B1LAISE ET BABET» O ü 3LA SUITE DES TROIS FE3LMIERS9 C 0 M E D I E EN DEUX ACTES, MÊLEE D'ARIETTES, Par M. M O N V E L; Repréfentée pour la première fois por les Comédiens Italiens ordi~ naires du Roi9 devant Leurs Majeftés, d Fer/aillest le^Avril & d Paris le 30 Juin 1783. et au College Dramatique aAm~ fierdam, k 10 Novembre 1784. A AMSTERDAM, Chez C^SAR NOËL GUERIN, Libraire. MDCCLXXXIV.  PERSONN AGES, JVL de BEL VAL, Seigneur du lieu. B L AIS E, fils de Delorme & amant de Babec JACQUES, fils de Mathurin. DELORME, Fermier. MATHURIN des VIGNES, Fermier de M. de Belval. LOUIS, mari de Louife. BA BET, fille de Jacques, ALIX, femme de Jacques. LOUISE, fille de Jacques, LE TABELLION. JEANNETTE. LUCAS. PLUSIEURS PAYSANS eT PAYSANNES; La Scène efi dans un Village de la Bretagne.  BLAISE ET BABET, OU LA SUITE DES TROIS FERMIERS, C O M E D I E: ACTE PREMIER. Le Théatre repréfente un Payfage, d droite efl la Mai. fon de Jacques, d gauche, vis d vis de la porie, efl un petit liofquet, oü fe trouve une tabk & quelqu-s chaifes; Babét y efl affife, & fait des boU(,uets, qu"élIs met dans une corbeille. L'aurore commence a parottre. A cóté de la porte de Jacques efl un petit banc de pierre. t SCÈNE PREMIÈRE. BABET, feule. On a ben raifon d'dire que 1'amour efl: un bon ré. veil matin... Et c'eft ben pis, quand k tt'amourJè ,i'fe mêle un p tit brin d'jaloufie. On n'dort pus on s'agite... on eft toujours... Ah, mon Dieu! A mon  C a ) mon Dieu! i'n'fait pas encore jour... & j'ai eu Ie temps d'dégarnir not' jard.n, mais dc l'dégarnir ... qu'on n'y tfouveroit pas tant feulement unetulipe... Et tout ce tintouin-!a, qu'eft-ce qui me le hatlle? c'eft Blaife... Ah! j'ai ben du chagrin!... ftapendant j'crois, fans vauité, que j'fis pas jolie qu'fa Lifetre... Mais j'n'y veust pus fonger, ca m'fachecheroit trop... Achevons nos bouquets... C'eftdemain la Fêce h mon gnnd-Papa... j'Ia lui iouhaiterons tretous- aujourd'dui... Perfonne que moi de la maifon n'y a penfé... Vla des bouquets pour tout Tmonde.., En Pra^-je un pour Blaife?... Pauvre Babet! ... tu te confultes... & tu en meurs d'envie.allons... fai-, fai»... c'eft un p'tit mo^ ment de plaiflr, il faut en profiter. R O M A N C E, C'eft pour toi que je les arrangejj Cher Blaife, recois de ISabet Et la rofe & la fleur d'orange, Et le jafmin & le muguet. N'imite pas la fleur nouvelle, Dont 1'éclat ne dure qu'un jour, Que ta flamme foit èternelle; Pour moi ma vie eft mon amour, II. COUPLET, Si je ceflois d'être la même, Si mon teint perdoit fa fraicheur, Ne vois que ma tendrefTe extréme, Ne me juge que fur mon cceur. Souviens toi que la fleur nouvelle Ne vit & ne brille qu'un jour, Mais qne ma flamme eft éternelle; Pour moi ma vie eft mon amour, Le méchant! hier au foir il m'avoit tant promis qu'au point du jour, i's'roit fous mes f'nêtres.' Voyez comm'il arrivé'... J'entends du bruit... je crois q'c'eft  ( 3 ) 9 qVeft Wv -eh ben j'aurai ma revanche... . T m'as fait atteiune... attend.' a ton tour.. Tu m fais endêver... endève, endè-e. ( Elk ramaffe les Bouquets £r k refte des Fleurs, reme^ le tout précipitamment duns la corbeilk, rentre thez el k, & ferme brufquement la porte.) SCÈNE II. B L A I S E, feul, arrivant tout ej/oufflé, £? s'efiiiyant k front. JBabet?... Babet?... Ba! c'étoit ben Ia peine de courir fi fort... de fe mettre hors d'haleine... Moi oui avois fi peur d la faire attendre... elle dort encore... ï'n'eft pas étonnant qu'al' n'foit pas éveillée... Stapendant je n'dors* pas , moi... Et m'eft avis qu'i' n'fait pas pus jour pour moi, q'pour elle.... Et m'vla... fte p'tice ingrate!... p't'être qu'a préfent al'penfe a Nicolas... Hier pendant pus d'une demi-heure elle a jafé avec 1'i. J'faifions fem« blant d'caufer avec Lifette, & j'prêtions 1'oreiIIe d'leur cöcé tant que j'pouvions... I'n'm'a pas été poffible de rien entendre... Ah! j'ai ben du fouci. (11 fait quelques pas du cêté de la porte.) Ecoutons... J'n'entends rien... Faut 1'appeler. A R I E T T E. Babet.... c'eft moi; Réveille toi. Babet, Babet, c'eft ton amant fidelle. Réponds-moi donc, viens, Ceft moi qui t'appelle. Drès i'point pu jour, j'viens tout courans Pour t'apporter ce biau ruban. A a II  C 4 ) Il eft d'la couleur qui t'plait tant. Si t'fait plaifir, f'en s'rai ben aife; Viens ie r'cevoir des mains de Blaife. / Tu n'viens pas, & v'la 1'jour, J'n'aurons pas 1'teraps d'parler d'amour. . A1'n'pai'ofc pas.... Ah f que jVrois en colèrei ü je n Jaimois pas tant!... Mlle. Babet... Mlle Babet. . vous êces ben jolie... Mais fi vous n'venez pas bentót. Blaife s;en ira... Oui, j'vas m'en aller,... C eft dit... j'vas m'en aller. (// va s'afeoir fur un banc de pierre qui efl d cêté de let porte, defous lafenétre ) Quand |a!' s'éveillera, al' ouvrira fa f'néfre.. Uuvre, ouvre... II n'eftpustemps, Blaifeefien allé. {Babet ouvre tout doucement le volet de fa fenêtré) Al' s'ra ben attrapée... Mais je 1'ferai auffi, n10;; e eft ce qui me fiche. 