De.s plnïlii** lans s pj*.i'ê+i, cl#»« ;i3iij« potJ. jiombreux I.e» li-r««, ïèj be^tocA»t«.et UTl»iJ^ojpJiie, vraï IjojiaKoii.t, il i^nifil' a. mes voe;ix.  No. 2. LlBERTJt, Egalite, Fraternite. La Liberté eft 1'idole des ames Fortej. QMardi 10 Février 1795. v. St. Le 22 Pluviofe St. Rêp.} Hollande. Tout s'organife jusqu'ici admirablement dans notre province. Ses Repréfentants provifoires travaillent avec activité a établir par-tout le bon ordre , & a remonter la machine du Gouvernement. Ils ont nommé des Comités de falut • public , militaires, & des finances. Cette nouvelle affemblée a débuté par décrcter la liberté de la chasfe, & de la pêche , chacun fur fes propres biens, ou dans fes eaux. On n'attend , pour publier la nouvelle Conftitution de cette Province, que d'avoir fixé Ia manière dont on pourra le faire le plus folemmellement poflible. Cette grande époque , h laquelle la majeure partie de la Nation Bat ave commercera a rentrer dans le libre exercice de tous fes droits, méritera, fans doute, d'être mife en parallèle avec celle qui Parracha jadis a la tyrannie Efpagnole. Mais ne ferait • il pas a défirei qu'une époque aufli intérefTante fut marquée, dans toute 1'étendue de la République, par des jeux & desfêtes; & que tous les bons Citoyens de tout age & de tout Sêxe fuffent invités a s'y rendr-e, fous les regards de la loi k& de la vertu, pour y célébrer enfemble Ia douce égalité * la liberté & la Patrie? II ne ferait pas difficile de préfenter un plan pour organifer ces fêtes, a linfiar de celles qu'on célébre en France ; & nous nous y prêterons volontiers, pour peu que Ie public paraifle 1'avoir a coeur. Un autre décret trés - important, qui vient B LE SPECTATEUR REPUBLICAIN. Par une Société de Gens de Lettres & d'Amis de la Liberté.  € ) d'être pris par les Repréfentans Provifoires du Peuple de Hollande, c'eft 1'anéantiffement du Stadhoudérat, des charges de Capitaine ■ & - dmiral Gènéral des ProvincesUnies, & de toutes leurs dépendances. Nous apprenons encore que quelques-unes des villes & diftricïs de la Hollande, qui, ci-devant, n'avaient point de fuffrage a 1'affemblée des Etats, viennent d'envoyer des députés a 1'Affemblée des Repréfentans provifoires, a la Haye. Cet exemple eft trop beau pour n'être pas fuivi avec empreftement dans toute la République. II attachera de plus en plus a la patrie des milliers de perfonnes, qui, jusqu'ici, avaient été comptées pour 'rien , quoiqu'elles contribuaffent comme les autres aux charges de 1'Etat. La Haye, 31 Janvier 1795. II parait en général que 1'efprit public eft plus avancé en hollande que dans les autres provinces ; 1'on y travaille du moins au grand oeuvre régénérateur de la révolution, avec une fageiTe & une aclivité dignes d'être imitées. Parmi les piêces intéreffantes qu'y a fait éclore 1'époque , a jamais mémorable, oü nous nous trouvons, on doit mettre au premier rang celle que nous allons ajouter ici. Elle a été publiée a Ia Haye avec toute la folemnité que] fon importance requiert, au fon des trompettes, au carillon des cloches, & en préfence d'une multitude de Citoyens qui ont fait échter leur joye par des acclamations multipliées. Ellea aufli été, depuis, fucceflivementpromulguée dans toutes les villes de la hollande. Cette piéce ü digne d'être offerte a 1'at- tention des contemporains & transmife ala poftérité, renferme les principes les plus naturels & les plus - facrés. Les vévités qu'ils expriment font d'une évidence inconteftable; & malgré cela , quiconque eüt osé les avouer parmi nous, il y a quelques femaioes, aurait été traité de blasphémateur en politique. En voici la teneur. 1. „ Que tous les Hommes font nés avec des Droits égaux, & que ces Droits naturels ne fcauroient leur être otés: " 2. „ Que ces Droits confulent en Egalité, Liberté, Stireté, Propriété, & Ré/istauce a Foppreflion: " 3. Que la Liberté eft la faculté qui appartient a tout Homme, de pouvoir faire ce qui ne trouble pas les autres dans leurs Droits: Qu'ainfi fa limitation naturelle fe trouve dans ce principe: Ne fais point d autrui ce que tu ne veux point qu'on fajfe a tot - même: " 4. „ Qu'il eft donc permis k tous & un chacun de manifefter a d'autres fes penfées & fes fentimens, foit par la voye de la Prefle ou de toute autre manière:" 5. „ Que tout Homme a le droit de fervir Dieu de telle manière qu'il veut ou ne veut point, fans pouvoir être forcé a cet égard en aucune facon:" 6. „ Que la Sureté confifte dans la certitude] qu'on a de ne point être troublé par autrui dans 1'exercice de fes Droits, ni dans la paifible poflefïïon de Propriétés légalement acquifes:" 7. „ Que chacun a droit de Suffrage dans 1'Affemblée Légiflative de !la Société entiè» re, foit perfonnellement, foit par une Re« préfentation, au choix de laquelle il ait concouru:*' 8. „ Que le but de toutes les Société*  C7) Civilcs doit être d'aflurer aux Hommes Ia paifible jouiiTance de leurs Droits naturels:" 9. ,, Qu'ainfi Ia Liberté naturelle de pouvoir faire tout ce qui ne trouble pas les autres dans leurs Droits re fcauroit jamais fouffrir d'obftacle, que lorsque Ie but de laSo ciété Civüe 1'exige abfolument:" 10. „ Que de pareilles bornes a Ia Liberté naturelle ne fcauroient être pofées que par le Peuple ou fes Repréfentans:" 11. „ Que par conféquent perfonne ne fcauroit être obiigé a céder ni facrifier rien de fes proptiétés particulières k la Omimunauté générale, a moins que cela ne foit expreffément ré^lé par la volonté du Peuple ou de fes Repréfentans, & après une indemnité préalable:" 12. ,, Que la Lot eft 1'expreifion libre & folemnelle de la volonté générale; qu'elle eft égale pour tous, foit pour punir, foit pour reompenfer:" 13. „ Que perfonne ne peut être accufé en Juftice, arrêté, ni mis en prifon, finon dans tels cas & fuivant telles formalités, qui font préalablement fixés par Ia Loi même:" 14. „ Qu'au cas qu'il foit jugé néceflaire de tenir quelqu'un Prifonnier, perfonne ne doitê:re traité plus rigoureufement qu'il n'eft abfolument nécefiaire pour s'aflurer de fa perfonne:" *5- >•> Q^e, tous les Hommesétantégaux tous font éligibles a. tous Poftes & Emplois, fans aucuns autres motifs de préférence que ceux des Vertus & de la capacité:" 16. Que chacun a le droit de concourir a exiger de chaque Fonétionnaire de 1'Adminiftration publique, compte & juftification de fa geftion: " 17. „ Que jamais 1'on ne fcauroit apporter la moindre reftriétion au droit de tout Citoyen, de repréfenter ce qui eft defbn intêrct a ceux a qui 1'autorité publique eft confiée : " 18. Que la Souveraineté repofe dans Ie Peuple entier, & qu'ainfi aucune portion du Peuple ne fcauraic fe 1'arroger:" nj. „ Que le Peuple a, en tout tems, le droit de changer fa Forme de Gouvernement , de Ia corriger, ou d'en choifir une auire." Utrecht. Malgré Ie calme avec lequel Ia révolution s'eft effectuée dans notre ville, on n'avait pil dans les premiers momens procéder d'une manière paifaitement reguliere a 1'établifie. ment de toutes les autorités provifoires. Peutêtre, même, eüt il été alors trés - difficile de Popérer différemment qu'on n'a fait, fans donner naiffance a de grands obftacles.Aujourd'hui que ces difiicultésn'exiftentplus; aujourd'hui qu'il eft connu ce grand principe, proclamé par Ia plus puiffante Nation de la terre, & difté par la Nature, que la Souveraintté réfide dans Puniverfalité des Citoyens , ie peuple rentré dans fes droits, ayant réfolu d'employer des formes plus juridiques , s'eft réüni en aflemblées , publiquement convoquées, &, après avoir décharge" le comité - révolutionaire de toutes fonctions ultérieures, il s'eft occupé de nouvelles nominations. Nous en ferons connaitie 1'objet & la compofition dans notre prochain N'. Le 5 Février (17e Pluviofe") des repré» fentans provifoires du peuple de la Province d''Utrecht , escortés d'un détachement de bouzards, ontpublié, |dans notre ville, au fon de trompe & des cloches, 1'abolition du B a  SUPLEMENT au Nb. 2. DU SPECTATEUR REPUBLICAIN. France. es citoyens Bataves ayant £té admis è la barre de la Convention, le 9. pluviofe, l'orateur y fit le discours fuivant: „ Dans 1'ivrefTe univerfelle que font éprouver les événemens glorieux qui immortalifent a jamais les armées francaifes, les députés des patriotes bataves, accompagnés des infortunées victimes de la révolution de 1787, s'empreffent d'apporter a. la repiéfentation nationale Pexpreifion fidéle de leurs vceux & de leur joie. Elles font donc enfin réalifées, ces promeffes acquittées aujourd'hui par la bravoure d'un peuple de héros ! Le Stadhouder eft en fuite, & l'Anglais palit d'étonnetnent & d'épouvante. „ Elles fe réaliferont, ces promefles faites depuis fi long-temps par les patriotes bataves, de fe raontrer dignes de recouvrer leur liberté , d'y concourir du moins, de tout leur pouvoir. En effet, citoyens , fi Poppreflion dans laquelle le peuple hollandais a gémi fi long-temps, ne lui a pas permis de brifer lui-même, & fans fecours, des fers rivés par la force , tout annonce aujourd'hui, tout nous permet de vous dire, en] fon nom, qu'il ne reftera pas en arrière , & qu'il méritera le bienfait de Ia liberté. „ Par-tout 1'infurection éclate, par-tout le patriote fécoue 1'horrible chaine qui le comprimoit; par-tout le Francais libérateur eft béni : vos armées marchent aux acclamations d'un peuple reconnoiffant. Amfterdara, Ia populeuse Amfterdam, a fait retentir jusques aux nues le bonheur de fa délivrance: elle a invité les Francais a entrer dans fes murs ; elle les a recus en amis, en frères. „ Citoyens-repréfentans, si ce tableau est fidéle, s'il n'est que 1'expofé des faits, hésiterez-vous a mettre le sceau a vos dispofitions généreuses, en remettant a la Hollande devenue libre par vos mains, leprix, 1'inestimable prix de 1'indépendadce natio. nale , le ifeul moyen de rendre cette bril* Iante conquête réellement utile a la France, & funeste aux despotes, dont les derniers efforts vont fans - doute fe réunir bientöt pour tenter de vous 1'arracher? ,., Pou r le bonheur commun des deux Républiques , pour leur intérêt réciproque, & fur - tout pour le maintien de ce que vous devez attendre de nos efforts |, nous vous demandons, législateurs, nous demandons a la représentation - nationale |de Ia France, qu'elle daigne laisser au peuple libre de nos villes & de nos campagnes le choix le plus prompt de ses autorités constituées. Toutes les régences de notre pays étoient compofées des adhérens du Stadhouder, des amis des Anglais, de vos en* nemis naturels,. de ros oppresseurs: il est urgent de les remplacer; 1'èxistence physique & morale de nos contrées 1'exige, lè commande; & toutj est perdu, s'il ne s'établit d'abord un gouvernement provifoire qui veille a la marine , auxdigues, aux perceptions, au commerce, & a tout ce qui constttue notre pays factice. „ Cen'eftqu'ainfi, cen'eftquepar lavoie; Ai  No. 5. Liberté, Egalite, F*aternitéV Hollande. JL/es foupcons & lesdéfiances répandus de. puis quelque tems au fujet du crédit de la fameuié banque d'Amlterdam, avaientbeaucoup rnflué fur le prix de fes aélions, tombé a environ un tiers de plus que 1'argent de Caisfe. Mais la publication que les Repréfentans provifoires de cette ville ont publié a cet égard, doit entièrement raffurerle public. II confte, d'après les informations prifes par le Comité de Commerce & de marine, qu'il n'y a réellement aucun déficit dans cette banque, mais bien un grand nombre cTOhUgations fur la compagnie des Indes, fur la Province de Hollande & de West. Frife, la Chambre d'Empiunt, & la Tréforie d'Amfterdam; cbligations que les Repréfentans provifoires travailleront a faire convertir en efpèces au plutöt poffible,s'engageant, outre cela, a prendre les mefures les plus efficaces, pour que dorènavant il ne foit plus levé nidélivré de ladite Banque, contre la nature de fon inftitution primitive, \ aucunes efpèces quelconques, de 1'autorité j de qui que ce foit, ni par emprunt,nid'aucune autre manière illégitime. Ce que nous venons de dire fervira k rele* ver 1'erreur du Repréfentant du peuple, BoiJJi' d*Anglas, qui, d'après de faux mémoires, fans doute, avancait a la féance de la Convention Nationale du 7. Pluviofe, que Ia Banque d'Amfterdam (qui, fuivant lui, femblait être 1'arbitre du crédit de 1'Europe) ,, que cette banque, dis je, avait été transportée dans celle de Londres". Nous efpèrons que les papiers francais s'empreflèront, au plusvite, de réparer une erreur aulficonfé» quente, & qui pourrait porter les atteintes les plus facheufes a notre crédit-national. Le 6 Février, on planta k la Hayel'arbre de la Liberté, au fon de la mufique, & au chant d'hymnes patriotiques. Le Citoyen J. G. H. Ilaèn, k la tête d'une nombreufe E LE SPECTATEUR REPUBLICALN. Par une Société de Gens de Lettres Cf d'Amis de la Libsrté. La Liberté eft l'id»Ie des ames Fortes. QMardi 17 Février 1795. v. St. Le 29 Pltiyiofe St. Rêp.~)  C*s) goeie. On n'y parle d'^ncun traité avec qui que ce.; foit. II parait que nous ne devons attendre au•cun fecours de la Pruffe dans la campagne pro- j chaine, & pour remplir ce déficit, nous ferons i forcés de fournir de fargent a l'Autriche; car fon difetédit eft tel, qu'elle n'en peut trouver ailleurs. „ Pour moi, je penfe que l'Autriche ne nous fé- : condera pas mieux cette année, que Ia Prufl'e i I'année derniere. On me repoad que la PrulTe eft I une Cour fans foi. Tous les gouvernemens arbi- ! traires fe reflemblent aines yeux. L'Autriche & la PrulTe m'infpirent une égale défiance. Oü font j les preuves de la fidelité de 1'Autriche a fes engagemens? A-t on oublié qu'elle a été fortement j foupconnée de nous avoir trabis a Toulon, en ne ! nous y envoyant pas les troupes promifes? On nous vantait aufli a la detniere feflion, la coopération de Ia PrulTe. Je ne fais s'il y a ici des Officiers qui aient fervi dans la derniere campagne. Mais il eft de fait qu'il a régné toujours entre les Anglais & les Autrichiens laplus grande animofité. „ Quel accord yaura-t-il donc entre eux? Et cependant on va nous accabler d'impóts fous 1'étrange prétexte que les Francais peuvent être ruinés les premiers. C'eft aufli l'efpérance dont on ; nous flattait I'année derniere. (JLa Suite A un des Nos. procbains.) Nouvelles On nous écrit de la Haye, en datte du i8<\ de ce mois, qu'il vient d'arfiver un Courier,, avec la nouvelle, " qu'une paix „ particuliere eft conclue entre le Roi de „ PrulTe & Ia République Francaife." On racontait auifi, dans cette réfidence, qu'un vaiffeau parlementaire avait conduit fur nos cötes, il y a peu de jours, deux commiffaires de Ia Grande - Brétagne, pour porter des propofitions de paix; mais on ajoute qu'ils n'ont pas été bien acceuillis. Cette 3ernière nouvelle mérite confirmation. 4= ' -i- 1 -nb Errata. Dans le n°. précédent, au fecond vers du econd couplet de l'hymne a la Liberté, iu lieu de Nous fitnes le ferment, il faut, Vous fimes le Ju/Ie ferment. AVIS au PUBLIC. Le Spectateur-RépUBLiCAiN parait réguliérement deux fois par femaine, le Mardi & le Vendredi Le prix de l'abonnement eft de 14 florins de Hollande, pour I'année entière, compofée de 104 Ar«" méros; de 7 florins, pour fix mois; & de 3 flor. iof. pour trois mois. Chaque aboané eft prié de payer, du moins, la moitié de fon abonnement d'avance. Le Bureau-GéNéRAL eft a Utrecht chez J. Altheer, Imprimeur-Libraire prés le Dóme, - St Amfterdam chez Cravenschot, Libraire fur le Kalverflrat; a Ia Haye, chez Plaat; a Leyde chez les freres Murray, aRotterdam chez D. Vis;&a Haarlem chez C. Plaat. Ons'abonne également auxmêmes conditions, chez tous les Libraires de nos Provinces & de 1'étranger. Les Rédacteurs recevront, avec reconnaijfance, tous les avis, nouvelles 6? réflexions utiles qu'on voudra bien leur communiquer, (_en les adrcfant au bureau de Uur Journal a Utrecht,) tant en Hollandais qu'en frangais, et ils s'empreferont d'en faire part au public, en entier ou par extrait. Mais ils fe doivent a eux.mé/nes & au Public de déclarer bautement, que ce ferait en vain qu'en leur envoyeraitfousletitrede Lettres, des diatribes plus propres a ofenfer & a rebuter les bonnêtes gens, qu'a les tnjlruire. Les Rédacleurs très-convaincus que le ridicule n'eft la raifon que des Cots, comme le <#/JeanJacques, font bien décidès a ufer, dans toute fétendue du terme, de la précieufe liberté de la pretje dont nous jouijfons, mais jamais den abufer. Ainfi leurs abonnés, & le public, engér.éral, peuvent être tris-per/uadés que leurs feuilles ne retentiront, en aucun tems, d'inveaives indécentes contre ce qu'il y a de plus refpeüable; & que la religion & une faine pbilofophie feront toujours les fiambeaux 0 la lueur des quels ils écriront, paree qu'ils n'ont d'autre but que celui d'être utiles. A Utrecht, de Pirrprimerie du Sïïctateur-Repüblicain,  LibertÉ, Egalite, Fraternite. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. 'Paf une Société de Gens de Lettres & d'Amïs de la Liberté. La Liberté eiï 1'idole des arocs Fortes. (Mardi 24 Février 1795, v. St. Le 6 Ventófe St. Répf) Esprit public C^'eft un fpecTacle bien intéreffant pour toute ame honnêre, de quelque parti qu'elle foit, de voir une révolution s'elFectuer avec autant d'ordre, de. fageffe éc de modératiun, que celle qui fe paffe fous nos yeux. Toutes les nouvelles qui nous arrivent des différentes parties de la République, s'accordent a dire que la face des affaires y a été changée de la manière la plus paifible. Dans la Hollande comme dans le pays d'Utrecht, de Gueldre, d'Overyffel; de Groningue, de Frife & de Zélande, partout;, en un mot, la juftice & la modératiort femblent avoir été mifes, a fordre du jour; & s'il eft quelques points oü le changement d'adminithaiion ne fe foit pas opéré auffi légalement qu'il etit été k défi rer, il ne faut l'amibuer, peut • être , qu'au manque d'harmonie; ou, pour misux di'e, au défaut d'un point commun deréünion entre tous les vrais patriotes. D'ailleurs, nous aimons k le croire , le jour approche oö toutes ces irrégularités feront réparées. L'ordre ii.cjrcain des cho- fes, dans Ie quel nous nous trouvons, ne peut convenir a Ia République. Plus que tout autre état, elle a befoin d'une conltitution fixe, & nous ne craignons pas d'être contredits, en avancant, que tous les bons citoyens foupirent après 1'inftant oü ils la verront paraitre; tous font impatiens d'être fous des autorités ftables & légalement conftituées, tous défirent de voir renaitre Ie calme, Ia fécurité, le refpeci pour les loix, 1'union & Ia concorder, qui peuvent feuls affurer a jamais le bmheur de leur Patrie. Cesperfonnes n'ont donc pil voir, qu'avee la plus douce fatisfaflion, qu'au moment, oü des paffions ennemies du bien public, commencaient a fernienter dans quelques têtes, les Repréfentans provifoires d'Amfterdam , fi dignes, par la fageffe qui les anime, de donner Ie ton au rede de Ia République, que ces Repréfentans, dis je, fe fuient fortement prononcés contre tous les moyens violents qua la haine, la vengeance & 1'efprit de parti voudraient cmp lover. La publicaiion qu'ils ont faite a ce G  C*8 ) fu'et eft fi belle, fi admirable a nos yeux, que nous ne pouvons nous défendre de défirer que les principes qu'elle re; ferme , fervent conftamment de bafe a toutes les refor mes, a toutes les démarches, a toutes les opérations des autorités conftituées, darts toute 1'étendue de la République. Peut-être, même, ferait-il a défircr pour le bien être de la Bataviè, & pour les intéréts de la caufe fublime de la liberté, que les autorités provifoirement établies, publiaffent, quelques jours avant la tenue des affemblées-générales, un oubli te. tal de tous les délits politiqucs. antérieurs d la révolution. Tous les citoyens fe trou vant ainfi rétablis dans une parfaite égalité, pourraient véritablement fraternifer enfemble, & fe préparer, dans une confiance mutuelle, a célébrer 1'epoque a jamais mé morable, qui va décider les deitinées de la Nation Batave. Si ce fouhait, de la part d'un ardent ami des hommes & de la Liberté, pouvait n'être pas un rêve; s'il pouvait s'eftecr.uer dans toute* fon étendue, le jour qui le vevrait réalifé ferait le plus beau qui ait en core lui fur la Batavie, depuis celui oü elle jetta les fondemens de fon indépendance, en fe fouftrayant au glat've fanatique de 1'Efpagnol. Bons & paifibles Bataves ne vous y méprenés donc jamais, ja vous en conjure. Si vos ancêtres fe font acquis une gloire immortelle en a-rachant ce pays au tyran qui 1'opprimait; fi la poftérité la plus reeulée doit encore admirer leur confiance & leur courage héroïques, elle mettra a la même place, peut être même préférera t elle, les noms de ceux qui de nos jours auront travaillé a guèrir les playes de 1'Etar & a fauver une République prête a périr, \ avec toute le zè'e, toute Ia probité, tout le défintéreffement qui doivent cararftérifer unvrai Républicain. Car il eit bien plus difficile, bien plus glorieux, de rétablir un corps gangréné dans prèsque toutes fes parn'es , que de Je guérir d'une feule oppresfion, quelque violente qu'elle puiffent être. Onfait tout avec des hommes vivement animés de 1'amour de la patrie, mais il faut prèsque des prodiges pour ranimer fes feux dès qu'ils commencent a s'éteindre. Ces prodiges vous les ferez Bataves , pourvQ que vous le vouilliez fiucérement. Rien n'eft impoffible a Ia vertu, parceque le ciel ne manque jamais de couronner fes efforts. Réuniffez vous donc tous autour de 1'autel de la patrie; renoncez y a tout efprit de parti; ne placés votre confiance qu'en des perfonnes qui en foient dignes par les qualités de Pefprit & du coeur; & fuyez comme des peftes publiques, voués au mépris général, ces têtes chaudes &> ambitieufés qui ne recherchent des changemens que pour s'élever fur les ruines de leurs ennemis, & qui auraient déja voulu fouiller de fang Ia plus belle des révolutions, i=*=^ --i-'i . --{• La Haye 16 Février. La commiffion qui avait été cbargée dc foll.citer en faveur des habitans de Heusden, Ja permiiTion de renouvelles leur ré« gence a obtenu le fuccés quelle défirait; non feuLment cette liberté leur a étéaccordée, mais même Hs ont éré invités a envoyerdes députés aux etats de Hollande, & cette agréable nouvelle a é é envoyée par eftafette a la ville de Hcusden. Les directeurs de la Compagnie des Indes, qui ont annoncé êtie enétatde donner promp-tement des nouvelles aux Indfs orienia» les cc cotes d'Airiquü , de Pheureufo  révolution de ce pays, ont demandédespaf fe-ports pour les vaifleaux de la compagnie afin de pouvoir au befoin relacher dans les ports de la République Francaife. II eftcertain qu'on ne fauraitpourvoirtrop promp'ement a tous les moyens, propres a faire échouer les tantatives que les perfides Anglais ne manqueront pas de former contre nos Colonies, & contre nos navigateurs ; déja on eft indruk qu'un navire hollandlis, parti de Cette pour Hamisourg , a étépris & conduit a Gibraltar , Le Citoyen Jan Ca rel Hasselgkeen a préfenté a ce fujet un mémoire h leurs hh. pp. pour les prier d'agir en conféquence. Mecredi 18 de ce mois a une heure après midi une députation des Etats Généraux eft allé communiquer folemnelement aux Repré- | fentans du peuple Francais qui fe trouvent a ! la Haye, que la révolution eft complete dans ! la République L. H. P. en rcconnaiffant la Souveuaineté du peuple ainfi que les droits de l'homme et du citoyen, & en aboliflant les charges du Stadhouder, déchargent & libérent tous, & un chacun, du ferment prèté fur la prétendue ancienne Constitution. Ils ont fait connaitre en même tems auxfus-dits Repréfentans le delir ardent de L. H. P. ainfi que le vceu de tout le peuple Batave, aimant la J'-sti 1 ce & la liberté, pour qu'il foit inctfljm-1 ment cor.clu entre les deux Nations, comme entre deux Républiques éga les et independantes unealliance folide, I „ par le moyen d'un traité, fondé fur des ,, conditions équitables & également avan tageufes aux deux Etats, afin d'établir entre elles le fondement fi longtems defi. ,, ré, de la Fraternitê la plus étroite „dont fes annales du mondefaflentmention. „ Fraternite dont il eft facile de pré „ voir & de cslculer que les furtes nepour„ ront qu'etreextremementavantaieufes aux ,, deux nations, & qui ne peut auffi man. „ quer d'avancer & d'cfiecluer la paix générale en üuuope. Suite du Discours de Fox. On nom allure que les reffources de Ia France tendenc rapidement vers leurs decadence; rapideinent n'eft pas exart , c'elt-a dire, qu'elles peuvent s'epuifer dans un efpace de dix ans. Mais quelle eft, en ce moment, la pufition de Ia France? D'après le Difcours de Pitt , on croirait que Robefpierre n'eft mort que la femaine derniere: il n'eft plus depuis (ix mois; & c'eft précifement depuis ce moment que les fuccès des armées francaifes ont été plus brillans qu'ils nel'avaient jamais été auparavant. II n'eft donc pas vrai que la chüte nous ait été u.ile; il n'eft pas vrai que la terrenr feule ait produit les grands moyens des Francais: n'elt-ce pas, au contraire, la fa. geffe & la modération qui font la force des empires? On nous demande quelle preuve nous avons que les franc-ais foient mo'ms mécontens que fous Robefpierre; pnce qu'il n'y a plus d'infurreétion ni & Bordeaux, ni a Lyon, ni dans les autres villes ï (St paree qu'une amniliie bien faifante a a-peu-prés detiuit la rebelüon de la Vendée. On s'eft beaucoup étendu fur 1'état de finances is France. Je demande a mes adverfaires s'ils :roient fur leur honneur que 1'Angleterre peut at;endre de véritables fuccès dans cet:e guerre. On dit qu'on n'a pas encore touché a nos reföurces ext^aordinaires ; cependant je ne trouve 5as dans le difcours du roi, comme fan dernier, a promefle qn'il n'y auraitpas de nouveaux impóts. 3ui, il y en aura cette année, & nous les fentions bien; car déja le miniftre a fait un emprunt; jour le remplir, il faudra des fomm;s énormes. L.e minidre paraic très-vërfé d.ns les affaires iutéieures de la France; mais il femble ignorer tout e r.'fte. Du ant Ia guerre d'Amérique, on ne cefTait auiTi le nous entretuiir de 1'épaifement des reffources écuniaires de nos ennemis. Leur papiermonnaie ie perdait pas feulement alors les cinq lixiemesde a valeui; mais bien les 9) centiemes; alors oa tit pu ache.er rciile dollars (vale-r d'un écu) err lapitr pj-ur un dol.ar en efpece. Les Francais jbnt bien loin d'un telétatdechoes; pourquoi donc ne triompheraient-ils pas de:es difficuliés par les mc-tc- moyens que les Améicains? Je crois, comme Pitt, qu. le commerce le Ftauce aft fur fua déca:n ; nws j'ai mi.le raU  C 30 ) fons de penTer que l'agricultura y eft plus encouragée qu'elle ne 1'a jamais été. Si je me trompe, qui m'alfurera que le miniftre n'eft pas auffi irompé, puifqu'il ne tient fes détails que de p.-rfonnes qu'il paye en raifon des meflbnges qu'elles lui font. Quant a 1'état des indigens en France, ils yfont aufli protégés, notnris avec autant de foin qu'en Angleterre, & très-certainement les pauvres en France font, en cs moment, beaucoup mieux traités que fous 1'ancien régime. Nous ne pouvons fortir trop tót d'une gnerre auffi défaftreufe pour nous. Je ne demandcrai pas, comme un des préopinans, fi la paix peut étre füre ou non: en fait de garantie, tout eft relaitfj nous en aurons nne aufli fone ici que celle que nous euffions pu attendre de 1'ancien gouvernement de France. Voyez l'inconféquer.ce avec laquelle on raifonne; on vous a dit que les armées francai'és ne tarderaient pas a fe dift'oudre, & enfui'e on a ajouté qu'il ferait impolfib'e de les iicencier, même a la paix. Je ne prétends pasdécider fi, dans ce cas, Ia France reprend ait le joug cruel de fon ancienne monarchie, ou le fardeau plus pefant encore de la tyranniequ'e le vient de dé ruire. Comme philofophe, je dois des voeux a la France , comme politique, ce c'eft pas a tnoi a la diriger. On a avancé que c'eft nous qui avions élevé Robefpierre, & que c'eft nous qui l'avions ren verfé. Je n'ai Ia defi'us aucane donnée: mais je dirai qu'en attaquant la France, nous avions don né des armes a ce tyran, & qu'en fuyant devant» les Francais, nous avons caufé fa per|e. Je fou. tiens que, fans pefer la moralite de ceux qui gou vernent aujourd'hui la France, nous devons traiter avec ceux qui font dépofitaires du pouvoir. On nous a appris qne leroi avait accepté la couronne de Corfe. La doit-il au droit de conquêter? Non: il ne nous en eüt pas alors parlé. II a voulu fans doute répondre d'une manière touchante a tous ceux qui ont prétendu que les Peuples n'avaient pas le droit de choifir & de dépofer a leur gré leurs gouverneurs. M. Burke, dont on vient de nous recomtnander de lire les ouvrages, contefte ce droit aux Nations Le roi Oeorges Pa doublement dementi, puifqu'il a été deSitué par les Américains & éia par les Corfes. iVJ. Elliot annonce que les Corfes fe font réu- n.s en affembMes primaires pon- choifir Ie roi Oeorges; & comme les Corfes étaient fans doute las dujoug de la France, fa majeflé, voulant fe conformer au décret de la Convention nationale, du .9 novembre, eft venue au fecours de ces malheureux opprimés. Nous verrons les avantages que nous tirerons de ce fuprême honneur. Un raembre a déclaré que demander la paix, ce rerait fe jeter aux pieds de la Convention. Quand donc la ferons-nous cette paix.? Devonsnous verfer tout notre fang , épuifer tous nos trétors, afin qu'il pmfTe dire alors qu'il eft content de nos efforts? II vaut mieux traiter accuellement. Je le propofuis déja I'année derniere: je Tuis loin de m'en repentir. Si notre mmiftere ne fe croit pas encore aflfez batru, noire malheureufe Patrie a aflez foulfert. Fanc-il, peur firn bon plainr, qu'elle foit entierement ruinée ? Quelle prote me leurs féances, dans cette ville, continuent a fe tenir a buis clos, Ie Spectateur ne peut rien en aprendre ni par lui'même nl par fes adjudants. Ce n'eft donc pas entièrement la faute du Spectateur, fi fon Journal n'a pas préfenté dès les premiers No. tout 1'intêret dont il peut-être fufceptible. II efpère cependant qu'une foisinftruisdel'état des chofes,lesgens honnêtes & vertueux , les vrais amis d'une Liberté fage &modérée,s'emprefferontd'envoyer au Burcau-Général du Spectateur. tout ce qui leur paraitra propre a éclairer la Nation fur fes véritables interets, & aaffurer fa profpérité aétuelle & future fur des ba* fes inébranlables. Mais comme il eft dans ces provinces un grand nombre de perfonnes qui, par un excés de modeftie qu'il ne nous apartient pas de blamer , ou par d'autres raifons particulières, n'aiment pMnt aparaitre en public, le Spectateur les invite a employer le voile de Vanonytne pour lui faire part de leurs vues, foit en Hollandais foit en Francais ; & il les avertit qu'afin de leur procurer toutes les facilités poffibles , il fera placer inceffamment, a la porte du BureauGénéral, une Caife dont lui feul aura la clef, &oü chacun pourra jetter fes avis, réflexions , nouvelles, plaintes, &c, &c. fans avoir befoin de fe faire connaitre. Utrecht 24. Février. Hiermatin Ia Bourgeoifie de cette ville s'eft de nouveau affemblée par fections, & a nommér des commiffaires qu'elle a chargé de travaille a un plan pour la convocation générale de tous les citoyens, a Peftet de choifir eux mêmes leurs EleBcurs. L'on affure même que dèsque ces EleBcurs feront nommés, ils procèderont au renouvel-  C35) Et afin de rendre cet Infiitut auffi utile que poffible , & faire circuler rapidement, par1 toute la France, les lumières qui y feront nées ou qui y auront été 'aponées, on a établi dans 1'enceinte de ces écoles desStcnograpl>es, (c'eft-a dire des hommes qui écrivent auffi vite que 1'on parleOpour receuillir tout ce qui y fera dit, & le publier dans un Journal. Ce Journal parait déja, & s'imprime chez L. Reynier, rue du Thêatre del'Egalité, tel ! mo. 4. a Paris. Le prix de 1'abonncmsnt eft de 55 L. de France. Dans une première féanee, les.profeffeurs des écoles normales parient feuls ; dans la féanee fuivante des mêmes cours, on traite les mêmes objets , & tous les élèves peuvent parler. Le Journal Sténographique leur remet fous les yeux, un ou deux jours a 1'avance, ceque les profeffeurs ont dit dans la féanee précédente. Tantot ils interrogent le profeffeur, tantot le profeffeur les interroge ; tantot les éleves étabüffent entreux des conférences ; tantöt ce font les profeffeurs. Ainfi 1'enfeignement ne fera point Ie réfultat du travail d'un feul efprit, mais du travail & des efforts fimultanés de Pefprit de douze a quinze cents hommes ; ainfi encore, les fciences s'enrichiront a Ia fois, & des fruits préparés & lentement miiris de Ia médita tion, & des créations foudaines & inatten dues de 1'improvifation. Un jour de chaque décade, les profesfeurs des eeoles normales réunis , ont, en préfence des élèves , une conférence, a la quelle on invite les favans, le gens de lettres & les artiftes les plus diftingués, & dont Ie but eft de discuter les livres élé mentaires k l'ufage des écoles primaires de la République. , Les Ecoles normales ont déja tenu plufi- ' eurs féances, dont nous pourrons rendre ] compte dans Ia fuite; mais nous ne finirons pas cet article fans dire que le célébre Bou. gainville , fi connu par fon voyage autour dn monde , &c. a paru , comme Elève, dans une de ces premières féances; & qu'au moment oü le confident de la Na-ure, & 1'ami des hommes & de Ia Divinité, r>Au- renton &bernardin SaIMT-Pi krre, mon- térent pour la première fois a Ia tribune, la falie retentit des applaudiffemens les plus vifs, & qu'on leur prodigua les marqués les plus touchantes de Peftime armi nous les progrès de Ia Liberté. Ran;és vous volontairement fous fes drapeaux.; 'oyés comme le ciel Ia protégé; fuivés a chiine des événemens dont vous êtes temoins, k vous y reconnattrés évidemment la main de ,'eternel. Qu'on ne dife pas de vous, ils ont des 'eux& ils ne voyent point, des oreilles & ILS i'entendent point. Hatés-vous plutot de repaer par Ia fincérité de vótre retour & 1'efficacité !e vos efForts, le tort que vous pouvés avoir fait Ia caufe des nations. Partagés la haine des Franais contre ces ennemis de 1'humanité, qui,dan»  C4° ) plus on avait lieu de redouter les troupes irfolen tes, pillardes & divaftatrices qu'en difait nos auxilialres, que les vaillans & génèreux guertiersqrien appella't nos ennemis. Cefl dans cette fitüation fi eritique que notre fort a été décidé par la main toute puifante de DIEU, fif que la derniére de nos calamitès eft devenue , par fa difpenfation adorahle, notre première bénéditJion. Nous trouvons nos amis dans les vainqueurs de nos ennemis. Le peuple Batave peut, fous la proteüion de leurs armes, reprendre fes droits primitifs. La liberté revit fur le fol de notre patrie, fans qu'il foit fouillé par les atrocitts qui ont rendu I'année 1787 fi fameufe dans les annales Belgiques, 6? auxquelles aucune ame bontlête, (quelle que foit d'ailleurs fa manière de penfer, ~) ne peut réfléchir fans bonte & fans horreur. Tous ces bienfa'.ts, & ceux en plus grand nombre encore que nous paffons fous fiknee ; tant de témoignages de la clémence divine, au milieu même de notre perverfité & de notie corrupt ion, nous obligent aux plus humbles & aux plus fincères actions de gr aces envers Notre Bon Pöre Célefte & notre génèreux Sauveur J. ChrisT. Mais outre ces aclions de graces il nous convient auffi de leur adrefer nos humbles prières pour obtcnir leur Pro. teclion ultêrieure; & furtout afin que le Chriflianistne pur & fimple , don précieux de la bonté divine, le plus ferme appui des fociétés humaines, le plus grand tréfor pour un peuple dans fa pro. fpèritè, & fa mcilleure eonfolation daus l'adverfi. té, foit confervé parmi nous dans toute fa dignité; qu'il y foit de plus en plus connu , cru, pratiqué, fjf mis il fabri de toutes les attaques de l'incréêulitê £? de la fuperftition. Nous devons prier DIEU pour que tous les ci toyens de cesProvinces rétablis au plus vite, dans l'beu reufe & paifible poffeffion de tous leurs droits, puif fent jouir des inapréciables bienfaits de la Liberté de l'Egalitè, de la Fraternitè, & pratiquer auffi religieujement que poffible lei de voirs qu'impofe r amour fraternel, la juftice, la cbarité, la com. pafion, la tempêrance, & le penchant d par donner. Nos voeux s'étendent même plus loin encore, & ont pour objet une paix générale & durable, la Liberté de tous les peuples, & le triompbe de la vérité , de la vertu & du Bonheur fur toute la terre. Nos prières doivent aufi avoir pour objet ceux qui font acluellement chargés de l''important fi? pénible foin de veiller aux vrais intéréts de la Patrie , au rétablifement de notre Liberté , au maintien du repos, de l'ordre rj? de la juftice, afin qu'animés dune vraie piété, d'un ardent amour pour le bien public, d'un courage inébranlable, d'une fidélité d toute èpreuve, & d'une concorde indiffoluble, ils prennent tellement a coeur l'avar.cement de nos plus précieux intéréts, qu'ils foient avec nous libres & bcureux, qu'ils remportent l'amour Ëf la confiance de leurs concitoyens, £? obtiennent, furtout, l'aprobation de Juge fouverain de l'univers. Ces mêmes prières doivent encore s'étendre fur tous ceux d qui Pon a confié quelque irfiructiou publique, la conduite fpirituelle des Cbrêtiens, è? l'éducation de lajeunejje; afin que leurs foins réunis ayent pour nous & pour nos defcendans les rfets tes plus falutaires, qu'ils contribuent puif. famntent d bannir d'au milieu de nous les préjugés & les vices, £? d y faire chérir de plus en plus la Vérité, la Juftice & la Piété &e. Nous ne devons pas non plus oublier dans nesprie. res ceux de nos frères qui épreuvent quelque infor. tune , les malades, les blefés, les indigens, les veu. ves & les orphelins, en un mot, tous les malheuren x; nous devons, tous tant que nous femmes, travailler a alléger leurs maux de tout notie pouvoir, afin de trouver (comme il convient d dei rais républicaini) notre gkire £? notre bonbeur, dons l'exercice d'une véritable] cbarité fraternelle. Les Repréfentans Provifoires du Peuple du pays d'Utrecbt fe trouvent obligés de propofer tout cela d la fèrieufe confidêration de leurs concitoyens, de quelque communion religieufe qu'ils foyent, & de les txciter a fe réuair avec eux pour adrefer 0  C40 DIEU les plus fincères atllons de graces pour tous les biens quil nous accorde, £P les fuplications les plus humbles pour obtenir de lui tous ceux dont nous pourrons avoir befoin. £r*c. &c. Ecrit n Utrecht le 10 Février 1795. (Etait paraphé) S. EtSENIUS Vt. (flus bas.