L'AMÉRIQUE DELIVREE. T O ME PREMIER.  *33*iVLi: ié 7!\joinhw.f  -' > 756 G14 L'AMERIQUE DELWME, . " ESQUISSE D'UN POËME iur 1 'In dep en dan c e de 1 'Am er i era e. J)o t/ww, greatLiberti/( inspire oor fpulf *AiuLmakjt our live*? in tfuf posseasion /utppi/l Or ow dealfu tjloriouf in thi/j'ust defaice ■ ADDISON Trog. of Cato . A A M S TERD A M ektx. J. A. CSAJEH SCHOT, MD CCLXXXIII. Gïraud le J*' scalp •   ÊP1TRE DÉD1CAT0IRE. A MONSIEUR, Monsieur JOHN ADAMS, ECUYER,' ANCIEN COMMISSAIRE DES TREIZE-ETATS-UNIS DÉ L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE A LA COUR DE FRANCE, ANCIEN DÊLÉGUÉ AU CONGRES POURL'ÉTAT DEMASS ACHUSSET'S BAY, CHEF SUPRÈME DE JUSTICE DE CET ET AT, MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE ORDINAIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES TREIZE-ETATS-UNIS PRES LES PAYS-BAS-UNIS, ET MINISTRE PLÉNfc POTENTIAIRE EXTRAORDINAIRE DU CONGRES A LA COUR DE VERSAILLES POUR LA PACIFICAT1ÖN GÉNÉRALE. MONSIEUR, Je ne pouvais compofer le premier Ouvrage de Poéfie qui, dans notre langue, vient * 2 cé-  célébrer le triomphe de rAmérique-Septentrionale, fans vous en ofFdr 1'hommage refpe&ueux. La part que vous avez eue dans tous ]es évenemens qui ont précédé la Révolution de votre Patrie, le róle diftingué que vous avez joué dans les négociations importantes qui ont afïis la bafe defon indépendance fur les plus folides fondemens, vous font des titres trop glorieux, Monsieur , pour ne pas fixer fur vos talens les ïeux des deux hémifpheres, & diriger 1'attention générale fur une production qui ofe fe préfenter fous vos aufpices. Nonfeulement votre fagacité, percant 1'obfcurité de 1'avenir, vous avait dévoilé la marche des Puiffances qui devaient coopérer a un des plus grands pbénomenes dont la politique moderne aurait a s'étonner; mais vous avez eu ces talens rares & fublimes dans un hom-  homme d'Etafj'qui peuvent accélérer d'un cóté la décadenced'untrörieredouré, &del'autre placer auprès de lui une PuhTance nouvelle, Tour-a-tour Légiflateur , Arbitre fupréme, Négociateur de 1'Etat qui s'honore de vous avoir donnélejour, vous venez de cpuronner une des Périodes de votre carrière politique par une paix glorieufe a fAmérique, mais dont les conditions, fruits de votte génie, vous affurent un droit éternel a la reconnaiflance des Treize- Etats-Unis , en mettant le Sceau le plus honorable a votre immortalité. Votre modeftie me fait une loi, Monsieur, de ne pas louer ici vos vertus civiles , la franchife & la droiture de votre ame, qui méconnait encor les rufes & le petit manege de la politique Européenne. Je fuis a regret forcé au filence fur les rares qualités * o de  de votre coeur; & fi je me borne a ce peil de mots dans une matiere fi féconde, c'eft que tous mes defirs, ont uniquement pour but de vous rendre mon ouvrage agréable, & de me concilier votre bienveillance & votre eftime. Je fuis avec refpect, Monsieur i -• , tiaV' c:;: ' . . . '." c. ïimnö • Votre très-humble & très- obéiflant Serviteur, L. C. d. l, G. É ?.rnr ö£ .san&qowa suppiloq cl eb ^■•lilfiüp sbiBi »éi lift sofiöID 63101 331391 PRÉ-  P R É F A C E. L'Auteur, en offrant eet ouvrage au public, n'a paint pi'étendu lui donoer un Poëme. En prenanc la plume , il n'avait en vue quune fïmple Epitre deftinée a féliciter M. John Adams fur 1'heureux fuccès de fa Négociation dans les Pays-Bas-Unis, négociation la plus difficile peut-être qui fe fok effeét-uée en Europe dans le fiecle oü nous vivons. Pour mon> trer toute 1'étendue du génie qui a fa triompher des obftacles qui s'oppofaient en foule aluniondes Amé-* ricains & des Bataves, il fallaic dövelqpper les cir. conlhnces oü fe trouvaient les Républiques de ces deux Peupies. Les préjugés que prefque-tout F Ancien Monde avait adoptés d'après les afiertions des Anglais, étaient défavorables aux Treize - litatsUnis , & demandaient par conféquent une réfutation pléniere. Le peu de connaiffance que 1'Ainérir que & 1'Europe mêine avaient de la Coiiilitution des Pays-Bas- Canfédérésj les diveries altérations que 1'ambition de quelques Citoyens ou la marche des fiecles y avaient occafionnées; la üuiation aclaelle du Gouvernement-, la maniere de penfer génerale ou particuliere de chacun des Sept-Etats, des villes tam mes qui vivent dans FUuion d'Utrecht; toutce-qui fe parfait alors d'éffange ou de üngulier dans la Ré* 4 publi-  VIII P R É F A C E. publique entiere, formaient un enfemble qui devait être parfaitement connu de la génération préfente & de la Poftérité. II en était de même des fituations qu'offraient les Etats des puifiances armées pour rompre les fers de FAmérique & procurer la liberté générale fur un Élément qui, ne pouvant être de fa nature la propriété d'aucunenation,devaitconféquemment appartenir a toutes en commun, fans partage & fans exclufion. II en était encore ainfi des expéditions de terre & de mer qui ont fignalé cette guerre fanglante. Sans une jufte notion de tant d'objets divers, dont 1'influence directe ou indire&e a tant de poids fur tous les Cabinets des deux hémifpheres, comment apprécier les travaux de FHomme d'Etat qui, par fes lumieres, fon habileté ou fon adreffe, a pu parvenir a renverfer tout les effoits d'un parti riche & punTant qui h'a rien épargné pour éloigner les traités qui devaient unir a jamais les deux Républiques ? Entrainé dès lors par Fabondance des matieres, 1'Auteur n'apu quitter fa palette,ni pofer le pinceau. Encouragé par le confeil & les inftruétions d'un vrai patriote Ilollandais connaiiTant bicn les Conftitutions de fa Patrie; devenu Républicain lui-même, il s'eft attaché conftamment k percer les nuages dont fe couvrait une cabale perfide, vendue aux Ennemis de FEtat pour niettre aux fers les généreux Eataves , mais  P R E F A C E. ix maïs k Iaquelle Part a toujours manqué pour dérober fes projets a Foeil vigilant de la Nation. Des plumes étrangeres, de laches Ecrivains dans le fein même de la République, loin de rendre juftice a un Peuple eflimable, qui cenfurait amerement, il eft vrai, mais fans rumeur, des mefures perverfes qui 1'auraient avili,cherchaient au contraire a en rejeterle blame & la honte fur les Adminiftrateurs & fur la nation entiere. Tantöt, rampant dans 1'obfcurité, & fe laiflant deviner a peine aux patriotifme le plus clairvoyant, tantöt levant une tête audacieufe, la coupable Anglomanie cherchait a fe dérober au glaive de la loi, ou détiait hardiment le bras vengeur du Souverain, dont elle foulait aux piés les Edits les plus importans & les droits de la liberté de la Patrie qui rougiflait 6c frémiffait de rage a fon feul afpecl, tandis que 1'homme de bien, quoique né dans un climat différent, retenait a peine les élans de fon indignation. II aurait fallu démasquer tant de traitres, les dénoncer a 1'Univers entier; mais on s'eft contenté de leur faire appercevoir qu'ils étaient connus. L'on a prouvé par des fairs indubitables les vengeances fourdes qu'ils ont taché d'exercer ,• les impoftures habiles ou maladroites qu'il leur plaifait de controuver pour étayer un fitlême deftruéreur qui tendait vifiblement a la ruine de la République. L'on ne pouvait parler de * 5 ces  x P R E F A C E". ces fairs, fans rapporter, le plus brieveiaient poffible, les évenemens qui y avaient donné lieu. De la cette multitude. de notes hiftoriques ou politiques qui font une grande partie de 1'Ouvrage, toutes fondées fur les vraies principes de la Raifon, ou puiféjs dans les. meilleures fources, & foutenues par les autorités les moins fuiccptibles de -'doute ou de paitiaïité. Plus d'un ticrs de 1'Ouvrage était ache\'é, quand rAuteur fe décida h le partager en différefis Chants, dont 1'inégalité de grandeur prouve affez qu'il n'était point deftiné dans fon origine a une diftfibution femblable.'i • i-: , > ■ De tous les reproches auxquels on peut s'attendre de la part des Cenfeurs ëclairés, un feul eltpeut-ctre fondé. C'eft le peu de mérite de la Pocfic, & les défauts que l'on y découvrira. L'Auteur, loin de redouter les piqiïres d'une Cenfurc judi'cieufe, les attend avec impatience. Sïl n'eüt pas abfolument été privé de tout fecours de cette efpece, fon Ouvrage 'ferait moins défecrueux: mais dans la région ou il écrivait, perfonne n'eft venu lui montrer les défauts de fa poéfie. Bien des gens, prévenus en faveur de la GrandeBretagne, trouveront mauvais fans doute, que l'on fe foit dans eet Ouvrage fpécialement attaché a montrer les Anglais fous le point dc vuele plus défavorable (*). Mais, ( J A des plainces, Biaiheureufwtnent ïrop judej, on ne man- quera  p R É F A C E> xi Mais, en tems de guerre, les rcpréfuilles font permifes entre les fujets des Puiifances qui ont 1'épée a, «.wj'-^-bno i é-wü cw-udo 3J üt:!itsn bso zw M quera pas d'oppofer les crnautés des Francais, a Bodegrave & Swammerdam, dans le fiecie paifé. Qui ne fait que Ie fanatïfme & l'anglomanie , non contens de les avoir exagérées, quoiqu'elles fe trouvaflcnt réfutëes par des auteurs Bataves & témoins .-cculaires ; de les avoir dépeintes fbus les couleurs les plus noires dans d'indignes écrits, nationaux & étrangers, en ont fait une efpece de catéchifme pour la jeunefTe. Batave, afin de lui faire fuc.er ave'c le lait une haine héréditaire comre la nation Francaife? Mais on n'eüt pas imiginé qu'aprêj un llecle, on aurait ofé diftribuer ces defcriptiöns fcandaleufes, da^s 1'efpoir 'de fcduire les gens fimples & de leur repdre 1'uf. pefts les bienfaits & les généroficés dont les F^Bjgais nous ont comb'és dans le cours de cette guerre. L'Angloinane, le vil AngloiT.ane, a mis tout en oeuvre pour perfuaJer a la partrèi la plus norribreufe & ia moins éclairée de la NationBelgtque , qVie le Roi de Francé avait 1'abominable intention de former autour de nous une chaine de bienfaits,; afin de difpofer de rious dans la fuite au gré de fon intérêc & de fa poliiiquc. Tel était le dé'ire des partifans de 1'Angleterre dans cette République, que, dans le même tems.oü ils faifaient un tableau effrayant des anciennes cröaütes des FraTïfais, donc les 'aélions èn ce tems-li ne furent point certaineraent exemtes de blame, ils tacbaient de jeter un voile impé;,étrable furlej a&ions atroces & préientes des Analais fur toutes les mers, paria feule &. ridicule raifon que ces derniers rendent k Di?u ie mème culte qu'eux. J'atjliorre les cruautés des Francais; j'abhorre celles des Anglais. ^ Tout homme raifonnabte aime la' vettu'en quelqu» individu qu'elle réfide, & iï détefte le vict? quel que foit le vicieux. S'il eft un motif capable de l'aveu< gier fur ce point, il ne fait ce que c'efr que vertu. Note de l Editeur.  xn P R É F A C E. la main: l'on a été bien encor au deffous de tout ce que l'on aurait pu dire, foitpour répondre aux produdions qui naiffaient chaque jour a Londres contre la France, 1'Efpagne, 1'Amérique & les Bataves; aux déclamations indécentes de quelques Membres du Sénat Britannique; foit pour ie venger des fables injurieufes que l'on ne ceffait d'inventer dans laGiandeBretagne entiere pour rendre odieufes, méprifables même aux ïeux des Anglais les nations toujours refpeclables qui n'avaient pris les armes que pour rabaiffer 1'orgueil d'un Ennemi trop puiffant & dès lors dangereux pour la liberté de 1'Europe. Que les perfonnes qui hazarderont ce reproche veuillent indiquer de bonne foi le beau cöté que 1'Angleterre a préfenté au monde entier, dans la guerre la plus odieufe, la plus injufte, la plus barbare qu'elle ait jamais faite a des PuiiTances ennemies. Une foule d'E.crivains de toutes les nations , enivrée de la gloire éphémere qui femblait couvrir les Etats Britamriques', ne pouvait fe laffer de célébrer, d'admirer des infulaires dont il avaient voulu fe faire une idole. Les produftions du génie même , écaient, pour ainfi dire, fouillées k chaque page, des louanges les plus fades, les plus outrées & les moins méritées en faveur de la nation chérie qui s'appréciait trop pour ne pas en méprifer Ie ridicule encens. Si ces Auteurs, vraiment eftimables d'ailleurs, euffent mieux  P R É F A C E, xni inieux examiné les chofes qui faifaient leur admiration, ils en euffent jugé plus fainement. Ils n euf-. fent pas, fans le favoir, coopéré a faire croïtre encore dans 1'efprit du vulgaire Anglais cette audace révoltante qui déja ne connaiffait plus de frein, & eet orgueil infolent qui lui attirait le mépris de tous les autres peuples. Ces plumes réellement Anglomanes auraient pu reconnaitre que cette gloire de 1'Angleterre n'était point celle de la Vertu, mais une bouffiffure dangereufe qui dérobait pour un inftant les playes profondes & invétérées de FEtat; que les merveilles fi vantées de la Conftitution Britannique, nétaientpas moins que le Code des nations voifines, fujettes aux convuliions du Defpotifme, aux opérations de la tirannie, &plus favorables peut-être eneore ala corruption laplus dangereufe pour le peuple dont elles dirigeaient fi mal-adroitement les renes. Les Vertus des Anglais, leursforces, devant lesquelles la Terre étonnée devait, nous difait-on, bientót garder un fdence refpeftueux, leurs talens militaires fi redoutés fur les deux élémens jadis témoins de leurs fuccès, de nos jours, mis a 1'épreuve de 1'expérience d'environ dix années, fe font évanouis comme leur puiffance, avec la même rapidité que ces exhalaifons brillantes, mais de courte durée, qui naiffént dans nos champs au milieu de 1'Autonne. Aucun motif perfonnel n'a mis la plume a la main de 1'Au-  xiv P R E , F A C E. FAuteur. II n'a point .chargé des tableaux déja trop odieux, & il défie hautement.de nier aucun des faits qui font les preuves de ce quil a avancé. Hommes Bbivs & vertueux' de la Grande-Bretagne , on ne Vouluit point vous envelopper dans 1 indignation génénje, nv.is iégitime, qui s'elevait de toutesparrscontre les bombies exces ou vos injuites & barbares Compatriotes fe font abandonnés dans toutes les parties du monde oü ils ont touché! Vous gémifliez avec tous les gens de bien de la tache prefque indéléoüe qui s'étendait fur votre nation de 1'un a Fautre pöle. Vous éleviez fréquemment vos voix pour arrêter la marche fanguinaire de vos armées, ou pour défapprouver ce que la conduite de vos Miniftres & de vos Généraux avait de plus odieux, mais vos nobles clameurs étaient éroufFées par la corruption générale. En confidérant une PuifTance rivale démembrer a jamais votre Empire, vos cceurs étaient moins navrés de doüleur a la vue de fes fuccès & de 1 epuifement de votre Patrie, que par le contrarie frappant qu'offraient partoutfans oftentation fon humanké naturelle & fes autres vertus. i La flatterie, 1'ambition, 1'intérêt n'ont point eu de part k la diihibution des louanges que eet Ouvrage renferme. La Vertu, 1'eftime publiqtie, des actions dirigées par le pur amour de la Patrie, ont feules obtenu le jufte tribut que tout Citoycn doit a fes dé- fen-  P R É F A C E. xv fenfeurs, aux Peres de FEtat. Aucun des perfonnages refpeetés & dignes de Fêtre que Fon y célebre, n'eft conriu pcrfonnellement de FAuteur , 6c fon exiftence même en eft abfolument ignorée. Les dévots, leurs partifans ou ceux a qui Fintérêt met fur le vifage le mafque de Fhipocrifie, feront peut-être feuls Un crime capital a FAuteur, d'avoir demandé fans ceffe & partout une tolérancc générale de toutes les opinions réligieufes. Cette accufation ne lui paraitra que glorieufe, & il aime a' fe féliciter d'avance, en efpérant qu'on ne lui épargnera point un reproche qu'il avoue avoir a delfein mérité ; mais il ferait bien plus charmé fi tout le monde, les dévots même, étaient a eet égard dans les feminiens qu'il profeffe. D'autres blameront peut-être aigrement Fintroduction des Divinités du paganifme, dans le récit d'un événement qui n'eft pas même encore définitivement terminé. L'on répond que, fans recourir a la Fable & a la Mitologie des payens, il ne faurait exifter de véritable poéfie en des matieres femblables. Des vertus, des vices, des paffions perfonnifiées procurent, ileft vrai, quelques images agréables : mais FEfquiffe d'un poëme ne faurait être dépourvue de 1'intervention des Divinités, fans être privée d'une infinité d'agrémens & furtout de ce merveilleux que comporte nécelFairement une narration femblable. Le  xvi P R E F A C E. Le titre de eet Ouvrage annoncait fans doute que l'on s'étendrait fur mille objets inconnus, relatifs aux Treize-Etats-Unis. L'Auteur fe le promettait re'ellement; mais ne trouvant partout que faux rapports ou notions imparfaites, il a préféré le vrai aux détails de 1'erreur, & content de ne rien avancer dont il ne fut parfaitement inftruit, il s'efl borné a préparer les matériaux pour les grands architect.es qui viendront après lui, fatisfak, fi fon travail peut leur devenir de quelque utilité.  VÉD1TEUR A S E S COMP ATR10T ES. ^4u commencement de Vannèe 1782, M. L. C. r>. L. G. me propofa dlmprimer un poëme fur la Dilivrance de VAmérique. Voyant qu'il s'agijjait dans eet ouvrage du triomphe de la liberté, lefang Bat ave, qui coule dans mes veines & qui nia étè tranfmis par une longue fuite d'ancêtres, fans aucun mélange de fang ètranger, ma fit vivement fentir, par fa chaleur & fon effervefcence ,combien l'amour de la Patrie était profondément gr avé dans mon ame. Mais comme lamour, pour quelque objet que ce foit, n'eft rien, s'il rieft prouvé par des faits , fai regardé comme un devoir de ne pas laijfer êcbapper cette occafïon ie manifefler aux yeux de ma nation, mon déuoue* * ment  xviii L'E D I T E V R A S E S ment a l'Etat auquel fat le bor.heur d'appariètiir. Perfitadè que la facultè ie penfer efl inhérente h la nature bumaine & qitil nejl que des defpotes qui, dans leur délire, s'arrógent le droit abfurde de la rê~ tier & aen interdxre l'ufage, j'ai cru pouvoir & detoir faire cov.figner dans eet ouvrage, l'hijloirc des événement & des circonfiances reïatives a ma Patrio dans cette guerre ; mais je me fuis fait une lol d'avoir tous les égards poffbles pour mes compatriotes, quels qu'ils foient, a moins que, par une conduite indigne d'un vrat Batate, ils n'aient favorifé le defpotifme. C'ejl pourquoi je n*ai acceptè le manufcrit de 1'Auteur, que fous la condition que fon ouvrage ne fe borncrait pas feulement a la Délivrance de l'Améüque, mais qu'il y ferait entrer les détails de la part qu'ont eu a cette rsvolution les Ëtats qui, a cette cccafwn, font enirès en guerre avec la Grande-Bretagne, fif principalement le role qüa jouè notre République dans tes troubhs. Cette condition fut agréée, moyennant que je fcurnirais les infirutiions & documens nèceffaires , jur les cvnfiitutxons Qf le gouvernement intérieur ds la  CO M PATRIOT ES m ia République, ce que je premis de faire, pour autant que mes foibles lumiercs le permettraient Dans la fphcre ou le ciel ma fait naftre, je ne fuis appelé a fervir ma Patrie ni dans fes confe'ils ni dans fes armées; mais il c(t d''autres manier es de lui être utile, & j'efpere bien mériter de cette tendre bonne more en fosfaat connaiire d'une part ceux de fes enfans qui ont embrajfè fa défenfe avec zek & courage, & de l'autre en dévoilant les infidhvfes &? Idcbes intrigues de ceux qui prêtaient leur mini [tere pour la mettre dans les fers; enfans bar bar es & dénaturés! que je me crois obligê de dévouer a la haine publique, comme des monftres, dont on ne peut infpirer ajfez d'horreur. En publiant eet Ouvrage fai en trois chofes en vue, i. En cbantans la Délivrance & la Liberté de la nouvelle République, & en expofant la part que notte Patrie y avait pris, j'ai voulu faeiliter aux enfans de ces deux fceurs les moyens de fe bien connattre & leur montrer Tintérêt qu'ils ont de ferrer entre eux de, plus en plus le nozud de l'amitié réciproque. ** 2 2, Fm  xx ÏED1TEURASES 2. En faifant mettre au grand jour ce qui s'ejl paffé dans ma Patrie dans le cours de cette rèvolution, je me fuis propofé de donker aux ètrangers di plus ju/les idéés, qu'ils nont en général de notre Gouvernement intérieur; car telle efi leur ignorance fur nos con/litutions, qu'ils regardent comme rebelle, quiconque ofe défendre les privileges & prérogathes d'un Peuple libre; on aurait peine a leur perfuader que notre Stathouder n'efl pas notre Souverain. Nésfous le joug, élevés dans les fentimens de la dépendance , éblouis par le faux éclat des cours, il ne peut leur entrer dans l'idée quun HöMftfE, décoré du titre impofant de Prince & de tant d'autres titres éminens , ne foit pas Souverain. Rien cependant de plus avéré (&> U efi bon que les Nations en foient in/lruites) que le Stat. houder n'efl que le premier Citoyen de la République, autant lii par fes fermens, & au ft Jlr mentent obligé a fe conduire felon les loix fondamentales de notre conflitution Batave, que le moindre fujet, quoiqu'ayant une maifon montée fur le pied de alle  COMPATRIOTES. xxi cette d'un Roi, quoiqu'entouré fans ceffs cCune foule de courtifans, enfin quoique mis, par une ékclhn particuliere de chacun des fept Etats Souver ains, a la tête de la puiffance exécutive, quil faut bien fe garder de confondre avec la puiffance lègiflative, qu'il na en aucune manier e, mais que de Idehes fiatteurs, idolatres .de la grandeur Stadhoudérienne, ont la bajfc-jfe de lui attribuer. 3. Je me Juïs propofé d'èriger une cfpece de trophèe aux grands hommes qui, tandis quon ofait donner atteinte aux droits facrés d'un Peuple gènèrcux & libre, fe font èlevès contre les atteniats du defpotifme £ƒ lui ont arrachê les fers dont il voulait enchainer la nation. J'ai voulu faire connaitre a toute l'Europe les trahs hcroiquss de nos illufhres dtfenfeurs dans cette conjonSture critique. Leurs aFiions front confacrées dans toutes nos hijloires, mais ce ferait lts renftrmer dans un cercle trop étroit, zi j'ai penfé quil n'était point de moyen plus fur pour en répandre la conna'tffancc dans le monde, quune langite devenus en quelque facon umverfelle. Cefl ravir a un grand * * 3 homnie  xxit VE D I T E U R A S E S bomme un* partk defagloire, de ne le faire connaU tre qu'a fa nation. Voila, mes chers compatriotes, dans quellesvuesfai defirê que ce poëme fut exécutè. Si Pon nien imputait d''autres, l'on aurait tort. Je nepuis me mettre fur les rangs pour briguer quelque emploi, charge ou office, le préjugé ni'en exclut. Et je protefle au furplus, que de tous les patriotes dont les vertus font célébrées ici, il n'en efl aucun que je connaiffe partiadierement. Jamais je n'ai eu de liaifon avec eux, ni avec ceux qui lts approcbent; airfi les louanges qu'on leur donne font moins offertes a l'bomme qu'a la vertu qui le diflingue. ■. Tout lecieiir iwpartial, en par courant ce poëme, fera convaincu de cette vériié. II verra que dans quelqucs endroits l'Auteur aurait pu dire bien des chofes qui ont été omifts faute d'infiruclions ; mais j'ai préféró de faire parahre eet ouvrage avec fes défauts. Mon hut efl rempli, fi les vrais patriotes le croient digne dltre tranfmis a nos neveux, & j'efpere qu'ils me donneront eux-mêmes les renfeignemens qui  COMPATRIOTES. xxm qui nous ont manqué pour le re&ifier & y donner la dernier e main. J'a'une a croire qiiun de nos poètes Bataves fe fera un plaïftr de le préfenter a la nation dans notre langue uiaterneUe. Au rifque de poffer pour enthoufiafle , fajouterai quil ferait fdcheux quun ouvrage fi proprt a nourrir dans nos cccurs ïamour de notre mere commune , de notre chere patrie, ne fut pas connu ie ceux.de nos compatriotes qui ignorent la langue Francaife. Aujji ne nègligerai-je rien pour que la tradutlion en notre langue fuive de prés; & fefpere quelle fera d''autant nticux accueillie, qtielle fera faite par un homme qui a la connaiffance parfaite des deux lavgues joint Contour le plus tendre & le plus éclair è pour fa Patrie, auffi incapoble aêtre fèiuit par Vattrait ies richeffes & des honneurs, quintimidé por les clameurs & les menaces. Je nambitionne d'autre récompenfe que votre efiime, mes cbers compatriotes ; fefpere ni'en montrer toujours digne par mon zeis & mon amour pour tout ce  xxiv L'EDITEUR A SES COMPATRIOTES. ce qui porie le caraclere faint £f facrê du Patriotifme, ou de la Liberté, c'efi la même chofe. Comment être bon patriote fi l'on ne montre une ame libre en toute conjonElurc. Si d'un cóté celui qui attente a la liberté d'autrui efl un ufurpateur, d'un autre, celui qui fe laiffe impofer le joug efl un Idcbe, qui méconnait la dignité de fon être. La vertu , la vertu feule mérite une diflinclion particuliere. VA M É-  L'A MÉRIQUE D É L I V R É E ESQUISSE D'U N p O Ê M E. Sur Vindépendance des Treize-Etats-Unis de VAmérique Septentrionale C H A NT PREMIER. Des campagnes de 1'Inde (i) aux rives dc Bofton, (2) Les cruels Léopards (3) de la fiere Albion (4) Bra- (1) C'eft-a-dire depuis le °| * [ S | de Latitude, |^ ™\ fc Longitude. CO Jusqu'au Latitude & de Longitude. Dans eet espace immenfe, il n'efl pas une lieue de terrein, oü les kabitans n'aient un crime a reprocher a TAngleterre. (3) Trois Léopards en champ d'argent, font les Armes d'Angleterre. (4) La Grande-Brctagne était oommée par les Grccs ErE- A TAN1A,  ( a ) Bravant avec hauteur les loix & le tonnerre, Ont porté des combats la fureur meurtriere, L'orgucil de leurs drapeaux & le fer des Tirans. L'Univers a tremblé que des anciens Titans (i) L'on ne vit en fon fein renouvèller la race. Tont annoncait déja cette féroce audace, Qui, de rochers divers compofait un monceau, (2} Et du Monde naiflant fit trembler le berceau. Les Bretons, a leur gré commandant a Neptune, Enchainaient les humains au pié de leur fortune ; Et leurs moindres defirs étaient autant de loix Que devaient respeéler les peuples & les Rois. Mais la bonté des Dieux, qui de nos deftinées Regie par fes vouloirs les jours & les années, A TANlA , ou BFETANN1K.H , ou nPETANlS, ou AABifiN 'ou aAOïIJIN. Elle conferva chez les Romairis le nom ü Al. bion, du mot laiin, albus, blanc, a csufe de fes falaifes, ou rochers , qui parailTent blancs a ceux qui approcbent de cette Isle, & qui la font découvrir de loin. (1) Tout le monde connait les Titans qui voulurent détróner Jupiter pour reiner fur le monde è fa p;;ice. (2) II? amoncelaient les montagiies & les rocbers afin demonter au cicl, cc d'en chafler Jupiter.  C 3 ) A ri des vains projets de ce peuple orgucilleux, Qui croyait maitrifer & la ïerre & les Cieux. Augufte Liberté! félicité fuprême! Tréfor plus précieux que 1'or du Diademe, Viens apprendre aux huraains quelle Divinité, D'un peuple magnanime , illuftre & refpeclé, (i) Dont TEmpire fameux commandait fur les Ondes, Et roulait dans fon fein les tréfors des deux Mondes, A pu, dans un clin d'ocil, exiler les vertus: Lui montrer a la fois fes trönes abbattus, Un Monde de héros fouftrait a. la puiffance, Et 1'Univers ravi hater fa décadence, Rire de fes malheurs , infiüter a fes maux, Et s'arracher enfin quelqu'un de fes lambeaux. Dia (i) Les Romans Anglais avaient fafciné les yeux du rede de 1'Europe a un tel point, que l'on croyait que les Vertus & les rares quaiiids de Grandifon, n'étaient qu'une ébauche du caradere national de ces Iufulaires. Heureufement nous fommes déüompéf. A 2  (4) Dis-moi: quel eft ce Dieu, qui, furlaDélaware(i) Arrêta les fureurs d'une Mcre barbare, Qui, fans ceffe acharnée autour de fes Enfans, Leur ddcoche fes traits, & fur leurs corps fanglans Préfide a des horreurs qui ternilTent fa gloire, Et fouillent de forfaits les faftes de 1'Hiftoire. (2) Divi- (1) L'une des rivieres fur laquelle efl batie la ville de Philadelphie, Capitale de 1'Etat de Penfylvanie, aujourd'hui la réfi. dence du Congres. Cette ville eft vafte & fupube. Elle occupe autant de terrein que Briftol en Angietcrre. Elle eft fltuée fur une langue de terre que forment les rivieres de la Délaware, & de Schuükil, toutes deux ravigables pïufieurs lieues au deffus. Elle eft batie en échiquier, de mar.ierc, que deux de fes cótés oppofés font face chacun & l'une de ces tivieres. Elle a pïufieurs mes de deux milles de long, très-larges, bordées de maifons très-bien batie?. (2) L'on veut par'er des Scapels dont les Anglais armerent les fauvages ri'Ainérique contre les peuples des Etats-Uni«. CarIeton fut Ie premier qui tira ces s-fEeux inftrumens des vaiffeaux qui les avaient apporés d'Angleterre, & les offrit a ces mains Barbares dans le Cai ada. Voici la réponfe de quelques-unes de ces hordes: „ vorre dérré'é eft celui d'un pere avec fes En. „ fans, il ne nous convknt point d'entrer dans cette brouillerie „ i'ome.nique. . . . Mais fi les rebelles venr.ient attaquer cette „ Province , ne nous auteiiez-vou* pas a les repoulièr? .... „ De.  C 5) Divine Liberté 1 Seul vrai bien des mortels, Chez la Mere & les fils, l'on voyait tes autels! Après mille combats, le Démon de la Guerre Sur fes malheurs paffés, laiiTait gémir la Terre. L'Olive de la paix parfumait Fhorifon, Et la Terre étonnée admirait Albion. La fuperbe Tamife, au fein de 1'abondance, Contemplait fierement i'éclat de fa puiffance; Sur fes bords toujours verds , les jeux & les plaifirs, Tour-a-tour variés prévenaient les defirs. L'Orgueil fuivit bientót la gloire des conquêtes: La Débauche s'affit dans 1'enceinte des fètes , Et „ Depuis Ia paix, !a hache eft enfevelie & quarante brafTes de pro- „ fondeur Vous la tfouveriez füreraent fi vous creufiez „la terre.... Le manche en eft pourri ,& nous n'en pourrions faire „ aucun ufage." VAbbi Rainal. Révol. de PAmérique. Mais avec le tems les agens aftifs de 1'Angleterre, réuffirent a gagner pïufieurs nations éloignées , & ces féroces alliés firent une fois plu» de mal aux Américains que la fureur des troupes royales, dont les Généraux donnaient une fomme en récompenfe a chaque fauvage a propottion des chevelures de Colons qu'il lui apportait. A 3  'co Et toits les Citoyens, puiflans comme des Rois, A leur gré de 1'Europe interprétaient les loix. Le Despotisme ofa fe placer fur 3c Tröne, Parlef aux Nations en Roi de Babilone, Et 1'Europe indignée, avec tout 1'Univcrs, S'unit tacitement pour éviter des fers. Funefte Ambition (i) Orgueil, pere des crimes! La race de Japet, en fuivant vos maximes , Perdit, dans tous les tems, fa gloirc & fon bonheur, Quand pourra la Rail on diffiper fon erreur ? Albion, qu'enivrait un torrent de ddlices, Ofa, mème en fon fein , déifier les viccs, Et fon Ambition, des premiers immortels Ilautement ufurpa 1'enccns & les autels. Du (i) II eft étonnant que les Anglais qui , fous le regne de Louis XIV, avaient rempli 1'Europe de leurs clameurs fur 1'ambitiou de ce grand Prince , fe foient abandonnés peu de tems aprês a une ambition que les limites des deux mondes pouvaieut a peine fatisfaire.  Du plus haut de FQlirnpe, une voix menacante Dans Londres tout-a-coup vint femer 1'épouvante. Auffitöt la Discorde, aiguifant fes poignards, Plane fur la Cité, (i) defcends fur les remparts. Le Fanatisme accourt, le Délire & la Rage D'un peuple turbulent embrafent le courage. Les flammes & Ia Mort, volent de tous cötés, La Vertu ni le rang ne font plus respeérés (2) Et 1'Anglais fur fon fein déchainant fa furie, Pour venger 1'Univers, fe frappe & perd la vie. C'eft ainfi que le Tigre, au milieu des forêts, Qu'enchaïnent puiffamment d'indiflblubles rêts, Me- (1) La Cité eft la plus anclenne partie de Ia ville de Londres , & Ie Roi n'y faurait entrer fans la permiflion du Lord Maire. (2) Les talens, les vertus du Lord Mansfield, ne Ie rairent point a 1'abri des fureurs d'un peuple forcéné. Sa Biblioteqne, qui renfermait des manufcrits inaprédables, fut réduite en cendres, & la Chapelle de 1'Ambafl'adeur de Sardaigne fut p'tlléa & brulée. L'Evêque de Salisbury eut beaucoup de pgiqe i échapper aux mains des furieux. A 4  C 3 ) Menace le Chaffeur qui le piqué & le brave, Fait les plus grands efforts pour brifer fon entrave \ Mais épuifé, confus, il tourne fur fes flancs, Sur 1'éclat de fa peau, fa fureur & fes dens; Comme s'il enviait au bras qui 1'aüaffine, Le barbare plaifir d'achever fa ruine. Non loin de Ia Cité, dans un palais fameux (i) Des droits d'un peuple Roi, protedeur généreux, Un iHuftre Sénat, par des loix éternelles Couronnait Ia Vertu, terminait les querelles, Et lés arrêts facrés que Thémis adoptait, Cimentaient la grandeur du Prince & du fujet. II n'en eftplus ainfi: (V) tous fes membres coupables, Séduits ou fédufteurs, par des voies exécrables, Achc- CO Le Palais de Weftminfter, oü (lege le Parlemcsc de Ja Grande-Bretagne. O) 11 ne faut que lire les débats parlememaires, pour fe convaincre de ces vérités.  (9) Achetés, avilis, en ce moment fatal * Des plus honteux excès ordonnent le fignal (i) A leurs yeux 1'or eft tout: & pour eux la patrie La fainte Liberté , des Bretons fi chérie, Sont une idole antique & vaine de nos jours,' L'or feul en 1'univers, dok capter nos amours. Fiere de fes fuccès, la discorde légere Vole & porte a Windfor (2) la célefte colere. D'un Monarque indolent elle occupe 1'efprit: Elle peint a fes yeux d'un éclat qui féduk, Le Despotisme feul respecté fur le tröne, Alexandre vainqueur des murs de Babilone, (3) Et (1) Ce fut Ie 13 Mars 1774 qu'il fut porté un bill au Parlement, qui fermait le port de Bolton, & qui défendait d'y rien débarquer, d'y rien prendre. (2) Windfor eft une maifon de campagne des Rois d'Angleterre , oü ils paffent 1'Eté. Ce Chftteau eft fur la Tamife, & jouit d'un point de vüe auffi beau que celui de St. Germainen- Laie. (3) II eft prouvé par les faits, que le Roi d'Angleterre, aprês avoir établi le despotisme en Canada, & dans 1'Amérique-fepten- A 5 ld0'  C "O Et cent peuples tremblans, a la voix d'un mortel, Rapidement changer & de culte & d'autel. De même qu'un avare, ébloui dans un fonge, Prend pour réalité les dehors d'un menfonge, Et que fon coeur, épris d'une agréable errcur, Des tréfors les plus grands, fe croit le poffeffeur, A ce brillant aspect, George leve la tête: Pour fe rendre despote, auffitöt il s'apprête. Mais trop faible en Europe, &veillé de trop prés (i) Sur des pays lointains il tente fes projets. Pendant ces fombres jours, valeureufe Amérique, Libre dans tes foyers, féconde & pacifique, De tes nombreux troupeaux tu lavais les toifons; Tes fertiles guérêts fe couvraient de moiilons. Des trionale, vifsit i foumettre Ia Grande-Bretagne au méme joug, en employant les rorces des Colonies contre la Métropole. CO II efl vifib'e que Ie Roi George ne pouvait parvenir heuxeureroent au despotisme, en cooimencauc par 1'Europe; 1'Hanovre feul excepté.  <: ii) Des folides plaifirs goutant la jouiffance, Tu voyais chaque jour aggrandir ta puiffance, Le Savoir fans jargon, les utiles Beaux-Arts (i> Eclairaient tes cités, décoraient tes rcmparts. Et du fein des forêts , s'élancant dans la plaine, Roulant avec lenteur fur une molle arêne, De cent fleuves profonds, les flots majeftueux (2) Serpentaient fierement en replis tortueux. Sur le criftal des Mers, tes voiles inombrables, T'apportaient en tributs mille objets agréables: Et tes fameux Courtiers (3) pour tes produ&ions Echangeaient lmduftrie & 1'or des nations. C& (1) Les Beaux-Arts étaient foigneufement cultivés en Amérique, comme le prouvent les Expériences du Dofteur Pianklin. (2) L'Amérique-feptentrionale eft arrofée par de grands fleuves & rivieres qui facilitent le commerce d'un Etat dans un autre, & s'avanceut fort loin dans les terres. (3) Les Anglais qui avaient' le droit exclufif de commercer avec leurs Colonies.  C w ) Climats chéris des Cieux, vertueufes Provinces, Que votre fort fut doux fous d'équitables Princes! Votre fol bienfaifant, & femblable au palmier, Offrait a 1'univers un fccours nourricier. Tous les peuples du monde, a labri des tempêtes, Venaicnt y repofer leurs malheurs & leurs têtes. Les cruautés du fort & de 1'adverfité Fuyaient de vos fillons 1'heureufe liberté. Kélas! Tout va changer comme une ombre légere: La foudre gronde au loin, & part de 1'Anglcterre: Américüns, tremblez: redoutez les Tirans: Les Léopards cruels vont dévorer vos champs. C H A N T S E C O N D. George, dans fes projets, pervers & tirannique(i) Réfolu de braver les Droits de rAmérique. Le CO °n a vu p'us hsm quels étaient les defieins du Roi de la G.a de-Bretagne en reiiiant fa pro.eaion aux Colonies Améri. caiues.  ( 13 ) Le peuple en gémiffant fait entendre fes cris", Ses cris font une injure, & fes cris font punis. Un effaim de fuppöts du pouvoir arbitraire, (i) Vient de la Tirannie en un autre hémifphere Déployer 1'étendart, pille & vole a loifir, Bi\ ve des Citoyens, au gré de fon defir. En vain la Nation, qu'indigne tant de crimes, Ofe porter au Roi fes plaintcs magnanimes, (2) Le tróne fe refufe a fes cris généreux. La Cour ofe nommer rebelles, facrieux, Les fages députés qui vont porter la plainte D'un peuple inacceffible aux rigueurs, a la crainte, Qui fidele a la loi, fidele a fon devoir, Du tróne & du Sénat fait fixer le pouvoir. Efcla- (1) II a créé une multitude d'offices nouveaux, & il a envojé chez nous des tffaims d'Errtployés qui furchargeaient le peuple, troublaient fa tnnquilité, & dévoraient fa fubfiftance. Dédarat. du Congrès Général du 4. Juillet 1776. (2) Les Gouverneurs des Colonies Anglaifes en Amérique n'eurent aucun égard aux répréfeniations du peuple, & les députés qu'elle= envoyerent en Angleterre au Roi & au Parlement, u'éptouverent que du mépris & des indigniiéj.  04 ) j, Efclaves, leur dit-Ofl, partcz, obdiflez: „ Soumettez-vousaujoug, ou la mort; choifilTcz.CO Jamais dans Ie Serrail, un Sultan fanguinaire Ne fit parler plus haat le pouvoir arbitraire, . Et jamais a Médine un Calife abfolu, Ne dit plus clairement, mourez: je 1'ai voulu. A peine d'Albion le barbare langage • De rAmérique en pleurs parvint-il au rivage, Que les peuples unis, par des nceuds mutuels, Préférerent la mort a des fers dternels. (2) Un CO On les punk comme des atteiuats av.x droits de la Cou- ronne, & a la Suprématie du Parlement. (2) Les Provinces de Kew-Hampshire, de Ma.*fachufet-Bay, de Rhode-lsland , de Coni;ccTcuE, de NL-w-Yorck, de New.' Jerfey, des tiois Comtés de Ia Deiavvare, de Maryland, de Pen; filvanie, de Virginie, des deux Carolres, aux quelles fe joignit depuis la Georgië, envoyerent dans le mois dc Septembre 1774, è Philadelphie, des Députés au Congrès-Géuéra! , chargés de' défendre leurs droits leurs intéréts & leur liberté. S'unir ou mourir, telle était leur devife & le 4 Juillet 1776, le Cungrès fe determina a prononcer 1'Indépendance.  ( 15 ) Un noble défcfpoir joignit leurs deftinées, Leurs faibles Légions fe montrent obftinées A défendre leurs droits, k périr en héros Plutot que de fouffrir 1'horreur de tant de maux. Vaillans Aniéricains, la Sageffe elle-même Abandonne pour vous 1'antique Diadême Qui fous un fceptre d'or vous gouverna Iong-tems: Prenez un fer vengeur, puniiïez vos Tirans: Marchez a 1'Ennemi qui vous joue & vous brave: Ei tombe pour jamais la defpotique entrave Qui, de la Liberté maitrifant les deftins, Vous aflimilerait aux vulgaires humains. Bientöt les flots émus vomirent fur la plage ' D'Efdaves tout armés un nombrcux aflemblage (i) • La (i) L'on veut parler des malheureux HefTois, vendus par leur Prince au Roi d'Angleterre k des cpndinons qui outragen: 1'humanité, auwuc qu'elles font contthires a la fagelTi de la politique moderne.  C 16 ) La Mort les dévaucait. Leurs épais bataüforw Ravageaient les Cités: & tout 1'or des moiffons Ne pouvait aflbuvir leur ardente avarice. Les Vieillards, les Enfans au fein de leur nourrice, N'étaient point refpeciés par leurs barbares coups, En vain le Scxe en pleurs embraffiut leurs gcnoux.(i) Barbares, arrêtez la courfe de vos crimes: Dc vos propres fureurs vous ferez les victimes: Mais quel efl: ce Mortel, au port majeftueux ? C'eft Hercule, Théfée, ou quelqu'un de ces Dieux Qui de mouftres jadis délivrerent Ia terre. Jupiter en fes mains a pofé fon tonnerre; Venus a fait, pour lui forger un bouclier, Les Graces ont tiffu fon large baudrier; Minerve fur fon front a placé la fageffe; D'UlLTe il réunit la rufe «Sc la fineffe A (O Les preuves de cette horrible vérité, font femées en carscl:res de fang. dans routes les conrrées des Etau-Ur.i» que leurs Ennemis ont parcoiuues les airaes a Ia maln.  C 17 ) A la dode lenteur du fage Fabius, Et Mars 1'a décoré du nom de Maxim us (i). A ce port de Héros, a ces traits adorables, A tant de qualités & de dons admirables, L'univers reconnait l'immortel Washington, L'Ami du Genre-humain, le Sauveur de Bofton (2). Sous fon bras, l'Amérique a vu rompre fes chaincs; D'un peuple de héros, il dirige les renes, Et toujours invincible, humain, jufte & vainqueur, II conquit des Tirans & le Sceptre & le creur. II eft tems d'arrêter le torrent de leurs crimes. ParaiiTez, Washington, faififiez vos viétimes: Sous (1) Le Roi de PrulTe, fit mettre cette infeription au bas de fon portrait qu'il envoya au Généra! Washington, le plus vieux Roi de 1'Europe au plus grand Capitaine du Siècle. Frédéric eft un bon jufie. (2) Ce fut le 9. Mars 1776, que Washington, psr Ie* dispofi. tions favantes & rnpides du Blocus de Bofton , forca le Générat Howe de fe retirer de cette belle ville avec piécipitation, liiflbnt aux Américains grand nombre de munitions, entr'auires une centaine de canons, objet, qui leur était bien'important dans les circonftances oü 1'Amérique fe trouvait alors. B  ( 18 ) Sous lc fer a leur tour qu'ils tombent étendus: Que ces Tigres fanglans, garrotés , éperdus, Dans leur fang crfrriinel éteignent leur furie. Que vois-je, Washington, vous leur laiffez Ia vie? Votre augufte bonté les charge de bienfaits, Eiï-cc doinc la le prik de leurs honteux forfaits? Ah! pour des coeurs de fer la douceur n'eft point faite: La vi&oire aux Anglais vaut moins qu'une défaite : Généreux Washington, tu crois changer leurs cceurs, Les Léopards jamais changerent-ils de mocurs? (i) A peine la Vicloire, aux bords de 1'Atlantique, A-t'elie'couronné lc front de l'Amérique, Que des monftres nouveaux fuccedent aux premiers; Et Gates (2) va cueillir les plus brillans lauriers. Mais Qi) Suivez les Anglais dans tous les fiecles: voyez comment ils ont acquis Gibraltar, joué, trompé ies Ilollandais dans U guerre de la fucceffion &c. &c. &c. Concluez avec Ferrarius que ets Infaiaircs font inconflatis, inalins , ingrats , cruels & do mauvaife foi. (Dïfcription de 1'Europe, p-.g. 38.) (2) Le Généril Burgoyne, a la téte de fis mille foldats de» mieux  C 19 ) Mais pour. vaincre ccux-ci, la force eft inutfleJ La terreur les atteint, leur défaite eft facile: La honte a leurs cötés les animait envain, II n'eft plus de valcur, oü conimande la fainu Leurs armes en faifecaux rampent fur la pouffiere, Et la horde maudite, eft faite prifonniere; La Difcordc en frémit, & Burgoyne vaincu S'enfuit vers Albion, fans gloire «Sc fans vertu. C II A N T T R O I S I Ê M Ê. Cependant du Congres (O lc célefte Génie, Content des Pages loix que, dans Philadelphie, CcnC mieux difciplinés de 1'Europe, fe trouva enveloppé le 13 Oaobre a Saratoga , & cetie armée mit les armes bas devaat les agriculteurs du nouveau monde, conduits par 1'habile & 1'heureux Gates. G'êtait Charles XII, jufqu'alors invineible, capitulant devant les Ruffes. (1) Le Congés eft l'Aflembléé Générale des Treize-Esafcünis, repiéfentés par leurs Députés. B s  Cent vertueux Mortels publiaient d'après lui Veut encor les aider par un puifïant appui. II s'éleve dans 1'air, & defcend h Verfailles. II admire a loifir ces fuperbes murailles, Oü la Nature & 1'Art uniffant leurs beautés, Ont verfé leurs tréfors fur ces lieux enchantés. Un jeune Souverain, plein d'ordre & de fageffe, Moderne Salomon, mais exemt de faibleffe, Vertueux fur lc tróne, au fein de fon palais, En Pere, en Citoyen gouvernait fes fujets. II méprifait 1'éclat de cette pompe vaine, Qui, loin dorner Ie fceptre, en eft plutót la chaine; Et cache le Mortel fous un dehors trompeur, Dont les travaux du peuple ont payé la grandeur. Affife a fes cótés, une Reine charmante, Dont la beauté ravit & la douceur enchante, D'un front brillant d'attraits offre la Majefté, Et du tróne oü elle eft, tempere la fierté. Su?  Sur des fieges plus bas, d'Eftaing, Ségur, Caftrie, De Graflê, (i) d'Orvillers, héros dont la patrie (2) Admira la valeur en maints & maints combats, Offroient a leur Monarque & leur fang & leur bras. Ettoi, brave Piquet (3), dont la rare vaillance Doit faire un jour la gloire & 1'appui de la France , Aflis d'un air modefte auprès de ces guerriers, Tu reffemblais a Mars, & comptais les lauriers Que cueillerait bientöt ta main victorieufe, Si la France qui t'aime, était affez heureufe, Pour O) La journée du 12 d'Avril n'óte rien ii fa valeur. (2) Tous ce? grands hommes font afiez connus. (3) M. de la Mothe- Piquet, après la bataille d'OuelTant, eut la noble hardiefTe de dire au Duc de Chartres a la defcente de fon vaiflcau: „ Prince, vous ne rendrez jamais aucun fervice a la France, vous venez de manquer la plus belle occafion qui s'en préfentera jamais a vos ïeux." Un difcours femblable ne peut être prononcé que par un héros. Mais le brave La Mothe croyait le Prince coupable; il fe trompait: c'était le Comte de Gen. lis qui méritait des reproches & le chitiment. Le Duc de Chartres, quoique fans expérience, ne démentit point la valeur du fang de Heari IV. B 3  Pour voir entre tes mains flotter fon pavillon, Et punir les forfaits de l'iujufte Albion. L'on voyait prés du Roi rilluftre de Vcrgennes; De 1'Empire des Lis il fait mouvoir les rencs, Et de 1'Europc entiere enchainant les deftins, Fait agir i fon gré les Dieux & les humaiifis. De 1'Etat qui 1'admire, il étend la puiffance, Moins par de vains exploits que par reconnaiffance, Et 1'Univers furpris, mais docile a fa voix, Se ment, demeure en paix, obéit a fes loix. Invifible aux Mortels, au milieu d'un nuage, Le Dieu de l'Amérique aborde ce vrai fage; D'un air majeftueux, fans le jargon des Cours, II parait a 1'inftant, & lui tient' ce difcours. „ O Toi! Qui des Prancais foutiens les defiinées, „ Et d'un Roi, jeune encor, illuftres les années, „ Enfin, voici le tems de vanger les affronts, n Les outrages nombrcux, qu'aux ïeux des Nations ,> Eu  03) „ Endurerent les Lis de 1'orgueil Britannique: „.Le Sceptre des Anglais, Te brife en Amérique; „ Et la honte, ou les fers cliargent leurs Généfaux. „ Le Monde attend de toi h fin de tous fes maux. Frappe: punis enfm vos antiques injures: „ Arrache le Trident qui, dans les mains impures „ Des féroces Bretons, infultait fur les Mers, „ Les pavillons flottans de ce vafte Univcrs. „ Par ma voix l'Amérique ofire fon alliance, „ Demande 1'amitié, une noble affiftancc, „ Au R-oi dont tu conduis les généreux defleins: „ Promets-lui tous les coeurs de mes Américains. „ Uniffez vos drapeaux: qu'une caufe commune „ Vous faffe partager une égale fortune: „ Toutl'Olimpeelt pour vous." Ildit:ccdanslesCieux 11 s'éleve, & décrit un cercle lumineux Dont il ceint l'horifon qui borde 1'Hemifphere: Déja de 1'Empirée il atteint la barrière, B 4 Et  C 24 ) Et va fe délaffer, au fein des Immoreels, De 1'afpect douloureux des crimes des Mortels. Sur un char éclatant, ainfi du fein des ondes, Sort raftre radicux, bienfaiteur des deux Mondes. Tel parait Washington (i), fur la fin d'un combat, Lorfque, par fa douceur, il caime le foldatj Qu'il prend foin des bleiTés, couronne leur vaillance, A 1'Anglais abbatu, fait fentir fa clémence, Ft CO Les Anglomanes ont voulu rendre ce grand - bomme coupable, ou complice de l'airaffinat atrcce de M. de jumonville , commu en Canada par les Anglais, en ,753 , au miIieu d-une PJ»x profonde. Cet Officier avait été envoyé Ie 2o. de Mai par t r; d£ Jontrecffiur qui commandait un corps de troupes Franca.fes poflées fur VQyo. Sa commifïïon était dVngager Tes Anglais a fe défiller du terrein dont ils venaient de s'emparer contre les traités, &oü ils avaient bat. un fort qu'il* appdlerent le fort de la Nécefiué. jumonville pa„ avec fon efcor[e> „ ^ encore a une certaine difor.ce du fort; tout-a-coup il eft cnvixonné d'Anglais qui font feu fur lui. 11 fait figne au Commandant, il moncre fes dépêches, il demande k être ehtendu ; Fe feu ceiTe, on 1'entoure, il annonce fon caratfere 6c fa qualhé d'Envoyé; il Kt la fommaiion qui finifiait aux Anglais de fe retirer des terres de France; il n'était qu'a Ia moitié de faleéture, les Anglais IWaffinent. Huit hommes de I'efcorte tombent auprèsde leur Chef, &-Jë refle eft fait prifonnier. Ce forfait fit horreur aux Sauvages qui voulaient maflacrer ces monftres, on eut peine a lesretenir. Mais Washington n'ciait point alors dans ces comrées.  C 25 ) Et qu'il fait le forcer d'admirer fon Vainqueur, En lui vouant enfin fes armes & fon cceur. Vergennes cependant, pefe dans fa fageffe, Du Dieu qu'il vient de voir, les offres, la promeffe. De la France il connait 1'intérêt, le pouvoir; Mais pour vaincre Albion, c'eft peu que le vouloir. Des vaiffeaux ennemis le nombre formidable, Lui préfente d'abord un afpecr. redoutablc. Un peuple qui gémit fous le faix des impöts (i), L'impoffibilité d'en créer de nouveaux: Le Tréfor & 1'Etatfans crédit, fans reffourcc; Tout choquc fes projets, tout arrête leur courfe. Mais pourrait-il laiffer un peuple généreux Succomber fous le joug d'un Tiran furieux ? Ne (i) En 1778. 1'Auteur défia M. Necker d'alTéoir un nouvel impót fur le peuple. L'invention ea était épuifée par fes prédécefl'eurs. Auffi, 1'illuftre Genevois, promit-il de fournir a tous les befoins de la guerre pendant cinq ans, fans augmenter d'un fou la maffe des impofitions publiques. M. Necker lint parole; mais la retraite de ce grand homme, fruit des arcifices duComtede Maurepas, fera plus funefte a la France, que la retraite de Sulli. Mr. Hif, Négociant a Hambourg en a déja éprouvé les fuites malheureufes. B 5  C 20 -) Ne blefTerait-il point les vouloirs du Ciel-même ? Ne doit-il pas des Lis venger le Diademe ? Sartines & Necker ne font-il pas pour lui? Et FEfpagne & les Dieux deviendront fon appui. S'il chancelaitencor, Buckingham,'la Roebelle Offrent a fa mémoire une ville rcbelle; Que la main des Anglais anna contre fes Rois, Et qu'eHe fecourut jufqu'aux derniers abois (i). Non, non, plus de délais: ou vengeance, ou Ia tombe' 'Que Londres ou Paris foit vainqueur ou fuccombe. Jadis, dans fon orgueil, Weftrainftre a prononcé Que le Sceptre des Rois, a fes piés abaiflé, Ne pourrait ddformais enfiammer fon tonnèrrc ; Que fous le haut vouloir de la Grande Angleterre. Cct infolent propos (2), adrniré d'Albion, Dun iuftant de bonlieur, vile produeïion, * * T De (0 LExempIe feul de la Rochelle aurait autorifd Louis XVI a ufer de répréfallles, fi les Américains avaient pu être re»ardé' comme des Rebelles.- b (7) Le faineux Chatham ne rougit pas de dire en plein Pa.le- ment  ( *7 ) De cette Ifle fuperbe a comrnandé la chute. Des coups del'Univers que, devenant labute, Par fon abaiffement, elle apprenne une fois, Que les Dieux tot-ou-tard favent venger les Rois. Ce moment n'eft pas loin: la divine juftice A laiffé pour un tems triompher le caprice, L'orgueil, 1'ambition des féroces Anglais, Mais pour les en punir, elle arme les Francais. Vergennes prévoit tout; c'eft le vouloir célefte; Son devoir a parlé , les Dieux feront le refte. Des maux de l'Amérique il connait la grandeur. „ Soycz, dit-ilau Roi, fon premier proteaeur: „ Sous un fceptre de fer, Ia plus barbare rage „ Dans l'Amérique entiere exerce fon ravage. Ce fertile pays eft la proie des Tirans, , Et 1'Anglais fiuieux en dévore les champs. „ II ment qu'il ne fallait pas que 1'Europe oiat tirer un (flll coup de canon fans la pernSffion de 1'Angleterre.  C 23 ) „ U lui donne les noms de traitre cc de rebelle: fTj) ., Mais qui n'eft point fujet (V), ceffimt d'être fidele » A des engagemens qui creufent fon tombeau, " A k droit natureI d'en former un nouveau. " 11 pCUt romPre * frwfc la chainc politique n Qui traine autour de lui la miferc publique. „ II peut remercier une protecrion n Qui va charger de fers une immenfe horifon. " COmte' réP°«d Louis, depuisundennluftre, » L'Amérique a mes ïeux aquiert Ie plus grand luftre. n L effort de fes guerriers, & leurs brillans exploits, * SontaUtantdele?0«sPourlecommunedesRoisC3> )5 Que ~$£T* ÏSXXZ ftre,,Ar- '  C«0 Que les Américains, fürs de ma bienveillance, „ Comptcnt fur mon appui, furie bras de la France: „ Que mes braves foldats, mes flottes, mes tréfors, „ De 1'Atlantique-même aillent venger les bords. „ Des Treize-Etats-Unis, 1'alliauce m'eft chere, „ Je fuis leur protecteur, j'en deviendrai le pere. Ainfi dit le Monarque, & la France applaudit. Les Dieux font infpiré, mais Albion frémit: Tel on voit Jupiter, fur la voute éthérée, Préfidant le Confeil des Dieux de FEmpirée, De fon pouvoir divin déployer la grandeur: Et les Cieux étonnes, admirant fa fplendeur, Pénétrés du refpecr., qu'infpire fa préfence, Célébrer a 1'envi fon augufte prudence, Et Meraire auffitót, fur les alles des vens, Voler d'un pole al'autre, armer les Elémens; De la Terre & des Cieux changer la contexture: Les Enfers font émus: le fein de ia Nature Juf-  C 30 -) Jufqu'cn fes fondemens, tout a coup ébranld Offre un nouvel afped: Jupiter a parlé. A Imftant prés du Roi, trois Mortels vénörablcs, Conduits par la Vertu, fous des dehórs aimables, D'un air noble & fans art, savancent gravement, Et de la Cour cntiere ils font 1'étonnement. Ils fenomment: CeftLée,COvertueux, magnanime, Plaignant le Criminel, mais déteftant le crime, II n cut pour Ennemi que 1'Ami des Anglais (2), Et de Ia Liberté fit hater les fuccês. Le (O Artfcur Lée, nommé par le Congres CommifliireonDépu té, pour fe rendre a la Cour de France, & y néeocier .'n po.ble, un Trair, avec ^J^^l ncrine. Cet excellent Citoyen eft un homme du premier 1 nte „ eft de la Virginie; oü fl ^ pas moins fut a Paris pendant fon féjour. (2) Déane étant retourné en Amérfque, rempl/t Je CongrésContinental des plaintes les plus ameres contre M Lée H h gea les papiers publics des propos les plus outragean, contre lofj M. Lée fe comenra pour fa défenfe de faire inferire une note aulTi forte que modelle fur le Courrier de 1'Lurope, & ferm. de la forte la bouche a fon adverlaire.  ( 3i ) Le Second c'eft Franklin, dont les valles lumieres Ont brlllé tour a tour dans les deux hémifpheres (i) Et ce Déane enfin (2), mortel audacicux , Jaloux du vrai mérite, hautain, ambitieux. Mais l'Amérique encor ignorant rimpofture, Ne pouvait foupeonner fa trahifon future. Tous (1) Tout rUtivera connait les découvertes de M. Franklin fur rElectricité. C'eft lui qui a inventé les paratonnerres, par le moyen desquels l'on peut garantir de la foudre les Edifices pu. blies & les maifons des particuliers. Suc la fin du mois de Juin 1774, le General Gage, informé que le Doften! Francklin était a Philadelphie un des plus fermes foutiens des privileges de fes Concitoyens, jugea a propos de lui óter la Charge de Makre* Général des potles du Nord de l'Amérique. Mais eet excellent Répub'icain n'en fut pas moins attaché a la Caufe de fa patrie qui le choifu enfuite en qualité d'Adjoint, pour travaüler a Paris avec Mrs. Déane & Lée a une alliance offenfive & defenfive avec la France. II fut enfuite nommé par le Congtcs, Miniftre Pléni. potentisire a la Cour de Verfailles, & il en remplit aujourd'hui les fonclions. (2) M. Déane était le Chef de la Députation. Ce fut lui qui porta la parole au Roi. Mais fes lettres répandues dans !es papiers publics ont donné une fi mauvaife idéé de fon caraftere & de fes fentimens, que 1'ou na pas ofé ici lui faire tenirici la place qu'il occupa réellement a Verfailles.  tsO Tous les trois prés du Tróne il vont porter Ia voix, Et pari» a Louis pour la première fois. ,,PuiffantRoi,luiditLéeCO,encejourrAmériaue „ Brifant toute union civile & politique „ Avec Londres & nous qu'elle a trop maltraité, „ Nous charge d'annoncer h Votre Majefté, „ Que les Etats-Unis, armés pour leur défenfe, „ Dans les Dieux & dans vous (^mettant leur confiance, „ Ont du féroce Anglais vaincu les étendarts, „ Et brifé fous leurs piés la dent des Léopards. „ Nous venons donc ici, Monarque magnanime, „ AunomdesTreize-Etats , d'une voix.unanime, „ Au CO Mr. Franklin ne fut de la Députarion qu'en qualité d'Adjoint, ainfi il ne convenait point de lui faire tenir la place de M. Déane. (2) Les Chefs de la Confédération ne pouvaient douter que l'rjnivera entier époufatbientót leurs intéréts, chaque nation fiibaot fon avantage particulier, fa fituation & fa politique. Mais il était palpab!e que la France furtout, faifirait ar'demment i'occafion pour tarir a jamais la principale fource des ricliefles de fa rivale.  C 33 3 „ Au nom d'un peuple vrai, généreüx & vainqueur, „ Vous offrir leurs lauriers, vous avez notre coeur. „ Cependant qüelque foit 1'héroïque courage „ Que déploient nos guerriers pour bannir 1'efclavage , , Et malgré la valeur qui conibat nos Tirans, Nos efforts réunis, font cncor impuiffans. „ Pour dompter, Albion, il faut regncr fur 1'Onde; „ C'eft fur eet élément que fon orgueil fe fonde, „Nous manquons de vaiffeauxmous cherchons des fecours, „ Grand Roi, c'eft a vous feul que nous avons recours. „ Si, de notre Alliance agréant lesprémices, „ Votre Majefté veut par d'utiles fervices, „ Nous couvrir hautement de fon bras proteétoir, „ La France & nos Etats vous devront leur bonheur." II dit: & s'inclina d'un air modefte & male. Parmi les Courtifans la crainte eft générale. Du Prince on attendait la grace ou le refus, L'on fixele Monarque, & la crainte n'eft plus. C Les  C 34 ) Les Dieux dont Ia bonté protégeait l'Amérique, Avaient touché le coeur de ce Roi pacifique; Et prévoyant, profond plus que tous fes Aïeux, II tint aux Députés ce difcours généreux. (i) „ Eftimable Mortel, dont la noble éloquence „ Ajoute un nouveau prix a 1'illuftre alliance „ Qu'au nom des Treize-Etats vous m'offrez tous les trois, „ Je connais vos malheurs, votre union, vos droits. „ II eft tems de tarir la fource de vos larmes: „ Je vous offre mes ports, mes flottes «Sc mes armes: „ De votre Liberté dégageons les refforts, „ Je vais faire pour vous les plus puiffans efforts. „ La France aux opprimés fut toujours favorable; „ Elle cut toujours pour eux une main fecourable; „ Apprenez au Congres que je fuis fon appui: „ Comptez fur ma parole, «3c fur nous aujourd'hui." CHANT (i ) II eft certain qu'sucun Traité ne fur jamais plus généreus que celui que Louis XVI. conckit avec les rrois Députés ou Comnnffaires des Etats-Unis. II fut figné le 6 Fevrier 1778.  C 35 ) C H A N T QUATRIÈMÊ, Dans Lutece bientöt 1'agile Renommée, ' A dire faux 6c vrai fans ceffe accoutuméc, Du peuple Américain divulguant les fuccès, Eüt répandu partout qu'un amical accès Venait prés de Louis d'accueillir les Miniftres. Stormond (i) qui prévoyait tous les effets finiftres Que la doublé alliance entrainait pour fon Roi, Se croit encor puiffant, & veut donner la loi.II penfe intimider, il ufe de menace, L'on rit de fon courroux; mais quand il joint 1'audace A ces propos hautains naturels aux Anglais, U reconnait bientöt qu'il parle a des Francais. (2) Ils (1) Le Lord Stormond était alors Ambafladeur de la GrandeBretagne a la Couc de Verfailles. (2) 11 faut fe rappeler les infolens propos qu'a fon retour, il ofa tenir dans la Cbambre haute du Parlement d'Angleterre contre la Nobleffe Francaife qui 1'avait comblé d'honnêtetés pendant le cours de fon Ambaflade. Comme une foute d'Offi. C 2 cierj  Us ne font plus ces jours d'odieufe mémoire, Ces tems fi douloureux, dont gémit notre hiftoirc: Oü les Bretons vainqueurs par nos divifions, Ofaient même h nos ïeux braver nos légions. Louis, qui fent Ia force & 1'efpoir de la France, Qui connait les deyoirs qu'impofe une alliance, De notre antique gïoire efpere Ie retour. H découvre a Stormond noblement, fans détour, Les offres du Cbngrès, 1'alliance facrée Par les trois Députés & par les liens jurée, De l'Amérique enfin qu'il devient protecteur, Et qu'il vient d'engager fa parole & fon cceur. „ Vous pouvez, lui dit-il, apprcndre k votre Maitre, Les fentimens nouveaux que je vous fais connaftre, „ Ss ciers Fmtf, de h plus haute difiinclion, lui dcrivit fur le champ pour lui demarder faüsfaétion de ces injures, & que tous le menacerent de Palier éxiger en Angleterre, s'éran, déja même rendus pour eet effet a C.I.iV, Le Vicomte fe retraftapubliquement quelquc» jours après en plein Parlement.  C 37 ) „ Sa conduite avec moi dirigera mes pas, „ Je fais ce que je puis, & je ne le crains pas. (i) Outré de ce difcours, écumant de colere, Stormond, k pas preffés retourne en Angleterre, A George il va porter fon trouble cc fon effroi. II lui dépeint Louis, comme un Prince fans foi; Lui dit que 1'Infurgent a Ia Cour, a la ville, A trouvé des amis, du fecours, un aüle : Que * l'Amérique Seprentrionaie, qu ' '' 'T Co^> dans rinft.Dt Ja guerre A h F "r 4 " " ^ de l«confeils de cette Couronne/la'cireonl,^ da'* iours infpirer un nouveau regne AZT f ^ **'t0U' J» confufion oü Ie, avaient n, f 'fina"ces ét^nt dan,  C 41 ) Eblonis du brillant d'une gloire abbatue, Ils ofaient préfumer que la France éperdue, En voyant fur les mcrs flotter leurs pavillons. Et leurs bords hériffés de nombreux bataillons, Soumife a leurs vouloirs, oubhant 1'Amériquq, Et fes nouveaux Traités avec la République, Humblement de Ia paix mendiant la faveur, Allait de 1'Anglcterrc adorer la grandeur. Des Francais cependant la rapidc induftrie , Que leur Roi dirigeait au bien de la patrie, Avait dans tous les ports par d'infigncs travaux, Etonné 1'univers, par les nombreux vaiffeaux Qui, fortant tout-a-coup de leurs formes fécondes, Chaque mois fillonnaient la furface des ondes , Devaient du dernier regne effacer les affronts, Et placer de nouveau le laurier fur nos fronts. Au figne de Louis, une fiotte nombreufe, Renfermant dans fon fein Félite valeureufe C 5 D'une  C 42) D'une jeune/Te ardente, inftmite dans Ia paix, S'avance avec vireffe au devant des Anglais. ' D'Orvillers, qui eondait les deftins de Ia France, Sage, doux, grand Guerrier, modere Ia vaillance, Consent dans Ie devoir Officiers & Sbïdat, Cherchefan Enneuii, Ie rencontre & le bat. L'Anglaiseftcontoé: Keppe, a pris Ia fuite, C0 Son vainqueur quelque tems fe n:et a fa pourfuite, Et en impoler ft, toutei , ™ *f a 'a ft« de ,'univers U re font rJvé * ^ d™ . II faut en «eepeer le viA^ "** *** iuflice en la renda„t a rAmlral &£" ^ i plus dur des Efclavages. Le Cóngrês a défendu d'en faire deformais des Efcla. ves. Tous les Citoyens ont été invité è les atfranchir, & Ie plus grand nombre a fuivi cs:re invitatiorj. Depuis !a déclaration de l'lndépendance, ces Affricains fom trai és abfolument comme r.ous fraim s nos Domeftiques en Europe, & ils om dom é dans cette gnerr( ,Jps preuves de valeur qui ont eticore annob'i la diïni'é J'humme, dans Iaquelle la main paternelie du Congrès venait enlin de les reftaurer. (3) M. Jennings Ecuyer, né dans le Maryland, aujourd'hui a D Bruxel-  C 50 ) Loin d'outrer les couleurs dont je peins tes femblables, Les traits de mon pinceau font faux ou véritablcs: Si toutes ces Vertus, dans les Américains, Ne s'offrent chaque jour au refte des humains. O vous, fage Dana, (1) Kar, (2) & tendre Auftine, (3) Des perfides Toris, la fureur inteftine Eut Bruxelles, réunit éxaftement dans fon caractere toutes les qualités que l'on vient de tracer. Pour fe convaincre que la flatterie n'en« tre pour rien dai;s ce tableau, il ne faut que fréqueater ce vertueux & bienfaifant Américain, ou s'en rapporter & tous ceux qui ont eu le bonheur de faire fa conuaifTance. (1) M. Dana Ecuyer natif des environs de Bolton , fut nommé par le Congrès, Sécrétaire d'Ambaflade auprès de fon Excellence M. John Adams,en 1781. & plfa avec ce Miniftre en Etrope en cette qualité. M. Laurens, fils ainé de 1'Illuftre Préfident du " Congrès, lui apporta a Paris oü fe trouvait alors M. Dana pour une miflion psniculiere a la Cour de Verfailles, la Commiffiondti Congrès qui le nommait Miniftre Piénipotentiaire prösde i'Impératrice de toutes les Ruflks,& il elt aétuellement a la Cour de St. Pécersbourg. Jamais homme ne mérita mieux que M. Dana, le titre de Sage. (2) M. Ifar, Ecuyer, 1'un des plus riches Citoyens deCbarlesTown avant la guerre, futnommédès les premières féav.ces du Con« grès comme Indépendant, pour paffer en Italië, &yreinplir !aplace de Miniftre Piénipotentiaire a la Cour de Tolcane. Mais le GrandDuc ne jugea pas apropos-de recevoirun Miniftre de cette nouvelle Puiliance. M. Ifar a voyagé dans les quatre parties du Monde, & Madame fon Epoufe, Ia plus aimable & Ia plus vertueufe des Feta.  ( 51 ) Ëut beau, pour vous féduire, emprunter tout fon art:* La Vertu vous couvrait d'un fi puiffant rempart, Que, bravant fon courroux, fes forfaits, fes promcffes, Vous fütes méprifer fes perfides largeffes, Et fideles aux loix que vos cceurs avouaient, Scrvir votre pays en hatant fes fuccès. Telles font en ce jour, chez ce peuple eflimable? Les nobles qualités qui rendent refpeftable Le Mortel afles grand pour en fentir le prix. II peut prétendre a tout: (i) k voix de fon pays D'itri Femmes, a partagé avec lui ces voyages pénibles 6s dangereuX Mais ce qu'il y a de plus rare, c'eft que cette tendre Epoufe a donnc a fon Mat! des Enfans dans les quatre parties du Monde. M. Ifar, depuis que Charles-Town eft au pouvoir de i'Angleterre, a vu tüirief la plus grande partie de fon immenfe fonune, dort la perte n'a point dirainué 1'aménité de fon carsétere. C'eft un facrifice brillant qu'il a fait a la liberté de fa patrie, & il eft aftuellement a Paris avec fa familie. (3) M. Auftine, Ecuyer, riche Négociant de Bofton, a été nommé deux foïs par 1'Etat de Maflachuffet, Agent de cette République en France, oü il s'eft attiré 1'efiime de Mr. de Vergennes, la confiance des Négocians, & l'amuié de tous les honnêtes gens qui l'ont fréquenté. CO Ce n'eft ni par la Naiffance, ni par la Richefïe qtie Ion D a oblienï  ( 50 D'un hommage éternel honorera fon bufte; Et fon nom radieux: toujours faint, noble, augufte, De la nuk du tombeau percant 1'obfcurité, Des liecles a venir fe verra refpeclé. De femblables Vertus bienfaifant la Fayette, Dans la pompe des Cours, & prés de la houlette, (i) Brillaient de leur éclat dans ton cceur généreux. Tu n'avais pas befoin des faits de tes Aïeux. Ils ont cueillis les fruits de leur haute vaillance: Le Cabinet des Rois admira leur prudence: Ils travaillaient pour eux, fans s'occuper de toi, C'eft leur exemple feul qu'ils t'ont laiffé pour loi ;(2) La obtient des Charges & des Emplols en Amérique. Le Mérite feul peut en ouvrir la porte. (i) Les larmes que fes VaiTaux ont répandus lors de fon premier départ; les prieres qu'ils addreflaient a 1'Etre fuprême pen. dant fon éloignemenr, pour lui demander Ia confervation d'une lête fi chere;Ies tranfports immodêrés d'une joie univerfelle, dontfurent pénétrés tous les payfans de fes terres, i fon retour en France, font plus éloquens, prouvent mieuxlecarstferehumain&bienfaifantduMarquis de la Fayette, quel'Encensqueluiprodignaientles Couitifans. (2) II les fuipalfera, s'il ne les a pas encore furpaifé.  