HISÏÖIRE UNIVERSELLE, D E P U I S LE COMMENCEMENT DU MONDE jUSQU'A PRÉSENT. ÜJ PRÉS VANG LO IS Par UNE SOCiÉTÉ DE GENS DE LETTRES, &c. TOMÉ' QUARANTE-QU ATRIEME. CONTENANT La Continüation et la Fin de l'Histcire de Hollands ou des PkOVI-NCES-ÜNIES, ET le C o MM EN CE ME n t DE celle VAnGLSïEPvRE OU DE la G'r A nd E • B RE t A G N e. B&RICBIB DES CJRÏES NÉCESSAIRES. A AMSTERDAM xr s* troute A PARfS, Chez J. G. M E R I G 0 T le jeune ., Libraire fur Ie Quai des Auguttins au coia de la Rue pavée N». 38. MDCCLXXXVI1L   T A B L E DES CHAPITRES et SECTIONS DE CE QUARANT E-Q UATRIEME VOLUME. SUITE DU LIVRE TRENTE- TROISIEME. CONTINUATION DE L'HISTOIRE DE HOLLAND E OU DES PROVINCES-UNIES. SECTION VII. Hiftoire de la République nailfante , tyrannifée par le Duc SAlbe, depuis 1567 jufqu'a 1574. . . Pag. 1 u-^—-— VIII. Hiftoire de la République des Provinces - Unies, de puts la difgrace'du Duc d'Albe, jufques a ïaffajfmat de Guillaume 1. Princt d'Orange, ou depuis 1574 jujqtfa 1584. . 17 ""1 n . ~* Hiftoire de la République des Provinces - Ünies, deputs laffaflïnat de Guillaume I. Prince d'Orange, juJqWa la mort du Duc de Parme, ou depuis 1584 jufqu'en 1593. . . 94 ' T~f X« Hiftoire de la République des Provinces Unies , de- puts la mort du Duc de Parme, jufqWau Traité de IVeftphalie, ou depuis 1593 jufqu'en 1648 124 ' ; XI. Hiftoire de la République des Provinces - Unies, deputs le Traité de IVeftphalie, jufques a la Paix de Breda , ou depuis 1648 jufqWen 1667 172 ' ; XII. Hiftoire de la République des Provinces - Unies, depuis le Traité de Breda , jufques a la Paix de Ryswick, ou depuis 1667 jufqu'en 1697 250 -— .XIII. Hiftoire de la République des Provinces ■ Unies, deputs la Paix de Ryswick, en 1697, jufques a nos jours. . . 361  iv TADLE des CïÏAPlCf ES et SEC Tl ONS-. LIVRE TRENTE-QUATRIEME. HISTOIRE D'ANGLETERRC, Introduiïion a ï'Hiftoire a'Angleterre. .... Pag- 5aï [NB. On en donntra une Carte Géographique dans le Volume fuivam.'} AVIS AU RELIEUR. Le Tableau inticulé Divifwn de VAngleterra fe place devant !è Pag. &b HISTOIRE  HISTOIRE UNIVERSELLE DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE JUSQU'A PRÉSENT. SUITE DU L1VRE TRENTE-TROISIEME. HISTOIRE DE HOLLANDE OU DES PROVINCES UNIES. Section VII. Hiftoire de la République naiffante, tyrannifée par le Duc d'Albe, depuis 1567 jufqua 1574. Le Duc d'Albe pour avoir fait comber les têces des Comtes d'Egmond & de Hoorn, &, quoiqu'il eüt dit que peu de têtes de faumons valoient mieux que des milliers de têtes de grenouilles, ne fit plus grace a rien dece qui lui étoit fufpe£t:(i) il décréta de prife de corps le Prince d'Orange, le Comte d'Hogftrate, 1c Comte Louis de Naflau, le Comte van den Bergh , le Comte de Culenbourg , & Brédérode. Van Straale,& Cafenbrood, attachés au Comte d'Rgmond & au Comte de Hoorn, périrent auflï miférablement que leurs maitres. Le dernier fut écartelé. L'hötel de Culenbourg, ,oü la Confédcration avoit pris naiflance, fut rafé. On y éleva une colonne de marbre, fur la bafe de laquelle on lifoit cette infcription en quatre langues différentes. Regnante Philippo II. Cath. Hisp. Rege , in kis inferioris Germania Regionibus, Gubernante vero ejus nöminé Ferndndo Alvarès de Toledo, Alvce Duce &c Florentii de Pallant Comitis Culenburgii quondam domum fok cequari fancitum eft, ob execrandam memoriaal repetitie in eaConjurationis adverfus Religionem Eccl. Cath. Rom. Regiam Majeftatem, & ipfas Regiones. Anno Salut. CIJ. D. LXFIII. 5. Kal, Junii. Le fupplice des deux Comtes ne fut que le fignal du carnage. Quatre Pro- . teftans furent brülés vifs. „ On fit, dit Bentivoglio, plufieurs autres exé- 1 „ cutions femblables, avec tant d'horreur & d'épouvante de la part du peu„ ple, que 1'on n'entendoit de toutes parts que des foupirs, des gémifie- (1) Mdm. pour 1'Hift. de Flandrcs. Tome XLIV. A 5ect. VII. Hifi. de Hollande. [567-I574. Vouvet/es 'xécutior.u  Sect. VII Hifi. de Hoiiande. Appronvées par rinquifition ePEfpagne. Fin tragique du Baron de Montigny. (1) Bentivoglio P. L Liv. IV. (2) De Meteren. 2 HISTOIRE DE HOLLANDE , „ mens & des plaintes; a quoi le Duc joignit une horrible proclamation „ contre ceux qui étoient fortis du pays, que 1'on y rappelloit fous peine „ de la pene de leurs biens, s'ils n'y retournoient pas, & oü 1'on ordon.',, noit une rigourcufe recherche des biens, dont ils jouiflbient, avec défen(è a qui que ce fut de les cacher. (1)" Tous les Miniltres, dont on put fe faifir, allerent groffir la foule dcsMartyrs de leur religion; ceux qui leur avoient donné afyle, ceux qui avoient eu des liaifons fecrettes avec eux, ceux enfin qui avoient le plus affidument écouté leurs prédications, furent traités avec la même rigueur. Toutes les places, tous les carrefours de Bruxelles étoient teints de fang. On trainoit ces malheureux au iupplice, attachés a la queue d'un cheval, les mains liées fur le dos. On fit périr même des Catholiques, a qui on ne pouvoit reprocher d'autre crime que leur opulence. Parmi ces viétimes du fanatisme , il fe trouva un malheureux, qui fut arrêté, conduit a l'échaffaud, & décapité, fans avoir été entendu, fans même qu'on lui eüt demandé fon nom: peu de temps apres, eet inconnu fut décrété; on le chercha, on apprit qu'il étoit mort fous le fer d'un bourreau. On nt le procés a fa mémoire, & ce procés ne fervit qu'a faire connokre fon innocence. Quelques juges, encore capables de remords, parurent touchés de cette injuftice. L'inpitoyable Vargas n'en parut point ému. ,, De quoi vous affligez-vous, leur dit-il: faire périr un innocent, n'eft„ ce pasenvoyer fon ame dans le ciel?" (2) Toutes ces horreurs furent approuvées par 1'Inquifition de Madrid, qui déclara, par un décret folemnel, „ que tous les fujets du Roi dans les Pays-bas, tant a 1'égard des apoftafies, ,, héréfies , & révoltes , par lesquelles ils s'étoient foulevés contre PE„ glife & le Roi, qu'a 1'égard de ce qu'en feignant d'être Catholiques, ils „ n'avoient point fait ce qu'ils devoient faire,pour s'oppofer aux hérétiques, „ aux apoflats & aux féditieux, ce qui étoit trés facile au commencement, „ méritoient d'ctre tenus pour leurs fauteurs & infedtés de le'jr héréfie , de „ leur apofiafie, de leur fedition, & que les Nobles , qui avoient préfenté „ requête, au nom des fujets du Roi contre 1'Inquifition, & avoient encou„ ragé les hérétiques, les apoflats , les féditieux , étoient coupables du „ crime de Leze - Majefté au premier chef." Les loix de 1'honneur ne furent pas plus refpeclées que celles de 1'humanité. Le Baron de Montigny, frere du malheureux Comte de Hoorn, étoit venu en Efpagne fur la parole de la Gouvernante & du Roi. Sa perfonne étoit donc refpeéhble. Aucun privilege ne difpenfe un Souverain de la promeflè qu'il a faite a 1'un de fes fujets. Le Baron fut arrêté & conduit a 1'Alcazar de >égovie: a peine y étoit-il enfermé, qu'on vit arriver des pélerins flamands, qui portoient des violons & d'autres inftrumens, & qui demanderent la permiffion de lui donner une férénade. L'Alcayde ne crut pas devoir rcfufer cette confolation a fon illuflre prifonnier. Les muficiens entrent, accordent leurs inftrumens, & chantent des chanfons flamandes; du moins 1'Alcayde le crut. Ils difoient en flamand au Baron de Montigny, qu'on lui apportoi: des limes pour couper les barreaux de fa prifon, & des échelles de foie pour defcendre. Ces inftrumens étoient renfermés dans leurs violons,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VII. 3 qu'ils laifTerent, promettant de revenir bientót pour lui donner un nouveau f concert. Jufque-la cette comédie étoit bien jouée. Mais un fimple oubli H la termina d'une maniere tragique. Les prétendus pélerins n'avoient point 1 dit au Baron oü il trouveroit des chevaux pour s'enfuir. Antoine, fon Sécrétaire, fortit, prit la pofte, & courut après eux , pour leur faire cette importante queftion. II lesjoignit, leur paria, & revint. Mais 1'Alcayde vit les chevaux de pofte; il demanda qui s'en étoit fervi; le poftillon répondit que c'étoit le Sécrétaire du Baron. Le gardien commenca a fe défier des pélerins & d'Antoine. 11 défendit de laiffer entrer perfonne dans la chambre du Baron. Le lendemain il vifica les mets préparés pour Montigny & trouva dans un pain un billet écrit en flamand , qu'il envoya au Roi. Le Majordöme & le Sécrétaire du Baron furent arrêtés; peu de jours après on s'appercut qu'un barreau avoit été limé. Le prifonnier fut transféré a Simencas. 11 y fut étranglé fur un échaffaud; fon Majordöme fut pendu, & le boulanger qui avoit fait le pain, fut fouetté publiquement. (1) Tout le crime de Montigny étoit d'avoir excité Don Carlos a demander le Gouvernement des Pays-bas. Marguerite de Parme en étoit fortie: elle n'avoit plus ni autorité, ni crédit. Quelle que fut fa févérité, quoiqu'un grand nombre de families lui redemandat un pere, un fils, un frere iinmolés a la fuperflition; quoiqu'elle eüt violé & révoqué des promeffes folemnelles; cependant on ne la vit point partir fans regret. Son gouvernement parut doux, comparé a la tyrannie du Duc d'Albe; elle étoit devenue fi infupportable, qu'une multitude de Flamands fe retirerent dans les bois. Ils y vécurent avec les bêtes farouches. Ils en prirent la férocité. Ils pillerent les couvens & les presbyteres & mutilerent les moines & les prêtres. Le Duc d'Albe rendit les payfans refponfables du mal qu'éprouveroient leurs pafteurs; & menaca de les traiter ou comme meurtriers, ou comme voleurs, fi ceux-ci étoient volés ou aflafïïnés. Cependant 1'Empereur Maxïmilien fouffruU que le Prince d'Orange levat des troupes en Allemagne. Ce Monarque étoit indigné contre le Duc d'Albe, qui, malgré fes inftances, s'étoit haté de faire décapiter les Comtes d'Egmond & de Hoorn. 11 1'étoit plus encore contre Philippe, qui n'avoit répondu a fes prieres que par ces mots injurieux: „ Que 1'Empereur fe mêle „ des affaires d'Allemagne; celles d'Efpagne ne le regardent point. 11 feroit „ mieux de s'oppofer aux progrès de 1'héréfie dans 1'Empire, que de don,, ner des confeils a qui ne lui en demande pas." Cette réponfe étoit auffi injufte que groffiere. La plupart des Confédérés étant membres du Corps Germanique, leurperte intéreflbit 1'Empereur; elle intéreflöit auffi 1'Ordre de la Toifon d'or, qui feul, par fa conftitution, avoit le droit de les juger. II fe forma divers partis en Allemagne, mais tous mal combinés, & qui fe laifTe- : rent ruiner en détail, par le peu de concert qu'ils mirent dans leurs opéra- 1 tions. Une de ces troupes fit une tentative fur Ruremonde , mais elle fut taillée en pieces par les Efpagnols: une autre troupe fe raflèrobla a Saint Valery enPicardie; elle y fut arrêtée par les ordres de Charles IX, Prince dont 1'ame étoit de la même trempe que celles de Philippe & du Duc d'Albe. (0 Fcrreras. P. XIV. §. XVI. A 2 'ijl. da ollande. 567-1574- Départ d» 'a Gouvernante. rentatives nutiles.  Sect. VII. Hifi. dd Iloüa.ide. 1567-'574 Dêfaite des Efpagwjls. Sédition dans le camp des confédérés. Ils font mis en dèroute. ] ] Sage conduite du Duc d'Albe. 1 1 ] t I (0 De Meteren & Bentivoglio. (2) Le Clerc 4 HISTOIRE DE HOLLANDE Louis de Naflau crut étre plus heureüx. (i) G'étoic fur Gronirigöe qu'if. avoit j.-c : le.; vues, Mais il trouv.i le Comte d'Arenberg, Gouverneur de ceuv placé', rvöc a !e recevoir. Cependant il clioiik un poite avancagcux, & fe tiöt préparé a tout événement. L?s Efpagnols, intpatiehs de combattre, i'brtiront de leurs lignes,malgré la défeniè de leur Général: il fut contrahit de les fuivre. L'aetion fut liingiantc, les Elpagnols furent défaits. Le Comte d'Arenberg & Adolphe de Naflau, frere de Louis, demeurerent fur le champ de bataille. Cette victoire n'eut point de'fuite. Louis ne put ni vengèr fon frere, ni s'emparer de Groningue. Ce qu'il yeut de plus affreux, c'eft que les prilbnnicrs, qui étoient tombés entre les mains des LTpagnoIs a 1'attaque de Ruremonde, furent conduits au fupplice. La Nation vit furtout avec douleur périr de Villiers d'Huy, & d'autres gentilshommes recommandables par leur naiflance & par leurs qualités perfonnelles. Le Duc d'Albe vit accourir fous fes enfeignes, quinze eens cavaliers Allemands fous la conduite de Henri Duc de Brunswic , mille Bourguignons commandes par Norcherme, & trois Régimens commandés par le Comte de Reuls,par Barlemont de Hiergues, & par Roblès de Bifly. Ces auxiliaires & les troupes Efpagnoles fe rendirent a OverilIèl,oü le Duc d'Albe devoic en prendre le commandement. Les Comtes Louis de Naflau, d'Hogflrate , & de Schouwenbourg, fe retirerent vers la riviere d'Ems, dans un terrein* marécageux, réfolus d'y attendre le Prince d'Orange. Mais ils n'eurent pas le temps de rompre les digues. La fédition , fuice ordinaire de la difette r s'éleva dans le camp. A 1'afpecl: de 1'ennemi, ces foldats mutinés prirent lafuite; ils furent pourfuivis & taillés en pieces. Les Comtes de Naflau & d'Hogflrate allerent rejoindre le Prince d'Orange, qui s'avancoit par le Brabant a la tète de vingt-huit mille hommes. Cette armée traverfa la Meufe ivec tant de rapidité, que le Duc d'Albe refufa de le croire. „ Penfez-vous „ donc, dit il, qu'ils aient des ailes (2) pour franchir ainfi ce fleuve?" Dans 1'étonnement oti il ctok, les Efpagnols étoient défaits , fi le Prince 1'Orange étoit venu fondrefur lui;mais les foldats voulurent, avant de comsattre, laifïèr fecher leurs habits appéfantis par l'eau:ce délai fut la caufe du )eu de fuccès de cette campagne. Le Prince d'Orange agit plutöten foldat fuieux qu'en Général. II envoya défier le Duc d'Albe. Ce cartel fut recu avec népris, & le trompette qui l'apportoit,fut pendu, contre le droit des gens & es loix delaguerre. Nouveau Fabius, le Duc d'Albe réfolut de vaincre fans :ombattre. II ne fit qu'obferver 1'ennemi, le harceler, lui enlever fes foibles :onvois7leruiner par des efcarmouches. Heareux & habile dans le choix des sofles, il feut fi bien fe camper, qu'on ne put jamais le contraindre a fortir le fes lignes. Cette conduite étoit fage. Si le Prince d'Orange étoit vaincu, 1 ne perdoit qu'une armée. Si la victoire fe déclaroit pour lui, le Duc 1'Albe perdoit des provinces. D'ailleurs le Prince manquoit de vivres & 1'argent. La difette devoit bientöt le forcer a la retraite; & la néceffité du Mllage le rendoit odieux aux payfans. En effet la défertion commenija bien6c, & s'accrut chaque jour. Le Prince ne put retenir auprès de lui que melques debris, dont il dirigea la marche versla France, oü il efpéroic  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VII. 5 trouver des fecours. Mais tout trembloic devant la cruelle Médicis ; & le Prince ne rencontra que des périls & des pieges , dans ce royaume oü il cherchoit un appui. (1) Le Duc entra en triomphe d.msBruxelles, donna des feces,- (a) des tournois, dans ces lieux qu'il avoit inondés de fang, & fit bientöt fuccéder les iupplices, les profcriptions a ces fêtes. L'Inquifition reprit le cours de fes cruautés; 1'innocence , & le crime tremblerent égalemcnt. Les artifans s'cnfuirent ; 1'Angleterre leur offrit un afyle & s'enrichic de leur induitrie. La tolcrance fut toujours la véritable fource des richefles, L.e Génie des arts n'habite point oü regne le Fanatifme. Cependant le Duc crut; avoir conquis les Pays-bas pour les avoir appauvris & dépeuplés. Ses exploits furent célébrés dans cette* capitale du monde, oü 1'on avoit chanté ceux de Scipion. Le Pape lui envoya une toque & une épée, qu'il avoit bénies lui-même: on ne lui envoya point d'indulgences, c'eut été faire injure a un fi faint perfonnage, & tant de maflacres fancT:ifiés par le motif dont le Duc fe difoit animé , méritoient la reconnoiuance de 1'Eglife & non fa raiféricorde. C'efl ainfi qu'on jugeoic a Rome. Nous ignorons fi le^Duc poffédoit quelques vertus chréciennes ; mais s'il lui en reftoit quelqu'une, ce n'étoit certainement ni la charité,ni 1'humilité. Après avoir fait achever la cicadelle d'Anvers , il y éleva lui-même un monument a fa gloire. C'écoit une ftatue , faite avec le Canon qu'il avoit pris aux Confédérés. „ Elle le repréfentoit la têce nue, le bras droit défarmé, étendu fur la \, ville, & foulant aux pieds deux autres fhtues d'airain , qui repréfentoient „ la Noblefie & le Peuple de Flandres, ayant un grand nombre de mains „ remplies de requêtes, de bourfes, de haches rompues , de flambeaux, „ & de maillets, avec des mafques furie vifagerde leurs oreilles on voyoic „ pendre des écuelles de bois, & ils avoient a leur cou des befaces, qui „ font les meubles ordinaires des Gueux. De ces befaces fortoient des „ ferpens, des couleuvres , des mafques, & d'amres figures fymboliques , „ qui fignifioient lamalice, la fraude, & 1'avarice. On avoit gravé cette „ infcription fur la bafe, qui étoit de marbre: A Ferdinand Alvarès da Tolede, Duc d'Albe, Gouverneur des Pays-bas, pour Philippe II. Roi „ d'Efpagne, Miniftre trés fidele d'un trés bon Roi, pour avoir éloufé „ la Sé(ütion,chafé les Rebelles, reftitué la Religion, rétabli la Juftice, „ & ajjuré la paix aux Provinces. Au cöté droit du piedeltal , • on „ voyoit un berger qui menoit paitre fes brebis ; des loups & des lions „ fuyoient devant lui." II eft bon d'avertir le Ledleur que le Duc d'Albe étoit le berger, & que les partifans de la tolérance étoient les ^ loups. „ Des chats-buants, des chauves-fouris fe retiroient a la clarté de 1'aurore „ qui fe levoit & qui chaffbit tous ces animaux par fa lumiere, avec un „ mot grec qui fignifioit faurore chaffant le mal.'" C'étoit encore le Duc d'Albe qui étoit ce foleil naiffant, qui apportoit la lumiere & 1'abondance. „ Au cöté gauche on avoit gravé, au Dieu de nos peres; & un „ peu plus bas la Piété avec quantité de trophées, & de machines de CO Grotius Anaal. Liv. II. (2) Hifi. Eccléf. de Fleurt. ffift. de Hollande. 1567-1574. 1559, Orgueil du Duc d'Albe.  Sf.ct. VIL Hifi. de Hollande. 1567-1574 Ce monument lil! fait des enne mis, même en Efpagne. 157°- Nouveaux impóts. Remontrances de Viglius. } 1 < \ (0 Grotius Annal. Liv. II. (3) Le Clerc Liv. II. 6 HISTOIRE DE HOLLANDE „ guerrc qui marquoient fa Viftoire. Enfin au deftbus de la iiatue, on „ lifoic ces mots: Ouvrage dejungeling, fait du Canon pris fur 1'ennemi" II faut convenir que le plus impudenc flatteur de la cour n'auroic pas loué le Roi avec plus d'intrépidité que le Duc d'Albe fe louoic lui-même dans ce monument qui ne plut qu'a lui & au fhtuaire. Les Flamands ne le virent qu'avec les yeux de 1'indignation , les Efpagnols avec ceux- de 1'envie. Philippe même en fut jaloux ; il fit öter cette frame quatre ans après. Ruy Gomès de Silva, ancien concurrent du Duc d'Albe, plaifanta beaucoup fur le titre de trés fidele Miniftre qu'il s'étoit donné. Cependant le Gouverneur bravoit également 1'horreur qu'on avoit concue pour lui dans les Pays-bas, & le ridicule dont on le couvroit au-dela des Pyrénées. Le Confeil des trouUes continuoit fes perquificions. On punit & ceux qui avoient témoigné quelque joie des premiers fuccès du Prince d'Orange, & ceux qui avoient paru affligés de la défaite entiere de fon armée. Contre 1'ufage de 1'Eglife, on baptifa de nouveau les enfans qui avoient été baptifés par les Protefians. On paria enfuice d'une Amnidie générale , mais elle ne regardoic que ceux qui n'avoient favorifé ni le Proteflantifme , ni la Confédération. Ce pardon en un mot n'étoit que pour ceux qui n'en avoient pas befoin. (1) Les Privileges des provinces & des villes demeuroient a la difcrétion du Roi; le tribunal fanguinaire fubfiftou toujours; les biens confisqués n'étoient point reflitués; on condamnoit aux mêmes fupplices les fauteurs & les auteurs des anciennes féditions. Vbila ce que le Duc d'Albe appelloit un acle de clémence , une amniflie générale. Enfin on s'appercut bientöc que le projet du confeil de Madrid étoit d'épuifer tout lor des Pays-bas, pour payer les dettes de la Monarchie, réparer fes pertes, & foutenir fes guerres. Le Duc demanda d'abord le centieme de tous les revenus, fans en excepter ceux des Eccléfiafh'ques ; puis il exigea le vingtieme de tous les immeubles , enfin le dixieme de toutes les chofes qui feroient vendues. Ces impóts accabloient \ la fois Ia Noblefie, le Clergé, & les Négocians. Ceux-ci étoient déja a demi-ruinés par la défertion de leurs ouvriers. On envoya des foldats chez ceux qui firent quelque réfifiance. Les villes, qui préfenterent des remontrances, furent privées du droit de fuffrage dans les afTemblées. Quelques communautés appellerenc au Roi de la rigueur de ces ordonnances. De nouvelles amendes furent tput le fruit de leur appel. Le Préfident Viglius, qui s'étoit montré jufqu'alors un peu parcifan de la tyrannie Ef3agnoIe , profita de 1'afcendant que lui donnoient les fervices qu'il avoit rendus a la Monarchie. II ofa élever la voix en faveur de fa patrie; (2) 1 repréfenta au Duc „ qu'il falloit confidérer 1'état des divers pays; que 'Efpagne étoit une contrée vafle & féconde, défendue par des montagnes k par les mers; que les Pays-bas étoient ftériles & peu étendus, que le rommerce & furtout les manufactures de draps failbient toutes leurs ri:hefïès, qu'ils étoient entourés de peuples toujours prêts a donner un afyle : 1'indullrie perfécutée , & chez qui afflueroient les ouvriers Flamands, fi  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIL 7 on les accabloic d'impöts; que Philippe de Bourgogne n'avoit rendu ces Provinces floriffiintes, qu'en fupprimant la plupart des fubfides; qu'il avoit ' accordé des privileges aux étrangers , pour les attirer dans ces porcs; : qu'une conduite contraire alloit ruiner le pays; que les Flamands n'avoient jamais payé d'impöts perpécuels, mais lèulement des fubfides proportionnés aux circonftances & ré^lés par les Etats. Ce dilcours fut fans effet & 1'on fut fort étonné que 1'Orateur Peut prononcé impunémenr. A ces perfécutions, a ces impóts , a la déferdon , fe joignit un autre fiéau plus terrible encore. La mer rompit les digues, inonda une vatte étendue de pays, enfévéliflant fous fes eaux les hommes , les belliaux , les villages. II falloit fe défendre a la fois contre la nature , & contre les hommes. Dans Bruxelles, les marchands refuferent de payer le dixieme (1) & fermerent leurs boutiques. Auffitót des gibets font drefies; les bourreaux attendent leur proie. Cependant le Duc d'Albe n'ofa févir. Les mouvemens du Prince d'Orange 1'inquiétoient. II avoit demandé vainement des fecours en Suede, en Dannemarc. La Reine d'Angleterre elle - même avoit banni fes partifans de fes Etats. Mais en France, Charles IX, qui careflbit les Proteftans pour mieux les tromper, feignit de fe livrer a leurs confeils, de vouloir venger Frang ois I, & les colons recemment maflacrés dans la Floride, enfin réprimer 1'ambition du Monarque Efpagnol. On envoie au Prince d'Orange de 1'argent & des inllruétions ; on équipe une Motte a la Rochelle; on infulte le pavillon Efpagnol. Le Prince écrit auffitót aux amis qu'il avoit dans les Pays-bas. II leur promet 1'appui de la France. II réfolut de fe rendre d'abord maitre de la mer; cette entreprife lui fembloic facile. Les malheureux ouvriers bannis de leur patrie, d'utiles artifans étoient devenus piraces. Ils infeftoient les mers. Ils avoient pris d'abord plufieurs vaifièaux ; & ces conquêtes leur avoient fervi a en faire d'autres. Ces brigands, ennemis de tous les hommes , infracteurs de couccs les loix, fléanx de tous les rivages, ne refpectoient qu'un maitre. (2) C'étoit Ie Prince d'Orange. Us tenoienc de lui leurs brevers & la permiffion de faire en tous lieux le plus grand mal poffible. Ils s'étoient encore choifi un Amiral, mais dont 1'autorité étoit foible. C'étoit Guillaume Comte de la Marck , plus connu fous le nom de Lumay. C'étoit un homme féroce, plus digne de fervir le Duc d'Albe que la caufe commune. 11 étoit, comme tous fes matelots, avide de fang & de burin- Cette flotte recommenca la guerre, & jetca les fondemens de la libené Belgique. La plupart des grands Etats doivent leur origine a des troupes de brigands. Les vents les pouffi rent vers 1'lfle de Vorne; ils y defcendirent & s'emparerent du. port de Brille. Muximilien de BoiTu, Gouverneur de la Mollande, accourut pour fauver ou reprendre la place. A Pafpecl de fes troupes , les pirates brülerent leurs vaifièaux, pour dérober du moins cette proie a 1'ennemi. Mais le fpeéhcle des flammes jétta une fi grande terreur parmi les foldats du Gouverneur, qu'ils s'enfuiient. A fon retour il voulut traverfer Rotterdam. Les habitan» exigerent que 1'armée n'entrat que par pelotons, que les derniers n'entraf- (0 Grotius AnnaL Liv. II. (o) Hift. de Guillaume Prince d'Orange, lift. de lol lande. 567-1574' Charles IX feint de favorifer les Mécontens. Armée navale de' Pirates. »57*  8 HISTOIRE DE HOLLANDE Srct. VII. Hift. de HolUnde. i5rL'o\je?r Prince en s'avancant dans le Brabant avoit été de fecourii Louis Comte de Naflau, fon frere, affiégé dans Mons par les, Lfpagrlols Louis,après s'être emparé de Mons avoit bien preyu que le Duc d Albe nc fe Ta flroPit point jouir tranquillement de fa conquête. 1 al a fol hater_ d; fecours a la cour de France. ii y avoit été attire par 1 Amiral de Cohgn Ce malheureux chef du parti Proteftant en France, qui tant de fois avoi reletté les offres infidieufes de Charles ik, & qui peu de temps auparavant avoit répondu 3 un émiflaire du Roi qui lui propofoitde revemr a Paris, qu u «\ avoit point en Frame de Comte dFgmont, (4) s etoit enfin luiffè föduire par les careöès artificieufes de Catherine de Medicis & de fon fik II jouiflbit alors en apparence a la cour du plus grand credit. Rome & Madrid étoient en proie aux plus vives alarmes. L'Amiral prefenta k Comte de Naflau au Roi: Charles le combla de carefles, (5) lui promi, de dé-larer la guerre a 1'Efpagne, & le renvoya plein de la douce efperan ce de recevoir bientöt de puiffans fecours. En effet Jean-Augufte Baron * Genlis, s'avanca a la tête de fix mille hommes pour fecourir Mons. U Duc d'Albe inftruit de la marche des Francois, envoya aletir rencontre Fredéric de Tolede, fon fils. Le Baron de Genlis eut du éviter le combat. Grot. Lib. II. (2) Meurfius Rer. Belgic. Lib. III. p. 171. (_3) htraaa ae oen. ucign-. ■ "> £5) Théod.ibAgr. d'Aubigné Hift. Univerf. Tom. II. Liv. I. Chap. II. Meza»y Hift. de France. Mezeray Regne de Charles IX. B 2 Hift. de Hollande. I5Ö7-I574- Lcspeuples paycnt de grandes contribu' tions pour Ventretien de la guerre. Succes du Prince d'Orange, Louis de Nafau vicnt en France.  ia HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VII. Hifi. de Hollande. I567-I57* Le Bai on de Genlis efl défait par Frédé' tic deTolede. Défaile de Varmée du Prince d'Orange. Cruaulès das Efpagnols. jufqu a ce qu ,1 eut pu fe joindre au Prince d'Orange; mais. emporté par une envie exceflive de fe fignaler, il marcha aux ennemis & fut défait. Douze eens Franco-is refterent fur lechamp de bataille, Genlis lui-même fut obhge de rendre les armes. Frédéric ternit 1'honneur qu'il venoit d'acquérir, en laifant pendre les prifonniers Francois. (1) Le Général feul fut refpefte; tout le refte des prifonniers fut pendu. Cette infraétion des loix de lhonneur & de la guerre ne fut point vengée; la cour de France ne s en plaignit point Son filence prouve aflez qu'elle n'avoit permis aux Calvimftes depoufer la querelle des Flamands, que pour les envoyer a la bouchene Quant a ceux qui avoient cherché leur lalut dans la fuite, ils furent mafTacrés par les payfans; de forte qu'on ne recueillit pas même les debns.de cette armée. Ce qu'il y a de plus inconcevable , c'eft que cette vicloire ne couta que trente hommes aux Efpagnols; d'oü 1'on pourroit eonclure qu il y avoit des traitres dans 1'armée francoife ft™/™? Gui,lauT d'0«nge Ma tête de fix mille chevaux & d'onze mille fantaffins loumettoitle Brabant & dirigeoit vers Mons fa marche triomphante refolj1 de fecourir fon frere. II y arriva dans le temps ïs Efpagnols célébroient par des falves d'artillerie, 1'abominable maflacre de irtSJfn"' C1 ébré^-Uffi h R°me Par rinfaimbIe po^e qui en ren! dit a Dieu de folemnelles aftions degraces: époque a jamais exécrable dans les Annales de la France de 1'Eglife & de 1'Humïnité !Le Prince trouvaT llT±Tïdü DU^ Alb£ inacceffibIes' IlsWorca,maisenvain,deSi -----m «u.^» iu menie aans ion camp, attaqué jufques dans fa tente pendant fon fommeil, i ne dut la vie qu'a fï chienne, qui le réveilla par fes HnVpin" * FT* ^ ^ mc lès Pattes' 11 ^ Ie «mps d'appeller In ÏZl % t metCr en défenfe' Mais bientót 11 décamPa, Hcenda fon armee & abandonna fes conquêtes. Louis de Naflau voyant les enfeignes de fon frere s éloigner & ne pouvant plus compter fur les fecours de W?roNrr nk Pi2Ü dCS Cöndi"ons honorables & fe retira a Dillembourg. CO Le Duc d Albe abufa de la viéloire, comme on avoit dü le pré, vo.r La ville de Mahnes fut livrée au pillage. Les foldats chargés dePdépou. les allerent les vendre a Anvers, ou plutöt les donner au plus vil prix. Un Jefuite engagea les marchands a profiter de cette profufion , non pour s ennchir, mais pour reftituer aux malheureux habitans de Malines, pour la meme fomme, tout ce qu'ils auroient acheté. Son confeil fut ftaivi! Cet immenfe butm ne couta que cent mille francs; tant le foldat étoit impatient de InnrnSnf fuC rendu aux MaIinois' & ces richeflès SnZnr „« fu ^ M™ les aUfres villes n'cure»c Ie même bonheur. Les foldats hvrerent aux flammes, ou enfévélirent fous les eaux ™ ï-lfAUrem "TT"' Zmphen cmP°Ftée d^ Par Frédéric, fut MP theatre dhorreur & de carnage. Scmblable au jeune tigre , qui, des quil a quitte h mamelle de fa mere , cherche a fe repaïtre de fang , led.gne fils du Duc dAlbe avoit déja toute fa férocité. U fit d'abord péri- CO Strada Liv. VIL w Sc«di ibid. Meurfius rer. Belgic. Lib. III,.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Suct. VII. 13 au milieu des fupplices un grand nombre d'habitans, enfin, ennuyé de la lenteur des bourreaux, il fic pafier tout le refte au fil de 1'épée. Le Brabant, la Gueldre & l'Overyflèl furent foumis par le Duc, ou par fon fik La Hollande & la Zélande étoient les feules Provinces qui paruflènt difpofées a fe défendre contre les Efpagnols. Frédéric marcha vers Narden, petite ville de Hollande. Les habitans promirent de fe rendre, pourvu qu'on ne fit point entrer plus de cent Efpagnols dans la^ place , & qu'on leur confervat leurs biens & leur vie. Frédéric parut content de ces conditions ; mais tandis que les habitans fe raflemblent par fon ordre, dans une églife pour y prêter ferment au Roi, les Efpagnols pénetrent de toutes parts dans Narden & inveftiffent 1'églife. Frédéric , comme s'il eüt craint que fes foldats tout féroces qu'ils étoient, ne balancafient a maflacrer une troupe de citoyens défarmés-, donna lui-même Pexemple & le fignal du carnage en tuant de fa main un. Bourguemeftre. Enun moment 1'églife eft jonchée de cadavres & inondée de fang: les foldats excités par leur chef vont jufque dans les höpitaux , arrachent de leurs Hts les malades & les maflacrent. Tant de cruaurés & d'horreurs releverent plutöt le courage dés Con* fédérés qu'elles ne 1'abatdrent.. Elles firent plus pour le falut des Provinces , que n'eüt fait le Prince d'Orange fuivi d'une armée: c'eft. 1'effet ordinaire des perfécuüons politiques ou religieufes, de faire naitre des héros ou des martyrs. L'amour de la patrie & de la liberté fe dévéloppa alors avec plus d'énergie, & ces marchands fi méprifables aux yeux des Efpagnols, commencerent a montrer des vertus dignes des héros de Rome & d'Athenes. Jamais 1'enthoufiafme de la liberté ne parut avec plus d'éclat, que dans le fiege mémorable de Harlem. (i> Frédéric avoit, offert aux habitans des conditions avantageufes,. s'ils vouloient rentrer fous 1'obéiflance de Philippe; mais ils les rejetterent avec mépris. Pour fe • fermer a eux -mêmes tour. chemin a un accommodement, (2) ils entrent dans les églifes, mutilent les ftatues des faints, les portent fur les remparts , & leur font mille outrages a la vue des Efpagnols. Les femmes mêlées parmi les hommes leur difputoient les périls & les égaloient en intrépidité. L'époufe combattoit a cóté de fon époux, & la mere a cöté de fon fik Kennava étoit a la tête de ces héroïnes ; on la voyoit fans cefle dans les fortificadons encourager les travailleurs, ou^ dans les forties donner a fa troupe Pexemple de la bravoure. Saint Aldegonde & Riperda qui commandoient dans la place, ne négïigeoient rien pour la mettre en écat de défenfe. Frédéric , qui s'étoit promis une conquête aifée, frémiffbit de voir, chaque jour, fes troupesrepuufiëes , les tranchées comblées , & les Efpagnols eux-mêmes obligés que'quefois de défendre leurs retranchemens contre les affiégésdevenus agrefleurs. II menacoit les habitans des plus horribles tourmens , fi jamais la ville tomboit entre fes mains. Pour les effrayer, il fit jetter dans la ville la tête d'un homme, avec cette infcription: „ la tête de „ Philippe Coninx, venu pour délivrer Harlem avec un fecours de deux. CO Meurfius Liv. IV. De Meteren Liv. IV." (2) Strada Liv. VIL B 3 (IifL de Hollande. :5Ö7-i574. Varden eft raccagie. "rttautés les Efpainols. Les Efp'a^ ftiofs for~ment le Qege de Harlem. Les femmes le iifpuiint iux huil:-nes entouragedans ce Qege.  J fio£r. VIL', Hifi. de , Hollande. Traits fniguliers ■ de cruauté ' de part & ( d'autre. • Frédéric de Totede . veut lever le fiege. ' £ Son pere 1 s'y oppój'e. ( Les babi- 5 ftf»S de ' Harlem i manquant ] tfargent j payent les foldats 1 ««« ( monnoie j carton. ^ Le Prince ^ d'Orange i ■eft battu ( c« votilant < fecourir ia ville ' «J%/& ( 1 1 Ê li a / p d 4 HISTOIRE DE HOLLANDE , mille hommes." Quelques jours après les affiégés trouverent une aure tête, avec cette autre inlcription: „ la tête d'Antoine le Peintre, qui 4 livra aux Francois h ville de Mons." Les habitans de Harlem fe /engcrent fur onze prifonniers Efpagnols des cruautés de Frédéric. Ils ïrent pendre ces onze malheureux, & ayant renfermé leurs têtes dans un «ede tonneau,ils les firentdefcendre pendant la nuit dans le camp des affiercans. Le tonneau portoit cette irifcription: „ les habitans de Harlem , payent dix têtes au Duc d'Albe, afin qu'il ne leur faffè plus la guerre i Pour je payement du dixieme qu'ils n'ont pas encore payé, & pour , 1'intcrct qui lui eft dü , par le retard apporté au payement, ils lui en , donnent une onzieme." Telles étoient les horreurs qui fe commettoient le part & d'autre de fang froid: chaque prifonnier qui tomboit aux mains les Efpagnols, étoit puni du dernier fupplice , & les affiégés ufant du droit le repréfailles, pendoient aux créneaux de leurs murs tous les Efpagnols lont ils pouvoient s'emparer. Tandis que ce fiege trainoit en longueur. Les Confédérés avoient feu ilufieurs fois tromper la vigilance de Frédéric , & avoient fait entrer des ivres & des troupes dans la ville. Le Général Efpagnol lui-même dé;oüté par la longueur du fiege, fe préparoit a ramener fon armée en Srabant, lorfque le Duc d'Albe inftruit de fon deffèin lui écrivit ce peu le mots: „ Si vous êtes réfolu de lever le fiege, tout malade que je , fuis , je me ferai porter dans le camp ,& fi ma maladiequi augmente tous , les jours ne me permet point de commander en perfonne, je ferai venir ^ d'Efpagne votre mere pour prendre votre place & pourfuivre le fiege." rrédéric fenfible aux reproches de fon pere , ne s'occupa plus que des noyens de réduire la ville de Harlem, dut-il perdre fous fes murs la noitié de fon armée. Les affiégés commencoient a reffèntir les horreurs 'e la famine. On manquoit dargent pour payer les troupes , on imagina lors de faire frapper une efpece de monnoie en carton , qui füc admife ans le commerce pendant le fiege. (i) Le Prince d'Orange n'étoit point demeuré oifif, il avoit équipé une lotte & s'avancoit au fecours de Harlem. Le Comte de Boffu marcha a a rencontre, & 1'attaqua fous les mars mêmes de la ville. Le fuccès de :e combat ne fut pas favorable aux Confédérés. Le Prince d'Orange fut >bligé de fe retircr, après avöir perdu feize vaiffèaux de guerre & cinq bateaux chargés de vivres. Les affiégés virent du haut de leurs murs cette léfaite. Quoiqu'elle leur ötat tout efpoir d'être fecourus,leur courage ne tarut point ébranlé. Déja la poudre & les vivres commencoient a leur aanquer; mais dans cette affreufe extrêmité ils fembloient regretter davan- (0 Ces^pieces de monnoie portoient des devifes analogues a la fituation des affie'és. Sur l'.une on voyoit les armes de Harlem, avec une légende Flamande dont voici i traduétion: Les promejfes du Duc d'Albe paroiffent en mei.', Fan 1573. Sur une utre on lifoit ces mots , écrits auffi dans la langue du pays : Quand Harlem fut ajfiéie par la lyravnie du Duc d'Albe, on donnoit cette monnoie aux foldats pour leur V*, 13 Juillet 1573. Enfin fur une troifieme 011 voyoit une femme armée & portanC aur coëffure le chapeau de la liberté,avec cette légende: Libertas patri*: la liberté •■ la pairie. Explicat. Hift. des Médailles des Provinces-Unies des Pays-Bas, p. 31.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIL 15 ta°"e ce qui leur fervoic a öter la vie aux Efpagnols, que ce qui les aidoit \l foutenir la leur. Le Colonel Tferars, a la tête d'une troupe de braves, fortit de la ville, pénétra dans les lignes des affiégeans & fe fit un pafiage a travers leur camp. II avoit promis aux affiégés de leur amener un fecours confidérable. En effet il reparut bientöt fuivi de quatre mille hommes. Mais moins heureux lorfqu'il voifiut rentrer dans Harlem, que lorfqu'il en étoit forti, il fut invefii par les Efpagnols, & fa petite armée taillée en pieces. Les Efpagnols firent mettre auffitót a la tête des tranchées les quinze drapeaux & les fix pieces de canon qu'on avoit trouvé fur le champ de bataille. La vue de ces trophées remplit la ville de confternation. Depuis plufieurs femaines les habitans ayant épuifé tous les vivres étoient obligés d'avoir recours aux plus vils alimens. Un grand nombre étoit mort de faim , ils n'avoient plus que la perfpeclive affreufe ou d'expirer de faim dans leurs murs, ou de périr par les mains d'un bour reau, s'ils ouvroient leurs portes aux Efpagnols. Dans cette fituation malheureufe, ils ne prirent confeil que de leur courage; ils réfolurent d'un commun accord de fortir tous de la ville , de placer au centre les femmes, les vjeillards & les enfans, de percer a travers le camp des Efpagnols, & d'y mourir glorieufement les armes a la main, s'ils ne pouvoieni fe frayer un pafiage au milieu des ennemis. On fe préparoit a exécutei cette réfolution héroïque, lorlque les émiflaires de Frédéric, en faifani Féloge de la clémence du jeune Duc, en le repréfentant comme un Prince généreux après la viéïoire, qui n'attendoit pour combler fes ennemis de bientaits, que de les voir a les pieds, parvinrent a faire propofer une ca pitulation. Un Capitaine Francois ,nommé Bourdet, (1) fit tous fes effort: pour ramener le peuple a fon premier deflein. Mais fes remontrances fu rent • fans effet. Ce brave officier aimant mieux perdre la vie que de 1; devoir a la clémence des Efpagnols, pria un de fes foldats de le tuer Celui-ci lui rendit en frémiffant ce trifie & dernier fervice. La capitulation fut fignée. (jj) Frédéric accorda Ia vie aux bourgeois a condition qu'ils payeroient deux eens quarante mille florins. On ei excepta cependant cinquante-fept, qui par leurs difcours & leur exempl avoient éxcité leurs concitoyens a ne fe foumettre qu'a la derniere extrê mité. Les foldats fe rendirent a difcrétion: les Allemands & les Ecofibi furent les feuls a qui 1'on accorda la vie. Les autres furent condamnés ai dernier fupplice. Plus dé deux mille périrent au milieu des tourmens, 6 les échaffauds, oü les cadavres de ces malheureux étoient expofés & palpi toient encore, fervirent de pompe triomphale a 1'entrée du Duc d'A'.b & de fon fils. 'felle fut la fin de ce fiege mémorable, nü les Efpagnol perdirent prés de douze mille hommes. Quoiqu'ils eufient fini par êtr vainqueurs, cependant la lenteur avec laquelle ils avoient obtenu la victoire fit efpérer aux Confédérés qu'ils pourroient auffi triompher a leur tour. Pendant que les troupes Efpagnoles fe mutinoient, paree que le Du d'Albe refufoit de leur payer leur lolde depuis plufieurs mois, les Cor fédéres mettoient k profit iesinftans & forcifioient leurs places. Alcmar { (0 Théod. Agrip. d'Aubigné, Hift. Univ. Liv.. I. Chap. XX. (>) Le 13 Juiiler» Hifi. de Hoüatida. 1567-1574. 1573. Trifie fituation des ajjiégts » ' AUion de l courage cFnn cfficieiï Frangois. ! La ville 1 capitulc. 5 Cru au té 1 des Ej'pa' ,jnols.  v6 HISTOIRE DE HOLLANDE «RCti VII. Hifi. de Hollande, 1567-1574. Le Duc d'Albe eft rappellé. ■Philippe envoie d fa place Don Louis de Requefens. pecite ville prefque fans défenfe, arrêta Frédéric pendant deux mois. (r) 11 poufla la barbarie jufqu'a placer les habitans de Harlem a la tête des tranchées, pour épargner le fang de fes foldats & décourager les affiégés. Tous fes efforts furent inutiles. Envain il multiplia les attaques, donna plufieurs aflatits a la ville, & fit foudroyer fes remparts par une nombreufe artillerie. Le courage des affiégés fembloit croïtre a mefure que leur nombre diminuoit, & Frédéric fut enfin obligé de lever le fiege. La fortune des armes n'étoit pas moins favorable aux Confédérés fur les frontieres du Brabant & dans le Zuyder-Zée. Le Prince d'Orange s'empara de Gertrudenberg, & le Comte de ' Boffu fut pris dans un combat naval. II avoit pénétré dans le Zuyder-Zée, malgré les efforts des ennemis qui vouloient lui en interdire 1'entrée. 11 commandoit une flotte nombreufe & chargée d'une armée formidable. Les Confédérés oferent 1'attaquer. Les vaifleaux Efpagnols furent ou pris ou difperfcs. Le Comte de Boffu fe défendit pendant vingt-huit heures contre prefque toute la flotte ennemie. Enfin après avoir vu deux eens vingt hommes de fon équipage étendus fur le pont de fonvaiffèau, il fe rendit. (2) Cependant Philippe avoit cédé aux confeils de fes Miniflxes, qui accufoient le Duc d'Albe d'être la caufe de la perte des Pays-Bas. On a déja remarqué que le Duc de Medina-Cceli avoit été cnvoyé pour prendre le commandement. Mais le Duc trouva a fon arrivée les affaires des Efpagnols en fi mauvais état & leur domination fi odieufe aux peuples, qu'il jugea également impoflible, ou de foumetcre les mécontens par la force des armes, ou de les ramener par la douceur. Don Louis de Requefens, Grand-Commandeur de Caftille, fut envoyé a fa place.. Le Duc d'Albe lui remit le commandement & partit pour 1'Efpagne, chargé de malédiclions par les Confédérés, & de reproches par fes compatriotes. II paroiflbit n'avoir d'autre regret que de n'avoir pas verfé plus de fang. II fe vantoit d'avoir fait périr dix-huit mille hommes par les mains des bourreaux. Vargas, qui avoit été le mim'ltre de fes cruautés, 1'accufoit hautement cf avoir per du les Pays-bas par trop de miféricorde. Philippe, qui avoit approuvé en fecret fon adminiflration tyrannique, lui fit un accueil clistingué. Mais ce Prince, qui avoit paru lui pardonner d'avoirperdu une partie de fes plus belles Provinces, fut inexorable lorsque le Duc s'oppofa au mariage de Frédéric fon fils avec une des filles de la fuite de la Reine; il fut exilé a Uzeda. (3} SEC- CO Meurfius rer. Belgic. Lib. IV. Cs) Les Efpagnols avoient donné au vaiffeau Amiral que montoit le Comte de Boffu, le nom dCInqhifition, pour reprocher aux Confédérés le fujet de Ia guerre. Ceux - ci ayant obtenu la viétoire firent frapper une médaille, oü le combat naval fur Ie ZuyderZée étoit repréfenté; on y lifoit ces mots: Inquifttia inquirend» niwis fedulo, ft ipfam perdidit. (3) Strada Lib. VII.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. i? SECTION VIII, Hiftoire de la République des Provinces-unies depuis la difgrace da Duc d'Albe, jufques a l'afjajfinat de Guillaume I. Prince d'Orange, ou depuis 1574 jufqu'a 1584. L. |e nouveau Gouverneur des Pays-Bas adopta un fyftême d'adminiflxa- Hifi. de tion abfolument contraire a celui de fon prédécefTeur; il fignala fon arrivée par 1'ordre qu'il donna d'öter de la Citadelle d'Anvers Ia Statue de bronze que le Duc d'Albe s'étoit érigé a lui-même. (1) Requefens avec plus de talens que le Duc d'Albe pour le gouvernement, lui étoit inférieur dans l'art de la guerre. Une flotte qu'il avoit envoyée au fecours de Middelbourg, fut battue parles Confédérés; le Vice-Amiral Efpagnol y perdit la vie & Requefens qui obfervoit tout du rivage, fut témoin des prodiges de valeur que firent les ennemis pour gagner la victoire. La prife de Middelbourg fuivit de prés ce revers. Le Prince d'Orange cira de cette ville quatre eens mille écus qui fèrvirent a payer la folde des troupes. (2) Louis de [VafTau, qui s'étoit retiré en Allemagne depuis la prife de Mons, reparut cette année dans les Pays-Bas. (3) II étoit accompagné du Comte Henri fon frere, & du Prince Chriftophe fils de 1'Elecleur Palatin, Son armee montolt a 8000 hommes. Requefens envoya 'a la rencontre 1'élite des troupes Efpagnoles. La fortune fe déclara en faveur de Philippe. L'armée de Louis de Naflau fut taillée en pieces, lui-même & fes deux compagnons perdirent la vie dans le combat. Ce qu'il y a d'éronnant, c'eft qu'on chercha envain leurs corps fur le champ de bataille. Grotius attribue le mauvais fuccès de cette journée. a la mutinerie des foldats de Louis, qui refuferent de combattre, a moins qu'on ne leur paylt leur folde. {4) La même frénéfle s'empara bientöt des Efpagnols: 5000 foldats fe nifleinblent en tumulte, entourenc les Généraux, fe plaignent qu'ils n'onr qae les dangers & les fatigues en partage, tandis que les faveurs &les récompenfes lont pour leurs commandans; que ceux-ci jouiflènt en paix du fruit de leurs travaux, que les dédains & les mauvais traitemens font le prix de tant de blefhVes recues au fervice de Phi'ippe, & qu'enfln on élu'de fans ceflè fous différens prétextes de deur payer les foibles foldes qui leur font dües. Les Officiers employent envain tour-a-tour les promefles & les menaces pour les appaifer. Ils n'écoutent que leur rcflèntiment, dëpofent leurs Capitaines, s'en choififlent de nouveaux, & s'avancent en ordre de bataille du cöté d'Anvers. La garnifon de la citadelle, loin de leur fermer les portes , partage leurs feminiens & fe joint a eux. Tous (O v- ftipra pag. 5. (2) Strada Lib. VIL (3) De Meteren Liv. V. Bentivoglio Liv. VIII. C4) Grot. Ann. Lib. II. Terne XLW. C Hollande. 1574 1584. La Status du Duc d'Albe eft abattue. Ann. 1574. La flotte Efpagr.ole eft défaite par les confédérés.Prife de Middelbourg. Louis de Naflau tui dans un combat qu'il Hvre aux Efpagnols. Les troupes Efpagnoles fe révoltent contre leurs chefs.  i8 HISTOIRE DE HOLLANDE FrCT.VIII. Hifi. de Hollande. 1574 1584. Les habitans d'Anvers font forcés de payer quatre eens mille florins pour fatisfaire les mutins. On publie une amnistic dans les villes d'Anvers {5* dy* Mrusselles. Taldes forme le blocus de Leyde. jurent de ne rentrer au fervice de Philippe, que lorfqu'on les aura. faüsftit fur tous leurs griefs. Requefens reent en même temps la nouvelle de la défaite du Comte de Naflau, & celle de la révolte de fes troupes: il courut a Anvers, & fe préj~enta aux mutins, qu'il trouva rangés en bataille fur 1'efplanade de la citadelle: il n'obtint d'eux de rentrer dans le devoir qu'en leur faifant payer 400000 florins, que les malheureux habitans d'Anvers furent obügés de lui fournir. On vit depuis dans les Pays-b..s plufieurs fédiiions parodies, qui furent appaifées de même en levant une taxe fur les habitans des villes. La négligence des gouverneurs a punir les mutins fit croire au peup!e, que c'étoit une nouvelle invention du Confeil de Madrid pour le raeitré a contribution. Cependant Requefens, plus fait pour les négociatrons qne pour h guerre, cherchoit toutes les occafions de recouvrer Paffecbon des peuples. On publia par fon ordre avec pompe dans les villes d'Anvers & de Bruxelles, un reicript^ de Philippe, par lequtl ce Monarque promettöit a fes fujets révolté* d'oublier leurs fautes, & n'exigeoit pour condition de la grace qu'il leur offroit que leur retour a la Religion Romaine. D'un autre cöcé les émiflaires de Requefens répandus dans les villes foumifes au Prince d'Orange, s'itifinuoient auprès des principaux citoyens, leurpeignoitnt Philippe comme un pere tendre, qui n'attendoit qu'un moment de repentir pour ouvrir les bras a des enfans qui 1'avoient cruellement outragé. Mais ces démarches & ces vaines promel.es ne lrrent aucun effet iur 1'efprit des peuples. Elles leur révéloient le fecret de leurs forces & de la foiblefle de leurs tyrans, On en méprifa davantage Philippe, on ne 1'én détefta pas moins. La haine qu'on avoit concue pour la domination Efpagnole, & pour la Religion Catholique que 1'on regardoit comme inféparables, avoit pouffe de trop profondes racines pour que les Miniltres Efpagnols puflènt efpérer jamais de ramener les Pays-Bas autrement que par la force. L'averfion que le peuple portoit au nom Efpagnol, étöit parvenue a un tel point, qu'on vit un matelot qui avoit tué un foldat de Requefens, lui arra^her le cceur & le déchirer avec fes dents. On propofa dans le Confeil de confiruire une flotte qui put tranfporter dans le nouveau monde tous les habitans des Pays-Bas, de rompre les digues & d'enfevelir fous les eaux toutes les Provinces, tandis qu'ils iroient fous un autre hémilphere chercher une autre parrie. Requefens voyant le p:u de fruit qu'il retiroit de toutes fes tentativcs, ordonna a Valdès qui avoit formé le blocus de Leyde, de poufler les trar vaux avec plus d'acbivité que jamais. Cette ville étoit mal fortifiée & plus mal approvifionnée; mais elle étoit habitée par des hommes d'un courage inébranlable, & réfolus de s'enfévelir fous les ruines de leur patrie, plutöt que de fe foumettre au joug des Efpagnols. Valdès avoit fait creufer autour de la ville des canaux, & fait confiruire d'efpace en efpace des redoutes & des forts; de forte qu'il étoit impoflible de faire entrer rien dans la ville fans forcer un de ces po fles. Les affiégés étoient menacés d'une horrible famine. Le Général Efpagnol leur fit offrir les conditions les plus avantageufes, s'ils vouloienc fe rendre.. Ils répondirent que lor [qu'ils manqueroient  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIL Sect. VIII. 19 . entier ement de vivres, ils fe covpcroient pour fe nourrir le bras gauche, & réferveroient le bras droit pour fe défendre contre leurs tyrans. Ils portoient h leurs chapeaux un croiiïant, fur lequel on lifoic d'un cöcé : en dépit de la Meffe\ & de 1'aucre, plutót fervir le Turc que le Pape ((). A la tête des habitans étoit un homme également recommandable par fon amour pour les lettres & par fon pauïotifme. C'étoit Jean van der Does, (2) plus connu fous le nom de Jean Douza. II eut la doublé gloire de détendre fa patrie avec courage, & de 1'éclairer par fes écrits. 11 avoir pour Collegue Pierre Adrien van der Werf. Ces deux hommes vraiement dignes de commander a un peuple libre, voyoient la famine défoler la ville , & les maladies produites par la difette & la mauvaife nourriture, conduire au tombeau chaque jour un grand nombre de leurs concitoyens. II eft aifé d'affromer la mort au milieu des combats ou fur la brêche. Mais la contempler" s'avancanc a pas Ients, moiflbnnant autour de nous nos amis & nos pareus, entendre les cris lamentables d'un peuple affamé qui vous demande du pain, qui vous rend refponfable des maux qu'il fouftïe, & menace d'ouvrir 'les portes aux ennemis; c'eft • la le dernier effort du Sage & du Patriote. Prés de 6000 hommes avoient déja fuccombé aux rigueurs de la famine; ceux qui avoient furvécu trainoient uue vie languiftante,qu'ils ne iouteno'icnt qu'en dévorant les alimens les plus vils. Enfin le cri du befoin 1'emportant fur 1'amour de la liberté, quelques-uns de ces fpeclres livides & défi'Hkr- 1 gues s,em pare de , plufieurs titlts. t I a P td HISTOIRE DE HOLLANDE yoieni: déja de Ioin les voiles du convoi que 1'Amiral Boifot leur amenev mais bientoc leurs efpérances fe changent en crainte. Une grande parTdd leurs murailless'écroule tout a coup, Heureufement c^Sdïï^rhi pendau la ntut. Le brutt que firent les murailles en tombunt, fut pr s par les Efpagnols pour ce ui de quelques fecours que 1'on amenoit aux cnncn i, Valdès. donna auffitót le fignal de la retraite. Elle fut trés difficileT &°£ Efpagnols y pcrdirent outre leur canon & leur bagage environ onze eenshommes (,) Dans le même temps Boifot arrivat Leyde & fic difiribu r es yjvres qu'il apportoit Ce fecours inefpóré fut funeflfe a plufieurs qS 5St2rn;°PSS' Paycrent de leur vie "tte imprud'ence Cependant les foldats de Valdès qui avoient compté mettre Leyde au pil- fellrZ7tT Mnt h3UteTent C°mre kur GénéraL I]s l'^cnfoienc d'avoic ™5 1 u C"S, Cn Iongueur' Pourrellcr plus longtems dans le voifi2 t f ^demeuroit une femme dont il étoit éperdument amouEv3 *mu/mUrCS -h Pa^rem bientót a la révolce> «8 chargerent de 'EtrLhreS ,Pnï?aUX ^ffidC;S; * din'SerCnt kur march* d« ^óté i Utrecht. Mais les habitans étant fortis en armes, les mir-ent en fuite & n tuerent plufieurs. Requefens profita de ce mauvais fuccès, pour leur faire faire des propofitions «Sc ayant réuffi a les appaifer, il les difperia ians differentes villes du Brabant, oü ils prirent leurs quartiers d'hiver. L Empereur Max.mihen ne voyoit pas fans inquiétude la République des Provinces -Unies- prendre de jour en jour une nouvelle confifence: il :raignou que 1 exemple dangcreux qu'avoient donné les- Confédérés, ne mi fum par quelques-unes des Provinces foumifes a fa domination. 11 óffrit i médiation aux Confédérés & au Roi d'Efpagne. r» Le Comte de % ^r^Mrg fUt cnV°yé danS ICS PayS-bas> P°^cher de récoocilier, ie Hn nïi V 7-.ST^ Souverai»' Les Députés des Etats le Hollande & de Zelande & les Commifiaires du Roi d'Efpagne s'afiènv derent a Breda* Les Députés demanderent au nom des Provinces alliées, W?„ fmrn9at ?ar rCtirer ,es trol!Pes Efpagnoles répandues dans les rovmees, & qu enfuite on convoqudt les Etats Généraux pour régler ce l concernoit Ja Relig.on. Les Commifiaires du Roi d'Efpagne & ïïffi ?frUr'MC,n<}n'e P*as él0i^nés d'accepter ces propofitions, mais es difficultés qu ils firent naüre fur ia maniere dont le traité feroit conclu u-ent.bientót connoitre , que leur intention étoit plutöt de gagner du tem»! |ue detabhr une paix folide dans les Pays-Bas. Le Comte de SclWt! embourglui-même feinit bien que fa médiation étoit inutile, aucun des leux parcis ne paroiflant defirer finceremenc de mettre bas les armes 11 etourna en Allemagne & 1'afiemblée fe diffipa bientót après fon départ." On fe prépara de part & d'autre a continuer la guerre avec plus de ureur que jamais. D'H.ergues, Gouverneur de Hollande pour le Roi ■ Efpagne, s empara de Buren, d'Oudewater & de Schoonhoven; Requefens fêj£S EfPaf°!s,^0I'ent coi?flruit autour de la ville foixante-deux forts. On trouvaLeyderdorpoü Valdès avou logé, un Plan du Siege de Leyde; au derTous düquel on ïA^ÊSK: VaUtË W".**' *treUm hspropterXZX (ar) Bemivoglio p. ju Liv. IX. de Metereu fo!. 108. Thuanus Lib. XL.  ou DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIÏÏ. Sect. vht. m depuis longtems médicoit la conquête des Ifles de la Zélande. II avoit fait confiruire une flotte nombreufe de vaiflèaux plats, propres pour cette expédition. Mondragon fut déclaré Chef de 1'entreprife, L'ifle de Duive • land fut la première attaquée. Les Efpagnols. traverferent le Canal qui fépare cette Mie de ceile de St, Philippe, a la faveur d'un gué que les habitans du pays leur indiquerent,- II étoit aifé aux Zélandois de les écrafer a leur arrivée, ou-de les forcer a fenoyer dans le canal que la marée commengoiï a gonfler confidérablement: mais une frayeur foudaine s'étoit emparóe d'eux, Ils s'enfuirent lachement, & furent chercher un afyle dans les murs de Ziriczee, capkale de l'ifle de Schouwen, Cette conquête couta peu de foldats aux Efpagnols; ils regretterent cependant un brave officier:- c'étoit Ifidore Pacéco , qui recut un coup de mousquet dans la poitrine. Ses foldats vouloient le fecourir s- „ amis, leur dit-il, ceflèz de me donner des foins „ qui feroient inutiles, & ne retardez point en vous amaflant autour de „ moi la marehe de vos compagnons; hatez-vous. Je fens qu'il me refte „ peu de momens encore a vivre, mais je mourrai content li je vois vos „ enfeignes arborées fur le rivage ennemi," Les Confédérés ne firent pas une perte moins importante. Boifot, Amiral de Zélande, indigné de la lacheté avec laquelle les foldats qui gardoient la cöte avoient abandonné leurs poftes, s'étoit avancé pour s'oppofer a la flotte Efpagnole r mais illut tué dans 1'obfcurité de la nuit par fes propres foldats. Mondragon, maitre de l'ifle de Duiveland, fit paffer fes troupes fur le champ dans celle de Schouwen t- Brouwershave fe rendit fans coup férir; mais Bommené fit la plus belle réfiftance. Neufville, (1) Officier Francais, y commandoit; II repoufla les affiégeans dans plufieurs attaques; enfin après avoir foutenu pendant fix heures un aflaut général de toutes les forces ennemies, il fuccomba fous le grand nombre. Les Efpagnols paflerent la garnifon au fil de 1'épée, de-la ils s'avancerent vers Ziriczee dont ils formerent le fiege. Cette ville réfifla pendant neuf mois & ne fe rendit qu'a des conditions hono* rables. Ces légers fuccès ne confoloient point Requefens du chagrin que lui' caufoit 1'indifFérence de Philippe pour les Pays-Bas. Ce Monarque entiérement occupé a défendre fes pofleffions en Afrique contre les'Purcs, fembloit avoir oublié qu'il avoit des Provinces révoltées a foumetu-e. L'épuifement de fes finances ne lui permettoit pas d'envoyer a Requefens les fommes dont il avoit befoin pour 1'entretien de fon armée. Le Gouverneur, loin d'être aflèz puiffant pour foumettre les Confédérés, n'avoit pas même aflèz d'autorité pour contenir fes propres foldats, qui croyoient avoir le droit. de fe révolter des qu'on leur refufoit la paye , qui leur étoit düe. Dans le befoin extréme oü il fetrouvoit, Requefens j convoqua les Etats a Bruxelles & leur demanda des fecours. II n'en ' obtint que des reproches amersfur la conduite de Philippe & fur les vexations exercées par fes Miniftres. Le Gouverneur employa envain les earefles & defcendit jusqu'a la priere. Les Députés relterent inflexible». CO De Metefen Liv. V. Meurfius. Guill. Auriac. lib. U0L (TaHollande.1574 1584- Expéditien de Zélande.- L is Efpagnols prcn» rient n/le de Duiveland. Mort eTIfi». dorel'acéc» & de F Amirat Boifot. Bommené Ce rend aux Efpif ^nols. Urn. I57tf»leque/ensonvoquees Etats li 'ï-ruxelleso  Sect. VIII. Hift. de Hollande. I574-1534- ' Mort de Vitelli & de Requefens. Le Confeil d'Etat prend la ' conduite des affaires. Le Roi if'Efpagne promet cT abolir Vimpot du dixieme denier. Les foldats deMondra gon fe mutinent & s''emparent eTAlofi. e* HISTOIRE DE HOLLANDS Requefens piqué de leur opinid:rcténe puc s'empêcher de s'écrier, Dios na: lib^ra de eftos E/Iadosl „ Dieu nous délivre de ces Etats! " Une méiancolie fombre le dévoroit , & les ardeurs d'une fievre violente, s'étant jointes a fes inquiétudes, il mourut le cinq Mars de cette aunée. Quelqucs jours auparavant les Efpagnols avoient perdu Chiapino Vitelli, un de leurs meilleurs Capitaines (1). Requefens avoit défigné les Comtes de Mansfeldt & de Barlemont pour lui fuccéder dans le Gouvernement, jusqu'a ce que Philippe eüt envoyé un nouveau Lieutenant dans les Pays - Bas. Ses intentions ne furent point refpectées après fa mort. Le Confeil d'Etat, établi a Bruxelles, s'empara de 1'autorité & prit la conduite des affaires.. Les memhresde ceSénat, compofé de Flamands & d'Efpagnols, étoientanimés par un efprit bien différent. Ceux-ci ne cherchoient qu'a maintenir le peuple dans la fèrvitude: les autres 3'effbicoient, au contraire, de lui rendre fes anciens privileges. Le Prince d'Orange ne laifla point échapper cette occafion de forcifier fon parti. Depuis longtemps il entretenoit des intelligences dans le Brabant (2); fes créatures reprélèntoient aux Sénateurs qui paroiffbient attachés aux intéréts de la patrie, qu'ils devoient plutöt chercher leur agrandiflemenc en fervant leur Pays qu'en le trahiiïant; que 1'amour du bien public étoit le feul fentiment dont le Prince fut animé; qu'enfin les Provinces de Hollande & de Zélande étoient teüement perfuadées de la pureté de fes intentions, qu'elles n'avoient point balancé a lui déférer le gouvernement de toutes les affaires & une autorité presque fans bornes. Tels étoient les difcours des partifans du Prince d'Orange , mais leur éloquence fut bien moins utile a fa caufe, que les defordresque commirent les troupes Efpagnoles dans les Pays-Bas. Le Marquis d'Havré étoit arrivé a Bruxelles & avoit apporté un écrit, par lequel Philippe promettoit d'abolir le dixieme denier: c'étoit le feul cffbrt que le Monarque Efpagnol avoit cru devoir faire en faveur des PaysBas. Il ne remit au Marquis d'Havré aucune fomme pour payer la folde des troupes: les foldats de Mondragon laffes d'aaendre depuis longtemps leur paye, fe mutinerent de nouveau; ils commencerent leurs ravages par la ville de Ziriczee dont lis venoient de s'emparer , & la pillerent. De-la ils s'avanccnt vers Bruxelles & fe jettent dans Aloft: au récit des ravages que ces mutins exercoient dans les campagnes des environs, le trouble & 1'effroi fe répandent dans Bruxelles. Le Confeil prtffë par les clameurs de la multitude, prononce une fente'nce par laquelle il déclare (1) Vitelli avoit les plus grands talens pour la guerre , mais il ternit Ia gloire qu'il s'étoit acquife,«n fe livrant a la débauche la plus crapuleufe. 11 avoit accoutumé de dire, qiPii devoit y avoir une liberté entiere a Cégard de la religion & des femmes, & quil devoit être permis (Ten effayer plufieurs £? d'en changer Jouvent. On lui fit cette épitaphe: O Deus omnipotens, craffi miferere Vitelli Quem mors preveniens, non finit effe Bovew. Coipus in Italid eft, tenet inteftina Brabantut, Aft anima/a ncmo. Cur'i quia non habuit. ' (2) Grotius Annal. Lib. IL  OU DES PROVINCES. UNIES, Liv. XXXIII. Skct. VIII. 23 fes mutins, rebelles aux Loix , ennemis du Roi & de 1'Etac; il fuc ordomié que les- habitans prendroient les armes pour repouffèr les violences de cette loldatefque effrénée (1). Cependant les Efpagnols qui avoient para foufcrire avec joie cette fcntence , n'en favorifoient pas moins en. fecret les mutins. Leurs manoeu vres furent bientót découvertes. Les habitans de Bruxelles confondant dans leur haine Pinnocent & le coupable , coururent a la Salie du Confeil , fe . faifirent des Magillrats & s'affurerent de leurs perfonnes. (2) Le Prince ' d'Orange profua" de cette circonftance pour renouveller fes inllances auprès ' des Provinces: celles de Hainaut, d'Artois & de Flandre formerent une union, & laquclle les autres Provinces aecéderent,a 1'exception du Luxembourg. Cette nouvelle Confédération ne garda plus de mefures dans fes , démarches, Ce n'étoit plus les mutins d'Alofl qu'on déclaroit rebelles & i ennemis de VEtat; c'étoit tous les 'Efpagnols : on rappelloit dans des' manifeftes éloquens les anciennes caufes des troubies de la Patrie, la tyran- \ nie du Duc d'Albe, la cruauté des Inquifiteurs, les tortures,les exactions& j les perfécutions de toute efpece employécs contre les malheureux Flamands: on finiffbit par implorer contre des tyrans fans foi, Ie fecours du Ciel vengeur des foibles opprimés, & 1'affiffance des Puiflances voifines. Les Efpagnols de leur cóté fembloient jaloux de donner aux Confédérés de nouveaux fujets de plainte: Vargas mit au pillag'e la ville de Maffrïcht. . D'Avila, Gouverneur de la Citadelle d'Anvers, fecondé par les mutins i d'AIoft, entra dans la ville & la faccagea. Les barbares qu'il avoit fous ' fes ordres, firent main baffè fur tout ce qu'ils rencontrerent. Une partie de Ia ville fut réduite en cendre. Anvers paffbit alors pour la ville la plus fforiflaute du Nord. Elle fervoit d'entrepót a toutes les villes cofflmercantes de TEurope. ' Les Efpagnols en enleverent plus de quatre millions en efpeces, fans compter les- meubles précieux. La nouvelle des défaftres de Maftricht & d'Anvers excita encore plus d'indignation dans les Pays-P»as qu'elle n'y imprima de frayeur; on fentit qu'il n'y avoit plus de falut k efpérer pour les Prorinces, fi les Efpagnols y demeuroient davantage. Les Députés des différentes contrées des Pays-Bas conclurent a Gand le Traité célébre, connu fous le nom- de Pacification de Gand. (3) II fut 1 arrêté' par ce Traité, qu'il y au'roit a 1'avehir une amitié fincere & durable : entre les Etats de Brabant, Flandre, Hainaut, &c. & entre le Prince ! d'Orange & les Etats de Hollande & de Zélande; que les offenfes mutuelles feroient mifes en oublij que le commerce qui avoit ci-devant uni ces Provinces, feroit rétabli; que toutes les Provinces réuniroient leurs efforts pour chafier les Efpagnols & leurs adhérens hors de leurs frontieres; que dès que lés étrangers auroient été forcés a fe retirer, on convoqueroit les Etats, ainfi qu'ön l\iv'oit fait fous le regne de PEmpereur Charles V, & qu'alors on prendroit de juftes mefures pour rétablir 1'ancienne forme de gouvernement, & effacer les traces de la tyrannie du Duc d'Albe. Que les Editsrigoureux que ce Gouverneur avoit publiés, par rapport a la religion & aux troubies, demeureroient fufpendus jufqu'a ce qu'il en fut ordonné autremenr, CO De Meieren Liv. V. (2) Grotius Ann. Lib. II. (3) De Meteren Liv. VI. wft: rovincese rêunis"ent contre' es Efpagnols. les Efpaa'tiols pilent Mas'richt &: dnvers. Les difé■entes Pre* nnces con■luent a\ land un rraité d7ulion,  SucT.viri, Hift. de Hollande. 4574-4584. ■Les Etats iiitplorent le .fecours d" Eli fabeth Reine ■ dAngle- 1 terre. , » 1 ( Requefens ] trompépar . Ja Reine, j I I t / s tl d li q F Ann- 11J7. j ■Philippe tl rat ine le P traité. U ai r.£ 24 HISTOIRE DE HOLLANDE par les Etats Généraux; que pour Ia reftitution des villes, munitions & armes, qui fe devroit faire au Roi, on fuivroit ce que les Etats auroienr ordonné; que tous les prifonniers & particuliérement Ie Comte de Boffu feroient remis en liberté; que tous les biens feroient rendus k leurs premiers poflefleurs, mais que 1'on auroitégard,en cela aux inconvéniens que la guerre ivoit caufés. Ce Traité ne fut pas plutót condu que pour en exécuter I'article le plus important, la garnifon de la citadelle de Gand qui s'étoit rendue au Comte Ie Reux quelques jours auparavant, fut conduite fur les frontieres de Fran:e. Les Etacs ne fe diflimuloient pas qu'après tant de pertes elTuyées dans ine guerre défaflreufe, leurs propres forces ne pourroient fuffir pour chaflèr ss Efpagnols de leur pays, ils s'adreflèrent k Elifabeth Reine d'Angleterre, Sc implorerent fon fecours. Cette Princcfle artificieufe traitoit les differentes Puiflances de l'Europe, comme les Princes qui afpiroient k fa main. Proligue de careflès, ne rebutant perfonne , promettant beaucoup , n'accordant jue ce qui étoit néceflaire pour entretenir 1'efpoir qu'on .obtiendroit un jour lavantage: elle étoit parvenue k fe faire craindre & rech'-'rcher par tous les 'otentats de l'Europe. Requefens avoit, ainfi que tant d'autres, afpiré k >arcager fon .lit & fa couronne; pcut-être que le caractere indolent (Scfoible le ce Seigneur lui donnoit des droits k prétendre k 1'hymen de la Reine: fi die eüt été forcée k.choifir un époux, fansdoute elle eutpréféréRequefens 1 tous les jeunesiambitieux qui ne briguoient fa main que pour lui arracber e fceptre & s'emparer des rênes de 1'Ètat. Elifabeth en agit avec le Gou'erneur des Pays-Bas comme avec fes autres amans: elle 1'amufa par de •elles efpérances. Requefens qui avoit paffé lage des illufions, reconnut ilutöt qu'un autre qu'il étoit le jouet de cette habile politique: (1) on irétend que cette découverte contribua beaucoup au chagrin qui le conduifit u tombeau. On ajoute que dans la vue de plaire k la Reine il avoit fouvent rahi les intéréts de fon maitre. On 1'entendit fouvent repeter dans le délire ue lui caufoit la fievre: La fauffè Iéfabel d^Angleterre nf a trompê, & '.s tromperies ont été caufe que fat mal fervi le Roi mon Souverain. weveguen que les Etats avoient député auprès de cette Reine , fut ;gu avec honneur. Elifabeth le combla de careflès; mais tout le fuccès 6 fa négociation fut d'obtenir qu'elle prêteroit aux Etats cent mille vres fterling pour huk mois. Par cette faveur légere la Reine crut u'il lui feroit poflible de détourner les Confédérés de s'unir avec la rance. Les Etats en arrêtant les articles de la Pacification de Gand, avoient éclaré quils n entendoient blejjer en rien Vautorité de Philippe leur légtme Souverain. On mit même fous les yeux du Monarque Efpagnol le lan de ce Traité. On fut étonné de la facilité avec laquelle il le ratifia par ï Edit Solemnel; mais il lèntoit qu'un refus pouvoit ouvrir les Pays-Bas, ix étrangers dont les rebelles imploreroient 1'aflillance. Cependant il tint le fils du Prince d'Orange comme un ótage qui lui répondoit de la con- (i) Gregor. Led, Vie de la Reine Elifabeth, Part. II. Liv. I.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Secï. VIII. 25 conduite de fon pere. (1) Le Gouvernement des Pays-Bas fembloit être le partage des enfans naturels de Charles Quint. Philippe le confia a Dom Jean d'Autriche: ce jeune Prince avoit triomphé des 'furcs a la célebre journée de Lépante; fier de cette victo5*e, il ne voyoit plus rien d'impoflible a fon courage; mais il ignoroit les difficultés d'une guerre civile , & c'étoit en Ie mettant aux prifcs avec ces obltacles que Philippe efpéroit éteindre peu a peu 1'ambition de ce jeune Héros: au relte il lui donna pour Confeil Jeröme de Roda. Le Prince d'Orange connoiflbit trop la politique de la cour de Madrid, pour être iëduit par cette condefcendance politique : il ne vit dans 1'Edit de Pacification, qu'un piege préparé par la vengeance. 11 vouloit qu'on prit les armes pour en prévenir les effets: mais la Nobleflè jaloufe de 1'autorité de ce Chef, engagea le peuple a fe foumettre. Les 1'euls Hollandois virent Dom Juan d'Autriche avec les mêmes yeux que le Prince d'Orange; mais malgré leur réfifiance, le Gouverneur Autrichien fut reconnu. 11 gagna d'abord 1'aftection (2) du peuple en renvoyant les foldats Efpagnols. Ceux-ci fortirent, chargés de riches dépouilles, fruit de dix ans de brigandagc: ils fe vantoient d'avoir mafiacré 30000 hommes pendant les fix dernicrs mois de leur féjour en Flandre (3): la plupart fe retirerent dansle Milanois, ou dans des lieux encore moins éloignés; le choix de eet alyle inquiétoit les vrais citoyens, & fembloit leur annoncer le retour prochain de leurs ennemis. L'indilcret Gouverneur ne diflimuloit plus fes deffeins: déja il s'étoit emparé de Namur & de quelques villes voifines; déja il follicitoit les foldats Allemands qui étoient demeurés en attendant leur paye, & leur demandoit les clefs des villes confiées a leur vigilance. Mais les Etats le prévinrent: les Allemands leur remirent non - feulemenr les clefs des villes, mais même leurs Chefs foupconnés de trahifon. On vit bientót renouveller les accufations réciproques de mauvaife foi, & d'inexécution des traités; on les porta même de part & d'autre jufqu'a Madrid. Mais -fi Dom juan d'Autriche étoit plus puifiant a la Cour , le Prince d'Orange triomphoit dans les Pays-Bas. Le titre de Surintendant du Brabant lui avoit été décerné par les habitans de cette Province: cette nouvelle dignité lui fit de nouveaux ennemis. Le Duc d'Arfchot, & quelques autres Seigneurs, qui avoient autant d'ambition, mais moins de talens & de réputaticn que lui , réfolurent de lui oppofer un rival., qui put fubjuguer le peuple , par le feul appareil de fa puifiance & 1'cclat de fon nom.: ils appellerent (4) de la Cour de Vienne 1'Archiduc Matbias., frere de 1'Empereur Rodolphe. (5) La fituation des ennemis du Prince d'Orange n'en devint pas mcilleure.; le Duc d'Arfchot maltraita les Gantois, peuple connu par fon humeur indépendante & par fa haine contre la Nobleflè; ils 1'arrêterent avec toute fa familie, & dans fa captivité fon plus grand chagrin, fans doute,, fut d'apprcndre, qu'en .même temps qu'on avoit remis le gouverne- CO Grotius Annal. Liv. II. (2) Benttvoglio. P. I. Liv. X. (3) Grot. L. II. (4) Famian. Strada de Bello Belgico Lib. II. dec. II. (5) Telle étoit la formule du ferment qu'on fit prêter aux habitans des Pays-bas qui fe foumirent ii 1'Archiduc. „ Je jure d'obéir a 1'Archiduc Mathias, fouverain Gou„ verneur de la Hollande, de le défendre au péril de mes biens & de ma vie, jufqu'a ce „ que le Roi & les Etats en établiffent un autre." Tomé XLIV. D Hifi. de Hollande. 1574-1584. Dom 'Juan d'Autriche eft fait Gouverneur des Pays bas. Pour s"at. tirerla faveur du peuple il congédie les foldats Efpagnols. La conduite de Dom Jean dément bientót les efpé. rances que lesConféderés avoient confues de fa modirat ion. Le Prince d Orange eft fait Surintendant du Brabant. Les ennemis du Prince appellerentF Archiduc Mathias dans les Pays-Bas» Le Duc dArfchot eft arrêté par les Gantois.  acS HISTOIRE DE HOLLANDE Sacr. VIII. Hijl. de Hollande. I5.-+ 1584- Lc Prince iF O range eil nommè Lieutenant gêné' ral des Pays bas. On déclarc la guerre a Dom Juan. La Reine d'Augleterre donne du fecours aux Confédérés. Ann. 1578. Succes des Efpagnols. Amfitr- dam ei? plufieurs autres villes fe ren* dent aux Confédérés. Renneberg efl nom mé Gouverneur de FOverTfel. ment h 1'Archiduc , on avoit donné la Lieutenance générale au Prince d'Orange. L'Archiduc lui-même n'avoit pas obtenu ce pouvoir defpotique, auquel afpire tout Prince Autrichien. On 1'avoit entouré de ConfeilIers ou plutöt de maitres, dont les4ivis étoient des loix. ^ La première démarche de ce Confeil fut de déclarer la guerre a Dom Juan d'Autriche: on confia en même temps au Sénat l'adminifiration des deniers publics. Elifabeth regnoit alors en Angleterre : cette Princefle favorifoit en Flandres la liberté qu'elle avoit opprimée dans fa patrie. Elle défiroit de voir Dom Juan d'Autriche accablé, pour lui öter toute prétention a la main de ia Reine d'Ecofie; elle promit aux Confédérés des hommes & de 1'argent & s'aflura ainfi une grande influence dans leurs délibérations. (1) Leur armée étoit campée dans le Luxembourg. Ce corps eut été radoutable, fi les chefs euffènt été auffi unis que les foldats; mais la méfintelligence des premiers s'étoit tellement accrue, que la plupart donnerent Pexemple de la défertion. Dom Juan rappella les Efpagnols: il lui fut aifé de tailler en pièces, une armée fans chefs, qui fe retiroit en défordre. vers Opmhlnur?. dans le Brabant: la.réduction de Louvain, de Limbourg, de Philippe— ville fut le fruit de cette viótoire. Le Confeil de Madrid fentoit bien qu'il n'en ctoic redevable qu'aux jaloufies fecrettes desGénéraux ennemis, & que fi leur intérêt commun pouvoit jamais 1'emporter fur leurs intéréts particuliers, leurs foldats rerrouveroient. leur force & leur courage. On leur fit de nouvelles propofitions de paix, mais bien moins avantageufes que celles du traité de Gand: auffi furent-elles rejettées par les Confédéré-'. Ceux - ci ne manquoient point d'Alliés puiffans, qui s'ofl'roient a les fecourir, 011 plutöt a les foumettre. Frangois de Valois, Duc d'Anjou, frere du Roi de France; Cafimir, Adminiftrateur du Palatinat, briguoient leurs fuffrages. Les efprits étoient divifés; la difcorde regnoit dans ce corps politique, ou plutöt ce n'étoit plus qu'une anarchie, qui reffembloit merveilleuftment, comme dit Grorius, (2) a une maffe confufe & a un tout dont lesparties norit aucune liaifon entre elles. Cependant la ville d'Amflerdam étoit bloquée par les Confédérés: le défaut de fubfifiance, 1'éloignement des Efpagnols, la forcerent enfin a recevoir les Réformés dans fes murs: (3) mais a peine ceux-ci furentils entrés, qu'ils chaflerent les Magiftrats'Catholiques & s'emparerent du; gouvernement; la nouvelle Religion triompha de même dans Harlem, dans Utrecht, & dans quelques autres villes de Hollande. Cette conduite indispofa les Catholiques, ils craignirent detre a la fois les vi&imes des Efpagnols & des Protefians. On vit naïtre encore de nouveaux fujets de difcorde. Jean de Nafiau, a la vérité, avoit rendu le calme a la Gueldre, dont le vjuuvtmcuiciR nu eiun conne. mais ies ïoms pacinques ue Kenne- berg, Gouverneur de la Frife, n'avoient pas eu le même fuccès dans cette Province: les habitans de la campagne & les bourgeois de Groningen en O) cFElifabeth cFAngleterre'par Greg. Leti, Tom. II. Liv. I. Ilift. delaMaifon de Tudor, par Dav. Hume. Tom. FI. Guill. Camden. Ann. 1577. (2; Grotius de Bell. Belg. Liv. UI ( fi De Meieren Liv. FIL (4) P. WWemius Lib. IV.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. SncT. VIII. 27 étoient venus aux mains pour quelques droits de péage: le combat avoit été fanglant: 1'Archiduc Mathias & ie Prince d'Orange les avoient forcé a dépofer leurs armes, mais non pas leur haine réciproque. Renneberg obtint a la follicitation des habitans, le Gouvernement de la Provincc d'Overyffel: deux villes tenoient encore pour le parti Efpagnol ; c'étoient Campen ■& Deventer: la première fe rendit après une foible réfiftance (i) ; mais Deventer foucint un fiege afibz opiniacre contre les troupes de Renneberg & ■contre celles de Cafimir. Ce Prince étoit accouru a la téte d'une aflèz forte armée, croyant, par ce fervice fe donner des droits fur la reconnoiflance des Confédérés. Ils y furent fi peu fenfibles, qu'ils déclarerent le Duc d'Anjou Protecleur de la Liberté Belgique. Pour prix des fecours qu'ils attendoient de lui, ils lui promirent toutes les petites villes fituées au dela de la Meufe, qui n'avoient pas encore fecoué le joug Efpagnol. Cependant les Réformés (2) fe plaignoient d'avoir trop peu de part au Gouvernement, lis repréfenterent aux Etats préfidés par 1'Archiduc & le Prince d'Orange, qu'ils s'étoient armés les premiers pour la défenfe commune, que leur lidéliic n'avoit jamais chancelé, qu'on ne pouvoit douter de la néceffité oü ils étoient de vaincre ou de périr, qu'ils ne pouvoient attendre aucun quartierdes Efpagnols; que les Catholiques en fe foumettant, ne perdroient que leurs biens & leur liberté; mais que pour eux ils ne pouvoient attendre que la mort la plus ignominieufe & la plus cruelle: qu'ainfi il étoit injulte de les exclure du Confeil & des Temples. Cette requête fut admife, après quelques débats. On arrêta ,, que Von donneroit place a tous les nouveaux Religionnaires dans toutes les dignités, & quen chaque lieu ou il fe trouveroit jusqu'a cent families de leur Religion, qui demanderoient des temples pour Vexercice de leurs cérémonies, on leur en accorderoit, a condinon néanmoins que dans chaque ville de la Hollande & de la Zélande, s'il fe trouvoit un pareil nombre de families, qui préféraffent la Religion Romaine, on leur accorderoit le même privilege (3)". Ce Réglement ne fit qu'enflammer la difcorde; on vit les Catholiques & les Réformés tourner contre eux - mêmes les armes qu'ils avoient prifes contre leurs tyrans. Ceux qui leur repréfenterent combien ces féditions étoient funertes, furent traités de laches ou de traitres. La ville de Gand Tfutle principal thé&tre de ces divifions, Un nommé Imbife, hommeadroit, plein d'audace & dévoré d'ambition, afpiroit au pouvoir fuprême dans fa patrie. La Religion, prétexte ordinaire des ufurpateurs & des tyrans, fut aufli le fien. Quelques Cordeliers coupables d'un genre de libertinage dont ils ont été rarement accufés, furent condamnés a expircr dans les flammes: en même temps, comme ü le crime de quelques particuliers, avoit été celui de tout le corps eccléfiaflique , on chafla tous les prêtres, après s'être emparé de leurs biens. Ce fut avec ces richefles que 1'on travailla aux fortifications de cette ville immenfe, quoique peu peuplée, qui avoit été tant de fois affiégée par fes maitres , tant de fois punie pour fes révoltes & jamais corrigée. Envain les Etats, 1'Archiduc & le Prince d'Orange leur envoyerent des Députés pour les faire rentrer dans le devoir, var. CO Le 17 de Juillet. (3) ^ Meteren., Liv. VIII. (3) Grotius Ann. Lib. III. D a Hifi. de Hollande. 1574 1584. II iempare de Campen & de Deventer , dans Oyer' Tfel. Le Duc d'Anjou efl déclari prote&eur de la liber> té Belgique. Les Réfor' més préI'ent'entune requé' te aux Confédérés pour obtc* nir cTêtre admis aux charges Q* de pouvoir avoir des temples. Les Etats accordent aux Réformés leur demande. Imbife fait foulever lei Gantois. Les rebelles chaffent. les Eccléftajliques SP re/event les fortifications de la ville. ÜArchiduc & le Prince d' O range font de vaitis efforts pour les faire rentrer dans le de-  Sect. VUï, Hift. de Hollande, 1574 1584 Imbife fanfare de plu fleur: places. Les Itabitans de ÏArtois & du Hainaut demandentjuftice de la conduite des Gantois. Dom Jean d'Autriche attaque les ff tranchemens des Confédérés & eli refOfffé. Cafimir Viarche au fecours des Confédérés. LsS troupes de Men tigny commettentles plus grands txds. a S H I ff T Ö IR E " D E H O'L L A N'DE' * & leur faire fentir les dafigéreufes conféquences de certe fédition; ils rejeci terent _ toutes les remontrances & dtmeur, rent inébranlables dans leur> réfolution, comme fi leur ville avoit pu. fbrmer un Etat indépendaut & dePEfpagne & des Etats. La haine d'Irnbife ne fe boraa pas même h i'expuffióp des prêtres, il chaffa tous les Catholiques fans diftinétion, levar des troupes,, fe rendit maitre d'Yprcs , de Bruges, de Dendermonde, d'Oudenarde, & d'Aloft, en confia Je gouvernement a fes créatures, & y renouvella les mêmes révolutions qu'il avoit fait dans fa patrie. ^ Les habitans de l'Artois- & du Henaut fideles a la Religion Romaine» s'intérefTercnt au fort des profcrits; ils demanderent leur rétabliffèment & ie. chatiment des Gantois; mais le Prince d'Orange avoit réfolu de tolérer ces maux, de peur d'cn attirer de plus grands: le fuccès de 1'entrepriiè étoit. incertain, mais il n'étoit pas- douteux que les Efpagnols ne vinffènt accabler Parmée pendant qu'elle feroit occupée au fiege de Gand. Le commandement de ces troupes étoit entre les mains du Comte de Boffu. Le Vicomte de Gand, de la maifbn de Meluiij étoit Grande Maïtre de la Cavalerie; 011 avoit élu pour Meltre de Camp général, le célebre la Noue, qui avoi: fignalé fon courage dans les guérres civiles de France. L'armée étoit campée au Bourg de Reminand prés de Malines. Dom Juan d'Autriche, ofa atiaquer fes retranchemens; il fut repouffé. Mais les Confédérés bornerent-la leurs. fuccès; on les accufa de timidité pour ne 1'avoir pas pourfuivi ; s'ils 1'avoient fait, peut-êrre les auroit-on accufés - d'imprudence. Quoique Dom Juan n'eüt pas été entiérement vaincu , il avoic appris a connoitre les forces des Confédérés. On profita de 1'éfonnement ou 1'avoit jetté fa retraite forcée, pour le porter a la paix & 1'engager a accorder la liberté aux prifonniers, & la tolérance de Religion a tous les Flamands. Mais il fut inflexible fur eet actiele, & voyant arriver de nou velles troupes, comptant 30000 fantaflins &. 16000 cavaliers rangés fous fes ordres , il fe crut en état de tenir tête a lés ennemis, & alla camper fur la montagne de Bouge, qui commande la ville de Namur. Cafimir s'approchoit lentement a la tête de fon armée, & fa jonction^.. fi elle eüt été effecluée , auroit formé un corps combiné de 40000hommes d'infanterie, & 20000 de cavalerie; ce qui auroit détruit cette égalité de forces dont le Prince Autrichien fe flattoit. • On attendoic encore les troupes- du Duc d'Anjou qui étoit entré dans le Hainaut; il eft certain que ces forces réunies auroieut fuffi pour envelopper les Efpagnols , les écrafer & établir la liberté Belgique fur des fondemens inébranlables: mais la lenteur des déübérations, la rivalité des Francois & de Cafimir, & les nouvelles faéltons qui s'éleverent / firent échouerde nouveau cette grande entreprife. Montigny 1'un des Généraux s'étoit mis a la tête de quelques foldats, qui s'écoient emparés de Menin & qui exercuient dans les environs les plus affreux brigandages: le prétexte decette défeclion étoit de protéger les Prêtres bannis par les Gantois & de les rétablir dans leurs biens & leurs -dignités. La populace de Gand s'arma contre cette nouvelle faclïon ; mais fiere & redoutable dans fes murs, elle ne favoit ni combattre, ni même marcher.en ordre , lorfqu'elle étoit en rafe campagne. C'étoit un trop  OU'DES PROVINCES' UNÏE8, Liv. XXXIlI. Sect: VIII. 2$ foible appui pour les Flamands opprimés: ils appellerent Cafimir, offrant d'entrecenir fes troupes a leurs dépens : mais celui-ci évitoit de fè rapprocher du Duc d'Anjou, qui de fon cöté déclaroit, qu'il ne joindroit point 1'armée des Etats, fi Cafimir ne lui en donnok Pexemple. II fit bien pis encore , il permk a fes troupes indigences de groffir celles de Montigny , & de s'enrichir comme elles des dépouilles des Flamands. Ainfi les protecleurs de la Flandre, n'y parurent un moment que pour Pabandonner, après 1'avoir dévairée. Cafimir fe retira en Angleterre, le Duc d'Anjou retourna en France, accufant d'ingratitüde ces mêmes Flamands dont les biens avoient été la proye de fes foldats. lis lui promirent des fktues 6e des éloges publics, s'ils pouvoient jamais obtenir de Philippe une paix avantageufe & honorable. Ce n'étoit pas ce qu'il s'étoit promis, mais c'étoit plus qu'il n'avoit droit d'attendre. Telle étoit la fituation des Pays-Bas, lorfque Dom Juan d'Autriche fut emporté a la fleur de fon age par une maladie dont la caufe étoit inconnue. (1) Le peuple qui ne peut fe réfoudre a croire que les Princes meurent naturellement, lors même que les années-font accumulées fur leur tête, trouva bien plus de motifs pour jnftifier les foupoons qu'il avoit concus fur la mort de celui-ci: on le crut empoifonné: (2) les uns accuferent de eet attentat des-Prêtres, qui, difoit-on, s'étoient v-antés d'avoir rendu ce fervice a la Patrie ; d'autres fotipconnoient la Cour d'Angleterre ; plufieurs même, celle d'Efpagne , qui avoit fait fecrettement aflaffiner Efcovedo, (3) confident du jeune Prince; quelquesuns penfoient , que le défefpoir de fe voir calomnié par des en vieux, & traverfé dans tous fes deflèins par la Cour d'Efpagne , étoit le feul poifon qui avoit terminé fes jours. Alexandre Farnefe, Duc de Parme, lui fuccéda dans- le commandement de 1'armée, & dans le gouvernement des villes foumifes a la domination Efpagnole. Ce Prince étoit plus adroit, plus diflimulc, plus éloquent que Dom Juan- d'Autriche, qui ne' connoiflbit pour foumettre les peuples que la force. Sévere & clément tour a tour , il fcavoit taniöt infpirer la crainte , & tantót gagner les cceurs par fes bienfaits. II avoit adopté ce principe de la Politique Italienne, que le plus fur moyen de gouverner les hommes c'eft de les .Hivifer: auffi loin de chercher a éteindre le feu de la difcorde, il ne fit que 1'attifer de plus en plus. Le Prince d'Orange n'oppofa que de vains efforts aux nouveaux troubies que fon ennemi fdfoit naitre: celuiei laiffa un libre paffe ge a la cavalerie de Cafimir , qui privée de fon Chef, demandoit a retourner dans fa patrie : ainfi délivré de tous fes ennemis étrangers, il alla metcre le fiege devant Maftricht (4). Cependant on travailloit a la paix: 1'Empereur étoit 1'arbitre qu'on avoit choifi; Cologne étoit le lieu des conférences. Le Prince d'Orange n'ofoit traverfer ouvertement les négociations, mais il excitoit fecrétemew ■ (i) Les hiftoriens varient fur la date de fa mort. Van der Hamen la place au 7 Oftobre Cette opinion eft la plus généralement adoptée. (2) Grotins Ann. Liv. 111. de Meteren. Liv. VIII. £3) Hift Génér. d'Efpagne, de Jean de Ferreras. Partie XV. Siec. XVI.- £4; Grotius Annal. Liv. III. D , Hiff. dë' Hollande. 1574-1584, Le Duc tT/injou fen retour' ne enFrance & Ct/fs' mir en Angleterre. Mort de ' Dom Jean-. d'' Autri- ■ 1 che. Soupcom , fur fa mort, • Le Duc de' Parme lui fuccede dans le gouvernement des ' Pays-bas. Ann. 157P. // alji 'ge Map ickt,  Sect.VIII Hift. de Hollande. 1574 1584 Le Duc di Parme en tame les r.égociations pour la paix. La Motte eft le premier qui fe laiffeféduire par les Efpagnols. Les priücipales villes accedent aux conditions de paix propofies par ie Duc de Parme. Siege de Maftrisht. • ] t 1 4 1 1 -J I .» > » » » 30 HISTOIRE DE HOLLANDE les Flamands a propofer des conditions qui feroient certainement reiettéesil prévoyoit que la paix non feulement lui enleveroit fon rang & fon autorité , mais qu^lle expoferoit auffi fa perfonne a toute la vengeance de Phihppe. Le Duc de Parme s'occupoit tout k la fois de la guerre ■ & de Ia negociation; il invitoit les révoltés a implorer la clémence de Ph.hppe, quil peignoit comme un pere, prêt k embraffer fes enfans au moindre figne de repentir. La Motte fut le premier féduit: fon exemple & les difcours entrainerent dans le parti Efpagnol, (1) ceux de Gravelines, & meme Montigny, qui renforca 1'armée du Duc de Parme des 8000 hommes qu il commandoit. Les habitans de 1'Artois & du Hénauu ceux dei Douai. deLUle, & d'autres parurent quelque temps incertains! mais enfin la politique du Duc de Parme triompha de leur réfiftancela paix fut conclue aux conditions fuivantes. (2) Philippe par ce" Traité, pardonnoit tout le paffe; il ratifioit le Traité de Gand; la Rehgion Romame devoit feule-être admife k Pavenir dans 1'étendue des Provinces; le Roi s obligeoit de faire fortir toutes les troupes étrangeres, fix femames apres la publication du Traité. Les Provinces Wallonen sobhgeoient a fournir au Roi une armée, qui feroit entretenue aux dépens de Sa Majefte & des contributions que les peuples nouvellement rentrés dans lobenTance, sobhgeoient de payer. Le Duc de Parme devoit conferver le Gouvernement jufqu'a ce qu'il plüt k la Cour de Madrid ie lui nommer un fucceffeur (3). ,/nendfnt négociations le Duc de Parme continuoit le fiege de Waftricht. (4) La Noue en étoit Gouverneur , & il eft probable que ;il avoit pu y entrer, cette proye auroit échappé aux Efpagnols: mais es paffages étoient fi bien gardés , qu'il fut contraint de fe retirer. schwartzembourg qui le remplacoit, n'avoit ni festalens ni fon expérience: oute la defenfe néanmoins fut dirigée par un habile Ingénieur Lorrain, lommé Sebaft.en Tappin. La garnifon étoit compofée de 1200 foldats irancois, Anglois & Ecoflbis : 1200 bourgeois aguerris & animés par CO Strada de bell. Belgic. Lib. IV. M Bentivogïio Part. I. Liv. I. Strada. Lib. IV. C3) Strada prétend qu'on repréfenta ft Paris une Farce allégorique, oü les Franco!* égayoient aux dépens de Cafimir, du Duc d'Anjou & du Prince d'Orange On "voie , laché, dit-ii, fur le théatre une vache fort graiTe, ft 1'entour de laquel e p ufieurg , délié, mais ce lil fe rompoit fouvent, & le Duc de Parme étoit fans cefle occuné ft le ' T£Ï"a' ■ LeS,C1rfS d£S Confédérés ™°tés ^ fon dos, Ia tenoient pa? les cornes, & , demando.ent du fecours pour 1'arrêter: Le Duc d'Anjou qui étoit accouru prompte- ' Roi ' Mn,OI\fa'p dC '!,.AUeUe dI V,?che & faifoit tous fes effbrts P°»r l'enleverPau ' ™ ■ , , PrïCe d 0ra»Se & Ca(lmir P'"s "droits s'occupoient ft la traire & en , recevoient le au dans .deux grands vafes placés au delTous de fes mammelles! Une Tr^t "onfiderable de Flamands, de Francois, d'AIlemands & d'Anglois, fervoiew de fpeft . eurs ft cette fcene. Bientót le Duc de Parme ayant fait quelques carefTes ft la vache, elle arracha fa queue de la main du Duc d'Anjou, fit tomber par terre ceux pldTn fUr fü" dos' a!?attit d'un C0UP de Pied Cafi'^> repoulfa d'un «re "e ,n?T' r/rVerf, f°" P0t ple|ncde lait' & comme " ^venoit fouvent ft la d'Ëfpagne." P C°™S' eUe fe je"a d'Un faut entre les bras du R* (4) Strad. de bell. Belg. Lib. III. Bentivogtio P. 2.Liv. I.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. Si Pamour de Ia patrie , avoient pris les armes & ne le cédoient ni en courage ni en expérience aux plus vieux vétérans. Une foire, une fête publique & furtout la terreur que Papproche des Efpagnols avoit répandu dans les "campagnes, avoit attiré dans les murs une multitude de payfans. Ce fut k 1'aide de ces bras accoutumés au travail, que Tappin répara les anciennes fortifications & en fit de nouvelles: les femmes même y furent employées. Les Efpagnols de leur cöté , ne montroient pas moins d'ardeur dans 1'attaque que les affiégés dans la défenfe. Le Duc de Parme avoit jetté deux ponts fur Ia Meufe : fon artillerie tonnoit fans relache & foudroyoit les remparts ; il avoit poulTé fes travaux fort avant; déja plufieurs brêches fembloient promettre un heureux fuccès, & on réfolut de donner 1'aflaut par deux endroits différents. Les affiégés n'ignorerent pas ce defiein : ils redoublerent de vigilance & d'aclivité. Les femmes divifées en trois corps, commandées par trois héroïnes , defcendirent dans les entrailles de la terre , pour crcufer des mines & des routes fouterraines; elles n'en fortirent, que pour fe confondre parmi les foldats , & braver comme eux la mort fur les ruines des murailles. Les foffes étoient déja comblés de fafcines & de pierrcs écroulées ; tout étoit difpofé pour Paffaut. (i) Le Duc de Parme repréfentoit aux fiens que la conquête de cette place entrainoit celle de tous les Pays-Bas ; qu'élle ouvroit un libre pafiage aux renforts qu'on pouvoit attendre d'Allemagne; qu'enfin elle mettroit Philippe en état d'impofer aux rebelles les conditions qui conviendroient le mieux k la dignité de fa couronne. Qu3nt a Sebaftien, il ne donna que des éloges aux affiégés ; ils n'avoient pas befoin de remontrances ; cependant le fignal fe donne. Le premier effbrt fe fait du cöté de la porte de Bolduc : le Chevalier Farnefe s'avancc a la tête de fes Volontaires, parmi lefquels on diltinguoit le Comte de Nofri & Antoine Simonetta , tous deux rivaux a la cour , comme au champ d'honneur. Le premier fut percé de coups a la première décharge; Pautre alloit arborer fon enfeigne fur les murai'les, lorfqu'il fut renverfé par un coup mortel: prefque tous les volontaires eurent le même fort. Les Régimens de Valdès & de Lopès s'arrêterent d'abord k la vue de ce maffacre ; mais bientót entrainés par Pexemple & les difcours de leurs offLiers , ils monterent fur la breche. Ce fut-Ik qu'on vit une mêlée horrible; la lance , 1'épée, le moufquet n'étoient pas les feules armes qui portoient la mort dans les rangs des Efpagnols: les payfans les affbmmoient k coups de fléau, les Femmes lancoient fur eux de grands eercles de feu - d'artifice , qui enveloppoient plufieurs foldats k la fois, & les faifoient expirer au milieu des flammes. De petites pieces d'artillerie placées fur une tour voifine, faifoient encore pleuvoir Ia mort fur les affiégeans. Ceux - ci fe faifoient des retranchemens de cadavres entaffés. Fabio Farnefe étoit k leur tête; it-avoit raffèmblé prés de lui 1'élite de Ia Nobleflè; il s'étoit avancé k travers une grele de balles ; mais enfin ce Chef intrépide, & ceux qui le fuivoient, périrent prefque tous. Les foldats découragés commencereus (i) 8 Avril. Uil}, de Hollande. !574 1584. Sebaftien Tappin In» génieur Lorrain, efl chargé de faire réparer les fortifications de laville. Le Duc de Parme fe prépare a donner Taffaut. Courage hérotque des femmes de Maflricht; Les Efpa* gnols atla*quent la porte de Bolduc. Mort d'Antoire Simoitetta& du com» te deNofi i. Belle rêfrftance des affiégés,-  Hifi. de Hollande. 1,5741584. Attaque de la pot te de Tongres. Les troupes Efpagmles font repoufi'ées de tous cêtès. Duc de P-arme eft ■obligé de donner ie fignal de la retraite. Los Efpagnols s'emparent du ravelin de la porte de Bolduc. %% II I S T 0 I R £ D E HOLLAND E a parler de retraite: leur plus grande perte venoit de ce que leurs rangs étoient trop ferrés; le Duc de Parme leur avoit envain envoyé des Aides de camp, pour leur ordonner de les éclaircir. - Les Allemands & les Wallons n'étoient pas plus heureux a- la porte de Tongres. Ils s'étoient imprudeminent avancés fans attendre le Régiment de Tolede qui devoit les foutenir. Ecrafés par la moufqueterie , ils alloient fe retirer & porter le défordre dans ce même Régiment, lorfqu'un cavalier qui accouroit a toute bride leur cria Fitloirel Saint Jaquesl La porte de Bolduc efl prife & le Régiment de Lombar die eft.dans la ville., C'étoit une rufe du Comte de Mansfeldt, pour affermir leur courage chancelant; il avoit fait dire en même temps aux aflaillaris de la porte de Bolduc que les Wallons du Comte de Reu* avoient déja arboré leurs enfeignes fur la porte de Tongres. Ce doublé menfonge qui fembloit devoir affurer la vi&oire, ne fit qu'accroitre Ja perte des affiégeans. Ils s'acharnerent de nouveau aux .deux attaques, mais avec moins de fuccès encore. Le masfacre redpubla, les fofTés furent remplis de fang & de cadavres: enfin les troupes demanderent qu'on leur donnat le fignal de la retraite. Le Duc de Parme parut.enflammé de colere k cettedemande. „Retourne promptement, „ dit-il au Cavalier, & commande de ma part aux Colonels de ne pas „ faire retirer leurs gens. Je ferai bientót k eux , & comme Général „ d'armée je changerai la fortune du combat, en changeant 1'o.rdr.e de „ 1 attaque ; ^ou moi-même comme foldat j'entrerai le premier dans la „ ville, ,& j'exciterai mieux mes compagnons, par mon fang & par mon „ exemple, que .par mon commandement & par mes ordres." II alloit partir en effet, mais les Officiers qui .étoient prés de lui le retinrent en lui repréfcntant , que la per-te d'un tel Général étoit celle de 1'Armée., & que loin de fervir Philippe,c'étoit nuire k fes intéréts, que de s'expofer ainfi a une mort certaine. II fallut donc donner le fignal de la retraite: elle ne fe fit pas fans défordre & fans perte ; le foin qu'on prit d'enlever les bleffés, fut fatal a ceux qui s'acquitterent d'un fi noble emploi. Parmi tous ceux qui périrent dans cette journée, aucun officier ne laifia dans le coeur du Duc de Parme des regrets plus profonds .que Fabio,fon parent & fon ami. Les affiégés avoient creufé un ravelin (1) doublé & profond, qu'ils appelloient le bouclier de la porte de Bolduc ; ils pouvoient s'y retirer en füreté lorfqu'ils étoient accablés, & en fortir fans être apper^us pour renouveller le combat. Les Efpagnols parvinrent enfin a s'emparer de eet important ouvrage & a le combler: un baftion qui étoit auprès fut auffi emporté; trois mines jouerent avec fuccès. Camille Manelli monta fur une breche & arbora le premier 1'étendart de Philippe fur la mu-raille. Les affiégés avoient perdu plus de 1000 hommes dans cette attaque. Ils avoient tremblé pour les jours de leur Génie tutélaire. Sebaftien .avoit été frappé au bras d'un coup de moufquet. La garnifon réduite a CO Strada Dec. Lib. HL  OÜ DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 33 400 hommes, avoit perdu fept de fes plus braves Capitaines. Le Chef des mineurs avoit été tué, & Pilluftre Amazone qui conduifoit les femmes aux mêmes travaux, avoit eu le même fort. Les foldats fe rendirent en tumulte chez le Gouverneur pour Pengager a livrer une place qu'on ne pouvoit plus défendre. Mais les bourgeois armés les menacerent de les faire périr comme des traitres , s'ils ofoient parler encore de capitulation. Sebaftien annonca comme prochain un fecours qu'il attendoit du Prince d'Orange. Cet efpoir & les menaces des habitans ranimerent le courage des foldats : on travailla avec plus d'ardeur k réparer les breches ; on acheva la demi-lune intérieure que 1'on avoit commencé du cöté de la porte de Bruxelles; on avoit même élevé un autre rempart derrière celui-ci. Le Duc de Parme avoit été informc de tous ces détails, par un déferteur , qui defefpérant du falut de la ville avoit fongé au fien. II étoit impoffible de ruiner cette demi-lune, le dernier efpoir des affiégés , fans établir du canon fur la muraille de la ville: mais un foffé large & profond de quarante coudées s'oppofoit a 1'exécution de cette entreprife. On ne pouvoit y confiruire un pont, que fous le feu des ennemis. Le Général Efpagnol, dont 1'audace croifibit avec le péril, ofa lui-même travailler a cette machine; un charpentier & un foldat furent tués a fes cótés. Barlemont plus prudent & qui fe mettoit a couvert, fut renverfé d'un coup de moufquet, & le téméraire i Duc de Parme ne re^ut aucune atteinte. Enfin le pont ouvrit aux \ afiaillans un pafiage que le feu des affiégés rendoit toujours dangereux. , La demi-lune fut attaquée & défendue avec une égale ardeur. ^ Sebaftien frappé d'un éclat de pierre, fut emporté du milieu de la mêlée, a la vue des bourgeois & même des Efpagnols, a qui ce fpe&acle infpira une nouvelle confiance. Le carnage fut afFreux : la demi-lune fut j détruite , & il ne refta plus aux habitans d'autre reffburce que leur i dernier rempart. Le Duc de Panné ne pouvoit refufer fon eftime a | un peuple fi brave. H voyoit quels fervices on devoit en attendre, fi jamais on pouvoit les engager dans le parti du Roi: il lui fembloit p horrible d'abandonner tant d'héroïnes, de vieillards & d'enfans, a la ƒ fureur du foldat, avide de fang, de butin & de vengeancc. II leur envoya /; un héraut pour les prefier de fe rendre; mais ils le chafierent avec mépris & ) travaillerent a de nouveaux retranchemens. > Sur ces entrtfaites le Duc de Parme fut attaque d'une maladie; les travaux des affiégeans fe rallentirent, leur ardeur parut s'éteindre & ce « qui paroit moins croyabie , c'eft que les affiégés fe repoferent auffi, /, voyant tout tranquille dans le camp. Le Duc de Parme étoit indigné 7 dePinaéliop de fon armée; un foldat qui'avoit eu la hardieffe d'entrer & par une breche mal réparée , lui rapporta qu'il avoit vu les poftes abandonnés ou mal gardés, les foldats endormis ou difperfis, les rondes moins fréquentes. Le Général Efpagnol afiembla fes officiers autour de fon lit, & leur dit. que 1'inftant de la viétoire étoit arrivé, qu'après tant de travaux & de perils, la fecurité des affiégés leur offroit enfin une facile conquêce , & qu'il ne falloit pas laifier échapper un moment fi rreckux. Ceux-ci ruffiembknt 1'armée; on court aux armes, on mome ' Terne XLIV. E Hift. de1 Hollande. 1574 1584. La Gar- nifon de Ma ft richt, demande qu'on ouvre les por-, tes aux ennemis. Les bourgeois s'y ippofcnt. Les Efpagnols con truifênt in pont fur e foffé. '.e Duc de yarme enoye aux fiégés un éraut our les refter de i rendre. 'es propofiwas font ejettées. Le Duc e Parme imbe ara* ide. Jégligence es ajié&is,  SECT.vin. Hift. de Hollande. 1574-1584- Les Efpagnols pênetrent clans la place. lis mettent tout afeu & a fang dans la ville & dans le fauxhourg de IFick. La ville & le fauxbourg font mis au pillage. Les Ministres Prote ft ans fe iettent dans le Jlcuye, H HISTOIRE DE HOLLANDE par toutes les breches, les gardes font égorgés & déja les Efbagnofs lont dans la ville: les femmes du haut des toits font pleuvoir fur eux des tudes, des pierres, de 1'eau bouillante, du fable brulanr. En même temps elles rappellent au combat les artifans & les villagcois qui s'enfuyoient en défordre. Mais leur réfiflance elt vaine; les Efoao-nols entrent dans les maifons, égorgent ou précipitent du haut des toits & des fenetres , ces amazones que leur courage rendoit auffi intérefTantes que leur fexe; ils mafTacrent tout, fans refpeél pour 1'enfance ou pour la vieillefle. Les Chefs ne peuvent ou ne veulent pas les retenir. On n entend que des ens & des gémiffemens.- on ne voit que des cadavres, des membres coupés & des ruiffeaux de fang. Les reftes de ce peuple mfortuné, courent vers le pont, pour paffer dans le Wiek: (*) ceux qui s étoient déja retirés dans ce fauxbourg, rompent le pont, & le peuple prellé par le peuple fe jette en foule dans Ia riviere. Bientót on paria de capitulation dans le fauxbourg ; mais pendant quon dehbéroit, les Efpagnols y entrerent tout a coup, & mirent tout k feu & a fang. Le pillage de Maflricht & de Wiek dura trois jours. On pourra juger de quel immenfe butin les Efpagnols s'enrichirent, lorsquon fc;aura que 1'on comptoit dans eette ville dix mille hommes employés aux manufaftures de drap. Enfin lorsqu'il ne refla prefque plus rien a égorger ou a piller, le Duc de Parme rendit cette inutile ordonnance : Que perjonne dans 1'armée du Roi n'ait la hardiefe de piller les maifons de la ville & du fauxbourg , de prendre les habitans, de les contramdre a payer rancon quand iis les aurom pris, & de faire a qui que ce foit la moindre injure & le moindre dommage. Ou'ils fortent des maifons ou jusques-la ils avoient demeuré fans ordre. Out chaque foldat fe retire dans fon quartier dans le camp , fans rien 7tnporter de ce qui étoit dans la maifon, s"il n'en a obtenu la permiffïon du Gouverneur des Pays-Bas, ou de celui qui eft déftgné pour Gouverneur ■ de Maflricht, fous peine au contrevenant d'étre punt de mort o> Ainfi Maflricht fut pris après un fiege de quatre mois 1 fa vigoureufe defenfe avoit coüté la vie a 6600 hommes, & a 1700 femmes; les Minifires Protefians qui fcavoient ce qu'ils devoient attendre du zele fanauque du Duc de Parme, aimerent mieux finir volontairement leurs jours au fond des eaux, que de gagner fur un échaffaud ou fur un bucher ee que toures les feétes appellent la couronne du martyre. Les Efpagnols avoient perdu 2500 hommes, parmi lefquels on regrettoit beaucoup de Nobleflè & le Général lui-même avoit été en danger de perdre la vie. Strada ne manque pas de lui donner, dans un accès de fievre, une vifion ou les Allemands & les Wallons fe préfemoient a fes yeux prêts k s'égorger. II ajoute que fur cette révélation plufieurs Officiers fortirent de te tente du Général & coururent a Maflricht, oü les Wallons & les Allemands tournoient en effet leurs armes les uns contre les autres. (*) mek ou myk, eft de 1'autre cóté de Ia Meufe, & ce nom Hollandois ou Fla»and, vent dire Refuge. (O Strada Dec. II. Lib. HL  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect.VIII. 35 Alexandre recouvra bientót la fanté & 1'on prépara tout pour fon triomphe • H entra dans la ville conquife par la brêche & fur ce même pont qui 'étoit fon ouvrage, il étoit porté fur un bouclier, par quatre Capitrines Efpagnols, & tous les drapeaux & étendards de 1 Armee nottoient autour de lui, & lui fervoient de trophée. La conquête de Maftrieht avoit répandu la terreur dans tous les Pays-Bas. Alexandre crut , que dans cette circonfiance, la modération ne feroit point dangereufe, & qu un peuple confterné n'oferoit en abufer. II congédia la plupart des foldats, Allemands, Efpagnols & Italiens : B ne retinc aupres de lui que les Wallons, quelques compagnies de Cavalerie Itajienne, & les Officiers des troupes licentiées. Malines, (i) Valenciennes & Lille, fe rendirent auffitót & recurent des garnifons Wallones, ne redoutant plus rien de la per'fidie Efpagnole après une preuve de bonne foi fi éclatante. Cet exemple ne fut pas fuivi généralement. Les Confédérés envoyerent a chaque ville le plan d'accommodement que Philippe leur propofoit, pour 1'examiner & découvrir les pieges qu'il pourroit cacher. La condition de mettre bas les armes de part & d'autre fembloit captieufe, paree que les Efpagnols pouvoient les reprendre en un moment, & que les villes ne pouvoient raflembler leurs troupes qu'avec beaucoup de lenteur. D'ailleurs Philippe impofoit une autre condition plus dure encore ; il vouloit que dans tous les Pays-Bas, la Religion qui reconnoiffoit la puiiTance du Pape fut la feule retentie, ft ce n'étoit au lieu ou tl y en avoit d'atttres en ufage, avant que le Traité de Gand fut approuvé, &> que hors ces lieux-la, s'il sen trouvoit qui fuivirent une autre Relinon que la Romaine, on accorderoit un temps préfix aux feclateursy fiurant lequel ils pourroient mettre ordre a leurs affaires, pour abandonner enfitite les Pays-Bas, leurs biens néanmoms demeurants faufs pour eux, d la charge quils en laifferoient radmini/lration a des perJonnes de la Religion Romaine. Cette profcription inquiétoit prefque autant les Catholiques que les Protefians ; ceux-ci étant bannis , les forces de la Confédération fe trouvoient tellement diminuées, que les Catholiques devenoient expofés au reflentiment de Philippe. Ce Monarque offroit d'immenfes revenus au Prince d'Orange, s'il vouloit fe retirer en Allema'me; mais c'étoit mal connoitre ce héros, qui n'ertimoit les richeffes, qu'autant qu'elles pouvoient contribuer au fuccès de la guerre, & au mainticn de la liberté publiqueuine offreplus féduifante pour lui,étoit cellede Ia liberté de fon fils. Au refte , on peut mettre en doute fi Philippe auroit pu effectuer deslors ces riches promeffes. II prodiguoit Por pour ajouter une nouvelle couronne a celles qu'il portoit déja : après que Dom Sebatlien eut illufiré par fa mort le rivage d'Afrique , on vit fur le tróne de Portugal, un perfonnage finaulier qui réuniflbit en fa perfonne les titres d'Archevêque, de Grand Inquifiteur, de Cardinal & de Roi; c'étoit lui qui avoit donné a Plnquifition cette autorité fanguinaire , cette forme redoutable, qu'elle a longtemps confervée. II mourut peu de temps après fon avenement 3, la CO ïleidanus Annal. Lib. II. E 1 Hij}, de Hollande. 1574 1584. Le Duc de Parme cb'tre en triomphe dans Mast richt. II congédie fes troupes. Philippe fait aux Confédérés des propofitions d'accommodement. Philippe fait des propofitions trés avantageufes att Prince d'Orange. dfaires de Portugal. Kva. 158»,.  Sect. VIII. Hift. de Hollande. 1574 1584- P hilippe fe fait proclamer Rt i de Portugal. Ann. 1581. La Noue eft fait prifonnier.LeDuc de Parme refufe de Féchangercontre le Comte d'Egmond & le Baron de Selle. %6 HISTOIRE DE HOLLANDE Couronne. Dom Antoine, Prieur de Crato, (1) 6is naturel de 1'Itffant Dom Louis, reveilla une faérioa, qu'il avoit formée au commencement du dernier regne, & fut proclamé Roi par la populace deLisbonne, dcSantaCruz 6c de Sétubal. Philippe II, qui avoit des prétentions a cette Couronne, envoya le Duc d'Albe a la tête d'une Armée pour diffiper le parri d'Antoine. Ce Général y réuffic, & le concurrent de Philippe, vaincu & pourfuivi, n eut d'autre reflource que la fuite. Mais il ne luffifoit pas de fubiugucr les Portugais par la terreur des armes, il failoit encore gagnér leurs coeurs par des bienfaits & acheter pour ainfi dire ce Royaume après Pavoir conquis. Enfin a force de vicloires & de largefiès, Philippe fut reconnu par toute la Nation, malgré les intrigues des Cours de France & d'Angleterrc qui ne voyoient pas fans jaloufie eet agrandifièment de la Maifon d'Autriche. Cette révolution porta un coup fatal aux affaires des Confédérés; ceux-ci s'occupoient du commerce au milieu de la guerre: les Pons de Portugal étoient quverts a leurs vaiflèaux; on ne mettoit au'cun impöc fur leurs marchandifes: msis dès que Philippe regna en Portugal on v vit regner aufli cette politique odieine & fottement avare, qui ne s'o'ccupe que du moment préfènt, & écarté 1'étranger par un brigandage déguifé fous le nom d'impöt. D'ailleurs la plupart de ces navigateurs étoient Protefians.; c en étoit aflèz pour qu'on rcjettac leurs rieheflès comme des préfens empuifonués. Pendant que le Duc d'Albe affurok une nouvelle Couronne a fon mai:re, le Duc de Parme non moins aelif & moins entreprenant, cominuok ivec aflèz de fuccès la guerre contre les Confédérés. L'épuifement des mances le forcoit a differer quelquefois la folde de fes troupes; mais on leur laifloit la liberté du pillage ; indenmité qui convenoit aflèz a leur humeur féroce. (2) Alexandre enleva aux Confédérés quelques pecites villes du Hainaut, & même celles de Courtrai & de Breda. Cependant La Noue avoit cfcaladé Ninove. (3) Parmi les prifonniers qu'il avoit fait dans fes conquêtes, on remarquoit les deux fits du Comte d'Egmond , qui fervoient lachement les bourreaux de leur pere Le vainqueur alla enfuite affiéger le chateau d'lngel - Muniter. S'il fe fut borné a cette encreprife , elle n'eüt été que glorieufe pour lui : mais il voulut tenter en même temps une autre expédition , divifa fes troupes, 6>, marcha lui-même a la tête d'un détacheuient pour furprendre Lille. Enveloppé par les Efpagnols , il fut contraint de rendre les armes: (4) c'étoit la quatricme fois qu'il éprouvoit un pareil fort dans la guerre; mais fon malheur n'cmpêchoit pas fes ennemis même de rendre juflicc a fes talens & a fa valeur, & dans le prifonnkr on diflinguoit aifément le héros; les Efpagnols en avoient corcu une fi haute idéé, que lorfqu'on propofa au Duc de Parme de 1'échanger contre Philippe Comte d'Egmond, & Jean Noircarme Baron de Selle; il répondit qu'il ne changeoit pas un Hou contre deux brebis. (5) Ce Prince écrivit en ces termes a Philippe, en O) Génér. d'Efpagne, par Jean Ferreras, Tom. X. Part. XV. Siecl. XVI. (2) Grotius Annal. Liv. 111. (3) Le 28 Mars. (4) Le ic Mai. (5J De Meteren, Liv. X.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 3? lui annoncant la prife de eet illuftre Capitaine: (i) „ Comme La Noue a violé Te ferment par lequel il s'étoit obligé avec les autres de ne porter " iatarfs les armes contre le Roi d'Efpagne; car apres la prife de Mons " nar le Duc d'Albe , il ne fut mis en liberté qu'a cette condition; comme • enfin il a toujours été le conducteur de 1'Héréfie & du parti des-Bereti" oues & qu'il a été pardculierement le trompette & le defenfeur des " Flamands rebelles: auffitót qu'il fut tombé entre mes mams , je " confldérai en moi-même, qu'avec les qualités qui le rendent fi confide" rahle il avoit en lui 'feul tous les moyens par lefquels on pouvoit nournr " une lo'ngue guerre, contre Dieu & contre Votre Majeilé. C eft pourquoi " Pavois réfolu de le faire pünir felon qu'il 1'avoit mérité & d en faire un " exemple aux étrangers, afin qu'ils ne foient plus fi prompts a vendre leur " peine pour femer des troubies dans les pays des autres Pnnces. Et meme " favois eu envie de le faire punir promptement & avant qu il fut en la " difpofition de Votre Majefté de rien réfoudre touchant cette affaire, alm " ciue tout le monde aconnüt que le confeil en avoit été pris en flandre, " & qu'on ne 1'avoit pas envoyé d'Efpagne: car pour rooi je Iuis.de ce " fentimenc* qu'il eft du devoir & de la charge dun Miniftre fidele, datti" rer fur foi toute la haine que 1'on peut appréhender ou.des chatimens oo " de refus- de fervir comme de rempart pour mettre le Prince a couvert de V ,a haine & des reproches ; & enfin de lui réferver toutes les occahons de " faire des bienfaits & des graces. Mais paree que je prévoyois que fa " nunition pouvoit nuire au Comte d'Egmont, au Baron de Selle, qui avoient " été pris depuis peu de jours, & a tant de grands hommes de votre para . " oue ie Prince d'Orange retient, il y a déja longtemps, & auxquels * ne " pouvoit aniver rien de funefte, qu'il n'y eüt a craindre de grands trouble! " du cöté de tant de Nobleflè qui leur eft alliée ; j ai eftnne plus a propos " de ne ooint prendre d'autre confeil, que celui quil plairaa Votre Moeite " de me donner fur ce fujet. Cependant comme je dois bientót aller a " Namur , j'y menerai La Noue avec moi, pour le faire conduire dans le " Chateau de Limbourg, & le donner en garde a Gafpar de Robles, bei" «meur de Billy, a la fidélité duquel on peut librement confier tout ce que " Votre Majefté ordonnpra de particulier." La prife de Malines ne répara point la perte d un homme tel que U Noue Cette conquête fut 1'ouvrage des Anglois. Mais ces alhes, aufi; dange'reux que des ennemis, pillerent la ville & enleverent jüfqu'aux marbres des tombeaux qu'ils vendirent publiquement a Londres (2). . Tel étoit 1'état des chofes, lorfqu'on vit reparoitre Marguente, iJuchellc de Parme- on fe fouvient qu'clle avoit gouverné avec autant de foibiefiequc de cruauté, & qu'elle n'avoit f?u ufer a propos ni de févérité ni de clérnen ce Cependant on efpéroit que fon fexe la rendroit plus agréable aux Ha mands, & que fon expérience lui fourniroit de nouvelles refiburces pou rappro'cher les ennemis & terminer la guerre. Mais le Duc , jaloux de I mere même, écarta ce concurrent refpecbable : ü foucint que les Pays-ba (O Strada de Rell. Belg. Decad. ii. Lib. iii. f2) Grotius Anual. Lib. iii. E 3 Hift. de Hollande. •574 1534. Lettre du Duc a Phi'ippe , par laquelle il lui déclare que i'il navoit craint qus le Prince d'Orange ufdt de repréfailles, il eui fait mvurir La Noue. Les Angloh du parti des Confédérés pren11 ent Malines & la niet tent au pillage. Marguerite Du\ cheffe de , Parme vient pour reprendre ■ le gouverr nement. des ^ Pays • Bas. s  Scct.viii Hifi. da Hollande. 1574-158-1 Elle retourne en Italië. Renneber, abandoniu le parti de Confédérés. Il remet 1/ ville de Groningue entre les mains des Efpagnols. II meurt Veidugo lui fuccedt dans le gouvernement. /iffemblée d j-lnvers. Le Prinet d'Orange excite les Etats d 4ter au Rot dEfpagne la Principautê des Pays-Bas. 33 HISTOIRE DE HOLLANDE . ne pouvoient être foumis que par un homme & par la force des armes. La Duchefiè reprit en gémiflant le chemin de 1'Italie. La Frife dont Renneberg étoit Gouverneur, offroitun nouveau fpectacle . de difcorde. Ce Général d'abord fi attaché au parti des Confédérés, qui même avoit forcé la ville de Groningue a entrer dans la ligue, trahic 'enfin une caufe qu'il avoit défendue avec tant de gloire; il fut entrainé dans la ; faétion Efpagnole par fa familie qui s'y étoit jettée. II permit aux habitans : de la campagne de fe venger fur fes propres foldats de tous les maux qu'ils t leur avoient fait. Mais cette première fédition fut bientót appaifée par la préfence de Hohenlohe que le Prince d'Orange envoyoit a la tête de quelques troupes. Les Frifons s'emparerent des Citadelles qui étoient reftées fideles au perfide Gouverneur & les détruifirent jufqu'aux fondemens. Le Prince d'Orange envoya de fortes garnifons dans le pays d'Over- Yffel, avant que ', Renneberg eüt pu travailler efficaccment a la défeétion de cette Province. ' Renneberg fe haka de remettre Groningue au Duc de Parme, & les Confédérés qui connoifibient Pimportance de cette place, fe préparerent a 1'aflléger. Cette expédition fut confiée h Barthelemi Entes , qui s'étoit fignalé fur la mer avec le Comte de la Marck. Mais il mourut dans ce fiege , & Martin Schenck qui accourut au fecours de Ia ville, tailla en pieces ces troupes confternées par la mort de leur Chef. Renneberg ne lui furvécut pas longtemps, il mourut avec le regret d'avoir été forcé de lever le fiege de Steenwic. Verdugo lui fuccéda dans le Gouvernement, il remporta une vicloire fur les Anglois: mais les eaux qui couvroient les campagnes, 1'empêcherent de les pourfuivre. Cependant les Protefians qui avoient fi longtemps accufé les Catholiques d'intolérance, devenoient intolérans a leur tour, & défendoient 1'exercice de la Religion Romaine, même dans les maifons des particuliers. Ils oferent davantage ; jufque-la on s'étoit borné a demander le redreffement des griefs, 1'éloignement des Efpagnols, la diminution des impóts, & la liberté de confcience: on n'avoit point encore parlé de s'affranchir entierement du joug Efpagnol & d oter a Philippe la Souveraineté. Enfin le Prince d'Orange ceffa de difiimuler fes deffeins a eet égard, il repréfenta aux Etats affemblés a Anvers: (1) „Que la puiffance du parti de Philippe s'accroiflbit de „ jour en jour, que celle des Confédérés au contraire étoit prodigieufement „ diminuée, depuisque la défeétion de tant de villes qui avoient ouvert leurs „ portes aux Efpagnols, avoit privé le parti Proteftant des fubfides qu'il tiroic , „ de ces mêmes villes. Que dans ces circonftances alarmantes il falloit ou fe „ foumettre entierement a Philippe, ou chercher parmi les Princes voifins „ un défenfeur afièz puifiant pour chaflèr les Efpagnols, afiez humain pour „ n'exercer fur fes nouveaux fujets qu'une domination douce ; quele choix „ qu'on pouvoit faire, n'étoit pas douteux. Que les Etats avoient promis „ au Prince Francois-Hercule de Valois, Duc d'Alercon & d'Anjou, frere „ du Roi de France, que s'ils étoient obligés de changer de Souverain, ils „ le préfereroient a tous les autres, & que cette réfolution des Etats avoit „ été renouveilée dans 1'afiemblée de Cologne. Que quand même on ne fe CO Strada de Bell. Belgic. Grotins Annal. Liv. Ut.  OU DES PROVINCES UNIES , Liv. XXXIII. Sect. VEE 33 feroit point obligé de la maniere la plus folemnelle h reconnoïtre le Prinee ' Francois pour Protecteur de la Confédération, mille raifons invitoient a , le préférer a tous ceux qui pourroient afpirer au même titre. Le voifil, nage de la France, qui plus facilemenc que tout autre Etat de l'Europe, " peut fournir des fecours a la Patrie; 1'amitié que le Roi de France avoit l, pour fon frere, & furcout la haine qu'il portoit au nom Efpagnol, doublé motif pour qu'il vit avec plaiiir la défeclion des Provinces - Unies; enfin 1'ambition même du Duc d'Anjou, qui d'un cöté voulant fe main,, tenir un parti a la Cour de France, & de 1'autre briguant la main de la „ Reine d'Anglecerre, n'auroit de longtemps affèz de loifir pour abufer de „ 1'autorité que les Confédérés lui auroient déférée." Le Prince d'Orange ne s'étoit pas flatté que cette propofition feroit recue d'une voix unanime. 