CAMPAGNES MILITAIRES lieutenant general Sir WILLIAM HOWE, e n amérique: D'apres le Compte rendu par luimême dans un Committê de la Chambre des Communes le 29 Avril 1779: Et d'apres les ObseRVATIONS ju'Ü a publiées contre les Lettres & un GentilJwnme. MDCCLXXXL fLaHaye, chez van Cleef, Gossê, Detüpw* j Amfterdam, van Harrevelt, ChangWoK. A j Rotterdam, Tïennet & Hake. 1 Leide, les Freres MurraY, LUtrecht, Spruyt, Wild. &c. &c'   PRÉFACE D U TRADUCTEUR. J[l eft peu de nations en Europe qui neprentient intérêt au foulevement des colonies Amérkaines. Cette guerre qui ne par ai (fait d'abord qtfune difpute légere entre la mert &les en fans, apris uncar act ere plus impofant par la prétention des derniers a ïémancipation. La mere foutient quils riont pas encore atteint Vage requis, les enfans ont eu recours a la force pour prouyer leur droit; ö? la querelle, foutenue, pendant plufieurs années, avec des fuccès halancés des deux cotés, a déja entratné deux autres puijfances Européeniies qui riont de relation avec les Américains feptentrionaux que par Vinierét qiCelles prennent a leur indépendance. La plupart des autres nations maritimes de VEurope, mms par le même in-, * 2,  iv P R E* F A C E tér et, viennent de former wie cmfédération fedoutabh qui, fous le prétexte fpécieux de rêtablir la liberté des mers & de la nayigation, tend dire&ement a fayorifer les E11nemis de la Grande-Bretagne. De toutes ces nations, ou ncutres ou entrainées ïndirclement dans la guerre, il non efl , pcitt-étre, aucune qui foit plus intéreffée a fon ijfue que la République des Proyinces- Unies des Paysbas. II efl yrai que ÏEtat ö3 les particulier s ont été fortement divifés fur eet article: mais les nuages despréjugés & de Tefprit de part',' fe fout éyanouis a la longue: Et les plus ardens partifans de l'Angleterre [ont obligés de confeffer aujourd'huy que fa conduite paffee c? préfente force tout le monde a craindrefesfuccésplus qua lesdéftrer. En un mot, dans Yétai ou font actttellemcnt les efprits, on efl beaucoup moins inqaiel fur la juflice que fur ïiffue de eet té guerre. En jettant les ycux fur T'Amérique, on craint, ou qu'elle ne foit obligée de céder a la force des ar mes Britanniques ou que fucenrabant fous les calamiiés d'une guerre fi Ion-,  DU TRADUCTEUR. v gue 6? Jionéreufe, elle li accept e des art kies de conciliation de la mere-patrie. Ces deux oh jets font en effet de la plus grande importante ; ê? comme on ne fait pref que rien fur ce póint que par les pamphlets dont iefprit de putti inonde i'Angleterre, il nefl pas étonnant que les pcrfonncs les plus ayides de s'inflruire tintent eu jufqu'a préfent que des notions fauffbs ou hnparfaites. Vingt fois les Anglais ont bercé les autres nations de ïidée & fe font flattés euxmémes de l'efpérance, de mettre une prompte fin a ces trouMes. Voila plus de fix ans qiiils fc confument en efpérances £f en prome (fes; c? cette conquêie ou ré conciliation défirée efl encore mains avdncée acluelletnent qtielle ne Yétait le premier jour. Orielles font les caufes de ces jugemens toujours trompeurs & tonjours trompés? f 'en rencontre trots: 10 Cefl que cette Amériqüe ft facile d conqut'rir efl en c'fet un pays inconqucrable: 20 Cefl que ces Américains qiion nous peignait comme entrafnés malgrê cux dans la rebellion foupirant pour la  vi PR E" F A \ C E réunion avec VAngleterre, font en effet des hommes aliénés a jamais de la mere-patrie, courant a Vindépendance par un reffentiment implacable g? desprincipes fixes & inaltérables: 3° Cefl que cette Angleterre, ft puiffante& fi riche, na jamais été en ét at de faire des efforts proport ionnés a fes pro jets ê? qiVajoutant tous les jours a la mafje des dettes qui Vaccablent au nombre des ennemis qui affaibliffent fes forccs en les dmfant, elle efl de plus en plus hors dVétat de recouvrer les colonies qui font échappécs de fes mains. Voila les obferyations qui s'offrent a celui qui lira, avec jugemcnt £? impartialité, la défenfe que le Général Howe a donnée de fes opérations militaires. On ne trourera point ici les fpéculations chimériques Sun Nouvellijle Européen , ni les déclamations yirulentes d'un homme d porti; cefl une discuffton modefle , froide, raifonnée, & appuyée fur des faits authentiques. En un mot cefl le récit Sun Général célebre par fes talens même par de brittantes yictoires. On yoit, tl efl yrai, que, dans plu-  DU TRADUCTEUR. vu fieurs points délicats, la prudence lui ferme la touche: mais ce que la nécejfté de fe juflifier contre de yils détraëteurs lui fait dire, doit fuffire aux efprits pénétrans. Dans le tems ou la fermentation ètait la plus violente en Angleterre contre lui, on ne parlait de rien moins que de lui faire porter fa tête fur Véchaffaut. II a donc été obligé, finon de reyeler du moins de laifer entrevoir bien des chofes quil importait au cabinet de Londres de tenir fecretes. Des qiïil eüt fait fon expofé, fans fel, fans emphafe, qiion eüt entendu les témoignages quil réclamait, tout sévanouit; & sil n'efl pas rentré dans les dignités, cefl que, dans les coursy on ne pardonne jamais a ceux que Ion a offenfés. On trouvera dans ces deux pieces beaucoup de détails qui nintéreffent que certains particuliers: mais comme cefl un document authentique, que les contemporains la poflericé pourront confulter. en youlant apprendre ou r et racer la grande révolution qui s'opere enAmérique, nousna-  vin PRE' F CA C E yons pas ofé les mutiler: neus en avons clonné wie traducïion fidele Qp complette. On y trouvera bien des obferyations particulier es fur la taclique &la nayigation dans ces contrées lointaines: elles plairont fure~ ment aux perfonnes du métier. Enfin les nations neutres font en état d"avoir des informations importantes certaines fur les affaires de l'Amérique. Ceux qui ont fait des remarques fur cette guerre, trouyeront ici l'enchawement & les raifons de plufieurs éyénemem qui leur paraiffaient difparates g? contradictoir es. Pour la commodité des différens letleurs, nous ayons cru devoir faire imprimer en italiques certains paffages de la plus grande importance, ê? les plus propres a faire remarquer au premier coup d'osil, la nature particuliere de cette guerre, le plan de ceux qui Pont conduite, les forces de F Angleterre, les difpojitions & les rcjfources des Américains. A Amflerdam ce 25 Novembre 1780.  CAMPAGNES MILITAIRES D U lieutenant general Sir WILLIAM IIOWE, L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, jrLin jettant un coup-d'oeil fur les circon•ftances particulieres de ma fituation, on ne me taxera pas de préfomption de fouhaiter Findulgence du Committé pendant le tems oii je dois abufer aujourd'huy de fa patience, La répugnance que les Miniftres de fa Majefté (au moins dans cette Chambre) ont téA DANS d'après le Compte rendu par lui mime &c.  *P 2 % moignde dc s'expliquer fur les tranfaclions de la guerre dc lAmérique dürant mon commandement, quoiqu'ils euiTent en main tous les documens ncceffaircs & mêrae les feuls fur les quels on pouvait former un jugement, m'engagerent a propofer en motion que ma correfpondance avec le Secretaire d'Etat pour le département d'Amérique fut expofée devant vous. Les particularités les plus eflentielles de ma conduite, les raifons d'après lesquèllës j'ai opé/é, les plans que j'ai fuggérés & exécutés , tout cela fc trouvc dans cette correfpondance ;' ainfi ceux qui auraient combine 1c tout'd'après la liaifon naturelle & reguliere des dates & des éréncmens, pourront trouver peu néceflai» le détail oü je me propofe d'entrer. Mais je ne faurais me llatter que les papiers aient été examinés aVdc unc attention auffi minuticufc ; je n'óferais meme fuppofer.que toutes les circonftanccs de la guerre dAmérique aient été examinés avec une intention particuliere dc juftiiier k conduite dc celui qui commandait 1'armée. Et c'cft, Monficur, iwcc cette intention particuliere que je comparaïs' maintenant. Je ne prétends point mettrc en queftion fi cette guerre cft de la jufticc ou de la bonne politique. Je ne prétends point mettre en queftion la  3 % bonté des mefures qui ont été formées, aban* données, ou pourfuivies par le miniftere Britannique. Je n'ai, aéïuellemcnt, d'autre objet que d'expliquer ma propre conduite. Les traits, que la critique a lancés contre moi, font en grand nombre. Les repréfentations infidelcs & les argumens erronés de mes ennemis ont fait une forte impreffion fur des efprits trop prompts a décider; pendant que 1'ignorance de 1'état réel des chofes laiffait flotter dans le doute les perfonnes exemptes de préjugés. Les feuls qui pouvaient me rendre juftice, font reftés dans le filcnce; je ne puis donc en appeller qu'au jugement de ce Committé & a 1'impartialité de ma patrie en général; car je me flatte de 1'efpérance d'une ample juftification. Dans la multiplicité des affaires dont j'ai été chargé, durant le cours d'un Commandcmenü fi grand & fi étendu , il ferait bien fin gulier qu'on ne découvrït aucune faute; mais j'efpere qu'on n'en trouvera aucune qu'on puiife foupfonner être provenue d'un défaut de zèle ou d'afHvité. Dans toutes les tranfac» tions militaires, & particulierement en Amê~ rique oü la nature de la guerre efi, a tous égards, A 2  *f 4 % y^/zy excmples qui puijjent diriger un Général, le plus heureux doit etre celui qui fait le moins de fautes. Les faits fur lefquels je defire pouvoir fixer 1'artention du Committé & dont les papiers expofés fur table rendent témoignage, font; io. Que je n'ai pas négligé de faire pafler, de tems en tems , ?.ux Mini lires pour le département de 1'Amérique, toutes fortes d'informations , ainfi que mes obfervations particulieres , relativement a la conduite de la guerre. 2=. Que je n'ai pas manqué dc donncrmon opinion fur ce qu'il parailfait poffible de faire, avec les fecours demandés ou attendus d'Europe & avec les forces qui fe trouvaient fur les lieux en différents tems. 33. Que mes plans ont été mis a exécutiun. avec autant de précifion qu'on pouvait en attendre de la nature des opérations militaires. 4°. Que je n'ai jamais flatté le miniiïer? d'efpérances pi'écoces de voir la guerre ter-  5 % minde dars une des Campagnes, avec les forces qui jamais ont été fous mon commandement. Je demanderai aótuellement la permilïïon de faire au Committé le récit faftidieux des opérations effentielles de la guerre , propres a le mettre en état de prononcer avec impartialité fur ma conduite générale, a détruire des opinions mal-formées fur des événemens, particuliers & propres aufli, a 1'aide de quelques remarques telles qu'ellcs fe préfentent fur différens paifages de la correfpondance , a éclaircir la vérité des faits énoncés. L'évacuation de Bolton fut le premier événement important, depuis ma nomination au commandement des forces de fa Majeftc dans 1'Amérique feptentrionale. Le 9'ï Novembrc 1775 , je recus une lettre de Sécrétaire d'Etat, datée du 5e Septcmbre, avec ordre d'abandonncr cette villa avant 1'hivcr, & de faire tranfporter 1'armce a Nevv-Jork ou dans quelque autre place au Sud: II eit vrai que j'avais -déja, dans une lettre écritc le 9 Septembre a fa Seigncurie, expofé en général mes raifons fur la difficulté d'ouvrir la Campagne de Bofton. L'arriA 3  #6% vee tardive de eet ordre & le manque deschofes néceffaires au tranfport, rendirent impraticable le voyage des troupes jufqu'au 17 du mois de Mars fuivant; ce fut alors que je jn'embarquai j'avais alors environ fix mille hommes d'ordonnancc & propres au fervice, & environ 900 malades. On n'a pas infmué que, dans cette évacuation, il foit arrivé rien de flétrilfant pour les armes de fa Majefté (a). Ma lcttre du 21 Mars 1776 contient les raifons que j'ai eues de tranfporter 1'armée avec tout fon attirail embaraffant a HalifaV, préférablcment atoute autre place. Dans 1'idée que ces raifons font 00 Dans 1'Examen du Général Robertfon Om des témoins appelles par Lord Georgè Germain) 011 entreprit de prouver qu'une quantité confidérable de marchandifës de laine & de fil propres a fervir aux Rébelles, avait été JaifiTé a Bolton , a Févacuation de cette ville, quoique j'euffe p'.i emporter le tout. Mais quoique le Général fijt d'opinion que ces effets eiiiTent pu ëtre tranfportés avec 1'armée, c'étoit fimplement dans 1'idée, provenue d'un bruit public, favoir que 1'on aurait pu les emporter; fi les efiets deftinés au tranfport euflent été bien rangés; car il avouait que nous étions dans une grande difette de navires, & que nous primes sous les batimens qui pouvaient aller eu mer.  *f 7 % fatisfaifantcs, je ne veux point ennüyer le Committé par des explications ulterieures ; je me borne a dire que 1'armée tira de grands avantages d'avoir été dans cette place, non feulement a caufe des rafraichiifemens dont elle avait befoin, mais encore a caufe de la facilité d'être exercce en ligne de bataille, partie importante de la difcipline militaire a laquclle nous n'avions pu nous livrer jufqu'alors. Je puis cncorc ajouter que les troupes rcndirent des fervices tres importans k Halifax, en' conftruifant des redoutes & d'autrcs gros ouvrages pour Ja défenfe de la ville & du Chanticr, travaux que la garnifon n'aurait pu exécuter. Mes lettres continuent a montrcr comment on difpofa dc 1'armée , avant la defcente dans le Long-Ifland, pendant qu'on attendait 1'arrivéc des troupes d'Europe, & de 1'expédition dans la Caroline méridionale. Comme je ne me rappeile pas que , dans la multitude de brochures publiées contre moi, on m'ait fait des reproches relatifs a cc tems la, je me contenterai dc remarquer que, par les inconvéniens de 1'extrème chaleur , on n'aurait gucres pu entreprendre des opérations vigoureufes; & ces opérations n'auraicnt pu man- A4  qüer de caufer beaucoup de maladies dans les troiq es. Qu'il me foit permis de dire ici que, quoique , pour épargner du tems au Committé, j'omette pluficurs tranfaftions de la guerre, je ne lailfe pas dc confentir a rcfoudre tous les doutes que les membres du Committé peu\Tent entretenir, relativemcnt aux circonftances qui n'ont pas encore été touchées ni fuffifamment éclaircics. Je me hate de paffer a J'aótion de Bedford Long-Ifland, le 27 Aoüt, 1776; car 1'on a tiré avantage d'un paragraphe de ma lettre publique du 23 Septcmbre pour en faire contre moi un de plus violens articles d'accufation. Voici cc paragraphe. „ Si 1'on eüt permis aux troupes d'aller plus avant , je crois qu'elles auraient emporté „ les redoutes; mais comme il y avait appa„ rence que nous pouviohs gagncr les ligncs „ a bon marché, par des approches régulie„ res, je ne voulus pas rifquer la perte qu'au„ rait coüté un alfaut , & je donnai ordre „ de rebroulfer vers un chemin creux, au „ front des ouvrages, hors de la portéc du „ fufil." Je veux bien avouer que j'ajoutai ce para-  *r 9 % graphc pour donner de 1'ardeur des troupes la même idee qu'elles m'infpirerent a moi-même dans cette occafion. Mais je ne puis encore concevoir d'oü 1'on a pu fuppofer que les lignes emportées de force auraient été fuivies de la défaite de 1'armée des Rébellcs. Voici le fait. Les Rébelles avaient un corps pofte au front des lignes, pour fe garantir contre une attaque de Flat-Bush, & d'un chemin plus bas a leur droite. Les troupes furent défaites avec une perte confidérable. Le refte de ce detachement était pofte derrière les lignes, le corps de 1'armce étant alors dans FYork-Ifland; de fortc qu'en admettant que les ouvrages eulfent été forcés le. jour de l'acHon, le feul avantage que nous aurions gagné, eüt été la deftruction dc quclques hommes de plus; car la retraite de la plus grande partie aurait été afiurée par les ouvrages conftmits fur les hauteurs de Brooklyn, a 1'oppofite dc New-York & leur embarquement couvert par quantité dc batteries flottantes. D'un autrc cöté le devoir le plus effenticl que je devais avoir a cocur, était dc ne pas hazarder inutilement les troupes de fa Maiefté, quand 1'objet n'était pas de grande imAs-  *f 10 % portance. Je favais trés bien que toute pcri te confidérablc, faite par 1'armcc, ne pouvait ctre reparée avec faciiité ni célérité. Je favais auffi qu'un des grands moyens de gagner la confiance d'une armée, (confiance fans laquelle un Général eft dans une crife périlleufe) confiftc a ne point expofer les troupes, quand , dis-je, 1'objet n'eft pas d'une grande irnportance. Ainfi dans lc cas oü nous étions, d'après la certitude que nous avions de gagner ces lignes en peu de jours, en ouvrant la tranchée, permettre 1'attaque en queftion eüt été témérairc & même criminel. La perte de mille ou peut-ctre de quinze eens hommes dc troupes Britanniques qu'il nous aurait coüté pour emporter ces lignes , n'aurait pas été reparée , quand même 1'cnnemi aurait perdu le doublé, fi même 1'on peut fuppofcr qu'on 'lui eüt caufé ce dommagc. La néceflité des préparatifs & 1'éreclion des batteries pour faciliter Ia defcente dans 1'Ifle de New-York & 1'attaque des ouvrages de 1'Ennemi a Horens-hook, nous -occuperent jufqu'au 15 de Septembre,on prit alors poffeffion de New-York , "comme il appert par ma lettre du 21 Septembre, 1-76.  *f II % Depuis ce tems jufqu'au 12 d'Oétobre nous fumes occupés a fortilier les hautcurs de Macgowan-pafs jufqu'a la riviere du Nord, environ a deux milles des retranchemens les plus avancés de 1'Ennemi & a nous emparer de Paulus-hook. II fut aufli nécelfaire d'cmployer du tems a faire des informations fur la furface du pays dont nous devions nous emparer, en fuppofant que 1'Ennemi fe retircrait de Kings-bridge. II était nécelfaire dc fe retrancher fur la hauteur dont j'ai fait mention, afin de couvrir New-York en 1'abfcnce du corps de 1'armée. Mes lettres publiques du 23, 24 & 25 Septembre indiquent toutes ces particularités. Quant a la connaifKtncc du pays , fi nécelfaire avant d'opérer hors de la ville dc New-York, je demande la permiffion d'expofer les difficultés que nous éprouvames a eet égard durant le cours de la guerre. Le pays eft tellement entre-coupé de beis, de marais &f de criques qu'il rfeft pas pojfbie d\n avoir ia vnoindre connaiffance , que d\m 1 pofte a faütr'e , ou far les rêcits qu'on peut, ncuciliir des habitans abfulument ignorans dans les defcriptions militaires. Ces circonftances ne pouvaient manquer dc caufer des dclais dans nos mouvemens.  *f 12 % Je dois encore ajouter ici que je ne trouvai pas les Américains auffi bien difpofés a nous joindre & afervir que Pon me Vavait fait efpérer. Ainfi je regardai les progrès ultérieurs que nous pouvions faire, comme précaires; & je ne vis aucun jour a GsSt la guerre cette Campagne. Je fis part de ces idéés au Secretaire d'Etat dans les lettres que j'ai mentionnécs. Depuis le 12 O&obre, jour oü 1'armée débarqua a Frogs-neck, jufqu'au 21 du même mois, nous fumes employés a ramaffcr des munitions & provifions, a tranfporter les dragons , la feconde divifion des Hcffois, les voitures & les chevaux pour le tranfport des provifions, de 1'artilJcrie, des munitions & du bagage. On n'avait pu fe difpenfer d'cmployer quatre ou cinq jours a la dcrccntc au Frogs-neck, au lieu d'aller une fois a Pclfspoint , cc qui aurait été une démarche imprudentc, attendu qu'on n'aurait pu 1'exécutcr, fans bien des rifques inutilcs. Le 28 Oólobre fut donnée la bataillc dans les plaines blanches (White-plains). On a affirmé que, pour n'avoir pas attaqué les lignes le jour de l'action, je perdis 1'öccafion de  *f 13 ^ détruire 1'armée rébelle; on a dit auffi que j'aurais pu couper la retraite de 1'Ennemi par le Croton Bridge. Mefficurs, il fut effcctivement queftion de donner un affaut fur la droite de 1'Ennemi, qui était oppofée aux troupes Hcffoifes. Le Committé doit m'en croire, lorf. que je 1'affurc que je n'ai point d'autres raifons que des raifons politiques dïéyiter de dire pourquoi eet affaut ne fut pas donné. Dans un, examen minutieux, ces raifons pourraient, s'U était nécelfaire, être expofées devant la barre. Ccpendant, fi eet affaut eüt été donnei & les lignes emportées de force, 1'Ennomi fa ferait retiré fans beaucoup de perte; & je ne* fache pas que nous ayons eu aucune voie pour leur couper la retraite par le Croton - bridge. Je ne puis concevoir fur quoi cette idéé pourrak être fondée. En forcant les lignes, nous aurions indubitablement, gagné un avantage plus brillant, des bagages & des provifions; mais nous n'avions aucune raifon d'imaginer que 1'armée des rébelles eüt pu être détruite. Ils avaient a leur arriere garde un terrein tel qu'ils pouvaient le défirer pour aifurer leur retraite, qui parailfait être en effet leur principal objet. Et je n'héfite pas de confeffer que fi je pouvais, par une manoeuvre déloger 1'Ennerai d'un pofte avantageux, fans  #14-% courir les rifqnes d'une attaque , au cas qtie 1'avantage k gagner ne ferait pas proportionné a la perte d'hommes qu'une pareille entreprife pourrait couter, j'adopterai certainement une conduite auffi prudente, dans 1'efpoir dc rencontrer mon adverfaire dans une polition plus égale. .11 eft tcms cJc reprcndre le fil de mon ré- cit. . On voit dans ma lettre publique du 30 Novcmbre un détail 'das procédés intérieurs de 1'armée, jufqu a 1'arrivée de Lord Cornwailis a Brunswyk dans les Jerfeys ; on y trqurie la prife du fort Washington, enfuite apeié Fort Knyphaufen. Je n'ai garde d'ennuyer le Commitó par d'autrcs particuIarites fur cette époque. Mais je dois dire que j'aurais été extrêmcment blamable, fi j'avais donné or l;c au noble Lord de fuivre les Enncmis au de la de Brunswyk, lorfqu'il n'avait pas encorc été joint par tout fon corps. J'en appclle a ma lettre publique du 20 Déccmbre pour Je récit des progrès de ce corps jufqu'au 14 de ce mois, lorfqu'il vint fe cantonner dans les placcs que j'cfperais qu'il au-, rait pu conferver. Mon premier dcfiein était de prcndre Brunswyk pour la gauche & Eli-  *P IS % zabcth-töwn ou Nevvark pour te droite dc ces cantonnemens: & la raifon qui m'engagea h rn'étendre jufqu'a Trenton était qu'un nombre confidérablc d'habitans accoururcnt en armes, pour jouir du benefice de la proclamation des Commiffaires du 30 de Novembre. Je pris fur moi de rifquer ce pofte fous le commandement d'un brave officier, fécond© du Colonel Donop qui était a Borden-town, a cinq milles de la, avec un puiffant détachement. Les deux poftes furent pris par neuf battaillons, la cavalerie Hefibife, & une partie du 16 régiment de 1'infanterie légere , faifant en tout plus de 3000 hommes aidés de feize pieces de Campagne. L'infanterie légere de 1'arméc, une brigade d'infanterie & quclqucs dragons furent poftés a Prince-town, dans une chaine de Cantonnemens, a douze milles de Trenton. Mais 1'on m'a objeóté que je n'aurais pas dü confier le pofte important de Trenton aux troupes Hefioifes. Ma réponfe, fi elle eft bien comprife, paraitra, je penfe, fatisfaifante. Les militaires 1'entendront certainement. La gauche était le pofte des Hefiois rangés en ligne; & fi je 1'avais alors changée, je leur aurais fait un affront , puifqu'on confer-  la défolation dans le pays , £f fi l'0n m'avait jugé un inftrument propre a 1'exécution d'un tel plan , je préfume que les Miniftres fe feraient ouvertement expliqués & m'auraicnt cnvoyé des ordres clairs & formels. Des mejfages équivoques , des demi-fignes, des confeils- fourds portés è travers iHmmenfe étendue de l'Jllantique, & de nature h être avoués ou dêfavoués a plaifirfuivant les circonftances, liauraient été que de miférables fauve-gardes pour Vhonneur la conduite d'un Commandant en chef. Je rctourne a mon récit. .