés enfuite Montgolfiêres ) & ceux remplis fuivant la methode de Meflieurs Charles & Robert, qui ont employé 1'Air Inflammable. M. D. examine en detail chacun de ces Aëroftats, & d'abord celui de M.Mon tgolfier: pour cet efFet il fuit toutes les particularites du premier voyage aerien, entrepris par M. le Marquis d' Arlandes & M. Pilatre de Roziee, non feulement tel qu'il fe trouve détaillé dans le Journal de Paris du 21 Nov1783, & dans nombre d'autres Journeaux ou feuilles périodiques, mais encore, d'après une lettre particulière que Mr. le Roy membre de 1'Academie Royale des Sciences de Paris ecrivit leai Nov. 1783, lendemain de 1'Expérience, a Mr. vanSwinden Profefleur de Phil. i Franeker,&que celui-ci a communiqué 4 Mr D. Nous nous difpenferons ici de Cc 2 foi-  404 Nouv. Biblioth. Belgiqjje. fuivre notre A. dans les details de cette belle expérience, une des plus belles qui a été jamais faitedansle monde, par laquelle on vit s'éléver dans 1'Air è une hauteur étonnante deux hommes au moyen d'un globe creux, & y parconrir une étendue conlidérable. Ce prodige d'intrépidité eft fuffifamment connu, mais nous ne pouvons cependant paffer fous iilence une des remarques de M. le Roy que, quoiqu'il y eut une grande flamme dans 1'intérieur du Ballon pendant touc le voyage, 1'Aëroftat ne foufFrit aucun dommage, par ce qu'il étoit induit intérieurement d'une eau alunée. Cette circonftance qui n'a pas été rapportée, & qui mérite cependant la plus grande attention, renverfe une forte objettlon que 1'on fait contre 1'ufage des Montgolfiêres, favoir le danger que 1'on court que la Machine s'enflamme. On fait que 1'AIun a la propriété de rendre incombuftible ce qui en eft impregné (d). M. Le Roy re- (Atmofphère,le Ballon fe düaterade plus en pius, &plus il s'élèvera plus il courera risque decrèver, fi je rohinet. ér. i'appendice rede fermé> parceque l'Elaiticité de 1'Air atmofphcrique diminue: quand le Ballon fe fera airfi è!evê a une hauteur confidérable, en "uvrantlerobinet, 1'A'r Infl. en fortira, jufqu'a cequ'il y ait équilibre entre ladilation intêrieure & la preffion extérieure. Cependant bien loin que cette perte d'Air Icfl. puiffe faire baiiïer le ballon, il le féra monter encore davantage,parcequ'il devïent fpécifiquement plus léger ayant pour le moins la même étendue, au moyen d'une plus petite quantité d'Air jnfl. Mais 2. fi on élèvefubitement le Ballon a une hauteur confidérable, ou que les rayons du Soleil échaufFent le Ballon, de forte que dansl'un & 1'autre cas 1'Elafticitè de 1'A. I. foit plus grande, qu'elle auroit été fi 1'Air Inflam. avoit eu le même degré de chaleur que celui de la région de 1'Atmofphère ou le Ballon fe trouve, les mêmes effets que nous venons de dêtailler dans le N. i. auront encore lieu, & même dans un plus grand degré  Avrjl, Mat, Juin, 1784* 413- degré; car 1'Elafticiré de 1'air inflammable fera beaucoup plus grande que fi le ballon s'étoit éléve lentement, & qu'il n'eut pas éprouvé d'augmentation de chaleur acceffoire; dela le Ballon fera 1. plus tendu, & fi 1'on n'ouvre le robinet, il conrera plus grande rifque de crever. 2. 1'A. 1. en fortira avec plus d'impètuofité, & en plus grande quantité, 3. la légereté fpécifique du ballon augmentera auffi en plus grande raifon. 4. le Ballon perdant de fon A. L s'élèvera encore plus haut que dans le cas précédent. Mais dans 1'un & 1'autre cas l'air inflammable ne fortira du Ballon que julqu'è, cequ'il y aura équiübre entre 1'Air intérieur & 1'extérieur. Notre auteur examine dans les § § fuivants les cas oü le Ballon doit defcend'e. Si 1'on fuppofe que la grande dilatation de 1'A. T. ait été caufée par la chaleur qui lui étoit propre, ou que Ie Ballon fe trouve dans une tempêrature plus froide, l'airs'y condcnfera, il fe fera un vuide , parceque l'air extérieur preffe d'avantage, & 1'air extérieur entrera par 1'appendice: cet Air extérieur plus pefaut que 1'A. I. rendra Ie Ballon plus  4^4 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. plus pefant, & le fera defcendre — Le même cas aura lieu fi , après que le Ballon aura été échauffé quelque tems par les rayons du foleil, ledégréde chaleur vient ft cefler. Si on tient le robinet fermé pendant que l'air intérieur fe condenfe dans Ie Balion, & qu'il perd fon grand dégré de chaleur, l'air extérieur ne pourra remplir Ie vüide qui s'y forme, le Ballon fe comprimera en quelque forte, il aura fous un moindre volume un poids égal, par conféquent fa péfanteur fpécifique fera plus grande & il s'abaiflera. Teiles font les caufes & les circonftances par les quelles & dans les quelles la perte de 1'Air Inflam.fait baifier le Ballen, abaiffement qui eft toujours précédé d'une aftion contraire, c. è. d. d'une Elévation. L'abaiflement doit toujours avoir lieu aufli fouvent que 1'Air intérieur vient ft fe refroidir, foit qu'on ouvre le robinet ou qu'il refte fermé. II fuit delè continue Mr. D. que 1'ouverture feule du robinet de 1'appendice ne fuffit pas pour monter ou defcendre ft volonté, d'ailleurs foit que le Ballon devienne plus péfant par le me-  AvRiz.-, Mai, Juin, 1787. 415: melange d'Air acmofpbérique avec 1'Air lnfl, ou bien par la compreffion de la toile, l'abaiffement du Ballon ne pourra avoir lieu quejufqu'a ceqü'il rencontre un air plus denfe, avec lequel il fe trouveraen équilibre, il y refttra flationnaire, dans la fuppofition que 1'Air lnfl- ne fe diffipe pas au travers de la toile. Mais fl latoile n'eft pas imperméable è 1'A. I. le Ballon defcendra continuellement & ne pourra fe foutenir ou s'élever qu'en dimicuant fenfiblementfla quantité de left, dont on s'étoit chargé, ce qui a eu lieu dansle voyage aërien de M. Charles; & il ne faut pas s'imaginer, dit M. ü, que les 1 circonftances, d'Elévation & d'Abai/Te: ment fucceffif, qui ont accompagné le 1 voyage aërien de M. C. réfultent de la 1 nature & de la conftruction du Ballon, 1 de manière qu'ils auroient toujours liea 1 dans d'autres navigations aëriennes, entreprifes avec un Ballon femblable. II paroit donc qu'une ouverture fupés rieure eft néceffaire; en ouvrant cette : ouverture le Ballon defcendra toujours, I parceque 1'Air Atmofphérique n'agit pas i alors par fon Elafticité, mais par fon poids il  4l6 NOÜV. BlBLIOTH. BeLGÏOUB. il pénètre ainfi dans le Ballon, en chasfef 1'A. I. ,& en augmentant lepoidsdu Ballon il le fera defcendre, caron fait quel'Air Atm. eft a peu prés 5 fois plus pefant que 1'A. 1. & que les deux fiuides ne fe mêlenc pas aifément. M. D. allegue quelques expériences Phyliques pour prouver comment de deux fiuides aëriformes, de gravité fpécifique differente, Ie plus pefant s'empare de la place du plus léger. En ouvrant la foupape fupérieure, 1'Air de 1'Atmofphere s'infinuera dans le Ballon , tandis que 1'A. I., dont une partie fera pomTée hors du Ballon, en occupera la partie lupérieure,&la péfanteur fpécifique augmentera donc fenfiblement. Enfin M. D. recapitule en peu de mots ce qu'il a dit dans cette feclion du Ballon & A' I. Les principes d'après les quels s'expüquent les effets de ce Ballon, font principalementjPégalité&rinégalité qu'il y a entre les prefiions qu'exercent fur les parois du Ballon, 1'Air intérieur & 1'Air extérieur, & les efforts continuels que font ces deux fiuides pour retablir cet équüibre lorfqu'il eft détruit. Les caufes dudérangement de cet équilibre,.  Avr.il, Mai, Juin, 1784. 417 libre, foDt i°. la diminution de Ia prefflon de 1'Atmofphêre, provenaat d'une plus grande Elévation dans Ie quel Ie Ballon fe trouve. 20. un plus grand dégré de chaleur que le Ballon a déja, ou qu'il acquiertdans la fuite, 30 la condenfation de 1'A. 1. par le froid des régions fupérieures de PAtmofphère. Mr. D. conclut cet article par dire que, puis qu'il n'y a d'autre moyen , du moins de ceux qui dépendent de nous, & que nous puisfions mettre en ufage dans toutes let» circonftances, pour s'élcver & s'abaiffer avec un Ballon a A. 1. que de jetter continuellement du Left , & d'ouvrir Ia foupape, moyens qui doivent être bientót épuilés (fans comptcr encore la pertede 1'A. 1. au travers de la toile) cette machine eft trés imparfaite, qu'elle ne peur agir que pendant peu de tems, & qu'elle ceffe bientót d'être ce qu'elle étoit, ou d'être capable de pouvoir fervir k ce k quoi elle étoit deftinêe, paree qu'elle perd 1'agent qui la faifoit agir. Pour que cette machine pütêtre vraiment utile, il faudroit pouvoir trouvrr un moyen de la faire defcendre faus perdre de 1'A. I. & de Tomé VI. Part. 2. D d pou.  418 Nouv. Biblioth. Belgique. pouvoir recueillir la furabondance de cet A. qui ne fauroic refter dans le Ballon fans crainte de le faire crêver - Divers moyene ont été propofés a cet effet, mais ,fans fuccès. La 3e Partie de cette Diff. eft une des plus intéreffantes -T Mr- D. y donne de nouvelles preuves de fes talens algébriques: on y trouve lafolution de divers problemes touchant les effets des BalJons, & des formules générales appliquées enfuite a divers cas particuliers. — Si dans une autre occafion nous avons regretté de ce que ces fortes de matieres remplies de calculs algébriques ne font pas fusceptibles d'Extrait, nous renouvellons ici les mêmes regrets, mais cette fection eft traitée avec tant de précifion, que 1'on ne peut gueres en féparer quelque chofe, parceque touc s'y tienr. Nous tacherons cependant de donner quelques échantillons de la méthode de 1'auteur. On y trouve d'abord quelques regies générales. Soit Ia raifon du Diametre d'un cercle a la circonference = 1: e- Ie demi Diametre du Ballon = r. la capacité,ou le contenu du Ballon = I. fon poids total  A vr.il, Mai, Jura, 1784. 