762 G 23   RÉFLEXIONS ( Sur un Imprimé portant pour titre : Copie de la Note envoyée a La Haye le 16 Novembre 1790 , par quatre Députés des États - Généraux des Provinces Belgiques - Unies. On dbnne ces Réficxions au Public pour le mettre d même d'appncier la bonne foi de ceux quï ont rédi^è la note a hquelle dies fervent de Commentdire , & quï ont préfenté cette note aux Mïniflres des trots Cours allïèes $ tommei'exprcfilon fincircdes dïfpofihons de leurs Commettans a reconnoitre la Souveraïneté de 1'Empereur. NOTE. Messieurs, (DbligÉS par kat & par ferment a la defenfe de la Nation que nous repréfentons , nous croyons qu d efl de notre devoir de rendre compte de fes feminiens & de notre conduite. II y a dix Nations dMfrJgs Pays ~ Bas Autrichiens; toutes dix /Stf^WA par 'Hes Corps  (O d'États : des dix il y ea a deux qui fe trouvent henreufes fous la domination de 1'Empereur Léopold, & fi on recueilloit le fentiment individuel de tous les Habitans dans chacune des huit autres, ou celui des plus notables Hr,bitans, on reconnoitroit que le vo2u de la raajorité invoque le retour de 1'autorité du Souverain légitime fur le pied conftitutionnel, & avec elle le rétabliffement du bon ordre, de la tranquillité. & de la liberté de penfer & d'opiner fur les vrais intéréts de la Nation , liberté dont elle eft privée par fes Repréfentans, afiervis eux-mêrnes par des fa&ieux qui font leur ouvrage & qui les font agir & parler: quant a la conduite de ces Repréfentans , fur-tout quant a celle des faftieux qui leur font violence , il paroït aflez que le Public en porte dans toute PEurope un jugement fi vrai qu'il feroit inutile d'en faire ici le tableau hiftorique ; il ne fe trouvera que trop configné dans les fnftcs du iiècle. A pcine la Dklaratlon de Vos Excellences, en date du 31 Ociobre dernier, était renüfe a notre Députi le Sr. van Leempoel , quelle parut dans les Feuilles pul-l-ques, notre réponfe peut avoir le même fort , il ejl donc de notre honneur , de notre loyauté que l 'Europe fok tèmoin & juge de notre gejlion, ainfi que de la facon de penfer de notre Nation. On ne voit pas trop k quoi tend cette efpèce d'excufe de la publication de cette Note: s'il y a des excufes a faire ce n'eft qu'a la pauvre vérité , reléguée au fond d'un puits; il a bien paru d'autres produftions pendant ces malheureux troubles d'une trempe bj^ii^^gsoupable encore que  ( 3 ) celle - ci, & on n'cn a jamais fait d'excufe a perfonne. II vient d'être dit un petit mot du jugement de 1'Europe; il feroit inutile & ennuyeux de fe répéter ; dans peu les huit Nations des Pays-Bas ftront éclater leurs véritables facons de penfer ; en attendarit il eft plaifant de voir & d'entendre s'y démener leurs prétendus organes. Vos Excellences , par Uur infinuation verbale remife au même Sr. van Lcempoel, le ij Septembre de cette année, nous injinuoient, que les engagemens pns a Reichcnbach , J'eroient certainemeiit exécutés avec la bonne foi, qui caraclérife les hautes pariks contraclantes : engagemens qui Je terminent manifejlement a des bons offices. Les engagemens contraftés a Reichenbach Tont eté entre deux parties , auxquelles on manqueroit de refped fi on fe permettoit des doutes fur leur bonne foi. i°. Le Souverain des Pays-Bas promettant le rétabliffement & le mamtien de la Conftirution , 1'amnifhe du Chef de troubie & d'infurreftion, limitée comme de juftice & de raifon a un terme a fixer de concert avec les Cours conciliatrices , & annoncant Ja marche d'une Armée aux Pays-Bas, pendant laquelle on pourroit reconnoitre les véritables dii'pofitions des infurgens. , 4°. Les trois Cours alliées garantiffant la Souveraineté des Pays-Bas a la Maifon d'Autnche & la Confiitution aux Provinces ref* peöives. S'ü pouvoit y avoir du doute fur le ftria A 7.  (4) accompliflement c!e ces engagemens, ce ne feroit ni de la part de la Cour Impériale, ni des trois Cours alliées, dont la réputation eft faite en Europe : ces engagemens font de clémence d'une part fi on le veut, ou de force s'il le faut; ils ne peuvent être conciliatoires d'autre part que pour autant qu'une foumiflion pure & fimple fur le pied de la Conftitution prévienne 1'emploi de la force. On auroit beau donner la torture au fens des Conventions de Reichenbach, avec de la bonne foi on n'en tireroit jamais autre chofe, & la Lettre des Déclarations , publiées par les Cours contractantes , le prouve bien. Dans cette infinuatlon Vos Excellences profefjent elles-mêmes ouvemment , que Les Propofuions quon nous feroit, nkoient pas encore déterminèes, & qu elles nkoient pas encore autorifczs a prononcer fur ce fujet ; elles fe bornent a nous offrir en leur particulier & pas miniflériellement, un Confeil: nous l'avons écouté avec cette attent'-on & cette reconnoiffance, que le caracière de Vos Excellences , leur bonté & leurs qualius perfonnelles exigeoient de nous. Les Miniftres éclairés des trois Cours conciliatrices ne prononcent pas; ce ne font pas la les termes d'une conciliation ; elles cherchent a combiner des demandes peut - être indifcrettes avec la dignité & le bon droit d'une Puifïance qui. ne veut régner que par la Juftice. Vattention avec laquelle on rejette un Confeil n'eft guères flatteufe pour les Confeillers, & ce n'eft pas la peine de s'en vanter. Ce Confeil parfaitement analogue a nos defïrs,  ( 5 ) qui tendoient a éviter Teffi/fïon du fang humain , du fang précieux des Citoyens , ètoit certainement bien digne par Ton objet & par les perfonnes qui nous Voffroicnt, d être adoptépar la Nation : muis une confidêration majeure, fondêe fur une crainte tres-raijonnable , Vemporta , non pour refufer la cefjation d'ko/lilité, maïs pour convemr des moyens qui pourroient la rendre acceptable : nous avons rendu compte des motifs qui nous y dcterminoient par notre réponfe verbale en date du 28 Sep■ tembre de cette année : ils fe réduifoient a la demande » d'une explicadon des bajes fur » lejquelles nous pourrions affeoir cette fuf» penfion d'Armes , & en même - temps » fauver notre Religion & notre Liberté; » les inquiétudes du Peuple & les nótres » fonaées fur L 'expérience que nos Pères , » & que nous-mêmes en avons eu, rendoit » notre indécifion tres - raifonnable. » Vos Excellences fenüront elles-mêmes la jujlice de notre demande ; elles eurent la bonté de nous répondre par leur réplique , remife a notre Député le 5 O&obre fuivant, dans laquelle elles difent : » Quoique nous ne » puifjlons vous parler miniflériellement , » nétantmunis d'aucune injlruclion pofitive, » nous connoiffons cependant affe{ les dif» pofitions de nos Cours refpeclives , pour » ofer vous affurer qii elles ne donneront les » mams a. aucun accommodement, qui ne » foit fondé fur les bafes inébranlables de » la confervation de vos Priviléges , tont » Religieux que civilsj parmi lefquels nous  (6) » mettons en premier litu , la Conflitution » ancien ne & légale des trovinces. » Si les defirs du Congrés BetgitjUe ont tendu a éviter 1'effufion du fang des Citoyens, ils ont bien chrétiennement reprimé leurs defirs, ce qui ne peut pas manquer quand les Nations fon gouvernées par des perfonnes fi religieufes. Leur