} P. THOEN. ^ France. Nous avons annoncé dans notre 3e. No. les deux discours de Boifly-Dan glas, a la Convention nationale, dont 1'un furies relations de la République Francaife |avec les autres peuples &c. & 1'autre fur les principes du gouvernement actuel de la France & fur les balès du crédit public. Le premier, qui a été publié en entier dans les Nos 3 & 4 de ce Journal, était trop beau pour ne pas faire defirer le fecond ; & nous nous empreffons d'autant plus d'en faire part a nos Lecteurs, que tous les peuples qui ] ont quelques relations avec Ia République 1 Francaife font intéreffés a connaitre les principes qui la dirigent, & les bafes fur les 1 quelles repofe fon crédit. Cependant i comme ce discours eft fort long, & que les 1 bornes étroites de nos feuilles ne nous per- i mettent pas de 1'y inférer en entier, nous 1 nous contenterons d'en piéfenterle précis. 1 Après des réflexions trés fages fur les 1 heureux effets de la fameufe journée du 9 t thermidor, Boiffy D'anglascontinue ainfi, en )' s'adreffant a la Convention. v „ Les tyrans, & par Ia j'entends tous ceux qui c ont concu le projet d'affervir & d'égarer le peu- c ple, ne vous pardonneront jamais tout ce que F vous tentez aujourd'hui peur fonder 1'empire de L la jullie; & de la fagefTe. Les opórations que d vous exécutés font courageufes; mais elles ont a befoin, dans leur éxécution, d'être appuyées e d'une volonté forte; manisfeflés la cette volonté ; qu'elle aille porter 1'efpèrance dans le coeur £ des hommes actlfs qui dirigent laars travaux ven la profpérité publique, & 1'épouvante dans le coeur des hommes coupables qui ont ofé fonder l'efpoir du trouble fur ces efforts génèreux qua vous allez tenter. II eft tems de faire con¬ naitre au monde que la juftice ne le céde poinc au crim.'en énergie; il eft tems de faire connaitre a la France tous les é'éraens du bien que renfermait la journée du p thermidor. „ Quand la République,a cette époque, a conquis une feconde fois Ia liberté, elle a du s'attendre a reprendre fucceflivement tous les avantages dont une tyranie récente nous avait privés; mais on a vü qu'il était plus facile de faire dii'paraitre un tyran que d'effacer les traces de dérola:ion qu'il a Iaiffées fur fa route. On a fenti que iu fein de cette cohfufion on ne pouvait arriver \ue par des progrès lents a un état calme & affue. Tous les yeux fe font tournés vers vous. Dn fouffrait, mais on vous conjurait de guérïr entement la plaie,- elle était trop profonde, trop icérée pour être traitée violemment. ,, Cinq mois d'une fagefTe toujours croiffante , l'une confiance toujours mieux établie; cinq mois le triomphes fur les tyrans, fur les faétieux, & le] victoires fur les mauvais principes, ont dd 'ous faire concevoir des efforts plus hardis. L'alolition du Maximum, la liberté que vous allez endre au commerce, les encouragemens que ous allez accorder a tout genre d'induftrie, tou2s ces mefures enfin, qui font aujourdhui 1'ob:t de votre délibération, annoncent que vous oulés exercer Ia toute-puiffance du bien. Mais • feraïc trop psu que des décrets, fi la confiane n'avait une bafe plus profonde, je veux dire énergie & la moralité ds votre gouvernement, a confiance exige encore une expofition claire es bafes du crédit national; je vais le foumettre la critique la plus févére, & épouvanter nos nnemis du tableau de nos reffources. ,, Votre gouvernement eft encore révolutionaire, : ce mot exprime une aétion prompte & entrai-  ■ante, oppofée a des p<5ri!s imtninens: ii eft ré publicain, & ce mot exprime un carafiére de juftice & d'intégrné, de refpecl pour la dignité de 1'homme, de culte pour toutes les vertus, „ On a trop féparé ces deux mots, révolutionairc & tipublicain, & peut-être eft-ce la 1'otigine de nos plus grands maux Si vous entendez par tévolutionaire, ce qui eft prompt, violent & arbitraire, les gouvernemens defpotiques font les plus rèvoluiionaires de tous: hatés-vous donc d'ajouter que le gouvernement eft lépublicein, & tous m'offrés une garantie qu'il fera jufte a mon égard, qne ma liberté civüe ne fera jimais gênée que poar en aflurer un jour 1'exercice le plus entier; que je ne ferai point avili, ni dépouillé, ci égorgé fans jugement; que dans les plus grandes rigueurs j'aurai le recours aux loix huinaines & proteftiices. ,, Graces vous foient rendues Légiflateurs, vous avez délivré ce "toot révolutionv.aire de tout ce que la tyramie & le crime y avaient attaché d'êxécrable; il feta encore l'efFroi des faftions, mais il n'effraie plus rinnocence & le patriotisme. „ Oui vousétes révolutisunaires, vous exercés cette furveillance active qui empéche les faftions de fe concerter; vous veillés pour que Ie fanatifme ne rallume pas les torches dans quelques contrées de la France, pour que Ie royaüfme ne ranime pas fes efpérances coupables, pour qu'il n'entretienne point d'intelligence avec les tyrans du déhors & d'intrigues avec les fcélérats de 1'intérieur. Vous veillés aufli pour que Ia faftion des hom. mes de fang & des affaffins du Peuple, necherche pas de nouveaux refuges , ne trame pas de nouveaux complots ; vous n'avez rien perdu de cette indignation généreufe qui pourfuit partout le crime. Une funefle expérience vous a fait connaitre fes reffources, vous favés qu'il prélu- C40 LUtrttht- da rimprimerie du Spectateur - Rbpubucain. de a 1'afTafinat par Ia caloranle; vous favés qoe la repréfentation-nationale eft toujours 1'ohj t de fes fureurs; il elfaye de la difTaminer en attendaut le moment de 1'égorger ; il calcule fur le befoin du peuple; il épie les plaintes les plus légéres pour les porter jusqu'au murmure; il fe répand dans les atteliers; il cherche a y infpirec le dégout, Ie mécontentement , le trouble; ftupide aujourdhui dans fes calculs, il s'adreffe aux cnoyens les plus indigens, tandisque c'eft parmi cette claffe refpectable qu'exifte, fans aucune altération, 1'horrcur du crime, & 1'impatience de [e voir puni. „ C'eft pour furveiiler ces ennemis dilférens que Votre gouvernement eft révolutionnaire; mais il eft républicain & il fait refpefter, dans ceux même qu'il furveille , des citoyens frarcais , des membres de Ia grande familie; vousétes rigou* feux dar.s d;s tems difficile , mais vous n'étes point barbares. Vous furveillés, mais vous ne profcüvés plus. „ Les accufés feront jugés avec des formes hu» maines & protecttices. Vous avez donné a la Repréfentation-nationale une garantie qui la met a couvert des entreprifes de Ia haine, de la vengeance & des coups d'une faftion vigoureufe. Vous accorderés de même a tous les citoyens Francais une garantie morale qui leur affure que leur honneur & leur vie ne dépendent plus de la précipitation d'un jury fanguinaire. ,, Voila ce que vons avez fait, ce qu'il eft dans vos principes d'achever, pour aflurer a la Liber é civile tout ce qu'elle peut réclamer dans une pofuion violente & agitée de Ia République, au milieu du choc de tant de faftions différentes; voila ce que vous avez fa;t pour conferver l'éternel recours des droits de l'homme, & ne rendre point ce mot facré illufoire dans votre légiflation. Cta fuite une autre fais.')  N°. ii. LlBERTE, EGALITE, FRATERNItÉ. LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN. Par une Société de Gens de Lettres & d"Amis de la Liberté. La Liberté eft 1'idole des srnes Fortes. QMardi le 10 Mars 1795. v. JL es Defpotes de Vienne & de Bcrlin, vaincus, mais non corrigés, fe difpofent (dit-on) a une nouvelle campagne. Leur politique homicide, accoutumée a compter pour rien 1'efpèce humaine, & a faire des peuples qu'ils gouvernent 1'inftrument paffif de leurs caprices & de leurs haines, va en core facrifier a ou 300 mille combattans. La moderne Carthage, Albion, corrompue par fes richeffes, avilie par fes honteux re vers, foudoyera une partie de ces troupes & fuppléera a Pindigence du gouvernement Autrichien. Peuples! quand cefferez-vous donc d'être les artifans de vos propres infortunes? quand ferez-vous un retour fur vous-mêmes? quand difcontinuerez-vous d'inonder la terre de fang, & de la couvrir de deuil pour la caufe de vos Tyrans? .... Arrachés, il en eft tems, arrachés le bandeau fatal qui vous dérobe la vérité. Les Fkancais combattent pour la caufe fublime de Phumanité, pour leur liberté, leur patrie, leur conftitution ; & vous, vous marchés a la boucherie pour des Dominateurs perfides St. Le 20 Ventófe St. Rép.~) & inhumains, qui vous trompent en vous immolant, qui ne peuventpardonner au Peuple Frangais d'avoir voulu vous éclairer fur vos droits, & vous rendre dignes' d'en jouir. . . . Les droits de l'homme ; voila, en effet, ce qui provoque la vengeance des oppreffeurs qui n'en connaiflent d autres que ceux de 1'ufurpation & de Ia force. C'eft ce décalvgue facró dc la Nature qui eft 1'objet de leur haine, Mais, ils ont beau faire; Ia vérité triomphera: les peuples apprendront tot ou tard qu'on ne les force de fe battre que pour les erapêcher d'être libres, & pour faire rouiller dans leur propre fang les chaines dont on les charge: ils fe feront juftice de ceux qui les ont égarés. Mais hélas! avant que ce tems oü Ia raifon, la religion & la juftice doivent reprendre Ie deffus, arrivé, que de fang, peut-être, il faudra encore répandre! C'eft aux ames honnêtes & fenfibles, c'eft a tous les vrais amis de Phumanité a hater ce moment par leur courage & leur zèle pour la propagation des boes principes. L  C44) La féanee de la Convention du3ventofe . (21 février) fut marquée par un des rapports les plus mémorables qui ayent encore été fait dans cette affemblée. II avait pour objet les cultes religieux. Cette discufïïon, a la fois fi importante & fi délicate, avait été foigneufement écartée depuis longtems, mal gré la néceffité de fixer 1'opinion publique k cet égard, lorsque Boiffy Danglas demanda k être entendu, au nom des Comités de Salut Public, de furelê générale & de Légijlation. „ On a répété trop longtems, dit il, qu'il était des chofes qu'il ne fallatt jamais dire; ah! nécoutés plus les confeilsde cette politique timide qui, au lieu de guéiir les maux lesdéguife; qui, au lieu de fonder les plaies du gouvernement, s'attache a en dérober la vue. II faut tout vous dire, paree que vous pouvez tout réparer; il faut tout vous aprendre paree que vous pouvez d'un mot anéamir pour jamais tout ce qui s'opofe a rbffjrmiffement devosloix". Après cela Boiffy expofe les motifs preffans qui ont forcé les 3 comités réunis d'entretenir la Convention de la policedes cultes.'''' A ces mots. ajoute-t il, le légifiateur doit s'élever a toute la hauteur de la Philofophie ; il doit contempler avec calme les agitations qui font nées des opinions religieufes, & leur infiu . ence terrible fur Ie f>rt de 1'efpèce humaine. I! ne s'agit pas toute fois d'examiner s'il faut une religion aux hommes ; c'eft au j tems & a 1'expéiience a vous inftruire la deflüs Vous étes parvenus k rendre ' étrangère au gouvernement une puiffance trop I longtems fa rivale, & ce triomphe eft de tous ceux que vous avez remportés celui qui confolide le mieux la démocratie que vous avez ju'ée. Le culte a été banni de Porganifation politique, il n'y rentrera plus. Vos I maximes doivent être a fon égard celles d'u¬ ne tclérance éclairée, mais d'une indépenj dance parfaite .... Pourquoi ne fuivriésJ vous pas, al'égard des cultes, cette légiflaj tion naturelle que vous avez adoptée a 1'égard des focietés qui ont pour objet la discusfion des intéréts publics ? Je fais bien que ces dernières méritent infiniment plus la faveur du gouvernement, paree qu'elles peuvent 1'éclairer & le furveiller lui même; mais enfin les pratiques religieufes peuvent s'exercer auffi : 1'empire de 1'opinion eft afle2 vafte pour que chacun puiffe y habiter en paix. Le coeur de lhomme ejl un afile facré oü roeil du gouvernement ne doit point defetndre. Surveillés donc ce que vous ne pouvez empêcher , régularifés ce que vous ne pouvés défendre. Que toutes les cérémonies foient libres. Que rien de cequi contlitue la hiéiarchie; facerdotale ne puifle renaitre parmi vous. Mettés aufjrang des délits politiques tout ce qui rendrait a rétablir ces corporations religieufes que vous avez fagement détruites; qu'il n'y ait aucun prêtre avoué parmi vous, aucun édifice deltiné au culte, aucune dotation,aucun revenupublic; en un mot, en refpectant toutes les opinions, ne laiffés renaitre aucune feéte. Lescultes, quels qu'ils foient, n'auront de vous aucune préférence, vous n'adopterés point celui-ci pour perfécuter celui la, & vous laifferez a chaque citoyen la faculté de fe livrer a fon gré aux pratiques de la religion qu'il aura choifie. „ Les edifices publics, les monumens font les domaines de 1'état •, vous ne fouffrirés pas qu'ils foient Ie théatre d'aucun aéle religieux. Ils ne peuvent être prêtés a aucune fecte, car fi vous y en admettiésune, il faudrait les admettre toutes, & il en réfulterait une préférence ou une lutte dont vous devez prevoir les dangers. ,, Votre policedoits'étendre fur Ia mora., e qui fera répandue dans les afTemblées de-  C45) flinées aux cérémonies d'un culte particu. lier: cette morale ne doit jamais être en oppofuion avec les loix de 1'etat , avec les principes du gouvernement: tout doit rendre au même but dans une République bien or ganifée, & il ne faut pas que rien au monde puift'e confpirer contr'elle. „ Citoyens ,lèntons 1'avantage de notre po fition, qui nous permet d'apliquer ainfi les principes de la philolbphie a un fyltême de gouvernement regardé, il y a quelques années, comme une fpéculation impoffible a réalifer. „ La théorie que je viens d'expofer repofe fur deux bafes inébranlables, la police publique & l'inftruétion. Vous avez fundé Tune & 1'autre, & vous allés profher des avantages immenfes qui doivent en réfulter. C'efl: par 1'inrtruction que feront guéries toutes les maladies de 1'efprit humain ; c'eft elle qui anéantira toutes les feétes, tous les préjugés Emparés-vous donc de fon influence ; dirigés la vers le perfeétionnement de 1'efpéce humaine , & vous au rez rempli votre tache, & vous aurez éteint le fanatisme, fans que 1'éxêcution de vos loix puilTe couter un feul regret a la fenfibilité de vos ames. Ainfi vous cor.fom merés avec certitude la révolution commencée par la philofophie; ainfi vous dirige rés, & fans aucune fecoufle violente, les hommes que vous êtes appellés a gouverner, dans le fentier de la raifon. Ce fera par 1'influerxe & par 1'aétion de celle • ci que vous anéamiiés toutes leserreurs; &, femblablesa la Nature, qui ne compte pas avec le tem?, mais qui mórit avec lenteur & perfévéiance les tréfors dont elle doit enrichir le mondei', vous préparerés con Itammcm, & par la fageffe de vos loix, le feul régne de la philofophie, le feul em pire de la morale. Bientót les hommes ne feront guidés que par le feul attrait de la vérité; ils feront tous bons paree qu'ils feront heureux, & heureux parcequ'ils feront libres. » Bientöt la religion de Socrate,de Mare. Aurèle & de Cicèron fera la religion du monde. Vos fétes nationales , vos inftruc tions républicaines fauront embellir & mettre en aétion les préceptes facrés de cette morale que vous voulés graver dans le coeur des hommes. Mais plus cette reli. gion politique doit être bienfefante & douce, plus vous devez éviter de la fouiller d'avance par des perfécutions & par des iajuftices.3' Ce rapport, fréquemment interrompu par les plus vifs aplaudiffements, fut fuivi d'un décrêt portant en fubfiance; „ Que 1'exer,, cice d'aucun culte ne peut être troublé; „ que la république n'en falarie aucun; „ qu'elle ne fournit aucun local ni pour „ 1'exercice du culte, ni pour le logement „ des miniftres; qu'aucun de ces derniers „ ne peut paraitre en public avec des ha„ bits religienx; qu'aucun figne particulier „ a un culte, ne peut être placé dans un „ lieu public; qu'il ne peut êtie fait au„ cune convocation ni proclaraation publi,, que pour y invifer les citoyens; qu'il ,, ne peut être formé aucune dotation per„ pétuelle ou via?ére , ni établi aucune „ taxe pour en acquitter lesdépenfes; que „ quiconque troublerait par violence 1'ex- ercice d'un culte quelonque, ou en ou„ tragerait les objets, fera puni." Nouvelles. A la fèance de la Convention - nationale du 3e v-entofe, on fit ln escsdie par une afffeuie tempête, & on n'a point d< nouvelles de 1'escaJre de l'ainiral Langara. L'ex pédiiion contre lts établifiemer.s francais de St. Do imi gi e n'a point rétffi. Un horrible curagan a défo lé C> ba; plus de 70 batiurei s ont pérf; uiaiheuis dom fe releveta av.c peine le coromcrce de la Havane.— jVaroballadeur de 'a cour d'Efpagne auptés des EtaisGénéisux de la République fjatave, a quitté la Hol lande. Gn ecrit de Biest, en datte du 3 ventofe, „ Lecon ,. t;e Amiral Vaf-staeel vient de pattir en pofte pour Amlterdatn, avec plufieurs officiers & matelots: il ,, a le titre de Commandant Général des forces nava,, les de la République, dans les mers du Nord. „ Hier une aivifion de fix vaill'.aux de 74, trois „ frégates & trois corvettes, coramandée par le contre„ amiral RknauDiN , a appareillé; elle a pris pour fix „ mois de vivres; on ignore fa defiina.ion. „ On prépare unefecondeespédition pareil'e, qui fera commaiu ée parle contre-atniislNiiLLY;éIledoittm„ baiquer qutlqees ttoi pes , ainfi que le Général de ,, terre du FOURNEAU. Üa croit que la deftination ei! pour St. Doniingue. „ Une troilióme expédition fe prépare; elle eft com „ polée de trots vailltaux convenis en flütes, le FU „ buflier de 50, le Brave & le Scévola de 4C1, por,, tant du canon de 36,avec quelques corvettes; elle prtnd ., pour oix mois de vivres, & rout porte a croire „ que fa detlination eft pour les Hei tbc France & de „ la Rcut.iou. Le Cé é al Hociif., commandant-en chef de l'armée de 1'. ueft, annonce, ,, que 1'empire de la raifon ,, vient enfin de rendre a la patrie tous fes enfans, & ., que le jour oü les Francais ne doivent faire qu'u „ ne feule familie eft arrivé. Charette, (ajoute-t-iQ ,, & les pricipaux chefs de fon armée au nom des ,, fendéens, Caumart.n au nom des Cbouans, \ien„ nent de figner un acte par le quel ils déclarentaux „ Repréfentans du peuple franpais que leurs intentions „ font de vivte déformais fous les loix de la Républi„ que une & indivilible; & qu'ils s'engagent a remet„ tre leurs armes & leuis munitions de guerre & de ,, bouche; mais fpourfuit HOCHËj randis que les ci„ loyend rem rent d3ns le fein de la patrie, il eft des bngaiii'l de profeiïion qui, ne connaiflant de parti „ que celui du meuitte & du pillade, exécutent des „ forfaits u.ouis & fembient en méduerdeuouveaux.— „ L'inftant eft arrivé ou tous les bons citoyens doivent ,, fe réunir pour détruire les ennemis c mimuns. — Les , chefs muitaires continueront de repouffer les agrelfi, ons par la force, d.- proréger les peifonnei & les ., propiétés, de faiie refpefter les idéés rJigieufes, , ü'affufir a fureté des communicarions, auront , foin d'acccuiliir & de traiter en frê es tous les nom- ., mes é„aré> qui viendront fe rendre. Au quar- ,, tier Général de Reenes, le let Pentofe, fan 3e. Les Repréfentans du Peuple dans les départemens des bjuches du Rhone & du Var, écrivent a la Convention en datte du 4e Ventofe, ,. que les brigands ., di nt ces conirées fuurmillenc, fe voyant chalïés .ie „ Maifeil/e, fe font répandus dans les autres dillricts, ,, & ïurtoiit dans celui d'Arles; ce mouvement nous a ,, paru métiter une mefure extraordinaire, & nous a„ vons cm devoir dévfirer la cominune d'Arles en étac „ de fiége. A'i refte que les ennemis de la Répubü., que n'efpéreut pas triomplu-r de ces événemens fo,, mentés dans le midi. Les féditleux, les hommes de „ fang, les voleurs feront pourfuivis fans relache. — ,, Nous mêm.s, nous ne marchons qj'au milieu des „ ftdets & ües poijnatds; mais nous avons pour nous notre courage, 1'eft.me des gens de bien, le refpect ,, & la cosifiance des vrais patiiotes; & nous raèpri, 1'ons les poignards. — On nous a préfentés indi,, r ftement comme Ijs perfécutems des ardens Répu,, bi cdiis, & des vrais patriotes. Mais ces patriotes ,, que nous avoe.s perfécutés, ce font les alDHï s ue ,, nos p éiécefleurs; ce font ces mêoies brigands qai „ regreitent Roberspierre, qui deïfient U momagne ik „ vom Ifent des horreu:s contre la Convention; ce font „ ces tigres qui demandent du fang & toujours du ,, fang, qui veulent en avoir jusqu'aux genoux; & qui, „ eans leur idióme atroeement énergique, difent que ,, s'ils redevitnnent jamais lesmaitres, i! ne reiterapas ,, un enfant a la mamelle; ce font enfin ces voleurs qui ne pouvant plus p.ller & brigan Ier au nom de la Loi, „ fe répandent dans lts campagnes, fe mettent en re„ bellion ou\erte coi tre 1'autorité légitime ; voila ceux „ que nous opprimons, que nous ne celferons d'op- piimer tant que le pouvoir fera dans nos mains. ,, De tous les devoirs que vous nous avez impofé, „ le plus eflèntiel était celui de relever & d'encoura., gir le commerce. Nous n'avons rien négligé pour le retirer du lömeil léthargique oü le Vandali me l'a„ vait pion^é. Neus avons p ré au nom de la Patrie ,, & de la Convention, & nous avons été entendus. , Sous peu 1'abondance regnera dans le Midi. Mar„ feille 6l le relte du département des Douches-du Rbcine „ font irlnquilles, en dépit des milveilUns". Cette leitre fut lus a la féanee de la Convention du p ventofe. A Utrecht, de rimpiimerie du Sp ecï at eur- Rei» u b hc ai.v.  N°. 13. Liberté, Egalite, Fraternitf. LE SPECTATEUR RÉPUBLICA1N. (Mardi le 17 Mars 1795. v. St. Le 27 Ventofe St. Répf) AVIS des Redacteurs. Plufieurs de nos abonnès ont obfervé, avec beaucoup de raifon, que nos feuilles préfenta'cnt trop peu Je nouvelles politiques, ö? trop de lon^s discours. Nous Pavons fenti nous mêmes; &' nous aurtons, des ie commencement, fnvi une autre marcbe, fi nos correfpondances avaient pü s'ètablir aujjï promptement que nou, le dèftrions. siEluellement qu'elles commenccnt d sorganifer , nous pouvons leur promet te de les met tre trés vite au courrant des éiéncmens du jour; & lorsque les matériaux nous arriveront en trop grande abondance, mus publierons 3 Nos. par femaine, au t.eu de 2 , afin de conferver toujours le mérite ^.e la nouveauté . ft elTentiel dans les circonftances aclue/les. ü\.NGLETERRE. On fe prépare ici a fecourir ou peur mieux dire a prendre les Colouies Hollandaifes, dans le gouvernement des quelles Ie Stadhouder fervira, dit-on, de prête nom a la Grande Bréta^ne. 11 faut efpèrer, pour les interets des Bataves, que leurs génèreux libérateurs n'oublieront pas ce qu'üs fe doivent a eux mémes dans cette occafion; & qu'ils ne fouffriront point que leurs plus cruels ennemis nous arrachent une des fources les pius fé:ondes de Ia pro fpérité de notre patrie. Si cette entreprife feréslifalt, la France en reflentirait elle même les premiers coup> NORVEGE. II y a eu ü Betgen, un incendie affreux qui a menacé de confumer la ville. Tous les equipages de 1'efcadre frarpaife qui était dans le port, ont courru au feu. Leur activité furp-enante & leur 7é!e infatigable ont beaucoup contribué a éteindreles fhmmes & a preTerver5 Bergen. Le gouvernement & Ia bouigeoille ont envoyé des députaiföM a boid de 1'efcadre des Réptrbüquaing pour y exprimer les feu timers de la reconnaiffance pobliqae. Cette es- j cidre a appareihe" du port de Bergen parun vent d'efl, emmenant avec elle un nombrcux convoi dc ptifesfaites fur fes ennemis. SUEDE. A coté des plaintes amêres que tout ami de 1'humanité doic faire contre les gouvernemens qui ne travaillent que p mt affurer leur despotisme, il ne faut pas négliger de piacer les traits qui honorent les gouvernements raodété:. Les leures de Suideea fourniffent un exemple qui ménte d'être configné dans l'hiftoire. Les taxateuis de la ville de Stockolm, en fefant la répanition des impots fur les habitans de cette capirale, avaient chargé plus que de coutume quelque citoyens p^u aifés. La Cour s'eft empreflee de réformer cette opératiou peu conforme, a-t elle dit, a fes principes de juftice & de modétation. Le Recent a publié a ce fujet un refcrit, dans le quel on a remirqué les paroies fuivantes, qui mériteraient J'êire gra\ées en carac'têres d'or dans tous les endroits oü peut tomber la vue des Princes & Potentais de la Terre ; ,, Notre coeur paternïl bat egalfmsnt -, pour tous nos Concitoyens, s.-.n; dstuvchon de rang ni de fortune". •■ L'h.'ureux ptysqje N  C50 celui oü le gouvernement eft anlmé de femblables dispofitions! CONVENTION-NATIONALE. (Séance du ler. Mars. ne. Ventofe}. Freron ayant obtenu la parole pour une motion d'ordre, prononpa un discours afTez long & vivement aplaudi, dans le quel il manifefta ouvertement le voeu de tous les gens de bien de voir enfin cefler le gouvernement- révtlutionaire, & Ia Conftitution démocratique de 1793 régner a fa place. ,i Que font, en eftet, dit-ii, les in/litutions-ré,, volutionaires, fmon des appats pour 1'ambition & ,, des moyens pour le despotisme: telle eft Ia nature ,, de ce gouvernement qu'il femble être un piège ten„ du par Ie démon de 1'ambition; il faudrait des an„ ges pour le faire marcber, & nous n'avons que trop „ fenti que nous fommes des hommes. Uu membre de cette affemblée a dit, avec raifon, que c'était une ,, dictature; or toute diitature fupofe un diftateur ou „ des dictateurs; & tout diftateur eft un tyran. Hs. ,, tons-nous donc d'efFacer du fol de la Liberté cette ,, inyention fans exemple de la tyrannie, ce marcbe„ pied du trdne de Robespierré". Freron démontre enfuite la neceffiié de revifer toutes les loix portées fous ce régime atroce, & qui, fuivant fon expreffion , font pour ainfi dire grottl-sde tyrannie. „Enfin, ajoute-t-il, tout le peuple nous de„ mande que nous préparions les travaux qui doivent, quand nous aurons dicté les conditions d'une pa:x „ glorieufe avec les ennemis de la France , mettre „ fans danger & fans crainte de fécoufles, la Confli„ tution en aetivité". {[Séance du 2Mars.) On litle voeu de la ville d/Invers pour fa réunion a la France. „ Repréfentans (difent les magiftrats de cette ville), dépofitaires de nos deftinées, 1 vous manifeftez les intentions non équivoques de les asfurer a jamais. Tous les babitans de notre commune vous adreffent par notre organe, le jufle tribut de leur reconnaiffance; de tous les points de nos provinces le peuple, ravi d la vue de vos exploits, edmire la métamorpbofe beureufe que vous venés d'opérer. Oui, ci¬ toyens , 1'Europe entière plongée dans les horreurs du cret par le quel on fixerait les pouvors du comité refanatisme, le despotisme afjis fur tous lestrones, gou- j lativement a ces négociations: mais la discuffion en vernant la verge de fer a la main, ne fefaient de eft ajournée. 1'Europe qtiune familie malbeureufe enchainie par les volontis arbitraires d'une forte d'individus qu'une origine plus diftinguée femblait mettre en droit de don. ner des loix a leurs femWables ; la liberté fufoquée fous le joug de l'ariftocratie gémiffait dans les ténébres. Ses cris ont percé la voute des antres oü elle était pricipitée; la nation frangaife les a entendus ; elle feule s'eft éveillêe a fes plaintes ; elle feule s'e/l armée pour la défendre, elle feule eft aujourdbui parvenue d la faire triompber. 11 ne fallait rien moins qn'une nation magnaniine & valeureufepour faire over ter les rombreux complots que les ennemis dèclarès du bien public n'ont ceffi d> fomenter contr''elle, qui püt venir a bout de dêraciner l'arbre antique de la féodalité, du despotisme & de la tyrannie,. £? faire germer en fa place la tige fteurie de la liberté. Ta as commencè, nation unique, cet ouvrage furnaturel s le modérateur fuprême de l'univers, convaincu de la faintetè, de la juftice de ta caufe, affocia d tes armes, comme compagnons inféparables , le triomphe &? les fuccès Nous commencons d refpircre une beureufe fratcmité, une bienfefanté liberté, une par. faire ègalité, feront les bafes immuables de notre fé» licité future. Raois par les dèlices que nous préfagent ces avenirs flattcurs, nous follicitoHi de vous dans tout l'épanchement de nos coeurs, la réunion intime de nos provinces, avec la nition qui feule a p:i opèi er leur fclicitè. Vive la République Francaife fur toute la furface du globe! {Séance du 3 man, 13 ventofe). Cambaceres , au nom du Comité de.falut-public, fait un long discours fur ks relations ex é.ieures de Ia république, & fur fes dispofitions par raport a la paix. II preffe la Convention de prefcrire au^tV mité-de-felut-public la maicbe qu'il doit fuivre dans les négociations avec les puifTances etrangères, & d'adopter (un mode d'après Ie quel les principes foient refpeétés, les convenances obfervées, & les gouvernemens étrangers engagés a entamer des négociations qu'ils défirent. Ilpropofe, en conféquence, un dé-  (53) Dans 1» tnéme féanee, un courrier confirme 1'heureufe nouvelle de Ia pacification de la Fendée, & des aplaudifiemens unaniraes s'élévent de toutes les parties de la falie. — Après celaBoissy d'Anglas, vient parIer de Vagiotage , le définir & propofer des moyens de 1'arrêter. „ Vagiotage, dit-il, tient a une erreur de 1'efprit, a 1'égarement du coeur, a une cupidké fans mefure. Lorsqu'un homme achette un efïèt que'con qne, qui lui parait d'un prix modéré , mais dont il prévolt le rencheriflemenr, & qu'il le revend enfuite avec bénéfice, il rCagiote pas , il commerce. Mais quand un homme s'oblige a fournir dans un tems donné, a un certain prix, un efFet quelconque qu'il ne pi'flede pas, qu'il ne peut ni ne veut vendre, & que celui qui lui en fait fcufcrire 1'engagement ne veut point acheter ; quand le terme arrivé , le prétendu vendeur paie au prétendu acheteur on re coit de lui la différence en plus ou en moins du prix au quel fe trouve alors la marchandife avec celui qa'on avau ftipulé, il n'y a point de commerce; 11 n'y a qu'uii jeu de hazard, qu'un véritable agiotage. Ce jeu n'eft pas précifement illicite, mais il eft immoral; & c'eft avec juftice que les hommes vertueux le méprifent: il tarit les fources Haturelles de la richefle de i'état; il tend a bannir la morale de la fociéé; il en chafle 1'économie, en éloigne la fruga'ité, y fait nnitre le luxe & les vices inféparables d'une opulence promptement accrue. Mais comme les loix ne peuvent le profcrire formellement, ni même l'a:teindre , elles doivent du moins le dénoneer a 1'opinion publique comme un vice nuifible a 1'étatj, comme i ne habitude faite pour exclurc ceux qui s'y livrent, de h compagnie des citoyens probes &fenfés. L'agiotige, eft fans doute, comme les autres jeux un acte de Libetté civile, mais il eftun mau vais ufage de cette liberté ; & le méptis doit s'acctoitre pour lui en raifon de ce que dans ce jeu comme dins les autre-, On ci.mmence par être dupe On finit par être fripon. Pour arrêter les f.inefLs efFets de Vagiotage, BoissV prop >fe de recdie au commerce les affemblées de né-| goc^ans honorés de 1'eftime publique, & qu'on appel- lait antrefois la Bourfe. „ Faites (ajoute-t il) qu'an lieu de traiter en fecret les négocians puiffent opèrer en public, qu'i's apprennent a s'ap:ècier les uns les autres; qu'il s'établiffe tout naturellement entt'eux une efpéce de furveülance d'honneur qui comprimé la cupidiié & faffe diftinguer Ia délicateffe. . . . Paris n'était autrefois qu'une ville d« confommation & de luxe; vous devez en faire une cité induftrieufe & manufaéturiére; qu'elle foit amerée par vos foins a étre l'émule d'Amfterdam & la rivale de Londres; fixés-y par le bonheur qui réfulte de la liberté, & par les bienfaits du gouvernement, le génie du commerce & des arts Vous creufe ez ces canaux qui unis- fant Paris a la mer, le rendrort Ie voifin de tous les peuples, & fes hafrtans les concitoyens de tous les hommes; & USeine, fiére de fa liberté, n'aura plus rien a envier a la Tamifei" La difcuffion fur le projet de décret eft sjournée. Le repréfentant du peuple envoyé a Ljon, annonce par une lettre dont il eft fait Jefture dans cette féanee, „ que la trés-grande majorité de cette commune „ eft excellente, & veut fincèrement 1'ordre, la ju„ ftice & les loix; qu'en un mot le triomphe de Ia „ République eft afTuré a Lyon, comme dans tout ,, le refte de la France." Dans la féanee du 14e. Ventofe (4e. Mars) Carnet, au nom de comi:é de falut public, entretient 1'aflémblée d'un établiflement formé dans 1'enceinte de ce comité, fous Ie titre de bureau ■ topographique - &'. hijlorique, chargé de rédiger les divers plans de campagne, les actions d'éclat, la correfpondance des généraux & des repréfentans du peuple prés les armées. Ces ma érisuxralTèmblés & comparés ferviront a former un jour un corps fuivi de 1'hiftoire militaire de la révolution. Il fera beau d'y voir comment des recues mal armées, fans habitude des exercices militstres , fans autre difcipline que la confnnce, ont arrété le débordement des légions réünies contr'elles de toutes les contrées de 1'Europe; comment de bons cultivateurs, qui ne demandaient qa'araour & fimplelfe, forcés de combattre pour la défenfe de leurs foyers, menés par des chefs choifis paimi eux, chantant des hymnes a la liberté, ont vaincu & difperfé ces cobor»  C54) tes filencieufes & tactidennes conduites par Icsnobles coiyphées de la fcience militaire. Sans doute la France aura auffi fes Tacite pour acquitter la patrie reconrnilijnte enve s ceux qui ont fi bien mérité d'elle. En attendant vo re comité a fait dreffer le tableau des principales victoires ou aetions qui ont rempli cette immortelle campagne. Voici le léfumé de ce tableau qui comprend un eréfente un front redoutable & impofant, qui s'étend lepuis Coblentz jusqu'aux extrénrtés des provincesïnies. Tous les efforts de l'ennemi pour le rompre, 'il ofait le tentet, deviendraient fans doute fu perlus, par la bonté des pofitiors occupées par les ?rancais, qui d'ailleurs ne font nuliement difpofés a a gume défenfive, mais au contraire a pouffer leurs ipérations avec une nouvelle vigueur.  Nrt. 14. Libeute, EgalitÉ, FraternitÉ. LE SPECTATEUR REPUBLICAIN 7 QFendredi le 20 Mars 1795. £>. 30 Fent ofe St. Rép.*) e Spfctateur, qui aime beaucoup a favoir ce qui fe paffe en ville, vi.-nt d'aprendre qu'un de nos /ipotres Evangeliques a emre:enu, Dimanche 8 mars, fesouailies, du rapjri, ou, pour mieux dire, de t'intime liaifon quil y a entre les principes fondameniaux du Chrillianisme, & ceux qu'ont proclamé les défenfeurs de la Liberté, de 1'Egalité & de la Fratemité. D'après 1'idée avantageufe que lui en a donnè une de fes tbevil.'es ouviieia, le Spectateur eft trés faché de n'avoir püentendrelui même ce Discours ; mais ils'en confole par l'efpoir,(peut êirema'-fondé) que l'orateur en feia pm au public par la voie de 1'imprefion , afin d'arrêter la calomnie dès fa naiffance même, & de con. tribuer a former l'opinion fur un objet d'une auffi haute importance. Quoiqu'il en foit du parti qne prendra Papolie Chiêtien , le Spectateup. faifit cette occafion pour préfenter a fes a'ionés quelques idéés yrelatives, qui lui parailïent dignes de la plus férieufe attention de la part de tous les amis de la raifon, de la Religion & du bien public. Mais comme il n'aime point a imker ces Geais de la Fontaine , „ Qui fe parent fouventdes dépouilles d'autrui ,, Et que 1'on nomm; plagiairts", le Sr-, ctatlur déclare qu'il a puifé la plupart de ces idéés dans un allez long entretien qu'il eut derniérement fur cet article avec un Philofophe Chrêüen qui en fait depuis longtems I'objet de fes inéditaiions , & qui ne défire point, pour le moment,d'ètreconnu. Ce fut a i'occafion du libre cxercice de tous les cultes, déciêté par les Repréfentans provifoires de Ia République, que notre converfarion tomba fur cet objet. „ Ce dècret, me dit inon interlocuteur, eft mar „ qué ou coin de la fageffe; mais il me parait infuffi; fant, il me pa-ait tefpirer encoic cet efprit, dirai,, je de feóte ou de timiJité, qui anima les Réformateurs, & qui les artêta piésque au milieu de la bel le carrière qu'ils avaient entreprife. Au lieu de ,, travaillera tranch;r d'un feul couplenoeudgordien, ,, au lieu de .