G U I D E N O U V E LX E DESCRIPTION D E LA H A Y E ET DE SES ENVIRONS. A L A HAT Ë, Chez la Société des Libra'rès^T-'   A VERT1 S S EME NT. On croit rendrc fervice au Public , & furtout aux Etrangers qui voyagent cn Holiande, en publiant eet Ouvrage. Jufqu'a ce moment il n'y a point: eu de Defcription de La Haye cn Francois. II en cft parié, a la véritc, dans diverfes relations de la Province de Holiande, qui ont paru depuis im demi-fiecle; mais cc que les Auteurs de ces. relations difent de La Haye eft toujours fort fuperficiel & fouvent trés peu exaci. En 1730 Mr. Jacob de Riemer a pubiié en Hollandois une Defcription de La Haye, trois volumes inFol, dont on a fait enfuite dés Abréges dans la même langue. On auroit tort de croire qu'on ne donne ici qu'un extrait du grand Ouvrage, ou une fimple traduftion de ces Abrégés. Ils ont été trés utiles a la compofition de la Nouvelle De scription: mais depuis qua* 2 rante  iv AVERTISSEMENT. rante ans La Haye a fi fort changé de face, qu'on a eu a décrire quantité de chofes qui ncl'avoient jamais été auparavant. En parlant des Appartemcns oii les Colleges du Gouvernement s'asfemblent, on a cru que bcaucoup d'Etrangers feroient bien aife qu'on leur donnaten mêmetemps une idee générale de la conftitution de ces Colleges, de leurs fon&ions & de celles de leurs principaux Miniftres. Ce n'eft pas 1'élégance du Style que 1'on cherchera dans un ouvrage de la nature de celui - ci. Un Francois né auroitpu le rendre pluspur, mais du moins on fe flatte qu'on y trouveral'effentiel, ordre, clarté, exaftitude. TABLE  T A B L E DES CHAP1TRES. CHAPITRE I. page i. Situation de La Haye. Avenues. Di vifion en Qudriiets. Etendue 6? population. Etat aStuel. Salubrité de Vair. Agrémens de Jonféjour. CHAPITRE II. pag. 6. Hiftoire de La Haye. Origine. Fondateur Accroiffemens. San droit au titre de Ville. Défafires qu'elle aejfuyés. Sujets de crainte. Aceroisfemens fuccejjifs. CHAPITRE III. page. 26. Eglifes ou Temples. Tolérance en Holiande. Eglife Principale. Eglife du Cloitre. Eglifl Neuve. EgUJe Wallonne ou Francoife. EgUJe Angloife. Eglife des Remontrans ou Ar* g 'miniens.  vi TABLE des CHAPITRES. miniem Eglife Luihérienne. EeliJes Catholiques Romaines. Synaeogues des Juifs. s CHAPITRE IV. pag. 69. Maifons de Charité £f Fondations p'euJes Mai/on de la Diaconie Hollandoife. Mai/on de la Diaconie Fran. foije. Diacoiües des autres, Commu111 ons. Maifons des Orphelins. Fondatipn de la Dame de Renfwoude HJpital de St. Nicolas. Hópital des' Lépreux. Maifon pour des Vieillards. Maifon des Fous. Hofjes. Maifon du St. Efprit. Maifon de Nieuwkoop. Autres Fondations de la mime efpece. CHAPITRE V. pag, i0<5. Du Qjiartier nommè la Cour. Ancien Chdteau. Etat aiïuel de la Cour La Grande Salie. Chambres de la Soc-:été. Chambre des comptes de la Frovjnce. Appartemens des Cours Se jujtice, de la Cour de Holiande Cf du Haut ■ Confeil. Appartemens des Colleges de laGénéralüé, del'Asfemblée  TABLE des CHAPITRES. viï femblée des Etats Gênéraux, duConfeil d'Etat, de la Chambre des Comptes de la Généralité, de la Cour Féodale de Brabant. Appartemens des Colleges de la Province de Holiande, de l'AIJemhlée des. Etats, du College des Confeillers-Dèputés, de la Chambre des Finances. Qjiart'er Stadhoudérien. Imprimerie dsVEtat. Prévot. Comptoir de Holiande. Chambre des Monnoyes. Tréforerie du Prince. CHAPITRE VI. pag. 180. Magiftraiure de La Haye. Hotel de Ville. CHAPITRE VIL pag. 194. Edifices Publics. Vieux Doele. Nou. veau Doele. Fonderie de VEtat. Magazin de Munitions. Maifon de CorreStion. Lombard. Marchés &f Halles. Ecoles pouf les Pauvres. Théatres. 4 CHA-  vnr TABLE des CHAPITRES. CHAPITRE VIII. pag. 214. Du Palais nommé la Vieille Cour, Hotel du Prime Maurice. Logemens des Villes de VAmirauté d'Amfterdam C3 decelle de la Meufe, de la Compagnie des Indes Orientales. Hotels de trance, d'E/pagne ö> de Portugal. Mimjtres etrangers. CHAPITRE IX. pag. 231. De laMilice Bourgeoife. Conftitution. Prérogatives. Exercices. Les Mais. Service. Gamifon. Régimens. Parade. Corps de Garde. CHAPITRE X. pag. 239. Du Commerce. Fabrique de Porcelaine Sciences. Ecole Latine. ProfeJJeurs'. Théatre Anatomique. Confrairi'e des Apothicaires. Lefteurs publics Beaux Arts. Confrairie de Peinturei Société de Poèjie. Savans nés d la Ha\e. CHA-  TABLE des CHAPITRES. is CHAPITRE XI pag. 252. Mufceum du Prince Stadhouder. Biblio'theque. Cabinet d'Hiftoire Naturelle. Cabinet de Médailles £? d'Antiques. Galerie des Tableaux. Cabinets chez des particuliers. Auteurs vivans. Artiftes. Peintres. Graveurs. CHAPITRE XII. pag. 270. Places, Promenades 6f Autres beaux Quartiers dans la Ville. CHAPITRE XIII. pag. 300. Des Environs de la Haye. Chemin de Schevelinge. Village'de Schevelinge. Chemin de Waffenaer. Village de WaJJenaer. Le Bois. La Maifon du Bois ou Salie d'Orange. Chem.n de Leyde. Chemin au Suddu Bois. Allée Indienne. Chdteau de Werve. Petit-Loo. Vieux Loo. Canal de Delft. Village de Voorburg. Chemin de Delft. Village de RyfwyL Chdteau de Ryfwyk. Chdteau de Sion. Chemin de Loosduynen. Eikenduynen*  x TABLE des CHAPITRES. ™lag* de Loosduynen. Chdteau ae Honslaerdyk. CHAPITRE XIV. pag. 33r. Avis utües aux Etrangers. Autorees gaffes. CaroJJes de louage. Maneges 8'Jhevaux de louage. Chariotde Pofte pour Amfterdam. Barque de mSli B,ariueJe Leyde. Barques marchandes. Départ 6? Arrivée des NOUVELLE   Tap: 1. PLACES, MARCHÉS, RÜES, &c> A Quartier du Vivier ou Fyverberg. B La Place. C Le Kneuterdyk. D Le Grand Voorhout. E Le Chanip des Tournois, ou Teurnooy - veld, F Le Petitou Nouveau Foorhout. G Le Plein ou Place de la Parade. H Le Binnen-Hof. I Le Buyten-Hof. K Le Noord- Einde. L Le Hoogftraet. M Le Veeneflraet. N Le Spuyftraet. 0 Le Lange Poot en., P Le Korte Pooten. Q Le Heeregragt. R Le Fluweele-Burgwal. S Le Nieuwe-Haven. T Le Spuy. U Le Bierkaay. V Le Veerkaay. X Le Waagejtraat: Y Le Weft-Einde. Z Le Princegragt. a Le Grand Marché. b Le Boekhorftftraet. c Le Marché au Bétail. d Le Chemin de Delft. e Le Chemin de Loosduynen, f Le Chemin de Schevelinge. g Le Chemin de Wasfenaer. h Le Chemin du Bois ou de Leyde. 1 Le Chemin au Sud du Bois. k La Place des Exercices. 1 Le Pare ou Koekamp. E X P L I C A T I O N. $ D I F I C E S. 1 "P*glife Principale. 2 E;;lifë du Cioitre. 3 Eglife Neuve. 4 Eglife Franeoifa» 5 Egüfe Angloife. 6 Eglife Arminienne. 7 Eglife Luthérienne. 8 Eglife du Curé de La Haye. 9 Eglife des fanfénifles. IQ F.glife des Carmes. 11 Synagogue des Juifs Portugais. 12 Synagogue des Juifs Allemands. 13 Maifon de la Diaconie Hollandoife, 14 rvfaifon de la Diaconie Fran90ife. Ï5 Maifon des Orphelins Lutheriens. iö Maifom des Orphelins Catholiques. 17 Maifon des Orphelins Reformés. 18 Hopital de St. Njcolas. 19 Hopital des Lépreux. 20 Maifon pour des Viellards. Si Maifon des Foux. 22 Hofie ou Maifon du St. Efprit. 23 Hofje ou Maifon de Nieuwkoop, 24 La Cour. 25 Hötel de VÜIe. 26 Vieux Doele. 27 Nouveau Doele. 28 Fonderie de 1'Etat. 29 Magazin de Munitions. 30 Maifon de correclion^ 31 Halle aux bleds. 32 Halle au beurre. 33 Poiflbnnerie. 34 Boucherie. 35 Théatre Hollandois. 36 Théatre Francois. 37 Palais de la Vielle Cour. 38 Hótel du Prince Maurlce* 39 Logement d'Amfterdam. 40 Logement de Rotterdam. 41 Logement de Haerlem. 42 Logement de Dordrecht. 43 Logement de Leyde. 44 Logement de Gouda. 45 Logement des cinq Villes. 46 Logement d'Alkmaar & Enkhnyfen, 47 Logement de Gorcum &c. 48 Logement de lAmirauté de Ia Meufe. 49 Logement de 1'Amirauté d'Amuerdaffl. 50 Logement de la Compagnie des Indes Or. 51 Hötel de France. 52 Hötel d'Efpagne* » 53 Hótel de Portugal. 54 Ecole Latine. 55 Théatre Anatomique. 5ö Mufaeum du Prince Stadhouder. 57 La Grande Société. 58 La Petite Société. 59 Bureau Général des Poftes.  NOUVELLE DESCRIPTION DE LA HAYE ET DE SES ENVÏRONS. CHAPITRE I. Situation de la Haye fcf fon état aiïuel. Lacontrée, danslaquellèLAHAYEefL ficuée, peut pasier faris contredit pour 1'une des plus agréables de toute Ia Holiande méridionale. Lavilleeftdiftantede troislieues de Leyde, d'unpeu plus de Rotterdam, d'une lieue & demie de Delft, d'une lieue du village de Loosduynen, & d'une demi-lieue de celui de Schevelingue. Elle a, au Levant, le magnifique bois , dont il fera parlé dans Ia iuite; au Midi, de valles & fitnes paturages; au Couchant, des terres laboufables & des vergers déiicieux ; au SepA teatrion, ïituatün.  Avenues. Divifion enQitar- , Siers. i f < ] 2 Description de la Haye tentrion , d'agréables prairies terminées par une chaine de dunes, qui la mettent a couvert des vapeurs malignes qui s'éIcvent de la Mer, dans certaincs faifons ue 1 année. Les avenues de La Have font trés agréables en elles-mêmes, & préfentent de toutes parts des vues charmantes. Ce lont quatre grands chemins, tous pavés debnques, plantés d'arbres, & bordés de prairies, de jardins & de campagnes. Ce qui mérite d'être remarqué , c'eft que, dans les temsde fécherefTe, la Police a fom que ces chemins foient arrofés pour la commodité des paffagers II eft encore a obferver que celui qui conduit de Delft a la Haye eft accompagné i'un canal, defoite qu'on en peut faire te trajet par terra ou par eau , a fon :noix. Les voyageurs qui arrivent a La Haye )euvent d'abord s'orienter. Ceux qui y iiC\mf^ de Detft, par conféquent du >ud-hit, n'ont qu'a traverfer ]a ville en Iroite ligne pour arriver au chemin de schevelmgue, par conféquent au NordJueft. Ceux qui y arrivent par terre le Leyde, oudu Nord-Oueft, n'ont qu'a a traverfer également en ligne droite, £ ïls parviendront au cheirjin de Loosduynen,  Chap. I. Situation. 3 duynen, par conféquent au Sud-Öueft, Ces deux lignes droites partagent ainll La Haye en quatve Quartiers quenous nommerons Qiiartier Septentrional, Quartier Oriental, Qjiartier Méridional, & Qjiartier Occidental, trés aifés a reconnoftre & k dïftinguer fur le plan qui fe trouve a la tête de eet ouvrage. A 1'aide de cette divifion, les Etrangers auront la facilité de trouver, fans le fecours d'un guide, les rues, les places, les édifïces qui feront décrits dans les Chapitres fuivans. Le terrein fur lequel La Haye eft aflïfe, & qui forme un quarré irrégulier, a une étendue, a ce qu'on prétend, de 227 arpens. Le nornbre de fes maifons eft au moins de 6300, & celui de fes habitans environ de 41000 , y compris les troupes de la garnifon. La Haye eft donc une ville de moyenne grandeur, fans murs, fans portes, fans 1 remparts; elle eft cependant entourée d'un foflé, qui neft pas partout d'une égale largeur. Elle a au Sud-Oueft une efpecc de port, oh fe tiennent les bateaux, chargés des approvifionnemens dont elle a bélbin. Son terrein eft partout uni&égal. Plufieurs de fes quartiers font coupés par des canaux plus ou moins A 2 -larges. Etendue Èf Popu'ation. Etat acuel.  Sa'ïibrité de Vair. Agrimens de fonjéjour. 4 De<&'ription riE la Haye largcs, & les quais plantos d'arbres cfe part & d'autre. Les rues font généralement droites & bien percées, quelques uncs des plus anciennes font moins larges & vont en ferpentant. Les rues, les quais & le pavé font bien entrctenus. Les maifons font baties de briques & ornées de vitres a 1'Angloife; il y cn a un grand nornbre, dont les fagades en pierrede taille ornent de grandes places, plantées de longues allées de tillculs; ce qui formc au milieu de la ville des promenades auffi magnifiques qu'agréables. L'air de La Haye eft pur & falubre, m'algtë la proximité de la Mer. La crue des eaux n'y caufe jamais d'inondation, inconvénient qui afflige de tems cn tems d'autres places de la Province. Ce qui eft trés commode, c'eff quel'on peut cntrer dans la Ville & en fortir a toute heurc du jour & de la nuit. On y jouit d'une entiere liberté & chacun peut y vivrea famanière, fans que pcrfonne y trouve a redire. A tous ces avantagcs La Haye joint celui d'ètre non feulement la réfidence du Prince Stadhouder & de fa brillante Cour, des principaux Colleges de la Province & de tout 1'Etat, amfi que celle des Miniftres des PuiiTancqs étrangeres, mais auffi le centre d'oii let  Chap. L - Sitiiatiojii é&CI 5 les Etats; Généraux; CKerccuq kjs droits de 1'indêpendance & de la Souveraineté de la République. 'Ennn 1'air' d'urbanité, depolitelTe, d'hönnêteté. qu'öfl y refpire, le ton de bortni compagnie qui y règne, & les agréinens de to.ute ?fpecf qu'on y trouve, lui donncnt .une ibrte de préférence fur toutes les autres villes de la République, & rendent La Haye a 1'égard des Provinces - Unies, ce que Bruxdies eft par. rapport aux Pays-Bas Autriciiiens. 11 n'eit. pas étonnant, après tout cela, que nornbre de riches rentiers de toucPays &,de toute Religion, vienlient fixerleur fejoura La Haye, & que tant de Voyageurs .aiment a sïy arrêter, Cette circonftance contribue a faire fleurirLA Haye, mais en méme tems 'elle fait renchcrir les vivres & y nourrit le luxe. Ce luxe y eltdéja monté a un tres haut point, & fe manifefte principalement. par lafomptuQfité.des équipages, la richeflé de 1'habillement & la délicatcffe, de la table. A 3 CHA-  (S Dêscription de la Haye Prigine. ; { t < \ t ( j CHAPITRE. II. Hiftoire de la Haye. L'origine de La Haye Cnommée en Hollandois 's Graven-Haage, c'eft a dire la Haye des Comtes remonte jusqu'au treizième fiècle. Avant ce tems les Comtes de Holiande refiderent tantót h Haerlem, tantót a Leyde, tantót h Delft, & tantót a 's Gravefande, bourg fitué pres de la Mer, vers le coin ou cap de Holiande [Hoek van Holland]. Les Comtes ne féjournoient dans ces différens lieux que par intervallcs, ne s'y rendant que pour régler des affaires qui exigeoient leur préfence & principalement pour rendre la juftice è leurs filets. Ces Princes aimoient la chaffe. Ils ivoientcoutume de prendre ce divertisement dans le quartier ou La Haye :ft fituée, & qui alors étoit rempli de jrouffailles ócdebofquets, faifaht partie lu bois qui exifte encore k 1'orient de la /ïlle. On fait par tradition qu'a 1'endroit >□ eft aujourdhui la Place, proprement ïnfi nommée, il y avoit un batiment, lans lequel les attirails de chaffe apparenans aux Comtes étoient gardés. 11 y avoie  Chap. II. Hifloire, 7 avoit auffi k cent pas de Ik, vers Ie Nord, une hötellerie 011 les voyageurs fe repofoient cc prenoient des rafraichiffemens; elle avoit pour enfeigne le Cigne. Cette maifon a été démolie il y a environ cent ans, & fon fond occupé par deux autres, Le fondateur de La Haye eft, fans eontredit, Guillaüme Second, quinzième, ou fuivant quelques Hiftoriens, dix-huitième Comte de Holiande; le même qui fut ély Roi des Romains a 1'age de vingt ans. II pofa en MCCL les premiers fondemens du palais qui fubfifte encore, avec la grande falie qui eft d'une étendue& d'une élévation extra ordinaire. Mais cinq ans après, ce Prince, ayant été obligé de faire la Guerre aux Frifons, y perdit la vie. Florent V., fon fils unique & fon fucceffeur, étant en bas age a la mort de fon pere, fes tuteurs firentcontinuer 1'ouvrage. Quand le palais fut achevé, le Prince parvenu 3 la majorité, déclara vouloir y fixer fa réfldence. Dès - lors les perfonnes qui compofoient fa Cour , & les Officiers Civils commencerent k batir des maifons dans le voifinage. Leur exemple fut fuivi par des artifans & des marchands qui leverent des boutiques. Le Prince fit entourer d'eau fon pa]ais, A 4 & Fond iéur  jfccroisJtmens. 3 Description de la Haye &: conftruire dans 1'enceinte divers autres batnnens. II eft auffi apparent que c'eft alors qu on commenca a creuïer le beau vivier qui eft au Nord , & dont 1'eau communiqué avee cellc dont le palais & les edinces qui y appartiennent font entoures . ce qui probablement lui a fait donner le nom de Haage ou Haye, qu'on donnoitaurrefofs a toute demeure fermée d une cloifon, d'une haye ou d'un foffé. 1370 le Duc Albert de Baviere, Comte de Holiande, accorda divers privileges a ceux qui y avoient déja des CtabhiTemens, de même qu'a ceux qui aans la luitc defii-erqfent y fixer Icir demeure; pareet encouragement le nornbre des maifons s'augmenta en peu de temps les unes batics par des Seigneurs attachés a la Cour du Souvcrain les autres par des marchands & des artifans. Cesi accrojffemens furent continuels & rapides, enlorte qu'au commenccmënt du quinzicmc fiècle La Haye fut déia comptee au nornbre des Villes Dans le tfléitiê fiècle les Souverains y étabiirent le Tnbunal, connu fous le nom de Uur- de Holiande, ainfi que la Chambre des Comptes de la Province. II exifte ausfi diverfes' Réfolutions des Etats de Ia Me Province du feizicme fiècle, quj attes-  Chap. II. Hifioire. 9 atteftent que La Haye a été plus d'une ibis invitée a envoyer des Députés aux aflcmblées de ces mêmes Etats. On ne doit donc pas s étonner du nom de Ville que nous donnons a La H ay e dans eet Ouvrage. A la vérité les Etrangers ont coutume de dire que L aHaye eft le plus beau & le plus grand village du Monde; exprcffion erronée & abfurde . fondée uniquement fur ce que la place n'eft point entourée de murs ou deremparts, ni pourvuedeportes; mais il faut confidérer que.. fi ces ouvrages font effentiels a des fortereffes, ils ne le font pas également a des Villes. _ La H ay e n'étoit fans doute dans fon origine qu'un hanieau; jufques dans le quinzième fiècle elle eft nommée Village ; mais dans les Acfes expédiés fous les rêgne; de Charles Quint & de fon fil; Philippe II. elle eft qualifiéc dc Bourg. Par conféquent aujourd'hui que La Haye jouit de tous les droits & privileges municipaux, que fon Magi ftrat regie tout ce qui eft rélatif a 1; Police & a la Juftice , qu'elle a de plu: une jurifdicrion ou Baillage ( en Hollan dois Raeg-Ambacht ) & qu'elle eft. par yenue a 1'étendue & au dégré de fplen deur que nous luivovons: lui refufer L A s tltr' Son droit. au titre de Ville.  Défaflres iju'elle a ejfuyés. Premier défajlre *n 1479 ] J 3 < 3 c i i i l l ? ( F 10 Description de la Haye titre de Ville feroit s'écarter des regies de 1'ufage, & donner dans une affefta- tion ridicule. La Haye ne s'eft pas ainfi accrue lans intci-ruprion. Sa profpérité fut traverlée cinq fois, pendant le cours de oI7 ans, favoir depuis 1359. jufqu'en \ %ié Le premier défaftre que la ville efluya rut 1 effet d'une diffention civile , qui affligea toute la Province de Holiande Elle fut fufcitéepar deux factions, connues fous le nom de Hoeks & de Cabiliaws. Les Hiftoriens en rixent 1'orieine \P° & ï'attribuent a une bagaïelle, Parmi des propos de table, tems a un grand repas qui fut donné a Jlulieurs des principaux Seigneurs du >ays, on agita la qucftion li c'eft le Canhau qui prend le Hoek 1'hamecon ), >u fi c eft le Hoek qui prend Je Cabiliau. ja. diverfité des fentimens fe changeapeu : peu en difcorde ou verte, qui influa ur le gouvernement. Les deux faótions e diftinguerent par des marqués extéieures; celle des Cabiliaws portant des onnets gris, & celle des Hoeks des onnets rouges. Une forte méfïnteHiencerêgnoit alors entre Marguerite, -omteftede Holiande, Epoufe de 1'Emereur Louis de Baviere, & entre Guil-  Chap. II. Hiftoire. ix Guillaume fon fils. Ce Prince fe déclara pour les Cabiliaws, & 1'Impératrice fa mere pour les Hoeks. Ces deux faóïions ont fubfifté longtems & occafipnné beaucoup de troubles & de défordres dans la Holiande. En 1479. II y eut des voies de fait ou des hoftilités entre les adhérens du Stadhouder (c'eft a dire dans ce tems, le ' Lieutenant ou le Gouverneur pour le Comte de Holiande . Wolfert van Borselen, Seigneur de Ter Veere, qui favorifoit les Hoeks, & ceux du Comte de WaJJenaer 1'un des principaux chefs des Cabiliaws. Pendant le tumulte les fauconniers du Stadhouder, de retour de la chafle, fe trouvant proche du chateau, furent attaqués par les archers des Cabiliaws *' mais, ayant trouvé moyen d'y entrer ils firent feu fur ceux ci, & en tuerent quelques uns. Pour s'en venger, les Cabiliaws s'étant attroupés en grand nornbre, & ayant regu du fecours des Villes de Delft, de Leyde, dcHaerlem & d''Amjlerdam, afliégerent le cMtea' , & 1'auroient fans doute emporté, fans 1'entremife de Pierre Lankhals qui obtint que les Officiers & Domeftiques du Stadhouder fe retiraffent en fureté. Après leur retraite les gens de la faction des  Sectmd défaftre en 1489. 12 Descr;ptiov de la Haye des Cabiliaws s'emparerent du chateau, en enlcverent les chevaux du Stadhouder . forcerent les portes des appartemens, ouvrirent les armoires & les coffres, & com nirentplufieurs ibrtes d'excès. Le Stadhouder irrité leva du monde cc, après avoir reeu du fecours des habitaus de Dordrecht, de Gouda cc de Schoonhoven, ilmarchavers La Haye; mais les Cabiliaws nejugerent pas devoir 1'y attendre. Les Hoeks y entrerent cc excercerent leur vengeance contre les maifons de leurs ennemis cc les pillerent. Le Stadhouder ayant cnfuite congédié fes troupes & quitté la Ville. les Cabiliaws y retournerent & fe livrerent a des défordres de toute efpece aux dépens des. Hoeks. C'eft ainfi que ces deux factions fe firent mutucllement tous les maux qu'il étoit en leur pou^oir de fai^re. Depuis cette derniere hoftilité Pesprit de parti fe rallentit; il fe perdie mêmeinfenfiblement, & le calme fe rétablit dans ia Viile comme dans la Province. Le Second malheur public dont La Haye s'eft reffentie arriva en 1489. Un, corps de troupes de 1'Empereur Maximilien, étant cn route pour agir contre les habitans de Rptterdam, fe tourna tour  Chap. II. Hijlcire. 13 tobt k coup vers La Haye & lui irapofa, ainfi qu'a la banlicue, une forte tontribution. La troifième cataftrophe eut lieu en 1524. Le Magiftrat avoit mis, quelques années auparavant, une doublé accife fur la bière, non de fon autorité privée, mais d'après un Octroi de 1'Empereur Charles- q_ui n t. Les habitans murmurerent beaü'cöup contre cette impofition. Le Procureur Général, voulant fe faifir d un batelier qui leur avoit fourni une quantité de cette boiffon, fans que les droits en euffent été payés, & qui s'étoit refugié dans l'Egiife Principale, y fut enfermé lui méme avec fes archers par la populace. Le lendemain celle ci ouvrit les prifons, rendit la liberté a tous ceux qui y étoient détenus & commit d'autres défordres. Tour domptcr les mutins, le Stadhouder fit entrer dans la Ville 30oSoldats, qui firent feu fur cux & cn tucrent quclques uns; après quoi le calme fut rétabli & le pafle oublié, a condition d'une amende de aooo florins, & d'une autre a peu prés d'égale force , en marqué de réparation d'honncur; letout a ia charge des habitans. La Haye éprouva une quatrième disgrace Trcifêms déjajlre en 15 24,  Qitatriè. we défcs tre en ï528. 14 Descriptiojj de la Haye grace en 1528. Martin van Rojfem, Officier au fervice du Duc de Gueldre defcendit le Rhin pour faire une invafion dans Ia Province de Holiande , avec 1500 hommes. Son intencion principale étoit de rifquer un coup de main fur La Haye & de la piller. II traverfa le pays fans obftacle,. a la faveur des drapeaux Impériaux qu'jl avoit donnés a fes gens; mais n'étant plus qu'a une lieue de la Ville, il fit déployer les enfeigncs de Gueldre & partagea fa troupe én deux bandes, dont 1'une dirigea fa route vers le Bois & I'autre vers le vilhge de RysWSk. Les habitans de Ia Ville confternesnc favoient quel parti prcndre; les uns cacherent a la hate ce qu'ils avoient de plus précicux, d'autrcs fe fauvcrent par la fuitc, en fe retirant a Delft par des chemins détournés. Les troupes Gucldroifescntrerentdansla place, fans trouver de refiftancc. Le palais , ou qiurtier qu'on nommc la Cour, fut h'vré par cipitulation a VanRoffem, qui deFendit a fes gens d'y faire le moindrc dé?at; mais tout Ie refte de la Ville fut ibandonné au pillage. Les ennemis comnirent des excès de toute efpece, jusm'a endommager prefque toutes les maions & mettre le feu a 1'E^life Principale.  Chap. II. Hifioire. 15 le. Le butin qu'ils firent en or, en argent & autres chofes précieufes fut trés confidérable. Le troifième jour ils fe retirerent, emmenant avec eux des otages pour fureté du payement de 20000 Florins de contribution. La cinquième calamité qui defola L a Haye, & la mit a deux doigts de fa deftruétion totale , arriva pendant la guerre que les fept Provinces foutinrent contre 1'Efpagne pour fe fouftrairc a fa domination, cc dura depuis 1'année 1572 jufqu'a celle de 157Ö. Un détachement de troupes Efpagnoles tacha, en 1572,. de s'emparer de Rotterdam, cc enfuite At Delft; maisn'ayant pu y réuffir il alla prendre fes quartiers a La H ay e cc s'y comporta avec beaucoup de licencc & de durctó envers les habitans. 11 paroit eependant que leur féjour n'y fut pas long; du moins il eft certain qu'en 1573 les états commencerent a fortifier la plaee; mais 1'ouvrage ne fut pas continué a caufe de la proximité de 1'ennemi qui venoit d'inveuir Leyde. L'année fuivante , lorfque cette derniere Ville fut affiégée dans les formes, il n'y eut k la Haye qu'un petit détachement de troupes des Confédérés. Cette circonftance engagea le Général Efpagnol Louis Gaë- tan cinquième de/as* tre en 1572.  ï'6 Descriptton de la Haye tan h en prendre la route pour s'en erilparer; fes gensfurentcependant retardés dans leur marche a la diftance d'une demi lieue de la Ville; le petit détachement qui s'y trouvoit en étant forti, pour les amufer par des efcarmouches, afin de donner aux habitans le tems de fe fauver & d'emporter avec eux une partie de leurs elfets les plus précieux. Les ennemis y entrerent enfin & occuperent d'abord le Chiteau. Une partie y refta pour le garder, & le refte fe répandit dans les différens quartiers de la place. Avant & pendant ce mouvement, ainfi que dans la fuite, les citoyens les plus'diltingués par leurs emplois, oupar leurs richeffes , particulièrement ceux qui avoient embralTé la Réformation, fe retirerent a Delft, pour y chcrcher un azyle. Les Efpagnols de leur cóté, non feulement exigerentdcs ceux qui étoient reftés de fortes contributions, mais pillerent & endommagercnt auffi les maifons & les édifices publics. La licencc &les cxaétions devinrent générales, & la dévastation fut extréme, au point que la VilJe fe trouva menacée d'une deltrudlion' totale. En 1575 1'herbe commencoit a croitre dans les rues, & un grand 'nornbre de maifons n'étoit plus habitable.. - Dans  Chap. II. Hiftoire. i? Dans la même année les Arquebufiers (milice bourgeoife^) de Delft firent demander au Prince d'Oratige y s'il ne ju-, geoit pas, qu'au cas que rcnnemi ferendit dans le diftrict, nommé Weftland, il convenoit de décruire entièremeno La Haye par le feu. Le Prince répondit que eet expédient extréme ne feroit d'aucune utilité ; que la ville étant dénuée de toute provifion & dévaftée, les ennemis ne pourroient en tirer la moindre fubfiftance; outre qu'il dépendroit deux de fe loger fous des tentes; ajoutant qu'auffi longtems que Maasland. Sluys feroit confervé* il n'y avoit nulle apparence que les Efpagnols vouluffent fe rendre dans le diltrict en queuion. La Haye fut donc redevable de fa confervation a la fagacité de ce grand Prince. Les affaires des conféderés ayant, après la levée du üége de Leyde, pris un tour plus favorable, on fongea auffi & rétablir La Haye, autant que les circonftances pouvoient le permettre. Le Prince d'Orange fit d'abord défenfe a la milice fous peine de mort, de molefter les habitans qui y étoient reftés pendant que les Efpagnols en furent les maitres. Enfuite la Cour de J ftice ck; la Chambre. B des  IS Description de la Haye des Comptes qui s'étoient retirécs a Delft, envoyerent, l'une& 1'autre, un Député a LA Haye, chargé du foin d'cn exammer 1'écat. II paroit par leur rapport que la dévaftation avoit été plus grande, qu'on fe 1'étoit imaginé. Nornbre de maifons fe trouverent tellement endommagées, qu'elles menagoient mine. On fut frappé d'étonnement & indigné tout a lafois, de voir que les plus beaux appartemens avoient été changés en écuries. Les rues étoient comme bouchées par lefumier & les ordures qu'on y avoit jettés. La quantité de ces immondices étoit encore li grande en 15-70:, que les payfansduBaillagede La Haye ne pouvant fuffire a les eimorter, il fallut y joindreceux des Villages de Ryswyk , de Voorbourg & de Waffenaer, chacun devant fournir a eet effet lix chariocs par jour. En T57? ■> tems ou 1'ennemi fe trouvoit fort éloigné , la Cour de Juiticc, & peu après la Chambre des Comptes de Ia Province revinrent de Delft a La Haye; mais les Etats, en confentant a ce retour , leur permirent feulement d'y transporter les mémoires dont elles pour'-oient avoir bcfoin journellemcnt, & non pas les ancjeHD.es archives. La même Cour de  Chap. II. Hiftoire. ig de Juftice ordonna d'abord a tous fes fuppots, en particulier aux huiffiers, d'y revenir inceffamment, fous peine d'être defiitués & privés de leurs offices. Ceux desCitoyens quis'en étoient retirés yretournerent auffi les uns après les autres. Les Etats de la Province & les ConfeillersDéputés recommencerent pareillemenc a y tenir leurs affemblées : ce que firenc peu après les Colleges de la Généralité, commc le Confeil-d'Etat, la Chambre des Comptes, la Cour féodale de Brabander autres. Par le retour de tant de perfonnes La Haye reprit infenfiblemcnt fon luftre; les maifons endommagées furent réparées; la propreté renaisfoit, & chacun s'appliqua avec beaucoup d'activité k ce que fon état exigeoit de lui. Cependant on ne relta pas fans inquiètude pour une nouvelle invafion ennemie; inquiètude qui fe diffipoit ou revenoit, a mefure que les événemens de la guerrc étoient plus ou moins favorables aux Confédérés. Auffi mit- on plus d'une fois fur le tapis la queftion, s'il convenoit ou non d'entourer la place d'un foffé & d'y ajouter un rempart & autres ouvrages, Le Prince Manrice jugea que la chofe étoit aécefXaire. II y infifta particulierement B 2 en  Sujeis de crainte en 1629. 20 Description de la; Haye en 1600, lorfqu'on s'appercut que Ie plan des Efpagnols étoit de faire une irruption dans Je cceur de La Holiande, après qu'ils fe feroient rendus maftres de la Ville de Bommel. II écrivit fur eet objet aux Etats de la Province & leur fit expofer, qu'il feroit bon d'en remettre 1'exécution au College nommé La Société. Le corps des Nobles & les villes , k 1'exception de celle de Delft, y donnerent leur agrément; mais on ne paffa pas outre, faute de fonds fur lesquels on put affigner le falaire des ouvriers. D'ailleurs les ennemis ayant échoué dans leur deffein fur Bommel par les bormes difpofitions que le même Prince avoit faites, la crainte de les voir revenir ceffa entièrement. Cependantquatorze ans après, on commenga a creufer un foffé autour de la place, qui n'étoit pasalors auffi étendue qu'elle 1'eit aujourd'hui. L'ouvrage fut pouffé avec diligence & fe trouva achevé avant 1'année 1620. Dans la fuite du temps jufqu'i nos jours La Haye n'a éprouvé aucune invafion hoftile; mais il y a eu lieu de 1'appréhender trois fois, ainfi que nous allons 1'expofer. En 1629 ceux de Dunkerque parurent avoir formé le deffein d'al-  Chap. II. Hiftoïrt. 21 lcr la furprendre. Auffi tot que les Confeillers-Députés de Holiande en furcnt inftruits, ils ordonnerent au Magiftrat de la place, de faire élargir & approfondir le folie du coté du Nord, ce qui fut d'abord executé; mais dès qu'on cut. commencé a y élever un parapet &quelqucs autres ouvrages de cette efpece, les Etats de la Province, ayant égard aux repréfentations de la Vilie de Delft, firent défenfe d'en continuer le travail. En 1635» lorfque le bruit couroit que les "Efpagnols avoient fermement réfolu d'aller attaquer La Haye une feconde fois, divers membres du Gouvernement remontrcrent de nouveau, combien il importoit de la pourvoir de quelques ouvrages de fortification; mais la Ville de Delft s'y oppofa comme auparavant. Deforte que, lorsque la même année, 1'ennemi eut pris le fort de Schenk , & qu'il y eut lieu de croire que fon desfein étoit de furprendre La Haye du coté de la Mer, on fe contenta de mettre fes habitans fous les armes & de lever a la hate quatre compagnies de milice, connue fous le nom Hollandois de fVasrdgelders. En 1Ö72, année mcmorable ck fatale a la République par 1'invafion que Louis B 3 XIV, En 1635. En 1673  22 DfiSCRIPTION DE LA HAYE XIV. y fit avec une nombreufe armee, La Haye fe trouva expofée a un grand danger. Les Francois, après s'être rendus maïtres de Woerden, en Septembre de la même année, réfolurent de pénétrer plus avant dans le pays pour s'emparer de Leyde & de La Haye. Le Duc de Luxembourg chargé de 1'exécution de ce projet, fe mit k la tête de $)ooo fantaffins & de 2000 chevaux; II le fit en Décembre lorfque les eaux étoient prifes par les glacés , afin de pouvoir marcher avec plu de diligence. La nouvelle enétant venue k La Haye, chacun fongea a cacher fes effets les plus précieux, & le Gouvernement fit faire des abattis d'arbres dans les avenues de Ja place, pour retarder 1'ennemi fur la route. Heureufement un dégel, furvenu tout k coup, fit manquer cette expédition . & les habitans de la Ville cn furent quittes pour la peur. A cette occafion plufieurs perfonnes renouvellerent encore la propofition, fi fouvent faite, de fortifier La Haye; maisGuillaüme III. Prince d'Orange, ayant été confulté a ce fujet, fe déclara contre la néceffité de cette entreprife. L'Année 1577 doit proprement être regardée comme 1'époque du rctablifie- ment  Cbap. II. Hijloire. 23 ment de La Haye, après laquelle ]a Ville a été fucceffivement aggrandie: voici 1'étendue qu'elle avoit auparavant. Divers documens autcntiqucsfbntfoi, que vers la fin du quatorzième fiècle on comptoit dans La Haye envirón vingt rues, y compris les rnarchés & autres places publiques. Douze autres y furent ajoutécs pendant le cours du qu'inzième fiècle, au commencement du feizième, du moins en IJ15, le nornbre des maifons montoit a 1118; ainfi il égaloit prefquc celui des maifons de Rotterdam, lequel étoit alors de 1138. II cxifte encore dans 1'hötel de Ville un plan exact, de La Haye, gravé en 1570, fur lequel on peutvoir les limites qu'elle avoit alors. L'accroiffement de la Ville depuis cette époque jufqu'a nos jours a été trés confidérable. La première extenfion cut lieu depuis la fin du feizième fiècle jufqu'a 1'an 1616. Au commencement du dixfeptième fiècle, le nornbre des maifons, felon un Hiftorien dignede foi, étoit d'environ 240c. Une ordonnance du Magiftrat, rendue en 1626, fait voir que la Ville étoit alors divifée en cinq quartiers de canaux, & fept quartiers de rues. Immédiatement après cette année B 4 on Accroijju mens juccesfifs.  24 Description de la Have on ouvrit dans le Quartier Oriental & le Quartier Méridional plufieurs nouveaux canaux & un grand nornbre de nouvelles rues. En 1642. bn entreprit d'étendre la place dans le Quartier Occidental par la formation de cinq rues, qui furenc achevées en 1Ö46. U paroit que c'eft en laftnée io"43. qu'on commenca a creufer Ie magnifique canal, nommé le PrinceGraft. A peu prés dans le même temps le Magiftrat fit conftruire dans le Quartier Septentrional au Nord-Eft, vis -k - vis le Pare, le beau canal qui porte le nom de PrinceJJe-Graft, bordé d'un quai fort large, fur lequel on a bati un grand nornbre de fuperbes maifons. Pendant qu'on travailloit a eet ouvrage, on s'occupa a l'établiffement d'une rue dans le Quartier méridional, faifant un angle droit avec le Princegrqft & nomméele Boekhotftraat; en 1Ö80. on en a conftr jit uneautre qui lui eft parallelle, & quifert aujourd'hui de marché pour le bétail. Ces deux rues font fort /ongues, larges & tirées au cordeau. La dernière extenfion de La Haye a commencé d'être exécutée en 170(5. Les confeillers des domaines de Holiande détacherent alors au Nord de la Ville line partie du mail & de la prairie joignan-  Gap. II. Eiftoire. 25 te, qui font a 1'entrée du bois, & vendirent ce terrein au plus eftrant. Ce quarré oblong, fitué au Nord de la Fonderie du canon des Etats, aéteentuite entouré dun canal, de maniere que eet édifice, qui auparavant étoit hors de 1'enceinte de la place, s'y trouve maintenant enclavé. Tout ce terrein eft traverfé dans fa longueur par une rue tiree au cordeau, fervant de ligne de feparation aux maifons qui y font conftruites, les unes a 1'Oueft ayant la vue fur la Ville , les autres a 1'Eft 1'ayant fur le bois. Onnomme ce quartier la nouvelle extenfion, en Hollandois de Niéuwen-Uitleg; elle a été achevée en 1730. Depuis ce tems on a cefTé d'étendre d'avantage les limites de La H ay e ; feulement a-t'onconilruit quelques maifons au de la du pont qui mene a Loosduynen, ainfi qu'au de la de celui qui conduit au village de Schevelingue. Mais dans 1'enceinte de la place vers fon extrémité au Nord on a bati depuis quinze a vingt ans, dans le quartier appellé Denneweg, une trentaine de maifons bien alignees, lesquelles avec celles qui exiftoient déja vis-a-vis forment une belle rue. Ce qui mérite d'être obfervé, c'eft que prefque tous ces accroiffemens ont été exécutés B j dans  Tolérante en Holiande. I ] ] I < c f \ n li li 1 d r< O s' «5 Description de la Haye dans des temps oü]a République fe trouvok en guerre, d'abord contrU'E/paSu* cnfurte contre la Frame. 'j*W.t CHAPITRE. UI. Eglifes ou Temples. La libcrté de confciencc étant établie . dar* les Provinces Unies & les pavs aiu en dependent, toutes les commu. «ons Cbrétienncs, a 1'exception de celle Jes Jjociniens, peuvent y exercer li)rerncnt leur culte. Cependant celle des Eclise Wallonne ou Francoise. Ce Temple, fitué dans le quartier de la Cour au Nord, fut originairement une Chapelle, batie a 1'ufage des Comtes, Souverainsde la Province, qui y asfifterent au Service Divin avec les perfonnes de leur fuite. Elle exiftoit déja du tems du Comte Florent V., avant la fin du treizième fiecle, fous la dénomination de Chapelle de la Sainte Vierge Mar ie de la Cour, ou de la Haye. Albert de Bavie&e fonda & y, attacha en 1367 un Chapitre compofé i d'un Doyen & de douze Chanoines. Les Auteurs font partagés fur le motif de ce pieux établiffement. Selon les uns, Albert aiant fait injuftement trancher la tête, au Quefnoi, è Jean Zeger, Seigneur SAdinghen , ou d'Enguien, Neveu de Louis Comte de Flandre, les freres du défunt, au nombre de fix ou fept , mirent tout en combufiion dans le Hainaut pour fe venger. Al-' bert de fon cóté affembla la Noblefie des Pais 011 il commandoit, & vint affiéger Enguien; mais heureufement cette guerre, dont les fuites pouvoient être tres funeftes, fe termina par la média D tioa Ancimnt Okapelle ie la lour. 7ondaion.  Eglife Franpife. Motifs de cette Fondation. 50 Description de la Haye don du Comte de Flandre. Les Seigneursd'Enguien poferent les armes, Amiert leur pardonna le paffe , & en même tems n s'engagea, ou fclon d'autres Auteurs, li fut condamné a titre d'amendc & de peine, a fonder les douze Canonicats & le Doyenné, qu'il établit effecfivement a La Haye dans la Chapelle des Comtes, pour le repos de 1'ame de Jean Zeg er troplégérementdécapité. Quelques écrivains prétendent que ce fut en expiation du crime qu'albert avoit commis en tuant de fa propre main le Chevalier G e r a r d de Wateringue. Ce qui eft certain c'eft que le Comte Albert fit moins une nouvelle fondation, qu'il nebonifia ccaugmenta celle qui existoit avant lui. Quatre Chanoines Réguliers deffervoient la Chapelle de fes prédéceffeurs. De plus lui même dans feslettres-patentes déclare, tanten fon nom qu'en celui de Marguerite de Baviere fon Epoufe, qu'ils inftituoient ce Chapitre de Chanoines, pour répondre par la en quelque manière aux faveurs fignalées dont Dieunc ceffoit de lescombler; pour le falut de leurs ames 3 & de celles de leurs ancétres; pour contribuer i ce que le culte Divin fe fit déformais avec plus de régularité & de décenee; éc  Chap. III. Eglifes ou Temples. $i & finguliérement pour imiter par quel-. qu'endroit la pieufe munificence de Sa. Majefté Trés - Chrétienne Charles V Roi de France leur parent, qui avoit enrichi cette Chapelle, confacrée a la SainteVierge, d'un morceau de la Croix cc de la Couronne d'Epine de notre Sauveur. Voila en fubftance tous les motifs de cette •fondation, tcls qu'ils font exprimés dans les Lettres mêmcs d'Al bert. Le nouveau Chapitre , quoiqu'érigé cn 1367, ne s'affembla pour la première fois qu'en 13(59. En 1374 le Pape Grego ire XI le conhrma cc Pexcmta de la Jurisdiótiondel'Evêque d'Utrecht, dans le diocefe duquel fe trouvoit La Haye, enforte qu'il ne rclevoit abfolument que du Saint Siége, pour le temporei comme pour le fpirituel. Alber t avoit affigné au Chapitre des revenus trés confidérables en fonds de terre, que ces Eccléfiaftiques trouverent mille moyens d'aecroitre. Guillaume VI., fife k fucceffeur d'Aldert, fuivit les traces de fon pere cc étendit encore leurs poffeffions. IMeur permit auffi de s'approprier quantité de Chapelles particulieres , que la piété, ou la fuperftition des Princes avoit fondées, foit daas les Eglifes, foit ailleurs. Dans D 2 la Eglife ?ranfoifc* Revenus 2p privi~ eges du Chapitre.  