5 {Babet lui jetteune fleur; il ne fait pas femblam de s'en appercevoir ) Ah! Ia v'la k la parfin. SCÈNE III. BABET, BLAISE. Babet. Blaife? B t a Ix s e. Oh! g'n'y a pus d'Blaife pour vous, Mamfclle. Babet. Eft-ce quMl n'm'entend pas ? M'eft avis pourtartt que j ene affez haut:.. Blaife ? Blai-»  C 5 ) B l a I s Et Non,morguenne, je n'Ievrai pas Ia tête,,.. quoi* qu'j'en aye ben er vie. {Babet fe retire; Blaife ? après un inftant de coh-> tïaintè, léve doucement la tête ') Al' a fermé la f'nêtre?... C'eft perdre bientötpatience... & a prés 5a, al' dira qu'al' m'aime. {II fe retourrie, appergoit Babet d cêté de lui; il a un mouvement de joie, mais tout de fuite il reprend Vair piqué ) Pardienne, mamfelle, c'eft ben joli... Vous m'donnais rendez-vous hier au foir... Il y a une heure que j'cis ici.:. Une bonne heure que j'crie, Babet, Babet... Enfin une heure que j'm'égofille... fans q'ca me profite de la moindre chofe. Babet, d'ün air affez indifférent. Faut croire, monfieu, que je n'vous ons pas en* tendu. B l a 1 s e. j'ons flapendant crié afTez fort; & fi j'n'avrons pa» eu peur de réveiller ton Père & ta Mère, j'aurions encore crié ben autrement. Babet. Dam'!.. faut ben qu'chacun ait fon tour... Quand on m'fajt attendre, j'prends ma revanche... Oh! je n'fis pas ingrate, moi. B i, a I s e. Et moi auffi, mamfelle, j'prends ma revanche. D'abord... foyez füre que j'fis ben faché, ben en colére contre vous, & tenez... Je n'fais pas comment vous m'avez trouvé encore ici; car j'crois que j'm'étois en allé. Babet. Vous auriez tout auffi ben fait, monfieu; car je a'm'appercois tant feulement pas q'vous y êtes' A 3 BtAI-r  ( 6 ) B L A i s e; voyant le bouquet que Babet tient cachê fous fin tablier. Qu'e qu'c'eft que c'bouquet la, mamfelle? Babet, retirant ie bouquet de deffbus fin tablier. C'eft un bouquet > monfieu. B l a i g e. 11 eft d'bon matin pour en recevoir ou pour en donner. 1", "\ > babet- GnVa d'bon matin qui tienne, quand les chofes font plaifir ( Elle voit le ruban qui fort de la poche de Blaife) Poimiais-votis m'dire quoiqceft q'c'ruban-la, monfieu? B l a i s e. C'eft un ruban, mariifelle. B a b e t. rm'p3roit q'pour en donner ou pour en r'cevoir. le bon matin n'vous faiE rien. B L a i s e. Mais com' vous dites, quand les chofes font plaifir, 1'heure n'yfait rien. Babet. II eft d'une jolie couleur Le mettrez--»vous a vot' chapiau... ou ben fi j'aurois 1'plaifir de 1'voir furla tête de Lifette? B l a i s E. II efl: d'taille 1'bouquet Nicolas 1'port'ra k fa bouronnière... ou j'aurons Ia fatisfaction de 1'voir a vot' cöté. Babet. Mais v'la 1'jour venu tout k fait. Va 1'heure oü le* filles du village mènent Ieurs troupeaux dans Ia prairie. Lifette y s'ra; m'éft avis q'vous n'êces pas ben ici, monfieu. B la  ( 7 ) B L A I S E. J'penfe com' vous, mamfelle. (Ils marchent comme pour s,en aller, & fe trouvent l'un è cêté de l'autre au milieu du ihéatre') DUO. E L A I s E, foupire. Ah! babet, foupire. Ah! b l A i s e. Vous qui m'aviez fait ferment De m'aimer tendrément. Vous devenez infidelle. BABET. Vous qui me juriez fi fouvent De m'aimer conftamment, A vos yeux Babet n'eft plus belle. B L A I s e- Non, Babet, tu n'es plus belle, babet. Je n'fis plus belle! Allez, perfide amant. B L A I S e. Blaife un perfide amant! BABET. Porttz donc le ruban bien vfte. B L a i s e. Nicolas attend le bouquet. babet. Mais allez donc bien vite. b l a i s e. Oh! j'vous entends, raamfel' Babet, II vous tarde que je vous quitte. Adieu, adieu, mamfel' Babet. babet. Vous reflez 1 que dira Lifette? Uil-  C 8 ) b l a i s e. Verriez-vous venir Nicolas? babet, Ah! s'il v'noit, que j's'rois fatisfaite! b l a i s e. Eh ben, mamfel', moi je m'en vas. T Q U S DEUX. Cceur infidelle , coeur volage, Ne vous gênez pas davantage. b l a i s e. Babet, vous pleurez. babet, C'eft que j'n'y penfe pas. Mais vous pleurez aulïï. b l a i se. C'eft que j'm'en vas. babet. Lifette a donc pour vous bien des appas. b l a i s e. Et vous n'aimiezvous pas Monfieur Nicolas? babet. Je 1'aimions d'fi bon courage! b l a i s e. Adieu donc mon manage. ENSEMBLE. Cceur infidelle, coeur volage, Ne vous gênez pas davantage. Cceur infidelle , cceur volage, Ne vous gênez pas davantage. b a b e t. V'la Pbouquec, cceur infidelle. b l a i s e. V'la 1'rubaii, coeur endurci. II étoit, il étoit pour elle; 3 a'  r 9 ) babet. Je ne 1'avois faii que pour lui. tous'deux. Cceur infidelle, coeur volage , Ne vous gênez pas davantage, SCÈNE IV. BABET, feuk. , méchant, va, je nVzJme pas... j'fens ca; car, j'fis d'une colère.Si j'les rencontre jamais, lui & fte p'tite Lifette... je n'fais pas c'que j'leur f'rai. {Elk ouvre la porte de la ferme, & reprend la corbeille. J'm'en vas ferrer tout ga. ( Elle regarde de tout cóté, comme fi elle cherchoit une ■place pour dépofir la corbeille ) Qui eft-ce qui auroït dit ca de lui? .. * Eh ben! autantc'en s'roit, fi j'étois fa femme... Ou's que j'vais donc avec fte corbeille?... 11 m'a fi fort partroublóe, que je n'fais pus c'que j'fais, {Elk pofe la corbeille h terre, & regarde le bouquet, objet de la difpute, qiielle a toujours tenu d la main) Le voila, c'maudit bouquet. {Elle s'attendtit') ]e 1'avois fait pour toi. ; ( Elle le jette dans la corbeille avec dépit) Tu nTauras pas. {Elk regarde le bouquet, k reprend; fa voix efl ètouffée par les fanglots, cjj5 d la fin du couplet, elle re* jette le bouquet dans la corbeille) II n'y a pas une fleur la-dedans qui n'm'ait fait penfer & toi... Va donner ton ruban, tu n'auraspas B mon  C 10 ) mon bouquet... je n'en f'rai pus pour toi... j'n'en f'rai pus de ma vie. . JYaimois.... eh ben, je B-'t'aime pus... J'te hais; j'ce détefte; je n' sjapas ta femme ... tu n'f'ras pas mon man'... peut ■ être que j'en mourrai d'chagrin... tant