RELATION DE LA PRISE T» 8 FRANCFORT SUR LE MEIN«   RELATION DE LA P UI S E D E francfort SUR lemein, p a r. S.M.leROIdePPJJSSE, E T reponse du general v Jl jt 'm m :l jd m ar, aux DECLAMATiONS CALOMNIEUSES DU Ge'nÉRAL g u S t i n e commandant EN chef l'ARMKR DE LA r£PUCLIQUE fran^AISE SUR LE RMIN. Invita fntfbkur vsqvj invidia, a i'ragili qutreni üliétre dement ojfendet folii'.o. Hor. Ssrm. Lib. II. Sn. I. yf & /? RAT E , Chez L V A N C L e e F.   A U DIRECTOIRE EXÉCUTIF de la RÉPUBLIQUE FRANCAISE. Ö1TOYENS DIRECTEURS! La flatterie met aux pieds des rois les productions du mensonge, 1'estime offre aux Directeurs des Rcpubliques les tributs de la vérité: car, 1'esprit et le coeur sont esclaves dans une Monarchie, ils sont libres dans ünc Républiquc. Associé, pendant ncufannccs, auxdansers et a la gloire de la Nation Francaise, je lui dois un compte particulier de la confiance dont elle voulut bicn m'honorer: je le présente a ses Magistrats supremes. C'cst l'homage de la franchise et del'honncur, ü a donc des droits a votre bienveillance. Fuisse 1'Europe céder, a 3a moderation ct a Ia générosicé du Gouverne-  ment Francais, après avoir cédé a la bravoure et a la discipline des Armées Francaises! Puissent les rois et les peuples être sssez :ages et assez éclairés, pour consentir a V7cus devoir, Citoyens Directeurs, la paix, la liberté et le bonheur du monde! Puissent enfin,les enncrais de 1'ordre social ïedouter la puissance de la République Franchise, de ce Gouvernement dont on peut airc avec tant de vérité, Clan giganteo triumphOt Cuncta fupemilb moventis. De ce Gouvernement, qui forcc de vainere, neveuu cependant, userdelaVictoire öue pour assurer la ptospérité des Nations! Salüt et Respect, V A N HELDEN» General Major au service els la République Bat ave. La Haye, le icr Nivose. An 7. de la République Francahe,  RÉLATION DE LA PRISE, D E FRANCFORT SUR LE MEIN &c. E T REPONSE DU GÉNERAL 2V 2'£ M X JD M AUX DÉCLAMATIONS CALOMNIEUSES DU GÉNÉRAL C U S T I N E. Hoe opus, hoe 'ftuditim parvi properemus & am$!it Sipatriae volumus, fi nobis vivere cari. Hor. Epif. Lib. I. Ep- Ut AVANT-PROPOS. La prise de la Villa de Francfort a eu des conscquences trop grandes, elle a influé d'une manière trop précise sur les opérations MilK taires des puissances coalisées, pour que la ré; lation que j-emreprens ici, puisse paraitre indifferente a l'obsetvateur et a 1'historien. A  co En eflfet, 1'homme qui réfléchic y trouvera la cause de bien des événémens qui se sont succédés avec rapidité depuis la conquète de la Belgique; I'histoire y découvrira la source de ces succes et de ces revers qui ont etonnés plus d'une fois, ceux même qui en ont été les instrumens ou les victimes. Car dans cette révolution, unique dans les fastes de I'histoire, toutes les causes sont enchainées Tune a fautre, tous les effets sont tellement liès entr'eux, que l'événément le moins important en apparence, peut suffire quelquefois, pour expliquer ces rósulta:s qui confondent tous les calculs de la prévoyance et mettent en défaut les politiques les plus exercès. Si la révolution Francaise aussi juste dans ses principes, qu'ctonnanre dans ses efFets, a révélé aux peuples des verités d'ou dépendent cssentiellement les destinée des Nations; si la philofophie a proclamé les droits également sacrés et imprescriptiblcs des Peuples, et si Ia justice a fait entendre aux Souverains que leurs devoirs, inséparabies de ces droits, ne seroient pJus violés impunémen-; si tous les prégugés, enficï, ont éré cités au tribunal de la raison , en menie tems que tous les abus ont été attaqués  (3) «fans leur source ét exposés au grand jour; si» dis-je , tant de maux et tant de biens, de si grandes victoires et des leeons si terribles ont signalé les demières années de ce siècle plus fécond enmiracles politiques et militaires, que ious ceux qui 1'ont précédé, il doic être permis a chaque Citoyen d'exposer sa conduite au jugement de ses contemporains; il est même du devoir de tout fonctionnaire public de rendre comptea la Patrie de ses principes et da SOn administration: car, c'est dans 1'estime publique que le véritable citoyen doic chercher le prix de son devouemenc, et la récompense de ses travaux. Je dois a la Nation Francaise donc il m a été permis de partager lM dangers ec lestriomphcs, je dois a la République B.tave qui daigna me faire partager dans des tems orageux, le som. deladéfendre, et dont le plus beau titredegknr re est d'ötre devenue 1'alliée de la France donc on 1'avait forcée de se declarer un inftant Pennemie, je dois a la vérité et a 1'honneurde soumettre ma conduite au jugement des personnes qui m'ont honoré de leur protection, de leur esdn*, de leur amitié. Puisse ce récit être pour mes braves ftères d'armes Francais ec Ba- A a  (O taves un temoignage de la 'considération que je. leur ai vouée; puisse - il être une preuve que je serai toujours digne de partager avec eux, 1'honorable titre de défenseur de la Liberté; et puisque 1'amour de la Patrie ne saurait exister dans un coeur qui dedaigne les droits de la Nature, oü qui negligé 1'accomplissement des devoirs dornestiques, puisse eet ecrit honorer h viellesse et consoler les dernièrs jours d'un Père qui a payé comme moi, sa dette a sa Patrie; qui peut s'honorer comme moi, d'avoir, soufFert pour la cause de la Liberté; et qui Sur le bord de son tombean jec.te un dernier re. guard sur sa Terre natale, voit le genie de la. République Batave confondre ses destinées avec les destinées de la République Francaise, et se glcrifie de trouver son nom inscrit parmi les noms des Républicains et des Soldata Francais. Etranger a la République Francaise par Ie. hazard seul de la naissance, peu familiarisé avec les beaurés d'une langue qui, ssmblable au courage du Francais, noble et impécueuse comme Jui, leur assure TEmpire de la litterature et des arts, sans doute on n'attend pas de moi ces raouvemencs oratoires, ce scile élé-  C5) gantetpur, cette facilité, cette grace et cette précision qui caracterisent les grands écrivdns •Francais. Mon sryle sera simple comme monsujet; et si je dérobe a la verité 1'éloquence dont elle est susceptible, je ne lui órerai du moins aucun de ses droits a 1'estime et a la confiance publique. 11 n'est peut-être pas aussi deplacé qu'on le croit vulgairement, de parler de soi niême et de rapeller ses actions; car, c'est le propre d'une ame honnête de ne pas craindre de dire ce qu'elte n'a point hésicé a faire. Autant eet orgueil est bas dans un mauvais Citoyen, autant il s'ennoblit lorsqu'il prend sa source dans un coeur généronx, dans le sentiment de sa propre dignité, dans le desir d'être uale a sa Patrie. II y aurait bien moins de grandes actions, s'il n'etait pas permis de s'en glorifier; et que deviendrait le plus grand cbarme de la victoire, de quoi se forrnerajf Pesprit public d'une Nation, si 1'orguJl n'etaic pas pour. ainsi dire permis aux hom nes qui s'y rendent récommandabks ?. II n'y a que fhomme essenr.ellemenc vil qui soir inKnsible a la gloüre, ec la gloire elle même Ag  co n'esc autre chose que l'approbation de sec superieurs et Testirae de ses Concitoyens. Si j'ai la conscience d'avoir rempli mes devoirs envars la République Batave, et la République Francaise qui daigna m'adopter pour un de ses enfans, il doic m'étre permis de parkr de moi dans eet ouvrage, puis qu'il a principalement poitr büt de montrer que j'ai chercbé a me rendre digne dc la confiance, donc mes concitoyens m'honorerent. Je n'at rien fait de grand, mais je n'ai rien fait qui ne soit conformé aux loix de 1'honneur eta mon devoir de Citoyen Batave ec de Général Francais. Si j'ai a dévoiler 1'iniquité d'un homme que ses crimes conduisirent a 1'echafFaud, on nc m'ac. cusera pas sansdoute de calomnier ses cendres; car ce sont ks ordres même et les propre témoignagc de eet homme qui déposeiont contre sa memoire. Sans doute une vie modeste et retirée donne lc droit a- tout homme sage de ne repondre que par le siknee et le mépris aux atteintes de la calomnïe; mais lorsqu'on a été fonctionnaire public, lorsqu'on est investi d'un caracière et revétu d'un titre honorable il ne suffit point d'ètre sans reproche, il faut encore Je parairre.  C7) Si on demande pour quoi j'ai cardé si longtems a publiér eet écrit, eet écrit répondra lui même a une question semblable; car, il prouvera 1'impossibilité oü je me suis trouvé d'offrir jusqu'a ce jour aux deux Républiiques ce temoignage de mon respect et de mon amour. Je ne demande ni grace ni faveur; je provoque même sur ces pages Fexamen le plus sévère; car, sijen'ai pas beaucoup de talens, j'ai du moins beaucoup de zèle: et appellé depuis plus de douze ans, a 1'honneur de défendre cette Liberté dont j'ai succé les principes avec Ie lait, je lui ai conservé un dévouement également pur et sansbornes, etil ne s'eteindra qu'a} vee moi. Aut Virtus «omen inane est, Aut deern, ct pretium recte petit Experiens vir% Hor. Epist. lib. L Ep. XVII. A 4   r é L A t I o n de la prise d e FRANCFORT SUR LE MEIN, &c. première partie. Exposé de ma conduite dêpuis mon entrèe au service jusqu'au moment de ma nomination au commandement en Chef de la Ville de Francfort. j.' fus nommé , successivement , sous-Licutcnant, Lieutenant et Capitaine dans le corps du genie de la Républicque des Provincies Unies. Je remplis, pendant cinq ans, ks fonctions d'Aide de Camp du Général Du Moulin, Chef dc ce Corps 3 et bientöt après, j'obtins le grade dc Major, et celui de Marèchal de logis-Général des troupes des Provinees d'Hollande et de. Westfrise. • Né Citoyen de cette ci devant Province et fidéle aux principes de Liberté et depatriotismequi m'avaient eté transmis par mes ancêtres , je deiendis ces droits au peril de mes jours et au me- A 5  C iO pris de toute's les considerations personelles que j'ai constamment sacrifiées a mes devoirs envers la Patrie. Si je fus assez" heureux pour être honoré de la confïance de mes concitoyens, je tachai de la justifier par tous'les moycns qui etaient en mon pouvoir. Je contribuai a defcndrc jusqu'a la derniere extremité la ville d'Amsterdam, et ce ne fut qu'après 1'invasion totale du territoire Batave par les Armécs Prussiennes, que je songeai *. ni'eloigner d'une Patrie pour la quclle il n'cxistait plus cPespéranccs que dans la médiation ou la Puissance du Gouvernement Francais. J'avais fait construire a Amstelveen prés d'Amsterdam , des rétranchemens devant lesquels les troupes Prussiennes furent repoussées, mais ces rétranchemens fnrent tournés par le lac qui le» avoisinait. Pour prévenir ce résultat, j'avais demandé, depuis plusieurs jours ,a la flHed'Amftcrdam des barques Armées,qui ne furent expediécs que le jour meme ou le Ditc dc Brunswick prit poste a 1'ecluse ou ces barques devaient passer pour arriver a leur destination. Ce Général riont le SufFrage Militaire ne sauroit être dedaigné, voulut bien temoigner publicquement et en difFerentes occasions, que les rétranchemens que j'avais fait pratiquer etaient bien entendus et aussi bons que le permettaier.t le pcu de tems et de moyens dont-il m'avait eté possible dedisposer, et qu'il lui eut été tics difficile de les émporter s'il n'avajt  C» ) pris Ie parti de les faire tourner par des troupcs embarquèes sur le lac. En rapportant ici le temoignage public d'unjuge aussi éclaire fur cette matiere que 1'est le Duc de Brunswick, en ne m'accusera pas sans doute de faire mon éloge: car s'il est ordonné a un Citoyen de défendre sa Patrie, il dok lui être permis do prouver qu'il n'a rien negligé pour préserver ses concitoyens de 1'invasion, et répondre a leur confiance. C'est donc uue justification que tout fonctionnaire public doit a sa Patrie comme a lui même. Mais, si par une conduite conforme a mes devoirs , je mettais mon honneur et ma réputation i Pabri de la calomnie et de la haine, je n'en étais peut-êtie que plus vivement atteint dans mes affections les plus chères. Les proprietés de ma famille furent devastées dans ces tems de troubles, la liberté "de mon Père fut menacée et elle lui fut même ravie lors de 1'approche des Troupes Francaises sous le commandement de Dumourier, eu 1793. ni les infirmités de la viellesse, ni une vic entiere passée dans 1'exercice des devoirs du Citoyen , ni le silence de sa retraite et 1'inaction politique a la qu'elle mon Pere s'était devoué, ne purent le préservcr des iureurs attachécs a 1'espri: de pani. On cennaissait son amour pour la Liberté , son respect pour ce grand penfionnairc , •pour ecs grapds hommes que la tyrannie des Mm-  rice et d s Ci/Hauwe, avait rssissinés sar ux dchaffaud; et Ie même espiit de barbarie et de vengcance anrajait les satellites de ce Stadhouder dont les Armeés Prussiennes venaieni d'imposer de nou. Teau le joug a la Hollande. Après avoir fait les plus grands sacrifices pour k defense de sa libertd, et lorque j'eus acquis la triste certitude que mes services ne pouvaient être utiles a mes concitoyens, je me déterrainai a m'eloigner des lieux qui ïn'avaient vu naitre. Mes principes et ma delicatesse me defendeoient également de reconnaitre et de servir un Gouvernement introduit par la force et contre le voeu de h majorité des choyens Bataves. Les membres de la regence de la Province d'Ilollande aux qucls, je ne balancais pas a declarerraa facon de pensei dans ces circonstances extrómes, me conseilléreut de me rétirer sur le territoire Francais; ils daignerent méme me munir de leurs lettres dc Técommandation pour le Ministère de Versailles, au quel je les rémis au mois d'Octobre 1787. En exécutant cette résolution, je cedai aux voeux de mes concitoyens , et j'obdis pour ■ainsi dire aux ordres dc ma Patrie qui me faisait eStcndre sa voix parleseul organe qui lui rcstait a cette époque. M. de Kaütscbef, Ambassadeur de 1'Imperatrice de Russie prés les Etats-Généraux des ProvineesUnies, avoit bien voulu, au nom.de sa Souva,-  jaine, me faire de vives instances pour m'engager a cntrer a son service; et les proposi> iont, ï■ fi niment avantageusés qui me furent faites a ce sujet, m'eussent déterminé a les accepter, si je n'avais prèféré mon devoir a m m intérêt. Le même sentiment me porta aréfuserles ofFies que 1'Empereur ^jofeph II. daigna me faire pour occuper un grade superieur dans son Corps du Genie. En me retirant chez une Puissance amie de la Hollande, et que tous les intéréts poliiiques et commerciaux engageaient a être alliée de cette République, je donnais a ma Patrie un nouveau gage de mon amour pour elle. M. de Manmorin a qui j'avais été particulierement addressé , satisfait de mes services et informé des sacrifices que j'avais faits, me donna aussitot 1'assurance que je serais employé dans 1'Armée Francaise. Peu de jours aprèa je fus nommé premier Capitaine avec rang de Major dans le Regiment Royal Li,gcois3 011 m'accorda la Croix du merite Militaire, et je recus la promesse formelle d'une pension de 1200 livres; on me fit observer que cette pension était considerce comme devant servir de supplement aux appointements de mon grade de premier Capitaine. Elle m'était accoHée en outre comme dedommagement des appointemens plus confiJerables -attribuées aux fonctions Militaires que je vepais d'excrcet en Hollande, Cette pension ne me. fut cependant jamais payée,  ( H ) Si je raporte cette derniere particularité, ce n'est par aucun rnotif d'interet personnel, mais uniquement dans 1'iii*ention de montrer que ma conduite avait paru au Ministère de ferfailles, assez conforme a mes devoirs pour Pengager a m'aceorder cette grace que je n'avais point sollicitée. Le Regiment Royal Liegeois, était commandé par un Savoyard, beaufrere du ci devant PrinceEveque de Liege, et 1'on se doutera bien, sans que fentre dans des plus longs details sut ce cidevant Comts de la Twr, que les principes contrerevolutionnaires furent constamment a 1'ordre du jour de cc Regiment, depuis 1'ouver-* ture des Etats Généraux. En me soumettant dan* toutes les circonftanees difficiles qui se Succedèrentdepqis le 4 May 17S9, jusques au 10 Aoüt 1792, au vceu dc la Nation Francaise, on ne m'accusera pas sans doute, d'iiigratitude envers le Souverain qui regnait encore sur elle; car en me soumettant aveuglement aux décröts dc 1'Assemblée Nationale constituante de France, je témoignais également mon respect et ma réconnaiss'ance nu Roi des Francais, puisqu'il ne devait vouloir que laLibcrté et la prosperité de la Nation Francaise. Accoutumé des maplus tendre enfance a aimer et h servir la Liberté, je passai sans balancer dans les rangs de ses defenscurs, et ma conduite politique füt toujours conforme aux exem-pies que mes ayeux m'avaient tracécs a cct égard.  C 15 ) Je n'entrerai pas ici dans le detail de tous les 2 ■> SO Des troublcs serieux syant éclaté dass les départcments rüéridionaux de laFrance, au mois de Mars 1791, mon Regiment reent ordre de partir de Slrasbourg et de se rendre a At les. Je recus a Bagno/s, ci devant Province de LangUedec, une kttre du Ministtfe tde la guerre, qui m'annoncait ma no:niaatio:i a une place d'AdjudantGéndral du grade de Colonel. (4.) II ne sera peut-être pas iuutile d'observer ici,la diffd rence qui existe entre les Officiers qu'on designe en Frarice sous le nom d'Adjudant*-Ginéraux t et ccux aux quels on donne la même qualification dans le service des autres Puissances. Ccux-ci ne sont attachés qu'a la personuc des Généraux d'Av-  Cv) d'Armées, et c'est ce qu'on apelle proprement eïl Franee Aides de Camp. Les Officiers revetus du grade d'Adjudants -Généraux, ne sont pasaucontraire, en France, attachés a la personne d'un Général: ils le sont aux divisions, rnilitaires et resident, en tems de paix, dans les Chefs-lieux ou phces prineipales dc ees divisions. En tems deguerre, les Adju-lants - Généraux sont repartis dans les Armées, et ils en sont proprement les Marcchaux des; logis-Généraux ; leurs fonc- tions sont aussi dtendues, qu'elles sont essentièlles. Elles embrassent les parties relatives aux logements , campcments , marches et subsistances , ainsi qu'a la tenue et discipline des corps qui composent les divisions ou les Armées. Ils sont specialement chargés des réconnaissances rnilitaires et de la direction de tous les travaux topographiques. Ils president a la confection des eartes des frontieres et a toutes les opérations qui se rapportent a leur fxation. Ils ont 1'inspection des postes, et dressent les memoires Généraux sur les opérations rnilitaires, soit ofTensives soit défensives. Ils detaillent et font passer aux corps de toutes armes les ordres des Généraux, réglent et dirigent les mouvements des troupes dans 1'inte» ■ rieur des divisions, et conduisent les colonnes. Hs entretiennent en outre, et suivant la nature dc leurs instructions, une correspsndancc suivie et directe avec le MioUtte de la guerre. Avaut le B  ( 18) commrncement de la guerre actuelle, on comptait dans 1'Armée 'Francaise, trente Adjudants-Généraux, partie du grade de Colonel, partie de celui dc Lieutenant- Colonel. Telles étaient les fonctions aux quelles je venais d'etrc apellé ; ct n'ayant point sollicité cette place, j'en aurais réfusé h rüre, si lcs apparences de guerre devenant chaque jour plus fortes , je n'avais cnvisagé comme mon premier dcvoir celui de verser mon Bang pour la défense d'une Nation dont j'etois devenu Citoyen adoptif. On sent, assez, que ma qualité d'étranger rendant un pareil avancemcnt susceptible d'ètre interprèté comme le fruit de mes demarches ou d'une ambition deplacée , je dcvais m'interdire sévèrement tout réproche a ce sujet; mais en même tems mes principes et mon amour constant pour laLiberté, m'ordonnaient de combattre sous ses drapaux, 'lans Ie paste qui m'etoic fixé, lorsqite toutes les Paissances de 1'Europe unissaient leurs eflbrts pour envahir et dèmembrer la France. Le Généml Mmttsquto* sachant que je venais d'etrc nommé Adjudant-Général m'écrivit aussitOt, ct N'iwitt! me rc„dre k Nismes, afin d'en eer les fonctions dans son Armée: je recus ffêmeè mon arrivée aSfnOutrg^ des ordres'du Ministre de la Gutrre pour aïJer prendre ccux du Général Montesquhu. Mais le Général la Morlière, fugWM que la «onnoissance topogrophique que  C 19 ) j'avais acquise de la cidsvant Province d'Ahace^ et celle de la langue Allemande dont le langage et le stylc m'ctaient familiers, pouvaient rendre mes services plus utiles sur le Rhhi que sur Ie Gard, m'ei.joignit de rester a Sfasbuirg, jusqu'a la décision ultérleure que pr^ndrait Ie Ministre sur les observations qui lui etaient soumiss a eet égard. Je cédaï aux desirs du Général en Chef de 1'Armée duRhin, avec d'aut:-nt plus d'empressement, que la guerre était declarée sur les frontieres de la Belgique et de 1'Allemagne, tandis qu'il etait encore°incertain si les frontieres du midy de la France n'en seraient point preservées. J'entrai donc en fonctiou d'Adjudant-Général de 1'Armée du Ilbin. Si je raporte ces particularités qui intéressent peu le public, mais qui le mettent du möins en même de juger la conduite d'un fonctionnairc quelconque , c'esr pour monteer a mes concitoyens que loin de solüciter un avancement ou une grace Militaire, je me suis fait un dévoir d'obeir passivement aux ordres de mes superieurset de servir partout ou ils Juneaient a prospos de m'empioyer. Je fis la reconnaissnnce et le tracé du Camp de Plobsheim que 1'Armée du Rhin occupa pendant quelques semaines, ct j'assurai toutes les dispositions de créFense que le Chef de 1'Etat Major Victor Jiroglh m'ordonna de prendre. Malheureusement pour les armes FranCaiseS, B 2  C *° ) le Général Custine employé jusqu'a cette epoque en qualité de Lieutenant-Général, mais sans désignation, venait d'obtenir des lettres de service pour 1'Armée du Rhin; et il se trouvait a la veille d'avoir le Commandement en Chef de cette Armée, par la nomination du Maréchal Luckner au Commandement de celle du Nord. Cet événement rcpaudit la plus grande consternation et un abattement Général, principalement parmi les Officiers qui avaient scrvi en Amérique et qui n'avaient pu oubüer lamaniere dont le Général Custine s'etait conduit pendant cette guerre. Le plus grand riombre d'Ofliciers de 1'Armée duRhinmonrercnt d'avance une répugnance insurmontablc a scrvir sous les ordres d'un Chef qu'ils accusaient hautement d'akner beaucoup 1'argent et d'aimer fort peu la gloire. Plusieurs chefs qui avaient montré jusqu'a ce jour un zèlc infatigable pour le service public se permirent même d'ccrire au Ministre de la guerre, que 1'honneur ne leur permet. tant pas de scrvir sous un tel Général, ilsdonncraient leur démission le jour oü il serait révêtu du commendement dc 1'Armée du RIuh. Ce fut sans doute pour ne point mettre hors d'activité plusieurs Officiers supérieurs dont lestalens, le courage et le sèb etaient également precieux , que Je Ministre de h Guerre rit suspendre la nomination du Général Custine, ct désigna le Général Uren pour Commandant de 1'Armée du Rhin.  II y fut recu avec enthousiasme, et Custine n'exerca gueres a cette Armée , dont il continu a faire partie, d'autres fonctions que celles de brusquer, et de tracasser tous les Officiers qui etaient forcés de se trouver en raport avec lui. Ayant obtenu le commandement de Landau il partit enfin pour le rendre des naette forteresse. L'Armée du Pvhin quitta le 26 Juillet le Camp de Plobsbeim, et vint camper le 30 a fVeissembourg qu'elle occupa jusqu'au moment de 1'expedition de Custine sur la ville de Spire. Ce füt a Weissembourg que 1'Armée recut la nouvelle des événemens du io Aoüt. Elle y produisit une grande sensaüon, et cette sensation se fit particulièrement remarquer parmi 1'Etat-Major et le Corps des Officiers. Les Commisfaires de 1'Assembléc Nationale étant arrivés, et tous les Bataillons et Escadrons de 1'Arméc ayant recu ordre de prendre les Armes, il füt fait lectur.. des décrets qui suspendaient le Roi des Francais de toutes fonctions politiques , et qui déclairaient infames et traittes a la Patrie tout fonctionnaires publies qui abandonneraient le poste ou elle les avoit placés. Les Officiers de 1'Etat Major rédigèrent leurs déclarations ct les remirent au Génér.:! Biron qui fut chargé de les déposer entre les mains des Coromissaires de 1'Assemblée legislative. Je rëfusai formellement de prendre part \ toutes les manoeuj B 3  ( 2* ) vres que les ennemis de la Sauveraineté Nationale tramèrent dans cette circonstancc critique, et je déclarai d'une maniere positive que je demeurerais a mon poste et que je n'appoterais ma signature k aucune déclaration collective, puis que les décrèts de 1'Assemblée les defendaient expressement. Le lendemain , le Chef et plusieurs Officiers de lTïtat Major furent suspendus de leurs fonctions. Plusieurs demandcrem des permissions de Congé et des passeports pour se rendre sous differens préiextes a Strasboutg d'ou ils passèrent presque tous en pays ennemi. Deux ou trois Officiers de 1'Etat-Mijor furent déplacés, de maniere que jé restai au camp de LVeisembowg avec trois OflU ciers, adjoints; et je me trouvai par la, dans la nécessité d'acceprer provisoirement, la place de Chef dc 1'Etat-Major de PArmée campdc sur la Lauter. Si j'employai le mot de proviio'irement, ce fut dans 1'intention de remettre cette place entre les mains du Général Victor Broglie s'il révenait a l'Armée; ct 1'on sent bien sans que je 1'explique, que la délicatesse ne me permettait pasd'accepter sans un ordre formel, des fonctions dont mon prédécesseur, n'avait point été formellemen* depossedé. Le Général Biron voyant cette défection Générale , me fit apcller dans son cabinet et me demanda quel 'était mon avis sur les conjonctures présentes. Je lui repondis. Que le salut de la  C *3> „ Patrie ayant pft seul engager 1'Asscmblée légis„ lative a prendre les mesures qui venaientd'avoir „ lieu, il fallait s'en rapporter a son jugament; „ qu'elle était la seule autorité légalement consti„ tuée qui existait en France, et que I'obéissance a ses loix dévénait d'une obligation stricte pour „ tout Citoyen né ou adopté Francais; quil n'a,, partenait point aux rnilitaires de s'immiscer dans la forme du Gouvernement et dans les „ discussions politiques; que leur dévoir était de défendre la Patrie contra les ennemis qui ataquaient son territoire ou sa Souverainité; „ que je démeuce rais fidéle aux loix ct inébranlable dans le poste ou elles m'avaient placé, et que tels etaient les conseils que j'avais „ donné aux Officiers qui etaient venus sonder „ mes dispositions dans ces moments de cri„ se." Je dois a la vérité de dire que le Général Biton aplaudit a de semblables sentimens , et me remereia dans les termes !es plus forts de la conduite que j'avais suivie. „ Je sais, repondit ce Gé„ néral, que vous avcz contribué a tranquiliser les esprit inquiets , a rétablir 1'ordre parmi le Soldat et a rcténir plusieurs Officiers a leur poste. Vótre travail va devenir difficile , mais vótre zèle et vótre civisme surmonteront, j'cn „ suis sur, toiltes les diflicultés qui naissent des „ circonstances extremesou aous notts trouvons. B 4  C *4 ) Je ferais en sorte de vous donncr des gens ca„ pables de vous seconder. Je suis forcé deparr tir pour Sirasbourg ou il regne beaucoup d'agi„ tation; en attendant le Général Ke!leiman\\tn,, dra me remplacer ici; il vous estime, et il compte, ainsi que moi, sur vótre zèle pour empêcher les malveillans de réussir dans leurs complots de desorganiser 1'Armee du Rhin." Cette derniere considération pouvait seule me déterminer a accepter la place de Chef de 1'EtatMajor; car, ma qualité d'Etranger et les raisons de délicatesse, qu'eile m'imposait me faisaient également desirer que des fonctions aussi im portantes fussent remises en d'amres mains. Mais, je sacrifiais mon repos et le soin de ma süreté a mon devoir ei a mon attachement a la Patrie, et je fus assez heureux dans ces circonstances pour lui conserver la fidèlité et les services de plusieurs Officiers de mérite qu'un instant d'erreur pouvait entrniner sur la rive droite du Rhin. Les intrigues des ennemis de la Liberté n'eu* rem pas tout le succès dont ils se flatraient; et je dois rendre jus'ice, dans cette occasion, au civisme des Citoyens Bertrand, Commissaire du Departement du P»as-Rhin, Barthelemy , Bailly et Cavruis, Adjoints.a 1'Etat-Major, qui parleur activité et un 7è!e constant pour le service public contribuaient bemcoup a trauquilliser les esprits et i dejou;r les manoeuvies des malveillants.  C *s ) Mon respect pour Ia verité m'oblige également de réconnaitre, ici, 1'attachement que Ie Général Vktor BroglU parut montrer pour la Patrie; et quoi qu'il tüt été suspcndu de ses fonctions par une fausse interpretation des demarches qu'il fit dans cette circonstance, il cxhorta les Officiers et les Soldats a ne point quitter leur poste et a se soumettre aveuglement au voeu que la Nation Francaise leur manifestait par 1'organe de PAssernblée législative. Mais je dois une mention particuliere aux soins infatigables et essentiels que se donna, a cette époque si critique, le Capitaine Adjoint du Genie C^ffareUi du Fa/ga, également suspendu de ses fonctions. Cet excellent Officier retint plusieurs Officiers a leur poste, entretint par ses conseils et son exemple Ia soumission aux loix, et contribua efficacement k prevenir la desorganisation dc 1'Armée du Rhin. C'est ce même Officier que Buonaparte a approché depuis si prés de sapersonne, et a associé asa gloire i'une manière si éclatante. Pour donner une idéé du dcsordre qui regnait alors dans 1'Armée du Rhin, je ne citerai que le trait suivant. Plusieurs Bataillons de nouvelles créatirms y avaient été envoyés des Departements Interieurs, et 1'officier chargé du detail de ces mouvements avait tellement negligé cette partie, que trois de ces Bataillons se trouvèrent en même tems devant la place de Wthsembour g sans qu'on B 5  C a6 ) êut été prcvenu de leur marche et sans qu'il fat possible pendant ringt quatre heures, a leur logement et a leur subsistance. Je parvins cependant a assurer ces objets assez promptement pour en recevoir paniculierement les remercicHicnts des Généraux Biren et Kellermann, Ce Général ayant été nommé par le Cor.seil •xécutif Chef de 1'Armée du centre , quitta oientót le commandement de 1'Armée Stationnée tur la Lanter, mais avant son départ il crut me donner une preuve de son estime et de son amitié, m'apprenant qu'il etait d'intention d'ecrire au ministre de la guerre ct au Conseil executif pout me faire nommer Maréchal-de Camp. Quel qu'agréable que devait être pour tout Militaire un avancement semblable, je ne balancai pas a déclarer au Général Kellermann, que le poste que j'occupais actuellement était trés anologue a mes anciens services ; que je desirais le conserver paree que j'espérais pouvoir le icmplir utilement pour la cause de la Liberté, et que je le priais instamment de me laisser acquerir les connaissances qui me manquaient, avant de m'exposer dans un grade superieur, a la jalousie que ma quaüté d'etranger ne m'anquerait pas d'inspirer ÏUX Officiers de 1'Armée. Je rèiterai ers instanccs , avec autant de chaleur que de vivacité stipvès des Généraux B'tron et Custine, mais illes furent également infructieuscs, et jc fus  (n) nommé Ie 20 Septembre Marecbal-de-Camp employé , j'en «C/at en même tems le brevet cï les lettres de service. ' Quelque flatteur que soit un parcil titre pour 1'amour-propre et l*ambition, j'ose dire que mon attacbement 3 ra France put, setrt, me résoudra a l'accepter. Un temoignage si honorable de sa confiance, ne mc faisait sentir que plus vivement combien il me serait difficile de la Jnstificr, et je craignais que mes services fusse t au dessous d'une si haute récompens', Undévouement s; s bornes, une fidèlité inaltérable rassuraient mon coeur, mais le Zèle dont il etait animé pour la Liberté et la prosperité du pcuple Francais , ne m'aveuglait. pas sur 1'insuffisance de mes moyei s. J'obei donc a la volonté de mes supérieus ,.et aux ordres de eet c Patrie, qtu avait daigné me iécueillir dans son sein et m'adopter pour un de ses défenseurs. Je n'écoutai que la voix du Patriu'ttsme, bien sur de ne point m'égaier en suivant un tel Guide. En effet, le patriote, c'est a dire 1' omms de bien, fidéle a son serment, don touj< suivre la justice sans partialité pour ses amis , uis crain* te de ses ennemis. 11 doit être inaccessible aux sollicitations de 1'amitié & de la faveur, aux sou» venirs de la colcre oude la ve :: la loj feule doir être le Juge de tou ' >ns Ce qui est justc, voila la seule iè| il lui est  ( =8 ) perroi de suïvre, ee qui'est vrai, voila la scule chose qu'il lui est permis de dire, Nulle confidération , quelque importante qu'elle puisse être, ne doit détourner un patriote de la justice et de Ja verité. II se doit tout entier é sa Patrie: il ne peut ni s'enorgueillir des honneurs qu'il recoit, car sa Patrie ne les lui doit point, puis qu'il n'a fait que ce qu'il était obligé de faire; ni, s'irriter des réfus qu'il éprouvé fussent-ils même injustes, car il ne lui appartient pas d'en condamner le motif. La Patrie ne peut jamais avoir tort vis-a-vis d'un de ses membres, c'est-a dire que dans aucun cas, il n'cst permis a un Citoyen de se venger des injustices de sa Patrie. — II en est d'elle, comme de 1'autorité paternelle; un fils doit plaindre son Père mais il ne doit jamais cesser de lui obèir et de le rcvèrer s'il tombe dans une faute ou dans une erreur. D'apres ces principes, un patriote cherche moins a paraitre homme de bien qu'a 1'être véritablement. II ne cherche pas les cmplois, mais il ne lui est pas libre de réfuser ceux aux quels 1'appelle la confiancc de ses Concitoyens. Comme Amphia* rai'is, le patriote ne met point de ddvise sur son bottelier, car il est sür d'être brave et il ne cherche point a tircr vanit^ de sa bravoure. II pardonnc les offenses, parceque son premier besoin est celui de snerifier ses intéréts aux intéréts de 1'Etat ct de donner a ses Concitoyens 1'cxcmple  C*9) de cette vertil, la plus difficile pour un homme d'etat et par consequent la plus rare vertu qu'il importe sur tout de rapeller au souvenir et au respect des hommes: II est avare des deniers pubiics, parcequ'ils répre'sentant la substance même du peuple, qui a le droit d'en redemander ce qui n'est point nécessaire a 1'entretien et £ la défence de 1'Etat. Le véritable Citoyen est, en outre, sans jalousie et il ne rougit point de céder le commandement a 1'homme le plus digne de 1'exercer. Quand il s'agit de défendre 1'Etat, on ne doit point écouter ses ressentiments particuliers , il i'aut au contraire, les sacrifier sans balancer, au fcien de ses concitoyens. C'est se rendre coupable d'un parricide que de trahir leur confiance, et tout j'usques a 1'arnonr-propre doit se taire quand la Patrie est en danger. Le seul amourpropre excusable, est, alors, celui de la bien server. Si la Patrie a été injuste a 1'egard d'un de ses enfans, il lui resie un moyen de se venger: qu'elle lui doive son salut! ilest beau, il est grand d'accourir a la tente de Thèmistocle, de 1'aider de ses conseils en se rangeant sous ses ordies, et de disputer avec lui, d'amour pour sa Patrie. C'est ainsi qu'Aristide se rangea sou les ordres de Miltiade, et contribua par ce noble dé-, vouement au gain de la bataille de Marathon. C'est ainsi que Catan suivit sur le Dannbe le Con-  (30 Seil Tiberius-Sempronius, et lui servit de Lieute*nant. Ce Romain qui avait Commandé en Chef dans les Espagnes ne déoaigna pas de servir, en qualité de Tribun sous le Consul Acilius G/«brio. Le nom de ces fratïds hommes également chers et respectables aux vrais amis de la Liberté, n'a point souffert de 1'iujure dse siecles, et leur memoire arrivera sans tache jus qu'ïi la postèrité la plus recolée. Mais si uous admirons dans CaiusMarius le surnom de Cotiolan , nous détestons dans ce Romain, le titre de Génêial des Fogu-s: et toute 1'éloquence du premier des Poëtes ne peut nous faire excuser les f jreurs parricides du fils de Pelée. Achüle quittant le camp des Grec%, prie les Dieux d'exterminer leur Armée aifin qu'il ait la gloire dc renvenser, seul, les remparts d'Ilion: Aristide sbrt d'Athènes, en priant les Dieux de détoiïrrér löBT cclère de dessus sa Patrie , et de bé pas la récluire a la nécessitc de se souvenir de ses services. Teile est la dilferencc entre Pamour de la vnine gloiric et 1'amour de la Patrie; feil* est encore, la diffafence catre le véritable patriote et i'homme qui ne saitétre qu'un héros. Cette digrcsfion, quelque deplacée qu'elle puisse parnutrc a des certaincs gens, entrait naturellement dans mon sujet. Tout fonctionnaire public k le droit dc faire sa confession de foi politique,  C 31 ) ettelle est la maniere, dont j'envïsage le patrïotisme et les devoirs qu'impose la défence de la Liberté. En tracant le portrait d'un véritable Citoyen, on ne m'accusera pas sans doute, d'avoir voulu faire mon éloge; mais je diraiavec la même franchise qui dirige mes actions et mes écrits, que j'ai toujours cherché a imiter ce modèle que je trouvais dan mon Coeur et dans les principes d'une éducation qui eut sur tout en vue la gloire et la prospèrité de ma Patrie. Mais que de gens pour qui ce mot de Patrie n'exprime autre chose que le lit d'une courtisanne ou la table d'un parvenu? Que de grands personnages n'a-t-onpas vu déserter, tour a tour les drapeaux du tyran etles étendards du peuple, servir par semestre la Liberté ou le Despotisme, et se livrer a une cupidité et a un déréglement sans bornes? Tel Citoyen, qui se glorifie impudemm.ent du titre de Martir de la Liberté , serait peut - être au jourd'hui a la suite d'un Prince fugitif, en avait obtenu une grace ou employ. Tel autre s'est acquis une grande celebrité, mais a perdu sa réputation , en rendant ses services aussi équivoques que ces principes, il permet h tous les partis de cempter sur son dévouement, sans qu'aucun óse lui accorder son estime ou sa confiance: car, c'est au poids de 1'or que se caleulent les vertus de semblables personnages, il faut acheter également leur activité et leur repos,  ( 3* > ct il n'est point dc masqué qu'il ne révètent pour saüsfaire leurs passion s; car de te!s hommes, et chaqne Nation en renferme malheureusemeut dans sons sein, sont capables de tout supporter, exeepté les loix et 1'amour de 1'ordre. Le Général Custine, dont il me devient inutile de peindre désormais le caractère, se conduisit d'abord avec assez de modération ;■ mais son humeurs bizarre et farouche netarda point i prendre le dessus II mécontenta d'une maniere grave plusieurs Officiers, provoqua la déscrtion d'un grand nombre dc Soldats, et parut ne commander 1'Armée que pour lui faire désirer hautenient un autre Général. 11 me rendit particulierement, le service de 1'Etat-Major si difficile et si desagréable qu'il devint impossible de mettre aucune suite dansles opérations: car, il s'etudiait a me douner des ordres diameterialement opposés a ceux. que j'avais recu da Ministre de la guerre, et il poussa même i'absurdité au-point, de me défendre de faire des rapports directs a ce Ministre, quoique j'cn eus se réai 1'ordjre précis du Conseils exécutif. Mais le füt suivant me donna de plus fortes raisons, encore, de soupcouner les intentions ou du moins la bonne volonté du Général Custine. 11 recut 1'ordre d'envoyer de 1'Armée du Rhin a celle du Centre un déiachement eonsiderable; et Pon sentira 1'extrème importance de eet ordre , si oa  C 33 > rjn se rappella que cette Armée du Cëtitre etalfS destinée a arreter les effoUs de 1'Armée Prussiene ét des troupes coalisécs répandues dans les plairies de la ei-dcvant Provincede Champagne. Custine brdonna le depart de 4 Bataillons de Volontaires Nationaux de la derniere création , du 4e, 5e ct 6e, du Bas-Rhin, du 8e. dc la HauteSaone qui n'étaiènt ni èxercés ni habillés, et n'avaient pour armes que des piqués. J'eüs beau représenter 1'inutilité d'un parcil sccours pour une Armée qui était vis-a-vis de 1'Enuemi, Custine n'en préserva que plus opiniatrement dans sa resclution* Heureusement, les Prussiens furent repoussés* et le Général Kellermann, quoique trés peu en forces, se vit dans la nécesfité de renvoyer les Bataillons a 1'Armée du Rhin, ou ils arrivèrent abtmés par une route aussi pénible qü'inutilc. II me füt impossible, dés ce moment de suivre avec or.'re le travnil de 1'F.tat-Major et je me vis forcé, malgré moi, d'adresscr de vives réclamatiofls au Général -B/W», pour obtenir d'être placé dans une autre Armée. 