11 fentoit bien que la terreur qu'infpiroit la vafie puiffance de la Maifon d'Autriche, la peripeélive d'une guerre plus longue & plus fanglante que celle qu'on avoit déja foutenue, 1'intérêt desCommercans qui ne profperent qu'au ièin de la paix, celui des Catholiques qui alloient voir abolir les derniers reftes de leur Religion, 1'horreur que les Flamands avoient pour les noms de felons & de parjures que toute l'Europe alloit leur donner, enfin ce penchant d'habitude qui ramene toujours les efclaves a leurs anciens maitres, oppoferoient de grands obftacles a cette révolution. En effet, il vit les uns confiernés, les autres chancellans, plufieurs reculans d'cftroi. Une convulfion de la Nature, qui. fouleva les eaux de la mer & entr'ouvrit les entrailles de la terre, redoubla encore les alarmes des Flamands. Pour lui, il n'avoit plus d'autre parti a prendre, que de fuivre cc principe d'un célebre Chef de conjurés, que lorsque Ven a tiré lépée contre fon maitre, il faut jetter le jour r eau dans la rivier e. Pidïippe avoit mis fa tête a prix (1), il avoit promis vingt- cinq mille écus en'fonds de terre a celui qui 1'ameneroit mort ouvif, ou a fes héritiers s'il périffbit dans 1'entreprife: il promettoit en outre a celui qui le délivreroit de fon ennemi , 1'abolition de tous les crimes qu'il auroit pu commettre, & des lettres de Nobleflè. Ainfi les diftinciions & les honneurs dus a la vertu , devenoient le prix d'un afiaffinat. Le Duc de Parme fit publier dans les villes qui lui étoient foumifes un Edit émané du Conlêil de Madrid. Cette Loi profcrivoit le Prince d'Orange & donnoit fes biens a ceux qui pourroient le livrer au Roi, mort ou vif. Dans cette Ordonnance Philippe déploye moins la dignité d'un Monarque irrité contre un Révolté, que la rage d'un ennemi qui ne refpire que vengeance. 11 prodiguoit au Prince d'Orange les noms d'ingrat, de rebelle , de perturbateur du repos public, d hérétique, d'hypocrite, de Caïn & de Judas , de pefte de la Chrétienté , d'ennemi du genre humain , enfin d'homme qui avoit la confcience endurcie & qui étoit un impie, ayant tiré tme religieufe du cloltre pour 1'époufer & dont il avoit des enfans. Le Prince d'Orange répondit a ces injures par une Apologie de fa conduite, (1) a peu prés dans le méme temps Philippe oflxoit quatre-vingts mille ducats, k celui qui lui livreroit Dom Antoine, fon compétiteur au tróne de Portugal. Hifi. Glnir. gEfpagne, par J. Ferrer. Tam. X. Part. W. Siec. XVI. Hijl. de Hollande. Les Flamands font' incertains fur le parti qu'ils doivent prendre. Le Reid'E. fpagne met d prix la tête du Prince d'Orange. Le Duc & Parme fait publier l'édit qui dèclare Is Prince d'Orange rebelle.  40 HISTOIRE DE HOLLANDE SC.CT. VIII. Hift. de Hollande. 1574 1584- Les Etats déciarent le Roi a'E fpagne dó chu de la couronne. Députation envoyée au Duc d'Anjou pour lui offrir le gouvernement des Pays-Bas. la ville de Breda eft j'arprife ■ par les Efpagnols. f) Nous avons placé cette Apologie k la fin nal de la retraite; mais cette efpérarce fut bientót démentie par la réJuftton de Tournai. Préton lui. même, lorfqu'il vit le mauvais état des fortifications & de la garnifon, déclara qu'il éto;t impofiible de défendre la ville avec des moyens fi foibles. II perfuada aux habitans & aux foldats de rendre la place, plutót que de s'enfévélir fous fes ruines. Ce confeil difté par la néceffité ne fut rejetté que par la Princefie d'Epinoy, qui a ce qu'on a dit depuis,avoit eu le defiein de mettre le feu aux quatre coins de Tournai & de fe précipiter dans les flamnes. On eut beaucoup de peine a vaincre 1'opiniatreté de cette héroïne, iille élevoit a chaque inffant de nouvelles difficultés fur les conditions. Enm elle accepta celles-ci : qu'il lui feroit libre, ou de demeurer dans la nlle, ou de fe retirer oü elle voudroit avec fa maifon «Sc fon bagage ; que es gens de guerre fortiroient avec leurs armes; que la ville payeroit 200000 lorinspour les dépenfes de 1'armée du Roi; que le Duc de Parme pourroit  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 43 mettre une garnifon dans la citadelle & dans la ville; que les Proteflans pourroient y demeu er, mais fans exercer leur Religion. Cependant le Duc d'Anjou , qui brigua deux couronnes & n'en put obtenir une, avoit été conduit en Angleterre , par 1'efpoir de s'unir a la Reine Elifabeth: cette Princefie le trompa, comme elie avoit trompétant d'autres Prince*. Las d'ètre abuiè par de vaines promeffes , il re vin t en Flandre & fut reeu 3 Anvers , avec une pompe condamnable ; car un peuple, qui combat pour fa libercé, ne doit pas employer fon or a élever des ares de triomphe. II fut falué Duc de Brabant au bruit de 1'artilkrie & des fanfares. On remarqua qu'a la cérémonie de fon couronnement, le Prince d'Orange ent de la peine a lui attacher fon manteau Ducal. Laiffez-moi faire, dit le Prince Frane;ois ; je fattacherai fi bien moimême quil ne méchappera pas ; c'étoit un mot qu'il falloit juüifier par plus de ïcffources & de fermeté. Tandis qu'on préparoit des fétes, des feltins, & des bals; que le peuple fe livroit a tous les tranfports de fa joie; un traitre qui femble avoir été le modele de Jaques Clément, méditoit un attentat, qui devoit changer en un deuil affreux, ces momens confacrés a 1'aljégreflè pubüque: c'étoit un marchand Bifcaien, nommé Jean Jauregui, fanatique avare, qui vouloit gagner ou Ia palme du martyre, ou 1'or promis aTaflaflin, qui tremperok- fes mains dans le fang du Prince d'Orange. II étoit encore pouffé a ce crime par Gafpard Anafire, fon compatriote, qui lè flattoit de recueillir le fruit du forfait dont Jauregui feroit l'inftrumenc & la viéïime. C'efl fouvent dans le tribunal de la pénitence, qu'ont été éguifés les poign;.rds qui 0111 tranché les jours des Souvcrains. Le miférable Jauregui crut faréb'lkr fa perfidie par la confeffion & la communion; ce fut un Doreinicain qui exhorta cc fcélérat au parricide, & ce fut depuis le Dominicain Jaques Clément qui perea le léin d'Henri III. Strada juge par la corikïïion & la eommunion de jauregui que fon int ention étoit bonne. Le Prince d'Orange avoit invité plufieurs Seigneurs ft un feltin fplendide. Jauregui entre dans fon palais, mum d'un pi'dolet & d'un poignard ; il fe mêle parmi ceux qui fervent les convives , & attend la fin du repas, pour porter au Prince le coup fatal. Celui-ci fe retire dans une chambre prochaine ; Jauregui le fint, lui préfente une requête & pendant qu'il la fit, lui tire un coup de pifiolet vers 1'oreille gauche ; la balie traveria de Pune a 1'autre joue, & lui abattit plufieurs dents. Mais le pifiolet qui étoit trop chargé fe creva, & empona le pouce de 1'affauln qui ne put faire ufage de fon poignard. A Pmlïant il fuc percé de mille coups par les gardes , a qui Mauriee, fils du Prince d'Orange, donnoit Pexemple. Cette mort fut auffi celle de Jaques Clément. L'horreur que ces deux parricides infpirerent aux témoins de leur attentat, leur épargna celles du fupplice qu'ils avoient mérité. L'alarme fe répand auffitót dans toute la ville. On croit qu'el'e va étre Ie théatre d'un maiT.cre partil a celui de 1) Saint Barthelemi, qui avoit commencé par 1'aflaffinat de Coligni. On foup9onna le Duc d'Alencon, d'avoir dirigé le bras meurtrier de Jauregui , paree qu'il voyoit dans le Prince d'Orange un collegue ou plutöt un concurrenc redoutable. F 2 Hifi. de Hollande. '574- «58+. Le Duc U sevada lui-même, ou fut chaffe. Dtmkerque abandonné- tomba au ^Quvoir du Duc de Parme. Le Prince d'Orange lui-même fatigaë des :ontranétés qu'il éprouvoit de la part des habitans d'Anvers, fortit de leur 'il!e & fe retira dans la Zélande, laiffant une libre carrière au Duc de Parme lui s'empara de plufieurs villes. Ce Prince pour s'attirer de nouveaux >artnans, mit en ufage un inffrument fort ordinaire dans les guerres civiles : étoit un importeur nommé Ogius , qui, d'après quelques traks de' effemblance avec Charles V, prétendoit être fils naturel de ce IVionarque: ?s Efpagnols le fiatterent de 1'efpérance d'être rcconnu par Philippe, & lui rent même entrevoir celle de regner fur la Flandre, s'il pouvoit la foumetre; mais il eut le fort de la plupart des importeurs, celui de mourir de la ïain d'un bourreau. La guerre de Cologne oftrit un nouveau fpecïacle (1) intéreflant pour 1 flandre. Les amours d'un Prêtre & d'une Chanoineffè, propagerent rncendie que des querelles de controverfe avoient allumé en Allema-rne jcbhard Truchles avoit été 1'un des Commifiaires, nommés par 1'Einpeeur, lors des Négociations de Cologne. II avoit travaillé a retablir Ia aix , entre le Roi d'Efpagne & les Provinces révoltées. Ce motif cipeélable 1'avoit conduit dans cette ville, dar.s le même temps qu'Ao-nès e Mansfeldt, Chanoineffè de Gerrisheim, s'y étoit rendue pour affirtei^aux nercs, qu'on avoit ordonné pour obtenir du Ciel, qu'il daignat fe fecourir li-même contre 1'héréfie. Cette pieufe Catholique étoit malheureufement Lifli belle que zelée, & Gebhard n'étoit rien moins qu'infenfible. Ce Prét allioit la crédulité la plus fuperrtitieure, a 1'amour des femmes & de Ia ble. Un nommé Scoten, vil intriguant, qui ne cherchoit que des dupes, infinua dans fes bonnes glacés en lui promettant tous les fecours de h lagie. Cette fcience imaginaire pafibit alors pour réelle, & Scoten fe vaniit d'en connoitre les myfieres les plus cachés. Auffi fut - il accufé d'avoir ir fes maléfices troublé 1'efprit du Prélat, en lui faifant voir dans une glacé ie fille parfaitement belle, & cette fille étoit Agnès. Les charmes qu'elle oit recus de la nature, furent fans doute les feuls qui tranrporterent 1'Ar- CO Strada de Bell. Belgic. Dec. II. Lib. V.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Ssdri VIII. 47 chevêque; mais dans ce fiecle on voyoit partout miracle ou fortilege. Quoi qu'il en (bit, le Prélat connut Agnès, lui rendit & recut d'elle plufieurs vifitcs, 6t lui donna des fëtes galantes. Son amour éclata aflèz pour donner lieu aux ireres d'Agnès de juger qu'elle n'avoit pas confacré a 1'oraifon tout le temps de fon féjour a Cologne. Ils fe préparoient k hver dans des flots de lang, le deshonncur de leur familie. Mais Gebhard les appaifa, en leur offranc de rem-neer a 1'Archevèché & a PEleétorat, pour époufer leur fceur. L'amour Puvcit détcrminé a ce facrifice, mais 1'ambition le lui faifaiÉ dificrer. Les novareurs qui defiroient forcifier leur parti par Pexemple d'un tel mariage , 1'engagerent a concilier 1'amour & Pincërêt , en époufant Agnès fans renoncer a fon Archevêché. Pour fuivre ce confeil fi conforme au défir de Truchfes, il falloit fortir du fein de 1'Eglife Romaine, qui ne permet point a fes Miniltres d'avoir d'autre époufe qu'elle-même. L'Archevèque n'eut pas de peine a prendre ce parti, & la dévote Agnès ne fut pas beaucoup plus diffidle a perfuader : elle fuivit Truchfes a Bonn , oü il 1'époufa avec beaucoup de pompe. Ce Prélat Romain marié par un Calvinifie, alla avec fon époufe habiter le Palais Epifcopal. Autant cette étrange union fut agréable aux Novateurs, autant elle révolta le Peuple, le Confeil, & furtout les Chanoines de Cologne. Ces derniers avoient fouvent averti Truchfes, qu'on le foupconnoit de vouloir changer de Religion ; ils 1'avoicnt prié de faire cefler par une conduite moins équivoque, ces bruits qu'ils croyoient calomnieux : mais le mariage de leur Archevcque ne leur permit plus de douter de fa défertion; iis unirent leurs plaintes a celles de 1'Empereur, qui réfolut de ne pas fouffrir dans i'Empiie une pareille nouveauté. 11 en donna avis au Pape. Le Pontife eflaya de faire rentrer Truchfes dans le devoir, avant de lancer contre lui les foudres du Vatican. 11 lui députa a eet effet Bon-homme, Evêque de Vcrceil , éleve du célcbre Charles Borromée. 11 n'étoit pas aifé de determiner un amant auffi pafiionné a renvoyer 1'objet de fa tendrefiè; ni un ambitieux a renoncer au rang fuprême. Truchfes ne fit ni 1'un ni 1'autre: les confeils, les promeflès, les fecours d'hommes & d'argent qu'il recut de l'Electeur Paladn & du Duc des Deux-Ponts Paftermirent encore dans fa réfoluticn. Dès qu'il apprit que par un décret du Pape Grégoire, il étoit excommunié, déchu du fiege Epifcopal, & dépouillé de PElcctorat, il fe prépara a combattre EraeH: de Baviere, qui non content des Evêchés de Liege tSc de Freifingen avoit follicité & obcenu 1'Archevêché de Cologne. Le peuple, las de la domination de Truchfes, applauuit a cette révolution. Ce dernier vit bientót armer en fa faveur, le Duc des Deux-Ponts, Adolphe Comte deSolms, Jean Cafimir 6c fon frere Charles Truchfes. Ces renforts venus d'AUemagne, ceux que Jean de Naflau, frere du Prince d'Orange, lui procura , fembloient lui étre dus par les partifans des nouvelles opinions; mais il ne devoit pas naturellcment en attendre de la France déchirée par des guerres civiles. Cependant un frere d'Agnès, Charles de Mansfeldt, qui avoit fervi fous le Duc d'Anjou , obtint le commandement du refie des troupes de ce Prince, 6c les conduifit au fecours de Truchfes. D'un autre cóté, le nouvel Archevêque Erneft & fes partifans fe préparoient a la guerre avec ardeur. HW. de Hollande. 157+-1584. Son n:tt' riage. LeiC'iaxoi. nes fe plai* gnent de cette alli' ance fcandaleufe, Truchfes efl excom' munié par le Pape. Ernejl de Baviere ejt nommé Archevê' que de Cologne. Charles de Mansfeldt mene une partie des troupes di* Duc d'Anjou au fecours da Trttshfcs.  48 HISTOIRE DE HOLLANDE SliCT. VIII. Hift. de Hollande. IS74-1584. L'Empereur Rodolphediclare Truchfes & fes partifans ennemis de tEmpire. #• Siege de Bonn. Ils avoient ckoifi pour Chefs Ie Comte d'Ifenbourg, & Frédéric un desDucs de Saxe. Le Duc de Parme, pour contrebalancer les forces que Truchfes avoit tiré des Pays-Bas, envoya a fes ennemis, 3000 hommes de pied & 500 chevaux, commandés par Charles de Ligni, Comte d'Arenberg : il fe lnra entre cette petite armée & celle de Truchfes, plufieurs combats, dont les avantages furent partagés. On tenta de part & d'autre fans aucun fuccès de furprendre des places; ces hoftilités faifoient le malheur des peuples lans décidcr de la fortune de leur maitre : mais enfin Guillaume de Baviere , frere d'Erneft, leva une armée, qu'il lui envoya fous la conduite oe terdinand, fon plus jeune frere; en même temps Ernefi: obtint du Duc de iarme un nouveau renfort, qui lui vint fous les ordres de Jean Moriques. Son parti s'étant accru de cette maniere, il redoubla fes efforts contre lruchfes, dont les forces diminuoient,a mefureque les fiennes s'augmentoient dans les terres de 1'Archevêché. Mais ce qui porta le coup le plus fune te a fon parti, fut la retraite de Jean Cafimir, qui s'étoit moncréiusqu alors un de fes plus zélés défenfeurs. Soit que ce Prince fut épouvanté par 1 Ldit qui parut alors, par lequel 1'Empereur Rodolphe déclaroit ennemis de 1'Ëmpire tous les partifans de Truchfes , fok au'il füt rebuté du peu de fuccès de fes armes; il faifit le prétexte que lui offroit la mort de Louis fon frere, pour retoumer dans fes Etats. Mais fa retraite ne fut pas plus heureufe, que fon féjour dans 1'Archevêché. Le Comte d'Arenberg le pourfuivic & tailla en pieces la plupart de fes troupes, qui fe croyant en iureté marchoient en défordre. Privé du fecours de Cafimir, le parti de lruchfes fut bientót forcé de fe renfermer dans Bonn, ville fituée a quatre lieues de Cologne. Ernell avec fes Bavarois, & les troupes auxiliaires,l£fiiégea vigoureufement. Charles, frere de 1'Archevêque, la défendoit avec courage & même avec fuccès, lorfqu'il apprit la défaite du iecours que fon frere lui envoyok de Wellphalie. Cette fatale nouvelle ne le fit point encore défefpérer du falut de la place; mais s'il fcavoit braver le malheur & le péril, il n'étoit point d'ailleurs au deffus des préjugés de fon fiecle. Un boulet tiré du camp des ennemis, tomba fur fa maifon penétra jufque dans fa chambre, brifa fon épée & le baton de commandement; prefqu'en même temps trois lions des Armes de Gebhard qui étoient attachées a la porte du Palais de Bonn, tomberent fans que perfonne y touchat. Le premier de ces accidens étoit un pur effet du hazard ; on pouvoit attribuer Pautre, a la commotion que le bruit de 1'artillerie pouvoit caufer dans la ville : mais loin de faire une réflexion fi fimple, Charles vit dans Ja réunion de ces deux chütes un préfage finiftre. II en ™c d'autant Plus frappé, qu'il fe rappella que quelques années auparavant Gebhard regardant Pare triomphal élevé pour Anne d'Autriche, qui étoit orne: des Armes de tous les Elecleurs, celles de 1'Archevêché de Cologne tomberent fur fon chapeau; il pric eet événement pour un augure de fa iuture nomination a eet Archevêché; ce préfage ayant été juftifié par 1'événement, Charles crut que celui qui fembloit annoncer la chure de fon frere, le feroit de même; il acheva de perdre courage, lorfqu'il entendit Jes murmures de Ia garnifon. Moriques en étoit 1'auteur; il eut Padreffe de  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 49 de faire parvenir aux affiégés 1'Edit dont nous avons parlé , qui déclaroit ennemis de 1'Empire, tous les feniteurs de Gebhard. Cette menace effraya les troupes; elles rélölurent d'abandonner 1'Archevêque, & non contentes de eette lacheté, elles fe révolterent contre Charles, Parrêterent & le chargerent de chaïnes, ainfi que les deux Capitaines qui s'étoient efforcé de les reteiur dans le devoir. Ces mutins demanderent a parlementer; les feuls intéréts qu'ils foutinrent dans la négociation, furent ceux qui leur étoient perfonnels; ils exigerent qu'on payat quatre mille écus a la garnifon & confentirent a livrer a Ernefl le malheureux Charles & les deux Capitaines garottés comme de vils criminels. En fortant de la ville, ces laches foldats déchirerent les enfeignes de Truchfes & jurerent de ne jamais porter les armes en faveur de ce profcrit. Dès le lendemain Ernefl: entra dans Bonn, conduilant en rriomphe des prifonniers qu'il auroit du plamdre & refpeéter. Cependant Gebhard qui jufques-la n'avoit point partagé les périls de la guerre dont il étoit la caufe, fortit enfin de fon inertie; il rafiembla dans le Duché de Cleves quelques débris de fon armée: mais il n'étoit ni aflèz puiffant ni aflèz habile pour réfifter aux troupes Efpagnoles commandées par Verdugo, qui 1'attaquoit de front, tandis que les Bavarois le pourfuivoient II fut entierement défait, & contrahit dc s'enfuir chez Hohenloe, Seigneur aflèz généreux pour être demeuré fon ami. 11 y refla quelque temps dans le deflein de raffembler une nouvelle faftion: mais ne trouvant partout qu'une pitié ftérile, ayant vu toutes fes efpérances s'évanouir, il prit ie parti de fe retirer a Delft auprès du Prince d'Orange, qui 1'avoit infruétueufèment iecouru au préjudice des affaires de la République. De tous les biens qu'il avoit polfédés, il ne lui reffa plus dans fa retraite, que la feule Agnès pour laquelle il avoit perdu tous les autres; heureux encore fi la vue continutlle de cette funefte caufe de tous fes maux ne lui en rendit pas le fentiment plus infupportable ! Ernefl dut cette viétoire fur fon concurrent aux fecours qu'il avoit recus du Duc de Parme, comme il 1'avoua lui - même, dans des lettres qu'il lui adreffa. Ce Prince vit avec joye, augmenter par eet avantage la répuration de fes troupes; mais le principal motif qui 1'avoit engagé a prendre le parti d'Ernefl, c'étoit d'empêcher les fecours que les Proteftans d'Aliemagne avoient promis aux Confédérés, dès que la viétoire qu'ils fe flattoient de remporter, leur auroit ouvert les paflages du Rhin. Délivré de cette inquiétude, Alexandre tourna toutes fes forces contre les Flamands. II eut bien voulu affiéger en même temps leurs trois principales villes, Gand, Bruges & Ypres. Mais n'ayant pas ■ aflèz de forces pour un fi grand projet, il fe contenta de leur couper les • vivres, afin de trouver les conquêtes plus faciles, lorfqu'il auroit recu 1'argent & les troupes qu'il attendoit d'Efpagne; & bientör fortifiéparParrivée . de qutlques troupes d'Italie & d'une multitude de volontaires, 1'éiite de la Nobltffè de l'Europe, il réfolut de teiuer plufieurs expéditions a la fois. Ypres étoit la ville qui avoit le plus fouftert des mefures que ce Prince avoit pniès pour aftamer les rebelies. Les habitans de Bi uges avoient lait envain les plus grands efforts, pour luiprocurér des vivres; leurderniere tentative, quoique mieux combinée, n'avoit pas été plus heureufe : 200 cavaliers & 500 hommes de picd, choifis parmi les plus braves, devoient conduire a Tome XLir. G Hifi. de Hollande. 1574-1584. Charles frere de Truchfes eft arrêté par la garnifon de Bonn, qui fe rend d Ernefl deBaviere. Truchfes eft wis en fuite par Ferdugo. II va chercher un afyle auprès du Prince d'Orange. Le Duc de Parme fe Préparé a caire la 7uer re lux Confédérés.  5° HISTOIRE DE HOLLANDE £TlIm- YPres cent chariots chargés de vivres & d'autres mur.iuon-% Mdheureafé&de. meut P°f "W v,lJIe> Werbe, Gouverneur d'un fort que les Efpagnols I574-i534. avolrem cleve da"s les environs, euc avis de ia marche du convoi; il fWor- —T "r les n:°uP^s , les placa dans une embufcade, & tomba a Werbe en. \ unprowfc fur le convoi Après un combat opiniatre, plus de 500 de convoi aui Cef ^J™?» Sï? tailléS C" PieCCS ' k refte fe ™ afi" hon ordre\ jVert>e diftribua une partie du butin a fes foldats : le refte fur des vivres conduit dans le dit lort. Mais la plus grande perte oue fit la ville deBruges » Bruges. dans cette journee, fut celle des hommes qui y périrent, qu'elle regardoit comme fes plus braves défenfeurs. La ville de Gand n'étoit pas dans une pofuion plus fj) heureufe: lesEfpagnols en s emparant de la ville d'Eckclo, avoient rompu toute commumcation entre Gand & Bruges. La première de ces villes fentit d'aur.viiede 5? P 1 la.dlfet/te' 1u'elle é[oit fort peuplée. Alors on commenc.i a eind eft deÜrei* h paiX;, Cctte dHpofition écoit fbmentée par un prifonnier 'imreduitea Portanj ' 1 on gardoit avec trop de négligence ; c'étoit Champigm, une grande frere ducelebre Cardinal de Gran veile: mais le principal auteur de cette difette. faclion etou Jean d'imbife , qui avoit le plus grand crédit fur les Gantois. Le Duc de Parme s'empara de Wettere, bourgade fituée furie bord de lEfcaut, y fit confiruire un pont, & un fort fur la rive oppofée: il acheva ainfi daffamer la ville, en empêchant qu'elle recut aucun fecours dAnvers; preffes par la fiiim, les Gantois députerent pour demander au LesGan. ^uc de 1 arme un heu propre a traiter de la paix, & pour le prier toisfont d accorder pendant les conférences une fufpenfion d'armes. Ce Prince conRtionTd'e fen"cala ""eve> raaisil n'accorda la liberté de la navigation que pour le paix, au tranfP°rc des marchandifes, & non pour aucune efpece de vivres, ou de Duc de mumtions de guerre: il laifla aux députés le choix d'Oudenarde ou de TourParme. nai pour les conférences: il effaya de les gagner par toutes fortes de careflès, & les renyoya a Gand. Les habitans de cette ville avoient déja fait choix. de lournai, pour traiter avec les Efpagnols, lorfqu'une faufle efpérance de fecours leur fit changer de réfolution. Quelques vaiflèaux Hollandois parurent aux environs d'Ofiende; auffitót les partifans du Prince d'Orange pubherent que cette flotte envoyée par lui, alloit débarquerun puiflant fecours. r n * dhomn?es & de vivres. Cette idéé fut adoptée avec autant de joie que de d"és tf-' c$^' " reconniu bientÓE 1™ cette flotte n'étoit envoyée par les Contentd/ iederes> que pour recouvrer Nieuport. Le fuccès de cette entreprife dérecouvrer pendoit uniquement des incelligences qu'on pourroit fe procurer dans la Nieuport. place. On fe fervit pour eet effet d'une vieille femme aui paffint pour folie, & qui pour cette raifon alloit & revenoit de Nieuport a Oflende fans ctre fufpeéte. Cependant un jour qu'elle entroit dans cette première ville, le caporal de garde 1'arrêta, foit que 1'ayant fixée pour s'amufer de fa pretendue folie, il lui cüt trouvé Pair interdit, foit qu'il eüt ordre de le faire lur quelques foupcons que fes fréquens voyages avoient pu faire naï* "e;. " la conduifit chez Alvarado, Gouverneur de la place, qui ordonna de Ia iouiller: on trouva dans fes cheveux des lettres qui déceloient les (i) Suada de BïD, Belgic. Dec. II. Lib. VL  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 51 deftèins des habitans. II étoit convenu entre eux- & geux d'Oftende, que Hift. de ces derniers s'avanceroient, avec quelques vaiflèaux de charge; qu'a Pin- ™"a"deftant oü ceux de Nieuport les reconnoitroient, ils courroient vers un s/+ ■> *• endroit de la muraille , qui étoit tombé en ruine ; qu'a la faveur des u Comténebres ils égorgeroient la garde, qui dans ce pofte n'étoit ordinaire- nmndant mept compofée que de vingt hommes; qu'un mcünier voifin du lieu de ggjgf la fcene en avertiroit les Oftendois. Ceux-ci cachés dans leurs vaifTeaux portdécm,, devoient en fortir a ce fignal, & entrer par la brêche; d'autres vaifièaux vrê une devoient arriver encore & apporter afièz de troupes pour fe rendre maïtres de la place. Ce projet auroit vraifemblaolement reuffi, sd n avoit pas été découvert: mais il n'eut d'autre fuite-, que la mort ignominieufe de vieille du meünier, & de plufieurs chefs de la confpiration. d'Oftende. Ce ' mauvais fuccès abattit le courage des partifans que le Prince d'Orange avoit a Gand: ces derniers efpérant d'être puiflamment fecon- Iwhjfe efi dés étoient devenu^, les plus forts : ils s'étoient laifi d'imbife comme arrêté par vendu aux Efpagnols, 1'avoient dépouillé de fa Magiftrature & jetté dans lgp«rtj. une prifon , juiqu'a ce que leur efpoir étant détruit, ils céderent aux follicitations du Préfident Richardot, que le Duc de Parme avoit envoyé d'Orange. pour demander fa liberté, comme le premier article préliminaire de la paix, dort la ville vouloit reprendre la négociation. Le Duc de Parme après leur avoir accordé une efpece de trêve, porta fes armes dans le territoire Le Dllc de de Brupes Le même bonheur les y fuivit; il fe paflbit peu de jours Parme fait fans que fes troupes fiflènt un butin confidérable & beaucoup de prifon- ™e t™e niers,entr'autres un favori du Prince de Chimay, lequel contribua beaucoup Gat>t>£ a faire rentrer la ville fous la domination Efpagnole. Le Duc de Parme auffi bon politique, que grand homme de guerre, employoit tour a tour, avec un égal avantage, les égards, les careflès, la rufe, les menaces & les coups de rigueur. „ . , . , Ces dernieres armes n'étoient point celles qui pouvoient conquenr les cceurs; il efiaya la force des autres fur 1'ame dudit favori, qui loin d'y réfifier, promit d'employer tout le pouvoir qu'il avoit fur 1'efprit de fon maitre, pour 1'engager a s'accommoder avec le Roi, & il y réuffit d'autant plus aiiément que fon maitre étoit alors trés mal avec le Prince d'Orange, qui s'étoit emparé de 1'Eclufe, en féduifant le Gouverneur, que le Prince de Chimai y avoit mis. Enfin celui - ci apprenant qu'on travailloit encore a lui enlever le Gouvernement de Bruges, ne balanca plus a traiter avec le Prince-/;w ,naiu Efpagnol, qui de fon cöté accorda une fufpenfion d'armes; peu de temps tam de après les députés partirent de cette ville pour aller trouver le Duc de Parme Bruges e» a Tournai, & traiter avec lui au nom des Magiftrats & du peuple de Bruges: 2putésau ils y furent joints par ceux de Gand; ils demanderent au Duc d'être tous buc de compris dans 1'accommodement du Brabant & des autres Provinces, efpérant Parme. que ce Prince traiteroit mieux tant d'Eiats réunis d'intérêc, que chacun d'eux en particulier. Mais Alexandre connoiflbit trop bien les difficultés & les longueurs qu'il auroit éprouvées en voulant concilier tant de têtes pour fe prêter a leurs defirs. D'ailleurs il craignoit avec raifon que ces peuples appuyés les uns par les autres, ne fe rendiflent plus exigeans, furies conditions de leur retour a 1'obéifiance du Roi. Les députés voyant leurs deman- G 2  5.2 HISTOIRE DE HOLLANDE iS'ï?1' ÏS refufees' vo«lo'enc du moins obtenir qu'on les compric dans le Traite" SoLde. d accommodement qui feroit fait avec la ville d'Ypres; mais tandis qu'ils 1574 1584. infiftoient fur cette propoiition, Alexandre apprit h reddition de cette ville a des conditions auxquelles il fit peu de changemens, & qu'il renvoya h Werbe pour les faire exécuter. C'étoit eet Officier qui avoit conduit le Tp'-ejfe fiege. Ce Traité portoit que les habitans remettroient la ville au Duc de Werbe Parme,' Gouvernei,r dcs PWS"Basi pour le Roi d'Efpagne, & la mettroient entre les mains de Werbe, pour y faire entrer tels geus de guerre qu'il plairoit au Roi, & y établir des Magiitrats a fa volonté; que les mêmes habitans payeroient fix mois de folde, a la garnifon du chateaude Werbe, & la lolde d'un mois aux autres garnifons des autres forts qui étoient autour d'Ypres; qu'ils livreroient au Prince de Parme, Marquette, Gouverneur de la place, deux Capitaines & quatre des principaux bourgeois, dont la vie & la liberté feroient a la difcrétion du Général Efpagnol. Werbe avoit fecrétement promis au Gouverneur, qu'il en feroit quitte pour neuf mille livres de rarcon. On avoit ftatué de plus que les foldats,défenfeurs de la place, fortiroienc fans autres armes que 1'épéc, & qu'ils jureroient de ne jamais les reprendre contre le Roi d'Efpagne. C'eft ainfi qu'après avoir foutenu un fiege de feptmois, avec un courage digne d'un meilleur fuccès, la ville d'Ypres retomba fous le joug Efpagnol, par une capitulation qui ne lui promettoit pas un Gouvernement plus doux ? La redueïion de cette ville épouvanta les Députés qui traitoient avec Ie Duc de Parme. Les Négociateurs choifis par le Prince Efpagnol étoient, le Préfident Richardot, le Marquis de Renti & un Sécrétaire; ils convinrent d'articles que les Députés porterent chacuns dans leur ville, mais ils y-furent bien différemment recus; les Proteftans dont Gand étoit rempli, ne virent que despieges dans les conditions qu'on leur propofoit; les Catholiques,au contraire, ayant moins de perfécutions a redouter, & n'étant pas animés a foutenir cette guerre pour la Religion, demandoient la paix a quelque prix que ce fut : Imbife étoit a leur tête, mais fon parti étant devenu le plus i'aZ'T foible' celui des Protelta»s fe vengea fur ce Magiftrat des obftacles qu'il ville de avoic trouvés de la Part des Catholiques, ils le condamnerent a perdre la Gand. Im- tête, jetterent Champigny dans une étroitc prifon, chatfèrent les plus zélés tife eft Catholiques , conclurent un nouveau Traité d'alliance défenfive avec les èperd^l Brabancons> & reJ*etterent avec mépris les conditions que le Duc de Parme tb.'" * lcur offroit. Cette ville auroit du mieux confulter fes forces, avant de tenin une conduite fi hautaine & fi violente; mais le peuple ne raifonne gueres, ni quand il baife fes fers, ni quand il veut les brifer: toutes fes réfolutions font les effets d'une impreffion forte & momentanée, qui ne fcait ni prévoit les fuites ni les éviter: auffi verra-t-on pa<- la fuite ces fiers Gantois demander avec infiance & recevoir comme une grace des conditions plus dures & plus humiliantes que celles qu'ils rejetterent alors avec tant d'orgueil, (O L'E.'êque d'Ypres de retour dans fa capitale confacra de nouveau les églifes, fii exhumer les cadavres des lléformüs, qu'on y avoit enterre's depuis deux ou trois ans-, {fe les fu mettre fous le gibet. Hift. des Prov. Unies, par le Clerc. L. HLp. icó.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. SscrvVIII. 53 Les habitans de Bruges tinrent une conduite toute oppofée : les articles Hifi. de furent apprauvés fans conteftation par le plus grand nombre, fans dotite paree que ce n'étoit pas celui des Proteffans, car un des premiers articles \ étoit la défenfe abfolue de Pexercice de leur Religion. On leur permet- Lei habitoit feulement de demeurer quelque temps dans la ville, mais a condition tarnde de ne faire aucun outrage aux Catholiques. S'il s elevoit quelques querelles ^'S^ entre les deux partis, le Gouverneur établi au nom du Roi devenoit leur ,es propg^, iuee ou plutöt le vengeur de la Religion Romaine. II étoit difficile aux tions du Calviniltes de ne pas donner lieu aux Catholiques de fe croire offenfes, & Prince dt plus difficile encore de n'être pas jugés coupables au tribunal de leurs enne- ' • mis On accorda une amnillie générale a tous les habitans, on les obhgea feulement de prêtc- un nouveau ferment de fidélité. Le Gouvernement de Le Dm cette ville fut confié au Duc d'Arfchot, dont les fentimens étoient moins d'Arfchot fufpecls, que ceux de fon fils le Prince de Chimai: huit compagnies Ecolfoifes qui étoient en garnifon dans Bruges, furent librement mcorporecs Mur de aux troupes du Duc de Panne, qui difpenfa la ville de recevoir une nouvelle Bruges. garnifon. ■ ■'• 'J~ , , Le Duc de Parme affuré de 1 obéiffance de Bruges, s avanca vers Land, LeDucde & cantónna dans les environs une partie de fes troupes, laiffant cette vide en prove a la faim & a la difcorde: il n'attendoit fa réduébon que de la duree 'f/P^ de ces deux fléaux. II fe rendit maitre en même temps de la navigation de 1 Efcaut, malgré les forterefiès qu'on avoit élevées fur fes bords, & les barques armées qui le couvroient. Tel écoit 1'état des chofes, lorfque la Conféderation deja ebranlce par tant de feccuffes fucceffives, perdit encore fon plus ferme appui. Le Roi d'Efoaup:!«n J& Toiaogèo »?TJri5vno3 , irrotnedbSq rfmierement , que de tout leur pouvoir, de toutes leur; forces & puiflances, ils s'aideront & affifteront les uns les autres de confeil & de fait , pour s'oppofer & pour affbiblir tous les en ïemis de ces pays, comme aufii pour la confervation de la profpérité de i'Etat public , des droits & libertés d'iceux , & des fuldites villes d'Hollande & de Zélande , fans y épargner ni biens ni vie , & fans s'abandonner aucunement, en quelque affaire , néceflité ou danger que ce töit."3>:'-*:n°3 °k -i^jn qw, pour eet effet, fe pourra fervir de tous les foldats, vaifTeaux de guerre & matelots, qui font préfentement au ferv.ee deldus pays & qui y entreront ou feront équipes a Taven r T tels eniplo,s, & pour former tels deffeins & entreprifes,P& fa4 S ^nlS qud jugcra k propos, & de les repartir, loger & diftribueren chaaue =, ville ou vülage, ainfi quVplama a fon Excellence , &aï -rouvera a propos, pour faire tête aux ennemis, & pour a défenfe du py; fans pour cela attendre 1'avis & le confentement des Et des A'ng b-ats des villes, ou de quelque autre: en forte que.toutes les villes & «ages fuont toujours tenus, chacun k fon égard, de recevoir, provi-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Skct. VIII. 65 fionnellement, les gens de guerre, ou la garnifon, qu'on leur enverra, en Hift: èe chaque quartier, par Pordre de fon Excellence,4 devant que d'être recus Hollande. a lui en faire leurs remonirances, ou a demander'd'en être déchargés, fans 157415 ^ que les gens de guerre qui feront en garnifon en quelque ville, village, i'orts, chateaux ou maifons, puifiènt jouir de plus grande cxemption desditès accifes & impofitions, que les habitans du lieu." IV. „ De plus, qu'il ne fera point fait de différence en quelques quartiers ou villes tntre les gens de guerre, matelots ou vaifTeaux qui s'y trouveront, ni par qui ils font payés, quand on les voudra envoyer en un autre quartier; mais tous les foldats, vaifTeaux de guerre & matelots, comme auffi tous les deniers provenans du revenu commun de ladite Union, feront cenfés être d'une même nature & condition, & toutes les villes & quartiers de cette Union feront reputés être un même corpsainfi que de raifon." V. „ Comme auffi qu'aucun desdits quartiers, ni aucune desdites villes , ne pourra lever ni licentier des gens de guerre , ni équiper des vaifTeaux ou des barques , ni ne pourront être defarmés par lesdits Alliés , finon de 1'ordonnance & fous Ie bon plaifir de ladite Excellence." VI. „ Son Excellence fera exécuter tous fes commandemens, ordonnanees, loix, difeiplines & articles de la milice, & punira ceux qui les enfreindrorit; a quoi les Etats & les Villes, en étant requis, tiendront la main, par Ie moyen de leur beurgeoifie & commune." VIL „ De plus fon Excellence pourra, eonjointement avec lesdits Etats7 érablir & continuer en chaque quartier, tels receveurs qu'il jugera a propos pour la recette des deniers communs de 1'Union." VIII. „ Son Excellence, au nom du Roi, comme Comte d'Hollande & de Zélande, fera faire droit & adminiflrer la juftice, par le Confeil Provincial de la Cour d'Hollande , en tous les lieux & a tous les habitans d'Hollande, de Zélande & de Frife du reflbrt de ladite Cour, en toutes les affaires, dont la connoiflance appartient a ladite Cour." IX. „ Deplus, qu'en tous les différends & affaires de juftice, qui furviendront, ladite Cour, le Confeil provincial, & leurs membres, feront honorés & refpeftés, & que 1'on obéira a leurs mandemens & ordres, tant en ce quartier d'Hollande qu'en Nord-Hollande & en Zélande, ainfi que cela a toujours été pratiqué , fans qu'aucune ville ou place s'y puifie oppofer, ni contrevenir aux provifions & ordonnances de la même Cour, ou fe fouftraire de la jurisdiéhon d'icelle, ni introduire aucune nouveautés a quoi les Alliés tiendront la main, chacun chez foi, par toutes fortes de moyens: excepté toutefois que ledit Confeil n'accordera point de proviion, & n'admettra point de procédures contre 1'ordonnance & la réfo-  Pe tbns cieï & kTl^fnlCe éraïIirT damC kdiC 'ConfeiI' tou? !es »s Offin a point la colla ion , felon 1 ancienne coutume , de la part du Roi ceTeou?emnCefdHol,Tde& dC ZéIande ' ^ q-nd'quelq ' nde le te^ns d, 1 ? E^?**' f" PofIèfiion' vicndra* mourir, ou que Ie temps de la foncuon de quelques Officiers viendra a exnirer- fi ce neff que fon Excellence, fans attendre cela, trouvlpropol Pour radon, den changer ou renouveller quelques-uns ; ce cte^ion'E^ce" lence pourra fa.re en ces deux cas, de 1'avis des Etats, qu?lui nommeS Sr tr°IS perf°nnes' donCelle c" choifiraune office vacant: hen entendu que dans ledit Confeil d'Hollandeil vlZ toujours deuxConfeillers Zélandois , felon 1'ancienne coutume, & felon s privileges du même pays. Et ceux dudit Confeil ponn-ont^par Provifion accorder toutes fortes de prorifions en mattere de graces, comn eT reliëf & de reftnution, amfi que le grand Confeil de Malines pouvo r de I e au "s' femblaole?&V° ' ^ bé"éficeS ^venW, eélcSS ST^ei^kk C0"n°Urr Par Provifion> en première infiance, des diiputes; feodales qui furviendront en Hollande ; moyennant que dans ï^eUeW"^ qU1 l 0nt éCL ci"devant' & qui le font encore fbrtts' d'e' ,ExCellence' Comme le SuPérieur, pourra accorder toutes tortes de graces , comme remiffions , pardons , repits quinauenn vient XéTt™*^ fembIables ' au nüm du™> vient detre dit, & fur 1'avis préalable des Officiers & gens de la loi du lieu, ou autres ainfi que cela s'eft pratiqué de tout^en p fem enlT,^ touso6trois' Wnéfices, prérogauves ou privilege" b-en STStaq « oZsaUil TT °U Priv]le1fs P°- q-^es cÖommunau toute aifpute." g ' donne™™ de 1'avis des Etats, pour prévenir fauveLdës TJiïCelkliCe ^ eXpédier f0U3 fon feinS & fon fceau les lauvegardes & paflèports , amfi que cela s'eft fait & pratiqué jufques cTuelou^n;quaucune,Pffónne, foit en Hollande ou en" ZélandJ, de I lrExce^nce.'^ eIle le ^ ° CÊ n'eft ^ 1'ordre expres XIII.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 65 XIII. „ Idem, Son Excellence élira, créera & renouvellera,aux temps Hift. de ordinaires, les Magiftrats des villes, felon 1'ancienne coutume, les droits & ^""^jjV, privileges des villes : bien entendu, que fi la néceffité ou la süreté requé- I574~ roit, que Pon congédiat ou renouveMc les Officiers , Jufticiers ou Magiftrats des villes hors le temps accoutumé , Son Excellence pourra le faire auffi, avec connoiffimce de caufe, & avec la participation de Ia majeure partie de ceux qui repréfèntent le Confeil & le corps des mêmes villes; le tout fans préjudice des Coutumes & Privileges desdites villes, qui ce nonobftant feront maintenues & demeureront en leur entier." XIV. „ Comme auffi Son Excellence maintiendra & protégera tous les droits, privileges, juftices, franchifes & louables coutumes des pays & des villes d'Hollande & de Zélande , qui font fous fon obéiffiince, en général, & de chacun d'iceux en particulier, avec foutien, maintien & protection des prééminences & de 1'autorité des Officiers , Magiftrats & Régens légitimément établis, fans que les Gouverneurs , Capitaines ou autres établis en quelque quartier pour la direébon des affaires de la guerre, puiffent s'ingérer, ou prétendre prendre connoiffimce des affaires politiques ou judicielles, furvenant dans ou hors les villes; mais les laifferont démêler aux Officiers, Magiftrats & Jufticiers du lieu, oua la Cour d'Hollande, ainfi que cela a été pratiqué & oblervé de toute ancienneté." XV. „ Et concernant la Religion, Son Excellence admettra & maintiendra Pexercice de la Religion Evangélique Réformée , faifant furfeoir & cefier Pexercice de toutes autres Religions contraires a PEvangile: fans que Son Excellence permette que 1'on trouble la Religion ou la confcience de qui que ce foit , ou que Pon donne aucune facherie , ou que Pon falie injure ou dommage a quelqu'un a caufe de cela; établiflant au furplus, pour ce qui regarde Pexercice de ladite Religion, Pordre que 1'on jugera a propos, felon 1'état des affaires & des villes, pour la plus grande füreté & commodité du peuple, fans faire tort a 1'honneur de Dieu, & cela auffi de 1'avis des Etats, fi befoin eft." XVI. „ Les Etats & Alliés en général, comme auffi tous les Officiers , Magiftrats, Bourgeois & Communes de toutes les villes & de tous les bourgs, feront ferment de demeurer fideles, foumis & obéiffans a Son Excellence pour ce qui regarde fon gouvernement, fes commandemens & ordonnances ci-defius exprimés , & pour le maintien d'iceux. Comme de 1'autre cöté Son Excellence jurera, ou il fera fait ferment de fa part, qu'il défendra & protégera le gouvernement des pays d'Hollande & de Zélande, avec leurs droits , privileges , franchifes & louables coutumes, en la forme & maniere ci-deflus mentionnée, contre tous leurs ennemis & adverfaires, & par tous les moyens imaginables." Tom XLIV. I  66 HISTOIRE DE HOLLANDE S'de1"' XVI^ ;'-Ea °Utre' Son fe trouvant en quelque quartier, HÓll'ande. %oa™[c hlïe. aMer > & » $M du Confeil des Députés des Etats & 2574-1584. ^es vJ.u.es» 1m aur°nt été établis en chaque Province, pour le maniement des affaires générales : a 1'égard de tout cela lesdits Etats & Alliés pro- mettant & s obhgeant, pour ce qui les regarde, ainfi qu'ils prornettent öc s obhgent par les préfentes, d'obéir avec foumiffion a Son Excellence , & faire obéir autant qu'ils pourront , en tout temps , & toutes les fois que Son Excellence leur en donnera Pordre & le commandement. XVIII. „ Et fi par hazard il fe trouvoit quelque obfcurité ou doute en cette Alliance & Union, comme auffi en la delation de 1'Etat & du gouvernement desdits pays, 1'interprétation & explication s'en fera par bon Excellence , par les mêmes Confédérés , & par la pluralité des voix diceux. 1 Fait ? Delft> ,e 25 Avril 1576, par les Chevaliers, par les Noblek & par les grandes & petites Villes d'Hollande & de Zélande, affemblés en corps d Etat«. En foi de quoi les Préfentes' ont été fignéss par les Chevaliers, les Nobles & les Députés desdits Etats & Villes d'Hollande Cc de Zélande, & fcellées du Sceau des Etats d'Hollande. Et pour plus grande affurance d'icelles les Préfentes ont auffi été fignées & fcellées par Son Excellence, & ceux de Delft ont été requis & priés, par lesdits Etats & Villes de Zélande, de les vouloir auffi fceller pour eux, ainfi qu ils ont fait. Etoit figné Guillaume de Nafau, & un peu plus bas Floris Comte de Culenburg, Otto d'Egmont, R. de Boetfeler, J. de Duvenvoorde & de JVoude, C. de A[fféndelft: pour Dordrecht Adrian van der Mylen: pour Delft Cor. Janfz: pour Leyde D. Sonaling: pour Goude Theodore janlz. Lonck: pour Rotterdam Adrian de Helmduynen: pour Gornichem Adrian van den Hoevel Dirckfz. : pour Schiedam Corneille Jacobfz.. tabri : pour la Brille Henry van der Veecke : pour Geertruydenberg Frangois Dirckfz.: pour les fept Villes de Nord - Hollande Philippe Cornelifz., Jean Claefz., Theodore Pieterfz.: pour Middelbourg André Jacobfz. de Jonge: pour Ziriczée Jufle Ewoutz Thelingh: pour Vliffingue Eujtache Adriaenfz. : pour Vere R. Barradot. Au deffous étoit écrit: Par Ordonnance des Etats d'Hollande & de Zélande, figné par moi C. de..  OU DES PROVINCES UNIES., Lrv. XXXIII. Sect. VIII. fy Thw'té cf Union, Alliance perpétuelk & Concorde, conclu a Utrecht, Ci? /ö 29 Janvier 1579. .„ (^Jomme Pon a connu, que depuis la Pacification faite a Gand, par de laquelle prefque toutes les Provinces de ces Pays - Bas s'étoient obligées de Hollande. s'entrefecourir de corps & de biens, pour chaflèr defdits pays les Efpa- 1574-1584» gnols & les autres nations étrangeres, avec leurs adhérens , les mêmes " — Efpagnols, avec Dom Juan d'Autriche & autres leurs Chefs & Capitaines, ont cherché tous les moyens, comme ils font encore chaque jour,de réduire lefdites Provinces, tant en général qu'en particulier, fous leur fujettion, gouvernement tyrannique & efclavage,& tant par armes que par pratiques , divifer & démembrer ces mêmes Provinces entr'elles, annuller & détruire leur Union faite par ladite Pacification, a la ruine & perte totale defdits Païs & Provinces. Comme de fait on a expérimenté que, continuant en leurdit deflein,üs ont même nagueres par lettres,follicité quelques villes & quartiers defdites Provinces, & attaqué & furpris a main armée quelques-unes, favoir du pays de Gueldre. C'est pourquoi, ceux du Duché de Gueldre & Comté de Zutphen, ceux des Comtés & Pays de Hollande, Zélande, Utrecht, & des Ommelandes de Frife, entre les rivieres d'Ems & Lauwers, ont trouvé a propos & néceffaire de s'allier & s'unif plus étroitement & particuliérement enfemble : non pour fe départir de ladite Union générale faite par la Pacification de Gand, mais pour 1'affermir encore davantage, & fe pourvoir eux-mêmes contre tous les inconvéniens , auxquels ils pourroient tomber par les pratiques, entreprifes & efforts de leurs ennemis; pour fcavoir comment & de quelle maniere en telles occurrences lefdites Provinces auront a fe conduire, pourront fe défendre contre la violence de leurs ennemis: comme auffi pour éviter & empêcher a Pavenir une féparation ultérieure defdites Provinces & des membres p- nicuüers d'icelles: demeurant au furplus ladite Union & Pacification de Gand en fa force & vigueur. En vertu de quoi les Députés defdites Provinces, chacun en leur égard, fuffifamment& duement autorifés, ont conclu & arrêté les points & articles fuivans, fans que pour cela elles veuillent par les Préfentes en aucune facon fe fouftraire ou feparer du St. Empire Romain. I- » premier lieu, que lefdites Provinces s'allieront,confédéreront & uniront enfemble: comme par ces préfentes elles fe font alliées, unies & confédérées a perpétuité, pour demeurer ainfi unies enfemble en toutes formes & manieres , comme fi toutes ne fuffènt qu'une feule Province; I 2  68 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VIII. fans qu'elles fe puiffènt, en quelque temps que ce foit, desunir ou féparér, Knde ? f°Uffrir q^'°n JCf desuniiïb ou féPare » teftament, codicille , 1574.1584. donatlon> ceffion> échange, vente, traités de paix ou de mariage, ni pour » aucune autre occafion que ce foit, ou puiffè etre: demeurant néanmoins fains & entiers, fans aucune diminution ni altération, les privileges fpéciaux & particuliers, droits, franchifes, exemptions, ftatuts, anciennes & louables coutumes, ufances,& tous autres droits & prééminences ,que chacune defdites provinces, villes, membres & habitans d'icelles! peuvent avoir. En quoi non feulement elles ne fe feront point de préjudice, trouble ni empêchement; mais auffi affifferont les unes les autres par tous les moyens juffes & poflibles , même en y employant le corps & les biens (ii befoin eft) a les défendre , foutenir & maintenir contre & envers tous ceux, qui les voudroient troubler ou inquiéter, de quelque condition ou qualité qu'ils puiffènt être. Bien entendu, que quant aux différends,qu'aucunes defdites provinces, membres & villes de cette Union, peuvent avoir entr'elles, ou pourroient avoir par la fuite, touchant leurs privileges fpeciaux & particuliers, franchifes, exemptions, droits, ftatuts, anciennes & louables coutumes, ufances, ou autres prééminences, ils feront réglés par la voye de la juftice ordinaire, par arbitres ou par accords a 1'amiable ; fans que les autres Pays ou provinces, villes ou membres d'iceux, (tant que les deux parties fe foumettront a la juftice) s'en puiffènt mêler, finon par maniere d'interceflion tendante a accord," II. „ Que lefdites Provinces, en conformité, & pour 1'exécution de ladite Alliance & Union., feront tenues & obligées de s'entre-aider & s'entre - fecourir mutuellement avec corps & biens, effufion de leur fang & danger de leurs vies, contre tous les efforts & violences que quelqu'un leur voudroit faire, fous le nom, ou prétexte de Sa Majefté Royale, ou de fa part, foit a. caufe du Traité de la Pacification de Gand, ou paree. qu'ils auroient pris les armes contre Dom Juan d'Autriche, foit pour avoir recu pour Gouverneur 1'Archiduc Matthias, ou toutes autres appendances & dépendances, & tout ce qui s'en eft enfuivi, ou pourroit en réfulter encore: quand même ce ne feroit que fous couleur de vouloir rétablir, reftaurer ou introduire par les armes la Religion Catholique-Romaine, ou encore a caufe de quelques innovations ou altérations, qui depuis Pan 1558 font avenues dans aucuncs defdites provinces, membres & villes, ou bien pour caufe de cette préfente Union & Alliance, ou autres caufes femblables: & ce auffi bien dans le cas qu'on voulüt ufer defdits efforts & violences contre 1'une defdites. provinces, états, membres ou villes en particulier, que contre toutes en général." III. „ Que lefdites Provinces feront auffi tenues & obligées de s'entrefecourir & défendre en la même maniere, contre tous Seigneurs, Princes ouPotentats, Pays, Provinces Villes, ou Membres d'iceux, tant dededans que de dehors, qui en général, ou en particulier, voudroient les offenfer, kur nuire, ou faire la guerre: bien entendu que 1'afliftance, qui fera décernée-  OU DES PROVINCES UNIES , Liv. XXXIIL Sect. VIII. 6c, mr la Généralité de cette Union, ie fera avec connoilfance & felon Poe- mjf de fal , , r " Hollande. eurrence de la caule. 1574-1584. IV Et feront pour mieux alfurer lefdites provinces, membres & villes d'icelles, contre toute puifTance,les villes frontieres,& auffi les autres, dont on trouvera Pêtre néceffaire , en quelque Province que ce foit, nar 1'avis & ordonnance de ces Provinces Unies, fortifiees aux depens des villes & des provinces oü elles font fituées; fous condition que la Généralité y fubvienne pour la moitié: toutesfois en cas que lefdites Provinces ïugent a propos d'établir quelques nouvelles fortereffes, ou den démolir aucunes de celles qui font déja dans les mêmes Provinces, les fraix néceffaires pour cela feront fupportées par toutes les Provinces en général." V , Et pour fubvenir k la dépenfe , qu'il fera néceffaire de faire, fau cas que delfts), pour la confervation & défenfe desdites Provinces, fi a été convenu, que par toutes lesdites Provinces Unies, de concert & furun même pied, feront impofés, levés & pubhquement bailles a ferme & adiugés au plus offrant & dernier enchériffeur, ou bien donnés en redme, de trois mois en trois mois, ou bien a tels autres termes que 1'on tugera a propos, certains droits fur toutes fortes de vins, & bierres, braffées tant dedans que dehors le pays, fur la mouture dub ed & des grains, fur le fel, fur les draps d'or, d'argent, de foye & de laine, fluks bêtes a cornes, fur les terres enfémencées , fur les betes que 1 on tuera fur tous les chevaux & boeufs, qui fe vendront 011 troqueront, fur tous 'biens fujets au grand poids public , & fur tous les autres biens, que par commun avis & confentement 1'on trouvera devoir etre charges, fuivant les ordonnances , qui en feront faites & dreffees: comme auffi qu'a ces fins on employera le revenu des Domaines du Roi d Efpagne, toutes charges déduites." VI „ Lesquels droits & moyens feront , de 1'avis commun , augmentés ou diminués , felon 1'exigence & la confiitution des affaires, & feront employés feulement a la défenfe commune , & a ce que 1 tat en général fera tenu. de porter, fans qu'ils puiffènt etre. apphqués k aucun autre ufage." VII „ Oue les villes frontieres, & auffi les autres, fi Ia nécefllté le requiert, feront en tout temps tenues de recevoir toutes telles garmfons, que lesdites Provinces Unies trouveront a propos, & ordonneront de-leur être envoyées, de 1'avis du Gouverneur de la Province, ou la garmlom fera envoyée, fans qu'elles la puiffènt refufer. Lesquelles garmfons feront payées de leur folde par lesdites Provinces Unies ; & les Capitaines & Soldats, outre le ferment général , en feront un particulier a la ville,, lieu ou province , oü ils feront envoyés, lequel pour eet effet fera mféré en leur Commiflion: comme auffi qu'il fe tiendra tel. ordre £3  70 HISTOIRE DE HOLLANDE mftJlU'ff^e TC t0US leSBen? de &uerre> q«e Bourgeois & habitans lloltnde. dfS vdles & P^8', tant Eccléflaftiques que Séculiers, n'en foient pas trop 1574-1584. charSé,s' m vexes plus que de raifon, Lesquelles garnifons ne feront ' ü°n F eX'mpt,?S d'accifes & d'imP^ > que les bourgeois & habitans des Iieux ou elles feront mifes; moyennant auffi que la Généralité debourfe auxdits bourgeois & habitans les uftenfiles, ou 1'argent que 1'on paye pour leur logement ; ainfi que cela s'eft pratiqué jufques ici en Vr:\™a< qUe" CTeS occlIrrences» & en tout temps, on pTovLTtt deS„geni du pays ' Ies habkans de lacune desdites aorèsZ *2CS,a Vo"r& payS' /eronc au plus tard dans ^ m™» SS dl , « • S Prfme? ! 7^ en revue & en*»& , depuis lage de 18, jusques a celui de 60 ans, afin que le nombre d'iceux étant connu , a la première aflemblée des Confédérés, il en foit ordonné pour plus grande füreté & défenfe du pays , ainfi qu'il fera trouvé convemr. 4 IX. „ Item, 1'on ne fera point de traité de trêve ni de paix, 1'on ne déclarera pomt la guerre, comme auffi 1'on n'impofera point de drous ni de contributions, concernant la Généralité de cette Union, que par avis & le commun confentement de toutes les Provinces: mais en toutes les autres chofes, touchant la direétiori de cette Alliance, & de ce oui endePend' ou Pourra s'en enfuivre , on fe réglera felon ce qui fera avife & refolu par Ia pluralité des voix des Provinces comprifes en ce te Union, .esque les feront recueillies, comme 1'on a fait ju "ques a préfem en la Generahte des Etats: & ce par provifion , tant quLrement en foit ordonné par 1'avis commun des Alliés. Toutefois s'1 anivok, que lesdites Provinces ne puffènt pas convenir ou accorder entre elles en S2C * clQVS-' paiX ' gUer 011 COHtribu"ons j que le différend fera dereré cïfoumis par provifion , aux Gouverneurs dcsdites Provinces Unies, qm lont prefentement: qui accommoó.ront ledit différend entre les parties, ou en prononceront ainfi qu'ils jugeront devoir faire felon i equite. Bien entendu , que fi lesdits Seigneurs Gouverneurs n'en peuvent pas convemr entreux, ils joindront a eux, & choifiront tels affefieurs ou adjoints, non intereffés ni partiaux, que bon leur femblera: & feront les parties tenues d exécuter ce que lesdits Seigneurs Gouverneurs auront ainfi prononce en la maniere fusdite." X. „ Qu'aucune desdites provinces, villes ou membres, ne pourra taire aucune Confédération ou Alliance avec d'autres Seigneurs ou EConfédérés''' k COnfcntemenc de ces Pr°vinces Unies, & des " 'E\VnUffiJ°1ï a que fi quelques Seigneurs, Princes, Etats voiiins, ou Villes defiroient s'adjoindre, par alliance & confédération, a ces  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 7i Provinces Unies, que par 1'avis & agréadon commune de toutes ils y pour- Hifi: de ront être recus & admis." Hollande. 1574-1584. XII. „ Que lesdites Provinces feront tenues de fe conformer les unes avec les autres, au fujet de la monnoye ; fcavoir a 1'égard du cours des efpeces , fuivant les Ordonnances , que 1'on fera pour cela au plutöt , que les unes ne pourront changer fans le confentement des autres." XIII. „ Et quant au point de la Religion , ceux de Hollande & de Zélande s'y comporteront corffme bon leur femblera: & au regard des autres Provinces de cette Union, elles fe pourront régler felon le contenu de la paix de Religion, que 1'Archiduc fVIarthias , Gouverneur & Capitaine Général de ces Pays, avec ceux de fon Confeil, de 1'avis des Etats Généraux, a déja projetté , ou bien elles pourront, foit en général ou en particulier, y mettre tel ordre & réglement, qu'elles jugeront le plus expédient pour le repos de leurs Provinces, villes & membres particuliers d'icelles, tant Eccléfiaffiques que Seculiers, & pour la confervation chacun de fes biens, droits & prérogatives, fans qu'en cela il leur puifie être fait ni donné aucun trouble ou empêchement par nuHe autre Province: demeurant un chacun libre en fa Religion; fans que fuivant ladite Pacification de Gand, a caufe d'icelle, perfonne puifie être recherché ni perfécuté." XIV. „ Item, que tous les Religieux & Religieufes & Eccléfiaffiques, fuivant ladite Pacification, jouiront de leurs biens, qui font fitués & alfis en aucune de ces Provinces Unies reciproquement. Et s'il y avoit aucuns Eccléfiaffiques, leiquels, durant les guerres de Hollande & Zélande contre les Efpagnols, étoient fous la fujettion defdits Efpagnols, & qui depuis font fords de leurs Couvens ou Colleges, & venus fe retirer en Hollande ou Zélande, qu'on leur fera donner par ceux de leurfdits Couvens ou Colleges, alimentation & entretien fuffifant , leur vie durant: comme Pon fera k ceux d'Hollande & de Zélande, qui en font fords, & fe font retirés en quelqu'autre de ces Provinces Unies." XV. „ Que pareillement alimentation & entretien fera donné, leur vie durant, felon la commodité du revenu de leurs Cloitres & Couven3, k toutes les pcrfonnes de ces Provinces Unies, qui voudront s'en tetirer, ou qui s'en font déja retirées, foit a caufe de la Religion, ou pour autre caufe légitime. Bien entendu que ceux, qui après la date des préfentes entreront en quelque Couvent, & en fortiront après, n'auront point d'alimentation, mais pourront reprendre ce qu'elles auront porté dans lefdits Couvens, pour 1'appliquer a leur profit. Comme auffi que tous ceux qui font préfentement dans lefdits Couvens, ou Colleges, ou qui y voudront entrer ci-après, auront la liberté de leur Religion, profeffion & habit: a condition qu'en toutes les autres chofes ils obéiront aux fupérieurs de leurs. Couvens.:'  7n HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VIII. XVI. „ Et s'il arrivoit (ce qu'a Dieu ne plaife) qu'il furvint entre lcfdiHift. de tes Provinces quelque mal-entendu, démêlé ou divifion, en quoi elles ne Uol^n1l;eg pourroient pas demeurer d'accord, il fera accomraodé & ajufté (entant que ! cela touche quelque province en particulier) par les autres provinces, ou par ceux qu'elles députeront a cela: & en cas que Faffaire regarde toutes les provinces en général, par IVJeflieurs les Gouverneurs, en la maniere portée ci - defïus en 1'article IX. qui feront obligés de faire droit aux par. des, ou bien de les accommoder, dans un mois, ou plutöt, fi le cas le requiert, après qu'ils en auront été fommés ou requis par 1'une ou 1'autre des parties. Et ce qui aura ainfi été prononcé par les autres provinces, ou par lefdits Seigneurs Gouverneurs, fera obfervé & exécuté, fans qu'a raifon de cela 1'on puifie demander ou ufer d'aucune provocation , ou provifion de droit, foit d'appel, de reliëf, de revifion, allégation de nullicé, ou aucune autre, quelle qu'elle puifie être." XVII. „ Que lefdites provinces, villes & membres d'icelles fe donneront garde de ne donner point de fujet, ou d'occafion de guerre a aucuns Princes, Seigneurs, Etats ou Villes étrangeres: & lefdites provinces, villes & membres, afin d'éviter ces occafions, feront tenues d'adminiftrer bon droit & juftice, tant aux étrangers, qu'aux habitans des autres provinces. Et en cas que quelqu'une d'icelles y manquat, les autres Alliés tiendront la main, par toutes fortes de moyens & de voyes, a ce que cela fe ftiffè, & a ce que tous les abus, par lefquels le cours de la juftice pourroit être empêché ou retardé , foient corrigés & réformés ; ainfi que felon le droit, & en vertu des privileges & anciennes & louables coutumes, chacune pourra faire." XVIII. „ Item, Pune defdites Provinces, villes & membres ne pourra pas, fans un confentement unanime, lever a Ia charge, ou au préjudice des autres, aucunes impofitions, droits d'entrée ou de forde ; ni aucuns autres: ni auffi impofer de plus grands drojts fur les Alliés, que fur les habitans de fa Province." XIX. „ Item, afin de pourvóir a toutes les affaires & inconvéniens, qui pourroient furvenir, lefdits Confédérés feront tenus de fe rendre k Utrecht, fur 1'invitation , qui leur aura été faite par ceux, qui feront autorifés pour cela, au jour qui leur fera afligné ; afin que fur lefdites affaires & inconvéniens, qui feront exprimés dans les lettres de convocation, Pon puifie délibérer & refoudre; fi ce n'eft qu'il foit néceflaire de tenir Paffaire fecrette, de 1'avis & du confentement unanime de tous, ou bien par la pluralité des voix, en la maniere ci - defius dite; même quand quelques-uns ne comparoitroient point: auquel cas les autres, qui feront préfens , pourront pafier outre a la conclufion de ce qu'ils jugeront pouvoir fervir au bien"commun de ces Pays & Provinces Unies: & ce qui aura été ainfi conclu, fera obfervé & exécuté, même par ceux qui n'auront point comparu : fi Ce n'eft que Paffaire fut de grande importance, & que fans péril Ia conclufion put être retardée : auquel cas  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 73 cas ceux qui n auront point comparu , feront ajournés encore une fois, /ƒ//?. de «- comparoitre a un certain jour, & peine de perdre leur fuffrage pour cette Hollande. fois-la : & ce qui aura été ainfi arrêté & réfolu par les préfentes, fera I574-Is8^ tenu pour bon & valable, nonobltant Pabfence de quelques-unes des autres Provinces. Bien entendu que ceux, qui n auront pas la commodité de venir, pourront envoyer leur avis par écrit, afin qu'en allant aux opinions Pon y puilfe avoir tel égard que de radon." XX. „ Item aux fins que deflus, tous & un chacun defdits Confédérés feront tenus d'écrire & de faire fcavoir a ceux, qui feront autorifés pour convoquer les autres, toutes les affaires qui furviendront, & dont iia auront connoiffance , s'ils jugent, que PEtat de ces Provinces Unies y foit intéreffé; afin que fur celaon convoque les autres Provinces, en la maniere fufdite." XXI. „ Et en cas qu'il fe rencontre quelque obfcurité ou ambiguïté en ceci, dont il pourroit naitre quelque difficulté ou difpute, 1'explication dépendra de ces Confédérés, qui en ordonneront,de 1'avis & du confentement commun , ainfi que de raifon. Et en cas qu'ils ne puiffènt pas s'accorder entre eux, ils auront leur recours a Meffieurs les Gouverneurs: ainfi qu'il a été dit ci - defius.'' XXII. „ Semblablement, fi 1'on trouve qu'il foit néceffaire d'augmenter ou d'altérer cette Union , Confédération & Alliance, en quelques - uns de fes points, cela fe fera de 1'avis cc du confentement unanime de tous les Confédérés , & non autrement." XXIII. „ Lefdites Provinces Unies ont promis, & promettent par les prélèntes , d'accomplir & d'entretenir , de faire accomplir & entretenir tous & chacun de ces points, fans rien faire, faire faire, ou fouffrir qu'il foit rien fait au contraire, direétement ni indirectement, en quelque facon ou maniere que ce foit. Et en cas que quelqu'un faffe ou attente quelque chofe au contraire, ils déclarent dès a préfent comme dès-lors, que cela fera nul & de nulle valeur : a quoi ils s'obligent, & tous les habitans de leurs Provinces, villes & membres refpectivemenc, leurs perfonnes & biens, pour en cas de contravention au contenu des préfentes, cc de ce qui en dépend, pouvoir être faifis, arrêtés & retenus partout, & par tous Seigneurs , Jurifdiétions & Juffices, oü ils pourront être trouvés & rencontrés : renoroant pour eet effet a toutes exceptions , graces, privileges, reliëfs, & généralement a tous autres bénéfices de droit, dont ils fe pourroient aider & fervir contre ce que defius: & particuliercment a celui qui dit, que la renonciation générale n'a point lieu, fi la fpéciale n'ait précédé." „ Et pour plus grande afiurance de ce que défflis, Meffieurs les •Gouverneurs, qui font préfentement,-ou qui feront a Pavenir, comme auffi tous les Magiftrats, & hauts-Officiers de chaque Province, ville & memTome XLIF. K  74 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VIII. bre, feront tenus de promettre par ferment, qu'ils obferveront & exécute- JHiJi.de r0nt la préfente Union & Confédération, & tous les arücles d'icelle, &.. ït0JlanTlg', de les faire obferver & exécuter." 1534- XXV. „ Semblablement toutes les Compagnies, Bourgeoifies, Métiers, Confrairies & Colleges, qui font en aucune des villes ou bourgs de cette Union, promettront aufïï par ferment de 1'obferver." XXVI. „ Et de ce feront dépechées lettres en bonne forme, qui feront fcellées par Meffieurs les Gouverneurs, principaux membres & villes des Provinces, a ce fpécialement requis, & fignées par leurs Secrétaires." „ Les points & articles ci-deffiis ont été finalement arrêtés & conclus,cc. fignés par les Députés du Païs de Gueldre & du Comté de Zutphen, & nommément par Monfieur le Comte Jean ds Na/J'au, Gouverneur defdits païs, pour lui, & avec les autres Députés, au nom de toute la Nohleffie du Duché de Gueldre & Comté de Zutphen, comme auffi par les Députés de Hollande, Zélande, Utrecht & Ommelandes, affemblés dans Utrecht.. Et ont les Députés dudit Païs de Gueldre &. Comté de Zutphen, pour une plus ample déclaration des Barons, grandes & petites villes defdits Duché & Comté, pris jour au 9 Février prochain, dans la ville d'Utrecht, aux Députés des Etats , qui y fot>t. Ainfi fait a Utrecht le 23 Janvier 1579 , fous les feings de FUluftre Monfieur le Gouverneur & defdits Députés, qui pour plus grande affiurance ont figné. Et étoit figné Jean Comte de Najjau , Catzenelleboge &c. De la part de la Nobleflè du Duché de Gueldre & Comté de Zutphen, Alexandre de Tellich: Gilles Pieck: Joachim de Liere: Alexandre Bentinck. De la part de la Hollande, G. Poelgeefl: P. Buys: Regnier Cant. De la part des Etats de Zélande, Guillaume Roelfius: Nicolas Blancx: Pier re de Rycke: Gafpar de Vosberguen. De la part des Etats d'Utrecht, Aufonius de Galama, de mandato Capituli fui Schore : Jaeob Verhaer, Sous-doyen de St. Pierre , de mandato Capituli: Adrian van Zuylen : Lambertus van der Burch, Capitulo jubente: F. de Wteneng: Rinhart d'Azwyne : Barthelemy vande IVael: Nicolas van Zuylen : A. D. Leide: Lubbert de Cleves. De la part des Etats d'Ommelandes , Egbert Clant: E. Jarges. Collationné avec Voriginal de ladite Union étoit figné LAMZ- IVEERDE. Explication du 13 Article. „ D'autant qu'il femble que quelques-uns trouvent quelque difficultéj a caufe du 13 article de PUnion conclue le 23 de ce mois entre les Députés des Provinces de Gueldre, Zutphen, Hollande, Zélande, Utrecht.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 75 '& du plat pays entre les rivieres d'Eems & Lauwers , comme fi le Hift. de fentiment & 1'intention étoit , de ne recevoir en ladite Union , finon Hollande. ceux , qui admettroient la Paix de la Religion projettée par 1'Archiduc I574-IS4 d'Autriche & le Confeil d'Etat avec lui, de 1'avis des Etats Géuéraux, ou du moins les deux Religions ; fcavoir, la Catholique-Romaine & ia Réformée : lefdits Députés, qui fe font trouvés a Ia conclufion de ladite Union, & qui Pont fignée, pour öter toute mauvaife intelligence & défiance, ont bien voulu déclarer par les préfentes, que leur fentiment & intention n'a pas été, & n'eft pas encore, d'exclure de ladite Union & Alliance les Villes & Provinces, qui n'admettront que ladite Religion Catholique-Romaine, & oü le nombre des habitans, faifant profeflïon de la Religion Réformée, n'eft pas fi grand, qu'ils en puiiïènt avoir Pexercice en vertu de ladite Paix de Religion. Mais que nonobftant cela ils feront prêts de recevoir en ladite Union les Villes & Provinces , qui ne permetrront que Pexercice de ladite Religion Catholique - Romaine; pourvu que d'ailleurs elles s'obligent a Pexécudon des autres points & articles de ladite Union, & fe gouvernent en bons Patriotes; d'autant que ce n'eft pas 1'intention , qu'une Province ou Ville fe mêle du fait des autres a 1'égard de la Religion : & ce afin d'entretenir d'autant mieux la paix & la bonne correAbondance entre les Provinces, & afin de prévenir & d'éviter la principale occafion de divifion & de querelle. Ainfi fait a Utrecht, le premier jour de Février 1579." Ampliation de ïArticle 15. ,, D'autant que ci-de van t, par le 15 article, il a été pourvu a 1'ali"mentation & a la fubfifiance des perfonnes Eccléfiaftiques, qui ont été dans quelques Couvens ou Colleges , & qui s'en font retiréej k caufe de la Religion, ou pour quelque autre caufe légitime , ou qui s'en retireront a Pavenir , & qu'il eft a craindre , qu'a raifon de cela il pourroit naitre des procés, comme de fait ils entendent qu'il en eft déja né quelques. uns , paree que ces perfonnes voudror.t prétendre pouvoir fuccéder aux biens délaifies par la mort de leurs Pere & Mere, Freres & Sceurs, & d'autres parens & amis, ou qui feront délaifies a Pavenir , comme aufli en ceux , lefquels pendant leur vie ils ont aliénés ou tranfportés par / donadon entre vivans, ou a caufe de mort, celfion ou autrement; lefdits Confédérés, pour prévenir ces procés, & les inconvéniens, qui en pourroient enfuivre, ont trouvé bon de fufpendre & de tenir en furféance & état tous les procés qui ont été intentés, ou pourroient être intentés ci-oprès, pour raifon de ce que defius, jufques a ce que par lefdits Confédérés, & par les autres, qui voudront entrer en cette Union & Alliance, y ait été pourvu généralement, &même de 1'autorité des Supérieurs, fi befoin eft, ordonné &déclaré. Ainfi fait par lefdits Députés le premier jour de Février 1579. Et étoit figné 'Lamz- Weerde. Aujourd'hui 4 jour de Février 1579', font comparus dans 1'aflemblée defdits Députés afièmblés a Utrecht, les fousfignés Députés de K 2  76" HISTOIRE DE HOLLANDE //^'J111* ?aRd ' & °nt décIaré' qu'ayant vu les points & articles de ladite Uniom Holhude. & ce qui a été fak enfuite en vercu d'icelle, 1'ont trouvé bon, & 1'ont, 1574-158*4. cn verw de Ieurs lectres de créance, procuradon fpéciale & raflTuétiony datée le 27 Janvier 1579, avoué, approuvé & ratifié , promettant, comme les autres Confédérés, d'obferver, entretenir & exécuter tous & chacun defdits points. En témoin de quoi lefdits Députés ont fijné, le jour , mois & an que defius. Et étoit figné : Au nom de ceux de Gand, Adolfe de Grutere : Lievin Tayarj: Chrilioffle de le Becque: Lucas Mayart. „ Aujourd'hui 5 jour de Mars 1579, font comparus dans 1'afièmblée defdits Députés, afiemblés a Utrecht, les Députés de toute la Nobleflè du quartier de Nimmegue, comme aufii de la ville deNimmegue, & ont déclaré, qu'ils ont examiné les points & articles de ladite Union, & ce aui a été fait enfuite en vertu d'icelle, 1'ont trouvé bon, & 1'ont en vertu de leur Inftruction, fcellée du fceau fecret de ladite ville de 1 Nimmegue ie 12 Février 1579, avoué, approuvé & ratifié, avouent &c. par ces préfèntes; promettant, comme les autres Confédérés,, d'obferver, entretenir & exécuter tous & chacun defdits points. En témoin de quoi lefdits Députés de la Nobleflè, de la ville & du quartier de Nimmegue ont figné, les jour, mois.& an que defius. Et étoit figné Gillis Pieck: Jean Keif ken: Amault van Zeiler: Theodore Flemmng: Lambert JanJJe: Jean vande Have.''' „ Aujourd'hui 9 jour de Mars 1579, eft'comparu dans Paflemblée defdits ; Députés, afiemblés a Utrecht, le Député de toute la Nobleflè, de.la ville capitale &, des petices villes du quartier d'Arnhem, & a déclaré qu'il a vu les-points & articles de ladite Union, & ce qui a été fait enfuite en vercu d'icelle, & 1'a en vertu de fes lettres de créance du 18 & d'une certaine Inflrucïion. datée du <6 Févtier 1579, 1'une & 1'autre fcellée du fceau fecret de la ville d'Arnhem, après müre & longue délibération, avoué, approuvé & ratifié , avoue &c. promettant par ces préfentes , en .la fufdite qualité, comme les autres Confédérés, obferver, entretenir & exécuter tous & chacun defdits points. En témoin de quoi ledit Député de toute la Nobleflè, de la ville capitale & des pecites villes du quartier d'Arnhem a figné., les jour, mois &. an que defius. Et étoit figné Alexaa-} dre BcntincV „.Aujourd'hui 23 jour-de Mars 1579-, font comparus dans 1'aflèmbbie defdits Députés, afiemblés a Utrecht, les Députés.des villes de Leeuwaerden, Sneeck , Franecker,. & de quelques Baillifs & bailliages, comme auiïï de quelques Gcntilshommes particuliers de la Province de Frife, nommés en leur procuration, & ont déclaré, qu'ayant vu les points & articles de ladite Union, & ce qui a écé feit enfuite en vertu d'icelle, Pont trouvé bon, & Pont, en vertu de leur procuration du ia Mars 1579, avoué, approuvé & ratifié, 1'avouent, approuvent & ratifient par les préfentes, proaiettant, comme les autres Confédérés, de Pobferver,..entretenir & exé-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv, XXXIII. Sect». VIII. 77 cuter, en tous & chacun de fes points. En témoin de quoi lefdites villes fnjf. d*de Leeuvvaerden, Sneeck, Franecker, & de quelques Baillifs & bailliages, Hollande; comme auffi de quelques Gentilshomes de la Province de Frife ont figné la 1574-'5^4. préfente, les jour, mois & an que döiïiis. Et étoic figné B. Idzaerda: J.elle Zibefz." „ Aujourd'hui onzieme jour d'Avril 1579, font comparus dans Paflemblée defdits Députés des Provinces Unies, afiemblés & Utrecht, les Députés de la ville dé Venlo, fcavoir Gerard van-Lohn: Herman de Laet Cornelifz. Echevins: Jacob Goris, Con/èiller, & Jean de Groot, comme Députés des Communes de ce lieu-la; & ont déclaré, qu'ayant vu les points & articles de ladite Union, & ce qui a-été fait enfuite en vertu d'icelle, Pont trouvé bon, & Pont, en vertu de leur inftrucbion du 3 Avril 1579:, avoué, approuvé &".ratifié, 1'avouent, 1'approuvent & le ratifient par les préfentes', promettant, comme les autres Confédérés, de 1'obferver, entretenir & exécuter, en tous &' chacun de fes points En témoin de quoi lefdits Députés de ladite ville de Venlo ont figné la préfente les jour, mois & an que defius. Etoit figné Gerard van Lohn:- Herman de Laet Cor~ nelifz: Jacob Goris: Jean de Groot"- „ D'autant que Son Excellence a toujours cru, qu'il étoit a propos & nécefiaire pour la confervation & manutention du bien public & des droits & franchifes des Pays-Bas, qu'il y eut toute bonne intelligence,correfpondance & uniön entre. lés Provinces defdits pais,■ & entre les villes & membres particuliers d'iceux, ce qui contribueroit- beaucoup, non feulement a s'oppofer & a repouflèr avec plus de vigueur les efforts de 1'ennemi commun , mais aufii lui óteroit le moyen de- femer aucune divifion ou mesintelligence entre les mêmes Provinces, ou entre les membres & villes d'(celles, a caufe de la différence des religions ou autrement: & Son Excellence ayant vu une certaine Union & Alliance faite & conclue a Utrecht au mois de Janvier dernier entre le Trés-illufire Seigneur, le Comte Jean de Naffau, Gouverneur du Duché de Gueldre & Comté de Zutphen, & ceux de Hollande, Zélande, Utrecht &.les Ommelandes de Frife, entre 1'Eems & le Lauwer, elle Pa trouvé bonne,.& a approuvé ladite Union, mais elle a tardé- &' différé jufqu'ici de la figncr, afin que 1'on put piüs facilement prendre 1'occafion de la préfenter a la Généralité des Provinces de deca, pour faire qu'elles 1'acceptcht & la confiderent comme une Alliance, Union & Confédération pour tous lefdits pays. Et d'autant que préfentement Son Altefie, avec une grande partie defdites Provinces de dech a déclaré, qu'il juge a propos ck nécefiaire que 1'on laffe, arrêté & conclue une femblable Union, pour pouvoir d'aurant mieux conduire les affair-es de notre commune patrie , Son Excellence a bien voulu- déclarer auffi, comme elle déclaré par ces préfentes, qu'elle fe veut joindre & approuvér ladite Union, ainfi qu'elle a été faite'&" conclue a Utrecht entre lefdites Provinces, & s'y joint & 1'approuve par celles-ci; étant penuacé qu'il n'y a rien en cela qui choque ou repugne a la Souveraineté ou S 1'autorité de la grandeur de 1'Archiduc. Et d'autant que dans peu dc jouis lefdits  HISTOIRE DE HOLLANDE Sf.ct. VIII. Alliés fc doivent afiembler, pour examiner tous les points & articles de 'la- Hofi'ande dite 1 & pour arrêter ce que r°n trouve™ a propos pour établir une 1574-1584. Parfaite incelligence entre les Alliés, Son Excellence déclaré auffi par les . préfentes, qu'elle veut recevoir & exécuter lefdits points & articles, de même qu'ils ont été recus & approuvés defdites Provinces de Gueldre, Hollande, Zélande, Utrecht, & autres qui s'y joindront. En fqi de quoi Son Excellence a figné les préfentes de fa main, & y a fait appliquer fon fceau fecret en forme de placart, dans la ville d'Anvers le 3 Mai 1579. Ftoit figné Guillaume de Natfau, & plus bas étoit écrit, De Pordre dé Son Excellence, figné N. Brunincx" „ Aujourd'hui premier jour de Juin 1579, les Plénipotentiaires des villes étant afiemblés en Diete dans le Couvent des Jacobins de Leeuwaerden, après avoir oui la propofition des Envoyés de la derniere Union d'Utrecht' & ayant, a la requrfition defdits Envoyés, député quelques-uns des Plé-, nipotendaires des villes, pour conférer, au nom de tous, avec lefdits Envoyés , & examiner avec eux les .points & articles de ladite Union: ce qui ayant été fait, & après avoir ouï le rapport de leurs confrères, déclarent tous lefdits Plénipotentiaires des villes, qui ont figné les préfentes en vertu de leurs pouvoirs, qu'ils ont avoué, approuvé, & ratifié tous les points & articles de ladite Union, les avouent &c. par ces préfentes, promettant, comme les autres Confédérés, d'obferver, entretenir & exécuter tous & chacun des points d'icelle, tant pour ce qui a déja été fait, que pour ce que Pon pourra encore arrêter a Pavenir en vertu d'icelle. En témoin de quoi lesdits Plénipotentiaires des villes ont figné les préfentes, les jour, mois &an que defius. Et étoient fignées des noms fuivans, écrits de mains differentes:^«/c ce qui a été fait enfuite en vertu d'icelle, les ont trouvé bons, & en vertu de leur pouvoir du 10 Septembre 1579, les ont avoués, approu\ès cx ratihés, les avouent, &c. par ces préfentes, promettant, comme les autres Confédérés, d'obferver , entretenir & exécuter tous & chacun tle fes points. En témoin de quoi lefdits Députés de ladite ville de Breda ont figné les préfentes , les jour, mojs & an que defius. Etoit figné; Godart van Luchtenbergh : Godart Montens ,<$? Chrifiian Back fils de trangots. J „ Aujourd'hui premier jour de Février 1580, efl: comparu dans faffemblee des Députés des Provinces plus étroitement unies , afiemblés a ^Utrecht , le Sieur Guy du Bruecq, Echevin de la ville de Bruges, qui a déclaré, qu'ayant vü les points & articles de ladite Union , & ce qui a été fait enfuite en vertu d'icelle, il les trouvoit bons, & outre 1'approbation d'icelle , pafiée a Anvers le 26 Novembre 1579, par le Sieur Lievin Steppe, Echevin, & M. Jacob Yman, Syndic de la fufdite ville de •Bruges, en vertu de leur pouvoir, fceiic le 7 du même mois de Novembre, ilaavoué, approuvé & ratifié ladite Union, 1'avoue '&c. par ces préfentes, en vertu de fes lettres de créance & de fon pouvoir, fcellé en date du 25 Janvier 1580, promettant, comme les autres Confédérés, d'obferver, entretenir & exécuter tous & chacun de fes points. En témoin de quoi ledit Député de ladite ville de Bruges a figné les préfentes, les jour, mois & an que dellus. Etoit figné Guy du Bruecq. „ Aujourd'hui premier jour de Février 1580, eft comparu dans Paflèmblee des Députés des Provinces plus étroitement unies, affemblés a Utrecht, te Sr. Gautier vander Hecken, Echevin du Pays du Vryen , qui a déclaré, qu'ayant vü les points & articles de ladite Union , & ce qui a éte fait enfuite en vertu d'icelle, il la trouve bonne; c'eft pourquoi, outre 1 approbation qui en a été faite a Anvers le 26 Novembre, par Maitre jsbrant Provin, Syndic dudit Pays du Vrijen, en vertu de fon pouvoir fcelle le 17 Octobre 1579, il 1'avoue, approuvé & ratifié par ces préfenJps'' en VCTtu de fon pouvoir fcellé du 23 Janvier de 1'année courante, ot de fes lettres de créance.du 25 du même mois; promettant, comme les  . Oü DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. VIII. 8* "Jes autres Confédérés^ d'obferver, enïretenir & exécuter tous & chacun de Hift. 4e fes points. En témoin de quoi ledit Député dudit Pays du Vrijen a figné Hollande. les préfentes, les jour, mois & an que defius. Etoit ligné Gautier vander r'574"ls8*' Hecken (i). III. Edit des Etats Gênéraux , déclarant 'le Roi d'Efpagne déchü de la, Souveraineté des Pays-Bas: du 26 Juillet 1581. J^es Etats Généuaux des Provinces Unies des Pays-Bas: A tous ceux qui ces préfentes lettres verronc, ou liront, Salut. Comme ii efl: notoire a un chacun , qu'un Seigneur & Prince du pays eft. ordonné de Dieu , chef de fes fujets, pour les défendre & conferver de Toute irijure , force & violence : tout ainfi qu'un pafteur 1'eft pour la défenfe & garde de fes brebis, & que les fujets ne font pas creés de Dieu pour ie Prince, pour lui obéir en tout ce qu'il lui plait commander, foit conforméijient ou contre 1'ordonnance deJDieu, avec ou fans raifon, ni pour le fervir comme efclaves; maïs plutöt le Prince pour les fujets, fans lefquels il ne peut être Prince, afin de les gouverner felon le droit & la raifon, les prt>téger & aimer,-comme un pere fes enfans, öu un pafteur fes brebis,'qui met fon corps & ia vie en danger, pour'les défendre & garantir. Si le Prince manque en cela , & qu'au lieu de conferver fes fujets, il fe met a les outrager, opprimer, dépouiller.de; leurs privileges & anciennes coutumes, a leur commander & a s'en fervir comme d'efclaves, alors on ne Je doit plus tenir ou refpecter pour Prince & Seigneur, mais pour un tyran. Et font aulii les fujets, felon le droit & la raifon, obligés de ne plus le reconnoitre. De forte que fans pécher, particulierement quand cela fe fait avec dé' libération & autorité des Etats du Pays, les fujets le peuvent abandonner, & choifir en fa place un autre pour Chef & Seigneur, qui les défcnde: chofe qui principalement a lieu, quand les fujets, par leurs trés-humbles rjmontrances, n'ont jamais fu adoucir leur Prince, ni le divertir de fes entreprifes & projets tyranniques; & ainfi qu'il ne leur refte autre moyen que celui-ia pour conferver & défendre leur ancienne liberté, & celle de leurs femmes, enfans & poftérité, pour lefquels, felon le droit de la nature, ils font obligés d'expöferleurs vies & leurs biens, ainfi que pour de femblables occafions 1'on a vü par diverfes fois arriver en plufieurs pays, & en divers, temps: dont les exemples font encore tout rccens & afiez connus. Cé qui principalement doit avoir lieu & place en ces pays, qui.de tout temps ont t.0 Ce ne 'fuc cllle ie 23 Juillet 1593, que les Députés des Provinces d'Overylfel & de Groningue fignereut eiifin auQi cette Union, dont la République a pris le nom" ';1ü Provinces Unies. Tome XLIV* L  HISTOIRE DE HOLLANDS Sec» VIII. été, & cfeivenc être gouvernés fuivant les fermens faits par leurs Princes & Hollande avenemenc' conformément & leurs privileges & anciennes coutumes*. 1574-1584. 4, . ,eiir petmettent pas- de les violer. Joint aulü , que la plupart , defdites Provinces ont toujours reed & admis leurs Princes & Seigneurs a de certaines conditions , & par maniere de contrats & accords conficmés par ferment ; lefquels , fi le Prince vient a violer , il eft a bon droit dechü de la fupériorité du pays. O r ie est a 1 n s 1, que le Roi d'Efpagne, après le decès de feu 1'Empereur Charles V, fon Pere, de glorieufe mémoire (qui lui a tranfporté tous ces Pays) oubliant les fervices, que tant fondit Pere que lui-même avoient recü de ces pays, & de leurs habitans, par lefquels principalement le Rol d'Efpagne avoit retnporté de li glorieufes & mémorables viétoires fur fes ennemis , que fon nom & fa puiftance en étoient-renommés & redoutés par tout le monde : oubliant auffi les remontrances , que fadite Majellé Impériale lui avoit ci-devant faites, a au contraire prêté l'oreille, & donné créance & credit k ceux du Confeil d'Efoatme étant aunrès de lui. avant ledit Con¬ feil concu une en vie & haine fecrette contre ces pays , & contre leur- uoerte ; paree qua ne leur étoit pas permis d y commander abioiument, & de les gouverner, ni auiïï d'y pofiéder les principaux états & offices, ainfi qu'ils font au Royaume de Naples & de Sicile, dans le Duché de Milan , aux Indes & dans les autres pays, fujets a la puiilance du Roi ;^ étant auffi amorcé par la richefle defdits pays, que la plupart d'entr'eux ne connoiflöient que trop , ledit Confeil, ou aucuns des principaux cFkelui, ont par diverfès fois remontré au Roi . aue oour la réDiuation & plus grande autorité de Sa IMajellé , il valoit mieux conquérir de nouveau ces-Pays-Bas , afin d'y pouvoir alors commander abfolument a fon bon plaifir, & les gouverner, fans avoir égard aux loix (c'eft-a-dire ryrannifer a fa volonté , ) que d'y regner fous de telles conditions, qu'il" avoit juré d'obferver h fon avenement a la régence defdits Pays. Le Roi d'Efpagne, fuivant depuis ce temps-la les inductions de ce Confeil a cherché tous moyens , pour réduire ces pays en fervitude fous re gouvernement des Efpagnols , en les dépouillant de leur ancienne liberté : Ayant premierement voulu , fous prétexte de la Religion , mettre dans les principales & plus puiflances villes des nouveaux Evêques, les enrichiflant & les dotanc, en y joignant & uniffimt les plus riches Abbaïes,' ajoutant a chaque Evêque neuf Chanoines, pour lui fervir de Confeillers, dont trois auroient la charge particuliere de Plnquifition, Par laquelle union lefdits Evêques étant fes créatures, a fa dévotion & commandement (& qui pouvoient être choifis, auffi bien des étrangers que des naturels du pays) auroient le premier lieu & la première voix dans les aifemblées des Etats defdits pays. Et par Padjonciion defdits Chanoines, auroit introduit Plnquifition d'Efpagne , laquelle de tout temps a été en ces pays en auffi grande horreur, & auffi odieufe, que la derniere fervitude même ; ainfi qu'il eft notoire a un chacun. Tellement que Sa IVIajefté Impériale 1'ayant autrefois propoièe a cefdits pays , elle , eu égard auxdites remontrances faices a Sa Majeftc, cefia d'en parler, donnant en cela des preuves de. la grande afllction qu'il avoit pour fes fu-  OU DES PROVINCES UNIES, Lm XXXIII. Sect. VIII. 83 iets Mais nonobftant diverss remontrances faites au Roi d'Efpagne, jflflr de tant' par les Provinces & villes particulieres, que par quelques prin- Hollande cipaux Seigneurs du rays, fïratuki«ww ^ ^u^~ *»"»»6»j & par le Comte d'Egmont , qui du confentement de la Ducheffe de Parme alors Regente des mêmes Pays, de 1 avis du Confeil a Etat, & de la Généralité, furent a ces fins fucceffivement envoyés en Efpagne: Et nonobftant auffi que le Roi leur avoit fait efpérer de bouche , que fuivant leur' requête , il y pourvoiroit au contentement du pays, fi eft-ce pourtant que par lettres il a fait peu de temps après tout le contraire : commandirt bien expreffement , & fous peine d'encourir fon mdignation, de -recevoir incontinent ces nouveaux Evêques , & de les mettre en poffeffion de leurs Evêchés & Abbaïes incorporées , d'établir 1'Inquifition aux lieux oü 1'on avoit auparavant commencé h la pratiquer , & d'obéir & d'exécuter les decrets & ordonnances du Concile de Trente, qui en pluiieurs points étoient contraires aux Privileges du Pays. Ce qui étant venu h la connoilfance du peuple , a donné jufie oecafion d'une altération entr'cux , &• a bien fort diminué la bonne affection , laquelle (comme bons fujets) ils avoient de tout temps eue pour le Roi & pour fes prédécefiëurs. Car ils mettoient principalement en confidération , que le Roi ne prétendoit pas feulement de tyrannifer leurs perfonnes & biens-, mais aufii leurs confeiences, defquelles ils n'cntendoient être refponfables, ou tenus de rendre compte, qu'a Dieu feul. A cette oecafion, les prinepaux de la Noblefiè du Païs, pour la pirié qu'ils avoient du pauvre peuple préfentcrent en 1'an 1566 certaine remontrance, en forme de requête 'fupplians que, pour appaifcr le peuple, & pour évitcr toutes^étnotions & iêdidons, il plüt a Sa Majefté, pour démontrer 1 amour cc 1 affection que comme Prince bon & débonnaire il portoit a fes fujets, de modérer lefdits points., & particulierement ceux qui concernoient la rigoureufe ■recherche & le fupofce pour le fait de la religion. Et pour remontrer le même'plus particufiéremenc au Roi, & avec plus d'efficace, & lui faire • comprendre combien il étoit néceffaire, pour le bien & pour la profpérité du Piïs, & pour le maintenir en repos & tranquilité, d'abolir les fufdites nouveautés, & modércr la rigueur des placats publiés fur le fait de la reli»ion le Marquis de Berghes & ledit Baron de Monugny, a la requiimon de ladite Dame Régente,' du Confeil d'Etat & des Etats Généraux .de rous les Païs, fe font acheminés vers 1'Efpagne, en qualité d'Ambaffadeurs: m oü le Roi, au lieu de leur donner audience, & de pourvoir aux inconvéniens, qui avoient été auparavant repréfentés, & qui (paree que 1'on n'y avoit pas remédié de bonne heure, comme la nécefiité le requéroit) comircnco:cnt déja en effet a fe découvrir par toucle Païs parmi le peuple: par la' perfuafion dudit Confeil d'Efpagne, a fait déclarer rebelles & coupables du crime de Leze-Majefïé tous ceux qui avoient fait ladite remontrance, avec confifcation de corps & de biens. Qui plus eft (croyant s'ètre entiérement affaré defdits Païs, par le moyen des forces du Duc d'Albe, & les avoir réduits fous fa puiffance & tyrannie abfolue) il a puis après, comre le droit des gens, de tout temps inviolablement obfervé, même parmi les Princes les plus crue!* & cyranniques, fait emprifonner & mourir L &  84 H1STQIRE DE HOLLANDE 55'5?" !ffditS SdSneurs Arahafladenrs, en confifquant tout leur bien Et nonob-- Sl tr°Ubk? MfSr fufdtÓS ^ ra" P-la fufdice Re^nS I574-I534. &-les "dherens' Cü1ffent été Prefque «uTooRls, & que la plupart de°ceux qm parloient pour le maintien de la liberté .du Païs, lè fint redres, ou euflent été chaffes, & les autres opprimés & fubjugués, de forte que le Roi n avoit plus aucur, lujet d'opprimcr ledit. Pays par force ni par armes; toutefois pour ne nóghger pas Poccafion, que ceux du Confeil d'Efbagné avoient fi longtemps cherchee & attendue, pour avoir queloue prétexte, afin de pouvoir abohr tous les privileges du Pays, & le faire gouverner par les Efpagnols felon leur volonté, comme ils faifoient les Indes & les autres pays par eux nouvellement conquis (comme il parut manifeftement par les kttres qui furent interceptées & furprifes, écrites en la même année a la Ducheffe de Parme par dAlana, alors Ambaffadeur d'Efpaene en France) il a envoye en ce Pays, h Pinffigation & confeil defdits Efpagnols, le Duc d Albe, fort renomme pour fa févérité & cruauté, & 1'un des plus grands ennemis du Pays, accompagné d'un Confeil, compofé de perfonnes de meme naturel & humeur que lui,, avec une forte armée, pour les fubjuguer. En quoi ,1 a fait voir le peu d'affeébon qu'il avoit pour fis bons fujets de ces Pays, contre ce qu'il étoit. obligé de faire , comme leur Prince, proteéreur & bon pafteur. Et combien que ledit üuc d'Albe foit entré en ces Pays avec fon armee, fars aucune oppofition ni empêchement, & qu'U ait ete recu des pauvres habitans, avec tout le refpect & honneur imarinable, qm nattendoient de lui que toute bonté & clémence, fuivant ce que le Roi leur avoir tant de fois promis par fes. lettres feintes & diffimulées: meme jufques a leur écrire, qu'il avoic réfolu de fe tranfporter en perfonne en ce Pays, pour mettre ordre a tout, au contentement.d'un chacun; ayant auffi, au tems du départ dudit Duc d'Albe vers ces Piys fait armer une flotte en Efpagne pour Paiiiener ici, & une autre en Zélande aux dépens du Pays, pour Palier rettcontrer & recevoir, felon le brui! quil en faifoit courir;. a deflèin d'amufer & abufer fes pauvres fujets & les auirer d'autant plus facilemenr dans fes filets. Néanmoins le meme Duc dAlbe, incontinent après fon arrivée, bien qu'il fut éxranger, & non pas du fang Royal, dcclara que le Roi lui avoit donné la commiffion de Capitaine en Chef, & peu après de Gouverneur Général de ces Provinces: chofe du tout contraire a leurs privileges & anciennes coutumes. Ft faj'anc affez connoitre ion intention, mit d'abord garnifon dans les princinales villes & iortercffes , ót fit batir des citadeiles dans, les plus pu.flantes & plus nches villes, pour les tcnir en fujettion. Et par Pordre du Roi (a ce qu'il difoit) fit vemr a lui , avec de belles paroles, tant par Iettres qu'autrement, les principaux Seigneurs du Pajs , fous prétexte d'avoir befoin de eur confeil & de leurs perfonnes, pour le bien du fervice du Roi & de JEtat: Après quoi il kt arrêter prifonniers ceux, qui, ayant aiouté foi a fes lettres,, s'étoient venu préfenter : lefquels il fit, contre les privileges ou Pays, emmener hors la Province de Brabant, ouils avoient été arrétés faUant par- devant lui (encore qu'il ne fut pas leur Juge compétent) iniiruire leur proces, & les condamner a mort devant qu'il fut inftmit, & que lefdits Seigneurs accufés euflent été légitimément ouïs en leurs défenfes, ks.faifam publiquement & ignomiuieufement exécuter ; les autres, qui,  OU DËS PROVINCES UNIES , Liv. XXXIII. &<*.'• Vltt; 85» mrce qu'ils connoiffoient mieux ia profondediffimulation des Efpagnols, g/dr Sedt éurés, & fe tenoient hors du Pays, déelarer cnminels de Leze- Hotag. 5 & d'avoir forfait corps & biens, & comme tels, faifi & confifque J^Zl out leur bien : le tout afin que les pauvres habitans ne fe puffent pas fervir en la iufie défenfe de leur liberté, contre 1 oppreffion des Efpagnols, dj fecours de leurs fortereffes & Princes : fans une mfimté d autres Gentrishommes & bons Bourgeois, qu'il a en partie fait mourir, & en partie chaffes " fin de pouvoir confifquer leurs biens ; incommodant le refte des bons titans, tam par des logemens de foldats Efpagnols, dont ils iouffroient bS d'outfages en leurs femmes, enfans & biens , que par plufieurs ex-ai'ns & tailles : les contraignant de contnbuer tant a la conftructton de nouvelles citadelles & fortifieadons des villes, qu'il ia.fo.t faire pour leur oppreffion , que de fournir le centieme, vingtteme & dixieme de. i Tour^ e payement des-foldats, dont il avoit amené une partie avec hu 6 kvé Pautre dans le Pays, pour être employés contre leurs compatnotes % contre ceux, qui, au danger de leurs vies, fe hazardoient de défendre h liberté du Pays : afin qu'il ne. reftat plus aux fujets, amfi appauvris, aucun^moyen d' mpêcher fes deffeins, &. afin de poavoir mieux effecluer SnTuction' qui lui avoit été donnée en Efpagne, de traiter ces Pays ïïrif douveilement conquis. Et pour eet effet ilchangea aufiPen plu» feurs h"ix & vföes principales Pordre de la Juftice : érigea de nou, veaux Confeils a la maniere d'Efpagne , direótement contre les PnXes du pays. Et finalement fe croyant a couvert de tous danl rs il voulut introduire par force , certaine impofiuon du d.xie. n e den rl fur toutes fortes de marchandifes & manulactures, a la SLe ruïne du Pays, le bien & la profpérité duque depend enoeremmfdu Commerce des-Manufuctures. Et ce nonobfiant une mfinitó de remontrances mites au contraire , tant par chacune des Provinces en mhSer que de toutes en général. Ce qu'il auroit exécuté par force, 'Sc éVe bientót après,par le moyen de Monfieur le Prince dOaSe •& bon nombre de Gentilshommes, & autres Nat.fs de ces Pays, tennis par le Duc d'Albe , fuivans le parti dudit Seigneur Prince , & 5 la Plüpart a fon fcrvice , & autres habitans affectionnés a la liberté de leur Se, les Provinces d'Hollande & de Zélande ne !e ftiffint fbulevées 6 rnifes en la proteftion dudit Seigneur Prince. Contre lefquelles deux Provhces, ledit Dac d'Albe a depuis, durant fon Gouvernement, & ap-S Tui è Grand-Commandeur de Caftille , qui fee envoyé en-fon beu mr le Roi , non pour adoucir & modérer quelque peu la tyranme de fon prédéceffèur, mais pour la - continuer plus couvertement & avec plusdVtffice qu'il n'avoit fait, contraindre les Provinces, qui par leurs garmfons & ckadefies, étoient reduites fous le jong des Efpagnols, d'employer leurs perfonnes & tous leurs moyens pour aider a les fubjuguer: fans toutefois en rien foulager lefdites Provinces,. mais en les traitant comme^ennemis, Permettam que les Efpagnol entraffent par force dans la ville d'Anvers. k k vtTe dudi? Commandeur, fous ombre d'une mudnerie, & y demeuraffent pendTnt fix femaines, vivans a difcrétion, & foulans les pauvres bourgeois, qufLent contraints Par cela, pour fe décharget de leurs violences, de l' L 3.  «6 HISTOIRE DE HOLLANDE S*ÏÏIL SS? rrf0mT d°AqU'tre Cens miIIe florins» P°ur le Payement de la folde noiïanïe. defdits^ Efpagnols. Apres quoi lefdits foldats, a qui la conivence des chefs 1574 1584. fonnoit plus daudace, ont bien ofé prendre ouvcrtemenc les armes contre Jf. Fays» tachanc premierement de furprendre la ville de Bruxelles & d<« faire du lieu, qui efl: Pancien fiege & réfidence ordinaire des Princes ,ü deea, un nid & retraite de brigands. Ce qui ne leur ayant pas réufli, ik pnrent par force & violence la ville d'Aloft, & incontinent après ils forcerent la ville de Maflricht, Et depuis étant par force rentrés dans la ville d Anvers, ils la pillerent, la faccagerent & la innent a feu & a fans; Lx mutant en forte , que les .plus barbares & cruels ennemis d'un pays n'en euflent pas pu faire davantagc, ni pis, au préjudice indicible, non-feulement des pauvres habitans, mais aufli de prefque toutes les nations du monde, qui y avoient leurs marchandifes, dettes & argcnt. Et combicn que lefdits Efpagnols, par Pordre du Confeil d'Etat, auquel le Roi, après le deces dudit Grand Commandeur, avoit quelque temps auparavant conféré le gouvernement général du Pays, euflent été, même en la préfenee de jeronimo de Rhoda , publiquement déclarés ennemis du Pays, ledit de Rhoda, neanmoins de fon autorité privée, appuyée fans doute d'une fecrete infiruction dEfpagne, entreprit d'être Chef defdits Efpagnols & de leurs adherens: de maniere que fans refpecter ledit Confeil d'Etat, il ufurpa le nom & 1 autorité du Roi, contrefit fon fceau, & fe porta en Gouverneur & Lieutenant du Roi en ces Pays. Ce qui obligea les Etats k faire en méme temps un accord avec mondit Sr. le Prince d'Oramre, & avec les Etats de Hollande & de Zélande, lequel accord ledit Confefi d'Etat (comme Iegmme -Gouverneur) a approuvé, pour conjointement, & d'un confentement commun,. faire la guerre aux Efpagnols, ennemis communs de Ia Patrie & les cbaflèr de ces Pays; fans toutefois que, comme bom ujets, ils ayent cependant manqué de préfenter plufieurs remontrances & humbles requêtes, de faire tous leurs efforts, & d'employer tous les moyens convenables & poffibles envers le Roi, a ce qu'ayant égard aux foules, troubies & inconvéniens qui étoitnt déja arrivés, & qui apparemment arriveroient encore, il lui plüt faire fortir les Efpagnols hors de ces Pays & cbaner particuhérement ceux, qui avoient été caufe des faccagemen< & de la ruïne des principales villes de fon Pays, & d'autres innumérables forces & violences, que fes pauvres fujets avoient fouffertes, pour la confolation & le foulagement de ceux qui des avoient fouffertes, & pour fervir d'exemple aux autres. Ce néanmoins Ie Roi, encore qu'il fit mine & déclarat que ce qui étoit arrivé lui déplaifoit, & étoit arrivé contre fon intention, que ion deffein éroic d'en punir les chefï & les auteurs, & qu'il auroit la bonté de donner ordre a ce que le repos du Pays füt afiüré, comme ilappartient k un Prince, ri'a pas feulement négligé de faire la punition dudit chef öc des auteurs; mais au contraire 1'on a vu évidemment, que tout s'étoit fait de Ion confentement, & après délibération préalable de fon Confeil d'Efpagne: dont Ion n'a été que trop affuré par fes lettres, qui furent quelque temps apres interceptées, par lefquelles on écrivoit audic Rhoda, & aux a.itrcs Lapitaines, auteurs du mal, que le Roi non-feulement ne blamoic point Jeur?ct,on, mais au contraire la trouvoit bonne & la louoit; promettant meme .de la lécompenfer, .& particulierement ledit Rhoda, comme lui  OU DES PROVINCES UNIES,- Liv. XXXIII. Sect. VIII. 8;r ayant rendu un fingulier fervice. Comme en effet dès qu'il fut arrivé en Hifi. de Efpagne, avec tous les autres miniffres de la tyrannie exercée en ces Hollande. Pays, le Roi le reconrtut. Au même temps auffi le Roi, croyant pouvoir I574"'5 \ éblouir les yeux de fes fujets, envoya en ces pays, en qualité de Gouverneur Général, fon Frere Batard, Dom Juan d'Autriche, comme étant de fon fang. Eequel, fous prétexte de déclarer aux Etats, qu'il agréoit & approuvoit la Pacification faite a Gand , d'appuyer les promeffès des Etats , de faire fortir les Efpagnols du pays, de punir les auteurs des violences & defordres arrivés en ces Pays , & de mettre ordre au repos général , & au rétabliffement de leur ancienne liberté , tachoir de divifer lefdits Etats , & d'afliijettir les Provinces les unes après les autres : quand quelque temps après Dieu , ennemi de ia tyrannie, permit que ce dcifein fut découvert , par 1'interception & furprife de quelques. lettres, & que 1'on feut , qu'il avoit ordre du Roi de fe conduire en ces Pays fur les avis & fur l'inllruclion qui lui feroit donnée par Rhoda. Et afin de couvrir mieux ce jeu , Je Roi défendit a Dom Juan & a Rhoda de fe voir ou de fe parler, lui commandanc de fe comporter avec les Grands & principaux Seigneurs avec toute bonté & civilité , afin de gagner leurs affeétions: jufques a ce que par leur affiftance & moyen ayant réduit la Hollande & la Zélande, il put enfuite exécuter fon intention a 1'égard des autres Provinces. Sur quoi auffi Dom Juan , nonobftant qu'il eut folemnellement juré , en la préfence de tous les Etats du Pays , d'obferver ladite Pacification de Gand , contrevenant a cela, tacha de gagner , par de grandes promeffès , par le moyen de leurs Colonels, qu'il avoit déja a fa dévotion , les Soldats Allemands , qui étoient alors en garnifon , & comme maïtres des- principales villes ik fortereffes du Pays , defquelles par ce moyen il fe mit en pofleffion. Comme en effet, les ayant tiéja gagnés par le moyen de leuridics Colonels , il fe tenoit affuré des places oü ils étoient en garnifon , afin de pouvoir par ce moyen forcer ceux , qui ne fe voudroient pas joindre a lui , pour faire la guerre au Prince d'Orange , & a ceux de Hollande & de Zélande; fufcitant ainfi une guerre inteffine , plus fanglante & plus cruelle qu'elle n'avoic pas été auparavant. Mais comme toutes les chofes qui fe traitent avec peu de fincérité, & fe couvrent d'une profonde diflïmulation, ne peuvent pas longtemps demeurcr cachées , les menées de Dom Juan fe découvrirent devant qu'il püt exécuter fes deffeins, il ne put pas conduire fes projets & entreprifes a la fin oü il tendoit. Néanmoins ce fut lui qui ' fufcita une nouvelle guerre, laquelle dure encore jufques a prélent , au* lieu du repos, & d'une paix füre, qu'il avoit fait efpérer lorfqu'il arriva. Ces c'aufes donc n'étant que trop légitimes, pour nous obüger a délaiffer le Roi d'Efpagne , & a requérir un autre puiffant & bon Seigneur de vouloir aider a défendre & a procéger ces pays; & ce d'autant plus que lefdits pays, ayant été ainfi foulés & outragés, ont été délaiffés & abandonnés de leur Prince pendant plus de vingt ans: durant lefquels les habitans ont été traités, non comme des fujets, mais comme des ennemis, leur propre Prince & Seigneur dchanc de les ruiner par la violence  HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VIII. des armes. Qu'auiïi après le decès de Dom Juan , ayant envoyé ie Hifi. de Baron de Selles, lequel, fous prétexte de propofer quelques moyens d'acjw'issV COrd' dóc*ara hautemcnt, que ce n'étoit pas 1'intention du Roi d'avouer J la Pacification faite ,a Gand ; laquelle toutefois Dom Juan avoit juré en fon nom de maintenir ; faifant ainfi tous les jours propofer de nouvelles conditions, qui rendoient 1'accord plus difficile. Nonobftant quoi nous n'avons, pour nous acquiter de notre devoir., voulu manquer de faire nos trés-humbles remontrances par écrit, & d'employer même i'interceflioa des premiers Seigneurs & Princes de la Chrétiencé, & de nous fervir continucllcment de tous les moyens capables de nous réconcilier & accorder avec le Roi. Ayant auffi eu derniérement affez longtems des Députés ,a Cologne, efpérant, par I'interceflioa de Sa Majefté Impériale, & des Princes Elce^curs, qui s'en étoient mêlés, obtenir une paix affurée, avec une bonne & modérée liberté de la religion , (qui n'a pour objec principalement que Dieu & les Confciences) felon que fa conftitution des affaires du Pays le requéroit pour-lors. Mais 1'expérience nous a fait voir enfin, que par la remontrance & conférence de Cologne, nous ne pouvions rien efpérer du Roi. Et que ladite conférence avoit été feulement inventée, & ne fervoit qua desunir les Provinces, & les mettre en divifion,pour tant plus facilement les reduire & fubjuguer les unes après les autres, & exécuter contre elles leur premier deflein. Ce qui a depuis évidemment paru par la déclaration & profcription, que le Roi fit publier, par laquelle nous, & tous les habitans desdites Provinces Unies, leurs Officiers & Partifans, Jfurent dédarés rebelles, & que comme tels ils avoient forfait corps & biens; mettant avec cela a prix la vie dudit Seigneur Prince: le tout pour rendre odieux les pauvres habitans , incommoder leur navigation & commerce, & les jetter dans un dernier defefpoir: tellement que defefpérant totalement de tous moyens de réconeiliarion, & defiitués de tout autre remede & fecours, Nous avons, fuivant la loi de la nature, pour la confervation & défenfe de nous, des autres habitans, droits, privileges & anciennes.coutumes, &,de la liberté de la Patrie, la vie & 1'honneur de nous, de nos femmes & de nos enfans, & de notre pofiéricé, afin qu'ils ne viennenr a. tomber fous Ia fervitude des Efpagnols, en délaiflaijt a bon droit Ie Roi d'Efpagne , été contraints de trouver & pratiquer d'autres moyens, tels que nous avons avifé le mieux convenir pour notre plus grande füreté , & confervation de nos fufdits droits, privileges & liberté. Scavoiu Faisons, que eonfidéré ce que defius, & preffés de 1'extrême néceffité, (comme dit eft) Avons par commun accord, délibération & confentement, déclaré & déclarons par ces préfentes le Roi d'Efpagne, ipfo-jure, déchu de fa Seigneurie, Principauté, droit & fucceffion de cefdits Pays, & que notre intention efl: de ne le recounoitre , plus a Pavenir en chofe quelconque concernant le Prince, fa Souveraineté ou Domaines de ces Pays-Bas , ni de plus ufer ou permettre qu'autres ufent dorénavant dc fon nom, comme Souverain Seigneur d'iceux : fuivant quoi nous déclarons auffi tous Officiers, Seigneurs fubaltemes, Vafftux, & tous les autres habitans de ces Pays , de quelque condition ou .qnalité qu'ils foient, déchargés du ferment qu'ils ont fait , en quelque nm-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Suct. VUL 89 maniere que ce fok, au Roi d'Efpagne, comme Seigneur de ces Pays, mfl. de •ou de ce qu'ils pourroient lui etre obligés. Et d'autant que pour les Hollande. raifons fufdites, la plupart defdites Provinces Unies, par commun accord \S7^^_Ï & confentement de leurs membres, fe font rangés fous la Seigneurie. & te gouvernement du Sérénilfime Prince, le Oue d'Anjou, a de certaines conditions, dont 1'on efl: convenu & demeuré d'accord avec Son Alteffe: & que le Sérénilfime Arcbiduc d'Autriche, Matthias,a réfigné en nos mams le gouvernement général de ces Pays, ce qui a été par nous accepcé : O ft donnons & commandons k tous jufticiers, Officiers & tous autres qu'il appardendra, que dorénavant Ms délaiffent, & n'ulènt plus du nom, des titres, du grand ou petit fceau, contre - fceau, ni cachet du Roi d'Efpagne: Et qu'au lieu de ces fceaux, tandis que Monfeigneur le Duc d'Anjou fera abfent, pour les urgentes affaires concernant le bien & le fervice de ces Pays, pour autant que les Provinces ont contracbé avec Son Alteffe: & a 1'égard des autres, par forme de provifion, ils fe ferviront du titre & du nom du Cor.lèil en Chef & d'Etat. Et jufques a ce que lefdits, Chefs & Conléillers lbient effeétivement nommés , & entierement établis en Pexercice & fonction de leurs charges , ils fe ferviront de notre nom. Bien entendu qu'en Hollande & en Zélande 1'on prendra, comme 1'on a fait jufques ici, le nom de Monfieur le Prince d'Orange & des Etats des mèmes Provinces , jufques a ce que ledit Confeil foit, comme dit eft, effeébvemenc établi , & alors ils fe régleront fuivant ce:qui a été accordé touchanc les inftruclions dreffées dudit Confeil , & les accords faits avec Sadite Alteffe : & au lieu defdits fceaux du Roi 1'on fe fervira k Pavenir de notre grand fceau, contre-fceau & cachets, dans les affaires qui regardent le gouvernement de 1'Etat en général , pour lefquelles le Confeil du Pays fera autorifé par fon infirucbion. Et quant aux affaires concernant la Police , 1'adminiltration de la Juftice , & autres affaires particulieres de chaque Province , les Confeils ou Cours de Juftice des Provinces, & les autres, fe ferviront refpeébvement du nom & du fceau de ladite Province, quand il fera befoin, fans qu'il leur foic permis d'y en employer d'autres ; a peine de nullité des lettres , documens ou dépêches 'qui fe pourroient faire ou fceller autrement. Et afin que ce • que defius foit tant mieux obfervé & effeclué , Avons ordonné & commandé , Ordonnons & commandons par ces préfentes , que tous les fceaux du Roi d'Efpagne, qui font préfentement en ces Provinces Unies, foient ponés entre les mains des Etats; ou de celui qui a ce ferja commis ou autorifé de chacune defdites Provinces refpeétivement ; a peine de correction arbitraire. Ordonnons & commandons encore, que d'ici en avant en nulles monnoyes de ces Provinces Unies , fera , ou feront mis le nom & les armes du Roi d'Efpagne , fur quelqu'or & argent qui fe putflè battre & forger: mais s'y raettra telle figure & forme qu'il fera ordonné pour battre nouvelle monnoye d'or & dargent, avec fes parties. Semblablement nous ordonnons & commandons au Préfident , & a ceux du Confeil privé , & a tous autres Chanceliers, Préfidens, Gens & Suppöts des Confeils Provinciaux, & a tous Préfidens ou premiers Maitres des Comptes , & aux autres de toutes les Tome XL1V. M  $o HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. VIII. Chambres des Compces, qui fom rcfpecbivement dans lefdits Pavs, & auffi' Sinde k t0US lGS autres Jufticièrs & Officiers, que nous tenons deformais déchargés "574-I534 fermeiK> qu'ils OHC fait au Roi d'Efpagne, fuivant la teneur de leurs - comrmffions; qu'ils ayent k préter entre les mains des Etats du Pays, fous lequel ils font rcflbrtrflans, ou de leur Député particulier, un nouveau ferment, par lequel ils jureront de nous être fideles contre le Roi d'Efpagne & fes partifans, fuivant le formulaire fur ce dreffé par les Etats Généraux: & fera donné de notre part auxdits Confeillers , Maitres des Comptes, Jufticiers & Officiers, qui fe tiennent dans les Provinces, qui ont contraéïé avec le Sérérdffime Duc d'Anjou, Aéïe de continuation de leurs Offices, & ce par forme de provifion , jufques au retour de Son Aiteiïè , au lieu de nouvelle commiffion contenant caffation de leur précédente: & aux Confeillers, Maitres des. Comptes , Jufticiers & Officiers, qui fe tiennent dans les Provinces, qui n'ont point traité avec Sadite Alteffe, nouvelle commiffion en notre nom & fous notre fceau. Si ce n'eft toutefois que les Impétrans de leurdite première commiffion, fuffent atteints & convaincus d'avoir contrevenu aux privileges du Pays, de mauvais comportement, ou d'aucre chofe femblable. Mandons en outre au Préiident & aux Gens du Confeil privé * au Chancelier du Duché de Brabant, comme auffi au Chancelier & aux Gens du Confeil du Duché de Gueldre & Comté de Zutphen: au Préfident & aux Gens du Confeil en Flandre: au Préfident & aux Gens du Confeil en Hollande : aux Pveceveurs & Hauts Officiers de Beoorterfchelde & Bewefterfchelde en Zélande: au Préfident & au Confeil en Frife: au Schout (1) de Malines:au Préfident & aux Gens du Confeil k Utrecht,& k tous autres Jufticiers & Officiers, k qui il appartiendra, leurs Lieutenans, & k chacun d'eux en particulier, qu'incontinent & fans aucun délai, ils aient k fignifier & faire publier cette notre préfente Ordonnance par tous les refforts de leur Jurifdiébon, & partout oü 1'on a accoutumé de faire des criées & publications, k ce que nul n'en puifie préten ire caufe d'ignorance: Et qu'ils aient a entretenir & obferver, faire entretenir & obferver inviolablement ladite Ordonnance, fans y contrevenir aucunement, & faifant procéder avec rigueur contre les contrevenans, fans conivence , faveur ou diffimulation. Car nous Pavons jugé ainfi convenir pour le bien du Pays. Et de ce faire , & de ce qui en dépend, leur donnons, & k chacun d'eux qu'il appartiendra, plein pouvoir, autorité & mandement fpécial. En témoin de quoi nous avons fait mettre notre fcel k ces préfentes : Donné a la Haye en notre Affemblée le 26 de Juillet 1581. Surle repli étoit écrit : Par Ordonnance defdits Etats, & étoit figné J,.van. Ajjeliers. (O Baillif.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. 9r ; iv. Extrait de la DêduBion fuccinte du Droit, dont ceux du Corps des Chevaliers & Nobles , comme aujfi les Villes de Hollande & IVeft-Frife, ont de tout temps joui dans lefdits Pays, • pour la confervation des libertés, droits, privileges & bonnes coutumes des mêmes Pays. Fait le 16 Oclobre 1587. JPour remontcr donc jufques a Ia fource de 1'autorité des Etats, il Hifi. de raut confidércr, que les Princes, qui ont gouverné felon les loix, en quel- Hollande. que temps que ce foit, ne font pas feulement entrés au gouvernement paria I57^I5 4 déférence, du confentement & fous le bon plaifir des habitans, mais ont aufli continué de gouverner en forte, que les membres, auxquels ils ont été donnés comme Chefs, ne purent pas être violés, lefés ni diminués: ce qui ne pouvoit pas être facrifié, paree que la facilicé des Princes les expofe ordinairement aux artifices & a 1'ambition de ceux qui les approchent , fi les fujets n'avoient eu le moyen de s'oppofer en tout temps, avec bon ordre & conduite, a toutes les mauvaifes pratiques, & non-feulement d'exhorter de temps en temps le Prince, au nom de tous les membres, de leur conferver Ia liberté & leur bien; mais auffi de s'oppofer, avec les forces du Pays, k la tyrannie, fi le Prince étoit capable de fe laifier ieduire jufques la. Pour. cette fin les habitans du Pays font divifés en deux ordres d'Etats, fcavoir en, Nobles & en Villes. ) ,r • . . - [,. • ■:. p . C *t'WrJ Les Nobles font confidérés comme un membre, a caufe de la dignité de leur naiffimce, laquelle Pon peut dire , fans vanité , être auffi bonne & auffi ancienne , qu'il y en ait en aucun autre pays , & des terres nobles qu'ils pofièdent en ces Provinces, en vertu deRjuefies Seigneurics, ils ont & jouüTent la plupart de haute, moyenne & baflb Jufiice , qui déliberent enfemble fur toutes les occurrences d? 1'Etat du Pays , & quand ils comparoiflent a l'Afiemblée , ils dornent leur avis fur toutes les affaires , conjointement avec les Députés des villes. - "' \h 5....rr:;;:j;;J,0j'.!7 Les Villes font prefque toutes gouveraées d'une même maniere ; fcavoir par un College de Confeillers ou Sénateurs , que 1'on appelle Vroedfchap, (Sénat) qui efl: compofé des principaux du corps de la bourgeoifie. Ils font en quelques villes au nombre de 40: en d'autres ils font 36: en d'autres de 32 , 28, 24, ou 20. Et ces Colleges font auffi anciens que les villes mêmes, ou du moins fi anciens, qu'il n'y a plus de mémoir© M 2  9z HISTOIRE DE HOLLANDE Sect.VIII. de leur commencement: ceux qui ont été une fois élus conférvent leur Hoonde r1^? toUCe leur Vie ' ou ,anc Clu'ils P0"ed<-'nt Ie dröit de bourgeoiJ574-I584. fie' & enlaPIace de ceux qui meurent, ou qui renoncent au droit de la . . bourgeoifie, le même College choifi: , a fa volonté, d'autres perfonnes d'emre les bourgeois, pour en remplir le nombre. Ce College a feul le pouvok d'avifer, de réloudre ik de difpofer de toutes les affaires concernant 1'Etat du Pays en géné;al , ou celui des villes en particulier: Et toute la bourgeoifie approuvé ce que ce College avife, refout & dffpofe, fans que les bourgeois ayent jamais fait aucune infracbion ou oppofition au contraire. Ce font ces Colleges, qui choiiïffént tous les ans Ie Magiftrat ordinaire, fcavoir quatre, trois - ou deux Bourguemaitres, & fept Echevins ou plus, qui fervent un an. En quelques villes cette ékclion fe fait abfolument, & en quelques autres fur une doublé nominadon, defquels le Gouverneur choifit le nombre ordinaire." La foncbion. des Bourguemaitres eft d'avoir la conduite & fupériorité en toutes les affaires polkiques, tant pour ce qui regarde 1'adminiftration desbiens & revenus de 1'Etat, que pour ce qui eft de la profpérité & confervation des villes. Les Colleges des Echevins vaquent ordinairement a 1'adminiftration de Ia Juftice, tant civile que criminelle, & poffedent & exercent haute, moyenne & baffe Juftice. C'eft par le moyen de ces Colleges de Magiftrats, que toutes les. villes d'Hollande, de Weft-Frife & de Zélande font abfolument gouvernées, & prefque toutes fur un même picd, fans que les Princes du Pays fè foient jamais mêlés du gouvernement des villes , finon en établiffant un Officier , pour pourfuivre la Juftice en leur nom. C'eft en bref la véritable conftitution du gouvernement des villes d'Hollande & de Zélande. D'oü il eft aifê de juger, que ces Colleges de Magiftrats & de Confeillers des villes, joints a Pordre des Nobles, repréfentent indubitablement tout lEtat, & tout le Corps des habitans. Et 1'on ne fcaurok s'imaginerune forme de gouvernement, qui put prendre des réfolutions avec plus de connoiffimce de toute la conftitution du Pays, & qui püt faire exécuter fes réfolutions avec plus de concorde, d'autorité & d'effet. C'eft pourquoi il ne faut pas s'étonner, que 1'état de ces Provinces ait été immuable,& auffi durable qu'aucun Etat du monde puifie être. Or 1'on ne peut pas affembler les Colleges des Nobles & des Villes, fi ce n'eft par le moyen de leurs Députés; c'eft pourquoi quand il eft néceffaire de les affembler, pour délibérer fur quelques affaires d'importance, on lesconvoque, & da.ns la convocation 1'on inferé les principaux points, fur lefquels ils doivent délibérer:. le-iqtiels points étant mis en délibération dans les Colleges, & étant réft>  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. VIII. p3 lus, cnvoyent des Députés, en qui ils ont créance, avec tels pouvoir & Hifi. de ©rdres qu'ils jugenc a propos pour le bien de 1'Etat. Les Nobles compa- Hollande. roifllnt en nombre compétent , & les Villes députent un Bourguemaicre 1574-1564 avec quelques Con.feillers, en tel nombre qu'elles jugent apropos, & felon 1'importance des affaires: Et oucre cela, tant que la guerre a duré (a caufe de la quantité d'affaires furvenantes) les Députés ont toujours eu un pouvoir général d'avifer & de refoudre les affaires> concernant la profpérité & confervation de 1'Etat de ces Provinces, ainfi qu'ils le jugeoient a propos, & pardculierement de maintenir les droits, privileges & franchifes du Pays, & de s'oppofer & d'empêcher qu'ils ne fuffent point altérés, Et ces Députés ainfi affemblés repréfentent les Etats defdits Pays, non pa3 que d'eux-mêmes ou de leur autorité ils foient les Etats, mais feulement en vertu de la Commiffion de leurs Commettans; fans que 1'on puiffe dire que quelqu'un fe fafie députer par ambition. Car outre que le naturel de ce peuple eft ennnemi de 1'ambition, & a de 1'averfion pour les ambitieux, il femble que cela ne foit pas bien posfible en une élecïion fi libre, & bien moins que dans cette adverfité, dont il plait a Dieu affliger ce Pays, quelqu'un ambitionne de manier les affdres de 1'Etat, oü Pon ne voit que des difficultés & d'oü 1'on ne peut attendre que 1'inimitié & 1'averfion des ennemis de notre bonheur (qui abufant, plufieurs perfonnes qualifiées & affidées, par de faux rapports, ont rendu fufpecis plufieurs bons ferviteurs du Pays) fans aucun profit; de forte que 1'on a été obligé de mettre 1'obli. gation d'acceptcr lefdites Commiffions Inter manera necejjaria, & tous ceux, qui ont eu part au gouvernement de ce Pays, peuvent témoigner quelles difficultés ils ont trouvées, & de quelles contraintes il a fallu fe fervir, pour obliger les perfonnes que Pon députoit, que Pon requéroit, & dont 1'on fe fervoit, a accepter les emplois qu'on leur donuoit." „ Et font lefdits Députés tenus de faire, a leur retour, rapport fidele de tout a leurs Commettans." „ C'eft-la le fondement du gouvernement de ces Provinces d'Hollande, Weft-Frife & Zélande &c. Fait a Haerlem le 16 Oétobre 1587. Plus? bas étoit écrit: De 1'ordonnance des Etats d'Hollande. Etoit figné C. d& Rechtere.'''' m s  94 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. IX. Hifi. de Hollande. 