L  AEEXIS ET JUSTÏÏNE, COMEDIE LYRIQUE, EN DEUX ACT ES ET EN PROSE, MÊLEE D'AïUET TE S, Reprêfentée pottr la première fits h Verfdilles devcmt Leurs Maje/lés , Ie Vendredi 14 Janvier J785, & a Paris, fur le Tbéatre de ia Comédie Italienne, le Lundi 17. Paroles de M. de Monvel. Mujique de M. DESAIDJLSi A L A HA JT Ei ChesS H. CONSTAPEL, Libraïrè a la Grande Salie de la Cour d'Hollande.  PERSONNAGES. GEORGE THIERRI, F er mier dans tin Vïl- lage. / . ■ GENEVIEVE THIERRI,/^femme. JUSTINE, leurfille. ALEXIS, jeune inconnu, èlevé par Thierri. THOMAS, Fermier des environs , amoureux de Jttftine. M. LONGPRË. MAGDELAINE, tres • vïeille femme qui a v» naitre Thierri. LE BAILLI. LE TABELLION.' PAYSANS'ET PAYSANNES, babitans du Villoge $ demeure Tbkrri.  ALEXIS ET JUSTINE, COMEDIE LYRIQUE. ACTE PREMIER. Le Théatre reprefênte une Campagne riante qui efl terminée par une montagne, fiir . laqlielle on découvre qnelques maifbns du Village< Au bas ejl unpetit va/Ion oü efl la na;fin de Thierri A droite des Aóleurs, de chaque cüté de la porte efl nn arbre, don les branches fe joignent de maniere a farmer un petit berceau, Jous iequel font asJts les Perfonnages Juivans. SCÈNE P R E M ï Ë R Ë. GENEVIEVE file au roitet, ALEXIS trejfe un panier d't/ier s J U S T1N E travaille a da lingej-MAUUEL AlNE teille du cbanvre. Gesevi I ve. ÏCh bien, Juftine , voyons donc fte chanfon nouvelle. Jus t i n e. Je vous la dirois ben ma mere.... c'eftque»... Genevieve. Quoidonc? , J u s t i n e. Ceft que..; je ne puis pas trouver le premier couplet. A a Mag.  4 ALEXIS ET JUSTINE, Magdelaine. Ca n'fait rien, mon enfant, chante toujours. Alexis, d,un air emprejjé, mats timide. Si je la favois, Mams'elle Juftine, je vous aiderois. Justine, avec êmotion. Ben obligée, Monfieur Alexis. Genevieve. Faut eflayer ma ftlle. Magdelaine. Sans doute, faut eflayer. J u s t i n e. J'fais ben tout le refte d'la chanfon, n'y a quc le commencement qui me manque. Magdelaine. Chante toujours. J u s t i n e. Voyons donc fi je pourrois me rappeller.... (Elle mar motte tout bas , commè quelqu'un qui cherche les paroles d'une cbanjon. Elle ne s'en Jbuvient pas, & tèmoigne de Ttmpattetice.) (Haut.~) Vous voyez ben, ma mere , que je ne m'ea fouviens pas. Genevieve. Maïs donne-toi donc patience, ca va venir... J u s t i n e. (Elle marmotte encore tout bas, & elle dit bant.") Tout étoit prêt pour 1'mariage.... Jus*  CO ME DIE LYRIQUE. g Alexis. Vous voyezbien Mams'elle Juftine, q'ca vient... J u s t i n e. Pastrop, Monöeur Alexis, pas trop.... (Elle recommence a cbèrcber ; & ne pouvant pas trouver le couplet, elle dit avec plus d'impatience que la première fois.) Je vous ai ben dit, ma mere, que je ne pourrois pas me fouvenir du premier couplet. Genevieve. Eh ben, commence par le fecond. Magdelaine. Oh! mon dieu, oui, pourquoi pas.... J u s t i n e. A Ia bonne heure.... com'ca je la dirai dTuite fans manquer une feule fois.... mais faut faire chorus. T o u $. J'ferons chorus. J o s t i n e. chante* Elle I'aimoit fi tendrement... t Hélas ! hélas ! c'eft grand dommage! Pout deux.cceurs que 1'amour engage, Faut-il qu'amour foit un tourment l Tout étoit prêt dans Ie Village; Et tout d'un coup, vla q'des parens, Des parens durs & bien méchans Veulent rompre ce mariage.... Gnia du plaifir avec 1'amour; Mais auffi la peine a fon tour. Alexis. Oh , com' c'pauvre Vicror dut ayoir du cha grin!.. a $ ivia^?  6 ALEXIS ET JUSTINE, Magdelaine. Et fte pauvre Hélene donc?... Vous autres hommes, vous croyez qui ^nia du plaifir & de la peine que pour vous J'ai été jeune filie aufïï, moi... fi 1'on m'avoic f'éparé de mon man' dans le terns qui n'étoit que mon amant... dam' auroitfallu voir la douleur.... Genevieve. Taifez-voüs donc, Magdelaine... laiiïez continuer Jultine... Chante, mafille, chante... Justi.ne, chante.' Nous féparer, mon clicr Viéïor, Hélas, hélas! c'elt grand doimnage! . Pour deux cocnrs que 1'amour engage, Qu'elJ-jce donc qui; i'argent & 1'or? a Pon Hélene, en mariage, Viclor apportoii le honhcur. l'or ell-il donc tout pour le cceur? l'or fait il feul un bon ménage ? | Gnia du plaifir avec 1'amour; Mais auiïï la peine a fon tour.,., Alexis, en foüpiranl. Oh oui... ce n'eft pas l'cout qiie dtben aimer... faut avoir encore du bien..'. Tdës 'parens.... Heureux le jeune homme riche qui corinüit fa familie, & qui a de ia fortune! Justine , regardant tendrement Alexis, & avec ingênuité. Eft-ce qu'on n'a pas des amis dans 1'mnnde % Eft ce que, lorfqu'ils f>ntriches, leur bien ne devient pas le nötre?... Eft ce que de bons amis ne valent pas mieux que de mauvais parens?... Pas vrai, Maman?... Er fi vous aimez la fille de ces bons amis, & qu'elle vous aime... la, bien tendrement. . eft-ce quY feroient aflez méchans pour vous la reruler?... Oh non, non, je ne crois, pas»,. Pas vrai, Maman? Ge-  COMEDIE LYRIQUE. f Genevieve, malignement. Eft-ce que c'eft-la le dernier couplet de tachan> fon, ma fille ?j Justine, en rougijjant. Non, maman. Genevieve. Eh bien!... Hélene & Viétor, qu'eft-ce qu'i' deviennent? Jus t i n e , chante. lis patlo-ient, ils pleuroient tousrieux; Hélas, hélas! c'eft grand dommage l Mais Tchasrin dTuny 1'aut' le partage; Tous deux en font inoir.s malheurcux. Vla qu'un Monfieur de haut parage, Aufli nche que généieux, Vient, les voit & leur dit; je veux Que vot' borheur foit mon ouvrage. Gnia du défel'poir en amour ; Mais 1'el'pérance a bien fon tour. Alexis, vivement. Vla un ben honnête homme.... Vous verrez qu'avec, de I'argent, il les mettra au niveau 1'un de 1'autre, & que leur mariage fe fera.... Eft-ce qu'i' n'.y a plus de ces gens-la, Juftine? Justine, tïmïdement. Maman,- eft-ce qu'i' n'y en a plus? Genevieve, en fouriant* Demande celad ton pere, ma fille. Magdelaine. Quand Juftine aura fini de chanter Je vous conterai la-defius une hiftoire.... Justine. Vla le dernier couplet. QElle chante-') A 4  S ALEXIS ET JUSTINE. Hélene" a plus d'bien que Viétor. Hélas ! hélas ! c'efi grand dommage On rompt pour ca vot' mariage? Moi, je le r'noue avec de l'or..,. One 1'himen tou's deux vous engage. Vla de I'argent, dit le bon Monfieurs Etre né riche, eft un bonheur, Mais il ledonb', quand on l'partage. $i gnia ti'la peine avec 1'amour, l* plaifir a ben aufii Ion tour. Alexis. Les vla mariés Qu'ils lont heureux!...Oh, fi j'favois ous qu'i' gnia un Monfieur com'ca !.. Justine, a demi-voix, & fans ofer lever les yei/x. Alexis n'iroit pas 1'chercher tout feul. Genevieve, fixant la fille. Qu'eft-ce qui iroit avec lui?... Juftine? Justine, ïngenuemeni. Oh! nous ne partirions pas fans vous,Maman. Magdelaine. Ce pauvre enfant, s'i'.connoiftbit fon pere & fa meré, comme tant de gens qui ne valent pas mieux que lui, s'il avoit taht feulement quelqués quartiers de terre! Alexis, avec viyacité. Ah! jamais Monfieur Thierri ne m'a reproché d'être pauvre. Genevieve, avec vïvacïté. Eft-ce que mon mari t'a jamais fait un reproché,' Alexis? A r, e x i s. Oh nqn, jamais, jamais.... C'eft k moi feul de me reproc'her de n'avoir pas mieux mérité fes boniés. Jus*  COMEDIE ïLYRIQÜE; p J u s t i n- È," demi bas a Ja mere. Comme il eft honnête & doux! Magdelaine, fe levant & allant carrés* .'/.'.:- fer Alexis. Ne parle donc pas com'ca, mon cher enfant, tu m'attendris trop....Dam, not' bonn' Maitrefle, je vou? demande ben pardon; mais j'n'ai jamais pu .voir unjoli garcon dans 1'chagrin fans q'ca m'fit ibuffrir. Genevieve. Alexis, viensatiprès de moi... Je crois que, tu pleures. Alexis. Eh mon Dieu, oui, je pieure... J u s t i n^e. Eh bien, le vla-t-il pas que je pieure aufii moi ? - Alexis, en montrant Jon casur. J'ai la je ne fais quoi qui m'pefe , mais qui m'pefe... Justine, ct part. C'eft fürement ce je ne fais quoi la, qui m'pefe aufii a moi! Genevieve. Mais eft-ce qu'i' t'manque quelque chofe? Alexis. Ah! fi j'étois tout-a- fait vot' fils, i' ne me manquetóit rien. Genevieve. Ne 1'es-tu pas? T'aimé je moins que Juftine? A 5 Jus-  fo ALEXIS ET JUSTINE. Justine. Ah ! ma mere, vous entendez ben comme il le dit. Magdelaine. Sürement, c'eft ben facile a comprendre. Genevieve. Si mon mari t'entendoit auffi bien que moi,va. (tendrement.') tu ferois bientöt mon Als. (Alexis & Juftine Je jettent a fon COii pour toute rtponfe.) Genevieve. (tendrement?) ' Mes enfans, mes- chers enfans... Magdelaine." Courage, courage... vla com'il faut s'y prendre avec M. Thierri. Alexis. Ah! ce qui m'fait plus d'peur, c'n'eft pas Monfieur Thierri.... Quoiqu'il foit un peu brufque; il eft fi bon! Magdelaine. C'eft bien vrai c'a, not' maïtrelfe le fait bien ; j' crie, je gronde, & 'i finit toujours par faire ce que je voulons. Genevieve. Mais je n'veux jamais rien que de raifonnable. Magdelaine. Pardi , moi d'même.... Eft-ce que la raifon n'eft pas toujours du cöté des femmes? Jus-  COMEDIE LYRIQUE. : ii: Justine, demi bas a Alexis. Elle eft ben du mien, puifque j't'aime. Alexis. Ah, Juftine! Genevieve. Si le caradtere de mon mari ne t'effraie pa?, & puifque tu connois fon bon cceur., qu'eft-ee qui t?artête, que ne parles-tu? Alexis. a R I E T T E. Hdlas! fans peine:, on le devine, A ma douleur. Que puis-,je, ófiïir a ma Juftine? Je n'ai qu*ün' coeur. Faure de me connotcre, a On perrfi ra , Hélas ! peut. être ' L'on tiira. t.. [ ' , ïl aime Juftine : on le croit bien ; Elle eft riche, Alexis rt'a rien. O'n'l'pènfera, On le dij-a.... C'eft fa'richeflc Qui 1'intéreffe. Hélas! voila c'que j'm'imagine, \ Dars mon malheur. Que ne-puis je oftYir il Juftine Richefle & coeur! Genevieve, tendrement. Mon cher enfant, gnia rien d'mieux que le coeur de c'qu'on aime. Justine, tendrement. Ah oui, ma mere ! Mag-  is.' ALEXIS ET JUSTINE, • M a g d e l a i n e. C'eft ce que j'ai dit cent fois k mon pauv' dé« funt. Genevieve. Ma fille, fi ton pere me confulte , le coeur d'Alexis vaudra mieux que toutes les richefles de fpn nigaud de Thomas. •Justine, avec vivacité, Mon pere vous confultera , maman, fen fuis füre, & toute la maifon fera de votre avis. M a g. d. e 'l a i n S. Vla M. Thierri, le vla, mes enfans.... faut battre 1'fer tandis qu'il eft chaud. (Ils vont tous au-devant de Thierri.') SCÈNE II. LES PRECEDENS, GEORGE THIERRI. , G. Thierri. T^v H ! les vla tous enfemble.... Bonjour., not femme (II lui prend la main) Genevieve. T'es forti d'faon rnatin! Thierri. Pour rendre fervice au vieux Bertrand. Bon jour, ma Juftine, (// l7embraj[e.) Justine. Elle careffe /on pere. Bon jour, mon pere, bon jour.... comme vous vous portez ben!... Thi.  COMEDIE LYRIQUE, 13 Thierri. A merveille , mon enfant, (a Alexis, en lui prenant la main) Er toi, mon garcon, comment 5a va t'i aujourd'hui ? Alexis.. Vous êtes ben bon, Monfieur Thierri.,... (a part?) C'n'eft pas la fanté qui me manque. Thierri. Et toi, Magdelaine ? Magdelaine. Tout doucement, not' Maitre, tout douce ment Thierri. Juftine, écoute, ma fille. Justine. Oui, mon pere. Thierri, (Tim air de confidence. J'ons laiffé queuqu'un a la porte, qui voudroit ben te parler. (Genevieve & Alexis ont Pair d'écouter.) Justine. Qui ca? Thierri. Un queuqu'un qu'a ben des chofes a te confier, & qui te front plaifir, ac'qui' dit. Genevieve. Mais qui donc ? Thierri. Un garcon ben aimab', ben fpirituel.ben rich.%' le plus gros Fermier du Village. Ale-  U AL'EXIS ET JUSTINE. Alexis, avec èmotion* L'voifin Thomas V T hier r i. Tout jufte. Genevieve. Fi donc. Justine. L'imbécille! Thierri. . Faut voir c'qui te veut, j'vons Palier clier^ cher. Justine. Ah maman! Alexis. Madame Thierri! Geneviev'e. Ne craignez rien, més enfans.... laiiTez- moi faire. Magdelaine. LaiiTez-nous faire, lailTez-nous faire. SCÈNE III. q u i n que. LES PRECEDENS, THOMAS. Thomas. .Bon jour Mams'ell' Juitine..... Quelle agriable mine 1.. / Ah!  