11 me fit offrir le commandement de Landau , que des raisons prise dans la nature même des conjonctures présenres, ne me permirent pas d'accepter; et cédant aux vives inftances de cc Général, je continuai le sfcrvice de Chef de l'Etat-Major, malgré les diffieulfés prtsqu'insurmontables que la mauvaise foi et Ie C  C 34 ) carnctèrc pcrscnncl de Custine spportait a ce service. Ce Général m'apprit, peu de jours après , que j-allais être nommé Maréchal de Camp, et sur le peu d'empressemeirL que je lui temoiguai d'elre revêtu de cc titre, il me dit que Ie Ministre devait avoir disposé de ma place d'Adjudant-Général ct que si je n'acceptais point celle de Maréchal de Camp je tomberais dans les termes du décrèt de l'Assemblée legislative qui déclarait traitres a Ia Patiie les Officiers qui quitteraient leurs postes; il ajouta d'un ton qui me parut equivoque qu'il comptaic au restc sur moi dans tous les cas. Une observatton semblable me paraissant plus qu'cxtraordinaire, je crus dévoir saisir cette occasion de faire connaltre une fois pour toutes ma facon de penscr au Général Custine, et dc manière a nc lui laisser aucun dome a eet égard. Je lui dis d'un ton ferme et avec cette véhémelice que tout homme a le droit de montrcr dans de certaines circonstanccs. ,, Général, si par les propos singuliers qui viennent de vous échapper, vous avez entendu ,, que je démeurerais fidele a mon poste, que je ,, ne ralleutirais jamais, mon zèle pour le service de Ia Nation Francaise, que j'emploirrais tous ,-, mes moyens pour la défendre, et que je me ,, battrais, en toules occasions contre ses enne,, mis; alors, vous avez rendu jusüce a mes in-  C 35 ) jj tentionS et vous pouvez a ce prix compter suf ,j moi. Si au contraire vous avez pu penser au,i tre chose, dans toutes ces conversations que j, vous m'avez tenu depuis quelqin jous , je vous „ déclare positivemcr.t que vous êtes dans Terreur. „ J'ai vu. de pres la révolution Francaise, j'ai observé les personnes qui y jouent uil certain róle , et j'ai pris des le premier instant la réso,i lutiori ferme et invariable de ne m'attacher h. „ aucune cabale ou a aucun parti, de n'épouSeC I aucune faction, d'obéir scrupuleusement auX „ loix, et aux au'orités constituée, dont elle* ,, émaneiit, de les maintenir par tous les pouvoira „ qui pourraient m'etre confiés., de ne connaitfe ,, les ennemis de la France que pour les combat„ trc, et de me sousmettre aveugkment a la con,i stitution qu'il plaira a la Nation Francaise de se donner, par ce que tout peuple a le droitde i, choisir la forme de gouvernement sous lequel il veut Être regi; II ne convient point aux Mis, litaires de se meier d'affaires politiques Chargés de defendrö les loix , i!s doivent donner a leurs concitoyens Texemple dc la soumission , et faire respecter 1'autoritè civile sans sc permettrêd'en interprêter les decisions. L'assemblée legislaüve a prononcé,je combattrai pourlaNation." Cette conversation, que j'ai erti dévoir rapporter par ce qu'clle montre les dispositions dans les qu'elles se» trouvait le Général Custine , füt ïfïTer- C a  (36) rorapue paf Parrivée de PAide óe Camp Cecgtiehrt. C'est le tnéme Officier qui reprocha dépuis, pu-. bliquement, au Général Custine, ses dilapidations et qui ne craignit pas de lui dire en presence de plusieurs persönries,qu'il trahissait ouverttment laRépublique. Cet Officieroutré des mauvaises intentions et des procédés du Général Custine ct dcsesperant de faiie parvenir la verité jusque dans le sein du Ccmseil-exeeutif, sé bru'lla la cervelle dans 1'appartement même du Général Custine, et dénönca, ses coupables manoeuvres ct ses trahisons 2 toutes les pejgonnes qui se trouvêrent presentes a cette scène de désespoir et d'intrepidité. Le Général Custine me remit la semaine suivafite a son retonr de Strasbourg, le brevet et les lettres de service de Maréchal de Camp. Les ciiconstances étaient dévenues si critiques* que je snrmonlai la répu .nancc extième que j'avais a servir sous les ordres d'un Chef aussi généralement meprisé et haï de son Armée ; la presence de l*ennemi, put seule me forcer a continuerles fonctions de Chef de 1'Etat-Major de 1'Armée sur la Louter , jusqu'au depart de Custire pour l'expcditlori de Spire, 11 me remit, alors, le commandement ces troupefi stationnées sur la Louter, et des cantonnements voisins. • Si jamnis des circonffanccs particuliercs purent permcttre a un homme de vivrc dans la retraite et kin des affaires publiqucs, c'etait sans contrcdit  ( 37 ) celles ou je me trouvais a cette époque, Les fatigues de toutes espèces aux qu'elles j'avais été forcé de me livrer, pour préveuir la dasorganifation totale de 1'Armée du Rhin , la fievre dont j'etais attaqué depuis longtems, les brusqueries et la conduite également inexplicable du Général Custine, me faisaient soupirer après un répos aussi necessaire a mon corps qu'a mon esprit. Mais je pensai que la Patrie exigeait de moi le sacrilice de tout intérèt personnel, et je ne balancai pas a 3c lui offrir. Je venais de récévoir une nouvelle preuve de la confiance dont le Gouvernement Francais daignait honorer mes services , et puisque je r.'eusse point sollicité mon avancement, je crus que mon devoir m'ordonnait de périr, s'il le failait, dans le poste qui venait de m'etre confié. Le Citoyen qui suivrait en pareil cas une conduite contraire prouverait, en effet, que c'est moins le bien public qu'il a eu en vue, dans le cours de sa carrière, que son interêt propre et particulier. L'Ami de la Liberté, 1'homme qui aime veritablement sa Patrie, loin de se croire dispensé dc sirvir 1'Etat lorsqu'ils en ont recu les recompenses dues a leurs travaux. trouvent dans ces recompenses un nouvel encouragement et de nouveaux motifs pour se consacrer a la chose publique ; c'est un devoir qu'ils remplissent avec encore plus de zèlc. Ils savent qu'un homme sc doit tout entier a 1'Etat, jusqu'a ce que 1'Etat c 3  C 38) Jui permette de descendre dans la retraite; car, quoiqu'on fasse, on ne peut jamais être quitte en* Vers sa Patrie. Kils seule a le droit de disposer de nous, et nous ne pouvons quitter le Champde bataille sans son cqnsentement. C'est Ia trahir, que de ne pas attendre ses ordres ou de les éluder. Presque tous les hommes sont jalaux d'étaler des principes de vertu ct dc se parér dc belles maximes; mais il en est peu qui consentent a les mettre en pratique. 0.n cherche bien plus a merker Pcstimc publique que cclle de soi-mème, car il est plus facile et plus comode de tromper la conscience de ses Concitoyens que de satisfaire lasienue, et on brave les remorus pour usurper la considération et la faveur populaire. II est si ais.é de parler bien de la vertu, que Custine lui même ne voulait pas rénoncer au merite d'en faire 1'éloge, c'est k dire de paraitre 1'aimer. Mais il est plus difficile de la pratiquer, car il faut se resoudre h combattre le vice. Aussi, la plupart des hommes «'attachent aussi peu a faire de bonnes actions qu'ils s'empressent de prononcer de beaux discours. Ej felle etait la conduite, tels etaient les principes du Gcnéral Custine. La veille du jour 011 il se mit en marche pour Spire , je lui proposai de profitér du tems ou il air lait se porter en avant, pour fortificr les Gorges de la Lauter et rendre impénétrable les valides par lesqu'elle 1'ennemi tenterait, tót ou tard,de tour-  ( 39 ) lier les lignes de Weissembourg. Je proposai en consequence a Custine d'elever des Redoutes et des Eatteries dans le lieux que je lui indiqaai et que la pqblicité de eet ecrit m'interdit de faire connaitre. Je 1'engageai de mettre les lignes de Ja Quekh en état de défense. Je lui reprefentai I'importance majeure de ce poste,la nécessité de 1'occuper, les moyens de s'y soutenir. C'etait le seu! moyen de ne point abandonner Landau a ses propos for« ces, et de ne pas perdre la communication avec Bitsche. Je lui montrai la nécessité d'èlever quelques ouvrages h Germersheim, afin de pouvoirse soutenir dans ce poste que Vauban avait jugélui même trés important: Je lui prouvai enfin, combicn il etait urgent de fortiiier les environs de Keizers-Lautern, dans le cas même ou les circonItances nous permettraient de nous soutenir en avant. Mais Custine bien loin de réfléchir sur ces objets et d'aprouver du moins ma bonne volonté, montra beaucoup de mauvaise humeur, et me dit avec emportement. ., Cela me reguarde , on ne peut pas penser a tout a le fcis, je me „ charge d'ailleurs d'occuper les ennemis com,, me il faut, et de les empecher de pénétier en „ France. Vous etes je la vois, Ingénieur, mais „ je suis bien aise de vous dire que tout le fa„ tras scientiüque de ce Corps ne saurait être dc mon gout." C 4  (4Q) Jamais , peut ctre Général , n'avait eu avant Ct/s-ine la ridicule sottisc de s'expriraer de cette manière fur le compte d'un Corps aussi respectable qu'utile; et on ne faurait nier que le Corps du genie Francais ne jouit particulièrement d'une reputation aussi étendue qacbien merite. Je reprcsentai donc au Général Custine, que le pays que nous occupions ayant été de tout tems de théatrc de la guerre, tom ce que je venais de lqi dire etait parfaitement connu non feulement des Ingenieurs, mais de tout Militaire tant soit peu instruit: que la proximité de 1'cnnemi, le peu dc moyens dont nouspouvions disposer et la crainte Men foncée que le Généraux Autrichiens et Prussiens ne nous luissassent pas longtcms en repos, jne faigaient insister de nouveau fur 1c travai! que j'indiquais, et que j'offrais d'y faire mettre sur le •Charap lamain. Mais le üumcotque'rant dc Spir$ me repliqua aéchement, „ C'est a moi d'y penser „ Docteur, et je le ferai lorsqu'il eu sera tems ,s laissez la vos Coehorns, vos Faubans et tous ces instrumens. de mathématiques d'ont j'ai vu „ votre cbambre farcie % Strasbourg. Vousn'étcs „ ni Ingenieur, ni Adjudant - Général, mais vous venez d'entrer dans la ligne comme maréchal de ,, Camp. Tout ce que vous me djt.es des Gorres „ et bel et bon, mafs a quoi serviraient toulesses ;, précautuns depuis que les écluses de Lanter-  C 4» ) i, bturg ont croullé , et que paree desas're cette place et les lignes de la Lauter sont devenues „ insoutenablts." Je suis bien loin de penser ainsi, repliquai, „ je vivement, je juge au contraire que par le „ moyen de quelques retenties on peut en trés peu 8, de tems rendre ces lignes redoutables. II faudrait conftruires des digues defascinage (pareil« le a celles dont on sesert eu llollande) et les revêtir de maniere que les eaux nc puissent les „ entamer. Par ce moven, au defaut d'ecluses, ,, on reiiendrait les eaux a un niveau convenable. „ Je ne demande pour faire pratiquer ces barra5, ges que les bras nécessaires pour couper et travailler les bois. Je le repète, c'est le seul ,, moyen d'assürer cette partie de 1'Alsace ct d'cm„ pecher les Armées enneipies d'y pénètrer." Mais j'eus beau insister sur les circonflances dans les quelles nous allionsbien:ót nous trouver, Adam Philippe Custine traita ces précautions de puériiités; et le plus rodomont et le plus avide des Généraux qui nc parfait que de Chdtier i s Capitaiiste de Francfort , et de conquerir 1'Allemagne, scmblait avoir entierement perdu de vue les frontieres del'A'.sace. J'ai détaillé ces observations afin de montrer, que quoi que je ne fusse point nej Francais , je n'ai negligé aucun des moyensqui etaient en mon pou* vok pour concourrir a la gloire desarmécs et h la sureté dc la Nation Francaise : et certcs, ceux la C 5  C 40 seraient bien injustes, qui pourraient chercher k ss prevaloir contre moi de ma quaiité eTEtrangen car, si, 1'on pouvait cesser de 1'être lorsqu'on n'est pas nê sujet d'nne Puissance qu'on sert, ce sejait ccrtainement lors qu'on s'est dcvoué sans reserve, au soin de Ia defendre, et j'ose dire que pendant les neuf anuées que j'ai passé sous les drapeaux de la France, je 1'ai servie avec le coeur et Ie zèle d'un véritable Francais. , Ce seraitoutre passeries bornesque je me saispro. posé dans eet ècrit, que d'entrer dans de plus longs details sur la situation critique dans laquellejeme trouvai a Weissembourg. \\ me suftira de dire, que j'avais dans mon voisinage un gros corps d'enncmis au quel il aurait été facile de faire de iucurfions dans les Districts de Hagenau et de Weissembourg, et d'enlever même tous les cantonnements, si 1'envie avait pris aux ennemis de passer le Rhin, dans les premiers jours qui sulverent le départ du Général Custine. Heurcufement, foit qu'ils ne fussent pas instruii de la faiblcssede ma situation , et du dénuement total, sur tout en CaTalerie, dans lequel Custine m'avait laissé; soit, que les démonstrations que jc me hataï de faire sur les bords du Rhin leur en eussent imposé ils ne tentèrent point le passage, me laissèrent Ie tems de rcssembler tous me moyens, et me mirent en même de faire toutes le dispositions nécesLires pour empêchcr qu'ils ne passassent cc  C 43 ) fleuve, c'ont les bords, depuis Lauterhoürg, jufiqu'a Germersheim, avaient été entierement dégarnis par Custine. II avait également dégarni les gprges et les vallée , par ks qu'elles les Tronpes ennemies cantonnées du coté de Trèves, eussent pu m'attaquer. Quoi qu'il en foit, je ne fus pas irtqurété pendant tout le tems que je commandnis SUf la Leuter. Après avoir pourvu autant qu'il était possible, a la surcté de la rive gauche du Rhin, depms le fort ci-devant Louis jusqu?a Germenheim jc profitai de la permission qui me fut accordée de me rendre a Strasbourg poury faire mes équipages ; et le Général Wimpfen me remplaca a Weissembourg. Pendant mon sejour a Strasbourg, je renouvellai mes inltances auprès du Général Biron, a 1 cffet d'ètre retiré de dessous le commandement du Général Custine dont la mauvaise foi devenait chaque jour moins doutcuse, et dont les tracasserics étaient chaque jour plus outrécs Le Général Biron en me réitérant ce qui'il m'avait fait écrire , quelque tems auparavent par le Maréchal de camp Beauhamois (5) m'assurait qu'il s'occuperait incessament avec soin de ma demande. Mais dans cette intervalle, je recus du Général Custine un courrier avee 1'ordre de me rendre sur le champ a Landau, d'y prendre le commandement d'uue colonne et de la conduire a Mayence, J'obéis aussitöt et parvins a conduire sans événemens, cette  C 44 > colonne a sa destination. Les Magistrats de Spiie, de Worms, et d-Oppmheim m'offrirent leurs römerciemens de la discipline et du bon ordre qui avaient marqué le sejour des Troupes Francaises dans leurs villes: ces te.noignages de satisfactie* ne me furent pas moins sensibles que ceux qui me furent orrerts a mon départ de IVeisembmrg par le Dismct, et la Municipalité de cette ville. Ces particularités que je ne rapporterais point ici, si elles n'étaient nécessaires è l'idtelligence de eet écrit auquel elles doivent prêter une certaine clarté, prouvent que dans toutes les circonstances oü je me suis trpuvé, j'ai cherché a faire aimer la République Francaise autant qu'a la eéfendre; et que j'ai soulagé autant qu'il était en mon pouvoir le peuple des campagnes et celui des villes des calamités que la guerre entrainenécessairement a sa suite. Le Général Biron m'avait annoncé (6) que j'allais être investi du commandement de Francfan. Et en effet, arrivé aux portes de Mayence, le Général de Blou me donna les ordres du Général Custine. II m'enjoignait, de poursuivre le même jour avec une partie de la colonne, ma routc sur Höchst, de metrouver le lendemain au jour a Francfort, d'y reléver la garnison , ct de prendre Ie commandement de cette ville. Après avoir obdi ponctueNement a ces ordres, je fis mon rappoit au Général Custine, qui ne püt s'empê-  C 45 ) cher de me témoigner sa satisfacüon de la'bonne discipline que j'avais fait observer aux troupes qui compcsaient ma colonne. C'est ici i'occasion de dire pourquoi j'acceptai k ccmmandement de Francfort, après avoirrefusé celui de Lar.dau, Ea Général les hommes ne jugent de laplus grande partie des choses que d'une manière rélative; et c'est la raison pour laqu'clle la plupart des actions ne leur paraissent, bonnes que lorsqu'elles ont un rapport déterminé avec leur btéïèt personnel. C'est le juge que tout le monde consulte de préférence; la vertu, la justice, la beauté sont également soumises a cette règle imposée par 1'orgueil. II cherche a étendre se droits , qui ne sont presque toujours que ses caprices, jusques sur la Divinité même. Tous les peuples ont attribué a leurs Dieux, leurs passions ct leurs idéés; tous les peuples ont placés la beauté dans les formes qui leur étaients en quelque facon, paticulières; ainsi le veulent les passions derhomme qui parient, toujours, plus haut que sa raison. L'homme se place au centre du monde, moral et du monde physique, et il rapporte tout a ce centre. II faut une grande force d'ame, et par consequent beaucoup de sagesse, pour se détacher de soi-même dans le jugement qu'on porte des choses, et pour les envisager d'une manière absolue; je veux dire du coté qui intéresse 1'ordre  C4Ö" ) et la justice, sans acceptation d'intérèrs person» hete. L'amour de la Patrie, qui coniprend essen^ tiellement la pratique de toutes les vertus, peut lettle donner k r*h©nnfie h c urage de bien faire, et lui servir constamment de guide dans la carrière de ses dévoirs sociaux. Ces réïlections étaient nécessaires p'our dévéloper ce que j'ai a dire sur mon acceptation du commandement de Francfort. J'avoue que j'avais toujours desiré avec ardcuf de me trouver une fois en ma vie chargé de la dé* fence d'une bonne place munie d'une garnisonsuffisante, afin de montrer les ressources qu'on peut tirer d'une situation semblable; mais je n'ingnore pas, que da trés bonnes villes ce guerre, pour* vues de róut ce qui est nécessaires b. leur défense, et commandécs par d'habiles Capitaines, ant été Souvent surprises. li n'en est pas ainsi d'une bicoqueou d'une mauvaise place de guerre: on se bat, on se tire d'affaire comme 1'on peut, on se retire lors qu'on ne peut tenir contrc des forces su* périeures; et personne nïmpute alors a un Général de semblablcs révers , qui sont trés communs a la guerre, puis qu'il est connudetous les Militaires, que celui qui est le maitrc de la Campagne , Pest aussi de toutes les villes ouvertes ct de toutes les mauvaises places qui sont dans le voisinage des Armées. Mais c'est tout autre chose lorsqu'on est surpris dans une bonna  ( 47 ) place; alors Ia sensation est générale, on crie a la trahison , et ce sont pour, Pordinaire les hommes qui ont le plus contribués a ces grands révers par leurs indiscipline, leur lacheté ou leur incapacité qui élevent le plus impudemmcnt la voix eontre un Général malheureux. Lorsqu'on m'offrit le commandement de LandaH une grande partie de 1'infanterie de 1'armée du Rhin ne coflsistait qu'eu des bataillons d'une création toute recente: ils n'etaient ni exercés, ni armés et la plupart des officiers, pleins depatriotismc et de bonne volonté, etaient encore drangers a cette discipline qu'on ne peut exiger que d'une ancienne troupe, et ils n'avaient point eet esprit de corps si nécessaire et qui a distingué de tous tems les troupes Francaises. A cette epoque, les généraux prenaient avec eux toutes les vielles bandes, les andens officier et tout ce qu'il y avait de meilïeur dans la ligne et ne laissaient dans les places que des Bataillons de dépot, aussi incomplets que mal armés. Les places étaient d'aillenrs presqu'entierement depourvues dc munitions neccs. saires, et je n'ignorais pas que les Généraux ennemis auquels on avait affaire, étaient aussi actifs qu'expérimentés. Si j'avais eu le malheur d'être surpris malgré la vigilence que je portais dans le service, ou celui de ne pouvoir défendre une place aussi, forte que Pest Landau, ma qualité iïétranger aurait peut  (48) "être suffi pctor' provoquer contre ma féputatión les caloBinies les plus outrageantcs; et je Ie regardaisj- moi même, k mie époque aussi critique: comme impolitique de Ia part du Gouvernement Francais de ne point confier a des Officie, s nés Francais le commendjement général dts Arrréis orï céhai des- places de première ligne. Toutes ces raisons dont ma délicatesse suffissaitpourmemontrcr 1'évi lence, m'avaient forcé de refuscr le commandement de Lar.dau. Mais cette même délicatesse m'obligta d'acceptcr celui de F-« cfort, Alors nous édons en face de l'ennemi, et cet'e seule considération doit suffi c pour faire taire toutes les craiqtes comme tous les iuterèrs personels. II ne s'agissait plus de ce que pourrait dire la haine d'un Chef, oü. de ce que pourrait se permettie contre ma réputation Ia jalousie de q-elques Officiers d'un grade inférieur: il s'agissait dc servir la République et de corobattre ses ennemis, je savais parfaitement a quoi je m'exposais en prenaut le eommarfdeuient de la ville de Francfort : Je connaissais tous les desagremens auxque's la conduite militaire et politique d'un Chef comme Custine deyait nécessairement m'cxposer. J'étais persuadé qu'il cherchait plu* tót a me comprornettre qu'a me fournir les occasions de témoigner a la Naiion Francaise le zèle dont j'était animé pour son service, et la réconnaissance que m'inspiraient lesrécompences qu'elle  f49 1 ^u'elle avait daigné accorder a mon attachement a la cause de la Liberté. Le peu de moyens qua le Général Custine laissait a ma disposition , Pineertitude et je pourr.is même dire 1'obscuiité dont ses ordres muis sur tout sesdéim.rches paraissaient envelloppés, son caractère personnd, et le peu de co-sidération que les Généraux des Puissances alliées Conservaient pour ses talens, une foule de parücularités qu'il est inutile de rapporcer ici par ce qu'cücs ne peuvent scrvir qu'a faire connaitre un homme dont I'histoire oubliera le uom; touteS ces réflections me prouvaient que si j'étais attaqué je ne serais point secouru par le Général Custine, mais elles He servircnt qu'a m'affermir dans la résolution de déferdrc jusqu'a la mort, avec le9 bravts Francais que j'avais 1'honneur de Gomman* der, la ville qui était remise entre mes mains. Si d'ariès cc que je viens d'exposer , on p nlic s'etonner que dans une occasion sembLble je n'aye point donné ma démission, ma reponse est dans 1'ame de tout homme d'honneur. Je le répè c, l'ennemi était la, et si un Citoyen né Francais cut été iuexcusable d'offrir sa démission dans un pareil moment, un étranger le pouvait moins encore Lorsqu'on acccpte du service chez une Puissance étrangère, on contracte d'autant plus essentièllement Pobligation de la défendre qu'on y était moins oblbé, puis qu'on n'érait point né son sujet. Un sujet acquitte chique jour une D  pbrtron quelconque de ses dévoir en vers sa Patrie, mais un étranger qui nc sert veritablemenr sa Patrie adoptive, que lorsqu'elle est ménacée d'une invasion et que ses enneniis insultent son territoire, ne peut ce mesemble, sous aucnn prctexte sortir alors des rangs et r fuser un bras dont Ia valleur fut promise précisémer.t pour les occasions dans Lquelles se trouve 1'Etat auquel il fit ser« ment de fidélité. Je joignais a cette fidélité 1'orgueil de sentir et de croire, que si j'étai force a rendre aux Généraux enneniis la ville de Francfort, on ne saurait m'imputer a faute cette reddition ; car une ville qu'on nc saurait mettre au rang des places de guerre, inéme des postes rnilitaires, et Francfort est préciscment dans ce cas, ne peut-étre conservée que par la presence ou le voisinage d'une Armée, et ces sortes de villes sont pour 1'ordinaire prises lorsquelles sont sommées. Francfort a un trés grand circuit, et cette ville n'a pour le protégèr qu'un rempart hors dc profil et hors de tout entretien. Le grand nombre de porteset de poternes qui cou« pent ce rempart et qui ne sont elles-mêmes rien moins qu'nssürées, ajoutent encore a la faible?se de la defense. Les fossés sont en grande partie guéablc, et si le Meïn baingne Iesmurs de cette ville, c'est pour permettre d'en insulter les édifices , car un Fauxbourg considerabfc étant separé pur cc fleiive ue la cité proprement ditte, et celle-ci  C50 ftant donüée par les hameurs qui environnent c& Fauxbourg, il est a peu prés itrmossible d'empêcher, un ennemi entreprenant ou qui se porte sur le Mebi aveC rapi'ité, de devenir le Maitre dü cours du fleuve, d'intercepter les Communications maritimes avec le Corps de la Ville, et d'en foudroycr. également les remparts et les maisons. Dans une pareille situation , un commandant qui a épuisé tous ses moyens de défense, est non-seu* Jgfflent irréprochabk s'il est forcé de capituler avec rennemi, mais il peut encore avbir bien mérité de sa Patrie. Si on se rappelle que deux mois auparavant Custine, cc mtw.e. Custine prit possesfionde Francfort sans y trouver la moin 're resistance; si on se rapelle que quatre ans après PArchiduc Charles évacua pour ainsi dire cette Ville a l'aproche des phalanges Ilépublicaines, et qu'a deux mois de distance 1'Armée de 'Jout dan, traversa cette ville Sans songcr a la défendrc, et que les Autrichien en prirent possession sans coup férir, on demeurera persuadé que Francfo-t est une espèce de fiation Militaire, mais ne saurait être regardée comme une ville de guerre: et certes, après les autorités que je viens de citer mon assertiou doit paraitre sans replique; car, le courage des République Francais a rempli les PaLtis du Corps Législatif et du Directoire Exécutif des drapeaux eulevds aux ennemis dt la République; et les taleöfi du Général Jourdan, investi de nouveau de la Confiance de son Gouvernement et de ses CorH Ö 2  CsO citoyens, ne pcmettent point de douter que s'U eüt regardé la défelisë dc Francfort comme nécessaire a fa gloire ou aux succès des armes Francaises i il n'eut arrêté les Autrichiens sous les murs de cette ville aussi longtems que les Francais qu'il y aurait laissés, auraicn: eu des muniiions des guerre pour en defendre les approcbés. Custine, qui se croyait un nouvel Alexandre , et dont tous les exploits se sont reduit aranconner quelqucs villes ouvertés; Custine, qui a manqué la Campagne de 179-2, en ncgligeant dc s'emparer de Coblentz et a qui 1'ondoit attribuer tous les malheurs qu'éprouvèrent 1'année suivante, dans la cidevant Province d'Alsace, les Armée Républicaines; Custine dont je ne rcvelerai les torts ou ne rappellerai les fautes qu'autant que 1'cxigeront la véritc et la nécessité du récit que j'entreprends, paree qu'il suffit, a mes yeux, queceGénéral ait miné sa têtesurl'échatTaud pour que j'épargne a sa memoire une 'partie de 1'infamie que le supplice ou plutót le jugement fait réjaillir sur elle : Custine dis-je, était bien convaincu lor3qu'il m'investit du Commandement de Francfort, que la présence d'une Armée Fraucaise pouvait seule conserver cette ville a la République. On verra dans ia seconde Partie de eet ouvrage, comraent cette ville füt somtnée , défendue et prise; et j'ose me flatter que mesénnemis mime ne pourront m'accuser d'un seultort, lorsqu'ils auront lü l'exposé qui va suivre.  C 53 ) SECONDE PARTIE. Exposé de ce qui s'est passé de plus remarquahle depuis mon arrivés ci Francfort sur le Mein, jusqida Vattaque et prisc de cette Ville , par $. M. le Rot de Prusse. T,v3 ville de Francfort peut avoir trois milietoises de circuit. Elle est fitude dans une plaine accessible de tous cótés. Elle est dominéé par des haüteurs d'ou 1'on peut non-seulement battre en plein la ville dans toute son éten lue , mais même prendre a revers et en dcharpe les vielles et mauvaises fortifications qui 1'entourenr. Ces fortifications consistent dans un contour bastionnd, et disposé d'après un rystême en usage vers la fin du seiziême et le comnxencernent du dixseptième siècle. On y trouve 15 bastions qui sont tous hors de profil; ainsi que leurs Courtinês'èt 1'espece de faussë-braie qui se trouve par intervalIds, au bas du rempart. Depuis trés lorigtems on n'avait fait aucuue réparation a ces ouvrages; les parapets n'avaient que 2 picds, 2 pieds et demi ou 3 pieds de hautdirr, et en plus d'un endreit il n'y en avait même pas de tout. Le rempart est P> 3  C 54 ) soutenu, par intervalles, par un mauvais révête* ment ou plü ót par un simple mur cf erfspietement de 4 a 5 pieds de haut. Tout honunc d'une moyenne flature peut Je francbir aisément et sans éclielle. Les fossés sont, en général, peu profonds, guéables en quelqijes en droits et prêsqu'a sec en plusieurs autrcs. L'cspèce de chemin couvert que 1'on trouve en avant de ces fossés est hors de profil et ne presente aucune défense. 11 en est de même des ouvrages en forme de Ftèches qui sont en avant des portcs , et qui d'après le défaut d'élévation, ne pcuvent couvrir celles - ci contre 1'artillerie ennemie , ct qui n'étant pas même pallis dées ne peuvent être d'aucun usage. Le fleuve du Mem traverse la ville , il est ns* vigale et même d'yn accès facile pour de grands barimens. Ldépendement de trois portes et de plusieurs poternes qui s'ouvrent sur le rivage de ee fleuve on compte a Francfort sept portes capitales. Elles embanassent la défense , loin de la seconder, parcequ'ellessontaccoropagneesd'une poterne en avant de laqu'elle et a cóte du pont eapital, il se trouve un petit pont qui communiqué dans 1'interieur de la ville, et donne un accès facile au talus exterieur du rempart. Les fossés sontboHés , dans route 1'étendue de leur contour, de maisons de campagne , de pavillons, d'enclos, de jardins et de vignobles; en sorte que l'enne;iii peut s'approcher jusqu'au pied  ( 55 ) •lu rempart et pour anssi dire des portes, sans Itre appercu; et au moyen des tirailleurs qu'il peut placer dans ces divers endroits , 1'enuemi peut frappei a coup sur, tout ce qui se présente pour la défense des bastions environnants. Telle était la situation Militaire de Francfort, il n'est pas moins cssentiel de faire connaitre, sa situation poiitiqjje ou domestique a la même époque. Toutes les grandes cités, et notamment les villes commercantes renferment, dans leurs mursune popuiation mêlée qui ne ressemble pas mal a un tribüt payé, par tous les peuples. Ces étrangers n'ont pour* ainsi dire aucune Patrie , car, celle qu'ils adoptent est presque toujours aussi indifférente a leur coeur que la Patrie qui les vit naitre. On ne peut pas dire que les étrangers qui se fix« ent i Hambourg, h Londres, a Amflerdam , a Francfort, soyentvéritablement Anglais , Allemands ou Hollandais, comme on ne peu pas dire que les Espagnols qui ont mêlé leur sang avec les nombreuses races dont on retrruve des vestiges au Pcrou et au Mexique, soyent Péruviens ou Mexieains. D'ailleurs, lecommerce, comme la mort, mêle toutes les races, efface toutes les distinctions, et fait regner dans les conditions humaines cette égalité de droits contre laqu'elle 1'orgueil s'ellbrcerait envain dc combattrc; car, s'il peut D 4  C50 dédaigner pour un tems les bienfaits du commer* ce, il est bientót forcé q'en emprunter ie luxe, et de protèger cette libre circulation sans laqu'elle il ne saurait exister de cnmmerce , ce mot pris dans sa véritable signification, exprime également la circulation ou i'échange universel, des hommes et des choses. Et, cette scu'e réflexion explique puuiquoi le commerce ne saurait subsister avec un certain éclat, dans un Empire despotique ou sous les loix exclusives d'une compagnie. Une viile, aussi avantageusement située que1'est celle de Francfort, était apel ée par la nature i 1'echange d'une grande partie deg productions de 1'Allemagne; le fleuve du Mei* le? luj apporte cn tribut , et le Rh'n en facilite 1'exportation , en même tems que les riches vignobks qui bordent les rives de ce fleuve assürent a Ia ville de Franc* fort un commeree qui lui appanient en prapre. Aussi, cette cité ne tarda p sl acquérir un nom et d^s richesses qui lui permirent bientót 'e sedérober a Finsatiablj tyrannje de la maison, Imperiale. F-a- cfurt placé au rang des villes libres , répandit sur cette espèce de consiJeration politique, plus d'eclat encore qu'elle n'en rtcevait d'elle. Ce füt dans ses murs , que la BuiJe d'or exigea que le Chef de 1'Empiie Germaniquc vint acevoir Ia Couronne et prêter le serment de maintcnir la liberté politique et civile de 1'Eropire: et dire que  C 57 ) la villa de Francfort n'a jama;s démérité d'un aussi ha ut ; itve, c'est faire en menie tems son éloge et son histoire. En eff.t, le Séna* d2 cette clté a joiii, dc siècle en siècle, d'une réputation qi i a survécu a. toutes les pertea que ses habitana onr éprouvé, a toutes les guerres dont les fertil 'S ; laines de ia Franconie et du Palatinat out d;d le théatire L.s loix civilés de Francfort, joignent a un gran ! respect pour la Liberté des Gitoyens', toute ia sévèrité qu'exige la conserv tion de sa proprïété* La Tolérance et la Philosophie , out trouvé constamment un Asyle dans ces mu s, et dans les guerres de religion qui cöuvrait de sang pendant 1'éspace d'un siècle , la Patrie de Luther, on retrouve Ls Magistrats de Francfort toujours aussi sages, aussi dclairds que le permettaient les circonstances et les préjugds de ces tems barbares. On dtait humain a Francfort, on dtait feroce a Trim, a Mayenee , a Munster, dans cette foule d'Etats ou la Lioeué publique dtait enchaïnde sous la tyrannie d unPrêtrc, et ou 1'homme expirait dans les cuainés nobilair s et sacerdotales. La ville de Francfort est un exemple fappant des efFets que peuvent produire, sur le bonheur des hommes; 1'esprit de Liberté, Pindustrie et des loix iaües ct tolérantcs. Cette yllle s'est élevde a un haat degré de prosperité , sans autresres- P 5  C 58 ) êources que Ia sagesse et 1'actTvité de ses habitants. La ville de Mayence, bien plus avantageuSernent située pour le Commerce que la ville d^ Francfort, languit cr mparativemeut a elle; Pin» ciustrie et le Commerce ni ont jamais été en pro« portion des bieafaits de la Nature; et au moment ou la République Francaise a donné le droit de Bourgeoisie a cette ville, et 1'a élevée a la dignité de ses villes Municipales, Mayence n'était connüe dans 1'Europe commercante et politique que parses jambons qui ne lui appartenaient même pas , et par son Prince Evêque qui regnait sur un peuple dont il n'était jamais le Concitoyen. Les Magistrats de Francfort ont confhmmenE possédél'amour de leurs Concitoyens et le respect, des étrangers. La Bourgeoise de cette ville se distingue par une grande application aux affaires, par une politesse franche et noble, qui n'est. point celles des cours; mais qui est celles de la probité, par un gout dccidé pour la musique , les spectacles, les réunions litteraires et en général pour tous ces plaisirs liberaux dont le besoin ne se fait gucres sentir qu'aux ames modérécs et aux esprit cultivés. Le bas peuple de cette ville libre resscmble k la populace de toutes les grandes cités; mais toute 1'injustice de Pesprit de parti ne saurait confondre cette classe d'hommes, avec ce qu'on peut appeller proprament les habitans d'une ville. Ce sont les ma-  (59) gistrat, les bourgeois, les négociants, (classe aussi respectée a Francfort, quMle s'y rend respect ible par une activité, une industrie et Une probi avouée de toute 1'Europe) qui constituent , véritablement, les citoyens de Franc» fott ct donnent a cette ville la physionomie tnorale qui la caractérise. II laut donc en separer par la pensée cette population de plus dc six mille homme, presque tous garcons de metier, bouchers, garcons, charpentiers &C Cc sont, en trés grande partie, des Prussiens, des Hts* sois, des Hanovrkns, des Saxons, qui nés sujets des princes coalisés contre la République Francaise, avaient en outre leurs frères, leurs parents ou leurs amis dans les Armées, quicombattient contre elle. francfort rétèle, de plus dans ses murs, uue sorte de population qui y est née, et qui plus d'une fois, a 1'aide de la classe dont je viens de parler, a tenté de dicter des loix au Sénat et a la Municipalité dc cette ville. Lorsquc j'aurai dit que ce füt principalement au sujets de Ia levée de la contributioa itnposée par Cwtine a la ville de Francfort, que cette classe sc souleva contre ses magistrats on devincra aisement que j'ai voulu parler des Juifs. Cette espèce d'hommes ft laquelle 1'Europe entière doit sa réligion , ses banques et les élements de scn commeice; dont on recherche par tout  C *0 Por, et dont on rëpousse par tout 1'aliïance; ces hommes qui cultivent par tout leurs préjugés «vee Ia même opiniatreté, que leur fortune, et dont la plus grande source de richesses est dans Je mépris dont ces richesses ne sauraient les ga« rantir; ces hommes qui forment un peuple sans ■cités une Confédération sans Chef, et un Empire sans Territoir*: qui ont trouvé dans les pages d'uu livre dont les Egyptiens, les Perses ct les Grecs ont fourni les chapitres, qui y ont trouvé a la fois un Etat, et une Patrie, une Constitulion et une Réiigion auxqu'elles vingt siócles et le mépris de Pünivers entier n'ont apporte aucune altération sensibJe j lesjuifs, enfin, si vieux dans I'histoire des peuples, et si nouveaux dans celle de la tolérance et de la philosophie, dont 1'existence politique est a la fois nuile et entière , qui semblables au métal dont ils diminuent le poids et altérent la qualité , filtrent et s'insinuent dans toutes les classes de la société, sans appartenir a aucune, et nous offrent le phénomène le plus humiliant pour Porgueil de Phomme , et le plus inexplicable pour sa raison, ces Juifs forment une partie considérable de la population de Francfort, sans avoir pit en eorrompre Pesprit ni les institutions. Lorsque je m'exprime ainsi, je suis lom de confondre avec une classe d'hommes quelconque, ks indiviuus aux quels leurs lumières ct leurs senti-  menrs d'humamté donnetit dans tous les pays des droits a Fc-stime et a Ia reconnaissance publiqueS. Je connais dans la nation juive des individus dont les moe ars, le Patriotisme et les rares qualltéfifont estinaer Cette sec e, et je m'honoremêmedecompter parmi enx des amis auxquels je suis sincèrement attaché. Mais autant la populace juive prépara des dangërs aux Soldats Francais qui occupaient Francfort aü moment de la prise de cette ville par Ie Roi de Prusse, autant ces Francais et moi-même furent redevables ft bien des égards, a ces negocians Juifs qui, ft Francfort , comme en Hollande, se distingüent par un noble et bienfaiSant usage de leurs richesses et de leurs lumières. La République Francaise doit même au Sénat aux Bourgeois , aux Négocians de Francfort la conservation d'un trés grand nombredeRépublicains que le Soldat ennemi ent sans aucuri doute immolés dans le premier moment de fureur qui signale pour Pordinaire la prise d'une ville. Ils durent la vie aux soins généreux des habitants de Francfort, et ceux-ci montèrrent une véritable humanitédans ces circonstances si critiques. Les soldats Allemands en massacrant une poignée de soldats dispersés dans les més de cette cité, eussent agi contre les ordres de leur Général; mais on sait que les ordre* les plus sevères ne suffisent pas toujours pour moderer la première impetuosité du soldat, quand  C 61 ) ÜI a vil sur tout un dc ses Princes, et de ses Chefs Militnircs tomber sous Ie fer des assiegés. Je dois une réconnaissance partïculière a la con* luite noble er veriiablenn-nt magnanime que les Magiftrats et les Citoyens de Francfort, suivirent a ceue 6poqu< ; et certc conduite suffit pour ieur merker la bienveillance de la République Francaise, ct pour meriter a leur cité cette Liberté, ct ceti > indépendance politique dont ils f nt un si nol-Ie usage* E prenaot Ie commandement 'e cette ville, Ie 14 Novepbre a l'omrerture d s portes, j'y eivrai avec 3 Bataillons de volontaires Nation ux de la créan'on du moi d'aoftt, qui n'étajeni point hnbillés, et qto même n'avaient été pourvus d'armes que dépuis peu de jours. J'y conouisisé alement 8 Compagni s du Battaülon de dépót nu S^me Régiment d'Infanterie , toure ma Cavallerie eonsistait en soixante hommes qui de faveu même de leur Commandant qui m'en remit Pétait a Francfort savaient a peine se tenir a cbeval. Quoique le Général Custins eüt séjourné quelques jours ^Francfort, je commencais conformément aux dévoirs de tout Général ou Commandant, par exa in :r 'ei fortifications de cette ville et Sesmoyens de défense. J'aurai pucepeudant meréposera eet égard sur la prevoyance du Général en Chef, car il dévait connaltre les moüvemens et  <63) les frrces de Pennemi, corame il connaissaït ma position et mes moyens. Je crus néanmoins peu de jours après mon arrivé*, devoir lui proposer d'aller m'emparer de la ville de Hanau , qu'on peut considerer en quelque sorte comme la Capitale de la Hesse , et ou j'aurais trouvé de 1'artillerie et des munitions. Le succès de cette entreprise me paraissait aussi certain, que son utilité était demontrée par les circonstances. Je ne dem andais h Custine qu'un faible renfort, et je lui repondais de me;tre cette ville entre ses mains. Mais il me fit repondre; j'y penserai peut-être. Le 25 Novembre, Custine fit sortir de Francfort tout le pare d'Artillerie, les Artilleurs et les munitions qui s'y trouvaient encore. Un pareil ordre me parut si extraordinaire , que je ne crus pas qu'il me fut permi de ne point lui représenter sur le champ, que dans le cas ou il jugerait a propos de conserver la place, il était indispensablement nécessaire d'en augmenter la garnison etdela pourvoir d'Artillerie, bien loin d'alFaiblir, corame il le faisait, tous les moyens de défense, et de compromettre évidemment,le sort de quatre Bataillons Francais, dont tout le courage ne pourrait resister aux forces imposantes que le floi de Prusse avait rassemblé dans la partie supérieure de la Hesse, Si ce Monarquc se portait sur Francfort. Pour donner une idéé des ressources que Custine tnettait dans un pareil moment, anaa dispositiou,  je ne saurai's in'etöpêcher de dire, qu'il n'avait laissé dans Fa*cfort que deux pièces de Canon de trois livres de balie, un seul caisson, et les cartouches qui ponvaient être dans les gibernes des Soldats a qui il en avait é:é distribué vingt par homme, avant leur départ de Weissembourg et de Landau. Lvacuer ainsi toute PArtillcri» d'une ville, rst fort prudent lorsqu'on n'est