mieux... j'varrons comm'cu prendras ca. SCÈNE V. A L I X, BABET. A l i X. 3Sh ben,p'tite fille, quoique vous faites donc Ia? Que qu c'eft donc q'toutc'tapagedefleurs? Ah,mon JJieu! que d'bouquets!... £h mais!... quand ce s'roit pour une noce... Quel étalage! queu confufion .' Ah! j'm'appergois ben q'ma pauv' Louife n'eft pus ici...' c'eft ftelle-la qui me reiTemble, qui a riTordre. Ehben, mamfelle, parl'rez-vous?... me direz-vous c'que tout ga fignifie? A cinq heüres du matin, avant qu'i gn'y ait perfonne de levé!... Al' n'parl'ra pas, au moins, n'parl'ra pas. Babet. Mais, ma mère, comment voulais-vous que j'parle? vous pariais toujours. A l i X. S_;e p'tite impertinente.' j'parle toujours ! j'parle toujours!... Eft-ce que tu voudrois faire com'ton Père? m'empêcherde parler? heim? j'voudrois voir 9a... Paix, mamfelle, paix; veux-tu ben te taire? • Babet. Eh, mais je n'dis rien. A l i x. Ca ne fait rien, tais-toi toujours.... Eh bën» pou^rois-je ti favoir a quoi qu'tout 5a doit farvir? Ji A.  ( I! J Babet; Mais, mamère, vous avois donc oublié. A l I X. Oublié! oublié! moi? eft-ce que j'oublie queuque choie? qu'eü-ce que j'ai oublié, p'tite raifonneufe? Babet. Et la fête k mon grand-Papa. A l 1 x. Heim? Babet. De qui eft-ce la fête demam? A l i x. Ah,monDieu! j'ctois q't'as raifon... Eh, oui, t'asraifor, mon enfant; viens, que j't'embraffe... le 15 de Juillet... c'eft demain la fête de c'bon P-ipa... eh ben, j'n'y avois pas penfé... c'eft q'j'ai tant d'aflaires... car, Dieu merci, ton Père, toi, toute fte maifon, vous me baillez un tintouin, une peine... faut avoir une tête comme la mienne pour y t'nir... ce pauv' cher homme! queu plaifir il aura de r'cevoir nos bouquets! ah! j'l'i baillerai 1'mien de ben bon cceur. Babet. Mon Père 1'a oubliée auffi. A l 1 x. Ton Père? ah! pardine, je 1'crois ben... Si je n'penfois pas a tout ,moi... Ton père, ton père!.. Eh mais, Babet, qu'as-tu donc? t'as l'air trifte,t'as les yeux rouges... t'as pleuré, mon enfant. Babet. Oui, ma mère, j'ai pleurè. A l 1 x. Et pourquoi? Babet. C'eft Blaife qui en eft caufe. B 2 Atix.  ( «* ) A l i x. Comment donc? conte-moiga, ma p'tite Babet. conte-mol ga. r Babet. Vous faurez donc, ma mère, qu'hier aufoir... A t i x. .Eh mon Dieu! c'eft tout fimole... j'devine, j'devine... gn'y a toujours du grabuge entre les amoureux... maïs on s'rac'mode Babet. Non, ma mère, j'fis fkhée pour toute ma vie, A l i x. C'eft donc ben férieux? Babet.. Oh oui, & je n'veux pus m'marier. A l i x. Prends garde a c'que tu dis la, au moins. Babet. J'veux refter fille. A t i x. Ca n'eft pas poffible. B abet. J'en fais ferment. A l i x. , Mamfelle, i'n'faut jamais promettre c'qüi n'dépend pas d'loi de L'nir. Babet. Blaife eft un perfide... il en conté k Lifette. A l i x.: Et d'oü fais-ru ga? Babet. JTai vu de mes propres yeux. At ix.  C 13 J A l i X. Ah! Ie p'tft fcélérat! Babet." Et pas pus tard qu'hier... tenez, ma mère., - CHANSON. Life chantoit dans la prairie, En faifant paitre fon trbupeau; Blaife, h fa voix, bientót marie Les doux fons de fon chalumeau, Le fripon fuivit la coquette, II la fuivit jufqu'au hameau, En effayant fur fa mufette La chanfon, que chantoit Lifette. //. COUPLET. En s'en retournant au Village, Elle lui jeta fon bouquet. II le refufa; mais je gage, Pour le remettre a fon corfet. II le rendit a la coquette, L'attacha d'un air fatisfait, Et répéta fur fa mufette La chanfon que chantoit Lifette. III. C O P L E T. Le foir on danfa fur 1'herbette; Blaife & moi nous danfions tous dcuxj Mais il me quitta pour Lifette Qui vint fe mêler a nos jeux. 11 s'en fut avec la coquette, Le plaifir brilloit dans fes yeux. En eut-il eu, fi fa mufette Neut jamais fait chanter Lifette? A L I X. Ma pauv' Babet!... ma pauv' p'tite Babet! & B 3 t'as  C 14 ) fas rouffert ca... Allons, allons... j'devions faire vos fiangailles dans la feraaine; v'la qu'efl fini, pus de manage... je vas trouver le Père de s'p'tit libar' tin. r Babet. Ce s'ra ben fait. A l 1 x. *3 J'T' dJS?i: voc' fils eft uu vaurien qui en conté a toutes les filles, Babet. leSJiSlÊc mUfe"e P°Ur ftell£"Ci' dU flage0' A l i x. Ma fille efl ma fille; il lui faut un mari a eiletoute ieule, entendez-vous, M. Delorme ?... Oh' n'ave pas peur; tu n'l'épouferas pas. B a b e t. J'en ferois ben fachée. A l 1 x. Faut avertir ton Père d'53, & fur 1'champ.... j us d une colère... r Ba bet. Ma Mère, v'la M. Delorme... Blaife efl avec SCÈNE VI. DELORME, BLAISE, A L I X, BABET. B L A I, S E. !w 6ww) Eabet, Alix... ( paroi/Tant^ Cus qu'al ont dorc fourrèes ?... Ah < Voufv'Tf i g'ny a une heure que j'cne comme un fourd • eft J que vous n'm'entendiris pas 9... C'eft -ni *„,re^Tant mieux, j'déjeü'n rons entoLTCSS Delorme. Oui, j'fis arrivé a temps pour me faire gronde. J AC.  