419 total = P. La denfité du Ballon, ou Ie poids d'un pied Cubique =s ^. Ia Denfité de 1'Air dont Ie Balion eli rempli — «•, celle de 1'Air de 1'Atm.prèsde Ia terre =: D. 1'Elévation du Barom. dans cet endroit — b. laf hauteur variable a laquelle Ie Ballon fe trouve r= x, le poids qu'il pourra foutenir a cette hauteur x — G, Ie poids d'un pied quarré de I'Etoffe donc le Balion a été conflruic — p. On fait que la fuperficie ou le contour du Ballon, efb == 4 cr 2 & fon contenu = f cr \ i° Trouver le poids P 6? la denfité 2 du Ballon. Muitipliez Ia fuperficie 4 cr2 par p , on aura 4 c pr2 — au poids de Ia fuperficie: muitipliez le contenu f cr* par Ie poids «■ d'un pied cubique d'Air, donc le Ballon eft rempli, on aura pour le poids de 1'Air contenu dans Ie Ballon ^ dr!; addicionnez & on aura P — 4 cpr * + f c % r' tst fer» (3P + * r ) Divifant P par J. on aura la denfité du Ballon, c. a. d. _P_= f cr* Q3P +» r): f cr' = 3 ƒ> + »•»• — 3j> T r + * = f. Si le Ballon eft encore chargé du poids G, & que la denfité foit }* ,011 Dd 2 aura  420 Nn*TV. BlBLIOTH. BelgIQJTB. aura P_±G = 2P + * G. P&x étanc donc connus on connoitradahord /. 20 Connoitre G: Dabord il faut fc rappeller ce que nous avons dit ci delTus aux mots le poids qu'il peut &c., enfuite il faut connoitre le poids, ou la denfité, de l'air oü le Ballon fe trouve. Suppo. fons que la denfité de l'air a différentes hauteurs foit proportionnellea !'Elévat:on du Barora. dans ces mêmes hauteu:s,on aura la Denfité de 1'Air — D e ~Dx oh i>~ e expnme Ie nombre dont leLogarichrne hyperbolique eft 1'unité. (e) Donc a Ia hauteur x , le poids d'un Volume d'air égal au Ballon = I x De — DxSc G • b. étant = IX *S on aura en foustrayant G=7x CDf— /;.Quand*=o,c.a.d. e b quand le Ballon fera a terre, Da; fera ê~b~ =6° (e) M. D explique dans une note en peu de mots, la nature de ce calcul & renvoye au furplus è. fa Diu*. latine fur Ia me/ure des Montagnes.  Avrïl, MAr, Juin, 1784. 421 = e' = r. c. è. d. Ie poids qu'un Ballon pourra y foutenir — 1 X ( D—ï). Mais quand on veut connoitre le poids qu'un Ballon pourra foutenir è une bauteur donnée, il faut d'abord calculer ia quantitéexponentielle e — D.r qui eft égale k Ia fommede Ia férie. t> 1—Dx + D'x* — D} x> + D*x* &3 b 2 fc2 23,43 2.3 4 fci mettant pour x la hauteur donnée; fi la fomme de la Série eft égale a S on aura Notre auteur traite de même Ie,s 2 pro. blemes fuivans, 1° trouver jufqu'd quelle bauteur un Ballon doit s'élever ,ou plutót d quelle bauteur il fera en équilibre avec l'air environnant, & cela pour les 2 cas d étre chargé de quelque poids, ou de n'avoir que fon propre poids d éléver 2, Délermir.cr la réfijtance de 1'Air, qu' éprouve un Ballon de figure fpbêrique M. D. y donne des formules fimples «Sc générales , les applique enfuite k différens cas particuiiers; il faut voir dans la Differtation même avec quelle fagacité & quel fuccès. Nous en donnerons un exemp.'e. Comme réfkxion préliminaire il expliquê les raifonspour quoi il confidere 0=635 Dd3 gra.  42 z Nouv. Biblioth. Belgqjcte. grains, ou i, 3229 onces; * = 133 grains ouo, 2771 d'once pour le Ballon de M M. Charles & Robert & pourceluide M u wtgolfier =317? grains è la furface de la terre; p. =360 grains ouo, 75 d'once pourle v Ballon, &ƒ>— oöor= 2 onces pour le2d ,b^o 3889d'une toife, le tout meiure de France. Le Ballon de Charles & Robert avoit 26. pieds de diametre, fon contenu étoit donc \cr* = $ X3.14 X C'3)3 — 9'98, 1 pieds cubiques. Sa* denfité 3/> X * =r 3X 3tfo + 133=216 grains =0.45d'une once; donc le poids du Ballon rempli d'A, I. — ï \ — o, 45 X 9198 = 4140 onces —258 livres 12 onces. Le poids d'un Volume d'Air auffi erand que le Ballon = Dl — 1,3229 X 9198 = 12168,2 onces, Donc ie poids que ce Ballon pourra porter prés de terre = DI»-^Irr8o28 onces =501 livres & 12 onces. C'eft ainfi encore que M D trouve,en fuivant la même méthode , dont on fe fert dans les calcnls pour méfurer les hau. teurs des Montagnes au moyen du Baromêtre,  AvRIL, MAÏ, JlHN, I784. 425 mètre, & faifant ufage des Logarithmes, que 1'Aëroftatde M.C. point chargé, auroit pu monter a 4683 toifes d'E'évation ; & chareé du poids de MM.Charles & Robert il auroit pu s'éléver a 690, 6 toifes — Enfin notre A. prouvé par fes calculs que , d'après les données&les obfervations de M. C lui même, il ne s eft pas élêvé a une hauteur auffi confidérable qu'il le dit, maisa 1300 toifes, ou ■73co pieds. Nous exhortons tous les Mathématiciensde lire & d'écudier cette ,-ntéiesfante fection de 1'ouvrage de M. Damen. Partie IV. Depuis le tems que la découverte des Aëroftats occupe 1'attentiondu plus grand nombre des Phyficiens, on ne ceffe de fe demander fi cette découverte eft utile, ou bien un fimple objet de curiofité ftérile - A peine voit on 1'homme s'éléver dans les Airs pour la première fois è des hauteurs prodigieufes par un procédé auffi ingénieux que fim'ple, quele public impatient voudroit voir tout d'un coup cette Découverte portèe a fon plus haut point de perfection , & 1'homme entiérement maitre d'un Dd 4 sou-  424 Nouv. Biblioth. Belgique. nouvel empire, — Pour nous, attentifs a 1'histoire des découvertes les plus irjtéresfantes, ne doutons pas que celle ci qui n'eft encore qu'au berceau , ne fe perfedlionne avec le tems; c'eft aPexa. men de 1'utilité de cette découverte que Mr. D. confacre une partie de Ia 4e fection de fon ouvrage. 11 traite ce fujet avec beaucoup dc précifion & d'impartialité, entrons dans quelques détails j-II ne faut p3s regarder les deux fortes de Ballons comms rivales, entierement femblables, ou bien oppofées; leur but & leurs ufages font abfolument différents. La grandelégéreté de PA.I.& Ia néceffité oü 1'on eft de faire ufaged'une matière plus folide pour les Montgolfiêres, rendent les Ballons a A - I. P:Us propres è porter fous unmême volume un plus grand poids, ou a sélever plus haut: pour obtenir un même effet des Ballons è Air dilaté p~r le: feu, il faudroit augmenrer trés confi. dêrablement leur volume , c'eft ce que M.D. prouvé par des calculs, p.ex pour s élever è une hauteur oü s'éleveroit un Ballon a A. I de j8 piedSj a faudroit Montgolfiere de 200 pieds; outre que Ie feu  Avril, Mai, Juin, 1784. 425 Feu ne pourra pas opêrer une dilatation auffi complette ,dans un trés grand Ballon que dans un plus petit. Ainfi quand on voudra s'éléver par ex: a 1000 ou 2000 toifes il faudra employer un Ballon a A. I. (ƒ) Sous ce point de vue ceux de cette efpèce femblent préferables au Montgolfiêres, mais ceux ci a leur tour ont de grands avantages fur les premiers, ainfi que nous le dirons dans le moment. Tant qu' on ne fera pas parvenu k pouvoir diriger les Ballons k volonté leurs ufages feronc moins généraux , mais fuppofé qu'on nc put parvenir k cette perfection, ils ne fcroient cependant pas entierement icutiles. Notre Auteur s'arrête un moment a en indiquer quelques ufages, par ex. en temps (/) En général les poidf, que les Aëroftats de differente efpèce & grandeur pourront élever, font entr'eux en raifon compofée de la raifon directe des capacités, & inverfe des denfités. Les Elévations, auxquelles différens Aëroftats peuvenc parvenir, font entr elles comme la différence des. Logarithmes de leurs denfités, & de celle de i'Air. Dd j  426" NOUV. BlBLIOTH. BELGIQUE. temps de Naufrage pour pouvoir fe rendre au rivage, d'autant plus aifémenc encore que le Vent porte aïors fur la cóte : dans des temps d'inondations pour pasfer des couriers au dela des rivieres ou des étendues d'eau confidérables. Pour donner des fignaux, perfeótioner les cartes Géographiques, en fournisfant un moyen facile & exacl: de déterminer les Icngitudes j crfia peur parvenir r.u fom» met de Montagnes inaccesfibles , & augmenter nos connoisfances MétèoroJogiques — Nous pourrions ajouter encore , que nous ne doutons nuilement que les Aëroftats pourront être trés utiJes dans les recherches de l'Eleétricité Atmosphérique; M M. Bertholon & de Saussore les ont déja employés avec fuccès dans des Expériences de ce genre. Voyez la le, fuite de la Defcription des Exp. Aërojtatiques de M. Faujas ©e St Fond. p. 269 & 271 Notre Auteur examine donc s'il y a moyen de diriger les Ballons, & il commencc par celui d'A I. II rappcl.le d'abord ce qu'il avoit déja dit précédemment, & fur quoi nous nous fommes arrétés, qu'il n'y  Avb.il5 Mai, Juin, 1784- 427 j n'y a point de moyen de diriger Perticakment les Ballons a A. I fans une perte confidérable de ce qui conftitue 1'ame & le principe de leur Mouvement, favoir 1'Air I. lui même: ce dé' aut eft trés effentiel & un grand obftacie a. 1'emploi qu'on : pourroit faire de ces Aëroftats: a cet égard donc les Barons ne font pas fus1 ceptibles de diredtion, du moins que trés impatfaitement. En -eft-il de mëme de la dircflion horizontale? il eft a craindre ; que celle ci ne fera guéres plus pratieble Le Ballon abandonné a lui même , eft "emporté par le vent, fi celui ci le con, duit au lieu défiré, tout eft bien, mais fi le Vent eft contraire, pourroit on louvoyer? on propofc de garnir les BalI ]ons de Voiles, mais il y a une différen, ce trés fenfible entre la Navigation nau1 tique & 1'aërienne, en ce que dans la pre, miere la force motrice eft 1'action du Vent 1 fur les Voiles, tandis que le corps du Vaisfeau n'eft pas expofé k cette action, ou du moins trés peu fcnfiblement, au lieu que i dans unBallon garni deVoi!es,leBallon & les ' Voiles fe trouventexpofésa la même force motrice, & piongés dans un même fluide, dans  428 Nouv. Biblioth. Belgiqüb. dans Ie même courant d'Air. Le Ballon n'eft pas un corps immobile que la for. ce du Vent fur les voiles doit mettre en mouvement, mais il fait lui même l'ofn> ce de Voile. Et fuppofé qu'on put au moyen d'une pofition oblique des Voi!< s, donner au Ballon une diredttion un peu différente de celle du Vent, il faudroit des Voiles d'une étendue immenfe, qu'aucune force ne pourroit mouvoir & étendre, & qui augmenteroient confijérablement je poids eu Ballon. M. D. ne s'arrête pas longtcmsè refuter 1'idée de diriger le Ballon au moyen d'un feu! gouvernail, i2 Ia confidère comme trop abfurde. mais il s'arrête cn peu d'avantsge fur 1'ufage des Ramts. — J'ai prouvé piécédemment, dit-il, que la réfiftance de 1'Air contre un Ballon de 26 pieds élevé è )a hauteur de 300 toifes, mu dans un air calme avec une vitcsfe de 6Tf de pied par feconde, eft de 15; livres: pour vaincre cette réfiftance il faudroit que les Ramcs eusfent une fuperficie de 650 pieds quarrés, & fuffent müs avec une viteffe ae 3 pieds par feconde. — ouel feroit donc 1'effort qu'il faudroit faire pour fUr mon.  