52 Description de la Haye Eglife Frarifoife. I i 4 i < < i < Chanoines les plus ( diftin- < guts. 1 \ ( I. t Ia fuite après avoir érigé leur 'Chapelle en Eglife Collégiale, ilsobtinrenten 1461 de Philippe de Bourgogne la collation & les revenus de 1'Eglife du Burch dans l'Ifle du Texel. Maximilien leur jccorda en Novembre 1479 ]a collation de 1'Eglife Neuve a Delft & de l'E?life de Hoorn en Nord - Holiande, ;outes deux Eglifes paroiffiales, & auxmelles étoient attachés de bons revenus. \ tout celailsavoientfüjoindre en moins 1'un fiecle un nombre incroyable de privileges particuliers, deforte que peu a )eu le Chapitre des Chanoines de Notre Dame de La Haye auroit englouti presjue tous les biens Eccléfiafliques a la lifpofition des Comtes, & acheté ceux: [u'ils n'auroient pü s'approprier par cette roie, li la Réformation n'avoit défabufc es peuples, & mis des bornes aux ac[uifitions de ces Eccléfiafliques ambiieux. On comprend que le Doyen & les Chanoines de ce Chapitre ne pouvoienc |ue tenir un rang diflingué parmi les "ccléfiafliques de ce tems lè; auffi troue-t'on dans la lifle des 14 Doyens & 83 "hanoines, qui oat compofé fucceffivéïent ce Chapitre, les noms les plus dismgués par Ia naiflance ou le favoir: un Pm-  Chap. III. Eglifes m Templet. 53 Philips van Leiden, d'une des families de la plus ancienne Nobleffe, Secrétaire & favori des Comtes Guillaume V. & Albert de Baviere, Profeffeur en droit a Paris en 1369, & mort a Utrecht en 1380, Grand-Vicaire de 1'Evêque van Hoorn; unHuco Grotius, curé de 1'Eglife Neuve a Delft, Confeiller de la Cour, mort en 1309; un Jean Harius, ou van der H a e r natif de Gorcum oh il étoit Chanoine , avant que de le devenir a La Haye en 1531. II y tranfporta avec lui une Bibliotheque fi nombreufe , que jamais encore on n'en avoit vü de femblable. Il la légua par fon Teftament a 1'Empereur Maximilien pour 1'ufage de la Cour & de fes Suppöts. Guichardin affure que de fon tems elle étoit encore fous la garde d'un Bibliothécaire public; qu'elle avoit été fingulierement recommandée aux foins du Préfident Vigilius, & que Philitpe II. y avoit fait ajouter pïufieurs volumes, tant Francois que Latins, qui avoient appartenu a Margüerite è'Aulriche. Cette Bibliotheque fut a peu prés ruinée durant la guerre des Efpagnols; aujourd'hui elle n'exilte plus, k moins qu'il ne s"en foit confervé UDpeD 3 Ht» Eglife Franpoife.  Eglife Fratifoife, Stens du Chapitre faifis. Nouvel ufage de ia Chapelle. 54 Description de la 'Haye tit nombre de Volumes parmi les livres dont le Cabinet de la Cour de Juftice efl: compolé. Après la grande révolutionarrivéedans les Pays-Bas, c'eft-a-dire, après que les Sept Provinces, par leurconfédération, fe furent fouftraites a la domination Efpagnole, les Etats de celle de Holiande fe faifirent des biens du Chapitre & les annexerent aux domaines de la Comté, en les deftinant toutefois a Pentretien & a la fubliftance des Eccléfiaftique de la Religion dominante; ce régiement fut fait dans les années 1577, 1581 & 1582. • Comme la Chapelle avoit été b^tie pour 1'ufage des Comtes & des perfonnes de la Cour, les Etats de Holiande, fuccédant aux Rois d'Efpagne, relativement a 1'exercice de 1'autorité fouveraine, la choifirent également cn 1580 pour le Temple oh ils feroient déformais leurs aéles de Religion. Ils s'y affemblerent régulièrement, leMardi, le Jeudi & le Véndredi matin, avec la Cour de Juïtice & la Charhbre des Comptes, pour entendre les Scrmons qu'on y prononcoit en langue Hollandoife: cequi dura pendant' environ onze ans. Cependant le Pafteur de 1'Eglife Wallonne de Delft commen-  Chap. III. Eglifes ou Temples. «ja en 1589 a venir de tems en tems prêcher en Francois dans la Chapelle de la Cour pour Madame la Princeffe L 0 u 1 s e deColigny, douairière de Guillaume I Prince d'Orange. Le nombre des habitans de La Haye, qui ne favoient que cette langue, s'étant augmenté , les Etats leur accorde-, rent la permiffion de faire le fervice divin dans la Chapelle de la Cour, &nommerent en 1592 pour premier pafteur de cette communion le fameux J e a n va n üytenbogaert, depuis deux ans un des Pafteurs Hollandois de la Ville. On lui donna un Collegue en 1604., A la révocation de 1'Edit de Nantes en 1685 le troupeau s'accrut confidérablement par le nombre de Refugiés qui vinrent s'établir a La Haye, ce qui fit donner a 1'Eglife Francoife un troifième Pafteur ; & comme parmi ces Refugiés il y eut pïufieurs Pafteurs a qui les Etats de Holiande eurent la générofité d'affigner des penfions, ils en choifirent quatre pour fbulager les Pafteurs ordinaires dans leurs foncfions; ledernier qui a rempli unede ces places de Miniftre extraordinaire a été Jacq^uEs Saurin, que fon éloquence a rendu fi célébre parmi les prédicateurs. Ea J720 le nombre des PasD 4 teurs Eglife Franfoifet Afftiïèt lux Fran•ais.  Eglife Franfoife, Tom^ beaux qui y ètoient 1 j 2 i I i t i c 56 Description de la Haye teurs ordinaires de 1'Eglife Francoife de La Haye fut fixé a celui de quatre, ce qui a eu lieu jufques a 1'année 1747, quon donna au Chapelain du Piïncl stadhouder une cinquieme place de Pasteur ordinaire. Aujourd'hui deux des cinq Pafteurs de La Haye font Chapelams du Prince, cc rempliffent enfemble e£ f?na\°™ d'un Pafteur ordinaire dans 1 Eglife de La Haye. Cette Chapelle étoit anciennement pourvue dautels, de maufolées & d'images de Saints, qui ont difparu fuccesfivement apres la mort de Charles-Quint óc furtout au tems de la Réforme On y avoit enterré pïufieurs perfonnases illuf tres. On y voyoit le tombeau du Duc *lbert cc de Marguerite fon ipoule, renfermés dans un même moïument, 011 Jaqüeline de Baviere eur petite fille fut auffi inhumée dans la uite. _ Cette dcrniere Princeffe, dont e manage avec le Duc Jean de Braamt avoit eté béni dans la Chapelle ' f« tranfportée après fa mort, de la laiion de Tylingen prés du village de qjen/mm, ou elle étoit décédée en Ocabre 1436, cc il y a des preuves qu'on U avoit énge une Statue dans 1'Eglife •e" encore dans cette Chapelle que furent  Chap. III. Eglifes ou Temples. 57 furent enterrés, en 1459. Jeanne de P o 1 x , Dame de Brimeux , première femme de Jean de Lannoy, Stadhouder de Holiande; en 1589 Demoifelle Francoise d'Egmont, fille de 1'infortuné L amoral , que le Duc d'A l 13 e fit décapiter a Bruxelles ; en 1G19, le fameux Jean van OldenBarneveld &c. En 1642 cette Chapelle ayant été prefqu'entierement confumée par les Hammes, elle fut rebatie & aggrandie ; mais en i68j le troupeau s'étant confidérablemcnt accrfi par 1'arrivée des Refugiés, ilfallutaggrandir encorel'édifice & on lui donna 1'étendue qu'il a aétuellement. En 1769 1'ancienne muraille du coté du Binnen-hof s'étant dé jettée &faifant craindre lachüte du tolt, on en rebatit une nouvelle & on donna en méme tems h 1'intérieur de l'édifice plus de fymmétrie qu'il n'avoit auparavant, deforte que c'eft aujourd'hui une des Eglifes les plus propres de ces Provinces. En découvrant les fondemens de cette muraille, on trouva du cóté oh avoit été le maitre-autel pïufieurs tombeaux bien murés; en ouvrant ces tombeaux on vit dans les uns, pofés fur des grillages de fer, des cercueils de bois qui tomberent D j auffi- Franfoife. Aggrtmiijjemensl Anciens tombaeux mverts en t769.  Eglife Franpife, I i ' < i ] ■ .i i i 58 Descrïption de la HAye auffi-tót en pouffiere, & ne laiffercnt voir que des olïemens. Dans d'autres de ces tombeaux on vit des cerceuils de plomb, qui avoient été entourés de bois. mais pareillement reduiten pouffiere. Les fquelettes querenfermoient ces cercueils fe voyoient encore dans leur entier, avec Jeur chévelure. L'un de ces cercueils renfermoit un cadavre enveloppé d'une toile groffiere & ferré de grolfes, cordes encore trés bien confervées au moyen d'une liqueur fpiritueufe dont le cercueil avoit été rempli; le corps étoit celui d'un homme dans la force de Page; les :hairs encore entieres & molles lauTóient voir pïufieurs bleffures qu'il avoit regues iu vifage & au cou; ce tombcau, ni uicun des autres, ne portoit aucune ineription qui put indiquer la qualité des jerfonnages qu'on y avoit dépofés. Par apport a ce dernier, fes blcfiures, fon tge & le foin avec lequel on Pavoit emöumé, ont fait conjeclurer avec affez fe vraifemblance que c'étoit le cadavre fu Comte de Holiande Guillaume V de la maifon de Hainaut, qui fut ué dans une bataille contre les Frifons, ffès dc Staveren, dans 1'année 1335. Les autres étoient probablement les reses du Comte Alb e rt de Baviere, de Mar-  Chap. III. Eglifes m Temples. 59 Marguerite fon Epoufe, de1'Infortunée Jaq^ueline lcurfille, & d'autres perfonnages confidérables , qu'on fait avoir été enterrés dans cette Chapelle; le cadavre fuppofé de Guillaume IV a été enveloppé d une nouvelle toiie cirée, le cerceuil rempli de liqueur fpiritueufe, exaclement refoudé, renfermé dans un cercueil de bois 6c remis a la place oh on 1'avoittrouvé; on a pris des foins pareils des autres fquelettes 6c offcmens, 6c tous ces fepulcres ont été murés de nouveau. L'Eglife Francoife efl fous l'infpeclion immédiate des Gecommitteerde - Raad.cn ou Confeillers Deputés de la Province, tant pour 1'entretien du batiment 6c la difpofition des places, que pour Papprobation des Pafteurs appellés par le Confiftoire pour la deffervir. Le Confiftoïre eft compofé de cinq Pafteurs, huit Anciens 6c huit Diacres. Pendant toute 1'année il y a dans cette Eglife trois exercices le Dimanche, a neuf heures 6c demie, a deus 6c a tinq heures, 6c un le Jeudi a cinq heures du foir. Eglife' Franpoifi. Directeurs.  #0 Description de la Haye Eglife Mgloife. i ] 1 i Eglise Angloise. Ce batiment eft fitué k 1'entrée de la rueappellée Noord - einde, prefque vis a vis de La Place. II a peu d'étendue & ne renferme rien de remarquable. C'etoit autrefois la Chapelle de VHopital du St.Sacrement, dont il fera parlé dans la fuite. Elle fut ouverte aux Anglois Presbytériens en 1795. Les premiers Pafteurs leur furent envoyés parleCIergé Anglois; mais enfuite la communion obtint des Etats la permiffion de les appellerelle même, &les Etats fe chargerent du paycment de fa penfion. Le ConGftoire eft compofé d'un Pafteur, de trois Anciens & trois Diacres; on prêche dans cette Eglife tous les Dimanches le matin k 10 heures. En 162J on permit aux Réformés AIlemands de faire auffi ufage de ce petit temple, pour y célébrer le fervice Divin lans leur langue. Le Troupeauétant defenu dans la fuite plus nombreux, on leur iccordade s'affembler dans 1'EghfeFran;oife a midi; mais depuis quelques anlées cette communion, réunieijntiérenent a celle des Réformés Hollandois, 'affemble dans 1'Eglife neuve, comme 1 a été dit plus haut. C'eft  Chap. III. Eglifes ou Temples. 61 C'eft dans 1'Eglife Angloife que le Chapelain du Régiment des Gardes Suiffes fait le fervice pour le dit Régiment, tous les Dimanches a une heure après midi. C'eft la encore que les quatre plus jeunes des Pafteurs Hollandois de La Haye fontun Catéchifme public, tous les Jeudis a trois heures après midi. Enfin c'eft dans cette même Eglife que fe font publiquement deux fois par an les promotions des éleves de 1'Ecole Latine d'une claffe a 1'autre, & qu'ils recoivent fous les yeux de leurs Curateurs les prix de leur diligence & de leurs progrés, jufqu'a ce qu'on les juge en état d'être envoyés a 1'Académie. Les cinq temples dont on vient de lire la defcription font les feuls de La Haye oh la Religion Réformée, qui eft la dominante, eft enfeignée publiquement. Eglise des Remontrans. Les Remontrans, qu'on appelle auffi ; Arminiens paree qu'ils ont adopté les fen-1 timens du célebre Théologien Arminius, . s'étant féparés en 1617 de la commu-« nion des Réformés proprement dits, ne purent pendant vingt ans confécutifs ob- teBir EgUJe Angltife, lemenrans eu irmiitns.  Remontrans ou jirminicns. 62 Description de la Haye tenir la permiffion de s'aHembler publiquerncnt pour célébrer le fervice DU vin. On les foupconna d'avoir eu quclque part k la conjuration formée contre les jours du Prince Maurice, qui s'étoit déclaré contr'eux; mais leur innocencek eet égard ayant enfuite été reconnue, on les traita avec moins de rigueur. Après avoir clandeftinement fait les actcs de leur Religion, tantót dans une maifon particuliere, tantót dans un jardin, tantót dans une grange, ils acheterent cn 1631 un terrein, dans Pintention d'y batir une Eglife. Dés qu'on eut commencé a mettre la main a 1'oeuvre, la populace ne voulut pas en permettre la continuation, menagantde toutrenverfer. D'autrcs circonftances contribuerent a différer ou retarder 1'ouvrage de quclqucs années. Mais enfin la modération du Prince Stadhouder FrEdericHenri, la fageffe du Magiftrat & fon interceffion auprès des Confeillers-Députés & de la Cour de Holiande, applanirent toutesles difficultés, & en 1635 les Remontrans jetterent au même endroit les fondemens d'une Eglife, qui fut achevée en peu de tems, k leurs propres fraix. Elle efl: fituée dans la rue nommée LeLaan, proche du grand marché, derrière  Chap. III. Eglifes ou Templet. 63 derrière le Prince - Gragt au Nord. Sa ferme eft a peu prés quarrée & 1'intérieur en eft fort propre. Le premier Sermon y fut prononcé en 163e par le fameux Uy tenbogaert. La facade de 1'Eglife eft mafquée par deux maifons qui fervoient de demeure aux deux Pafteurs par lesquels cette Eglife a été longterm desfervie. Aujourd'hui cette communioa étant devenue trés peu nombreufe 'La Haye, elle n'entretient plus qu'un feul Pafteur. II y a eu auffi a La Haye une communauté deMennonites ou Anabaptiftes. N'ayant jamais été fort nombreux, ils n'ont eu pour lieu d'affemblée qu'une maifon particuliere, dont ils avoient approprié une chambre a leur culte. Cette communauté n'exifte plus depuis longtems, ayant été éteinte par la mort ou par 1'éloignement de ceux qui la compofoient. Eglise Lutherienne. Ceux des habitans de la Ville qui font de la Confeffion d'Augsbourg & qu'on nomme auffi Luthériens, y ont polTédé1 depuis Pan 1620 un batiment dont 1'intérieur avoit la forme d'une Eglife, fi- tui Remxfiif trans m Arminiens. Anabaf-i tiftes. kHfi Luthé" •ienne*  Luthérienne. Par une fuite de laliberté deconfcience qui régne dans toute Péteadue des fepr. 64 Description de la Haye tué entre Ia rue dite Boekhorft - Straet, & Ie Canal appellé aujourd'hui Canal Luthérien , au Sud du Gr and-marché. Leur nombre s'étant accru dans la fuite au point que ce batiment ne pouvoit plus les contenir, ils le fircnt démolir en 1760 & élever un autre fur le même terrein, & fur celui de quelques petites maifons attenantes, dont ils avoient fait 1'acquifition. La nouvelle Eglife eft un f'and & bel édifice, fortélevé & folide. 11e a deux entrées; 1'une qui eft la principale, du cóté du Canal, par une grande & belle porte au milieu de la facade; 1'autre par la rue nommée ci deffus. L'interieur eneflquarré, fuffifamment éclairé & les places bien diftribuées. On y a placé auffi un trés bel Orgue. Cette cornmunauté entretient trois Pafteurs , dont il y en a tantót deux HoIIandois&un Allcmand , tantót deux Allemands & un Hollandois. L'Eglife eft fous la proteftionimmcdiate des Etats de la Province. Eglisf.s Catholiq_uesromaines.  Chap. III. Eglifes ou Temples. r5*r Sept Provinces, les Catholiques-Romains Eeuvent auffi exercer leur Religion a i a Haye, moycnnant les reftrictions marquées au commencement de ce Chapitre. Les Eglifes qu'ils y poffedentfont au nombre de trois. La première & principale eft fituée dans la rue nomniée Qude-molftraet, visa-vis du Juffrouw -Ida-ftraet. Elle eft la plus ancienne, &.affeétée au Curé ou Pafteur de La Haye, qui eft toujours un prêtre féculier. II ne s'y trouve rien de remarquable, mais elle efl: proprcment entretenue. La fecondeeft 1'Eglife des Janféniftes, \ fituée dans le Juffrouw - Ida- ftraet, au Nord. Elle a été rebatie il y a pres de ' feptanteans, fur le terrein de 1'ancienne. Son extérieur a la forme d'une maifon, comme toutes les autres, mais 1'intérieur eft trés élevé, d'un trés bon gout d'architcéture & entretenu avec la derniere propreté; on y rêmarqué une chaire trés; artiftement travaillée par le célèbrc Xavery. La troificme efl: fituée dans la rue nom-1 mée Lorre-ftraet, ou Affendelft -Slraet. £ Elle eft petite & rcnfermée dans une maifon de peu d'apparence. Elle eft de Ja miffion Frangoife, auffi yprcchc t'on E dans Eglife dé :urè di . La Haye Zglift fanfé. üste. 'plife dés armes.  Chapelle des MinijlresE-trangers. Syna- 66 Description" de la Haye dans cette langue. Le Prêtrc & fon Chapelain qui la deffervent font de 1'ordre des Carmcs. Outre ces trois Eglifes, les Miniftrcs étrangers, dont les Cours prof effent la Religion Catholique-Romaine, ont leurs Chapclles, oh les habitans de la Ville ont un libre accès. L'Ambaffadeur de Franco, les Envoyés de 1'Empereur, de PEfpagne & du Portugal ont chacun fa Chapelle dans fon Hótel. On y prêche non feulement dans la langue du pays d'oü ces Miniftrcs font envoyés, mais auffi en langue Hollandoife, particulierement k PHötel d'Efpagne. Les Etats de la Province s'étoient pïufieurs fois oppofés k ce dêrnier ufage, ce qui avoit fait naitre de grands differends entre la République & quelqucs Puiffances étrarigeres, mais qui ont été accommodés k leur fatisfacr.ion réciproque. Ainfi, par exemple, tout comme 1'Ambaffadeur des Etats Généraux a ia Cour de Verfailles peut faire exercer le fervice Divin cn Frangois, dans la Chapelle de fon Hötel k Paris, PAiflbafTadeur de France aupres de Leurs Hautes Puiffances jouit du privilege de faire prêcher en Hollandois,- dans-fa Chapelle h La Hayk.  Chap. III. Eglifes ou Temples. 6j Synagogues des Juifs. II y a k La Haye, de même qu'i Amfterdam, deux fortes de Juifs qu font comme deux nations différentes «Si féparées, favoir des Juifs Alkmands & des Juifs Portugais. Les premiers er grand nombre, généralement mal a leui aife, font tous adonnés au commerce, autant par néceffité que par goüt, ne pouvant êtred'aucune maitrife ni remplii aucun emploi public. La familie la plus confidérable parmi les Juifs Allemands de La Haye eft celle de Boas, Banquiers fameux & accrédités par toute 1'Europe. Les Portugais, en petit nombre, font mieux partagés des biens de la fortune; il y en a même qui polTedent des richesfes confidérables. " Ces deux clafles de Juifs ont des fentimens fort differents par rapport a leurs traditions & aux cérémonies de leur ctilte; ce font deux fecr.es entre lefquclles il rêgne beaucoup d'animofité; auffi chacune a fa Synagogue k part. Celle des Juifs Allemands eft fituée dans le quartier, appellé gevolde Gragt, c'eft - a - dire Canal Comblé, au Sud de la Ville, pas lom de 1'Eglife Neuve. Ce Mtiment a été conftruit il y a environ E 2 foixante Synagogue des Juifs Alle vumAs*  Synagogue aes fertugai «58 DÉSCRIPTION DE LA H.AYÉ foixante & cinq ans; il eft entouré de pïufieurs maifons, deforte qu'on ne peut Pappercevoir. 11 ne renfermc ricn qui foit dignc d'attention, quoiqu'au rcfte il foit propre & bien entretenu. La Synagogue des Juifs Portugais eft fituée dans le Quartier Septcntrional de Ia Ville furie beau canal du PrinceJJe-Gragt. Get édifice a été bati & confacré il y a environ 60 ans, favoir en 1726, ou, felon leur maniere de compter, 1'an du : monde 5485. On a fuivi le modele de la Synagogue Portugaife a Amfterdam, maiscnpctit, celle de La Haye n'ayant que 46 pieds cnlongueur & 36 en largeur. L'intérieur, eft ainfi que 1'extérieur de la plus grande propreté. Lesfemmes y ont leurs places dans une galerie derrière des jaloufics, qui les dérobent a la vue deshommes; elles ymontentpar un efcalier placé h 1'Eft. Les hommes au contraire entrent & fortent par la grande porte qui eft a 1'Oueft, & qui donne dans une cour pavée öc féparée de la rue par une muraille, au milieu de laquelle eft une belle porte de fer grillée. L'autre iffue donne fur le Canal; mais la Synagogue eft couverte de ce cóté par deux maifons qui ne la déparent point, & au milieu defquclles eft 1'entrée. L'une de ces maifons eft habitée  Chap. IV. Maifons de Ch&ritê. 69 habitée par le Lccteur, & 1'autre par le Maitre d'école. Au refte ce qui fait honneura ces deux ' nations, c'eft qu'elles prennent, ]'une& 1'autre, beaucoup de foin de leurs pauvres, & leur font de grandes largeffes. CHAPITRE. IV. Maifons de Charité £? Fondations pieufes. L'cfprit de charité ne rêgne pas moins a La Haye que dans les autres Villes des Provinces-Unies. Les régiemens de police fur eet objet , & les abondantes aumönes qu'on y recueille annuellement, prouvent d'un cöté 1'attention du Magiftrat pour les indigens, & de 1'autre la bénéficence des habitans. II y manque a la vérité deux établiffemens qui fe trouvent dans d'autres Villes , favoir un höpital général, & une maifon pour les enfans trouvés. Cependant tout pauvre malade, de quelque religion qu'il foit, eft efficacement foulagé & ne peut jamais être réduit a la nécesfité de périr de mifere; on a également pourvu a la confervation & a 1'éducation de tout enfant abandonné. E 3 les Synago\ues.  jo Description de la Haye Situation. Origine. Les maifons de Charité font au nom3te de quatre, deux pour les Réformés, ine pour les Luthériens & une pour les Catholiques - Romains. Maison de la Diaconie Hollandoise. C'eft une grande maifon quarréc, fituée a 1'entrée méridionale de la Ville a la droite, & entre les deux ponts du Canal par lequel arrivent les barques de Leyde & de Delft. On diftinguoit anciennement quatre fortes de pauvres a La Haye, dont les principaux appellés Huiszitten- Armen, c'eft-a-dire Pauvres logés ou rccueillis dans des maifons, étoient fous 1'infpeüion particuliere de quatre perfonnes. Ces Pauvres étoient tous du Corps dela bourgeoifie, & de celui des habitans du lieu. Leurs Infpefteurs, prémierement choifis par le Baillif, & dès 1'an ij6o par le Stadhouder, ou en fon abfence par lePréfident de la Cour, avoient charge de les loger, de les habiller & de les nourrir du provenu de certains fonds confacrés a eet ufage. Mais après Ia Réformation, vers 1'an 1575., on remit cette direétion aux Diacrcs de 1'E- gïife  Chato. IV. Maifons de Charité. 71 glife. Peu a peu La Haye vit unemuttitude d etrungers groliir le nombre de fes habitans; les pauvres s'y multiplierent; on en recut de toute efpecea Ja charge publique ; & quand enfuite on vojlut les diltuigucr d'avec les natifs & les bourgeois,, on y trouva tant d'obftacles qu'il fallut en abandonner 1 entreprife Vaincment le Magiftrat fit & renouvclla des ordonnances contre les mendians vagabonds & gens fans aveu qui viendroient s'etabhr furtiyement a L a H ay e ; toutcs les mefures qu'il prit fe trouverent mfuffifantes. JEn 1654 on dreffa un plan pourconftruire deux maifons, 1'uneal'uiiige des enfans trouvés , 1'autre pour renfermer tous les mendians, capables de quelque travail; mais cc deffein échoua encore. Enfin les üiacres ayant obtenu du Magiftrat d'achctcr une Maifon poury .jger les enfans & les.vieilles femmes des :\u;\res a leur charge, ils acquirent en la maifon qui y fert encore.Elle avoit été originairement conftruite au commencement du dixfeptieme fiecle par Mr. Jacoi; van.Dyk, Confeiller & Ambafladeur de fa Majefté Suédoife auprès des Etats - Généraux. Elle avoit été pofTédée enfuite par Mr. Thomas Verwar. Quand la Diaconie Peut acquife, E 4 on Diaconit Hollanioife.  72 Description de la Haye Régiemens. on y fit des changemens confidérables, en 1687 elle fe trouva aggrandie environ de la moitié. Suivant les Régiemens on ne regoit dans cette maifon que des vieilles femmes qui font membres de la communion Réformée Hollandoife, & des Enfans dont les peres ont profefie la même religion & ont été infcrits fur le regiftre des membres de cette Eglife. Toutes ces perfonnes, tant femmes qu'enfans, y font logées, nourries, & habillées de noir & d'une maniere uniforme; Ce qu'elles apportent dans la Maifon en y entrant doit y refter, de même que les biens dont ellcs héritent ou peuvent héritcr dans la fuite; a moins qu'ellcs ne refiituent a la Diaconie tous les fraix qu'elle a faits pour leur entretien & pour leur éducation; on permet depuis quelquc tems aux gargons & aux filles de fe libérer de cette obligation pour la fomme de trois ou quatre ducats, cn fortant de la maifon: le tems de cette fortie eft fixépour les deux fexes a 1'age de vingt-cinq ans. Le nombre des perfonnes qui habitent cette maifon eft actuellement d'environ feptcens, tant femmes & enfans, qu'officicrs «Sc domeftiques. '■ Les enfans y apprennent a lire, écriré «Sc  Chap. IV. Maifons de Charité. 73 & chiffrer. Ils font inftruits avec foin dans la Religion Réformée, & on fait ap-, prendre k chacun d'eux un métier, afin qu'en fortant de la maifon ils Ibient en état de pourvoir eux mêmes a leur fubfiftance. Six Diacres font Régens de cette Maifon: autrefois ils en avoient toute 1'infpectlon; mais depuis 1725 on réfolut que fix veuves, Dames de bonne familie, feroient élues par le grand Confiftoire pour veiller avec eux fur la police de cette Maifon de Charité. Les uns & les autres s'affemblent tous les Vendredis. Les Dames prennent connoiffance de tout ce qui a rapport aux femmes & aux filles.Les Régens font chargés de ce qui concerne les gargons, & de divers détails qui appartienncnt ou a 1'entretien de la maifon , ou aux approvifionnemens annuels. L'Ecole eft auffi fingulierement fous leur direclion. C'eft cependant le Corps des Diacres qui en élit le Maitre, ainfi que le Gardien, la Gardienne, & les autres Officiers ou Domeftiquesde la Maifon; auffi le Corps entier des Diacres s'y asfemble-t'il de trois en trois femaines. Les revenus ordinaires de cette Maifon ne fuffifent pas pour 1'entretenir. Ces revenus provicnnent en partie du travail E 5 des Inftrucion. Direttkn. Revenus.  Diaconie Holton- doife. Pauvres hors de la Maifon. 74 Description de la Haye des enfans qui y font élevés, cn pauk des aumónes qu'ils vont rccueillir chaque Dimanche, dans une boëte, aux portc.s des particuliers; en partie des charkes qui leur font faites aux portes des Eglifes lorfqu'il y a des enterremens ; cn partie des legs cc des donations teftamentaires au profit de la Maifon cc en partie des intéréts de quelques obligations. Le Confeil d'Etatlui fait auffi une gratification annuelle de quinze eens florins; mais a tout cela la Diaconie doit ajouter chaque année une fomme plusou moins confidérable, fans quoi il feroit impoffiblc de foutenir eet utile établiffement. Outre les pauvres que la Diaconie Réformée Hollandoife nourrit dans cette Maifon, elle eft chargée du foin d'un grand nombre d'autres qui font répandus 3ar la Ville. Cette Diaconie eft compofée de feizc Diacres, dont dix ont 1'inipe&ion des Quartiers, cc les fix autres "ont Régens de la Maifon. Parmi les dix premiers il y a toujours un Avocat- Dia:re cc un Teneur de livres de la Diacojie en général. Le plus ancien des fix lerniers ell teneur de livres de la Mai"on en particulier, cc doit rendre an"ïuellement fes comptes par devant les ""ommiiPiires de la Cour de luftice, du Ma-  Chap. IV. Maifons de Charité. 75 Magiftrat de la Ville 6c du Confifloire de 1'Eglife. Les revenus annuels qui fervent a 1'entretien des pauvres de 1'Lglife Réformée Hollandoife font les fuivans; les intéréts d'un capital aflèz coniidérable en obligations foit fur Ia Holiande, foit fur la Généralité ; une portion aux deniers qui reviennent au Magiftrat pour tout ce qu'on donne a ferme dans LaHaye, 6c 6c dans fa banlieue; une portion aux. taxes impofées fur le vin 6c les liqueurs fortes, rapportant aux environs de neuf mille florins; une part des amendes civiles, décernées a la requifition duBaillif; la retribution qui fe paye pour faire fonner les c loches-des Eglifes, quandil meurt quelqu'un; les aumónes qui fe recueillent dans les trois Eglifes Hollandoiiés, chaque fois qu'on y célebre le fervice Divin, 6c qui, année commune, rapportent cinquante mille florins; les collectes générales qui fe font de maifon en maifon par toutc Ia Ville cinq fois par an, 6c dont chacunc produit ordinairement trois mille florins ; enfin les legs 6c donations, faits de tems en tems par des ames charitablcs 6c fans lefquels ces revenus, quoique ccofidérables, ne fuffiroient cepepdant pas a 1'eatret.iea de tant Revenus de la Diaconie en général.  Diaconie Hollandoife. Charitis extraordinaire*. yó Description de la Haye tant de pauvres. On le comprendra facilement fi on confidere que la dépenfe annuelle de la Maifon de Charité monte jufqu'a quarante & deux mille florins, dont la Diaconie paye au moins dix mille; que les diftributions qui fefont chaque femaine dans les quartiers paffent la fomme de cinquante quatre mille florins, fans compter les habillemens & le chauffage que les pauvres regoivent aux approches de rhyver; d'ou 1'on peut conclure, fans exagérer, que la dépenfe annuelle doit paffer les cent cinquante mille florins. II eft certain qu'il n'y a point de Ville oh il y ait plus de perfonnes charitables qu'a La Haye. Quoiqu'il n'y ait point de familie aifée qui en particulier ne fasfe du bien, foit a des pauvres honteux, foit a des indigens dont les befoins (ont preffans & extrêmcs, les charités publiques fe multiplicnt d'abord que quelqu'accident imprévu augmente le nombre ou les befoins des malheureux. On en vit une preuve mémorable cn 1716. L'hyver n'eut pas plutót fait fentir fes rigueurs, que les Diacres Hollandois recueillirent en un feul jour environ dix mille florins. L'année 1740 les Collectes des deux Eglifes Hollandoifcs & Fran-  Cfeap. IV. Matfons de Charité. 77 Francoifes, faites au mois de Janvier, a quinze jours feulement de diftance 1'une de 1'autre, ont produit au dela de cette fomme. Dans le rude hiver de 1783 les habitans de La Haye, après avoir fourni paffe les fix mille florins a une collecte faite en faveur des pauvres de leur Ville, ont contribué dans 1'efpace de quatre femaines. ƒ 20263 - 11 - o, pour fubvenir aux befoins des malheureux habitans dela Gueldre &de 1'Overyffel, ruinés par les inondations. La généreufe bénéficence du Prince Stadhouder & de Son Augufte Epoufe font cn particulier au deifus de tous leséloges. Cette vertu , qui chcz ces illuftrcs pcrfonnages ne connoit pas de bornes, fuffiroit feule pour les faire vénérer &chérir de tout vrai citoyen & en particulier des habitans de La Haye, Outre la part trés confidérable que LL. AA. contribuent aux collecfes dans les Eglifes 9 outre les penfions qu'elles font a des famiires & des perfonnes dans le befoin, & les aumónes qu'elles diftribuent journcllement a toutes fortes de néceffiteux, leur münificence redouble dans toutes les occaiions extraordinaires. On en pourra juger par cc trait. Dans 1'hyver rigoureux de 1776, comme on n'ordon- aa Bhéfi. cence exempiairs de LL. AAï  1% DeSCRIPTION DB LA HAYE Diaconie Franpife. na point de Collecte extraordinaire, Ie Prince feul fit diftribuer aux families indigentes Je La Haye une fomme de dix mille florins. De tels exemples font bien dignes d'être célébrés & tranfmis a la poflérité. Maison de la Diaconie F r a n § o i s e. Outre la Diaconie de 1'Eglife Hollandoife, les Eglifes Francoife & Angloife ont chacunc la leur a part pour 1'cntretien de leurs pauvres refpeftifs. Le troupeau Frangois étant encore nombreux 'La Hayê, a auffi un grand nombre de pauvres a fa charge; cette Diaconie diftribue annucüement entre les traite & quarante mille florins, qu'elle recueille uniquement des interets d'un capital cn obligations, des aumónes qui font faites aux portes de 1'Eglife, & dans trois collectes par Ia Ville. L'utilité fenfible de la Maifon de charité Hollandoife, avoit infpiré depuis longtems au Confifloirc Frangois Ie defir d'èn établir une fur le même plan, mais la modicité de fes fonds en avoit longtems arreté Pexécution. Enfin en 1701 on effaya d'engager le troupeau a facilitcr 1'entre- prife  Chap. IV. Maifons de Charité. 79) prife parunecontribution extraordinaire, & on recueillit dans un feul jour, après trois fermons relatifs k la circonftance, la fomme de quatorze mille florins. Avec ce fecours on niit la main k l'ocuvrc, & dans deux ans la Maifon fut acbevée Elle efl fituée a 1'eft de la Ville, fur le quai extérieur du folie de la place, dans le quartier nommé les Uyle-boomen. C eft un édifice affez étendu & fort élévé; mais calculé d'abord pour quatre vingt a quatre vmgt dix perfonnes, il eft actuellement habifé par cent quarantc,- ce qui a obligé d'y faire des aggrandiffemens. On y ree, 01't des pauvres des deux fexes & de 'tout age, qui y font bien logés, alimentés & habillés. On n'y cpargne rien pour procurer aux enfans une éducation affortie a leur état. La Maifon eft gouvernée & adminiftrée par huit Régens, qui font les Diacres de 1'Eglifc. & par quatre Dames Régentes, fous 1'autcnté & l'infpeélion du Confiftoire. Ses revenus confiftertt dans le prcd'iit du travail des enfans qui y font élevés, dans celui des aumónes* qu'on receuille aux portes de 1'Eglife* d?ns les trois exercices d'un Dimanche de chaque année, fixé & anaoncé pour eet cffet, & dans les intéréts de quel- ques Diaconie Franfojfe.  Diaconie Franpije Pauvres Luthé- riens. 80 Dêscrïp-ïion de la Haye ques lcgs picux & d'autres donations que des perfonnes charitables lui font de tems en tems ;. ce qui ne fauroit payer qu'a peu prés lequart de fa dépenfe, le refte eft: fuppléé par la Diaconie. On a tout lieu d'efpérer que le troupeau ne ceffera jamais de foutenir un établiiTement qui fait tant d'honneur a fa piété & a fa charité. DlACONIES DES AUTRES Co MM UN IO NS. Ce qu'on vient de dire des pauvres de La H ay e & des moyens de fournir a leur fubfiftance concerne uniqucment ceux qui font profefTion de la Religion dominante; les autres Communions doivent pourvoir elles mêmes au foin des pauvres qui en font membres. Les Luthériens ont bati pour les leurs une Maifon de Charité, nomméeMaifon des pauvres & des Orphelins. Elle eft fituée derrière le Prince - Gragt au Nord. C'eft un batiment aifez fpacieux & bien conftruit. Ceux qu'on y recoit font bien traités a tous égards. Le"confiftoire y a introduit un bon ordre qui eft bien obfervé. Quelques rentes, des legs pieux & les aumónes qu'on recueille dans 1'Eglife Luthéricnne fourniffent a 1'en- tretiep  Chap. IV. Maifons de Charité. Si tretien de ceux qui vivent dans cette Maifon. , Les Catholiques Romains ont pareillement fait conftruire, depuis quelques années, une maifon pour y placer une partie de leurs pauvres de 1'un & de 1'autre fexe. Ce batiment eft fitué presqu'au bout de la Ville a 1'Oueft entre Ie Pnnce-gragt & le Wefteinde, dans la rue, nommée en HoIIandois Slop van de drie Boeren. II a déja été parlé du foin que les deux Nations Juives ont de leurs pauvres. Fondations Pieuses. Une des principales & des plus ancien- j nes Fondations pieufes étabhcs a Laè H ay e eft affurément la Maifon des Or- / phelins. Sa fondation date depuis 1'an 1 1564. ^ Le fondateur & la fondatrice en t ont été Crispin van Boshuizen, Receveur Général de la Sud - Holiande , & Agnès Pieters , fon époufe; par leur teftament ils avoient légué presque tout leur bien pourl'entretien des vraispauvres. Les exécuteurs teftamentaircs en firent d'abord une diftribution a des gens qui s'enrendoient indignes par leur conduite: F Pour Fondationspieufes, Waifon es Orhelins.'ondaIon.  Sa Description de la Haye Maifon des Orphelins. Pour remédier k eet abus ils s'adreiTerent a la Cour de Holiande, afin d'en obtenir la permifiion d'cmployer les deniers qui leur reltoient, a la fondation d'une Maifon pour les pauvres Orphelins. Cette demande leur fut accordeée le i7Mai ij63, &l'Archevêque d'Utrecht approuva & confirma eet établiffemcnt par une lettre du iö Oétobre de la même année. On acheta donc en 1564 une maifon fituée dans le Nobel-Jlraet. On drefla enfuke un Corps de régiemens pour la direétion de cette maifon. La Courl'approuva en 1564; mais elle permit ou ordonna quelques années après qu'on y fit des changemens. Des perfonnes charitables voulant favorifer eet établiffement, lui firent fuccefïïvement des legs & autres donations. Comme le nombre des Orphelins augmenta au point que la maifon ne put plus les contenir, les Etats de Holiande y fubflituerent en 1576 le Couvent de Sainte-Agnès, fitué au cóté Septentrional de la rue nommée Wefteinde. Ce Mtiment ayant befoin de beaucoup de réparations & de changemens, les enfans ne purent y entrer qu'en 1597. Alors les Etats doterent la nouvelle maifon de quelques terres qui avoient appar-  Chap. IV. Fondations Pieufes. 83 appartenu au Couvent des Dominicains. Ils y affefterent auffi les biens fonds du Couvent de Sainte - Agnès. Tout cela ne fuffifant pas encore pour foutenir le nouvel établiflement, les Etats, pour y fuppléer, pcrmirent en 1599 qu'on fit une Loterie a fon profit, & ne bornant point a cela leur libéralité & leur atten tion , ils exempterent la Maifon des Orphelins de quelqucs impots. Enfin pour la favorifer davantage encore, on lui accorda une portion aux droits qui fe payent des aifermemcns publiés cc qu'on appelle deniers de rangon. Au premier établiflement dc la Maifon des Orphelins on n'y put recevoir que' huit ou dix enfans, tant de 1'un que de 1'autre fexe; mais trois ans après on y en comptoit déja une trentaine. On ne regoit dans cette Maifon que des Enfans dont les Peres ont fait profeffion de la Religion Réformée, & posfédé le droit de Bourgeoifie, au ff moins pendant les quatre dernieres années de leur vie. Ces enfans doivent, pour y entrcr, n'avoir pas moins de trois ans, ni êtrc agés d'au-dela de dix. Les Orphelins ont eet avantage, que ce qu'ils posfedent en entrant dans la Maifon, cc les biens dont ils héritent pendant qu'ils y F 2 de- MaifoTn des Orphelins. Reglenens.  Maifon des Orphelins. Regiemens. 84 Description de la Haye dcmeurcnt, leur font rcftitués quand ils en fortent, la maifon n'en ayant, pendant eet intervalle, que 1'ufufruit. Tout Orphelin foit gargon foit rille, qui, après avoir appris un métier, fort de la maifon, regoit un trouffeau cn habits & en linge, outre un préfent cn argent comptant. Un pareil trouffeau efl accordé aux enfans qui font élevés dans les Maifons des différentes Diaconics. Les Regiemens qui entrctiennent le bon ordre dans cette fondation ont été drefTés avec toute la fageffe & la prudence poffible. Autrefois Ia Cour de Holiande en nommoit les Régens & Directeurs ; mais depuis qu'en 1653 les Etats eurent remis au Magiftrat dé La Haye 1'intendance de toutes les Maifons de Charité qui font dans cette Ville, c'eft le Magiftrat qui les a toujours nommés. II y a trois Directeurs ou Régens qui ont fpécialement h leur charge le maniement des deniers, trois Dames Régentes pour l'infpeétion des habits, du linge, des utenfiles &c, & un Adminiftrateur ou Receveur. Dans la Maifon même demeurent, outre le Maitre d'Ecole , un Gardien & une Gardienne, nommés le pere & la mere. Afin de perpétuer la mémoire des Fondateurs  Chap. IV. Fondations Pieufes. 85 dateurs de eet utile établiflement, on avoit mis au deffus de la porte d'entrée de l'édifice , outre la date de 1'année IJ64, les Lettres C. V. B. & A. P. qui indiquent leurs noms ; & plus bas 1579 qui eft 1'année dans laqueile on établit les Orphelins dans la maifon qu'ils occupent actuellement. Et pour exciter ces enfans au fentiment de la reconnoisfance, on leur fait porter, coufue fur la manche gauche de leurs habits, la marqué A. & C. qui font les Lettres initiales des noms de batême du Fondateur & de la Fondatrice. Depuis les dernieres réparations faitesa cette Maifon, on a fait difparoitre 1'ancienne infcription qui étoit au deflusdela porte, &aujourd'hui on y lit fimplement Maifon des Orphelins Bourgeois, & Fondation de Renswoude. C'eft une nouvelle Fondation trés irn- i portante qui, depuis quelques années c feulement, a été réuniea 1'ancienne. El-1 le fait trop d'honneur a la Fondatrice ■> pour ne pas entrer dans quelque détail a fon fujet. Dame Marie Duyst de Voorhout fe trouva le dernier rejetton d'une ancienne Familie patricienne de Delft. Douairière fans enfans de Mr. Dideric F 3 de Maifon des Orphelins. ?ondation e la Daie Rensmde.  86 Description de la Haye Maifon des Orphelins. de Hogeveen Confeiller dc la Ville de Leyde, elle époufa en fecondes nó-ces Meffire Fréderic Adrien, Baron de Reede, Seigneur de Renswoude 6? Emminchuyzen, Préfident de 1'ordre Equeftre de la Provinceé'Utrecht. Ayant perduencore ce fecond époux, dont elle rcfta héritserc, & ne fe voyant que des collatéraux fort éloignés, elle penfa a difpofer de fesgrands biens d'une maniere quipüt contribuer a 1'avanccment des fciences utilcs a fa patrie , & particulierement des Mathématiques & de 1'Hiftoire Naturelle. Elle même avoit cultivé cette derniere fcience, & entretenu correspondancea ce fujet avec lecélébre Leeuwenhoek. Douée d'ailleurs d'un cceur charitable & généreux, qui la faifoit aller au devant des befoins de ceux qui étoient tombés dans 1'infortune fans y avoir contribué, elle tachadc réunir ce doublé objet dans fes difpofitions teftamentaires. Pour eet effet elle établit fes héritiers les Maifons des Orphelins de Ia Ville d'Utrecht la patrie de fon dernier Epoux, de Delft dont elle étoit elle même originaire, & de La Haye oh elle avoit paiTé une partie confidérable de fa Vie. Son intention n'étoit pas quece bienfervïta 1'ufagedeces Maifons cn  Chap. IV. Fondations Pieufes. 