1584-I593- Le Prince Maurice eft déclaré Gouverneur des Po vinces de Hollande & de Zélande. Guillaume de Naffau appaife lei troubies de frife. Succes du Buc de Parme. Les Cantois fe fonmettent. S E C T I O N IX. ■Hijhire de la République des Promnces-umes, depuis taflafïïnat de Guillaume I Prince d'Orange , jufqu'a la mort du Duc de tarme, ou depuis 1584 jufqu'en 1503. Maurice, quoiqu'a peine forti du College de Leyde, donnoit déia les & de Ver? ffTV1 ?** ?° ^ Ies ^« * F^ngS des Emrdo 1 CS DepUtf TSï™ 16 Premier ra"g da"* 1'Afièmblée t,L£m a , „Pro7inc/ de Zélande- nommé Gouverneur des ^Zt^Cn^ï 5? ,Zé)a»de',& on en confia la Lieütenance Gm^rJcï. SS Hohe"!°TJ,?UI séroit déJa fiê"ale da"* la guerre. de I Frife?6 ufry dU P»"ce/^ange,obtint le Gouvernement de a lnfe. la difcorde commencoit a fe rallumer dans cette Province * s corïs^f3P°inC ™C™**é*? jU^S b0rnes k Pautorité ïens corps. La guerre civile alloit s'allumer, fi Guillaume de Naffau neut pris fom de 1'étotrfTer dès fa naiffance par de fa^es Xlemens il fut ftatue que 1 exécution des ordonnances des affembfées, & la conduite Tr hnnT^ JTnal)e-eS' fer°rC C0,lfiées aUX DéPucés des Etats,- que le Iribunal de Juftice jugeroit fouverainement en madere civile & criminel- l: ntLleSJUg% ^S1^1" de concert avec le Gouverneur Péleéfion " .-'^ vmc- ^eiu-s .ueuvarden Cx de Franeker, ne voulurent point fe foumettre a cette loi: elles fe réferverent le droit de cboifir SordT Sr MaSifcatS' DU r£fte ' ^Uant ai,X nouvea»x fubfldes?on accoida au Gouverneur, une voix prépondérante fur tous les autres fuffraoes • prerogative dangereufe, mais dont les circonfiances préfentes, & Pexpérïen! ce du paffe, faifoient fentir Ia néceffité. Malgré des querelles toujours renaiffantes, malgré Pépuifement des finances, enfin malgré la perte de 1'au. teur de cette révolution, telle étoit la haine du nom Efpagnol & Pamour de la hberte que les Confédérés rejetterent les propofitions de paix & les offres d une amniftie, & réfolurent de mettre la derriiere main ftgeffè ouvraSe' que -eur illufire Chef avoit commencé avec tant de ^lpf?UC dG Parme P°Ur ,livk fon ProJ'et de s'enWer de tous les bords de lEfcaut, en y devant des forterefiès: il rompit même les dknies en quelques endroits, & inonda de fertües campagnes. Dendermonde & Vilyorde fe rendoient a lui. Les Gantois qui voyoient les forces de la Hollande occupees ailleurs, réduits a leur propre refiburce ou plutöt a 1L™PU ,nCe,3 aVOient perdu leur orSueiL IIs accepterent enfin des conditions plus dures que celles qu'ils avoient rejetté avec tant de mépris. On admira dans cette négociation Padreflè de Richardot, qui réferva au Duc de Panne, la punition de fix habitans a fon choix : dans cere incertimde chacun craignant que ce choix fatal ne tombat fur lui, aucun n ofa s oppofer aux volontes du Prince & de fon Minifire. On rétablit  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 95 2a citadelle qui commandok la ville, & qui devoit la foudroyer au pre- Hift. demier fignal de révolte. La ville d'Anvers preffée de toutes parts, implo- Hollande. roit envain le fecours des Confédérés. Les peuples voifins qui avoient ^"4'-593laiffé échapper les premières occafions de la fecourir , ne pouvoient pius le faire fans s'expofer eux-mêmes a une ruine certaine. Dans le refie des Provinces Confédérées, il ne fe trouvoit aucun Seigneur aflez puiflant, ou par fon génie, ou par fes richefiès, pour fe mettre a la tête du parti- aucun n'oloit afpirer a la fouveraineté. Le gouvernement étoit fans vigueur, les loix peu refpecbées, la difcipline militaire abandonnée; on fe vitréduit encore a la bonteufe nécefllté de chercher un maitre' chez 1'étranger, & a 1'opprobre plus affreux encore d'efluyer des refus*. Les uns vouloient fe donner au Roi de France , les autres a la Reine d'Angleterre • mais celle - ci ne pouvoit donner que de 1'argent, & Henri pouvoit donner de 1'argent & des hommes. Cette confidération réunit tous les efprits Les Con. en faveur de la faétion Francoife. Ils députerent donc vers Henri III; mais ce Prince foible, entouré de fiatteurs & d'ennemis, flottant lui-même au fglfverai'* milieu des orages qui troubloient fon Royaume, loin d'accepter la nou- netéa veile Couronne qu'ils lui offroient, ne leur accorda pas le plus léger fe- Henri HF, cours: il n'eut pas même afiez de fermeté pour interdire aux Efpagnols le y? pafiage des frontieres. rejuje. On eut recours enfuite a Elifabeth, dont la fierté fut blefiée de ce que la première propofition ne lui avoit pas été faite. Cette feconde négociation traina encore en longueur. Le Duc de Parme travailla avec plus d'adtivké Lf Duc de au fiege d'Anvers. (1) II fentoit qu'il ne pouvoit réduire cette ville que nf"u',fe'''e par la faim, la garnifon qui la défendoit, étant prefqu'aufli nombreufe \ fAnviiii que fon armée ; mais il falloit fe rendre maitre de 1'embouchure de 1'Efcaut, dont la largeur favorifoit le pafiage des Convois. On commenca par retrécir le lit du fleuve, en y jettant une quantité prodigieufe de matériaux. On éleva des deux cötés du rivage , des forterelfes flottantes pour protéger les ouvriers, qui devoient travailler a 1'étonnante machine dont Alexandre avoit concu le plan. C'étoit un pont de vaifieaux attachés en- ilconflraii femble, qui occupa toute la largeur du fleuve. Des bateaux armés de pou- fur ?Ef' tres pointues, placés devant & derrière ce pont ,1e défendirent contre toutes i*"*™ les maflès, qu'on pouvoit envoyer contre lui pour le détruire. Au refte, bateaux. la négligence des affiégés rendit cette précaution prefqu'inutile. On eut Ann 8e. dit qu'ils s'occupoient plutöt a admirer eet ouvrage , qu'a le ruiner; ils préparerent a la vérité quelques machines qui devoient lancer des feux & des pierres, mais ils mirent tant de lenteur a les confiruire, que lorfqu'elles furent achevées , il n'étoit plus temps d'en faire ufage. • La difette fe fit bientót fentir. On apprit que les villes de Malines & de Bruxelles venoient de fe rendre , & 1'on fentit la nécefllté Anvers ft de fuivre eet exemple. La ville capitula, & obtint des conditions afl'ez rend douces. Les Proteftans furent les plus maltraités ; on leur donna quatre auxEfpa* ans pour arranger leurs affaires, mais a cette époque ils devoient quitter ê ' leur patrie. Alexandre qui venoit de recevoir d'Efpagne POrdre de la Toilbn (ï) Benüvoglio p. Liv. 3. Strada. Dec. II. Lib. vi;  96 HISTOIRE DE HOLLANDE St.cT.JX. dor, fit fon cnrrée rrioraphante dans Anvers, après avoir traverfé ce méÜÓÜande. m.° ,po"C' que lcs vems & ,es ®ots avoient refpeélé ; il rétaBlit ia 1584-1593- citadelle, que les habitans avoient abactue du cöté qui menace la La perte d'Anvers 'confierna les Confédérés. Le fuccès momentané •quils avoient eu dans Bolduc, n'étoit pas capable de les confoler; i!s en avoient été chaffés prefque auffitót qu'ils y étoient entrés. Nimegue, capitale de la Gueldre & Duisbourg s'étoient rendues aux Catholiques : les campagnes de la Hollande, & les ïles adjacentes étoient couvertes d'une multitüde de Proteftans, bannis des villes conquifes. Ils demandoient un afyle & n'apportoicnt dans leur nouvelle patrie, que leur mifcrc - leur courage & la haine ae Ia Religion Romaine. On négocioit toujours en Angleterre; mais Elifabeth ne voyoit pas encore la révolution affez affermie, pour accepter la Souveraineté qui iui étoit offerte, & en dcpouiiler le Roi d'Efpagne. Cependant 1'intérêt qu'on doit prendre au fort des peuples opprimés, les anciennes alliances des Anglois (Sc des Beiges, Ia conformité de leur Religion, lui parurent des motifs affiez Elifabeth puiüans pour leur accorder des fecours dont le but apparent n'étoit pas de feZfsa'eS e aïï™fir' mais de les défendre. Elle promit de leur envoyer 5000 auxConfé- *.a"tal7ins & 1000 chevaux, dont le Commandant auroit fon rang & fon dérés. -uffrage dans le Sénat Belgique. Elle confentoit encore a équiper une flotte, pourvu que les Confédérés y joigniffient un pareil nombre de vaifTeaux; mais pour le rembourfement des dépenfes, que fes armemens exigeoient, elk voulut qu'on lui remit en ötage, Brille en Hollande & Fleffingue avec le Chateau de Rammekens, en Zélande. Cette condition allarma ceux qui connoifToient Pambition d'Elifabeth, mais il fallut 1'accepter. E'leenvoye Le Chef a qui Elifabeth confia la conduite de fon armée, étoit le Comte Uicefve óe LeiceRr<;\ de ]a fiere & malheureufe maifon de Dudley. II étoit en pridam les ' fon' Jorfqu'Elifabeth vicbime des foupcons de la Reine fa foeur, y fut renPays-Bas. fermée avec lui: il gagna d'abord fa confiance par fes refpeéfs, puis fon cceurparfes graces, fon efprit & fa bonne mine. Lorfqu'elle parvint au tröne, fi elle ne le partagea pas avec lui, du moins elle I'éleva aux plus grands emplois, le combla d'hónneurs, & lui prodigua- tous les bienfaits qu'il pouvoit attendre, d'une Reine dont 1'amour n'avoit d'autres bornes que celles de fa puifiance. Lorfqu'il arriva dans les Pays-Bas, tous les cceurs volerent fur fon paffage. On admiroit fa majefté tempérée par fa douceur, fa démarche noble, fans etre altiere, fon éloquence, tantót forte, tantót ia» Il efl dé- fmuante. Tel fut enfin 1'enthoufiafme de la N ation, que fans connoitre ni verLurde' du caraftere de cec bomme, ni-fes talens pour le gouvernement, toute7les! on Iuj dé^ra le gouvernement de toutes les Provinces Confédérées, telles Provinces. clue. Pavoient eu les Gouverneurs envoyés par Charles Quint. II ne devoit avoir qu'une place dans le Sénat, on lui permit de nommer a toutes les au* tres. On le combla de tant d'hónneurs, qu'Elifabeth qui connoifibit mieux que les Hollandois Pambition de fon favori, en parut alarmée. En effet il afpiroit a la Souveraineté & même au Deipotifme. Des flatteurs qui vouloient élever leur fortune fur les ruines de Ia liberté, lui perfuaderent que pour affervir ce peuple, il falloit achever de 1'appauvrir. Non content  -OU DES PROVINCES 'UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 97 content d'avoir mis de nouveaux impóts, il donna des entraves au commer- Hifi. de ce, défendit 1'exportation des marchandifes, & tout trafic avec letranger. JïJJJg Les marchands furent obligés d'ouvrir leurs regi (tres a des controleurs avi- / * 5^>; des: plufieurs forcirent des Pays- Bas, emportant avec eux leurs richeflès. Quant a ceux qui, malgré la défenfe du Comte, ofoient encore naviguer, Iiabufede leurs vaifieaux étoient fouvent la proye des Corfaires Anglois, quinerefpec- /»* aat+* toient pas. plus leurs Alliés que les Efpagnols. Enfin le nouveau Gouverneur " ,' poufia 1'abus de ion autorité., jufqu'a donner a la miiice des Etats des Capitaines Anglois. Le Duc de Parme avoit recu d'Efpagne de nouvelles troupes & de nouvelles finances. Autant il avoit été alarmé par 1'arrivée des troupes Angloifes,'autant il étoit rafiuré par la conduite odieufe de leur Gouverneur & par les faclions, que la haine publique formoit déja contre lui. Après avoir remporté -quelques avantages fur les, bords du Rhin, il dirigea fa marche vers ceux de la Meufe, mit le fiege devant Grave, & fit confiruire des forts & des retranchemens pour fe défendre lui-même contre les attaques des Confédérés. Cependant il ne put empêcher le Comte de Hobenlo de jetter du fecours dans la place • la rapidité du fleuve précipita celle de fa courfe, & lui fit renverfer tous les obflacles qui s'oppofoient k fon pafiVe. Hohenlo fortit après avoir laiflé dans Grave des munitions de toute efpece, & 1'aiTurance d'un prompt fecours, fi elle étoit affiégée une feconde fois. Elle le fut en effet: le Duc de Parme qui s'étoit retiré, reparut a la tête d'une armée plus nombreufe & cette feconde tentative eut un firccès plus heureux- mais Alexandre ne le dut qu'a la perfidie du Gouverneur Hémert, Grave fe ou plutót k fa lache complaifance pour fa maitreffe-, qui s'étoit vendue aux rend. aux Efpagnols. Cet Officier paya cette foiblefiè de ia tête. Mais le Comte de Lei- WS™^ eenre ne put pas punir de même le peuple de Venlo, qui livra cette place aux Efpagnols, malgré les efforts de la garnifon fidele a fon devoir. Cependant le Prince Maurice qui voyoit regner un Anglois, dans des lieux ou fon pere avoit commandé, cherchoit une oecafion de prouver qu'il étoit Premiers d'gne du fang dont il fortoic. La prife d'Axel fut fon coup d'eflai; il em- expioits du. po-na cette ville -par efcalade avec toute 1'impétuoiité d'un jeune guerrier. Un autre héros aufli jeune, fe fignaloit dans le parti contraire, mais avec Ann ^g'^ moins de bonheur. C'étoit Sidnei, neveu du Comte de Leiceilre, qui joignoit la gloire des lettres k celle des armes. Le Comte de Leiceffre alla au fecours de Rheinberguen, afliégé par les Efpagnols-: il les mit en fuite. Mais il pleura une vicfoire qu'il payoit du fang de fon neveu. Ce jeune Seigneur périt fiir le champ de bataille, également regreué des foldats & gidneï, du Général. Mais eft - il des pertcs dont un ambitieux ne puiffe être con- neveu du folé par 1'accroiflèment de fa puiffance ? Celle du Comte devenoit de jour Comte de en jour & plus folide & plus odieufe. 11 s'étoit tellement rendu maitre fa'ct$re't des Etats, que malgré les remontrances de cette affemblée, il donna le Gouvernement du pays de Veluw, k Roland d'York, & celui de Deventer è Guillaume Stanley, que la voix publique accufoit tous deux de trahifon. Ön fe plaignoit encore de la mauvaife adminiltration des finances, du choix des Reccveurs prefque tous etrangers, de la décadence du commerce, de Tomé XLIV. N  5>8 PFISTOIIIE DE HOLLANDE Sect. IX. 1'épuifemenc des fonds deftinés a Ia Marine, & des- obftaclcs que 1'on apHollande PorCo-- aux fecours que 1'on attendoit d'Allemagne. Ces plair.tes ne fyreqt i5°i!4-i593' P0''"'- écourées. Telle étoit la tyrannie du Comte, & la terreur qu'il is,fpi- roit, que les Députés des Etats étoient obligés de former a 1'on mica des affèmblées particulieres, pour pouvoir s'entrctenir librement des affaires puLe Comte bliques. Le Comte de Leiceftre s'effjreoit de porter a cette affèmblée mêeontinue a me, le coup le plus terrible; il vouloit en fermer fentree aux Commercans blejfer les comme indignes de porter fut les renncs du Gouvernement des mains de^Je7pro-S ^'nées •■ un travail méchanique. Ce projet qu'il ne diffimula point, le renvkic.es. dit encore plus odieux au peuple. Mais il regagna fon affèction en carcfiant quelques Pafteurs Réformés, qui gouvernoient les efprits de la populace. ÊÜe auroit confenti volontiers a fe voir interdire tout efpoir de parver.ir au manimentdes affaires, pourvu qu'on periécutit les Catholiques, que le Comte de Leiceftre exclut de toutes les Charges. Ce changement plut beaucoup aux habitans de la Frife & du pays d'Utrecht, qui ne cédoient qu'avec repugnance aux Catholiques une part dans le Gouvernement: fortifié par un parti fi puiffanr, le Comte crut toucher au moment oü il pourroit prendre ie titrc de Souverain dont il avoit dc'ja ufurpé la puiffance; mais il avoit befoin du confentement d'Elifabeth, qui avoit paru jaioufe des honneurs qu'on rendoit a un de fes fujets. II falloit diffiper fes inquiétudes, & réL'e Comte VeiCtr 1'ancien amour dont elle avoic brülé pour le Comte:. il reparut a la. travaille a Cour d'Angleterrc pour aflürer le fuccès de fon entreprife. Mais tandis qu'il {lécerner/e trava---°-c P°uf lui-meme, les Confédérés travailloienc pour Elifabeth, &. tine de lui faifoient offrir par une nouvelle Ambaflade la Souveraineté de leur pays. Souverain. Ils effuyerenr un nouveau refus. Une feconde Députation ne fut pas beaucoup plus heureufe. L'objet de celle-ci étoit de repréfenter a Elifabeth que par 1'abfence du Comte, la République demeuroit fans Chef qui put apporter un remede prompt a des maux imprévus ■ on retint longtemps les Députés fans leur donner audiencc. L'Angleterre n'étoit attentive qu'au trifie fpedtacle, qu'alloit donucr i'infortuuée Aiarie Stuart, qui péiic par le fer d'un bourreau. Ann. 1537. Ainfi le fecours des Anglois devenoit plus funefte qu'utile aux Confédéhe Prince rés. Guillaume Stanley & Roland d'York juftifierent la mauvaife opinion Maurice qU'on avoit concu d'éux, en livrant aux Efpagnols les placesdont ils étoient. Général Gouverneurs. (1) Dans cette fituation critique la République trahie par fes des troupes Alliés, négligée par fa Protcétrice, voulut donner du moins un Chef a desConfé- PArmée. Elle jetta les yeux fur le Prince Maurice, qui fuivoit les dérès. traces de fon pere , & dont la conduite promettoit un grand bom* me. On fit prêter un nouveau ferment de fidélité, au nom des Etats ; on rendit la liberté b la navigation, & il n'y eut de loi prohibitive, que contre 1'èxportatiori des chofes néceflaires a la guerre. L'abondance fut le fruit de cette liberté accordée au commerce: elle regna dans les Provinces Confédérées, oü elle effaca les traces de la guerre, tandis que les pays conquis par les Efpagnols, étoient en proye aux.befoins (1) Grotius Annal. Lib. V.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXÏÏÏ. Sect. ÏX. 90 les plus prciTans. On y voyoit les plus hautes fortunes renverfées , & le Hifi. de riche devenu L'égal du pauvre. Le Comte de Hohenlo foutenoic dignement Hollande. 1'honneur des armes de la République & celui de fon nom. II tailla en -5^-'593» pieces prés de Bolduc les troupes du Comte de Hautepenne. Mais le Duc ie Duc ds de Parme afiiégeoit PEcIufe ; il étoit fur le point de s'en rendre maitre. Parme Le Comte de'Leiceftre parr.it brulquement d'Angleterre, efpérant fignaler afiep fon retour par la délivrance de cette place ; mais il ne fit que fe montrer devant le camp des Efpagnols, & fe retira fans coup fcrir. - II rcjetta fur Pindigence des Etats la home de fa retraite; il prétendoit qu'on ne lui avoit point accordé les fecours d'argent dont il avoit befoin; il foutenoic qu'avec ii peu de refiburces la République ne pouvoit fe foutenir contre les forces de 1'Efpagne ; il engageoit même Elifabeth a abandonner des rebelles opim'atres, qui ne pouvoient confommer une entreprife au defius de leur force. Cette Reine ne paroilfoit pas éloignée de cette réfoludon; elle étoit fatigüée de tant de mauvais fuccès, & n'en pré voyoit pas de meilleurs dans Pavenir. Les Etats, au contraire, rejettoient tous leurs malheurs fur le Comte de Leiceftre; ils prétendoient avoir afiez de riifmrces pour triompher de J'Efpagne: ils ajouloient, que la mauvaife adminiftration des finances, écoic la feufe caufe de 1'épuifement momentané oa ils fe trouvoient; que le tréfor public regorgercit d'or, fi le Comte de Leiceftre 1'avoit confié a des mains pures 6: ■ defintérelfées. Ces accufations reciproques ne faifoient qu'aigrir les efprits. Mahré la trifie lecon que le Duc d'Anjou avoit donnée par fon exemple, a tous les ambiUeux qui afpireroient au defpotifme dans les PaysBas , le Comte de Leiceftre n'avoit pas perdu de vue fon premier deflein; H réfolut de s'emparer a force ouverte des -villes les plus confidérables dans Pmtérieur des Provinces. Leyde fut la première fur hquelle il jetta fes regards avides: il y avoit Le Comte gagné des traitres qui devoient lui livrer la place. Les premières charges deLeicejlre dans la Magiftrature, étoient Ie prix promis h leur perfidie; mais la confpi- ^f '™* ■ration fut découverte avant que d'éelater. Les conjurés expirerent au milieu Lnie: e des fupplices, & le Comte s'enfuit comme le Duc d'Anjou, qu'il paroiflbit mauvais avoir pris pour modele. La Reine Elifabeth le difpenfa de juftifier fa con- Mcès de ■duite aux yeux du Confeil. Ce n'étoit pas reconnoitre fon innocence. {O C/rc7 r' Elle lui óta Ie Gouvernement des Pays-Bas, mais de peur que par cette ' démifiion forcée on ne le jugeat ou criminel ou difgracié, elle lui donna le commandement de fes armées. 11 ne jouit pas longtemps de ce nouveau n efl rap. rang; il mourut regretté de la Reine, mais non pas de fon époufe, que la fellé: fm ■voix publique accufoit de Pavoir empoifonné. mort. Le Duc de Parme plus ambidcux encore que le Comte de Leiceftre, ne bornoit pas fes vues a la conquête des Pays-Bas; il fembloit même depuis ■quelque temps dédaigner cette proye, & faiibit peu d'eftbrts pour s'en iaifir. La Grande Bretagne lui fembloit le feul théStre digne de fon courage. Plufieurs Gouverneurs des Pays-Bas, avoient avant lui concu le projec de cette conquête , mais aucun ne 1'avoit tenté, & certes il y avoic de r>) Camdea ad Ann. 1587. N s  S:;ct. IX. Hift. de 1 iol'ande. 1584-1593. Le Duc de Parme projette une txpèdition en Angleterre. U-Ambasjade ur du Roi de D.r.iue. marck, tut par un parti de lyajKands. I * flotte l.fpagnol ti.tt en ■mtr. (0 Reidanus Liv. \lïk 100 HiSTOIRE DE HOLLAND; E. la témérité a fe perfuader qu'on pourroit fubjuguer ces farouches IrifuKt» res, avec les mêmes armes qui ne pouvoient dans Ie continent foumettre les fujets du Roi dEfpagne. Ce deifein, tout extravagant qu'il étoit, plaifoit a 1'orgueil Efpagnol, & avoit été recu avec enthoufiafme par !e Confeil de Madrid. ■ On armoit, dans tous les ports, on équipoit te flotte la plus formidable qu'on eut vue depuis longtemps fur 1'Océam Elifabeth n'ignoroit pas, que ces forces maritimes menagoient fon Royaume. Elle ne fut point trompée par les propofitions de paix, que Philippe faifoit pour lui donner de la fécurité. Elle tacha, au contraire, de prolonger la négociation, de différer 1'accommodement fous diverl prétextes , pour avoir le temps de fe mettre en état de défenfe. Un événement imprévu donna de nouveaux embarras aux Confédéré;.-. Le Roi de Dannemarck avoit offert fa médiation, il en avoit chargé Cajus Rantzow, Celui - ci traverfoit Ja Flandre efcorté par des Efpagnols, qui furent attaques par un parti de Flamands. Ceux-ci ne comioiflbient pas le Négociareur; il fut tué dans le combat par un foldat Hollandois. Cette mépriiè fut traitée comme un attentat contre le Droit'des Gens. Le Roi de Dannemarck en fut fi irrité, qu'il rit arrêter au paffage du Sund fept eens vaiffèaux Hollandois, qui alloient trafiquer dans la Mer Baltique. Les Confédérés couroient le rifque d'être affamés, s'ils n avoient pris le parti d'arrêter eux? mêmes,. tous les vaifTeaux Anglois. & Frangois, qui naviguoient 'fur leur cöte, & de les forcer a vendre dans leurs marches les provifions dont ils étoient chargés: quant aux. vaiffèaux arrêtés a.Copenhage ," ik obtinrent leur liberté pour une fomme modique. Cependant la négociation continuoit toujours entre les Cours de Londres & de Madrid; Elifabeth feignoit d'inviter les Confédérés a fe ranger fous Pobéiflance du Roi d'Efpagne. Ceux- ci la fupplioient.de, ne pas 'leur impolèr une loi fi dure; ils lui repréfentoient, que les Efpagnols n'avoient pas conclu avec eux de traité qu'ils n'eufiènt violé; que la paix qu'ils leur offroient, n'étoit qu'un piege pour les exterminer; ou pour les faire gémir dans la fervitude la plus cruelle ; que quelques fermens- que fit le Roi d'Efpagne, d'obferver les conditions qui ièroient.arrêtées, il fauroit pour quelque argenc s'en faire relever par le Pape; qu'ainfi le nom d'Elifubeth ne feroit que Pinftrument d'un parjure, & de la vengeance des-Efpagnols. Malgré ces remontrances, elle envoya des Négociateurs en Flandre,comme fi fes projets de paix euflent été finceres. Tel étoit 1'état des chofes, lorfque la flotte Efpagnole parut & fixa 1'incertitude, oü Pon étoit fur le but de eet armement. Cette flotte étoit fi nombreufe & fi bien équipée, que les Efpagnols lui avoient donné le ritre oXlnyincible. (1) Au refle, ce n'eft pas la feule fois que leur vanité a. donné ce nom laftueux, h desarmées navales qui ont été battues. Le Roi Philippe n'avoit pas eu de peine a mettre le Pape dans fes intéréts, & a 1'animer contre Elifabeth. Elle étoit fille de Henri VIII, & d'Anne de Boulen; ce mariage avoit été condamné par la Cour de Rome. C'en étoit  OU BES PROVINCES UNIES-, Liv. XXXIII. Sect. IX. so* afiez pour que la Princefiè qui en étoit née, fut déclarée batardc, & déchue de tous droits a la fucceffion de fon pere. Elle avoit refufé au St. Siege Phornmage que les Llois d'Angleterre lui avoient rendus dans des fiecles d!iVnorance. Enfin elle n'étoit pas- de la Religion du Pape , &. s etoit déclarée Chef de 1'Egiife Anglicane: combien de Rois détrónés par les Papes leur avoient donné moins de fujets de fe plaindre! Ce qu'ilyadefinguher, c'eft oue Sixte V, traita de génóration bdtarde le plus grand Roi, & la ; plus eraftde Reine de ce fiecle , Henri IV & Elifabeth. Nous allen» mettre < fous les yeux du lecleur, ce monument iingulier de 1'orgued Pontifical, ( cette bulle par laquelle Sixte prétendoit donner 1'Angleterre a Philippe comme un de fes-prédécefleurs par une bienfaifance auffi ridicule avoit donné , PAmérique a Charles V (i). Sixte V, par-la grace de Dieu, Pafteur univerfel du troupeaude J. C. •auquel appartient par une fucceffion légitime, le foin & le gouvernement " de l'Eélife Catholique, voyant 1'état fücheux auquel le célebre Royaume " d'Amdeterre & celui d'irhinde font réduits aujourefhui, après avoir été fi " fameux par leur vertu, leur religion & leur obéilfance a la foi Catholi" que s'étant laiffé's maintenant réduire, non - feulement il un état de déV réo-lement & de péri'l manifefte de leur falut; mais étant devenus même " des* membres pourris de 1'Eglife, infeébs & capables de eorrompre tout le " corps de 1'Eglife Chrétienne , & cela fous le. gouvernement impie óc " tvranniqued'Elifabeth, prétendue Reine d'Angleterre, & de fes adhérens n qui ne font- pas moins fcélérats &>impies qu'eUe, ne reconnoiffant plu* " Pautorité du Souverain Pontife, qui a perdu.tous fes droits dans ces deux 5> Rovaumes- Henri VIII autrefois Roi de la Grande Bretagne, commenca " tous ces défordre^, s'étant révolté contre Ie St. Siege, s'étant feparé de la " Relidon Chrétienne, & en ayant fait féparer par force les fujets. Eb> " fabeth, ufurpatrice de ce Royaume, fuit les traces de fon prédécefieur. " II ne n'ous refte donc plus d'autre reflburce pour rétablir la difcipline, & '* faire renaitre la paix dans 1'univers chréden,que de dépoferde laRoyaucé " ladite Elifabeth foi-difant Reine d'Angleterre." Pour remédler \ tant de défordres, Sa Sainteté, infpirée du Tout» Puiffant, émue de compaflion pour le Royaume d'Angleterre, & cédant " aux inftances preffanr.es de plufieurs perionnes zélées de ce Royaume, " s'eft adreifée a plufieurs Princes & principalement au Roi Catholique, " pour le prier de 1'aider dans fon entreprife. Elle efpere que le refpefl: que le Roi' d'Efpagne a toujours témoigné pour le St. " Siege , 1'ancienne amitié qui a toujours été- entre les deux RoZ yaumes d'Angleterre &. d'Efpagne , 1'attendon particuliere que ce Monarque doit a ceux de fes fujets qui habitent les Provinces voifi", nes des Pays-Bas, enfin 1'intérêt général de la Chrétienté feront " des motifs afiez forts pour le détermincr a employer tout le pouvoir "dont Dieu Pa revêtu, pour détröner cette femme, punir fes adr.€- (i) Greg. Let. in Vit. Elifabeth. Iollaiide. 1584-1593- )tx/i F 'éclare llifabetk ttchue de' "es droits • ju trenc.  -Sl>.CT. IX. Hifi. de Hollande. . I53.J--I593- 1 ï 1 i i i 1 -J I rc2 HISTOIRE DE HOLLANDE „ rens , & faire rentrer fes -Etats fous 1'obéiffance du Saint Siege, „ Mais pour faire connoitre k toute la terre & particuiierement a l'An„ gleterre & a I'Irlande , la juilice de cette cntreprifè , Sa Sainteté „ a jugé néceffdre en publiant ia Scntfcnce d'txccmmunication , contre „ Eh/abeth, de publier en même temps les raifons qui 1'ont déterminée k „ ufer contre elle d'une auffi grande févérité." „ La première eft, qu'elle eft hérétique & fchifmatique, qu'elle a „ été excommuniée deux fois par les deux Pontifes qui nous ont pré* „ cédé , qu'elle perfifte dans fa defobéiffance au Saint Siege Apolto„ lique , ayant ufurpé contre toutes les loix de Dieu , de° h nature & de la raifon , la Souveraineté tenvporeÜe & Pautorité fpirituelle „ fur les ames. La fcconde , paree qu'elle eft batarde , née d'un in„ cefte & d'un adultere , & par conféquent incapable de fucccder au „ Royaume d'Angleterre, tant par différentes fentences de Clément VIII & „ de Paul LI, que par la déclaradon publique qu'en a fait Henri fon » pere." Sixte reprochoit enfuite a Elifabeth d'avoir ufurpé le Royatime d'Angleterre contre les droits du St. Siege, k qui la ïulèraineté de cette ifle appartenoit , depuis le regne d'Henri II, qui ne put obtenir qu'a cette condition de fe réconcilier avec 1'Eglife , après s'ètre fouidé du nieurtre^ de Thomas de Cantorberi ; d'avoir violé les ièrmens qu'elle ivoit fait lors de fon couronrement , vexé les fujets par des impóts, perfecuté les eccléfiaffiques , fomenté la révolte dans les pays voifins, ionné afyle aux hérétiques , enfin pouffé 1'audace jufqu'a foiliciter le Pure , a faire Ia guerre aux Princes Chrétiens. II finiflbic par rappeller e meurtre de Pinfortunée Reine d'Ecoffe , Ia deftruétion entiere de la .leligion Catholique & 1'abaiffement de la Nobleflè, qui voyoit avec ndignation les premières places de la Monarchie occupées par des gens ariö talens, comme fans- naiffance. „ Sa Sainteté, (ajoutoit Sixte) pour , toutes ces raifons, en vertu de la puiffance qu'elle a recu de Dieu, , & de Pautorité Apoftolique dont il eft revêtu , renouvelle la fentence , de fes prédéceffèurs Pie V & Grégoire XIII , en ce qui regarde , 1'excommunication & la dépofition de ladite Elifabeth, 1'excommunie , de nouveau , la dcclare dcchue de toute autorité Royale, de tout , droit , titre ou prétention qu'elle pourroit avoir fur les Rcyaumes , d'Angleterre & d'lrlande, déclarant qu'elle ne les poflède qu'illégici, mément & par ufurpation ; Sa Sainteté abfout aufli tous fes fujets , k tous autres du ferment de fidélité qu'ils lui ont fait. De plus elle , défend exprefiement fous peine d'encourir 1'indignadon du Tout-Puif, faftt , cietre excommuniés & punis corporellement fuivant toute Ia , rigueur des Loix , a tcutes fortes de perfonnes , • de quelque quali, té & condition qu'elles puiffènt être , d'obéir k ladite Elifabeth en , quelque maniere que ce foit ; leur ordonnant au contraire de contri, buer de tous jeurs efforts, a la faire chatier , afin qu'elle puiffè re, connoitre fa faute & fe foumettre avec humilité au jugemenc de  OÜ DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 103 ; Dieu , quand elle fe verra ainfi délaiffée & deltituée de tour. fecours Hifi ds " hrnrnin " Hollande. „ Pour eet effet nous faifons fgavoir a tous les peuples des deux" Ro« "~ „ yaumes d'Angleterre & d'lrlanie , de ne donner direclement ni itidi" rectement, aucun fecours a ladite Elifabeth, ni a fes adhérens ; de fe " joindre inceffamment aux armes Catholiques , qui feront comman" dées par le Prince victorieux Alexandre Farnefe , au nom de Sa " Majefté Catholique ; afin de détröner au plutöt la nommée Elifabeth, qui ne poffede la Couronne d'Angleterre que par ufurpadon; ^ & de retablir la foi Catholique en ce pays-la." „ De plus-, on fait favoir a chacun , que 1'intention de Sa Sainteté, „ du Roi Catholique & du Prince Farnefe , n'eft pas de furprendre ou d'envahir ie Royaume d'Angleterre ni les coutumes du Royaume, ni „ d'öter a perfonne la liberté "de fa vie ni de fes biens, hors les rebelles „ & ceux qui demeureront obfiinés ; ni enfin de faire aucun autre „ changement dans le Royaume ; finon que par un commun confente„ ment entre Sa Sainteté, le Roi Catholique & les Etats du Royaume, „ pour. le bien public ou Paffermiffement de la foi, oa' pour punir Pu- . „ furpan-ice , il the trouvé bon d'en faire quelqu'un. Affurant ,, au „ rede , tout le mende , que toutes les difficultés que la dépofitionde cette femme pourra faire naitre , feront terminées fuivant la juftice & „ 1'cquitc Chrétienne. D'ailleurs on n'aura pas feulement foin que les „ Catholiques ne foient plus expofés aux malheurs qui les ont accablés ,, iufqn'ici, mais on accordera la même protection a tous ceux généra- lémetit qu? viendront volontairement fe foumettre au Général d'armée; „ & comme nous fommes bien informés qu'il y a une inlinitc de gens „ qui fe font féparés de 1'Egiife Catholique, fans favoir ce qu'ils faifoient, „ qui font pourtant confondus avec les hérétiques , Nous déclarons que • notre intention n'eft pas qu'on les punifiè comme tels, mais qu'on leur ,, faiïè grace , jufqu'a cc qu'étant hiftruics par des gens fcavans, ils fe „ puiffènt eux-mêmes détourncr du mauvais chemin. On déclaré de plus, • „ non feulement qu'il eft permis a toutes fortes de gens de dedans ou de dehors d'Angleterre, de s'affurer de la perfonne d'Elifabeth, &- eie fes „ adhérens, de l'-emprifonner & de la livrer au parti Catholique, mais que „ 1'on regardera comme une fiaguliere obligation, que 1'on récompenfera „ felon la qualité des perfonnes, 1'aclion de ceux qui pourroat arrêter Eli„ fabetfi. On ne manquera pas non plus dv récompenlér cous ceux qui ont' ,, ci-devant aidé ou qui le feront ci-après, a faire punir cette femme qui a „ ufurpé la Couronne d'Angleterre, ou fes adhérens. Ils feront avancés ■ „ dans les charges, honneurs & dignités, felon leur mérite & les femces „ qu'ils auront rendus. De plus, Sa Sainteté fera expédier des pailèports ks „ tous ceux qui fe voudront joindre a 1'armée Catholique , ou qui y porte* „ ront des munitions de bouche ou de guerre & autres chofes néceflaires... „ Enfin Sa Sainteté ayant ouvert le Tréfor d'lndiilgences qu'ello r entre les „ mains, accorde Pindulgence plcniere, a tous ceux qui après s'êcre con-  Sect. IX. Hift. de Hollande. 1-S84-I593. Defcriplion de ld fiotte Efpagr.de. .Le Duc de MedinaSidoniatbtient le commandement de la flotte. LesConfédèrès entplchent le Duc de Parme de j'ortir de Flandre. 104 HISTOIRE DE HOLLANDE „ fefles & avoir commuriié combattront avec 1'armée Catholique , pour „ chatier & détróner la foi-difant Elifabeth Reine d'Angleterre & fes „ adhérens." Cette Bulle étoit moins redoutable que la flotte Efpagnole. Elle étoit xompofée de cent quarante vaiffèaux d'une grandeur jufqu'alors inouïe. Des galions énormes que trois eens rames faifoient voler avec autant de rapidité que les barques les plus légeres, portoient des tours & des chateaux flottans. Ils étoient revêtus en dehors de tout ce qu'on pouvoit oppofer aux foudres de 1'artillerie & a la violence des flots. Mais cette grandeur qui les rendoit fi terribles, fut la caufe de leur perte. Envain le Marquis de Sainte-Croix & le Duc de Parme, (1) avoient repréfenté au Confeil de Madrid qu'aucun port de Flandre n'étoit afiez profond pour offrir un afyle a de pareilles maffes; qu'avant de les mettre en mer, il falloit s'emparer de quelques ports de Hollande ou de Zélande, pour offrir a la fiotte une retraite praticable & füre. On étoit trop impadent de montrer a l'Europe ces forces navales, on comptoit trop fur la docilité de la mer & des vents, & fur la faveur du Ciel, promife par la cour de Rome, pour attendre 1'évéuement d'unvfiege. D'ailleurs on avoit rafiemblé des matelots de toutes les nations , qu'il falloit foudoyer: 20000 foldats & une muldtude.de volontaires i demandoient qu'on les menat a 1'ennemi. On avoit préparé pour leur débarquement des batteaux plats., dont les ponts en s'abattant devoient offrir a la cavalerie un pafiage commode. Telle étoit le confiance des Efpagnols, qu'ils s'étoient déja partagé 1'Angleterre. lis fe diftribuoient les charges & les domaines; ils avoient même fait forger des fers pour enchainer les vain. cus, & jufqu'a des inftrumens de fupplice pour les faire périr. On choifit pour commander la fiotte, non pas le plus habile Amiral, mais le plus recommandable par fa naiflance , & ce fut le Duc de Medina-Sidonia. Cette armée fe mit en mer vers le milieu du printems, & quoiqu'elle allat rétablir la foi Catholique en Angleterre, eile n'en fut pas moins aflaillie par une tempête qui la difperfa. Elle fe rafièmbla dans laCorogne; mais on regrettoit déja trois vaiffèaux, emportés paria violence des vents, bien fecondés par la perfidie des forcats, pour qui cette expédition n'étoit qu'un chatiment. Elifabeth, de fon cöté, avoit répandu fur les bords de la Tamife une milice nombreufe. Elle en avoit fait la revue elle-même, & 1'avoit animée par fes difcours & par fa préfence, a défendre fa Patrie & fa Religion. Le commandement de fa flotte étoit partagé entre Charles Howard & Francois Drake: vingt vaifTeaux Hollandois fous les Amiraux Henri Warmond & Juftinus de Naffau, combinés avec une petite Efcadre Angloife fous Henri Seimour, croifoient fur les cötes de Fiandres pour empêcher le Duc de Parme de s'unir a la Flotte Efpagnole. II eft xertain que fi les Efpagnols fans attendre le Duc de Parme avoient tenrjé Camden ad Ann.-1588. Bentivoglio. P. 2. Liv. IV.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. ÏX. ios tenté une defcente en Angleterre, ils 1'auroient fait avec fuccès. Elifabeth fembloit les favorifer elle-même par Terreur oü 1'avoit jettée un faux bruit qui s'étoit répandu que 1'ennemi avoit pris une autre route. Dans cette perfuafion elle avoit ordonné a Howard de défarmer, ordre imprudent qui fut aufli imprudemment exécuté. Mais Philippe avoit commis cette faute fi ordinaire aux Souverains & aux Minifires, de donner des ordres précis & prohibitifs a des Générauxqu'il envoyoit au loin fur la mer; comme fidu fond d'un cabinet on pouvoit enchainer les vents & les courants, prévoir tous les caprices de 1'onde, & commander aux événemens. Les Efpagnols ne pouvoient chaflèr les vaiffèaux des Confédérés, qui tenoient le Duc de Parme enfermé dans Dunkerque; ceux-ci flottoient librement fur des bancs de fable, dont les grands vaiffèaux Efpagnols ne pouvoient approcher. Les Anglois avoient fuivi le même fyffême; ils n'avoient que de petits vaiffèaux bon voiliers, qui manceuvroient avec rapidité, attaquoient les Efpagnols, tournOient autour d'eux, les preffbient, les harceloient, les forcoient fouvent a fe brifer les uns contre les autres en changeant leur ordre de bataille, & gagnoient le large, avant qu'on eut le temps de leur rendre le combat ; un grand vaiffèau de Seville, défemparé par le choc d'un autre vaiffeau Efpagnol, fut pris par Drake. Un autre fut la proye des flammes. Un Hollandois qui vouloit venger fit patrie, y avoit mis le feu, & s'étoit jetté a la mer (i). Cependant la flotte s'avancoit toujours vers le Détroit de Calais. Ce fut dans ces parages qu'elle jetta 1'ancre, pour attendre le Duc de Parme. Plufieurs Officiers defcendirent a terre pour prefier fa fortie , mais ils le trouverent plus occupé de prieres & d'autres pratiques de dévotion , que d'opérations de guerre. Pendant qu'ils délibéroient avec lui, des brülots, chargés de pierres, de poudre & de matieres combultibles , furent pouffes au milieu de la fiotte Efpagnole, qu'ils mirent en défordre. Un des plus grands vaiflèaux fut la proie des Anglois; ils y trouverent cinquante mille ducats deftinés par le Roi . d'Efpagne, aux frais de la guerre. Le refte de la flotte alla chercher un autre mouillage prés de Gravelines. Nouvelles attaques de Ia part des Confédérés, nouvelles machines infernales •, plufieurs navires furent coulés a fond ; deux entre autres ayant envain cherché un afyle au - delh de Calais, heurterent dans les fables, furent pris par les habitans de Fleffingue. Les Hollandois & les Zélandois avoient eu la précaution d oter tous les fignaux qu'ils avoient placés dans les endroits dangereux pour diriger la marche des Piiotes. Les Chefs Efpagnols abattus par tant de pertes, craignant d'en efluyer de nouvelles, ayant déja vu périr plus de 5000 foldats, & un grand nombre d'Officiers , ne fongeoient plus qu'a leur retour en Efpagne. Mais leurs ennemis étoient maitres du Détroit de Calais. La cöce feptentrionale d'Angleterre étoit trop peu connue pour tenter cette route. On prétend que dans cette extrémité le Duc de Medina-Sidonia délibéra s'il ne fe rendroit pas aux Anglois avec toute fa flotte, fous la feyle condi- (O Grot. Hift. Lib. I. Rddanus L. VIII. Toms X.LW. O Bijl. de Hollande. 1584-I.W.3. Fautes réciproquesde Philippe & iPElifabtth. Uarmie navale ar* rive prés de Calais. LesAnghh £? les Hol. kmdois hrttlent Uufieurs vaiffèaux Efpagnols.  Sect. IX. Hift. de Ilellande. 1534-I593- La flotte eft difperfée par les vents* t;arolès de Philippe II. en ap■prenant la nouvelle de la deftruction de fa jlotte. Le Duc de farme projette la eonquéte de Berg*P • zoom. (j) Fam. Strada de Bell. Belgic. Dec. II. Lüu X. roó 'HISTOIRE DE HOLLANDE1 tion d'avoir la vie fauve. Mais les Anglois fatisfaits dc leur viéloire-, ne vouloient pas réduire au defefpoir des ennemis encore redoutables par leur nombre : ils crurent qu'il étoit prudent de leur laiffer une libre retraite , & de laiffèr aux vents le foin d'achever leur déroute. En effet, toute cette flotte s'étant mife en marche , fut bientót le jouet des tempêtes, plufieurs vaiffèaux firent naufrage fur les cótes de France & d'Angleterre , quelques-uns allerent eouvrir de leurs débris, les rivages de la Norvege ; on prétend même qu'il y en eut qui pénétrerent jufques vers le Pöle, & illuflxerent par leurs défaflxes des bords jufqu"alors ignorés. On compta trente-deux navires, engloutis dans les fables d'Irlanie. Les matelots qui fe jëtterent a la- nage, pour échapper k la mort, en trouverent une plus cruelle fur la terre ; ils furent maflacrés par les farouches Irlandois, que le trop grand nombre de ces malheureux alarmoit. D'autres vaiffèaux rencontrerent d'autres écueils. Deux entr'autres qui avoient eu le bonheur de rentrer dans les ports d'Efpagne, y furent dévorés par les flammes. Enfin de tout eet armement, 1'Efpagne ne-pue conferver que trente vaiflèaux de tranfport, & un feul vaifleau de guerre , qui ramena le Duc de Medina-Sidonia , Généraliffime de cette flotte, qu'on- avoit appellée invincible. II alla cacher fa honte dans fes terres. Plufieurs Capitaines moururent-de chagrin. Quant a Philippe, fi nous en croyons Strada , il jöua trés bien fon róle & ne perdit rien, du moins en apparence, de fon orgueii & de fa fermeté. II étoit occu» pé k écrire quelques ordres, lorfqu'on lui annonga cette fatale nouvelle. On n'appergut aucune émodon fur fon vifage. „ Je rends grace k Dieu, „ dit-il, de ce qu'il m'a donné aflèz- de forces & de richeftes pour met* ,, tre encore une femblable flotte en mer; il n'importe pas beaucoup„ qu'un ruifleau foit coupé , pourvu que la fource n'en foit pas tarie." En finifiant ces mots, il fe remit a écrire avec la mêmetranquillité (1), d ordonna des prieres publiques pour remercier Dieu d'avoir confervé quelques débris de la flötte. Cependant fon chagrin concentré au dedans de lui-même, fe décela bientót par une maladie , & bien mieux encore par le foin qu'il prit d'abréger le temps du deuilr & de profcuire Je colluma funebre qui rappelloit le fouvenir de tant de pertes.. Le Duc de Panne- qui avoit enfin renoncé au chimérique- projet de conquérir 1'Angleterre, & qu'on accufoit en Efpagne des malheurs de la flotte, cherchoit a fe confoler de tant de défaflres par la prife de Berg-op-zoom, qui-lui auroit ouvert Pentrée de la Zélande 1 pour afiurer le fuccès de ce fiege , il falloit s'emparer de la pedte ville de Tólen , qui n'efl: féparée de Berg-op-zoom , que par un bras de riviere & qui pouvoit lui envoyer des fecours.^ Cette expédition fut confiée k Montigny. & k Oélave de Mansfeldt: mais ils furent vigoureufement repoufles par les habitans. De 800 hommes qui étoient partis fous leurs ordres, ils n'en ramenerent que 400: le refie périt par le fer ou dans les eaux. Le Duc de Parme crut réparer ce mauvais fuccès en fermant le port de la ville par des levées & des  OU BES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 10; pont?. Mais les habitans eurent Paudace de s'avancer hors des murs, & de camper en la préfence. Une vaine tentative qu'il ;iw pour s'emparer par ftratagême d'un clrêteau eflènriel k fon deiTein , acheva de le défefpérer. D'ailleurs les maladies caufées par un air épais & humide, cmportoicnt tous les jours beaucoup de foldats étrangerskce climat. Les pluies de 1'automne inondoient fes travaux & fon camp ; enfin il fallut lever le fiege, & cette ville qui avoit fait une fi glorieufe défenfe, fut donnée au Prince Maurice pour 1'indemnifer des pertes que la guerre lui avoit caufées. Le Prince de Chimai ne fut pas beaucoup plus heureux devant Bonn, que le Duc de Parme devant Berg-op-zoom : s'il parvint k s'emp.Ter de cette ville, ce ne fut qu'après un fiege de fix mois. Schenk qui 1'avoit prife 1'année précédente , fit de vains efforts pour obtenir des fecours des Princes Allemands: ceux-ci ne vouloient point avoir pour ennemis un Prince qui poffédoit des Domaines dans 1'Empire, & dont la France alors recherchoit 1'alliance. Les habitans & la garnifon de Bonn, commandée par un brave Siléfien, n'eurent plus de reffources que leur courage. Mais c'en étoit afiez pour refifter longtemps : ils firent de fréquentes forties, & porterent la terreur & la mort jufques dans le camp du Prince de Chimai. Parmi les viétimes illuftres qui tomberent fous leurs coups, les Efpagnols regretterent furtout, Jean Baptifie Taxis , un de leurs meilleurs Généraux. Enfin les affiégés , voyant leurs fortifications ruinées, & commencmt k fentir les horreurs de la famine , demanderent une capltulation hono■rable , qui leur fut accordée. Le Comte de Mansfeldt ne Lnguit pas fi longtemps devant Wachtendonck dans le pays de Gueldre : il fit élevet des cavaliers, d'oü il foudroyoit cette ville entourée de marais; Papproche de Phiver augmenta Pefpérance qu'il avoit de s'en emparer, & ia crainte qu'avoient les habitans de voir leurs maifons livrées au pillage. ;La glacé en confolidant les marais , devoit offrir un libre pafiage aux afiaillans ; cette confidération engagea les habitans k recevoir Pennend dans la ville , malgré la réiiftance d'une courageufe garnifon qui rougiflbit de capituler. La perfidie des Anglois n'étoit pas moins funefie aux Confédérés que Ia valeur des Efpagnols. Le Duc de Parme fut redevable k leur trahifon de la conquête da plus importante qu'il eüt faite jufqu'alors dans la Hollande. Depuis longtems Ie feu de la fédition avoit été ailuiné dans Gertrudemberg par la garnifon Angloife. Elle avoit chaffé fes anciens Capitaines, & en avoit élu d'autres, qui ne fcavoient que careflèrót encourager fa révolte. Le Duc de Parme leur écrivit plufieurs fois pour les engager a lui remettre la place: fes lettres & fes meffagers furent d'abord rccus avec mépris; mais enfin les menaces des Etats, dont on exagéroit k leurs yeux la vengeance prochaine.; Padrefie & 1'éloquence des féducbeurs Efpagnols, qui fe mêloient parmi eux; enfin la crainte d'être punis de leurs nouveaux outrages accumulés, des contributions levées dans les campagnes , & de 1'injufte détention des vaiflèaux de la République, les firent.pencher vers le parti du Duc de Parme: ils défarmerent les bourgeois, rejetterent les O 3. Hip- dte Holhnde. // eft ford de lever le fiege. Le Prince de Chimai prend Bonn. Arm. 1589» Les AngUit livrent Gertru- demberg au Duc de Parme.  io8 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. IX. Hift. de Hollande. lSH--59Z> J j l 1 ] I i i I < i ï < Jmpru- < dcnce du ( Duc de Parme. ^ 1 I r ï f v (O Grot. Hift. Lib. I. offres d'un pardon dont ils fe défioient, & braverent les forces que le Prince Maurice rafièmbla pour les faire rentrer dans le devoir. lis fe défendirent avec un courage digne d'une meilleure caufe. Cependant lorfqu'ils virent les ouyrages ruinés, les maifons découvertes, Maurice pret a donner Pasfeut* ils 1'éviterent en entamant une négociation qui traina en longueur. Wingfeld, leur Commandant, profita de ce délai pour faire approuver par fes foldats, la trahifon qu'il méditoit depuis longtems avec fon beau-frere Willoughby : Voyez-vous, leur dit-il, ceux-ci dont £ artillerie a battu nos murailles avec la même violence, qu'ils auroient employé pour f oreer luelques villes du parti contraire. Sachez que nous ne leur fommes pas moins odieux, que fi nous étions leurs ennemis déclarés, & lorfguils s'a- >ancent les armes a la main en nous menagant, vous devez croire qu'il i'y en a pas un feul entre nous que leur vengeance ne defline au dernier upplice. Mais de eet autre cöté, vous voyez des gens qui ne fouhaient que notre bonheur & prés de qui nous fommes toujours firs d'obte* lir la récompenfe de nos fervices. Ceft donc a vous de réfoudre fi vous >oulez hafarder vos têtes en rendant cette place a F armée des Etats, ou 'dire en cette rencontre un plaifir fignalé a un Prince qui fgaura le '■econnoltre. Les Anglois s'écrierent auffitót qu'il falloit recevoir dans les nurs les enfeignes Efpagnoles. Maurice leva le fiege, & fe contenta de eur écrire de loin, comme s'il avoit plus compté fur 1'effet de fes lettres, iue fur celui de fon artillerie. Mais elles eurent le fort qu'il en auroit du ittendre, celui de fervir de jouet a cette foldatefque effrénée. Le Duc de 3arme leur parloit un langage qu'ils entendoient beaucoup mieux & leur >romettoit 1'ancienne folde qui leur étoit düe par les Etats ïk de nouvelles ;ratifications. Ils lui remirent la ville au mépris de leurs fermens, & des irdres d'Elifabeth. Le Duc de Parme, qui avoit paru plongé dans la trifiefiè a plus profonde depuis le defallre de la flotte , reprit toute fa fierté, orfque du haut des tours de Gertrudemberg, il put contempler ces galles pays oü il n'avoit pas encore porté le flambeau de la guerre, s: qui étoient maintenant ouverts a fa valeur. (i) Sa joye 1'aveugloit .u point qu'il confia le foin de fa füreté a ces mêmes Anglois dont il lonnoifibit la perfidie. Peu s'en fallut qu'il ne fut la viéfime de fa :onfiance imprudente ; car il fe forma parmi les Anglois une faétion,. jui après lui avoir livré la ville, vouloit le livrer lui-même aux Conédérés, & recevoir des deux partis le prix de cette doublé trahifon. tfais la préfence de 1'armée intimida ces perfides, la plupart retourneent en Angleterre, d'autres rentrerent fous Pobéiffance de la République, lufieurs s'enrölerent fous les drapeaux Efpagnols, mais ils n'y trouverent que ; mépris qu'infpire la trahifon. Cependant le Duc de Parme avoit réfolu d'accélérer les progrès de 5n armée, & d'ajouter a la conquête de Gertrudemberg celle de plufieurs illes voifines; mais il fut mal fervi par la fortune oupar les hommes. Mansddt qui alla affiéger Heusden, fut chaffé de fes retranchemens par Maurice.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 109 ÏI tenta enfuite Pattaque de Pile 'de Voorn , mais il s'enfuit a 1'approche du Comte de Flohenlo. Tant de mauvais fuccès , les fréquentcs féditions d'une armée mal payée & furtout les difcours injurieux par lefquels on accufoit le Duc de Parme de tous les malheurs de la guerre , enfin Pimprudence qu'il fit de ne point changer d'habit, étant tombé dans la Dille , toutes ces caufes réunies accrurent des fymptömes d'hydropifie qui s'étoient déja déclarés. Le Duc alla prendre les eaux de Spa , abandonnant le commandement de fon armée , & le gouvernement des Provinces conquifes a Mansfeldt & a fon fils Charles , jufqu'a ce que Richardot, qu'il avoit envoyé en Efpagne , 1'eüt juftifié aux yeux de Philippe & de fa Cour. Un nommé Jean de Mora, étoit 1'ennemi fecret qui rendoit eompte au Roi de toutes les fautes réelles ou fuppofées du Général. Ses lettres furent interceptées par Maurice , qui par un mouvement généreux , indigné contre la calomnie qui cherchoit a noircir un ennemi qu'il efiimoit , les lui envoya. Le Duc ne donna au Prince aucun témoignage de reconnoifiance ; il fe contenta d'inviter Mora a un feilin. Ce dernier s'y rendit, tomba malade en fortant de table & mourut. Un homme fans mérite & fans talent, qui parvint tout a coup a des era» plois difiingués , fut accufé d'avoir été le minifire de la vengeance d'Alexandre. Cependant le Marquis de Varrabon , après s'être emparé du chateau de Blyembek , s'avancoit vers Rheinbergen ; mais Schenk fecourut cette ville a propos. II battit Verdugo , & tout fier de cette vicloire il courut a Nimegue , qu'il comptok furprendre a la faveur des ténebres. Sa Cavalerie avoit pris les devans; pour lui, il s'étoit mis avec fon infanterie fur des ponts de batteaux. 11 arriva en effet au milieu de la nuit a un endroit , oü la ville n'avoit d'autres défenfes que les eaux du Vahal: fes troupes defcendireut auffitót, elles devoient fe faifir de Ia première maifon, fe répandre de-la dans la ville, & ouvrir la porte a la cavalerie qui étoit déja fous les murs : mais une nöce, qu'on avoit célébrée dans cette maifon, y avoit attiré une foule de foldats & d'habitans, qui fonnerent 1'alarme , éveillerent leurs compatriotes endormis & les raffemblerent. On avoit pris les armes que le hazard avoit préfentées ; le péril redoubla les forces des Nimeguois, & les foldats de Schenk cnveloppés de toutes parts, fuccombant fous la multitude , fe redrerent en défordre vers la riviere. Envain leur Général s'efforca de les raflurer & de les mener au combat ; pour comble de malheur la rapidité du fleuve avoit emporté leur pont de batteaux fort au deffous du lieu oü ils étoient abordés. Ils fe jetterent dans des barques qu'ils trouverent fur le rivage,mais dont la foibleffe accablée fous un tel fardeau, les engloutit avec elles dans la riviere. Leur intrépide Général y périt comme eux. Sa bravoure étoit fa feule vertu, fi toutefois c'en ell une. Son indulgence laiflbit une libre carrière a la licence des foldats ; rien n'égaloit 1'amour qu'ils avoient pour lui, fi ce n'eft la haine du peuple qu'il s'étoit attirée par fes violences. Son corps fut longtemps expofé aux infultes du peuple. II refta méme O 3 Hifi. de Hollande. I584-I593' Trait de générofité du Prince Maurice. Schenk veut furprendreNimegue : il eft repouffé par les habitans. Mort de Schenk,  Serr. IX. Hift. de Hollande. 1584-1593. Dêfaitedes Efpagnols. Rheinber~ gen fe rend au Duc de Parme. Prife de Breda. Ann. 1550. 1 I ] \ 1 1 < < P 110 HISTOIRE DE HOLLANDE pendant deux ans fans (epulture & n'obrint eet bonncur funebre quelors*que le Prince Maurice entra vainqueur dans Nimegue. (1) Schenk avoit été un des plus ardens Protecbmrs de Truchfes, & la faclion de ce Prélat perdit encore dans le Comre de Neuenaar un autre Chef auffi recommandable par fes vertus militaires & beaucoup plus par fes vertus civiles. II pérït en éprouvant quelques pieces d'Arallerie, ou, fuivant d'autres,il mourut a Arnhem, peu de jours après y avoir été blelfé,dans 1'arfenalde cette ville, par la poudre qui y prit feu, lorsqu'il y étoit entré. Cependant Rheinbergen étoit affiégé par les Efpagnols. Le Comte de Falkenftein marcha au fecours de cette place, moins pour la délivrer que pour retarder fa perte. Le Marquis de Varrabon Ie fuivoit, harcelant ia troupe , mais évitant le combat. Tout-a-coup Je Chevalier de Veere qui commandoit Parriere-garde des Confédérés, fait volte-face & engage une bataille auffi fanglante qu'elle pouvoit 1'être entre deux corps peu nombreux, mais accharnés a fe détruire. Les Efpagnols furent taillés en pieces , dix drapeaux & -une cornette demeurerent au pouvoir des vainqueurs. Le Marquis s'enfuit avec les débris de fa petite armée, accufant _ Mansfeldt de Pavoir trahi. Le fecours que le Comte de Falkenftein jetta dans Rheinbergen, prolongea le fiege de trois mois : mais enfin il fallut capituler, & ouvrir ainfi au Duc de Parme 1'entrée du Duché de Cleves. La mer étoit un champ de bataille, qui préfentoit plus d'horrcurs encore, que les villes affiégées & les campagnes ravagées. Des>Corfaire$ arrêtoient .& pilloient indiftintftement les vaiflèaux marchands qu'ils rencontroient, & lorfqu'ils fe trouvoient entourés par des vaiflèaux de guerre d'une force fupéricure , on vit plus d'une fois ces intrépides brigands mettre le feu a leurs poudres , pour envelopper leurs ennemis dans leur perte & ne pas mourir fans vengeance. Cependant les Anglois, fecondés par une flotte Hollandoife , ravageoient les cötes d'Efpagne & tentoient même de remettre Antoine fur le trêne de Portugal. Le fuccès de cette expédition fe borna au butin dont ils revinrent chargés. Un événement bien plus important pour les Confédérés, fut la prife de Breda, dont ils fe rendirent maitres par un ftratagême, qui n'exigeoit pas moins de bonheur que de prudence & d'audace ; 1'invention en étoit düe a un fimple patron de Barque, nommé Adrian Janszen, qui portoit des tourbes dans . la Citadelle. (2) Le Prince Maurice & le Loomte.de Hohenlo fe porterent dans les environs, prêts & marcher au sremier fignal. Le Capitaine Heraugiere s'enferma avec un nommé -ambertCharles & 70 foldatsdans le fond d'un long bacteau, recou'ert de tourbes entalfées fur des planches, & qui cachoient cette trou» »e aux yeux les plus vigilans. Un vent contraire, des glacés, & Péluifement des vivres , apporterent d'abord quelques obftacles a cette xpédidon noéturne. Le foldat qui pendant ce délai -avoit eu le temps !e réflechir fur k grandeur du péril, commencoit k fe décourager, CO Meteren Lib. XV. (2) Strada Dec. II. Liv. X. Grot. Hift. Lib. II. De Meteren Liv. XVI. Bentivogtio .2. Liv. V. Explic. Ui ft. des Medaill. d*s Prov. Unies des Pays-bas.  OU DES PROVINCES UNIES-, Liv. XXXIIT. Sect. IX. n r mais 1'intrépide Heraugiere le ranima & lui infpira toute fa témérité. On fe met en route , on entre dans le folfé de la place, & dèslors il n'eft plus permis de revenir fur fes pas : il faut mourir ou vaincre. Le batteau échoue d'abord fur un banc de fable. En même temps il eft entamé par la glacé & fait eau de toutes parts, mais un nouveau flux dégage & favorife fa marche. Peu s'en fallut que la toux d'un foldat n'avertit les fentinelles &■ ne fit manquer 1'entreprilè : tuezrnoi, dit eet homme généreux k fes compagnons, ou vous êtes perdus. Cependant une., fentinelle fonde légérement le batteau & le laifle pafier fans autre examen. D'autres foldats de la garnifon aident euxmêmes k le trainer dans la Citadelle. On vouloit lé décharger fur le champ & 1'embufcade alloit être découverte. Mais le patron, qui montra dans cette oecafion une préfence d'efprit extraordinaire, feignit une extréme laflitude, & obdnt qu'on difterat jufqu'au lendemain. A minuit les foldats fortent du batteau-, fans être appercus, & fe divifent en deux troupes. La première, conduite par Heraugiere court k la porte qui regardoit la ville. La garde eft égorgée fans réfiftance. Un feul enfeigne ofe fe défendre, & meurt après avoir blefle le chef de cette entreprife. L'autre troupe commandée par Charles Lambert, pénetre dans 1'endroit le plus reculé & le. plus fort de la citadelle , oü-Paul Antoine Lanza-Vechia s'étoit renfermé au premier bruit de cette invafion.. C'étoit un jeune homme fans expérience, que fon pere avoit laiffé pour commander dans Breda, paree que d'autres foins 1'appelloient k Gertrudemberg. S'il avoit peu de prudence, il ne manquoit pas de courage: il fit une fortie afiez vigoureufe fur les aflaillans; mais ayant été blefle, il fut contraint de rentrer dans fon pofte. L'alarme étoit déja donnée dans la ville. Les bourgeois s'avancoient pour délivrer la Citadelle; mais Heraugiere les écarta k coups de moufquet. Gependant le Comte de Hohenlo. arrivé, il eft bientót fuivi du Prince Maurice & de toute fa- troupe. Les bourgeois défarmés fe rachettent du pillage pour cent mille florins, la garnifon s'enfuit , la ville eft conquife & prête un nouveau ferment de fidélité k fes anciens maitres. Le Duc de Parme crut que le moment le plus favorable, pour recouvrer cette place, étoit celui oü elle venoit d'être conquife par 1'ennemi, qu'on pouvoit ébranler fa fidélité mal affermie, & que, dans cette révolu? tion, Maurise n'avoit par encore eu le temps de.donner. tous .les ordres néccflaires k la défenfe. II chargea. Mansfeldt C i) de cette expédition. Celui-ci ferma avec un pont.St un chateau flottant, la riviere de la Merckè pour fe rendre maitre des ifles qu'elle forme, en fe jettant dans la Meufe: il réuflit dans 1'attaque dé quelques fortereflès; mais celle de Norddam lui réfifta: pour chaflèr les foldats qui défendoient le haut des murailles, il avoit fait conflruire au haut du grand mat d'un vaifièau, une tour remplie de gens de guerre, armés de moufquet*. Les affiégés envoyerent des efquifs pleins de feux pour brüler cette machine: mais le vent les détourna & les poufla vers le rivage. Le vaifièau fe mit en marche & defcendit dans un gouffre. (O Grou Hiü. Liv. IL Rijt. der Hollande. 1584-1593. Beau trait' dun foldat; Lés habitans de " Breda fe^' fouwettent. Mansfeïdi aiïiegecetti ville-  Sv.ct. IX. Hifi. de Hollande. I584-I593- Siege de Nin.egue par les Confédérés. Dipart du Duc de Parme pour la France: le Comte de Mansfeldt gouverne par in terini. Dépvtation de PEmpi' re: comment recue par les deux partis. Ut HISTOIRE DE HOLLANDE d'oü après avoir longtemps tournoyé, il ne forcit que pour aller échouer lur le iable. Les foldats qui garnifibient la tour, demeurerent ainfi expoles au feu de la moufqueterie. Mansfeldt alors défefpéra de rentrer dans Breda. Le Prince Maurice prenoit des moyens plus fiks, mais plus lents pour recouvrer Nimegue: il n'avoit pas afiez de troupes pour invefiir cetcè place; maïs après avoir fortifié l'ifle de Voorn, & s'être rendu maitre de tous es rivages, il éleva prés de la ville le Fort Knodfenburg, d'oü il devoit la foudroyer fans en former Ie fiege: de-la il ruinoit les travaux, renverfoit les toits des maifons, battoic les tours & les muraiües, & incommoaoit tel ement les habitans qu'ils ne trouvoient point d'afyle contre les debns de leurs maifons, dont la chüte les écrafoit. Tel étoit 1'état des chofes, lorfque Richardot apporta de Madrid au JJuc de Parme Pordre d'aller avec une partie de fon armée foutenir en trance les prétentions de la maifon de Lorraine, & combattre 1'héritier 1 Z°mr ,JqU,e Rome avoir Profcric comme Elifabeth. II laifla au Comte de Mansfeldt le gouvernement du Pays conquis, & le commandement du refte des troupes. .11 n'étoic Pas cnc°re parti, lorsqu'il vit arriver des Députés de PEmpire, envoyés pour fe plaindre des ravages que les deux partis avoient commis en Allemagne, des conquêtes qu'ils y avoient faites, des vio- ences qu ils y avoient exercées , & pour leur enjoindre ou de mettre bas es armes, ou de ne pas les porter chez leurs voifins. fi) Alexandre les recut avec beaucoup de fiercé, & leur fit une réponfe peu fatKtaiiante. „ Ce n'eft pas une chofe nouvelle, die - il, que la difcorde „ s étende piqués dans les pays voifins: le Chef le plus habile ne peut „ prescrire une regie exacte aux effets de la guerre; c'eft un déluge, „ c elt un incerdie; aux progrès duquel on ne peut prescrire de jüftes ,, bornes. Ces fortes de maux étant inévitables, il vaut mieux les fup„ porter en filence, que de les aigrir par des plaintes importunes. Au „ refte, fi les Confédérés veulent nous donner Pexemple de la reftitution, „ nous pourrons nous réfoudre a le fuivre, pourvu que le Roi foit dé„ dommage des^ fraix qu'il a faits pour la guerre de Cologne. D'ailleurs, " ^J0"10"'!1» c'eft autant pour défendre la Religion que pour venger le „ Irone que nous avons pris les armes. Devez-vous murmurer, fi vous „ éprouvez quelques dommages pour une caufe aufli fainte ? Ne voyez„ vous pas que les hérétiques d'AHemagne fixent leurs regards fur les „ Pays-Bas , prêts a fuivre Pexemple des Flamands & a attaquer les „ 1 nnces Catholiques , fi les rebelles triomphent: attendez donc avec „ patience des temps plus heureux; Je répentir & Ia mifcre rameneront „ ces coupables , & fi vous ceflèz de leur envoyer Jes chofes nécelfaires „ a la vie, Pabandon oü ils fe trouveront, h3tera 1'inftant de la paix que „ vous défirez." Les Députés ne firent pas de nouvelles inftances ; ils paüerent chez les Confédérés , ils y porterent des prétentions plus hardies, & parierent d'un ton plus ferme. Ils exigerent qu'on leur rendit l'ifle CO De Meteren Liv. XVI,  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. IX. ug 1'ifle de Gravenwaart, & tout ce qu'on avoit pris fur leurs frontieres; que les paffaees fuflènt libres , que la navigation de 1 Ems & du Rhm fut exempte de péage , que ces fleuves ne fuflènt plus couverts de navires armés. La réponfe des Etats fut plus confolante que celle du Duc de Parme „ Ce n'eft point a nous, difoient-ils, qu'il faut imputertous les' maux dont vous vous plaignez ; c'eft a nos ennemis, autrefois nos maitres qui par les cruautés de Plnquifition , par toutes les violences " du plus'affrcux défpoufme, nous ont forces a prendre les armes. En" praiflés du fang des Américains, enrichis de leur or , couverts des " dépouilles du Roi de Portugal ; ils viennent jufques dans nos marais " «taquer notre pauvreté, comme fi le peu de bien qui nous refte, pou" voit raflafier cette foif des richeflès , qui ne Pa pas été par tant de " tréfors & de domaines ufurpés dans les deux mondes. Pouvez-vous " ne les pas regarder comme les ennemis des Nations & des Puiflances, " lor.squ- vous les voyez renverfer de fon tröne, le malheureux Antoine, " rr.e-iacer du meme fort 1'Augufte Elifabeth , & foulever la France " contre fon légitime Souverain ? Cependant plufieurs d'entre vous. re" cberchent leur amitié , d'autres leur obéiflent par crainte, & tous les voient fans indignation maitres du Duché de Cleves & de plufieurs " autres Contrces. Philippe eft le plus opulent de tous les Monarques; * cependant, lorsqu'il entend les cris importuns de fes foldats, qui de" mandent leur folde , il leur montre 1'Allemagne , ou leur hcence a trouvé tant de fois ce que leur refufoit fon avance. Jamais peuple ne T veilla fur la conduite de fes foldars, avec plus de févérité que nous. Tamais aucun ne refpecba plus religieufement que nous les poflefiions " de fes voifins. Des chatimens féveres atteftent, combien les bngan" dages nous font odieux. Si quelques troupes en ont commis hors des frontieres, nous avons ignoré ces dommages & nous fommes prêts k les réparer. Quant a l'ifle de Gravenwaart, elle a toujours releve du " Duché de Gueldre, & nous ne la retenons mamtcnant , que pour la " défenfe de nos frontieres : nous n'avons pris quelques fortereflès en " Allernare que paree qu'elles avoient embraffé ouvertement le parti de " nos ennemis: cependant nous fommes prêts a les rendre & a donner " Pexemple de la modération & de 1'équité , comme les Efpagnols ont " donné celui de la violence & de 1'injuftice. Si nous levons des fubfi" des en temps de guerre , c'eft une chofe qui fe pratiqué en d autres " Etats, même en temps de paix. Quel eft le Souverain, qm netabht pas des droits de péage fur les rivieres, dont il poflède les bords^ " Nos vaiflèaux armés vous effraieht, mais ce n'eft point vous quils me" nacent &, fi nous confentions a les défarmer, PEfpagne feroit biemöt " maitre 'de nos fleuves , & fes flottes vous donneroient de plus juftes 11 inquiétudes, que les nötres." Cette réponfe, quoique honnête, étoit vague, & Pon vit renouveller fort fouvent dans cette guerre les mêmes plaintes & les mêmes juitificadons. Tome XLIV. P tilft. de Hollande. 1584-1593.  Sect. IX. Hift. de Hollande. .1584-1593. Retour du Duc de Parme. Ann. 1591. Faute de ce Général. Stratagême dun Général Anglois. 1 ! 1 < i I \ ( 1 < i Rédiiction ( de Zutphen. . £ i Siege de Deventer. ^ I I r F 114 HISTOIRE DE HOLLANDE Cependant le Duc de Panne revint de France , avec la ekffre d'wmV dehvré la Capitale de la plus horrible famine, & d 'avoj vü Henri IV fe retirer devant lm. Mais il re trouva point dans fon camp , k concorde & la difciphne qu'il y avoit laiifés. Les veterans s'étoient foulevés faute de paye ; ils s'étoient rendus maitres de Herentals & L quelques autres villes du Brabant. De-la ils fe répandoienc dan? les campagnes le fer & la flamme a la main, pillant , volant, iSean & traitant tout le pays, comme un pays ennemi. 'ö Avant de réduire ces mutins, le Duc de Parme commit une faute effcnticlle, en kifiant une partie de fes troupes en France, fous les ordres du Duc de Mayenne, «Sc en lui en envoyant de nouvelles fous L conduite du Prince d'Afcoli : fon armée fe ZnZ S ^oMe & par une revolte tx par une diverfion. Maurice fe mit aufficöc eu campagne/ Zutphen fut la première conquête qu'il fe promit. Le .hevaher de Veere , Général des Anglois, le feconda trés bien dans sette entreprife. UlUjS II y avoit a Poppofite de Zutphen une fortereiTe, dont il falloit s'emparer avant dentamer le fiege. Veere déguifa en femmes un grand nombre de foldats, & leur donna tout ce qu'il püt imaginer pour tromperk garnifon, & des armes cachées fous leurs habits pour iWser. Ces aufiès payfannes arriverent en courant, comme fi les Confédérés les mfient pourfmvies. On leur donna dans le cbateau 1'afyle que leurfeinte rayeur reclamoit: ; mais a peine y font-elles entrées , que ces femmes amides fe transforment en foldats avides de carnage, mafiacrenr une parae de la garnifon & font le rede prifonnier. Ils étoient déja maitres du diateau, lorsque Maurice arriva avec fon armée. Elle étoit compofée de 3ooo fantaffins & de aooo chevaux. Dès les premières attaques il perdit e Comte de Falkcnftem, qui fut tué en pourfuivant les affiégés, iusiu au pied de eurs murs. Son corps ne demeura pas expofé aux Muite de la populace, fes foldats 1'arracberent des mains des ennemis C'éoit le dernier & le plus fidéle des amis de Truchfes. Cependant la ri'ïere étoit déja couverte de vaiflèaux attachés enfemble, par des cablesSc les ancres ; la tranchée étoit ouverte , les levées étoient faites. Après rois decharge* d'artillerie , on envoya fommer la garnifon de fe rendre • :11e n étoit compolée que de 600 hommes , k plupart effrayés de cette' ittaque imprévue , paree qu'ils étoient perfuadés que eet armement ne nenacoit que Gertrudemberg. Us demanderent du temps pour délibcrermfin ils capitulérent. La condition Ja plus importante du Traité, étojc |ue les Loix, k Religion & la Police feroient maintenues dans Zutphen* ur le meme pied que dans les autres villes des Confédérés. Maitre de cette ville, le Prince Maurice marcha vers Deventer. Cettedie étoit gouvernée par Herman Comte de Berg, proche parentdeMauïce ec digne de 1 être par fon courage. Les malheurs des temps 1'avoient ntrainé dans la faétion Efpagnole ; il eftimoit Maurice, & cette efiime leme augmentoit le défir qu'il avoit de fe mefurer avec lui : mais fa* révoyanjre n égaloit pas fa valeur.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. "115 II n'avoit pas eu la précaution de rafTembler afiez de vivres & de poudre dans la place pour foutenir un long fiege ; du refte, il étoit pret a périr pour le parti qu'il avoit erabrafle. Les Efpagnols a eet égard ne lui rendoient pas juftice, ils difoient hautement que dans ce fiege les deux coufins s'entendoient. L'armée des Confédérés s'arrêta tout a coup , a Pafpeér des excellentes fortificatious de cette place , & douta du fuccès. IVIauiïce lui-même ne fongea plus a former un fiege, mais un blocus, dont il efpéroit-un doublé avantage; celui d'empêcher la garnifon de fidre des courfes dans les campagnes, & celui d'obtenir par la famine , une conquête qui auroit coüté trop de fang a fes foldats. Cependant il chano-ea bientót de deflèin : après une canonnade qui dura huit jours, il mit fon armée en ordre de bataille, pour eflayer fur les affiégés 1'effet de ce fpeétacle : en même temps il fit defcendre des navires le long du fleuve; d'intrépides mariniers les trainerent a force de bras, a travers une grêle de balles & les attacherent au pied des muraillcs. On les recouvrit d'un pont, & les foldats animés d'une nouvelle ardeur demanderene qu'on les menat a 1'aflaut. Le pont n'avoit pas la jufte mefure du fleuve, & pour attaquer une tour déja ruinée par 1'artillerie , il failut qu'un grand nombre de foldats fe jettaflent dans la riviere. La plupart y périrent. Le refte gagna le rivage & monta fur la brêch\ Le"s" affiégés écbauffés par les liqueurs fortes, dont ils s'étoient enivrés, défendirent ce pofte avec beaucoup de courage: Herman étoit a leur tête , il les excitoit encore par fes difcours & par fon exemple; mais atceint d'un coup dangereux, il fut contraint de fe retirer : pendant la nuk on jetta fur le pont d'inutiles feux , qui ne 1'atteignirent point. Le jour reparut, le bandeau de 1'ivrefie étoit tombé, on vit le pont encore entier , l'armée rangée dans ie même ordre de bataille, de nouveaux préparatifs pour une feconde attaque. Ce fpeétacle abattit le courage des affiégés. Le feul Herman refufoit de fe rendre ; mais fa bleflure 1'empêchok d'affifter aux délibérations du peuple. Maurice naturellement généreux étoit bien éloigné de vouloir abandonner aux horreurs du pillage une ville défendue par fon coufin, & déshonorer une garnifon qu'il commandoit. Les troupes d'Herman fordrent enfeignes déployées, avec tous les honneurs de la n-uerre. Les deux coufins fe tinrent longtemps embrafles , accufant^la deftinée , qui les forcoit a porter les armes 1'un contre 1'autre. La Frife opprimée par les Efpagnols , appellok le Prince Maurice a fon fecours; il falloit pour y entrer, traverfer des marais qui fembloient impraticables: des arbriflèaux , dont on les couvrit pour les affermir , ouvrirent un palfage difficile & dangereux. Les chariots qui portoient les bagages, s'y enfoncerent: il failut les en retirer. Les Généraux, dans cette oecafion, donnerent aux foldats Pexemple d'un travail opinkltre. Mais a peine échappés a ce péril , ils fe répandirent dans les campagnes, & y firent un butin qui fut bientót diffipé. On ne put ni s'oppofer a leurs larcins, ni les engager a en conferver le fruit pour des temps de difette. Enfin l'armée campa devant Groningue. On comptoit fur 1'affecbion P a Hifi. de Hollande. Les habitans capi' tulent mal' gré Herman.  Sect. IX. Hift. de Hollande. 1584-'593- Privilege des habitans de Groningue, Mort du jeune Oclave de Mansfeldt. Lesltalicns jont ituijfacrés dans une embuf' cadc. le Duc de Parme fort de Nimegue: indi. rnation des nubitans. 116 HISTOIRE DE HOLLANDE d'un parti puiiTant dans cette ville, mais la facbion Efpagnole étoit laplus forte. Verdugo y étoit déja arrivé avec un corps de troupes aflèz redoucable, mais les portes lui en furent fermées; c'étoit un privilege que les, habitans s'étoient réfervés, en fe foumettant au Roi d'Efpagne, celui de fe défendre eux-mêmes & de ne pas recevoir de garnifon étrangere Maurice craignit lui-même de forcer cette ville, a admettre les Efpagnols dans les murs, & de s'óter ainfi toute efpérance de la recouvrer D'ailleurs on annoncoit 1'arrivée prochainc du Duc de Parme, & Verdugo avoit fait conllruire dans les fauxbourgs, des forts qui menacoient a ia fois les affiégés & les affiégeans. Maurice prit donc le parti de la retraite ; il alla fe dédommagcr par la conquête de quelques fortereflès , de 1'inutile féjour qu'il avoit fait devant Groningue. Ces forts étoient fitués aux environs de cette ville, & commandoient les chcmins; ainfi leur rédudion ramenoit nature!lement Mauricea cette place, s'ü trouvok un moment favorablc pour s'en emparer. Si le Duc de Parme n'étoit pas venu lui-même au fecours de Groningue , ce n'étoit pas qu'il fut indifferent au fort de cette place , 00. qu'il craignit de mtfurer fes forces avec celles du Prince Maurice. Mais les ibldats des deux partis avoient tellement ruiné les chemins, que cette marche n'eüt fait que fatiguer fon armée inunlement. 11 fe rendit aux inffances de la ville de Nimegue, qu'il lui importoit de s'asfurer par fa préfence ; mais pour ne pas laiflèr fes foldats dans un indigne repos , il les envoya affiéger le chateau de Knotfembourg. Le jeune Ocbave, Comte de Mansfeldt, y périt , & emporta dans la tombe les regrets de l'armée, & 1'efiime des Généraux. Gérard de Jonge défendoit le chateau , avec autant de vigilance que d'intrépidité , oppofant la rufe a la rufe &-Paudace a 1'audace. Un fignal que 1'on appercut & qui annorcoit 1'arrivée des Confédérés , redoubla 1'ardeur de la garnifon. Un vaifièau entra a la faveur des ténebres, rans être appercu des Efpagnols ; il apportoit des vivres , des foldats St Pefpoir d'ure prompte délivrance. Le Prince Maurice placa 1'élite de fon armée en embufcade dans un bois. Un corps de cavalerie fut détaché pour attirer 1'ennemi au combat. Auffitót dix compagnies de cavalerie Italienne , parmi lefquelles on voyoit flotter la cornette blanche du Duc de Parme , ie précipitent imprudemment fur les agrefieurs. Ceux-ci jouent la crainte, & lè retirent ; on les pourfuit jufqu'au bois. Alors toute la cavalerie Confédérée fort de ion 'embufcade , enveloppe les Italiens, & en fait un horrible carnage. On épargna ceux qui rendirent les armes. Le plus illuffre des prifonniers faits'en cette oecafion étoit Pierre Frarcois Nicelli , Capitaine des gardes du Duc de Parme. Les Cornettcs & les autres marqués de la vicloire demeurerent entre les mains des Hollandois. Le fiege fut levé. Le Duc de Parme lui-même re préparoit a fortir de Nimegue. On alloit voir un vieux Général, tant de fois vainqueur , fuir devant un jeune Héros, en qui la prudencc avoit dévancé lts années. Les habitans de Nimegue étoient indignés de ,-ette retraite. Les uns cherchoient a le retenir par des prieres, les aa-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. 117 rrès nar des reproches humilians. Le peuple s'emportok jufqu'a 1'inful- 1 er & ce fut en partie pour fe dérober a ces outrages & n etre pas témoin des progrès de 1'ennemi, qu'il pric le prétexte de fa maladie pour fe . rerif\oitPimprudent d'abandonner Nimegue dans ces difpofidons déM vonbks: les habitans voyoient les Confédérés combles de profpences. Abondance regner parmi eux, le commerce refleunr , les difcordes 'éteindrc, le bon ordre renakre & une faclion deven.r une Puiffance; tandis qu'eux-mèmes, ils languiffoient fous le joug du defpotifme, vexes lTL eceveurs, oPPnmés par la garnifon, elc aves enfin plus attn les encore par le fouvemr d'avoir été libres : ds setoient donnés au Duc de Parme, comme au plus fort & au plus heureux ; mars a fortune ayant changé leur afieftion, pouvoit dranger de meme. II eft vrai que S actachement pour les Confédérés n'éclato.t pas encore & 'afbeet; des Efpagnols armés réprimoit leurs murmures, & foreoit leur haine au fficnce t cependant le Prince Maurice, qui compto.t iur 1 aveifion qu'un peuple qui fut libre, a toujours pour la tyrannie, réfolut de temer de bonne heure le fiege de Nimegue.- Pour donner plus de fécurité aux Efpagnols , A difperfa fes foldats dans des quartiers, comme s'il avoit voulu fe repofer,. amü qu eux, des fnioues de la campagne. Mais ce repos ne fat pas long. 11 les ratlemba bientót, & les conduif.t fur 1'Efcaut dans le pays de Waas, tandia que fa cavalerie traverfant les campagnes du Brabant, savancoit vers le même but. La ville de Huift fe rendit d'abord & tout le pays promit de payer une contribution, pour laquelle il donna des otages. Mais bien ót Mondragon. étant accouru & ayant repris plufieurs forts , les. habitans refuierent la contribution a laquelle ils s'étoient obhges.^ l elie , difoient-ils, étoit leur confiance en Phumamté du Prince Maurice ót la haute idéé qu'ils avoient de fa géaérofité, qu'ils penferent quil ne le vengerok pas de leur infidélité, fur des ótrges mnocens. Ce Prince fordfié par de nouvelles troupes que lui amenoit Guillaume de Naffau, réfolut enfin dattaquer Nimegue. 11 en forma le fiege & (omma , les habitans de fe rendre. Ils répondirent qu'il devoit regarder la ville com- , me une coquette, a laquelle il faut faire quelque temps une cour aftle, avaJd'en faire la conquête. En effet ils travaftlerent a reparer leurs fonifications, mais on ne voyoit en eux que 1 amour du devoir & noll enthoufiafme du Patriotifme: il étoit aifé de s'appercevoir quils ne reuftoient que pour pouvoit céder fans home. lis fe défendoient moliement.contre un Prince qu'ils eftimoient; 1'mdifférence des Efpagnols qui les abandonnoient, excitoit leur indignaüton, Cependant 1'arcillerie des affiégeans failoit beaucoup de ravage, & le peuple étoit las de combattre pour fes tyrans. Envain les plus riches lui promettoient deux armees que 1 Efpagne devoit. envover au fecours de la place; il ne fut point féduit par cette chimère,& courut en foule au palais. On n'entendit d'abord que des cris confus, mais. enfin uri citoyen imoofe fdence a cette multkude & s eleve avec force .contre la faftion Efpagnole. „ Je n'ai pas befoin dk-il, £ vouisipeim *„ dre nos champs ravagés, nos maifons ruwées, la milere & la faun dam, P 3 UJi. de lollande. 584-f593- Réponfe les habitans de Vimegue & 'a fomma'ion du Prince fO range, Sélitinw dans la ville,  Sect. IX. Hift. de Hollande. 15 4-1593' Le Prince i Maurice entre dans Nimegue. 1 1 r ii i n8 HISTOIRE DE HOLLANDE „ nos Foyers, pour nous convaincre de ces triftes vérités; il fuffit de pro„ mener nos regards auteur de nous: ne croyons pas que le fiege n'aic » CJ™nje"ce 1uau *oment oü Maurice a paru. Nous fommes vfaimen „ fficgés depuis que nous avons recu 1'Efpagnol dans nos murs; puifque „ tous nos convois font interceptés, tous les paflages fermés, & Sue " L f i ? ^ alliance' que nous avions 'urée ailx autres Provin" t%r CaIa,mués ?e toute efPece & 'ont fuccedées fans interruption. „ L Efpagne na pas fait le moindre effort pour repoufièr 1'ennemi, qui „ tnomphoit dans nos campagnes, & infultoic a fes enfeignes;& main enant „ quelle le voit fous nos murs, déja prefque abattus par fon ar ileïe „ elle prend part aux affaires de France, fans s'inquiéter des nötres. Oue „ nous ferviroient aujourd'hui les ftcours qu'elle pourroit nous accorder? " S n°US, " 3 Wï' l0rR]ü,ils P°uvoienc ê™ utiles; mais maïnTe " ZIT6 lenremi Seft f0nifié dans fon camP> ^ fo^e huma"ne " ZZJTf* ^ retrancheme°s > ces terraffes d'oü ils nous fou„ droient? Penfe-t-on que ceux qui ont lachement abandonné Zutphen „ Deventer, montrent plus de zele pour le falut de Nimegue? Si nous " rIS CU ptUS ,de prudeJB.Ce' la Prife de Hulft euc été ^'époque de notre „ reduéhon. Je le vous dis encore, notre mifere ne ccflèra qu'avec notre „ lervitude. Jamais 1 abondance & la liberté ne regneront dans nos mu„ raiiles, tant que 1 Efpagnol y regncra. Secouons enfin ce joug odieux„ Maurice nous appelle a fon parti. Autant il efl: terrible dans le com- " ÏLïT- /a^X 3près la viAoke' Lcs Confédérés ne chcrcher.t „ point a avoir des Efclaves, mais des Egaux: ils ne font point la guerre » P°"r noU!\ afervi^ mais pour s'affranchir eux-mêmes. Voyez quelle „ difference de leur fort au nötre: chez eux tous les paflages des rivie,i res font ouverts la navigation eft libre , le commerce circule , les „ campagnes rempliflènt 1'efpoir du cultivateur, les richeffes de Pétran. >« ger y abondent, comme celles du fol: ils n'ont a redouter ni Pavari" f- du Gouverneur, ne 1'infolence du foldat Efpagnol. Si les Confé„ derés levent des impóts, c'eft pour maintenir leur liberté, tandis que , chez nous on n en leve que pour prolonger notre fervitude. Ayons donc , Ie courage d être libres & de vivre avec des hommes Kbres. Repre, nons notre place dans une République , oü nous n'obéirons qulrux , loix, ou nous aurons part au gouvernement; & rejettons 1'empire des ^ tyrans qui ne daignent pas même nous aider a conferver nos chaines" .e difcours entraina tous les efprits : la garnifon trop peu nombreufe pour refifter au peuple, s'eftima heureufe qu'on lui fit grace de la vie. -.e Frince Maurice fut donc re?u dans Nimegue ; il y mit une forte garnion, choifit de nouveaux Magiftrats & interdit Pexercice de la RehVion romaine. ° Ce Prince retourna enfuite en Hollande. Tous les cceurs volerent fur fon aliage. Les villes & les campagnes retentiflbient d'acclamations. Tamais m Fere dans les jours même de fa profpérité n'avoit rrcu un pareil accueil. mtrefois ü falloit ordonner des rejouiffances publiques , pour quelue léger fuccès; le peuple fe livra a celles-ci de fon propre mouvement  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. nj & fans y être convié pal le Prince, mais feulement par 1'amour qu'il lui portoir. On comparoit fon gouvernement a celui de fon Pere, qui avoit été prefque toujours malheureux, & a celui du Comte de Leiceitre, qui n'avoit travaillé qua fa propre fortune,& qui ne vouloit les délivrer d'un tóug que pour leur en impofer un autre. On voyoit un jeune Prince, maitre de les pafiions, méprifant les plaifirs de fon age, hvré a 1'étude de la guerre & du gouvernement, profond dans Part de fortifier les villes, profond dans celui de les prendre, toujours courageux, jamais téméraire, bien fecondé par la fortune, & méritant fon bonheur, modefte dans la viftoire, défintéreflë dans le partage des dépouilles, & facrifiant tout a la patrie. On fe louoit de la continence des foldats, qui n'opprimoient plus Ie pays qu'ils devoient défendre; tandis que les provinces conquifes par les Efpagnols, avoient pour ennemis leur défenfeurs même. Cependant le Duc de Parme partie pour la France, après avoir donné une inutile audience aux Ambaffadeurs de 1'Empereur, qui venoient pour retablir la paix entre les deux partis, mais qui n'infpirerent de confiance ni a 1'un ni a 1'autrc. Les Confédérés, que leur haine contre les Efpagnols, la conformité de la Religion de Henri IV avec la leur, & 1'eftime qu'ils avoient eencue pour ce Prince, intéreJFoit a fon fort, hu envoyerent un corps de troupes confidérable , fous la conduite de Philippe de Naflau. Ainfi les Provinces-unies fe trouvoient en état, non-feulement de fe défendre elles-mêmes, mais de fecourir un Roi qui recherchoit leur alliance. Henri IV affiégeoit alors la capitale de la Normandie, & par tecorinoiflance pour Elifabeth, il vouloit délivrer la Seine & i'océan Britannique de la tyrannie Efpagnole. Le Duc de Parme réuifit en effet % lui faire lever le fiege; mais dans la fuite ayant été blefïè dans un combat, il retourna aux eaux de Spa, qui avoient déja été plufieurs fois aufli, udies a fa réputation qu'a fa fanté. Son armée de Flandre ne devoit pas lui offrir un fpectacle, qui put le confoler de fon état. Les foldats, au lieu d'aller chercher 1'ennemi & de foutènir dignement 1'honncur des enfeignes Efpagnoles, avoient ravage tout le pays de°Eiege, de maniere que la faim les en chafia bientót; les uns abandonnérent leurs drapeaux; d'autres périrent par des maladies que produifèut 1'excès de la mifere & celui de la licence :ceux qui reflérent,ne s'oceupérent qu'a dépouilicr les habitans de ce qui avoit échappé a 1'avidité de leurs compagnons. D'un autre cóté , les habitans de Groningue avoient envoyé des députés a 1'Empereur, pour lui porter des plaintes améres. „ Lorfque nous nous fommes donnés a la Maifon d'Au:riche, difoieut-ils, nous n'avons pas cru que tous les maux que nous éprouvons, feroient le ' prix du facrifice de notre liberté. On nous promectoit un Gouverneur, '' qui obciroit aux loix & qui les feroit regner, & nous ne fommes gou- . „ vernés que par des fubalternes , qui dans le droit de commander ne voient que celui d'opprimer. L'importance de notre ville ne mérite„ t-elle pas qu'on nous envoye un chef & une armée pour nous défendre? „ Quelle ville voudra déformais s'attacher a la Maifon d'Autriche, lors,, qu'on verra 1'abandon oü Pon nous laiffc?" Ces dépêches furent interceptées , & envoyées en Efpagne. Le Confeil n'y répondit que par de Hift. de Hollande. Accueil qii il rcfosi en Hollande. Aun. 1592. Alliance des Confédérés avec Henri IK Mauvais état de ('armée Efpagnole. Députa- tion de Sronin*  120 HISTOIRE DE HOLLANDE SltCT. IX. Bijl. de Hollande. I534-I593. Siefte de Steen wik. Force de cette place. i 1 l I < l belles promeffès qui furent fans efFet. On avoit vu auffi éclorre quelque femence de fédition dans les Provinces Confédérées. La Religion en étoit 1'objet. Mais le Prince Maurice feut les étouffer dès leur naifïance , & voulut ouvrir la campagne par le iïege de Steenwik. On fe rappelle que Renneberg avec des forces auffi confidérables que celles de Maurice , avoit envain tenu cette ville inveftie pendant trois mois. Elle étoit cependant alors moins fortifiée , qu'au moment oü on alloit 1'attaquer. Les Efpagnols qui la regardoient comme la clef de la Frife, & qui voyoient qu'elle pouvoit dominer tout le goiphe, n'avoient rien négligé pour la rendre imprenable: ils s'étoient contentés, il eit vrai, de faire de légeres levées du cöté de la mer; mais les marais y étoient impraticables, & lom d'offrir un pafiage a 1'artillerie & aux autres machines de guerre, ils s'entr'ouvroient fouvent fous les pas du voyageur. Du cöté de la terre, on voyoit regner une terraflè, fortifiée par des remparts formés de poutres liées enfemble. Quatre baftions redoutables étoient tcllement fitués, qu'on ne pouvoit en attaquer un, fins s'expofer au feu de tous les autres. Ils étoient furmontés de parapets, & leur bafe étoit dé fendue par des retranchemens, protégés eux-mêmes par plufieurs rangs de palifiades. Le fofié avoit 100 pieds de profondcur, & par le moyen de plufieurs machines lrydrauliques on y faifoit entrer les eaux du pays de Drente. Au-dela de ce fofle, on voyoit s'élever en pente douce, une terraflè commode pour les forties, & qui defcendoit vers la campagne. La garnifon étoit compofée de iooo fantaffins & de 60 cavalier.-. On voyoit parmi eux plufieurs transfuges, qui avoient trempé dans la confpiration de Gertrudemberg, & qui ne pouvant attendre après la réduóbon de la place, qu'une mort ignominieufe & digne de leur perfidie, étoient réfolus de mourir fur la brêche. Le refte étoit compolé de troupes d'élite, & tous étoient commandes par Antoine Coquel , officier trés expérimenté. Mais plus 1'entreprife paroiflbit difficile , plus le Prince Maurice fe montroit ardent a triompher de tant d'obftacles. II penfoit qu'après cette conquête rien ne lui feroit plus impoffible, & qu'elle augmenteroit la confiance de fes foldats & la terreur de fes ennemis. Le camp regorgeoit de toutes fortes de munitions, il étoit bien fortifié. Un cb-min-couvert laifibit un pafiage fur aux troupes: les affiégés firent plufieurs forties; mais quoiqu'elles ne fuflènt pas fans fuccès, ils s'appercurent bientót, qu'une perte qui n'étoit que légére pour leurs ennemis, étoit Énorme pour eux. C'eft pourquoi ils fe bornerent a la défenfe de la place. L'artillerie des affiégeans tonnoit avec furie, & faifoit de grands ravages. Un tertre énorme qu'ils avoient élevé, expofoit une partie de la ville au feu de la moufquetterie. Louis d'Hérenberg périt fur les murailles. Des ^uerriers moins üluftres eurent le même fort. Cependant Ja garnifon & es bourgeois ne fembloient point douter encore de leur défenfe , ils )fércnt même attaquer une tour de bois roulante , chargée d'armes & le foldats , que Maurice avoit fait confiruire a la maniere des anciens. )n mit bienröt les mineurs a 1'ouvrage, ils travaillérent avec tant d'ardeur [u'ils percérent la première terraffe que le canon n'avoit pu renverfer & •énétrérent jufqu'au fofle, qui fut bientót comblé de fafcines. En même temps  'OU 'DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. IX. isï -temps on creufa des mines, dont 1'explofion devoit renverfer les plus •fortes murailles. Les habitans manquoient de poudre, ils attendoient un fecours que Verdugo leur avoit promis, &, pour lui donner Ie temps d'arriver, ils entamérent une négociation. Le Prince Maurice exigeoit que .les transfuges fiuTent livrés a fa vengeance, & que le rede de la garnifon jurat de ne point porter les armes pendant fix mois contre la République. Mais les députés répondirent, qu'ils n'abandonneroient point leurs défenfeurs , & qu'ils étoient réfolus de vivre ou de mourir tous enfemble. Verdugo leur tint parole; goo hommes traverférent les marais avec beaucoup de peine & de péril & entrerent dans la place. Mais c?étoit un foible fecours, contre les foudres qu'on leur forgeoit dans les entrailles de la terre. La mine joue tout a coup avec un fracas épouvantable , elle fouléve & renverfe un baltion tout entier; d'épais tourbillons de flamine haté d'en prendre pofièffion. Ces préparatifs des Efpagnols n'empêcherent pas le Prince Maurice d'en■treprendre un nouveau fiege, celui de Coevorden, ville aufli redoutable que Steen wie par fa fituation & fes fortifications. Frédéric de Herenberg y commandoit. C'étoit un des plus braves guerriers , & furtout un des plus opiniatres qu'on cüt vu fous les enfcignes Efpagnoles. II défendit la ville avec tant de courage , répara les ravages de •1'artillerie avec tant d'acbvité., fit des forties fi vigoureufes, qu'après plufieurs aflauts, après 1'explofion de plufieurs mines, lorfqu'on .lui offrit' une capitulation honorable, il répondit froidement, qu'il falloit attendre encore •quelques mois. dl ne comptoit pas feulement fur fes propres reiïburces, & fur la valeur de la garnifon, il attendoit encore un puilfant fecours des Efpagnols. En effet Verdugo avoit demandé au Duc de Parme qui revenoit de .France une armée pour fecourir Coevorden. Les foldats étoient fatigués, Ferdugo .& fe refufoient a cette expédition qu'on leur propofoit fans leur donner le marche au tems de reprendre haleine. Cependant on parvint a raffembler ioooo fan- d«n taffins, & fept cornettes de cavalerie, qui voulurent bien efluyer de nou- Tomé XllV. q Hift. de Hollande. 158-;-1593» Secaurs recu dam la place.  Skct. IX. Hifi. de Hollande. 1584-1593 Trahifon impuaie. Imprife vtüurne. Retraite des Efpagnols. La ville fe rcnd. ia*-. HISTOIRE DE HOLLANDE velles fatigues & s'expofer a de nouveaux périls. On y ajouta 3000 hommes deftinés a augmenter les garnifons, que les Efpagnols avoient au-dela ■da Rhin. Le defièin de Verdugo étoit d'en venir a une bataille décifive. ! Le Prince Maurice ne Pignoroit pas, & quoique fon armée eut été fortifiée encore par un Régiment Anglois, & par celui de Stolberg levé dans le Duché de Gleves, cependant il ne jugeoit pas fon armée afiez nombreufe pour garder a la fois, les lignes de circonvallation qu'il avoit faites contre les Efpagnols & contre les affiégés. II en fit d'autres moins étendues, & envoya Philippe de Naflau a la tête des Anglois & des Allemands pour obferver la marche de Pennend, & pafier enfuite dans l'ifle de Gravenwaart, oü étoit le principal dépot des munitions de guerre. Verdugo s'avanci en effet jufqu'a la vue du camp , qu'il examina avec beaucoup d'attention: il avoit des intelligences jufque dans la ten te de Maurice. Un gentilhomme favori de ce Prince lui rendoit compte de tout ce qui fe paflbit dans fon confeil & lui donnoit le plan des fortifications. Telle étoit la foibkfle du Prince pour ce perfide, qu'il ne put fe réfoudre a le punir, lorfqu'il eut découvert fa trahifon» Verdugo préparé h 1'attaque & par les lettres de ce traitre, & par fes propres obfervations, réfolut enlin de forcer les rc-tranchemens. II alluma de grands feux pour avertir les affiégés de fon defièin , & les inviter a combiner une fortie avec fon attaque; mais la defiruclion du pont de la citadelle, qu'ils n'avoient pü retablir, s'oDjpofoit a cette difpofition qui devoit mettre les affiégeans entre deux feux; c'étoit a la faveur des téncbres qu'il devoit porter la mort dans le camp des Confédérés. II avoit ordonné a fes foldats de fe revctir d'iine chemife par defius leurs habits pour fe reconnoitre dans 1'obfcurité. Cependant les foldats de Maurice dormoient dans une fécurké -profondc: tout-a coup ils font réveillés par ce cri terrible : le camp efl furpris! En même temps ils voient les Efpagnols déja maitres d'une partie; des retranchemens. Dans ce trouble, ils prennent leurs armes a la hate, s'arrêtent par pelottons inégaux, fans ordre, mais non pas fans fermeté:la plupart des cavaliers combactcnt a pied; tous montrent plus de courage que d'étonnement, & font tête a 1'ennemi en fe développant pour fe réunir. Êes chefs commandent , les foldats obéiflènt avec un fang froid qu'on n'eücpas attendu dans une pareille oecafion. Gudlaume de Naffau charge les ■ ennemis en fianc & taille, en pieces les plus avancés. Le relre-de l'armée attaque a fon tour les aflaillans ik les force a faire une retraite précipitée. Us fe montrérent encore en bataille pendant plufieurs jours, invitant les Confédérés a fortir de leurs lignes; faute que le Prince Maurice fe g'r.ia bien de commettre. Enfin Verdugo difparut après une tentative inutile, dont il s'étoit promis tant de fuccès. 11 failut que les vieux offk ciers de la garnjfon preflaffent Frédéric de fe rendre, confeil qu'il n'eut jamais pris dé lui-même: il capitula enfin, & Maurice toujours noble dans fes procédés, lui accorda les conditions honorables que méritoit une fi belle défenfe. Les armées reflérent encore longtems peu éloignées Pune de Pautre, en s'ohfervant avec un égal foin d'éviter le combat. Mais enfin les pluies de 1'automne qui inondérent les campagnes , les forcé-tem a fe féparer & a rentrer dans leurs quartiers Le Duc de Parme qui trouvok la fortune acharnée a le perfécutcr en.  Oü DES-PROVINCES UNIES, Liv. XXXfïI, Sect. IX. 123 Flandre, crut■ qu'elle lui feroit plus favorable ert France, & qu'il Ériom> pheroit plus aifément d'un Roi que d'une République. 11 s'acheminoit vers ce Royaume, lorfque la mort 1'arrcta fur les frontieres de 1'Artois. Peu de tems avant ia mort, on avoit vu arriver d'Efpagne le Comte de Fuentes fon ennemi déclaré. On ne manqua pas de 1'accufer de la mort de ce Général. On jetta même des iöupcons fur Philippe, qui depuis longtems lui reprochoit fes extrémes largéflès, reproche en effet trés fondé (puisque la dépenfe de l'armée Efpagnole étoit au moins quadriiple de celle des Confédérés), mais qui ne pouvoit juftifier un foup.con de cette nature. La mort d'un homme attaqué depuis fi longtemps par des maladies cruelles, (Tailleurs épuifé de fatigues, n'avoit probablement rien que de naturel: mais le peuple ne donne rien a la nature, quand il s'agit des hommes extraordinaires qui ont excité fon admiration. 11 lui femble qu'ayant vécu d'une autre maniere que le commun des hommes , ils ne ekdvcnt pas mourir comme eux. Alexandre Farnefe, Duc de Parme, n'avoit pas donné dans fa jeuneflè les hautes efpérances qu'il remplit depuis: fous le gouvernement de Marguerite fa mere , Pamour de la gloire ne fembloit pas 1'enflammer & toute fa conduite ne promettoit qu'un homme obfeur , efclave de fes plaifirs. Mais nul ne trompa mieux les jugemens que Pon porte fur 1'enfance, & foit que dans cette inaclion apparente, il eut en fecret étudié Part de la guerre, foit que fon génie fe fut développé tout a coup comme celui du Duc d'Albe, il parut digne du commandement dès qu'on Peut remis entre fes mains. II facrifia fon repos, fafanté,-a fa gloire & aux intéréts de Philippe : fidele a ce Prince qui le haiffoit, il ne paroit pas qu'il ait voulu s'agrandir au prejudice de fon maitre. Du moins s'il eut quelques vues d'indépendance, il [cue fi bien les diffimuler , qu'on ne pourroit Pen accufer lans injuftice. Généréux , mais avec profufion, il payoit trop fouvent avec de Por des fervices dont 1'honneur feul doit être la récompenfe: ce furent ces largefies qui le rendirent fufpect a la Cour de Madrid; il entendoit peu 1'économie politique & ne fcavoit faire de grandes chofes qu'avec de grands moyens; autant il fcavoit bien commander une armée dans un fiege ou dans un combat, autant il ignoroit Part de la contênir, lorfque 1'éloignement de Pennend, ou les rigueurs de l'hiver la tenoienc dans 1'inaétion. Ses foldats n'étoient que des brigands engraifies -de carnage & de rapines; leurs fréquentes révoltes lui firent trop connoitre les ïuftés funeftes de cette licence qu'il toléroit. II avoit été modefte dans la profpérité, mais il parut un peu foible dans le malheur. II écoutoit volonders les confeils, avant de prendre un parti: mais lorfque fa réfolution étoit fixée , il y étoit inébranlable (1). Un de fes plus siudmès confidens avoit été Gaspar Robles , Seigneur de Billy , & les difgraces qui fe fuccéderent après la mort de ce favori, prouvent afiez que les premiers avantages étoient en partie dus a fa fageflè. La taille d'Alexandre etoit médiocre; fon extérieur n'avoit rien de remarquable que la vivacité de fes yeux & la majefié de fon front. Les Hiftoriens Hollandois lui fi) Reidanus Liv. IX. Grot. Hift. Liv. IIL Q * Hifi. de Hö-llAnde. i5«4-i593- Mort d 11 donna le gouvernement de Flandres, auIJuc dArfchot, celui de Hainault, au Prince de Chimai fon fils; le Comte du Berg ou d'Heremberg, eut celui de Ia Gueldre ,& Varrabón celui de 1 Artois. Barlaimont commanda dans Ie Comté de Namur; enfin il fic plufieurs autres promotions, & entre autres Charles de Mansfeldt, fut eleve au mng d'Amirab Le Confeil de Guerre étoit tout compofé d'Efpagnols, 1 adminiftration des Finances lui étoit confiée. Philippe exi^oit quon y mit plus d'économie: il confidéroit que Charles V. avec moins de dépenfes avoit entretenu de plus grandes Armées: on lui perfuadoit que tout lor qui avoit été diffipé dans les Pays-bas, auroit fiuffi pour conquérir les Provinces-unies & la France. Le Comte de Fuentes propofa dans le Confeil une opinion conforme a-fon caraclere farouche & cruel : (1) il vouloit qu'on défendit fous des peines ngoureufes aux Provinces Efpagnoles de fe racheter du pil. Jage par des contributions, lorfque 1'ennemi feroit des courfes fur leurs terres. „ Ce n'eft point (difoit-if) par leur courage, ni par leur ri„ chelfe, ni par -aucune reflburce qui leur foit propre , que les rebel. „ les ont foutenu une fi longue guerre: ils ne font redevables du „ lucces de leur refiftance, qu'a la lacheté des fujets du Roi, qui leur (t) Grotius Hift. Lib. III. 124 HISTOIRE DE HOLLANDE ont donné les éloges qu'on doit aux grands Capitaines; juftice que fél ecnvams Efpagnols n'ont pas rendu au Prince Maurice. Au refte fi les affaires de Philippe dans les Pays-bas fe détériorerent, pendant les dermeres années de la vie d'Alexandre Farnefe , leur déeadence fut bien plus rapide après fa mort. On ne manquoit point de Généraux capable-v de cntiquer fa conduite & d'indiquer fes fautes; mais on n'en trouva nas un qui fut digne de le remplacer.  OU'"DES PROVINCES UNIES, Liv: XXXIII. Sect. X. T25 ,,-ont'payé des contributions, lorfque ceux-ci étoient les plus forts, „ & qu'ils ne les ont pas traités avec aflez de rigueur, lorfqu'ds étoient les plus foiblcs. Je vois de valles campagnes , leur payer un tribut „■ annuel, comme a leurs Souverains : ii ce tribut n'eft pas une preuve „ de leur obéiffance pour les- Confédérés, c'en eft du moins une de leur „ foiblefle & de leur peu de courage. Leur eft-il plus difficile de fe ,, défendre, qu'a 1'ennemi de les attaquer ? Ces habitans que le fpectacle „ de tant de combats auroit dü aguerrir, ne peuvent-ils pas prévenir ces „ ravages en les porrant eux-mêmes chez 1'ennemi? II n'y a qu'un „ moyen de les repouffer, c'eft de laiflèr entre lui & les fujets du Roi, des folitudes incultes , oü- fa cupidité ne puiffe rien rencontrer qui la „ fatisfaffe. La valeur de nos -troupes s'eft éteinte, la difcipline militaire ,r eft oubliée, les foldats rendent les armes, paree que Pennend leup „ promet une prifon douce. Les villes- ouvrent leurs • portes pour é„-chapper au pillage , 1'amour de la vie énerve nos troupes , nous ne „ pouvons leur rendre leur ancienne valeur qu'en les mettant dans lx „ nécefïïté de vaincre ou de périr , & en leur ötant tout efpoir d'être ,, bien traités par les vainqueurs. II faut rendre nos ennemis féve„■ res par notre exemple, afin que le foldat n'attendant plus des. „ fers , mais la-mort» aime mieux-la recevoir fur le champ de „ bataille." Ce difcours- avoit entrainé quelques efprits aufli farouches que celui du Comte de Fuentes , mais il déplut a ceux qui defiroient que les loix de 1'honneur fuflènt refpeétées dans la guerre & que 1'humanité n'y fut pas écrafée fans nécefïïté. Ils alléguoient Pexemple du Duc d'Albe, qui avoit reconnu que la -eruauté rendoic les Efpagnols plus odieux, fans les rendre plus puiflans-, & qui-avoit été forcé- d'aeioueir la rigueur de fon gouvernement. „ Les mêmes chofes, difoient-ils,- ne conviennent „ pas'a tous les temps & a tous les lieux. Nous ne devons plus trai„ ter comme de vils rebelles, un peuple puiflant, foutenu par de puiflans „ Alliés, & qui a pris la confiftauce d'un Etat. Le but de Philippe el! „ de foumettre fes fujets & non de les égorger: a quoi lui fervira fa „ conquête , s'il ne regne que fur un déferr. Le parti de Ia modération „. eft le plus- glorieux , comme il eft le plus fage ; les Généraux qui ont refpeclé les travaux du. laboureur , & la vie du bourgeois, ont été etlimés.de toute la terre', & leur douceur a facilité leur conquête: „ penfez-vous d'ailleurs que les ennemis ne nous rendront pas avec ufure, tous les maux que nous leur ferons , & qu'ils ne régleront „ pas leur conduite fur la notre ? Vaincre ou mourir eft une maxime „ bien héroïque fans doute , mais on ne peut pas la fuivre dans tou„ tes les occafions, & il en eft d'imprévues oü Phomme le plus cou„ rageux eft forcé de rendre les armes. Que deviendront alors de bra=> 3,.ves Officiers, qui fe trouverent dans cette dure nécefïïté? Ne vaut,,.il pas mieux conferver leur fang pour Philippe, que de répandre avec „ tant d'inhumanité celui de nos ennemis prifonniers? S'il y a de la „ ldcheté a rendre les armes, n'y en a t-il point a égorger- celui qu „ les a rendues?" Q 3 Hifi. de [follande. 1593-1648. i  Skct. X. Hift. de Ifollande. 1593-1648, Ürdonnan ce du Comte de Fuentes. Efet de cette mauvaife politique. Cette Ordonnanceeft révo«uée. Siege de Gertrudemberg. *« Hécritaux ( Etats. 1 ] 2a8 HISTOIRE DE H OL L A N DE foutcnir la Ligue expirante. Enfin ils fe mirent en marche avec igacw fantaffins & 3000 chevaux. Le vieux Mansfeldt fut étonné a la vue des prodigieufes fortifications du camp: il fe poila d'abord vis-a-vis le quartier de Maurice. Mais il y refta dix jours fans ofer rien entrcprendre , & voyant tous fes convois interceptés par la cavalerie de 111 -i c,hangea de Sicuriti vi Scois. k gs de fai 134 HISTOIRE DE HOLLANDE » que nous n'ayons pas éprouvés de la pan de nos foldats ? F O M „ quelque chofe de facré pour eux? Eit- il auelaJ I? „ -olenc? quelque Trai/^V^nfr^ „ les ruines qu'ils nous ont caufées & ^ compare , jccufer lcsqConféd«,, ou ks Franc* , £ vom vërrez ST? » donUopuleru*^exdtöi£ j,env. ^ n ^ auShufp™ „ indigence un fentiment contraire? Ils vous réporSronc P 1 „Francois leur ont caufé quelque dommage, mais qu^leu ruine uc-êt're^nS ~| ^ * ^ " «"25 ml C'J^,1 «>nt autant de monumens de 1'avidité Efpa- mant fi 1J P d%ét™S™ n^s Pi»ent en nous oppPri- SW camns lT ™* gouverneur, qu'ils reglent tout Pims Ion f C°nfeiIS' comme fi nous n'™01« PM afiez „ lages pour nous gouverner nous-mémes , ou aflèz expérimenté* „ pour dinger les opéradons de la guerre. Que s'ils con ten t\ : ufl'es &' Qu^IÜOU^ ^er ^ » Poreifle I nos 'S"P™tes' 1uils cra.gnent tout de notre defefpoir. La né. SS^i^A^i^i-* dCf -eX^mkéS qU£ ^l'Europe ap, prouvtrou, .6c que Philippe lui-meme ne condamneroït nas s'il » connoüToic notre fituation." Ce difcours fut reSde Flamands nW. ST,16- géndr,eUX de leurs f«ndmens qu-ils n'ofo nt ex! ™! ,^ «* foibleflè, 1'Archiduc n'avoit poimnmotë fcMla pal™' rÓP0Udk VagUemenC ^ tdche™> ^Por'ï7p£ ^S^cSJtS^ ét0k feöuc d'Arfchot Haran- uoit, que le Comte de Fuentes partageoit fon temps entre le fommeil & i bonne chere; le brave Charles d'lléraugiere, celui qui wr unTuï STdfiK*? TiParé .médi'°k Une P-eilletSïatn^ Ta¬ ille de Iluy dans le pays de Liege. Elle efl fituée fur la rive droite de a S£ii3* Icnrtr,averfe fur u« ^eau pont. Une citadelle for élevée ommandoit non-feulement la ville, mais les chemins des environ Une tu«ion fi heureufe excita les defirs des Confédérés. E le pouvoit favo! Si «SSS drCS- 'Fra!if01'S & desrHolIandois. On n'examinaToint fi :udent K r ,Ufa J Ü dk étoit utile' Q^'VU foit >mt font £Crra fC/eP,°ler fa lG dr°k dcs Sens' les p»j8 p! r iléatre de ,a Suerre ' 1'Evêque de Liege étoit fans alar. Plus pViïn^r6^ Vill^& ,6S habit2nS & k g-nimndormoknt da« rand Xuïet r""^ °n P*** fi pCU de Pabons pour fe an" ;rlUf furPn 1 ] I ] 1 Ï40 HISTOIRE DE HOLLANDSE comme avec la conftitution de 1'Etat. „ Voyez, leur diföient - ils, I«s „ Jrlollandois, les Zélandois, les Frifons Occidentaux: ces peuples étoient „ oppnmés par des tyrans, ennemis de leur culte & de leur liberté lis „ ont feu les repoufièr hors- de leurs frontieres. Uniflbns - nous a ces „ hommes généreux, qui ne faifoient qu'une même nation avec nos ancé„ tres, & apprenons a les imker." Edfard crut affermir le joug, en le rendantplus pefant. 11 augmenta les impóts , donna des entraves>au commerce créa de nouveaux Magiftrats, & mit une garnifon dans la. citadelle. Ce' dernier coup d'écat acheva d'irriter le peuple: il prit les armes, fe faifit de 1 artillerie, la tourna contre fon Prince, s'empara de fon palais, fe rendit maitre de tous les poftes, proclama des Capitaines, dépouilla dès Magir ftrats de leurs charges & en norama de nouveaux. La famine contraignit bientót la. garnifon de la citadelle a 1'abandonne-. Aucun des deux partis ne fe croyant aiPez fort pour réfiiler a 1'autre lans un fecours étranger, chacun d'eux envoya des députés-aux Confédérés mais ceux du Prince ne faifoient que de vaines déclamations contre 1'infolence de la multitude, dont ils exagéroient les torts, &.diflimuloient ceux de leur maitre. Les autres alléguoient des raifons plus capables de faire impreffion fur. des efprits républicains. „ Notre fort eft pareil au votre, „ difoient-ils;. on a tyrannifé nos confeiences. Des mains profanes ont „ voulu renverfer nos autels. Edfard s'eft laffé de regner par les loix, il „ a voulu regner par les armes:. il .s'eft efforcé de dótruire le commerce-, „ qui fait notre fplendeur, comme il fait la vótre. Enfin toute fa conduite „ prouve qu'il afpire au pouvoir abfoiu , contre lequel vous vous êtes „ armés avec tant de fuccès. Si notre fortune eft pareille, nos intéréts >, font communs, car fi Edfard triomphe, vous vous refièntirez de nos „ disgraces. 11 recherche 1'amitié du Pape 6c celle de Philippe. Vous „ fcavez que ce Prince defire depuis longtemps, d'avoir dans ces contrées „ un port & un fleuve, d'oü fes flortes puifient ruiner votre commerce. „ LEras eft de toutes lesrivieres, la plus favorable a ce defièin, & celui , d Edfard eft d'y admettre le pavillon Efpagnol & de livrcr le port d'Emb, den a Philippe. Nous avous une connoifiance certaine de leur incelli» , gence, & vous voyez qu'il eft de votre. propre intérêt, autant.que du ,, notre, de fecourir un peuple qui n'en devroit faire, qu'un avec vous." Les Confédérés exhortérent les deux partis a la paix. Cependant ils et> /oyerent des troupes a Embden, &. a 1'afpecl de leurs armes, Edilird conentit a les prendre pour arbitres. La paix fut conclue aux conditions fuir 'antes.. Le premier article du traité concernoit la Religion, & cela étoit d'autant. dus jufte, que la Religion avoit été Ia première caufe de la guerre. On ! ftatuoic que chaque fecte jouiroit du libre exercice de fon culte, que es mêmes cérémonies, qui avoient été ci-devant exercées dans la ville, rontinueroient de 1'être , &. que le Prince dont le parti éroit le. moins ïombreux, choifiroit hors de.la ville un lieu propre pour y.obferver la liturgie prefcrite par la Confeflion d'Augsbourg. Qu'on ne pourroit, fous jrétexte de Religion, tenir des affemblées oü Pon s'occuperoit d'intérêts mremenc civils ou pplitiques, & que le Séuat nommeroit un Commiffaire^  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIÏÏ. Sect. |X. 141 qui aflifieroit a toutes les afTembiées & auroit foin que Pon n'y traitat qiie des matieres rélatives a 1'objet pour lequel elles étoient convoquées. Que ees mêmes aflèmblées auroient le droit de ehoifir les' Miniftres de la Religion , mais qu'il dépendroit de la volonté du Prince d'approuver leur choix, ou de s'y oppofer. Les Biens qui avoient auparavant appartenu aux Eccléfiaftiques furent partagés entre le Prince & le Peuple. Pour diminuer la puiflance du coips des Confuls & des Aflèflèurs, on ftatua que ces Magiftrats ne jouiroient plus que deux années de fuite de leurs Charges, & que chaque année, la moitié la plus aneienne en reception de ces deux compagnies, fortiroit pour faire plaee a de nouveaux candidats; que chacun des membres de ces deux compagnies feroit choifi par le Sénat & que fon élection feroit confirmée par le Prince. On attribua a ces Magiftrats le droit de régler toutes les affaires de la Ville & de la Marine, & celui de donner le droit de Bourgeoifie aux étrangers, & de les incorporer dans les compagnies, qui compofoient le peuple d'Embden ; ils devoient avoir la clef des portes de la- ville, & juger tous les procés tant civils que criminels. Gn excepta cependant les cas oü les criminels auroient mérité la mort, dont connoiffance étoit réfervée, ft- 1'accufé étoit étranger,a des juges nommés par le Prince, ik s'il étoit citoyen, a une commifiïon formée de Sénateurs & d'Aflèflèurs; Lorfqu'un des Sénateurs dont le nombre fut fixé a quarante, étoit mort, les Ailèflèurs & les Confuls devoient lui éüre un fuecefièur. Enfin on confirma les anciennes loix, & pour préveniï tout fujet de dücorde , on ftatua que Faldere, nouvelle ville ajoutée s 1'ancienne & dont les habitans étoient dévoués au Comte, feroit foumift au même gouvernement qu'Embden. Le Prince pour prouver a fes fujets qu'il avoit dépofé tout fentiment de vengeance-, confentit que les clefs de la Citadelle fuflènt remifes dans les mains des Sénateurs, & il fit démolii les cba.eaux qu'il avoit fait confiruire le long du fleuve, a la faveur de* queis il s'étoit rendu maitre du Commerce d'Embden. La ville, poui reconnoitre ce, facrifice , fit préfent a- Edfard d'une- forte fomme d'argent. Cependant la fortune. commencoit a changer de parti , ou plutót le; Confédérés 1'accufoient injuftement de leur propre faute. Leurs- difgrace: pendant cette année furent les fruits de leur difcorde. Les Zélandois.la Hollandois, les Frifons fe plaignoient de Pinégale répartition des impóts & ne payoient rien, pour ne pas payer trop. Ainfi le trélbr public demeun vuide, on ne put faire aucune expédidon importante; il failut même rappel Ier le Comte de Naflau du Ducbé de Luxembourg, oü- il n'avoit fait qu prendre quelques petits forts. Le Comte de Fuentes, au contraire, fem bloit avoir oublié la férociré de fon caraétere & commencoit a s'occupe de la fubfiftance & du bonheur de fes foldats; Les défekeurs revinren a lui, & fi, dans les premiers momens après leur retour^ils ne lui furen pas encore utiles, ils furent du moins nuifibles aux ennemis. II avoi donné 6000 fantalfins & 1500 cavaliers a Verdugo pour chaflèr le Duc di Bouillon du Luxembourg. Le Général Efpagnol eut d'abord quelque fuccès. II afllégea la Ferté, & il étoit fur le point de fe rendre maitre di ceue place, lorfqu'une troupe de Frangois Pattaqua dans fon campöy li S 3 Hiff. de. Hollande. 1593-1648. 1 Caufe de • rinaólion i des Confédérés. > l r t t t  Sect. X. Hift. de Hollande. 1593-1648 Mort de Verdugo. P erft die du ■Comte de Fuentes. ■ ■ \ i i 1 1 Nonvel'e j perfidie. ( l < i l t c ï f Cambrai. 0 | P I 142 HISTOIRE DE HOLLANDE forca de lever le fiege. Mais fi ceux- ci fauverent cette ville de Ia fureur Efpagnole, ils ne purent la garantir des flammes qui la confutnérent. Verdugo ne iurvécut pas longtemps a fa défaite. II étoit brave , entrenrenant fidele, défintérefié, & modefie, quoiqu'Efpagnol. Le Comte de Fuentes jruUC>palrer petce perce P«r fonaftivité; il fe mit en campagne, s'empara du Chatelet & marcha vers Ham. Gomeron, Gouverneur de cette place avoit■ promis de la livrer aux Efpagnols, pour une fomme énorme, qu'il eut éte difficile de payer. Le Comte de Fuentes,qui avoit toujours recours aux expemens les plus fürs, fans examiner s'ils étoient les plus honnètes, 'propofa une entrevue a Gomeron. Celui-ci s'y rendit avec confiance accompagné de fes deux freres; on les arrêta & les chargea de fers. La mere' de Gomeron & d'Orvilliers fon parein, étoient refiés dans la citadelle de Ham. Le Comte de Fuentes leur fit dire, que s'ils ne lui remettoient cette forterefie, ces trois prifonniers payeroient ce refus de leurs têtes. La mere de Gomeron aimoit mieux livrer la place & renoncer k 1'efpoir de la fomme promife, que de voir couler le fang de fes enfans. D'Orvilliers, qui étoit moins fenfible, appella les Francois a fon fecours; ceux-ci s'élancérent de la citadelle dans la ville, & maflacrerent une partie des Efpagnols qui la gardoient. Le rede fut fait prifonnier & la vie de ces ötages fut pendant quelque temps Ia füreté de celle des trois autres. Mais par la négligence ou par la perfidie de leurs gardes, ils briferent leurs fers, & le ^omte de Fuentes fe trouva encore maitre des jours de Gomeron. Ul'amena ufqu'au pied des murailles; un bourreau tenoit le ter levé fur fa tête. Le malheureux Gouverneur appelloit & fa mere & d'Orvilliers & imploroit eur pitié. Mois d'Orvilliers lui répondit, qu'il n'avoit plus qu'une foible tutorité dans la place & que les Francois s'en étoient rendus maitres. -e bourreau lui porta le coup mortel aux yeux de la ville & de 'armée. Après eet afialfinat qui les couvroit d'opprobre, les Efpagnols marehéent vers Dourlens , oü ils commirent un meurtre non moins infame. ^'Amiral de Villars, étant venu au fecours de la place, fut enveloppé k rendit les armes. Les Efpagnols 1'égorgerent, en traitant de trahifon bn retour vers fon légidme Souverain. D'autres Francois qui avoient ?mbraffé le parti de Henri IV, eurent le même fort. La citadelle & la 'ille de Dourlens furent emportés d'aflaut; le même jour tout y fut >afle au fil de 1'épée. Les uns périrent en combattant vaillamment, les utres en implorant envain la pitié des farouches vainqueurs. Cette malleureufè ville fut le tömbeau de prefque tous fes habitans. Un nouveau nalheur pour les Confédérés fut la mort du Comte Philippe de Naflau, ui fut furpris & tué dans une embufcade. Mais de leur cöté les Efpanols perdirent Mondragon , qui depuis 1'origine de cette guerre les ïrvoit avec tant de fuccès & de fidélité. Le Comte de Fuentes entreprit enfin le fiege de Cambrai, projetté cpuis fi longtemps. Le joug Francois & le joug Efpagnol étoient égaunent odieux a cette ville ; mais elle crut devoir préférer le mairre le lus puiflant , pour ne pas s'expofer a fa vengeance. Elle fe rendit arès une foible réfiilance, Les Francois-en furent-chafies : jufqu'a cette  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 143 époque les Princes Autrichiens n'avoient été que Protecleurs de Cambrai. Ils en devinrent poffefieurs alors, & on prêta a Philippe le ferment de fidélité que recevoit auparavant 1'Archevêque. 11 fe plaignit envain de cette innovation. On ne daigna pas 1'écouter. La Maifon d'Autriche toujours foutenue par la Cour de Rome , eft la feule qui ait pu impunément enfreindre les privileges des Prélats. Au moment ou cette ville fe rendit, Henri IV partoit pour la fecourir; il accufa les Confédérés de Pavoir abandonnée. Ceux-ci s'excuferent, & pour donner plus de poids a leurs raifons envoyérent au Roi de Pargent, des vivres & des troupes. Quoiqu'Elifabeth eut fecouru Henri IV dans des occafions importantes , cependant elle ne vit pas fans inquiétude la liaifon des Confédérés avec ce Prince, devenir plus étroite & prefqu'indifibluble. Elle avoit aimé Henri IV malheureux, elle le haiflbit vainqueur & furtout Catholique. Elle fit un crime aux Provinces ■ Unies de lui avoir donné des (ecours, lorfqu'elles-mêmes avoient befoin de ceux de PAngleterre. Enfin fon reffentiment la porta a demander, avant le terme prefcrit, la fomme qui lui étoit düe. Mais les corfaires Efpagnols ayant fait des courfes & même des defcentes fur fes eotes, elle fentit le befoin qu'elle avoit de la République pour les repouftèr & devint moins exigeante envers eux. Un nouveau Gouverneur s'avancoit vers la Belgique. C'étoit Albert, frere d'Ernefte, Archiduc & Cardinal ; il réforma la plupart des abus de Pancienue adminiftration, dépouilla de leurs charges tous les Magiftrats coupables de négligence ou de concufiion , rétablit la difcipline militaire, & cc qui n'étoit pas moins important, il étoit muni d'une fomme confidérable pour payer les troupes & prévenir leurs fédirions. (1) IL amenoït avec lui Philippe-Guillaume, frere de Maurice , qui depuis tant . d'années portoit des fers en Efpagne, & qui avoit changé de Religion pour cbtenir quelqu'adoucilfement a fa captivité. L'Archiduc fondoit fur 'J eet illuftre ótage, 1'efpoir de traiter avantageufement avec Maurice, & de Pattirer a fon parti. Les Confédérés lui écrivirent pour 1'engager a s'unir & eux , ou du moins a ne pas conjurer avec 1'Efpagne contre 1'édifice de la liberté publique , dont fon pere avoit pofé les fondemens & que fon frere Maurice achevoit avec tant de fuccès ; celui-ci & fa feeur lui envoyérent de Pargent, & 1'exhorterent a être fidéle a fa patrie. Mais fes réponfes furent équivoques , paree qu'il redoutoit les tyrans, dont il portoit les chaïnes. Cependant 1'Archiduc ouvrit la campagne , & la fortune favorifa fes premières armes. II s'empara d'abord de Calais & d'Ardres, malgré les efforts que fit Henri IV pour fecourir ces places; puis traverfant au milieu des troupes Hollandoifes peu vigilantes dans la ' garde des poftes, il pénétra jufqu'a Huift, dont il s'empara k la vue de Maurice, après un fiege long & mémorable. Quelque facheufe que fut cette perte pour les Confédérés, ils ne perdirent rien de leur fermeté, & refuferent de traiter avec les Efpagnols,. par 1'entremife de 1'Empereur. On recut bientót la nouvelle d'un événe- O) Grotius Hift. Liv. V. Hifi. de Hollande. 