COMEDIE LYRIQUE. ij Ah! mon Dicu, quciix yeux I Qu'i' font gracieus? Le p'tit nez fripon, Et ce bec mignon! Le joli menton !' Le charmant peton t Oh, Mam'sell' Juftine, Com' tout fa m'lutine ! Thierri. C'efl clair vraiment; L'beau compliment! Qn'il eft galant l Thomas. Depuis un nn, vous favez bien.... Vous favez bien.... Alle ne répond rien ? Thierri. A quoi veux-tu qu'eüe réponde? Nigaud, tu n'as encore rien dit. Thomas. C'neft pas faute d'efprit. Mais dam' on encourag' fon monde; On regard' les geus, on fourit. Tous, exceptê Juftine & Alexis. Souris, Juftine ; Encourage Thomas. Justine. . Je ne puis pas, J'ai ram* chagtine; Je ne puis pas. Thierri. j Ne te rebute pas. Tu vla toüt blême ; Allons, grand NjcoHême; Un p'tit compliment bien trouffé. T'as fi bien commencé; Finis de même. Tho-  0 ALEXIS ET JUSTINEThomas. Depuis un an vous favez bien... Vous favez bien.. . Thierri. Mais, 'jue fait elle, encore? J u s t i n è. Oh tien. Tous. Rien, Rien, Rien, Rien. Thomas. Vous favez bien que je' vous aime. Thierri. Ouf... 1'y voill, c'eft ben héureux. Tous. Vla pour un amoureux , Un pas ben hafarrleux. Alexis, bas a Juftine. Eh quoi! pour te riire qu'on t'aime, Eft c'que les mots n'vienn' pas d'eux-même ? Thierri. Vla qu'"ft fort bienj 1'ami Thomas. Tous, excepté Alexis & Juftine, Continuez, Monfieur Thomas. T h 'o m a s. Et d'puis un an, vous n'me dit' pas... Vous n'me dit' pas... ' TT. 0 u SQuoiqu'al' n'dVpas ? T h o.M a s. Depuis un an, depuis un an. Son air indifférent, j Moi, c'a m'défole; u nti Ca m'fait perd' la paroIet . Thi*  COMEDIE LYRIQUE- 17 T h I e u r I. C'eft eun' grand' perte affurément. Tous. e reept è Jaftitie, C'eft dommage viaiment. -Jüstine, « part. , L'aimable amant 1 Alexis. L'biau comp'™ent' T II I e r r t, T'a5 tróp bonne gracé. , Ote-toi de la. ., yj j'parle a ta place; Moi, m'y voilfc. Ma'fille, c'eft Monfieur Thomas, ■> Le plus gros Fermier du Village. ] Qu'a plus de bien en partage; J « {Se tournant vers Thomas") Que d'efprit n cft-ce pas? Qui te demande en mariage : l lil Veux- tu de lui? n'en veux-tu pas? , (<ï Thomas) C'eit parler ca d'tin' racon claire; • ! . fji Jiijlihtyw .. .. ■ Veux-ut de lui? n'en veux-tu pas? Justin*?. Monfieur a tout c'qu'il faut pour plaire, Mais j'n'en veux pas , mon pere. Thierri, u Jujiine. . . Mais- c'eft pour rit', j'efpere. Justine* Non, c'eft tout d'bon , j'efpere. Thierri, adrefiant la parole Genevieve* Eh bien, ma £lle„ en xe. cas-la, Dit' z'i' vót' mere, Qu'on n'vou* foicera pas  18 ALÊXIS ET JUSTINË, d'époufer le voifin Thomas ; Car, s'il ne vous plalt pas, Je vous réponds qu'il n'me platc guere. THOMAS. I JUSTINE. 1GENEVIEVE.1 THIERRI. ALEXIS. h queu colere, Ah, le bon peie ! Ah , le bon pere, Point de colere, Ah, le bon pere, h, moncompere!|II veut , j'efpere ,1 C'eft vot'compere .iMon chercompere, Oui, je 1'efpere , luei méchanrjtouriQu'un doux retour'Un mauvais rour, ICar, c'eftl*amour, Un doux retour luel trifte jour ISoit dans ce jour, ju» trifte jour, Qui, dans ce jour. S'ra, dans cejour 'ourmon amour 1 'L'prixd'tonamourlPour vot' amour. |Vous joue un tour. L'piixd'mon amo T h i t r r ï. Eft-ce ma faute a moi, fi vous n'avez paseu 1'efprit de vous faire aimer ? v Thomas. Mais eft-ce eun' raifon ca pour me refufer? Eft-ce qu'on n'a jamais vu 1'amour venir apiès le mariage ? Thierri. C'eft du moins plus nouveau, que de Ie voir s'en aller, quand le mariage eft venu. Thomas. Que Mam'selle Juftine ne m'aimepas apréfent, a ia bonne heure. Thierri. Sürement, c'eft tout naturel.... Thomas. S'il eft bien certain qu'elle n'en aime paseun aute. Thierri. Ah! fcrois , par exemple, que fa mere ne répondra pas a cela. Genevieve. Pardonne-nipi. Ti  COMEDIE LYRIQUE. 19 Thierri. Èt qüeuq'tu diras? Justine^ vivement. La véritë, mon pere. Genevieve. Je dirai que Juftine aime tendrement.1. T h o m a s. Je gage que je devine qui; . Thierri. Je gage que c'eft Alexis qu'al'aime» : Thierri. j'parie qVas gagné. Jüstine» je fuis de moitié, mon pere. A t e x i*'' 3 ' AK? 'Monfieur Thomas, pariez aufiï que j'aime Juftine de tout mon coeur, vous n'perdres pas la gageure. - - T h o m a s. Et vous voyez ga d'fang froid. Thierri. Et pourquoi donc s'qu'i' veutquejem'ëchaufle? Thomas. Et vous confentirez a leur mariage? Un garcon qui ne connoïc ni pere. Thierri. Et qu'eft ce que j'fommes donc pour lui, nous? Eft-ce que iie vJa pas fa mere? E(t-ce qu'i] n'eft pas mon fils ?... Eft - ce que ce n'eft eun' honnête garcon?... F n'a pas de bien, c'eft vrai: mais B a j'efl  ALEXIS Et JUSTINE, j'en ai, moi ; par Coriféquent il ne lui manque rien» T h o m a s. Jarni, que j'ai de regret a ma déclaration!..* Me vla ben payé de ma peine. Thierri. Je te confeille de,la regretter, ca fefoit un petit compliment bien tourné. 1 homas, avec humeur. Au revoir, voifin... Ben du plaifir, M. Alexis. Sans adieu , Mam'felle Juftine... Vous pouvez être füre d'une chofe, au moins, c'eft que vous n'aurez jamais de difpute avec les parens de votre mari. Thierri. Eh ben! c'eft toujours ca. . (Thomas Jorf ) SCÈNE IV. LES PRECEDENS, exceptéThomas, Alexis. j^hüM. Thierri, que je vous ai d'obligationL, Ces gens-la ne penfent pas comme vous, & certainement ils ont bien tort; car, eft-ce ma faute, fi... Thierri. Confofe-toï, me vla, vla ma femme;j'n'avons qu'une filfè, je te la baillons en mariage; j'y gagnons un fils de plus, & toi un pere & une re ere,-;. Gny  COMEDIE LYRIQUE. 2j Gny avoit long-temps que je roulois dans ma tête 1'projet de t'faire époufer ma Juftine. Justine. Eh , mon pere, que ne nous Ie difiez ■ vous plutöt! Thierri. T'es donc ben preffée, ma fille ? Genevieve. II y a fi long-temps qu'i' s'aiment, ces pauvres enfans! Magdelaine. Oh pour ga oui, gnya long • temps... Eh dam', on a un peu de hate d'en venir a la conclufion, quand 1'attente... Thierri. Mais comment ai*je fait pour ne pas m'en ap> percevoir ? Al e-x is, yivement* Je ne m'en fuis„cependant pasTcaché, Justine, ingénuement. Eft-ce qu'on peutcacher ca? Thierri, contrefaifant Juftine. Eft-ce qu'on peutcicher ca?..'