87 en général, mais elle ordonna exprefTément que les revenus feroient confacrés uniquement a 1'éducation de ceux d'entre ces garcons Orphelins qui annonceroient le plus de génie, de talens & d'application; que ces jeunes gens feroient féparés des autres poür être inflruits & rendus habiles dans les Mathématiques & autres fciences utiles au pays , comme la Chirurgie, la Navigation & Part du pilote, l'Architeólure tant civile que militaire, la conftruétion des Vaiffeaut & des moulins, le travail des Digues, la Peinture, la Gravure, la Sculpture & Part du Tailleur depierres, enfin Part de faire des Inftrumens de Mathématiques & de Méchaniquc. La Teftatrice étant morte, le 26 Avril 1754 a Page de 92 ans, les trois Maifons entrerent en poffeffion de leur héritage & chacune fe hata d'employer fa portion, qui étoit de fix - cent mille florins, au noble & utile ufage auquel elle étoit deftinée. A Utrecht & a Delft on bÉitit de nouvelles maiforis. L'ancienfe maifon de La Haye fe trouva aflez fpacieufe pour qu'on put en féparer un quartier a Pufage des Renswouders; les jeunes Orphelins en qui Pon trouve les talens & les difpofitions _requifes, fontrcgus de bonneheure, jusF 4 qu'au Maifin des Orphelins.  Maifon des Orphelins. L'Hdpital 88 Dêscriptton de la Haye qu'au nombre de douze, dans ce quartier. Ils y ont leur Gardien particulierD'habiles maitres viennent les inltruire dans PEcriture, 1'Arithmetiquc, leslangues Hoüandoife & Francoife, les principes de la Religion, le Deflin, les Mathématiqucs & toutes les branches de la Phyfique. Ils y trouvent a leur ufage une Bibliotheque, un Cabinet d'inftrumens pour la Phyfique expérimcntale, & une Colleclion de modeles de toutes les machines mccaniques en ufage dans le pays. Après que ces jeunes gens ont choifi Part ou la profeffion k laquelle Icurs^ talens & leur inclination les portent a fe vouer, on n'épargne rien pour les y rendre habües. Si les pays étrangers offrent plus de refiources pour les perfeftionner dans eet art ou cette profeffion, on les y envove & onles y entretient au fraix de la Fondation jufqu'a Page de vingt cinq ans; a cette epoque on leur refiitue, comme k tous les Orphelins , ce qu'ils pofiedoient en entrant dans la Maifon, avec ce qu'ils peuvent avoir acquis pendant le fèjour qu'ils y ont fait, & on y ajoutc par dellus une fomme des revenus de la Fondation, pour aidcr a leur établiflement.  Chap. IV. Fondations Pieufes. 89 L'Höpital de St. Nicolas. C'eft. la plus anciennede toutes les Fondations pieufes de La Haye. On ne fauroit dire précifément quand il a été fondé, ni par qui. Cependant il eft trés vraifemblable que ce fut A l b e r t de Baviere, Comte de Holiande, qui fit b&tir eet Höpital, & on voit par un Acté des Echevins de La Haye en date de 1'année 1377, qu'il étoit déja alors fur pied. Cc qu'il y a de certain, c'eft qu'on voit encore fur la porte les armes de Baviere, & qu'cn 1585 Albert affecta a 1'entretien de cette Maifon les droits impofés fur la mcfure des grains & en général fur les poids & mefures de la Ville; les deux premiers de ces droits ont été vencius en 1615 au Magiftrat, d'après la pcrmifïïon des Etats de Holiande. Les Comtes qui fuccéderent a Albert confirmerent les Privileges de cette Maifon, & y en ajouterent denouveaux, entr'autres le revenu de la pêche du Vivier de la Cour. Divers particuliers y ajouterent des donations ou legs pieux, & il n'y a aucun lieu de douter'que PHópital de St. Nicolas ne fut le plus riche & le mieux renté de tous ceux de La Haye. Cet Höpital eft fitué dans une petite, rue, derrière PHötcl de Ville. La Mai-1 F 5 fon Fondaten 'leftina- 107!.  90 Descriptton de la £Iayë Hópital de St. Nicolas, Dire&im. fon a peu d'apparence, étant trés baffe & peu fpacieufe. On a prétendu avec alTez de fondement que eet Hópital fut anciennement deftiné è receuillir des fuppóts & des Serviteurs de la Cou-r de Holiande, qui viendroient atomberdans I'indigence; auffi 1'appelloit-on quelquefois La Maifon des Suppóts; il y avoit même dans une chambre fëparée une Bibliotheque pour 1'ufage des Avocats; mais depuis deux fiècles on y recoit des vielles gens de tout ordre qui profeffent Ia Religion Réformée & qui ont de la peine a fubfifter par eux mêmes. Ën y entrant, ils font obligés d'y apporter un Jit, du linge, des habits & quelques petits meubles a leur ufage; des lors ils y font logés, trés bien nourris & pourvus de tout le néceffaire. Le nombre des perfonnes qu'on y recoit efl: ordinairement de trente, moitié hommes, moitié femmes. La Maifon efl: adminiftrée par quatre Régens & leurs Epoufes, qui ne dépendent en rien du Magiftrat; ces Régens s'élifent eux mêmes" & fe choififfent des Collegues tantöt d'entre les fuppóts de la Cour, tantót d'entre les membres de la Magiftrature. Ils ont un Receveur, mais le Receveur Général de la Nord-Hollande a la furlntendance. Albert  Chap. IV. Fondatiens Pieufes. 91" Albert de Baviere avoit auffi pourvu eet Höpital d'une Chapelle fituée visa-vis de la Maifon. II y attacha de bons revenus, 6c en fe refervant pour lui 6c pour fes fucceffeurs le droit de Patronage, il accorda la nomination du Chapelain a 1'Abbé de Middelbourg. Immédiatement après que les Efpagnols eurent été chaffés, elle fut convertie en grenier a bied. En 1615 elle fut vendue au Magiftrat, 6c depuis ce tems elle a toujours fervi de Boucherie. L'Höpital des Lépreux. C'eft la première maifon qu'on trouve en entrant dans la Ville au Sud, c'eft - a - dire par le chemin de Delft. Dans le quatorzième 6c le quinzième fiècle la lepre étoit fort répandue en Europe, particulierement en France 6c dans les Pays-bas. Pour prévenir que ce mal contagieux ne fe répandit d'avantage, 6c s'il étoit poffible, le faire ceffer entierement, on fépara ceux qui en étoient attaqués, en lps enfermant dans des maifons appropriées 6c deftinées a eet ufage. L'Etat miférable de ces malades excita la compaffion du public. On leur fit des libéralités de toutes les manieres. Prefque toutes les Villes de Holiande avoient de tels Ripitdl de St. Nicolas. Fonda' tiott.  Hópital des Lêpreux. Anciens Riglc- mens. 92 Description de la Haye tels Höpitaux, & quelques uns acquirent peu è peu des revenus flxes trés confidérables. Celui de L a H ay e avec fa Chapelle exiftoitdéjacertainement 1'an 1450, & peut-être quelques années plütot. Du moins en 14.ro Gerlac, Evêque de Jérufalem, & Grand Vicaire de 1'Evêque d'Utrecht, confacra folemncllement 1'Autel de la Chapelle a la gloirc de la St. Fierge, de St. Corneille, de St. Sébaftien & de St. G&orge, & publia des indulgences plénieres de quarante jours pour tous ceux qui y feroient dans la fuite quelques préfens; cc qui ne manqua point d'y attirer des donations de toute efpece & des fondations d'un tres grand revenu, au profit de 1'Höpital & de fes Direcleurs. L'endroit ou cette Ladrerie fut conftruite en prit le nom de Zieke, comme qui diroit quartier desmalades. Perfonne ne pouvoit y cntrer pour fe faire guérir, que fur un billet des Direéteurs du grand Höpital desLépreux hHaerlem, lefquels avoient par privilége fpécial cette forte d'infpection fur toutes les Ladreries de la Province. Quand on étoit guéri, il falloit retourner a Haerlem pour comparoitre de nouveau devant ces Mcffieurs, & ce n'étoit que fur une atteftation de fanté, iignée  Chap. IV. Fondations Pkufes. 93 fignée de leur main, qu'on pouvoit rentrer dans le commerce de la Société. Les pauvres étoient regus clans la Ladrcrie de La Have pour trés peu de chole, cc cn fortoient aflez bien habillés; mais les pcrlonnes les plus aifées devoient y apporter divers meubles cc utenciies qui reftoicnt dans la Maifon, a moins qu'on ne voulut les racheter; ce qu'on pouvoit faire dans la fuite pour 25 florins. Les lépreux étoient entretenus & guéns non feulement par le moyen des riches rentes qui appartenoient a 1'Hópitalmais encore par le fecours des aumónes qu'ils alloient quêter chaque jour de porte en porte pour le foulagement des malades; au commencement de chaque année en Janvier ou en Février, les Lépreux faifoient une quête générale a La Haye dans un apparcil aflez grotefque. On faifoit monter fur un chariot quelques Lépreux, 3a Gouvernante de la Maifon, la fervante, un des ferviteurs du Baillif, un Tambour, & au milieu de cette troupe un homme qui portoit des poupées comme en triomphe. Dans eet équipage ils parcouroient toutes les rues cc ne rapportoient pas grand chofe au logis. Ce ne fut pourtant qu'en 1664 qu'on abolit entiere- msnt Hópital des Uprewr.  Hópital des Lépreux. UJage AOvel. 94 Description de la Haye ment eet ufage. La courfe que les Lépreux faifoient en Juin ou en Juillet, dans le Weftland, fans Tambour néammoins & fans poupées, leur valoit beaucoup davantage ; ils en rapportoient quelquefois jufqu'a 1300 livres de fromage. Toutes ces courfes finirent cn 1655, paree que dés 1'an 1628 il n'y avoit prefque plus de Lépreux a La Haye. En 1518 les Direéleurs de eet Höpital, pour procurer a la Maifon une agrcable avenue, avoient follicité & obtenu la permiffion de planter des arbres de part & d'autrc fur le grand chemin qui mene a Ryswyk, & qui depuis 1091 pouffé jufqu'a Delft, & pavé dans toute fon étendue, fait un des plus beaux ornemens des cnvirons de L a H ay e. Aujourd'hui 1'Höpital des Lépreux eft devenu une maifon de communauté qu'on nomme en Hollandois Proveniers -Huys. Toutes perfonnes de 1'un & de 1'autre fexe, ou mari & femme enfemble, peuvent y entrer, moyennant une certainc fomme une fois payée. On en regoit jufqu'au nombre de trente; tous mangent a la même table; mais chacun a fa chambre a part, & quelques uns même en ont deux. Cette Maifon eft fi agréablcment fituée & fi bien réglée, qu'il  Chap. IV. Fondations Pieufes. 95 faut dc la faveur pour y etre admis. Elle eft adrainiftrée par quatre Régens & leurs Epoufes; mais les Bourguemaitres de la Ville en ont Ia furintendance; c'eft auffi a eux que Ie Receveur eft tenu de rendre fes comptes. En 1705 la Chapelle, qui étoit peu étendue, fut changée en une falie d'afiemblée pour les Régens de la Maifon; on la reconnoit encore a fon petit clocher qui a été confervé. Cette Maifon feroit extrêmement propre a en faire un Hópital général, dont La Haye eftdépourvue. On dit qu'il en a été queftion, mais jufqu'a ce moment, ce projet fi effentiel eft demeuré fans exécution. Maifon pour des Fieillards ou OudeMannehuys. Elle eft fituée dans le Okde-molflraet derrière 1'Eglife Angloife oa elle vient aboutir. C'étoit anciennement la Confrairie du St. Sacrement, dont cette Eglife étoit la Chapelle. Cette confrairie exiftoit déja au commencement du quinzième fiecle. L'abbé de Middelbourg & le Curé de La Haye ne la confirmerent qu'en 1440, k condition qu'elle payêt annuellement au dernier la fomme de quatre livres, argenc de Holiande. Après la Réformation cette DiteQim  Maifon pour le FieillardSi 96 Description de la Haye te Maifon a été longtems unecommunauté, 0L1 1'on achetoit fa vie comme dans la Maifon des Lépreux, ce qui n'a ceffé que pour faire place a un établiffement beaucoup plus avantageux. En 1727 mourut Jacob Frédéric van Beyeren van Schagen. Ses difpofitions teftamentaires portoient, qu'étant refté le dernier de fa familie & defirant d'imiter la pieufe bénéficence d'un de fes Ancétres, favoir Le Comte Albert de Baviere, Fondateur de 1'Hópital de St. Nicolas, il vouloit que tous fes biens fuffent remis entre les mains des Bourguemaitres de La Haye pour fervir a une Fondation en faveur d'un certain nombre de Vieillards. Mais les fonds Jélaiffés n'étant pas alTez confidérables on dcvoit en accumulcr les revenus jusqu'a ce qu'on put en batir une Maifon, contenant vingt - quatre a trente chambres , pour y recevoir autant d'hommes au deiTus del'age de foixante ans, membres de 1'Eglife Réformés, moitié Suppóts de la Cour & moitié Bourgeois de La Haye, afin que dans cette Maifon ils puffent être logés & nourris convcnablement jufques a leur mort. Ces revenus ayant été accumulés jusqu'eni773> le Magiftrat de La Haye, pour  Chap. IV. Fondations Pieufes. 97 pour faciliter les vues charitables du Fondateur & en hiterl'exécution, jugea 1 a propos de céder pour eet effet au nou- l vel établiflement le terrein de 1'HópitaI du St. Sacrement, avec les biens qui y avoient appartenu; les Etats de Holiande y ajouterent 1'exemtion de toute aecife, & une petite portion dans le produit des impofitions qu'on recueille dans La Haye. L'ancienne maifon tombant en ruïne fut abattue, & on élevafur ce terrein une nouvelle maifon felon le plan indiqué par le Tcftatew. Elle fe trouva entièrement a.chevée en 1773, & le 9 Septembre on y regut vingt quatre Vieillards; mais les fonds ayant été accrus par une bonne direftion, on en admet a prefent jufqu'a trente , & outre le logement & la nourriture dont le Testateur parle uniquement, on a trouvé moyen de pourvoir encore a leur habillcmentj&deleur procurerle fecoursd'un Médecin & d'un Chirurgien. Les médicamens leur font fournis par 1'Apothtcairerie de la Ville. ^ La Maifon eft dirigée par cinq Régens Dit a qui on a laiffé la difpofition des places vacantes ; leurs Epoufes font Régentes. Lamaifon a auffi un Receveur, qui doit annuellement rendre compte de fa geftion au G Ma- Maifon our les 'ieillards. eiïioni  Maifon pour les Vieillards 98 Description de la Haye Magiftrat, auquel appartient la furintendance. Selon 1'ocr.roi des Etats de Holiande, ce que poiïedent les Vieillards admis dans la Maifon eft cenfë lui appartenir. Elle jouit encore des revenus des biens qu'ils peuvent hériter pendant le fejour qu'ils y font; & a leur décès la Maifon en acquiert la propriété, s'ils ne laiffcnt point de defcendans. La Maifon n'a pas grande apparence extérieure, fon étendue étant en longueur & entièrement cachée par les bidmens environnans. La principale porte eft h 1'Oueft dans VOude Moljtraet, mais les fenêtres de la Fagade appartiennent a des maifons qu'on loue a des particuliers; les habitations des Vieillards font tout h fait dans 1'intérieur ; la diftribution en eft auffi bonne que Ia nature du terrein 1'a permis. L'entrée ordinaire eft au "Nord dans une allée étroite. II eft facheux qu'un emplacement plus confidérable & plus ouvert n'ait pas permis de procurer a ces Vieillards 1'avantage d'unedemeure plus aërée, &l'agrément: d'un jardin pour s'y promener. Maifon des Fous &f des Pejïiférés. ElIe eft fituée dans une rue du Quartier Occidental, nommée le Geeft au Coin du  Chap. IY. Fondation; Pieufes. 9$ du Vkerfteeg. C'étoit anciennement la Fondation de Ia Chapelle de Sa in t A ntoine, dont voici 1'origine. Dans 1'onzieme fiecle & même auparavant, rêgnoit en Europe, particulierementdans le Dauphiné, une maladie épidémique, appellée en Latin Morbus Sacer. Des perfonnes charitables, ayant cornpaffioa des pauvres qui en étoient attaqués, les firent loger & foigner dans des Maifons appropriées a cette fin. Comme on publioit que pïufieurs de ces malades avoierijt été guéris par 1'intercefiion de SaintT Antoine du défert, il fe forma un ordre ou confrairie a 1'hoaneur de ce Saint. On appropria dans beaucoup de villes des maifons pour Ie foulagement de ces malades, en y joignant des Chapélles, dédiées au même Saint, Ce mal étant une forted'inflammation, oul'appella Feu. de Saint-Antoine, en Hollandois SintAntonis - Vuur. On fonda un tel établiflement & La H ay e avant 1'année 1453. ' On y ajouta en 1549 un Mtiment qui fut nommé la' maifon des malades ou des peftiférés. En 1Ö07 ces deux édifices qui étoient réunis furent convertis en Höpital pour les frénétiques & ceux qui ont 1'efprit dérangé; qugjque dans la fuite on y plaG 2 cat Maifon des foux.  Maifon des Fous Hofjes. IOO DÉSCRIPTION DE LA HAYE gat auffi des gens attaqués de maladies contagieufes. En tems de guerre on y a quelquefois logé des Soldats bieffés. II arrivé auffi que des gens de mauvaiie conduite y font enfermés a la requifition de leurs proches parcns , moyennant qu'ils payent leur penfion. Le batiment efl: fort fpacieux 6c pourvu d'un jardin. Cet établiflement, oii rêgne le plus grand ordre, efl fous la direélion de quatre Régens 6c d'autant de Regentes leurs Epoufes; tous les deux ans il rcndcnt au Magiftrat de la Ville compte de leur adminiltration. Outre ces grandes Fondations, il yen a un dixaine d'autrcs moins confiderables qui ont des revenus fixes pour leur entretien. On les nomme en Hollandois Hofjes c'eft-i-dire petits Jardins. Ce font en effet des Jardins entourés de plus ou moins d'habitation» , dans lefquellcs des perfonnes d'age 6c de peu de fortune font logées gratuitement. Chacun fait fon petit ménage dans une demeure féparée, 6c dans la plupart de ces Hofjes les habitans jouiffent encore de quelques petits bénéfices, fclon qu'il a été réglé par les Fondateurs. La principale des Fondations de ce genre eft celle qu'on nommc  Chap. IV. Fondations Pieufes. lol La Maifon du St. Efprit, fituée dans Ie Quartier Méridional, fur un Canal nommé Je Paviljoens -Gragt, vis-a vis du nouveau Veerkade. Elle a été éngéc en 1616 par les Directeurs des pauvres, qui anciennementétoientconnusaLa Haye fous le nom de Pauvres du St. Efprit. /•Is portoient ce nom paree qu'ils étoient entretenus par une Confrairie du St. Efprit. Leurs Directeurs au nombre de quatre étoient nommés par le Magiftrat, enfuite élus ou établis par la Cour. Ils font connus dans les Régitres publics dés le commencement du quatorziemefiécle. On trouve enfuite qu'ils s'afiembloient dans la grande Eglife ou étoit leur chambre; qu'ils avoient foin d'entretenir 1'autel de Ia Chapelle du St. Efprit; qu'ils difpofoient de tout le revenu de cette Chapelle; qu'ils pourvoyoient a la fubfiftance d'un nombre de pauvres fi confi ■ dérable, qu'en 1481 il étoit d'environ quatorze eens perfonnes, & en 1483 de plus de deux mille & deux eens, & qu'ils avoient le droit de conftitucr eux mêmes le Tréforier ou Adminiftrateur de Jeur Corps. La Réformation changea entierement la face des chofes. Les pauvres du St. Efprit n'eurent que des Laï» ques pour Régens, & au lieu qu'ils fe G 3 trou' Maifof du 6't. Efprit.  Maifon du St. Efprit. Pauvres du St. Efprit. Maifon i Nieuwcoop. 102 DE9CRIPTI0N DE LA HAYE trouvoient répandus en diverfes petites maifons, dans prefque tous les quartiers de la Ville, on prit enfin la réfolution de les raflembler, & on conftruifit celle qui exifte encore actuellement. C'eft un grand enclos quarré qui contient trente fix habitations, fans compter celle de la Gardienne. L'on n'y recoit que des vieilles femmes. Outre le logement & quelques douceurs qu'elles recoivent en entrant, on donne k chacune d'elles 26 fois par femaine. II y a bien encore k La Haye une clafle d'indigens qu'on nomme Pauvres du St. EJprit. Ce font ceux qui, n'ayant pas été infcrits comme membres d'aucunedesCommunionsétabliesk La Haye, n'ont pas le droit d'être aiïïftés par leurs Diaconies. C'efl: le Magiftrat qui doit pourvoir a leurs befoins du revenu de certainsfonds confacrés keet ufage & qui fans doute faifoient autrefois partie des revenus de la Confrairie du St. Efprit. Le Magiftrat établit des perfonnes pour en faire la diftribution. qui étoit de fon département remis a la direction des Confeillers Députés de la Province. Les appartemens ont été cédés a un autre College nommé La SociétédelaHaye, compofé de deus Députés du Haut - Confeil, deux de la Cour de Holiande, deux des Confeillers Députés de la Province & quatre de la Magiftrature de La Haye, favoir un Bourguemaitre, un Echevin<5t deux Confeillers (Vroedfchappen). Tous les habitans de La Haye ne font pas foumis k la même Jurifdiclion. Les Nobles, les fuppóts de la Cour relevent immédiatement dela Cour de Holiande; Tqus les bourgeois qui exercent quelque prpfeffion on trafic relevent du Magiftrat de L a H ay e , le terrein même de la Ville eft partagé entre pïufieurs Jurifdictions. Tous ces habitans ne formant néanmoins qu'un corps, qui doit payer diftéreiites charges pour le bien CQffiir.jin Memlm deceCti* lege. MOïfsH. fon éta-  ii2 Description de la Haye Sesfonctions. Chambre des Comptes de la Province. Membres. Fonüiafls. & a Ia fureté, la proteétion, & Ia tranquillité duquel il doit être pourvu convenableraent, on a érigé pour cet effet le College de la STociété de la Haye. II a la direétion de toutes les affaires de police & de flnance qui font communes entre les Cours de Juftice, les Confeillers Députés de la Province & le Magiftrat. Les membres dece corps changent en differens tems felon la nature des Colleges qui les députent. On trouve enfuite la chambre pour Vaudition des impofitions qui Je levent annuellement dans la Province. Ce college érigé en 1590 étoit compofé d'un Préfident a vie, député de la part des Nobles de Holiande, & affifté de deux Députés des villes; mais il a été anéanti en 1751 par les Etats de Holiande, qui lui ont fubftitué en 1752 une Chambre des Comptes Provinciale, compofée d'un Préfident Député de la part des Nobles, & de huit Députés des villes de Sud & Nord - Holiande. Ce College entend, examine &c folde tous les comptes de la Province, y compris ceux des Domaines des Etats de Holiande. Au deffus de ces Chambres il y en a d'autres auxquelles on monte par 1'efcalier de la tour Septentrionale. On trouve «i'abord  Chap. V. Quartier de la Cour. 113 d'abord la Chambre des Fiefs de Holiande. On y tient le Regiftre de ces fiefs, &on y conferve les chartres & autres pièces originales. Dans la chambre qui fuit font les regiftres de la Province. Tous ces apparcemens n'ont rien de remarquable. Appartemens dEs Cours de Justice. Au fond de la grande Salle on voit dans chaque coin un grand efcalier; ce-, lui qui efl: a gauche conduit aux appartemens des Etats - Généraux &c.; celui qui efl; k droite ou au Sud conduit aux appartemens de la Cour de Holiande & du Haut Confeil. La Cour de Hollande, dei Zeelande et de Ouest-Frise. porte ce nom, paree quedès le quinzième fiècle les habitans de ces trois Provinces relevoient de fa jurifdicfion. Le Prince d'Orange, en fa qualité de Stadhouder • ou Lieutenant du Souverain, un Préfi- ■ dent, onze Confeillers (huit de la part de' la Hollande & trois de la part de la Zeelande) un Greffier, un fubftitut Greffier, deux Sécrétaires & un Receveur des ExH ploiss lours de fuftice. tmr de Uoilandt. Vtemlres ui la ompofent  ri4 Description de la Haye Cour de Hollande. LeRóle. ploits (Rentmeefter van de Exploiften") compofent ce Tribunal, qui a encore fon Fifcal ou Procureur Général. La Jurifdiétion & Pautorité de cette Cour font trés grandes. Elle juge en appel les caufes portées & décidées dans les villes; elle juge même en première inftance toutes les caufes oh il s'agit des droits & des pérogatives du Souverain, celles des Profeffeurs de PUnivcrfité de Leyde, des Veuves, Orphelins & autres perfonnes défignées en terme de droit fous le nom de perfonnes mi/erables; Les caufes féodales, poffeffoires, les privileges & coutumes &c. Enfin ce Tribunal punit tous les crimes & les délies commis dans fa jurifdiétion. Après avoir monté Pefcalieron trouve d'abord la Salle du Role. C'efl 1'audience, oh Pon plaide en préfence de deux Confeillers Commiflaires de la Cour de Juflice, & ou Pon prononce toutes les fentences civiles & criminelles; On y publie aufli les Edits, Placarts & Ordonnances foit de la Cour foit des Etats. Le Róle efl renfermé dans un parqtiet. A Pentrée font des bancs rangés en amphitéatre & garnis de drap verd pour les Avocats & les Procureurs. Tout a Pentour, des deux cótés & au fond de la Salle  Chap. V. Qjiartier de la Cour. 115 Salle il y en a de plus élevés pour les' Confeillers. Entre tous ces bancs, vers la cheminée, eft un fiege diftingué, 0C1 les Stadhouders prennent féance, aiant les Confeillers a leur droite & a leur gauche. Du Röle on entre par trois marches dans la Salle du Confeil. Celle-ci eft un appartement fpacieux & trés propre, orné de quatre cabinets, un dans chaque coin. Au milieu de la Salle eft une longue table autour de laquelle font treize liéges, favoir un fauteuil & douze chaifcs. Le fauteuil eft pour le Stadhouder, a la droite s'afficd le Préfident, a la gauche le plus ancien des Confeillers, & ainfi de fuite felon Pordre de leur réception. Le Greffier a fa place devant un pupitre, aiant a la droite une porte vitrée qui donne dans un des Cabinets oh eft la Bibliotheque de la Cour. Ce qu'il y a de plus digne d'attention dans cette Salle, ce font fept tableaux dc Gerard Lairejfe, le pere. Le premier de ces tableaux, qui eft au t deffus de 1'entrée j repréfente Enée, por-' tant fon pere Anchife & tenant par la main le jeune Afcagne, pour les fauver des flamraes de Troye. Le fecond qui eft contre la cheminée, repréfente la JusH 2 tiet Cour de Hollande. Sajle du Confeil. >ujets des Tableaux  Cour de Hollande. AUtres Chambres. ïi6 Description de la Haye tice affife fur le fiege de Hollande. Le troificme dépeint Pompée faifant brulér les lettres écrites de Rome a Sertorius, & mourir Per penna. Dans le quatrième c'efl: Scipion VAfricain rcmettant fans rancon une jeune Princeffe d'une rare' beauté au Prince a qui elle étoit promife sn mariage. Dans le cinquièmc, qui sft un grand tableau, on voit Horatius Coclès defendant feul le pont de Rome :ontre 1'armée de Porfenna. Le fixième qui eftaudeffus d'une porte, repréfente encore Scipion VAfricain, ramenant au ïevoir pïufieurs jeunes guerriers, & leur faifant jurer de ne point abandonner FIralie ravagée par Annibal. Le Septième lépeint Fabius Rullianus, condamné a nort par Papirius Curfor Diélateur, pour ivoir malgré fes défenfes combattu & raincu les Samnites, mais obtenant fa grace par les prieres du peuple. Tous :es tableaux méritent 1'attention des :onnoiffeurs; ils ont été gravés il y a quelques années. Prés de la Salie du Confeil, au Nord, 1 y a une chambre oh les Confeillers vament a différentes affaires; elle a été :hangéc & réparée depuis peu d'années; ié deflus de cheminée efl: peint par Mr. Hwnbert. II y a repréfenté le médaillon  Ghap. V. Quartier de la Cour. 117 Jon de Hugo Grotius, foutenu par des génies. A cöté de cette chambre eftactuellemeut celle des Requêtes; le deffus de cheminée eft auffi de Mr. Humbeft & repréfenté la Juftice avec fes divers attributs. Entre pïufieurs autres petites chambres, ou les Commiffaires de la Cour entendent les parties & tachent d'accommoder les différends, il y a 1'ancienne chambre des requêtes qui étoit avant la réformation la petite chapelle de la Cour. Un Chapelain domeftique de 1'Eglife Collégiale y difoit tous les matins, a fept heures en été, & a huit en hyver, une Meffe pour Mrs. de la Cour & de la Chambre des Comptes; a cöté de cette chambre eft celle ou fiégent les Commiffaires dans les caufes criminelles. Le deffusde cheminée eft encore de Mr. Humbert & repréfenté la Sageffe. Au fortir de Ia Salle du Confeil ons rencontre un efcalier ; dés qu'on 1'a mon- i té on trouve a gauche une grande cham- C bre quarrée nommée la feconde Chambre i du Confeil, paree qu'au milieu du fiècle précédent leConfeilchargé de nombreufes affaires fe féparoit, pourlesexpédier,.en deux corps, dont 1'un avoit a fa tête le Préfident & 1'autre leDoyen des Confeillers. Prés dg cette chambre s'en trouvent H 3 quelques Cour de Hollande. Anciennt Chapelle. econde 'alle d» 'onfeil  ii8 Description de la Haye góurde Hollande Son éta- Wffe- ment-. quelques autres qui fervent h conferver des archives, chartres & papiers authentiques de tout ordre. C'eft dans 1'une de ces chambres que logca autrefois l'Amrdhte de Cafiille, prifonnier de guerre, & c'eft de la qu'on nomme encore Tour de VAmirante, la tour qui efta 1'angle de la Salle du Röle a droite, en entrant par la grande porte. En 1618 & 1619 ces mêmcs chambres fervirent de prifon a Oldenbarneveld, Grotius & Hoogerbeets. II ya èü dans une de ces chambres une fort belle Bibliotheque, qui avoit été iéguéc a la Cour par un Avocat, riomfné van Wouw; mais elle a péti dans 1'incendic qui confuma une partie de ce quartier eh 1757, Lé Ha ut Conseil ne fut érigé qu'en 1'année 1582 par 1'autorité du Prince d'Orange. Avant ce tems il y avoit appel des fentences rendues par la Cour Provinciale fur les procés civils, par devant le Grand Confeil de Malines. Mais en 1581 le Roi d'Efpagne, étant déchu de tous les droits qu'il avoit fur la Hollande, la Zeelande, la Oueftfrife «Sc Utrecht, G u 1l l a u m e I fit fubftituer au Confeil de Malines , celui qu'on nomme le Haut • Confeil, d'abord pour la Hol-  Chap. V. Quartier de la Cour. np Hollande feule, & enfuite pour la Zeelande en 1587. II décide en dernier resfort de toutes les caufes jugées par la Cour de Hollande ou par les Villes. Outre ces caufes en appel, on porte encore a ce Tribunal toutes celles de posfeffions, celles ou deux Négocians étrangers font intéreiTés, quelques caufes de Navigation. C'eft auffi de cette Cour que Pon obticnt les lettres de Bénéfice d'inventaire, les rcftitutions, les cesfions &c. &c. UnPréfident, neuf Confeillers [fix pour hHollatide & trois pour la Zeelande~\ un Greffier & un SubftitutGreffier, compofent ce Tribunal. La première falie du Haut Confeil efl celle du Róle. Le Confeil Provincial ou la Cour de Hollande s'en fervoit autrefois pour y faire donner la queftion aux criminels: mais en 1580 elle fut affignée au Haut - Confeil pour y entendre plaider les caufes aui font portées par devant lui. Les Juges y fiégent dans un parquet, comme au Róle de la Cour Provinciale. A cöté du Röle efl; la Salie du Confeil; elle efl plus grande & plus belle que celle du Confeil de la Cour. Les Confeillers y fiégent autour d'une table ronde, entourée d'une baluftrade •ie bois trés propre & trés biea travaillée H 4 La Sm auU" rité. le Réle. Salle du Confeil.  iso Description de la Haye HüutConjéil,Tableau. Autres chambres Ancienne Concier- gfrie. Ufage. La cheminée eft ornée d'un magniflque tableau, peint en 1725 par Henri van Limborch. II repréfenté 1'Empereur Justinten affis fur fon tróne, recevant le glaive & le cöde des mains de la Juftice defcendue du Ciel. Aux pieds de 1'Empereur fe voit le Jurifconfulte Tribonien^zvec pïufieurs autres, qui tous paroiflent prêter une oreille attentive au difcours que la Déeffe femble adreffer a Justinien. Le Haut-Confeil a plu, fieurs autres chambres a fon ufage, mais qui n'ont rien de particuliercment remarquable; les principales font la Chambre des comparutions, la Bibliotheque & le Greffe. On peut fe rendre auffi a ces appartemens du Haut Confeil par une avant-cour au Nord-Eft , dont 1'entrée fe trouve entre les deux sportes de 1'avenue oriëntale du Binnen-hof. Le terrein du cöté Septentrional de cette avenue étoit anciennemcnt occupé par un jeu de Paume k 1'ufage des Nobles & des Suppöts de Ia Cour, avec un beau Jardin. On y batit dans la fuite une maifon pour le Conciërge de la Cour, & dans laquelle fut logé en 1584 PAmbaffadeur d'Angleterre, par ordre des Etats. Depuis le commencement. du dixfeptième fiècle, cette demeure du Cbdtelain  Chap. V. Quartier de la Cour. 121 Chdtelain ou Conciërge de la Cour (en Hollandois Kafelenye) a fervi de prifon civile pour pïufieursordresde perfonnes, jufqu'a ce qu'elles fulTent libérées par les Cours de Juftice, ou transférées a la Prifon criminelle , appellée vulgairement la Porte. Elle fervoit auffi aux ventes publiques des fonds qui font du reffort des deux Cours. Cette maifon a été démolie depuis quelques années, & la Conciergcrie transférée dans une Auberge qui a pour enfeigne les Armes de Frife 6c qui eft: fituée hors de 1'enceintc du Binnen-Hof, prés de 1'entrée méridionale ; elle fert encore aux mêmes ufages. A la place de 1'ancienne Conciergerie on a élevé un autre édifice, dans lequel s'affcmble le Confeil des Domaines du Prince d'Orange. Depuis I'établiffement de la République les Princes d'Orange ont toujours eu un Confeil, chargé de Padminiftration de leurs domaines & de leurs finances, 6c qui connoiflbit par appel des affaires des Païs 6c des Villes, dont ces Princes étoient les Seigneurs. Avant la mort de Guillaume III, Roi d'Angleterre , le Confeil des Domaines fiégeoit a Breda; depuis il a été transféré a La Haye 6c a tenu longH 5 tems Conciergerie. Confeil ies Domaines.  i2z Descriptióü de la Haye Confeil des Do-] mines. Généralité. Affemblée des Etats généraux. tems fes alTemblées dans une maifon qui appartenoita des particuliers & qui étoit fituée au Suddu Binnen-Hof, a la droite de 1'entrée méridionale. Ce Confeil eft compofé d'un Préfident, de quatre Confeillers ordinaires, d'un Sécrétaire & Greffier, d'un Auditeur, d'un Maitre des Chartres, d'un Commis du Greffe. &c. &.c. Appartemens des Colléges de la génêralité. Par les Colleges de la Généralité on 'entend VAJfemblée des Etats Généraux; le Confeil d'Etat; la Chambre des Comptes de la Généralité & la Cour Féodale de Brabant. Tous ces Colleges ont leurs appartemens dans le quartier de la Cour qui eft au Nord de la grande Salle, & a PEft de la Chapelle ou de 1'Eglife Frangoife. Les Etats Généraux repréfentent les Sept Provinces-Unies, mais ils n'en font point les Souverains, comme la plupart des Etrangers fe 1'imaginent; & leur Affemblée reffemble en quelque maniere a la Diète de B.atisbonne, qui repréfenté tout le Corps Germanique. Quoi-  Chap. V. Quartier de la Cour. 123 Qjioi qu'ils paroiiTent revêtus du pouvoir Souverain, ils ne font que les Députés, ouPlénipotentiairesde chaque Province, chargés des ordres des Etats leurs Principaux j & ils ne peuvent prendrc de réfolution fur aucune affaire importante, fans avoir eu leur avis & leur confentement. L'Affeirlblée des Etats - Généraux efl compofée des Députés des fept Provinces, Le nombre de ces Députés n'efl ni fixe, ni égal; chaque Province en envoye autant qu'elle trouve a propos. On ne compte pas les fuffrages des Députés, mais ceux des Provinces; deforte qu'il n'y a que fept voix, quoique le nombre des Députés de toutes les Provinces, préfens ou abfens, monte a environ cinquante perfonnes. Chaque Province préfide a fon tour & fa Préfidence dure une femaine entiere.. Celui qui tient Je premier rang dans la Députation de fa Province -a les honneurs de la Préfidence. II recoit les mémoires & les requêtes; il les préfente & les fait lire dans 1'Affemblée; il propofe les affaires, il recueille les voix & prononce la conclufion. Les Etats-Généraux ont k La Have sn grand nombre de Miniftres ou Offi- ciors. GênêraWt té. Nombre des Députés. Prèfiiencc* Ireffitr.  «24 Description de la Haye Wnéra- iité. Agent. ciers. Un Greffier om Sécrétaire, dont la charge eft une des plus importantcs & en même tems une des plus onéreufes de 1'Etat. II eft obligé d'affifter tous les jours a rAffemblée des Etats Généraux , d'écrire toutes les réiblutions qu'ils prennent, toutes les lettres & les inftructions qu'on addreffe aux Miniftrcs de 1'Etat dans les pays jétrangers. II affifte auffi aux conférences qu'on tient avec les Miniftres étrangers, & y donne fa voix. C'eft lui qui expédic & fcelle toutes les Commiffions des Officiers Généraux, des Gouverneurs & Commandans des Places, les Placards, les Ordonnances des Etats Généraux «Sec. Ce Greffier a fous lui un Commis & deux premiers Clercs qu'on nomme auffi Commis , avec un grand nombre de Clercs , ou d'Ecrivams qui travaillent tous les jours au Greffe, qui eft ce qu'on appelle dans d'autres Pays la Sécrétairerie de 1'Etat. Un Agent, dont 1'Emploi confiftc a porter aux Miniftrcs étrangers les réfolutions de Leurs Hautes Puisfances en réponfe aux mémoires qu'ils ont préfentés. II complimentede la part de 1'Etat les Ambaffadeurs & Miniftres étrangers k leur arrivée a La Haye; & a leur départ il leur porte le préfent que leur  Chap. V. Quartier de la Cour. is tion efl d'affifter a 1'entrée publique des Ambaffadeurs, & de les defrayer pendant 1'efpace de trois jours avant qu'ils ayent leur audience publique; mais ce cérêmonial n'eft plus en ufage, excepté pour les envoyés des Puiffances Barbarefques. Un Sécrétaire des Chiffres & Maitre des Patentes, trois Traducleurs quatre Avocats &c. Les Etats Généraux s'aflemblent tout le long de 1'année fans avoir de Vacances, & même le Samedi & le Dimanche dans des cas extraordinaires & urgens. Les affemblées fe tiennent ordinairement le matin a onze heures, ou a telle autre que le Préfident juge a propos de les convoquer. Le rang des Provinces pour la Préfidence eft: Gueldre, Hollande, Zeelande, Utrecht, Frife, OveryJJ'el, Groningue. Tous les Députés font aflis autour d'une longue table. Le Préfident a fon fauteuil au milieu; vis-a-vis de lui font treize chaifes, fix autres a fa droite & fix a fa gauche. Des treize premières, fix vers le haut bout de la table fonc occupées par les Députés de la Gueldre, les deux fuivantes par deux Députés de la Zeelande, dei#c autres par ceux d'U- trecht Cénérrf liti. Tems dAJfem Uét. Ordrt.  126 Description de la Haye Générali' ié. Territov accordé. trecht & les deux dernieres par ceux d'Overysfel. Les fix chaifes a la gauche du Préfident font deftinées aux Députés de la Hollande; fur la première chaifei fa droite s'afiied un Deputé de la Province qui'préfide, les trois fuivantes font occupées par trois Députés de la Frife, & les deux dernieres par deux Députés de Groningue. Au haut bout de la table fe trouve un fauteuil diftinguc pour ïé Stadhouder; au bas bout la chaife du Greffier. Les Députés furnumeraires de chaque Province font obliges de fe tenir debout. Le Greffier ouvre toutes les Séances par la ledture de la priere. Pendant qu'on délibcre il eft asfis la tcte couverte ainfi que tous les Députés; mais il fe leve, fe découvre, & fe tient de bout derrière le fauteuil du Préfident, lorfqu'il lit les iettres , requêtes ou autres papiers. e Dans les premiers commencemens de la République les Etats Généraux ne s'affembloient, que lorfqu'ils étoient convoqués, ce qui arrivoit rarement. En 1585 ils tintent leur affemblée a Middelbourg, enfuite a Utrecht & après cela a Delft. En 1588 ils refolurent de tenir leurs féances a La H ay e , mais ils les inserrompirent de tems ea tems jus- ques  Chap. V. Quartier de la Cour. 127 ques en 1593. Le 31 Decembre de 1592 ils fe féparercat pour la derniere fois & leur affemblée devint permanente. Les Etats de Hollande leur ontaccordé le territoire (territorium) a La Haye, & leur cedent le pas dans les cérémonies publiques, mais uniquement par politeffe, & fans qu'ils doivent être cenfés céder par la la moindre chofe des honneurs de la Souveraineté, qui appartient a eux feuls dans leur Province. Les appartemens qui fervent aux affemblées des Etats Généraux ont deux entrées; 1'une par un Efcalier dont la porte eft dans le Binnen-Hof, a 1'Eft de 1'Eglife Francoife; 1'autre par la GrandeSalle pour les receptions d'Ambaffadeurs &c. Au fond de la Salle au Nord, un large efcalier de pierre conduit a un corridor qui paffe par deffus la feconde porte de 1'entrée Oriëntale de la Cour. Au fond du corridor eft une grande porte a deux battans par laquelle on entre dans un portail, au fond duquel eft une porte femblable, qui eft celle de la Chambre de Trêves, & de cöté a gauche une autre porte qui eft celle de 1'aflemblée ordinaire de Leurs Hautes Puiffances. C'eft; une longue Salie, éclairée par troisgran-1 des fcnêtres qui donnent fur le Binnen- i Génér»* liti. Apparte-i mens. Entréesii >alle "affent' Ut.  Généralité. Chaml re de Trêvei Ï28IDESCRIPTION DE LA HAYE Hof, au Sud. Les murs font couverts d'une ancienne hautelice repréfentantl'Hiftoire de Cléopatre , Reine & Egypte. Les deux cheminées font ornées chacune d'un Tableau, peint par Parmentier ; 1'un repréfentant laConftance, 1'autre Ia Prudence. Le plafond eft du même peintre. Au mur qui efl: en face des fenètres font fufpendusles Portraits de fept Princes d'Orange qui ont été revêtus fucceffivement de la charge de Stadhouder. A cöté de la porte qui eft au milieu de ce mur on voit un baromêtre, dont le cadre en bois eft un morceau de fculpture trés délicat & trés fini , exécuté par Lanckamp en 1709La table autour de Iaquelle les Députés s'affeyent eft couverte d'un tapis de drap verd," ainfi que les chaifes & le fauteuil du Préfident; fur celui-ci font brodées cn foye les armes de la République; fur les chaifes celles de la Province-, aux Députés de Iaquelle clles font deftinées. Le Siége du Stadhouder eft un grand fauteuil doré, couvert de velours cramoifi brodé en or & en argent. Une autre Salle a 1'ufage des Etats Généraux eft la Chambre de Trêve; on ' Ia nomme ainfi paree que la fameufe Trêve de douze ans entre YEfpagne & les Provinces - Unies y a été fignée cn 1609.  Ch&p. V. Quartier de la Cour. 129 1609. Cette Salle eft plus grande & mieux éclaifée que la précédente, ayant Ia vue fur le Vivier. Elle a été réparée & embellie en 1697 ; les fculptures, les dorures & les tableaux qui s'y trouvent en font une picce tres magnifique. Le mur qui eft vis a vis des fenêtres a deux portes, 1'une d'cntrée dont il a déja été parlé, & fautre de communication avec la Salle d'affemblée. Ce mur eft orné des portraits en pied des quatre premiers Stadhouders Guillaume I, Maurice, FRÉnÉRic-HENRr cc Guillaume II. peints par Henri Brandon. Aux deux bouts de la ó'alle font deux grand es éc belles cheminées. Sur celle qui eft a PEft, il y a loportrait en grandeur naturelle du Stadhouder Guillaume III Roi d'Angleterre. II eft revêtu de tous les ornemens de la royauté, éc les armes de la Grande Bretagne font placées au dcffus du tableau. Sur fautre cheminée il y avoit un tableau du même Maitre Théodore van der Schuur, repréfentant la Liberté, laPaix, & PAbondance: en 1751 il a été remplacé par le portrait en grandeur naturelle du Stadhouder Guillaume IV, peint par y. Aved. Enfin en 1768 on a plaeé entre cette cheminée 6c les fenêtres le I por- Chamlré ie Treve  Chambre de Treves Chambre des conférences. 