C 53 ) La Vertu fit leur rang, leur nobleiTe & leurs titres: Et tous ces parchemins, ces antiques Epitres, Dont un fot orgueilleux couvre fa nullité, Sont un aliment vil propre a la Vanité. C'eft la force du fang, qui coule dans tes veines, Qui t'a fait méprifer les dangers & les peines, Illuftre la Fayette, oü lamour des combats Dans une autre bémifphere allait porter tes pas. Magnanime guerrier, cours, vole a la vi&oire: Les Deftins vont t'ouvrir la lice de la gloire. Nouveau Républicain, fous les plus fages loix, Apprens a triompher des Tirans & des Rois. Déja rinfame Arnold (i), 1'borreur de la Nature, Ce Traitre a fon pays, parricide & parjure, De rn Tamais Général ne mérita mieux qu'Arnold le titrè d'mfame- & il «'eft pas a craindre qu'aucun individu dans TUmvers lv'e 1, moindre plainie en fa faveur fur cette qualification flécnilante. Dès fa jeuneffe, il parut ce qu'il devait être un jour Elevé au Grade de Major-Général des Attnées Améncames , 1 D 3 eiaU  C 54 ) Dé la fraude & du crime éxécrable artifan, Des barbares Bretons ce lache partiian, Dont était en 1777 reconnu pour nn Officier brave, aétif & enire» prennant. II commandait en fccond fous le Général Gates a la. méuiorable journée de SaraIOga, j| ü fu[ même blelTé a la jambe dans une des affaires qui précéderent la reddition de Burgoyna & de ('on armée, Loin de louer les talens & les vertus de fon Général a Saratoga, Arnol.1 eutlameaffésnoire,pourlerépréftnter au Congrès, comme un lache & un poitron, tandisque tous les Officiers, tant Américains qu'Ang'ais, regardaient la conduite du Général Gates dans des circonftances 11 déücntes, comme pleine d'humanité, & d'une habilité confommée, en prét'érant d'affamer une armée, & de 1'affieger pendant quelques jours de plus, plutót que de la forcer au défefpoir en 1'attaquant Je fer a Ia main dans la cruelle fituation oü était Burgoyne & fon armée. Gates toujours grand, appric les procédés poifides d'Arnold & Jes méprifa. Au molï de Juin 1778, les Anglais ayant évacué Phi. ladelphie, Arnoid fut chargé de prendre polleffion de cette ville, d'en protéger les hsbitans, & f,mout de metire en dépót toutce' que les Anglais y avaient laiüé d'effets, marchandifes, armes 'i'»wimD,.iu- M-«rM - \ Washington, qU1 étaient alors dans Ie Camp dé.acbé cuce fcélératcommandaitcino4fïvrt!ii,A . . . -d l<-'n1a»^ mille hemmes.ma sfnn «m* enttere & P„ conféquen, ,e ^^J^g Ciï.ne fur décuuvert.le malheurenv a,j i • le monfire écbappa a E ven* an^ ^ 'aviaime'& t l »engeance de l'Amérique. Clinron i> 1-cha par ün rang difljngué dans ^w-ySc trairre eut bonheur ercor de fe réfugier (0 Pour gagner ia confiance du Chevaller Clinton & de fes fion de Bngard en Virginic. 1, Fénétra jufqu'a RfchemoJ «.oord hu, Capitale de cette République , fit des dégais ho bles panout oü i, paffa, bfüla ,£s £djfi S h0r " 1« Magafins a Richtend & | Wathatn, & fmT^^ er a la béte devan, le Maiquis de la Fayette, i, eut e 0 e bonheur ,'échapper unefecorMefois,&deretourner,New-ïo c W ^ Comte de Cornwallis, Syant quitfé Cbarles-Town £ la  ( 57 ) Qu'épand fur les coteaux la terreur de fon nom. (O La fuite des Cités, la défolation Semblent marquer partout les lieux de fon paffage: Mais humain, généreux, il dcfend le carnage, O) Et de fa nation déteftant les horreurs, II craint de fe fouiller de ces mêmes fureurs Dont 1» Caroline, marcha contre Ia Virginie, & après quelques peelt. combats, oü fon arriere-garde fut plus d'unefoisentaniée,ilamva I wuiiamsburgh, ci-devant Capitale de eet Etat, le 23 de Juin 1781. (,) Comme ce Seigneur eft un excellent Général, 1'approche de fon armée, fit qu'un grand nombre d'habitans s'enfuk a la nouvelle qu'il ne tarderait pas a paraitre. Mais cette alarme ne fut pas de longue durée. fY) On s'eft plu a donner ici au Lord Cornwallis le caraétere qui convient a un homme de fa n.iffance. Cependant, quelques foient les brillantes qualiiés fous le point de vue desquelles il eft rénréfenté il eft douteux fi ellesluiconviennent. Les Américains 1'ont accufé d'avoir, peu de tems après, dans fa retraite forcée, .acné d'empoifonner les eaux , en jetant dans les rivieres les chevaux&les mu'ets qui périffaient è fa fuite. D'autres même ont avancé que Cornwallis avait fait inoculer des anes, & d'autres animaux que l'on précipitait enfuite dans les mêmes rivieres, afin de donner la peute vérole aux Américains qui ont pour cette maladie une horreur inconcevable, quoique elle éxerce dans le nouveau continent un Empire auffi univerfel que dans celui que nous habitons. Mais cette derniere accufation, eft trop abominable, pour y ajouter foi, fans des preuves pofitives. ^  C 53 ) Dont les Sïeeles futurs verront frémir 1'Hiftoirc, Et ce n'eft qu'en héros qu'il afpire a ia Gloire. De quoi lui ferviront tous ces rares talens ? II n'eft point de Vertu, pour qui fert des Tirans. (i) Courage la Fayette: (2) oui Cornwallis te cede; (3) Vois Washington lui-même accourir ton aide: Con- CO Jamais un ame grande & bonnête n'entrera ftM nagi,m ferv.ce d aueun Prince de ce caraclere. Mais Denis, CroLei & leurs fembiables ne manquerenr pas de Généraux & Peur-êrr Wêm de gens vertueux, qui crurent ne pas ie deshonorer vant leurs drspeaux. ■»«»,»«• *»» Cet Officier, Maior-^r,^ ^^13 quoque avec des forces bien inférieures a celles Z'S^t toupurs 1'arréter dans fes entreprifes , ,Wchc, de n plus avant dans le pays, il remporta f r ,u p t fi! &le pourfuivit même r** m^S^^T^' culé dans le Polle de Yorck-Town & de Glocefter 0ü il nouvelé la Scène de Saratoga. ' 3 re' (3) Le Général Washington, sprès avoir faü il ^ lesplusévidentesdevouloiraffiég rrj^ 1 eet heureux «ratageme , Géll cours a Cornwallis; apprenant enfin que le Comte I r -ene bloqué par les troupes S^^J cham»  ( 59 ) Contemple k fes cötés les drapeaux de ton Roi: Combats pour l'Amérique : ils vaincront avec toi. Tel qu'on voit un Renard , fécond en artifices, PrelTé par la famine, ou mu par fes caprices, Chercher a découvrir un ferrail emplumé Qui puiffe fatisfaire un Renard affamé. Bien loin fe livrer a 1'efpoir téméraire D'affouviraifément fon ardeur fanguinaire; II remarque, il parcourt les fentiers tortueux Qui menent du bocage a lobjet de fes vceux. Choiüffant le plus fombre, & rempant fur le ventre, 11 fe traine fans bruit vers le ténébreux antre, Ou, la tête fous 1'aile, un troupeau de Dindons Dort d'unprofondfommeil, parmi d'autres Oifons. ■ Plus chambeau, la Fayecte & deW.ine, & que leComtedeGralTeala lete de la flotte Francaife était arrivé I fheure dite de. Inde. Occ den;al=s dans la Chefapeack, pour lui couper la retraite farmer & empêche, qu'il ne lui viut aucun fecours de New-Yorck,fem.t mi.tnême en marche i la tête de 7000 hommes & v.nt avec Pe diligence incröyable fe réunit aux autres Généraux en VV ginie»  Plus Ie Renard approche, au milieu des ténebres, Kus ilcroitentrevoir mille images funebres, D'un butin précédent gracieux fouvenir, Qui ne fait qu'irriter fon ^ AutOUrd£luitout être a ferme'la paupiere, De la cour mal gardée U franchit Ia barrière, Un fumet attrayant embaume fon palais, Hcroit déja toucher au moment du fuccès. Son cceurfefent ému de la plus vive joie, Une feule cloifon environne fa proie: Enuninftantilpeiltenforcer]es • II a pour réuffir mille projets nouveaux. II allait battre en breche une tendre Poulette, Qu'un amoureux courroux a fait coucher feulette, ' Brülant de jaloufie, & juchée a 1'écart, A 1'aide de Ia Lune, avec un ceil hagard, Be fon volage Coq cherchait partout le gite... Sa Rivale le joint... ce feul afpe',ne méridionale, autour de laqueüe il fit tirer des iig„es pour en défendre 1'ifTue & 1'entrée a toutes les troupes Anglaifes. CO P fer.it trop long de détailler le nombre de batailles de combats & d'aclions meurtrieres oü le Marqnis de la Fave!\t I , tête des troupes A.éricaines. '„ fuffit depuis cornet en AL :e * ' *  C 69 ) Avaient fous fes drapeaux triomphé tant de fois, „ Rappelez-vous-ici vos antiques exploits: „ Les Francais vont donner, paffons les en courage: „ Graviffons les premiers le haut de eet Ouvrage: „ Montrons a l'Univers que les Américains „ Ofent le difputer aux plus grands des humains, (1) „ Si dans 1'ardeur du feu, vous perdez la banniere, „ Ce fer vous guidera. Franchilfant la barrière, (2) II dit: & fon éxcmple eft 1'ordre, & le fignal. Au même inftant tout marche & fuit le Général. Sur (O L'on n'entend point ici élever les Francais au deffus de tous les humains. L'on a feulement voulu faire remarquer que, fi les Francais trouvent queiquefois leurs Maitres en bataille rangée, ils font rarement battus dans les affaires de pofles, mais aucun peuple de la terre ne peut leur être comparé pour la guerre de fieges, ni pour 1'attaque des placen. Le Merécbalde Saxe. Réveries. (2) Au fiége d'Yorck-Town le Marquis de la Fayette fut char. gé de 1'attaque d'une redou'e a la tête des troupes Américaines, tandis que les Francais en attaquaient une autre fous les ordres de leurs Généraux. Le Marquis, pour animer fes braves foldats, employa les mêmes paroies qu'on lui fait proférer ici, & 1'évenement fut tel qu'il eft décrit. E 3  C 70 ) Sur des monceaux de corps, on courtplanter 1'éclielle Chacun veut dévancer fon compagnon fidele: Sur les débris fanglans des creneaux embrafés, Mille font parvenus, mille font repouffés: Vingt fois des Ennemis l'on perce la phalange, Vingt fois de leur cöté la fortunc fe range, Le fer des Affaillans & le feu des remparts, Combattent des héros, frappent de toutes parts. Mais la Fayette enfin, dont tant de rfliftance Et tant de vains efforts irritent la vaillance, Se jette furievjx dans 1'épais tourbillon Qui de fon ennemi couvre le bataillon. Rien ne peut arrêter cette courfe rapide, La Mort eft devant lui, mais la Gloire le guide. JI fe fait un paffage, & fur des tas d'Anglais II plante triomphant 1'étendart du fuccès. Pe fes braves guerriers il réchauffe 1'audace; Tout cede a leur valeur, ils emportent Ia place, Et  ( 7i ) Et 1'Ennemi vaincu, tombant a leurs genoux, Deraande, obtient quartier, & le Fort eft anous.(i) Pendant ces jours affreux,jeune & charmante Èpoufe,^) D'un bosquet folitaire en foulant la peloufe, D'un Epoux adoré pleurant 1'éloignement, Vous trembliez pour fes jours en ce trifte moment. II vit; raffurez-vous: au fein de la Vicloire, Trop grand pour s'éblouir de 1'éclat de fa gloire, Ce tendre Epoux, épris de vos traits enchanteurs, Couronnait de lauriers le ChifFre de vos coeurs. Vous le verrez bientöt eet Epoux magnanime; Le fer refpectera cette illuftre victirne, L'Amérique & la France ont befoin de fon bras, Et la Fortune-même ordonne tous fes pas. II (i) La ptife des deux forts ou redoutes décida enfin Cornwallis a rendre la place. (o) Madame la Fayette pendant 1'abfence de ion illuftre Epoux, s'était retirée a Sc. Germain en-Laie. don. les bosquets & te pare font connus, par leur beauté, de tous les voyageuii. r E 4  C 7* ) 1/ viendra vous offrir ce prix dont la Sageffe CO Couronne les exploits qu'enfanta fa jeuneffe; Et bientöt vous verrez briller eet heureux jour, Qui mettra dans vos bras & ,a G]oire & rAjfi0^ Eu cöté des Francais, on voyait a leur tête, Ee vaillant Rochambeau qu'aucun danger n arrête. ^ L'heu- fonl L;C0"grès' de ta-pta. vive reconnahTance i ,ai. «on des fervicei efTentiels, qUe Je' Mtrnui, ^ u v du 211» f>.« it • m wtr9UIS °e Ia Fayette ava c ren. du 2^atf.Umus. plein de ^ h Y it n ne Guerner, envea ordr* ,„ n h te jeu- «ure. glorie» de cette ..luflre Mailen jufqu'a ce joT alon/ ru ne po?rr, de ^ ^our ,a po . que Epee comme ,e P,US beau monument de gloire cans les Arch.ves de Ia Maïfon de ,a Fayette. Mille autres ^ namens y stteftent Ie mailie.r de rhumanjté, mais cette épée ™" tel,n„ jamais que du fang des Tirans, ou de celui des fauteur, de ja Tirannie. u"oe CO L. valeur du Marquis de Ia Fayette, I. giaire *>„< »fe couvran aux ,eux de 1'Univers ne contribuerent pas peu . do e de Itouhuon aux Généraux, qui commandant les troupes de Francs  ■ (73) L'heurevrx Vioménil, le pere du foldat, (i; Dont 1'idole eft la Gloire, & le fang a l'Etat. C'eft prés de ces héros, jeune & charmant Noailles, (-) Que tu viens te former au grand art des batailles. Des héros de ta race ardent imitateur, Leur gloire & leurs exploits font gravés dans ton cceur. Pourfuis, tendre Guemer, ta hrillante carrière: Que 1'Anglais, fous tes coups, en mordant la pouffiere, Reconnaiffe le fang qui te donna le jour, Rien ne doit réüfter a Mars comme k 1'Amour. Déja Francs en Amérique. La NoblefTe Francaife ne connut jamais d'autre aiguillon que celui de l'honneur & de 1'amour. fi) M. le Baron de Vioménil fut ainfi nommé par les troupes dans la derniere guerre. Tout ce qu'il entreprit lui réuffic toujours admirablement, & il n'aquit pas moins de gloire par fe, ta'ens militaire* , & par fa valeur en Allenwgne dans la derniere guerre, qu'il n'en mérita depuis en Amérique. Cet Officier général eft aulïï de la derniere févérité en fait de difcipline. ' (j) La gloire qu'aquérait en Amérique le Marquis de la Favette, ne pouvait manquer de piquer d'émulation la jeune Nobleffe de France. Mais de tous les guerriets qui fuivirent les traces du jeune héros, aucun n'aquit plus de gloire que le Vicomte de Noailles, frere de Madame de la Fayette.  Ddja des Aflaillans la foule impatiente Oifrait 3 Cornwallis une ardeur menacante. Aux ïeux de FAmcrique elle va foutenir L'honneur du nom Francais, l'étendrC & raffermir. L'on donne lc fignal: Ia foudre & la fumée (i) Ne fauraient arrêter Ia courfe de 1'armde; Elle eft au haut des nrars, & icnverfc a l'inftant Quiconquc ofe affronter ce furieux torrent. Plus 1'Anglais intrépide offre de réfiftance, Plus lc bouillant Francais affouvit fa vengeance; Les mourans & les morts 1'au fur 1'autre entaffés, Sont encor un rempart pour les plus avancés. Mais bientót d'Albion tous les rangs s'éclairciffent, De fes meilleurs foldats les forces s affaibliffeut; lis CO II y a Peu d'exeraples d'aiTaut oü lei Francais aient été re. poulïés, mais après 1'affkire de Démonr, oü le, Grenadiers fe jetaient dans les embrafures, au moment que les pieees d'artille. ne fa.faient.en tirant, un mouvement retrograde .aucune affaire n'a &t plus d'honneur aux Grenadiers Francais, que 1'attaque d'Yorclt. iown.  C 75 ) Ils fe battent encor, mais leurs efforts font vains; Leurs armes, fans vigueur, échappent de leurs mains ; Mais fans tourner le dos, (O affurés de leur gloire, Ils cedent noblement une entiere vicïoire, Et le Francais humain, alors qu'il eft vainqueur, En leur donnant des fers', les traite avec honneurs) Ainfi des Allie's 1'invincible courage Leur fait en même tems remporter 1'avantage: Et (O L'on rend ici juftice aux troupes Anglaifes. Jamais elle. ce déployerent plus de cette intrépidité froide qui «refter* Nation , que dans la défenfe des mauvais ouvrage., quelles avaient a protéger. CO II femble que dans cette guerre furtout, Ie. Fr.n?al. fe • , i „„nliaués * 1'emporter en toutes chofes fur les fof té qu'ils leur font infiniment fupérieurs. II fufht d'avo.r flM „fil des évenemens pendant la guerre aftuelle pour fe convamcré de cettevérité. Les Officiers Francais, de la même mam dont Ut v naient d'arracher les drapeaux Anglais fur les crenaux d YorckTown & de Glocelter, offrirent aux Officiers Angfcts tous fecours dont ces braves guerriers poueelent avoir belbin, & eut ouvrirent leur bourfe , dans un moment, oü 11 écu 4» a un Anglais même, de n'.voir pas befoln d'ergew.  C 76) Et le fort pour combler leurs defirs géndreux, Les fait également triompher tous les deux. (1) Cependant Ia Difcorde en frémit de colere. Elle ofait fe promcttre un plus brillant falaire Du poifon dangereux que, traverfant les Mers, Ses horribles ferpens verfaient du haut des airs.' Francais, Américains, quune chaine facrée Attaché étroitement a 1'union jurée-, Le Monftre ne pouvait fupporter vos regards. <» C3)MaiSArnold&FranklinC4)dansIesmên1esrempa^ Tem- *». ^ ui**. !l Ses odieux defleins demeurent fans ^nccès, Et l'Amérique eftime & chérit fe Francais. Ne pouvant triompher des deux peuples fideles, Pour des projets nouveaux elle étendit fes afles. Au coeur de Cornwallis elle jette en paffant Tout le nel corrofif de 1'énorme ferpent Qui forme de fon front 1'horrible chevelure, Le poifon dévorant y flut une bleiTure, Et bientöt de Clinton va pénétrer le coeur. Tous deux en un inftant fe voient avec horreur; CO Ils s'évitent 1'un 1'autre, & l£Ur ame opprelTée S'accufe tour-a-tour de leur honte palTée. L'A- CO Cornwallis, prifonnier fur fa parole, eut „ liberté de fe rendre a New-Yorck. Regardant Clinton comme la caufe de fon malheur, il ne vit en lui qu'un Ennemi. Cependant il ne put s'empécher de rendre en public les refpeéts qu'il devait a la place que Clinton occupait. Mais il ne lui fit aucune vifite a fon arrivée.&fetrouvant enfemble aujourd'hui dansLondres, Ton dirait qu'ili ne fe font jamais connu. II eft ordinaire de voir deux malheu. reux dans une caufe commune, rejeter l'un fur 1'autre 1'infor. tune qui les accable.  C 81 ) L'Amérique fourit a ces plaifans débats; Le Francais en voyant ces injuiïes combats, Reconnait tout 1'orgueil que nourrit fa Rivale. La Discorde applaudit au venin qu'elle exhale, Et dirigeant fon vol vers fa chere Albion, Elle va retrouver fon ancien Nourriffon. C H A NT S I X I E M E. Windfor, depuis dix ans plongé dans Ia molleffe, Attendait le retour de la noire Déeffe. La Politique noble & la Foi des fermens, Avaient abandonné ces bocages charmans. Le fombre Défefpoir , & 1'obfcur Defpotifme, N'y montraient les objets qua la lueur d'un prifine; Et d'un peuple, épuifé par de nombreux revers, La rage, enpériffant, provoquait rUnivers. (i) to Plus (i) La poflérité aura peine i croire qu'un peuple, après avoir paffé par tous les excès de 1'EfcIavage; après avoir été longtems tirannifé, ait ofé lui-même tenté de devenir le Despote & le Tiran du monde entier. Ce propos abfurde, mais audacieux, prit fa fource dans F le  (30 Plus le tróne Rcyal panche vers fa ruine, Moins 1'Anglais aveuglé confidere, dxamine Les abfurdes projets qu'on lui fait adopter: (i) A Sandwich & Germaine il n'ofe réfifter. C'eft le fameux ALa Difcord, fait peut-être ici une injure a Sit George, vj> q Bridge,  ( 93 ) „ Peins aux ïeux de ton Roi la conquête facile „ D'un Pays habité par un peuple imbécile, (i) „ Qui, content d'entaiTer les plus pefans tréfors, „ Ne veut, pour les défendre, effayer fes efforts. (2) „ Dis-lui: fi le Deftin lui ravit 1"Amérique, „ Qu'il peut des Pays-Bas faifir la République: (3) „ Sur les bords de 1'Amftel qu'on n'attend que fes loix , „ Et que la Nation femble oublier fes Droits. La Bridge, Rodnei. Elle ne lui parle que d'un talent. Ignoraitelle cette DéefFe, de combien de talens divers eft doué ce Grand Hoinme? (1) La Difcorde elle-méme n'oferait donner aux Bataves cette épitete infolente & fauflj, que dans le feul pays de 1'Europe, oü de tout tems elle eüt fon plus glotieux Empire, & oü l'on peut impunément, avec le Sieur Wraxhal, infulter tous les Sou« verains de 1'Univerj, & y être encore apphudi, (a) Ce n'eft certainement pas la faute de bien des Régences, ni du Peuple des Pays-Bas-Unis , fi les Anglais les ont furprisdani un état de faiblefle incroyable & quiconque n'en aura pa« été Ie témoin oculaire, quoique cette République eüt entre fes mains tous les mo« yens poflibles par lefquels les Souverains favent fe faire refpeéter. (3) Ce projet était aufli bien vu, queceluidefoumcttrel'Amérique-Septentrionale par la force des armes, 1'inceudie, Ia qévaftation & les cruautés les plus airoct-s.  ( 99 ) e, La 'Vérité, je penfe, eft pour toi peu de chofe. „ Souvent aux vains Mortels unraenfongeenimpofe, „ Et pour fe faire un nom qui mene a la Grandeur, „ La Vertu fert bien moins que Tart d'être Impoffeur.(i) Ainfi paria le Monftre, & fa bouche infernale Exhala fur Rodney cette vapeur fatale, Oui couvre 1'Univers d'un éternel poifon, Et porte en nos climats la noire trabifon. L'Amiral, ébloui par ces vaftes promeffes, Supputant en fecret les immenfes richeffes Que la Meufe &rAmftelvoientflotter fur leurs bords, De fon génie ardent Fait mouvoir les relTorts. 11 aborde le Roi, communiqué ïl fon ame De fon ambition la dévorante flamme; Sak (i) Vérité terrible, mais dont nous ne voyons malheureufement que trop fouvent de funeftes éxemples, dans toutes les Cours de TUnivers, & que 1'évenement vient encor de démon„er infajUible en Angteurre, par la nouvelle diguité dont le Roi George a décoré Rodnei. G a  Sait flatter fon orgueil par lefpoir de regnef Sur un peuple fans force & facile a gagner. George, dont tous les pas vife la tirannie, Qui voit fes vains defirs éteints en Virginie, (i) Son tróne chancelant, fes Etats en lambeaux, Et la Honte ou Ia Mort pourfuivre fes drapeaux, Ecoute avec plaifir les'difcours de ce Traitre; Sent renaitre 1'efpoir de commander en Maitre, De regner en Defpote, & de donner des loix A ce peuple fougueux qui fait juger fes Rois; (2) De 1'Efcaut jufqu'a 1'Ems déployant fa puiffance, De renrplir fes trdfors, & de punir la France, D'a- fj) Par la prife de Cornwallis & de fon armée, Ia fuite précipitée du Judas Arnoid, & la délivrance totale de cette riche & fettile contrée de la Tirannie de la Grande-Bretagne. (2) L'on a reproché longtems, & la derniere poflérité fera peut-être encor un crime a Ia Nation Anglaife de la mort fanglsnte de Charles I. Mais ce Régicide ne doit être reproché qu'aux Anglais qui vivaient fous CromweJ. Les habitans de Londres & de la Grande Bretagne en général, ont aujourd'hui des principes bien oppofés, pour tout ce qui iegarde les aftions de leur Souvtraio.  C ioi ) D'avoir mal a propos (2) arrêté fes projets, Et fait tomber les fers forgés pour fes fujets. CHANT (a) Jamais peut-être la Cour de France n'tvait eu une politique plus faine & plus noble en même tems, que celle que déploye le Miniftere de Louis XVI. depuis 1'avenemenc de cePrin. ce a la Couronne. L'on ne tarda pas a décauvrir a VerO-ilIes, qu'a peine la derniere paix eüt élevé la gioire & la puisfance Ephéineres de Ia Nation Anglaife , le premier principe, 1'objet chéri des Minifties Britanniques, furent dèi Iors, que leur Maitre devint premierement despote en Amérique, pour parvenir enfuite & par degré, a le rendre Monarque abfolu dans tous fes Rovaumes d'Europe, comme il 1'était déja dans Hanaver. Mais la vaüïante & 1'heureufe réfittance qu'oppofaient les Américains au joug que l'on voulait leur impofer; 1'impoffibilité plus que certaine, oü la Cour de St. James paraiflait être de foumetue fes anciennes Colonies,devaient naturellement avertir la Cour de France du danger qui la menacait. L'IUnftre de Vergennes ne pouvait ignorer que, malgré l'évidence prouvée par des faits inconteftables, le Roi George voulait perfuader a fes peuple., a 1'Europe & être a foi-même, que la France était le premier „gent 1'a'uteur principal, la caufe ablblue des mouvemensterribles furvenus en Amérique contre fa tirannie, & que, par une conféquence naturelle de ces principes erronés, le Cabinet Britannique ne tarderait pas a tenter de punir la France, en fe dédomma. geant fur fes pofieOions dans les deux Mondes, de la perte d'un Continent immenfe qui lui échappait pour jamais. Auffi la France temarqua dès le commencement de i?77-^ la Grande Bret.gne préparait a la bate une Egtte de 43 vaifleaux de ligne, & qu'elle faifait * G 3 °e«  C H A N T S E P T I E M E. Dans ce Palais antique, (1) ou les Rois d'Anglcterre Naguere fe croyaient les Maitres de la Terre, - - -"?*•*» ■ W» «A* tn ü'ija.é ariq 03 aöü) ax-, Eft des préparatifr, de? arrhemens précipités s que les Anglaisétendatent de tous cótés p!us que jamais, leurs procédés arbitraires & ti. raoniques; quelesdénis de juftice les plus odieux Te multlphaient de plus en plérs de leur part •, qu'ils manifeftaient hautement leur prétentions aufïi ablurdes qu'arrbguntes. Totnes les Cours de TEu. rop^, toutes les Nations du mond^ , faifaient obferver a la Cour de Vi-rfail'cs la haute opinion que la Cour de Londres afRaait depuis lor/gten s de fa Tontr - PuiPince, & le mépris infuitant avec leqr.ei c'nns toutes les occafions , le Roi, la Cour, Ie Peuple le Parlement de Londres & fnuvent les Grands eux-mémes, parlaient des forces, de la richeffe-, & des relïources de la Nation Ftancaifö. Louis (ouriait dans Ie fllence de fon cabinet, lorfqu'il examinait jufqu'è quel point les tétes Bretonnes s'exaltaient dans leur idéé innée & favorite que Ia Puiffance Anglaife était fupérieure a toutes les nations, & qu'elle était même en état d'écrafer la France, quoiqueliéeai'Efpagne.avecautantdefacilitéqu'ua jeune Anglais de dix-huit a vingt ans, croit, jufqu'au moment d'une expérience contraire, que feul il peut battre deux Francais. Cet étrange paradoxe eft enfeigné dans toutes les Ecoles en Angleterre, & donne fans doute une grande énergie au courage Britannique. Mais en France, l'on apprend a la jeuneffe h eftimer fes voiCns quand ils font ttignes d'eftime, fouvent è lesplaindre, mais jamais a les méprifer. Le Comte de Fergcnnes venait d'apprendrequel'I. dole,  C 1C3 ) Eft un Réduit couvert, inacceflible au jour, Ignoré d'Albion, (2) mais connu de la Cour. (3) C'eft de & qu'on defcend, par des routes obliques, En des lieux fouterreins, fcais de hideux portiques, Qu'é- dole 1'Oracle de la Nation Anglaife, le Lord Chatbam, s'était trainé au Parlement de Wefüninfter, ponr y expirer en criant Paix avec ïAmérique, & guerre avec la Maifon de Bourbon, quoiqu'il n'éxiftat plus en Europe de Maifon de ce nom. SartineS favait,quenconféquencede toutes ces idéés, la Cour de St. Tames avait envoyé des ordres hoftiles aux Indes, longtems avant la Déclaration du Marquis de Noailles, & même avant la fignature du Traité du 6 Févriet 1778. B était donc de la bonne po. litique & d'une fage prévoyauce, que Louis XVI celftt d« reponder les Vaiffeaux, les Armateurs & les Corfaires Américains; de refufer toute liaifon politique avec le Congrès, malgré les raftances téitérées de fes Miniftres a Paris. Auffi conclut-il avec enx le magnanime, 1'iramortel Traité qui devait a jamais afTurer Hndépendance de 1 Amérique, & pour la première fois, la France ne fut pas dupe de la perfidie Anglaife. (,) Le très-antique Palais de St. James a Londres. ra) Peut-être; en ce cas même, il n'eft PW «Jouteux que, dans le Parlement d'Angletetre, & mêue dans la Chambre des Communes il po'urraït fe trouver encor quelques Membres, qu. prouveraient aux deux Chambres aiTemblées que ce lieu fecret & obfcur eft conftltutionnel. (3) Comme la Baftille eft connue da Paris & de Vetfailles. G 4  C 104 ) Qu'éclairent 1'aiblement de finiftres flambeaux, Dont la noire lueur regne fur des tombeaux. La, fi Ton en peut croirc un Auteur anonime, L'on punit la Vertu des chatimens du crime; Et fouvent en fecret, d'üluftres Sénateurs, Qui, méprifant des Rois les préfens corrupteurs, Préferent leur devoir, & fervent leur Patrie, Y terminent le cours d'une innocente vie, Et leurs corps déchirés par d'horribles tourmens, " Son.t jettés chaque nuit fous ces vieux monumens. (i) Au fond de cette obfeure & fanglante avenue, S'offre une Déité, figure a demi nue, Dont les attraits, brillant d'un éclat radieux, Gagnent bientót les crjeurs, en fafcinant les ïeux. C'eft (1) Heureufement, fous ce regne on n'a pas vu beaucoup d'exemples de punitions femblables. Quelques Whigs ont cependant de« craintes pour Mr. Fox, & ils ont établi des gardes fecrettes pour veiller a fa confervation. L'on en avait fait autant y a quelques acnées pour le fameux Wilkes.  ( 105 > C'eft hfaufe AmitU, (O dont les dehors raviffent, Qui promet fans tenir, & dont s'évanouiffent Les propos gracieux & 1'affabilité, A 1'afpect du revers oü de 1'adverfité. Plus loin, fur un rocher qui couvre un précipicc, L'on appercoit les traits de la Candeur faMce. (2) Une fauffe franchife, un fourire enchanteur, Semblent vous découvrir tous les plis de fon coeur. Mais bientöt, d'une main au crime accoutumée, Par une belle route & de fleurs parfemce, Elle fait amener fes crédules Amans En ce hideux féjour, & les livre aux tourmens. En- rn Dans toutes les Cours du monde, cette Déefie des Enfers, a des temples, des autels & de nombreux adorateurs. ;A Cette Déeffe a oei. de fupplians dans la Grande-Bretagne, & même a la Cour. Les Bretons, loin de fecontraindreaujourd'hui, fe font gloire de paraitre tels qu'ils font, fous les traits les plus brillans, & jamais leur vrai caradere n'a mieu* parure dans cette guerre. Aulïï les Archives du monde, & le. Faftes de lAmérique furtout, en conferveront-ils étetnellement le plu. tendre & le plus refpeaueux fouvenir. G 5  ( io6 ) Enfin, dans un fallon d'antique Archïteéture, •Oü conduit dans le roe une noire ouverture, La Sornbre Perfidie, ornant fes Léopards, (i) Sur des ruiffeaux de fang, promérte fes regards. Des Traités les plus faints, des loix les plus facrées, Lesfeuilles, en Iambeaux par fes mains déchirées, Sont le jouet des vens, & couvrent tour-a-tour Le Pambris du Sallon, & les lieux d^alentour. (2) Ce Souterrein fecret, cet affreux Sanctuaire, Oü jamais le Soleil ne darda fa lumicre, Fut f O L'aiS'e était chez les Anciens foifeau favori de Jupiter ■ le Paon celui de Junon; des Cignes & des Colombes trainaienc le^War de Fêtm, & de nos jours les Ldopards font les favoris de. la Peifidie. Euxfenlsont Ie droit exdnfifd'êtreattelésè fon char. Cette Déjté les traita long-tems avec Ia plusvive tendrefl'e a caufe. des.fervices qu'ils rendaient a fon Empire. De fes propres mains, elle leur ceignait la Couronne de quatre Royaume*. & leur paflait au cou des guirlandes de fleurs enfanglantées il eft vrai, mais entrelaflées de feuilles de lauriers flétris de nos jours. W A ''éx;;mP'e de Mabomet, on pourrait encor, du débris des Tranés que 1'Angleterre a violé, déchiré & foulé fous les p.és de fes Léopards depuis plus de 600 ans, cnauder durant m oois les bains d'Aléxandrie.  ( io7 ) Fut autrefois creufé par lordre de Croniwel. C'eft Ia qu'il fit dreffer 1'abominable autel, Oü, fur le corps fumant d'une Victime humaine, Et s'ouvrant a 1'envi tour-a-tour une veine, Arrofant de leur fang ce corps inaniraé, La perfidie au cceur, & le front enflammé, Les Conjurés jadis, I'horreur de la Nature, Prononccrent leurs vceux, & de leur boucheimpure, Se promirent 1'un 1'autre un mutuel fecours, Jufqu'a ce que leur Roi (i) vit terminer le cours De fes affreux malheurs & de fa faible vie , Sous le fer des bourreaux qu'armait la Perfidie, Et que Cromwel, affis fur le tróne des Rois-, A 1'Europe indignée oflt donner des loix. De nos jours, lesTirans,fousunmanteaufunebre, Viennent y confulter un Oracle célebre Qui, (O Charles Stuard I du nom.  C tc8 ) Qui, de-la Perfidie expliquant les lecons, Contre la Vertu même éleve des foupeons. (i) Rodnei, qui de fon Prince eft le guide fidele, Le conduit en ces lieux, le foutient s'il chancdc, Et pliant les genoux & le front profterné, Expofe le, delTein qui 1'avait amené. A l'inftant du Tartare , une vapeur épaiffe, . S'éleve en ferpentant autour de la Déeffe, Des bords du Phlégéton, les Volcans des Enfers, Semblent vouloir perccr jufqua notre Univers: Cent Monftres effrayans, fous des formes horribles, Commencent a 1'envi mille combats terribles. LEnvie & V.Avarice en leur hideux maintien, Avec la Perfidic ont un long entretien. A CO C'eft dans ce lieu fans doute, que SIr Mughes Pallifertrama e complot de la Conjuration contre 1'Amiral Keppel, & que le fanatique Cordon médita les atrocités auxquelles devait fe livrer la vile canaille de Londres dont il fe déciarair le Chef illuftre contre lcs Catholiques Anglais.  ( lop ) A la fin, la Döeffe ouvrant fa bouche infame, Vomic au même infiant une fanglante flamme; Puis aux deux champions elle tient ce difcours. „ O Vous! qui de mes loix obfervates toujours (O ,, Avec un zele ardent & l'efprit 6c la lettre: „ J'approuve vos dcffeins, & j'ofe vous promettre „ Qu'un fuccès édattahf couronnera vos vceux: (a) „ Jen jurc par le Stix , c'eft le ferment des Dieux. „ D'un timide voifin, (3) fur de votre alliance, „ Sous des dehors de paix, endormez la prudence: . „ J'ai férrié dans fon fein de fideles Amis, „ Qui tiendront dans le tems plus qu'ils ne m'ont promis.(4) „ La (1) On peut 1'en croire, c'eft une DéefTe qui parle. (2) L'effet a coraplettement répondu a ces ptomeiTes dlvines. (3) II eft ordinaire aux Anglais de regarder & de qualifier de timides, de tècbes, tous ceux qui ne font pas de leur Nation. (4) En ceci la Déefle prévoyait certainement 1'avenir, & 1'Europe voit encor aujourd'hui avec étonnement, combien la Perfidie était iïïre de £és partifans, & combien leurs efforts redoublés ont été au dela de ce que la Perfidie mëmepouvait ea efpérer.  C "O ) „ La Difiorde ma foeur foutiendra notre ouvrage \ „ Je connais fon adreffe 5 armez-vous de courage: „ Du Sénat & du Peuple achetez les foutiens: (1) „ De molefter 1'Amftel épiez les moyens: w Que de f« tonnes d'or, en failïflant la fource, (2) „ Rien ne puiffe arrêter votre rapide courfe: „ Comptez fur mes confeils: je vous infpirerai, „ Volez d'un Monde a 1'autre, & je vous y fuivrai. Elle dit: & fouflant de fa bouche infernale Sur nos deux profternés, une liqueur s'exhale, Et descend dans leurs cceurs, les embrafe foudain, Et des plus grands forfaits y pofc le levain. Sürs de leur Déïté, comptant fur fa puiffance, Remplis de fon efprit, d'une avare efpérance, Le Monarque & Rodnei, 1'un fur 1'autre appuyés, Reprennent a pas lens les tortueux fentiers Qui CO George & fon Miniflere étaient dans l'habitude de réus. fir de ce cóté, & il n'étaient pas embaraffés de fe procurer la Majorité dans les deux Chambrej de Weftminller. (2) Sans Louis XVI. cela eüt été trés pcffiole.  O" )' Qui mênent au féjour des Tirans & des crimes. Ils vont y méditer les coupables maximes, Les confeils ténébreux & les projets cruels Que leur ctiéte le Monftre au pié de fes autèls. Dans Londres, la Difiorde, au comble de la joie, A leurs deffeins pervers court préparer la voie. Du Sénat & du peuple elle unit la moitié (O L'autre fent bouillonner fa vieille inimitié. Qi) Le Batave lui-même, artifan de fa pcrte, Laiffait a la Difcorde une porte entr'ouverte, Par oü, fes vils Agens & leurs Fauteurs nombreux Paffaient comme un éclair pour éblouir les 'ïeux. La France, dans fon fein, fortunée & tranquille, A ces Monftres divers rcfufait tout afile. Ses (O Le pani du Miniftere toujours triomphant dans fa perverfité. (2) Le parti de 1'Oppofition, toujours vairicu, quoique i! dé. fendït la caufe de 1'honneur & de la féücité de la Grande-Bretagne, la liberté de l'Amérique & les intéréts les plus précieux de 1'IIumanité ouirag'ée.  