DECLARATION que Son Alteflè Séréniffime le Duc Régnant de Bronsvic & de Lunebourg, commandant un Corps d'armée des Trouppes de Sa Majefté le Roi de Pruffe, adreiïe aux habitans cle la Provincc de Hollandc. S Maj-flé le Roi de Pruffe trfayant charge d'entrer avec nn Corps d'armée de Ses troupes dans Ia Provincc de Hoiiande, j'at vouiu avant d'agir, informer les habitans de cette Province dCs motifs de cette marche, des ordres du Roi, & de mes rnteations. II cfl notoire & (Tailleurs authentiquement conflaté par les ecrits publiés a Nimsgue, que S. A. R. Madame la Princefle d'Orange & de Naflau ayant entrepris le 28 Juin, de faire un voyage de Nimegue a la Haye & a Sa Maifon du Bois, dans rintention falutaire, de coöpérer autant que poiïihle au rétablürement de Turtion fi malheureufement & fi longrems interrompue dans la République des Provinces Unies, fut arrêtée dans ce voyage, après avoir paffe la vjlle de Schoonhoven dans le territoire de Ia Province de Hoiiande, par q'gel q lies gens armés aux ordres des Etars de cetre Province; qu'il'Jle fut menée par eux a un endroit apy,t\\é'Owerive/fe-Sluis, & qu'Llie y fut gardée comme prifonniere par d s femineiies placées a toutcs les portes, & un officier, avec 1'épée nue dans Sa Chambre; que la commiflion des Etars de Hoiiande, qui relide a Woerden, s'étaht rendue chez S. A. R. Lui a défendu de paifer outre vers Ia Haye, lous prérexte d'orl dres ftriéts, qu'ds avoient des Érats de Hoiiande, auxquels ifs avoient ëcrit pour demander des ordres ultérieurs; que la déclaration folemnelle de Madame la Princellé: qu'Elle ne vouloit faire ce voyage que dans les vues les plus pures de contribuer au fa„ lut de la patrie, en travaillant a un accommodement ju (te & équitable , ne fut écoutée ni admife; que la commiffion obligea plutót Madame la Princefle, de retourner a Schoonhoven , pour y attendre la réfolution des Ëtats de Hoiiande fur la letue que  5. A. R. avoit écrite de eet endroit en contéquence de eet événement au Grand - Penfionnaire de la Province, mais qu'après avoir envain attendu réponle pendant toute la journée du 19, S. A- R. n'a pu prendre d'autre parti que celui de retourner le 30 a Nimegue, & que ce ne fut qu'en repaiTant le Leek, que Madame la Princefle re^u.t une réponfe, qui par une prétendue pluralité , contre le fuffrage de 1'ordre équeüre & d'une partie des villes, a approuvé la conduite des Commiflaires de Woerden & renvoyé la lettre de Madame la Piincefle a une déiibération ultérieure de leurs commertans. Tout le monde impanial reconnoitra , que ce procé.'é eft tout a fait injufle & illégal , puifque dans un Pais, qui veut pafTer pour libre, perfonne, & pas mênne une petite majorité.des Etats de Ja Province, ne peut avoir le dtoit, de dcfendre a une auguüe Prir » celfe, Soeur d'un Grand Roi, Epoufe du Prince-Stadthouder héréditaire de la Province, & lui-mêrne premier membre de la 5ouveraineté, de voyager libremant ïan"S cette Province & de ié rendre a 1'endroit de ia réiid;nee coniiitutionelle, furtout après qu'el3e déclare folemnellement fes vues les plus pures pour le bien public, & écarté par la tout foupcon du contraire. Ce procédé injufle en foi-méme, devient injurieux & même outrageant au fuprême dégré par les circonflances, non feulement pour S. A, R. jVladame la Princefle & pour Son Séréniflime Epoux , mais aulTi pour le Roi Son frère, quand cette refpeftable Princefle, qui patjes vertus & par fes grandes quaütés a fu acquérir le iuffage & h vénération générale de la plus faine partie de la Nation Hol1 ïndoife , eit traitée par de petits Commiflaires & par leurs fupp->ts, cornme prifonniere & d'une maniere infolente & peu con\enable. Ce:te prétendue majorité des Etats de Hoiiande, qui ne 1'eft que par une ufurpation notoire, fe rend refponfable des jjisdits procédés iniufles & offenfants en les approuvant & ratifr.nt hautement contre le fuffrage de tout 1'illuflre Corps de la Nobiefle & d'une grande partie des villes de la Province, ainfi qr.e contre 1'avis & les conieils réïtérés & emprefles de LL. HH. VS. les Etats-Généraux des Provinces unies & confirmés & renouvellés enfuite par les Provinces en particulier, déclarant, qu'elles laiflbient le tout fur le compte & la refponfabilité de la majorité des Etais de Kollande. Le Roi n'ayant pas 'pü être indifférent a un affront fi énorme feit! de propos délibéré a une fceur chérie , & qui réjaillit par conféquent fur Sa propre Perfonne, s'efl adreifé d'iibord tant aux Etars de Hoiiande qu'aux Etats-Généraux, par des Mémoires que Son Miniiire, Se Sr. de Thulemeier, leur a remis pour demander Ëfe fans;adion prompte & éclatante de cenc injure, & la puni*  tion de ceux qui 1'ont commife. Quoique les Etats-Généraux ayent fortement confeillé aux Etats de Hoiiande, de donner la fatisfaftion demandée, ceux-ci ont pourtant jugé a propos de la déeliner entierement