C 19 > Jacques. Eh ben, tu m'as fauvé ga. Al' s'eft levé avant moi; t'es le premier qu'al'a rencontré, t'es le pre. mier qu'al a grondé;c'eft tout fi.nple,une autre fois j'aurai mon tour .. Oh! c'eft une femme qui a dc 1'ordre, rien d'pardu avec elle, tout fe r'trouve. A L I X. Faut conv'nir que j'fis un efprir ben difficüe, une humeur ben incommode, une femme avec qui onne fauroit vivre. Jacques. Eh non, morgué, je n'dis pas ga. G'ny a prés d'quarante ans que j'fis au monde, quoiqu'i'gni'en ait dix-neuf que tu fois ma femme;... tu m'grondes: mais je n'm'cn porte,pas pus mal, tu m'boudes: mais j'n'en perds pas 1'appétit, & pourvu q'ga dure encore une cinquantaine d'aniiées com'ga, j'te laifibns tes coudées franches. A R I E T T E. Ah 1'bon temps! quand tout le long du jour Nous nous faifons l'amour! Ah! Ia lnponne! Comm'al' faifoit la bonne! Mais a préfent, C'eft un peu différent. Toujours grondant, toujours criant, Con trarian t, d éraifonnan t, Al' vous fourit, al' vous tracafle; Al' vous boude, al' vous embraffe , C'eft un mouton, C'eft un démon. Mais maugré fa, j'faifons bon ménage; Pourquoi cela? c'eft que j'nous aimons bi»n. Quand je 1'entends gronder, crier faire «page, Tout cela ne me fait rian. Quand on le veut, femme s'appaife. l'»i le fecret d'la rendr' bien aife. C 2 C'eft  C 20 ) ■ C'eft &n multipliant les tendrefies, C eft en multipliant les carefles, Vu on mer fa femme a la raifon, Qu on a la paix da#s fa maifon. A t, i y, N'éoontais pas ca, M. D'Iorme... Fi! q'c'eft vi- dé? hen End?a °"C 8'n'ya queuquechofè de ben pus important fur 1'tapis; Babet refte rille. Jacques. Ah, ah! c'eft fort, ca. Delorme. Et Blaife refte gnrcon. Ja c q u e s. Ah ca, plaifantais-vous? D e l o r m e- Non, morgué, tout eft rompu... & chacun d'fon compère? qU1' JU'" P13™' T'entends ben (II fait des fignes a Jacques) J a c que 5. tenCd°s^TsCnt! BJaiTe & Babet— Eh non> ie n'e* De lor me, continuant de faire des fignes. Gommen t! tu n'concois pas qu'ils s'aimiont, & quil nsaimiont pus? Stapendant, c'eft ben facile a comprendre. (Ilfait encore un fïgne) Jacques. Ah , oui , oui... J'comprends k préfent... Eh ..VV la,3,u'efl donc dit*«. Not' femme, fais-tu fi not bon Pere eft levé? Faut aller 1'i dire bonjour; « pis nous déjcün'rons. Alix.  ( =1 ) Alix. Je n'fais pas s'il eft éveillé ; mais nos bouquets fout prêts toujours. J a C Q_ ü E s. Des bouquets] & pourquoi? A l i X. Queu quantième eft-ce que j'tenons aujourd'hui? Et queu fête eft-ce demain? Ja c q_ u e s. Ab, jarni! tu m'y fais penfer; c'eft celle de not" Père. Delorme. Morgué, oui, c'eft fa fête. Mais n'faut pas croire que g'ny ait qu'vous qui y ayez fongé. En venant ici, j'ons trouvé une bande de jeunes gens... Ce foir... vous varrez. Jacques. Femme, faut des Ménétriers... Q'j'allons nous en donner! A l i x. Et moi donc ? Com' j'allons danfer! Com' j'allons nous tiémouiTer!. . .Compere , j'vous retiens , vous s'rez mon m'neux, vous n'êtes pas com' lui, un grand indolent, qu'un rien fatigue. Vive Alix! nitravail, ni tracas, ni peines, rien rfla rebute... Mais auffi 1'plaifir... Oh dame! quand i' s'préfente, j'en laifie pas ma part aux autres... (A Jacques) Ah! t'auras beau dire... Mais laiffemoi donc, ma femme, j'fis las... Oh ! faudra q'tudanfes, & tu dans'ras. j a c q_ u e s. Ehben, ma femme, j'dans'rons,Compère,j'nous r'layerons... S'ras-tu contente? Alix. Ah! v'la not' bon Papa. C 3 SCEï  C « ) SCÈNE VIII. MATHURIN, DELORME, JACQUES, ALIX. J a c Q_ u e $, V ous v'la habillè de bonne heure, mon Père! Uus que vous avez donc été? De L O r m e. Bonjour, M. Mathurin. M a t h u r i n. (Il les embrafe) beH?on J°Ur ' 'neS am'S' JC VieDS d- chez Ie Ta" J A c Q_ U e s. De chez Ie Tabellion? Et pourquoi ll matin? Mathurin. de^dval1315 ^°Dï ^ h'er 3U r°ir Une Iettre de M' Les trois autrei. De not' bon Maltre ? Ma t h u r i n. Eh oui, Ia v'Iè, & j'allons la lire en déjeünant. Jacques. ; Allons, femme, apporte-nous adéjeüner; apporte deux bouteilles. M a t h u r i w. Apporte-en trois, ma fille, & du bon; il en faut aux vieillards. SCE-  C »3 ) SCÈNE IX. MATHURIN, DELORME, JACQUES^ Mathurin. JE/t oü's qu'eft donc ma p'tite Babet?... & Je p'tit Blaife? J a c q. 'o k s. Ma fi, j'n'en fais rien. Delorme. Ils font chacun dans un coin a s'défefpérer... Ils font brouillés.... Le mariage eft rompu. M a t h u r i n. Ba! Et pourquoi 9a? Delorme. j'n'en fais rien, ni eux non pus. Alix eft ben en colère contre mon fils, & al' n'fait pas non pus pourquoi; maïs al' va toujours fon train, com' fi al* avoit d'bonnes raifons. Mathurin. Et toi, Jacot, ru n'devines pas c'qui les chaerine, ces pauvres enfani? 6 Jacques. Non, ma foi; Delorme m'a fait figne, & i'ai dit com' lui. 1. U,L Delorme. G'oya d'la ja'oufie fur jeu; Sa f'roit le tourment dleur vie, fi on n'y mettoit ordre; Sc, pour guérir, faut les laifier fouffrir un peu. Mathur 1 jf. Sont-ils ben furieux 1'un contre 1'autre? De-  C 24 3 D e l o x m e. Oh, furieux! M a t h u r l n. Difent-ils qui n's'aimont pus? Delorme. Saus doute. Mathurin. Bon! avant la fin du jour ils s'ront raccommodés. SCÈNE X. ALIX, MATHURIN , DELORME, JACQUES. Alix , 'fitivie (Tungarcon qui tient des verres , des bout ei lies, &c. 'la le déjeüné. Mathurin. Allons, mes amis , affeyons - nous fous fte feuilIée-... buvons & Iifons. Delorme. Jarni! la bonne matinée! d'bon vin, & une lettre de M. de Belval. j a c q_ u e s. ^■Qvons & lifons. Alix. j'parie que j'devine c'qu'il nous écrit... j'gage q'c'eft au fujec... Ecoutons, écoutons... paix, paix, paix, tout 1'monde. Mathurin, ouvrant la lettre. 