C 112 ) Ses habitans, heureux par les ibins dun bon Roi, Se laiflaient gouverner par Ie fceptre & la loi. Et tandis qu'en fureur le Demon de la guerre, Dans 1'Inde & l'Amérique agitait fon tonnerre , Au fein de 1'abondance & d'une douce paix, Ils fouillaient, en chantant, leurs fertiles guérets. (i) Chaque mois dans leurs bourgs, le bruit d'une conquête Ramenait les plaiüïs d'un nouveau jour de fête, Et le Ciel pour combler leur forruné deftin, Accordait a leur Pere, a leurs vceux un Dauphin. (2) Des Ci) Le paifib'.e Laboureur & le Vigneron laburieux, dans toutes les Provinces de France, ignoreraient encor que la Patrie eft en guerre avec Albion, fi les Te Deum redoublés ne venaient lui %n< noncer les conquéces & les viftoires des Troupes Francaifes, des Efpagnols & des Américains. Aucun nouvel impót ne troublait leurs innocens plaifirs , & le troifieme Vingtieme que le Roi vient d'impofer, ne tombant que fur les Propriétaires & fur les Rentiers, ne deviendra point a charge aux cultivateurs aujburd'hui. Ceux mêmes qui en feront grévés, le patront avec plaifir; attendu qu'en tems de guerre, oü il faut fe battre en per. fonne, ou, en payant ceux qui fe battent pour nou«, racheterainfl cette obligation indispenfable a tout Citoyen. t 00 Cet événement fi defiré, eut lieu le aa d'Octobre 1781., eture  DufleuveSt. Laurent, au Golphe duMéxique, La paix femblait encor regner en Amérique. (1) Trois «ntre neuf » dix heures du matin. Quelle plame ponrrait peindre la joie du Roi, de la Cour, de la Ville & du Royaume entier a cette heureufe nouvelle 1 II fut un tems, oü la naillanca d'un Dauphin femblait être un bienfait du Ciel, & le falut de 1'Etat. II n'en était pas ainfi du fils de Louis Seize- Le Comte d'Artois avait deux fils; Monfieur pouvait fuccdder k fon frere, au cas que I» France eüt le malheur de perdre fon Roi. Mats le Royaume entier ne voyait dans le Dauphin naifTant, que 1'objet du tendre defir de fon Pere, qui était tout-a-la fois le meilleur des Freres, des Epoux, & des Rois. Le bonheur du plus vertueux homme de la Cour, devint en ce moment la félicité publique, parl'efp.ir de voir prolonger fur le tróne les Vertus ft rares d'un Roi citoyen. (1) Tandisque 1'Angleterre était écrafée fous la maffe des impofitions publiques; que la moitié de la Nation a'enrichiflait au depens de la partie la plus faine,l'Amériquefortunéeiracquille, oü les Anglais & les TorisnepoaVaientpénétrer, jöuhlMt d'un bonheur inexprimable. Envain la perfide Albion avait-elle contref.it ]e papier-monnaie des Américains pour le décréditor, le Congrès avait coupé le ma! par la racine en fopprimani ce papier monnaie L'Agticulture flourillait, les Angbds même en devenant ptifonniers des Etats, s'empreflaient d'en défricher & d'en culti. ver le fol pour jouir de la liberté, les guir.ées d'Albion fe répandaient de toutes parts. L'union la plus intime, la confiance dans les Chefs, le refpeft des Treiw-Etats pour le Congrès, les fecours de la France, & jufqu'aux Garnifens Anglaifes-mêmes, jl tout  C 114 ) Trois ou quatre Cités, dans les fers d'Albion, Seules voyaient flotter fon affreux pavillon. Leurs Citoyens courbés fous un joug qu'ils déteftent, Renferment dans leur fein les feuls biens qui leur reltent, L'Amour de la Patrie & 1'horreur des Tirans. Autour de leurs foyers, cent Tigres dévorans (i) Chaque jour affamés; d'une ongle fanguinaire, Y raviffent le pain que les foins d'une Mere Defti- tout enrichiffait les treize Répub'.iques, tandisque leurs Corfaires & les fiégates fous Ie pavillon Américain, al'aient faire des prifes immenfes, & répandre la terreur jufques dans le coeur de f Ecofla & de 1'Itiande. (1) II f»ut excepter des monftres qui ont défolé l'Amérique en fe rendant maitie de fes villes, les Heffois, & Ie Chevalier Clinton. Ce Commandant en chef mérite les plus grands éloges, a raifon de la probité, de 1'honnêteté, de la bonté-même, avec lefquelles il a traité Charles-Town & les Citoyens Francais domiciliés dans le fein de cette belle ville. II eft vrai qu'il a voulu les engager il piêter ferment de fidélité au Roi Géorge, mais loin de leur faire violence a cet effet, il a figné de fa main la confervation de leur propriété, leur a fait avoir par fes troupes rous lei égards imaginables, & en leur ptrmettant de retourner en France, il leur a fourni un batiment parlementaire que fes ordres ont fait refpefter jufqu'a Rochefort.  C Pftt ) Deftinaient a nourrir fon déplorable fruit. La Beauté vertueufe, affifc en un réduit, Y tremble a chaque inftant, y vit dans les alarmes, Et redoute qu'un monftre, infultant a fes larmes, Ne viennc lui ravir fon unique tréfor, Et couronner fon crime en lui donnant la mort. (i) Mais hors de ces rempafts, gardés par des barbares, Oü regnent les forfaits, oü les Vertus font rares, Des Treize-Etats-Unis dans le vaile contour, L'on voit partout briller 1'abpndance & 1'Amour. Tous les Dieux a 1'envi, fur ce terrein fertile, Se plaifent a verfer 1'agréable & 1'utile. Les coteaux,' les vallons, les plus xiches guérets Tous les ans font chargés des tréfors de Céres. Sur un tróne fanglant, mais rayonnant de gloire, Ombrkgé de lauriers aquis par la Viétoire, LaU- CO Q«e l'on n'attende pas des explications pour ce palTage. Ici le cceur frémk, 1'ame fe révolte, la piume & les pinceau* refufent leur minilkre.  C «6 ) L'augufte Liberté, fiere de fes exploits, Contemplait fon Chef-d'oeuvre affermi par les loix. Les drapeaux d'Albion, fes armes menaeantes, Ses canons, fes mortiers, fes dépouilles fumantes, Ramaffés & conquis, confufément épars, De la Liberté-même égayaient les regards. Mille & mille troupeaux de Léopards féroces, Mufelés, enchainés pour leurs crimes atroces, Mordent en rugiffant le frein qui les faifit, Mais tremblent a la voix qui les panfe & nourrit. Plus loin, des corps nombreux de ces vils Satellites Qui, par la foif de lor, arrachés aux limites Oü la Heffe fe joint aux rives du Wéfer, Vendus par un Defpote (i) & livrés fur la Mer Aux ordres du Tiran de toute FAmérique, Se voyaicnt protégés par cette République Dont leur fer prétendait enfanglanter le fein. Vaincus ou déferteurs, mais changeant de deffein, Ac- (0 Nous fupprimons toutes les réfiexions que nous infpire la conduite du Landgtave de Hefle, 1'Europe 1'a jugé.  C 117 ) Accueilüs, fecourus, traités comme des freres, Ils avaient abjuré leurs fermens fanguinaires, Et cultivant en paix un fol vierge & fécond, Nouveaux Américains, déteftant Albion, Ils béniffent les Dieux, dont la main Vangereffe Daigna brifer les fers qui chargeaient leur jeuneffe, En tournant leurs poignards vers ces mêmes Tirans, Dont ils devaient aider les monftres dévorans. C H A NT HUITIEME. Bientöt la Perfidie, accourant a St. James, Y vient donner avis de fes projets infames; Y trouve le Confeil pret a fuivre fa voix, Et les efprits d'accord pour la première fois. Sur la plaine liquide, alors fans défiance, Protégé par Neptune & par fon innocence, Voguait paiiiblement le plus grand des vieillards. Né dans la Caroline, il oma fes remparts H3 DC  C «8 ) De trcnte ans de vertus, de talens & de gloire. Laurens (i) était fon nom: les Faftcs de 1'f Iiftoire, La voix de l'Amérique, 6c nos dernicrs nevcux Ne tariront jamais fur fes faits généreux. Pour mieux connaitre, hélas! Fun 6c 1'autre hémifphere, S'y délaffer en paix, accroitre fes lumieres, II venait en Europe éradier nos mceurs, Rire de nos travers, cc gagner tous les cccurs. L'Au- (i) Le Sieur Henri Laurens, natif de Charles-Town dans la Caroline Méridionale, ci-devant Préfldent du Congrès, paflait dit-on, en Hollande en qualité d'Envoyé des Etsts-Unis prés la République des Pays-Bas-Unis, fur Ie Brigantin Ie Mercury, Paquebot de Philadelphie a Amfierdam, lorfque ce petit batimenr fut pril a Ia hauteur de Terreneuvc, par Ia fiégate Anglaife la Fefiat, com. mandée par le Capitaine Keppel. M. Laurens avait avec lui fon féetétaire. La prife de cet iliufirc Vieillard parut fi cor.fidérable a TAmiral Edwards qui commandaic a Terreneuve, qu'il dépêcha fur Ie Cbamp la l'eflal a Londres, pour donner avis de cette prife au Gouvernement, & tranfporcer les prifonniers en Angleterre, avec les papiers importans de M. Laurens. La mal. le qui les contenait avsit efketivement été jetrée a la Mer, mais faute de précautioris elle avait furnsgé, & je Capitaine Keppel s'en empara. La Vejial en arrivant, fut forcée de laiffer M. Laurens malade a Darmouth, cü i! était trés-étroitement gardé, trés-mal fervi, & encor plus msl-traiié.  ( »9 ) L'Aurore avait fait place au Dieu de Zoroaftre: Et déja l'on voyait tous les feux de cet Aftre Qui féconde la terre, & dore nos coteaux, Embrafer 1'horifon, & brillanter les eaux. Le vaiffeau, qui portait le vieillard vénérable, Fendait le fein des flots fous un vent agréable: Et des mers de 1'Europe en cotoyant les bords, II allait du Texel reconnaitre les ports. La noirc Perfidie envoit, au moment même, Un de fes fiers fuppöts (i) avec 1'ordre fuprême, D'arrêter, de faifir 1'uluftre Américain, Et de le forcer même k rebrouffer cbemin. Auflitöt, fur les mers, le barbare Corfaire Fait voguer 1'aviron d'une courfe légere: II atteint le vieillard, (a) 1'infulte en 1'abordant, Lui ravit fes papiers, (3) 1'enchaine en defcendant Slvx (1) Le Capitaine Keppel i bord de Ia Vejial. (2) L'honorable Henri Laurens Ecuyer, ci-devant Préfident H 4 d»  C 12° ) Sur les bords fablonneux qu'arrofe la Tamife, (4) Et malgré ces rigueurs, & malgré fa fuiprhe, Le du Congrès en Amérique, fut «teint le dix d'Augufte 1780, au moment qu'il fe croyait le plus en füreté. II ferait difficile, feIon le Droit des Gens , d'expliquer fur quels fondemens M. Lauren» fut arrêté comme Prifonnier d'Etat. Mais depuis longtems lts Anglais ont une jurisprucence qui n'eft propre qu'i eux. C'eft pour fe conformer fans doute a leurs procédés honorables fous le regne paflé, qu'ils ont voulu, fous George III., en renouveller les traits gloiieux. Il eft bon de fe remettre ici fous les ïeux la fnrprife & 1'enlevement du Maréchal de Belle -We & de fon frere Ie 20 Deceinbre 1744. Après que les Armées Franfaifes eurent pris leun quartiers d'hiver, ces deux Seigneurs, au lieu de revenir a Paris, partirent du Camp avec une fuite nombreufe. Le premier était, dit-on, chargé de quelques né. gociations auprés des Puiffances du Nord, relativement a la ligue de Francfort. Ils fe rendirent d'abord, auprès de 1'Empereur Charles VII.} de-Iè, tiaverfant, pour aller a Berlin, un petit territoire dépendant de 1'Eleétorat de Hanovre, prés d'Elbingerode, ils furent arrêtès & conduits en Angleterre, oü l'on les rétint jufqu'au mois d'Augnfte 1745. La Cour de Londres allégua pour colorer un procédé fi revoltant, que le Miniftre Francais n'avait point de paflèports, & que Ie Roi de France venait de déc'qrer la guerre au Roi del» Grande-Bretagne, dans 1'Eleaorac duquel le Maréchal fe trouvait. Mais le Roi de Prulfe avait dans tous ces pays-la, pour ia communication do fesEtats, des bureai x de pofte qui, p»r une convention établie entre les Princes d'AIlemagre, font toujours regardéscommeneutres& inviolables. Céisit violer cette convention,& faire une infraélion aux Droit des Gens. En  Le Vieillard outragé conferve le fang-froid, Sa douceur naturelle, & marche fans effroi. (5) Ainü, En outre Ie Duc de Belle-Ifie était Prince de 1'Empire; fa mlffion étaït versl'Empereur & 1'Empire. C'était une feeondeviolanon d» Droit des Gens, & une atteinte injurieufe aux prérogatwes des AmbalTadeurs dans toute 1'Europe, & une violatie* manifefte des Conftitutions de 1'Empire. En d'autres tem, l Elea.ur de Hanovre eüt été lui-même mis au ban de 1'Empire, pour cette ïnftlte faire I fon Chef, en la perfonne d'un Ambafftdeur envoyé vers fa Majefté Impériale, avec qui le Roi George n était pomt en guerre , & le Roi de Prune u'était pas mo.ns infulté «ais aio», U voulut 1'être impunément. La France, om de ft" .'éc,at qu'éxigeait .'importance de ce grief, eut la fatblefle d'ofFrir de regarder le Maréchal comme prifonn.er de guerre, & felon le cartel, de payer pour fa rancon 500000 livres, fomme convenue en l743 pour » -con d'un Maréchal de France. Le Miniftere Britannique éluda ces ofFres prelTantes par un nouvel outrage II déclara qu'il cegardait Melïïeurs de Belle-Ifle comme prifolhUrs Htat. II eft inuti.e de faire aucun raifonnement ta „„ procédé fi extraordinaire & fans exemple. La detenuon de M. Laurens fert de pendant a 1'afte injurieux dont nous venons de par er En elfet fous que.que point de vue que l'on reg.rd.tce v.e.llard vénéable dans le cabinec de St. James, le Rol d Angleterre rfm,t aucun droit de le conftituer prifonnier. Comme paflager ur le Meren, M. Laurens ne pouvait étre arrété. Du «ou» 'oute les nations en ufent ai.fi, & » Fr«ce & les Améncams da„s tout ie cours de cette guerre n'ont pas fournr une feule oc cafion d'uferderépréfaiUesaleurégard. Secondement.fiGeorgeIII gardait M. Laurens comme AmbalTadeur du Congres, envoyé Ies Etats-Généraux des Pays-Bas-Unts, la perfonne de« tl 5  C ) Ainfi, voit-on fouvent la Brebis innocente Suivre fon afialfin, fans la moindre épouvante. Tel Miniftre, revême d'un caradere public, devenaitfacrée;enlefai. fiflanr, c'était encor violer le Droit des Gens. Mais ces deux raifons n'étaient d'aucun poids fur fefprit du Cabinet Britannique. M. Laurens avait été Préfident du Congrès, il favait les principaux fecrets de cette illuftre Compagnie, on le difait chargé de papiers importans; fa détention pouvait tout a la fois le pu« nir, lui arracher des fecrets précieux aux Anglais, & fournir d'amples inftruaions par les documens dont il était porteur. (3) M. Laurens, au moment qu'il vit ne pouvoir abfolument, échapper a la pourfuite de Ia Feflal qui le chaflait, jetta dans la Mer la caffette qui renfermait tous fes papiers, mais la précipiration avec laquelle on Ie fit, fut malheureufement caufe qu'elle furnageat, & un Matelot la fauva en plongeant. (4) On le fit debarquer a Dartmoutb, oü il fut forcé de fé. journer, parcequ'il fe trouva fi indifpofé, que malgré Ia férocité de fes condafteurs, ils crurent ne pouvoir fans danger, lui faire continuer fa route vers Londres. (5) Mr. Ilenry Laurens, 1'un des plus grands & des plus ex. cellens hommes qu'ait produit l'Amérique, avait dCja donné des preuves de fermeté & de modération, lorfque les troubies éclaterent fur le continent, lefquels firent un honneur infini a fa figeffe. La maifon qu'il occupait a Cbaria-Town fut fouvent inveftie de nuit par la multitude qui, le regardsnt comme dévoué au Gouvernement Britannique, voulait 1'immoler avec fa familie èfon jufte reiTentiment. Laurens alla au devant des féditieux. Voils votre viüime, leur dit-il, parlant de lui-même, prénez iuou Jargi mais éfargnêz. celui de ma familie qui ne vous a fait au-  Tel parut Coligni fous le fer des bourreaux: Laurens n'eft pas moins grand dans 1'horreur des cachots.(6) C'eft aucun mal. M. Laurens n'époufa les intentions de l'Amérique, que lorfqu'il eüt appris, en Angleterre même, que la Cour de St. James méditait Ie plan que l'on regarde aujourd'hui comme le Suïcide de la Puiffance Britannique. Cette découverte le détermina a embraffer Ia caufe de l'Amérique avec autant de modé^ ration, d'honneur, que de fagelTe. II Ta foutenue avec toiite la douceur de Ia colombe , la fagcffe du ferpent, & la voix de l'Amérique entiere crut devoir la placer a la tête du Congrès. (6) Mr. Laurens quelques jours après arriva Jt 1'Atnirauté dans une chaife de pofte. II était confié i Ia garde du Lieutenant de la Fregate la Feftal qui f accompagnait. On donna fur Ie champ avis de fon arrivéa aux Secrétaires d'Etat qui Ie mirent fous la garde de deux meffdgers du Roi avec une efcorte de dix hommes commandés par un fergent. Le lendemsin il fut conduit au bureau du Lord Genr.ain, & fubit 1'interrogatoire en préfence de tous les Miniftres qu'il étonna par fa fermeté. II fe reti-a , & fut immédiatement après conduit a la Tour Londres fous la même efcorte. L'on ne peut rien ajouter aux indignités, a la barbarie avec lefquelles ce vieillard vénérable fut traité. On lui refufa non feuleraent de 1'encre, des plumes & du papier; mais on pouffa l'inhumanilé jufqu'a repoulïïer de la porte de cette pri. fon d'Etat, le fiis-même de cet illuftre prifonnier. Pour fe faire une efpece de journal dans fa prifon, Mr. Laurens fut contrahit d'abord, -de crayonner fes idéés fur les murailles enfu. méés de fa chambre: enfuite, ayant obtenu un livre, il écrivit fur les marges les réfhxions qui lui venaient. L'Auieur de cet euvrage a tenu dans fes mains ce journal déplorable.  C I24 ) C'eft peu que d'Albion Ia coupable injuftice Maltraité 1'Innocence au gré de fon caprice: C'eft peu que Filmvers, a ce nouveau forfait, Montre fa jufte horreur, le plus tendre regrct: Bientöt la Perfidie, en malices féconde, Par un crime plus grand, vient étonner le Monde» Elle feint un Traité, des complots odieux. La Difcorde appercoit des plans infidieux, Par lefquels, le Batave & les hordes rebelles, Formant des liaifons tendres & fraternelles, (i) A (O On n'a pas été furpris que 1'Angleterre, fans aucune raifon plaufible, fans prétexte équitable, ait rompu fubitement avec le» Pajs-Bas-Unis. C'eft la quairieme guerre qu'elle leur déclare depuis 1'étsbülTement de la République. Et cette guerre n'eft pas moins injufte, que les autres: car il n'arrive gueres, que dan» ces fortes de conteflations, 1'aggreffion & 1'iniquité foient du cóté de la puiffance la plus faible. Le Roi d'Angleterre fe plaint d'un traité fait avec les Américains. Mais ce Traité n'était que 1'ouvrage de quelques Régens d'une ville particuliere. Bien loin d'être autorifés d'une fanétion légale, il n'était pas même connu du refte de ia confédération. II ne devait fortir fon effet que dans le cas oü 1'Indépendance de l'Amérique ferait reconnue par 1'An.  C 125 ) A George, a fes Etats portaient les derniers coups. Rodnei court au Monarque, embraffe fes genoux: II 1'Angleterre elle-même, qui, fouvent depuis le commencement des troubles, avait traité avec les Etats-Unis, pour ainfi dire comme independans. II était fingulier qu'on declarat la guerre a la République, parcequ'un Megiftrat d'une ville feule avait fait avec un Américain, ce que les Miniftres Anglais avaient fouvent fait avec les Agents-même du Congrès. H tonde fingulier que la Grande-Bretagne & les Pays-Bas-Unis dufient s'égorger inutusllement, parceque deux Patriotes aufil diftingués que Mrs.van Bercke/&de Neuvilk, en fervant leur patrie, ont déplu, par cela même au Roi George III. Ce Prince fe plaignait, que les fujets & les vaifleaux de la République Batave, faifaient un commerce de contrabande , & même avec les Américains rebelles: mais, les Etats-Génèraux n'approuvaient ni rail ni 1'autre; &devaientils févir contre leurs fujets coupables de ces prétendues préva. rications, lorfque fous les ï.mx du Pvoi & du Parlement d'Angleterre , les fujets de ce Royaume , étaient eux-mêmes les con. trebandiers & les marchands qui frêtaient, chargaient & faifaient conduire a leur deftination les vaiiTeaux appartenans aux fujets de Ia République Batave ? La Cour de Londres faifaient Tonner bien haut radmiflion des corfaires & des vaiiTeaux Américains dans les Pons de la République, & notamment ceux de 1'illullre Paul-Jones au Texel; mais tous ces vaifleaux & ce brave Marin , n'y venaient-ils pas fous Ia pavillon de France & munis de documens, ou de commilïïons des Amirautés de cette Couronne? Le Miniftre Anglais exigeait les fecours ftipulés par le Traité d'Utrechi j mais ils n'étaient exigibles que dans le ca; oü l'Angleterre ferait attaquée, & fon audacieux defpotifme av^U le premier  C 126 } II lui peint de rAmftel la noire ingratitude: 11 lui dit que jadis, fi, de la fervitude (1) Le mier attaqué la France, & provoqué mille fois tout 1'Univers. N'était-il pasencore abfurde,ou n'était-ce pas lecomble du mépris, que de fuppofer les Etats Généraux alTéz dépourvus de bon fens, ou alles aveugles en politique, pour, en accordant ces fecours fans neceffité, s'attirer .v'iole les premiers principes de la Société bumaine. L 4  ( 168 ) De toutes parts on voit les plus nobles victimes Tomber dans les cachots, fans connaitre leurs crimes. Les Ce ne Tut pas néanmoins affez encore. Pour plonger ces malheureux Colons, dit toujours M. Burke, dans toute 1'amertume de la détreffe, un ordre fuivant leur enjoignit de livrer jutqu'a leurs papiers domeftiques, leurs Lettres particulieres, leurs Documens de familie, fans en referver aucun. En vertu de la première Jnfiïon, fon voyait a découvert toutes les liaifons de commerce du Négociant; & la méchanceté était a même de s'alï'urer rle quel cóié l'on pouvait 1'attaquer avec le plus d'avantage: par la feconde Ordonnance, la Tirannie, violant tous les Droits de 1'Homme, ceux de la Guerre même, alla fouiller dans le fein des families pour y ravir leurs fecrets. — Dépouillés enfin de tous moyens de fubfifter, de toute reffource piéfente ou future, ils jetterent naturellement les ïeux, pour leur entretien actuel fur les Vivres, dont 1'Ifie regorgeait, mais qui étaient comprifes dans la Sentence Générale de Confifcation. Ils s'adrefferent pour cet elTet au Quartier-Maitre-Général, & ils le fupplierent de leur reftituer une petite portion de ces Vivres, pour prolonger la miférable vie d'eux & de leurs families affamées. Quelle fut la réponfe remarquable & bumaine de ce Quartier-Maitre? pas une feule boucbée. Ce font les propres termes dont il fe fervit, pourfuit M. Burke. Quelle fut la noirceur de ce trait deshonorant a jamais pour toute Nation qui 1'approuverait par fon filence! M. Burke préviut la Chambre, qu'il n'était pas le feul de cette efpece; & il la pria d'écouter avec attention le refte des faits qu'il avait a lui expofer. Faits, dit-il, que pour Tbonneur de riiumautti, pour celui du fiecle éclairé oü nous vivons, & furteut pour celui du Chrifiianifme, fai bonte de rapporter. La  C »«9 ) Les plus riches comptoirs,les Temples,leurs autels,-. Nefauraient affouvir ces féroces Mortels. On La ven-eance qu'avait exercée les Conquérans de St. Euftache, conire Tes Biens des Habitans, ne put affouvir les deux Géne'raux- il fallut que ces Citoyens infortunés 1'éprouvaffent encor dans leurs Perfonnes. Cette forte de perfécudon tomba premie, tement & principalement fur les Juifs. On conduifit cette mal. heureufe Claffe d'Hommes, après lui avoir óté tous fes Effets, dans une Maifon de Douane, oü, environnée d'une nombreufe Garde Militaire & infolente, on dépouilla ces circoncis jufqu'ala chemTe, & on les vifita pour s'affurer, qu'ils n'avaient fur eux n. Or, ni Argent; & leur ayant extorqné le peu qu'ils psuvaient en avoir encore, on les condanna a un Banniffcment perpétuel de leurs Maifons & de leurs families. Envain fe répandirent-ils en cris & eu gdmlffemens, qui euffent dft amollir les cceurs les plus barbares & les plus endurcis; envain fupplierent-ils » genoux & (es vaimjointes, qu'il leur fut permis du moins de prendre avec eux leurs femmes & leurs enfans, comme 1'unique confo'auon qtfils pouvaient avoir dans leurs malheurs accumulés, on fut fourd a leurs prieres, & cette derniere fupplication fut rejettée avec la dureté la plus inhumaine. 00 Arrachées ainfi des bras de ce qu elles O) On remarque dans les papiers Anglais, que la cruamé de Slr George Bridge. Rodney enver, la Nation Juive , S, Euftache n'eft pas fans moi Abimé de de.te» par fes exces en tous genres, & furtout p* f. ES Z ie ieu, >e Héros aftuel de la Grande-Bretagne fut. hg de Lpatrier, afin de fe fouftralre . I. Prifon, dom !e menaca.en fes Cré ncierï; & parmi ces Créanciers, les Juifs de Londres n'étaienc pas les moins confidérables. L 5  C 170 ) On charge les vaifleaux de dépouilles fanglantes: Les Epoux, leurs Moitiés, leurs Families errantes, Ras- qu'eiles avaient de pluscber au monde, & privées de toute res« fource pour fubfifter, excepté de quelques pieces d'argent qu'on leur rendit comme une Aumóne, trente de ces malheureufes Victimes fnrent conduites a botddu Vaifleau de guerre le Sbrewsbury, pour être transportées a St.CbriJIopbe. Les autres Israéutcs furent renvoyés chez eux, pour être les témoins de la mifete de leurs Families, & pour voir des Etrangers dans Ia poffelïïon de ces Biens, aquis au dépens d'une induftrie aflive & d'un travail fans relache. Ce ne fut pas a une defcription générale du traitement inhumain , fait par 1'Amiral Rodney & le Général Vaughan, aux juïfs de St. Euftache que s'en tint M. Burke. II en cita des traits particullers qui font horreur. II prit enfuite vivemen t Ie parti de Ia Nation Juive. II montra Ie peu de générofité qu'il y avait particulierement a maltraiter une Nation, qui, répandue fur toutu Ia furface du Globe, n'apartenait propremeut è aucun Peuple; qui, Citoyenne du Monde, devait jouir de Ia proteflion générale de tous les Etats, parcequ'elle était privée de la proteétion fpéciale de tous-, qui, enfin, partout active & induftrieufe, donnait Ie mouvement au Commerce depuis les extrémités de FAfie, jusqu'au Nouveau Monde. II convint que la Nation Hébraïque, avait des défauts qui la caraétérifaient; mais ilremarqua, que ces défauts provenaient en grande partie de 1'état d'avilifiement oü l'on la.tenait, puisqu^ l'expèvience de tous les fiecles avait prouvi que l'epprit bmnain, dans un itat de fervitude, per. dait toujours'la moitié de fa valeur. Après les Juifs, les premiers objet» d'oppreflïon perfonnelle furent  ( 17» ) Rafiemblés, entafTés fans égard & fans choix, Contre le Droit des gens, contre toutes les Loix, Dé- furent les Américains établis k St. Euftache : on leur ordonna d'évacuer 1'Ifle dans une efpace d'heures marqué, fans aucune diftincVton, quoiqu'il s'en trouva: pïufieurs parmi eux, qui fideles a leur Roi, avaient quitté 1'Amérique uniquement parcequMs avaient été perfécutés par leurs Compatriotes de 1'autre parti. Enfin le tour vint aux fujets des Pays-Bas-Unis; & ce fut parti. culierement è ceux qui étaient origimires de la Ville d'Am. fierdam , que Sir George Bridges Rodney , dit M. Burke , avait cru pouvoir faire éprouver toute la vengeance Britannique d'une fagon atroce, & qui n'était autorifée ni par le Droit de Conquête, ni par les Loix de la Guerre. Ce ne fut pas néanmoins, i ce qu'obfetva M. Burke, pour n'avoir pas été avertis de leur devoir.que les deux Commandans avaient violé ces Droits d'une maniere fi outrageante. II leur avait été préfenté des Requêtes & des Repréfentations multipliées, en faveur des infortunés Habitans de St. Euftache, & des Négocians Anglais en relatïon avec eux, dont les Biens & Effets, trouvés dans Mie, avaient été également confisqués. M. Burke lut k la Chambre pïufieurs de ces Requêtes, ainfi que les Ré. ponfes que MM. Rodney & Vaughan y avaient faites. II don. na furtout des éloges i la fermeté, avec laquelle le SolliciteurGénéral de St. Cbriftopbe, leur avait rappelé les ABes du Park' ment Britannique-même, en vertu desquels les Négocians Auglais étaient autorifés k faire le Commerce avec St. Euftache, & 1'exemple des Officiers de la Marine Britannique, qui y avaient vendus leurs Prifes & les Cargaifons; Repréfentations auxquelïes les deux Commandans avaient fait les réponfes les plus futiles &  C 172 ) Dépouillés de leurs biens, fans appui fans défenfe, N'ofant même entrevoir la plus faible efpérance, Sont & les plus atbicraïres, telles par exempleque de dire, que les. J8ts du Parlement d'Angleterre, fur lepels fe fondaient les Negoaans , avaient été obtenus par furprife , & étaient par conféquent de nulle valeur. Mais, outre les Acïes du Corps légifiatif même de la Nation Anglaife, auxquels Mrs. Rodney & Vaughan avaient porté at. te.nte, Mr. Burke foutint, qu'ils avaient foulé aux piés la Ui des Nations & /, Droit de la Guerre; & ,1 ie prouva en détail. II pofa pour principe, que la prepriélé particuliere, lors d'une Conquête, n'était jamais fujette it eonfiscation. II n'y avait pas, * la vérité, de Loi écrite qui établit ce Droit; mais la Loi des Nations n'était pas écrite elle-méme: 1'aveu unanime de-- Peuples & fon-obfervation durant une' longue fuite de fiecles en for' maient la regie & ia fanétion. La nature de la chofe 1'exigeait d eiiieur,; & le témoignage des Ecrivains les plus eftimés de toutes les Nations venait a 1'appui. Le Droit de la Guerre, dit-il en fecond lieu, ve faurait être tnfini: il ccjje avec la réfiftance du Faincut lor-que celui-ci fe foumet a la Souvetaineté du Vainquenr, il a droit a fa proteétion • cc un Souverain, qui accepte la reddition d'un Peuple, qui 1'ad»« par coniéquent au nombre de fes Sujets, s'il ufe enfuite de la Viftoire pour dépouiller des vaincus, pour s'approprier les Biens qu'ils polTedent comme Individus, viole la promeffe quil a f„te par fon acceptation; il fe dégrade de la digni.é de Souverain, & pretld la qualité de forban, de voieur. M Burke autorifa ces principes par 1'uf.ge des Nations, défiant q„é Ion póc lui citer un exemple, que de memoire d'homme, ja. mais  C 173 ) Sont entrainés bien loin de leur pays natal, Livrés a la merci d'un Ennemi brutal. Eft jamais confifcation ait eu lieu de la part d'un vainqueur, telle qu'a St. Euftache. La Grenade, s'était rendue a discrétion comme cette Ifle Batave; elle s'était rendue après avoir fait de la réfiftance; elle avait été prife d'affaut 1'épée a la main: & neanmoins les Habitans avaient été laiiTés dans la paifible poflèffion de leurs Biens & de leurs Terres. Enfin pour ne rien omettre de ce qui pouvait prouver invinciblement fa Thefe, M. Burke avec 1'Eloquence la plus vive & Ia plus rapide, cita 1'autorité des Auteurs les plus accrédités, qui ont écrit depuis deux Siecles fur le Droit des Gens & fur les Loix de la Guerre. Avant de terminer fon difcours, M. Burke refuta les argumens dont s'étaient fervis les Héros de St. Euftache pour rejetter les repréfentations du Solliciteur-Général de Sr. Criftophe, & toutes les autres qui leur avaient été faites. Sur ce qu'on leur avait remontré que les Francais pourraient ufes.de Repréfailles envers les habitans de la Grenade, les deux Commandans avaient répondu, que les Francais n'en auraient pas la hardiefe. Une telle ré. ponfe dit M. Burke, a quoi peut-elle fervir, finon qu'a provoquer nos Ennemis? Peut-on iattendre, qu'ils foufriront ainfi paiftblement l'infulte ajoutée a linjuftice ; & que pour nous prouver que ce n'eft pas la crainte, qui les retient, ils neferont pas ufage du pouvoir qu'ils ont en mains? Et dans ce cas, A qui les malheureux Habitans de la Grenade devront - ils s'en prendre, ftnon h l'infolence de nos Commandans & ü l'injuftice de notre Mini ft ere. II pouvait ajouter & a la mauvaife éducation que ces Commandans avaient recue. Une  Eft ce donc des Anglais, ou des monftres féroces Qui peuvent fe fouiller de ces aeles atroces? (i) Ja- Une autre réponfe de ces Commandans, a Iaquelle les Partiftns de 1'Adminiftration avaient le plus hautement applaudi, était celle, par Iaquelle ils avaient r envoyé 'les Négocians Anglais aux vties de la juftice, pour réclamer leur propriété. C'eft une réponfe, dit M.Burke, qu'un Militaire, dans l'ivrefe defesavan. tages, peut faire a l'ai/e dans la Cabine, ajfts fur un Canon. Mais c'eft une réponfe, qui n'eft conforme ni a la juftice, ni a l'équité, furtout eu égard a la fituation, dans Iaquelle Sir George Br iel ges Rodney avait mis les Négocians lui-même. Des Infortunés, auxqueis il a laijfé a peine des babits pour fe couvrir, oü trouveront-ils de quoi faire les frais des procédures tiécefaires ? J'en puis citer un exemple, dit toujours M. Burke. II m'a été rexommandé une Dame, dont le Mari, après avoir été longtcms abfent, & après des adverfttés multipliées, efl mort en pays étrangers, laijfant pour tout Biens a fa trifte Veuve & ct fes Enfans 9 mille Hvres Sterlings qui font, Argent de France, 202,500 livres, qu'il avait placées dans le Commerce a St. Euftache. Cette petite fucceffion ayant été confisquée avec le refte de ce qui fe trouvait dans l'lfle, de quoi cette Dame fa malheureufe familie , dépouillée de tont ce qu'elle avait au monde, fournira - elle aux frais du procis? De quoi vivra-t'elle avant que ce procés, qui peut durer des années entier es , feit finalement terminé? Comment tnfin fe procure, ra t-elle les preuves nécefjaires pour la Réclamation? Car, & ceci n'eft pas une des inconféquences, ou plutót des injufti. ces les moins manifeftes qui réfultent des réponfes de Sir Geer. ge Bridges Rodnti, il s'eft emparé de tous les papiers, de ttus  Jamais les flibuftiers, 1'efiroi des vaftes Mers, N'ont égalé Rodnei dans leurs crimes divers. (2) Eft-ce dans les forêts qui couvrent la Libië, Que ce Monftre aframé put recevoir la vie? Non: chez un Peuple Muftre & jadis généreux, (3) II a recu le jour d'honorables Aïeux. Son coeur n'était point né pour des forfaits femblables. On lui crut des vertus & des droits véritables A tous les Livres de Commerce des Ncgocians-jle St. Euftache: comment vérifieront-ils jamais leurs réclamatioiis-., au cas qu'ils aient recours a la voie de la Juftice? Et n'eft-ce pas une facon tTagir revoltante, d'êter a des Infortunès les feules armes dont ils pourraient fe fervir contre nous, & de les pro» voquer enfuite, avec un ris moqueur g? d'une montere infultante a nous attaquer. (1) Oui ce font des Anglais: eux feuls dans 1'Univers aujour«' d'hui, auraient été & font encor capables de commettre de fem* blables horreurs. (a) Après la viftoire, les flibuftiers étaient toujours humains, quelquefois même généreux & bienfaifans. (3) S'il le fat, il fe fait gloire en ce fiecle de joner un róle tout-a-fait oppofé.  