fainte prodigalité du fang des malheureufes dupes que Nos Seigneurs du Congrès ont envoyées par milliers a la boucherie fur les bords de la Meufe, les têtes fciées dont on leur a fait hommage pour venger les barbes des Capucins, & d'autres gentilleffes dignes des Cannibales, attefteront a jamais 1'humanité de L. T. H. P. Belgiques. Ce n'eft pas Ja première fois qu'une crainte calculée a rendu poltron les cceurs les plus féroces, & fi L. T. H. P. avoient pu multiplier des dupes pour fe battre a leur honneur & gloire , aucune conudération majeure ne les auroit porté a une ceffation d'hoftilité. Les races futures exalteront le courage du célèbre Henri van der Noot, commandant fes croifces d'un bord de la Meufe a 1'autre. Cette réponfe , qui étoit Veffct de Vintêrêt que Vos Excellences ont bien voulu prendre a notre fort , ne difjlpoit pas tout-a-fait la crainte de la Nation; habituée a être le jouet du ferment même , devoit-elle fe raffurer que le Succejfeur de Jofeph IL auroit cte fidéle a votre engagement perfonnel & non miniflenel j d'ailleurs le fens de notre Conf titution ancienne & légale , étant devenu aibitraire fous l'emploi des Canons & des Bayonnettes, la Nation appréhendoit de fe vou une troifïeme fois expofée d ces inter~  (7) prétations tyranniques. Nous redoutlons avec raiJoUg que fans des affuraucès bien dêterminees, nous nous trouvions au milieu des dangers, auxquels la RJpublique de Hollande , lors de fa Révolution au XVI. Siècle, a été plus d'une fois expofée en pareil cas. Nous avons demande en conféquence , fupplie' même Vos Excellences de nous faire connoïtre d'une manière politive , claire & individuelle les bafes fur lefquelles on pourroit afleoir l'Armiftice propofée. Pourquoi aller chercher dans des temps reculés des cxemples que 1'hiftoire de nos jours nous fournit : ii jamais en fait d'armiftice il y a eu des paroles ( équivalentes en pareil cas a des fermens ) indignement violées ; ce fut le i z du mois de Décembre 1789, lorfqu'une trève accordée par une trop malheureufe foibleffe fut indignement rompue, deux fois en un jour, pour chaffer, au péril de la vie , les Miniftres & les Employés d'un grand Prince d'une Capitale devenue depuis le théatre de tant d'horreurs, pour s'approprier, contre le droit des gens, les papiers & le tréfor de ce Prince trop humain , quoiqïi'en ayent débité L. T. H. P. cannibaliques & leurs écrivains faméliques. Cette citation vient ici affez k propos & nous ne trouvons dans 1'hiftoire du XVI Siècle rien qui puiffe lui être comparé. La Nation ne devoit-elle pas craindre que la propofition vague de Conflitution ancienne & légale , alloit être expofée au fens qiiun Roi puij/ant, redevenu le plus fort, auroit  ( 8 ) voulu lui donner, ne devoit-elle pas appréhender que le lerme de cette armifiice auroit étè celui dojit notre ennemi avoit befoin pour rajfembler fes forcts & enfuite trailer avec lui, le glaive d la main? L'expérience du jour prouve bien que le preffentimenc du ^euple nétoit que trop fondè fur l'un & l autre objet. En fait de Conflitution il n'y a rien de vague, & fur-tout pas en Brabant oü elle eft fondée fur des Actes trés - authentiques , modifiés , interprétés pas d'autres Aftes également folemnels qui fe trouvent inférés dans le Code National. Pour lui donner un fens a Pabri de toute conteftation , il faudroit compofer un nouveau Dictionnaire & épiloguer plus de temps que n'a dure le régne glorieux de L. T. H. P. Les Mimftres conciliateurs s'ennuiroient probablement d'une pareiile difcuffion. A entendre L. T. H. P. on