11 a mis des lunette s pendant qu' Alix parloit. Voyons. (27///. „ Mon cher Mathurin, mon b  ( 25 ) & vieux ami, j'ai une excellente nouvelle a vous „ annoucer. Commj vous m'aimez , je fuis für que vous partagerez ma joie. Je viens_ de gagner „ le procés qe n'fache fa faftfon" 1,b°Ut dC m°D doigt' Ab! queu fatis" M a t h u r i k. Laiffe moi donc achever, ma fille. (11 Rt) Mais " J ex'ge ce foit Blaife & Babet qui conduifenta s, lautellesnouveauxmariés, & que ce foit par eux s, que corcraer.ee la cérémonie; &, pour dot, ie leur s, donne deux années du revenu de ja terre donc s, vous êtes Fermier. D e l o r m e. Le bon Seigneur! Alix. Vous-trouvais 9a, monfieu D'lorme?... Ehben! ces deux années de r'venu-la ne s'ront pas pus pour vot' libartin d'fils , que ma Babet: c'eft une affaire finie q'ga. Mathurin. Allons, ma fille, allons, ne t'fiche pas. Alix. Me facher! aujourd'hui! $a n'eft pas posffble. cher Pere. * Mathurin. Tant mieux, mon Alix , tant mieux. (11 fo\ „ Vous me verrez peut-être piutdt que vous ne „ peDfez. Adieu, bon Vieillard. Pierre, Jacques „ Alix, Louis & Louife , aimez toujours celui oué a, fera toute la vie votre ami, M . e Comte d e Belval ' T OU S. Ah, quel maïtre! quel bon maïtre! SCJS- SCE-  ( 27 ) SCÈNE XL LES PRECEDENS, BLAISE. B I, A 1 S E. ÜML*on Père, mon Fère, v'la Monfeigneur... v'li iouc le village, Am Elk arrange fa coijfure* Déja!... Ah mon Dieu, mon Dieu! ... Babet... Babet... eh.' allons donc... v'lk Monfeigneur. SCÈNE XII. Lesprécédc.its, M. de BELVAL, PAYSANS & PAYSANNES. CHOEUR DE VILLAGEOIS. 'C^ue chacun de nous s'emprefle A r'cevoir not' b >n .^ei :ueur. Je fomm' tretous dans i'alégrefle. Je le r'voyons; ah I tjuel bonheur! En nous comblant de fes bienfa>'ts, II rend tous uos vceux fatisfaits! Pour fes enfnns, que f'roit-il davantage? A le r'garder en pèr' tout nous engage. II vient combler tous nos fouhaits. Qu'il vive-a jamais. D a LES  C 28 ) LES JEÜNES FILLES & LES JEUNES GARCONS. Je vous r'mercions, not' bon Seigneur De nous mertre en ménage; ' Toujours d'Ia paix & dn bonheur Chez nous s'verra 1' image. Viv' not' Seigneur, qui vienr combler tous nos fouhaits' Qu'il vive a jamais. M. de B e l v a l. Mes dans amis, |e fuis bien ienfibie • Patmtfè que vous me témoignez; mais ne me parlez point de reconnoiilance; je fuis affez payé de ce que je fais pour vous, fi vous me regardez toujours comme votre père & votre meiütur ami. Jacques. Ah\ Monfeigneur, faudroit être ben iagrat Dour Ee pas vous aimer. s e Alix. Certainement; & tout 1'monde peafe de même oans 1 village; pour moi d'abord, monfeigneur, moi quand j'penfons tant feuiement a vous.,. Ip'ccgur Knc'w mu bat,JV Ah! juSez c,c!ue c'eft quand 3 avons 1'bonheuf d'vous voir... oh da*rj i iVnv? pas com' ca. 6 * M. be B X l v a l. Ma chèreAlix, je fuis bien aife de vo^is vois autant d'attachement pour moi. Blaise,» part. La parfide! al n'me r'gard'ra pas, non. |B a B e t, a part. Voyons s'il fait les yeux doux k Lifette. M. de B e l v a l. Mais Pierre, Louis & Louife, je ne les vois point* Jacques. lis habitent h préfenc la ferme de Mathurin. Aliï,  C 29 > A r i x. J'm'en vas vous conter ga, not'bon Seigneur.... Vous fentez ben qu'd l'&ge de not' Père, ü !'i faut tous nos foins... & j'nous en acquittons... oh dam'! de tout not' cceur, &, pour que rien n'l'i manque, j'lavons prié de -*nii demeurer avec n>.us ; c'qui faic qu'è préfent c'tft rnoR frère Pierre, Louis & ma Louife qui font valoir la ferme que vous aviez coufiée a Mathurin. II y a fix moisqu'ils y font, & vous voyez ben que v% la caufe pourquoi i'n'font pas ici, Jacques. Mais not' femme, monfeigneur 1'fait ben; j've* ïïods de 1'i dire. Alix. Monfeigneur 1'fait? J'parie q'non... nfft-ce pas, monfeigneur, q'vous n'l'avez pas que j'fis grand'mère ? M. d s B e l v a l. Non , je ne le fa vois pas. Alix. Tu vois (d Jacques) ben que j'avois raifon.... (d M. de Belval) Eh! vraiment oui, j'fis grand'mère. II y a fix femaines que ma Louife nous a baillé un joli p'tit marmot, a qui j'apprendrons d'bonne heure a vors aimer, ni pus ni moins que j'faifons nous-mème5:. M. ' d e B e l v a l. Je vous remercie, dame Alix, & je vous fais mon compliment, mes arms ; ie vois avec grand plaiür s'augmenter une familie d'honnêtes gens. Pour vous , ma petite Babet, je me fouviens de ce que je vous ai promis. Blaife & vous, vous ferez k la tête des filles & des gargons, & vous ferez mariés les premier. Vous vous aimez bien, & vous ferez un couple charmant. Babet, Ah! Monfeigneur... D 3 , M. DJi  ( 30 ) ' M. d e B e l v a l. 1 Qu avez-vous, mon cufant? Blai.se. Ah! fi j'ofois. 3. Alix. ; Ne t'liatte pas d'ca, p'cit vaurien» Jamais,, non, jarpara cu nTcpouferas; & j'vas dire a Monfeigneur q tu n'es qu'un hbartin... Oh!... Tu verras - tu verras com' je t'arrangerai. B l a i s e. Eh ben, vous verrez auffi. .r Alix. x u raifonnes, je crois. D e l o r m l'aix donc, monfeigneur eft la,„ M. de B e l v a l» Ma chère Aiix, modérez-vous, je vous en pfie. Vous affiigez ce pauvre garcon. < : P A l i x. , Vous ne fayez pas de quoi il eft eapable. monfe'gneurj & fi je vous difois... * M. de Belval. Vous me le direz dans un autre moment ffies^amis... Allons tous chez M, IeBailli, póur les fix mar.ages que 1'on ferace.foir. Enfuite vous me iuivrez au chateau, bÖ nous ne nenferons qu'a nous réjouir. Vous partagez ma jcie', je veux partager vos p.aifirs; & pou. cónfölër ceux qui ne icront pas cno.fis, je ieur promets qu'ils auront leur tour l annee prochaine. T O U' S. < Ah! Ie bon Maïtre. (lts fortent toust ft chaiitant une pmie du Chceur qui eft d l'entrée du- Séigtèur ) Fin du przmisr Aüt,. - AC-  ( 3i ) • ACTE II. Le Thèaire repréfente Pavenue du Chateau de BflyaU On voit