Ci?6 ) A 1'efHme publique, aux égards des humains. (i) Mais il ofa fervir a de barbares mains Pour oppiïmer un peuple ami de 1'Angleterre. (2) Rodnei fait les devoirs que refpecre Ia guerre; II (O 0a fe trompe lourdement, au jugement même de M. Durke. (2) Un honnéte - homme eüt refufé 1'ordre d'exécuter une entreprife qui ne pouvait que flétrir è jamais le Général, le Miniflre, Ie Souverain qui donnaient les ordres, & Ia Nation entiere qui leur applaudilïait par fes acclamations. En effet nous ne devons pas juger Ja conduite des Généraux Anglais a St. Euftache, du même ceit dont nous confidérons les Généraux en France en Efpagne, en PrulTe &c. Ceux-ci ont un Maitre, ils doivent exécuter fes ordres a Ia lettre; mais il n'en eft pas de mêmefelon 1'orgueilleux Anglais. II fe dit libre. La Nation entiere, repréfentée par fes. Députés, dans les deux Chambres du Parlement Britannique, a Ie Droit conftitmionnel,de fe faire rendre compts pnr fon Roi & par fes Miniftres de tous les objets qui intéreflènt le Corps de Ia Nation: le Parlement peut examiner, juger & pu. nir également tout prévaricateur dans les affaires pubiiques, für. il-même portant Sceptre & Couronne. L'Univers n'eft-il donc pas fondé a dire hautement que la Nation Anglaife, colleétivement prife, eft coupable de toutes les horreurs commifes par 1'Amiral Rodney, Vaughan, & tous ceux qui ont cru pouvoir, quoi. que de bien loin, marcher fur les traces de ces deux Officiers? Si le Parlement Eriiannique les a regardé cominecoupables,pourquoi ne les a-t-il pas puni? S'il les a cru criminels, pourquoi Rod.  C 177 ) II eüt voulu fauver aux fiecles a venir Dun.fi coupable exploit 1'odieux fouvenir, Mais 1'ordre d'un Tiran, fon vouloir despotique Echappés a 1'accès de 1'orgueil Britannique, Ont fu lui commander ces balfes a&ions. Eux feuls & leurs auteurs, aux ïeux des nations D'un opprobre éternel doivent porter la peine. Ils font déja punis par la plus jufte haine, (1) Et peut-être qu'un jour, la févere Equité, Vengera le Batave avec 1'rfumanité. (2) CHANT Rodney a-t'il été recu avec des acclamatïons extraordinaires, at'il refu des récompenfes, a-t'il été de nouveau chargé du Commandement, & lavé en plein Parlement des accufations intentées contre lui? C'eft que tout ce qu'il a fait, a été approuvé psrla Nation entiere alfemblée ea' Parlement. Ehi Qu'importe a 1'Angleterre, l'Amour ou la Haine des Nations? (2) M. de la Mothe.Piquet eft le feul qui jufqu'a préfent ait puni Rodney & 1'Angleterre de leurs forfaits a St. Euftache, en leur enlevant la meilleure & la plus tiche portion de leurs vols odieux. M  ( 173 ) CHANT D I X I E M E. O vous! qui d'Albion chériflant Falliance, Laifliez languir vos Forts, vos Ifles fans défenfe: A ces traits de grandeur , k ces coups immoreels, Reconnaiflez enfin vos amis naturels. Tels font les Demi-Dieux, dont votre République Célebrait les vertus, 1'exiftence héroïque. Bataves, trop long-tems d'un vain masqué éblouis, Et par un faux éclat de? plus en plus furpris, Vous oliez élever au niveau des Dieux-mêmes, Exalter, fans rougir, par des honneurs fuprêmes Des farouches mortels indignes de vos voeux, Abhorrés de la terre & déteftés des Cieux ! Mais le preftigc fuit, votre erreur fe diffippe; L'Anglais vous perfécute encor plus que Philippe, II ofe fe montrer, & fon masqué efl: tombé, Le Héros disparait, & le monftre elt refté. De-  ( i?9 ) Depuis un luftre & plus, l'Amérique éplorée, Sous le fer des Tirans fanglante, déchirée, De rAmftel invoquait la valeur & le bras; Infenfible a fes cris, il ne 1'écoutait pas. Au fein de vos cités, 1'Angleterre elle-même, Ofait dicter des loix & fon vouloir fupreme. Par leurs complots pervers, fes hardis partifans Enchainaient les efprits par des reifors puiffans. Au plus vil intérêt, 1'aveugle Batavie, Immolait fans effroi fa gloire & la patrie. (i) La (1) Les fommes immenfes qu'un grand nombre de fujets Bataves avaient dans les fonds de 1'Angleterre, les faifaient pancher naturellement du cóté de cette Puiffance, comme fi 1'Amour de la Patrie, dans le cceur d'un vrai Républicain, ne devait pas Temporter infiniment fur route autre confi 'ération. Ces aines viles auraient vu de 1'ceil le plus indifférent la ruine de la République entiere, ponrvu que leurs richcllès n'en cufietu fourferc aucune atteinte; & ces mauvais citoyens feraiem morts de rage & de défefpoir, fi, la Batavie reprenant la (plendsur dont elle jouilfait il y a cent cinquante années, il leur en eüt coüté la moitié de leur fortune. O Bataves, Bataves, fi vos Ancétres d'immortelle mémoire euiTent penfé comme vous, vous gémiriez encor fous le joug da laCaftille!  ( i8o ) La Tamife attirait fes plus tendres regards; Pour elle fes tréfors palfait dans fes remparts; Sur elle le Batave alfeyait fa fortune; La voix de la Raifon lui femblait importune, Et George,en Souverain, regnait aux Pays-Bas Plus defpotiquement qu'en fes propres Etats. Tel eft le trifte effet de la foif des richeffes! Un coeur qu'elle dévore entaffe les baffeffes, S'avilit fans remords, s'endurcit dans les fers, Et brave le mépris de cent peuples divers, (i) O Batave ! a ces traits, reconnais ton image: Dans les fiecles paffés tu fus un peuple fage; Ton (i) II n'eft perfonne, parmi le grand nombre de Savans qui fe diftinguent dans la République des Pays-Bas-Unis, qui n'ait lu cette phrafe dans Voltaire. La Hollande n'eft flus une Nation, mais une Socièté illuftre de Marchanis. Quel eft 1'honnére Batave, qui a cette lecture n'ait frémi d'horreur fur la fnuation de fa patrie, & fur le lien propte? Les Sept Provinces ont connu ce paffage terrible, & n'ont pas profité de cette lecon, quel ave», glement funefte 1  C i8i ) Ton active induftrie enchainait les Deftins; La palme des guerriers fleuriffait dans tes mains; Et la Tamife altiere, a ton afped tremblante, Voyait fa Nimphe en pleurs & fuyant d'épouvante, Neptune pour toi feul agiter fon Trident, Et foumettre a tes loix les Dieux de 1'Océan. Mais O Ciel! aujourd'hui, tu méprifes la Gloire; Tu préfere ton Or aux chants de la Viétoire; Par un mélange impur, cent peuples corrompus Etouffent dans ton fein le germe des vertus: De tes voifins bientöt, imitant les caprices, Tu te glorifiras d'époufer tous leurs vices. (i) En- (i) Les mceurs corrompues des Etats voifins font tous leurs efforts pour s'établir en Batavie. II n'eft pas aufii de Pays oü les femmes faflent plus de folie pour parer leurs enfans. C'eft avec Ia plus vive douleur que 1'Auteur de cet ouvrage vit demierement un aïeul vénérable qui, couvert de la refpedable fimplicité de fon fiecle, conduifait a la promenade trois de fes Petits-FÜs, fur qui la Mere Francaife ou Anglaife , avait épuifé tout fon art pour imiter en Batavie le fafte de fa Nation. Bataves, fouvenezvous que le luxe fut toujours Ia ruine des Républiques, & que les femmes 1'ont introduit partout. M 3  C t8a) En vain d'un Peuple libre & jaloux de fes Droits (i) La valeur terraffait Albion & fes Rois: (2) En vain publiait-il, qu'inftruit par tes Ancêtrcs, Comme eux il refufait de ramper fous des Maitres: Sur ton propre intérêt, fur toi-même aveuglé, Soumis, fans le favoir, au Parti ralTemblé Dont Albion chez toi falariait les peines, Au bord du précipice & chéfiffant tes chaïnes, Pour le Tiran des mers ton coeur formait des Vceux, Et les fers fe forgeaicnt pour tes derniers Neveux. O Manes de Ruyter, (3) Ombre a jamais facrée 1(4) O Tromp! (5) Cher Barneveldt! (6) du haut de 1'Empirée Oü CO Les Américains. (2) Voyez le premier Mémoire préfenté aux Etats-Généraux par fon Excellence M. John Adams, Miniftre Piénipotentiaire des Etats-Unis de l'Amérique Septentrionale , prés Ia Républi. que des Pays-Bas-Unis. (3) Michiel Adrien de Ruyter ré a Fleffmgue ville de Zélande cn 1607., entra dans la marine a 1'age de Onze ans. II commcn9a par être mouffe, puis matelot, & n'en fut que plus ref. peftable. Après avoir palTe par tous les grades, il parvint au rang de Vice-Amiral, & de Licutenant-Amiral-Général, Ie plus haut  ( i33) Oü les Dieux immoreels (7) couronnent vos vertus, Ranimez d'un regard fept Peuples abattus! Dai- haut degré oü il pouvait arriver dans fa République. Cette derniere dignité lui fut conférée après la viétoire fignalée qu'il remporta fur les Flottes Frangaife & Anglaife le 7 de Juin 1672. Pendant les Conférences qui fe tenaient a Bréda pour la paix, Ruyter, pour punir les Anglais des ravages qu'ils avaient faits en Affrique fur les terres de Ia République, & des piüages exercés dans la Manche fur les vaiffeaux de fa nation, avant même que la guerre füt dJdarée, réfolut d'aller poner le fer & le feu dans le fein-même de la Grande-Bretagne. Pour cet effet, ayant levé 1'ancre le 13 Juin 1667., fuivi de foixante & douze-vaiffeaux, il arriva le 18 a 1'embouchure de la Tamife, Ia remonta jufqu'a Chatham, prit & brüla pïufieurs vaifleaux de ligne, un Fort dont il enieva 1'artilterie, fit plui de cinq eens prifonniers, porta Ia terreur jufqu'a Londres, & fortit triomphant de Ia Tamife, fans aucune perte, après en avoir caufé d'immenfes k 1'Angleterre. Ce grand homme, toujours vainqueur, toutes les fois qu'il eut le commandement en chef, qui fauva fa patrie & 1'enrichit même pendant 1'expédition de Louis XIV, au moment qu'elle femblait anéantie pour jamais, fut tué devant la ville ó'Ago/la en Sicile, dans un combat qu'il Hvra aux Francais, le 17 de Mats 1676, lorfqu'il venait au fecours des Efpagnols. Son corps fut transféréaAmfterdam-, inhumé dans le Temple neuf desRéformés,oü, après de magnifiques funérailles, les Etats-Généraux lui firent élever un monument digne de la gloire de cet illuftre Marin & de leur reconnaiflance pour les fervices fignalés qu'il avait rendu a la République. Louis XIV, dans la guerre précédente, avait décoré Ruyter du cordon de 1'ordre de St. Michel 5 Charles II M 4 Ral  C 184 ) Daignez venir encor:.... maïs non:.... vos arnes magnanimes Ne pourraient qu'abhorrer les indignes maximes Que Roi d'Efpagne lui envoya les parentes de Duc , mais elies n'arriverent qu'aprês fa mort, & fes Enfans refuferent ce titre fi recherché dans les Etats Monarchiques, mais au deflbus du nom de Citoyen dans une République. Louis XIV, ayant appris la mort de Ruyter, en parut trés-affligé. Quelques uns des Courtifans qui 1'environnaient, lui repréfenterent quït était délivré d'un Ennemi dangereux. Louis répondit: qu'on ne pouvait s'empêcher d'être fenfible a la mort d'un Grand Homme. Ces paroles honorent également le Monarque & le Guerrier. . (4) Quelque illuftre que foit Ie nom d'Cr*»^ & de' Nafau il n'eft pas au deflus de celui de Ruyter. Les Princes d'Orange' ont fondé la République, mais elle dut fon exiftence a Ruyter, dans le moment le plus critique oü elle fe trouva jamais. (5; Martin Harpertsz. Tromp, Amiral de Ia République, était natif de la Brille dans la Province de Hollande. Comme Ruyter, il dut a fon mérite feul la charge éminente oü il fut élevé. II s'embarqua pour les Indes a 1'age de huit ans. Ayant été pris fucceflivement par des Pirates Anglais & Barbarefques il apprit fous eux toutes les rufes des combats de Mer. En 1639 31 défit Ia nombrenfe flotte d'Efpagne , & gagna 32. autres batail! les navales. Il fut tué fur Ie pont de fon vaiffeau, dans un com bat contre les Anglais, Ie 10 d'Augufle 1653. Les Etats-Généraux non feukment lui rirent des Obfeques folemnelles è Delft, oü ils lui éleverent un maufolée fuperbe. mais ils órd'onnerent encor de frapper des médailles pour honorer fa mémoire. (6) Nous avons par'é plus haut de cette illuftre Viétime du" zèle & de 1'amour pour fa Patrie. (7)  ( 135 ) Que chez vos Defcendans on adopte aujourd'hui! La plus male valeur fut votre unique appui: II r7) Les Bataves, ainfi que tous les Peuples Septentrionai», avaient d'autres Dieux que les Grecs cUes Romams. Ils n honoraient jadis que trois Divinités, favoir: Om». FreaouFraya fa femme, & Thor leur fils. A ces Déités étaient fubordonnés douze autres Dieux & autant de Déefes. Odin était appelé le terrible, celui qui donne la Me, qui vit &' gouverne pendant lesfiecles, & qui dirige tout ce qui eft en haut & en bas. Ce Dieu fut d'abord honoré en pleine campagne & lans temples. Mais è mefure que ces Peuples formerent des liaifons avec les autres nations de 1'Europe, ils apptirent a élever des temples, dont le plus fameux fut celui A'Upfal en Suede; 1'or y bnU.it de tous cótés, & une chaine de ce métal entourait le toit, quoique fa circonférence fut de 900 aunes de Paris. Dans les comniencemens on n'offrait au Dieu Odin que les prémices des recoltes & les plus beaux fruits des arbrcs & de la terre. Dans 1, fuite on lui immola des animaux, & quand on fe fut mis dans 1'efprit que le fang appaifait fa colere, on alla jufqua lui ofFrir des viétime. humaines en holocsufte. Durant les plus grandes calamités, on lui immol.it les têtes les plus cheres: c'efl: «nfl pue le premier Roi de /WW,futbruléenl'honneurd Odm, pour faire celTer une afTreufe difette. H.quin Roi de Norwege, & Annas Roi de Suede lui ont offerte leurs propres Enfans. Pour honorer Odin, prefque tous les Peuples du Nord, ont donné firn uom au quatrieme jour de la femaine. Ils le nommerent Oden* dag, enfuite Wtdmdag, d'oü il eft a prefumer quele^W M 5 m  ( 186 > II fallait arrêter vos Cohortes guerriercs; L'univers refpectait le fer de vos bannieres; La fdroce Albion tremblait dans fes foyers; Elle-même, en vos murs, par des propos altiers . N'aurait ofé jamais vous commander en Maitre; (8> Ses outrages fanglans (9) feraient encor a naitre, Ou, KsVeanesday. Frea ou FRAvMtait,eur^&.eurP^, car elle «ccomp.gn.it toujours fon mari a Ia guerre, & parta^it -c lui les ames de ceux qui avaient été & Les^eHu Nord ta, avaient confacré le fisieiné jour de la Semaine, fous le nom de Fre,tag ou Vrydag, les AngIais Fryd Tm me grande Dtv.nité des Peuples du Nord, préfïdait aux vens aux faifons & a la foudre. I, était ,e défenfenr & ,e vengeur des' Dieux, & ne marchait jamais fans une groiTe mafTue dont ,1 fe fervau pour terraffer fes ennemis. Ses combats les plus fréquers étaient contre Loke, r^^^^ ' avait confacré a Thor le cinquieme jour de ia femaine, qui ch-z tous les Peuples feptentrionaux; jour du Guerre day en Anglais, & en Batave Donderdag. (8) L'on fait ici allufion au Mémoire du Cnevalicr Yorke Ambalfadeur Britannique piés les Etats-Généraux a la Haie5 du 2 Décembre 178o. Voici cet aduiirable morceat, de modeflie, de" TOodération & de juflice. Haun &> Scigniur^ ^ umforme du Roi enven la RéPublique., ,amitié \ui £ fijh  ( iöz ) Ou, votre bras vengeur dans fon fang odieux, Eüt arrêtö bientöt fes pas audacieux. Que ftfte depuis ft Ungtems entre les deux nations, le Droit des Souverains & la foi des engagemens les plus folemnels, décideront fans doute la réponfe de V. Ü. P. au Mémoire que le foufftgnê préfenta il y a qnelque tems, par ordre exprès de fa Cour. Ce ferait mèconnaitre la fageffe & la juftice de V. H. P., que 4 fuppofer, qu'Elles puifjent balancer un moment a donner la futh/attion demandèe par S. M, Comme les Réfolutions de K H. P. du -7. Novembre étaient le ré/uit ut d'une délibération qui ne regarddit que l'intérieur de votre Gouvernement. & qu'il ne s'agiffait pas alors de répondre au fufdit Mémoire, la fcule remarque que Pon fera fur ces Réfolutions eft, que les principes, qui les ont diBées, prouvent évidemment la juftice de la dcmande faite par le Roi. En déliberant fur ce Mémoire, auquel le Soujfigné requieft ici, au nom de fa Cour une Réponfe immèdiate & j'atisfaifante a tous égards, V. H. P. fe rappelet-ont fans doute, que 1'affaire eft de la derniere import ance; qu'il s'agit d'une plainte portie par un Souverain ofenfé; que fofenfe; dont il demande une punition exemplaire & une fatisfaSlion complette, efl une violation de la Conftitution Batave, dont le Roi eft garant; une infraüion de la foi publique; un attentat contre la dignitè de fa Couronne. Le Roi ne s'eft jamais imaginé que F. H. P. euffent approuvé un Traité avec fes fujets rebellen; c'aurait été une levèe de boucliers de votre part, une Dèclaration de guerre: mais l offenfe a été commife par les Magiftrats d'une ville qui fait une partie conjidérable de I'Etat; c'efl a la Puiffance Souveraine a la punir & ü la réparer. S. M., par les plainies portées par fon Ambaffd- deur,  C 183 ) Que les tems font changés!..Mais..Dieux!. quelle merveille Vient étonner mes fens, furprendre mon oreille! Quel deur, a mis la punition & la riparation entre les mains de F. H. P.; & ce ne fera qu'a la derniere extremité, c'eft-ddire, dans le cas d'un déni de juftice de votre part, ou d'un filence qui doit être interprêté comme un refus, que le Roi s'en cbargera lui-mime. Fait a la Haie le 12. Decembre 1780. Signi le Cbevalier Torke. (9) Pïufieurs Citoyens, dont la /bruine était confiée è la Banque de Londres, gouvernés uniquement par leur intérét perfonnel, & non par 1'amour de la gloire de leur Patrie, auraientpréféré de fouffrir patiemment tous les outrages, toutes les injures atroces, dont le defpotirme Anglais les vexait journellement & dans toutes les parties du monde, plutót que d'en venir a de juftes répréfailles. Ce p.rti femblait méme prévaloir. Déja un Capitaine de VaiiTeau Batave, arrété par un Armateur Anglais, avait été couché fur le pont de fon vaiffeau, y avait re9u tes plus' indignes outrages. L'Anglais ayant été pris quelque rems après par un vaiffeau de guerre Frangais & amené dans un port de France, fut reconnu è fa jambe de bois, & transféié en Batavie pour y recevoir le jufte chatiment qu'il méritait. L'aifront était public, tous les papiers 1'avaient rapporté,& 1'Europe ignore en. core fi Ie fcélérat a été puni. Déja Ie Comte de Byland avait vu les vaiffeaux marchands de fa nation qu'il efconait avec quelques vaiffeaux de guerre, attaqué même Ibus fes ïeux & fous Ie pavillon Batave. Le Comte ne les avait mis a 1'abri qu'en faffant feu fur les affaillans. Déja le 10 d''Augufte 1780, un Exprés arrivé a Sr. Euftache, de la part du Gouverneur de 1'Iflè St.Martin, avait inftruit le Gouverneur de Ia première Ille, que 7. Ba- timens  C 189 ) Quel bruit frappe les airs? par cent bouches d'airain Le Salpêtre embrafé tonne dans le lointain! Les Nimphes qui jouaient fur les plaines liquides, Autour du char brillant des belles Néréides, > Le ilméns Américains, pourfuivis par quelques vaiffeaux de guerre Anglais , s'étaient réfugiés au commencemenc du même mo.s dans le port de St. Martin qui appartient aux Bataves: ma.sque le 9. du même mois un vaiffeau de ligne, fix frégates, & un cuter Anglah y «tam venus mouiller, & ayant débarqué un Détachement de Troupes, le Commandant de fEfcadrille avait exigé, qu'on lui li vrat non feulement le 7- batimens Américains , mais auffi la partie de leur Cargaifon qui avait déja été portée a terre , menacant en cas de refus, de mettre lTfle a feu &afang: que le Gouverneur fur cette réquifuion fit demander au Commandant Anglais, s'il agiflait par ordre de fa Cour? Le priant, en cas d'affirmative, d'en certifier par écrit: que le Commandant en ayant cffeaivement donné 1'affurance par une Déclaration de fa ma'n, réitérant en même tems la demande de 1'extradition des Batimens Américains & de leurs Cargaifons, le Gouverneur, hors d'état de réfiiter a des forces auffi fupérieures, s'était vu conttaint de fe foumettre a cette violence, en Hvrant non feulement les Naviies Américains, mais auffi le Tabac de leur Car. ■gaifi», qui avait déja été payé & mis en tnagafm. L'on n'en eüt pas certainement agi de la forte fur le territoire du Roi de Pruffe. Après des outrages femblables, 1'Europe imparuale ar-elle pu voir fans indignation le Mémoire & les plaintes des préteudus gtiefs de la Cour Britannique?  C 190 ) LeDieuduZ.uyderzée(i)& ceux du Doggersbank, (2) Voient leurs ondes bondir & fe teiudre de fang: Les Tritons effrayés senfuir dans la Baltique, Ou couvrir de liergen (3) la cöte paciiique j Et Téthys elle-même, (4) au comble de 1'effroi, Implorer Amphitrite, (5) Océan (6) & fonRoi. (7) ' Quel (0 Le Zuyderzée eft un Golphe de Ia Mer du Nord qui tend du S. au N. dans Ia Batavie, entre les Provinces conré. óétées de Frife, d'Overyfel, de Cucldre & de Hollende. L s vaiffeaux qui viennent d'Amfterdam, font obligés de le traverfer pour fe rendre a louverture du Texel, & entrer en pleine Mer. (2) Ou banc du Dogue fur la Cótc deNorvêge, a 55. degrés. 50. Minutes de lat. Septentrionale: a 41. lieues Nord-Oueft du Texel. C3) Capitale de Ia Norvêge. Long. 23. i5. lat. 60 1, (4) Téthys fille du gel & de la Terre, était femme de l'Océan, Mere d'Amphitrite, & d'un grand nombre de Nimphes connues fous 1? nom d'Océanies. (5) Amphitrite était fiJIe d'Océan & de Téthys & femme de Neptune. (6) Océan était un Dieu marin, fils du Ciel & de Vefta, pere des fleuves & des fontaines. II époufa Téthys, & en eu' plufieurs enfans. p) Le Dieu ou le Roi de 1'Océan, de toutes les mers, tk de toutes les Divinités marwes, était Neptune.  Quel prodige nouveau quel trouble épouventable, Succedent aux douceurs de ce calme agréable Que le vouloir des Dieux qui préfident au Nord, Semblait éternifer par leur augufte accord! Quels mortels ont ofé ?.... mais loin de leurs rivages, II eft encor permis de punir des outrages: Et le Batave enfin, rappelant fa vigueur, A combattu 1'Anglais, & retourne vainqueur. ü Reine des Cités de 1'Union Belgique, Généreufe Amfterdam, (1) illuftre République! C'eft ton front magnanime & tes braves Guerriers, Que la ViÊtoire ceint de fes premiers lauriers. O) Par unefatalité finguliere, les vaiffeaux de guerre du Béparlement de la ville d'Amfterdam, furent les feuls qui eurent part au combat du 5. d'Augufte 1781. Les ordres donnés, réi. térés plus d'une fois aux vaiffeaux de la Meufe de jöi 1 . lc Convoi Batave au Texel, ne pureut être exécuté?; tan Province de Zélande, menacée dans le même tems H que, de la part d'une Efcadre Anglaife, ne pn I | il*oü üi. nunuat le nombre des vaiffeaux alors a fa rade qui faifaient la ftireté de cet Etat.  Seule contre 1'Anglais., tu braves fa puiffance: Déja je vois Zoutman (1) ton héros qui s'avance: L'intrépide Dedel (2) la terreur d'Albion, L'habile Kinsbergen (3) hiffent leur pavillon. Prés d'eux marche Bentinck ,(4) 1'honneur de fa patrie, S'il peut fervir I'Etat, comptant pour rien la vie. Braam, (5) Brak, (6) Staringh (7) invincibles héros, Et leurs braves guerriers, fur 1'Empire des eaux, D'un Ci) L.Efcadre aux ordres du Contre-Amiral Zoutman fortitle 1. d'Augufte 17 81. du Vlie , une des Embouchures du Zuiderzéc avec un gros convoi de vaiiTeaux marchands pour les mers du Nord. Ses forces confiltaient dans les vaiffeaux fuivans: L'Amiral de Ruyter de 68. La Hollande de 62.1' Amiral-Général'de 76. Ie Batave de 54. Le Punce-Héréditaire de 54. L'AmiralPiet-Heyn de 56. l'Argo de 40. & huit Frégates ou Corvettes depuis 36. jufqu'a 20. Canons. Le Contre-Amiral Zoutman raontait 1'Amiral de Ruyter. (2) II rnontait la Hollande. (3) II montait 1'Amiral-Général. (4) II montait le Batave. C5) II montait l' Amiral-Piet-Heyn. (6) L'on a été forcé pour la mefure du vers, de fupprimer un ,A du com de cet Officier qui fe nomme Braak, & qui com* mandait le Prinse Héréditaire. 00 Capitaine du vaiffeau , ou plutót de la frégate rArgo.  ( 193 ) D'un püiffanl Ennemi courent vaincre les forces, La Patrie & la Gloire, & leurs douces amorces, Enflamment leur courage & pénetrent leur fein: Le fer de la Victoire étincele en leur main: Le lignal eft donné: la foudre & la fumee Frappent, couvrent partout les Chefs &lcur armée: Une valeur égale ordonne tous les pas, Chacun veut reccvoir, ou donner le trépas. Le plomb, d'un vol léger, vient hacher les cordages, Les mats demi-rompus, Ie fang des Equipages, Les bleffés & les mores embrafent la valeur i partout même courage & la même vigueur. (i) Par- (i) Le Augufte 1781 vers les 4 heüres du matin, le Capitaine Comte de Milderen commandant Ie Cutter VAjax, v.nt rapporter au Contre-Amiral Zoutman qu'il avait appergu un Convoi Anglais venant de la BaMque, fous Fêfcotte du Vice-Anural Bjde Parker. Auflïtót la divifion de 1'Efcadre Hollandaife, aux ordres du Capitaine van Kimbergen, qui fe fen.it au vent du Convoi, vint fe ranger prés des autres vaiffeaux, Sur le rapport de ce Capitaine, le Contre-Amiral arbora le fignal de former la ligne de bataille. L'Efcadre Anglaife s'npprochait en «tenH dant,  ( 194 ) rV e- (z) enfin tattu, cëdant a la va'llance, (3) Ceitain de fon malheur,- fans la moindre efpérance, Voyant dunt, & a fon allure elle paraiffaitcerraine de Ia viftoire. Elle était eotnpofëe de 8 vaiff aux d 3 ponts; & fur un autre de 74 flottait Ie Pavillon de Vice-Amiral. LTfcadre Hollandaife, fans être intimidée par la futéiiorité, ni par l'air avantagioux de TEnnemi, s avarca en bon ordre, & d cinq beures & demie tous les vaiffeaux fe irouverent rangés , & en état de le recevoir. Ils 1'attendirent jufqu'4 buit beures moins 10 minutes. Alors, 1'Efcadre Anglaife é'.ant a portée du fufil, & Zoutman ayant fait le fignal d'engager, 1'Action commenca. Le premier feu s'ouvric er.rre les deux Amiraus,, qui s'approcherent è la demi-portée du fufil j & dans ce choc le vaiffeau de 74 que montait 1'Amiral Anglais fut foutenu vigoureufement par celui a trois ponts de 80" qui lui fervait de matelot. Ils fe relevaient 1'un 1'autre dans leurs déchar:.es \ de forte que durant plus de de deux beures , Ie Con. tre-Amiral. Hollandais effuya un feu des plus terribles. Le fieri fut toujours fervi avec ardeur; & au milieu d'une grêle de bou» Iets, les Officiers & 1'Equipage, animés par I'cxemple de leur digne Commandant , firent conlhmment paraitre Ia réfolution Ia plus détetminée. Les vaifleaux des Capitaines van Braam & Dèdet, qui éiaient a la queue de la ligne, foutinrent une attaque non moins funeufe de la part de ceux qui leur étaient appofés dans >a ligne Anglaife, raiticulieremtnt Ie dernier, qui, durant une gr?nde partie de 1'aclion, eut a faire a deux vailfeatix a la fois. Le Batave de 54 qui était a 1'avant du Contre- 4miral, fe trouva pateiilement éctafé quelque tems par le feu lüpérieur de deux vaiffeaux Anglais. Le Baton de Bentinck qui le cominandatt, avait été bleflé dès le commencement de 1'Aftion par une grofle  C 195 ) Voyant fes ponts finglans, & fes mats fracaffés; Ses agrêts en morceaux; fes foldats terrafTés, Or- groffe mitraille , qui, entree par la poitrine, était fortie fous 1'épaule & avait caffé la clavicule. Son Capitaine en fecond, craignant d'être enfin accablé par le nombre, lui fitdemander fes ordres; fur quoi ce brave Commandant répondit quil dcvait rifquer tout, & périr, plutót que de reculer. L'Equipage n'avait pas astendu cet ordre de fon Capitaine : il avait déclaré quil ne coufentirait jamais a fe rendre, & quil aimait mieux fe laiffer couler afond, que de reculer devant des Anglais. Le Combat ne fut pas moins fanglant, ni moins opiniatre a 1'avant de la ligne. Le vaiffeau qui formait la tête de ceile des Anglais, ayant eifuyé un feu des plus vigoureux, de la part du Capitaine van Kinsbergen & perdu fon mat de grand perroquet, forfa de voiles; & eu s'éloignant, tecut encor pïufieurs bordées très-vives du Capitaine Braak. II y a même apparence qu'il aurait été forcé de fe rendre, fi, dans ce moment, la fituation de CArgo n'eüt exigé le fecours immédiat du Capitaine van Kinsbergen, qui le précédait dans la ligne. Cette frégate avait foutenue pendant plus de deux beures &demie les décharges continuelles d'un vaiffeau de 74 & °'un vaiffeau de ligne. Leur feu fupérieur 1'éctafait; leurs boulets la percaient de pwt en part, & renverfaient fouvent quatre hommes a ia fois. Une bordée avait emporté partie de Ia Cabine; 1'eau était a 4*5 piés prés des pompes, le pont était couvert de morts & de bleffés, 'tous les mats & les vergues endommagés, les voiles déchirées, les manoeuvres coupéês, les agrêts hnchés: cependant le brave Staun.h ne put fe réfoudre a quitter fa place, & a expofer ainil H ligne a fe voir coupée par CEnnemi. II envoya la frégate le Dauphin pour Marmer van Kimbergcn de fon état & lui d^re N 2 ril!ö  C J96 ) Ordonne en frémiffant de hater la retraite. Le Batave vainqueur le fuit dans fa défaite, Et que dans la derniere extrémité, s'ilne voyait plus moyen de ré. fijter, il mettrait le feu aux poudres. Van Kinsbergen aban. donna auffitót la pourfuite du ha iraent Anglais qu'il avait mis en fuite, & envoya dire au Cap. ütaringh de quitter la ligne & dg fe tr.ettre par fon travers, fous le vent. A peine F Ar go fut-it hors de fon pofte, que le vaiffeau Anglais tacha de faifir le mo. ment pour traverfer la ligne Hollandaife: mais Kinsbergen, en faifant coëffer fon grand hunier, reprit la place óet'Argo, & ferma la ligne fi promtemenr, que /'Anglais fe vit contraint de fe défifter de fon entreprife, & peu après, de fortir lui-méme du combat. Cependant il fut bientót remplacé par le Vice-Amiral Parker lui-même, & par les autres vaiffeaux de 1'Artiere-garde Britannique, qui, abandonnanr en ce moment les trois vaifleaux de 1'Arriere-garde de Hollande qu'üs avaient combattus, vinrent tomber fur les batimens de l''avant, tandisque, celui qui avait quitté la tête de la ligne Anglaife, reprit fa place a la queue. L'Amiral Parker, avant d'au&quer PAnifral Général, fit des efforts, foutcnus par le vaiffeau a 3 ponts, pour forcer le Batave a fonir de la ligne, d'autant plus que ce vaiffeau, ayant perdu fon perroquet de fougue, dérivait fous Ie vent: mais malgré la bleflure.dü Capitaine Bentinck, les autres Officiers & 1'Equipage foutinrent les efforts de ces deux gros vaiffeaux avec tant de vigueur, que Parker fut obligé d'abandonner fon projet, & da prolonger toujours la ligne Hollandaife, jufque par le travers de van Kinsbergen, tandisque lei gens du Batave, témoignerent, cn jettant leurs bonnets en fair, avec mille cris de joie, qu'une mêlée de trois heures n'avait fervi qu'a enfiammet de plus en plus leur  ( 197 > Et du haut des huniers, foldats & matelots Ofent par leurs clameurs défier fur les flots Ces leur courage. Le Commandant Anglais étant parvenu avec fes vaiffeaux mateiots, vis-a vis fAmirai Général, 1'adion s'y ranima avec un nouvel acharnement. Staringh, s'énrat un peu remis en ordre, l'Argo reprit courageufement fon pofte, & feconda è fon tour fon Commandant dans ce choc inégal. De part & d'autre le feu fut terrible pendant prés de trois quarts d'heure. Alors Parker ayant perdu fa grande vergue, & le vaiffeau £ 3 ponts fon grand pèrröquet, ils ferrerent tous deux Ie vent,& s'é'oignerent de la ligne Ilollandaife en fermsrit les fahords Leur retraite mit fin a 1'action, environ a onze beures & demie. Cependant tous les vaiffeaux Hollandais refterent it leurs poftes; & le Contre-Amiral Zoutman ne-fit amener a midi le fignal d'engagér, que lorsqu'ii eüt vu les Ennemis en panne, nprés avoir abandonné le Champ de bataille; leur éloi^nement lui permettant alors de faire reprendre haleine a fa Flotte, il fe mit donc auffi en panne, & refta dans cette fituation jufqu'a cinq befires après midi, pour attendre une feconda fois PEnneml, au cas qu'il lui prit envie de reatmmencer le bal. Mais lorsque la fumée fe fut un peu diffipée, Zoutman fe convainquit qne les Anglais étaitnt dans un délabrement qui rendait impraticable une nouvelle attaque de leur part. Le Contre-Amiral eut néanmoins la pr&aution , d'abord après 1'action, d'ordo->ner au Eonvoi de fe mcttre en füreté, en le faifant couvrir par un nombre fumTant de frégates. Vers les cinq beures, lorsque les 'Anglais ne purent plus êire appereus que du haut des mats,' il fit a 1'Efcadfe le fignal de retneure a la voüe, & fur la foir il reprit la route du Texel. Tel eft le précis du combat du 5 Augufte 1781. récueiüi fur des méN 3 moirés  Ces Bretons infolens, fi fiers en leur fortune, Dont le farouche orgueil, cc 1'audace commune A moirés auremiques. II ne reHe a sjourer que, par un exemple rare, il n'y a pas eu un feul Commandant qui n'ait donné'des preuvesde bravoure, de lumieres & de zele pour le bien & la gloire de la Patrie ; & que les Equipages ont conftamment fait paraitre une ardeur extreme. Lorsque les Anglais abandonnerent le Combat, les n.n.elots leurs criaient, les uns par les fkbords, les autres grimpant fur les hautbans, nous avons encore des hou. Iets d votre Service, pour vous récompenfer üe tous lef mauvais traitemens qu'a ejfuyi de votre part le pavillon de la République. (2) Le Vice-Amiral Uyde Parker revenait de Ia Bahique avec 11R Convoi de fa nation de plus de ioa voiles, qu'il el'cortaitavec les vaiffeaux de guerre fuivans. La Fortitude de 74. La PtinccJJe-Amélie de Zo. Le Bertxick de 74. Le Bienfaifaut de 64. Le Bujfalo de 60. Le Prefion de 50. Le Dauphin de 44. L'Artois de 40. La Laf011e de 38. La Belle-Poule de 35. La Cléopatre de 32. & le Cutter la Surprife de 10 canons. Par une réticence a l'Anglaife, ce Fice - Amiral paffe fous filence dans i'énumc'ration de fes morts & de fes blcffés, ceux de la fré, gare PArtois, afin d'infinuer que ce battment monté de 44 ca. pons, & fi fin voilier que tous les Capitaines Britanniques en avaient bfigud ie cpmmandement, n'avajt dte apparemment que tc'moin de 1 Action. Mais, outre le rappere de tous les Capitaines Bataves qui aflurent que l'Artcis a combattu dans la ligne Anglaife, puifque le Convoi de Sir ffyde Parker continu* fa reu e fous 1'efcorte des fréga/es, & que le Capitaine Maebrü de qu! commandait l'Ai tcis, prit le commandement de la Prin~ » ««*f*g W c*»rï«M ««/»« «on interrompu durant 3 8 4o «ta,**, fi? flfc*?