. Viens me bakfer; viens, t'es une bonne enfant..... Imife ta mere.... aimez-wus*. .. comme nous nous aiinons— (a Alexis, en lui prenantM main, & lui mon» trant Juftine.') i Rends-la heureufe; elle le mérite. Alexis. Si je la rendrai heureufe!... ah ! Juftine. B 3 Jus-  a* ALEXIS ET JUSTINE, Justine. Et moi donc, cher Alexis! Thierri, Genevieve. Mes enfans, mes chers enfans! Q u i n que. ALEXIS ET JUSTINE. o le plus tendre pere! Que vot'bonté m'eft chere! Vous aimer, vous plaire ; S't» le bonheur pour nous. Genevieve. f Dans les bras d'un bon pere, Prés d'une tendre mere, Vous vivrez pour vous plaire; Et c'eft affez pour n«us. Magdelaine. Dans les bras d'un bon pere, &c. Thierri. Dans les bras d'un bon pere, cVc. (Ji Alixis.") De la complaifance. Genevieve, a Juftine, De la confiance. Genevieve et Thierri. . De la douceur, Jamais d'humeur, n'avoir qu'un cceur dans le ménage, Vla 1'bonheur du mariage. Tous. N'avpir qu'un cceur dans le ménage, VU l*bonkenr du mariage.  GOMEDIE L YRIQUE, 23 Magdelaine, Mes chers enfans, j'vous aime Cent fois plus que rnoj-même j Et je ne fais des vreux. Que pour vous rendre heureux. • Genevieve. Aimez- vous tout' Ia vie, Vous n'aurez que (Ubiaux jours. i Justine, La chatne qui nous lie, Répond de nos amours. Thierri, a, Alexis. Tu lui feras fidele, Jamais tu n'aim'ras qn'elle ; Et vous ferez com'nous , Les plus heureux époux. Alexis. Je lui ferai fidele, Jamais je n'aim'rai qu'elle ; Ét nous ferons com'vous, ■ .Les plus heureux Cpoux, Alexis et Justine. O Ie plus tendre pere, &c. Magdelaine, regardant legrouppe. Le Ciel vous bénira, percmere, enfans... Si Je bonheur eft fait pour IV honnêtes gens, vous devez être ben heureux. Thierri. II y a aujourd'hui vingt-cinq ans que tu es chez moi. Gny en a plus dequinze que-fn'entends plus parler de ceux qui m'envoyoient de temps en temps de I'argent pour toi. 1' faut qu'i' lbient inerts. En conféquence , fcrois que j'pouvons, fans rifque, te bailler, pour femme, la fille de ceux qui font élevé, & qui t'apporte une bonne dot, de 1'amour & de 1'honnêteté. J'allons pafler B 4 che?:  34 ALEXIS ET JUSTINE. chez M. le Bailli, paree qu'i' faut s'mettre en regle. J'y porterons ce que j'ai a toi ; i' prendj*, acte de ia foumiifion que j'faifons. (11 va a une peiite arnmre & en the un papier.) Vla le papier qu'étoit dans le berceau , lorfque j'te trouvai a ma porte. (II Ut) „ Elevez eet in„ fortuné, il appartient a des geiis honnêtes. On pourvoiera a fa fubfiftance. Vous chérchëriez „ vainement a connojtre fes parens... Ne le ren„ dez qu'a la perfonne qui vous remettra la rrioi„ tié de cette lettre." Alexis. Hèlas„ perfonne n'a paru pour réclamer le pauvre Alexis. Justine. Et qu'eft-ce qu'elle dit donc fte moitié de lettre? (Thierri lui donne le papier) (Elle lit, en s'attendrifjant peu * peu, & elle jinit par pleurejr.) ,, Cet enfant eft le fruit de 1'amour.». „ que des parens cruels .. „ Ayez pitié d'un infortuné.... dès que Ia mort aura... ,', qui le perfécutent... „ vous 1'appellerez Alexis , & Ie nom de fon „ pere... Il me femble que celui qui a écrit cela, auroit bien pu s'expiiquer davantage... Et s'ils alloienr. te redemander quand je ferons mariés! Thierri. J'efpere que le mariage leur paroitra bon, & qu'i' n'feroient pas, a fti la qui leur a confervé ün iils, 1'injure de n'vouloirpas d'fa fille. Jus-  CÖMEDIE LYRIQUE. ay Justine. Et quand i!s n'mevoudroient pas, eft-ce quT pourroient empêcher que je ne fufle la femme de pion mari? Thierri. C'la arrivé fouvent, ma fille, moyennant... (II fait Jtgne que c'eft avec de F urgent) Alexis. Allons donc! eft-ce qu'on peut démarier les eens? r .h m : a. j i ü o a M T h i e r s i. Non pas toujours ceux qui le voudroient, ma's queuq'fois ceux qui ne 1'veulent pas Mais t'as vingt-cinq ans... & p't'être gny a-t-il plus dans Tmonde, que ma familie & moi, qui fongions au pauve Alexis. Prénds ces deux papiers, viens avec moi cliez le Bailli..., Toi, not'femme, pafle cheux le Tabellion dis lui de venir ici 1'plu- tötqu'il pourra.... Viens, mon nis, viens avec ton pere; celui-la ne t'a jamais abandonné, & né t'abandonnera jamais. Alexis. Oh non, jimais, jamais Adieu, ma Justine. Justine. Adieu... adieu, mon Alexis. Thierri. Mes enfans, avant la fin du jour, nous ferons totis heureux. 'Tous, Nous ferons tous heureux. (Thierri) Genevieve & Alexis fortm.') u B 5 SCE-  «fc ALEXIS ET JUSTINE. SCÈNE V. JUSTINE, MAGDELAINE. Justin e. Les vla partis, (Sc je puis me livrer k toute ma joie Embrafle-moi, ma bonne Magdelaine, émbrafle - moi. Magdelaine., Ah, mon enfant, ce mariage la... Justine. Ce doit être quelque chofe de bien joli que Ie mariage, & fur tout avec Alexis. J'ai danfé aux noces de quelqu.es - unes des fillesdenot' village, mais ce n'étoit pas, j'en fuis füre, d'auffi bon coeur que je danferai aux miennes. Magdelaine. Ah! ca doit être; 91 doit être; c'eft bien naturel. Gnya rien d'tel, pour rendre une époufée joyeufe, qu'un mari taillé comme Alexis. Justine. Tu danferas aulTi, n'eft-ce pas, Magdelaine? Magdelain e, Hélas!... mon temps eft paffé. Justine. 'Eft ce qu'i' pafte jamais le temps d^voir du plaifir! Magdelaine. S'i' paffe... que trop... que trop... Jus*  COMEDIE LYRIQUS. 4y J u s t i N e. Maisétois• tu joyeufe comme moi, lor'fqu'i'fut décidé que tu épouferois Simon la Marre? Magdelaine, comme quelqti'un qui Je rappe/ie un (ouvenir ëloign'e. Oui... oui... j'crois qu'oui. Justine.. Comment! j'crois?... M a g d e L A i 'n e. Gnya tant d'années d'ca, que je n'm'en rappelle prefque plus. . Justin e. Comment! ne fe fouvient-ön pas de ce qui fait tant de plaifir. Magdelaine. Ah, mon enfant! nu apprendras que, quand pn devient vieille, gnya bien d'aut chofes qu'i' faut oublier. Justine. CHANSON. Ier. Couplet. L'amcur dqnne la mémoire, Je fais cela. Ce qu'il grave au cceur , on doit croire Qu'il fait aufii le graver ia. (;» uontrattt fa tête.) Tout paffe avec l'Jge; Des vieiilards vla 1'langage... s Mais , quand on voit 1'plaifir, Mais, quand on fent rdefir * s'évanouir, 3 faut a« moins favoir jonir r Du fouvenir. u>  a8 ALEXIS ET JUSTINE, II>.. Couplet. L'amour eft 1'ami de la jeuneffe, C'eft vrai cela. II a je n'fais qu^i tont I'ivreffe, D'ici, Qnontrant fan canr) vous gagne jufques-la (Mftgncn: fa tlte.) Ca pafll' avec 1'age, Des vieillards vla 1'Iangsge.... Mais quand on voit 1'plaifir, Mais, quand on fent l'defir S'évanouir, t C'aft bien Ie moins qu'on pnisf' jouir Db fouvenir. III". Couplet. Si je favois ce que j'ignore, Je crois cela... Je te prouv'rois bien mieux encoré Ci que je fens ici (Wme gtfle.) com' Ia. Mais fi jamais Vkge c Me ciufe queuqu'dommage, Si je vois le plaifir, Si je fens le defir S'évanouir, Je ferai du moins tout pour jouir Du fouvenir. SCÈNE VI. LES MEMES, M. LONGPR'E. L o n g V r é. Pourriez-vous me dire, fi ce n'eft. point ici que demeure George Thierri"? Magdelaine. Ah, ah, .. c'eft un Monfieur! Jos»  COMEDIE LYRIQUE. 