-.'attacher uniquement aux points for.da. „ mentaux de la Religion chretienne & de les pro: ,, clamer bardiiaent a la face de i'univets , les Réfor : ,, mateurs fe font fouvent laiffés entrainer dans des j „ discuflions qui n'y avaient prèsque aucun rapport; „ au lieu de n'être animés que de 1'efprit du Chriltia,, nisme, ils fe font laifTés eniporter par celui de parti, & ont ainfi donné lieu a ces dkputes fcandaleofes, a ces tixes fanglantes qui ont fait tant de tort „ a la caufe de 1'Evangile, & que lapostérité leurre„ prochera éternellement. „ Vous me dirés, fans-doute, que le progrés des ,, lumié es a déja calmé en partie ces halnes religi„ eufes , qu'on regardait r'êsque comme un de„ voir, encore même au milieu de notie fiecle. Mais „ il s'en faut de beaucoup que les différentes feeles „ qui déchirent le Chrillianisme, qne ceux qyifonra „ leur tête, furtout, foient devenus plus fa^es. Elles „ fe méprifent encore rdc'pioqnement, pour ne rien dire de plus; & ce que la poflé ité aura de la peine „ a croire, ce qu'il eli imposant de confifner dai s les annaies de 1'efprit humain, c\ft qu'a la fin du „ XVille fidele, au milieu des p'us graudes lumières '„ de Ia raifon & de la philofophie, il y avait encore „ nombre d'Eiais en Europe oü quelques [dilférences ,, d'opinions fur la vierde Made, le purgatoire, la ! „ dellinée fuiure des hommes, le culte public, & >, autres objets femblabies, fufiiaient pour dégrader „ juriJiquement un citoyen des droits que la nature „ lui avait donné comme a tous les autres, pour l'éloigner des emplois & de plufieurs autres avanta„ ges de la fociéré civile. Et c'eft fous ce point de ,, vue, q-ie le dècret des Repréfentans provifoires me ,, parait infufïïfant. II fallait non feulement flatuer ,, le libre exercice de tous les cultes, qui eft de droit ,, naturel; mais eneore ajouter, que pour 1'eleiftion ,, des différers emplois de la république, on n'aurait „ aucun é^ard aux opinions religteufes, & qu'on s'at-  No. 15. Liberté, Egalite, FraternitÉ. LE SPECTATEUR REPUBLICAIN. (JMardi 24. Mars 1795. v. St. 4 Germinal St. Rép.~) Le Repréfentant Francais RAM EL ,aeula complaifance de nous communiquer la proclamation fuiv ante pour ét re inférée dans notre feuille, Le Representant du Peuple Francais, près le quartier général a utrecht , aux Citoyens de la meme ville. Bataves! JL^orsque les Francais font entrésprécédés de la victoirelur les terres des Provinces Unies, lorsqu'ils y ont porté la Liberté pour laquelle ils combattent, aprés la quelle vous foupiriés , ils ont voulu qu'elle fut rétablie parmi vous telle quelle doit être; La juftice eft fa compagne, le bonheur de tous eft fon objet. La prudence réglait les premiers mouvemens de votre révolution; ion avancement exigeait le facrificedes reirentimens particuliers; Vous conveniés que c'eiait êtrejufte que de pardonner ce qui n'eft point immiffible; Vous trouviés dans votre propre force, l'obügation d'être génèreux ; la perfévérance dans ces fentimens vous eft né ceffaire. Une fociété populaire s'eft formée au milieu de vous; qu'elle répande les lumières,qu'elle propage l'ihftruction fur les d-oits du peuple, fur les devoirs du Citoyen, fur V amour de la patrie ; fur fa néceffité d'avoir des loix 6? de les re fpeSler. Voila robjet de fon inttitution. Elle le méconnait, fi fe confidérant comme une agrégation politique, Elle délibére fur les alTaires publiques, elle fert d'inftrument aux pafiions, elle confeille, elle exerce des vengeances, elle viole les formes, elle ne lailfe pas aux dèpofitaires de 1'autorité publique le foin de 1'exercer. Vous pouvés avoir des actes de juftice a demander ; que la loi les prononce; que les coupables feuls foyent punis.mais que lesinnocens ne craignent point d'être envelopé dans des profcriptions , générales. Votre exiftence comme faifant partie, d'une nation policée, dépend de vótre refpeét pour la furete des perfonnes ; votre crédit, votre commerce lui doivent leur confiftance; Cefl: par la que vous êtespuiffans; vos ennemis veulent les ruiner, regardés comme tels quiconque porte la moindre atteinte a la fécurité dont on doit jouir au milieu de vous. L'union fait la force des Citoyens; les Francais comptent fur la votre. L'egalité des droits eft établie parmi vous; foutenés la par la Fraternité. Combattés vos véritablesennemis, montés fur vos vaiflèaux. que vótre jeuneffe fe prépare a aller ceuillir des lauriers fur les frontiéres. Quoi! les fortereffes de Bourtange, & Ben ■ tkem tombent fous les efforts des braves & génèreux foldats qui vous ont apporté la Liberté, & vous vous livreriés a des diffentions inteftines. Les Francais ne fouffriront pas qu'un P  C5o> vous égare. Leurs principes les obligent & reprimer févérement tous les actes dejviolence. Leur généroiite les force a empêcher les vengean ces perfonnelles, leur loyauté leur défend de fouffrir aucun acte illégal. Lewr premier défir I eft aufli de voir retabür te peuple dans 1'exercice de fes véritablcs droits.» de détruire les efpérances del'arifl:ocratie& de faire taire le fanatis me. Les Francais y rètrffiront; ils vous invitent a les feconder. Fait h Utrecht le 27 Ventofe. D. V. RAMEL. FRANCE. La Vendie n'eft plus. . . . . Cette phtafe qui a'avait aucun fens lorsque l'auucieux Barrère Ia prononcait 41a tribune de la Convention, cette phrafe eft enfin réalifée. Ce fléau terrible qui a menscé pendant quélque tems la Liberté de la France, qui a couté la vie a tant de fes enfans, qui a ravagé tant de belles contrées, cette guerre dont la poftérité ne pourra croire tous les détails, la Vend&, en un mot, n'est Ptus. Ontre ce que nous en avons dit dans nos derniers Nos. nous croyons faire plaifir a nos leéteurs en leur communiquant le discours prononcè le Se. ventofe, devant les riprifentans du peuple, au nom des chefs de la VENDéE. Et il fuffira d'avertir, pour 1'intelligence 1 dé ce discours, que 1'entrevue des Repréfentans du 1 Peuple avec les chefs de la VENDée, a eü lieu fous une tente fur-montée du pavilton tricolor, & dreiTée « en rafe campagne, fons les murs de Nantes. < „ Citoyens repréfentans, en nous rappellant au fein r ie la Patrie commune d tous les Francais; en rendant r kt paix & le repts d des contrées. affiigêes ft longtems 1 par les horreurs de la guerre civile , vous avez acquis £ les titres les plus fiatteurs d la reconnaiffance publique, h La notre furpaft encore, s'il eft poffible , & nous n'ou- g Uierons janais que fous cette tente, oü fe font traités ti des intéréts fi majeurs & fi pui fonts, vous vous êtes n montrés conftamments /es amis de la juftice, de l'bu-, u ■manité, de la bienfefance , & les foutiens de Pbonneurl & de la gloire de tous les frangais fans exception. fi I Pour rêcompenfe de vos génèreux efforts, venez parcourir nos campagnes, lorsque Hnduftrie, le travail protégés par nos loix „ & encouragés par la paix, auront efacé les traces de la guerre, & réparé lel maux qu'elle entraine après elle. L'image du bonheur qui aura remplacé le deuil qui les couore maintenant, portera d vos coeursl'annonce des bénédictions de tous les heureux que vous aurés fait". Quatre jours après la tenue de ce discours, c. a. d. le 1» ventofe, les adminiftrateurs du diftrict de Nan. tes ont écrit a la Convention, pour la folliciter de proroger Ia mifïïon des repréfentans du Peuple Ruelle, Dornier & Bollet envoyés dans leur département, & qui ont fi bien réüfïï a'y faire revivre la justice & rh-umanité, & a fe concilier la confiance & Teftime des Vendéens. Cette demande eft renvoyée au comité-de -falutpublic. Bourfault, remarque, pendant la difcuffïon, qu'une :orrefpondance faifieprouve que Ia guerre des Cbouans ftait foudoyée par l'Angleterre; que pendant dixhuit mois les cdtes dc france avaient été acceffibles aux faeliires de cette puiflance, mais qu'enfin on avait "is des mefures pour qu'elle ne puilfe plus y envoyer les recrues de fcélérats, des bandes démigrés. Ces raitres, ajoute-t-il, ont toujours été méprifés de la 'endée même; ils font été de Charette; ils fe font ait haïr partout, & 1'Angleterre veut les vomir a uelque prix quejce foit fur nos cótes. - Les cbot*us ainfi appeliés , parceque comme des oifeaux de uit, comme des cbouettes, ils ne marchent que la uit, aiTafiinent depuis 1'orient jnfqu'a aleneon; leurs oftilités font des mafiacres, leurs viétoires des égoreraens. II y a deux mois que j'ai pris vingt-cinq arils de poudre qui leur étaient envoyés par les an. iais. Cette guerre n'eft pas dangereufe pour la pa* ie, mais pour Thnmanité. Le feul moyen de la teriner eft d'envoyer deux repréfentans q.ui s'occupeat niquement de cette affaire". Les affiches d'angers du oe. ventofe, viennent a ppui de ce que Bourfault difait a la Conveniion.  „ Tont fait efpérer, (difent ces affiches) que les principes de juftice, d'huruanité & de générofue de Ia Convemion - nationale , vont obtenir parmi les Chouar.s, les mêmes fuccès qu'ils ont erts parmi nos frêres égards de la Vendée, Le repréfentant du Peu- j ple crut devorr parcourir les pays occupés par les chouans, & connaitre par lui-même 1'efprit des habitans; il parait même que fon voyage êtait connu de plufieurs chefs qui déftraient de confêrer avec lui. II partit le 6'. accompagné de cent hommes de Cavalerie. II patla au milieu du cantonnement & garnifon de la membtole, du Li'on- drangers, Ségré & poftes intermédiaires, au milieu des cris de vive la Républi que, vivo la paix! Nous ignorons s'il a eü des entrevues avec les rebelles; mais, d'après tous les raports, il efl conftant que, excepté quelques mauvais fujets, affafïïns, par habitude du crime, pillards Ik voleurs par intêret, les habitans & tous les chefs défiraient Ia pacilication". ALLEMAtiNE. (Bamberg en Franconie, 20 Fivrier~). Le prince evêque de Bamberg & Wurtsbourg, eft mort ie 14. de ce mois. On prétend que 1'autriche cberche a faire écheoir cette fuccelïïon a un prince de fa maifon. Le roi de PrulTe, de fon coté, doit le eonfidérer comme un dédomagement praticable, & qui pounait faire partie de fon traité avec la République francaife &c. Mais les habitans des pays qu'il plait aux princes de regarder comme des héiita- 1 ges, fe déclarent déja pour ne vouloir point fouffrir 1 la domination d'un étranger. Des placards imprimés , s'expriment clairement li-deffus: on y exhorte ri'a- 1 bord, & on y menace enfin au nam du Peuple v i dans Ie deffein de diriger la nouvelle élection qui fe ! ( fera par le» chapitres refpeclifs. Une de ces affiches l porte expreffément, que fi fon forgait cfaccepter un r étranger pour Prince, le peuple faurait bien trouver c ntoyen de s'en de faire. p Les funérailles du prince défunt couteront a 1'état f 60 mille florins: Or ladifetteeft extréme dans les deux n princ;pauté> de Bamberg & de fPurlsbourg; & 1'on n dépenfe pour un cadavre , la fomme qui fuffi ait é pour entretenir, pendant un an,cent milleperfonnesl... ji 1 PARIS (7e. Mars. 17 Fentofej. Iswird, nn des profcrits de Robefpierre, vient de publier une brochure fous le titre de Profcription d'Isnard, qui ftit feufation dans le public. De tous les dcrits publiés depuis le 9 thermidor, aucun ne nous a paru contc nir, en peu de pages, plus de vérités fur les évènemens défaftreux qui ont précéde & amené cette feconde époqne de la Liberté démocratique. Aucun ne doit mieux éclairer l'opinion du Peuple fur la contre-révolution du 31 Mat; aucun n'a peint avec plus de force & de chaleur les calamiiés qu'enfante cette hotrible joutnée. Voici comment il en retrace Ie donloureux tableau, qui eft en même tems ur» morceau précieux pour 1'hiftoire: M La guerre civile allumée ; Robefpierre élevé au throne diétatorial; la Convention mutilée, impuiflante, fubjuguée; le régne de la terreur établi; Ie proconfulat introduit; tous les fentimens de la nature étouffés; la liberté des aftions, des paroles, de la prcfle, enchainée; la probité, la vertu, la philofophie profcrites; le commerce, les arts & les fciences anéantis; le vandalisme & Ie brigandage couronnés; a calomnie & la délation recompenfées; le maratifme déifié; la fortune publique dilapidée; Ie fyftème a?aire profefTé; Ia morale humaine corrompue; la foi ïationale violée; les proprietés envahies; denombreux ribunaux de fang inftitués, ie droit de vie & de mort lélégué aux êtres les plus féroces; des milliers d'éthafauds dreffés; cinquante mille baftilles encombrées le prerendus prifonniers d'Etat; la pefte ravageant les irifons de 1'Oueft; la Vendée entretenue; cent mille 'ictimes fuppliciées, foudroyées ou fubmergées; trois ent mille défenfeurs de 1'unité conventionnelle mis ors la loi d'un trait de plume; fix cent mille vrais épublicains forcés d'émigrer; des millions de families, e veuves, d'orphelins noyés dans les pleurs, des deartemens entiers paffés au tranchant de 1'epée & coniméspar les flammes; de vaftes contrées n'offrant pour toiffons que des oft'emens & des ronces; la vieillelfe laffacrée & brülée fur fon lit de doulenr; 1'enfance iorgée dans le ventre maternel; la virginité violée ifques dans les bras de la mort; les monftres de l'O.  cean engraifle's de cbair hwnaine; Ia Loireroulantplus de cadavres que de cailloux; Ie Rhóae & Ia Saóne changés en fleuve de fang; Vauclufe en fontaine de larmes, Nantes en tombeau; Paris, Arras, Bordeaux, Srrasbourg, en boucheries; Lyon en ruines; le Midi en défert, & Ia France entière en un vafte theatre d'horreurs, de pillages & de meurtres." HOLLANDE de la Haye, le 19 Mars, A Ia Séance des Repréfentants-Provifoires du Peuple de Hollande du 12 de ce mois, les Députés de ia Province aux Etats-Généraux annoncèrent, qu'on avoir repu de Zeelande la communication officielle, que le Stadboudérat y avoit été aboli ainfi que la Dignité de Premier-Noble de la Province, dont le Prince d'Orange étoit revêtu, & en vertu de Iaquelle il avoit la première des fept Voix a 1'Afferablée des Etats de Zeelar.de, avec la qualité de Marquis de Veere & de Flefftngue. Ils firent également rapport de la Cé rémonie, qui avait eu lieu la veille. Le Préfident des Etats Généraux ayant recu de la part du Repréfentant Fiancois, Alquier, 1'invitation, pour que 1'Af femblée admit une üéputation chargée de lui remettre divers objets tirés du Cabinet Stadboudérien cTHifioire-Naturelle , & 1'Aflemblée ayant répondu , quWle fe trouvoit fort bonorde de Tattendre, le Général Dumonceau s'y étoit rendu en grande pompe , ac compagné d'un nombre de Militaires Francois & de plufieurs Généraux, portant les Pièces, qu'il étoit chargé de remettre a L, H. Puiffances, (nommément du Général de IVinter , Officier Hollandois de naiflance, qui porta en cette occafion le Baton deCommandement de 1'Amiral Tromp,) & précédé de la Bande entière des Muficiens de 1'Armée du Nord . Admis dans la Salie d'Aflerablée, après avoir préfenté une Lettre du Repréfentant Alquier le Général Dumonceau pronorca le Discours fuivant, qu'il rerait enfuite par écrit. La Probité & Ia Vertu aflurent li Viflo're. Liberté Egalite. Quartier Génétal de la Haye le 21 Ventofe, 1 année Républieainé. Le Général de Brigade, Commandant en chef a la haye, aux Citoyens Repréfentans du Peuple Ba tave. Le Reprêfen'ant du Peuple Francois, par une conféquence niccff.iire des prircipes de génèrofité, qui caraftérifent une Nation li Ij re, me charge, Citoy-ns. de la miffion honotahle de remettre entre vos mains. au nom de la Nation Francoilè, le Sabre du brave Amiral Ruyter; le Baton de Commandennnt de CA miral Tromp; un Canon dont un Roi des Indes avoit fait hommage aux Etats-Généraux; une C>upe dam Iaquelle les premiers Fédérés ont hu, d la naiffance de la Liberté Bitave, & une ttoule fur Iaquelle les mêmes Fédtres plantoient un Clou, en jigne d'adhéfton A ' la Liberté, & dont les Stadhouders sétoient emparés. A Utrecht^ de 1'imprirnerie du Spectateur-Repü blicain. Ces gages pricieux, qni rappellent a la mèmoirè des Bataves le courage béroïqui, qui fignala deux de leurs plus grands Généraux, ne peuvent mieux être dépofi qu'entre les mains des Repréfentans tPun Peuple, dont ces Grands-Hommes ont imtnortalifé le nom & la gloire. Le Citoyen Huber, qui préfiJoit ce jour-li a 1'Affemblée des Etats Généraux de la part de la Province óeFrife, réponditau Général Dumonceau en ces termes. ,, Citoyen GtNSRAL, Les Repréfentans de la Nation Batave vous témoignent leur fatisfiiclion , en recevant un gage de 1'amitié , de l'eftïme, & de la confideration des Repréfentans Francais, Puilfe la mémoire de nos deux Héros, les plusilludres Difenfeurs de notre Patrie , euflammer d'un faint zéle tous les Bataves! Que leur exemple nous foit facré, & que jusqu'a notre dernier indant nous ne ceffions de défendre la Patrie, & de lui vouè'r notre exiftence jusqu' au dernier foupir. Ils vóus félicitent, Citoyen General, d'être choifi pour leur porter ces honorables Armes: ils applaudifTetit a votre zèle; is honorent vos feniimens & votre courage; & leur plus grande efpérance eli fondée fur l'attente de voir vos feniimens unanimemont recus parmi vos Frères". Cette Réponfe achevée, la Mufique des Troupes Francoifes joua, dans 1'Appartement qui communiqué a la Salie de 1'AITèmblée de L. H. Puiffances, nommée la Cbambre de la Tréve (paree que la Tréve avec \'E* fpagne en 1609. y fut fignée) diff rents Airs Francois, notamment celui: Ou peut-on être mieux qnau fein de fa Familie ? Le Général Frangois & tout !e Cortége, qui 1'accompagnoit, étant partis enfuite, Ie Citoyens Grasveld, Député de la Province de Gueldre, propofa, par un Discours analogue a i'occafion, „ que ,, 1'AITèmblée donnrit aux Repréfentans du Peuple Fran„ fois un Repas folemnel, au nom de la Confédéra„ tion entière de la Nation Batave, pour y jurer, en „ préfence de 1'Etre-Suprêtne, & aux yeux du Peu1, ple libre des Provinces-Unies, par ces précieufes Rer, liques du Patriousme & de 1'Uéroïsme denosbta,, ves Aecètres, de ne nous pas rendre indignes du nom ,, de leurs De.cendans; de ne rendre ce fol de la Liberté ,, d la Tyrannie qu'avec le dernier foupir ; & de dé,, fendre la libre Navigation des Mers, avec l'ancien. 1, ne gloire, la ferme é, & la confiance d'un Tromp , & d'un Ruyter'". Les Etats Généraux ayant agréé :eue Pr opofi ion d'un Repas fraternet, deux Membres de l'AlTemb.'ée avec le Greffier Quarks furent nommés, pour en donner connoifTance fotmeile au' Repréfentant Alquier: tl fut réfolu en même tems de faire xéfent au Général Dumonceau, comme ayant étéchargé i'une miffion auffi honorable & amicale de Ia part de :e Repréfentant, d'un Cheval de felle complettement équipe i de donner une Gratification de cent Ducats tn Efpèces aux Muficiens Francois; & d'écrire au Ilej-é'entant Alquier une Lettre de remerciment, quifuc ttrétée le lendemain.  No. 17. LlBERTE, ËGALITE , FrATERNITE. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. (Jylardi 31 Mars 1795. v. St. 11 Germinal St. Rép.~) JL out ce qui concerne 1'utilité publique a un droit inné a paraitre dans notre feuille: c'eft ce qui nous engage a faire mention de la féanee publique du Lycée des arts de Paris, du 10 Ventófe. Parmi les objets intérefians qui onc été traités dans ceite féanee, on a diftingué particulièrement: io. Un raport fait par Dutrone, fur des anatomies anificielles & pièces anatoraiques du citoyen Bertrand, médecin, & principalement fur des piéces pathologiques dont la vérité & 1'exaétitude pourraient étre de la plus grande utilité pour 1'étude de la médecine. 20. Un métier nouveau trés-fimplifié par les frères Collangette, pour fabriquer des toiles, mouflelimes, étoftes de laine, & au.res dans les très-grandes largeurs, de manière qne Ie jeu entier de la navette & du metier fe fait de lui-même, & fans exiger d'autre force que celle d'un enfant de 15 ans. La féanee du Lycée, dont nous parions, était la 05e, depuis fa fondation, fans que les mouvemens ré volutionnaires qui fe font fuccédés depuis trois années aient ralenti fes travaux. A 1'emulation générale répandue fur les arts, II a joint 400 éducations gratuites, & dans ce moment il en ajouteöoo en faveur des élèves de 1'école notmale. Quel bel exemple cet êtabliflement ne fournit-il pas a tous les véritables amis des arts & du bien public! ITALIË. dSavone 15e, Février). La cour de Tutin parait ab ttue. L'aproche d'une nouvelle campagne 1'éclaite fur fa fituation; elle en fent, plus qu'elle n'avait encore fait, toute 1'amertume. Uit crédit épuifé par un papier ■ monnaie fans hypothéque; des recrues difficiles chez un peuple mécontent; les fymptómes d'une difette que le renchériflement de toutes chofes amêne a grands pas: tant de réalités déplorab'es ne fouffrent plus qu'on fe fafle illufion. Les miniftres aflemblés dans le dernier confeil ont été forcés de confefler des vérités tardives, & de faire preuve d'impuiflance, plutót que d'incapacité- On dit que le fils ainé du Roi avait prévu tous les malheurs qui arrivent, & que méme au premier voyage des émigrés d'/frtois & Condé a Turin, il a e Le jour oü j'ai figné tui traité de paix avec la RéJublique Francaife, a été le plus beau de ma vie; & jelui oü la nouvelle en eft parvenue en Tofcane, le ignal d'une joie univerfelle. Organedes fentimens de ma Patrie, d«ftinée heueu ement par la nature a ne prendre aucune part aux •luerelles militaires & politiques des grandes puiffantes, il eft bien doux pour mon cceur de pouvoir vous flurer que le gouvernement & les habitans de la Toscane ont toujours confervé pour vous, malgré les vénemens, tous les égards qui font dus a votre puisinte Nation. » Quanta moi, je mettrai tous mes foins a cimenter Ie plus en plus, pendant Ia durée de mon féjour ici, i bonne intelligence qui doit exifter entre les deux ^tats. ., Puifle la paix qui vient de fe conclure entre la Frane & Ia Tofcane, êtte 1'augure d'autres traités plus  C 70 ) importans a Ia tranquïllitd de 1'Europe, qui en a befoin ! & puiffé je, après vous avoir trouvés a mon arrivée couverts de Iauriers militaires, vous voir repofer bientót a Pombre falutaire du pacifique olivier.' (On applaudit a plufieurs reprifes. ) „ Le préftdent au miniftre plénipotentiaire. Forcé de courir aux armes pour défendre Ia liberté attaquée par une grande coalition, Ie Peuple Francais a porté chez tous fes ennemis Pétendard de Ia victoire. Son indépendance était la feule conquête vers Iaquelle il aspirait. Etre libre, telle était fa volonté; refpeder le gouvernement de fes voifins, tels font fes principes: la jufiice de fa caufe, fa puiffance & fon courage, voila fes garanties éternelles. „ II n'eft point enivré de fes fuccès, mais il n'en laiffera point perdre le fruit: ils ne feront point ftériles pour Phumanité. II les eflime d'autant plus, qu'ils feront les précurfeurs & les garans de la paix de 1'Europe, & du bonheur de tous les Peuples. „ Le fang qui a coulé ne ternira jamais les Iauriers des foldats de la République ; il retombera tout entier fur ces cabinets ambitieux, ou quelques hommes perfides méditent froidement la ruine d'une Nation généreufe pour afiervir toutes les autres. „ Heureux les Peuples dont les gouvernemens, ava- j res du fang des hommes, ont été affez fages pour ne pas entrer dans une ligue formée par 1'ambition & , 1'orgueil.' II en eft que leur pofition & une impulfion ] prefque générale, a Iaquelle ils ne pouvaient réfifter, ont forcés de rompre une neutralité conforme a leur ; volonté & a leurs véritables intéréts. Tel eft Ie gou- ■ vernement de Ia Tofcane; mais fes vceux ont toujours 1 été pour le rétabliffement de cette neutralité; il n'a ja- ! mais perfécuté les Francais établis far fon territoire; \ il a repouffé de fon fein les contrefacteurs de notre ] papier.monnaie, fi fcandaleufement protégés ailleurs. [ Auffi, lorfqu'il a manifefté d'une manière oftenfible, | a la République triomnhante, Ie defir de vivre avec elle en paix, amitié & bonne intelligence, la Con-J vention nationale , fidelle aux grands principes qu'elle avait proclamés, a-t elle confenti a un traité conforme aux intéréts des deux Nations. ,, PuifTe cette initative rt'une paix générale réalifer bientót, pour le bonheur du jenre hamain, cette vé 1 rité écrite dans la nature, & que 1'ambition de quelques hommes avait réléguée dans les ouvrages des : philofophes: Que les hommes & les Peuples ne font point faits pourfe déchirer entre eux; mais pour s'ai. ■ mer & travailler enfemble, par un échange de fervi- j ces, a fe rendre heureuxI ^ „ II appartient au Peuple Francais d'exprimer ce vceu ] au milieu de fes viétoires. Ses bras refteront armés t pour la guerre; ils feront toujours ouverts a ceux qui lui préfenteront 1'olivier de la paix. t „ La Convention nationale voit avec intérêt dans fon r fein un homme connu par fes principes de philofophi e? A Utrecht, de 1'Imprirnerie du Spectateur-Rtp u blicain. & d'hurnanité, & qui a rendu d'importans fervices i des Francais malheureux. Le choix que le gouvernement tolcan a fait de votre perfonne, pour repréfenter auprès de la République Francaife, & cimenter Punion entre les deux Peuples, eft un garant qu'elle ne fera jamais troublée. (Les applaudiffemens recommencent & fe prolongent.) Un membre demande que Ie préftdent donne 1'accolade fraterne'le au miniftre plénipotentiaire. Cette propolition eft décrétée. Le miniftre tofcan monte au bureau du préfident, qui lui donne le baifer fraternel aux acclamations générales, & aux cris mille fois répétés de vive la République Frantaife ! La Con vention rend Ie décret fuivant: Art. Ier. Francois-Xavier Carletti eft reconnu & proclamé miniftre plénipotentiaire du gouvernement de Tofcane, prés la République Francaife. II. Les lettres de créance de Francois-Xavier Carletti, miniftre plénipotentiaire du gouvernement de Tofcane, fon difcours, la réponfe du préfident de la Convention nationale, & le procés-verbal de la préfente féanee, feront imprimés dans les deux langues francaife & italienne, & inférés dans le bulletin de correfpondance. Ce décret eft fuivi d'un autre, par le quel la Convention aflujettit tous les citoyens de Paris a faire perfonnellement leur fervice de garde-nati que te peuple verte moins que jamais entendrc parler de royauté & de tyrannie. Nous nous étendrom d'avantage fur ces ibjets f ordinaire prochain. Nous ajouterons cepeniant que les fcélérats & les brigands, qui ne recontaisjent d autre élement que le désordre, agitent encoe le midi, & ont même voulu ajjafjiner le repréfenant du peuple qui eberebait de les ramener d la raton. D'un autre coté les rebelles de la ci devart 'endée, ou pour mieux dire le parti des Chouans imtnue de jour en jour , & ceux qui réftftent font ourfuivis avec vigucur.  N°. 19. Liberté, Egalite , Fraternite. LE SPECTATEUR REPUBLICAIN. (Mardi 7 Avril 1795. «/. SV. 17 Germinal St. Rêp.~) & 45» iVow «zw« invités par Ia J-ocntTé dfs t.mis de la Libertó d'AmjterdSm d,infèrer fadrejfe 'fuivantc dans notre feu';Ile Nous trits en/pre, font d''autant plus de le faire, qu'elle nepeut qut concourrir puijfammctit e'e la réorgatiifation de notre armée , qui eft d,uu iniêret jimajeur dans les ctrconfiat/ces acluelles. La socete dei aml» d< la Li/serré , fous le nom de la quelle a paru cette adrcfe, propife ii toutes les foctétés patri otiques de nos Provinces de f adapter & de la rèpmdre autant que pojftble. $ j{? # Lts Sociétés Populaircs des Provinces Unies des Pays-Bas, aux Militaires Bataves de tius rangs, de teittes A' mes. CONCITOTENSI "JL/orsque les armées triomphantes de nos freres let Francois, après avoir terrclfé leur* nombreux ennemis, eurent pénétré jutqttes dans le fein de nos Provinces , il vous fut adreflè une inutation fraternette par vos concitoyens, qui, vous ouvrant les bras, déüroient ■que vous iïffiez caufe commune avec eux, pour recouvrer nos droits naturels, foulés aux pieds, depuis fi longtemps, par nos tyranniques opprefleur'. Vous avez vu enfuite la Publication que les Etats-Généraux, repré'entans provifoires de la fouveraintté de 1'union de nos Provinces, vous ont adreli'ée & dans iaquelle 'ils vous confitraent les promeiT.s de vos concitoyens. 'Si, malgré tout cela, vous n'avez pas encore fenti le ptix des avantages qu'on vous oiïre; fi votre ame, courbée jusqn'a préfent fous le fcep-re de fer du despoti.-me, fe refufc aux invitations que vous ont fakes & vos concitoyens & ceux que vous avez toujours rcgardés comme \05 m tttes, écout.-z du moins encore une fois les exhortations fraternel'es des premiers, qui voudroient vous ramener a eux, vous faire fen ir le prix d'une liberté légale, détruire le mur de préju- fés qut fefoit, pour ainfi dire, de vouss dans la fo* elé é, un corps a part & presqu; mép.'ifé, vous faife jojir enfin, dans toute leur ctendue, des droits de Thomme & du citoyen. Militaires Bataves! nöusjvousle dematidons? Avez vous juïqu'ici obtenu dans cme Képablique la con'.idération due aux vrais défenfeurs de la patrie? Vous ne fauricz l'affirm.-r. A quoi donc atttibuer l'éloigne. ment oü le citoyen vous tenoit de lui, le peu d'alTec. tion, nepourrot-on pas dire, fefpece d'avetfion qu'il vous témoignoit? A la terreur que vous lui in- 'piiiez. On n'aime pas ceux que 1'on ctaint; & vous étiez les malheureux iniitumens dont nos despotes fe fervoient pour alfurer leur tyrannie & pour river 'es pefantes chaines dont ils nous ccrufo:ent, fans que votre fervi.ude en fut mt indre. Les chofes ont changé de face, les Francais libérateurs viennent de brifer nos fers. La nation renirée dans fes droits naturels, eft dispofée a les maintenir; elle va fe lever toute entière ponr anéantir les tyrans qui oferoient de nouveau attenter it fa liberté; elle va fuivre 1'exemple des anciens Bataves, que les monflres, qui li tenoient fous le joug, lui avoientpr.-sque fait oublier, mais que les exploits immortels desvaillans Francais ont rappellé vivement a la mémoire de tous les vrais enfans de la patrie. Militaires Bataves! joignez-vous donc a nous, nous voustendons les bras; jettez vous y avec fécutité, avec lacertitude d'y être refus en freres. Venez dans nos clubs, vous y apprendrez a connoitre les avantages de 1'égalité, de la fratemité. Vous y devienJrez citoyens, & vous en pratiquerez les devoirs quand vous en connoitrez les vertus. Réunifièz-vous donc il la caufe commu. ne. Ajoutez a la pure allé^rcfTe des vrais citoyens, la précieufe fatisfaftion de vous ferrer dans leurs bras fatertiels. Venez jurer a la nation de vivre & de mourir pour elle. Et, li les tyrans qni défolent la terre, macbirjoient encore des projets finiflres, nojs combatrons ru'ec vous en freres, vous foutiendrez nottc courage, vous guiJcrez netre infexpérience & vous  C7 tt"é n:Tclr -!VeteS garnir°ns *" avoien< capi. tu uie, ne Te font-ils pas comportés envers vnm ar humanité, avec fraternité? Vou, ont fi? mT ?? infultés le moins de .ónde» nLT^o"? £? ^ Et, depuis qu'ils font dans ce pays, queüe a é ^ : la conduite de ces prétendu, cannibaïes? oS, eo1£ t me on nous le difoit, devoient envahir les' p opril ■ é , anéamir les cultes, dévafter les campagne, & „e 1 laiffer après eux que les traces du crime? Vous le i voyez Militaire, Bataves, leur discipline n'a -1 el e . pas éré maintenue avec féverité? rw ti. „ il, , ces contrées le ravage ^YéfoIeSnV coSïïiM'S faire les Anglois plus éxécrables encore? nJf^ e",faut-il da^ntage, Soldat, pour vous pe fuaderquen combattant avec une nation auffi ternblea fes ennemis, qu'hu.naine & généreufe env-ra fes amis, en concourant avec elle f la propag t oa de la liberté, vous vous couvrirez de gloire-; vous écraftrez les tyrans qui comptent pour rien e fanF des hommes, vous iouirez d'une nouvelle exiftercf & vous menterez les bénédiétions ik les réeompenle de vos concitoyens, qui auront foiu non. feu'e. & d- ma'S ^ V°S femmes' de vos enfant & de tous ceux qui vous «ppattiennenu Sol iats, nous vous le jurons. '» Militaires Bataven! En cherchant a vous pénétrer mai^ltehénkrgle riPub,icaine doit affurer pour-al mais le bonheur des peuples, n'imaginez pas que' I crainte foit dans cette conjonfture Ie mobile de notr. démarche. L'.nvitation fra.ernelle que nous vous fe! Jr.,, part du vceu forement pronoJcé de notre coeur detre libres, d'être égaux, d'être frères. V#S vous 1 être avec nou,? Recevez la main frarerneiTe [que nous vous olTrons. Mais fi vousconnoiffiez ï|fez peu vos vrais intéréts pour la refufer, fi vous etiez affez lüches pour vous réunir a „os anoen oppreffeurs, croyez que nous faurons être libres fans vous; croyez qu un peuple qui peut & qui veut a tout prix, maintenir la. liberté qu'il a recou,rée faura bien faire di«paro!tre de fon fein quicouque porte un cceur d'ariftocrate ou d'esclave SALUT & FRATERNITF. Fos Concitoyens.  langves vivantes les plus apropriées aux Icealités. 130. D'un Profeffeur des arts de deffein. III. Dms toutes les écoles centrales, les profeffeurs donneront leurs legons en francais. IV. Ik aurora tous les mois une conférence publique fur les matieres qui int ére-fentles progtès des fiences, des lettres & des arts les plus utiles d la fociété V. /ittprès de chaque école centrale, il y auia: 10. Une bibliotbéque publique; 30. Unjardin cjf un cabinet d'bifloire naturelle; 39. Un cabinet de pbyfique experimentale; 40. Une colleltion de machines & moddes pour les arts & métiers; VI. Le comité d'inftrulïion publique demeure chargé de faire compofer les livres élémentaires qui doivent fervir d Penfeignement dans les écoles centrales. VII. II fera (latuê, par un decret. particulier, fur le placement de ces écoles. CHAPITRE II. Jury central d'inftruction. Profeiïeurs. Art. Ier. Les profeffeurs des écoles centrales feront examinés, élus & furveillés par un jury central d'in. ItrufHoB, compofé de trois membres nommés par le comité dinfiruéliou publique. II. Le jury central fera renouvelè par tiers tous. les fix mois. Le commiffaire fortant pourra être téélu. HL Les nominations des profeffeurs feront foumifes i l'approbation de Padminifiration du département. IV. Si Padminifiration refufé de cor.firmer la nomination faitepar Ie jury central, il pourra faire un autre choix. V. Lorfque Ie jury perfi/lera dant fa nominatitn cj? Padminifiration dans fon réfus, elle défigncra, pour la place vacante, le citoyen qjielle croira mèriter la préférence ; les deux choix feront envoyés au comité d'in- , firuêlion publique, qui prononcera définitivement entre f adminifiration Ê? le jury central. VI. Les plaintes contre les profeffeurs feront portées direclement au jury central d'inflruclion publique. VIL Lorfque la plainte fera en matiere grave, & après que faccufé aura été entendu, fi le jury juge ; C80) qu'ff y a lieu d deflitution, fa décilion fera portee k Padminifiration du département, pour étre confinitée. VIII. Si Parrêté de Padminifiration du dépa>tement ti eft pas conforme d Pavis du jury centra', Pafjire fera portée au comité dinftt utlien publique, qui pro~ noncera définitivement. IX. Le traitement de chaque profeffeur des écoles centrales, efi fixé provifoiremeni è trois mi:l$ HvrêS. Dans les communes dont la population s'éleve au - desfus de quinze mille habitans, ce traitement fera de 4000 liv. Dans les communes att-deffus de feixante mille habitans, il fera de 6,c00 /. X. // fera alloué tous les ans, a chaque école centrale , une femme de 6,or o liv. pour frais dexpe% riences, falaire des employés d la gaide de la bibliotbéque, du cabinet d'hifioire naturelle, elf peur tout. tes les dépenfes néceffuires d Pétabliffemer.t, XI. Le comité d'inflruêlicn publique eft chargé d'ar. ré ter les regiemens fur le régime & la difcipline intêrieure des écoles csntrales. CHAPITRE' III. Ek'ves de la Patrie. — Prix d'encouragemenr. Art. Ier. Les éleves qui, dans h féte de la Jeunefle,. Ce feront Ie plus difliigués, & aurent ob'fenu plus particulierement les fuffrages dn Peuple, recevront, {Ui fent peu fsrtunés, une penfion annuelle pour f- p;ocurer la facilité de fréquenter les écoles centrales. II. Des prix d'encouragement feront dtflribués tem les ans, en préfence du Peuple, dans la féte de la Jeuneffe. Le profeffeur des éleves qui auront remporti le prix, recevra une cour enne civique. III. En confequence de la pré fent e loi, tous les an:iens établiffemens confacrés aal inflrucTion publique', rous le nom de cnl'é.rez enlevé pour jamais ü la liberté fes défenfeurs „ les plus énergiques.