1593-16481. Ann. 1596» dlbert frt" '■e d'Ernefte ï Autriche rft fait Gou* >erneur des °rovinces'Jnies.'I amene ivec lui le rere de Maurice» Calais fe rend a "Archiduei-  144 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. X. Hift. de Hollande. 15.93-1648. Défaite dt la flotte Efpagnole. Cadix li- vré aux f lammes. ment qui accrut les efpérances des Confédérés & répandic la conflernation dans le camp de 1'Archiduc. Une fiotte Angloife s'étoit mife en mer, fous la conduite du Comte d'Elfex & de 1'AmiraI Howart. Vingt-quatre vaiffèaux des Confédérés s'y étoient joints. Jean de Duvenvoorde de Warmondt commandoit cette efcadre auxiliaire. Toute cette armée dirigea fa marche vers Cadix. La plus grande partie des forces navales de 1'Efpagne fe trouvoit alors dans ces parages. Le fort déplorable de la flotte Invincible, n'avoit point dégoüté les Efpagnols de ces énormes vaiflèaux, qui manceuvrenc mal, marchent lentement, & ne trouvent d'afyle que dans des ports trés profonds. De Vere les attaqua avec des vaiffèaux légers & les forca de fe retirer dans une baie, ou 1'artillerie des Anglois & des Confédérés les foudroya. Le feu ptit en même temps a un navire Hollandois, qui alla fe jetter au milieu des ennemis, & leur communiqua 1'incendie. La plupart des gallions furent brülés ou brifés: il y en eut peu qui trouverent leur falut dans la fin te. Les vainqueurs defcendirent dans l'ifle de Cadix, & fe rendirent maitres de la ville. On vouloit la racheter du pillage, ainfi que les vaiffèaux qui étoient dans le port, moyennant une fomme de.fix eens mille farms. Le Comte d'Effex y confentoit. Mais le Duc de _ Medina-Sidonia qui commandoit fur Ia cöte voifine , refufa de fou■fcrire a ce Traité,, paree que, difoit-il , une pareille fomme entre les mains des Généraux, Jeur, feroit plus utile que toutes les richcflès de la ville abandonnées aux prodigues foldats. Une raifon fi foible fut la caufe de la deflruclion entiere de .Cadix & des vaiffèaux qui étoient dans fon port. Les Anglois & les Confédérés , chargés de dépouilles, partirent enfin , ne laifiant dans cette ifle malheureufe, qu'un monceau ..de cendre, & quelques débris flottans Je long du rivage. (1) Mais les ■'CO pêu de perfonnes de marqué périrent dans cette Expédkion. Parmi les principaux Officiers, il n'y eut que jean Wingfeld, qui fut tué. C'étoit lui qui avoit livre Gertruaemberg au Duc de Parme , & fa perte ne dut pas être fort fenfib'e aux Confédérés. Celle du corfaire Flabot , un des plus braves marins de ce temps , excica plus de regrets. La conduite courageufe des Hollandois leur attira les éloges des Généraux Anglois, & la Reine crut ,devoir donner une marqué publique de fa reconnoillance a 1'Amiral des Provinces - Unies. Eüc chargea fon Ambafladeur a la Haye de remettre a Jean de Duverivoorde la lettre fuivante: Monfieur , „ Le rapport que nous ont fait nos Généraux, de -ce qui s'étoit „ paflé dans 1'Expédkion eutreprife contre les cótes d'Efpagne j& dont le fuccès „ a été fi heureux , nous a eaufé d'autant plus de joye , que nous avons ap„ pris que la viftoire que nous avons remportée fur nos ennemis eft düe a „ votre valeur, a votre bonne conduite , & a celle de nos autres bons amis „ qui ont combattu fous vos ordres. La fageffe que vous avez montré en cei;te „ oecafion , ^ vous a acquis des droits fur 1'eftime de toute la Nation Angloife, ,& „ de toute l'Europe. Tout cela a tellement rempli notre cceur de joye, que nous „ avons cru devoir vous en témoigner notie reconnoiffance & le délir que nous „ avons de reconnolcre le fervïce important que vous nous avez rendu. N'en „ ajauc d'autre oecafion préfentement .que celle de vtms donner une marqué „ publique de notre alTe&ion par une de nos lettres , nous 1'avons f2ifie a/ec „ empreflement. Vous verrez au moins par-la en quelle eltinie vous «ces .zuprès  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 145 ks Efpagnols pour fe venger de cette perte, brulérent une flotte 1 Hollandoife, qui revenoit d'Amérique, chargée de richeflès. Elle étoit 1 compofée de trente-deux vaiflèaux & la mer engloudt plus de dix 1 millions. Ainfi cette expédkion fi avantageufe pour PAngleterre , ne fut que funefte aux Hollandois. Cependant Elifabeth trakoit avec le Roi de France & les Confédérés. Le Duc de Bouillon vcnok enfin d'obtenir de la Reine d'Angleterre, qu'elle fignat le Traité d'alliance offenfive & défenfive projetté depuis fi longtemps entre la France & la Grande -Bretagne. Après avoir confommé ce grand ouvrage , lc Duc pafla en Hollande. II y conclut de concert avec 1'Ambafladeur de France auprès des Etats, & Georges Gilpin chargé de ménager les intéréts d'EIifabeth , un Traité d'Alliance femblable a celui qui avoit été fait entre la Reine d'Angleterre & les Confédérés. Ce Traité 1 portoit en outre , que dès le commencement du printemps, le Roi a de France feroit marcher vers les frontieres de la Picardie & de 1 PArtois , une armée, a laquelle les Confédérés joindroient 8000 fan- / taflins &, 1500 chevaux , afin que 1'ennemi fe trouvat, par cette c diverfion, obligé de divifer fes forces. Les Confédérés fe réfervoient néanmoins le droit de retirer leurs troupes, fi le Roi d'Efpagne portoit vers les Provinces - Unies tout 1'effort de fes armes. On arrêta que chacune des parties contracïautes commanderoit les troupes auxiliaircs dans l'étendue de fes Etats. Le Roi promit de protéger & de défendre les Provinces-Unies ainfi que les habitans, & furtout Pil- „ de nous , en attenoanc que nous puifüons vous !e faire voir par des eifets. Nous ne fcavons par oü commencer pour vous expliquer les fentimens de notre cceur fur vos grandes qualités. La promptitude & le zele avec lequel les Etats ont concouru a „ faire réuflir une entreprife fi importante pour nous, nous ont donné lieu de nous ap> 5, plaudir des fervices que nous leur avons rendus précédemment. Le courage avec „ lequel vous avez fecouru la Grande Bretagne doit être un motif d'émulation, qui engage „ les autres Puiflances de l'Europe a protéger des peuples qui favent auflï bien que „ vous reconnoltre les fervices qu'on leur rend. Nous vous devons des remercimens „ particuliers pour 1'attachement que vous avez moniré pour notre Coufin le Comte „ d'Efl'ex. Le fecours que vous lui avez donné lors de la tempête qui écarta fon vais„ feau de la flotte Angloife pendant la nuk; la fage & obligeante conduite que vous „ avez montrée en ramennnt a Plymouth ce Comte , qui vous eft redevable entié„ rement de fa confervation, vous aflurent des droits éternels fur notre reconnoiflance. ,, Le fouvenir que nous confervons de tant de bons offices, eft fi cher a notre cceur* que nous n'avons pü réfifter plus longtemps a vous le témoigner par cette lettre', „ que nous vous prions de communiquer a tous vos bons amis, qui ont fervi fous vos „ ordres dans cette oecafion ; vous priant de les aflurer de notre part, que comme „ nous avons fait paroitre notre affeftion envers votre Patrie dans les plus grands be„ foins, que nous fommes aujourd'hui plus portée que jamais a témoigner 1'eftime que „ nous avons pour une Nation aufli pleine de courage & de valeur que la vótre, que „ j'ai pour les Provinces-Unies toute la reconnoiflance qu'une Princefle doit avoir & „ que je ferai toujours votre afleiftionnée," ' Le quatorzieme Aoiit 1506. E L I S A B E T H. Voyez de Meteren Liv. XPIII. La vie d'EIifabeth Reine d'Angleterre, Par Greeorio Leti, Tom. IL Part. II. Liv. III. 6 Toms XLIF. T lijf. de lollande. 593-i(>48. 'raité 'Alliance ntre la 'ran'ce ö" !S Provin•% ■ Unies,  1^6 HISTOIRE DE HOLLANDE Sl'.CT. X. Hift. de Hollande. 1593-1648 Le Roi de Danne' marck refufe denti er dans la ligue. .fuccès de Biron dans rjrfois. luflre Maifon de Naflau, qui avoit rendu de fi importans fervices a Ia République. II renonca, en faveur des Confédérés qui fe trouveroient dans fes Etats, aux droits de deshérence & d'aubaine. Ce Traité fut figné Ie dernier Ocbobre, & les Etats célébrerent par des fètes pompeufes eet heureux événement (1). Les Confédérés, qui cherchoient a fe fortifier de tous cótés par de puiifantes Alliances , envoyérent une Ambaflade au Roi de Dannemarck pour 1'engager a entrer dans Ia ligue contre 1'Efpagne ; mais ce Prince redoutoit plus Ie reflèntiment de la Maifon d'Autriche, qu'il n'elpéroit de fecours de Ia France , de 1'Angleterre & des Confédérés ; loin d^'époufer leur quereile, il ne renouvella qu'en faveur de la feule ville d'Amflerdam le Traité par lequel la liberté du paffage du Sund étoit aflurée. Cependant PAmbalfade fut renvoyée comblée d'hónneurs & de préfens. Celle de Philippe ne fut pas auffi bien recue. On Ie foupconnoir d'avoir voulu s'emparer des forts qui gardent ce pafiage fréquénté par toutes les Nations. Si ce projet avoit été réellcment agité dans le Confeil Efpagnol , le jeune Chrifliern IV, en refufant d'entrer dans Ia hgue, montroit beaucoup de foiblefie, & méritoit les reproches de fa JMation, comme ceux des Confédérés ; car le pafiage du Sund fait une partie des richeflès de Ia couronne , & les droits de péage qu'on y léve , fuppléent k des impóts qu'il faudroit mettre fur le peuple Danois. Cependant Biron étoit entré dans PArtofs k la tête dim corps confidérable de cavalerie : il avoit taillé en pieces les troupes de Varambon & ïavoic pris lui-meme. LArtois « la flandre avoient été Ie théatre des fureurs de ce guerrier, qui n'avoit rien d'eflimable que fa bravoure & fon expérience : fes foldats auffi féroces que lui, s'étoient livrés a de" tels excès , que les vieillards ne fe fouvenoient point d'avoir vu de pa« veils ravages, ordonnés même par Philippe. Un fuccès plus glorieux pour Biron , fut la défaite du Prince de Chimai. Enfin les Francois demeurérent maitres de la campagne, & les Efpagnols fe trouverent resferrés pour ainfi dire, entre deux feux. Leur fituation étoit d'autant plus embarraflante , que Philippe n'ayant pas rempli les riches promeflès qu'il avoit faites a 1'Archiduc, & le payement de la foldc étant fufpendu, les troupes Allemandes fe révoltérent, & s'emparérent de Hérentals. Les Efpagnols s'avancérent pour les réduire & leschatier, mais ils furent repouffés avec pene. Le Roi d'Efpagne n'avoit point encore renoncé au chimérique projet de réduire 1'Angleterre , d'y établir la Religion Catholique & de placer fa fille fur le Tröne. II équipa une nouvelle flotte, qui fut auffi malheureufe que la première. Elle fe perdit dans des bancs de (O Les Hollandois firent frapper en mémoire de ce Traité trois Medailles, dont 011 peut voir la defcription dans l'hi(loire métallique des Provinces - Unies. Foyez Ex. plication hiftorique des priaeipales Medailles , frappées pour fervir a f'hift.' des Pays-Bai. page 58.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sacr. X. 147 fable , & plus de 5000 Efpagnols y périrent. Le Prince Maurice ouvrit Ia campagne fuivante par une viétoire : il défit 4000 fantafiins, pres de Turnhout. Cette difgrace confterna 1'Archiduc Albert. : Sa pofition ne pouvoit etre plus facheufe , il la foutenoit avec courace ; mais il ne trouvoit pas de moyens d'y remédier : il étoit \ entouré de foldats , toujours prèts a fe mutiner , dont une moidé 5 étoit occupée a contenir 1'autre , & avoit elle-même befoin d'être ' conténue. II avoit engagé fes meubles les plus précieux, & même les plus nécelTaires, pour nourrir fon armée. Mais la foible reconnoiiTance du foldat ne lui tenoit gueres compte de ce fervice , & la difette lui faifoit oublier fon devoir. Un événement heureux ranima les < efpérances de ce Prince & celles de fon armée; ce fut la prifed'Amiens, j dont Porto - Carréro s'empara , par un ftratagême afTez connu , pour \ qu'il foit inutile de le rapporter iel. L'Archiduc , qui depuis longtemps n'avoit point fait porter a Madrid des nouvelles agréables, y fit annoncer celle-ci avec beaucoup de pompe , & confeilla au Roi d'employer une partie de fes forces a la confervation de cette importante place. Lc refte de la campagne ne fut remarquable, que par quelques efcarmouches , quelques tentadves, oü les différens partis eurent diffcrens fuccès. Quelques difcordes fermentoient en Hollande, en Zélande & furtout h Groningue. Mais ces querelles nahTantes furent appaifées par la fageflè de Maurice & par Pautorité des Etats affemblés. On vit arriver des Ambaffadeurs des différentes Cours , qui venoient exhorter les Confédérés a mettre bas les armes, & a tcrminer tant de ravages par •une paix folide & durable. Celui de Pologne ne leur paria point avec ces égards qu'on doit a une Puilfance déja reconnue par d'autres; il les traita de rebelles, & ne leur offrit la médiation de fon maitre, que pour toucher la clémence de Philippe & obtenir leur pardon. La réponfe des Etats fut tout a la fois ferme & modefte. Ils firent A fentir a 1'Ambaffadeur, que ces termes de clémence & de pardon, d ne doivent point être prononcés en parlant a une Nation viétorieufe, & que, loin de s'abaifïèr h demander une amniflie , ils ne vouloient pas même confentir a la paix. L'Ambafiadeur de Dannemarck ne réuffit pas mieux , quoique fes propofitions fuflènt plus honorables pour les Ewts. Cet éloignement pour la paix fe changea en une C averfion invincible, lorfque 1'on feut qu'a Bruxelles on avoit, fous f les yeux du Cardinal Archiduc , fait enterrer vive une pauvrc fervante, pour £ fon attachement au Calvinifme. Les Etats fe fervirent de cet exemple pour prouver a toute l'Europe que le Confeil Efpagnol n'avoit rien perdu de fon i'anatifme tyrannique. Maurice juitifioit par fes conquêtes la fierté que montroient les Etats; a il s'empara de Rhinbergen , de Meurs, de Groll, de Brevoort, d'Enfchede , d'Ootmarfum , d'Oldenzeel, & de Lingen. Mais la joie que a cauférent ces fuccès, fut troublée par la paix conclue a Vervins entre r' PEfpagne & la France. L'Archiduc quitta le chapeau de Cardinal & % époufa Ifabelle-Claire-Eugcnic , fille de Philippe II, & qui ce Prince T a Vijf. de lol lande. 593-1Ó4S. Lnn. 15 9^. rijle fi. natio;t "Albert. '.es Efpei■nols s'emwentfAmienJ. Udératim fs Etats. ruaute' ?s Inqui'eursfpagnth. an. 150S, ttx entre ïfpagnt la 'ante.  Sect. X. Hift. de Hollande. 1593-1648, Confpiration contrt Maurice. Mort de Philippe. Ann. T%99, Inutil'e Expéditioi tuaritime. 148 HISTOIRE "DE HOLLANDE donna la Souveraineté des Pays-Bas. L'Archiduc recut au nom de ion époufe le ferment des Provinces, qui n'avoient point fecoué le joug. Les autres s'affermiflöient de plus en plus dans la réfolution de ne le reprendre jamais. Chaque jour de nouvelles perfidies augmentoient Phorreur que Pon avoit coneue pour de tels maitres. On découvrit un complot exécrable formé contre les juurs de iVlaurice. Les Jefuites en étoient les auteurs; le miiérable Pierre üanne, natif d" Ypres, étoit Pinfirument; ils 1'avoient armé d'un poüteau empoifonné , garni de trois crochets recourbés; ils 1'avoient fait communier pour le préparer a ce crime , & lui avoient promis le ciel pour récompenfe. Ce malheureux n'ofa pas exécuter fon defièin & ne fut écartelé qu'après avoir eu la tête tranchée ; car ia crédulité infpira quelque compaifion, & toute Phorreur de ce forfait retomba fur le corps redoutable, dans le fein duquel il avoit é é concu. Enfin le Monarque cruel , qui dirigeoit tous ces fanguinaires projets , termina fa carrière. Tyran de fes peuples , efclave des Prêtres , libertin & dévot , cruel par fanatifme , mauvais pere , allié dangereux , ambitieux fans talens, ne fcachant ni ufurper ni conferver , femblable au chien de Ia fable & quittant une proie réelle pour une proie imaginaire , celui qui vouloit conquérir la France & 1'Angleterre , perdit par fa tyrannie les Pays-Bas qui lui appartenojent. II ne fcavoit gouverner les hommes que par la terreur & les fupplices. Aucun Traité n'étoit facré pour lui. II afpiroit a être un Saint & ne daignoit pas être honnête homme. Ses cruautés avoient tellement corrompu fa confcience, qu'on prétend qu'en mourant il mit tous fes péchés fur celle de fon confeflèur. 11 facrifia fans remords au clergé le fang de iès fujets, celui même de fon fils. Enfin. „. il fut, diient les Efpagnols eux-mêmes, „ débauché dans fa jeunelfe , fanguinaire dans Page mur , avare dans fa „ vieillelfe." Tandis qu'on proclamoit Philippe III en Efpagne , 1'Amirante d'Arragon s'emparoit de Rbinbergen & de Deucichem, & Maurice étoit forcé par le pedt nombre de fes troupes a traverfer par des efcarmouches les opérations de fes ennemis , fans en temer aucune qui put ajouter a fa gloire. ou a eelle des Provinces-Unies. Elles fe fentoient plus redoutables fur mer & abufoient de leur Puiflance. Contre Ie Droit des Nauons, elles déclarérent qu'elles faifiroient comme de bonne prife, tout vaifièau chargé pour les ports d'Efpagne. L'Amiral van der Does fut 1 chargé d'aller brüler la fiotte qu'on armoit a la Corogne , de s'emparer des Canaries , & d'arborer le Pavillon des Provinces fur les Cötes du Bréfil. Cette Expédition n'eut aucun fuccès. L'Amiral mourut en chemin ; fes foldats & fes matelots revinrent prefque mourans. Mais ce qui rendit les Confédérés plus odieux , c'eil la defiiuée qu'éprouvérent les équipages de cinq vaiflèaux Dunkerkois , que le fort des combats avoit remis entre leurs mains. Ces ennemis , dont on devoit refpefter le courage, & qui ne devoient porter que des fers hono.rables , expirérent fur d'infames gibets..  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 149 Les Provinces-Unies commencérent ce fiecle par des fuccès plus légitimes'& plus elorieux. Wachtcndonck fuc emporcé par Louis de Naflau; Crevecceur , Batenbourg, Philippines & le fort Saint André par Maurice Enfin ce Prince alla mettre le fiege devant Nieuport. L Arclnduc Albért vint Pattaquer a la tête de l'armée Efpagnole ; Maurice la tailla en pieces & ne dut qu'a lui-même 1'honneur de la viétoire. Ses foldats épouvantés alloient prendre la fuite : il fit retirer les vaiflèaux en pleine mer ■ & rangea en fi bon ordre fes troupes effrayées , que malgré la terreur qui les avoit glacées, il repoufla un ennemi déja fier d'un avantaae qu'il avoit remporté fur un détachement commandé par Ernefte de Naflau. Les Efpagnols perdirent 3000 hommes. L'Archiduc fut blefle & 1'Amirante tomba aux mains des vainqueurs. On prétend que Philippe Guillaume de Naflau , comme un autre Moïfe , paffa en priéres tout le temps du combat, & qu'il avoit des chevaux prêts pour ia fuite; ce qui prouve qu'il n'avoit pas une foi bien robufte & qu il doutoit du fuccès de fes priéres. Quelque louable que foit la piété, il faut convemr qu'elle eft déplacée un jour de bataille. Le Comte Guillaume Louis fut chargé de réduire Groningue & quelques autres villes, a qui le fardeau des impóts paroifibit trop pefant: il y réuflit. _ L'Archiduc ouvrit la campagne fuivante par le fiege d Odende , liege mémorable par fa durée , & plus encore par les efforts de géme, qui immortaliférent les Chefs des deux partis. Ce fiege fut 1'école de tous les o-uerriers ; & il 1'eft même encore. L'Amirante d'Arragon eut la eloire d'être échangé lui feul contre tous les prifonniers faits fur les Provinces-Unies en Ëurope & dans les Indes ; tant Philippe III connoisfoit le prix des grands hommes. Maurice s'empara de Grave après un fiege qui couvrit de gloire la garnifon & fes Commandans. Le Luxembourg fut ravagé par Louis de Naflau ; inutiles défaftres, que les Généraux prétendent juftifier par de vains prétextes, mais qui prefque toujours font le malheur d'un parti , fans contribuer a la profpénté de 1'au. tre. Les galeres Efpagnoles périrent prefque toutes , les unes par le feu des Anglois, ou par celui des vaiffèaux des Provinces - Unies ; les autres par 1'inexpérience de leurs Officiers & pilotes, ou par la fureur des vents. -J_ . TT . Philippe III avoit juré la deftruébon du commerce des Provinces-Unies dans les Indes. Non - feulement il avoit défendu a fes fujets toute efpece de commerce avec cette Nation , mais il avoit ordonné a fes Amiraux de traiter comme ennemis, tous les Princes Indiens, que quelque Traité lieroit d'intérêt avec elle. Ces menaces forcérent les Etats h réunir en une feule Compagnie toutes les fociétés qui négocioient dans l'Orient.(i) Cette réunion 'doubla leurs forces & les mit en état de tenir tête aux forces maritimes de 1'Efpagne & même de remporter des avantages. Elifabeth mourut , femme étonnante , qui eut de grands vices, de grandes vertus & de plus grands talens; eftimée de fes ennemis, même a Rome, CO V. Notre Tom. XXI. p. 521 & fuiv. T 3 Hiff. de Hollande. 1503-1648. Ann. 1600. Succès des Confédérés. Bataille prés de Nieuport. Ann. '1601. Siege d'Oftende. An». 160a. Ann. 1603' MortdElir fabeth.  Sect. X. Hift. de Hollande. 1503-1648. Ann. 1604. Prife (COftende. Arm. 1605. Campagne \ infrucïueu- , r* j 1 1 < j i ] ] * i l Pregrès dans les Indes. ] I 1 15» HISTOIRE DE HOLLANDE ^W^^x*^ d£ AUiéS' qd méprifa beaucouP de p»n^s, & Wachtendonck pris & repris, une viftoire navale remportée fur SpinoPEchT Wl,ehn§en: Bois-le-Duc affiégé envain par Mluriee , clt t TTT ?ar C1 même Général «gnalérent cefte campagne Celle de 1604 fut plus mémorable encore par la prife d'Ofbmde Les L pagnols ne conquirenc qu'un monceau de cendres & de débris un vafte cimet.ere arrofé de fang , couvert de ruines encore fumantesl qu" atteftoient amant le courage des affiégés, que 1'habileté des affiégeans. Les foldats de Ia garnifon , qui étoient fort* avec tous les honneurs de Ia guerre , furent rccus par Maurice non comme des vaincus, mais comme des vainqueurs. Oliënde abandonné par les habitans, comme par es foldats , ne fut longtemps qu'un défert , & lorfque 1'Archiduc & Ion époufe y entrérent, ce triomphc avoit plutöt 1'air d'un convoi funebre, tffiue RVprubTcain.C ühf ! &" * k"r C°nqUête & f" monumens 'i Jj Rroi Angleterre , Succefieur d'Elifabeth , moins ambitieus quelle, fit fa paix avec 1'Efpagne , «5c les conditions en furent fi des* avantageufes aux Confédérés, ' que la navigation de 1'Efcaut fut quelque temps fermee aux vaiffèaux Anglois. £es Provinces - Unies avoient perdu par ce Traite un Allié puifiant , qui leur fcrvoit d'appui par fes u-mes , & de refiource par fes richeffes. Mais les fondemens de cet btat, affermis par dégrés, avoient réfifté k tant de fecouftès , que on pouvoit les regarder comme auffi durables, que ceux du Corps lelvétique, a qui Ia méme tyrannie , dans des temps plus reculés ivoit fait prcnure naiflance. Les Provinces - Unies pouvoient foutenir la ruerre , fans emprunter tant de forces auxiliaires. Cette campagne fut nalheureufe. Maurice n'y fit admirer que & prudence. II ne conquit ien' TS -WUt cTierver ce qu'il avoit conquis , a Pexception de -ingen & u OJdenzeel, qui tombérent au pouvoir de Spinola. Ce Géïéral avoit fi bien fortifié Anvers , que Maurice n'ofa en tenter Je ïege. Au refte, cette ville n'étoit plus une fi belle proie. La plu>art des commercans avoient été chercher dans Amfterdam la liberté ie confcience & celle de Pinduftrie. L'opulence regne rarement ou egne le defpotifme. Les fuperbes édifices d'Anvers , prefque vuides de moyens , atteftoient encore une fplendeur qui n'étoit plus. La capitae de Gueldre échappa auffi au Prince Maurice , qui avoit réfolu de a furprendre. Enfin après de vaines tentatives, il fut contrahit de faire levant Spinola une retraite admirée par ce Général méme. Cette campa;ne accrut la réputation des deux Chefs, & non pas la fortune des deux iartis. On avoit fait dans les Indes des progrès plus réels. Van der Ha^en f\miral de Ia Compagnie , avoit enlevé aux Portugais le chateau d'Am30ine. 11 s'étoit emparé d'une partie des Mo'uques ; par fes conquêes & par fes négociations avec les Princes Indiens , il avoit affuré a 1 Compagnie le commerce exclufif d'épiceries ; nouvelle fource 4e  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 151 richeflès , pour laquelle on arrna onze vaiflèaux. Mais bientót Ia fortune parut changer. Une flotte marchande tomba aux mains des Efpagnols. Us abulérent de la vióboire. Les vaincus furent précipicés, ou dans les flots ou dans les flammes , ou expirérent fur d'infames gibets. Ce peuple ne fe faifoit aucun fcrupule de cette infraction du droit des gens. Devenu féroce par principe de Religion , il fuivoit cette maf xime du Légat Julien Cefarini , qu'on ne doit garder aucunes Loix , aucun Traité avec les hérétiques ou les infideles. Guillaume Hautain partit avec vingt- quatre vaiflèaux , pour venger Ia mort de ces malheureux , & attaquer la flotte Efpagnole deflinée pour les Indes Occidentales. Mais deux vaiflèaux ayant tenté 1'abordage , furent la proie des flammes; elles fe communiquérent a la flotte Efpagnole & confumérent trois autres vaiflèaux. Les deux partis fe féparérent, & Hautain, qui avoit eu le bonheur d'écbapper a Pincendie, regagna les ports de Hollande, ou Pon s'étoit flatté de ne le voir rentrer que couvert de gloire, & chargé de dépouilles. La guerre de mer efl: celle oü il efl le plus facile au Général de rejetter fes fautes fur la fortune ; & rarement il efl: aifé de décider, fi c'eft elle ou PAmiral qui a eu torr. Hautain fe juflifia. Quatre vais* feaux brülés dans la flotte Efpagnole, atteftoient du moins qu'il avoit été moins malheureux que les ennemis. On lui confia une nouvelle armée de vingt-quatre vaiflèaux. Mais fix furent d'abord difperfés par les vents, &, pour comble de malheur, le refte de la flotte , fatigué & presque defemparé par la tourmente , fe trouva enveloppé par les Efpagnols vers les eótes de Pitte de St. Vincent. L'énormité des gallions effraya tellement les Hollandois , qu'üs firent une retraite précipitée , comme les Romains a 1'afpecb des Eléphans. Mais Reinier Klaaszoon , Qfils de Nicoias\) Amiral de Zélande , effaca par un noble défefpoir la tache qu'avoit imprimée au Pavillon des Provinces-Unies, la fuite des autres vaiflèaux. Cet intrépide Chef, entouré d'ennemis, abandonné par fes compagnons , menacé a chaque inftant par ces masfes pefantes, dont le choc aufli redoutable que leur artillerie auroit pu 1'écrafer , foutint un combat qui dura deux jours entiers. Enfin voyant fes mats renverfés, fes manoeuvres hachées , fon vaifièau per* cé & faifant eau de toutes parts, prefque tout fon équipage ou mort ou mourant ; il s'adrefiè a foixante matelots, qui lui reftoient, & les anime a s'affranchir du joug Efpagnol par une mort volontaire. Tous ces braves préférérent le trépas a des fers , & ce qu'il y a d'étonnant, c'eft qu'avant d'expirer , ils fe jettérent a genoux, & demandérent pardon a 1'Etre fuprême , comme fi c'étoit un crime de mourir pour la patrie. Ils ignoroient fans doute cette fublime épitaphe infcrite au paifage des Thermopiles: „ Paflant , va t'en dire a Sparte, „ que nous fommes morts ici pour obéir a fes faintes loix." Klaaszoon fe releva tranquillement, mit le feu aux poudres & fauta en Pair avec fon vaiflèau & fon équipage. On feut tous ces détails par deux matelots, que les Efpagnols recueillirent a demi - brülés. Ceux- Hifi. èt Hollande. 1503-1648. Ann. 1606. Noble défefpoir de f Amiral de Zé lande.  Sr.CT. X. Hift. de Hollande. 1593-1643. Retraite deMaurice. Mort de Philippe de Hohenlo,& de Jean de Naffau. Ann. 1607. Viêioire rtavale des Hollandois. 15a HISTOIRE DE HOLLANDE ci atteftcrent , que 1'héroïfrae fe peignoir encore dans les regards farouches de ces hommes expirans , & qu'ayant ceffé d'être redoutables, ils infpiroient cependant une forte de terreur. Un exemple de cette efpece, étoit peut-être plus beau & plus utile qu'une viétoire, furtout s'il eut été fuivi d'un monument élevé a la gloire de ces illuflxcs vicbimes. Cependant Spinola s'étoit emparé de Rhinbergen prefque a la vue de Maurice, qui n'avoit point fecouru cette ville, paree qu'il vouloit demeurer maitre des bords de 1'Yifel. Le peuple tient rarement compte a un Général des facrifices qu'il efl: forcé de faire poür conferver une pofition avantageufe. La retraite de Maurice devant Groll, fit encore triompher 1'envie. On fe rappella que la campagne précédente n'avoit pas été plus glorieufe que celle-ci, & 1'on ne fongea pas que 1'on n'avoit point encore eu en tête un Général aufli habile que Spinola ; que c'étoit beaucoup de n etre pas accablés par lui , que les refiburces de toute efpece abandonnoient dans fon camp, tandis que les Provinces - Unies, plus occupées de la fplendeur de leur commerce que des fuccès de leurs armes, fongeoient moins ala fubfiftance de leurs armées de terre, qu'al'honneur de leur pavillon. Frédéric-Henri n'avoit pas été mieux fecondé par la fortune que Maurice; il avoit efluyé autant d'échecs qu'il avoit formé d'entreprifes: il avoit feu fe garantir de toute furprife; mais il avoit trouvé les ennemis aufli vigilans que lui, & n'avoit pu les furprendre, ni dans Venlo, ni dans d'autres villes. Ainfi cette année ne fut remarquable que par la mort du Comte Philippe de Hohenlo, par celle de Jean de Naflau, Frere de Guillaume I, & par le mariage de Philippe Guillaume Prince d'Orange, avec la fille du Prince de Condé. Cette alliance afluroit aux Provinces-unies 1'amitié du Héros qui avoit feu triompher du fanatisme du peuple, de la haine des prêtres, de la politique de la Cour de Rome, & des forces i'Efpagne. Tandis que Frédéric - Henri entroit dans Erkelens par furprife, & qu'il échouoit devant Oldembourg, Jacques van Heemskerk déja connu par fon voyage dans la Nouvelle-Zemble, fe rendoit plus célébre encore par une vicboire. II commandoit une flotte compofée de vingt-fix vaiflèaux. L'Amiral Dom Juan Alvarès d'Avila, qui mouilloit dans la Baye, de Gibraltar* avec neuf gallions & douze autres vaiflèaux, comparant la force de fes gallions a la foiblefie des navires Hollandois, demanda a un prifonnier qu'il retenoit prés de lui, quel pouvoit être leur defièin? „ Celui de vous atra„ quer a 1'inftant même," répondit le Batave. L'orgueilleux Efpagnol fourit avec dédain a cette réponfe; il parut croire que fon prifonnier plaifantoit: il changea de penfée & de langage, lorfqu'il vit la flotte Plollandoife attaquer la fienne avec autant d'ordre que de furie. Heemskerk fut tué au commencement du combat, & ne put être témoin de fon triomphe. Mais il avoit fi bien prévu tous les événemens, fon plan d'attaque étoit fi fagement combiné, fa mort avoit infpiré aux Plollandois une telle ardeur de le venger, qu'après un combat opiniatre les Efpagnols furent entiére- ment  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 153 ment défaits dans leurs propres parages,, par un etmemi qu'ils avoient méprifé. L'Etat fit les frais de la pompe funebre de PAmiral viétorieux & du fuperbe maufolée qu'on lui éleva dans la vieille Eglife d'Arafierdaiu. II eft étonnant-, qu'avant cette époque des Républicains n'euflent point encore fongé houorer ainfi la mémoire des braves, dont le lang avoit cimenté le grand édifice de la liberté, fans être celui d'un Prince ou de quelqu'un de la Nobleflè, fouvent moins refpeclables par leur propre mérite, que par celui de leurs ancêtres, dont 'ils dégénerent. L'effet de tant de fucoès fur mer, & d'une fi longue réfiftance fur eenre fut une trêve avec les Archiducs d'Autriche, moins importante par elle-même & par la tranquillité qu'elle procuroit aux Etats du cóté de 1'Allemagne, que paree que les Archiducs traitoient avec eux comme avec une Puiflance libre & indépendance: on efpéroit même que le Roi d'Efpa* gne, fadgué de kiguerre, ratifieroit cette fufpenfion darmes. Le Grand Penfionnaire d'Oldenbarnevelt & les Magiftrats que fon éloquence avoit gagnés, regardoient la paix comme le bien Ie plus nécefiaire a un peuple dont les vues fe tournoient vers le commerce. Maurice de fon cöté, pré' voyoit que la fin de la guerre feroit celle de fon regne, & qu'il ne feroit plus qu'un citoyen refpeéiable par fa naiflance ,& par Ie fouvenir de fes anciens fervices. II condamnoit hautement toute efpece de traité avec 1'Efpagne, allarmoit -le peuple fur les pieges qu'on pouvoit tendre a fa liberté dans les négociations, excitoit les Eccléfiaftiques a ne pas fouffrir une paix, qui .pouvoit r'ouvrir aux partifans de Rome 1'entrée de la Belgique, Tous deux s'accufoient réciproquement d'afpirer au pouvoir fuprême. On a préandu que Maurice s'étoit emporté en ;public jufqu'a lever la main fur le Grand Penfionnaire. Mais ce Prince n'étoit pas aflèz aveugle dans fa haine pour oublier ainfi les bienféances (1). Le parti d'Oldenbarnevelt 1'emporra, & 1'on préféra 1'efpoir d'une paix honorable, i la ti ifie perfpeédve d'une éternelle .guerre, oü le fang avoit été prodiguc fans fruit, furtout depuis quelques années. On vit arriver les Ambaffadeurï d'Efpagne: Spinola étoit a leur tête; il fut recu par Maurice, & tous deux fe donnerent ces témoignages d'eftime qu'un homme de génie accorde toujours en public & même en fecret a fon égal. Maurice & SpinoU •étoient alors les deux plus habiles guerriers de l'Europe. II étoit beau de voir 1'olive de la .paix dans des-mains qui avoient lancé les foudres de la guerre. C'eft ainfi qu'on vit depuis Villars & Eugene terminer une guerre, qu'ils avoienr conduire avec tant de gloire. La première démarche de 1'Ambasfade Efpagnole fut de reconnoitrc les Provinces-unies, comme Puifiaace libre & mdépemiante. Cet article étoit le plus important; cependant il .n'effuya aucune difficulté de la part de 1'Efpagne, qui n'attendit point qu'on •le propofat pour Ie ratifier; mais on difputa fur la liberté de Confcience, -fur celle du Commerce des Indes, fur celle de la Navigadon d'Anvers; les Hollandois voyant les Efpagnols obftinés a leur fermer la route des •Iidcs, & a s'ouvrir a eux-mêmes celle d'Anvers, rompirent brufquemeni les négociations; conduite qui montroit .plus de fierté que de prudence, (O Mim. tTAubry du Marnier. Tome XLIK V Hifi. de Hollande. is93-I64*. Trive avec lm Maifon d'Autriche. Ann. !6e8» Les Etats font recoii. nus comme Puiffance libre G? indipendante.  Sect. X. hift. de Hollande. 1593-1648. 1 Trêve de douze ans. Ann. 1600. 1 J i i 1 1 f C c c l c Troubies de h Religion. 11 i p le tc G n ?j •>-. V f; 15+ HISTOIRE DE HOLLANDE Les Ambafladeurs de France & d'Angleterre cxhortoient les Etats Généraux a con cl ure du moins une trêve de quelques années; le proiet étoic conforme a leurs intéréts; il 1'étoit auffi a 1'ambition de Henri IV, qui avoit fur cette République des vues moins favorifées par les circonftances mais plus faciles k réalifer par fon génie & fon courage, que celles qu'avoit eues le Duc d'Anjou. Au refte, il nc cherchoit point a conquérir les Pays-bas par fes armes, mais a les fubjuguer par fes bienfaits. (a) D'Ob rJcnbarncvelt fut depuis acculè de les avoir acceptés: & fontint que c'étoit le prix des fervices qu'il avoit rendus a la France & non le gage d'une trahifon. Maurice faifoit jouer tous les refTorts de fa politique pour prolonger la guerre. II écrivoit aux villes Confédérées, il s'y préfentoit, il aarloit avec énergie; mais la Hollande & la Zélande étoient les feules Provinces, qui parrufient entrainées par fon éloquence. Le Grand Penlonnaire accufé de perfidie par les partifans de fon rival, defcendk de on rang, pms y remonta, paroifïïmt céder dans la première démarche a la suiffance d'une cabale ennemie, dans 1'autre au vceu de toute la nation. Enfin ipres bien des Négociations, la trêve de douze ans fut fignéea Berg-op-Zoom ie 9 Avnl & publiée a la Haf** La Maifon de tNfafl&i qui accufoit d'Oldensarnevelt de s'être laiflè corrompre par Henri IV, accepta de la Maifon 1'Autriche une indemnité, pour les avamages dont la guerre la privoit. ^es mécontens jugérent que Ia guerre ne devoit jamais être lucrative pour e Général, mais pour la Patrie, & quelquefois pour le foldat; que cette ndemnité étant une penfion annuelle , la crainte de la perdre pouvoit mgager les Princes de Naflau a favorifer le parti Efpagnol. On congédia les roupes, & Pon négligea trop cetce fage maxime, que, pour conferver la >aix il faut toujours fè tenir pret a faire la guerre. Le flambeau de la difcorde étoit a peine éteint entre les Puiflances,qu'il 2 ralluma entre les Docleurs, foit qu'il fut fourdement attifé par 1'Efpagne, m feulement excité par le choc des opinions. Un des effets des guerres e Religion, c'eft de donner de 1'importance a la populace, & furtout k ette clafie de prêtres, fi bien défignée par eux-mêmes fous le nom de as clergé, gens qui, pour s'être chargés la mémoire de mots latins & 'argumens de 1'école, n'en font ni moins groffiers ni moins turbulens, que :s artifans qui leur ont donné le jour. Les pafteurs étant divifés, le •oupeau le fut bientót. Les urfs tenoient pour Gomarus, les autres pour .rminius; a Leuwarden on cafla les vitresde 1'hötel de ville, on enfonca la 3«e, on infulca les Magiftrats, toutes chofes qui ne démontroient pas quel des deux avoit tort, ou Gomarus. ou Arminius. Le grand tort de >us deux étoit d'avoir allumé une efpece de guerre civile. Les Etats énéraux auroient eu befoin de la prudence du fage Monarque, qui, de ds^ jours, écrivoit a des théologiens fanadques ; „ Puifque vous voulez être damnés éternellement, je ne m'y oppofe pas & ne prétends point que le diable s'en faflè faute. Mais ce que je vous défemis, c'eft de troubler 1'Etat." A Utrecht la populace s'empara de la Régence; il Hut afliéger la ville: elle ouvrit fes portes après une foible réfiftance. Les O) Mém. & Neg. de Jeannin.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. 155 Arminiens préfentérenr des remontrances aux Etats Généraux; ce qui leur fit donner le nom de Remontrans. Leurs adverfaires en préfentérent auffi; 1 ce qui fit changer leur nom de Gomariftes en celui de Contre-remontrans. 1 Ceux-ci prétendoient que Dieu par un décret éternel & abfolu, avoit i arrêté quels hommes feroient fauvés, quels hommes feroient damnés; que ( fuivanc ce décret quelques -uns étoient attirés a la foi & a la piété, tandis < que Dieu laiflbit les autres enfévelis dans leur mifére & dans leur impiété. Les Arminiens foutenoient: 1. „que Dieu avoit réfolu de toute éternité „ d'élire ck d'appeller a la vie éternelle ceux qui, par fa grace, croiroient „ en Jefus-Chrift, & qui perfévéreroient jufqu'a la fin dans la foi & dans ,, 1'obéifiance , & de reprouver & de rejetter a la damnation éternelle „ les incrédules, & les impénicens; 2. que J. C. étoit mort pour tous, „ de facon cependant qu'il n'y avoit que les croyans, qui fuflènt vraiment „ réconciliés par fa mort; 3. que 1'homme n'avoit point la grace fanc,, tifiame par iui-même, ni par fon libre arbitre, mais que, pour 1'ob„ tenir , il avoit befoin de la grace de Dieu en J. C. ; 4. que cette „ grace étoit le commencement, le progrès & 1'achevement du falut des „ hommes que c'étoit k elle qu'il falloit attribuer toutes les bonnes „ ceuvres , que cependant elle n'opéroit pas irréfifiiblement ; 5. que Ia ,, grace de Dieu donnoit au vrai fidéle des forces fuffifantes pour fur„ monter le mal , que cependant un vrai fidéle pouvoit, par fa propre „ faute, s'éloigner entiérement de Dieu & perdre la grace (1)." On eut 1'imprudence de rafièmbler les Docfeurs des deux partis pour les faire difputer enfemble & les accorder. C'étoit rapprocher les tifons , pour éteindre le feu; nous ne connoiflbns point d'exemple d'aucune conférence oü des Théologiens d'avis contraire fe foient accordés: chacun y porte la ferme réfolution de ne point changer d'avis, de ne rien céder, d'expofer fes raifons avec véhémence, & de ne point écouter celles de fes adverfaires. Tandis que Pon s'occupoit trés férieufement de ces ridicules querelles, la France plongée dans le deuil pleuroit le meilleurs de fes Rois, dont les jours, fi longtemps menacés par des fanatiques, venoient d'être terminés par un monfire, qui croyoit fervir Dieu en égorgeant un Prince bienfaifant, qui étoit fon image fur la terre. Le Régicide fut toujours Pouvrage d'un faux zele religieux. Un attentat de cette nature ne peut être entrepris, que par un fcélérat imbécille, qui fe dévoue aunfupplice inévitable, & a qui d'habiles importeurs ont fait voir la palme du martyre fufpendue fur fon échaffaud. Les Provinces-Unies perdoient dans Henri IV un allié puiffant; plufieurs i difoient un protefteur dangereux & capable de les aflèrvir. L'Archiduc Matbiasij qui les avoit gouvernées, avoit été appellé a la couronne impériale: c'étoit un ami que les Etats Généraux avoient en Allemagne, mais un ami plus redoutable , qu'un foible ennemi. Cependant les querelles 1 théologiques n'étoient pas éteintes. Les Magiftrats demandoient la paix; les prêtres vouloient la guerre; les grands changeoient de parti felon leurs (O Brandt Tom. I. L. XIX. p. 401. V a mjk de iollande. 593-1648* ^nn. 1610. )ptnions 'es deux artis. ünn. 1611. IToft de ïtnriïK Lnn. 16*12. mn. 1613.  Sect. X. Hift. de Hollande. 1593-164S. Bêclaration des Etats Gévéraux. jprogrès du Commerce & des travaux fuift CS. (fi) Wagenaar Abrêg. de VHift. de .Holland*- 156 Ir ISTOIRE DE II O L L A N D E intéréts, & le peuple ne fcavoit ce qu'il vouloit. Le Roi d'Angleterre, qui avoit fait de fa cour une claffe de théologie, ou 1'on argumentoit fur de religteufes minuties, au lieu de soccuper des intéréts-de la Grande Bretagne, fut affez indifcret, pour donner fon- avis fur ces puérilités fcholafhques.^ II déclara qu'il tenoit trés fupportable la doéïrine conteflée de part & d'autre; il auroit rendu un plus grand fervice k la Hollande, s'il avoit déclaré qu'il regardoit tous ces débats comme fort ridicules. Une épigramme, une chanfon, en pareil cas, font plus puiffantes qu'un Edit: les Princes n'appaiferont point des troubies de cette nature avec toute leur puiflance ; quelques gens d'efprit les calment avec de bons mots. Un, fanatique brave toujours les profcriptions & cede quelquefois-au ridicule.-. Les Etats Généraux donnórent trop d'importance k ces controverfes endéclarant „ qu'en fe fervant de la puilfance, qui leur appartenoit, comme. „ au Souverain légitime , ils ordonnoient que, dans 1'explication de „ 1'Ecriture Sainte, on eut foin de- bien inculquer k leurs bons & fideles„ fujets, que le commencement, les moyens, & la fin du falut de Phom„me, & nommément la foi* ne devoient être attribués ni k fes forces. „ naturelles, ni k fes ceuvres, mais uniquement k la graee de Dieu en J. C. „ que Dieu n'avoit créé perfonne pour la perdition, qu'il ne foreoit per., fonne au pêché, qu'il n'invitoic auffi perfonne au falue, k qui ii n'avoit„ pas décrété de le donner; qu'il feroit permis aux Profeffeurs & aux „ Scavans de difputer amiablement dans les écoles, & même d'être d'un „ fentiment contraire fur le Dogme de la Prédefiination; mais qu'ils n'cn„ tendoient pas que ces- difputes fuffent ponées en chaire, ou enfeignées „ aux peuples de quelque maniere que cefüe: qu'ils ne vouloient pas non „. plus, que 1'on inquiétit ou forcat k prêcher une Docbrine plus relevée, ,, ceux qui- fe contentoient d'enfeigner & de croire fimplement que Dieu, „ de toute éternité, avoit élu en J; C. ceux qui par fa - grace croiroient„ en J. C. & perfévereroient dans cette foi, & qu'au contraire il réprou„ voit & condamnoit a la perdition éternelle ceux, qui ne croiroient pas „ & s'opiniibreroient dans leur incrédulité; parceque les Etats jugeoienc „ cette Doétrine fuffifante au falut & propre k Pédification chrétienne. ,, Enfin ils ordonnoient k tous les Miniflres de s'en tenir lurtous les autres „ points de Doétrine, k la parole de Dieu, & a ce qui étoit recu dans „ les Eglifes Réformées, & enfeigné dans celles des Provinces - Unies, & „.de fe fupporter les uns'les autres en charité, en concorde, & en bon „ exemple, conformément k ce qui avoit été arrêté par les prócédentes „ Réfolutions des Etats Généraux de Provinces -Unies." (a) Heureufement ces- difcuffions théologiques, dans lefquelles les Princes & les Magiftrats ne devroient jamais defcendre , n'avoient rallenti ni le commerce ni les travaux publics. On avoit achevé de defiëcher le lac du Beemfter, on avoit entrepris la pêche de baleines dans le Groenland; une Compagnie s'étoit formée , pour enrichir l'Europe de la fubftance huileufe de ces monftres marins, qu'on avoit jufqu'alors admirés avec horreur, fans les croire propres k aucun ufage. Les malheureufes families de Schau--  OÜ DES PROVINCES UNIES* Liv. XXXIII. Süct.'X. E37 Een & de le Maire furent les viéb'mes de 1'Ocï.roi accordé a la Compagnie des Indes Orientales, pour avoir dans leurs découvertes été pouflës dans des parages qu'ils ne devoient pas toucher. Les Etats avoient pris part k la querelle des prétendans k la Succeflion de Juliers. L'Archiduc Albert s'étoit déclaré Proteéleur du Prince de Neubourg; les Etats avoient embrafle le pard de- Ja Maifon de Brandebourg. Spinola & Maurice reparurent en campagne, chacun accufoit fon adverfaire de vouloir s'emparer de Juliers pour lés maitres & peut - etre tous deux avec raifon. Us prirent quelques villes , & s'y cantonnerent , fans en venir a aucune aélion décifive. Cependant on fondoit k! Groningue une nouvelle Univerfité, comme-fi Pon avoit eu peur de manquer de Docleurs pour troubler 1'Etat. On avoit puni quelques fanauques, qui élevoient la voix trop haut, un entre autres qui avoit mis en queflion * li- ia bénédiétion d'un pere ne valoit pas mieux que celle d'un Minifire Remontrant & qui avoit opiné pour Paffirmative: ces chatimens, quoique légers, avoient fait comparer Plnquifition Hollandoifè k. celle d'Efpagne. On accufoit d'Oldenbarnevelt de favorifer les troubies de Religion, pour ouvrir aux-Efpagnols le chemin-des Pays-bas. On prétendoit qu'il recevoit des bienfaits de la Cour de Madrid & qu'il les diitribuoit a des faélieux. Ce grand'homme ne répondit a cette calomnie, qu'en rendant a 1'Etat le fervice le. plus' important qu'on put lui- rendre alors. On fe rappelle les circonflances épineulès ,oü les villes de Fleflingue, de Rammekens & de Brille avoient été engagées k la Reine Elifabeth pour fureté des fommes énormes qu'elle avoit prêrées aux Etats. D'Oldenbarnevelt, qui connoifibit les beibins du Roi d'Angleterre, fa prodigalité, fes demandes perpétuelles au Parlement, les refus conftans de cette afièmblée, lui offïit fi a propos deux millions fept eens vingt-huit mille florins, que, pour cette fomme, la dette & les arrérages furent éccints,& les trois villes rentrérent fous Ia domination des Provinces* unies. Quand cet argent eut été difiipé, Jacques reconnut qu'il avoit été dupe , & concut contre le Grand Penfionnaire une haine, qu'il fit éclater d'une maniere peu digne d'un Roi, pendant les malheurs du Neflor Batave. Les querelles de Religion continuoiem toujours. On convoqua une nouvelle alTemblée des Etats. Grotius y fit admirer fon éloquence, & acheva d'iiriter contre lui le fanatisme &. fenvie: on fe fépara plus animés que jamais. A Amfierdam les Remomrans avoient été réduits a la nécefllté de louer un magafin pour y tenir leurs affemblées. On ne les laifia point tranquilles dans cet afyle obfeur: la populace enfonca les portes; 1 ora» teur s'enfuit, les auditeurs fe difperférent.. Heureufement il n'y eut point de fang répandu. C'étoit être bien modéré dacs une a&ion entreprife pour la plus grande gloire de Dieu. On leva par le confeil-d'Oldenbar» nevelt une nouvelle milice, connue fous le nom de Waardgelders. Lafpec! de ces gardes ne contint point la populace. On lut fur les pavillons des bateliers Gomariftes cette fanatique infeription: plutot mourir , dans les combats, avec Orange, que d'être plus longtemps tour ment és par lei Arminiens. On demandoit la tenue d'un Synode National. Qu'yeut-on fait?. On auroit „difputé^ les efprits fe feroient aigris davantagela V-3 Vif. de tiollinde; 1593-164Ï. Ann. 1614. D'Oldenbar nevelt fufpeü aux' Etats. Aan. 1615. Service important,. qu'il rend a la Patrie. Ann. 161C' Ann. i6ij: Livie- des» IFaardge',*den. -  Sr.cr. X. Hift. de Hollande. 1593-1648. Ann. 1618. Réponfe du Prince aux Députés Hollandois. X d r. I é c d n ƒ/ commen- £ ce d accu- J / Si qua fides diélis jam cito finis erit. Talia legati Hcéloridum refponfa tuier e Quos pronos caufe fcito favere tua, Conventum patria mox noftra Batavia cernet Qjtindecimum dederis tu modo , Jane , diem; Tune de Judicibus certum eft disponere veftris. Aveux £? défenfe tfOldenbarnevelt. Sect. X. Hift. de Hollande. 1593-1648. On avoit repüé la page, qui contenoit ces vers , de maniere que la vue du; prifonnier fe portat d'abord fur cet endroir. Cependant cet artifïce fut encore découvert par la mal - adreife d'I Iogerbeets. Les troubies continuoient : dans un Synode national , on s'accufa réciproquement des malheurs de la patrie , de la difcorde qui regnoit, & même de deux Cometes qui avoient paru fucceifivement & qui avoient répandu la terreur. On créa la Compagnie des Indes Occidentales , a 1'érection de laquelle d'Oldenbarnevelt s'étoit oppofé. Philippe-Guillaume mourut vers le même temps, & comme il ne laiifoit point de poftérité , Maurice hérita de fes grands biens & de la Principauté d'Orange, dont il n'avoit point encore la proprié;é. Cependant on pourfuivoit avec chaleur le procés des prifonniers. Voici tout ce que Pon feut de la défenfe d'Oldenbarnevelt. II confelfoit avoir recu du Roi de France, „ un préfent de vingt mille florins, en conféquence d'une promeife qui „ lui en avoit été fuite en 1598 ; qu'il avoit auffi recu des préfens de „ quelques perfonnes pour des fervices qu'il leur avoit rendus; qu'il en „ avoit refufé qui lui avoient été offerts par d'autres ; qu'il n'avoit ja„ mais rien regu des Efpagnols ; qu'k cet égard les mains de fes amis „ étoient aufli pures que les fiennes : quant a ce qu'Aerfens & Berk „ avoient déclaré touchant quelques paroles indifcrétes qu'ils prétendoient „ lui être échappées , il y avoit plus de douze ans , il ne croyoit pas „ que Pon put s'en fervir a fa charge ; fi fes accufateurs avoient cru ,, que ces difcours puffent nuire au bien de 1'Etat , pourquoi avoient„ ils attendu douze années pour les dénoncer. II foutenoit qu'il n'avoit „ traité ni avec le Duc de Sully , ni avec aucun autre Minillre Fran„ cois , pour affurer au Roi de France la Souveraineté des Pays - Bas. „ II avouoit , qu'il avoit craint que le Prince Maurice n'eüt lui-même „ des vues tendantes au pouvoir abfolu , ou du moins a une autorité „ contraire aux principes de la conftitution Républicaine ; qu'il avoit „ craint, que Pon ne voulut changer le Gouvernement, en y exci„ tant des troubies. II avoit dit franchement au Prince , qu'il co urok  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Suct. X. irdon;ce futMarie de Reigersbergen fon époufe,qui lui procura les moyens 1 en fortir , & qui manqua d'être elle - même Ia viftime de cette rufe nnocente: elle 1'enferma dans un coffïe, qu'on laiflbit paffier tous les jours emph des livres qui lui étoient envoyés & qu'on s'étoit laflë d'examiner. 1 Portie ainfi , marcha jufqu'a Anvers déguifé en magon & fe rendit k 'aris; tandis que le Commandant Powning arrêtoit fa généreufe époufe, c; demandoit qu'on lui fit fon procés & qu'on la punk d'une acbion, ui la couvroit d'une gloire immortelle. Les Etats furent fourds aux onfeils de cet homme féroce ; ils lui ordonnerent de mettre en liberté ïlluftre prifonniere; elle alla rejoindre fon époux qui avoit écrit aux itats: „ le defir de la liberté eft naturel a 1'homme; j'ai recouvré la , mienne fans fraÜure & fans corrompre la fidélité de perfonne:' Cependant la trêve de douze ans avec 1'Efpagne expiroit. On entama les négociations; elles furent infructueufes, & on fe prépara a foutenir ne guerre défenfive. La füreté de la Navigation fut le principal objet u'on eut en vue dans ces préparatifs. Malgré la crainte que pouvoient ifpirer les forces Efpagnoles, il fe forma en Hollande une nouvelle fompagnie des Indes Occidentales. (1) Spinola après Ia conquête de uliers, fit envain le fiege de Berg - op - Zoom. Maurice ne remplifiók pas la promefle qu'il avoit faite, de protéger ss enfans du Grand Penfionnaire. Ecartés de tous les emplois, dépouilés de leurs biens, odieux dans un parti, peu confidérés dans l'autre,ils afibient leur vie a pleurer la mort de leur pere au fein de l'indigence& de CO Janicon Etat des Provinces - Unies T. I. Ch. XIIL  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. X. i6> Pobfcurité. Le plus jeune & le plus impétueux de ces deux freres, étoit Guillaume d'Oldenbjrnevelt , Seigneur de Stoutenbourg. Son caractere slpre & mélancolique s'étoit aigri encore par l'injultice avec laquelle on avoit traité 1'auteur de fes jours. 11 crut que des larmes ltériles ne fuffi- ' roient pas a la cendre de cet infortuné; qu'elle demandoit du fang. II i communiqué ce delTein a fon frere Reinier d'Oldenbarnevelt , Seigneur / de Groeneveld. L'idée d'un aflaflinat le révolta d'abord ; mais enfin, ' entrainé par les confeils de fon frere, par 1'elpoir d'une révolution qui releveroit fa familie , il réfolut avec lui de tremper fes mains dans le fang du Prince d'Orange. C'étoit a Riswick qu'ils devoient confommer cet attentat ; il leur falloit des complices ; ils en trouvérent en grand nombre; & ce nombre même, qui les rendoit plus forts, fut ce qui les perdit: ce furent entr'autres Adrien van Dyk, David Koren winder, Adrien van der Duflèn, Kors Janszooh van Alfen, Henri Sladus, Corneille Gerriti-zoon van Woerden, Jean & Abraham Blanfaart & Guillaume Parthy: ces trois derniers, aidés de trois matelots, devoient frapper lecoup: mais les matelots révélérent tout le complot au Prince lui-même. Stou* ^ tenbourg s'enfuir, pafia en Efpagne, & porta les armes contre fa patrie. Le malheureux Groeneveld, complice cc non auteur de ce projet odieux, fut pris & conduit a 1'échaffaud. Avant de recevoir le coup fatal: hélas ! dit-il , le cléfir de la vengeance & de mauvais confeils mi1 ont amené oü je fuis ; fi fai ojfenfé quelquun , je le prie de vouloir bien me par donner. Puis il ajouta: 6 Dieu! quel homme j''ai été! & que fuis-je maintenant ? 11 mourut avec afièz de fermeté : quinze des complices eurent le même fort. La guerre s'étoit rallumée. Une flotte d'onze vaiflèaux Hollandois fous L PAmiral Jacob 1'Hermite , prit' dans la mer du Sud plufieurs vaiflèaux Efpagnols. Amfterdam, ou plutöt les vaiflèaux dans fon port, furent eu danger d'être brulés par des incendiaires ennemis. Heureufement cet attentat fut découvert avant fon exécution & ne laifïïi aux Efpagnols que la honte de favoir projetté. Le Commandant de Nimegue, Lambert Charles , furprit fur eux & s'empara de Goch dans le Duché de Cleves. Maurice fit une vaine tentative fur Anvers , & ne put forcer Spinola k lever le fiege de Breda. II revint a la Haye, ou des obftrucdons au foie dont il étoit attaqué, terminérent fes jours ; ce ne fut qu'a 1'ouverture 1) de fon corps que I on découvrit la caufe de fa maladie; on n'y trouva ^ point les traces du poifon , que le peuple regardoit comme la caufe de fa mort. C'étoit un grand guerrier, grand politique, plus fage qu'audacieux dans les combats , mais jaloux , vindicatif & inflexible dans fa vengeance. Frédéric Henri, Prince d'Orange, fuccéda a la plupart des dignités de ^ fon frere. Ce Prince avoit feu ménager 1'alfecYton de la Cour de France & de celle d'Angleterre ; s'il n'efpéroic pas de les engager dans une alliance défenfive , il étoit fur au moins d'une neutralité parfaite; & les L Provinces-Unies fe trouvoient en état de réfiiler aux Efpagnols affoiblis 3' par le fiege de Breda, 1'un des plus longs & des plus meurtriers, dont J, il foit queftion dans PHiftoire. Ils y étoient entrés enfin. Mais cette con- A HOI. de Mollande. [593-i6'48. Attentat ontre les ours de Maurice. Uin. 1623. uan. 1624. lort de laurice. nn. I pas celle-la. Sa conduite trouva cependant des panégyrifles, & 1'on aima J mieux imputer tout-a Ia négligence de la Cour de France, & a Richelieu. (1) Comme ici cette Plilloire fe u-ouve liée k celle de France, nous ne paflèrons que légérement fur les événemens qu'elle fournk. Les deux Puiflances alliées étoient épuifées. Cependant Richelieu qui-ne ? perdoit point de vue ie projet d'abaiflèr la Maifon d'Autriche, & de 1'investir de tous cötés, promit tant de fecours, & feut fi bien diffimuler les übflacles, que Pon ,-réfoIut de continuer la guerre, quoique le .peuple & les commercans votaflènt pour la paix. En même temps on difputoit aux Anglois la Souveraineté de la mer. On écrivoit en Hollande des livres trés fgavans, trés profonds fur ce fujet: mais le canon de-s,Anglois & la multitude de leurs vaiffèaux prouvoient plus que tous les livres. Les-Etats paroifibient fi fatigués de la guerre, que non - feulement ils refufoient de nouveaux fubfides, mais qu'ils votoient pour que les troupes fuflènt licenciées. Frédéric r Henri menacoit de remettre jon épée dans le jmrreau. Charnacé K Ambafiadeur de :France , s'effoicoit de ranimer j'amour de la gloire & de la liberté dans les ames belgiques. Mais les nouvelles que Pon regut des Indes Occidentales firent „plus d'effet que les CO Vide Dia. de Bayle, Article Louis XIII. Reniirques L. & M.. & notre Hift, 8e*Ffance, Tom. XXXI. p. 313. & fuiv. .Tomé XUV. Y Hifi. de Hollande. 1593-16^8. Ann. 1633. Ann £534.' \.an. 1635» Défaflre ie Panuée ïancoife. im, 1635.  Sëct. X. Hift. de Hollande. 1593-1648 Conquêtes Mariti- mes. Ann. 1637. Ann. 1638, Marie de Médicis dans les Pays bas. Ann. 1539. Ann. 1640. Arm. 1641. Gennep pris par FrédéricHenri.Ann. 1642. 170 HISTOIRE DE HOLLANDE menaces du Prince & les difcours du Minillre frangjis. La Compagnie, après s'être emparée de Fernanbouc , avoit étendu fes conquêtes le long des Cötes du Bréfil. L'ifle de Curacao peu confidérable par fon étendue, mais importante par fa pofition, étoit en fon pouvoir. On avoit enlevé aux Portugais des fortereflès, fur lefquelles ils fondoient a la ibis & 1 ur richefie & leur füreté. Jean Maurice de Naflau, nommé Gouverneur d«? ces Colonies , en avoit détaché une flotte , qui avoit arboré fur les Cótes de Guinée, le Pavillon des Provinces, & avoit chaflë les ennemis du fort Saint George del Mina. Ces fuccès répandirent la joie & Pabondance^ dans toutes les Provinces, furtout en Hollande. Mais on y eut bientórun nouveau chagrin , celui de voir décerner a Frédéric-Henri les titres d'Alteflè & de premier membre du corps politique. Les Hollandois redoutoient cette Maifon , dont 1'efprit fembloit plus Monarchique que Républicain. On vit arriver cette année (1638) une Reine veuve d'un des phis grands hommes qui aient honoré le tröne ; bannie par fon fils, foible jeune homme, efclave de 1'ambition & de toutes les paflions de fon Miniftre ; perfécutée par un ingrat dont Ja fortune étoit fon ouvrage; errante de contrées en contrées, ne trouvant partout qu'une pitié ftérile & d'invincibles obftacles, que fon ennemi, autrefois fa créature, fcavoit femer fur fa route : c'étoit Made de Médicis. Après avoir vainement réclamé la médiation des Etats auprès de fon fils , elle fe vit réduite a la derniere extrêmité oü une Reine de France puifie fe trouver, celle de demander un afyle aux Anglois, qui le lui refuferent. Ce peuple com. mencoit a devenir jaloux de fes Alliés. Les Amiraux Tromp & de Witte, par la défaite de la flotte Efpagnole prés des Dunes, avoient prouvé aux Anglois qu'ils n'étoient pas les feuls maitres de la mer. Un autre chagrin pour 1'Efpagne fut le titre de Hauts & Puiflans Seigneurs, & de Hautes Puiflances, accordé aux Erats Généraux; & le rang qu'on donna a leurs Ambafladeurs. Cette année les armes de Frédéric - Henri n'étoient pas favorifées par la fortune. II tenta envain le fiege de Bruges, & ne püt même entreprendre celui de Huift. Mais s'il faifoit peu pour fa patrie, il faifoit beaucoup pour lui-même & pour fa familie. 11 avoit réuni en fa perfonne les Stadhouderats de Groningue & de Drente , vacans par la mort du Comte Henri - Cafimir ; & fon fils Guillaume, époufa Marie , fille de Charles I Roi d'Angleterre. La conquête de Gennep fut la feule, par laquelle il rendit quelque luftre a fes armes depuis longtemps malheureufes. Les Confédérés ne triomphoient que dans les Indes. Ils avoient enlevé aux Portugais Malacca cc Colombo. Cependant on voyoit éclater en Angleterre cette célebre guerre civile qui fe termina par une fanglante cataftrophe , capable d'épouvanter 'tous les Souverains qui gouvernent des peuples librcs. Dans lesProvinces-Unies on voyoit ces troubies avec des yeux différens. FrédéricIleori & fes partifans favorifoient Charles I & lui envoyoient tles fecours d'argent. Mais quelques Etats particuliers, qui fentoient par leur propre  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X. i?i •expérience que dans 1'Etat même le moins Monarchique, Pautorité d'un chef eft toujours oppreflive , penchoient pour le Parlement. Richelieu étoit mort, & fon maitre, ou plutöt fon efclave, 1'avoit fuivi de prés dans la tombe. Mazarin avoit renouvellé I'alliance entre la France & les Provinces-Unies. Le Prince de Condé remportoit la victoire a Rocroi;& Frédéric-Henri manquoit la conquête de Hulit, malgré la terreur que le fuccès des armes Francoifes avoit jettée dans le parti Efpagnol. L'année fuivante fut plus glorieufe pour Frédéric - Henri; il s'empara du Sas-de-Gand, conquête importante, qu'on auroit dü entreprendre plutöt. Celle de Huift , fi longtemps & fi vainement projettée par le Stadhouder, fut enfin achevée en 1645. Mais il s'efforca deux fois de furprendre Anvers, & deux fois il vit échouer ce dehèin, dont le fuccès auroit mis le comble a fes défirs. Cependant on entamoit a Munfter cette grande négociation qui devoit changer le fyftême politique de l'Europe. Frédéric - Henri, qui craignoit que la paix ne lui ötat une partie de fon autorité , ne put retenir les Ambaffadeurs des Etats dont il vouloit différer le départ. Quoiqu'affoibli par Page & par fes infirmités, il fe mit en campagne , & fut malheureux dans tout ce qu'il entreprit. Aufii lorfqu'on vint le complimenter fur fon retour , il répondit avec humeur : je fuis fdché qu'il ne fe foit rien fait de plus cet été ; mais on eft en paix. Le chagrin, Page, les infirmités, tout concouroit a 1'accabler. On a vu quelques héros privilégiés, a qui la Nature a accordé la faveur de conferver leur génie jufqu'au tombeau , malgré la décadence de leur corps: le Stadhouder n'eut point ce bonheur ; le moral fuivit en lui le phyfique ; fon efprit s'affoiblifioit ; il devenoit irréfolu, même timide; enfin une maladie de langueur termina fes jours le 14 Mai de cette année. II eut autant de talens & plus de vertus que fon frere. Son ambition fut moins avide & moins fanguinaire. 11 feut pardonner a fes ennemis, & demeurer fidele a fes amis malheureux. Son gouvernement fut doux : il rappella cet efprit de tolérance , qui avoit été la bafe de Pédifice politique. Les Catholiques même ne furent point perfécutés. Sévére dans les camps , aimable dans fa cour, débonnaire avec le peuple, modéré dans les aflèmblées; il fut adoré de tous les partis , ou plutöt il n'y eut point de partis fous fon gouvernement. Guillaume fon fils lui fuccéda. Celui-ci ne refpiroit que la guerre, & fi 1'on n'avoit mis un frein a fon courage, il alloit par des expéditions hardies rompre les- conférences de Munfter. La paix , a laquelle on avoit tant de fois & fi vainement travaillé, fut enfin conclue, malgré les remontrances des Miniftres Francois, & même de la Hollande & de la Zélande, qui prétendoient que la République, d'après les Traités, ne devoit point faire de paix particuliere avec 1'Efpagne , ni la figner, que lorfque les intéréts de la France & ceux des autres Puiflances auroient été difcutés. Par ce Traité le Roi d'Efpagne reconnoiffoit les Pays-Bas Unis pour Etats Libres & Souverains , fur lesquels ni lui, ni fes Succeffeurs ne formeroient jamais aucune prétention. II déclaroit, au contrai- Y 2 Hifi. de Holiande. 1593-1648. Mort de LouisXttl. Ann. 1643. Ann. 1644. Ann. 1645. Ann. 1645, Ann. 164;', Mort de FrédéricHenri, Ann. 164$, Paix de Munfter.  Sscr. X. Hift. de Hollande. 1593-1648. Srct. XI. Hift. de Hollande. 1648-1607. Ann. 1648. Ordre dans la finances, ( 1 ( Ann. 1649. j i T.iduCiion \ dcsfroupes. j i 1 ( >1 1 CO Hift. des Prov. Üriifes par. le Clerc. T.. IL.L..XII. 17* HISTOIRE DE HOLLAN D' E re, qu'il défiroit conclure avec eux une Paix & Alliance përpéHjelIesj Les limites de la République écoient fixés. On célébra partouc le jour heureux, oü le calrae avoit été rendu aux Provinces, après tant de troubies & de défaftres. La Province de Zélande fut celle qui montra le moins d'allégrelfe, paree qu'èlle favorifbit le Prince d'Oram e & la France. 0 S E C T I O N XI. Hip oir e de la République des Provinces - Unies , depuis le Traité . de IVefiphalk, jufques a la Paix de Breda , ett depuis, ■ 1648 jufqu'en 1667. T out ce que la République' avoit pu obtenir par le Traité bVIiTreve de 1609, étoit que 1'Efpagne regarctèt fes Ambafiadeurs comme ceux d'un peuple libre : le Traité de'Weflphalie venoit d'aflurer aux Provinees-Unies la liberté & Ia fouveraineté. Par cette paix la toléran. :e mutuelle de Religion avoit été établie entre- les fujets de 1'Efpagne St ceux des Etats•: lii liberté refpecbive du commerce, aceordée aux deux nations ; les limites réglées, lés prétentions de-PEfpagne furies Provinces de PUnion & fur leurs conquêtes abandonnées» pour jamaisi Le premier üfege que la République fit de fon repos, fut de met.re de 'ordre dans les finances. On réfolut de diminuer le nombre des troupes ]tii étoient a Ia folde de- 1'Etat. Le Brabant Hollandois déchargé des :ontributions qu'il payoit aux Efpagnols , avok été affujetti aux taxes :ommunes. Les intéréts des dettes de la Province de Hollande* ivoient été réduits du denier feize au denier vingt. Les-Ambafladeurs ics - têtes ■ couror.nccs ne furent plus logés aux- dépens des Etats; plu, ieurs autres objets de dépenfe furent fupprimés. (1) La Plollande de'oit des fommes confidérables a 1'Amirauté ,• a la Compagnie des Indes k aux troupes , dont la réforme étoit- indifpenfable. . Cecte Province ^ropofa de Jicencicr 50 hommes par compagnie d'infantcrie ; après den des discuflions, Guillaume II & les autres Provinces y confenirent. Les Etats de Hollande demanderent encore que 50 compagnies l'infanterie étrangere fuflènt congédiées ,> & > que tous les régimens drangers fuflènt 'ï'éduits-a dix compagnies. Le Prince repréfenta que :e feroit expofer 1'Etat. La Hollande s'adrefla aux Etats Généraux cc tu Stadhouder* & propofa en outre la réduction par moitié de la ca» ralerie. Le Stadhouder fit- d'autres propofitions ; les efprits s'aigrirentj £ette difpute qui eut des fuites fi facheufes , étoit aii'ée a terminer*  OU "DES 'PROVINCES' UNIES, Liv. XXXIII. Siscr. XI. 173 Le Prince vouloit qu'on retint 3000 chevaux & 2.6315 hommes d'infanterie. Les Hollandois ne vouloient conferver que 2700 cavaliers & un peu moins de 26000 hommes d'infanterie. Ce n etoit pas une ' grande différence , mais chacun tenoit a fon avis: & la Hollande figUifia 'aux Capitaines d'infanterie & aux Brigadiers de cavalerie a-' fa lolde, de 11e plus s'attendre a aucun payement. Les Etats Généraux ' leür écrK virent en même temps, pöur les retenir au fervice-, leur défendant d'obéir & les fommant de leur ferment. (1) Ces difcuiïions devenoient tous les jours plus férieufes : pour les faire celfer , les Etats Généraux envoyérent une Députation aux villes de Hollande, dont 1'objet étoit de les détourner de faire une' réfbrme féparément des autres Provinces ; ils prierent en même temps le Prince de conferver la paix & !a tranquilité.. Lc Prince fe mit a la tête de la Députation. Elle fe rendit a Dordrecht, elle repréfenta le défordre & le danger auxquels la Hollande •expofoit 1'Etat, en congédiant les troupes fans le confentement des Alliés.- Jacob de Wit* qui étoit Bourguemaitre, avoit dit d'abord que ce n'étoit qua la confidération du Prince, qu'il accordoit 1'audiehce du Confeil de ville* fans entendre préjudicier a la > fouveraineté des Etats de -la Province & a la. liberté des fuffrages :- le Confeil de Dordrecht répondit, qu'on délibéreroit-fur ce-; qui avoit été propofé & qu'on feroit part des réfolutions aux Etats de la-Province.' La Députation de. manda une feconde audience pour le lendemain ; Aertsbergen- portant la parole , paria avec hauteur & alla jufques a dire, que Mrs. M. M. de Dordrecht, ayant violé 1'Union , s'étoient rendus coupables d'un crime capital , & méritoient d'être punis dans leurs corps & leurs biens. Ce difcours irrita le Confeil qui, malgré la préfence de Guillaume, enblama 1'indécence, déclarant par la bouche de de WiE , qu'a- la première asfemblée on en demanderoit fadsfacdon ; & 1'on décida qu'on1 refuferoii toute audience aux Députés. La- Députation fe rendit dans les autre; vilies & n'en obdnt qu'une réponfe vague, s'en remettant a 1'Aflembïéc prochaine de la Province* Le Prince fut recu a Delft comme Stadhouder , mais on refufa le logement aux Députés. A Amfterdam on refufa de le recevoir avec fa fuite, en qualité de Député des Etat: Généraux , & lorsqu'il approcha, on lui envoya un Bourguemaim avec le Préfident. des Echevins & un Secrétaire , pour lui dire qu'i feroit trés bien recu , s'il venoit comme Gouverneur de la ' ville Guillaume répondit qu'il prétendoit y être recu avec- toutes les quali tés dont il étoit revêtu. & avec fa compagnie , & 'lorsqu'il demand une audience en plein Confeil, comme Député. & porteur d'un lettre ae créance aes n.tats ueaeraux , les liourguemaitres relulennt Rejertie:, d'afiembler le Confeil. Alors il demanda cette audience comme Gouverneur , mais fans renoncer a la qualité de Député. Ce fubterfuge ne lui fervit de rien, & le Confeil ■ juftifia fes refus * en di--' (i).Wicquefort L. IV. Y-3 b Hifi. deHollande.1648-1667. Pifcttjptns a ce iujet* Ann. 165». t ■ Prétention: du Prince d'Orange. I I t  SrCT. XI. Hift. de Hollande. 1(54 8-1667. ylbus (T'autorité de /Guillaume. j - < Conflit en- \ tre les EE. 1 CG. & les ) EE. de la f Province. ( c f 1 e b q c S d 1 P P d d d: 174 HISTOIRE DE HOLLANDE Hint qu'on ne feroit pas d'humeur de fouffrir 1'infolence d'Aembenren (O- ö De retour k Ia Haye, Aertsbcrgen fit fon rapport aux EE GG & ne fit qu'irnter les efprits. Le Prince fe plaignit des Madftrats dAmfterdam & demanda réparation. Les Magifirats fe juftifierent & inculperent Aertsbergen, pour avoir dit que la Province avoit troublé lEtat, en réformant les troupes fans en avoir fait part aux Alliés & pour avoir mêlé la religion dans tout cela , afin de rendre les Magiftrats odieux aux peuples , & cela étoit vrai. Les Eccléfiaftiques toujours empreifés de s'ingérer des difcuffions politiques, s'emportoient dans leurs fermons contre les Etats de Hollande, qui furent obliés de fevir contre le Miniftre Stermont. U les traitoit d'ingrats, qui payoicnt par des outrages les fueurs & le fang des défenfeurs de a patrie (2). L'aigreur avoit été portée a Pexcès par un coup d'autorité que le Prince avoit hazardé. Corneliszoon de Witte, au lërvice de la Compaï™eJ?l !"des Occidentales , revenant du Brefil, fans la permiflion du Lonfeil de Régence, étoit allé voir le Prince, pour lui rendre compte de fa conduite. Guillaume, de Pavis de quelques membres des EE. GG. 1'avoit ait arrêter & mettre en prifon a la Haye. L'Amirauté d'Amfterdam , par les ordres des EE. GG., avoit fait jmprifonner dans le même temps, quelques Capitaines de 1'Efcadre de le Witte. Les Etats de Hollande avoient repréfenté au Prince, qu'on loloit leur territoire & qu'on attentoit a leur Souveraineté. Guillaume t 1 Amirauté furent fourds a leurs plaintes. Le Magiftrat d'Amfterdam it bnler les portes de la prifon & rendit la liberté a de Witte & aux Capitaines. ^Les Etats Généraux prétendirent qu'ils avoient ufé de leur roit & qu'ils étoient Souverains des pays, qui avoient été conquis a ■ais communs, tels que les Indes & le Brefil; que ceux qui étoient a :ur ferment, étoient aufli foumis k leur jurisdiédon, & que ceux qu'ils mployoient en quelque commiffion au dehors du pays, étoient comptales envers eux de kur conduite : les Etats de Hollande foutenoient ue les EE. GG. n'ayant point de jurisdiélion dans aucune des Provin. 2S, ils n'y pouvoient faire arrêter perfonne, que par le confentement des ouverains des lieux ou des Juges qui les repréfentoient; que ia Hollane, par un privilege fpécial, étoit exempte d'évocation devant aucun ribunal; que les EE. GG. ne pouvoient juger que des fautes commifes ar les gens de guerre dans leur emploi & par prévention feulement; que ar toutes ces raifons & beaucoup d'autres, les EE. GG. n'avoient pu ms aucun cas préjudicier aux droits de la Souveraineté. (3) Ils deman;rent que de Witte füt renvoyé devant fon tribunal naturel, 1'Amirauté Amfterdam. Comme le Prince retardoit la conclufion de cette affaire, le Procureur CO Abregé de 1'hift. de la HoII. T. II. ^2) Wicquefort hift. de Holl. L. III. C3) Hift. des Prov. Unies par Ie Clerc. T. III. L, 13.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 175 Général recut ordre de titer de prifon 1'Amiral & les Capitaines. Guillaume prévoyant les fuites de cette réfolution, fit ramener de Witte dans Pauberge d'oü il 1'avoit fait enlever. On lui donna des Juges. Cette affaire ayant trainé jufques a la mort du Prince, de Witte fut entiérement déchargé. Bientót une entreprife plus hardie de la part du Stadhouder, fit craindre de plus grands attentats a la liberté de la République. C'étoit un ufage anciennement établi que, quand le Stadhouder de Hollande vouloit faire pafier quelque propofition aux Etats , il envoy fit chercher le Penfioiraire ou quelqu'autre Député, pour la lui recommander. Guillaume fit prier le Bourguemaitre de Dordrecht Jacob de Wit, de paflèr chez lui : il invita auffi feparément Jean de Waal & Albert de Ruyl , Pm Bourguemaitre & 1'autre Penfionnaire de Harlem; Duyft de Voorhout, Bourguemaitre de Delft; Nanning Keifer, Penfionnaire de Hoorn; Nicolas Stellingwerf, Secrétaire de Medenblick , tous Députés aux Etats de Hollande'. lis fe rendirent chez le Prince fans méfiance : a mefure qu'ils arrivoient, un domeftique les conduifoit chacun dans ine chambre particuliere : ils y furent arrêtés, renfermés fous la clef & gardés a vuë. C'étoit ainfi que Maurice avoit fait arrêter d'Oldenbarnevelt & quelques autres. Le Prince fit dire aux Etats de Hollande par le Penfionnaire Catz , que n'ayant pu fupporter 1'infolence de quelques Députés qui femoient la divifion dans les villes , il avoit cru devoir fe faifir d'eux ; qu'il faifoit marcher vers Amfterdam , des troupes de cavalerie & d'infanterie , fous les ordres du Comte de Nafïïui, Gouverneur de Frife; & que ne doutant point, qu'elles n'y fufiènt arrivées , il fe difpofoit a partir le même jour pour fe mettre a leur tête. Catz s'acquitta de fa commiffion en tremblant. Le Palais oü s'asfemblent les Etats Généraux & ceux de la Province , fut iuvefti. La Cour fut remplie de troupes : la garde du Prince qui n'envoyoit ordinairement qu'un détachement, s'y trouva toute entiere ; les avenues furent occupées par les compagnies Colonelles, compofées de foldats écrangers. Cette viulation de tous les droits de la République , cette ufurpation d'autorité de la part du Stadhouder, qui n'avoit aucun droit, ni de gêner 1'aflèmblée , ni de faire arrêter les Députés, (1) jetta la coidternation dans les efprits. L'Affemblée , pour fe tirer d'embarras imagina de renvoyer quelques -uns des Députés aux Confeils de leurs villes , pour avoir leur avis fur les circonfiances préfentes , & les rapporter huit jours après. Cependant les prifonniers efcortés par un nombreux détachement de cavalerie & d'infanterie , furent transférés le lendemain pendant la nuit,au chateau de Loevenfiein & gardés chacun dans fa prifon, comme des criminels de leze-majeflé. Le Comte de Naffau marchoit a la tête de la cavalerie : une partie de fes troupes s'égara pendant la nuk, qui étoit fort obfeure & fe retrou» va le lendemain au lieu même , d'oü elle étoit partie ; le courier de (js) Voyez Aitzema L, XXIV, du Lion retablL Hift. de' Hollande. 164b'-1667. Guillaume fait arrê. ter cinq Députés* Conftertw*tion des Etats,  Sect. XI. Hifi. da Hollande. 16&1667. II fait tnarcher des troupes contre Amfterdam. lo:- <0 Mrig. de Vhifi. de Ut!/. T. ZhCh.XlI. t?6 H ISTO IR EDE II O L L A N DE Ilambourg a Amfterdam, les rencontra ; mais comme il n'y avoit que deux ouicrois Officiers, .qui fcuflènt quel étoit 1'objet de cette marche , & qu'on avoit négligé ,de donner ordre d'arrêter les perfonnes qui pourroient avertir les habitans, ce courier paffa & raconta naïvement quil_ avoit rencontré des troupes en pleine marche; on ne favoit fi c étoient quelques troupes Suédoifes qui étoient reftées fur Ie territoirc de Liege , jufques au payement des fommes qu'elles devoient toucher conformément au Traité de Wefiphalie ; ou celles du Duc de Lorraine , qui étant mal payées par leur maitre & vivant afiez fouvent de pihage , venoient tenter ms entreprife fur Amfterdam, Des quatre Lourguemaitres , Bicker feul étoit dans la ville; conjointement avec le Préfident des Echevins Huydekoper de Maarfeveen , on fit lever les ponts-levis, conduire de 1'artillerie fur les remparts & mettre les bourgeois & la garnifon fous les armes. On forma a la hace plufieurs compagnies d'ouvriers k vingt fois par jour. On arma huit vaiflèaux de guerre & quelques, fregates pour garder Ia ville du cöté de 1'Y. Tous les poftes furent gardés: les Anabaptiftes.même, ennemis de toute efpece de guerre, prirent les armes (1). Le. Comte de Nalfau voyant Pimpoffibilité de furprendre Amfterdam, envoya par un trompette une lettre , que Guillaume Pavoit chargé de remettre aux Magifirats , lorfqu'il y feroit entré. Le Prince leur' marquoit que n'ayant „pas été traité comme il devoit Pêtre , lorfqu'il étoit venu dans leur ville, il avoit. envoyé le Comte de Naflau avec des troupes, pour y maintenir Pordre, &. n'étre point troublé dans ce qu'il avoit & propofer pour Je fervice de PEtat. Après la leclure de cette lettre , Huydekoper fut député au Comte, pour lui dire qu'on avoit envoyé des Députés aux Etats de la Province, & qu'on ne pouvoit faire une réponfe au Prince qu'au retour des Députés; mais qu'il confeilloit aux troupes de fe retirer , ^ parcequ'on parloit déja .dans la ville de les fubmerger avec leur Général, ,& que .les IVÏagiflrais-ne feroient pas les maitres de 1'empedier. Le Priiice voyant ..que fon defièin de furprendre Amfterdam étoit man- ^•if ' s r u K d'en"faire Je fie^e' nia5s 1or("clu'iI fM parvenu entre cette ydie & Harlem, Louis de Naflau, Gouverneur de Berg - op - Zoom, le fit jrembler, du danger oü il s'expofoit, parceque les habitans n'avoient qua percer la digue prés de la porte St. Antoine, pour le mettre fous les eaux avec^ fon armée.' N'ofant pas tenter ie fiege & ne voulant pas reculer , il eüt.recours aux Etats'Généraux, & les engagea a lui envoyer une Députation, pour Ie prier de renoncera fa vengeance; mais avant le retour des Députés, il fit favoir au Confeil d'Amfterdam qu'il vouJoit entrer dans. Ia ville: le Confeil lui fit répondre qu'il en étoit Ie maitre, pourvu qu'il fit retirer fes troupes; le Prince vouloit les y buffer £n garnifon; mais Ia fermeté du Confeil 1'obligea de confentir a un accommodement. La ville accepta la lifte militaire1" réglée par le Prince, con~  OU DES PROVINCES UNIES, Lfv. XXXIII. Sscr. XI Ï77 formëment h. fa propofidon du 5 Juillet; elle confemit k le recevoir comme Stadhouder de la Province & a lui donner , toutes les fois qu'il le defireroit, audience en plein Confeil en cette qualité feulement, & a Jicencier les troupes que la ville venoit de lever. Le Prince de fon cöté promit de faire retirer fes troupes, après la fignature, a condition qu'And'ré & Corneille Bicker, (qui s'étoient conduits en zélés citoyens) renonceroient pour toujours aux charges de Maghtrature, (1) fauf néanmoins leur honneur & leur réputation. Ces deux fages Magiftrats déclarerent qu'ils préféroient le repos de la ville a leur propre fatisfa&ion & confentirent & 1'exciufion qu'on leur donnoit. Cet accommodement étoit a 1'avantage du Prince; mais Amfterdam aima mieux céder, que de s'expofer aux maux que foa opiniatreté eut entrainés. Le Prince, fur les repréfentations des villes, mit en hberte les fix Députés prifonniers a Loewenftein, a condition qu'ils n'entreroient point dans la Régence. II donna en même temps un Mémoire aux Etats de Hollande & aux EE. GG-, pour fe jurtifier de les avoir fait arrêter. Ce Mémoire, qu'on ne voulut point lire dans Paflèmblée , fut renvoyé au Penfionnaire Catz. II ne fut ouvert qu'après la mort de Guillaume, comme nous le dirons ailleurs. Dans ces circonftances, le Prince attaqué de Ia petite-verole, Ie ij Oétobre, après trois femaines de chalfe & de fatigues exceflives, mourut le 6 de Novembre, dans fa 25e. année. Cette mort affecba diverfement les efprits. Le peuple d'Amfterdam en témoigna une joie indécente. La France , avec laquelle on foupconnoït ce Prince d'avoir traité fecrétement, (a) afin d'engager la République dans une nouvelle guerre contre 1'Efpagne , donna des vifs regrets k la perte. L'Efpagne & 1'Angleterre fe féliciterent de fa mort. Les Provinces-Unies rendirent juftice aux qualités brillantes qu'il montroit a la fleur de fon dge. Aucun de fes ancêtres ne 1'avoit furpafie en générofité , en douceur, en affabilité. Ces vertus étoient embellies par les graces extérieures du corps , fortifié par des exercices continuels, qu'il porta malheureufement jufques a 1'excès. II avoit époufé Marie Princeflè Royale d'Angleterre , qu'il laifla enceinte d'un nis , connu fous le nom de Guillaume-III, né le 14 Novembre , buit jours après la mort de foa pere (3). Ce ne fut pas un Prince , ï qui la République pouvoit confier le timon de 1'Etat •, on fit paflèr le Stadhouderat de Groningue & des Ommelandes, au Comte Guillaume - Frédéric de Naflau , déja Stadhouder de Frife. La Princeflè Douairière fit envain tous fes efforts , pour faire changer ces difpofidons en faveur de fon petit-fils : elle chercha 3t faire valoir les fervices que les ancêtres du jeune Prince avoient rendus k 1'Etat. Pour donner plus de folidité a fa nomination , Guillaume» CO Wicquefort Hift. de Holl. L. IV. (2) Lettres du Comte d'Eftrades T. I. (3) Hift. du Stadhouderat Sc Remarques. Tomé XLIV. Z Hift. da Hollande. 1048-1667. II met les' Députés an liberté. Mort dé G uiII sw me II.  Sect. XI. Hift. de ïlollande. «548-1667 Changc mens, dansje Gouver- netaHtt».. Prftendans 0- is turelle de Guillau- m ui. I78 . *.IM S T O I R E D E. II O L L A Ef ü 2 I Frédéric' époufa Alberdne-Agnès , fiUede Frédéric-Henri, Princer dOrange. ' Les Députés que Ie Prince avoit fait ■ prifonniers , & les I\fegi(lrata . ^ uwutuca , iurenc retaDiis : quelques Provinces profrcrent de cescirconftances , pour -affoiblir Pautorité du Stadhouderat. La Zélande declara que la qualité de premier Noble de Zélande , n'étant atta* chee a aucuns. Domaines pofledés par la Maifon ' d'Orange, n'étoit que perfonnelle, & qu'elle devcit être. anéantie par Ia mort d" Gjuü4 Jaume II : Knuit, qui 1'avoit repréfenté , objefta vainement qy9 ceue quahte. étant un droit de la naiffance du Prince der voit lui être tr.anfmife , Knuit fut démis de fon emploi ft\ Les Etats de Hollande firent dans le Gouvernement des- chaivêirers encore plus confidérables. Apiè-s Ia mort du Stadhouder, ils avoient envoyé des Députés-dans les amres Provinces,. pour les en ^er a cji> lentir h. une convocation de leurs Etats particuliers, a Ia Haye Avabt Je retour des Députés, ils avoient offert aux villes de cetsé Province da hberté c\ Je privilege de fe choifir elles-mêmes Ieüés Magillrats"- 'au heu que- partout le Stadhouder nommoit les Echevins , & dans quelques villes, les Bourguemaitres Les villes accepterent. La Cour de Holland» préfendoir, qu'au delaut du Stadhouder, la difpofition des charges de la.Magifiracure lui appartenoit ; mais elle renonca a cette préter. tion. Les Etats déterminés h .garder les- droits de la Souveraineté s'ntribuerent une, partie des droits. attachés au Stadhouderat, eek que-la difpofition de tous. les Emplois-miikaires a Ja -.rópartitlon de Ia Province , la nomination au Reétorac de I'Univerfité dè Leyde , Jes droits de la Grande -Maïtrife des eaux & , fbrêts , & la difpofition de h Lieu, tenance, fur la propofiiion. du corps des Nobles;. ils dcciderent, qua les Etats accorderoient, déformais les faveurs , lettres -de grace & d'abolitjon. La garde a cheval du Prince ne fut plus appellée que la «-arde" du corps des Etats de.Hollande; iJs formerent un régiment de dix compagnies de la garde h. pied. Les aucres Provinces imiterent celle de Hol. lande, &. toutes ■-concourpient a anéantir Pautorité du Stadhouderat (?)• ' . .Les. divifions des .prétendansj a ja tutelle du Prince, favorifoienr les démarches des villes pour s'emparer de Pautorité. La Princeflè Royale mere de.Guillaume III, fe faifoit un titre du droit de mere & d'un teihiment.de fon mari , qui 1'appelloit a Ja tutelle; la Princeflè Douairière de Frédéric .-Henri ,. foutenoit que la Princeflè Royale étant mir neure , avoit elk-même befoin d'un tuteur , & que le tefiament.de Guillaume II n'étant pas revétu des formes. légales , devoit être ex-, clue de la tutelle de fon fils, & qua fon défaut, elle alloit de droit a, fa grand' mere. (3J Les autres prétendans étoient Philippe- Lom's, & Frédéric - Louis de Baviere , Palatins du Rhin , pedis-fils de Gaik CO HlfT des Prov. Unies. T. II. L. XIIL Ilift. du Stadhouderat-» (2) J lift. abrég. de la Holl. Hift. du Stadhouderat, 12) Wicquefort hifi. de Ifoll. L. IVs  -OU -DES PPOOVPNCES 'UNIES, Liv. 'XXXIIL Sect. 'XI. 179 tbmna I , Prince d'Orange , 1'un par Julienne & 1'autre par Emilie. de Naflau, filles de Guillaume I; Emmanuel & Louis-Guillaume, l-Mnces de Portugal, dont la mere, 'Emilie de NafTau , étoit'-fteur du feu Prince Maurice : mais le prctendant le plus redoucable, étoit Frédéric-Guillaume, Elcdeur de Brandebourg, marié a la foeur. aïnée de Guillaume II. Enfin la tutelle fut aecordée aux deux Princefiès ik a 1'Electeur de Brandebourg, avec cette condition que la Prineefie Royale y auroic la-plus grande ;patr. , . r . Toute innovation dansje Gouvernement produit prefque toujours. des troubies. L'anéantiirement du tkre de premier Noble en occafionna dans la Zélande. L'opinion commune étoit que le Prince , en qualité de Marquis de Flefiïngue & de Veere, indépendamment de la qualité de Stadhouder, devoit difpofer des Magifiratures de ces deux villes,' droit que les tuteuis prétendoient cxercer au nom de leur pupilèe. La Province s'y oppoia. Les deux Bourguemaitres ;de Middelbourg, Henri Thibaut d'Aagrenkerke & le Doéteur Landsbergen , qui. foutenoient le parti de la Maifon d'Orange , travailloient fourdement, a le .faire- nommer Stadhouder de Zélande ; mais n'ayant pas aflèz ménao-é la Bourgeoifie , dans la forme de Télecdon des .Magiftrats, ils exciterent fes niurmures ; les Eceléfiaftiques animerent la populace, qui fe jetta fur les maifons de Landsbergen & de Thibaut; les. Bourguemaitres ne fe fauverent que par la fuite. Lar nouvelle forme d'cleaion fut profcrite. Middelbourg , Ziericzée, Goes & Tholen, fe choifirent leurs Magiftrats: Flefiïngue & Veere ne vouloient tenir les leurs que du choix du Prince., comme^ Marquis.; mais enfin ce-s villes fe conformerent aux difpofitions des Etats, a condition que fi les uitemrs vouloient fe pourvoir en .juiliee , ils ne feroient ni a leur charge , ni qu'il ne feroit rien exigé pour les frais de la procédure. •D'un autre; cöté, la Nobleflè fit quelques efforts pour avoir féance dans 1'Alfemblée des Etats de Zélande , mais les villes rcjetterent leurs clemandes (i\ , , , ri Cependant les Etats des 'Provinces convoqués a ia haye , com. mencerent leurs féances dans la grande falie de la Cour. Le Penfionnaire -Catz , célebre par fes poëiles, prononca un difcours , dans •lequel il traea le plan de la nouvelle forme, que la Province de Hollande fe propöfoit de. donner a la conftitution de 1'Etat. Cette Province avoit eu foin de perfuader aux Zélandois, que 1'enfance du Prince livré a fes tuteurs & d'autres circonftances devoient 1'exclure du Stadhouderat. Tout ce qui devoit être agité dans cette Affemblée , connue dans 1'hiftoire fous le nom de Grande Aftèmblée , fe réduilbit a ces trois points: 1'Union , la Religion & la Milice. Le premier refta mdécis a quélques égards; les circonftances oü fe trouvoit la République , ne permettant pas de rien fixer fur la maniere, dont les différends qui furviendroient entre les Provinces, pour.-uient être difcutés .& décidés : les moyens indiqués par le Traité '1) Hift. des Prov. Unies. T. II. L, XIII. •Z 2 /ƒ;'/?. cte Hollande. 1Ö48-K567. Troubies en Zélande. La grande Afr.nblée. Régiemens:  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1Ó67, Moyens contre la ttrruption, (1) Hift. des Prov. Unies, ubi fupr. (2) Abréfi. de 1'hift. de la Holl. T. II. Ch. XII. ï8o HISTOIRE DE HOLLANDE d'Utrecht de 1579, étant devenus infuffilans par le changement d demande fa re™«> * «»JInvoyé pour fe juftifier d'avoir fait Sr Te ^'S és & dVoir efiayl deVprendre Amfierdam. On m en délibération, fi on liroit ce mémoire , ou fi on le bruleroit fans fe lire ? La pluralité fut pour la lecbure. On frémit d'indignation. La Députadon dumois de Juin, de Pannée précédente aux differente» villes de HoUande , fut condamnée , comme contraire a 1 ordre & a la forme Z ro™ement. Les Etats des autres Provinces furent pnes de désapp?ouver & de déclarer les Réfolutions du 5 & 6 du même mois , S^pot érarf ou par crainte, nulles & illégales , les remercimcns fn cés rïts alors k S. A., furent désavoués. On déclara PemprifonneS „ 'deDéputés & 1'entreprife fur Amfierdam , H~oires a la ïïw/ h la Maiefté & a la Souveraineté de la Hollande. (p On Ivo* que pS villes jaloufes de 1'état floriffant d Amfterdam «Wen? oas été fachées dans le temps que le Prince lhumdiat, & SrSqïï-Ss "'avoient pas eu honte de favorifer fecretemenc Zt Srife qu'elles ne condamnoient que paree que les circonftanune entrepu^ , h requifidons des Etats , les villes de DoXT Km, Delft Amfterdam, Hoorn & Medenblick, Scotnurent' les fix Députés pour vrais & fideles _ patnotes & les Ftats approuverent leur conduite par une déclarauon foéciale Les motifs abégués d.ns le mémoire du Prince, furent refutés ; & fur ja motils anegücs u ^ ammibe tm L quf,'loit paffé en ,65o , 5e la part de queb S rprovinces ou perfonnes, contre d'autres perfonnes ou Provinces. Ts EtS de Hollande dédommagerent par la fuite la ville d Amfterdam des feis extraordinaires qu'elle avoit été obligée de faire, pourle ferviceöc FmLeépSfiSee'Catt, pks célébre par fes ouvrages, que par fes talens pou le Gouvernement, fit la clóture de cette augufle Affemblée Par un difcours fort éloquent, dans lequel il attr.bua a une oroteaion manifefte de la Providence , Punammité des luffrages & la concorde qTavoient regné dans le cours des léances. Catz reitera h demande de fon congé ; fa démiflion fut acceptée : on 1'engagea 1 SaX la cba ge de Garde du grand fceau de la Province, & celleSde Grand Penfionnaire fut donnée a Adrien Pauw , Seigneur de Heemftede , ancien Penfionnaire d'Amfterdam & enfuite de Hollan- dep(endant les féances de la grande Afiemblée , Dom Antonio de Souza de Macedo, Ambaffadeur de Portugal, qui remplacoit Dom Fmncifco de Souza Cotinho , dont les Etats avoient demande le fi~) Hift. du Stadhouderat & Remarques. , „.,. [li HUL abrég. de la Holl. T. II. Ch. XII. Hift. des Prov. Unfl». T. II. L. XIII- Z 3 lift. de lollande. 1648-166j. Retraite de Catz, Pen- fionnairede Uollande.  i Srcrr. XI. Hifi., de Hollande. 164S-16Ó7. Affaires de Pertugat. i8* HISTOIRE D E W OLLAKD E %:J™f & °n "C 1U1 ^uit jours pour y ré^ondre S3S Etats Généraux avoient écrit a 1'Aflemblée des Directeurs de k Com pngme des Indes h Middelbourg, de faire une gouve e aux etabhffemens des Portugais aux Indes Occidentales, lc ^attaquer leiS vaifieaux, allant aux Indes, ou en revcnanc ; ils avoient^rfSTdW fcmbhble Mais ccJcVJ1Ke dG P?1Me avoic Pris 'une ^"««ou ïtmbiabie. Mans cette Compagnie étoit extrêmement divifée : il v avoit K'&mÏV4'r-f]?teS re^jve*< ^ntre le Confeil fop ême du 2 de torn" de-^erre- ^La fl0CCe de FAmiral de Uu> quoie.de tqut; fes vaiffèaux n'avoient point de ouoi fe radbuber étoient ronges des vers & dépourvus de* vivres; les OfficiÏ K Compagnie lui en refmojent, meme en payant j 'ils licïSdSvoS pibe un vaifièau Portugais, qu'ils avoient pi lé eux-Ss 1% pla.gnoit, & ils regardoient fes plaintes comme un prétexte pour s'en rctourner en Hollande. La nation Portugaife avoit enlevé aux EÉ fban'r H^'h 'rSr- MaraShon > au de la paix Pro- ü am des divifions de a Compagnie & de la fituation des arïaires qui empechojent la République de fonger a celles du Brefil, leli PortUS, éuffifioient dans toutes leurs entreprifcl D'un autre cöté, les EmpIoyK laCompagnie, fon auBrefil, foitcmEurope, craignantquela ruïne prochaine de la Compagnie ne les empêcMt d'en tirer aucun avamage, mè toient ou ? profit..& fe payoient parjeurs-maws (i\ ö • < °ULa JrZ AfWni° d° ^a Macedo étoit arrivé dans le -temps qu'on s'occupo t des fecours qu'on devoit envoyer au Bréfil : fon prédécefTeur "é- e evoii Macct' *3T * ?*V * ^ ^voix'kTe pas mix bernSli r f ?Pond.lc P°inI h 'bs Propofitions d'une paix perpetuele. Cependant les Etats de Hollande charaerent ceux «ni avoient eté rommés par les EE. GG., de revoir les articles qui «TT deV^"'" * Cütinh°' d'V ia''re ks ^'-ngemens n eefili es óc de les eommuniqucr a LL. HH. PP. ; fur quoi Pon donneo,t audience a 1'Ambafladeur. f» Macedo propofa de la part de lln^Th* m dkd°" ^ Ckfa' Ke™ dPe Snede , luPi avoic Qfleitc: Ies-Dcputes lui répondirent, qu'ils n'avoient aucun ordre au fuietde a médiation, mais feulement de lui préfenter des articles^nvenu^en iarl ^ec fon devancier, & qu'il ne s'agifibit plus que de les acceptcr ou óc lcl L'AmbafTadeur infiftoit pour la médiation de la Reine de Suede & ïe°l!lal,uèvPeaiX f^fr' defirok de COndure avant ^P^tion ■1e la treve. Les EE. GG. re ettoient ia médiation & prefbienc * négociation concernant le Bréfil , avant d'en vcnir % Ta PTix" f 0 Hift. des Prov. Unies. T. H. L. XIII éfV VVlc?tI(-'fo"-IM. de Holl. L. IV.  OU DES PROVINCES- UNIES, Liv; XXXHI. Sacr: XI. 1% mais ils s'appercurent par les difcoufs de Macedo, que les Portugais amufoient PEtat, en feignant de perfuader aux Capitaines du Brefil de rentrer fous la domination tdoflandoifj. Ees propofltons que fic Macedo , en réponfe aux articles, furent rejetcées & il fut réfolu de ne plus conférer avec lui, On lui-öta même les exemptions accordées aux Amballadeurs. Ses créanciers vouloient le faire arrêter ; mais les EE. GG. ne vouloient pas le foufirir. On lui accorda un; paffeport & Pon fe dilpola a recommencer la guerre, auffitöc que la trêve feroit expirée. ^ Quoique dans fes querelles avec 1'Efpagne, la France eut accepté la médiation des EE. GG. & qu'elle proteltat de vouloir vivre en bonne intelliüence avec Leurs HH. PP., fes armateurs n'en troubloient pas moins le commercedes Hollandois dans la Méditerranée.. L'Amirauté d'Amflerdara s'en plaignit plufieurs fois ; elle faifoic monter les pertes des marchands Hollandois depuis nenf ans , a plus de lept- millions cinq cenc mille Livres. Les EE. GG. s'adreffercnt a Pomponne de-Bellievre , qui arriva peu de temps après, cn qualité d'Ambafladeur extraodinaire ; mais lesr difputes qui furvinrent entre 1'Ambafladeur & les Etats fur le cérémonial, (ij rompirent les conférences. Boréel, Ambafladeur des Etats en France, leur éciivic cn même temps que le Duc de Vendóme, GraadAmiral, équipoit dans le. defièin- -d'exercer auffi des pirateries: on réfolut. de s'en plaindre amerement a Bel ievre , de demander' fatisfaélion du paffe , & fi on la refufoit, de fe faire juftice foi-même: mais cet Ambafladeur n'ayaut pas voulu fe rendre fur le cérémonial, fut rappellé te Paris. Cependant les menaees des Etats eurent leur - effet , ils recurent une lettre de Boréel, qui leur apprit que le traité de marine de 1646, entre la France & les Provinces - Unies, qui devoit expirer le 18 Avril, devoit êrré renouvellé pour quatre ans, & qu'il feroit obfervé jufques a ce qu'on en fit un plus particulier & plus durable. - Cromwel dans ce temps-la t les mains encore furnantes du lang de fon Roi, fefoit rechercher fon-alliance des Souverains qui auroienc du fe liguer contre ce tyran. 'fant que Guillaume 11 vécut , les EE. GG. n'avoient voulu avoir aucun commerce avec 1'ufurpateur: ils avoient föiblement recherché les ailaflins de DoriiLias, Agent de. la Grande Bretagne,, & leur avoient donné le tems de s'évader. , Le Peuple qui n'oubloit pas ce qu'il devoit au fang d'Orange &o de ;Naifau, frémiflbit de 1'attentat? commis fur la perfonne de Charles I, pere de la Princeflè d'Orange &' frere.de la Reine de Bohème, qui depuis longtemps fefoit fon féjour en Hollande. Ces difpofidons dont Crornvei étoit informé; Pordre que les" Etats avoient donné au Lieutenant Amiral Tromp , de fou-.enir le com» merce Hollandois contre les pirateries du. Gouverneur- des Sorlingues, & le refus conftant u'écouter Strikland, collegue de Doriflaas, Miniftres, du Parlement d'Angleterre, chargés- de propofer aux EE. GG. une plus < étroite alliance, avoient déterminé le Parlement a faire dire ajoachini, ■ (1) Daniël Hift. du Re^ne de Louis XIV. IWiquefcrt-IIiil. de Hul!. L. iV.- Hollande.' Ptraté* vies. Traité ié' marine avec la France. Affaires- ivec Cromvel. ^arkmenf 'erre.  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1(548-1667. SetAmbasfafleursinfu'.tés. Projet i? alliance intime entre 1'Angleterre fif lesPP.UU. eu Cealitien. 184 HISTOIRE DE HOLLANDE Envoyé ordinaire des Ecats, de fe retirer. Les Etats de Hollande ne penfoient pas comme les Etats Généraux. La crainte qu'une rupture ouverte ne nuific au commerce de cette Province, les avoit engagés k vivre de bonne intelligence. Gerard Schaap , membre du Conieil d'Amfterdam, leur Commiffionnaire, avoit ordre de rcconnoitre la fouveraineté du Parlement d'Angleterre, de lui donner tous les titres qu'il exigeroit, & de déclarer k Cromwel & au Gouvernement Anglois , que Parmement de Tromp n'avoit d'autre objet que la défenfe & la protecbion de leur commerce & de leur navigation , & non de fe rendre maitres des Sorlingues. Après la mort de Guillaume II, le Parlement envoya en Hollande deux Ambafladeurs extraordinaires, Lord Olivier St. Jean, Chef de la Juftice & ce même Scrikland , avec une fuite nombreufe & cinq vaiifeaux de guerre : ils firent k la Haye 1'entrée la plus magnifique. Malgré cette pompe, quelques Anglois Royaliftes les infukerent & leur prodiguerent les épithetcs de bourreaux & de meurtriers du Roi: deux eens quarantefix perfonnes qu'ils avoient k leur fuite, ne fortoient dans les rues qu'en petite6 troupes, & 1'épée fous leur bras. (1) Les Ambafladeurs furent conduits k Paudience par trente-fix carofies: St. Jean fit un difcours, dans lequel il témoigna le defir que le Parlement avoic de faire avec la République une alliance plus intime qu'elle ne 1'avoir jamais été. Après ce difcours, il demanda des Commifiaires pour conférer avec lui: il demanda juftice de la mort de Doriflaas, qui n'étoit point encore vengé. Les Etats de Hollande firent publier le même jour, défenfe, fous peine de la vie, d'infulter, de fait ou de parole, les Ambafiadeurs, Réfidens, Agens, ou autres Miniftres des Puiflances étrangeres. Les conférences entrainerent beaucoup de difficultés: (jO les Anglois exigerent de pleins-pouvoirs, Pexamen par écrit de chaque article en particulier; ils infifterent fur les raifons qui les portoient k s'unir plus étroitement avec les EE. GG., qu'avec aucune autre Puiflance, même religion , même amour pour la liberté, même intérêt par rapport k la paix, au commerce, a la navigation: ils propofoient une efpéce d'alliance plus intime, mais ils ne s'expliquoient pas ouvertement; les Commiflaires les preflbient: enfin après bien des détours St. Jean propofa une alliance exclufive, c'eft-k-dire que les EE. GG. fe détacheroient de tous leurs alliés, qu'ils s'engageroient a renoncer k toute amitié étrangere , en un mot il propoloit de ne faire qu'une même République de 1'Angleterre & desProvinces-Unies, laquelle ne dépendroit que d'un feul Confeil Souverain. Les Anglois donnoient k cette alliance finguliere, le nom de Coalition, mïon de deux Corps, pour n'en faire qu'un. Les Hollandois regarderent ce projet comme une chimère; ils offrirent de renouveller les anciennes alliances & de faire om nouveau traité pour leurs intéréts communs, mais fans exclufion d'autres alliances. CO Hift- des Prov-Un- Abré?- de mia- de la Ho11, T- IL L- xir« (2; Hift. d'Angl, par Rapin Thoira» fous Cromwel.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 185 Le lendemain les AmbaiTadeurs demanderent vengeance des infulces fakes des perfonnes de leur fuite, par le Prince Edouard, fils du Roi de •Bohème & d'une fceur de Charles I. Les Etats de Hollande ordonneren* des informations; malgré toutes les précautions des Etats, le logement des Ambafladeurs étoit prefque toujours entouré d'une populace menacante. Un Colonel Anglois qui avoit fervi fous Charles I, averdc St. Jean qu'd n'étoit point en füreté; cet Officier eflaya d'étrangler un domettique des Ambafladeurs, fous les fenêtres de la Reine de Bohème. Ils prefloient la conclufion du traité; mais voyant qu'on ne répondoit point a leur propoiition, ils firent dire aux Etats, que le Parlement jugeoit qu'après les infultes du Prince Edouard & de la populace, ils ne pouvoient pas refter plus longtemps a la Playe, & qu'ils fe difpofoient h en partir. En effet le Duc de York & la Princeflè Royale paflbient tous les jours devant leur porte avec un grand cortege & fort lentement, regardant leur hotel du haut en bas, comme pour exciter le peuple. Le Parlement fe plaignit de ces afl'roms & prolongea cependant le féjour de fes Ambafladeurs. Pour leur prouver la confidération qu'on avoit pour eux , on fit citer devant la Cour , au fon de la cloche , le Prince Edouard ; on condamna au fouet un de fes domeftiques, & un autre au banniflêment. (1) j_ ' ". Les Ambafladeurs préfemerent fept nouveaux articles: les Commifiaires en donnerent trente-fix; mais des deux cötés, on faifoit femblant de ne pas s'entendre, & les premiers demanderent leur audience de congé. II paroit que le but de Cromwel & du Parlement étoit, non - feulement d'empêcher les Provinces-Unies & le Prince d'Orange de donner fecours a Charles II, mais d'armer la Hollande & la République contre ce Prince; de la brouiller avec la France & 1'Efpagne, fi ces deux Puilfances fe déclaroient contre 1'Angleterre, & deteindre pour toujours le Stadhouderat. (2) Les Provinces-Unies étoient indécifes entre Ie Parlement d Angleterre, dont les Puiflances recherchoient 1'alliance , & Charles II qui avoit un parti en Ecofle , & même en Hollande. Cette indécifion fut dans la fuite fatale a la République. Mais le Parlement ne tarda pas a manifeftet fa mauvaife humeur. On fe plaignit de la prife d'un vaifièau Anglois, chargé de marchandifes, allant au Brefil, faite par de Witte. On demanda aux Eiats le payement de foldes dües dès le commencement de la guerre, a quelques Colonels Anglois. Les Etats de leur có:é demandoient le payement de ce qui étoit dü k la Reine de Bohème. On leur répondii que la couronne n'avoit pu être chargée de 1'entretien de cette Princeflè. fans le confentement du Parlement; & que la Reine ayant engagé fes fil: h fe déclarer ennemis du Parlement, on ne pouvoit lui rien accorder pa faveur. Les victoires que Cromwel remporta en Ecofle fur les Royaliftes, & 1 défaite de Charles II, obligé de fe retirer en France, augmenterent 1'aigreu (O Hift. des Provinces - Unies. Hift. d'Angl. par Rapin Thoiras fous Cromwel, Cs) Volt. Effai fur 1'efprit des Nations T. II. L. 131. Torna XLIV. Aa Hift. de Hollande. 16+8-1667. Nouveaux ni trages faits atix Ambaffit' deurs. I Indécifion des Etats Généraux. I r  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667 Atle de navigation. Lettres de repréfail- ies. Ann. 1652. MJI/iitds. i j 1 SHift. du Commerce, par M. Melon. Abr. de 1'Hifl, de la Holl. T. ILCn.XII. 186 HISTOIRE DE HOLL Ai N D E du Parlement contre les Provinces-Unies. . St. Jean détermina Cromwel ï palPer le fameux Acte de navigation, par lequel il cd défendu a tous étnngers , d'apporter en Angleterre aucune marchandife qui n'aic pas été fabriquee chez eux; ce qui renverfoit le commerce des Hollandois & des Zelandois en Angleterre , qui y portoient les productiuns de tous les pays & même a meilleur marché, que les Anglois même. (1) Le Parlement accorda des lettres de repréfailles a Guillaume & Robert Pawlet armateurs Anglois, qui prétendoient que les Hollandois leur avoient caule' une perte de dix mille livres (lerling ; auffitót deux vaiffèaux armés en guerre firent des priiès confidérables. Les EE. GG. nommerent une Ambafiade compofée de Catz , Schaap & van der Perre ; ils leur donnerent pour inftruccion les 36 articles., qui avoient déia été préfentes. r Les Ambafladeurs afTurerent le Parlement, du defir qu'avoient leurs maitres de vivre en bonne inteiligence avec la nouvelle République d'Angleterre: ds le prierent de révoquer les lettres de repréfailles:on entraen négociation au fujet des trente-fix articles. On fufpondit Peffèt des lettres de repréfailles; mais on déclara de bonne prife la plupart des vaiffèaux Hollandois, & Pon refufa de révoquer 1'Acbe de naviiracion. Les Ambasladeurs dcclarerent que les EE. GG. étoient réfolus, pour foutenir la liberté de la navigation, de mettre cn mer 150 vaiflèaux de guerre, outre ceux qui y étoient déja ; qu'ils n'avoient aucun deffin de nuire aux nations amies ou autres, & particulierement aux Anglois, mais feulement de protéger leur commerce. Pour rompre toute négociation, les Coinmiflaires Anglois firent lire dans leun conférences, par leur Secrétaire, un papier contenant les prétentions des Anglois, pour les perces qu'ils difoient ivoir fouffertes par la faute des Hollandois. lis faifoient monter ces prélentions tant en capital qu'en intéréts, a une fomm- fi exceffive, que 1'Eu■ope, difent les hifloriens, fi on Peut mife a prix, eut été moins confilérable (2) Les difcuflions furent fi longues, au fujet du traité d'alliance, fur la Kiture duquel on feignoit de part & d'autre de ne pas s'entendre, que es flottes Angloife & Hollandoife cn vinrent h une bataille fanglante qui wnpit les négociations, Cette bataille fut, dit-on, Peffèt du hafard. Les £E. GG. avoient confié a Tromp une flotte de quarante voiles pour jrotéger le commerce. On lui avoit défendu de permettre qu'on vifirit les vaiflèaux de la République; on lui avoit ordonné de ne point s'approcher les cótes d'Angleterre, pour éviter toute querelle: la flotte de Tromp draflèe par le gros tems , s'approcha malgré lui de ces cótes ; mais irrivé aux Dunes,il dépêcha deux Capitaines au Commodore qui y comman. loit une efcadre, & lui fit dire de n'être point furpris de voir les fiollanlois li prés d'Angleterre; que leur flotte yavoit été pouflëe par la tempête; pu'elle n'avoit d'autre deflèin que de fe radouber & de retourner dans fes >orts. En effet il reprenoit la route de Calais, lorfqu'il ,fut averd que.  -OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 1S7 f ot navires efiimés plus de cinq millions, revcnant du Détroic, rifquoienc d'être enlevés par douze vaiflèaux du Parlement. Van Saanen lui dit, qu'il avoit été rencontré par une fregate Angloife, qui avoic voulu le forcer a baiflèr le Pavillon. Tromp crue nécefiaire d'aller au fecours de la dutte marchande & fe rapprocha des cótes. II trouva Blake avec une flocte de quinze vaiflèaux; Tromp fe difpolbit k rendre les honneurs accoutumés au Pavillon Anglois, lorfque Blake lui dra deux coups de canon; Tromp ne répondit qu'au troifieme, par un boulet qui perca le Pavillon de PAmiral. Blake lui lacha toute fa bordée, Tromp la lienne & le combat fe trouva engagé. Le Commodore Bourn fortitdes Dunes avec une efcadre : la bataille avoit commencé a .quatre heures & dura jufqu'a la nuit, avec un .courage égal & un égal avantage. (1) Les deux Amiraux s'accufoient rau. tuellement d'avoir attaqué le premier. Les Ambafladeurs montrerent une lettre de Tromp, qui déclaroit n'avoir recu aucun ordre des EE. GG. d attaquer; ils proteflerent que leur République fouhaitoit 1'union, la paix & une amitié reciproque; que Tromp n'avoit eu d'autre deflèin que de foutenir les vaiflèaux qui venoient du Détroit. Dès que le peuple de Londres fut indruk de ce combat, il courut en foule k 1'hótel des Ambafladeurs & les eut maltraités, fi le Parlement n'y eut envoyé des troupes. On répondit a leurs proteftations par des repro, ches. Les Etats Généraux envoyérent le Penfionnaire Pauw, pourjufbfier la conduite de Tromp & pour engager le Parlement k conclure le traité de paix & d'alliance. Pauw promettoit de la part des Etats, une proteébon particuliere k la Compagnie Angloife écablicen Hollande, au cas que les troubies augmen taffen t. 11 demandoic qu'on nommat des Commifiaires, pour faire des recherches fur ce qui s'étoit paffe & que Pon punk ceux qui feroient trouvés coupables; que les vaiflèaux de guerre des deux nanons, venant k fe rencontrer, fe compoitaflènt comme ils avoient fait auparavant. Les Anglois fiers de la vicloire qu'ils croyoient avoir remportée, répondirent que fi 1'atcentat de la flotte Hollandoife avoit été couronne du fuccès, la République Angloife.auroit été précipitée dans les plus grands malheurs; qu'il n'étoit pas raifonnable de s'expofer aux mêmes furprifes. Pauw fit tous fes efforts pour détourner les Anglois de la guerre, mais inutilement; il demanda fon audience de congé & partit avec les autres Ambafladeurs. • Blake, k la tête de la flotte Angloife, étoit parti quatre jours auparavant pour attaquer les batimens Plollandois , qui étoient allés a la pêche du hareng: Tromp - s'étoit rendu maitre de quelques pêcheurs Anglois. Pauw le rencontra & lui fit part de 1'état de la flotte Angloife: il 1'avertit que PAmiral Askue étoit aux Dunes avec une flotte de 21 vaiflèaux, qu'il feroit ai ié de détruire. Tromp ne put exécuter ce projet, k caufe du vent contraire; il courut après Blake, vers le Nord; mais il arriva trop tard. Blake avoit attaqué la flotte des pêcheurs & 1'avoit difperfée; il avoit pris une partie de Pefcadre qui 1'efcortoit & plufieurs Mtimens. 11 s'avanca plus au Nord, pour attendre des vaiflèaux qui venoient des Indes Orientales. (0 Volt. EfTai fur 1'èfprit des Natioas, ubi fupra. ,Aa a Hifi. de Uollair.de. 1648-1.-5;. Combat. Démarche: inutU les pour la paix. Avantage des Anglois.  Sect. xr. Hifi. de Hollande. 1648-1667 Tempéte. Difgrace de Tromp. 'Ruiter remplace Tromp. Fittoire de Ruiter. CO Hift. des Provinces-Unies T. II. L. XIII. Ci) Vie de 1'Amiral Tromp. Abr. de 1'Hift. de Ia Holl, T. II. Ch. XIL 188 HISTOIRE DE HOLLANDE Tromp le joignit: les flottes fe difpofoient au combat, lorfqu'il s'éleva une tempéte qui les fracaffi. La flotte Hollaridoife fut la plus maltraitée. Tromp n'avoit plus que trente-fix vaiffèaux, le refte avoit péri ou étoit le jouet des \ vents. II retournoit en Hollande pour fe radouber; il rencontra Blake & lui préfenta le combat; mais Blake qui croyoic en avoir aflèz fait, 1'évita. CO Le peuple & plufieurs membres des Etats, facliés que Tromp eut donné lieu a la guerre par le combat des Dunes, lui firent d'abord un crime d'avoir pcrdu, en voulant attaquer Askue, un temps qu'il eüc mieux employé a courir après Blake; & enfuite d'avoir été battu pur la tempéte: on lui en fuppola un plus grave, celui d'avoir engagé les Etats dans cette guerre pour flatter la Maifon d'Orange , a laquelle il étoit fort attaché. On réfolut de mettre une nouvelle flotte en mer & d'en doimcr le commandement a un autre. CO Les Anglois publierent leur Déclaration de guerre, & les Hollandois la leur. Us mirent k la tête de leur flotte Michel Adrien de Ruiter, qui n'avoit aucune envie de retourner en mer, defirant de paffèr tranquilement le refte de fes jours au fcin dé fa familie;, mais les EE. GG. qui avoient fi fouvent éprouvé fes talens, Ie déterminerent. Ruiter, fous le titre de Vice-Commandant , montoit le vaifièau le Neptune, qui n'étoit que de vingt-cinq pieces de canon & de cent trentequatre hommes, tandis que les vaiflèaux des Anglois écoient beaucoup plus grands & plus forts. Charles I, par cette conftruction,. avoit donné une grande fupériorité a la marine Angloife. La flotte de Ruiter n'étoit que de vingt-huit vaiflèaux, qui n'en valoient pas dix de la Grande Bretagne: il n'y en avoit que deux de quarante pieces de canon, les autres n'étoient que de vingt-quatre ou de vingt-huit tout au plus: il avoit en outre trois galiotes & fix brülots. II appercut la flotte d'Askue, forte de quarante vaiflèaux, dont douze étoient du premier rang. Ruiter donna le commandement de 1'avant-garde a van den Broek, 1'arriere-garde k Verhaaf, & il fe réferva le corps de bataille: il avoit foixante vaiflèaux marchands, qu'il divifa auffi en trois efcadres. Le combat commenca k quatre heures de 1'après- midi. Ruiter, malgré le vent contraire, perca deux fois la flotte ennemie,. fe dégagea du feu de 1'Amiral & du Vice-Amiral. La vicboire fe déclara pour les Hollandois. Ruiter fi inférieur en forces, n'eüt que foixante hommes tués & cinquante bleffés. Aukes, Capitaine Frifon montant un vaifièau de la Com. pagnie des Indes Orientales, qu'on avoit armé en guerre, fort maltraité & entendant 1'équipage parler de fe rendre, allume une meche au bout d'un Mton, prend le chemin de la chambre des poudres, en difant k fes gens, que lorfqu'il n'y aura plus d'efpoir, il faura bien empêcher les ennemis de le faire prifonnier. Cette fermeté ranime leur courage, effraye les ennemis qui, craignant de fauter avec lui , s'écartent. Deux vaiflèaux Anglois coulerent k fond avec huit eens hommes; un troifieme fut fi maltraité qu'il  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 189 put gagner a peine un port d'Angleterre. Ruiter tint la mer toute la nuic; voyant au point du jour que#es ennemis s'étoient retirés, il vouloit aller les attaquer k Plymouth; mais il en fut empêché par Ie vent: il alla, par ordre des EE. GG., au devaut des vaiffèaux qu'on attendoit d'Efpagne chargés d'argent, & de ceux qui venoient des Indes Orientales & de Hambourg. (1) • Bientót après Ruiter, ayant appris que Blake étoit en mer, avec une flotte de foixante-douze vaiflèaux, 1'édta a caufe de Pinégalité des forces & du défaut de munitions. II rencontra vingt-cinq vaiflèaux du Parlement, auxquels il donna la chaflè. Maltraité par plufieurs tempêtes & dépourvtt de vivres, il joignit 1'Amiral de Witte, qui avoit quarante-quatre vaiffèaux de guerre; après avoir envoyé au radoub quelques vaiflèaux & quelques brülots, il fe trouva que les deux flottes reünies étoient de foixante-quatre voiles:, celle de Blake étoit de foixante-huit, plus gros & mieux fournis de tout. Ruiter n'étoit pas d'avis d'aller chercher les ennemis: de Witte vouloic fe fignaler. Les Anglois ne leur donnerent pas le temps de raflèmbler les vaiflèaux difperfés par une tempéte; ils vinrent fur de Ruiter, vent arriere & le furprirent le 8 Octobre a 1'entrée du Pas de Calais. (2) Le combat. commenca a trois heures & demie. Les Anglois s'attacherent a difemparer les vaifTeaux ennemis : ceux de Ruiter & de Witte qui fe battoient avec audace, furent fi maltraités qu'iis ne pouvoient prefque plus manceuvrer; «ne partie de leur flotte les feconda , mais vingt vaiflèaux refterent en arriere jufques k la nuit, qui fépara les combattans. De Witte voulut atta> quer au point du jour, il furvint un calme. II aflèmbla un confeil de guerre, qui fut d'avis de ne pas expofer une flotte défemparée & beaucoup plus foible que celle des ennemis. II voulut encore combattre le lendemain ; mais les mêmes raifons prévalurent encore. On gagna les ports de Hollande & de Zélande. Les EE. GG. vouloient rechercher le« Officiers qui avoient mal fait leur devoir ; mais leur grand nombre lei fauva. (3) Ruiter retomna a Flefiïngue pour ne plus fervir ; mais les Etats Pen gagerent a faire encore une campagne; ils équiperent une nouvell flotte ; ils en donnerent Ie commandement a Tromp, qui étoit fort ai mé des officiers & des matelots, & qui jouiflbit avec raifon de la plu grande réputation. Jean Evertfen , Witte , Ruiter & Pierre Floriszooi lui furent fubordonnés ; mais une maladie ayant obligé de Witte di refter a terre, fon efcadre fut donnée k Ruiter. La flotte étoit de foixante dix vaiflèaux de guerre de 1'Etat & de trois de la Compagnie des Indes mais dans le nombre il y avoit plufieurs vaiflèaux marchands équipés e guerre.. Tromp efcortoit trois eens vaiflèaux marchands , lorsqu'il renconti l'armée Angloife pres de Douvres. On fè canonna : les efcadres c' Ruiter & d'Evertfen fe trouverent engagées: Tromp les foutint; il pr (O HLft. de Ruiter, par Erandt. ÖQ Hift. des Provinces-Unies T. II. L. XIII. ais on régla leurs rangs. On rechercha les Officiers qui dans le dernier combac avoient mal fait leur devoir, & ils furent punis. Les partifans de la Maifon d'Orange fomentoient le trouble dans quelques Provinces. La populace s'attroupa & Enkhuifen pour faire déclarer le jeune Prince , Capitaine Général. On inveflit la maifon du Bourguemaitre , on cafia fes vitres ; mais la garde avertie a teums fit ceflèr cette émeute. Les enfans s'attroupoient a la Haye & formoient des compagnies fous des drapeaux de papier , aux armes de la Maifon d'Orange. Ces troupes grofliffant toujours, le Fiscal eut ordre de les diffiper; un homme du peuple prit leur défenfe & menaca le fergent; on voulut le faifir & il dilparur ; les vitres du Fiscal furent caffées : les Etats y envoyérent des troupes de la garde, elles ne furent pas fuffifantes. La garde a pied & a cheval s'y transporta : malgré fes menaces , les maifons des Députés de Dordrecht, de eeux d'Amflerdam , du Baillif, de fes Subftituts, d'un Bourguemaitre & d'un Echevin furent infultées. Quelques mutins arrêtés, trois condamnés au fouet, firent ceflèr 1'émeute. 11 y eut des troubies dans presque toutes les villes de la Plollande & de la Zélande (2). Les derniers événemens de la guerre & les murmures du peuple , a qui Pon avoit perfuadé que les Etats de Hollande avoient vendu la patrie aux Anglois , & des vaiflèaux de guerre & quantité de munitions au Parlement , les déterminerent a preflèr les négociations avec 1'Angleterre , qui ne défiroit pas moins la paix, a caufe des maux irréparables que la guerre caufoit au commerce & a la navigation de ces deux Puifiances. Cromwel avoit des morifs encore plus preflans; le Tyran n'ignoroit pas qu'il avoit des ennemis fecrets, que la plus faine partie du Parlement foutenoit la guerre, afin de ruiner fa puiffance, en affoi-  OÜ DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. yt? MifTant l'armée de terre pour augmenter la flotte. (i) 11 favoit que S arles II avoit des partifans en Angleterre ; que le Prince dOrange étoit intérefle k voir ce Monarque retabh fur le trone ; que la guerre augmentoit le nombre des partifans de la Maifon dOrange I que ii ce peuple qu'ils excicoient , parvenoit k faire rendre k GuiHaume Pauforité qu'avoit fon pere, les forces de la République feroent employee» contre Pufurpateur. Parmi les raifons que ceux qui gouveimoie4 la Hollande, avoient de défirer la fin de la guerre la crainte de fe voir forcés k nommer Guillaume Stadhouder, n etoit pas la m°DePuisteies premières négociations , Cromwel avoit changé la fiice , des affaires. Le Parlement dont il s'étoit fervi pour precpi er Charfes I du tröne, s'opoofoic a fa volonté fuprême. U reiolut de le diflbudre , & k la tête de trois eens ioldats il entra dans la falie, accabia les membres d'injures groflieres, emporta la maflè-darmes du Parlement qu'il appelloit une marot*, fit arracher 1 Orateur de fa tribune, chafla les membres 1'un après 1'autre & ferma la porte. II fit nommer militairement cent quarante-quatre Députés du peuple, presque tous ouvriers, & leur confia Pautorité legiflative pour dixhuit mois; mais ce Parlement compofé de fanatiques & dignorans, qui déclara les Sciences & les Univerfités des inftitutions payennes , qui Lloit fubftituer k la Légifladon Angloife , celle de Moife & qui interdit au Clergé de fe mêler des mariages , devint 1 objet du mépns de la nation , & bientót Cromwel rougiifant de fon ouvrage, employa un nouveau moyen pour le détruire. 