— Avant Ia perte de Trenton, j'avais détaché lc Général Clinton avec fix mille hommes pour s'emparer de ÏIüq de Rhode; & le fuccès de cette expé-  #19% dition elr. expofé dans ma lettre publique du 20 Decembre 1776. C'était un point important dans le plan général des opérations. Et je demande ici la permiffion de porter 1'attention du Committé fur ma lettre particuliere du 30 Novembrc 1776, oü fe trouve expofé mon premier plan pour la Campagne prochaine avec les forces requifes pour terminer, sHl était pojftble, la guerre dans une année. Je propofai de faire agir dix mille hommes du cöté de 1'Ifle de Rhode & de pénétrer a 1'Eft dans le pays vers Bolton, laiffant deux mille hommes dans 1'Ifle de Rhode, dix mille dans la Province de New-York pour monter la riviere du Nord jufqu'a Albany, cinq mille hommes pour la défenfe de rYork-Ifland & de fes dépendances, huit mille pour couvrir Jerfey & tenir en échec 1'armée de Washington en portant 1'alarme dans Philadelphie que je propofai d'attaquer en Automne ainli que la Virginie, pourvu que le fuccès des autres opérations eüt permis d'y envoyer des forces proportionnées. Nous aurions refervé pour 1'hiver 1'attaque de la Caroline méru dionale & de la Georgië. Mais pour mettre ce plan a exécution, j'informai fa Seigneurie qu'il me faudrait abfolument un renfort de üx, vaiffeaux de ligne, de quinze mille homB 2  *f 20 % mes d'ordonnance & d'un bataillon d'a-tillerie. D'après ce calcul j'aurais eu probablement fous mon commandement une armee de trente cinq mille hommes effectifs, pour lutter avec cinquante mille que le Congres avait votés pour la Campagne prochaine, fans comprendrc les nombrcux corps dc milices que 1'on aurait levécs au moindre avis. Je n'oubliai pas de mentionner 1'opinion répandue dans le peuple par fes chefs qui lui donnaient les plus fortes affuranccs d'ètre affifté de fccours étrangers , & le bruit femé que le Docteur Franklin était allé en Francc pour folliciter les fecours de cette puhfance. Cette lettre du 30 Novembre fut. reaiepar le Sécrétaire d'Etat le 30 Décembre. Le 9 Mars 1777 je recus la réponfc de faSeigneurie en date du 14 Janvier. II cft a obferver que cette réponfc n'était point décifivc. La détermination relativc a mon plan fut renvoyée jufqu'a 1'arrivée de ma lettre fuivante , & le Major Balfour, un de mes Aides de camp , alors en Angleterre , devait m'apportcr une prompte décifton. Ma demande, comme je viens dc le d.'rc, était dc 15, 000 hommes d'ordonnance pour faire monter 1'armée jufqu'a 35,000 hommes cf-  *f 21 % fe&ifs. Le noblc Lord, dans Ia lettre que je viens de citer, cfpere de pouvoir augmenter 1'armée fous mon commandement a prés de 35,000 hommes; & il fe propofe cependant de ne m'envoyer que 7,800 hommes. Je crains de ne pouvoir rendre d'autre raifon d'un calcul fi mal faifi qu'en fuppofant que fa Seigneurie a compté nos malades & nos prilbnnïers chcz les Rébelles, comme faifant partie des vraies forces effcttives de 1'armée ; cette méprife me paraït d'autant plus étonnante que ma demande était fpéeifiquement pour quinze mille hommes d'ordonnance, propres a fervir. Sa Seigneurie déclare en outrc qu'il n'cft pas en fon pouvoir de me fournir 1'augmentation d'un batallion d'artillcrie. Si quelque chofe eüt pu me confoler d'avoir ainfi été trompé dans mon attente, c'était le ton d'affurance avec lequel on ajoutait qu' „ envain les Rébelles avaient été ber,, cés de refperance d'étre ajjlftés de fccours étran11 gers 5 aue fa Seigneurie avait grande raifon de „ croire que le Docteur Franklin ne ferait pas „ en ètat de leur procurer aucun fecours public.'''' Pendant le tems oü je doutais fi les puiffans renforts que j'avais demandés, arriveraient a tems pour 1'exécution du vafte plan B 3 .  *f 22 % que j'avais expofé dans ma lettre du 30 No. vembre, 1776, je fut inftruit par des informations qui me parurent dignes de foi, que la réduftion de la Eenfyivanie était praticable, même dans la fuppofition que toutes mes for* ces , propres au fervice a 1'ouverture de la Campagne, n'excéderaient pas 19,000 hommes. En conféquence, je fuggérai, dans ma lettre féparée du 20 Decembre 1776, un fecond plan qui confiftait a1 ouvrir la Campagne prochaine dans la Penfylvanie, & je me déterminai a 1'adopter , lorfque j'appris que je n'avais a attendre qu'un renfort de 7800 hommes, un peu plus de la moitié de ce que j'avais demandc. Je remarquai que, d'après ce plan, Ia mar. che vers Bolton que j'avais propofce auparavant, devrait être renvoyée jufqu'a ce que les renforts demandés fuffent arrivés d'Europe ; mais comme ces opérations, peut-être le plus importantcs pour la nation, pouvaient dépendre des conjonctures du moment, je priai fa Seigneurie de tracer cn général les plans mfelle jugerait les plus praticables, eü égard,"foit aux forces a&ucllcs de 1'armée, foit aux renforts que je recevrais, me marquant les tems oü je pourrais attendre 1'arri-  *f 23 % vée des troupes. Cette lettre ayant' été recue en Angleterre , le 23 Fevrier 1777, ainfi longtems avant le départ du Général Burgoine, le Miniftre eut toute 1'occafion d'en communiquer le contenu a ce Général & de faire les changemens qu'il pouvait juger expédiens pour faire agir de concert avec les opérations projettées au Nord. Dans 1'idée qu'il était de mon devoir de ne laiffer paffer aucune occafion d'inculquer mes idéés au Secretaire d'Etat, quoique je parulfe me répéter; ma lettre particuliere du 20 Janvier 1777 , était également claire & formelle. Je 1'affurai qu'unc autre campagne était nécelfaire , car je m'appercus que les bonnes nouvclles venucs de Qucbec en 1776 lui avaient fait efpérer qu'il y aurait jour a termincr la guerre dans une Campagne. Je le prelfai de n'envoyer un plus grand nombre de troupes. Je lui déclarai qu'un renfort de vingt mille hommes était nécelfaire; mais que quinzc mille nous donneraient la fupériorité; je lui indiquai en même tems mes projets fur Philadelphie pour les raifons déja énoncées: je lui fis obferver qu'une augmentation de vingt mille hommes, me mettrait en état d'y cnvoycr un détachement par mcr 3 B 4  *F 24 % pendant que le corps de 1'armée pourrait y pènetrer a travers les Jerfeys. J'obfervai d'un autre cöté que des renforts légers influeraient fur les opérations & les rendraient moins étendues. Cette lettre arriva encore en Angleterre avant le départ du Général Burgoine. On répondit aux deux lettres le 3 Mars 1777; la réponfc me fut apportéc par 1c Major Balfour qui arriva a New-York le 8 May. Elle contenait une enticre approbation de mon fecond plan, favoir 1'expédition dans la Penfylvanic; le Miniftre avait gouté les raifons que j'avais cues de renoncer a mon premier plan; & il les avait, difait-il, trouvé folides & concluantcs. II regrette , cependant, de ne pouvoir m'envoyer que 2,900 homvies, au lieu des renforts que j'avais demandés & même efpérés pour faire monter 1'armée ci 35,000 hommes, au lieu même de 7,800 qu'il m'avait promis; ainfi ce n'était pas la cinquieme partie du nombre que j'avais demandé. II eft a obfer'verqu'en même tems, fa Seigneurie, nonobstant une fi forte réduclion des renforts néceffaires pour les opérations projettées & approuvées, recommande de tenter une vigourcufe diverfion fur la cöte de Maffachufet'sBaye & de Ncw-Hampshire, autant que le  «P 25 % plan général peut le pcrmcttre. Conformément aux ordrcs de fa Seigneurie, nous ne lailfames pas, l'Amiral & moi, de conférer enFemble fur la poffibilité de cette divcrfion; & dans ma lettre du 3 Juin, 1777, j'informai le Sécrétaire d'Etat que nous ne la trouvions pas praticable, fans faire un tort con-. fidérable aux plus importantes opérations militaires que lui-même avait approuvées & qui n'étaicnt déja que trop afFaiblies par le défaut de forces dc terre. -—• II manquait ci Varmèe alors propre au fervice, non compris deux mille hommes dc troupes provinciales, encorc 14000 hommes pour completter le nombre que j'avais demandé. Je vais reprendre le hl de ma correfponce. Voyant par la lettre du Sécrétaire d'Etat, en date du 14 Janvier 1777, & recue le 9 Mars fuivant que je n'avais pas de renforts a attendre, j'abandonnai, dans ma lettre fecrete du 2 Avril, toutc idee d'opérations OfFenfives, excepté vers le Sud &, par occafion, une diverfion fur la rivierc de Hudfon. J'informai le Sécrétaire d'Etat qu'il n'y avait plus moyen de penfer a la partie principale du plan auparavant propofé; qu'il Fallait abandonner les Jerfeys & fe bomer a enB 5  & 20 % vahir Ia Penfylvanie par mcr; que dans leg Campagnes précédentes, mes forces avaient été analogues aux opérations, mais que, pour la fuivante, la nécefiité de conferver les différcns poftes rendait 1'armée troo faible pour pouvoir obtenir des fuccès rapides, & que, dans 1'impoffibilité d'entrcprendre des opérations plus étendues faute de troupes fuffifantes, je renoncai al'cfpérancc de terminer la guerre cetfe annéc; que, quand même les cmquante mille hommes votés en Automne par les Rébelles ne pourraient pas être levés, 1'ennemi ne lailferait pas d'avoir en Campagne une armée nombieufe, pour renforcer leurs troupes fur pied, outre un bon train d'artillerie. Je lui fis paffer en même tems, la maniere dont j'avais diftribué 1'armée pour Ja Campagne, furquoi il eft a propos d'obferver que mes forces effectives, non compris trois mille hommes de troupes provinciales, nc montaient qiit dix huit mille & cent hommes (b). Le noble Lord, dans la lettre qu'il me répondit, le 18 May, i77?, approuve dc nouveau mon expédition en Penfylvanie; mais 09 Dans ce nomhre on comprend toujours les troupes d ordonnance, propres au Service.  *f 27 % ce n'eft pas le feul endroit qui la rend re* marquablc. II déclare qu'il ne lui eft pas poffible de me fournir les fecours demandés; il témoigne qu'il efl affligé de voir que je ne trouve pas mes forces aufi proportionnées aux opérations de la Campagne fuivante, qiielles Vavaient été, fuivant mon aveu, aux Campagnes paffées. Ces expreilïons méritent obfervation. On femble vouloir me furprendre dans 1'aveu que mes forces répondaient aux opérations de la derniere campagne, pour pouvoir en inférer qu'elles devaient être également proportionnées aux opérations de toutc autre Campagne. Et même, a préfent, fi je ne m'étais pas expliqué fur ce point (ce que j'ai fait, toutefois,très clairement) je penfequ'il aurait fauté aux yeux de tout homme moins inftruit de fpéculations militaircs que fa Seigneurie, que les forces qui avaient fuffi pour s'cmparer de New-York, & des autres poftes fortifies de 1'Ennemi, ne pouvaient, après les divilions néceffaires pour conferver les différens poftes que nous avions gagnés, être également fortcs pour faire de nouvelies Conquêtes. Car n'eft-ce pas une chofe évidente que la force d'une armée doit diminuer a proportion qu'elle diminue en nombre? Et le nombre qu'on employé en campagne, ne doit-il pas diminuer a  «P 28 % proportion des villes, des poftes ou des forts que 1'on prend & qu'il faut confcrver? Mais fa Seigneurie pourfuit en diiant que fa douleur (en conféquence de mes obfcrvations) eft, en grande partie, tempéréc par les avis recus tous les jours , des extrêmes difficultés que rencontrent les Rébelles pour lever tine armée qui puiffe faire face aux troupes de fa Majefté. Et fi, d'après la faibleffe fuppofée de 1'Ennemi & les difpofitions favorables des habitans, le Miniftre prétend avoir toutes les raifons dy attendre que mes fuccès dans la Penfylvanie me mettront en état de lever parmi tux des forces fuffifantes pour la défenfe mtérieure de la province, il évite de prendrc cn confidération particuliere, les avantages que 1'on peut attendre de 1'exécution heureufe du plan que je lui propofe; mais il veut bien m'informer (contre mes repréfentations formelles & mes alfertions répétées) qu'zï neft pas dans une efpérance légere de voir enfin cette malheureufe querelle terminée dans cette Campagne. Ainfi, a toutes mes affurances pofitives, dérivécs d'un manque déclaré de forces & du véritable état des faits, il ne répond que par le fcul argument de fes efpérances trompeufes, baties fur la fuppofition de la faibleffe dc 1'Ennemi: A quelle alternativc n'eft pas réduit  «p 29 % un Commandant lorfque, après s'être plaint k différentes reprifes, de n'avoir pas des forces fuffifantes, le Miniftre, livré a des informations recueillies dans fon pays ou a des efpérances fuggérées par fes craintes, lui oppoié je ne dis pas fon jugement, mais fes propres conjcétures; & lui dit qu'on attend encore de lui des fuccès décififs ? Si ce pays n'était pas aifez puiffant ou 1'influence du Miniftre alfez étendue pour effe&uer la levée des forces, c'était la meilleure réponfe qu'il pouvait me faire; j'en euffe été content; & je n'eulfe pu m'en prendre a lui. Cette réponfe m'aurait délivré de la crainte que je commencais d'avoir, que mes avis n'étaient plus d'aucun poids; & qu'en conféquence on m'avait rétiré la confiance fi nécelfaire pour le foutien, la fatisfaclion & même la fécurité de tout homme qui fe trouvë dans une fituation oü il doit répondre de fa conduite. Si le noble Lord penfait que ma demande d'un plus grand nombre de troupes n'était pas néceffaire, & que les forces dont j'étais déja chargé, étaient fuffifantes, pourquoi n'agitil pas avec une male vigueur, en nommant k ma place quelqu'autre, plus propre a remplir ces ardentes efpérances que j'avais taché de faire évanouir par devoir & par conviction.  $ 3° % Pour conferver, afttaïit qu'il eft poffible5 1'ordre Chronologique des faits, en parlant d'un fi grand nombre d'événemens & d'écrits, je dois rapeler ici au Committé, que, dans ma lettre au Sécrétaire d'Etat, Ie 2 Avril j'inferai la copie d'une lettre de confidence que j'écrivis, de moi-même, le 5 du même mois a Sir Guy Carleton; je dis de moi-même, paree que je n'avais pas encore recu d'inftruélion rainiftérielle, relativcmcnt au plan de 1'expédition du Nord que je penfais devoir avoir lieu cette annéc. On peut fe rappeller que la fubftance de cette lettre était que je ferais probablemcnt en Penfylvanie au tems oü 1'armée du Nord ferait prête a entrer dans la province de New-York; qu'on n'avait pas beaucoup dc fecours a attendre de moi pour faciliter leur approche, attendu que Ie défaut de forces fuffifantes dans ma propre armée ne me permettrait pas d'en détacner une partie pour agir fur Ja rivicne de Hudfon au commencement de la Campagne. Le 5 Juin je recus la copie d'une lettre du Sécrétaire d'Etat a Sir Guy Carleton, en date du 25 Mars 1777; fi iui communiquait le plan de 1'Expédition du Nord, ajoutant,, qu'il  *p 31 % „ écrirait a Sir William Howe par le premier 3, paquebot." Je dois obferver que Ia copie de cette lettre a Sir Guy Carleton, qu'on me fitpaffer, n'était accompagnée d'inftruflions d'aucune forte ; & que la lettre qu'on devait m'écrire par le premier paquebot, & qui devait contenir probablement quelques inftruclions, ne me fut jamais envoyée. Je vais paffer a 1'été de 1777, 'fans faire mention des expéditions entreprifes en Mars & Avril k Pecks-Kill & a Danburg. Le progrès de notre armée dans le Jerfey étant amplement détaillé dans mes lettres ex~ pofées fur table, je palfe également fous fiIcncc les différens événemens qui furvinrent, avant 1'embarquement a Staten-Illand. Mais comme on m'a fait des reproches d'avoir quitté les Jerfeys , fans avoir avancé pour attaquer Washington, je demandc la permiffion de dirc encorc quelques mots fur eet article devant le Committé. Pour attaquer le Général Washington dans un pofte auffi fort, j'aurais été obligé de fai-  «p 32 % re un circuit confidérable dans le pays; & ne voyant aucun jour de pouvoir le forcer, je ne crus pas a propos de perdre tout 1c tems quil aurait fallu employcr dans cette marche, pendant les chaleurs ardentes de la Saifon. Sans m'arrêtter k cette confidération, notrc retour n'aurait pu fe faire qu'a travers un pays trés difficile & épuifé , oü il n'y avait aucune poffibilité de conferver la communication avec Brunswyk, le feul endroit d'oü nous pouvions tirer nos provifions; & les forces que j'avais dans ce tems la, ne montant qu'a onze mille hommes, jc ne pouvais en öter des détachemëns fuffifans pour conferver la communication. Le mouvement que jc lis avec deux Colonnes était en vue d'engagcr une aftion, fi 1'Ennemi était defcendu de fon pofte & qn'il eüt été tenté d'avancer vers la Dclaware pour empêchef la pallage de cette riviere dans la fuppofition que j'avais intention de la traverfer. Mais, comme la pofition de ma première Colonne a Hilloborough devait faire naitre cette idéc & n'eut cependant pas 1'effct déliré, je me déterminai a retourner a Brunswyk & a fuivrc le plan que le Miniftre avait approuvé. Ces raifons ainfi que celles affignées dans ma lettre  «f 33 % tre du 5 Juilliet, 1777, me juftifieront, j'efpere , fuffifamment pour n'avoir pas attaqué le Général Washington dans cette occafion. Je dois encore obferver que même, longtems auparavant, dans ma lettre du 2. Avril, j'avais déclaré que mon intention n'avait pas été d'entrcprendre des opérations offenfires dans les Jerfeys, a moins qu'il ne fe préfentat quelque occafion bien avantagcufe. Mais 1'on a demandé pourquoi je ne traveriai pas la Delaware & pourquoi je n'avancai pas par tcrre vers PhiladeJphie ? A cela je réponds que manquant de moyens fuffifans pour paffer une riviere fi large, je jugeai les difficultés & les rifques trop grands, d'autant plus que les Ennemis avaient un détachement pret a la défendre, outre leur corps d'armée qui-fe trouvait derrière moi. J'ai déja montré que voyant que je n'avais pas a attendre les renforts promis, j'informai le Secretaire d'Etat qu'on ne pouvait plus penfer au plan, propofé d'abord; qu'il falïait abandonner les Jerfeys & fe borner a envahir la Penfylvanie par mer. II m'était abfolument impofiible, avec li peu de troupes, de conferver le paffage nécelfaire pour les provifions C  *T 34 % dans unc fi grandes ctenduc dc pays. Voikt furemeat une réponfe fatisfaifante contre le reproche de n'avoir pas alors avancé par terre vers rfiladclphic. Dans ma lettre fuivante du 7 Juillict, 1777, j'obfcrvai que „ la guurs fe trouvait, eü égard „ i 1'aiïgmentation de force & de puiftancé 3, des Ennemis,, dans une per/putive. bien difii s, férenie de la derniere.campagne; car ils a„ vaknt acquis des oficiers beaucoup meilleurs, „ une augmentatioti de plujieurs militaircs frans, cais êf un train tri-s rcfpcctable de pieces de„ campagne: Que cinquante pieces de canon » de avaient été débarquées a Bofton, „ & que 1'armée Rébelle dans les jerfeys a„ vait déja un train d'artillerie de Campagne „ de quarante pieces. Qu'a moins que les „ Régimens Britanniques fulfent completés par „ des enrölemens & dc bonnes recrues, nous „ perdrious bientót notre infiuence par les évcne„ mens cafuels d'une Campagne, mime fans une „ action générale : qu'un corps de dix mille M Ruffes, d'hommes effectifs, pourrait afiurer „ les fuccès dc la Grande-Bretagne dans unc „ autre Campagne: Mais que fi 1'on ne pou„ vait fe les procurer, & que fi nous pou„ vions réuffir cette Campagne a nous empa-  ^ 35 % 5, rer de ia Penfylvanie, des Jerfeys & de li province de New-York, (ce que j'avais dé„ ja dit devoir dépendre en grande partie du fuccès de 1'armée du Nord) en ce cas, „ il faudrait encore beaucoup de troupes pour confer,, ver ces ccnquétes dans la Campagne prochai„ ne, dans le tems oü d'un autre cöté desfor„ ces conjidérablesferaient néceffaires pourfoumeU „ tre les provinces du Nord; qu'il y faudrait em~ „ ployer trois armées pour rendre les opéra* „ tions cfficaces: Et que, même dans 1'état „ oü nous étions, vingt bataiilons de trou„ pes reglées étaient employés pour affurer „ 1'York-Ifland & fes dépendances, ainfi que „ 1'ine de Rhode." On peut obferver que je fis, de tems en tems, différentes altérations dans les plans des opérations; mais je me flatte qu'on les trou» vera juftes, autant qu'elles ont rapport a la diftribution des troupes a 1'Ifle de Rhode, a New-York & au corps principal de 1'armée. Relativement au principal corps de 1'armée on demande „ s'il n'aurait pas été polfible de „ 1'employer a une expédition plus avanta„ geufe que celle que 1'on fit en Penfylva- nic?" • Expédition, s'écrient quelquesC z  *f 3 6 % uns, qui a dté la caufe de tous les revers fuivans: jc préfume que ces Meffieurs tacheront de foutenir une fi forte allértion par le témoignage des Officiers, des Officiers-Généraux, fur les opinions defquels ils prétendent avoir fondé leur jugement. S'il eft quelqu'un dans ce Committé. qui ait formé le même jugement d'après fes propres fpéculations,j'efpcre qu'il voudra me faire aujourd'hiu la grace d'expofer fon opinion , a moins qu'il ne fe contente de ce que je vais expofer pour ma juftification. En faifant cette requête je fais que je m'adreffe a des perfonncs d'honneur qui ne cherchent pas une frivole accufation, mais qui défirent d'être fatïsfaits dansles points qui n'ont pas été fuffifamment expliqués. Et quoique je pulfe ici me couvrir contre cette violente accufation, en renvoyant a 1'approbation complete ainfi qu'au confentement du Sécrétaire d'Etat; & que pour répondre a toutes les objecfions, j'euffe feulcment befoin d'obferver que mes raifons d'avoir adopté ce plan ont été jugées folides & concluantes par fa Seigneurie; cependant je ne refufe point de renoncer a cette juftification, & dc me borner a défendre le mérite & la politique de cette démarche en elie-même.  ^ 37 % Des perfonnes de quclque confiddration ont, a ce qu'on m'a rapporto, dit, „ que 1'armée „ aurait dü avoir dtd conduite dans la Nou„ veile - Angleterre; " d'autres ont affirmé „ qu'elle aurait dü remonter la riviere de Hud„ Hudfon." Permettez-moi d'examiner la valeur de ces deux opinions, en confidérant quelIcs auraient été les conféquences, fi 1'une de ces mefures eüt été adoptée. Suppofé, d'abord, que 1'armcc fut allee dans la Nouvelle-Angleterre, cette demarche auraitclle opéré la conclufion de la guerre ? Je ne le crois pas. Car il eft fur que partout oü notre principal corps d'armcc fe fcrait tranfporté , le Général Washington y fcrait auflï allé. Et qu'il aurait évité d'cn vcnir a une action générale, c'eft ce que j'ai droit d'affurer, non feulement d'après fa conduite toujours uniforme a eet égard (en quoi jc ne doute pas qu'il n'ait agi d'une maniere judicieuié) mais encore pour cette raifon qui faute aux yeux ; favoir , qu'il ri'ignomit pas que nous n'aurions pu garder aucune partie du Connecticut pendant 1'hiver, excepté unc ou deux places fur la cöte du Sond, pofies qui n'auraient pas avancé le recouvrement de cette province. Ainfi il n'y avait dans le Con- C3  *T 3S % nefticut' aucun objet qui pouvait 1'engager k rifquer une aéb'on générale. En outre, les provinces de la Nouvelle-Angle* terre ne font pas feulement les. plus peuplées; mais kars milices, quand on les fait agir , font encore les plus fermes de toutes celles de VAmérique fepteatrimale : Et il n'eft pas a doutcr que le Général Washington , a la tête de fa grande armee , ne m'eut fuivi dans un pays oü les forces du Continent, encouragées par fa préfence, auraient été raffemblées avec la plus grande célérité. La perfpectivc était bien différente en Pcnfylvanic. L'augmentation dc forces que Washington y aurait pu recueillir, eüt été pcu conlidérable en comparaifon de 1'autrc; & c'était avec raifon que je jugeai que la défenfe de Philadelphie ferait un objet qui attirerait toute fon atteotion. C'était un grand inconvénient pour lui de rifquer unc bataille, pour conferver cette Capitale. Et comme fat toUjours été d'opinion que la défaite de Varmée réguliere des Rébelles cft le plus fl'tr acheminement ü la paix, j'ai toujours pourfuivi les moyens d'engager le chef a une aclion, dans les circonftanccs les moins périlleufcs pour 1'aiméc  # 39 % royale: car une vittoire même que nous aurions remportée avec perte confidérable de notre cóté, aurait pü porter un échec fatal aux progrés de la guerre & même être fuivie de confèquences irréparables. Telles furent les raifons qui m'engagerent, alors, a tranfporter les armes dc fa Majefté dans la Province de Penfylvanie, plütöt que dans celles de la Nouvelle-Angleterre (a). Si les renforts que j'avais demandés , cuffent été accordés, la Nouvelle-Angletérrc aurait cu part aux opérations générales de la Campagne , pendant que la grande armée aurait opéré au Sud. Mais un tel plan était impraticable avec une armée moins nombreufe; & j'ak déia expofé les raifons pour lefquelles je ne pouvais conduire notre principal corps d'armée dans ces provinces, a moins que je n'cuffe défiré réellcment de prolonger la guerre pour mon avantage particulier; motif qui m'a été lachement imputé par ceux qui defi- 09 Je P^j"e fi>us filence le calcul des forces de Ia Non'velie-Angieterre, parcequ'il efl impofifyle d'en parier avej quekjite dégré riVxacütude. C4  # 4° % rent de me ruiner, foit dans ma réputation militaire foit dans celle de probité. La feconde obfervation eft que j'aurais du avoir monté la riviere de Hudfon, afin de faciliter I'approche de 1'armée du Nord a Albany. Quelles auraient été les conféquences de cette expédition? Avant de parvenir a eet objet, il aurait fallu emporter les forts conftruits dans les montagnes ; ce qui aurait probablement coüté la vic a un nombre confidérable d'hommes; car ü$ auraient été défendus par toutes les forces du Général Washington. Suppofons encore que ces forts eufient été emportés, qu'aurait fait 1'Ennemi ? Une de ces deux chofes; ou il fe ferait mis entre la NouvelleYork & moi ou entre moi & 1'arméc du Nord. Je penfe que, dans aucun de ces deux cas, nos efforts fur la riviere de Hudfon n'auraient pu, d raifon des grandes difficultés pour pénétrer dans un pays ft fort, être couronnés du fuccès , alfez a tems pour pouvoir prendre Philadelphie cette Campagne. En admettant même que j'euffe a la fin attcint Albany, qu'aurais - je gagné , après avoir employé la Campagne a ce feul objet ; n'ayant pas droit d'cfpercr d'cmpêcher le Général Waflfington avec la grande armée  *P 41 % Américainc de faire aucune opcration de ce cöté. Quand je confidere combien les réflexions qu'on a faites fur ma conduite & fur les motifs de cette conduite, ont été minutieufes & odieufes, on ne regardera pas comme abfurde que je dife, que fi j'euffe adopté le plan de monter la riviere de Hudfon, on aurait publié que j'avais perdu cette Campagne, ayant une armée confidérable fous mon commandement, uniquement pour aflurer la marche de 1'arméc du Nord, qui aurait pu fefuffire a elle-même, pourvu que j'euffe fait unc diverfion en fa faveur, en attirant au Sud le corps d'armée commandé par Washington. Mes cnnemis n'auraient-iis pas été plus loin? N'auraient-ils pas iniinué qu'alarmé des fuecès rapides que 1'Honorable Général avait droit d'attendre'de la réduction de Ticonderoga, j'étais venu, par jaloufie, lui ravir une partie de fa gloire qu'autrement il aurait eueillie toute entiere? Et qu'il me foit permis d'ajouter; les Miniftres ne vous auraient-ils pas dit, comme ils 1'auraient pu vraiment, que j'avais agi fans leurs ordres ni leurs inftruótions 5 que le Général Burgoine était chargé de fe frayer fa proprc route jufqu'a LAlbany & qu'ils aC5  0 42 % vaicrit cohfié k fon commandement des troupes fuffifantes pour effectuer cette marche? Ne vous auraient-ils pas renvoyé au plan original & fixe dc cette expédition (quiVe trouve parmi les papiers expofés fur table) pour prouver que je n'avais jamais cu 1'idée de lui donner des fecours. Et ne fe feraient-ils pas empreffés de faire croire a la Chambre que fi quelque dou'te s'était élevé dans leur efprit fur le fuecès d'un pian fi bien digéré, ils m'auraient, dés les commencemens, mis de la partie, & cnvoyé des inftruclions formelles, pour agir en conféquence? Avant, a préfent, avec afiez d'étenduc & j'efpcre, d'une maniere fatisfaifante, pariéde ces deux plans , que quelques perfonnes ont, jugé qu'on aurait dü adopter, je retourne au feul, qui, fuivant-mon opinion, aurait pu 1'ètre convenablement. Après les déiibérations les plus profondes & de fréquentcs conférences avec 1'Amiral, avec Lord Cornwallis &lcs Officiers Généraux, après avoir péfé toutes les arconftances de toutes les opérations poffibles,; après les conciufions les plus probables fondécs fur les meillcures intelligenccs, que le Général Washington me fuivrait; je me tléterminai a pourfuivrc 1c plan qui devait  *f 43 % faire la diverfion la plus efficace en faveur de 1'armée du Nord, dont les fuites fa'ifaicnt efpérer les' plus importans fuecès & que le Sécrétaire d'Etat cn Angleterre & moi, d'après mon jugement particulier fur les lieux, avións finalemcnt approuvé. II ne s'agiffait pas d'une feule provincc; c'était de trois dont j'efpérais que nous pourrions nous emparer vers la fin de 1'an 1777. Le premier objet était Philadelphieville d'oü les Rébelles tiraient la plus grande partic de leurs provifions par la riviere dc la Dclawa- re: C'était la Capitale de la Penfylva- nie. C'était même , alors, la Capita¬ le & la réfidence dü Congrès dc fAmérique Scptcntriona^c, fituée dans une des provinces; les plus fcctilcs : c'était Ie lieu oü refibrtent les trois Corntés inférieurs fur la Delavvare. Outrc la Penfylvanie, je jugcais que 1'arrivée de 1'armée du Nord k Albany nous procurerait la provincc dc Ncw-York & des Jerfeys; & je me flattais que tous ces événcmens conduiraient a faire terminer heurcufement la guerre. Je tommeocai rembarquement dc bonne hcurc au mois de Juilliet 1777. Je fouhai-  «f 44 % tai, cepcndant, de refter jufqu'a ce que j'euffe vu arriver d'Europe Sir Henri Clinton, qui devait commander a New-York en mon abfence ; & jufqu'a ce que j'cuifc appris quclque chofe des progrès de 1'armée du Nord. Sir Henri Clinton arriva le 5 Juilliet, & le 15 > je recus un expres du Général Burgoine qui m'apprenait, cn me parlant de fes fuecès a Ticonderoga, „ que fon armée était en bon„ ne fanté & que Ticonderoga fcrait gardé „ par une garnifon venue du Canada, ce qui „ lui laifferait toutes fes forces pour des opé„ rations ultérieures." Je lui dis, dans ma réponfe, que j'attendais que le Général Wafhington me fuivrait en Penfylvanie; mais que fi, contre mon attente, il allait vers le Nord, jc ferais bientöt a fa pourfuite. II cft encore a propos dc faire ici attention aux inftructions que je laiffai a Sir Henri Clinton & a plufieurs des lettres fuivantes que j'écrivis a ce Général. Comme je n'en envoyai pas de copies au Sécrétaire d'Etat, ejl.es ne font pas fur table; mais je les ai cn main; & avec la permiffion de Committé, je vais en lire un court extrait.  # 45 % ÈXTRAIT des inftruiïions de Sir William Howe a Sir Henri Clinton , en date du 9 Juüliet 1777. „ A mon départ d'ici avec 1'armée, vous aurcz Ja bonté de prendre le Commandement des troupes , mentionnées dans le compte ci inclus, & de toutes les autres troupes qui font encore ici ou qui peuvent arriver en mon abfence. Vous pourrez faire dans leur pofition tels changemens que vous jugerez les plus propres au fervice dc fa Majcfté pour la défenfe de ee poste importa'nt & de fes dépendances, dans les quelles je voudrais comprendre King'sbridge , le Long-Illand, le Staten-Ifiand, Paulus-Hook, & Sandy-Hook: en même tems, mon intention n'eft cependant pas d'empêcher que vous n'agiffiez offenfivcment, daas le cas qu'il s'offre quelque occafion, fans négliger la füreté de la place , qui doit toujours être le principal objet de votrc attention."  46 % EXTRAIT d'une lettre de Sm William Howe d Sir Henri Clinton, en date du 15 juifp .1777. „ J'ai donné ordre que les 7e & 26*e Ré„gimens d'infanterie & le Régiment d'An„'fpach du Colonel d'Eib reftaffent ici fous * votre commandement, peur augmenter le „ nombre des troupes que vous avez rccues „ enretour,;\j'cfpere qui, fi 1'occafion fe pré„ fente d'agir d'une maniere. offcnlive, ces „ corps vous feront d'un fervice elfcntiel." „ A 1'arrivée du Major-Général Sir Tho„ mas Wilton , vous aurez Je bonté de lui „ ordonner de mcjoindre, a moins que quel„ ques opérations ofienfives dont 1'occalion >, peut fe préfentcr ,. ne vous rende.nt fon „ fecours néceffairc; dans ce cas vous pou» vez le gardcr fous votre commandement." EXTRJIT d'une lettre de Sir William Howe d Sir Hexri Clinton, datéede la Delaware 30 jfuiilfa 1777. „ U ne m'eft pas poffible de dire, a 1'heu>, re qu'il eft, quand jc ferai en état de vous „ envoyer des renforts, mais jc vous prie  *f 47 % 55 d'ótre affuré que je ne manquerai pas dc le „ faire, auffitöt qu'il fera convenable : En „ même tems, fi vous pouvez faire quelque 5, diverfion en faveur du Général Burgoine,. quand il s"approchera d'Albany, je n'ai pas „ beibin de vous indiquer combien une telle „ mefure ferait utile." D'après ces extraits, il efr. a obferver que je donnai plein pouvoir a Sir Henri Clinton d'agir d'une maniere offenfive, s'il s'offrait une occafion qui put s'accorder avec la défenfe.de New-York & de fes dépendances, fans oublier de faciliter 1'approchc de 1'armée du Nord par unè diverfion en fa faveur , au cas qu'elle fut praticabie, quoique je n'eufl'e re;u aucunes fortes d'inftruéHons fur ce point. Le Committé me permettra, acluellement, d'expofer la diftribution de toute 1'armée fous mon commandement au tems de mon départ vers le Sud. II y avait environ 7000 hommes pour la défenfe de 1'Ifle de Rhode , 8500 a New-York, fans compter les malades & les convalcfcens de ces corps & de 1'armée du Sud & un pe'tit corps de milice fur le Long-Kkmd. A mon avis, ces deux corps n'étaient gueres plus que fuffifans pour  43 % leurs fituations dans ce tems , eu égard au dëfiein oü était Sir Henri Clinton d'agir dans 1'occafion, dans un ccrtain dégré, d'une maniere offenfivc, en faveur de 1'armée du Nord. Mon propre corps que je devais oppofer a la grande armée de 1'Ennemi avait prés de 14, 000 hommes ; & fachant que le Général Washington en avait environ 15,000, fans compter tel nombre qu'il voudrait de miliccs, je ne jugeai pas qu'il füt prudent d'affaiblir aucun de ces corps, cn détachant quelques parties pour une expédition maritimc vers Ie Nord. L'embarquement étant fini, nous mimes a la voile dc New-York le 23 Juilliet & nous arrivames a 1'embouchure de la Delaware le 30. II fallut employer plufieurs jours pour vaincre les difficultés qui s'offre'nt cn voulant remonter le fleuve ; & j'en inférai qu'il neme ferait pas poflibie de débarquer les troupes avant que le Général Washington eüt raffemblé des forces a Wilmington oü il y avait déja un corps: il n'y avait d'ailleurs aucun jour a débarquer au deffus du confluent de la Delaware & de Chrifriana-Creck: du moins les difpofitions que 1'Ennemi avait fakes pour la défenfe de la riviere, cn diftribuant des ga- lcres,  *f 49 % leres, dos batteries flottantcs, des brülóts & des radealix a feu, auraient rendu cette cntreprife extrêmemettt périlleufe. J'avais encore a confiderer que le pays d'en bas oü les troupes auraient dü débarquer & le fcül cndroit oü les tranfports auraient été en fureté, (jc veux dire aux environs du Reedy-lfiand) était tres maféc'ageux & que les routes étaient pratiquécs fur des cliauffécs étroites, entre-coupées dc criques. En conféquence, j'entrepris dc concert avec 1'Amiral, dc rernonter la Baye de Chefapeak, plan déjaprojetté, au cas que notre defcente dans la Delaware fe trouvat, a notre arrivée, impraticablé. 11 eft a obferver que li nous n'avions pu débarquer au deffus dc Wilmington, nous aurions été dans la ncceflïté dc fuivre la même route que nous primes vers la Tête de Elk, paf la voie dc Aiken's-Tavern, autrement appelié Pencadder. Notre route vers la Baye de Chefapeak jetta 1'alarme dans les provinces dc Virginie & de Ma'ryland, & caufe la diverfion d'un corps de troupes qui ne put rejoindre le Général Wafhington qu'après la bataillc de Brandywine. Le changement fut encore accompagné d'une circonftance heureufe pour nous: nos D  «F 50 % troupes, étant en mer dans la chaleur du mois de Juilliet & d'une partie du mois d'Aoüt, échapperent aux inconvéniens prefque fürs des maladies dont les ennemis fouffrirent beaucoup alors. Mais je ne demande pas qu'on falie attention a cette particularité, attendu que mon plus grand dcfir était d'aller plus avant, & que cette confidération ne donna occafion a aucun delai. Je me borne a déclarer que je fuis dans Vopinion au'en Amèrique, dans ces deux mois (en Juilliet &f Joüt) on dolt, le moins qu'il efl pojfible, expo/er les troupes en Campagne. Le 16 Aoüt nous entramcs dans Ia Baye dc Chefapeak; j'y recus la lettre du Miniftre du 18 May 1777 , oü 1'on me dit de nouveau que mon dernier plan eft approuvé: il ajoute dans la meme période, qu'il efpere , que tout ce que je projettcrai fera exécu„ té a tems pour que je puifie agir de con„ eert avec 1'armée du Nord." S'il m'était permis de rendre raifon de cette cfpérance, je dirais qu'elle a dü être fondée fur 1'idée que la pofieffion du plus important objet, Philadclphie, ne devait pas rencontrer de gran- des oppofitions de la part des Ennemis. Au moins dois-je juger quele noble Lordn»  W 5r % s'attendait a aucune. Toutefois il efl de fatfi que le Général Walhington s'oppofa de toutes fes forces a nos progrès. On doit auflï obferver que, quoique 1'idée de remonter la riviere de Hudfon ne fut entré dans aucun des plans concertés que j'envoyai en Angleterre, & qui obtinrent approbation, cependant dans cette lettre on 1'infinue dans un tems oü il n'y avait aucune pofïibiüté dc le mettre a exécution, d'une maniere qui put s'accorder avec 1'expédition déja approuvée que j'exé- cutais alors. J'étais donc, alors, dans la néceffité de pourlüivre (Y). f» Lord George Germain, dans fa réponfe a certe partie de mon difcours, s'eft plaint de ma négligence a rempKr le devoir de !a correfpondance, declarant que, lort que je me lus embnrqué pour la Penfylvanie, deux mois s'écoulerent, lans qu'il eüt de mes nouvelles. Je fölfis la première occafion de répondre a cette accufation: voila le fait: J'écrivis le 16 Juilliet a fa Seigneurie pour 1'informer que je me propofais de remonter la Delaware, afin d'ëtre plus pres de New-York, que fi je remontais le Chefapeak, comme j'en avais eu Je defléin; car je préferai» cette route a celle de la Delaware, pour vu que 1'Ennemi parut difpofé a de'fendre Ia Penfylvanie. Cette lettre fut recue par le noble Lord le »2 Aoüt. La lettre que je lui écrivis enfuite était datee du 30 Aoüt de Ia Téte de Elk ; mais il arriva que le Swallow, Packebof P 2  «T 52 % Jc paffe outre le tems entre Ie débarquement de 1'armée prés de la Tète de Elk & la bataille de Brandyvvinc. Mais apprcnant qu'on m'a blamé d'avoir fait une divifion de mes forces pour engager cette action, je me flattc qu'on ne trouvera pas mauvais que je dife quelques paroles fur ce fujet. Mon grand objet était d'attircr 1'Ennemi k une action, & comme jc favais que le Général •Wafirington ne cherchait qu'a 1'évitcr, k moins qu'il ne fe trouvat dans les circonftances les plus favorablcs il fallait employer dc 1'art & courir quclquc danger pour venir a bout de ce deffein. qui portait cette lettre, eüt un voyage extrêmement long & n'arriva en Angleterre que vers le 28 d'Oéto'ore, ce qui fut caufe que fa Seigneurie fut deux mois fans avoir de mes nou velles, vü que ma lettre du 16 Juilliet n'était parvenue eu Angleterre que le 22 Aoüt. Le noble Lord voyant qu'il rclkit fi longtems, fans avoir de mes nouvelles, comme de coutume, aurait pu conjeclurer que le Pacquebot avait eu un voyage fort long, ou avait péri, ou été pris par 1'Ennemi. II aurait également pu conjecturer, par les paroles que j'ai citées dans ma lettre du 16 Juilliet, que j'avais remonté le Chefapeak, ce qui devait néceflairement allonger mon voyage de New-York; enfin il eüt dü comparer les dates des lettres & nou pas les dates de leur arrivée.  «r 53 Les mouvemens faits dans cette occafion ainfi qu'on les trouve expofés dans ma lettre du 10 Oftobre 1777, n'étaient pas oppofés aux vrais principes de 1'art; & ce n'eft pas une legere confolation pour moi de fa voir qu'indépendamment de 1'événemcnt, j'ai les fuffrages des Officiers les plus judicieux dc 1'armée en faveur d'une démarche qu'il a plu a quelques Mefficurs, je ne fais fur quelle autorité, dc cenfurer. Mais dans le tems qu'on me reproche d'un cöté d'avoir trop hazardé, on mc blame dc i'autre de n'avoir pas rendu Faétion plus décifive & de n'avoir pas fuivi dc plus pres le cours de la victoire. Vouloir montrer Vimpojfibilitê d'une pourfuite vigoureufe dans un pays Ennemi (£ƒ plus particulierement en Amêrique que dans aucun autre pays que faye jamais vu) faire voir Vinutilité de la tenter au dela de ce que f ai fait, dans 1'état particulier oü fe trouvait alors 1'armée, ferait trop abufer de la patience du Committé. Je me flatte qu'il fuffira de dire que, eü égard aux foins düs aux bleffés, a I'importance de polTcder le pofte de Wilmington pour leur commodité, & pour la füreté des prifonniers, on ne pouvait entreprendre aucun mouvement ni plus prompt ni plus efficace, dans'de paD 3  *f 54 % rcitles circonftances, que de faire avancer vers Chefter les deux corps avec le Major-Géncral Grant & Lord Cornwallis; & fon doit me pcrracttrc de dire qu'il n'y avait pas moycn d'évitcr un délai , cn s'approchant de Philadelphic , par le Vallcy-forge , attendu qu'il n'eft pas poffiblc de paffe la riviere du Schuilkill par la route la plus courte a travers Derby & qu'on ne pcrdit aucune occafion d'attircr Fennemi a une autre aftion entre Dilworth & German-town. C'eft ce que jc vins prefque a bout d'cxécutcr 1c 17 Scptembrc, pendant qu'il était cn marche fur la route de Lancaftrc ; mais les grands inconvéniens du mauvais tems rendirent impraticables tous les cfforts tentés pour pénétrer plus avant: Ils curent donc Foccafion de fe dérober a fapproche de 1'arméc du Roi, par unc marche forcée a travers une montagne trés rude oü 1'on ne pouvait certainement pas les pourfuivre. Cependant mes cfforts pour atteindrc l'cnncmi, nonobftant 1'opinion de ceux qui curent part a 1'expédition, ont été jugés ici comme malcomb.inés , faiblement pourfuivis & denucs d'activilé; & cette derniere cenfurc a été étendue aux opérations générales de la guerre fous mon 'commandement'  A 2  ( 4 ) fe pays n'eft pas bien fort ni bien impénétrable, Mais elle fert feulement a prouver que les Généraux & les Officiers chargés du commandement des différents corps étoient infatigables dans leur devoir & furmonterent toutes les difficultés du pays qu'ils rencontrerent dans leur marche. Ainfi 1'Auteurme donne des éloges fans y penfcr. Car, après tout, celui qui commandait en chef, a peut-être auffiquelque droit au mérite de ces fuecès. Mais // eft faux que les ennemis aient toujours fut d notre approche & que ««/.rayons pris tous leurs poftes avantageux avec faci/ité &presque fans perte. Ils fe battirent avec 1'armée Royale dans le Long-Island, ils en foutinrent 1'attaque au fort Washington; ils tinrent bon a la bataille de Brandewine, & nos pertes dans ces occafions, quoiqu'on ne puiffe les égaler aux leurs, ne doivent, cependant, pas être regardées comme peu confidérables. Page 7,8, &c. Ces pages contiennent une differtation iur les bonnes dispolitions & la fidéüté dn peuple d'Amériqüe", II y aurait beaucoup a dire fur 1'article de la fidélité & fur les principes de cette fidclité, par rapport au peuple d'Amérique. Quelques-uns font fidéles par principe; grand nombre parinterêt; grand nombre par des motifs particuliers de reffentiment: il y en a beaucoup qui défirent la paix,mais abfolument indifférens pour quel parti la viétoire fe déclarera: il en eft d'autres qui fouhaitent le triomphe de Ig  C 5 ) Grande-Bretagne, a caufe du bonheur qu'ils goütaient fous fon empire. J'aurai, dans le cours de ces remarques, occafion de traiter ce fujet plus au long. Page 8. Le mépris & les traitemens inhumains qu'on, a fait éprouver aux fujets fideles de fa Majefté. J'ai beau chcrcher: je ne fais de quelle cfpece de mépris ou de mauvais traitemens, on. veut-parlerici. Dans une autre partie du Pamphleton fait encorc une mention particuliere du pillage; on y répondra dans le tems. Je ne puis, cependant, m'empêcher de faire quelques remarques fur cette accufation générale. Je ne trouve point mauvais qu'on attaque ma conduite fur ce qui concerne l'art de la guerre; mais, quand on m'accufe d'inhumanité, je lens que je fuis homme,&mon coeur fe révolte contre le trait dont cn a voulu me. percer. Les premiers désastres des Américains, fuites dc leur rébellion, commenccrent a Bolton , & je crois impoffible d'alléguer un feul cxemplc d'inhumanité envers. aucun individu de cette viile. Au contrar re, on a eu les plus grands égards, non feulement pour ceux qui par leur conduite, avaient acquis un droit a la protection publique, mais envers quiconque donnait la moindre profeffion ou faifait paraitre le moindre figne extérieur de fidélité. C'eft une. chofe atteftée par acte public (voyez- la Prociamation du 28 Octobre 1775) que leurs fervices furentrecherchés en leur recommandant de faire une-affo-. A 3  C 5 ) dation défenfive & qu'on offiit des armes a tous eeux qui fe déclareraient inclinés a contribuer de leur pouvoir a ia confervation du bon ordre & du gouvernement dans la ville de Boston: ceux qui s'enrólerent dans cette oceafion furent ■ pourvus de & même portion de munitions & de provifions qu'on accordait aux troupes de fa Majefté. On con-* tinua d'avoir les mémes égards pour les Réfugiés a 1'ëvacuation de Boston (lorsque 1'armée fe trouva' dans les circonttar.ces les plus périlleufes, tant par. la rareté des provifions que par la dépcnfe des transports) en transportant a Halifax plus de onze eens-, perfonnes ytant hommes que femmes & enfans,avcc toutes les marchandifes & tous les effets qu'ils'pouvaient prendre avec eux. Eft-ce êtrecruel que d'agir ainfi,? — Les circonftances fur lesquelles je mefonde font prouvées authentiquement dans mes lettres ii Lord George Germain le ju de Mars & le 21 d'Avril 1776. Dans toutes les autres époques de mes opérations militaires a Nev/-York, a Philadelphie,. y a-t-il eu un feul homme de bonne volonté & digne de confidération qui n'ait pas été employé? Plufieurs furent encouragés par des emplois publics: plufieurs par des récompenfes pécuniaires; je ne lache méme qu'il y ait eu un feul réfugié, muni dc recommandations convenablcs,. a qui nous n'ayons offert | des emplois militaires ou civils, de 1'argent, des Provifions,. des commodités, ou rdmoigné des égards -Bubhcs.. 