difoit que les Troupes de S. M. ont fait le voyage de la Hongrie aux Pays-Bas en Ballon; depuis trois mois le Souverain, les Miniftres conciliateurs annoncent la marche de ces Troupes, dont toute 1'Europe eft informée auffi-bien que L. T. H. P. puifque tont le monde fcait qu'Eües ont envoyé des Emiffaires k leur rencontre pour vérifier un fait_ qu'Elles ont foigneufement déguifé k Ia Nation qu'Elles étoient en train de tromper. Si le Peuple a eu des preffennmens, on a eu bien foin de les détruire. Vos Excellences, qui dans la meilleure foi pofftble fe croyoient d'accord avec Son Excellence le Comte Mercy - Argenteau,  (9) navoient probablement pas vu la Décla~ radon ou Manifefle quil devoh publier au nom de fon augujle Maitre ; fï tantefl, que celui que les États rejpecffs ont recu Jbus une Jïmple enveloppe, & Jbus la fignature d'un inconnu Hope, e/l celui dont elles parient dans leur Déclaration : car au lieu de notre ancienne & légale Conflitution, ce Manifefte nous offre les Conftitutions, Chartres & Priviléges qui étoient en vigueur pendant le régne de feue S. M. 1'Impératrice Marie-Thercfe; c'e/I-d-dire , une Conflitution, des Chartres, des Privileges altérés en tous leurs points , & trèsêloignés de ceux que les Puiffances voifines ont garantis par les Traités. II ne peut pas y avoir de Conflitution plus légale que celle qui a été folemnellement reconnue par la Nation a 1'inauguration des trois Princes qui ont régné fur elle depuis que la Souveraineté des Pays-Bas Efpagnols a été garantie a la Maifon d'Autriche par plus d'un Traité ; c'eft un fait que 1'on peut vérifier dans tous les Aües publics de la Nation. Un autre fait fur lequel on peut défier toute Pérudition de L. T. H. P. Belgiques, c'eft^ que fous trois Générations de" Prmces, il n'a été fait qu'un feul changement a la Lettre de la Conftitution d'une des Provinces, & s'ii y a eu fous Ie dernier régne des infractions a Ja Conftitution, il feroit facile de démontrer qu'il y en a eu de part & d'autre ; mais cette difcuftion, fondée fur 1'exafte vérité, feroit interminable, & d'autant plus inutile , que par fa Déclaration Royale, du 14 Oöobre dernier,  ( *° ) 1'Empereur, dont les droits & obligations font perfonnels, a promis de remettrt en Jon enüer ce qui pourrolt avoir été fait Jbus Le régne de fon au~ gufle Prédécjfeur contre La teneur de La Conflitution. Les Miniitres conciliateurs étoient tres-d'accord certainement avec le Plénipotentiaire de 1'Empereur , lorfqu'ils ont public leur Déclaration du 3i Oftobre , & lorfqu'il a publié le même jour celle de Sa Majefté, fignée a francfort le 14 dudit mois ; ce Plénipotentiaire auroit adreffé cette Pièce mémorable k des Hautes Puiffances d'une autre trempe que celles du Congrès Belgique, mais ce Miniftre refpectable prévoyoit 1'ufage qui auroit pu être fait de fa fignature , par des mains capables de faire des Commentaires, tels que ceux que 1'on voit fortir depuis un an de la plume d'un Linguet, d'un Feller, & d'autres calomnieux Coriphées de la même Académie. L'inconnu Hopé, qui a contrefigné, eft en effet Chancelifte de 1'Empereur , il en a pris la quaüté dans fa fignature, & comme tel il eft plus fondé a légalifer un afte que le trop connu Simon de Neau, dit van Eupen, en celle de Secretaire d'État du Congrès Belgicue ; & puifque dans tant de plats Libelles , il eft fi fouvent fait mention de 1'inconnu Hopé , il fera bien permis d'obferver dans ces réflexions véridiques qne 1'inconnu Hopé eft plus vrai , plus religieux, plus inftruit, qu'il écrit beaucoup mieux que le trop connu van Eupen ( * ). ( * ) Pour bien connoitre 1'inconnu Hupé , il n'y a qu'a lire le hien que dit de lui l'immorrel Auteur de 1'Hiftoire Naturelle , Vol. IV. des Minéraux , page 266 a 301, &c. Si M. de Euffun avoit pu c mnoitre le trop connu Simon van Eupen & (es Confo-ts, il en auroit enrichi le Régne Animal dans la familie des bètes carnaffières.  (») Ainfi qu'il a été dit plus haut, on dén"e le trop connu van Eupen 6c tous fes auhérens, mitrés , tondus, barbus , chauilés , déchauffés , & autres, de citer une feule altération a la Conftitution jurée par 1'Impératrïce , MarieTherèfe, & par 1'Empereur fon Pere , en faveur de qui la Souveraineté des Pays-Bas a été garantie par des Traités affez connus: en invoquer une plus ancienne eft de la plus mauvaife foi; c'eft ccmme fi un Anglois alloit réclamer la Conftitution de quelque Roi Saxon en mépris de la grande Chartre. Quant a l 'armiflice , nous voycns par le terme qu'on nous prefcrit, terme dont on avoït precifément befoln pour avoir le renfort tant dtjïre , que la Nation n'avoit pas mal calculé. Si jamais la Nation vient k s'appercevoir avec quelle bonne foi L. T. H. P. B. lui ont fait calculer les forces que 1'Empereur portoit aux Pays-Bas, & le terme auquel elles pouvoient y être rendues, la Nation détrompée pourroit fort bien élever L. T. H. P. a un tröne qui ne fatigueroit pas la plante de leurs auguftes pieds. Si nous nous trompons, Meflieurs , qu il nous foit cependant permis de vous obferver combien la Nation a été vivement frappée de recevoir, fous des menacesfoudroyantes, l'avis impérieux d 'obferver de fon cóté la fufpenfion d Armes : nous l'avions momentanément déclinê, pour ne pas nous y livrer imprudemment & fans des ba fes folides , fans que nous dujfwns nous attendre a nous voir  (II) obligés de fufpendre les attaques de notre cótefeul, qui avions la ju/li ce pour nous, & de devoir fouffrir avec patience les attaques que notre ennemi nous porteroit , ce qu'ü na pas ceffé de faire. _ L'impudence ne va pas plus loin dans une piece publique, & nous avons peine a comprendre que les Miniilres a qui elle a été adreffée avent pu contenir leur indignation en la recevant ious le vernis d'un prétcndu Acte de foumifüon. il eit de notonété publique qua 1'exception de 1 attaque des Autrichiens concertée avec les Limbourgeois pour expulser de leur Pays le tres-humain Commandant Brabancon & fes ijes-honnêtes fatellites , depuis fix mois les iroupes de Sa Majefté n'ont point attaqué les Iniurgens; qu'elles ont été harcelées fans ceffe par des forces infïniment fupérieures en nombre, quelquefois excitées au carnage par des Prêtres; que fur-tout depuis le 31 Oftobre elles fe font abftenues de toute hoffilités. Par égard pour Vos Excellences, nous n avons plus attaqués; vous êtcs trop jufles , MefJieurs , pour ne pas ménager des procédés réciproques entre notre ennemi & nous , ce qui ejï d'autant plus conforme a l'équité, que Vos Excellences 6- leurs Cours, ne peuvent exiger qu'une Nation jufques la hum 'diée & beaucoup plus irritée par la Déclaration de 1'Empereur , puiffe prendre un parti décifif 'pour la paix dans le terme de . 