par une réponfe aufli précipitée que haute & évafive, dans laquelle , en tachanc de pallier la conduite de leurs Délégués par des défaites, ils s'attachent principalement a faire valoir les prérogatives du Souverain de ia Hoiiande & le danger, auquel ce Souverain & la Province auroient été expofés par le voyage de_ Madame la Princefle, tandis qu'Elle les avoit alfez rasfurés par fes dcclarations fur ce prétendu danger, & qu'ils avoienc eux-mèmes taut de rnoyens de s'en garantir, s'il en exifloit. Sa MajeÜé ne pouvant fe contenter d'une réponfe auffi peu fatisfaifante, a pourtant chtdfi la voye modéiée de réclamer encore une fois une fa t is fa £1 ion proportionnée a 1'offenfe par des Mémoires que le Sr. de Thulemeier a de nouveau remis le 6 d'Aoüt ranc aux Etats de Hoiiande qu'aux Etats-Généraux , & dans lefquels on^a prouvé aux premiers par des faits inconteftables la réalité des offenfes perfonnelles faites a Madame la Princefle, la non-exiflence du danger provenant du voyage en queition, & 1'incongruité d'alléguer toujours les droits du Souverain contre le principal membre de la trême Souveraineté, èc envers une Puitfance étrangere, pour laquelle la Souveraine:é des Provinces unies n'eit repréiemée que par les Etats-Généraux. C'eit depuis le 6 d'Aoüt que le Roi attend envain une réponfe des Etats de Hoiiande. ïl ne peut pas s'en promeitre une tant foit peu fatisfaifante , quand on voit & apprend de tout cr>té, que la prétendue majorité de ces mêmes Etats ne s'occupe que de rnoyens deluder fous de vains prétextes la fatisfaflion qu'on leur demande, & ne travaille qu'a la fufpenfion du Stadhouder de fes charges héreditaires, a l'injurier tous les jours par des li bel les diffamaioires, a dépofleder les anciens magiftrats par des violences iilégales & inouïes, & a faire en général tout ce qui eit poiTible pour amener l'anéantiflement & la deÜruftion entiere du Stadhouderat hé;éditaire de riiluflre maifon de Naflau, qui a fondé par fon fang toute la bare de Ia République Batave. Sa Majefté a donc pris la ferme réfolution , de prendre & de fe procmer Elle-même la fatisfa&ion qu'Elle ne peut plus efpérer d'obtenir par la voye des repréfentations. E!!e m'a chargé d'entrer pour eet effet dans la Province de Hoiiande avec un Corps de troupes, dont Elle m'a confié le commandemenr. Comme ces troupes feront obligées de palier par quelques Provinces, qui appartiennent au Corps de Ia République, mais qui ne prennenc point de part a la conduite ofleniante des Etats de Hoiiande, les. habitans de ces Provinces peuvent ctre afl'urés, que les iroupet»  >du Roi ne leur feront pas le moindre mal & ne prendront que le liber paiTage par leur terrhoire. C'eit, pourquoi ils font requis, de ne pas s'oppofer a la marche de ces troupes, mais de leur procurer plutot les commodités & toute aide &' afliüance amicale, dont elles pourront avoir befoin. Quant aux habitans de Ja Province de Hoiiande & des au:res Provinces qui prennent parti pour h prétendue majorité des Etats de cette Province, cotnme on fair , que la plus grande & la plus faine partie de la Nation Hollandoife eft bien intentionnée pour Tanden fiiteme patriotique & conüitutionel & que ce n'eit que par la violence & une force fupérieure, qu'elle a été entrainée a fuivre le fifteme d'un parti fadieux , on allure folemnellement de la part & au nom de Sa Majefté le Roi de Prufïe: que cette démarche ne fe fait aucunement pour porter attcinte a la conititution , & la liberté & au bien-être de la République & des Provinces qui la conftituent, mais uniquement pour prendre la fatisfaclion, qui eft due au Roi & a Mad. la Princefle d'Orange, Sa fceur, pour réparer l'affronr perfonnel qui Leur a été fait, que par conféquent les troupes du .Roi pbferveront partout cette bonne & exacte difcipline, qui les a toujours caraelérifées; qu'elles ne feront point de mal aux habitans de la campagne, qui fe tiendront tranquilles & qui ne s'op-.poferont pas a leur marche, ni aux villes, qui leur ouvriront leurs portcs de bon gré, qu'on tra;tera les uns & les autres avec toute Ja douceur & modération convenable, & que ce n'eit que contre xeux, qui voudr.oie.nt s'oppofer aux troupes de Sa Majelté, qu'on .employera la force pour vainere leur oppofiiion & leur mauvaife volonté. C'eft par toutes ces raifons, que moi foufiigné Général commandant en chef du Corps de troupes de Sa Majefté PrusJienne dellinées pour cette opération, je réitcre les aiiurances fus-dites ?i tous les habitans de la Province de Hoiiande & autres, je les requieis & exhorte de la maniere la plus forte & la plus xpnvenable , de ne pas s'oppofer a la marche & aux opérations .des troupes, que je, cpmmande, mais de leur accorder plü'öt par? tout une libre entree & touic bonne volonté , aide & affiftancel ijue les circonitances pourront exiger. pcnJié.& figné au Quariier • .Général de  I