* Md /»i /"« **« ^ ^«*; *■«'« *un e?ort pour farm""s"' dans la vue-de reprendre JVfttoj mais i. ajoute ces paro.es remarquables je trouvA que eela était impraücable. Plus bas H di' • Les deux Efcadrcs refterent en pdrine un tems confiaerab'le Pune procbe de l autre, jusqna ce que les Hollandais, avec 'leur Convoi iihignerent, faifant route pour le Texel. Le fcave Vice-Amiral s'eft trahi par le cammencement de ia let,re oü ü dit formellemcm: Hier matin, no-n rencmtrames PEfcadre HManddife avec un gros convoi fur le Dogger^ank. Je fus bien-ai/e de trouver que favais le vent fur elle. Aveu remarquable, & qui feul décid, que, lorsque les deux Efca.lres mirent en panne, ce fut nécpa rement les Anglais qui celferent le combat les premiers*parceque 1'EfcaJre HAlandaife étant put le vent, il étaii fnpoffible qu"e:le mit en panne, fi PEfcadre An. glaife n'ettt été la première a faire cette mauoeavre. B eft de plus conftaté, que Ie Convoi marchand/*«/fit route póuilèléxel, avec -les frégates de fon efcorte, & que les autres vaiffeaux de guerre réftetent jufqu'au fok fur te Champ de batailie d'oü les Jneldis s'éaiéat retités. Les Hollandais perdirent 13+ bomm.s, N 4 &  ('200 ) Du Batave ennemi de toute tirannie. Enfin 1'Amftel vainqueur, 1'Anglcterre punie De fes laches forfaits, de fes noirs attcntats, Offrent a 1'univers, au Batave, aux Etats, Ce que peut la valeur pour venger fes injures. ' Que Londres en ce jour, féconde en impoftures, Ofe encor fe vanter d'un raccès éclattant! Son Amiral a fuit, & Zoutman triomphant A conduit au Texel fes vaiiTeaux (4) & fa gloire; (5) Son front efl couronné des mains de la Victojre, Et & eurent 403. bJefl&. L'honorable Sir ujdt Parker avoue que fur la Vonitude, le Bienfaifant, le Befwfcè, la Prince fe, Mie, le Prefion, le Bufallo & Ie Dauphin qu'il die avoir eu par. feulement a l'-aftion, il a eu to4 hommes de més & 339 de blclTés. Croira qui voudra c«f« allertion. L'orgueil Bri« tannique forcé de s'avouer vaincu, fe confolairdu moins dansfon malheur «, cachant felon fa cputume ,a peneréeHequ'il avait faite. (4) A lexception de la Hólland* de 68 commando" par le brave Capitaine Dédel qui coula bas le fair même de la Ba. taille, malgré tous les efforts que fit 1'Equipage pour fanver ce batimenr, ,5) Tous les vaiffeaux ILllandah fe font empreffés pour avoir pari a 1'Acnon, nutanjment ja Bellone de 36 Cap. van Haren. car.  Et fon nom immortcl entouré de lauriers, Sera toujours au rang des noms de ces guerriers J Dont j- ^a *a TaDt. Mulder, mais fur- ram il loutes les autres rpr 2S^ÏÏlSSft*-<*■rJ ' ,' toll ,SSSi.r.aio» a„ si*. ■ f,r',7t ::„t * * «•«~ r gw/fc I7»1- UJUU i^Vfits-Gérérauxiugerentapro- ,infi que les «uit. Capitaines 2^, f^f^^ commandant les vaifleaux qm ont formé la Lign. N 5  Dont le fer eflraya les cótes Britanniques, Sut faire rcfpecïer les Citoyens Belgiques, Et ^ FareiHe *»> Pedante dunruhan couleur *Oru„ge. Q.e de plus, il ferait accorde aBx Officier., Bas-üiS. ciers Matelots & S„,dars des fusdit. r.ifeqo, ava,-„t »us part , la v.ftoire . deux mois de leurs gages eu ferme de gra.fi. canon extraordinaire. En ou S. A s. Mgr> ,e pr.nc. St4dhflDd6r> ^ ft dAm,raI.Gé,éral, éleva ie Contre-An* I Z,^,,„ au Jdfc de Vice-Amnal, & Jes troi, plus anciens Capitaines , qui fe font trouvés dans 1'Aétion , favoir les Capitaines Bedel, van Braam, & van Kinsbergen au rang deContre-AmirauxrExtraordlhaires, ■De plus, fon Altcfie, pour tdmoigner lafa.faf.«ion particuliere de man" rS" \ braV°"re & ^"'^^-^«-ouslesCom. e ^?^len, accorda é chacun une marqué de diuinc! t.on, favpir: au V.ce-Amiral Zoutman une Epêe cTor; aux Con tre Amiraux Bedel, van Braam, & van Kinsbergen, a chacun un fabre d,ftingué ave fon ceinturen , 5UX C.pinL. ^ 3 Chi!CUn Un * * avec ,a periJ ^ fion de porter, comme les Officiers Cé„éraux de Marine un ïlumet blanc ^eur chapeau d^forme, aux Capitaines^ ,an Earencarfpel Decker, Sc.a Comte de Welderen, |e premie emploié comme de tf. van «^.i^^J repénteurdes figna.ux, PP«r ,écon,penfe de leur bon ne conduite & deleur valeur/, « «^^Vqu'au Officiers qui avaient coin. battus dans la L.gee, & ces «rois braves Officiers, peu de tems aprè, ont été fans Capita.ne, de haut bord. Comme auffi aux Li. taines en fecond Aberfon, Starlngb, Boscb, Smaafe9, . cL cun un fabre avec/;, cein. - -,,, sux Lleuteriani des v* ftu. ayaient forme , Epaulettes d'er foi mes;  Et de leur Liberté foutcnant la fplendeur, Aflura pour jamais I'Etat & fa grandeur. Mais O douleur profonde! O perte irréparable! O Vietoire trop chere! O Fortune coupablel Jeune & vaillant Bentinck, guerrier trop malheureux,(6) La Parque a donc tranché tes Deftins généreux'. ^ formes; & aux Cadets de Marine une Epaulettc-forto 1'Epaule g.uche. L'on frappa aufll, par ordre de fon Altefie, pour perpé,uer la mémoire de cette journée, une Medaille, qui a été diftribuée en fon nom aux Officiers & Bis-Officiers , ainfi qu'aux Matelots & Soldats qui ont été bleiTés, pendante a un ruban couleur f0. range pour la porter en nwrque d'honneur. M. van Kinsbergen a a'ailléurs été chargé, en qualité d\Hde-de-Camp-Général de Mf le Stadhouder, de s'informer régulierement de 1'état des blefles, tant a 1'hópital d'Amfterdam que fur le vaiffeau-Hópital au Texel, pour leur procurer même en ar gent, tous les fecours imaginabjes. Enfin S. A. S. ordonna de régaler H fes frais, tous les Equipages Üé l'Efcadre de M. Zoutman , & de leur accorder un jour de réjouiffance a cet effet, & ditférentes Villes, ainfi qu'un grand nombre de particuliers, ont ouverts une foufcription dontleproduit a été des plus grands pour récompenfer ceux qui ont été tué pour leut Patrie, dans la fanglante journée du 5 d? Augufte , ou les Veuves & les Enfans de ceux qui font morts depuis de leurs glo. rieufes bleffures, en accotdant a leuts families des fommes confi. dérables. (6) M. Wolter Jean, Gerard Baron de Bentinck, était lc uoifieme des fils de M. Bernard Henri de Bentinck, £? de Dame  C 204 ) Tes vertus, & 1'efpoir d'une illuftre familie, N'ont pute garantir de la noire faucillel Tu me Boiwe Elifabetb Jurriana du Tertre, II naquit en mg Ce Heros n'avaic que treize ans, tors'qu'iï en,ra dans la Marine, fa première courfe fut en 1758 en quaiiré de Cadet, fous le Capitaine Coetfe , avee lequel il er, fit pïufieurs autres. Lejeune ^on le conduuit de mamere a fe faire univ,rfel!ement aimer & eft.mer: fes talens & fon mériie l'éleverent bi,mót au grade de Capitaine, & 0n lui donra le comrowi'ement du Batave, avec lequel comme on fa vu plus bant, il fe trouva 4 „ DaiailIe du . „ J « les reiomtiow importante, qui s'y prirent. II fut un des . P=ux moteurs de la fameufe Réfolutiou du 4 Jwto ' J » Améaqu* ofa déclarer qu'.lie é.ait un Etat libre & tndépencC . &^que tous fe, liens politiques avec la Grande-Bretagne étaieni Le Lord Hcwe, qui fe trouvait dans 1'Ifle-Longue quelque mors aW^, en mm de Commandant en Chef des Trou^ y.es en Amérique, demanda une entrevue avec quelqu s^l bres du Co.grès. Cette prcpofition fut long tems débattue; Tf Adams opma pour la refufer, mais elle paffe cepm-w, , ' , rahté des voix , & M. Adams lui-même Lee Fraiickhn fut nommé pour cette Députation. Le  C 215 ) Vergennes Faccueillit avec xlirtinction; ■ De l'eftime en fon coeur naquic lWectión. Ces Le Lo-J Hom fit partïr atifluót un de fes piincipaux Officiers pour, fervir d'óiage; mais les trois Députés eurent la grandeur d'^me de le ramcner avec. eux. Hozve, venu pour les recevoir su .'ébarquement, ne put s'empêcher d'avouer combien il était ravi de cette. coufunce, il déclara .que jamais on ne lui avait rendu honneur qui Effit tant flatté. Les trois Députés pafferent au milieu d'une .arrnée de vingt mille hommes fous les armes, ainfi rangés pöUr faire parade d'une puiffance redoutab'.e. Mats les trois" illuftres perfonnages iravcrferent 1'armée, comme s'ils en euflent été .les Généraux. Le Lord les traite avec la plus haute diffindion & 1'éclat le plus impofant. Après pïufieurs bon. ntet* inGnuantes, il ouvrit la converfation en leur ditant qu'.l ne pouvait les regarder comme des Commiflalres du Ongust mais que fes pouvoirs 1'autorifant a conférer avec tout particulier de quelque influence dans les Colouies, fur le» moyens de Hm blir la paix, il était ravi d'avoir troitvé cette occafion. II donna enfuite mille touanges aux talens, au mérite des trois Députés, mais il épuifa toute la flatterie de la Cour pour fe condher la b.euveillauce de M. Adams, qtüü croyait fans doute le plus facile a gagner paree qu'il était le plus jeune. Ceux-ci répou. dirent que n'étaut envoyés que pour entendre, le noble Lord pouvait les confidérer fous le point de vue qui lui plairait; mats Le quant a eux, ils ne pouvaient fe regarder fous d'amresquaStés que celle dont le Congrès les avait honorés. M. Adams »0*m vNl pouvait let envifager fous k tltre quiljugerait a propos , excepté fous celui de fujets Britanniques. Le Lord ~Howe fe mit alors a déployer tous les lieux commuus du Mmittere de St. James, mais fon refrein continuel était toujours.que 1 es O 4  C «6 ) Ces deux rares Mortels, I'dme d'un grand Empire, Qui font palir 1'Envie & taire la Satire, Poli- Colonics retournaffent fous la domination de !a Grande-Bretagne revfion des Actes du Parlement que l'Amériqne regsrJt ^ «temato^ . fes priviIeges & a fi « « -™ démarche qü'o„ ne pouvait plm attcndre, jj J *W r**» *, ^ refpeélueu/es; & qi;au Uéu & " *' * * ****** *>»< M Américain^ *Tmm\ °" kur & Pur de nouv at ZTdiepTéremetent ™*<°< z:z Jous le Gouvernement tirannique de-Georec ///■ ■ Hé qu>* iafaite d,m Jedu pa k2 avaient prononcé la Declaratlon de Hndependance atM e t obferverent a ce fujet que cette démarche ZTé'té 1 f lée d grands cris par le Peuple de toutes les colonie t e acune l ayant approuvée, fe confidéraif comme Etat Zé & s'oecupait d regler M gouvernement en J2£ avec UC-„ i n dtfpofition d trailer Ta ma,ÜCre *™<«^ répondrrent a i.nfinuai.on du Commandant Anglais. qu'il dé-  Politiques fansfard, Miniftres fans hautcur, Profonds fans être faux, & juftes fans rigueur, * L'im déplorait enfuite la prétendue opiniatreté des Américains & les malheurs qui aUatem fondre fur leurs têtes, & yft a cette vue, difait-il, fi re pouvait fe difendre d'un mouvement de douleur, le Doftenr FranMin rWura quo» ferait tout fon poffible pour ménager fa fenftbiliti, & (ui épargner la douleur de gèmir fur les calamités de VAmérique, Cette entrevue neut ainfi aucun Biitre fuccès que celui de faire connaitre pleinement a la GrandeDretngne" la perte qu'elle venait de faire. (2) M. Adams fut enfuite envoyé en France oü il arriya en ,778 i fut re9u a la Cour de Verfailles en qualité de Miniftre Piénipotentiaire adjoint a M. M. Artbur Lée & Francklin. Ce fut dans cette première miffion, que M, lë Comte de Vergennes concut pour M. Adams la haute eflime & la confiance véritable qu'il a toujours cues en lui, au point de le regarder comme le premier homme d'Etat que l'Amérique eüt fait paffer en Europe. Sa miffion rempliê, il s'cn retourna a Bofton,. en 1779, & y fut choifi membre de la Convention, puis du Comité de cette même Convention. Ce fut lui qui drefla la Déclaration des Droits, ou le préliminaire comenant les principes de la Conftitution future. Chargé une feconde fois d'une Commiffion des plus arnples de la part du Congrès, qui lui avait joint comme Secrétaire de Légation , M. Dana dontnousavonsparlépage 50 Chant4. & le Sieur Tbaxter en qualité de Secrétaire ordinaire, M. Adams mit avec eux a ia voile de Bofton le 13 Novembre n79 ft? * ^s la Senfible. Ce badment, peu de tems après fon départ, fit une voie d'eau, qui mit dans la néceffité de faire aller les pompes jour & nuit fans interruption, & nos illuftres I'alTagers, ainfi que tpus les autres,. y travaillerent a leur tour, malgré .la force de TE- »  C 218 ) L'un chéri de fon Roi, pour fes talens infignes, L'autce fier de fervir les humains les plus dignes De quipage compofé de 350 hommes. M. de Cbavagne, Capitaine de-la Senflhle, dirigea fa route vers Ia première terre. Ayant reconnu Ie Cap Finillerre, il entra au Fa-rol-, le 8 Deeembre oir M. Adams, 1VI. Dana & ,eur fuite ,m ^ ^ * t.on par Z). >^ ^. , alors commandant £1] chef la Marine d'Efpagne au Ferrol, qui leur téraoigna la plus grande cordialité. M. Adams pafla quelques jours dans cette ville pour fe repofer d'une traverfée fi pénible: y vifita les Chantiers les A.femux & les Fortifications. Du Ferrol, nos voyagenrs fê renduenr è -la Corogne , oü ik furent traités avec tous les égards imag.nables par toutes les perfonnes en place, & par les Officiers. LAdminifirateur des Finances, 1'Avocat-GénéraI, le Préfiden. de Ia Grande Audience, & D. Pcdro Martin Cermenio Vice-Roi de M Province de Galice, qui, en vertu de fa place, téunit toufe Autorité Royale, accompagné de fon Lieutenant; le Gouverneur de la ville, fuiv-'s dé tous leurs Officiers, fe rend'rem en Perfonne h 1'hótef oü lèjeait'M. Adams^om lui faire une vi. ine le lendemain de fon «rrivée, & le..prier avec inftance de demander teut ce Sbfeï il pourrait avoir befoin. Le Vice-Roi lu. -offrit même des vivres, avec des guides au fait des routes» de la maniere de voyager en Efpègne & qui favaient encore parler Américain. II Infiffa fort long-tems rour lui Faire accepter tme garde de foldats pendant toute fa route fur les terres du Roi. M Adams s'excufa d'accenter aucune de ces offiesifl noblemcnt'pré.' fenrées. II eut 1'honneur de diner une Fois chez D. Cermenio. qui déclara a fon refpcflable Convive qu'il avait du Roi les ordres les plus polltifs, de trailer toUs les Américains qui *rrive. rannt dans fes Etats, comme fes meillemramis. M.'Adams avec  De puir en vainquêurs de cette Liberté Qui peut les rendre henrenx,- & de FHumanité. . ] . Scule awc fa fuite pr.it fa route paf Bitance-s, Lugq^-Aftprga, Léon Sc Burgos. On lui prodijjga partout les njérsep^pueations & les mêmes égards. tiJl eut futtput j.nfiniment a ft- iouer.de la Maifon Cuadorqui.a Bilbao. .Les-Banquiers a" Jlkatite, de Bilbao, de Madrid,'.de Bordeaux, te Buïemie, & piufLurs au res perfonnes.de. confidératioti de ces villes, lui offraient par lettres toutes les fomuies dont \i pourrait avoir befoin, & la tournure que l'on donnait « ces olTres, y ajoutait encore le.plus grand prix. Mais i'Agent de l'Amérique en Efpagne vouiut feul pourr voir a,ux chofes nécefiaircs \a Iflfe Adams, il aurait été même très-'aché qu'un autre eüf .partagé avec lui la gloire de le 1'ervir. DVEfpaguf, oit jamais aucun Ambaffadeur n'a été mioux traité que M. iAdams, ce Miöiflafe Strwa heureufement. a.Paris, avec fa fuite & fa maifon le 9 de Féurier 1780. (3) Lyeurgue, célebre Légiflateur des Lacédémoniens, était fils ÜEunome K.oi de |part«, & frere .de Polydecte qui monta fur le tróne après fon pere. Polydecte étant mort, fa Veuve, éprife depuis longtems de la beauté de Lyeurgue , offrit de lui meitre la couronne de Sparte fur la tête, s'engageant nfér me de .faire périr en fecret le fruit qu'elle portai.t dans fon fein, pourvu qu'il i'époufat. Mais Lyeurgue refufa conftamment les offres barbares mais ayaniageufes de cette. femtne paffionnée; yejlla avec Ie plus grand foin a Ia confervation de Filluflre rejetton de fa familie, & content de la qualité de Tuteur. du jeune Cbarilaüs fon neveu, il lui remit .Ie gouvernement de.fon Etat, auffuót qu'il eüt atteint fa majorité. Après dffférens voyages, Lyeurgue, de retour a Lacêdémone, & voyant que tout y.était de-  C 220 ) Seule adoucir les maux & fermer les bleffures; Réparer des Tirans les cruelles injures, Et depuis longtems dans la plus grande confufion, par le defpotifme des Rois & par laréfiftance vigoureufe des Peuples, entreprit de rendre Je calme a Ta patrie, en réformant le Gouvernement, & mettant un frein a Ia fureur des deux partis. II en vint a bout par des loix très-fages, mais encore plus féveres; Sparte fut mvmcible, & plusencor, vertueufe, pendant qu'eileobferva fcrupuleufement les loix de ce grand homme. La éonftitution Légifl«i»e de I'Etat de Mafaebufet, eft autant fupérieure en fagefTe & en politique, au Loix de Lyeurgue, que la puiffance, létendue & la richelTe de cet Etat femportent fur le petit Royaume de Lacédémone, & notre frecle, fur celui oü vivait Ly. cnrgue, c'eft-a-dire 1'afl 870 avant notre Ere Chrétienne. (4) M. Adams eft 1'Auteur de la Conttiimion de 'fEtat de Mafacbufet, qui eft fans contredit le plus beau fifteme de lé. gillation & de gouvernement qui ait jamais paru. II eft vrai que Ie Penple y a voulu faire quelques légers changemens avant de lui donner fa fatóion , mais il ne Ra fürement pas amélioiée. (5) Claude de Mesmes, plus connu fous Ie nom de Comte d'Avaux , fut un des plus habiles négociatet.rs de fon fiecle. La réputation de probité de M. d'Avaux était telle, qus dars les Cours oü il négociait, fa parole valait un ferment. Quoique fans celTe occupé des plus grandes affaires de 1'Europe; il entretenait un commerce régulier avec les Gens de lettres les plusdiftingués; ; ét.» leur proteéleur, leur bienfaiteur & leur ami. Cet homme ffiuftre, mourut I Paris en 1650. avec la réputation d'un Magiftrat integre, d'un Miniftre des finances défintéreffé, d'un Négodateur adrou, habile, prudent & heureux; qui avait fu concilier la  ( aai ) Et d'un puiffant Empire en fixant les Deftins, Ouvrir un vatte afile au refte des humains. Tous deux, de 1'Univers agitant la balance,' Et des murs de Québec, aux rives de la France, Arrêtant a leur gré la dent des Léopards, Enchainaient la Fortune & fixaient les Hazards. Du- la probité Ia plus auftere avec la Politique la plus déliée; d'un homme généreux, de Pete des pauvres & de confolateut des infortunés. Le Cardinal Mazarin 1'envoya k Munfler, puis h Osnabrug, oü il conclut heureufement le célebre Traité dit de PFe/lf balie, par lequel 1'Empereur & 1'Empire d'Allemagne, vendi. rent au Roi & a la Couronne de France, la Souveraineté de 1'Alfacs, pour fix millions d'aujourd'hui, payables & 1'Archiduc. Par ce Traité, devenu pour 1'avenir la' bafe de tous les Traités, un nouvel Eleftorat fut créé pour la Maifon de Baviere. Les Droits de tous les Princes, de toutes les villes d'Allemagne, les privileges des moindres Gentils.hommes Allemans furent confirmés , Ie pouvoir de 1'Empereur fut reftraint dans des bornes étroites, & les Frangais, vainqueurs a Rocroi, a Lens, & aNorüngue, devinrent par ce Traité, les vrais Légiflateursde 1'AHemagne. Louis XIII connaiffant tout le mérite du Comte, 1'envoya en Ambalfade a Venife, puis a Rome, a Mantoue, a Florence, a Tuiin, & de li en Allemagne oü il eut a traiter avec la plupart des Princes de 1'Empire. A fon retour, le Roi fut fi fatisfait de la conduite & du fuccès de fon Ambaiïadeur, qu'il le combla de  Du berceau de Rubens (i) aux rives de la Meufe,(» Adams allait franchir la diftance ennuyeufe. (3) Et de Berg op-Zoom (4) les creneaux redoutés Dans un fombre lointain fuyaient a fes cötés. Libre LTT PZ ^ temS £PrêS " mm m Danemarck, en Suede, & en Pologne. Qi) Anven, parmi les grands hommes de Ia naifTance desquels fes cuoyens s'honorent, fut le berceau de Rubens, le plus faineux des peintres modernes. Pierre Paul Rubens, Manie a Cologne en ,577. Mals fon Pere & fa Mere étaient originaires invers, a:nfi que toute fa familie. CW il étlit d'une noble ongme, fon Pere Ie pla?a dabord en ^ dg Comteife de Mais de bonne heure le goüt de Ru e porta verslapemture. II partie pour Pltalie, aptès avoir pris leponsrf Octamo van Veen. Le Duc de Mantoue, infonné de fon rare mérite, lui donna un*Iogement dans fon palais. Ce fut dans ce féjour, que Rubens fit une étude particuliere des ouvrages d Jules Romam. Bientöt il pnffa 4 Venife. L'étude qu'il y fit des tableaux du Titien, de Paul Veronefe, & du Tintore , fon goüt qui tenait de celui du Caravage, pour en prendre un qut lu. füt propre Cet artifie célebre fe rendit enfuite a Rome, & de a Cenes. La maladie de fa Mere 1'avait rappelé en Flan. dres, lorfque Mane de Médicis, Reine de France I. fit venir a Pans pour peindre la gallerie de fon pa.ais du Luxembourg. Rubem fit les tableaux a Anvers, & revint en 1625. i PJS pour les mettre en place. II de.ait y avoir une Gallerie paral. Iele, repréfentant toute 1'Hilloire de Henri IV: Rubens en avait même déja commencé pïufieurs tableaux, mais les malheurs af- freux  ( 223 ) Libre enfin du fardeau de fes pePantes chaines, (5) Curieux d'admirer vingt cités Souveraines, (6) freux qu'éprouva Ia Reine, en empêcha 1'exécution totale. L'on a vu longtems au Luxembourg les tableaux de la Gallerie exécutés de la main de Rubens, Mais Louis XVI en donnant ce beau palais k Monfieur, en a fait tranfporter tous les tableaux a Verfailles. (a) D'Anvers, on defcend par 1'Efcautjufqu'aucanal qui joint ce fieuve a la Meufeprèsde Dsr/Capitaledela Hollande. (3) La diftance d'Anvers a Rotterdam par la riviere eft des plus ennuyeufes, a raifon des incommodités de Ia barque ordinaire & des brouillards prefque continuels qui couvrent 1'horifon. (4) Bergen-op-Zoom , c'eft-a dire, Mms fupra Zomam , ft caufe de la petite riviere de Zome fur Iaquelle cette Ville eft batie. Eft une ville du Brabant des Etats (a) dans le Marquifat k qui elle donne fon nom. Elle eft. petite, très-jolie, & l'une des plus fortes places des Pays-bas, tant a caufe de fes fortifications, que des marais qui 1'environnent. Ce fut envain que le Prince de Parme i'aflHgea en 1581. Le Marquis de Spinola fut obligé O) C'eft mal-ü-propos que l'on dit Ie Brabant-Ihllandais. Les Villes du Brabant conquifes fur 1'Efpagne, appartiennent & Ia Généralité de la République, & non & une Province particuliere. L'Original porie formellemcn: Stunts-Brabant, le Brabant des Etats. Mais le caprice de la plupart des Eerivains Francais, & non la raifon, leur fait dire toujours Rêfubliquc i, Hollande, Brabant-lUllandais, Flandre-Uollandaife, & ils ne veulentpas remarquer que par cette faufle dénomination lis font une injure palpaltle aux autres Provinces de i'Union.  C -24 ) Jaloux tic s'aggrandir., 1'Efcaut ambitieux Voyait coulcr fes eaux en deux lits tortueux. (7) L'illuftre Americain (8) contemple avec furprife Un fol demi noyé, (9) mais que 1'ait fertilife: Et obligé d'en lever Ie Siege en 1522, après une perte de plus de lo,oco hommes. Les Francais, vainqueurs a Lawfe/t, allerent mettre le Siege devant cette ville, fous les ordres du Comte deLowetidbal, & 1'emporterent d'aflaut après 65 jours de tranchée ouverte. (5) Tout Ie monde connait les fages entraves que la Républi. que a mifes fur 1'Efcaut a la navigation de ce fleuve. (6) Son cours eft parfaitement iibre dans Ie fein de la République. (.7) L'Efcaut, quelques Iieues au deflbus du fort de Lilh fe divife en deux branches, dont l'une paffe proche Bergen-op. Zoom, & fe nomme Efcaut.Qriental; & 1'autre a Flejfingue, & fe nomme Efcaut-Occidental. Ces deux branches fe jettent dans la mer d'Allemagne. (8) Mr. Adams. Co) La Province de Hollande, ainfi que la plupart des autres Etats de Ia Coufédération Batave, eft un pays fouvent fubmer. gé, & toujours en danger de l'être;ou 1'hiver eft froid, le printems court, l'éié chaud, 1'autonne pluvieux & i'air mal fain dans tous les tems. On y cueille a peine du blé pour la dixieme partie des habitans. II n'y croit point de vin. Les arbres utiles n'y ont jamais pris, & on s'eft reduit è ceux qui font 1'ornement des villes & des campagnes. II n'y a de métaux & de minérauxque ceux  ( 225 ) Et cent canaux divers, (i) dont les bords verdoyans Paraiffent défier & Neptune & les vens. (2) II ceux qu'on y apporte des autres climats. Les brebis toujours mal foignées, n'y ont qu'une laine rude & groffiere. Le terroir „e produit que fort peu de Kq & encore moins de chanvre. Le bois a brüler y eft d'une cbarté exceffive, l'on y fuPPlée par le charbon de terre que l'on tire de 1'étranger, & par la tourbe, matiere terreftre, d'un brun noiratre, buumineufe & inflammable. Celle qui eft poreufe, légere, tiflue, fibreufe & de plontes h demi-décompofées eft la meilleure. On la coupe par mottcs comme le gazon, pour la tirer des marais. La tourbe donne un beau feu , trés ardent , d'une odeur aiTez dcfagréable , mais beaucoup moins que celle qu'exhale le charbon de terre. Les troupeaux qui èmicVuTent la République, y viennent du Nurd maigres & décharnés & s'engraiffem bientöt dans des paturages excellens, oü les eaux ont pörré un limon fécond. Grotius peignait d'un trait fa Patrie, lorfqu'il dilait que les quatre élément n'y font quèbaucbés. Cependant il n'y a point de pays au monde plus abondant eu toutes chofes, ni plus riche a caufe de fon grand comm?rce. (1) Les fept Provinces font partout entre-coupées de canaux bordés, prés 'des villes, de maifons de campagne délicieufes oü Part fup'plée aux défauts de la Nature. Ces canaux fervent a deffécher les prairies, & a faciiiter le tranfport des denrées & des marchandifes. Dans toutes les villes, les ^princpales mes ont un canal bordé o'arbres qui ofFrent un coup-d'cuil raviffant, mêiés furtout avec les mats des vaiffeaux qui viennent décbarger jusqu'aux portes de leurs propriétaires les richeues des deux niondes. P  ( 2.2.6 ) II arrivé au hameau, (3) redoutable frontiere, Oü finit du Brabant fenceinte irréguliere; (4) Qui tantót du Pontife, (5) & tantöt de Calvin Écoute & fint les loix, ou fuit avec dédain Les dogmes du parti que fon cceur défavoue, Admire la Vertu, la pratique & la loue, Et lailfe aux Immortels, dans leurs divius loifirs Se choifir un encens qui plaife a leurs defirs. (6) Ce- (2) Les bords des canaux font autant de digues qui, par leur réGftunce & leur élévation, mntent un frein k la fureur des flots. (2~) Le Moerdyck , hameau oü eft le paf.iige du Brabant des Etats par eau dans la Province de Hollande. (4) Le Brsbant eft une grande Province des Pays-Bas. On le divife en Brabant-Autrichien, & en Brabant des Etats, pareeque celui-ci eft incorporé a la Généralité 'des Etats de la République Batave. (5) Du Souverain Pontife de Rome & par conféquent Catholique. (6) II eft difficile a concevoir fur quel principe 1'Intolérance, ce morftre avide de fang & de cruautés peut affeoir fon tribunal.' Jufques a quand 1'homme fe croira-t'il plus fage que fes Dieux, ou plus intéreffé qu'eux-mêmes a leur faire rendre le culte & les hommages qui peuvent leur être les plus agréables ? Ces Dieux dans le féjour de la gloire, feraient-ils affes fainies pour ne pouvoir fe faire obéir par les êtres que Isur maia faconua ? Cette aflb-  c m) Cependant du Mordyck (i) la barque vagabonde, Recoit les voyageurs., part & vole fur Tonde. Adams vole avec elle, & fon ceil curienx Examine en fecret de ce golphe orageux Le mobile contour, la furface limpide: Dans fes antres profonds porte un regard avide. Tandis.que matelots, pilote & paffagers Se faifaient lc récit des antiques dangers, (2) Et des malheurs affrëux (3) dont le courroux célefte Vient effrayer ces bords, & fouvent manifefte Aux aflertion n'eft pas foutenable aux ïeux de la raifon. Ne peut-on doac pas en conclure. que tous les cultes leur font ind.fférens, pourvu que les vertus morales & fociales foient la bafe des hommaces qu'ils recoivent? (,) L'on entend ici Ie Ponton fuf lequel on paffe les voyageurs de l'une a 1'autre rive, (2) Ce pafrage eft fouvent plus dangerenx a francbir que les mers les plus orageufes. (3) De tous les malheurs qui ont rendu fameux le palTage du MoerJyck; le plus horrible, eft 1'a.ccident qui arriva lei4dejuin 1711 au Prince d'Orange 'Jear.-Guillaume-Frifo. Dès i'ouvertu. re de la campagne, ce Prince infortuué s'était rendu a ftfme> p 2 . des  ( 228 ) Aux coupables mortels fon terrible pouvoir, Et les ramene enfin fur les pas du devoir. Sur des AlUés contre Louis XIV pendant la guerre de la fucceffion d Elpagne. Mais le Roi de Prufle fe trouvant alors a la Haie, oü .1 était venu pour terminer les différends ,au fnjet de Ia fncceffion du Ro, CuiUaume,\zMonarque Pruffien engagea les Etats Généreux a Feller le retour du Prince, quoiqu'il eüt déja répondu que fa préfence était nécefliire a farmée. Sur de nouvelles inftances,il fe refo.ut enfin a revenir a la Haie, maü un accident, auffi fur.efte quimprévu, fen empêcha. Etant arrivé au Moerdyck avec fa fune, il entra dans Ia barque ordinaire avec Meffieur, ïerfchuur PleUenberg , du Tour, Hilken & quelques-uns de fes domeftiques, pour pafier au Sa, de Strye. Un grand vent accompagné d'une grcffe pluie, s'étant fubitement élevé le Pri„' ce pafla dans Ie Ponton aveeMelfiènra du Tour & Hilken & fe mit dans fon carolle pour fe garamir de la pluie , Ia barqne' oü était le refie de fa fuite, ne gagna Ie bord qu'avec la plus grande peme, & après avoir courn le plus grand danger; le Ponton ce pendant penchoit fi fort d'un cóté, que l'on craignit qu'il ne , renverfat. A peu de diftance de 1'endroit oü il devait s'arréter le Prince fortit de fon carofie, afin de pouvoir defcendre plutót a terre. Mais Ie Ponton porté par la tounnente, au deiTous du beu de la defcente ordinaire, & voulantremonter plus haut futen t.érement renverfé par un coup de vent. Le Prince s'était d'abord accroché au mat & a du 'Jour, mais la violence des vagues 1'a yant emporté hors du Ponton, il alla a fond, & fe noya mal heureufement. Le Colonel Ihlken, reflé dans le caroffe eut le méme fort que fon AKelfe, dont Ie corps ne fut retrouve que neuf jours aF1ès qu'on le vit futnager. Du Tour eut le bonheur • de  ( 229 ) Sur fon char radieux embrafant fatmofphere, Phebus, a la moitié de fa route ordinaire, Permettait un inftant a fes Courfiers fougueux De fufpendre leur vol dans la plaine des Cieux. Le Dieu de Tenedos, fixant la Caroline, (2) Voit fes champs dépouillCs, fes Cites en ruine, (3) Sa de fe fauver avec le refte de Ia fuite. Jean-Guillaume-Frifo fut fort regretté, & nommément des ainis de la maifon deNafau. L'on affure même que le Roi de Prufe fut fi frappé de cet accident , qu'il fut obligé de fe faire falgner. Le Prince d'Orange, qui dans plus d'une campagne, avait donnédespreuves éclatantes de bravoure & de conduite, avait a peine 24 ™ l°rsqu'il finit fes jours d'une maniere fi déplorable. Illaiifaunefille, & fon Epoufe enceinte qui, le 11 Septembre de la même année, accoucha heureufement a Leeuwaarden d'un jeune Prince, que fon a vu Stadhouder de toutes les Provinces de 1'Union fous le nom de GuUlaume-Cbarles-Henri Frifo. " (2) La Caroline eft un des Etats libres de l'Amérique Septentrionale. Elle fut découverte en IS12. par Ponce de Lion Efpa. gnol. Mais comme il n'y trouva point 1'Or que fon avarice cheréhait, il la méprifa. L'Amiral de Coligny plus lage & plus habile, y ouvrit une fource d'induftrie aux Proteftans Francais. Bientó't le fanatifme qui lespoutfuivait, ruina leurs efpérances, par l'alfaffinat de cet homme jufte, humain, éclairé. Quelques Anglais les templacerent vers la fin-du feizieme Siècle, & un caP 3 Piice  C 230 ) Sa Capitale aux fers (4) & Rawdon triomphant (5) Le courroux dans les ïeux, du pas d'un conquerant, Par- J>nce leur fit abandonner cet éfflfëa^f. Cependant en 166, * .* ét.b.ireut de nouveau. Les Lords BerkUy. éérendan\ Albermale, Craven , A.bley, & Meffieurs Carteret, Berklcy & aaum,obtforent de Charles II, la propriété de ce beau pays, dont Loke foma le firteme légiflatif, qui, par une m^ ^ concevable dans un Anglais & dans un philofophe, donna auX buit Propnétaires qui en était les fondateurs & a leurs héritiers non-feulement les prérogatives de la Couronne, mais encore tou' te la puiffance légiflative, & mit même des entraves a la liberté des ccnfciences. La Caroline ferme aujourd'hui deux Etats que 1 on nomme Caroline fptentrionale & Caroline méridionale Ces deux contrées réunies occupent plus de quatre eens milles fur la Cóte & environ deux eens dans 1'mtérieur des terres. Le Pa eft arrofé par un grand nombre de rivieres navigables.' La Caro H»e feptentiionale eft un des plus grands Etats du Continent' Elle fut la première plage que-les Anglais découvrirent dans le' nouveau monde. fVilmimm en eft la Capitale. Elle eft habitóe par 7oco, blancs & un nombre beaucoup p|us confidérabie de Negros & d'IndJétt*. La Caroline méridionale a trois villes ccr.fider.bles; qui font en méme tems des ports de mer Sa voir: Ceorgcs-Tovn, a 1'e.nbouchure de la riviere de Black Sa fltuatten efl des plus avantageufes. Pont Royal ou Beaufort' dont la rade peut recevoir les plus grands vaiffeaux & les mettre* en füreté. La troifieme efl Cbarles-Town Capitale, dont nous parierons plus bar. Cet Etat a 225eoo, blancs & un nombre tres-confidérable d'autres couleur.. Ces deux Etats ont un fol Wurclleroent fenile & aifé a cultiver. 