11. eft vrai qac j'avais des confidérations  ( 7 ) frarticulieres,(eommc de raifon) pour ceux dont j'avais droit d'attendrc les plus importans fervices; & j'avoue que j'ai fouvent été la dupe de ces fortesde diftinctions. Jc crois qu'il eft k propos d'en alléguer un exemple particulier, jofeph Galloway, Ecuyer (homme de loi) avait été Oratcur dans 1'afTemblée de Penfylvanie. Au commencement de la Rébellion, il fut élu membre du Congrès. Quand mon frere & moi, en qualité de CommifTaires de fa Majefté pour rétablir la paixj, publiames une amniftie en faveur de tous ceux qui avaient eu part a Ja Rébellion, pourvu qu'ils confentiflént k fe rendre & k préter par écrit avant un temsfixé, lefermentde fidélité, Mr. Galloway fut un des premiers qui fortit dc Phitadelphie pour paffer de notre cóté. C'était au mois de Décembrc 1776, dans un tems oü nos grands fuecès avaient jetté la terreur parmi les Chefs de la Rébellion & prefque opéré une foumiffion générale. Quoique la perfpective des affaires fut fi favorable, je ne laillai pas de regarder 1'acquifition de Mr. GaHoway comme un avantage de quelque importance, parcequ'a tout événementje me promettais de tirerde grands fecours d'une perfonne fi diftinguée par fes talens & par fon influence dans la Province de Penfylvanie. J'efpere qu'un pareil efpoir doit juftifier , en quelque fagon, la libéralité dont j'ufai envers lui. Je lui accordai deux eens livres Sterlings paran a datcr du moment qu'il aurait joint 1'armée, jufqu'au tems oü 1'on pourrait le pourvoir d'une autre manierc. A 4  C 8 ) toiffque nous eümes pris poiTeffion dejPhiladelphie, je le nommai Magiftrat de Police de cette ville, avec un honoraire de 300 livres Sterlings par an, outre fix Shillings par jour pour 1'entretien d'un clerc, Je lui conferai en outre la fupérintendance du port avec un lalaire de vingt Shillings par jour, le tout montant a plus de 500 livres Sterlings par an. Si fa faveur populaire ou fon influence perfonelle eüt été aufii grande dans la Penfylvanie qu'il nous le difait, cette recompenfe ne m'aurait pas paru mal placée. Je commengai d'abord par faire attention a fes obfervations & je me confiai a lui pour me procurer des intelligences fecretes; mais je ne tardai. pas a m'appercévoir que ma confiance étoit mal placée. Je m'appergus que fes idéés étaient chiraériques, & que fes avis n'étaient que trop fouvent ou mal fondés ou tellcment exagérés qu'il eüt'été imprudent d'agir en conféquence. Ayant tui jour découvert qu'il m'avait donné des informations comme venant d'une perfonne qui, dans la fuite, fit, dans un examen, un récit different de la chofe, j'eus auffuót recours a un autre Canal pour me procurer des intelligences fecretes j & dans la fuite je regardai Mr. Galloway comme un vain babillard. Je ne laiffai pas de le continuer dans les emplois lucratifs de Magiftrat de Police & de Superintendant du port; & je crois qu'il avait les qualUes propres a les remplir. Pages  ( 9 ) Pages 22, 23. 24, 25, 26,27. L'Auteur dit dan* ces pages que 1'armée britannique, partout ou elle por%ait fa marche, fut recue avec tous les témoignages de joic & particulierement a Philadelphie; que, pendant que nous fames en poffeilion de cette ville, les gens de la Campagne vinrent, au risque de leurs vies, pour fournir toute* fo.rtes de provifions, a 1'arroée, a la florte & aux habitaiw de la ville qui ne montaienta rlen moins qu'a 50,000ames; qu'ils refufaient d'en fournir au Général Rébelle, pourne pas fervir d'inftrumens aux mauvais deffeins des ennemis de leur fouverain. Qu'ils accouraient de tous les cótés pour donner des informations de 1'état de 1'ennemi & des bonnes difpofitions du peuple envers le gouvernement; que des milliers venaient fe, ranger du cpté des troupes Anglaifes pour avoir leur proteftion, ou ailaient s'enfoncer dans les. Provinces éloignées pour y vivre inconnus, ou cherchaient un afile parmi les fauvages, pour éviter d'entrer en guerre contre leurs concitoyensdans ce pays; & que, dans \e même tems des milliers d'entr'eux fervaient en quaüté de volontaires fans, recevoir ni paye ni habillement. Jene fache pas, je n'ai même jamais ouï dire que les troupes Britanniques aient dans leur marche, en aucun lieu & furtout a Philadelphie, été recues avec joie, excepté par les Quakres & par un petit nombre d'autres perfonnes. A 1'arrivée de 1'armée a Philadelphie il ne reftait pas dans Ia ville tout a fait 4,500 habitans males entre dix-huit & foixante ans. Ils y rentrerent peu a peu, les uns pour prendre poffeffion de leurs niaifons & de leurs effets; quelques-uns pour nous faire tout le mal qu'ils pouvaieiu, en faifant palfer des informations a PenA 5  ( io ) nerni, cn cherchant a débaucher les troupes pour les faire déferter & a enlcver adroitement pour 1'armée de Washington les chofes qu'on ne pouvait fe procurer dans la Campagne. Que les gens de la Campagne nous aient apporté des provifions fraich.es & qu'ils en aient rcfufé, amant qu'ils ófaient le faire, au Général Rébelle, c'éft une chofe ccrtaine: mais jc fuis bien éloigné d'accorder que cette conduiteait eu pour motifs les caufes affignées par 1'Auteur. Les gens de la Campagne n'avaient aucune foi a la valeur du papier monnoye du Congrès; & le Général Rébelle les forcait de le prendre en payement pour les provifions qu'il ramalfait. Au contraire, ils favaient qu'on les payerait k 1'inftant en bonnes' efpeccs fonnantes pour tout ce qu'ils nous apporteraient; & la même occafion leur procurait encore la facilité d'cmporter avec eux,pour 1'ufage de leurs families, unc grande quantité d'articles de nécefiïté qu'ils ne pouvaient fe procurer que dans les places oü fe tronvaient les armées & les flottes Britanniques: Ou je fuis bien trompé, ou voila les motifs réels qui engagerent les gens de la Campagne a nous procurer toutes ces fortes de fecours. L'Auteur dit qu'ils agiffaient ainfi au péril de leurs vies. La chofe paraifiait telle en effet; auffi cnvoyai jè des détachemens confidérables pour protcger, aux jours demarché, tous ceux qui venaient dans la ville ou en rctournaient. Je ne laiffai pas de foupgonner qut le Général Washington connirait, par une efpece dt politique, a cette efpece de conwurce. II favait que m'  ( » > notre armée ni notre ^fiotte ne fouffraient jamais is difettede, provifions: il favait que cette difette fe fcrait plütót fentir aux habitans qui en général étaient dévouéi pour lui: il fentait que la circulation de 1'or & de 1'argent fcrvait a renforcer fon pays dans un point trés important, & il favait que les gens, foit qu'il connivat h eette pratique ou non, porteraient leurs productions partout oü ils pourraient avoir en payement de 1'or & de 1'argent. Plufieurs millieri (dit 1'Auteur) aüerent fe cacher. dans les Provinces éloignées oü ils n'étaiént pas connus, ou chercherent un azile parmi les fauvages pour éviter d'avoir part a la guerre. S'il veut parler, comme je le préfume, des infurgens dc la Caroline feptentrionale, le leéteur ver ra les .circonftances qui les regardent, éclaircies dans une des remarques fuivantes. Bien des milliers (dit-il) vinrent chercher de la pro- tedlion auprfü des troupes Britanniques. Je nie que dans aucun tems il foit venu des multitudes auprès des troupes Britanniques, quoi qu'il y eüt apparence que cela arriverait au printems dè 1 'année 1778, ce que j'attribuai au fuecès avec lequel nous avions pris & retenu Philadelphie. Je ne fais ce que P'Auteur veut dire par des milliers de volontaires en armes qui venaient nous fervir fans recevoir de payes ni d'habillement. Ce que fais,  ( >ja ) e'eftque,^ legrand nombre de ees troupes provmetales , il tï>y avait que trés peu d'Américains. Dès notre arrivée k Philadelphie, Mr. Galloway s'adrefla k moi pour avoir la permiffion de lever une Compagnie de Dragons qu'il m'aiTura pouvoir être toute compofée d'Américains natifs, & principalement du Comté de Bucks en Penfylvanie oü il prétcndait avoir (car il n'avait fürement pas)la pl w grande influence. Sa Requête fut accordée; &lorfqu'en fuite la chore vint k être examinée, il fe trouva qu'/V n'y avait que tres peu d'Américains parmï ceux qu'il enrola. Pour prouver 1'opiniqn que j'avais de la fidélité du peuple, 1'Auteur, (dans une note page 26) cite un paOlige de ma lettre du s Septembre 1775 au Secretaire. d'Etat dans laquelle je dis que,, les Habi„ tans du Long-Island dönt plufieurs avaient été „ contrahits k époufer le parti de la Rébellion, s'é„ taient tous foumis & fe difpofaient a prêter le „ ferment de fidélité." C'était le Gouverneur de la Provincc qui m'avait fait accroire que les habitans du Long-Island avaient été forcés k fuivre la Rébellion; j'avouerai même que nos premiers fuecès dans cette Isle furent fuivis de la foutnifïïpn des habitans; mais il parut dans la fuite que leur foumiffion ne fut due qu'a nos fuecès; puisqu'il n'y en eut que peu qui entrerent dans ies Compagnies qui fe levaient dansle Long-Island. Le mot de foumiffion ,dont je me fervis dans ma lettre, ment re qu'il y avait de la contrainte.  ( 13 ) L'Auteur, voulant montrer (dans la même note) que je ne croyais pas que le peuple fut porté k la Rébellion, cite les mots fuivans de ma lettre publique du 1.9 Fevrier 1777. „ Ils (les Etais Rébel„ les) font convaincus que leur exiitence dépcnd „ entierement du fuecès de ia Campagne prochainc; „ c'eft pourquoi ils cmployent toutes les voies de „ la contrainte envers ceux qui n'embraffent pas leur „ fervice de bonnc volonté." II cite, pour le même objet, ma lettre du 5 Mars 1778. Les voies de la contrainte auxquelies j'ai dit qua les Rébelles étaient réduits, étaient effectivement les fuitcs des fuecès des armées Britanniques. Les Américains n'avaient aucun penchant k s'enröler dans une armée qui, partout oü elle rencontrait la nótre, était prefque süre d'ctre défaite. Si 1'averfion des Américains pour entrer dans 1'armée rébelle eüt procédé d'un principe de fidélité pour leur fouverain, pourquoi ce corps de 500 hommes que 1'Autcur asfure (ce que je ne crois pourtant pas) avoir été congédié au mois de S.eptembre 1777 par le Général Washington, paree qu'il confervait une affecfion trop forte pour le gouvernement Britannique, pourquoi , dis-je, ce corps congédié k fi peu de milles de notre armée, ne faifit-il pas cette occafion de nous offrir fes fervices ? Page 33- L'infanterie & la Cavalerie envoyées en Amérique montaient 351,815—de cenombre 407874 étaient fous le corarnandsrnent de Sir Willisra Howe,  ( 14 ) L»Axrteur voudrait ici faire accrolre au Lecleur qu'au tems de monarrivée k Staten-Islan.1, mon armée montait a 40,874, & celle des Rébelles k 18,000 y compris les milices. Uien n'eft plus capable d'induirc en erreurque cc calcul. Lorfque je dcbarquai a Staten -Island, je n'avais fous mon commandement immédiat que 7,558 Soldats d'ordonnance, y compris les malades. Je débarquai a Long-Islan'i avec'environ 15 k 16000 hommes d'ordonnance, ayant laiffé le refte de 1'armée peur la defenfe de Staten-Island: toutes mes forces ne confiftaient alors qu'en 20,121 hommes d'ordonnance, don: 1,677 étaient malades. Page 34. Quand Sir William Howe arriva il Stataj»Island, les Kéfolutions du congres pour déclarer 1'indépendance des Coloni.:s, venaient d'être pubiiées, &c. L'armée Rébelle que Ton avait engagé, par fédudion, a prendre les armes, fous prétexte d'obtenir le redreflement de leurs griefs, ne montaitpas a 18000 hommes j compris lei milices. Ayant ainfï expofé le nombre des troupes des deux par tis, il eft néceflaire, pour mieux édaircir la vérité, dc comparer & pefer dans la balance;militahe les forces réellei de chacun des deux partis. Les Rébelles, d'après les informations les plus exaétes, avaient alors dans cette partie du pays,au dclk de 20,000 hommes. — On les faifait monter k 24000. • Je ne parle qui de ce que fe trouvaït dans le Long-Islsnd & 1'York-Island, fans y com-  < 15 ) prendre leur camp volant dans le voifinage (les Jerfeys) que 1'on difait écre compofé de 8,000 hommes. Si je voulais fuivre la maniere de calculer de 1'Auteur, quand il expofe le nombre d'nommes qui fervaient fous moi, jc dirais, & avec plus de raifon, que le Général Washington avait, fous fon commandement, au mois de May 1776, dans les dutérehtes Provinces, une armée de 80,300 hommes () qu'il ne'gligea par un.'grand malheur; négligence qui caufa la ruïne d'une armée Britannique, & attira fur fon pays un opprobre dont il n'avait jamais été flétri auparavant. Je ne me fuis jamais plaint d'avoir été géné par des inftructions formelles. II eft vrai que mes opérations furent languiffantes & que le grand but dc cette guerre fut arrêtté , mais ce* fut manque de forces fuffifantes, comme je l'ai expofé au long dans ie Récit précédent. L'Auteur cite ici la lettre dc Lord Georgff Germain du 3 Mars 1777, comme contenant des inftructions pour foutenir 1'armée feptentrionale,quoiqu'eneffet ellene faffe aucunement mention de cette armée. Les feules inftructions ( fi toutefois je peux leur donner ce nom)que j'aye jamais regues relativement k 1'armée feptentrionale, font contenues dans la lettre dc fa Seigneurie du iS (b) Ces i'nftmaions (dit 1'Auteur) avaient pour objet de,* foit. tenir 1'arméc feptentrionale & dc faire une diverfion en fa Faveur fuv les cötes de la nouvelle Angleterre. Lettre* de LordGeorge Gennain g Mars 1777.  18 May 1777; & je ne les regus que le 16 Aoüt} 1 étant a la Baye de Chefapeack. Voici fes propres ' paroles: „ Me promettant, cependant, que, quoi„ que vous puiffiez projetter, vous 1'aurez exécuté „ a tems pour être en état d'agir dc concert avec L f'arméequi a ordre de partir dü Canada, & de fc „ rangerfous votre commandement." J'ai déja par» lé de. cela dans moli compte rendü. Dans la lettre du 3 Mars (citée par 1'Auteur ) on m'avertmait que c'était 1'opinion de fa Majefté qu'une diverfion vigoureufe fur les cötes dc Masfachufet-Baye,, & de New-Hampshire n'empêcheraic pas feulement les levées pour 1'armée continen„ tale, mais faciliterait auflï beaucoup' la süreté da ,, notre commerce.'* Lord Howe & moi avions ordre de „ prCndre férieufèment eet objet eri con„ fidération, autant que le plan que je projettais „ (mon expédition en Penfylvanie) pouvait le per„ mettre." Dans ma réponfe du 3 Juin fuivant is Lord George Germain, j*expofai les raifons pour Jefquelles cette diverfion ne pouvait fe faire. - - Ce point eft débatra dans mon compte rendu. Je dois encore öbferver ici que la diverfion dont il eft queftion dans la lettre de Lord George, ïie parait avoir aucun raport a 1'armée feptentrionale. Page.36. Le Commandant en chef n'ouvrit jamais aucune operation avant le mois de Juin. Une partie de ce imois & ceux d'Avril & de May tout entiers. quoique les :plu3 propres pour les opérations, 1'air étant temperé êt n  ( 18 ) les chemins praticables, étaient perdus inutilement; dans un tems oü quantité de raifons les plus preflantes auriient dü faire ouvrir la Campagne de bonne hture & avec vigueur. Ainfi je'dois répondre pour 1'ouvcrture de deux Campagnes. Le 2 Juillet 1776, je vins de Halifax débarquer a Staten Island. On ne penfa jamais que nous devions commencer les opérations avant 1'arrivée des troupes attcnducs d'Angleterre ou 1'arrivée de 1'armée du Général Clinton de Charles-Town. Le Général Clinton arriva le > premier Aoüt. Les Gardes & les Heffois n'arriverent avec les équipages de Campagne que le 12 d'Aoüt. Après un fi long transport fur mer, on n'accorda que neuf jours aux troupes pour fe rafraichir, & fe préparer a tous les arrangemens néceffaires. Nous mimes pied a terre dans le Long-Island le 22 Aoüt. Ainfi fut ouverte la première Campagne de ^776; il eüt été impoffible de 1'ouvrir plütöt. Jc vais rendre compte de la fecondc Campagne en 1777. L'éxpédition a Peek's-Kill commenga dès le 2,2 Mars : 1'expédition a Danbury le 23 Avril: 1'équipage de Camp pour 1'armée n'arriva pas avant le 24 May. Nos opérations dans les Jerfeys coinmencerent le 12 Juin. II y a dans mes lettres au Sécre • taire d'Etat bien des raifons propres a prouver que ces opérations ne pouvaient commencer plütöt. Page 37. Dans ces mois (Avril & May) 1'armée Rébelle était toujours réduite a 1'état Ie plus faible.  C 19 3 C'était principalement dans les mois d'Avril & de Iviay que fe faiftient les recrues pour 1'armée Rébelle, & elles jie poüvaient jamais la joindre avant le mois de Juin. Ils faifaierit, ainfi 'que partout ailleursj leurs recrues en hivcf; & les levées venaient la joindre de bonne-heure auprintems. Les portionsde ces recrues étaient en Campagne, pendant 1'été. Page 38. II favait que Ie fourage fee était pour fes • chevaux une bien meilleure nourriture que le fourage verd; il aurait donc pu prendre avec lui pour un tems le fourage qu'il pouvait employer dans les quartiers; lé pays était plein de fourage fee de toutes fórtes; il avait toujours pu 5'en procurer dès qu'il en avait eu befoin, foit en Campagne foit dans les quartiers ( a ) Nous n'avions pas de fourage dans les quartiers, nous n'aurions même pu en transporter üne quantité fuffifante pour 1'eflbntiel du fervice. Son appel a ma lettre du 17 Janvier 1778, eft dans le même goüt que le refte de fa brochure. Le fourage dont il parle, on fe 1'était procuré dans le voifinage de Philadelphie, au commencement de 1'hivér. Mais quoique toutes fortcs de moyens fuffent mis en ufage, nous ne pumes nous procurer une quantité fuffifante de fourage; & nous aurions été dans une grande difette fur eet article, fi Lord Howe ne nous en avait fourni unc quantité confidérable de 1'Ile de Rhodes. O) Lettre de Sir W. H'———>'s 17 Janv. 1778. Lord Cornj wallis fe procure dans la Campagne afl'cz de fourage pour lil eonfsunmation il'hivcï,  C 20 *) Maïsquel rapport pcut-il y avoir entre 1'étnt dn fourage k Philadelphie 1'an 1778, & 1'ouverture dc la Campagne dans les Jerfeys en 1777? L'Autcur eft finguliercment habile en anachronismes: il a, dans plufieurs cas, non feulement confondu^ transpofé les dates, mais encore combine les circonftances de différens périodes,pour les renforcer 1'une par 1'autre, ou les appliquer k une époque particuliére. J'ai déjk parlé de 1'ouverture de la Campagne, en 1777. II n'eft pas néceflaire que jc m'étende fur 1'an 1778/ Je regus de bonne-heure au mois d'Avril les ordres de revenir cn Angleterre. — Ainfi c'était k mon fuccefieur k répondre de la Campagne de 1778. Dans eet intervalle, on ne laiffa, cependant, pas 1'armée perdre fon tems dans 1'oifiveté ou dans la diffipation. Au mois de Mars je déta- cnai le Colonel ïMawhoöd pour faire une descente fur la cóte de Jerfey. II défit les forces raffembléeS contre lui & rapporta une quantité confidérable de fourage, venue fort k propos. — Le Colonel Abercrombie ne fut pas moins hcureux k furprendre & k défaire entierement un corps d'environ mille Rébelles, qui avaient pris pofte k dix-fept milles environ de Philadelphie. Cette expédition fut exécutée le 4 May; & le 7 du méme mois, le Major Maitland' remonta la Delaware avec 1c Capitaine Hen-' fi de la flotte, pour détruire tous les navires & bü« timens des Rébelles entre Philadelphie & Trenton, entreprife qui fut conduiteavec beaucoup d'intelligence & exéeutée avec fuecès. — Sir Henri Clin-  C sö ) ton arriva le 8 a Philadelphie •, & le 24 du même mois* je lui réfignai le Commandement de 1'armée. Page 38. Jl vit plufieurs fois différens Corps tenter dc fc mettre en armes & de l*a;iiiter pour fuppriraer la rebc.lion. La feule tmtat'm de cette efpece, qui merite d'etrementionnée, éclata dans la Caroline feptentrionale, au printems de 1'année 1776; 11 me fut alors abfolu- mcnt impoffible de feconder cette infurreétion. Le projet était concerté entre une Colonie de Montagnards d'Ecoife & un corps d'Américains de cette Province qui fc faifaient connaitre fous le nom de Loyaliftes:* Ils s'étajent engagés a fuivre les ordres du Gouverneur Martin, qui leur propofa d'opérer en faveur des troupes d'Europe fous le Comte Cornwallis. Les Loyaliftes promettaient cinq mille hommes & les Montagnards fept cent. Les premiers voulaient qu'on s'aiTemblat immédiatement, les autrés infiftcrent d'abord fur 1'utilité d'attendre 1'arrivée des. troupes Britanniques, fe laiflerenta la fin gagner par les importunités des Loyaliftes & fe rendirent au rendez-vous,en plus grand nombre qu'ils n'avaient promis. Mais les Loyaliftes, au lieu de cinq mille hommes , ne purent pas même affembler la vingtieme partie de ce nombre, & deux de leurs Compagnies déferterent d Papproche des Rebelles. Les Montagnards garderent leur pofte, combattirent avecvaleur, mais accablés par le nombre, ils furent défaits avec perte confidérable & fcrcés de fe disperfer. B 3  C S2 ) PagC 38. II vit plufieurs des Habitans mis a 1'ameride , ea prifon ou a mort, pour leur fidélité. (a) La lettre qvie 1'Auteur cite ici avec la date du 8 Juin,n'eft datée que du 7 Juilliet 1775 de StatenIsland. Le petii nombre des habitans de cette Jsle avaient condamné les me fur es violentes, adoptèes par leurs voifms, 6? refu en conféquence des mauvais traitemens de ceux de Jerfey. L'arrivée des troupes du Roi les délivrerent des craintes qu'ils pouvaient entretenir, & leur fidélité éclata par tous les témoignages qu'ils purent imaginer. Ils nous fournirent des provifions fraiches, des voirures, des chevaux &c. en conféquence, ils méritaient dans ce tems la les éloges que je leur donna] dans ma lettre. Mais il ne faut pas oublier que ces éloges fe bornaienc uniquement aux habitans de Staten-Island. La Campagne n'ayant pas encore été ouverte, je ne poqvais avoir aucune connaifiance perfonelle de la fidélité du peuple de New-York, des Jerfeys, ou de Connecticut. J'avais rencontré a Sandy-Hook le Gouverneur Tryon avec d'autres Mefijeurs, qui s'étaien| O) Les lettres de Sir William Howe prouvent la vérité de ce que j'ai t?,clié dc foutenir. .