- ,, Telle eft en partie la pofition défaftreufe oü 1'ig, norance & Ia cruauté des quelques dominateurs onc , placé une république triomphante partout, excepté , dans fon intérieur Et c'eft quand tous les , partis oppofés a la répub ique méditeut des fédi, tions & des révoltes, q te 1'on vous propofe de , convoquer fans délai les affemblêes-primaires .'Mais , penfés - vous que les rois humiliés par vos triora, phes, les rois qui n'ont pü vaincre vos armées, ne' , tentiraier.t pas ranimer leurs efpèrances fi vous ren, diés un pareil décret? Penfés-vous que leurs agens,. parlant d'un roi aux amis de la royauté, rapeilant , les dignités aux ambitieux, montrant de 1'or aux , hommes corrompus, ialliant les terroriftes par la , crainte des vengeances, ne fe li'ueraient pas pour' déchirer le fein de la France, & faire expire: la République naiflante dans les cönvullions & 1'ago-' nie d'une guerre-civile? Au nom de la patrie' qui vons réclame, au nom du fang des républicainsqui a coulé fur toutes les froiuiéres, reftés donc i votre pofte pulsqu'il eft encore périlleux." Après une courte difeuffion, Ia Conve ti >n-n'atio-' ale décréte: Qit'il n'y a lieu d dèlibèrcr fur la pro1 fit ion faite de convoquer les affemblêes primair eslont d préfent. Ce dècret eft fuivi d'un autre, p.ar Ie quel la Con--  C 74 ) vention ordonne, ,, qu'il fera nommé une commist, fion de fept membres chargée de préfenter, dici au M premier lioréal, un projet de décret fur le mode le ,, plas prompt de préparer les loix orgauiques de Ia conllitution, & fur les moyens de mettre partielie,, ment & fucceffïvement en ae'tivité les difpofitions „ de Pafte-conftitutienel, accepré par le Peuple en „ 1793. v. St. Par un troifièrBe décret, pris au commenceraent de la féanee, la Convention arrête, „ qu'il fera établi ,, une école publique dellinée a 1'enfeignement des „ langues orientales vivaues, d'une utiliié reconnue „ pour la politique & ie commerce Cette école fe,, ra compofée d'un profefleur d'Arabe litteraire & vulgaire, d'un prefeffeur pour le turc & tartare de Crimée, & d'un profeffeur pour le perfan & le ,, malais. Ces profeffeurs feront connaitre a leurs „ éléves les rapports politiques & commerciauxqu'ont ,, avec nous les peuples qui parient ces langues." Paris 13 Germinal Le Procés des p évenus qui a caufé tant Sc de fi Jongs débats, qui a fourni occalion a Merlin (de Thionville) de propofer la convocation des aflem blées primaires, afin de procéder a celle d'une nouvelle légtflature, projet qui a été depuis courageufe ment combattu & fagement rejetté: ce procés qui a donné lieu a une luue fi acharnée entre le parti Jaco bin, & le parti moderé, vient enfin d'être terminé a la faiisfactlon de ce dernier, & au contentement génerai de ceux qui defirent que le calme fuccède bientót a tant d'orages. .11 ne fera point neceffaire de les renvoyer a une nouvelle légiflature ni a leurs commétans ainfi que quelqu'un 1'avait propofé La Convention s'eft décidée pour f opinion de Blad qui dans la Séance du 9 Germinal difait qu'il y aurait de la lacheté de la part de 1'afl'emblée d'abandonner ce procés. „ S'ils font innocens, difait il, il faut avoir le courage de ,j le proclamer authentiquement, s'ils font coupables „ il faut avoir le courage de les conduire a 1'cchafauJ." Ce ftjet de difcorde a été enfin étouffé dans Ia féanee du 12 Germinal; au moment ou un attroupement ifhoraraeségaréSjviolaitl'enceinte de la falie de la liberté, & que les confpirat eurs fe croyaient triomphans , 1'attitude energique de la convention a bientót dérruit cette coupable efpérance. AuiTïtot que la foule a été diffipée, Ia convention qui avait été un inftant paraiifée s'eft montrée ce quelle doit être, Ifabtau au nom du Comité de fureté générale, a donné le détail des événeraens de cette journée,des attentats formés contre les Patriotes. Anguis, dit il, chargé de parcourir Paris pour rame ner lt calme a été attaqué & bief» fur la place du Panthéon & retenu piilonnier dans la meme feeïion. Devant cette tribune on a drefié des iilies de profcrip-" ion, & dtffinè le portrait de ceux que fon devait maffacrer. II eft tems, dit andré Dumont, que le Peuple connaiffe fes bouneaux, les véiitable- Uoyaliftes. On a infuhé Ia conven.ion, elle doit montrer toute 1'energie dit-ne de fon caraétêre, elle doit ptendre une grande mefure. Wus ne voulés plus de la mort, mais chasfés du territoire Fraitcfis ces hommes, éirangets a toute probité humaine. « Au milieu des plus vifs applaudiflemens la convention a décrété, que Co!lot, Uilluud, Vadier Barrere & fetont déportés cette nuit. On décrete enfuite farreftaiion ce Duhem, Chnu* dieu, Cbdles, Lionard Biurdon, Hugnet. Atnar Fnufedoire, ik Ruainps, & leur envoi au' chateaa de Ham. On raconte que Ia même fection du Panthéon qui a arretté Anguis quant il vifitait les prifons, a fait feu fur Ie Repréfentant Péniêres. La Convenuon pour comprimer la malveiliatce a mvefti le Général Pichegru de 1'autorité nectlfake & l'a nommé Général en chef de la force aiinée Harilienne; & pour fauver cette commune on a décr, té que Paris eft en etat de fiège. Barras, & Merlin ( de Thionvi:le) font adjoins a Pichegru; ainfi ce grand Général après avoir vaincu les ennemis du dehors, eft dediné a combattre cei-x du dedans. La Convtntion a auffi adopte üne prociamaiion aux habitans de Paiis, prélentée par Mattbieu au nomdti Comité de fureté générale, hlie a pour objet les événemens de cette grande journée. Aujourdhui 13, Billaud, Collot & Barrère ont é'é arrétés au moment . ü ils partaient pour leur de« ftination. Lionard ■ Bourdon lui même avait éé retenu dans la heftion des Gravillleri. Tout tfl pacifié & Paris efi trar.quille. ITALIË. (Naples 6. Mars.) La cour éprouve en ce moment les plus vives allarujes. Elle a découvert une nouvelle confpiration. On dit le pian trés-ancien, les confpirateurs tres-nombreux , 1'orgsnifation trés compliquée. Le gouvernement a tenu plufieurs confeils fecrets a Cajcrte. On a fait atrê.er beaucoup de mon.te; les ruesfontrempliesde fortes patrouilles. Ces mefures qu'on regarde comme néceflaires ont jeité la cot fternation & la détïance dans la ville. L'incarcé. ration de perfonnes de tout état, de toute profeffion, dont quelques -unes ont été techerchées au loin, font croire que le complot s'étend par tout-Ie royaume. A Utrecht, de 1'imprimerie du Spectate-jh - Repu blicain.  JNk 21. LibertÉ, EgalitÉ, Fraternite. LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN. (Mardi 13 Avril 1795. v. St. 25 Germinal St. Rép/) rjiRSCHT 12 Avril. TTvj moment n'eft pas encore venu oü 1'on pourra ZZS de toute 1'étendue de la confpiration, qui * faili a'éclatcr.dans la prèsque totall.é de notre république. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'elle a été organifee ,vec beaucoup de méchanceté, & que fans la pré fence des Franciis, elle aurait pü avoir des luitestres- faLesrmalvenUtns avaient commencé par répandre de tout coté des bruits, tendant a faire croire au public, ou'un des articles du traité de paix entre la PrulTe & fa République Francaife, porterait la rélotégration du Stadhouder, & parconCéquent la nu'.liié de U révo.ufion qui vient l s'opém dans toutes les Provinces Unies. Et comme il fallait encore que;que chofe de plus pour divifet les efprits, exciter des désordres, & Le même couler le fang s'il était néceflaire, (car les méchan, ne peuvent pardonner a la révolution, lecalme & la douceur qui font caraaérirée) , les ag.tateurs annoncaient a 1'envi, que les troupes Prufïïennes s a prochaient de notre territoire, & qu'elles ne tardcraient pas a paraitre parmi nous. II y avait meme déja de< perronnes qui publiaient qu'elles feraient ici Jeud. paffe; & enfuite de ces bruits, la marde tricolore avait disparu de delTus plufieurs têtes. Les gardes bourreoifes commencaient il éprouver des infultes» 1 anftocratie & l'orangtsme levaient la tête de tout coté. On difait ici que les Pruffiens étaient a Arnhem; on aflurait les avoir vbi a Rhenen; on difait a Amfterdam qu'ils étaient a Utrecht, a la Haye qu ili étaient > Rotterdam: 1'allarme ainfi répandue partout, les malveillans elpéraient, fans-doute, de pouvoir boulever fet fans peine Tordre aauel des chofes. Maisfilecnmt eft entreprenant, fi rien ne lui coute pour parvenu■ i fes fins, il eft auffi une providence qui veille fur let manoeuvres perfides, & qui protégé la vertu. Le; mouvemens excités a la Haye, a Amfterdam ,fur gram nombre d'autres points de la République, ont été é touffis dans leur nauTance, & n'ont eu ainfi aucun fuite. Plufieurs perfonnes arrêtées pour leurs vociferations infenfées d'orangisme , ont lübi ou vont fubir inceflamment la peine qu'ils ont méritée. Cependant ce ferait trop bien opiner des amis du despotisme art. Ilocratique, & des égoïlies de tout genre, que de croire qu'une telle lecon pourra les corager. Honteux de n'avoir pu réüffir dans leurs manoeuvres perades, ils ne cefferont d'en ourdir de nouvelles, tant que le Gouvernement n'exerceta point fur eux Ia furveillance la plus arTtive, & ne fera pas une juftice exemplaires des grands coupables. Car il ine faut pas s y méprendre: les perfonnesqu'onaappréheadéesnefont, fuivant toute apparence,qi\edemalbeureuxinftrumens, Sj c'eft a ceux qui les ont employés qu'il faudrait remonter. La confpiration a été ourdie de longue datte; eile a étendu fes ramifications de tout coté : il ferait donc irès important, pour le falut de la patrie, que les Etats-Généraux, nommaffent au plus vite une commiflion, chargée de fuivre ces manoeuvres jusques dans leurs derniers retranchemens, & d'en punir févérement les auteurs. Cette mefure vigoureufe compn. merait les malveillans, & aifurerait la tranquillité publique. Mais ce qu'il ne faut pas omettre d obferver, paree que ce raprochement peut donner lieu a des réflexioni très-importaotes, c'efl que les mouvemens, dont nous parlons, ont eü lieu en même tems que ceux qui ont agitè Paris. Et fans vouloir préjuger la-deflus, oa ue risquerait peut étre pas de fe troroper beaucoup, en foupconnan: que toutes ces agitations ont été concettées par les fcélérats des dilférens partis , dans la vue de tenter s'il ne ferait pas poffible de ramener, & ici & en France , l'ancien ordre des chofes. Mais la concenance majeftueufe & itnpofante de la Convention, d'un coté, la loyauté de la Nation Frar.caife, de 1'auire, doivent être un aifez für garant, cefem. ble, de la ftabili'.é du gouvernement Républicain , & : du fort de Ia République Batave. Si 1'on a craintpour X.  un moment de lt voir ramenée fous Pm ancien jou», pu une fuite d'un des articlei poffibles du traité avec la PrufTe , nous aimons a croire que c'efl encore la un bruit dont on eft redevable aux mal vêillani, & que la candeur, la droiture du Goi vernement Fraocii», ne tarderont pas a rJéraentir de la manière la plus fjlemnelle , en concluant avec notre république un traité d'alliance offënfi ve & défendre, qui afTurera a jamais parmi nous te libre exercice des Droits de f bomme & du citoyen D'ailleurs, nous ofons le dire; ap'ès les promeiïes reïté'é s q ti nuus ont été faites par les Repréfen tants du Peuple, en miflion dans nos provinces, la Convention ne pourrait manquer de s'aitirer l'indignation de toute 1'Europe, fi elle nous facrifiait :\ la PrufTe, & qu'elle contribuat direétement ou hidi reftement a réhabiliter une maifon qui efi l'enneraie née de la Nation-Francaife. Elle perdrait en nous, & pour toujours, un de fes alliés les plus utiles le feul peut-étre fur I quel elle puifTe véritablement com' pter; & elle fournnait des raifons trèsfortes a tous les Peuples, a fes araii même qui font trés-nombr ut, de ne plus compter fur fes déclarations & fes' promeffes. C'efl-a-dire, en un mot, qu'elle fe rabaiflerait au niveau des gouvernemens ordinaires & qu'elle s'avilitait, fans reflburce, aux yeux de tous i les amis de la juftice & de l'numanité Non, i i il n'eft pas pofiible de croire que les Reprifentans i fun Peuple libre puilTent jamais porter la corruption , jusqu'a ce point. Et ceux qui cherchent a accrédi i ter des bruits auffi abfurdes & auffi perfides, ne i peuvent être que des malveillans, pour ne ti n dire i de pms. PARIS »6 Germinal. Les mouvements qui viennent d'avoir lieu ici, (£? I dont nous avons parlé en peu de mots dans le A'o. pré- a tédent., font de nature a faire époque i ans l'li.fto.re \ de la révolution francaife, ion „ des Droits. Pourqun Paris efi il fans Mul„c,pa„ Itté? ou font nos moiffons? Pourquoi les afthnats „ font-ils tous les jours plm avilU? „ous demandons „ qu on employé tous les mey «.< de fubvmir a laf , freufe mifire du pvuple de mettre promptemint en , aclioité la conftitution démocratique de 1703 grV. Cette petition était tout au moins infolenie, '& eer' ainement trés ou.rageante pour la Con vention. (Jrï ;rand nombre de fes raembies, entr'autres Tallien & tSourdon de 1'oife, i'improuvérent vivement; d'autres törent Ia lacheté de fapuyer; mais, eu général la tonvention ne repouffa pas cet outrage avec l'éflersie jti'elle aurait dü déployer. Qu'énient, en effet lej létitionaires? des citoyens frangais ? . . . non . . . ^ nais des Molens, des féditieux vendus aux'enn"nis de la Patrie, qui après avoir jusqu'au 9 thermidor plaudi& provoqué chaque jour les délibérations inendiaires d'une focieté de cannibales, venaient s'étoner de ce que l'antre de i'anarchie avait été fermé psr 1 main de ia juilice; des factieux qui, au nom dü 'euple dont ils ufurpaitnt un mandat qu'il ne leur vait point donné.. prétendaient dictr des loix anxrais repiéfertans de tout le Peupe, de la Republ ue entière; des afialTins féroc< s qui brulaient de dé. tiirer encore la patrie & de fe baisner dans fon fang.... on , ce n'étaient pas la es citoyens f> angah. . . s demandaient des fooètés p puiaires! ils n'ont pas t Ie mot; ce font de> Jacobins qu'ils voulaient, aptremment pou' y lacher encore toute cette ménagei de bêrts féroces qu'on voudrait favoir uans °es iferts de i'Afriqye Le ia Germinal, le pain fut rare dans quelques ïartiers, & fupiéé par du ril Les f-.-mmes futi>-ui & égarées prov. quérent la révol e. D s ouvriers raffemblètent; des fcélênti fe oiêéreni pjrmi eux; 1 hommes de fang fe répandirent par tout; les tiibus même de la con vention paraifTaient remplies de irs créatures La féanee de ce jour avait été ourte par un hattngue trés énergique, mais modè:, de la feftion de i'homme armé, qui remerciait  C 77 ) vivement ta Convemion den'avoir port abandonné fon i polte-, & lui tracait le tableau de ce qui lui refie encore a faire pour le bonheur de la France. La fedion ' defunité parait enfuite, & ptéfente une pé.ition > dat-s le même efp'it. Boiffy d'-Vngas, nyant pris la pa'ole, commergait a entretenir 1'affemblée de ['important oPjct des fubliftances , lor-que to.t-a-coup les portes de la Convemion furent forcées. Des hom- i mes, des femmes, des enfans, entrent par Hots dans la falie en agitant leirs bonnets & en criant du pain! du pain! Les membres qui fiégent a l'evtrémi ê gau-i che couvrent cet attentat de leurs applaudilfemens ef 3 frénésj la tribune au-defKis d'eux en fait autant. L* ] grande majorité de la Convention a d'abord préfente: . le fpectacle d'une majeftueufe trahquitHté; elle i'eft j enfuite levée '.'pontat éraent en criant vive la Répu j biique! \ Merlin de Thionville fe mêle dans Ia foule, cher- | che a 1'éclairer, & affure que, pteins de confiance ■ dans la repréfentation - nationale , les citoyens raffem j blés étaient loin de vouloir lui en impofer par le nombre; qu'ils ne s'étaient réünis que pour lui faire femir i la rUueur de leurs befoins. Plufieurs voix répétetit ; du pain! du pain, la liberté des patriotes, & fa . conliüution de 1793 ! Un homme nommé Vanec, mome a la tribune , prononce un discours gros de Ja-' cobinifme, & parconféquent vivement aplauJi pari 1'exoêmité gauche. Le bruit qui fe fait dans la fule interrompt pendant longtems la marche de 1'allemblée. j L'ordre fe rétablit enfin. Lei féditieux ayant quitté Ia falie, les députés y rentrent en foule. La générale avait taffemblé autour . de la convention des batailloDS de toutes les feclions. Yvres de lang les rebelles craient autour de ces ba-! taillons , s'étonnaient de les trouver immobiles, s'ef-; fltiaient de leur filence. La nuit était arrivée, & chacun méditait avec effroi les nouveaux malneurs qui ■ rnenacaient la patrie. Pendant qu'une minori'é confpiratrice de la Convention, cherchait it échauffer de fes applaudilfemens ' !a foule des citoyens éüarés, la msjorité de cette af-, femblée calme, tranquiile & majeltucufe ,retracait le tableau des'éna'eurs Romains, qui, fur leurs chaifes eurrultt, attendaient Ia mort fans la craindre. Mais ce fut furtout au moment ou, forte de l'énergie que lui com.namlait le falut de la Pa;rie, elle pr.nonga la déportation .'es trois grindt coupables, (Collot, Hitland, & Barrèie ), & 1'arreltauo de fix autres membres , ce fut fur out a cet inftant que la Convention fe montra grande ! La féanee ayart été décltrée permanente, s'elt prolongée jusqu'au > } a (ix heures du matin. Sur le rappo t de Bo:ffy concernant les mefures p ifes par le c> m'té, pour l'irrivige des fubfiltances, la convemion a écrété la création d'une force armée, deltiuéw' a protöget daus les envitons de Paris 1'arriva. ge des grains deftinês a fon aprovifionnement. La garde nationale fera invitée au befoin a fe réunir aux détachemens. Le cointre ayant attribué la .lifette a] la cupidité» a Ia malveillance des cuitivateurs, & it la fupprefïïon du maximum fur le pris des grains, a été interrompu par de violent murtnures. Barras lui a reproché d'entretenir des déchiremens & de s'acharner alternativement contre tous les membres de la Convention. Infligés lui, a-t-il ajouté, la peine la plus forte pour un homme qui n'aime pas pon pays, faites le bien du Peuple, fermés les playes qui ont couvert le corpi politique, organifés la confli ution de 1793, qui eut évité bien des maux a la France, fi elle eut été mife en aftivité auflïtot qu'elle fut aceeptée par le Peuple Francais. Ici Jeanbon St, Andrè expofe fon oplnion, d'une manière qui lui attire les plus vifs appla«difl'emens, & qut engage 1'afTemblée a en ordonner 1'imprèfïïon. „ C'eft dans tous leurs réfultats, dit-il, que 1'oeil du légifiateur doit faifir les grands événemens. Les rcfléxions profondes que chacun de nous a du faire fur ce qui s'elt palfé aujourdhui, ne feront pas perdues. J; m'abltiens de prononcer fur ce mouvement; fans doute nous parviendrons a en connaitre le rélultat & le but fecret. „ En ce moment les mefures a prendre dans cei circonllances doivent feules nous occuper. Vous avei déja réllechi fur l'état des fubfiltances; un decrêt efi rendu, & demain vous vous en occuperés de nou» veau, & vous prendrés des mefures plus èfficaces encore. On a parlé de 1'avililfement de 1'afiïgnat, d'un fyftême de finances. Quand on fait attention aux véritables caufes de notre fituation, on efi conviincu que nous avons befoin de prendre des mefures plus haates & plus réfléchies. L'avilifTcment du fignc ne tient pas a la grande maffe qui eft en circulation; le difcrédit tient a une caufe politique. Si le Gouvernement était affermi; s'il n'exiftait pas dans la République un feul homme qui put douter de l'exiftence de la République, ce ferait la le meilleur plan de finances L'hipothêque réelle des aflignats re- pofe moins, en eflfet, fur les domaines nationaux, que fur l'éxiftance f.rme de la République. II importe pour que les fubfiltances foyent abondantes, pour que le commerce fleiirili'e, pour que les denrées Jiminuent de prix, que la République foit fondée. Fout fe tient dans 1'ortbe focial; c'elt a vous qu'il ap. Dar ient d'arrofer, & de vi ifier le tronc d'od 'ortent es branches qui portent 1'abondance. Ne v.>us arreé- pa aux mefures partielles, elles font les attribu, ions de vos comi és. Votre ordre du jour doic con[tamment êire, le maintien des proprietés, de la li. jené, de l'égali é Vos comfés s'occupent, dans le ller.ee, du loin de vivilier les rameaux de 1'arbre focial; cultivés en le tronc. Ayés le foin d'interroger  C 8ö) doivent éVacner, jusqu'a Ia fin de cette entrevru, un pays oü leur p.éfence femble annoncer des inteniions hotiiles. Les repiéfentans dn peuple écrivent de Marfdlle, quil y arrivé journellement de grandes quantirés de bied & de fubfiltances, & que le calme fe rétablit peu-ü-peu. Une autre lettre de Toulon donne les détails de la révolte qui s'organifait dans ceite commune, en méme tems qu'a Paris, mais qui n'a pas eü de fuites. j La féanee efi fufpendue a 5 heures. Elle reprend a 8 heures du foir. La:owhe St. Michd donne leaure d'une lettre du' Repréfeniani du peuple prés 1'armée da Rhin & Mo.' lelie, Cavaignac, dattée du o germinal, dam la quelle, en parlanr de la loi de grande poüce décrétéedans la féanee du ie: Germinal, il dit, „ que ceite mefiire grsnle, fublime, digne des repréfenrans du pre ., mier peuple du monde, était indilpenfahle pour ra,, vir aux ennemis de la révotuth 11 l'èfpolr de difibu!, dre Ia Convention.nationale ; ci que l'srmée nupres „ de la quelle il fe trouve partsgé fon horreur pour „ toute autorité qui ne ferait pas celle du peuple. „ Que la convention foit toujours inébranlable,ute Uorui. , ven;. fans doute avec plaifir qu'elle a ici de vétitables ami & de zélés défenfeurs. Je voudrais qu'el e eut été toute entière, témoin de ce faint enthoulhsme. II m' arraché des larmes de j >ie. Avec de par-ils homrm. on pouna toujours dire: Vive la rèpubliqueX Voie 1'adieffe de ce» braves républicains. Les Lyonnais d la Coniention Natior.ale. Citoyens repréfen'ans, la pat 1 ie eft en danger; de ennemis de la chofe publique , chargés de no< dépouille & couverts de notre fang, ofent menacer la repréfei;tation nationale ft ut efpoir de-, francais. Sans doute la vertu triompbera du crime ; mais fi les braves légt ms parifiennes ne fufftfalent pa> pour fin Jroycr les anai ■ cbifles £? les tyrans, faites nous un appd; & nous, aceowtiméi d co.nbattre, nous fommts ld: notre fan* a coulé abondamment; mais tl n'eft pas épuifé. Suivent 24. pages de fignaiures. ApplaudilTemeats tres- vifs & réüêrés. Merlin de Tbionville ftit a cette oceafion, I'éloge des Lyonnais-; il dit que c'eft L^on-r êpublic ai n qui éc.it a la Convemion. & que fa voix reientira dnns la république entiè e. Letdlicr pjur donner tine jnfie idéi di patriotisme de* Lyonais.dit que pendint trois miii de i'byver le pfos rlgmreux ils ont été têduits a deux onces de riz; ayant d peine du bois & du cbar. bon pour le faire cuire, & qu'il ne s'eft pas èlevé un murmure. Sur la propofition de Bourdon de loife, f aflemblée Jécrêie a l'u.ianimité, „ que Cambon ne fera plus , partie du comité des finances ," comne ayant perdu la confiance publique. La commiffton nommée pour préfenter le mode le plus prompt pour prépaier les loix organiques de la Conftitu ion, eft compofée des 7 m :mbres luivants : Cambacéres, Merlin de Douai, Tbibaudeau, Sieyes, Lefage d'Eure tj?-Loire, Mat hint, Crouzi Latoucbe.— La féanee ell levée a dix heures. (Séance du 15 Germinal). Pichejru parait è Ia btrre; des applaudiflernet-s retentilfent de toute part. —— Citoyens reprifentars, dit il, rappelé d Paris par le Comité de falut public pour concerter quelques opérations relatives d 1'armée dmt vous m'avez donné le cemmmdement, vous avex ajeuté aux témo'gnages de confimee dont je fuii hmoré , en dmnant le com nandemeut ie la garde nationale pariftenne . pendant le tnmve. neut d'agite/ion qui yell manififtè. Le zèle & finfatigahle activité des bons citoyens qui compofent les feflwns de cette commune , ont b;entot fait cefftr le trouble; ie me félicite d'y avoir concottru avec Tétat major; ci? en vcnant vous demander ae m'tnvayer d mon polle, je me fais un detoir d'ofrir, devant vous, d la gard' pari/ienne, / expreffton de ma reconnaiffance, ivcc Chommage de la haute eflime qui nia injpirèe le calme imprfant quelle a montré en cette icjafjou. Ce fera une h'en douce fatisfatUon pour moi de faiie oart a mei fi ères d armes de l'attitude imp farite de !'i Convention Nati male, ci? des mefwes quelle apri'es pvir ab.iltre le refte de la facli-m tyranniqne yielle a frapé le 9 thermidor "fe les ai"urerai qu'ils i'ont />,'«( a redmter comme autr.fois qm les bourrerux faffett couler fur 1'échafauJ le fang de leurs itrem ci? d' leurs amis, tandis qu'ils ver fent Ie leur rur tes fronlières. Cette affurana va ercore wignenter leur courag: lis ne jet ter ont p'us derrière '"X ces regritd* d inqniètude qui les fuifaient trem'iler pmr les jours de ce qu'ils ont de plus cher; ils te verruit plus que les ennemis extérieurs, les tyrans '•ti vond:-tient vous afervir. Nous les combattons: 1 bjntè de notre caufe nous affure la vicidre. —-  («I) La cenventioti nationale veut la juftice & la lilerté. le peuple let foutietidra; let armées let ferent trtompber. Vive ia République, vive la Convention! (Trés vifs aplaudifilmens, fouvent riïterés.) Le préfident lui tépond: „ Brave général, tu as mérité plufieurs fois de la patrie; tu as vaincu les ennemis coalifés, & les fieuves tïent pü arréter ton courage: tes loifirs ont été utiles d la patrie. Réüni d la garde nationale farifienne, tu as fait éz écuter les loix contre les ennemis intérieurs. Les jattitux font auffi datgereux d la République que les Autri cbiens. Va rtfoindre tes braves freres darmes; ani.once leur que la Convention - nationale, ferme d fon pofte dépkiei a cor.ti e les macbinateurs & les parti fans de l'anarchie, le courage dont vous ne cefj'ez de donner Pex.mple fur les boids du Rhin. la convent ion te voit avec plaifir dans fon fein; elle t'invite d ajfifter a Ja feance" Pichegru monte au bureau, le préfident le ferre dans (es bras, la falie retentit d'fplaudiifemens; l'asfemblée entéreeft de bout aux cris de vive la Rcpu blique! tous les Speébteurs répétent, vhe la rcpu klique! vive la Convention! Dans la féanee du fóir, la Convetition a nommé au comi:é du fureté - générale, Couriois, Tbibaudeau, Lévefire & Cbénier; dans la féanee du 16, elle a décrêté d'arreiUtion les repréfentans Moyfe- Eayle, Tbu riot, Cambon, Grar.et de Marfeitle, Hontz, Mat gnet, Leiaff ur ce la Sarthe, Craffous, & Lecoin tre de Verjaillcs. Les men.bres por:és au Comité de falut public font, Cambacéres , Aubry, Tallien. Croiaè- latouche , Gitiet, Lefage d'Eure £? Loiie, & Roux de la tl au te ■ maine. 11 réfulte du raport fait au nom du comité-de~ falut public, que faftion nava'.e fur la méditerannée n'a pas é'é amant au désavantsge de la républ que qu'on i'étajt plu a le dire. Eile a perdu deux vais. feau le ca tra & le cenfeur: les angtais en ont per du deux autres de 74, Ie Bernicb & l'illufttious Le ca tra leur a ccbapé par fon immerfion ; it leur nfie le cenfeur tout crib'é de coups de canons. Les Francais eor.fervem le Bernick, vaiffetu neuf du iréme rang , & l'honneur d'avoir combattu avec cmq vaifleaux feulenunt, une aimée de treize vaisRaux favoriféeparies vents& fortiliée del'adjonction de de deux vaifféaux nnpolitaii.s. Le fans-culotte mouille, avec le refle de 1'efcadre fiarcaile, aux iles d'llyéres. II n'a ras fouffert. Voici la proclamatien que la C0XVENT10N vient daduffcr an Peuple Francais, fur les événemers du 12 gcimmal. ' „ Lorfque la Convenrion • nationale déclare qu'elle a 'éié opprimée , c'efl annoncer au Peuple Francais qu'elle ne l'efl plus. „ Oui, Citoyens, le 12 germinal a failli «fclairer Ic tombeau de Ia repréfcntation nationale & d^ia Répjöiique. Une poignée de l'acltetrx avait médité Cet sttentat. lis organifaient depuis quelque tem* ta ré !• te & la guerre civi'es Hsiraitaieotde/tftf/f» thermidfrieme la majorité pure & courageufe de la Conven» tion-nationale, qoi a renverfé les écbafauds & le* baitilles de la terreur, pour lenr fubfliiuer ftnvincfnfe puill'ance de la juftice & de la fagefle. De* betbfflS iropiéels fourniflent un prétexte i la matreflbnees i'aiiivagc des fubfiltances deftinée» pour fsp> r nement de Paris, éprouvatt de plus en plus des embarrns & des obftaeles fu'cités par ceux mem ■ qui affectaient, avec un zele bypocrite, d'accufer 1'tmprevoyance du gouvernement. „ Leurs emifiaires, diftributeurs gagés denouvelles ilarmantes, interceptaient par la terreur les approvi. lionnemens qu'avait obtenu la confiance. Les mi érables I ils imputaient a Ia Convention nationale ceite iifette momentanée, tandis que c'étaient eux feus qui evoquaient le fpeétre de la famine, précurf.ur fiuiffre de tous les fléaux qu'ils travaillaient a remettre ;n requifition. „ Depuis deux jours , des mouvemens s'annoncaien:; ''or de la corruption circulait partout; il n'é.-ait pas rare de rencontrer des indiviehis, gorgés de vin éc i-'affi^nats, diriger leurs pas chancelans vers la Con^ention, & lui demander des fubfiftances. Enfn, rprès des agitations commandées & fahrrieés a grands t'ais, le terrorisme & le royalifme coalifés ont levé tout-a-fait Ie mafque. De» pervers avaient imprimé ie mouvement; des citoyens égarés s'y joigairew. Tous formant une mifl'e tumultueufe , dont les orateurs i'annoncaient pour les hommes du 31 mai,ont forcé la porte de la Convention, inon.lé le lieu de 'es féances, & par des clameurs feditieufes, accom. pagnées de menaces & d'omrages, ont paralyfé pendant quatre heures l'exiftence morale de la Convention-nationale , en lui ótant la faculté de déltbérer, même fur leurs propres befoins. „ Et dans cet inflanc, Citoyens, oü vingt-cinq millior.s d'hommes auraient vainement cherché dans cette enceinte les traces de leur repréfentation, les comités de gouvernement, chargés de furveiller 1'execution des lois, ont fu remplir leurs devoirs, & donner aux bons citoyens de Paris un fignai auquel leur patriotiiine s'en empreffé de répondre. La génerale? a battu dans tou-es les fection?; Ie tocfin a fonné; Palis s'eft levé en armes: la repréfenhtion nationale, fï fcandaleufement opprimée, it relevé un front libre , & fes délibérations ont repris le caraclere de calme, de fagefle & d'énerde qui convenait a des circorftances aulfi graves: ainfi nos ennemis voyaient dans l'aurora de cette journée, & prefque dans fon midi, un non- iveau 31 mai; les amis de la République ont vu dans les réfultats, & dans fon couchant, la journée du 0 thermidor.  Pruvair-oti fe méprendre fur le b-t des confpua t;u:s, k.rfque, dans les raflemblement, on entendait Ie» n êmes hummes demander, par un étrange contralie, Ia royauté & la conftitution republicaine de 17!.3, du piin & Ia difparition de Ia eocarde natiorale, & tout a la fois 1'ouverture du Temple & celle de l'antre des Jacobins? „ Potirrait-on s'y méprendre, lorfque les confpirateurs, pour marcher il des attentats nouveaux, ofaient commander a la Convention. nationale ime loi pour remetire en liberté , fous Ie nom de patriotes opprimés, leurs anciens complices détenus depuis le 9 thermidor? II ne leur reliait, plusqu'a exhumer Robefpierre, ou plutót a reporter fur le tróne de la tyrannie qu'ils avaient exercée avec lui, les hommes ilont la France entière réclamait le fupplice. Ces hom mes, quoiqu'accufés, fembliient, jufques dans leur défenfe même, opprimer encore la Convention, du haut de cette méme tribune d'on nagueres, ils dietaient, par snillters, des arrêts de .profcription: elle était devenue pour eux comme un retranchement impénétrable d'oü ils infultaient a notre longue patience, lis avaient appelé autour d'eux tout 1'afTteux cortége de leurs propres fo.faits , & les crimes auxiliaires de leurs complices. La juftice nationale en a purgé Ie fanftuaire des lois; elle les a v.omis pour jamais du ltio de la République. „ Pourait-on ,-'y méprendre enfin, lorfque Ia Conver.tlon retrouvait dans les demandes des factieux les mêmes propofitions qui, depuis un certain tems, jetées comme un tifon de difcorde par quelques uns de fes membres au milieu de fes delibérations, rilJiaiem amour de ces derniers tous les ennemis de Ia République. {La fin i fndïnclrt fmM»,) Dans la féanee du 19 Germinal, Pekt a prononcé «n trés-beau discours, dans le quel nous avors remarqué les 3 paragraphes fuivants qtti intéreifent particuliérement notre patrie. „ L'entrée des troupes Fran9aifes en Hollande doit donner Ia paix it 1'Europe: vous qui avez voté la li« bené 6c Ie bonheur du monde, vous ne devez tien jié^liger pour rendre cet événement utile. Si vous ne vous empreftéz de traiter avec Ia Hol- i lande, fi vous continuez dVccup:r en pays comme une conquéte, le commerce fuira cette république, vous anéantirez cette belle crêation de Finduftrie humaine: dans trois mois cette contrée vous fera a charge, & fes richeflTes fugitives iront grofiïr les trélbrs de vos ennemis. „ Qu'il eft beau de prefenter Polivler dé la paix, lorsqu'on a le front ceint des Iauriers de fa victoire.' La modèration du vainquear encbaiie la fortune; & 1'on devient moi s redoutab'e par fes propres forces que par le défefpoir des vaincus, lorsqu'on ne leur rend pas le courage en le poufiant a 1'excês: il eft tems de bomer nous-mêmes uos conquétes; mais après nous être montrés juftes & modê.és, nous nous montre encore terribles; & fi les rois reful'ent la paix, nous la conclurons un jour fur leurs trónes renverfès. •i ü'" -> „ Dans la féanee du 21 germinal, Reubell, au nom des trois comités, a donné connoiftance des articles du traité de paix conclu a Bdle Ie 16 germinal, entre 1'agent de la république, Barthelcmy, & le miniftre de fa majefté le roi de Prull'e. „ En voici la fubftance. „ // y aura paix, amitié, bonne inteliigence entre la république francaife <£? k roi de PrufTe. „ Toutes hopt'til és ce feront entre lei deux pui fances , d comptcr de la rattfication du pré/ent traité, £? aucune delles t.e pourra fournir conti e Faut; e aucun fecours en hommes, chevaux, urgent, contingent ou murdtions de guerre. ., L'une des deux puiffances 11e pourra accorder le pajfrrge fur fon territoire d des troupes enncmies de F autre. ,. Les troup:s ripublicaines ioacuorent dans quinze jours la parite des etats prufiens qu'elles occupent jur la rive droite du Rhin. Les troupes francaifes continueront doccuper la partie les états du roi de Pruffe fttues fur la rive gaucbe du Rhin. Les relations commerciales feront ritablies fur le pied oit elles étoient avant la guerre. ,, Les prifonniers de toute grade feront rendus d'ici d deux mois. „ La convention a décrété 1'ajournement it quintidi pour la rat lication de ce traité. & Utrecht, do 1'imprimerie da Spectateur - Repu blicain.  N. 23. LtuRiÉ, Egalite, FraterNirÉ. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. (Mardi 21 Avril 1795. (Fin de Padrefe de la Convention au Peuple Fran. fais, fur les événement du 12 Germinal} 33e nouveaux attentats Ce méditaient & s'exécu taienc prefque fou» les yeux de la Convention nationale. Les têtes de plufieurs repréfentans é aient publiquement demandées. Un membre de la Convention qui, au milieu des ténebres de la nuit, s'éiait porté dans un raflemblement pour y faire refpeéter la loi, avait été méconnu, outragé, frappé, & dé'.enu comme otage par une troupe de furieux. Un autre avait éprouvé le rrême fort, sp^és ayoir elfuyé un ceup de feu it bout portsnt. Les barrières de Paris étai nt Lrmées, afin qu'aucun repréfentant ne put ecbapper au maffacre. „ L'opinioo publique fignalait a la Convention les principaux auteurs de ces mancejires: elle a fu juf que darrs fes rangs même les atteindre & les punir. Les coepables fe ont pa t ut recherchés & punis, & la jullice, comme la fl che de Guiilauwe Teil, faura, en re frappant que les coupables, refpeéter les en fans de la Pstrie. „ Plus d'une fois, Ci'oyens, votre vo!x nousaccufa de ne pas déployer contie les ennemis inié ieu-s qui paraillaient i.ous cerner de plus prés, cette énergie nationale qui a pouffé nos conquétes fur le territoire étranger; nous repohdons a ce reproche en CflT.nt de le mériter. Les chefs de ta'i: de complors font arrétéi, & il ne relte plus a leurs obfeurs complices que le défefpoir & l'impuiflance. ,, Revivifiée par ces grandes mefures dignes du Peuple qu'elle repréfen e, la Conveniion• nationale va repren ire avec une nouvelle aétivité le cous de fes trav;,u-;: commerce, finances, inftruftion publique, t;ai és de pax, loil orfan'ques de la conftitution rtpiibticaire de ■ 79;, fubfiltancei, tout va retrplir doormats les difcunlons de 1'Alf mMée. La meiure de- péiIls fe:a toujours cce de lön courage; aujourJhui que fa mvche eft dejjagée de toute emr.ve, elle v. St. 1 Eoréal St. Répf) ie prtrle plus d'abandonnner fon pofte; elle renouveile ferment ü'y refter, &. eiie depofe ce ferment enire vos mains. „ Cette journée, en afTermiiTantla révolution, doit affermir le crédit national. Les affignats vivifiés par ia confiance déplaceront fins efforts ces fubfiftances enfouies par la terreur, & que les befoins appellent fur les marchés communs. Eh / le crédit national rourrait.il chanceler, lorfque la victoire vient auffi lui préter fon appui? C'eft a vöus, braves défenfeurs de la Patrie, de poutfuivre votre brillante carrière; & pour vous exciter a 1'héroïfme, nois ne pouvons que vous rappeler vos propres cxemples. ,, Peuple Francais, la Convention nationale, forte de ton appui, fauta remplir fes engagemens, terrsfl'er toHtes les factions, cicatrifer toutes les plaies, confoler toutes les douleurs, maintenir la fberié & 1'égalité, pourvoir a tous les befoins; & elle ne doute pas que L-s départemens de la République, pour óter enfin lont prétexte a le malveillance, fourds aux rumeurs raenfongeres qu'on va s'ifibrcer de répandre, ne reunifl'ent avec err.pteffimcnt, dans cet inttant de difette, leurs génèreux efforts pour accorder aux ha» bitans de la grande commune cü fiége la repréfentation nationale, tous les fecours de la fraternité. Peuple Frarcais, la Conveniion natitinale faura encore affurer les fiuits de toutes les victoires du dehors, & comprimer en même tems, d'un bras infatigable & toujours levé, quiconque parlerait de redrefier, ou le tidie des anciens ty:ans de la France, ou les échafauds de la terreur. --IJ 1 ifr HOLLENDE du 11 Avril, La Conclufion de la paix entre la France & Ia PrufTe vient d'être publiée dans le pays de Clevis; Un Courier a été expé'ié, porant l'ordre aux troupes An^laifcs dé» acuer la partie que'Ls occupent du territoire Pruffien. Z  C»4) On afflire auf!? qu'on ef! convenu d'un armiftice de 6 ^emaines entre les armées Frantaifes & Autrichlenes. Tout parait tendre avec céiérué vers une paclfication générale On penfe que ce n'eft pas abf dument Contre le gré de la cour de Vienne que la Tjfcane a reconnula République Francaife; on croit méme quel le a voulu ainfi traiter d'une pscification par 1'entremife da Grand Duc, Sc on fait d'afies bonne part que le 28 Février il eft arrivé de Florence a Vienne un courier qui y a tpporté des depêches du comte Carletti, Miniftre du Grand' Duc de Tofcane a Paris. Ainfi bientót, peut être, Ie» orgeilleux & perfides Anglais fupporteront feuls le poids trop onéreux pour eux, d'une guerre qu'ils ont furtout provoquée; la kitte alors ne fera pas longue; & s'ils ne viennent a une prompte réfipifcence, ils ne tarderont pas de recevoir le lalaire de toutes leurs iniquités. La connéxion frappante, pour tout obfervateur, qu'il y a entre les mouvemens qui ont en même tems agité nos provinces & Paris, prouve qu'ds appartiennent ii un plan étendu & qui ne p>ut avoir été concu que par le lilarchiaveliHe Pitt & fes adhérens, & éxécuté par ceux de leurs agens qui fe trouvent au milieu de nous. C'eft auffi ce que confirment les Repréfentans dans leurs adreffes aux peuples chez lesquels i!s font en misfion. Le comité de falut public leur ayant envoyé a tout nne lettre circulaire propre a d.fiiper les inquiétudes que ces nouvesux troubles auraient pu faire nai. tre, ils fe font empreffés d'en faire ufage. t\Liege\z Re préfentant du peuple Roberjot a adreffé a ce ftijet aux membres de Tadminiftrntion la lettre fuivante , datée du 17 germinal 3e année Ripublicaine. „ Je nCempreffe C1T0YENI de vous donner connais„ fance de la dépêche que fai reet e cette ruit du ,, Comité de Salut Pübuc fur les mouvemens qui ont ,, <(1 lieu d Paris le 12 de ce mois. Vous y ven és ju>- qu'a quel point s'efl montrie faudace des terrori„ stes. La Convention a été outragée; mais l'attittt„ de ferme quelle a manifeflée, la confiance que lui „ ont dot né les bons Citoyens, ont déjoué le projets des malveillans. Tout efi calme en ce moment; la ju- flice, fhumanité, & les principes trimnphent; le ,, fuccès de la campagne efi affuré- Les Tra tks df ,, paix vont fe fuivre; les 48,000. Louis de Pitt feront „ en pure perte ; & la patrie fera fauvie; vive la Ré„ publique! En Hollande le Repréfentant Alquier a écrit a la ISlunicipa'ité d'Amfterdam nne lettre, qui renferme la fubftaHce de la même dépêche, qui lui avait é'é apportée par un Courier extraordinaire de Paris. D'après ce qui eft dit dans la dépêche du comité, que les correfpondances étrangêres annoncaient depuis quelque tems. quil y aurait un mouvement dans Paris, il témoigiic ne point douter que celui qui s'eft manifefté dans nos Provinces, ne vienne de la méme fource. „ llexhorte, „ en conféquence , les officiers muuicipaux atédoubler i„ dans ces nnmens erlriqaes d'ex*aitude & de fcr„ me té dans leurs pofte»; il fait connaitre fon éton,, nement que ia vigilance fut fi peu aftive, ou l'a- „ mour de 1 ordre u refioidi dans notre patrie, que „ jusqu'ici 1'on n'eut pu découvrir les chefs d'uaiaou„ vement, qui s'eft manifefté i la neme heure, en di,, verfes places, fort éloignées l'une de 1'au're. Nou„ bliés pas, ajoute-t-il, que les premiers effais que vos „ ennemis feront de leurs forces, entraineraient votre „ patrie dans un abime de maux, & que partout ou ,i les féjitieux triompbent, leurs fuccès inculpcnt les ,, Magiflrats le foibleffe & de nigligence. Enriu il ,, déclare que les repréfentans du peuple Francais co n„ courront avec les Municipelités, & avec toutes les „ autorités conftituées, a maintenir la tranquilhé pu„ blique, & qu'ils feront faifir & punir fans delai milt. „ tairement tous ceux qui auraient caufé quelqui „ mouvement ou pré'é l'oreille a Ia voix des agitateurs. ^. 