pas dans Pinten ión de défendre uue ville: mais quel est Ie nom qu'il coflVknt de donner a un pareil enlevement d'Artillerie, lorsqa'od donne au Commandant de cette place 1'ordre de la défendre et (Py mettre même le feu au q iutre coins, si elle bo ge. J'observai de plus a cc Général en Chef que le peu de profondeur des fossés expos u't singu'ièrement les remparts, et qu'il conviefidrait a la sureté, des portes d'élever, frnser et pallissaderlcs petites fleches qui se rrouvaient en avant d'ellcs, qui sans certc précautiön, ne seraient d'aucune déf;nse. Jc tracais un devis que je joiguis a mes observations, mais elles eurent le sort des précedentes, et Cirtine me les renvoya , même, en me faisani repondre que tout cela prendrait trop de tems et donnerait d'ailleürs, des inquietudes aux habitants de Francfort', que, si, son intention eüt été de fortifier cette ville, il y eü envoyé des Ingénieurs , et fait travailler dépuis longtems, et que je n'avais rien a craindre. Je  Je tecus le 27 h midi, une dépêche du Général Custine (7) „ les' ennemis, me disait ce Gêné„ ral, narchent de toutes parts, fignore encore a, leurs proje's; sUls en tint. ils ne seront pa< tou* „ jours Cachis', (peut on décéler une ineptie plus „ profonde?) il faut que le poste de Bergen soit „ renforcë de voire garnison Je vous enver- rai demain un Bataillon de plus et quelques pe„ tits canons de 3 et de 6. Mais en es cfatta„ que, pour la défense de Francfort vous force' rez malgré toute réprêsentation, les Magistrat3 a laisser prendre Artillerie et Munhions pour j, votre défense...... II m'est impossible avant d'aller plus loin, de ne pas faire quelques réflections sur une dépêche de cette nature et de cette importance. On voit clairement, que Ie Général Custine loirt de pénétrer les projets des ennemis, ignorait parfaitement leur position ; car, s'il eüt été au fait du véritable mouvement de 1'ennemi, il en eüt tiré, militairemeht parlant, 1'induction qu'ils cherchaient a sc porter sur tel ou tel point, et a attaquer de télle ou teiic manière. On voit clairement , qu'eu ordonnant de renforcer le poste de Bergen ce Gétóral était bien decidé a défendre la ville de Fra cfort, i moins qu'il n'èüt f intention en sacrifiant ce poste important (qu'il eüt du metrre plnstót dans un état respectabie) d'affaiblir la défense da la ville, on tok clairement , qu'il reconnaissait E  J'insuffisanee des moyens laissés a ma dispofition, puisqu'il promettait de m'envoyer le lendemain ua Bataillon et quelques pièces de Canor ; et qu'ea Hi'annoneant ces renforts il les jugeait jnsuffisants pour la défense de Francfort, puisqu'il m'ordonnait de fo^cer malgré toute réprésentation lesMagiscrats de cette ville a me laisser prendre leur Artillerie et leurs Munitions. On voit clairement qu'en me donnant un pareil ordre, il se jouait a la fois de sa parole et de son honneur, des Magistrats de Francfort et de moi, des intéréts de laRépubliqua Francaise et de sa gloire. En effet le Général Custine avait sommé (le 25 Octobre) les Magistrats de Francfort de lui livrer leur Artillerie et leurs Munitions , et leur avait olTert, pour prix de ce sacrifice, une deminutïon de 500 mille florïns sur la contribution de deux millions de rlorins qu'il avait imposé le 22. sur cette ville. Dès le ü6, les Magistrats avaient repondu au Général qu'ils ne pouvaient accéder a une pareille sommation , sans violer leur neutialité, rompre les liens qui attachaient cette ville au corps germanique et s'exposer a tout son ressentiment. Cu-tine avait renouvellé depuis ses instances, mais toujours aussi infructueusement; et alors, cependant, i! avait laissé dans Francfort une glosse garnison, et il n'y avait point d'Arnié.' ennemie qui menaca d'attaquer cette ville l Etait-il passible eu m'ordoanant d'enlever de viv»  fbrce aux Francfortois, leur Artillerie, de croirs al'execution de eet ordre? Custine avait affaibli la garnison Francaise de Francfort, 1'Armée Prus* sienne forte de 50 ou de 60 mille hommes était a une petite disiance de ses murs, je navais ni Artillerie , ni Munitions ni Artilleurs, le Sénat persistait depuis un mois dans le réfus absolu de livrer ses munitions, la populace ménacait de s* eoulever, et Custine ignorait encore les projets des ennemis. Tant de raisons dont une seule suffït pour démontrer Pimpossibilité d'exécution d'une pareille mesure, nepurent m'empêcher de suivre, autant qu'il pouvait être en mon pouvoir, les ordres de mon superieur et du Général en Chef, comme on le verra plus bas. Car, 1'obèissance passive et absolue est le premier des dévoirs d'un Militaire; la valeur n'est que le second, paree qu'il n'existerait plus d'Armée et par conséquent plus d'Etat ct de Patrie, si un inférieur, quelque soit son grade, pouvait se permertre, impunément d'interpréter les ordres de son Chef et de suspendre 1'obèissance aveugle qu'il lui doit. Je me rendis sur le champ a Bergen , d'ou Custine avait fait rétirer les troupes qui y étaient cantonnées, sans tn'en donner le tr.oindre avis. J* réconnus ce poste, et de rétour a Francfort j'ordonnais le départ d'un détachement d'infanteri* et de quelques cavaliers auxquds je laissais le* £ z  C68 ) instructions nécessaires, et dont je donnais augsitót connaissance au Général Custine. Ce détachement parvint heureusement a Bergen. Le 28 au matin, je recus du Général Custine, ordre de faire partir le Bataillon de dépót du 8a Régiment pour Ober-Urz l , j'en joignis sur le champ au Commandant de ce Bataillon, de faire les préparatifs- les plus prompts pour son depart. C'était le seul B.itaillon de ligne que j'eusse avec moi, la conduite et la discipline des Officiers et Sous-Officiers de eet excellent Bataillon repondit a leur courage et a leur instruction. Son Lieutenant Colonel, (le brave Citoyen Du Rozel) faisait les fonctions de Commandant de la Place. On voit, donc, ccmbien le départ de ce Bataillon affaiblissait mes moyens de défense et la Garnison de Fiancfort ,et c'était dans une pareiHe situation , que Custine m'ordonnait d'enlever de vive force 1'Artillerie aux Magistrats de cette Ville! et loin de m'envoyer quelques canons et un Bataillon de renfort, comma sa Lettre du 27 en renfermait la promesse , il diminuait de plus d'un quart la garnison Francaise! j'eüs beau lui observer le mauvais effet que produirait , a tous égards, le départ de ce Bataillon, il n'accorda aucune attention a de si justes représeutations. Dans ce moment, je fus informé que le poste de Bergen attaqué par des forces infiniment supérieures, avait été enlevé; que lc poste de Filbti  Cö9 ) avait eu le même sort ft 1'exception de quelques Chasseurs qui étaient parvenus a s'échapper; que les patrouilles , envoyés en réconnaissance, s'étaient trouvés aux prises avec le-s patrouilles de 1'ennemi ft un demi- licuede la vUle; quesept ft huit de mes Cavaliers avaient été tués ou fait prisonniers, et qu'une ordonnance qui m'était expediée iVOber-Uizet, avec des dépêches du Colonel Eouchard, avait été sabrée par les Hussard ennemis jusques sous les approchesde Francfort. J'envoyai aussitót au Bataillon du 8üme Regiment qui s'ébranlait pour son départ, 1'ordre de le suspendre, car, ce Pataillon, n'ayant point d'Artillerie et ne pouvant être éscorté par de la Cavallerie, eüt été haché par 1'ennemi, malgré toute Pintrépidité de la défense qu'il eut pÜ lui opposer. Je fis aussitót mon rapport au Général Custine, qui ne me paria plus du départ de ce Ba'taillon. Te fus informé peu de tems après, par les soins d'un homme, en qui le Général Custine m'avait ordonné de placer une entière confiance, que plusieurs Corps Prussiens étaient entrés ft Friedberg , qu'ils trainaient avec eux de la grosse Artillerie et des Obusiers, et qu'un Corps considérable d'Iiifanterie et de Cavallcrie devait passer le Mein ft Rumvelsheim , entre, Hanau et Off nbach. Je prévins de suite, le Général Custine, cn lui renoiivellant mes instances et ka exprimant les vifs- E 3  (70) ïegrèts que j'éprouvais de me trouver sans ArtilJerie, sans Oavallerie, el avec des forces si inférieures en Infanterie, et d'être reduit a Pimpossibilité de satisfaire Ie désir que j'avais de deloger3'ennemi du poste, si important dc Bergen, qu'il venait d'ocdiper. A peine avais- je expedié ma dépêche que j'en fecu une du Général Custine (8) dans laquelle il me parlait de tout exccpté du renfort que je ne cessai de lui demandcr. ■ Cette lettre si extraordinaire nécessité quelques rtfiLCtions. Adam Philippe Custine, m'ordonnait de faire znes préparatifs pour défendre Francfort, et pour févacuer; me recommaudait beaucoup de prudence et de modération cnvers les habitants fa Francfort et m'ordonnait de les désarmer, d'enlever de vhe farce, de 1'Arsenül de cette ville, 1'Artilierie et les Munitions qu'il renfermc, et de mettre tout a feu sH è sang dans la ville même, si elle bougeait. Ces sages cthéroïques mesures dévaient avoirleur exécutioa dans Y instant ds Parrivée des ennemis sur Francfort-, et dans ce cas, c'est-a-dire lorsque je serais entièrement bloqué, Custine m'ordonnat d'évacuer la ville et de me porter avec magarni-. sou sur Oppenheim% Pour ajouter • 1'impossibilité d'execution , car 1'absurdité était complette, Custine devait me faire prevenir de sa retraite for«ét , si clie avait licu 5 ou je ievais en être in>.  (70 atrnit par son silence, ou par la rameur publique: c'est-a-dire que Custine, tout en suposant que je serai si parfaitement bloqué ou assiegé par les fbrces Prussiennes, qu'il lui seraitimpossible dé me faire prévenir de ses mouvements, et de me donner même le moindre avis sur sa marche ultérieure, m'ordonnait de choisir précisement eet instant pour évacuer Francfort et aller joindre son Corps d'Armée. Mais si de semblables ordres révoltent la raïson encore plus que la loyauté, quel nom donner a 1'ordre d'enlever sur le champ, deux cents voitures dans le pays de Darmffadt, a la rive gauche AwMein ou dans le pays de Mayence, (alternative indispensable a accorder, pour cou vrir les interprêtations qu'un pareil ordre fait naitre malgré soi contre la fidelité du Général qui ledonne;) lorsque les Prussiens sont maltres de la rive gauche du Mein, et que Custine occupe Mayence? Lorsque je n'ai point de Cavallerie, d'Artillerie, et que le peu d'Infanterie laissée a ma disposition et insuffisante pour me maintenir non pas militairement, mais presque civilement dans la ville de Francfort, ou la conduite, les extravagances, les outrages et les fausses paroles prodiguées par Custine ont suscké a la Ré-publique Francaise presque autant d'ennemis qu'il y a d'habitants ? Lorsqu'il m'ordonne de forcer 1'arsenal, de desarmer les ha- E 4  .itants, de mettre le feu a la ville si elle louge T et par consequent lorsqu'il m'ordonne de nc pas, affaiblir la garnison Francaise et le peu de moyens qu'il laisse a ma disposition ? Lorsque lesHussards Piussiens viennent jusques sur les. fosscs de la ville et que lui Génerul Custine m'apprend que les Prussiens marchent sur lui de toute part? Certes, lorsqu'on donne de semblables ordres a un Commandant de place, lorsque ces ordres sont aussi contradictoiresentr'eux qu'impossibles a exécuter» non pas dans leur ensemble mais même dans leurs,. détails, Porsqu'on laisse le tout a la prudenceetau jugement du Commandant en lui réfusant constamïijent les moyens non pas d'attaque, mais de défense, il devient difficile de ne pas suspecter les intentions d'un Général en Chef, car, cen'estpoint ici, ignoranee de Part militaire, c'est mauvaise inlention. Je dois trancher Ie mot, puisque ce n'est plus que la trahison du Général Custine dont on va lire les détails et les preuves fournies par lyi-même. Mais , avant d'en continuer la. narration, je dois remarquer que c'est la première fois, peut-être, qu'un Général d'Armée tenant la Campagne avec des forces considérables, a exigé du Commandant d'une ville bloquée ct presque assiégée, de faire enlever, des voiturcs tt dc fourrages dans le pays oceupé par ce Géuéxal, et de fournir son Ouaiiifr  <73 ) Général. On est forcé de rire ici d'horreur, etd© voir déja le Général Custine montant «vee «o» jft* 4 l'échaffaud. Vers les trois heures de 1'après midi, je fus informé que 1'ennemi marchait en forces,sur Franc fort, et qu'il trainait avec lui du canon. Je me lendis aussitót au rempart et me portai au postes avancés pour jugcr par moi-même des mouvement* de 1'ennemi, qui ne laissaient plus, en effet, aucun doutc sur ses intentions. Une populace immence , composée en grande partie de juifs, quoiqu'il n'y eut rien a gagner dans cette curiosité, xn'entourra, me suivit jusque dans les bastions, et me pressa au point, que pour la dissiper je fua reduit a employer la menace de faire feu sur elle, menace qui ne produit presque aucun effet.. " Je fis battre la générale ct fis la disposition suivrmte de mes forces. Je fis léver les ponts et fermer les portes ; j'eu commis les clefs a la garde de 1'Officier Francais Commandant le poste. J'ordonnai que les grands ponts et les grandes portes ne seraient ouvertes ou baissés que sur un ordre expres de ma part. Je placai une garde de 50 hommes a la porte du pont AuMein; et indépendamment de cette garde, je placai un Officier et 30 hommes sur le pont ct du cóté de la ville avec 1'ordre de surveillcrlesapprpches du fleuve pour prévenir tout détachement E 5  (74) emiemi qui eöt pft temer de passer sous le pont, pour epérer ensuite un debarquement. Je renforcai considérablement la garnison de Saxen-hausen. J'y laissai un Capitaine d'un Bataillon de Volontaires Nationanx, ancien militaire, qui me parftt plein ü'intelligence et de bonne volonté, affin d'y surveiller le service et la conduite des habitants de ce grand Fauxbourg dont on travaillait a égarer les dispositions a nótre égard. Je placai des piquets d'Infanterie a 100 ou i5otoises cn avant des portes, j'ordonnai de fréquentes patrouilles dans les environs de Ia place, et indépendamment des rondes déja commandées , je chargeai deux Officiers supérieurs d'en faire successivement pendant la nait pour surveiller le service. Je pris en un mot, toutes les précautions que me -dktaient la prudence, les intéréts de la République Franchise et 1'honneur des braves Soldats qtie je commandais. Après 1'enlèvement des postes de Bergen et de Pilbel, la force disponible de la garnison ne consistait qu'en 16 ou 17 cent hommes: de sorte, qu'après avoir placé 40 ou 50 hommes i chaque poligone , un pareil nombre a chaque porte et après avoir garni quelques postes qu'il n'était pas permis de négliger, ma réserve se trouva réduite a 130 hommes d'Infanterie. ' Pour la Cavallerie, elle consistaiten45ou5oCa-  C 75 ) valier9, presque hors de service ainsi que leurs chevaux, par les patrouilles et les escortes qu'ils avaient été continuellement obligês defournir. L'artillerie consistait comme, on Pa vü plus haut, en deus pièces de canon de 3 livres de balie, et ao a 30 cartouches par homme, formaient toutes les munitions que le Général Custine avait laissé dans Francfort. C'est avec de pareils moyens que j'étais condam«é ft soutenir un siège et ft repousser les efForts d'une armée de 50 ou sokante mille hommes, pour.. vue d'une nombreuse et grosse Artillerie , commandée par le Duc de Brui.swick, et ayant ft sa te te le Roi de Prusse: et, en outre, j'avais a défendre une ville ft peu prés oOverte, dc toutes parts , dont les habitants étayent révoltés de la conduite du Général Custine, et dont le Sénat avaitreeude ce Général de vive voix et par écrit, 1'assurance qu'il ne serait pas tiré un coup de canon contre cette ville, tandis que ce Général, m'ordonnait de la desarmér et d'y mettre le feu si elle bougeait. A quatre heures et demie du soir, on m'anon9a un Officier Prussien accompagné d'un Trom* pette. 11 était precédé par une populace immence dont les cris de joyc ne me laissaient aucun doute sur ses intentions; les Juifs entr'autres, tinrent une conduite scandaleuse dans cette circonstance , publierent qu'il fallait ouvrir tout de suite les por« tes aux Prussiens, et allérent même jusqu'a von-  C70 loir foreer 1'entrée de la maison que j'oeciipais. L'Officicr Prussien me somma de la part du GéJiéral Comte de Kalkrmth, et au nom Hu Roi de Prusse, de remtttre entre ses mains la ville de Francfort, et de me rendre prisonniex avec Jagarjison, ajoutant qu'il ne me domiait qu'un instant pourrepondre; que tout refusoutoute résistance de ma part devenaient inutiles puisque j'étais cerné de toutes parts et entièrement coupé du Général Cwiine; et que les forces qui m'attaquaient étaient si supérieures que je ne devais pas méme songera arrêter leur marclie. Je repondis a 1'officier Prus•Sien, que je defendrais jusqu'a la dernière ex- trêmité la ville qui m'avait été confiée, qu'elle „ était occupée par des Francais, et que le Gé- néral Custine n'était pas loin de nous." Alors le Lieutenant Colonel dc Fel/et, en renouvejlant se? instauces , me remit une sommation par écrit (9) a laquelle je lis , aussi par écrit, la réponse suivante. . „ Le soussigné Maréchal de Camp Commanv dant les Troupes dc la République Fraucaise „ a Francfort, a 1'honneur de repondre a la som4, mation du Général Comte de Kalkreuth; qu'il „ est Citoyen Francais, que les braves troupes qu'il commande porteut ce titre, qu'clles en „ couuaissent le prix, qu'clles en sentent trop I3 la dignité pour ne pas être fidéle a leurs ser-  ( 77 5 r, ments, et que 1'Armée Francaise n'est pas loirf „ de nous." Signé Van Helden. ! Francfort le 28 Novembrc 179a, ; Van premier de la République Francaise, Pendant que j'avais fait servir un morcean Sa Lieutenant-Colonel de Pel'et afin de gagne. du tems, Ie jïlt du Général Custine en tra dans mon »ppattemenf, je lui donnai connaissance de la s donrées par son Père, et de la résolution inébran* lable ou j'étais de suivre strictement les ordres que sou Père m'avait donné; ril ais, son retour de nuit i Francfort, pouvait avoir été connu deS Généraux Prussiens, et Pon serait même tenté de le présumer lorsqu'après la prise de Franc fort, plusieurs généraux ennemis persuadés que Custine fils devait y être avec moi , exigèrent ma parole d'honrieur que eet officier ne setrouvait point dans la place: et ce ne fut même qu'apvès la derlantion que j'en donrai. ainsi que plusieurs Officiers Francos, que 8 A. R le Prince Louis de T'russe , et les générautf Prussiens parurent crobe que le fils du Général F anc-aisne Se trouvait point au tiombre des Prisonniers, et firent cesser. les recberclics qu'avaient été ordonnées a son sujet. Cette digression, quelque longue qu'elle soit , se liait trop essenticlPment a mon sujet pour quïl mefïit permis dt U passer sous silence. Ce fait potte avec lui ses réflexions, je poursuivrai donc le recit des opérations rnilitaires. Entre minuit ct une heure du mntin, un Officier, expeoié au Général Kalkreuth, et arrivé paf conséquent a Francfort peu d'instans après VuntrU eland, stine de C-.tines fils, me remit une lette du Général en Chef tuttin*, en date du 28 , et en réponse a la dépêche que je lui avais adressée pajr F *  ijon fils, et qui Pinformait de la sommation qui m'avait été faite par le Commandant Prussien. Le Général Custine, m'ordonnait dans cette lettre de ténir ferme, de ne point capituler, de mettre le feu a la ville si elle bougeait, et il m'apprenait qu'il allait déployer la force, puis qu'il fallait eu moutrer pour faire ramper les Capitalistes Francfort ais , êtres laches et pusillanmtr.es On ne doit pas perdre de vue cette étonnante lettre de Cistine, car elle donne la clef de la con. duite, des principes et du caractóre de ce Général. L'original écrit de Ia main du Général Custine, est en mon pouvoir ainsi que les originaux de toutes les lettres citées ou rapportées dans eet ouvrage, et dont copies littérale et collationée se trouve a la fin de ce xécit, pour ne pas en entraver la marebe. ( Cette lettre ne me laissait aucun doute, qu'au moindre bruit d'attaque , le Général Custine ne ▼olat a mon secours (10). Et c'était dans le Sjftme tems que son fi's me conseillait d'évacuerla ville de Francfort, et insinuait a la Bourgeoisie de cette ville que Pintention de son Père était de lui éparguer les horreurs d'un siège!. .. Le Général Custine m'envoyait en même tems copie de la lettre qu'il faisait parvenir su Général Prussien; (u), et ce fut cette lettre qui différa Pattaque da F/anifoity paree que le Comte de Kalkreuth pex-  C «5 > suadé que 1'armde Républicaine ferait mine de 1'attaquer , se flattant de 1'envelopper ou de lui couper toute rétraitc si elle eüt fait un mouvement cn avant , fit suspendre 1'attaque de Francfort , essaya de faire couper le Mein au-dessous de francfort, pour intercepter toute retraite du cóté du pays de Darmfiad, tant a la garnison de Francfort qu'a Parmée de Custine. Mais le Duc de Brunswick , voyant que Custine ne faisait aucun mouvement revint au plan d'attaquer Francftrt. Le Général Custine en effet, se tint sans bouger malgré toutes ies bravades, dans sa position de Höchst, derrière la Nidda , jusqu'a la buit du 2 Decembre, c'est a dire jusqu'après la reddition de Francftrt. Ce ne fut qu'après la prise de cette vilie, que Custine qui m'avait si positi. vement assuré le 30e Novembre , que/* lendemain a la pointe du jour les Prussiens k verraient, au lieu d'avoir même songé a les attaquer fit promptemént sa retraite sur Mayence , sans se rappeller sciilement qu'il y avait une garnison Francaise k Francfort, tandis que cette garnison sauvait effectivement, son Armée , en retardant la poursuite et la marebe des Généraux Prussiens aux quels elle opposait une resistance sur laquelles ils n'avaient point compté. Quelques précis que fussent les ordres du Général Custine , de tnettre le feu a la ville de Francfort si elle bougeait, je me serais doiiné bien des, P 3  cm gardes de coffiettre une horreur semblable. Outre, qu'en eusse-je eu h volonté, je n'en avaispasks Bioyens, ce n'était point par des aces de cette nature qoe j'aurais ciü servir la République Francaise. C'eüt été souiller la gloire de ses armes , <8t des honorer une si belle cause que d'employef Ja flamme et le fer contre une vi,)e neutre, et qui prodiguait aux Francais des marqués d'un intérêt touchant. La Convention Nationale avait jnanifes'é ses sentiments d'une maniere digne d'elle, jrélativenaat a 1'incendie des Fauxbourgr de Cour» trai'. et les procedures or^mné.s contre le Général ^ar-ry, prouvaiem a 1'Europe entière que la Nation Francaise asséz forte pour triompher de ses ennemis par la seule valeur, ne permettrait jamais a ses pénéraux de récourir a la barbarie et a la oévastation qui ava-ent deshonoré dans le Palatinar, les armes de Louis XIV: la Nation Francaise voulait conquérir sa Liberté, mais elle n'étftit point Fennemie des peuples; et si elle "avait été forcée d'occupf? la ville de FmttcfoM, ePe était jalouse de montrer aux habitants de cette ville ea kénéioske bien plus que sa puissance. Sans doute , il est des occasions oü la sftreté d'une armée et la nécessité des circonstances exigent qu'on livre aux Hammes la propriété des habitants d'un pays, ou d'une ville conquise; sans doute la guerre offre de ces exemples de dévastat{on. Mais, si le Général d'Armce qui est cort-  (87) «tint d'user de parèiis moyeHS ne pemHtre excusé que par la première de tou'es lef loix, celk de k nécessité; si même, dans ce cas, il n'est pomt de Général qui ne signe en fremissant, un ordre semblable, quel nom donner a 1'homme qu. peut ordonncr ou exécuter de sens froid une si atroce dévastation ? Et de quel crime me serai-je rendu coupable, si j'avais tenté d'incendier la ville de Francfort lorsque le Général Custine , lui avait donné si solemnellement le 2 de Novembre, une Sauveerde pleine et entiere ? (12) Jamais, non jamais, je ne transigerai avec les ordres de mon chef'ou de mon supérieur ; je sais que 1'obéissance aux Commanfements Militaires doit être absolue comme 1'obéissance que tout Citoyen doit aux loix de sa Patrie: mais, puisque dans cette circonstance , le Général Custine tout en me préa«ant 1'ordre de mettre le feu a la ville de Francfort 9 ffle laïssnit cependant, le maitre de décider de «uelle manière et dans quel moment un ordresemblable devait être mis a exécution, je me rejoujs et me glorifie en même tems, d'avoit épargné a cette ville de grandes cdamites; caiamités qui eussent deshonoré la cause de la Liberté sans aucune utilité réelle pour la République Francaise; Caiamités qui c ssent puni une cité industrieuse, et qui n'était cependant coupable, envers h France, que du tort de faire partie de l'Empire Germam, ,ue,quil'eussent puni dis-je, de l',mbition des F 4  ( 88 > Puissances Coalisées; Calamités qui eussent attaché a mon nom une honte inefacable et dont le remord eüt dechiré mon coeur jusqu'a sa derniereheure. On verra a la suite de ce récit, si la conduite des Magistrats de Francfort ne leur méritait pas un - autre traitement que celui que le Général Custine reservait a leurs propriétésj et si 1'humanité et les soins généreux que ces Magistrats dé-, ployèrent en faveur des Soldats Francais, ne leur méritaient pas, au contraire, la bienveillance et Paffection de la Nation Francaise. Mais plus, mon caractère et mes principes me défendaient d'incendier, sans une nécessité évidente le palais du riche , 1'attelier du négeiant, ou la chaumière du pan we, plus j'étais empresséd'obéir aux ordres du Général en Chef en tout ce qui ne compromettait pas évidemment, 1'honneur et le salut de la brave garnison confiée h mon commandement, Après avoir travaillé inutilement a decouvrir le dépositaire des clefs de 1'Arsenal de Frar.cfort, je donnai donc 1'ordre qu'a la pointe dujour on en forCrtt les portes, ct qu'on y placat une garde sufricante pour prévenir le desordre. On ne doit pas oublier que Custine fils était cette ttuit même, dans Francfort. A deux heures et demi du matin, deux mem. bres du Sénat demandcrent a me parler. Ilsm'apprirent qu'ils arrTyaient de chez le Général Kalk*  C 89 > reuth; que ce Général les avait assuré que la ville n'aurait point a craindre une attaque pendant cette juiit; mais qu'il ne pouvait leur assürer la même tranquilité jusqu'a midi, paree que le RoidePrusse arrivant vers ce tems, deciderait lui-même les choses; qu'il n'y avait point de troupes ennemies sur le chemin de Höchst; que si je voulais me retirer avec ma garnison, je ne trouverais aucun obstacle a gagner, de ce cóté, le quartier général de l'armée Francaise; qu'ils se permettaient de me xeprésenter combien un semblable parti était sage; prudent et nécessaire ; (ils me firent entrevoir, sans cependant me le dire, qu'ils étaientautorisés par le Général de Kalkreuth, a me faire de semfclables ouvertures et a me donner de telles assurances:) que la ruine ou la conservation de leur ville dépenduit enfin du parti que j'allais prendre et que le sort d'une infinité de familie tenait ï la résolution que j'ambrasserais. Je répondis a ces membres du Sénat, que rien nc dépendait de moi, si non 1'obéissance aux ordres dc mon Chef; que le Général Custine avait envoyé un Officier avec ses dépêches, au Général Prussien, et que j'attendais les ordres qui me se» raient communiqué, en conséquence, de la part du Général en Chef de l'armée de la République Francaise. Les Sénateurs apres m'avoir assuré , qu'ils avaient effectiveraeut, rencontré sur leurs route Fa  Oo) FOfficier Francais dépêché au Général de Kalkreuth, me rénouvellèrent leurs instances pour épargner a la ville de F>at.cfort les horreurs d'un siège, ou les dégars d'un bombardement; mais, je ne pus que leur répondre, que, désoiéd'tn venir ü cette extrémité, je ne devais et ne pouvais o ;éir q'aux ordres de mes supérieurs; et qu'il ne n'était posèible de suivre qu'une seule conduite, ceile, que me prescrivaient mon attachemént et ma fidèlité StiSE intéréts de Ia Nation Francaise, mes ordres, mon bonneur et mon dévoir. Si 1'on réflèchit, un instant, a l'Ambiguité des Ordres qui m'étaient donnés par le Général en Chef Custine, a 1'envoi d'un de ses Officiers au Général Prussien, a la suspension que ce Général apporta dans 1'attaque de Francfort, k Vettfée claüdestine de Custine fis dans cette ville, et au sejour de nuit qu'il y fit, a 1'empressemertt et è la vivacitê des récherches ordonnées par le3 Généraux Pri-ssiens rélativcment au fils du Général Custine après la prise de Francfort, aux conseilsplus que perfide de eet Adjudant-Général, qui, n'ayant aucun emploi et n'exercant aucune fonctions dans 1'Armée du Général son Père, pouvait par conséquent être desavouè par son Père, si j'avais eu la faiblesse de céder h de pareils conSeils; si dis-je, on réflèchit a toutes ces circonstances , on se démontrera invinciblement a soiffiême qiue le Général Custine était dans 1'intention  C9' ) is livrer aux ennemis la ville de Francfort, Tous ces faits eurtr.' lLu le 28 Novembre; ct dés le lendemain 29 k Général C«rf/«* écrivit au Ministre de la guere gu'iV abandonnerait vrahewb'ement la ville de F a: cfon ; il m'ordonnait cependant de tenir ferme dans ce poste. D'ou il resulte que Custine cherd.ait ft me faire évacuer Francfort, sans vouloir m'cn donner 1'ordre; paree que dans ce cas, il eut dit que comptant sur ma resistance et sur la conservation de la ville de Francfort, il avait fait ses disfositions pour la sècourir de tout ses moyens, et rnenvoyr tout.s les munitio'is qui powaient m"être récest , avait suffi pour exaspérer la multitüde. En effet, plusieurs députadons deCttoyeriS viurent m'apprendre que les garconsfcoüc'hcrS s'atmaient de hiches , et de batons; que le cri aux timet Bourgeois se faisait efltendfe de toutes parts; que le détachement Ffaficais etivoyé h PArsenal était entouré et setaif Infailliblemcnt massacré s'il cherchait i pro. loflgcr uttc resistance inutile ; que Custine avait souvent travaillé, et toujours sans effet, a objehir on enlever cette Artillerie et ces Munitions « que les bourgeois les regardant comme tiflê propriété qui leur était particulière ne con6ef»iraienl j'amais a sen déssaisir, puis que c'était violef lë systême de neutralité adopté par le Sénat et fburnir sui-méme, en outre, des moyens de deSttuctiöns contre le Commerce et les propriètés des llabitantS de Francfort; que ma garnison , fut elle qtlatfe fois plus considérable, ne parviendrait pas a obtenir par la force la possession de 1'arserial; que la ville elle mcme serait punie par les Généraux Prussiens de sa condcscendance en patcil cas, paree que PEmpire regarderait ces Muanions destinées a eombattre son Armée comme  (93 ) volontairement fournies aux Francais ; qua }e sang allait couler et hs événémen s les plus funéstes, avoir lieu, si cunfurmément il la sauvegarde si solemnellement accordée p .r le Général Custine, je ne revoquais point les ordres qua j'a-r vais don' és et ne rassurais a eet égard les habitants de Francfort. Plusieurs Officiers 'Francais vinrent successivement me faire de semblables rappons. Le fout* rier du Quartier-Général de 1'Armée le Citoyen. Fischer, et un Officier que j'avais mandé sur la champ pour êtr» plus parricuherement informé, avaient été arrêtés et allaient être massacrés paf M populace, si des membres du Magistrat n'itaient accourrus a leur secours. On me pressait, pn me conjurait de prévénir, pendant qu'il en était encore tems, les malheurs qui étaient surle point d'éclater. Dans ces cntrefaites, arriva une ordonnance avec une dépêche du Colonel Eeau-évoir Adjudant-Général de 1'Armée, (13) elle m'aunoncait que 1'intention du Général Cus'ine étant de faire evacuer la ville de Francfort, j'eusse % prendre mes dispositions de manière qu'au premier avis du Général, je pusse sortir sans embarras et eans perte de tems. Rien n'était plus clair q'un pareil ordre. En yobéissant, je devais croire que Francfort allait être evacuée mais ce n'était que sur un second «rdre du'péuéral en Chef que je pouvais en sor-  CSH) tir. Je de vals faire mes dispositions de retraite j' mais attendre pour Pefftctuer un nouvel avis de Custine. Les intentions que ce Général me faiSait connaitre, et FimpoSsibilité phys;que oü je me trouvais , < 'occuper 1'Arsenal de Frarcfoft, me dérerminèrent également, a donner Pordre de remettre la garde de 1'Arsenal aux Soldats de la ville jusqn*a ce qiie les porteS eu9ent été remises en é at de ferttSe'füre. Cette uéclaration de ma part et les soins qüe prit le Magistrat de rassurer les esprits 't dissipèrent en un moment la populace et rétablirent la tranquillité dans 1'intérieur dc la ville. Quelque précision que le Général Custine ctt mis dans 1'ordre qu'il m'avait donné , d* fêrcef malgré toute t êprésentation 1'arsenal de Francfort , j'ose croire et dire que ma conduite dans cette circonstance fut entièrement exempte de blame; les moyens de force que j'avais pour opérer 1'enlève^ ment dc cette Artillerie étaient évidemment insuffisants contre un soulevement général du Peuple de Francfort; j'aurais été forcé de dégarnir les remparts et méme les avant postes, pour agi;dans 1'intérieur de la ville; et renncmi se trcuvait si prés de ses murs, que s'il s'étsit Éppeï^j de la division qui regnait entre la garnison Francaise ét les habitants, il lui eüt été facile de 1'enlèver lans coup férir. Enfin ma conduite, dans une occasion si critique fut si bien ceile que je devais  C95) tenir, que Custine lui-même 1'approuva etm'entemeigna une satisfaction particuliere, ainsi qu'on le vcrra plus bas. Quoi qu'il me fuf pbysiquement impossible de forcsr 1'arsenal de Francfort, je dois observer que quand bien même je serais parvenu a exécuter eet ordre extravagant de Custine, un pareil' résultat rfety contribué en rien a la défense de la place. Cet arsenal contenait en effet, quelques belles pièces en bron se et de différents calibres, mais il n'y avait ni affüts ni aucune espèce de monture pour cette Artillerie; et eüt-il été possible (ce qui ne 1'était pas) de se procurer des affüts, cette Artillerie m'eüt encore été parfaitement inutile, cas ■ je n'avais ni Artilleurs ni poudre. Out* tine savait aussi bien que toutes les perquisitions faites pour se procurer de la poudre a Francfort, avaient été aussi inutiles que les sommations faites au Magistrat, & cet égard. II ne se trouvait pas de poudre a Fancfort, même chez les particuliers, et plusieurs membres du Sénaten medonnant cette assurance, me donnèrent aussi ce'de,, que le Commandant Hessois de Hanau avait fait acbeter, quelque jours avant mon arrivéc a Francfort, toute la poudre q'on avait pu trouver dans cette ville. On voit donc eombien 1'ordre de Custine était en même tems absurde et inuiile. C»nfofraemest a son ordre du ao , je fis partir les.  approvisionnemens et les effets de PArmée, et pris les arrangements nécessaire pour eftéctuerl'évacuation de Francfort au premier avis. J'étais occupé dans 1'sprès midi, a faire la visite des postes, lorsqu'on vint m'informer que le Général Custine entrait en ville, et se rendait a 1'hótel de vi'le. J'y accounts sur le champ, et j'eus la satisfaction dévoir que ce Général ne laissait plus aucun doute sur ses intentions au Sénat de Francfort. II assüra s )lemne11ement le Magistrat qu'en cas d'i,n événementmalheureux, sestrou„ pes ne resteraient pas dars la ville, qu'elle ne j, serait exposée en aucunt maniere a un siege, ,, et que la garnison se retiferait tranquillement sans causer le moindre des ordre." (14.) II remercia le Sénat des mesures qu'il avait prises le matin pour conserver le répos public , et fut jnsqu'a 1'assurer qu'il ne manquerait pas d'en faire un rapport favorable (on verra plus bas de quelle manière Custine tient les promesses qu'il fait aux Magistrats, et celles qu'ilfait aux Généraux ennemis ; ) a la Convention Nationale. J'avais fait, au Général Custine, un rapport particulier de ce qui s'était passé le matin, et ca Général avait entièremeut apprové ma conduite. Il me dit formellement; ,, Je suis la tout prés de ,-, vous, il n'y aura point de coup de canon de tiré sur la ville: si Von veut vous attaquer, je ^cimerai a' la ville de Francfort le spectacle d'une  C 97 % i, d'une Bataille: on dit que eela est benuTt Puls, ce Général, me prenant par la main, ajouta ces paroles remarquables* „ Vous avez trés if bien fait, mon cher, de ne pas vousopiniatrrt „ ce matin; vous tfitiez pas en fort, d* soutenir ^ cette mesure dés que tous les habitants s'y opit posaient: je TOUS sais le meilleur gré de vótre » modération: Laissez aux Francfortois leur Ar» tillerie et toute la boutique. Si 1'on vous attaq-i* „ (ce que je ne crois cependant pas,) vous serez •M cïabord sécouru;je ne voissperdrai point de vut. 4> S'il m'était impossible de vous soutenir, je ta„ cherais de vous retirer è tems d'ici. Tenez» „ vous toujours prit k partir, soyez tranquüle, 4, et continuer a agir avec prudence et modera- ,» tion." . On ne peut rien voir je pense, de plus positif que les demarches, les ordres et les assurancesdu Général Custine dans cette journée. Celle qu'il donna au Sénat de Francfort furent si solemnelles, que ce Sénat fit imprimer et distribuer sur le champ «tfx habitants de Francfort une note dans la quelle il leur donnait connaissance de la déclaration que Cus-ine venait de faire a 1'Hótel de ville et leur recommandant, en conséquence, le calme etlebor» ordre. Je devais donc , m'attendre a récevoit au premier moment, 1'ordre d'évacuer cette ville. Je devail donc croire q*e dans le cas ou je serais attaq^  avant d'avoir recu cet ordre, jeseraispromptement et efficacement secourru. Je devais donc m'attendre, enfin, de la part du Magistrat et des Bourgeois de Francfort, h toute la tranquillité et a tous les bons offices , dont la déclaration de Custine leur faisait un devoir envers la garnison Francaise qui était, encore , dans leurs murs : et quoique je fusse pleinement autorisé a me confierentièrrement a la prévoyancc et aux secours que me garantissait ïe Général Custine, je me crus obligé de lui faire connaitre dès le soir même les inquiétudes que me causaient les mouvements de Fennemi dans le voiïinage de la ville, et d'insister pour que Ls secours qui m'étaient si indispeusablement nécessaires, si je venais a être attaqué me parvinssent saus retard. On verra a la fin de ce récit, sur quel ton et dans quel style le Général en Chef de 1'Armée Républicaine répondit a mes craintes et a mes de"* pêches. Et cependant Custine ne pouvait révoquer en doute les renscignemens que je lui transmettaissur les mouvement de l'armée Prussienne ; car, ils m'étaient fournis par un Citoyen de Francfort, que mon devoir m'engage a ne pas nommes ici, en qui ce Général m'avait ordonné le 21 Novembre d'avoir confiance: (15) d'aprèsun ordre aussi précis de mon Général je serais devenu coupab!e si j'avais négligé de Pinformer de tous les avis qui me parvenaient par cstte voye. Mais elle sert en même  C 99 5 tems, de preuve que Custine n'ignora pas un seuï instant les projets des ennemis et qu'il eüt par • conséquent tout le loisir de pourvoir Francfort de munitions, de guerre et d'en renforcer la garnison. ' Custine me marqua dans sa lettre du 30, (16) qu'il savait que le Roi dePrusseétait k Hombourg , et que peut-étre il prendrait fantaisie a ce Roi, de le venlr attaquer dans sa position. II me renouvella 1'ordre qu'il m'avait donné la veille de me retirer , en cas qu'il fut batttt, la nuit qui suivrait sa défaite. H m'envoya deux caissons de cartouches, m'annoncant que je n'avais pas besoin d'autie chose, paree qu'il ne voulait pas que je provoquasse des coups de canon, et que j'avais asse2 de deux pièces pour éloigner les patrouilles. II m'écrivait, enfin, cette ligne rémarquable. Si Van vous attaque , vous connaissez ma résolution. Ces deux Caissons, contenaient 27 mille cartouches, d'ou il résultait qu'en comprenant les cartouches que les Soldats avaient dans leur gibernes, chaque Républicain Francais avait trente coups a titer. Je ne dois pas oublièr de dire que je n'avais dans la place qu'on Officier d'Artillerie , (qui n'était même qu'un Volontaire National entré ddpuis peu dans le Corps de 1'Artillerie) et six Artilleurs ou Cannoniers. C'était tout ce que le Général Custine y avait laissé de cette arme, G «  (ICO ) lorsque quelques jours auparavant, il avait fait sortir de Francfort 1'artillerie et les munitions de guerre. Cette lettre du. 30, prouve évidemment, ce me semble que Custine, en se référant d son premier ordre, qui n'en était pas un dans le fond puisque cet ordre n'était que conditionnel et préparatoire^ m'ordonnait de continuet les préparatifs de 1'évacuation de Francfort. Cette lettre prouve en même tems que Custine voulait que je tinsse encore dans Francfort, puisqu'il me marquait pour derrières paroles, si 1'on vous attaque vous connaissez ma résolution. D'ou il résulte que le Général me placait dans la situation la plus difficile et la plus délicate ou puisse se trouver un Commandant de place jpuisqu'en me donnant des ordres et des conseils k deux tranchants il me rendait la défense de Francfort aussi impossible que son évacuation. Je ne pouvais effectuer celle-ci qu'au premier avis que je devais recevoir: je ne pouvais assurercelle la que par les secours qui me seraient fournis en cas d'attaque: et quoique le mouvement de l'armée Prussienne ne laissat aucun doute que cette attaque n'eüt lieu au premier instant, Custine deminuait d'heure en d'heure les moyens de défense qu'il m'avait Jaissé a Francfort, et me constituait de plus en plus dans 1'impossibilité merale de me maintenir dans Francfort, d'apiès les assurances  C »l > qu'il prodiguait si solemnellement au Sénat et aux Magistrats de cette ville qu'elle n'aurait, dans aueun cas, de siège a soutenir. Certes, s'il est des moments affreux dans la vie pour un homme d'honneur, c'est sans contredit la situation dans laqudle j'étais plongé qui peut faire apprécier la longueur de semblables instants. Mais, de quelques dangers que je fusse environnd , j'étais fermement résolu de ne pas compromettre 1'honheur der armes Francaisés, a périr victime de ma fidélité aux intéréts de la République Francaise et a èbéir strictement aux ordres du Général a qui elle avait confié le commandement de ses Armée sur le Rhin. Plus ce Général paraissait incertain dans ses projets, et contraire a lui-même, plus j'étais invariable dans ma résolution et dans mon serment de fidélité a Phoniieuret a la République Francaise. Je faisais moi même nuit et jour, les rondes qu'exigeaitent Ie service de la place et Paproche des ënnémis; je e'herchais a tout voir par mes yeux affin de m'assurer de la pleine exécution des ordres que j'avais donnés; je surveilais les postes avec la même vigilance que j'observais les mouvemens de 1'ennemi ; et en maintenant, dans 1'interieur de la ville, nne discipline exacte et une tranquiüté parfaite, je ne négligeais aucune des précautions capables quoi qu'en même tems il soit aisé des'apperce9, voir que 1'Armée considérable qui est h. leurs por- tesettant de bouchts a feu qui sont dans levoisi-  C 103 ) nage de leur ville, leur causent les plus vives. ^, inquietudes. Dépuis la déclaration que vous avez faite au Sésat que ia ville n'aura't point „ de siege a soutenir, les esprits se sont un peu tranquilises: je ne puis vous cacher cependant, „ que d-épuis lestentatives que j'ai faites par vótre ,, ordre de forcer 1'arsenal, je suis observé de •„ trés prés, et que je ne sors jamais sans être •„ entouré ct suivi par la multitude. Vous ju„ gez donc que tous les préparatifs qui pourraient „ indiquer, de ma part, le dcssein de vouloir „ soutenir une attaque, me sont rendus impossi,, bles, tant pat la faiblesse de la garnison , que „ par 1'immense superiorité du peuple de Franc* „ fort et la grande proximité de 1'ennemi. Mais , „ quelque expineuse que soit ma situation , soyez „ assuré, Général, que je ne me laisscrai point „ abattre par les dangers, et que je ferai tout ce „ qu'il sera possible de faire." Au reste, je me fie entièrement sur vótre „ prompt secours. Vous me prcscrivez dans vó„ tre d'épêche, que j'ai recu hier, de mettre le „ feu a la ville si elle bouge. Je vous supplie avec „ instances, mon Général , de refléchir que je „ me trouve avec une poignée de Francais, aumi„ lieu d'une Nation étrangère, dans une grande „ ville qui sert de dépót a un grand Commerce , „ et ou il se trouve même pour plusieurs millons ,4 de marchandises appartcnant k des négociants G 4  t *°4 ) V> Francais; que la population y est trés nombreuse, que ma réserve ne consiste qu'en I5ohon> mes , que les r-emparts peuvent être apeinegar- „ nis, que 1'ennemi est tout prés de nous; que par routes ces raisons ilm'est impossible de ten,ter I'exécution de votre ordre; qu'en mettant le feu ft la ville je provoquerais , sans nécessité s, le desespoir des habitan$ de Francfort. Reflechi?