11 engagea ceux des membres qui étoient fes amis , a lui réfigner leur autorité par un afte authentique. Les autres protefterent contre cet ade; i leur envoya le Colonel White qui les chaffa : alors le Confeil militaire lui décerna les titres de Protecteur & d'Alteflè, avec une autorité presque abfolue PCTtlle étokeiaC fituation de PAngleterre, lorfque Beyerning & Niewport v furent envoyés pour traiter de la paix. Cromwel & ion Confeil de- ■ manderent d'abord une farisfaftion pour les pertes que la guerre leur avoit caufées, & une füreté pour Pavenir. Les Députés combaturent les propofitions: Cromwel reparla de la coalition ou union exclufive des deux Puiflances. Les Députés firent voir 1'impofiibilité de cette efpece d union: il v eüt de longs débats fur cet objet. Cromwel remit aux Ambafladeurs vingt-fept articles pour fervir au traité. Par le iae.ni les Eb. GG. m ceux d'aucune Province particuliere ne pourroient jamais etabiir uuülaume Prince d'Orange, petit-fils du deinier Roi d'Angleterre, ni aucun de fes defcendans pour Capitaine Général, Stadhouder ou Commandant de leurs armées ou de leurs forces par terre, ni Gouverneur de quelquesunes de leurs villes, chateaux & fortereflès, ni Amiral ou Commandant de leurs flottes, vaiflèaux, ou forces raaridmes; mais qu'ils sy oppole- fO Volt. Eflai fur les moenrs & 1'efprit des Nat. T. UI. Ch. i8i. hj Clareudon, Rapin de Thoyras Hifll d'Angleterre, Bb 3 Hijl. de Hollande. [ 048-1667'. Iromwei 'empare de 'autorité. Nègocia- Ï971S.  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. Aun. 1654. Exciuftcn du Prince d'Orange tosigée. Traité de Paix de fVeftminlier. U 1 ..} s 5 •''5 Ij < ] ■ 1 I 1 1 < 1 ] 1 I io3 HISTOIRE DE HOLLANDE roient réèllëraerit & expreflèment & qu'ils 1'empêcheroient. C'étoit-lam, d,s pr.nc.paux motifs de la coalition. Dès que cet article futcomu en Hollande, on envoya ordre aux Dépmés de lIEÏat de s'y oppofer (lT [l Protecbeur ne pouvant pas faire pallèr Partiele de 1'excluLn du Pii ice d'Orange propofa d'en faire an article fecret du traité. OnluipS^ fS ftituer a cet art.cle, que quiconque pourroit étre élu par les EE CC Capitaine Général & Amiral, ou Chef de toutes le! Z^'feToi obltal de jurer 1 obfervation de ce traité & de fes articles, (k dl prometm Se e mamtemr autant qu'il feroit en lui. Les EE. GG. appfoSverent ce empérament & donnerent alors a leurs Députés Ie titre ïkrabSeu™ extraord.na.res; mais Cromwel demanda formellement Pacbe d'exclufion du Pnnce d Oange, qui fut confemi par la Province de Hollandï fcutenSt & dreife par le Penfionnaire de Witt (2). élement oc Par Partiele VII les deux Républiques s'engagerent mutuellement de ne Sene?UCUnC f°rte d£ feCÜUrS » IeU"S ennemis 0U aux Sr^d^r eoelles ou ennemis, ceux qui en auroient fourni, & que dans ce Ss ce ecouPs feroit adjugé a la République qui Pauroit m] que n Pune ni I autre ne le recevroit fur fes terres, havres, bayes, & que lo fqueTune eroit avertie que quelque ennemi, rebelle oufugidf de 1W s'v eroit refugié, elk lui ordonneroit d'en fortir en vingt-huic , & en :as de defobé.flance de le pourfuivre & punir de mort. J cS anicle ■egardoit la familie de Charles I. & la Princeflè Royale. Quant k ce cut egardoit la navigation des deux Peuples , jamais traité „Wc éteauffi Lvantageux aux deux Républiques. L'ardcle 3. portoit oue fi hiZ es Etats. Généraux choififibient un Gouverneur & un Capiua ne Gén] oTlu F terrr.°' °bI,'Sé de i"rer 1'ob^rvation de ce ^ é On agita la queftion fi la Province de Hollande avoic pü paftèr Pacte exclufion du Prince d'Orange: il fut prouvé par une Déclamt on qu le Penfionna.re de Witt (3) drefTa, que cette Province lW^uTn^cu ande & deTf^H aIkr C°T runion elltre les *™nces de Hol. }ande & de Zélande, parceque chaque Province n'eft nullement obliX le donner connoiflance aux autres Provinces alliées, des coXnce ou IK"0Df PardcuIieres quelle peut avoir avec d'autres Provinces uaflèr Afted exclufion pour contenterleProtecbeur,& que pour beSdfi aifons elle n'avoit pas du en donner connoiflance aux autres Provfnces S uiplus chaque Province peut fe fervir a cet effet des Aaffl £ ueliïTT;JlétC5 dk J"3 k Déïhmhn> *ue dans une R^ublb ue ïibie, peifonne n ayant droit par fa naiflance a de hautes dhmités aéte dexcltihon du Prince d'Orange n'étoit nuüenient^SÏÏa ïne' 2} H[ft- da Stadoouderat & Remarques. (3) Abr. de l'Hift. de Holl. T. II. Ch. 13  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 109 neut du Pavillon. Les amis de la Maifon d'Orange & les Eccléfiaffiques murmurerent; cette paix déplut aux troupes, qui témoignerent leur mécon- j centement h Brederode, Feld- Maréchal, quoiqu'il eüc donné aux Nobles ; Pexemple du confentement a 1'exclufion. A la Haye, a Leyde le Peuple j recut avec froideur la nouvelle de la paix: la République y gagnoit peu; / 1'acbe de navigation de 1651 & la relbicbion qu'on mit a la liberté de c commerce en Angleterre, rendue aux Plollandois, le refus de naviguer & e de commercer dans les Colonies Angloifes, rendoic cette paix peu honorable & encore moins avantageufe aux Provinces-Unies. (1) • La Frife ayant proteffé contre les négociations fecrettes & particulieres de la Hollande, comme contraires a la liberté & a 1'union, renouvella fes proteftations, & donna une déclaration qui fembloit fuppofer que ce n'étoit pas Cromwel qui avoit exigé 1'exclufion du Prince d'Orange, mais que c'étoit de Witt qui 1'avoit propofée. (a) Les Etats de Frife demanderent le rappel & la punition de Beverning & de Niewport;mais ils fe laverent par ierment, de cette imputation 1'année fuivante. Depuis longtemps les Hollandois établis dans le Brefil, fe plaignoient de 1'état déplorable oü ils fe trouvoient. Dans le mois de Janvier 1653, ils avoient repréfenté aux Etats que leur ruïne étoit inévitable, fi on ne les fecouroit point; qu'il y avoit fept ans qu'ils étoient bloqués fans öfer fortir hors du Recif & qu'ils s'étoient trouvés plufieurs fois fur le point de mourir de faimi La Compagnie & les Etats remettoient a terminer leur mifere par une négociation avec les Portugais, qui éludoient route s les propofitions. On accufoit les Directeurs d'avoir vendu a cette nation des munitions de guerre , a caufe du grand prix qu'elle en donnoit, & d'avoir négligé de fortifier leurs places. Les affaires des Provinces - Unies avec 1'Angleterre ne leur avoient pas permis de s'occuper de celles de { PAmérique , & il ne fut plus temps après la paix. Les Portugais j s'étoient emparés en 1654 de tout ce que les Hollandois pofiedoient / . dans le Bréfil. Cette nouvelle fut apportée le 13 Juillet par Schonenberg ê & Hacks, Confeillers du Bréfil, qui repréfentoient aux EE. GG. qu'or» auroit pü prévenir ce malheur, fi on les eüt fecourus de munitions & de vivres lorfqu'ils cn demandoient; que les Portugais les avoient attaqués par mer le 20 Décembre avec une flotte de foixante voiles, & par terre, avec une année de Portugais, de Bréfiliens & de Négres: ils ajoutoient qu'après une défenfe aufli vigoureufe que les Hollandois pouvoient la faire, ils avoient été forcés de capituler; que les troupes de terre & de iner fe plaignoient également de la dure négligence du Gouvernement; qu'elles avoient fervi néanmoins plus longtemps qu'elles ne s'y étoient engagées; que dans 1'affreufe fituation oü elles fe trouvoient, plulieurs avoient regardé 1'arrivée des Portugais comme 1'époque de leur délivrance; qu'elles avoient fait fervir leurs prifes fur 1'ennemi, a entretenir les magafins, quoique fort infuffifantes; qu'k la verité les vivres n'avoient pas manqué pendant le fiege, a caub de 1'arrivée des vaiflèaux; mais que le mal étoit déja fait; (O Hift. des Provinces-Unies T. II. Ch. 13. (z) Vayez Us Lettres d'Eftrades T. I. Hifi. de rlollande. 648-1667. léconten".ntent que ette paix xcite. 'rifclJu Iréfil pa* °s Por taais.  HISTOIRE DE HOLLANDE SEcfc XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. Inftrvdtiqn nu fujet du Pavillon, d'innée a Ruiter. que d'ailleurs craignant de tomber dans les mêmes extrêmicés, les foldats & le peuple avoient profité des promeflès que les Portugais leur fefoienc par des billets qu'ils répandoient , de donner k chacun cent cinquante ilorins & un habit neuf, avec la liberté de ie retirer dans leur pairie. Le Lieutenant Général Schouppe confirma tous ces faits & en ajouta beaucoup d'autres. Cependant les Etats de Hollande & de Zélande firent arrêter Schouppe & les Députés. On leur donna' des Juges: Schouppe fut privé de fes appointemens depuis la reddition du Recif & condamné a tous les frais de juftice," & les deux Confciliers renvoyés au jugement de leurs Provinces. Le Bréfil demeura aux Portugais: (j) on délibéra de s'occuper du rétabliflèment de la Compagnie des Indes Occidentales, & Pon fit en conféquence des préparatifs pour forcer les Portugais a une paix iblide. 11 y eüc des propofitions de la part des Efpagnols, qui fouhaitoient d'être compris dans le traité des EE. GG. avec 1'Angleterre; mais Cromwel avoit d'autres vues. Après la publicadon de Ia paix avec 1'Angleterre, Ruiter fut envoyé par 1'Amirauté d'Amfterdam , fur la Mediterranée avec une efcadre de cinq vaiflèaux de guerre , pour fervir d'efcorte aux vaiflèaux marchands qui feroient voile de ce cöté, & ramener ceux qui en reviendroient: il eut ordre, s'il rencontroit une flotte Royale d'amener le Pavillon, de le faluer de trois coups de canon de chaque vaifièau & de continuer fa route, a moins que cette flotte étant fupérieure h la fienne, ne voulut favoir ou il alloit & quelle étoit fa cargaifon; auquel cas il recevroit fur fon bord, celui que 1'Amiral Royal auroit envoyé, & lui feroit fa déclaration: qu'il en demanderoit autant, après quoi il le renverroit. Si 1'Amiral le defiroit, Ruiter devoit permettre qu'il envoyat deux ou trois Officiers dans une chaloupe, & d'aurres perfonnes, aux vaiflèaux marchands qui déclareroient leur cargaifon ; mais qu'on ne permettroit point aux Officiers Royaux d'entrer dans aucun vaiflèau , ni de le vificer , ni de voir les lettres ou mémoires qui pourroient y être; que s'ils vouloient 1'exiger,1eVice-Amiral & les autres vaiflèaux de guerre s'y oppoferoient & employeroient la force contre la force, s'ils en venoient jufques-Ik. (2) Ruiter ne rencontra perfonne dans fa route & ne fe vit expofé k aucune vifite. II fe joignit au Vice-Amiral Tromp, & le quitta bientót pour entrer dans Ie Détroit, dier k Livourne, k Alicante & k Malaga. 11 apprit k Cadix que Sid-Abdalla-Ben-Sid-Mahammed-Ben-Bukar, Souverain de Salé , maltraitoit les vaiffèaux Hollandois qui y abordoient, fous prétexte que Tromp avóit pris une flutte Saledne. II retenoit trois bidmens & menaeoit les équipages de les faire efclaves, fi on ne rendoit point cette fiutte. Les maicres des vaiflèaux étoient en prifon. Ruiter connoiflbit Abdalla; il fe tranfporta k Salé, s'aflura que Tromp avoit cru que la flutte étoit Algerienne & qu'il n'avoit aucun reproche k fe faire. Tromp avoit proteffé qu'il n'avoit aucun ordre des Etats de maltraiter les vaiffèaux de Salé. Ruiter repréfenta toutes (1) Voyez 1'HiiT:, de Portugal. (aj Hift. des Provinces ■ Unies T. II. L. XIII.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 201 toutes ces chofes a Abdalla, qui répondit que fi Tromp avoit agi fans ordre, il n'en avoit pas befoin pour rendre ce qu'il avoit pris. (1) De Ruiter lui écrivit une lettre reroplie de modération , en lui proteitant que les EE. GG. avoient le plus grand defir de vivre en bonne intelligence avec lui, & que la prife de la flutte n'étoit qu'un mal-entendu, occafionné par ki fuite imprudente de ceux qui montoient ce batiment. Abdalla fut fi fatisfait de cette lettre, qu'il fit tirer lc canon, lui envoya des préfens, fe contenta de retenir un vaiflèau, jufques a ce qu'on lui rendit le fien & laifla partir tous les autres. La mer n'ayant pas permis a de Ruiter d'approcher de Salé, il s'en retourna en Hollande. Le Magiflrac d'Amflerdain lui donna le droit de grande bourgeoifie ; faveur qui s'accorde rarement & qui met celui qui la recoit , en état de poiléder les grandes Charges. Depuis le retour de Ia paix, on s'occupoit du rétabliflèment des finances. On arrêta de ne payer deformais aucune penfion, a 1'exception de celles des officiers réformés, qu'après 1'examen & la conlirmation des titres. Les dépenfes fuperflucs furent retranchées: on décida que les plus hautes charges militaires vacantes & a la collation de la Province de Hollande, feroient incefl'amment remplies; mais que les pourvus n'en percevroient les émolumens, qu'après avoir obtenu Pagrément des membres de 1'aflèmblée. On ftatua que les droits établis fur toute la Hollande, feroient payés par tous ceux qui y étoient aflujettis, fans exception. On réduifit. les intéréts de cinq a quatre pour cent. Les Catholiques-Romains fefoient fous des noms empruntés, des teflamens en faveur des ecciéfialhques, qui. acquér-jient des terres au profit de 1'églife, pour en priver leurs parens réformés: on renouvella les défenfes qui avcient déja été fakes a ce fujec & 1'on prit des moyens pour qu'elles ne fuflènt point éludées a Pavenir, comme elles 1'avoient été jufques alors. On s'occupa de Péducation du Prince d'Orange, que la Zélande propofoit aux Etats de Hollande comme un objet digne dé leur attention; mais les E'ats objeéterent que ce feroit un affront pour (es tuteurs, & que les Etats en qualité de parrains, ne devoient fe charger de Péducation de Guillaume, qu'autant que fes tuteurs la négligeroient (2). Les EE. GG. ayant appris de leurs Ambafladeurs a Londres & a Paris, que le Roi de Suede Charles-Cuffave armoit, qu'il avoit demandé au . Pi opfleur, la permiflion de lever en Ecofle fix régimens de mille hommes chacun, & qu'il falloit que le Roi de Suede fut d'accord avec Cromwel: ils écrivirenc a 1'un & a Pautré de s'aflurer de la yéritê; a Boréel de détourner adroitement le Roi de France de favorifer lc defièin de Ia Snede & de 1'engager même a s'y oppofer;& aNievvpoort de propofer une ligue oftenfive au Proteéteur entre 1'Angleterre, le Dannemarck & les Etats Généraux , pour affurer le commerce de la mer B.dtiejue , fuppofë que Cromwel ne fut pas encore décidé en faveur du Roi de Suede. Mais (O vie de Ruiter par Brandt. 'v-3 Hift- du Stadh. par M.' f Abbé Raynal. Tom XLir. Cc Hifl. 4e Hollande. 1648 1667. Sage conduite de Ruiter. Ann. 1655. Régiemens. Ifdirês di iucde.  2c2 HISTOIRE DE HOLLANDE Sp.ct. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667, Traité avec /'£IcHeur de JBrandetisurg. Kuiter négocie avec Salé. ni la France ni Cromwel ne furent cfaucun fecours k Charles-Gaftave (1). Un Traité d'alliance que les Etats Généraux conclurent avec PEleétcur de Brandebourg & 1'armement que feibienc les Eli. GG., donnerent 1'allarme a la Suede , qui s'en plaignit, en leur rappcllanc les anciens traités & les protellations d'amitié renouvellées depuis peu de part & d'autre. Ce Traité avec 1'Electeur de Brandebourg, portoit que tant que dureroit 1'alliance, les EE. GG. s'engageoient de lui envoyer trois mille hommes d'infanterie, s'il étoit attaqué dans fes Etats; & s'il étoit attaqué dans un de fes ports de la Baltique , les Etats viendroient k fon fecours avec quatre mille, k condition que PEIeéteur fe dendroit auffi obligé d'en faire autant de fon cóté, lorfque les Etats le defireroient (2). Peu de temps après, 1'Elecleur demanda ce fecours en argent & le Receveur général fut chargé de le lui compter. II demanda en outre qu'on lui prêtat deux eens mille écus, preifa 1'envoi de la flotte de feize vaiflèaux, qui avoit été délibéré pour affurer le commerce de la Baltique & pour s'oppofer au projet qu'on foupconnoit que le Roi de Suede avoit de fe rendre maitre de Dant/ick & des pons que PEleéhur avoit fur cette mer. (3) Cependant les EE. GG. firent dire a Appdboom , Réfident de Suede , qu'ils étoient difpofés k entretenir Pancienne amitié qui les lioit avec cette Couronne, & que les 24 vaiflèaux qu'ils avoient réfolu d'envoyer au Sund, n'avoient d'autre objet que de fe défendre & de protéger le commerce (4). La mort du Seigneur de Brederode donna lieu a quelques différends entre le Prince Frédéric de Naflau & le Prince jean Maurice au fujet de la place de Feldt-Maréchal. Ils agiflbient vivement pour s'en faire pourvoir ; mais on craignit que fi elle étoit donnée a quelqu'un de la Maifon de Naffau, Cromwel ne fe plaignit qu'on portoit atteinte a PAcbe d'exclufion. On n'y nomma point, fous prétexte que dans les circonftances préfentes un Feldt-Maréchal étoit inutile (5). Ruiter étoit alors dans la Mediterranée; il fut chargé de terminer Paffaire du vaiflèau que le Seigneur de Salé réclamoit toujours. On avoit ordonné qu'on partageroit aux intéreffés, Pargent provenu ou qui proviendroit des marchandifes. Ruiter obtint d'Abdalla tout ce qu'il voulut. 11 avoit rencontré Blake & ils s'étoient traités en amis. 11 apprit k Cadix, que les Efpagnols avoient enlevé une flutte Hollandoife allant aux Antilies , & que le maitre du vaifièau plaidoit depuis longtemps pour obtenir fon relaxe & une indemnité. Ruiter demanda juftice & menaea d'enlever & d'envoyer k Amfterdam le premier vaiflèau qu'il rencontreroit; les Efpagnols promirent & trainerent Paffaire en longueur. Ruiter partit pour Alger avec quatre grands vaiflèaux de guerre, quatre CO Abrégé de 1'Hift de la Holl. T. II. L. XII. (2J Hift. du Stadhouderat. (3} Hift. des Provinces-Unies de le Clerc T. II. L. XIII. (4; Puffend. Hift. de Ch. Guft. (5) Abrégé de 1'Hift. de la Holl. T. II. L. XII,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 203 bégates & deux yachts. Les ES. GG. lui avoient donné ordre d'attaquer tous les batimens de Tetuan , d'Alger,de Tunis & de Tripoli, de les prendre cu de les brüler, de noyer tous les Rénégats volontaires qu'il prendroit, d'accorder la vie a tous ceux qui ayant été forcés ou féduits voudroient rentrer au fein de leur religion, de vendre publiquement les Mahométans d'origine, & de mettre les autres k terre en pays Chrétien, ou de les engager a fervir fur les vaifTeaux, moyennant la folde. II arriva aAlger le 30 Aoüt & trouva k la rade cinq batimens, foutenus par 1'artillerie du möie, & ne pouvant en approcher k caufe du calme, il revint k Malaga, donna la chaflè aux corfaires, & ne put prendre qu'une barque montée par un Rénégat qui avoit enlevé quantité de Chrétiens & menacé fon pere de 1'efclavage: le Confeil le condamna a être pendu. II forca deux vaisfeaux Algériens de fe faire échouer; il fit en général fort peu de prifes: il rctourna k Cadix pour fe radouber. Ses autres vaifTeaux prirent deux pirates d'Alger. Le vaifièau , la Bergère, de trente pieces de canon & de trois eens hommes d'équipage, avoit pour Capitaine un Rénégat Hollandois nommé Leendertzoou, fous le nom de Soliman: il fe défendit avec courage; les Rénégats étoient prêts a mettre le feu aux poudres, ils ne conféntoient k fe rendre qu'a condition qu'on leur accorderoit la vie ; les Efclaves Chrétiens qu'ils avoient pris, demandoient grace pour le Capitaine, en faveur des bons traitemens qu'ils en avoient recus: ils obtinrent fa liberté & celle de deux autres Rénégats; les autres eurent la vie fauve 6c furent envoyés aux galeres. Ruiter remit a la voile. II trouva prés d'Arzilla deux vaiflèaux amarrés; il s'en approcha au rifque d'échouer. II jetta Pancre a cinq brafiès de 1'Aigle d'or; de Wilde s'approcha de Pautre vaifièau, appellé la Ste. Catherine. Le vent ayant changé, les pirates & les Hollandois commencerent a fe canormer. La ville arbora pavillon blanc. La Ste. Catherine coula bas & Téquipage fe fauva dans la ville. Ruiter qui avoit défemparé 1'Aigle d'or, s'en rendit maitre & Ie fit remorquer juf. ques a Malaga. Les efclaves Chrétiens rendirent de bons témoignages de quatre Rénégats, qu'on trouva fur ce vaifièau. Les conquêtes du Roi de Suede en Pologne & en Pruflè inquiétoient ies Hollandois; ils fefoient les plus grands efforts pour foutenir 1'Elecleur de Brandebourg, lorfque ce Prince conclut a Marienbourg un traité avec Charles - Guitave, fb) tendant a ruiner le Roi de Pologne, contre 1'intention des Etats Généraux, qui craignoient que le Roi de Suede ne devint nop puiflant; ils lui en firent faire des reproches. A cette oecafion Ruiter iiit envoyé au Sund avec les vaifTeaux qui étoient déja prêts, en attendant que le Lieutenant-Amiral Obdam put le joindre avec le refte: il eut ordre de fe concilier avec le Roi de Dannemarck. Toute la flotte fe réunit prés du Sund & mit a la voile le 20 Juillet. Ils furent recus par les Dantzicois comme leurs libérateurs. Ils y recurent la nouvelle de Ia bataille de Warfovie, que remporta le Roi de Suede, conjointemenc avec PElecbeur. (2) f O Puffiiidorf Vie de Frédér. Guillaume l. V. (c) Puffendoirf Hift. de Ch. Guitave l.111- Cc 2 Hifi. de Hollande. 1648-1667. Tl donue la chaffe aux corfaires* Ann. 165^. // paffe au Sund.  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. Traité fElbing. ] < 1 i i ] J i (O Voyez 1'IIift. de Suede. (a; Puttcud. Hift. de Ch. Guft. L. III. 104 HISTOIRE DE HOLLANDE Les Etats firent demander au Roi de Suede, de ne faire aucin dommage a ceux de Dantzick , & de ne pas hauffèr les drohs qu'on exigeoit des vaiifeaux marchands , 1'aflurant que les Hollandois n'avoient aucun defièin de rompre leur intelligence avec la Suede, mais de défendre Ia liberté du commerce. On leur objefta que le Roi de Suede n'avoic demandé a la ville de Dantzick , qu'une parfaite neu. tralité ; qu'elle s'étoit déclarée pour la guerre : que c'étoit pour cette raifon que les Suédois s'étoient cru obligés de la tenir bloquée , & que par le Traité de 1650 , les Hollandois s'étoient interdit la liberté de la fecourir. Les Hollandois réponeloient que les Etats ayant demandé des fecours aux Suédois contre les Anglois , en vertu du Traité de 1652 , non - feulement ce fecours avoit été refufé , mais encore la Suede avoit fecouru les Anglois ; qu'ainfi les Etats n'étoient point obligés par un Traité que les Suédois avoient violé les premiers : d'autant mieux que les Etats (1) étoient liés par les Traités qu'ils avoient faits avec les villes Anléatiques. II y avoit bien des raifons qui devoient engager la Suede a conclure une paix folide avec les Etats ; mais eüe avoit de la peine a renoncer aux avantages qu'elle tiroit des impóts qu'elle avoit mis fur ceux qui navigeoienc dans la mer Baltique. Les Hollandois vouloient que Dantzick fut compris dans le Traité ; les Dantzicois ne s'en inquiétoient pas , paree qu'ils ne pouvoient pas fe féparer des Polonois , fans renoncer ati commerce de Ea Villule. Les Hollandois informés qu'on travailïoit au Traité de paix 1 Elbing , rappellerent Obdam avec trente des plus gros vaiflèaux. Le Traité^ fut enfin achevé le premier de Septembre. 11 conlirmoit :elui de 1'année précédente ; il portoit que ni 1'une ni 1'autre des par:ies contraétantes, ne troublerok la navigation dans la uier Baltique & 'Océan Septentrional , ni dans les rivieres, a 1'occaiion de la guerre 3,ui étoit en Pologne , en Pruffe & dans le voifinage ; que, quant aux droits fur les vaiffèaux , on fe régleroit fur les taxes fakes dans les précédens Traités & qu'on n'impoferok que les droits les plus modérés qu'il fe pourroit ; que les fujets de 1'une & de Pautre Puifiance ie feroient pas plus chargés dans les payemens des droits que les mtres nations étrangeres & les plus étroitement alliées ; que fi dans m cas de nécefiité , on étoit obligé d'augmenter les droits, on fexigeroït pas plus des fujets des Alliés , que des habitans même les lieux : afin qu'il parut qu'on n'avoit eu en vue que la conèrvation des droits des parties , Ja liberté du commerce & de la lavigation, & 1'affurance d'une paix folide avec les amis & conëdérés des parties contractantes , on avoit compris dans ce Traité, es Rois de France , de Dannemarck, le Proteéteur d'Angleterre, 'Elecleur de Brandebourg , la ville de Dantzick avec tous fes droits ic. (2).  Oü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. "205 II y eut quelques nuages entre la République d'Angleterre & les EE. GG. au fujet de la vifite des vahTeaux. Un Capitaine HoHancfds convoyant un vailTèau chargé de fruits de France , fut rencontré par deux frcgates , & obligé de permettre que fon vaiflèau fut conduit aux Dunes pour y être vifité : on vouloit exiger qu'il y alhtt lui-même ; il refufa : on le menaca d'ufer de force , mais il répondit qu'il fe défendroic jufques a 1'extrêmité : alors on fe contenta de fon Lieutenanc. Cette défiance des Anglois venoic de la découverte de quelques armes & de quelque argent fur un vaiflèau Hollandois pour Juan d'Autriche , depuis que Cromwel avoit déclaré la guerre a 1'Ëfpagne & s'étoit allié a la France. (1) Mais ces griefs refpecbfs celPerent par le Traité qui fut projetté entre la France , 1'Angleterre & les EE. GG., contre ceux qui troubleroient leur commerce. L'Ambafiadeur d'Efpagne alarmé de ce projet en demanda communication ; mais les Etats 1'aflhrerent qu'il n'avoit été fait aucune propofition contre le Roi fon maitre, qu'ils ne feroient jamais rien comre la paix de Muniler , & 1'engagerent de ne point ajouter foi a de femblables bruits. D'ailleurs ce projet n'eut aucune fuite. Ruiter fut renvoyé contre les Corfaires, avec de nouveaux ordres relatifs a des avis qu'on avoit donnés aux Etats Généraux , au fujet d'un accord entre Mazarin & le Proteéteur , pour ruiner autant qu'ils pourroient le commerce des Provinces-Unies. Les Francois, felon ces avis envoyés par Bureel, fe propofoient de confifquer les vaifTeaux Hollandois qu'ils rencontreroient, s'ils y trouvoient quoi que ce fut appartenant aux Efpagnols. Dans ce temps-la, Ia Philofophie de Defcartes faifoit beaucoup de bruit : les Théologiens prétendoient qu'elle étoit préjudiciable a la foi, & les Philofophes difoienc le contraire. Les Etats de Hollande fe mêlerent de ces contellations ; ils oreionnerent que les Philofophes ne fe mêleroient en aucune maniere des matieres qui appartiennent a la Théologie & qui ne font connues que par la Révélation ; mais que les Théologiens abandonneroient aux Philofophes toutes les quedions propres a la Philofophie, & qui peuvent être réfolues par Pufage de la raifon naturelle.: qu'on ne fe ferviroic point de la Philofophie pouv expliquer 1'Ecriture ; mais qu'on regarderoit PEcriture comme Ia regie la plus infaillible & la plus indubitable. Malgré ces défenfes le Cartéfianifme prévalut jufques a ce qu'il fut éclipfe par le Newtonianifme : quant a la Phylique , ou la Science des chofes naturelles on eut recours a 1'expérience (2). Les difcufïïons au fujet de la charge de Feldt-Maréchal , n'étoieni qu'aflbupies. Le Préfident des Etats de Frife propofa aux EE. GG le 5 de Janvier de la remplir. Le Prince Jean - Maurice écrivit au> EE. GG., qu'il fe croyoit en droit tle demander cet emploi , comm< le plus ancien des Officiers qui étoient a leur fervice. Les cinq Pro< (O Burnet Hift. d'Angl. T. I. (2) Hift. des Prov. Unies. T. II. L, XII. Cc 3 m§. de Hollande. 1648-1667. Les Angtois exigent la vifite des vaijfeaux. Ruiter e(l renvoyé contre les Corfaires. Querelles T/iéologi. ques. Ami. 1657.  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667 1 Pirateries des Francais. Ruiter stempare de deux CorfairesFr an c eis. i (1) Hift. des Prov. Unies. J. 11. L. XIII. 20(5 HISTOIRE DE HOLLANDE vinces qui vouloient Pélcébon , votoient pour le Prince Guillaume de Naffau, Gouverneur de Frife , de Groningue & des Ommelandes; _ mais les Etats de Hollande ne pouvoient pas lui pardonner, d'avoir ! aidé le Prince d'Orange k aflïéger Amfterdam : auffi, fans rien dire de ces motifs fecrets , écrivirent-ils aux autres Provinces , qu'on ne pouvoit donner aucune charge militaire dans les troupes qui font a ia rcpartition d'une Province qui les paye , fans fon aveu , paree que ce feroit attenter h fa Souveraineté , & que par conféquent elle avoit pu.conclure que la charge de Feldt-Maréchal étoit inutiie dans les circonftances préfentes, & qu'elle demeurac éteinte ; que fi dans un cas de guerre, il devenoit néceffaire d'établir un Commandant de troupes , il ne falloit pas donner cette commiffion a perpétuité , mais feulement pour le temps qu'on en auroit befoin. Les Etats de Hollande déclarerent que fi les autres Provinces vouloient décider cette affaire a la pluralité des voix, ils s'oppoferoient a Pinfraction de leurs droits , & empécheroient celui a qui 1'on donneroit cet emploi , d'avoir aucune autorité fur les troupes qui feroient a la folde de la Hollande ; que fi les Députés des autres Provinces aux Etats Généraux alloient jufques a nommer un Chef, les Etats de Hollande établiroient un Chef particulier pour leur Province , & qu'il commanderoit leurs troupes. (1) Les Etats de Hollande déclarerent que chaque' Province auroit Ie droic de difpofer du commandement des troupes a ia répartition. Le Prince Guillaume de Naffau , trouvanc .lans la Province de Hollande une fermeté infurmontable, abandonna on projet. Cependant les vaifièaux Hollandois étoient fans cefie inquiétés par les Francois & par les Anglois: les premiers les confifquoient fur le moindre foupcon qu'ils portoient leurs effets aux Efpagnols avec lefquels ils étoient en guerre. Les Francois en avoient pris depuis peu, ils avoient arrêté les Capitaines & forcé les matelots a les accufer; comme c'étojt du port de Toulon que fortoient la plupart des Corfaires Francois, Ruiter eut ordre d'attaquer tout ce qui fortiroit de ce port. La France ne vouloit cependant pas faire une guerre ouverte a la Hollande. La mifere oü fe trouvoit le Royaume, par les guerres continuelles de Louis XIV , avoit altéré la délicateflè naturelle a cette nation. Jacques- Auguffe de Thou , Ambafladeur de France, arriva en même temps que Ruiter fe rendoit maitre de deux vaiflèaux Francois, 1'un appelié la Regine, frégate deftinée a porter des foldats \ Via Rcgia , commandée par le Capitaine Deflandes, Chevalier de Mal the, portam trente canons de fonte , deux de fer & a;,o hommes d'équi. page ; 1'autre étoit une frégate plus petite , appellée le Chafllur , portant vingt-huit pieces de canon, dont dix-huit de fonte, ik. 180 aommes , commandée par Ledignac. Ces deux vaifièaux, qui apparte)oient au Roi , mais qui étoient équipes aux dépens de quelques  Oü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XI. 207 particuliers , h qui un Seigneur de la Cour les avoit fait prêter, en rSvanc le tiers des prife. , avoient fait beaucoup de mal aux Hollandois. Ruiter les découvrit a la hauteur de 1 ijle de Code : ds prirenc fon efcadre pour une fiotte marchande ; mais dès qu ds turenc tlonée, ils chercherent a fe retirer; le vent leur- tut contraire: Ruiter les atteignit fur le midi , & obligea le Capitaine de k1 Regine de venir a bord; ils fe rendirent Pun & Pautre & lesOfficiers iurent diftr.bués für Pefcadre. Ruiter vendk le vaifièau de Deflandes aux Efpagnols, ainfi que les matelots & les foldats; mais il retint es Officiers, (ij Le Cardinal Mazaröi , a qui Pon foupconnoit que le tiers des prdes appartenoit, irrité de la perte de ces deux vaifletmx , voulut en faire regarder la prife comme une rupture de a part des Etats. On n'en crut rien; mais on menaca d'arreter les vaiflèaux & les effets des Hollandois qui fe trouvoient en France. Boreel s'en plaignit y on lui répondit que les deux vaifièaux pris par Ruiter appanenoient _ au Pvoi, & qu'on lui devoit juftice de cet attentat; quds navoient rien entrepris contre les Hollandois, qu'ils é:oient charges de pafier quelques foldats k Via Regia. D'un autre cöté , les Hodandois fe Plaignoient d'avoir perdu par les courfes des Francois, plus de trente milhons depuis quelques années. Les Etats louerent Paddon de Ruiter, & encoura-rerent a faire des prifes femblables, fans s'inquiéter des plamtes de la trance0, qui n'ayant jamais écouté celles des Hollandois, n'avoit aucun droic d'en faire. . _ . Bientót le bruit fe répandit que le Roi de France alloit faire arrêter les vaifièaux & les effets Hollandois, qui étoient dans le Royaume, Les Amirautés avcrtirent ceux a qui ils appartenoient de prendre leurs précautions & hdrerent 1'armement projetté. Boreel paria vivement au Roi , en préfence de Mazarin. II demanda fi la mer etant commune h toutes les nations , les vaiflèaux marchands de Hollande, attaqués par des pirates , doivenc fe laifler prendre ou fe rendre, quand même ils feroient plus forts & foutenus de vaiflèaux de guerre, & fe contenter enfuite d'aller fe plaindre & demander juftice a Paris? 11 ajouta que depuis neuf ans, plus de trois eens vaiflèaux Hollandois avoient été pris, arrêtés ou infultés par les Corfaires Francois , contre lesquels il montra cinquante-cinq fentences ou ordres obtenus contre eux, fans quds euflènt jamais pu être mis en exécution. 11 demanda que Parrêt des effets des Hollandois fut levé , ou du moins différé. Louis XIV répondit qu'il avoit envoyé de Thou, pour demander réparation de ce qui s'étoit paffë, & que, quand il Pauroit obtenue , il verrolt ce qu'il auroit a faire (2). Sur cette réponfe les Etats de Hollande publierent dans toutes les villes de la Province , la faifie & Parrêt de tout ce qui s'y trouveroit appartenir aux Francois, avec défenfe d'amener ni vin , ni fel, ni rien du cru de leur pays, ni aucune marchandife de leurs manufacbures. (O Vie de Ruiter par Brandt. (ï) Le P. Daniël Abrégé de 1'Hift. du Regne de Louis XIV. Hifi- de [Jollande. 1648 1(167.  ao8 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667.' Louis Xir demande fatisfaclion. Accommodement. Guerre de la Suede ö° du Dannemarck. Les Etats Généraux firent publier le même ordre dans toutes les Provia» ces , al exception de Ia Zélande. Cependant de Thou demandoit que Ruiter fut puni avec la derniere rigueur ; il lm fefoit un crime d'avoir arboré Pavillon Anclois • il uemandoit la refiitution des deux vaiffèaux & des effets volés aux Fran- ^via. ^ crats cionnerent leurs raifons & leurs griefs par écrit, & comme on craignoit que Pargent de la France ne féduifit quelques membies des LE. GG. , on fit figner a tous un formulaire de ferment , par lequel ils promettoient de ne fe laifièr prévenir par aucun France partlCuher' dans les déIibérations touchant les entreprifes de la ■ Les dédommagemens de leurs pertes demandés par les Hollandois , le refus du Roi de France de donner main levée , avant d'avoir obtenu la Jatistaéhon qu il demandoit, furent longtemps agités par les Etats & de :IrV- maiS foit que la Cour de France> voyant que les EE. GG. fe dilpofoient a envoyer des vaifièaux de guerre devant fes ports & aux embouchures des nvieres , d'oü les armateurs Francois avoient accoutumé de iortir , craignit que fon commerce n'eüt beaucoup a fouffiir, par les pnles quils pourroient faire, & par la défenfe d'importer les denrées & les marchandifes du Royaume dansles Provinces - Unies; ou foit qu'elle eut connoiflance des promeffès que 1'Efpagne fefoit aux Etats Généraux oe les foutemr ; de Thou propofa de la part du Roi de donner la mam levée , fous Ja promeflè de la refiitution des deux vaiflèaux,. avec ottre de renouveller les anciennes Alliances & les Traités de marine , Sc de faire rendre aux Hollandois bonne & prompte juffice fur les obiets de leurs réclamations. On fut étonné que le Miniflre de France qui avoit débuté avec rant de hauteur, finit par une prop, fition aufli modérée. Enfin tout s'arrangea au gré des EE. GG., qui donnerent les ordres néceffaires pour que les deux vaiflèaux fufTent rendus & les Officiers remis en liberté (1). La paix fut -publiée a la fatisfadion des commercans des deux nations. Les EE. GG. furent follicités par les Ambafladeurs de France & de brandebourg , de s'entremettre pour terminer les querelles qui s'étoient elevecs entre la Suede & le Dannemarck. Ils renouvellerent le Traité qu ils avoient fait avec cette derniere Puiflance. Ils s'obligerent de fourmr au Roi fix mille hommes, & le Roi s'engagea de leur en donner quatre mille. La France & les EE. GG. firent inudlement beaucoup d efforts pour réconcilier ces deux Couronnes. (2) Pendant cette guerre qui ne fut point heureufe pour le Dannemarck , Charles-Guffave pour mettre 1 Angleterre dans fes intéréts , offroit a Cromwel de partafer fes conquêtes avec lui, s'il vouloit 1'aider a fubjuguer le Dannemarck; maïs Cromwel qui ne vouloit point que le commerce de la Baltique >pWW0un tna9l ab alibhadvtatti wuous.ia «'«vcq' wsl ob- iftffiWP!^ fi") Hift. des Prov. Unies. T. II. L. XIII. (2) Puffend. Hift. de Charles Guftave L. IV.  OÜ DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Segt. XI. ao» dépendit de la Suede , rejetta ces propofidons. Les Suédois travailloient un même temps, ï mettre les Hollandois dans leur parri ; mais une lettre d'Appelboom , par laquelle il marquoit au Sénat qu'il ne lui manquoit que de 1'argent pour fe faire bien des amis en Hollande , ainfi qu'avoient fait les Danois & les Efpagnols , ayant été interceptée, les Etats Généraux indignés qu'on accufdt leurs membres de fe lailfer corrompre , rendirent tous les efforts de ce Minillre inutiles. La lettre fut rendue publique ; Appelboom s'en plaignit comme d'une violadon du droit des gens ; les Etats demanderent aü Roi de Suede le rappel de fon Minillre, pour avoir calomnié leur République auprès de S. M., & fa punition pour avoir manqué a fes lettres de créance , qui lui fefoient un devoir d'entretenir , autant qu'il dépendoit de lui , 1'amitié qui étoit entre le Roi & les Etats; au lieu qu'il avoit aliéaé les efprits par les foupcons qu'il avoit fait naitre contre 1'un, & par 1'outrage qu'il fefoit aux autres. Le Roi prit le parti de fon Minillre ; il écrivit aux Etats une lettre trés vive & refufa audience k leurs Ambafladeurs. Les Etats étoient fur le point de les rappeller; mais les conquêtes de Charles-Guffave les empccherent de fe brouiller avec la Suede. Cette affaire fut accommodée , en promettant au Roi qu'il n'en feroit plus queflion; cependant le Roi refufa leur médiation, a moins qu'ils ne ratifiaffent le Traité d'Elbing, & qu'ils ne donnaflènt des füretés comme ils ne feroienc point de Traité féparément: mais les Etats ne voulurent point abandonner Ie Dannemarck a la difcrétion du Roi (i). Ruiter avoit terminé fon Traité avec les Saledns : ayant appris la faifie des vaiflèaux & effets des Hollandois en France , il écrivit aux Etats qu"il étoit a portee de les venger , fi on le defiroit ; mais la tempéte I'ayant empêché d'attaquer cinq Corfaires Francois, qui avoient conduit quatre vaiflèaux Hollandois au port de Genes, il fut informé que les difcuffions entre Ia France & les Etats Généraux étoient finies. Les Etats Généraux avoient réfolu d'envoyer une flotte fur les cótes de Portugal , pour demander raifon h cette Puifiance des pertes qu'on leur avoit occafionnées dans le Brefil. Ruiter eut ordre de fe joindre au Lieutenant-Amiral Waflènaar, qui montoit la Concorde, de foixante & feize pieces de canon; car on avoit enfin pris le parti de confiruire de gros vaiflèaux : il avoit avec lui deux Commifluires chargés de préfenter a la Reine Régente , les articles qui avoient été communiqués a fon Ambafladeur a la Haye. Arrivés a Lisbonne & 1'audience leur ayant éié accordée , ils demanderent la refiitution du Brefil & la réparation de toutes les pertes que Pon avoit faites ; mais on leur déclara qu'on ne rendroit rien. Les Portugais arrêterent divers batimens Hollandois dans le Tage & d'autres qui étoient allés chercher du fel. Le •Conful de la Nation repréfenta inutilement que . la faifie de ces vaisfeaux occafionneroit une rupture , d'autant que la flotte n'avoit encore .'O Puffendorf Hift. de Charl. Guft. L. IV. Terne XLIV. D d Hi/l. de Hollande. 1048-1667. Brouillerie entre la SueMt& les Etats. Ac om me dies. Affaires du Portugal.  Sect. XI. Hiji. de Hollande. 1648-1667. Guerre déclarée aux Portugais. Succls de -Ruiter. Aan. 165 8. Guerre entre ia Suede & ie Roi de Dannemarck. p) Hifi. de Portugal. (a) Hift. des Prov. Unies. Vie de Ruiter. aio HISTOIRE DE HOLLANDE fait aucun afte d'hoflilité. Les Commlflaires demanderent t\ prendre congé de la Reine ; eile fit dire qu'elle étoit malade. lis chargerent le Secrétaire d'Etat, de lui remettre une lettre cachetée. II le promit. Cette lettre contenoit un précis de tout ce que les Etats avoient fait pour entretenir ia paix & une déclaration de guerre formelle. Les Commiilaires revinrent a bord de 1'Amiral, lui rendirent compte de ce qu'ils avoient fait & repartirent pour la Hollande fj). Quoique la flotte eut beaucoup h fouflrir des tempétes, elle fit quanticé de prifes, d'autant que les vaiflèaux Portugais n'étoient pas encore informes de la déclaration de guerre. On divifa la flotte en trois efcadres, & malgré le mauvais temps 011 réfolut de tenir la mer jufques au 12 de Novembre. La flotte Portugaife qui revenoit du Brefil , compofée de quarante voiles , & qui n'étoit point avertie , tomba dans celle des Hollandois. Dès que les Portugais s'en appereurent , ils voulurent fe retirer. L'ob» fcurité également contraire aux Portugais & a leurs ennemis , n'empêcha pas que chacun ne tachat de remplir fon objet. Les Hollandois fe rendirent maitres de quatorze vaifièaux. Ruiter avoit appris des prifonniers, qu'il arrivoit encore quarante - quatre vaiflèaux du Breid , qui avoient été féparés par la tempéte: il en fit part au Lieutenant-Amiral. Quelques Ca. pitaines Hollandois furent obligés de fe féparer pour aller conduire a Vigo des bdtimens pris, qui ne pouvoient plus tenir la mer. Mais ayant croifé quelques jours, les vaifièaux pris failant eau de t ms cötés on repartit pour la Hollande. Ruiter fut même obligé d'en faire remorquer jufques a Tolbay (2). Le Roi de Suede avoit prefque réduit le Dannemarck a demander la paix ; ce qui empêcha les Hollandois de fuivre aufli vivement qu'ils le defiroient, Paffaire de Portugal pour tourner leurs forces contre la Suede. Charles - Guftave avoit une partie des fiennes occupées en Livonie contre le Czar : la guerre de Pologne avoit épuifé fes finances. La France & 1'Angleterre ne lui donnoient que des promeffès , & il voyoit le Dannemarck foutenu par 1'Empereur , les Polonois , PElecbeur de Brandebourg & les Provinces-Unies. II voulut les prévenir, en ordonnant a Wrangel , Grand - Maréchal de Suede, de s'emparer pendant 1'hiver des ifles qui font fous la domination des Danois. II tenta 1'eutreprife hardie de paflèr Je petit Belt fur la glacé , pour entrer en Fionie & s'en emparer ; il y gagna une bataille, dans laquelle il courut de grands rifques. Au milieu de fa viétoire , il recut une lettre de Cromwel qui lui marquoit que le Roi de Dannemarck étoit difpofé a faire la paix & le prioit de nommer des Commifiaires & de défigner le lieu des conférences. Charles-Guftave répondit qu'il n'étoit point éloigné de la paix, mais qu'il cominueroit la guerre pendant les négociations. II profita de la confternation des Danois & marchant pendant quatre lieues fur les  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XL 211 glacés, a la tête ce fon armée , il arriva en nne runt k Nicoping (1); il y fut joint par Wrangel , délibéra s'il profiteroit de Poccafion pour foumettre le Dannemarck entier , ou s'il feroit la paix en gardant ce qu'il avoit déja conquis. Ce dernier parti lui parut préférable ; nonfeulement paree qu'il falloit faire le fiege de Coppenhague , ce qui n'étoit pas fans difficulté ; mais encore paree qu'il alloit s'attirer fur les bras la Maifon Impériale , la Pologne , 1'Elecbeur de Brandebourg , les Hollandois , la France même & 1'Angleterre , qui n'abandonneroient pas le Roi de Dannemarck, & ne foulfriroient pas que la Suede devint fi puiifante. 11 prit donc le parti de la paix , malgré Ulfeldt, ennemi fecret du Roi de Dannemarck , qui confeilloit le fiege de Cop. penhague. Ulfeldt & Stenon Bielke étoient deux des Plénipotentiaires de Charles-Guftave. Dans les conférences , Meadovvs pour 1'Angleterie & Terion pour la France, propoferent au Roi de Suede de ne pas s'approcher de Coppenhague, avant de favoir quel feroit le fuccès des négociations : le Roi répondit qu'il étoit réfofki d'avancer , & que fi cette ville ne lui ouvroit point fes portes , il y entreroit a travers fes fortifications qui n'étoient pas trop bonnes. Les Plénipotentiaires Danois , a qui Pon faifoit des demandes outrées, ayant dit que leurs pouvoirs n'étant pas aflèz étendus , ils demandoient une trêve de trois jours, pour faire leur rapport a leur Roi. Charles - Guftave répondit qu'il n'accorderoit pas trois heures , & donna ordre devant eux a fon aimée , de marcher a Coppenhague. Comme on favoit qu'il manouoit de munitions , on réfolut de trainer Paffaire en longueur, afin de donner le temps aux Alliés de Frédéric , de venir a fon fecours. Charles, qui n'étoit éloigné que de quatre lieues, s'avanci k la vue des remparts de cette capitale , en attaqua la garde avancée , en fit le tour , comme s'il eut voulu 1'affiéger ; mais les Commifiaires Suédois s'étant relachés de leurs demandes , on écrivit a la hate les principaux points du Traité , qui furent ratifiés par les deux Rois , & Pon convint de s'affembler a Rofchild, pour les étendre & les expiiquer (2). 11 s'éleva des conteftations a Rofchild. Ulfeldt avoit fait mettre que l'armée Suédoife fortiroit de la Seelande, avant que les villes de Scanie fuflènt évacuées. Charles-Guftave crut qu'on le jouoit ; il menaca de commencer le fiege. Enfin le Traité fut conclu : quelques articles fe trouverent obfeurs : les deux Rois eurent une entrevue pour les expliquer: ils pafïèrent deux nuits enfemble , & fe donnerent les témoignages les plus vifs d'une amidé reciproque. Les Suédois, pour gagner les Hollandois & les brouiller avec le Dannemarck , avoient propofé k leurs Ambafladeurs, d'exiger de Fréieric 1'anéantiffèment des droits dans le Sund, & le Roi de Suede offroit de foutenir les EE. GG.; mais ceux-ci eurent Padrefle de rejetter ces offres. rO Voyez 1'Hift. de Snede, Regne de Ch. Guftave. >f2) Puffend. Hift. de Ch. Guit. L. IV. Dd 2 Hifi. te Hoilande. 1648-lórt; NégociZ' tioas. Paix de Rofchild.  Sect. XI. Hifi. de Hollande. La guerre e rallnme. Ci) Puffend. Hift. de Ch. Guft. L. IV. (2) Abré£é de 1'Hift. de la Holl. T. II. aia HISTOIRE DE HOLLANDE Après la fignature, les EE. GG. fe plaignirent de 1'article qui excluoit de la mer Baltique les flottes étrangeres , & du refus que les Suédois avoient fait d'admettre van Beuningen aux Conférences, comme un des Médiatenrs. Le Roi en leur felant part de fa vicboire & du Traité , leur fit dire qu'il ne cauferoit aucun préjudice au commerce de fes voifins, & qu'il efpéroit que les EE. GG., comme anciens amis de la Couronne de Suede , approuveroient ce dont il étoit convenu avec le Roi de Dannemarck ; mais il défendit k fon Réfident de rien faire concernant la ratification du Traité d'Elbing & 1'explication que les Hollandois dtfiroient qu'on y ajoutat. Lorique les Ambafladeurs lui en parierent , il répondit qu'il falloit auparavant que les EE. GG, déclaraflènt qu'ils ne donneroient aucun fecours a fes ennemis (1). Ces difficultés entrainerent des lenteurs dans 1'exécution du Traité, & fous prétexte de ces lenteurs, le Roi de Suede retourna en Seeland pour faire le fiege de Coppenhague. Le Roi de Dannemarck, lui envoya des Députés pour lever tous les obflacles. Le Roi de Suede reprocha aux Danois de machiner lècrétement contre lui ; il prétendit s'en être convaincn par des lettres interceptées; il ajouta que leurs délais a exécuter le Traité , 1'avoient arrêté plus longtemps qu'il n'auroit vouJu en Dannemarck & leur fit plufieurs autres reproches (2). Les Députés protefttrent de 1'innocence de Frédéric & ne purent rctenir leurs larmes. Oxenfliern & Slippenbach qui les accompagnoient leur dirent, que par leurs dé ais ils avoient c:é caufe de 1'Alliance du Roi de Pologne , du Czar & de l'Ekcteur de Branelebourg contre la Suede ; qu'il n'y avoit pas un moment a perdrc ex que le feul moyen de fauver le Dannemarck, étoit de recourir a la clémence du vainqueur. Coppenhague étoit dans la confternation. Van Beuningen aflura les habitans, que s'ils pouvoient foutenir le fiege aflèz longtemps pour que la flotte Hollandoife put arrher , il leur répondoit de tout. II excita le courage des bourgeois & des payfans , qui s'étoient refugiés dans la ville ; il partit fur un badment léger, pour aller hater le départ de la flotte, & averdc en paffant les Norwcgiens de fe tenir fur kurs gardes. Le Roi de Suede fit dire aux Etats Généraux par Appelboom, les raifons qui 1'avoient déterminé a recommencer la guerre , & qu'ils pouvoient compter fur fon amitié, s'ils ne fe mêloient point des affaires des Danois; qu'il ne vouloit point troubler leur navigation, mais la protéger & convenir avec eux de la modération des droits qu'ils payoient. Les Etats répondirent, qu'en équipant une flotte, ils n'avoient d'autre intention que de défendre leur commerce y qu'ils ne vouloient point nuire a la Suede, mais fecourir le Roi de'Dannemarck, comme ils s'y étoient engagés par le Traité d'Alliance.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXHI. Sect. XI. ai3 t, flnrrP Hoihndoife force de trente-fept Vaiflèaux de guerre & de La flotte J o11^01^,/0^ & fix fluJ de tranfport , vingt-huit quatre brulo* *jj*f ^ df munitions, & deux mille foldats, batimens charges de vivres u , ^ ^ & d'Helfembourg, quoi. „e falua poim ikfeau», divifés en qua- tre efead^ • ^ k feï £s deux fceaux, Waflènaar qui commandoit e corp" de bataille de la flotte Hollandoife forca le paflage manaoic ie trouva aux pnfes avec la flotte i SuS ^telS^^^^'^J^^ combat a une fenêcre *. triere Wraneel, qui commandoit la flotte Suédode , tut entoure par pt vaiiSux^nnenl qui le canonnerent des deux Pouvernail & alla ietter Pancre fous Kronenbouró. Lcvent contraire Cf de r ou ner au combat. Rielkenftiem & Gerdlon , > les deux oSaux OfficSs de la flotte après Wrange! , furent auffi mis hors de S^J^^Au de Waflènaar fe vit un moment expofe a toute *Ï£ (SulJfè\ canonné paV trois, vaiflèau*^ennemis : fe Conuman- ^fiS !ioT& fe San ft^5**3 dtuïWdmts^ par le Phofphore Csc le feucan , n , b ° s r™A. • f<-m vaiflèau fevan Nes & van Kampen , qui les coulerent a fond , Ion varileau re van iNes ct vuii «-""'F _» *i , , r t ^ans fon avant; fhir eau & en avoit fix pieds. Dans cet etat ie ieu pin. otU L manceuvres Jfes voiles étoient ^{Stl^Zm& rverdirent onze vaiflèaux ; trois furent pris, les huit autres turent d u ÉTS?eoUlés kfond. Celui de de Witte, du cóté des Hollandois, fiat oulé a fondue fon équipage , fans quon ^.AH^W cm* 8g U coros du Vice-Amiral. Floriszoon qui commandoit 1 arriere-garde, rut ué Les Hollandois ne perdirent que quatre eens hommes. Les Suédois; en lutnt nnlle de tués. Ils fe retirerent fous le canon de Kronenbourg, & pas- a^ifïïtirsiédoife k Landskroon en fefant enfoncer k en; ?rée du port quelques vaiflèaux chargés de pierres. Le Roi qui er f,r informé monta fur une galiotte pour aller reconnoure 1 ennemi; il P^r y croifer; il y fit des prifes confidéra- Depuis Palliance que la France avoit faite avec 1'Angleterre, Cromwel qui depuis longtemps defiroit d'avoir Dunkerque, pour tenir en refpecb la france, 1 Efpagne & les Provinces-Unies , engagea le Roi de France daihegcr cette ville qui étoit au pouvoir des Efpagnols, pour la remectre entre les mains du Proteéteur. Ce projet, dont la France ne voyoit fans doute point alors les inconvéniens, fut exécuté cette année même. Turecne & Lokharc en firent le fiege le 15 de Mai. Vingt vaifièaux Anglois tenoient 1a place bloquée par mer. Les Efpagnols livrerenc bataille prés des Dunes, & la viftoire refta aux affiégeans. Le Comte de Leede qui defendoit la ville, fut tué, & elle capitula le 25 (3). Cromwel ne furvécut pas longtemps a cette victoire: il mourut le 13 beptembre apres une maladie de quelques jours, agé de cinquante-huit ans. Richard fon fils fut proclanié Proteéteur dans Londres. Richard pronut, comme fon pere, des fecours au Roi de Suede: il réfolut d'envoyer dix-huit ou vingt vaifièaux dans le Sund; mais il n'avoit d'autre objet que de tenir la balance égale entre les deux couronnes, fuivant le fyfiême de Cromwel. Les EE. GG. furent inquiets & fe difpoferent a envoyer Ruiter. Ils équiperent trente-neuf vaifièaux de guerre, donnerent a Evertz le premier rang après le Lieutenant-Amiral, & k Ruiter le premier après Evertz, avec promeffe, en cas de mort ou de maladie, de donner le commandement en chef a Ruiter. Les inftruftions du Lieutenant-Amiral portoient un plan de conduite a 1'égard des Anglois, tant pour éviter d'en venir h des voyes de fait, que pour fe défendre, s'ils en venoient a cette extrêmité. Mais le nouveau Protecteür, plus philofophe qu'ambitieux , n'en avoit aucune envie : il préferoit fa tranquillité aux embarras du tróne (4). Ruiter partit avec une flotte de quatre-vingt-trois vaiflèaux. Ceux des Etats furent joints par deux vaiflèaux de guerre Danois: les autres étoient des vaiflèaux marchands Danois , Dantzicois & Hollandois , tóus armés co Puffendotf vie de Charles Guitave L. V. (2; Vie de Ruiter par Brand:. (3j Le Pere Daniël Abr. de PHUt de Louis XIV. .^4) Volt. Elfai ibr 1'efprit & les mceurs des narions Ch. 182.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sgct. XI. 415 en guerre. Sur cette flotte étoient Slirtgeland, Vogelfank, Huybert & van Haren, Ambafladeurs nommés par les Etats, pour moyenuer une paix entre les couronnes du Nord. Charles-Guflave, qui avoit prévu les efforts des Hollandois en faveur du Dannemarck , avoic réiöiu de prendre Coppenhague pendant Phiver avant 1'arrivée de la flotte. 11 avoic hvré un aflaat général. La défenfe fut vive. Le Roi de Suede, après avoir perdu Steinbock, Grand-maicre de 1'artillerie & plufieurs de fes rneilleurs Officiers, fut obligé d'ordonner la retraite. Les matelots Hollandois rendirent les plus grands fervices a ia ville. L'armée Suédoife fe retira dans fes quartiers & s'attacha a s'emparer des ifles. II y eut plufieurs combats fur uier, dès qu'elle fut praricablê, prefque tous a Pavantage des Danois (1). On travailloit cependant a pacifier les deux couronnes. Les conférences de la Haye opérerent un plan de pacification, dont on fu part aux deux Rois, a l'Elecbeur de -Brandebourg, au Roi de France, a la Pologne & au Proteéteur. La fiotte de Ruiter ayant joint celle de Wafiènaar, les forces maritimes des Provinces-Unies fe trouvoient monter h plus de foixante-dix vaifièaux de guerre, fans compcer quelques galiottes & brülots,& a dix-fept mille matelots ou foldats. Une fufpenfion d'armes qui fut inutile; des conférences entre Ia Suede qui demandoit des dédommagemens immenfes & les Hollandois qui refu» foient d'abandonner les Danois ; le refus de Frédéric de prendre pour bafe de la paix le traité de Rofchild; la révolution qui rendic la couronne d'Angleterre a la maifon de Stuard & qui fit perdre a Meadows le caraclere d'Ambaffadeur qu'il tenoit de Cromwel & qu'ii failut faire renouveiier pit le Parlement, firent perdre aux fbttes un temps précieux, dont les Suédois profiterent poar fe fortifier: ils envoyérent douze vaiffèaux de guerre , quatre flutöfs & une galiotte a la pointe feptentiionale de la Fionie , a la vue de la flotte de Ruiter; ils attaquerent pendant la fufpenfion d'armes, deux vaiffèaux que Wafiènaar avoic poftéS comme une garde avancée vers les cótes du Jutland; 1'un fut chaffé jusques * Horfen; Pautre fe fit échouer & le Capitaine y mit le feu. (2) La flotte Danoife s'étoit joince a la flotte Hollandoife; mais la fufpenfion d'armes les empêcha d'agir, quoique violée par les Suédois. Le Roi de Dannemarck ne voulut pas même permettre qu'elle mie a terre les quatre mille hommes que Ruiter avoit amenés de Hollande. _ La flotte Suédoife n'en prit pas moins deux vaiflèaux de guerre Danois, deux Hollandois & en brüla un troifieme; mais on n'ofoic rien entreprendre fans ordre des Etats ou des Ambafladeurs, qui travailloient h mettre d'accord les deux couronnes. lis ne pouvoient pas y parvenirs» le Roi de Suede traita les Ambafladeurs d'Angleterre & de Hollande, lorfqu'ifs lui préfenterent le projet de conciliation qu'ils avoient fait, avec une hauteur infultunte. 11 difoit aux premiers, qu'il s'étonnoit fort qu'étanc fes amis,ils ofasfent lui prefcrire des loix; qu'il ne refuferoit pas leur médiation tant (O Puffend. Hift. de Ch. Guftave. Voyez 1'Hiftoire de Suede & celle de Dannemarck. (3) Vie de Ruiter. Abr. de f Hift. de la Hollande T. III. 4 ffifl. de Hollande, 1648-1667. Sierde de toppenha«ue. Avantages des Suédois fur mer. Hauteur du kot de Suede.  2if5 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XI. Hift. de Hollande. 1*48-1667, Bataille de Futten, Tiifaiti des Sué- dtis. qu'ils demeureroient dans Jes termes de 1'amitié; mais qu'il ne fouflriroic jamais qu'ils fuflènt fes arbitr.es. II dilbit aux Hollandois, qu'il ne vouloit pas des ennemis pour médiateurs. En parlant des uns & des autres, qu'étant Roi & ayant remporté d'aflèz glorieufe,s victoires, il ne pouvoit pas fupporter d'être infulté par deux Républiques , dont 1'une avoit dépolé fon Roi & 1'autre avoit tué le fien. Enfin les Ambafladeurs des Provinces-Unies voyant que ce Monarque ne vouloit pas fe déciarer pour la paix , tandis que le Roi de Dannemarck s'en rapportoit entierement aux médiateurs , écrivirenc au Lieutenant-Amiral de fe difpofer a attaquer les Suédois, de ravicailler Coppen. hugue & de fe joindre k Kuiter. Mais la faifon de la guerre étoit paflce. Les Suédois étoient dans leurs ports & n'en fortirent point. On tenta quelques entreprifes, mais inudlement. Les Hollandois eurent beaucoup k fouflnr & ne s'appercurent que trop tard qu'ils avoient agi de trop bonne foi avec le Roi de Suede, qui les traitoit avec fierté, lors même qu'il les trompoit;& même avec les Danois, qui profitoient de la nécefllté oü la République étoit de les foutenir (i). Wafiènaar & Evertz avoient obtenu la permiffion de retouruer en Hollande. Le commandement de la flotte refla k Ruiter; il tenta une defcente dans l'ifle de Funen prés de Nybourg; elle fe fit fans obllacle prés de Kartemonde. 11 envoya des vaifTeaux croifer vers les ifies de Sv,-o & de Langueland, & devant Nybourg pour empêcher le pafiage. Le;, diés entrerenc d'un autre cöté dans l'ifle de Funen, & s'emparerent de trente pieces de canon & des munitions que les Suédois avoient k Nybourg. L'armée Danoile & Hollandoife,commandée parSchak,marcha furOeienfée, capitale de l'ifle, ou il joignit les alliés qui étoient au nombre de neuf mille. Après la jonélion , ils marcherent a 1'ennemi qui étoit devant Nybourg. Eberflein commandoit la droite de l'armée des Confédérés; lc Général Tramp la gauche & Schak le centre, oü étoient les Hollandois, fous les ordres du Colonel Killegrevv, de van Metteren & d'Ailva. Eberflein ayant attaqué fans précaution, fut repoufle, & la plupart de fes Officiers furent tués. Schak fut forcé de plier. 11 ordonna aux floliandois d'avancer; ils firent reculer les Suédois, & reprirent 1'artillerie des deux alles, dont ils s'étoient emparés. Les Hollandois les forcerent de reculer encore & d'ahandonner leur pofte : les Danois & les Polonois s'étant ralliés , taillerent en pieces tout ce qui s'oppofoit k eux: Pape gauche fut mife en déroute par les Hollandois. Su'tzbach voyant fon -infanterie malfacrée, ou mifè en fuite, & 1'aile gauche défaite, fe retira jufques au pied des murs. L'ennemi étoit attaqué par terre & par mer. Ruiter Ie foudroyoir, & ne pouvant plus tenir, l'armée dernanda a capi. tuier: on voulut qu'elle fe rendit p. diferérion, & elle y confentir. Les Chefs furent tous faits prifonniers. Les Suédois perelirent qu rante écendards, vingt-huit drapeaux. Henri de Hom fortit de Ja place avec trois • l . _,' mille vt) Hift. des Proviuces-Unies T. II. L. XIII.  OU DES PROVINCES UNIES, Ltv. XXXtïï. SacT.Xi'. mik chevaux , qui prirenc parti dans l'armée. viétorieufe. Les Suédois eurent deux mille hommes tués. Sultzbach & Steinbock fe jecterent dans une chaloupe, palferent h Corfow k la faveur de la nuit & allerent porter au Roi la trifie nouvelle de la défaice de fon armée (i). Les Danois defiroient que Rutter les tranfporrit en Séeland; mais ta -faifon étoit trop avancée.& il craignit d'être furpris par les glacés: de plus il favoit. que 1'intention des Etats étoit de fprcer Charles - Guftave k faire la paix & non de ruiner la -Suéde. Le Roi de Dannemarck lui fit préfent d'une ,chaine d'or , & les Magiftrats de Lubeck lui donnerent les-fêtes les plus brillantes. II conduifit k Coppenhague une flotte chargée de provifions & . y pafla 1'hiver, entretenant dans ia ville la police la plus f *é vere C ^0 • Le Roi de Suede envoya Caïet k-la Haye, faire les mêmes -propofidom qu'il avoit faites autrefois k Cromwel: il offrit aux Etats de partager U conquête du Dannemarck , s'ils vouloient abandonner les Danois. Cett< offre ne fit point dVffèt, & la nouvelle de la déroute des Suédois i -Funen Ie déconcerta. Les Etats lui donnerent -.huit Commiffaires poui négocier.. Guftave, quoique vaincu, ne. voulut rien reldcher de fes prétea -dons: il flt fa paix avec la Pologne & réfolut de fe fervir des troupei qu'il y avoit, pour entrcr en Norwege & s'emparer de la ville de Dront heim. II y fit paflèr Laurent Kagge & Harald Stake ; mais la mort d< ce Prince fit avorter fon projet: elle le furprit dans le temps qu'i sttendoit que les Etats de •Suede, auxquels il avoit flut voir la néces .ficé de faire les derniers efforts, pour fe mettre -en état de faire -une pais plus avantageufe, euflent délibéré de nouvelles levées & des fonds fuffifans .Dans les inftruébons qu'il donna k fes Miniflres , il leur recommandoi -iurtout de faire la paix: il mourut le 22 Février 1660 (3). Avan qu'on ne (ut la nouvelle de fa mort, le Roi de France avoit fait dire pa de Thou aux Etats, qu'il fembloit qu'on voulut facrifier le Roi de Suedi au Roi de Dannemarck,. mais qu'il n'abandonneroit point ce Prince., L< Roi leur écrivit lui-même: -ils lui répondirent que leur iutention n'avoi jamais été de ruiner la Suede, mais d'empêcher qu'elle ne fubjuguat l< ■Dannemarck & ne fe rendit maitreflè de Ia mer Baltique; qu'ils étoien prêts de s'en tenir,au traité d'Elbing, avec fes explications: qu'au furplus,_( ia Suede s'étoit trouvée dans le même danger que le Dannemarck , il .auroient pris parti pour la première. Les maladies emportoient beaucoup de monde fur la flotte de Ruiter; i fut lui-même trés incommodé; il fit reconnoitre la flotte Suédoife qui f trouvoit en fort mauvais état. Dès que la faifon le permit, il fit parti une efcadre & .quantité de vaiflèaux marchands, fans trouver le moindre ob itacle de la part de 1'ennemi; il envoya des vivres k la-garnifon de Nj bourg. Bientdt il recut ordre de ne rien entreprendre contre la flott Suédoife, & de fe redrer de devant Landscroon. II y eut une fufpeufio (O Puffendorf Vie de Ch. Guftave. Voyez 1'Hift. de Dannemarck & la Vie de Ruiten (O Puföndorf Vie de Ch. Guftave. ime XLIF. Ee nm «te [iodanile. 1548 lótff. LvM^« C c Mort da C Roi de • Suede. { I l r É  Sr.cr. XL HM de Hollande. 1648-1667. Paix entt e le Dannemarck & la Suede. tranfport train oit en longueur , Ruiter & Vogelfang ofFn'renc de les ai Ier. Leur offre fut acceptée & le- tranfport fut fait en peu de temps. Enfin Ruiter qui n'avoit que vingt-cinq vaiflèaux, conduifit fa flotte en Hollande, oü il rentra le 3 de Septembre par le Vlie. En traverfant le Zuiderzee pour aller h Amlrerdnra-. un vnitTpnn hpnm Ia & i~ n. couler a fond; Ruiter ne fe fliuva qu'en s'accrochant aux cordages (3). Ainfi Unit cette guerre qui avoit fi longtemps occupé les Etats: ils'n'étoient que Médiateurs & cependant elle leur couta plus cher, que s'ils 1'avoienc faite peur eux. CharlesII1 Dans cet intervalle une révolution préparée par le Général Monk, rappelléau rappella Charles 11 en Angleterre, &-cette meme nation qui avoit détnne. tronQ- & exécuté le pere, proclama le fils, fon Roi légitime. Ce Prince fe rendit a Bréda : une fiotte Angloife devoit venir le prendre en Hollande. Une députation des Etats Généraux alla 1'y complimenter. Les députés de Ho'lande le prierent de venir a la Haye , oü tout étoit pret pour le recevoir. Les -Anglois accouroient en foule a Bréda avec des préfens, déplorant les maux qu'ils avoient foufferts fous la tyrannie. La Princeflè douairière d'Orange , fa fleur , s'y rendit. Les Magiflrats de. Bréda, qui peu de temps auparavant avoient interdit leur ville au Roi,lui marquerent le plus grand attachement & donnerent tous leurs foins pour que les Anglois fullènr logés commodément. (4) Les chemins étoient couverts de monde;. chacun donnoit des marqués de joie: fon entree a la Haye fut magnifique & triomphante: il fut défrayé pendant tout le temps qu'il y refta. Les Etats Généraux en corps, ceux de Hollande,les principaux particuliers de tous les ordres, les Ambafladeurs & les Miniflres des diverlès Puiflances, allerent le féliciter: il partir le 12 de Juillet; les Etats de Hollande 1'accomnasmerent iufbues an hnrd la mor «is Toon n»» ie complimenta encore en leur nom. S. M. leur recommanda fa fceur & ie Prince fon fils, en les aflurant qu'il lèroit aufli reconnoifïant de tout. ce qu'ils ibroient pour eux, que fi c'étoit pour lui-même. - fi) Vie de Ruiter par Brandt. Qa) Voyez 1'Hift. de Snede & celle de Dannemarck. , (3) Vie de Ruiter par Brandt. f4) Hift. de la Rebell. d'Angl. L. XVI. ai5 H I S T O I R E D E II O L L A N D E d'armes; les Ambafladeurs des deux Couronnes & des Puiflances médiatriccf recommencerent leurs conferences fous des cences, drelfées entre Coppenhague &. l'armée Suédoife. Ruiter fe borna a empêcher toute entreprilè de la flotte ennemie & fa forde du port (1). Enfin le projet donné par les Hollandois fut accepté & la Paix concliie le 6 de Juin. Dronthcim & Pifie de Bomholm demeurerent au Roi de Dannemarck, qui donna un dédommagemem pour la derniere: tout ce que les Suédois avoient pris en Séeland lui fut rendu. La Suede retint Schonen, lialland, Blekingen & Bahus (a). Mais jufques a ce que le Traité eut fon enticre exécution, Ruiter eut'ordre de ne pas quitter les cótes de Dannemarck. II étoit dit dans un des articles, que les Danois fourniroient des batimens aux Suédois nnnr ]c rmnfhnrr Ai* Ipurc nvmr>ac.  CU DES PROVINCES LW1ES, Liv. XXXIII. Sect. XI. n9 Après fon déparc les Etats Généraux nommerent quatre Ambafladeurs extraordinaires pour aller le féliciter fur fon rétablifiement 6c lui porter Ie Traité qu'on dcfiroit de faire avec 1'Angleterre. fj) Ces Ambafladeurs eurent a ce fujet-des conférences avec les Miniftres du Roi; ce traité qui concernoit de commerce, & dans lequel il fut flipulé des fecours refpec. dfs , fut conclu après quelques débats au fujet de la refiitution de Pifle de > Poleron, que Ia Compagnie des Indes Angloife demandoit a la Compa* gnie Hollandoife: celle-ci envoya ordre au Gouverneur & au Confeii de Batavia., de remettre cette ille, a ceux qui apporteroient un Pouvoir da Roi de la Grande - Bretagne pour la recevoir. La recommandation de Cnarles II en faveur du Prince d'Orange fon neveu, occafionna des mouvemens dans quelques Provinces, pour faire nommer le jeune Prince, Stadhouder & Capitaine - Général par terre &■ par mer. Les 'Etats de Zélande écrivirent le 7 d'Aoüt aux Etats Généraux, k ceux de Hollande & au Prince même, qu'ils avoient réfolu de le défigner & nommer Capitaine & Amiral-Général des Provinces-Unies, avec une penfion de cent mille livres; d'agir conjointement avec la Hollande , mais de ne le mettre en poflèifion que lorfqu'il auroit atteint Page de dix-huit ans, fans néanmoins lui donner de Lieutenant. Les Priucesfes d'Orange & le Duc de York remercierent les Zélandois, & la Princeflè Royale ayant fait part aux EE. GG. qu'elle vouloit aller en Angleterre, leur rccommanda fon i'lis & leur offrit fes "bons offices a la cour de Londres. Les Etats de Zélande allerent en corps a la Haye, pour faire agréer leur propofition aux EE. GG.. & a ceux de Hollande. On leur répondit qu'on y penferoit. Les Etats de Prife prirent une réfolution femblable k celle des Etats de Zélande. La Princeflè Royale demanda a ceux de Hollande, de prendre part a Péducation du Prince, afin de Ie mettre en état d'exercer les charges, auxquclles il feroit appellé: non-feulement ils répondirent confonncment k fes vues; mais ils lui envoyérent la révocation de l'x^ibe d'exclulion, qu'ils avoient été forcés d'accorder a feu Olïvier Crosnwel. Les quartiers de Nimegue, Zutphen, Arnheim; les Provinces d'Ovcr-Yflèl cc d'Utrecht imiterent les EE. de Frife & de Zélande. Le Roi de.France, fous prétexte des différends qui s'étoient élevés entre les Princeflès d'Orange & PElecleur de Brandebourg, au fujet de L tutelle & de Péducation du Prince, s'étoit emparé de la Principauté d'Orange. II prétendoit garder comme Médiateur, cette place enclavée dans fes Ëtats, afin d'arrêter les desordres que les difcuffions des tuteurs pourroient y occafionner: en effet le Roi la garda en fequeftre, & ne la rendit poinc a fa majorité , k caufe de la guerre de la France avec les -ProvincesUnies. La Magiflrature d'Utrecht étoit en bute depuis quelque temps aux •nveibves & aux déclamatious de quelques membres turbulens duClergé,qui prétendoient que le Pouvoir de gouverner PEglife, comme Eglife, appar- (!) Ililt. des-Provinces • Unies T. III. L. XIV. Ee .2 mn. te Hollande. [64.8-1667. Traité tvec FAk\letcrrt. Mouvemens en paveur de QtiiUamme UL Li alle iTexclu/rtn eft révoqué. QitereÏÏes théologiqaes.  II 1 S ï ü I R E D E li'O L L A N" D E" SfeCT. XI. Hifi. de Hollande. 1648-166; Mort de U Princejfj Royale.-, Difcufiiens peur ia tutelle du Prince d'Orange. Paix avec ie Portugal. tenoic a 1'Eglife foumife a J. C. fon feul Chef &. Roi, & que felon lc droit divin ni les Rois, comme Rois», ni les Magiftrats, comme Magiftrats, ni ceux qui avoient droit de pauonage, devoient avoir aucune pa?t 'au gouvernement de 1'Eglife. quelques prédicaceurs excitoient les murmt> resdu peuple, Pour prévenn une fédition prète a éclater, les Etats de Hollande envoyérent des troupes a Utrecht & ce défordre duit par le~bannisfement de deux Miniftres ouPatteurs d'Eglifc (1/). Le Traité des Pyrenées entre la France &. 1'Efpagne , cimenté par le. mariage-du. Roi Trés Chréricn avec Marie Thérefe, Infante d'Efpagne; l'acbe de renonciation tant pour elle que pour fes fucceflèurs & hé. riricrs males & femelles, en quelque dégré qu'ils puflènt fe trouver, aux Royaumes, Etats & Seigneuries qui appartenoient & appartiendroient a S. M C. ;-.les proteftations d'amitié faites aux Provinces- Unies par PAmbafiadeur d'Efpagne; le Traité eonciu entre la .France & les EE. GG., pouraflurer le commerce & prévenir les pirateries des armpteur-s 'Francois* dont on s'étoit plaint dans les derniers temps; les garanties reciproques; les promeffès de . fecours mutuels; la demande accordée aux Provinces* Unies, par. le Roi de France, d'être compris dans. le traité des Pyrenees; tout fembloit annoncer une paix folide & durable. II n'y avoit que 1'Angleterre qui, en marquant quelque mécontentement au fujet de ce. traité de garantie, & qui en s'expliquant trop librement concertant Pélévation du Prince d'Orange, malgré de Witt, fit.craindre de nouveaux troubies (2). . Dans ce temps mourut en-Angleterre la' PrincefPé Royaler la tutelle du Prince devoit par cette mort refter a PEleéteur de Brandebourg & a ia Princeflè Douairière , quoique la Princeflè Royale Peut recommandé en mourant a Charles II. , L'Eleéteur envoya k ce fujet. des Ambafladeurs au Roi d'Angleterre, avec ordre de. propofer de laiflèr la tutelle entre les mains du Roi,,de.PEleéteur & de Ia Princeflè Douairière; a condition que 1'adminiftration demeureroit a la derniere, pour gérer au nom de 1'un Ót de Pautre & au fien propre;&.que les Etats feroient priés de donner un Confeil au Prince. Charles défapprouva ce dernier article. II n'aimoit point de Wiet & n'étoit point content des Etats de Hollande:. il répondit a la demande qu'ilss lui firent de leur rendre PAcle d'exclufion, „ qu'il vouloit le garder comme ,, uu monument-de leur 4nfamie, jufques k ce que le Prince fut rétabli dans „ les charges de fes ancêtres.". L'éducation & la tutelle refterent dans Pétat ou .elles. étoient & le Prince qui eut beaucoup perdu en tombant entre les mains de Charles II, ne gagna .pas grand'chofe en demeurant dans celles de PEleéteur &. de la Princeflè Douairière. Dans 1'impoffibilité-de recouvrer le. Bréfil, on fit la paix avec les Portugais. Le traité fut figné k la Haye, le 6 Aoüt, par le Comte de Miranda, Ambafladeur de Portugal, .& par fix Commifiaires des.Etats. Par ce traité, le Roi &.le Royaume de Portugal s'engagent de payer aux Etats quatre fi) Hift. dés Provinces-Unies, T. III. L. XiV. Abregé" de 1'Hift. de la Hollande T. UI. Ch. XUI. (a) Mém. du Comte. d'f.ftradcs T. 'f.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXX-IIi. Sect. XI. oei snillions-de crufadcs, en argent , iiicre , fel & tabac , ^ fuivant le prix courant du temps. auquel ces- marehandifes feront livrées; que le Roi feroit rendre toute 1'artillerie prife au Brefil ; que les Hollandois pourroient achcter, tous les ans, a St. Ubcs du fel au meme prix ^qu'il fe vend- cn Portugal ; que les fujets des Etats pourroient négoc-ier en toute füreté , du Portugal au Brefil & du Brefil au Portugal & autres lieux de la domination Ponugaife , & reporter toute efpece de marehandifes en payant les droits , excepté du bois de Brefil, &c. ; qu'ils joufroient en tout des mémes privileges que les Anglois ; que lcrsqu'ils auroient une fois payé les droits, . ils pourroient naviguer dans tous les lieux de la domination Portugaife r lans etre obligés- de les payer de nouveau ,- & qu'ils pourroient charger les marehandifes que les Portugais & les autres nations leur confieroient, pour les porter en quelque lieu que ce fut-, dépendant du Portugal , fans être obligés- de payer pkis que les Portugais même qu'ils pourroient naviguer dans toutes les colonies, files & ports de cettenation, fur les cótes de 1'Afrique, avec la même liberté, que les Anglois ou quelque autre nation que ce foit: y commercer, féjourner, y avoir leurs maifons & magalins, &c.(r). Les EE. GG. preflbient 1'Angleterre -pour le.-renouvellcmcnt de 1'Alliance. Charles II faifoit naitre mille difficultés-: • mais la principaleétoit Pélévation de fon neveu, qu'il vouloit faire revêtir dans.le moment, des charges de fes. ancêtres , - au lieu d'attendre Page de dix-huit ans, qui avoit été fixé pour le mettre en poffefiion , & ;de feize , terme arrêté pour fon entrée au Confeil. II efpéroit de s'attacher plus particulierement le Prince & de-rendre les Etats plus dépendans de lui, (2) comme fon tuteur. II voulut engager l-'AmbafiadeuF- de France, de lè joindre a lui au nom de fon maitre , pour le demander ; mais< la Comte d'Efirades s'y refufa. La prétention que fqrma Charles II , en youlant que les flottes Francoifes baiflallènt Pavillon devant celui d'Angleterre , certes nengagea pas le Roi de France a feconder fes vues fur fon neveu. Quant a la garantie pour la pêche , Louis XIV, malgré tour ce que les Anglois cn purent dire, s'y engagea formellement, comme les Etats lui garantiflbient de..leur-cóïé, tout ce qu'il ppfiedoit: & tous fes droits fans aucune refiriétion. C'ell par une efpece de vengeance de la garantie de h pêche, que Charles il forma la prétention de la fupériorité du Pavillon Anglois. 11 droit fon droit de la néce-libé, oü flenri IV s'étoit trouvé d'accorder cet honneur a Elifabeth , lorfqu'clle lui prêta fa Hotte. Louis XIV rejetta ce titre, qui ne pouvoit tirer a conféquence , a caufe -des circonftances facheufc-s, oü fe trouvoit llofsri, qui ne crut pas acheter- trop chei les' fecours de la Reine d'Angleterre, par une fimple- condefcenöance . qui pouvoit être regardée- plutót comme un témoignage de la recon noifïance de ce Prince, que comme un>hommage d'une PuifTance enven (O Voyez 1'Hift. de Portugal. f 2j)- Lettres du Comte d'Efirades T. f. Ee 3,- m. de Hollande. 1648-1607. Démarche; de Charles II, pour Vélèvatii tt'~ du Prime- ' d'Orange. Traité de garantie. Ann; ï65%. Prétentions pour la fupériorité dti Pavillon Anglois •  222 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. LesFrancol, ecquierent Dunkcrqae, Négociations de Ruiter ay cc digtr. unc autre. Charles II ofa employcr la menace ; mais Louis lui paria avec tant de fermeté , que le Roi d'Angleterre plia fur cet article , comme fur celui de la garantie de la pêche. Louis XIV eut peut-être été plus loin; mais il ménageoit les Anglois, a caufe de la vente de Dunkerque, dont on traitoit dans ce moment, (r) En effet Charles vendit pour de 1'argent cette ..place importante, qu'il eut dü défendre contre toutes lts forces des, Francois. Lorfque le Traité des Etats avec la France fut confommé, ils mirent la derniere main au renouvellement des Alliances avec 1'Angleterre:. le Traité fut figné le 14 Septembre; on y conferva plufieurs articles du Traité fait avec Cromwel. .Cependant Ruiter avec une flotte de treize vaiffèaux donnoit Ia chaflè aux Corfaires de Barbarie. II 1'avoit divifée en trois efcadres; Evertfen & de Wildt en commandoient chacun une : la ficnne étoit de quatre vaifièaux. II croifoit a PEft de la Sardaigne. 11 s'approcha de Tunis, & comme il avoit plufieurs prifonniers Mahométans , il les échangea pour autant d'efclavcs Chrétiens. II propofa a cette Régence un Traité de paix fur le même pied, qu'elle avoit traité avec les Anglois. Cette propofition fut acceptée , & 1'on publia une fufpenfion d'armes pour fix mois, ou jufques a ce que les EE. GG. euffent envoyé quel3,u'un a Tunis ..pour régler le Traité. Dans ce temps un Corfaire d'Alger, nomroé les 2rois Croiflans, ayant Schappé a trois Capitaines , fut pourfuivi par Ruiter jufques fur la :öte , h trois brafiès de profondcur: il y fut criblé de coups de canon,; I eut coulé bas , s'il y eut eu plus d'eau : dans cet état, entouré :>ar les trois Capitaines, qui avoient mis leurs chaloupes en mer, le .mate qui avoit fait potter huit barüs de poudre fur le tillac , fe déiendoit, & les empêchoit d'approcher par un feu condnuel : on fit apporter des grenades du bord de Ruiter : on bleffa quelques Mahométans & le refie fe rendit ; trente Hollandois furent blefles & onze tués; ils coulerent a fond une chaloupe qui fe retiroit.; une partie de 1'équipage fè jetta h. la nage. 11 reftoit fur le badment du Corfaire , foixante hommes qui furent faits prifonniers. Ruiter fe préfenta le 5 d'Avril devant Algcr & offric la paix a la Régence. Les pri. fes que les Hollandois avoient faites dans ces mers , avoient jetté la terreur parmi les Algériens, qui ne demanderent pas mieux que de traiter avec eux. On convint de tout, excepté de deux articles. Rui. ter demandoit qu'on ne regardat point comme bonnes prifes , les effets appartenans a quelque nation que ce fut & qui fe trouveroient fur des vaifièaux Hollandois , non plus que les perfonnes & marehandifes venant des p;.ys ennemis. Les Algériens dilbient que c'étoit fes réduire a la mendicité , & refuferent de pafler cet article. .11 fut convenu d'une (bfp'éhfión dV.rmes de fept mois, jufques a ce que le Traité qu'on drefla , fut paivenu aux Etats Généraux. Les prifonniers Algériens fis» .CO.Dsuiel ALi'é^é de de Louis XIV.  Oü DE$ PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. SsctvXI. 223 rent échangés pour autant d'cfclaves Chrétiens. Ruiter partit pour Mala°a: il y recut des EE. GO. une déclaration qui 1'autorifott k faire avec Algen un Traité conforme a celui qu'ils avoient fait en 1612 k Conftantïnople. Par un article de ce Traité, les Algériens ne pouvoient pas vifirer les vaiflèaux Hollandois , ni en enlever les efïets , ni les perfonnes fujccies aux Puiflances meme qui feroient en guerre avecAlger. On ordonnoit a Ruiter de traiter les Algériens en ennemis , s ils rejet. toient cet article, & dé séprimer les courfes de ceux de Iripoh, pour les obliger a faire la paix aux' mêmes conditions. Quatre de fes vaiflèaux étoient partis pour la Hollande ; on en avoit envoyé quatre autres a la place , avec - des vivres 6c des munitions poui un an CO- ... .. 1 r\cc Ruiter revint le 6 de Juillet k la rade d'Alger; il envoya deux Ofli ciers au Dey & au Divan , avec oifre de conclure la paix fur le piec du Traité de 1612. Les Algériens offrirent de rraiter fur le même pi.'c qu'avec les Anglois; mais comme ils s'étoient réfervé le droit de vilite Ruiter refufa. Les Algériens demanderent du temps pour délibcrer; or prolongea la- fufpenfion d'armes pour quatre mois, pendant lefquels 1; vifite neut lieu , ni du cótë des Hollandois, ni de celui des Algé riens. , D . A Tripoli le Dey répondit aux propofitions de paix de Kuiter qu'il étoit difpofë k les accepter, mais que fes fujets & iurtout le gens de mer y étoient fort oppofés. Les chofes refierent dans le memi état ; mais le Dey fit préfent k- Ruiter de treize bceufs & de cinquant* moutons , & le fit prévenir qu'il lui fourniroit tout ce dont il ^auroi befoin pour fon efcadre. Ruiter avoit offèrt de racheter le frere d'un dt fes matelots; le Dey le lui-renvoya fans rancoo, & fixa celle des autre efclaves: il lui envoya la lilte de tous les efclaves Hollandois, qui étoien dans fes Etats C2)- „ T Ruiter revint devant Tunis avec un ■ plein - pouvoir des fctat$ Les Tunifiens touchés de cette exaebtude des Hollandois, confentirent au Traité réglé par les Etats. Les Algériens furent plus difficiles; mais a un fecond voyage de Ruiter ils fe rendirent. Le Traité de Tunis fervit de modcle & il fut convenu que les vaiflèaux Hollandois exempts de toute efpece de vifite, ne livreroient ni cifets ni perfonnes. : . Cependant les vaines dilputcs de métaphyfique, paffant de l'obfcurité de 1'école dans le public , fe mêloient aux faétións politiques. Envain avoit- on défendu "de confondre les difputes purement philofophiques avec les queilions de Théologie ; la Philofophie de Defcartes, regardée avec. admiration par les uns , étoit condamnée par les autres. Le bien & le mal qu'on difoit du Cartéfianifme , fervoient également k 1'accré diter. Les opinions pour & contre étoient foutenues avec une efpece d'acharnement. Voedus , Profefièur de Théologie k Utrecht, & qu s'étoit diftingué au Synode de Dordrecht, étoit oppofë aux principe! CO Hift- des Provinces-Unies T. III. Vie de Ruiter. @0 Vie de Ruiter. HOI. és Hollande. 1648*1667. V , Traité*' j avec Tri, poli-. AvttTunii* Ann. 16*63. Lesf'oëiiens & les Coo eeïens. ■  Srct. XI. Hifi. de Hollande. 1&4.8-tó67 Difaiffions aujujet d lx priere publique. au H I S T O I R E D E H O L L A N D -Ti de Defcartes ; mais Cocceïus, autre Profeflèur de Théologie k Leide, les foutenoit avec une efpece d'acharnement. Le premier étoit fort at. taché k la Maifon d'Orange. Appuyé d'un pard nombreux , il frondoit le Gouvernement avec un zele amer. Son antagonifte , moins févere, infpiroit a fes difciples 1'obéitfance & le refpecb pour le Souverain: il regardoit. comme féditieux & puniffabie I'abus de Ia prédication ; lesEtats de Hollande & de Witt le prirent fous leur proteébon. Les -Voëticns plus nombreux devinrent perfécuteurs, & comme il y avoit des édits rigoureux contre le Spcinianifme , ils accufèrent les Cocceïens d'être Socinicns. La fureur des partis augmenta par les précautions même que les Etats avoient prifes pour les ramener k la modération. Alors s'éleva Ia difpute fur la célébration du dimanche. Les Etats ordonnerent de s'en tenir aux déciiions du Synode de Dordrecht : on conclut de leur modération que 1'intérêt de la Religion leur étoit étranger, & que tous les ■Magiftrats, k I'excepdon de deux ou trois, étoient-Papiftes ou Athées. Ces imputations n'empêcherent pas de foutenir les dociles Cocceïens, en leur donnant les meilleurs poftes; ce qui rendit bien des Voëciens trans- Tuges (O- L'efprit de parti prend prétexte de tout: la divifion éclat3 au fujet ' des prieres publiques, qui fe fefoient dans les églifes. On prioit pour le Prince dX3raiige, qui n'étoit regardé par les Etats de Hollande , que comme un particulier , défigné :ii la vérité k remplir les charges de fes ancêtres, mais qui n'en étant pas. encore revêtu, recevoit un hommage • qui ne lui étoit point du : dans ces prieres on donnGit le premier rang 'aux Etats Généraux, comme Souverains des Provinces - Unies, & la ■Hollande prétendoit que les Etats de Hollande & de Weftfrife étoient les feuls Souverains de cette Province : ces Etats en conféquence dresferent un formulaire qu'ils envoyérent k tous les Eccléfiaftiques, avec ordre de s'y conformer. Les EE. GG. s'oppoferent a cette innovadon & voulurent qu'on s'en tint a Panden formulaire. La Frife étoit exci■tée par le Prince Guillaume de Naflau. Les Voëdens fomentoient la difcorde : la Gueldre , la Z&tfofe , OverylTel , Groningue & les Ommelandes, prirent parti contre le nouveau formulaire. La Hollande le foutint. Les Cocceïens prêchoient ia foumiflion -& en donnoient Pexemple. Quoique les Etats de chaque Province foient Souverains chez eux , Maurice & Guillaume II s'étoient autrefois fervis de Pautorité de quelques-uns des Députés des Etats Généraux, pour faire des changemens en Hollande , -contre le fentiment des Etats de cette Province. (2) De Witt ne manquoit pas de faire valoir . cette circonftance. Enfin le nouveau formulaire pafia , malgré les oppofitions des autres Provinces, & pour mettre un frein au zele des Voëdens, les Etats de •4a Province déclarerent que quiconque d'entre les Miniflres oferoit . -cenfurer CO Abrégé de TIM. de Ia Holl. T. III. Ch. XIH. CO Hift. des Prov. üaies- T. III. L. XIV.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Ssct. XI. ca5 cenfurer en chaire la conduite, les délibérations & les réfolutions du Magiftrat, & chercheroit k rendre le Souverain fufpeót aux peuples, feroit dé 1 pofé pour toujours. Comme ceux des membres des Etats de la Province , qui avoient ï foutenu avec plus de fermeté les intéréts & les droits de la Province , c pouvoient un jour être perfécutés par ceux qui fe trouveroient avoir le 1 pouvoir en main , les Nobles & les Confeils-des villes prirent une réfolution , par laquelle, dans le cas ou quelques-uns des membres de PAlTemblée des Etats feroient inquiétés ou pourfuivis dans leurs perfonnes , biens , charges & honneur , pour avoir maintenu par leurs mémoires, confeils, fuffrages, conclufions, le Gouvernement acluel & la confervation de la Liberté , eux ou leurs héritiers feroient indemnifés , & leurs pertes bonifiées de la caiffe publique de la Province. On donna ade d'indemnité a chacun d'eux & principalement a de Witt (i). ■_ s Le Comte d'Eftrades , qui avoit fervi en Hollande fous FrédéricHenri , & qui y avoit déja fait les fonctions d'Ambaffadeur , y fut envoyé par la France a la place de de Thou, qui avoit été rappellé. Le premier objet de fes négociations fut que les Etats Généraux entreroient dans la garantie de Dunkerque ; ils y confentirent k condition , que le Roi garantiroit le Traité conclu avec 1'Efpagne pour les terres 1 d'Outre-Meufe , & celui qui avoit été conclu avec 1'Angleterre. De Witt & 1'Ambaffadeur cherchoient a fe pénétrer au fujet de la franchife que le Roi avoit accordé pour deux ans au port de Dunkerque. ilicbard , Secrétaire de 1'Ambaffadeur d'Efpagne , avoit fait entendre que Louis XIV n'avoit acquis Dunkerque, que pour être plus a portée d'inquiéter les Provinces - Unies , & que la franchife avoit pour objet de ruiner le commerce de la Hollande & de la Zélande. D'Eftrades cita a de Witt deux Magiftrats, a qui Richard avoit fait part de fes foupcons. De Witt les envoya chercher & les réprimanda vivement, pour' avoir prêté 1'oreille aux difcours d'un Miniftre étranger: 6c le Roi Pen remercia: mais de Witt cherchoit a fonder d'Eftrades, qui s'efforcoit de lui perfuader que 1'intention du Roi étoit feulement de dédommager ceux de Dunkerque, 6c que la douceur avec laquelle ce Monarque traitoit fes nouveaux fujets, étoit un garant de celle avec laquelle il en agiroit avec fes voifins.' L'Ambaffadeur fut prié par une députation , de demander a fon j maitre la rellitudon de la Principauté d'Orange , pour que le Prince t y mit un Gouverneur Proteftant. D'Eftrades répondit que le Roi ne *. la rendroit qu'a condition qu'il y mettroit un Gouverneur Catho- , lique (q). i Dans ces circonftances la Princeflè Douairière donna un mémoire aux Etats de Hollande , pour les engager a fe charger de Péducation du Prince : le Roi d'Angleterre leur écrivit, pour leur faire la même (O Abrégé de 1'Hift. de la Holl. T. III. L. XIII. Ca) Lettres d'Eftrades T. II. Tome XL1F. Ff Hift. de lollande. 1648-1667. 'récautions mtre la erfécution* Vranchifè 2? garan'ie de Danierque* lemande 'e 11 1 efti' ution de la. 'rincipaii' é d'Qran' ■e.  22t> HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XI. Hift. de Hollande. Traité de garantie de Dunkerque, priere : les Etats les remercierent 1'ün & 1'autre de la confiance qu'ils leur témoignoient & ils promirent de tenir la maia a ce que les domaines , biens & droits que le Prince avoit dans le pays, fuflènt conferves & augmemés, & de le faire jouir des effets de leur protection : mais le Penfionnaire les détermina a. refufer de fe charger de la tutelle & de 1'éducation. Les alarmes que les Efpagnols concevoient de 1'acquifitLon de Dunkerque , & la crainte qu'ils favoient que les Provinces-Unies avoient d'avoir Louis XIV pour voifin , firent imaginer aux premiers , une ligue des dix-fept Provinces - Unies , en une République compofée de Catholiques & de Protefians : Dom Eftevan de Gamarre fit faire cette propofition dans différentes villes. Le Comte d'Eftrades en fut informé ; il en paria au Penfionnaire , qui lui répondit qu'il étoit inflruit de ce projet; mais qu'il pouvoit 1'aflurer que tant que les Etats fe flatteroient d'être dans les bonnes graces de S. M. & qu'elle feroit liée avec eux, non - feulement ils ne fe prêteroient a aucun projet contraire a la France , mais qu'ils 1'avertiroient de tout ce qui fe pafleroit. Cependant Paffaire de la garantie de Dunkerque ne fiuiflbit pas,, paree que le« Hollandois craignoient une rupture avec les Efpagnols ;. mais enfin le Roi de France déclara par, fon Ambafladeur , qu'il feroit. 1'échange des ratifications-, fans- délai , pourvu que 1'Ambaffadeur lui remit une déclaration des Etats, par-laquelle ils conlèntiroient que cet échange füc tenu comme non avenu , en cas que dans trois mois de temps, a compter de ce jour-la,, les Provinces-Unies n'euflent pas ordonné, que non - feulement le Traité d'acquifition de Dunkerque, mais la place même de Dunkerque feroit garantie au Roi par les Etats,. pendant toute la durée du Traité , contre tous agreflèurs indiftinctement, & comme les autres places , dont la garantie étoit déja comprife dans le Traité, de paix*. Ces offres furent enfin acceptées le 7 de Mars dans les Etats de Plollande. Cette affaire qui trainoit depuis fi. longtemps, fut terminée par de Witt , a qui Louis XIV en marqua fa reconnoiflance , par les termes les plus flatteurs. Ce Prince cherchoit a le gagner. par toute forte de moyens ; mais quoique de Witt fut réellement affeétionné a Louis XIV, il fut toujours incorruptible , &. quelque glorieufe qu'eüt été pour lui Pentreprife de réunir les dix-fept Provinces, propofée par les Députés de Flandres,,& en former une République , entreprife a laquelle 1'Ambafladeur Efpagnol le follicitoit de la part de fon maitre, il ne confulta que la gloire & les intéréts de 1'Etat. (1) II ne fut point ingrat envers Louis XIV; mais il ne le flattoit que pour ménager a la République , _ fa protecbion contre le Roi d'Angleterre & contre le Prince d'Orange : il drefla un projet qu'on pourroit fuivre en cas de befoin & qui fut envoyé au Roi. (2) II propofa k d'Eftrades que le Roi fond^t fon titre aux Pays - Bas Efpagnols , fur le droit qu'il pourroit prétendre k la fucceflion du Roi 1 (O Lettres du Comte d'Eftrades Torn. II. (X) Hüt. des Prov..Unies. T. III. L, XIV. pag. 43^  OU ©ES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Skct. XL 227 d'Efpagne , dont la lanté n'annoncoir pas de longs jours. Par ce confeil de Witt flattoir le Roi de France , & en même temps s'inllruifoit des droits que ce Prince avoit fur ce pays & de la nature de la renonciation qu'il avoit faite dans fon contrat de mariage. Quoi qu'il en foit , ces longues négociations ne produifirent aucun effet. 11 ne refla de ces difcufïïons que les prétentions de la France fur les Pays-Bas Efpagnols. Le Comte de Gamarre, Ambafladeur d'Efpagne, qui craignoit I'Al • liance des Etat-s avec la France , travailloic k réunir les dix Provin •' ces en un feul corps, pour les unir enfuite aux fept Provinces & ' former une ligue défenfive contre la France. Cependant les annateurs Efpagnols prenoient les vaiflèaux Hollandois. Ceux-ci en avoient porté leurs plaintes k Philippe IV ; il répondit en demandant qu'il fut défendu k leurs vaiflèaux de porter des marehandifes en Portugal, paree que fous ce prétexte on y portoit des vivres & des munitions de guerre; ce qui étoit entretenir la rebellion des Portugais, avec qui PEfpagne étoit acbuellement en guerre. Les Etats refuferent de renouveller ces défenfes, & cependant le Roi d'Efpagne donna ordre, que 1'on n'arrêtit aucuns vaiflèaux Hollandois , excepté ceux qui feroient chargés d'armes & de munitions de guerre , conformément aux Traités de commerce. Les EE. GG. fe contenterent de défendre qu'on porra"t aucune marchandife de contrebande en Portugal. Avant que la nouvelle de la paix avec le Portugal fut fue au-delk ces mers , la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales s'étoit emparée de Cocbin , & avoit chaffé les Portugais de toute la cóte de Malabar. Les Portugais demandoient la refiitution de la ville de Cochin & des terres qui en dépendoient, comme conquifes en pleine paix. On avoit k leur objecler que c'étoit avant que les ratifications fuflènt échangées ; mais ils difoient , que c'étoit la faute des Etats d'avoir tardé ■fi longtemps a livrer leur ratification. Leur demande fut fans effet , d'autant que le veeu général n'avoit pas été pour la paix , & que Jean de Schuilembourg , Député de Groningue , fut démis de tous les emplois, pour y avoir confenti contre le vceu de fes commettans. Schuilembourg courut a la vengeance : il cabala & fouleva la j Bourgeoifie contre la Régence ; ce qui obligea Guillaume de Naflau , Stadhouder de la Province , d'introduire dans Groningue quatorze com- i pagnies d'infanterie & deux cornettes de cavalerie ; il fit emprifonner les principaux féditieux. Schuilembourg avoit été arrêté; mais il fe fauva déguifé en femme, (1) & fut condamné par contumace k perdre la tête & fes biens confifqués. Warendorp , Architecle , eut la tête tranchée. Ces exemples & une ordonnance de Guillaume de Naflau, par laquelle il établit la Régence dans fes droits , régla la maniere de conférer les emplois , borna le pouvoir des corps de métiers, & mit fin a .cette Rebellion. (1) IM. des Prov. Unies, kW fufra. Ff a Hifi. de Ilo'innde. 1648 166?. "rojet du. ii»n desdr'x ''rovinccu lévolte de cfiuilem. ourg.  Sect. XI. Hifti de Hollande. 1648-1667. Prècautien contre la corraption. Arm. 1664, Plafntes desAnglois. (O Lettres du Comte d'Eftrades T. II. (aJJHift. des Provinces«Unies T. III. L. XIV. 123 HISTOIRE DE HOLLANDE En Frife la corruption avoit gagné les principaux membres de la Province : les emplois fe donnoient a Pintrigue ou fe veridoient ; on n'accordoit rien au mérite : le peuple murmuroit , on craignok une. éincute. La Cour arma les loix contre ces abus; on exigea le ferment desl^pourvus & Pon promit une fomme confidérable, a quiconque dénonccroit. un parjure ou un prévaricateur. Cependant le parti de Guillaume fe fortifioit h mefure que ce Prince avaric/oit en age, & de Witt avoit befoin d'appui. 11 s'attachoit a perfuader aux villes de Hollande, qu'il valoit mieux fatisfaire le Roi de France, que d'écouter les propofitions des Efpagnols, qui follicitoient les Etats a favorifer la ligue des dix-fept Provinces; projet que PAmbafladeur de France traverfoit de tout fon pouvoir, (1) en leur protellant que fon maitre le regarderoit comme une infraclion au Traité de 1662, & qu'il feroit d'autres Alliances. Ces négociations du Comte d'Eftrades & du Penfionnaire , furent fufpendues par les plaintes que les Anglois fefoient faire a la Haye par Dovvning, leur Ambafladeur , des torts que leur commerce recevoit des Hollandois aux Indes Orientales. Le Roi même écrivit aux Etats Géncraüx , qu'il voyoit avec déplaifir qu'on n'eüt aucun égard aux juftes demandes des intérefles aux vaiflèaux la Bonne -Efpérance & Henri -Bonaventure , fpécifiés au Traité. Downing non-feulement demandoit fatisfaction aux Compagnies Hollandoifes d'Orient & d'Occidentr des injures faites aux fujets du Roi ; mais il vouloit encore qu'on tint compte a fa nation des pertes qu'elle avoit faites & des profits qu'elle auroit pu faire. II exigeoit en outre des furetés qu'elle ne feroit plusexpofée, ni aux mêmes pertes, ni aux mêmes auronts. La Compagniedes Indes répondit, qu'elle avoit obfervé que , lorfque les Anglois projettoient de faire quelque tort aux Hollandois , ils commencoient. toujours par faire des plaintes extraordioaires contre les fujets de la République ; ils en donnoient pour excmple , 1'expédition perfide du Capitaine Robert Plölmes, qui, envoyé en Afrique par les Anglois ,. avoit emporté un Fort dans Pifie de Goerée , avoit pris Takorari d'asfiiut , s'étoit emparé .de onze vaiflèaux de la République, a la hauteur de St. George del Mina , & s'étoit enfuite rendu maitre de Cabo Corfo, menacant les habitans des plus grands maux , s'ils ne 1'abandonnoient au Roi d'Angleterre & s'ils n'en fonoient pas dans l'elpace de fix jours. Bien loin d'avoir puni ce Capitaine , comme le Roi 1'avoit promis ; on favoitque non-feulcment les Anglois ne vouloient pas rendre ce qu'ils avoient pris, mais qu'ils avoient réfolu de s'emparer de toutes les cótes de laGuinée & d'en chafièr la Compagnie (2). La Province de Hollande fit dreflèr une lifie des pertes & des domrr.sges que les Anglois lui avoient occafionnés ; elle invita les autres Provinces, de faire de femblables liites pour les oppofer a celles que Downing fe propofoit de donner : mais. comme on apprit qu'on  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XL 229 équipoit en Ansletcrre quinze fregates de quinze pieces de canon , dk vaiSTcaux depuis foixante jufques a quatre - vingts les Hollandois fe óLTS leurs garde,. Ils offrirent néanmoins de terminer a l^imable leurs ^SSiSSAki & envoyérent a ce fujet a Londres, Mictael van Goch f' itS^mbafladeur ordinaire; mais les Anglois étoient deodes a une rupttneLa rivalité de commerce entre les deux nations; 1 immitie que a diilérênce de Religion mettoit au cceur de Charles^ contre les Etats ; le fecour qu'il croyoit que la France leur avoit promis, irmoicnt ce Prince. 1 lwangua fon Parlement, & déclama vivement contre les Hollandois; 1 demanda vengeance des outrages qu'ils avoient comm.s publiquement co - 5 An^loil. La Cbambre des Communes nomma des Commifiaires,qui am- buerem la diminution du Commerce de la Grande - Bretagne aux tor» ófaux indignités que les Anglois avoient efluyés de la part des ProvmcesUnies Le°Duc de York qui haïffbit une Répubbque Protefiante, exc.toi fon frere a h guerre (1). Louis XIV, malgrés le Traite d a hance qu d Xocioit avec les Provinces-Unies, n'étoit pas faché de voir ces deux nadons aux prifes & s'affoiblir 1'une par 1'autre, aiin que lorlquil vienurd? h faire valoir les droits de 1'Infante d'Eipagne fur la flandre il trouvé moins d'obftacles. Charles remercia Ion Parlement, loua fon ■Se nour la patrie, & promit de foutenir 1'honneur de la nation, la liberté, du Commerce & Ia Souveraineté de la mer; & quoique le Parlement ne lui eut pas encore donné de Pargent, il ordonna Péquipement d une flotte G°\"nerGoch dans cette circonflance fut envoyé a Londres par les Etats pour fe plaindre de Penlevement du Cap-Verd de la pnie de plufieurs vaiflèaux par les Anglois, & pour en demander la reftitut.on: mais comme h pefte étoit en Hollande, on 1'empêcha de pafier. ü obunt cepenoant h permiffion d'aller a Londres incognito: il vit fecretement le Roi, qui lui dit qu'il regardoit les Hollandois, comme fes amis ót fes yoifins ; mais «uil avoit a fe plaindre des Compagnies Hoilandoifes des Indes Onentales 6 Occidentales, qui ne ceflbient de faire tort a fes fujets, & quil etoit Seoncevable que la Compagnie des Indes Occidentales prétendit etre maitrefle de la Cöte d'Afrique & de fes rivieres, paree quelle y poflèdoit nuelques forts & qu'elle y avoit deux ou trois vaiflèaux, au moyen delquels elle vouloit empêcher les autres nations d'y négocier; tandis que d un autre cóté 1'autre Compagnie vouloit s'approprier le négoce exclufif de toutes les Indes & donuoit aux Anglois toute forte de fujets de plainte. Le Roi lui demanda pourquoi les Etats Généraux équipoient des flottes confidérables & forcoient les Anglois d'avoir plus de vaiflèaux qu d ne leur en falloit? Van Goch répondit, que la République régloit fes equipages fur le nombre des flottes marchandes qu'elle avoit a convoyer: quant aux plaintes qu'on avoir fait a S. M. contre les deux Compagnies, il la fupplia de ne pas en croire de faux rapports, & demanda jufiice du Capi- - sdine Holmes. Le Roi témoigna qu'il n'avoit aucune connoiflance de cette CO Clarendon Hift. de la Rebell. T. III. Ff 3 Hift. de Hollande, 1648-1657'. Les Anglois menacent de déclarer la guerre. Plaintes recipro' ques desdnglois tif ■ies Hollan■lois.  Sl'.CT. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. Politique de Louis XIT. Cuerre déclarie aux Algériens. Expidu tions de Ruiter au £»p-Ferd. CO Lettres du Comte d'Eftrades T. II. £2) Vie de Ruiter par Brandt, £3» HISTOIRE DE HOLLANDE affaire; & il ajouta en quitcanc 1'Ambafladeur: „ derneurons bons amis.'* Le Duc de Vork lui tint a peu prés les mêmes ptopos, excepté qu'il 1* prefla davantage fur la flotte que les EE. GG. fefoient équiper. 11 fe doutoit qu'ils fövoient le projet qu'avoient les Anglois d etablir une Compagnie d'Afiique fous la protecbion du Duc. La France ne 1'ignoroit pas; mais elle fe tint k 1'éeart, bien aflurée d'empêcher 1'Angleterre de ruiner les Provinces-Unies, de peur qu'elle n'acquit un trop grand empire fur mer. (?) Les EE. GG.en vertu du Traité de garantie lui demanderent du fecours. Louis objecba que la guerre n'étoit point déclarée. II craignoit en indifpofant Charles II, de le déterminer k faire une ligue avec 1'Èfpagne. .11 offi it fa médiation; on prétendit que c'étoit pour la forme & que fon intérêt étoit de fomenter la guerre, k caufe de la fin prochaine de Philippe IV. Dans cet intervalle on apprit que les Anglois, fans aucune déclaration. de guerre, avoient enlevé trois vaiflèaux Hollandois venant de Guinée, & iniulté le Chateau del Mina. II y eut en même temps quelque difcuflion entre Lawfon, Vice-Amiral Anglois, & Ruiter qui étoit allé devant Alger, dont Ife Dei avoit violé le dernier traité, en fefant mettre en prifon le Conful Hollandois :■ il paroiflbit que les Anglois avoient excicé les Algériens. Ruiter qui d'ailleurs étoit indigné que Lawfon eüt voulu humilier le Pavillon des Etats, n'héfita point de déciarer la guerre k Alger. De nouvelles invafions en Afrique engagerent la'Compagnie des Indes Occidentales, k demander un prompt fecours aux EE. GG. Elle étoit fur le point de perdre tout ce qu'elle poflèdoit dans ces contrées. Ruiter recut ordre de diriger promptement & fecrétement fa courfe vers Ie CapVerd avec fon efcadre: il tut de grandes difficuhés a furmontcr, foit de la part des Efpagnols, foit a caulè de Lawfon, qui cherchoit a deviner fon fecret. 11 partit le 5 d'Ocbobre, lans avoir aucune connoiflance des mers qu'il alloit pareourir (2). 11 ne fe trouva qu'un feul quartier-maitre fur Ia flotte, qui connut le Cap-Verd, même trés i iiparfaiccment; enfin il arriva le 22 devant l'ifle de Goerée, a peu de diftance de ce Cap. 11 y trouva neuf vaiflèaux Anglois, qui lui envoyérent demander ce qui 1'amenoit dans ces mers? Ruiter leur ayant répondu qu'il venoit s'emparer de ces vaisfeaux & reprendre les Forts qu'ils avoient pris k la Compagnie Hollandoife, les Anglois capitulerent & abandonnerent l'ifle. Ruiter s'empara de tout & fit voile vers le Cap-Verd. Contrarié par les vents, il alla a Siërra. Lionna; il y apprit par des Négres que les Anglois retenoient quatre Hollandois prifonniers, dans une ifle de la riviere & qu'ils avoient enlevé un vaiflèau de la Compagnie & pillé un navire marchand qu'elle avoit envoyé. Ruiter s'y tranfporta avec quatre vaiflèaux & réciaina ces prifonniers. On n'en rendit qu'un, & fur le rapport qu'il fit des mauvais traitemens qu'il avoit recus, ainfi que fes deux fiües, & furie récit des pirateries des Anglois, Ruiter s'approcha de l'ifle & s'empara de tout ce qu'ils avoient pris aux Hollandois.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXÏÏI. Sèct. XI. 231 On ne favoir. rien de cecre cxpédition en -Angleterre. Charles II y fef Pt de grands préparatifs. 11 trouva dans la jaloufie de la nation de puifiantes refiburces. La flotte Angloife étoit raflemblée a Portsmoutb. II revenoit de Bordeaux une flotte Hollandoife marchande, & comme la guerre n'étoit pas déclarée & qu'elle étoit fans méfiance, il ne fut pas difficile aux Anglois de la furprendre: ils prirent plus de cent trente Meimens chargés de toute efpece de marehandifes. En même temps van Galen, Evêque & Prince de Munfle-r-, qui avoit juré une haine implacable aux EE. GG., paree qu'ils n'avoient pas voulu le foutenir dans la guerre mjufte qu'il fefoit k fes fujets, avoit tenté d'engager le Roi de France a folliciter la République pour lui ; mais n'ayant pu rien obtenir de ce cöté, il s'allia avec 1'Angleterre.. Les Hollandois regardant comme une déclaration de guerre , 1'enlevement de leurs vaiflèaux, folliciterent les fecours de la France, en vertu du Traité de Garantie ; mais Louis XIV craignant que, lorfqu'il auroit fecouru les Etats, ceux-ci, pour conferver une barrière entre la France & la République, ne tournaflènt leurs forces contre lui & ne fe joigniflènt aux Efpagnols, rejetta leur demande. Enfin le Roi d'Angleterre déclara la guerre aux Etats le 22 Février, donnant pour motifs les injures & les avanies faites a fes fujets par les Hollandois dans les Indes Orienta!es-& Occidentales, (1) & la retraite de Ruiter, qu'on accufoit d'avoir abandonné Lawfon dans la pourfuite des pirates. Charles qui avoit gagné les Anglois, fembloit animé par la haine la plus implacable: il préfidoit lui-même a 1'équipement de la fiotte; il profita de ia jaloufie de la nation pour en tirer deux millions & demi de livres flerling. Le Parlement d'Angleterre & celui d'Ecoflè rétablis, s'empreflèrent de lui accorder dans chacun de ces Royaumes, tout ce qu'ils pouvoient lui donner , comme une efpece- de réparation du meurtre de ion pere (2). Les hoiblités commencerent par la prife de trois fregates Hollandoifes, dont une étoit commandée par le jeune Evertfen, a qui le Roi donna la Mberré en reconnoiflance d'un fervice qu'il avoit rendu « fon pere. Le 8 Mai le Dtlc de York fe montra a la vue du Texel avec une fiotte de cent quatorze vaiflèaux, divifée en trois efcadres, commandées, la première par lui-même , la feconde par le Prince Robert, & la troifieme parMiiord Sandwich; mais, quoique la fiotte Hollandoife ne fut pas encore pré te, le Duc fut obügé de fe retirer fur les cótes d'Angleterre, après avoir pris quelques vaiflèaux marchands qui revenoient de France. La fiotte Hollan* doife fortit de fes ports aulli nombreufe, mais plus foible en équipages, en • artillerie & fes vaiffèaux étoient beaucoup moins grands: elle étoit divifée en cinq efcadres,commandées par Waffènaar d'Obdam, Cortenaar,Tromp, Schram , Stellingwerf. (3) Elle prit partie d'une flotte machande venant de Hambourg. Le Duc de York inftruit de cette prife fic voile pour combattre la flotte Hollandoife. Les deux flottes en vinrent aux prifes le 14 (O Lettres du Comte d'Eftrades T. II-. (2) Volt. Eflai fur 1'efprit & les mceurs des Nations, Ch, r.§2, (3; Hift. des Prov. Unies. T. III. L.- II. Mi/J, dc Hollande. 1648-166;/. Tioflilités des An. glois. Ann. 166;, Déclara* tion de guerre des Anglois. "lotte UcU 'andolfe. Battve*'-  Srct. XT. Hift. de Hollande. 1648-1667. Puritions & récentpcnfes, Perte des Hollandois. ScditUns pour télè. vation du Prince d'Orange. i§4 HISTOIRE DE HOLLANDE Juin a la pointe du jour: quelques vaiflèaux Hollandois fe battirent avec audace, quelques autres fe tinrent éloignés du combat. Cortenaar fut tué dès le commencement: un peu après - midi le vaiflèau de Wafiènaar fauta avec lui. Ce funefte événement fut le fignal de la fuite. La flotte Hollandoife forca de voiles pour regagner fes ports.' Soixance vaiflèaux fe retireren t au Texel, dix-huit au Vlie, douze ou treize au Wielingen & dans la Meufe. Le refte fut pris ou brülé par les Anglois (1). On attribua la perte de cette bataille a la lacheté de quelques Capitaines. On leur fit le procés: trois furent condamnés a mort & arquebufés; trois autres furent déclarés infames, incapables de fervir & leurs épées furent brifées en leur préfence par le bourreau; deux autres perdirent leurs emplois. Le Pilote de Cortenaar, convaincu d'avoir laiflé dériver fon vaiflèau, pour s'éloignqf après la mort du Lieutenant-Amiral fans öterfon pavillon, ce qui occafionna que quelques vaifièaux le fuivirent, fut déclaré infame & condamné au bannisfement, après avoir aflifté a Pexécudcn des autres. Jean Evertfen,un des plus grands hommes de mer , pour avoir été forcé de fuivre le torrent devint ouieux au peuple, qui le précipita dans la mer a fon débarque. ment: il y auroit péri, fans un Capitaine Francois qui le fauva. On lui donna des Commifiaires pour le juger; de ce nombre étoit Jean de Witt, fon ennemi déclaré : mais cet homme jufte , après un examen févere, écrivit aux Etats: „ vous m'avez envoyé pour punir un homme,qui mé"rire des récompenfes." L'Etat érigea a fes frais, un fuperbe maufolce au Baron de Wafiènaar & un autre au Lieutenant Amiral Cortenaar. Ainfi PEtat infpiroit la terreur aux mauvais citoyens & encourageoit les citoyens vertucux. Les Hollandois avoient perdu quatorze gros vaifièaux brülés ou coulés a fond, & dix-huit pris par les'Anglois; qui avoient fait deux mille foixante prifonniers ,. & qui n'avoient perdu qu'un feul vaisfeau (a). Cependant on fe hata de réparer la fiotte & de remplaccr les vaifièaux perdus. Le Penfionnaire, qui joignoit a fa valeur & a fes talens polidques, des connoiflances profondes des mathématiques & de la marine, préfida aux travaux. On étoit embarrafië a qui on donneroit ie commandement: Tromp étoic un grand homme de mer; mais il avoit plus de bravoure que de conduite. On le nomma cependant Lieutenant-Amiral a la place de Cortenaar; (3) mais on lui adjoignit trois Députés plénipotentiaires pour Paflifter de leurs Confeils: de Witt étoit du nombre, & il accepta cette dangereufe commiffion , avec d'autant plus de zele que Tromp paflbit pour être dévoué k la maifon d'Orange. Cette maifon étoit dans les Provinces le fujet de difcordes civiles. Si Pon battoit la caiflè pour faire des recrues, le peuple crioit que c'étoit pour le Prince d'Orange qu'il falloit recruter & non. pour des traitres. Trois flottes étoient en mer; celle de Ruiter qui revenoit d'Afrique; celle (O Lettres du Comte d'Eftrades T. IL (2) Clarend. Hift. de la Rebell. T. IIIVie de 1'Amiral Tromp.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XI. 233 de Smyrne, & celle des 'Indes Occidentales; leur perte eut encraïné les plus grands maux pour la République: cette conildération & les murmu*es du peuple engageoient de Witt a preflèr les Etats de hazarder un combat. On étoit dans ces perplexités, lorfqu'on apprit que Ruiter étoit arrivé heureufement dans 1'Embs avec fa flotte cc les prifes qu'il avoit faites (1). Ruiter s'étoit emparé du fort de Takorari & 1'avoit fait fauter; il avoir chaflë les Negres alliés des Anglois. A fon arrivée les Anglois s'étoient retirés de devant le fort del Mina; il avoit pris Connentin, malgré la plus vigoureufe réfiflance, & efluyé un combat terrible a la Barbade. Sa flotte étoit de douze vaiflèaux & fut trés maltraitée : il étoit allé k la Martinique ; en paflant aux ifles fous le vent, il avoit pris aux Anglois quantité de vaiflèaux qu'il avoit vendus aux Francois & aux Zélandois de l'ifle St. Euftache; il fit des prifes a Terre-Neuve, & ayant fait le tour des Ifles Britanniques, il revint par la Norwege & le Jutland; il fut appercu de la flotte Angloife, k laquelle il échappa a caufe de la brume & de 1'ob. fcurité de la nuit, & parut k Delfzyl a rrois lieues de Groningue, dont les Etats étoient alors afiemblés. Son retour répandit la joïe & la confiance. La nouvelle en fut portée k la flotte. De Witt fe hata de lui écrire pour lui demander en quel état fa flotte fe trouvoit? Bientót il fut élu Amiral Général de Hollande & de Weftfrife, & les EE. GG. donnerent ordre a la flotte de lui obéir: en cas de mort Tromp devoit prendre le commandement (2). On lui donna avis de partir auffitót pour le Texel, parceque la flotte n'attendoit qu'un bon vent pour fe mettre en mer. II y avoit un pafiage dans le Zuiderzée, appcllé le Trou des Efpagnols, par lequel jamais flotte n'étoit fortie par un vent de Sud-Efl. Les plus habiles Pilotes n'avoient jamais ofé le hazarder. De Witt plus habile qu'eux détruifit le préjugé , en franchifiant hardiment ce paiflage avec le plus grand nombre de vaiflèaux. Les Commifiaires refterent a bord de 1'Amiral Tromp,qui fut admis a tous les Confeils, jufques k 1'arrivée de Ruiter, qui prêta ferment entre leurs mains. Tromp étoit brouillé avec lui: le Penfionnaire les raccommoda;ils s'embrafièrent,-mais la réconciliation de Tromp n'étoit pas fincere Tandis que les Chefs de 1'Etat & de 1'Armée réunifioient leurs vceux & leurs efforts pour venger la patrie de la derniere défaite, quelques prédicateurs fanatiques fe déchainoient contr'eux, parcequ'on ne mettoit point a la tête de cette entteprife, le jeune Guillaume qui avoit a peine atteint fa quinzieme année. On punit les plus furieux par la fuppreflion de leurs appointemens, jufqu'a nouvel ordre. On rendit une ordonnance, qui défendoii .aux Miniftres d'entretcnir aucune intelligence chez 1'étranger fur les affaire! du Gouvernement, ni même fur les matteres eccléliaftiques, fans 1'aveu 61 les ordres du Souverain; de parler dans leurs prédications & leurs priere; des affaires d'Etat, fous peine d'être dépofés du Miniftere & privés poui toujours de leurs appointemens. Cet efprit de parti regnoit même fur la flotte : fur le vaiflèau de Tromp , le cri ordinaire étoit, pour le Prince d'Orange. 11 y eu (O Hift. des Prov. Unies. T. III. L. XIV. (2) Vie de Ruiter, Hiitoire de Tromp. T&nie XLIV. Gg Hift. te Hollande. 1648-16(17. Expédi' tion de Ruiter. Ruiter efl élu Amirxl Général. De Witt de-nne une preuve de fon habi' leté. Fanatisme des prédicateurs.  234 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XI. Hiji. de Hollande. 1648-166; Fiotte dei Etats. Difperfée par la tempéte-. Avantage des Angh'S. même une efpece de fédkion. Elle fut arrécée par la punkiou des plus mutins. Cette flotte étoit une des plus belles qu'euffènt eu jufqu'alors les ^ Provinces-Unies. Elle étoit compofée de quacre - vingt-treize vaiflèaux ' de guerre ou fregates, portant quatre mille cent trente-fept pieces de canon , quinze mille cinquante-un matelots & douse eens quacre vingt-trois foldats de marine; de onze ou douze brülots, de fiuttes charoées de provifions r de plus de vingt galiottes , yachts & autres batimens. U y avoit en outre les douze vaiflèaux de Guinée, dont muf prêts a lè mettre en mer. Le Duc de York avoit quitté le commandement de la flotte Angloife & 1'avoit remis au Comte de Sandwich, qui fonk de Solsbay ,1e 15Juillet,. avec foixante vaiflèaux & fit voile vers les cótes de Hollande. (1) Afcue étoit fon Vice-Amiral. La flotte Hollandoife n'étant pas encore en mer,. Sandwich avoit pris la route du Nord. II fe préfenta devant le port de Bcrgue, oü étoit la fiotte Hollandoife de Smyrne a^ec quelques autres vaifièaux venant du Déu-oit de Gibraltar & des Indes Orientales; mais des batteries dreffees par les Danois fur le bord de la mer, ne lui pertnirenr que de défemparer quelques vaiflèaux & de mettre le feu a quelques autres. Craignant de fe compromettre avec une flotte trop lupérieureil fe contenta ^de cet avantage & cefla de chercher les Hollandois; ils étoient fur les cótes de Norwege, lorfqu'ils furent iuformés de cet événement; ik réfolurent de rentrer dans leurs ports;. mais ils tarderent trop; la tempèee les difperfa & fit périr quelques vaifièaux. Ruiter fe trouva avec trenceneuf, & dans cette fituation il opina de ne point évker le combat, fi les Anglois les attaquoient. 11 avoit infpiré aux Commifliires & a tout 1'équipage, Ia même confiance; mais 1'ennemi ne parut pas. (2) Van Nefs, avec treize vaifièaux & trente batimens marchands, féparé. de la flotte par la tempéte, tomba dans celle des Anglois forte de quitre-vingts voiles; il fut attaqué d'abord par douze vaiflèaux; i! fe défendit vivement & les forea de fe retirer. Comme ils n'en vouloient qu a la flotte marchande & que van Nefs la couvroit, ils le laillèrcnt,& van Nefs rejoignit Ruiter, qui chercha vainement 1'ennemi. La flotte Angloife qui,. a la faveur de la tempéte, avoit pris 1'Amiral & le Contre - Amiral des- vaüfeaux des Indes & quatre vaiflèaux de guerre de 1'Etat, rentra dans fes ports, & celle des Hollandois dans les fiens. Le peuple attribua le défaflre de cette campagne aux Commifiaires. Mais de Witt ayant écrit aux Etats de Hollande, ils le remercierent de fa conduite, & en effet les Anglois ne devoient leur fuccès qu'a la tempéte; auffi la flotte Hollandoife ne tarda-t-eile point a fe remettrc cn mer, & forte de quatre - vingt - dix vaiflèaux, elle s'approcba des cótes d'Angleterre. Quelques membres des Etats propofoient de faire rentrer la flotte, de la défarmer & de faire fervir les foldats a repouflèr 1'Evêque de Munfter: cet avis ne fut point fuivi. Ruiter alla obferver 1'embouchure delaTamife, CO Hift. d'Anglet. T. III. (2} Vie de Kuiter par Brcndt.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sscr. XI. 235 pénérta dans la riviere & ne rencontra riem; ce qu'il attribua h la pe fleem dévaftoit 1'Angleterre & qui s'étoit communiquée aux troupes de mer. 11 donna le fignal de féparation le 1 Novembre & les Efcadres Hollandoücs rentrcrent dans leurs ports (1). On propofa aux Anglois 1'échange des prifonniers. Charles II le^efufa & kiffa les matelots Hollandois languir dans la mifere. La peile en enleva plufieurs. Cette conduite barbare fit qu'on mit encore plus d'acbivité dans les préparatifs de la campagne fuivante. Cependant les Etats, par la médiation de la France, travailloienc ï ramener la paix. Les Ambafladeurs de Louis XIV propofoient que laNouvelle Belgique demeurat déformais au Roi de la Grande Bretagne , qui céderoit aux Etats Généraux l'ifle de Poieron; que dans la Guinee les Etats demeuraflent en puflèffion du chikeau del Mina & du fort de Nasfau; que le fort de Cormemin fut rendu a S. M. B.;que celui deCaboCorfo fut rafé; que les EE. GG. cédaflènt auffi a S. M. Br. les forts de Bonavifta & de St. André fur la rivisre de Gambia ; qu'enfin il fut nommé des Commifiaires de part & d'autre, pour convenir prompxement d'un Reglement pour Pavenir touchant le Commerce. Charles répondit que la Nouvelle Belgique appartenoit aux Anglois ; qu'il ne confentiroit jamais a rendre l'ifle "de Poieron; qu'on ne pouvoit pas refu fer de lui rendre Cormemin & que Cabo-Corfo avoit été achecé par les Amdois: mais qu'il ne prétendok rien fur le chateau del Mina, ni fur le fort de Naffau : d'ailleurs il demandoit des fatisfaclions & des dédont' magemens pour les vaifièaux pris. 11 faifoit des propofitions exagérées, jufques a demander plus d'un million d'indemnité pour les deux vaiflèau* 1'Efpérr.nce & la Bonne- aventure , que les intérefles avoient confent -d'abandonner pour quarante mille livres fleriing (2). Le Peuple de part & d'autre fefoit des voeux pour Ia paix. La guerre rümok le Commerce: mais Louis XIV la voyoit lans peine trainer en lom .aix avec k Prélate On change 'es domefti' fues du Prince (PO • ■ange mal. *rè lui. II fe déta-the deChar!es U & de fes tuteurs, La flotte Hollandoife fe reir.eP en mer,  si:cr. xr. Hift. de Hollande. 1648-160; Baiuille des Dunes (O Vie de Ruiter. Vie de Tromp. 238 HISTOIRE DE HOLLANDE gletcrre étoit de foixr.nte- dix- fept vaiflèaux de tout rang , commandée par ie Prince Robert & par Monk , Duc d'Albermarle : elie fur renforcée enfuite, & porree a quatre - vingt-un vaiflèaux de li roient oa élo 'nés de-la.paix-», mais, outre les conditions propofees par föffi* il vouloit encore exiger que les Etats envoyaflent ta^Uri&M't U**fr*» y entamer les négociations: ils- ne vrolotaicau contraire rien conclure fans le confentement de leurs Albés, Teml en négociation que dans une place neutre, ou 1 honneur & la commodité puffem epgager les Rois de France-& de Dannemarck , ainfi nnVnx u envover leurs Plénipotentiaires. q Les M.iuflrel Suédois avoient propofé Anvers, Gand ou Hambourg; mais ni le Roi de France, ni celui d'Angleterre m les EE. GG. n' oient voulu y confenti. La Hollande propofa LiegeLouis XIV acceota cette ville. - Charles vouloit qu'on tra.tat a la Haye. Les Ltats cufcTaLToient oue les Plénipotentiaires Anglois ne fiffent des cabales fecreivef les Députés des Provinces', refuferent. Les Suédois propofenmt Breda, Bois-le-Duc ou Maalbicht. Breda fut choifl. II f ,t agi é entre le Penfionnaire & 1'Ambafladeur de France, fi 1 on pro* poferoit une fufpenfion d'armes: mais on craigmt que.fi elle étoit accordee SS & 11 fuc convenu de ne PÏLaepefte& Pincendie de Londres, le-peu d'avantage que les Anglois renkoient de cette guerre , avoient déterminé Charles II a la paix : les Hollandois dont le commerce étoit interrompu, la -defiroient; mais cüa* riVflift; d'Angleterre par Rapin Thoiras dans Charl. II. %n.u.«. }»i m. d'Angleterre, ubi fupra. Révol. d'Angleterre par le P. dOrlto. f3) Lettres du Comte d'Eürades T. Yi-W Hh 3 Hift. de ;' Hollande. 1648-1667'. La flotte, ejfuye une violente tempéte. Ir.cendie di L'/ndra. Echec de fa flottefra-ngoife. Difficultés de "Angleterre 'louria t>aix„ Ann. 1667,- Breda choifi pour les conférences.  Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667 Commence- .ment des conférences. Difputes fur le Sa tut du Pavillon. Autres difficultés. i i 4 \ 1 4 t •»4« HISTOIRE DE HOLLANDE démarche, & fit entrevóir au'd Srï' ^i" pariIt fc,lfible a <*tte conditions raif^nables q °Uj°UrS P01C* è Craicer de la Pa* 1 La Suede propofa fa Médiation , & elle fut acrenrA. r '0 r. rences furent enfin entamées, le 4 de Tuin a Bredf P T ■ L^S°nfé' joint au Comte d'Eftrades ^■foift^B^'l^■wml, prelfée de fa re valoir fes dmir«