Avril, Mai, Jura, 1784. 42? monter un Vent médiocre qui parcourt 24. pieds dans une feconde, & qui offre une réfiftance de plus de 300 Livres. Enfin notre A. dit encore un mot de rimpofiibilité d'appliquer les Eonpiles aux Ballons d'A. I. & finit par dire, qu'il femble pouvoir conclure fans trop de précipitation , que les Ballons è A, I. ne pourront jaoiais être dirigés. (g) Ce qui a été dit touchant 1'appk'cation des Voiles , Rames , Gouvernail &c. aux Ballons remplis d'A. I, 1'eft égale» ment & d'avantage eDCore aux Bjllons remplis d'Air raréfié, parceque leurVoIume étant beaucoup plus grand, la réfiftande 1'Air 1'eft pareillement, & les forces requifes pour la fur mouter doivent 1'être auffi beaucoup d'avantage. Mais on a propofé d'autres moyens pour diriger les Aëroftats, fondés fur les pro- prié- (g) Les Aëroftats, è A. I. font encore ex. pofés a un danger trés réel, celui de rencontrer une étincelle ou Nuage électrique, ou d'en être attiré . d'oü pourroit réfuiter 1'ibflamination du Bailon.  4jo Nouv. Biblioth. Belgioüe. priétés des fiuides qui s'écout.nt d'un Vafe oii ils font renfermés. Mr. D. ex. pofe en peu de mots les principes de cette Théorie ; ces principes font connus —^.Montoolfier cocfiderant l'air dilaté dont fon Aëroflat eft rempli, comme un fluide, propofe de faire plufieurs ouvertures dans les cötés du Ballon', & de donner iflue h. l'air raréfié „ par un de ces trous a volonté: tandis que le feu au deflbus du Ballon y entretiendra le même dégré de dilatation Mais cette idéé fuppofe, ce qui n'eft pas bien démontré, que l'air contenu dans le Ballon eft plus de deux fois plus rare, & que fon êlafticité eft plus grande que celle de 1'Air extérieur, fans quoi il n'y auroit point d'effluence de l'air intérieur', mais au contraire l'air extérieur entreroit par cette ouverture dans le Ballon. — Si cette fuppofition touchant le degré de raréfaction de 1'Air intérieur étoit prouvée, il y aura certainement fur le cöté oppofé une réaction qui pourroit faire avancer le Ballon, fi elle étoit aflez forte. Mais avant que de pouvoir prononcer quelque chofeavec certitude, il faudroit connoitre  Avril, Mai, Juin, 1784. 431 tre au juftc le dégré de raréfaction dans le Ballon, & prouvcr que cette ouverture n'cmpécheroit pas la raréfaétion intérieu- re . Nctre A. ne prononce point fur Ie mérite de 1'idée de Montgolfier, nnisil cxige des Expériences préalables. Mr- D. paffe enfuite k 1'examen de la manière propofée par M. R obert piéfentéea 1'Acad : des Sc. de de Lyon; cette méthode confiffe en Papplication de 3 Eoiipiles, & elle eft fufïïfarament connue, tant par la brochure que cet Auteur a publié lui même fur ce fujet» que par les ouvrages de Mr. Faiijas de St Fond & autres. Nous regretcoas véritablement de ne pouvoir nous étendre fur Ia manière profonde dont Mr. E> examine fa nature & les effets de Peau bouillante, des vapeurs, ScdesEoiipiles, d'après les plus folides principes Phyfiques, dont notre A fe fert pour réfuter je projet de M. R., qui d'ailleurs ne fembie avoir fait atcention qu'a un tems calme; mais nous nous bornerons h donner le réfu'tat des calculs de notre Auteur, d'oü Pon pourra juger du mérite dece projer. La grandeur de 1'effet de PEolipïSe éoït  432 Noüv. Bibltoth. Belgique. doit fe déduire de Ia grandeur de I'ouverture par cü s'échapp';nt les vapeurs,&de 1'élafticité de ces yapeurs mêmes:celle ci depend du dégré de chaleur del'eaubouillante&du degré de chaleur qui a lieu dans PEolipile, c'eft ce que notre A. prouve encore. L'ouvercure eft ordinairement trés petite , mais en la fuppofant de 4 lignes ou f de pouce, la fuperficie fera — X fs =0, 087 d'un pouce quarré. Dans une des expériences de M. Ziegler fur Peau bouillantc ( Spec. Pbyf. Cbem ide Digeftore P A p 1 w 1 BaJilitB 1709 p 38 Tab VI Exp. II) le mercure s'éleve par la preffiondes vapeurs,dont1a chaleur étoit de 2400, a Ia hauteur de fo pouces dans un tuyau de Baromêtre; ce tube n'étant pas fermé en haut, il faut ajouter a ces. 50 pouces la presfion de Patmofphêre égale.' a 28 p. - L'Elafticité des vapeurs étoit donc égale a 78 pouces, & la vkeffeavec laquelle la vapeur fort, égale è deux fois cette hauteur, c. è. d. 156 pouces; eo multipliant ce nombre Dar la grandeur de 1'ouverture, ou o, 087 d'un pouce quarré , on trouve le contenu de la colomne de mercure, qui eft égale è la réaélion, égale a 13, ö~ pouces cubiques. Mais un pouce  Avb.il, Mai, Juin, 1787. 433 pOHCe cubique de Mercurepeie 0,79 onces ; donc la réaction contre le fond de l'Eolipile fera égale a 119^ onces ou a peu prés 71 jg. Or nous avons vu qu'un Ballon de jo pieds de diamètre, s'élevanc dans un air calme, avec une viteffede 7 a 6 pieds par feconde, éproüve une réfi france de 56 livres. il faudroit donc dans ces circonftances, pour faire avancer Un tel Ballon, buit Eoiipiles: & fi, commedans le cas précédent le Ballon étoit n ü paf un vent médiocre, de 24 pieds par feconde, il faudroit pour vamcre une réfi. ftance de 66V ©, & s'avancer par ex. vers le Sud, 89 Eoiipiles, & pour diriger Ie Ballon vers 1'Eft, il faudroit encore en ajouter d'autres, ce qui fait en tout 97 Eoiipiles. Mr. D. termine cet article par une remarque qui eft trés jufte, ,, iln'en „ faut pas d'avantage, dit-il, pour prouver 1'impoflibilité de 1'ufage des Eoli„ piles pour diriger les Ballons & pour „ conclure que le projet de M'. Robert ,, fournit une nouvelle preuve de Pim„ perfeórion des connoiffances Phyfiques, „ quand on n'eft pas en état de pouvoir , comparer les caufes avec les effets, Tomé FLPart. 1. Ee s> c.  434 Nouv.Biblioth. Belgiqub. c.a.d. quand ces connoiffances nefont 3, pas accompagnées des Mathématij, qaes." On ne connoit donc pas jufqu'a préfent de moyen, pour diriger ce Ballon. Mais le feu eft cependant un agentdont on pourra tirer parti, pour 1'élever & Ie baiffer k volonté, en variant la raréfac tion, & cherchant ainfi différens courans d'air: & è cet égard la méthode de m. M. Montgolfier pour remplir les Ballons eft de beaucoup préferable k celle de |M. M. Charles & Robert. ii nous femble que Mr. Mobtcolfier aeu raifon de dire, qu'avant de fonger a diriger les Ballons horifontalement, il falloit apprendre par 1'expérience 1'art de ménager tellement le feu , qu'on put les tenir conftamment è la hauteur qu'on voudroit, paree qu'en s'élevant plus ou moins on ne manqueroit presque jamais de trouver dans l'air un courant qui Conduiroit les voyageurs k peu prés dans la direction qu'ils voudroient prendre, & que lors qu'on auroit gagné ce point le. ïefte feroit facile k trowver." Or cet article primitif CajouteMr. pe Saossüre) eft  AvBiL, Mai» Juin, 1784. 435 eft effentieel, on eft bien affuré de Pobtenir par la pratique, d'oii ii luit qu'on eft en droit de f'onder les plus graDdes efpérances fur Putiluè de la belle découvertedeM. Montgolfier. (V. ie füit« des Defcriptions &c. deFaujas de StFond p. 125.) Dans le Supplément è 1'Ouvrage de M. D, notre Auteur réfute d'une manière trés fatisfaifante Popinion de Moht« golf ier adoptée par Mr. Fa dj as de St Fond dans fon Ouvrage fur les Ballons, & par Mr. le Dr. Houttuyn, que la vapeur, ou 1'Air qui remplit & élevé les Ballons eft une efpèce particuliere d'Air jun nouveau Oaz. Et pour donne encore plus de poids a cette réfutation, Mr. Damen infère dans ce Supplément une traduction des remarques qu'ont faites les Auteurs de Pexcellent Journal Anglois intitulé Montbly Revievi dans la xhcenfion de 1'ouvrage deMFAujAsde St F o (Appendix to tbe Montbly Re- view vol. 69) Ces remarques font vraifemblablement du célèbre D e Lüc, elles prouvent claireTent que 1'Air que ïemplit les Montgolfières, n'eft que de Ke 2 . 1'aif  436 Nouv. Biblioth. Belgique. l'air raréfié par Ia chaleur. Nous ne nous arrêterons pas plus long-tems a ce Supplément, puisque nous fommes perfuadés qu'il y a bien peu de Phyficiens qui foyent véritablement del'opinion de M. Montgolfier, tandis que lui même & Mr. De Fa üja s fe contredifent fouvent eux mêmes fur ce fujet, & que des Phyficiens du premier ordre, tels que M. le Roy, Saussure, A c h a r d &c. ont prouvé que Pélévation des Ballons n'eft due qu'a la raréfaction feule de 1'air par la chaleur. Mais nous ajouterons feulement que les] Auteurs Anglois ne femblent pas admettre Ie dégré de raréfaétion dans la raifon de a. è r. on fait, difent - ils, que quand une certaine quantité d'air paffe du 32° du Therm. de Fahrenheit au 2120 terme de Peau bouillante, ce volume d'air fe dilate de jU parties: donc 180*» du Term. de FêHRENHEiT produiferjt cette dilatation: pour qu'une quantité donnée d'air devienne la moitié plus légere, il faut que fon volume devienne une fois plus grand, donc il fuit qu'une maffe d'Air dont Ie volume eft joo pour obtenir un volume  Avril, AfAf, Juiïï, 1784. 437 volume de 1000, doit augmenter eD chaleur de484 dégrés;car 1R0 4-500 =48$. mais il n'eft pas probable ,difent-ils, que le Ballon de M. Montgolfier air. eu un fi grand dégré de chaleur; d'après les calculs de M. Fauj as & les obfervations de M. le G e n t 1 l , il paroit que dans Pexpériencefaite è Verjaïlles la denfité de 1'Air dans le Ballon, n'a été è celle de l'air prés de terre que dans la raifon de 2 è 3, & la chaleur qui aura eu lieu dans le Ballon aura été de 180+250 , ï8o — 2430.' —— Sans entrer dans les mérites de cette conjeéture, nous remarquerons feulement que les Expériences de M. de Saussure, inférées dans la i°. Suite de la Defcription des Exp. Aero(latique p. 114 & 115, nous prouvenc que la chaleur a été bien plus confidérable, du moins dans la partie fupérieure du Ballon, vraisemblablement jufqu'i 1600 du Therm. de Re a umu r. Nous nous fommes abftenus de faire plufieurs remarques fur différens articles, que la publication de divers Mémoires, ou rélations de nouvelles expériences, fai. Ee 3 tes  438 Nouv. Bibltoth. Belgiqüe. tes depuis que 1'ouvrage de Mr, D. a paru, auroit pu nous fournir, afin de laifler ce champ entieremeot libre a notre Auteur: & nous efpérons qu'il continuera de porter fon atti-ntion fur cette intéres- fante matiére Nous fouhaitons enfin de voir paroitre une tradu&ion Francoife de cette excellente Differtation, pour qu'elle puiffe fe répandre plus univerfcllement, & fe trouver entre les mains de tous les Pbyficiens» comme slle le mérite è tant d'égards. ARTI-  Avril, Mai, Juin, 1784. 