1 !■ —t. ANGLETERRE. Lonbres \i,e Mars ) 11 ri efi plus dottteux que les agitateurs du 12 Germinal, criminels agens du GouvernementBritannique , n'eidT nt pour objud'opererun changement contraire d la pacificatiën; la pièce fuivante prouve qu'on favait depuisImgtems, d Londres, le projet de paix entre la France & la PiKjfe. C'eft un articleafllv e-.t aordinaire extraitlittéralemertt du Merning- Cbronicle, qui dès Ie 13 mars en partoit déja comme d'un fait ctrtain. " Nous pouvons annoncer, d'ap ès des aHtorités décifives, la paix entre la France ik la PrulTe. Les miniftres de ce pays ne nient pas le fik. Les conditions du traité ont même tranfpiré dans le public. Un corps de troupes pruftiennes eft peut être en ma-che dans ce moment; fo.i craint vivem.n que 1'électorat de Hanovre ne devienne le theatre oü les deux puifl'ances slliées porteront hieniót leurs armées. La France doit garautir a Ia PrulTe la conquête de ce pays; c'eft-la Ie prix de la paix. ,, Nous apprenons de la méme Tource que 1'empereur perfifte a rTuf.jr 1'emprunt que lui a offert 1'Angleerre. Les mouvemens extraordinai es qui s'operent dans le voifiiiage de fes éiats, ne lui permanent pas de continner la guerre fans expofir é-idemment fa propre fureté. Les propofitions q ie lui fair la France lont trop ava'.tageul'es pour étre long-tems tefufées, & il n'y a pas de doute qu'il n'accep>e comme le roi de PrufTe, i'ofTre qui lui eft faite de lui garantir U iavier.». „ Ainfi les francais nons enlevenr avec adrefie tous nos alliés. confervent l'immenfe frontiere au'ils ont a la fuffi ance de ces hommes detat, qui délaijuent de traiter avec un peuple qui va devenir 1'arbire de TEurope." On écrit de Ia Jamsïque que les F.arcVis ont ealevé  C88) ro-s. & les a envoyés former un cordon dans 1*01denbourg et a 1'Ooit fn'fe. Les dix mille hommes qni forment ce cordon font pour la plupart des eufants de '5 a 20 ans, qui n'ont jamais porté les armes. Les vieux foldats qu'ils out remplacé ont éé envoyés a 1'armée, pour completter les régimens qui ont beaucoup fgufferc dans la derniere campagne. Les émigrés n'ont donc été envoyés en Hanovre que pour con- tenir ce pays. On a obfervé que les émigrés & autres corps qui ont pafTé du fervice de Hollande it celui d'angleterre, ont eü ordre de garder les cocardes & écbarpes oranges. On dit que toute 1'infanteiie anglaife doit repaffer en Angleterre. FRANCE. A coté des attentats de tout genre qui déshonno rent 1'humanité, & dont le recit occupe les trois quarts des pages de 1'hiftoire, 1'homme fenfible aime a placer les trans qui la relévent & qni 1'honnorent; il aime a les répéter & a les faire connaitre autant que poffible. Ces traits font pour lui des phares confolateurs, oü fon ame fe repofe avec délïces, & refpire méme avec un noble orgeuil en penfant qu'il exifie encore des hommes. Voici un de ces traits, tel qu'il a été communiqué i la Convention par le Repréfentant du Peuple Borel, en raiffion a Lyon. „ Le s Germinal, a Vienne, département de 1'Ifère, cinq enfans de 1'age de huit a quatorze ans, plaeés dans un petit bateau de la riviére du Gers, s'amufaient a le faire monter & defcendre au gré de 1'eau; la riviére était forte; le courant devenu plus rapide entraine le bateau vers le déchargeoir de i'éclufe des moulins; il fut auffi-tót renverfé, coula a fond & les enfans difparurent. „ Un Citoyen de Vicune, Jean Pichart, inftruit de 1'événement , court du coté de la riviére oü Ia nouvelle du malheur attirait une foule de fpectateurs. A peine arrivé, la voix de ces enfans criant au fecours, frappe fes oreilles. II céde a une impulfion naturelle, quitte fon habit & fon porte-feuille ren fermant une fomme conféquente, perce la foule, fe jctte a 1'eau, fe porte prés de ces enfans luttant encore contre les flots, en enlève deux au danger, faifit un troifième a la faveur d'une corde qui lui fut jettée, les porte a la nage, les dépofe dans un bateau, retourne au fecours des deux autres, les rejoint, les améne auprés des trois premiers, & fort au milieu des plus vifs applaudilfemens." . „ Cette aftion, ajoute Borel, mérite de trouverl place dani le receuil dei faits héroïques, & la Con-| ventloti-Nationale en l'.nnoncant a Ia France entière. apprendta que, fi le fol de la liberté fut pend.n S tems fouillé par les crimes d'étres pjrvers & dénatuftucib »°nferve enCOre des homines dignes du nom La Convention ordonne la mention honorable au procés-verbal & au bulletin du trait de courage de UciiART, & le renvoi au Comité dinftruction publique. Voici la fin du Discours de Boiffy ■ d'Anglas, que nous n avons pu inférer dans nos derniers Nos comme nous l avions annoncé. ,, Citoyens, ne prolougeons pas plus long tems ces cteoats, abjurons a jamais ces principes féroces; ils ne lont pas faits poir nous, pour nous les fondateurs de la profpérité d'un grand Peuple. L'humanité, la railon, la politique font d'accord avec la juftice; elle vous parle par ma voix, elle retentie dans vos ames comme au fond de mon cceur, nous comraande irnPéneufement d'éteindre le flambeau de la vengeance, de rallumer celui de la vérité, de redrelTer, Ie balan* ce de la juftice, & d'arracher a la liberté ces voiles langlans, ces dépouilles criminelles qui Ia fouillent. „ Soyons auffi vertueux que les ufurpateurs ont été coupables, auffi juftes qu'ils ont été iniques, aufli humains qu'ils ont été barbares. „ Nous avons affez conquis de provinces ,ii faut actuellement conquérir 1'eftime de tous les Peuples. Voila les conquêtes pures, folides, dignes de nous; les unes font la fauvegarde des autres. Voila les conquêtes que le hafard ne dirige pas, que 1'envie ne fuit jamais, & qu'aucun revers ne fait perdre.' Elles foumettent les coeurs, défarment les ennemis, multiplient les alliés, affermifleiu le crédit & conduifent è une éternelle gloire. „ Je me fens plus que jamais aujourd'hui le repréfentant du Peuple Franpais, eu vous invitant ace grand, a cet indifpenfable acte de juftice qu'il ordonuerait lui méme s'il était afiemblé. „ Citoyens, abjurons tout efprit departi, toute po-1 litique de circonftance; bannifl'ons toutes les haines, étoutfons toutes les femences de difcorde, anéantisfons-les dans un méme fentiment, celui de 1'équité. Soyons dignes de nous eftimer les uns les autres; marchons enfemble & d'un pas égal a 1'affermiiTeinent du gouvernement républicain , & ne perdons jamais de vue que 1'Europe nous obferve, que le Ciel nous juge , & que la poftérité nous attend. CONVENTION- NAT10~Na1!e. {Séance du aoe- Germinal}. Grand nombre de feftions fe préfentent a raflemblée pour la féliciter de ['attitude énergique qu'elle ne celTe de déployer. Sur ia propofition du Comité de fecours-publics, on accorde trois millions aux habitans du diftria d'A-  vertes, dans les environs de Msubeuge, qui ont extrémement fouffert par les dépredations inonies des autrichiens. Le Comte donne connaiffance d'un fait qui jctte un grand jour fur les caufes & les auteurs du mouvement qui a eü lieu le 12 Germinal. M Vous vous rappel'és, fans-doute, dit-il, qu'il y a trés-peu de tems le Hoi George manifeftant a fon confiJent Pitt fes inquiétudes fur la durée de la guerre , celui - ci lui répondit pourle calmer: 11 fe prépare actuellement en France un grand coup, qui doit anéantir le gouvernement de ce pays, & opérer la contre ■ révolution. Vous vous rappelies encore que le com'té de falutpublic vous dit hier, „ que quelques navigateu'S air. „ glais ayant rencontré quelques uns de nos Pècheurs, „ leur avaient offert du pain blanc & fuperbe a 5 „ liards la livre." Moyen de féduétion qui n'a point réüfïï, „ Eh bien, citoyens, 1'anecdote fuivante que j'ai . extraite d'une lettre de Rouen du 18 Germinal, con- 1 fitme la réponfe de Pitt a fon maitre: la voici. Le courier du Havre raporte qu'avant hier il y < avait beaucoup de voiles» Ia vue de ce port, & qu'il c n'en paraiflait plus lors de fon départ, hier 19, a 4 t heures: qu'elt-ceque cela ilgninef' ' 1 11 eft bien évident, felon moi, que Ie mcnvemeni du 12 eft legrand coup dont parlait Piit, & qu'il e était combiné entre lui & ceux qui 1'ont conftamment C 11 bien fervi ici depuis plufieurs années. C (Séance du 21 Germinal). A la fuite d'un raport ti deChenier, au nom des 3 comités réuuis, la Con- J vention a porté Ie décret fuivant.• Le comité de fureté générale eji chargé da prendre U toutes les mefures néceffaires pour faire dèsarmer fans in delat les hommes connus dans leurs fcéiions comme ayant eü part aux horreurs commifes fous la tyran Ft me qui * précèdé le 9 Thermidor. Les repréfentans qu du Peuple en m'JJion font chargés de prendre les mê mes mefures dans les départemens foumis d leur fur- m veillauce, & dans ceux oü il n'y a pas de repréfen- a tam, les adminiftrations du dijlricï feront procèder au bc déjarmement, d la charge d en rendre compte au co pi mtté de fureté générale. pl La Convention décréte enfuite que les comités en-' im yoyeront tel nombre de gendarmes a cheval qu'ils Ie rui jugeront a propos, avsc du canon, hors de Paris pour protéger 1'arrivage des fubfiftancei. ' qu Les repréfentans nommés, pour afTurer, dans les le départemens, 1'éxécution des lois relatives a fin- chi ifruéhon-publique, font Dupuis, (de feine & oife) a < Baraillon, La Kami, Bailleul & Jard ■ Panvillierl baj 'Séance du 22 Germinal). Sur Ia propofuion de net Saladin, au nom du comité de Légiflation, 1'affem- èac blée décréte: tue Art. t. Tous les décrets qui mettent les citoyens hors nét de la loi, par fuite tu d Poceafion des ivinemens du. 31 mar, ïer & 2 juin, Pont rapport és. II. Tous jugemens rendus en conformité & éxécutien des décrets, arrétés, alles, procédures ou pourfuite, décernés 011 dtrtgis contre les dits citoyens, font fi? d, meur ent annullês. ae' III. Ceux d'entre les dits citoyens qui fa font Pons. traits par la fuite d Pefet des dits décrets, mandats dar rat ou arrétés, jont autorifés ci rentrcr dans leurs hyers. IV. Tous les citoyens déffgnés aux articles précédent 'ont rèmtègrés dans leurs droits politiques & dans leurs item: en conféquence tous fcellés ou féquefires mis far eurs biens feront levés, fur leur réquifltion en vertu tu pre] ent décret. * PARIS, 20 Germinal. *" Les lettres ont a regretter Ia perte de Francois de \eufcbateau qui vient de mourir dans la folitude oü I s etait retiré. 11 était né avec un talent facile & greable, dont les produtfions précoces avaient fait wnceyoir de hautes efpérances. Sa carrière politique na eté fignalée par aucun afte de fermeté. II vait éprouvé de grands malheurs qui avaient affoibli ■s forces de fon ame, & celles de fon talent On apprend que la divifion de 1'efcadre de Brest, ft enfin arnvée a Toulon. Elle eft compofée de x vaifleaux de ligne, cinq frégates & deux bricks. n peut fonder de grandes efpérances fur cette jonc- 3D', p™r,.rétablir ''empire de la marine Francaife ins la Méditerranée. Les négociations avec 1'Efpagne font dans une grani aaivité: elle ouvre enfin les yeux fur fes vraii térets. Une lettre de J. Feraud repréfentant du Peuple anpats d latmée de la Mofelle & du Rbin, du ar tier général dOberulm, 1 iGerminal.porte ce quifuitx „ Cliers Collégues nous avons tenu notre engageint. Hier a neuf heures du raatin, l'ennemi nous attaqués en force depuis Brcttenheim , jusqu'au is de Momback. Le cornbat s'eft engagé avec la is grande vigeur de part & d'autre; on s'eft tiré is de quatre heures a mitraille, & le feu de la »usquéterie a duré cinq grandes heures fans inter>tion. „ Uninftantnos braves'foldats ont été obligés de tter un ouvrage que nous avions jetté la nuit fur plateau de Maycnce, dont l'ennemi voulait nous fier. II y eft entré, & deux minutes aprês il en té, a fon tour, igaominieufement chafTé, a Ia onnette. II a été également repoufl'é, a la bayone, des ravlnsquifontau deffous du bois de Mom. oü il a été chargé pendant trois fois, impéafement, par nótre infanterie, aux ordres du Gétl Sandos. Vers les deux heures, l'ennemi a com>  C90 nencé fa retraite & eft «mré <*aiu Mayence. No». woup« oecupent les même» pofmons, & ont repni leurs travaux avancés. "1 La perte de 1'ennmt eft confidérable, parcequ il a dü attaquer de front nos poftes, qui étaient aiTés couverts par la nature du tetrein, & par le feu d'une partie de l'artillerie volante & des battenes du bots de Momback. Tous ont bien fait leur devoir: foldats, officies & généraux méritent beaucoup d'tloges. On en doit a 1'officier du génie Fayau qui a été tué fous mes yeux, dans les travaux, & qui eft mort en continuant a faire des voeux pour le triomphe de la République. Cet intéréilant officier mérite d'autant plus les regrets de fa patrie, qu'a beaucoup de courage & d'intelligence, il joignait les vertus hliales U nourrifl'ait, avec fes appoimemens, fa mère & fa familie, qui font dans le befoin, & que je vous recommande particuliémnent. ......... Te partirai dans trois ou quatre jours, & j elpère que' faurai le bonheur de vous apprendre nouvel avantage, car nous nous atténdons a nouveau attaqués. ^ CONVENHoN-JNAlloNALE. (Séance du 23 Germinal). Sur la propbfili:!^ 1 Mb-Rlin de Douai, au nom du comité de falut paMe. la Convention rend le décret fuivant, que Ut efret i ftances rendent dun intérét trés- majeur, & qut^tt-;. rajjurer entière ment tous les amis de la libertt Sr at la République, ainfi que les ames timorées quicrtyaiet) devoir nourrir des défiances. C'efl la declaratie* de principes qui doivent diriger d jamais & la Natten Francaife, fi? fes Repréfentans. Dédaration des principes rfcntiels ds fsrdre foctal & de la Kcpuh.tque. La Conventio» coofidérant: Que les feile. bifes de l'ordre foctal & dti bonhei public, ce font les mecurs, U-s principes «Je. les lois Que les meems nepcuveot étie Ic fruit quï de 1'edi cation, de 1 inlrruétion, Ces inUhiuiuus publiqi.es des habitudes éi du ten»i Que les lois f.ge* foflt Ie4 re "uitat d'une profoné méditation, & q»s I» certitudc de leur cx^cution r peut être fondcc q-.ie furies mwiits* Que les principe* In veriabis ment pofés fuppleem au moins un tems, a 1'établilfement des moeurs & a perfection des lois; Que i'époque a Iaquelle il eft le plus important t proclamer ces principes, c'eft celle oü 1'expérit.nce démontré les dangers de leur violation; Que la mème époque eft auffi celle oü le fenttme douioureux des maux que Terreur enfaute , doune u * Utrecht, de Timprimerie du Spectateur. - V. Les 'BuUtofteorS pUnt tous leurs aiounés de ,«tór 'défUtm fftvtmênt ,™J£"™»»' co^uLe leuleut cmÜwt o„ nom 1,'ur abonnement pour les 3 mois qui -vont fnr,re , aj.n .,uM ?«j«Wje ret ^ , Que is la malveillance & la perfidie s'efForcent de réduire tous les principes ou problêmes, Thamanité, le patriotifme & la fagefle doivent fe hater de les mettre a 1'abri de toute conteftation, de leut donner enfin une bafe indeftructible; Déclare les articles fuivans principes fondainentaujt de l'ordre focial & de la République Francaife. Att. Ier. Le Peuple fouverain de France eft Ia collection des citoyens dé tous les départemens, fans diftinélion d'état, de profeffion & de fortune. Aucune fection ou fraction du Peuple, aucun état ou proRffion, aucune fociété, afTemblée ou attrouperaent nombreux ou nom, ne font le Peuple Francais; & quiconque dit le contraire, eft ou imbécille, ou impofteur, ou bri,-and. Celui qui parle aux citoyens de leur» vertus, fans les avertir de leurs erreurs, ou de leurs droits fans leur rapeler leurs devoirs, eft ou un flatteur qui les trompe, oa un fripon qui les pille, ou un ambitieux qui elferebe 3 Us i'Vervir. , , véflia >le ital du Peuple eft celui qui lui adreste couragcufcroent des vérités dures; c'eft lui que le Peuple duit chétir, honorcr & preférer dans les éleétloar. . : les droits entre les citoyens eft la bare elftctklle de la République. L' iltté cuiic les talens & la médioenté, entre 1'induOrie & rincap-cité, entre i'activité & la psrefle, ■ entre l'écocotmc « la prodigalité, entre la fobneté & ' fmteinpéfar.ee, entre la probité & la friponnerie, en:.. |a /erua •> le vice, eft dans la République, plus ,. ,;• q ie dini tont autre gouvernement, la loi eslenüeüe de la Nature & des mceurs. III. La liberté d'agir n'étant que le pouvoir de faire ce qui ne nuit pas a auttui, ne peut jamais entiainer 1'impunité des actions criminelles. r IV. De même la liberté de s'alTembler paifiblement ; j n'entraine pas 1'impunité des crimes ou delits commis dans les afTemblées. , Le droit de s'organifcr1, de délibérer, de prendre des artëtès, n'appartient qu'aux feules afTemblées aue tor'ifées par la loi, & rêunies fous Ia forme, dans res e lietix, aux jours & heures qu'elle a prelcrus. Tout autre rafTemblement qui, fous quelque déno, min'ation que ce püt être', fe permettrait d arrêter des la déliberaüons quelconques, n'eft qu'un attroupement prohibé; & fi 1'on y écoute la propofition de refifter !e i la loi & aux autotip conftituées, c eft un attroua pement féditieux. Aucune afTemblée illegale, aucun attroupement, nt aucuns mouvemens féditieux, ne peuvent être exculés ie par Tabus des principes für 1'infurreaion. (La fuite au No, fuivant.)_  No. 25. Liberté, Egalite, FraternitÉ. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. (Mardi 28 Avril 1795. v. St. 8 Floréal St. Rép.') Fin de ia Dédaration des principes de Pordre foctal & de la République, qui doivent fervir de régie au Peuple Francais & a fes Repréfentaus. JL/ infurreaion ne pouvant s'exercer que lorfque Ie gouvernement viole les droits du peuple, n'eft qu une rébellion purüiTabie, tant que cette violatton de Ia part du gouvernement n'a pas été formellement reconnue & déclarée par ia majorité des afl'emblées primaires de toute la République légalement convoquées._ V Tout fyltême d'adminiftration ou de légillation tend'ant a foumettre les Francais au régime de la ter. reur, a prefcrire, perfécuter ou diffamer, en malle, des états, profeffions ou fonctions quelconques; a établir entre les citoyens d'autres diftinftions que celle des bons & des mauvais; a nourtir entr'eux des fentimens de haine ou dedivifion; honorer du nom de patriotes les hommes fans mceurs, fans probtté & fans liumauité. a altérer ou corrompre les principes de la motale naturelle; a établir des dénominauons, coftumes ou fignes de ralliemens particuliers, eft un crime. Tous difcours, éctits , opinions, délibérations, adrefles ou pétitions tendant a i'établilfement ou a la propagation de ces fyftêmes, font des crimes. Toute provocation & toute mefure tendant au rétabliflement de la royaaté, toute infulte aux fignes extérieurs & généraux du républicanifme autorifés par la loi; tous difcours, écrits, pétitions, adreffes ou délibérations tendant su même but, font des ctimes. VI. Dans toutes les clrconftances oü l'ordre focial, la liberté & la tranqullfité publique, la fureté des perfonnes ou des propriétés feront mis en péril par des révoltes ou attroupemens féditieux, le corps légiflatif doit ordonner l'einploi de la force, prononcer & faire exécuter fur le champ, contre les chefs, quels qu ils puifient être, toutes les mefures de police & punitions nécelTaires pour le falut de la Patrie. Dans le même cas, les autres coupables & compli ces doivent être traduits fur le champ devant le juté d'accufation, & irr.médiatement après 1'accufation admife, jugés par les tribunaux, fur la déclaration du juré de jugement, fans obferver les délais prefcriis par Ia loi pour les délits ordinaires. Seront obfervées au furplus toutes les autres regie» prefcrites par la loi pour les jugemens criminels. Le corps légiflatif indiquera, a cet effet, tel nombre de tribunaux établis, dans la République qui feront par lui jugés neceffaires, pour la celétité de 1'exemple. VIL La liberté de parler, d'écrire, d'imprimer, d'émettre fon opinion ou de faire des adrefles & pétitions individuellement fignées, n'entraine pas rimpu* nité des délits commis par difcours, écrits, affiches, cris publics, opinions, adrefles & pétitions. Toute adreife ou pétition portée en maffe aux autorités conftituées, & préfentée par un plus grand nombre de citoyens qu'il n'eft permis par la loi, ou fans fignature individuelle, eft réputée attroupement prohibé. Tous difcouts, écrits, opinions, adrefles ou pétitions qui tendraient a provoquer la defobeiffance a la loi, la réfiftance a l'ordre public, ï'aviliflement des autorités, 1'attentat aux perfonnes & aux propriétés, ou quelques unes des actions déclarées crimes ou délits par la loi, font des crimes. Les membres de la repréfentation nationale ne peuvent étre recherchés, accufés ni jugés pour raifon de ces faits, fur lapoutfuite d'aucune autorité conftituée, mais uniquement en vertu de décret de la repréfentation elle- même. A 1'égard de tous les citoyens fans diftinétion, Ia peine ne peut être prononcée qu'3prê"s qu'un juré légal aura declaré d'abord que le difcours, 1'écrit, 1'opruion , 1'adrefle ou la pétition font faits dans 1'intention de provoquer le crime, & enfuite que la perfonne prévenue en eft conpable. VIII. En ce qui concerne les fecours de Is Répu» blique, ils ne peuvent étre accordés qu'aus vrais indigens, laborieux, temperans, economes & probei, Bb  C92 ) Ils doivent confifiVr principa'ement en fubfiftances & autres objets en nature; & pour ceux qui fon en êtat de rravaiiler, en occafions & moyens de travail. Les hommes immoraux, indigèns ou non, & ceux qui, pouvant travailler, refuferaient de le faire, ai recevront en fecours, jufqu'a ['amendement de leui conduite, que Ie nécelTaire le plus étroit & li plus indifpenfable. Ceux qui favoriferont la pareiïe ou Ie défordre, en faifant donner des fecours aux hommes fans vrai befoin ou fans mceurs, en multipliant les emplois inutiles, ou en y placant des hommes incapables, en décourageant le travail par des traitemens avantageux & attribués a des poltes oiiifs ou inoccupés, feront réputés dilapidateurs des fonds publics, & refponfables de leur faull'e application. _ Ceux qui cherchent a perfuader au Peuple que les citoyens doivent être nourris aux dépens de Ia République font les ennemis de la vertu, du travail & de la Patrie. IX. En ce qui concerne les finances publiques. L'Etat n'eft jamais ruiné par les dépenfes indifpenfables, mais par les dilapidations, les rapines, la cu« pidité , le défaut d'écouomie, d'ordre, de comptabiiité & de publicité. Sans rien retrancher fur les dépenfes nécelfaires, élles doivent étre foumifes a Ia plus fevere économie. Nul ne peut créer ou multiplier les emplois & commiffions fans I'autorité de la loi, & le nombre des commis & employés doit étre fans égard pour une faulTe humanité, réduit au nombre abfolument necesfaire d'homtnes doués de ptobité, de défintéreflemeot, d'intelligence & de fagacité, avec un traitement fuffifant & modéré. Tout citoyen qui a pris part a 1'adminiflration, ooit, a tout moment, fe tenir prêt a rendre compte de fa fortune paffée & prérente. Les contribuikus publiques doivent étre mefurées fur les dépenfes fixes ik annuelles de la République, réglées fans épargne & avec économie. Elles doivent fuivre Ia proportion des revenus qui appartiennent aux contribuables, fans furcharge d'aucune taxe arbitraire, & fans manquer a aucun des engagemens qui ont été pris fous la foi publique. L'ordre le plus clair doit régner dans les recettes & dépenfes de la République. La comptabilité doit étre a jour & rendue publique, ainfi que la fortune de 1'Etat. La juflice, bien plus encore que Ia richeffe, eft le falut de la République & le vrai fondement du crédit national & de la confiance. X. Hors le feul cas de précautions forcées & momentanées que peutexiger la fubfiftance publique dans les tems de crife, & qu'il faut toujours concilier avec Ie tefpect pour U ptoprieté & avec la juftice, la pro-' duftlon, 1'induftrie, les arts & ie eommerce doivent être parfaitement libres. ^uiraerce aowent L'encouragement de la produftion, de 1'induftrie f,vT£'ce' alofi 1ue 'e bonheur du Peuple qui y eft hé effent.ellement, n'ont pour bafes folides que cette liberté lémulation du fuccés, la proteétion pu. blique , les fecours accordés aux inventions avantageufes ainfi qu aux grands établiffemens , 1'ouverture, le nombre & la facilité des Communications, Pinviolable fureté des perfonnes & des propriétés, & 1'honneur attaché aux travaux utiles. Toutes corporations ou coalitions, & méme toutes délibérations non exprefiement autorifées par la loi, entre citoyens de même êtat ou profeffioj,, font prob.bées, comme contraire* aux principes de la liberté. Les affbciations intéreflees qui tendent a s'emparer d une forte de denrée ou de fervices quelconques, a le les faire vendre exclufivement ou de préférence, a mettre obftacle a Ia vente que Ie propriétaire peut en nre, k qui & comme il lui plait; a refufer, de coneert, la mife en circulation de fes denrées & fervices, a en faire monter ou delcendre Ie prix, a multiplier les revendeurs intermediaires entre le vendeur de première main & le confommateur, a empécher les citoyens de s'occuper du même genre de traxail, toutes menaces, réunions ou violences tendant a la méme hn, ne font point un commerce, mais un brigandage; ce font des attentats puniflables a la liberté & a la tortune publique. XI. En ce qui concerne Iet mceurs: lerefpeét pour a vertu, la vierllefle, 1'infirmité éi la faibleffe, pour Ie malheur, pour la pauvreté honnéte, laborieufe cempérante & économe, la fraternité mutuelle & la bienfaifance envers Phumanité fouffrante, font les principes effentiels de la profpérité de la République. Les Citoyens qui auraient notoirement & publiquementmanqué a ces obligations, ceux qui violeraient labituellement les regies de Ia temperance, qui neglipraient, au vu & au feu de leurs concitoyens, les ievoirs de pere, de fits ou d'époux, ceux qui feaient furpris dans quelque aétion contraire, foit a Ia lélicatefle de Ia probité, foit aux fentimens de 1'hunanité, doivent être fraternellement cenfurés dans le* flémblées lêgales. Les vertus & les talens modeftes feront déclarés par es bons citoyens, pour être honorés, employés, réompenfés, ci, s'ils font dans un vrai befoin, fecouus par la République. II ne peut pas y avoir de vrai patriotifme fans temérance, fans mceurs, fans amour du travail, fans huïanité, fans probité & fans défintéreffement. La liberté entière fera accordée aux opinions & praques religieufes. Les abus qui feraient contraires ux principes ci-deffus & a la tranquillité publique, :ront furveillés & réprimés par la police. Les cérémonies, les rites, les fêtes & les calen-  C93) driers de chaque culre religieus, ne feront Jamais partie-des iuftitutions publiques, qui n'ont rien de comiruin avec ces differens cultes. Tous les citoyens fe traiteront en freres, fans égard pour leurs opinions religieuTes. XII. I-es citoyens & les autorités régleront leur conduite fur la préfénte declaration des principes. Ces principes, fondés fur la regie éternelle & indeftructible de fang , nous avons été inceflamment „ actifs pour vos intéréts, & a raifon des „ occupations multipliées, nous avons parta„ gé différemmentnostravaux, ce dont nous „ nous croyons dans 1'obligation de vous „ donner dument connaiflanceCfuivent les noms des Comités qu'ils ont jugé convenable d'établir pour gérer 1'adminiftrstion provi- foire) Après cette lifte, on ajoute; „ Nous devons cependant vous informer „ par les préfentes que tout ceci fe fait pour „ un court efpace de tems, pour 1'avance„ ment de vos intéréts, qu'on ne doit pas „ perdre un inftant de vuef; ainfi feulement „ par provifion; tandis qu'en attendant nous „ ne fouhaitons rien plus ardemment, que „ de vous mettre promptement, d'après un „ plan régulier, k même de donner vos li. „ bres fufFrages d'une maniére convenable, „ afin d'élire vos propres repréfentans, & „ d'établir par vous même Ia forme de votre adminiftration municipale." Nouvelles. Le bruit fe répand & s'accrédite généralement, que les armées alliées ont entièrement évacué le territoire des provinces - unies.  r 8 . Stadboudèrat & de tous les emplois & dignités qui y étoient anéxés; le droit qu'a chaque Citoyen de pêcher & chafler fur fonproprej territoire , &, enfin, le rappel de tous les Bataves réfugiés ou bannis depuis 1787, pour caufe de Patriotisme. Voila, en efTet, trois articles bien importans, & véritablement marqués au coin de 1'amour du bien public On ne peut contefter que le Stadhoudérat n'ait été 1'occafion de bien des maux qu'a éprouvé notre République, Ces alliances, prétendues Mustres, dont il a été la fource, loin d'être, comme Pont toujours voulu perfuader fes partifans, un moyen de fureté & de déffenfe, ont fans-ceffe contrarié la fplendeur de nos Provinces, caufé des dépenfes incalculables , entrainé la République dans des \ guerres ruineufes & meurtiéres, & accablé la nation de cette chaine de maux, dont le poids s'eft furtout fait fentir depuis quelques années, & dont les valeureux foldats de la Liberté viennent de nous affranchir. A 1'égard du droit de chaffe & de pêche, fi tous ne font pas jaloux d'en profiter tous dumoins auront la fatisfaction de favoir leur territoire refpecté ; perfonne n'aura a A V I F. Le Spectateur Republicain paraitra deux fois par femaine , le mardi & le vendrepi , fauf a y joindre des Suplèmetits lorsque 1'abondauce des matières Ie requerra. Le prix de 1a foufcription eft de 14 florins d' Hollande, & de 30 livres de France par année. Pour la commodité du public, on pourra aufli s'abonner pour 6 mois & 3 mois, en payant a proportion. Chaque foufcripteur ett prié d'envoyer fon nom& fa demeure en caraétères bien lifibles, & de payer, du moins, la moitié de fon abonnement d'avance. Le Bureau - General eft cbez J. Altheer, Iroprimeur a Utrecht , prés le teraple du DSme. On foufcrit également , aux mêmes conditions , chez tous les autres Libraires de nos Provinces & de 1'Etranger. Les Rédafteurs recevront, avec reconnaiffance , tous les avis, nouvelles & réflexions utiles, qu'on voudra bien leur communiquer, tant en Hollandais qu'en Fran9ais, & ils s'emprefleronc d'en faire part au public, en entier, ou par extrait. lis garderont 1'anonyme le plus ftrift pour les perfonnes qui ne voudront pas être connues, & fe feront un plaifir de nommer celles qui le permettront. A Utrecht, da 1'imprimerie du Spectateur - Repü blicain. craindre qu'un privilégié oifif vienne impunément fous fes yeux dévafter fes poffeflions. Enfin, le rappel de nos concitoyens perfécutés & profctits, rendra a la patrie des enfans précieux, dont la plupart formés fur le fol hofpitalier de la France, aux falutaires principes de la liberté, aideront efficacement a la rétablir & a la maintenir parmi nous. * •» Jusqu'ici nous n'avions pas eu occafion de bien voir les troupes Francaifes. L'inclémence de Ia faifon les avait forcéesde fe couvrir de furtouts de diverfes couleurs qui nous cachaient leur uniforme. Jeudi 5. & Vendredi 6. Février les deux Généraux Compere & Vandamme qui, encore a la fleur de Page, ont dé ja ceuilli tant de lauriers & acquis de célébrité , ont pafl*ê la revue. Un concours nombreux d'habitans de cette ville, avides de voir fous les armes les valeureux déffenfeurs des droits de l'homme, ont été jouir de ce coup d'oeuil; tous ont admiré leur bonne tenue, 1'ordre & la régularité de leurs mouvemens, la précifion & la célérité de leur taétique. Ce 1. JYo. a ttn Supliment.  ( io ) de magistrats choisis par le peuple dans des assemblées provisoires, sous les yeux des repréfentans du peuple francais, que vous préviendrez , citoyens , tous les maux que Ia désorganisation entraïnerait, & qui, plus chez r.ous que par tout ailleurs, séroient irréparables. „ A ce prix, citoyens, tous lesfacrifices paraitront légers au Peuple Batave; il volera lui méme au-devant des efforts de tout genre que vous avez droit d'exiger de fa part; Penthoufiasme de Pindépcndance recouvrce Ie rendra capable de tout. „ Citoyens, le droit de conquête vient de vous acquérir une nation induftrieufe, énergique, & digne de quelques égards par fes anciens travaux pour la liberté. Une politique bien entendue, & notre équité feront le refte. Les Bataves méritent d'être libres: en brifant leurs fers, la reconnoiflance en crée pour eux de bien plus doux , qu'ils feront gloire de montrer a tout PU nivers. Réponfe du Préftdent. Citoyens - Bataves, „ L'amour de la liberté, Ia confiance qu'ins pire la loyauté de la nation francaife, ont dirigé vos pas vers la Convention nationale: vous la félicitez fur fes travaux cc fur la gloire des héros qui terraffent & diffipen: les armées des despotes coalifés. < „ Cette époque, a jamais mémorable dans les faftes des nations , doit faire treffaillir t tous les amis de la liberté : ils font tous » frères, la nature eft leur mère commune; t elle leur a diftribué des droits égaux ; & l ceux qui, dans votre patrie , n'ont pas dé p généré de Pantique vertu qu'elle s'étoit ac- a quife autrefois, doivent éprouver une fen c fation bien^déücieufeen voyant fiotter dans d A Utrecht^ de 1'imprimene du Spectateur - Rspublic ain. Ia Hollande le figne caraétéristique de la liberté, 1'étendard tricolor. „ Comptez, citoyens bataves, fur les principes invariables qui conduiront déformais la nation francaife, dégagée de toute tyrannie. Si fes ermemis s'en rapportent k fa loyauté , a fa générofité , que ne doivent pas efpérer ceux qui chériffent la liberté! Rendus bientöt dans votre patrie, (caT votre zèle vous apelle fans doute auprès des phalanges viétorieufes,) vous verrez par vous mêmes que la juftice, la probité, Phumanité, le droit des gens, font des vertus & des devoirs pour Ie peuple francais , pour fes armées & pour fes repréfentans." La Convent ion nationale a décrité la mention konorable £f rinfertion de cette adrejje au bulletin. Nouvelle s. Les bruits , fi fouvent répandus, d'une paix générale avec toutes les puiffances du continent, paraiiTent s'accrêditer de plus en plus. 11 eft même des faits qui femblent indiquer que déja elle eft conclue; mais nous ne nous emprellerons pas trop d'y :ompter. Ce qu'il y a de certain , c'eft ]ue la Convention Francaife y parait trèsJifpofée; & 1'angleterre même ne fera pas rxceptée, fi elle peut fe réfoudre k dépo'er fa morque, k rendra les colonies, & & lemander la paix. Le célébre Général Keilerman, qui avait té incarcéré fous le régime de Robespiere, vient d'être élargi & renvoyé a la tê; de Parmée des Alpes. II eft arrivé Paris un envoyé du Duc de Toscane, our négocier de fa part , a ce qu'on Tjre un acte da neutralité avec la Franï. On y attendait également 1'ambafTasur de Suéde.  