- it ses y, je vous en prie encore, mon Généial,',* Le Maréchal de Camp employé ' a 1'Armée du Rhin% (Signé) van Helde n.' Francfort, sur le Mein, le Nov. 1792. /tn premier de la République Francaise* Le Général Custine répondit a sa manière a ces deux dépêches qui lui exprimaient si bien 1'extrémité de ma position. II me marqua par une seconde Lettre aussi , du 30, (17) que quatre Bataillons de Grenadiers étaient destinés ft prendre ft revers toute troupe q .i viendrait m"aftaquerr (la veille , il avait assuré formellement le Sénat qu'il n'y aurait point d'attaque,) Fidéle a son esprit de rodomontade, Custine m'assura que les Prussiens le verraient le lendemain matin ft Ia pointe du jour, ct que je serais témoin de la manière dont ils s'en tirera'» ral au service de la République Francaise, et je i-epondis en consequence; que je n'avais a rendre compte de ma conduite qu'a la Nation Fran-r caise et a mes supérieurs civils et rnilitaires; que je ne craignais point de taourir pour la Liberté, et que tous les excés de la populace ne me porteraient jamais k me départir de mes ordres. JYjoutai que le tems n'était pas éloigné , sans doute, ou 1'on se repantirait amèrement des tons dont on se rendrait coupable envers les Hép.ublig.titig Francais. Cette réponse parüt fairs  C i2i ) une vive impression sur ce Bourgeois de Francfort, puisqu'il s'empressa de m'assurer que le Magistrat et les Bourgeois lom de prendre aucune part aux excès de la populace et des gens de metier ne cesseraient jamais, au peril même de leur jours, de prévenir les suites d'un pateil soulevement; et que Pintérét qu'il prenait a la garnison Francaise avait pü, seul, lui déterminer-a faire la démarche dont j'étais le témoin et 1'objet. Si depuis le jour oü conicrmément aux ordres de Custine j'avais tenté de forccr 1'arsénal et de faire fouillcr un souterrein de Saxenhausen , ou j'étais prévenu qu'il existait un magasin de poudre, si dis-je, la populace m'avait observé de prés depuis ce jour et m'avait constamment eivironrjé lorsque je marchais dans la ville, on sent que dans le fort de 1'attaque, toutes mes démarc'ies étaient scrupuleusement observées par cette même populace. La défiance devint si excessive que je ne pus faire un pas, ni proférer une parole sans être environné par la multitude , et il suffisan que j'adressasse la parole a un Ofticier, pour qu'il devint suspect au même instant, a la populace. J'entcndais de toutes parts, les menaces qu'on proférait contre nous; maisjedoisala vérité de diieque même parmi les flots tumultueux de ce pcup'e, plusieurs voix s'élevèrent en faveur de la garnison Francaise. II sufflt, s'éciïaicnt quc'qucs uns d'enIreux; d'cvpêchcr le Général et les Officiers de se Ui  C I2* ) porter aux remparts, le Soldat en deseendra bicntSt. Je vis former, suus mes yeux, le complot de demonter tous les Cavaliers qui paraitraient dans les rues qui aboutissaient aux poiius d'attaques, d'infercepter a tout militaire les aproches des portes et du Quartier Général, et de veiller avec le plus grand soin a ce qu'il ne peur-être transporté de cartouches sur les remparts ou aux portes quefoudroyait 1'Artillerie Prussienne. Ce complot, Ie seul que je pusse craindre c.\ qu'il me füt impossible de prévenir, füt parfaitement èxécüté comme on va en juger. Les Sous - Officier et Soldats qui revenant des distributions et entendant Ia cannonade, accoururent pour rejoindre leurs Compagnies furent interceptés, et ne purent gagner les postes. Les Lieutenants Grandidier etCardinet, Pun et Pautre du 7e Battaillon des fosgesyle Sergeant-Major de la Compagnie du Capitaine Goïlr.er du 5e Battaillon du Bas-Rhin, et plusieurs aures sous Officiers que je ne pourrais nommer ici sans étendre inutilemrnt les bornes de cet ouvrage, furert interceptés, blessés et plus ou moins gravement maltraités. Le Lieutenant-Colonel du 82e Régiment d'Infanterie le Citoyen Durozei faisant les fonctions de Commandant de la place, qui voulut se rendre auprès de moi pour me montrer Fitnpossibilité de tenir plus longtems contre des forces aussi superieures que celles qui nous assio-  ( 1*3 ') geaient, ne put jamais parvenirft dcscendre du rempart. Le Capitaine IVegner du 5e Battaillon da Bas-Rhin qui voulüt conduire un blessé ft 1'hópital füt blessé , lui même , par la populace. L'Adjudant de la place, le Capitaine Bertrand füt également arrêté en se rendant auprès dc moi. II faliüt qu'un boulet de canon vint tomber au milieu de la foule qui 1'environnait et la dissipat au même instant, pour que ce brave Adjudant püt parvenir jusqu'a moi. Je saisis avec empressement cette occasion de rendre aux Citoyens Durozd, Bertrand, Bailly, Fischer, Kommpespaih &c. la justice qu'ils méritent. Les talens et la bravoure du premier de ces Officiers , 1'intelligence et le dëvouement sans bornes du second, la présence d'esprit ct le courage du Citoyen Bailly qui faisait auprès de moi les fonctions d'Aide Camp, 1'assiduité et 1'application constante du Citoyen FtsfherYomtitt de 1'Armée, et 1'exactitude dans Ie service joïnte ft la bravoure dans le danger, du Citoyen Kommpespath Waguemestre de 1'Armée ont pü, seuls, me mettre en même de prolonger aussi longtems la défense de la ville de Francfort, et de so tenir jusqu'au dernier moment, 1'honneur des armes Francaises ; et je dois ft ces véritablès Francais un trihut particulier d'éloges et de remerciments. La multitude se livrait sans relftche aux plus grands emportemens. Les Citoyens Bailly et  C 124 ) Fischer fürent asfaillis et gravement maltraités ytt de trois ordonnances que j'envoyai , coup sur coup, au Commandant de la Cavallerie, uneseule püt revenir auprès de moi, saus qu'il lui eut cependant été possible de percer jusqu'a ce Commandant , et c'est avec le visige ensanglanté que cette ordonnance venait me rendre compte des obstacles insurmontables qui s'opposaicnt a 1'exécutiGn de mes ordres 1 pour les rendre plus inmiles encore, s'il était possible, la populace repandit le bruit que le Général Francais était tué, que i'enncmi avait déja pénétré dans la ville, qu'il allait tout passer au lil de Fépée, et que la garnifon n'avait plus un instant a perdrc pour abandonner la place, et s'échapper par la seule porte qui etait encore libre. On sent combien dc semblables rumeurs, qui se fortifiaient deboucbe, en boucbe, étaient propres a ébranler des jeunes gens plcins de bravoure , j'en conviens, mais qui voyaient le feu pour la première fuis et qui n'étaient accoutümés ni aux événements, ni aux ruses rnilitaires. Ces ménées provoquèrent, bien incontestablement, h défection d'une partie notable de la garnison qui longtems avant 1'entrée de I'enncmi et sans aucun ordre oe ma part, abandonna les postes et parvint a sorter de ia ville. Dans ces extrémités , plusieurs Militaires et Bourgeois me donnèrent 1c conseil de faire venir k, mts cutés, un trompette ao.nt je pourrais me  C 1=5 ) sefvir a tout évenements. Jc me rangcai d'autanf, plus volontiers a cet avis, qu'il me parut offrir les moyens de tranquiliser le peuple, et ceux de prolonger en même tems la défense de la place jusqu'a 1'ari'ivée des secours de Custine, secours sur le quel je comptais toujours. Je fis donc, venir un Trompette, et j'eus lieu de m'applaudit de cette mésure, lorsque le Commandant de la place Durozei qui se trouvait k un des fronts attaqués, füt parvenu k me faire informer du danger imminent que courait la garnifon Francaise. On nécessait, pendant cet intervalle de redoubler d'inftancespour m'arraclier 1'ordre de faire cesser lefeu; on me parlait continuellemcnt des déclara* tionsdzCustinei on me répéiait jusqu'a satiété qu'il li 'avait jamais pü me doener 1'ordre de tenir dans Francfort, puisqu'il se serait mis d'après son propre témoignage , dans 1'impossibilité de justïfier aux yeux de la nation Francaise le sac et la ruine de cette ville; impossibilité qui résulterait évidemment de 1'ensemble des mesures prises par ce Général en Chef, et du dénuement absolu d'artillerie et de munitions dans lequel il m'avait laissé. On n'oublialt aucune des raisons propres apersuader tout homme qui ne fait pas marcher avant sa propre conservation, Fobservation rigoureuse des ordres de son Chef; et on se servait habilement, »ais sans succès, des fautes du Général Custine  et de la violation de sa parole pour me forcer a passer par, d"ssus les ordres écrits et non révo» qués que j'avais de ce Général en Chef. C'était, cependant, dans ce Gé.,éral que j'étais forcé de placer et que je placais encore toutes mes espéravces. Plus le danger était extréme, moins }e pensais qu'il put se resoudre a abandonuer ainsi une partie de son armée, moins je pensais qu'il se repüérait en toute uiligince sur Mayence sans essayer une attaque contre l'armée Prussienne et sans opérer par cette manoeuvre, une diversion a Pattaque de Francfort: moins, je pensais, enfin, qu'il n'usait pas dans de parcilles circonstan-' ces, de toutes les ressources dc Part militaire pour introduire dans Francfort des munitions et des renforts qui nous missent en même de proion» ger la défence de cette place oü d'obtenir une houarable capitulation. Mais, mon attente était vaine. Le Citoyen Fischer que j'envoyai, deux fois, sur un clocher pour découvrir s'il n'avait pas des secours, me rapporta; que non seulement il n'avait rien appercu qui put lui laisser une si douce espèraoce, mais qu'il avait au contraite raonmf trés distinctemcnt, une colonne de Cavallerie ennemie qui se povtait sur le chemin de Höchst; ct que par ce mouvement , toute communication avec Parmée Francaise nous était coupée. Le Citoyen Fischer a'informa en même tems, et ce rapport me fut  C 237 ) plcinement confirmé par tous les rnilitaires et tous les bourgeois qui m'approcherent, que le piquet entier de Cavalerie venait d'abandouner la ville, soo officier en têtej c'était ccp ndant un ancien officier, trés brave homme et dunt je faisais beaucoup de cas. J'ai scü. depuis, qu'un peu après neuf heures, quelqu'un se disant porteur de mes ordres, était venu annoncer h cet officier qu'il .üt a se sauver avec son monde le plutcV possible , qu'il avait balancé quelque tems , mais que ne pouvant communiquer avec moi par les empéchemens qu'y apportait la populace , et jugeant qu'il n'y avait plus rien a espérer, il s'était décidé a gagner avec son piquet la porte de Bockenheim ; qu'il 1'avait trouvée ou verte et cntièrement abandonnée de ceux a qui la garde en avair étéconfiée, ce qui 1'avait décidé a sauver son piquet en évacuant la ville. La defection de ce piquet me fut d'autant plus sensible, que je le destinais a faciliter 1'entrée du secours sur lequel je comptais encore, tant les assurances et les promesses réitérées du Général Custine, me permettaient peu de croire a un abandon entier de sa part. C'est aux ménées de la populace que je me vis forcé d'attribuer un semblable événement , et il doic achever de faire connaitre 1'horible situation dans laquelle j'étais p'ongé. Le Quartier-maifre du 8ae Regiment d'Infantérie, 1'Adjudant-major du 5e Battaülon du Bas-  C «8) Rhin, celui du 7e Battaillon des Vosges et plusieurs autres Officiers me.firent successivemcnt rapport, que Ia populace attaquait nes Soldats dans les ruës et jusque dans les bastions; peu d'instants après on vint m'informer que les garcons de metiers accouraient de toures parts, avec leurs oufils, dans 1'intention d'ouvrir les portes i 1'ennemi. Leur grand nombre ne me laissait aucun doute qu'ils ne rcusasent dans cette entreprisc, car 1'espèce de rage dont ils étaient animés ne counaissait plus aucun frein. Les obus ct les boulets pleuvaient de toutes parts; un boulet était tombe sur le cP clier de 1'Eglise de Ste. Catherine, beaucoup de maisons étaient déja endammagées, le feu avait pris a quelques unes, la maison des orphclins et celle des pauvres avaient déja considérablement souiTerr de la cannonade, plusieurs bourgeois avaient été blessés , deux avaient même! été tués, Partillerie des Prussiens et des Hessois faisait un feu continuel. Les braves Républicains ■ n'en contiuuaient pas moins sur les remparts, leur feu de monsquetterie avec la dernière opiniatreté. Ni le nombre de leurs ennemis , ni le soulevcment de la populace, ni la certitude même de ne pouvoir arrêter plus longtems les efibrts d'une Armée de 5c ou de 60 mille hommes commandée par le Roi de Prusse, en personne, 11'étaient capables d'arrêter ou d'ébranler Ie courage de ces Soldats Francais, destinés ;\ triomphér de la'coaü-  C 129 ) tion de tous les Souverains, et h arborer un Jour 1'dtcndart Républicain sur ks soramets des Alpes et des Pyrênées, sur les rives du Danube et du Po* aux sources du Til/re et du NU. Teut était perdu , et ces jeunes Francais croyaient encore la fortune indécise; car, leur courage leur tenait lieu de forces, et leur amour pour la Patrie semblait multiplier leurs ressources, en les épuisant. Mais, si la valeur n'est jamais vaincue, il est un terme & sis tffbrts; il arrivé enfin le moment ou elle est réduite a céder. Les munitions étaient linies, plusieurs postes n'avaient, déja, plus de cartouches; il n'y en avait point au Quartier-Général, ks Caissons que le Général Custine m'avait envoyés/o«r éloigner kspatrouiiks ermcmies, étaient vuides, il me devenait impossible de me procurer de nouvelles munitions. Dans cette extrémité qui ne me permettait pas de remplacer les cartouches consommées aux fronts attaqués, je voulus y fairs fikr du moins quelques soldats des fronts opposés è 1'attaque, aftin de maintenir le feu de mousquetterie aussi longtems qu'il resterait a ma disposition une seule balie: mais on me rapporta dans cc même moment, que 5 ou 6 Compagnies postées de ce cóté, venaient de se sauver en masse, et étaient sorties de la ville en même tems, par deux portes. Cinq minutes plus tard , on m'informa que Ia garde de la porte , dite Schaumaïn-Thor avec la plus grand partie des pélotons qui occupaient I  C 130 ) SaxMöuteri. venait ïgalëment de prendre la futte. J'avais Jaise une forte garde dansceFaüxbourg, paree qu'il renfermait ufle'popuIatióliconsMéfable', mal disposée, en général, pour les Francais, et paree que cc poste était en outre d'uneimportance raajeure pour prévenir les entréprises que 1'ennemi 'eüt pü tentcr contre la ville par le Mein en y faisant descendre des bateaux de débarquement. Mais, 'ces précautions ne servaient qu'a rendre plus grande la perte d'une partie, si considérable par ellemême, de mes forces. J'étais donc, parcetabandon k Tentière dhcrêtion de 1'ennemi: ct , nuldo'Jte qu'il ne fut entré bien plutót dans Francfort s'il avait connu la véritable situation dans laquelle je me trouvais. Pour comble de désastres , on me fit rapport que la cbaïue d'un des petits pont lévis venait d'être briséc par 1'artillerie ennemi, que cepont était baissé, que le grand pont allait 1'être incessamment, et que les sappeurs Hessois accouraient pour en foncer la porte capitale; et j'appris dans. la suite que 1'officier d'artillerie qui dirigeaitlapièce au moyen de laquelle ce pont lévis fut abattu, avait obtenu de son Souverain la croix de mérite militaire. Je dois a la vérité de dire que les troupes Hessoises donnérent dans cette circonstance , des preuves de courage et de fermeté qui sont au-dessus de tous les éloges. Elles soutinrent d'une maniere distin£uée la réputation de leurs armes, et deve-  C '3i ) lopperent aux yeux de 1'Europe cette vlgueur et ce caractère qui signaletrtdansTHistoireRomaine, la résistance que les Katres , leur ancétres, oppr> sèrent aux vainqueurs de 1'Univers. L'intrépidité des Hcssois s'accro'ssut encore par leurs pertes. Le Princc de Hesse Phiüf.sthal avait été grievemenï blcssé, et mourut bientót après de ses blessures ; le Régiment des Gardes-Grenadiers avait perdü un monde Considérable; plusieurs officiers de distinction avaient été tués ou blessés; un major et quatre ou cinq officiers des gardes Hessoises étaient au nombre des premiers, huit a neuf Officiers de ces raème gardes étaient au nombre des seconds, Ct prés de 200 Soldats avaient déja mordu lapoussière. On sent qu'une perte aussi considérable devait ajouter, encore, a 1'impétuosité et au courage des troupes Hessoises. Je nc me permettrat point de parler ici, du courage des troupes Prussiennes. L'Europs en fait depuis cinquante ans 1'éloge, la Silésie est deventie partie intégrante de Ja Monarchie Prussienae et Freddie II. n'a laissé a la postérité que le droit de confirmer lejugement que son siècle porta sur la discipline, la tactique pt la bravoure des soldats Prussiens. L'impétuosité de Pattaque augmentalt progressivement, le désespoir de la populace de Francfort, Le feu se manifestait en plusieurs endroits, plu* sieurs boulets et plusieurs obus, tomberent prés de moi, devant 1'Hótel de 1'Empereur Romain; I 3  C 13» ) la multiciide qui y dtait réunie ne fut plus maitresse de retenir ses hurlemens. Elle m'enveloppa, et j'allais périr, si plusieurs bourgeois , les Ex-consuls et quelques membres du Sénat ne m'eussent arracbé a des excès que la faiblesse de mes moyens ne me permèttait ni de prévenir , ni d'arrêter. Mais, ces mêmes bourgeois ne tardèrent pas a partager eux même 1'animosité et la crainte publique; ils me pressèrent dans les termes les plus énergiques de donner, enfin , 1'ordre de reddition; ils me réprésenterent la ruine de leur ville aussi certaine, qu'inutile ct même funeste pour lagloire et les intéréts de la République Francaise ; ils me ^ndirent responsable, aux yeux du Peuple Francais , du sang des Citoyens, qui, suivant les usages et le droits de la guerre, allait être Versé lorsque 1'ennemi pénêtrerait dans la ville: ils me dirent, enfin, que n'ayant plus de cartouches a donner a mes soldats, une partie d'entre-eux ayant déja évacué la ville, toute la populace s'étant prononcée avec acharnement contre une plus longue défense, les garcons de métier accourant aux portes pour les ouvrir a 1'ennemi, et le Magistrat ne pouvant en aucune manière s'opposer a ces mesures , ils me sommaient de faire cesser le feu, ou d'avoir i\ répondre personnellement des malheurs qui allaient éclater. Je sentais tout aussi bien que les bourgeois de tïat.cfort, Pinutilité et le dangcr d'une plus longue  C 133 ) résistance. Mais , j'étais résolu de périr dans Je poste ou m'avait placé la République Francaise, ou de ne 1'abandonner que lorsqu'il ne meresterait plus aucun espoir de le défendre. On m'informa dans ce móme moment, qu'un Bataillon du Régiment Hessois de Kospoth avait été embarqué -XHanau et descendait le Mein pour débarquer a Francfort ct nous prendre en flanc: mais , malgré tant d'obstacles , je comptais encore que le Général Custine tenterait une diversion en notre faveur. Je fis observer de nouveau, du baut des clochers, les environs de la ville , et il me devint alors impossible de douter que je n'avais plus aucun secours éranger a attendre, même a espérer. Considérant, que j'étais attaqué detouscótéspar une armée nombreuse, que les postes les plus importans a la défense avaient été abandonnés par leurs Commandans , et qu'il m'était impossible d'y faire parvcuir du secours; que les fossés en plusieurs endroits des fronts attaqués étaient a sec , ct que déja quelques soldats ennemis les avaient ftanchis; me voyant abandonné d'une partie considérable de la garnison ; me trouvant sans Artillerie et sans Munitions , mes soldats n'ayant plus de cartouches: le fauxbourg de Saxen-kausen étant a la disposition de 1'ennemi, et me trouvant privé par la du seul point par lequel j'eusse pu. tenter une retraite; une populace nombreuse secondant les efforts de 1'ennemi et s'opposaut a I 3  C 134 5 tous ceux que je pouvais lui opposer; éfant dans J'impossibilité pbysique de faire éxécuterdes ordres et même d'en donner; instruic qu'un des ponts-levis Êtait abbattu par 1'artillerie ennemi et q'ueseèsapeurs commencaientle brisement des portes capitales; voyant les garcons de metier desarmer d'une part les Soldats Francais qui y servaient de garde, et se glisser de 1'autre sous la seconde voüte pour en ouvrir 1'entrée a 1'ennemi malgré le feu que celui-ci deployait dans cette partie; voyant le feu mis a la viile, ct entcndant dc lont cótés les cris , la rage ct le désespoir de la populace et des bourgeois; recevant de toutes part les informations les plus posiiives qu'il ne m'arrivait, qu'il ne pouvait même m'arriver aucun secours, les .troupes ennemis interceptant toutes les commu* nications, réfléchissnnt que deux portes principa» les étaient restées ouvertes a l'enncmi par la defection de la garde que j'y avais placéc, et que je pouvais ni les défendre ni en opérêr seulement la "fermeture ; ayant sur ma responsabilité personnelle la vie dé tant de soldats Francais; auxquels je dévais conserver si cela m'étüit encore possible, des jours précieux a la République Francaise; récevant a chdquc instant, les prières et les «ommations des bourgeois, ct du magistrat de Francfort, clc prévenir, s'il en éiait encore tems, la mine entière d'une cité industrieuse et qui renfermajt pour une somrae considérable de marchau-  C 135 > dises appartenant a des négocians Francais; considérant, enfin, que j'avais épuisé tous les moyens possibles dc défense, que j'avais satisfrit aux loix de 1'honneur, et a mes dévoirs envers* la. Nation Francaise, et qu'un trompette ennemi ayant été tué, toute la garnison était par cela méme , exposée a étre passée au fil de 1'épée , je me décidai a prévenir 1'effusion du sang Francais; je dunnai cn conséquence au Citoyen Bailly 1'ordre de se rendre, sur le champ, précédé d'un trompette, a cellc des portes ou 1'attaquc était la plus vive, affin de démander au Général ennemi d'entrer en pour parler, ct d'obtenir par ce moyen ,une capitulation , ou Ia vie sauve pour mes Soldats. Comme le bruit se repandait que 1'ennemi ve« nait de forcer la porte de la Toussaint, je me hatii d'y envoyer un trompette de la ville pour aller de cc cóté a la rencontre du Commandant ennemi, ct le prévenir que j'avais envoyé un Officier a la Porte- neuve, affin d'entrer en pour-parler. Le btit de cette mesure était d'arrêter, autant qu'il pouvait étre en mon pouvoir, 1'elfasion du sang Francais. Le Citoyen Bailly s'acquitta delacommission que je lui avais donné, avec cette intrépidité qui lui est naturelle. II trouva le petit pont par lequel il passait, baissé par les coups de canon , 1'ennemi occupé a baisser le grand pont, et prêt a déboucher avec son artillerie lans ia rue I 4  C -3* ) qui aboutit a ia Porti'neuve, Une autre Colonne pénétrait par la porte de la Toussaint. 11 est de mondevoir de dire, que la conduite de 1'adjoint Bailly sauva la vie, dans cette circonstance ft plusieurs soldats Républicains. Si son ièlc et son civisme ne se démcntirent pas un moment, je dois avouer aussi, que le Général ennemi eutla généreuse attention , de donner au citoyen Bailly un piquet commandé par un Officier avec 1'ordre de précéder la Colonne , d'arrêter la première fureur du soldat et de contenir la populace. La garnison Francaise füt rédévable de sa conservation ft ce trait de grandeur d'ame, et les vainqueurs se moutrèrent veritablcment dignes de la Victoire, lorsqu'il leur était devenu si difficile d'empécher leurs Soldats d'en abuscr. Le Duc de Brunswick, m'ayant fait 1'honneur de se rendre chez moi, avec toute sa suite, voulül bien me témoigner sa surprise de la ré» sistance opinifttre que j'avais faïte sans Artillerie , avec une Garnison si faible et dans une Ville qui n'était tenable sous aucun rapport. Un pareil reproche était trop honorable pour moi, il était trop bien mérité par les Républicains que j'avais 1'honneur de commander, pour que je ue repondisse pas au Général Prussiert; ,, que sans le défaut de munitions, sans le sou'èvement de „ la populace, son entrée ft Francfort eüt C16 re-  C 137 ) i, tardée plus longtems; et que si j'avais suivi „ les ordres de mon Chef, les Soldats Francais „ n'avaient pris de leur cóté conseil', que de leur „ courage et de leur amour pour Ia Patrie, dans „ un moment oü il ne leur était resré que ces „ seules ressources. " Après plusieurs assurances flatteuses. Le Duc de Brunswick voulüt bien se ressouvenir de la défeiice qui lui avait été opposée ft Amstelveen lors de 1'entrée des Prussiens enflollandecn 1787, etmeparlcr des retranchements ct autres ouvrages de fortifications que j'avais fait élever dans les environs VJmfterdam. II me dit ft cet égard des choses innniment honnétes, et le suffrage d'un juge aussi éciairé me füt (je ne crains pas de Pavouer) infinement agréable, sur tout dans la situation 011 je me trouvais. Sans doute, on trouvera mauvais que jerapporte ccsparticularités, et 1'on dira peut-étre qu'il „e m'appartientpas de faire mon éloge. Mais, toi,s 2e monde a ses envïeux et ses jaloux , et Pobscurité même la plus profonde ne saurait dérober I'homme qui en jouit, aux traits dc la calomnie. On peut donc se premettre de dire du bien de soi-même, lorsqu'on ft été injustement accusé , car, alors il y ft de Ia grandeur d'ame ft nc pas se laisser humilier, alors, il y ft du courage ft répousser la calomnie* oü serait d'ailleurs 1'honneur, cü serait la jusüce, si Phomme qui ft Satisfait ft tous ses dévoirs cnvers la Societé, n'avait pas le droit d'appcllcr 15  (138) le Jugement de ses Concitoyens, s'il n'avait pas le droit de s'offrir a leur estime avec les témoignages les plus propres il lui ménter ce sentiment? Lorsqu'on a été fidéle a rhoaueur on ne craint pas de 1'être a la verité, et il y aura toujours par conséquejit plus de véritable modestie que d'orgueil a s'appuyer sur les suifrages d'un juge, dont les lumicres et 1'équité, dans cette partie , sont aussi généralement réconnues que celle du Duc de Btunsuick. Mais, dira la calomnie, (car elle est inépuisable dans ses subterfuges) il n'est point de Capi'aine, qui n'ajoute audangerdu combat qu'il a eu a soutenir pour augmenter 1'éclat de la Viétoire qu'il a remportée! sans doute beaucoup de Généraux ont recours a cette petite vanité; mais les hommes grands par eux mémes la dedaignent. Les Généraux de la République Francaise ont renduhommage a la bravoure de leurs ennemis, mais loin d'exagérer cette bravoure ils ont été simples dans leurs récits, comme ils se sont montrés terribles dans leurs combats. Les Généraux Prussiens ont rendu la même justice aux Soldats Francais ; ces Généraux ont remporté quelques avantages sur les défenscurs de la République dans le cours d'une guerre qui servait si bien 1'ambition de la maison d'Autriche, et la férocité du Gouvernement Anglais, d'une guerre qui aliait trop directement contre les véritables intéréts du cabinet de Balin, pour qu'il ne fut pas le premier de  C 'S9 ) 1'Europe, h poser les armes; le Souverain dc laPrusse, ses Min Is tres et ses Généraux ont montré autant de sagesse que de dignité; et si a la suite d'une animosiré qui leur était étrangère, ils ont reproduit dans le cccur des Francais ce respect et cette estime que la politique < eMrée et le grand caractèie de Frederic II. leur avait inspirés en faveur de la Monarchie P ussi"nne,ce n'est pas pour avoir exageré le courage des Rénublicains Francais; c'est pour lui avoir rendu justice , que deux Nations si digne de s'airaer ont renoué fes noeudS d'une alliance qui repond ;\ 1'Europe de sa tranquilité , a PAllemagne de sa conservatioü. Ft certes, une pareille exagération en fait de bravoure, a été rendue impossible méme a la jalousie; car, la gloire de la République Francaise est repandue dans toutes les contrées oii ces Républicains ont porté leurs armes, et s'ils ont cu 1'Europe entière a combattre, c'est 1'Europe entière qu'ils ont vaincue. Mais sans m'abandonner plus longtems a cc sentiment d'admiration que 1'éclat des armes Francaises transmettra a nos derniers neveux(car, c'est sur tout a la République Batave qu'il appartient de s'honorer des exploits de la Fvépublique Francaise,) je ne saurais m'empêcher de revéler que les Généraux Prussiens et Hessors n'ont été que Jnstes dans les éloges qu'ils ont accordés a la rcsistancc de la garnison Francaise de Francfort,  ( 140 ) Lc nombre de morts qu'ils ont laissé au picd des murs de cette Ville , la perte du Prince de HessePhilipsthal, les croix du merite; Militaire dont le Landgrave de Hesse-Cassel, déco^a dix ou douze Officiers, les promotions qus Frederic-Guillaume fit a cette cccasion dans ses ordres de Chevalerie et dans les grades de son armée, le Monument funèbrc que ce Souvcrain a fait élever aux portes de Francfort y (monument qui honore la memoire du Prince de Hesse- Philipsthal en immortaiisant le courage des Républicains Francais) tous ces faits dont 1'au» thenticité est irrécusable , temoig.nent bien incontestablement, que les ennemis de la République Francaise n'eussent pas récouvré sitót la ville de Francfort si elle eüt éré pourvue des munitions nécessaire a sa défense. Puis que j'ai été gravement calomnié j'ai lcdroit de redire que plusieurs Princcs, ct presque tous les Généraux Prussiens ct Hessois m'ayant honorés d'une visite le lendemain de la prise de Francfort, me donnérent dans cette occasion , un temoignage public d'intérèt ec d'estimc, ils daignèrent même me repeter que si j'avais merité un reproche, c'était celui d'avoir mis trop d'opiniatreté a défendre une ville couverte et avec des forces aussi inferieure que les miennes. Les Hessois etaient iirités au dernier point contre le Général Custine. II avait écrit a leur Souvcrain une lettre oiTensante pour la dignité de  C Hl ) la République Francaise, et il avait montré dans le cours de ses déprédations une haine particuliere contre le Landgrave. Custine , Custine, c'est lui que nous devons avoir! s'écriaeient les soldats Hessois qui se répandirent dans les rues de Franc* fort. Persuadés que son fils était auprès de moi, ils environnèrent le Quartier général, et ménacèrent de tirer par les fenètres de mon appartement. Un Négociant de Francfort, Mr. Schmidt, appercevant un grenadier Hessois qui me couchait en joue au moment oü je parraissais a une croisée , prit le grenadier par le bras et détourna le coup. L'arrivée du Duc de Brunswick sauva le vie aux braves Officiers rassemblés auprès de moi; et la présence du Roi de Prusse achèva peu demoments après de dissiper 1'attroupement. Ce monarque ayant sur tout a coeur de prévenir 1'efTusion de sang, et de sauver aux soldats Francais une vie qu'ils avaient si vaillement bazardée contre son Armée, donna des ordres tellement précis; le Prince Louis de Prusse, le Prince de Hesse - Darmstadt, le Général de Biesenroth écc., secondèrent si bien ces ordres généreux, que les Volontaires Nationaux furent promptement arrachés a la fureur du soldat ennemi. Et il faMt toute la Grandeur d'ame des Généraux Prussiens et Hessois , pour derober ces Volontaires a la mort; car desjeunes gens qui n'avaient quitté leurs foyers • que depuis peu de semaines, qui ne connaissaient  C *4* > ni les droits ni les usagesdela guefre, disputaient encore la victoire au vainqueur: et loin d'accepter le quartier qui leur était offert, armés d'un fer dont leur courage avait émoussé ia pointe, il se défendaient dans les rues et jusqu'a daus 1'intérieur de» bastions. C'est d'après une teilc opiniatreté que 1'on doit apprécier 1'humanité dont les Prussiens ct les Hessois donnèrent des preuves dans cette circonstance. Le Roi de Prusse me fit rendre mon Epée et exigea ma parole d'honneur que je ne sortirais point de Francfort. J'avais lieu d'espèrer que je serais renvoyé de suite en France, sur ma parole et jusqu'i mon échange défuiitif. Quoiqu'il n'eüt été rien statué eneore, entre les deux Nations rélativement aux échanges des prisonuiers, ma libertém'eut été rendue sans la conduite que le Général Custine se permit de suivre au sujet de laprise de Francfort. Aussi toutes les instauces que jc fis pour obtenir d'ètre renvoyé dans le sein de la République Francaise furent iuutiles. Mais Si quelque chose püt uiminuerdsns ces circonstances les régrèts que j'éprouvais de ne pouvoir lui consacrer plus longtems mes services, ce füt la manière honorable dont le Roi de Prusse, et les Généraux Prussiens voulurent bien s exprimer sur mon compte. En me réitéraut leurs assuranccs d'estime , ils ne me laisserant point ignorer que la conduite de Custine néctssitait de semblablcs mé-  C 143 ) sures, que cette sévérité n'avait aucun motif qtfi me füt personnel; et que dans toutes les rélations qui seraient publiées on me rendrait ainsi qu'a. la. garnison Francaise de Francfort, la justice que meritaient et leur discipline pendant mon sejour de Francfort, et leur courage pendant son attaque. En me faisant informer que j'allais Clre trans» féré dans les Eta^s du Landgrave de Hesse-Cassel3 le Roi de Prusse daigna me faire assurer particulierement , qu'on ne tarderait pas a prendre des arrangemens fixes concemant les Officiers prisonniers de guerre; que ces arrangemens détermineraient une fiis pour toutes ce, a quoi on pourrait s'en tenir réciproquement; que je n'attendrai problablement pas longtems a Être renvoyé sur ma parole, mais que cette liberté dependrait des arrangemens qu'on prendrait avec les Généraux et des mesures qu'adopterait, pour cette partie dela guerre le Gouvernement Francais. Je partis donc pour Marbowg le 7 Decembre avec une partie des Officiers Francais. Les autres se rendirent kHanau; d'ou,une partie d'entr'eux, furent transfèrés ensuite dans les Etats du Roi de Prusse.  C 144 ) TROISIEME PARTIE. Détail'de ma conduite et de ce qui s'est passé depuis mon arrivée a Ziegenhain, jusqu'a ma mise en liberté èt a mon retour en France. J'avais ren du compte le 2 Decembre au Général Custine de la reddition de Francfort, et je 1'avais Vivcment sollicité d"employer tous les moyens qui pouvaient étie en son pouvoir pour me faire promp» tement échanger, ou renvoyer sur parole. J'avais fait les jours suivants les démarches les plus fortes concernam ce meme objet, tant auprès de S. M. le Roi de Prusse, rm'auprèsdu Duc de Brunswick et des autres Généraux. Oa m'opposa continuellement pour réponse que la conduite du Générul Custine envers le Magistrat de Francfort, se permettak point qu'on me laissat retourner en France, et que celle qui serait tenue envers les Deputés de cette Ville qui se trouvaient a Paris, ct envers les Officiers Prussiens prison« niers de guerre, dcterminerait les résolutions tiltérieurcs ft notre égard. Le 6 Décembrc j'écrivis au Ministre de la guerre Pache pour le sollicitcr de prendre les me-  C 145 } mesures qui dependraient de lui affin d'obtenk ma remise en liberté et mon retour en France. J'envoyai le même jour copie de cette dépêche au Général Custine. Je lui observai que la crainte ou 1'on était que, sur les rapports qui seraient faits rélativcment a ia populace de Francfort, les Dé» putés de cette Ville qui se trouvaient k Paris n'y fussent rigoureusement traités, motivait et dêcidait notre captivité; qu'il était de sa justice comme de son honneur de rendre au Sénat de Fïancfort aux Bourgeois et aux véritables Citoyens de cette ville Péclatante justice qui leur était due; qu'il savait aussi bien que personne, tant par mes rapports que par des Officiers ou Soldats révenus a son Armée, que ce Magistrat et les Bourgeois avaient comprimé de tous leurs moyens les excès de la populace juive et étrangère; qu'ils m'avaient sauvé personnellement la vie, et qu'enfin sans la con. stance et la générosité de leurs cfforts, une grande partie de la garnison Francaise eüt été livrée £ un pcril extréme et inévitable. Le ;o, j'écrivis au Landgrave de Hesse -Cassel pour lui demander d'être renvoyé sur parole. Le Duc de Brunswick etant Généralissime de 1'Armée combinée Prussienne et Hessoise* j'était proprement le prisonnier du Roi de Prusse : mais comme les troupes Hessoises avaient été chargées particulièrcment d'attaquer Francfort, et qu'elles avaient été les premières a prendre possession K  C 146) de la ville, j'étais constitué prisonnier de guerre du Landsrave de Hesse -Cassel. Le 12, les Officiers Francais a la réquisitio* du Sénat de Francfort crurent de leur honneur d'éclairc-r la Conveiitiou Nationale 6ur les irnputations que Custine se permettait contre les Magistrats de Francfort. Cette piece fdt souscrkc par 44 Officiers da 7^ Battaillon det Vosges, du 5«ne du Bas-Rhin, du io-k de la Haute-Saêne du ame du 8a«e Regiment, et piusieörs Comrai6* sahres des Guerres et Employés & 1'Armée du Rhin. Elle me füt présentée par 3« Commissaire de Guerres Matthieu Favier, et j'y apposai ma signature. La reconnaissance et la verité exigent qne je consigne ici cette pièce ( 20 ) quoi qu'elle art été collationnée par les Notaires Jaenicke et Kappes, immuatrieulés par le \4nirable Sénat de la susJitte Fille et République libre d'Empire, de Francfort. Si cette depêche honore le Magistrat, elle témoigne eu méme tems la loyauté et la justice qui carf.ciétisent les Républicains et les Officiers Francais. 56 Sous-Off.riers rédigérent une déclaration semblable. Elk fut remise ainsi que la précédente, le 6 Janvier I793 , au Ministre des affaires étrangères de la République Francaise par les Députés de Francfort détenus a Paris. Le méme jour 12 Décembre, 63 Officiers ou SousOfficiers envoyerent au Général Custine une décla*  ( -47) i-ati'oa , par laquelle ils attestaient la générositl 1'humanité et la loyaute dont le Magistrat de Francfort avait constamment usé envers la garnison Francaise. Ces pièces suflisent pour montrer combien ce Général était inexcusable dans lestorts dont ii cherchait a rendre coupables les Citoyens de Francfort. Le 13, je renouvellai, parécrit, auprèsduRoi de Prusse et du DuC de Brunswick ma sollicitation, affin d'obtenir un prompt élargissemenr. Qtleique mauvaise volonté que le Général Custine eüt montré rélativement a Ia défense de Francfort, et quoiqu'il me fut prouvé ainsi qu'ft tous les Officiers de cette garnison, que le Général en Chef avait évidemment trahi, dans cette circonstance, les intéréts de la République, Je ne pouvais me persuader qu'il aurait encore 1'audaee d'attenter a notre réputation. Mais les torts et les fautes de Custine étaient si roanifestes qu'il eüt récours a rinfamie la plus lache pour se justifier auprès du Gouvernement Francais. II ne lui était pas pos* sible de calomnier longtems , du moins avec quelque ombre de pudeur, les Magistrats de Francfort', car ceu."