29 J ü s t 1 N e. Oui, Monfieur, c'eft mon pere.1 LossfiÉ, Votre pere? je lui fais compliment d'avoir une fi jolie fille. Justine. Vous êtes bien poli Monfieur.... Gnya-t-il queuq' chofe pour vot' fervice? Magdelaine. II aTair d'un brave homme. l 0 n g v r é. Eft-il iciv M. Thierri? Justine. joy Ma mere & Iui'Tont fortis... f vont bientöt (eri Jourtanf.) rentrer. ... J'vous dirois ben que jVas envover leur dire de r'vénir tout de fuite: mais, com' F font fortis pour queuqu'chofe de ben important, i' faut leur laifler faire Jeurs petites affaires, & vous leur parlerez quand i' reviendront; i' n' tarderont pas. . | L.ONGPRÈ ' _ Oh! vous avezraifon, je puis attendre.. .Que! ilge avez-vous, la jolie fille? - ( . Bl /W' j[ VJ t,.i n h. '• 'V 1 Dix huit ans pour vous fervir, Monfieur, ü yen étois capable. T -' «Jj"t ■ • L. 6 N G P Et, Et vos parens n'ont ils que vous d'enfant I ■ SfUl DICTIE StTHOn li £08100031 hJIOl^' ..'SufiTllnl Justine. Ils en vont bientöt avoir encore un autre dans un joli garcon qui fera dans, peu mon man, L 0 n s»  3o ALEXIS ET JUSTINE*, L O N G P R É. J'en félicite ce joli garcon-la... il fait une fort bonne acquifition... Vous avez un petit minois tout a-fait aimable, 62 il me paroït que votre ca. raétere répond aux graces de: votre phyfionomie. Magdelaine; Ah! Monfieur, c'eft com' fon pere & fa mere... -J'crois qu'i' gny pas un défïut dans la familie... auffi c'eft moi qui les ai tous élevés... gnya plus de cinquante ans que j'fuis dans la maifon... Feu mon mari, qu'étoit foldat, me laiifa veuve Mixhuit ans, & d'puis ce temps:la... J u s t i n e. Voudriez vous vous rafraïchir, Monfieur? M Jrov 'j ". . ,-; Je vous rends graces. Mais ou eft dont votre tre amoureux!.. a 1'ouvrage," fans doute? Justin-e. II eft allé avec mon pere chez M. ie Bailli...ils . arrangent enfemble ie moyen'de nous marier bien .jvité»; 'i . .ibnJïvai 'i Lfisup sDToftsq tuai znov LOKGPRE. Ce jeune homme vous aime fürement beau» 'coup? Justine. Oui, Monfieur, & il n'a pas affaire a une. ingrate... Comment eft-ce que je ne nous aimerions pas?... j'on.s été élevés enfemble. II eft un peu plus agé que moi... Toute petite, i' me portoit dans fes bras... i' m'carefibit de.fi bon courage!.. je le lui rendois de fi bonne amiquié!.. & fte amiquié-laeft devenue de 1'amour fans que ;je nous en foyons appercus.... D' 1'amour au mariage, i' gnya qu'un pas , & j'nous dépêchons bien  COMEDIE LYRIQUE.' 31 bien vïte de le faire, afin de nous repofér par après avec plus d' plaifir. L o n D p r É. Je fais fiché de ne pouvoir féjourner quelque temps dans ce village, pour avoir la fatisfa ' tot t j - ï>v . '.y&fö Ü lüoq .2 1 :: z z A ...roLi.n nfad cl' 311.. ,h ?«o/{ .•axiïjpM !.JA, •*.üv ztq novyaipf 98% (.r.tóoTO» v;so\v.a* .2jrirwo..l scr  s* ALEXIS ET JUSTINE. SCÈNE VII. JUSTINE, ALEXIS, LONGPR'E. Alexis, arrivé en fautaht. Justine... Juftine, félicite ton Alexis... levB ton mati, ou peu s'en faüt. C'eft un ben honnête homme jque M. 1'BaiIÜ. Com' i' vous a baclé 9a en un clin d'oeil... Oh! qu'on vienne dire encore devant moi du mal des Gens de Jüfticé, on s'ra ben venu. J ü s t i ne. Vla qu'eft donc fait... gnya plus d'parens, de fortune; gnya plus d' Thomas qui tienne : rien ne pourra empêcher que Juftine ne foit, avarrt peu, la femme dé fon cher Alexis. w ■ " A l E x. 1 s. Machere Juftine, mon bonheur eft fi grand; que j'ai peur queuq'fois que ce n'foit un rêve. Justine. Oh non, Alexis, j'fiiis trop bien éveilIée,moi, pour croire a un rêve com'ca. Mais mon pere va-t-i' revenir ? Vla un Monfieur qui 1'attend poür 1'i parler. Alexis. Ah! Monfieur, j'vous demande bien pardon... J'ne vous avois pas vu. Longpré, toujours avec émotion. Quand on eft auprès de Ia belle Juftine, il eïl tout firople que 1'on n'appergoive qu'elle. Alk-  COMEDIE LYRIQUE-- 33 Alexis. N'eft-il pas vrai, Monfieur, que j'fis ben heureux? ... Regardez-: la-bien... cYft moi, c'eft pourtant moi qui vais d'venir fon n ari. -. Et fi vous faviez tout c'que j'dois lil fes pareus... Gnya que mon-cceur qui puiife acquitter fte dètte-la. L o n g p r é . Je vous loue d'être reconnoifi'ant, M. Alexisi tette qualité fi rare fait votre éloge. SCÈNE VIII. LES PRECEDENS, GENEVIEVE. G" e n e v i e v £. J^mbrasse-moi, ma Jufiine. Eh ben, te vla heureufe, & moi auffi; vla ton mari, vla mon gendre.... J avions déja pour fi le coaur d'une mere, & dü moins. a préfent , j'aurons 1'plaifir de dire la véiité i' quand je I'appellerofls notrë fiis. (Elle apperpit Löngpré.') Quoiqu'c'eft que e'Monfieur-ü? Alexis. , C'eft un Monfieur qui voudroit parler a papa Thierri. Genevieve, faijant la révérence a M. Long pré. Mon mari fera ici dans Pinftant, Monfieur.... (a Juftine.y l'n. raconté ton bonheur & ma jbie k tous ceux C qüe  34 ALEXIS ET JUSTINE. que j'ai rencontrés en chemin. Q out ceci eft dèbu té rapidetnent.') Tout le monde dit que j'ne poüviuns pas mieux choifir.... L'Tabellion n'tardera pas a venir , & je terminerons fur le charop une affaire... ■ (Faifant une révérence a M. Longpré. Vla mon mari. S C E N E IX. LES PRECEDENS, THIERRI, MAGDELAINE. Thierri, a Magdelaine. EyT gnya-ti' long-temps qu'il aüjgnd, ce Monfieur? Magdelaine. Pas mal, pas mal... mais i' n'a pas dó s'ennuyer; il caufoit avec Juftine. T h i e r ri. J'vous demande ben pardon , Monfieur, j'étok forti pour queuq'affaire.... Gnia-t-il queuq'chofe pour vot' fervice ? L o n g p R é. C'eft vous qui êtes Monfieur Thierri ? Thierri. Oui, Monfieur, c'eft moi-même. L o n g p r 'e. Ce jeune homme s'appelle Alexis? Thierri. Oui, Monfieur. Long-  COMEDIE^ LYRIQUE. 