No. 3. Liberté, EgalitÉ, FraternitÉ. LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN. Par une Société de Gens de Lettres & tf Amis de la Liberté. La Liberté ctt 1'idöle des ames Fortes. (J'enjredi 13 Février 179 5. v. Ao ?. EDActI URS EU JoURNAL. Jfe m'empresfe de profeet de la voie qui m'eft ouverte par votre Journal, pour commutiiquer quelques réflexions au public. Je continuerai a en ufer de même, dans la fuite , fi vous trouvez que celles-ci ayent afiez d'intêret pour être imprimées. Vous avez invité, dans votre Icl". N\ les habitans cette ville a fe réünir en Sociétés populair es, Rien re me parait plus propre, en effet, a former 1'efprit public, fans le quel il ne faurait y avoir de vraie Liberté & d'amour de la patrie. Je crois donc qu'il ferait a défirer que la Municipalité, ou le Comité, choiü en dernier lieu par la Bourgeoifie , s'occupat inceffament des moyens d'établir ces Sociétés populaires, & fixat un mode régulier pour leur organifation. La ville étant divifée en 8 Sections, on pourrait établir une Société au centre de chacune d'elles, en choififfant un empla- St. Le 25 Pïuviofe St. Rép.") cement propre a contenir les bourgeois du quartier. Dèsque le plan de ces Sociétés ferait publié , elles fe rendroienl chacune & leur pofte, & éliraient un préftdent & un fécrétaire, a la pluralité des voix. , Le préftdent ouvrirait chaque féance par la leéiure des Droits de P homme 6? du Citoyen, qu'on ferait imprimer en grands caraétères, & afficher fur les 4 parois de la falie. Après cela on lirait 5, haute voix les arrêtés du Gouvernement, les publications de la Municipalité, &c, ainfi que la rélation de ce qui s'eft paffé de plus important dans les autres parties de la République. A la fuite de ces leélures, le préftdent demanderait fucceffivement a tous les membres de la Société s'ils ont quelque propofition importante a faire, quelque vue utile au bien public a offrir?Le Sécrétaire confignerait dans fes régiftres ce qui s'y ferait paflë d'intérefTant a cet égard, afin que les perfonne* C  qui n'auraïent pü affifter k la féance , foient a-même de fe mettre, ecfuite, au courrant de ce qu'on y a fait. Le but de ces Sociétés, étant de furmer 1'efprit public, & d'entretenir ou de faire re naitre 1'union & 1'harmonie parmi t'ius les bons Citoyens, on devrait infliger une peine quelconque a celui qui y porterait atteinte par des perfonnalités ofFenfantes , & qui-tendraient k réveiller 1'esprit de par;i. Les plaies que- ce monfïre, jaloux de notre bonheur, a faites a la République, font trop grandes & trop récentes, pour ne pas nous fournir la lecon la plus utile. Dans une époque auffi mémorable que celle ou nous nous trouvons , le falut de Ia Patrie doit être la première, la fuprême Loi pour tous fes enfans. Rappellons-nous donc k chaque infrant , qu'il ne faut jamais confondre la difFérence d'optnions avec celle des fentiments, & qu'on n'eft pas criminel en voulant fuivre diverfes routes pour parvenir au même but. Diftinguons-nous , en un mot, par une fagefle & une fermeté i toute épreuve, & rendons la révolution que nous avons commencée, digne, a tous égards, du nom Batave. Je reviens k Pobjet principal de cette lettre. Quoique fous le régne de la Liberté & de PEgalité on ne doive violenter perfonne, il eft cependant bon de faire connaitre les Citoyens qui aiment fincèreroent leur patrie, & qui s'intérefTent a elle. Je défirerais , en conféquence, que, dans chaque Société po fulaire, on dreffat des liftes de tous le; Ciioyens du quartier, & qu'on les placat a deraeure dans la Société, k la vue de tout le monde. On parviendrait bientöt a discerner, par cette voie, les citoyens purs, & zélés pour la chofe publique, de ceux qui, abforbés dans leurs intéréts perfonels & leur indolence, n'y prennent aucune part. Un ancien législateur, aufli habile philofophe que politique, avait porté une loi, par la quelle il était enjolnt a chaque Citoyen de fe déclarer ouvertement, en cas de révolution. Le tableau que je propofe rendrait le même fervice, en faifant connaitre les perfon'nes qui ne fréquenteraient que rarement les Sociétés populaircs , ou qui prendraient peu de part a ce qui s'y paffe. Au refte , fi Pon trouvait que ce ferait trop d'établir huit Sociétés dans notre ville, on pourrait les réduire k quatre, & réünir deus feclions'pour chacune d'elles. Jefou> mets ces différentes idéés au jugement du public, dans Pefpoir qu'elles pourront être utiles, fi ce n'efl: par elles mêni^s, du moins en rappellant fon attention fur un objet qui me parait d'une grande importance. Salut & fraternitc ! Utrecit u. Fêvr-ier 1^5. v. St. France. Les derniéres féances de la Convention nationale , préfentent un degré d'intêret, qui nous fait regretter que les bornes de notre feuille ne nous permettent point de nous y étendre, autant que nousl'aurions défiré. II y a été fait plufieurs rapports ere» importans, ron feulement pour la France, mais pour PEurope entière. Parmi ces rapports, on a furtout remarqué celui de Fourcroy, Sar les arts & les fcierices qui ont con • tribué a la défcnfe de la République, & ceux de Boiffy -d'Anglas, dont le i' Sar les principes adluels du Gouvernement Francais & les baf es du crédit national ; & le fecond  C 13 ) Sur les rélations de la République ■ Fran- j caife avec les autres Peuples, & fur les j intéréts de ceux - ci par -rapport a elle. I Quoique ce fecond Discours foit le der- j nier , dans 1'ordre chronologique , nous j nous croyans cependant obligés de le faire 3 connaitre, fans délai, paree qu'il efl de laf dernière iraportatice pour toutes les Nations. 1 La convention - nationale » après 1'avoir enten du avec Pintêret le plus vif, en a ordonné è traduction dans toutes les larigues, & !*«/voi a toutes les Municipalités, a toutes les armées, ainfi qu'a fes agens chez toutes les '■ PtiifTances neutres. Ce beau discours mérite '. d'autant plus d'être connu , qu'on doft le regarder, fuivant Pexpreffion d'un des mem- ' bres de la Convention, comme la déclaration du Peuple Francais, Séance du ir. Pluviofe. Boify ■ d''Anglas , du Comité-de Saiutpublic, a la Convention Nationale. \ „ J'ai retracé, dans un premier difcours , les prir.cpes de juflice & de loyauté fur lefquels re- i, pofe aujourd'tiui Ie gouvernement de la France:; j'ai fait voir comtnent ce gouvernement, tout a \ la fois rêpublicain & révolutionnaire, venaic de , jeter au milieu de vous les fondemens d'un véritable crédit public , & de créer, en préfence de 1'Europe entière, une puiiïance en quelque fortc nouvelle. i; „ J'ai fait voir comment le Peuple Francais, t, forrant tout-a-coup du fommeil de 1'efclavage, j avait repris fa place parmi les Nations du nom-1 bre desquelles on voulait 1'effacer, commencé de ~! , réparer fes immenfes pertes, & prépaté tous les , germes de fa prospérité future. ( „ Maintenant je vais porter mes regards fur la ( fituation extérieure de ce vafle empire, fur fes , relations avec les autres Peupi< 1, & fur les in¬ téréts de ceux-ci par-rapport k lui. Je dirai comment de l'établilTement de fa liberté dok nécefTurement réfulter de bonheur du Monde; & la paix de 1'Univers, de celle que vous allez négocier avec vos voifins. „ J'avertirii la plupart de ceux qui nous font Ia guerre, des dangers devant lefquels ils fe précipitent, en fe déclarant contre nous, & qui font iels, que leurs fuccès mêne, s'iis étaient poffibles, ne feraient que los rendre plus prelTans. Je repoufferai les calomnies atroces de ces ora. teurs (l'pjniiiés par les tyrans, qui, ne pouvant plus efpérer de nous aflervir par les atmes, veulent nous lufciter encore autant d'ennemis qu'il y a de gouvernemens en Europe, & nous enlever ce crédit national qui réfulte, pour un grand Peuple, de fon refpeét. pour les autres Nations, & de fa morale publique. „ 11 eft tems que les formules d'une politique ' ancienne Scmal-avifée faflent place aux expresfions fianches & loyales d'un homme libre; il il eft teras que Ia vétité reprenne, a la tribune bi légiflateur, 1'influence qu'elle 11'y devait jamais serdre. Le langage que je tiendrai contraftera ïune manière remarquable avec les paroles infiiieufes dont retentiflent en ce moment les féances is cette autre alfembiée foi-disant repréfentative, }ui, dans fes débats menfongers, dans fes fanfa•onnades chevalerefques, dans fes AdrefTts adularices, nie vos fuccèj, méconnaït vos vitftoires, jutrage vos principes, & ofe menacer encore une iberté que trois années d'attaques infructueufes luraient dü la forcer a refpe&er enfin. ,, Lorsque les paflions les plus exsfpérées forgent jartout des armes pour nous divifer, nous déruire >u nous enchainer, animés par des paffions plus lobles, enflammés par 1'amour de la liberté & de 1 Patrie, nous devons oppofer la julice impen. urbable a leur fougue violente, & la conftance épublicaine a leur impétaofi é té néraire. „ Prèsque tous les ttónesde ia Terre fe font  C '4) branlés pour fe précipiter fur nous; leurs miniftres fe font ligués; leurs armées fe fi ne aggloméréos; leurs foudres fe font allumés pour détruire notie Jiberté naiffante ; mais leurs cohortes dévatlatri ces, renverfées par nos bataillons patriotes, fe font diflipées comme ces nuages épais qui femblent annoncer 1'orage, & qu'un vent faiutaire -difperfe & anéantir. „ Tant que nous n'avons eu acombame que la haine des rois coalifés & la furie de leurs fól dats, la valeur bouillante des Frangais, leur courage inépuifable, les facrifices conllans de tous les citoyens, ont fuffi pour prouver a 1'Univers combien nous fommes dignes de la liberté, & corabien eft chimérique fefpoir de ceux qui veulent la détruire. Mais aujoutd'hui, Citoyens, que ■aos triomphes ont porté 1'épouvante dans le fein des pays qui prétendaient donner des fers .a la 'France, nous «vons un autre genre d'atcaque a foutenir, d'autres efforts a repouffer. On ne peut vaincre les Frangais, on cherche a les caloronier. ,, Tous les Peuples du Monde admirent notre oourage; tous gétniffent de voirrépandre leur fang & épuifer leurs tréfors pour nous arracher notre liberté: on veut nous déttuire dans leur opinion, & reieter fur nous feuls les calamités fans nombre que verfe fur eux cette longue & terrible guerre. Nous n'avons point a redouter la fureur des rois -coalifés, ni les efforts de leurs foldats; mais nous refpetterons toujours l'opinion des Peuples, quels que foient leurs gouvernemens, leur force, leur faibleffe, leur bonheur ou leur infortune. „ Nous ne chercherons point, comme on nous en a fouvent accufés, a troubler leur erganifation intérieure , a leur faire adopter nos lois; mais sous ne fouffrirons pas qu'on empoifonue a, leurs yeux nos principes, qu'on nous enleve leur efttme, & que les auteurs ambitieux d'une guerre -funefte rejettent fur nous les triftes fruits de leur yanité & les crimes de leur ambition. L'humanité gémit & fuuffre depuis trois années; depuis tras anrées 1'Europe eft inondée de fang-, I les Peuples font accafrés d'impóts ; le défir in| fenfé de psitagcr ou d'afl'ervir la FrarcV, eft évidemment la caufe ou le prétexte dé tous ces i malheurs; & 1'orfqu'une panie de nos emiemis, décourajée par nos fuccès ou éclairée par 1'expérience, parait vouloir laiffer refpirer la Terre, lorsque des Peuples indignés des maux tertibles dont on les accable, femblent commander panout, a leurs gouvernemens, de mettre un terrae aux horreurs de la guerre, quelques politiques cruels & artificieux veulent leur perfuader que nous feuls nous fommes infenfibles a ces cr-is de 1'huI manité fouffrante; que nous feuls nous fommes avides de leur fang; qu'aucune paix n'eft ni füre ni honorable avec nous; que la continuation de la guerre eft avantageufe pour eux; &, qu'enfin, ce qui eft abfurdement contradictoire, notre. orgueil & notre ambition font, d'une psft, trop redoutabks pour qu'on traite avec nous, & que de f autre, nos efforts nous ont trop épuifés pour qu'on ne puiffe pas efpérer, en nous combattant, des fuccès certains. , „ Nousdevons, Citoyens, par refpeétpour 1'huI manité relever ces contradiftians, répondre a ces jcalomnies, préfenter la lumière a tous les yeux, & lever Ie mafque de cas raachiavéliques goulyernemens, qui, fe jouant du fang des hommes & de la fortune des Peuples, veulent arriver a une grandeur coloffale fur la ruine des principales puiffances de 1'Europe. ,, Nous devons convaincre tous les hommes vertueux que nous détertons la guerre fans Ia craindre; que nous fommes toujours prêts a en faire ceffer les horreurs, lorsqu'on nous ptéfentera une paix conforme a notre dignité, & propre a gsrantir notre fureté. Nous devons en même tems avertir tous les Peuples, que, préts a négocier avec franchife, nous ne fouffrirons pas que 1'on paralyfe nos armes, que 1'on fufpende nos triomphes par des négociations fauffes ou infignifiantas." (ia fuite ttu iV». Saivant.')  Np. 4. Liberté, Egalite, Fraternite. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. La Liberté eft 1'idole des nmes Fortcs. (Mardi 17 Février 1795. v. St. Le 29 Pluviofe St. Rêp.*) os armées , qui bravent les faifons, maiirifent les éiémens, & tournent a leur avamage tous les obltacles que Ia Nature & 1'art femblaient leur oppofer; nos armées qui, s'élancant fur les inondations glacées de la Hollande , en ont achevé Ia conquête en moins de tems qu'il n'en fallait autrefois pour y voyager, fe chargeront de démortrer a nos ennemis que, loin d'être épuifés par trois années de guerre , nous n'avons fait qu'accroi're nos reflburces , & ajouter 1'expérience des chefs, la difcipline des foldats, a cette ardeur républicaine qui n'a jsmais celle d'embra fur leurs ames. Mais nous devons furtout prouver a 1'Umvers que 1'ambition da gouvernement Ang/ais, 1'intéret de la maifon d'Autrkhe, & 1'orgueil de Ia Rujjie , font les feules caufes des malheurs du Monde. „ PuifTances de 1'Europe, ouvrez les yeux,contemplez vos véritables dangers; connaiffez enfin vos véritables ennemis, confidérea avec effroi 1'abime dans lequel ils vous entrainent, tantót en fefant de la France un épouvantail qui vous trouble, tantót en vous la préfentant comme une proie facile a partager. Peuples fouffrans, mo- [Snitc du Discours de Boiiïy- d'Allglas., inféré daas le No. précédent.] narques trompés, Républiques enviées, fuivez avec moi les Cours de Vienne, de Pétersbourg, & fur tout de Londres, dansledédaleténébreuxde leur politique aftucieufe ,■ le flambeau de 1'évidence va vous conduire, & vousverrez enfuite quels font les projets que vous devez craindre, les ennemis que vous devez combattre, les amis que vous devez embrafler. La politique du cabinet de Vienne eft depuis long-tems dévoilée: conftans dans leurs ambitieux projets, les princes fe fuccèdent depuis plufieurs fiécles fur ce tröne, en confervant toujours Ie même efprit, en fuivant fans-cefle le même fyftême. Le but eft toujours invariable, mais les moyens d'y atteindre varient cominuellement. La maifon d'Autriche a fu employer tour a|tour, pour s'agrandir, les traités, les ruptures, les utariages, les intrigues & les armes. „ Avant que la Ruffie fut civilifée, et que Ia Prufle füt devenue une puiflance, la France , Ia Turquie & la Suéde fervaient feules de digue pour protéger 1'Empire contre les empereurs. Depuis que les rivaux de la cour de Vienne ont augmenté en nombre & en forces, elle a fu négocier fi adroiD Par une Société de Gens de Lettres & d'Amis de la Liberté.  C 16 ) tement, qu'ellea manqué, par artifice, brifer les contrepoids qui ba'angaient fa puiflince. Elle a fu affaiblir les Turcs en les facrifimt aux Ruff-s; elle a te'lemcru féduit la France ,que la Prull'e s'eft vue au moment d'une cntiére deftruction, malgrélegéuie de FreJéric & la difcipline de fes foldats. „Deux fois depuis cette époque, elle a é'é fur le point d'envaliir la Baviere, d'abord par Ia voie des armes, & derniérement parun échan^e; enfin, voyant que, malgré fes liecs avec la France, les Francais n'avaient pas fécondé fes vues, elle a voulu détruire perfidement fon alliée ; profitant des fecouffes de notre révolution, elle a favorifé nos ennemis intérieurs, tramé des complots au fein de notre gouvernement, & a ligué contre nous toute 1'Europe, fous le prétexte faftueux de foutenir la querelle des rois, mais dans le defl'ein réel de ne nous arracher l'Alface, \aLoriaine & une partie de la Flandre, & de fe débarralfer a. jamais de la furveillance ü'un Peuple dont 1'éclat excita toujours fon envie, & dont la force rép ima toujours fon audace. L'é-.énement a trompé fon attente; elle a déja perdu les Païs-ilas, fes places, fes canons, fes tréfors; fes armé.-s ont difpatu devant les notres, la réputation de fes généraux s'eft évanouie, & tout annonce que le jour de la juftice eft enfin arrivé pour elie. Elle n'ofïre plus que le fpeétocle de 1'ambition trompée & de Ia colère impuifl'ante. Elle craint la paix, mais elle ne_ peut continuer la guerre; & il n'eft aucune puiflance de 1'Europe qui ne voie que fa politique ferait d'engager toutes les autres a fe tuiner, a fe battre pour elle, & a lui readre ce qu'elle a perdu. „La Prufe doit favoir a préfent de quel eóté était rartifics, de 'quel cóté était la fincérité. Tout doit faire regretter a Fredéric-Guillaume d'avoir écouté les confeils de fon ennemi narurel, plutót que les envoyés pacifiques d'une Nation libre qui lui montraient la vérité & lui ofFraienr une amitié utile; d'avoir été la dupe de quelques intrigans couronés, de quelques négociateursadroits qui l'ont entrainé dans la feule route qui pouvait le perdre. ÜEfpagne, f Empire, la Sardaignedoivent éprouver les mêmes regrets. Ces puiffances doivent voir en frémiffant, 1'abime dans lequel on a voulu les plonger. Elles n'ont que la trifte perspeftive, ou de partager lefort de la Hollande, ou de s'anéantir fous le joug des deux cours qui les ont féduites. ^ Ah! ce qu'il faut, furtout, pour fintêret de 1'Europe, naontrer a ces puifiances trompées, c'eft Ie danger dont elles font menacées par deux colofTes qu'elles foutiennent, & qui finiraient par les fubjuguer, fi notre devoüment, ao» facrifices & notie courage ne parvenaienc & les arrêter dans leur raarche. VAngleterre& Ia Rufte, voila les tyrans qu'il faut dénoncer au Monde; voila les torrens dévaftatturs dont ilfaut arrcter 1'irruption. Plus adroites, mieux placees, moins malheureufes que /'' Autricbe, eiles ont feules jusqu'a préfent profité des malheurs univerfels & des erreurs de la coalition. „ Sortez de votre fbmmeil,Etats del'Empire,roi de PrulTe, & vous toutes puiffances matitimes; vos flottes, vos forces, vos cultivateurs, vos finances, votre fang, on vous fait tout faciifier pour donner a la Ruflie 1'empire de la Terre, & celui des mers a l'orgueilleufe Albion. Oubliez-vous que les habitans da Nord détruifirent l'Empire Romain , plus uni, plus redoutable que vous? Fauil rappeler a votre inémoire ces irruptions des Gotbs tSidesFaiidales inondant 1'Europe entièia pour en détruire tous les Empires? Faut-il vous rappeler q-je depuis 60 ans la Rufïïe, civilifantgrolfiéretnent fes peuple* barbares, con'ervant une force fauvage , méneer» s'enrichiffant des arts & de la taftique moderne, 8 déja hurnilié les Cbinois & fondé dei colonles fur la cóte tTAmérique ; qa'elle a liarchi le Cancafe, foumis Ia Géorgie, impofé des lois a une panie de la Perfe, fubjugué les Ce/aques, détruit les Tartares, conquis Ia C'imée, partagé la Pologne, épouvanté 1'empire Ottoman , foulevé la Giéce {& menacé Conftatuiiiople. „ Faut-ilrouvrir des playes encore faignantes , & vous retracer ces bataillons nombreux entrant dans Berlin même; &, lans le capriceimprévu de Pierre lil, anéantiffant jufqu'au r,om de la]puiffancepruffienne? Ne voyez-vous pas que 1'ambiieufe Catherine, en donnant de vaines promeffes aux émigrés, en enflammant le courroux desprincesd'AIIemagne contre la liberté frangaife, a fcü enchainer fesrivaux a une guerre qui les épuife, pour s'emparer de la Pologne , & s'ouvrir par Ia les portes de la Germanie ? ,, Je fais qu'on peut dire avec fondement que 1'empire ruffe eft un colofle aux pieds d'argile; que Ia corruption y a précédé la matmiié; que 1'efclavage qui y exifte, óte toute folidité a fa force, toute énergie a fes rell'orts; qu'il eft iinmenfe, mais en panie défert; faitueux, mais pauvre; qu'il eft déja trop vafte puur être gouverné; qu'en s'étendant, il avance fa dilfolution, & que chaque conquête qu'il fa t, eft un pas de plus vers fa ruine.1 Je conviens de ces vétités; mais ce géant, avant de périr, vous éctafera; c'eft fur vos ruines qu'il doit tomber; il ne fe ddmembrera qu'aprés vous avoir ravagés, difperfés, anéantis. Danois , Suédois, Allemands, Prufliens , Ottemans, fongez-y; le tems voie, la foudre gronde; Vienne vous trahit; le torrent Mofcovite s'aiaoncele ; At?  C i7) iifa s'avance une feconde fois, & vous étes perdus, fi vous ne vous réuniffez a tems pour arrêter ce fléau dévaftateur. „ On vous fait crsindre la France. Q jelle dtrange erreur ! Si notre gouvernement eft fage, & fondé fur de vrais principes, pourquoi nous 1'enviery Si, par fa nature, il eft auffï défaftreux qu'un vous [le dir , pourquoi redoutcr un Peuple qui porterait dans fon fein une fource de faiblcffe ou d'agitation qui 1'ernpécherait des'occuperdevous ? La conftance de nos efforts, la durée de nosfacri fices, la permanence denos vicioires, ne riémontrent-tlles pas d'avance la ftabilitd des traités qu'on ferait avec nous ? & les changemens de fyltème d'une grande Nation ne font-ils pas néceffhirement pius rares que les changemens & les caprices des miuiftres, des maitrelT'es & des favoris? Ah, nos intéréts font communs. Qj'itnpjrte que nous vous ayons dévancés dans ia carrière de la liberté! qu'importe notre conftiiution Sr nos lois, nos principes & nos opinions! la politique vous commande de vous réunir a nous & de marcher d'un pas égal contre les ennemis qui nous menacent. Lorfqu'on vous crie qu'il n'eft ni für ni honorabie de iraiter avec nous, traduifez ce langage dans fon vrat fens, & comprenez que I'Autriche vous dit: Battez - vous peur que je teprenne mes pio- J vinces; & apprenez que 1'Angleterre ne vous prell'e de nous cotnbattre, que dans 1'efpoir que vous nous empêcherez de noas oppofer a fes conquêtes maihimes; cifi.i, écoutez la Ruffie, voici ' fes pr pres paroles : Comhattez , épnifez vous,' vei fez tout votre fang & tous vos tréfors, peur I que je puifje fans obftacle quitter mes dèferts & verfe/ ma population guer, ib e fur votre fertile ter. i itoire. . .. „O vous, piütiques d". 1'Europe, quivousvantiez d'une (i haute fa^efl'e, d'une penétration fi profonJe, commeut eft-il poffible que vous n'ayez p;s encore levé le voile qui couvrait a vos yeux les vues machiaveliques du gouvernement angla's! comment ne voyez vous pas a quel point il vous abufe, & combien il fe joue de tout ce qu'il dit refpecter I Ce gouvernement nous accule d'imtnnralité; & lorfqu'on a voulu rdprimer, par Ia neutralité armée, le brigandage exercé fur le commerce des neutres, feul de tous les gouvernemens civilifés, il s'y eft oppofé fans pudeur. II nous accufe d'avoir rompu la paix & d'avoir violé le droit des gens, & il a infulté notre ambafl'adeur, H fait profeffion de haïr Ie papifrne intolérant, & il prend les armes pour défendre les fuperftitions de Rome. II prétend chérir la liberté, & il eft lié avec les oppreffeurs de la Pologne. 11 nous xeproche des cruautés dont nous exécrons, dotu nous puniflbns les auteurs, & il a rempl! 1'Afie da pillage & de cadavres, & il a ffipendié des fauyages pour affervir les Amérieains, & il a acheté a un prince allemand des hommes, en fixant d'a. vance Ie prix de chaque blefTure, de chaque mutilation, en fixant, en un mot, le tarif de chaque goutte de fang de ces malheureux ef'claves. 11 nous taxa d'ambition, & il veut fol'ement s'emparer de toutes les colonïes. II ofe dire que nous fefons la guerre fans humanitd, & il a voulu fe venger de les revers, en expofant24 millions d'hommes a mie famine dont le fort & notre valeur nous ! ont garantis. il crie partout que nous voulons. at.aquer 1 inacpendance des autres Peuples, & il • voulu contrawdre Cénes, Venife, Ia Snéde Sc Ie Danemarck a renoncer au droit Ie plus refpectable & Ie plus facré, celui de refter neutres au milieu des_ horreurs de la guerre. II ofe enlin déclarer qu'il n\.ft pas für de traiter avec nous, luiqui, lié avec la Buflie, a excité les Turcs a lui. faire la guerre, & qui les a abandonnés; lui qui a encouragé les Polonais a faire leur révolution , & qui les a laiffés fans appui; lui qui a armé la. Suéde contre les Ruflss , & qui 1'a trahie; lui qui a forcé Ia Hollande a nous combattre, & qui , après 1'avoir faiblement fécourue, s'eft borné a affaibiir le récit defespertes; lui enfin qui, après avoir féduic les malheureux habitans de la Fendés. & de Touhn , a joui tranquillement du fpeclacle üe leur rume. „ Qu'attendez- vous, E/pagnols incertains ? fi le fort trompait notre courage , fi perfiltant dans votre inconcevabie coalition , vous paralyfiez nos eifurts contre votre enneini implacable, & que s'affermiffant dans nos Colonies, elle détruifit 1'ali. ment de notre marine, ne la voyez-vous pas déja semparant de vos galions, exploitant vos mines, vous arraehaot 1'empire du Mexique, celui du Pérou, Porto - Ricco , Cuba, vous chalTant de toutes les mers; & du haut des murs de Gibraltar infultant a vos malheurs & jouiffant de votre mifére. En 1790, n'a t-elle pas déja levé le glaive fur vous, paree qu'elle vous croyait hors d'étac de vous défendre? M'eft-ce pas nous qui 1'avons • détourné au moment oü, comptant fur nos troubles, elle croyait vous frapper impunément? Ses • attentats fur la Corfe ne vous annoncent-ils pas • qu'eile veut vous expulfer de la Méditerranée comme elle afpire a vous chaffer de 1'Océan? „ Réveillez-vous donc au cri de la vérité; appreciez a leur jufte valeur les calomnies répandues contre nous; ne voyez dans les difcours dont retentit Ie parlement de Londres, que la peur de Ia. paix , que Ie langage de l'ambition démafquée, & laifl'ez-nous nous charger du foin de notre vengean-  ( i8") ce & de notre fiireté. Non feulement il tfl für,' H eft honorable de traitcr avec nous , mais cette mefure devient indifpenfable a votre falut; nou*, vous en avons fait connaitre Ia nectffité,apprenez en les moyens; nous fommes trop grands, trop forts pour avoir rien a déguifer. „ Nos dangers paiïés, Ia nécefii; é d'en rendre le retour impoffible; 1'exemple de laligue menagante qui voulut nous envahir & qui a porté un moment la défolation dans le cceur de la France, le devoir d'indemnifer nos concitoysns de leurs facrifices, le défir fincère de rendre Ia paix folide & durable, nous obligent a étendre nos frontières, a nous donner de grands fleuves, des montagnes & 1'Océan pour limites, & a nous garantir ainfi d'avance, & pour une longue fuite de fiécles, de tout envahifTement & de toute attaque. a ce prix, les puifTances de 1'Europe peuvent compter fur une paix inviolable, fur des alliés courageux qui fauront bien les dégager du poids de ces deux coloffes téméraires qui veulent, dans leur coupable délire, s'arroger tout a Ia fois 1'empire de la ïer re & dés mers. „ Telles font, Citoyens, les grandes vérités que tout nous commande aujourd'hui de développer aux yeux de l'Europe. „ En vain voudrait-on égarer les Peuples, en leur difant que notre gouvernement n'êtant que provifoire, aucun lien , aucun traité ne peuvent avoir de garantie. Notre gouvernement eff le plénipotentiaire nommé par Ia totalité du Peuple Francais, pour terminer en fon nom la révolution & la guerre; & je doute qu'on ait jamais vu «Tambaffadeur revêtu d'un plus araple pouvoir & d'un plus augufte caraftère. ,, Qu'importent les combinaifons dontfe forment les g-ouvernemens , lorsque 1'on traite avec les Peuples a qui ces gouvernemens appartiennent! Elle fera bien plus folide cette paix que vous denranderez bientót, lorsqn'elle vous fera donnéepar raffentiment du Peuple enrier. Notre gouvernement, c'efl la volonté de la Nation; nos formes , c'eft la juftice; nos principes, c'efl 1'humanité j notre garantie, c'eft la loyauté & le courage d'une Nation qui a voulu être libre. „ Appréciez notre gouvernement actuel par le fpectacle qu'il offre au monde; il a répriméles troubles inteftins, anéanti les faéb'ons rebelles, brifé les échafauds, ouvert les prifons, vengë le fang innocent, voué a Ia mort & a 1'infamie les miniftres de h terreur; il a rendu Ia liberté au commerce, Ia tranquillité a l'agriculture; il a mis a 1'ordre du \our, dans 1'intériettr, ia juftice, & fur fes fronliéfe* , la victoire. ,, Ah! tous les Peuples éclairés écouteront ,avec le fouris du mépris & de lapitié, les politiques abfurdes ou perfi nj trop inégales, on devrait, avanttout, les réformer, & pirts^er les villes en une certaine quanthé de Seftions, qui comprendraient toutes le même nombre de maübns. Mais fi les quartiers font a-peu prés égaux, on pourait fe dispenfer de ce travail. Utrecht, par exemple, étant divifé en buitSefiions, & Amfterdam enquarante, onaurait huk allemblées pour 1'une, & quartnte pourfautre. lü dans les papiers publics, 1'invitationfaite par lesRepréfentans provifoiresd'Amflerdam, de leur offrir un plan fur cet objet, L'esquiffe que j'en avais d'abord tracéè, n'ayant eu pour objet que la ville d'Utrecht, j'ai repris mon travai!, afin de le rendre applicable k toutes les villes, vi.lages & diitricts de notre pays. Les Répréfentans de la Nation Francaife, &, apiès eux, les Repréfentans provifoires du peuple de Hollande, ayant proclamé folemnellement ce grand principe diété par la Nature elle-méme, mais trop longtems méconnu, que la Souveraineté réfide dans /'«. niverfalité des Citoyens, il eft de Ia dernière importance de mettre au plus vite le peuple Batave k même dtxercer ce droit fa. cré, en élifant lui-même fes Repréfentans légitimes. 1. Pour parvenir a ce hut, il faut d'abord que les ■epréfentans provi ohes , comités révolutionnaires, ju telles autres autorités temporaires, fixent, fans fé!ai1 la convocation générale des citoyens, en jubliaut, dans les deux lanjjues, une proclamation ?ar la quelle on ferait connaitre le but de ces afemblées, & que I'en di'Jribuerait de porteen >orte dans toutes les inaifons, après 1'avoir faite uiblier, au fon de irotnpe, dans toutes les rues, ur toutes les places, & afJScher a tous les earoits detfinés pour cela.  (21) 3. Et_afin que que'ques ambiiieux ne furprennem pas les fuffmges dans ces nflemblées, & que l'éledion exprime réelkment le voeu libre de tous les citoyens, les anmrités provifoires devraient faire iraprimer des li/les contenaut les noms de tous lei citoyens de chaque quanier, en Ége d'être éltis, (c'eft-a-dire, je peiife, au-defi'as de 24 ans.) Et ces liftes feraient envoyées avec la proclamation, dans toutes les families, quelques jours avant la tenue des affembléej-générales, afin que chacun ait le tems de réflechir au choix quM veut faire. 4 Le jour & 1'heure étant fixés pour la couvocation de chaque quanier, un des membres des autorités provifoires, faifant les fonélions de préftdent, ouvrirait 1'aflemblée par la lefture des droits de l'hojimeet du citoyen, & continuerait par celle de la lijle des bourgeois du quartier, afin deprendre note de ceux qui auraient négligé de fe rendre a la convocation. Chaque bourgeois fe rangerait en ordre, a mefure qu'ils feraient appellés par le préftdent. 5- Après cela on procéderait a l'éle&iondes repréfentants, par la voie fuivante. Les autorités provifoires ayant détermiré d'avan- j ce le nombre de repréfentants qui doivent êire élusdans chaque quartier, tous les citoyens devront j avoir foin d'écrire d'avai ce chez eux, en ca actères bien lifiales, & fur «mant de billets féparés, le nom de ceux aux quels ils veulent donner leurs fuffrages. Munis de ces billets, ils pafi'eront toura-iour, & fuivant 1'ordre de fappel, devant lepré. ftdent pour lui remettre leurs bnlets , qu'il placera un a un par devtrs lui. 6 Cet appel généra! étant flni, le prifident prendrait ces billets un a un , les lirait a haute voix, en les faifant inferire a mefure par quatre fécrétaires (éparés, & les céchirerait ou les mettrait de coié, a mefure quil les aurait lus. 11 faudrait que toutes ces opérationsfe fillent alfez lentement, pour que chaque Citoyen put les fuivre fur fes tiftet imprimées, & en preudre note lui-même, s'il le défirait. 7- Aprês cette lefture des billets, le préftdent, & les quarre Sécrétaires en feraient la récapiiulation en préfence de i'sflemblée, déclareraient les Citoyens qui ont réüni le plus de fuffiages, & les proclameraient folemnellcment Repréfentans du peuple. 8. Cette nomitation faite, les Repréfentans de cha¬ que feeïion fe réi'miraient inceflamment ia maifon de ville, & fe confütueraient en affemblée des Repréfentans d'Amfierdara, d'Utrecht, de Leyde &c. dans le fein de la quelle réfideratt toute 1'autorité, 11 faudrait fuh-re le même mode d'éleéHon pour les villages & diftrkfs, qui jusqu'ici, n'ont eü aucune part au gouvernement, en fixant le nombre de repréfentans qu'ils nommeraient, relativement a leur population. 9- Toutes ces afTemblées des villes, villages & diP.rióts étant léijalement formées, elles choifiraient chacune dans leur fein un nomb e déterminé de repréfentans, pour les députer a VAffemblée générale des Repréfentans de chaque Province, fi 1'on conftrve cette diftinétion, & a celle des EtatsGénéraux ou des Representans de la Nation Datave, fi 1'on fupprime la diftin&ion des Pro~ vinces. Dans cette dernière fuppofition, 1'AfTemblée des Repréfentans de la Nation • Batave , aurait dans fon fein le pouvoir fuprême, & forme» rait le véritable Souverain de la Batavie. 10. Les afTemblées des Repréfentans de chaque ville fe partageiaient, d'abord aprês leur formation, en autant de Comités qu'il eft néceffaire pour les différentes branches de 1'adminiftration, & pr«céJeraient auffi, fans délai, a 1'organifation des tribunaux civils & crimiaels. 11. Ces Affewblées-Générales poatmem être renou» vellées tous les deux ou quatre ans, fuivant qu'on le jugerait a propos. Et 1'on renouvellerait, par conféquent, k Ia même époque, en tout ou en partie, L'ASSEMBLéE des RepresenrAt\s de la Nation Batave. En cas de mort ou de mandie d'un des membres des autorités conftituées, le quartier ou dis* tricï au quel il appartient, s'afTemblerait incesamment pour y pourvoir & nommer des fuppléam. 13. Comme les Eglifes font ordinairement les emjlacemens les plus confidérables & les plus pro>res pour former des afTemblées nombreufes, on Jouirait convoquer les Citoyens dans 1'églife de :haque village, & dans celle de chaque quartier lans les villes. On pourrait encore, dans les filles, convoquer toutes les fc&ions dans Ia même jglife, mais a des heures diïférentes; & peut :tre cette mefure ferait-elle Ia plus convenable >our éviter tout désordre. Enfin, dans les viles oü il y a des quartiers trop petits pour être flemblés a part on devrait en réiïnir 2 ou 3, jui voteraient enfemble. Mais il eft furtout important que les autorités provifoires inftruifenE. iaus toutes les formes* & plulkurs jours d'avaa-  Ce, leurs concitoyens, de la msniè-e, du lieu de 1'heure, & du nombre de fc&ions qui feron; convoquées enfemble, ainfi que de celles qui le feront une a-une. Les vilhges & les petites villes fe borneronta une feule affemblée, & toutes procéderont fur un plan régulier. Voila^, fi ie ne me trompe, la feule manière légale d'établir un gouvernement parfaitement li bre. Si Ie plan que je vieni d'efquifler n'eit pas tout ce qu'ilpourroit être, il prouvera , dumoins, que j'ai défiré de me rendre utile dans les cir conltanees fi intéreffantes oü nous nous trouvons Onmetrouvera, d'ailleurs, toujours prêt a donner tous les renfeignements & les éclaircifle mens dont je fuis capable, en s'addrefTant par lettres aux Rédacteurs de Spectateur Repibu Cain, au bureau du ce Journal , chez J, Altheer Imprimcur Libraire a Utrecht. nouvelles Utrecht 15 Février. On nous a afluré qu'ils'étaittenu dernièrement a la Haye un conlèil entre les Repré fentants & les GAnA repréfentans de la Nation-Batave, pourconcener la réorganifation de notre armée II ferait a défirer pour le bonheur & lesintêiets de notre Patrie, que cette réorganifation s'opérdt au -plutót & nous efpérons que Ie brave Général Pichegru ne perdra point de vue une affaire qui intérefle d'auffi prés les deux Kèpubliques. Une mufe guerrière nous a enveyé cette hymne, que nous nons faifons un plaifir tfinfércr dans notre J urnal, ne fut ceque pour en courager les talens de Vauteur. Elle a d'ailleurs en elle même un mérite que les amis de la LiherU fauront bien recon aaitre. hymne a la liberté. £"lnvit*tio" aux Republicains Hollandais v"/f 1C4-UUUö "errenteurs. Par fean Louis Martin Gendarme de la zome. Divifion, a F Armée du Nord. .„ Sllr^ir-- -4'l>»> "fim J-ta patri». AUons Enfants de la Hollande! Imités nes vaillants Frangais; Votre bonheur vous le commande, Comptés fur de pui fonts fuccés. (biiA Qite lm Liberté triompbante, Treuve en vous fes feconds appuis; Que par fes Hens bien unis, Tous les Rois tremblent d'épouvante! Aux armes Hollandais! jfoignons nos batailhns .Marcbtns, frappons Nos Ennemis De toutes natiotisl Lorsqtïau fein de notre patrie Nous fitnes le ferment De mépriftr cent fois la vie Pour frapper le dernier tyran; ([bis.} Ce fut avec Va me remplie De vivre Libres déformais; D'être beur eux par les plus beaux fai s; Et p-ur toujours c'efl notre envie. Aux armes HollandaisX &c. Cent fois notre peuple fidele Aux Loix de fa Divinité; Cent fois fut dupe de fon zèle Par fon trop de crédulité: Qbis} Mais du Deftin. la bienveillance, A nos voeux donna fes fecours; Aux traitres on trancha les jours; Et le bonheur put nattre en France. Aux armes Hollandais! &c. J» Bientót tout nous fera prepice, La Renommée en tous climats, Va publier avec juflice Nos fiers <2? glorieux combats. (tó.) Et les peuples a notre exemple, Briferont leurs fers, s'armeront; Et de leur trêne tomberont, Tous ces tytans que 1'on encenfe! Aux armes Hollandais! &c. Déja notre alliar.ee affure Que L'orgueilleux Anglais s'enfuit; Que l'Empéreur, hors de lui, jure Contre un Dieu qui pour nous agit! (bis.') Qite tous ces chefs a diadémt, Liés pour nous anéantir, Pleurent de ne pouvoir tenir Contre notre force fupréme. Aux armes Hollandais! <§rV. 4 O Liberté, cbere & Divine! Tu vivrai pmr nous rendre heureux, Pour tot', notre bra\ ex termine, Qtticonque ofe braver nos Voeux! (bis.) Notre amourpour notre patrie, Soutiendra toujours tes drapeaux; Car fur la terre & fur les eaux, Tout craindra notre main hardie. Jux armes Ibllandais I &c. A Utrecht, de f i mprimene diï~Srectateur-Rep u^bXic^aTnT  N°. 