13P Descrtption de la Haye portrait du Stadhouder aétuel Guillaume V. peint par J. G. Ziezenis. Dans le plafond, conftruit en voute, il y a un grand tableau ovale trés bien peint par pïufieurs maitres. On y voit, portées fur des nuages, fept figures de femmes repréfentant les fept Provinces; on les difb'ngue par leurs armoiries que des génies foutienncnt a cótc de chacune d'elles. Dans 1'enfoncement du ciel ily a encore quelques figures allégoriques. Autrefois cette Salle ne fervoit qu'aux conférences des Députés chargés de quelques affaires particulieres, pour en faire enfuite leur rapport a Leurs Hautes Puisfances, ainfi qu'aux conférences de ces Députés avec les Miniftres des Puiffances étrangeres; mais depuis quelques années les Etats Généraux s'y affemblent pendant 1'été, cette Salle étant moins expofée au Soleil que 1'autre; auffi la table & les fiéges y font ils difpofés de la mérne maniere. Les conférences dont on vient de parler fe tiennent aétuellement dans une chambre de moyenne grandeur, attenante a la chambre de Trève avec Iaquelle elle communiqué par une porte qui eft entre la cheminée Oriëntale & les fenêtres. Ce qui s'y trouve de plus remarquable,  Ghap. V. Quartier de la Cour. 131 quable, font douze petits tableaux repréfentant les hauts faits de Claudius Civilis, chef des anciens Bataves. Du tems de Jules C e s a r , ce Peuple s'étoit foumis volontairement aux Romains, a condition de ne point payer de tribut& de les affifter feulement de troupes. L'An 69 les Bataves fe voyant traités par 1'Empereur Vitellius moins en alliés qu'cn efclaves, Claudius Civilis Batave, diftingué par fa naiffance, fa bravoure & fes talens, raffembla les principaux de fa nation dans un bois facré. Après un grand feftin il les engagea par fon éloquence a fe révolter, fous prétexte d'époufer le parti de Vespasien. Les Bataves conduits par Civilis fe rendirent maitres de deux Camps Romains, & remporterent fur eux d'autres avantages. Ils affiégerent un Camp fortifié des Romains nommé Caftra Vetera, & les forccrent par la famine a fe rendre, ce qui leur valut le titre de Reftaurateiirs de la L:bc-rté. Mais 1'an loCérialis, ayant été envoyé de Rome avec un nombreufe armée, remporta divers avantages fur les Bataves & fur leurs Alliés, & forga enfin Civilis a conclure un Traité, par lequel il s'engagea a quitter les armes, a conI 2 ditioc Tableaus remarquables.Hiftoire de Civilis.  Généralité. Confeil dt Brabant. 132 DfiSCRIPTION DE LA HaYE dition que lui & les Bataves feroient reconnus, comme ci - devant, pour Alliés des Romains, fans êtré obligés de payer aucun tribut. Les principaux traits de cette hiftoire , confervés par Tacite, font repréfentés dans ces douze tableaux. Ce qu'on enadmireprincipalement, c'efl: la belle compofition. On les a regardés longtems comme 1'ouvragc du fameux Holbein; mais on croit être afluré qu'ils font de la main d'Octavio ou Otto van Veen de Leyde, le maitre du célébre Rubens. On raconte que 1'on en a offert pïufieurs fois des fommes confidérables. En fortant du portail des appartemens de Leurs Hautes Puiffances on trouve immédiatement k gauche ceux du Confeil de Brabant fc? du Pays d''Outre Meufe. C'efl: une Cour fupérieure pour jager en dernier reffort toutes les affaires litigieufes qui furviennent dans toute 1Ytendue du Brabant Hollandois & du Pays Outre - Meufe , tant par appel qu'en première mflancc, excepté Mafiricht & les Seigneuries qui ont la Haute Juflice pour les caufes criminclles. Ce qui a donné heu a 1'établiflement de ce Confeil, c'eft que Ia Ville de Bruxelles, oh refidoient la Chancellerie &la Cout- Féodale de Brabant, étant fous  Chap. V. Quartier de la Cour. 133 fous la dominationde l'Efpagne, pendant que quelques autres Villes de cette Province foutenoient le parti des Confédérés, les habitans de ces Villes fe trouverent privés de la voie d'appel des fcntences rendues par des Tribunaux inférieurs, & de tous les autres avantages qu'on peut attendre d'un Juge fupérieur. Les habitans de Bergen-op-Zoom firenc fur ce fujet des remontrances au Comte dcLeiceJier, qui autorifa le 2rFévrier 1586 le Prince Maurice , polfeffeur alors de ce Marquifat, de nommer quelques perfonnes pour rendre la Juftice en cas d'appel, de la même maniere & avec le même pouvoir, que la Chancellerie de Bruxelles. Comme la guerre qui rêgnoit alors en Brabant ne permettoit pas a ce nouveau Confeil d'y demeurer en fureté , le Prince Maurice, en qualité de Stadhouder de Hollande, lui accorda la liberté d'établir fon Tribunal è Delft ou k La Haye ; & pour prévenir les difficultés qui pouvoient furvenir a 1'occaflon du Territoire, ce Prince demanda & obtint le 18 Novembre 1586 le confentement de la Cour de Juftice de Hollande, pour 1'établiflement de ce Confeil dans fon Territoire. Dans la fuite ce Confeil a été confirmé par les Etats-Généraux des I 3 Pro- Qfinfeil de Brabant.  Territoire accordé ■pour le criminel. i 134 Descriptiojj de la Haye Provinces-Unies, felon leur réfolution du 26 Septembre 1501. Le Confeil de Brabant a été formé fur le modele de la Cour de Bruxelles, & il en fuit l'Inftrucfion ou Ordonnance donnéepar Charles-Quinï, &lifiée le 13 Avril 1004 par 1'Archiduc Albert & 1'Infante IsAbelle. Le nouveau Confeil adminiftra de cette maniere ia Jufnee dans les caufes civiies jufqu'a 1'année iSg5, Iorfque pourfuivsnt un Brabaricon pour quelque crime, il fut obligé de s'adreffer aux Etats de Hollande, & de les prier de lui accoraer le Territoire pour les caufes criminelles & un lieu convenabie pour logcr [es Prifonniers. Les Etats lui accorderent fa demande avec per: a'flion demettre fes Prifonniers dans le même lieu, au Pon enferme ceux de la Cour de Jumee Provinciale; a condition que toutes les fois qu'il auroit befoin de cette sriion, il en donneroit connoiffance aux Mats de Hollande. Enfin cette Cour eft iouveraine en pïufieurs cas & elle a des prérogatives beaucoup plus confidéra3les que celles de toutes les autres -ours de Juftice dans les Provinces Unies. Cette Cour efl compofée de neuf Confeillers  Chap. V. Quartier de la Cour. 13^ Jeillers ordinaires, dont le Préfident n'avoit autrefois le ritte que de Fremier Confeilier; ce n'eft que depuis 1629 qu'il porte ceiui deConléiller Préfident s avec celui de Stadhouder ou Confervateur des Fiefs. Eile a auffi un Fijcal ou Procureur Générai cc un Greffier qui efl; en même tems Receveur des Exploits, un Drojt ou Lieutenant du Fifcal pour les affaires criminelles, deux Premiers BI ui Uiers ccc. Tous ies membres qui forment ce Con- ; feil doivent s'y trouver régulièrement / tous les jours a neuf heures du matin enJ Eté, Sc. a neuf & demie en Hyver, cc meme 1'après-midi fuivant que les affaires le rcquierent. Leurs chambres n'ont rien de reraarquable 5 on trouve d'abord ie Röle ou ia cuambre des plaidoyers, a ia droite de Iaquelle eft celle du Greffe cc en avant la Salle du Conjeil oh il y a un tableau repréfentant le jugement dernier. II y a encore une chambre pour les conférences cc une autre oh efl: la Bibliotheque du Confeil. Tout le quartier des Etats Généraux, ^ y compris celui du Confeil de Brabant, « fut oecupé par 1'Empereur Charles- cl Q.öint, toutes les fois que ceMonar-ti I 4 | que Confeil d& Brabant. rems& 'eu d'as■mblée. heien age de quar°r.  Généralité. Efcalier des Etats Généraux 13Ö Description de la Haye que féjournoit k La Haye. En effi-f cette partie de la Cour étoit par fa pofition la plus agréable de toutes, ayant au Nord le Viyier & k 1'Eft une vue trés etendue vers le bois ; car le terrein vers ce cóte Ia n'étoit pas alors couvert de maifons, comme il 1'eft aujourd'hui. Les Etats logercnt auffi dans ce même quartier Robert Dudley, Gouverneu? General des Provinces confédérées & commandant en chef des troupes que la Reine Elizabeth avoit envoyS au fecours de Ia République. Du tcmfdeï anciens Comtes de Hollande céSfi n exiftoit point encore; & les appar emens qu ils occupoient étoient ceux dont fage fS k"e °nt aaudIement ?u- rlnrn^MdeRrTtrée dcs appartemens du Confeil deBrabant, on trouve 1'efcaher des Etats Généraux qui mcnc dans le WW. C'cft au bas de ce dezré que les Députés de Leurs Hautes Puisfances recoivent les Envoyés des Souverains au jour de leur audience publique, & au haut de ce méme degréquand '1 ne s agit que de les admettre a quclque conférence particuliere Quand on a defcendu cet efcalier on voic  Chap. V. Quartier de la Cour.. 137 voit a droite une grande porte qui conduit aux appartemens du Confeil d'Etat, qui font au rès de chauffée. Le Conseil d'Etat eft un des plus anciens Colleges de la République. Après le départ du Duc d'Alengon, qui, avoit été appellé par les Conféclérés au gouvernement des Pays-Bas, les Provinces de Hollande, de Zeelande & d'Utrecht, de concert avec Guillaume I. Prince d'Orange, drefferent un plan de Gouvernement qui fut approuvé par celles de Brabant, de Flandre, de Malines & de Frife. C'eft fur ce plan que le Confeil d'Etat fut inftitué au Mois d'Aoüt de la même année, & les fept Provinces qui refterent attachées a PUnion d'Uïrecht, lui confererent le foin de la Guerre, des Finances & de tout ce qui regardoit la confervation & la défenfe de la République naiffante. Ce Confeil fe trouva par la chargé du Gouvernement gcnéral de la République a certaines conditions ftipulées dans 1'Acte de fon établifTement; & il étoit obligé entre autres de convoquer les Etats Généraux au moins deux fois par an. En 1585 les progrés des armes Efpagnoles ayant obligé les Etats de recourir a la Reine Elizabeth, (elle envoya, I 5 pour Généra- litè. Origine du Conm feil d'Etat. Ses fonc~ tions.  Confeil d'Etat. ] i II perd , une partie i de fon au- £ torité. . < 138 DESCrrPTION DE la HAYE pour commander le fecours accordé aux Etats, le Comte de Leicester, & les Provinces furent obligées de lui déferer le gouvernement général de la République. On lui adjoignit le Confeil d'Etat qu'ii compofa a fafantaifie, oü deux Seigneurs Anglois ,avoient auffi féance au nom de la Reine, qui fe conferva ce droit jufqu'a ce qu'on lui eüt rembourfé les fommes qu'elle avoit prêtées, & que les Villes de FleJ/ingue, Feere avec le chateau de Rammeke.is furent reftituées a la République; ce qui arriva en iöiö fous le regne de Jaques l. Pendant le Gouvernement de Leycesler, qui dura environ deux ans & demi, le Confeil d'Etat n'étoit prcfque que 1'exécuteur des ordres de ce Comtemais par fon,rappel & par fa démiiliorï iu mois de Décembre 1587, le Confeil rentra dans fa première autorité , qui ui fut confirmée par une Réiblntioo des Etats Généraux du 7 Fevrier 1588; & >ar un Edit du 12 Avril de la même'anïcele Gouvernement général des Provin:es Unies fut rendu au Confeil d'Etat. V la vérité il n'en jouit pas longtems i aufe de la réfolution qui fut prife peu prés de rendre l'Affemblée des Etats Jeaéraux fédentaire k La Haste. Depuis  Chap. V. Quartier de la Cour. 139 puis ce tems Ik le pouvoir du Confeil d'Etat ne s'eft proprement étendu que fur les affaires militaires & fur celles des finances. Toutes celles qui concernent le gouvernement de la République & particuliérement les affaires étrangeres ont paffé de ce Confeil a 1'Affemblée des Etats Généraux, qui en 1651 fit des changemens confidérables k 1'inftruór.ion du Confeil d'Etat. Ce Confeil a pour premier membre le Stadhouder , a qui il a cédé les emplois militaires qui étoient a fa difpofition ; il eft d'ailleurs compofé de douze Confeillers , ou Députés des Provinces, favoir un de Gueldre, trois de Hollande, deux de Zeelande, un d'Utrecht , deux de Frife, un d'OveryJfel, & deux de Groningue & des Ommelandes. De ces douze Députés il n'y en a que trois qui y foient a vie, favoir celui qui eft nommé par le Corps des Nobles de Hollande & les deux de Zeelande. Les autres n'y font ordinairement que pour trois ans. Dans ce Confeil on comote le fuffrage" des Députés & non ceux des Provinces, comme dans 1'Affemblée des Etats Généraux ; & la Préfidence, qui eft d'une femaine, roule tour a tour entre les douze Députés, fuivant leur rang. Le Confeil d'Etat Memlm de ce Confeil.  Ses Miniftres. Tréforier général. Sécrétaire i i i ( i40 Description de la Haye ie(>Conff d'Etat a trois principaux Miniftres; le Tréforier Général, li Sécrétaire & ]e Receveur Général. r .fre Tréforier Général a le titre de Confeiller d'etat & féance au Confeil. II a I infpedlion générale fur les finances, futles Receveurs, fur les Commis & fur les autres perfonnes qui font employées a leur admimftration. C'eft lui qui dresle 1 Etat de gucrre non en qualité le Miniftres, mais comme Commiffaires lu Confeil, leurs voix font comptées ivec celles des autres Députés. Le  Chap. V. Quartier de la Cour. 141 Le Receveur Général, qui ainfi que les deux autres Miniftres du Confeil, d'Etat eft nommé par les Etats Généraux, recoit tout le revenu de la République & en difpofe fuivant les ordonnances du Confeil. II eft chargé de payer les intéréts de toutes les fommes que la République a été obligée d'emprunter de fes fujets en diverfes occafions, & de retirer les intéréts des fommes que des Puiffances étrangeres ont empruntécs de la République. II a entrée au Confeil d'Etat & il eft même obligé d'asfifter a toutes les féances, tant pour donner les informations Sc les éclairciffemens dont le ronfeil peut avoir befom, & pour recevoir fes ordres, que pour repréfenter les affaires de fon département, après quoi il doit fe retirer. Dans les occafions folemnelles, comme quand le Confeil va en corps préfenter aux Etats Généraux 1'Etat de guerre, avec la Pétition générale, il eft confidéré comme Mcmbre du Confeil d'Etat, & a même le pas devant le Sécrétaire. Les appartemens a 1'ufage du Confeil d'Etat"confiftent en quatre chambres,," celles du Confeil, du Greffe, des Finances Sc de 1' Artillerie. La Salie du Confeil eft quarrée &S fpa- C Receveur •inéral typarte- 'ens. ille du onfeil.  *ï4ü Description de la Haye Généralité. Chambre des Finances. fpacieufe ayant la vue fur le Vivier. Elle efl tapiffée d'une ancienne hautelice. Sur la cheminée eft le portrait de Guillaume III, affis & revètu du manteau Royal; . il a été peint par le célebrc J. Netjeher en 170L La Salle eft encore ornée des portraits des autres Princes d'Orange. A 1'Oueft de cette Salle il y a trois chambres a 1'ufage du Tréforier Général, & a 1'Eft quatre, dont trois a 1'ufage du Sécrétaire cc de fes Commis, & la quatrième pour fervir aux Conférences. _ Après étre entré par la Porte extérieure on trouve a gauche un efcalier qui conduit a la Chambre des Finances de la Généralité. Elle a été établie avant la Chambre des Comptes, & eft compofée de quatre Commis, qui font nommés par les Etats Généraux. Cette Chambre eft chargée de régler tous les comptes qui regardent les fraix de PArmée, de tous lés hauts cc bas Officiers, de ceux de 1'Artillerie, des bateaux, des chariots, des chevaux &C. comme auffi de ceux qui ont foin des munitions, des vivres de 1'Armée, & de tout ce qui fert a fon entretien éc a fa fubfiftance. Au deftus de la Chambre des Finances eft  Chap. V. Quartier de la Cour. 143 eft celle de l'Artillerie; elle porte ce nom paree qu'on y conferve des modèles en petit, de tout ce qui appartient è 1'Artillerie de ( ampagne. Les Etats Généraux en avoient fait préfent a Uuilr laume III. La Chambre des Comptes de la Gêné. ralité fut établie en l'anm'e 1607, du confentement des Sept Provinces, pour foulager le Confeil d'Etat dans la direction des Finances. Sa Commisfion. fut revue en 1622, & fort étendue par PAffemblée des Etats Généraux en ifjji. Cette Chambre eft compofée de deux Députés de chaque Province, qui. font le nombre de quatorze, «Sc qui ordinairement changent de trois ans en trois ans, fuivant le bon plaifir des Provinces. Les fondtions de ce Collége confiftent a examiner «Sc arrêter les comptes du Receveur Géneral, des autres Receveurs de la Généralité cc de tous les Comptables; comme auTi ceux de tous les Miniftres de Leurs Hautes Puiffances dans les Pays étrangers, des Commis des Magafins dans les Places de guerre «Sec. Ce Collége a pïufieurs chambres a fon ufage; celle d'aflemblée qui eft au Nord, ayant la vue fur le Vivier, a POueft des Chambres du Confeil d:Etat; a cöté de; Chambre de l'Artillerie. Chambre des Comptes. Appartement,  144 Descriptïon de la Haye Chambre des Compttr. Colleges de la Province. ( j I I 3 3 < I < c t c I l d 5 de celle la une autre a 1'ufage des Députés, & plus en arrière vers le Binnenhof une pour les deux Sécrétaires, une pour les Commis , une pour les expéditions, & une fixicme appelléc la ( hambre des Chartres. JElles n'ont ricn de remarquable. Appartemens des Colleges de la Province de Hollande. Ces appartemens fontTafiemblés dans e quartier qui règne le long du Vivier, lepuis la Chapelle ou 1'Eglife Francoifc ufqu'au coin Occidental de la Cour. Je quartier communiqué avec celui des ïtats Généraux par une Galerie qui >afle au dcffus d'une partie de 1'Eglife u-ancoife, du cöté du Binnen- Hof, ir. continue jufqu'au quartier du Stadlouder. Au rez de chauffée il y a une ïalerie ouverte, au milieu de Iaquelle ft la porte da grand efcalier par lequel n monte a la Salle d'affemblée des Etats e Hollande. Sous les premiers Comtes les Etats de lollande s'aifembloient rarement, & ;ur autorité ne fit que décheoir fous les erniers ( omtes de la maifon de Bourogue & d'Autriche. Ils n'étoient convoqués  Chap. V. Quartier de la Cour. 145 voqués que pour donner leur eonfentement aux pétitions des Comtes. Ceuxci, leurs Stadhouders & la Cour de Hollande gouvernoient le pays; & telle fut la dépendance des Etats, qu'ils étoient obligés de s'addreiTer par requête a la Cour de Hollande pour en obtenir les chofes les moins importantes. La révolution de 1581 ayant fait pafiér la Souveraineté entre les mains des Etats, leurs Députés acquirent unetoute autre confidération. Cependant les Etats de Hollande fonti tout auffi peu Souverains dela Provin-! ce, que les Etats Généraux le font dei la République, Us ne font comme eux* que les repréfentans & les mandataires •de ceux qui les ont envoyés. Le Corps des Nobles & les Députés des i Villes compofent 1'aflemblée des Etats u de Hollande ê? de Ouejl-Frife. J L'Ordre Equejtre, ou le Corps de lat Noblejfc, le premier & le plus illuftrei membre de 1'Etat, a eu dans le tems des premiers Comtes la principale autorité dans le Gouvernement. La plupart des Villes étoient des Seigneuries de ces Nobles , de forte qu'ils étoient probablemenc regardés comme repréfentans K des Etats de Hollande^ ïéfiniion de afjemlee, Membres e l' 4s'mblée. 'orps dis hbles.  x$fi Description de la Haye Regies d'admis- fien. Nombre des memIfes. des Villes, aufli bien que des habitans de la Campagne. Pour être admis dans le Corps des Nobles il efl: requis avant tout d'être posfefleur d'un Fief noble dans la Province. En 1666 il a été arrêté d'admettre dans POrdre les fils ainés, ou autres, des descendans miles de ceux qui y étoient alors infcrits, dés qu'ils auroient atteint PSge de vingt- cinq ans, a moins qu'on •ne jugeat unanimément cette admiffion préjudiciable aux intéréts de PEtat, ou du Corps. II fut réfolu en même tems & aux mêmes conditions d'admettre le frere d'un Noble qui feroit décédé fans avoir laiiTé un fils êgé de vingt-cinqans, ou d'autres defcendans mdles. Tous les autres Nobles peuvent être recus dans POrdre k la pluralité des voix; mais deux freres, 1'oncle & le neveu, ni même deux nis de freres ne fauroient y fiéger dans Ie même tems. Le nombre des Nobles'de Hollande futanciennement trés confidérable, mais les guerres civiles 1'avoient tellement diminué, que fous Charees-Qutnt, on n'en convoqua que douze. Aujourd'hui le Corps de la Noblefle n'efl. compofé que de dix rneaibres» y compris le Prince Stad-  Chap. V. Quartier de la CW. 147 Stadhouder qui en efl: le Chef, & n'a qu'une voix dans 1'Affemblée des Etats. L'Ordre a pour domaines pïufieurs anciennes Abbayes qui en dépendënt dircétement. II a encore des droits exclufifs acertains emplois, ainfi quele droit de préfenter un de fes membres pour étre député dans 1'Aflemblée des Etats Généraux, un dans le Confeil d'Etat, un a fon tour dans la Chambre des Comptes de la Généralité, un dans le College des Confeillers Députés, deux dans les Colleges de 1'Amirauté de la Meufe &. d'Amfterdam, deux parmi les Directeurs de la Compagnie des Indes OrientaleSi II a encore outre cela la nomination de deux Confeillers de la Cour de Hollande &c. Les membres de ce Corps ont leurs affemblées particulieres, extraordinairement pour l'éleétion d'un nouveau membre, ordinairement quelques jours avant les aifemblées des Etats , & encore quatre fois 1'an pour les affaires des Abbayes & autres domaines. Les autres membres de 1'Etat font les Villes. II y en a dix-huit dans la Province quiy envoyent leurs Députés.; favoir onze de la Sud-Hollande, dont voici le rang: Dordrecht, Haerlent, Delft, Leyde , Amfterdam , Gouda, Rotterdam, Ka Go- Do'maïnei droits du Corps.  Etats de Hollande, 14$ Description de la Haye Gorinchem, Schiedam, Schoonhove, la Brille; & fept pour la Nord-Hollande ou Ouefl-Frife, favoir Alkmaer, Hoorn, Enckhuyfe, Edam, Monnikendam, Medemblik, Pnrmerende. En 1584 trcnte deux Villes affisterent h l'Affemblée des Etats; mais avant qu'elle fut finie les Députés de quatorze d'entr'elles fe retirerent, et n'y ont plus reparu dans la fuite. Les Etats de Hollande ont quatre asfemblécs ordinaires dans 1'année, qu'ils prorogent autant que les affaires le demandent. Si le Corps des Nobles ou quelqu'une des villes defire une Affemblée extraordinaire, on s'acireffe au College des Confeillers Députés, qui convoque 1'Affemblée pour un certain jour. Le nombre des Députés de chaque Ville n'eftpaslimité, n'ayant enfemble qu'une voix; mais d'ordinaire on députe un Bourguemaitre régnant, avec deux ou trois membres du Confeil de Ville; on efl dans 1'ufage d'y envoyer les mêmes Députés d'une aiTemblée ordinaire a 1'autre. Chaque Ville a fon Penfionnaire qui accompagne les Députés & porte la parole; le Confeiller Penfionnaire la porte pour la Nobleffe. La charge de ConfeiHer Penfionnaire eft  Chap. V. Quartier de la Cour. 149 eft une des plus pénibles & des plus importantes de 1'Etat. Celui qui la remplilfoit étoit nommé, du tems des Comtes de Hollandede la maifon d:Autrïcha, Avocat de Hollande. II eft élu par la pluralité des voix des Nobles & des Villes; Ce pofte lui elt confié pour cinq ans, au bout desquels il efl ordinairement continué. Le Confeiller Penfionnaire doit affifter a toutes les Affemblées des Etats de Hollande; autaat qu'il efl poffible a celles des Confeillers Députés II doit affifter aux Affemblées de la Nobleflé comme fon Penfionnaire particulier, & a celle des Etats Gereraux. Dans 1'Afiemblée des Etats de Hollande il propofe les affaires fur lesquelles on doit délibérer, recueille:les voix, tache de réunir les fufirages & conclud avec la pluralité, ou avec 1'unanimitéfelon que la nature des affaires 1'exige; c'eft k dire en un mot qu'il y fait 1'office de Préfident. II doit véi'ller particulierement k la conservation des privileges & eoutumes du Pays, dela SouveVaineté des Etats & de leur constitution établie. II doit enrégiftrertoutes lespiéces, lettres & autres papiers qui concernent Ja Province. II doit entretcnir une correfpondance réglée avec les Miniftres d<# K 3 i'JEtat Cenfeilltr Penfionnaire.  Etats de Hollande. Le grand Sfeau. Sécrétaires. Lieu d' Aff enWe. 150 DeSCRIPTÏON DB la haye 1'Etat chez Fétranger, & leur donner connoilTance de tout ce qui peut leur etre utile & agréable- II doit examiner de tems en tems 1'etat des Finances de la Province, pour en rendre compte a 1'ouverture de chaque AlTemblée. II ne peut s'abfenter de La Haye fans permiffion des Confeillers Députés, ni du Pays fans celle des Etats. Son bureau eft compofé d'un Commis & de cinq Ecrivains. II a encore un Secretaire k fon choix qui lui eft payé par les. Etats. Le grand Sceau de la Province eft alternativement fous la garde du Confeiller Penfionnaire & du premier membre du Corps des Nobles. Les Etats de Hollande ont deux Secré taires, chargés de couchcr fur lesRegïtres les réfolutions & autres affaires qui fe traitent dans 1'Affemblée, & d'en donner des extraits aux membres de 1'Affemblée, & au College des Confeillers Députés. Ils apoftillent auffi les requêtes ordinaires. En 1581 il a été arrêté pour pïufieurs raifons, que les Etats de Hollande s'affembleroient déformais a La Haye. Avant ce tems ils s'etoicnt quclquefois affemblés dans d'autres villes, comme en 1537 &  Chap. V. Quartier de la Cour. 151 & en IJ27 a Dejft; en 1536 a Gouda &c. La Salle d'AlTemblée efl une des plus grandes & des plus magnifiques de la Cour. On a commencé a la b&tir en 1651 avec les appartemens qui en dépendent. La Salle elle mêmea 66 pieds de long et 54 de large. Elle a une élévation proportionneé, avec un plafonden döme. Cinq grandes croifées 1'éclalrent au Nord, & lui donnent une belle vuefur le Vivier. Les murs font entiérement couverts d'une haute-liccfabriquée dans la ville de Schoonhove. Les couleurs font un peu pafféc9, mais dans fa fraicheur cette tapifTerie a dü faire le plus grand effet. Elle repréfenté une colonnade faifant face aux trumeaux qui féparent les croifées. Entre les colonnes on a des vues de rul'nes & de payfages, qu'op prendroit è peu de diftance pour de beaux tableaux. Plus haut rêgne une galerie , fur la baluftrade de Iaquelle font appnyés grand nombre de Perfonnages , répréfentant les différeotes nations des quatre partiesdu monde, habillées chacune felon le coftume de fon pays. Dans les compartimens du plafond on a peint des ouvertures garnies de perfonnages dans le même gout, & tous K 4 parois- Etots ie Hollande  Etats de Holiande. 152 Description de la Haye paroiflcnt fpeélateurs attentifs de ce qui fe paiTe dans la falie. A 1'oueft & a 1'Eft font deux grandes cheminées orneés de belles fculpturés, cc chacune a un grand tableau; 1'un de Jean Lievenz repréfentant la paix; 1'autre deHanneman repréfentant h guerre; ce dernier efl particuliercment admiré des connoiiTeurs. Au milieu de la Salie eft un parquet h peu prés quarré, ayant 29 pieds de long & 28 de large. La baluftrade eft ornée de fculpturés cc a pïufieurs cntrées. Au milieu du parquet il y a une longue table, aux deux cotés de Iaquelle s'afieycnt les membres du Corps des Nobles; le fauteuil du Stadhouder eft au haut bout, cc au bas bout la chaife du Confeiller Penfionnaire. Les Députés de Dordrecht, Haerlem, Delft, Leyden, & la Brille ont leurs places a'la table qui eft au Nord. Ceux de Gorcum, Schiedam & Schoonhoven a 1'Eft fur lefiege le plus élevé ; le fuivant eft pour les Députés de Gouda & de Rotterdam ; le troifieme ou le plus en avant eft occupé par ceux d''Amfterdam. Au fudily a une table, pareillea celle qui eft au Nord, pour les Députés d'Alkmaar, Hoorn ^ . Enkjtuy/en, Edam, Monnikkendam 3  Chap. V. Quartier de la Cour. 153 kendam, Medemblik & P'urmerend?. Les Penfionnaires des Villes fe placent h coté ou vis a vis de leurs Députés. Devant la place d'Amfterdam il y a un banc pour les deux membres du College des Confeillers-Députés lors qu'ils afiiltent a 1'altemblée. Des deux cötés de la cheminée occidentale ilya contre le mur deux chaifes pour les Sécrétaires des Etats; mais ils s'aiTeyent ordinairement a de petites tables pofées contre la baluftrade en dehors. A 1'Eft de cette Salle ilya une chambre de moyenne grandeur, qui fert aux conférences des Commiffaires de leurs Nobles & Grandes Puiffances; & après celle la une feconde a 1'ufage des Sécrétaires , & au deffus de ces chambres eft celle des Chartres. Les Etats de Hollande n'étant pas toujours affemblés, il étoit befoin d'un College permanent pour exécuter les refolutions des Etats, diriger en leur nom les affaires courantcs, & pourvoir aux affaires imprévues en attendant que les Etats fuffent affemblés. C'eft ce qui fit établir en 1584 -Deux Colleges des Confeillers Députés des Etats (Gecommitteerde Raaden) 1'un pour la Nord Hollande, refidant a Hoorn; 1'autre pour K 5 la Etats de. Hollande,, College des Co/]-" feillers * Députés,  Membres dimt il efl cmepejé. Autorité &Fone. Hm. 154 Description de la Haye la Sui-Hollande refidant a La Haye. Ce dernier College, après divers changemens a recu en 1590 Ia formc qu'il a confervée jusques k ce jour. II eft compofé d'un Préfident ou Premier Confeiller a vie, Député du Corps des Nobles de la Province, avec neuf Députés des Villes de la Sitd-Hollande; le neuvieme eft donné tour a tour par Schiedam, Schoonhoven & la Brille. Les huit premiers font nommés pour trois ans; le dernicr ne 1'eft que pour deux. A ces dix perfonnes il faut ajouter le Confeiller-Pcnfionnaire, qui fiege journellement parmi les Confeillers-Députés, avec voix délibérative. Le fecond des deux Sécrétaires des Etats de Hollande fait les fonétions de fa charge dans ce College. On ne fauroit entrer ici dans le détail des fonélions de ce College , ni de l'étendue de fon pouvoir par rapport aux iifterentes parties de fon département, tl fuffira de remarqucr que les ConfeiU '^rs-Députés) font pour la Province de Hollande k peu prés ce que le Confeil VEtat eft pour la Généralité. Ils font es exécuteurs des réfolutions des Etats St ont 1'inspection fur les affaires de la juerre, autant qu'elle* concernent la Province  Chap. V. Quartier de la Cour. 155 vince cn particulier, ainfi que fur fes finances. Deux Députés de ce College affifient a 1'Affemblée des Etats Gér.eraux. Ils doivcnt veilier a ce qu'on n'y prenne aucunc réfolution contraire, a celles de leur Province, ou a fes droits & a fa Souveraineté, Les Confeillers • Députés s'affemblent journellement, excepté Ie Dimanche & les jours de Fête; les conclufion:: fe formcnt par la pluralité des voix. Ils expédient les lettres de convocation aux divers membres des Etats pour les Affemblées ordinaires, y ajoutant lesmatiercs fur le.squelles il fera délibéré. Ils ent auffi le droit de convoquer une Affemblée extraordinaire, des qu'ils jugmt que la néceflité le requiert. La Salle dans Iaquelle le College des Confeillers Députés tient fes afiernolees efl; au rez de chauffée, & immédiatcment fous celle des Etats de Hollande. Elle n'efl: pas a beaucoup prés dc Ba même étendue, mais forme cependant une belle chambre, tapiffée de haute licc& éclairéepar trois grandes fenêtres qui donnent fur le Vivier. Les membres de ce College fe placent a une table r fituée au milieu de Ia chambre & qui eft entourée d'une baluftrade, aux quatre coïns Ccnfeil-' Iers Députés: Tems d'njftra- dées. Sr Ik d'as femblée.  Confeillers Diyutés, l ] < < i l d o y j< Autres ehambrès. U oi Ol di VI P Ja Je D Pc D 156 Description de la Haye coins de Iaquelle font autant de colonnes rJorées, fervant d'appui au planchcr de la Salle des Eta«s. Sur la cheminée il y a un beau tableau de Jean Lieyensz, •epréfentant 1'Arithmetique, Ia' Géonétrie & autres fciences. Au mur op>ofe font fufpendues deux planches de mvre gravées ur le Sécrétaire du College. A 1'Efl; de Ja chambre des Confeillers ipucés il y en a quelques autr-es a leur ufage.  Chap. V. Quartier de la Cmr, 15? ufage & qui s'étendent jufques h 1'Eglife Francoife ou du moins jufques è la chambre du Confiftoirede cette Eglife. Au rez de chaiuTéc du coté occidental de la < our font la Charnbre des Finances de la Province, & la Secrétairerie de* Etats de Hollande. Le Comptoir Général de la Province efl: dans un autra quartier, comme on le verra dans la fuite. La Chambre des Finances efl: compofée de deux Commis, un Teneur de livres, huit Ecrivains & deux Ecrivains des Commis. Tout ce qui fe regoit au Comptoir Général, & dans les comp■toirs particuüers des villes de la Province doit être cnregiftré a la chambre des Finances, & porte a la charge de chaque Receveur, qui recoit enfuite fa décharge de la même Chambre. Elle a trois appartemens a fon ufage; le premier pour les Ecrivains feuls; le fecond pour les deux Commis; c'étoit autrefois la chambre d'aflemblée pour les Confeillers - Députés; & le troifième qui touche a la porte Stadhoudérienne, pour le Teneur de livres & les autres Ecrivains des Finances. Au Sud de la Porte Stadhoudérienne eft le Corps de Garde pour 1'infanterie qui Conjeiüers Depntis. ChamtrM des Financesi  Sècretairerie. Origine du Stadhouderat. 158 DfacRïPTioït de la Haye qui a la grand - .garde au Binnen-Hof lam d'une chambre pour les Officiers! a cotede celle ei efl; le Comptoir de 1'Ecnvain expéditeur des Confeillers -Députés. Et encore plus au Suj deux Chambres pour le greffe ou la Sécretalrerie de Hollande, qui efl compofée d'un Commis, deux premiers Ecrivains & dix Ecnvains ordinaires. Quartier du Stadhouder. Le premier & le fecond étage du cóté Occidental de la Cour, qui fait face au Buyten-Hof, aété de tout tems le Quartier du Stadhouder, Ce terme HoTiandois répond a celui de Lieuienant; c'efl: a dire quelqu'un qui remplit les fonctions, & repréfenté le caractere ou la Pcrfonne d'un autre. On ne fauroit entrer ici dans le détail des fonélions, des iroits & des prérogativ^s de cette Charge éminente; les Etrangers qui veulent fen former de juftes idéés peuvent fe atisfaire en lifant 1'Article Stadhouse r de 1'Encyclopédie d'Yverdun. 3n pourroit faire remonter le Stadhouierat de Hollande & de Zeelande jufqu'au nilieu du treizieme fiècle, que le Comte, Guillaume II, ayant été élu Roi  GEZIFT van het SIAD HOUDERS ^ÜARIIEK .   Chap. V. Qmtier de la Cbur. 159 Roi des Romains, nomma fon frere Flor ent Gouverneur de fes Etats pendant fon abfence. Sur le même pied les Evêques d'Utrecht, les Ducs de Brabant & de Gueldre, les Comtes de Flandre établirent, de tems en tems, des Stadhouders revêtus de leur autorité, dans les Provinces ouilsne pouvoient pas tenir en perfonne les rénes du Gouver* nement. Sous les régnes de CharLEs-QuiNT&dc Philippe II, toutes les Provinces des Pays ■ Bas fe trouvant réunies fous un feul gouvernement, on vit un Stadhouder mis a la tête de ces Provinces, foas le titre de Gouverneur Général , . & fous lui des Stadhouders particuliers h la tête de chaque Province, ou de pïufieurs enfemble; exceptê le Duché de Brabant, oh le Gouverneur - Général tenöit fa réfidence dans la ville de Bruxelles. L'Ancienne & illuflre Maifon de Nasfau avoit fourni pïufieurs Stadhouders 'a. quelques unes de ces Provinces avant Ia Fondation de la République, & peu avant eette glorieufe époque Guillaume de Naffau, de la branche de Dillembourg, Prince d'Orange, avoit été établi par Phiï;Ippe; II. Stadhou- det QaattUf Stadksudéries.  Guiltau- J Maurice. 160 Dbscription de la Haye 'der de Hollande, de Zeelande & d'Utrecht. On fait affez comment la valeur, la fagefle & la patience de Guillaume I jettcrcnt les fondemens de la liberté Belgique. En 1.576 la Hollande & la Zeelande remirent au Prince d'Orange 1'autorité fouveraine fur les affaires politiques& militaires, tant quelaguerre avec YEfpagne dureroit. Le Roi Philippe II ayant été déclaré déchu de la Souveraineté en 1581, la Hollande & la Zeelande déférerent de nouveau la Souveraineté au Prince d'Orange pendant la guerrc, & il alloit être déclaré Comte de Hollande , lorfqu'il fut tué a Delft d'un coup de piilolet le 10 Juillet 1584, k 1'age "de cinquante & un an; defortc que Guillaume I a été plus que Stadhouder. Maurice fon Fils doit donc être regardé comme le premier Stadhouder le-la Création des Etats, & il ne le fut que des Provinces de Hollande, Zeelande, Utrecht, Overysfel & Gueldre; ]a Frife St Groningue ayant nommé pour leur Stadhouder le Comte de Najfau - Dietz, L'oufin du Prince d'Orange. Maurice n'étoit que dans la dixfeptie- me  Chap. V. Quartier de la Cour. i6\ me année de fon age, lorfque fon Pere mourut; & fa vie, qui fut de cinquantehuit ans, n'a été qu'une fuite perpétuelIe d'aélions héroïques & de triomphes éclatans, qui affermirent les fondemens que Guillaume fon Pere avoit pofés, pour 1'établilTement de la République. Maürice étant mort en 1625 fans avoir été marié, Frederic-Henri fon Frere lui fuccéda dans toutes fes Dignités le 24 Mai de la même année. Sa vie fut une fuite prefque continuelle de combats & d'heureux iuccès, qui le rendirent aufïï redoutable aux Efpagnols que précieux a la République, dont il étoit adoré pour fa douceur & fon humanité. II mourut en 1'année 1647, agé de foixante trois ans, laiiTant un Fils nommé Guillaume , auquel les cinq Provinces avoient deja accordé la furvivance de toutes les Charges & Dignités dont le Pere étoit revêtu. Guillaume II étoit parvenu k 1'agede 1 vragt-un ans lorsque Frederic-Henri mou-1 rut. Ce Prince avoit tous les talens, le gé* nie & les lumieres néceiTaires pour rendre a la République des fervices non moins fignalés que fes Prédéceffeurs, s'il n'avoit été fauché par une maladie meurtriere, avant que les années & 1'experienceeufL fent Frédêric. Henri. luillaunell.  ió2 DeScRÏPTIÓN de LA haye Guülnume III. fcnt tempéré fon ardeur & müri fes verrors. II mourut de la petite vérole le 6 Novembre de Fannée 1650. Huit jours après fa mort la Princeffe fon Epoufes rille de Charles I Roi ÜAngleterre, accoucha d'un Fils qui fut nommé Guillaume. La branche de Naffau - Diets continuoit a exercer Ie Stadhouderat dans les Provinces de Frife & de Groningue; mais les cinq Provinces fe gouvernérent fans Stadhouder jufques & 1'année mémorable de 1672, que le Prince A'Orange fut déclaré Capitaine Général des Armées de la République, & peu après Stadhouder avec les mêmes pouvoirs dont fes Ancêtres avoient joui; la furvivance en fut même accoruec aux Héritiers miles de ce Prince^ nés d'un Iégitime mariagc. GuillaumeIII. répondit pleinement. aux efpérances que 1'on avoit congues de fon gouvernement. II exerga le Stadhouderat avec une vigueur & une fagelTe qui le rendirent flnguüèrement r^fpeétable. Par 1'efprit d'union & d'activitê qu'il forma dans les Provinces , il jetta les fondemens de cette grandeur qui fe manifefta dans la République pendant une fuite d'années. Soit aiariage avec Marie Sluan , rille de Jaques II.,  Chap. V. Quartier de la Cour. 163 JaquesIL, Roi d'Angleterre, lui fraya le chemin au Tröne de la Grande - Brétagne , fur lequel il monta en 1'année 1689. II continua cependanti jouïr de 1'autorité de Stadhouder dös cinq Provinces , & de celle de. Capitaine Général des Armées de Ia République, tant par terre que par rner, jufqu'a fa mort arrivée au mois de Mars 17CV2. L'Illuftre race dés Princes de NasfattOrange, qui avoient été les Fondateurs & les Défenfeurs de la République, fut éteinte dans la perfonne de Guillarme 111; & les cinq Provinces fe gouvernerent encore fans Stadhouder pendant quarante-cinq ans. Par le Teftament de Guillaume III. le jeurfe Prince de Nasfau - Dietz , Stadhouder des Provinces de Frife & dé Groningue, & Fils d'une Fille dé Frédéric -Henri, avoit été inftitué fon Héritier univerfel & prit le titre de Prince d'O range k mais ce titre & toute 1'a fucceflion lui furent conteftés par divers Prétendans, entre autres par lé Roi de Prujjk, defcendu pareillément de Frédéric - Henri par Louife - Henriette fa fille. ca Majefté Pruiiienne s'empara par provifion d'une partie de cette fucceffioh, & une autre partie fut adjugée au Prince de NasfauL 2 Qrftng«% Guillau" me ITL  Guillau me IK 164. Description de la Haye Orange, en attendant que leurs différends fuffent terminés par quelqu'ac commodcirjent a 1'amiable. Le jeune Prince qui avoit déja donné des marqués éclatantes de fa valeur & de fa prudence dans pïufieurs batailles, fut malheureufement noyé au pafiage du Moerdyk , le 14 Juillet 1711, en vcnant de 1'armée, pour traiter d'un accommodement avec le Roi de Prujfe touchant cette fuccefiion. Le Prince d'Orange n'avoit point encore d'enfant lorsqu'il mourut, mais deux mois après, la Pnnceffe Douairière accoucha d'un Fils qui fut nommé Guillaume-Charles-Henri-Frijö, & qui fut Stadhouder de Frife & de Groningue par fuccefiion héréditaire. Dans 1'année 1722 la Province de Gueldre élut ce jeune Prince pour fon Stadhouder, mais avec une Commiflion fort bornée. En 1746, le Roi de France ayant porté fes armes dans la Flandre Hollandoife, toute laNation Belgique fe rappellant les tems anciens, tourna les yeux vers le Prince d'Orange, 1'appella au fecours de la Patrie & le placa fur le fiége de fes fondateurs & de fes défenfeurs. En 1747 toutes les Provinces le recónnurent comme Stadhouder, avec tous les droits anciennc- ment  Chap. V. Quartier de la Cour. 165 'ment attachés a cette haute dignité, & les Etats - Généraux le revêtirent des Charges de Capitaine-Général & d'Amiral de 1'Union. Toutes ces Charges futent enfuite rendues héréditaires1 dans fa Maifon, dans la ligne mafculine, & k fon défaut dans la ligne féminine. Guillaume IV. ne jouit pas longtems de fon élevation. II mourut en 1751. Guillaume V. fon Fils, né le8Mars 1748, lui fuccéda fous la tutelle de la Princesfe Royale fa Mere, Anne Fille de Geórge II. Roi d'Angleterre. La PrincelTe Gouvernante mourut en 1759. La majorité des Stadhouders etant fixée a Page de dix-huit ans, Guillaume V. entra dans 1'exercice de fes Charges le 8 Mars 1766. Le 4 Octobre 1707. ce Prince époufa la PrincelTe Royale de Prujfe, Frédérique - Sophie - Wilhelmine, née le 7 Aout 1751; & de ce mariage font nés le 28 Novembre 1770 la PrincelTe Louife - Wilhelmine, le 24 Aout 1772 le Prince Héréditaire GuillaumeFrédéric, & le ijFevrier 1774 le Prince Guillaume-George-Fréderic. Les revenus que le Prince Stadhouder tire de fon patrimoinc, de fes principautés & terres Seigneuriales en Allemagne & dans les Pays-Bas, joints a ceux qui L 3 font Guillaume F. Cour du Stadhouier. ■  Cour du Stadhouder.' Sicrèairerie dt S.A. 166 Description de la Haye font attachés aux Charges éinincntes que Son AlteiTe rempht, font trés cónfidérables 6c lui permettent de tenir une Cour qui peut paffer pour bnilante, dans un Etat remarquable par 1'égalité des fortunes. La Cour de Leurs AltelTes efl; aétuellement cornpofée d'un Grand - Maitre, \m Maréchal, un Grand-Ecuyer , dix Chambellans, cinq Dames - d'Honneur, «Sc fix Gentilshonnnes de la Chamhre^ Dans le département de 1'Ecurie il y a deux Ecuyers, deux Sous-Ecuyers «Sc huitPages nés Gentilshommes, auxquels le Prince donne un Gouverneur, un Précepteur ré dans quelques unes de fes parties. De Pefeahe»- on entrera dans 'la Salle des Gardes, d'oh on panera par une première & une feconde antichambre dans les Salles k maneer, qui ont la vue fur le Binnen-Huf. La première qui eft de moyenne grandeur lervira pour 1'ufage ordmaï. re; Hfcrtafl isjiea.  