35 Longpr'ê, tirant un porte - feuille de Ja pocht * & cherchant un papier. Ses parens lui font inconnus? Thierri. C'eft vrai. L 0 n g p r'e. . II doit avoiï vingt-cinq ans? :.T h 1 e r r.i. Nous le croyons ainil. . , . L o n g p r'e. Tenez, lifez ce papier. .".V \ s T Hl È r r i. ■ Plait-il, Monfieur ? L 0 n g p r'è. Rejoignez la moidé de cette Lettre a fort aütre mpitié que vous avez du trouver dans le bei» ceau d'Alexis, & lifez. Thierri et Magdelaine. O cièl! Genevieve. . , ■ Ah! mon mari! . Alexis. Juftine! Justine. Cher Alexis! Thierri, cherchant la moiiid de la Lettre. Venez-vous ici de la part de fes parenjs, Monfieur?... (ƒ/ 'ionfronte les deux papins.) La vla.;. Oui, c'eft la même écriture. (/////.) C » ... * 6#  -6 ALEXIS ET JUSTINE, „ ést enfant eft le fruit de f amour, & d'unhynïen que des parens cruels n*ont prï pere eft Amon de Longpré." Et ce M. de Löngpré, oü eft -H , quel eft*il? .iL'o n g p r e. C'eft moi. Thierri et Genevieve. Vous, Monfieur! A l t x j s, Je jette dans les bras de Jon pere. Mon pere! , Thierri, Genevieve ët Justine. Lui, fon pere! l • ' L' o n g p r e. Mon fils, mon cher .fils! (Tout le monde s'écrie a la fois, 6' pendant qu'Ai lexis eft dans les bras de fon pere Juftine eft, du cótó opptfêi, üans ceux de Jkmere. Thierri Irje les mains au Ciel.) FINALE. Justine. OCielf Thierri. Ma fiüe! Genevieve. ' '■ Mon enfant! Longue. Cher Alexis! Al*  C^MEDIE LYRIQUE.W 3*] .v.' ■■& *> E.x -i css i- ij T Aht quel moment I. - •> Tous. '• ' : 3 Vt.'ïl J Ouel doux ruomjm ! Ah, quU.plaifir, quelle nlléerefli; 1 Jour hi'ureus pour notre ^Énrtreffe ! f Le Ciel a cumb'd nos fouhjits. Hos vceux, nos cceurs fout fatisfai?*. L o n G P 11 e. Jonis des droits de ta naiflancg; Vien? jouir de moi opulencc. Vous a qui je le aois, Comptez fur ma reconnoiffance. Thierri et Genevieve. II eft not' Hls pav notre chöix, ° '■ S'il ne 1'eft pas par la naiffance. A % e x ï 9. f Mon pere, ah ! de tant de biènfaits , Pourrai-je m'ajqjtitter jamais f« 1 Q M a g d e lal n e , dans Fiyréflh de la jofe. Mon Alexis, monJsher ftj'jnfeur.» Vot' plaifip, món cosur \$ pa/tsjjo.., C'eft un bonheur, un gvai> i boi beur... J'men vas 1'conter a tout i'Viliage, , f'aixaaA Ah, quel plaifir, &c comme d-dev/mt. Alexis, tendrcmcni a jvjïim, ■ Les hiens qu'un pere me defline, Sont a cell' qui re^ut ma fui, Tu m'aimas pauvie , ma jultine : 'Riché, je n'aimerai que toi. (U préfenlant- 0 Jou pere.) Confemez 3 not' n.aiiage. bonheur fok vot' ouvrage. L leur 3 L O N G P R È. Je fais tout ce que je vous dnis: Mais puis-je oublier ma naiffance ? J'ai, pour lui, fait un autre choix Bien contraire a votre efpérance. Alexis. Juftine! Justine. Alexis 1 T H i e R R i. Ma fille l Genevieve. Mon fils! Tous, excepté Longpré. fjoux efpoir, aimable avenir, Un moment a détruit tes charmes i Ce jour commencé dans 1'plaifir, :.. Devoit-il finir par les larmes ? Alexis , avec déjè/poir* Reprenez vos biens, votre nom, Votre nom qui fait ma ruine. Plus heuieux par votre abandon, Hélas I je poffédois Juftine t LONGPR'E Ensemble. ALEXIS. Montrez vous digne de mon nom ; Reprenez vos biens, vatte 8? (bngez a votre oi(gin,e, nom, &c.  COMEDIE LYRIQUE. 39 SCÈNE V. • .''•"»" s 1 tV o" 1 les precedens, le'bailli, le tabel l ion, magdelaine, Payfans & Payfannes du Vülage. {Ils entrent en cbantant.) A H quel p'aifir, quelle allégreffe, &c. Magdelaine. Le voila ftila qu'fft ion pere. Tous. Recevez-en not' compliment. Magdelaine. Dam' il eft tiche fi nob', j'efpere. Tous. Recevez-en not' compliment. Le Bailli et le TAmhuóx-graven/ent. C'eft un heureux événement Et pour le le fiU & pour ft pare. La FamilleTHIERRI,! ; ALEXIS. | -LONGPR'E. LES PAYSANS. Quel chagrin , queufOui , ftlu.itaz .un l'faiTons noc' com- (iouleur amere! 1 pere, piiment fincere Que deviendrons [De eet heureux évé- De eet heureux évé- nous a préfent? nemeut neme,:t. Le Bailli, le .Tabkllion, Magdelaine. (J.nfemUe a la Ftimilk T!(ifr>'^ Mais , pourquoi ces allarmes ? Quoi 1 vous verfez .des larms.s ? Thierri et Genevieve, en fanglotant. 11 vient. •. nous.,. en... levér not' fils, C 4 Jus- 

.-b> e de Juftine & de Magdelaine CelZe du fond conduit a la cbambre de Ihierri. Celle qui eft d gauche eft la porte de fortie. Prés de la cbambre de - ''iijtine eft une cbeminée les murs de cette piece vtennent d^être reblancbis. jl quelqtte diftance du mur eft une table, du tnéme coté de la cbambre de juftine, Contre fun des murs eft un buffet. SCÈNE PREMIÈRE. Thomas Jeul, d">un air myftJrieux. Ils fontencore atable.... Faut que j^uette Ie moment de parler tête-a-tête au voifin Thierri... L'honnête homme que ce M. Longpré ! Comme il eft arrivé a propos pour empêcher le mariage de ma Juftine & de fon Alexis! J'li confeillerai de partir bien vïte, d'emmener avec lui fon fils..., C'eft un joli.... un aimable garcon qu'Alexis, & qui mérite la fortune qui lui arnve... J* voudrois pour fon bonheur, qu'i' füt déja ben loin d'ici... Quand i'fera parti, Juftine n'aura plus d'raifon a m'oppofer. Gnia que moi, ici, d'affez riche pour elle. Après Alexis, j'füis 1'plus aimable & 1'mieux tourné du Village. I'fauJra bien qu'alle me donne la préférence, puifque j'ferai tout feul. A R I E T T E. 5» . «Je ne me fens pas d'njjel'-» *-ïon'c(Eiir fait tac, tle, tic-, 'tac de plaifir. J'al-  OÖMEDIE LYRIQUE. 43 gallons simer tout a notre aife. Le manage fait grand plaifir, Faut en conv'nir. Je ne me fens pas d'aife. 11 me fèm'ble déja Que je fuis cn ménage. Juftine eft la... Oui, la voila. Al' me carefll*, di I .Sa joli' main fur mon vifage, Par ci, par ■ Ik, Me carelTe, oui da ! C'eft bien doux 5a. Et mes enfans, je les vois la..'