6. Liberté, Egalite, FraternitÉ. Angleterre. Il ne fut jamais auffi important qu'aujourd'hui, de dénoncer aux peuples les resforts perfides & criminels, que font mouvoir les Gouvernements despotiques, pour foutenir leurs orgeuilleufes prétentions. L'angleterre en fournit un exemple qui mériterait d'être publié, a fon de trompe, jusque dans les plus petits recoins de lEurope. Malgré les fraix immenfes que lui ont déja couté les dcrnières campagnes, malgré les énormes fubfides qu'elle paye a diverfes Puiffances, elle a toujours beaucoup d'argent & beaucoup de crédit ; mais les hommes lui manquent. Voici un des moyens qu'employe le Gouvernement pour s'en procurer. On fait, qu'en général, les anglais ne font pas auffi militaires que les Francais, & qu'ils ont, furtout, la plus grande répugnance k s'enröler pour paffer fur le continent, malgré les 30 ou 40 Guinées d'engagement qu'on leur paie, Mais, heureuiement pour le minis¬ tère, tout eft vénal en Angleterre. II ofFre, en conféquence, un grand bénéficeades maifons de commerce confidérables, pour qu'elles faffent banqueroute. II fuffit qu'elles arrêtent leurs payemens pendant un mois feulement, pour qu'il en réfulte des contre. coups affreux dans toutes les parties de PAngleterre, de PEcofle & de l'Irlande. Vingt fabriques a la fois font obligées de fufpendre leurs opérations ; fabriques dont chacune occupe 4, 5, 6, 8,000 bras. La plus grande partie desouvriers eft congédiée, & ces malheureux, qui fe trouvent dans Ia mifère, font forcés d'accepter les 30 Guinées qu'on leur offre, & de s'engager k vie dans le fervice du roi, pour ne pas mourrir de faim. On a vu k Londres une maifon de commerce reftée intacte depuis trente ans, faire faillite fans néceflité , uniquement paree qu'elle trouvait mieux fon compte a cette infime fpéculation. Au bout d'un mois, F LE SPECTATEUR REPUBLICALN. Par une Société de Gens de Lettres & iïAmis de la Liberté. La Liberu! eft 1'idole des ames Fortes. {Vendredi 20 Février 1795.^. St. Le 2 Ventóje St. Rêp.")  C<24) après quele Gouvernement ent fait io,aia,ooo recrues, elle eft rentrée dans fes affaires, r i; Par leM£Nï - Brit,.nnique. Les papiers publiés de ce Pays ont parlé, dans le tems, des débats qui eurent lieu dans Ie Parlement, a 1'occafion de l'adrcfe au Roi; mais ils n'en ont parlé qu'en nouvellijles. Notre qualité de Sp ctateurs - Répubucains nous impofant d'autresdevoirs, nous nous croyors obligés de faire connaitre, comme une piéce digne de toute 1'attention de nos contemporains & trés - importante pour PHiftoire, Ie Discours que le célébre Fox prononca pour s'oppofer a la rédaftion de cette adrefe. Ce Discours, fi digne de figurer a coté de celui de Boissy-d'Anglas, (que nous avons publié dans nos No. 3 & 4.) mérite a tous égards d'être lü, méd'ité, & \ foigneufement confervé pournosdescendans, ' paree qu'il repofe d'un bout a 1'autre fur des faits inconteftables, & qu'il eft desplus pro- ! ! pres a donner une idéé jufte de la fituation ! 1 acruelle des affaires en Europe. Pitt avait débuté par un enchainement l de fophismes tendant a prouver, d'un coté, la néceflité de continuer la guerre, &, de ] 1'autre, 1'impoflibiliié,de faire un traitéfoli- 1 de avec la France, a caufe de Pinftabilitéde \ fon gouvernement. Voici quelle fut la ré ' ponfe de fon célébre antagonifie. I Discours de Fox fur la guerre oüuelh. &> i fur la nécefué, pour V'Angleterre , d\ fatre la paix avec la République t Frangaife, ■ i Fatigué commedoitl'être cette alTemblée, d'entendre les miniftres répéter toujours les inêrnes fo- r «rS" r g"erre' je Croirais maD^uer * m°n e caractere, ü je n énonpais raon opinioa fur la crife l< alarmante ou nous nous trouvons. I, J'ai vu avec plaifir, dans les difcours de quel- é ques op.nans, que la raifon & la vérité avaient re- ft prts leur empire fur plufieurs membres trompés, F « commencement de la guerre, par ies fantómes qu on leur avait préfentés. , Qui n'aurait, en eüer.éé révolté des horribles maximes m.fes en avant, cette „uit, par « Put & Dundr,; Fixons d'abord le vrai point de la quethon Pitr prétend qu'adopter I'adrelTe au ro., ce n eft pas s'engager a ne jamais faire ia paix avec la République Franpaife. V „Je déclare, moi.que ce ferait s'engager, de Ia man.ere la plus direcle, a ne faire, la paix què dans Ie cas de Ia plus impérieufe néc-finé. „ N'avons nous pas été affez long. tems dupes de Ce langage obfeur & contradicto re ? Ah! nofs nen fenons pas oü nous en fommes aujcurri'hui, 11 ion avait franchement avoué, il y a un an qu une fois la guerre cotnmencée, elle ne pour! ra.t ceiTer, tant que la F,ance ferait République! Mais pour nous y emrainer, on nous la momra-:t comme purement defenfive. Cela eft fi vrai, qu'a prefent plufieurs de ceux qui l'ont votée, aflurent qu.ls nont jamais fongé a détruire le gouvernement francais. s „ On vous a dit,enparIantdelané?ociation en- • tamée par la Hollande, que nul traité folide ne • peut ê;re fait avec le gouvernement aaueldeFran, ce. Cette alTertion m'amène a examiner oü en : elf la guerre, oü nous en fommes nous-mêmes i.es miniftres ne veulent pas cacher que des pla- CV ■ l\e$A0n,: élé PrifesFr»nchife vraiment admirable de leur part! & c'eft ainfi qu'ils parient des tnomphes des Francais! N'eüt il pas été plus noble de dire; nos défaftres font tels que 1'Europe moderne n'en a jamais vu de femblables depuis t ïrruption des Goths & des Vandales. '.' .^e,s Fian9ï's ont conquis la Fiandre, plus de la mouiéde la HollandeC*), toute Ia rivegauche du Knin, Mayence excepté ; une partie du Piemont, . \s plus grande partie de la Catalogne, toute la Navarre. Qu'on cberche une femblable campagne dans les anna'es de 1'Europe! Ils ont pris , difesvous, des places fortes: montrez moi cinq campagnes oü tant de places fortes aient été emportées. Et qu'on ne me reproche point d'exagérer ïci nos1 malheurs: non, je parle avecl'aufterefranchile d un homme qui doit lever le voile dont eft couvert I abime vers lequel nous a poufle Ia folie lans exemple de nos miniftres. ,, L'enthoufiafine des Francaiseft fans doute admirable. Mais je penfe que fi notre pays était envahi par une armée francaife, nous aurions fait es memes prodiges; & nous ne les ferons que lorfque nous ferons ferrés de prés comme ils i'onc été. Car, malgré toutes les décbmatioas pompeufes des miniftres, ils ne perluadero.it jamais au feuple que, fi nous concluons Ia paix avec la  (*5 ) France, c'en eft fait de notre gouvernement, de ros !ois & de notre religion. D'autres puilTances font en païx avec la France, Le Dannemarck, la Suéde, les cantons Suifl'es font-ils donc anéantis, quoique alliés avec elle? & cette Répub'ique de Génes que nous avons fi ctuellement traitée, ne s'applaudit elle pas de 1'amitié des Francais? Les Etats Unis d'Amérique ne jouifient - ils pas d'une brillante profpérité, d'une grande fureté, quoique leur beau gouvernement foit aufli fondé fur les droits de 1'homme, & par lil même trös-rapprocbé de ce qu'on appelle la pefte francaife. Ces Erats-Unis ne viennent il pas de conclureun traité avec nous? Pourquoi donc la coutagion ne feraitelle a craindre que pour nous? Je m'éronne toujours de 1'entètement de certains hommes qui ferment les yeux pour ne pas voir les faits qui combattent leurs chimériques théories. ,, La révolution fianpaife exilfe depuis 1789, & Genêve eft cependant le feul Etat qui en ait éprouvé une a peu prés femblable. Comment pourrait-elle arriver jufqu'a nous ? nous ferait-e le apponée par quelques mifliontiaires débarqués a Douvres? car , graces au ciel, le miniftre ne nous parle plus de tous ces complots contre la conftitution , quifem- blaient fclfrayer tant depuis deux ou trots ans. Tous ces rèves n'ont pas é«é perdus pour lui, puirqu'avec quelques billi il eft venu a bout de xendre la monarchie anglaife beaucoup plus abfolue qu'elle ne fa jamais é.é. On s'eft plaintdupeu de zele déployé pour Ie foutien de la guetre. Quand je propofais, il y a un an, de négocier avec la France, 011 ne fe plai. gnait pas de cette froideur. „ Elle nedoit pas nous étonner aprè< Ie mépris que les miniitres ont fi long-tems profefié pour la France? On nous demandait autiefoisquelleraifon nous avions de croire que les Francais feraient plus qu'ils n'avaient fait dans les guetres précédentes? Les faits ont parlé. Je conviendrai, fi i'on veut, que les réquifuions contre lefquellesle miniftre s'eft élevé, font des moyens tyrannïques. Mais fi une armée francaife était au milieu de nous, ces moyens ne feraient-ils ras légitimés par la nécefïïté? „ Les miniftres nous peignent la révolution francaife comme uu fleau, & ils nous demandent fi nous voudrions p^ndte pour nous un fi rnauvali gouvernement. Mals le gouvernement qui pefait für la France, depuis plufieursfiécks, était-ildonc fi bon? Le gouvernement de Prcffeeft-il unenierveille? Approuvons-nous les horreurs commifes en Pologne? Nous les tolérons néanmoins. Je ne vols donc pas pourquoi nous nous indignerions coutre Ie mauvais gouvernement des Francais, s'il eft cnoi'.i par eux. „ Dans les guerres précédentes, nous avons recu- r et fait des propofitions de paix: je n'ai jamais ouï dire que ce füt fe dégrader. Depuis quand une ouverture de paix eft • elle un afte de foumiffion? Commencez par déclarer que vous ne voulez poner aucune atteinte au gouvernement aftuel de France; alors nous ferons d'accord fur 1'Adreffe au roi. Ce ferait óter a la France un de fes plus forts argumens. Alors la Convention ne pourrait plus dire au Peuple.- Vous voyez que les puiflances érrangöres attaquent votre indépen! dance, & veulent vous impofet le joug. j „ II n'eft pas d'exemple de calamités femblables I a celles que nous avons éprouvées. Nous avons, I il eft vrai, conquis la Martinique, Sainte-Lucie, une partie de la Guadeloupe & la Corfe. Mais qu'ont perdu nos alliés? Toutes leurs conquêtes en France, les Pays-Bas, la moitié de la Hollande, toute la rive gsuche du Rhin, une partie j du Piémont, la Catalogne & toute la Navarre. i Qu'eft-il arrivé fur les mers? C'eft a tort que le I roi nous a annoncé, 1'année derniere, que In. flotte de Toulon était anéantie. Une efcadre nombteufe eft prête a fortir de ce port. ,, Dans l'Océan, nous avons, il eft vrai, rempor. té une victoire navale brillante & immortelle). I Mais fi 1'on en croit plufieurs rapports, dans cette journée même, la flotte francaife était fupéI rieure a la nótre. La marine francaife a repu un frand échec, mais il n'eft pas irréparable. Car i d'après tous les bruits qui circulent, ils ont en ce I moment a Breft, une flotte que nous pouvons a peine égaler. 11 faut donc nous attendre a une nouvelle réfiftance en mer. Si nous battons 1'ennemi, il fe relevera. Si nous étions battus par lui, les conféquences en feraient incalculables. „ Nous nous foumettrons, dit-on, quand la néceflité pariera. Mais alors ce fera vraiment un opprobre. Alors nos ennemis fanront que nos moyens font épuifés. Abandonnons donc au plus-tót, le projet abfurde de donner un gouvernement a la France, & offrons-lui Ia paix. Nous le pouvons fans deshonneur. „ Mais quelles en feront les conditions? s'écrient les miniftres. C'eft a eux de les déterminer & de fuivre les négociations. Mais il ftudra , dit on, abandonner les Colonie» Francaifes & les royalilles qui les ont fécondés. Cet argument eft fort, j'en conviens. Mais ce n'eft pas par mes confeils qu'on a ten-du la main aux royaliftes. La honte de cet abandon retombera fur les miniftres feub. C'eft a eux d'en répondre. ,, Je viens mai::tenant a ce quiconcerne nosaW lié . Quelques membres ont afluré que nous n'en avions plus, & on leur a demandé le motif de cette affertion. Ils l'ont puifé dans Ie difcours même du Roi. 11 y eft dit, que la Hollande né-  ( 34 ) lement de la Municipalité provifoire de cette ville. Comme nous avons préfenté dans le No. 5. de oe Journal, un plan pour la convoeation générale des citoyens des Pays • las'imis, & qu'il en a été offert un alfez grand nombre d'exemplaires a la Municipalité, nous croyons devoir y renvoyer nos Lecteurs. Mais nous devons infifter fur \tsLiftes imprimées des noms de tous les bourgeois. Elles font indifpenfables pour établir un moy en vraiment? libre d'émettre fon voeu; & elles empêcheront un abus très-conféquent, fi ce n'eft par lui même du moins par fes fuites, & qu'on dit avoir déja eü lieu dans les affemblóes des fections; elles empêche ront, dis-je, que le même citoyen donne plus d'une fois fon fuffrage fur le même objet. Ces li/les font encore néceffaires pour connaitre la population des villes, vil lages.&c. & pour s'affurer dans les affem blées des fectfons, fi la majorhé des mem bres qui la compofent, y font préfents. II ferait auffi a défirer, que dans les affem blées des feétions, chaque citoyen, a me fure qu'il aurait voté, fortit de PaffembleV ou paffat dans un endroit a part, & y reltat jui BLicAiNquiaime a faifir toutes les occafións d'obferver les progrès que I fait 1'efprit public, & qui éprouve la plus douce jouiiTar.ee a fe rei contrer parmi des Frères & amis animés d'un vrai civisme , a trouvé moyen de fe fatisfaire Lundi $e. Mars. La focieté patriotique de la concorde, digne par fon union de porter le nom de cette aimable vertu, a donné une fête civique & fraternelle qu'ont honorée de leur préfence, le repréfentant de la Nation Francaise Ramel, 6c 1'iramortel Hbérateur de Ia Batavie, le brave Pichcgru, qui en etaient particuliérement 1'objet. Le Géneral Moreau arrivé pour fuccèder a Pi- 1 chegru, le Général en chef d'Artillerie Eblé, le Général Oflen & plufieurs Officiers de 1'Etat i major y ont afiilté. Le Spectateur a remarqué cacement a accéièrer 1'Alliance des deux Pépubliques , a faire leur commun bonheur, & lui affure la reconnaiffance des deux peuples. La fanté fuivante a été portée par le Repré> fentant Francais, confacrée aux vertus 6c particuliérement a celle de la concorde dont la focieté porte le nom Au brave Pichegru General en Chef de Pdrmée du AV^qu'apiés avoir guidé lesSoldats Républicains au chemin de 1'honneur & de la victoire tl jouifle des récompenfes décernées au vrai mérite 1 Le Général a porté une contre - fanté dans Ia quelle ont été exprimés des voeux pour le fuccès des armées combinées des deux Ré« publiques. Au brave Général M",reau, dont 1'arrivée inattendue caufe une agrétble furprife a toute 1'asfemblée, digne de fuccéder au vaillant Pichegru; que fous lui 1'invincible armée du Nord tienne -la viftoire en permanence, & guide la notre par fon exemple. On a enfuiteporté la fanté de plufieurs officiers, du Général en Chef d'Artillerie, du Général Often cVc. ils ont tous répondu & prouvé qu'ils manient auffi bien Ia parole que 1'épée. A celle des heros Francais de tout grade; ei fouhaitant qu'ils trouvent des récompenfes dignes d'eux, dans 1'admiration de 1'Fuiope & Ia reconnaiffance de leur patrie. A nos autorités provifoires & au fuccès de leur adminidration. A Vindujirie & au commerce fource de la pro-, rpérité publique; que fous les favorables aufpi. ces de la Liberté 6c de la Fraternité ils fleurisfent entre les deux Nations. A V heureux retour de nos amis & Fr ér es refugiés, ou bannis pour la caufe du patriotisme ; que confolés par le témoignage de leur coafci-  C 49 5 ence & reftime de leurs concitoyens ils vivent déformais libres & heureux au fein de leur mére patrie. Enfin a la glorieufe mémoire des martin de la Liberté. ■ Notre Speclateur charmé de tout ce qu'il a entendu, & oü une morale douce, un civisme pur & une bienveillanceuniverfelieparailTent en llmble & tour a tour, a fait fon pofilble pour procurer a fes lecteurs les discours qui ont fait la cloture de cette fiére; mais il n'a puobttnir que celui qui a été adreffé au Repréfentant du peuple Francais & au Général en Chef; le voici tel qu'il lui a été remis, Citoyen Rérréfentant du peuple Fr. Gdnéral en ,, chef de l'armée, vous voyés ici réunie, une Société ,, dont tous les membres animés d'un Civisme pur fi? ,, éclairé jouijfent de la plus vive fatisfrêlon de vous „ avoir parmi eux. Fous aviés déja des droits d notre reconnaiffance; Fous nous avis ramend des amis fi? „ des Ftères éxilés ci? profcriti pour avoir ofé dire la ,, tèiité & fe montrer amis de la patrie; Fous vertés de ks ammenter encore: auides de vous poffeder, vous aié-, accompli notre voeu ; Recevés par mon „ organe au nom ie toute l ajjemblée lexpréffion de nos fentimers. Nous ne perdrons jamais le /ouvenir de „ cette marqué de bienveillance, Toujours nous nous rappellerens, que tel jour, d telle beurc, d tclle ., place fut pat mi nous nn des cèléhres orateurs ci? Ié„ giftueurs de L'r/REOPAGE FRANCAIS, le Citoyen RAMEL; que tel jour d telle heure a telle place fut le , chef de l'invinc.ble armée du Nord le brave PlCHEGRU; que tel jour. a telle beure, nous avons „ dans un repas civii;ue ci? fraternel ratifij devant ., eux F engagement de vivre libres dèformais. Nos ames brulaient déja depuis longtems du feu ,, facri de la Liberté, votre préfence a attifé cette ce„ lelie flamme, & lui a communiqué une nouvelle éner,, gie. Daignés citoyen repréfentant en tran'mettre le , têmoigr.age a vótre illuftre rat ion, d ce Peuple é'on,, neint qui plus gran.i que tous les Peuples de ïantiquité a opêrc co wie nation auckla de ce que la Fable al tribui• ii Hcrcule comme bomme. Ab\ dai ,, gtiés trammettre d l'aus,ufle Senat de fes repréfentans „ vos collégues, lexpréffion de noti e aimiratitn. de „ notre recovraiffance, d'. nótre inviolable attachement. ,, Dèformais les dejlinées des deux nations doivent \ „ étie ittft parables; r.osainés, fi? r.os mcdè'es riars lal , cari ièrc d: la révolution, foyés auffi nos prott cl uis C511 , noi appuis. De t.óire coté glorieux d'être vos imulet i ., nous dèvelopperons fous la fage diretlion de nos rrp'd,, fentan*, tous les moyens dtnt neus ffmmes capables, , pour concourrir au triowpbe dei droits de Pbomme „ Brave Géndral en chef, vainquettr de tant ite Ce,, tieraux cè'.êbres, tandis qu'en continuant a conduirê , vos va.'eureu/es troupes dans le ebcmin de l'bormeur , ., & de la vicloire iqui vous efl fi faKilier') V9us y „ g /iderés les notres, ou par voti e cxemple, ou par le „ i é;it qni leur fera fait de vos nouieaux explits, , mus auffi, r.ous fervirons la caufe commune, nom „ graverons dans le coeur de nos enfam . de nos cor.ci. „ toyens Ia haine de la TTRANJVIE & l'ami.ur des ., vertus Républicalnes , nous fortifieréns en eux le de„ fir des'affocier d vos travaux, <£? de partager vos triomphes. „ Übl FRANCAIS nos libérateurs, nos Frères. nos „ amis, bientót peut être les grands intéréts cor.fiés ii „ vótre valeur, le falut des deux Rétubliques. voos ,, appelleront ailteurs; vous nous laifferés la li bei té, ,, vous emporterés nótre amour. N>,s voeux Secrèti ƒ»• „ rent pour vous auant vótre arrivée, nos voeux pu„ blies vous accompagneront après vótre djpart; une „ idéé flatteufe en adoucira Pamertume, ce fera de ,, penfer qu'en combattant pour la caufe commune „ vou, con/erveiéi d nótre cbèie Patrie, d nótre ville, „ d la Société de la CONCORDE, un fmvenir rle ,, bienveillar.ee fi? d'air.ilié, 6? que peut être encore „ nom cclêbrerom enfemble de nouveaux fuccès. „ En attendant rein vous inviions a Innorer frê„ quemment notre Société de vótre préfence Le Repréfentant RAM EL £? le Général PICHEGRU ont tour d tour répondu. Nótre Speflateur a vtvement dcfiré de retenir mot d mot ce qu'ils ont dit, mais fon coeur en elait ti op plein, pour que fon efprit put en confereer la mémoire; leurs rêpon fes iinp'ovi. léés portaient cette empreinte de fenfibiliti & d'cloqueme qui fait fenfation, & chacun en a été pènéti è. En voici a peu prés le fent. Le Repréfentant Ramei a dit qu'il favait que la ville d'Utrecbt etait le jiege du Patriotrfme, mais qu'il ne s'attendait pas d'y trouver un foyer auffi a&if que celui qu'il rencon- tr.iit dans cette Société qu'il tiansinet- trait d fe, col/ègues de la convention, le témoigrase de fes fentimeni ci? de l'acceuil qu'il en a recu &c, £?f. Le Gencril en chef a auffi prouvé qu'aux plus rares talens militaiies il joir.t ceux tPorateur; il a re. mei cié la S'.cieté des marqués d'eftinie qu'il en a recu, s a ajouté quelles lui impoMcnt fêbligation de redoubler d'efforts pour la dcffenfe commune &t &c. Mais il faudrait avoir leur èkcution pour rendrt tout cc qu'il, ont dit fans l'affoiblir. — Feila que/qnes détails ff ure fêie dont fe rappellerent lorgtems ceux qui s'y font trouvés. Nous avons penfê quiU ètaieitt de nature d tnttreffer nas Concitoyens,  C50 „ tacherale unlquement au* tsleis ■& aux vertui, 11 „ faliult" Permettés que je vous artéca un moment (dls-je a mon interlocuteur, qui commencalt a s'animer) .... vous n'ignorés pas fans-doute les raifons qui ont engagé jusquicl i tenlr une conduite oppofée a celle que vous confetllés; . . . . „ dei si raifons, repliqua-t-il vlvement, des raifons.. . . . t> «hl de grace ne profanés pas ce nom facré ; on a< >» vait tout au plus des pritextes, qui fervaient de i, voile a des intéréts particuliers, & qu'on ne rou„ gifi'ait pas de donner comme 1'efFet d'un zélefincére ti pour la Religion ; mais ces prêtextes , quelques ii fpécieux qu'ils ayent pü vous paralire, n'en font ii pas moins entièrement contraires a la voixéterneile ii de la Juftice & du Chrillianisme. i, Cette conduite eft contraire a la Juftice', pa'ce ii que les hommes naiffent tous avec les meines droits, ii que 1'immoralité & le manque de talent doivent ii feuls les empècher de parvenir aux poftes les plus „ éminem; & que les citoyens d'un étst participant u tous, chacun luivant fes facultés, aux impofitions „ publiques, aux dangers & aux maux de la patrie, „ il eft juffe qu'ils participent auffi tous égaLment aux i, avantages de la focieté. „ Cette conduite eft contraire au Cbriftiani-.me ; & „ on le fentira aifément, pour peu qu'on y réllecnif„ fe. C'eft une grande erreur de croire, comme on „ le fait trop fouvent, que la fociété foit faite pour „ la religion, & non la religion pour Ia fociété. Le „ vaifteau eft-il pour les voiles? la montre pour fon reffort? .... Non fans-doute. Hen eft de même „ de 1'Evangile. Cette doctrine bienfefante a été ac „ cordée aux hommes pour comribuer a leur bonheur „ général; & c'eft violer fes principes fondamentaux ,, que de la faire fervir de ptétexte pour éluignertelle ou telle claffe ou fecte d'hommes des bieofsiti com „ muns de la fociété. „ Les juifs étaient fondés, fans doute , a n'admet „ tre aux avantages civils & politiques de leur Etat, „ que ceux qui adop;aient leurs opinions religieufes; „ DIEU le leur avait ordonné; la religion par la quel» „ le il voulut les diftinguer de tt\is les autres peu„ pies, leur en faifait un devoir inviolable. Mais il „ n'en eft pas de même fous le régne de l'Evangile , „ qui n'a point été donné a un etat, a une feéte, a „ une communion particuliére, mais a tous les homt, mes fans exception. Et c'eft de la que je conclus „ que les Catholiques, les Réformés, le>s Luthéti., ens, Calviniftes, Remonftrans, & tout autant de ,, fectaires qu'il y en a dans le monde, ne doivent ja,, mais oublier qu'ils font, ou que du moins ils de„ vraient être Chrettens, avant tout; &, qu'a ce „ titre, ils manquent les uns & les autres a leurs pre miers devoirs, en fe traiiant réciproquement d'bé „ ritiqv.es ou de non-ortbodoxes, & en éloiguant de» „ svaitages civils ceux qui leur font opofés de fentii, mens dans les fociétés ou ils domlnent". Le SpitCTATEtiR ne püt s'empêcher de reconnaitre toute la folldité des raifons que le Philofophe-Chrêtien venalt de lui dévelopcr; m*is, plus timide que lui, il infiila longtems fur ce que ia maife de fa naiijri n'éta:t pas encore mare pour ces vérités, ,, C'eft la i, le langage de la foiblefle, (jepliqua furlechamp „ fon adverfaire) c'eft ce qu'on ne cefle de répéter, „ pour IaifTer croupir les hommes dans 1'ignoranee. „ JI eft tems de les tirer de leur léthargie religieufe, aufli bien que de leur fommeil politique; il eft tems ,, de faire briller la vérité h leurs yeux, de leur don„ ner les lumières falutaires qui doivent les mtirir, „ comme les rayons du foleil müriflent les inoiflöns & „ les fruits de nos campagnes. Des fanatiques, dont „ 1'unique foin eft d'entreteBir Terreur parmi les pen„ pies , ont voulu fe perfuader a eux-mémes, & out perfuadé a une infinité de perfonnes, que ce qu'ils i, appellent la Re/igion-Catholiqrte, la Religion Refor„ mée, la Religion Lutbérienne, &c. &c. &c. font ,, tout autant de Religions différentes. Ces cris de „ parti font encore de nos jours répétés a chaque in,, ftant dans diverfes églifes, & perfonne ne s'éléve „ pour les étouffer de tout le poids du bon fens, de „ la raifon & de l'Evangile. O Peuples I quand fecoue» „ rez enfin la doublé chaine dont on vous aaccablés? „ quand dépoferez vous les préjugés nombreax qu'on „ vous a fait fucer avec le lait? ,, Quand apprendrez vous a voir les chofes par vous-mèmes, & non par les yeux des fanatiques & d.s ambitieus: qui ne cherchent q'i'a vous fédui,, re? . . . Ce que vous nonmés la Religion Catbo* „ liqtie. Ia Religion Proteftante la Religion Lutbê,, rienr.e, ne font que des feétes particuliéres, comme „ tant d'autres. II n'y a qu'une feule Religion vrai„ ment dignede DIEU & des hommes,c'eft leCiirur,, tianis.me; non pas celui qu'on enfeigne dans la pouti, fiére de nos colléges, non pas celui des faux-déi, vots, mais tel qu'il eft contenu dans lefublime code ,, de l'Evangile. C'eft la oii tout vrai chtêtien doit ,, chercher fa croyance, en vouant a un oubli éternel ,, tous ces rèves inutiles ou dangereux, toutes ces dé,, cifions orgeuilleufes des comtnentateurs, des fyno„ des & des conciles, qui rempliiïent tant d'énormes „ volumes, & qui n'auraieut jamais du voir le jour. „ Rien n'eft plus fimpe, plus beau, plus fublimea „ mes yeux; rien mi parait plus proprJ a affurer Ie „ bonheur de 1'humanité que le Chriftianisme pris „ dans toute fa pureté primitive; mais, je dois 1'a,, vouer auffi, rien ne reflemble moins a cette doctri, ne célefte, que Ie Chrillianisme tel qu'on 1'enfeigne ,, encore allez généralement aujourdhui. Qu'on ren„ de donc a cette doctrine toute la fimpliciié qji la „ diflingue dans l'Evangile, qu'on 1'épure de toutes  C57 ) tes oplniom humaines pour ne s'en tenirqu'anxbel„ les & touchantes lecons du Légiflateur des Chrê„ tiens & de fes Apotres, & je fuis convaincu qu'on ,, ne trouvera pas un homme de bon fens en Europe, qui ne s'empreil'e de fe ranger fous fe» étendarts „ Que ceite révolution ferait glodeufe pour notre Gé„ cle, & honnorable pour le gouvernement qui le pre„ mier la tenterait! Quelle ferait utile a l'humanité & a la vertu I.. Espèrons tout de la fageffe des Repié„ fen'ans de notre Répub iq ie; & attendoru en ii „ lence ce jour fortuné qui verra toutes les fefles qui divifent encore le Chriliianisme fe réunir de coeui ,, & d'efprit, ne former plus qu'un peuple d'amis & „ de frères, & ne fe glorifier que du beau titre de „ Cüretif.ns, après avoir abjurè pour jamais tous ceux „ de Lulbériens, Catboliques, Réformés &c. &c. qu'on „ leur a trop fouvent fubltitués,& qui ont été lafour,, ce de tant de haines, de tant de désordres. Ce voeu „ eft le plus ardent de mon coeur; il eft fans-doute „ auffi celui de tous les gens de bien". Eichanté de cet eniretien, le Spectateur aurait bien voulu le prolonger encore; mais fon nmi étaii fniigué; il fe cortenta donc de 1'enjrager tl le reprendre une autre fois, & fur la promefTe q i'il lui en fit, ii 'e retira dnns fon cabinet pour médiier fur tout ce qu'il venait d'entendre. N OUVELLES. CoMWilM- FraHCAISES, (St. Domingue 8 Vcr.dèmiaire; C9 ybre.~) Le Gouverneur par interim, de St Dowingue, a écrit au préfident de Ia Convention une lettre qui y a été lue dans la féanee du 6 Mars.J & par la quelle il 1'inftruit de Ia fituation acluelle de la paitie francaife de cette ile. ,, Une portion de ré» publicains peu nombreufe, dit-il, mais dévouée, occupe au nord les poftes importans du Poit de Paix & AuCap; aufud, les Cayes; & dans 1'ouelt, Saiquemole. Les deux officiers que je charge de vous remettre cette lettre, vous rendront un corapte détaillé de notre fituation. Ils ont un Journal qui renferme toutes les dattes des évènemens de la guerre que nous foutenons." Un des Officiers envoyés par le gouverneur Laveaux,e(i admisala barre, & annonce qu'il apporte les archives des f x - comtnitTaires civils Poiverel & San. ] tbonax, &préte, au nom del'armée républicaine, leè feiment de n'abandonner les fons dont la défeiife leur! eft coniée, qu'en s'enfevtliff'ant fous leurs decom-j bres. II eft admis aux honneurs de la féanee. ];\de; QjUItvTAUEf. Le citoyen IVillaumes, Offi- j cier de marine , & commandant la corvette le léger, . nou\ ell-ment atrivc des Indes oriëntale? a Ptris, ra-5 porie qu'il éialt du nombre des Officiers employés fur, les deux gabarres expédiées psr l'slfemblêe-conlli-) tuame fous les ordres dEmrecaffeaux, pour aller al la recherche de la Peyroufe. D't-• trecafteaux étant j mort dans les mets de 1'Iode, Dauribeau, ion fecoud, { prit Ie commandement des deux gabarres; mais fur Is nouvelle de l'abolition de la royauté, ce traitre arbora le pavillon blauc, & fut Ie mettre avec fes deux ga» Harres fous la proteaion des llollandais, dans file de Java, oü elles font depuis feize mois. Le citoyen IVillaumes & quarante autres citoyens des équipages, n'ayant pas voulu prendre pm ii cette trabifon, obtiiirent des Ilolandeis, aptés beaucoup de foUici'ations, un parlementaire pour fe rendre a die de-France. Le c. fVillaume ajou-e qu'ils ont préfumé avoir paffé fur les traces oü a dli périr la Peyroufe, »yant donné dans des éceuils qui ne font décrits fur aucune carte, ni par aucuns voyageurs, & oü ils ont eux. mémes été expolés ii périr. II court, en outre, Ie bruit dans Pinde, que quelques navires ont rencontré des débris, mais cela n'eft pas bien confirmé. (lfle.de France, ort aux approches de ia nuit. Nous a.'ons etl 38 hommes tués & 87 bleffiés, fur los trois baiimens la Cybile, la Prudente & le Jean'iart. L'anglais de fon coté a été maltraité; le cenuiion, furtout, a extrêmement fouffert. Nous ne uuvons même plus douter, aujourdhui 7 brumaire, [ue l'ennemi n'ait levé la croilière On s'occupe ici ivec une trés-grande aclivité a remettre les Irégates in état de reprendre promptetnent la mer. Parmi les morts, LtHYR eft péri victime d'un dé'ouement héroïque. II avait été bleffié d'un biscayeri u talon; comme on le pteflait de defcendre pour fe  Cf*) • faire)panfer, en Juifefantretnirqnef qu'il perda't beauco p de fang: Non , (a-r-il rcp>ndu) fat juri de vmirrir d mon pope, je ne le quitteral pas. Un moment après un boulet lui a coupé les reins, ^es dcrniers mots ont été. Courage , mes attih: vengés. notts. Sixte Brunet, matelot de la Prudente, s'eft aufli fort diflingué. Ce brave homme étant occupé a charger un canon, un bou'et vient & lui empoite le poignet; fans donner aucun figne d'altération , il faifit le refouloir de la main gauche, achéve de charger, t va enfuite faire éiancher fun fang qu'il perdait a fljts. CONVENTION-NhTIONALE. (Suite de la fè ance du 14e Ventofe), On lit une lettre du repréfen tant du peL. i5. LiBERTt, Egalite, Fraternite. LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN. QVendredi 27 Mars 1795. v. St. 7 Germinal St. Rép.} LETTRE AUX REDACTEURS Ciier Spectateur. ! ah! qu'eft ce qua cela, comment fuis je cher a quelqu'un qui ne me conait pas? Se pourait il qu'a. prés avoir lu mes douze premiers numeros il eut pris de l'amitié pour moy au'ait i! détné'é su travers & d'autre on foit également bien intentioné & que la difficulté vienne du manque de s'entendre. La Municipalité ne fe croit pas obligée de préter le ferment a ceux qui n'etant que réprefentans provifoires, ne peu. vent ce femble d'ecréter des Mefures dont feffet puiffe être permanent; mais dans ce cas Ia Municipalité elle même n'etant que provifoire avait elle Ie droit de Fexiger de fes fubordonnés, ainfi quelle l'a fait a 1'é1gard de la troupe bourgeoife? Le nseilleur, pour couper court a toutes ces difficuftés feriit qu'on fe hata de préfenter au plufiót un plan régulier & général afin que Punivetfalité desCitoyens de la République puified onner fon libre fuffrage & élire 1 fes propres repréfentans; Ceux cy alors fe conflituant de fuite eu etats Generaux, ou, Conventicn-Nationa-' 1 ie pourraient proceder avec force & autorité a la régénération de Ia patrie, & tracer avec fuccès & d'une main hardie Pafte conftitutionnel. Les perfonnes prévoysntes ont vu des Ie commen I cement de la révolution, (dansla manière dont on y.a < travaillé,) des principes de divifiou , cependant il faut i en convenir, on ne pouvait peut être y procéder dif- jc féremment-fans rencontrer auffi de grands obftacles. i II conviendrait donc aujoutdhui, de palier fur quel- \ ques points, plufiót que d'entraver la marche de la S révolution. qui quoique lente jusqu'ici a cependant n été accompagnée de fuccès. Tout retard peut avoir % les plus facheufes conféquences. C Chacun fait que la repréfentation provifoire de Ia a Province d'Hol'ande efi parfaitement compofée on at- e tcnd de la fagèlfe de fes membres & de leur Zèle pour le t bien public toutes les mefures capables d'ecarter un pareil malheur. Une adrèfie a leurs concitoyens contenant 1< une déc aration précife de leurs vues & de leurs fen- tr timens eclairetait les uns, raffurerait les autres, & des g armerait tous les malveillans. „ Utrecht. Dimanche 22 Mars a 9 heures du ,, matin le Général Plchegru efi parti pour Paris, & de L la fans doute il fe rendra a fa nouvelle deliination, „ nous avons ici fon digne fuccefleur le Général Mo-\„ ftau, le meme jour eft parti le Repréfentant Fran-jre cais Ratnet qui doit fe rendre de Bois-le-duc a la Haye il eft ici remplacé, par fon collégue Ricbard. Tandis que quelques uns parient de nouvelles affaires entre nos d'eftenfeurs Republicains, & les armées alliées, d'autres alfurent que l'ouvrage de la piix entre la France & la prufie eft fur le point de fe con» fommer, fi même il ne 1'eft déja. A travers ces nouvelles plus ou moins contradictoires le fpectateur impartial peut appercevoir qu'on s'occupe férieufement des moyens de faire celTer la guerre, cette frénefie fanguinaire , qui traine a fa fuite tant de calamités. Puiffions nous bientót voir réalifer \ ce fujet les voeux de tous les amis de Phumanité, k reunir enfemble les deux plus précieux biens, dont 'homme puifle jouir fur la terre, la paix &la LiBERTél FRANCE. Le voeu général dans toutes les parties de la Repuilique eft pour le retour de ce calme & de ce repos ont elle eft privée depuis tant d'années; La pacifi:ation de la Vendée eft déja 1'aurore du jour ferein u'on a tout lieu d'attendre,& la Convention Nations- I s'occupe férieufement des moyens d'applanir les oyes d'une pacificafion extérieure, On mande de trasbourg que le Baron de Hardenbsrg nommé Miillre plénipotentiaire du Roi de Prusse pour les néociations avec la France a la place du feu comte de oltz, eft déja arrivé a Bafle. Des lettres de Ia fuifle ioutent auffi que les préliminaires de paix font fignés itre la République Francaise &le Landgrave de esse Ca ss el. Mais tandis que la France triomphante prête de vor a de nouvelles victoires, veut la paix, & availle véritablement a faire cefler les fureurs de la letre & aflurer le repos & Ie bonheur de 1'Europe. II eft encore ( comme la dit CAMBACERés dans fort difcours a la féanee du 12 Mars) des Gouvernemens que tant de pertes & de défaites n'ont pas muris pour la réfipifcence, & dont Porgeuil préfèrerait de s'enfevelir fous les ruines, plüiot que de-' ndre hommage a la juftice & a l» liberté.  (66 ) Tels font furtout les feminiens peu pacifiques de x'Angleterre que Pitt continue k pouifer vers une ruine inévitable fi elle ne change promptement de fistbème; Le vettueux patriote Stanhope convaincu de cette vérité, après avoir fait de courageux & inutiles efforts pour fauver fa patrie a pris fa dérniffion afin du moins, de n'être pas complice des crimes d'un Gouvernement , parvenu au demier degré de .corruption & d'endurciflement. Toulon Ie Ier. Mars il eft forti de ce port une «fcadre de 15 vaifl'eaux de ligne , 11 fregates, 7 briks & quelques avifos Ie Repréfentant Letourkeur s'eft embarqué fur le Sans-culotte qui *n fait partie & qui eft un des plus beaux vaifieaux de 1'Europe, ou foupponne génétalement que cette expédition fera dirigée contre la Corse &: déja on asfure que les Anglais & les Emigrés qui s'y trouvaientont pris le prudent parti de fe retirer. Paris, parmi les obiets de majeure importance dont s'occupe Ia convention , elle ne perd pas de vue les mefures propres, finon a ramener 1'abandance, du moins a bannir cette difette eftrayante, dont la malveillance & la cupidité fe fervent pour exciter Ie trouble. Plufieurs débats intéreflans ont eu lieu a ce fujet & enfin il en eft réfulté un décret falutaire préfenté par Boissy & amendé par Romme, & qui fans doute déconcertera les projets des mal intentionnés, „ quelle que foit leur habileté a faifir toutes les fcr„ mes, a profiter de toutes les circouftances, la „ France, 1'Europe (dit Merlin de Thionville) dol„ vent favoir que nous ne Ie céderons pas en coura,, ge aux douze cent mille braves qui expofent leur „ vie aux Frontieres pour la déiTenfe de Ia liberté. „ Repréfentans du Peuple (ajoute • t-il) je le dé„ clare a vos ennemis j'ai les yeux ouverts fur eux; „ Je tiens Ie fil d'iane vafte conjuration, je la dévoï„ lerai lorsqu'il fera tems; & dufi'é je périr au milieu „ des génèreux citoyens, qui au premier fi^nal font ,, prêts a vous faire un rempart de leurs corps, je „ ccmbittrai vos aflaflins. A coté de ce génèreux dévouement pour Ia chofe publique on peut placer un trait bien digne d'être publié. II s'était manifefté quelques troubles dans Ie département de 1'Aveyron, voici un acte d'heroifma auquel ces troables qui fout appaifés ont donné lieu. Un fergen: des volontaires du Tarn eft pris par les rebelles. Ceux cy exigent qu'il jure de foutenir le Roi & la Religion Catboliquc le digne foldat de Ia libetté refufé. On le menace de la mott, „ je préfére „ une mort glorieufe, s'ocrie-t-il, a une vie qu'il ,, faudrait a cheter par un ferment infame". Cette réponfe générenfe ne défarme point les rebelles, le Volontaire eft mis eu piece. La Convention a pris un décret pour hoi orer la mérnoire de cet intrépide Volontaire , & pour faire jouir fa familie des fecours auxqu'els elle a droit; des exemples d'un dévouement aufli Sublime honorenc également & ceux qui les donnent & la Nation qui les récompenfe. AVIS au PUBLIC. Le Spectateur - RépUBLiCAiN parait réguliérement deux fois par femaine, le Mardi & Ie Vendredi Le prix de i'abonnement eft de 14 florins de Hollande, pour I'année entière, compofée de 104 Numiros; de 7 flo rins, pour fix mois; & de 3 flor. iof. pour trois mois. Chaque abonné eft prié de payer, du moins la moitié de fon abonnement d'avance. Le Bureau-Gér>éRAL eft a Utrecht chez J. Altheer, Impr'meur-Li braire prés le Dóme], - a Amfterdam chez Crayenschot, Libraire fur le Kalverltrat; a la Haye chez Plaat" a Leyde chez les freres Murray, a Rotterdam chez D. Vis; & a Haarlem chez C. Plaat, a Dordrecht chez BLussé, a Arnhem chez Troost, a Middelbourg chez W. A. Keel. On s'abonne également aux mêmes conditions, chez tous les Libraires de nos Provinces &de 1'étranger. KUtrecbt, de 1'imprimerie du Spectateur - Republicain.  C77) 4 , » UTHECHl", 5 /*tir/7. Après une révolution commencée avec autant de douceur & de modération que celle qui s'eft effectuée m milieu de nous, il eft bien douloureux pour un ami de 1'humanité de voir fuivre les désordres & les agitations inteitines. Ce qui s'eft pafte fucceiTivement lui difTé rens points de la République, prouve également, & que les efprits ne font rien moins qu'unis , & qu'il eft plus urgent que jamais d'établir un gouvernement définitif 6? flable, a la place des autorités provifoires. Sars être grand politique, le Spectatêur qui eft ami zélé de i'orJre , de la juftice & de la tranquiliité, croit que c'eft la feule mefure qui puifle fauver la patrie; & il etl perluadé, par la même raifon, qu'on a déja beau coup trop temporifé, & qu'il n'y a pas un inftant a perdre pour mettre la main a 1'oeuvre. Un gouvernement flable, librement étu par 1'univeifslité des citoy ens, peut guérir encore les plaies nombreuiés de la République, & lui rendre Ie calaie St le bonheur. Mais il faut pour cela laiflér la liberté la plus ilümitée aux électicns, afin que les mandaiaires du peuple re» vêius de toute fa confiance, puiffent compter fur fon dévouement, & travailler fans obftacles au bien public. 11 faut enfevelir les haines & les vengeances per Ibnnelles, reaoncer a tout efprit de parti, & n'avoir a'auite point de réunion que f amour de ia patrie. Avec de telles dispofitions on peut faire des prodiges; mais on s'expofe a tout perdre par la difcorde ötlafaiblefle. Le Spectateur croit enccre que le meilleur moyen de confolider une révolution & d en affurer pour long tems la durée, c'eft de la conduire de manière que tous les citoyens comparant leur état avec celui oü ils fe trouvaient auparavant, puiffent dire qu'i's y ont j gagné. Tous les couirs, tous les intéréts s'y trouvant ainfi fortcment attachés, formeraient autoura'elle j uu rempart inexpugnable, également a 1'abri de la lor- j ce & de Ia féduc'tion. II faudrait , pour cet effet , que les Etats-Géné- ! raux publiaflent au plus vite uu plan uniforme pour l'afl'eniblée du Peuple dans toute 1'étendue des fept Provinces, & pour 1'organifation des autorités qui doi. vent remplacer les auto:ités provifoires; que ce plan f fut cnvoyé ii toures les villes, villages & diftiieti,] & que 1'on fixa fans délai le jour de fon éxécution. Les intéréts du peuple, les relations politiques cx com- \ merciaks de la tépublique, commandent haurement \ cette meiure, & chaque inllant de retard ne peut que potter les coups les plus fenfib'.es au bien public, & j eniretenir de plus en plus la défiance & Ia défunion. D'ailleurs, s'il eft vrai, comme on le débite, que' les miniftres p'énipotentiaires de la République auprêsi de la Convention, ont été déclarés par elle inhabiles! a traiter, comme n'éiant nommés que par un guitver-1, nenïcnt provifoire, fee qui pourtant mérite a tous é de la uonvention , ont ere oeciares par ene ïnnannes ; a traiter, comme n'éiant nommés que par un gmtver-'. nenïcnt provifoire, (ce qui pourtant mérite a tous é gards confirmatlon,-) fi ce bruk eft vrai, dis je, cette circorftance rendrait In mefure que je propofe, non feulement neceffaire , mais ehfolumcnt indifpenfab.'e. Car il eft de la dernieie impor.ance que 1'on fixj enfin, & que le public connaiffe, les rela-ions qui doivent exiiter déformais entre notre République & la République Francaife. Tant que ce grand objet nefeM pas déterminé & folemnellement avoué par les deux parties contrsélautes, notre pays fera toujours dans un état de fluctuation auffi pénible pour tous les bons citoyens, que dangereux pour Ia chofe publique. Le Spectateur foumet ces idéés au jugement de fes concitoyens; il les prie de le relever, s'ils croyent qu'il fe trompe. (Suite dis Discours de BotSST" d'AnglasO „ Legiflateurs, fefons notre devoir; nous ne pouvons rendre la vie a ceux que le crime a frappés,mais confolons du moins leurs manes qui, dans cet inflant ,nons fuivent, nous environnent, nous preflent, & planent dans cette enceinte: iis nous demandent de rendre a leurs veaves, a leurs freres, a leurs enfans, le bien qui leur appartient. Serez vous fourds a leurs plaintes, & inl'enfibles a leurs gémiü'emens, inacceffibles a leurs rep oches? . . . . Ou ofe dire que ces biensfont néceflaires au Peuple. ,, Peuple Francais, leve toi tout entier avec indignation.' repouffe avec horreur ces dépouilles fsnglantes.' rtjette ce honteux iribut; il eft indigne de toi; ildoit te faire frémir; il \A rendrait le complice desmonftres que tu pourfuis, des raflaMins que tu déteftes, desvoleurs dont tu ordonnes Ie fupplice. J'aientendu, je 1'avoue avec douleur, dire aces orateurs doet j'eftiDH 'e caraftere, que, dans le torrent des événemens, i! eft impoffible que quelques families ne foient pas f oiflées par le char de ia révolution, qu'elle» doivent a la Patrie le facrifice da leurs pertes, & qfil faut qu'elles fe contentent de réclamer des iiidemnités. „ Ah.' Citoyens, fe peut il que 1'effet de nos malheurs paflès foit de deffécber ainfi nos ames, de nous faire envifager d'un ceil fee ie déch rement, la ruine entière, le défefpoir de tant de families, & de nous porter a affaiblir ce douloureux et effrayant fpeétaeie par des exprelïïons fauffes, fi froides & fi dures? Nos pénibles fvufFiances , nos angoifles mortellesn'au-aienteiles pas dü au contraire redoublercettefenfibiiitéqui, loin d'être une faibleS*, eft la vertu véritable: & le fublime amour de l'r.umanité n'aurait-il pas dü nous porter a effacer avec enihouliafme, a calfer ces alfreux jugemens qui fouillent les pages de nos auna'e?? ,, Mais puifqu'on veut enfin, en glrcantlesfentimenj iténéreux d'une grande Nition, les foutnettre aux differtations de 1'efprit, au c^oas de la raifon , au cal. cul de l'intérêt, aux combmaifoni de la politique, je vais temer cette épreuve; vous verrez bientöt, Citoyens, combieu les obftacles qu'on vous oppofe font  C?8) frivile-, & je vocs cdnvalncril que tarefl'tution dont la juftice tous fait atjourd'hui un devoir facté, lciu d'être préjudiciable a l'ioterét public,vous eft au contraire diftée pat ce même interét; que la uifoi la veut, qne la politique la demande, & que le crédit public 1'exige. Je feiai court: l'évidence combat le foph-fme en peu de mots, les ombres de 1'erreur s'évanojiflent aux premiers rayons de la vérité. ,, On croit qu'il eft contre 1'intérét public dereftituer la totalité de leurs biens aux families qui en ont é:é dépouillées ; que c'eft aaetvuer la richelfe publique. D'abord, je ne fais pas ce qu'on veut dire en parlant d'une richeffe publique bitie fur la pauvreié des particuliers; c'eft uu fophifme barbare, créé dans 1'antre féroce des Jacobins; mais ce que je fais, c'eft que fi vous ótés oe la valeur de ces biens les dottes qu'il faudra que vous payiez , les fommes qu'il faudra que vous donniez, de manière ou d'autre aux veuves, at!x enfans, aux domefliques, aux penfionnaires, aux ouvriers que faifaient vu re les propriéiaires de ces ƒ• rtunes, & tous les frais de leur adminiftration , il faudra alors enretrancher prés des deux tiers. „ Et s'il eft vrai, comme je le crois, que , malgré tous les efforts de Robefpierre & de fes comp ices, la valeur to a'e de ces biens ne s'éleve pas a plus de 1 trois on quatre cents nvilions, s'il eft vrai du moins que les opinioni les plus exagérées ne la portent pas au doublé de cet appercu ; voyiz, Citoyens, quelle eft la mo Jique fomme qui vous teliera pour 1'oppofer au cri de la juftice. Et jugez fi, dans cette étrange compenfa ion, on vous dor.ne affez d'argentpour vous dédomma^er de I'infamie d'un pareil impót, pour racheter la démoralifation complette oü vous précipitez la Nation, en enga;eant les particuliers a acquérir le réfultat d'un vol manifelle & le fruit d'un aflalÏÏnat publiquement recomu. ,, On prétind qu'il eft impo'itique de réirograder. Ju. ftes dieux! quelles maximes & quelle politique délirantesl . . . . & oü nous auraieutelles conduits, fi nous n'avions pas eu déja le courage de rétrograder en ouvrant les prifon», en annullant les déponations injuftes, en ordonnant h levée du fequeftre des biens des citovens tendus ii la liberté, en réparant avectant d'emprefiemcnt un fi grand nombre de calamités dont la tyrannie de Robefpierre a;ait inondé la France/... Ah! fi jamais ces maximes étran^es étaient adopties, que deviendrait le genre humain? Les pas des tyrans feraient donc ineffscable?; dés qu'un ciime ferait commis, tout efpoir dejuft.ee ferait donc perdu fans retour? La morale des peuples libres fe réduirait donc a blarnjr les maximes des oppreileurs de 1'htimanité, en conCacrant leur btigandage? Le fénat de Rome aurait donc mnt.qué aux lo's^e la politique en reftituant LoNORtis. Le Roi vient d'ordonner a tous les corfaires anglais de courrir-lus aux vaiiietux llodandais, óc en génétal ii tous les vaiffeaux chargés de provifions navales ou militaires. Tot-'lox. Nous venons de\oir enfer ici le vaifleau anglais \zfVarivicb de 74; mais on eft en peine poule fameux vaiffeau francais, le Sam- cvlotte. A Utrecht, de l'Inpiinlcrie du Spectatixr- Rep u blicaxm. a C'cdron fa maifon, dont l'lnfame Clodius 1'avattFait dépouiller? Collegues, ma politique, je 1'avoue, elt bien differente, Je crois que le feul moyen d orer rout efpoir aux tyrans a venir, c'eft de montrer aux tyrans pafl'és que non-feulement ils ne peuvent efpérer i'impuni é; mais qu'aucune de leurs confifcaions ne peut être folide. Si on avait puni Syll'a, Cé;ar n'aurait pas exifté, fi les families profcrires par Sylia avaient recotivré leurs biens, les agens d'Antoine, dVdave & de Lepide ne les auraient pas ftrvis dans leurs profciiptions. Voulez vous mettre la liberté a l'abri des atteinte de la tyrannie & de la cupidité, alfeyez la fur l'autel de la juftice, Sc placez la fous la fauvegardede la vertu. ,, On nous dit enfin ,& c'efl la 1'argument le plus répété , que cette reftitution prématurée affaiblirait la confiance due aux aflïgnats en diminuant leur hypotheque: & moi, appuyé fur le témoignage des hommes probes de tous les tems, je foutiens que ces proprietés, qu'une avarlce fanglante s'obftiue a arracher ii 1'innocence malheureufe, 1 in d'augmenter la foiidité de notre monnaie, la difcréditent, lui enlevent tou» te confiance & Pannullent entiérement. Je foutiens que le re.ard que vous mettez ii être juftes envers les fimilles des condamnés, eft une des principales caufes du difcredit de vos aflïgnats & par fuite, de la hauffe de tous les prix. Vos affignats font des billets dont la garantie eft votre loyauté. Ils repofent fur le crédit que vous avez droit d'obtenir, b:cn p'us que fur toute autre bafe. Leur valeur eft fubordonnée, a la ftabiluéde vos loi?, il la pureté de vos principes. En offrant a vos créanciers , pour garantie , des propriétés qu'ils fentent bien que vous n'avez pas le droitd'hypothéquer, vous atténuez 1'effet de la garantie inconteftable, & plus que fuffifante, qui réfulte des autres biens nationaux. La bonne foi, voila la bafe du crédit; fi nous volons le bien des particuliers, de quel droit exigeronsnous qu'on premie confiance e:i notre monnai.*? quel fera le garant de nos promelfes? qui voudra fe repofer fur la foi de nos engagemens? quel eft f homme qui pourra compter fur la loyauté d'un gouvernement qui ne faura pas être jufte, qui préférera l'argent a l'honnetir? quel eft le Francais qui ne cherchera pas a placer fes fonds dans des mains plus pures? quel eft l'étranger qui voudia acheter ces terres, la véritable bypotheque de nos afiïgnats, lotfqu'il apprendra qu'il s'étab'.it dans ure malheureufe contrée oü fa familie perdrait fes biens s'il était immolé par untyran, quoique la Nation entière pleurat fa mort, honorat fa tri émoire & punit fon meurtrier (La fin une autre fais.)  N°. 20. LlBERTE, ECALITE, FRATEk.NITE. LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN. QVendredi 10 Avril 1795.^. St. 20 Germinal St. Rép.") INsTRüCTION PUBLIQUE. ^^j;re Pétabli (Temen t des écoles ntrmalei dont nous avons palé dans le 9e. No. de ceite feuille, la Convention -nationa'e * encore ordonné, fur Ia propofi- j tion du Repréfentant du Peuple Lakanal, qu'il ferait éubli des écoles-centrales dans route 1'étendue de la RtpuDlique- Fiat gaife. „ Citoyens, fi vous n'é„ t>é- pas con"aincus, (dit Lakanal) que la Répu5, blique ne peut fe maintenir & profpèrer que par ,, 1'in'ruction, & que la liberté fans les lumières ne „ fat jamais qu'une baccbante effrènee, je vous cite ,, rai> grand nombre de départemens qui réclamentces „ in(litutiot,s; je vous dirais que plufieurs repréfen. tans en miffion, & que divers départemens ont, „ par des arrètés particuliers, changé Ie mode d'in,, llruction publique dans diiTérens colléges; il impor,, te donc de faire ceffer cette diflönance, car 1'uni„ té de ia République appelle 1'unité de 1'enfeigne. ,, ment. ,, Je vous dirais que les établiffemens propofés „ font en quelque forte des cadres ouverts pour re „ cevoir les élèves de 1'école normale qui fe feront le plus diftingués pendant la durée du cours, & un „ nouveau motif donné a leur amour pour la propa„ gation des lumières; des cadres ouverts pour rece„ voir dans toute 1'étendue de la République, les ,, hommes éclairés & vertueux qui ont échapé a la ,, faulx du Vandalisme. „ Citoyens ,^vous avez fondé l'école- normale, & „ cet ctablhTeinent, en opérant un grand déverfemene ,, de lumières dans les départemens , confolcra les ., fcierces les lettres & les arts, des ravages de I* ,, tyrannie. Les écoles-primaires s'organifent de tou„ te part; les livres élémentaires font compofés; il „ vous refte un pas a faire pour monter tout le fyftê* „ me de l'inftruction nationale, & ce pas fera un „ grand bienfait pour la génération qui s'avance." Lakanal propofe, & la Convention? adoptei aptès une courte difcuflïon, le décret fuivant: Chapitre Premier. hflitution des écoles-centrales. Art. Ier. Pour ï' enfeignement des fciences, des let' tres, £f des arts, il fera établi dans toute 1'étendue de la République, des écoles centrales diflribuées & raifon de la population; la bafe proportionelle fera d'une école par trois - cents mille habitans. II. Chaque école-centrale fera compofée: 10. dun profeffeur de mathêmatiques. zo. De pbyfique & de cbimie expérimentales. %o. Dhifioire naturelle. t,o.De métbode des fciences ou logique, tj? d'analyfe des fenfations & des idéés. 50. D'économie politique de légiflation. 60. De Pbiftoire philofopbique des Peuples. 70. D'un profeffeur dhygiène, $«. D'arts & métiers. 90. De Crammaire générale. \co. De belles lettres. 110. De langues anciennes. \%o. dun Profeffeur de V  C 78 ) le-moins poffible vos comités; & ditei aux Royalifles, aux ariflocrates, aux malveillans, nous faifons des lpix pour vingt cinq millions d'hommes, la confiance que nous avons dans les comités nous répond aflés de leur éxêcution „ ArTermiflons donc Ie gouvernement; donnons lui le reflort qui lui manque encore; exigeons que tout le monde ne gouverne pas, mais que tout le monde obéïffe; que vótre gouvernement circonferive toutes les autorités dans les bornes qui leur font affisnées. Telle eft en effet la nature du Gouvernement Républicain, que, ion, indulgent, facile, pour le Peuple il doit être fans pitiépour les autorités.'1'' 'Jeanbon St. Andri fe réfume en demandant que le gouvernement républicain foit le plutot poffible organifé. Dans la féanee du 14e. La Combe Saint-Miehei donne leéture a'une lettre du Repréfentant Richard, dattée d'Utrecht le 8 Germinal paria quelle il felicite la Convention, au nom de 1'armée, de la fermeté & de 1'énergie qu'elle déploia dans ces motnens d'orage. „ Dévouée toute entière a Ia reprèfentation nationale, ,, elle ne perdra jamais de vue, ajoute t-il, que c'efi „ de fa confervation que dépendent la liberté , la „ gloire & Ie bonheur du Peuple Francais. Elle n'a „ pas verfé tant de fang & bravé tant de dangers & „ de fatigues, pour voir d'un oeil tranquille fa patrie ,, déchirée par des anarchifles & des factieux , ou cour,, bée de nouveau fous le joug de la royauté qu'elle ,, a détruite. Comptés que ft jamais il était porté la „ moindre atteintea Ia fureté & a la liberté de Ia con,, vention- nationale, elle combattrait vos ennemis, „ les ennemis du Peuple Francais, avec la même ar,, deur qu'elle a déployée contre les foldats des puis„ fances coalifées." Chenier dit que, dans la révolte du jour précédent, il était évident que les royalifles & les terrori fles s'étaient ralliés pour diffoudre la conventios-nationale, & que pa-mi les milliers de preuves qui atteftent cette vérité, il ne faut pas oublier la manière infidèle, & pour le moinséquivoque, dont quelques journaliftes ont raconté les évènemens qui ont marqué ce jour mé'morable. Yzabeau annonce que Li¬ onard Bourdon s'éiant retiré dans fa feétion, y avait rallié quelques faétienx; mais que Ie Général Pichegru fe portait en ce moment vers leur ralfemblemenr, & qu il avoit pris de telles melures qu il lerait dmipé fans verfer une goutte de fang. Merlin de Tbioaville. La fection des Gravi Uiers vient de ramener elle même Léonard Bourdon , au comité [de fureté génerale. Partout le Peuple fe rend a la voix de fes rep'éiit au parlement d'angleterre, & les lettres de l'étranger, annorcaient, „ qu'un grand mouvement fe p é,, parait « Paris, & que la diflblution delaConvention' Nationale aurait lieu ioceiTamment". * « * f/ei le SpEcrATEUR-llEPUBLiCAiN 11 e peut s empecher tTarrêter peur un moment fa leSeurs. 11 les prie de fixer toute leur attention fur cette circonflar.ee , & de fe rapleller ce qui a été dit, d Partiele ÜIRECHT du No. précédent de cette feuille, avant que les nouvelles de Paris , dont on vient de rendre coir.pte, fuffent arrivées- lis fe convaincront, comme lui, que les agitations, qui viennent tfatoir lieu d Paris ,^ étaient préparèes depuis longtems par les ennemis de l'bumani té, par un rr.iniftére pervers s'il eis fut jamais; ils fe convaincront que les mouvemens qui ont agi té en même tems notre République, étaient ufji.'iè, & organifés avec ceux qui devaient bouleverfer la France; ils fe convaincront, enfin, de la malheureufe faciliti avec la quelle les fcélérats de tous les pays favent s'entendre. iVlais ce qui a furtout frapé le SpkCTAtkL'R perdant qu'il corfidérait dun oeil attentif (es éténemen, dujuur, ce qui frapeta également tous ceux qui les obferveront avec fin, c'eft cette queftion tres-naturelle: Quelle idéé doit-on avoir d'un parti qui cherche a excircr des iroubles, & a bouleverfer une république déja aulü affa'b'ie que celle des Provincüs-Lnies, en s'alliant avec tout ce que la nature humaine produifit jamais plus immoral, de plus féroce, de plus fanguinaire, en un mot avec les ttrroriltes , les ansrchiltes & les Ucobins Francais? . . Quelle idéé doit on avoir d'une taetion audacieufe qui cherche a reconquirir fel cm. tlois & fes dignités, fous le voile de l'orangisme, & qui n'hélite pas, pour parvenir a fon but, d expofer la patrie a toutes les horreurs d'une guerre civile? ... Braves Républicains! qui conduifés en ce moment je 'vaifeau de la Patrie. fyis feulement modérés. foyés toujours ju/les; c? j'oje tous répontlie du triompbe. Ce fait feul me le garantit. Le tiet ne peut protéger la caufe des méchans.) $ * # „ A la fuite dn rapoit de Merün, Rovire annonce que les voitures, contenantles détenus, font enfin parttes. U parle des mouvemens qui ont eü lieu dans la feétion des Quinze-vingts, des afTemblées illégales qu'on y ' avait formées; & il lerraine par dire qu'encnre cette fois, les Jacobins nauront fait qu'une fauffe-ceucbe. Matiiieu parait vers les deux heitres du inatin, prend la parole, & dit, que le calme Ie plus paTfait eit iétabU dans Paris; que les rafièmbleinens forinés dans la fection de Qjinzc-vingtt ont été difiipés par les mefures fae.es & vigoureufes du génétal Piciiegru. Pnj ap és cc btave général parait a la bar;e,au mi ieu des plus vifi splaodilTcmens cc dc'clare_, „ quM fe trouve trop heureux d'avoir é:é choifi par la Con„ vention pour faire refpecter les Loix". Le préftdent „ répond, ,, que la pstrie til reconnsifTante deatflortl ., g orieux du Général PicHEGRU, & de fes fuccès „ coiiflans fur les ennemis du dèhors & les factieux „ du dedans". Le général ell admia a li féanee au milieu des plus vives acclamations. La féanee permanente elt fulpendue jusqu'a 10 heures du matin, du 14 gcrmin'1. Isabeau la rouvre en difant. au nom du comité de fureté générale, que le rapoit annoncé pour sujourdhui, ne peut être fait qu'aprês le dépouillement des pièces. „ Elles font au nombre de trois mille & quel„ ques cents, & prouve-ront l'immenfe étendue de ce „ \afte complot. Le raport fera fait demain. L'ne lettre des repréfenuns du peuple, a 1'armée de 1'cuelt, annonce que les colonnes républicaines font [ au coeur de la Vendéeque Stofjlet n'a pu parvenir a 'former le lafferablcment qu'il fe propofair, qu'ils doiY  C de vive force, a faint Domingue, !e Cap Tiburon qoi etait occupé par les troupes britanniques , dont i!s ont fait un grand carnage. Les Républicains ont en outre pris ou coulé bas plufieurs batimens qui éuieut dans le port. Les chefs des émigrés Francais qui ont des commandemens dans les Corps des troupes levées en Angleterre ,pour une expédition que 1'on fuppofe devoir étre dirigée contre les cotes de France, ont recu l'ordre de fe rendre fur le champ a Southampton, & de s'y préparer a s'embarquer au premier avis pour Jerfey. C'eft Ie point de départ pour une defcente, fi les circonftances la favonfer.t. Sans doute que cette defcente, depuis fi longtems projetée, aura lieu ceite campagne comme les précédenies, & s'il y avait a prévoir une defcente ce ferait bien pluftot celle des Républicains en Angleterre. Suivant les lettres de Pertsmoutb, du 8,1e Vice-Amiral Harwey eft forti pour fa croifière dans la mer du Nord, a la téte d'un vailTeau de 98 Canons & de trois de 74; le Marebovougb de 74 forti de Plymouth, a rejoint le même jour cette divifion qui a paflë aux Dunes. On portera a feize vaiifeaux de ligne cette efcadre, chargée de furveiller pendant fa croifière un aTmement de 300 voiles de tranfport préparé par les Francais fur leurs cotes, & qui,ace qu'on aiTure,fera en etat de mettre en mer dans les premiers jours de May. ,- -~ 1 —. -f CONVENIION-NATIONALE, Séance du 21 Germinal. \ce. /ivril. Rencbell, au nom du comité de falut public. „ Repréfentans du peuple, vous étes a la veille de recucillir les fiui s de vos principes,- des puiffances qui paroiffoient avoir juré Ia pene d'une république goavernée par des tyrans & tourmentée par des factieux,* fe font emprelfées de vous demander la paix, depuis | que vous avez prouvé a 1'univers que la juflice & * 1'humanité feront les feuls guides qui dirigent tous vos ? pss, pour opérer le bonheur du peuple. Votre comité de falut public a fuivi vos ir.ttmions pour des pais partielles; il offre è votr; ratificntion celle qu'il vient; de conclure avec Ie roi de PrulTe. (Applaudiliëmens ( rcitété.-.) „ Nous n'avons pas oublié un infant que fi les voeux du peuple francais étoient pour la paix , ce ne pouvoit être qne pour une paix glorieufe, qui ne put ni comprometire la dignité, ni bleffer lesjintérêts de la] répub ique. II falloit auffi lier par fon propre intérét, au maintien de la paix, un gouvernement qui reprénoit des fentimens d'amitié qu'il n'auroit jamais dü r mpre. „ Teute autre paix n'auroit éténi folide ni durable;. ce n'auroit été qu'un fimulacre de paix. Vous juge- ' res dans votre fagefle, a la lecture du traité, fi votre 1 comité de falut public a atteint te but. „ Quoique vous ne vous foyez pas encore prononcïs fur les limites du territoire de la république, votre comité a cru devoir traiter dans le fens qui lui a para avoir obtenu jusqu'a préfent 1'affentiment de la nation; mais 1'objet principal auquel il s'eft attaché , a é;é dj rétablir des relations commerciales qui nous deviennent fi néceflaires, & de les étendre, en éioignant autant qu'il a dépendu de lui Ie théatre de la guerre du Nord de 1'Allemagne. (Nouveaux applaudiflemens'). „ Lapropofition en avoit é;é faite par Ie roi deProsfe. II acqueroit par-la une grande confidération parmi les états d'Empire, dont il devenoit le bie fititeur; & nous avons cru qu'il étoit bon qu'une puilfance, qui redevenoit notre amie, jonit dans 1'empire germa nique d'une préponderance qui peut devenir trés - mi! j a la; république. Nous nous y fommes prétés d'auianc plus volontiers, que toutes les relations p ou.ent que Ia nation pruffienne n'a laiffé écbapper aucune oceafion dans tout le cours de cette guerre, de notis donner des tetnoignages d'affeétion & d'eftime, qu'un intérét mal entendu n'avoit pu parvenir a altérer, Plufieun voix. C'eft vrai. Reubdl continue. II ne fauf pas vous difümuler que votre comité de falut pnbiic a efTuyé tous les obftacles que 1'éloignement des lieux de la conférence & les formes diploinaiiques devoient naturellement faire naltre. Mais, fecondé par le zele infatigable de votre ambaffadeur en Suifle, il les a tous vaincus, & il ne s'eft fervi d'autres armes que de cette franchife & de cette loyauté républicaine qui doit finir psr porter la conv;étioa dans tous les coeurs. „ Cette paix, citoyens repréfentans, n'eft pas I» feu'e qui foit la nadere des meditations de votre comité de falut public. Continuez de déployer toute 1'éacrgie de la fageffe, & vous parviendrez a déjouer les complots de tous les malveillans. Les hnMTaires de nos cruels ennemis ne font que trop, inftruits des voeux de plufieurs autres gouvernement pour Ia paix; de la toutes ces agitations. Peuple fran9ais, refte inacceffible a toutes les lnInuations perfides des brigands qui brülent de déchier le fein de leur patrie; fois convaincu que c'efl :elui des peuples de la terre qui faura fouffrir avec e plus de conftance, qui fortira victorieus de cette utte terrible dans la quelle nous fommes engagés; o'ge aux malheurs éternels que cauferoit un feul mouvement d'impatience; prends l'attitude ferme & impo"ante qui convient a 1'nomme I.bre; montre-toi calne & ferme; compte fur le courage de tes repréentans, & iu alfureras ton bonheur & celui de la loftérité la plus reculée." La république francaife & fa imjefté le roi de PrulTe, également animés du defir de mettre fin a la guerre qui les divife, par une paix Tolide enire les deux nations, out nommé pour kuis plénipotenüaies, favoir:  Ia république fianfitft, Le citoyeii Ftancoii Barthélemy, fon ambadadeur tu Sutffe. Ei le n i de Pruffe, Kon itjiniftre d'étar, de guerre & du cabinet, CharI s Aueufte, baron de Hardenberg, chevalier de 1'ordte de l'A'gle-rouge, de 1'Aigle - blanc & de Saint- Stanislas; Les quels, après avoir échangé leurs pleins pouvo'r«, ont arré'é les articles fuivans: Art ter. II y aura paix, amitié & bonne intelligence entre Ia république frarcsife & Ie roi de Prufle, tant confideré comrcetel, qu'en qualité d'éieéteur de Brandebourg & de co-état de 1'empire germanique. IL En conféquence, toutes hoftfités entre les deux puiffances contractantes ceffiront a compter de la ratifictti n du préfent traité; & aucune d'elles ne pourra, a compter de la même époque, fournir contre 1'atttre, en quelque qualité & a quelque titre qua ce foit, aucun fecours ni contingent, foit en hommes, en cbevaux, vivres, argent, munitions de guerre ou autrement. til. L'vme des puiffances contraftantes ne pourra accorder paffage fur fon territoire a des troupes ennemies de 1'autre. IV. Les troupes de la république francai<"e évacuéront, dans les quii ze jours qui fuivront la raiification du préfent traité, les parties des états PiuffL-ns qu'elles pourroient oct^per fur la rive droire du Rhin. Les contributions, livrailöns, fournitutes & prefla tions de guerre, cefferont entierement, a compter de quinze jours après Ia fisnature de ce traité. Tous les arrétages dus a cette époque, de'même que tes billets & promefï'es données ou faites a cet écard, feront de nul etfet. Ce qui aura été pris ou percu aprésl'époque fusdite, fera d'abord rendu gratuitement, on payé en argent comptant. V. L*s troupes de Ia république Francaife continuetont d'occupcr Ia partie des états du roi de PrulTe iitués fur la rive gauche du Rhin. Tout arrangement définitif a 1'égard de ces provinces, fera renvové jusqu'a la pacification générale entre la France & 1'Empire Germanique. VI. En sttendant qu'ii ait été fait un traité de commerce entre les deux puiffances contnétantes, toutes les Communications & relations commetciales font ré ■ tabiies entre la France & les états pruffiens, fur le pied oü elles étoient avant la guerre actuelle. VIL Les difpofitious de Partiele Vt ne pouvant avoir leur plein cffet qu'entant que la libetté du commerce feta rétablie pour tout le nord de i'Allemagne, les deux puiffances contraftantes prendront des mefu res pour en éloigncr le théatre de la guerre. VIII. II fera accordé refpectivemetit aux individus des d ux nations, la main-levée des effen , revenus ou biens, de quetque genre qu'ils foient, détemts, faifis ou confisqués k caule de la guerre qui a eu lieu entre la France & la Pruffe, de méme qu'une prompte juftice a 1'égard des créances quelconques que ces individus pourroient avoir dans les états des deux puiffances contractantes. IX- Tous les prifonniers faits refpectivement depuis le commencement de la guerre, fans égard a la dille» rence du nombre & du grade, y compris les marins & matelots pruffiens pris fur des vaiff'eaux, foit Prusfiens, foit d'autres nations, ainfi qu'en général tom ceux détenus de part & d'autre pour caufe de la guerre, feront rendus dans 1'efpacede deux mois au plus tard , après 1'échange des ratifications du préfent traité, fans répétition quelconque, en payant toute fois les dettes particulières qu'ils poutroient avoir contractées pendant leur captivité. L'on en ufera de même a 1'égard des malades & bleffés, d'abord après leur guérifon. II fera inceffamment nommé des commiffaires, de part & d'autre, pour procéder a 1'exécutioü du préfent r.r.icle. X. Les prifonniers des corps faxons, mayercais, palatins & hefibis, tant de Hesfe-Casfel que da Darmltadt, qui ont fervi avec 1'armée du roi de Prusf*, feront également compris dans 1'échange fus • mentionné. XI. La Répub'ique Francaife accueillera les bons offices de fa majefté le roi de Pruffe, en faveur des piinces & états de 1'empire germanique qui defireront eitrer directement en négociation avec elle, & qui, pour cet effet, ont déja réclamé; ou reciameront encore 1'intervention du roi. La république francaife, pour donner au roi de Pruffe une première preuve de fon defir de concourir au rétabliffement des anciens Hens d'amitié qui ont fubfilté entre les deux nations, confent a ne pas traiter comme pays ennemi, pendant 1'efpace de trois mois après ia ratification du préfent traité , ceux des princes dudit Empire qui font fitués fur la rive droite du Rhin, en faveur desquels le roi s'interefTera. XII- Le préfent traité n'aura fon effet qu'après avoir été ratifié par les parties contractante', & les ra ifications feront échangées en cette ville de Bale dans le terme d'un mois, ou plutót, s'il eft pofible, a compter de ce jour. En foi de quoi, nous fouffignés miniftres plénipotentiaires de la Répub:ique Kraucailè & de fa majefté le roi de Pruffe, en vertu de nos pleins pouvoirs, avons figné le prélent traité de paix & d'amitié, & y avons fait appofer t.os fceaux refpeétifi. Fait a Brtle, le feizienie du mois de germinal, de 1>i troifieme de la République Frarcaife (5 Avril •795> A Ut recht, dc 1'Iuip: imerie du Splctathur-ReI'ublicain.  N°. 24. LibertÉ, Egalite, Fratehnite. LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN. (Fendredi 24 Avril 1795. v. St. 5 Floréal St. Rép.) De la SUISSE, zee. Rian. De TURIN le u Mars. es Emigrés rentrent en foule fur nótre territoire, afin,difent ils.de fe raprocher de la France. Les puncipaux d'entre eux prociament h.utement que la conftitution de 1789 fera bientót fubftituée a celle de ,793, üs difent avoir un parti ft Farisu & qu« leur rappel en France eft iramanquable d'fti a trots mois. Grand ncmbre d'entre eux a la faveur des pafte ports qu'ils obtiennent des baillis fuiflcs, fous des norns fnppofés, fe portent en mafte dans les départemens du Mont.blatic, de FAin, & de Rbone & Ltire; aucune autorité ne les arréte: la furveillance femble éteinte fur les fromières. (Laufanne Ier. Avril.) Les contrerévolutionnaires avaient voulu ne voir dans la loi de garantie de la repré.entation.nationale (du ter germinal) qu'une mefure de circonftance, qui prouvait, felon eux, 1'ap. proche de fon heure fuprême. Aujourdhui ils Tont en horreur, comme ayant oppofé une réfiftance fupérieure a leurs derniers efTorts. Cependant ils s'agitent encore plus que jamais, & fondent 1'efpoir de leurs projets fur deux ou trois bafes ptincipales. i 0 . La non réékaion des membres de la Convention pour 1'afTemblée prochsine." 2°. L'exclufion des mémes membres du confeil éxécutif conftitutionel, & de la rviunicipaiité de Paris, 3 0 . Un corps lég;fhtif nombre ux, & compofé, comme l'affemblée légiftative, d'hommes tout a-fait nouveaux. Le grand oracle de ces infatigables malveillans, eft aftuellement le comte de Montgaillard. 11 eft perfuadé qu'en centinuant de faire la guerre aux francais cette campagne ci & celle de 1796, ils feront toén tablement fercés de fe donner un roi, & de faire la contre - révolution eux-mémes en 1797. Ce qui eft inconteftabie, c'eft que ces hommes pervers ont de nombreufes correfpondances en France parmi les anarchiftes & les royaliftes. Le gouvernement • francais ne nous parait pas y veiller d'aifez prés; il femole s'endormit fur lturs manoeuvres. On attribue aux Francais le projet de forcer le p asfage de la Btcbette pour pénérrer dans la Lombardie. Le Gouvernementen ayant été inforraé, a garni ce pofte important de 4 a 5 mille Autricbiens. Toutes les troupes ont recu ordre de fe tenir prétes i marcher. Le Roi a donné ordre de préparer non feulement fes équipages, mais méme ceux'de» Princes fes enfans, avec le» quels il fe propofe dit-on d'aller vifiter les divets cantonnemensdes troupes,immédiateraent après les Fêtes de P«ques. Sans doute qu'il prévoit aufli que fi une paciücation générale ne vient pas bientót mettre obftacle aux nouvelles entreprifes que méditent les Républicains, il doit prendre certaines précautions. II s'eft tenu ici, en préfence de 1'archiduc de mtlan, plufieurs confeils de guerte pour 1'ouverture de la campagne. L'Europe n'apprendra pas fans étonneraent que le Pspe, aprés avoir ordonné des prières publiques pendant Urois jours, pour attirer la bénédiaion du ciel fur les troupes aut richiennes, a accordé aux Soldats 1'empereur des indulgenees pleniires. Pie VI. dormait, fans doute, lorsqu'il diaait cette bulle: il oubllait, du moins, que nous fommes a la fin du XVIlIe. fiècle ALLEMAGNE. (Brêtne 23 Mars"). Depuis le 17 il paflé ici tous les jours des corps d'émigtés a la folde de 1'Angleterre, qui quittent la frontière pour fe rendre dans te pays d'Hanovre, a Zelle & dans le Lu> nebourg. lis croient bonnement qu'on les envoye dans ces quartiers pour les laiffer repofer & leur donner une nouvelle formation: nnis voici la véritable raifon pour la quelle on les y fait paffer. 11 y a environ deux mois qu'il y eut quelques mouvemens dans le Hanovre. On a f'cü que les troupes I du pays ne tireraient pas fur les payfans. Le gouvernement a fait enlever de force, & pendant la nuk, tous les etifans des payfans en étac de potter les srAa