-ci n'épnrgnaient rien pour éclairer le jugement de la Convention Nationale, et la vérité se fait jour tót ou lard. L'on sent d'ailleurs de quel poids allait étre dans 1'opinion publique, le témoignage unanime d'une ville qui se présentaic au tribuual de 1'Eurore entière avec les prauves K 2  C 148 ) irrécusables d'une grande sagesse, et de 1'humanité la plus généreuse. Plus les accusations de Custine étaient: absurdes , plus la justifkation du Sénat' devait donc être terrible pour ce Général. Aussi , dans le rapport que Custine fit le 7 Décembre a la Convention Nationale , il attribua la prise de Francfort au soulévement général de ses habitans , et a la baine prononcée du Magistrat contre la République Francaise. ,, Voila dit Custine, a la Convention Nationale, voila un des dix mille poignards qui ont été dis,, tribués au peuple de francfrt pour assassiner ,, la garnison de cette ville; 300 Francais ont ,, été non tués, mais se sont laissér égorger par ,, ldcheté; leurs femmes et leurs enfants ont été massacrés; la vengeauce Nationale doit se dé* ploycr*' &c. Avant d'aller plus loin, je suis forcé de présenter quelques réflexions bien simples. Custine traite dans son rapport les habitans de Francfort d'assassins et les officiers et soldats de cette garnison de Idches. Mais 1'une dc ces accusations detruit uéeessairement 1'autre; car , si dix mille assassius, secondés par une Armee de 50 mille hommes munie d'une forte Artillerie ont tué 300 soldats, certes c'est bien peu de victimes pour tant de bourreaux; et la garnison entière pouvait être nasSacrée dans une telle supposition de faits, sans être pour cela accusée de  C M9 ) Mcheté, pm'sque seize cent hommes qui composaient cette garnison devaient naturellement succomber sous les coups d'un aussi grand nombre d\issassins et d'ennemis. Mais la garnison Francaise n'a perdu que 41 hommes trouvés morts sur les remparts ou dans les rues, et 19 qui sont morts de leus blessures; ce qui fait en tout 60 hommes tués. Elle a eu ioó blessés; et ce fait irrécusable (ai) détnent victorieusement et la fable des poignards, et Faccusation d'assassinat si libéralement portée contre les Citoyens de Francfbrt. Car, dans le nombre des morts et des blessés ci dessus rapporté, on accordera bien sans doute, que le canon des Prussiens et des Hessois y est entré pour quelque chose.' et alors, il faut convenir que les dix mills assassins ont bien mal fait leur métier. Mais si Faccusation d'assassinat est si gratuitement absurde, celle de Idchttê est pour le moins aussi révoltante. Prés de 300 soldats Prussiens ou Plessois ont été tués ou blessés, 15 ou 20 officiers, parmi lesquels plusieurs officiers de distinction , ont été également tués ou blessés; un Prince de Hesse y a perdu la vie, un monument public a été élévé a 1'honneur des braves Prussiens et H-ssois tués au siege de Francfort Et tous ces faits sont irrécusables, car lejournal dc 1'Armée da Prusse en fait foi, les arebives de Francfort le ■témoignent, et Pobélisque élévé sous ses murs K 3  ( -50 ) fin-ce les voyageurs a rendre hommage a la bravoure des Républicains Francais. Si la perte qu'essuièrent les Prussiens ct les Hessois (perte enorme comparativement au nombre et aux moyens des assiegés) prou» Ve le courage des Républicains Francais, elle prouve ce me semble, non moins clairement, que ces Républicains n'avaient pas derrière eux dix mille txssassins armés de dix mille Poignards. En admettant ce petit conté de boucher, si impudemment presenté par Custine a la tribune d'une Nation, certes il n'y aurait pas de terme assez fort pour honorer 1'heroïsme des Républicains Francais! Au nombre de seize cent hommes, sans Artillerie, n'ayant que trente coups dc fusil k tirer ils parviennent a tuér 300 hommes aux ennemis qui assiègent la ville dans laquelle ils sont rcnfermós, ils tiennent tê:e en même tems dans 1'intérieur de cette ville a dix mille assassins armés de poignards , ct parviennent cependant a ne perdre que 41 homme pendant la durée de ces vêpres siciliennes que seconde d'une manière si formidable une Armée de 50 mille hommes composée des meilleurcs trounes de PEurope et commatidée par un de ses plus grands Capitaines.' quel excès d'intrepidité et en même tems quel prodige de bonbeur ! Si les monuments par lesqucls le Roi de Prusse consaera le courage du Commandant ct de la garnison Francaise dc Francfort obligent Custine h  réconnaftre dans le fonds de 1'ame le courage de ce Commandant et de cette garnison, ce Général en Chef n'est pas plus heureux dans racet!* sation d'assassinat qu'il intente au Magistrat de Francfort. Car, sur 1158 Francais fait prisonniers a Francfort, aucun n'a eu connaissance des dix mille poignards. Ces prisonniers n'ont été instruit dn danger qu'ils avaient courru, ils n'ont même scü qu'ils avaient été assassinés que par les gazettes de Mayence oü était le Quartier-Général de Custine, et par celles de Paris ou ce Général envoyait ses rapports. Bien plus les prisonniers Francais nient unanimement les faits avancés par Adam Philippe Custine, et ces prisonniers reconnaissent au contraire, les habitans de Francfort pour leurs bienfaiteurs. (20.) Au reste pour donner une idéé de 1'impudence avec laquelle un Général d'armée comme Custine peut se permeltre d'en imposer a une Nation entière , je donnerai ici un extrait des rapports que ce Général ne rougit pas d'adresser le 3 et le 7 Décembre a la Convention Nationale. Je ne ferai aucune réflexion sur ces rapports, paree qu'il me faudrait combattre a chaque mot 1'imposture et Pabsurdité, et que de pareils rapports en disent plus que je ne pourrais en dire (41). Le Sénat de Francfort offrit vingt-quatre mille livres de récompense a 1'homme qui prouverait la fabrication et la distribittion non pas de dix mille K 4  C -5a ) poignards, mais d'unseul, ;\ 1'homme qui fourni» rait Ja moindre preuve de traliison de leur part. Si les preuves de ce fait ne pouvaient êtrefournies par personne a raison de son atroce fausseté, voici des preuves qui peuvent être fournies par plus de quarante mille témoins et que les Républicains Francais se sont empressés de publier. Soixante dix Maisons avaient été gravement eu dommagées, les boulets et les balles siflaient dans tous les coins de la ville, les "óbüs avaient mis le feu en plusieurs endroits, toute la Bourgeoisie de Francfort était plongée dans la consternatiou et le désespoir. Cette Bourgeoisie était le jouet des vaines paroles du Général Custine, les jours des habitans étaient en danger, leurs propriétés ravagées , leurs demeures enflammées par 1'artillerie des assiegnants; et tous ces desastres qui pouvaient être suivis d'une mine totale, avaient lieu après Ia déclaration solemnelle du Général Custine qu'il ne serait pas tirè un coup de canon sur Franc* fort, après avoir assuré le Sénat qu'il donnerait ordre au Commandant Francais d'elTectuer sa rétraite, après la garantie donnée en quelque sorte par le Général Prussien qu'il Iaissèrait effectuer cette rétraite. Si le Sénat de Francfort a la suite d'une promesse aussi saciée de la part du Général Custine, eüt tenté de désarmer Ia garnison Francaise au moment ou elle commenca la défense de la place, une telle mesure eüt pü être sinon excusécs  C 153 > du moins pardonnée en faveur de 1'obligatïon contractée par Ie Sénat de conserver aux habitans leurs vies et leurs propriétés. Mais, loin de se permettrelamoindre violence , plusieurs Sénateurs 'Kingenhermer, Rothan, Rièse, Muller, Scheuk , Steitz etc. etc.) visitaient les Corps de Gardes et surveillaient les polices établies dans les quatorze quartiers de la Ville. Ils surveillèrent les ordres donnés' par le Sénat aux Capüaines dits les XXVIII, pour maintenir Je bon ordre et préserver les trtupes Frangaises de toutes insultes, et pendant que j'opposais aux Prussiens et aux Hessois une resistance opinhltre, inutile, mais qui m'étaitcom. mandée par le devoir, par 1'honneur, par ks ordres de mon Général , le Bourgemestre envoyait tous les Chirurgiens de la ville au secours des blessés. Le Combat fini, les habitans dehommes et femmes, s'occupent du soulagement des blessés; plusieurs maisons converties en hospices sont meublées sur le champ. Les Bourgeois y transportent eux mêmes les blessés, les Magistrats y envoyent les provisions les plus abondantes, pourvoient a tous les besoins des Républicains Francais, les visitent avec soin, dissipent leurs inquiétudes, les consolent avec délicatesse, et recoivent, en payement les larmes de la réconnaissance. Généreux habitans de Francfort, c'est ainsi que K5  ( »54 ) rous vous êtes vengés des déprédations, de laperfidie, dc la trahison du Général Custine ! c'est ainsi que vous avez bien mérité de la République Francaise , qui cbérit 1'humanité plus encore , qu'elle n'aime la gloire. Non jamais votre ville ïi'aura placé ses fonds a un si bel intérêt 1 J'avais la cenitude d'être échangé au premier moment , d'après les assurances réitérées qu'on m'avait données a ce sujet, lorsque dans la nuit du 17 au 18 , le Commandant de la place de Marlourg, m'inforrrra qu'a la róquisition du Roi de Prusse j'allais être détenu comme Prisonnier d'itat dans la forteressc de Ziegenkain, Le Gouverneur de cette forteresse était le Lieutenant Général de Donop, oncle du Major de Donop des Gardes-Grenadiers Hessoises qui venait d'être tué au siège de Francfort, et Pon sent asscz qu'une semblable récommandation ne devait pas adoucir les rigueurs dc ma captivité. Je temoignai sur Ie cbamp au Landgrave de Hesse-Cassel, Pétonnement dans lequel mejettait une mesure aussi rigoureuse, lorsque j'avais du compter au contraire, sur mon prochain élargissement, et je le suppliaid'employer son autorité pour m'obtenir Ia permission de me rendre en France sur parole. Ce Souverain voulut bien me répondre (42). le 30, et m'apprendre que le Général Custine après avoir été la cause des refus que j'avais éprouvés antérieurement, était encore celles des  C 155 > nouvelles rigueurs exereés ft mon égard, ct ft ce. Jui des prisonniers Francais. J'écrivis Ie 18, au Général Custine, et je lui envoyai copie de la lettre que j'addressais cemême jowr au Ministre de la guerre Pache. Je marquais a ce Ministre, que les bruits par les quels j'apprenais qu'on cherchait ft attaquer la répiuation du Commandant et des Officiersfaits prisonniers ft Francfort venaient denouspénétrer de la plus „ vive indignation 5 que j'écrivais en conséquence a, au Général Custine; que je le suppliais de donner connaissance ft la Convention-Nationale tant de cette lettre, que du rapport et des „ deux dépêches que j'avais eu 1'honneur dc lui „ adresser avant mon depart de Francfort; que „ je demandais avec instances que ma conduite et celle des officiers prisonniers avec moi russi,: sent sévérement examinécs; que les ordres on'. ginaux de Custine, que j'avais heureusement conservés au pereil de ma vie prouveraient ft la „ Nation Francaise quel était le coupable, de lui „ ou de moi; et que je le suppliais d'employer „ tous les moyens qui pouvaient être ensonpouvoir, afin d'obtenir mon élargissement et men échange qui pouvaient seul me mettre en même „ d'aller soumettre ma conduite au jugement du ,, Gouvernement Francais." Dans la lettre du Landgrave au Commandant de la place de Marbourg, il était dit expresse-  C is« ) ment , qu'au moment ou il allait me rendre la libe-tè, Ie Roi de Prusse réquérait que je fusse détenu comme Prisonniers d'Etat, en represaille de ce que sur les rapports de Custine les Députés de la ville de Francfort étaient détenus et gardés a vue a Paris; que douze officiers Francais (dont deux Lieutenants Colonels et dix Capitaines) le fussent de méme, et que nous serions regardés comme Prisonniers d'Etat jusqu'a ce que les susdits Députés eussent été mis en liberté. La lettre que le Colonel de Manflein Aide de Camp du Roi de Prusse m'écrivit de la part de ce Monarque (23.) et qeile que le Duc de Brunswick me fit 1'honneur de m'adresser (24.) me confirmèrent plcinement la cause des refus apportés a ma délivrance et a celle des autres officiers Francais. Jusqu'a cette époque je n'attribuai ces refus qu'aux traitements exereés sur les Députes de Francfort d'après les rapports de Custine. La lettre du Maréchal de la cour du Prince d'Isembourg (F. de Lepel) en me donnant une connaissance precise des rapports du Général Custine vint m'apprendre (25). jusqu'a quel point ce Général pouvait porter 1'oubli de soi-même, les bassesses de Ia vengeancc et les ldchetés de la calomnie, dans 1'espérance de couvrir ses fautes aux yeux de la Nation Francaise. Je réfléchis bientót qu'en marquant Ie 18, au Général Custine et au Ministre de la Guerre, que  C w ) j'étais parvenu h conserver les ordres originaux en vertu desquels j'avais du desarmer la Bourgeoi» sie de Francfort, incendier cette rille, faire mes préparatifs pour Pévacuer , et la défendre sans secours et quoique je ne dusse pas y être attaqué ; je réfléchis dis-je que la conservation de pareils ordres devenait une preuve trop évidente des fautes sans nombre du Général Custine pour qu'il ne cbercbut pas a éloigner de la France un témoin aussi capital que je 1'étais, et par conséquent a entraver de tous ses elforts ma délivrance oumon échange. Ce Général ne se borna pas, en effet, h ces précautions. II avait a justifier des torts et des cor.tradictions sans nombre dont il s'etait rendu coupable envers le Ministre de la Guerre. En effet, tantót Custine m'écrivit qu'il m'enverrades renfort et de 1'artillerie; (7) tantót, il me marqué que je n'ai besoin de rien, et que deux caissons de cartouches, et deux pièces de trois me suffisent pour eloigner les patrouilles ennemies (16). Tantót il me donne les ordres de désarmer la ville de Francfort, et d'y mettre le feu si elle bouge, (10.) et tantöt il me remercie de n'en avoir rien fait et remercie le Sénat des soins qu'il s'est donné pour prévenir les suites funestes qu'aurait entrainé mon opiniatreté a excuter des ordres aussi impolitiques, mais aussi précis de la part de Custine. Tantót, ce Général me marqué de me disposer a évacuer  C 15O Frtncfort et me retire une partie de la garnison (13 et 18) et tantót il me marqué que si on m,attaqve il est prés de moi, et que les Prussiens le vet ott: (16 ct 18) et toujours en me disant de me tenir prét k évacuer Fiancfort au premier avist H n'&ric dr.ns le style le plus rodomont qn'ua Républicains Francais ne capitule pas etsedefend, jusqu'a la mort. (jo et 11.) D'un autre cóté, Custine marqué dis la fin de Novcmbre au Ministre de la guerre , que la trés grande supériorité de 1'Armée Prussienne, ne lui permet pas de songer a conserver Francfort, et qu'il fera -évacuer cette yiHij et dans son rapport a la Convention Nationale ce méme Custine marqué qu'il volait au secours de Francfort lorsqu'il apprit sa reddition, qu'il avait tout fait pour server cette place, et que cette reddition qui we pouvait lui étre imputèe venait déranger tout le plan de ses opérations, opérations qui sans cela Feusscnt rendu maltre de 1'Allemague entière. Pour étayer tant d'absurdités tant de mensonges. et tant de bravades, il fallait écartcr avec soin Ia Yérité, et invoquer des faux témoins. Ce même tkrbin (*), dont j?ai signaléplus haut la licbeté (ff) Je ne dois p»s oubllet iel un fait qui doit servir a jeuet ua ceitaine jour sur la reddiiion de Francfort, et lej suite que la Calomnie y a données. Le 13 Janvier 1793 , 5- crus ^e mon devoir de c'értoncnc formcSieanea: au Commissalre Auditeur de l'armés Fraiig.üe,  C '59 ) et Ia fuite , s'était rendu, auprès du Général Custine après avoir essayé d'enlever mes papiers , ce qui lui eüt été certes facile, sans un peu de précamion de ma part, puisqu'il était mon secretaire particulier. II fit le rapport que bon lui sembla & Custine, ou pour mieux dire le ldebe et infame Herbin fit le rapport que Custine eut 1'impudence d'envoyer a la Convention Nationale. Et Tonsent bien, que ce rapport devait étre vrai aussi longtems que je serais renfermé dans une forteresse et dans 1'impuissance de faire connaitre Ia vérité. En me laissant en captivité Custine assurait, donc, ses calomnies; et lorsque je lui eüs marqué que j'étais parvenu a conserver ses ordres Originaux il düt faire tous ses efforts pour que cette captivité n'eut pas de fin, s'il était possible. Hf rhin ree ut de Custine 1500 livres, ennume. le Cltoyea Hertin, j'écrivi» donc, au Quartier-Gécéral 5 ilayence, que le die Htrbln non content de m'avoir JJeaemen-' abandonné , dans un moment ou les services de tous ceux qui m'envltonnaient étaient si nécessaire a la défense de Francfort, avait encore infiniment conttibué a la reddition de cette ville, en tépandant 1'épouvante parmi les soldats, et jpubliant que tout était perdu sans ressources. Ainsi celache apute avoir induit en erreur le Général en Chef Custiae, sut 1'état de défense de cette ville, empecha peut-ttre ce Général de venir a mon secoura. — Je dols encore observer, que n'ayant point recu iéponse du Conamisfaire Auditeur, ja renouveilai le 12 Février auptès de ce Cotnmissaire la nerct •asaondaUon sontte le dit HttVtn.  ( i6o ) faire, a tirre de gratification, et une promesse d'un grade d'Offkier dans la Cavallerie. Je dois observer que ce lftche n'ötait que soldat lorsque je le pris k mon service, et qu'il füt rayé de la liste des aspirans aux places d'Oïïiciers, sur les réprésentations énergiques de plusieurs Officiers qui avaient en connaissance de sa conduite 3. Franc* fort. Je fus inStruit de ces faits par 1'Adjoint k 1'E» lat-Major Bailly. Ce brave et intéressant Officier avait recu le 31 Décembre, du Commandant de la ville de Marbourg 1'ordre de se rendre a Francfort auprès de 1'Aide de Camp du Roi de Prusse de Manstein. Le 5 Janvier 1793 , le Citoyen Bailly füt échangé contre un Aide de Camp Prussien, et Custine fit renvoyer cet Aide de Camp auQuartierGénéral Prussien , dans sa Berline et même sans le faire bunder les yettx comme cela est en usagc en pareille circonstance et comme cela füt trés bien observé par les Prussiens k 1'égard du Citoyert Bailly. Le résultat de cette complaisanct loyale du Général Custine füt que le lendemain 6 Janvier, pAide de Camp Prussien échangé la veille, conduisit en personne la Colonne Prussienne qui attaqutl les Francais du cöté de Hocheim, et leur fit éprouver une perte considérable tant en hommes qu'en chevaux et qu!en Artillerie; les rapports véridiques portent la perte des Francais , dans cet échec, a 16 ou 17 cent hommes. Cha-  Chacun fera sur ce petit fait les réflexions que bon lui semblera , ainsi que sur Véchangé du Citoyen Barpy. Cet Adjoint ignorait le motifdeson élargissement, mais ce motif lui füt bien connu a Son arrivée k Mayence. II m'éerivit de Greutznach le 7 Janvier 1793 , ces propres mots* ,, J'ai trouvé a Mayence le Général Cu ti e en nombreuse compagnie, il m'afait „ beaucoup d'accueil et m'a dit qu'il me reservait 5, pour récompense de la manière dont je me suis 3, conduic a Francfort, d'être employé auprès d'Horchard a 1'avant-garde» Il me toucha ensuite „ quelques mots* sur 1'affaire de Francfort , je le „ pris sur le ton de la vérité et de la franchise ,, que vous me connaissez , et vous rendis en bref umit m juaui.c ijm esc uuc a ia Dravoure, a ja vigilance, et aux talensMilitaires que vous avez déployés dans Ia.défense de Francfort} Custine „ pretcxta sur le champ des affaires et se re- „ tira. J'ai scü par plusieurs personnes que toutes ks , üepositions, et cela dévait étre, avaient été faim , tes d votre avantage, a 1'exception seulement de , celle d'Herbin qui vous donne des torts. Je , sais que le Général Custine 'lui a fait donner , 1500 livres; je trouve que c'est payer bien cher , la hassesse , Finfam'e, et la Calomnie. „ Je puis vous assurer, mon Cher Général, , qu'on vous rend en général i Pacroée la justice L  |i? qüt vöus méritez, ct j'espère que tout le mon« „ de sera bientót forcé de la rendre a un Officier, quicjonimc vous, n'a rien a se reprocher, etc.etc." CSignf) bailly. Je raporte ce témoignage paree qu'il est authentique. Le Citoyen Bailly a été constamment a mes cótés depuis le mois de Juillet 1792. jusqu'a la prise de Francfort; pendant 1'attaque de cette Ville, il k été témoin et de trés prés de toutes mes actions, et personne ne pouvait en rendre mieux que lui, un compte exact. II ne céda k aucune des insinuations qui lui furent faites pour altérerla vérité; il lui füt fidéle quoiqu'on eüt été, ainsi que je 1'ai scü depuis, jusqu'a lui promettre un grade trés supérieur s'il voulait déposer dans le sens de Custine, Ce même Adjoint k 1'Etat-Major dans une lettre dattée de Paris 25 Ventóse an 4, et timbrée Ministre de la Guerre, m'écrivait ces mots au moment de son depart pour Constantincple. Je dois a „ la vérité de répéter, le discours que vous atenu le Duc de Brunswick — lors de son entrée a Francfort; levoici du moins en substance. S'a- ,, dressant h vous; Fous avez fait tuer ,, M*nsieur le Général, quantité de braves Officiers ,, et Soldats: je vous avoue que je ne m''att'endais ,, pas a une aussi ferte résistance de vótre part, vü vos peu de moyens de défense: mais vous avec  C^3 ) s, fait votre devoir et vous Pavez gravdetnent fait. „ Le Duc fit ensuite 1'éloge le plus flatteur dea „ ouvrages que vous aviez fait élever prés d'Am„ sterdam en 17S7, et dit qu'il ne s'en serait ja„ mais rendu le maitre s'il ne les eüt tourné paf „ eau. Plusieurs Généraux Prussiens, et nota„ ment Kakereuth et Schonfeld vantèrent dans les „ termes les plus flatteurs, la vigoureuse résism tance que vous aportates a Paffaire de Francfort etc. etc. „ Dans tous les tems je rendrai hommage ft la >, vérité, et dirai ce que j'ai vü et entendu." (Signf) bailly. Le Citoyen Fischer m'écrivit le 17 Janvier 1793 de May mee. Cent personnes qui ont données „ leurs dépositions avant Bailly et ♦»»ƒ ne sont que ,, des fuyards qui nous abandonnèrent, Mais les 5J braves gens se chargeront, soyez en bien sür, „ de donner'a la Ccneention Nationale des preu„ ves Convaincantes de la justice de vótre cause. Le tóche Herbin a recu de 1'argent etc." Le Citoyen Bertrand, Capftaine du «fme Bataillon du Bas-Rhin m'écrivit de Paris le 5 Germinal an 4. „ Une déposition faire par un témoin entendu „ dans l'affaire de Custine dit: que peu avant que M !cs Prussiens se rendirent maïtrtó de Francfort, n la Police militaire et la Discipline n'y regnftfem L *  C ^4 ) iV'pas; qu'on n'avait placé aucun piquet d'avant„ poste pour surveiller les mouvements des enne„• mis , que les ponts étaient baissés etc. Une „ rélation publiée sur cette affaire dit, que vous „ n'aviez donné Pordre de transporter les canons „ aux remparts qu'après que 1'attaque avait durée »; plus d'une demi-heure. J'ai déclaré,etje déclarcrai toujours , que Pu. „ ne et 1'autrc de ces assertions sont de la plus grande fausseté; que pendant tout le tems de ,,' mes fonctions d''Adjudant de la place , jusqu'au ,, moment ou 1'ennemi est entré en Ville, le bon ordre et la discipline militaire y ont été main- tenus, que vous m'avez donné , et que j'ai fait exécuter a cet égard, les ordres les plus sévères; ,, qu'après la sommation qui vous füt faite par le Général Prussien, vous fites placer 3150 toises „ en avant.de la Ville des piquets d'Infanterie, et enveyer des patrouilles en avant, pourobserver ,, les mouvemens de 1'ennemi ,auquel elles ont tué ,, du monde en rencontrant de ses patrouilles; qu'une partie du peu de Cavalerie que nous ,, avions avec nous est sortie a la découverte a la pointe de chaque jour ; qu'il a été fait des patrouilles de Cavalerie qui ont tué „ quelques hommes a 1'ennemi, ce qui peut- être attcsté par le Citoyen J. Strauss , alors ,, Capitainc au 1401e Régiment de Cavalerie , £ du quel étaient'aussi les Cavaliers; que les  C -*5 ) „ ponts-levis ont été constamment levés, et que „ les clefs des portes et ponts-levis sont toujours „ restées aux corps de gardes des officiers Fran„ cais; que n'ayant eu que deux petits canons de „ 3, et qu'un seul Caisson de gargousses, ces piè„ ces ont resté devant vótre porte jusqu'au mo'. „ ment de 1'attaque, et qu'au premier coup de „ feu qui s'était fait entendre, vous avez donné „ 1'ordre de les transporterala Porte -neuve oü je „ vous avais fait rapport que 1'ennemi dirigeait „ un de ses principaux points d'attaque et ou „ vous jugiez pouvoir en tirer le parti le plus „ avantageux: mais les rouës et les affüts de ces „ canons ayant été brisés par la Canaille de Franc „ fort armés de haches et autres outils de cette „ espèce, les Cannoniers et Charretiers tués ou „ blessés par elle, ces deux petits canons n'ont pü arriver a leur destination et ont resté de. „ montés dans la rue ditte Schefer-Gass. „ Voila lesfaits dontj'atteste la vérité" etc. (Signé) Bertrano, Capitr>i»e au sme Bataillon du Baf Rhin. J'ai du raporter les dépositions de trois Officiers dont on ne saurait conompre la Ioyaüté. Ils existent, ils ont été a cóté de moi ou prés de moi' a 1'attaque de Francfort, et leur réputation et leur honneur donnent un poids irrésistible a leur té- L 3  öjaignagè. Je dois répéter ici, que je dois en par» tie aux talens et a la bravoure de ces trois Officiers, 1'honneur de la resistence que j'ai fait a Francfort; et j'ajouterai méme, que lestalerisrnilitaires et 1'intrépidité du citoyen Bertrand rendent cet Officier précieux a la République Francaise. 'A cette épóque, il ne me resta plus aucun doute sur les manoeuvres que Custine tramait a Paris pour excuser saprofondeignorancedans 1'Art Militaire et pour couvrir sa trabison. J'adressai, ic 54 Decembre 1792, au Président de la Convention Nationale un précis de la rélation que j'avais fait parvenirau Ministre de la guerre; jeprotestaicontre le rapport faux et calomnieux dans 1'ensemble comme dans les details, que Custine avait ósé présenter a la Nation Francaise, sur la reddition de Francfort, avant méme qu'il n'eut reqtl la rélation officielle de cet événement: et en priant le Président de la Convention, de mettre ma réclamation et celle des Officiers Prisonniers d'Etat ou dc guerre sous les yeux de cette asscmblée, je demandais que les Réprésentants de la Nation voulussentbien ordonner un prompt et sevère examen dc ma conduite et de celle de la Garnison Francaise de Franc fort. Je rènouvéliai en méme tems auprès du Ministre de la guerre les démarches que j'avais faites tant par rapport a Pexamen de ma conduite que par rapport a mon retour en France. ,Je sollicjraide nouveau auprès du Roi de Prusse,  du Landgrave de Hesse-Cassel et du Duc de Brunswiek, mon renvoi en France sur parole , afin d» répondre aux déclamations du Général Custine. II me Füt fait (26.) les mêmes réponses que précedemment. Le 12 Janvier 1793, je mis ma demande sous ks yeux du conseil exécutif. Le 18, conjointement avec les douze Officiers détenus comme Prisonniers d'Etat au Cliateau de Ziegenhain, je renouvellai mes réclanjations auprès de la Convention Nationale. Le 20, j'écrivis au Général Custine et lui réprésentai combien le rapport qu'ils f était permis de faire sur la reddition de Francfort me prouvait qu'il avait été induit en trreur, je lui tracai de nouveau le précis de ses ordres et de Pexécution qu'ils avaient recus; et je le sommai, au nom de son propre honneur, de faire tout ce qui depen» drait de lui pour effectuerpromptement mon échangé , afin que ma conduite püt étre soumise a un examen légal. Loin de favoriscr mon échangé , le Général Custine crüt plus convenable a ses intéréts de continuer a m'outrager par des déclamations non moins indécentes que calomnieuses; et en aie retenant dans le fonds d'une forteresse , il crüt m'óter tous les moyens d'y répondre , •u du moins de faire décider par un jugement authentique , du quel de mus deux la Nation L 4  Francaise avait lieu de se plaindre. Mais moins je pouvais obtenir ma mise en liberté et plus je m'efiörcais de faire parvenir la vérité au Gouvernement Francais auquel le Général Custine en imposait de la manière la plus audacieuse et par toutes. les ressources que pouvaient luifournir les circonstances, la corruption de son Herbin et la lacheté de ces . soldats qui au premier coup de Ganon que les Prussiens tirèrent sur Francfort, s'étaient sauvés au Quartier général de Custine. J'écrivis donc, le28, ace Général, que ses procédés étant aussi contraires a la Justice qu'a 1'honneur et ce respect que tout homme se doit a lui- méme , je venais de porter contre lui plainte formclle au Conseil exécutif; je n'hésitait point a marquer a ce Général que s'il lui restait une ombre de pudeur, il devait s'imooser silence a mon égard, jusqu'a ce qu'il m'eut f.urni les moyens de venir a Paris rendre compte de ma conduite. Je le sommais de faire procéder a mon échangé , affin que nous puissions comparaltre tous deux devant la loi, et je ne craignis pas de Fassürer qu'il avait en moi un adversaire qn'aucune coasidéretion ne ferait taire ou reculer , parceque si je m'étais montré irréprochable dans 1'observation de mes dévoirs, je n'en scrai que plus vrai dans le récit que j'avais a faire Eur les événements de F>ancfort. Je réprésentai enfin i ce Général, que puisque ses rapports  C -69 > calomnieux contre le Magistrat de Francfort, avaient procuré la détention des Députés de cette' Ville a Paris, et décidé nótre captivité k Ziegenhaïn, il pouvait mieux que personne y mettre un terme, et que son honneur, suffisait, au défaüt de toute autre considération, pour Ie lui ordonnef. J'écrivis en même tems au fils du Général Custine. II connaissait les fautes de son Père et avait un intérêt majeur ft ce qu'il n'acbevat pas de rendre sa justification impossible. J'mgageai ce Lieutenant Colonel ft employer rout l*ascendant qu'il pouvait avoir sur 1'esprit de son Père pour Ie détermiuer ft opérer promptement mon échangé, puisque son honneur y était si directement intéressé; et je finis par lui réprésenter que sion parvenait ft faire taire pour un tems la vérité, elle n'en aurait que plus de force lorsque je pourrais la présenter environnée de toutes les preuves qui étaient en mon pouvoir. Le même jour 28 Janvier i793, j'envoyai copie de ma dépêche au Général Custine, au Conseil exécutif provisoire. Je réprésentai aux Mmistres de la République que ce Général abusant de 1'état de détersion dans lequel il m'avait constitué et me retenait par une suite non interrompue de faux rapports, je portais plainte forraelie contre ce Général devant le Corps de la Nation; que puisqu'il était n-sez vil pour caloamlerun homme dan, L5  Ie moment même oü il le mettait dans l'impuissaacc de se défendre, je prlais le conseil exécutif dc vouloir bien faire usage du pouvoir que la Nation avait déposé entre ses mains, pour imposer silence au Général Custine, jusqu'a. ce que la loi dont nul Citoyen n'avait le droit de dévancer le jugement, nous eüt appèlé tous le3 deux devant son Tribunal. J'adressai en méme tems an Conseil exécutif, un rapport circonstaneïé de la prise dc Francfort, appuyé sur les ordres émané3 du Général en Chef Custine. Le Conseil exécutif me fit connattre le i^nie Fevrier (27) que mes dépêches etaient parvenus jusqu'a lui. Le i« Fevrier conjointement avec les douze Officiers prisonniers d'Etat, je rénouvellai mes sollicitations auprès du Roi de Prusse et du Landgrave de Hesse - Cassel. Les réponses que le Roi de Prusse nous fit faire le 6, (a8) nous apprirent que les Députés de la Ville de Francfort etant de retour nous ctssions d'être Prisonniers d'Etat; et que nótre état de Prisonniers de guerre cesserait au moment oü 1'ouconsentirait 1'échange des Officiers Prussiens qui se trouvaient prisonniers en France. Le 1931e et le 2501c ( j'écrivis au Ministre dc la la guerre Beurnonrille, et lui envoyai copie de la réponse susmentionnée du Roi de Prusse, Le  C *7* ) Mars, je rénouvellai mes instances auprès de ce Ministre, pour opérer 1'échange respectif des prisonniers. L'on voit incontestablement que je n'épargnais ni tems ni peines pour obtenir mon élargissement et mon échangé,- et l'on jugera qu'un homme aussi repréhettsible que Custine cherchait a me faire paraitre, n'eüt pas invoqué avec une opinifltreté si constante son retour en France s'il eüt eu des reproches a se faire. Je ne cessais d'appeller sur ma tête 1'examen le plus sévère, je ne cessais de demander des juges, et Custine ne m'accordait que des geoliers! Loin de m'appdler au Tribunal de la Loi, il m'en interdisait 1'entrée • et lorsque tout lui faisait un dévoir de faire procé' der ft 1'examen et au jugement de ma conduite, il 6'opposait au contraire par tous les moyens possïbles ft mon élargissement et a mon échangé. II n'avait pü calomnierplus longtems le Magistrat le Francfort, paree que cette Ville, avait uséavec force de tout 1'ascendant que la vérité lui donnait dans cette circonstance: mais des individus, tels que moi et les autres OSciers Fran?ais, n'avaient pas les mémes moyens pour mettre sous les yeux du Gouvernement Francais, cette vérité qu'un perfide Général était si intéressé ft ne pas faire parvcnir ft sa justice. L'on sent en outrc, que plus Ie Magistrat de Francfort se justifiait aux yeux de la Nation Francaise, moins il restait de ressources au  070 Général Custine pour se justifïer lui-même; et plus cette ame vile cherchait, par conséquent a rejetter ses fautes que je suis forcé d'appeller désormais ses crimes, sur les seules personnes qu'il pouvait mettre dans 1'impossibilité, au moins momentanée , di- s'en défendre. J'étais cept ndant loin de me rebufer, car 1'honneur ne se fatigue jamais. Je m'adressai de nouveau et avec chaleur, le 9 Mars, au ' inistre de la Guerre fieurnonville. Le 28 Avxil, de concert, avec tous les Officiers Francais je rénouvellai mes instances auprès du Landgrave de Hesse Cassel. Le 25 Aoüt, je mis de nouveau ma situation sous les yeux du Conseil Exécutif, et je crüs .de mon devoir de deduire tous les Chefs d'accusations que j'avais a porter contre le Général Custine. Je sollicitai toute la protection du Gouvernemert Francais pour être échangé, et suppliai avec instances qu'il me fut permis de soumettre ma conduite a un jugement légal. C'est a cette époque que le Général Custine ^onz. sa tête sur Féchaffaud; et quoiqu'il ne puisseentrer dans mes principes ou dans mon intention, d'agraver la flétrissure que cette condamnation imprime a sa mémoire, je me dois a moi- même de présenter aux gens de bien, les seuls dint je resherche Pestime, les réflexions suivantes. Custine dit dans son rapport qu'il était arrivé a Mayence sans avoir vu d'ennemi. C'est a peu prés  C 173 } Ia seule vérité que contienne ce rapport, et elle est incontestable; car, a moins d'avoir des alles, il eüt été impossible aux Prussiens et aux Hessois d'atteindre ce Général: mais un pareil avoeu de sa part, prouve qu'il n'était pas prés de moi, et qu'il en était sorti avant que le sort des armes i'y eüt forcé. malgré les assürances qu'il me donnait d'un prompt secours de'sa part, en me défendant de capituler avec des esclaves suppêts des despotes (10). II dit que j'avais négligé de prendre dc;s précautions contre les Bourgeois Je Francfort, et il aurait pu ajouter d'incendier la Fille. Mais certes 1'exécution d'un ordre aussi absurde , aussi atroce était, comme on Pa vü plus haut, d'une impossibilité pbysique et morale a Ia fois. II est aisé de 1'appercevoir que 1'exécution de cet ordre insensé eüt parfaitemem servi a la justification de Custine-, car cette exécution aurait porlé les habitants de Francfort, dans 1'excès de leur désespoir, a massacrerla foible Garnison Francaise qui était au milieu d'eux ; la perfidie et les fautes de Custine eussent été ensevelies avec nous, et il eüt été debarrassé ainsi des rémoignages et des preuves qui allaient s'élèver contre lui. Et pour ne laisser aucun doute sur les intentions de Custine z cet égard , je dois ajouter qu'il donna la plus grande publicité a cet ordre de desarmer et d'incendier afin de provoquer contre nous la fureur de la populace,  C 174) même dans !e cas oü je ne tenterais point d'exécu* ter de paref s ordres. Custine dit dans son rapport, que je ne lui al jamais parlé de la fabrkations de dix mille poignards ct que je l'ai laissé également dans 1'ignorance è 1'égard des 150 garcons Charpentiers qui seraient arrivés la veille de Hanaa a Francfort. Ce Général a bien raison cette fois «ei, car il m'eüi été impossible de le prévenir de ces deux faits puisqu'ils n'avaient jamais existés: et a moins de deviner quelles seraient les fables qu'il plairait a 1'imagination de Custine de débiter a la Couvention Nationale , il fallait bien que je les ignorasse, jusqu'a ce que j'en fusse instruit par ses rapports. Et c'eSt peut-être la première fois que le Général en Chef d'une Armée a eu 1'impudencc de reprochcr a un de ses Officiers Pignorancc d'un mensonge fabriqué par ce Général. Custine dit dans son rapport que $00 Francais ont été égorgé par le poignard , on voit que la perte totale est bien loin de se porter i cc nombre d'hommes (21). Aussi Custine serré de prés dans son interrogatoire n'at-il pas persisté dans 1'atroce assertion que contenait son rapport a la Conventicn Nationale. Custine dit dans un de ses rappoits, qü'étant convaincu qu'il ne pouvait faire plus longtems illusion aux Prussieas sur ses véritables forces, il  C 175 ) avait fait préparer des positions plus assurées pour son Armée. II marqué au Ministre de la guerre, que dés qu'il X vü 1'ennemi a portée de 1'attaquer, il i pris une de ces positions, et fait ivanouir ainsi les projets de Vennemi. Custine avoue donc nettement malgré sa fameuse lettrre au Général Pmssien (10 et ti) qu'il n'était pas dans 1'intention decombattre 1'ennemi, et qu'il n'était pas dans Pintention ou dans laposition de secourir Francfort malgré 1'assurence qu'il m'en avait si formellement donnée en cas que je fusse attaqué (i6et 17). Mais comme de semblables contradictions n'étaient pas aussi admissibles au Tribunal révolutionnaire qu'au Ministre de la Guerre, Custine repond & Paccnsation du Commissaire Siman qu'il n'était qu'a trois quart de lieues de la ville lorsqu'il apprit sa reddition, et que si elle eüt tenu teulement 3 ou 4 heures deplus, il serait venu encore a tems pour la délivrer. On voit clairement dans quels replis ce Général s'embarrassait luimême; car en répondant ainsi, il avouait qu'il avait dli secourir Francfort, que par conséquent le Commandant de Francfort avait dü se défendre, que par conséquent,encore , Custine n'avait pas dü garantir au Sénat de Francfort qu'il ne serait pas tiré un coup de Canon sur la ville; que Custine n'avait pas dü me laisser sans renforts, sans artillerie, sans munitions; n'avait pas dü me refuser obstinément toute espèce de sécours; n'a-  C 17O vaitpas dü en m'envoyant deux Caissons de cartouches me marquer, vous en avez assez pour répousser lts patrouilles ennemies; n'avait pas dü m'écrire, si on vous attaque vous connaissez ma résolution, je suis prés de vous: Custine enfin; n'avait pas dü répondre' par les persüflage et 1'ironie ( 16 et 19 ) aux démandes aussi iristantes que motivées que je lui a„ ressais pour réclamer des prompts secours. Custine ne peut pas prétexter ici 1'ignorance des faits, 'car ses proprés lettres témoignent contre lui : C tstine ne peut pas ignorer que 1'ennemi était en marchc, car lui-méme me 1'apprend; (8) Custine ne peut pas se dissimuler que Francfort va étre assiègé, car il répond lui-même i la sommation que le Général Prussien m'avait faite de rendre cette Ville: ( yf) Custine ne peut pas avancer que j'ai dü évacuer Francfort, car il m'ordonne de ne pas capituler ct de me défendre jusqu'a la mort (10) Custine est loin de songcr a remplir les promesses qu'il a faites-au Sénat ( 14 ) puis - qu'il me commande de mettre le feu a la ville de dèsarmer la Garnison, de réaliser si elle bouge, et de faire romper les C.ipitalistes Francfortois. (10) Custine ne peut pas dire avec quelque ombre de vraisemblance, méme de pudeur, que les fossés avaient dix en douze pieds d'eau, car il répond avec 1'impudence la plus marquée aux observaiions que je - venais de lui adresscr  C -77 ) adresser rélativement a ces fossés qui étaient en grande partie ft sec. Cette impudente ironie (19) he sert qu'a établir avec plus de force la vérité de ces observations et a prouver en même tems qu© cette vérité était bien eonnue de ce Général en Chef. Custine ne peut pas avancer que je sois demeuré tranquille Spectateur desévénements, que j*aie manqué de vigilance pour prévenir une surprise de la part dc 1'ennemi, ou de résolutionpout" répousser ses attaques; car il meconjuredecalmet mes e-raintes , et me promet un prompt et puissant secours si je suis attaqué (17). Custine est donc un Calomniateur et un lache lorsqu'il dit dans ses rapports ou dans son interrogatoire que si j'eüsse tenü 3 ou 4 heures de plus, il serait venü ft tems pour secourir Francfort: car , il résulte de son avceu qu'il n'était pas la ptès de moi comme il me le marquait si affirmativement (10) puisqu'il le fallait encore, 3 ou 4 heures. outre les 2heures et demie de tems que 1'attaque avait duré, pour arriver a leur ai opposée (21). La rélation publiée.par le Citoyen Beaulieu , confirnie ces témoignages (29). La pétïtion présentée pour les Francfonois , ft la Convéntion Nationale le 24 Janvier 1793 , par y. Gorani, remplissant ft Francfort une misslon secrette du Gouvernement Francais, confirme de nouveau tous les faits ci dessus mentionnés (30). L'extrait du üvfe d'ordre de Ia garnison Francaise de Francfort prouve , invinciblement, que je n'ai rien négligé non seulement pour la défense de cette Ville ; mais pour la vigilan* ce et la furveillance que je devais en ma qualité de Commandant, exercer tant par rapport aux mouvements intérieurs qui pouvaient se manifester dans cette Ville , que par rapport aux proiets que 1'ennemi pouvait vouloir tenter cpntr'elle. ( $1. ) Le livre d'ordre prouve que j'ai été constamment sur me gardes et que j'ai donné les ordres nécessaires pour la défense des postes, et dans le tems qu'il faJJait donner ces ordres. Le journal de 1'Armée du Roi de Prusse (32.) vient fortifier toutes ces preuves. Tous les journaux Allemands rendent, plus énergiquement, en« core justice ft la surveillance et ft la bravoure du Commandant ct de la garnison Francaise de Francfort \ et si je ne rapporte pas ft Ia fin de cet ou* vrage les extraits de ces journaux et dc quelqn'autres rélatio;,s imprimées qui ont paru peu après Ia reddition de Francfort (Polhifchesjournal,fabr- M 3  C O* ) S*»S' J79*. Siaats ttnd ge/eb te zeitung des Hamburgifchen unpartheyifcke Correspondenten, die altefs Franzöfn in Deütsckland, oder Custin's Heldenthaten, Tagebüsk van der Einnahnte Francfurtt firV. &c.