430, ARTICLE QUATORZIEME. P O Ë S I E S. ï. SPONSAE ad SPONSVM IN B E L J, O LETHALITER VVLNERATVM MONOLOGOS (*). óuLevis, ö fortis nimium mutabilis aura/ ó Hominum faci mens male gnara fui Conjugii felix pompam veflesque parabam, Ornarem teneros quls nova nupta Cnus; Jamque propinquantis numerabam temporis horas, Mutua quo fidus corda ligaret hymen. Omnia Mars vertit, qui te, plorante puella, Axe fub Aréloö triftia ad arma vocat. Nee fat complexu miferae caruiffe cupito, Nee fat erat thalami gaudia lufa queri; Sof- (*) Hiftoiia legitur iuns les Lettres d'un Voiageut jSislois, -par M> Shtrlock p. 2. t. ao. Bb 4  44© Nouv. BlBLIOTH. BeLOIQUB. Soilicitique dies plencs duxifle timoris, Ne feriant carura tela inimica caput; Debuit eventus quoque refpondere timori, Vt mihi perpetuum fpes iit ademta tui. Sic mihi promiflb* folvis, miferande, triumphos, Sic debeliato viclor ab bofte redis/ Victor es, at proprio Victoria funere partat Gloria quam care conflitit illa mihi 1 Hei mihi, quod faltem, te difcedente, falutem, V/tima nee licuit dicere jufla tibi! Forte meis monitis ad proelia cautior iffes, Plusque memor noftri, plus memor ipfe tuf. Nefcio rjuid fperare mali generola jubebat Mens tua. & beu! madidis literalefta genis. „ Non mihi, fcribebas, praacordia molliet, aufus „ Calcar ad egregiós fed grave fubdet Aaor. „ Vt fludeam Regi virtute tibique placere, „ Et te magnanima commeruifle manu. „ Ipfa tarnen fine te fordet victoria, dextra „ Nee nili nexa tua laurea ferta juvant. „ Omnia nam fordent; fomni fine munere nodtes „ Et gemitu ingratae tempora lucis ago, Tunoftes, tu, vita, dies mihi redde ferenas, „ Peétora quaque potes parte levare leva. „ Hue  Avril, Mai, Jüim, 1784. 441 ], Hoe ades, &, Mavors quae nobis abft 4Üt atrox, „ Tu refer optati gaudia conjugü. 4, Noa nemorum Jatebrae , juga non praerupta morentur, „ Saxaque foemineo vix fuperanda pede". Ergo fuilinui, flamrais animo fa pudicis, Sernere Jongi ;quae tenta perida viae; ij Vt tua confpicerem aeternae luctantia nocli Lumina, lethali tactaque membraglobo? Hoe igitur merui: pietas fpeftata fidesque, Hoe igitur pretiuin grande laboris erat ? Hei ubi nunc, fpes vana metum quum corde fuga re t, Somnia, folamen quae mihi fifta morae ? Jam nunc finitimis, dixi, fpeculatur in agris, Si videat noftras forte venire rotas. Vt defiderio inpatiens flimulante vofabi't, Credat ubi noftras iile venire rotas. ! Haerebitque meis non diveliendus in uln/s, Junget & in longas ofcula craéta moras.' Vtlacrinris animi motum teftabimur ortis, Peétore laetitiam non capiente fuaa! Currfte jam lacrimae ,■ fed luétus currite figna • Fugerunt animo gaudia cunéta meo. ' o Ego. ne tanto fupereflem moefla dolori, Quam vellem Iateri junéta obiifle tuo! I Aut, quum dulce folum patriae carosque parentes Bb s Lin-  44* Noüv. Biblioth. Belgiq'je. Linqacre & huc greflum ferre jubebat Amor, Latronum gladlo cecidifle, vel ore ferarum, Fluminis aut rapidis mer fa fuiffe vadis! Quid precor ? hoe faltem praebet folamina menti, Qaod triftis poflum dicere trifie vale. Accipe trifte vale & miftos cum fanguine fletus, Accipe pallidulis bafia fixa genis. Accipe & haec animam. officio, male firma, perafto Quid cefl'as vitae rurapere lila, manus? Quid petere haec ceffas transfixo peélora ferro, ' Inferiae ut fponfi manibus ipfa cadam ? Quid ferrun» prohibes, frater, quid, mater amantis. ? Me quid, amans, frafta vivere voce jubes ? Nil 3g» '■> in luclu traducam tempora, donec Et lucem & luctum finiac ipfe dolor. Nonne unum fatius, quam funera mille fubire ? Inpius es, nimium dum cupis efFe pius. Sapiemum hunc, dilefle, mihi concede favo. rem, Ut tibi,ceuvita,fim quoque mortecomes. Non refponfuro fed quid verba irrira perdo ? Corpore jam fugit fpiritus; umbra vale. 11.  Avril» Mai, Juin, 1784. 44J it ■ i N OBITVM PETRI BVRMANNÏ SECVNDI, llteratorvm ac poetarüm Principis. Si lycrymis quidquam cineres placantur & umbrae, Si lacryraaeiDterdum muneris inftar babent; Hic mihi, quando aüud nil moefio fata de« derunt, Qaod manes pofllt, Pe the, decere tuos; Hic mihi, vicinis Nereus ubi murmurat undis Dum matutino fole rubefcit ager, Fletibus indulgere lubet, fletusque coórtos Manibus inferias mittere, Petre, tuis. Tu mecum, miferanda,pios,Eiegeïa, planctus Ede, tjbi veri qauffa doloris adeft. Occi-  444 Norjv. Biblioth. Belgiojtb. Occidit, occidit iile tui Bürmannus amores , Iile, tua a teneris unica cura, fait. Qjaeque vel Hyrcanas potuiflet ducere tygrïs Barbitos, & filicum vincere duritiem, Non Parcas potuit, non pallida flectere Lethi Numina, non Stygii vertere jura fori; Barbitos Aufonii donum mernorabile Phoébi, Phoebeisque pares apta referre modos. Cemis ut adtonitus frondofa cacumina Pindus Motet, inauditis fit fragor unde fonis. Exuat ut viridem laurus Daphnea coronam, Areat ut volucris fons pede faétus equi. O nina funt facris lu&u deformia in ons. Ipfaque feralis numina fquallor babet. Flent Charites, flet Graja Venus, Pithoque Latina Flet Paphlus Paphia cum genetrice puer. Et^Critice» infigsi jum nunc viduata patrono, Tempora Cimmeriae noélis adefiè dolet. Pirides niven laetas de fronte corollas Vellentes taxi tempora fronde tegunt. Quaeque loca & voce & cithara modo dulce fonabant, Nunc miferis iterant nil nifi trifte modis. Pftrum convalles iterant, antra avi3 Petrum, Petrvm iterat nemoris quae quatit aura comas. Sed quibus aut verbis, qua carminis arte ululatus Aut furias memorem, pulcher Apollo.tui? Non  Avril, Mai, Juin, 1784. 445 Non aliter luxifTe ferunt te funus alunjni, Funére in Inachii quam doiuiffe Lini; Aut Phaëtonta Jovis flammis ultricibus iélurjs Tutbati excepit quum Padus amnis aqua; Et rofeos laceraffe finus, laceraffe capillos „ Et fregiffe fera pieftra fidesque manu ; Et modo Parcarum mutum obftupuiffe rigore, Et modo fic querulis ingemuiffe fonis: Ab! myftam rapuere meum, rapuere poëtam Fata, nimis doftis invdiofa choris. Quis nunc heroas, quis fortia fafta Batavüm Maeoniis tollet lldera ad alta tubis? Quis mea quis poftbac populo facrariapandet? Barbariem terris qui fuget, ecquis «rit? Vos, quis pallentes umbrae , quis Tartara parent, Numina, numinibus fi quid amica Favent, Reddite. crudeles, B v e m a k n v m reddite, Divi, Reddite , cum falvo fic ego falvusero. Haec Pboebus ; precibus fed inexorabïüjs Orcus Verba dedit rapidis depopulanda Nota, Quod potuit, qua fe tollunt Parnafia Tenpe, Reliquias magni legit & ofla viri; Qualiter Odryfii Mufae laniata pcërae Membra cruentato conpofuere folo. Et tumulum flatuit.tumuloqueinfurgeie.laiuna® Juffit, & aeternae frondia habere decaas- Jffllfc  446 Noüv. BiBtiom Belöiqtjb; Inde ter AlTyrio cineres luflravit odore, Ter fparfit lympba, Caftalis unda, tua. Tex canclamavit queribundo murmure mines, Ter dixit, tellus fit tibi, Pet re, Ievis. Vive precor tanti monumentum inCgne doloris Et tu, Phoebea confita laure manu, ' Quam circum veteres (animis poft fata beatis' Si liceat fuperas ire, redire, vias.) Quam circum veteres, quondam tua cura, poëtae, Petke , tuas laudes & benefafta canant. Et Genium ludis celebrent, & fefta quotarmis Inftituant.Pindo leétaque donaferant. Certatimque fuae det bafia quisque puellae, Et focias jungant, qua decet, arte manus; Cynthia Romano quondam celebrata Philetaê Sola neget laetis ferre pedem choreis. Cynthia, quae felix per te, fl vita fuiffet, Soerabat cultu pofTe nitere novo. Sed nunc fpes tecum claufas doletefle fepulcbro. Clamat & heul vati qui medeatur, ubi eft? Interea Elyfiis placide fpatiare viretis, Celfior hnmanis umbra beata malis. Illic funt, famè quos vexit ad aethera virtus, Pectoraque in patriae commoda nata fuae. Illic funt Batavae praeluftria nomina gehtis. Nomina carminibus non peritura tuis. Dumque tuis aptantmerita ornamenta capillis, Geftit in araplexus quisque volare tuo». Al  Avril, Mai, JrjTN, 1784. 44? Ac fortunatis Livor malus exfulat orïs, Saepius inmejrito fuetus obeffe tibi. Quaque jacet Stygii fedes fcelerata barathri Supplicia infando crimine digna luit. N.B. Ces deux Pièces font tiréé's d'an Recueil de Poëfies Latines, de Mr. ff. Hoeufft.  448 Nöuv. Biblioth. Belgiqüb. ARTICLE QUINZIEME. A v i s . &c. Tableau de l'Etat des Sciences jet des Arts en Angleterre, comprenant 1'état politique y civil. religieux ff littéraire de l'Angleterre, Ouvrage périodique compofé ff imprimé a Londres. Par J. P. Brissot de warville. Ce Journal fait pattie d'un établifTement nouveiiement formé a Londres par cet écrivain que Splufieurs ouvrages philofophiques onc déja fait avantageufement connoitrei entr'autres fa Théorie des loix criminelles, fa Bibliotheque fur le même fujet, (on Traité fur la vérité &c. &c. Son but eft d'une part de faire connoitre dans le Continent les riches productionsde 1'Angleterre, & del'autre d'y ouvrir une Correfpondance libre entre tous les philofopbes. Cet établiffement annoncé dans toute 1'Europe fous le titre de Lkée de Londres, confifte en trois parties : imo. AJJemblée de tous les gens de lettres foit Anglois ,foit étrangers h Londres: elle a pour objet de mettre les uns & les autres en com*  Avril, Mai, Jura, 1784. 449 communication. L'Ouverture de cette alTembiée eft fixée pour le mois d'Avril 1784. 2do. Correfpondance Litéraire. Ce que 1'aC feinblée eft pour les gens de lettres a Londres, la Correfpondance 1'eft pour les gens de lettres dans les pays étrangers. Elle les rapproche les uns des autres. M. B. de W. offre aux étrangers de leur donner toutes les inftructions qu'ils defireront, imo. fur 1'Angleterre, 2do. fur les pays avec lefquels elle eft principalement en rélation. 