es fuccès.  Srct. XI. Hift. de Hollande. ÏÓ48-166; Triomphe e Ruiter g* êe Corneil de Witt. (O Vie de Ruiter par Brandr. •K2) Vies de Ruiter & de 1'Amiral Troir.p. (3) Memoires du Comte de. Quiche T. IJl. «48 ' li I S T O I R E D E HOLL A N D /E fans ofer avancer, paree qu'ils ne pouvoient paffer que 1'un après 1'autre. Le Capitaine van Brakel s'avance hardiment , franchit la Chaine fans tirer un feul coup , expofé a tout le feu des ennemis. (1) Alors il lache fa bordée fur le Jonathan, frégate Angloife , montée de vingt-quatre pieces de canon & de cent cinquante hommes ; il 1'accroche .& s'en empare. Pendant ce combat un brü. lot rompoit la Chaine. Ce même brülot s'approche du Mathias, -monté de cinquante-deux pieces de canon , 1'accroche & 1'embrafe. Ces deux bacimens avoient été pris fur les Hollandois. Un autre brülot s'approche du Charlesr-Quint, pris aufli fur les Provinces - Unies; mais ce brülot fut coulé k fond. Un troifieme mit le feu au badment pendant la nuit & le .fit fauter; mais il. eut le même -fort que les précédens. Les Anglois fe défendoient avec courage, mais la fortune de Ruiter avoit pris le defius. Les foldats qui gardoient la Chaine, avoient .été chaffés a coups de canon : 1'incendie du Mathias avoit tellement effrayé 1'équipage du Royal Charles, qu'il 1'abandonna , &•, ce vaiflèau , 1'un des „plus grands du Roi, fut enlevé. Un vaiflèau de foixante pieces de.canon , appellé le. Fort de Kooning, qui avoit appartenu aux Hollandois, fut abandonné de ion équipage & brülé. Le lendemain Ruiter & le Ruard fe jetterent dans une galiotte , & comme on ne pouvoit plus conduire de gros vaiflèaux dans la riviere , ils fui.virent fept Capitaines qu'ils avoient envoyé. efcorter fix brülots contre quatre vaiflèaux du Roi d'Angleterre, qui étoient au-dela du chateau d'Upmor, tandis que quatre autres Capitaines canonnoient le ch&teau. Quelque téméraire que paroiflè cette entreprife , elle fut exécutée avec le plus grand fuccès. Trois des vaiflèaux ,du Roi furent brülés ; le quatrieme fe fauva par Ia fuite (b). Les üucs de York & d'AIbemarle furent témoins de .cette expédition , & ne purenr l'empêcher. L'cfcadre Hollandoife redefcendit la riviere, & fluiter refla encore quelque temps dans la Tamife. II envoya une partie de. fa flotte croiler fur ces mers , , tandis qu'il la dut bloquée avec le refle. 'e Cette entreprife, une des plus audacieufes qui aient ,été tentées fur , mer, (3) couvrit Ruiter de gloire. Corneille de Witt la partagea. e Le premier avoit trouvé ce projet fi extraordinaire, qu'il s'y étoit oppofé ; & en effet le moindre vent contraire, dans une eau baflè (5c femée de bancs de fable , pouvoit liyrer la .'flotte Hollandoife aux ennemis: les Hollandois ne perdirent pas cinquante hommes. ..Ils en avoient beaucoup tué , & ils en envoyérent foixante prifonniers avec le Jonathan & le Royal Charles. Ruiter fe contenta de jetter 1'ancre fur les cotcs de fOueft de 1'Angleterre. Les Etats firent préfent ,a Ruiter.  OU DES PROVINCES UNIES, Ltv. XXXIII. Sect. XI. 249 ■Ruiter , au Ruard de Witt & a van Ghent, d'une coupe d'or a chacun. j Ils donnerent a Brakel & a quelques autres des récompenfes propor- f lionnées a leurs belles actions. Le Ruard en recut quelque temps 1 après, une Obligation de trente mille florins , & Dordrecht fit peindre Pexpédition de Chatam , dans laquelle il étoit repréfenté, donnant des ordres. Ce tableau fut folemnellement placé dans l'hêrel de ville. Cependant les Etats ordonnerent a Ruiter , de tenir la mer , jufques a ce que la paix fut faite & les ratifications échangé^s. Elle étoit même fignée, qu'il y eut un combat fur la Tamife entre van Nefs, & Sprag , Vice - Amiral Anglois, qui avoit cinq fregates & dix-fept brülots, & qui recula deux fois ; mais il n'y eut de perte des deux cótés, que celle de quelques brülots. Ruiter tint la mer jufques au mois d'Ocrobre, & les Anglois éronnés de fon audace-, évitoient d'en venir au combat. L'expédition de Chatam avoit applaai bien des difficultés de Ia 5 part des Plénipotentiaires Anglois , & la paix fut fignée le 31 de 1 Juillet. Le Traité portoit un oubli général du paffe , de part & cfautre , dans quelques lieux & dans quelques temps que les oifenfes euflent été commifes & les dommages foufterts ; que chacune des parties conferveroit en toute propriété & fouveraineté , les pays , ifles, villes, forts , places & colonies , de quelle maniere qu'ils euflent été occupés & polfédés, de même que les vaisfeaux , équipages , marehandifes & tous les biens meubles ; toutes aéfions & prétentions, quelles qu'elles puflènt être, feroient oubliées & anéanties ; que les deux parties jouiroient dans les lieux éloignés, de la même liberté de commerce & navigation, dont elles jouiffbient ou pouvoient jouir , felon le droit, au temps de la fignature du Traité de 1662. Tous les prifonniers de part & d'autre, délivrês fans rancon. Alliance & Confédération entre les Etats Généraux & 1'Angïeterre , s'obligeant de ne rien faire , traiter, entreprendre les uns contre les autres, en quelques lieux que ce füt , pour quelque oecafion que ce -püt être ; que fi 1'une des parties contrartoit quelque alliance ou confédération avec quelque Puiflance , 1'autre y feroit comprife , au cas qu'elle le fouhaitat, & qu'elles s'avertiroient reciproquement. L'Aéïe du Parlement de 1'année 1651 , fut confervé dans toute fa force ; ii fut feulement accordé aux Hollandois , par un article féparé , la liberté de tranfporter en Angleterre , fur leurs propres vaiflèaux , toute forte de fruits , de pro* duéb'ons & des manufacbures d'Allemagne & des Pays-Bas. Les Anglois eurent Ia Nouvelle-York, & les Hollandois Poieron; & par ie Traité qui fut conclu entre 1'Angleterre & la France , le Red Trés- Chrétien rend au Roi d'Angleterre, la partie de l'ifle de Sr. Chriftophe., que les Anglois pofledoient le 1 Janvier 1662 , & ie Roi de la Grande Bretagne rend au Roi Trés - Chrétien , le pays nommé 1'Acadie, dans PAmérique Septentrionale, dont ce dernier avoit autrefois joui. On termina en même tems les affaires que les Etats Généraux avoient Terne XLIV. I i UK, de lollande. 648-1067. 'ralté di 'reda.  250 HISTOIRE DE HOLLANDE" Sect. XI. Hift. de Hollande. 1648-1667. Motifs de la guerre. S E C T I O N X II: Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-169; Prétentions de Louis XIP fur les Pays - bas Efpagnols, avec les Puiflances du Nord. Les Elefteurs Palatin & de Brandebour» furent compris dans le Traité (1}. ** On a beaucoup parlé des motifs de cette guerre: les uns prétendent qu'elle n'avoit cu d'autre caufe que la haine que le Duc de York avoit coneue pour la Hollande & le defir qu'il avoit de commander une grande flotte (a). Les autres ont cru que les avantages remportés fur les ProvinccsUnies par Cromwel, & 1'argent qu'il avoit re tiré de Ia Compagnie Hollandoife des Indes, fous prétexte des fervices qu'il promettoit de lui rendre , avoient fait croire a Charles IL & aux Anglois, que la Hollande craignoit la guerre, & qu'il fuffifoit de la menacer pour lui faire acheter cherement la paix; & que ce fut dans cette vue, qu'on prit le prétexte de la querelle au fujet des vaiflèaux, 1'Efpérance & la Bonne-aventure; mais que les Hollandois n'ayant rien voulu céder k cet égard, & les Anglois s'étant trop avancés, les uns & les autres fe trouverent engagés dans une guerre, que ni les uns ni les autres ne défiroient. Hiftoire de la République des Provinces - Unies , depuis le Traité de Mreda, jufques a la Paix de Riswick , ou depuis 1667 jufqu'en i6$j.< T andis qu'on s'occupoit a Breda du Traité de paix entre la République &. 1'Angleterre, Louis XIV entroit dans les Pays-bas Efpagnols, fur les- ( quels il avoit des prétentions du chef de la Reine fon époufe. Pendant que la Hollande & 1'Angleterre étoient aux prifes, ce Monarque avoit caché fes deflèins. Sa politique adroite lui avoit fait garder des ménagemens envers 1'une & Pautre; il avoit promis de joindre fa flotte a celle des Etats, & il fit naitre mille incidens qui empêcherent cette jonction. II avoit déclaré la guerre a Charles II & n'avoit rien tenté contre lui: afin d'affoiblir ces Puiflances 1'une par 1'autre , il fomentoit fecrétement leur animofité (3). Ses prétentions fur les Pays-bas Efpagnols deflillerent les yeux de la République; s'il réufliflöit dans fes projetSj elle avoit. • tout a crtundre du voifinage dHm Prince ambitieux & dévoré du defir de la gloire, qui ne manqueroit pas de prétextes pour pénétrer au fein des Provinces - Unies. Enfin il écrivit aux Etats, comme a fes bons & véricables amis, & leur fit dire par d'Eflrades, fon Ambafladeur, qu'après ua CO Hift. des Prov. Unies. T. Hl. L. XIV. (2 ) Mérri. du Chevalier Tempte. (3) Hift. Geoér. des Prov. Unies, par le Clerc T. III. L. XV.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. S^ct. XII 251 «Jong & mam" feite déni de toute juftice, fou honneur & fon intérêt 1'avoient ■forcé de prendre les armes, peur le foutien des droits de la Reine & de ceux du Dauphin. II leur fit en meme temps remettre un écrit, qu'il avoit fait compofer par les plus habiles jurifconfultes, fous le titre de' Traité des droits de la Reine Très-Chrétienne, Marie Therefe dïAutri. ■che, fur divers Etats de la Monarchie d'Efpagne. Ces droits étoient de deux fortes: les uns regardoient ia fucceffion entiere d'Efpagne, en cas de mort de Charles II, fans enfans; & les autres le Duché de Brabant, le < Marquifat d'Anvers, la Seigneurfe de Malines, une partie de la Flandre -& du Luxembourg, les Comtés de Hainaut & d'Artois &c. échus a la Reine par la mort de Dom Balthafar fon frere (1). Elle avoit renoncé k ces droits, par ie Traité des Pyrenees, lors de fon mariage; mais les jurisconfultes avoient décidé que cette renonciadon étoit nulle. Le Peniionnaire de Witt s'étoit fort intrigué pour engager les Efpagnols a un accommodement,.& peut-4tre y fut-il parvenu, li on lui en eut laiffé le temps. Ce grand homme fit part au Roi du mécontentement de la République au fujet de fon entrée dans les Pays-bas, & fe plaignit des / -impofitions quö ce Prince avoit mifes fur les marehandifes de Hollande. / Louis daigna fe juftifier fur ces reproches. II ménageoit encore la Hol- 1 lande & 1'Angleterre, pour les empêcher de s'oppofer a fes projets. Son 1 defièin étoit de pénétrer dans les terres d'Efpagne, avant qu'elles fufiènt en état de défenfe. II étoit bien afiuré que ces deux Puiflances ne lui feroient d'aucun obfiacle; il favoit que les Etats Généraux ohjecboient au Marquis de Caflel-Rodrigo , Gouverneur des Pays-bas Efpagnols, qui imploroit leur fecours, que ce feroit rompre les négociations de Bréda, cü la République étoit fort appuyée par les Ambafladeurs de France, & que d'ailleurs ce feroit indifpofer cette Puifliince , fans qu'on eut des troupes a lui oppofer (2). Vers la fin du mois de Mai, Louis a la tête d'une armée de trentecinq mille hommes, .parut devant Armentieres & Charleroi, qui fe ren- ', dirent. Le Marquis de Caflcl - Rodrigo redoubla fes cris, & tacha de . faire fentir aux Etats Généraux., ce qu'ils avoient a cramdre d'un Prince qui fe jouoit de Pamitié, des droits du fang & des Traités des Pyrcnées & de Munfter: il leur difoit que la conquête des Pays-bas Efpagnols n'étoit qu'un acheminement a celle des Provinces-Unies. II en donnoit pour prcuve la propofition que Louis avoit fait faire a la Reine douairière d'Efpagne, de lui céder Cambrai» & de le.laiflèr agir contre tous ceux fur qui il avoit des droits a exercer; promettant de'ne faire aucun acle d'hoflilité contre 1'Efpagne. Caflel-Rodrigo propofoit a la République de joindre leurs forces contre 1'ennemi commun. Néanmoins les Etats firent demander a ce Monarque quelles feroient les conditions dont il voudroit fe contenter pour s'accommoder avec les Efpagnols ? Louis CO Coutin. de 1'Abr. de Mezerai T. VIII. Abr. Chron. de 1'Hift. de France du Préf. Ilenaut. Ca) Leures .& Mém. d'Eftrades T. V. Ir 2 1 m. de lollande. .667-1697. ")ifcutles. Wécontenement 6? laintes de a Répubiiae. 'loftilités 'e Louis UF.  Sect. XII. hift. de Hollande. 1667-1697, // refette les propcfi. tions des Etats. Progrès des Francais. Les Etats ne veulent point abandon* ner les Efpagnols. Difputes au fujet du Stadhouderat. »5a HISTOIRE DE HOLLANDE excité par fon Minifire Louvois, qui avoic befoin de la guerre pour' fe rendre nécefiaire & fupplanter Colbert, éluda toutes les propofitions (1). Le Roi s'arrêta quelques jours k Charleroi, pour en achever les forti* fications que les Efpagnols avoient commencées. Le Maréchal d'Auniont s'empara de Bergues en deux jours & de Furnes en trois,. tandis que le Roi fe rendoit maitre d'Ath, de Tournai, de Douai, du fort de la Scarpe. Oudenarde fe rendit au Maréchal, Aloft au Duc de Duras;. cette place fut enfuite abandonnce par les Francois, fortifiée par les Efpagnols & reprife par Turenne. Le Roi mit le fiege devant Lille & s'en empara après huit jours de tranchée ouverte (o). Alors le Comte de Marlin & le Prince de Ligne parurent avec un corps redoutable de. cavalerie; mais les Marquis de Crequi & de Bellefonds, foutenus par le Roi, les battirent & firenr 1500• prilbnmers (3). Pendant les dernieres négociations de Breda, Louis avoit fait dire au: Penfionnaire de Witt, qu'il vouloit bien fe contenter pour tous droits< échus a )a Reine, de la Franche-Comté, du Duché de Luxembourg,, de Cambrai, du Cambrefis, d'Aire, de Sr. Omer, de Bergues, de Char. leroi, de Tournai & de Douai; a condition que de Witt luifourniroic danstrois mois une délibération des Etats, par laquelle ils s'obiigeroient de-' s'employer auprès de la Reine d'Efpngne , pour lui faire céder ces pays en toute. propriété, & en cas de refus de la part de la Reine, les Etats joindroient leurs armes aux ficnnes contre les Efpagnols: mais ces propofitions demeurercnt lans- effet. Cependant Cafiel - Rodrigo & Eftevan de Gamarre fe préfenterent iv 1'aflcmblée des Etats, tachant de les effrayer par la nouvelle de la prife de Gand & de Bruges; mais la nouvelle fe trouva faufiè, & d'Effradesaffura les Etats que fon maitre, vainqueur de la cavalerie Efpagnole, fe^ feroit aifémcnt emparé de ces- villes, s'il s'étoit préfenté; mais que par confidération pour la République, il n'en avoit méme pas eu 1'intention r efpérant qu'elle détermineroit les Efpagnols a le fatisfaire, ou qu'elle joindroic fes armes aux fiennes, pour les y forcer. De Witt le feconda;, mais la crainte du vcifinage immédiat de la Fiance, 1'opinion répandue dans tous les efprits par Cafiel - Rodrigo, que Louis alpirok a la Monarchie Univerfelle, décidcrcnt les Etats a ne point abandonner 1'Efpagne,. qui réclamoit leurs fecours & a- propofer des accommodemens. Van Beuningen , leur Ambafladeur a 4a cour de France , vouloit que Louisconfirmik la renonciation de la Reine fon époufe,* ce que ce Monarque. s'obttinoit k refufer, prévoyant dès-lors des événemens, dont perfonne, excepté van Beuningen & de Witt, ne foupconnoit la poflibilité.' Au milieu de ces négociations s'éleverent dans 1'affèmblée des Etats de nouvelles querelles au. fujet du Général des forces de la RépiuVique. On/ vouloit pourvoir a la füreté des frontieres , & 1'on avoit délibéré des (O Hift. Ge'nérale des Provinces - Unies de le Clerc. ubi iupr. (>) I^niel Abr. de 1'Ilift. du Rtgne de Louis XIV. CD Coatiu. de 1'Ab.-. Chr. de MczyaL T. Vlil. Leur. & Mém. d'Eftrad. T. V..  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XII. 253 aUgmentations- confidérables dans les troupes. On mit en queftion, a qui dans le cas d'une attaque, on donneroit le Généïalat de l'armée? Les amis du Prince d'Orange ne manqut-ruit pas de le propofer. Sa familie ne discontinuoit pas de faire des efibrts, pour lui faire rendre les dignités de fes peres; mais elle n'avoit jamais pd vaintre les obftacles que lui oppofoient & la Hollande encore indignée du fiege d'Amfterdam par Guillaume II , & les families qui s'étoient trouvé mêlées dans cette affaire. (1) Les Provinces étoient partagées: les unes vouloient qu'on lui conférac toutes les grandes Charges de 1'Etat, c'eft -a-dire le Stadhouderat ou Gouvernement des Provinces, les Emplois d'Amiral- Général de leurs- flottes & de Capitaine-Général des armées par terre: les autres ne vouloitnt pas 1'exclure de Ia Charge de Capitaine - Général, mais de celle- de Stadhouder qui , dans fon origine, étoit une Lieutenance du Souverain, loriqu'il étoit abfent, & qui par conféqüent étoit devenue une charge inutile depuis PétabJifiement de la République (2). De Witt, partüan de la Liberté &- par- fa toujours oppofé aüÉs prétentions de la maifon d'Orange , qui par fon génie & par les fervices éclatans qu'il rendoit a la République depuis Page de vingt-cinq ans, époque de fa nomination a la charge de Grand-Penfionnaire, avoit acquis- plus d'afcendant fur les efprits, que la- naiflance n'auroit pu lui en donner, forma & exécuta le projet de défunir les charges de Capitaine-Général & de Stadhouder, ce conlérver 1'une & d'abolir" 1'autre. Ce defièin fut approuvé par les Etats de Hollande, malgré les oppofitions de quelques Provinces, & enfin ils arrêterent d'abolir le Stadhouderat dans leur Province & publierun leur réfolution, fous le fiere d'Mda perpétttel, (*) pour Ie maintien O) Hifi. Génerale des- Provinces-Unies. (.O Hift. du Stadhouderat, par M. l'Abbé Raynal. {*) Voici les principaux chefs de'ce fumcux Edir, qni'eut des fuites'fi fioeftes poui les deux freres de Witt. „ Les Etats de Hollande & de VVèftfrife afiemblés après avoii „ confére avec les'Nobles & lés Magiftrats des Villes, ont du confentement uiiaffimé dfi tt l0US les membres, arrêté & conclu les articles fuivans,comme un Edir perpétuel & une „ Loi éternelle, pour la défenfe de la liberté & pour'la confervation de runion & dii repos public-. ,, 1 Que la nomination & 1'éleftion de ceux, qui entreront cf-aprè> dans"le Colle* ëe des Nobles, celles des Boftrgnefneflres, des Cohfeiilers, des Echevins & d'autre; „ charges, qui regsrdent la Magiftraffire cies villes, demeurcront dans la puifl'ance & „ feront déférées aux Nobles & aux Villes, qui fe trouveroient avoir ce droit, par fan„ cien ufage, ou par privilege déja accordé, ou qui pourroit dans la fuite leur être „ accordé. Qu'elles jotüront en ce cas, de toute l'ëtend&e de leurs privileges, conibr. „ mement aux loix; fans qu'ilToit jamais' permis de déferer a qui que cë fóit, au „ préjudice des villes, cette nomination ou éleclion en tout ou en partie. „ 11. Que les charges, offices, emplois & bénéfites qui font a 'préfént a la nomina„ tion des Etats, leur demeuaront, fans qu'il leur fok permis d'en difpofér autrementJ „ bien entendu qu'on ne comprendra point ici les emplois & les charges militaires, „ qui peuvent venir a manquer pendant la campagne, tant par merqüe par terre; ddni „ la difpofition provifionnelle, pour ce qui regarde leurs'GG. PP., fera regl'ée cón„ rormement aux plus grands emplois, comme elles mêmes le jugerónt a propos, pour „ le bien de la Patrie. ,, 111. Que leurs GG. PP. non feulement ne fe départiront jamais de cette réfolu„ non - maïs qu'elles employeront de plus tous leurs foins, pour perftiader ia Généralité „.de-lmiportance de-eette aflaire, afin que les Provinces alliéês en étant convaiucues; li 3 Hifi. de Hollande. 1667- -697. DeTf'itt fait ren. dre CEdit perpétuel.  Sect. XII. Hiji. de Hollande, ,1667-1697 Nouvelles propofi tions des Etats a Louis XIV. Ann. i6dB. ! 5 9 S » 154 II ISTOIRE DE HOLL A N D L duqucl tous les membres de 1'affèmblée & les Confeils de chaque ville prêterenr ferment. La Maifon d'Orange vit avec indignation , un Edit t qui excluoit non feulement le jeune Prince du Stadhouderat dans la Hol- , lande, mais qui lui ótoit Pefpérance de cette dignité dans les autres Provinces , a moins qu'il ne renoncét a la charge de Capitaine & Amiral Général. Ces Provinces murmurerent contre Ia Hollande, & s'indi- gnerent contre de -Witt, a qui Pon' attribuoit généralement PEdit per- :pétucl. Cependant les Etats Généraux faifoient leurs efforts pour engager le Roi de France a s'accommoder avec les Efpagnols. Ils lui propoferent, dans le cas o.u les Efpagnols refuferoient tout accommodement, de porter fes,armes dans des Provinces de cette domination , éloignées des Pays-bas, pour n'être pas forcés de s'oppofer a fes conquêtes, a caufe du voifinage de leurs frontieres. La plupart des Provinces refufoient d'aider le Roi°a conquérir la Flandres; mais toutes fe réunilioient a promettre de lui garder les conquêtes qu'il y avoit faites, tandis qu'il en feroit de nouvelles dans d'autres pays. Louis qui cn vouloit aux Pays-bas Efpagnols, - fit dire aux Etats qu'ils euflent a fe décider entre 1'Efpagne & la France. Charles II, Roi d'Angleterre, avoit réfolu de prendre parti pour les Efpagnols; mais il vouloit agir conjointement avec les Etats. .Dans cette „ agifienc de-concert avec leurs GG. PP. & prennent des réfolutions nnanimes, (tables „ & umforines; en vertil defquelies il foit arrêté que celui ou ceux qui feront fuccefTi„ vement revétus des charges de Capitaine & Amiral • Général , 011 qui jouiront cn „ même temps de^ ces deux emplois, ou celui auquel, fous quelque titre que ce foit, ,,^on pourroit dóferer Ie commandement cn chef, fur les troupes tint par mer que par „ terre, ne pourra ou ne pourront pas être-S-adhouder d'une Province ou de plufieurs „ Provinces; & pour ce qui conceme en particulier la Province -de Hollande & de „ Wefthife, que non feulement ceux.ft qui on aura confié Ie commandement en chef „ des troupes de terre & de mer, mais encore quelqu'autre que ce puilfe être, ne „ pourra êrre revêtu de la charge de Stadhouder de cette Province, cec emploi étant „ & demeuram éteint ," & les Confeiilers députés en 1'abfence de leurs GG, PP. ,, feront autorifé,' conformement ft leurs infiru&ions , de donner les ordres néceflaires „ dans chaque quartier, fuivant Poxigence des cas, & la nécefllté des affaires. IV. Que pour rendre,ferme & ftalïle la réfolution prife ci-defius & pour mettre 11 d'silleurs en.repos, de ce cóté-lft, la-Nobleflè cc-les Villes, il efU propos que ceux „ qui font ft préfent admis, ou qui feront adrniS dans le Collége des Nobles, ck qui „ le feront-, pour être dans le Confeil des Villes, déclarent par un ferment folemnel, ,, qu'ils maiiuienaront avec finceriié, les articles fpécifiés ci-deffus, & qu'ils ne fouffri„ ront jamais qu'on y donne quelque attefnte, & encore plus qu'ils ne feront jamais, „ & ne fouftriront pas qu'on fsfte de leur part, aucune propofition qui y foit con, traire. De plus, que le ferment qui fera prété, par les membres de leurs GG. PE. t, dans leur aflemblée, fera le plus folemnel, le plusample & dans la meilleure forme ,, qu'il fe pourra. Que d'ailleurs 1« Grand - Penfionnaire fera ubligé en même temps de , prêter ce_ ferment, qu'il obfervera & défendra, de tout fon pouvoir, tous ces points, , fans jamais y contrevenir direebment ni indireftement. „ V. Qu'enfin pour plus grande füreté, ces articles feront interés tant dans rindruc , don du Capitaine-Général, que dans celle de 1'Amiral-Général, & que Poq exigera , d'eux par ferment, que non - feulement ils ne feront point de propofition qui y dorme , quelque atteinte direclement ou indireélement,- mai3 encore qu'ils ne feront rien qui , leur ^ foit préjudiciable; & qu'au contraire; fi cela arrivoit de la part de quelqu'autre, , ils s'y ..oppoferont , & qu'en cas que quelque Province , dans la fuite du temps, , vorilut leur offrir Ia charge de Stadhouder, ils feront obligés de refufer & refuferont , abfoluroeut." IHJl. des Provinces-Unies par kalere T. IJl. L. XV. p. 212.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXÏÏL Sect. XII. 25^ me il envoya a la Haye !e Chevalier Temple, avec le titre d'Ambafladeur. 'Pemple avoic fait connoiflance avec le Grand Penfionnaire. II le fonda. „ Temple, die Voltaire, étoit' un Philofophe, qui joiguok les lettres aux „ affaires , homme de bien , malgré les reproches que 1'Evêque Burnet „- lui afait d'Athéifme. Né avec le génie d'un fage Républicain, aimant „ la Hollande comme fon propre pays, paree qu'elle étoit libre, & aufii „ jaloux de cette liberté que le Grand Penfionnaire même, qui ne 1'étoic „ pas moins que de fa liberté perfonnelle. Aflujetd a la frugalité & a la „ modefiie de fa République, il n'avoit qu'un laquais & une fervante, „ & alloit a pied dans la Haye, tandis que dans les négociations de 1'Eu„ rope , fon ' nom étoit compté avec le nom des plus puiflans ■ Rois: „ homme infatigable dans le travail, plein d'ordre, de figeflè., & fort „ veifé dans les affaires, excellent citoyen, grand politique & qui cepen„ dunt fut depuis 'trés malheureux (1)" Temple & de Witt étoient d'accord fur la nécefllté de s'oppofer a la conquête des Pays-bas- Efpagnols; mais les moyens étoient difficiles. Temple propofa une alliance défenfive , & la médiation de 1'Angleterre & des Etats entte la France & 1'Efpagne. Ces propofitions furent acceptées (2). Le Roi de France déclara qu'il alloit porter fes armes dans la Franche-Comté; qu'il s'y'étoit déterminé par trois motifs. Lé prtnfer étoit 3e défir de donner aux Etats Généraux, un témoignage de la défcrence a leurs vceux; le fecond, fa propre füreté , ayant appris que 1'Ambafladeur d'Efpagne a Vier.ne avoit prefie 1'Empereur, d'envoyer au printemps une armée contre la France, dans le Duché de Bourgogne, pour faire unc diverlion qui empêchat les forces francoifes-d'agir dans les Pays-bas. Le troifieme motif étoit de reprimer 1'imprudence de Caftel Rodrigo, qui débr tolt que les Francois, en offrant une fufpenfion d'armes jufques au mois de Mars , s'étoient joués de la crédulité publique, les armées devant naturellement être fans aftivké a caufe de Phiver. Ce fut ce qui edga« gea le Roi d'entreprendre la conquête de la Franche • Comté, dans cette faifon. Cependant de Witt, qui avoit perfuadé a d'Eflrades que les préparatifs que faifoit Ia République, n'avoient d'autre objet que de forcer 1'Efpagne a ie rendre aux propofitions que la France lui avoit faites , & qui en même temps avoit réufli a i'nquiécer Charles II, & a Pengager pour fon propre intérêt, a rechercher 1'amitié des Etats,.prcta 1'oreille aux ouvertures de Temple, & après quelques conférences fecretcs, ces deux habiles négociatcurs conclurent deux Traités, 1'un d'alliance purement défenfive , & 1'autre d'alliance offenfive, par lequel S. M. B. & leurs HH. PP.' pro. mettoienc de faire tous leurs efforts, conjointemeat ou féparement, pour perfuader au Roi de France, de promettre & s'engager en la meillsure forme que faire fe pourroit & par un Traité folemnel, qu'il feroic la paix avec le Roi d'Efpagne, fans aucune exception & referve, pourvu que le Roi d'Efpagne cédat au Roi Trés -Chrétien, les places dont CO siec!e de Lo»'s X'V. Ch. IX. par Volt. (2J Mém. du Cb.LV. ïc-mple i663. Hi% de Hollande. Louis ports fes armes dans la FrancheComtü Traités entre F An*; gleterre £? lesPP.ÜU.  Secj. XII. Hifi. de Hollande. 1667-1697. Et avec la Snéde, ou Trifile Al. li/wce. Conquête de la Fran* che-Comti. *5u» (sp «ailul 83a Ce Monarque,ii qui les Hollandois avoient propofé 1 alcernetive , preféra de rendre la Franche - Comté & de garder ce qu'il avoic con quis dans les Pays- Bas Efpagnols. Le Traité d'Aix-la-Chapelle, fut figné le 2 de Mai 1668, ('*) P^r Colbert de la part de la France , & par J. B. de Bronkhoven , Baron de B ïrgeik , -de la part de 1'Efpagne. ■■■ Jnsftua xmïH ettuaj '(O Lettres & Négociations d'Eirrades T. 'IV. (2) Volt. ubi fupr. . , , , ,,, , , . , (*) Les principaux articles de ce Traité , qui avoit été precédé de celui du *5 a'Avril, entre la France, 1'Angleterre & les Provinces- Unies , portent, que le Hoi .T. C. demeureroit faifi & jouiroit effèctivenient de toutes les places qu'il avoi: occu'pées pendant la campagne de l'année.précédente; favoir, de la forterefle de Charleroi, des villes de Binch & d'Ath , du fort de Scarpe , de Tournai, d'Oudenarde de Lille , a'Armentieres , de Counrai , de Bergues , de Furnes, & de toutes leurs dépendances & annexes, ou de quelque autre nom qu'elles puflènt être anpellées , & qu'elles demeureroient par le Traité de paix, au Roi T. C. & a fes fuccefleurs irrévocabiement & pour toujours , avec les mêmes droits de fouveraineté, propriété, droits de Regale , de Patronage, &c. encore qu'ils ne fuflènt pas particulierement.énoncés, fans que S. M. T. C. put être a Pavenir troub-lée ni inquiétée par quelque voie que ce fut, de drek on de fak, par le Roi Catholique, fes fucceiTèurs ou autres "Princes de fa maifon. Que le Roi T. C. auffitót aprós la publication de la paix, retirera fes troupes de toutes les villes, places, cbateaux & forts du'Comté de Bourgogne (ou Franche-Comté), & Ja reftituera a S. M. Catholique. Que le Roi T. 'C. feroit aulli reflituer au Roi Catholique , toutes les -places ,^ forts, chateaux & poftes que'fes armées auroient ou pourroient avoir occupés , jufqu'au jour de la publication de la paix, en quelque lieu que ce fut, a la réferve des places qui de Tome XLIV. K k Hifi. de J Iollando. Les Efpagnols demandentune Trêve. Traité dAix-la- Chapelle.  2-8 HISTOIRE DE H O L L, a N D E • tCT. XII. Hifi. de Hollande. 1667-1697. Louis XIV efenfé du Traité de la Tripte' AHioncc. Motifs de fEdit perpêtucl. Le Roi de France ne pardonnoit point aux Etats Généraux , Je Traité de la Triple - Ailiance , & lorfque les Députés après ja fignature du Traité d'Aix-la-Chapelle allerent voir le Comte d'Eftrades, il ne put s'empêcher de leur témoigner que leur procédé auroit obligé Sa Majcfté a-fe retirer de leurs intéréts, fi 1'amitié qu'il avoit toujours eu pour leur Etat, n'avoit pas prévalu a tous les fujets de mécontentement qu'on lui ~ avotï'débnésCicb».-!. j;uo anu eystè-Vll (1) .suor u ihnAm. ViZ Dans le Traité qui avoit été conclu , les parties contraclantes n'avoient cherché qu'a fe tromper. L'Efpagne avoit confenti fans peine i conferver la Franche-Cönué , préférablement aux pays conquis dans la Flandre , paree que fi la France tentoit de s'agrandir de ce cóté , 1'Angleterre & les Provinces-Unies fe verroient forcées de déclarer la guerre, pour défendre les Pay.>--Bas. D'un autre cöté , les ProvincesUnies, perfuadées que le Traité de la Triple-Alliance avoit indifpofé Louis XIV , étoient dans la méfiance. On foupconnoit le Roi d'Angleterre, de n'être pas de meilleure foi avec la Hollande , & de ménager la France , meme en s'alliant avec les EE. GG. & la Suede. 11 y eut même des démêlés tiès vifs entre Charles- II & les Etats, au fujet du Contre-falut , que le Capitaine Anglois, Thomas Allen, avuit refufe au Vice-Amiral Svveers, qui revenoit d'Efpagne avec une fiotte Hollandoife (1). Les fuites qu'èut PEdit perpétuel, nous obligent de remonter aux circonftances qui les précéderent. La Zeelande prétendoit qu'elle pouvoit donner les Charges de Stadhouder, & de Capitaine & Amiral Général au Prince d'Orange , fans prétendre obliger les autres Provinces a en faire autant. Dans le temps qu'on difcutoit cette queftion , qui n'avoit été mife en avant que pour fonder les efprits , & lorfque les amis du jeune Prince eurent tout difpofé, fous prétexte d'une chafie, ce voient demeurer par Ie Traité a S. M. T. C, & que Ie Roi Catholique en uferoit de mérae de fon cóté. Que tous les Rois, Potemats & Princes qui voudroient entrer en un pareil engage. Kient, pourroient donner a LL. MM. leurs proinc-ffes & obligations de Garantie de fexécution de ce Traité. Qu'on n'entendoit rien tévoquer du Traité des Pyrennées , (a 1'exception de ce qui regardoit le Portugal , avec lequel le Roi Catholique avoit depuis peu fair la paix,} iju'autant qu'il en aura été autrement difpofé cn celui- ci , par la cellitm des places , que 1'on a nommées ; fans que les parties y ayem acquis aucun nouveau droit, ou puillenc recevoir aucun préjudice fur leurs prétentions réciproques , en aucune des chofes, dom il n'eö pas fait meutrOn exprefle dans le pré» lent Traité. Pour plus grande füreté de ce Traité & de tous fes articles , on ftipula da lóté de 1'Efpagne , qu'il feroit publié , vérifié & enrégiltré dans Ja Cour du Parlement de Paris & dans les autres Pariemens de France ; comme aufli en faveur des Francois , dans le Grand Confeil & autres Confeils, & Chambres des Comptes du Rui Ca'.holique aux- P;,ys-Bas & aux autres Confeils des Couronnes de Calhlle ei d'Arragon; le tout fuivant la forme conrenue dans le Traité des Pyrennées de 1659, & que 1'on en fourniroit les expéditions , de part & d'autre, dam trois mois après la publication du préfent Traité. Voyez le Cierc, Hiftoire des Provptces- Uniei: T. 111. Ch. XV. (O fbrt. des Prov. Unies, par le Clerc, T. 1IL Ch. XV. .  OU DES PROVINCES UNIES, 'Lav. XXXIII. Sect. XII. 25c. iPiïnce forcit un jour de ia Haye & alla en Zélande, oü il étoit attindu. Cette Province lui déféra la dignité de premier Noble de Zélande, & lui donna féance a PAflèmblée de fes Etats. Guillaume de Naflau , Seigneur d'Odyk , fut choifi pour le- repréfcnter ; les Etatr de Hollande, pour éviter que cette première faveur ne conduifit le Prince au Stadhouderat de Zélande , prirent une réfolution , par laquelle aucun Stadhouder d'une Province particuliere, ne pouvoit prendre féance au Confeil d'Etat. Quelque temps auparavant la Province de Hollande avoit engagé la Gueldre , Utrecht & Overyffel, a confentir que le Prince n'eüt féance au Confeil d'Etat , qu'a condition que la Charge de Capitaine & Amiral Général demeureroit féparée de celle de Stadhouder. Les Etats Généraux avoient voulu faire confentir les Provinces a ce Réglemenc; mais celles de Zélande , de Frife & de Groningue s'étoient fortement oppofées a cette divilion des Charges éminentes de 1'Etat. (1) Après Piniïallation du Prince a la dignité de premier Noble de Zélande, la Province d'Utrecht abolit Ie Stadhouderat , comme celle de Hollande. Cependant Odyk , que le Prince fic fon Député en Zélande , prit fa féance aux Etats Généraux , comme premier Député de cette Province , & lorfque le Prince fut de retour a la Haye , les Etats Généraux Penvoyerent féliciter fur Pheureux fuccès de fon voyage, & ils augmenterent fes gages annuels. Le motif fecret de ces prévenances , étoit de 1'adoucir au fujet de PEdit perpétuel , d'autant qu'il y avoit une grande fcrmentacion parmi le peuple, dans ■quelques Provinces. Les troubies y étoient occafionnés par diiférens prétextes ; mais leur véritable caufe étoit le récablüTement du Prince d'Orange dans les dignités, dont on 1'avoit exclus. L'un de ces prétextes fut la réduction des troupes de terre. Lorsque la paix fut fignée , la Province de Hollande propofa une réforme. Le Confeil d'Etat vouloit qu'on tint fur pied , deux mille foixante hommes au - dela de ce que la Hollande vouloit conferver. Cette difcuflion fut terminée par les foins du Penfionnaire ; mais en Zélande elle eut des fuites facheufes : Goes & Zierikzée prérendoient qu'il falloit licentier trois compagnies de plus que les Etats Provinciaux n'avoient réfolu. Goes céda; Zierikzée s'obfiina & refufa d'envoyer les fommes que cette ville étoit obligée de fournir pour le fervice de f Etat. On réfolut de 1'y forcer ; on envoya des troupes & du canon dans l'ifle de Schouwen : elles s'emparerent de Brouwershaven. Zierikzée fit des préparatifs pour fa défenfe ; mais la Régence ayant envoyé des Députés a Middelbourg , il fut arrêté que Zierikzée -ne retiendroit pas plus longtemps fa part aux contributions , & cette ville envoya fes Députés ordinaires a PAflèmblée des Etats (2). Cependant Louis XIV cherchoit les moyens de rompre la Triple-AlSiance. Les Etats qui avoient lieu de foupeonner fes femimens, faifoient CO ^u Stadhouderat, par M. 1'Abbé Raynal. (2) Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. T. Hl. Kk 2 8$. de Hollandé. 1667-169/, ft'. *.Vvvvi\ Ann. 1669. Prétextes destroubies dans les Provlnceu Zierikzée refufe les contributions.  Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697. Mauvais état des forces de terre de Iti République Ann. 1670, Lctiis veut dètacher tesPP. VU. de la Triple Jiiiantt. Enfuite la Suede. Et f Angleterre. II fé lie l'tcrétement avec Lharles II. Ci-) Voltaire, Siccle de Louis XIV. Ch. X. I2 Mém. & Uur. dü Comte d'Eftrades T. VI. (/) P. Daniël Abrégé du Rcgne de Louis XIV- 260 II I'S T O KR E D E II O L L A N D E tous leurs efforts pour fe faire de nouveaux Alliés. La guerre étoit inevitable. Les troupes de terre de la République étoient en petit nombre & en mauvais état. Les forces maritimes étoient formidables ; mai; la cavalerie compofée de bourgeois , qui payoient pour faire leur lèrvice, étoit mauvaife. L'infanterie qui n'étoic point exercée, ne connoiflbk aucune dilcipliue. (1) Les Gouverneurs des places n'avoient aucune expérience. Les Provinces étoient divifées: les faótions pour & contre.la AJaifon , d'Orange partageoknt la nation. Louis eflaya d'abord d'engager les^ Etats Généraux a- fe détacher de, PAHiance de PAngkterre, éi a s'unir avec la France. Le Comte d'Eftrades employa toutes fes reffources pour faire entendre au Penfion. naire, que c'étoit 1'intérêt de la République. De Witt penfoir que fi la. France vouloit condnuer fes hofiilités contre 1'Efpagne , 1'oppofidon armée des trois Etats réunis confèrveroit a la derniere fes poflèflions & fes droits, & mettroit les Provinces-Unies a couvert des entre. prifes de la France. D'Eftrades n'ayant pu rien gagner, fon maitie. le rappella fous prétexte de l'envoyer a fon Gouvernement de Dunkerque (a). Alors. Louis s'attacla k la Suede ; Pompcnne qu'il y avoit envoyé T fir les oflres les plus bnllantes.. Les Etats du Royaume furent inébranlables.; leur fermeté fut ibutenue par Pierre de Groot, Penfionnaire d'Amfterdam, Ambafladeur des Etats, recommandable par lui-même, & par le eélebre Grotius fon pere.. Louis XIV avoic en même temps envoyé en Angleterre , Colbert de Croifli , fous prétexte. de. renouveller les Traités de commerce eners les deux nations. L'or prodigué par ce Miniflre a ceux-de Charles II, le penchant de ce Prince pour le Catholicifme & pour les plaifirs , lereflèntiment que la nation confervoit de la défaite de fa flotte dans la Tamife, la veille de la paix de Breda, firent accueillir favorablement les propofitions de Colbert. Lorfque- tout fut préparé, Louis prétexta un voyage dans fes nouvelles conquêtes de Flandres-: il y mena una partie "de fa cour. Henriette Stuart, époufe du Duc d'Orléans, frere unique du Roi, fleur de Charles II, Princeflè qui réuniffoic tous les agrémens- de 1'efpric & ceux de la. beauté , 1'accompagnoit. (3) C'étoit en effet . pour elle que ce voyage. avoic été imaginé. Henriette feignant de vouloir j rofitc-r de cette oecafion pour embraflèr fon frere, demanda la permiffion ce paffer en Angleterre ; permiffion qu'elle obtinc ailément. Elle s'embarqua a Calais.. Charles vint au devant d'elle jusques a Cantorbtri.. 11 ne rélifta pas longtemps aux proméflès qu'dle. lui fit de la part de Louis., de favorifer fon projet contre. la Religion, Proteflante en Angleterre, & fes efforts pour le rendre indépeudunt., Elle lui fit entendre, qu'il- falloit commencer par aflujettir les Provinces-  OÜ DES PilOVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sec*/ XII. 161 Unies, pour óter tout obftacle de ce cóté. (i) Chata confentit k tou figna tout ce qu'on vouiut. Henriette agée de 26 ans, mou- uta fon retour a Paris. Le Maréchal de Bellefond..fut envoyé i Londres, C1ar4 de compliments de condoléance pour le Roi: ót Charles envoya a la cour de France , lc Duc de Buk.ngham, (a) qui nut da derniere main au Traité (*). , ........ En même temps que Louis s'oflUroic de 1'Angleterre , d- faifoit agir auprès de plufieul-s Princes de 1'Empire , qu'.l lédudo.t par fes hberaHtés L'Eleéteur de. Cologne*, Ferdinand - Max.m.hen de Baviere , céda' k la promeffe de recouvrer Rhinbergen, que fon- prédeceffeur avoit laidé-aux Hollandois. Louis-avoit employé aupres de lm 1 Lvequo de St a bourg & le Prince,Guillaume de Furitemberg. 11 gagna faci; feme Sê|ue- de> Munrter , Chriftophe - Bernard van Galen Abbé de Corbie, contre lequel Louis avoit-joint fes armes a celles des Hollandois quand ce Prélat leur diiputoit les arnea-k la mam , k Ï e de Borkelo. Prêtre avare & Prince cruel ü avoit fait k S d océfairs une guerre fanglante. (*> Comme Juliers facditoK le naffaae des troupes Francoifes dans les Provinces-Unies, Louis rechercha Palliance du Dtic de Neubourg : on lui fit efpérer la couronne de Po- ote & i fe rendit. 11 acquit Palliance de 1'Eletfeur Palatui par le maiiage du- Duc d'Orléans , avec Eliiabeth - Charlotte , fille ue PEleftf ur«' ■ Les'Etats Généraux furent avertis de Porage qu. les menacoit, paf FElecbeur de Brandebourg, que Louis faifoit lollrciter. Meur confei la Offrir a ce Monarque de lui faire fatisfacbion fur fes plaintes h ettel étoient jurtes;. parcequ'.ls n'avoient pas-de grands fecours a eiperer de leurs voifins C4> Ses confeils-furent pm écoutes; car comme il avoit époulé en premières nöces une tante du Prince dOrange le Penfionnaire de Witt» qui étoit 1'ame de toutes les dchberations, fe mefioit de tout ce qui venoit de lui. Auffi les Etats répondirent - ils a ce Pnnce qu'ils n'avoient jamais rien fait qui put leur atcirer cette guerre, feqttila (i) Conr. deTAbr. Chrön. • de' Mener. T. ViH. ft RS!^ * 4 Angleterre , „«Jut que Ia, guerre dujreit avec les Hollandois , de lui "faire cömpiéf poür Tentreuen de la Hotte 4o£oife, trois eens cinq nnte miüe livres llerling par ëf\ en outre, que la flotte trancoiP; ÏSS Les -floites, étant- jointes, tlevofent attaquer les Etats par mer Lnd«S^Xi de, France lés attaqueroit par terre , avec une pu.Haute armée. Kut prévenir touw méfmtelligence, on divifoit la République entre les AU.cs, quand I^ïï5to?co&dte' L*An^eterre devoit avoir la Zélande, par laquelle elle W rouve oU en 2 de fermer röcéan Germanique. La france devoit augtóemer-fa JSce Par la pofleffion-des autres Provinces j excepte la Hollande,-que Charta. SS au P taco. d'Onng* Ce qui mettoit la France plus a portee de conqué , rciervoit au y ? > Efpagno s , maïs encore la Hollande P AtS r CM Hiftoire des ***** Unies. T.MII'. Ch. XV. (3~) Volt. Siecl. de Louis XIV. C. Xi* lA Puffend. Rer. Braudenb. L. XI. G» V.- Kk 3 Hiftl &e' Hollande. 16Ö7-1697V lis" attaché les Prina: de f Empire.  •Sfct. XII. Hifi. de Jlollaivle. 1667-1697. Les EE. HG. de mondt nt a Louis, quel'le efl Ja caufe de fon rcjfenïiteent. Lair fécu* rité. Ann. .1671.. Louis fait marcker fes artnées. Lis offrent des iéparations d Louis XIV. I I i 1 < < 262 HISTO ! R % D E » G L L A N 0 li croyoient .quet les préparatifs que faifoit Ia France, pouvoient regarder ia Lorraine la f ranche - Comté & les Pays - bas Efpagnols. g Cependant les Etats envoyérent a Louis XIV ° Pierre de Groot en qualue d AmbalTadeur, pour apprendre de S. M. ce qui pouvoTleur avoir attire fon reflèntiment , & PafTurer qu'ils n'avoient !s P™Poffe£ fer, en pourvoynnt a leur füreté par Ia Triple-Alliance ; Sis efpéroient pitventions que b. M. pouvoit avoir contre les Etats Nanc'v ^^^^ ^^ Lorraine emparés de Nancy. Cette expedition avoit été conduite avec tant de fecret & de diligence que la Ducheffe avoit été prife , & que Ie Duc avoit eu \Tt£S££ ï % cTr ? mifche- Les Etats ne d— 5fq5 L SS- F)'anCC " ei,(rent uniclue™nt Ia Lorraine pour ob et. lis appnrent en meme temps que cette PuifPance fe difpofoit aufli k agir fur te're TJïLT^ * £ ^*»« & fnrtout fur l^ngleteire. M is bientót Temple recut ordre de fon Roi, de fe rendre k fa ti°ons'fm £533l£ f* -cevoit quelques inflruc- On engagea le Prince d'Orange de paflèr auprèa de fon oncle dans ic perance que ie Roi fe rendroit fes prieres. iV^is CbÏÏe n Péco2 pont, lui paria beaucoup de religion, lui dit du mal de celle des Pro- Starhoudtrat\o.V°ya ^ Pr°mettre C^Cemmt 'bn <'lévadon au Cependant une armée partie de Sr. Germain , s'étoit divifée en deux corps dont 1'un alla joindre le Maréchal de Crequi en Lorraine & 1'autre eut ordre de savancer vers Sedan , pour s'oppofer aux entreprifes qu'on pourroit faire du cöté de Flan Ires ou de Hollande. Lc? Duc de^or S ÏThZ U fCC°UrS aU'\H°,land0is' fes al,iés' '»ais le refroidiflètaifloitlSf,tdéctnqUl CePendam amUfüiC BOred ^Ambafladeur, les pivi^atS'aCke(rCrent k L0?S XIV Par de Groot> une lc«re remplie doltres de reparer tout ce qu'on auroit pü faire par mégarde, contre fes intentions* ils 1 afluro.ent qu'après avoir examiné leur conduite paffée ils ric- pouvoient pas simaginer que la juftice qu'on voyoit éclarer dans .omes fes aftions, iul permit de tourner fes vues contre des gens qui avoien: ;el,g,eufement garde 1 alliance qu'ils avoient depuis fi longtemps avec lui ans leur faire connoitre auparavant les griefs qu'd pouvoit avoir contre eux,' dm de tacher d y remedier; que ce qu'ils faifoient par mer, ne devoit lu •orter aucun ombrage; qu'ils proteftoient a S. M. que cê n'étoit pour aire tort a perfonne , & que néanmoins ils défarmeroient avec joie, orfquelle auro.t la bonté de les délivrer de 1'appréhenfion & de Pin. juietude que leur donnoient les armées qui fembloient s'approcher d'eux le toutes parts. Grotius en donnant la lettre, ajouta que les Etats, fes mciens Alliés, ne meritoient pas d'être plus maltraités que les criminels, CO Hift. des Provinces• Unies T. IIL C. XV.  OU DZS PROVINCES ÜNÏES', Liv. XXXIII. Sect. XïL **j qu'on ne punir, jamais fans leur en dire la raifon. Louis XIV répondit a Grotius, qu'il faifoit aflèmbler fes troupes & équiper fa flotte, & qu'il prendroit les réfolutions, qu'il jugeroit les plus convenables k fa gloire & a fes intéréts (i). La caufe réelle de la guerre du cöté de Louis, étoit l'obflaele que les Etats avoient mis par la 'Priple-Alliance a la conquête des Pays-bas Efpa gnols; Ie prétexte, une prétenduc médaille injurieufe kLouis XIV, & quelque-s trairs fatyriques d'un gazetier infolent ; mais du cöté de 1'Angleterre , il n'y avoit aucune caulè plaufible. On eut recours au prétexte. L'année précédente, après une groflè tempéte plufieurs vaiflèaux étant a I'ancre, & celui de Ruiter au radoub, un yacht Anglois, portant pavillon de la G. B. au grand mat, pafia a travers de la flotte Hollandoilè & faluoit Ruiter : ion vaiflèau étoit trop de cöté pour lui rcpondrc ; niais le Lieutenant-Amiral van Ghent lui répondit pour lui fept volées. l< uiter ayanc fait relever fon vaiflèau falua de ncuf: 1'Angloia ne répondit point. Van Ghent avertit Ruiter que Ie Capitaine lui avoit envoyé deux décharges de boulets, paree qu'il n'avoit pas baiflé le Pavillon ni amené les voiles; (s) & qu'ayant fait demander le fujet de ces décharges, & appris que 1'époufe du Chevalier Temple étoit dans le yacht, il étoit allé la laluer & qu'il avoit dit au Commandant, qu'il n'avoic pas ofé faluer de fon chef un Capitaine de yacht, & cela fur les Cótes de leurs Hautes Puiflances, lans en avoir recu d'elles un ordre particulier, & que fi S ,M. B. croyoit avoir droit de Pexiger, elle devoit les en informer. Charles fit demander aux EE. GG. par Downing, qu'il' envoya h la Haye, une fatisfacticn publique de cette offerde, parceque le refus de baiHèr Pavillon, donnoit attcinte a la Souveraineté de la mer, qui appartcnoit a 1'Angleterre: il exigeoi: que van Ghent fut chatié, pour fervir d'exemple. Des Commifiaires furent nommés pour examiner cette affaire: mais de Witt, pour öcer tout prétexte aux Anglois, dans 1'efpérance que leur Roi fecourroit la République, fi la France venoit a 1'attaquer, imagina de répondre, que les Etats Généraux confentiroient que non - feulement un vaiflèau feul, mais leurs flottes entieres, mettroient Pavillon bas devant un fimple vaiflèau Anglois, portant Pavillon Roy.il; mais qu'on ne prétendoit cependant rendre ce falut, que pour honorer un fi puüiunt Roi. Jüowning informé de la réponfe qu'on devoit faire, partit brusquement fans 1'attendre (3). Les flottes de la République étoient formidables & Ruiter étoit a leur tête; mais les troupes de terre étoient en mauvais état. 11 n'y avoit aucun Général en état de commander l'armée. Le Prince d'Orange annoncoit de grands talens; mais il étoit trop jeune & n'avoit aucune expérience de Part militaire. On avoit réfolu en Hollande de faire de nouvelles levées de Cavalerie & d'infanterie. Le danger écoit preflant; les troupes Frarc- (O Volt. Sieci. de Louis XIV. C. X. t\») Rapin Thoiras Hilt. d'Angl. Regne de Charles II. £3; Hift. des Prov. Unies par le Clerc. T. III. L. XV. Hl/1, ca Hollande... 1667-1697-;. Ann 167a., Caufe & prétextes de la guer. re du cót4 de la France. De VA:., giet er rei Salut du Pavillon. Souvcrai' neté de la mer, prétendue par les Anglois,  st54 HISTOIRE DE HOLLANDE .Sect.XII. Hifk de Hollande. 1667-1607 fiviftotis dans la Républi' $ue. Levtetir des préparatifs. Lc Prince d'Orange eft nommé Capitaine (f Amiral iiénéral. eoifes s'affembloient autour de Cologne , d'oü elles pouvoieu défilcr le long du Rhin fur les terres des . Etats. Tout le Peuple nommoit au commandement des troupes, le Prince d'Orange. La République étoit divifée en trois faébons. L'une vouloit que 1'on rétablit le Gouvernement, tel qu'il avoit été fous les Princes de la Maifon d'Orange, & que Pon rendit au jeune Guillaume toutes les charges que fon pere avoit eu.es ( .1). Le fecond parti étoit celui des-Républicains, aufieres partifans de .la Liberté, k la tête duquel étoient les freres de Witt, qui ne pouvoient fupporter Pidée d'autoricé defpoti» que (a). La troifieme facbion étoit purement pafïïve & prête a fe fou* mettre au parti le plus fort. Comme celui du Prince étoit le moins nonibreux, le Penfionnaire ne doutoit point que le parti des expeébns ne fe joignit au fien. Ces divifions metteient dans les préparatifs de la guerre , une lenteur funefle. La Gueldre avoit propolé de nommer le Prince Capitaine-Général; quelques Provinces ne vouloient confenrir qu'a .cette condition k aucune levée .d'hommes. La Hollande s'obftinoit a rejetter cette nomination. 11 y eut de grands débats, mais enfin les Co'ifcillers CommiiTiires déclarerent par 1'organe du Penfionnaire, qu'il .étoit de 1'intérêt de 1'Ecat que le Prince fut revctu de .certe dignité (3). Le Corps des Nobles, Harlem, Leidc, Amfierdam & Enckhuifen furent du .mème ..avis. Dordrecht vouloit qu'on attendit que le Prince eut vingt-deux ans. La pluralité des voix .étoit pour de Prince,, lorfqu'on mit,,en queftion, fi 011 lui confieroit la charge de Capitaine- Gér.éral pour une campagne feulement, ou pour toujours? .11 y cue k ce fujet de nouvelles altcrcations: fix Provinces vouloient que la nomination fut a vie, la Hollande la bornoit k une campagne. Les Etats Généraux écrivoieut aux Etats de Hollande, que le bien ,de la République demandoit que le Prince füt nommé a vie. IVlais cette Province perfifia, & les Etats Généraux le nommerenr pour 1'année fuivante. Dès qu'il eut recu fa Commiffion, la Hollande par anticipation, nomina le Prince Capitaine & Amiral • Général, k fa vingtdeuxieme année, dont k la vérité il n'étoit pas éloigné. La Province de Plollande , quoicu'en difent les Hiftoriens, (X) agit tres fagement. Le Prince ,avok peu d'expérience, .mais il'avoit de grandes difpofidons: il étoit k préfumer qu'il feroit plus capable de commander aux troupes de ..terre, pour lefquelles on manquoit de Général, qu'aux forces maritimes qui étoient fous les ordres de Ruiter, le plus grand homme de mer que .la République eut :eu encore (5). II étoit dit dans fon Inftruébon , que le Capitaine & Amiral - Général , pendant qu'ü exerceroit cette . charge, jie pourroit être élu Stadhouder, ni s'ingérer de .norn- .(O Hift. da Stadhoud. ,par m. rAbbe" Raynal. fa) Volt..Si«cl. de L. XlV. ubi fupr. ("3) Hift. des Prov. Unies par L. C. T. IIIU) Abr. de 1'Hift. de la Holl. T. III. Ch. XHl. C5) Vie de Ruiter par Brandt.  OU BES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. -Sect. XII. 265 Hommer-a aucune charge de magiftrature, pas même a aucune des charges militaires , qui feroit h la nomination des Etats & qui viendroit a vaquer hors de l'armée. 11 lui étoit défendu de donner des patentes fous ferment, d'entrer au fervice d'aueune Puiffance étrangere, ou d'être lié a aucun Prince par quelque ferment que ce fut; de iè mêler en rien des affaires de la Religion, de la Régence, de l'adminiilration de la Juiliee ou des Fmanees, non plus que des différends qui coneerneroient les Alliés en particulier , & qui pourroient s'élever dans leur jurisdicbion particuliere qu'il feroit obligc de fe réglsr fur les avis des Députés en campagne ou fur la flotte. On lui permettoit d'affifler a leurs affemblées ou confeils & d'y expofer fon fentiment le premier. Enfin, ^comrae Amiral - Général il ec pouvoit pas donner en fon nom des lnftructions aux Officiers Généraux de la flutte des Etats. II fut réfolu qu'on ne pourroit rien changer a. aucun de ces articles, fans le confentement-unanime de toutes les Provinces. A 1'aflèmblée des EE. GG. , lorfque le Prince -fut complimenté par leurs Députés, il répondit qu'il acceptoit avec bien de la reconnoiflance, la charge qu'il leur plaifoit de lui offrir, & que Phonneur que LL. Htf PP. lui fefoient, Pengageroit puiflamment a faire tous fes efforts pour contri* buer, dans Pexercice de ces reniplois, au maintien & a 1'affermiflèment de la Liberté , pour laquelle il feroit toujours pret a facrifier tous fes biens & même fa vie. 11 prêta ferment en . qualité feulement de Capitaine Général des armées des EE. GG. par mer & par terre, pour cette campagne (1). L'Efpagne , . recormdffantc de Pintérêt que la République avoit pris dans la guerre que la France lui avoit faite , étoit venue a fon fecours; & malgré les intrigues des Anglois , . Dom Manuel de Lyra avoit négocié avec les Etats Généraux. Après la nomination du Prince, on rechercha avec plus de foin 1'Alliance de 1'Eleéïeur de Brandebourg, qui n'avoit été négligée que paree que ceux qui étoient a la tête des affaires, craignoient 1'oncle du Prince d'Orange. L'Elecbeur avoit figné un Traité le 11 Juillet, par lequel, fi les Etats étoient attaqués dans leur propre pays , TEle&ettr auroit une armée. de vingt mille hommes , dont il .pourroit faire un détachement de trois mille hommes d'infanterie & de fix cent chevaux, pour les places. de Weftphalie: les Etats payeroient la folde de 'la moitié de ce corps, ou de quatre mille chevaux & fix mille fantaffins. L'argent néceffaire pour les lever, feroit payé d'abord après Ia conclufion du Traité. Cette armée devoit être prête deux mois après le payement. Les Anglois, & les Proteflans furrout, n'approuvoient point la guerre contre la -Hollande: (b) mais Charles qui fe ruinoit pour fes mairreflès, avoit. befoin de Pargent de la France. Comme il fe plugnoit a Colbert que fon maitre ne lui en envoyoit point , ce Minillre lui répondit -qu'il ne tenoit qu'a lui de s'en procurer, en fefant attaquer la flotte Hollaa. f-0 'lift. des Provinces - Unies iibi fupr. (.2) Rspin Thoiras Hift. d'Angl. -Regue de Charles U. gbm XLIP. LI Hifi. de Hollande. 1667-1697. Exclu pnr faCommii. (ion du Stadhou ■ derat. Son pouvoir réduit a trés peu de chofc. Traité avec FElecteur de Brandebourg.  ï6S HISTOIRE DE HOLLANDE Sl'.CT. XII. Hifi. de Hollande. 1667-1697. Charles II attaque les Hollandois fur mer. Et déclaré enfuite la guerre. Louis la déclaré en néme temps. Forces re. doutables de Louis doife qui venoit de Smyrne & qui devoit pafTer dans la Manche, compofée de quarante - cinq voiles, ibus la foible efcorte de quatre ou cinq vaifTeaux de guerre. Cette flotte ignoroit que la guerre füt furie point de fe rallumer. Charles qui ne 1'avoit point déelarée , chargea Robert Holmes d'attaquer la flotte; mais elle fe défendit avec tant de rigueur, que 1'Anglois fut obligé d'abandonner le combat. II revint k la charge le lendemain , renforcé de quatre gros vaiflèaux de guerre ; le combat dura jufques k midi avec un avantage égal:. mais après-midi, Holmes k la troifieme attaque s'empara de quatre vaiflèau* marchands, & d'un vaiflèau de guerre commandé par van Nefs qui fut tué , ainfi que le Capitaine Adrien Haas: le vaiflèau etoit fi maltraité, que les Anglois ne purent 1'amener & qu'il coula k fond» Le refte de la flotte entra dans les oort* des Etats (1). Après cette perfidie, Charles II déclara la guerre, en même temps que Je Roi de France, &. quoique par 1'article 31 - du Traité de Breda, oa ne put en cas de rupture confifquer ni d'un cöté ni d'autre, les mirchandifes ni les effets des uns & des autres, qu'après les fix mois accordés pour les retirer , Charles, plus avide d'argent que de gloire , arrêra plufieurs vaiflèaux Hollandois dans les ports d'Angleterre, avant Ia déclaration. Les manifeftes de Charles & de Louis n'étoient qu'un tiflu de prétextes, plutot que de raifons. Les Hollandois y répondirent avec avantage; (2) mais k quoi fervent les raifons contre Pinjufiiee & la violence? Le manifefte de Charles étoit rempli d'inculparions fauflès: celle étoit ccile qui regardoit 1'article du Traité de Breda , concernant la refiitution de Surinam (*). Parmi les griefs dont Louis XIV fe plaignoit, le plus eflèntiel, celui qui felon lui intéreflbit le plus fa gloire, (3) étoit la Triple Alliance, 4«wi4uc w xiciuc uut cue nuputu aux Anglois, autanc quaux Hollanduis-: la prétendue médaille de van Beuningen (4) étoit encore une inculpacion chimérique. Ce Monarque avoit fur pied en troupes francoifes & étrangeres, prés de deux-eens mille hommes, fous les ordres des plus grands Géné- CO Abrégé de 1'Hlft de Ia Holl. T. III. Ch. XIV. (2) Voyez le Clerc Hift. des Prov. Unies. T. III. L. XV. (*) Les Hollandois avoient pris Surinam en 1667. Par la Capitulation les habitans eurent la liberté de vendre leurs biens, lorfqu'ils voudroient fortir de la Colonie Le Gouverneur, devoit avoir foin de leur tranfport- & a un prix raifoimable. Les Anelois reprirent Surinam quelques mois aprés ; lorfque par le Traité de Breda, la Cofonie revint aux Hollandois. Ceux-ci, par un article du Traisé , s'obligerent de permettre aux fuiets de la G. B., qui étoient dans cette Colonie, de fe retirer avec leurs effets flarufter quiy, commandoit, déclara qu'il voujoit profiter du bénéfice de la Capitulation -i-: fe retirer ; maïs comme s'il eut toujours été Gouverneur de la la Colonie il exigeou la même permilliou pour. différens particuliers; il cabala jour & nuit for'cant les colons par promeiles & par menaces de fe joindre a lui & de fe retirer; ce qui etoit coutraire a la Souveraineté de Surinam cédée aux Etats par le Traité Le Gniverneur des Etats envoya Banifter en Hollande; & la liberté lui fut renduè a la lolhcitatiou du Chevalier Temple. Charles dans fon Manifefte accufoit les Hollandois d avoir retenu les Anglois, & de n'avoir permis qu'aux plus pauvres de fortir de Surinam. f (3) Dnniel Abrégé de 1'Hift. du Regne de Louis XIV. 00 Volt. Siècle de Louis XIV. C. X.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Skct. XII. a6> raux (*). Ces Généraux étoient Condé, Turenne, Luxembourg, Vauban ; tandis que les Provinces- Unies n'avoient pour commander leurs troupes de terre, qui. confirtoient en vingt-cinq mille hommes, que le Prince d'Orange, jeune & peu fait encore a la guerre. Louis XIV prit fa marche par la Picardie & fe rendit prés de Charleroi, oü une partie de fes troupes étoit arrivée. Lorfque le refte Peut joint, il s'avanca vers la Meufe. II divifa fon armée en quatre corps. L'un fut eommandé par le Duc d'Orléans , fon frere; Pautre par le Prince de Condé; le troifieme par le Vicomte de Turenne, & il féferVa le quatrieme, qui étoit le plus confidérable, pour lui-meme. Turenne donna ordre ^u Comre de Chamilli de fe faifir de Mafeik fur la Meufe, dans PEvéché de Liege. Mafeik fe rendit & recut une garnifon affez forte, pour protéger le pafiage de la riviere & entretenir une communication avec les terres de 1'Evêque (i). Turenne s'empara enfuite de St. Tron, de Tongres & de quelques autres places, oü il mit garnifon. Le Roi paila. la. Meufe, le„24 de Mai, a la tête de 40000 hommes. II ordonna quatre fieges a la fois; le Duc d'Orléans afiiégea Orfoi, ville de 1'Electeur de Brandebourg, entre les mains des Etats, & la prit en trois jours. .Turenne prit Burich en même temps ; Condé, Wezel; & le Roi en perfonne s'empara de Rhinberg. Toutes les places des Etats avoient été fort négÜgées ; on n'avoit point d'ingénieurs : les garnifons étoient compofées de gens fans expérience , bourgeois pacifiques, que' de Witt y avoit placés a la recom. mandation de les partifans. Ceux qui avoient pris foin de Péducation du Prince Guillaume d'Orange , ne lui avoient denné aucune idéé de Part d'attaquer & de défendre les places. Emmerik ouvrit fes portes a Condé, le 6 Juin, & Rées les Hennes h Turenne. Ces places qui auroient pü -réfifter plus longtemps, fi elles euflent été mieux défendues, étoient les ff*) II n'y a pas ches les hommes , dit Voltaire, d'exemple d'une petite entreprife formée avec des préparatifs plus formidahles. Cinquante millions, qui «1 feroient aujourd'hui (176O quatre-vingt-dix-fept, furent confommés a cet appareil. Trente . vailfeaux de cinquante piaces de canon joignirent la flotte Angloife, forte de cent voiles. Les Généraux de l'armée étoient Condé & Turenne ; Luxembourg commandoit fous eux ; Vauban devoit conduire les fieges. Louvois étoit partout avec fa vigilance ordinaire. Jamais 011 n'avoit vu une armée fi magnifique & fi bien difciplinée. Martinet mettoit alors rinfanterie fur Ie pied de difcipline oü elle eft aujourd'hui. Le Chevalier de Fourilles faifoit la même charge dans la Cavalerie. A tout cela, la Hollande n'avoit Jt oppofer qu'un jeune Prince d'une conftitution foible, qui n'avoit vu ni fieges ni combats, & environ 25000 mauvais foldats ; en quoi confiftoit alors toute la Garde du Pays. Le Prince Guillaume d'Orange nourriffoit fous Ie flegme Hollandois , une ardeur d'ambition & de gloire , qui éclata toujours depuis dans fa conduite, fans s'échapper jamais dans fes difcours. Son humeur étoit froide ècfévere; fon génie aftif & percant; fon courage qui ne fe rebutoit jamais, fit fupporter k fon corps foible & languill'ant, des fatigues au-defius de fes forces. 11 étoit valeurcux fans . oftentation; ambitieux, mais ennemi du fafte; né avec une opiniatreté pblegmatiquc, ■faite pour combattre 1'adverlité; aimant les affaires & la guerre, ne connöiflant ni les pluüïrs attachés a la grandeur, ni ceux de fhumanité j enfin prefqu'en tout 1'oupole de Louis XIV. Volt. Siècle de Louis XIV. Ch. 10. ri\ Hift. des Prov. Unies. T. 111. L. XV. LI .2 mn. de Hollande. 1667-16^7. Sa mar~ che. Rapidilé de fes conquêtes, Foibleffe des places des Prov iaces Unies.  Sect. XII. Sip. de Hollande. 1667-1607. Ldcheté de leuts difenfeurs. Pïsffdge du Hhin jt cilébre. I I 1 Syhtldèhn- \\ y cut bcaucoUD de -confufion dans les nrdrps • nu nr,!™J rmn Helfan !" M°ntbas > jaljpux qu'on eüt donné a.un autre Je Gouvernement de Nidals.~. niegue , écrivit aux-Députés.des Etats,. qu'il n'y avoit aucune appa* rence que les Frangois tentaflènt le paffitge au pied du Tolhuys , done Ja tour- étoit a 1'épreuve du canon , &. que fes Députés lui nrarquerent de fuivre Je plan qu'il leur envoyojr. Montbas fe julHüe de ces accufa- tl'ons Hnnt Cf"i Mpmnirps. f a\ II rnnifimr. nn'il olln o- rVinia.i-.,» . --— ... ...... . .w.u ^ ... „,1C4 „ iM , lil.liar qu ayant rencontré le re-nfort que le Prince d'Orange iui- avoit promis', il alla rejoindre ie régiment de cavalerie qu'il avoit laiffé a To'huys ; qu'ayant rencontré quelques cavaliers Francois, qui avoient paifé leRbir, ü les mit en fuite .& les obligea de ïvpafler , & qu'enfin étant allé rendre compte au Prince , qui étoit a Dieren, Guillaume Je fit arrêter deux heures après, avec tous fes papiers. On 1'envoya prifonnier a Utrecht, d'oü il fe fatwa bientót. après. La. défenfe du pafiage fut confiée a Wirtz, qui. poitifur le Rhimle peu de troupes qu'il avoit (3). (l> Hift. des- Prov-. Uni;s. T. III. L. XV. (2) Voyez les Mém. de Montbas. O) HiÜ. des Proviacts-Unies ï. III. L. XV. 2*8 HISTOIRE D"E HOLLANDS clefs de la République: mais, dit un hiflorien , (1) ceux qui de» voient pourvoir a cela, dès que 1'on vit que les Rois de France & d'Angleterre étoient ligyés pour,Ia perte de la République, peuteren! plutöt a affermir leur fecbion, qu'a fe mettre en état de réfifier a une Puiflauca telle que la France. Le Roi ayant feit propofer a la garnifon de-Rhïnberg., de- ne pas lui donner la peine de la battre., & : d'en furdr , fous ■ promtflè de la laiffer aller- -a- Maeftricht--aves armes & bagages;-, il ne. fe trouva dans le Confeil de guerre, que trois Officiers qui fuflèn& -d'avis do fe défendre. Tous les autres furent arrotés- a Maefiricbt, & le Baron d'Ofièri ■ eut la tête tranchée. Le «,1e - Prince de Condé s'empara da Doetecum, a deux lieues de D-oesbourg. Groll fut pris par les troupes de PEvêque de Munfter. Le ia l'armée Francoife s'avance fur le Rhin , r vis-k-vis -du Tob huys, nom qui fignifie en. Flamand , Bureau de péage ; ■ c'étoit url vieux fort, qui fervoit a cet ufage-; . il-étoit défendu par dix-lept foldats & n'étoit pas élo'gné du-fort de Schenk. Le projet de Louis XiV, étoit de pafier -le Rhin ,. fur un pont de bateaux de cuivre ; maniere de paflèr les rivieres , nouvellemem- imag-ince- par IVJartinct: mais on indiqua au Prince de Condé un gué formé par Ja féchér-tflè de la fan bn, ou. il n'y avoit qu'environ vingt pas a nager. L* Prince d'Orange jyant été averti qu'on avoit vu les Frarcois fonder le Rhin , dans cet ;ndroit, envoya le Comte de Montbas vers Tolhuys, avec ordre de re jetter dans Nimegue , s'il ne fe croyoit pas aflèz fort pour défendre e pafiage.du .fleuve.. Bientót après il changea de réfolution & donna le Gouvernement de Nimegue a Weideren , & fic dire par Wirtz au Comte le Montbas , de. garder le pafiage » en 1'aflürant qu'il lui enverroit cinq cgimens.  0Ü' DES PROVINCES UNIES-; Liv. XXXHL Skct. XII. 269 Le lendemain Louis parut fur le rivage avec fon armée : le Comte / dè Guiche qui 1'avoit fondé, y entra avec les cuiraffiers, . conduits1 par le Comte de Kevel. Un 'paylun Catholique leur fervit de gui- [_ de. A ia fuite des- cuiraffiers étoit un grand nombre de gens de qualité. Les Comtes de Nogent & du Bourg, & quelques autres furent noyés (1). Une partie de la cavalerie & de 1'infanterie que Wirtz commandoit., / bördoit le rivage ; le rdle étoit dans fes foibles retrauchemens. / Wirtz regardoit nager les Francois fans les attaquer , ne croymt pa-s • qu'ils puflenc aborder , ou s'imaginant qu'il auroit bon marché du petit nombre de téméraires qui i'oferoient. II ne fe mit eri mouvement que lorfque la moitié des cuiraffiers eut paffé; il lit tirer fes troupes; le Comte de Revel fut blefle. (0) - Wirtz avec fa cavalerie, fohdit fur les Francois qui fe trouverent aflèz en force pour la repouffcr. Les Hollandois prirent la fuite; le rerte des cuiraffiers & quantité de Nóblèflè' franchirent 'la rive & pourfuivirent les fuyards":le- régiment d'Aylva qui venoit au fecours de» Wirtz, fut entieremenc défaiu Les dix-lept hommes qui étoient dans la tour de Tolhuysr avoient pris la fuite avec Wirtz. Le Prince de Condé qui conduifoit cette aébon pafla avec le Duc d'Enguien fon fils, dans un bateau , ou il prit le Duc de Longucville , fon neveu, qui s'étoit jettó dans i'cau : une partie- de la Maifon du Roi pafla a- la nage. Le Prince de Condé rangea fes troupes en bataille, pour forcer les retranchemer.s des Hollandois j prêts a demander quartier : le Prince avoit défendu de tirer jufques a ce qu'on- fut près des rctranchemens: on marchoit en 'filence, lojfque le Duc de Longucville , qui ignoroit la défenfe de fon oncle , s'r.pprocha feul du- retranchement , &. tira un coup de pifiolet. Les Hollandois' croyant qu'il n'y avoit plus de qdanieis-a attendre , fon* une décharge- & le Duc efl tué. Le Prince qui accouroit pour arrêter le jeune imprudent , efl blefle a la main: furieux , il ordonné un mallaere général , & tout ce qui ne peut fe üuiver par'ia fuite , efl paiTé au lil de 1'épée. Le Roi fit jetter un pont & pafla avec Ie Duc d'Orléans & le refte de fa maifon (3). il tint un cqnfeil de guerre, pour favoir ce qu'il devoit flpre des places qü'd avoit prifes & qu'H alloit prendre. Le Prince de Condé cV le Maréchal de Tu'rtnne furent d'avis, que, pour ne pas affoiblir fon-armée par • de trop feces garnifons , il- ne devoit conferver que ies pjjus importantes , & • rafer les fortiücations des autres. Le Roi approtfva- leur avis; maïs a peine le-Prince de Condé fut-il parti pour Emmerik , oü il alla' fe faire panfer de -fa bleffure , que Louvois perfuada au Roi, qu'il ne feroit pas de la gloire de détruire tant de places,'& que lorfqu'il feroit maitrè des-fept.Provinces-, il. feroit temps (O Mémoires du Comte de Guiche. Mémoires de Montbas. i^aj Contin. de 1'Abr. Chr. de Mezerai. T. VIII. (3):Le P. Daniël, Abrégé..-du Repe de Louis XIV. Contin. de Mezerai, T. VIII. LI 3 Uft. de oilandi, S6/-IÖ97. rr.teur dt ffïrts, letran- ' •hemens ies Hollan* iuis empor■és. Le Duc de Longuevihe efttui.Condé blejjï, Sages con* feils de Ti> renne Q? de Condé, rendus inutiles par Louvois.  Sp.ct. XII fhft. de I lollande. j 1 ! < Opiralions fur mer. 1 i , 1 1 ( . » i I ,1 270 HISTOIRE DE HOLLANDE .d'y fonger. La^ttétiè du Minifire courtifan Temporca & arracha la Hollande a Louis XIV (1). Les hiftoriens & les poëtes Francois ont peut-êcre trop exalté ce farneux paflage du Rhin, en le mettant au deflus du paflatre du Granique par Alexandre; mais il faut convenir que Philïoire fournit peu dexemples d une entreprife aufli hardie. Si la fortune feconda Lotus dans 1 execution , ce Prince & fon armée n'en montrerent pas moins de courage fc d intrepiditó. On ne pouvoit pas fuppofer que les Hollardois feroient d'aufli mauvaifes ditpofitions ; qu'ils n'ameneroient poim a Polhuys une artillerie foudroyame ; que depuis le 10 qu'on étoit prcvenu du dcflein des Francois, on n'auroit pas fait paffer la carnifan de Nimegue & toutes les forces de Ia Betuwe au fecours de ce pofte ; que Wirtz laiflèroit avancer les ' cuiraffiers jufques a la rive quil défendoit. Peut-etre ne feroit-il point parvenu a empêcher le paflage; mais il eut cenainement fait beaucoup de mal a l'armée Francoife. - Ruiter fe conduifoit fur les .mers avec bien plus d'inrelügence & dmrrépidité. Des que les Etats furent informés que ies Amdois devoiem attaquer la République par mer, tandis que les Francois tacheroient dë ia defoler par terre, ils cquiperent une flotte de trente-fix vaiflèaux du premier rang, de 60 a 80 pieces de canon , de deux eens Vingt matelots & de quatre-vingts foldats. On fit des levées de matelot/ pour remplacer ceux qui feroient tués, bleffés ou malades: la navigation du INord fut defendue ; enfin on prit toutes les précautions qu'on put imaginer: on nomma des Officiers Généraux pour remplacer ceux qui :ommandoient. On donna, contre Pufage , ' a Ruiter une compaimie i ies ordres. Les .Etats envoyérent Corneille de Witt fur la flotte :omme leur Plénipótentiaire, & il fut réfolu que s'il périflbit dans cette' ixpédition, fa charge de Ruward, ou Baillif, & premier Conmnflaire des hgues de Putten, pafferoit a fon fils (2). La flotte compofée de onze grands vaiflèaux de la Meufe, dix-buit i Amfterdam, quatre de Nord-Hollande , un de. Frife , onze frêles , douze brülots & neuf yacbts , fit voile du Texel vers les Dules , le 13 de Mai ; le 14 on prit .une frégate Angloife, ,& Pon cut quo la flotte d'Angleterre s'étoit jointe a celle de .France, & que :es deux flottes enfemble étoient de quatre-vingt-trois vaiflèaux fans :ompter les fregates & les autres petits Mtimens. Ruiter fut' faché lu'on eut fi longtemps retenu la flotte Hollandoife , qui avant 1« onéhon auroit pu atraquer les Anglois avec plus d'avantage. On arrêta Ie fe pofter entre le Wielingen & la Meufe , & Pon envoya prier les ^tats de Hollande , de Mter Péquipement des vaiflèaux que la flotte ttendoit , & furtout les brülots: bientót les renforts qui furent enoyés, mirent Ruiter en état de ne pas craindre la flotte ennemie. CO- Abr dei'Ilift. de Ia Holl T. HL L. XIV. (2) Hifi. des ProV.. Unies, par Ie Clerc. T. III. L. XV.  OU DËS PROVINCES UNIES, Liv. XXXIÏÏ. Sect. XIL zfi Lè 23 on nppercut neuf vaiflèaux de guerre. Le Lieutenant Général van Ghent', le Vice-Andral Evertfen & le Contre- Amiral van Nefs, furent détachés avec quinze vaiflèaux ou fregates , huit brülots & fept galiottes. Les Anglois remonterent la Tamife jufques au Fort de Chamefs, dont les Hollandois eurent a efTuyer le feu & celui des vaifTeaux de la' flotte Angloife. Van Ghent, pour ne pas trop expofer fes vaiflèaux , fe retira vers Pembouchure de la riviere. Ruiter ayant vü Pennemi , réfolut de Tattaquer a Soulsbay , Port entre Harwich & Yarmouth. Sa flotte fe trouva force alors de quatrevingt-onze vaifTeaux de guerre ou fregates, de cinquante - quatre brülots & de vingt-trois yachts. La flotte ennemie étoit divifée en trois efcadres , commandées , 1'une par le Duc de York , comme GrandAmiral d'Angleterre & Commandant en particulier de Pefcadre rouge ; 1'autre étoit Pefcadre blanche, commandée par le Comte d'Etrées, Lieutenant-Amiral de France ; elle étoit compofée en partie de vaiflèaux Francois : la troifieme étoit aux ordres d'Edouard Montaigu , Comte de Sandwich. On prétend que la veille de la bataille , il étoit d'avis de lever 1'ancre & de prendre le Erge. (1) Ruiter montoit les Sept Provinces : il arbora pavillon rouge au perroquet de fougue : Banktrt étoit oppofé a Pefcadre Francoife, & van Ghent a Pefcadre bleue. Devant chaque divifion étoit une avant-garde de dix-huit vaigfeaux & de dix - huit brülots. Ruiter fit commencer le combat entre fept ou huit heures du matin. Le Duc de York & Ruiter fe battirent pendant plus de deux heures : leurs vaiflèaux paflant continuellement fous le feu 1'un de 1'autre , fe défemparerent mutuellement : le Duc de York , après avoir longtemps'eflüyé un feu terrible, fut obligé de changer de vaiflèau. Bankert avec Pefcadre de Nord- Hollande &.de Frife , étoit aux prifes av\c les Francois : le combat fut fanglant, les deux efcadres fe po'urfuivoient tour a tour en fe canonnant. Un calme qui furvint, obligea de faire ramer des chaloupes poür gouverner les vaiffèaux qui fe trouverent pêle mêle. II y eut beaucoup de monde tué dans cette mêlée. Lés Frarcois prirent beaucoüp moins ^de part a cette action que les Anglois ; ce qui fit conjeclurer , que les Francois avoient ordre d; ménager leurs vaiflèaux ,• & de laiflèr les deux Puiflances maritime: s'affoiblir (2). Le Comte de Sandwich , Amiral du Pavillon bleu , couroit at Nord , lécondé du Pavillon rouge : van Ghent, ayant Sweers pou Vice-Amiral & de Haan pour Contre-Amiral , arriva fur lui ave< Pavant- garde Hollandoife. Le Capitaine Braakel , quoi qu'il n'eü qu'un vaiflèau de 62 pieces de canon & 300 hommes , attaqua celu du Comte , qui avoit 800 hommes & 102 pieces de canon. Sandwicl' tenta vainement de gagner le vent fur van Ghent & Sweers; il per dit prefque tout fon équipage: un vaiflèau de guerre qui 1'abördèit Ci)'Hift. des Provinces-Unies, ubi fupra. " (2j Hift. d'Angleterre. T. 'III; fff lk aix, Elles font 'rouvêes 'nfuffifan'es. Sage confeil de Pompone. Conditions vjtrécs iemandées ïar Louis XIV.  2-7 6 H IST O IR E DE H O L L A N D E Sect. XII. hift. de Hollande. 1Ó67-1697 Fermer é d'Amfterdam. Propofitions révollantesde Charles il. Sürefè de la Banque £'Amfterdam. de la ville de Grave , des ville & comté de Meurs, fi mieux las EE. GG. n'aimoient laiftèr le Roi en poftèflion de fes conquêtes: il demandoit en outre Maeftricht , Bois-le-Duc & tout ce qu'ils poftedoient dans le pays d'Outre- Meufe , vingt millions pour les frais de la" guerre . & qu'en rcccnnoifiance de la paix que le Roi vouloit bien leur accorder, dans un temps oü il pouvoit pouftèr plus loin fes conquêtes , les EE. GG lui feroient préfenter tous les ans par une Ambaflade extraordinaire , une médaille d'or, pefant un mare, portant qu'ils ttnoknt du Roi, fa confervation de la même liberté. que les Rois fes préJéceflcurs leur avoient acquife. Ces conditions devoient être acceptées dans dix jours , faute de quoi elles feroient regardées comme nulles , & quoique accordées par les Etats Généraux, elles ne devoient avoir aucune force qu'autant que le Roi d'Angleterre en feroit fatisfait (1). Ces propofitions outrées 9 ré vol terent, mais-ne furent pas unanimement rejettées. Dordrecht , Leiden , Delft & quelques autres villes vouloient qu'on entrat cn négociation avec la France. Amfterdam refta ferme dans fon opinion &. ne défefpéra point du falut de la République : cette ville ranima le courage de- quelques autres ; les membres des Etats de Hollande jurerent tous de facrifier leurs biens & leurs vies , pour la confervation da 1'Etat. On fongea a profiter de 1'abfence de Louis XIV, qui étoit retourné a... Paris , de Piracbion de fes troupes qui fe remettoient de leurs fatigues , & de Ia diminucïon de l'armée Francoife , dont une partie étoit occupce a garder les places conquifes. D'un autre cóté. PElefteur de Brandebourg. avoit déterminé PEmpe reur a conclure une Alliance avec ce Prince. Les intéréts des Provin. ces-Unies étoient ftipulés dans des articles fecrets ; mais la France* empêcha 1'effet de.ee Traité. Quant a Charles II, fa haine contre Ie Proteftantifme, 1'avoit entierement dévoué a la France : il failbk , pour ainfi dire , garder a vue les Ambalfadeurs Hollandois : il étoit défendu aux Anglois de communiquer avec eux. II fit cependant fes propofitions mais elles étoient .fi outrées que le Prince d'Orange, qui n'avoit plus ricu a cfpérer de S. M. B. , fe rendit a PAflèmblée des EE. GG.,. & protcfla qu'il facrifkroit plutót fes biens & fa vie, que d'accepter des conditions aufli honteufes (2}. Cependant il re reftoit a 1'Etat qu'un petit nombre de troupes , auxquelles la- lacheté de celles qui s'étoient rendues a la France , fefoit qu'on n'ofoic fe confier. La Maifon de Btunswick offrir quelques foldats. Quelques marchands qui avoient leur argent k fa banque d'Amfterdam, dtraandereiït qu'on-, Ie leur rendit, effrayés de la fituation oü. fe trouvoit la Hollande. On croyoit que le négoce de change fe fefoit a (Q Contin. de 1'Abrégé Chron. de Mezeray. T. V-I I-I. £sj Hift. des Provinces-Unies, par- le Clerc. T. Ili.  OU DES PROVINCE^UNIES, Lrv.- XXXIH. Sect, XII. céttè banque , en fuppofant que Tor & Pargent qui y^ ont été confiés depuis le'commencement, y étoit en dépöc, quoiqu'il n'y fut pas. Sur les ordres cu Magiftrat, Pargent fut comptë a ceux qui ie denïandoient, & 1'on remarqua que quantité de pieces étoient encore noircies de Pin* eendie que Phêtel de ville avoit lbuifert quelques années auparavant,' mais ceux qui avoient retiré leur argent, s'en trouverent bientót embarraflës & le reporterent aux caves de la banque (i> Amfterdam avoic pris la réfolution de défendre 1'a Liberté. Le BourTuemaitre Valkenier & le Grand-Baillif Gerard flaffelaar, pere de celui que nous avons cité «i-defius, (2) animoient la Bougeoifie par leurs discours & par leur cxemple: on fic percer les digues , lacher les éclufes, abattre les ponts , couper les chemins- & inonder les- campagnes. Les autres villes de Hollande en firent autant. Quatre mille Francois des garmfons de Louvain & -de Cambrai ayant attaqué Ardembourg, les habitaas les repoufferent avec -avantage, leur tuerene beaucoup de monde & leur firent fix eens prifonniers (3). Cependant on agiiïbic toujours auprès du-Roi d'Agleterre, qui envoya le Duc de Bukingham , Lord Halifax & Gabriel- Silvius a Louis XIV. Ces Députés en paftant par la Hollande avoient donné de bonnes efpérances aux Etats & au Prince ; mais amvés a la Cour de France, ils oublierent tout~& renouvellerent les Traités entre les deux Couronnes. Les partifans de la Maifon d'Orange mettoient fur le compte da Gouvernement les maux - qui afiligeoient la République ; il étoit évident que Pon avoit négligé de renforcer le nombre des troupes dc^ terré , & que .fiM'on avoit employé une foible partie des fommes qu'on offroic pour obtenir la paix , i fe ménager des alliances, on eut pu longtemps fe défendre & peuc-êsre conjurer 1'orage. De Witt avoit éic 1'ame des délibérations, il s'étoit toujours oppofé a Pélévation du Prince d'Orange, non par aucun éloignemer.t peur lui, mais par.amour pour la Liberté: en augmentant les troupes de terre, il craignoit de donner des armes pour 1'opprimer: cependant on ne ceffoic de publier que le 'mauvais état des affaires ne venok que de ce que 1'autorité du Prince étoit trop bornée: les gens-d'églife-fouffloient la révolte. Landman, Simonides, Mitiiftres a la Haye; Borib.us & Ur-linus a Rotterdam; Gruterus a Harlem,tenoient contre le Gouvernement acïuel , les difcours les plus féditieux. Le'der¬ nier difoit hautement que la trahifon & 1'infidëlité des Magiftrats'de Har- i_ m«^;r«n0 l i^mwiMnnc 1,« nln« fr>rr'f»<; Rnmhnrenr (iir Ie r r~ •«* iiriii clou. ninuiiviii.. uwo inijjuuiiiuuo v— - — L,e Kjrana Grand-Penfionnaire & fur fon frere. Le 21 de Juin, le "premier revenant Pen/ion- f de nuit de 1'afiemblée des Etats, quatre jeunes gens qui'avoient foupë "aJ.rief. [ enfemble, arracherent a fon valer le flambeau qu'il portoit devant lui, afJaümé° & l'attaquerent: il fe défendit avec courage•; mais ils lui ponerent plufieurs coups-, & ne fe retirerent que lorfqu'ils le crurent mort. S25 bleffure-s n'étoient point mortelles: il fe releva. 11 écrivit le lendemain aux Etats 1 OO Hift- des Pr°v. Unies ubi fufr. Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. fay Voyez fupra p. 272. Coiuinuat de Mez. Torn. VIII. Daniël Hift. Abr. du Siecl. de Louis XIV.'• M m 3 .- Hifi. do, Hollanue. 1667-1607. Cette viile ranime le courage (ie la Ib,llande. Les des. aftres pu.' blies font attribués aux de mtu ■ Déchaine. ment des ' gens dyé- ' glife.  5f.ct.XH. ■ Hifi. de Hollande. [667-1697 ,- Un des ' aft/fins a ia tête tranchie. ,Les autres font proté' ttt, La vie de Corneilte de Witt eft menacée. , On Pinfuite. . Cuillanme efl nommé Stadhouder par la ville de , Veere. Par eelle de Dordrecht. 27S HISTOIRE D E II O L L A N D E de Hollande pour s'excufer de ne pas faire fes fonéiions : les affitflms étoient Jacqucs & Pierre van der Graaf, tous deux Avocats & fils d'un Confciller de la Cour de Hollande; Adolphe Birrebach, & Corneille de Bruyn. Sur la lettre du Penfionnaire & les ordres des Etats , la Cour de Hollande & les Confeillers Députés publierent qu'on promettoit une récompenfe de cinq mille jlorins, a ceux qui découvriroient les auteurs de cet aflafiinat. Jacques van der Graaf fut feul arrêté , les autres fe fauverent. Graaf avoua fon crime. Les Etats lui firent fon procés comme coupahle de Leze - Majefté ; il eut la . tête tranchée & fes biens furent confifqués. Les têtes des complices étoient mi fes a prix: les Etats écrivirent au Prince d'Orange & aux.Généraux, pour qu'ils euflent a aider leur Procureur-Général dans. Ia recherche des coupables qui s'étoient, difoit-on , rentés a l'armée; mais on ne puc en découvrir aucun. On obferva que Borrebach, qui étoit Secrétaire des pofles a Maeflricht, conferva fa place, dont le fils obtint enfuite la furvivance, & 1'on en conclut que les afiaflins étoient fort .protégés (1). Peu de jours après cet aflafiinat, quatre inconnus allerenc a onze heures du foir a la maifon de Corneille de Witt, Ruward de Putten, qui étoit a Dordrecht, oü il s'étoit fait tranfporter de la flotte a caufe de maladie. Son domeftique ayant refufé d'ouvrir, on fit des efforts pour 1'enfoncer; mais un autre domeftique forti par une porte de derrière, alla cherchcr la garde bourgeoife & les afiaflins prirent la fuite. Corneille de Witt s'étoit appercu en arrivant a Dordrecht, que le peuple étoit changé a fon égard. On avoit arraché de Phötel de ville, le tableau que Ia Régence y avoit fait placer, repréfentant le Combat de Chatam, & Corneille de Witt donnant fes ordres a la flotte. Le peuple avoit déchiré ce tableau , en avoit cloué les lambeaux autour de la falie de la garde bourgeoife, & attaché a la potence celui ou étoit la figure du Ruward. Sa mailbn & celles de quelques-uns de fes parens avoient été pillées. L'excès des maux dont la République. étoit affligée , fervit de raifon ou de prétexte aux partifans de la Maifon d'Orange pour s'élever contre 1'Edit perpétuel , & pour foutenir que la charge de Capitaine Général par mer & par terre, n'autorifoit pas aflèz le Prince pour laver la honte de la nation (2). La ville de Veere en Zélande cria la première qu'il falloit le nommer Stadhouder. Des cris on pafla a la fédition & le Magiflrat fut forcé de céder (3). La ville de Dordrecht imita cet exemple. Une troupe furieufe arbora deux étendards, 1'un orangé & 1'autre blanc, du nom de Witt qui fignifie blanc. A celui-ci étoit.une devife infolente , qui annoncoit la profcription des deux freres. Le bruic s'étant répandu que le Magiftrat de Dordrecht avoit envoyé a la fiotte qui manquoit de poudre, ce qu'il yen avoit dans le magafin de la ville, la populace lui demanda ce qu'on feroit 5i les Frarcois affiégeoient Dordrecht? Sur la réponfe équivoque du Magi- CO Abrégé de 1'Iliff. de la Hollande T. Hl. C. 14. £2) llilt. du Stadhouderat, par M. PAbbé Raynaf. [jj BiSL des T;uviiices- Unies T. III. C. XV.  OÜ DES PROVINCES UNIESLiv. XXXIII. Sect. XII. a?$ ftrat, on le forca d'ouvrir.le magafin, oü tout fe trouva dans le meilleur ordre'. La populace, qui auroic dü être fatisfiiite, fe mit a crier, Vive Oranpe! Les de Witt & leurs partifans jont la caufe de tous les malheurs : nous voulons avoir le Prince pour Stadhouder. On prétend que 'le peuple n'étoit que 1 echo de quelques perfonnes qui s'étoient glis- fées dans la foule (i> „.,„-,. , , Les Magiftrats avoient tous juré 1 obfervation de 1 Edu perpctuel, qui ne pouvoit être révoqué que par les Etats de Hollande; ils fe trouvoient dans le plus grand embarras. Enfin ils prirent le parti de faire publier a fou de trompe , qu'on alloit1 députer au Prince de venir, afin d'avifer avec lui aux moyens qu'il y avoit a prendre. Le Prince fit quelque difficulté; mais enfin il fe rendit a Dordrecht , oü il fut recu par ie peuple avec des' traufports de joie. 11 lè rendit \ la falie du Confeil, oü perfonne n'ofa faire aucune propofition. Le Prince dit qu'il étoit venu a la priere de 1'afiemblée pour iavoir ce qu'on avoit a lui repréfenter. On le pria de vifiter les fortiiications de la ville. Comme les Magiftrats le reconduifoient, le peuple arrêta fon carrofiè & lui demanda s'il étoit Stadhouder? Guillaume répondit qu'il étoit fatisfait de 1'honneur que les Magiftrats lui fefoient. „ Nous ne le fommes pas," s'écrierent-ils , „ h moins que „ vous ne foyez Stadhouder." Alors ia Magidrature fe raftémbia, fit un Aéle de renonciation k 1'Edit perpétuel, déclara le Prince, autant qu'elle le pouvoit, - Stadhouder de Hollande & délia le Prince du ferment qu'd avoit fait en acceptant la charge de Capitaine - Général , de ne point prendre celle de Stadhouder. 11 exigea que deux Miniftres lui donnaftènc 1'abfoludon de la violation dè fon ferment, & avec cette fauve-garde il aecepta le Stadhouderat fans crainte du parjüre. Corneille de Witt étoit Bourguemaitre; on lui porta 1'acte de révocation a figner dms fon lit ou il étoit détenu. II refufa : on lui dit que fa maifon étoit entourée par la populace armée. 11 répondit qu'il avoic appris dans le dernier combat fur mer, & ne pas craindre les bades; mais enfin prefie par les larmes de fa familie, il iigm & mit après fa fignature ces deux lettres V. C: le peuple informé qu'elles fignifioient Vi Coactus, Contrahit par la force, éclata & ne cefia de le menacer, que lorfqu'il les eut effacées (2). A Rotterdam le Miniftre Borftius aflèmbla le Peuple & lui demanda s'il ne défiroit pas que le Prince .fut faic Stadhouder , que' 1'Edit perpétuel fut révoqué & que le Prince fut abibus de fon ferment? Dès que la populaee eut répondu oui, on courut en foule a 1'hötel de viile, & la Magiftrature fut forcée de nummer le Prince d'Orange Stadhouder. Les mêmes fcenes fe palièrent a Harlem, Leide, Gouda, Delft, Amfterdam & dans quelques autres villes de la Hollande. II ne manquoit plus pour légitimer le rétablifièmenc du Stadhouderat , que le confentement des Etats de cette Province. Les Magiftrats des villes jugeant qu'un plus long délai pourroit occafionner un foulevement général, les Etats s'aftèmbierent CO AbrOgé de 1'Hift. de la Hjllande ubi ftipr. (%j tiitifé des Prov. Unies, ubi 1'upra. Hifi. (fe Hollande. i66j-\6<)-. Lr Sêdition:, Corneille de mn forcé de figner la révocation de 1'Edit perpétuel.  Sect, XII. Hift. de tJollande. 1667-1697. Les Etats de Heilande le xivoqucnt. i \ f\) Ilid. des.Provinces-Unies, ubi fupra. Qs) Ilift. du Stadhouderat. Cij Abr. de 1'Hift. de la Holl. T. III. 2S0 HISTOIRE DE HOLLANDE Ie 3 de Juillet & drelTerent un Aéle par lequel, pour réhabiliter les membres deTaffemblée, afin d'écablir un Stadhouder, ces membres fe difpenfoient les uns les autres, comme auffi tous ceux qui avoient juré dans Ia fuite 1'Edit perpétuel, du ferment par eux fait furcetEdit, fe remettant les uns les autres dans la liberté qu'ils avoient eue.auparavant. Après cec Acte on en drefla un fecond, pour conférer au Prince d'Orange Ia dignité de Stadhouder de Hollande & de Weflfrifc, avec celle de Capitaine & Amiral - Général de la même Province , dont il n'étoit revêtu que par provifion , & qu'on Tui conféra pour -toujours. On envoya des Députés au Prince pour lui annoneer -fon élévation, & il accepta fins effort (1). Guillaume III a-la tê:e de la République, fut -prié par-les Etats d'écrire une lettre circulaire aux villes pour juffifier la conduite des Magiftrats , que le peuple accufoit de lacheté & de connivence avec les ennemis, & qui pourroit fe porter a de nouvelles fureurs , irrité de la réfiftance qu'on avoit oppofée au retabliflèment du Stadhouderat. Le Prince y confentk & n'attribua les conquêtes -*apides des Francois , qu'a la lacheté des troupes & a la trahifon des Gommandans des places ; promettant de faire punir les :oupables , & condamnant au -furplus les fédicions du peuple (2). Cependant l'armée navale d'Angleterre, fous les ordres du Duc de Vork , fe préfenta devant ISchevening , a une demi - lieue de Ja I Iaye. Elle fe contenta de faire une décharge de canon & prit Ia route du I'exel , oü il étoit plus facile d'aborder, pour favorifer les projets des Francois & de 1'Evêque de Munfter. Un événement fort extraordinaire empêcha les Anglois de faire leur defcente; la marée qu'ils jfendoient , retarda de douze heures; & après ce retard, une tempéte difperfa leur -fiotte, -engloutit trois batimens & un grand nombre de foldats. La flotte Hollandoife eut aufli a fouffrir (3). Avant fon départ, Louis XIV voyant 1'impoffibiiité d'attaquer Amïerdam , avoic fait demander aux Etats de lui céder Delft-Ziel, -port 3e la Province de Groningue ', les vingt villages qui en dépendent, la ?ille & le Comté de Meurs, GroH , Brevoort, Borkelo & Lichteryouxt , avec toutes les places fituées entre le Rhin , le Leek & les Pays-Bas Efpagnols; la révocation des défenfes qui empêchoient 'entrée des marehandifes de France dans les PP. UU., fans que le Eloi föt obligé de révoquer les Edits , par lefquels il défendoit 1'enrée des marehandifes de Hollande en France, & qu'il fut permis 1 fes fujets de trafiquer Hbrement dans tous les lieux qui appaneïoient aux Compagnies Hollandoifes , dans les Indes Oriemales & Oc:identales. C'eft  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect.XII. 281 C'eft k cette oecafion que les Députés de Zélande avoient protefté qu'ils s'enterreroient plutót fous les ruines de la patrie, que de la livrer a fes ennemis. Cette réfolution avoit entrainé- plufieurs villes , & enfin on avoit -laiftë la négociation entre les mains du Stad. houder. Guillaume fit encore des propofitions k fon oncle ; mais Charles II les rejetta avec dédain & les communiqua même a 1'Ambafladeur de France. Son dévouement a cette Puiilance avoit pour objet d'affermir, par elle , la Religion Catholique dans fes Etats, & il croyoit nécefiaire au fuccès de ce projet de ruiner les Provinces-Unies. L'attachement de Guillaume III a la Religion oppofée, avoit anéand Pamitié du Roi pour ion neveu. Charles commencoit même k le craindre. Le Parlement d'Angleterre s'étoit aufli appercu du penchant du Roi pour le Papilme & pour le pouvoir abfolu. On étoit perfuadé que Charles & Louis avoient formé le projet de ié partager les ProvincesUnies, & Charles craignoit qua Guillaume ne proflxlt de ces difpofitions. L'Eleéleur de Cologne & 1'Evêque de Munfter s'étoient rendus maitres de Deventer & de Zwoll par la Mcheté des habitans , dont le -Magiftrat traita avec les Prélats k Pin feu de la garnifon. Le fort d'Ommer fut livré par la garnifon même, malgré le Commandant & le Major qu'elle pilla. Si 1'Elecfeur de Brandebourg fe fut dépêché de remplir fes engagemens & qu'il eut envoyé la partie. des troupes qu'il avoit promifes, on eut pu fauver POveryflèl mal défendu ; mais il trainoit en longueur, de crainte .que les Etats ne s'accommodaflènt avec la France, & qu'il ne fe trouvac avoir cette Puiilance fur les bras (1). Cependant fes troupes s'écanc jointes k celles de 1'Empereur, fe mirent en marche ; mais ayant k paflèr k Mayence , a Trêves & dans le Palatinat, & les Elecleurs s'oppofant au paflage , leurs troupes demeurerent au - dcla du Rhin & ne fervirent qu'a donner de 1'inquiétude k la France. En attendant 1'Evêque de Munfter, effrayanc les habitans de Coevorden par les menaces les plus terribles , les obligea malgré le Commandant, brave mais fans expérience, de faire une capitulation qu'il ne tint pas; ce qui détermina ceux de Groningue a fe défendre jufqu'a 1'extrèmité. Cette ville fut uifiégée par les deux Evêques, & après environ un mois de fiege , ils furent obligés de fe retirer hontcufement, & la garnifon reprit Coevorden. Cependant le Vicomte de Turenne s'étoit emparé de Nimegue, Bommel, Gennep , Grave & Ravenftein ; mais il leva le fiege de Bois-le-Duc, pour aller k Wcfel au devant des troupes Brandebourgeoifes & Allemandes , qui venoient au fecours de la République (2). ■ Depuis Pélévation de Guillaume III au Stadhouderat," 1'animofité (O Puffendorf Rer. Braudeb. Lib. XI. (2) Le P. Daniël Hifl. du Re^ne de Louis XIV. Contin, de Mezeray. T. VIII. Terne XLW. Nn Hift. de Hollande. 1667-1697. Charles II. craint Guillaume. Succes des Evêques de Colegne deMunjler.  Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697. Fureur du peuple contre les de tFitt. '. Accufations dé' truites. La perte des fret es de Witt (ft nèfolue. Trames our dies contre ' Gomeille. 1 t i 1 i (f) Voyez Ie procés de de Witt. Hift. des Prov. Unies. T. III. (2J Hift. des Prov. Unies. T. III. Vie de Ruiter par Brandt, 282 HISTOIRE DE HOLLANDE du^ peuple contre les de Witt , au lic-u de cefTer , n'avoit fait qu'augmenter. Les libelles inondoient le public. Leurs la/hes auteurs qui , pendant le crédit du Penfionnaire , répandoient clande * ftinement leur fiel, ne garderent plus de mefures. Comme il avoic placé dans les villes plufieurs "Magiftrats , on lui imputa toutes les Jachetés de ceux qui les avoient livrées a 1'ennemi. On lui attribua la perte des Provinces, 1'infuffifance des troupes des Etats, les conditions humiliantes que les vainqueurs vouloient impofcr aux vaincus. Dans un de ces libelles on 1'accufa d'avoir diffipé les finances: il crut devoir fe jullifier , & il fe trouva que fa philofophie n'avoit été que trop févére a cec égard: car les Comeillers Comsiiffaires ayant voulu dès le commencernent lui donner de Pargent pour les correfpondances fecretes , il Pavoit non - feulement refufé , mais il avoit fort diminué Partiele de ces dépenfes ; ce qui avoit fait que de Witt avoit toujours été trés mal informé de ce qui fe paflbic dans les Cours étrangeres. (1) Tout prouvoic en effet qu'il n'avoit eu aucune connoilfance des projets de la France & de 1'Angleterre. Les C011lèillers Commifiaires déclarerent qu'il n'avoit jamais pafte aucune fomme entre les mains du Penfionnaire pour les dépenfes fecretes. Le Pen« fionnaire écrivit au Stadhouder, pour le prier de Ie juftifier du reproche qu'on lui faifoit encore, d'avoir négligé les fournitures de l'armée; mais la réponfe du Prince étoit concue de maniere que fans 1'inculper affirmativement, elle ne pouvoit pas lui fervir de juftification : il re. jettoit, tout fur la multiplicité des affaires. D'autres libelles parurent. Les honnêtes gens ne formoient aucun doute fur fa probité ; mais fa perte & :elle de fon frere étoient réfolues. On employa pour y parvenir les moyens les plus odieux. La popuace_ n'aimoit point les freres de Witt, a caufe de leur attachement au jarti de Ia Liberté. Elle étoit furtout excitée par ceux que le Penfionnaire avoit autrefois éloignés du Prince, & que celui-ci avoit repris a bn fervice. On fufcita un barbier du village de Piërshill , nommé fichelaar, homme déja flétri pour un crime» Ce fcélérat s'étoit déja préfente chez Corneille de Witt , pour lui confier, difoit il , des chofes trés fecretes. Le Grand-Baillif lui avoit répondu, que fi c'étoit melque chofe de bon , il étoit pret a 1'entendre ; mais que fi c'étoit ine mauvaife affaire , il feroit mieux de ne rien dire , paree qu'il iroit out de fuite le dénoncer aux Magiftrats ou a la Juftice. Le barbier lors fe retira , en difant que puifque le Ruward ne vouloit pas écouter on fecret, il le garderoit par devers lui. Le Ruward fit avertir les iourguemaitres & fon Subftitut, afin qu'on fit arrêter cet homme; mais il ie fe trouva plus (2). Cependant Tichelaar accufa le Baillif devant la Cour de Hollande,.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 083 d'avoir voulu aflaffiner le Prince. Sur fa dëpofition (*) remplie d'invraifernblances, la Cour de Hollande, excitée par les ennemis du Penfionnaire [ décréta fecrétement de prife de corps le Baillif, & envoya 1'Avocac Fifcal Ruifch a Dordrecht, oü il fe rendit le dimanche dans un yacht, & fans avoir exhibé fon ordre , il fe faifit de lüi pendant le fermon , de peur que les Magiftrats ne s'y oppofaflent, k caufe du privilege des villes de Hollande , qui ne connoiflent de Juges criminels que leurs propres Juges. Les Magiftrats protefterent non • feulement contre 1'tnlevemenc , mais contre le décret même , lancé fur la fimple délation d'un homme noté d'infamie , contre un ancien Bourguemaitre, un Curateur de 1'Académie de Leide , Député a tous les Colleges Sou verains de la Province & de la République, & deux fois Plénipoten tiaire fur la flotte. Corneille de Witt avoit fuivi le Fifcal , qui 1'avoii conduit dans les prifons de la Cour a la Haye. Tichelaar y fut auffi renfer mé; mais il obtint la liberté de fortir, & d'aller a Piershill, fous prétexu d'aller chercher des preuves (1). 1 ... c. J„ "SXr:.. ntrAÏ^nt ranAn rvnn Af fp™irt/»a ?> 1'P.rnr il jouiflbicnt de trop de célébrité pour que Ion emprifonnemenc ne fit pas beaucoup de bruit chez Pétranger. Le Penfionnaire, qui étoit lié (*) II depofa qü'étant allé le 7 de Juillet a Dordrecht, fe plaindre au Grand. Baillif d'une injuftice qu'on lui faifoit 'dans un procés contre fa fervante ; le Baillif 1'avoit bien accueüli & lui avoit dit, qu'il avoit envie de faire quelque chofe pour lui , s'il vouloit 1'aider dans "une entreprife qu'il avoit faite d'óter la vie au Prince d'Orange. 'Que le Baillif lui a\oit dit: „ vous favez qu'on 1'a fait Stadhouder, qua le Pe'iiple m'a forcé d'y confentir & d'en fignerTafte: ils h'auront point de repos '•' qu'ils ne Payent fait Souverain , ce qui cauléroit indubitablement ia ruine de 1'Etat, " paree qu'il pourroit . arriver que le Prince fe mariat a la fille de quelque Potentat " éiranger." Que lui, Tichelaar, avoit demandé au Baillif ce qu'il defiroit ? Que leBaillif lui avoit dit, que s'il Ie croyoit capable d'une indifcrétion , il lüi feroit öter ia vie. Que Tichelaar avoit propofé différens moyens d'exécuter fon projet , tels que d'aller a l'armée, de fe fnmiliarifer avec les vslets du Prince , & de- lui donner du poifon dans 1111 verre de vin ou de bierre , ou de le mer avec une arme a feu , lorfqu'il fortivoit pour aller cn campagne, ou dans fa tente , ou dans fon logement: qu'il avoit demandé au Ruward quelques perfonnes pour 1'aid=r ce qu'il lui avoit refufé dans la crainte d'être découvert. Qu'il avoit demandé un écric au Baillif; que celui-ci lui avoit donné -fix ducatons , en lui difiint qu'il n'avoit pas davantage fur lui, & qu'il ne vouloit pas demander de 1'argent a fa femme , de peur de faire naitre des foupcons ; mais qu'il lui donuerok trente mille florins pour fa récompenfe , avec la charge de Baillif de Baycrlaud, &:'promelfe d'avancer tous fes amis,; mais a condition qu'il garderoit le iilence. Que le Baillif s'appercevant que Tichelaar trembloit , épouvanté da la mort a laquelle il s'expoferoit , le Ruward avoit dit qu'il en falloit venir a bout ou cre> ver; que' 1'Etat ne feroit jamais bien gouverné , tant que le Prince vivroit; qu'i! falloit 1'óter du monde, a quelque prix que ce füt: que lë" voyant encore plus cffrayé , il avoit ajouté qu'il y avoit plus de trente des principaux du pays , qui employêroient volontiers quelqu'un pour öter la vie au Prince ; mais qu'il 1'avoit préféré a tout autre , paree qu'il étoit homme d'exécution : qu'enfin Tichelaar étoit forti, après avoir juré le plus profond fecret; mais qu'étan: bourrelé en fa confcience, il s'étoit d'abord adreffé au Maitre-d'hótel du Piince, enfuite aZuylcnftein,&c. Voyez la vie è? le procés de de Witt. (O Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. Hift. des Prov. Unies. T. III. Nna Hifi. de Hollande. 1667-1697. lleflaccufé par Tichelaar.  Sect. XII. Hift. de Hollands. -667-1697. On fnter cepte les lettres du Pen/iotï tiaire. Corneille eft appli. lué d la . queftion. ( 1 3 3 5 1 H protefte de fon inno- 1 cence. Safermeti. ■ ( a 1 c I c ( s i r. ■ 284 HISTOIRE DE HOELA N U E de Famicié la plus intime avec Ruiter ,. lui marqua ce qui ie pauTófifi dans le plus grand détail ; mais cette lettre ne parvint a fon adreflè qu'après Ia mort des deux freres ; contre temps d'autant plus facheux \ que de Witt lui marquoit qu'on faifoit courir le bruit que fon frere n'avoit quitté la flotte , que paree qu'il s'étoit battu avec Ruiter & qu'il en ayoit été blefle; qu'on 1'accufoit en outre de n'avoir pas voulu que la flotte s'engageüt avec les ennemis & furtout avec les Francois dans le combat de Soulsbay (1). • Le Penfionnaire. & fes parens donnerent un Mémoire k la Cour, dans lequel ils établiffoient qu'on ne pouvoit ajouter aucune foi k la dépoiïtion d'un fcélérat tel que Tichelaar, contre un Magiftrat qui avoit toujours joui de la confidération des honnêtes gens :■ d'ailleurs il fuffifok de lire cette dépofuion , pour en fentir la fauftèté. De fix Juges dont la Cour étoit compofée , deux étoient abfens, un troifieme refufa de connoitre de cette affaire , & les trois autres, ans autres preuves , ordonnerent que le Ruward fut appliqué k la' lueftion. On lui fit fouffrir la torture la plus cruelle , de 1'aveu du >ourreau même , qui Pécrivic de fa main k- la veuve du Ruward: » La crainte feule, " difoit-il dans fa lettre, „ eft caufe de ce" , que j'ai fait, & pour tous les biens. du monde , je ne voudrois , pas être obligé de tourmenter perfonne auffi cruellement. Quand il , devroit m'en coüter la vie, je ne puis m'empêcher de reconnoitre , qu'il eft mort innocent" (a}. Au milieu de ces tortures que Corneille foutint avec Ia plus grande èrmeté ,. il proteftoit de fon innocence , & difoit que, quand on lc nettroit en lambeaux , on ne lui feroit point avouer une chofe k la[uelle il n'avoit jamais penfé, & récitoit des vers d'Horace, qu'il appliqueir fa ficuarion (*_). Ce. qui eut dü faire ouvrir les yeux k fes Juges , eft Poffre de Tichelar. Ce fcélérat n'ayant pu fe procurer une atteftatiom favorable de fa> onduite , ^ penfant que fon témoignage unique ne feroit d'aucun poids, ropofa qu'on 1'appliquat k Ia torture conjointement avec le Ruward; e qu'on lui refufa : mais le fupplice de de Witt. dura trois heures & emie : au milieu de ces tourmens qu'on eut k peine fait fouffrir au plus troce des fcélérats, le vainqueur de Chatam citoit fes Juges au tribunal de )ieu, & k celui de leur propre confcience, & leur difoit, qu'eux-mêmes ivoient bien qu'il étoit innocent (3}. (O Voyez cette Lettre dans la Vie de Ruiter, par Brandt.. CO Hifi. des Prov. Unies, par le Clerc T. III. (*) Juftum & tenacent propofitl virum, Non civium ardor prava jubentium ,. Non vultus inftantis Tirannie Men te quatit fo/ida. Horat. Carm. Lib. III. Ode III. V. 1.. Hift. du Stadhouderat,  OU DES PRO VINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 2^5 L'aveu du coupable manquoit: il n'y avoic point de corps de délit: il n'y avoit pas d'autre témoin que 1'accufation même , & quel accufateur! Les juges étoient embarrafTés. Cependant le peuple qui craignoit que le Ruward néchappac a fa mreur, entouroic la prifon; il menacoit de renverfer les maifons voifines , s'il s'évadoit. Perfonne ne fe donna aucun mouvement pour arrêter les fureurs de cette populace. Les Juges dreflèrent enfin leur fentence; elle portoit que la Cour ayant examiné les pieces qui lui avoient été remifes par fon Procureur-Général, a la charge de INieffire Corneille de Witt, ancien Bourguemaitre de Dordrecht & Ruward de Putten, prifonnier dans la prifon de la Cour, comme aufli fon examen, fes confrontations & ce qui avoit été préfenté de fa part, & ayant examiné cout ce qui pouvoit fervir a 1'éclairciflèment de cette affaire , elle avoic déclaré le prifonnier déchu de toutes fes charges & dignités, 1'avoir banni de la Province de Hollande & de Weftfrife, fans pouvoir jamais y rentrer, fous une peine plus févere, & condamné aux frais du procés (1). Sencence trop douce fi Corneille de Witt étoit coupable; mais atroce s'il ne Pétoit pas. Tout fut illégal dans ce jugement, jufques a la maniere donc il lui fut prononcé. On lui en fit la lecbure dans la prifon: il demanda qu'elle fut prononeée a Paudience, felon 1'ufage: on lui répondit qu'il y auroit trop a craindre pour lui, a caufe de la populace; il perfifla vainement, en prenant fur lui tout le danger. Tichelaar fut relaxé, quoiqu'il fut évident que , puifque fa délation n'avoit point opéré la peine de mort contre 1'accufé , Paccufateur devoit être condamné a quelque pein» afflictive. La populace excitée par des gens apoflés & par Tichelaar même, entouroit la prifon; elle n'en vouloit pas feulement a la vie de Corneille de Witt, mais a celle de fon frere & de leur pere. Jean de Witt n'étoit plus Penfionnaire: après 1'actaque meurtriere qu'on lui eut faite, a peine fut-il guéri de fes bleflures, qu'il alla faluer le nouveau Stadhouder & le féliciter. Le Prince , qui avoit inutilement tenté de 1'attirer dans fon parti, le ret;ut froidement. Alors de Witt réfolut de donner fa démiffion, dans Pefpérance que fa retraite feroit ceflèr 1'envie & calmeroit la haine du peuple. Le 4 d'Aoüt il fe rendit a 1'affemblée des Etats., leur rappella les fervices qu'il avoit rendus, & leur repréfenta que ceux qu'il condnueroit a rendre, ne pourroient être que préjudiciables a la République, a caufe de la prévention du peuple, qui verroit toujours défavorablement les réfolutions des Etats Généraux, tant qu'elles paflèroient par les mains d'un Miniflre qu'il n'aimoit pas: il offrit alors fa démiffionj, qui fut acceptée de la maniere la plus honorable; on le remercia de fes fervices & on lui donna féance au haut Confeil de juftice (2). On n'avoit fans doute point ofé accufer juridiquemenc le Penfionnaire; mais fa mort n'en fut pas moins réfolue. Le jour même qu'on avoit lu la fentence a Corneille, une perfonne de confidération fe rendit a la prifon & dit au géolier de faire enforte que le pere & le frere da condamné vinfient k (O IM. & procés de de Wttt. (2} flift- da Stadhouderat, par M. 1'Abbd Raynal, Nn 3, Hift. de Hollande. ' 165/-1697. Le peuple en veut « fa vie. II efl déchu de fes charges Üf baard. IltégalM des procédures & du jugement. On attire Jean de IVitt dans la prifon.  Ff.ct.XII. llijl. de Hollande. 1667-1697 On nepeu pas faire tornier leur pere dans le piege. La prifon eft entourée dun peuple farieux, On tlcivan' de leur viert. ia porte. ue witt remonte, en riifant qu'il voudrok être dehors; mais toutes les iflucs étoient fermécs & des bourgeois armés étoient poflés dans les maifons voifines, pour faire -feu fur les prifonniers s'ils s'échappoient. Quelques Capitaines de la bougeoifie avoient juré entre les mains de van Bankem , Echevin, qu'ils ne laiflèroienr point fortir les deux freres. Trois de ^ ces Capitaines animoient la fureur des plus acharnés. Henri -Verhoef s'étoit muni d'un moufquet chargé a deux balles, faifanc des vceux au ciel pour qu'il put avoir part au meurtre des de Witt. Le Bourguemaitre Jern Maas follicita vainement 1'orfêvre Verhoef de renoncer a fon abc minable deiTein. Le Mogillrat de la Haye 1'avoit fait venir a 1'hótel de ville, & 1'avoit engagé, par ce qu'il y a de plus facré, de s'en défifier; mais ce furieux leur répondit a tous. qu'ils étoient■ des traitres, & les memca de leur faire fubir le même fort (3). Ci) Hift. de la vie & de Ia mort des Freres de Witt. .C2) Hift. des Prov. Unies par Ie Clerc Ti III. Ü) Abr. de 1'Hift. de la Holl T. III." L. XIV. aE6 HISTOIRE D E HOLLANDE voir. Le géolicr envoya un domeflique h de Witt, pour lui annoncer que le Ruward feroit bientót en liberté; mais que comme il étoit incommodé, ;11 ]e Pr,01t de fe re"dre a la prifon, & qu'il defiroit ardemment de 1'entretemr, ainfi que fon pere: qui n'évita le piege que paree qu'il étoit a la • Cour. Dans le moment arriva la fervante du géolier, chargée du même mefiage. Pour ne pas fe faire attendre, il fortit a pied, fuivi de fes deux Secrétaires & d'un valer, malgré les inilances de fa fille & d'un ami qui étoit avec lui & a qui le rmfiage d'une fervante paroiflbit fort fufpect. Le Penfiornaue dans cette oecafion montra plus d'intrepidité que de prudence. Corneille^en le voyant lui demanda ce qu'il venoit faire dans la prifon? „ Quoi!" répondit Tanden Penfionnaire: „ ne m'avez-vous pas fait dire „de venir? Non," dit le Ruward: „ ah! mon frere," s'écria de Witt, „ nous fommes donc perdus." Dès que Jean de Witt fut entré, Tichelaar fe mêla parmi la populace, en difant qu'il. étoit temps de fe venger de ces deux coquins; après quoi il faudroit punir les autres qui étoient au nombre de trente. A ces mots les bourgeois crient aux armes! & la populace répond, a la trahifon! au meurtre! & tous fe précipitent en foule vers la prifon fj). • Les Etats écrivirent au Prince pour Pavenir de ce qui fe paflbit & le piier de venir a la LIaye ; ils ordonnerent aux Confeillers-Commifiaires d'envoyer a la porte de la prifon les trois Compagnies de Cavalerie, qui étoient en garnifon dans la ville, avec ordre de faire feu fur cette populace, s'il étoit nécefiaire. Les.Confeillers crurent que pour foutenir ces Compagnies, il falloit aufli faire prendre les armes a la bourgeoifie aflemblée fous fix drapeaux, & leur confier la garde de la prifon; c'étoit livrer les deux freres a leurs bourrcaux. Cependant Jean de Witt impatient de ne pas voir revenir fon Clerc, qu'il avoit envoyé demander une copie de la fentence rendue contre fon frere , pour en former appel, voulut fortir. Les bourgeois 1'empêchercnt , fous prétexte qu'ils ne pouvoient laifler fortir perlonne, fans un ordre de leurs officiers f». Auffitót s'éleve un cri général de Tae, Tue; & 1'autre Clerc de de Witt, le retire & ferme  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIT. Stier. W 287 A midi le bruic fe répandit que les prifonniers s'écoient évadés. II failut 1 que dix a douze bourgeois montaflènt pour aifurer le peuple qu'ils étoient ! encore en prifon. Dans le temps que les deux freres étoient a table, oü 1 ils avoient iait afleoir les officiers qui les gardoient, la fervante du géolier entra & dit au Ruward que les bourgeois s'impauentoicnt & devcnoient furieux. „ Que veulent-ils?" demanda Corneille. „Vous ttier," répondit la fervante: „ li c'eft a moi qu'ils en veulent, reprit-il, qu'ils-eutreht, me „ voici." Vers les deux heures, le Fifcal leur amena quelques officiers & fix bourgeois, en leur difant qü'ils venoient pour les garder & les mettre en füreté. Jean de Witt voulut alors fe retirer; mais ils le retinrent k caufe du peuple. II fe r'affit & fe mit'a lire dans la Bible: fon frere étoit fur fon lit. La bourgeoifie & la populace étoient contenues par la Cavalerie. Le Comte de Tilly qui la commandoit, leur en impofoit. Des émiflaires firent courir le bruit qu'ure troupe de payfans & les pêcheurs de Scheve- 1 ning s'avancoient vers la Haye pour mettre la ville au pillage. Les boür- ! geois demanderent au Confeil, d'envoyer la Cavalerie au devant des rebel- ' les; les Confeillers Commifiaires, après bien des difficultés, accorderent au Bourguemaitre Maas & a van der Hoeven, Penfionnaire de la Haye, un ordre verbal a Tilly, de marcher avec deux Compagnies contre les i payfans; Tilly refufa de quitter fon pofte, fans un erdrc par écrir. Les' Commifiaires Afperen & Bofchveld envoyérent Pordre figné; lorfque Tilly Peut lu: „ j'obéirai, dit-il, mais c'en eft fait des de Witt (O-'' A peine la Cavalerie fut-elle partie, que la Compagnie du drapeau bleu excitée par Bankem , Echevin de la Haye, s'empara de la porte tle la prifon. Alors s'éleva un cri général, qu'il falloit faire defcendre ces Mesfieurs, & les conduire a Phötel de ville pour y être gardés jufques a Parrivée de S. A. Quelques bourgeois impatiens qu'on n'ouvrit pas, dé. chargerent leurs carabines fur la porte & n'ayanc pü parvenir a la faire fauter , Verhoef & quelques autres fe faifirent d'énormes marteaux chez le maréchal - ferrant du Prince & eflayerent d'enfoncer , menacant de maflacrer tout ce qui fe trouveroit en dedans , fi Pon n'ou» vroit pas. Le géolier, feignant beaucoup d'cfTröi, ouvrit enfin. Verhoef, fuivi de quelques autres, s'élance dans Pappartement, & court au lit du Ruward: „ Traitre, dit-il, il-faut que tu meures; prie Dieu „ & prépare - toi." Le Ruward demanda quel crime il avoit commis? „ Tu esaflaffin du Prince," répond Verhoef, „ un traitre, un fcélérat; „ dépêche." Tandis.qu'il fe préparoit a la mort, les autres bourgeois lui faifoient mille outrages. L'un d'eux voulut Paflbmmer avec la crofle de fon fufil; le coup mal dirigé abima le lit fans bleflèr le Ruward. II fe leva: fon frere demanda a ces furieux,s'ils en vouloient auffi a fa vie? „Oui, „ fcélérat, lui répond-on, traitre, brigand; tu fubiras le même fort que ,, ton frere.'' Comme il vouloit répondre, on lui pona un coup de crofle de fufil fur la tête & le fang en fortit: Jean de Witt, fans rien répondre,' (O Ui!** d£ la vie & de la mort des freres de Wits. nji. dé ïollanJe. Ó67-1697. %is troupes ■on tientent a pette lapopu- 'ace. R.ufes rlor.t m fe fert tour faire ■etirer les 'roupes. In enfonce 'a porte de 'a prifon. Les deuxrreres foné wtragés. jean de mn ef Uelfé;  a88 HISTOIRE DE HOLLANDE SktvXIT. Hifi. de Hollande. 1667-1697 On les con duit hors d ■ la prifon. JJs Toni majfacris ■ Leurs cadavrestrainés dans la boue. Mutilés & attachés Horreurs con: rui fes fur leurs cadavres. Tromp fpectateur de ces atr$eités. mit fon mouchoir fur fa bleffure. „ Mes amis, leur dic-il, fi vous en ,, voulez k ma vie, achevez-moi fur Pheure." Alors ie féroce Verhoef s ecria que c eroit en public que de pareiis fcéiérats devoient mourir,comme ' ils avoient fait mourir du Buat & van der Graaf. Les Officiers & les bourgeois qui les gardoient, ayant voulu prendre leur parti, furent traités de fcéiérats eux-mêmes, qui s'étoient laifle-corrompre. Alors on fit descendre les prifonniers ; 1'alné s'appuyoit fur fon frere, proteiiant qu'ils étoient innocens & qu'on n'avoit qu a les conduire k la juftice. Un de ces furieux fit rouler fur Corneille une planche, qui 1'entraina jufques au bas de 1'efcalier (1). On les traine hors de Ia prifon. Jean de Wiet avoit perdu fon chapeau. En fortant dans Ia rue , il fut blefle au vifage d'un coup de piqué par le Notaire van Loenen : il voulut fe gliflèr derrière les rangs des bourgeois; mais ils 1'arrêterent en ferrant leurs files. Van Vaalen le coucha en joue, mais Ie moufquet n'ayant pas "pris feu, il 1'en frappa fi rudement de la crofle , qu'il le renverfa , & Vaalen s éena : „ voila 1'Edit perpétuel par terre .' " De Witt fe releva fur fes genoux, & cömme il prioit Dieu en levant fes mains vers le Ciel: „ toi, prier ! lui dit Pierre Verhagen; toi, penfer a Dieul „ tu ne crois pas qu'il y ait un Dieu , il y a longtemps que tu Pas ,, renié par tes crimes •& par tes trahifons." En même temps il le terraflè ^ d'un coup de crofle de fufil. Chriftophe de Haan & plufieurs autres 1'acheverent. Le Ruward avoit auffi été renverfé & aflbmmé a coups de crofle de fufil & percé de plufieurs coups d'épée. On mit les cada.vres l'un auprès de 1'aucre, & les bourgeois, formant autour un demi-eerclc, firent fur eux une décharge générale, comme fi chacun eut craint qu'on put lui reprocher de n'avoir pas trempé dans cet horrible aflaflinat. La populace aidée de quelques bourgeois les traina enfuite dans Ia boue, jusques au lieu ou 1'on exécuté les malfaiteurs. Un matelot les attacha au gibet par les pieds. Landman., Miniftre factieux, que de Witt avoit fait bannir pour fes fermons féditieux, crioit au matelot de pendre le Penfionnaire un échelon plus haut: on déchira leurs habits, cn mit leurs cadavres en pieces; ori conpa les deux doigtsdejean de Witt, qui avoient., difbicon , figné 1'Edit perpétuel. On mie aux enchères différentes parties de leurs corps. Verhoef arracha leurs cceurs,qu'il conferva & qu'il faifoit voir pour de Pargent (2). L'un coupa avec les dents les parties honteufes du Ruward; 1'autre lui arracha un ceil & 1'avala; un troifieme inontroit un morceau de chair, en difiint qu'il vouloit la manger avec fon ami Tiche. laar. On eft fiché de trouver le nom de Tromp parmi cette canaille. Un de ces barbares qui portoit le manteau de velours de Jean de Witt, rencontraTromp, ennemi de ce dernier, a qui il dit,voici Ia guenille du traitre Grand Jean: „ fort bien, 1'ami," lui dit Tromp, qui continua de Ci) Hift. des Prov. Unies T. III. «t^l/P;,^1^ vie & dd la mort des fl"eres de Witt. Hift. des Prov. Unies T.'IIL Abrégé de 1 Hift. de la Holl. T. 111. Vie de Ruiter.  OU dDES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIH. Sect. XII. 289 de regarder de fang-froid toutes ces horreurs. Simon Simonides, Minillre forcené, préfent a ce fpecbacle, fit le lendemain Péloge de cet aflaflinat & ,-ivanca qUe Dieu réfervoit des récompenfes a ceux qui y avoient eu part. ,Un autre Miniftre qui tenoit fa fortune du Ruward , ferma fa porte a 'fon époufe, qui venoit .demander un afyle a cet ingrat. A peine Peut-il appercue, qu'il lui dit brufquement de fe redrer, parcequ'il ne vouloit pas être mêlé dans cette afiaire. A minuit les Etats envoyérent quelques cavaliers. Les'domeftkjues des de Witt détacherent les cadavres & les porterent dans la maifon du Pen.fionnaire. Us étoient fi mutilés qu'il eut été difficile de diftinguer aucun de Jeurs traits; ils furent transférés Ja nuit fuivante, dans le caveau de Jean de Witt, efcortés de quelques gens a cheval, fans qu'aucun de leurs parens .