~) C'est pour ne pas ajouter de nouvelles pages i un ouvrage deja si étendu. Mais les iucrédules, ou ce qui est la même chose, les envieux, peu vent corcpulser ces journaux; et ils y trouverönt sur ma conduite des temoignages si flaneurs, que la modestie suffirait pour m'interdire de citer les passages de ces journaux qui me sont rélatifs. Vingt ou vingt cinq Officiers, parmi lesqu'els sont tous les principaux officiers qui composaient la garnison de Francfort, ont déposé de la manière la moins équivoque et la plus honorable pour ma conduite. Je possède leur dépositions et leurs lettres en original , et ce faisceau de preuXfs dont tout komtne estimable pourra seconvaincre chez moi a volonté, doit achever, ce me semble-, de completter non pas ma justification, (car j'ai Ié noble orgueil de ne point trouver ce terme convenable pour moi,) mais 1'exposi d'une conduite loyale, noble ct felle que la République Francaise avait lieu de 1'artendre de ma personne. J'attacne tant de prix a 1'honneur et j'en attaché si peu a la vie, que dans le doute oq j'étais si je n'expirerais point au fonds de la forteresse dans laquelle Custine avait 'étonnant secret de me retcnir, j'avais fait reconnditre ct collathnner  083) toures les pièces que j'étais parvenu a sauver au peril de mes jours. Toutes les pièces probantes citées en entier ou par extraits a la fin de cet ouvrage, furent collatlonées ePaprès les originaux, par PAuditeur Militaire du Gouvernement de Zie* genhain ( Conrad Frédéric Rothamei') et scellées du cachet du dit Gouvernement. Cette copie ainsi collatioijée füt revêtue de la signature, et munie du cachet du Baron de Donop LieutenantGénéral d'Infanterie et Gouverneur pour S. A. S. Ie Landgrave de Hesse-Cassel, des villes et forteresscs de 'Liegenhain. Custine pouvait donc attenter a ma liberté, mais il ne pouvait disposer de ma répuration. Il pouvait m'óter la vie , mais il était foTCé de me laisser Thonneur; et c'était son propre temoignage quidevait, tót outard, le convaincre d'avoir été, liche Général a la téte de son Armée, et Fauxdênonciateur dans son Cabinet. Et pour ajouter le dernier trait au tableau que je viens de faire, je dois rapporter le tétnoiguage que le Roi de Prusse daigna me rendre, aus£ttót après qu'il eüt signé avec la République f rancaise une Paix qui devenait le présage et en quelque serte le gage de cette Paix générale que k Gouvernement Francais cherchait déja & procurer a 1'Europe. Le Roi de Prusse ordonna i son Departement des affaires étrangères, de faire déclarer au Citoyen M 4  Ci84) Barthiltmy, Ambassadeur de la République Franr caise prés le Corps fjelvétique par le Comte de Hardenberg , son Ministre d'Etat, Que Mr. „ k Général van Helden de son cóté n'avait man„ qué en rien ft la défense de la ville de Francfort „ qui lui avait été confiée, et que tout au contraire, il avait pleinement satisfait a son dévoir „ de Commandant." Cette déclaration qui me fut communiquée par Monsieur le Général-Major de Manstein (33.) füt effectivemcnt remise au Citoyen Barthékmy. Monsieur Ie Comte de Uardtuberg me fit 1'honneur de m'iriformep qu'il avait cxécufé le ? Aóut i795 les ordres de son Souverain a cet égard. (34 ) Si Ie respect que tout homme honnête doit avoir pour sa réputation, me réduit, malgré moi, i la nécessité de dévoiler les iniquLés du Général en Chef Cjutint, je m'emprcsse de déclarer que le fils de ce Général nedoit pas étre confondft dans une telle acctrsatiom Cet Adjudant-Général plein de talents, ct rempli de qualités estimahles pérrt sur le méme échauffaud que son Pire, parceque son malheur vouhVt qu'il eüt un tel Père; mais ij portalt une Amc, i! était doué d'un esprit et d'un caractèrc dilTérens en tou:s poirrts dc ccux qu'offrait son Père : ct sans prétendre justifrcr cet Officier des torts qu'il eüt aux jeux de la Loi je ne craindrai pas de dire qu'il était digne d'un meilleur sort, et que sou 2ge peu avancé encore.  C 185 ■) ct même son respect filial doivent préserver sa Bémoire de la honte attachée au supplice qu'il subit avec un courage si tranquille. Tout le monde connait 1'humeur inquitte et féroce du Général Custine. Cet homme n'avait jamais gagné un coeur, il n'avait jamais évité ia haine d'un seul individu. Comme en Amerique, par la viok-nce de son caractère, et 1'intolérable despotisme de son commandement, il.avait provoqué dans le Régiment ci devant Saintongt une de ces dissentions civiles qui ne laissent plus de choix aux Officiers d'un Régiment qu'entre lédcsh-onneur ou la mort. Custine avait porté sur ies bords du Rkin, cette hauteur, cet orgueil et ce caractère intraitable qui 1'avaient forcé, dix ans auparavant, a s'exiler de son propre Régiment. Sur le Rhin comme sur la Qc/aware il s'était fait autant d'ennemis qu'il comptait d'Qfficiers. et presque de soldats soumis a ses ordres; et malheureusement pour lui, bien plus encore pour la République Francaise, Custine s'attachait bien plus a callomnier ces ennemis, qu'il ne eberchait i combattre ceux dc Ia République Francaise. La dénunciation était 1'arme favorité du Général Custine, car son ame était dévorée par Ia jalousie la plusvive et en même tems laplus !,rSse. Sans parler des détionciatiors nombreuses que ce Général se permit contre des corps entiers qu'il accusa, indifférentement, de lacheté, : trahison U 5  c i«0 de halne pour le Gouvernement Francais , de eon- cussions ou d'assassinuts, je me bornerai a obscrver que dans 1'espace de 5 ou de 6 mois , il denonca sept Officiers généranx parmi lesquels se trouvrait aussi le Ministre de la Guerre Beu; nonville qu'il accusa d'une basse jalousie 5 qu'il ósa accuser de licheté le Général Kelierman , et qu'il dénonca avec la même impudeur le Général New winger, quoique ce Général eüt donné les plus grandes preuves non pas de courage, mais d'intrépidité; qu'il eüt été couvert de blessures, et qu'il se füt trouvé au moment de perdre la vie, lorsqu'un Officier Prussien accourut pour suspendre le coup qui allait 1'achever. Et cependant le Général Neuwinger, le Général Keilerman, le Général Beurnonville, tous les Généraux si libéralement dénoncés par Custine, (et moi mómc) eusscnt été autant de victimes, immolées a la haine, et au fêroce égoïsme de ce Géneral, a son insatiable ambition, et au désir dont il était consumê de passer pour le premier Gé. r.éral de la République, pour /? seul homme capable de sauver la Nation Franpaise , tous ces Généraux seiaient peut-êire , coupables aujourd'luii dans 1'opinion publique, si C^siine eüt pü parvenir a triompher de ses fautes et a tromper la justice Nationale! car, il en est des réputations a peu prés comme des fortunes, le succes en établit presque toujours la legimité aux yeux du vul-  C 187 ) gaire, et souvent même il suffit pour ie vulgaire que Fhomme de bien succombe pour être envisagé cpmme criminel. On n'a pas oublié" sans doute 1'achamement avec lequel les dé'.or.ciateurs s'attachaient, il y a deux années, aux premiers succès de ce Général Francais qui 'emplit la terre de son nom, dans un age oü Cêsar n'était connu a Rome que par Fexcès de «es dettes et Fénormité de ses déréglemens. Et si Buonaparte qui forea depuis les Pv.ois au respect, 1'envie au silence et la Postérité a 1'admiration, füt mort avant la prise de M&ntoue. a cette époque ou saGloire était encore envcloppée dans son Genie, ne faudrait-il pas craLdre que la réputa» tion de ce Républicain n'eüt été enseveüe dans son tombeau? La calomnie eüt, san.-, doute, arraché les feuilles de ce Laurier qui ombrageait son Jeune front; et, peut-être, Fhomme qui , en cré:mt son nom et ses ressources, s'est amduplus immortel \\w\-1kxandre -, n'eüt-il pas trouvé un Historiën assez hardi pour le conduire a Ja Postérité ? Généreux Francais 1 Tu ne brules pas Persépolis et la gloire de Parmènion ne te fait point ombrage! Tu joins la modestie de Pkocion et la justice iPAristide a la continence de Scipion : et si les mreurs de ton siècle , si la cause mème de la Liberté te forcent a éloigner de ton camp cette simnücité dont brillaic Epominondas, tu portes  C 188 ) toutes ses vertus dans ton ame; et plus que ce Thébain, tu es devenu Torgueil et Pamour de te Patrie! Tu honores le tolt de Pindare et tu rends homage a la vielless'e, tu respcctes le malheur et tu meprise la ffatterie : plus généreus que la fortune , tu dedaigne d'écraser les Rois, quand tu les a vaincus! Berthfer joait impmiément de sa Gloire, il est a la fois ton rival et ton ami fidéle. Tes Généraux, tes officiers sont tous associés a taCélébrité; tes soldats sont les compagnons plutót que les insrrumens dc tes exploits: ton génie donné a 1'Armée Francaüc, encore, plus d'éclat que tu n'en reextis de sa valeur. Tu foules d'un pied superbe les Etats despotiques , ct les Thrónes s'óvanouissent; tu souris a la Liberté , et lesNations entières lui sont rendues. Tu secondes le Gouvernement Francais dans ses conceptions sublimes, tu le secondes dans ses généreux efforts pour consolider la Liberté et la Paix de FEprope. Et comme si 1'Europe n'était pas assez vaste pour te coutenir, tu reporte laPhilosophie , les Loix et les Sciences dans le berceau oü elles ont p; is haissance. Tu rends a rEgypte ses Secrcts , et ses Arts, ct sou ancienne richesse et son antique Gloire. Tu lui restitue, è. Ia fois, son Histoire et sa Renommée. Tu lui r'ouvres les portes de 1'Orient, tu élèves une nouvelle Carthage destinée a étre l'alüée fidéle dc Ia nouvelle Rome. Sur cette mi ne terre, ou l'on vit  C 185O une femme plus perfide que 1'Elément sur lequel elle forca les Triumvirs a combattre pour 1'Empire de 1'Univers, oü Pon vit une Reine-Courtisanfle disputer la Victoire au Vainqueur et essayer ses charmes jusques sur la gloire de César; sur ces mêmes rives qu'une nuit de tant de sièclescouvrit après ces jouis de gloire etdeprospérité ,tufondes sous les auspices du Gouvernement Francais, une Colonie de Héros et de Savants réservés a délivrer 1'Afrique et PAsie du doublé joug de 1'ignorance et du despotisme! Poursuis , Jeune demi-Dieu , tes hautes destinées. La nouvelle de ta mort a volé en Europe , elle s'y est rcpandue avec la rapidité de lalumière. Car, les ennemis de ta Patrie ont eu, sans doute recours a cette grande iniposture pour tenter le Genie de la République Francaise: mais, ils Pont trouvé inébranlable , même pour ce revers. Si un deuil immense couvrait la République Francaise, ses Magistrats, Suprêmes, se»Généraux, ses Soldats, ses Citoyens, tous la defendraient avec une vigueur nouvelle, tous la vengeraient par de nouveaux triomphes. Tel est, en effet, le dégré de gloire auquel tu es monté, que tu es, aujourd'hui, le seul homme qui puisses voir ta mort avec indifference. Tu habites, on ne saurait se le dissimuler, une terre fatale aux grands-hommes: 1'Afrique a vü périr Annibal et Pompie, Antoine et Caton, Tes.een-  dres réposeraient-elles, donc en Egypte? . . . » Non, une plus douce espérance nous est, enco» re, permise , mais nous la cultivons avec 1'inquié. tude inséparable d'un souhait aussi precieux. Dieux Protecteurs de la Liberté veillez sur des jours si souvent prodigués pour sa défense, forcez le courage de Buonaparit i craindre enfin, pour sa vie, rendez le jeuae Héros a la République Francaise et aux Républiques alliées ! ou, si tel est 1'arrêt du sort que le nouvel Achille doive être moisonné dans la fleurde ses ans, donnez, du moins i ces Républiques un Homèrepour chai> ter ses exploits l (*) CO NB. Pendant I'impression de cet ouvrnge , impression que l'.xtrême rigueur du froid a infiniment rétardée, un de mes amis «yant euconnaissarce de ces lignes, crüt pouvoir les rendre publiques, et cec éluge de Buoneparte fit en contéquence inséié dans pl.jsieurs Gazettes. Les fientiraentj que m'inspire ce Héros auquel je rends la j .sticc que tout homme irapartial ne saurait lui réfuser, ces sentiracnt3 me font un dévoir de déclarer ici, que loin d'ê-re faché que li pubUcation de c ? éloge ait précédé celJe de mor. ouvrage, J'ai joui avec «Kisteden dc l'jccueil que ropii.lon publique a fait a Ia macière dont |V expiimé ma fa?"B de penser sur ce Général: je crols lui donre' ure nouvelle preuve de mon Admiration , je crois donner a m. Patrie une nouvelle preuve de mon attachement, en constant, ici, ce m^rceau qui m'appartisnt et dans lequel. je le ;epC'e, j'ai chercfcé a exprlmer, 1'horamage ct si Jibre ct si pi» que j: readj nu Vaina,uer dc YEgyptt.  C 191 3 Quelqu'étrangère que puisse paraltre a mon sujet une digression semblable, je n'ai pü me refuser au plaisir de consigner, dans cespages, Padmiration que m'inspirent les talens et les exploits de Buonapartt. Associé, pendant neuf années, ü Phonneur des armes Francaises, sujet d'une République qui s'honore de leur dévoir Pabolition du Stadhouderat, c'est un hommage de réconnai3ance et de respect que j'offre ici au Gouvernement Francais, et c'est une nouvelle preuve. d'amour et de fidélité que je donne par consequent au Gouvernement Batave. En disant que la calomnie et 2a dénoncïation n'ont pas épargné lepacificatenr èzCampo-Formio, j'ai montré combien ces passions, enfantées par Penvie, exercent leurs fureurs surtout homme revêtu d'un caractère public. Et, en effet, tout bomme qui remplira une fonction publique ou qui se mettra, de quelque manière que ce soit,enévidence, doit s'attendre aux attaques de la Calomnie. Lorsqu'on est bien pénétré de cette vérité qu'on ne peut faire, impunement, même Ie bien, on méprise les libelles et les libellistes, comme ils méritent de Pêtre; et fort du témoignage de sa conscience et de Pestime des gens vertueux on se présente sans crainte, au Tribunal de 1'opinion publique. Mais, si la vérité parvient toujours, tót ou ♦ard, a se faire écouter, le Faux ditigvciaitur  C »5>» ) n*en est pas moins le plus Jdche et le plus vïl des Lammes. L'individu qui ft pü s'abaisser jusqu'a. une telle infamie ne jouira jamais, quoiqu'il puisse faire, du témoignage desaconscience: et cet individu fut il le Maitre du Monde entier, n'en serait pas moins le plus méprisable desêtres; cet individu n'en serait pas moins Tarè, et n'en porteirait pas moins toute sa vie le signe ■ ineffaeable de 1'opprobre; car, de tous les moyens dont 1'ambition et la.médiocrité peuvent se servir ■pour usurper un grade ou unpouvoirquelconques, il n'en est pas de plus odieux et qui laisse moins d'excuses ft son autheur, que celui de Dénoncia,teur, lorsque sur tout la Loi dont il appelle le glaive sur Ia tête de I'innocent, vient constater Ia faussetté de la délation* Et certes, j'ai personnellement Ie drok de vouer ft la 'haine et au mépris publiés, les Faux Dênonciateurs, puisque j'en eusse été la victimc sans le concours des preuves et des authorités irrécusables qui défea» dent mon honneur contre toutes les calomniés du Général Custine. C'est malgré moi, je le répète, que je mets au jour ses ténébreuses manoeuvres, mais je dois justifier 1'estime dont m'honoientles gens de bien., et je dois prouver a mes Concitoyens, que si la jalousie et 1'envie ont pü attaquer ma réputation4 j'obligerai les envicux et les jaloux a me .rendre justice ou a sedémasquer cux-mêmes. II dépend, on  ( 193 ) 6n le saït, du 'premier Factieux, tant soit peu habile, de ranger 1'opinion publique dans son parti , et de laisser même la Loi indécïse pour un tems dans ses jugements, si la fortune ou 1'évé» nement viennent séconder les entrtprises de ce Faaieux. Mais il a beau usurper une certaine Popularité, il a beau se parer de 1'honorable ütre d'ami de la Patrie et de la Liberté , il n'en est pas moins, tót ou tard, jugé par le public comme il mérite de 1'être. Custine en imposa , pendant buit mois, a ses Concitoyens: au bout de ce tems, ils Ie ▼ircnt monter a 1'échaffaud. Pour donner une idéé de l'impossibilité ou se trouvait Custine de 1'éviter je dois rapporter le fait suivant. Jean Couturier Deputé a la Convention Nationale dépose au Tribunal Révolutionnaire en présence de Custine, ,, que se trouvant enmissiou dans le Département du Bas-Rhin, on y murmurak hautement contre ce Général; qu'on Py ,, accusait d'avoir négligé d'envoyer du renFort au ,, Commandant qu'il avait placé a Francfort, et ,, d'avoir par cette conduite livré nos braves frères d'armes au fer des ennemis." Custine répond a cette acctlsation, ,, le Commandant de Francfort ,, me dcmanda du Canon, je lui repondis qu'il en ,, avait sur les remparts et qu'il n'avait qu'a s'en servir, il me demanda de la poudre, je lui en ,, fis passer. Je lui envoyüi mon fils qui s'est N  C 19+) n battu lors de 1'attaque avec la plus grande intrépidité." On serait tcnté de piendre pour une fable, une semblable réponse , car , elle prouve h la fois 1'excès de 1'absurdité et celui de la noirceur. On voit par la lettre de Custine du 30 Novembre (16O qu'il ne voulait pas que je provoquasse des coups de canon et qu'il trouvait que j'avais assez de deux canons. Quant aux canons qui se trouvaient sur les remparts, c'étaient des vielles pièces de fer de diiferens calibres, ces canons étaient hors d'usage, sans afiüts et enfoncés dans la terre; mais eussent-ils été parfaitement montés, on sent qu'il m'eüt été impossible de m'en servirsans poudre et sans boulets: ct la même lettre de Castine (16.) prouve qu'il ne m'cnvoya ni poudre ni boulets pour un pareil usage, puis que Ie seul secours que je parvins a arracher a ce Général consista en deux caissons de tai touches d'Infanterie, ct qu'il me marquait que je n'avais pas hesoin d'autre chose. J'étais en outre sans ArtÜleurs, sans Cannoniers, et Custine savait qu'il était impossible de s'emparer des munitions de la Ville, m'avait même remprciê d'avoir, rénoncé a Pexécution des ordres qu'il m'avait donnés de forcer 1'Arsenal, et avait garanti de nouveau au Sénat qu'il ne seraic fait aucune entreprise a cet égard. Mais, ce que Custine avance rélacivement ason  fils est plus absurde encore, s'il est possible, qUj» tout le reste. Cet Adjudant-Général passa clan* destinement a Francfort la nuk du 28 au 29 Novembre et en sortit a la pointe du jour. Je n* doute pas qu'il ne se füt battu avec bravoure, car il en était doué, s'il se füt trouvé exposé a Pat, taqucdes Prussiens. Mais, on conviendra que sa bravoure n'eüt pas été d'un grand secours pour la garnison Francaise, at (que tous ses eiTorts n'eussent pas rétardé Ia prise de la ville d'une seconde. Et quant z 1'absence de Custine fih pen« dant le siège, c'est un fait que la ville de Franc, fort et la garnison Francaise attestent unanimement.' Saus pousser plus loin 1'examen des preuves qui s'accumuknt contre le Général Custine, je dirai que même après son jugement je ne pus parvenir W être échangé , quelques démarches que je rénouvelasse a cet effet. J'écrivis le 14 Dé* cembre au Ministre de la Guerre Bouchotte, le 21 et le 28 au Landgrave de Hesse - Cassel; mais les événemsnts de la guerre s'opposaient de plus en plus a tout échangé dc prisonniers, car les Puissances coalisées évitaïent, autant qu'clles le pouvaient,, de réconnditre la République Francaise. J'écrivis de nouveau au Landgrave ét Hesse-Cassel m mois dc Mars 1795; ct j'enéprouvai un nouveau refus (5S.) Le Roi dePrusse avant signé. a_ Mêtk la Pak avec la République JN 2  CioS) Francaise, j'écrivis le z6 Mai au Citoyen Barihilemt qui avait conclu ce traité au nom de cette -République,- „ Que je croyais aévoir être comi,: pris dans 1'échange stipulé par Partiele X. du susdit traité, puisque l'armée combinée qui ,, avait attaqué Francfort étant commandée par ,, le Roi de Prusse cn personne, :t ce Monarque ayant disposé en Vainqueur des prisonniers Francais, je ne pouvais être envisagé que comme prisonnier de guerre du Roi de Prusse." Je ,, priai ce Ministre de faire auprès des Ministres „ de Prusse et de Hesse-Cassel les démarches né„ cessaires pour que je fusse mis en liberté, et „ qu'il me füt, enfin, possible d'aller rendre „ compte dc ma conduite au Gouvernement Fran,. cais." Mais, comme les troupes Hessoises étaient entrées' les prenieres dans Francfort, ainsi que je Pal dit plus haut, le Roi de Prusse avait jugé & propos de constituer une partie de la garnison Francaise prisonnière de guerre du Landgrave de Hesse'Cassel; et le Landgrave n'ayant conclu sa Paix avec la République Francaise qu'au mois de Septembre (1795) toutes mes instances ne m'obtinrent autre chose, que d'être renvoyé en France sur parole au mois de Juillet: ce ne füt même qu'au mois d'Octobre ou de Novembre, c'est-adire après la rarificatión respectives du traité deFaix, que je fus formellement échangé.  ■ Les Commissaires de Ia Convention Nationalè prés 1'Armée du Rhin dont j'avais toujours fait partie , m'ayant ordonné de rester prés Ie Quartier général de cette Armée, je ne püs me rendre i Paris que dans le premiers jours d^ctobre. Mais & peine eus-je touché le sol de la Liberté que je füt dédomagé de tous les maux que j'avais souffert pour sa défense; et c'est ainsi que tous les sacrifices que l'on fait a une Cause aussi Sainte , après avoir servi de consolation au véritable Citoyen , deviennent, enfin , pour lui autant de r6 compences. On s'étonnera peut-étre, de la longeur de ma captivité, elle n'a cependant rien que de bien naturel. II eüt peut-étre dépendü en quelque sorte de moi d'obtenir quelque tems après la prise de Francfort la liberté de me rendre en Hol* lande; m is, la Bolland* était alors en guerre avec la République Francaise. J'avais uneconnais. sance particulière des cótes, des forifications et des Frontieres des Provinees-Unies, ma qüalité d'officier du Corp du Genie et principalemeu' celle d'Aide de Camp du Chef de ce Corps, m'avaient imposé Pobligation d'un semblable travail; l'on sentira facilement, sans que j'entre dans de plus longs détails a ce sujet combien la calomnie eüt «u de prise sur ma réputation , si dans ces circonstances j'avais pü consentir a relourner en Hol- N 3  C ) lande. Car, j'étais lid par dévoir et par inclination au Serment de fidélité que j'avais prêté k la République Francaise, je lui devais compte de la confiance dont elle m'avait honoré, et je ne pouvais-me retirer sur le territoire de ses ennemis sans laisser soupconner ma fidélité et mon honneur, quelle qu'êut été d'ailleurs 1'inaction i laquelle je me fusse dévoué pour lors, en Bollande. Les Commissaires du bureau des Vétérans Militaires Nationaux, m'adressèrent a Strasbourg un brevet de Pétè'-an, et un Médaillon j etjerecus avec autant de plaisir que de réconnaissance cetta parqtie de satisfaction dé la Répuqlique (36). Le Général de division de 1'Armée du Rhin e» Mosel/e Desaix, !e Général en Chef de 1'Arcée des Alpes et dVtalie , Kellerman , le Général Schauenbêurg, le Général Xainirailles, et plusieurs autres Généraux sous les ordres desquels et avec lesquels j'avais eu 1'honneur de scrvir, voulurent bien s'emprcsser de me donner des marqués publiqucs d'estime et d'intérér. Je rapporrerai ici une partie des témoignagcs honorables qu'ils rendirent de ma conduite, et si je nc les transcris pas tous k fa fin de cet ouvrage, c'est uniquement dans la erainrc d'ajourer, encore, k sa longucur (37). Plusieurs Réprésentants du Peuple , membres du Conseil des Cinq cents, et des Anciens, qui avaient été en même, dans Je cours de leur mis-  C 19° ) slons, de connaftre particulièrernent ma conduite, voulurent bien s'empresser également de me rendre Ie témoignage le plus flatieur (42). II me restait a montrer que mes braves Camerades d'infortune avaient suivl pendant leur captivité une conduite digne de 1'honneur Républicain. Le Landgrave de Hesse- Cassel voulut bien m'en faire expédier le certificat (38). Ce Souvcrain donna des preuves de la plus généreuse humanité envers les prisonniers Francais; et si ceux ei dprouvèrent quelquefois des besoins, ils cessèrent aussitót que le Landgrave püt en avoir connaissance. Je me fais un devoir de rendre homage aux procédés nobles et touchants que son Aide de Camp Général (le Comte de Bohleri) eut toujours, a cet égard. (39.) Après avoir adouci, autant qu'il était en mon pouvoir, 1'infortune de mes braves frèresd'armes, je jouis de la satisfaction de les voir rendus a la République. Mais, si je fus assez heureux pour leur procurer les moyens de revoir leurs foyers et leurs drapaux, je düs a ces vétitables Républicains un des moments les plus doux de ma vie. Qu'il me soit permis de consigner ici (40 ) les remerciements que m'adressaient du fonds de leurs chaumières; ces hommes simples, remplis d'honncur, et bien meilleurs juges qu'on Ié pense peutêtre, de 1'honneur de leurs Généraux. Je ne crains pas de 1'avouer, oui, je m'honore plus de ces lignes dictées par des coeurs sincères et dé- N 4  i 200 ) «Intéressés , tracées par des mains pauvres et loyales, que de cos titres fastueux que Porgueil des cours dispense a tant de favoris qui ont 1'estime de leur Mattre sans posséder celle de leur propres Laquais. Vers ce méme tems, Ie Général BeumonvWe sortait de sa longue captivité. Je le rencontrai a.l'hótel du Ministre dela guerre, et il s'emprtssa de me dire publiquement, „ qu'ayant été char„ gé par le Conseil exécutif d'examiner ma coi> „ duite pendant Ja prise de francfort; il avait „ apporté acet examen le soiti Ie plus. scrupuleux ; t, que d'après toutes les récherches qu'il avait „ fair faire dans la République, après toutes les „ informations qu'il nvait fait prendre a Franc„ fort, d'après celles qu'il y avait pris lm-méme lors de son séjoui dans cette ville, avant d'être transfèré dans les prisons de 1'Autriche, ,, il s'était pleinement convaincu que la conduite „ que j'aiwis tenue, dans une circonstance aussi difïïcile était entièrement irréprochable; que cette conduite me faisait honneur, et que je „ m'étais acquis des droits a 1'estime et a la ré1, connaissance Nationales, en résistant opinia„ tremcnt avec des moyens aussi nuls que ceux „ qui avaient été laissés a ma disposition, aux „ attaques d'une Armée aussi diseiplinée et aus, „ si bien pourvuë d'Artillerie que 1'état celle :« du Roi de Prusse,"  ( 20Ï ) Le 21 Janvier 1796, me trouvant ainsi que tout les Généraux Francais pour lors a Paris, chez Euonaparte, a 1'Lótel de 1'État Major Général de 1'Armée de 1'intérieur, pour y pré-ter le Serment de haïne a la Royauté, et se rendre ensuite au Champ de Mars affin d'y assister avec le Directoire exécutif, les Ministres et toutes les Autorités Constituées a la Féte de 1'anniversaire de la mort du dernièr Roi des Francais; le Général Beurnonville saisit avec autant de noblesse que aq grace, cette occasion pour me renouveller en présence de tous les Officiers - généraux, 1'éclatant témoignage qu'il avait déja rendu sur mon compte. Et ce qui dévait ajouter encore a ma satisfaction , c'est que le Général Beurnonville a son arrivée a la Haye rendit ojficieltement le méme témoignage sur mon compte, ainsi qu'ont bien voulu m'eu inforraer le Citoyen Bickr, plusieurs membres de la Commission des réiations exterieures et du Gouvernement Batave, ct notament le Citoyen Pymunn pour lors membre duCommitéde/'C/w/ow. Un témoignage semblable fut en outre rendu •fficiellemnt, par le Ministre de la guerre de la République Francaise , Aubtrt Dubayet , aux Citoyens Meyer et Blauw, pour sa lettre du 1 er. Primaire an 4., a ces deux Ministres plénipotentiaires de la République Batave prés la République Francaise. Si je n'eussc consulté que mon intétêt person- N 5  C 20a ) nel, j'aurais habité sur le territoire de" Ia République Francaise. L'ancienneté dc mes services, la datte de mon brevet d'Officier-Général , les perte-s considérables que j'ai essuiées dépuis le comrhcncement de la guerre de la Liberté jusqu'a fnon retour en France, ne me permtttaient pas, en effet, ae douter que le Directoire exécutif h'eut égard k mes droits d'avancement, et ne voulut bien accorder sa bienveillance aux titres par les quels je m'efforcerai toujours de la mériter. Mais Ja République Francaise et Ia République Batave, nc formaient plus q'un même Peuple armé pour la même cause; un traité d'Alliance té* nait d'être conciü entre ces deux Nations, leur gloire et leur prospérité réciproques en resseraient chaque jour, les noeuds; servir 1'une de ces deux Réqubliques, c'était ne point cesser de défendre Pautre: la République Batave, enfin, venait de rapeller tous ses enfans dans son sein. Mon dévoir, mon honneur, ma fidélité, même, a la République Francaise m'ordonnaient d'obeir k la voix de ma Patrie , et de consacrer k mes Concitoyens une vie et des services qui appartiendront, sans réserve, a la Liberté jusqu'a mon dernier soupir. Je qnittai donc la France et je revins en 2Ioilande vers la fin du mois d'Avril 1756.  C 203 ) RÉSUMÉ, 3L*e péniblc récit que je viens d'entreprendre. prouvera, ce me semble, ft tout homme impartial, que depuis mon entrée en service, je n'ai rien negligé pour servir ma Patrie, II prouvera que j'ai été constamment fidele a la cause de la Liber ■ té, et que j'ai répondu, par toute la sincerité de Bies efforts, ft la confiance dónt Ia République Francaise m'a honoré. Elevé dans le sein d'une République qui résista pendant plus d'un demi-siècle a toutes les forces de la Monarchie Espagnole, qui était alors 1'Europe , qui triompha du despotisme de deux PhiUfpe et d'un Duc d'Albe, qui donna ft routes les Nations 1'exemple de cette Tolérance réligieuse et de cette Liberté civile dont la Révolution Francaise appelle toutes les Nations ft recueiller les fruits ; nourri des exemples et des principes decesg'ands Pensionnaires d'Hollande que la liberté compte parmi ses plus illustres Martyrs , que la Puilosophie etles Sciences comptent parmi leurs plus éloquents bienfaiteurs; membre de cette République dont les Rjuytor et les Troirp ont ft jamais illustré le Pavillon, et qui en repandant sur tous les Etats dê PEuropö ks bienfaits du Commerce ct des Arts ft ouvert a tous les Etats de VEurnpe, ces deux grandès sources de prospérité et de gloire, je me suis de▼oué, dèsmes plus jeunes ans, ft la défense d'une  C 204 ) 'Patrie si chère a mon cceur. Tous mes vamx ont eu pour objet sa Prospérité, sa Liberté. Dans ce tems malheureux oü nos'dissensions civiles appelièrent 1'étranger sur notre Territoire , Pherkage de mes Pères fut livré ft Ia fureur dc 1'cunemi, mon Père fut plongé dans les prisons, et je fus rdduit ft quitter ma Patrie pour coutinuer a la servir. La Liberté n'était pas, tncore, née en France; mais le jour n'était pas éloigné oü cet Empire allaitsortir de son tombeau plein de force et de gloire, ou il allait donner ft PüniVers le fpectaclc le plus imposant et le plus sublime. L'Amérique était Libre, et ce grand bienfait de la Nation Francaise, ne devait pas étre perdu pour elle-même. L'estime et 1'approbation de mes Concitoyens me suivirent en France. Soumis aux loix qui gouvernaient, alors, ce Royaume, j'cus ft peinc le tems de le connaltre, il n'existait plus. Le Peuple Francais voulüt être Libre, et Ia Royauté fut détruite. Alors, je me vouai sans réserve, ft la défense de cette République, dont le désir Je plus. sjncère est, de donner la Paix ft 1'Europe après Pavoir vaincue. Ma qualité d'étranger m'imposait 1'obligation de n'épouser aucun des partis qui divisaient a cette époque Ia Nation Francaise. Elle m'avait accordé un généreux asile , elle m'avait admis au nombre de ses défenseurs ; c'est a ces considérations seules que je subordonnai ma conduite. Je demeurai fidéle au poste dans lequcl  C 2°5 > me placa la volonté Nationale; et ft fis respecter la Loi partous les moyens qui étaient en mon pouvoir; et lorsqu'il me füt ordonné de prendre le commandement de Francfort, j'acceptai ce commandement, quoique je previsse les dangers de toutes espèce aux quels je m'exposais. ■ J'ai fait, dans cette ciTonstance critiquc, tout ce qui pouvait dependre de moi pour soutenir 1'honneur des armes Francaises. Sans Artillerie, sans Munitions , avec une garnison si évidemment insuffisante, j'ai eu a repousser 1'attaque d'une Armée formidable et parfaitement disciplinée. Cette Armée a éprouvée une perte considérable , relativement au nombre et aux moyens des assiegés; et la résistance que je lui ai opposé a donné le tems au Général Custine de sauver sa propre armée. Je me sers de cette expression, parceque c'est a la bravoure des Républicains que j'avais Fhonneur de commander qu'un tel avantage doit être rapporté; c'est a leur bravoure que je dois les élogesque les Généraux Prussiens et le Roi de Prusse donnèrent a ma conduite. Si j'ai été forcé de mettre au jour celle du Général Custine, on ne m'accusera pas sans doute , d'avoir cherché a attaquer sa mémoire; car le soin de mon honneur et le serraent de fidélité que j'avais prêté a la République Francaise m'imposaient le dévoir de prouver a més Compatriotes comme aux Républicains Francais que je ne me rendais jamais indigne de leur con4ancs. — L'envie n'a pü me pardonner les grades  C soö ) superieurs "dans les quels j'étais employé*, quoique je n'eusse point sollicité ces grades: la calomnie s'et attachécs a toutes mes actions, et plus il lui est devenu impossible d'en altércr la pureté , plus elle s'est attachée a jetter de la défaveur sur ma personne. Les Généraux ennemis ont justifiés eux mêmes ia conduite que j'ai suivie; les Généraux de la République Francaise sous les ordres des quels et avec les quels j'ai eu 1'honneur de servir ont bien voulu me rendre toute la justice que je m'étars efr forcé de meriter: les autorités constituées dan» les ressort des queiles mon dévoir m'a placé, ont rendu témoignage au zèle avec lequei j'ai cherché" a remplir ce dévoir. Custine dont le caractère intraitable ü causé les vifs dcsagremens aux quels j'ai été exposé, Custine lui-même ne s'est permi aucune accusation directe contre moi, devant le Tribunal qui le condamna S la peine de mortjil se horna k avancer qu'il m'avait envoyi les se* cours dont je pouvais avoir besoin; et comme une telle assertion repose sur un fait public, il est si aisé d'en démontrer la fausseté, que cette circonstance est devenue presque indifférente pour ma justification. Je n'ai cessé- de provoquer mon échangé pour aller sommettre au Gouvernement Frencais i'cxposé de ma conduite. Au sortir de ma captivité, je me Suis presenté devant ia Loi, et loin dc. décliner son jugement, jel'ai sollicité avecinstan-*  C 207 > ces. Je n'ai démandé ni graces ni faveurs. J'ai sacrifié une partie de ma fortune ft lacause de la Libérté; les pertes considérables que j'ai esuié d. puis ma numinatipn au grade de Maréchal de Camp, jusqu'a mon rétour en France , ont encore diminué le modique héritage de mes Pères. Je ne demande ni doges, ni récompences, car je n'ai fait que mon dévoir; mais qui que ce soit n'a, je pense, le droit de me faire un réproche, car je crois n'avoir manqué en rien ft ce devoir. J'ai quitté Ie service de la République Francaise; mais ma Patrie m'ayant rapellé dans son sein , j'ai du obéir ft ses ordres; et c'est lorsque 1'Assemblée Nationale Batave eüt jugé ft propos de me conférer, par son décrét du 8 Juin 1796 , le grade de Général-Major, que je me vis dans la nécessité d'offrir au Directoire exécutif de la République Francaise la démission de mon grade de Général dc Brigade. Ce n'est point 1'ambitiou , ce n'est point 1'intérêt qui m'ont forcé ft prendre la plume; c'est ledesir de prouver ft mes Compatriotes que je suis digne de leur estime, c'est 1c besoin de donner au Gouvernement Batave une preuve de mon respect. Après trente années de service, après douze annéesde révolution, on n'ambitionne et on n'aime que le repos. II est devenu aussi nécessaire ft mon esprit qu'ft mon cceur; et quoique dans un ige éloigné encore de la viellesse, c'est au repos que je sacrifierais avec délices Ijs jours qui me réstent ft vivre, si ces jours n'appartenaient pas ft ma Patrie et ft Ia  (203) Liberté; j'ai vécu pour Jes servir,je seraitoujours prét a mourir pour les défendre. • 'est dans le moment ou le GouvernementFranejnis déploye, aux yeux de 1'Univers, une énergie si grande et une modération si sincère, c'est dans le moment ou k République Francaise après avoir Triomphé de 1'Ëurope n'a plus d'autre ambition que celle d'en assurer la Paix, et ou cette République ayant pour alliés tous les amis de 1'ordre et des propriétés , n'a plus pour ennemis que les partisans de l'Anarchie et de la Superstitiën ; c'est dans ce moment qu'il m'est doux, qu'il m'est glorieux d'user du titie de Citoyen Francais pour offrir au Directoire exécutif cet hommage demon respect ct de ma réconnaisance. En remplissant ce devoir, je satisfais le vceu le plus ardent de mon coeur, puisque je donné au Directoire exécutif de la République Batave un nouveau gage de ma fidélité et de mon amour. Puissent ces lignes être aussi agréables a mes Concitoyens, que leur Estime m'est précieuse ! Puissentelles consoler la viellesse d'un Père qui m'apprit a aimer ma Fatrie, et qui pour héritage me laisse ses principes a suivre, et son exemple a imiter. ïnsüévit pater optimus hoe me, ' Ut fugerem exemplls vitiorum quoique notando, Quum me hortaretur, paree, frugaliter, atque^ Vivercm uti ceiitentus eo , quod mi ipse parasset. Hor. Ser. lib. I. sat. IV. Suivent ks Pièces Probarites. P I E-  ( sop ) PÏECES PROBANTÈS. La société des amis de ia Cottsü* tution ct Messieurs, le Com* mandaat et Officiers du détachement du Régiment Royal Liégeois è Saveme. messieurs! Les Cornmissaires exeréant ft Saveme ont rendt» compte ft la société de tout ce que les succès de leur mission devaient ft la conduite estimable et la plus digne d'éloges dc Messieurs les officiers du Régiment Royal Liégeois. Sensible ft l'appuy le plus imposant que vous avez bien voulu prêter aux opérations de ces Cornmissaires, qu'elle compte avec satisfaction au nombre de ses plus dignes membres, elle me charge de vous entémoigner sa plus vive réconnaissance. Je me félicite d'être prés de vous, Messieurs, fofgaflé des sentimens dont elle est pénétrée. J'éprouVe , combierl au milieu d.s inquiétudes qui agitent les esprits , et des semences de trouble que l'on répand de tous cótés . il est satisfaisant pour les amis de la Liberté de voir des respectables rnilitaires, non moins récommandables par leur civisme que par leurs vertüs guerrières, donner les marqués le* O  C 2IO ) plus écjffeantes de 1'attachement qu'ils lui ontvoué. Si de' tels exemples pouvaient être suivis de Ja part de tous les Régimens qui appartiennent a la Patrie, quelles puissances oseraient se déclsrer ennemis d'un Empire qui réunirait autant de Héros armés pour sa défense ? Je suis aves respect etc. (Sigité) louis, Président. Strasbourg le 7 Avril 1791. 3mc Année de la Liberté. N°. 2. — Altestation du Directoire da Département ^«Bas-Rhin. Nous, les Administrateurs du Directoire du Département du Bas-Rhin, certifions, que Monsieur van Helden, premier Capitaine au ioitse Ré*, giment avec rang de Major, è toujours manifesté' dans sa conduite les sentimcns du civisme le plus pür, et que pendant les trois mois qu'il a commandé le Détachement de ce Régiment k Saveme , 51 a servi la chóse publique, avec Ie zèle le plus destingué. (SigrJ) Le pnésiDENT et tous les membres du Directoire du Departement, Strasbourg le 1 Septembre 1791. £03* Anr.