3tio. Journal du Licêe ou Tableau de 1'état des fciences des arts en Angleterre &c. Il préfente chaque mois ies découvertes dans la phyfique expérimentale, dans Ia chymie, 1'anatomie &c. Les découvertes dans les arts & en général toutes celles qui pouront être utiles aux au. tres nations; L'extrait de tous les ouvrages utiles; Le catalogue de toutes les nouveautés, accompagné d'une notice fur chacune; Les pieces nouvelles des trois théatres: La notice des affemblées & des travaux des différentes fociétés d'Angleterre; La notice des jugemens célébres & de tout ce qui a rapport è la conftitution politique & civile de 1'Angleterre; Tomé VI, Part. 2. Ff des  4£0 Npuv. BrsLibTH. Belgiouev - Des obfervations fur lestroubles intérieurs, les débats parlementaires, 1'état politique de 1'Angleterre; Le tableau des mceurs, coutumes, préjugés &c. Les 3 premiers numéros de cet ouvrage qui ont déja paru , contiennenc le tableau de 1'état des fciences & des arts en Angleterre dans 1'année 1783. Ils portent 1'empreince du caraftere counu de I'Auteur: Quid verum atqite utile. Voila la devife qu'il a choifie, & qu il remplit, c'eft fous ce doublé point de vue qu'il envifage 1'Angleterre. Le profpeftus de cette entreprife dont ce précis n'eft que 1'excrait, paroit en tête da Ier N". Ce Journal compofé & impriujé a Londres fera diftribué tous les mois en Alleraagne, dans ie Nord, en Hollande, dans les Pays bas, &c. Cfiaque cahier contient 4 i 5 feuij. les d'impreffion. La prix de Ia Souferiptlon pour 1'année compofée de 12 cahiers ,pris aDeutz, eft de 3 couronnes ou 18 liv. de France. Oa peut s'a-Ireüer pour foufcrire: a la Socteté typpgrapbiaue i Deutz prés de Cologne i tous les Bureaux des Poftes impériales, I M.  Avril, Mai, Juin, 1784. 451 Mi da Saukboix i Amfierdam, a M Plaat a la Haye, M. de Villehèn è Bruxelles, è M.Vingtain a Óüende, & anx principaux libraire» de 1'Éurope. Les perfonnes qui defirent écrire ï I'Auteur, adrefferont leure lettres a M.BriJJot deWarvilleN*, 26. Newmar. Street, Oxfort Street, London. Mais elles fónt priées de ne point couvrir les lettres d'une enveloppe, paree, qu'alors elles coutent le doublé. Ff 4 ART-  4J2 Nöuv. Biblïoth. Belgiqub. ARTICLE QUINZIEME. Anecdote. Mr. j. C. Damen, habile Chirurgien & accoucheur de la Haye, ayant délivré heureufement la femme du nomtné Casper Stols, par la feétion de Ia fymphife, vient d'être réconv penfé d'une fagon trés honorable par le Vénérable Magiftrat de cette Réfidence, qui lui a fait donner un grand plat d'argent marqué aux armes de Ia ville, fur lequel eft gravé le nom du Chirurgien, & oü 1'on rappelle ce témoignage de fon habileté. ART-  Avjiil, Mai, Juin, 1784. 453 ARTICLE SEIZIEME. NOUVELLES LITTLRAIRES. Jijieuwe Aardryks befcbryving voor de Ued& * 1V landjche Jeugd g>c C A. d. Nouvelle Defcription de la Terre, a 1'ufage de la Jeunejje Hollandoife, par Mr.W- Ë. de Perpon. cher , ouvrage compofé pour les Enfans de I'Auteur in 8°. de 53* PP- & Utrecht chez la Veuve J. van Schoonhoven. 3784 Prixf-1-16; En donnant au Public fon Traité fur 1'éducation , I'Auteur de cet Ouvrage a fait voir de quelle importance il étoit de fubftituer aux puérilités dont on occupe les Enfans, une étude, qui pftt être tout i la fois utile & agréabl'e Convaincu de fa néceffité il n'a rien épargné pour la mettre è la portée des jeunes eens on voit qu'il a autant fongé a former fe ce'eur & 1'efpric de fes lefteurs, qu'a enrichir leur mémoire de connoiffances utiles & t,ar les réflexions judicieufes qu il fêmea pro. pos dans fon Livre, il leur fait prendj;e Vheuteufe habitude de penfer & de tourner Ff 3 au  454 Nouv. BiBLïoTS. Belgique. au profit des moeurs les événemens qui fem. Ment les plus indifférens. Aujourd'hui M. de Perponcher introduit fes Eleves dans une nouvelle carrière: & 1'ouvrage que nous annoncpns eft deftiné a leur donner de juftes idéés de la fituation de la terre, des différentes contrées qu'elle renferme.avec la defcription du gouvernement, des moeurs, du commerce, des arts, des fciences &C Be ByM Verdeedigd &c, c. a. d. Apologie de la Bible, par Mr. Ysbrand van Hamels veld Tom. 3 a Amfierdam chez J Allart. gr, in 8°. de 382 pp. 1784. Prixfi - 8- Ce Volume n'eft inférieur aux précédens ni pour le ftile nipour 1'exécution, PHabile Auteur y prouve d'abord que Ia Bibie ne contient rien de contraire aux notions que nous donne la Géométrie & I'Hiftoire Naturelle; en fecond lieu il établit Paccord du droit de la Nature avec la Religion. Enfin il jufiifie le caraftère de plufieurs perfonnages dont 1'Ecriture Sainte parle avec éloge, contre les critiques & les miférables chicannes des Incrédules anciens öt modernes. Cet ouvrage fuppofe & prouve une lefture immenfe, des recherches infinies, beaucoup d'érudition, de goüt  Avril, Mai, Juin, 1784. 455 goüt & de difceinement, & doit être confidéré a tous égards comme le meilleu* Ecrit qui ait jamais paru dans ce genre. On ne fauroic affez s'étonner en méditant cet Ouvrage, de 1'rgnorance & de ia mauvaife foi des adverfaires de la Révélation; nous invitons nos ledteurs è s'en convaincre, s'il en eft parmi eux, dont des ouvfagessufli médiocres que la Bible enfin expliquée £?c ont ébranlé la foi, & 'corrompu le juge ment. De Geefi der Wetten &c. c. a. d. l'Efprit des Loix par M. de Montesquieu, traduit en Hollandois par M. Hola van Nooten, Ancien Ecbevin de Schoonhoven rjfe. Tome 1. Part. 1- 2- a Amfitrdam , chez Holtrop. 1784. Aanleiding tot de kennis &c. c. i. d. Introduiïim a la connoisfance de l'Anatomie de 1'homme , dans l'a>t du desfin, illuftrée par quelques figures, avec km explications,par M. Ploos vim Amftel, Dïretteur de l'Académie de dejfm établie h Amfierdam, membre de l'Académie éleSoralede Peinture, Sculpture . & Arcbiteitu. rt de Dusfeldorp &c. a Amfierdam , chez ia,quinque Ecclefiarum Antiftitis, PoëmaH, quae ufpiam reperiri potuerant omtiia. Ad manujcrii-mm Codicem Reg.ium Corvinianum exaiïa, rtcognita. & cum omnibus qua adnuc prodierunt editknibus diligenter collata. plurimifque Epigrammatis e p>ce iitlo M. S. nunc primum depromptis, auïï 1 £? emendata. a. gros Vol. in 8° a Utrecht chez B. Wild 1784. Pature pour les amateurs de la PoëSe Lztjre* Cette Edition nouvelle 'étoit néctffaire puif-; que le Pannonius ne fe trouvoit plus dans le commerce. D'ailleurs elle a fur les précédentes le mérite de la netteté typograpbique.de l'exaftitude, & renferme plufieurs morceaux qui paroiffent pour la première fois. Be XXV P/alm verklaart en toegepafl e. a. d. Explication fc? application du Pfeaumt XX.V, par Mr Hugenholts Pajleur i Tffclftein a Utrecht chez van Paddenburg &> van Vloten 1784. Prix ƒ- 1 - 12 - Mie-  AvöiLi Mai, Juin, 1784. 467 M ic haëli's Nieuws Overzetting des Ouden Teftaments, met aanmerkingen Voer Ongeleerden £?e. e a. d. nouvelle Traduüion du V. T. par M. Michaëlis. avec des des notes pour des perfonnes non lettrées, ouvrage traduit en Hollandois par Mr. W E. de Pekponc h e r rome V, contenant le quatrième Livre de Msife, dit les Nombres. a Utrecht, chez la Veuve van Schoonhoven; gr- in 811 de 273pp. 1784. Cet Ouvrage eft généralement connu. La traduch'on eft d'une main nabile, & répond , eH tout fen«, è 1'attente du Public, De Aloude Staat en Gefcbiidenijfen der Ver esnigde Nederlanden, &c. c. a. d. Etat &f Hi/toire des Provinces Unies dans les tems les' plus reculês; par Mr. Engelberts. Tome x. gr. in 8° de 416 pages; avec des planches, a Amfterdam chez J. Allarr 1734. Prix ƒ 3 - 12 - Cet excellent ouvrsge mériteroit plufieurs Extraits 6t non une notice fuperficielie.Nous nous contenterons d'obferver que de pareils Ëcrits fónt honneur è la natfon; elle ne peut manquer de les aceueillir favorablement, fit dé montrer ainfi fa reconnoiffance a un Auteur qui lui confacre auffi milement fes veilles & fes travaux. Gg 2 2rie~  4<58 Now. Biblioth. Belgiqüè. Britven van een Amerikaenfcben Landman, &c. c.h d Lettres d'un Fermier Américain i de Carlisle en Penfilvanie, écrites d un Ami en Angleterre, contenant 1'état, les moeurs, l'agriculture fcf ufages des peuples rèunis aÜucüenent en République fcj?. traduit de l'Anglois,gr. in 8° d Leide chez Herdingh 1784Ou a donné des notices de cet ouvrage dans plufieurs Journaox Anglois & FrancoiSj nou» y renvoyons le Lefteur. Natuur en Zedekundigt Befpiegelingen over de Watervloeden &c. c. d. d, Contemplations Fhyfiques {jp morales fur les Inondations, d Amf • tirdam cbezj. Dell. 1784. Symbolae Litterariat ex Haganis faüae Duifburgenfes, curante Je P. Berg. ïomi Primi Parsfecunda, a Dutfburg & a la [Haye chez C. Plaat 1784. Ce Volume oontient 1* des Notes de Mr. Harenberg fur les quatre premiers chapitres de 1'Evangile felon St. Mare. 20 une Differtation Philqfophique fur les Miracles, par Mr Melchior, enfin un Difcours de Mr. Barkey le fils, fur la méthode irréguliere de certains Docteurs d'enfeigner Ia Théologie &c. Hiflorie van den Heer Willem Leevend fifc. e. d. d. Hiftoire de Mr Guillaume Leevend, par Mesdames Wolf £jf Deken 2 vol. gr. in 8* et la liaye ebtz J. van Cleef. 1784. Ce  Avril, Mai, Juin, 1784. 469 Ce font les deux premiers Volumes de ce Roman national qui paroiffent aujourd'fmi; cet ouvrage deviendra plus volumineus que la Sara Burgerhart des mêmes Auteurs. Nous ne déciderons point du mérite de ce Livre, qui eft entre les mains de tout le monde & qu'il n'eft pas poffible de faire connoitre a des Lecteurs Francois. Mefdames Bckker & Deken paroiffent nourries de la lecture des bons Romans étrangers , furtout des Lettres de Miladi Catesby. Quoiqu'il en foit, ce Roman fe fait lire avecjun vif intérèt, non pour les événemens qui font trés fimples& trés ordinalres, mais pour la ▼érité des portraits, & Ia touche originale des caractères, qui fe foutiennent parfaite«ent bien. ANECDOTE LITTERAIRE. Le s*- Volume du Journal de Berlin intitulé: Allgtmeine DeutfcheBibliothek, contient un article que nous croyons devoir publier, paree qu'il intéreffe en quelque forte notre pays, & qu'il regarded'ailleurs un hommede lettres égaleaenc refpeétable par fes grandt talens & par fon caraflère moral. II s'agit du paffage fuivant, extrait des Lettres ou Voyagis de Mr. J. J. BiSrnftihl, SavantSuédpis, qui après avoir parcouru toute 1'Europe, eft mort en Gréce il y t peu d'annéei. ög 3 „FtU  47© Nouv. Biblioth. Beloique. „ Vol: 5. page 482. Séiour è Amfierdam, „ Vifite chez le Conful de France, Mr. Clairon, „ Auteur de plufieurs ouvrages, & proprié„ taire d'un grand nombre de livres défendus, >, qu'il a foin decacher,en lessfaifant relier „ a Ia fuite d'une brochure indifférente. II „ poffède Ie Systême de la Nature, & il m'a „ déclaré que Mr. Merian de Berlin en „ eft I'Auteur. On prétend avoir lu dans „ 1'ouvrage manufcrit des remarques du Roi „ de Pruffe, qui ont été imprimées par après. „ Ce Merian eft un parent de celui qui a donnó „ des Bijfertations mêlées fur divers fujets im„ portans, Amjld 174a. 2. vol en 12-L'Au- teur du Systême de la Nature cite fouvent „ cet ouvrage & on y reconnoit- le même „ ftyie". II feroit difficile de raffembler en moins de lignes un plus grand nombre de fauffetés & d'abfurdrtés. C'en eft une des plus, fortes d'abord, que de s'imaginer Qu'un Conful de France a Amfierdam foit dans le cas d'employer des rufes pour ca» cher fes livres hétérodoxes'japparemtrient paree qu'il a peur de toraber enrr-e les mains. de l'Inquifition. EtcelaenHpUande, oü l'onpeutfe procurertous les livres pofljbleSfcOÜchacun eft  AvriLj Mai> Jüin, 1784. 