176 Description de la Haye Nouveau Quartier Stadhoudérien. re; la feconde pour les grandes tables; celle-ci a foixante pieds de long & 24 delarge, avec un cabinet ou lal Ion au coin de l'édifice a rEft. Derrière ces (alles a manger eft la grande Salle pour [es bals & autres fêtes; elle a quatrevingt-trois pieds de long, cc trente-fix & demi de large; fa hauteur eft de quarante fix pieds ; cette falie qui communiqué au Nord avec les Salles è manger, communiqué auffi au Sud par deux corridors avec trois grandes chambres de 1'autre corps de logis ; 1'une de ces chambres fert déja pour la table du Maréchal. Toutes ces pieces feront décorées d'une maniere convenable; la décoration de la grande Salle fera en pilaltres canelés d'ordre Corinthien, repréfentant Ju marbre blanc, avec des dorures dans les chapiteaux , les bafes, 1'entablement Sc les canelures. Dans quatre grandes niches répondant aux quatres croifées feront placées autant de figures allégoriques de grandeur naturelle , 6c au desrus dans des niches quarréesdes attributs malogues a ce que ces figures repréfenteront. Le plafond en dóme aura des tableaux dans fes compartimens. L'étage au delTus des antichambres & des Salles a manger donnera encore un bon nombre  Chap. V. Quartier de la Cour. 177 nombre de chambres; Le corps de garde dont on a déja indiqué Ja fituation actuelle fera auffi placé dans le nouveau batiment, vers le coin Oriental. La maifon qui fe trouve entre le nouveau batiment qu'on vient de décrire & la Porte méridionale de la Cour eft 1'Imprimerie de 1'Etat. Les Etats Généraux & ceux de la Province de Hollande ont un Imprimeur juré, charge de 1'impreffion de leurs réfo!utions& de toutes les pieces qui concernent leurs départemens. Tous ceux qui travaillent dans cette Imprimedie prêtent ferment de garder le fecret. II y a aufli un Correéteur juré. : Joignant la même Porte eft ce qu'on nomme le Prévót, c'eft - è - dire la prifon pour les militaires de la garnifon de L a Haye. Au dela de cette Porte méridionale il y a encore une petite cour environnée de maifons. La première a droite ou au Sud, efl un édifice beaucoup plus large que profond, & dont la faeade feróit un ornement pour une plus grande place. Sur ce terrein étoit la maifon oh s'affembloit ci-devant le onfeil des Domaines du Prince d'Orange. Le nouvel édifice a été conftruit avec tout ie foin & la folidité néceffaires a fa deftination. M On fmprime rie de 1'Etat. Prévót. Comptoir Sénéral ie Hol. 'ande.  Chambre des monnoies.Etablisfement. 378 Dfi^CfUPTION DE LA HAYE On y tient lc Comptoir Général de Hollande, oh Pon paye toutes les ordonnances du College des Confeillers Députés, & les intéréts des obligations h la charge de la Province. A la tête de ce bureau efl: le Receveur Général de Hollande; il a fous lui deux premiers ('ommis & trois Ecrivains; en 'outre quatre Commis ayant des départemens particuliers], & chacun de ceux - ci a un Ecrivain pour Paffifter. Au dela du Comptoir Général eft la chambre des EJJayeurs de Por & de Par- fent que travaillent les Orfevres de La Iaye; &plus bas dans lecoin la Chambre des Monnoyes de la Généralité. Toutes les Provinces en s'uniflant pour former entre elles une feule République, fe font refervées le droit de battre monnoie, comme une marqué eflèntielle de leur Souveraineté particuliere; mais elles font convenues en même tems que la monnoie de chaque Province, qui auroit cours dans toute Pétendue de la République, feroit d'une même valeur intrinfeque. Pour 1'obfervation d'un fi fage réglement, les Provinces > d'un confentement unanime, réfolurent au commencement de la République, d'établiraLA HAYEune Chambre des raonaoies de la Giaéralité, com-  Chap. V. Quartier de la Cour. ï?g compofée de trois Confeillers Infpefteurs Généraux, d'un ElTayeur Général, & d'un Sécrétaire. Cette Chambre a une infpeélion Générale fur toute la monnoie frappée au nom des Etats Généraux, ou des Etats des Provinces particulieres, de même que fur toutes les efpeces étrangeres. Elle a foin que la monnoie foit de 1'aloi & de la valeur intrinfeque , ordonnée par Leurs Hautes Puiffances, & elle procédé contre les Maitres de la monnoye qui contreviennent aux Régiemens de 1'Etat iur ce fujet. Sa Jurifdiftion s'étendauffi furies Joüailliers, les Orfevres, les Effayeurs, lesRafineurs, les Changeurs &c. Enfin elle termine tous les différens fur 1'aloi, 1'eflai, le poids & fur tout ce qui concerne le prix de 1'or & de 1'argent, & fes jugemens font fans appel. Cependant tout ce qui efl criminel efl du reflort du Confeil d'Etat; & a 1'égard des faux - monnoyeurs, le Jugement en appartient aux Juges des Provinces ou des Villes , oh le crime s'efi: commis. Les maifons adofiees k la Grande Salie de la Cour lont habitées par des particuliers, k 1'exception de celle du coin qui a fon entree fur le Binnen ■ Hof, & M 2 qui Fonüims, Tréforerit iuPrince,  ï8o .Dëscription de la Haye Magistrature. Baillif. qui eft le bureau de la Tréiorerie du Prin ■ ce Stadhouder. CHAPITRE. VI. Hótel de Ville &? Magiftrature. La Haye a eu, dès fa première origine, lors qu'elle n'étoit encore qu'un village a peine reconnu pour tel, un Corps de Magiftrature, chargé du foin de maintenir 1'ordre public & de rendre la juftice aux habitans, au nom & fous 1'aiitorité des Comtes, Souverains de la Hollande. La Magiftrature de La Haye eft actuellement compofée d'un Baillif qui eft en même tems Efcontet (Schout en Hollandois) de trois Bourguemaitres & de fept Echevins, dont le dernier eft celui de Scheveningue , mais qui n'eft appellé qu'aux déliberations fur les caufes criminelles. La charge de Baillif de La Haye avoit déja été établie avant 1350. Le plus ancien des Baillifs dont le nom foit connu , étoit Adam van Berwaerde , qui étoit Secretaire du Comte Guillaume de Baviere en 1354; & la plupart de ces Succefleurs furcat des perfonnes illuftrcs par  Ch. VI. Hótel de Fille & Magifi. i8 r par leur nailTance ou par leurs dignités; aufïï cette charge a - t'elle des prérogatives confidérables. Le Baillif fiége dans la Chambre des Bourguemaitres, avoc voix délibérative & décilive fur toutes les affaires qui intéreffent la police & le Gouvernement de La Haye. IIdifpofe a fon tour des emplois fubalternes de la Ville, & a le droit de nommer YEfcoulet ou Schout de Scheveningue; en un mot fon emploi efl aujourd'hui un des plus honorablcs, d'autant plus recherché qu'il eft a vie, & qu'en même tems il paffe pour être un des plus lucratifs. L'office d'Efcoutet ou Schout de La Haye eft fans doute auffi ancien que le Tribunal des Echevins, auquel il appartient effentiellement. II n'a pas toujours été unia la charge de Baillif, mais feulement de tems en temps jufques a 1'an 1573. Depuis ce tems cette réunion a été conftamment obfervée; deforte que le Baillif fait les fonctions de premier Officier de la police, & de Fifcal civil & criminel; en cette derniere qualité il a un Sous - Efcoutet (en Hollandois OnderSchout) chargé des Exploits. Ce font les Etats de la Province qui conferent le Pofte important de Baillif de La Haye. M 3 La Baillif.  BourguewaUres. Schevins. 182 Description de la Haye La Haye n'a eu des Bourguemaitres que depuis 1'année 1559.. Les Echevins avoient été chargés jufques alors de 1'adminiftration de la police auffi bien que de celle des affaires criminelles; mais ne pouvant fuffire a cette doublé occupation, ils fupplierent Charles -Quint 1'an 1552 de vouloir donner k ce lieu des Bourguemaïtres comme aux autres Villes, bourgs & villages confidérables de la Province ; mais leurs follicitations n'ayant point été goutécs, ils revinrent a la charge fept ans après & obtinrent de Philippe II le pouvoir d'élire deux Bourguemaitres , auxquels les Etats en ajouterent un troifieme en 1591, en leur donnant les mêmes droits & prérogatives dont jouiffent les Bourguemaitres des autres villes, foit petites foit grandes. Le plus ancien College de Magiftrature a La Haye eft celui des Echevins. Leur nom paroit déja dans les atftes publiés en 1311. En 1325 Guillaume de Hainaut leur accörda la permiffion de faire des ordohnances pour la police du village de L a H ay e , de concert avec le Prévót de fon Hótel, qui peut-être leur fut adjoint en qualité de Baillif. C'étoit indubitablement 1'Intendant des Finances de la Nord-Hollande qui les nom-  Ch. VI. Hitelde Fille &>Magïfi. 183 nömmoit dans les tems les plus reculés, & qui en vertu de fa charge de Baillif lescnangeoita favolonté. Guillaume de Baviere lui en confirma le pouvoir ert 1407', fixa l'Eleétion des Echevins au 25 Novembre, & ftatua qu'ils ne feroient élus que pour un an. 11 exigea de plus deux chofes; 1'une que pour étre eligible a la charge d'Echevin, il faudroit avoir demeuré au moins trois arts de fuite dansle territoite de L a Hayè, & 1'autre qu'il faudroit être du nornbre des habitans les plus notables & les plus qualifiés. Le renoüvellément de la Magiftrature i a lieu encore le 25 Novembre, fête de 1 Sainte Catherine; il fe fait par le Stad-j houder fur une nomination qui lui eft pré- { fentée la veille. Dans les teinps oh il n'y a point eu de Stadhouder, ce renoüvellément fe faifoit par lés Etats de la Province, & quand ils ne fe trouvoient pas affemblés le 25 Novembre, par lè College des Confeillers-Députés. Ce changement eft different de celui qui a lieu dans les Magiftratures des autres Villes de la Province. Tous les membres qui compofent celle de La H-ate y reftent conftamment. La charge de Baillif eft a vie, comme il a déja été re M 4 marqué; Echevins. lerwuvel' ment de 1 Magii* rature.  Tréforier t??4 Description de la Haye marqué; les Echevins font nommésdc louveau ou confirmés dans la leur. Tout le changement concerne donc les Bourguemaitres. Les fix plus anciens membres de la Magiftrature fe fuccedent réciproquement dans cette charge, de deux ans en deux ans; de maniere qu'une année on n'en crée qu'un nouveau , & 1'année fuivante deux, afin qu'il y en ait trois rêgnans. Ceux qui ne font pas en régence fiégent pendant ce tems la dans la Chambre des Echevins. S'il arrivé qu'un des Bourguemaitres rêgnans vienne a mourir, le plus ancien Echevin prend fa place, & on fait l'élecfion d'un nouvel Echevin. C'eft ce qui a été conftamment pratiqué depuis 1702. La Magiftrature a un Tréforier & pïufieurs Sécrétaires. Dans 1'origine c'étoit un des Echevins de La Haye quifaifoit 1'office de Tréforier. En 1520 La Haye n'eut pas moins de deux & même de trois Tréforiers, quoique fes revenus fuflent encore trés bornés. Ces Tréloriers devoient rendre leurs comptes chaque année, en préfence du Magiftrat & des plus notables du Lieu, par devant deux Députés, 1'un de la our & 1'autre de la *. 'hambre des Comptes. Ilsn'étoient nommés que pour deux ans , au bout desquels ils devoient être  Ch. VI. ffitelde Fille & Magi fï. 185 être confirmés de nouveau, cïtandis qu'ils étoient Trefoncrs iis ne pouvoienc pas êtreélusEchevins. Philippe li. ordonna en ijjö que déformais La Have n'auroic plus qu'un feul Tréforier. II devoit être nommé par le Magiftrat, mais élu ou confirmé par le Stadhouder, & en fon abfcnce par le Préfident de fa Cour. Aujourd'hui c'eft le Magiftrat feul qui Pélit, & qui le continue dans fon emploi. La Haye n'avoit autrefois qu'un Sécrétaire qui étoit connu fous le uoinde Clerc. II ne prit le titre de Secretaire qu'en 1527- Ses fuccesfeürs eurent un fubftitut Sécrétaire pour les affifter. II y eut auffi un Avocat de la Haye,. qui recut en 1643 'e t,l:re plus honorable de Penfionnaire; il n'eut que deux fuccesfeürs , dont le dernier étant mort en 1710 ne fut point remplacé. Au lieu d'un Penfionnaire, Pon nomma un fecond Sécrétaire & il fut réglé qu'il fe trouveroit tour k tour avec" le premier 1'un dans la Chambre des Pourguemaitres, & 1'autre dans celle des Echevins, de quatre en quatre mois; mais depuis 1732 c'eft le plus ancien des Sécrétaires qui exerce conftarnment fes fonétions dans la première Chambre, & le fecond dans celle des Echevins. La commisfion M 5 des Sécrétaires.  i8<5 Dèscriptiom de la Haye Police. des Sécrétaires de La Haye, originairement émanée des Comtes de Hollande, étoit tombée a la difpofition de laChambre des Comptes des Domaines du Comté; mais en 1706 les Etats de Hollande ont vendu au Magiftrat la collation de cette charge, & de deux autres beaucoup moins importantes, pour la fomme de dèux eens yingt mille florins. Aujourd'hui La Haye a trois Sécrétaires. Le Magiftrat de La Haye a, comme celui des autres villes, le droit de faire des Ordonnances (Keuren en Hollandois) pour le main tien de la Police. Sa jurisdieftion ne s'étendant pas fur tous les Quartiers ni fur tous les habitants de la Viïle, f Tanden terrein de la Cour étant du reffort de la Cour Provinciale, comme il a été dit plus haut) certaines ordonnances générales doivent pour fortir leur effet être publiées en commun, ou conjointement de la part de ces deux Corps. II yamème a La Haye une troilieme clafle d'habitans, fi on peut les nommer tels. e font les Députés des fix Provinces (la Zeelande étant exceptée) aux Colleges de la République. Ils ne refibrtiffent ni de la Cour de Hollande, ni du Magiftrat de La Haye, & iie  Ch. VI. Hótel de Ville fif Magifl. 187 ne peuvent être appellés en juftice que par devant les Tribunaux de leurs Provinces refpeétives. Au Corps de ville eft attaché un College, nommé en Hollandois Vroedfchap, terme qui revient a celui de Confeil, & tous les Confeils des Villes qui ont voix & feffion aux Etats portent le même nom ; mais le Vroedfchap de La Haye eft d'une tout autre nature. 11 fut établi au commencement du quinzieme fiècle. On eft incertain de combien de membres il fut compofé dans fon origine. En 14JI Philippe de Bourgogne en augmenta le nombre jufqu'a trente deux; mais Charles-Quint le réduifit k douze en 1525 ; & depuis le nombre n'en a pas varié. Autrefois le Vroedfchap fe renouvelloit tous les ans le 25 Novembre, comme le refte de la Magiftrature. En 1621 le Magiftrat demanda aux Etats par requête d'en faire un Confeil permanent & d'y ajouter fix Confeillers; mais cc fut inutilement. Depuis ce tems la les chofes ont changé de face. Le Vvoedfchap, toujours compofé de douze Confeillers a été fait en 1672 un Corps a part, dont les membres le font a vie; mais leur charge fe reduit k peu prés ê na Vroedfchap.  VroedJchap. Chamlr daOrph Uns. iSS DESCaiPTION de la Haye un titre honorable qui ne leur donne ni profit, ni autorité, que lorfqu'ils font Députés dans le College de la Société de La Haye, comme on Ta vu plus haut. Dès Tan 1560 Tinftruction des Bourguemaitres portoit qu'ils ne feroient obligés de prendrc 1'avis du Vroedfcliap que quand iis le jugeroient nécelfaire; ce qui eft arrivé trés rarement, & les affemblées du Confeil font trés peu fréquentes. Toutes les fois qu'elles fe tiennent, pour délibérer fur des affaires de police, le Magiftrat donne a chaque membre un jetton d'argent, de la valeur de trentc fois; cet ufage a commencé en 1716. ; II y a encore a La Haye , comme dans e- les autres villes de la Province un College de Magiftrature trés important, c'eft la Chambre des Orpltelins. Autrefois la tutelle des Enfans mineurs , dont les pcres mourans n'avoient pas difpofé par teftament, appartenoit de droit aux: Comtes. Ceux ci permirent en diverfes occafions que Ton en chargeat les plus proches parens des défunts; mais ils retarderent pas a s'apperccvoir que fouvent Tignorance & Tinhabilcté de ces tutcurs étoient infiniment préjudiciablesaux pupilles, & pour y remédier, ils charge rent infenfiblement les Magiftrats des villes  Ch. VI. Hótel de Fille & Meigift. 185 villes d'en prendre fur eux la tutelle, jufqu'a ce que ces pupilles euflent atteint 1'age de vingt-cinq ans. Dés le milieu du quinziemc fiècle toutes les villes de Hollande avoient des ÏFees-MeeJleren ou Regens des Orphelins. A La Haye ce fuc Philippe de Bourgogne qui permit au Magiftrat d'établir pour cette fin quatre perfonnes, gens d lionneur & riches. Le nombre en a été enfuite reduit a trois; aétuellement il yen acinq, qui font afliftés par deux Sécrétaires. Les perfonnes foumifes a la direétion de cette Chambre font des enfans Orphelins de 1'un & de 1'autre fexe, a 1'exception de ceux. des pauvres qui tombent k la charge des Maifons de Charité. llne s'agit uniquement que des enfans des bourgeois & des habitans tant foit peu aifés. Immédiatement après la mort de leurs parens décedésaè int efl at , ou fans avoir pourvua la tutelle, les IFees-MeeJteren deviennent les tuteurs & curateurs de leurs perfonnes & de leurs biens; leurs fonétions font rcglées dans 1'inflruér.ion que le Magiftrat fit dreffer en 1513; ïnftru&iot» qui dans la fuite aété pius d'une fois ampliriée, & qui a rendu cet étabüffement auffi avantageux qu'il foit poffible aux Orphelins & au public. L'HöteJ Clumlre dcsOrplu* Uns.  190 Description jqe la Haye Rótel ie •Ville. t Fonda- \ eten. ■ i ( « < I ] i i I ] ( \ } Extérieur, d t a ï n c c c L'Hótel de Ville, ou 1'èdifice dans lequel le Magiftrat s'affemble & exerce "es fonftions, eftfitué a cótéde 1'Eglife Principale a 1'Eft. On n'eft pas d'ac;ord fur le tems de fa première fonda:ion. Quelques Auteurs prétendent qu'il 'ut bati originairement par un Seigneur le 1'Illuftre Maifon de Brederode, & que lans la fuite des tems le Magiftrat 1'a:heta & le fit approprier pour y tcnir les Confeils. Peut-être k t'on confonlu l'Hótel de Ville d'k prefent avec ceui oii la Magiftrature s'affembloit dans in tems plus reculé. Quoiqu'il en foit, I eft prouvé d'une maniere inconteftable >ar rapport a la partie ancienne de la Maifon de la Ville aétuelle, que c'eft le Magiftrat qui en fit jetter lesrondemens n 1560 & qu'on y travailla jufqu'en 565; mais on ignore 011 la Maifon de fille étoit placée avant ce tems la. L'Hótel de Ville éft, comme on vient e 1'infinuer, en partie ancien & en par. ie moderne. La partie ancienne, fituée u Sud, eft celle 011 fe trouve la princiale entrée. La Fagade eft afiez élevée, ïais étroite, ayant au haut quelques rnemens de fculpture dans le goutantiue. On y voit les armes de la Province e Hollande & un peu plus bas, en lettres  QpZKVTv.il> het STADHUIS en VLEESHAL-. Uc   Ch. VI. mteldenile&Magifl, m tres d'or, cet appphthegrae Ne Ju piter quiDEM omnibus; c'eft-a-dire, Jupiter même ne fauroit contenter tout le monde. Et encore deflous cette fentence Vigilate Deo confidentes, veillez, vous confiant en Dieu, & k cöté 1'année 1565 ; cette partie de l'édifice eft terminée a 1'oueft par une ancienne tour ocTogone; dans le petit clocher qui la termine eft fufpendue la cloche par Iaquelle on avertit qu'il va ié faire quelque publication. La partie de la Maifon de Ville au Nord de Ia tour étoit petite, balie & fuivie de quelques maifons habitées par des particuliers, mais que le Magiftrat acheta & fit démolir en 1733. Ön éleva fur tout ce terrein l'édifice qui forme a préfent la partie la plus confidérable de l'Hótel de Ville, & lui donne a 1'Oueft une belle facacle de treize croifées , avec une faillie au milieu, fur le fronton de Iaquelle font les Armes de la Ville, placées entre la Juftice & la Prudence. LTntérieur de l'édifice eft k tous égards trés beau, & les appartemens font bien. dispofès. Par un perron doublé &c couvert on entre dans un grand veftibule. On y trouve a droite le Tribunal, entouré d'une baluftrade de fer & orné de trois Tntirient.  192 Descriptioïj de la Haye Chambres des Bourguemaitres. Chambres des Eche rins. trois tableaux repréfentant le Jugement de Salmnon; ils font peints par Guillaume Doedyns. Du veftibule on entre dans un grand corridor, pavé de marbrc, bien éclairé & qui traverfe tout 1'Hórel jufques a la porte de derrière qui eft au Nord. La première chambre a gauche eft celle des Bourguemaitres; elle eft trés belle & dccorée d'un grand & beau tableau, peint par le Chevalier Charles de Moor , & dans lequel font les portraits trés relte'mblans des membres de la Magiftrature qui ont fiegé cn 1717. On y a placé auffi les portraits des Princes d'Orange. Le plafond eft trés' orné & les tableaux qui s'y trouvent font 1'ouvrage de Theodore van der Schuur. A cöté de cette chambre il y cn a une qui eft auffi a 1'ufage des Bourguemaitres, dans Iaquelle il y a pïufieurs vues anciennes de La Haye. II y en a une qui paroit être du quator ziemc fiecle & qui repréfenté la Cour & le Vivier vus de 1'Oueft ou de la Place; une autre .qui eft de 155.3-, préfentc une vue de La Haye plus étèndue, & prife du cöté de 1'Eft du Vivier. ■ Au Nord de la Chambre des Bourguemaitres eft celle des Echevins. C'eft une pièce grande, quarrée & arrangée en  Ch. VI. Hótelde Fille & ,Magi/l. 193 en Salle de plaidoyers. Sur la cheminée eft un tableau, peint en 1644 mxAdrien Hanneman, repréfentant la Juftice. Contre 1'un des murs il y a un grand tableau de Jean de Baan repréfentant les membres de la Magiftrature qui ont été en foncfion dans 1'année 1682. Plus au Nord il y a une feconde chambre a 1'ufagedes Echevins , ornée de deux fuperbes tableaux, repréfentant encore les membres de la Magiftrature, 1'un de 1'année 1636, peint par Jean Raveftein, 1'autre de 1647, par Corneille Janjjon. A la fuite de ces chambres font celles de la Sécretairerie. Au fecond étage il y a le même nombre de chambres, qui font toutes trés bonnes & fervent a différens ufages. II y en a pour les protocolles, pour les Sécrétaires, pour le Tréforier, pour les Réceveurs de 1'Impót fur les maifons, nommé en Hollandois Verponding, pour les Directeurs de la Chambre des Orphelins &c. L'échafaud pour 1'exécution des criminels condamnés par fentence du ft a- fiftrat, fe dreffe contre la fagade occientale de 1'Hötel de Ville, un peu vers le Nord. L'exécution des criminels condamnés par la Cour, le Confeil d'Etat, N & Sécretairerie QV,  VieuxDoelt. i)4 Descrjptiön de la Haye & les Confeillers Députés fe fait fur la Place a 1'entrée du Vyverberg. II y a déja quelques années que le Magiftrat aprojetté de renouveller la partie ancienne de l'Hótel de Ville dans le même gout qne la partie moderne, & pour en élargir la fagade il a déja acquis la maifon joignante; mais il eft trés incertain dans quel tems ce projet s'exécutera. CHAPITRE. VII. Edifices Publits. Parmi les Edifices publiés, qui fervent a des ufages féculiers & contribuent en même tems a 1'ornement de La Haye , les plus confiderables font les deux Doelen & la Fonderie de 1'Etat. II y a a La Haye deux Hotels nommés Doele, 1'un eft celui de St.George, & 1'autre celui de St. Sebaftien. On appelle Doelen dans les Pays-Bas ce qu'on nomme en quelques endroits de la France des Tirages, & 1'on entend par Ih des maifons publiques, oli 1'on tire de 1'arc, du moufquet, de 1'arquebufe , ou d'autres femblables inftrumens de guerre. II y a de ces maifons dans prefque  Chap. VIL Edifices fublics. i$$ prefque toutes les villes de la Hollande, & Ét. George eft le patron de la plupart, ainfi que celui du plus ancien des Doelende La Haye. Celui-cifut fondé, a ce qu'on prétend, par le Comte Florent V, & il eft certainement antérieur au commencement du quinzieme fiecle, comme il eft prouvé par un acte de Guillaume de Baviere de 1'année 1407, oü il exemptc les Tireurs de ce Doele de 1'accife ou impót qu'on paye a la Ville pour 1'entrée du vin, & dont il n'y avoit que la familie des Comtes avec la'Cour & fes fuppóts qui fulfent déchargés. Philippe II accorda auffi au Doyen & aux Directeurs de cette Confrairie un privilege notableen 1563; c'étoit le droit de prompte exécutionfur tous ceux qui ne payoient pas a la Confrairie les amendesauxquelles ils avoient été condamnés, de même que ce qu'ils s'étoient obligés, en entrant dans la Confrairie, k payer après leur mort, & qui dans ce tems la étoit fixé a une certaine fomme, aujourd'hui enticrement laiffée.a. la générofité de ceux qu'on aggrege au Corps des Tireurs. Selon la fondation originale du Doele de St.George, la Confrairie devoit s'exercer tous les mois a tirer de 1'arc. On N 2 ne Fondation. Anciens privileges. Serviceies Chc•jaliers.  VieuxDoele. 196 Descriptiojj de la Haye ne fait pas dans quel tems cet ufage a pris fin; on ne fait pas non plus fi les Tireurs du Doele fuivirent jamais les Comtes de Hollande dans quelque expédition militaire. II ell certain cependant qu'au milieu des troubles qu'exciterent les Factions des Hoeks & des Cabiljauws, ils firent des courlés fréquentes pour appuyer le parii des premiers. Environ cent ans après, en 1584, on les réunit en un même Corps avec les fuppóts de la Cour, pour veiller déformais a la garde & a la défenfe de L a H ay e. On en compofa deux différentes Compagnies: la première commandée par jean de Duivenvoorde Seigneur de Warmo d, & Amiral; la feconde par Jean de Mathenejj'e Seigneur deRiviere, qui eurent pour Lieutenans Dirk van Leuven Confeiller de la Cour & Paul van Looy Maitre des Requêtes. L'une & 1'autre furent alTujetties a une ordonnance de XXIJ. Articles drelfés par la Cour, après avoir pris 1'avis du Magiftrat. Cene futqu'en ifJoi que cedernier, du confentement de Ia Cour, du Haut-Confeil & de la Chambredes Comptes, fe chargea feul de pourvoir k la garde de Ia ville par un acfte , qui bien que proviilonnel & feulement a tems, n'a  Chap. VII. Edifices Publics. 197 ifa point encore été révoqué. Quand ]cs Efpagnols menacerent La Haye cn 1635, les Suppótsde la Cour furent mis de nouveau lous les armes ; mais iis ne les ont pas reprifes depuis ce tems-la, fi ce n'eft en 1672. La Confrairie de St. George, qui voit aujourd'hui a fa tête les perfonnes de la plus haute diftinétion, eft dingée par un Doyen, quatre Syndics (én Hollandois Hooftluyden) & huit Confeillers. Elle avoit anciennement un Roi; ce qui n'a plus lieu, depuis que la coutume d'abbattre & coup de fléches un perroquet élevé fur une haute perche, a été abolie. Le Confeil avoit le pouvoir de faire des régiemens pour le bien de 1'ordre, & tous les Chevaliers étoient obligés de s'y foumettre. Ils célébroient chaque année la fête de St. George: toute la Confrairie fe rendoit en Corps a 1'Eglife Principale, & y faifoit fes offrandes fur 1'Autel du Saint: après quoi un magniflque feftin terminoit la cérémonie. De tout cela rien ne fubfifte préfentement que le repas; encore n'eft il plus annuel. II fe donne tous les cinq ou fix ans; on y invite par des lettres circulaires tous les t hevaliers, lefquels doivent s'y rendre portant la mar cue de 1'Ordre, qui N 3 eft Vieux Dotle. ÖireUion.  Vieux. Doek. Édifice. 1 198 Description de la Haye eft un St. George attaché a.unrubanverd.. La banniere de la Confrairie eft arborée ce jour la a une des fenêtres du Doele, & quelquefois un feu d'artifice acheve de rendre la Fête plus magnifique & plus bruyante. Ce Doele eft une fort grande maifon, fituée entre le Vivier & le Houtjiraet vis-a-vis du Voorhout. La place qui eft devant la maifon fe nomme le TournooyVeld, c'eft-a dire Champ des Tourr.ois, fans doute paree que les Chevaliers y donnerent autrefois de ces fortes de fpectaclcs. La maifon elle même eft une des plus anciennes de La Haye; au moins en 14.34 il y en avoit déja une qui fervoit de Doele dans 1'endroit oh elle eft fituée. Elle a été de tems en tems réparée & aggrandic. II y a fix ans qu'on cn a renouvcllé entierement 1'antique fagade, qui eft a préfent reguliere & fort propre. Elle a beaucoup de chambres & une Salle trés fpacieufc pour les repas des Chevaliers. Le Conciërge, ayant la liberté de fe fervir de la maifon pour y tenir auberge, loue fouvent la Salle a des muficiens pour y donner des Concern ; même cn 1780 le Roi de Suede fe trouvant a La Haye au commencement du mois d'üélobre, tems auquelle Théatre  Chap. VIL; Edifices Publics. 199 tre public efl; fermé a caufc de la dévotion de la Sainte-Cêne, le Duc de la Vauguyon alors Ambafl'adeur de la Cour de France y fit jouer la troupe des Comédiens Francois pour Pamufement de Sa Majefté. Derrière la maifon il y a un jardin médiocrement grand qui, depuis quelques années , fert de VauxHall pendant la femaine de la foire. Le Doele de St. Sébajlien, ou le Nouveau Doele, étoit anciennement a cöté de celui de St. George. II fut fondé en 1538 ou 1539 par les ordres expres de Charles -Q_uint, qui voulut que dans toutes les Villes de la Hollande on érigeat de pareilles maifons pour y exercer les bourgeois au maniment des armes. De la fe formercnt les Corps ou Confrairies des Schutters ou Tireurs. Cette Confrairie n'étoit d'abord corapofée a La Haye que d'environ quatreyingt perfonnes. Philippe II augmenta le nombre de quarante, leur prescrivit des régiemens, & leur accorda quelques privileges. Les Schutters de La Haye n'étoient pas de ceux qui tiroient de 1'arc ou dé 1'arbalète; on les appelloit Cloveniers Schutters, paree qu'ils fe fervoient d'une coulevrine, c'efl: - a - dire d'une efpece N 4 de Vieux Doelt. Nouveau Deelt.  Nouveau Doele. Édifice. Extérieu 200 Description de la Haye de fufil; & c'étoit a fe fervir adroiteïnent de cette arme qu'on les exergoit dans les Doelen, en leur y enfeignant k tirer jufle contre un Doel, ou contre un but drelfé pour 'cela. A mefure que le nombre des bourgeois de L a H ay e fe multiplia le Corps des Schutters ou de la milice bourgeoife s'accrut k proportion. II fera parlé dans un Chapitre a part de 1'état aétuel de ce Corps & de fon fervice. Le premier Doele des Schutters tombant en mine, on réfolut en 1636 d'en Mtir un nouveau qui fe voit au Coin du Korte - Vyverberg & du Tournooy - Veld. Le Prince Stadhouder Frederic-Henri contribua avec zêle & munificence aux fraix de la confiruétion, & fon Fils GöillaomeH pofa la première pierre de l'édifice, comme le porte 1'infcription latine qui fe voit furlacornichedelafar.cade. Cette facade efl d'un bon goutd'architeélure; elle efl tournée du cöté du Vivier , & contribue beaucoup k 1'ornement de ce quartier. Au deffus de la porte font les armes du Corps de la Bourgeoifie, favoir la Croix d'or de Jérufalem, & dans le fronton au haut de l'édifice celles dc Ia Province de Hollande, entre celles de Najfau k droite & celles  Chap. VII. Edifices Publics. 201 de La Haye a. gauche. La maifon eft aflez fpacieufe ei renferme plulieurs chambres, dont trois font remarquables. La première eft celle qu'on nomme Chambre des Bourguemaitres, & qui fe trouve & droite enentrant. Son principal ornement, font trois grands tableaux repréfentant les portraits des membres de la Magiftrature dans les années 1636, 1647 & 1682, accompagnés de leurs Sécrétaires ; ces tableaux font de Ia main dc Jean de Baan. La chambre a gauche, qui a la vue également fur Ie Vivier & fur le Voorhout, eft nommée Ia Salle a manger. Les parrjis en font ornés de portraits de quelques anciens chefs dc la Bourgeoifie. Au deffus de la porte efl un tableau d'une grande beauté, repréfentant les membres de la Magiftrature affisa une longue table, & ayant a leur tête lc '&3A\\fMehrixcGuülaimievan Outhoort qui, le verre k la main, porte la fantt a 1'un des Capitaines & Officiers de 1; Bourgeoifie, qui fe tiennent a cöté del; table"avec leurs drapeaux; ce tableau ; été fait aux fraix de la ville en 1618 Une troifieme chambre, qui efl la plu grande, eft celle qu'on nomme la Salli des Schutters, elle eft au fecond étage au deffus de celle des Bourguemaitres N 5 Le Interieur, 1 1 > 3  202S üescription de la HaYË Nouveau Doele. I Fonderie de 1'Etat. Les murs font entierement garnis de portraits fupérieurement peints des Officiers Jes plus diflingués qu'il y ait eu parmi eux, & même d'efcouad'es entieres de bourgeois, tous armés & vêtus felon le coflume du tems oü ils ont vêcu. Stille tableau de la cheminée qui eft au Sud efl peint le ürapeau Orange qui y fut mis en 1660, a la place du Drapeaublanc. Ce changement fe fit al'honneur de Guillaume III. Prince d'Orange, qui agé de dix ans regut dans cette Salle le droit de Bourgeoifie de La Haye. A cette occafion Guillaume van der Does, Bourguemaitrc & Coloneldes Bourgeois, revêtit le jeune Prince de 1'ordre de la Toifon d'or, dont 1'Empereur Charles-Quintii fait donation a la Bourgeoifie & qu'elle confervefoigneufement, ainfi que le fuperbe gobelct d'or, fi artiflement cifelé, dont le feu Prince Stadhouder Guillaume IV a gratifié les Bourgeois en 1750. C'efl encore dans cette Salle que s'aflcmblent les Orficiers pour la nomination de leurs fuccesfeurs, le jour de St. Sébaftien. A peu de diftance du Vieux Doele, favoir entre Ie petit Voorhout & la Nouveile extenfion de la Haye (Niéuwen-Uitleg) faite en 170Ó, fe voit la Fonderie du  Chap.VIL Edifices Publics. 203 du Canon de 1'Etat. Dés 1'an 1580 on avoit commencé k fondre dans La Haye rArtilleriede 1'Etat, &le Lvlagiftrat avoit fait approprier pour cet elfet le ( hceur de 1'Eglife du Cloitre, fur la requifition du College des Confeillers-Deputés; mais le peu d'étendue de cette Fonderie ne pouvant fournir toute l'Artillerie dont 1'Etat eut befoin dans la guerre contre 1'Angleterre en 1665, on prit le parti d'en conftruire fans délai une plus fpacieufe qui efl: la Fonderie acfuelle; & tout ce grand & bel édifice fut élevé & fini dans un feul été. Le corps de logis k 1'Oueli eft la maifon du Fondeur, fa fagade eft celle d'un Hötel. Au deffus de la porte font les armes de la Province avec la devife ordinaire: Vigilate deorONFiDENTEs; & plus bas 1'infcription fuivante: Pacis Obtinendje et conservand^: Causa Illustrissimi et PRiEPOTENTES D. D. Hollandije Westfrisi^o^üe ordines Hoe Fmdetie de 1'Etat,  204 DlSCRIPTION DE LA HAYE Fonderie de 1'Etat, Hoe armentarium ïormektis bellicis fitndendis JE d i f i c a R i c u r ave runt Jacto primo lapide a johanne elemanno Filiö. XXIV Auc. M. D. t. LXV. C'eft-è-dire: pour obtenir £f conferver la paix, Leurs Nobles grandes Puisfances les Etats de Hollande de Oueflfrife ont fait ilever cette Fonderie de Canons; la première pierre ayant été pofée par jean Eleman Fils, le 24 Aout iöfy. Ce corps de Iogis fonne Paile gauche de la fagade qui eft au Nord ou dans la rue. La partie du milieu de cette fagade, & qui eft plus balie & moins profonde que les alles, a unegrandeporteornéed'attributs analogues a la deftination de l'édifice ; de chaque cöté de la porte il y a cinq croifées. C'eft dans cette partie qu'on formc & qu'on fechc les moules, & la tourelle qui Ia furmonte lui fert de cheminée L'aile gauche ecles batimens qu'on y a ajoutés a 1'Eft renferrtient les fourneaux & tout ce qui eft nécelfaire pour achever les Canons. Entre les deux ailes au Sud il v a une grande cour, bor-  Chap. VII. Edifices Pnblics. 205 bordée d'un canal qui communiqué aux folies de la Ville, & par lequel les Canons fe tranfportent avec la plus grande faciüté. Depuis 1'établiffement de cette Fonderie, toute 1'Artillerie pour la Généralité, pour Ia Province & pour 1'Amirauté de la Mèufe y a été fondue. Depuis 1770 elle elt fous la direélion du Sieur Jean Maritz, fils du Sieur Samuel Man'fz, Commiffaire des Fontes d'Artillerie a Beme, & petit- fils du Sieur Jean Maritz, habile mécanicien , & célébre par Pinvention, faite a Berthoud en SuifTe en 1713, de Ia ^ achine a forer horizontale'ment les Canons couiés pleins. Le Sieur Jean Maritz, a établi dans la Fonderie de la Haye trois fourneaux:, 1'un dc cinquante mille livres de fonte, un autre de vingt-cinq mille, le troiöeme de cinq mille, & pïufieurs autres fourneaux pour fondre au creufet, pour fondre les craffes, & pour mouler les culalfes des gros calibres etc. II a établi encore dans la Fonderie-même une Machine horizontale pour forer les Canons, & depuis deux ans une feconde dans un nouvel édifice fitué h cóté du Mail au Nord , & conftruit pour le compte de la Généralité. On lui eft de plus rede- vable iel-Euet  so<5 Dé?crïpti6tï üe üa Haye tbnderie ét i'Etat, Magazin de Munitions. vable de différentes machines & inflraraens propres a élever de grandes mafles, a tourner les Canons, a pofer les grains de lumierek vis dans les Canons; en un mot il a changé presque tout 1'interieur de la Fonderie, de maniere k pouvoir exécuter tous les travaux avec facilité & avec fureté; & depuis le mois de Fevrier 1773 il a coulé fans interruption & avec fuccès un grand nombre de pieces de Canon de tout calibre, depuis trois jufques a vingt- quatre livres de balie. II y a eu autrefois a La Haye un Magazin aux poudres. II avoit été bati au commencement dudix-feptiemefiecle derrière les maifons du Voorhout, a 1'Ouefl du Cloitre , & par conféquent prés de 1'ancienne Fonderie. II fauta en pair en 1690, avec un fracas hom'bie, par la faute du Commis. Le terrein ayant été applani, on y a bati des Ecuries. II y a encore a La H ay e un Magazin de munitions de guerre, fitué a 1'Eft du Spuy; fur un canal qui en a pris le non é'Ammonitie-haven, Ce Magazin peu confidérable a été conftruit en 1598 par un particulier, de qui les Etats de Hollande le louerent d'abord &l'acheterent enfuite. L'édifice eft peu exhauffé, mais d'une grande profoadeur. L'édi-  Chap. VII. Mdifices Publics. 207 L'édifiee le plus confidérable qui dépende du Magiftrat de La Haye c'eft la Maifon de Correttion (en Hollandois Tugt ou Spinhuis.) Elle eft fituée dans le Quartier Méridional, fur le Prince Gr aft au Nord. La fagade en eft fort large ayant au milieu un perron fort élevé & de chaque cöté cinq croifées. L'édifice eft trés Solide & pourvu intérieurement de tout ce que requiert fa deftination. La Magifirat le fit batir en 1661 pour y renfermer les mendians, les vagabonds & les filles de mauvaife vie. Aujourd'hui on y renferme indifféremment toutes fortes decriminels, foit ceux que lejuge ne condamne pas a un chatiment corporel, foit ceux qui, après avoir été punis corporellement, font confinés pour un tems ou pour toute leur vie. Anciennement le Magiftrat de L a Have, n'avoit pasd'autre prifon criminelle que la Porte, ou la prifon de la Cour. II en avoit bien une fur le Buyten-Hof du cóté du Midi, mais elle ne fervoit qu'a renfermer les mendians voleurs & les gens condamnés au pain & a 1'eau. On la vendit même en itfoi paree qu'elle étoit trop petite. Le nom Hollandois Spinhuys fignifie Maifon ó filer, paace que les femmesou filles qui s'y Maifon a\ Comftim  %C& DÉSGRIPTTON DE LA HaYE Maifon de Qorreüion Lombêrd- s'y trouvent font condamnées a cette occupation, dont le falaire eft employé a. leur fubfiftance; on donne auffi a ces prifons le nom de Rafphuys ou Maifon d raper, paree que les hommes y font eondamnés au péniblc travail de raper du bois de tcinture. Le Lombard, Mont de pieté, ou caiffc d'emprunt (en Hollandois Stads Bank van Leening) fait partie de la Maifon de Correct ion, & en occupe diverfes chambres du cöté de 1'Eft. C'eft une Banque d'emprunt établie par 1'autorité du Magiftrat. Ancienncment le droit de préter fur gage appartenoit immédiatement aux Comtes de Hollande, qui en accordoient 1'exercice au plus offrant, & le plus fouvent même a des étrangers, moyennant une certaine fomme qu'ils en recevoient chaque année. Comme les Banquicrs de la Lombardie fe diftinguerent par leur habileté & leurs extorfions ians ce commerce d'ufure, leur nom refta aux établiffemens qui le favoriferent; par tout on appella Lombards les Banques oh 1'on prêtoit fur gage a tant par mois, & il s'en établit un trés grand nombre dans les Pays - Bas fous le bon plaifir des Souverains. Pour éviter aucant qu'il feroit poffible la fraude des Ban-  Chap. VII. Edifices Publics. 