21 jours , & décider de fon fort fans qu'on lui laiffe le calme de la réfiexion : ce ne fera jamais d'ailleurs les menaces qui la  ( l3 ) conduiront: jamais on ne. lui donmra un Souverain malgré elle. Nous ne prévoyons pas trop quel compte les Miniftres conciliateurs tiendront a Nos Seigneurs du Congrès des égards qu'ils difent leur avoir marqués entr'autres de celui d'avoir applaudi , lorfque la Déclaration de ces Miniftres a été brulée par des poliffons devant 1'Hötel-de-Ville de Bruxelles , nous préfumons , que c'eft bien plus par égard pour le renfort de 30,000 hommes arrivé d'Aliemagne k 1'Armée Autrichienne que les attaques des Infurgens ont été moins fréquentes depuis un mois, & qu'ils fe font repliés en plufieurs endroits : mais il eft faux, de toute fauffeté qu'ils n'ont point attaqué : ils n'ont ceffé de tirailler fur les Troupes de leur Souverain jufqu'au 23 de ce mois : ils ont formeilement attaqué le 16, & ils en ont emporté de cuifans fouvenirs. Encore quelques jours, & il fe vérifïera fi en effet la Nation eft irritée par 1'Empereur, & fi Elle regarde ce grand Prince comme ennemi: Ja Nation qu'on fait parler , ne compofe pas la centieme partie des Habitans de la Belgique , mais d'un bout du monde k 1'autre on emprunte bien légérement le nom des Nations. L'Empereur offre la paix & exige foumiffion de fes Sujets; il n'eft pas queftion de leur donner un Souverain ni par menace ni autrement, mais de les engager s'il eft poffible, ou de les forcer, s'il le faut,a reconnoitre celui qu'un droit héréditaire, fondé fur les ftipulations les plus folemnelles, leur a donné. Les Nations les plus libres reconnoiffent la fucceffion héréditaire au Tröne, & le Peuple Belgique feroit  ( M ) le plus malheureux des Peuples, s'il reftoit longtemps fous la Souveraineté des trop connus van Jiupen & Confcrts. Nous prêvénons Vos Excellences , que nous Jomrnes occupés d drefer un Mémoire qui retracera d Vos Excellences la force , la juftice & Vèquité de nos raifons , de nos droits & de nos démarches ; entretemps dépendant du voeu de la Nation , nétant que les interprétes de fa volante ' nous nepouvons quaffurer Vos Excellences que pour tranquillifer la Nation, il faudroit des bafes , quifixaffent pour le prJfent & £e futur , invariablcment fa liberté civile & religieufe , quil faudroit le calme & un temps fuffifant, afin que la Nation qui ne calcule. pas comme un individu , pulfj'e péfer , ré- fiéchir & exprinur fon vceu. Voici un langage tout nouveau. L. T. H. P. B ont fait piller, emprifonner, pendre, maffaci'er,' chaffer des Citoyens de tout rang uniquement pour avoir réclamé le droit de la Nation a manifefter fon vceu fur la forme du Gouvernement qui lui conviendroit le mieux; toutes les Frontières des Pays-Bas font peuplées de families expatnées pour avoir exprimé trop hautement ces vceux, & pour avoir défigné 1'Emoereur Léopold comme le Souverain fous lequel la Nation ferort tranquille & heureufe. Ceux qui ont inquieté cette malheureufe Nation par mille menfonges , par les plus fcandaleufes fourberies 1 rehgieufes , pouvoient la tranquillifer il n'y a qu un ^ moment , mais le moment n'eft plus eloigné oü d'autres organes fe chargeront de c:  foin & recueüleront fes vceux. On n'a point confulté la Nation depuis un an pour la précipiter dans 1'abyme d?s calamités & de lopprobre dont 1'Empereur veut la tirer. Ceft d quoi les bons offices de Vos Excellences peuvent contribuer beaucoup, & c ejl auffi ce que nous avons lieu d'en auendre. Faitd Bruxelles le 16 Novembre 1790. Signés, M. F. J. Marrannes , Préftdent des États-Génlraux. VlSBECQUE , Préfident du Congés, P. J. van Eupen. Ita eft: fïgné , Jofepk F. de Bijl. Ceft a quoi les bons offices des Miniftres conciliateurs peuvent contribuer beaucoup; & c'eft aufli ce que la Nation a lieu d'attendre de leurs vertus , & de ce que 1'Empereur a droit d'attendre des engagemens contra&és entre leurs Cour 6c Lui aux Conférences de Reichenbach. Fait a Namur le 24 Novembre 1790.