439 le maitre de compofer fa blbiiotbèque comme bon lui femble. Cs Conful li rufé poffède donc le Systême de la Nature; c'eft a ■dire un ouvrage qui de. puis plufieurs ahnées fe trouve entre les mains de tout le monde. Tous ceux qui s'en foucient le pofTedent. On diroit que, le Voyageur Suédois arrivé d'une ile défwte ou qu'il tombe des nues en Europe. Enfuite le Conful Francois dé'clare que Mr. Merian de Berlin eft lAuteur de cette fameufe production. Mais avec tous les égards qui font düs a Monfieur le Conful, fa dëclaratfon e'ft abfolument contraire a la vérité. Ii funlt dé connoitre Mr. Merian ou peffonnell'ement.ou par fes Ecrits, pour favoir que fes principes n'ont jamais eu rien de commun avec les délires philofópbiques, moraux & politiques, dont le Systême de la Nature eft rempli d'un boüt a 1'autre. On concoit tout auffi ,peu ce que fignifient ■ces remarques du Roi «te ' 3e, qu'on prétemd avoir vu dans l'owvNSf manufcrit. Efti\ pt*mis d'avancer, & d'irx primer un pareil bavardage ? Enfin Mr. Merian doit avoir un parentqui a publié étt l?40. des Differtations mélies, & 1'on ajoute avec beaucoup de fagacité que Gg 4 1>au-  472 Nouv. BïBUOTö. Belgiqjtb, I'Auteur du Systême de la Nature cite fouvent: cet Ouvrage, & qu'on y recpnnott Ie même flyle. Nous n'avons pas Ia moindre idéé de ces Differtations mélées, &lcar exiftence n'eft pas même conftatée, quoiqu'il paroiffe par la préface du Systême de Ia Nature, qu'outre ce miférable fystême on a attribué i Mr. de Mirabaud un autre ouvrage du même genre. Ce qui eft fur eu attendant c'eft que Mr. Merian n'a jamais eu Ie parent qu'on lui prête, & que ni lui ni perfonne de fa familie n'ont jamais publié Ie recueil en queftion. Bien plus; Mr. Merian n'eft pas francois d'origine; il eft le feul de fa familie qui ait écrit en francois,le feul peut-être qui ait fait imprimer un livre. II n'en faudroit pas d'avantage pour détruire l'induétion qu'il a plu & Mr. Biörnftah! de tirer d'un prétendu ftyle de familie; fi cette idéé n'étoitpas déjafi ineptè en elle-même. Au refte on peut expliquer en quelque forte par quel hafard fingulier Mr. Merian a été décrié comme Auteur du Systême de Ia Nature ; bien entendu que cette fable ridicule n'a, jamais été accréditée qtfen France, car en Allemagne, en Hollande & par tout ailleurc ön s'en eft toujours moqué, comme de raitpn. m on  Avril, Mai, Juin, 1784. 473 Pour peu qu'on foit connoiffe ur en littéraire, on ne doutera pas un ir.ftant que ce Systême ne foit forti de France. S'il n'eft point , :omme on 1'a prétendu, Ia production d'une :ertaine Société, on peut fuppofer du moin* ivec fondement que I'Auteur fait partie d'une Société qui s'eft donné toutes les peines poffibles pour cacber fon som, & pour foustrajre ra perfonne è la jufte rigueur des loix. Le premier moyen dont on crut devoir faire ufage ce fut d'attribuer 1'ouvrage a un Auteur qui n'étoit plus en vie, &qui par conféquent n'étoit plus en état de fe défendre, c'eft ï dire, i feu Mr.deMirabaud ,ci-devantSecrétaire Perpétuel de 1'Académie Francpife dont le nom eft époncé fur le titre. Cet expédient n'ayant pas réufü, onfe vit dans de nouveaux embarras pires que les précédens. On craignit, & non fans raifon, que le véritable Auteur, une fois découvert, ne fut envoyé avec fa pbilofophie è la Baftille. Que reftoit il donc a faire ? II falloit imaginer un iecond moyen. & on penfa 1'avoir trouver en mettant 1'ouvrage fur le compte d'un horrrme de lettres étranger, domicilié hors du Royaume de France. Nous jgnorons par quel hafard le choix tonba fur Mr. Mttian, & nous Gg 5 ?•  474 Nöuv. Bïêliotïï. Belgique. ne pouvons former 14 deffus que des conjectults. Peut-être s'étoit-on flatté de donner un certain degré de vrsifcmblance a cette impofture, paree que le ftyle francois de Mr. Merian eft plus pur que celui de Ia plupart des Étrangers, & paree que ce Savant eft membre de 1'Académie de Prüffe, a laquelle an fuppofoit une liberté de penfer fans bornes, qüoiqu'en effet les principes politiques ou bnpolitiques du Syftême de la nature, & fes forties indéceötes contre toutes les formes de 'Gouvernement t ne fauroient être tolérès ni dans une monarchie, ni dans un Etat poiicé quelconque. ïoutefois ce faux bruit fe rëpandit bientót 4 Paris & dans toute la France, & cm ne mit pas moins d'affectatioa è ie faire courir dans le refte de Europe. Mr. Metian ne s'en inquiéta guèits, & malgré les foftanees de fesamis, il n'a jamais pa fe rèfouJre 4 réfuter publiquemént -la calómnie dont on avoit effayé de noircïr faréputation. II étoit conVaincu qu'un meöfcmge auffi impude'nt ne fe foutiendroit pas longtetnps h tomberoit néceffairement de lüi-même. Les gens fenfés ont reconnu 1'impoftöre; rflais 1'anecdote de Blbynftabl prouve poattant que le public n'eft pas efufèremetit désabufé, & cela n'eö pas abfolument furpre- nant  Avrtl, Mai, JtrtM, 1787; 475 ïiant puifque les catalög'ies francois 8t les Diétionnaires littéraires contirruent toujours a placer le nom de Mr. Merian a cóté da Syftèrfiede la nature. Bien plus. II n'y apas long-temps qu'è 1'ir f$u de Mr, Mêrlan, un de fes amis, a vouluréclamer contre cet' abüt dans une célèbre feuille périodique frangoife, mais le Rédacteur du journal a refufé 1'article. C'eft au Lecleur a faire fes réflexions fur un pareil refus, auquel nous pourrions ajouter d'autres circonftances. également fufpeétes. Mr. Merian a regardé toutes ces petites intrigues avec indifFérence, & nous ne favons pas trop fi nous devons admirer ou blamer cet excès de flegnie philofophique. * * * Poft.Scriptum. Ceux qui ont connu de prés Mr. Biirnfldhl.ne ferontplusétonnés du pasfage que nous venons de citer. C'étoit au fond un parfaitement honnête homme, un grand Erudit, un grand pbilologue, mais d'ailleurs un des êtres les plus finguliers & les plus originaux qu'il foit poffible d'imaginer. Sa grande manie étoit de courir après les anecdotes, & il adoptoit avec une crédulité fans exemple toutes celles qu'on trouvois bon de  4?6 Nou?* Biblioth. Belgiqub. luifournir. II en a recueilli plufieurs fur Ia Hollande, dont un Obfemteur judicieux aujoit reconnu la fauffetéau premier coup d'oeil & tout Ie conté du Syftême de la nature & du Conful de Trance eft certainement de ce jenre. A&TICLI  AyRit, MaI, Jum, 1784. 477 ARTICLE DIX SEPÏIEME. correspondance de PARIS M. Brifjot de Wanille a repris Ie cours de fes travaux littéraires. On annonce la continuation de fon Tableau des Sciences en Angleterre 6t de fon Tableau de Vind* dont ie quatrieme cahier a déja paru. Le brnit court cependant que cédant au defir du Gouvernement, M de W .... fe fixera en France bornant a quelques femaines annuelle» me'nt le féjour que 1'objet de fes occupations 1'obligera de faire de tems en tems a Londres. Cet écrivain également eflimable comme homme & comme littérateur n'a point crié i la tyrannie, comme beaucoup d'autres, en fortant de la Bafiille- il n'a point eflayé defalre partager è fes concitoyens ces fentimen9 ècres & d'une vengeance püêrile qui ontdifté tant de libelles & qui ne peuvent avoir accès dans fon ame. II n'a pris pour .garants dë fon innocence vis è vis du public que la protection du gouvernement, fes propres  47-a Nouv. BigL?oTH.fBELt>i^. *2 -Vi" coH,,!'t£y mais A Manche fans doete qoelqoefofe i^ans Ie fein de I'amité, les lentimens qu'une fïtuation aufli doulour^l^a fait naitrc en iui. ^ ]>on m>a com> mnniqaé une lettre on il a renfermé en peu de mots plus d'idées, des réflexions plus effemielfes qu'il ne s'en troave dans les mille & une brochnres écrites fur la Ba/lille. ^•Jf W ... ne regardera point comme une indifcrétiön réprébenfible Ia publicatie* de cette lettre. Ses amis, ceux qui chériffcnc les lettres, "qui vénêrent les grands ralens & qui gémiffent de ce qüe 1'on en petif abufer, font intéreffés è voir fa Juftïfication augrand Jour. „ Je dois principakment, dit M. deW , I „ fa juftice que 1'on m'a rendue, a la pro' „ tection fignalée de Mgr. Ie Duc de Cbar. ,, tres .... Je la dois aux follicftations ,,! preffantes de mon époufe dont Ie fort ,, malheureux a ému toutes les ames fenfi„ bles; je la dois au fufFrage, au cri pref3, qu'univerfel des gens de lettres, même „ de ceux que je ne connoiflbis pas perfon„ netlement, mais qui connaiflant les prin,, cipes aufteres dont je fais profefllon n'ont „ pas balancé a reclamer publiquement ma M liberté; enfin je le dois furtout, cet acte w de juftice.au cri de mon innocente. Dans  AvRifc» MAf, JraM, 1784. 