209. Banquiers, les Comtes de Hollande & de Zeelande établirent un Commiffaire général , chargé de 1'infpeétion de tous le* Lombards; mais en 1578 les. Etats de ces deux Provinces accordercnt aux Magiftrats refpeétifs des villes de leur reffortj la direétion des Lombards qui s'y trouvoient établis. On ne fauroit dire en quel tems celui de la Playe fut fondé. On fait feulement qu'il étoit placé avant 1(5(58 dans une maifon fituée au Nabelftraat. Les Villes ont dirigé ces Banques d'emprunt, foit en les donnant a ferme, foit cn les adminiftrant fous les yeux, & pour ainfi dire par lcsmains du Magiftrat. C'eft ce dernier parti que 1'onapris a La Haye; le Magiftrat n'y négligé rien pour faire fervjr au foulagement des pauvres unétablisfement, dicté par 1'avarice, & fondé au préjudice des peuples dans des vues d'intérèt. L'entrée du Lombard eft derrière la Maifon de Correction au Verkenmarkt par une allee, dont la Porte fe fait connoitre par une infcription qui exprimc le but de 1'établilTement. Dans le même Quartier fe trouvent , réunis les difierens Marehés & les Hal- \ les, qui ne laiflent rien a defirer pour la commodité des vendeurs & des acheteurs. O A Lombart\, Aarchés j'Halles,  aio Description de la Haye Matches &Halles A 1'Eft de la Maifon de Correftion f» , trouve le Marché aux cochons ( Verkenmarkt. ) Un peu plus loin dans la même direétion & encore au Nord du Princegraft eft la Halle au bied ( Kooren-Huys ) elle a été b&tie en 1662 ; fa largeur eft aflez confidérable ; elle efl ouverte par neuf arcades. Au deflus de cette Halle font les appartemens de la Confrairie des Peintres dont il fera parlé dans le Chapitre des Arts. Plus en avant ilya une longue rue tirée au cordeau, qui croife le Prince-graft, & va aboutir au rempart méridional ; elle fert de Marché au bétail. Le refte du cóté Septentrional du Princegraft fert de Marché aux fleurs; fur le large Pont qui termine ce beau canal fe tient le Marché aux herbes; il eft fuivi de Ia place qui depuis 1'an 1614 fert au Grand-Marché. Les jours de Marché k La Have font leLundi&Ie Vendredi. Au Coin du Marché & du Princegraft eft la Halle au Beurre ( Het groot Boterhuys). Elle futconftruiteen 1681 &pcur pasfer pour un des plus beaux édifices de cet ordre. L'intéricur forme un grand quarré, dont la voute eft foutenue par pïufieurs arcades & piliers dc maconnerie; au milieu il ▼ a une lantcrne dont le  Chap. VII. Edifices Public;. 2Ir le vitrage laifle un paffage fuffifant k la lumiere. LePoids public (de Waag ) y eft atcenant, & forme avec la Halle au beurre un même édifice, dont le premier étage fert aux affemblées de la Confrairie des Apothicaires. II en fera parlé plus en detail dans la fuite. U y a encore du même cóté du Marché une petite Halle au Beurre; elle n'eft féparée de la grande que par une maifon oh ettl'Apothicairerie de la Ville, d'oh elle fournit les remedes aux Maifons de Charité , & aux pauvres de la Diaconie. Dans cette fecönde Halle (Stukken Booterhuys) on ne vend le beure que par livre & demi livre. Au Nord du Marché il y a une rue, au bout de Iaquelle a 1'oueft eft la Poisfonnerie; après l'avoir paffée ainfi que la Maifon de Ville, on trouve au Nord la Boucherie autrefois la Chapelle de 1'Hopital de St. Nicolas, comme il a été dit plus haut. Elle confifte en trente neuf Bancs, qui fe loucnt au profit de | la Ville & lui procurent, a ce qu'on Erétend, un revenu de dix-mille florins. ,'Entréede la Boucherie eft furleP^ïïMarché, oh 1'on cxpofc journellemenr en vente toutes fortes de legumes & de fi-uits. O 2 L'Ecole Marchfs  212 DESCRIPTIOtf D2 LA HAYE Eeeles four les Pauvres. Théatre. L'Ecole Latine & la Chambre d'Ana-* tomie font deux édifices publiés dépendans de Ia Ville & du Magiftrat, mais dont il fera plus convenable de faire mention ailleurs; on ne pariera ici que des Ecoles de la Ville C Stads-Sclwolen\ 11 y en a trois dans différens quartiers de La Haye; deux dans le Quartier Oricntal favoir k YAmmonitie Haven & au Gevolde Gragt; la troifième dans le Quartier Occidental au bout du Geeft. Elles ont été établies par le Magiftrat pour y faire inftruire gratuitement les Enfans des pauvres. D'habiles Maïtres leur ap- Ïrennent a lire, k écrire & a chiffrer. ,es edifices qui y fervent font fpacicux, bien conftruits & bien entretenus. Un des Bourguemaitres en a la direétion générale , & chaque Ecole a pour Directeurs particuliers un Pafteur , un Ancien & un Diacre de 1'Eglife Hollandoife. II y a deux Théatres ou Salles de Spec' tacle k La Haye. Celle qui fert aux Camédiens Francois eft fituée dans le Quartier Septentrional, derrière le Plein ou Place de la Parade k 1'Eft. L'édifice eft petit & n'a aucune apparence cxté-rieure; 1'intérieur eft afTez propre. II y a quatre jours de repréfentation dans la femaine  Chap. VII. Edifices Pullics. 213 femaine, le Lundi, leMardi, le Vendrcdi & le Samedi; & quelquefois des repréfentations cxtraordinaires le Jeudi au bénérïce de quelqu'un des Acteurs. L'autre Salle qui eft un peu plus grande eft fituée au Quartier Occidental. L'allée qui y conduit a fon entrée dans la Ruenommée AJJendelft, ouLorre-Straet prés du JVeft-einde. Ce Théatre eft a 1'ufage des Comédiens Hollandois; rnais on n'y joue que rarement dan* cette langue. Des Troupes ambulantes de Comédiens Italiens, Allemands, & même Anglois y ont de tems en tems donne des repréfentations pendant quelques femaines. Les Speélacles font fermés k La Haye quatre fois 1'année, pendant quinze jours ; favoir au commencement de Janvier, a la Eéte de Paque, au com-. mencement de Juillet & au commencement d'Oétobre. Ce font des tems de dévotion folemnelle, oh 1'on célébre la Communion ou la Sainte - Cene dans les Eglifes Proteftantes. O 3 CHA Théatrst.  214 DaSCRIPTION DE LA HAYE CHAPITRE VIII. Du Palaisnomméla Vieille Cour; de VHotel du Prince Maurice, des Logemens des Villes de la Proyincey £? autres Hotels remarquables. Parmi Ie grand nombre d'Hótels qui embelliffent La Haye , la Vieille Cour ou le Vieux Palais, eft a tous égards le plas diftingué. H eft fitué k 1'oueft de la Rue nommée le Noord-Einde, par Iaquelle on va au chemin de Scheveling. Guillaume Goudt Receveur Général de la Province jetta les fondemens de cet Hötel en 1533- H nafta dans la fuite k la Familie des Seigneurs de Brantwyk, ce qui 1'a fait nommer Hótel de Brantwyk dans un ancien plan de La Haye. En 1591 la Princefle Louife de Coligny, Douairière de Guillaume I Prince d'Orange, ayant defiré de fixer fon féjour a La Haye avec fon Fils le Prince Frederic-Henri, les Etats louerent, pour les loger avec leur Cour, l'Hótel de Brandwyk, alors occupé par un Comte de Hohenloo. En 1595 les Etats de Hollande 1'acheterent pour la fomme de quatorze mille Florins. Dans ïa fuite Frederic-Henri, devenu pro-  Chap. VIII. La Vieük Cour. propriétaire de la Vieille Cour , la fit prefqu'entierement rebatir & lui donna la belle fagade qu'elle a acr.uelle.ment. 111'habita jufqu'a fon avénement au Stadhouderat après la mort du Prince Maurice fon Frere. Ce Palais a été honoré du féjour d'un Roi de Bohème, d'une Reine de Fr mee & d'une Reine d'Angleterre. Le 7 Décembre 1646 s'y fit la folemnité du mariage entre F red er ic- Guillaume le Grand, Electeur de Brandebourg, & Louife-Henriette de NaJJau O range, Fille ainée de Frederic - Henri. Après la mort de Frederic. Henri, fa Douairière, Amélie Comteffede Solms - Braunsfeld fit fa réfidence dans ce Palais & y termina fes jours en 1'année 1675. La vieille Cour fut comprife dans la partie de la Succeffion de Guillaume III dont le Roi de Prujfe fe mit en poffeflion. En 170.-! 1'Archiduc d'Autriche ( dans la fuite Empereur fous le nom de Charles VI) voulant pafTer par mer en Efpa'gne pour difputer la Couronne a Philippe V, féjourna pendant quelque tems dans ce Palais. En 1714 George I Roi d'Angleterre y fut logé pendant quelques jours avec Ie Prince de Galles fon Fils, depuis Ge.q rgs II O 4 Fre- La VitiilfCiur.  2i6 Description de la Haye LaPïeiilt Cmir. i I i J 1 ] c i Faeadt. Frederic III Roi de Prujfe & Electeur de Brandebourg 1'a honoré pïufieurs fois de fa préfence, & le Roi rêgnant lorfqu'il n'étoit encore que Prince Héréditaire y a féjourné auffi, quoique fecrétement. Par le Traité de partage conclu i La Haye en 1732 lapofieffion de la Vieille Cour, & celle des domaines du Wejiland, favoir les Seigneuries dc ATaaltwyck, HonsholredyckfïVdteringe, 'sGrayefande , ainfi que la Haute & Baffe Swahiwe furent confirmées au Roi de Prujfe; mais en 1754 la PrincelTe Royale d'Angleterre, Merede Guillaume V, fit 1'acquifition de tous ces Domailé's pour le prix des fept - cent - mille Florins de Hollande. Aufii longtems que la Vieille-Cour a ippartenu au Roi de Pruffe les Miniftres le la Cour dc Berlin auprès de la Répu)lique y ont fait leur réfidence, & on :omprend que dans cet intervalle le Paais a du perdre beaucoup de fa première plendeur. Le Prince Stadhouder qui Ie joftêde en toute propriété y a fait faire lepuis quelques années des changemens ï des embelliffemensconfidérables, tant u dedans qu'au dehors. La Fagade du Palais eft de pierre de -taille  Chap. VIII. La Vieille Cour. 217 taille & ornée de pilaftres'de Pordre Corintiiien. Le Corps de Logis a neuf croifées en fa largeur; il efl: un peu en arrfere, mais deux ailes avancent julque's a la rue & lui donnent ainfi une AvantCour trés nécelfaire pour 1'abord des caroffes. Les deux ailes ont ch cune au rez de chauflee une Galerie ouverte par fept Arcades dans 1'avant-Cour & une dans la rue, ce qui donne des avenues trés commodes aux piétons. Après avoir monté un perron de quelques degrés, couvert d'un Balcon loutenu par quatre colonnes, on entre dans un veftibule trés large & qui traverfe tout Ie Palais. Les appartemtfrs de cet étage font aétuellement occupes par trois des Dames d'Honneur de Son Alteffe Royale , les deux autres Dames étant logees au Quartier Stadhoudérien. A gauche de 1'entrée du grand veflibule eft 1'efcalier par lequel on monte a la Salle des Gardes, qui elt trés grande & fe trouve au milieu de l'édifice. De chaque cóte de cette Salle des gardes il y a un granc appartement compofé de trois pieces. une Antichambre, une Salle a peu prè: quarrée, & un longue Galerie au deflu! des galeries ouvertes dont il a été parlé Dans 1'Appartement k gauche fe tient 1< O 5 Cerd f a vieille Cour. Veflibule Éf étage inferieur. Lebeléfrx ge. 1  ai 8 Djbscription de la Haye Cercle de 8. A. R. i i i ] - '" '1 y « I J i < i f Cercle de Son AltefTe Royale, c'eft-aWire que pendant 1'hy ver , le Jeudi, de quinze en quinze jours, Madame la PrincelTe recoit les perfonnes des deux fexes qui font qualifiées as'y préfenter. L'Asfemblée fe forme avant lept heures & les parties de jeu durent ordinairement jusqu'adix ; cec appartement eft richement iécoré. Dans PAntichambre il y a fur la :heminée un tableau ou font repréfentés les Séréniffimes Enfans lorsqu'ils étoient mcore en bas 4ge; il eft peint par Spini. La Salle eft tendueen Damas rouge, ornéede jeauxvafes, pendules, glacés & luftres lecriftal; laGaleriequi yjoint eftboifée Sc richement ied de G öilla ume III & (. uillauIeIV, Princes d'Orange; ils font pla:és au milieu entre les portraits dc F r e»er ic III Roi de Prttffe & de la Reine bnEpoufc A cóté du Roi eft le portraitd'Amelie  Chap. VIII. La Vieille Cour. 219 d'Amelie de Soltns Douairière de FredericHenri, dont le pendant a 1'autre bqut, repréfenté les trois freres Coligni; favoir Odet Cardinal de Chdtillon, Gafpar de Coligni fecond du nom? Amiral de France; & Francois de Coligni Sieur d'Andelot , Colonel Général de 1'Iofanterie Francoife; tous les trois fi célébresdans 1'Hiftoire de France, & alliés a la Maifon d'Orange par le mariage de Louif* de Coligni, fille de 1'Amiral, avec Guillaume I. Les deux portraits au fond. de la Galerie font ceux de Pier r e III Empereur de toutes les Rulfies, & de Catherine II 1'Impératrice aétuelle; a 1'entrée de la Galerie, ;entre les fenêtres &la porte, efl: leportrait de Pierre I & de 1'autre cóté celui de 1'Impératrice Elizabeth, fa Fille. Au fond de la Salle des Gardes efl: Ia porte de la Grande Salle qui occupe teute la largeur de l'édifice. C'eft une vaste piece, fort élevée en voute, éjc ornée de fculpturés dorées. Cette Salle fert aux grandes fétes, ou bals publiés que la Cour donne a de certaines occafions. A chaque bout de la Salle il y a un Orcheflre, & au milieu une grande cheminée fur Iaquelle il y a un beau portrait de Vkillt Cour. Grandt Salle.  .220 DeSCRIPTION DE LA HAYE La Vteille Csar. i » i ] < ) Jardin, ^ i i ( { i 1 ( 1 l de Charles XI Roi de Snéde. II efl: peint de grandeur naturelle & a cheval. Derrière la Grande Salle il y a encore une fuite d'appartemens qui terminent l'édifice & ont la vue fur une Baffe - Cour :rès fpatieufe, dans Iaquelle on peut enTer de la rue nommée Moole-Straet. Du fond du grand veflibule on peut monter r ces appartemens par un efcalier bien Sclairé & 4 doublé rampe; le veflibule mquel il aboutit elf orné de deux grands :ableaux, fur lefquels font trés bien ren-éfentés , a vol-d'oifeau , au Nord le Dhateau de Honsholredyk, & au Sud ceui de Ryjwyk. La bafe Cour dont on vicnt de parler :fl fuivie d'un Grand Jardin, qui s'étend iu Nord jufqu'aux remparts , & paffe tinfi derrière toutes les maifons du cóté )ccidental du Nord-einde. Ce Jardin efl: :ntouré de belles allécs qui renferment, l'abord un grand parterre a 1'Angloife ivec un Salion , enfuite un baflin rond yant au milieu une petite ifle ornéed'un ;roupe de fculpture repréfentant 1'enlérement de Proferpine. Le bafiln efl: en ouré d'un berceau de tilleuls avec des :abinets. Le refle du Jardin efl occupé >ür des bofquets de taillis, oli Pon a nénagé pareillcment des cabinets avec des  Chap. VIII. La. Vitük Cour. 2**4 des bancs. Ce terrein étoit autrefois une prairie de plus de quatre arpens, qui appartenoit a 1'Hópital de Saint-Nicolas. Le Prince Frederic-Henri Pacheta en 1609 pour la PrincelTe fa Mere, d'ou eft refté le nom de Jardin de la Princeffe. A toute heure du jour 1'entrée de ce Jardin eft ouverte a tous les honnêtes gens. UHotel du Prince Maurice eft fitué a 1'entréc Oriëntale de la Cour au Nord. II a été büti cn 1640 par le Prince JeanMaurice de Najfau, a fon retour du Bréfil, dont il avoit été Gouverneur de la part de la Compagnie des Indes Occidentales, & qui fut enfuite Feld-Maréchal des Armées de la République, & enfin Gouverneur d- Duché de Cleves. L'Architecte cn a été Jacob van Kampen Seigneur de Rambroek, célèbre par Is conftruétion dela Maifon de Ville d'Amfterdam. L'Hótel qui eft quarré, eft précédé d'une Avant-Cour entourée de murailles. Les murs de Pédifice font er partie de briques & en partie de pierre de taille, d'un grand gout d'architecture. La Fagade de devant a up doublé perron, & onze croifées; tróis de chaque cóté de la porte, & fept pour 1'étage fupérieur. Dans le fronton de la faillie foni kf La Fitttfc Cour. Hitil du Prince Maurice'.  Ï42 DESCRIPTIOM DE la HaYE Bétel du Prince Maurice. les armes du Fondateur. La Fagade de derrière qui donne fur le Vivier a dix croifées pour les deux étages, & dans le fronton eft repréfenté un combat d'Indiens , dont on admire la fculpture. L'intérieur de l'édifice répondöit a la magnificence du dehors, & confiftoit en deux vaftes Salles, & un grand nombrcs de belles chambres. Lesefcaliers étoient éè bois de Bréjtl, & la Salle d'en bas avöit un parquet de boisdenoyer; les fculpturés, les dorures, tableaux & autres amcublemens y étoient affortis, deforte que les fraix de ce batiment monterent a plus de fix cent mille Florins, ce qui étoit énorme pour ce tems la; ïüffi cette dépenfe & d'autres pareilles que ce Prince fit h Cleves diminuerent élement fa fortune, qu'après fa mort l'Hótel de La Haye tomba entre les nains de particuliers. Le 22 Decembre 1704 le feu prit ace [bperbe édifice & gagna tellcmentledesfüs par la violence du vent, que dans peu d'hcures il ne refta que les voutes & les muraillcs. On permit aux proprié:aires une Loterie, pour leur aider a remettrë cet Hótel dans 1'Etat ou il eft rclucllemcnt. Depuis longtems les EtatsGénéraux 1'avoient pris è louage, pour y  Chap. Vtll. Htitels Remarquablïs. aeg y löger & défrayer pendant quelques Jours les Ambaffadeurs qui faifoient leur entrée publique a La Haye; mais on a déja remarqué que ce cérémonial n'eft plus d'ufage. Le Haut Confeil de Guerre de Ia République, qui étoit compofé d'un Préfident, (ix Confeillers , un Fiscal & un Greffier, a tenu fes féances dans Ie même Hótel jufqucc quece Confeil ait été aboli en 1783. La Société Poëtique, & celle de la Branche Oeconomique de 1'Académie de Haerlem fe fervent d'une des Salles pour leurs Aflèmblées. Les Villes de la Hollande qüidéputeht a 1'Afïémblée des Etats ont des maifons a La Haye pour y loger leurs Députés. Quelques uns de ces Logemens font de beaux HÖtels, qui contribuent beaucoup k Pornement de la Ville. Les plus confidérables font ceUx d'Amfterdam Sc de Rotterdam, tous deux fitués fur le Plein ou Place de la Parade. Le premier k ' étérebiti aneuf en 1740; il a une large' fagade, en partie de briques, & en partie de pierre de taille, avec deux grands perrons; mais le plus feptentrional fert u'entrée k la maifön du membre de la Magiftrature de cette Ville qui a féance au College des Confeillers-Députés. Le , fecond au midi, ba\ti eu 1743, a une fagade < meins LogemaiS ies Vilten 1'AmJim km. ItRetltf lom.  Logemens de Dordrecht. de Haerlem. ie Leyde. 4» Gouda, 2s4 Descriptios de la Haye moins large mais entierement de pierre" de taille, &neforme pas intérieurement un moins bel Hótel que le précédent. Le Logement- de Dordrecht efl: fitué au Vivier, vers le milieu a rOueft; c'efl: aufïï unC trés belle maifon, batie depuis peu d'années par Mr. Hop, Tréfaurier Général de 1'Union, des héritiers duquel cette Ville 1'a achetée, Tanden Logement n'étant pas aflês fpacieux;. aulïi a t'elle fait faire au nouveau des aggrandiffemcns confidérables. Le Logement de Haerlem clt encore une Maifon trés confidérable que la Ville a achetée du Seigneur de Renswoude; elle eft fituée au petit Vivier prefque via-a-vis de l'Hótel du Prince Maurice ; elle a neuf croifées en largeur ; les appartemens lont grands & beaux. La tourelle dont elle étoit autrefois furmontée n'étant qu'un ornement inutile, on a jugé a propos de Tóter. Au Sud du BuytenHof eft le Logement de Levde, il a beaucoup de largeur, mais peu d'élévation. La mailon elt fort ancienne, mais la Fagade a été renouvellée en 1731. La Maifon joignante appartient a la même Ville & fert de Logement a fon Confeiller Député. Le Logement dc Gouda elt dans le Voorhout, la feconde maifon  Ch. VIII. H&iels Remarqwlles. 225 k 1'Eft du Cloitre; k 1'Oucfl de la même Eglife vis - k - vis le Kneuter :lyk clt le Logement de cinq' Villes de la Nord-Hollande, Hoorn, Edam, Monnikendam, Medenblik & Purmerende. La Maifon eft ancienne, mais Ia fagade a été renouvellée. Les deux autres Villes de la Nord-Hollan '.e, Alkmaar £f Enkhuizen, ont leur Logement au Hof-Cingel derrière celui de Leyde. Goreurn, Schiedam & Schoonhoven ont une ftflfez grande maifon fur le Canal nommé Fluweele Burgwal; la Brille en a une petite dans le SpuyJtraet, ainfi que Delft dans Ie Hoogftraet, laproximité de cette derniere Ville permettant a fes Députés de retourner chez eux le foir. Tous ces Logemens ont au deffus de la porte, ou dans la fagade, les Armes dc la Ville a Iaquelle ils appartiennent, & chacun dc ces Hotels a un CMtelain, ou Conciërge qui en a foin pour le fervice des Députés. L'Amirauté d'Amfterdam & celle de la Meufe out auffi chacune un Hötel k La Haye pour 1'ufage dc leurs Députés. Celui d'Amfterdam étoit autrefois dans le Coin du Voorhout au Nord - Eft. II efl èipréfent au Princeffe-Gragt non loin du Mail, & fait une des belles maifons de ce quartier. Le Logement de 1'AmirauP té d' Alma et £? a'Enk. huyfen. de Gorcum,Schiedam Schoon hoven dela Brille, de Delft. de l'Amirauté . d' Amfterdam.  de V Amirauté de la Meufe. de la Compagnie des Indes. 226 Description de la Haye té de la Meufe a été ci-devant au Nordein. de , mais depuis quelques années il a été tranfporté au milieu de Foorhout, du cóté méridional, dans une belle & large maifon ; cet hötel a été achevé d'être bati il y a undemi fiecleparlefeu Comte deNeale. Enfin la Compagnie des Indes a aufli un bel Hötel a La Haye. II eft fitué environ derrière le Logement d'Amfterdam, dans unerucnommé lc Blyenburg. Ha une Avant-Cour fermée par une grille de fer; la fagade eft étroite, n'ayant que trois croifées, mais la maifon s'élargit beaucoup par derrière & a un grand nombre d'appartemens ; elle eft fuivie d'un grand & beau Jardin qui s'étend jusques fur le Koekamp. Coenraad van Beuningen, célébre par diverfes Ambasfades dont il a été honoré, 1'avoit fait conftruire ; il y aura bientót un fiecle que les Directeurs de la Compagnie des Indes Orientales l'ont acquife. Ils s'y alTemblent toutes les années par leurs Députés, pour faire enfuite rapport des mefures qu'ils ont concertées a la grande Aflemblée, qu'on appelle des dix-Sept, Sc qui fe tient dans les Villes oh les Chambres de ce College font établies. II ya & La Haye trois Hótels qui npjartiennent a des Puiflances Etrangeres, pour  Ch. VIII. Hêtels Remarquahks. 227 fervir de Logement h leurs Miniftres auprcs de la République. Ce font ceux de France, d'Efpagne & de Portugal. L'Hótel de France eft fitué k 1'extrémité de la Ville a POrient, vis-è-vis du Pare. II fait le coin d'une rue appellée Cafuarijlraet a 1'autrc extrémité de Iaquelle eft Ja Comédie Frangoife. C'étoit un grand Édifice quarré, ayant au milieu une Cour dans Iaquelle on entroit du Cafuarieftraet par une grande portecochere, ayant au deffus les armes de France. Le* Corps de logis du cöté du pare contenoit les beaux appartemens. A cöté de la porte étoient les cuifïnes & les offices, & la Chapelle occupoit le fond de la Cour. II y a environ vingtcinq ans qu'on avoit réparé ou plutót renouvellé de cette maniere Panden Hötel; mais le 27 Mars 1782, au cceur de la nuit, le feu fe manifefla au milieu de l'Hótel, & confumaenpeu d'heures tout le grand corps de logis, avec fes riches amcublemens. Ontut obligé d'abattre les murailles qui menagoient ruine, & les chofes fout reftées dans cet état fans qu'on fache fi l'édifice fera relevé. La Chapelle a été confervée & 1'on y fait encore le Service Divin. En attendant, la Cour de France a Ioué pour fon AmP 2 i»as Hêtel de France.  228 Description de la Haye Hótel ie France. baffadeur, un grand & bel Hötel appartenant a la Familie Portugaife Suaffo, qui avoit été occupé dernierement par le Chevalier Torke, Ambaffadeurde la Cour d'Angleterre. Cet Hötel eft fitué dans le petit-Voorhout, au Sud. II eft compofé d'un corps de logis & de deux ailes, entre lefquelles il y a une Avant-Cour fermée d'une -grille. Derrière l'Hótel il y a un grand Jardin, au bout duquei font les Ecuries qui donnent dans le CafuariJiraet. L'Hótel d'Efpagne eft fitué prefqu'i 1'autre extrémité de La Haye, dans une de fes grandes rues, nommée le Wefl-einde. C'étoit anciennement la maifon de la familie d'Affendelft, trés illuftre dans le pays. En 1677 elle fut vendue a Don Emanuel-Francisco de Lyra, alors Envoyé Extraordinaire d'Efpagne auprès de la République. Dans ia fuite la Couronne en a fait elle même 1'acquifition. C'étoit un trés grand Hótel, mais trés antique. II y a vingt-cinq ans que la plus grande partie en aétéentierement renouvèllée & mife dans 1'état ou elle eft aétuellement. La Fagade eft trés large, ayant au bout occidental une porte cochere avec les armes d'Efpagne. L'Intérieur eft bien diftribué & eonfiftc en pïufieurs  Ch. VIII. Hêtels Remarquables. 229 pïufieurs chambres & deux fuperbes Salles, 1'une au Nord & 1'autre au Sud. La Chapelle eft au fond de la Cour; elle eft1 fpacieufe & fort propre. Un valte & beau Jardin, fitué au Midi, elt aufii annexé a cet Hötel & ne laifle pas d'en augmenter beaucoup les agrémens. Une circonftance remarquable, c'efl: que cette maifon fituée au cceur de La Hollande, étoit pourtant un fief de 1'Abbé de Middelburg, & que les Etats de Zeelande quile repréfentent, releverent encore ce fief en 1678. L'Hótel de Portugal eft fitué dans le Lange-Hout-jlraet, du cöté Oriental, quelques maifons au deffus du Logement, d''Amfterdam, au Nord. II a été batiou renouvellé, il y a un peu plus de quarante ans, fa Fagade n'a rien de fort remarquable , mais les appartemens font bien difpofés. Toutes les Puiffances de 1'Europe, k 1'exception de la Cour de Rome, ont or dinairement h La Haye des Miniftres accrédités auprès des Seigneurs EtatsGénéraux ; ils font logés dans des Hötels, ou maifons qu'il louenj: h cette fin. Dans un autre Chapitre on aura occafion d'indiquer la demeure actuelle des principaux d'entreux. P 3 Quand mui i'EJpag1». Hótel ie Portugal.  .430 Description de la Haye des Miniftres.étrangers. Cérémonial de ré ceptiom. Quand un Miniftre étranger eft arrivé a La Haye, la première démarche qu'il fait en cette qualité, c'eft de préfenter fes lettres de créance au Préfident de femaine de Leurs Hautes Puiffances, qui les leur remet en entrant dans l'Asfemblée; la leclure de ces lettres eft d'abord fuivie d"une délibération, & cellecid^uneréfolution, par Iaquelle les Etats Généraux déclarcnt que la perfonne du Miniftre leur eft agréable, & qu'ils le reconnoiffent en fa qualité. Cette Réfolution d'admiffion, lignée du Préfident & contrcfignée du Greffier, eft enfuite Ïortée par 1'Agent de Leurs Hautes 'uiffanees au Miniftre, qui dès lors eft mis fous la protection du Droit des Gens, & jouit de toutes les prérogatives atta•hées a fon caradtere. ^ Nul Mhiftrc n'eft acerédité auprès d'une des Provinces en Particulier, mais auprès de toutes formant le corps de la République. Quand un Miniftre eft admis a 1'audience des Etats-Généraux, le cérémo* nial dc fa réception varie fuivant le caraüeredont il eft rcvêtu. Un Ambaffadeur eft regu par deux Députés a la descente du caroffe; un Envoyé au haut de 1'cfcaüer qui conduit au quartier de Leurs Hautes  Ch. VILT. Hotels Remarqmbles. 431 Hautes Puiffances; unRéfident a 1'entrée de la Salle 011 elles tiennent leurs affemblées. Tous les Miniftres étrangers étoient autrefois exempts de tous les impöts que paycnt les habitans du Pays fur les chofes néceffaires a la vie, ou k Pufage de leur maifon; mais comme leurs Officiers abufoient fouvent de ces droits de franchife, les Etats Généraux, a la réquifition de ceux de Hollande, prirent en 1747 une réiölution, par Iaquelle il fut arrêté que les Miniftres , qui dans la fuite viendroient réfider a La Haye, de quelque caraélere qu'ils fuffent revêtus, feroient obligés de payer ces impöts; ce qui a été obfervé jufques a aujourd'hui. CHAPITRE. IX. De la Milice Bourgeoife & de la Garnifon, Les habitans de La Haye qui relevent du Magiftrat font de deux for tes, les uns Bourgeois, les autres fimplement domiciliés. Le droit de Bourgeoifie s'acquiert ou par lanaiffance, ou a titre onéreux; c'eft-a-dire par le payeP 4 ment  Milice Bourgeoi- fi- Conflitution. 232 DESCRIPTION DE LA HAYE ment d'une fomme modique au tréfor de la Ville. Sans ce droit, onne fauroit obtenir celui de Maïtrifepour quclque profeffion que ce foit, ni exercer aucun trafic ouvertement. De ces Bourgeois efl: formée la Confrairie ou le Corps d'Arquebufiers (Schatters) dont on a rapporté 1'origine dans le Chapitre VIII, page 199. Ce Corps avoit été mis en 15S0 fous deux drapeaux; devenu plus nombreux on en rit, 1'an 1617, quatre Compagnies; & enfin en 1648 fix, rangées fous autantde drapeaux qui fediftinguent par les couleurs; & cette difpofition fubfifte encore aujourd'hui. Les couleurs des drapeaux font, felon leur rang , le Blanc, YOrange, leBleu, YOrange - Blanc & Bleu, le VerA & celui de couleur Colombine. Les fix Compagnies font commandées chacune par un Capitaine, un Capitaine- Lieutcnant & un Enfeigne, ainfi que par fix autres Officiers , qu'on nomme Lieutenants & qui, chacunavec fa divifion, font tour a tour la garde de nuit dans l'Hótel de Ville. Ces Compagnies compofent enfemble un Corps d'environ feize-cents hommes, ayant pour Chef unColoncl, qui eft toujours un membre de la Magiftrature de la Ville, foit Bourguemaitre j foit Echevin.  Chap. IX. Milice Bourgtoife. 233 vin. II» a eu auffi pendant quelque tems un Lieutenant - Colonel; mais ce grade a été fupprimé. Les Officiers, depuis le^ Coionel jufqu'a 1'Enfeigne inclufivement for.ment le Confeil de guerre. Ils font tous nommés par le Magiftrat & obligés de faire ïe fervice pendant huit années conlccutives;. mais le fervice des Lieutenans , commandant les diviüons qui lont de garde la nuit, ne dure que fix ans. Tout Lieutenant ayant fini fon temps de fervice, devient pour un an Capitaine Lieutenant & prend féance au Confeil de guerre. Tout Bourgeois Arquebuficr a la prérogative que, fi en mourant il laifie des enfans mineurs, la Maifon des Orphelins eft obligée de les recevoir & d'en avoir foin , pourvu qu'ils ayent lage compétent. Tous les Arquebufiers doivcnt, s'ils en font requis, accompagner les obfèques d'un de leurs Officiers, & d'un üra^k Arquebufier de leur divifion; ils portent alors a la main un petit baton, peint de la couleujwju drapeau, auquel ils appartiennenll* . 'Tous'les ans pendant trois mois, a commencer du premier Lundi de Jurflec. trois divifio;;s ou cfcouades (en HollanP 5 doi Milice Buwgeiz- 's, Préroga- tives. Exerckes^  Milice Baurgeov fe. LesMais, jf.34. Descrïptios de la Hayê dois Rotten) s'exercent è tirer au blanc, ce qui fe fait fur un terrein qui eft derrière le Nouveau-Doele & qui y appartient. Pour encourager cet exercice, le Magiftrat leur fait annuellement préfent de trente-fix cuillers d'argent, & ces prix fontdiftribués entre les plus habiles tireurs. Les réglcmens prefcrits èi ce fujet font toujours ftridtement obfervés Les divifions des fix Compagnies d'Arquebuiiers font encore dans 1'ufage de planter annuellement, chacune a fon tour, des Mais, le premier jour du mois de ce nom. Deux dans le Binnen-Hof, 1'un devant le Quartier des Etats de HoilanJe, 1'autre devant-celuidesEtatsGénéraux ; fix dans le Buyten - kof devant la porte Stadhoudériennepour Leurs Altefles, Leurs Sérénifiimes Enfans, cc la Princeffe de Weilbourg; un devant l'Bótel de Ville, un devant la maifon du Colonel. Ces Mais font de longues per:hes, chargées de divers ornemens, en:r'autres de banderoles, flottans au gré du /ent avec des emblêmes & des devifes malogues en Latin. Les Mais font seints de la • 'ouleur du drapeau auquel a divifion qui les plantc appartient. ün autre ufage s'obfcrve annuellement ïar tout le Corps des Arquebufiers, c'eft fa  Chap. IX. Milice Beurgeeife. 135 fa Moncre ou Revue générale. Le Mardi après la Foire de La Haye, toutes les Compagnies, en habits uniformes, fortent de la ville pour fe rendre dans ia plaine des exercices de la Garnilbn. Dès qu'elles y font ralfemblécs, le Colonel fe met a leur tête, & leur fait faire quelques évolutions, a la vue d'une fouie de fpeétateurs. Le Prince Stadhouder, Madame la Prineelfe & les Séréniffimes Enfans ne manquent jamais de s'y rendre en grand cortege. Les évolutions Unies , les Compagnies défilent devant Leurs Alteues, a qui les Officiers rendent les honneurs Militaires. De retour en Ville tout le Corps, précédé d'une bande de Muficiens, après avoir marché tambour battant & enfeignes déployées par pïufieurs quartiers, pafle par la porte Stad» houdérienne, traverfe le Binnen - Hof, & tourne du cóté du Nouveau-Doele. Le Colonel y entre & fa retraite termine cette montre folemnelie qui. le même jour, eft fuivie d'un repas fomtueux que le Magiftrat donne aux Officiers. L'Infpeélion du Doele des Arqucbuficrs eft entre les mams d'un Capitaine, d'un Lieutenant & d'un Enfeigne, qui ont le pouvoir d'ordonner les réparations nécesfaires pour 1'entretien de la maifon, pour- va Revut Generale, Infpeüim du Doele,  Milice Bourgeoi- fi. Service. i%6 Description de la Haye vu qu'elles n'excedent pas la fomme de douze florins. Au bout d'une année ils cedent la place aux Officiers du drapeau fuivant. Les membres de ce Corpv ont fouvent des repas dans leur Doele, tantót a fraix communs , tantöt aux fraix de quelqu'un des Officiers; & ces jours \k on arbore a une des fenêtres le drapeau de la Compagnie aux fraix de Iaquelle la fête fe donne. On demandera peut - être a quoi peut fervir cette Milice Bourgeoife, qui ne laifle pas que d'engager fes membres, particulierement fes Officiers, a de grandes dépenfes. Pour y répondre & juftiBer cet établiffement, il fuffira d'avoir fait remarquer qu'il a pour objet trois chofes qui intéreffent le bien public. Premierement la garde que fait cette Milice a l'Hótel de Ville pendant la nuit contribue au maintien de la' fureté publique, & en outre elle doit être prête en tout tems a étouffer les tumultes féditieux, qui pourroient s'élever parmi la populace. En fecond lieu quand le feu prend a une maifon de ia Ville , un gros iétachement du Corps y défilé fur le :hamp, s'empare de toutes les avenues, St maintient 1'ordre qui doit être obfervé ians les opérations propres a éteindre &  Chap.IX. MiliceBourgmfe (fc. 237 Pincendie; auffi arrive-t'il rarernent qu'un édifice foit entierement confumé par les flammes. Enfin en cas d'invafion ennemie ce Corps peut faire le fervice militaire, contribuer a la défenfe de la Ville , ou a celle d'autres polles dans la Province, comme il 1'a fait en 1672 & cn d'autres tems. En toute occafion le Magiftrat peut également compter fur lee fervices de ce même Corps, dont la fidélité a été tant de fois éprouvée. La PI ay e n'eft pas une place fortifiée, mais étant la réfidence de l'AiïèmbléeSouverainc de la Province, cette Affembléey a fes gardes d'honneur & de fureté, qui donnent a la Ville une garnifon aflez nombreufe. Les troupes qui la compofent font le Régiment des Gardes-d-Cheval, faifant deux cent foixante maïtres; celui des Gardes - Hollandoifes infanterie, de douze-\ccnts-hommes; le Régiment des'Gardes-Suiffes auffi infanterie, d'environ onze-cents-hommes, &un Efcadron de Gardes Dragons de quatre-vingc quatre hommes; total deux-mille fixcents quarante-quatre. II y a en outre un Efcadron Gardes du Corps du Prince Stadhouder, mais il n'eft de fervice que pour la perfonne de Son Altefle & celles de Sa Séréniffime Familie. Ces Milice- ' . Bour- *toip\ GarnifoTk Regiment.  Parade. Corps de Garde. 238 Description de la Haye Ces différens Corps fourniffent chacun, tous les jours, un détachement. Tous ces détachemens feréuniffent a la place, appellée le Plein, & s'y mettent en parade j pour aller occuper enfuite les divers poftes qui leur font affignés. L'heurc ordinaire de la Parade, eft celle d'onze heures & demie le Dimanche ét les Fêtes, & d'onze heures le refte de la femaine. Le grand corps - de - garde de 1'Infanterie eft, comme il a déja été dit, au Binnen-Hof, a coté de la Porte Stadhoudérienne ou Occidentale ; la Porte Oriëntale eft gardée par les Grenadiers, & celle au Midi par un petit détachement du grand corps - dc - garde. Celui de Ia Cavalerie eft fur le Buyten - Hof, du coté Méridional. Dans quelques autres quartiers de la Ville, & particulierement a fes extrémités, il y a neuf autres Corps - dc - garde, tous d'Infanterie. Ces différens poftes font établis autant pour empécher 1'entrée clandeftine & frauduleufe des denrées fujettes a des accifes ou autres impofitions, que pour maintenir la fureté & la tranquilité publiques. A ce doublé égard, ainfi que dans bcaucoup d'autres occafions, le pouvoir civil & le pouvoir militaire fe prétent mutuellement la main. Tout  Chap.IX. Milice Bourgtoife&c. 239 Tout ce qui s'obferve dans les places de guerre eft également pratiqué ici. C'eit le Prince Stadhouder qui donne journellcment la parole ; en fon abfence elle eft donnée par le Premier Membre du College des Confeillers-Députés de la Province. CHAPITRE. X. Du Commerce, des Sciences & des Beaux - Arts. Le Commerce de La Haye, comparé k celui d'autres Villes de Hollande, peut h peine être nunmé. Autrefois, & en particulier daas le qm'nziè. me & le feizième liecles, ils s'y trouvoit des fabriques de draps & d'autresétoffes de laine. Elles étoient fi confidérables que la plupart des habitans en tiroicnt leur fubliltance. Par une fuite des révolutions qui arrivent de temps en temps dans le trafic, le nombre de ces fabriques a diminué peu è peu dans La H aye, & depuis longtems il ne s'y en trouve plus. D'autres places de la Province ont éprouvé le même fort, & les fabriques de ce genre font aujourd'hui prefque jamifon»  240 Description de la Haye Commerce. Fahrique de Pareelaine. prefque toutes concentrées dans la feule Ville de Leyde. Cependant La Haye a encore actuellement quelques Fabriques, mais de peu d'importance. Depuis quelques années un Al Iemand , nom mé Lynker, y en a établi une de porcelaine, dont ks ouvrages, pour la beauté de la maticre, les peintures & le vernis, ne le cédent point a la plus belle porcelaine de Saxe; mais celle de La Haye eft execfijvement chere, & le plus grand débit s'en fait au moyen de Loteries. La Société Oeconomique eft attentive a encouragcrici comme aüleurs 1'induftrie, par tous les moyens que fa fagacité peut lui fuggérer. Elle occupe un grand nombre d'cnfans des pauvres k li Ier de la laine & du lin , & cherche k les y encouragcr par des diftributions de pris qu'elle leur fait annuellement en public , dans le Choeur de 1'Eglife principale; mais la cherté de Ia main d'ceuvre fera toujours un obftacle infurmontable a l'accroiiTement des Fabriques dans le Pays. Malgré k défaut de commerce, L a Haye ne laiffe pas d'ètre une Ville florilfante , dont les habitans en général font a leur aife, & oh 1'on trouve des boud-  Ch. X. Commerce, Sciences, &c. 241 boutiques en grand nombre, fourniesavec abondance non feulement de tout ce qui eftnéceffaireaux befoins de la vie, mais encore de tous les articles de luxe & de fade qui fe trouvent dans les plus grandes capitales de 1'Europe. Quoique La H aye n'aitdans fon fein ni Univerfité, ni Ecole-ILlujtre comme Leyde & Amfterdam, les fciences y font beaucoup cultivécs. II y a eu déja trés anciennement a La Haye une Ecole Latine; mais unei Letrre- patente cTAlhert de. Baviere datée de 1'année 1393 eft le plus ancien document ou il en foit fait mention. Par cet acte Albert donna k perpétuité 1'infpecfion & la régence de 1'Ecole de ce lieu aux Chanoines de la Chapelle de la Cour , & cela exclufivement ;a tout autrc Corps. Même en 1535 la Cour de Hollande défendit, fous "peine de.punition arbitraire, a tout particulier foit Eccléfiaftique, foit Laïque, de tenir Ecole pour enfeigner la Langue Latine , & queique fcience que ce fut. Sur les plaintes de diverfes perfonnes , la Cour fit peu après une reftriction notable a cette ordonnance, permettant k tous fes Suppöts, & a ceux de la Chambi-e des Comptes, d'envoyer leurs enQ fans Commerce Sciencts, Ecole Laine.  Eïolc La une. 242 DeSCRIPTIOJJ DB LA HaYE fans k telle Ecole qu'ils le jugeroient a propos. L'année fuivante le Magiftrat de La H ay e dreffa un Corps de Régiemens, felon lefquels la grande Ecole devoit deformais être gouvernée. Quelque tems après la Réformation, les Etats de Hollande firent un Placart, en date du 9 Mars 1589, interdifant d'ériger nulle part des Ecoles fans la permisfion exprefle des Magiftrats du lieu, & défendant a ceux-ci de fouffrir que les Maf tres d'EcóIe mi (Tent entre les mains de la Jeuncfle des livres contraires a la Religion Réformée. Conformemcnt a ce Placart le Magiftrat de La Haye pub'ia une ordonnance des plus fortes pour en alïurer 1'exécution dans toute 1'éteudue de leur territoire. II a déja été dit qu'anciennement 1'Eco'e étoit placée a cöté de la Poilfonneric,dans la rue qui en a gardé le nom de Schoolftraet. Vers la fin du feizième ou au commencement du dix-feptième ficcle, le nombre des écoliers s'étant confidérablement augmenté , le Magiftrat ouvrit une nouvelle Ecole plus grande que Ia première dans le Zuyling -Jlraet qui devint alors une rue. C'eft un batiment qui faifoit fans doutc autrefois partie du Couvent des Religieufes de Sainte- Agnès.  Ch.X. Cominerce) Sciences 3&c. 243 Agnès. Quoiqu'il 11e paroifle pas fort confidérable au dehors, il efl: aflez grand pour contenir, outre les quatre clafles qui partagent tout le College, & dont chacune a fon Régent, une maifon trés commode pour le Recfeur & pour pïufieurs penfionnaires qui lui font confiés. Ces Maitres enfeignent a leurs écoliersla Langue Latine & la Grecque, dont il les mettent en état d'enteijdic les plus célébres Auteurs, autant qu'il efl nécesfaire pour que ces jeunes gens puifienj profiter enfuite des Lecons Académiques. Tous les fix mois les Ecoiiers font examinés en préfence de quatre Curateurs, qui font toujours trois Magiftrats de La Haye avec le Doycn des Pafteurs .Hollandois. Ceux de ces Ecoliers qui en font jugés dignes recoivent publiquement un prix? & montent a une clafle fupérieure les jours de promotions, qui fe célébrent ("comme il a été dit plus haut) dans 1'Eglife Angloifc, oh les jeunes gens recitent les uns des harangues, les autres des vers. Autrefois laGour avoit un Député parmi les Curateurs; mais après beaucoup de disputes, elle a renoncé entierement k ce droit. La Haye a deux Profeffeurs de la fa- j culté de Médecine, 1'un pour YAmU' t Q 2 mie t Ecole LaHne. 'rofesurs.  