le Chateau dans le fond. SCÈNE PREMIÈRE. M. d e li E L V A L, JACQUES, & MATHURIN. M. de Belval. HT'étois impaüent de me trouver feu! avec vous, mes bons amis... Le Bailli, tous les Habitans du village, m'ont entouré pendant 'le chemin, &jen'ai pu me réfoudre a les affliger en me féparant d'eux. ] a e q u e s. Etre auprès de vous, Monfeigneur,elïunfigrand bonbeur!... M a t h u li i N. Ils vous aimeat tantE M. ï) 3 B b e v a e. Ils font au ch&teau, profitons de ce moment de liberté, & parions de ce qui nous regarde; c'eft un ïbin trop cher a mon coeur pour le differer davantage... II'y a un an <^ue dans ma détreffe votre généreufe amitié vint k raon fecours. Votre familie & vous, mes bons amis, vous m'offrites h genoux & me forcates de prendre un bien,acquis a la fueur de votre front, & ie fruit de foixante ans de travair*... Je prétends m^cquitter,.. m'acquitter , mes amis, mais non me dêgager du tribut de recon- nois-  C 30 no;iTance que m'impofa votre généroïïte,& que mon cosur vous payera jufqu'a mon dernier foupir —— Voila, en boos papier* , Ja ibmoie que vous m'avez prêtée. Mathurin, avec attendrijjemenf. Eh, Monfeigneur! qui vous preiTe de nous rendre? Ja cques, avec attendrisfemeut. Not'Père a raifon , qui vous preiTe? M. TS 'E B è l v a l. Je le puis, mes amis; ma fortune eft rétablie; le gain de mon procés me rend encore plus riche que je ne 1'ai jamais été (d Jacques) Acceptez en outre cette foible preuve de mon amitié. Ma t h u x i n. Eh! not' bon Maitre, gardez ces biens pour que!ques malheureux; il y en a tant dans le monde qui n'ont pas le bonhenr d'être vos vaffaux i M. de Beeval. Dans mes malheurs, quand j'acceptaivosfecours, ne vous- trouvêtes-vous pas heureux? J a c q_ o e s. Ce fut le plus biau jour de notre vie. M, dk Belval. Ne meprivez donc pas aujourd'hui dumêmeplailir... C'eft la dot de Louife. Vous voyez que c'eft encore une dette dont j'ai bien tardé a m'acquitter. Jacques et Mathurin. Ah, not' Maltre! not' bon MartreJ... M. de Belval. Mes bons amis... Mais dites-moi donc ce qui eft arrivé a ma chère Babet ; bien loin d'avoir fa gaieié ordinaire, le bonheur desautresfembleraffli* ger. Jac- j  C 33 ) J a c e B e l v a l. Cette pauvre Babet! SCENt VI. Les précédent, ALIX. Alix. Monfeigneur, ie vous cherchors par-tout. j'ai exécutê vos ordres. Ah, dame faut voir... Bt je ine latte que je n'ai pas perdu de temps, car tout nrêt . Auffi quand je m'mêie de queuque cho. fe. a Vous m'coonoiffez, monleigneur. M. de Belval. Oui, ma chère Alix, je fais que vous êtes trèsentendue, que vous avez du gout, & furtout une tê e exce lente; c'eft pourquoi je vous ai pnée de yous charget de tout le détad de la fête. SCÈNE VIL Les précédcns, LE TABELLION, DELORME, BLAISE ET TUUT LE VÏLLAGE. L e T a b e l l i o k. Monfeigneur, les contrats font faits, & nous attendons vos ordres pour les figuamres. ^  ( i° ) M. r> e Belval. Nous les fignerons ce foir.... Pour Blaife & Babet. .. je fuis bien focné qu'üs me privent du p!a;fir de les unir enlemble; mais puifqu'ils ont ceffé de s'aimer, il n'y faut plus penfer. e fle (//park bas a Mathurin) J a c q u e s, d Alix. Not'femme... Et les Ménétriers, y as-tu forjgé? Alix. Ah! je Pai oublié... C'eft q'j'ai tant d'tracas... Jacques. Eh ben va donc, va donc vïte. Alix. J'y cours- (Elk fort) Jacques, Babet. ^Vous favez ... par après qu'not' mariage eft rom- M. de Beeval. °d me I'a dit. Ba.  C 43 ) Babet. Et vous a-f>on dit auffi que J'aimois Blaife de tout mon coeur ? M. b e B e l v a l. Oui... Mais tu ne 1'aimes plus; car ce matin tu !'as afluré a tes pareus. Babet. Je le croyois. M» de Belval. Eft-ce qu'il n'en eft rien ? Babet. Non vraiment; car depuisq'ma mère m'a défcndu depenfer a lui, je 1'aime encore davantage. M. de Belval. Mais pourquoi donc as-tu dit Ie contraire ? Babet. J'n'en fais rien. M. de Belval. Quel fujet vous a brouillés ? Babet. J'n'en fais rien. M. de Belval. Sur quoi eft venue votre difpute? Babet. J'n'en fais rien. M. de Belval. Voilé qui eft fort clair.... Et tu voudrois fans doute te raccommoder avec lui ? Babet. Monfeigneur, j'voudrois qu'cefut lui quis'rac'modat avec moi. M. de Belval. Ah! c'eft dans 1'ordre... retire-toi pour un infF 2 anu  C 44 ) tant. je me charge de tout.., & je menagerai tos^ amour-propre. Babet. Grand merci, Monfeigneur... Ah! (En voyant Blaife) Ie v'Ja qui voudroit vous parler... J'allons p?.r la-bas... S'il y a de bonnes nouvel'es... vous n'aurez qu'a me regarder. Et tout de fuit.e je me Êrouverai auprès de vous... comme par hazard. (Elle fort) M. de B E l v A L. Comme par hafard... fon petit orgueil eft d'une ingénuité.'.. SCÈNE X. M. de BELVAL, BLAISE. B l a 1 s e. J^dConfeigneur? M. de Belval. Eh bien, mon ami, que puis-je faire pour toi? B l a i s e» Babet vient d'vous parler. M. de Belvah. Oui. B l a 1 s e. Si al' vous a dit qu'al' n'm'aimoit pus... n'm'eö ditcs rien, j'vous en prie, 9a m'f'roit mourir de ^hagrin. M. de Belval. Eft-ce que tu aurois encore de 1'amour pour elle? BL4I-  < 45 ) B l a i s e? Eh vraiment oui, Monfeigneur. M. de Belval, Cela vient donc de te reprendre fubitement? B l a i s e, Ca n'm'a pas quitté. M. de Belval. Mais pourquoi as-tu dit fi haut que tu ne Paimois plus? . B l a i s e. Farce que je n'voulois pas avoir Pair d'aimer tout feul. Tenez, Monfeigneur, voyez fi j'ai tort. Bar bet me dit hier au foir; Blaife, ne manque pas demain de v'nir au point du jour; j't'sttendrons, & j'te dirons queuque chofe qui t'fra ben plaifir.... Vous croyez ben, Monfeigneur, que j'n'y ons pa? manqué. M. de Belval. Oh! je n'en doute pas. Eh bien? B l a i s e. Eh ben, j'accours, j'arrive tout hors d'haleine, je r'garde de tous cótès..'