479 s, ma terrible folitude, j'ai plus d'une fois „ fdndé, interrogé, palpé pour ainfi dire ,, mon- ame. Ja l'ai trouvée dans tous. les „ momcns inacctffibfe è la crainte, paree" „ qu'elle 1'avoit été au crime, & jepouvols „ fans trop de vanité m'attribuer le trais „ d'Heloidius prifcus: Reiïi ptrvkax.... con„ [ians adverfus metum. L'un eft une föit,e „ de l'autre. Le méebant doit trembler. „ L'innocent doit toujours être t'ranquille. „ Je t'étois. Je compofois dans ma celluie „ avec la même chaleur qu'4 Londres; j'obfervois avec le même fang - froid. Cela „ fera. toujours pour 1'homine de bien; en „ quelque endroit qu'il foit, il fera bien: „ pourquoi ? Se kabet dit Seneque . il eft avec „ foi, il fe poflede. „ „ Lè pïétexte de ma détention n'eft plu» „ unmyftere: quelques pamphlets orduriers „ circulent dans les pays étrangers & dans „ la France, malgréles prohibitions les plus „ féveres, ou plutót a caufe de ces prohibi„ tions. Des noms refpeétables y font con« „ fondus avec les noms obfeurs d'êtres avilis, „ végétantdans la fange, d'oü les fatyriques „ les ont tirés pour les expofer un in fiant „ au jour dont ils ne font pas dignes. JJ „ falloit méprifer ces libelles éphemeres. „ on a eu l'air de les cralndie; ils ont pul* „ luie»  48o Nóuy. BrBLioïH. BelgïqüeV i, lulé. On a cru que le centre en étoit i ■, Londres; j'y vivois, j'y écrivois; Inde „ prima mali labes. On a infpiré des foup„ gons contre moi, & taodis que paifible„ ment dans mon cabinet j'obfervois 1'état „ des fciences en Angleterre, ou que j'y „ étudiols les droits de i'homme, on aigui„ foit le poignard qui devoit me percer. Vous „ rappellez vous cette fcene de Gil-blds, „ ou des efcrocs déguifés en familiers de l'In„ quifition volent nn Juif? Le naïf & véri„ dique le Sage y a peint un peu Ia manière i, des délateurs. Un tel écrit, difoit ön: „ — Mettez qu'ii écrit des libelles.— II „ parle des droits de I'homme. — Greffier, i. mettez qu'il compofe des libelles contre le „ Monarque. — II oblige des francois maU i, heureux expatriés. — Mettez qu'il eft Ie „ complice de fcélérats réfugiés.. ; fite. Voi„ la comment d'infames délateurs font par„ venus a empoifonner les aéiions les plus t, honnêtes, jufqu'a la bienfaifance même. „ Heureufetnent fi on les conté, on ne les „ croit pas toujours. La vérité perce enfin j. Le Miniftre integre qui préfidea ce terrible „ département n'a pas tardé a découvrir Tim„ pofture, è *endre hommage è 1'innocence, „ & je dois Ie compter ici le premier au i, nombre de mes protefbeurs & de mes dé- „ feri-  Avril, Mai, Juin, 1784. 48r „ fenfeurs. Certes il adoucic bien la rigueur i, des détentions par la douceur avec laquelle „ il traite fes malheureufts viétimes, & on ,, lui doit encore d'adoucir. dans 1'ufage la it rigeur des loix Contre les auteurs des livres ii qui contiennent des principes contraires è. u ceux du gouvernemnt. Et pourquoi ne i, fubftitue t'on pas a cette tolérance néceilïii tée une liberté entiere de penfer & d'é1, crire V Pourquoi n'abandorane t'on pas les „ libelliftes au bras de la juftice ? Nous ne ferons pas toujours ces queftions, la lu,, miere (e répaiid; les cabinets, les cacbots „ inêrae s'éclairent, eu plutöt ils fe com„ blent déja: Vincennes n'entend plus les „ gémifleunens des malheureux, la Baftilleen „ entend peu, & bier.iö:, j'ófe 1'efpérer.fes 5, portes feront entiérenunc ouvertes. Alors m les Arétins coupables d'avoir t>utragé les ,, perfonnes que révere la nation , feroric „ trainés & écrafés aux pieds des tribunaux. „ Les écrivains philofophes y feront abfous.! „ La hardieffe dans les principes ne fera plus „ un crime, ou plutót rien ne paroitra har„ di, parceque tout fera également éclairé, „ & les ténebres feules redout,ent la lumiere. „ Cet heureux tems n'eft pas encore arrivé; „ je 1'ai éprouvé; j'ai moi-même été vielime „ d'un refte de préjugé qui tourmente enTome VI. Part. 2. Hh  482 Nouv. BiBLfOTH» Belgiqub. „ core les philofophes. II y 3 vingt ans, „ il eft vrai,coupable d'un parei! crime, j'euüe », payé de dix ans de prifon Ia iiberté de mes », principes Puiiïe la prédrécion de M B. de W.... fe vérifier i Ia gloire du Minittre qui tirera ainfi une ligne de démarcation entre les hommes de Iettres è qui 1'honneur eft cher, & ces écrivains qui font a Ia fois la honte de Ia littérature & celle de la fociété, dont on peut les retrancher fans réclamation! les cachots deftinés au vol & au meurtre doivent être ouverts a la calomnie plus odieufe & plus nuifible que 1'un & 1'autre. Quel eft I'homme honnête qui ne cherchera pas i fe mettre a 1'abri du foupcon même, lorfqu'il faura què Topprobre & I'ignominie font attachés non pas feulement au crime réel mais même a celui de convention, a rinfraftion de Ia loi. La crainte d'une. injuftice , celle d'une rigueur exceffive mais qui ne répand pas 1'ppprobre, n'arrêteront jamais les effets de la paffion, I'efFervefcence d'une imagination exaltée, les crls audacfeux du philofophe i qui Ie rang n'en impofe point: elles n'opofent qu'une foible dièue è I'aridité des écrivains mercenaires; fouvent au contraire elles 1'excitent & lui fervent de prétexte: Les uns * les autres feront réduits au fllence, fileur fort  AvRir,, Mai, Juin, 1784. 483 fort eft confié a la balance de Thémis; ceux ci redouteront un jufte fupplice auquel riea ne pourra les fouftraire, tel que foit Ie pays oü ils doivent éprouver Ia févérité des loix : les autres ne s'écarteront jamais des limites de Ia prudence, au deli defquelles tout écart pourroit prendre les couleurs du crime. Leiretour de 1'Abbé Rayal dans fa patrie a un peu efFarouché les in tolérans, C'eft M. le Bailly de Suffren qui, i la follicijation d'un neveu de 1'écrivain philofepbe, qui fervoit fur fon efcadre, a obtenu pour lui cette grace. II va fe rendre en Rouergue oü il eft né : il ne peut pas s'en écarter de plus de 20 lieues. On fait qu'il eft aétuellement 4 Mont. pellier pour y rétablir fa fanté, On imaginoit que Ie Meurfius & les autres obfcenités du tems paffé n'&«= voient plus rien laiffé a dire fur ces fales matieres, Voila pourtant depuis quelques mois une quantité de produétions de cette efpèce font venues faire rougir ceux même qui fe croyolent le plus aguerris dans la carrière du vice. J'en ai une nouvelle a vous apnoncer aujourd'hui. Elle eft intitu- lée M : les excès de la débauche la plus effrenée y font peints fans aucune gaze: ce fruit des. égaremens d'une imagi, Hh 2 «atio!?  484 NOUV. BlBLIOTH. BELGIQUBi nation vive & trés luxurieufe 1'emporté encore fur le cynifme des ouvrages du même genre qui 1'on précédé. La police fait la recherche la plus févere du petit nombre d'exempaires qui font répandus dans le public. On attribue ce Manuel de l'Aretin, au jeure Comte de Mirabeau, qui vient de perdre au Confeil fon procés avec fa femme ( Mlle. de Mari&nane) qu'il vouloit forcer de venir habiter avec lui. Le Parlement d'Aix fa patrie avoit d'abord rejetté fa demande. Cet écrivain hardi, que fon mémoire dans cette affaire & plus particulierement fon ouvrage des Lettres de Cacbet, ont rendu célèbre, eft paffé en Angleterre. Nos fociétés font fort ftériles en nouvelles littéraires. La faifon difperfe tout le monde dans les campagnes; le Manage de Figaro, fur le théatre frangois, Fanfan rjf Colas aux Italiens, & Ie début de Mlle. Do20» a 1'Opéra, continuent feulement è faire 1'entretien général. M. de Beaumarchais 3 obtenu fans peine des Comédiens que le produit total de la cinquantieme repréfentation de fa piece fut diftribué aux pauvres: cette générofité de part & d'autre eft bien louable fans être fort dangereufe pour les conféquences. En 1773, deux auteurs célébrerent au Théa.  Avril, Mai, Juin, 1784. 485 Théatre francois la centenaire de Molière. Le r. dn mois prochain étant 1'épóque féculaire de la mort de Corneille, quatre coi currens ont préfenté aux comédiens quatre pieces pour célébrer cet événement. Ceuxci flattés d'être les juge? fuprêmes du m 'rite de ces produétions, & n'oubiiant point «qu'ils doivent fe ménager fur 1'étude des nouveautés, en ont choifi une feule pour Ia répréfentation &' ont rejetté les trois autres. Lï~ piece élue eft, dit-on, d'un jeune homme qui fort du college. Qjelques perfonnes fuppofent qu'elle fe trouvera ê:re d'un auteur fameux qui eft brouillé avec les Comédi'tns ót s'eft déja fait un plaifir de les tromper eux & les critiques fes confrères parun nom fuppofé C'eft M. de la Harpe L'occafjon de fa querelle avec les Comédiens eft peu connue , la voici; i! eft d'ufage que pendant Ia derniere femaine du carêroe & pendant celle de Ia rentrée, les auteurs des pieces nouvelles ne jouiffent pas de leur part d'auteur. M. de la Harpe informé de cet'ufage exigea que 1'on jouat fon Coriolan dans' ces deux femaines trés lucratives, déc'arant qu'il fe conformeroit, quant a fes intéréts aux loix & réglemens. Enfuite 1'ufage en queftion ne fe trouvant appuyé fur aucune loi bien précife, il demanda fa rétribution Hh 3 aux  48c5 Nouv. Bibliotr. Belgique. aux Comédiens, &ies mena?adeles faire aiïïgner. Plutót que de plaider, ils payerent, mais 'isarrêterent entre eux de ne plusjouer les pieces de,M. de la Harpe. On voit par cette anecdote combien il étoit eflentiel pour 1'académicien de bien cacher fon nom dans la circonftance aétuelle. Le Cachet du grand homme peut bien né pas frapper des yeuxprévenus. Ce qui femble furtout ledécelerdansla nouvelle centenaire, c'efl qu'il s'y trouve une fcene entre Ctrneille & r»ltake au fujet du commentaire, fcene délicate qu'un écolier peut è peine avoir imaginée & que Ie fauteuil acadénrique a pu feul" mettre I'auteur en état de bien rendre. Quoiqu'il en foit, Ie Public auroit déGré qu'on eüt joué les quatre ouvrages admis au concours au fujet de ia centenaire de Corneille. On en ufa ainfi en 17 73 pour Molière, & le Public jugea. II paruc même favoirgrë aux Comédiens de lui avoir laiffé ce plaifir & du zele qu'ils montrercnt en jouant deux pieces fur le même fujet. Les heureux Genevois ne fentent pas encore leur bonheur. Les auteurs de la derniererévolution & ceux qui 1'ont aidée font toujours déteftés. Le nommé Ifaac Cornuaud, diftingUé entre ces derniers , vient de fubir un cbatiment qui, pour attefter 1'im. puilTance do parti qui 1'a infligé, n'a pas du lui  Avrili Mai, Juin, 1784. 