& amis ofit fe trouver a ce convoi. On dépofa leurs armoiries chez le marguillier, en attendant qu'un temps plus heureux permit de les met. .tre dans 1'églife. La populace forca la maifon & brifa les .armoiries (;). Les Etats de Hollande avoient écrit au Princeil fe rranfporta h la Haye. On lui demanda de quelles peines on devoit punir cet.aflaflinat.? II répondit que cette aclion ayant été commife par les principaux bourgeois, il jpourroit y avoir beaucoup de danger .a févir contre eux, & Pon remarqua qu'aucun des meurtriers ne fut cité en juftice O). Cependant Pbiftoire remarque que les auteurs de cette fanglante tragédie périrent jniférablement. Van Bankem , nommé par fon Aheflè Baillif de la Haye , ; fut condamné quatre ans après pour fes malverfations a perdre la tête. Verboef s'étant rendu coupable de plufieurs crimes, fut condamné a être fouetcé publiquement. Tichelaar ayant été fait Subftitut du Seigneur de Heen A'ïiet , füt démis de fon emploi pour quelque friponnerie ; mendiant , longtemps dans les nies de ja Haye lans que perfonne en eüt pitié., il mou. rut dans la mifere. Van Valen périt plus raiférableraent encore : mais .Guillaume III jugeant, comme un de fes fucceflèurs, que tont cela fut arrivé par amour pour lui, ne pourfuivit point la vengeance des de Wiet. Corneille étoit grand homme de mer, fon frere étoit un plus grond homme t encore: les Hiftoriens contemporains cxaltent la vivacité de fon efprit, la j lolidité de fon jugement, fon éloquence perfuafive, fon habüeté pour les négociations .& pour les affaires du gouvernement , qui ,1'avoient rendu V'oratie des affemblées de 1'Etat. II avoit rendu de graeds fervices a la P.épuHique: il mit un fi grand ordre dans les finances, qu'après qu'il fe fut démis' de fa charge, les Etats de Hollande le prierent de leur donner par écrit, une idéé des opérations qu'il avoit fuivies. Temple, Anglois & Ximi de Guillaume III, avoue lui-même qu'il n'avoit jamais vu perfonne a qui les différens intéréts des Princes fuflènt mieux connus. Grand mathé.mattcien, il donna une preuve .de fon favoir , lorfque contre Je fentimert des piloies, il fit heureuièment mettre en mer d'un endroit du Texel (O H;ft- du Stadhouderat par M. i'Abbé Raynal. (2) Hift. des Provinces Unies T. ÜL Abré.gé de 1'Hift. ,de la Holl. T. IJl. Tornt XLIV. O o Hifi. de Hollande. 1667-1697. Les gens i'iglife font Vihga de ces monfiret. On ies sn. terre. Guillaume etnpêche que les meurtriers 'oient tunis. Leur fin ragjque. Hoge des 'reres.  Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-1 697 Le Prince nc pour fut ■point leur vengeance Ruiter leur ami eft tnenact & infulté On force les Magiftratsactuels a j démettre. 290 HISTOIRE DE HOLLANDE par un vent que jufques alors on avoit cru contraire. G etoit, dit Burnir, (encore un Anglois) un homme honnête, fincere,ihtegre, qui ne fcormoiflbir , d'autre rüfe que celle de fe taire. Son obfbnation a exclure le Prince ' d'Orange de 1'cdminiflration des affaires, catifa fa perte; s'il eut rcufli a abolir pour toujours le Stadhouderat, la République eut fini par lui érigcr des fiatues. Temple ne reprocheaux Hollandois que deux acres de eruauté, le trairement barbare qu'ils ont fait a quelques Anglois dans les IndesOrientales, & T'horrible meurtre des freres de Witt, & furtout du Penfionnaire (1). Le perede ce grand homme, Jaques de Witt, Maitre des comptes , fe démit de fa charge , & mourut dix-huit mois ap:èsfes fils. On Ecrivain parrifan ou flatteur des Stadhouders, veut, que lorfque les courtifans du Prince , ennemis du Penfionnaire , lui annon- t cerent la nouvelle de fa mort, il p&h't & paria de de Witt trés avanrageufcment:& qu'il Pauroit peut-être vengé, fi les corrupteurs de fa jeunefp ncluf . euflent exagéré les danger.? qui pouvoient en réfulter, k caufe des perlbnnages confidérables qu'il eut fallu pourfuivre (2)» Ruiter étoit Patri des freres de Witt: il écrivit en leur faveur & déplora leur mort. Quelques ennemis de ce grand homme répandoient parmi la populace, qu'il avoit voulu livrer la Hotte aux Francois; les féditieux fe r.flemblovet-t, fa maifon étoit menacée; fon époufe éplorée eut recours a Weifel Smith, Capitaine d'une compagnie bourgeoife, dont la prudence & la fageffe parvinrerit avec bien de la peine a fe procurer des fecours & a difliper la canaille. Ruiter, la feule efpéranee de la République, fik obligé de demander une fauve-garde a Guillaume , contre fes compatriotes qu'il défendoit (3). Le Prince, il efl vrai , avoit prévenu fa " demande; mais on la lui envoya fur Ja flotte, oü elle lui étoit fort inutiie, & fon époufe ne la recut que trois femaines après. Cette précaution ne garantit pas entierement Ruiter; car dans le mois d'O&obre étant a Amfierdam, après la rentrée de la flotte, un inconnu alla frapper a fa porte, tenant dans fa main un large couteau & demanda a lui parler ; Ruiter qui 1'entendit, defcendit lui-même: Paflaffin s'avanca vers lui; mais wn domefiique de Ruiter fit tomber une échelle qu'il cenoit, fur ce fcélérat, qui prit la fuite, fans qu'on put parvenir a le rctrouver. De Groot fiis de Grotius qui avoit été 1'ami intime des de Witt , prit le parti de fe retirer, & il ne put revenir dans ia patrie que quelques années après, malgré beaucoup d'oppofirions. Comme 1'intérêt de 1'Etat & 1'amour du Prince n'étoient ni les principaux, ni les véritables motifs des partifans du rétabliflèment du Stadhouderat, ils femerent dans le public des traits injurieux contre la Magiflra- 7 ture ; le Prince fe fit autorifèr par les Etats de Hollande , a demander aux Magiftrats des villes de cette Province , qu'ils fe démiflènt aixmêmes de leurs charges , & a les y obliger s'ils ne le vouloient pas (O Abrégé de 1'Hift. de la Holl. Hift. du Stadhouderat. Temple Rem. fur les Prov. Unies. B'urnet Hift. d'Angleterre. (2) Hift. du Stadhouderat. Rem. de RoulTet. 13) Vie de Ruiter par Brandt,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIL Sect. XII. api faire volontairement, fauf toutefois l'uo:meur des Magiftrats qui fe foumettroient.^ ou qui feroient dépofés par Pordre du Prince d'Oran- D'abord on publia une amniftie générale par rapport aux derniers tumultes, de quelque nature qu'ils puflènc être & quels qu'en fuflènt les auteurs; ordonnant que tout fü: entierement aboli, oublié & pardonué, avec défenfe expreffè a tous juges & Magiftrats, d'en faire jamais aucune information : mais ce qu'il y eut de fcandaleux , c'eft qu'a la faveur de cette amniftie les aflafiins furent récompenfés. Borrebach fut retabli dans fon emploi des poftcs; nous avons déja remarqué que vanBankem obdntune charge honorable: de Maas, & quelques autres obtinrent le prix du fang qu'ils avoient répandu. Leur malheureufe fin fut une fuite de leur perverfué fi elle ne fut point la punition celefte de ce meurtre. 11 eft temps de reprendre le fil des expéditions milituires , interrompu par ces triftes détails. Ruiter avoit fauvé & ramené en fureté dans les ports de la République, la flotte des Indes qui revenoit en Hollande & que les Anglois avoient réfolu d'enlever: il trompa leur vigilance & fit ba'..dement échouer leur projet (2). Depuis Pélévation de Guillaume III au Stadhouderat, fes talens fe déployoient: il forrna le deffein d'enlever Naarden aux Francois; mais le fuccès ne répondit pas a fes difpofitions: fon entreprife fur Woerden ne fut pas plus heureufe, le Comte de la Marck qui y commandoit, ia fit échouer: Frédéric de Naffau Zuilenftein fut tué devant cette place (3). C'étoit un des auteurs de la mort des de Witt (3). La rapidué des conquêtes ds Louis XIV avoic jetté l'aliarme parmi les Princes d'Allemagne. L'Empereur, le Roi de Dannemarck, PElecbeur de Brandebourg , le Duc de Brunswick , celui de Lunebourg & la Régence de Hefie-Caflèl avoient conclu a Brunswick, le 22 Septcrabrè, un Traité de défenfe & d'afliftanqe mutuelles, par lequel 1'Empereur, le Roi de Dannemarck & TElecbeur de Brandebourg s'engageoient d'avoir chacun fur pied , trois mille chevaux & fix mille fan. tafuns; les Ducs de Brunswick promettoient d'avoir a eux, deux mille chevaux & deux mille deux eens fantaffins. Cette Alliance n'avoit pour objet que la défenfe de PEmpire ; mais elle engagea Louis XIV h leur oppofer des troupes & c'étoit beaucoup pour Jes Provinces-Unies, accablées de tous les fléaux d'une guerre malheureufe , & par les exactions que Louis mettoit fur les Provinces conquifes ; exaólions d'autant plus fortes, qu'il commencoit a s'appercevoir qu'il ne garderoit pas fes conquêtes. Les échecs de Naarden & de Woerden n'avoient pas découragé le Prince d'Orange , fort des troupes Efpagnoles qui s'étoient joinres aux CO Hift. des Provinces - Unies, par le Clerc. T. III. Abrégé de TIM. de la Hollande T. III. CO Vie de Ru'ter Par Brandt. {!) Le P. Daniël Abrégé du Ilegne de Louis XIV. Contin. de Mezeray T. III. Oo 2 Hifi. de Hollande. Les ajfli (fins ies de Witt tbtknnené ies em- ■ t>Iois. Guillaume veut enle. ver aux Francois Naarden & Woerden '. il échoue. Ligue entre les Princes de f Empire,  202 HISTOIRE DE HOLLANDE sacT. xn. Hift. de Hollande. 1667-1697. Belles manceuvrts de Guillaume. 11 afftige Charleroi. Jteft obligé dg fe retirer. fi\ Contin. de Mezeray. Le P. Daniël, ubi fupra. izj Hift. dei Prov. Unies, par k Clerc:. T. III. L. XV. Hennes. Pour dégager la Hollande , il réfolut d'attirer les Francois d'un autre cöté. 11 marche fur Liege au milieu de Phiver. On crut qu'il vouloit fe joindre aux troupes de 1'Elecleur de Bnuidebourg; mais comme Turenne fes avoit repoulfées , il fit croire que fon defièin étoit d'aller a Tongres & a Mafeiek. Le Duc de Duras craignant d'être' furpris a Tongres , appella le Gomte dé Montal qui étoic a Charleroi. (1) Le Prince d'Orange qui en vouloit précifément a Charleroi ,. les confirma dans cette opinion , en faifant faire dans Maeftricht une grande quanrité d'outils a remuer la terre. Montal fe jetta dans Tongres : le Prince y envoya 800 hommes pour 1'inveftir. II devoit être joint par l'armée Impériale fous les ordres de Montecuculli & parctlle de 1'Eleéïeur ; mais leur lenteur fit manquer ce projet: le Prince repaffa la Meufe , revint a Maeftricht & fit femblant de vouloir continuer le fiege de Tongres ; mais pendant qu'il y retenoir Montal , il fefoit afliéger Charleroi par le Comte de Matfin. Ce fiege donna; beaucoup d'inquiétude aux Francois. Montal piqué de s'être laiffé tromper par les marches favantes du jeune Prince , fort de Tongres avec foixante cavaliers choifis , foutenus par cinquante autres , leur faio prendre Pécharpe rouge, pour qu"on les crut Efpagnols, marche au travers des bois & fe mêle au point du jour avec les Hollandois* Au dernier corps de garde il eft reconnu par le Colonel Floris, qu'iltue , & 1'épée a la main il' fe jette dans la ville en fe battant eontre ceux qui le pourfuivent. H parok fur les remparts & fait faire une décharge de toute 1'artillerie de la place. 11 n'avoit perdu quo quatorze hommes. Le Prince d'Orange qui avoit fi- bien fü tromper 1'ennemi, & qui dans tout autre temps eut réufli , avoit pourtant mal pris fes mefures. La rigueur de la faifon & la gêlée, qui avoit endurci la terre, empêcherent les travaux du fiege, & il fut obligé de fe retirer (2). Le Duc de Luxembourg voulant profiter de 1'éloignement de Guillaume , tenta de furprendre la Hollande, a la faveur des glacés qui rendoient les inondations & les coupures des remparts inutiles. 11 raslembla huit mille hommes le 26 de Décembre. Le froid ayant augmenté, on fe mit en marche au Nord du Rhin. L'alarme étoit générale a la Haye ; mais le froid diminua , le dégel furvint ; quelques canaux couloient fans obilacle : on jetta des ponts ; il y en eut un qui rompit & qui fépara l'armée en deux. Le Comte de Konigsmarck étoit a Bodegrave :. le Baillif de Nieuwcop lüi envoya . demander du fecours & avec quelques payfans forma cinq compagnies. II fut attaqué par les Francois, qui r:e purent le forcer. Pendant qu'on travailloit a refaire le pont , les Francois attaquerent Swammerdam ; Konigsmarck abandon* na Bodegrave & fe retira du cöté de Leide , laiflant fes foldats piller. le village. Le Duc de Luxembourg s'empara de Swammerdam &. de  ÓU DES PROVINCES UNIES; Liv. XXXIII. Sect. XII. 293 Bodegrave ; mais le dégel écoit fi grand , il tomboic une fi grande quantité de neige , que le üuc fe trouva dans le plus grand einbarras pour retourner a Utrecht \ les prairies étoient inondées , les digues fur lefquelles il falloit marcher , Pétoienc en partie : on ne pouvoit pafier fur celle qui va jufques a Woerden fans prendre Nieuwerbruggen , pofte trés bien fortifié ; mais le Duc ayant appris qu'on venoit d'en retirer la garnifon , ne trouva plus d'obftacle. Les Francois en fe retirant , pillerenc Bodegrave & Swammerdam , y firent beaucoup de défordre , & en emporterent un riche butin. (1) Mais ils n'y commirent pas autant de cruautés que Pont dit quelques hifioriens , intéreffés a infpirer a la Nation de la haine contre les Francois. (2) La gêlée dont les Francois avoient voulu profiter, engagea une partie de la garnifon de Groningue, a marcher a la faveur du brouillard a Coevorden , & elle emporta cette place. Ce fuccès confola un peu les Hollandois, & termina- 1'année 1672 , fi fertile en événemens mémorables. Le Stadhouder profitant du pouvoir de changer les Magiftrats-'. avoit congédié du- fervice des villes, ceux dont il craignoic 1'atta chement a 1'ancien Gouvernement. Fagel avoit été nommé Penfion naire: c'étoit un homme d'un mérite difiingué : il avoit été Paai de fon prédéceffeur , fans en avoir été moins attaché a Ia Maifor d'Orange. Le Prince donna un exemple de févérité au fujet du Colonel Pain-& Vin, qui avoit retiré la garnifon de Nieuwerbruggcn, & facilité par-li la retraite des Francois a Utrecht. Konigsmarck- lui avoit confié ci pofte avec deux baraillons. Pain- &- Vin voyant que toute communi cation avec lui étoit coupée par la prife de Swammerdam & de Bode grave , crut devoir fe retirer a Gouda, a Pexemple de fon Général qui s'étoit retiré a Goudfchefluis. On lui fit un crime de fa retraite quoiqu'on convïnt de . la difficulté de fauver ce pofte. Le Confeil d< guerre le condamna a- perdre fes biens & a une prifon perpétuellc Le Prince trouvant la fentence trop modérée , en ordonna la revifion on aggrava la peine; il évoqua Paffaire a fon tribunal & nomm une Ccmmiflion , qui le condamna a avoir la tête tranchée. Wirt: avoit refufé d'être du nombre des Juges, en difant qu'il ne vou loit pas reffembler a Pilate , & répandre le fang, innocent pour plairi au peuple (3). La Suede qui avoit déja propofé fa médiation pour accoramoder le Puiflances belligérantes , la propofoit encore. On avoit d'abord défigné h Gbngrès a Cologne; 1'Angleterre préféroit Aix-la-Chapelle; les Etats Générau, y avoient confenti.-Les deux Rois fe réunirent en faveur de Dunkerque &prc (1) Daniël Abrégé du Regne de Louis XlW l-t) Abrégi de 1'Hift. de la Holl. T. III. L. XV (£) Hift. des Proviaces - Unies, ubi fupra. O-o 3 Hifi. de Hollande. I 1667-1697. Les Frart- gois piilent Swammerdam & Bodegrave.Coevorde-n repris-par les Hollandois. t Ann. 1673.- Fagely | Grand' Peujtoa* natie. • Siviritt [ du Stad, houder. > > 1 3 »  Sfct XII, Hift, de Hollande. 1667-1697 Hifeyjfton, entre les Etats, & t'&efleür de Brandebourg, VEUdcur fait fa paix avec la France Louis XIV riffiêge Maeftricht, II fe rend maitre de ia place. II y perd trois mille hommes. 294 HISTOIRE DE «HOLLANDE pofirent une fufpenfion d'armes, pour trois mois. Les EE. GG. rcjecterent 1'une & 1'autre. On paria encore de Cologne. 11 y eut des débats entre les Etats & PEleéïeur de Brandebourg. Ils lui ' reprochoient trop de lenteur h les fecourir. L'Eiecleur juftifioic cette lenteur & fe plaignoit du défauc de payement des fubiides. (1) II faifoit valoir fa courfe en Weftphalie , quoique cette Province eüc été dévaftée par 1'Evêque de Muniter, & par celui de Cologne. Ses trou. pcs avoient en deux occafions battu celles des Evêques. 11 prétendoie que 1'inaétion des Impériaux i'avoic empêché de rien entreprendre contre Turenne au camp d'Unna. Enfin après bien des jullifications & des reproches , PElecïeur finit par faire fa paix avec la France, & par conléiller aux EE. GG. de faire une -trêve avec cette Puiilance vifbrieufe : mais les EE. GG. rejetterenc cette propofition, qui leur fut faite par les Suédois, & la guerre continua. Chacun de fon cöté fic fes préparatifs; cependant les négociations continuerent a Cologne; Les Francois entrerent Jes premiers en campagne. Louis XIV partagea fon armée en trois coips. L'un fous les ordres de Turenne, étoit deftmé a couvrir les environs de la Mofelle & le? bords du Rhin. Le Prince de Condé fut envoyé a Utrecht avec 1'aucre. Le Roi fe réferva le troifieme ; il partie de Verfailles le 1 de Mai, avec la Reine & la Cour , comme pour leur faire voir les pays conquis. 11 alla droit a Lille , d'ou il fe rendit a Courtrai, qui étoit l.e rendez-vous de l'armée, & alla camper a environ demi-lieue de Gand, entre la Lis & le Canal de Bruges. (a) On craignit pour le Sas de Gand & pour Huilt: il tourna du cocé de Bruxelles; mais tandis que par ces faufiis marches , il obligeoit le Comte de Monterey de retirer les troupes Efpagnoles , le Comte de Momal difpofoit tout pour jnveftir Maeftrichc avec les garmfons de Mafeick & de Tongres, L'armée Royale, de quarante mille hommes , s'y rendit le 10 de Juin. La place avoit été négligée ; la garnifon étoit de quatre mille fantallins & dé huit ou neuf eens chevaux. Le Prince de Salm , le Marquis de Morbeck & le Comte de Tilly s'y renfermerent; le Colonel Farjaux y commandoit. Vauban, qui conduilóit le fiege, die Volcaire , fe fervit pour la pre. miere fois des paraileles inventécs par des Ingénieurs Italiens , au fervice des Turcs au fiege de Candie. (3) Farjaux fit une trés belle défenfe : il tenta une ibrtie , dès que Ia tranen ée fut ouvene ; il fut repouffé. 11 voufoit s'enfevelir fous les murs qu'il défendoic , phuöt que de fe rendre ; mais le Clergé , les Magiftrats & la Bourgeoifie, voyant tous les ouvrages ruinés & une brêche de plus de dix toiiès , 1'obligcrent de capituler le dix-huitieme jour. Le Roi accorda tous les honneurs de la guerre a la garnifon , qui étoit réduice' au quart. Les Francois avoient perdu crois mille hommes a ce fiege (4). (O Puffend. Rer. Brand. L. XI. (2) Contin. de 1'Abrég. Chron. de Mezersy, T. VIII. (3", Siècle de Louis XIV. Ch. X. CO Le P. Daniël, Abrégé du Ilegne de Louis XIV.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XII. 295 Le Roi paftagéa fon armée en trois corps : l'un fous les ordres du Maréchal d'Humieres , devoit obferver les mouvemens des Efpagnols dan* les Pays-Bas; 1'autre marcha dans le pays de Trêves, fous les ordres du Marquis de Rochefort , & le Roi cntra en Lorraine avec le troifieme. Cc Prince avoit eu le projet de faire le fiege de Breda; mais on prérend que le Comte de Tott, Ambafladeur de Suede, lui déclara que s'il ne mettoit point des bornes a ies conquêtes dans les Pays-Bas, Sa Majefié Suédoife romproit avec la G. B., & que leRoi lui promic de ne piusy faire aucun fiege (1). Le Prince de Condé envoyé h Lil'e pour couvrir, de ce cöté , les conquêtes des Francois, avoit dégarni Utrecht d'une partie de troupés Frarcoifcs : Guillaume profita de cette circonitance pour affiéger Naarden. * II donna le change a Luxembourg en faifrmt canonner Bommel, & inveftir Grave : le Duc envoya cinq a fix mille hommes a Thiel 5 mais Ie Prince rameaa fon armée a grandes journées k Alphen , s'avanca jufques a Ouderkerk , & malgré un violent orage pafla le Vegr. Naarden, dont la garnifon eftl ayoit la Hollande , fut invefti. Dn Pas y commandoit & les Francois avoient réparé les anciennes fortifications. Le Prince fit faire un feu terrible. La contrefcarpe' & les ravelin* furent emportés , enfin Paflaut général ayant été ordonné , du Pas capitula. On accufa le Duc de Luxembourg de négligence , & du Pas fut puni par la privation de fes emplois , quoiqu'il eüt averti le Duc de la marche du Prince , & de la foiblefie de fa garnifon (2). Les nouveaux Traites que les Etats Généraux venoient de conclure avec Ia Maifon d'Autriche , tant en Allemagne qu'en Efpagne , avec le Roi de Dannemarck & le Duc de Lorraine , avoient dérerminé Louis XIV a marcher dans les Etats du dernier. Enfin 1'Efp.igne déclara ibrmel'ement la guerre lx la France. Jean Maurice de Naflau pafla en Frife avec huit régimens-, pour s'oppofer a 1'Evêque de Munfter. Maurice fit inonder une partie de-; pays fur lefquels 1'Evêque auroit pu le jetter. II battit une partie de les troupes pres de Staphorft, & s'empara du fort de Bondernicuwland. Rabenhaupt battit un corps de cinq mille hommes, que 1'Evêque envoyoit au fecours du fort. Les Munfteriens perdirent le Colonel-Wedel, Kalcar & plufieurs autres Officiers: il y euc divers combats entre les deux partis. Enfin 1'Evèque fut obligé d'aller prendre fon quartier d'hiver h Zwoll & a Steenvvyk : il envoya les Francois qu'il avoit ious fes ordres, a Arnhem , Zutphen & Doesbourg. Les deux Evêques avoient été rappellés par 1'Ëmpereur, pour défendre PEmpire ; mais ils n'en continuerent pas moins leurs hoftilités contre les Provinces-Unies : le Prince d'Orange d'accord avec 1'Empereur, forma Ie projet d'aller affiéger Bonn fur le Rhin , réfidence de PArehevéquè de Cologne; il pafla par le Brabant, & les armées de 1'Empereur & (O Hift. des Frov. Unies. T. III. Abrégé de 1'Hift. de Ia- Hollande. (2) Abrégé de FHift. de la Holl. T. Hl. Ch. XIV. ma. de Hillande.' 1667-169?. Gnil'aume empo'tg Naarden. Echecs de r Evéque J.4 Man/Ier. Guillaum! affiêge Bonn. .r  296 HISTOIRE DE HOLL A N D E Scct.XII. Hijl. de Hollpnde. jWen rend mtiin'e. Lez-Fr angels èvacuent les ProvincesUnies. . Utrecht offre le Stadhouderat a Cuiilaume, du Roi d'Efpagne s'étant jointes a celle des Provinces-Unies , on invfcftit la ville de Bonn le 5 de Novembre. Bonn avoit de bons remparts , garnis de quatre - vingts pieces de canon ik une garnifon de deux mille hommes. Le Prince de Condé avoit envoyé d'Humieres pour fecourir la place ; mais tout ce qu'il put faire , fut d'y introduire cent dragons que Montecuculli laifia paflêr , les prenant pour des Lorrains. Guillaume -fit .ouvrir la tranchée le 7 de Novembre ; le 11 les dchors furent emportés. Le Comte de Konigsmarck périt dans .cette acbion : mais le lendemain, les affiégés demanderent a capituler ; la garnifon obtint quelques honneurs, & elle fut conduite par une efcorte jufques k JNuis (1). . Le Congrès qui s'étoit tenu h Cologne , n'avoit plus lieu , a caufe de 1'enlevement du Prince de Furflemberg , par Pordre de 1'Empereur, & a caufe de la faifie de quarante mille écus fur les chariots de l'Ambafiadeur de France , dans une ville regardée comme neutre (2), La médiation de la Sjuede n'avoit rien produit. Les fubfides que Louis XIV payoit a cette Puifiance la rendoient trop partiale. Les Hollandois tirerent un plus grand avantage de leur Alliance avec PEmpereur & le „Roi d'Efpagne. Leur marche vers Je Rhin ,f le vceu des Anglois pour la paix avec les EE. GG., déterminerent les Francois a évacuer même avant la .fin de Pannée , la plupart des places .qu'ils occupoient dans les .Provinces-Unies, lis abandonnerent les trois Provinces conquifes; „ mais ce ne fut pas fans les avoir ranconnces : „ 1'lntendant Robert tira de la feule Province d'Utrecht, en un an , „feize eens foixante-huit mille üorins. On étoit fi prefië d'évacuer le „ pays, qu'on avoit pris avec tant de rapidité , que vingt-huk mille ,, prifonniers Hollandois furent rendus pour un écu par foldat." L'arc ,de triomphe de la porte Sr. Denis & les autres monumens de la conquête étoient a peine achevés, que la conquête étoit déja abandonnée. (q) Louis XIV n'avoit pas cardé jufques alors a fentir la faute qu'il avoit faite, d'ayoir affoibli fon armée, pour garder trop de places. ■ Dès que les .Francois furent hors d'Utrecht, on en .ferma les portes. On arbora fur le clocher de la Cathédrale le pavillon d'Orange , & Pon fit partir des Députés pour offrir a Gu'llaume III le Stadhouderat de la Province. Les ornemens du CDtholicifine furent enlevés de 1'églife. Le Comte de Hoorn mie dans Ja ville garnifon Hollandoife : il fufpendit de leurs fonclions , .a la requête de la bourgeoifie , tous les membres de la Régence. Cinq Députés des Etats confirmerent cette fufpenfion. Les viiles de cette Province , & celles de Gutldres furent évacuées. Les Francois rafoient les forts (O-I.C.P. Daniël, Abrégé du Regne de Louis XIV. Contin.,de Mezeray. T.'VIU. (2*) Hift. des Provincei-Unies, par le Clerc. (3J Volt. Siècle de.Louis XIV. Ch, XI.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sbct. XII. 297 forts qu'ils abandonnoient. Les Munfteriens fortirenc auffi des villes d'Overyffel (1). . , 1 Cependant Ruiter foutenoic fur mer la gloire de la République, & relevoit fes efpérances. Sa flotte n etoit pas a beaucoup prés auffi confidérable que celle des deux Couronnes : elle avoit couru les plus grands dansers. Un Ecoffiois , nommé Jean Frafer , avoit? formé Ie projet de biüler tous les vaiffèaux qui étoient dans le port d'Amfterdam. Le Magiftrat fut averti du complot par cetix qui 1'avoient vu compofer les feux d*artifice, dont il devoit fe fervir. Frafer fut pris, avoua tout, fut étranglé , roué, eut le vifage brulé avec de la paille, & demeura expofé fur la roue. Ruiter fit renouveller & publier les ordonnances, concernant la difcipliné , les récompenfes & les peines, Le Prince d'Orange donna a Tromp Pemploi de Lieutenant-Amiral , vacant par la mort de van Ghent; mais après avoir exigé de Tromp , fa parole , qu'il fuivroic fidelement les ordres de Ruiser, & qu'il vivroit avec lui en bonne inceilïi^CÏÏCC C*^^* On avoit réfolu de fermer 1'embouchure de la Tamife , en faifant couler i fond a 1'entrée de la riviere divers vaiffèaux chargés de pierres, qui n'étoient point en état de fervir. Pvuiter divifa la flotte en trois efcadres ; mais une brume ayant arrêté les vaiflèaux qu'on vouloit couler bas , donna le temps aux Anglois de defcendre la Tamife, & 1'entreprife échoua. II y avoit fept ans que Tromp & Ruiter ne fe voyoient point: Tromp étant arrivé avec fon efcadre, paffa fur le bord de Ruiter & ils s'embrafferent. Leur réunion étoit fincere, ils fe donnerent mutuellement les plus vives marqués d'amitié (3). La flotte Angloife & Francoife projectoit une defcente fur les terres des Etats. Le 30 de Mai les deux Commiffaires du Prince & le Confeil de guerre, réfolurent de conferver autant qu'il feroit poflible, f avantage du pofte dans le Schoneveldt , & de s'oppofer vigoureufement aux Anglois. Le 7 de Juin , le jour même que s'étoit donnée la bataille de Soulsbay , 1'année précédente , la flotte ennemie s'étant approchée au nombre de cent quarante voiles , Ruiter affembla les Officiers & il fut réfolu qu'on attendroit les ennemis. A peine fe furent-ils retiras , que la flotte Francoife & Angloife rangée en forme de croiflant avanca. Elle étoit commandée par le Prince Robert , Commandant e» particulier Pefcadre rouge, qui formoit le corps de bataille: Pavant-garde portam pavillon blanc , étoit commandée par le Comte d'Etrées , & Spragge commandoit Pefcadre bleue , qui faifoit 1'arriere - garde. Les Anglois , perfuadés que la flotte Hollandoife ne les attendroit pas, détacherent trente - quatre fregates pour la fuivre fur les cótes de Zélande ; elles O) Le Pere Daniël, Regne de Louis XIV. (2) Hift. des Provinces - Unies, par le Clerc. Abrégé de 1'Hift. de; l i Hollande, ubi fupra. \ (3) Vie de Ruiter, par Brandt. Tome XLIV. Pp Hifi. de Hollande. 1667-1697. Complot de br&ler la Hotte. Rie.onciliation de Tromp £j? de Rui ter. Combat de Schoneveldt.  Srct. XI Hift. de Hollande. 1667-169 Tromp eft en dangei Hui ter ïe dégage. Fitïoire dt Ruiter. 2Q'8 HISTOIRE DE HOLLANDE L nrerent fas effet quelques bordées de loin. L'efcadre Francoife attaqua i e^oS JunTuleT hCUrc aprèS;ffiidi> * Vice-Amitarsehrrqrut Tandis que 1'efcadre Hollandoife faifoit un feu terrible fur les St. 'es ^f* fouge & bleue avancoient fur e es de Rui e t fJ lM qU' all0iem 311 devant de iWrtfe Le combat fut fanglan ; Ruiter avoit en tête Robert, & Bankert, Spraggé; £ lu laifloient le paflage libre & s'écartoient pour évicer fes bordées CSes » f""?"-' ,r;°US redoutent encore klept Rnn.^. V- *,f5ant dlufi0n au Vaiflèau de ce "om qu'il montot Baoke t perdit dans ce moment fon grand mat de hune d'avant. du défordre dans fon efcadre ; Ruiter répara tout. Ils fe réünirênt & jetterent kleur tour le défordre parmi les ennemis : ils fépare^ plubeurs vaiffèaux du gros de la flotte; mais Ruiter ne voyampTSadrc 1'alla cli cherJ gl ^ ^ aVok befoin de *cours : l alfa cheicne & ce ne fut qu'a fix heures du foir qu'il le trouva en bute a toute 1'efcadre d'Etrées & a celle de Rob,rt. TromP é oh dan" & les ioutenoit de 1 efperance d'être bientót dégagés par Ruiter Dès que Tromp 1'appercat: „ camarades , dit-il, voilale boTperef* „ qm sapproche pour nous fecourir. Je ne 1'abandonnerai jamais tant „ que je vivrai." En effet la manoeuvre de Ruiter dégagea T omo qui avoit été fort mal- traité , ayant été obligé de quitteAn vTiflgu pour pafler fur un autre & de celui-la fur un tro fieme. Rune & Bankert forcerent les vaifTeaux ennemis d'abandonner Tromp & de fe retirer. Toute la flotte Hollandoife les fuivit. Les Hollandois ne perdirent que quatre vaiflèaux & peu de monde. Les Anglois & les Fmncois eurent env.ron quator.e vaifièaux couiés a fond ou brülés. L% Anglois felon Image, s'attribucrent la vicboire , quoiou'après le combat qui dura jufques a dix heures de la nuit, ils è fl.flènt redl fur leurs cótes fans fanaux , & que Ruiter eut'fait jetter I'n re IS lendroit meme oü le combat s'étoit donné, & qu'il s'y trouvlt en core le lendemain. I es Francois, malgré fimprudence de Tromp m ne purent sempecber d'admirer fa bravoure; Lls ils exaltoient furout la conduite & 1'audace de Ruiter. Le Comte d'ttrées écrivit Ir Colbert en lu, envoyant la relation du combat: „ Je voudrois de tout mon „ cceur p.yer de ma vie , la gloire d'une fi belle aétion , & dW „marqué^autant de conduite qu'en a témoigné Ruiter 'dans tout k „ combat. „ D Etrées," dit a ce fujet Voltaire , (1) „ mé. A2£t'Vi: demrZV!S matd°tS d°nn0iem " Ruker> COmme Ies ^Francois A Vw,£. r ' & ] efpere coramencer au ourd'hui la danfe des plus belles „ Adieu. Courage! fur ma parole tout ira bien." P (O Si«cle de Louis XIV. Cb. XI.  OU BES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. apr ., litoit cue Ruiter cue ainfi parlé de lui." Ruiter attribuoic modeltement lc fuccès du combat a Dieu, qui avoit opéré des merveilles avec des forces fi inférieures (i). La fiotte Angloife reparut le lendemain : une frégate fut envoyée h la découvene ; elle parut de cent quatre voiles, & moins forte de quarante. On fe difpofa a un fecond combat, il fut réfolu d'attaquer les ennemis. On fit voile fur eux le 14. A cinq heures après-midi Spragge & Tromp en vinrent aux mains ; enfuite le Prince Robert & Ruiter , le Comte d'Etrées (k Bankert; mais il fut impoffible d'établir un ordre de bataille réglé, paree que les Anglois firent voile vers leurs cöres & que le vent étoit forcé. On fe battit jufques a la nuit avec un avantage égal. Le lendemain il ne parut ni Anglois ni Francois. Le Vice-Amiral Sweerts ayant été obligé de fe retirer pendant le combat , Tromp lui en fit un crime \ mais il fut amplement jufiifié (a). Les flottes reimrent en mer & s'étant rencontrées fur les cótes de la Hollande , Ruiter fe propofa de percer la flotte ennemie & de la battre vivement. Elie étoit beaucoup plus forte que celle des Etats. Cependant elle fembloit héfiter , tantót faifant femblant d'éviter le combat & tantót le cherchant. Ruiter conjecbura de ces manoeuvres que les Anglois vouloient Pattirer loin de leurs cótes , pour favorifer une defcente en Zélande. II fit retirer la flotte Hollandoife vers Schoneveldt : il re fe trompa point. Les Anglois continuerent au Nord-oueft. & düparurent. On prit fur les cótes les plus grandes précautions. Enfin le ao d'Aoüt, la flotte Angloife forte de cent cinquante voiles s'avanca : Ruiter averdt Tromp & Bankert de ne rien précipiter & de fe tenir ferrés , & ayant gagné le vent fur les Anglois, il donna le fignal de fe mettre en ligne. La flotte étoit fur la cóte de Hollande, a un peu moins de deux lieues de la terre. Les Francois & les Anglois attendoient les Hollandois a pedtes voiles. A neuf heures & demie du matin , Bankert tomba fur l'efcadre du Comte d'Etrées: Ruiter attaqua le Prince Robert, ex Tromp le Chevalier Spragge. D'Etrées demeura fur 1'arriere. Le brave Martel. fon Contre. Amiral, qui fe plaignoit de n'être pas fecondé par les Francois , fe battit- en héros contre quelques vaiffèaux de l'efcadre de Bankert: fon vaiflèau prit feu , il combattoit au milieu des flammes, & ne céda qu'a la nécefllté de s'éloigner & de joindre les autres vaiflèaux. Bankert , a qui les Francois avoient adreiTé un brülot qui fe confuma fans effet , donna la chaflè aux Francois , attaqués en mêmé temps par les Vice - Amiraux Evertfen & Spar; mais ils fe batnrent toujours en retraite. Les efcadres de Ruiter & du Prince Robert étoient animées de la même ardeur ; elles paflèrent plufieurs fois 1'une au tra- (0 Vie de linieer, par Brandt. (z) Hift. des Prov. Unies. T. III. Pp 2 » rap. de Hollande. 1667-1697. Second combati Vavantage eft égal. Troifieme combat.  Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697. : Les deux partis s\tttribuent la yiéïoire, qui demeure d Ruiter. i ] Paix entre . Cingleter- ] re & ies \ PP. UU. i 1 300 HISTOIRE DE HOLLANDE vers de 1'autre. Ruiter mit l'efcadre Angloife en défordre, 1'obligea de fe féparer, & forca les brülots qui fuivoient le Prince Robert, pour brüler les vaiflèaux qui s'approcheroient , h s'éloigner. Les Anglois en avoient vingt -huit: les chaloupes Hollandoifes en prirent une partie & en obligerent pltifieurs a fe brüler. Van Nefs fut mal«"aité par Je Prince Robert , avant qu'il ne fut attaqué par Ruiter. II prit la chaflè a 1'OuefL Tromp s'étoit éloigné du gros de la flotte, Ruiter & Bankert 1'allerent chercher: il étoit aux prifes avec Spragge. Leurs vaiflèaux étoient fi mal-traités , que chacun avoit été obligé &de quitter le fien, & d'en monter un autre; Tromp monta la Comete, & Spragge le St. George. Tromp le preffa fi vivement , que forcé de Pabandonner encore , il prit un canot pour aller joindre le Royal Charles : le canot fut fracaffé par un boulet & coula a fond: on retira de Peau 1'Amiral Anglois & plufieurs perfonnes de diftincbion, tous noyés. En même temps que Ruiter & Bankert venoient fecourir Tromp , le Prince Robert venoit au fecours de Spragge : le combat recommenca avec plus de violence & ne finit qu'avec le jour. A peine y eut - il quelques bleffés fur les vaiflèaux de Ruiter & de Tromp (1). Les Anglois perdirent trois vaiffèaux dans le combat. Spragge avoit ur fon bord quatre eens morts & trois eens bleffés, avant qu'il ne è noyat: du cóté des Hollandois, Jean de Liefde & Ifaac Sv/eerts, es Capitaines van Gelder , Viflèher ik quelques autres furent tués. svveerts, grand écrivain & guerrier intrépide , fut géuéralement rei,retté : les Etats donnerent une gratification de deux mille florins a es héritiers , ainfi qua ceux de de Liefde , en reconnoiflance des ervices de ces deux braves Amiraux. La nuit même du combat, la lotte Angloife fut obligée de fe retirer fur fes cóces pour fe retabiir. La flotte Hollandoife garda la mer & ne fe retira que le lendemain. Charles II ne s'en attribua pas moins la viéloire ; mais les Anglois qui ie penfoient pas comme lui, fungerent férieufement a faire la paix , aerfuadés que leur Roi ne foutenoic Louis XIV, que dans le defièin d'abolir la Religion Anglicane ; opinion que les Hollandois accrédi:oient (2). Le Chevalier Temple fut chargé des négociations; mais avant de sartir pour la Hollande, il eut avec le Roi» une longue converfation, lans laquelle il fonda fes véritables ïentimens , ik lui fit fentir comden la guerre avec la Hollande étoit contraire a fes véritables intééts & k ceux de 1'Angleterre : qu'il étoit impoffible d'y écablir e Catholicifme. Temple partie pour la Haye, & Ia paix entre 'Anglete'rre ik la République fut conclue & fignée le 19 de Fé-rier. Alors Charles II offrit fa médiation pour procurer la paix iénérale. Elle fut acceptée par Louis XIV & par les Etats; mais elle ut infrucbueufe. (O Vis de Ruiter, par Brandt. (2) Le P«re Daniël , Abrégé du Regne de Louis XIV. Contkj. de Mezeray, ome VIII.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 301 Les négociations entamées a Cologne, furent brusquement interrompues ; foit que les Provinces-Unies ayant faic la paix avec 1'Angleterre , rejettaffent avec plus d'obftination les propofitions de la France ; foit qu'en effet Louis XIV fut irrité de 1'enlevement de Guillaume de Furftemberg, que 1'Empereur faifoit étroitement garder a Bonn. Ce Prince avoit ordonné a fes Ambafladeurs de rompre les négociations, jufques a 1'élargiflement d'un Miniftre Plénipótentiaire , en qui le Droit des Gens étoit vio'.é : élargiflement que Léopold avoit refufe (1). Les Plénipotentiaires des Etats Généraux , avant de fe féparer, avoient remis aux Médiateurs un Mémoire , par lequel ils déclaroicnt n'avoir eu aucune part a cet événement , & que Louis XIV ne devoit pas le regarder comme une infraélion au Droit des Gens ; paree que Eurftemberg ne pouvoit pas repréfenter l'Elecbeur de Cologne, dans le beu même de fa réfidence , ou il étoit préfent. D'ailleurs Guillaume de Furftemberg avoit violé lui-même, la conftitution du Corps Germanique dont il étoit membre. Quoiqu'il en foit, malgré la rup* ture de la France , les Etats n'en traiterent pas moins avec 1'Evcque de Munfter & FEleéteur de Cologne ; ils renouvellerent toutes leurs Alliances. Les Députés des Proviaces de Gueldres , d'Overyflel & d'Utrecht, n'étoient plus admis a PAflèmblée des Etats Généraux , depuis qu'elles avoient été forcées de fe rendre a la France. Lorfque les Francois les évacucrent , on mir en délibération a la Haye , fi Pon devoit réincorporer ces Provinces a 1'Union , & les regarder comme membres conftitutifs de Ia République. Deux Provinces s'y oppofoient ; mais la Zélande foutenue de 1'avis du Prince , entraina la pluralité , & ies trois Provinces furetic rétablies dans les mêmes rangs & privileges , qu'elles avoient avant de tomber fous un joug étranger (2). Les vertus & les talens du jeune Guillaume, inlpiroient de jour en jour plus de confiance aux Alliés. Le Roi d'Efpagne lc nomma Généraliffime de fes troupes dans les Pays-Bas. Dès qu'il fe vit a la tête des troupes Efpagnoles, Impériales & des Etats , il propofa d'aller chercher 1'ennemi & de lui livrer bataille. Son avis fut généralement adopté. Le Prince de Condé étoit retranché prés de la Sambre, entre les villes de Charleroi & de Fontaine - 1'Evêque , couvert par des bois. L'armée des Alliés , forte de cinquante - cinq a foixante mille hommes , s'avanca le 9 d'Aoüt, a une lieue & demie des retranchemens du Prince de Condé, & fe campa prés du village de Seneff. Le Comte de Souches qui commandoit l'armée Impériale, conduifoit Pavane -garde ; le Comte de Monterey 1'arriere - garde , foutenu de quatre mille chevaux, & le Prince d'Orange , le corps d'armée. lis prirent la route de Marimont & de Binch. Condé détacha quatre eens chevaux, (O Contin. de l'Abrécé Chron. de RTezeray. T. VIII. (a) Hift. des Prov. Unies. T. III. Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. T. III. PP 3 ma- de 1 Hollande. 1667-1697. Louis XIV interrompt les négociations de Cologne : pourquoi P Paix des PP. UIL avecPElecteur de Cologne & PEvêque de Munfter. Gueldres, POveryfel & Utrecht, réunis aux autres Provinces. Guillaume III efl nom. mé Gé'néralijjime des troupes des. Alliés. Bataille de Seneff,  Srct, XII. Hifi. de Hollande. 1667-1607 fi) Le Pere Daniël, Abrégé du tler^ne de Louis XIV. (2) Hift. des Prov. Unies, par le.Clerc. T. III. L XV. 302 HISTOIRE DE HOLLANDE commandcs par Sr. Clair, & les envoya s'embufquer. Sc. Clair mare' a une lieue & demie entre deux colonnes des ennemis. II fe fait voir _ dans la plaine de>-8inch , en chargeant un efcadron , s'actire fur ies ; bras teute la colonne & fe bat en retraite de défilé en défilé. Le Prince de Condé voyant Pavane-garde 6c le corps de bataille eneazés dans le défilé , fait fortir du Fay de fon camp , pour attaquer Parnéregarde. Le Comte de Montal torn ba fur les troupes les plus a fa ponée. Elles furent fi effrayées , qu'au lieu de fe joindre a celles qui les dévancoient, elles fe jetterent dans Pégljfe 6t dans les maifons de Seneff absndonnant leurs équipages. Condé fit attaquer 1'églife & le villam de Seneff par Montal , tandis qua la tête des gardes du corps5, H marchoit contre 1'arriere-garde avec les Ducs de Luxembourg 6c de Navailles, le Marquis de Rochefort & le Chevalier de Fourilles: il y eut un carnage horrible, Seneff fut forcé. Trois bataillons que le Innce d Osange avoit envoyés au Prince de Vaudemont, qui, ne pouvanc faire agir la cavalerie , les avoit pofiés en avant, n'empêchoient point qud ne fut prêt a fuccomber. Le Prince d'Orange envoya ordre a Souches d'aller a fon fecours; il ne parut que 1'après - midi, & le detachement du Prince de Vaudemont fut mis en dérouce par le Prince de Condé : une partie-prit la fuite 6c 1'autre fe retira auprès de la cavalerie Efpagnole , qui fe jetta fur 1'infanterie 6c la rompit. Le Prmoe d'Orange, malgré ce défordre , rallia fon armée 6c la pofta fi :;\antageufement, qu'elle fut en état de faire tête a 1'ennemi. (1) Le Prince de Condé peu content de fes avantages , ordonna au Chevalier ce f ourilles d'attaquer le Prince d'Orange. Le Chevalier , qui voyoit le danger de cette attaque , voulut faire des repréfentatious au Prince de Condé , qui pour toute réponfe lui dit, qu'il ne lui demandoit pas des confeils, mais de 1'obéiffance, 6c qu'il n'étoit pas a s'appercevoir qu'il aïmoit mieux raifonner que de fe battre. Fourilles brave 6c rempli dhonneur , irrité de cet injufie rsproche, marche a Fenneaü , fe bat avec intrépidité , 6c comme il 1'avoit prévu, perd beaucoup de monde, 6c recoit une blelfure mortelle. „ Je voudrois , dic-il , avoir „ encore affez de vie pour voir comment ce boucher s'en tirera." Cependant Guillaume, III profita de la témérité de Condé. Son artillerie emportoit des files entieres de cavalerie Francoife. Condé fit des efforts incroyables , facrifiant les troupes de la 'iVIaifon du Roi, qui taillerenc eu pieces une partie de la cavalerie Efpagnole (2). Le Marquis d'AÏIentar fut tué. Condé fit marcher ce qui lui relloit de troupes, contre le corps de bataille : le combat devint encore plus furieux 6c ne finit que bien avant dans la nuit, ayant duré en tout dix-fept heures. Le Comte de Waldeck y recut trois blefiures, le Comte de Tilly öc plufieurs autres Officiers furênt bleffés. Le Prince de Condé, qui n'avoit perdu que cent hommes dans le premier  OU DES PROVINCS5 UNIES, Liv. XXXLT. Sect. XII. 303 combat, en perdit dans le fecond prelqu'autanc que les Alliés dans toute la journée. Cette perte de part & d'autre alla' h piés de quatorze mille hommes. II y eut du cöté des Francois un trés grand nombre d'Officiers tués, entr'autres Fourilles, Meltre dé camp général de la cavalerie , Champvallon & Suzaney, Capitaines aux gardes. Du cöté des Alliés, il y eut fept mille hommes tués. Le Prince Charles de Lorraine , le Prince Pio , le Comte de Chavagnac furent bleffés (1). „ On blame le Prince d'Orange , dit Voltaire , de n'avoir pas „ pris alfez de précautions dans le paflage du défilé ; mais on ad„ mire la maniere dont il rétablit ie défordre , & 1'on n'approuva „ pas que Condé voulut recommencer le combat contre un ennemi „ trop bien retranché. Les deux Généraux dans cc mélange de fautes ,, & de grandes afbons, iignalerent également leur préfence d'efprit «St „ leur courage. Dé tous les combats que donna, le grand Condé , ca „ fut celui ou il prodigua le plus fa vie & celle de fes foldats. II „ eut trois chevaux tués fous lui. Ce que cette action eut de plus fin,, gulier , c'elt que les troupes de pare «Sc d'autre , après les raêlées „ les plus fanglantes & les plus acharnées , prirent la fuite le foir par „ une terreur panique. Le lendemain, les deux armées fe retirerent, „ chacune de fon cöté , aucune n'ayant ni le champ de bataille , ni „ la viétoire, toutes les deux plutót également affoiblies «Sc vain„ cues. (2) On chanta Ie Te Deum de part & d'autre : quoique de „ part & d'autre, dit le Comte de Chavagnac , il n'y eut pas de quoi „ chanter" (3). Le plus grand témoignoge que le Prince d'Ora-rge put recevoir de fa valeur & de fa conduite, fut ce que le Prince de Condé dit de lui : „ qu'il avoit agi en tout en vieux Capitaine, excepté en „ s'expofant a trop de dangers, en quoi il avoit agi en jeune homme' (4)." Les Francois firent un plus grand nombre de prifonniers & enleverent plus d'étendards. Les deux armées fe remirent en campagne quelque temps après. On crut qu'elles en viendroient a un fecond combat. Le Prince d'Orange bridoit de fe fignaler par une viétoire remportée fur Condé , & Condé de fe venger d'un jeune homme qui lui avoit difputé & qui avoit fait balancer la viétoire. C5) Guillaume III, pour prouver qu'il n'avoit pas été vaincu, alla mettre le fiege devant Oudenarde, & Condé, pour prouver qu'il n'avoit pas perdu la bataille, fit lever le fiege. (6) II efl: vrai que Ie Prince d'Orange fut abandonné par les troupes Impériales, pour leur avoir propofé de livrer bataille au Prince de Condé venant au fecours d'Oudenarde; Sou- CO Le Pere Daniël, ubi fupra. Contin. de Mezeray. T. VIII. (2) Siècle de Louis XIV. (3) Mémoires de Chavagnac. (4) Mémoires du Chev. Temple. (5) Hift. des Prov. Unies. T. III. Contin. de Mezeray. T. VIII. (6) Volt. Siècle de Louis XIV. ffifl. de Hollande. 1667-1697.  3°4 HISTOIRE DE HOULLANDE Srct. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697, Guillaume ajftege & prcnd Grave. Huy fe rend aux Alliés. Conquête de la Franche' Comté, Médiation de r Angleterreacceptée. Nimegue eft ie lieu des conférences. ches s'y oppofa de Ia part de fon Maitre. L'Empereur qui roinpoic tous les projers des Alliés , étoit conduit par Lobkowitz ; mais ayant découvert que ce Minillre étoit d'intelligence avec la France, ce Prince fit faifir tous fes biens & Pexila. 11 fut ordonné a Souches de fe retirer dans fon Gouvernement de Varadin (1). Un détachement avoit été envoyé k Grave pour en faire le fiege. Cette place, la fenle que le Roi retenoit encore aux Provinces - Unies, apparteuoit a Guillaume. Les Francois en avoient fait leur magafïn , & avoient ajouté a fes fortifications : la garnifon commandée par Chamilly , étoit trés force. Elle étoit inveftie depuis un mois. Le Prince d'Orange s'y rendit avec fon armée : il ordonna lui-meme les travaux du fiege ; il s'expofa a beaucoup de dangers, & en quinze jours il fut maitre de la place. On y trouva des municiuns de toute efpece & trois eens pieces de canon. Le 2 de Décembre Huy fe rendit aux Alliés, qui allerent prendre enfuite leurs quartiers. Guiliaumc III revint a la Haye. Temple 1'alla voir & il fut quefiion de paix. Le Prince d'Orange n'en parut point éloigné ; mais il tint ferme fur les conditions (2). II fut attaqué bientót apres de la petitevérule: les allarmes de la République furent vives, mais courtes: il fut heureufement guéri en peu de jours. Cependant Louis XIV fe dédommageoit fur les Efpagnols de la perte de fes conquêtes en Hollande. Tl entreprit celle de la Franche-Comté au mois de Mars, & au mois de Juillet il étoit maitre de cette Province (3). Les belles acbions de Guillaume III, fa valeur qui détermina les EE. GG. a le prier de ménager une vie fi précisufe a la République, Pavoient rendu cher aux Provinces-Unies. Le parti Républicain étok abattu. Les partifans du Prince étoient parvenus a faire rendre fes dignités héréditaires dans fa familie. On avoit établi pour principe que 1'Etat devoit être gouverné comme une République fouveraine & indépendante, fous la direétion d'un Chef iuprême , & que la charge de Stadhouder écoic efientielle a ce Gouvernement. Les EE. GG. avoient conclu la paix avec les Evêques de Munfter & de Cologne. La médiation de la Suede , comme erop favorable a la France, avoit été rejettée. Charles II avoit offert la fienne aux Puiftances belligérantes , & elle füc enfin acceptée , quoiqu'on feut que ce Prince panchoit auffi pour la France ; mais on jugea qu'il feroit retenu par le Parlement, qui étoit peu favorable a cette Couronne. Les EE. GG. propofereht Nimegue pour le lieu des négociations. La Paix entre 1'Angleterre & les Provinces-Unies avoit été conclue par 1'entremife de Dom Pedro Fernand de Velafco, Marquis d'el Frefno, ^ Ambas- f O Cont. de Mezerai T. VIII. Hift. des Prov. Unies T. III. (2) Mém. du Chevalier Temple. (3} Le Pere Daniël Abrégé du Ilegne de Louis XIV.  OU BES PROVINCES UNIES, L& XXXTII. Sect. XII. 305 Ambafladeur d'Efpagne' ït la Cour de Charles H1 (*> Ce Prince chercboit . alors a gagner Guillaume Hl & a le prévenir en fa faveur contre ceux 1 •qu'il appelloit rebelles. 11 lui faifoit naitre 1'efpérance d'obtenir la main j de Marie , fille ainée du Duc de York , frere de Charles; il eflayoit ' de lui faire perfuader par les Lords Arlington & d'Offery , de faire la paix avec la France. Guillaume répondoit a toutes ces propofitions avec réferve (1). Dès que cette paix fut.conclue, on diminua le nombre des vaiflèaux: , Ruiter fut confulté & fes avis furent mal fuivis. La flotte fut compofée , de dix-huit vaiflèaux de guerre depuis 66 jufques k 80 pieces de canonj & de quatre eens matelots; de vingt-quatre vaiflèaux de cinquante a foixante canons & 200 matelots; de douze fregates de 30 & 36 pieces de canon & de 130 matelots; de dix-huit brülots, vingt-quatre flurtes, douze grandes galiottes & douze petites. Lorfque cette flotte füt prête, elle fe rendit dans la Manche vers le pas de Calais. On avoit donné k Ruiter une inflruftion fort détaillée pour le falut du Pavillon. Les cóces 1 de France étoient fort allarmées; mais la flotte pardt pour la Martinique; 1 Ruiter & de Hornes ayant été repouffés a la première attaque, furent obligés * de s'en retourner. Tromp de fon cóté avoit été envoyé pour tenter une t defcente a Celle-ifle en France, & ne füt pas plus heureux. Ces deux entreprifes infrucbueufes furent les feules qu'on tenta depuis la paix, dans le courant de 1'année (2). II y avoit eu dans le mois d'Aoüt un ouragan furieux, qui avoit défolé ( la Hollande; .un vent impétueux, la foudre, la grêle, la pluye, cauferent des dommages trés confidérables. A Utrecht quelques églifès furent renverfées avec leurs clochers, la cathédrale s'écroula, quanticé de maifons furent ruinées. Ces malheurs fembloient annoncer le danger oü fe trouva bientót après ^ la Liberté Républicaine. L'autorité du Prince d'Orange revêtu des charges C de fes ancêtres, parut trop bornée a fes partifans. II ne tint point aFagel, * Grand Penfionnaire, homme d'un génie vatte & 1'ame des projets de Guil- p laume, de 1'élever au rang des Souverains: il voulut d'abord lui foumettre une partie de la République. Nicolas Fagel, fon frere, & quelques autres S membres de la Régence de Gueldre, après que les Francois eurent évacué n P (*) Par les principaux articles., les EE. GG. des PP. UU. reconnoiflant le droit que le Roi de la G. B. exige qu'on rende a fon Pavillon 1'honneur qui lui efl: dii dans les mers Océane & Méditerranée, déclarent que tous les vaiflèaux appartenaus aux PP. UU., navires de guerre ou non, i'éparés ou en corps dVmée, dans les mers depuis Finifierre jufques au milieu du pays de Norwege appellé des Etats, donne» ront le defius a tous les navires du Roi de la G. B., abaifleront leurs plus hautes voiles. Honneur que les PP. UU. avoient fait de tout temps & en tous lieux, aux ancêtres de S. M. Que les articles du Traité de 1667 feront obfervés a 1'égard de la Colonie de Surinam ; libre è S. M. d'y envoyer favoir en quel état font fes fujets, fixer le temps de leur départ, de leur tranfport,- &c. que toutes les villes, ports, chateaux 011 forts, terres, vil es, ifles, en Europe ou aillcurs, feront renduesjque le Traité de Breda & ceux qu'il avoit confirmés feroient renouvellés, &c. (O Abrégé de 1'Hift. de la Holl. T. III. C. XIV. Mém. dn Chevalier Temple. £2) Le Pere Daniël, Abrégé du Regiie de Louis XIV. ÏQtns KLIF. ' Qq . Wjt} da lollande. : 65/-16$~. In diini\ue la lotte. lui ter i3? 'romp tanquent urs Eureprifes, luragans, nn. 1673. n tratille a mner au rince d'Om mge la mverai' Ui fur telques rovinceu  Sect. XII. Hifi. de Hollande. 1667-1697 Guillaume y ti ottve d fortes oppo fitions. II refufe malgré lui 3c. A cette époque les Dues de Brunswick & de Zeil gagnés, dit-on, par 1'argent de la France , abandonnerent les Alliés. Le chagrin que cette défection caufa au Duc de Lorraine, le mit en trois jours au tombeau.. Dans les Pays- bas les troupes étoient dans Pinaébon. Le Duc de Luxeimbourg fe tint toujours fur la défenfive &. empêcha le Prince d'Orange de rien entreprendre. La République avoit envoyé quelques vaiflèaux au fecours du Roi de Dannemarck & cette expédkion s'étoit bornée a de petits fuccès. La révolte de Meifine & d'une partie de la Sicile, fomentée, comme nous 1'avons dit, par la France, engagea les EE. GG. a envoyer Ruiter au fecours des Efpagnols. On lui donna une flotte compofée de dix-huit vaiflèaux, fix fenaux, quatre brülots & deux batimens de tranfport. Ruiter, trouva cette flotte bien foible., pour cbaflèr les Francois des mers de Sicile. II efl vrai qu'il devoit être joint par une flotte Elpagnole; mais il en faifoit peu de cas. Un Confeiller de 1'Amirauté le voyant trifie , lui dit qu'il n'imaginoit pas que fon age avancé eüt affoibli- fon courage : „ non „ certainement," répondit Ruiter , ,, & je fuis toujours pret a hazarder „ ma vie pour 1'Etat; mais je fuis faché que ceux qui le gouvernent, „ hazardent ainfi fon Pavillon." 11 répondit a quelques Magillrats qui lö prioient de laire la campagne malgré fa repugnance : „- Des Miniftres „ de 1'Etat ne doivent point me prier-, mais me commander. Quancf „ on m'ordonneroit d'aller en mer avec un feul vaifièau, & d'y porter le „ Pavillon, je ne le refuferois pas;, je ferai toujours prêt a. hazarder. ma ,, vie, lorfque 1'Etat voudra hazarder fa banniere." (2) II prit congé de fa familie, tomme s'il eut prévu qu'il ne la reverroit plus, & alla a Cadix. La il s'appercut que fon mat de mifene & celui de hune avoient. été rompus & mal raccommodés;, il en fit mettre de nouveaux, non fans fe rappeller avec attendriflèmenc les foins bien diftérens que le Penfionnaire de Witt,. fon ami, prenoit de la marine; il s'appercut. bientót d'autres négli I Les Plénipotentiaires des Etats effuj'erent de violens reproches des Am- 1 balTadeurs de PEmpire , de ceux du Roi de Dannemarck & de PElec- j teur de Brandebourg , qui les accufoient de vouloir les forcer h une paix hontenfë, & a abandonner les intéréts du Duc de Lorraine; mais les Etats n'y firent aucune attention & s'attacherent a gagner les Efpagnols, en leur procurant en Flandres quelque füreté, qui, en même temps, fervit k eelie de la République. II s'éleva une diffieulté qui retarda la conclufion de la paix, & qui fut fur le point de la rompre : les Frangois devant rendre aux Efpagnols fix villes des Pays-Bas, au temps de la ratification du Traité entr'eux & la France , demanderent cette refiitution ; mais Louis objeébi qu'il ne pouvoit évacuer les villes des Pays-Bas, qu'après avoir rendu aux Suédois, celles qu'ils avoient perdues dans la guerre que le Dannemarck , 1'Elecbcur de Brandebourg & quelques autres leur avoient faite. (2) Les Etats Généraux firent protefier par Beverning qu'ils ne figneroient la paix, qu'autant que la France s'engageroit k rendre les places des Pays-Bas dans le temps de la ratification. Sur le refus de la France , ils envoyérent van Leeuwen annoncer a Charles II, cette prétention de Louis XIV. Charles indigné, aflëmbla fon Confeil, & déclara qu'il étoit réfolu d'envoyer Temple en Hollande , pour y figner un Traité avec les Etats, par lequel il s'obligeroit de continuer la guerre , au cas que la France ne confentit pas , dans un temps limité , a rendre ces villes. Le Duc de York concluoit de 1'oblbnation de^ Louis , que ce Prince vifoit a la Monarchie Univerfelle , & qu'il n'y avoit que Charles fon frere, qui put 1'empêcher d'y parvenir (3). Temple partit & les villes de la République qui avoient Ie plus defiré / la paix , furent les premières a crier aux armes, & a vouloir fe joindre 1 au Roi d'Angleterre , dont elles ne fufpeftoient point la fidélité. En ' effet le Traité fut figné le 26 de Juillet. II portoit qu'ils feroient con- r jointement^ la guerre a la France , fi avant le 9 du mois d'Aoüt la re- \ ftitution n'étoit point faite. (4) Le 10 étoit le dernier jour de la trêve p confentie par le Roi de France. Le Prince d'Orange perfuadé que la guerre alloit fe rallumer, partit pour Ie Hainaut , vers la fin de Juillet. II avoit projetté de faire lever le blocus de Mons , formé depuis quelque temps par le Duc de Luxembourg. II y trouva dix mille Anglois que Charles lui avoit envoyés, pour renforcer fon armée. Cependant le jour de 1'expiration de la trêve étoit arrivé. Les Alliés ne doutoient prefque plus de la continuation de la guerre , lorfque tout (O Mémoires & Négociations de Ia paix de Nimegue. Mémoires du Chevalier Temple. (2) Hift. des Prov. Unies. T. III. (3) Mémoires du Chevalier Temple. C+J Mémoires & Négociations de la paix de Nimegue, lift. de lollande. 667-1697. lifficultéu Jouvean raité de Angletsr. tpourfor'r Louis 'IV a la tix.  3eo HISTOIRE DE HOLLANDE Srcr. XII Hift. de Hollande. 1667-169; Louis ycor, fent & ie Traité entre la France 6? lesl'P.UL eft figné. Inutile ba taille de St. Deni. Traité de Nimegue, (-0 Hift. des Prov. Unies. T. III. L. XV. (2) Le Pere Daniël, Abrégé du Regne de Louis XIV. CO On peut voir dans les Mémoires du Chevalier Temple les motifs fecrets qui déterminerent Louis XIV. „Jamais, dit-il, aucune négociation n'avoit été ma» „ niée avec tant d'habileté que celle-ci le fut de la part des Francois , particu» „ lierement depuis le mariage du Prince d'Orange , qu'on avoit cru d'abord fatal t, poot eux, & qu'ils tournerent dans la fuite fi fort a leur avantage." • k coup les Plénipotentiaires de la France fe rendirent chez ceux des Etats, & leur déclarerent qu'ils avoient recu ordre de confentir k 1'éva- l cuarion des villes de Flandres , celle qu'on la defiroit ; mais qu'il fal. . loit que la chofe fe fit ce matin même. Les Ambafladeurs Hollandois - parurent étonnés; ils entrerent en conférence , «Sc après quelques difficultés qui furent applanies , le Traité de paix & de commerce entre les Etats Généraux & la France fut figné le foir même, entre onze heures & minuit. Pendant qu'on fignoit la paix a Nimegue , le Prince d'Orange fe difpofoit k attaquer le Duc de Luxembourg , qui ie croyoit inexpugna" ble derrière fes retranchemens& qui fachant les difpofitions de fon t maitre , ne s'attendoit pas k combattre : il avoit la droite appuyée k ' Pabbaye St. Denis, & fa gauche k MefnU St. Pierre. Ces pofies étoient occupés & regardés comme inacceflibles : Pabbaye fut d'abord attaquée. Le Maréchal de Luxembourg étoit k table. II monta k cheval avec précipitation & raflèmbla fes troupes , qui k peine eurent Ie temps de prendre les armes. Le Prince s'étoit emparé de Pabbaye. Les Frangois avoient plié , mais ayant été ramenés , ils reprirent euxmêmes le village de Cateau , que les ennemis avoient emporté. Le Prince d'Orange y courut rifque de la vie : un cavalier Frangois pret k décharger fur lui fon piftolec, fut tué par Odyk ; le combat fut trés fanglant, & ne finit que lorfque la nuit fépara les combattans. La perte fut k peu prés égale de part & d'autre ; du cöté des Hollandois , deux mille de leurs meilleurs foldats furent tués : il y eut du cöté des Frangois quantité d'Officiers tués ou blefies. Le régiment des gardes, celui de Feuquieres , & quelques autres fureut fort maltraités (1). Quelques hiftoriens ont prétendu que le Prince d'Orange favoit, en iivrant la bataille , que le Traité de Nimegue étoit figné , mais qu'il feignoit de 1'ignorer, paree qu'il ne vouloit point la paix. (2) D'autres ont prétendu, qu'il ne regüt la nouvelle de la paix que le lendemain de la bataille, ainfi qu'il 1'écrivit au Penfionnaire, & ce qui femble le prouver, eft que le Roi de France ne témoigna aucun relfentiment de ce combat, qui autrement eut pu être regardé comme une .infraclion au Traité. Par le Traité de Nimegue, (*) ce qui avoit été fait pendant Ia guerre , demeuroit anéanti des deux cötés , les anciennes conventions & amitiés retablies., les faifies faites pendant la guerre annullées. Berg-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIL 321 Berg-op-Zoom, la ville de Maeftricht avec le Comté de Vroenhoven, le pays de Fauquemont, de Dalhem, de Rolduc, d'Outre - Meufe, les villages de Rédemption, les Bancs de St. Servais furent rendus. Par un article féparé, le Roi de France rendoit au Prince d'Orange, les terres qu'il lui avoit fait-faifir en Franche-Comté. En outre le Roi s'engageoit de faire obferver les Traités de Marine & de Commerce, qui n'avoient pas été obfervés pendant la guerre au préjudice des deux nations. Le Traité de Commerce conclu entre les Etats & la France , ne fut pas moins avantageux qu'avoit été le dernier fait en temps de paix. Le Traité entre la France & 1'Efpagne fut figne le 15 Septembre, & les . ratifications échangées le 15 Décembre. Alors les fix places comprifes ' au Traité furent évacuées (1). L'Empereur & 1'Empire n'étoient point compris dans la paix & les J boftilités condnuerent en Allemagne. Le Maréchal de Crequi y gagna la < bataille de Gretzengen , dans laquelle le Prince de Bade, Général de : 1'Empereur, fut blefle, & le Comte de Ligneville, Aide de camp du j Duc de Lorraine , fut fait prifonnier. II remporta encore une viétoire < fignalée au pont de Rhinfeldt, fur lequel il y eut après Ie combat, 1 une li grande quantité de morts entaifés, que les Impériaux ne purent entrer dans Ia ville. Un troifieme combat dans 1'Ortenaw, illuftra Crequi: il défit &' poufla jufques auprès d'Offenbourg fix mille Impériaux, commandés par le Duc de Lorraine ; bientót après il s'empara du fort de Khel, & pour óter aux Impériaux la communicadon de 1'Alface, il fit brüler une partie du pont de Strasbourg. La prife de plufieurs forts & 7 la déroute de douze eens hommes au paflage d'un pont, que le Duc de ^ Lorraine avoit conftruit prés de Lauterbourg, terminerent cette brillante £ campagne, qui détermina 1'Empereur a faire fon Traité avec la France. ^ Par ce Traité , le Roi renonga a fes prétentions fur Philipsbourg, & 1'Empereur aux fiennes fur Fribourg. Le Duc de Lorraine refufa de confentir aux conditions qui le regardoient, ftipulées dans le Traité de 1'Empereur. La liberté fut rendue au Prince Guillaume de Furftemberg. Le Roi de Dannemarck & PElecbeur de Brandebourg fe plaignoient d'avoir été abandonnés par les Hollandois; mais leurs plaintes n'empêcherent pas qu'ils ne fuflènt obligés de rendre au Roi de Suede, ce qu'ils lui avoient pris. L'Elecleur lui rendit fes conquêtes en Poméranie & figna le Traité. Le Roi de Dannemarck trop foible pour réfifter feul , imita fon exemple. Ainfi Ia paix fut générale (a). Dès qu'elle fut retablie , les Etats Généraux envoyérent en France ^ Boréel , Odyk & Dykveld , avec le titre d'Ambafladeurs extraordinaires, at pour régler quelques différends, au fujet des contributions exigées par la Fi France fur les terres de la Généralité. II s'éleva une difpute au fujet du ai cérémonial de la réception: les Ambafladeurs prétendoient les honneurs J( ufités envers les têtes couronnées, comme en jouiffbient les Ambafladeurs de O) Voyez tous ces Traités dans les Actes & Négociations de la paix de Nimegue Tom. II. Part. 2. (2) Daniël Abrégé du Regne de Louis XIV. Contin. de Mezeray. T. VIII. Tomé XLir. Ss Hifi. de Hollande. 1667-1697'. Entre la vrance ö* 'Efpagne. ïattttlÏH 'e Gietengen, du 'ont de Utinfeldt 'f dOfcn. ourg. <-alté de Empe>ur avec 1 Franee. na. 1679. mncun : la Chambre des Communes confentit que le Duc de York, après la more . de fon frere, confervat le titre de Roi d'Angleterre, a condition qu'il fe tiendroit éloigné, fa vie durant, de cinq eens milles de fes Etats & que fa fille, la Princeffe d'Orange, füt déclarée Régente, & que dans le cas oü elle viendroit k mourir fans enfans males, la Princeflè Anne fa fceur lui fuccéderoit (3). Cependant la France cherchoit k fe faire des appuis. On prétend que - d'Avaux offrit des fommes confidérables k Fagel, pour qu'il engagedt le ., Prince d'Orange a entrer dans les vues de fon Maitre, fous promefle de donner au Prince le titre & Pautorité de Comte de Hollande & de k (1 > Hift. des Prov. Unies T. III. C«5 Négociations du Comte d'Avaux T. I. {$) Rapia Thoiras Hiö, d'Apgleterre.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 325 déclarer Généraliflime des armées Francoifes. Fagel & le Prince rejetterent ces offres, Pun par grandeur d'ame , Pautre paree qu'il avoit des vues bien fupérieures a ce qu'on lui oifroit. Louis piqué de ce refus, fous prétexte de quelques réparations faites a la vide d'Orange , fit démolir non feulement les murs qui venoient d etre conilruits , mais encore les anciens, & il fe commit beaucoup de ravages dans cette Prinpauté. Les Etats Généraux en firent porter des plaintes au Roi, qui pour toute réponfe la confifqua au profit du Duc de Longueville, qui prétendoit y avoir des droits. Dès ces moment Guillaume 111 fut 1'ennemi le plus implacable de la France (1). Les Etats fongerent alors h fortifier leur Marine, ils ordonnerent une augmentation de trente - fix vaifièaux de guerre de 80 pieces de canon: ils prirent pour motif, la füreté de leur Commerce & de leurs Pèches. Ces précautions étoient d'autant plus néceflaires, que le terme fixé par Louis XIV, pour finir les différends furvenus depuis le Traité de Nimegue, entre la France, 1'Efpagne & PEmpire, étoit fur le point d'expirer. Paffé ce terme, le Roi s'étoit réfervé d'employer la force des armes, & il étoit a craindre que la guerre ne fe rallumat fur leurs frontieres. lis s'adrefferent a Charles II, pour qu'il engageat le Roi de France a prendre avec 1'Efpagne des voies de conciïiation. Charles eut voulu que 1'Efpagne le choifit pour arbitre; mais cette Puiflance ne vouloit accepter que fa médiation. Enfin Louis impatient de tant d'irréfolutions, fit marcher fes troupes dans la Flandres: elles fe faifirent du pays d'Alofi & de quelques autres places qu'il prétendoit lui appartenir. Un détachement de la garnifon d'Oudenarde attaqua une des gardes de l'armée 6c cette oecafion fuffit au Roi, pour recommencer la guerre (2). 11 envoya le Maréchal d'Humieres affiéger Courtrai 6t Dixmuide , qui fe rendirent presqu'auffitöt. Dix a douze villages furent livrés aux flammes & Luxembourg fut bombardé. Alors 1'Ëfpagne déclara la guerre a la France, & le Prince d'Orange foutenu de plufieurs membres des Etats, étoit d'avis que la République fe joignit aux Efpagnols. Ce n'étoit pas aflèz qu'elle eüt envoyé huit mille hommes en Flandres pour fa füreté; il propofa d'augmenter les forces de terre de 16000 hommes. ^LeJPenfionnaire avoit gagné les Etats Généraux; mais lorfqu'il s'agit d'avoir Ü^confentement des Provinces, celle de Hollande lui oppofa des difficultés: Amfterdam repréfenta que les finances de 1'Etat ne permettoient,pas de s'engager dans une nouvelle guerre & refufa fon confentement. Le Prince s'indigua de ce refus. 11 lut une lettre du Comte d'Avaux , qui prouvoit que cette ville avoit eu des conférences fecretes avec cet Ambafladeur, 6c trouva le moyen de jetter des foupcons fur la Régence. Les autres membres de la Province opinoient k faifir les papiers des Députés d'Amflerdam. Le Prince fe rendit dans cette ville a la tête d'une Députation. II eraploya toute forte de moyens pour déterminer le Confeil: voyant qu'il pufiftoit dans fes refus, il reprocha aux (O Abrégé de 1'Hift de la Hollande T. III. Lettres & Négoc. du Comte d'Avaux. (2) Le Pere Daniël Abrégé du Regne de Louis XIV. Contin. de Mezeray T. VUL Ss 3 Hift. de Hollande. 1667-1697. Principauté d'Orange COIifisquée. Précautions des Etats Gé' tiéraux. Louis Xir reprend les armes. Le Prince d'Orange veut enga* gerles EE. GG. dans cette guerre. Refus d'Amfterdam de confentir H une levée de 16000' hommes.  ftCT. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697, Fermeté dt cette ville Ann. 1684. Accufée de Trahifon. Troubies & divifions. Le calme eft re/abh\ 3*5 HISTOIRE DE HOLLANDE membres leurs correfpond.-.nces avec d'Avaux. Ils répondirenc qu'une ville dont le Commerce écoic fi étendu, les obligeoit d'avoir des relations avec les Puiflances étrangeres; mais qu'ils avoient toujours fait part de leurs négociations aux Etats Généraux, tandis qu'ils pourroient juftfiier que certains Miniftres du Prince avoient dans difierentes cours des correfpondances a 1'infcu des Etats. Ils déclarerent qu'ils ne changeroient point, ne füt-ce que pour prouver a la poftérité, que la préfence d'un Prince d'Orange ne décerminoit pas leurs réfolutions. Le Prince partit brufquement, & fur fon rapport on opina que, malgré 1'oppofition de la ville d'Amfterdam, on devoit faire la levée de feize millcs hommes (1). Cette affaire demeura quelque temps indécife, & lorsqu'on la reprit, Amfterdam perfifta dans fon refus & s'attacha a faire voir non - feulement le danger de cette levée, mais encore la néceffité de ménagerun accommodement entre Ia France & 1'Efpagne : malgré cette oppoiition, les Etars de Hollande paflerent outre & la levée fut permife. Amfterdam & Schiedam protefterent. Les papiers des Députés furent faifis; le public fuc inondé de libelles de l'un & de 1'autre cóté. On en défendit inutilement Pimpreffion. La Régence d'Amfterdam étoit fi irritée, qu'il fut propofé au Confeil de lè choifi un Stadhouder particulier, & de nommer le Prince Henri-Cafimir, Stadhouder de Frife & de Groningue. L'Ambafiadeur de France & celui d'Angleterre excitoienc les efprits. Le dernier brava le Prince d'Orange. Ceux d'Amflerdam les accufoient d'opprimer la liberté: les partifans du Prince les accufoient a leur tour d'intelligences criminelles avec 1'étranger & d'avoir vendu 1'Etac a la France (2). Le Prince fe plaignoit furtouc de van Beuningen, Bourguemaitre d'Amfterdam, avec lequel il protefta qu'il ne vouloit avoir jamais rien a faire, quaud même la paix fe rétabliroit; & van Beuningen étoit fi convaincu de ibn reflèntiment, qu'il n'ofoit fortir de Ia ville, de crainte de quelque violence: (3) il fut averti que van Bankem, un des principaux meurtriers des de Witt, formoit des projets contre fes jours. Les projets du Prince furent déconcertés par la perte de la flotte des Etats, qu'il avoit envoyée en Suede & qui en ramenoit feize mille foldats Suédois; elle fut battue d'une violente tempéte a Pentrée du Texek utje grande partie de la flotte périt avec les équipages; la ville d'Amfterd«i n'en fut que plus opinhttre: Ie trouble y regnoit; la garde des ports fut doublée, on rompit la glacé des canaux. Le Prince avoit fait entrer cinq mille hommes dans Naarden, & Pon fit courir ie bruit qu'Amrterdam alloit être bombardé. La plupart des grandes villes de Hollande, la Province de Frife, Groningue & les Ommelandes , n'étoient pas moins oppofées a la levée des feize mille hommes. La diviiion regnoit partout, lorfque la Trêve de vingt ans conclué entre la France, PEmpire & 1'Efpagne^ mit fin a cette querelle. Les Etats avoient beaucoup coopéré a cette Trêve, qui les rafluroit contre les entreprifes des Francois dans les Pays-bas Efpagnols: elle avoit été précé- (O Abrégé de 1'Hift. de la Hollande T. III. Cb. XV. (2) Mém. & Négociations du Comte d'Avaux. (3) Puffend. Rer. Brandeb. L.XVIII.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 327 dée de la prife de Luxembourg. Louis XIV profitant de la guerre que les Impériaux avoient eu Hongrie, avoit envoyé Crequi faire le fiege de cette place importante, avec une armée de trente mille hommes. La tranchée avoit été ouverte le 8 Mai, & le Prince de Chimay qui y commandoit, avoit capitulé le 3 Juin (1). L'armée viétorieufe avoit marché bar Treves ik s'en étoit emparée: elle étoit revenue dans les Pays-bas, avoit joint celle du Roi qui étoit prés de Condé, & avoit porté la défolation dans plufieurs bourgs & villages, la flamme St le fer avoient tout moiflbnné: la Trêve arrêta la deftruction. Des que Paffaire de la levée fut affbupie, le Prince d'Orange s'occupa des changemens qu'il avoit projettés de faire dans la Régence de quelques villes, comme il avoit déja fait en 1674 a Utrecht; mais il y trouva des difficultés qu'il eut bien de Ia peine a vaincre, furtout k Dordrecht St k Leide. Cette derniere ville céda enfin ; mais 1'autre foutint fes privileges, fit des proceflations & refufa de reeonnoitre les Magiftrats remplacés (2). L'armée fuivante 1'état militaire fut encore une fource de débats. Amfterdam vouloit qu'on ajoutat aux forces navales & qu'on diminudt celles de terre: le Prince infiitoit cn faveur de celles - ci; mais enfin il confentic au projet de renfurcer la Marine , & Amfterdam a laifièr les troupes de terre fur le pied propofé par le Prince. Mais toutes ces difcufiions particulieres céderent k un événement plus intéreflant & qui réunit tous les vceux en faveur de Guillaume III. Charles II étoit mort le 16 de Février. Le Duc de York , beau - pere du Prince d'Orange, lui fuccéda fous le nom de Jacques II. La profeffion ouverte qu'il faifoit de Ia Religion Catholique St 1'afflélation avec laquelle il publioit que fon frere étoit mort dans la même religion, lui attirerent bientdt 1'averfion du peuple Anglois, auquel dès le regne précédent il s'étoit rendu fufpecb (3). La perfécution que les Réformés éprouvoient en France, failoit redouter en Angleterre un Roi Catholique: on coimoiftbit d'ailleurs le penchant de jacques pour le pouvoir arbitraire &abfolu. En effet il levales droits d'entrée & d'accife, avant d'en avoir obtenu le confentement du Parlement. Les prêtres & furtout les Jéfuites étoient fes confidens les plus intimes: envain a fon avenement au tröne Sc dans fes difcours au Parlement, avoit-il promis de conferver la Religion Proteftante & de gouverner felon les loix ; fa conduite démentoit fes promeffès. Le Prince d'Orange ne ' perdoit aucune de ces circonftances de vue; mais le Duc de Montmouth, fils naturel de Charles II, que fon pere avoit chafle de la Grande-Bretagne, Sc le Comte d'Argyle, Seigneur Ecoffois, ami Scconfïdent de Montmouth, réfolurent de lever 1'étendard de la revolte & de détröner le Duc de York. lis. fe retirerent en Hollande; le Comte y demeura caché k Amfterdam,Se le Duc k la Haye. Le premier, ennemi déclaré de Jacques, acheta fecré* (0 Le Pere Daniël Abrégé du Regne de Louis XIV. Contin. de 1'Abr. Chron. d» Mezerai T. VIII. (a) HUI. du Stadlioud par 1'abbé Raynai. CL) Hift. d'Angleterre par Rap. de Thoiras, Hift. èe Hollande. 1667-1697. Arm. 1ö85. Mort cfe Charles II. Lc Duc de Tork lui fuccede fous ie nom de Jacquet II efl fu- rpe£t & Je ^end \diettx.  «28 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XII. Hift. de Hollande. 1667-1697 Conjuration ci? révolte du Duc de Montmouth.il eft vaincu&déca.pité. Conduite du Prince dOrange. Exécutions cruelles. Le Roi Jacques indifpofe fes fujets. Ann. 1686. tement des armes , pour armer cinq mille hommes, qu'il chargea fur trois vaiflèaux. II s'embarqua fur un de ces batimens, avec quelques Officiers Allemands & quelques foldats, 11 arriva k Orknai, au Nord de 1'Ecoflè , le 5 de IVlai , & après bien des efforts inudles pour faire ibulever 1'Ecoflè, il fut pris & décapité. (1) Le Duc de Montmouth , qui , avec trois vaiflèaux, avoit gagné la cöte occidentale d'Angleterre , débarqua & publia une déclaration de guerre , dans laquelle le Duc de York étoit qualifié de traitre, de tyran , de meurtrier , d'ufurpateur Papifte ; il invitoit la nation k la révolte ; il fut proclamé dans quelques villes , mais vaincu a Bridgewater, rencontré fous un habit de payfan, dans un folfé, couvert de fange, il fubit le même fuppliee que d'Argyle (2). Le Prince d'Orange n'avoit eu aucune part k cette confpiration ; mais il eft k préfumer qu'il ne 1'avoit point ignorée : convaincu qu'el. le ne réuffiroit pas, il voulut, en habile politique, favoir quelle impreffion feroit fur les efprits la defcente du Duc fur les cótes d'Angleterre. 11 avoit offert au Roi Jacques de commander fon armée contre les Rebelles ; mais ce Prince qui fe méfioit de fon gendre , & qui le foupeonnoit d'avoir favorifé 1'armcment de Montmouth , avoit refulé civilement fes offres , & donné le commandement k Feversham , frere des Maréchaux de Lorges & de Duras. L'exécution du Duc fut fuivie de plufieurs autres, dont la eruauté révolta. Jeffreis , Chef de Juftice , fe baigna dans le fang : plufieurs milliers de perfonnes de tout état, de tout fexe & de tout age, furent pendues comme complices & fans aucune forme de juftice (3). Jacques avoit donné a entendre au Parlement, qu'il defiroit avoir de quoi entretenir une armée fur pied , tant en paix que pendant la guerre , & d'être autorifé k donner le commandement de fes troupes k des Officiers Catholiques Romains. Bientót il alla plus loin & demanda en faveur des Officiers la difpenfe du Teft , Acte juridique, pafle fous Charles II , par lequel quiconque poftuloit un emploi, prouvoit qu'il avoit prêté le ferment qu'exigeoit la Loi; (*) mais la Chambre - Haute refufa cette difpenfe aux Officiers , même Catholiques Romains. Le Roi pafla outre & ne confia les grands emplois de la Couronne qu'k des Catholiques. II travailloit k - fe rendre maitre abfolu de fes trois Royaumes , & k renverfer Pautorité du Parlement, auquel ("O Révolutions d'Angleterre, par le Pere d'Orléans. \i) Elémens de 1'Hift. d'Angleterre, par Mr. 1'Abbé Millot. Révolutions d'Angleterre, par le Pere d'Orléans, Tome III. (3) Hift. des Prov. Unies. T. III. Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. T. IH. (*) Ce ferment portoit; que le poftulant ne croyoit pas que 1'églife Romaine fttt 1'églife univtrfelle ,• qu'il n'attribuoit au Pape aucun pouvoir fur 1'églife en général , ni fur la perfonne de lui poftulant en particulier; qu'il rejettoit la tranfubftantiation , & qu'il ne croyoit pas que 1'églife Romaine eüt feule le droit d'expliquiT 1'Ecriture Sainte.  Oü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. &9 auquel il avoit annoncé qu'il étoit le maitre de ne pas le convo- ^ifques-la les Etats Généraux n'avoient qu'un intérêt éloigné k ce qui fe paiVoit en Angleterre ; mais ils apprirent que e Roi preparoit un ornement confidérable par mer, & que les Catholiques atfeétoient de publier que ces préparatifs regardoient les Provinces-Unies, lis n ignooient pas les liaifons qu'il y avoit entre le Roi Jacques & Louis XIV intérelfé k le brouiller avec le Prince d'Orange. ^^^^^J^ entre le gendre & le beau-pere, fi celui-ci réufiifibit il pourroit exclure Guillaume du Tróne, & c'étoit 1'intéret des Catholiques. _ Ces confidérations allarmerent les Etats : le Prince d Orange avoit des mte • lijpees fecretes k la Cour de Londres, & des córrefpondances avec plufieurs Seigneurs Anglois. II próvoyoit que les projets mal combines de jacques, devoient néceflairement conduire k une révolution. Burnet qu, a écrit 1'hiftoire de fon temps , avoit gagné 1'eibme & Ia confiance de Guillaume. Burnet foupconné d'avoir trempé dans la révolte de Montmouth, avoit quitté 1'Angleterre ; il avoit voyagé en trance , er Italië , en Suiflè & s'étoit refugié en Hollande. Guillaume qu connut fon génie & fa franchife, n'héfita pas de souvrir a lui (a) 11 lui fit part de fon mécontentement de la conduite de fon beau-pere Burnet lui découvrit le projet qui avoit été formé d'enlever ce Prince. lorfqu'il iroit k fa maifon de campagne de Scheveningen ; complo cu'il avoit appris par hazard & que Burnet fit avorter. (3) Des Cj moment le Prince qui connoiflbit déja fon mérite , chercha a fi IVttacher. Burnet voulut avant tout connoitre a fond les fenti mens di Guillaume. II craignoit que , flatté dès fon enfance de 1 idee de reu nir fur fa tête les premières Charges de 1'Etat, on ne 1 eut imbu d maximes contraires au Gouvernement Républicain ; d le fonda Cc K Prince 1'cifura qu'il avoit toujours penfé qu'il n y avoit qu un G011 vernement libre qui füt en état de rcfifter k un puiiïant ennemi & de fournir autant d'argent qu'il en faut pour fouten* une longue guerre. Enfin lorfque Burnet fe fut bien afiuré de fa maniere de penier , 1: le recarda eomme le feul qui pouvoit foutenir la liberté de lAngle terre - il craignoit encore que dans le cas dune révolution, 1; Princeflè d'Orange k qui le Tröne appartenoit , ne voulut point I( partager avec fon mari: il réfolut de s'en éclaircir. La Princeflè avoi beaucoup de confiance en lui ; Burnet en profita pour amener peu j peu les chofes au point de lui demander, ce que deviendroit 1< Prince, lorfqu'elle feroit Reine de la Grande Bretagne ? Elle lu répondit, que contente du nom de Reine , elle lui feroit donner li titre, & lui céderoit Pautorité de Roi , & qu'elle lui obéiroit en tou comme fon mari , s'il vouloit 1'aimer comme fa femme. Le 1 nnc (O RaP'n Tlioiras, Hift. d'Angletene. (2) Burnet, Hift. d'Angleterre. (3) Hift. des Prov. Unies, par le Clerc T. III. ' y \ Tome XLIV. T t , - Hifi. de Hollande. 1667-1697. Préparatifs de guerre. Burnet futde les fentimens de Guillaume. '■ II s'affure i de ceux de j Marie; ils '. font confor1 mess fes ; vues, t  Sect. XI Bilt. de Hollande. 1667-169, Inconfèqiiences de la conduit du Roi Jat, ques. Ann. 168; Soutenu far les 'jéfuites.Vent anénntir la Religion Anglicane Jl demand aux EE. GG. qu'on lui livre Murnet. Révoqué TJcle du Tefl. Fait emprt fonnerTAi cneveque ae cuuu iuuucc iui ic jjuuïuu uc cuipcmci ucs luis. , que ie 1 arlement f. ,-,,„. .7...... ; i 1 i 11/.. . u,t,Cfj avoic juge megai , us ne pouvoient pas ie legitimer par une lecture cLye' publique. Pour toute réponfe le Roi les fit ckér a fon Confeil, & apres leur uvoic iait reconnoitre teur requete , 11 les envoya a Ja Tour CO Burnet, Hift. d'Angleterre. (2) Voltaire , Siècle de Louis XIV. (3) Hift. de Ia Maifon de Tudor, par Mr. Hume. (4,) Révolution d'Angleterre, par le Pere d'Orléans». €ant &lïx Evê¬ ques 330 HISTOIRE DE HOLLANDE [. avoua que depuis neuf ans, qu'il étoit marié, il n'avoit jamais ofé mettre. la Princeffe fur une affaire que Burnet étoit venu a bout de terminer en unr feul jour (1). Cependant Jacques s'occupoit des moyens de fe rendre abfolu, & de retablir le Catholicifme en Angleterre : il difgracia plufieurs Seigneurs , Proteflans. Quelques-uns par complaifance embrafferent la Religion du '. Souverain ; il priva le Duc d'Ormond du Gouvernement d'irlande, pour le donner au Comte. de Tyreonnel , Catholique zélé. Le Pere Peters, Jéfuite , fon Confeffeur, fut admis au Confeil privé & en devint 1'ame. C'étoit un intriguant qui afpiroit a la pourpre Romaine,. • & a la primatie de 1'Eglife Catholique en Angleterre. (2) II envoya. fous le titre de Vicaires- Apoftoliques , des Evêques dans les Provinces, facrés dans la chapelle du Roi. Les Jéfuites ouvrirent des écoles publiques; le» Catholiques obtiarent tous les emplois. jacques rompit avec 1'églife Anglicane, il établit une Cour Ecclcfiaflique, qui fufpendit 1'Evêque de Londres , pour n'avoir pas puni un Minillre qui avoit prêché contre le Catholicifme. II viola les privileges des Univerfités, pour y faire recevoir des Catholiques : il envoya un' Ambafladeur extraordinaire k Rome, & recut un Nonce du Pape a Londres , quoique par un Acte du Parlement, toute communication avec Rome eut été déclarée hautetrahifon (3). '■ Ce Prince aveuglé imagina de faire entrer Guillaume dans fes projets : il lui envoya a cet effet le célebre Pen ; mais rl ne put rien obtenir. II s'en prit alors au Docteur Burnet, dont il avoit appris lesliaifons avec le Prince d'Orange , & fit demander par fon Ambafladeur Albyville, qu'on le lui livnk. II ajourna Burnet, pour venir fe juilifkr de 1'accufation de Haute-trahifon. II lui répondit par un Mémoire imprimé, dans lequel il prouvoit que la Religion étoit la feule caufe des perfécutions qu'il effuyoit, & prit des Lettres de bourgeoifie d'Amflerdam. D'Albyville fè plaignit aux Etats Généraux , qui le renvoyerent aux Etats de Hollande , dont Burnet étoit devenu fujet , & le Roi 1'y dépeignit comme le plus grand traitre que 1'Angleterre eut jamais produit ; mais on n'cut aucun égard a ces qualifications. II réitera fes plaintes 1'année fuivante, & ne fut pas plus écouté (4). Jacques donna une Déclaration , par laquelle il révoquoit le Tefl: & admettoit aux charges , ceux qui ne Pobfcrvoient pas : il voulut que cette déclaration füt publiée dans toutes les églifes. L'Archevêque de * Cantorbery & fix Evêques, lui repréfenterent que cette déclaration ^»„„. r„„jx„ r„_ i„ j„ ,i:r r— 1 •_ 1 ,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. s3i par la Tamife , de crainte que le peuple ne fe révoltit; mais ce peuple k genoux fur les bords de la Tamife , leur demandoit leur bénëdiction & les exhortok k ne pas abandonner la Religion. Lorfque les foldats qui les conduifoient furent arrivés a la Tour, ils en firent autant. Les Evêques comparurent au Tribunal ordinaire, les Avocats plaiderent avec 1'éloquence la plus fiere, & les Evêques furent abfous. Le Roi chafla deux des Juges de leurs places (i). Le Prince d'Orange fit répandre en Angleterre, une Lettre fort détaillée , dans laquelle il expofoit fes vrais fentimens fur 1'état aebael de ce Royaume. II y dormoit les plus fortes aiïurances, que jamais il r,e chercberoit a rien changer dans la Religion, établie par les Loix, ni dans le Gouvernement. Fagel avoit compofé cette Lettre, qui fit le' plus grand effet & augmenta le nombre de fes partifans. Les Etats Généraux publierent cn même temps un Edit , qui chaffoit des terres de leur domination , avec défenfes • d'y rentrer jamais, les jéfuites , Francifcains , Dominkains & airtres Religieux. Les Miniftres des Puiflances Catholiques a la Haye crierent k 1'intolérance. Ils trouvoient extraordinaire, que les Etats qui blamoient les perfécutions des Réformés en France , perfécutaflent les Catholiques. Le Réfident de 1'Empereur difoit qu'on violoit les Traités. Les Etats juftifioient leur Edit, en repréfentant que les Jéfuites <& les Moines étoient des Miffionnaires etrangers , • dépendans de Supérieurs étrangers , faifant profeffion d'óbéiflance aveugle a un Souverain ennemi, par état, de toute autre Religion cue la Catholique ; que les Moines n'étoient abfolument pas néceflaires, & que les Catholiques n'avoient abfolument befoin que de Prêtres, & que ceux-ci même tourmentés dans leurs fonótions par les Religieux, en avoient demandé le* renvoi; qu'enfm il étoit abfurde de comparer ce renvoi de quelques Moines inudlcs, dévorant fans aucun avantage póur la Religion, la fubfiftance de leurs freres; aux perfécutions qu'on faifoit fouffrir en France aux Réformés , 'utiles citoyens , qui formoient un quart de la nation. Vers ce temps naquit k Deffau , le 14 dü mois d'Aoüt , JeanGuillaume - Frifo , fils de Henri - Cafimir de Naffau , Stadhouder de Frife & de Groningue. Fagel a caufe de fon age avancé demandoit aux Etats de confentir a fa retraite ; mais on étoit trop content de fes fervices, pour la lui accorder: on le pria de-conrinuer, avec promefle d'une penfion de quatre mille florins par an, lorfqu'il qukteroit • fa charge ("2). Ce n'étoit pas aflèz pour le Roi Jacques de retablir la Religion Catholique ; il lui falloit un fucceffèur, héritiër de fon zéle , qui la défendit &■ la protégeat. II défiroit un enfant male pour regner après lui, & .confommer la deflruétion de 1'églife Anglicane. Les Catholiques fefoient le même vceu , lorfque la nouvelle de la groffèfle de la Reine, (O Hift. des Provinces-Unies, par Té Clerc T. III. (2) Abrégé de 1'Hift. de la Ilollancre. T. III. Tt 2 Hifi. de Hollande. 1667-169/. Cltaffe les Juges qui ' les abjolvent. Le Prince d'Orange publie une Lettre, qui acercit le nombre de fes parti. fans. Les Moines & furtout les Jéfuites chafés des PP. UU. Naiffante de JeanGuillaume*Frifo. Groffeffe de la Reine dAngleterre, CO®' teflée.  33* HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XII. Hifi. de Hollande. 1667-1697 Araemem Confpirit' tien contre Guillaume, mit le comble a leur joye & k la conflernation des Réformés. Ceux* ci jetterent des doutes fur la poffibilité même du fait. La Reine depuis plufieurs années n'avoit donné aucun Ggne de groflèffe ; des Médecins [ affuroient même, que les.remédes aftringens qu'elle avoit pris, devoient 1'empêcher de dcvenir enceinte. Les Catholiques combattoient ces opinions ; ils s'accordoient feulement avec les Proteflans, dans la cerdtude que la Reine accoucheroit d'un enfant male , les uns paree qu'ils le défiroient, les autres paree qu'ils le craignoient (1). Jacques dans la réfolution. d'anner par terre & par mer , redemanda aux Etats , trois régimens Anglois & trois régimens Ecoifois, qu'ils avoient a leur fervice , depuis la révolte de Montmouth. 11 étoit dit qu'il ne pourroit les retirer que dans le cas oü le Roi feroit engagé dans. une guerre étrangere ou civile. Les Etats obje&erent ce Traité, refuferent de rendre ces régimens & permirent feulement aux Officiers qui voudroient repaflèr en Angleterre , de donner leur démiffion. II y en eut trente-fix, tous Catholiques, qui fe retirerent; ce qui fit grand plaifir aux Etats. Jacques indigné des refus des Ecacs Généraux, publia une ordonnance par laquelle il étoit enjoint , fous les peines les plus rigoureufes k tous les fujets du Roi qui fe trouvoient au fervice des Etats Généraux, de le quitter & de fe rendre en Angleterre: mais cette ordonnance fut fans effet (2). Cependant ce Monarque faifoit de grands préparatifs. Les Etats rasfemblerent une flotte de vingt-cinq vaiflèaux de guerre a Schooneveldt, & en donnerent le commandement a Corneille Evertfen , fils du Lieutepant-Amiral de ce nom , tué a la journée des Dunes. Cet arrnement donna de 1'inquiétude a la Cour de Londres ; mais ce n'étoient que des foupcons , & la ligue des principales têtes de 1'Etat en faveur de Guillaume', étoit conduite avec tant de prudence & de fecret, que la confiance de la Cour ne fur que foi.blement ébranlée. (3) On afliire que deux .Irlandois avoient voulu a force d'argent, engager un Allemand, qui étoit a Amfierdam, a empoifonner le Prince d'Orange, & que n'ayant pu le corrompre , ils tenterent inutilement cet attentat. : ' • L'Amiral Ruflcl, fous prétexte d'aller voir fa fceur , pafla d Angleterre a la Haye , pour . voir en effet le Prince d'Orange de la part des Seigneurs Confédérés, & lui demander ce que Pon pouvoit efpérer de Son Alteffe en Angleterre ? II répondit que fi quelques-uns des principaux de la nation vouloient s'en rapporter a lui, & le prier de délivrer le Peuple & la Religion de Poppreffion qui les menacoit, il paflèroit en Angleterre vers le commencement d'Oélobre. Lorfque Ruffel revint en Angleterre , la nouvelle de la naiflance d'un Prince de Galles agitoit tous les efprits. Les Catholiques la regardoient snidsl «I sh üflïIKnii u\ 9ö ali&vuon il 3uphoI t vr'ii acnètn 2» injtolóL. (O Burnet, Hift. d'Angleterre. (2) Rapin Thoiras. Burnet, Hift, d'Angleterre. (3) Voltaire, Siècle de Louis XIV. C. XV-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 333 comme un miracle, & les Proteflans comme une fraude. Ou avoit pris ii peu de précautions pour empêcher les doutes fur fa naiflance, quoiqu'on en eut formé pendant la groffeffe , que le bruit fe repandit, que le prétendu Prince de Galles étoit un enfant fuppofe. Burnet dans un Mémoire trés circonftancié rendit cette naiflance trés fufpecle. La Cour de Londres dédaigna de détruire ces foupgons devenus généraux ; fa négligence les confirma ; mais le Prince d'Orange , fon époufe & le Parlement , regarderent cette difcuflion d'un ceil aflèz indifférent, & elle tomba d'elle - même dès que Jacques ne fut plus fur lc Tróne (1)- . . On voyoit avec inquiétude en Angleterre , la quantite d Officiers Irlandois que Ie Roi Jacques avoit placés dans les régimens Anglois, non-feulement paree que ces Officiers étoient Catholiques, mais a caufe de la haine qui regne entre les fujets de ces deux Royaumes. Toutes ces démarches inconfidérées augmentoient de jour en jour les partifans du Prince d'Orange. L'armée & la flotte s'étoient déclarées contre le Papiime. On avoit fondé les fentimens des matelots. On leur demanda s'ils vouloient fe battre contre les Plollandois , & ils répondirent qu'ils regardoient les Hollandois comme leurs freres & leurs amis ; mais qu'ils defiroient la guerre contre les Francois. Tout confpiroit en faveur du Prince d'Orange : il étoit 1e feul Chef que les mécontens puflènt choifir ; les droits de fa femme & fes qualités perfonnelles le rendoient digne du Tróne. 11 étoit k craindre que la France ne dérangedt ce projet, en attaquant les Etats Généraux \ mais heureufement fes armes étoient occupées ailleurs. . Louis XIV foutenoit alors les prétentions du Prince de Furftemberg \ 1'Archevêché de Cologne , contre le Prince Clément de Baviere , dont 1'éleftion avoit été confirmée par le Pape Clément XI , a qui le Roi de France avoit fait enlever en punition , Avignon & le Comtat. Louis XIV avoit encore envoyé des troupes au-de'a du Rhin, poui s'oppofer aux entreprifes de la Ligue d'Augsbourg , qui avoit fait quel ques mouvemens : il avoit envoyé une armée fous les ordres du Dauphin contre PElecleur Palatin , a qui le Roi difputoit la fucceffion du derniei Eleéteur Proteflant , dont la fille avoit été mariée au Duc d'Orléans. Le Dauphin fe faiflt de Heidelberg , tandis qu'une partie de fon armée alls s'emparer de Mayence. Cependant 1'armement des Etats Généraux donna des foupcons i Louis XIV ; il les menaca de leur déclarer la guerre , s'ils formoiem la moindre entreprife contre le Roi d'Angleterre : ces menaces furen fuivies de quelques hoflilités. Le Roi fit arrêter les vaiflèaux Hollande* dans fes ports, ainfi que les matelots & les .Capitaines: les _ Etats lu en porterent leurs plaintes ; mais voyant qu'elles ne produifoient aucui effet, ils publierent un placard, portant ïnterdiftion de toutes le marehandifes de France, dans les terres de leur domination. Louis XIV dont les forces étoient occupées , fit reldcher les vaiflèaux. Ii recoffl (O Hift. des Provinces - Unies. T. III. L. XVI. Tt 3 ma. de Hollande. 1667-1697. Naiffance du Prince de Galles fufpeftée. Tout favorifé le Prifb ce d'Orange. Affaires de France, 1 Menaces de : Louis KIK '< Leur effet* i l s >  Sect. XII. Hift. de Hollende. 1607-1697. 1 : j Confiance i aveugle du 1 Roijacjues. < i i 1 r <3 Manifefte du Prince f dOrange. j l r < ï l J C 'C n a n n a fi k 334 HISTOIRE DE HOLLANDE menca fes hoflilités ; mais il n'étoit plus temps d'empêcher Ia révolution , & le Prince dOrange, avant de frapper le dernier coup convint avec les Elecleurs de Saxe , de Brandebourg & quelques autres Princes , qu ils auroient un certain nombre de troupes Ecé (?>ir ^ Généraux> en cas d'a"aque pendant fon Les Etats avoient équipé cinquante vaifièaux de guerre, avec dIus de quatre eens batimens, poür porter en Angleterre toutes les prov,fions neccffaires. Le Prince raffembla l'armée prés de Nimegue , comme pour en faire la revue , mais en effet pour la mettre a portée des rivieres qui fe jettent dans la mer Britau- Le Comte d'Avaux avoit averti fon maitre du danger qui menacoit le A01 Jacques. Louis communiqua les avis de fon Miniftre au Roi d'An rlcterrc: , en lui offrant de joindre une efcadre Francoife a fa flotte k de faire marcher fes troupes dans les Pays-Bas. (2) ' Jacques remnli' 1 une confiance aveugle , avoit fermé Poreille aux avis & aux offres skelton, fon Envoyé a la Haye, 1'avoit averti qu'il fe tramoit quelque' diofe contre lui. D Avaux avoit donné de nouveaux avis au Roi de ^rance ; mais ijs avoient été détruits par ceux de Barillon, Am. >aftadeur de Louis XIV auprès du Roi d'Angleterre, qui étoit dans a meme lecunté que ce Prince. Jacques avoit fait demander aux Etats Géleraux quel étoit 1'objet de leurs préparatifs, & ils avoient répondu qu'ils 1 avoient armé qu a fon imitation, ik qu'il avoit une flotte plus conlidérable ueux (3). r Cependant le Prince d'Orange crut qu'il devoit juflifier fes démarches ar un Manifefte : il en fit imprimer un dans le plus trrand fecret om le répandre dès que la flotte feroit arrivée : on y rappelloit da' ord tous les griefs des Anglois , le pouvoir que le Roi Jacques s'ar- ?gCr1Ci t? fl6nfer dl 1,obfervacion ^s Loix ; Pétabliflèment d'un ,onfeil Lccléfiaftique ; 1 interdiction exercée contre ceux qui n'avoient as voulu confentir a 1'abolition du Tefl & des Loix penales • Pintrouétion des Catholiques dans Ia Magiftrature, dans les Emplois de uftice ik dans les Corps de métiers; 1'enlevement des Ghartres &c )n faifoit voir qu'il étoit impoffible de remédier h ces dèfordrcs' a' aufe des difpofitions du Roi & de fon Confeil , qui regardoient' les :montrances comme des crimes , ainfi que 1'avoient éprouvé le Princ* Orange & fon époufe , lorfqu'ils avoient formé des plaintes fur Ia lamere dont les fept Evêques avoient été traités : que le Parlement s pouvoit porter aucun remede a ces' maux , paree que le Roi v roit introduit a force d'argent fes partifans & les Catholiques; qu'en. 1 Je Prince & la Princeflè étoient difpofés a foutenir la Religion & s Loix, ik qu ils en étoient follicités par un nombre conlidérable CO Hifi. générale des Provinces-Unies. T. Hl. L XVI ¥1 h?.AVeï,\ D"niel ' Abré*"é du ReSne de Louis XIV. L3) rhft. d Angleterre, par Rapin Thoiras.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. 335 cle^ Seigneurs , tant Eccléfiaftiques que Laïques; qu'en conféquence le Prince étoit déterminé a fe tranfporter en Angleterre avec des forces fuffifantes , pour fe mettre k couvert de tout ce qui pourroit être attenté contre fa perfonne : qu'il n'avoit d'autre defièin que de faire convoquer un Parlement libre & légitime , faire enforte que les anciennes Chartres fuflènt rendues aux Communautés; qu'il remettroit k ce Parlement 1'examen de la nahTance du Prince de Galles & ce qui regardoit le droit de fuccefïïon; qu'il tiendroit les troupes dans une exacte difcipline, &c. (1). Le Prince avant fon départ, alla prendre congé des Etats aiïèmblés. Tous ^ les membres répandirent des larmes & le Prince fut attendri. Ils lui avancerent quatre millions. II s'embarqua avec le Maréchal de Schomberg, le 26 d'Octobre, fur une frégate de quarante pieces de eanon. La flotte fut difperfée par la tempéte , & Sfut huit jours avant de pouvoir fe trouver au rendez-vous. La perte ne fut pas conlidérable ; mais les Hollandois firent répandre le bruit par les papiers publics , qu'elle avoit fouffert un fi grand dommage , qu'elle ne pourroit mettre k la voile qu'après 1'hiver. Le Roi donna dans ce piege & fe crut hors de danger ; mais au bout de onze jours la flotte fe remit en mer. Jacques k la nouvelle de 1'embarquement avoit frémi; il avoit rendu les offices aux Proteftans , avoit caffé la commiffion Eccléfiaftique, rendu les Chartres aux villes, avoit fait promettre aux Hollandois d'embraffer routes les alliances qu'ils jugeroient a propos; mais on voyoit bien que ces ebangemens étoient 1'efFet de la crainte (2). Tandis ^que le Manifefte de Guillaume & deux Lettres , Pune k Ia flotte , 1'autre k Parmée , fe répandoient en Angleterre, ce Prince entroit dans le port de Tolbay , (ie 15 de Novembre,) oü le débarquement s'étoit fait prefque fans obflacle , paree que le Prince, par fa manoeuvre , avoit fait croire qu'il defeendroit vers le Nord de 1'Angleterre , oü le Roi avoit fait marcher fes troupes ; «St d'ailleurs Lord Yarmouth qui commandoit la flotte Angloife, n'avoit fait aucun mouvement, foit que le brouillard lui eüt dérobé la flotte Hollandoife, foit qu'il n'eüt pu faire obéir la fienne. Fagel qui avoit été 1'ame de cette entreprife , n'en vit pas Ia fin. Cet habile Miniftre mcurut le 15 de Décembre. Le Prince d'Orange fit une grande perte par la mort de Fagel , quoiqu'il eüt été trés lié avec le Penfionnaire de Witt, & qu'il eüt contribué k faire recevoir 1'Edit perpétuel ; mais il crut devoir changer avec le temps , aimant mieux comèrver la République avec un Chef, que de 1'expofer k une perte totale. A peine le Prince fut-il débarqué qu'une foule de Seigneurs s'empreflèrent de le joindre. Churchill , depuis Lord Marlborough, favori du Roi , 1'abandonna , ainfi que George Prince de Dannemarck, (O Burnet, Hift. d'Angleterre. £2) Hift. de la Maifon de Tudor, par Hume, HiH. de Hollande. 1667-1697. Départ de Guillaume. Son déêay. quemem. Mort de' Fagel.  Si CT. XII. Jlift. de Hollande. 1667-1697. Le Roi Jacques eft abandonné des grands &dcfa familie. Ses irréfolutiotis. H s'embat' que pour pajfer cn France. Eft maltraité patdes pêcheurs.11 revient h Londres, Ann. 1680, llfefauveen France. II avoit laifle une lettre fur la tabie,, oans wqutiie •il déclaroit qu'il avoit fui , paree que ie rnu« uy««6* coit fa liberté. II n'eut tenu qu'k Guillaume de s oppofer a fa fuite, mais en la fayorifant, il s'épargna bien des embarras & peut-etre une ^Nous^f1 i^ous^rcterons point a ce qui fe paffa en Angleterre Le Prince d'Orange voulut que les Loix difpofafient du Gouvernement. N etant pas encore Roi, il ne Jouvoit pas convoquer de Parlement; d laffemb a fous lè noni de Convention. Les Communes déclarerent que Jacques II ayant voulu renverfer la Conftitution du Royaume, en rompam e Co traét original entre le Roi & le Peuple, ayant violé les Loix fondamenta- CO Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XV. Ca5 Révolutions d'Angleterre, par le Pere dOrléans. lome uu C3I Hift. des Prov. Unies, par le Clerc. T. III. Ch. XVI. .vririAm» (4) Burnet, Hift. d'Angleterre. Révolution d'Angleterre, par le Pere dOrléans. èn Frtncc.. S36 HISTOIRE DE HOLLANDE fon cendte & k princeiTe Anne .fa fille , époufe du Prince Ceor. eë CO-„ Grand Dieu !" s'écria-t-il en apprenant cette aefedhon^: f, prends pitié de moi , puifque mes propres enfans m ont abandonné. 11 eut encore pu fe défendre fur terre , il avoit environ vingt mille hommes; mais il tarda trop longtemps a s'en fervir, & une bonne partie pafll du cóté de Guillaume. Enfin Jacques fe mit en marche pour s'avancer jufques a Salisbury. Le Prince étoit decidé h combattre, lorfqu'il apprit que le Roi s'étoit retiré a Londres. Guillaume étoit fur le chemin de la Capitale. Jacques lui envoya des Députés pour lui dire, qu'il confentoit a convoquer un Parlement, & qud defiroit de convenir avec Son Alteffe, des moyens d'affurer la liberté. Guillaume répondit qu'il confentoit de traiter avec le Roi, a condition quon défarmeroit les Papiftes & qu'on leur óteroit leurs emplois; quon redreroit les déclarations publiées contre fa perfonne; que la garde de la Tour feroit confiée au Lord Maire. Ces propofitions ne parurent pas déraifonnables au Roi. II demanda un jour pour fe décider : on crut qu'il alloit entamer une négociation; mais dans la nuit les pleurs de la Reine , le Pere Peters & fon Confeil le déterminerent a fortir du Royaume & a fe retirer en France. La Reine & le Prmce de Galles prirent les devans & partirent la nuit du 18 au 19 de Decembre. fa) Le Roi partit le lendemain , déguifé ; jl s embarqua fur la Tamife, dans laquelle il jetta le grand fceau d'Angleterre. II fe rendit a Feversham , oü quelques pêcheurs Pavant pris pour un Jefuite déguifé , 1'infulterent. Le Comte de Winchellea 1 engagea de retourner a Londres , oü il fut recu au fon des cloches & aux acclamations du peuple. (3) Le Prince d'Orange le fit pner oe fe reurer a Ham , il demanda Rochefter ; ce qui lui fut accordé. Guib laume Py fit garder, mais avec tant de négligence , que ie K01 s_évada le 2 de Tanvier , gagna la mer avec trois perfonnes & fe retira  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIL Sect, XIL 337 tes par le Confeil des Jéfuires (*) & d'autres méchantes gens, & s'étant évadé du Royaume, avoit abdiqué le gouvernement, & qu'ainfi le Tróne étoit vaquant. II fut agité fi 1'on créeroit un Régent, ou fi Pon feroit un Roi? Quant k la Régence, le Prince déclara qu'il n'accepteroit pas ce titre, dont il voyoit les inconvéniens inévitables. On mit enfuite en queftion 11 Pon défereroit la couronne a la Princeflè Marie, ou au Prince d'Orange fon époux, ou conjointement k l'un & k 1'autre. Ce dernier avis fut fuivi; mais 1'adminiftration fut réfervée au Prince feul: le même Bill portoit que la Princeflè Anne, foeur de la Reine, * devoit fuccéder après leur mort, & fa poftérité après celle de fa fceur. On fit une déclaration qui fixoit les bornes de la prérogadve Royale ('§). „ Les Anglois," dit un Auteur Francois (1) , „ ne profiterent point de la conjondbure pour dépouiller „ la couronne de fes véritables prérogatives; foit, dit-il, que Pexpérience „ eüt fait connoitre les inconvéniens d'une trop grande liberté; foit que „ le parti populaire n'ofiit franchir les barrières de la conftitution nationale; „ foit que 1'adreflè du Prince d'Orange reconnu fous le nom de Guil„ laume III, prévint des attaques dangereufes. Elle conferva le droit de ,, convoquer & de diflbudre le Parlement , de choifir les membres du „ Confeil & de nommer aux .offices les plus importans. Guillaume eut „ foin de compofer le Confeil de perfonnes dévouées a fes intéréts. Le „ Doófeur Burnet, l'un des auteurs de la révolution, obdnt le fiege de ,> Salisbury." Le Prince d'Orange & fon époufe furent proclamés Roi & Reine d'Angleterre, de France, d'Ecoflè & d'Irlande, le 23 Février. La même proclamation fe fit en Ecofle , le 21 Avril. L'lrlande tint encore (*) ,, Jamais," dit Voltaire (en parlant de la réception que Louis XIV fit h Jacques II) ,5 ce Roi ne parut fi grand, mais Jacques parut bien petit. Ceux qui a la cour & a „ la ville déckient de la réputation des hommes, confurent pour lui peu d'eftime. II „ fie vcyoit gueres que des Jéfuites; il alla defcendre chez eux rue St. Antoine &c." Siècle de Louis XIV (§) Elle porte : „ Que le prétendu pouvoir de fufpendre les loix ou 1'exécution des loix , par la prérogadve Royale fans le confentement du Parlement, eft illégai. „ Que Pértïftion d'une Cour Eccléfiallique & de toute autre Cour eft illégale & per„ nickufe. Que toute levée d'argent pour 1'ufage de la Couronne, fans que le Parle,-, ment 1'ait accordee , eft illégale. Que c'eft un droit des fujets de préfenter des ,, pétitions au Rol, & que tout emprifonnement ou toute pourfuite pour cette raifon, „ eft illégai. Que lever ou entretenir une armée dans le Royaume, fans le confente„ ment du Parlement, eft contraire aux Loix. Que les fujets Proteftans peuvent avoir „ des armes pour leur défenfe, fuivant leur condition & de la maniere qu'il eft permis „ par les Loix. Que les éleétions des membres du Parlement devoient étre libres. ,, Que les difcours & les débats du Parlement ne doiveuc étre examinés dans aucune „ Cour ni dans aucun autre lieu que le Parlement Qu'on ne doit point exiger de* „ cautionnemens excefiifs, ni impofer des amendes exorbitanr.es, ni iufliger des peines ,, trop rudes. Que les Jurés doivent être choilis d'une maniere impartiale; & que „ ceux qui fout choilis pour Jurés dans les procés de haute Trahifon , doivent être „ membres des Communautés. Que toutes les conculfions ou promefles de donner la ,, confiscation des biens de quelque acculé, avant fa convidion, font contraires aux Loix „ cc nulles. Que pour trouver des remedes a tous ces abus, pour corriger les Loix, „ pour les fortifier & les maintenir, il eft néceffaire de tenir fouvent les Pariemens» „ On fubilitue enfin un nouveau ferment aux fermens d'Allégeance & de Suprematie." ' Élément de I''Hiftoire d'Atigieter re, par Milfct, Ci) -Vouaire, Siècle de Louis XIV. 2'ome XLIF. Vv Hifi. de Hollande. 1667-169/. Le Tróne eft déclaré vacant. Réglé&cm* Le Princt d'Orange & fon époufe preclamés Roi & Reined'Angleterre.  Sf.CT.XII. Hift. de Hollande. 1667-1607. Louis XIV déclaré la guerre & la Hollande. Déclaraiion de guerre des Etats. Jacques pafte en Itlande. Secours que lui donncLouis XIV. Ii ajfiege Lonaon4cr.it.. 338 HISTOIRE DETIOLLANDE quelque temps le parti du Roi Jacques. Guillaume conferva les titres & dignités de Stadhouder de cinq Provinces & de Capitaine & AmiralGénéral des troupes de la République. Louis XIV faché d'avoir ignoré le projet de la révolution, avoit recommencé fes holb'ütés contre la Hollande. II fe fervit pour déclarer laj guerre aux Etats Généraux , du prétexte des engagemens qu'ils avoient pris avec les Princes de 1'Empire, pour traverfer , par toutes voies, 1'établiffèment du Cardinal de Furftemberg dans l'Electorat de Cologne, II avoit d'abord porté fes armes en Allemagne: Philipsbourg fut pris. Dans le Palatinat, Manheim, Franckendal, Heidelberg, Worms, Spire, Openheim furent livrés a la défolation & aux flammes. Les Francois avoient commencé leurs hoflilités contre les Etats, dans la Mairie de Bois-le-Duc & dans la Baronnie de Bréda. Ils déclarerent a leur tour la guerre a la France. Quoique Louis XIV eüt beaucoup d'ennemis fur les bras; quoique dans fa déclaration de guerre aux Etats Généraux, il n'eüt fait aucune mention des fecours qu'ils avoient fournis a Guillaume , il fe propofa de retablir le Roi Jacques fur le Tróne. Le pani de ce Prince avoit été: diflipé en EcoiTe , malgré le courage avec lequel Gordon avoit défendu Edimbourg, & malgré la viétoire des Montagnards conduits par Dundée. Les Catholiques d'lriande, fous le commandement de Tyrconnel , le foutenoient encore : Louis XiV Ty lit conduire. Jacques s'embarqua a Breft fur une e;cadre de treize vaiflèaux du premier rang , pourvue d'armes, de munitions de toute efpece & de meubles de toute forte : il avoit avec lui, les officiers, les courtifans & les-.prêtres qui étoient venus le joindre a St. Germain. Tout avoit été défrayé'par le Roi de France, qui, en prenant congé du Roi Jacques, lui dit que ce qu'il.pouvoit lui fouhaiter de mieux , étoit de ne plus le revoir. On eüt dit qu'il marchoit a une conquête certaine; mais il avoit pour Secrétaire d'Etat le Jéfuite Innès (1). D'Avaux le fuivit en qualité d'Ambafladeur. Cette elcadre arrivé a Dublin: a peine le Roi efl - il débarqué que le. Comte de Chateau-Renaud lui amene vingt-trois autres grands vaifTeaux de guerre & une infinité de navires de tranfport, avec un fecours de trois mille hommes. Chateau-Renaud alla au devant de 1'Amiral Anglois Herbert, qui s'oppofoit au débarquement; il difperfa fa flotte & 1'obligea de fe retirer pendant la nuit. Le Général Francois reprit la route de Brefl, oüil ramena fept vaiflèaux marchands Hollandois, qu'il avoit pris a fon pasfage (2). Le Roi Jacques , a la tête de fix mille Francois & de quinze mille Irlandojs , foutenu des victoires de Louis XIV , ayant pour lui les troisquarts du Royaume d'lriande , fut arrêté devant Londonderri, petite ville d'lriande, bade par les Anglois & remplie de Proreflans, qui lui ferma fes portes. Jacques 1'afliégea: Walker, Miniftre Proteftant, a la tête de Ja bourgeoifie, la défendit pendant quatre mois. Les affiégés fouffroient la faim la plus cruelle ; ils n'avoient que vingt gros canons; Ia place- CO Volt- Siècle de Louis XIV, Ch. XV. C.23 Hift. des. Provinces-Unies T. III. L. XVÏ.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIL 339 ■ ;küit mal fortifiée, les milices mal cxercées & plus mal armées, fans ingénieurs, fans cavalerie pour faire des forties. Walker & le Major Beker avoient formé en régimens, fept mille bourgeois. Dans le temps que la place étoit rédeite a laplus cruelle extrêmité par la faim & par les maladies , le Lieutenant-Général Hamilton, leur offrit une capitulation honorable: hV lui répondirent qu'ils ne pouvoient avoir aucune confiance a un homme i ■qui avoit manqué a Pobéiflanee qu'il devoit a leur Souverain. II les menaga de faccager tout ce qui appartenoit a ceux de leur faction, s'ils ne fe rendoient pas. Walker rit de fes menaces & fit un fermon a fa garnifon, dans lequel il les aflura que Dieu auroit égard a leur perfévérance, qu'il les empêcheroit de tomber entre les mains de leurs ennemis , & .qu'il les fecourroit. Soit que Walker füt ce qui fe paflbit, foit qu'il eüt parlé au hazard, ce difcours füt une prophétie (1). La garnifon qui ; avoit dévoré les fubftances les plus dégoutantes, n'avoit plus que deux 1 jours a vivre, lorfque trois vaiflèaux Anglois, ayant rompu 1'eftacade qui ' tenoit le port-fermé, paflèrent au travers du feu de l'armée & jetterent'' dans la place des fecours abondans. Le fiege fut levé. Jacques avoit tenu fon Parlement a Dublin, il y démentit les promeffès j qu'il avoit faites aux Protefbns. Le Parlement ahnulla Pafte par lequel les ' Protefians avoient été maintenus dans les biens Eccléfiafiiques. Le Clergé t Protefiant perdit ia jurisdiclion & fes privileges, il fut chafle de plufieurs i églifes. Jacques voulut les leur faire rendre, les Catholiques refuferent. 11 eut recours, pour fe foutenir, a des expédiens ruineux. Guillaume envoya en Irlande le Duc de Schomberg avec une armée de dix mille hommes & une flotte de quatre - vingts vaifièaux & des vivres. Ce Prince } retenu en Angleterre par les affaires du gouvernement, ne partit que 1 Punnée fuivante, avec fix vaiflèaux de guerre, fix yachts & plufieurs vais- < fcaux de tranfport. II fe mit a la tête de fon armée forte de trente - fix J mille hommes & alla chercher Pennend. (2) Jacques fortit de Dublin j avec fix mille fantaflins Francois, & laifia pour garder la ville, fix/ mille hommes des milices du pays ;. il raflèmbla fes forces , qui fe ü trouverent égales a celles de fon gendre. La Boine étoit entre eux, elle étoit a peine guéable en trois endroits. Guillaume entreprit de la franchir a la vue de 1'ennemi. II longeoit Ia riviere a cheval pour c obferver le camp des Jacobites : un boulet de canon qui lui effleura e, 1'épaule , emporta fa caiaque & une partie de la peau. Le Lord Conningsby couvrit 1'épaule écorchée de fon mouchoir, & Guillaume remonta tranquillement \ cheval, en difant qu'il fe félicitoit que le boulet n'eüt pas approchë davantage. Les jacobites crurent Guillaume mort; leur cavalerie approcha pour paflèr la riviere. Guillaume pafla la journée a cheval, & déclara qu'il franchiroit la Boine le lendemain matin ; il fit pendant la nuit la revue de fon armée aux flambeaux. Dès lê CO Révolution d'Angleterre, par le Pere d'Orléans. 00 Le Pere Daniël Abrégé du Regne de Louis XIV. Révol. d'Angl. par Ie P?rr d'Orléans T. HL . Vv 2 Hifi. de Hollande. [657-1697. Belle dé 'enfe de la ilace. fcicques efi 1 'rcé de 2 ver It lege. i crêe un 'arlei/ient f malratte les 'rotefians. LDir. 1S00. ,e Roi 'uillaunte a en rlande & 'e met it lei Ue de fon rniée. uillaunte Ulefi,;  Sect- XII. Hift. de Hollande. 1667-1697. Pafage & bataille de la Boine. Intrèpidité de Guillaii' me. Jacques vainctt fans combattre fe ■rctire en France. Combat de Bevefier par Tourrille. (0 Voltaire, Siècle de Louis XIV. (a) Abrégé de 1'Iüft. de la Hollande» 340 HISTOIRE DE HOLLANDE matin, les Officiers marcherent a leurs poftes. La cavalerie pafla a la nage; 1'infanterie étoir dans feau jufqu'aux épaules & efluyoit le feu de l'armée cnnemie. A 1'autre bord il falloit encore traverfer un marais. Le Roi Guillaume tenta le paflage dans rrois endroits. 11 engagea la bataille. Le Duc de Schomberg, qui étoit a la gauche, voyant les Francois Refugiés privés de kur Chef , qui avoit été blefle mortellement, ° fe mit & leur tête ; mais s'étant trop avancé , quinze ou feize gardes du Roi Jacques tomberent fur lui : les Refugiés tirerent fur les gardes & tuerent malhemeufement le Général. (ij Le cheval de Guillaume s'étoit embourbé; mais avant été dégagé par le Prince de Dannemarck, fon beau - frere , il mit 1'épée a la main & fondit fur 1 ennemi , qui revenoit pour attaquer 1'infanterie. Le brave Walker fut tué dans cette acbion. Les Iriandois fe reürerent fur une hauteur , les Anglois les fuivirent & furent repoufles ; mais Guillaume les ramena & la dérouce devint générale. (2) Jacques n'avoit paru ni a la tête des Iriandois, ni a la tête des Frar.cois. Guillaume brave jufques a la témérké , s'étoit expofé a tous les dangers. Une de fes bottes fut emportée par un boulet de canon. Jacques qui avoit encore aflèz de troupes pour fe foutenir, ne fongea qu'a repafler en France. Après avoir défendu de brülcc Dublin , comme on le lui propofoit, il Portie de fes Etats pour n'y plus revenir. Le 13 de Juillet, Guillaume s'empara de cette ville : il emporta Waterfort. Limmerick défendu par douze mille foldats réfifta. Guillaume laifla a fes Généraux la conquête de 1'lrlande, dont une grande partie fut réduite dans le courant de la campagne. Louis XIV envoya de nouveaux fecours a Limmerick; mais, quoique défendue par vingt-fix mille hommes, cette ville fe rendit. La veille de Ia bataille de la Boine, fe donna fur mer celle de Bevefier, fi glorieufe aux Francois. Le Comte de Tourville eut ordre du Roi, d'aller chercher les ennemis dans la Manche. Tourville avec foixante & douze grands vaiflèaux , rencontra la flotte Angloife & Hollandoife , forte de foixante voiles. On fe battit: Ie combat dura dix heures, & les Francois remporterent une viétoire complette. Une partie de la flotte combinée ne fut fauvée que par le changement de la marée, dont le Vice-Amiral Evertfen fut profiter. Tourville, Ch&teauRenaud , Nefmond & d'Etrées fe couvrirent de gloire. Dix-fept vaiflèaux des Alliés échouerent fur la cöte. Cette viétoire lur deux Nations qui fe difputoient Pempire de la mer, fit beaucoup d'honneur a Louis XIV ; cet empire lui refta , mais il ne fut pas de longue durée, comme 1'obferve Voltaire. Cette perte fut moins fenfible aux Etats qu'elle ne 1'cüt été dans d'autres circonftances , h, caufe de la vicfoire de la Boine, qu'ils apprirent en même temps. La flotte victorieufe de Tourville fut employée a ramener les Francois vaincus  OU DES PROVINCES UNIES , Liv. XXXIII. Sect. XII. 341 cn Irlande, & quancité de families Irlandoifes , qui fe refugierenc ei France (1). Lorfque Guillaume fuc affermi fur le Tróne , les Etats lui demande rent lept millions des dépenfes qu'ils avoient faites pour fon palfage er Angleterre , & en outre les fecours que 1'Angleterre s'étoit obligée de fournir a la République par le Traité de 1675. 11. leur fut accordé cinq mille hommes, aux ordres de Milord JVlarlborough, & fix eens mille livres fterling , fomme qui ne fut payée que trois ans après. II: obdnrent que 1'Angleterre & la République équiperoient leur flotte a frais communs. 11 s'éleva des conteftations au fujet de Pordre a obferver pour prem dre les voix dans le Confeil de guerre des flottes combinées. Cette affaire fut décidée a i'avantage des Anglois. Le Roi qui commencoit a s'appercevoir du caraétere inconflant de ce peuple , prononca en leur faveur. Les Etats prefierent enfuite Guillaume de déclarer la guerre a la France. Ocs qu'il Peur déclarée , les Etats lui envoyérent , ainfi qu'a la Reine , une Ambaflade iölemnelle , pour les engager a cönclure avec eux une Alliance plus étroite. Les Négociations furent orageufes, Les Anglois vouloient que la guerre fe fit conjointement, & qu'aucune des deux parties contra&antes ne put faire féparément la paix : ils vouloient encore que 1'on prit & déciarat de bonne prife , tous les navires qui, pendant la guerre, trafiqueroienc avec la France. Les Ambafladeurs refuferent de figner ces conditions : mais il n'étoit plus temps de réii fter a Guillaume. II failut figner qu'on empêcheroic le commerce de France, même aux Puiflances neutre's. lis efpéroient de faire révoquer PAéfe de navigation paffe fous Cromwel; mais le Stadhouder Guillaume penfoit en Roi d'Angleterre, & la République n'obtint rien en faveur de fon commerce (2). Cependant il témoigna combien il étoit jaloux des droits du Stadhouderat , dans une difpute qui s'éleva au fujet de la nomination des Echevins d'Amfterdam. Suivant Ie privilege accordé a cette ville, en 1581 , le choix libre des Echevins fur la préfentation de quatorze perfonnes, appartenok au Stadhouder, & dans fon abfence a ceux du Confeil de Hollande. Les Bourguemakres & le Confeil envoyérent ls lifte a la Cour de Hollande , qui , n'ofant ufer de fon droit, envoya au Roi la copie de la nominaron ; Guillaume fit la nomination & fe plaignit qu'on ne la lui eüt pas adreffée direclement : il fu offenfé de la fommation que cette ville avoit faite k la Cour d< Hollande, de nommer , ou de permettre qu'elle nommat. Une nou veile querelle furvint au fujet de Bentinck Comte de Portland favori du Roi. II s'étoit fait inferire parmi les Nobles de la Pro vince, par le crédit du Stadhouder; comme membre de ce Corps (O Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XV. Le Pere Daniël, ubi fupra. aix. Wilique de .ouïf  Sect. XIL Hift. de Hollande. 