1'air y efl fain, les fruit,  ( 23i ) Parcourir les moiffons de ces belles contrées, Heureufes autrefois, maintenant drjchirées; Leurs excellens. II y vient toute forte de grams, furtout du Riz te gardé comme le meilleur du nouveau monde. L'on y a des abeilles en grande quamité, des vers k foie & quelques vignes. Les deux Carolines font encore bien éloignées du point de grandeur oü il leur eft permis d'afpirer. Ni l'une ni 1'autre n'ont pas défriché le quatt du terrein qui peut être utilement exploité. Des refugiés Francais y établirent au commencement de ce fiecle aes ma. nufaftures de toiles dans la partie du Sud, qui font aujourd'hui trés - floriffantes. (3) Les Anglais y avaient pafte. (4) La Capitale de la Caroline méridionale eft Charks-Town. Cette ville occupe un grand efpace au confluent de l'Asbiey & de la Cooper, deux rivieres navigables. Ses rues font bien alignées , Ia plupart fort larges. Elle renferme plus de deux mille maifons commodes, & fes édifices publics pafferaient pour beaux en Europe même. Le catial qui y conduit, eft femé de técifs & embarrafie par un banc de fable: mais avec un bon pilote on arrivé fürement dans le port. II peut recevoir jufqu'è 300 voiles; & les navires de 400 tonneaux y entrent dans tous les tems, avec leur chargement entier. Le doublé avantage qu'a cette Capitale , d'être 1'entrepót de toutes les produétions qui doivent être exportées, & de tout ce que I'Etat peut conforamer de marchandifes étrangeres, y entretient un fort grand commerce. Charles-Town fe rendit le 1* de Mai 1780 aux forces Anglaifes, confiftant en 11000, hommes de Troupes réglées.onze vaiffeaux de guerre & 140 Tranfports. La garnifon, compofée de 1800 hommes de Troupes continentale*, & de 200 de Milices, V 4 Ha-  C 232 ) Leurs Citoyens épars, «Sc déplorant leur fort, »rais bravant Albion, fes armes & la mort. Grenne (6) les commandait, fous ce chef intrdpide, La Liberté tranquile a 1'ombre de 1'Egide Dont Habitans & Mariniers, en tont ^ prifonniere de guerre [e L " 4°° hommes, fut taM ia PiaceTv,, r P US * tr°''S m0''S' Pendanc ne vouh V , vl«oure«ftmentca„onnée&bombardée. Elle Zne T PariCr dö CapitUlaii0"' q-lorfqueiatroifieme ag slC;COnVa,,arn 3CheVée 3 " *°«* * fufil de Ou! CO A Guilford en Virginie le 15 Mars 1781. («) De tous les Généraux Américains dans cette guerre fa„. w.re p,„ra„ Me„,a, roc«„jr,:: "j: ■our. Auffi, „,„, ,„ ,,„„„, h„ » ral Green a»ee ], dimBa,on ,ul lul e(1 d4e- **tffl<-  ( 233 ) Dont partout la Valeur protegeait fes drapeaux, Efpérait triompher de fes revers nouveaux. Si quelquefois du fort la rigueur implacable Trahilfait 1'Equité: Grenne plus redoutable, Reparaiffait bientöt, réparait fon malheur, Et forcait les Deftins a fervir fa valeur. Phébus applaudiffant au héros qu'il eftime, Invite les guerriers d'un chef fi magnanime A braver avec lui les plus preffans dangers Et le feu des tirans. Auffitöt, des lauriers Qui de fa tête augufte ornent le diademe, Détachant deux rameaux, en ceint a rheure-mêine Le front majeftueux du vainqueur de Rawdon Et fon char de nouveau vole fur 1'horifon. Cependant du Mordyck (O I» ™celle Wff» Sillonnait a pas lens le fein de 1'onde amere. Quand (O CetU-dire Ia Barque fur Iaquelle ou fait le trajet d'uu tU vage è 1'autre. P 5  ( 234 ) Quand foudain le vent ceiTe: un calme inattendu Rend la voile inutile, & tout effort perdu. L'aviron, dans les mains du matelot robufte , N'a pas plus de pouvoir que le plus faible arbufte: Le pilote interdit quitte fon gouvernail: L'Equipage fuccombe haraffé de travail; La Barque eft immobile. O prodige admirable! O fpeétacle étonnant! O merveille ineffiible! Vingt Tritons fur les flots, & fe conque | la main, Précédent en nageant le char d'un Dieu marin. Quatre puilfans chevaux, h la croupe alohgée, D'une doublé nageoire & d'écaiïïes chargée, Font voltiger le char fur 1'humide élément Et lailfent derrière eux un flllon écumant. A ce nouvel afpeft les. Paffagers timides, Sm d'unfaint eifroi, quoiqu'ailleurs intrépides, Attendaient en filence, & regardaient de loin U fpeftacle nouveau du cortege divin. Adams,  C a35 ) Adams, feul au milieu de la foule tremblante, Ne connait ni dangers, ni la moindre épouvante, Que peut ii la Vertu le front des Immortcls! Toujours elle eft affife aux piés de leurs autels. Déja: le Dieu parait: & fa face adorable, Les traits les plus charmans, un coup d'ceilagréable, Diffipent la frayeur & calment les efprits, Loin de le redouter, on n'en eft plus furpris. Couronné de rofeaux mêlés d'Algue marine, Que réhauffait 1'éclat de la perle argentine, Précédé de Dauphins folatrant fur les flots, Et faifant autour d'cux bondir le fein'des eaux, Le Dieu s'approche enfin de la barque immobüe: De fes chevaux fougueux fufpend la courfe agüe, Jl reconnait Adams a fa noble fierté, Et d'un air gracieux, mais plein de majefté II lui rend le falut, & lui tient ce langage: Miniftre vertueux d'un Peuple libre & fage; „ Vous»  C 236 ) „ Vous, qu'un nouvel Empire honora de fon choix, „ Ecoutez les avis que vous offre ma voix. „ Vous voyez ce Frifon (1) que la Parque cruelle „ Conduifit au tombeau de la même nacclle „ Oü la main de Neptune enchaine votre fort: „ Attendez fon fignal pour parvenir au port. „ LesHautsDécretsdesDieux,profonds,impénétrabIes, „ Maintes-fois aux Mortels paraifient condannables. » C°mme eux J'e raironnais j je regrettais le jour, „ Alors même qu'un Dieu me prouvait fon amour. „ Guillaume n'étaitpluS;C2>ePrincemagnanime, „ En< qui le Roi Minos ne pu trouver un crime; (0 » Guil- 00 Guillaume III Pfince d.0 Stadhoude[ de Provmces de la République Batave, CapItaine & AmJG2 ° de Un.on, Ro, d'Anglererre, d'Ecofle & d'Iriande. I, mou rut le ip de Mars 1702, 4gé de 52 ans. " (3) Sans doute que Mn», ce juge févere des Enfers, vou. Wt que pon crüt Guillaume III innocent de tous les crimes posüWes, malgré Burnet, quiconvientlui-même qne ce Prince é.aic exemt  ( 237 ) „ Guillaume que 1'Europe admira fi long-tems,(4) „ La gloire des Naflaus, & la terreur des Francs, „ Avait exemt de tout vice, un feul ponrtant excepté, mais qu'il avait jatt de cacher avec le flus grand foi». Barnet eüt donc beaucoup mieux fait de fe taire, puifqu'il n'a pas cru devoir nommer ce vice. (4; Guillaume III fut un grand Prince, & méritait peut-être le tróne oü 1'appelerent le veeu de la Nation Britannique. II la gouverna pendant prés de quatorze ans avec autant de réputation que d'éclat. Selon les Hiftoriens, Guillaume fut plus grand homme comme Stadhouder, que comme Roi. Mais la Raifon, & les Bataves n'admettront jamais cette aflTertion que comme un paradoxe. Politique éclai.é , il connut mieux que perfonne les différens intéréts des principales Cours de 1'Europe ; il s'appliqua furtout a pénétrer, & dévoiler les vues ambitieufes de Louis XIV, & a chercher les moyens les plus furs & les plus efficaces de mettre des hornes aux valles prétentions de ce Monarque. Audi, l'on peut dire que ce point fut la paffion dominante de Guillaume III, & qu'il y eüt toujours entre le Roi de France & ce Prince une forte de haine perfonnelle, qui nuifit certainement a la réputation de tous les deux. II faut avouer que Louis XIV ne négiigea aucune occafion de fe faire haïr d'un Monarque tel que Guillaume. Perfonne ne refufa a ce dernier Ie mérite du courage & de la bravoure; il en avait donné des preuves inconteftables dans fa jeunelTe; il ne fe démentit pas lorfqu'il fut revêtu des Charges éminentes de la République; & devenu Roi de la Grande-Bretagne, il n'en fut pas moins grand Capitaine, ni moins brave Soldat. Avec toutes ces quabtés, Guillaume cependant fut aflez conftamment un Général malheu- reux;  C 235 ) „ Avait déja nni fon illuftre carrière: „ Mais comme il préféra le Sceptre d'Angleterre, ?, Aux eT Mande' £*" i3mafS en Perf°Dne q"e ,a bat3il!e * « Bo3nc en Wande, & ne pru que Namur dans les Pays-Bas Ce aui \ fait juger aux Maitres de Part que ce Prin, • q duite & de ce coup-d^l J- S man<ÏUait de C°"* **r««•« 1— & bon ro. Q;oi ; tn? . Réformée, & „ourri par consent dans' des pr %J± oppoés 4 de rEgljfe Angijcane> a ^ ft P^ .P vee 'a 1' rT'""" & ^piscopau* J e Mafs 1 C°mmUm0nS «ont 1'Angleterre Lr- mine. Mais il tronva toujours le Pariet™,, n • • -nt oppofé aux mefures auffi prudent q m^T* f pofa pour cette union. I, MlJJ D!" , q ' ?° qU " pr<* ordinan-ement auffi peu portés a Ia toldrance civile ouTla tl «nee Eccléfiaftique, & 6uiUaMW .fT^aic de d c,a er ouv ' «ent qUun Etat devait t0:érer toutes fc< ' -nions & ce qui irr,a, b.en piüg . 0*. ,ei «om- Prince n'exceptait pas au moins les Catholiques I ,7 ', d'une fois 1'efprit changeant de fes ft,! ?T" P'US bien actendu, i. avouait fouve t e c I "w" " 'V 1 l 5 ERtraTrS ' aPPeiaient le *A*m. & * £ 1 ta^;^ " aV3it Pe" de P—iren Augiererl & «». ,1 s était aquis d'autorité dans fa République: ce trait J fufln pour démoncrer dans lequel des deux e! il Z 5£ les  C *39 ) „ Aux nobles fon&ions (5) de nos communs Aïeux, „ Pendant un luitre entier les équitables Dieux „ Des les vrais talens qui font connaitre les grands hommes. II profits avec trop peu de modération des circonftances malheureufes qui en 1612 avaient arraché trois Provinces du Corps de TUnion, en leur faifanr racheter leur réincorporation par le facrifice expiatoire, mais injufte de leurs plus beaux privileges. La Gueldre, Utrecht & 1'OverijJèl s'étant vus forcés d'abandonner au Stad» houder une autorité prefque fans bornes dans le choix de leurs Magiftrats & dans les affaires de leur Gouvernement. La Puisfance qu'il exercait en Hollande & en Zélande, était moins arbitraire; mais il s'était fait dans ces Provinces un fi grand nombre de Créatures que, fi fa volonté n'y faifait pas loi commeailleurs, les oppofitions qu'elle y rencontrait, étaient fi faibles, qu'il era. portait toujours par les intrigues de fes partlfans, ce que l'on aurait refufé d'ailleurs a fes prétentions. S'il refufa la Souveraineté du Duché de Gueldre & du Comté de Zutpben, c'eft que ces Etats n'étaient rien en comparaifon des grandes Provinces de 1'Union qui n'étaient fürement pas dans 1'intention de fe donner un Maitre, & cette frivole augmentation de puiffance, eüt été réellement 1'effet d'une politique mal raifonnée, ckunediminution du pouvoir & du crédit qu'il exercait plus univerfellement & avec moins de dangers. Cette prétendue modération de Guit* laüme, ne le garantit pas du foupcon d'afpirer a la Souveraineté de la République. Cette opinion jetta furtout de profondes racines dans les grandes villes , oü l'on était toujours en garde contre fes vues ambitieufes. Uu Stadhouder grand homme n'aurait jamais tenu une conduite pareille; jamais fes adnlateurs n'au. raieul  C 24o 3 „ Des Champs-Eliféens lui fermerent 1'entrée. „ Tout ce Luftre il erra le long d'une coudrée, „ Que les triples cordons du grand fleuve infernal „ Baignent inceffamment au port Oriental. n Parini tous les héros que compte notre race, „ Guillaume, apeine enfin füt-il mis en fa place, „ Que, de mon trifte fort tendrement occupé, „ Son coeur ne fe prut point envers moi difculpé. (6) ,, Dès Tl °/é,é'eVer U" trÓ"e è 'eUr Priace fu' '« ".ine, de fa liberté de leur patrie. (5) L'on reconnait a ce trair feul la Sageffe infinie des jugemens des Enfers. Leur doétrine s'eft depuis répandue dans no. tre univers, car il eft un grand nombre de Princes & de grands hommes qui préfereraient au Sceptre de 1'Angleterre, la glorieufe qualité de Chef & de premiers fujets d'une République libre & fédérative. II eft hors de doute que le Général Washington refuferait en ce moment de regner fur les Anglais, lui qui n'a cependant aucun autre tltre que celui de commander une armée d'hommes libres & viftorieux. CO Sans doute qu'il fe croyait coupable envers fon Neveu, déja Stadhouder de Frife, de Groningue & de Drente , del'avoi'r eropeché, par le defpotifme impérieux qu'il CXerca fur les Etats de  C 241 ) ., Dés que les Demi Dieux ont paffé Tonde noire; „ Qu'aux Champs Eliféens, une éternelle gloire „ Devient le prix facré de leurs nobles travaux, „ Tous les fiecles pour eux n'ont point d'objcts nouveanx. „ Le paffé, le préfent & les chofes futures, ,, Ne viennent point vers eux par des routes obfeures. „ De 1'Effence divine un miroir éternel „ Renvoit a. chaque inftant un reflet naturel „ Qui portc aux Demi-Dieux, fans trouble & fans nuages, „ Les vertus, les forfaits de tous les divers ages; „ Et la maffe des tems, le paffé, 1'avenir, ?, Ne leur coütent pas même uil léger fouvenir. „ Guillaume comprit donc le tort irréparable (1) „, Oue fon ambition glorieufe & coupable (2) •v „ Et de la République, de parvenir düx grandes dignités qu'il venait d'abandonner. Car, a fa mort, les Provinces qui, par tant de raifons, avaient tremblé pour leur liberté pendant tout le regne de Guillaume, étaient encor bien loin de nommer fon Neven au Stadhoudérat de l'Union. Elles avaient même au doivraire décidé d'abolir pour jamais ces Charges toujours fi dangereufes chez une Nation libre. Q  C 242 } „ Et le Sceptre de fer qu'il baiffa maintes fois (3^ „ Sur des Républicains qui connaiffaient leurs Droits, m Por- (1) La mort de Guillaume III caufa bientót une révolution dans la forme du Gouvernement de la République. Cinq des Provinces qui la compofaient, reftaient par cette mort privées de leur Gouverneur, & I'Etat entier fe trouvait fans Capitaine & Amiral-Général. Dès 1'année 1674, l*on avait rendu ces grandes Charges héréditaires en faveur des defcendans males de Guillaume. Mais ce Stadhouder-Roi n'avait heureufement point laiffé d'Enfans. Dès-lors, les cinq Provinces, loin de penfer t difpofer de ces éminentes Charges en faveur de qui que ce füt, ne s'occuperent plus qu'a régler Ia forme de leur Gouvernement fur le même pié qu'il 1'avait été sprès Ia mort de Guillaume II. La Hollande fut Ia première a déclarer aux Etats-Géneraux la réfolution qu'elle avait prife de ne point élire de Stadhouder. Les autres Provinces fnivirent bientót 1'exemple que leur donnait la Hollande. La Gueldre, roverifel, la Zélande, & la Province d'Utrecbt fi. rent une déclaration femblable,& la République encor voulutfegou. verner fans Stadhouder, & faire la guerre fans Capitaine & Amiral. Général. Mais les gens fenfés de tous les pays, prévoyaient que cette forme de Gouvernement ne pouvait fubfifter longtems paree qu'une machine fi mal conftituée, dont les parties ne for' maient pas un tout fagement ordonné, avait nécefiairement befoin d'un moteur général, qui donn.1t le mouvement & la vie ï tous les reflbrrs compliqués de Ia République; & que tót ou tard les amis de la Maifon de Naffati, fauraient amener le peuple a demander le rétablifiement du Stadhoudérat. Ca) II eft en elFet glorieux a Guillaume III d'avoir été placé fcr Ie tróne d'Anglcterre. Une Couronnc fera toujours d'un grand prix aux ïeux des mortels, & tout femble longtems encor légitimer tous les moyens qui peuvent y conduite, Mais ia Nature & la Philofophie ne  C 243 ) H Portaient a ma grandeur une atteinte mortelie i t. Oue déia l'on fentait une haine cruelle " V „ Pour re pourront jamais approuver les relTorts que Guillaume III fit jouer pour rendre odieux fon Beaupere , précipiter méme fes écarts, & lui arracher enfin un fceptre qui lui appartenait a tant de liires, & furtout l'art avec lequel fes partifans voulurent jetter des nuages fur la naiffance du Prince de Galles , enilécriffantparlaplus atroce des calomnies Ia vertu d'une Reine que la poftérité, même chez les Bretons , refpeétera toujours. C3) Les Princes de la Maifon d'Orange depuis Guillaume I, ont toujours femblé regarder le Stadhoudérat des Pays-Bas-Unis, comme un appanags appartenant a leur familie, plutót qu'une faveur & une marqué de reconnaiflance des Bataves pour les fervices qu'ils avaient recus de cette illuftre Maifon. Toutes les fois que le Patriotifme a paru différer ou refufer l'élévation de quelqu'un de ces Princes , ils ont rempli de leurs cabales, de leurs intrigues, les diverfes parties de I'Etat, & la mauvaife conftitution du Gouvernement j leur en fournilïait malheureufement les moyens les plus efficaceS. Dès-lors tout ce qui ne pa» raiffait pas dévoué au nom d'Orange était fon ennemi, & Ie peuple le plus doux de 1'Europe, fonlevé par des agens fecrets mais habiles, devenait le plus féroee de 1'univers. Jamais 1'Hiftoire d'aucune Nation poücée n'offrit un crime auffi déteftable que celui du maflacre des freres de Wits, deux des plus grands bommes non-feulemen t de la République, mais encore de tous les fiecles. La Batavie entiere était, incapable de payer dignement les fervices qu'elle en avait rceue, & pour prix de leurs vertus & de leur Patriotifme, Guillaume III les fu immoler it fa haine & k fa vengeance de la maniere ia plus atroce & la plus barbare, parceque, de leur vivant, il n'eüt jamais été Roi dans la Batavie, ni peutêtre même Stadhouder de 1'Angleterte. II ne laiffa fans récomQ 2 psnfe  C 244 ) „ Tgvs ce nom de NafTau, jadis fi refpecté. „ Eh! Que n'excufe pas la fainte Liberté! r ' » Guil- Fenfe aucun des fauteurs de cet horrible aifaffinat, & Tichelaar, ce monftre infame, Ie premier agent de cette fanglante vengeance, rec.ut jufqu'a la mort de Guillaume III quoique deve- l «TT' T Peüfi°n aDnUei'e de 8c° ff0fi»s> & «• •**« ■e ce frmce ne la vu diminuer que de moieié, jufqu'è ce que ^s Etats-Géneraux Executeurs du Teftament du Roi, ayant vu avec horreur la requête de Tichelaar qui demandait Ia continu*. «ipn du falaire de fon exécrable forfait, 1'en priverent avec hor- repr & le conduif.rent ainfi dans la mifere épouventable oü it pent enfin, déchiré des remords les plus affrenx, maudiffant & fon ciimc & celui qui ie iui avait fait commettre. La Maifoi dOrange pourrait a peine, par vingt fiecles de vertus, d'hu- inanué, de bienfaifance & des fervices les plus fignalés, lever la tache a jamais odieufe, dont Guillaume III fouilla fa vie & fa familie. Ce n'eft pas feuiement la mort de ces deux illuflres vie- tunes, ni les indignités que l'on leur fit éprouver avant & aprés kur raaflicre, qui impriment une tache prefque indélébileau nom de Naflau: c'eft qu'une récompenfe fi affreufe après tant de ver. tus & de patriotifme, en éteint pour longtems ie germe & Ie flarabeau dans le coeur de quiconque ferait affés grand pour vouloir imiter les de Wits. Qui ofera déformais fe montrer vertueux & patriote dans cette République, fi tels font les ftuits que 1'ondoitattendre de fon zele & de 1'amour pour la Patrie? Auffi n'eft-on pas moins étonné de la cruauté de Guillaume III, que de la lacheté de tous les Magiflrats de Ia Haie dans ces jours 3 jamais abhonés. Dans toute cette Réfidence, aucun homme ne fut affés courage u- fement vertueux, pour entreprendre de fauver les deux in- fontmés que fon allait dévouer a la furtur du Prince. Au con- traiie, touie la Régtr.ce de la Haie fe rendlt en carolte fur le/j. verberg  C 245 ) „ Guillaume né fujet, ofait parler en Maitre, „ Quoique jamais fon coeur ne foupira pourletre.(4) „ Mais verberg & aux environs, pour repaitre fes ïeux d'un fpedacle affreux qu'elle devait au moins détefter; & Tromp lui même, revêtu d'une des grandes Charges de I'Etat; Tromp lui-mêaie, mê!é parmi la foule des fpeaateurs de cet exécrable meurtre.applaudilfait a toures les fureurs d'une populace aveugle & fans frein. Quel eft 1'homme honnête, quel eft ie véritable Bitave, ü qui Tromp ne doit pas paraitre alors plus vil, plus lache, plus déteftable, & plus coupable peut-être, que .les bourreaux-mêmes que fa préfence enhardiflait, & juftifiait, pour ainfi dire, a leurs propres ïeux? Tromp était 1'ennemi des deux illuftres freres; il fe voyait venger des griefs prétendus dont il fe plaignait de leur par:; mais il ne les avait jamais trouvés conttaires -X fes defleins, que lorfqu'il avait favorifé la Maifon d'Orange aux dépens de la Patrie. Qu'il eüt été grand ce même Tromp, fi , dans ce moment terrible, loin de repaitre fes ïeux d'un fpeftacle dont les Cannibales euxmêmes auraient eu horreur, Tromp, n'eüt vu que deux Perfcnnages innocens dans les deux infortunés atWits, &que, fe fer« vant de ['autorité que lui donnait fa charge de Lieutenant-Amiral de la République, il eüt diffipé la vile canaille qui trainait ces deux grands hommes, & les eüt arraché de leurs barbares mains! II eüt bien mieux fetvi le nom d'Orange, & eüt épargné a fe, Contemporains 1'indignation de tous les fiecles. Fejez pour ce qui re°arde cet abominable affaQlnat, le Tableau de P.Hifioire des Pap-Bas-Unis, ou l'Abréèi de l'Hiftoire de la Hollande par M. Kerroux Tornt Hl depuis la pagt 803. jufqu'a la page °4Une autre pteuve du Defpotifme de Guillaume III dans les Q 3 P»y«'  C H6 ) 9i Mais onlc foupconnait, il parut dangereux, ?, Le Batave dès-lors profcrivit fes Neveux. Pays-B>s-Unis, efl Ia requête qu'il fit préïemer par le nouveau Penfionnaire Canard Fagel aux Etats de Hollande , auffitöt après Ia fin funefle des deux freres de Wits, tendante a ce que pette Province chargea S. A. du foin de changer la Régence des villes, partout oü cette opération lui femblerait néceffaire. Le Prince obtint tout ce qu'il demandait, & quand même il eüt été Roi de la République, il n'y aurait pas eü un pouvoir plus redoutable. (4) Ce ferait un crime impardopnable aux mortels de fulpec. ter la véracité des Demi-Dieux. Ils doivent être crus fur leur parole. Ainfi, loin de regarder Guillaume III comme ayant voulu férieufement fe faire déclarer Souverain de la République nous devons traiter comme des fables inventées a plaifir, ies 0ffres de Ce Prince a Ia Cour de Londres, au moment que Louis XIV femblait fur le point de fe rendre maitre de toute la Batavie. Ces olTres fe réduifent aux neuf chefs fuivans: I. Le Pavillon' fera baijjê partout devant celui d'Angleterre. II. Gent mille livrei pór an feront payêes au Roi d'Angleterre pour la liierté de la pêche. III. Surinam cédé au toute propriétê. IV. Qttatre millions de livres Sterling* d payer en des tent.e's a convenir. V. En hoftage pour ces fubdites conditions la ville de l'Eclufe. VI. La Souveraineté des fept Provinces pour le Prince d'Orange. VII. A conditiën que fa Maffe faffe la paix avec cet Et at, & quelle nafflfle plus la France, de quelle maniere que ce puife être. VIII. pJtand Ja M^ej}i feta d'accord de ces cenditions, il faudra propofer d la France des conditions point acceptables, & en cas de refus; leur diclürér que fa Majefté eft réflu de ne plus continue,- la gnerrs.  C 247 ) „ J'étais ainfi privé du rang le plus augufte: Le choix fi glorieux d'un Peuple libre & jufte guerre. IX. D'abord que fa Majefté s'aura dêclarè fur les fubdites conditions pour les accepter, je fair ai enforte , que Pon envoyera en Angïeterre cl'autres Ambafj'adeurs de ce Pays, fur lefquels l'on pourra fe fier, & qui feront dans mes intéréis. Voyez Cofterus page 434- Ces neuf chefs, a qui nous avons laiffé les fautes du ftile de leur fiecle, portent avec eux un caraétere évident d'autenticité, & font extraits d'un Auteur digne de foi. II faut cependant bien fe garder de les prendre pour ce qu'ils font, d'après l'affertion contraire de notre demi-Dieu. II en eft fans doute de même des intri. gues par lefquelles, le Penfionnaire Fagel, fon Frere Nicolas, & quelques autres perfonnes de la Régence de Gueldre, engagerent ceux qui étaient provifionnellement a la tête du Gouvernement de cet Etat, d'offrir le 29 de Janvier 1675 P" une dépuration folemnelle a S. A., la Souveraineté du Duché de GueU dre, & du Comté de Zutphen. Quelque agréable que fut cette propofition a Guillaume, il répondit aux Députés: qu'il ne pou. vait leur donner une réponfe pofitive, fur une affaire de fi grande importance, qu'il n'eüt premierement confulté les autres Provinces. Ce Prince était trop avifé pour agir d'une autte maniere. Pour un vrai patriote, l'on n'eüt certainement pas machiné une complot fi coupable, mais un ambitieux 1'autait fans doute rejettée avec indignation s'il ne 1'eüt pas trouvé de fon gout. Mais Guillaume en écrivit auffitót aux Etats de Hollande, de Zélande & d'Utrecbt. Quoique le plus grand nombre des Régences de ces Etats, ne fufiem compofées que des Créatures que fa main même venait d'y placet, l'on y fut bien éloignê d'approuver la démarche de la Gueldre. Le Prince, s'appercevant donc que Ia Q 4 P!u'  C24B) „ Jamais ne m'eüt remis les rênes de I'Etat : „ Ne m'eut rendu fon coeur, ni le Stadhoudérat „ Guillaume prévoyait, je frénris de le dire: „ QLl,u»Conrcili„conlhn^C5)unMimftreendélire, » Pcr- Pluralité & Jes principales Villes de U & de Zélande nfl verra.enr point d'un oei, indient ou tranquille qu'il ua onneur que l'on y regnrdait comme Ie prem'r pas ver , Sou,eralneté p,US ete„due, refufa fagement la dignire de De toeUre & de Comte * dont j fm a ^ ™m™ . retabiit Ie Gouvernement de cet Etar maniere dont rès-fo e, & méme un peu piquame, & ,a Rcpub|,que „* * lom ajouter foi è ce que difait ,e Prince dans fa Iet e * ' :ndfrenC; *™ * *>>* ^altfaitadroirem „ ^ r " confirma de plus en plus dans 1'idée que fon ddtintdre^I -I itft qn'affeflé, trani par ,e mauvaislcce^ ava.t cherché par l'oflte de la Gueldre i . ^ r J'arrête pour eux feuls le terrible Aquilon. „ Main-  „ Maintes fois le Batave, au fort de la tempête, „ Voit mon bras prote&eur qui dérobe fa tête, „ Ses flottes, fes marins a la fureur des vens: „ Je calme d'un mot feul les flots & les Autans. „ Adams, Vous, que les Dieux d'un fecond I Iémifphere „ Chargent de parcourir une infigne carrière, „ Armez vous de courage: (i) il faura triompher, „ Mais connaiffez I'Etat qu'il vous faudra hanter. „ Deux Partis très-puiffans divifent la Patrie, „ Se balancent 1'un 1'autre; & de la Batavie „ Ce conflia éterncl aflure le bonheur. (2) „ Mais töt-ou-tard 1'un d'eux abattra fon vainqueur. (3) „ De (1) M. Adams en eflet, avait befoin de tout fon courage & de la Politique la plus rafinée, pour réuflïr dans la Négociation donc il était honoré: & fon peut dire que de toutes celles, qui, jusqu'a préfent ont eu lieu dans ce Siècle en Europe, aucune n'offrit jamais autant de difficultés a ceux qui les conduifirent, que 1'AUiance qui devait unir la République des Tteize Etats-Unis de l'Amérique a la République des Pays-Bas-Unis. O) Tous les Peuples, qui, après avoir gémi longtems fous la verge defpoflique d'un Tiran, font parvenus a tecouvrer la liber-  ( 254 ) j, De Ia Liberté fainte adorateur févere, " T°Ut effarouche (4) tout lui purait contraire „ Aux fnn aa " qUi ,CS opPrimait' »et tout en oeuvre de eniever p, la défobéiffance on la révolte de fes Sujets. De ces prtnctpes 1Vers nauTenr auffi des opinions dlLé^ dW P us dlffici,es . concilier, que fun & fautre parti s'at. che Ód1 n.atrement a fe pr0enrer Pavantage qui, elon fes idéé peUtf u confolider fa félicité préfente, on rétablir fes pe t P ffée " De ceconflléld, érêrs> diamdtra,ement Pi)s P - dans leurs conféquences, il fuit que ,e Chef, le Roi, ou le st n« dune Nation pareiiie, vifenr ^ a ^ ^ l extenllon poflible a leur autorité ou a leurs prérogaleT & Peuple dou s'appüquer en cor.féqnence a reftLndre clprét' uon., a ,eur prefcrire les hornes les P,us étroites, toujours en garde contre les artifices & les coups arbitraires Z pourra.ent etre tenté fur (és Droits & fa IibJé. Telle e (Ma fource éternene de ,a divifion des Tori, & des mgt dans ^ yau„,e & le Par ement d'Angleterre. Les Bataves, désl de's fers de la Cour de Caftifie. & par leur bravo J leur conflance, vainqueurs enfin de leurs Tirans; $g ffi nen a cratndre „ CÓ!é de r£fpagne ' " P ^ee; recherchés de toutes les PuilW de ,EJ ^ tab es fur toutes lesmers par la force de leurs fiottes, ,es talens uréneurs de leurs Amiraux & par „ valeur de ]eurs ^ * f fe voya.ent apres tant de fang répandn, de travaux mu tiplié! & gloneufementfotuenus, refpeétés dans tout Püoiver.. IlsnW r.en a cratndre au dehors, oü tout femblait coopérer a leur bril iantt  C *55 ) „ Aux Droits toujours facrés qu'il tient de fesAïeux. „ L'autre connait ces Droits, s'immolerait pour eux, „ Mais lante fortune. Mais Iorfqu'ils jetterent les ïeux fur 1'intérieur de leur République, ils reconnurent fans peine tous les vices qui réfultaient de la Conflitution. Ses iwpcr/ections, dit le célebre Raynal, rCècbapperent point vraifemhlablement au Prince d"0. range fondateur de la République. Si ce grand homme permit quelles ferviffent de bafe au gouvernement qtion établiffait, les vues de fon ambition profonde fe fondaient fur fefpèrance qu'elles rendraient un Stadhouder nécejfaire, & qu'on le prendrait toujours dans fa familie. Hift. Ph. v. 10. p. 75. Le traité d'Utrecht qui avait mis le dernier fceau au code de la liberté Batave, n'avait point corrigé la multiplicité, ni la complication des étais qui la rendaient un édifice irrégulier & facile a renverfer fur lui-même. Pour donner une autre forme a la charpente qui formait le batiment de Ia République, il eüt fallu bouleverfer la République elle-même, dépouiller une foule de villes de leur fouveraineté particuliere, pour n'en fortner qu'un feul Etat Souverain dans chaque Province , oü chacune des villes du même Etat aurait annuellement envoyé les Députés qui le nouveau reglement aurait fixé avec une équité particuliere. Ces Sept Provinces, formant fept Etats robuftes, riches, puilfans & conftitués de la forte, auraient envoyés eux-mêmes leurs Députés a fAfiemblée générale qui, it la pluralité, aurait alors décidé, d'sprès les inftructions de leurs Commettans, toutes les affaires qui auraient-généralement intérene ie Corps de la République entiere. Le Peuple dans chaque ville, eüt lui-méme choifi ceux qui devaient le gouverner, & teux-ci auraient fait choix patxni leurs Membres, de perfonnes ca-  C 2Jj D'un cnpables de veil.er a leurs intéréts dans 1'Affemblée-Générale cte 1 Etat ou de la Province oü ils exifraient, & PAflemblée de I'Etat nura.t elle-même cho.fi & donné la miffion légale a ceux de leu Compagme qne |. mérite aurait fait déléguer a l'Affcmblée-Géné. «te de ,a Confédération ile.g.que. Dans cette hipotefe, chaque ville pouvait avoir un Chef, chaque Etat pouvait s'en élire un ou s en rapporter uniquement aux foins paternels de fa Régence' Le Corps méme de la Confédération pouvait s'en pafier ou s'en donner un. Mais dans ,. Conflitution prcfeme Z Sept Etat" «ft forment la République Batave; conflitution, par hqneJJe i fe trouve dans chaque Etat Souverain, autant de £ £ ' 6 ' ^ villes, quoique fouvent de la plus étroite enceinte & ' population la moms nombrcufe, il fa.lait néceffairernent ,n Ch cette foute d Etats Plus ou moins forts, P,us ou moins inftrut de fes dro.ts véritables, qui, par fa „aiffance. fon crédit ou " influence, püt donner le mouvement a tous les reflbrts de cene étonnantemac me qui, déeidant prefque tout a Punanimité d fuftrages: par la réfiflance d une bicoque feule, pouva, voir J er a marche de ,a République entiere. Ce Chef fut le S"l houder. La reconnailfance de ,a Batavie devait naturelleme, t e tournet vers les Princes de ,a Maifon d'Orange, qui iervmes avaient renverfé la tirannie des ECmmls, & ^ par leur valeur la bberté de leur Patrie. Cependant, de la char- t1 7 £ RéP"b'iqUe 5 d" P°UVOir 3CCOrdé d* zander es Rotte. & les Armées; de nommer tous les Officiers de villes, fur le cho.x que chacune avaitprécédemment faites; de chan-  C 257 ) „ D'un pouvoir moins étroit environner fon Chef. „ L'un, toujours foupgonneux, redoute derechef. „ Que changer a fon gré les Régences de quelques Cités de la Confédération , d'y faire monter fes partifans, ou d'eu exclure ceux qui ne paraifTaient pas vouloir fervir aveuglément la volonté du Stadhouder vindicatif ou ambitieux, il n'y avait qu'un pas a. faire pour parvenir au Defpotifme & de la fur un tróne qu'au. raient foutenues toute la Noblefle de I'Etat, & les troupes-de terre & de mer. Celle-la, paree qu'elle préferera toujours la Monarchie a I'Etat populaire. Celles-ci, a caufe que les Officiers qui lés commandent, font généralement dévoués au Prince, de qui, par les vices de la Conftitution, ils efperent les graces & les dignités. Toutes les deux enfin auraient évidement adoptées un fiftemé avantageux pour le Prince & pour elles, mais qui aurait creufé le tombeau de la Liberté publiqUè. Si Pon avait donné un pouvoir moins étendu au 'Stadhouder , jamais il ne 1'eüt accepté, ou cédant aux circonftances, il ne s'en füt chargé, que dans 1'êfpoir confolaut de profiter de tous les moyens posfibles pour rompre les chaines dont il était embaraffé, & fe donner les coudées franches. Mille exemples de toutes ces vérités font tracés en carafleres de fang dans 1'Hiftoire de chacun des Princes d'Orange qui ont été promus a la Charge éminente de Stadhouder de la République entiere, & de Capitaine, Am.. ral-Général de 1'Union Batave. Par cette élévation dangereufe, des Princes, fans polféder même le pays dont ils portent encore le nom, Souverains it la vérité d'une petite contrée d'Allemagne, mais fans nulle confidération dans 1'Empire même & moins encore en Europe, è la tête de la Confédération Batave; regardés comme 1'arae & le bras d'une République puhTante , outre leur mérite perfonnel qui fouvent obtint la vénération de tous les peuples; les Princes de Naffaus, fe font vus une r Cour  ( 253 ) „ Que le fang des Naffaus n'en veuille h fes murailles: „ Ce fang, qui tant de fois coula dans les batailles „ Pour Cour brillante, une Garde nombreufe & bien entretenue, une fcule d'Ambaffadeurs étrangers embellir le cercle qui les environnaienc, & ont joué un róle quelquefois auffi diftiugué que ceux des plus puiffiins Monarques de notre Continent. II leur fut donc fouvent difficil'e de fe perfuader que, malgré le fafte & la pompe de leur Cour, le grand nombre de troupes & de vaiiTeaux de guerre qui partaient ou s'arrètaient au premier figne qu'ils recevaient de leur part, ils n'étaient néanmoins que les Mandataires du Peuple, a qui ils avait prêté ferment de fidélité, & qui les lenait è fes gages. Souvent les dignités éminentes dont ils étaient revêtus, leur parurent un droit inconreftable, dont on ne pouvait les priver fans une injuftice criante, & ils ne cefTaient de travailIer a gagner fefprit du Peuple par tous les moyens poffibles, aiin de remonter au grade dont avaient joui leurs Ancétres. D'aprésces courtes obfervations qui embraifent toute la durée de la République jufqu'a Guillaume IV. II eft facile de prévoir que dans le Corps de I'Etat, il y aurait fans cefie un parti Stadhoadérien , & un autre qui incherait par la fagefTe de fes mefures, & Ia fermetéde fes Magiftrats.derepoufTerl'irfluenceStadhoudérienne dars les bornes qui lui étaient prefcrites. La ville d'Amfterdam fe diftingua toujours par foa amour pour Ia liberté, & Pon ne faurait apprécier fur ce point, tous les fervices effentiels qu'elle rendit dans tous les tems a la Patrie dont elle fait Ia force principale & ia gloire prejniere. (3) Cette prédictton équivoque dans Ia bouchedu Demi-Dieu Frifon, eft-elle dans Ie cas d'être bientót vérifiée? C'eft ce que 1'évenement feul po rra juftifier. (4) Quiconque pofiede le plus grand des tréfors, & dont la peite  ( 259 ) „ Pour cimenter Fautel oü, de la Liberté „ Le culte faible encor était perfécuté, „ Ce fang n'eft point iflu des Tirans de la terre: (5) „ Jamais il ne franchit la prudente barrière (6) „ Qu'un perte eft irréparable pour bien des fiecles, doit a chaque heure trembler de fe Ie voir enlevé par les ennemis de fa félicité. (4) Ou pour mieux dire, uniquement avide des dignités dont Ia Maifon d'Orange eft difpenfatrice. Si les partifans de cette illuftre Maifon avaient toujours préféré fes véritables intéréts & fa gloire, a ce qui pouvait amélioret leur fortune, ils ne lui auraient pas porté des coups fi fatals, en la jettant dans des écarts & jamais déteftables. Barnevelt ferait expiré dans le fein de fa familie; les deux Muftres & malheureux de fVits neferaient point devenus la viftime de leur patriotifme héroique; Amfterdam n'autait pas été menacée d'un Siege par un Prince de A^sfau &c. &c, &c. Jamais un Stadhouder n'eüt penfé qu'il pou.vait avoir d'autres intéréts que ceux de la République, & toute fa gloire aurait toujours été de»faire le bonheur d'une Nation généreufe & reconnaiffante qui, le regardant comme fon premier fujet,le chériflait néanmoins comme fon Pere, toutes les fois qu'il voulait s'en faire aimer. (5) L'ancienne & très-noble Maifon de THaffau, de 1'aveu des plus rigides Critiques, eft une des premières de 1'Empire d'Allemagne, puifqu'elle remonte jufqu'a Adolphe Comte de Najfau, mort en 703. On voit encore ü Nuremberg le tombeau d'un Comte dc Nafau nommé Otton, fils de Jean , neveu d'Everard & pere de Falrave, qui fut Général des Troupes de 1'Empereur R ss Henri  C 260 } „ Qu'un Peuple généreux, fage, libre & vaillant „ Pofa par intervalle au Prince trop puirTant „ Qui Henri FOifeleur en 9,0. I, eft le r4me Comte dans les Tables aHubne, ■ & ft, peiits.fiIg p& & 0tfm om ^ Tranches de Nafau & de Gueldre. Celle-ci prit Un en ,372 far te mort fEdouard 5me Duc. Henri furnommé le BjL One Comte aprês f&W, eut deux fi|j ^,rom & Cn.de leur nom .formeren, deux lignes de ia Maifon deMtt 1* h «e , f0nt f0rties les branches d^0railgei de de Dsl/embourg, de Z)/^ , & ^«W,. De „ 2d vjen_ «ent celles de Saarbruek, flftein & La Ligne C°mmeKfa £" 1252; fe divifa en deux bra"ch« «bus ^//^ en r42o. Engclbert fon fils ainé, hdrlta des Pays-Bas en 1504, & mourant fans héritier, les laiifc a Jean fon frere. oucbe de fa Maifon en Allemagne, & qui lui fuccéda en ,si6 Réni, pe.it fils ainé de Jean, hérita de la Principauré d'Orange, & jouit des Pays-Bas jufqu'è fa mort arrivée en 1544. « ne laiffi, om a Enfans. Son Neveu Guillaume le Jeune, & Ie Tacitur. *e, Gh de Guillaume P Ancien & petit fi,s de Jean eD Allenla. gne fuccéda a fon Oncle Réné iians la Souveraineté d'Orange & fut ie premier Stadhouder des Pays-Bas devenus libres en Ï584- fi!sdeC»//,W ƒ Ancien, fut Ia tige de la J-gne d'Allemagne. C«///W I laiffa deux fils Maurice & Fridéric Henri: le premier, Stadhouder comme fon Pere, mourut en 1625, fans Enfans, & eut pour Succeifeur dans fes charges & d,gnités, fon frere Fridérie Henri, qui finit fesjoursen 1647. Jean le Jeune en Allemagne eut q uatre fils. Jean dit auffi le Jeune chef de la branche de Nafau-Siegen, éteinte en 1743: George] chef de Ia Branché de hafau-Dillembourg, éteinte en 1739! Ernefl  ( 2ÖI. ) „ Qui pourrait attenter a TUnion Belgique : „ Et fi mon fang jamais, a notre République „ Ofait Ernejl Caftmir de Nafïau-Dieft Stadhouder de Frife, & Louis de Nafau-Hadamar dont la branche s'éteignit en 1711, Guillaume II fils de Frédéric Henri, fut le quatrieme Stadhouder & mourut en 1650. Guillaume III fon fils fut le cinquieme Stadhouder de fa familie, & devenu Roi de la GranJe-Bretagne, après avoir détróné fon Beaupere en i«8o, mourut en 1702. Après fon décês, la principauté d'Orange étant pafiee a Frédéric II Roi de Prufle, fon fils Frédéric puillaume la céda en 1713 a Louis XIV avec tous fes droits, ce qui fut confirmé par le Traité d'Utrecht. A la Mort de Guillaume III qui ne laiffait aucune poftérité, Jean Guillaume Frifo , petit-fi'.s d'Emefl Caftmir de Ntfaut Dieft, premier Stadhouder héréditaire de la Province de Frife, héritt des biens du feu Roi d'Albion. Mais bientót; pal fa mort fi jamais funefte, il ne lailTa qu'un fils pofthume qui fut nommé Guillaume Charles-Henri-Frifo Stadhouder héréditaire de Frife, en 1747 revêtu du Stadboudérat des Sept Etats de 1'Union , &' des Charges de Capitaine & Amir al-Général de toute la République, héréditaire* dans fa poftérité mafculine & fèminine Ce Prince mourut le 22 Oftobre 1748 & laiffa un fils fon héritier fous le nom de Guillaume V. De Ia Ligne de Walram en 1289 defcendent, fon fils Adolpbe de Nafau é!u Empereur le 6 Janvier '1292: Cerlac Comte de Nafau, pere d'Adolpbe Comte de Nafau-Idjlein Sc Wehbaden, qui eut 12 Succefl'eurs jufqu'en 1605 que Louis de Nafau-Weilbourg, fils d'Albert hérita de fes Etats. Ses fils Guillaume, Jean & Erneft formerent, le premier, les branches R 3 iOt.  