487 lui être moins feufible "que s'il eüt été prononcé par les organes des loix. V eft bon de Ie publier pour 1'inftrücclon des Cornuauds préfens & avenir. La peine de m^rt venoit d'être prononcée contre des voleurs, öt en conféquence on avoit dreffé une potence, la veille du jour de I'exécution , dans une place oü fe font ces judicieufes correftions. Le lendemain on y trouva bien & duemert attaché le portrait d'Ifaac Cornuaud, ayant entre fes mains les préfens corrupteurs, prix de fa conduite, avec ces mots: Ifaac Cornuaud traitre a fa patrit; le tout peint, comme on voit, de main de maitre. Le Sanhedrin Genevöis, averti de 1'ufage économique qu'on avoit fait de fa potence ordonna auffitót a fes huifliers, d'aller dépendre Ie portrait d'Ifaac Cornuaud. Les huifliers de Gtneve font gens d'honneurj ils afllftent bien è I'exécution d'un pendu, mais ils n'ont garde de toucher la potence, fallut il en óter un innocent. Ils ont refufé avec fermeté d'obéir; il ne s'eft trouvé que Ie bourreau pour dépendre 1'efBgie • Cornuaud, & Ia porter a 1'hotel de ville aux pieds de fes maitres aétuels. Une foule de gens de tout état, étoit accourue pour juger des talens du peintre, & comme le chemin depuis le Hh 4 lieu  488 Nouv. Bjblioth. Belgiqjtje. l'eu oü Ie fon: les exécutions j'ufqu'a 1'hotel de ville, eft fort Jong, les Mouches du Gouvernement (qui en eft richemeru fourni)ont eu le loifir d'examiner I'efFet de cette vengeance fur I'efprit de fes nonjbreux témoins. On croit que dorénavant les potences ne feront pasninfl laifféesala difcrétion des mécontens. Le Comte de MiHy, de 1'académie des fciences, Chymifte célebre, eft mort a Cbaillot, d.manche dernier. C'étoit un homme de beaucoup d'efprit, trés aimable, trés favant, maïs d'un caradlere indéfiniflable. Pvrrhomen dan» toute la force du terme, il croyoit cependant i la médecine univerfelle, & s'occupoit depuis longtems de cette recherche. i avoit fervi en Allemagne & s.étoit battu plufieurs fois avec des Officiers Hongrois au fujet de 1'abfurde croyance des Vampire,; ma.» ,1 ne révoquoit en doute aucune des prétendues merveilles attribuées i plultl fameux adeptes comme Ie Comte de c 'T Jlro & Ie Comte de S. Germain, avec ,efq2s i étoit en rélation. A la mort dece dernier défefpérolt jpa, de le voir reflufciter ; il affuro.t d un grand férieux qu'il avoit affi. fté a fon enterrement, il y avoit une trentame d années. Lui même n'étoit pas trop ,-I°cro^U ^ deVOit mourir> °u du «"in. ae"s P°UV01r Vivre encore <« fiecle'ou Ma-  Avril, Mai, Juin, 1784. 489 Madame Adelaide vient de donner une nouveile preuve de ce caraétere de bonté qui eft propre a 1'augufte familie è laquelle la France doit fon bonheur. Cstte princeffe' fe trcuvant, il y a quelques jours, avecM'dame ViBoire. a la terre de la Dt-chefle de Na'bonne fa Dame d'honneur, elle parut defirer de voir dan fer les payfannes du canton. Les ordres ayant été donnés, i* allégrefTe bril/a bientót de toutes parti; les vil-' lageoifes poudrées & enrubannées fc rafTem/ bierent avec les jeunes gens au lieu défiené" pour Ie bal champêtre . Mais on avoit oublié l'efftntiel. Au moment d'ouvrir la dan. fe, il ne fe trouve pas un feul ménêtrier" Ce contretems défole la Ducheffe de Narbonne, lorfqae Madame Adelaide dit en riant: ' Qu'on me donne un violon , j'en ai joué autrefois fc? je m'en fouviendrai peut étreajjez pour faire danfer ces bonnes filles. On apporte' 1'ir.ftrumenr; la Princeffe fe met a joutr des contredanfes & même afTez longterm. On peut juger de Ia furprife, de 1'admiration & ' de l'attendriffement des fpeöateurs. II eft rare de voir une grande Princeffe , la fiile & Ia rante d'un Roi, daigner faire danfer des pay. fans. ' Le Public attend avec impatience les détaiis 1 du dernier voyage aërien des freres Robert. H h 5 On  490 Nouv. Biblioth. Belöique. On fait qu'ils ontfait 50 lieues en 6 heures, mais toujours en s'abandonnant i la direélion du vent. L'opinion du bon Etitnnt Monu gelfitr fe juftifie tous les jours. II a dit, dés les premiers momens de la découverte qu'il jegardoit comme infiniment difficile tout projet de direélion contraire a celle du vent, avec une machine dont le volume ezcéieroit toujours de beaucoup les forces reftftantes «jue 1'on pourroit y adapter, tandis que 1'envergeure des ailes de Poifeau qui vole leplus mal, eft conftamment d'une étendue au moins quadruple de celle du corps qu'il meut en l'air. On s'attend bien que nos aëronautes nous diront qu'ils ont lutté contre le vent & quelquefois avec fuccès; mais nes critt, ques & ros plaifans ont déja fait a leur fujet nne variation fur le proverbe qui dit; A leau mmtir qui vient de kin, & ils difent, A beau mentir qui vient de haut. On n'a aucune nouvelle'de M. Blanchart ni de fon voyage projetté par delfts la mer & au dela du pas de Calais. M. Mefmer a fuccédé a M M Mielan & Janinet au défagréable emploi de faire rire le public a fes dépens. II paroit une eftampe oü Ie Doéleur eft repréfenté voulant magnetifer le Diable, mals celui ci s'empare de Mefmtr & 1'emporte. A droite, le Doéleur De/Ion  Avril, Mai, Juin, 1784. 491 Dejlon recoit des croquignoles de plufieurs démons: du cóté oppofé, d'autres diables s'amufent a donner des camouflets au Pere Hervier, Auguftin qui a écrit pour foutenir la doftrine du Magnétifme. Les fpeftateurs furieus d'avoir été la dupe de ces Charlatans, boulev rlent le baquet, les infirumens de Mefmer & tacbent de reprendre i'argent qui tombe de fes poches. La Dlle. Beauvoiftn, 1'une de nos élégantes étant morte depuis peu, a laiffé entr'autres biens , une trés jolie maifon de campagne auprès de Belkvue. Le jardin aisglois de cet te maifon qui eft a vendre, attire beaucoup de curieux. La femaine pafTée, Mad Th, y eft allée avec fa compagnie, & M. de S. J. 1'un des entreteneurs de la maifon & des jardins. Elle n'a pas manqué de dilferter avec toute 1'amertume convenable a une femme honnête en cette occafion, fur la fottife & Pextravagance de ceux qui avoient cóntribué a de telles dépenfes. Chacun rioit tout bas excep. té le coupable, & ce n'eft qu'après une affés longue & facheufe converfation fur ce fujet que 1'on avertit charitablement Mad. Th. de, la peine qu'elle faifoit a M. de S. J, Les Nouvellifies en tout genre n'ont jamais éprouvé une ftérilité pareille è celle qui regne  49* nouv. BlBLïOTH. B£LGI<£;e. regne en ce moment. • La politique, Ia lit térature, les anecdotes particulieres, toul dort: la Cour & la Capitale, dans cette détreffe, s'occupent avec avidité d'une nouvelle d'hifloire naturelle qu'on a recue de Madrid, & dont le détail eft extrêmement cu- rjeux. Le voici. Des chaffeurs efpa- gnols au Chily ont découvert un animal ainphibie qu'ils ont réuffi a prendre avec des filets & qu'ils confervent en vie. Ils lui ont donné le nom de Harpte. La repréfentation ^e la figure de cet animal a été envoyée a la Cour de Madrid, d'oü en 1'a fait paffer en Trance, & eile commencea circuler dans le .public. La Figure de ce monftre reffemble en quelque forte a celle du Sphinx, en ce que je train de derrière eft horifontal fur la terre & le train de dtvant eft debout. Sa hauteur depuis le ventre jufqu'a 1'extrémité de la tête eft de quinze pieds, & fa longueur depuis deux efpeces He pattes d'oye qui foutienne»t le devant, jufqu'a l'extrêmité der queues, eft de vingt-deux pieds. La partie fupérieure eft couverte d'un poil rude & la forme du corps reffemble a celle de 1'bomme. Du tronc s'éleve une tête fort extraordinaire, couverte d'une criniere qui pend des deux cötés. La tête au premier afpeéh offre Ia reflemblance d'un lion, mais comme la face eft  Avrïl, Mai, Jüjn, 1784. 47$ eft entierementapplatie, on y reconnoitbientót celle d'un finge. Une gueule extrémement ouverte & avancée lui donne un air de voracité qui eft effray?nt. Des deux cótés de la tête s'élevent a une certaine hauteur deux grandes oreilles pointues & velues comme celles d"un ane. Au deffus de ces oreilles font deux cornes tortues, comme celles da taureau. £t au dos de cet animal, vers lahauteur ordinaire des épaules, font placées deux ailes trts fortes, qui ont au lieu de plumes des membranes pareiiles a celles des ailes de Chauvefouris. Toute cetre partie fupérieure de 1'animal eft foutenue par les deux pattes d'oye placées un peu en avant du milieu du corps. La partie inférieure resfemble a celle du Porc, excepté qu'elle eft couverte degroffes écailles. A deux pieds environ des pattes eft placée une feule nageoire qui s'agite véritaolement dans leao. & qui fur terre augmente la rapidité de la marche de 1'animal, de concert avec les ailes dont il fait ufage lorfqu'il pourfuit fa proie.' La partie inférieure fe termine en deux queues, dont 1'une ayant des articulationo jufqu'a l'extrêmité peut envelopper la proie de 1'animal, & l'autre finit par un dard trés pointu avec lequel, dit on , il la perce. On peut juger par cette defcription combien  494 NOUV. BlBLIOTH. BfiLGIQUfi. bien un tel animal eft vorace; Ja rélation ajoute qu'il fe nourriiloit également de poifTons fur la mer & de bufHes fur ia terre. Elle ajoute que les chaffeurs ont eu beaucoup de peine a le prendre en vie avec de grands filets. II a montré d'abord beaucoup de fé. rocité. mais après qu'on lui a donné de Ia nourriture , il eft devenu fort doux. II lui faut beaucoup d'alimens, & on le nourrit alternativement avec du poiffon & de Ia viande. Quoique nous n'ayons aucune raifn dedouter de Tes dimer.fions, telles qu'on les a envoyées de Madrid, ilya lieu de penfer que cette defcriptiun aura befcin d'être reclifiée lors qUe les naturaliftes l'auront examiné. S. M Cathoüque a donné des Ordres pour que cet animal vivant foit amené avec précaution en Efpagne. C'eft la que les Naturalift.es de tous les pays iront le voir, & c'eft d'après cet examen qu'on pourra fixer fon opinion fur fon efpèce, fon genre & fes mceurs. En attendant on ne parle que du monftre a Perfailles & a Paris. Le public de rOpéra(car chaque fpeétacle a le iien) a déja reconnu les bons effets de 1'école dramatique établie pour former les acteurs aucbant&a la déclamation. La Dlle D'Ofon jeune débutante, a eu un fuccéspro. digieux  Avril, Mai, Juin, 1784. 495 digieux par fon chant, fa déclamation & par la netteté ie fa prononclation. Ce dernier mérite étoit fort rare a 1'Opéra, & 1'on reprochoitavec juftice a la célebre Mad. S. Hu