. I' font tapage... Holi, petiis, fripons, hola. Pjix, taifez- vous... „ mon p'tit papa, „ Mon cher papal " L'un faute ici, 1'autre par-la; Et ma Juftine, da I Sa joli' main fur mon vifage Me carefle par - ci, par-la... Je ne me fens pas d'aife, &c. Vla Juftine qui fort de table... al' eft maintenant dans 1'chagrin. Evitons d'lui parler, avant de favoir fi fon pere, qui faifoit tant le fier avec ïaoi, n'aura pas baiffé d'un ton, a préfent qu'i'ne compte plus fur Alexis. (En di/antce/a, il remonte au fond du Théatre, & entre dans fa cbambre dont Juftine vient de fortir; Jans êtreapperqu d'clle ni de Magdelaine?) SCE-1  4* ALEXIS ET JUSTINE. SCÈNE II. JUSTINE, MAGDELAINE. Justine. (Elle tient une lumiere& la poft fur une pettte table ) Jvy puis plus tenir . il faut que jTorte... qu'il efl méchant ce Longpré avec routes fes arnitiés!... 11 avoit ben affaire cle venir fouper ici? Pfemble qu'il ait du plaifir a vqir not' douleur... Et ce pauvre Alexis!... Magdelaine. Ah! s'ii ofoit quitter fon pere, i'feroit bientfit ici. . ■>■ Justine. Mais ce qui me dépite lè plus, ce fönt toutes les carefl'es qui' m'fait, c'mauvais pere qui ne r'vient que pour m'öter mon mari. I'ne leve pas les yeux de deffus moi; i'm'adreffe toujours la parolc.gnya d'la tendreffe , gnya d'la douceur dans tout c'qui m'dit... queues careffes perfides!... Et fte fureur qu'il a de m'faire remarquer Alexis eft"ben dans les bieaux habits qu'il lui a fait prendre. (Se rctournant vers lé cantonnade.") Vous n'avez pas befoin de me 1'r'péter fi fouvent, méchant que vous êtes! (En pleurant?) Je 1'fais ben qu'Alexis eft biau je 1'fais ben qu'Alexis eft aimable... I'n'avoit pas befoin d'vos habits d'or & d'argent, pour êt' le plus joli des garcons du Village. Magdelaine. I'met du plaifir a fa méchanceté, le malin qu'il  CÓMEDIE LYRIQUÉ, 45 Justine. Va, ma pauv' Magdelaine, rentre la-dedans... Ttche d'engager Monfieur de Longpré a fortir un p'tit moment, a V'nir ici tout feul, j'veux li parler... ^Veux li dire... oh! fi j'parloi's afiffi ben que lui, ou fi fon cceur fentoit comme le mien, nous nous entendrions bien vïte.. ] Va, Magdelaine, va... je vais t'atteftdre ici. (Magdelaine fort.) SCÈNE III. J US T I N E , Jeule. ~.5i-d nJiMioa -jYil \6üo . .:: m -.T: A R I E T T E. Oü porter.ma douleur mqrtelle? Vois ce que je fouffre pour töi., * ■ " Alexis, en voin je t'appelle; Alexis eft perdu pour moi* Hélas ! demain, i Dres Vgrand matin, Tu t'en iras, Tu partiras.*. , Hélas 1 demain, Ma voix er. vaiu ~ ^ T'appellera, Et te dfra ; ' Je te ferai toujours fidele, Je t'en donne a jamais ma foi... Peut-être une amante nouvelle Te plaira bientöt mieux que mui.i» Alexis, tu/m'oublierois! , Tu me trahirols 1 On porter ma doolewr mor'tello, $CÊ*  46 ALEXIS ET JUSTINE, SCÈNE IV. JUSTINE, LONGPR'E. Longpré, en entrant. O mon fils! je ne veux m'occuper que du foiri de ton bonheur 5 mais un moment de précipitation, ou de foiblefle, n'a que trop fouvent caufé le malheur de toute une familie: voyons fi Juftine eft digne d'Alexis. Justine. Ah! voici Mohfieurde Longpré..3» Alexis, infpire-moi, c'qui faut que j'li dife pour 1'attendrir... L o n g p r É. (Pendant toute cette fcene, tl obferve attentive- ment Juftine, & ne met jamais de dure té ) . On m'a dit que vous defiriéz me parler ma belle enfant... voyons, que puis-je pour votre fervice? Justine. Ce que vous pouvez pour moi ? ... Ah! Monfieur, fi vot' coeur ne vous 1'dit pas, c'en eft fait de la pauvre Juftine Vous partez demain, Monfieur ? L o n g p ré. Oui, mon enfant. Justine, en Joupirant. Avec Alexis? L o n g p r É. Avec lui.  COMEDIÊ LYRIQUE. 4? Justin e. Un jout plus tard, un feul jour... hélas! j'étois fa femme. l o n g p r é, la regardant fixement. Je fuis arrivé a temps pour empêcher un manage fi difpropórtiöffhé. J u s t i n e , en Joupirant. Difproportionné ! gnia-t-il un reproche a faire a ma conduite? Mon pere & ma mere ne font-i" pas d'honnêtes geris?.. Elt-ce not' faute a nous, fi je n'fommes pas nés a la ville?.. Gnia il d'la honte a cultiver Ja terre? N'avons-nous pas de bien affez pour nous pafler des autres, & pour aider ceux qui font dans le befoin? Ah! Monfieur, je n'favois pas c'qu'étoit Alexis, & je 1'ai mois Món pere le r'gardoit comme un pauv' jeune homme abandonné de fes parens, & i' lui donnoit fa-fille..-. ca ne faifoit pas alors un mariage difproportunné, paree qu'Alexis étoit un honnete homme. l o n g p r é. Je ne difconviens pas de tout cela: je fais ce que je vous dois de reconnoiflance, ainfi qu'a vos parens, & je compte bien m'acquitter enversvous; mais jai fait un chqix pour Alexis, & je me vois i préfent plus de néceflité que jamais a lui faire époufer celle que je lui deftine. Justine, voulant retenirfes larmes. Monfieur, ne me parlez pas de fte Deraoifellela.... i>i vousfaviezle mal.... Monfieur... .vuue voulez être aimé de vot' belle fille, pas vrai? l o n g p r é. Aflurément. ; Jus-  48 ALEXIS ET JUSTINE, . Justine, le plus tendrement poffible. Jamais, jamais, Monfieur, celle-la ne pourra vous aimer comme moi. Longpré, lui prenant les mains , /variant, & avec tendrejje. Pardonnez-moi, pardonnez-moi. Justine, plus tendrement encore. Elle ne.vous aura pas autant d'obligations que je vous en aurois... elle n'aura pas mon cceur.., Mais fongez donc, Mt.nfieur, combien il faudroit que Juftine vous aimat, pour vous payer de ce que vous auriez fait pour elle... Elle eft d'la ville, fte Demoifelle-la... al aimera lesplaifirs, la parure... que fais je?.. Au lieu que Juftine fe fouviendroit toujours de ce qu'elle auroitété... Juftine feroit toujours modefte, Juftine ne verrokte fouhaiteroit qu'Alexis... Le peu que 1'on feroit pour elle, lui paroitroit toujours plus qu'on ne devroit faire. L o n g p r É. Eh bien, voila comme penfe celle que j'aichoifie. Justin e , janglottani. Ah! Monfieur, vous m'déiefpérez... (Apris 'une pau/e, & comme cherchant une derniere raifon qui puiffè convaincre Longpré.) Vous ne ferez pas toujours jeune,... i' vous faudra d'la compagnie, des foins, des attentions, queuqu'un qui n'vous quitte pas... queuqu'un qui s'trouve heureux que vous r'ceviez fes bon offices., (bien tendrement) Juftine feroit la... elle y feroit toujours... Ah! qu'elle auroit de foin du pere d Alexis! toNöf-  COMÈDJE LYRIQUE. 