êt de la Liberté»  ( si1 ) Nous soussigné Officier MuniCipal de la Com» mune de Strasbourg , Commissaire nommé par Is Département du Bas-Rhin pour exercer les fonctions a Saveme, certifions que Monsieur van Hek den, premier Factionnaire et Major au ioime Ré| giment, commandantle Détachement des troupes h Saveme s'y est conduit avec autant de Zèle que de Patriottisme, et qu'il nous y a rendu'les service les plus essentiels pour y maintenir 1'ordre, Ia tranquilité et 1'obéissance aux Loix. (Signé) A.. M. LA CHAUSSS, Officier Municipal Commissaire è Savcrnc. Strasbourg le 4 Septemhre 1791. jtnc Annèe de la Liberté. Ls Directoire du Département du Bas - Rhin, a Monsieur lt Général Luckner. Le Directoire du Département du Bas-Rhin & 1'honneur de récommander a Monsieur le GénéTÜLucktter, Monsieur van Helden , premier Capitaine avec rang de Major au iai^s Régiment, cidevant Roial Liègeois, qui par sa bonns conduite, sa fermeté et son patriottisme, a rendn les plu*, grands services au Département, pendant qu'il a tommandé un détachement de sou Corps a Savtmt, O 9  C 21* ) Le Directoire prie Monsieur Luckner de faire valoir les services distingués de cet Officier auprès du Ministre de la guerre, et de s'employer pour lui faire obtenirie grade et 1'activité de Lieutcnant .Colonel. Pour Copie. (Signé) elvert, vict Président. Strasbourg le 5 Septembre 1791. L"an S de ia Liberté. K*. 4. Le Maréchal de Luckner, a Monsieur de Grave, Ministre de la Guerre. 1». Jesuisvivement soUicité, Monsieur, d'avoir Phonneur de vous recommander Monsieur van Helden, premier Lieutenant Colonel du'?oi me Régiment, qui joint ft un Patriotisme trés éprouvé, une Capacité et une Zèle vraiment distingués. II * une assez grande ancienneté de service dans les grades supérieurs, pour pouvoir être utilement placé comme Colonel ft la tête d'un Régiment, et ce choix ne pourrait que faire un bon effet dans l'armée. Je vous ddmande avec instance cette grace ponr cet exccllant Officier; et je crois dévoir vous observer en même tems, qu'il serait trés uiile de le remplacer dans le ieime Regiment par  un Officier' d'une grande fermeté, d'un patriottisi me k toute épreuve, et distingué sous tous les raports. Sans cette précaution, qui maiheuieusement a été négligé dans le choix r dernier Lieutenant Colonel qui a été donné a ce Régiment, le jojme Régiment ménace d'être livré a de grands desordres Le ioime Régiment est sous ce rapport d'autant plus digné de lixcrvotre atten* tion, et d'obtenir tout vótre intérèt, qu'il est presque au grand complet, composé d'une charmante espèce d'homtnes, presque tous Lorrains et Alsasciens , et que bien conduit , il pourrait rendre de grands services, et être incessammcnt tin des plus beaux de 1'Armée. Les détails dans lesquels je viens d'entrer, vous prouveront a la fois , Monsieur, mon dévouement k la Chose Publique, et le désir que j'ai que vous vous honoriez par des choix Utiies; c'est pour que cette réunion d'avantages ne puisse vous échapper que j'espère qu'en faisant Monsieur van Helden, Colon.l d'un Régiment, vous voudrez bien lui nommer un suceesseur, ferme, instruit et Patriote. Le Maréchal de France etc. (Signé) i u c x n E r. Stra:baurg, le 31 Mars 1792. JJAn 4. de la Libeité. NB. Cette Lettre du Maréchal Luckner , fut écrite a mon inscu, et pendant que j'étais en rou- O i  te avec 3e Régiment pour Ar les, c'était a 3a sollicitation des Chefs de 1'Armée du Rhin, et de plusieurs Corps Administratifs du Departement du; Bas-Rhin, que le Maréchal fit cette demarche. - a°. Le Ministre de la Gueire a MonsieurYm Helden, Lieutenant - Colonel dans le loims Régiment d'Infanterie, d Arles. J'ai 1'honneur de vous informer, Monsieur, que sur le compte qui a été rendu au Roi de la Disiinction de vos services, Sa Majcsté a jugé qu'il se» rait utile de vous employer dans 1'Etat Major de l'armée et qu'elle a bien voulu vous nommer aunc place d'Adjudant Général du Grade de Colonel. Elle a décidé en méme tems, que vous seriez employé, dans 1'Armée du Rhin. Les circonstances actuelles exigent, que vous vous rendiez sans délai a Strasbourg, pour y prendre les ordres de M. le Maréchal Luckner, et je ne doute pas que vous ne donniez en cette occasion une nouvelle preuve de votre zèle. Je vous prie de m'accuser la réception de cette lettre. Le Ministre de Ia Guerre, (Signé) p. de gr ave. Paris, Ie 13 Avril 1793, TAn 4. de la Liberté, 5*. Le Ministre de ta Guerre i> Monsieur Van Helden, Adjudant- Général'-CJo.iela VArmit ft Rhin.  C «5 ) Vous avez obtenu, Monsieur, le Grade de Ma rêchal de Camp Employé. J'aurai 1'honneur de vous en envoyer incessamment le brévet avec une lettre de service qui.vous indiquera la maniere dont vous serez employé. Le Ministre de la Guerre (Signé) j. s e r v a N, Paris, le 20 Septembre 1792. FAn 4. de la Liberté. N°. 5- Le Maréchal de Camp Alexaridre Beauharnois au Général » van Helden. Marquez moi, mon cher Général, si vous ne, restez pas avec Monsieur de Custim, quelle est la destination a laquelle vous donneriez lapréférence. Je crois que Monsieur de Biron vous destine & commander la chaïne des Fosges, ou bien h Weissembourg, sous un Lieuttnant Général qui commandera dans le Bas-Rhin, et qui résidera a Ha. gtnau. Bon jour mon cher Général, donnez moi vos «commissions si vous en avez, et comptez surmon te'ndrc attachement. {Signé) alexandre beauharnois» Strasbourg, le 27 Septembre 1792. TAtt ier. de la République. O 4  Lê Général £ Armée. Biron, aa Maréchal de Camp van Helden , Commandant a Weissembourg. Je sais, rnon Généra', que le Général Custim vous destine, 1'important Commandement de Francfort, qu'il ne peut assurément pas mettre en meilleures mains. Récévez en mon compliment, cher Général, et 1'assürance du désir que j'ai que cela ne nous empeche pas de servir ensemble. (Signé) buqn, Strasbourg, le y Novembre 1702, L'Aff rer. de la République. Le Général d?Armée Custine * m Maréchal de Camp van Helden, CammandantaFrmc* fort, Lettre écrite en entkr de la tnabi de Custine. Citoyen, les ennemis sont en marche de toutes parts; j'ignore encore quel est leur projet, s'ils en ont, ils ne seront pas toujours cachés. II faut que Je poste de Bergen, soit en Infanterie, soit en  C *'7 ) Cavalerie soit fcrmé de vntre garnison , Je vous enverrai après demaiu un Rattailion do plus et quelques petit Canons de 3 et de 6. (ce Tenfort et cette Artillerie ne m'ont jamais été envoyés.) Mais en cas d'attaque, pmr la défense da Francfort, vous furcerez malg- é toute 1 èprésentaiïon le Magistrat de laisser prendre Artillerie ct murn- tion, pour votre défense f»us desarme- rez même la garde de la Ville si vous le jugez né* cessaire, même si vous le trouvez utile. II n'en faut pas parler avant que Ie moment d'exécuter soit arrivé. Je prens sur moi la responsabidté. Croyez, Citoyen , a mon estime, mon fils est en effet avec moi Le Citoyen Général d'Armée CSl'gtlé) CUSTINE. AuQuartier-Général a Mayence, le 27 Nov. 179a, L'An ier. de la République. N°. 8. Le Généra1 d'Armée Custine, au Maréchal de Camp van Helden, Co mmandant a Francfort. Lettre écrite en entier de la tnain de Custine. Citoyen Maréchal de Camp, vous savez que O 5  ( a>8 ) ks Prussiens marchent sar mor de toutes parts, qu'ils ont k projet de m'attaqueret moi de me défendre de mon mieux de leurs attaques. Mais rien n'est incertain comme le sort des combats, et il faut prévoir les évéaemens desastreux. En conséquence, d'abord il faut que vous soyez maitre de h manoeuvre des caux. En second lieu, il faut que sans en faire brult, vos troupes couciienthabil.'és ces jours ci, et que chacun scache 1'endroit du rempart ou il doit se porter. 30. Que vous ayez reconnüs 1'emplacement de votre Canon, et celui de la clef de Pafsenal,' afin de vous en emparer de vive force a Ptnstaitt de Parrhèe des ennemis; car mon int ention eft que vous ne vous latssiez pas forcer, tant que je tiendrai dans ma position (*). Je laisse a votre prtidence le desarmement de fa troupe de Francfort, mais c'est une mésure qu'il ne faut prendre qu'a la dernière extrémité. Vous enverrez sur le champ enkver ico Voita. O Cet ordres, ce s:y?c, et ces dispositions militaire* «tonneront prodigieusemenr les penonnes qUj ont |u ceux que doment Euonaparte, Berthier, Brune, Beurnonville, Chatrpionne:, Jcurdan, Schaueniourg ct plusieurs autres GéEèjrauxde la République Francais*; cm ceux ci montrent autant de talems rnilitaires qu'ils annoncent de connaissais ers litféraires, ct les ordres de Custine décelent a chaque Lignc, 1'ignorance ia plus grossiète et l'airogance la pfts rév^tante.  C aI9 ) res dans le pays de Darmstadt, ft la rive gauclie du Mein, ou du pays de Mayence, et vous. m» les enverrez sur le champ ft H'öchst. En cas de retraite forcée de ma part, je vous en ferai prévenir, ou vous.l'apprendrez par mon silence ou par la rume«r publique : et alors, lanuit suivante, sans en avoir prévenu qui que ce soit, en faisant la démonstration de vouloir soutenir un siège dans Francfort, en disant aux habitans que si les Prussiens vous attaquent, la nation Francaise payera les dommages; mais si la Ville bouge, vous mettrez tout a feu et d sang. Ensuile ft la nuit après avoir laissé dix hommes ft chaque porte pour qu'on ne les ouvre pas, vous sortirez par Saxenhausen et vous dirigerez votre marche sur Oppenheim, ou vous aurez envoyé d Va* vance pour qu'on vous prépare le pont volant • - Suppléez a ce que je n'aurais pft prévoir. A slx heures du matin, les troupes qui auront gardé les portes, s'en iront et essayeront leur retraite. Vous choisirez de bons 'marcheurs; ou a votre choix, vous les ferez descendre par le Mein pour leur retraite. Le Citoyan Général d'Armée (Signé) custine. Au Quartier-Général ft Höchst, le 28 November 1792.  Sommation du Général Comte de Kalkreuth , au Général van Helden, Commandant les Tro upes Frangaises a Francfort, Le Comte de Kalkreuth, Lieutenant Général au service de Sa Majesté Prussieune m'a envoytf -« pour sommer le Général Francais van Helden • et m'a chargé de stipuler Ia condition que si Monsjeur le Général van Helden veut se rendre incessamment prisonnier de guerre avec toute sa garni. son, 011 lui fera garder ainsi qu'a toute la garnison leurs équipages et tous les elfets appartenants aux Soldats. (Signé) v. pbllet, lieutenant Cola. nel de Cavalerie au service du Roi de Prusse. A Francfort, le s8 Novembre 1752. NB. On a vü dans Ie Corps de 3'ouvrage Ja sepbnse que je fis a cette sommation.  C 231 ) N«. ïo. Le Général d''Armée Custine au Citoyen van Helden. Cette lettre est écrite en entier de la main de Custine, et on a observé a*ans la transcription Tortographe de ce Général en Chef. Citoyen Général, a une insolence telle que celle du Général Prussien on ne lui repond que par une yronie, et je vous envoi Ia Lettre écrite h ce Général Prussien. Je suis la prés de vous, je n'en sortirai que quand le sort des armes m'y forcera, et alors vous avez des bateaux pour venir me joindre et des bajonHettes pour vous faire un passage. Souvenés vous qu'un Républicain, ne capitule pas avec des esclaves supots des despotes, // n'a qu'a choisir entre la victoire ou la mort. Si la Ville de Francfort bouge , maités le feu a la Ville, desarmés la garnison, et réalisés si elle bouge. Je n'aime pas les partis vickns , et j'aime moins encore les autres Jaches et pusillanimes, ils rempenc devant la force, eb bien il faut en  C 22a ) tnontrer pour faire rempzr les capitalistes Francfortois. Je vous verrai demain vers la fin dü jour Le Général d'Armée (Signé) custine. A Höchst, le 28 Novembre 1792. N*. i'i Le Général Custine a POfficier Général Prussien, Commandant les troupes du Roi son maitre sous Francfort. Lettre écrite en entier de la main de Custine. J'apprends, Monsieur le Général que 1'obligean» te attention avec laquelle pour ne pas voir couler le sang, vous voulez bien proposer aux troupes Francaises et i leur Counnandaut de rendre Francfort. Moi qui ne veus pas vous ceder en politesse, faurai 1'honneur moi-méme de vous porter la réponse du Commandant Francais. Le Général Commandant en Chef les Armées de la République. (Signé) custine. 1 Le s8 Novembre 1792. NB. On a vü comment le Général Custine avait èti pirter la réponse au Général de Kalkreuth! %  C 223 ) N*. 1 a. Sauvegarde accordés a la Ville de Francfort. Au Quartier-Général de Mayence, le 2N0bre 1792. rAn ier. de la Rép. Francaise. Nous Adam Philippe Custine, Citoyen Francais , Général en Chef des Armées de la République. Ordonnans ft tous Commandans de postes et de troupes, ft tous Soldats ct Citoyens Francais, de respecter et faire respecter les personnes et les propriétés des Citoyens de la ville de Francfort, ainsi que d'assurer la liberté du Commerce de la ditte Ville pendant tout le tems que les armées de la République Francaise sous mon Commandement restcront sur son territoire en Empire. Prometlons même de demander ft la Conventie,;; Nationale de dispenser la ville de Francfort, pendant le reste de cette guerre, de toutes contributions postérieures ft celles lixées aujourd'hui; rendant tous commandants de troupes et de postes responsables de toutes violences qui pourraient étre commises sur la ville de Frantfort et les personnes qui Phabitent. Déclarant que tout soldat en Citoyen Francais «pii deshonorerait ce beau titrc, en se permettant des violences, sera regardé et traité comme enlemi de la République. CSigné) CUSTINE.  C 3-4 ) N°. 13. VAdjudant Général Beaurevoir au Général van Helden. Je m'empresse de vous prévenir, mon cher Général, que Hmention du Général Custine étantde faire évacué r la ville de francfort des troupes que vous y comraandéz, il est nécessaire qu*aussitdt le présent avis recu, vous fassiez secrcitemmt vos dispositions pour vous retirer, de manière qu'au premier avis du Général, vous puissiez sortir sans embarras et sans perte de tems. Le ee Bataillon des Vosgcs cantonné a Bockenheim recoit en même tems 1'ordre de partir pour venir cantonncr prés du Quartier-Général; il passera sous les murs de Francfort, et je le préviens que vous protegerez sa retraite qui sera aussi couverte par plusieurs Corps de Troupes que le Général fait avancer: elles pourront également assürer vótre maiche, si vous recevez f'ordre de sortir de Francfort. 1'Adjudant Général (Signé) Bèaurev 01 ft. Je vous prie de ne pas oublierd'avertirle Citoyen Mathieu de faire embarquer aujourdhui tous les approvisionnemens de 1'Armée quie;dstentaF/v7»c- firt,  C «5 ) fiat, et de leur faire descendre Ie Mein pendanj) ia nuit. Leur destination est pour Mayence. (Signé) Beaure voir. a Höchst le 29 Novembre 179a. Ier de la République. NB. On voit que malgré* la Lettre du 28 au Général Prussien , le Général Custine voulait faire évacuer Francfort; que je devais faire, mais sccrettement, les préparatifs de 3'évacuation, mais que je ne devais Feffectuer qu'au premier avis du Général, et lorsque je recevrais l'ordre de sortir de Francfort. N°. 14. Déclaration faite par le Gêné' ral Custine au Sénat ^Francfort, et publiée par le Magistrat de cette ville le 29 Novembre ct 5 heures du soir. „ Dans ces mornens critiques, je suis venu pour 1, donner avis au Magistrat de Francfort, que ja M me voyais dans la nécessité de risquer une af- faire décisive avec 1'Armée Prussienne qui s*ap,, proche, étant dans la résolution de garder la ,, positipn que j'ai prise avec mes troupes dans P  C aatf ) ^, cette eontrée, et m'attendant a dtre attaqué „ d'un moment ül'autre: que cependant, comme „ d'après la position respective des Armées, cet„ te scène eiTrayante pourrait s'ouvrir trés prés „ des mürs de la Ville, je n'ai pas eu d'intérét plus cher que de venir rranquiliser la Bourgeoisie, en déclarant solemnellement au Sénat que, „ quelque füt le sort de la Bataüle, la Ville de Frar,cjort resterait k 1'abri de tout danger, vü qu'au cas d'un revers mes troupes n'y tiendront „ pas ctne 1'exposeront point k unsiége; qu'enfin il n'ji aura point un coup de canon thé sur la Vdle, et que Ia garnison. Francaise se rétt„ rera paisiblement et sans faire Ie moindre dé- „ gat. Par lc Général custine, la Chancelarie de la Vitle. a Fancfort le 29 Novembre 1792. k 5 heures du soir. NB. On voit, d'après une déclaration aussi solemfiellt, que je ne devais pas m'attendre a soutenir un siège dans Francfort, que j'étais en quelque sorte dispcnsé dc prendre des précaution pour répousser l'nttaque des Prussiens , et que d'après Peffet moral qu'une teile déclaration devaitprodnire sur Pesprit des habitans de Francfort, j'étaii constitué dans 1'impossibiliré d'exécuter libremenc ks mouvemciis qu'uae attaque des Prussiens coa»  C **7 ) tre la ville de Francfort rendait cependant néces» saires. N°. 15. Custine au Gé fiér al van Helden; lettre écrite de la main ds Custine. Le Citoyen van Helden doit ajouter confance au Citoyen * * *, (c'est un liabitant de Francfort') porteur de la présente, et me faire connaltre ce qu'il en apprendu». Le Général d'Armée (Signé) custine. Le zi Novembre 1792. VAn ier de la République. NB. Lorsque je faisais part au Général Custine des mouvements dc 1'Armée Prussienne dont j'étais instruit par le Citoyen * * * , Custine comme 011 le verra dans la pièce suivante et dans plusieurs autres, loin d'y avoir confiance, traitait ces rapports de sots propos des houzards ennemis. P x  ( 228 ) N*. 16. Le Citoyen Général Custine, au Citoyen Général van Helden. Lettre écrite en entier de la main de Custine. Vous n'écoutez pas sans doute les sots propos des houzards ennemis; vous savez que pour passer un fossé plein d'cau, il faut un pont de fiscines: il ne se fait pas en six heures, ct encore moins en un instant. Laissez dire et surtout tranquillisez-votts. Je sais que Ie Roi de Prusse est a Hornbouig, il pourra peut-êtrc lui prendre fantaisie de venir m'attaquer dans ma posltion. Si je suis battu et forcé de me rétircr, alors vous serez toujours en mime de vous retirer, danslanuit même qui suivra ma défaite, paria rive gauche du Mt'tn pour venir repasser au pont volant d'Oppenheim et exécuter mm premier ordre que vous avez depuis quelques jours, eu amenant avec vous les Caissons qui seraient a Francfort ■ Je n'ai aucune nouvelle de Scheglinsky. Sang froid ct calitie, tranquillité nerf et courage, c'est tout ce que j'ai & vous recommander. Le Général d'Armée (.5y«<() CUSTINE.  C =29 ) Je vous envoye deux Caissons de cartouches,' vous n'avez pas besoin d'autres choses. Je ne veux pas que vous provoquéz des coups de canon, vous en avez assez de deux pour éloigner les patrouilles. Si Pon vous attaque, vous connaissez ma résolution. (Signé) custine. Höchst le 30 Novembre 1792. NB. On voit par cette Lettre, que les mouvemens des Prussiens me causaient des inquie'tudes, que je cherchais ft me prémunir d'avance contre leurs attaques, que je devais croire que Custine ne si retirerait que lorsquUl serait battu et forcé de se retircr, que je ne devais évacuer la ville dans ce dernier cas , que je demandais des renforts et de 1'Artillerie et des munitions des guerre, et que je devais m'attendre si j'étais attaqué ft étre secouru par le Général Custine. NA 17, Le Citoyen Général Custine au Citoyen . Général van Helden. Lettre écrite en entier de la tnain de Custine. • Citoyen, calmés vos craintes au nom de Dien, vous avez quatre Battaillons de Grenadiers tout prés de vous (ft Rödelheim') destinés ft prendre ft P 3  C *3° ) revers teute troupe qui viendrait vous attaquer. Laisssez Je Trompette i la porte, tant qifi s ne seront pas dans Ia ville tout sera pour le tnieux. Ne laissez entrer ni Officier Prussien , ni Trompette, faites recevoir la Lettre a la porte ct renvoyés Officier et Trompette: permettez moi de vous le dire, ce que vous me raandez a Pair du ridicule. Vous n'avez pas eompris ma Lettre de ce matin, il faut vous parler plus clairement, au reste mon chêr van Helden nous verrons demain matin eomment ils s'en tireront, a la pointe dujour;7i euront ma visite, n'en dites mot. Le Général d'Armée C$£»0 CUSTINE. flochst le 30 Novembre 179a. NB. On voit que Custine a trés bien gardé, enters les Prussiens le secret de la visite qu'il se projosait de leur faire. Tvlais , Pon, voit en même tems, que j'avais dc vives inquiëtudes sur le sort 8e Francfort, que je ne cessais de demandcr tous lts renrbrts et tous les objets nécessaires pour répousser 1'attaque des ennemis,. et que je devais regarder po tt le mieux , qu'ils nc pussent pas entrer dans Francfort.  C 23» ) N<\ 18. Le Général Custine au Général van Heiden. Écrite de la main du General Custine. Le Maréchal de Camp van Helden, mettra a la disposition du Cornmissaires des guerres a Francfort, six hommes par Compagnie de fa Garnison, pour le chargement du foin sur les bSteaux, et il fournira en outre les hommes nécessaires pour le rassemblement, le départ et 1'escorte des bateaux jusqu'a Höchst, ou le Commandant de 1'escorte viendra prendre les ordres du Commissaire Géséral sur sa destination ultérieure. Le Citoyen Général d'Armée (Signé) custine. Vous donnerez également 1'escorte nécessaira pour accompagner le trésor que vous ferez partir sur le champ, sauf trente mille Livres que vous garderez a Francfort. (ligné) custine. Au Quartier-Généial de Hb'chst, le 1 Novembre 179a. NB. On voit que Custine diminuait la ffarnison ie plus de 250 hommes, et affaiblissait encore mes ffloyens de défense, si j'étais attaqué. P 4  C 33* ) UAdjoinct a VEtat-Major Delucbi, au Général van Helden. mon g é n é r a l ! Le Général Custine montant ft chcval pour aller reconnaitre i'Eniietrii, me charge de vous dire que la Cavalerie enncmie ne franchira pas les fossés et les murs de Francfort, Le Citoyen Adjoint ft 1'Etat Major faisant le service auprès du Général (Signf) i) e t ü c b i, "Au Quartier-Général ft Hochst le ie Décembre 1752. NB. On volt qu'nfallaitqaè jetlhsisedans.2^'«»fffórt, et 1'ironie aussi sanglante qu'absurde avec laquelle le Général Custine répondajt, sans cesse, aux vives inqujétudes que je lui fémoignai pour le »sort de cette place, prouve que je ne cessais de demander des secours pour la défendre ct mie Cw.tine ne cessait de me le refuser.  ( -3*3 ) Les Officiers Frangais detenus prisonniers, a Marbourg, au, Frêfidcnt de la Convention Nationale. CITOYEN PRdSIDENT.' N°. i. Nous apprenons avec peine que plusieurs Gazettes se sont permis contre le Magistrat et l.es Citoyens de Francfort des calomnies dont il est de notre devoir de prévenir les funestes elTets. L'honneur Francais, les principes de justice que la Nation Francaise a manifestés, et qui doivent lui captiver 1'amour de tous les Peuples, nous imposent 1'obligation de ne j tinais cohfondre Pinocent avec le coupable. Nous ne dissimulerons pas les excès auxquels s'est portée la populace de Francfort, et notamment les gat pont dc méihr étrangers et les juifs; nous ne cachcrons pas a la Nation entiè e que leur atrocités, leur acharhem'ént a scconder les entre* priscs dc Pennend , ont accélérc' le moment de notre défaite, a'nnullé les moyens de défense, #»travê, les ordres des Céné'al. Mais, Citoyen PiéSident, ce serait violer la vérité, la justice même, si Pon appelait Podienx de cette', malheureuse j 'tii-uée sur ceöx la même, qui ontsauvéun grand F 5  ( »34 ; nombre de Francais de la première fureur du Vaiaqueur, qui ont soigné nos blessés , ct secouru nos prisonniers. Citoyen Président, après avoir sauvé 1'honneur Nationnalune opinidtrcrésista;tce aux effbrts de Cenncmi nous avons cru. dévoir, du fonds de nótre éxil mème, prouver a Ia Nation entière que nótre amour pour la justice ct la vérité égale nótre dévouement a la Gloire de la République. (Signés") Les Prisonniers de guerre transférésa Marbourg, suivent 44. Signatures d'Olficiers et Cornmissaires des guerres composant la garnison de Francfort. Mhrbourg le 12 Decembre 179;. Van ter dt la République. Les Officiers, Sous -Officiers, Folont air et £t Troupes de Ltgne des Battdilltnh dt Vosges, Saintonge«/IIaute-Saóne, /* Cornmissaires des guerre et employés dans la garnison Franpoi.e a Francfort au Général Cusünc. CITOYEN CéNéRAL! N5. a. Les Soldats Francais faits prisonniers i Francfort, mais dont la facon de penser est Iibre, pénétrés des bienfairs qu'ils ont recu de la ville  C *35 ) de Francfort, doivent ft leur honneur, de repousser la fausseté des faits que Pon impute aux généreux Francfortnis dans lajournée du sDecembre. C'est pour quoi nous voulons, Citoyen Général, vous faire part des faits tels qu'ils se sont passés. Le 2 Décembre, a 7 heures du raat n, les ennemis se sont approchés de la Ville ct Font investie de toute part ft la portée du canon; ft buit heures et demi, ils se sont présentés aux portes pour entrer; nous fidéles ft nos scrmens les avons répoussés ft coups de fusils. Ils se sont rétiréspar 3 fois, et 3 fois i!s sont revenus ft la charge avec leur Artillerie. Alors nous nous sommes défendus en Citoyens Francais. Après deux heures de combat, ct ayant consommé toute notre Munitiën de guerre , la canaille et les ouvriers étrangers qui étaient dans la Ville de F/ancfort, et non les braves Francfortois sc sont porrés eu foule aux différente* portes et les ont brisées...... N°. 3. Des geus mal instruits ou mal intentionnés ayant débité des calomnies atroces contre cette Ville, au sujet de sa prise; laGazcttede Mayence notamment ayant dit que 10 mille brigands Francfortois avaient rcnouvellé Ia Saint - Barthe'emi en tuant les Francais ft coup de couteau; Nous souss;gnés Officiers ct Soldats reconnaissons tout ceü comme des mensoxges , entierement destituis de tnut fosdem nt. La reconnaissance nous e^gage, Citoyen GértéTil, ft doaner u"n >ènen-i sohmnel ft ces imputations atroces qu'il doit y avoir cu le 3  •de ce mois, dix mille assassins pour 'massacrer les soldats Francais. Nous prcnons la liberté de vous donner des éclaircissements sur la vérité de cet événement. C'est que les Magistrat de la Ville s'est effectivemcut donné toutes les peines possibles pour emp'écher Ie rassemblement ct l'émeuie de la populace, qui, ici, comme partout aillcurs, cherchait fi gagner par le desordre; mais que tous les cfibrts dü Magistrat n'ont pas entièrement suffi pour contenir 1'eflèrvessance de la classe d'hommes abjects susmentionnés. Cependant a la fin les Magistrats réussirent a dissiper 1'attroupement des garcons de métier, et söllïcitèrent même las troupesennemies d'épargncr les jours des soldats Francais épars dans lesmes, et ce n'est pas en vain qu'ils 1'ontdcmandé. - Cc témoignage vous prouvcraaisément,Citoyen Général, que le récit dc la gazette de Mayence est destitué de tout fondement; nous garantissons sur Hötfe honneur la vé'racité de tout ce que nous vé- nons d'fillégüer Nous sommes Citoyen Général! VosConcitoyens ct Frèresd'armcs. Suivent cent soixante deux sighatutes d'Officiers , Sous-Officiers , Volontaires ou employés composant la Garnison Francaise de Fravcferi. a Fa;:cfctt sur le Main ,1e joDéc, 179:.. ■ L'An tut de la Républifue.  C 137 ) Lts Cornmissaires des guerres et Officiers Francais détènus a Marbourg, donnèrent leur déclaration dont je trar.cris les passages suivans N°. 4. La populace cle Francfort a commis des excès contre la garnison et entravé les ordres du Général; ellea mis en piècesdès le commencement de 1'attaque les affüts des deux seules pièces qui formaten t 1'Artillerie de la garnison. Des postes entiers et notammant la réserve ont été attaqués par la Populace, et toute communication entre la Chefs des Corps et le Général a été rompue par elk. Ce n'est qu'a la dernière cxtrémité, une porte érant déja forcée, le petit pont de 1'autre étant rompfi a coups de canon , que le Général -a envoyé un Trompette , pour d'après Ijs instances réiterées du Magistrat, entrer en pourparlet et prévénir la rage des assaillars. Ce serait porter atteinte a la vérité et a la justice , si, Pon pouvait un seul instant méconnaitre le Zele et le dévouément que le Général van fielden a mis a la défense d'une place qui ne pouvait avec de si faibfcs moyens résister a de si puissahts ennemis. NB. Copie collationnée des pièces No. 1,2, 3 , füt remise au Magistrat de Francfort. Copie collationnée füt remise par les députés de cette Ville a Paris au Ministro des affaires étrangères,  033) et se trouve ft la suite du Mémoire justificatif des Députés «ie Francfort ft la Convention Nationale, imprimé chez la Veuve llérissant, rue de la Parcheminerie, ft Paris, 1793, et 1'original dela pièce N°. 4 se trouve entre mes mains. On voit que ces pièces, contredisent ct fjudroyent entièrement les rapp- rts adressés par le Général Custine ft la Convention Nationale le 3 et 7 Décenibre. Elles prouvent cn outre, incontablcment Ia vérité dc tout ce que j'ai avancé dans cet ouvragc. J- dors faire observer que j'ai été entiè'rement étrangcr ft la rédactton des pièces Np. a et 3 , qu'elies ont été dressées et signées ft mO'i inscü, sans ma participaticn , ct plusieurs jours apres mon départ de Francfort. JST«, zi. Extrait du Récit de P attaque et prise de la ville de Francfort, — publié par ordre du Magistrat de la dit te ville le 13 Dccembre 1702. ..... Le Général Custine avait donné les Otdres les plus piécis de s'emparer de la grosse Artillerie ct des munitions de Ia ville pour se défendre. — Le Général van Helden, qui d'ailleurs , tant par ses procédés ^ue par le maintien le plus exact du bon ordre s'est acquit ici, Festim: et Paf*  c 239; fecticn de tout le monde, et qui s'est érigé par li un monument indestructible dans la ville de Franc* fo>t, se rendit lui-même peu a prés a 1'Hótel de ▼ille accompagné de quelques Officiers, pour réitérér surtout ses demandes rélatives aux Munitions Ce fut a neuf heures, O Decembre) que le feu commenca: la Ville fut battue avec des canons et des mortiers, et les Francais n'en firent pas moins une résistance opiniatre quoiqu'ils dussent bien juger qu'il leur était impossible de se soute- nir Plus 1'attaque devenait terrible plus on attendait avec impatience que Je Commandant Francais se rendit. Vaine attente ! le Général van Helden au contraire, paraissait voir d'un oeuil indifférent le dégat que les boulets et obus causaient dans la Ville, et vouloir attcndre jusqu'a la derniere extrémité Mais si après avoir vü. la ville occupée de force par les Troupes Francnises sans avoir jamais donné i cette Nation aucun juste motif d'un traitement hostile y après Fexaction d'une contibution ruineuse; après Jes efforts f jits pour sémer la discorde parmi les babi. tins et renverser une constitution qu'ils cherissent * après un séjour de six semaines trés onéreux pour la Ville j après les cruelles inquietudes causées par une consommation et une exportation extraordinaire- des denrées, après les rentatives violenfes de faire de 1'ArtiHerie des habitans 1'instm-  C 240 ) 1 ment 'd'une défense , dont l'inutile opiniatreiê après tout , ne pouvait aboutir qu'a cxposcr leur Ville aux ravages affreus, d'une attaque formée par des armées bien supérieures en force; si après tout cela, et la manière solemnelk dont le Général Francais était vum en personne rassurcr les habitans contre ces terreurs aecablantes; se voyant le jouet de la vaine parole de ce Général, et si cruellement punis du trop dc confiance que leur crédulité y avait mis; voyant leur vies cn danger, leurs démeures ravagées et enflammies par i'Artillerie des Assiègcans, faute d'efléctucr une rétraitc promise ( car en effet il y eut plus de soixante dix maisons plus ou moins endotnmagées , et une pour lavaleur de plus de quatre mille ilolins; les boulets et les balles yplaient dans toute la Ville , ct mettaient tout le monde en danger de la vie; ks grenades mirenc le feu en divers endroits, ct il y eut plusieurs allarmes de ce genre.) Si disons nous , dans ces momens de consternation et despoir la Bourgeoisie de Francfort justifiée par le soin legitime de son propre salut, se föt jettée sur la garnison Francaise pour la desarnter, et faire contre elle caus commune avec ses iière'sGermains, qu'y aurait-il donc eü desiétounant, dc si blamahle dans ce procédé ? Et néanmoins ks Bourgeois de Francfort, regardamt également ks Francais comme leurs frères en qualUé 4'a03WJe?< et les croyant exposés aune des- tructisn  C «41 ) truction inévitable, a cause de leur résistence mal fondée, furent plus occupés du sa Jut de ces infor. més, que de leur propre danger 9 que de leur pro* pre vengeance. Donné d Francfort ce 13 Decembre 179a. Pour Copie. Après avoir duement exécuté les ordres ft moi donnés par les Magistrat de pourvoir ft la sépul. ture des Francais restés morts le dimancbe du pre» sent mois , tant sur les remparts qu'aux portes et dans les ruës, et de les faire enterrer dans Iaplaine de Bornheim, j'attestc en consequence que jusqu'a ce jourdhui il en a été enterrés en tout soixante. Savoir: Malades morts ft 1'hopital j Trouvés morts sur les remparts de la Ville , depuis la porte de Bockenheim jusqu'ft la porte de Friedberg y compris quelques uns trouvés dans les ruës de la Ville ... 41 Blessés morts ft Fhopital c'est-ft-dire au Compostclle jusqu'ft ce jourdhui .... 4 De Fhopital dü Bceuf rouge 13 De Fhopital de Sommerslat 1 Total ... 60 (Signé) 1 c. r u n l , Prévêt du lieu, ft Bornheim ce 10 Decembre 1792. Nous soussignés cerlÜions en étant requis, et ap.ès avoir exactement collationné 1'original, que Q  c 24- y ^ ïaCopie ci-dessus est parfaitement conforme; ei foi de quoi nous avons apposd nos sceaux et nos seings. (Signé) jean gerard jeannicke. Notaire Impérial juré et immatriculé. (Signé) jean frederik kappes. Notaire Impérial juré ei immatriculé. A Francfort sur le Mein, le 15 Decembre i79z. NB. II rdsulte de cette pièce autBentique, que j'ai maintenu la discipline et le bon ordre dans Francfort, que j'ai dcfendu cette Ville de la manière dont mon honneur ct mon devoir m'ordonnaicnt de la ddfendre.quc 300 Francais n'ont pas dtdtuds par 1'enncmi, ou assassinds par les poignards, et que les rapports du Gdndral Custine renierment autant de calomnies que de lignes. N°. 22. Lettre de son Altesse Serénisims h Land-Gr ave de HesseCassel, h Monsieur le Général van Helden. monsieur! Si je n'eus qu'a suivre 1'ïmpulsion de mes sentimn$ et des egards que j'ai pour 7otKpersoaae,pour«  C 243 ) Vótre mérite, et pour la situation ou les fausseS imputations de vótre chef peuvent vous mettre, je ne balanccrais pas un instant, Monsieur, de me prêter a l'accomplissement de vos souhaits. Mais les circonstances gênant infiniment mabonne Volonté; je ne puis pour le moment que vous assu» rer, mon Général, que je saisirai avec empressement Poccasion, ou je pourrai vous faire voif toute 1'étendue de la parfaite estime avec la quelle je suis» Monsieur ! Vótre trés affectionné Am* (Signé} guillaume, L. Casfel ce 30 Decembre 1792. N9. 23. Lettre du Colonel Aide - de Camp de Mansccin, au CéneralMajor van Helden. monsieur! Il est malheureux de se trouveï dans le cas de dévoir se défendre contre les fausses imputations de son Chef. Et il parait hors de doute, Monsieur, que vous avez lieu de vous plaindre, sous bien des rapports, du Général Custine. Mais ce Général avant par de fausses suppositions, déterniiré la Convention Nationale a faire mettre en Q *■  C 244 ) état d'arrestation les Députés de la ville de Francfort qui se trouvaient sous sa sauvegarde a Paris, le Roi n'a pü se dispenser d'une juste réprésaille sur douze Officiers Francais de ceux qui ont été faits Prisonniers a Francfort. Cet incident, mon Général, rend vótre délivrance impossible pour le moment; elle sera infiniment facUitée par Pavis que les Députés de Francfort ayent recouvré leur liberté. Si par vos Lettres a vos amis vous pouvez y contribuer, je m'empresserai a mon tour:, de vous faciliter les moyens d'attemdre le büt de vos sollicitations. Permettez, Monsieur, que j'ajoute ici les assurances de la parfaite estime et de Ia considération distinguée avec laquelle j'ai 1'honneur d'être. Monsieur! v. t. m. etc. (Sigllé) de mans te in. Francfort le 18 Decembre 1792. No. 24. Lettre de son Alt es se Sérénhi. me le Duc de Brunswick Lunebourg, au Maréchal de Camp van Helden , ci Marbourg. monsieur! J'ai trés bien recu la Lettre que vous m'avez  C 245 ) fait 1'honneur de m'écrire en datte du 13. je suppose que depuis ce tems la, vous serez déjft informé Monsieur, par Monsieur le Lieutenant Colonel de Manftein des intentions de Sa Majesté le Roi de Prusse sur 1'objet dont vous me parlez, ét vous me permettez de me référer a ce que Monsieur de Manstein vous aura fait parvenir a ce sujet. J'ai 1'honneur d'être avec la plus parfaite considération. Monsieur Vótre eet. (Signé) Le Duc de brunswick lunenbourg. Francfort le 19 Decembre 1792. NB, On voit par les trois Lettres N°. 22, 123, et 24, que les Généraux ennemis reconnaissaient que le Général Cutine se livrait a de fausse imputations contre ma personne, et a de fausses suppositions de faits. On voit, encore, que loin d'éviter le jugement que devait prononcer le Gouvernement Francais, je ne cherchais qu'a me présenter devant la Lor pour lui soumettre ma conduite. Q 3  N°. 25. Lettre de Monsieur de Lepel, au Général van Helden, £ Marbourg. MONSIEUR.' L'amour dc Ia justice et Findignation contre Ia calomnie, m'engagent, Général, de vous commyniquer les Moniteurs ci-joints. Je crois par cet envoy vous rendre un service particulier, en même tems que j'espère scrvir la cause respective des deux Nations belligérantes, Puisse la vérité triom, pber du prestige impür de tous les rapports callomnieux qui ne servent qu';\ aigrir les esprits, et confondre les ïnnocens avec les coupables. J'ai 1'honneur d'être bien parfaitcment Monsieur votre etc. (Signé) fr. de lefel, Maté- chal de la Cour da Prince Règnant d'P- sembourg. öfenbeck Ie :o Décembre y 1702.  ( 247 3 Lettre du Colonel de Manscein, au Général van Helden, a Ziegenhain. monsieur! Je suis bien fiché, Monsieur, que 1'flpinïalreCe" de ceux qui actuellement se sont emparés du pouvoir exécutif en France, et qui semblent ne vouloir consentir au renvoy des Députés dc la Ville de Francfort, nous force de vous rétenir arrêté ainsi que les autres Officier. Vous sentirez vous même, qu'ayant une fois déclaré que votre arrct aura lieu jusqu'au moment de leur extradi. tion, nous ne saurions nous en départir, quelque peine que j'en ressente particulièrement, et tel •indère que soit le sentiment avec lequel je suis Monsieur votre etc. (Signé J de m a n s te i n. Francfort le 22 Janvier 1793. ISP. 27. Lettre du Citoyen Grouvelle, Secretaire du Conseil exécutif au Maréchal de Camp van Helden, a Ziegenhain. citoyen! Le Conseil exécutif provisoire ;\ recu la lettre 0.4  C *48 ) que vous lui avez écrite le 28 Janvier, et la copie y jointe de celle que vous avez adressée au Général Custine. Le conseil & renvoyé au Citoyen Beurnonville, Ministre de la guerre, Pexamen de vos réclamations et lui a remis vos lettres. Le Secretarie du Conseil Exécutif provisoire (Signé) grouvellf. a Parts le 13 Pévrier 1793. NU. Ou voit que je ne cc cessais de sollicitey mon échangé et de provoquer l'examen de *ma conduite. N°. 28. Lettre du Colonel de Manstein, au Général van Helden, ct Ziegenhain. monsieur! Je su:s trés sensible a la marqué de confiance que vous avez bien voulu me donner par vótre lettre du 1 Février. L'incluse, que sa Maj'csté m'a ordonné d'écrire en son nom a tous ces Messieurs les Officiers qui ont cu le désagrément de se trouver arrêtés , vous apprendra que jusqu'ici sa Majesté n'a pas voulu consentir que quelqu'un deux, et parconsequent aussi peu vous, mon Général, füt xdi 'M sur sa paróle d'honneur. Je suis trés  C 249 ) sensible a la peine que cela va vous faire monGinéral, étant avec etc. Monsieur ! Vótre etc. (Signé) DE MANSTEIS. Francfort le 6 Février 1793. Le Colonel de Manstein, Aide de Camp dtt Roi de Prusse au Général van Helden 5 et aux douze Officiers Francais détenus avec lui comme Prisonniers d"état, au Chateau au Ziegenhain. MESSIEURS? Sa Majesté a trés bien recu la lettre que vous venéz de lui adresseren datte du ier Février, et elle me charge dc vous dire en réponse que dés queles Députés de la Ville de Francfort étaient arrivés ici, elle a incontinent donné les ordres nécessaires de faire cesser votre arrestation. Quant a ce qui regarde au contraire votre clargisscment entier, ct Ia permission de vous en retourner dans votre Patrie sur votre parole d'honncur, Sa Majesté n'a pas encore daigné résoudre a cet égard en votre faveur. J'ai cependant lieu dc croire que lorsque l'on aura consenti de votre part et fait l'échange du Colonel de Kamcke ct des autres prisonniers de guerre Prussiens que l'on retient Q 5  C *5Q ) tqujours encore, Sa Majesté ne balancera plus « accomplir vos vocux. Je tuis eet. (Signé) de manstein. De Francfort Je 6 Février 1793. NB. Cette Copie est fidelement collationnée sur Foriginal cnvoyé au Ministre de la guerre Beurvouvillc. L'on voit combicn Custine , qui avait fait échanger Fadjoint Bailly eüt pü favoriser 111011 échangé , ct faciliter a la Loi les moyens de me condamner, si ce Général avait pü me croire coupable: l'on voit, par conséquent, laraison pour laquelle il s'opposa constamment a mon échangé et a mon retour en France. N'. 