. point de Babet. J'appelle *.. j'attends... point de Babet; v'la que Pchagrin m'prend, & que j'veux m'en aller. M. de Belval. Et tu es parti? B l a 1 s e. Non, Monfeigneur; je me fuis aifis fous fa fe« nêtre.... M. de Belval. • Ah! & Babet eft-eHe venue? B l a 1 s e. Ellè efl: venue pour me gronder de ce qu'ellè 8'écoit fait attendre. E 3 M.^dï  C *« ) M. d e B e l v a l, Elle t'a grondé pour cela? B l a 1 s e. Ah, mon Dieu oui. Et pis elle tenoit dans fa main un bouquet; j'voukis favoir quoiqu' c'étoit que c'bouquet: elle ne voulut pas me le dire. Moi je lui montris ce ruban qui étoit pour elk, mais je n'voulois pas 1'dire non plus. Elle s'eft fachée, moi je me fuis mis en colère; elle a pleurè, & moi auffi. Et voilé comme nous fommes brouillés. M. de Belval. Voilé ce qui «.'appelle un fujet de difpute fort bien expliqué, un bouquet... un ruban... Cela eft nès-grave au moins: cependant... cela pourra s'arranger. B l a i s e. Très-furement, je n'ai pas tort... Mais s'il faut pour nous rac'moder... convenir qu'al' araifon... je n'demande pas mieux, Monfeigneur, j'ai pus.d'arnour que d'orgueil. (M de Belval fait ftgne a Mathurin d''amener Bar bel) M. de Belval. C'eft. bien, mon ami, c'eft au plus raifonnable a céder. B r. a i s e. Monfeigneur... Babet m'aime-t-elle toujours? SCE-  C Al ) SCÈNE XL © (Mathurin amène Babet) M.deBELVAL,JACQUES, DELORME, MATHURIN, BLAISE, BABET. M. de Belval. Ah- c'eft a elle a te le dire. DIALOGUE EN C H A N T. Mathurin, a Babet. Avance un pas. b a b E t. Je n'ofe pas. M. de Belval, è Blaife. Avance donc. blaise. Je n'ofe pas. M. de Belval, powfant Blaife. C'eft fe moquer, c'eft une enfance. Mathurin, a Babet, la pouffant. Avance, avance. Blaise et Babet. Je n'ofe pas. Je ne puïs pas. M. de Belval, a Blaife, Tourne-toi tant foit peu, courage. Mathurin, a Babet. Avance donc, encore un peu, courage. Babet, a Mathurin. A-t il 1'air ben touché? B l a : s e, a M de Belval. Monfeigneur, al' a 1'air faché; . fc Al' va me repoufler, je gage. '"" M. Di  C 48 ) M. de Belval, a Èlaifti Je ne vois pas cela. £l!e rougit, bentót elle s'attendrira. Mathurin, a Qabet: II Vient a toi, Babet bentót la paix fe f'ra. babet. Le feu me monte au vifage. M. de' Belval et Mathurin. Ne crains rien, Tout ira bien. M. de Belval. Babet, je te réponds de Blaife; JamaiiB.il n'eut d'autres amours. babet. Si j'fis la feul' qui lui plaife, Eh bien je 1'aimerai toujours. M. de Belval. Ah! qu'ils font intérefTans! Delobme et Jacques au fond du Thédtre, Quel embarras pour ces pauvres enfans! Bs feront bentót contens. M a t h u r 1 n. Quel embarras pour ces pauvres enfans! Ah ! qu'ils font intéreffans '• Bs feront bientót contens. {A commencer de l'endroit, Sur un rien me chercher querelle, les deux amam, qui font placés dos a dos, fe regardent en cuchctte. Babet en badinatit laiffe la main dor.t elle tient le bouquet- du tóté de Blaife^ Blaife a fair de jouer avec le ruban qui-fort de fa poche; il en laiffe tomber un des bouts, fi? de l'autre s'en entoure la main. Babet prend le ruban par l'au~ tre bout fi? s'en entoure auffi. Qiiand leurs mainS fe touchent, Blaifa prend le bouquet: Tous deux fe re. tournent avec traufport, fe jettent dans les bras l'un de Pautre, Jautent de joie. Babet embraffe Mathurin, Blaife baife la main de M. de Belval}) Ba-  ( 49 ) , BABET. Sur un rien me chercher quereSle! Se facher pour un bouquet'. Le v'la, le bouquet. B L A I S E. Pour un ruban, me croire infidelle! Le v'la, 1'ruban qui lui déplaiti C'étoit pour ma Babet. BABET. Pour moi 1'ruban. B L A I SE. Pour toi 1'ruban. BABET. Pour toi 1'bouquet. BLAISE» Pour moi 1'bouquet? (ïci Blaife prend le Bouquet, & tous deux fe tiitfa nent avec joie) TOUS. Ah'. quel plaifir! Ah! quel bonheur l Ah! livrons nous a fa douceur'- Aimez ?avec conftance. Aimonsi y,ivez ?fans défiance. vivonsi Confervez 2 toujours dans£votre?ame Confervonsi c notie j Cette douceur, Cette candeur; Et que 1'ardeur Qui£vous?enflarame, x cnousi ' Fafle toujoursivotre?bonheur. 1 cnotrei Babet. Ah! Monfeigneur, comment vous expritner!.. G Biai-  ( 50 ) B l a i s e. Not' joie... nocre reconnoilTiince... M. o e Belval. Mes voïux foot remplis, puifque j'ai coturibué b. Totre félicitê. , ( On entend la fymphsnie ) J'entends des violons & des mufettes. Que veut dire ceci? Jacques, Delorms, Blaise & Babet. Nous allons voir c'que c'eft, Monfeigneur. . ( La fymphonie reprend) (Ils fertent reviennent avec lesautres) SCÈNE XII. M. de BELVAL, MATHURIN, JACQUES, DELORME, ALIX, BABET, BLAISE, VILLAGEOIS & VILLAGEOISES. C H O E U R. C^'eft Ia fête a Mathurin; Ce nom feul nous met en train. Alix. J'demandons ben pardon a Monfeigneur, fi malgré Prefpect que j'Pi d'vons, j'nous acquittons ea fa préfence d'un p'tic devoir auquel je n'manquons jamais... com' c'que j'faifons part du cceur... ca paroïtra tout fimple a notre bon Maïtre. Mathurin. Eh! jarei, c'eft ma fête, j'n'y penfois pas. M. de  ( 5i ) M. de Belval. Ta fête, mon bon Père!... Je veux être !e presnier a te la fcuhaiter. Babet. ( Elle partage