49 L o n g p r i Je compte aufli beaucoup fur les attentions,fur les égards de ma belle-fille. Justine, avec tïmtdïtê. Et elle eft bien jolie? Longpré, la regardant malignement. Pour vous en donner une idéé avantageufe, il fuffit de dire qu'elle a beaucoup de votre air. Justine. Elle eft jeune?... L o n o p R é. Elle at dix-huit ans. Justine. Dix*huit ans!...o (£// •T b o m a s,' a Longprt» rii Monfieur, Monfieur, parlez pour moi; J'li donu' mon bien, j'li' baill' ma foi.' ^ Long*  50 ALEXIS ET JUSTINE* Longpre' « 21)ierri. Ce mariage Eft bon & fage* Et pourquoi, Dites - moi, Vous oppofer, Le refufer? C'eft la railim qui vous engage A terminer ce mariage. Justine, a fon pere* Ah ! n'fouflrez pas ce mariage. Thierri, afa fille. Tu ne connois donc pas mon cceur. Puis-j' jamais ftire ton nalheur? SCÈNE VI LES PRECEDENS, GENEVIEVE, MAGDELAINE ET ALEXIS. Alexis. c'en eft fart, il feut partirj Mon trifte fort va s'accomplir. (Ji Thierru) A votre fils, hélas I Ouvrez vos bras, (Thierri le repouffant loul doucemtnt,') Vous me chaffeï? Thierri. Emmenea votre fils.' ; A.'i- e x i s. C'eft Alexis, c'eft, votre fils. Thierri, fejettant dans les kris tt'Alexis. Ah! tu n'es plu» mon fils, . ' 'ai» mi T.W*ïri, taü 09» 'iiiïolfc.irt  COMEDIE LYRIQUE. $i Alexis. J'ferai toujours vot' fils. L o n G p r e'. Mes chers amis, confervez - nous fans cefie Votre amitié, votre tendreiTe. (a fon fils.). Cher Alexis, Partons, mem fils. Alexis et Justine, Emscmbli. Ah ! c'eft donc la derniere fois SS^è te voi5. o douleur amere 1 Ce départ me déTeipere. Cruel moment! Affreiw moment. T h i e r r i , è përt. Ah ! quel moment! Que j'fuis content 1 Pour I'coup, j'efpere. JUSTINE, ALEXIS , GENEVIEVE, THIERRI, MAGDELAINE, v;'. VRi '■ v»W*.VA 'cVvmV_^6 \v> »» vki* - Vw.V I . > e n s e v b i, e. Ah ! c'eft donc la derrière fois Cher Alexis, ? „ Cher' ru(linè,ri«ele te v0", Mon fils,avant daquitter pour jamais ces Heux, prét'entez ce portefeuille a M. Thierri.... c'ett une foible marqué de ma recunnoiüar.ce ci de la vöcre; il le recevra plutöt de votre main que de Ja mienne. Alexis, fe jettant aux pieds de Thierri. Mon pere, les foins que vous avez pris d'moj depuis mon eufance, votre ami.ié, les bonsexemO ? pies  ja ALEXIS ET JUSTINE. pies qu'j'ai recus d'vous, n&peuvent fe payer.., mais ne refufez pas vot' Alexis.... C'eft Monfieur.. (fe reprenant.") c'eft mon pere qui vous offre cela... Moi, je vous laifle mon cceur,.. tout mon cceur.,. tout Alexis Thierri. J'nccepte 1'préfent d'Alexis (reponfjant le portefeuille.') J'refufe 1'autre. J'n'venUs pus mes foins & ma tendrefle. ' (Alexis rend le portefeüille a Longprê ) LqngfRï', a Thierri. Mon ami, ne dédaignez pas ce que je vous offre; c'eft le préfent le plus cher que mon amitié puifle vous faire. Thierri, Non, Monfieur, gardez, gardez vos richefles. L o N O P R É. Brave homme, ce refus vous en rend plus digne eucore. Accepte, moh ami, accepte, c'eft Je gage de mon aveu, du bonheur denos enfans, c'elt la dot d.e ma Juftine. (Juftine , avec un cri de joie, s'élance dans les bras de Longpré.) Oui, ma fille, ma chere fille, voila votre époux. Alexis. , C'eft a préfent que je r'trouve mon pere, Justine, Je tombe a vos pieds. Tous, excepté Longprê & Ibamês. Vous nous rendez la vie, vous nous rendez la vie, Thomas, Morgué, j'crojs qu'i' fe font tous donné Ie mot pour  COMEDffi LYRIQUE. j§ pour fe gaufler d'moi; c'eft avoir ben du guignon, toujours. L^O n g p r e'. ? Mon fils, j'ai fuivi tous tes mouvemens , je n ai pas perdu une feule de tes a&ions, j'ai deviné jufqu'a tes plus fecretes penfées. Je fuis content de ton cceur ; il eft digne du mien... c'eft: le cceur d'un honnête homme* J'ai lu dans 1'ame de ton araante... j'y ai vu la candeur, la franchife, i'amour le plus tendre, le. plus défintéreifé... 1'amour qu'il faut récomperifer. Genevieve , Thierri, braves gens, aines honnêtes, fi 1'élévation,fila délicatefle desfentimens font la véritable Nobiefle, j' n'en connois pas qui puifle 1'emporter fur la votre. SCÈNE VIL ;-./.;..j> 3UOT 2ti moq ooi önio eoowTfjïvai suort LES PRECEDENS, LE BAILLL 1 L e Bailli, ±VjTonsieur Thomas, vous nous avez prié de venir pour vos fiancailles, & nous voici. Thomas. Bah, c'n'eft pas moi qu'all' époufe, c'eft Mon» fieur Alexis. Le Bailli & le Village. Tant mieux, tant mieux. Thomas. Vous êtes ben polis, il n'y a pas d'quoi: mais comme, dans le fond, je ne fuis pas méchant, j'me réjouirai avec vous du bonheur de Juftine ft  $ ALEXIS; ET J USTINE, ,a qui il n'peut arriver tant d'biens|, qti'all' n'ca mérite encore davantage. Viens, mpn-ftjs, dans les bras de ta mere,reCevoir les marqués de fon amour, lui préfenter ton époufe, & nous, mes amis , nous occuper tousa réparer les mauxque nous lui avonscaufés. " Ah! comme j'vais 1'aimer. Justine. - Maman, vous n'en ferez pas jaloufe... elle eft la mere d'Alexis. Tous. Quoi! Monfieur, vous voulez nous quitter? Reftez avec nous. Longprê. Mes amis, nies bons amis, je vous le promets, nous reviendrons dans peu pour ne tous quitte? jamais. CHOE.ÜR. Qiiel bonheur pour leur tendrefle! Rien ne marqué a leur bonheur. Que chacun ici s'empreffe A chanter leur vive ardeur I L'ohgue', Pour voos je' quitte la Ville. •• Je viendtai viyre avec vous. Me faifons qu'un e familie; Kxons Ie bonheur chez nius. TmERRI et GENEVIEyj. JVavons plus de voeux a faire; Que j'pafs'rors d'heurenx momens, J'vous refpecVrons comme un pere; J'vous aim'rons comm* nos enfans. C H O E U R. i Tous Ensemble. Oud bonhssr, pau, leur cendrefTe, &c. * FIN.