2> Lxtrah de la Rélation de Vaf* faire de Francfort, publiés le 10 janvier 1/93, • • • Le Roi de Prusse a la tête de 50 mille hommes, se décide 4 prendre Francfort, hors d'écat de lui résiter. Custine, qui, de Mayence, observait les mouns de 1'ennemi, est instruit de son projet plus de 15 jours d'avance. II reconnait 1'insuffisancc de ses forces poür conserver sa Conquête, il l'avoue dans sa corrcspondancc offieieUe avec  C*5i ) k Ministre de France, mais il se flatte de battre ks Prussiens avant qu'ils entrent ft Francfort; ct l'on va jugcr ks secrcts et la conduite de Custine par Ie journal exact de ses opérations pen iant ks 8 jours qui ont précédé 1'entrée des Prussiens ft Francfort. Le 24 et 25 Novembre, Custine forme un pare d'Artillerie ft LSc/ist, ft deux lieues de Francfort, Le 26 et 27, Custine retire son Artillerie de Francfort et n'y laisse que deux petites pièces de "j livre de balles. Le 28 , Ie Pvoi dc Prusse cantonné avec sou Armée ft un lieue ét demi de Francfort, Put faire ft Fan Helden, commandant la garnison Francaisa de cette Ville , une première sommation de la rendre. Fan Helden refuse. Le 29, Custine écrit au Ministre de Ia guerre '1 i'il prévoit que la supériorite de 1'Armée enne-, mie le forcera dc se replier sur JMxyence. Le même jour, k Général van Helden d'après 1 s ordres de Custine fait forcer ks portes de 1'Arscinl dc Francfort, pour s'emparer de PArtillerie, et des Munitions de Ia République. Le Peuple s'émcut se rassemble, s'opposc ft ce brigandage. t,e Magistrat se rend sur k licux. Watt Helden fait retircr ses soldats, le Magistrat fait rétirer k peuple. L'aprês midi Custine arrivé, k Sénat s'assemble pour k récevoir, une foule d'babkana acqourt.  C *5* ) Custine remercie Ie Magistrat de la conduite qu'il ft tenue le matiu pour empêcher le desordre, ra'ssure les Francfortois sur 1'approche de 1'Armée Prussienne, promet solemnellement aux Magistrats qu'il aura soin quoiqu'il arrivé, de ptéserver leur Ville de Phorreur d'un siège. Le i Decembre, le Général Prussien fait une nouvelle sommation ft van Helden de rendre la Ville. Fan Helden ft ordre de. défendre la place et rcfuse de la rendre i Le 2 , la Ville est attaquée, des obüs , des boulets rougesavaient déja misle feu ft plusieurs maisons, point de secours de Custine. La plus grands partie des Francais qui étaient au Faux-bourgde Saxenhausen vont rejoindre 1'Armée de Custine; les troupes ren* fermées dans la ville, se défendent contre 1'ennemi avec rintripiditè du desespoir. Quelques Juifs et des Ouvriers de Francfort, étrangers ft la ville, la plupart Hessois et pareus des Assaillans, farieux de la trahison de Custine, pour empêcher les Francais de se défendre, se jettent sur ks deux petites pièces de canon , en brisent les roues ft coups de hacbe, les démontent, et blessent quelques Soldats. Les Francais employentles 30 Cartouches qu'ils avaient cbacun et tuent 300 hommes ft Pehnemi. Les Ouvriers lui ouvrent les portes , les Francais veulent encore se défendre avec leurs bayounettes, les Hessois furinix les poursuivent dat.s  C 053 ) la Ville. Le Magistrat 'distribue dans tous les quartiers des Députés qui au risque de leur vïe , arrétent les furieux , contiennent les Citoyens, ré- fugient et sauvent les Francais 41 ont été tués dans cette affaire, 139 ont été blessés, 19 sont morts depuis de leurs blessures, 1158 ont été faits prisonniers et 650 sont sauvés en différents tems et ont réjoint 1'Armée de Custine. Qu'on juge maintenant les calomnies imaginées & Mayence et accréditées ü Paris pour cacher tant de délits de la part de Custine! ...... que le Public juge de quel cótés sont les coupables; qu'il juges si la garnison Frangaise de Francfort n'est pas victime de sa probitê de son patriottisme, de son hèröïque bravoure et de sa réconnaissance envers les Francfortois ses amis et ses bienfai- teurs Toutes les pièces justificatives des faits ci-dessus, ont été données i\ la Convention Nationale [par les Députés de Francfort a Paris (Siglié) 2EAULIEU. Le 10 Janvier 1-93. VAn second de la République Frangaise.  C 254 ) N*. Sc Extrah de la Lettre ct let Convention Nationale de France par J. Gorani, rcmplissant êt Francfort une mission secretie du Gouvernement Francais et temoin oculaire de Vattaqus de cette Ville. EEGlSLATETJRs! Fins de 15 jours avant Ia prise de Francfort, Custine avait senti 1'impossibilité de résister a, la superiorité des forces ennemies, dc conserver cette Ville, et avait resolu de 1'abandonner. Six jours avant le siège de cette place non fortilide, il en avait rctirè son Artillerie; il 1'avait exposde aux flannncs, ct la garnison au massacre, ct 1'une et 1'autre aux déchirdmens de la calomnie Comment a t'ou osd accuser de lacheté les 1003 i 1200 Francais enfermds dans Francfort (650 oc cupaient 1'extdricur de la ville ou le Fauxbourg de Saxenhausen) qui n'ayant pour leur défense que ■Chacun 30 cartouches, ont eu 1'inconscvable intrépidité de se battre pendant 1 heure et demi contre 34 mille hommes? Pourquoi Cusdne, après avoir mis la garnison  C 255 ) de Francfort hors d'étst de se défendre; après avoir promis solemnellement au Sénat de cette Ville de la préserver de 1'horreur d'un siège, a t'il défendu a la garnison d'accepter sa rétraite avec les honneurs de la gueire qui lui offrait le Général Prussien? voulait il donc, se venger de ce que cette garnison avait constamment improuvé la contribution a la quelle il avait soumis les Francfortors? voulait'il donc faire brüler Francfort par les boulets rouges? , Le ie Decembre le Général Prussien fait une nouvelle sommation au Commandant/^» Helden, de rendre la Ville de Francfort; Fan Helden ayant ordre de défendre la place réfuse de la rendre.... Les Bataillons enfermésdans la Ville se voyant sacrifiés par Custine se défendent pendant i heure ct demi avec la fureur du désespoir, et malgré les gcns de métier et quelques juifs qui avaient démoi> t.'s leurs deux pctitcs pièces de Canon , et qui v iiilaient les empêcher de tirer sur 1'eunemi Mais, loin qu'il y ait eu dans lacondnite des Mr.4 gistrats et Bourgeois de Francfort aucune négligence avant, le siège, pendant le siège. et depuis ,ces tespectables Républicains ont au contrarie acquis de nouveaux droits ;\ notre reconnaissancc , en ne se vengeant de tous les maux qu'ils ont soufFerts de la part de Custine, depuis le aa Octobre, que vzr de nouveaux bicnfaits Comment ks Parisiens ont il pü accréditer les  C *50 fmputatious de Custim, lorsqu'ils avaient en main les preuves que ce Général avait reconnu 1'impossibilité de conserver Francfort, qu'il avait écrit en conséquence au Ministre de la Guerre, qu'il avait rétiré son Artillerie de Francfort, avait essayé d'enlever celle des Francfortois, et leur avait solemnellement promis de les garantir de toute attaque? II résulte, bien inconstcstablement, que Ia conduite de Custine ne pouvait que rendre odieux les Francais aux yeux des Nations étrargères, si la garnison de Francfort n'avait pas soutenu 1'honneur National par son équité, par sa réconnaissance, ct par son héroïque bravoure envers les troupes ennemies Que Custine, trompé sans doute par des rapports infidèles, mais éclairé sur ses crreurs par le flambeau de la vérité que nous lui présentons, que Custine avoüe que toutes les inculpations portées contre les Magistrats et les Bourgeois de Francfort sont de toute fausseté qu'il avouë que cette garnison s'est défendue pendant le siège avec la plus étonnante bravoure! Tels sont les dévoirs que Custine doit se faire gloire de remplir Témoins oculaire de tout ce qui concerne cette affaire , et chargé des intéréts de la République Francaise; j'ai tour examiné avec soin; ct comme je le devais, j'ai publié la vérité pour réformer I'opi-  c m) 2'opinion publique corrompue par la calomnie Ut plus atroce. .... Jugez maintenant Législateurs qui a mérité votre confiance, ou de ceux qui ont dénaturé tous les faits rélatifs a 1'alfaire de Francfort et inventé des calomnies atroces pour vous arracher des Dé* crets injustes, oü de moi qui óse lütter contre le torrent de 1'opinion, formé par la calomnie, et braver la fureur d'une cabale rapace pour voüs éviter un jugement deshonorant et desastreuxpourla Nation? Les faits contenus dans ce mémoire sont appuyés par 62 pièces légales et authentiques dont le -dépót vous a été fait eet.... etc.... (Signé) j. coranIi Le 24 Janvier 1793. UAn 2c. de la République. Extraits authentiques et due* ment collationnés du Livrc d'Ordre de la Garnison Fran caise de Francfort sur le Mein du 28 ap, 30 Novembre et du Ier. Decembre 1792. Ordre du 28 Novembre 179a. L'An ier. de ia République. 11 sera fourni tout de suite 200 hommes & Saxcnltuisen, dont 50. a 1'ouvrage a corne et le R  C 558 ) ■ftsfc repaiti sur le rempart au Fischer sfeld. Allerheiligen Bolwerk etc. a ia porte sur lepont du Mein, 50 hommes. Toutes ces Troupes resteront au bivouac toute la uuit, et personne ne tirera sans 1'ordre exprès du Commandant de chaque poste: en cas d'attaque les Soldats ne feront jamais que le feu de file o» de bilbaude. Toutes les portes seront fermées et les ponts !e. *és; les clefs resteront aux portes sous Ia gardede 1'Officier Francais qui en repondra. La Garde de la porte Toussaint sera redonblée sur le Champ on placera en avant de chaque porte un piquet d'un Caporal et 8 hommes a 100 ou 150 toises en avant, qui en cas d'attaque se replièront sur leurs postes respectifs, et qu'on ne laissera entrcr que par la petite porte, h grand pont ne devant être baissé que par un ordre exprès du Général. Tous les Corps de la garnison enverront un Officier ƒ ordonnance auprès du Général qui resteront jusqu'a nouvel ordre. Ordre du 29 Novembre 179c. VAn ier de la Répullique. Le Général en tétnoignant sa satisfaction de la bonne conduite ct la benne vclonté de la garnison qu'il a 1'honneur de commander, ne Teut point se dispenser de porter a sa connaissance, qu'il a été sommé hier de rendre la ville aux  C *59 ) tr vancée füt contraintc de se replier sur la garde de la porte de la Ville, elle passera toujours par le petit pont qui seta lévé incessamment après, et l'on aura soin de présenter toüjotirs un front contre 1'ennemi, et de faire le feu de file ou de bilbaude sur lui, jusqu'a ce quetoütela garde soit rentrée. Les grands pont, ne se baisseront jamais dépuis quatre heures du soir jusqu'a buit heures du matin sans un ordre exprès signé du Général. II en . sera de même des granelcs portes qui ne s'ouyri* R a  C 2an ler de la République, d six heures du matin. Le Général réitère les témoignages de satisfaction de la bonne conduite de sa brave garnison. Les troupes qui ont été au bivouac rentreront ce matin k 10 heures dans leurs quartiers: les gardes des portes restreront seulement doublées, et on laissera, provisoirement, a chaque bastion six hammes. L-Adjudant de place aura soin de faire ouvrir les Corps de gardes qui se trouvent dansles bastions et de demander a cet effet les clefs * ia Municipalité' Indépendamment des gardes doublées aux portes de Saxenhausen, ct de six hwmk* par bastion ou par poste, il restera toujours dans ce Faux. bourg un Piquet de 60 hommes: il sera composé dc même que le Piquet de la Ville quiexïstcra toujours, suivant les ordres antcriatremciit donné. loures les troupes de la garnison resteront tou'. jours en guêtres et prêtes a prendre les armes 4 •chaque instant. A ca dfct, ^ ne £(;.carteron£  f a6"i ) pts de leurs quartiers, et les Commandans des Corps feront des appels toutes les deux heures; affin de s'assürer de 1'exécution de cet ordre qui est d'autant plus nécessaire et urgent, que les ennemis sont toujours proches de nous, et qu'il suffirait qu'il nous crussent sans soupcon et dans une parfaite sécurité pour qu'ils tentent de nous surprendre. L'Adjudant de place s'informera dans la mati* née, de la manière dont on pourra placer en avant de chaque porte, une petite garde divertissement, composée d'un Caporal et de six hommes; il choisira a cet effet, des emplacemens dans des maisons, granges ou pavillons qui sont dans les jardins, dü cüté des grands chemins, observant que ces gardes doivent être éloignées a 4 ou 500 toises de la place. Ce soir, avant la fermature des portes, toutes ies troupes qui ont bivouaquó dans les bastions retourneront a leurs postes respectifs ou elles resteront jusqu'a demain matin. Ordre du xer Décembre 1792. Van ïer de la République. Le Général récommande a ces Concitoyens et aux Officiers de la garnison , il les prie d'avoir la plus grande attention aux portes et aux ponts de la Ville sur tout quand on fait entrer ou sortir * Division. Liberté. Egalité. Fraternité. Les Cornmissaires etc. au Citoyen Van Helden , Général de Brigade a Strasbourg. Vous trouverez ci joint, Citoyen Général, un Brévet de Vétéran et un Médaillon. Nous nou9 sommes empressés de vous en faire 1'envoy, comme étant une marqué distinctive due a vos bons et anciens services. (Signé) MARTI QUE. Paris le 27 Fructidor, VAn 3me de la République Francaise une et indivisible. Témoignages fournis par plusieurs Généraux de la Répui blique Francaise. Armée du Rhin et Moselle.. Au Quartier-Général a Oltmansheim le 22 Fructidor. An 301e de la République Francaise, N° l. C'est avec bien du plaisir quej'atteste  C 270 ) que Ie Citoyen Fan Helden, (avec qui j'ai servi étant Adjudant Général ensemble en 1792) non seulemenr ;\ toujours, a ma connaissance, manifesté un attachement sincére potr sa Patrie adoptive , mais qu'il a montréun Zèle des plus marqués dans ses fonctions qu'il rerhplissait avec distinction, tant par ses connaissances acquiscs x que par son expérience dans 1'Art de la guerre. ' Le Général de Brigade etc4 (Signé) XAINTRAILLES. N°. 2. Je soussigné, certifre avoir vil servir le Citoyen van Helden pendant la Campagne de 1792^ en qualité de Colonel Adjudant-Général a 1'Armée du Rhin, que cet Officier a rempli les dévoirs de Sa place avec beaucoup de Zèle et de ta- lens, et qu'il jouissait a 1'Armée d'une bonne ré- putation justement acquisc. Le Général de Division , Inspecteur* Général de P Infanterie de P'Armée* (Signé) SCHAUEM BITRO.-. . Strasbourg le 23 Fructidor. An 3. N°. 3. Je soussigné certifie que j'ai connü. le Citoyen van Helden, comme Adjudant-Général du grade de Colonel pendant le ire Campagne, qu'il a servi avec beaucoup dé Zèle, qu'iLétait trés estimé a 1'Etat-Major par sa bonnc volonté, son habitude au travail, son expérience, et ses  • C 271 ) connaissancai. II est en état d'être tièsutilement empioyé. Le Général de Division Comman» dant L'ai.e droite. (Signé) d e s a 1 x. Au Qua t -Général de Laudzeer 24 Fructidor. L'an 3. Armée devant Mayence. Np. 4. Je certifie avoir constamment reconnft dans le Citoyen Général Pan Helden, Général de Brigade , une probité inalférabie, un civisme prononcé et des talens rnilitaires, dont il ï donné des preuves honorables pendant tout le tems que j'ai servi avec lui dans la Campagne de 179a, époque ou il était Adjudant-Général. Le Général de Brigade , (Signé) L. j. cavrois. Jfaubenheim 24 Fructidor. L'an 3. N*. 5. Je certifie qu'ayant particulièrement connü le Général Van Helden pendant que j'étais employé i 1'Etat-Major Général de 1'Armée du Rhin, j'ai toujours reconnu dans ce Général des talens rnilitaires, une trés grande activité, et le desir Ie plus prononcé de concourrir de tnus ses moyens au succès des armes de la République Francaise, que c'est a lui que l'on a dü la conservation d'une nombreuse Artillerie qui a cette époque avait été  abandonnée sans défense, a Lauterbeurg, et que. 1'ennemi avait formé le projet de venir enlever. Le Général de Brigade etc. (Signé) t h o l m é. Au Quartier-Général a. Ahheim le 25 Fructidor, An 3. Armée des Alpes et d?Italië. N», 6. Le Général d'Armée des Alpes et tTltafre, certifie que le Général de Brigade Van Heldert a servi sous ses ordres en qualité d'Adjudant Gé* néral faisant fonctions de Chef de 1'Etat-Major de l'armée sur la Louter, qu'il commandait en 1792; qu'il a fait preuve de capacité, de zèle, de patriotisme dans cette place, qu'il s'est prononcé vigoureusement a Saveme, et qu'il est trés digne, sur tous les rapports, d'être employé comme Général de Brigade. (Signé) kellerman» Au Quartier-Général a Nice t le 28 Fructidor. An 3. NB. On voit par Ie témoignage des Généraux avec qui ou sous les ordres de qui j'ai servi, que j'ai été assez heureux pour mériter leur estime, et que j'ai fait constamment mes eflbrts pour y repondre.  N*. 3*. Lettre de son Altesse Sérénis&U me de Landgrave de Hesse* Gassel au Génér al-Major Van Helden. monsieur' J'ai appris avec bien du plaisir vótre heureus'e ariivée a Sttasbouig, et 1'accueil amicaJ. que vous avez trouvé parmi vos Compatriotes. Désirant vivement de contribuer ft tout ce qui peut vou5 être utile dans Vos affaires, j'ai chargé mon Coibgai de guerre de vouS faire eipédiei le Certificat dont vous avez besoin . i . . . . ; J'aurai toujours un sensibJe plaisir de réaliser en toute occuiense les sentimens de la parfaite estime avec laquelle je suis. Vótre trés affectionné, (SigHé) ouillaume, L*. Cassel ce 13 Octobre 1795. Ext reit des Lettres du Comtë de Böhlen, Aide de Camp Général. r.iONSiEun! J* n'ai pas manqu$, aussitót la reception it É S  C 274 ) lettre dont vous m'avez honoré, du 6 du courant, de rendre compte ducontenu i Monseigneur le Laodgrave, il ne fallait qu'instruire son Altesse Sérénissime ponr que ses ordres pourvussent aussitót aux besoins de vos frères d'armes Mon Sérénissime Maitre est bien éloigné'd'e 'vou* loir appésantir le sort des malheureuses et innocentes victimes de la guerre. Wayant point été informêe des besoins dont ih manquaient. Son Altesse Sérénissime y a pourvü des ce moment Vous reconnaitrez dans les ordres qui viennent dêtre donnés, mon Général, le sentiment unanime de la Nation Hessoise, du Prince comme leur chef jusqu'au dernier individu, qui s'imposepour la première vertu Phumanité, après celle ducouage militaire " C&g'O Comte de n 0 u L E K, Cassel ia Aoüt, et z6 Septembre im. N°. 40. Les Prisonniers de guerre du. Fort de Ziegenhain au Citoyen Van Helden Général. Nous nous empressons, digné Général, sitat nótre retour dans nótre Patrie a vous donner de r.os nouvelles et a Vous témoigner nos sentimens de reconnaissancc. Nous desirons tous oue vou<-  C*75) ' goyez rentré au sein de nótre Patrie pour recevoir les honneurs qui sont dfis a vótre bravoure, et Vótre Patriotisme» Hatez donc, brave Général, vótre liberté. Ah, s'fl était en nótre pouvoir, si nous pouvions dis-je, être vos libérateuts, quelle joye ne serait ce pas pour nous? de pouvoir par cette manière réciproquer les services que nous avons recu de vous. Daignez dottc recevoir les scntimens de la plus vive recoiinaissance qui vous est duë I juste titre, puisque c'est h vous, en partie, que nous sommes redevables de nótre li» berté* Soyez persuadé, Gdné-ral, des sentimens d'attnchement, amitié et reconnaissance des vos soi* dats et frèrcs d'armes. (Signé s*) G. louis, marin, Caporal du 7™ BataiU Ion des Fosges , ei phi~ sieurs autres signatures. N°. 41. Extrait de deux Rapports de Custine. Rapport du 3»* Decembre 179?,. J'approchais, lorsque je fus informé que le „ Commandant de francfort ayant négligé de prendre des précautions contre les habitans, . S a  c «7« y V> ceux ci s'étaient "emparés des portes et les „ avaient Iivré aux ennemis . » CSignO custine, NB. Qn voit ici clairement 1'imposture ct h Piauvaise foi. Les pièces ci dessus mentionnées' et sur tout la nptoriété publique, démontrent incontestablement que j'avais pris toutes les précautions possibles afin de ne pns étre surpris; que je n'avais aucun moyen quelconque pour contenir ce que tostin, apelle /„ habitans de Franc fort, et que c'étaient les fausses promesses de ce Général, qui avaient povté les Francfortois as'c-pposer è 1'attaque de leur Ville, et a entraver mes ordres. On a vü de quelle manière le Général Custine sapprochah pour venir a mon secours, et avec quel empressemenï, il cherenait a délivrer la garnison de Francfort. C'est une chose curicuse en fait d'ArtMïlitaire que la maniere dont Custine se prêparait k secour'r.r Fiancfort. Lorsqu'il avance , dans son rapport qo',1 iapprochait dc cette Ville, lorsqu'il en appnt la reddition , il prouve incontestablement 1'obligation ou il était, et 1'engagement qu'il avait pns de la secourrir, et il prouve par conséquent qu'il aurait dü se tronver devant les portes de Francfort, en même tems que les Prussiens et les Hessois. .11 est facile de montrcr que le Général Custim  C «77 ) a'avait point 1'inrerition de sccourrir la Garnison Francaise de Francfort, ct que quand bien même ce Général en aurait eu sincercment ledesir, il s'était mis dans 1'impossibilité de le remplir, par une suite des mauvaises manoeuvres et de 1'impéritie aux quellesil s'était abandonné. En effet, dés avant cinq heures du matin, ainsi qu'on Fa vu dans le cours de cet ouvrage, j'avais expédié au Général Custim une Ordonnance pour 1'informer des mouvements de 1'ennemi; ;\ six heures et demi, j'expédiai une seconde Ordonnance ace Général, paria quelle je Finformai de la marche des Colonnes ennemies sur Francfort. En Süpposant même qu'aucune de ces deux dépêches ne lui fussent parvenues, ce Général avait «/«être instruit des mouvements de Pcnnemi, d'une manière aussi précise et aussi prompte que je le fusse moi même; car, Custine se trouvant en face des Prussiens, ses Patrouilles et ses Avant-postes ne manquèrcnt certainement pas dc 1'informer que 1'ennemi était en pleine marche longtcms avant la pointe du jour. Les Avant-postes de Custine dürent lui donner connai^sancc de cette marche dont le premier résultat füt, que dès sept heures et demi du matin le poste d'Ober-Urzel fut attaqué, emporïé ct 1'aile gauche de 1'Armée de Custine entarn ée. Ou voit clairement que lés Avant-postes de C«rtine n'avaient pü laisser ce Général dans 1'ignoran- S 3  C ^78 ) ce da ce quï se passait du cóté des Prussiens1, lorsque mes Patrouilles m'en instruisaient si exactement. Custine loin de faire des dispositions pour secourrir Francfort, avait pris toutes ses mesures pour se replier sur Mayence, et dès la veille de Pattaque tous les efFets, et les bureaux de PEtatMajor avaient été emballés, et la demolition du pont sur la Nidda était déja commencée. Custine avait si peu Pintention de secourrir Francfort, et il en expïimait cependant si bien le desir auxyeux des soldats, qu'il ne püt ni contre dire la deposutou qui füt faite contre hu, et en sa presence, a cet égard, au TribunalRévolutionnaire, ni trou-. ver même une raison valable pour y répondre. Voici cette deposition, „ lsCitoyen ClaudeCê„ ron 32é de £7 ans, dépose que Custine avait „ fait avertir les Grenadiers de manger la soupe „ et de boire Peau de vie avant d'aller au secours „os Francfort, q.tfils awaient desirés y voler sur „ le chwpr On a vu dans le cours de cet ouvrage que Custim s'était tcllemcnt embarrassé dans s:s hnmdes et dans ses dispositions Militaires, qu'il s'éiait placé dans 1'impossibilité de secourrir Francfort, a moins de ihrer emihement F Armée Républicalie aux e,lflemis. Ce Général voyait avec plaisir l'inévitabïe et procbaine prise de la Ville de Francfrt, paree qu'il se rtattait de trouver dans sa reddition, mi prdtexte dccauvrir ses faut es aiktah  ( *79 ) rts, et de rejetter tout 1'odieux des désastres de cette fin de Campagne, (que j'avais pris la liberté de lui predire avec toute la delicatesse dont un Officier subordonné doit en user envers son Général en Chef, affin de le porter ft des réflexions qui auraient pü le déterminer ft cbanger, pendant qu'il en était enccre tems, des dispositions qui me paraissaient trés dangereuses pour le salut et la conservation de 1'Armée Républicaine) sur le Commandant et la Garnison Francaise de cette place. Et ce n'est pas une conjecture que je me permets ici sur le Compte du Général Custine, je ne fais que répéter ce que la voix publique, et des témoius oculaires dignes de toute confiance, se sont empressés dans le tems de publier ft ce sujet. Rapport du 7 Decembre 1792. Je ne puis dissimuler ft la Convention Nationale Findigne trahison qui a donné lieu ft la prise de Francfort, ft 1'assassinat de nos frères ,, d'armes. 300 d'entr'eux sont tombés sous les ,j couteaux des astassins etc. „ J'envoye ft la Convention Nationale un de ces couteaux pris dans les mains d'un de ces assassins, les couteaux étaient tous du même modè- ,, le, prés dc 10 mille hommes étaient en armés. 150 Charpentiers destinés ft ouvrir les , >rte« ,, étaient arrivés de Nassau appartenant au Land- „ Grave dans deux bateaux. Et le Général ffan S 4  C &°o ) ti Helden qui commandait ft Francfort, ose dim t? n'avoir point été instruit de cette arrivée, non ,'t plus que de la fabrication et de 1'arrivée de ces couteaux, et d'avoir recu les éloges de ses en5, nemis. „ Et dans une beurs et demi, une Ville qui a des fossés remplis de douzepieds d'eau, larges ,. de 16 toises, a été emportée par le peu de soin qu'il avait pris pour être informê cP avance de ce J, qui se tramait sur la sureté de ses postes. ,, J'aime ft penser que le peuple a été plus aveti- ,', glé que c'ritninef, et qu'accoutumé ft courbcr i, sous le joug des Autrichiens il les a era dés ,» géans." (Signé) custine. KS. Ii est plaissant de rcmarqtter qu'il n'y avait pas un seul Autrichien parmi les Assaillants. On a vit dans tout le cours de cet ouvrage si favais pris peu de soin ptjur étre informé d'avance de ce qui se passait tant au de hors qu'au dedans de Francfort; si j'avais négligé d'en instruire le Général Custine; si je ne lui avais pas au contraire, témoignédc vivcset continuelles inquiétudes ft ce sujet auxquelles ce Général ne repoudait que par de sanglantes ironies. Pour donner une preuve irrécUsable de Ia surveillance que je n'ai cessé d'aporter ft Ia défense de Francfort, il me suilt d'attester Ie témoigtjnge  C a8i ) des Citoyeus Du Roze!, Bertrand, Bailly, Pitcher , et de plusieurs autres Officiers, tcmoins oculaires des fairs ci dessus mentionnes; lesquels Officiers existent, et sont dignes, sous tous les rapports, de toute confiance. Ils attesteront, qu'après ayoir fait la derniere visite des postes au commencement de la nuii du ier au 2 Decem« bre , ja commis deux Officiers de troupes de ligue ct notamment 1'Adjudant-Major du ome Bataillon du 82^6 Régiment pour surveiller en secret le service de quelques post;s, et particulièrement celui de deux portes dont les Commandants de garde me paraissaient avoir peu d'expérience militaire, a raison de leur peu d'aucièneté dans le service. A 7 heures du matin (heure qui avait ét:.' p : ;e , pöinme j'en ai été instruit depuis, pour le cotr.» ineircemeet de 1'attaque, laquelle fut cependant difFérée plus d'une lieure par un accident imprévu) une troupe de garcons dc rnct;cr se montra déja a une des portes dont je viens de parler; mais les ayant trouvées parfaitement gardé;s ct surveillées, ils se rétirérent tout de suite, On voit donc clairement que la surveillance, les soins, et les précautions que j'avais apportés a la défence dc tous les postes, pürent seulsempêcherqu'unc des Portes Capitales nc füt ouverte a 1'ennemi tfès ie commencement de 1'attaque. 11 est même impossible de névpquer en doute 1'asseruon que je do»- 8 5  C 282 ) ise ici, si l'on fait attention qu'une troupe ent* raie se presenta devant cette porte, y fit un simulacre d'attaque, mais qu'clle 1'abandonna du moment qu'elle s'appercut que cette porte était par, faitement gardée. Les Citoyens Du Rozel, Bertrand\ Bailly et Fischer attesteront de même, que d'abord après que j'avais eu connaissance dc 1'approcbe des ennemis, je me suis rendu aux postes et aux portes , pour indiquer par moi-même, les Officiers qui y commandaient , les précautions qu'ils avaient a prendre, et leur instruire de ce qu'ils avaient a observer, et a faire, pour la sureté et la défense de leur postes respectifs; et qu'ayaut été interrompü par 1'arrivée d'une dépêche du Général en Chef, j'ai invité le Lieutenant Colonel du Roz 1 de poursuivre,sur le mêmepied, les instructions dont fl venait d'être témoin , a tous les postes oü je n'avais pü me rendre encore en personne. Les Faux-dénoKciateurs ont sans doute des grandes ressources; personne n'en est plus convaincu que moi, puisqu'ils ont si lungtems essayé de me rendre leur victime. Mais comme la vérité ne peut jamais cesser de 1'être , il est devenu impossible même a la calomnie, je ne di». point de prouver, mais de montrer avec quelqu'ombrc de vraisemblance que pendant tout le tems dc mon sejour a Francfort, et pendant tout  ( *83 ) Ie tems de 1'attaque de cette Ville, j'aie pü me jendre coupable de la moindrc négligence, que j'aie négligé aucune précaution quelconque pour garantir 1'intérieur de cette place contre les tentatives des malintentionnés , et 1'exterieur contre les attaques de 1'ennemi. De plus, j'ajouterai que quand j'aurais vü se former sous mes yeuxlecom^ plot de livrer aux ennemis les portes de la ville, (comme elfectivement je vis les garcons de metier se rendre aux portes avec leurs outils) il m'était ft peu prés impossible d'empêcher 1'exécution d'un semblable complot, si leurs Auteurs s'étaicnt opi« niatrès ft la poursuivre. Car, quels moyens le Général Custine avait-il laissé ft ma disposition pour conteuir les mouvements d'une populace de 7 aS mille ames, entièrement vouéj aux désordre, et interressée au succès des troupes Prus« siennes et Hessoiscs? Et cepenJant , malgrez 1'extrême insuffisance de mes moyens derépression ou de défense, tous les postes avaient été si bien assürés, qu'aucim n'a été emporté qu'après 1'épuissement total de Munitions; et l'effnemi n'en ft prisposscssion d'aucun que longtems après que la gardj aux quellrsquelques un de ces postes avait été confiée , les eüt aban» donné séduite par les insinuntions les plus perfides, ainsi que je 1'ai expliqué dans le cour de cet ouvrage,  C *H ) ' Si je fournis I chaque instant une telle snra< fcondance de preuves, tout homme impnrmï, scntira que la calomnie prenant toutes sortcs de ügures, 1'homme honnéte se trouve réduit h arracher successivemeut tous les masques dont elk cherche a se revêtir, Custine a beau donner 12 pieds d'eau aux fos£,és de Francfort, il n'en est pas moins ft la cona«»sa»cé publique qu'une partie des fossés cnvi,ronnans cette Ville était presque d sec, et des soldats ennemis les frarichirént et parvinrent au pied des remparts; on a vu, par les réponses méme de Cuuine, que j'avais bien prévu les accidens et que j'avais cherche d'avance ft y remedie?. Je ne sache pas que ce soit un crime d'être loué par des généraux ennemis lorsqu'on leur a opposé, une opim'atre résistance; I\Ja:s Custine a raison lorsqu'il avance que posé dire n'avoir pas été iustruit de la fabrication des 19 mille couteaux et de 1'arrivée des ir0Charpentiers. Dans le grand rapport que je lis le 2 Dé* cembre au soir, au Général Custine je ne parlai pas même de ces deux faits: s2 Officiers des plus ïüarquans de la garnison Francaise gardcrent avec moi, le plus profond silence sur ces deux faits. J'ai canservé heureusement ForiginaJ de ce rapport revêtii dc la signators des 22 prinoipaux 01. fieft»; et ce'rapport eüt dü suffirë au Général  C *35 ) Cr.stïtie pour ne lui kisser aucun düute sur h rr:5riière dont il devaic rendre compte ft la Conveu tton Nationale de la prise de,Francfort, si ce GéGénéral n'avait pas eu besoin , pour sa propre justification , d'akerer en tout point Ia vérité. Les 22 Officiers et moi n'ont pas parlé des io mille couteaux, paree qua moins de deyiner les fables que Custine voudrait bien inventer ft Mayence le 3 Decembre, il nous était absoiument impossible d'en parler le 2e. ft Francfort. Les 22 Officiers et moi n'avons pas parlé dèJS 150 Charpeniiers arrivés de Hanau, par la méme raison ; csr nous n'avions pas Je le réfète , le talent de deviner ce qui devait sortir du cerveau de Custine. Mais quoique cette arrivêe soit une fable , 1'honneur de 1'invention n'apparüent pas tout ft fait ft ce Général. Le fait est , que les garcons de metier de Francfort pour se disculper des excès auxquels ils s'étaient abandonnés , imaginèrent de faire •omber 1'odieux sur leurs confrères, non pas de Nassau, mais de Hanau; ils s'empressèrent de divulguer et de propager cette fable , car les garcons CharpentLrs de Hanau n'arrivèreut point ft Francfort. Ce ne füt que trois ou f uatre jours après la prise de la Ville de Fianc-  C aS6 ) fort, qu'il fut question pour la premiers fok} dans cette Ville de cette fable absurde; et Custins était d'autant moins excusable de la dibiter le 7 Decembre a. la Convention Nationale , que dès le 6, je lui avais fait part moi-même. de ce bruit absurde des 150 Charpentiets qu'on avait essayé la veille de repandre dans le public. N°. 42. Témoignage remis au Général Van Helden par plusieurs Réprésentans du Peuple, membres du Conseil des cinq cents, et du Conseil des Anciens. Nous devons au Général Van Heldin la justice de déclarer que dans les différentes fonctions Mi* litaires qui lui ont été confi:es, particulièremenr dans le Département du Bas-Rhin, il a dés ks premières Epoques de Ia révolution, donné les marqués de 1'intérêt ct du Zèle le plus vif qui 1'attachaient a. la cause de la liberté , et qu'il h servi dans tous lts tems avec tout  C*87;> le devoinment qui caractérise un vrai Répubit* cain, (Signs's) bertrand. louis. k a U f f m a n. b e l i n. bentaeolle. j o ii a n n o t. d e N t Z e l. k a r c h e n. etc. etc. Paris le 10 Nivose, YAn 4«« de la République. APPENDICE. J'ai prouvé ce me semble, d'une manière au. thentique et incontestable que j'ai suivi, dans tous les tems, la condnite que 1'honneur et le dévoir me prescrivaient de suivre. Mais la calomnie n'a jamais fini, et si elle est forcée de convenir que j'ai défendu vaillament la Ville de Francfort, elle s'en dédomagfe en avancant que j'aurais dü évacuer cette Ville pour réjoindre 1'Armée du Général Custine. Ces propos qui  ( 288 } ont éte* jettés dans le public et xépandus avet alfectation, dans ma Patrie, par des personnes., qui se croyent intéressées ;\ me nuire, se trou« vent sufficamment rëfütés par tout ce que j'ai dit jusqu'ici. J'y ajouterai cependant quelques réflcxions. J'ai tenti dans la Ville de Francfort jusqu'a" la dernière extrémité , c'est-a-dire jusqu'a ce qu'il ne restat plus une cartouche h mes Soldats; Les ordres de défendre la place, (ordres dont j'étais dépositaire) étaient positifs et ne pouvaient me permettre d'évacuer cette Ville sans recevoir une ordre esprès et formeL Le Géné- ' ral Custine m'avait d'ailleurs garanti qu'il viendrait promptement a mon sécours, en cas d'attaquè. J'étais moralement certaiu que Custine ne viendrait pas a. mon secours, quoique j'eusse de sa main des assürances inatériei'es qu'il viendrait. A moins de trahir ouvertement sa Patrie, et d'exposer toute 1'Armée Francaise h une défaite presqu'inévitable, le Général Custine nc pouvait plus songer a secourir Francfort, au moment ou cette Ville fut attaquée.- Car , Custi-.c ayant laissé enlèver par les Prussiens le poste d*Qber-Urztl4 Falie gauche, de l'armée Francaise appuyée sur ce poste avait étéentaméeet culbutéebientót après; de ;órte que dés ce moment, il etait devenu pby* ■siquemeut impossible a Custine de venir au secpurs de  (aS9 ) de Francfort quand bien même il en aurait eul'envie. Les Allemands, d'un autre cóté, avaient fait passer le Mein ft un Corps de troupes sous les ordres du Colonel De During pour intercepter tout passage par Saxenhausen; ils avaient de plus fait filer un gros Corps dc Cavallerie, destiné ft couper et 4 prendre de revers toute troupe qui aurait tenté de venir ft mon secours. II n'est aucun Militaire, pour peu qu'il ait une connaissance To " pographique du pays occupé par les deux Armées, de leurs positions et de leurs forces respcctives » (car, 1'Armée Francaise était trés inférieure eu nombre, et principalement en Cavallerie et en Artillerie, ft 1'Armée Prussienne) qui ne reconnaisse la vérité de ce que j'avance. J'étais certain de ne pas être secouru par Custine, mais j'avais ordre de tenir dans Francfort; je ne pouvais donc, sous aucun rapport, songer ft évacuer cette Ville avant 1'attaque. La reflexion la plus simple montrera que quand bien même j'au rais voulu évacuer cette ville, pendant 1'attaque et lorsqu'il était démontré que les ennemis allaient s'en rendre maitrc, il m'eüt été impossible de tenter avec succès cette opération. Jc devais naturellement attendre fusqu'd la derrière extrémité avant de songer ft évacuer la Ville; mais ft ce moment, aqrais je pü rassembler toute ma garnison disséminée sur tout les points dc défense? n'étais - je pas continuellement entravé dans T  ( 2^0 ) P«ercice de mes fonctions? la populace irfnterceptait, elle par tous mes ordres? les ennemi, P W*** ils pas pris toutes les mesures militaire tendantcs ft me couper la retraite soit sur ffScAst soit sur les tcrres de Darmitadt? Sans doute, il pö«ftfe de nfêchappe, imv^*«<*, te Francfort, et de me dérober Par cette fuïte, ft „ne mort que je „gardais eomprochnincqu'inévitable; mais un tel act, de Jachctc n>,0chera jamais de mon ame. P* tan reaohi ft «Ptmsevélfr sous les ruïnes dc la L. Cequt m'avait^ conuée , si j'avais et, les moyc„s ^e: pr,do,Hcr,a^iense,ouftpénravecleS braves Képubl.cnins que j'aTOis phomicUrde comman_ to- Jetais persuadé que je p^rals au moment ennemi entreradt dans la Ville, et d'après les Lootte h gl!e,Teic m'attendais ft éprouver cesort. Ln Offecr Aliemand ft méme assuré au Citoyen Men-and qqe les ordres avaient été donnés, dans Armée Allemande; de nous passer tous au lil de Idpée comme ayant été pris d'assaut. Cet ordre «T, Peut-étre été e,écuté sans 1'intrépidité du Citoyen 8a iF qui parvint ft entrer en pourparlers avec Pennemi. C'est en panfe au SHCcès de M nussion c'est surtout, ft h graiideu, d'ame du Roi de Prusse c'est nux soin vigilauts et humains ou Jjuc ce fitunjiv'rh ,-',.c n < *» "•w.f*, tiet Généraux Prussiens et mssens, de plusieurs membres du Maqistrat et totfmiblei Bourgeois de Francfort, ainsi q'aux  ( aoï ) scans vigilants, ft la fermeté et ft la conluïte digne u'cloges dn Capitaine De Mulkr, des gardes Hessoises,(qui commandait le piquet de Grenadiers que le,Général ennemi avait donné au Citoyen Bci'th, 'avec 1'ordre de précédér la colonne,) que \ï dei* la vie, qie beaucoup d'Officiers ct de Soldats Francais doivcnt ia conservation de leur jours. Je me plaia ft rerrouvcller ici cet bomage dercconnais* sance, et ft rendre a la bravoure comme ft 1'huma* nité des Généraux et Officiers Prussiens et Hessois la justice qui leur est duë. Je ne balancai pas ft préferér une mort, que je fcegardais comme ccrtaine, ft une fuite igflominieuse, et aux reproches que j'aurais mérités en aban-« donnant mes braves frères d'armes, qu'il me de* Venait impossible de faire sortir de Fïarrcfort quand J'en aurais eu ia voloiré. Je me félicite d'avoir partagé Ia captivité des Républicains Francais, puis qüe j'ai trouvé dans cette captivité méme, la douce satisfaction d'être utifc ft ces braves Soklars, d'adoiicir la rigueur de leur sort, et de coritribueT ft les rendre, enfin, ft la liberté et ft la Républi* que Francaise. Je terminerai ces réuVxions, par un passage qu'on lit dans 1'liisro're pbilosophique dc la révolution de France, imprimée ft Paris, chez Mara~ dan, rue du cimhière André des arts N0. 9, etl PAn 5 de la République. T 3.  C 202 ) On lit ces mots page 164, livre III, Tome second, „ On a conjecturé, et avec raison, que Custine „ sentant 1'impossibilité de conserver Francfort „ dont il avait si souvent exalté 1'importance, „ aurait désiré que le Général Fan Helden, efl „ frayé du danger imminent que courait sa garni„ son, êut abandonné la place sans la défendre. Alors, il aurait accusé cet Officier de hkheté „ ou de perfidie, et lui-même se trouvant a cou" Ve" des reP™ches, il pouvait replier son Ar„ mée sur Mayence, en fulminant contre les M„ ches et les traitres dont la conduite avait dé„ truit les projets les mieux concertés, et arraché „ des mains du Général uneVictoire infailliblc." F I N. De riwprimerie de J. J. STüERMAN » la Ha y e.  ERRATA; Page 4, ligne 13: tombean, lisez: tombeau." ia, 11: defendcoient , lisezi defen- daient. .— 21, 7: des naecte forteresse, lisezi dans cette forteresse. — 26, 12: m'apprenant, //«z: enm'ap- prenant. — 27, 6: resoudra, lisez: resoudre. 29, 5: répresentant , lisez: répré* sentent. Idem — 20: server, lisez: servir. Page 31, 21: une grace ou employ, lisezi une grace ou un employ. Idem — 24: ces principes , lisez : ses principes. Page 51, 24: assertiou, lisez: assertion. 71, a la première ligne: ramcur, lisez: ru> meur. 105, ligne 28: aussi je ne doute, lisez: aussi je ne doutai. .— 114, dernière ligne: 1'assistana, lisez: Passistance. 124, ligne 26: sorter, lisez: sortir. 125, 25: n'oublialt, lisez: n'oubliait. — 13°, 2: laisc 5 i'sez 1 laissé. —— 140, 25: ville couverte , lisez: ville ouverte. 142, 28: laisserant, lisez: laissèrent. — 152, 17: Assiègnants , lisez, Assiè» geants. — 158, —— 17: pour server , lisez : pour conscrver.  Page 233.5 ligne 9 et xpt incontablement 9 font mcontestableme-nu — 262, 5: portes? lhez. postes_ I fl68, Io: 5 Novembre 179» , lhezl 5 oeptem6re 1795, -— 272, l6-: su, t iisez. sm^ —- ioet 11 tColIegai,///«iCollége.   i