fon bouquet) Monfeigneur, v'lé la moitié d'mon bouquet, M, de Belval. Sois auffi heureux que tu mérites de Pêtre, & tu ll'auras rien k défirer. Mathurin, voulant fejeter aux genoux de M. de Belval, qui l'en emptche. Ah, mon bon Mailtre! M. de Belval. Non , non , c'eft afiis , qu'il faut recevoir les hom. mages que 1'cn te rend avec tant de plaifir. . (Mathurin s'ajfied) C H O E U R. C'eft !a fête a Mathurin; Ce no;n feul nous met en train. r je v'nons tretous de compagnie, Pour vous ofFrir ces biaux bouquets. •Ils font faits fans cérémonie; Mais c'eft fplaifir qui les a faits. De 1'amitie' la plus fincère Pour vous j'avons les fentimens, En vous j'voyons !e meilleur Père; Et j'vous aimons comm' vos enfans. Alix. J'vous ferions ben un compliment, On fait ben que c'eft 1'ufage; Mais quand on aim' ben tendréraent, On le die tout bonnement. A la ville com* au village , Le cceur n'a qu'un langage, G 2 De_  € 5a } J3l. X l 0 X . M , ï. Puiffions nous dans cent ans Venir de la même maniêre Vous offrir ces petits préfens P'une amicié fincère! Jacques. Puifiiez-vous, cher Papa, dans cent ans Kous' tendre cette main fi chère 1 Ahla fête d'un fi bon Père Eft gell^ aufil de fes enfans. blaise et b a s e i _ Gher Papa, n'vous déplaife, TV vous féter j'forn' ben aife. Par vos enfans vous êtes prié D'accepter cette fleur nouvelle; EHe peindra' notre amitie: C'eft riramortelle. Mathurih. Mg- enfans, met chers enftns!»,. mes bons amis.'.a» TOUS. Puiffiez-vous dans cent ans Nous tendre cette main fi chère 3 Ah! la fête d'un fi bon Père Éft celie auffi de fes enfans. M. D « Belval. O mes amis, quel fpeclacle touchant! bon vieifjard, ce n'efl pas a ton ranc; que s'dreflent ces bom • mager,, c'eft a tes vertus; il n'eft pas d'homme qui |ie voulut être a ta place. Alix. C'eft ben vrai; ca; mais auffi on n'en trouve pas beaucoup dans 1'mondc com'not'bon Père, & vous, Monfeigneur. ( A Blaife) Puis-je favoir a prê- ïent, monfiru 1'libartin, qui vous 3 parmis d'être bras deffus, bras deiTous avec ma fille? M. de Belval, Ms chère Alix, ils font raccommodés, Blaife n'a- voie  ( 53 ) ypit aucun tort. II airae Babet plus que jamais, & je vous en réponds. Vous voudrez bien m'accorder la gr&ce de ne rien changer aux arrangemensque j'avojs pris pour leur mariage. A l 1 Z. Ah! Monfeigneur, des qu'vous m'en répondez, j'n'ons rien a vous refufer. Tout au contraire, c'eft ben d'l'honneur que vous m'faites. Delorme. Eh! voilé Louis... Et Louife! T O U 'S. Louis & Louife ? Jacques & Alix. Nos enfans? Mathurin. Mon p'tit Louis ? SGENE XIII & dernière. les précédent ,LOUIS&LQUISE,y* falfiani jour q travers les Payfans, en tenant fin nouveau ne dans fes bras-, Alix & Mathurin. JMCa Louife! Jacques, Ma fille! Babet. Ma fceur, ma chère fceur! L o u i s e. V'la itou mon bouquet q'j'apporte. Bon jour S G 3 tout  C 54 ) fout I'monde; bonne fête h not' cher Papa. Via mon p'cit gas qui vient faire fa première viike. Mathurin. Cs pauvr' p'tit! Alix. Ce cher enfant!... Monfeigneur, j'vous demande ben pardon. Jacques. Femme, donnc-le-moi donc, que je 1'baife a mon tour. Alix. C'eft étonnant com' il me reiTemble. J a c Q_ u e s. Et h moi donc! Alix. A toi, a moi, k toute la familie, Mathurin, reprenant l'enfant & le frrant contre fon cceur. V'la mes enfans, v'la mes p'tits enfans? v'lè Ie fi!s d'mes p'tits enfans... Vous avez ben raifos, Monfeigneur, j'fis un heureux Père. M. de Belval. J'eqvie ton bonheur, fans être jaloux. L o u i s e. Monfeigneur, je n'vous avions pas vu. M. de Belval. Je te fais. compliment, ma chére Louife. PuuTe êon fils reffembler a fes dignes parens J L o u i s e. Ah! Monfeigneur,il vous aimera autant que nous. Alix. Méchante, c'eft toi p^urtant qui nous as ècrit bier q'tu ne pouvois guèfes vesir de plus d'un mois, Louj s  ( 55 ) L o U i s e. Öh! j'aimons a furprendere not' monde. Mathurin. Que j't'ai d'obligation. mon amü... mes enfans, remerciez! not' bon Müicre qui vous donne chaque jour de nouveiles preuves de fa bonté. Si vous fa* viez ce qu'il vient de faire peur nous!... M. de Belval. Mes amis,ne parions que du pbifir que vous avez de vous voir tous raflembiés... Kt vous .. N'cubliez joinais le chagrin de la jaloufie... B l a i s e. Ah.' Monfeigneur, j'n'en aurons plus. jB a b e t. Oh , pour ca non , 9a fait trop de peïne. FINALE. C H O E U R. Chantons 1'Hymen, chantons 1'Amour; Vous les fixez dans ce féjour: Vive 1'Hymen, vive 1'Amour, Ils n'font plus qu'un dans ce biau jour. M- dé Belval. Déja votre tendrefle A payé mes bienfaits. Leur prix eft dans rivrefle Des heureux que 1'on fait. C H 0 E U R. Chantons 1'Hymen, &c. Delorme et Jacques. L'Amour & la Jeunefle Sont faits pour le bonhenr: Mais pour vous plair' fans ceffe, Gardez la même ardeur. CHOEUR  ( :ö ) C H O E U R. Chantons, &c, Louis et Louis e,; D'la chaine qui vous lie Les nceuds vont fe former; Pour être heureux dans la vie. II n'faut que bien s'aimer. C H O E U R. Chantons 1'Hymen, &c. Babet, au Public. jallons époufer mon ami Blaife: Mais cc n'eft pas tout, faut q'ca vous plaifc blaise. Blais' voüs invite a v'nir ici. b a n e t. Babet auflï, Babet aufïï. «l aise et babet. Venez, r'venezy, meffieur», Je vous recevrons d'not' mieux Dans noi' petit menage. b a b e t. ■ II ne fera pas jaloux de vous. J'n'aurons de plaifir dans not' mariage Qu'autant que vou* viendrez chez nouï» F. I N.