Théatre Anatomi- que. 14.4 Descriptiom de la Haye mie , 1'autre pour la Botanique , dont les lecons font deftinées a fournir la Ville d'habiles Chïrurgiens & Apothicaires. Le Théatre Anatomique fe trouvoit autrefois dans un trés pet.it batiment, attaché a 1'Eglife Principale du cote du Midi. Depuis quelques années il aéte translére dans un édifice, fitué dans le Juffrotiwm-sTraet, vis'-a-vis de 1'Eglife nifle Cet édifice avoit fervi de Chapelle Catholi que deflervie par des Jejuttes , mais interdite depuis longtems ünhn l'Ordre ayant été fupprime, les omemens de la Chapelle ont éte transfcrés dans celle de l'Hótel de France, & lédifice, acquis par le Magiftrat a eté approprié a fa nouvelle deftmation. La Facade cc 1'intérieur font trés propjes. La chambre a droite-en entrant cc qui e t fort exhaufiee renferme le Thcatre Anatomique , oh des fneaateurs en grand nombre peuvent voir a leur aife les démonftrations. On y donne une fois la femaine des legons pubhques pour ïnltruire les jeunes gens qui s'apphquent a la Chirurgie, & une fois par mois pour l'inftruétion des Sages-femmes. Pendant 1'hvver il Y a auifi des diiTect.ons auxoucllcs les curieux de tout ordre peuvent affifter. Autrefois deux Médecms  Ch.X. Commerce, Sciences, &c. 245 faifoient tour a tour les legons & les dé-, monftrations au Théatre; mais en 16Ö8 le College de la Société de La Haye trouva bon d'établir un Profelïeur en Anatomie avec des appointemens. A la fuite du Théatre ilya une grande Salle pour les Jurés du Corps des Chirurgiens, & oh le Doyen & trois autres Maitres examinent ceux qui fouhaitent d'entrer dans le Corps, & leur font promettre d'cn obferver les Statuts. Au deffus de cette Salle il y en a une autre de la même grandeur, oh 1'on conferve des inftrumens de Chirurgie, unepetiteBibliotheque léguée cn partie par Mr. Jean Cocqautrefois Médecin a La Haye, & quelques préparationsAnatomiques, mais qui jufques ici n'ont rien de fort remarquable. A cöté & derrière la maifon il y a un grand Jardin. Le Corps des Apothicaires efl pareil < lement fous la direétion d'un Doyen & t de quatre Jurés. Ils tiennent leurs as- , femblées dans les appartemens qui fontc au deffus de la graride Halle-au-Beurre. La Salie efl fpacieufe , & -ornée d'un affez grand nombre decuriofités de la nature & de 1'art qui méritent d'être vues. Dans cette Salle on fait fubjr un examen rigide - a ceux qui veulent être aggrégés Q. 3 a Théatre Anniomi \neM 1enfrai k des Ipothilires.  CmfraU rie des Apothicaires. Jardin i Botanif LcBeur publics. 246 Dèscriptiojt de la Haye a cette MaJtrife ou Confrairie. Dans une forto d'armoire en forme delivre, &intitulé Thefaurus Sanüatis, rrétor de la Santé font renfermés tous les fimples en ufage dans la Pharmacie; dnlesrenouvclle de tems en tems &■ lefrécipiendaircs doivent être en état de les définn & d'en indiquer les propnétes. Pour leur en faciliter la connoiffance les Maeiftrats ont établi depuis quelques années un Profciïcur de Botanique , qui donne fefeslecons dans le Hortus Medicus, fitué ie quelques pas hors de L a Haye, un le chemin qui eft au Sud du Bois. I a Ville a encore établi deux Lecleurs ; publiés; Pun eft le Recteur de 1'Ecole Latine qui porte le titre de LeSteur de Littcrature ; 1'autre eft un L^wr de Mathématique, Phyfique & Mechamque. II eft obligé de donner des lecons publiques fur tous ces objets, dans la. in le de la Fondation de Renswoude, & ïla Ta permiffion de fe fervir pour cet erfet de la riche colleaion d'inftrumens appartenante a cette Fondation. Le LeSteur actuel qui eft Mr. J. Baart de la Faille, Dofteur en Philofophie & Maitre-esArts, donne auffi pendant 1'hyver des lecon particulieres de Phyfique expérimentale aux amateurs de cette fcience;  Ch.X. Commerce, Sciences3&c. 247 de mcme que Mr. le Dr. J. J. Bias fiere, chargé de 1'inftrucr.ioii des élcves de la Fondation, & connu par d'exceliens ouvrages de Mathématique & de Calcul. Les Beaux-Arts Tont auffi bien cultivés a La Have, & cn les y encourage par toutes Ibvtes de rnoyens. 11 y exiltc depuis 1656 une Confrairie de Peinture, clans Iaquelle font compris les Graveurs cn cuivrc & en verre. Elle jouit dc pïufieurs droits_ reianvement a la vente des tabicaux. Le Magiftrat lui a cédé pour ■fon ufage 1'appartement qui eft au deffus de la Halle au bied. La Salie de cet appartement eft ornée des meilleurs tableaux des plus fameux Maitres de La Haye, Théodove van der Schuur, Daniël Mytens, AugiifteTerweften, Robert du Val, GuillaumeDoudyns & Matthieu Terweften. Dans une fecondc chambre ou s'affemblent les membres de la Confrairie, eft une petite Bibiiothéque dont les livres lui ont été légués. On y admet tous les amateurs de la Peinture, è condition que le jour qu'on les recoit dansl'Académie, ilss'engagent pour une fomme plusou moins confidérable a leur difcrétion, & payable,feulement après leur mort. On voit des gens de la première diftinction entrer'dans cette conQ 4 frairie BeauxArts. Confrc.it ie Pein ■ure.  Confrairie de Peinture. Société di Poè'fie. 248 Dëscrïptioü de la Haye frairie & en figner les ftatuts. II y a toujours au moins quelques perfonnes de la Magiftrature & le Prince Stadhouder n'a pas dédaigné de s'en déclarer le Proteófeur. Le Magiftrat élit les Officiers de la Confrairie , c'eft-a-dire le Doyen, les trois Maitres Jurés & le Sécrétaire. Ils choifilfent eux mêiiies un Avocat & un Procureur pour maintenir les droits de leur Corps. L'Académie occupc une troifième Chambre. Pendant 1'hyver, au moyen d'une foufcription des membres de la Confrairie, on y inftruit gratuitement dans le deffin les jeunes gens en qui 1'on trouve les difpofitions requifes; on leur fournit les dirccfions & les modeles néceiïaires ; & pour exciter leur émulation, on diftribue chaque année des prix a ceux qui ont donné les preuves plus diftinguées de talent & d'application. i Depuis quelques années il s'eft formé auffi a La H ay e , fous les aufpices de diverfes perfonnes de diftindlion, une Société qui a pour objet dc peyfeclionner la Poëfie Hollandoife. Dans cette vue ellecouronne lesmeilleures pieces qu'on lui fournit d'après fes programmes, en décernant aux Auteurs des médailles d'or & d'argent & en leur communiquant les critiques  Ch.X. Commerce, Sciences ,&c. 249 critiqucs raifonnées, faites fur ces pieces par les membres de la Société. II adéja été dit que cette Société tient fes affemblées dans une des Salles dc l'Hótel du Prince Maurice. On fe croit obligé d'ajouter ici qu'il y a pïufieurs perfonnes de gout & d'étude, qui s'alfemblcnt un jour de ia femaine les uns chcz les autres, pour s'entretenir des Sciences & des Arts quechacun s'attache a cuitiver. Des Etrangersconnus font toujours recus avec plaifir dans ces affemblées, dés qu'ils font préfentés par un des membres de la Société, & ils y trouvcntoccafion dc s'inflruirede mille chofes qui peuvent interefler leur curiofité. La H a y e a donnénaifianceapïufieurs Savans en tout genre; ün ne nommera que les plus illuftres. Johannes Secundus ou Jean Second, fils d'un Préfident de Ia Cour de Malines. II étoit né en 1511 & mourut a 1'age de vingt-cinq ans, après avoir rempli avec honneur pïufieurs poftes confidérables. Ses Poëfics latines font trés eftimées; elles confiftent en Elégies, Epigrammes, Vers lyriques &c. Ses Baifers ont été traduits en Francois par Dorat. q 5 Janus Savans nés a la Haye.  Savans nés a la Haye, 250 Descriptiqn de la Haye Janus Dousa ou. Van-der-Does, Seigneur de Noortwyck né en 1545. II n'eft pas moins illuftre par fon courage que par fa fcience. Ayant été fait Gouverneur de Leyde en Ij74.par Ie Prince d'Orange, il défendit cette ville avec bravoure contre les Efpagnols qui furent obligés d'en lever le fiégc L'année fuivante il fut nom néle premier Curateur dcl'Univerfité de Leyde qui venoit d'être fon dóe. II a compofé des Poëfies, des notes fur Salujie, fur Pétrone, fur Plaute, fur Catulle, les Annales de Hollande, & d'autres ouvrages qui le firent appeller le Varron de Hollande. II mourut de la pefteaLA Haye, le 12 Oclobre 1604. Justös V e l s 1 u s s'eftdiftinguédans la Médccine ; mais s'étant occupé de la Théologie i! donna dans le P'anatisme. .Pierre Brederode, Nicolas v"A ssendelft Préfident du Hau t Confeil, ArnaudVinniüs, Qu i n t y n Weitsen Confeiller de la Cour de jullice de Hollande, fe font rendus recommandables par leurs commentaires fur le droit Romain. Frederic Ruysch né en 1638 a été un de« plus favans Anatomiftes, Médecins & Naturaliftes qui ayent paru en Hollande. II fut appellé a Amfterdam cn  Cli.X. Commerce, Sciences, &c. 25T en iööj pour y être Profefléur en Ana tomic, dans Iaquelle il fit pïufieurs découvertes importantes. C'efl: lui en particulier qui efl comme 1'inventeur de Tart dc faire des préparations anatomiques & dc les conferver. II fut regu JVlembre étrangcr de 1'Académie des Sciences de Paris en 1727 & mourut a Amfterdam en 1731, a Fa ge de nonante - trois ans. On a de lui un grand nombre de favans Ouvrages. ConstantinHuygens, Seigneur dc Zuilichem qui a été fucceffivement Sécrétaire de trois Princes d'Orange. II a fait le plan du beau chemin pavé qui conduit de h Ville au Village de Schevelirig, & s'eft fait connoitre comme Auteur par des Poëfies latines. Chrètiex Huygens, Fils du Précédent a été un des plus grands Mathématiciens & des plus favans Aftronomes de fon fiecle. II naquit le 14 Avril 1629, & fit paroïtre dés fon enfanceun gout extraordinaire pour les Mathématiques. Ayant'acquis une grande réputation dans fes voyages, Colbert lu/fit aiiigner une penfion confiderable pour le fixeraP:. bleaux d'hiftoire &c. Mr. Haag, Peintre de la Cour, pour les payfages & fingulierement pour les chevaux. 11 apeint leurs Altefies k cheval, & ces deux tableaux ont été gravés par Vinkeles. Mr. Le Sage, Peintre dc la Cour pour la Miniature. Mr. Sfhepp graveur de la Cour ; il excelle a graver fur toutes fortes de pierres précieufes, foit d'après des antiques, foit des portraits d'après. nature, médailles, armoiries &c. II a. modélé en bas reliëf les portraits trés reflemblans de leurs Altefies & de leurs Sérénifljmes Enfans, dont les copies en platre fe voyent partout. S % CHA- Artijlc'i, Graveur  Quartier Jêptentrio- nal. ij6 Description de la Haye CHAPITRE XII. Places, Promenades 6f autres beaux Ouartiers dans la Fille. On a obfervé dans le ChapI. que la H ay e fe divife naturcllement en quatre Quartiers. Le Quartier Septentrional eft a tous égardsle plus intéreffant, puifqu'il renferme la Cour , les plus belles places & promenades, & les plus belles maifons de la ville. On y entre dc 1'Eft par trois ponts. En entrant par celui du milieu, il n'y a point, au témoignagc de tous les étrangers, de ville dans le monde qui ofïre un abord tout a la fois auffi riant & auffi magnifique. Immédiatement au fortirdu bols le plus agréable , on trouve au bord du fofïe de la ville une large rangée de belles maifons on plutöt d'hötels, qui font ceux du Princeffe-graft & du Niéuwen-Uitleg. Cette rangée s'ouvre au milieu par une allee d'arbres bordée de chaque cöté par une fuite denouveaux hötels, qui forment Ie petit ou Nouveau-Voorhout. On arrivé enfuite k la place du Tournooy-veld & on voit a droite lesallées du Grand-Vtvrhout, devant  G-E.ZICT van de VYVEB. - fct   Ch. XII. Places, Promenades , &c. '277 vant foi le Vivier avec les belles allées qui le bordent au Nord & qui aboutiflent. a la Place proprement dite ; a gauche le 1 quai, qu'on nomme le Petit-Vivier qui aboutit a la place de la Parade, les batimens de la Cour qui bordent le Vivier au Sud, & dans 1'éloignement ie Buitenhof pareillement entouré d'arbres. Tous ces objets, réunis comme en uu feul coup d'ceil, forment fur tout dans 1'été, ie fpeélacle le plus impofant & le plus agréable, & font douter un inftant fi on efl en ville ou a la campagne. On ne fait pas au jufte le temps au- i quel le Vivier a été creufé ; mais il efl bien a préfumer que ce fut d'abord après que le Chateau fe trouva achevé. C'étoit autrefois une eau vive&claire, trés abondante en poiffon, puisque la pêche en étoit affermée au profit de 1'Hopital de St. Nicolas. II n'en efl pas de même aujourd'hui. Une grande partie des dunes ayant été applanie, les eaux font devenues moins abqndantes; cc le ruiffeau, traverfant une partie de la ville avant d'arriver au Vivier, recoit quantité d'immondices, ainfi que le Vivier lui même. Qjroiqu'il en foit cette nappe d'eau fait encore un trés bel effet, & forme uh des grands agréoiens de cp S 3 quairj Quartier iepten- rional, rivier.  Vivier. 278 Descriptiom de la Haye quartier de Ia ville. On donne en franco-s, fort improprement, Ie nom de Vivier au terrein planté d'arbres qui fe trouve entre Peau & les maifons, on dit mieux en Hollandois Vyverberg ( c'efta-dire montagne ou hauteur du Vivier. ) En effet ce terrein a au milieu une pet-te élévation, formée par le fable qui y fut tranfporté de Pèndroit ou le Vivier a été creufé. Les maifons qui Pentourent font pour la- plupart grandes & belles; entre celles qui font au Nord on dilbngue vers le milieu un grand hótel en pierre de taille; il a été bati par Mr de Schuylemburg aux defcendans duquel' il appartient encore; 1'intérieur en eft bien ordonné & richement meublé; il renferme plufieürs falies peintes par le fameux Terweflen. Plus a 1'Eft, il y a trois maifons fous une feule fagade trés propre; elles ont été baties fur le terrein d'un ancien hótel qui étoit celui du Prince d'Orange avant le Stadhouderat. Au coin étoit Panden logement de Dort • un particulier Pa acheté & en a fait con[truire trois maifons, auxquelles i] a donlé du cóté du Tournooyveld la facade 1'un grand hótel, qui contribuc beau:oup a 1'ornement de ce quartier. Le :óté oriental du Vivier (Korte Fyverberg )  Ch. XII. PlacesyPromenades, (fc. a 79 berg) a auffi de belles maifons, outre le Nouveau-Doele & le Logement de Haerlem: a cóté de ce dernier il y a u-i hótel de grande apparence qui a été bati par queiqu'un dela familie daSchuyknburg, mais qui eft poffédé aétuellement par un Comte de Bentïnk. Le terrein triangulaire qui eft a 1'Oueft du Fyverberg & qui conduit au Nordeinde eft nommé La Place (de Plaats) paree que c'étoit une Avant cour devant fa grande porte de 1'enceinte extérieure dela Cour. On a déja remarqué dans le Chap. II. que c'eft la que les premières maifons de La Haye ont été baties. ■ Entre le Fyverberg & la Place il y a ^°meni5-I7- 0n e" a fait dans a fuite des tems deux maifons qui font n!n°Uf hr f°rt £el!es; la Première w om de la rue eft a Mr. Van Stryen -eeeveur général de 1'union; la feconb qui a eté Ia demeure du célébre Penonnaire de Wit eft a Mr. le Colonel ?hl'-,r~r~ Y$Jc^'ies 9ui fuivent ont " n1; l? £ond de Pancienne main de 1 Abbé d'Egmnd. - Enfin PhöI qui fait lo coin d; la rue nommée ■Hf?»/-  Ch.XII. Places, Promenades ,(fc, a81 Heulflraet, bati par Mr. Munter, Con feiller de la Cour, & aftuellement poffédé par une Comteffe de Bentinck, efl: occupé par le Baron de ReiJ'chach Envoyé Extraordinaire de 1'Empereur. Le Voorhout eft un terrein fort étendu qui s'élargit en avangant vers 1'Eft, oü il fait un coude par lequel il va joindre le Tournooy - veld. Tout ce terrein efl planté de pïufieurs rangées de hauts tilfeuls qui forment pïufieurs belles allées. Celle du milieu qui fert a la promenade eft féparée des autres par des barrières, & garnie de bancs de diftance endiftance. Dans la femaine de la foire elle eft bordée d'un bout a 1'autre des plus bellei boutiques. Les deux allées qui la bordent fontpavées & fervent aux voitures, On nomme tout ce quartier Voorhoui c'eft-a-dire l'avant-bois paree qu'il en étoi] autrefois le commencement. C'eft ; 1'Empereur Charles-Oimit que LaHaïi eft redevable de ce tjeau quartier. II ei fit planter les arbres en 1536 , & en pri la confervation fi fort a cceur , que pa un Placard du 9 Decembre 1539 il or donna au Stadhouder & a la Cour d' Juftice de févir par des punitions exem plaires contre tous ceux qui oferoient le endommager. S 5 C Kneuter* dyk. s  Voorhout. 1 j l t r t F ] I n r< c g ai e k q 282 Description de la Haye 1 Ce qfii rend cette promenade d'autant plus riante & plus belle, c'eft que Ia plüpart des maifons qui 1'entourent font grandes & bien baties; on fe contentera dindiquer les plus remarquables. Au :oin du Heulftraatje étoit autrefois la naifon du Seigneur d'Oflerwyck, occu3ée enfuite par Gerard van'Randerode >an der Aa, & immédiatement a cóté le celle la au Nord étoit fituée celle de kir. Sluis Préfident de la Cour. Etant ort attaché au parti Efpagnol, il fe réJ ira a Utrecht en 1572. L'annécfuivane le Prince d'Orange ordonna que -fa ïailon ffk rafée; mais fur les repréfcnitions de la Cour cette fentence n'eut oint fon ex-écution. La maifon de Mr uys, pofiedée en 1Ö30 par le Grandenfionnaire Cats, fut acquife en 1658 ar le Baron de Wasfenaer Seigneur d'Opwi, & Amiral de la République, des iains duquel elle a paffé dans celle de >n hls, & enfuite de fon petit-füs, le omte de WaJJenaer d'Opdam. Ce Seileur, ayant fait abattre cette maifon nfi que la précédente, a fait éleverfur : terrein le fuperbc hötel qu'on voit prefent dans ce coin du Foorhout, & 11 Par fa belle facade en fait un des •ands ornemens. 11 y a derrière cet hótel  Gezig-t van hel Voorhout   Ch. XII. Places,Promékades, &c. a 83 hötel un vatte & beau jardin qui s'étand jufques aux remparts de la ville. —Après la maifon du Préfident Sluis ve nok celle des Barons de WaJJenaer, Burgraves de Leyde. Elle avoit été bi tic au commencement du quinzièmc fiecle, par Henri de WaJJenaer, fils ainé du Burgrave. Les Etats y logerent er 1784 la Comteffe Douairière de Hohenlo En 1617 elle fut aehetée par Corneilk van der Myle du Corps de9 Nobles & gendre de Olden-Barneveld. Les mal heurs de ce dernier obligerent van dei Myle a quitter la Province en 1619 Pendant fon abferrce Frederic V Rq de Bohème occupa quelque tems fa mai fon. Elle a été abbattue dans la fuiti & i'on avoit conftruit a la place dem autres maifons, mais qui depuis quelque années ont été de nouveau réunies, é torment le Logement des cinq Villes d JSford-Hollande. La maifon de Mr Helmich, Seigneur de Doornick, tou choit a la précédente: elle exiftoit déj au milieu du quatorzième frécle & s'é tendoit jufqu'au coin de la petite rue d -Cloitre. Le Comte Charles d'Aarenberg Seigneur de Naaldwyck, la pofféda er fuite. II la vendit en 1611 au Granc Penfionnaire Olden-Barneveld qui, aprc 1'avo yoorhout. i i ï i t s. r  Votrhmt. . 1 ] 1 c F a 1 rr L tr B da di pr ho jar on bei rer fac ftai Eli Bar 284 DEscarPTioïr de la Haye partie du terrein la maifon a doublé pi gnon qui s'y voit encore. Cliacun del 3>gnons efl orné d'une ftatue J'ïme re Iar ?,rudence & Ia Forco "u milieu, fe lit Anno MDCXII Cette S&ïtSTftdepuis ra Miniftres de Ia Cour dc Ruffit La mai-Iu °n a conftruite fur 1'autre partie e ce terrein, & qui fait lc coinPde J etite rue eft auffi grande & belle c'eft Suellement la demeure de Mr. Bisdom refoner Général de 1'ünion Au dela de 1'Egüfe du Cloitre eft la a.fon des Pages de S. A. S., fuivfedu ojemcat dc Gouda. Pius loinétoi aU- tcur, elle étoit ancienne & d'une étene fi conüdérable, qu'elle occupoit fque tout le refte du Nord duX tói foir par fes batimens, foit par fes v aVtt, fT 2?fute! été dé^embrée ya bati fucceffivement unc fuite de les & grandes maifons. La plus larquable eft celle qui a une fuperbe de en pierre de taille, oimée de ues roprietaire; mais elle eft habitée par le eigneur de JVoordwyck, du Corps des ïobles & Baillif de La Haye. ^Entre le Tournooyveld & le Nouveau oorhout il y a au Sud, au coin de la rue ommée Lange-Houtflraet une maifon irge mais peu profonde. Elle apparient a la Grande Société. C'eft une affociatien  Chj Xlf. Places, Promenades, &c. 287 . aflbciation nombreufe de perfonnes du premier rang, Membres du Gouvernement, Miniftres Étrangers & Hauts Officiers de 1'Arméc qui, a fraix communs, ont acheté cc meublé cette maifon, y cntretiennent un conciërge, un portier, & les domeftiques néceflaires pour le fervice de ceux des membres qui s'y rendent a toute heorc du jour pour y lire les papiers de nouvelles, journaux ou autres livres d'une Bibliotheque choifie, yjouir des agrémens de la éonverfation* ou y faire une partie de jeu. Aucun nouveau membre ne peut être admis dans cette Société qu'après que fon nom a été expofé pendant un certain tems fur un tableau , & foumis enfuite au fcrutin. Tous les membres font aftréints a 1'obfervation des régiemens néceflaires pour main tenir le bon ordre, & la décence convenablc a 1'état de ceux qui compofent cette Société. Elle eft nommée la Grande, pour la diftinguer d'une, autre compofée a peu prés fur le même modèle, mais oh le choix des membres eft moins borné. Celle-ci a une maifon plus petite mais fort propre, cc trés agréablement fituée a droite au fortir de la Porte de la prifon, ce qui lui donne une vue trés étendue fur .ie Vivier, le Kneuterdyk cc la Place. A La Gratk- ieSeciéti. La petite hciité.  Quartier Septen- trional. i ] i ' ! 1 1 Nouveau Voorhout. ï l 5 288 Description de la Haye < A 1'Eft de la Grande Société & encore vis-a-vis le Voorhout fe voit l'Hótel de Weilhourg. Le Prince de NaJJau Weil■bourg ayant époufé la PrincelTe d'Orange , Sceur du Prince Stadhouder, achetta, a grands fraix , huit maifons dont quelques unes étoit trés belles, pour élever fur ce terrein un Hötel qui, felon le plan arrété, auroit formé un beau Palais. II y a déja dix-huit ans qu'on a commencé a v travailler. Le quartier qui eft achevé & dont la facade en pierre de taille- fait ma fi bel effet du cóté de la rue, n'eft qu'une partie de l'édifice projetté; il devojt être contiaué jufques au coin, oh il devoit avoir me porte cochère par Iaquelle les ca•ofles feroient entrés dans une grande :our, ou l'Hótèl auroit eu une largc & iclle fa9ade. Mais ce Prince s'étant etiré dans fes Etats avec fa Familie, 'ouvrage eft refté interrompu depuis >lus de douze ans, fans qu'on fache s'il era jamais repris & achevé. Le nouveau ou petit Voorhout a au n'lieu une allée appropriée a la promeadc dans le même goüt que celle du rand Voorhout. Elle a dgs deux cotés e fort belles maifons. Les deux plus tandes ont été baties par des Juifs Portugais;  Ch. XII. Places Promenades, &c. 2 89 Portugais ; 1'une qui efl; aftuellement 1'PIóteI de VAmbaJJadeur de France fe trouve décrite plus haut; 1'autre fituée i 1'Oueft de la précédentc a été bêtie par Mr. de Pinto dont les defcendans 1'occupent encore. La maifon de Mr. Meerman qui fait le coin du PrincejfeGraft a été la demeure du célebre Grand - Penfionnaire van Slingelandt, dont on public afftuellement les Ecrits Politiques qui achevent de juflifier ce bel éloge, qu'aucun Penfionnaire de Hollande n'eut de plus grands talens, plus de dignité dans le caractere & la conduite, plus de connoiiïance de la conftitution & des intéréts de fon pays. En entrant dans La Haye par le pont Méridional de ce Quartier , on trouve d'abord un canal aflez étroit nommé le Heere-Graft. Ce Canal a au midi pïufieurs grandes & belles maifons; la première, ou celle du coin, eft habitée par Mr. le Grand Penfionnaire van Bleyswyk ; après ce Canal une rue étroite1 nömméc le korte Poote conduit au Plein. 1 II a déja été remarqué que c'étoit anciennement un vafte jardin potager. La garde en étoit confiée a un Conciërge, que les Comtes de Hollande choififlbienc. II a été connu enfuite fous le nom de T Jardin- Quartiej Septen- 'ricnah \e Pleins  Le Plein, 290 Description de la Haye Jardin des Stadhouders. Co ne fut qu'en 1630 qu'on en arracha les redes & qu'on en fit une efplanade quarrée, garnie de cilieuls & deflinée a fervir de place de Parade pour la Garnifon. Tout Je tour du Plein eft orné de belles maifons; k 1'Elt eft le fuperbc Logement $ Amfterdam; au Sud celui de Rotterdam; a 1'Ouefï & au coin du Pooten la maifon qu'a fait conftruire Conftantin Huyghens, Seigneur de Zuylichem. Elle elt d'un trés bon gout d'architeéture ayant une ayant-cour «Sc des ftatues au haut du frontifpice; le mur qui occupe tout ce cöté du Plein eft celui du jardin de cette maifon, &au bout font les Ecuries. Tette belle maifon eft aétuellement occupée par Madame La Douairière Waffenaar de Ruyven. Derrière les Ecuries et (e Jardin, il y a unautre grand jardin appartenant a l'Hótel du Prince Maurice avec lequel il communiqué par une galerie qui paffe fous la rue. Le coté Septentrional du Pleina auffi de belles maifons; la plus confidérable efl celle qui fait le coin k 1' Ouefl; elle a de grands appartements & efl aétuellement habitée par le Baron van Lynden feigneur de Hemmen, Député de Gueldre aux Etats Généraux, & Gouverneur des jeunes Princes. Le  Ch. XII. Places, Promenades, &e. 291 Le Buyten-Hof k 1'Oueft de la Cour eft auffi une belle Place quarrée & entou-1 rée d'arbres & de maifons, fi ce n'eft a l*Eft OLi elle eft bordée principalement par les eaux du Vivier & du Canal qui baigne les murs de la Cour. Les Comtes en affignerent le terrein a ceux de leurs Officiers & Suppóts qui voulurent y batir. On commenea par le cóté du midi, 011 fe voit a-pré'fent le Logement de Leyde, la maifon du Député de cette ville au College des Conjeillers-Députés, le Corps-de-Garde des Gardes a cheval & quelques maifons appartenantes a des particuliers. Derrière celles-ci il y avoit un jeu de Paume; mais cet exercice n'étant plus enufagé, on abati fur ce terrein une douzaine de petites maifons. Quoique le cöté Septentrional du Buiten - Hof ait été garni de maifons plus tard que celui du Midi, cependant dés 1'an 1400 & dans la fuite, les Comtes y" ont eu'une maifon avec une ménagerie, leur meute & tout 1'attirail de la chafle, Cette maifon qui fubtiftoit encore il y a un demi fiecle, étoit placée immédiateraent après la maifon du coin, qu'onappelloit autrefois la maifon de la Comtelfe de Noyelles & oh eft a-préfent le Mufceum. Derrière ces deux maifons il T 2 y Le Buy, en-Hof.  Le Kuy : en-Hof. Qiiartiti itepten- trional. •202 DESCRIPTION DE LA ÏÏAYE y a une partie des remifes & des écuries du Stadhouder; une autre partie fe trouve au coin Sud-Oueft du BuytenHof; &les caroi'iés de parade font gardés dans des remiles qui fe trouvent derrière une partie du Jardin dela Vieille-Cour. Le Noord-einde eft une longue rue qui fépare en grande partie le Quartier Septentrional du Quartier Occidental. Elle a pïufieurs grahds édifices. On a déja nommé la Vieille-Cour, et la maifon de Mr. Fagel; au commencement c'eft-a-dire pas loin dela Place il y a une vafte & ancienne maifon, batie avant 1570 par Otto van Egmond, Seigneur èeKenenburg, un des Nobles qui ont figné la fameufe requêtc préfentée a Marguerite de Parme, Gouvernante des Pays- - Bas. Cette maifon ou plutöt cet hótel a été acquis &réparéen 1722 par Corneille van AerJJen, Seigneur de Voshol; ila de-vaftes & belles falies, & eft occupé aujourdhui par Mr le ' omte de Maillebois, Général au fervice de la République. La cour oh font les Ecunes a une porte cochere fur le Kneuterdyk. La rue qui va de la Place au petit-marché se nomme le Hoogftraet, & celle qui acheve de borner ce quartier a rOueft eft appellée le Veene- ftraeti  Ch. XII. Places, Promenades^ &c. 293 ftraet; elles font toutes les deux remplies de boutiques; amfi que Ie Spuyftraet qui borde ee quartier au fud jusques au Kapelsbrug qui termine le Canal du Spuy. Ce pont eft ainfi appellé paree qu'il y avoit autrefois une petite Chapelle, dédiée a la Ste P~'.erge. Ses revenus qui confiftoient en rentes & en fonds, donnés par divers particuliers ont été appliqués, aprésla Réformation, a 1'entretien de la Maifon des Lépreux. Enfin la rue étroite qui va du Kapelsbrug au Plein fe nomme le lange -Pooten. Elle a au Nord une grande maifon avec une avant - cour & porte cochere. Cette maifon a été occupéefucceffivement par pïufieurs Miniftres de Sa Majefté Britannique, & en dernier lieu par Son Altesfe, Monfeigneur le Duc de BrunfwyckWolfenbuttel, Feld - Maréchal au fervice de la République Le Quartier Oriental donne a La Have deux grandes entrées au Sud, La première par le Wagejlraet lorsqu'on vient du chemindeDelft - c'eft une longue rue fort large a fon commencement, mais qui fe retrecit en approchant du Veenejtraet; elle a des maifons fort propres mais aucun édifice remarquablej elle borde ce quartier a 1'Oueft. La SeT 3 coi Q_'t»rtief Septen trional. luartief 'jrientak  Quartier Qriental, 294 Description de la Haye condc entree eft par le canal nommé le Spuy oü arrivent les barques qui viennent de Delft & de Leyde; il portoit déja ce nom au commencement du quatorzieme ftecle; au commencement de cc 1 anal a 1'Eft, ettteMaifon de la Diaconie Hollandoife, vis a vis de Iaquelle a 1'Oueft eft le Bierkaay. C'eft comme le le port de La Haye, oü lè tiennent les grandes barques a voile & oü il y a une Grue pour déchar^er les marchandiles pefantes qu'elles apportent. Du même coté un peu plus avant il y a un fecond canal dc traverfe, nommé le Feerkaay oü ie tiennent & d'oü partent les barques marchandes de trajt. Du même coté encore, & environ versie milieu du Spuy eft VEglife-Neuve. Le canal de traverfe aflez large, qui eft vis a vis CettC<.Egllfe a au Nord le marché aux icurbes & au midi le marché au bois. A 1 Eft du Spuy il y a un fecond canal qui lUi eft parallele, nommé le Nieuwe Raven.^ IJ a été creufé en 1660, & communiqué au Spuy par trois canaux de traveile, & avec le Heeregraft a 1' Eft par un canal oblique nommé le Fluweele-burgwal, qui a pïufieurs belles & grandes maifons, & vers le milieu le Logement de Gorcum, Schiedam c£ Schoon- lijven.  Ch. XII. Places, Promenades, 6f c. 295 hoven. Ce qui refte k remarquer fur ce quartier, c'eft que la rue qui va du Nieuwehaven au Plein, se nomme le Korte - Houtjlraet, & que le terrein entre cette rue & le Spuy a été occupé autrefois par le Couvent des Soeurs de Ste Marie en Galilée. Ces Nonnes étoient de 1'ordre de St Augustin. II ne fubfiste plus aucune tracé de ce Cloitre que dans le nom de Bagyneftraet, qui a été donné a quelques petites rues qui fe trouvent fur fon terrein. Le Qjiartier Méridional eft borné a 1'Eft par le Wagejlraet, au Nord par le Wejjt - einde, & des deux autres cotés par les remparts de la ville. II a deux canaux principaux, favoir le Paviljoensgraf t parallele zuWageftraet, Prince-gr aft, qui communiquent enfemble par le large pont, fur lequel fe tient le marché aux herbes. Le Paviljoens-gr aft (dont la partie Septentrionale fe nomme aufti Lutherfe - Burgwal, k caufe de 1'Eglife Luthérienne qui s'y trouve) étoit déja connu en 1626 fous le nom de Sufiersgraft, paree qu'il touchoit au Nord a un Couvent de Religieufes de Ste Elizabeth, fitué au bout du fzlamingjlraet & qui s'étendoit par deffus le Grand -marché jufques au Laan. Ea T 4 1584 Qjiartier ütitnlal. Quartier Méridional.  igó Description de la Haye Ouartier Méridional. IJ84 toutes les maifons du Vlaming, ftraet ayant été confumées par un incendie, le couvent en fut a moitie détruit: le relte fut vendu dans la fuite a des particuhers. Le Princegraft a été creufé en 1623, & acguit ce nomen 1 nonneur de F r é d é r i c - H e ,\ r i , Prin^ ce d'Orange: Ce canal tiré au cordeau 3 des quais larges, plantés d'arbres, & Dordés de belles maifons, furtout le quai Septentrional qui en ell garni d'un bouta 1'autre, & oü fe voycnt deplus &/PMe au beurre, la Halle au bied, La Mai/on de correclion, & la Maifon de Nieuwkoop. Tout le Quartier renfermé entre ces deux canaux a été bati aprés 1623 ; aufTi les rues font- elles bien pereces & tirées au cordeau; les deux plus belles font le Boekhorjtflraet & celle qui fert de Marché au 'bétail; leur direction efl du Nord au Sud. Elles commencent au Princegraft & aboutiflcnt au rempart. Le Veemflraet a vers 1'Ouefl: quatre rues qui lui font paralleles; le jXieuwJtraet qui du Vlamingflraet aboutit, vis-a-vis de l'Hótel de' ville, a de trés bonnes maifons; le Schooljlraat entre le Grand-marché & la Poiffonnerie eft une rue de boutiques; .le Jan Hendrikz Jtraet, qui ya, du Laan oü ett l'Egli-    GK Z lO T van de PXIN C E Gil AF T       Ch.XII. Places, Promenades, &c. 297 fe Arminienne , au Weft-einde ; & enfin l'Ajfendelft ou Lorrejlraet. Dans cette rue a 1'Oueft étoit autrefois le Couvent de Bethlehem ou dé SteBarbe. C'étoit une Prévoté de Religieufes de l'Ordre de Prémontré, fuivant la regie de St Auguftin. Ce Couvent n'étoit pas fort ancien; il n'existoit pas encore en 1471, Après les Placarts de CharlesQuint contre les prétendus Hérétiqucs, 1'Inquifiteur-Général des Pays-bas y établit fon exécrable Tribunal. Ce Couvent qui étoit aflez fpacieux, ayant été acheté par le Magiftrat, fut entierement démoli, ainfl que fa Chapelle: 1'on éleva fur le terrein qu'il occupoii deux maifons avec de beaux Jardins; 1'entrée de ces maifons eft au Weft-einde. Du même cöté de YAffendelf t$rae\ eft la Comédie Hollandoife; plus ver: le Princegraft 1'Eglife des Carmes; ó a -cöté de celle ci un grand hötel, qu a été longtems occupé par les Miniftre de 1'Empereur. Le Comte de Degen feldt, Envoyé de la République k Vien ne 1'a fait réparer il y a quelques années il appartient encore a fa Douairière & eft occupé aujourdhui par le Miniftr du Roi de Danemarc auprès de la Repu blique, Cet hötel eft ftjivi d'un Hof) Tj qt Quartier Mét* dional. t l ► e i  Quartier Méridional. Quartier Occidental. i | 298 Descriftion de la Haye qui a été fondé dans ce fiècle, & porte Ie nom de Hooft qui efl: ceiui du Kondateiir; au Sud de cet Hoiïe efl 1'entrée du Lonburd. Enfin ie Weftdndc efl une longue rue qui commenee a 1'Eglife principale ck abouti: au Pont du ci'eaiin de Loo/daynen, elle n'eft ni droite ni d'une égale largeur. Sa partie Ia plus ancienne & la mieux batie s'étend jufqu'a YAffendelftjlraai; elle avoit au Nord le Couvent de Ste Agnhs aujourd'hai la Maifon des Orphelins, & vis -avis au Sud la Maifon d'Affendelft, aujourd'hui l'Hótel d'Efpagne; le refle n'a quedepetites maifons bourgeoifes, è 1'exception. de trois ou quatre qui font grandes & ont de beaux jardins. Le Quartier Occidental, bornéauSud par le^Wefteinde, a 1'Eft par le NordHnde, & des deux autres cótés par les remparts de Ia ville, eft le plus petit les quati'e. II comprend I''Eglife principale, l'Hótel de ville, la Boucherie, ['Eglife Angloife, la Maifon des VieïL '■ards, & Ia Vieille - Cour avec fon vafte ardin. Ce quartier a entre la Vieille Zoux & 1'Eglife Principale pïufieurs rues tnciennes & étroites, dont quelques mes ont cependant de grandes & belles naifons , entr autres le Nobelftraet. Le  Ch.XII. Places, Promenades, f3?c. 299 Le Juffrouw - Ida-finiet oü font le Théatre Anatomique, & ï Eglife Janfénifte lui efl: parallele au Nord. L'Eglife du Curé de La Haye eft presque vis-a vis du Juffrouw - Ida-ftraet a 1'Oueft, dans une rue de traverfe nommée OudeMoljlraet. Les rues qui entourent les précédentes k 1'Ouefl: & au Nord ont été baties vers le milieu du dix-feptieme fiecle; la Maifon des Fous é°? des Peflifêrés & { Ecole Latine font les feuls édifices remarquables qui s'y trouvent. La partie du rempart qui entoure le jardin de la Vieille Cour & aboutit au pont de Schevelinge eft fort élevée; ilaauborc du foffé une banquette, & trois rang; d'arbres dans fa largeur qui en foni une promenade fort agréable; le rem part Septentrional depuis le pont dc Schevelinge jusqu'è celui du Denneweg. efl arrangé de la même maniere. CHAPI- Qiiartier Occidental.  30o De?criptton de la Haye Chemin d Scheve- linge. CHAPITRE XIII. Des Environs de la Haye , favo:r des Promenades, ChèMinr, Maifons de Campagne 6? Fiüages qui s'y trouvent. II y a pëu ou peut-être point de villes dans le monde dont les environs foient de tous cötés auffi ornés & auffi agréables que ceux de La Haye. Ils méritent k tous égards d'être détaillés avec quelque foin, & comme en décri van t 1'interieur de la ville on vient de s'arrêter au Pont de Schevelinge, c'eft par ce cóté la qu'on va commencer d'en décrire les dehors. '■ Immédiatement après avoir paffii Ie pont, on trouve comme un petit Fauxbourg, dont les maifons a I'Oueft n'ont été baties que depuis une vingtaine d'années; elles font fuivies de quelques jardins; auxquels fuccede une allée qui conduit a une belle barrière, ou commence proprcment le beau chemin de Schevelinge. Ii y a en dega de la barrière a I'Oueft deux Maifons de campagne; la première eft d'une conftruction finguliere & fes jardins peu étendus; on y avoit établi un Vaux-hall en 1749; mais  Chap. XIII. Environs &c. 30! mais ü n'a Pu le foutenir. La feconde éft l'Hótel de HeJJe-Philipjtal, bdti par le Landgrave Philippe, dont le torabcau fe voit dans PEglife principale. C'efl; un corps de logis avec deux ailes fcrmées par un grillage de fer. Cet Hótel après avoir paifé par pïufieurs mains étoitYort déehu; mais il vient d'être acquis, reparé & embelli par Mr le grandPenfionuire van BLyswyck, qui cn étend au Mi beaucoup les jardins. Dela barrière on voit la belle allée tirée au cordeau a travers les dunes-; ouvrage digne en quelque fbrte de la magnificence des Romains. Le plan ou projet en fut formé en 1653 par Conftantin Huyghens & approuvé a quelques changemens prés, au bout de dix ans. Les Etats de la Province accorderent alors un Oétroi pour en autorifer Pentreprife. On mit la main a 1'oeuvre le 1 Mai 1664, & le tout fut achevé le j Décembre 16Ö5. La longucur du chemin depuis la barrière jusqu'a 1'entrée du village eft de 590 toifes & 9 pieds. ( depuis le pont jusqu'au bord de la mer il cn a 916.' Sa largeur entiere jufques aux dunes efl de 18 toifes, dont deux font le chemie du milieu pour lesvoituresét lont pavée< ée Clicmin de Scheve\ingt, i 1  302 Description de la Haye Chemin de Scheve- linge. i 1 ( < I 1 I 3 ) 1 i 1 ] de briqucs; le fentier plus étroit k gau. che eft pour les piétons; celui a droite pour ceux qui fe promenent a cheval. Tout. le chemin a quatre rangs d'ormes bordes detail lis; oa veille a la confervation de ces arbresavec le plus grand foin. Ce chemin. qui monte infenfiblement dc La Haye au village, efl exrrêmement frequente, non feulement lans 1'été, mais dans toutes les faifons; :n effet on y efl également a 1'abri de 'ardeur du foleil «Sc de 1'impétuofité des /ents. Le péage qu'on payc k la bardere efl trés modique, fa'voit un demi bl par tête k pied, & ea voit ure un fol )ar cheval. Environ au quart du chemin au dela le la barrière, il y a a I'Oueft une allée le traverfe, qui conduit a une Campagne ïommée Zorg) Vet. Elle a autrefois apparenu au Grand-Penfionaire Cat~. qui s'y reara en i6ji , pour fclivrertouL entiera la 'oëfie HollaBdoifp qui faifoit fes delices. ïilca ctéacquife enfuite par le Baron dc ïenïnck, Comte de Portland, qui en it orner les j ütdins avec beaucoup de dé • )enfe dans le goöt de ce terns-la. Le I!omte de Bentinck, Seigneur de Nhoon, 'a fait arranger enfuite dans le gout An;lois. L'Orangerie eft fuperbe; le falon qui eft au milieu eft orné de Statues &  Chap. XIII. Ènvirms &c. 303 & bas reliëfs antiques, quele Comte de Portland achètta en Italië. La maifon eft baffe & a f'ubi tres peu de changemens depuis que Catz 1'a habitée; on a même confcrvé les peintures allégoriques dont il avoit fait orner les portes. Elle appartient encore a la familie de Bentinck. Le Village de Schevelinge ou comme on 1'écrivoit autrefois Scheven; nge efl fort ancien. II a eu le doublé de 1'étendue qu'il occupe aujourd'hui. Dès 1'an 1470 la mer emporta une de fes Eglifes & gagna environdeux mille pas au dela. Les habitans furent reduits au nombre de 190, & la plüpart entjerement ruines. En 1530 une nouvelle inondation manqua de les engloutir entieremen*. Malgré toutes les précautions qu'on put prendre, la mer furieufe franchit de nouveau les dunes duns ies années 1538, 1546, }5Slt & furtout en 1570, lé jour de la Tousfaint. Cent & vingt maifons furent ou enfévelies fous les fables ou entrainées dans les eaux,& 1'Eglife qui étoit placéeau coeur du Village fe trouva au bord de la mer, dont elle n'eft encore h préfent féparée que par les dunes. Dcpuisce tems la mer efl rettée dans fes bornes; le villlage s'eft rétabli & on 1'a étendu du cöté 8 de Village da Schevelinge.  Village de Scheve- linge, l 'j • ] t 1 ( ( ] < I I \ Ö04 Description de la Haye de La Haye. Le nombre des maifons, qui en 1680 pailbit déja les deux cent eft aujourd'hui de deux -cent- foixante. L'Eglife qui eft aujourd'hui fur pied ï Schevelinge fubfifte depuis la fin du quinzieme fiecle. Pendant la guerre sontre l'Efpagne, elle éprouva plus d'une fois la violence du foldat. II fallut rendre en 1614 quelques uncs des terres qui y appartenoient pour la rétablir. Dn cefla d'y faire le fervice Romain en 1573. Elle eft fort proprc cn dedans Sc a de bonnes orgucs. Dans Ie choeur )n conferve le cninc d'un poiffon monIrueux qui échoua fur Ie rivage en Janzier 1617; il avoit 56 pieds de long, xmrme le porte 1'lnfcription latine de V Schuil, alors Miniftre de Schevelinge. Le Village a deux Maifons de Charité. .'une, destinée a fervir de retraite aux 'auvres Vieillards des deux fexes, exisoitdéja en 1470 & avoit été fondée par es Comtes de Hollande. L'autre confarée aux Pauvres Orphelins fut batiepar irdre du Magiftrat de La Haye en 697, cc dés 1'année fuivante ony re§ut [uatorze enfans. Cette maifon a été ebatie depuis peu d'années. Les habitans de Schevelinge font tous 'écheurs ou Cabaretiers. Les premiers ivent du revenu de leur pêche, dont  Chap. XIII. Environs &c. 305 ils tirent un profit alTez confidérable k La Haye & jufqu'è Rotterdam. Lesfeconds fubfïftent des parcies deplaifir que des gens de touc ordre y font pendant la belle faifon. Én fortant par le pont du Denneveg on trouve encore une efpece de Fauxbourg plus confidérable que celui du chemin de Schevelinge. II renferme un édifice trés étendu & d'une belle apparence; ce font les Ecuries pour les chevaux de 1'efcadron des Gardes-du-Corps du Prince Stadhouder; elles n'ont été baties que depuis unevingtaine d'années, & elles font accompagnées d'un beau manege placé au Sud. Un peu après avoir paffe ces écuries, il y a un chemin a gauche qui conduit a celui de Schevelinge & un autre a droite qui eft celui du village de Waffenaar} ce dernier chemin forme jusques aux dunes une allée, plantée de beaux arbres, ayant k droite des prairies qui la féparent du Bois de La Haye, & a gauche des Maifons de campagne. La première eft celle de Mr le Greffier Fagel; fon étendue elt de plus dc foixante & dix arpens; elle eft plantée dans le goüt Anglois & entretenue avec la plus grande propreté; elle a au Nord fur une haute dune un Belvedère 3 V au rhemin de Wasfenaer.  