C 26a ) „ Ofait un feul inftant montrer un ceil hautain, „ Moi feul je finirais fon fuperbe deftin: „ Et ce bras tout puiflant, dans le fond du Ténare, „ Entafferait fur lui les monftres du Tartare, Et fa funefte errcur, fon oubli criminel „ Subiraient aux Enfers un fupplice éternel. Non, non: le fang d'Orange eft un fang magnanime ., Que glacerait d'effroi la feule ombre du crime. 5, La d'Otweiler, Saarbruck, & Ufsngen: Ie Second Idftein, & Ernef Caftmir continus Ia branche de Weilbourg. Le fecond fils de Gerlac Comte de Nafau, Ris de CEmpereur Adolpbe de Nafau, fat Jean, Prince de Nafau Weiïbourg & Saarbruei, pere de Philippe ,qm Ie fut *!e Louis, & Jaifla deux fils, dont Ie premier fut Philippe de Nafau-Weilbourg. Son qua. trieme SucceiTeur Alben, hérita de Saarbruei: & fon cinquieme Louis, f Idftein & de Weisbaden. Il eut trois filsquiétabliremen 1625 les trois lignes cTOiweiler, Saarbiuck, & UJJingen réu nies en 1728 fous Charles Prince de Nafau-Ufngen Otweiller & Saarbruei. Vautre fils de Louis, fut Jean de Nafau-Idftein & Wcisba. Aen qui n'eut qu'un Succeffeur jufqu'en 1721. (65 II rie s'en fallut gueres du moins fous Guillaume JI en 1650, & Ia Ville d'Amfterdam s'en reffouviendra long. tems.  ( sS3 ) „ La gloire du Batave eft la gloire des miens, (7) „ Ils fauront refpecte leurs antiques Hens. (8) „ Mais que fert aux mortels la Vertu la plus pure! „ Un Miniftre perfide, & cette intrigue obfcure Qui rampeautour des Grands, & furtout dans les Cours, „ Corrompraknt un Titus, s'il goütait leurs difcours. „ A peine un Prince hélas ! connait-il la lumiere, „ Que radütatïon fourit a fa paupiere: „ Dans un age plus mur, 1'éclat de fa grandeur „ Vient enivrer fes fens & corrompre fon coeur: „ Et, bientöt égard par la main qui le guide, „ II trouve vingt Séjans (9) pour un feul Ariftide. (1 o) „ Mon (7) Cette vérité eft incomeftable. (8) Autant que la République fe trouvera fatisfaite du Stadhouder; car, en déclarant les Charges éminente» dont il eft revêtu, héréditaires même aux Princeffes de la Maifou de NalTau , le Peuple en qui repofe partout-elTentiellement le fondement de toute Souveraineté , de toute Puiitace légiflative & exécu. trice n'a point entendu fe dépouiller de fon pouvoir or.ginel, & peut défaire fon ouvrage de la même maniere qu'il en aélevé redifice. . . R 4 Ö>  „ Mon fik, ce dernier fruit d'un himen abrégé, Ci i) " Par des nionf*rcs Pareils ne fut point affiégé. ,j Les forc, da ro0p,e«è,, a/«„^" i f ' L"P"Mr ^W** A ndn 0 agJble i Tlb J denl0""c»'. « W*>' ft *. * ft *. t»n"X df r;?'r'01 des *■ ""*■ eewpanrn d* fi.. , Empire, le nommant partout /e S * ƒ" ***** Les perfides & mjvöeï Confei.S de - * dutrone, ^ ÏCl^ ^ pas méme de les abandonner a ft vengeance a ' ' ^ les forfaits !es plus afireux s'tan f t' f T ^ ^ r , Jnreux, i>cjan ofa dans a fu te elTaver rf« planter fon Maitre , & de lui arracher ,e bandeau il'p , a eux le fit arré.er cc étrangler dans ft prifon. Aprês ft mort Ie Peup e exer?a fur fon corps fa fureur trop longtemV eLue £ Rome fut vengee des maux que lui avait fait ce fcelérat, ' (IQ) Dans toutes les Répubiiques ,ant anciennes que tnoder«es, a,nfi que dans les Monarcgies, le Peuple refpefte Zl renrent les Cbefs de 1'Rtat, & dans ies ^ ^e n ac cuft de fon tnalheur que celui qui a „ ^ M^ ftpreme, quo.qu't! n'rgnore point lequel des dep* eft ,e plu coupable. Oue, parti doit prcndre alors le MuüL Celui  „ Les Dieux le chériflaient: & la bonté célefte, „ Verfant a pleines mains fur ce précieux refte „ Les dons les plus facrés, les plus riches faveurs, s, De fes Concitoyeus lui gagnait tous les cceurs. „ Son berceau, qu'entouraient les vertus de fa Mere, Protégé nuit & jour par 1'Ombre de fon Pere, , Ne fut point arrofé du funefte poifon „ Qui trop fouvent hélas! fouilla notre Maifon. „ Mon Celui d; Ariftide, qui, plein de candeur & de zèle pour le bien public, voyait qu'une cabale qui lui était oppofée, voulait Téloigner du Gouvernement de la République & le faire condanner a rofiracifme. L'homme jutte & Citoyen, voyant un payfaa qui, ne le connaiffant point, le priait de mettre fur fa coquille le nom tT Ariftide, furpris de la demarche du villageois, il lui demanda quel crime avait donc commis Ariftide, & s'ii avait a fe plaindre de lui en quelque chofe? Point du tout, ré. pondit le ruftre ; man je fuis fatigué de tentendre toujours appelen le jufte. Ariftide , fans fe troubler, écrivit fon nom fur la coquille, & la rendit au payfan. La faftion ennemie fit condanner Ariftide k 1'exil de dix ans, mais il en fut bien. tót rappelé, & rendit dans la fuite les plus grands ferv.ces a fa patrie. S'il eüt été, Séjan, loin de céder aux clameurs & auX plaintes du Peuple-, comme lui, il fe fut mis a couvert de 1'indignation publique, fous le manteau de 1'autorité. Cu) Guillaume IV. K J R S  ( 266 > „ Mon fils a la Vertu refta toujours fidele: „ D'un Prince doux & lage il fournit le modele: „ Adoré du Batave, en des tems orageux „L'amour d'un Peuple entier vint couronner fes vceux:(i) „ II monta fans efforts plus haut que fes Ancctres, (2) „ II fe fit un devoir de conferver fes Maitres, (3) „ Mais (O Les villes de Veere, de Fleflingue & de Middeibourg' «ommeren le Prince de N.-,fTau aux dignités de Stadhouder, de Capitaine & Amiral-Général Ie 25 d'Avril 1747. C*rs, Tbc. len & Zterikzéc ayant fuivi le même exemple, Ie 28 du méme moi?. Les Etats de la Zélande ratifierent par un Décret public Té. leétion que les Villes de la Province avaient faite cbacune pour elle. Le 3 de Mai les Etats de Hollande élurent le Prince Stadhouder, Capitaine &> Amiral-Génèral de leur Province. II 3'était déja de cinq des Etats qui forment la Confédération Batave. -Les Etats d'Utrecht & d'Overifel ne tarderènt pas a imiter Texemple des autres. II reflait encor un titre è lui décerner; c'était la Charge de Capitaine & Amlrnl \Général de toutes les forces de fUnion Bclgique, les Etats-Généraux la lui accorderent le 4 du même mois avec toutes les prérogatives dont avaient joui fes Ancêtres. (2) Le Prince, fon Epoufe fille de George II Roi d'Angle. terre, & Ia jeUne PrincelTe Caroline leur fille , panirent de Leuwarde en Frife leur réfidence ordinaire, & fe rendirent a la Haie ou U arriverent le » de Mai ,747. Les Etats de Hollande lui con.  C 267 ) „ Mais fon ambition, trop grande même encor, „ A fa poftérité rctrancha le reffort „ Qui conférerent la Charge de Grand-Maitre des eaux & feréts; on lui accorda la difpofition des emplois militaire* fc-Ja répartmon de la Province, depuis la place d"Ehfeigne, jufquau grade de Ulonel inclufivement; & ce qui avait été ïtticite jufqu alors, ils déclarerent que les Députés aTAfemblée particuliere aes Etats pourraient en même tems être au Service au Pnnee, & hés par un ferment particulier. Les Etats - Généraux de leur co té enchérirent fur ceux de Hollande. Ils tévêtireut S. A de la Charge de Stadhouder & de Capimine-Général du V^dOutreMeufe , & lui transférerent le droit d'accorder des lettres d aoolition & de graces dans Ia jurifdiaion du Confeil de Brabant ft de la Ville & Territoire de Majlricbt, y compris le Comté de Vroenhove. Le 16 de Novembre même année, les Etats de Hollande par leur Réfohnion dudit jour, déclqrerent les Charges de Stadhouder, de Capitaine & Amf ral-Général'** cet Etat. U. réditaires dans les ligr.es majculines bfétninines de la Maifon de Naflau. Les autres Etats de la Confédération, ne tarderent pas a fuivre 1'exemple de Ia Hollande. Deforte que Guillaume IV en réuniflant toutes les dignités que Ia République avait autrefois conférées è fes Ancêtres, eut un avantage dont aucun „'avait joui, celui d'en affurer, fous le bon plaifir des Batnves, la polMion a fes defcendans légitimes des deux Sexes. Jamais autant de titres & de dignités n'avaient été accumulésa la fois fur la tête d'aucun de fesAïeux. Stadhouder, Capitaine t\Amiral-Gé„ér al-Héréditaire des Sept Provinces,il Ie fut également de tous les Pays de la Généralitê. Les Etats-Généraux lui ayant déféré quelques jours après ces mêmes titres, pour le Brabant des Etats, la  ( 268 ) „ Qui mene k Ia Vertu par leipoir héroïque „ De mériter le choix de VbQme publique, t, Avant ÏZ'n" V2 HaUt^uartiet- de Q***. La Compagnie des TT1 ,e chüifitauffipour fo«^-&clL: aT::têm quaucun stadhouder avant iui «>y™poZi Au reftece néta.t pas un vain titre que lui accordaienc ,es Di r tors de cette Compagnie. Guillaume, devenu Chef de Ia Plus,nfire^Compagnie de commetce de PEurope, feul tout le pouvo,r de Ia Direcïion. II e„t & tnaCmU a fes SuccefW ,e droit de préfider toutes les afTemb-des del co P^e, f0it en perfonne, foit par fes Repréfentans. I, 0„Z être'dVrCo1" PrOPOfi!i0nS ^ êtrede IaCompagn1e;&, comme les Direéteurs eux-mémes i, avatt vo,x aaive & pafiive dans toates ies dM^^ n. a fatre obfetver tous les regiemens de la Compagnie d il deva.t mamtenir les Droits, les OcVois & le, P • •■ ^me qn-il éiait oblige" d'en Ü^^'^T' * ^ns ie cas oü les Chambres refpeclives de la Tom w«av„„ ;/:, rr" ','^c"i™e",• . ,je „r::rsr §me, dirigeait toutes les affaires des hd.< 7 P" celles qui avaient Pour objet Ia L fi, * ' Pr,ndpa,eme"< ces fortes de ia Cotnpag ^! " *»» Dix-  „ Avant d'être chargé du fardeau de I'Etat. „ II eüt été plus grand, (4) & le Stadhoudérat, „ Loin Dix-Sept, lorfqu'elles avaient paffé a la pluralité des voix. Enfin les Directeurs & Principaux Intéreffés fe réferverent encor, pour comble d'adulation, la liberté de faire au Stadhouder, par une Déciaration ukérieure , & fous la ratification de LL. HH.PP, toutes les conceffions qui ne lui avaient point été faites par 1'Arrêté de la Compagnie, ou fur lefquelles ils ne s'étaient pas clairement expliqués. La Compagnie des Indes-Occidentales ne tarda pas h revêtir Guillaume des mémes titres, & ü lui accorder les mêmes pouvoirs dans fon Corps. Deforte que ce Prince réunit en fa per. fonne & en celle de fes defcendans, toutes les dignités, tous les honneurs, toutes les charges éminentes de I'Etat. L'Europe entiere vit avec étonnement la Révolutipn qui venait de fe faire en Batavie. Elle trembla pour Ia liberté de cette République. Que reftait-il en effet a defirer au Stadhouder que le fceptre & la couronne? Le Roi de Pruffe, dont l'autorité en fait de Politique & de Science d'Etat ne faurait être balancée par aucune autorité contraire, s'exptime ainfi fur i'élévation pré- cipitée de Guillaume IV. Après avoir parlé de Newton, & confelfé que ce grand homme s'égara comme St. Jean 1'Evangélifle dans 1'incompréhenfible ouvrage de ï'Apocalipfe, le Roi philofophe dit: Peu m'importe après tout que des Savans célebres Egarent leur raifon au fein de ces ténebres. Mais  „ Loin de tomber peut-être en des mains trop débiles „ Pour guider la Patrie en des jours difficiles: n Loin Mais ce qui doit toucher tout homme de bon feus, C'eft ia funefie ivrefle, & les écarts fréquens D'un Peuple f» inefnré, timide, flegmatique, Républicain zèlé, Commercant pacifique, Qui, fuivant les confeils d'un frippon d'Ecrivain, (b) Fit la Guerre a la France (e) & Naffau Souverain. Ep. X. au Général Bredow, fur Ja Réputation. Oeuvres du Philofophe Sam-Souci, Tom. I. p. 162. Cs) I Co) Les Bataves. (« Le fameux Rouffèt de Mifly cet impitoyable Ennemi de la France qM déchira 1'abbé Raynal, fur Ton Hifloire du Stadhoudérat fans diminuer le mérite de cet Ouvrage, même après 1'avoir tronqué. Guillaume IV 1 avan honoré du türe de fon Hifloriographe, pour le récompenfer du zèle que Rouflet avait témoigné pour les intéréts de ce Prince, avant qu'il fut élevé au Stadhoudér.r. Mais la plume de cet Ecrivain foufflant toujours adtfeorde & ,a f<;cIition, Gmmm^ ne ^ ^ fougueux ta ft oter au mois de Juin I?49 , „ Tandisque le vrai Prince eft un Pere adoré „ Dont le mérite en lui doit feul être honoré. „ Déja le fol orgueil du Tiran d'Angleterre, „ A des malheurs nouveaux a condanné la Terre: „ Hélas! mon fils peut-être, iffu du fang Anglais, (5) „ Par des coeurs ulcérés, quon ne gagne jamais, 99 Ac- (5) Guillaume IV avait époufé a Londres le 25 de Mars 1734 la Princeffe Anne, fille ainée de George II Roi delaGrande-Bretagne, & S.A.R. Madame la Princeffe d'Orange accoucha heureufement le 8 de Mars 1748 d'un Prince, que fon augufte Pere tint lui même fur les fonds de Bateme, oü il recut le nom de Guillaume. A la mort de Guillaume IV arrivé le 22 d'Oftobre 175r, le même jour, les Etats de Hollande nommerent une Députation de vingt de leurs Membres & du Penfionnaire Stein, chargés des complimens d'ufa<;e en ces triftes circonftances, h la Princeffe Douariere, & de faire prêter ferment a cette Princelfe, comme Gouvernante & Tutrice du jeune Prince Mineur Guillaume V Prince d'Orange ik de Nafiau , & Stadhouder Héréditaire de Hollande. Les Etats-Généraux, deux heures après, s'aqukerent des mêmes devoirs & des mê.nes fonctions, & les Etats psnicnliers des autres Provinces & du Pays de Drente, dès qu'ils furent informés de la mort du Stadhouder précédent. La Princeffe Anne mourut le 12 Janvier 1759, & n>érua d'être eomptée parmi Ie petit nombre de ces femmes fortes, qui rcmpliiTent avec autant de réputation que de dignité les pénibles foncS 3 tion»  „ Accufé chaque jour de trahir la Patrie, „ D'immoler a Windfor la faible Batavie, n Au lieu du tendre amour que méritent fon cceur? „ Ses talens, fes vertus & fa noble candeur, „ Du Batave abufé va s'attirer la haine. „ La France & vos Etats qu'unit la même chaine, „ Dans le fang des Naifaus verront leur ennemi; „ Leur courroux ne fait point fe venger a demi: „ Et bientöt, fur mon fang leurs mains victorieufes „ Croiront deyoir punir cent brigues faclieufes, „ Et tions du Gouvernement. Avec tant de vertus & de quaütés éminentes, aurait-il été poffible que cette Princeffe n'eüc pas fait fi.ccer avec le lait a fon nls.famour de fa patrie? Laminoritédu Prince Stadhouder, au décès de S. A. R. fa Mere, obI,vea ,es iuts-Généraux & ceux de Hollande, a prendre les arrangernen? convenables. Ceux-ci firent aulThot prêter ferment au Duc Louis de BrunsMk Wotfenbuttel, défigné Gouverneur du jeune Prince & chargé de repréfenter ia perfonne du Stadhouder durant fa minorité. De leur cóté les Etats Généraux réglerent tout cequi concernaitie. fonflions de Capitaine & d'Amirai-Général defUn-on jufqu a la majorité du Prince.  (m ) „ Et de Breft a Bofton les NaiTaus déteftés, ' „ Au mépris général fe verront dévoués. „ Mais non : le tems viendra, tems k jamais célebre, „ Oü les Américains, l'Amilel, la Seine ,& 1'Ebre, „ Partout viclorieux des cruels Léopards, „ Et trainant a leur fuite Albion & fes^dards, ,, Aidés par les exploits de FUnion Belgique, „ Eleveront aux Cieux la fage politique (i) „ Que le Prince-Amiral déployait lentement; • ,, Mais le Sage prévoit & fuit 1'évenement. „ De nos anciens guerriers la valeur triomphante „ Déja de fUnivers a furpalïé 1'attente. „ Au (i) La plus fage politique que l'on puiffe déployer dans les circonftances aftueMes oii fe trouve la République Batave, c'eft de pouflèr la guerre avec vigueur contre 1'ennemi de la Patrie; d'en concerter les opérations avec la Cour de France; d'agir de concert avec elle, & de prouver par une noble confiance dans le Monarque qui tient le Sceptrc des Lis , la reconnaiffance des fervices fignalés & continuels, qu'il ne cefle de rendre aux llataves depuis le commencement des hoftilités préfentes avec la Grande-Bretagne. Agir autrement, ce ferait s'expolèr aux plus dangereux inconvéniens. S 4  C 280 ) „ Au fein de nos Cités elle s'exerce encor, (<£) „ Et la Gloire lattend même au fortir du port. 59 .Les M Un «?mm I^fenféj dit r Auteur de nuftoire Pkilofo. phaue & Polmque des deux Indes, un guerrier féroce, un S-ad. houaer un Prince révéré chez les Bataves, pVu, vouloir, peut ofer en devemr le W Parmi ceux qui font prépofés au Gouvernement des Nations, cette efPece d'bommes eft-e„e donc fi rare? Tout fembie confpirer pour donner fur ce point important les plus vives inquiétudes a la Répuc-icjue. A fexcep.ion de quelques, Officier,, il n'y a fur fes flotte, que peu de nationaux. Ses armé» font compofées, recrutées & comm.ndée. par des trangers dé.oués a un Chef, qui ne les armera jamais affeztöta leur gré contre des peuples auxquels nul lien ne les attaché. Les forterefle. de 1'Etac fon: toutes foumifes è des Généraux qui ne reconna.flent de loix que celles du Prince. On ne cefie d'élever «fe places les plus imponantes, des Counifans perdus de reputanon, écrafés de det.es. dénués de toute vertu, i„,étefTés au renverfement de Pordre établi. Ceft la proton qui y » placé, eed a proteftion qui nraintient dans les Colonies de. Commandans fans pudeur & fans taIent, que { que la cuptdtté mclinent a l^erviCemept de ces contrées é.oC gnées Contre tant de dange,, que pouront IWoup^rpent la fotf es nchelfes, ,e gotit des aifances qui s'introdui: infelb .' ment; 1 elpnt de commerce, de, condefcendance. perpétue es -tes les probab, t! aut.l pas qtunfenfiblemenr, fans effufion de fang. fans violet les Provmces-Umes tombent fous ,a Monarchie? Comme ledefi de n étre contrané dans aucune de fes vo on.és, ou ie d, CpoZ «-«. eft au fond de toutes les mnes p!us ÜU moins exalté, i, nai. tra.  C 2ÖI ) „ Les Dieux aiment toujours leur noble Batayie; Elle n'a point perdu 1'amour de la Patrie: ' Parmi fes Citoyens, fi fOr eft d'un grand prix, „ De fon éclat trompcur tous ne font point épris. (3) La tra, & peut-être bientót, quelque Stadhouder, qui, fans calculer les fuites funeftes de fon entreprife, jettera la Nacion dans ies chaines. vol. X pag. 78 & 79- Ces affetüons nous paraiflent bien fortes; il femble cependant que les divers Etats de 1'Union Belgique fongent, a tout é.enement, d'être a même de défendre leur Liberté contre toute attaque mtérieure. De tous cóiés, dans les Villes, les Bourgs & les VUlages de la République, les Citoyens fe forment en compagnies de milice, s'exercent au maniment des armes, & dans Amfterdam furrout; ces compagnies, en uniforme & leurs Officiers a leur tête exécutent touw les évolutions miütaires, avec une agüué & „ne précifion qui doit furprendre, fi l'on confidere que ces corps guerriers ne font compofés que de paifibles Citoyens. Saus doute L les viaoires des Américains ont excité 1'émulatlon des Bata. ves quand ils ont vu les milices de Virginie & du Manlandfondre, lans coup titer & la bonnette au bout du fufil, fur le ré. giment des Gardes Anglaifes, le renverfer & le mettre en furte. Que les Bataves condnuent a fe former è 1'exemple des hommes Les de 1'autre Monde: qu'ils aient toujours un corps de 30 ou 4o mille hommes de milice, tous Citoyens, a mertre fous les armes l premier coup de baguette, ils poutront déuer tous lesTuans de 1'Univers. , - (3) Une chofe avérée dans toute la République Batave, ceft W S 5 que  ( 232 ) „ La gloire de I'Etat, 1'honneur du nom Batave, „ Ne fouffriront jamais le vil furnom d'efclave. „ Mes que les fonds immenfes qu'un nombre confidérable de Membres des diverfes Regences avait en Angleterre, étaient une des caufes principales de fattachement inoui que la Batavie femblait conferver pour Albion. Mais, d'un autre cóté, rien ne fait plus honneur au caractere des Bataves en général, que la male fermeté, 1'éloquence & la vigueur qu'un nombre très-grand de Membres des mêmes Régences ont développées depuis la guerre afluelle contre 1'Angleterre, L'on diftingue furtout parmi les généreux défenfeurs de la majefté de Ia Confédération Belgique, M.Egbert de Fry Temminck vieillard oétogénaire, profond dans les loix de fi Patrie ; M. Henri Hooft, Daniehz. homme plein de candeur, ote bienfaifance & d'humanité; d'une familie patricienne, qui, d.ms tous les tems, marcha fierement fous 1'étendart de la liberté. M. Willem van Heemskerck d'une familie ancienne, toujours pa. triote; & la partie la plus faine de la Régence d'Amfterdam. M. va» Berckel Penfionnaire de Ia même ville, ami de l'Amérique, viclime de fon zèle patriotique, mais cher au peuple, eftimémême des Anglomanes & des ennemis de I'Etat, car perfonnellement il n'en eut jamais, & prefque a cöté de lui fon Confrère M. Vijfer fecond Penfionnaire. MM. les Barons de Nyvenheim ,de Heeckeren Seigneur cTEngbuyfen: de Zuylen de Ayevelt: de Lynden tot Older-Aller: de Capellen, Seigneur de Marsch, parent de 1'infortuné Seigneur de Pol, & 1'oracle de la Gueldre, comme les autres y font Ia gloire, 1'ornement £z le foutien de la liberté. La Zélande, parmi les Nobles de fon Etat, ne prononce jamais fans refpeét Ie noin du Baron de Lynden de Blitters&yk, jadis Envoyé a la Cour de Suede qui le regrette encore, a jamais recommendable aux ïeux de toute la République,par la noblefran- chife  ( **S ) „ Mes généreux Frifons, (4) un des bras de I'Etat, „ Seuls puniraient bientöt le plus faible attentat „ Que ehife avec Iaquelle il refnfa , fous une Adminiftrafion regardée comme petverfe ék corrompue, de fa charger de 1'Ambalfade a la Cour de Fienne. Voy. le Pol. Holl. Vol. II. p. 97 & 98. En Frife toutes les Régences, & parmi la Noblefle, M. M. d'Eyfinga , iTHumalda, de Beyma, Bergsma, de Scbmartzenbergen, de Burmama-Rer.gers, van Haren. Dans l'Overyjfel M. le Baron de Valland tot Zuithem & dans I'Etat d'ütrecht M. M. de Tbuyl, Zuylen, Scbalkwyk, Abbema. Nous ne mettons ici que ceux des illuftres Patriotes qui fe font le plus diflingués par leur zèle contre 1'Anglomanie , dans la crife a&uelle. Mais nous n'entendons bleffer en aucune maniere le patriotifme de ceux qui auraient échappés 4 ce léger détail, & nous avouons hautement que, fi la mauvaife caufe eut des feétateurs nombreux, puiffans & acïifs, enfans de la faveur; la voix de la Patrie, les exemples de tant de grands hommes qui ont foutenus 1'honneur & la liberté Belgiques, ont parlé plus hautement encor dans tous les Etats de 1'Union. (4) C'eft avec 1'admiration la plus affeftueufe que les Bataves & PUnivers entier jettent les ïeux fur les Etats de Frife. Nul autre ne s'eft acquis autant de gloire, que le Peuple Frifon depuis l'aggrefïïon hoflile de 1'Angleterre. Toutes les réfolutions de ces Etats ont égalé, peut-être même furpaffê ce qu'Athenes & Rome ont montré de grand, de ferme, de patriotique & deplus vigoureux. Ils ont porté dans les autres Etats de Ia Confédération le feu de 1'Amour facré de la patrie qui les embrafa toujours. Heureux fi, malgré tant de vertueux efforts,ils peuvent ébranler 1'obftacle odieux qui s'oppofe è la gloire & aux intéréts de la. République!  * Que 1'intrigue oferait pour trahir nos rnurailles. Lc feul patnotifme embrafe leurs entrailles; 9, Et tremble le méchant, dont le cceur corrompu „ Oferait outrager la Frife ou la Vertu! „ Le brave Over-yffelmarchera fur leurs traces: „ De fes Concitoyens réparant les difgraces, „ II va brifer les fers fous qui la Liberté „ Gérait depuis longtems avec impunité. (5) „ A ' (5) L'Europe regarde depuis longtems la Confédération Bel* gique comme le centre de la liberté civile & d'une tolérance générale en matiere de Réligion. Cependant cela n'eft pas vrai dans toute fon étendue. Les Juifs, a la vérité, ont dans toutes les villes de la République, des Sinagogues publiques & fuperbes. Mais toutes les Eglifes de Ja Communion Cathoiique, n'ont rien k 1'extérieur qui les diftinguent des maifons ordinaires. Eien plus, c'eft que tout Cathoiique elt felon les loix, exclus de toutes charges, & offices quelconques dans toute I'étendue de la République, Et c'eft au dix-huitieme fiecle, que l'on voit encor les traces, chez les Bataves mêmes, de 1'injufte, de raffreufeintolérance! Que dirons nos Neveux, un jour généralement éclairés par le ilambeau de la raifon, quand ils parcourront les falies de cette République ; ils verront que , dans un Pays libre, oü tous les individus en général ont combattus avec une égale vi- gueur,  C 235 ) „ A leur tête, on verra la Hollande invincïblc, „ Punir ou menacer par un coup d'ceil terrible, ,, Le gueur, pour fecouer les cbaines du plus cruel des Efclavages; quand ils verront encor que, eontre les loix, contre ld juftieé, contre la raifon même, l'on a impofé tribui fur une partie des Citoyens de la République, pour kur permettre de prier feloa leur rite & leurs dogmes le Pere commun de tous les hommes? Les Etrangers pourront-ils bonnement fe perfuader qu'en bien des endroits de la République, prier Dieu en latin, foitunciime que l'on tolere, meyennant une fomme annuelle, extorquée pat le Sénécbal ou le Bit»', & que, quelques uns de ces Seigneurs, mécontens de la forome qu'on leur offre annuellement, font fermer les Eglifes, afin d'augmenter la contribution fervile qu'il leur plait d'exiger? Ceux qui vont * la Mefle, ne font pas moins bons Citoyens, moins zèlés pour la liberté de la Patrie, n'y payent pas moins la plus lourde portion des impöts, & ne vont pas moins dans les tems de calamités publiques,prier le Tout-puiflant de protéger, de défendre & d'augmenter la gloire de la Confédération Belgiquë"? La liberté civiie n'eft pas plus affurée dans quelques Etats de la Confédération Belgique que la tolérante.'1 En effet, les Etats d'Over-yfel font compolés de la NoMefle & des trois villes pnncipales, Deventer, Campen & Zwol. Le plat Pays eft divifé en cinq Baillages, dans lefquels les Bailüs, & les Nobles ont un très-grand pouvoir, & lenrs prétêntions fur la liberté civile des Payfans, ne font rien auti'3 que les injufteS droits del'anclenne fervitude féodale. Auffi prétendent-üs exiger annuellement certaines redevances qu'il faut que les Payfans ra. chetent en payant deux florins pour chaque feu. Ce joug, quoique léger, a tellement révolté ceux que l'on y fournetialt, qu'ils  C 286 3 „ Le traitre qui pourrait mériter fon courroux. « LcvaillantZélandais, non moins ferme qu'eux tous, 5» Ga- qu'ils ont tout fait pour ,e fecouer> En «unuelle ut rachetée par une compenfarion i elle u o a.e ment abohe par une Déclaration confirmée e„ tel en ,„6, les Baillis imaginerent d'aquérir, »\ JZZ lu .on des Etats, le Droit ^„^^ Pavnfn, f ^ i0rfqU,il £ft ^Ueftion de ™ les Payfans fe ]01gn.t aux Baillis, & les villes de Deventer & de dont les Régences étaient gag,ées, y aya|I( ^ * 1 «Tatre pafTa avec le fuccês defité par POrdre Equeftre. z2 op na, non a ,a perception des redevances, mais pour leur fecond "chat, par chaque village qui fe eotüCtf J, , • f leurlecond !* - cerca4 *UT5.^S2E «aient peu de promener fur ,a tête de cha u„ de I ur cl ' yens, la honte de fancien efclavage des Serfs Vn U°' —ent une mine d'or,conlbattiren 'éc* folemnellement contre cette ufurpation, Alors on Z fingulieres prétêntions, & elles parerl l, , W* . , ' e"es Pa"irent bientót d'autanr nln« révoltantes encore, que les Baillis percevaient en fe, r tion affignée a leurs honoraires, lorfqu'e ,1" g,Ue"ta«é les prétendues Redevances 3 °" '™ raChet" de la iih«,„s * j j • . . ,mrePIde> un éloquentdéfenfeur de la hbené & des droits inhérens a ms Ies myiduS de l'ef- pece  C 287 ) 3, Garantira fes droits d'une légere atteinte, „ Et le rempart de Dórt renfermeen fonenceinte(6) » Plu- pece humaine. Le Baron de Capelle, Seigneur de Pol, plein dè cet enthoufiafme facré qu'infpire la Vertu dans les coeursjuftes, & nourris des fentimens dignes d'un vrai Républicain, fe préfenta hardiment pour plaider la caufe des Payfans opprimés. II fit paraitre le 13 d'Avril 1778 un difcours addreffé a 1'Aflemblée des Etats, en faveur des Payfans d'Over-yffel. II commenca par démontrer que 1'établiffement primitif des Servitudes auxquelles on voulait les aiTujettir, s'était fait d'une maniere illégale. II prouva par des documens autentiques, qu'elles avaient été abolies depuis plus de 300 ans, & que Philippe II tout Tiran qu'il était, les avait fagement prohibées. II n'oublia pas de rapporter la Réfoiution, par Iaquelle les Etats avaient angmenté les appojntemens des Baillis en 1631, avec la claufe formelle qu'ils n'exigeraient plus ces redevances odieufes & vexatoires. Cependant, pour indamnifer, en quelque faeon, les Baillis aétuels qui les avaient percues de bonne foi, le Baron propofa de leur donner une fois pour toutes, une fomme titée de la Caiffe de I'Etat, & de prendre une réfolution folemnelle qui fupptimerait pour toujours ces extorfions indignes d'un Peuple libre. Mais la générofité de cette indamnifation, déja vexatoire par elie-mêröe, quoique colorée par l'ornbre d'une juftice apparente, fut hautement rejettée. Loin de prêtet 1'oreüle aux humbles fuppliques que les Payfans apportetent de tous eöiés, a la lefture de la propofuion du Baron, fes adverfaires profiterent de cette occafion pour le perdre. Ce vertueux Régent, pour avoir eu le courage d'inftruire la portion la plus nombreufe & la plus utile de fes Concitoyens, des vrais ifondemens de la liberté, des Droits & des intéréts de la Société, fut  C 2o3 ) H Pïufieurs de ces mortels, la terreur des Tirans, 7» Et dont la Batavie honore les talens. „ Ver- fut dépeint comme un Irtiftn de révolte & de fédition. LJoa Tl Cfi; [T- in°UieS & Vi°— *«" la fois le reffenument que fon oppofitiou faiftit naitre & j. -ttre hors d'état d'en faire encor de nouvelles, le 23 oaohre ÏÏ* '"PT Rér°IUli0n EtaK d,°v^«el, il fut condanné intennon, &c. &c. a retirer fon difcours: a témoiSner fon re. pennr pour /„ expreffions injurieufes aui s'y trouvaient, ainfi tuepour lavotrtmprimé & ripand^ & ^ tn 1 ™ EnlifantCet ^—menttirannique. dï. £nZ e