- Dans celle en date du 8 Juin,1775 il dit qu'il débarqua fes troupes 1 la grande joie d'iin peuple* trés fideli c? tres. afeBionné. — Qu'il a bien des raifons d'espererde voir 1'trméc jointe par un corps nombrenx des babitans ns Jtdeles. Cette lettre fut écrite avant 1'affaire de Trenton, & je n'avais aucune raifon de foupgonner la fidélité de ceux qui vinrent a nous de Momnouth, mais je ne tardai pas d être désdbufé. Grand nombre, §f méme un trés grand nombre de ces Loyaliftes furent peu de tems après faits prifonniers en combattant contre nous, a'autres furent tués ayant encore mes lettres de proteclion dans leurs poches. On trouva auffi dans les poches des tués & des prifonniers, des certificats qui prouvaient qu'ils avaient même prèté, par écrit, ferment de fidélité, pour joivir^debenefice de la proclamation des Commiflaires du Roi pour une amnistie générale. Ces faits la font notoires. Page 39. Et cependant, contre toutes ces preuves, il. a aifecté, ainfique plufieurs de fes Officiers généraux, de B 4  C H ) jes croire; ils ont déclaré, depuis, que les habitans dece pays avaient une averfïon prefque unanime pour la Couronne. Sous ce prétexte, nous 1'avons vu éviter de confier des armes a. des fujets fideles & zÈlés ou de faire ufage des forces des Colons bien affectionnés pour 1'afliiler a rf'd^i'-e ou a défendre, après la réduction, les villes ou Provinces. On m'a fait différentes offres de lever des hommes^ je n'en ai refufé aucune , pour peu qu'elle parut porter une lueur de fuecès; mais je dois ajouter. qu'il n*y en eut qu'uh bien petit nombre qui eurent toul; le fuecès propofe, Mr. O/hier Delancey qui palTait pour un des CU toyens les plus accrédités dc New-York, & leplus propre k engager les Loyaliites de cette Province k joindre les troupes du Roi, fut nommé Brigadier-Général, & authorifé k lever trois bataillons qui devaient confrttcr cn 1500 particuliers, a Ia tête desquels on aurait mis les perfonnes les plus respectables, recommandccs par lui -même & par le> Gouverncur Tryon. Ces Meffieurs eurent recours ï tous les efForts pomb!es,nonfeuiement en agilfant dans les diftricls poffedés. par les troupes du Roi, mais encore en employant dés gens pour aller dans la Campagne & invitcr les bien-affectionnés k prendre fervice. Plufieurs des Officiers ( comme j'ai été ïn- {0 J'ai cru dtvGir employer cc termc, parc.eque fon agogie & fon élimologie fe trouvent dans la hngue Franc.oife pil il n'a ccper. ficace pour facrifier Parmée du Nord, que de perter tou« tes fes forces au Sud , fans kilfer un corps fuffifant pour faire diverfion en fa faveur. Voila une infidélité des plus grofïieres. Bien loin de porter toutes mes forces au Sud, je laiffai a New-York environ 8,500 hommes d'ordonnance , propres au fervice. Je ne comprends point dans ce nombre les malades & les convalefcens de ces corps, ni de 1'armée du Sud qui tous enfemble montaient a plus de 3,000 hommes. Sir Henri Clinton fit,avec cette armée, une diverfion en faveur de celle du Nord. Mais jc perfifterai toujours k infifter, & cela fur des preuves évidentes, que 1'expédition du Sud,en •attirant le Général Washington avec toutes fes forces , fut la plus importante diverfion qui ait jamais été tentée. — Cet objet efl: amplement difcuté dans mon compte rendu dans la chambre des Communes; & le témoignage du Major-Général Grey eft ainfi que je vais le rapporter. Queftion. „ L'expédition k Philadelphie ne fut„ elle pas une forte diverfion en faveur de 1'armée „ du Nord?" Réponfe. „ Je penfe qu'on n'aurait pu tenter une ,, diverfion plus forte ni plus importante, que d'at„ tirer le Général Washington & toute 1'armée con- tinentale k prés de trois eens mille." Queftion. „ La confervationdc Philadelphie n'é„ tait-elle paslemotifle plus plaufiblé pour oblï», ger Ig Généra,! Washington k un engagement gé- „ néralj  ( 4i ) „ néral; je veux dire, n'y avait-il pas de projet „ mieux combiné pour attirer le Général Washing„ ton k un engagement?" Réponfe. „ Je ne crois pas qu'il y eut d'objet ,, plus capable d'attirer le Général Washington a rifquer une action générale que la crainte de per- dre la capitale de la Penfylvanie." Queftion. „ Y avait-il quelque probabilité deter„ miner la guerre d'Amérique, cette campagne, „ fans forcer le Général Washington k un engage„ ment général." Réponfe. ,, Non certainement." Queftion. „ On demande fi Mr. Washington, „ ayant la liberté de diriger k fon gré la marche de „ 1'armée de Sir William Howe, il aurait defire* „ qu'elle montat la riviere de Hudfon ou qu'elle fe „ rendit k Philadelphie?" Réponfe. „ Avec les forces que Sir William avait ,; fous fon commandement, je penfe que, fi le Gé„ néral Washington avait eu k choifir,il aurait dé- firé qu'elles remontaflent la riviere du Nord." Page 46. D'oü venait eet ardent courage dans une armée qu'on tenüt hors de la vuë d'un ennemi dont la force était inférieure de moitié, mife a bord d'une flotte ór expofée a tous les accidens & dangers de 1'Océan ó:c. ? Les raifonsque j'eus de prendre la route de lamer font expoféesamplement dans mon compte rendu. Page 46. Et pourouoi, ayant en vuë de marcher vers C5  ( 42 ) ladelphie, p3rlïfta-t-il, après avoir trouve les vents corttraires, a fuivre cette route li longue &c ? Les raifons qui m'engagcrcnt a fuivre la route de la Baye de Chefapeak font également expofées dans mon redt; elles font amplement confirmées &justifiées par le témoignagede Sir Andrew Snape Hammond devant la chambre des Communes; & je 1'ai citée dans une des remarques lüivantcs. Page 47. Au milieu de la vidoire 1'ardeur des troupes fut arrêttée tout a coup. Je fuppofe que 1'Auteur fait ici allufion k ma conduite prés des lignes de Brooklyn le 27 Aoüt 1776. 'Comme la chofe a fubi un examen rigide dans la chambre des Communes,j'alléguerai de bonnc foi les témoignagcs rendus fur ce fujet. Examen du COMTE CORNWALLIS. Queftion. „ Votre Seigneurie a t-elle vu les lig„ nes de 1'Ennemi k Brooklyn , durant 1'action du „ 11 Aoüt 1776 ?" Réponfe. „ Je ne les ai pas vues ce jour Ik bien „ cxactcment; j'étais fur la gauche avec le fecond „ bataillon des Grenadiers, & je ne pouvais former „ aucun jugement."  ( 43 ) Queftion. „ D'après la connaiflance que vous eu„ tes de ces lignes après 1'aótion, aurait-il èté pru„ dent d'avoir attaqué ces ouvrages ce jour la ?" Réponfe. „ Je crois que cette queftion eft une „ affaire d'opinion,je n'ai ouï perfonne inünuer que „ ces lignes auraient pu être emportées d'affaut." Examen du 3me jour du MAJOR-GE NERAL K- O B E R T S O N; Queftion. „ D'après les circonftances de la pour„ fuite du 27 Aout & la maniere dont les Rébelles „ fe retirerent, penfez-vous que les lignes de Brook„ lyn euffent pu être emportées de force ?" Réponfe. „ II y avait une chaine de hauteurs „ qui nous féparaient des Rébelles; ils en étaient „ en pofleffion & il eüt été bien difficile de les for„ eer : le Général Howe, faifant une marche pen„ dant la nuit, furmonta les plus grandes difRcul„ tés; nous approchamesdu camp des Rébelles,fans „ qu'ils nous euffent appergus. Le Général iHowe „ fe mit lui-même a la tête des troupes & fit une „ attaque entre les hauteurs & les lignes des Ré„ belles; ce mouvement fit tomber dans nos mains ,, deux mille hommes qui furent faits prifonniers. „ II y en eut parmi les troupes qui s'avanyaient  ( 44 ) „ déja pour forcer les lignes; le Général Howe ju„ gea a propos de leur ordonner de rebroufler en. „ arriere." Queftion. „ Pcnfez-vous, d'après la maniere avec „ laquelle les Rébelles s'enfuirent dans les lignes » „ oü une partie de notre armée les pourfuivait, „ que fi nos troupes n'eufient pas étérapelées,ellcs euffent emporté les lignes d'affaut ? " Réponfe. „ Je ne connaifiais pas la force de ces lignes. Je ne crois pas même que ie Général Ho„ we la connüt alors. On m'a dit depuis que ces „ lignes étaient faibles & que Putnam, qui y com„ mandait fept mille hommes,les avait tous, a la rcfervc de trois cens,envoyé vers les hauteurs: „ mais cette circonftance n'était alors connue de perfonne; il n'était pas poffible que le Général „ Howe en eüt connaiflance, je ne penfais pas moi„ même alors qu'il eüt été expédient de forcer les „ lignes." Queftion. „ Savez-vousfi Sir William Howe eut „ foin de fuivre les ennemis, auffitót qu'il fut in„ formé qu'ils évacuaient les lignes ? " Réponfe. ,, Sir William Howe était toujours en „ action. J'envoyai mon Aide de Camp aux quar„ tiers Généraux pour donner avis que ma brigade „ était prête a marcher; il m'apprit, en revenant, „ que Sir William Howe était, comme je le foupcon„ nai, déja forti pour conduirc une partie de Par„ mée." Queftion, „ Sur quoi fondez-vous votre opinion  ( 45 ) „ que Sir William Howe ne pouvait juger des for„ ces des lignes de 1'Ennemi le 27 Aoüt?" Réponfe. „ Je marchai a la tête de ma brigade, ,, vers une place prés des lignes de 1'Enncmi; jc „ m'emparai d'un pofte oü je penfai que je pourrai „ mieux les voir, fans laiffer loin ma brigade; il me „ fut impoffible de juger des forces des Ennemis „ d'aucune des places d'oü je pouvais les voir : ce„ la me fit défirer que les Grenadiers n'avangas„ fent pas; & je fus charmé d'imaginer que mes „ idéés s'accordaient avec celles de Sir William Ho„ we;je préfumai que le Général ne fit rapeler les „ troupes que parcequ'il ne pouvait fe former une „ idee jufte de la force des lignes." Page 48. A Brunswyk , au mois de Décembre 1776, Lord Cornwallis était aux trouffes de 1'Ennemi. —- Ils ne fe fauverent que de quelques heurcs & même en rompanc un pont fur le Rariton. Ik durent enfuite leur fa- lut aux ordres que donna ce Lord de faire halte a Brunswyk. Le Rariton eft guéable dans ce lieu, toutes les fois qua la marée fe retire; — Et fi le noble Général avait eu U liberté d'agir a fon gré, il eüt, fans doute, pu pourfuivre les Ennemis affaiblis & frappés de terreur jufqu'a la Delaware qu'ils n'auraient jamais pu traverfer fans tomber entre fes mains. Pour répondre a ces affertions, je crois qu'il fuffira d'expofer le témoignage rendu par le Corate Cornwallis.  4 C 46 ) Queftion. „ Eüt-il e'té prudent de pourfuivre „ les Ennemis de Brunswyk avec ce Detachement „ de vos troupes, qui, le premier, atteignit cette ,, place?" Réponfe, ,, Comme ma conduite en Amérique ,-, n'entre aucunement dans 1'examcn prefent, jc ne ,, me crois certainement pas obligéderendre actuel„ lement a cette Chambre compte de mes actions. „ C'eftunpureffetdema bonnevolonté qu'il me plai„ fede déclarcra préfent que je n'avais aucun joura „ gagner un avantage important, que je ne pouvais „ même pourfuivre les ennemis fans expofcr a des ,, inconvéniens confidérables les troupes que j'avais ,, fous mon commandement." Queftion. „ Comment la pourfuite de 1'Ennemi ,, depuis Brunswyk aurait-elle occafionné des |n„ convéniens pour les troupes que vous comman„ diez ?" Réponfe. „ Nous arrivames a Brunswyk la nuit „ du ier Decembre. Nous avions ce jour la fait „ une marche de vingt milles, a travers des routes „ extrêmement mauvaifes. Nous ne fubfiftions que „ des ferines que nous trouvions dans la Campagne: „ & comme les troupes avaient été dans des mar„ ches continuelles, même depuis leur première „ entréedans les Jerfeys,elles n'avaient pas le tems „ d'apprêter cette farine : les chevaux d'artilleric „ & ceux du bagage de 1'armée étaient dans le dcr„ nier épuifement, ce qui prouve fuffilammcnt que „ nous n'étions gueres cn état d'entrcprcndre une  ( 47 ) „ longue marche. Le pont du Rariton était rom„ pu , ce que occafionna néceflairement un délai „ d'un jour. Si les Ennemis n'avaient pu palier a „ Trenton, ils auraient marché le long de la cöte „ Oriëntale de la Delaware. Tout ce que j'ai dit, „ prouve , je penfe,aflez que nous ne pouvionsre„ tirer des avantages confidérables de cette pour„ fuite." Queftion. „ Les troupes que commandait votre ,. Seigneurie étaient-elles en état de marcher avant ,, le 6 du mois ? " Réponfe. „ Les troupes étaient,fans doute, en ,, état de marcher alors." Queftion. „ Puifque les troupes étaient en état „ de marcher avant le 6, quel obftacle vous empê„ cha donc de pourfuivre votre marche de Bruns„ wyk ?" Réponfe. „ Comme 1'Enncmi avait tant d'avan„ cc fur nous , je ne vöis pas qu'il y eüt des raifons „ importantes pour nous détcrminer a cette mar„ che. Nous avions 'befoin de renforts, afin delais„ fer des troupes de communication entre Bruns„ wyk & Amboy. II était donc néceffaire de faire „ attehtion a un detachement confidérable de trou„ pes qui paiïait alors la riviere du Nord fous le „ Général Lee." Queftion. „ Aviez vous des ordres pour vous ar„ rêtteraBrunswyk,depuis le premier jufqu'au6?" Réponfe. „ Je favais que les vues du Général * étaient qu'on fit halte a Brunswyk j mais fi j'avais  C 48 ) „ vu jour a frapper un coup important, en allant „ plus avant, j'aurais certainement, pris fur moi „ de 1'entreprendre." Page 48. L'Armée Britannique s'arrêta prés d'une femaine a Brunswyk. Celle de Washington, compofée de trois mille hommes, était a Prince-Town a dix-fept milles de la & tous fes gros Canons & fon bagage étaient a Trenton fur la Delaware a vingt neuf milles de la. Le Comte Cornwallis vient d'expofer ci-deiTus les raifons de faire halte a Brunswyk. Les forces de Washington confiitaient alors en fix mille hommes, fans y comprendre le détachement de quatre mille hommes commandé par Lee. Washington ne perdit pas un moment: il fit palTer le plus promptement qu'il lui fut pofiible, fon artillerie & fon bagage fur la Delaware a Trenton, avant que nous pufïïons fortir de Brunswyk. II fit auffl pofter unc partie de fes troupes, laiflant un corps fur la rive Oriëntale, afin d'obferver nos mouvemens. Page 46. L'Armée quitta Brunswyk le 7 Décembre 1 quatre heur'es du matin & arriva 1'après midi vers «la méme heure a Prince-Town. Les troupes fur la Colomne gauche n'arriverent dans leurs cantonnemens le foir de la marche vers Prince-Town, que lorfqu'il failait obscur; & celles de la Colomne droite que quelques heures dans la nuit.  C 49 ) huït. Lê Comte Cornwallis , pour n'embaraffef ili rnarche que Ie moins poffible, laiiïa fes tences der-* ïiere lui* Page 49. II refta dix-fept heures a Prince-Town , marcha Ie 8me a neuf heures du matin,& il arriva aTren» ton a quatre heures Paprès midi. Ce qui fut caufe qu'on ne fe mit pas en marchti de meilleure heure le lendemain, c'eft que les Ennemis avaient rompu un pont qu'on ne pouvait plutót réparer & mettre en état pour le paifage dë PartillcriCi Page 50. Tout le monde attendait qu'il paflerait cette riviere (la DelaWarÈ) vu qu'il eft facile de la tra* verfer & que ce paffage aurait été fulvi des plus grands avantages. . A cela il me fuffira d'oppofer encore les própreS paroles du Comte Cornwallis. Queftion. „ Fit-on quelques mouvemens afin de „ pourfuivre de 1'Ennemi a Trenton , dans le deffeiri „ de traverfer alors la Delaware ?" Réponfe^ ., Lanuitque le Général arriva a Tren., ton il me fit partir de Maidenhead pour avan., eer av c un détachement confidérable a Coreil's,, Ferry, oü les mcfures antéricures qu'il avait pri„ les nous avaient fait concevoir 1'efpérance de trouH ver des bateaux pour traverfer la riviere. Notre D  ( 5o ) Iji attente fut trompée, & nous ne trouvames point de bateaux." Queftion. „ Ce projet de traverfer la Delaware ,, était-il facile a exécuter alors? " Réponfe. ,, Comme la ; Delaware n'eft pas guéa,, blo & que nous ne pouvions nous procurer des bi» teaux, il était, comme je 1'ai dit, impoiTible dé la traverfer." Page 51. Le Général ayant réfolu de ne point traverfer la Delaware, commenca a former fes cantonnemens d'hiver. Dans cette occafion il ne montra pas plus dé talens militaires, qu'il n'atait mofitré de vigueur a pourfuivre 1'Ennemi. II disperfa, il étendit fes cantonnemens depuis Barlington, jufqu'a New-York, dans un efpace d'enviröri quatre-vingt-dix milles, divifant fes forces en petits partis détachés, qu'il eüt eté facile a 1'Ennemi d'intercepter & de couper f'un apfès 1'autre. Mais cela ne fut pas ce qu'il y eut de plus reprochable dans fa conduite. Ces poftes avancés ou ceux qui étaient les plus proches de 1'Ennemi furent confiés a des étrangers qui ri'entendaient pas le langagë du pays. J'ai parlé fuffifamment de cette accufation dans ic compte rendu, mais pour me juftifier encore mieux, je vais ajouter ici 1c témoignage du -Comte Cornwallis, Queftion. „ Croyez-vous avoir des raifons de „ penfer que Sir William Howe pouvait fe juftifier „ d'avoir enfermé Trenton dans une chaine de can„ tonnemens & d'y avoir pofté ainii qu'a Borden„ Town les troupes Heffoifes avec le 42 Régi-  C Si ) 9, ment fous le commandement du Colonel Do„ nop ? » Réponfc. „ C'eft encore ici une affaire d'opi» llion '■> je ta range au nombre des queftions aux„ quelles je ne me crois pas obligé de répondre; t, mais comme je penfeque ce fut moi qui donnaila », première idéé au Général d'enfermer Trenton & «., Bordentown dans une cbaine de cantonnemens, m je crois qui mon honneur eft intéreifé k ce que „ je réponde a cette queftion." „ L'avantage qui devait naturellement réfulterdc t, tenir une fi grande partie des Jerfeys: les grands „ encouragemens que nous rencontiimes parmi les * habitans, dont deux ou trois eens vinrent k nous „ au moins pendant dix jours pour prêter ferment, „ les grands avantages que nous aurions retirés en „ nous procurant du fourage & des provifions, me „ firent juger qu'ilferait apropos de rifquer un can, „ tonnement fi étendu. La prudence humaine ne , „ pouvait prévoir que la Brigade de Colonel Rhall ,, aurait le malheur dc fe rendre. Je ne craignais i „ aucun danger que celui d'avoir nos quartiers bat,„ tus pendant l'hiver; & fuivant mon idéé il était L plus important de s'attacher a terminer la guerre ,,, que d'obtenir deux ou trois viétoires. Quant a ,„ ce que le Général dit fur la pofition donnée aux ., Heffois a la^gauche de ces cantonnemens, je fuis „ obligé d'avouer que j'ai toujours eu &que j'aurai „ toujours la plus haute opinionde ces braves trou„ pes. Lc revers qu'elfes éprouverent k Trenton n® D 3  ( 52 ) „ fut que 1'effet de 1'imprudcnce & de ia négligen^ ce de 1'officier Commandant. Dans toutes les autres occafions, ces troupes fe font toujours con- „ duites 6c, j'öfe le dire, fe t conduiront toujours, avec le plus grand courage. La conduite de cette „ même Brigade du Colonel Rhall, a 1'attaque du ,, fort Washington, fit 1'admiration de' toute 1'armée. J'ajouterai a cela le témoignage de SirGeorgeOsborne a qui 1'on demandai, „ fi jamais il entendit le „ Colonel Donop expliqucr fon fentiment touchant ., le pofte de Trenton?" II répondit cn ces termes. ,, En conféquence des relations que ma place me „ donnait dans les troupes HeiToifes, j'avais lié a„ mitié avec le ColoneHDonop; &fouvent, après „ le malheur arrivé a Trenton, il ne pouvait s'em„ pêcher de me dire que, fi le Colonel Rhall eüt ,, executé les ordres dont-il 1'avait chargé de la part de Sir William Howe, en érigeartt des redoutes „ au poste de Trenton, jamais on n'aurait pu, fui„ vant lui, forcer la Brigade du Colonel Rhall, a., vant qu'il eüt pu venir, lui-même ,a fon fecours ,, de Bordcntown." Page f9. Lefquelles (favoir toutes les forces de Washington) n'étaient pas moins alors de 4000. Washington, ayant été joint par le détachemen-c commandé par Lee, n'eut jamais moins d'environ S,ooo hommetf.  ( 53 ) Page 6l. Iln'ouvrit pas la Campagne avant le 12 de juin. J'ai répondu ci dcflus a eet article. Page 61. Ce jour la (12 Juin) le Général Britannique aflémbla fes troupes a Brunswyk. Washington était campé fur une éminence au deflus de Quibble-Town, a neuf milles environ de cette place, fur la rive feptentrionale du Rariton , avec moins de fix mille hommes de troupes fans difcipline & en mauvais état; le Général Sullivan avait encore un.détachement de deux mille hommes a Prince-Town, & c'étaientla toutesleurs forces. D'après les informations que j'eus alors, & fur la vérité defquellcs je n'ai, depuis, eu aucune raifon de douter, Washington n'avait gueres moins dedix mille hommes dans fon camp fur la hautcur au desfus de Quibble-Town. Page 61. Son Camp a Quibble-Town était bien loia d'être inacceffible ou fortifié. II était fort & facile a défendre en front, parcequ'il était gardé par le Kanton, & que 1'éminence.était efearpée & de difficile acces: mais a fon arriere-garde, derrière les montagnes, ou a fa droite, vers la Delaware, on pouvait trés bien tenter 1'attaque. Son Camp était en total d'un auffi difficile accès a 1'arriere-garde qu'en front-, Et, d'après toutes les informations que jc pus me procurer, une attaque* fur fon cótédroit, eüt encore été beaucoup plus. . hazardcux. Dj  ( 54 ) Page 62, Ces circonftances montraient clairement a Washington que Sir William Howe n'avait pas intention de traverfer la Delaware, & qu'il n'était pas jaloux d'engager une action. Le Général Washington fut induit a croire que mon intention était dc 1'attaquer, & s'il n'eüt pas compté aufïï parfaitement fur la force de fon pofte, il n'y aurait pas rcfté longtems. Page 63, Sir William Howe,avec dix-fept millehommes, était en Campagne, en préfence de fon méprifable Ennemi. Je quittai Brunswyk avec environ onze mille combattans. Comme il était néccflèirc de laiffer les postes d'Amboy & de Brunswyk dans un état particulier de défenfc, on y mit environ trois a quatre mille honfrnes. j'ai déja fait une mention particuliere de cette circonftance dans mon compte rendu. Page 66. Note. Cette note eft une critiquc fur la variation de mes plans. Sqns doute que j'adoptai ou changcai tour a tour ds plan, fuivant les circonftances. La variation des circonftances & la variation de mes plans font expofées dans mon récit fi amplemcnt qu'il ferait inutile dc s'étendrc en disculfions ultéricurcs. P3ge 68 a 6o,  ( 55 ) L'Auteur adoptc ici les argumens vulgair.es contre 1'expédicion dans la Baye de Chefapeak. Si ce que j'ai dit dans mon récit fur eet article ne fuffit pas encore, je vais ajouter letémoignage de Sir Andrew Snape Hammond: il eft fr^omplet, fi clair & fi concluanc que, felon moi, il eft impofiible a toute perfonne impartiale dc douter aucunementque cette route n'ait été la meilleure. Onze Mars 1779. Committé pour confidérer les différens papiers qui furent préfentés a la chambre par Mr. Grey,le 19 du mois de Mars paffé,conformémental'Adrefle faite a fa Majefté. Mr. Frederick Montague assis. Sir Andrew Snape Hammond fut appellé & examiné par Sir William & Lord Howe. Queftion. „ Avez-vous fervi dans 1'Efcadre com,, mandéepar Lord Howe,dans 1'Amérique fepten„ trionale, en 1777 ?" Réponfe. ,, Oui, je cdmmandai une escadre dé„ tachée fur les cótes de la Delaware & de la Vir5, ginie, un an & demi, excepté dans quelques in„ tervalles antérieurs a cette époque." Queftion. „ Avez-vous été employé a c&mman„ der un détachement de Frégates,pour veiller fur les mouvemens de Rébelles fur la Delaware, plu„ fieurs mois avant 1'arrivée de la flotte Britamü-. D 4  ( 50 ) „ que,a la hautcur de 1'embouchure de cette rivle„ re, le 33 Juilliet 1777 ?" Réponfe. „ J'étais employé dans cette partie du fervice plufieurs mois auparavant." Queftion. „ComWen dc vaifleaux &d'autres bati„ mens croyez-vous que contenait cette flotte : je „ veux parlcr dc la flotte Britannique qui parut a la „ hauteur de la Delaware ? " Réponfe. „ Deux eens cinquante voiles." Qneftion. „ La navigation dc la Delaware était„ elle difficile & périlleufe,a raifon des bancs de fa„ ble & de la rapidité des marécs ?" Réponfe. „ Oui certainement. Jencconnais point de riviere dont la navigation foit aufii difficile," Queftion. ,, Etait-clle encore moins praticable „ pour le prompt paflagc des grands vaifleaux dc „ guerre ?" Réponfc. ,, Les grands vaifleaux de guerre ne „ peuvent la navigucr que dans certains endroits & „ a des tems particuliers de la maree." Queftion. „ Quelle compte rendites-vous alLord „ Howe le 30 Juilliet, fur la pofition des Ennemis fur la riviere dc la Delaware ?" Réponfe. „ Le oompte que jc puis me fouvenir „ d'avoir rendu ce jour la a Lord Howe était que „ j'avais regu avis lc jour auparavant,que le Géné„ ral Washington avait travcrré.la Delaware &qu'il j, marchait de Philadelphie a Wilmington." Queftion. „ Qu'avcz-vous penfé de la nature des cytes de Penfylvanie, rélativcinenc h la facilitc de.  C 57 ) „ communiquer avec les parties intérieurcs du pays „ jufqu'au Reedy-Island ?" Réponfe. „ La cöte de la Delaware du Cap Hin„ lopen jufqu'au Reedy-Island elt partout un ter„ rein bas &marécageux, rcmpli de criques,& ne ,, communiquant avec le pays élevéjque par des chaus„ fées." Queftion. „ Quellc était la nature de la riviere ,, du mêmecöté,depuis leReedy-Island jufqu'a New,, Caftle ?" Réponfe. „ Dans quelques endroits, elle était ,, marécageufc,i! y avait dans d'autres quelques pla„ ces commcdes pour la defcente." Queftion. „ Quelle étenduc de débarquement penfez-vous que la flotte eüt occupé dans une „ partie du Canal navigable de la Delaware, depuis , le Reedy-Island jufqu'a Chefter ?" Réponfe. „ La principale partie du Canal de la „ riviere eft fi étroite, jufqu'a ce qu'on ait paffe ., Wilmington, ou plütöt jufqu'au de la de New„ Caftle,; que je penfe qu'il ne faudrait pas moins .„ de quatre milles, & peut être plus." Queftion. „ A quelle diftance faudrait-il que les „ navires & autres batimens fe tinflent de la rive, ,, dans une pareille descente ?" Réponfe. „ A une portée de fufil des deux ri„ ves,aune portée de canon dans toutes les places, & dans quelques endroits a la portée du moiis» quet,» O 5  ( 5* ) Queftion. „ Combien les marées de la Pela\y*> re font-elles de milles en un hcure?" Réponfe. „ Environ trois ou quatre." Queftion. „ Qu'entendez-vous par la Garde- d'eau que les Rébelles avaient pourvue , pour ob- ftruer la navigation de la riviere, c'clt-k-dire tou- te la force dc la riviere?" Réponfe. ,, II y avait deux frégates k Philadel- phic, qui n'étaient pas compietes cn nombre d'hommes. Au Mud-Island oü était lefort, ily ;, avait un vaiffcau appellé le Province Snip, monté, 3, de dis-huil canons dedix-huit livres; La Frégate. ,, la Delaware de vingt-huit canons, de douze; Deux Chebecks, ayant chacunc deux canons de 14 a ., leur avant, deux de 18 k la poupe, & chacun ,, quatre de 9 au milieu — un Brigantin monté de fix canons de ïz. Deux Batteriesflottantes, „ 1'une de douzccanons.de 18 , 1'autre de 10; ces „ canons étaient mobiles des deux cötés — Treize galeres a rames, ayant chacune un canon depuis 18 ,. jufqu'a trentc deux livres —Trente fixbarques k rame ou demi-galeres ayant chacune un canon ou ,, de6 oude 4.— Jcpenfe qu'il n'y avaitrien autre, excepté vingt-cinq a trente deux radeaux- k-feu, ,, chacun compofé de cinq étages Hés enfemble." Queftion. „ Trouvates vous enfuite que votre „ compte au fujet de la Garde-d'eau était bien fon»-, dé .?" . Réponfe. „ J'ai vu le tout par moi-même." Queftion. „ Les bateaux attachés aux vaifleaux  ( 59 ) c[e guerre, étaient-ils d'une conftruction & d'une force, propres a réfifter k leur Garde-d'eau pendant le fervice de nuit ? " Réponfe. ,, Certainement non." Queftion. „ Les petitsbatimens armés de la flotte, étaient-ils propres k eet objet, en exceptant. la Galere Cornwallis ? " Réponfe. „ Point du tout." EXAMEN fait par les autres membres. Queftion. „ Quelle eft la nature de la rive au dcffus du Reedy-Island & au deflbus de Wilmington, relativement k la fituation plate du pays Oc, k la facilité de couvrir une defcente par les vaisfeaux ?" Réponfe. „J'ai dit auparavant que la rive entre le Reedy-Island & New-Caftle eft marécageufe en quelques lieux & qu'il y a des endroits oü 1'on peut débarquer au deffus de New-Caftle jufqu'a la crique dc Wilmington." Queftion. „ L'armée eüt - elle pu débarquer, ou k New-Caftle, ou dans quelques parties de la rive occidentale de la Delaware entre New-Caftle & le Reedy-Island ? " Réponfe. „ Une armée peut defcendre partout oü elle ne rencontre aucune oppofition." Queftion. „ Penfcz-vous que dans le tems oü  ( ée ) „ vous renditcs compte, la pofition des Rébelles. „ était telle, qu'ils auraient pu faire une oppofi- tion, de fagon a empêcher ladcfcente de nostrou„ pes, foutenues par la flotte?" Réponfe. „ Voila une queftion a laquelle il m'eft ,, impoflible de répondre; il aurait fallu que j'eufle ,, connu les forces qui fe feraientj probablcment qp„ pofées a nous." Queftion. ,, A combien penferiez-vous que ces „ forces pourraient être poru'es ?" Réponfe. ,, D'après les meilleures informations „ je fus que le Général Washington était dans la „ Campagne avec toute fon armée." Queftion. „ Dansqucllc partie de Ia Campagne?"^ Réponfe. ,, On me dit que c'était a Wilming„ ton." Queftion. „ Yu la fituation dc Wilmington re„ lativement a New-Caftle, aurait-on pu employcr des troupes poftées'a Wilmington pour empêcher ,, une defcente a New-Caftle ouaudeflbus dc New„ Caftle?" Réponfe. „ Jc penfe que 1'armée Rébelle aurait „ marché vers 1'endroit oü 1'arméc Britannique au,, raitvoulu débarquer; jc ne crois pas que 1'armée ,, Rébelle fut dans 1'intcntion de refter poftée ii „ Wilmington." Queftion. ,, Pcnfez-vous que les troupes Rébel„ les auraient pu s'emparer dc Ncw-Caft!c, fi elles ,, s'y étaient renducs?"  Réponfe. „ II ft'y ajqu'un officier de terre qui , puifle répondre a cette queftion." Queftion. „ Croyez-vous a préfent que les trou, pes Rébelles étaient a Wilmington oujpres de , la ?" Réponre. „ D'après les ouvrages que j'ai vus a. , Wilmington, j'ai raifon depenferque 1'armée des , Rébelles y était alors le 30 Juilliet."j Queftion. „ Savez-vous qu'il y a une grande rou, te a 1'Occident qui conduit de New-Caftle a la , tête de Elk?" Réponfe. „ Je 1'ai ouï dire." Queftion. „ Penfez-vous qu'on eüt pu empêcher , 1'armée Rébelle de prendre fa marche de la tête „ de Elk, de la maniere qu'ils 1'auraient fait fe, Ion vous, pour marcher de Wilmington a New, Caftle ?" Réponfc. „ J'ai peu de connaiffance fur la mar, che des amices." Queftion. „ Quelle eft Ia diftance de New-Caftle „ ala tête de Elk?" Réponfe. „ La carte indique dix-fept milles." Queftion. ,, Quelle eft la diftance par mer du , Cap Hinlopen a la tête de Elk?" Réponfe. „ D'environ trois eens cinquante mi lies." Queftion. „ N'y a-t-il pas bien des difficultés „ pour naviguer a la tête de Elk ?" Réponfe. „ II y a quelques difficultés; mais Ia navigation de Chefapeak eft, en général, extrê,, mement facile."  ( 62 f Queftion. „ Quelle eft la diftance du Reedy-ïs* 5, land a New-Caftle ?" Réponfe. „ De cinq ou fix milles." Queftion. «, La flotte n'aurait-elte pu ancrer cri „ sdreté au deifous du Reedy-Island, ;a peu de dj.„ ftunce du Reedy-Island ?" Réponfe. „ II n'y a pas une partie de la Dela„ ware entre les bancs deSable,oü elle eüt pu s'ar„ rótter, fans être expofée aux radeaux-a-fcu." Queftion. „ La flotte, en retournant a Ia Dela„ ware, n'etait-ellc pas nécefliürcinent expofée aux „ brülots ? " Réponfc. „ Quand la flotte arriva de Chefapeak, „ les vaifleaux vinrent par détachemens, & nous „ étions cn polfeflion des Chevaux de Frife de 1'En„ nemi depuis le Reedy-Island." Queftion. „ A quelle diftance du Reedy-Island „ étaient les Chevaux de Frife?" Réponfe. „ A environ dix-huit a vingt milles." Queftion. „ La flotte n'aurait-elle pu aller par „ détachemens le 30 Juilliet & au commcncemcnc „ d'Aout?" Réponfe. „ Cela dépend de la manicre dont 1'OL „ ficicr commandant jugerait a propos dc les con„ duirc." Queftion. „ Quand vous rendites votre compte „ le co Juilliet, a bord de 1'aigle, exposkes - vous „ ce que vous laviez relativement a Wilmington, „ comme une raifon propre a engager le CommaJ '„ dant en chef de monter la Delaware ?»  C é3 ) Réponfc. „ Jc n'avais d'autre motif que de ni-ae,, quttter de mon devoir & d'expofcr particulieremcnt ,, au Commandant en chef toutes les inforaiations ,, que j'avais recucillies." Queftion. „ N'y eüt-il pas d'autres informations „ données dans le même tems?" Réponfe. „ Je ne m'en rapelle aucune." Queftion. ,, Pour quelle raifon croyez-vous que „ le Commandant en chef fe rendit a Chefapeak, au lieu d'aller k la Delaware?" Réponfe; „ Comme on ne me donna pas des rai„ fons qui fuflent pubiiqucs,je penfe quelaCham„ bre nc trouvera pas mauvais que j'évite de m'ex- pliquer fur les raifons particulieres qui me furent Communiquées." Queftion. „ Quelle eft la largeur de la riviere „ oppofée k New-Caftle ? "' Réponfe. ,, La largeur de la riviere qui eft visj, k-vis New-Caftle eft d'environ trois milles." Queftion. „ Quelle eft la largeur du Canal navi,, gable dans cette place ?'' Réponfe. „ Elle eft dans eet endroit d'environ ,, deux milles, & plus bas beaucoup plus étroite." Queftion. „ Quelle eft fa largeur dans les en„ droits les plus étroits du bas, entre les bancs de „ Pickpat & le fort Penn ?" Réponfe. „ Dans les lieux les plus étroits, iln'y „ a pas plus d'un demi mille d'un banc k 1'autre." Queftion. „ Depuis le 30 Juilliet, combien dc }J jours la flotte aurait-elle employés pour renir  ( 64 ) ,. a 1'ancre devant le Reedy-Island, de maniere k J5 pouvoir débarquer les troupes?" Réponfe. „ Comme la chofe dépend entierement ,, des vents, il elf impofiible de répondre directe* ment; mais je croirais qu'il ne faudrait pas moins dc quatre ou cinq jours." Queftion. „ Et combien, en fuppofant un vent „ favorable ?" Réponfe. „ Trois ou quatre jours avec un vent „ favorable." Queftion. . „ Toute la flotte, vaifleaux de guerre ,, & transports?" Réponfe. „ J'ai déja dit, auparavant, que les „ Vaifleaux de guerre ne pouvaient pafler qu'a tra„ vers certains barics, a des tems particulicrs de la „ maréc." Queftion „ Penfez-Vousqueles forces navalesde „ 1'Ennemi auraient été le plus grand obftacle au „ débarquement des troupes au deifus du Reedy„ Island ?" Réponfc. „ Oui jc lc penfe. Les galeres a rames „ furtout font conftruites de fagon a naviguer dans „ les eaux les plus bafiès. Elles pourraient fe tenir „ fur les bas-fonds dc la riviere, a des diftances oü „ le canon des Vaifleaux ne pourrait les atteindre." Queftion. „ Le canon des Vaifleaux n'aurait-ii ,, pu portcr fur 1'angle de New-Cafü.e ?" Réponfe. „ Oui certainement." Queftion. ,, Connaiflcz-vous la riviere St. Lau„ rent •, favez-vous combien elle coule de noeuds au teras de la Maréc ?", Ré--  ( 65 ) Reponfé. ,, Jé n'y ai jamais été.'5 Queftion. „ N'avez-vous jamais été inftruit pat ,, des avis fidétes, combien elle cöule de noeuds?'' Réponfe. „ J*af appris que la marée y était ra,, pidc. mais je ri'ai jamais fti d'une maniere pofij, tivc a quël dégrë. " Queftion. „ Croyez-voüs que la riviere St. Laü,, rént foit aüffi rapide que la Delaware ? " Répönfe, ^ Jé ne puis en parler avec cértitude.^ Queftion. „ Savez-vous avec quelle rapidité 1'Hurrt ber coule dans les tems de marée ?"' Répönfe. „ je nè le fais pas.'* Queftion. ,, Connaiffez vous la Severrte ?"' Réponfe. „ Je ne la connais pas," Queftiort. h Diriez-voüs qu'une marée qui coulé trois nöeuds&demi dans tinë heure eft rapide ?" Réponfe. „ Cé ferait j felon moi, une marée trés rapide." Queftion. ,-, N'avez-vöus pas apprisqüe la riviere St. Laurent coule dix noeuds en une heure." Répönfé. „ Je rie 1'ai jamais fu." Queftion. „ La rapidite de la marée St la' largeur $, de la riviere ne font-elles pas une grande diffé,, rence dans fe danger a cr'aindfe des radeaux k „ feu ?" Réponfe. ,, Je penferais que plus la marée [eft 9, rapide, plus le danger des radeaux a' feu eft grand, fi le Canal eft le même." Queftion. „ Les radeaux a feu ri'auraient - ils pcs j, fiotté fuf quelque partie de cette largeur de iróisi  ( 60 ) «, miiles, clans une haute matte ou dans Une msw ree de trois quarts ? " Réponfe. „ Ils auraient certaincment flotté dans „ tous les endroits de la riviere vis-a-vis New-Cas,, tic; mais comme ils n'étaient conduits que par les „ galeres, il eft a préfumer qu'on n'en aurait fait „ ufage que dans le Canal." Queftion. „ Ayant dit que les fregat es pour„ raient avancer affez pour que leur canon portat k „ 1'angle deNew-Caitle»,fijledébarquementdestrou„ pes eüt été tenté fous les frégatcs ,• & les frégates „ étant'rangées autour pour les protéger, les galey, res de 1'Ennemi fe feraient-ellcs avanturées fous „ le feu des frégates ? " Réponfe. ,, Les forces navales de 1'Ennemi étaient „ conftruitcs de fagon a faire feu dans le courant de ,, la marée; la marée était trop rapide pour que j, les vaifleaux de guerre puffent naviguer dans ,, tous les. fens. Jc m'étais d'abord appergu 3) que les galcrcs étaient fort incommodées fans qu'il fut beaucoup cn mon pouvoir de leur cau, fer du mal; & je congois ,cn conféquence, que fi „ on les avaitaugmentéesdepuis la dernierc foisque „ j'avais été dans la riviere, on n'aurait furement „ pas été négligent dans un article d'une aufii , grande importancc." Queftion. „ Les galeres s'avanturerent-elles ja„ mais k la portée de vos canons, affez prés pour ,. engager 1'aétion ? " Réponfe. „Oui, k la portée d'un feu direct."  ( 67 ) Queftion. „ Eurent-eUes aucun engagement ave6 vous ?" Réponfe. „ Elles eurent deux engagemens avee „ moi, une fois pendant cinq heures,une autrefois „ pendant fix heures, deux jours diiTerens.*' Queftion, „ Quels jours cela arriva-t-il ?" Réponfe. „ Le fept & le huit du mois de May >, I77Ó. " Queftion. „ N'y avait-il que*des galeres ?oü s'y j, trouvait-il des frégates ?" Réponfe. „ II n'y avait que treize gaieres, ac* „ compagnées dc brülóts." Queftion. „ Quel mal cauferent-elles dans votre „ Vaifleau ?" Réponfe, „ Elles tuerent deux hommes, en bles„ fcrent fix, endommagerent confidérablement les ü mats & mirent tous les voiles hors d'état de :er„ vice." Queftion. „ Cela fe fit-il dans ces onze heures .. des deux engagemens de deux jours ?" Réponfe. „ Oui. J'ai parlé pour ce tems lk." Queftion. Quelles forces aviez-vous alors ? " Réponfe. „ Nous avions le Roebuck de 44 ca* „ hons, le Liverpool de 28, & deux alléges ar„ méés." Queftion. „ Etait-ce lk le dommage caufé k tous „ les vaifleaux, ou ne parlez-vous que du vótre ? " Réponfe. „ Ce que j'ai dit auparavant n'eft q\\9 pour le Roebuck." E 5.  ( 68 ) 'Queftion. „ Quel fut le dommage caufé aux au* „ tres Vaiifeaux?" Réponfe. „ Le Liverpool fut endommagé dans „ les mats & les voiles, plufieurs des gens a bord furent bleflcs; mais je ne me rappelle pas s'il y „ en eut de tués." Queftion. ,, Combien Lord Howe avait-il de fré„ gates le 30 Juilliet ? '' Réponfe ,, Trois autant que je puis me fap,, peller. II y en avait encore trois de plus, dans ,, la Delaware avec le Roebuck." Queftion. „ Combien de Vaifleaux de cinquante „ canons ?" Réponfe. „ Deux je penfe." Queftion. ,, Savez-vous le dommage que vöus ,, caufates aux galeres ? " Réponfe. „ Je n'en ai jamais ouï parler d'une ma„ niere pofitive; je crois aufli que nous ne leur fi- mes pas grand mal: elles étaient fi petites qu'il „ était difficile de les atteindrea la portée du ca„ non." Queftion. ,, Les galeres auraiertt-elles pu attein,, dre leur but &employer avec fuecès leurs radeaux „ a feu, fans venir a la portée du canon des fré„ gates ?" Réponfe. „ Quand les Rébelles mettaient le feu ,, a des fadeaiix-a-feu, leurs galeres ne les quittaient ,, jamais, qu'elles ne fuflent a demie portée du „ canon."  ( 69 ) Queftion. „ Quels Vaifleaux pouvez-vous dire „ que les Rébelles ont attaqué avec les radeaux/ft„ feu, & qucl cn a été L'cffet ?" Réponfe. „ Ils attaquercnt a dirieïcntes reprifes „ 1'Efcadrc que je commandais avec des radeaux-a„ feu: La première fois a la hauteur de Chefter, „ oü le canal a environ un tiers de mille de lar„ ge les Vaifleaux étaient alors a prendre des „ gens a bord, lorfque les Ennemis firent avanccr „ leurs radcaux-a-feu. Ils vinrent a demi portée du „ canon avant de mettre le feu aux radeaux:. ils fi„ rent en memc tems une décharge de .leurs gale„ rcs. — La marée était trés forte. — Les vais„ fcaux furent obligés de couper leurs cablcs, pour „ éviter les radeaux-a-feu, & pour fournir aux ba„ tcaux la facilité d'écarter ces radeaux. Quand les „ Vaifleaux eurent jetté, leur canon attcignit les „ galeres, ce qui les difperfa, & par ce moyenles „ bateaux eurent la facilité de poufler les radcaux,, a-feu fur le rivage; mais dans le même tems les „ Vaifleaux coururent grand rifque de toucher; ce „ fut un grand bonheur qu'ils échapperent a ce ,, dangcr." Queftion. „ N'avcz-vous pas dit que cela arriva „ dans un endroit oü le fleuve n'avait que le tiers „ d'un mille de large •, & qu'a New-Caftle il y a „ un canal navigable de deux milles ?" Réponfe. „ Oui je 1'ai dit. Ce que j'ai raconté, „ arriva a la hauteur de Cheftcr,oüil y a une Isle, „ direétement fituée vis a vis le lieu d'oü s'éten^ E 3  C 70 ) „ un bane de fable qui reflérre la largeur du Canal „ k un tiers de mille." Queftion. „ Avez-vous jamais vu quelque exem„ ple d'un radeau-k-feu, s%accrochant a un de nos „ Vaifleaux & y mettant le feu ? " Réponfe. „ Je n'en fais aucun. Les précautions „ qu'on prenait, l'ont toujours empêché." Queftion. „ Le noble Amiral n'aurait-il pas pu '„ également, par fa prudence & fon habileté, 1'em„ pécher a New-Caftle, fi la ;flotte fe fut avancée „ jufques lk, après le 30 de Juilliet ?" Réponfe. „ Si la flotte était arrivée toute entiere „ devant Wilmington, je penfe que les ennemis au„ raient regardé eet événement comme pouvant en. „ trainer de fi grandesconféquences,que, dans la „ nuit, ils auraient employé toutes leurs forces „ pour effecluer ce deflein; s'ils 1'avaient entrepris „ & s'ils euflent conduit leur expédition avec quel„ que courage, ils auraient sürement jetté la flotte s, danis une grande confufion, vu que nous n'avions „ aucunes fortes de bateaux pour faire face k leurs „ bateaux a trente fix rames & k leurs treize ga„ leres." Queftion. „ Si les frégates avaient été placJes au „ dehors autour des batimens employés k débarquer „ les troupes, comment les galeres & les barques k „ rames auraient-elles pafté les frégates; comment 3, même fe feraient-elles avanturées de les pafler v fuivant votre opinion ?" Réponfe. „ Comme les Ennemis étaient cn pos-  ( 7i ) „ fcfiion des deux rives oppofées,je penfe qu'il eüt été trés poflible aux galeres dc paffcr fous les fré„ gates & de toucr dans la flotte leurs radeaux- a,; feu." Queftion. „ Le fieuve étant confidéré comme ayant trois milies de large, quelle protection les ,, Rebelles, étant en pofleffion de la cötcOriëntale, , auraient-ils été en état de donner aux gaieres & ,, aux barques a rames, descendant le fieuve prés dc la rive occidentale, a trois milles de dillance, 5J ce qu'elles auraient fait néceffairement pour in,, quiéter nos troupes dans leur débarquement ?" Réponfe. „ Les galeres n'avaient befoin d'au„ cunc protection ducótédela rive; elles pouvaient „ aller dans tous les endroits & s'arrêter dans les eaux baffes jufqu'a ce qu'elles fuffent venues a „ bout de leur deffein; elle fe feraient alors reti,, rées dans quelques criques au deifus ou au des- fous, autant qu'il aurait convenu a leur dclTéin." Queftion. „ Les eaux baffes ne s'étendent-elles pas a 1'Elk du Canal oü nos Vaifleaux fe feraient „ placés pour couvrir le débarquement des trou- pes ?" Réponfe. ,, II y a des eaux bafles pirtout des ,, deux cótés, excepté a la ville de New-Caftle." Queftion. „ Ainfi comme il n'y a point d'eaux ., bafles a New-Caftle, les galeres qui feraient des,, cendues pour entrer dans les eaux bafles, a 1'clt ,, du Canal, auraient-e.les pu empêcher le débar.,, quement de nos trol pes, en dirigeant les raE 4  . ( 7? ) li deaux-a-feu contre elles ou d'une autre manicre Réponfe. „ Je nc penfe pas que les galeres fe fe„ raientarrêttées des deux cótés: on les aurait em„ ployées pour empêcher le débarquement fur la rive occidentale." Queftion. „ Les galeres auraient-elles alors réti„ ré quelque avancagc des eaux balies ? " Réponfe. „ Ccrtainement: J'ai fculement dit qu'il „ n'y avait point dc bas-fonds a New Caftle: il n'y a point d'eaux baffes au deffus ni au deffous." Queftion, „ Les galeres fe feraient-cllesarrêttées „ quelque part fous nos frégates a la rive Oriëntale ? n auraient-elles pu rendrp quelque fervice fans êr,re 3, expofées a notre feu ? " Réponfe. „ Oui tel eft mon fentiment. II y a n tant de paffages & de criques, au deffus & au ,, deffous de New-Caftle, que leurs galeres pou- vaient aller s'y placer ;& par 1'ayqntage d'un ma„ rais fort bas, faire beaucoup dc ravage avec lc a, canon,tandis que nos frégates n'auraicnt pu voir „ que leurs mats." Queftion. „ Le feu des frégates n'aurait - il pu j, porter fur la rive ? " Réponfe. „ J'ai déjq déclaré qu'il y a feulcmem une portée de canon d'une rive a l'autre,excepté s, jufteinent au deffus de New-Caftle. Queftion. „ Combien pres unc frégate de 36 H Wnprifi peut elle s'approcher du rivage vis k vis New-Caftle " Réponfe. „ Exüclemcnt auprès du quai." Que;,-  C 73 ) Queftion. ., Combien un Vaiffeau de 50 canons „ pourrak-il s'en approcher ?" Rcpo ife. „ A peu prés d'auffi prés." Quellion. ,, Sa\'ez-vous,flavant le 30 JuilUet,il „ y avait une bacterie de 1'Ennemi, montée le long de la riviere, au deffous de Billingsporc ?" Réponfe. „ Non. Je n'en ai rien fu." Queftion. „ Avez-vous fu s'il y avait quelque ,, corps! de troupes dans quelque endroit le long „ de la rive occidentale du fleuve ?" Réponfc. „ J'ai déja dit que j'avais appris par ,, des informations que le Général Washington était s, la avec fon armée." Queftion. „ Vos informations vous avaient elles „ appris quele Général Washington ou quelque par11 tic de fon armée étaient arrivés jufqu'a Wilming„ ton ? ' Réponfe. „ Les informations que je regu^ ve- narent de perfonnes qui ne m'avaient jamais trom„ pé :ainfi j'avais toutes les raifons de penfer qu'el- les étaient vraies. Les informations que je don„ nais a l'Amiral étaient que le Général Washing„ ton avait traverfé la Pclawarc avec fon armée & „ qu'il était allé prendre poste a Wilmington." Queftion. „ L'Ennemi avait il des gardes d'eau „ ou des défenfes a flot ou des défenfes a bord dans „ la Baye dc Chefapeak, quand la flotte remanta la „ riviere ? " Réponfe. ., 11 n'en avait point."  ( 74 > Queftion. „ Les Rébelles avaient-ils des troupes. „ poftées fur la rive ?" Réponfe. „ Aucunes que je fache." Queftion. „ Quelle eft la largeur du Canal na- vigable de la Delaware a New-Caftle ?" Réponfe. „ De prés de deux milles." Queftion. „ Je fuppofe qu'on eüt entrepris dG ,, débarquer a New-Caftle , les uns en bateaux, & „ d'autres a bord, & que les galeres a rames eus„ fent obligé les Vaifleaux de couper leurs cables „ pour évitcr les radeaux a feu , ou qu'elles euffent n cau(^ d'autres désordres dans la flotte avec ces ra„ deauxa feu; quelles auraient été les fuites de eet „ événement ?" Réponfe. „ Je penfe que les conféquences au;, raient été des plus funeftes: dans un Canal aufli „ étroit, il n'aurait pas été poflible a la flotte de ,, mettre a la voile pendant la nuk."-' Queftion. „ Cela n'aurait-il pas expofé la partie ,, des troupes débarquées k étrc coupéc ?" Réponfe. „ Cela aurait dépendu des forces ve„ nues pour les attaquen" Queftion. „ Quoiqu'il n'y ait pas dc battcries „ élevées, ne ferait-il pas au pouvoir d'un Enncmi „ pourvu de forces confidérables & de canon, de „ conduire les chofes de fagon a caufer beaucoup de ,, mal aux Vaifleaux dans une riviere ?" Réponfe. „ Oui certainement." Queftion. „ Prendriez-vous fdr vous, confidé„ rant toutes les circonftances que vous pouvicz ob-  ( 75 ) „ fcrve/-, d'indiquerla Delaware comme une riviere ,, propre au débarquement d'une armée, eü égard „ aux forces placées fur la rive & a la quantité des „ forces qui feraient fur la riviere ?" Réponfe. „ J'ai toujours été d'opinion qu'il fal- lait éviter de débarquer en préfence d'un ennemi, „ s'il était poflible de s'acquitter du fervice d'un ,, autre fagon." Queftion. „ N'y avait-il pas alors dans la Dela„ ware quelque chofe de particulier dans les cir,, conftances des chofes qui fit une exception dans „ cette régie générale en faveur d'une descentc?" Réponfe. „ Rien que j'aye fu," Queftion. „ Indépendamment des informations „ que vous regutes concernant 1'armce du Général Washington, avez-vous appris qu'il y eut dans , ce tems lii, d'autres troupes fur la rive Occiden„ tale de la Delaware ?" Réponfe. „ Je fus que la milicc appartenante a chacun des Comtés était postée la, & que, de ,; Cedar-Creelc au Reedy-Island, il n'était pas pos„ fible de faire débarquer un bateau, fans qu'il ac- courüt des hommes armés pour s'oppofer a la „ descente" Queftion. „ Avez vous quelques avis furie nom„ bre des troupes dont les miiices étaient alors compofécs fur la rive Occidentale de la Delaware ?" Réponfc. „ Les Régimens de milices étaient. „ dans tous les Comtés, généralement portés a  ( 70 ) „ 4 ou 500 hommes. II y avait, pour les com„ mander, un Brigadier - Général nommé Rod„ ney.» Queftion. „ Entendez vous par ces milices,cel„ les des Comtés inférieurs fur la Delaware .?» Réponfe. „ Oui." Qucltion. „ Combien y a-t-il du .Cap Hinlopen „ au Cap Charles, a 1'embouchure de la Baye de „ Chefapeak ? " Réponfe. „ Entre 140 & 150 milles." Queftion. „ Donnates-vous, le 30 Juilliet,votre „ avis & votre opinion a Lord Howe de laiffcr la „ Delaware & d'aller par la Baye de Chefapeak ?" Réponfe. „ Comme je ne fus jamais confulté pu„ bliquement , je ne donnai jamais d'avis publics." Queftion. „ Les difFérensobftacles que vous avez „ expofés contre le débarquement de 1'armée dans „ Ia Delaware, & le voyage de la flotte en remon„ tant la riviere, n'étaient-ils pas connus avant que „ Lord Howe arriva a 1'embouchurc de la Deiawa„ re, tous étant,a la réfervede 1'armée du Général „ Washington, cn marche vers Wilmington ?" Réponfe. „ Je n'informai jamais i'Amiral de ces „ fortes d'obftacles. Je ne puis dire s'il en cut „ connaiflance dc quelque autre part." Queftion. „ L'Amiral n'aurait-ii pu recevoir des „ informations complettes fur eet objet, avant qu'il „ mit a la voile de New-York ?" Réponfe. „ II 1'aurait certainement pu: je pen» fcrais méme qu'il en reguL."5  C 77 ) Queftion. „ Combien la flotte difiëra-t-ellé fa „ marche k la hauteur de la Delaware ?" Réponfe. „ Le delai ne fut pas de deux hëu„ res." Queftion. „ Quel Vent avicz-vous alors ? " Réponfe. „ Un vent du Nord. —>— Letemsa„ vait eté au fud peu auparavant. Levent du Nord „ venait juftement de s'élever." Queftion. ., Combien le vent du Nord dura t-il ?" Réponfe. ,, Jufqu'au foir du même jour & pas ,, plus longtems." Queftion, „ Quels font les vertts qui regnent „ le plus fréquemment fur la cóte vers la fin de „ Juilliet ? » Réponfe. ,,' C'eft le vent du Sud; mais fouvent „ aufli celui d'Oueft & de Nord-Oueft, furtout pen„ dant la nuit. Queftion. „ Quand VoUs parliez du dommage s, que 1'on aurait pu nous caufer par les radeaux-k„ feu, n'aviez-vous pas intention de parier feu,, lement de ce qu'ils auraient fait pendant la nuit?" Réponfe. Oui, c'eft ce que j'entend. Mais com„ me 1'Ennenll avait encore des brülóts, jo penfe „ qu'on aurait employé ccux-ci pendant le jour, avec „ autant d'eflet contre urte flotte ï 1'ancre qu'on „ en aurait pu crairidre des radeaux a feu pendant la nuit." Queftion. „ Penfez-vous qu'a vee un vent du Sud „ 1'Ennemi aurait pu porter obftacle k la flotte de  C i* ) '„ fagon a arréter fon cours, avant qu'elle arrivat au ., Reedy Island r" Réponfe- „ Je ne le penfe pas, 11 toutefois nous ,j euflicns pu coffipter lur la durée du vent du Sud. „ J'obferverai que les vents du Sud ne foufflent que „ pendant le jour .Sc les vents du Nord pendant la „ nuit." Queltion. „ En combien d'heures peut-on navi„ guer du Reedy-Island a New-Caftle, avec un „ bon vent & unc marée courante ? " Réponfe. „ En une heure tout au plus avec urt „ feul Vaiffeau. Mais la chofe eft bien differente ., avec une flotte." Queftion. „ Suppofé que les Vaifleaux euffent „, remonté dans le jour a New-Caftle avec un vent „ du Sud & unc marée courante, aurait-il été pos„ lïble aux brülöts,aux radeaux a feu & aux galeres „ de les troublcroud'empécberlc débarquement des ,,, troupes, fi 1'Ennemi pofté fur la rive n'eüt ófé ,, faire aucune attaque ?" Réponfe. Je penfe que fi la flotte eüt remonté „ la Delaware, les Rébelles n'auraicnt pas manqué „ de faire descendre leurs forces naval es contre la „ flotte; & que fi la flotte eüt trouvé dans fon „ cours 1'avantage que 1'honorable Monfieur vient de mentionner,ils auraient certainement navigué „ devant la flotte, & lors qu'ils fe feraient arrêttés ,, pour débarquer les troupes, les galeres auraient „ naturellement confervé. leur pofition." Queltion. Si tous ces obftacles que vous ex*  C 79 ) -,. pofés, s'étaient offerts, feraient-ils venus de tou„ 'tes les galeres & non des brülöts ou des radeaux „ feu ? Eft ce la ce que vous voulez dire ?" Réponfe. „ Lesbrülóts&les radeaux-k-feu n'au„ raient rien pu faire , fi nous avions eu 1'avantage ,, d'un bon vent & d'une marée courante." Queftion. „ Penléz-vous qu'un certain nombre „ de galeres, a la hauteur de New-Caftle, que vous „ dites être fi élevé jufqu'au rivage, qu'une fréga„ te pouvait avancer jufqu'au quai, & un Vaiffeau ,, de cinquante canons prefque a la même diftance, „ auraient pu oppofer des obftacles importans au dé- barquemcnt d'une armée dans cette place ?" Réponfe. „ Je n'ai jamais prétendu nier qu'il ne „ fut poffible de débarquer une armée dans la De- la ware. Je me fuis borné k dire fous quel ,, rapport cela ferait expédient." Queftion. „ Savez-vous quelle eft la profondeur „ de Peau dans le détroit de la Delaware ?" Réponfe. „ Les detroits font des paffages entre „ deux bancs, oü la profondeur de l'eau n'eft pas de plus de fix k fept bralfes; mais ces détroits „ font extrêmcment étroits." Queftion. ,, Quelle eft la profondeur de l'eau „ dans les bas fonds d'au-deflüs ? " Réponfe. „ Les bas-fonds de Morris-Liston font „ les plus dangereux bas-fonds de la riviere; il n'y „ a , quand les eaux font hautes, que vingt cinq ou „ vingt fix pieds, je veux dire quand les eaux font j5 a leur plus grande hauteur."  C 80 ) Queftion. „ Connaiffez-vous la riviere du Nord 5, ou de Hudfon ?" Réponfe. „ Je rte la connais que jufqu'a la Baye de Haver-Straw." Queftion. „ Connaiffez-vous {le Kings-Ferry ?'* Réponfe. „ Non." Queftion. „ Quelle eft la profondeur dë l'eau a ,, Morris-Lifton, quand les eaux font baffes ?" Réponfe. „ La marée s'éleve & s'abaiife de Wié 3, pieus'" " Quéftion. ,, Avez-vous fu que fe 30 juilliet^ ,i 1'Ennemi avait un corps de troupes a Wilming,, ton ?" Réponfe. ,, J'en ai été inftruit M Queftion. „ Avez-vous étéinformé comment örl ,j pouvait communiquer dc New-Caftle dans les parties intérieures du pays jufqu'a la tête de Elk?" Réponfc. „ II y afurladroite la riviere de Chris,, tien qu'il faut remonter environ dix a douzc MIh les avant de la trouver guéable." Queftion. „ New-Caftle eft-il fitué fur une Fe-^ , j ninfule ? " Réponfe. „ Je ne fuis gueres inftruit des par-- ties intéricures de fa fituation; la riviere George 4, eft k la droite; mais a quelque diftance.*'' Queftion. „ D'après la fupériorite de canon des Vaifleaux des Rébelles dans la Delaware, n'au- „ raient-ils pu les placer de facoh k endommager des frégates,mênie afliftées d'un Vaiffeau de cin„ quante canons qu'on aurait deftiné a couvrir' le M 1».  C 8i ) 9, le débarquement d'un corps de troupes, fans „ être endommagé d'une maniere confidérable par ,, ces Vaifleaux ? " Réponfe. „ Je penfe que s'ils euffent eu le tems „ &l'occafiön, ils auraient pu rendre le débarque•V, ment trés difficile." Queftion. Savez - vous combien il y a de New» Caftle k Cecil court houfe ? " Réponfe. „ Environ dix-fept milles." Queftion. „ En all'ant de New-Caftlé a Cécil- Court-hoüfe, aurait-il été nécelfaire de paffer i* ,, güé le Chriftien ou quelque autre riviere ?" Réponfe. „ Je n'ai de connaiffance des parties in,, térieures de ce pays que par la carte." Queftion. ,, Dans quelle partie de la Delaware ,, étaient les forces navales des Rébelles, le 30Juil„ liet ? " Réponfe. „ Une partie au Reedy-Island,uneau,, tre partie au Mud-Island." Queftion. Quelle partie était au Reedy-Is^ land ? " Réponfe. Plufieurs de leurs galéres & quelques,, uns de leurs bateaux k rames." Queftion. „ Quelle partie avaient-ils k Mud-Island ? " Réponfe. tout le refte de leurs forces." Queftion. Quelle eft la diftance du Mud-Island „ au Reedy-Island ?" Répönfe. Dé vingt cinq ou vingt-fix milles en fuivant le cours de la riviere." F  ( 82 ) Queftion. Jufqu'a quel endroit ün Vaiifeau de „ foixante-fix Canons peut-il remonter la Dela„ ware ?" Réponfe. „ S'il n'y avait point d'obftacles dans ,, la riviere, un Vaiffeau de foixante quatre canons ,, pourrait aller jufqu'a Philadelphie quand l'eau eft ,, lort haute." Queftion. „ Ou fe trouve le premier obftacle dans ,, la riviere ?" Réponfe. A Billingsport." Queftion. ,, Combien y-a-t-il de New-Caftle a ,, Billingsport ?" Réponfc. Environ vingt milles." Queftion. Uu Vaiifeau de foixante quatre ca- nons peut-il mouiller en süreté a une diftance „ confidérable dc New-Caftle dans tous les tems de „ la marée ?" Réponfe. Un Vaiffeau de foixante quatre peut „ toujours mouiller jufqu'a Chcftcr." Queftion. La flotte n'eüt-elle pas été obligéc de „ mettre a 1'ancre toutes les nuits cn remontant la ■ „ Delaware ? " Réponfe. „ Oui certainement. II n'auraitpas été , poflible de la tenir fans les voiles." Queftion. „ Combien aurait-il fallu de Mariniers „ pour conduire les bateaux plats deftinés au débar„ quement de 1'arméc ? " Réponfe. Je ne faurais dire combien: mais je fais „ que lorfque tous les équipages des bateaux plats  ( 83 ) ., étaient complets, nous n'avionsquc peu dc mori„ de dans les Vaifleaux." Queftion. Ne fallait-il pas prendre les matelots néceffaires pour les bateaux plats dans les Vais„ feaux dc lignc ? " Réponfe. , Tclic était la coutume pour ne pas i, tout-a-fait dégarnir les frégates & en tirer parti." Queftion. Quel nombre de bateaux fallait-il em,, pioycr pour le débarquement ?" Réponfc. Soixantc & dix-neuf ,autant que je puis me le rappeller." Queftion. N'aurait-il pas fallu employer plus'de j, 800 matelots, pour les équipper d'urte maniere. ., convenable ?" Réponfe. On mettait dans chacun douzc hommes^ ,^ outre un conducteur, & un autre Officier. Queftion. Quand vous difiez que le premier objy llaclc pour naviguer dans la Delaware fe trou,, vait a Billingsport, vous avez voulu dire que la j, marche dc la flotteoule débarquement de 1'armée ,. ne pouvaient rencontrer aucun obftacle, dans aucun ,i endroit du rivagc au deffous de Billingsport ? " Réponfe. „ Quand j'id fait mention du premier obftacle qui fe trouvait a Billingsport, je voulais parler des chcvaux-dc-Frife avec lefquels 1'Ennej, mi avait obftrué le Canal fous l'eau." Queftion. Avicz vous intention de dire qu'au-* ,, cune armée dc terre qui n'aurait pas eu de bat„ terie élevée fur terre au deffous de celle des cheF 2  ( *4 ) ,, vaux dc Frife,aurait étéun obftacle pour unefiot* „ te qui eüt remonté la Delaware ?" Réponfe. „ Si la flotte fe füt avancé dans la ri„ vierc, elle ferait entree plufieurs milles dans un ,, Canal, ou il n'y avait en plufieurs endroits qu'une „ petitc portée de Canons d'une rive a 1'autre: il „ n'eft donc pas a préfumer que les Ennemis eus,, fent perdu une fi belle occafion d'inquieter la „ flotte de tous les poftes avantageux. Queftion. ,, Ce que vous dites la fe rapporte-t-il „ a la riviere au deflus de New-Caftle,ou dansl'en„ droit méme ou au deflbus ?" Réponfe.. „ Cela fe rapporte principalement aux „ endroits fitués au deflusde New-Caftle,mais aufli a quelques endroits au deflbus." Queftion. ,, La flotte en remontant la Baye de ,, Chefapeak n'était - elle pas obligée dc jetter 1'an„ ere toutes les nuits quand méme les ennemis n'ap„ portaient aucun obftacle ?" Réponfe. Oui certainement. II n'eüt pas été pofli„ ble que dans une navigation fi étroite, une flotte „ put refter fous les voiles pendant la nuit." Queftion. „ D'après toutes Ces difficultés dans „ la Baye de Chefapeak, n'y débarqua-t-on pas „ les troupes un mois plus tard qu'on ne 1'aurait ,, fait a New-Caftle, fi 1'on eüt pu y faire un „ débarquement? Réponfe. „ Je ne crois pas qu'on puiffe regar,, des comme une difficulté qu'une flotte foit obll„ gée de mettre a 1'ancre pendant la nuit. L'ar-  ( 85 ) ,„ mée debarqua certainement environ trois femai,„ nes plus tard qu'on ne 1'aurait fait en remontanc >„ la Delaware; mais cette route etait trés peu fré„ quentée. Quand la flotte quitta 1'ombouchure ,„ de la Delaware, le vent était au nord, & il y „ avait grande raifon d'attendre que la flotte au„ rait monté j'uqu'a la tête de Chefapeak en moins „ d'une femaine. II en arriva autrement, parce„ qu'il vint des vents de fud, aceompagnés.de cha„ leurs fi fortes que les troupes auraient fouffert „ extraordinairement, fi elles s'écaient trouvées a „ bord dans ce tems la, " Queftion. „ Combien la flotte était - elle loin de„ 1'embouchure de la Delaware quand elle fut rur,., prife par les. vents du fud ? "" Réponfe. „ D'Environ dix lieues. "• Queftion. „ Quel nombre des foldats chaque ba„ teau prenait -il óutre les matelots qui devaient „ le conduirc ? " Réponfe. ,, Cela dépend de la longueur de la. „ route qu'ils ont a naviguer & de la facilité du „ débarquement. Ayant une eau douce & unie ,, & peu de chemin a faire, ils pourraient porter „ quarante cinq, hommes. " Queftion. „ Dans combien de reprifes les foi„ xante & dix-neuf bateaux auraient -ils pu débar-. „ quer toute 1'armée ? " Riponfè. „ Cela dépend entierement de ja rou„ te qu'ils ont a faire. C'eft une maticre de calF 3  ( 86 ) „ cul. Je ne fais combien il y avait de troupes k débarquer." Queftion. „ Quel chemin penfez- vous que pour„ rait faire une flotte compofée dc vaifleaux de guer^ 8, re & de transport contre une marée de trois noeuds & demi avec un vent contraire, mais ,, qui ne les empêcherait pas de tenin leur cours, en fuppofant que le tems fut tempéré.'» Réponfe. „ Le canal dc la Delaware efttellement ,, étroit entre les bancs de fable qu'a moins d'avoir „ un vent favorable la flotte n'aurait pu avancer „ que bien lentement." Queftion. „ Ayez la bonté dc répondre a la même queftion , mais en fuppofant que le vent 9, fut bas ou fi prèsd'être bas que les vaifleaux fusfent obligés de faire route en tournant ou virant „ a 1'autre bord; en fuppofant encore que le tems fut tempéré & toujours dans la Delaware ? " Réponfe. „ La flotte, ayant Ie vent & la maréc contraires, ne pourrait pas avancer du tout, el- „ le ferait obligée de refter a 1'ancre." Queftion. „ N'avcz-vous pas acquis beaucoup- ,, d'expérience dans la Delaware ? " Réponfe. „ J'ai longtems été employé fur ce 3, fieuve. Qneftion. „ Combien de tems, a votre fü, un ,, feul vaiffeau a-t-il été arrêtté pöur monter le fleuve dans les mois de Juilliet & d'Aout, après ,3 étre entré dans les Laps? "  ( §7 ) Réponfe. „ Environ trois jours entre les Caps „ & le Reedy-Island. Je ne parle que d'un feul „ vaiifeau & non d'une flotte." Queftion. Les batimens de transport ne four„ niflaient - ils pas des matelots pour les bateaux ,, deftinés au débarquement des troupes? Réponfe. „ C'eft ce que les navires de trans„ ports ont fouvent fait quand ils étaient dans une 11„ tuation füre & tranquille, mais non pas quand ,, ils étaient obligés d'agir: ils ne pouvaient alors ,, rien fe procurer des équipages qui leur étaient ,, néceflaires." Queltion. „ Combien de tems le vent restait-il „ au fud depuis que vous eutes quitté la Dela„ ware? " Réponfe. „ Le vent était fujet a des variations: „ il y avait des calmes fréquens qui retardaienc ,, la marche de la flotte. Queftion. „ En général le vent était-il Nord „ ou S-ud? " Réponfe. „ En général Sud." Queftion. „ Un tel vent n'était-il pas favora,, ble pour conduire la flotte a New-Caftle? " Réponfe. „ Si la flotte eüt été dans la Dela„ ware, c'était fuerement un bon vent." Queftion. „ En combien de marées la flotte au,, rait -elle été depuis les Caps jusqu'a New-Caftle „ avec un tel vent? Réponfe. „ II eft impoffible de répondre a cette F 4  C «3 ) „ question. Cela dépend des circonftances. La „ flotte était trés mal pourvue de pilotes. II n'y „ avait que huit a neuf pilotes pour deux eens „ cinquante voiles." Queftion. „ Les vents & les marées étant de „ cette forte, & toutes circonftances péfées, com„ bien de tems croyez-vous que la flotte aurait mis, „ pour aller jusqu'a New-Caftle? " Réponfe. „ En m'affurant que la flotte fe fut „ tenue dans le bon canal, Sc qu'il ne lui fut point „ furvenu