3oó Descripïion de la Have Village de IVasfenaer. auquel on monte fort commodément, & d'oh 1'on voit d'un cóté la mer, & dé 1'autre une grande partie de la Province. Entre ce Belvedère & les jardins il y a un chemin qui conduit k la plaine de Waafdorp, ou la garnifon de La Haye a fait pendant pïufieurs années les grandes manoeuvres. Le chemin de WaJJenaer dont il efl; queftion eft fort étroit dans les dunes mais bordé a gauche de pïufieurs belles Maifons de campagne. Lé village de WaJJ'enatr fitué a une lieue & demie de L a H ay e eft une des plus anciennes Seigneuries de ce quartier; il a prés de trois eens maifons qui forment deux rues, 1'une fort large avec une doublé rangée d'arbres, 1'autre plus étroite qui va de I'Oueft a 1'Eft & conduit au chemin de Leyde dont il fera parlé bientót. Cette Seigneurie a Iaquelle celle de Znidwyk eft annéxée, appartient aujourd'hui au Comte de WaJJenaer d'Obdam Seigneur de Twickel, Envoyé Extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire a la Cour de Vienne. Parmi les Maifons de plaifance dont ce charmant village eft comme entouré, la plus confidérable eft Ryxdorp fituée au Nord. Elle a été conftruite fur les ■lefleins du fatneux Architecte Pierre Poft,  Chap, XIII. Environs &e. 50.7 Poft, vers le milieu du dernier fiecle; ayant paffé enfuite par diverfes mains, elle a encore été embelïie & augmentée; La maifon, les bois, bofquets, terrasfes, viviers, canaux, tout en eft grand & magnifique; elle eft actuellement poffédée par un negociant de Rotterdam. A 1'Eft de La Haye & immédiatement au fortir de la ville fe trouve le beau Bois qui en fait un des grands agrémens. C'eft comme une petite forêt de haute futaye, refte des grajjdes forêts qui étoient anciennement aflez nombreufes dans la Province. Du moins eft il certain que le Bois a exifté avant La Haye puisqu'il a fervi de motif a fa fondation. Sa longueur depuis le folTé de la ville eft d'une petite demi-lieue & fa largeur environ d'un quart de lieue. 11 a deux grandes avenues; 1'une au Nord par une large allée qui étoit autrefois un mail, mais qui ne fert plus qu'a la promenade; la feconde vis - a ■ vis du nouveau Voorhout, par une allée beaucoup plus large, & bordée de quelques autres plus étroites. Entre ces deux avenues* on a ouvert une vafte plaine dans Iaquelle les troupes de la garnifon font leurs exercices annuels & paflent la revue ;\k la droite de cette derniere V 2 ave- Lefiois.  Le Bois. 3C? DafCRIPTIO» DE LA HAYE avenue il y a un grand pare entouré de paliflades, dans lequel on nourrit des daims; on fe fert aulli de ce pare pour drefler les recrues & exercer les troupes par compagnies; au bout du pare efl: la demeure du Garde de la förêe. Les arbres dont le bois efl formé font principalement le chêne & Ie hêtre. Comme on les laifle croitre pour 1'agrément & non pour le profit, il y en a beaucoup de trés anciens & d'une beauté admirable. Ce qui contribue beaucoup a 1'agrément de ce bois, c'eft que 1'art n'y a point g&té la nature; les arbres y font plantés fans ordre & fans alignement , tels qu'on les voit dans les forêts; il n'y a que trés peu d'endroits oü 1'on ait pratiqué des allées tirées au cordeau. Tout ie bois efl traverfe dans fa longueur par quelques rouccv pubüques pour les voicura qui voflt i L-yJi ; a Haerlem & & Amfterdam; il y a des fentiers plus écroits pour ceux qui y pasfent a che*al; mais lürroir. on y a pratiqué des du-mins bien uftermis pour les perfonnes qui fe promenent a pied, avec des bancs de difhnce cn öiihnce pour s'y repofer. "De tout temps on a cu un foin parti- cu-  Chap. XIII. Environs &c. 309 culier de Ia confervation de ce Bois. Au fort mêmede la guerre que Ph ii>ippe II fit aux Provinces confédéïées, hommément en 1574, les commandans de fes troupes leur défendirent d'y faire le moindre dégat. Cependant cn 1575 il manqua d'être entieremcnt détruit. La guerre que les Confédérés foutenoientcontre les Efpagnols cxigeantalors une dépenfe extraordinaire, & Ie tréfor public fe trouvant épuifé, les Etats de la Province, d'accord avec Guillaume I Prince d'Orange, réfolurent defaire abattre tou<- les arbres du Bois pour les vendre a Penchere, & d'aliéner enfuite par parcelles tout Ie terrein. Cette réfolution confterna beaucoup les membres de la Cour de Juftice & ceux de la Magiftrature dc la Ville. Les uns & les autres préfenterent vainement requête fur rcquête pour prévenir 1'exécution de cet arrêt. A la fin ils eurent recours au moyen de la rancon. En conféquence ils s'engagerent a ne pas redemander les cloches de Ia ville, cédées aux Etats de la Province pour en fondre du canon; de plus a ne point répéter les fommes prêtées aux Etats' en 1572 ; enfin a fournir fur le champ mille florins, fans en exiger jamais le remV 3 bour- Lt Bois,  Lt Bois. 310 Dkscripttoïi de la Haye bourfement. Ces offres furent acceptées, & les Etats & le Prince promirent de leur cóté qu'ils ne permettroient en aucun temps quele Bo's füt détruit pour quelle caufe que ce püt être. Cet arrangement fut pris au mois d'Avril 1576, a la grande fatisfaétion des habitans de la ville, & jusqu'a aujourd'hui il a été fidelement obfervé. Seulement en 1673 le Gouvernement fit abattre du coté de la ville pïufieurs des plus gros arbres, pour en embarraffer le chemin, au oas que les Francois vouluffent tenter une entreprife fur La Haye; ce qui cependant n'eut pas lieu. Depuis cette epoque le Bois a été conferve en fon entier; on l'entretient avec autant de propreté que peut 1'être un jardin, auffi Ja promenade y eft elle trés agréable & tres fréquentée dans toutes les faifons, Tout le Bois eft entouré d'un large fofTé & n'a qu'une iffue k 1'Eft pour le grand chemin de Leyde; vers le milieu il a une fortie au Nord & une autre au Sud, mais qu'on ne peut paffer qu'a Sied. II y avoit autrefois a J'entrée du 'ois une Chapelle dédiée a Saint Antoine. Elle avoit trois autcls, & exiftoit •ncore en 1570". Vers  Chap. XIII. Environs 311 Vers Ia fin da Bois a I'Oueft efl fitué le Chateau du Prince d'Orange, nommé la Salle d'Orange, ou la Maifon du Bois. C'eft la Princefie Amélie de Solms qui a fait élever cet édifice fur les deffeins de Pierre Poft, comme un monument a la mémoire du Prince F r É dé r ic - H e n r r fon Epoux. 11 n'y avoit alors que le grand corps de logis, & les jardins ne s'étendoient pas au de-la des grandes allées de tilleuls dont il efl encore entouré. Après la mert de Guillaume lil le Roi de Pruffe prit pofTeffion de ce chateau, & permit au feu Général Keppel de 1'occuper; mais comme par le Traité de partage définitif conclu en 173a, il échut a Guillaume IV Prince d'Orange, Son Alteffe y fit ajouter deux ailes pour le logement de fa Cour, & fit agrandir le veflibule, au deffus duquel eft la Chapelle, oh fe faifoit le fervice Anglican pour la PrincelTe d'Angleterre fon Epoufe. La principale pièce efl la grande Salle qui a donné fon noma tout l'édifice; elle en occupe le ceatre; fa flgure efl pftogone, fon diametre de cinquante pieds de Rhynland, & fa hauteur de foixante jufqu' au comble de la coupole dont Ia voüte de cette Salle eft furmontée; fon parquet efl de V 4 bois La Mat- fon du Boif, LaSaüe d'Oran-  3.ii Descrïptton de la Have La Salle d'Orange bois de noyer; mais ce qui fait la magnificence de cette Salle, ce font les tableaux dont elle eft entierement tapiffée. Ils ont été peints, depuis 1648 jusqu'a 1652 , par neuf des plus fameux maïtres de 1'Ecole Flamande & Hoilandoife qui ont vécu après Rubens & van Dyk; favoir Jacob Jordaans d'Anvers; Theodore van Tulden de Bois - le ■ duc; Pierre Zoutman de Haarlem, tous les trois difciples de Rubens; Ce/ar van Everdingen d'Alkmaar ; Salomon de Bray de Haarlem; Jan Lievenjzd'Utrecht; Pierre de Grebber de Haarlem; Gerard Hondhor ft, de Leyde; Corneille Brizé de Haarlem. Tous ces tableaux en partie hifïoriques & en partie al/égoriques fe rapportent h un même fujet, favoir le Prince F r ederic-Henri, dont ils repréfentent Ja vie & le triomphe, qui donnerent enfin Ia paix aux Provinces - Unies. Ausfi voit-on fur les deux battans de la porte Palhs & Hercule prêts a les ouvrir pour donner entrée k Ia Paix qui vient fermer Ie temple de Janus repréfenté en fculpture fur 1'architrave du bord inférieur de la cheminée. Le grand tableau au deffus de Ia cheminée repréfenté lanaiffancede Frederic-Henri, que Pallas a recu dans fon bouclier des mains  Chap. XIII. Environs &c. 313 mains de Leuife dc Col gni fa mere. Guillaume I fon pere eft afiïs fous un dais loutenu par des génies ; la mort< le menace d'un de fes dards, pour raarquer la proximité de cet événement qui arriva au bout de quatre mois & demi. Ce tableau, dont la comp.>fition, Ie desfin, le coioris & le ciair-obfcur font admirables, eft d E wra ngen. Dans es tableaux fupérieurs des panneaux qui entourcnt 'a falie font marquées les principaics circonftances de la vie de Frederic-Henri. A gauche de la cheminée on voit fon éducation comme Capitaine général, & dans le panneau fuivant fon éducation comme Amiral, tous les deux par van Tuiden; vis a-vis de la porte, au deffus des fenêtres, fon manage avec la PrincelTe Amêlie de Soltns - Braunfels. Ce morceau eft un des meilleurs de Honahorft. Dans le panneau correfpondant au deffus de la porte eft repréfenté Pélévation de Frederic-Henri auStadhouderat, après la mort du Prince Maurice fon Frere; ce morceau eft un des meilleurs de var, Tulden. Le tableau fuivant repréfentc la furvivance du Stadhouderat accordét k Guillaume II, agé de cinq ans A droite du grand tableau eft enco~f V 5 Fre La Salle i'Onnre.  314 DK9CRIPTI0M DE LA HAYE La Salle d'Oran- 1 « < j i Frederic-Henri fbulant aux pieds I'envie, la flatcerie, la vengeance &c, & a gauche du mêr/ie tableau Charles I Roi d'Angleterre, Pere de Mar ie Stuart; ces trois morceaux font encore de van Tulden, & ne Ie cédent point h ceux de van Dyk. A droite du tableau qui eft au deffus des fenêtres on voit Guillaume 11 amenant d'Angleterre Marie Stuart fon Epoufe; & vis-a- vis le mariage de Louife - Henriette fille ainée de F r e d er ic-Henri avec Guillaume - Frederic Elecfeur de Brandenbourg; ces deux morceaux font de Hondhorjl. Enfin le dernier tableau relatif a la familie de Frederic-Henri eft a droite de la cheminée, vis-a- vis du premier relatif ï fon éducation. II repréfenté le Prince Maurice h. cheval accompagné de fon ieune frere, & dans Ie loimain on voit !a bataille de Nieuw- Poort k Iaquelle Frederic-Henri afiifla a lage de 'eize ans; il eft encore du pinceau de i'an Tulden. Dans les tableaux inférieurs des païeaux qui entourent la falie, ainfi que lans Ia grande piéee vis - a - vis de la ftieminée eft repréfenté le triomphe de Frederic -Henri dans tout le coftune d'un triomphe Komain. A droite & a  Chap. XIII. Environs éf ff. 315 a gauche du grand tableau eft dépeint le ccrtege qui précédoit le char du Vainqueur; les joucurs d'jnftrumens; les boeufs pour lc facrifice; le butin & toutes les dépouilles, portées fur les épaules, ou rangées fur des chariots; enfin les captifsavec leurs femraes St leurs enfans; ces morceaux font de de Bray, Zoutman , Grebber, & van Tuiden. Les dépouilles Indiennes qu'on y remarque font relatives a ia conquête du Brejil faite par Jean Maurice de Najfau fous le Gouvernement de Frederic-Henri. Enfin dans le grand tableau qui a vingtquatre pieds de large, & vint - fept de haut, JordaansapeintFrderic-Henri, affis dans un fuperbe char óe Triomphe. La Viétoire tient une couronne de laurier fur la tête du Héros. Le char eft attelé de quatre chevaux blancs, conduits par Palias & Mercure. & fur 1'un des quatre eft monté un jeune homme repréfentant la fatisfactior ou la joye; a droite des chevaux mar chent deux lions, qui expriment la magnanimité & la force; & a gauche deux chiens, emblêmes de la vigila.net & de la fidélité. Guillaume II eft mon té fur un cheval brun a la tête de 1'ar mée qui fuit le char du Triomphateur Lei La SaHe d'Orange-  La Salie (TOran- 1 ] ] ! < c ] j i I r c vj t e 316 Description dk la Haye Les chevaux foulent aux pieds 1'Envie. Au deffus du Triomphateur i'e montre la Paix avec fes attributs ; a droite la Mort menacant le Vainqueur de fes traits, qui font détourncs'par la Renommée. Dans le lointain fe voit un Are de triomphe que des génies ornent de guirlandes defleurs & dc fruits. II reffe encore a décrire fix tableaux, lont cinq ne paroiffent avoir aucune reation a 1'hiftoire ni au triomphe de ? red er ic-H en f i. Dans les panïeaux qui font des deux cotés de la cheninée on voit a gauche les Cydopes dans 'atteüer de fAdcain forgeant des armes >our Encc, cc a droite Venus avec fes ymphes, fe réjouiffant d'avoir recu ces rmes & les faifant fuspendre en trophée. Zes deux beaux morceaux font de van Vulden; Au deffus des Cydopes font :inq des neuf Muf es par Lievensz, & ïs quatre autres au deffus de Fenus par ïyerdingèn, qui dans ce tableau a paraitement imité la maniere de Lievensz. «nfia a Ia droite du grand tableau el Dpréfentée Amèlie de Solms avec fes uatre filles, dont la troifieme époufa n prince d Anhalt-Deffau , & la quan'eme un Comte Palatin de Zimmeten; e tableau e i dc fiandhorjï. A la gauche  Chap. XIII. Environs &c. 317 che du grand tableau, Jordaans a peint le Tems triomphant de 1'Envie. Sur les> quatre trumeaux qui font entre les pi-< laftres qui fontiennent la voute, Brizé a peint quatre Héraults d'Armes, tenant ehacun un grand roüleau de parchemin, fur lesquels devoient fans doutc être écrits les Généalogies des illuflres Families de Najjau & de Solms, dont les Armoiries & les-Quartiers font peints dans le plafond; derrière les Héraults s'élevent de haötS trophéés, formés de toutes fortes d'armes, & auxqutls font encore fuspendus les répréfentations des huit principale? villes que Frederic - H e n h 1 a reprifes fur les Efpagnols. Les compartimens du plafond font du pinceau de Grebber. 11 y a peintdes fujets allégoriques, correfpondants k ceux des tableaux qui fe trouvent fous ces compartimens; c'eft ainfi qu'au desfus de la cheminée eu repréfentée I'Aurore, & au deffus du Triomphe 1'Apochéofe, ou plutót la mort Chrétienne du Héros. II leve fes yeut niourants vers le Ciel, foutenu par la Foi, 1'Espérance& la charité. La coupole eft entourée d'une galerie pour y placer des Muficiens lorfqu'on donne des fêtes dans cette Salie. Au een- La Salle l'Oran-  3»8 Descriïtion de la Haye La Salle d'Orange. i i i t 4 1 ' j i centre du plafond de la coupole la Fondatrice de ce monument a fait placer ion portrait en habit de Veuve, & fur la fnfe cette infcription en latin: Amihe de Solms, Veuve inconfolable a fait élever d Frédéric - Henri Prince d'Orange, fon incomparable époux, ce monument de fa douleur 6? de fon amour éternel, digne de lui feul. Devant la cheminée de la Salle font pofés cinq bul^es; favoir celui de Gitillaümk len bronze; ceux: de Guillaume IV cc de la PrincelTe fon Epoufe, fculptés en marbre blanc par Xavery & parfaitement relTemblans; cc ceux de Guillaume V & de fon Al teffe Royale, auffi fculptés en marbre par Madame Fakontt. La Salie d'Orange ade chaque coté un tppartement compofé d'une antichambre me chambre de lit , un grand cc un petit sabiaet. L'appartement au Sud fert aux mdiences que donne fon AlteiTe Iorslu'elle eft logée a la Maifon du Bois. Fous les meubles de 1'Anti-chambrefont ie la Chine, jusqu'aux lambris cc aux rhaifes; Les deffus de porte font peints >ar Mts. Haag Pere & fils, éc repréentent des oifeaux de Ia Chine. La jrande chambre eft meublée eu beau Pt-  Chap. XIII. Environs &c 319 Pekin; le grand cabinet efl nommé le cabinet de Familie paree qu'il contient les portraits en pied & de grandeur na-, turelle de la Familie de FsedericHenri; ils font tous peints par Hondhor fi dans les années 1652 & 1653. L'enfant qui eft peint fur la cheminée eft Guillaume III. Les deffus de porte font de G.P. Verbruggen, le meilleur pemtre en fleurs de fon tems. Les peintures du petit cabinet font de la main de feue Son AlteiTe Royale. L antichambre & la chambre de lit de 1'appartement au Nord font tapiffés en papier de la Chine & élégamment meu« blés. Le lit - d'ange tendu de Pekin eft entouré d'un balu :re de belle laqué du Japon. Le grand cabinet, nommé le cabinet bleu, offre auffi de beaux tableaux. Dans le grand tableau eft affife Louife de Coligni, en habit de Veuve, ayant un livre k la main; Pallas eft k fes cotés, & 1'Efpérance lui préfente une branche d'Oranger avec une Orange, défignant fon fils comme fon unique efpoir. Un Ange lui montre de la main lè Ciel, & dans le lointain fe voit une partie du Monument érigé fur le tombeau de G u 1 l l a u m e I, dans 1'Eglife de Delft. Ce beau tableau eft de Go- La Salle i'Oran\e.  32o Description de la Haye La Maifon du Bois. v Govnert Flink. Sur les fix portes de ce cabinet font fupérieurernent pemtes, par Ter Burg^h Charité, la Foi, la Jufiice la Prudence, la Force, & la Tempérance. Le deffus de chem'née e peint par Fr ere Daniël Zeegers, de 1'ordre des jéfuites Le. deux premières chambres des ailes font, au Sud la Salle z manger qui ellen (luc, avec trois tableaux repréfentant des bas reliëfs fupérieurement exécutés par le fameux de Wit, dont on admire les beaux Ouvrages du même genre dans la Maifon de Vfile d'Amfterdam; au Nord la grande Antichambre ou font deux beauv portraits de la feue Impératrice- Reine & de 1'Empereur fon Epoux. Les autres chambres des ailes n'ont rien de re riarquable & ne fe montrent point aux étrangers. Derrière la ai fon, il y a un vafte parterre a 1'Angloife; il e ferme des deux cotés par des murailles & ouvert feulement du coté de la campagne, qui offre une vue trés étendue & agréable. A coté de la Maifon, au Nord, il y a un grand bofquet, planté de tilleuls & oh on a ménagé des efplanades ornées de belles "atues. C'elr. dans cc bofquet que leurs Altefies donnerenten 1782 une fu-  Chap. XIII. Envir:ns 6fc. 321 fuperbe fête au Grand - Duc cc a la Grande-Ducheffe de Ruffie. Toutes les. grandes allées & les efplanades furent fuperbement illuminées, & on y avoic élevé en bois pïufieurs fallons pour le fouper. Apres être forti du Bois le grand chemin tourne bientót a gauche & va joindre alors en ligne directe le chemin de Waffenaar. II faut tourner k droite pour entrer dans celui de Leyde; il traverfe les dunes cc par conféquent il eft fablonneux ; cependant c'elf d'abord pendant une demi - lieue une belle allée bordée de Maifons de campagne; ce font enfuite des dunes non cultivées, auxquelles fuccedent encore des allées cc des campagnes, entre lefquelles celle de Zuidwyck mérite une attention particuliere; c'étoit un ancien Chateau que Jean-Henri Comte de IV JJenaar d'Obdam, décédéen 174.J, avoit faitornerde parterres, viviers, bofquets, véritablement maguifiques. Après fa mort fon Fils a fait démolir 1'ancien Chateau pour y klever k fa place une fuperbe maifon, mais dont il n'exüte encore que les alles cc un beau fallon. Cependant les jardins font parfaitemcnt bien entretenus, oc ont recu encore de nouveaux embellisX fc- La Mai- ron du Bois. "hemin ie Leyde.  Chemin au Sud dl Bois. ij 3a i Description de la Haye fements. Un peu avant d'arriver a Zuidwyk le chemin eft traverfé par une allée qui conduit de Wajfenaar au village de Voorfchooten. A 1'Eft de La Haye <5c au Sud du Bois il y a un chemin, nommé Bezuydenhoudfelie Weg, qui eft pavé jufques £t Tavenue méridionale de la Maifon du Bois. Cette avenue efl toujours ouverte & on peut la traverfer en tout temps, même en voiture, pour entrer dans le Bois. De ce chemin il ya deux autres entrées dans le Bois; la première au bout du pare, mais le pont eft fermé par une barrière qui ne permet d'y pafler.qu'a pied ou h cheval; la feconde un peu en deca de la Maifon du Bois, uniquement pour ceux qui fe promenent k pied. A la droite de ce chemin il y a immédiatement au fortir de la ville fept ou huit maifons, dont celle de MxLyonnet eft la plus grande & la plus belle. Un peu plus loin fe voit un CMteau entouné d'eau, nommé Het Huys Ter Noot, d'après fon fondateur Charles van der Noot, Seigneur de Hoogwoude ö* Aartswoude qui 1'a fait batir au commencement du dixfeptieme fiecle. Le poffeffeur arftuel eft Mr Cornet, Envoyé Extraordinaire des Electeurs de Baviere, du  Chap. XIII. Environs 6?c. 3*3 du Palatinat & de Cologne; la proximité de la ville lui permet d'habiter cette agréable demeure en hiver comme en été. Les jardins ne font pas fort étendus. Un peu plus loin k droite s'ouvre une belle allée pavée, ayant au milieu une barrière. C'eft proprement 1'avenue du Chateau de Werve: elle a prés d'une demi - lieue de long, & fe nomme Ooftindifche Laan, Allée Indienne. On peut la traverfer en tout temps moyennantune petite contribution a la barrière, & arriver par ce beau chemin au village de Voorburg. La Maifon Seigneuriale de Werve a été Mtie en 1440, & a fou vent changé de maitrê. C'eft acftuellement un Chateau de grande apparence & dont 1'intérieur e r trés beau. De va' es jardins ornés de grands baffins & de bofquets cn font un féjour charmant. Cette Seigneurie appartient aétuellemept k Madame la Douairière van Pabjl, qui 1'a héritée de fon premier Epoux Mr Jacob van Halewyn, van Werve, en ïbn vivant Confeiller-Fifcal k Suriname. Plus loin encore, vis - k - vis de la Maifon du Bois, il y a une petite campagne nommée le Petit -Loo que le Prince d'Orange a acquife depuis pïufieurs années ; Elle efl fuivie d'une longue allée, X 2 qui Allée Iniienne. Chdteau ie IVetve. Peliu Lee.  VieuxLoo. Canal di Delft. Village de Voorburg. 324 Descrïption de la Haye eft l'aveaue d'une autre campagne nommée Ie Vieux Loo cc qui appartient également au Prince d'Orange. C'eft une ancienne terre Seigueuriale. Le chateau a été démoli & il n'en eft prefque refté que les portes ,• mais les jardins cc les bofquets en font encore fort beaux. Ce qu'ils renferment de plus remarquable, c'eft une trés belle ménagerie, pourvue d'oifeaux cc autres animaux étrangers & curieux; auffi les étrangers ne manquent pas de Palier vifiter. Au delè dacette Terre 1'allée continue jufques au chemin de Vwrfchooten & on peut la traverfer en tous temps fans avoir de péage a payer. Au Sud de La Haye eft le doublé chemin de Delft, favoir le canal pour les barques & ie grand chemin pour les voitures. Le canal qui eftè 1'Eft fe joint au bout d'une petite demi - lieue a celui qui va de Leyde k Delft. Affez prés de La Haye eft fitué è gauche un ancien Chateau nommé le Blnkhorft. C'eft un Fief noble. Le premier pont ( après laquel il y a un joli hameau) eft celui du chemin de Voorburg, village confidérable, & qui paffe pour le plus ancien de toute la Province de Hollande. Du moins il y a lieu de croire que dans fon voi-  Chap. XIII. Environs &c. 325 vóifinage a été un Bourg, fbrmé par les Romains, fous le rêgne de 1'Empereur Adrien. Ce qui eft certain, c'eft qu'en fouillant en 1626 la terre d'un endroit élevé proche du village, on y a découvert un grand pot contenant quantité de médailles Romaines, frappécs lous les premiers Empereurs. Le célebre Box-liorn prétend que ce village a porté dans fon origine le nom de Forum Hadriani. On y a trouvé auffi des pierres travaillées dont les infcriptions font voir que les anciens Bataves ent été reconnus amis & freres du Peuple Romain. Voorburg a plutót l'air d'une ville que d'un village. Sa grande rue a pïufieurs belles maifons habitées par des perfonnes decondition, qui en préférent le féjour a celui des villes. Outre 1'Eglife Hollandoife qui eft extrémement propre, il y a encore une Eglife Francoife qui ne 1'eft pas moins En deca & au delè du village il y a une fuite de Campagnes la plupart peu étendues, mais qui toutes ont de belles maifons & font extrémement ornées; elles s'étendent jufques au canal de Leyde dont elles rendent les bords enchantés, & ce canal leur procure a fon tour un paflage continue! de barques, & de voitures fur le chemin qui fait X 3 1'au- Village ie Vour)urg.  Chemin de Delft. Viilage de Ryswyk. Chdteau de Ryswyh 326 Descriptiojï de la Haye 1'autre bord du canal. Ce chemin conduit k un joli village nommé le Leidfendam, oh une Eclufe obiige ceux qui vont k Leyde de changer de barque. II va dans ce village de bons Traiteurs. Pendant toute la belle faifon, des Compagnies viennent journellement des villes d'alentour s'y régaler en poifion de riviere. Le chemin de Delft pout les voitures s'éloigne infenfiblement du canal, pour s'y réunir enfuite & 1 accompagner jusques k cette ville. C'eft un large chemin bien pavé & bordé d'arbres. A un trand quart de lieue de La Haye a roite eft le village de Ryswyk. Sa fitu&tion eft des plus riantes, & il y a dans fon voifinage pïufieurs belles Maifons de plaifance. Le chemin qui traverfe Ryswyk eft trés agréable & conduit au village de Wateringue, k une lieue de La Haye; c'eft une Seigneurie fort confidérable du Prince d'Orange. Entre Wateringe cc Ryswyk, mais plus prés de ce dernier eft fitué le Chateau nommé ci - devant Belvedère & Nieuwburg, bati en 1634 par le Prince FredericHenri. II efr plus connu aujourd'hui fous Ie nom de Chdteau de Ryswyk. C'eft la que fut négociée & conclue la p aix'  Ge zi&t vA.n i Ha ö Sb-Ve i/tn VS &   Chap. XIII. Environs cjfc. 327 paix qui rendit le repos a 1'Europe en 1(597. Le Chateau a été bati fous la direüion de Jacob van Kampen. II confifte en trois pavillons joints enfemble par deux galeries. L'entrée du Chateau eft dans le pavillon du milieu & fervit pendant les conférences aux Puiffances médiatrices; on avoit ouvertune entrée dans chacun des autres pavillons pour les Puiffances en litige. Le feu Roi de Prujfe polïëda auffi provifionnellement cette maifon jusqu'a 1'an 1732, & elle a été habitée par pïufieurs particuliers. Elle appartient acluellement au Prince Stadhouder, majs elle n'eft plus du tout habitée & on la laifle dépérir. Les jardins qui font d'une médiocre étendue font bien entretenus. Entre,Ryswyk &Delft mais plus prés de cette ville, il y a une Maifon de plaifance nommée Sion, ?[ui mérite d'être* vifitée. C'étoit autrebis un couvent de Chanoines réguliers, que le célébre Erafme a habité dans fa jeunefie. Le Cloitre futabattu par ceux de Delft pendant la guerre avec les Espagnols, & vers la fin du dernier fiecle on a élevé fur ce terrein la belle Maifon qui fubfifte encore, & planté les fuperbes jardins qui 1'entourent. Elle eft poffédée aujourd'hui par Mr. de HooX 4 gen- Chdteau de Rxswyk. Chdteau di Sim.  Chemin de Loosduynen. 3^8 DESCRIPTION db la HaYE gendorp, Magiftrat de Rotterdam. Enfin La H aye n'a pas des environs moins beaux & moins agréables k i'Oueft. C'eft la qu'eft le grand chemin de Loosduynen planté de deuxrangsd'arbres, pavé dans coute fa longueur qui eft d'une bonne lieue, accompagné d'un canal, & bordé de Maifons de Campagne, parmi lefquelles il y en a de trés remarquables par leur étcndue & leurs ornemens. A un petit quart d'heure de la ville, au Sud du chemin, il y en a une trés ancienne nommé Wefterbeek. Guillaume Batard de Hollande, premier Seigneur de Schagen, la fit conftruire en 1430. Dans un Acte de 1453 cette Maifon porte le titre de Seigneurie ; dans d'autres celui de Chateau. Elle a été aufii nommée le Chateau de Vittelvoorde. Elle eft entourée d'eau, & a trés fouvent changé de Maitre. Plus loin & encore au Sud du chemin il y a la Maifon de TVeJtcamp qui après avoit été poiïédée par le céle bre Oldenbarneveld, a été acquife par Mr % de Schuylemburg Confeiller des Domaines de Guillaume lil; celui-ci y a fait élever une fuperbe maifon , & a beaucoup embelli les jardins; elle a paffé depuis par différent es mains. Au Nord du chemin de Loosduynen il y a aus-  (JÏ.SIÖT van ie JüS.OrwERiS-MOX13)r.1v   Chap. XIII Environs &c. 320 auffi pïufieurs belles Campagnes, même fort avant dans les dunes & jufques pré* de la mer. En effet une grande partie de ces dunes a été applanie & cultivée. On y voit de belles prairies, arrofées d'eau vive, ce qui donne dans ce quartier des promenades charmantes & fort variées, qui vont aboutir au chemin de Schevelinge en deca de la barrière. Environ & moitié chemin entre Loosduynen & La Haye on voit au Nord, & a peu de diflance du chemin, les restes d'un ancien village nommé Eikenduinen. Te n'eft a prefent qu'un diftrift dont les madbns font éparfes. Mais ce qui a toujours donné de la confidération a ce village, c'eft la Chapelle dédiée a la Ste Vierge, deflervie originairement par un- des quatre prêtres affeétés a la Chapelle de la Cour, mais devenuc Eglife Paroifïïale en 1326. Dans la fuite on y vint en foule de tous cotés ado rer un prétendu morceau de la vrait Croix. Mais a la Réformation, 1'Eglifi d'Eikenduinen fut jugée inutile & démo lie comme telle par ordre des Etats ei 1581. Les biens qui y étoient affecté furent remis a la direclibn du Receveu des autres biens eccléfiatiques de la Pro vince. Cependant aujourd'hui encor X 5 le Chemin ie Loosiuynen. Eikenduinen. 1 5  33° Description de, La Haye Village de Loos. duynen. les, Catholiques Romains confervent beaucoup de refpeét cc de dévotion pour cet endroit. Sur les reites de quelques mafures qu'on y a laiüees les Payfans d'alentour viennent implorer la proteclion de la Vierge, cc pïufieurs Catholiques de La Haye s'y font enten-er. Loof duynen efl un joli village de moyenne étendue. U eft en partie dans le territoire de La Haye; 1'autre partie appartient a la Seigneurie de Manfter II y eut autrefois une Abbaye de l'Ordre de Citeaux fondée, dit-on , en 1224 par Ft,orent IV, cc fon EpoufeMathilde, ,dre Henri IV Duc de Brabant. L Lglile de Loof duynen qui eft fort ancienne eft probablement le feul refte de cette Abbaye. On ne répétera point ici 1'abfurde hiftoire des couches de Marguerite, fille de FlorentIV, mariée au Comte de Rennenberg. Les habitans de Loofduynen cultivent une quantite prodigieufe de légumes cc de fruits pour la confommation de La H aye. De Loosduynen il y a un chemin , mais aflez étroit & de terre grafle qui ■nêne en droite ligne a Wateringe; maisil / a un détour extrémement agréable pour f arnver, en paftant les beaux villages de  Chap. XIII. Environs 331 de Monfler, s'Gravejande, Naaldwyk &c Honsholredyk ou Honslaerdyk, tous domaines du Prince d'Orange. Ce quartier eft varie de champs, de prairies, de vergers & de belles Maifons de plaifance Honslaerdyk n'eft proprement qu'un hameau qui avoit autrefois une Chapelle, mais il eft devenu confidérable par le Chateau de ce nom, appartenant au même Prince. II a été bati par Frederic-Henri fur le terrein de Panden chateaa des Seigneurs de Naaldwyk. L'Edifice eft quarré, compofé de quatre pavillons en forme de tours, réunis par des galeries. Les appartemens font bien diftribués & étoient magnifiquement meublés. Les cuifines, offices, remifes, écuries, féparées du Chateau, y répondoient, ainfi que les jardins, bofquets ét grand bois, dont le tout étoit environné. Frederic. premier Roi de PruJJe, y a féjourné plus d'une fois, & 1'avoit encore embelli; mais fon fuccefleur en fit transporter les meublcs les plus précieux, vendre le bois, détruirc une partie des jardins , ainfi que les cuifines, offices & écuries ;& depuis 1754 qut ce Chateau eft retourné a la Maifon d'O range, on s'eft contenté d'entretrnir c< que la Cour de Berlin avoit laifï'é fubfifter Lt Chdteau de Honslaerdyk.  331- DfiSbRIPTION DE la HaY£ Auhtr- Le Chateau n'eft plus habité que par le Receveur qui en eft auffi le Conciërge, • & qui en a foin. On y voit encore quelques tableaux & furtout un grand nombre de portraits dignes d'attention. Ce qu'on vient de dire des Environs de La Haye doit fufHre pour convaincre qu'il y a peu de villes dont les environs foient auffi ornés & auffi agréables , & qui offrent des promenades plus yanées & plus délicieufes en voiture, a cheval, ou è pied. CHAPITRE XIV. Avis utiles aux Étrangers. II y a a La Haye pïufieurs grandes Aubergcs. On a déja parlé de Ia Conciergerie, des deux Doelens & de leur fituation; dans le Nouveau Doele on tient table d'hóte. Les autres principales Auberges font i° le Maréchal de Turenne, fitué entre le Korte-Houtftraat & le Nieuwehave, affez prés de la place de la Parade au Sud ; c'eft une maifon trés fpacieufe; le Roi de Danemarc, le Roi de Snede, le Grand-üuc & la Grande-Oueheffe de Rujjie y ont logé; on y tient table d'hóte. 20 Le Parlement d'An-  Chap. XIV. Jvisutiles&c. -333 d'Angleterre dans le Korte - Poote a deux pas de la Place de la Parade a 1'Eft. L'Empereur Jozeph II y a logé; on y tient table d'höce. 30 La Cou- Impériale ( Keyfers-Hof ) 1'ur le Korte-Fyverberg. 4" Le Heere- Logement au coin du Grand & du Petit - Foorhout. Ces deux Logemens font trés agréablement fitués; on n'y tient pas table d'hóte. 5C Le Lion d'Or ( Goude Leeuw j fur le Buyten-Hof dans le coin NordOueft, par conféquent auffi dans une belle fituation; on y tient table d'hóte. 6" II y a une feconde Auberge nommée le Lion d'or; elle eft fituée dans le Hofjlraat, c'eft a dire entre le canal du Spuy & la Porte Méridionale dela Cour. 7U L'Etoile d'or dans leMooleftraath I'Oueft du Nord-einde. 8° Les Sept Eglifes de Rome au commencement du Spuy 011 abordent les barques de Leyde. Depuis Pétabliffement de la Grande & de la Pet-te Société; le nombre des Cafiés a beaucoup diminué a L a H aye, II y en a un fur la Place de la Parade au Sud, nommé le Café Francois, principalement fréquenté par les Militaires. II y en a un fecond fur le Buyten-Hoj au coin Sud-Eft, principalement fré- quen- Aubtf ges. Cafés.  Caroffes de lounge- 334 Description de la Haye quenté par les Avocats, Procureurs, &c. On a auffi a La Haye de trés bons caroffes de louage dont le prix efl limité par le Magiftrat de la Ville ou le Corps de Métier. Se faire mener ou chercher quelque part dans la Ville, fans que le caroffe foit obligé d'attendre, fe paye 1,2 fois. Prendre le caroffe k 1'heure, fe paye Ia première heure 20 fois, la feconde 10. Prendre Ie caroffe a la iournée, en n'allant qu'une feule fois a Delft, Voorbourg, ou la Maifon du Bois, fe paye cinq florins, &la demijournée 3 florins. Aller & venir k la Maifon du Bois, y compris le tems qu'on y refte & qu'on eft obligé de faire attendre lecarofie, fe paye 3 florins; feulement fi on le fait attendre après dix heures du foir, on doit payer encore pour chaque heure 10 fois. Se faire fimplement conduite ou chercher a la Maifon du Bois, fans que le caroffe foit obligé d'attendre, fe paye 2 florins. Les tours de campagne en carofle, en chaife, en voiture a quatre ou a fix places  Chap.XIV*. Avisutiks&c. 335 ces fe payent felon 1'accord que 1'on fait. Outre le Manege du Prince & ceux de la garnifon, il y en a deux a La Haye a 1'ufage des particuliers. L'un fitué au Nord-Oueft de la Ville, derrière le Jardin de la Vielle - Cour; 1'autre fitué au Sud Efl:, k 1'extrêmité d'une rue dont 1'cntrée efl: au Nieuwehaye prés du Maréchal de Turenne. On y trouve a un prix modiqwe de bons chevaux de felle a louer; du moins dans le dernier Manege, en prenant un cheval pour un mois entier on paye fix ducats ; pour un jour, on n'allant pas au de \k de Rotterdam ou de Leyde, 3 florins > une promenade ou un demi-jour dans les environs de La Haye 30 fois; une heure dans le manege fe paye 1 florin. 11 part de L a H ay e pendant toute 1'année un Chariot de Pofle k fix places pour Amfterdam; ordinairement il y en a deux par jour, l'un le matin, 1'autre. 1'après-midi, excepté depuis le 23 Novembre jufqu'au 24 Fevrier qu'il n'eu part qu'un a 9 heures du matin, ainfi que les Dimanches & jours de Fête. L'heure dudépart varie felon les faifonsj on peut s'en infrruire exactement dans YAlmanach de la Cour, oudans le Journal Manéges & chevaux de 'moge. Ohariotde ?ofte ïtur Am» Verdam*  Chirlot de Pofte pour Amfterdam. Barque de Delft. 336 Description de la Haye nal de poche qui s'impriment chez P. F. GoJJe Libraire de S. A. S. ( *). Le prix des 4 premières places efl; ƒ 4 -12 - o par peribnne, & pour les deux places de devant ƒ 4 -1 o - o. Lorfque fix perfonnes ou moins louent un Chariot ue Pofte, elles doivent payer /27-8-0. Les paflagers qui veulent partir avec une Cnaifede Pofte couverte, doivent payer pbur une perfonne ƒ 17 - o o & pour deux perfonnes ƒ 21 -12 - o. Lorfqu'un palfager porte avec lui fur un Chariot ordinaire quelque bagage ou argent comptant, pefant plus de 20 livres, il efl obligé de payer pour chaque livre au deflus de ce poids un fol, & pour un Manteau, fac, cofFre, panier ou paquet prenant la place d'une peribnne, le montant de la dite place. Ce Chariot part du Voorhout vis-a-vis le Tournooy - veld k I'Oueft; c'eft la aufli qu'on s'adrefle pour arrêter des places. II part journellement de La Haye pour Delft, d'heure en heure, mais a la demi - heure, une barque, oh 1'on paye par (*) t.e Journal de piche contiint un Guide pour les Voyageurs trés complet, non feulement pour le< Provinces-Unies, mais aulfi pour les Pays-Etrangers.  Chap.XIV. Avisutües&c 337 par perfonne 2 fois & demi; fi on veut être dans une petite chambre plus propre & vitrée, qu'on nomme le Roef, on paye un fol de plus. Pour avoir le Roef enticr a foi, on paye 8 fois, outre le prix de la barque; & on peut le faire arrêter d'avance. De La Haye k Leyde il part une barque tous les matins a 5, 7, 9 , & 10 heures & demie; 1'après-midi a 12 heures &demie, 2& demie, 4 & demie, &aö heures & demie la derniere 5 dans la barque on paye 7 fois & demi, dans le Roef 10 fois & demi; &pouriouerle Roe/entier 16 fois & demi. tt II part auffi de La Haye des Barques Marchandes, par lefquelles les Étrangers peuvent expédier leur bagage a pet de fraix. . . Pour DeZ/£ tous les matins a huit heures & demie, fur le Veerkaade. Pour Leyde tous les jours a une heure & demie, exceptó le Samedi, qu'elle par k quatre heures du matin. Pour Rotterdam, tous les jours at Veerkade, a une heure & demie. Pour Amfterdam, tous les jours ai Veerkade a trois heures & demie. Pour Haarlem, tous les Vendredi 1 huit heures du matin, fur le Spuy. Y Pou Barque de Delft. Barque ne Leyde. P.arquss Marchandes. i l  Mirckar.i;:. i i j I Dfiart c? Atri- \, vee des y Pcles. I 338 Descriftion de la Haye Pour Utrecht, tous les Jeudi & Samedi a trois heures cc demie après-midi. fur Ie Spuy. Pour Dordrecht, tous IesMercredi 6c Samedi le matin a 5 heures, fur le Bierkade. Pour HelvoetjTuys, tous les Samedi a c:nq heures, fur le Bierkade. Pour Breda, tous les Mardi & Vendredi a onze heures & demie. Pour Bois-le-Duc, tous les Lundi & Jeudi fur le Spuy. Pour Arnhtm, le Mardi le matin a onze heures, fur le Bierkade. Pour Middelburg, Flejfwgue & Veere, toutes les femaines un Bateau, favoir alternativement une femaine le Vendredi i midi, & 1'autre le Samedi a fix heures iu matin. Pour Anvers, Malines, Bruxelles, x Gand, le Mardi une fois tous les juinze jours, fur le Bierkade. II part encore direclement des Barques tfarchandesde La Haye pour pïufieurs utres villes des 7 Provinces; mais on i'a fait mention que de celles qui peuenr intéreffer les Étrangers. On envoye les lettres pour toute YAlwrne & Ie Nord, pour la Suijft, Italië & la T.:rqu:e, deux fois parYeisuae, favoir le Mardi cc le Vendredi , a  Chap.XIV. Jvit utües &c. 339 h onze heures avant midi; & elles arrivent ordinairement ici le Dimanche & le Jeudi après-midi. Les lettres pour YAngleterre, VEco(fe & YMande partent le Mardi & le Vendredi au foir k dix heures; leur arrivée eft incertaine. Les lettres pour la France partent le Jeudi a huit heures du foir, & arrivent le Mardi & le Vendredi, avant - midi. Les lettres pour le Brabant & la Flandre partent trois fois par Semaine, favoir le Mardi k fix heures 1'après-midi le Jeudi & Vendredi a huit heures précifes du foir; les lettres pour la France vont le Mardi & le Vendredi avec la même Pofte, en payant deux fois pour chaque lettre. Les lettres pour YEfpagne & le Portugal partent le Mardi après - midi a cinq, & le jeudi a huit heures du foir; elles arrivent le Mardi & le Vendredi avantmidi. Les lettres pour Overyffel, la Frife & Groningue partent deux fois par femaine, lè Mardi, & Samedi au foir k huit heures; pour la Zeelande, le Mardi a fix heures 1'après midi, & le Vendredi a huit heures du foir; pour la Gueldre avec la Pofte d'Allemagne; pour Y 2 Bois Départ Arrivée des Poftes.  $40 Description de la Haye Bois - le - Duc & Maftricht trois fois par femaine le Dimanche, le Mardi & Ie Vendredi a huit heures du foir; pour Utrecht, ainfi que pour toutes les Villes de la Hollande, tous les jours a huit heures du foir, mais pour Haerlem, Ainjierdam & la Nord-Hollande a neuf heures & demie. Le Bureau Général des Poftes eft placé derrière TEglife Principale, au Nord.