d'accidentje me ferais fort de répon„ dr-e a cette queftion. Queftion. „ Votre vaiffeau n'était - il pas le pre„ mier en ftation vers Brooklyn - ferry, 1q 27 fic „ 28 Aout 1776? " Réponfe. „ 'Mon vaiffeau était employé avec les „ autres dans cette occafion." Queftion. „ Votre vaiffeau ou quelqu' autre n'é „ tait-il pas ftationnéde manierq a avoir la vuë de „ Brooklyn-Ferry tellement a découvert, qu'il „ füt en état de voir néceffairement tous les ha„ tcaux qui paflaient & repaffaient entre Brook,, lyn & New york? " Réponfe. ,, II n'y cut dans une pareille ftation „ ni mon vaiffeau ni celui d'aucun autre." Queftion. „ En remontant le Chafapeak ou la Delaware, les vaifleaux & les transports n'étaicnt„ ils pas obligés de fe tenir entrêmement ferres; „ Pan avec 1'autre, en traverfanc les canaux, év volts? "  C 89 ) Réponfe. „ Les navires de transports étaient „ obligés de fe tenir ferrés 1'un avec 1'autre & le ,, plus prés poffible des vaifleaux de guerre, pour „ ne pas échoucr; & le peu de pilotes que nous ,, avions, nous ne pouvions les diftribuer que dans „ les vaifleaux de guerre." Queltion. „ Dans le tems que les batimens de transport étaient dans cette fltuation gênante, ,, étant obligés par le changement de vent & la „ fin de la marée dc jetter 1'ancrc, n'auraient-ils ,, pas été dans la néceftité de fe féparer confidéra„ blemenc 1'un de 1'autre, pour empêcher qu'ils „ ne fe rencontraflént dc bords les uns avec les „ autres." Réponfe. ,, C'eft ce que les vaifleaux auraient ,, certainement fait autant que cela leur eüt été „ poffible." Queftion. „ Combien de tems les Rébelles au- raicnt - ils mis pour conduire leurs forces navales „ de Mud-Ifland jusqu'au Reedy - Ifland ? " Réponfe. ,, Un reflux de la marée." Queftion. „ Combien durent le flux & le reflux „ dans la Delaware ? " Réponfe. „ Le flux dure environ cinq heures ,, & le reflux environ fept." Queftion. „ En fuppofant que le vent qui était ., au nord quand la flotte quitta 1'embouchure de ,, la Delaware, eüt continué dans cette pofition, ,, combien la flotte aurait-elle mis de tems amon,., ter jusqu'a New-Caftle? " F 5  ( 90 ) Réponfe. „ La flotte n'aurait pas remonté jus-, qu'a New-Caftle en dix jours avec un vent du ;, nord." Queftion. „ En combien de tems un grand vais- feau aurait-il navigué du Reedy-Island kNew„ Caftle avant les grandes eaux? " Réponfe. „ En fuppofant que le vaiffeau fut a „ 1'ancre au Reedy-Island je penfe qu'avec un „ tems modéré, & ne rencontrant aucun accident ., il aurait pu fe rendre a New - Caftle un heure avant 1'urrivéc de la marée." Queftion. „ Combien de vaifleaux auraient pu „ mouiller a New - Caftle ou felon vous l'eau eft fi profonde prés même de la rive? " Réponfe. „ Je ne le lais pas exactement: mais plufieurs auraient pu y jetter 1'ancre." Queftion. „ Combien de vaifleaux de la flotte „ de 250 voiles auraient pu y entrer ? " Réponfe. „ Une trés petite partie feulement." Queftion. „ Le reste n'aurait-il pu jetter 1'an„ ere quelques milles plus haut & plus bas ? " Réponfe. „ II 1'aurait certainement fallu. Je „ ne penfe pas que cette flotte eut pu mouillet fur ,, une étendue de moins de quatre k cinq milles." Queftion. „ Dans eet état, n'auraient-ils pas? ., dés que le reflux fcrait vcnu, été expofés k 1'at„ taque des galeres, des brülots & des radeaux a feu de 1'Enncmi , nonobftant les frégates qu'on „ aurait placées vis k vis New-Caftle." Réponfc. ,, Les vaifleaux auraient furement eflu-  ( & ) „ yé cette attaque: car jc ne penfe pas que les En~ „ ncmis eufiènt perdu une fi belle occafion." Queftion. ., Aurait-on pu ftationner quelque „ vaiffeau pour ouvrir Brooklyn Ferry de fagon qu'on „ eüt pu obfervcr les bateaux allant & reyenant „ de New - Port ? " Réponfe. „ Je ne le penfe pas: le vaiffeau aurait ,, été expofé aux batterics de 1'Enncmi." Queftion. „ Inftruit, comme vous 1'éticz , „de la navigation de la Baye de Chefapeak & ,, de celle de de la Delaware, ainfi que des dé„ fenfes d'eau que vous faviez être préparées pour obftruer ce trajet, fi vous euffiez comman- dé la flotte de 250 voiles, le quel auriez vous „ préféré , de remonter la Delaware ou la Baye „ de Chefapeak ? " Réponfe. „ Inftruit comme je 1'étais de toutes les circonftances relatives k la Baye de Chcfepeak „ & k la Delaware, je penfais alors & je penfe „ encore aujourd'huy que'c'était une mefure fort fage & fort convenable de remonter la Ba\e de Chefapeak." Page 73, 74? & 75- Ces pages font une critique de la bataille de Brandywine & dc la conduite que je tins enfuite. Pour y répondre, je crois devoir m'en rapportcr k 1'opinion du Comte Cornwallis & du Major Gerièril Grey, juges tous deux de 1'art.  C 9* > fèmoignage du C O M T E CORNWALLIS. Queftion. „ Votre Seigneurie s'eft-elle accordée „ avec Sir William Howe fur le projet de divifer „ 1'armée pour attircr 1'Ennemi a une action \ „ Brandywine? " Réponfe. „ Les dispofitions qui firent engager „ 1'action de Brandywine font certainement le plus grand honneur au Général. Comme j'ai déjk re„ fufé d'informer la chambre fi j'eus part a d'au„ tres opérations, je n'ai aucun droit de m'attri„ buer quelque mérite dans celle-ci. Queftion. „ Votre feigneurie a -1 - elle remarqué „ fi 1'on a laifie échaper quelque avantage que le „ fuecès de cette bataille aurait pu procurer? " Réponfe. Je ne me fuis pas appergu qu'on ait „ laifie échapper aucun avantage." rfèmoignage du ' MAJOR-GENERA L G R E Y. Queftion. „ Etiez-vous d'opinion que la divifi-. on de 1'armée pour attirer 1'Ennemi a une action „ a Brandy-wine fut judicieufe & convenable? " Réponfe. ,, Je regarde la divifion de 1'armée  ( 93 ) „ avant la bataille de Brandywine comme un coup „ de maitre qui trompa les Ennemis & fit engager „ 1'action presque avec la certitude du fuecès." Queftion. ,, Avez vous remarqué fi 1'on a laiffé „ échaper quelque avantage qu'on avait lieu d'atten* „ dre k la fuite du gain de cette bataille ? " Réponfe. „ Je n'en fcais aucun." Qu'il me foit permis d'inferer ici un extrait de ma lettre du 10 Oétobre 1777, au Secretaire d'Etat: elle contient un journal de mes opératiofl» avant & après la bataille de Brandywine,  i 94 ) ExTRAlT D'UNE LETTRE DE SlF. WILLIAM HOWE, Hord GEORGE GERMAIN No. 68 , Datje de: Oj/artiers - Gémraux %de GemaftToffikj 10 Oétobre 1777.' t'T H Scptembrc, Le Major Général Granê <■> JL/ ret'tant avec fix bataillons k la tête dc Elk „ pour conferver la communication avec la flotte & les deux Colomnes (commandées par le Comte „ Cornwallis & 1c Général Knyphaufen fe joigni„ rent k Pencadder, k quatre milles k 1'Eit deElk? ., fur la route de Chrifticn - Bridge, Dans la mar„ ene dc ce jour, les Chafleurs de Ilcfle & d'An-- fpach & le fecond bataillon dc 1'infaritefie legére, ,, qui étaient kla tête dc la Colomnic dc Lord Corn„ wallis rencontrerent un detachement choifi do „ mille hommes de 1'armée Enncmic, poftés avan., tageufement dans les bois: ils le déurent fans es„ fuyer d'autrc dommage ' que deux officiers de' „ blefles, trois hommes dc tués & dix-neuf bles., fés, tandisque 1'Ennemi n'cut' pas moins dc cin„ quantc tués & de beaucoup plus qui furent blcs* fés. " ,, Le 6 le Major - Général Grant joignit 1'armée „ après que le Capitaine Duncan qui avait la furin--  ( 95 ) „ tendance du departement de la Marine, eüi; détruit les vaifleaux & les munitions qu'on „ ne pouvait transporter de la tctedc Elk. Le tout ,, marcha le 8 par Newark & campa le foir dans le territoire de HokeiTer fur la route qui conduit ,, dc New - Port a Lancastre •, ccr c'eft dans la „ première de ces places que le Général Washing„ ton avait pris pofte, ayant la gauche appuyée a „ Chrifticn-creek, & fon front couvert par Rcd5, clay - creek." ,, Les deux armées dans cette fituation, n'étant ,, qu'a quatre milles 1'une de 1'autre, 1'Ennemi fe „ nuit en marche dc Wilmington, lc nuit de grand „ matin, par la route de Lancastre , & le lcndc,, mam vers les dix heures, il traverfa la Crique dc Brandywine a Chads • Ford , prenant postc „ fur les hauteurs du cóté de 1'orient." ,, Le 9 dans 1'après midi, le Lieutenant Géné„ ral Knyphaufen marcha avec la gauche de 1'ar„ mée vers New - Garden & Kenncts Square, „ pendant que Lord Cornwallis marchait avec la „ droite vers Hokeffen Mceting-houfe, & ils fe „ joignirent tous les deux le lendemain matin a „ Kennets - Square." „ Le onze a la pointe du jour, 1'armée s'avan,, ca fur deux Colomnes, la droite étant comman„ dée par le Lieutenant Général Knyphaufen, a,, yant quatre battaillons de troupes de Heffe, fous „ le Major Général Storn; la première & la fe-  C 96 ) conde Brigades de troupes Britanniques, trois „ battaillons du fecond & onzicme Régiment , celui de Rangers Americain de la Reine, & un . Escadron de Dragons fous le Major - Général ,, Grant, ayant fix pieces moyennes de douze li* H vrcs, quatre autres avec 1'artillerie légere appar„ tenante aux Brigades: cette Colomne dirigea fa |> marche vers Chads-Ford, k dix milles de Ken- nets Square, & arriva vers les dix heures fur le „ front de 1'Ennemi, escarmouchknt la plus gran- de partie dc la marche avec le troupes avancées: „ ceux du Rangers Americain de la Reine, com„ mandés par le Capitaine Wemys du quarantie., me Régiment, fe distinguerent d'une maniere particuliere." „ L'autre colomne , fous le Commandement de „ Lord Cormwallis, du Major Général Grey & des „ Brigadiers Généraux Matheu & Agnew, com„ pofée des chaffcurs montés & démontés, deux „ Escadrons du 16 Régiment des Dragons, deux „ Battaillons de 1'infanterie légere, deux Battail„ lons de troupes Britanniques & trois de Grena„ diers de Heffe, deux Bataillons de Gardes, la ,, troifieme & la quatrieme Brigades, avec quatre v pieces legéres de douze & 1'artillerie des Brigades, „ marcherent environ douze milles, jusqu'aux four., ches de Brandywine, traverferent le premier bras „ du ruiffeau apellé le Trimble, le fecond kjeffcry Ford.l'après midi vers les deuxheures,prenantdelk leur  C 91 ) ,, leur route vers Dilworth, afindc tourner ladroi „ te de 1'Ennemi vers Chads-Ford. " „ Le Géneral Washington, inftruit de ce mouve„ ment, versl'après midi, détacha le Général Sulj, livan vers la droite'avec prés de dix milles hom„ mes, qui s'emparerent d'un pofte trés fort fur , #h terrein qui commande Birmingham-Church, „ ayant fa gauche prés de Brandywine, les deux „ fiancs étant couverts de bois trés épais, & fon „ artillérie avantageufement fituée. " Aufïitót qu'ond eutobferré cela (il était environ quatre heures) les troupes du Roi s'avance„ rent fur trois colonnes, & dés que 1'ennemi s'ap„ procha, elle formerent laligne, ayant Brandywi„ ne a la droite. Les Gardes étaient ftir la droite „ & les Grenadiers Britaniques fur la gauche, fou„ tenus dans une feconde ligne par les Grenadiers „ de Heffe: fur la gauche du Centre il y avait deux „ Bataillons de 1'infanterie légere avec lesChaffeurs „ de Heffe & d'Anfpach, foutenus par la quatrieme ,, Brigade. La troifieme Brigade formait le corps „ de réferve. ., Lord Cornwallis, ayant formé la ligne, 1'infanterie légere &c les Chaffeurs commencerent 1'atta„ que; les Gardes & les Grenadiers s'avancerenc „ auffitót de la droite, le tout fous un feu vif du „ canon & du mousquet: ils ne laifferent pas de „ pouffer en avant avec uneimpétuofitéqui ne pou„ vaitctrefoutenue par lesEnnerais, qui tombant dans G  ( 98 ) „ les bois fur leur arriere, ouvrirent le chemin aux „ troupes du Roy, qui s'y enfoncerent avec eux, „ & les pourfuivirent l'.'pée dans les reins prés de „ deux milles. Après ce fuecès, une partie de la droite des „ Ennemis prit une feconde pofition dans un bois, „ a environ un demi mille de Dilworth , d'oü le „ fecond Régiment de 1'infanterie légere & les chas„ feurs ne tarderent par a la déloger, & depuis ce „ tems, ils ne fe rallierent plus en détachemens „ confidérabies." „ Les premiers Grenadiers Britanniques,lesGre„ nadiers de Heffe & les Gardes, s'étant, dans la ,, pourfuite, em'oarasfés dans un bois trés épais „ „ ne furent plus engagés de tout le jour." „ Le fecond Régiment de 1'infanterie légere, & ,, le fecond des Grenadiers, & la quatrieme Bri„ gade s'avanccrent un mille au dela de Dilworth, j, oü ils attaqueient un détachement de 1'Ennemi „ qui n'avait pas encore été engagé & s'était pos„ te dans unc forte fituation pour couvrir la re„ traite de 1'armée le long des routes de Chads,, Ford a Chefter & Wilmington; & le corps n'a„ yant été forcé que lorsqu'il faifait nuit, dans un „ tems oü les troupes venaientd'eifuyer beaucoup de „ fatigue dans une marche de dix-fept milles, ,, fans compter ce qu'elles fouffraient depuis le „ commencement de 1'attaque; eet incident fut cau„ fe que 1'Ennemi évita une défaite complette qui ,, eüt été la fuite d'une heure de jour de plus."  C 99 ) „ La troifieme Brigade n'eut point de par£„ a 1'action, mais fut tenue en réferve a 1'arriere ,, de la quatrieme Brigade: car on ne fut pas avant „ la nuit a quel point 1'attaque du Lieutenant*,, Général Knyphaufen avait réufli, & il n'y avait ,, pas moyen d'employer la cavalerie." ,, Le Lieutenant Général Knyphaufen, ainfi qu'.. on l'avait concerté d'avance, amufa 1'Ennemi pendant le jour avec le canon , en paraiffant „ vouloir forcer le ruilTeau, fans être dans 1'inten- tion de le traverfer jusqu'a ce que 1'attaque fur ,, la droite de 1'Ennemi eüt lieu. En conféquen„ ce, des qu'elle eüt commencé, le Major-Géné„ ral Grant traverfa le ruilTeau avec le 4 & le ., 5e Régimens; le quatrieme preiTant le premier „ forca les retranchemcns des batteries de 1'Ennc,, mi, lui prit trois pieces de Campagne de fonte & une autre moindre qu'on avait placés lk pour „ défendre le ruiffeau." ,, L'Ennemi fit peu de réfiftance de ce cöté, lorsque 1'ouvrage fut emporté; les gardes fe mon„ trant alors fur le flanc droit, la retraite devint ,, générale: mais lanuic étant furvenue, avant que „ le détachemcnt du Lieutenant Général Knyp„ haufen püt attcindrelcs hauteurs, il n'y eut plus „ d'action de ce cóté lk." „ D'après les informations les plus ..exacles, je juge que la force de 1'armée des Ennemis, op., pofée au Lieutenant Général Knyphaufen & ij „ Lord Cornwallis n'était pas moindre de 15,000 Q a  C (100) ) hommes: une partie fe retira k Chefter & y „ refta la nuit: mais la grande armee ne s'arrétta „ pas avant d'avoir atteint Philadelphie: Leur perte fut „ confidérable, en officiers tués& blefles. lis eurent „ environ trois eens hommes de tués, fix eens de „ blefles & laiflerent prés de quatre eens prifon„ niers." „ La perte du cóté des troupes de la Majefté, 1'artillerie & les munitions prifesk 1'Enncmi, tout „ cela fe trouve dans le compte ci inclus." „ L'armée pafla la nuit fur le Champ de batail„ le: Et le 12 de mois, le Major - Général Grant ,, & la première & feconde Brigades fe rendirent „ k Concorde. Lord Cornwallis, avec 1'infanterie ,, légere & les Brigadiers Britanniques, lejoignit le lendemain & marcha vers Ashtown, k cinq „ milles de Chefter." „ Le même jour (le 13) le 7ifte Régiment fut „ envoyé k Wilmington oü 1'Ennemi avait élevé „ des ouvrages fur la terre & fur la riviere; fur cette ,, derniere ily avait fept pieces de canon; mais ces „ ouvrages étant evacués, le Major Mac - Donel „ s'empara de la place fans oppofition & fit prifon„ nier Mr. Kinley, le dernicr préfident qu'on vc- nait de nommer pour les Comtés inférieurs fur „ la Delaware." „ Le 141e Lieutenant - Colonel Loos, avec Ie ba,. taillon combine de la Brigade de Rhall, escorts „ les blefles & les malades jusqu'a Wilmington  C ioi ) „ oü le bataillon de Mirbach fut envoyé deux , jours après pour le joindre." „ L'armée marcha fur deux Colomnes vers Gos„ hen le 16; & fur des informations que 1'Ennemi ,, s'avancait fur la route de Lancastre ,& n'était , qu'a cinq milles de Gosheu, on détermina fur le champ de faire avancer les deux Colomnes & ,, de 1'attaquer; Lord Cornwallis, en prenant fa „ route par Goshen Meeting-houfe, & le Lieute,, nant Général Knyphaufen par la route de Dow„ ning-town.' „ Les deux divifions pourfuivircnt leur marche; ,, mais une violente pluye étant furvenue & ayant „ continué a tomber le jour & la nuit fans inter„ ruption, rendit impraticable 1'attaque projettée." ,, Le premier Régiment de 1'infanterie légere, „ ala têtede la Colomne de Lord Cornwallis, ayant „ rencontré une partie des gardes avancés de 1'En,, nemi, environ un mille au dela de Goshen, les „ défit, en tüa douze & en bleffa un plus grand „ nombre, fans avoir perdu un feul homme de fon ,, cöté." „ A peu prés vers le même tems, les Chaffeurs, „ du front de la Colomne du Lieutenant Général „ Knyphaufen, rencontrerent un autre parti, dont „ ils tuerent un officier & cinq hommes, & firent „ cinq officiers prifonniers, fans autre perte que „ trois hommes bleffés." „ Les Ennemis inftruits par la de 1'approche de G 3  ( 102 ) „ notre armée, marcherent avec la derniere préci„ pitation toute la nuit du 16 & gagnerent le ma„ tin les Sources jannes (yellow Springs) ayant „ eu, comme on 1'a fu depuis, toute leur petitc „ artillerie endommagée par les grandes pluyes. „ Le matin du 17, Lord Cornwallis s'avaneafur „ la route de Lancaftre & prit polte a environ „ deux milles de celui du Lieutenant Général „ Knyphaufen." „ L'armée fe joignit le 18 fur la route dc Lan„ caftre au Cheval Blanc (White Horfe) & marcha „ vers Truduffrin d'oü 1'on fit partir immédiate„ ment un détachement de 1'infanterie légere vers „ Valley-Forge fur le Schuilkill oü 1'Ennemi „ avait beaucoup de munitions & unc grande „ quantité de farinc. Le premier bataillon de 1'in„ fanterie légere & les Grenadiers Britanniques „ prirent pofte le lendemain & furent joints par „ les Gardes le jour d'après qui était leao." „ Les Ennemis traverferent le Schuilkill le 18. „ au deffus du French - creek, & camperent fur „ la riviere fur chaque rive du Perkyomy-creek, „ ayant détaché des troupes vers tous les forts du ,. Schuilkill avec du Canon au Sucdes - Fort & „ dans les autres forts fitués plus bas." „ Sur 1'avis que le Général Wayne était dansles „ bois avec un détachement de 1500 hommes & „ guutre pieces dc canon, a environ trois milles v de la, & fur 1'arriere de 1'aile gauche dc 1'ar rcée, ic Major-Général Grey fut détaché le 20  ( 103 ) „ bien avant dans la nuit, avec le fecond Regiment „ de 1'infanterie légere & le quarante deuxieme „ & le quarante quatrieme pour furprendrc ce dé„ tachcmcnt. Le Général ayant pris les précauti„ ons les plus efficaces pour empêcher fes troupes „ de faire feu , il atteignit la gauche de 1'Ennemi „ vers une heure-, & ayant, avec la Bayonette „ feulement , forcé leurs fentinelles extéricures „ & leurs piquets, il fe précipita dans leur camp, „ guidé par la 'feule lucur des feux, leur tua ou „ blefla jusqu'a trois eens hommes fur la place, fit „ 70 a 80 prifonniers, s'empara de la plus grande „ partie de leurs armes, & de huit chariots char„ gés de bagage & de provifions. A la première ,, alarme le canon fut emporté, & le refte de ce 5, détachement ne dut fon falutqu'a 1'obfurité de la nuit. II n'y eut dans cette attaque qu'un Ca„ pitaine de 1'infantcrie légere & trois foldats de „ tués & quatre blefles. Jamais la bravoure des „ troupes & la bonne conduite du Général ne pa„ rurent avec tant d'éclat que dans cette action „ critique." „ Le 21 1'armée marcha prés de Valley - Forge, „ campa fur les bancs du Schuilkill, s'étcndant ,, depuis Fat - land - Ford jusqu'a French-Creek. „ D'après ce mouvement, 1'Ennemi quitta fon pos„ te & marcha vers Pots - Grove le foir du même „ jour." „ Le 22, les Grenadiers & 1'infanterie légere G 4  ( 104 ) „ des Gardes traverfcrent la riviere pour prendre„ pofte, & les Chaffeurs traverfanc auflitóc après „ k Gordon-Ford, vis a vis la gauche de la ligne, i, y prircnt pofte auffi: L'armée fe nut en mouve„ ment k minuit, 1'Avant garde étant conduite „ par Lord Cornwallis ;& tout le corps traveria lari„ viere fans oppolition a Fat-land-Ford. Le Ma- jor Général Grant qui commandait 1'arriere-gar„ de avec le bagage paffa la riviere avant deux „ heures après midi, l'armée campa le 23 ayanc fa „ gauche fur le Schuilkill, & la droite fur la rou„ te de Monatony , Stony-run cn front. Les „ deux bataillons de 1'infanterie légere furent dé„ tachés vers le Suedes-Ford, qui fut auflitöt a/ „ bandonné par un détachement peu confidérable „ d'Ennemis qui lalfiérent en même tems fix pie„ ces de canon de fcr derrière eur. „ 'Le 25 l'armée marcha fur deux. Colomnes vers „ German-Town ;& Lord Cornwallis, k la tête des „ Grenadiers Britanniques & dc deux bataillons de „ Grenadiers Heffois prit poffefiion de Philadelphie, le lendemain matin." Page 76. La pluye qui vint i toruber empêcha 1'attsque projettée. On voit bien que 1'Auteur, en répétant ces mots, a voulu faire un farcasme. Le cémoignage Öu Major-Général Grey prouve que „ le tems fut tellement un obftacle k cette attaque qu'il „ fut  C 105 ) „■ iüt impoffible de rien entreprendre. » C'eft a dire que le tems empêcha que les troupes & 1'artillerie ne puifent avancer. L'artillerie ne put arriver fur le terrein des Ennemis que dans la nuit. Mais comme 1'Auteur regarde comme une chcfe ridicule qu'une pluye fubite ait pu empêcher les opérations d'une armée, je vais ajouter le témoignage du Comte Cornwallis qui a été examiné fur le même fujet. Queftion. „ Dans une occafion oü notre armée „ était déja fous les armes pour attaquer 1'Enne„ mi, ne furvint-il pas une pluye qui 1'en cm„ pêcha? " Réponfe. ,, Les Ennemis étant tombés en arrie,, re fur les hauteurs prés de North-Caftle, avaient „ laiffé un corps avancé fur les hauteurs des plai„ nes blanches (White plains). On donna des or„ dres pour attaquer ce corps; mais une pluye „ violente empêcha de les exécuter. Nous ne res„ tames pas fous les armes" Queftion. „ D'après la fituation de l'armée ré„ belle & la notre, le vent chaifait-il cette pluye „ contre vos vifages ou contre les leurs ? " Réponfe. „ Je ne fache pas que 1'attaque fut „ empêchée par la pluye chaffée par 1'orage con„ tre le vifage de 1'une ou de 1'autre armée. L'ora„ ge & la pluye produifent d'autres effets; par „ exemple de gaterles chemins& d'empêcher qu'on „ ne transporte l'artillerie fur des hauteurs escar- pées." " ^ G 5  (io6) „ Page 58. Le Capitaine Montrefor, chef des Ingé„ nieurs, avait, avant que la rébellion éclarit, jetté les „ yeux fur le Mud-Island: il avait mefuré la portée