16ÓJ-1697 La paix efi réfolue. Ann. 1697 On choiftt Ryswick pour les Conférences. Le Roi t Suede M iiateur. CO Abrégé de 1'Hift. de la Hollande, T. III. (2) Contin. dc Mezen! T. VIII. 356 HISTOIRE DE HOLLANDE ces deux Puiflances, conclu le 29 d'Aoüt k Lorette , par Ie Duc & Cacinat, qui s'y étoit rendu fous prétexte de pélerinage. Ils fongerent enfuite k forcer les Alliés , & les Princes d'Italie, k accepter ]a neutralité. Le Maréchal de Catinat forma le fiege de Valence, & le Duc.de Savoye y commanda en qualité de Généralifiime. Les Alliés voyant que la prife de cette ville étoit immanquable, n'héfiterent plus: les Francois• leverent le fiege, & le Prince Eugene ramena les Impériaux. L'Empereur & le Roi d'Efpagne confentirent auffi k la neutralité. Alors on fongea de tous cötés k travailler k la paix. Louisdonna k Caüeres le caraéïere de fon Envoyé extraordinaire & fit demander aux Etats Généraux une place pour le Congrès. Les Etatsdéclarerent qu'ils ne traiteroient pas ians le Roi Guillaume & les autres Alliés. Chaque Puiflance nomma fes Miniflres & Pon s'aflèmbla k> la Haye. Les Miniftres de France furent Courtin & de Harlay , conjointement avec Calieres: du Roi d'Angleterre , le Comte de Pembroek , Milord Villiers & le Chevalier Jofeph Williamfon ;. du Roi d'Efpagne , le Comte de Tiremont & Quiros ; des Etats Généraux ,. Boreel, Dyckveldt & van Haaren: ils avoient perdu Jeröme Beverning , mort en 1691 dans fa ?6e année. L'Empereur ne nomma que l'armée fuivante , les Comtes de Kaunicz & de Straatman. Ce Prince élöigriöit le Traité de paix autant qu'il pouvoit ,. & dcfiroit de . conferver &la ligue dans fon entier, par la même raifon que le Roi de France s'attachoit k la rompre. L'Efpagne étoit le point de vue de l'un & de 1'autre (2). Après bien des débats fur le lieu du Congrès, on propofa fa Haye, oü les Alliés pourroient être logés , tandis que les Frangois pourroient demeurer k Delft , qui n'en eft qu'a peu de diftance. On afligna en • fuite pour les Conférences Ryswick , petit village également diflanc de ces lieux , dans une maifon batie autrefois par Frédéric-Henri de Naflau , dans laquelle on pratiqua différentes portes , afin que chaque Ambafladeur püt fe rendre de fon cöté dans la Salie des Conférences, & éviter les difputes du pas. Quand toutes ces chofes furent eonvenues , on promit de prendre pour fondement du Traité , ceux de Weftphalie & de Nimegue, & de reftituer la Lorraine au Duc Charles , lans quoi 1'Empereur refufoit d'entrer en négociation. Enfuite il failut choifir un Médiateur, te pour concilier tant d'intérêts différens. Charles XI, Roi de Suede, fut i- préferé au Roi de Portugal, au D-uc de Savoye & au Pape, qui, ainfi qu'a la paix de Nimegue, avoit offert fes bons offices. La iaciüté avec laquelle toutes les Puiflances fe prêtoient a la paix & les événemens qui la fuivirent, ont fait croire que Louis XIV étoit déterminé par le projet d'enlever en tout, ou en partie, la Monarchie Efpagnole k la Maifon d'Autriche , & que dans cette vue il affecboit la plus grande  ' OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sijct. XIL 357 modération envers les Alliés. Cependant le Marquis de Torcy dans fes Mémoires, s'attache a détruire cette opinion , &. ne donne pour motif de cette paix , que la laffitude d'une guerre prefque fans objet , Pépuifement de la France & le defir de foulager le Royaume (i> Cependant le Roi de Suede avoit envoyé au Congrès le Baron de Liilienroth ion Minifire Plénipótentiaire , & pour accéiérer les négociations , il avoic fait un armement confidérable , lorfque la mort le fu'rprit. 'Mais la Médiation & le Baron de Liilienroth furent confirmés par Charles XII , qui n'avoit alors que quinze ans. Les négociations n'empêchoient pas que la guerre ne continuat. La paix de l'.kajie avoit attiré dans les Pays-Bas toutes les forces de la' France. Cacinat , Bouflers & Villeroi commandoient chacun une armée. Cacinat avec la fienne , qui étoit de quarante mille hommes , entreprit le fiege d'Ath , que couvroient les deux autres. On preflbit Guillaume de "le faire lever ; il répondit qu'il fe garderoit bien d'expofer la vie d'un feul foldat, pour fauver une ville qui feroit rendue a la paix (2). Ach fe rendit après douze jours de iranchée ouverte. Ce fut la derniere opération de quelque impoitance de la guerre fur terre. Elle continuoit fur mer avec plus de fureur. Les Francais enleverent Carthagene aux Efpagnols : c'étoit le magafin & 1'entrepöt des richeflès que 1'Efpagne tire du Mexique. Ils durent cette conquête qui ne leur valut pas au - dela de huit millions , quoiqu'elle en coütat plus de' vingt aux vaincus , a Poinds Cbef-d'efcadre. Du Gué-Trouin enleva aux Hollandois une flotte marchande qui revenoic de Bübao, & trois vaisfeaux de guerre, qui 1'elcortoient aux ordres du Baron de StarrenbourgWaflènaar , qui les défendit avec intrépidité & qui füt dangereufemenc blefle (3). , . .,. Enfin on établit pour Préliminaires de la paix: 1. que les Traites de Weflphalie & de Nimegue feroient fuppofés comme les bafes de ce dom on traiteroit: 2. que Strasbourg , qui étoit entre les mains de la France feroit reftitué a 1'Empire : 3. que Luxembourg feroit aufli rendi par' la France dans 1'état oü il étoit: 4. que Mons & Charleroi feroien rendus dans 1'état oü ils étoient: 5. que toutes les places que les Fran cois avoient prifes en Cacalogne depuis la paix de Nimegue , feroieni reftituées de la même maniere : 6. que Dinant , tant a 1'égard de h ville que du chateau , feroit rendu a 1'Evêque de Liege , en 1'état oi il étoit: 7. que toutes les réunions faites depuis la paix de Nimegue, feroient déclarées nulles : 8. que la Lorraine feroit rendue , confor mément a ce Traité ; mais que fi 1'on ne couvenoit pas de la ma niere , on renverroic la décifion au Traité général : que la paix étan conclue , la France reconnohroit le Prince d'Orange, pour Roi d< la Grande Bretagne , fans aucune forte de difficulté , refiricYion CO Mém. de Torcy-, T. IL Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XVII. (2) Contin. de Mezeray , T. VIII. Abrégé de 1'Hift, de la Hollande. T. III. C3) Voltaire, Siècle de Louis XIV. ♦ Yy 3 Hijl. de Hollande. 1667-1697. Prife tTAtfu Les Franfois enlevent Carthagene. Prèlimi-naires de la paix. ■  fee» XII. Hifi. de Hollande. 1667. ió 97. 1 i < 1 1 4 i t J 1 c a Traité en. i tre la $ France, 1 VEfpagne, 4 tAngleter- f /« i, Etats Cé- l xiraux. & q * 358 HISTOIRE DE HOLLANDE gras as? ^^^s^s T Traerbach & Mont-Roy J frlm renïs T ?P HümnfAe : <3' que condition qu'il ne reroit5jamais retab " V4. que^eïeur S'V > retabh, non-feulement dans fon Elecborar ÏS. ^,eéteur/a,at n feroic gneuries de Simmeren & de Lautheren? le StéTm• ,el Sd" tres places dont il avoit été prlveV .tq^Duftm'"" n auro c po nt recours a Ia firn» nn.ir n» r .ia /Snelle d Orleans mais feulement atf droit par Spporf 1'EI SeuT- *£■ ? & le Comté de VeldentZ feroient" ren^ . S^^ IX xfoS Bifchweiler feroit rendu au Comte de Hanau • ,s n,! 1 'e , 7' que de March , Marmofy & Dachftéin 1 Ur' - 2' ?.U£ les ^'g^neg remis au Comte d'Overdein : r " qt toC&^°^T ^ Falckenftein feroient readnès au Prince de sX f. & ^ guillaume propola au Roi de France d'emnlrvpr n4>°ciations , »our conférer enfemble. II cho^ e ^ na le Maréchal de Bouflers. I fe rendfrent Itll L°U1S nom" nvoya le Comte de Portland au Congrès Siw+fi^*^ vee la France, pour ce qui concernoit fa nerfonnp V r.?» { que cet articl/ne dev4 point arrêter Ja% génldï fTS 11e fut conclue & fignée a Ryswick les 20 & , , K el u ü è p^efT^',^ ïe42? e 1 autre (z); & Ie même jour fut conclu un Traité de commerce J.l rT?n rP°Ur v,ngc;dncl ans' Ja France & les Êt2nar Xe Co>Ch°feS fUfent ret3bliCS fUr Ie même PJ^, qu'elles étoient avanfïa lons & Ath lu? furent rend^s: 2 IoTg^ aSPSSg iaLVliïaut0^1' Abrégé du de Louis XIV. Abr,ge chron. da CO Abrégé de 1'HIft. de la Hollande, T. III. Ch. XVL  Oü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XII. g5s reur & de tyran, fut reconnu Roi d'Angleterre & affermi fur fon Tróne : la Religion Proteftante afiurée en Angleterre & dans les Provinces-Unies. Le nom du Roi Jacques n'entra pas même dans le Traite. Les réunions faites k 1'Alface par les Chambres de Brifach & de Metz furent anéanties. Fribourg, Brifach , Kehl & Phih'psbourg furent rendus k PEmpire : il fut convenu qu'on détruiroit les forrereflès de Strasbourg , Fort-Louis, Traerbach, Mont-Royal , ouvra»-es de Vauban (i). La Lorraine fut rendue a Léopold. On fut trés mécontent de cette paix en France. On y difoit que fi Louis XIV eut été vaincu il ne 1'auroit pas faite plus défavantageufe. Dans le temps que ces chofes fe paflbient a Ryswick , le Czar Pierre I fe rendit en Plollande. L'objet de fon voyage étoit de s'inftruire par lui - même , de la navigation & de Part de confiruire les vaifièaux dont fes fujets n'avoient aucune idéé : il avoit formé le projet de leur donner une marine (2). II voulut voir les deux Puiflances maritimes les plus célebres. II fit ce voyage k la fuite d'une Ambaflacle folemnelle qu'il envoyoit dans différenres Cours , déguifé fous le nom de Pierre Michalof ik fous Ie titre de fimple gentilhomme. II pric les devans travcrfa Amfterdam fans vouloir s'y arrêter & fe rendit aux riches chanriers de Saardam , avec quelques jeunes Seigneurs Ruflès : ils y prirent des habits k la mode du pays ,. & k la faveur d'un peu de Hollandois qu'il avoit appris , fous le nom de Baas Pieter , ou Maitre Pierre une hache fous le bras , il alloit dans les moulins & les chantiers , interrogeant les ouvriers, travaillant lui-même & faifant tout ce'que les maitres-garcons lui ordonnoient. II habitoit une méchante maifon qu'il avoit louée k Amfterdam ; il y couchoit dans un iit qu'il avoic fait de fes propres mains : il avoit acheté une barque a laquelie il mie un mat de fon invention. II étoit le premier k Pouvrage, comme le plus pauvre charpentier : U s'étoit fait enröler dans le corps des charpentiers de la Compagnie des Indes, il en devinc un des plus habilcs, & un excellent pilote. II demeura en Hollande, jufques a ce qu'un Sardamois qui écoic a Mofcow, euc écrit k fon pere , en lui faifant un portrait fi naturel du Czar , que ce Prince fut reconnu. II alla voir le Roi Guillaume qui étoit k fa maifon de Loo , oü il fe délaftbic des facigues de la guerre. Le Czar lui communiqua fon prqjec de paflèr a* Londres f O La il laifla les Ambafladeurs dans 1'hócel qui leur étoit deftiné , fe Wea k Depford dans une petite mailbn , prés du chantier du Roi oü il \ fe rendoit tous les matins par une porte de derrière , pour'apprendre des entrepreneurs &, des ouvriers la théorie de la conffruébon des Mtunens, & devint aufli habile conftrufteur , qu'il étoic bon charpentier. Guillaume le feconda dans tous fes projets, lui donna le fpecbacle d'un combat naval, & lorfque le Czar partit, il lui fk O") Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XVII. (2) Voyez notre Hift, de la Ruffie. C3> Abrégé de 1'Hift. de la Hollande. T. HL- Hift. de Hollande. 1667-1607. Pbyage du Czar Pierre I en Hollande. In Anglèerre.  \6o HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XII. Htjl- de Hollande. 1667-1697. Guillaume veut conferver fur pied P armée. Le Parlement s'y oppofe. préfent d'un vaifièau, dans iequel s'embarquercnt plufieurs Anglois que Pierre avoic engagés a fon fervice, parmi lelquels étoit le Capitaine Perry, grand Ingénieur, &Ferghufon, célebre Mathématicien (1). Guillaume de retour dans fes Etats , foit qu'il prévic que la paix ne fubfifteroit pas longtemps , foit qu'il voulut fe faire refpecber du peuple Anglois , & craindre des autres Puiflances , propofa d'entre. tenir toujours une armée fur pied (2). II donnoit pour exemple le Roi de France, qui confervoit une partie de les troupes; mais le Parlement , qui craignoit que le Roi ayant une armée a fes ordrés, ne füt tenté de s'en fervir pour opprimer la liberté, & fe rendre indépendant & incroduire peu a peu le defpotifme, donc Jacques II avoit menacé la Nation, s'oppofa a fes vues & ne conferva que dix mille hommes de troupes de cerre , & en ajouta trois mille a celles de la marine : mais comme au lieu de ce nombre il en retint feize mille , ils reflreignirent l'armée fubfifiante a fept mille , 6c 1'obligerent h renvoyer fa garde Hollandoife. Ces contradicbions donnoienc du chagrin & du dégout a Guillaume. Ce Prince , donc Phabile politique avoic fulcité tant d'ennemis a Louis XIV , dont la valeur, redoutable raême dans fes défaites , avoit arreté les progrès de ce Monarque , & fait fouvent avorter fes projecs , fouffroic avec peine que le Parlement d'Angleterre porcat un ceil curieux fur fon adminiflration, cenfurat fes opérations & lui préfcrivit des regies. Mais il connoiflbit trop bien le caracbere du peuple Anglois , pour le heurter avec opiniatreté ; il avoit Padreflè de céder aux circonftances, & fouvent il parvenoit a dicter a cette nation impérieufe, les loix qu'elle croyoit donner k fon Roi; & lorfqu'il fembloit n'être que 1'objet des délibérations, il en étoit prefque toujours 1'ame & le maitre. (O Hift. de Pierre I, furnommé Ie Grand, Tomé L Ca} Hift. complette d'Angleterre, Tome III, SECTION XIII.  fÖU 'DES PROVINCES 'UNIES, Liv. XXXIK. Sect. XIIL 361 S E C T I O N XIII. Hiftoire ds la République des Prov'mces- Unies , depuis la Paix de Rysvukk ., en 1607, jufques a nos jours. T Jks facrifices que le Roi de France avoic faics par le Traité de Ryswiek , les troupes qu'il tenoic fur pied, tandis que 1'Angleterre & les Provinces-Unies avoienc défarmé , manifeftoient aflèz les vues que ce JYIonarque avoit fur le Tróne d'Efpagne , dont la fucceflion alloit être ouverte par la mort inévitable de Charles II. En attendant Guillaume , de retour a la Haye , metcoic la derniere main a un Traité de partage, commencé a Londres avec Tallard , Ambafladeur du Roi de France , entre ces deux Puiflances & les Etats Généraux. Par ce Traité , Jofeph - Ferdinand , Prince Eleéloral de Baviere , étoit défigné Roi d'Efpagne , après Ia mort de Charles II. On donnoit au Dauphin, les Royaumes de Naples & de Sicile & les places dépendantes de la Monarchie d'Efpagne , fituées fur la cóte de Tofcane, la Ville & le Marquifat de Final, la Province de Guipufcoa ; & a 1'Archiduc Charles d'Autriche, le Duché de Milan. Ce Traité fuc flgné a la Haye le 11 d'Oélobre (.1). On n'étoit alors occupé que de négociations de Traités. L'Angle* terre, la Suede & les Etats Généraux renouvellerent leurs Afliances & fe promirent de garantir réciproquement leurs poflèflions. Le Traité de Carlowitz fut conclu par Pentremife des Etats Généraux , entre 1'Empereur, la Rulfie, les Venitiens & la Porte. Dans le voyage que 1'Empereur avoit fait k Zeil, il avoit marié le Roi des Romains, Jofeph, avec une Princeflè d'Hanovre. Guillaume, que fon Parlement avoit obligé de renvoyer fa garde Hollandoife , loin d'en marquer aucun reflèntiment, venoit, pour plaire aux Anglois, d'engager les Etats, a publier un Edit qui banniflbit des terres de la République, tout Anglois & Ecoflbis, rebelle ou fugitif, lorfque de retour a Londres, il apprit que le Prince Eleéloral de Baviere, igé, de fix ans , étoic mort. Cet événement donna lieu a un fecond Traité ■ de partage, figné le 25 de Mars, par les mêmes Puiflances. On donnoit le Tróne d'Efpagne , a 1'Archiduc Charles d'Autriche , fecond fils de 1'Empereur Léopold. On conferva les difpofitions du premier Traité a 1'égard du Dauphin , excepté qu'on lui donnoit la Lorraine & qu'on donnoit cn dedommagement, a Léopold , le Milanez (c). Le grand CO Hift. de Guillaume III, Roi d'Angleterre. Mem. de Lamberty Tom, I. p. it; (2) Voyez le Préfident Henaat, année 1700. Lamberty ib. |>. 07. Tome XL1V. Zt ffi/l. de Hollande. 1697, juf. ques d nos jours. Ann. 1698. Traités projettés pour la fuccejjion d'Efpagne. Ann. 169e. Mort du rjrinceE'edtoral de Baviere. Sxux. 1700.  Sncr. XIII. Hift. de ■ Hollande. 1697, jusques a nos jours. Teftament du Rot d'Efpagne en faveur de 1'Archiduc, Secand Teftament en faveur du Duc tPAnjou. Ann. 1701. MortduRoi d'Efpagne, Guerre pour la fuc- eesffoto* 1 ! 1 ] Ann. 1702. Men de Guillaume Hl. • < < > 362 HISTOIRE DE HOLLANDE objet de la Hollande & de 1'Angleterre , étoit que la Couronne d'Efpagne & celle de I'Empire ne fuflènt pas fur la même tête , non plus que celle de France & celle d'Efpagne (1). L'Empercur devoit accepter ces conditions dans trois mois ; mais ce Prince refufa d'accéder au Traité , & agit fi cfficacement auprès de Charles II, qu'il le détermina a faire un Teftament cn faveur de 1'Archiduc. Louis XIV proteftoit qu'il vouloit s'en tenir au dernier Traité & faifoit agir fourdement le Marquis d'llarcourr, fon Ambafladeur a Madrid : il échoua. Le Cardinal Portocarero, plus adroir que d'Harcourt, enge» gea le foible Charles a faire un fecond Teftament, figné le 5 d'Ocïobre, par lequel Charles II appelle a la fucceflion de tous fesEtat?, Philippe d'Anjou, fecond fils du Dauphin, petit- fils de Philippe IV, doi c Louis XIV avoit époufé la fille ainée. Le Roi d'Efpagne mourut le 1 de Novembre , & dès le 24 Ie Di ed'Anjou fut proclamé , fous le nom de Philippe V. 11 fe rendit tn Efpagne , fit fon entrée a Madrid dans le mois de Février, &'fit ptrt aux Etats Généraux de fon avcneraent au Tróne. Louis XIV faifoit occuper les Pays-Bas Elpagnols ; les Etats reconnurent Philippe, dans la crainte de s'y voir forcés. v L'Angleterre fuivit leur exemple ; 1'Empcreur protefta & Pon fe prépara de rous cótés a la guerre. Cependant 1'Angleterre & les Etats entrerent en négociation avec la France ; mais on exigeoit de la part de Louis, 1'évacuadon des Pays-Bas & des fatisfaclions envers 1'Empercur ; il refufa l'un & 1'autre (2) , & en même temps , contre 1'avis de fon Confeil, il reconnut Jacques III, pour hérbier & fueceflèur de Jacques II, au Tróne d'Angleterre. Ces démarches rriterent ces deux Puiflances. La derniere écoit une infrafbon au Trai. é de Ryswick , par lequel Louis XIV avoit reconnu Guiüaune III. Dès ce moment le Roi d'Angleterre & les Etats Géne•aux fe lierent & rappellerent leurs Ambafladeurs de la Cour de trance. Guillaume, dont la fanté s'affbibliflbit, mourut des fuites d'une chüte ié cheval le 19 de Mars, agé de 52 ans. II avoit inftitué pour fon léritier univerfel , le jeune Prince de Naflau , Jean-Guillaume-Frifo, stadhouder de Frife , de Groningue & de Drente (*). Le Roi fon :oufin peu de temps avanr. fa more , avoit voulu engager les Etats !e Hollande a lui donner le Stadhouderat de leur Province ; mais Ci) Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XVII. (2) Idem, ibid. Voyez a ce fujet & (es fuites, notre Tome XXIX. p. 201. & uiv. & Tome XXXI. p. 476. & fuiv. (*) Cette Inftitution étoit conforme aux difpolïtions de fes grand-oncles Philippe[Hiiliaume & Maurice , mais contraire ü celle de fon grand-pere Frédéric ■ ILnri. Les premiers appelloient en cas d'extinclion d'héritiers males les defcendans du frere ie leur pere, Guillaume I; mais Frédéric■»Henri avoit inftitué en ce cas fa fille tnée Louife , époufe du Grand Elefteur Frédéric-Guillaume de BrandebourM' ulli Ie Roi Frédéric I, comme fon fds , y fondoit-il fes droits. Foyez notre Tont XLU.p. i»4< & Lamberty Tom. II. p. izr.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 36 malgré 1'amour des Hollandois pour ce Monarque, ils éludérent fa pro pofition , & il s'en défiffa , cn difant qu'il falloit attendre après fa mort & qu'il ne doutoit pas qu'alors on ne prit une réfolution fi falutairt a 1'Etat ; mais fa mort n'apporta aucun changement a leurs deflèins Cinq Provinces reftoient fans Stadhouder. Par la mort de Guillaume. les charges de Capitaine & d'Amiral général étoient vacantes. Elles avoieni été déclarées héréditaires en 1674, en faveur de la poftérité raafculine de Guillaume (1): il ne Iaiffbic point d'enfans; fon Héritier univerfel, le Prince de Naffau, Fiifo, n'étoit que fon coufin. La Hollande déclara la première aux Etats Généraux, qu'elle ne nommeroit point de Stadhouder: ks cinq Provinces déciderenc de remettre Ie Gouvernement fur le même pied oü ii étoit apiès la mort de Guillaume II. II y eut quelques troubies dans la Gueldre, 1'Overyüel, la Zélande & la Province d'Utrecht. qui fe foudnrent pendant quelques années; mais le calme fe rétabli jpeu a peu. L'Angleterre & les Provinces Unies regretterent Guillaume III. Quoi' que les Anglois ne 1'aimaffènt point, fon adroite politique fut les forcer 1 le maintenir fur un tróne ufurpé. II ne perdit jamais de vue qu'il regnoi fur un Peuple libre. II fut plus abfolu en Hollande, oü il étoit adoré: auffi 1'appelloit-on le Roi des Hollandois & le Stadhouder des Anglois Grand Général, il montroit le courage d'un foldat. II influoit dans les affaires d'une partie de l'Europe. II n'aimoit point Louis XIV, dont 1« faffe & la grandeur contraftoient avec la févérité de Guillaume (2). La France efpéroit que fi la mort de ce Prince n'entrainoit pas la Hollande dans fon parti, elle 1'engageroit du moins a la Neuiralité; mais An ne, fille du Roi Jacques, & qui fuccédoic au tróne de Guillaume, con firma Palliance que ce Prince avoit faite avec les Etats, & les prefia dt ie joindre a elle, pour renverfer la grande puiilance de Louis. Ils déclarerent Ia guerre b la France & au Duc d'Anjou. L'Anglecerrc & 1'Empereur ne tarderent pas a les imker. Le Roi de France la déclara a fon tour aux rrois Puiflances. Ces déclarations n'étoicnc que de vaines formalités , car dès le mois d'Avril 1'Empereur avoic commcncé la guerre en kalie; il avoit fait invefiir Keifersvverth, dans l'Eleétorat de Cologne, par Ie Prince de Naflau - Saarbruck; & le Duc de Bourgogne avoit tentc de furprendre Nimegue; enrreprife que les bourgeois de cette place, joints aux troupes du Comte d'Athlone, firent échouer. La Reine Anne fit donner a Marlborough Ie commandement de l'armée de Flandres, fi fupérieure a l'armée Francoife, qu'il marcha droit a Pen nemi; mais les Députés des Etats a l'armée, jugc-ant qu'il étoic plus a propos «^'attaquer les places de la Gueldre-Efpagnole, 1'arrêterent. Coehoorr forca la garnifon de Venloo a capituler: Stevenswerd , Roermonde & Liege furent pris d'afïaut. Les Alliés forcerent les Ducs de Wolfenbuttel & de vSaxe-Goth; d'abandonner le parti de la Frmce» En Allemagne Keifèrswcrth fe rea CO H'ft- du Stadhouderat, par Mr. 1'Abbé Raynal. Q2) Voltaire, Siècle de Louis XIV. Zz 2 1 3 - Hifi. de t Hollande. , 1697, jufques dnos jours. II vent faire reconnottrefon coufin Stadhouder de Hollande. Li Stal- hou der at Général ; aboli. • Eloge de Guillaume, : ///. ■ Alliance entre 1'Angleterre G? les Provinces-uniei. Déclara. tions de Guerre £ƒ Roflilitêu La Gueldre Efpagnole attaquée. l  Sect. XIII Hift. de Hollande. 1697, ju] quesd nos jours. Bataille d, Ftidknget, par Vil' lars. Ann. 1703 Succes des Francois. BêfeEtion du Duc dt Savoye. f'iSioire dthchfiet par Villars. CO Abrégé Chron de 1'Hift. de France, par le Préfident Henaut* (Y) Abrégé de 1'Hift. de la Hollande & des Prov. Uaie&. 354 HISTOIRE D E I I O L L A N D E dit après cinquante • neuf jours de fiege. Ulm fut furpris par le Duc' cV Baviere, & Melac rendit Landau , après favoir défendu prés de quatre mois (1). L'Armée Impériale, commandée par le Prince Louis de Bade, fut défaite k Fridlingen par le Marquis de Villars, vainqueur de Newbourg. Ses foldats Je proclamerent Maréchal de France fur le champ de bataille, & Louis-XIV confirma cette promotion honorable pour le Sol* ' dat & pour le Général. Le Prince Frédéric de Brandenbourg abandonna» le fiege de Rhinberg. Tallard prit Treves , la ville & le ch&ceau de Traerbach. La flotte combinée d'Angleterre & de la République, tenta une entre* prife fur Cadix & la manqua. Ces flottes étoient commandées par Rooke & par le Duc d'Ormond; ils entrerent dans le port de Vigo, oü le Comte de Chateau-Renaud avoit conduit les galions venant du Maxique. Le Comte fut battu & les galions pris, brülés ou- coulés a fond. La Hollande s'étoit engagée d'entrecenir cent deux mille hommes, & la Reine Anne quarante mille.. Cette Princeffe en donna cinquante mille k la feconde campagne; & k fa follicitation, la République augmenta auffi le nombre de fes troupes. Les Etats Généraux lui firent bientöc un plus grand facrifice, celui d'interdire k leurs fujets tout commerce avec laFrance & 1'Efpagne (a). Cependant lss armes des Francois profpéroient en Allemagne. Ls Maréchal de Villars s'étant emparé d'Offenbourg, de Raftadt, & des redoutes de la Quinche, prit le fort de Kehl & joignit 1'Eleéteur de Bar viere, après avoir battu les Impériaux k Paflau & pris Ratisbonne. L'Eleéleur avoit combiné fa marche avec le Duc de Vendöme , pour s'emparer du Tirol & ouvrir une communication dans le Milanez avec ia Baviere & couper le paflage aux Impériaux.. Tandis qu'il s'engage dans les montagnes du 'Premin , le Duc de Baviere s'emparoit d'Infpruck. Tout fembloit annoncer les fuccès les plus éclatans; mais le Duc de Vendöme trouva les gorges & les chdteaux occupés par le Général Vaubonne, que Starembeig avoit détaché. Vendöme eut furmonté cet obftacle; mais il fut appellé en Italië par la défeclion du Duc de Savoye attiré au parti des Alliés, contre le Duc de Bourgogne & Philippe V, fesdeux gendres. L'Empereur le féduifit par les promeffès de fecours plus confidérables que ceux qu'il recevoit de la France; par les offres du Montferrac, du Mantouan, d?Alexandrie, de Valence & des pays entre le Pó & le Tanaro, qui devoient être le fruit de leur alliance. A cette défection fe joignit celle du Portugal, qui reconnut 1'Archiduc pour Roi d'ECpagne. Les Alliés implorerent même le fecours de Muley-Ismael, Empereur de Maroc. Cependant Vendöme furprend les troupes du Duc de Savoye; PEleéleur abandonné Infpruck & va rcj dndre en Suabe le Maréchal de Villars, qui venoit d'apprendre que le Prince Louis de Bade envo yoit un détachement pour furprendre Augsbourg. Villars met le détachement en déroute, & quoiqu'il ne puifie empêcher qu'Augsbourg ne recpii-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 3<(faite des Holland-eis, Bataille de Spire gagnée par le Duc de Bourgogne. Véfaites des Alliés fur mer. Km. 1704. Leurs victoires cn Allemagne. B at at He*'j dHachftef. Dér out e des Frangois. (ij Abrégé de 1'Hift. de la Hollande & des Provinces-Unies. (Ó Volt. Siècle de Louis XIV. Ch. 19. Nos Tomes XXXI. p. 488. & XL. ü Ia üz •item Tome XLU, au commenceraenr. 366 HISTOIRE DE H O LLANDt Rhin. Les villes de Rhinberg & de Gueldres s'étoient renduss aux Piufilens. Le Baron de Spaar & le Baron de Coeboorn avoient forcé les Lignes de Vaas en Flandres. Le Baron d'Obdam Hollandois, voulut for> ccr celles d'Anvers , il fut repouifé par le Maréchal de Bouflers & par lc Marquis de Bedmar : il fut battu & perdic une partie de fon armée, qui fe retira fous Breda. On fit k ce Général un crime de fa défaite auprès des Etats , qui approuverent fa conduite & plaignirent fon malheur: mais Obdam ayant deraandé quelque tems après le Grade de Feldtmaréchal qui fut accordé au Général d'Ouwerkerk, quitta le fervice (x). Le Duc de Bourgogne, qui avoit fous lui Tallard & Vauban, prit le vieux Brifac , gagna contre le Prince de Heffe, qui depuis fuccéda au' tróne de Charles XU , la bataille de Spire, & reprit Landau , quoique cc Prince eüt volé au fecours de cette ville. Les Anglois furent rep;>ufiès a la Guadeloupe par Gabaret. De cinq vaiffèaux de guerre qui efcortoient une flotte Angloife & Hollandoife, quatre furent pris & 1'autre coulé a fond par Coetlegon. Saint Pol battit au Nord d'Ecofiè une autre flotte Hollandoife. Les Alliés avoient un dépot confidérable dans Aquilée ; Beaucaire aux ordres de Du Quefne brüla le dépot & la ville. Tout fembloit annoncer la mine des Alliés. L'Elec•eur de Baviere étoit maitre de Paffau ; trente mille Francois aux ordres du Maréchal de Marfin occupoieot le pays d'au • dela du Danube , & jouffoient des partis jufques dans le cceur de 1'Autriche : Vienne étoit inenacée par les Francois, les Hongrois & les Bavarois. Mais malheureuiement pour la France, Villars avoit été envoyé dans les "even:;es, faire la guerre aux Huguenots, lorfqu'Eugene & Marlborough. accoururent au fecours de la Maifon d'Autriche. Marlborough avec dix mille Anglois d'infanterie & dix mille cavaliers, attaque les Francois & les Bavarois a Donawefc & force leurs lignes, paffe le Danube & met la Baidere.a cootribution. "Eugene fe joint k Marlborough. L'Elecleur vouluc |jes attaquer. Les armées fe trouverent en préfence k Hochflct, oü Villars ïvoit triomphé, 1'année d'auparavant, malgré 1'Elecïeur même qui s'étoit rjppofé a livrer bataille; mais oüil crut triompher k fon tour, dans 1'abfen:e de Villars qu'iPn'mmoit',pas, & qu'on avoit rappellé pour lui plaire. Villars ne fut que trop cruellemens vengé. L'armée Impériale étoit inférieure en nombre k celle des Francois, commandée par PElecbeur, Tallard Sc Marfin. Les Francois furent entiérement défaits , Tallard perdic fon ils tué dans la bataille, il y fut blefle lui-même & fait prifonnier. La déroute fut générale : vingt - fept Bataillons & quatre Régimens de Dragons »nfermés dans Blenheim , fe rendirent prifonniers. De foixante mille hommes , k peine vingt mille repafferent le Rhin : Augsbourg, Ulm, Landau , Traerbach furent repris par les Impériaux (2). Cependant les Etats Généraux fongeant k remplir les grandes charges de l'armée, on avoit propofé de retablir celle de Capitaine Général: quel-  OU DE S PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIÏ. Slct. XIII. 367 ques Provinces s'y étant oppofées, on s'étoit arrêté a celle de Feldt- maréchal & de Général de Ia cavalerie & de Pinfanterie. A la folliciration de la Frife le Prince de Naflau avoit été fait Général de 1'lnfanterie. On lui avoit impofé des conditions qui ne lui kiffoient, pour ainfi dire, que lc titte & la dignité, fans pouvoir; encore la Zélande avoit-elle fait des proteflations. II fit la campagne de 1704 en cette qualité , mais il ne fe paifa de remarquable dans les Pays bas, que le bombardement de Namur & de Bruges. Mais fur mer les Anglois & les Hollandois s'étoient rendus maitres de Gibraltar ; quöiqu'il n'y eüt que cent hommes de garnifon , ils auroient échoué dans leur emreprife, fi le hazard he füt venu a leur fecours. Lc Prince de Heffe avoit fait du cöté de terre des efforts incroyables ; la Flotte avoit tiré quinze mille coups de canon inutilement. Des matelots h demi-ivres s'approcherent du mole dans des barques; foit qu'on ne les eüt point appercus, foit par mépris, il ne partit pas un coup de canon du mole: ils y montent & 1'effroi faiilt les canonniersr les matelots maitres du mole, font foutenus par des troupes & Gibraltar efl aux Anglois (1). Leur flotte fut attaquée fans fuccès pres de Malaga, par lé Comte de Touloufe. L'Archiduc étoit débarqué en Efpagne avec le titre de Roi, foutenu de huit mille Anglois & Hollandois aux ordres du Duc de Schomberg. II eonquit en fix femaines les Royaumes de Valence & de Catalogne. Le Comte de Peterboroug forca Barcelone kcapituler; le Comte de Tefic vou* kt reprendre cette ville, avec le Comte de Touloufe qui bloqua le port avec la flotte; mais la flotte Angloife qui parut, les forca de renoncer a leur emreprife. Cependant Villars qu'on avoit rappellé, empêchoit les Alliés de péïlétrer dans la Champagne,comme ils en avoient formé le projet, & öbligea Marlborough qui projettoit de 1'attaquer, de fe retirer ; iï forca les lignes de Weiflèmbourg. Le Marquis de ConfLns prit Hombourg; mais le Prince de Bade forca les lignes de Haguenau. Marlborough fe plaignoit des obflacles que les Députés des Etats Généraux oppofoient k tous fes projets : ils 1'avoient empêché depuis peu d'attaquer 1'ennemi prés de Bruxelles ; on cn murmuroit k Londres & cn Hollande même. Les Etats envoyérent des Députés au Parlement, & 1'on promit a la Reine que les troupes de la République agiroient olfenfivement. Quant aux affaires de 1'intérieur de la République, la Frife & Groningue faifoient de grands efforts pour introduire leur Stadhouder au Conlèil d'Etat; la Plollande & Utrecht arrêterenc qu'elles ne le pourroient point fans le confentement des autres Provinces ; la Zélande s'unit k la Hollande & k Utrecht & forcerent la Frife & Groningue au filence (2). Tandis que les Francois perdoient 1'Allemagne , Vendöme fe couvroit de gloire en Italië. II étoit forti triomphant du combat de Caflano; Eugene qui y avoit été blefle, voulut envain s'attribuer la viétoire (3) : le (O Volt. Siècle de Louis XIV. Ch. XX. No.s Tcm.'j XXXI. p. 488, & XL. a la fin item XLII. au comriiencernent. CO Hift. du Stadhouderat par M, 1'Abbé Raynal. (3) Volt. loc. cit. p. 388. Hift. Je Hollande. 1697.ƒ»/- ques d nos wurs. Généralat de Yfnfatt* terie donné au Prince de Nuftdu. Gibraltar pris par les Anglois. Snccès de 1'Archiduc en Efpagne. Ann. 1705. Retour de Villars: il ranime les Francois-, Efforts inutiles de la Frife cn faveur du Stadhouderat.Ann. 1706.  Sect. XIII, Hift. de Hollande. 1697- jufques a nos jours. Viêloires de Caffann £? de Caftinato par Vendöme. Défaite de Villeroi d Ramillies. Conquêtes des Alliés. Siege de Tstrin. Vicloire de Turin par le Prince Eugene. LEmpereur maitre de FItalie. CO Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XIX. (0 Ayant döja traité ailleurs des événemens de cette guerre,tious en évitons les détails, & icnvoyons a nos Volume* cités ci-deflus. 36*8 HISTOIRE DE HOLLANDE triomphe plus éclatant encore que le premier, remporté par le héros francois , k Calfinato , ne laifia aucun doute, & Ie Duc de Savoye depouillé de fes Etats n'avoit prefque plus que Turin. Mais ces avautages ne compenfoient pas les malheurs que les Francois eiTuyoient en Flandres. Marlborough qui commandoit l'armée des Allies, avec le Duc de Wurtemberg & le Maréchal d'Owerkerque, mit a profit les mauvaifes dïfpolïdons que Villeroi & l'Elecbeur avoient faites. Les Frangois, que le Maréchal d'Ouwerkerk , a la tête de la cavalerie Danoife & de celle des Etats, avoit chaffés d'un pofte important, fe réunirent ■ & le forcoient de plier, Marlborough accourt, retablit le combat, en même tems que Schutz attaque Ramillies & en chaffe les Frangois; ceux-ci qui ont perdu toute confiance dans leur Général, prennent la fuite & font taillés en piéces. Le combat ne dura 'pas demi - heure. Ils eurent moins de morts qu'a Hochftet, mais la déroute fut plus honteufe, & les Alliés ne perdirent qu'environ deux mille cinq eens hommes. Ils s'emparerent d'Anvers, de Louvain, de Malines, de Bruxelles, de Bruges, de Gand, d'Oudenarde, d'Oftende, de Menin, de Dendermonde, d'Ath, enfin de toute la Flandre Efpagnole (j). Vendöme fut alors rappellé d'ltalie , oü il foudnt jufques a la fin la gloire du nom Frangois: fa derniere viétoire avoit étonné Eugene, qui s'étoic retiré dans Ie Trentin. Vendöme protégeoit le fiege de Turin, malheureufement confié au Duc de la Feuillade, lorfqu'il fut rappellé; leDuc d'Orléans Ie remplaga. Le fiege trainoit en longueur. Vauban qui connoiflbit finexpérience de la Feuillade, avoit ofièrt de fervir fous lui en qualhé de volontaire; le Duc refufa jufques a fes confeils & lui marqua du dédain. Eugene qui n'avoic plus a craindre Vendöme, approche de Turin, joint le Duc de Savoye, attaque les Frangois dans leurs retranchemens. Le Duc d'Orléans, dont les avis falutaires n'avoient pas été mieux accueillis que ceux de Vauban, fut bleffé. Eugene remporté une viétoire completce; Marfin blefle a la cuifle, meurt dans 1'opération. Le fiege pour lequel on avoit fait des préparatifs immenfes, fut abandonné. Le Milanez, leMantouan, le Royaume de Naples furent perdus. La vicloire remportée par Ie Comte de Medavi fur le Landgrave de Helle & les Impériaux a Caftiglione, ne fervit k rien, 1'Italie fut abandonnée k 1'Empereur (*). Léopold étoit mort, fon fils Jofeph lui avoit fuccédé: il ufa des droits de vainqueur & de Souverain; il accabla de contributions les Princes d'ltalie & le Pape même. II mit au ban de PEmpire , les Eleéteurs de Cologne & de Baviere, & retint en prifon les enfans du dernier. Louis XIV avoit perdu tous les pays qu'il avoit conquis, & craignoit pour 1'intérieur de fon Royaume: la fortune 1'avoic abandonné, mais non pas le courage : malgré la pene de Barcelone , 1'invafion de 1'Archiduc en  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. tfc, en Catalogne , les fuccès des Portugais, la prife de Carthagene par les Anglois, la marche triomphante de Galioway a Madrid, que la Reine eft forcée d'abandonner, & oü Charles eft proclamé Roi d'Efpagne, Louis foutenoit toujours fon petic-fils, qui a fon tour, fecondé de Berwick, forca les Anglois de fortir de fa Capitale & de fe retirer vers Vaknee. * Mahonv qui défendoit Alicance, capituia, & alla reprendre Carthagene. La fermeté de Louis XIV étoit foutenue par celle du Roi d'Efpagne & furtout de la Reine, par les Efpagnols eux-mêmes, qui recurent Philippe avec tranfpor lorfqu'il retourna triomphant a Madrid, par les fuccès de Berwick, dont 3a vidoire remportée a Almanza, rendit Ia Province de Valcrtce a Philippe (i). Villars étoit en Allemagne, il avoit fait lever Ie fiege de Fort-Louis & mis le Palatinat a contribution; il avoit furpris les lignes de Stolhoflen, avoit pénétré au cceur de 1'Aüemagne, s'étoit emparé du Duché de Wurt'emberg avoit pouffé des partis jufques au-dela du Danube. Ces avantages furent facrifiés a la nécefllté de fecourir la Provence & le Dauphiné, qu'Eugene & le Duc de^Savoie menacóient; on fit venir au fecours de ces Provinces, une partie de l'armée de Villars. Forbin qui avoit remporté fur nier quelques avantages, tenoit en refpecl les Flottes Angloife & Hollandoife, qui mettoient en allarmes les cótes de France en les menacant d'une defcente. Louis XIV envoya le Duc de Bourgogne prendre le commandement de l'armée de Flandres, dont le Duc de Vendöme étoit néanmoins le vrai Général; mais la réputation qu'il s'étoit fi juftement acquife en Italië, fe trouva étrangement compromilè par les confeils du jeune Prince. Gand, Bruges & Plalfendal ouvrirent leurs portes, par les intelligences que Louis avoic dans ces places: on marcha a Oudenarde pour en faire le fiege. IVIarlborough & le Prince Eugene avoient pafte 1'Efcaut. L'Armée Francoife rencomra celle des Alliés, lui préfenta la bataille & fut mife en déroute. Le jeune Prince de Naflau, k la tête de fon infanterie, rompit plufieurs régimens francois & les mit en défordre: il contribua beaucoup ■ a la vicloire (2): il y eut peu de morts, mais les Alliés firent fept mille ' prifonniers. Les Francois fe retrancberent derrière le Canal, qui pafte entre Gand & Bruges & eurent le tems de faire entrer leurs équipages dans Gand & de ravager le territoire de Cadfand. Malgré la belle défenfe du Maréchal de Bouflers, Lille qu'Eugene afiiégeoic, capituia, & avant la fin de la campagne , les Alliés étoient maitres de Gand, Bruges-, Plaflen- dal & Leffinghem. •< Le Prince de Naflau qui s'étoit diftingué a Ia bataille d'Oudenarde, n'avoit que vingt ans. Ses belles qualités n'avoient pas rendu les Etats Généraux plus favorabks a fon entrée au Confeil d'Etat. Lorfqu'il approcha de fa vmgtieme année, les Provinces de Hollande, de Zélande, d'Utrecht & d'Overyffel, avec 1'acceffion de la Gueldre & le confentement de Groningue , déclarerent que ks Stadhouders d'une ou de deux Provinces ne pourroient a Pavenir avoir entrée au Confeil d'Etat, lorfque ks autres (O Volt. Siècle de Louis XIV, Ch. xix. (2j Abrégé de 1'Hift. de la Hollande & des Prov. Unies. Tome XLW. Aaa Hift. de Hollande. 169/, jufques d nos jours. Defaftres ' de Louis XIF & des Frangois. Fermeté du Roi. Ann. 1707. Succes de Villaxs. Ann. 1708. Bataille fOude. larde. 'uccès des Wiés.  Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Le Prince de Naffau exc/us du Confeil d'Etat. Stadhouder de Groningue & dei Ommelandes. Ann, 17 op. Humillatio:i & mifere de la trance. Fierté de Heinfius. Conditions in fuliant'es rejetlées par Louis XIV. Bataille de Malpla quet. fi) Abrégé de 1'Hift. de la Hollande & des Prov. Unies. Hift. du Stadhouderat. (2) Mém. & Négociations de M. de Torcy. 370 HISTOIRE DE HOLLANDE Provinces feroient fans Stadhouder. Cependant, pour adoucir cette réfolution, on arrêta que, dès que le Prince auroit atceint fa vingtieme année, il entreroit dans les fonclions de fa charge de Général d'infanterie & qu'il en percevroit les émolumens. La Province d'Overyffel arrêta de ne plus fe donner de Stadhouder: elle vouloit engager les autres h Pimiter & a fupprimer entierement le Stadhouderat , attendu que cette dignité n'avoit été introduite que fous les Comtes , pour les fuppléer pendant leur abfence, ou en cas de mort, & que s'il n'avoit pas été aboli après la paix de Munfter, c'étoit a caufe du grand crédit du Prince d'Orange; mais que la République voulant conferver la liberté qui lui étoit rendue, cette charge devenoit abfolument inutile. Cette affaire fut mife en délibération ; mais il n'y eut rien de décidé, & ce Prince entra, 1 année fuivante, en jouifTance du Stadhouderat de Groningue & des Ommelandes & époufa la Princeflè Louife Marie de Pleffe-Cailèl (1). Cependant les Anglois avoient conquis la Sardaigne .& Port Mabon a. 1'Empcreur, qui avoit forcé le Pape a reconnoitre Charles, fon frere , Roi d'Efpagne. La France étoit ruinée & dans 1'humiliation. L'hiver qui fut'terrible, mie le comble a fa mifere; alors Louis XIV, qui avoit jetté en avant quelques propofitions de paix, la demanda aux Hollandois: ils la mirent a un fi haut prix, ils firent au Préfident Rouillé & a Nb de Torcy que le Roi leur avoit fuccefiivement envoyés a la Haye, des propofitions fi infultantes, que le Roi aima mieux continuer Ia guerre (2). Ils vouloient que ce Monarque obligeat fon peut-fils a defcendre du tróne, qu'il employac même la force des armes pour Py contraindre & que PEkcleur de Baviere & celui de Cologne fon frere , demandaflent grace. Heinfius, Grand-penfionnaire , qui précendoit avoir a fe plaindre de la Cour de France, fe vengeoit fur le généreux Torcy, qui, quoique MW niftre de la guerre, s'expofoit aux plus grands dangers pour fléchir cette ame hautaine. Eugene & Marlborough confentoient, non a la paix, mais a une trêve, a condition que Louis XIV fe joindroit aux Alliés pour détröner fon petit- fils, & que pour füreté il céderoit aux Hollandois dix villes dans la Flandres, qu'il rendroit Strasbourg , Brifac, & renonceroit a la Souvi raineté de 1'Alface. Louis rejetta ces conditions indignes. Villars commandoit 1'Armée de Flandres, inférieure a celle des ennemis: Tournai s'étoit-rendu aux Alliés. Marlborough & le Prince Eugene pafrerent 1'Efcaut pour affiéger Mons: Villars marche au fecours, & la France peruit encore la bataille de Malplaquet. La vicloire fut longtems difputée: les • Frarcois fe battirent avec acharnement.^ Malheureuièment Villars fut blefle'- alors la vicloire fe déclara pour'les Alliés. Les Hollandois qui comba'ttoient a la gauche, furent fort maltraités , malgré le bonheur conflant du Comte de Tilly & la valeur du Prince d'Orange. Le Maréchal de Bouflers qui commandoit fous Villars, fit une retraite briliante, fecondé du Prince de Tingri; il emporta plufieurs drapeaux aux ennemis. II avoit  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 371 refté fur le chatnp de bataille plus de trente mille morts (1). Les Francois n'en avoient perdu qu'environ huit mille; mais le champ de bataille étoit refté aux Alliés, qui afliégerent Mons: le Prince d'Orange dirigea le fiege, & Mons capituia. Les Hollandois affoiblirent la France, non - feulement par leurs armes, mais encore par leur fage politique. Les Etats de Hollande & de Zélande déclarerent par un édit,que les Réfugiés Proteftans & leurs enfans, feroient confidérés comme fujets naturels de leurs Provinces & qu'ils pourroient, toutes les fois qu'ils le voudroient, fe faire donner des lettres d'indignac ou de naturalité. Quelque tems après les Etats Généraux rendirent cet édit général pour toutes les Provinces, & ordonnerent en outre que la France ne pourroit former aucune prétention fur les biens des Réfugiés, décédés dans ces Provinces, foit h titre de contrats de mariage, de difpolition teftamentaire ou de fuccefiion ab inteftai. Les Négociations pour la paix femblerent prendre plus de confiftance. La . France avoit envoyé fes Députés a Gertruidenberg; mais ni les offres que Louis faifoit de fournir de Pargent aux Alliés pour détröner fon petit-fils,' ni celles de donner quatre places cn ötage, de rendre Strasbourg & Brifac, ni tant d'autres facrifices ne purent rien obtenir; & les Conférences furent rompues brufquement (2}. C'eft a peu prés vers ce tems que la Cour de Vienne, en reconnoiflance des fervices des Erats Généraux, leur donna le titre de Hautes Puissances, qu'elle leur avoit conftamment refufe jufqu'alors. Les fuccès des Aliics, ceux de 1'Archiduc Charles, qui avoit encore forcé Puilippe a fortir de Madrid , rendoient les vamquèurs intraitables. • L'Efpagne étoit auffi cpuiiëe que la France, Philippe V étoit abandonné, ' lorfque fon Confeil écrivit a Louis XIV & le pria d'envoyer Vendóme pour 1'oppofer a Staremberg, Vendöme arriva fans troupes & lans argent, & touc changea de face; ia réputation lui procura des foldats, on accou- ' rut de tous cötés; il ramena Philippe a Madrid, forca les ennemis de fe ! retirer vers le Portugal,les pourfuivit, atteignit Staremberg a Villa-Viciofa & le battic: Philippe combattit avec lui. La hauteur infultante des Alliés avoic fait rompre les Conférences de Gertruidenberg ; ils comptoient fi peu fur 1'efficacité des Négociations, qu'ils avoient repris leurs opérations : ils s'étoient emparés de Bóütfi, de Bethune, de St. Venant & d'Aire: Villars n'ofoit point hazarder les feules forces qui reftoient a la nation. Les Francois voulurenc furprendre Louvain^ & le fort de Scarpe & ils échouerenc: ils battirent un Convoi des Alliés & Villars les empêcha de faire le fiege d'Arras. ' Une révolution arrivée dans le Miniftere d'Angleterre & la mort de 1'Empereur Jofeph I, a qui fon frere , reconnu Roi d'Efpagne par ks . Anglois & par les Hollandois, fucccda fous le nom de Charles VI, furent de * nouveaux motifs qui engagerent la Reine Anne & les Etats a reprendre les 1 Négociations de la paix; mais on n'en continuoic pas moins la guerre; ce- (0 Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XX. Qi) Voyez les Mémoires de Torcy. Aaa 2 Hijl. de Hollande. 1697, juf. ptes d nos jours. Sage polim 'ique des Hollandois. Nigocia'ious rentiues, ^ierté dei dttiés. Succes de 'Sendême •n Efpa\ne. Végociaions re>rifcs.  Sect. XIII, Hift. de Hoiiande. 1697, j«fi ques d nos jours. Mort furie ft e du Frince d'Orange. Cara&ere de Heinfius. Du Marquis de Torcy. ame nobie cc grande étoit digne du Monarque qui le faifoit agir. Ln un CO Hift. du Stadhouderat, par M. l'Abbé Raynal. (O Tout ce qui eft marqué par des guillemets eft tiré d'un mamifcrit de M. l'Abbé de Voifenon, contenant 1'Hiftoire des Négociations de la paix d'Utrecht, d'après les Mémoires originaux 372 HISTOIRE DE HOLLANDE pendant i! ne fe pafla rien d'important dans les Pays-Bas : Pabfencé du Prince Eugene que la mort de 1'Empereur retenoit en Allemagne , & la disgrace dont Marlborough fentoit qu'il étoit menacé, jcttoienc beaucoup de lenteur dans les opérations. Celui-ci néanmoins furpric les Frangois dans leurs lignes de St. Omer , les en chafla & biemöt après cbiig>a Bouchain a fe rendre. La Plollande perdit la meme année le Prince d'Orange, Jean Guillaume Frifo. II s'étoit rendu a Pannée des Alliés. Le Roi de Prufle étoit a la Haye, peur terminer quelques différends au fujet de la fucceffion de Guillaume III: il engagea les Etats a rappeller le Prince d'Orange; il s'en défendit quelque tems; mais enfin il partit le 4 Juin avec quelques Seigneurs & fes domeftiques. II fut aflailli par une tempéte en paffant le Moerdyk; le ponton dans lequel il étoit entré ayant été renverfé d'un coup de vent, le Prince qui s'étoit accrcché au mat, fut jetté hors du batteau & fubmergé; fon corps ne fut retrouvé que neuf jours après. II n'avoit que vingt-quatre ans. il fut regretté avec raifon. II avoic donné plufieurs fois des preuves de courage & de calcnt (1). II laiffbic une fille, & fon époufe étoit enceinte. Elle accoucha le 11 Septembre de Guillaume Charles Frifo que nous verrons Stadhouder de toutes les Provinces de 1'Union. Cependant une imrigue de Cour dont la France favoit profiter, donnoit lieu a des conférences fecretces encre cette Puiflance & la Reine Anne. „ Les Propofitions faites par le Préfident Rouillé (*) aux Etats Géné„ raux, n'avoient point été acceptées. Le Marquis de Torcy avoit fait un „ voyage inutile a la Haye. Sa bonne foi, fa candeur & fon habileté n'a„ voient produit aucun effet. Le Penfionnaire Heinfius froidement opiniatre oppofoit toujours des obflaclcs a la paix, en paroifiV.r. la defirer: de „ nouvelles propofitions faifoient nnitre de nouvelles difficultés. Heinfius „ n'affecloit de franchife que pour être plus myflérieux: il cachoit Péren„ due de fes deflèins, par le calme de fon maintien, d'autant plus fin, qu'il „ étoit flegmatique: il ne difoit que ce qu'il falloit pour engagcr un négocia„ teur a dire davantage; mais fa finefle même fervoit fouvent a le tromper, „ en fuppofant aux autres des vues dont ils étoient bien éloignés. Aucun „ extérieur n'annoncoit en lui 1'homme qui gouvernoit PEtat; tout fon „ domeffique étoit compofé d'un Secrétaire, d'un laquais, d'un cócher & „ d'une fervante: cette affeclation de modeftie tenoic peut-être de plus prés „ a la vanité, que 1'excès du falie. „ Le Marquis de Torcy joignoit la douceur d'efiprit a la fermeté de ca„ ractere. Réfervé fans être faux, il connoiflbit les hommes , avoit les „ qualités propres pour les perfuader & ne cherchoit jamais a les féduire. ,, II méprifoit ces détours obliques, ces expreffions ambigues & ces in„ trigues fourdes, qui font les grandes fineffes des petits négociateurs: fon  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 373 „ mot, lu firaplicité de Heinfius étoit dans fa maifon , & la fimplicité de „ Torcy étoit dans fon cceur. „ II ne fut pas longtems k s'appercevoir que les Provinces unies ne vou„ loient pas la paix; il foupconna leur mauvaife volonté, s'en aflura, en „ infiruific le Roi, demanda fon congé, & partir. II laifia le Piéfident „ Rouillé, dont les démarches n'eurent pas plus de fuccès. Louis XIV. „ plus r.ffligé d'augmenter les charges de fon peuple que d'être humilié, fit „ de nouvelles tentatives pour rerminer la guerre. II envoya a Genrui„ denberg, le Maréchal d'Uxelles & l'Abbé de Polignac; le premier Po,, litique profond, fécond en expédiens, adroit dans les moyens; 1'autre „ plus bel efprit qu'homme d'Etat, & dans fes négociations toujours élo,, quent & toujours malheureux. „ Cette derniere démarche accrut la hauteur des Hollandois : on Iia „ des conférences, on fit des propofitions, on difcuta, on temporifa & ,, Pon n'accorda rien. ,, Le dernier période de la fortune n'a qu'un moment ; quand on Ie „ manque, on n'y revient plus; c'efi ce qui arriva aux ennemis de la „ France. L'audace & 1'écoile du Maréchal de Villars changerent la „ face de l'Europe. ,, Les Francois avoient donné k Ia Reine Anne un plan général, d'a„ prés lequel ils confentoient de faire la paix : les Alliés refufoient d'en „ faire la bafe des Négociations; mais la Reine les ayant merjacés de fe „ féparer d'eux , li Pon n'ouvroit les conférences fur le pied propofé „ par la France, il fut arrêté qu'on s'afiembïerok k Utrecht, la Haye,ou „ Londres. Eugene & Marlborough penferent qu'en atcendanc , il fal„ loit continuer la guerre. Marlborough fut acculë k la Chambre Hau„ te , d'avoir recu des préfens confidérables des Commifiaires des vivres „ pour 1'Armée de Flandres: la Reine lui öta fes emplois, & James „ Butler, Duc d'Ormond, fut fait Général de toutes les troupes Angloi,, fes dans les Pays-bas (1) ". Les Plénipotentiaires de toutes les Puiflances , excepté ceux du Roi d'Efpagne que les Alliés ne reconnoiflbient pas, s'étoient rendus k Utrecht, oü le Congrès fut ouvert le 29 Janvier. L'incendie de quelques fourrages dans les fauxbourgs d'Arras , par Milord d'Albemarle, fut le premier acbe d'hoftilité de cette Campagne. Peu de jours après le Comte de Broglio prit le polfe de 1'Eclufe. On précend qu'a peine le Duc d'Ormond fut arrivé k l'armée, qu'il recut ordre de fa Cour de ne donner bataille ni de former de fiege , quelque avantage qu'il y vit. En conféquence le Duc d'Ormond refufa de marcher contre Villars, qu'Eugene & les autres Généraux vouloient attaquer. Envain les Alliés lui demanderent-ils la caufe de fon inaclion & 1'accuferent - ils de trahir la caufe commune. Le Duc, fans rien répondre, exécuta les ordres; il fe contenta de couvrir Ie fiege du Quefnoy invefli par le Général Fagel; mais il en avoit provenu Villars, en Paflürant qu'aucun Anglois n'y feroit employé. Le Prince Eugene prit le Quefnoy. Le Duc de Broglio ayant (O Manufcrit de M. l'Abbé de Voifenon. A a a 3 Hifi» de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Opinidtreté des Hol. landois. Villars change la face des affaires. Conférences d'Utrecht. Ann. 1712, Défeclion des Anglois.  Stem xnfc Hé. de Hollande. 16971 jufques <* nos jours. Le Duc d'Ormond fe retire ü Dunkci' que. V'Angleterre s'i>'.térefe d la paix: pourquoi. Mort du Duc de Fendême. Vittoire de Fillars d Denain. Ci) II étoit mort a Viguaros en Efpagne dans fa 58c. année. S74 HISTOIRE DE HOLLANDE pafte la Scarpe pour couvrir un fourrage , défit huit ceuc èbévaSR do* Alliés , qui furent encore battus dans un autre fourrage prés de Valenciennes. Les Frangois confentirent a faire occuper Dunkerque donné en ètk^e aux Anglois, par les troupes du Duc d'Ormond, a condition qu'il déclareroit que de toute la guerre il n'entreprendroit rien contre l'armée francoife. Ce qui détermina la Cour de Londres en faveur de la paix, fut la déclaration que fit Louis XIV, que le Duc d'Anjou renoncoit formellemenc a la Couronne de France, pour celle d'Efpagne & les Indes: car dès le commencement de cette grande querclle , Ia haine des nations contre Louis XIV, s'étoit couverte du prétexte que tant de Royaumes réunis fur la même tête, formeroient une Puifiance redoucable a l'Europe; prétexte qui devïnt enfuite une raifon contre Charles VI, exclu par fon avénement k 1'Empire , du tróne d'Efpagne. Les Cours de Londres & de Verfailles avoient figné une fufpenfion d'armes pour dix mois. Les Etats Généraux en témoignerent leur mécontentemenc: ils échterent, lorfqu'ils apprirent qu'on avoit réglé leur commerce & leurs barrières, fans leur cn donner avis; mais la Cour de Londres rejetta tout fur ceux qui gouvernoient la République. Enfin le Duc d'Ormond déclara au Prince Eugene & aux Députés des Etats, la féparation des Anglois du refle de l'armée, & alla les mettre en garnifon a Dunkerque que les Francois avoient évacué. Villars réfolut de profiter de la défeótion des Anglois 'pour fecourir Landreci; mais il trouva le Prince Eugene trop bien retranché. Malgré la retraite du Duc d'Ormond, fon armée étoit encore fupérieure a celie des Francois de vingt mille hommes. Villars qui ne voyoit pas d'autre reflburce pour fauver la France confiernée de tant de disgraces, & dont k perte du Duc de Vendóme toute recente (1) augmentoit Ja conflernation, entreprit de forcer le pofte de Denain. Ce pofte favorifoit le pafiage des convois que les Alliés faifoient venir de Marchiennes. II foltert tromper ie Prkce Eugene & lui donner des foupcons fur le camp de Landreci, pour 1'engager a dégarnir celui de Denain. II fit en conféquence, des difpofitions fi favantes, qu'Eugene dégarnit en effet Ie pofte que Villars vouloit attaquer. Denam fut forcé. Les Alliés fe défendirent avec intrépidité; mais leur défaite fut entiere; tous furent tués, mis en fuite ou faits prifonniers. Marchiennes, ou étoient leurs magafins, fut emportée : Douai, le Qucsnoy, Bouchain, fe rendirent aux Francois, qui pénctrerent jufques dans 'fholen, 1'une des iiles de la Zélande; elle fut mife a contribution. Enfin ce fut cette vicloire qui forca bientót la HoïJande d'accepter la paix & c'eft pourquoi cetie aflaiflï mérite d'ctre un peu détaiiiée: on en a une Relation exacte, qui pone comme fuif. „ Les Armées des Alliés étant décampées Ie 26 Mai du camp d'Anchin & de Marchiennes , & ayant psffé 1'Efcaut a Neufville & Lonrche , fe ctimperent avec 1'Aile droite h Noyeiles, & la gauche k Solemne, ayant 1'Efcaut devant & la Selle derrière eux: le Comte d'Albemarle fut détaché  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 375 en même tems avec 13 Bacaiilons & 30 Efcadrons pour prendre pofte k Dédain fur 1'Efcauc pour afiurer la communication avec Marchiennes, d'oü nous devions tirer les mumcions & les vivres; il fic travailler le même jour a uu Retranchement pour camper ies Troupes en füreté; la droite s'appuyoit contre la vieille liigné que PEnnemi avoit faite depuis PEfcarpe jufques a 1'Efcauc après la Bataille de Mdplaqucc, & la gauche contre 1'Efcaut; les Généraux fe logerent dans 1'Abbaye & le village de Denain; on occupa par-tout les Poiks néceflaires, & on prit toutes les précaudons pour la füreté de ce Pófte. Les Troupes Saxonnes, au nombre de 6 Bacaillons & de 12 Efcadrons, en écant parties le 30 de Mai pour fe rendre a la grande Armée , furent d'abord remplacées par d'autres. En attendant, Mylord d'ASbemarle fic travailler cn toute diligence a une doublé Ligne de communicadon , qui s'écendoit au travers de la Plaine de Denain jufques a 1'Abbaye de Beaurepaire. Ces Lignes étoient de deux lieues & de mie de longueur, & déiendues de diftance en diftance par des Redoutes & des Gardes, pour aflürer le paflage des Convois qui devoient aller a 1'Armée, pour s'oppofer aux Partis & aux entrepriks des Ennemis. Le ar. Mylord d'Albemarle dócacha le Brigadier Berkhoffer avec les Régimens de Murray, du Prince Héréditaire de Wolfenbuttel, de Berner & d'Eis, & les 3 Efcadrons de S-chellart, pour garder les Bateaux chargés d'Artillerie & d'Ammunitions a Marchiennes. La Cavalerie qui étoit déja a Marchiennes y refta, & Mylord d'Albemark fit camper PInfanterie . dans le Retranchement- auprès de 1'Abbaye de Beaurepaire, pour couvrir les Bateaux contre un coup de main des Ennemis. Le 7 de Juin les Armées des Alliés fe fcamperent e.itro la Scl!c 6; Ia pecite Riviere PEfcaillon , l'Aile droite a Flory, a une petite lieué de Denain, & Ia gauche au Chateau Cambrefis , pour couvrir le Siege du Quefnoy; & le fufiic Corps de Troupes fervoit pour tranfporter au Üiege tous les Convois de Munitions & de Vivres. Ce Siege étant fini, il fut réfolu d'encreprendre celui de Landrecy; mais comme les Armées devoient alors palier PEfcailfon, on commenca le 8 de Juillet a travailler a ua R.tranchement , pour couvrir les Ponts a' Denain contre ks infukes des Ennemis. Ce Retranchement fut gardé par le. Régiment du Prince Héréditaire de Woliènbutel, qu'on y fit camper en trois Peloctons. On fic travailler en même tems a une nouvelle Ligne de communication de Denain vers Thian , pour aifurcr le pafiage des Convois pour le Siege de Landrecy, & pour couvrir le Pont de communication a Thian. Le 14. on déti: un des Ponts de Pontons a Denain , qui fut envoyé par ordre expres a Ia grande Armée, pour s'en fervir le 17. pour faire la communication fur la Sambre & 1'tnondation au-defius & au-defibus de Landrecy, afin d'inveftir la Ville. Lc 16 le Prince de Savoye pafla PEfcaillon avec fon Armée & toutes les Troupes Etrangeres, & les fic camper, PAile droite a Thian, & la gauche a Fontaine'au Bois prés de Landrecy; la première Ligne faifant front vers PEfcaillon, & la feconde vers Valenciennes & Quefnoy. Le 17. on fit occuper la nouvelle Ligne de commumenion entre Denain & Thian, par 6. Bacaiilons- Impériaux & Palatms, (bus le Commandement du Lieutenant-Général Secquin , &'les Majors - Géqéraux le Priucede Holftéin '& Zobel, 'pour garder ladite Ligne, & pour empê- Uifl. de Hollande. 1697, jufques d nos jours. kvm. 1712.  Sect. XIII Hifi. de Hollande. 1697 .jufques ii nos jours. Ann. 1712 37Ö HISTOIRE DE HOLLANDE chcr que les Ennemis ne puflènt féparer de ce cöté-ia le Corps a Denain, de la grande Année. Lc même jour on décacha le Prince d'Anhalc avec 30. Bataillons & 40. Efcadrons, pour faire le Siege de Landrecy: & comme parmi ce nombre il y en avoic quelques-uus du Corps de My-. lord d'Albemarle qui marchoient de ce cöté-la , ils furenc d'abord rem■ placés ; de forte que le Corps de Denain confiltoit alors en 10. B.itail' lons & 23. Efcadrons, qui étoient campés le long du Retranchement, depuis la gauche jufqu'a la droite, la Cavalerie & lïnfanterie entremêlées. „ Le 19. 1'Armée des Ennemis paffa 1'Efcaut, au deffus & au delTous de Cambray, après avoir tiré enfemble toutes leurs Troupes de Monchypreux, & des Polles le long de la Sencette: elle fe campa, l'Aile gauche auprès de Cambray, & l'Aile droite au Callelet, faifant courir ie bruit qu'elle Vouloit en venir a une Bataille: fur quoi le Prince de Savoye fit mettre fon Armée fous les armes, & ordonna a Mylord d'Albemarle de fe tenir avec fes Troupes prêc it marcher, en cas qu'il en füt befoin. Et comme les Ennemis continuoient leurs mouvemens le 20 du cöté de la Sambre, il fit ferrer la grande Armée vers la gauche, & ordonna derechef a Mylord d'Albemarle de fe tenir prêc \ marcher-au premier ordre, comme il le fit auffi , quoique 1'intention ne füt de le faire que dans la derniere extrêmité. Les Ennemis s'écant campés alors derrière la Selle , l'Aile gauche a Vielly Couchy, & l'Aile droite a St. Martin contre le Bois de Bohain, Monfieur le Prince de Savoye fit faire une Ligne depuis Ia fource de 1'Efcaillon jufques fur Ja Sambre, pour couvrir l'Aile gauche, & pour conferver la communication avec les 'Iroupes du Siege : il fit occuper cette Ligne par 12 Bataillons, & fit rentrer fes Troupes dans leur vieux Camp, ordonnant a Mylord d'Albemarle d'en faire de même. Ce qui ayant été exécuté, & Mylord d'Albemarle voyant qu'on ne renvoyoit point, fuivant la promeflè qu'on lui avoit faite, ies Pontons du fecond Pont qu'on avoit levés le 14. & qui avoient été employés le 17. \ Landrecy, il fit travailler, immediatement après ces mouvemens , a un PoncdeBois: on fic commander pour cec effet tous les C harpen tiers, une quantité de Travailleurs, & 5 a 600 hommes pour chercher le bois néceffaire dans les Bois voifins. Ce travail dura jufques au 23. que le Pont auroit été achevé, fi 1'Ennemi ne nous^avoit attaqué; & il ne pouvoit être achevé plutöt, a caufe de la Riviere qui étoit fi largo qu'on ne la pouvoit occuper qu'a moins de 8 Pontons, ce qui demandoit par conféquent beaucoup de peine & de travail. Le 22. il arriva encore a Marchiennes un Convoi de Tournay, efcorté par deux Bataillons ; auxquels on donna ordre de reder a Beaurepaire auprès du Brigadier Berkhoffer , qui ejt de cette maniere fous fes ordres 6 Bataillons & 3 Efcadrons. Le Comte d'Albemarle lui donna ordre,.qu'en cas que 1'Ennemi. eüt 1'reil fur Marchiennes, & vint a lui avec une force . fupérieure, il eüt a fe rendre a Marchiennes avec fes Troupes, & fe camper entre PEfcarpe & le grand Marafs, oü il n'y avoit qu'un feul pafiage pour venir aux Bateaux ; le Prieuré de Hamage fur la gauche, & le Fort de Riolet a la droite, étant bien pourvus. Le 21, 22 & 23 1'Ennemi fut continuellemenc en mouvement du cöcé de la Sambre, pour nous faire croire qu'il avoit I'ceil fur Ie Siega  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 377 Siege de Landrecy, & qu'il vouloit le faire lever. II fit confiruire des ponts fur la Sambre, & faire des ouvertures dans les trouées de Femy, comme s'il y vouloit paflèr; & fic tous les mouvemens qui pouvoient fervir a nous perluader qu'il vouloit attaquer le- Corps a Denain , & pour prendre Marchiennes. Pour cet effet le Maréchal de Villars avoit déja ordonné a la garnifon de Valenciennes de fe tenir prête a marcher, & le 23 a midi il fit. fortir tous fes Houffars pour battre l'eflxade entre Cambray , Bouchain, & la grande Armée : il envoya une quanticé de Partis 3 pied & a cheval fur tous les paflages de la Selle & de 1'Efcauc, pour empêcher que nous ne puffions recevoir des avis de fon defièin. Au foir a 7 heures, il fit avancer le Comte de Coigny avec 30 Efcadrons de Dragons, vers nos Lignes de Circonvallation devant Landrecy, comme s'il eut voulu les attaquer la même nuit; mais en même tems il détacha le Marquis du Vieuxpont avec 30 Bataillons, tous les Pontons, & une Brigade de Cavalerie , comme aufli le Lieutenant-Général d'Albergotti avec 20 Bataillons & 40 Efcadrons, pour foutenir; toute 1'Armée fuivoit la-deflus, dont on avoit envoyé le gros bagage a St. Quentin & Ham. Le Comte de Broglio couvroit la marche de 1'Infanterie avec 49 Efcadrons du Corps de réferve , ayant ordre en même tems d'avoir foin que perfonne ne put paflèr la petite Riviere de Selle pour nous avercir de leur marche: & dans cec ordre 1'Ennemi décampa forc précipitamment de fon Camp au Chateau Cambrefis: le 23 au foir, après qu'on eut battu la retraite, il marcha toute la nuit par les Plaines entre la Selle & 1'Efcaut jufques a N>.ufville fur 1'Efcaut, au deflbus de Bouchain , oü la tête étant arrivée a la pointe du jour , 011 fic confiruire d'abord les ponts pour paflèr cetce Riviere. „ Quoique Mylord d'Albemarle eüt continuellement plufieurs efpions en campagne, pour vciller fur les mouvemens entre lefdites Rivieres, il ne recut aucun avis de cette marche: apparemmenc qu'ils furenc arrêtés, ou qu'ils ne pürenc pafler les Rivieres, a caule de la quantité des Partis Ennemis. II ne recut non plus aucune nouvelle de Bouchain, quoique les Ponts fe fiffeut -a Neufville qui n'eft pas loin de-la ,'& que jufqu'alors il y eüt établi & entretenu une correfpondance réguliere, donc il recevoic des nouvelles journellement: ayant de plus ordonné expreffément aux Habitans de la dépendance de Bouchain, fur le moindre mouvement des Ennemis dans ce voifinage, d'en donner d'abord connoiflance au Commandant de cette Place. Et comme Monfieur le Prince de Savoye ne recut la nouvelle de la marche des Ennemis que le 24 a 7 heures du matin, Mylord d'Albemarle ne pouvoit non plus avoir aucune nouvelle de la grande Armée: ainfi ce ne fut qu'etïtre 7 & 8 heures du maiin que Je Général Major Bothmar, qui étoit de jour, & qui vilitoit le Camp, lui fit favoir que 1'Ennemi fe iiufoit voir a Avefne le Sec. Mylord d'Albemarle en donna d'abord connoiflance a Mr. le Prince de Savoye, qui lui fit dire qu'il viendroit inceflamment en perfonne auprès de lui, comme il fit auffi enfuite: & en même tems il donna le fignal concerté de fix coups de canon, tant pour avertir les Poftes a Bouchain,Marchiennes & St. Amand,que pour faire revenir les chevaux de la Cavalerie qui étoient ert pature, auflï-bien que ceux de la Tome XL1V. Bbb Hift. de Hollande. 1697. jufques a nos jours. Ann. 1712.  Sect. XIII Hifi. de Hollande. 1697. jufques d nos jours. Ann. 1712. 378 HISTOIRE DE HOLLANDE grande Armée. Ces chevaux étant revenus immé Jiatement, Mylord d'Albemarle fit d'abord monter la Cavalerie a cheval, il fit pofter le GénéralMajor Comte de Croix avec 7 Efcadrons Impériaux devant l'Aile droite du Retranchement fur le grand chcmin de Valencienncs pour obferver la Garnifon de cette Place , laquelle étant aufli fortie commenca a fe faire voir fur la hauteur de Hurtebize; & avec les autres 16 Efcadrons, il lorrie fur la Plaine par la gauche dans 1'intention de difputer aux Ennemis Ie paflage de Neufville, ignorant que leurs Ponts étoient faits, & que leurs Troupes y paflbient déja, paree qu'ils étoient dans un fonds oü nous ne pouvions pas les voir, a caufe d'une grande hauteur qui étoit entre deux: mais fitöt qu'il fut avancé avec Ia tête de la Cavalerie jufques fur la hauteur, il trouva qu'une grande partie de la Cavalerie & de 1'Infanterie Ennemie, entrcmêlées 1'une parmi 1'autre, avoit déja paflë 1'Efcaut, & s'étendoit dans la Plaine vers Efcaudain: & comme par conféquent il n'étoit pas poflible de les attaquer, Mylord d'Albemarle fit ranger lefdits 16 Efcadrons devant le Retranchement, avec leur droite contre la Ligne de communication entre Denain & Marchiennes, «Sc la gauche vers les Prairies le long de 1'Efcaut, jufques a ce qu'on vit les mouvemens que les Ennemis feroient enfuite: mais comme tout auffitót ils commencerent a faire leur difpofition pour attaquer notre Cavalerie avec la leur qui étoit fort nombreufe , Mylord d'Albemarle fit rentrer la fienne a propos dans le Retranchement, fans quoi elle auroit été bientót renverfée par la grande fupériorité des Ennemis. Et comme il vit enfuite qu'ils continuoient leur marche pour pafier ladite Ligne de communication , pour fe joindre a la Garnifon de Valenciennes, il fit avancer quelques Efcadrons hors le Retranchement entre les fufdites deux Lignes, défendues de diflance en diftance par des Redoutes & des Gardes; & qui ne pouvoient être occupées, ni affurées autrement, a caufe qu'elles avoient deux lieuës & demie de longueur: mais 1'Ennemi s'en étant apergu, & en étant beaucoup plus prés, les occupa avec fon Infanterie, pour faciiiter le paifage de fit Cavalerie; de forte qu'il ne fut pas poflible de les leur difputer a caufe de leur fupériorité, & ils pourfuivirent leur marche jufques a leurs vieilles Lignes. „ En attendant Mylord d'Albemarle avoit fait pofter fon Infanterie, confiftant en 10 Bataillons, le long du Retranchement, par le Lieutenant-Général Comte de Dhona & les autres Généraux; & environ fur les 10 heures arriva Monfieur le Prince de Savoye, avec plufieurs de fes Généraux; il fut reconnoitre en perfonne la marche & les mouvemens des Ennemis, vifira le Retranchement & la difpofition de 1'Infanterie, & ordonna enfuite a la Cavalerie de repaffer 1'Efcaut, puisqu'elle ne pouvoit plus être d'aucune utilité; paree que les Ennemis étant pafles avec toute leur Armée, avoient invefti le Retranchement■ de fort prés de tous cötés: & comme nos 10 Bataillons étant rangés a trois hommes de hauteur, n'occupoient qu'un grand tiers du Retranchement, vers l'Aile gauche & le Centre, & que l'Aile droite étoit tout a fait dégarnie & fans monde, Mr. le Prince de Savoye fit paflèr les fix Bataillons Impériaux & Palatins, qui étoient le plus a portée, étant campés dans la nouvelle Ligne de communication entre Thian & Denain, & qui fe pofterent a l'Aile droite du Retranchement, fous le  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIII. 379 commandement du Lieutenant-Général Secquin, & des Généraux-Majors le Prince de Holftein & Zobel. „ En attendant, 1'Armée des Ennemis fe rangea en bataille pour attaquer notre Retranchement, 1'Infanterie devant, & la Cavalerie derrière; la Garnifon de Valenciennes fe rangea de même, & inveftic la droite du Retranchement; & les Ennemis firent précipitamment leurs difpofuions pour nous attaquer, avant que nous pufïïons recevoir aucun renfort de la grande Armée; ayant commandé pour cet effet trente Bataillons, quatre-vingts Com* pagnies de Grenadiers & le Piquet de 1'Armée; comme auffi tous leurs Dragons qu'ils avoient fait mettre pied k terre. Ces Dragons formoient la première Colonne fur leur droite, & marchoient par les Prairies le long de la Riviere, vers l'Aile gauche du Retranchement; les 30 Bataillons, les Grenadiers, & le Piquet, formoient deux autres Colonnes , entre celle des Dragons & les Lignes de communication. Ces deux Colounes étoienc foutenues par 30 autres Bataillons, fuivis de tout le refte de leur Cavalerie & Infanterie , & dans cet ordre 1'Ennemi s'avanca \crs notre Retranchement. „ Nous les canonnames aufli fortement qu'il étoit poflible avec nos fix pieces de Canon, qui étoient rangées fur deux Batteries au centre, ck 1'Ennemi nous en fit autant avec quelques Pieces qu'ils avoient devanc leur Alle droite fur la Hauteur. Mylord d'Albemarle donnoit connoiflance de tems a autre de toutes les manoeuvres des Ennemis a Mr. le Prince de Savoye, qui fe trouva, jufques k la fin de PAftion, de 1'autre cöté de 1'Efcaut fur la Redoute, dans le Retranchement qui couvroit le Pont, d'oü il pouvoit tout voir. En faifant donner les avis a S. A. S. Mylord le fit prier de Jui envoyer fes ordres; & ce Prince lui ayant fait dire a diverfes reprifes, qu'on devoit garder le Pofte, & le foutenir le plus longtems qu'il feroit poflible, faifant même avancer de 1'Infanterie de la grande Armée pour nous fecourir; le Comte d'Albemarle fit tous les préparatifs poflibles pour bien recevoir 1'Ennemi, faifant boucher les trois ouvertures néceflaires qui étoient dans le Retranchement pour entrer & fortir, & pour avoir la communication avec Bouchain & Marchiennes, & voyant que la plus grande force des Ennemis vouloit pénétrer au centte du Retranchement il envoya ordre au Comte de Dhona, en cas que 1'Ennemi le forcat, qu'il devoit fe jetter de ce cöté-Ik avec fon Infanterie, pour les attaquer en flanc, & pour les repoufler de cette maniere. II le fit auffi enfuite, mais fans que ce mouvement eüt fon effet; paree que les Ennemis s'étant approchés du Retranchement avec beaucoup de viteflê, & en bon ordre, jufques fous la moufquetterie, ils 1'attaquerent vigoureufement a une heure après - midi. La première Colonne de leur Infimterie fe jetta fur la Redoute dans laquelle le Régiment de Weideren étoit pofté, & fur 1'ouverture k cöté qui étoit bouchée; ce qui étoit le grand chemin de Marchiennes, & le pafiage des Convois. Les nötres les recurent avec un grand feu, par pelottons: mais les derniers de leurs Colonnes ayant pouflé les premiers jufques fur le Parapet du Retranchement, qui n'étoit de ce cöte-lk que de pierres & de groife, le terrain étant tout k fait pierreux, il s'éboula & rempüt le Fofle. Les Ennemis pénétrerent d'abord dans le Retranchement, & re. Bbb 2 Hifi. de Hollande. 1697, jusques a nos jours. Ann. 1712.  Sgct. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Ann. 1712. 380 HISTOIRE DE HOLLANDE pouflèrent nos gens avec la bayonnette au bout du fulll ; fur quói ils abandonneren! précipitamment le Retranchement, de tous cötés, prenant la fuite , partie vers le Pont de Pontons & partie vers le Moulin d'Eau. „ Mylord d'Albemarle, auifi bien que tous les autres Généraux , fic tout fon poflible pour rallier ceux du centre , 1'Ai'e gauche, oü étoient le Comte de Dhona & le Comte de Naflau-Woudenbourg, étant coupée par les Ennemis , & féparée des autres Troupes, mais tout fut inutile: ce que voyant Mylord d'Albemarle, il tacha de mener quelques Régimens de la droite au village de Denain , pour les pofter entre les maifons & dans 1'Abbaye , pour arrêter les Ennemis; mais quand il fe crutfuivi, il fe trouva prefque tout feul entre les Ennemis. Et dans le tems qu'il étoit occupé a faire un dernier effbrt pour rallier les débris devant le Pont, il fut pris prifonnier par les Ennemis, & mené peu après a Valenciennes; partie d'infanterie fe précipita dans la Riviere , partie furent tués par les Ennemis, 2080 furent fans prifonniers, & le refle des débris, au nombre de 4080 s'étant fauvé revinrent enfuite a la grande Armée. Parmi le nombre de ceux qui fe font noyés, fe trouverent le Lieutenant-Général Comte de Dhona, & le Général - Major Comte de Naflau Woudenbourg, qui font fort regrettés. Et parmi les Prifonniers, le Lieutenant-Général Secquin; les Généraux - Majors Prince de Holftein, Dalberg, & Zobel; les Colonels Comte de la Lippe , Tengnagel, Cuvanac, Spaen & Greck; les Lieutenants-Colonels Donnelli, Herbshaufen, Heuske, Brakel, Munnik, & Els; & les Majors Winckel, Fabritz, Bulomo, Till & Moors; 44 Capitaines, 109 Lieutenants, & Enfeignes, comme aufli 58 Cavaliers de la Garde du Camp, outre quatre Aides- de-Camp & le Commis de 1'Artillerie Taurinus. „ Monfieur le Prince de Savoye avoit fait avancer 14 Bataillons jufques fur ie bord de 1'Efcaut, oü ils étoient rangés, prêts a paflèr: ils n'ont pü le faire a tems, paree que le Pont qui étoit refté, (1'autre ayant été mené quelques jours auparavant, par ordre exprès, a la grande Armée) iè trouva embarralfé par la Cavalerie & le Bagage , & fe cafia même enfuite malheureufement, le Pont de Bois n'étoit pas encore achevé; ainfi ces Troupes ne pouvoient fervir, que pour favorifer la retraite des débris qui s'étoient attroupés au Pont. „ L'Armée des Ennemis confiftoit en 133 Bataillons & 250 Efcadrons, & le campa après cette Acbion avec l'Aile gauche fur la hauteur de Hurtebize, le Centre a Efcaudin, & l'Aile droiïe plus loin que Bouchain, a Marqué; la première Ligne faifant front vers 1'Efcaut, & la feconde vers 1'Efcarpe. 11 parut quelque tems après un gros Imprimé. II tendoit a juftifier la conduite du Comte d'Albemarle. C'étoit que comme le mal influe fur les Peuples encore plu? que le bien, on parloit fort au défavantage de ce Comte , comme s'il y avoit eu de fa faute dans fa déroute. Cet Imprimé portoit beaucoup de Pieces originales, pour convaincre du contraire. Ce Comce n'avoit qu'environ onze Bataillons. II fut attaqué par 1'Armée entiere du Maréchal de Villars. Celle-ci confiftoit en 133 Bataillons & 250 Efcadrons. Les Retranchemens oü ce Comte écoic avec cette poignée de  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 38r Troupes, éroienc de peu de défenfe. C'étoit paree que le terrain n'avoit pas été propre pour en faire un de quelques peu de prix. Ce ne furent pas feulement les Peuples qui parohToient prévenus contre le Comte d'Albemarle. Les Etats d'Utrecht firent inftance le 4 d'Aoüt, pour être informés s'il y avoit eu quelque fondement aux bruits, qu'il y amok eu quelque manquement de devoir en cette oceafion-la. Le 9 de ce xois, de pareilles infiances furent faites par les Députés de Groningue. L'uu de ceux-ci dit en pleine Affëmblée, qu'on avoit ïmpitoyablement mis hors du fervice le Général d'Obdam, qui étoit d'une des plus confidérables families de 1'Etat, dont les Ancêtres & les Vivans mêmes avoient fervi fort fouvent avec tant de zele & fi glorieufement la République. Cela avoit même été pour Paffaire d'Eckeren en 1703, quoiqu'il n'y eüt eu dans fon affaire qu'un pur malheur d'être coupé du petit Corps qu'il commandoit, & non pas manque de bravoure ni de conduite, & qu'il s'en manquoit bien que cette affaire la fut fi chétive que celle de Denain. Ce Député ajouta d'ailleurs, même dans des converfations parciculieres, que lc Comte d'Albemarle ne devoit fon éléVation, ni a fa naiflance? ni a fon expérience, mais a une fimple & aveugle faveur. On fut dans la fuite furpris que ce Comte, tout prifonnier qu'il étoit, fut fur fa parole quatre ou cinq jours a Tournay, avant que de fe rendre au lieu de fa captivicó, & qu'il n'eut pas écrit aux Etats. On trouvoit qu'il devoit s'en être acquitté, finon pour fe jufiifkr, du moins pour faire une rarration de ce qui lui étoit arrivé. Comme Pair d'Angleterre il devoit être regardé en Hollande comme étranger. II écrivit une lettre au Comte de Straffort, Elle contenoic la priere d'intercéder auprès de la Reine, pour le faire échanger avec le Maréchal de Tallard. Les termes de cette lettre fureni trouvés fi rampans par le Comte de Straffort même, qu'il la montra pai mépris aux Plénipotentiaires des Etats, & a d'autres. Ils avoient cepem dant été bons amis, du vivant du Roi Guillaume; & par la faveui du Comte d'Albemarle, celui de Straffort eut des avancemens prématurés Cependant le Prifonnier obtint de la France la permiffion de revenir, fui fa parole, en Hollande. Ce quiy contrrbua, fut que le Comte d'Albe mark s'étoit beaucoup employé en faveur du Marquis de Surville. Cé toit qu'étant Lieutenant-Général en France, il put y fervir en cette qua lité. C'étoit nonobfiant qu'il füt en ötage pour les dettes de cette Cou ronne la a Tournay. Les Etats écrivirent a leurs Députés a 1'Armée. Ils les chargerent de prendre la-defius des informations & des éclairciflèmens. Ceux-ci leur répondirent en date du 15 qu'il étoit impoffible de faire des recherches La raifon étoit que deux des Généraux y étoient demeurés, & les au tres avoient été faits prifonniers. Ces bruits au défavantage du Comte d'Albemarle, arriverent même au Prince Eugene. Celui-ci richa de h difculper. II écrivit pour cela une lettre au Confeiller-Penfionnaire Hein fius, en ces termes. Bbb 3 Hift. de Hollande. 1697, juf- ques a nos jours. Ann. 1712.  Sr.rrr. XIII. Hift. de Jlollande. 1697, jufques a nos jours. Ann. 1712. Mouvemens des Anglois pour dj? contre la paix. Votre très-humble & très-obeïflant ferviteur, 1, Eugene de Savoïe. L'on regretra la perte du Comte de Dhona & du Comte de Naflau Woudenbourg, qui ie noyerent dans 1'Efcaut, en paiïant le pont qui rompit fous eux. Ii y euc quelques perfonnes qui prétendoient favoir qu'un Eccléfiaftique de Valenciennes s'étoit préfenté ce matin-lk de bonne heure, pour avertir le Comte d'Albemarle du defièin des Frangois; mais ce Seigneur étant endormi, fes domeftiques refuferent de le réveiller. D'ailleurs on vouloit que ce Comte aimat fort 1'encens. Parmi fes flatteurs, il y en eut un qui lui confeilla de ne pas faire patrouiller quelques Cavaliers. Le prétexte en étoit pour ne pas fatiguer les chevaux, & les garder h 1'occafion. Cela fut la caufe que Pon ne süt pas la manoeuvre des Francois pour paftbr 1'Efcaur. On prétendit favoir de bonne main, que ceux que le Maréchal de Villars avoit envoyé a la découverte pour trouver le lieu de jetter des ponts, avoient ordre, s'ils venoient le moins du monde k être découverts, de rebroulfer fans rien tenter; ce qui fut affuré de la forte, par la bouche même de ce Maréchal." Les Etats Généraux rabattirent alors de leurs prétentions. Le Roi conferva Lilie, Strasbourg, & les autres places qu'on exigeoit de lui & qu'il avoit voulu facrifier; Philippe V. fut affèrmi fur le. tróne d'Efpagne; & la Cour de Londres, fans abandonner les Hollandois, travailla efficacement a la paix. Les caufes de cet événement, méritenc d'être connues. 382 HISTOIRE DE HOLLANDE „MONSIEUR, „ T'Ai apris avec furprife & chagrin 1'injuftice qu'on fait k Mylord Albe„ J marle, & tous les impertinens difcours qu'on tient fur fa condui„ te k 1'égard de Paffaire de Denain. Je fais depuis long-tems que le Pu„ blic mal informé juge par les événemens, & que les Malheureux font „ toujours accufés par Juf. Mais ce qui me furprend, eft que ces calora„ nies trouvent entrée parmi des gens d'un autre caracbere, ce qui ne peut „ provenir que de fes Ennemis. Je croirois manquer au caraétere d'hon„ nête homme, fi je ne faifois connoitre la vérité dont j'ai été témoin. „ II a fait en cette oecafion tout ce qu'un grand Général, prudent, brave » & vigilant, peut faire ; & fi les Troupes avoient toutes fait leur devoir, „ la chofe ne fe feroit pas paffee ainfi: mais quand elles s'en vont après „ la première décharge fans pouvoir les retenir, il n'y a pas un Général au monde qui puifie y rémédier. Ainfi, Monfieur, je ne doute point „ que vous ne contribuyiez, dans cette conjonfture, k desabufer ceux „ du Gouvernement qui pourroient étre mal informés, & que vous ferez „ perfuadé qu'on ne peut être avec plus de vénération, „MONSIEUR,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. X1H. 383 Les fectes des Whigs & des Thorys (*) partageoient le Royaume „ d'Angleterre. Les Whigs triftes, quoiqu'indépendants, plus rigoriftes „ que réguliers & toujours violens, avec un maintien froid, ne s'occupe„ rent qu'a contrarier la Cour; ennemis de toute autorité, ils ne tiroient „ leur conildération que de leur désobéiflance; frondeurs par humeur, ils „ haïffbient par goüc, crioient k la perfécution, quand ils avoient le delTous, „ & periëcutoient d'abord qu'ils dominoienc. ,, Les Thorys, au contraire, attachés au parti des Rois, vouloient trop „ en étendre la puiiTance: flatteurs par état, ils envifageoient plus leur in„ térèt perfonnel que la gloire du Monarque, lui faifoient des pieges de „ fes propres pailions en les favorifant, dégradoient fon pouvoir en 1'ame„ nant au point de décréditer-fa perfonne. Quand le Prince efl: méprifé, „ le Tróne elf avili, & trop fouvent fes droits fe perdent avec Peftime de „ fon Peuple. „ C'étoient les Whigs qui avoient attiré le Roi Guillaume, qui 1'avoient „ placé fur le Tróne & qui occupoient les grands emplois. La Reine les „ y auroit laifles fans doute ; mais la fermeucacion perpétuelle de leurs ., efprits, fufcita un nommé Sacheverel, prédicateur plus ardent qu'éclairé. „ II déclama ouvertement contre la Puiilance Royale, & révolta au lieu de „ perfuader. Ses Sermons furent condamnés; les Whigs le foutinrent & „ leur intervention vint de 1'ivreflTe d'un faux zèle. L'efprit de parti efl: „ trop violent pour n'être pas mal-adroit. Harley mit a profit leur irapru„ dence, fe ftrvit d'une femme de la Reine, nommée la Mille, pour lui „ faire fentir combien ils étoient ennemis des Rois: cette Princeflè ouvric „ les yeux; Godolphin fut disgracié : Harley devint Grand-Tréforier, & „ St. jean, Secrétaire d'Etat. Le Parlement fut caflë; le crédit de iMarl„ borough tomba & la faveur pafla du cóté des 'f horys. „ Marlborough moins ciioyen, qu'homme de guerre, perdoit par fon „ ïoiem ies nnances ce 1 r-tat, mais augmentoient les liennes. Hypocrne ^^;;r „ dans Ion maintien & faux dans fes diicours, il attefloic k chaque' inflant oro"g"' „ Dieu qu'il ne croyoit pas, paroiflbit foupirer après la paix qu'il éludoic „ toujours. 11 éprouva que la Renommée publie les vices d'un Général „ avec fes triomphes. Louis XIV. lui fit 1'affront de lui faire offrir jufques „ k quatre millions pour vendre fa patrie. Marlborough démasqué fut dé- „ chu de toutes fes charges, accufé de péculat, fes titres furent effacés: „ on ne lui laifia que fes richeflès, comme le monument de fa honte. Sa „ disgrace allarma la Hollande; elle perdoit en lui le chef de fes entrepri- ,, fes. La Reine fongea plus que jamais k finir la guerre. „ L'abbé Gauthier, fils d'un marchand de St. Germain en Laye, fimple Agens de „ Chapelain du Maréchal de Tallard, tiroit parti de fon obfeurité pour s'in- A» France „ luuuvi su ïcvicu ucs vues ue mngieterre. aon peu ae comequence , tef, 7 „ écartoit de lui les foupcons: fon efprit doux & liant, fon caracbere égal, pïJla „ fon ame honnête attiroient la confiance, & ce fut moins par fes intrigues paix. „ que par fes vertus fociales , qu'il devint Pagent fecret de la paix. Les HAbbi 0 r Gauthier. (*) Hiftoire inarmfcrite de l'Abbé de Voifenon. HUI. de Hollande. 1697, jufques & nos wurs. Les fFhigs, Les Thcrys. Difgrace CV»  334 HISTOIRE DE HOLLANDE Skct. XIII. „ Miniffres aimoient mieux traiter avec lui qu'avec un Ambafladeur, dont Hoflaode " ^ tftr®si ie pllls fouvent font PJ"s brillans que les lumieres. Gauthier 1697,ju'f. " réuffit danS fes diffé!'emes commifficms alla a Verf files, revint a Lonques anos ■>■> ^res, & plufieurs voyages toujours avec myflere, toujours avec fuccès. -iaurs- v II amena les chofes au point qu'on fut prefque d'accord fur les préli„ minaires. On envoya Prior en France. Prior, célébre par 1'agrément „ de fes poéfies, n'en poflèdoit pas moins toutes les parties d'un négocia„ teur: la jufleflè de fes raifonnemens ne fouftroit point des fleurs qu'il avoit „ coutume_de répandre. La Politique perdoit fa féchérefle avec lui, & „ fon imagination riante prêtoit des graces a tout ce qu'il traitoit. f/Sf " Reftre.int par fes Pouvoirs, il n'ofoit pas les paflèr. Milord Boling. 10 ' „ brocke vint a Paris: c'étoit le plus beau génie de fa nation & peut-être „ de l'Europe.^ II poflèdoit cette éloquence male & rapide qui donne du „ corps aux idéés: il les analyfoit, fans trop les divifer; faifoit prendre aux „ affaires la forme qu'il vouloit. Fougueux dans fes paffions, il dédaignoit „ cette froide domination de foi-même qui efl: fouvent le triomphe de la „ médiocrité; entrainé par fa propre impulfion, il la communiquoit aux „ autres. Le fophifme dans fa bouche prenoit les traits du vrai: il empor„ toit les fuffrages & ne fe plioit point au manege de les gagner. II venoit „ a bout de fes deflèins en étonnant plus qu'en féduifant: fes vices & fes „ vertus étoient extrêmes, comme ceux des grands hommes. C'étoit un „ de ces genies rares, créés pour foutenir & pour bouleverfer les Etats. „ II agiflbit toujours de concert avec le Grand - Tréforier. La France „ leur dut la paix d'Utrecht dans le moment qu'on s'en flattoit. le moins. Le Duc „ Louis XIV. nomma le Duc d'Aumont Ambafladeur a Londres. C'étoit HAumont. £ vraiment un grand Seigneur. II favöit diflinguer la dijrnité d'avec le fafle; „ magnifique ,^ lorfqu'il le falloit, il tenoit toujours un état convenable a „ fon rang, ainfi qu'a fa naiflance. Adoré dans fon gouvernement, il ne „ repréfentok fon maitre, que par le bien qu'il y faifoit. Milord Dar„ mouth & i'abbé Gauthier vinrent le recevoir a quatre ou cinq milles de „ Londres. A fon arrivée le concours du peuple fut fi grand, qu'il n'étoit ,, prefque pas poflible de paflèr dans les rues; on ne parloit que de Louis, „ de la Reine & de la Paix (1). ré%fueiX* " ^e réfuItac des converfations avec lé Comte d'Oxford & avec Milord Londres. " ^°^ngbrocke, fut que le Roi & la Reine ternrnaflènt leurs conteftations „ par eux-mêmes, en envoyant a Utrecht, les chofes décidées précifé„ ment, fans donner la liberté aux Plénipotentiaires des deux couronnes, „ d'entrer en négociation , & qu'il falloit que tout füt conclu avant 1'ouver„ ture du Parlement. ... . , Obflacles „ Les Hollandois, toujours excités par le parti des Whigs, par Pambidl'fotlan. " ti0.n du DuC de Marlborough, mettoient des reftriélions au Traité de dok. '" Paix.' e^es confiftoienc (2) , a demander Condé pour augmentation de „ Barrière, ou tout au moins la démolition de cette place ; le Tarif de „ 1664 , CO Lettre da Duc d'Aumont a Louis XIV. ' (2) Lettre de Louis XIV. au Duc d'Aumont.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 385 „ 16Ó4, fans aucune exception, & une augmentation de Barrière pour 1'Era„ pire, qui compric la viile de Strasbourg. „ Tandis qua Paris Pon s'applaudifibit de la paix, elle caufoit a Londres une joie immodérée. Le Oue d'Aumont écrivoit de Londres a M. de „ Torcy, qu'elle avoit été publiéc le 16 Mai, & que Ie peuple en étoit „ fi content, que les vitres de la maifon du Duc de Sommerfet & de celle „ du Duc de Schomberg avoient été caiPées. La gaietc même de 1'An„ glois refièmble a la fureur, & fes réjouiflances a des émeutes, plutöt qu'a „ des fêtes." Cependant quelques jours après, le Duc d'Aumont recut une lettre du Roi, qui lui marquoit qu'on devoit regarder 1'afPemblée d'Utrecht comme rompue, que 1'Archiduc avoit retiré fes Plénipotentiaires, après avoir forcé les Princes de 1'Empire d'en rappeller leurs Miniftres, qu'il croyoit inudle de laiflèr en Hollande les Plénipotentiaires de France, au - delh du terme fixé a 1'Archiduc, pour accepter les offres qui lui avoient été faites; qu'au refte fon intention étoit d'agir de concert avec ia Reine de la Grande - Bretagne , afin de prendre les mefures convenables pour négocier la paix avec ce Prince, fur le pied des offres propofées; que la Reine pouvoit communiquer a 1'Envoyé de Plollande, le dernier ac"te de cefiion que 1'Elecbeur de Baviere avoit faite des Pays-Bas, conformement aux obfervations de 1'Evêque de Briftol & du Comte de Strafford. L'Archiduc ne voulut accepter aucune condition: foutenu par le Prince Eugene, excité par le Duc de Marlborough , certain de la faction des Whigs, il attendüit tout des divifions de 1'Angleterre & des fecours de la Hollande. Le bruit courut que Marlborough alloit pafler auprès de 1'Archiduc & commander fes troupes. La Hollande en efpéra les plus grands avantages & Louis XIV. en fut allarmé: il écrivit au Duc d'Aumont d'en donner avis a la Reine & de le retenir, en lui donnant pour frein, la crainte- de perdre tous fes biens. Les projets de Ia Cour de Vienne furent déconcertés par le Traité de paix entre la Reine d'Angleterre & Philippe V, Roi d'Efpagne. Par ce traité Philippe renoncea la Couronne de France, promet de reconnoitre par lui & fes fucceflèurs, la Princeflè Sophie de Brunswick douairière & fes defcendans, de la maifon de Hanovre, comme héritiers du tróne de la Grande - Bretagne, après la mort de la Reine Anne (*). (*) Ces objets font compris dans les 2, 5 & 6 articles. Le 1 contient une ffipula^ tion d'amitié reciproque entre les deux Puiflances. Lc 3. porte 1'oubli des hoftilités. Le 4. fébrgüTement & la.liberté des prifonniers. Le 7. la reciprocité de juflice dans les deux Royaumes. Le 8 Ia liberté de la navigation & du commerce, conformement au Traité fait avec Charles II, Roi d'Efpagne. Le 9 porre que les Anglois jouiront des mêmes droits, privileges, immunités que la nation francoife ou autre plus amie. Le 10 la cellion de Gibraltar. Le 11 la celïïon de Minorque, avec faculté- de raclnt & liberté de religion, ainfi qu'au précédent article. Le 12 accordé le privilege è 1'Angleterre, de faire le commerce des Negres, pendrmt trente ans en Amérique, dans les terres appartenantes a 1'Efpagne, avec permiffion d'établir la Compagnie de VAjftenio prés le Rio de Plata. Le 13 '» confirmation & le rétnbliflément des prérogatives dont lesCatalans avuient jouï avant la guerre. Le 14 la cdïïon de la Sicile. Le 15 le renouvellement Tome KLIF. Ccc Hift. de Hollande. ^97-jufques d nos jours. Paix pU' bliée d. Londres. U Are hi' duc retire Ces Plénipotentiaires. Traité entre la Rei' ne Anne & Philippe V.  Sect. XIII Hift. de Hollande. 1697 , juf ques a nos jours. Nouveaux obftacles des Whigs. Projets fecrets. 386* HISTOIRE DE HOLLANDE Cependant la Reine prefibit fes Plénipotentiaires d'Utrecht, de conciure la paix & d'arrêter tout avec ceux de la France, de la maniere dont "ie Duc de Schrewsbury, fon Ambafladeur dans cette Cour, & M. de Torcy étoient convenus. La Reine dont la fanté s'affoibiiflbit étoit impauente de terminer fon ouvrage ; les Whigs qui efpéroient qu'un changement de regne entraineroit la disgrace de leurs ennemis, y mettoient tous les obfhcies qu'ils pouvoient. Anne & Louis concertoienc toutes leurs démarches. lis avoient réfolu de faire marcher des troupes en Allemagne pour mettre 1'Eleéteur en poffeflion de la Sardaigne & forcer la Cour de Vienne a la paix; mais- les Anglois & les Ecofibis qui fembloient la défirer avec tant de paffion, ourdilfoient une trame fecrete pour fufciter de nouveaux troubies, ainfi que la Cour de France en fut informée par un extrait des réfolutions prifes avec quelques Puiflances madames & avec les députés d'Angleterre & d'Ecoffe aux environs d'Hanovre. Ces réfolutions avoient différens objets (*). Dans le meme tems, le Roi ou le Prétendant Jacques III recut un mémoiré au nom de plufieurs Seigneurs qui 1'engageoienc de venir en Ecofle pendant 1'afiemblée du Parlement, en lui promettant que fa préfence eneageroit fes amis & la Princeffe fa fceur, afavorifer fes jufles prétentions. Ö;i lui indiquoitles mefures qu'il falloit prendre; furtout on lui confèilloit de des traités précédens, 1'Afliento des negres & la pêche dans l'ifle de Terre-neuve. Le 16 la reftitution des prifes faites fur mer. Le 17 la réparation des contraventions tant fur mer que fur terre, de Ia part des fujets du Roi & de ia Reine; fans néanraoins que le Roi ou la Reine en foit garant. .Le 18 un délai de fix mois aux commercans pour fe retirer & enlever leurs effets en cas de guerre. Les 19 & 20 articles font les échanges des ratifications. Ce Traité fut figné par M. de Monteieon, Minillre de Sa Majeft'é Catholique , & par Milord Bolingbrooke, (*) Ces réfolutions portent: 10. que les amis de Hollande pour 1'expédition a faire, auront foin, le plus fecretement qu'il fe pourra, de tenir fuffifamment ik fous différens prétextes, des vailfeaux de guerre, tout prêts a ëcre équipés, pour faire voile au lieu ü> diquéfousle pavillon qu'on jugera a propos. 20, Que 1'Eleéteur foumira inceffamraent une fomme au Roi de Dannemarek, pour qu'il foit en état de teuir prête en différens ports de Dannemarck & de Norwege, une quantité fuflifante de vaiiléaux ,pour tranfporter oü befoin fera, feize mille hommes de troupes, tant infanterie que cavalerie & dragons. 30. Que Hanovre s'engagera a payer trés rét-uiicrement les troupes foumies par les Puiflances qui entreront dans le projet. 40. On conviendra du tems auquel les troupts devront s'embarquer dans les différens ports oü feront les vaiffèaux de tranfport, avec le moins d'éclat qu'il fera poflible. On fixera le lieu oü tous lesdits tranfports & autres vaiffeaux fe rendront pour 1'expédition projettée. 50. On priera le Roi de Dannemarck de fournir quinze de fes meilleurs vaiflèaux de guerre, armés fous prétexte d'aller contre la Suede & qui feront payés par 1'Eledteur. 60. Dans le but qu'on fe propofe, on détaillera clairement aux Puiflances qui entreront dans le projet, les mefures qu'on aura prifes, tant pour fournir a la dépenfe qu'en tout ce qui regarde 1'exécution. 70. Lesdites Puiflances régleront, avant toute chofe, ce qui conviendra a leurs intéréts particuliers: on leur dira quels font leurs alliés dans 1'expédition; on leur nommera ceux qui en feront chargés, en leur découvrant autant qu'il fera néceffaire, les inteliigences confidérables que 1'on s'eft ménagées, en Angleterre & principalement en Ecofle, avec les mefures fecretes que 1'on a prifes par rapport aux cótes oü le rendez- vous général eft indiqué, pour qu'aucune Puiflance ne puifie mettre obftacle a 1'exécution de 1'entreprife. 8°. Les Puiflances teom exaftement averties, des délais qui pourront arriver, & qui feront régies 'felon les ivis de ceux qui conduifent ladite emreprife en Angleterre & dans 1'Ecoffe.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 337 ne point attendre la mort de Ia Reine. On Ie prioit de prendre pour fon Général, le Duc de Berwick; on lui tracoit la route qu'il devoit fuivre & fur laquelle feroient les troupes qu'il devoit prendre. La Reine fut informée de ces correfpondances & lui fit 1'honneur de .le craindre. Elle prit toutes les mefures poffibles pour prévenir les projets de ce Prince, plus malheureux que redoutable. Louis XIV. ne voulut tirer aucun avantage de ces faftions: il n'en remit pas moins la cefiion de St. Chriftophe & de 1'Acadie avec des lettres adreifées aux Gouverneurs du Canada & des Ifles Franchifes, pour mettre les Anglois en poflèfllon de 1'Acadie, de Terre-neuve & de la Baye d'Hudfon. L'article du Commerce étoit un de ceux qui occupoient le plus la France & 1'Angleterre. „ M. Menager plaidoit depuis longtems la caufe „ de la France; il avoit même eu plus d'une discuflion avec le Maréchal „ d'Uxelles, qui ne pouvoit comprendre que la paix füt accrochée par Ia „ pêche de la morue; il poflèdoit les talens & 1'efprit d'un grand Politique; „ mais, comme tous les gens de Cour, il avoit le défaut de n'être pas in„ flruit; il n'envifageoit que la gloire extérieure de 1'Etat, fans prendre „ garde a ce qui caufoit fa richeflè; il ne fe doutoit pas que la permiffion „ de pêcher fur les cótes de Terre-neuve, eft un objet d'un grand nombre ,, de millions, & de plus le feul moyen peut-être de former des matelots; „ il croyoit qu'une vicloire auroit été plus décifive, il ne favoit pas qu'un „ feul article obtenu en faveur du commerce, vaut fouvent mieux qu'une „ bataille, & ne coüte point d'hommes." M. Menager étoit fecondé par Mrs. Aniflbn & de Fenelon, diftingués l'un & 1'autre par leurs lumieres; il donna un mémoire qui fervit d'inftruction aux Commifiaires de Londres. Ce ne fut qu'après bien des discuflions que les affaires concernant le commerce & la navigation, entre la France & 1'Angleterre , furent cerminées ; mais ces détails qu'on peut voir ailleurs O), nous meneroient trop loin. Nous nous bornons a donner ici 1'énumération des Traités qui furent fignés a Utrecht dans le courant de 1'année 1713 (2). Le Traité de Barrière entre 1'Angleterre & la Hollande, figné le 29 Janvier. Le Traité dom nous avons parlé, pour 1'évacuation de la Catalogne & la neutralité de 1'Italie, du 14 Mars. Traité avec le Portugal, touchant les poffèflions hors d'Europe. Traité entre le Roi de France & le Roi de Pruffe: par les 7 & 8 articles, le Roi en vertu du pouvoir qu'il a recu du Roi d'Efpagne, cede au Roi de Pruffe la ville de Gueldres; par le 9. le Roi le reconnoit Souverain de Neufchatel & de ValaHgin; par le 10. le Roi de Pruffe renonce a tout droit fur la Principauté d'Orange; par deux autres articles, le Roi promet tant en fon nom qu'en celui du Roi d'Efpagne, de donner a Pavenir Ie titre de Majeflé au Pvoi de Pruffe, qui s'engage de rendre la ville de Rhinberg a 1'Eleéteur de Cologne. Par le Traité avec la Savoie , les limites de la Savoie & de la France font réglées par la fommité des Alpes , & le Roi reconnoic le Duc de Savoie, Roi de Sicile, fuivant la ceflion qui lui en avoit été faite (O Voyez 1'hift. d'Angleterre, & Mémoires de Lamberty Tom.'VII. (2) Abrégé Chronol. de 1'hift. de France, par Ie Préfident Henaut. Ccc 2 Hifi. de Hollande. 1697. jufques a nos jours. Cejfion du Canada, de Terre-neU' ve &c. Paix d'Utrecht. Difrens Trai' tés.  Sect. XIII Hifi. de Hollande. 1697 , juf qucs d nos jours. Defcription de la Paix d"Uirecht. (O Abrégé Chron. de 1'Hift. de France, dn Préfident Henaut, 1713. 388 HISTOIRE DE HOLLANDE par le Roi d'Efpagne. Le Traité avec VAngleterre, conforme aux préilminaircs flgnés au mois d'Octobre 1711. Par le Traité avec la Hollande le Roi, tant pour lui que pour fes Alliés, s'engage de remettre a Leun! Hautes Puiflances, en faveur de la maifon d'Autriche, fuivant le Traité de Barrière qu'ils feront entr'eux, ce que lui, ou fes Alliés poffedent des PaysBas Catholiques; &c. il leur remet encore les Duché, ville & fortereffe de Luxembourg, Namur, Charleroi, Nieuport, & s'engage de rapporter une ceifion du Duc de Baviere, de tous les droits qu'il avoit fur les Pavsbas, fous la condition que ce Prince fera retabli dans fes Etats (1}. Cette paix fut regardée comme pemicieufe. Quelque Miniftre Gernu* nique produifit la - defius les vets fuivans ; Compono, impono, concludo, illudo. Quid inde? Conclufum, illufutn, compofitum, impofitum. Finis principio fimilis, fic ordo vagatur. Nos dedimus, dabimus, nolumus & volumus. Conventus. nofier ventas, conclufïo ludus. Ut fuit acceJJ'us, ficque recejfiis erit. II parut auffi une Defcription.de cette Paix, dans laquelle il efl; aifé d'en faire 1'application a ceux qui la fignerent. La voici. „ L'on n'entend qualifier par des perfonnes éclairées la Paix d'Utrecht qu'avec des noms hideux. Ils di'ent que c'eft unp Paix , foufflée par le plus dangereux des féducteurs , écoutée par la plus fimple des imbeciliités, cunnivée par la plus honteufe des complaifances, projettée par la plus noire des trahifons. Ils la difent commencée par la plus confufe des irrégularités; pouffée par la plus atroce des perfidies;. ménagée par la plus fallacieufe des difïïmulations; traitée par la plus étourdie des incapacités; impofée par la plus orgueilleulè des hauteurs; prefcrke paria plus énorme des injuflices; enfantée par la plus tumultueufe des difcordes. Paix conclue, ajoutent-ils, par laplus rampante des craintes; foufcrite par laplus abominable des contraintes; acceptée par la plus fordide des avidités ; approuvée par la plus indigne des corruptions; applaudie par la plus craflè des ignorances; recue par la plus fenfible des amertumes; gardce par le plus ridicule des mifteres. Paix ! qui en tariffant les glorieux ruiflèaux du fang, répandu dans une jufie Guerre, ouvre d'abondantes fources de larmes aineres aux gens bien intentionnés, qui prévoyent avec la derniere des douleurs le perilleux & imminent efclavage de la pauvre Europe. Paix! que la polterité ne fauroit regarder qu'avec la plus détefiable des horreurs. Paix ! dont 1'ignominie ne pourra pas en infinuer la moindre vraifemblance dans les fiecles a venir. Enfin Paix, dont le döux nom naturel de bénédiétion efl malheureufement tourné en un affreux abus de malédicbon, dont les feux de joye ne doivent fervir que de trifie bucher aux fqueletes décharnés de 1'expirante Liberté de l'Europe, & pour  GU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 389 laquelle Pon ne fauroit chanter le Te Deum fans la marqué la plus palpable & la plus convaincante de la plus impie des irréligiöns, &c. „ ïoujours réfulte-c-il de cette infame Paix une gloire qui ne pourra jamais éclipfer ceux des Alliés, qui avec une conftante bonne-foi, & inakerée fincerité & candeur, avoient eu en 1709 & 1710, a la Haye & a Gertruidenberg, le ménagement d'une Paix, qui .auroit été conforme aux glorieux exploits d'une longue & heureufe Guerre , qui n'ont été interrompus, que de la maniere notoire a la face de toute Ia Terre, & cela par une écourdie poignée de fcéiérats Anglois, qui ont dégénéré & ont renonce a la générofité de leur Nation qui avoit jufques-la brillé. " L'Empereur n'avoit voulu entrcr dans aucune de ces Négociations & la goeroe continuoit avec la France. Le Maréchal de Villars ayant mis en füreté ce qui reftoit de la Flandre Francoife, s'empara de Spire, de Worms, de Keiferflauter, & fe rendit maitre de Landau; il paffe le Rhin, force les lignes d'Etüngen, attaque & défait le Général Vauboüne, ouvre ia tranchée devant Fribourg, & malgré tous les efforts du Baron d'Ars, qui y commandoit pour PÈmpereur , ii s'en rend le maitre (1). „ Cependant le Comte d'Oxford ne ccffoit d.'infifter pour la paix de „ 1'Empire; & pour y parveriir, on avoit préparé des Conférences a Ra„ ftadt entre le Prince Eugene & le Maréchal de Villars. Le Public étoit „ impatient de voir fi deux hommes qui favoient fi bien faire la guerre, „ auroient autant de talent pour faire la paix. II étoit même permis d'a- voir des doutes fur leurs intentions & 1'on regardoit comms un effoft „ de vertu que deux Généraux d'armée travaillaftènc de bonne foi a fe „ rendre inutiles. „ Le Maréchal, que la Nature fembloit avoir exprès formé pour cora„ mander a des Francois, avoit cet air avantageux, cc ton confiant, cette „ gaieté naturelle, qui fait croire a des troupes qu'elles font invincibles. „ II devoit fes fuccès, peut-être, plus a fes propos qu'a fa capacité. Avec „ des traits heureux, des faillies, de bons mots, il fe rendoit le maitre de „ fon armée, & la menoit au combat, comme on mene a des fètes. En „ voyant fon front ferein, on n'imaginoit pas que Pon put courir au dan„ ger. II étoit perfuadé que Pair inquiet du Général produit 1'abattement, „ & connoifibit afiez la nation pour favoir que fi 1'officier a du courage „ par principes, le foldat n'en a gueres que par défaut de réflexion; il ne „ changea point de caraéïere, en traitant les Négociations. „ II déconcerta fouvent la tevérité pédantefque du Prince Eugene, n'op„ pofa que la franchife militaire a fa prudence fyftématique , foutinc la „ dignité de fon maitre jufques dans le point dont il fe relachoit, fit valoii „ fa condefcendance, comme des graces qu'il accordoit , & toujours at „ tentif k profiter du foible de fon adverfaire , il fe conduifit dms lt „ Traité comme dans une Attaque." Le fuccès de ces Conférences étoit le moyen le plus für pour parvenu a la conclufion du Traité de Raftadt: c'eft pourquoi le Roi avoit jügé i propos d'attendre la fin de la Campagne; & dans le cas que la Négocia (O Voltaire, Siècle de Louis XIV. Ch. XXIII, Ccc 3 Hift. de Hollande. 1697, jufques ii nos jours. Ls guerre continu? entre PÈmpereur <£? la France. Succès du Duc de Villars. Eugene Villars négociatcurs. Leur carafterc. i  Sect. XIII. Hifi. de Hollande, 1697 , jufques a nos jours. Traité de Rafiaut, Mort ie la Reine Anne d'Angleterre, (0 Lettres de M. de Torcy a 1'abbé Gauthier 14 Novembre 1713. 390 HISTOIRE DE HOLLANDE tion ne produifit aucun effet, il étoit déciJé que la Reine agiroic vivement auprès des Princes de PEmpire , que Louis XIV ne feroit rien du cóté de 1'Italie , fans auparavant prendre des mefures avec le Roi de Sicile, puur^ obljger 1'Archiduc a faire la paix après Phiver (1). „ Les Négociations de Ralïadt interrompues, par Popinidtreté du Prince „ Eugene, fe renouerent. L'Empereur abandonné de 1'Angleterre, étoit „ réduit a faire imprimer des lettres inutiles contre la conduite de cette „ Cour. Ses finances étoient épuifées, fes troupes découragées. Le Ma„ réchal toujours ferein, toujours riant, toujours avantageux, apporta en „ traitant la paix,cet efprit d'enjouement & de gaieté qui ne le quittoit pas „ en allant au combat. Les plaifirs, les fetes, les galanteries fe fuccéde„ rent & fe yarierent chaque jour. II avoit dans 1'efprit ce liant, cette „ aménité qui fe concilie la bienveillance; & Part épineux des Négocia„ tions perdoit toute fa féchércffe en paffant par fes mains. „ Le Prince Eugene froidement poli, mefuré dans fes exprefilons, en„ tier dans fes idéés, fombre, filencieux & perpétuel combinateur, rem„ pliffoit fon miniftere avec cette exaclitude minucieufe & cette ponébua„ lité trifie, qui faifoit reparoitre en lui le Séminarifte, plutöt que 1'hom. „ me tranfeendant." On ne fut point d'accord; les Conférences fe rompirent, fe renouerent, & la paix fut fignée le 6 Mars. Les Traités de Westphalie, de Nimegue & de Ryswik furenc regardés comme la bafe fondamentale du Traité de Raftadt. L'Eleéïeur de Baviere & 1'Archevêque de Cologne furent rétablis généralement dans leurs états , rang, prérogatives & dignités. L'Empereur entra en poffefiion des Pays-bas Efpagnols, & le Roi de France promit „ qu'il laiilèroit jouir la maifon d'Autriche, de tous les Etats qu'elle „ poflèdoit en Italië." La Navigation & le Commerce des Provinces Unies avoient beaucoup fouffert dans la Méditerranée. Les Baibarefques avoient impunément exercé leurs pirateries. Les Etats Généraux aimerent mieux conclure des traités de paix avec Alger, Tunis & Tripoli, que de leur faire la guerre. Après la conclufion du Traité de Rafladt entre 1'Empereur & la France, les Etats terminerent leur Traité de paix & de commerce avec 1'Efpagne; il fut figné a Utrecht le 26 Juin. Ce traité ne précéda que de quelques femaines, la mort de la Reine Anne, arrivée le 12 Aoüt. Georges de Brunswick, Electeur d'Hanovre, lui fuccéda fous le nom de Georges I. „ Au moment de la mort de cette Princeflè, la difgrace du Comte d'Ox„ ford, W qui la Grande Tréforerie venoit d'être ótée, excitoit parmi les „ Whigs une joie infolente: on ne s'occupoit que de 1'Eleéteur d'Hano„ vre, les milices de la ville furent affemblées: on entendir des tambours „ de toutes parrs. La rumeur étoit fi grande, qu'elle parvint aux oreil„ les de Ia Reine , & la tira de 1'aflbupiflèment oü 1'avoit plongée fon „ apoplexie. Le bruit que j'entends, dit-elle d'une voix foible & avec un „ efprit libre, m'annonce que je touche a ma derniere heure: on fonge „ moins a moi, qu'a celui qui doit me fuccéder. Tous les mouvemens  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 391 „ qui fe paffenc a préfent, reflèmblenc a des précaudons, plutöt qu'a des „ regrecs: la mort d'une tête couronnée eft toujours un grand événement, „ & rarement un grand malheur. Que Pon me dife les prieres. Elle „ expira a fept heures & demie du matin, agée de 50 ans, 5 mois & 26 „ jours (i)-" Cette mort, qui n'eut alors aucune influence fur les événemens politiques , eut cbangé la face des affaires, fi elle étoit arrivée un an plutöt (2), & les Provinces Unies y auroient gagné. Les avantages qu'elles recueillirent de la paix d'Utrecht, ne répondoient ni a la gloire qu'elles avoient acquife pendant la guerre, ni a la dépcnfe qu'elle leur avoit occafionnée & moins encore a la hauteur qu'elles avoient montrée dans leurs profpérités. Pendant que le Congrès d'Anvers s'occupoit du Traité de Barrière entre 1'Empereur (k les Etats, & du Traité de Commerce entre les Etats & les Pays-bas Efpagnols, il avoit paru un Manifefte du Prérendant, contre 1'élecbion de Georges I. Le Comte de Mar s'intriguoit depuis longtems cn Ecofle, & parvint a fufciter une partie du peuple & de la Nobleflè, qui le proclamerent Roi. En Angleterre même, les Provinces de Cornouaiiles & de Northumberland, le reconnurent fous le nom de Jacques III. Georges demanda des fecours aux Etats Généraux, qui firent paftèr en Ecofle, fix mille hommes fous les ordres du Général van der Beek. Cette émeute fut diflipée & le Prétendant rcpafla fecrétement la mer; quelquesuns des Chefs furent condamnés a mort & plufieurs s'expatrierent. Dans ces circonftances Louis XIV7. mourut , agé de 77 ans, apres un regne de 72; regne brillant & glorieux, malgré les revers qu'il éprouva fur Ia fin de fes jours, & qui, loin de ternir fa gloire, n'ont fait que prou* ' ver fa grandeur dans 1'une & 1'autre fortune. On étoit perfuadé a Londres que la Cour de Vcrfailles avoit favorifé la derniere expédition du Prétendant: Louis XIV. 1'avoit défavouée, & fi le Duc d'Orléans déclaré Régent, ne fe mit point en peine de détruire ces foupcons, du moins témoigna-t-il qu'il avoit des vues bien oppofées. 11 procefta que, fidele au Traité d'Utrecht, il n'accorderoit ni fecours, ni afyle au Chevalier de St. Georges. Le Régent fe rendit aux vceux des Etats, qui n'ayanc encore pu parvenir a la conclufion du Traité de Barrière, le prierent de la hater, & en effet ce Traité fut figné ie 15 Novembre, deux mois & demi après la mort du Roi. Ce Traité non-fèulement régla les prétentions de LL. HH. PP. fur les Pays-bas, mais encore il leur affura la propriété des Conquêtes qu'elles avoient faites pendant la derniere guerre. La République fe trouva défendue de tous cötés contre fes voifins, par un rempart difficile a forcer. Du cöté de la Flandres Francoife, 1'Empereur, par 1'Ardcle XI accordé a LL. HH. PP., garnifon privative de leurs troupes, dans les villes de Namur & Tournai, & dans les villes de Menin, Furnes, Ypres & le fort de la Knoque. Par-la la République fe trouve a couvert des tentatives de la France, qui eft obligée avant de pénétrer fur fes terres, de s'emparer de toutes ces places. Du cöté de la Zélande, 1'Article XVIII, en lui (O Manui*, de M. Fabbé de Voifenou. (2) Voltaire, Hift. du Siècle de Louis XIV. Ch. XXIII. Hifi. de Hollande, 1697, jufques a nos jours. Ann. 1715. Emcute en Ecoffe en faveur du. Prétendant. Mort de Louis Kit', 'e 1 Sep'embre. Traité de Barrière.  Srxrr. XIII. Hifi. de Hollande, 1697 > jufques a nos jours. 392 HISTOIRE DE HOLLANDE cédant une partie du haut quartier de Gueldres & une parde de la Flandres, recule loin des frontieres de Zélande, les efforts de la maifon d'Autriche. Tout ce qui peut concourir a la fureté des Provinces Unies, fem» ble prévu dans ce Traité (1). II ne fera pas hors de propos d'entrer en quelques détails a ce fujet. Le Comte de Konigfegg, Miniftre de 1'Empereur, avoit donné le terme, par fa déclaration du 13 de Septembre, pour le figner dans fix femaines. Voyant cependant que les Députés des Etats étoient autorifés a conclure, ii ne voulut pas s'aheurter a quelques jours de plus. On étoit convenu de tout le contenu de ce Traité déja le jeudi 14. On travailla a le mettre au net & pour en faire trois copies ; une pour la Cour de Vienne, une autre pour 1'Angleterre, & la troifieme pour les Etats Généraux. On étoit convenu qu'on le figneroit le lendemain vendredi 15. On devoit s'afiêmbler pour cela a fix heures du foir. Le Miniftre d'Angleterre étoit k Bruxelles relativement aux deflèins du Prétendant. II avoit bien promis d'en être de retour pour ce tems-la, mais ne revint pas. L'on recut k huit heures du foir un exprès de fa part qui portoit qu'il ne pouvoit être de retour que le lendemain matin a 7 ou ii heures. Le Magiftrat d'Anvers avoit cependant fait préparer un raagnifique fouper & un feu d'artifice. D'ailleurs tant dans la Ville que dans la Citadelle PAr> tillerie étoit prête k tirer. Pour ne pas rendre ces préparatifs infruétueux, l'un des Députés des Etats alla trouver le Comte de Konigfegg. II lui dit qüe puisqu'on étoit tant avancé, il étoit d'avis qu'on devoit figner ce foir-'la même le Traité. C'étoit fauf a remettre au lendemain la fignature de ce qui pouvoit intéreffer le Miniftre Anglois. Auffi le Comte convint il de fe rendre un peu avant les neuf heures a la Maifon de Ville. En effet s'y rendit il. Les Députés des Etats en firent autant. Après avoir été enfemble quelque tems, on fit ouvrir les portes, On laifia entrer dans la chambre les Magiftrats, & autres perfonnes confidérablcs, qui étoient dans la chambre voifine. A leur préfence le Comte de Konigfegg figna les trois Copies du Traité, & les Députés des Etats en firent autant. D'abord après dans la falie voifine les trompcttes& les timbales fe firent entendre. Ce fut le fignal pour faire fonner les cloches de laCathédrale, & pour faire tirer le Canon. Cela fut fuivi par des acclamations univerfelles des peuples. Ceux-ci ne ceflbient de crier: Vive 1'Empereur notre Souverain. On fit jouer un joli feu d'artifice devant la Maifon de Ville, qui dura une demi-heure. L'on fe mit enfuite k table entre minuit & une heure. La première fanté qui fut buë fut celle de Sa Majefté Impériale & Catholique. L'artillerie de la Ville & du Chateau retentit k cette fanté. On y buc de même celle de Sa Majefté Britatmique, & enfuite celle de LL. HH. PP. Sur la fin du repas on büt auffi celle de Plmpératrice & du fruit Impérial qu'elle portoit. Le repas étoit fplendide fur trois tables. A la fin on donna au pillage une quantité furabondante de confitures a ceux de la Bourgeoife, qui purent y avoir accès. L'on fe retira k 4 heures du matin le (1) Voyez les Papiers publics & les Journaux politiques.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Skct. XIII. 393 Ie Satnedi. A 7 ou 8 heures Ie Miniftre Anglois Cadogan arriva k Anvers, & les trois Miniftres fe trouverent enfemble vers les onze heures a la Maifon de Ville. Le Miniftre Anglois figna, «Sc en fortit avec la copie du Traité a la main: au fortir de la Maifon de Ville le Comte de Konigfegg en remcrcia les Magiftrats, leur difant quon ne s'y aflemblerok pas davautage. Les ratifications étant enfuite faites, les Etats Généraux firent imprimer ce Traité , avec les autres Pieces annexées que voici. Traité de la Barrière des Pays-Bas, entre Sa Majefté Impériale & Catholique , Sa Majefté le Roi de la Grande-Bretagne, & les Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies. Cmme il a plu au Tout - Puifant de rendre depuis quelque tems la Paix a l'Europe, que rien neft plus defirable & néceffaire que de rétablir & affurer partout, autant que fe peut, la füreté & la tranquilité commune & publique, & que leurs Hautes Puiffances les Seigneurs Etats Généraux des Provinces Unies, fe font engagées de remettre les Pays-Bas a Sa Majefté Impériale & Catholique Charles VI., felon qutl a été fiipulé & arrêté par le Traité fait a la Haye le 7 Septembre 1701 entre S. M. I. Léopold de glorieufe mémoire, Sa Majefté Brttannique Guillaume UI., au ft de glorieufe mémoire, & lefdits Etats Généraux (1). Oue lefdites Puiffances conviendroient fur ce qui regarderott leurs intérétsTéciproques, particulierement par rapport a la mantere, dont on pourroit établir la füreté des Pays Bas pour fervir de Barrière a. la Grande-Bretagne, & de ceux des Provinces-Unies, & qu'apréfent Sa Majefté Impériale & Catholique Charles VI., a qui lefdits Pap-Bas feront remis par ce Traité, Sa Majefté Britannique George, tous deux aujourd'hui régnans , & tous deux Héritiers & Succeffeurs légitimes defdits Empereur & Roi, & ks Etats Généraux des Provinces Unies, aaijfant en cela par le même principe d'amitié, & dans la même intentïon de procurer & d'établir ladite fureté mutuelle, & d'afermir de plus en plus une étroite union, ont nommé, commis & établi pour cette fin pour leurs Miniftres Plénipotentiaires, favoir Sa Majefté Impériale & Catholique, le Sr. Jofeph Lothaire, Comte de Konigfegg, fon Cham< bellan, Confeiller de Guerre, & Lieutenant-Général de fes Armées S. M. B. le Sr. Guillaume Cadogan, Ecuyer, fon Envoyé Extraordinaire auprès de Leurs Hautes Puiffances ks Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies , Député au Parlement de la Grande-Bretagne, Maitre de la Garderobe, Lieutenant Général de fes Armées, & Colonei du fecond Regiment de fes Gardes: Et ks Etats Généraux, ks Srs Bruno van der Duf en, ancien Bourguemaitre, Senateur & Confeillet Penfionnaire de la Ville de Gouda, Afjéffeur du Confeil des Heemraden dt Schielandt, Dykgraf'de Krimpenerwardt, Adolf Henri Comte de Rechte ren, Seigneur 'd'Almelo , & Vrifenvelden, &c. Préfident des Seigneur, Etats de la Province d'Over-YJfel, Droffart du quartier de Zalland (O Mömoires de Lamberty, T. I. p. 620. Tome XLIV. Ddd Hift. de Hollande. 1697,jufques il nos jours. i  Sect. XIII. Ili/i. de Hollande. 1697, juf- ques a nos jours. : 1 < ] 1 1 i I ( 1 j I t r ï P n q n Si P' & a d' ce 394 HISTOIRE DE HOLLANDE Scaton de Gockinga, Senateur de la Fille de Gror.inme; & Adrian dè Borfela, Seigneur de Gelder ma l/e, &c. Senateur de la Ville de Fklïïngue; les trois premiers Députés a tAffemblée des Seigneurs Etats Génrattx de la part des Provinces de Hollande , IVeftfrife , d'Ov>---Tffel Groningue & Ommelandes; & le quatrieme Deputé au Confeild'£ta,(del Provinces Unies, lefquels étant affemblés dans la Ville d'Anvers, qui d'un commun confentement avoit été nommée pour le lieu du Congrès é avant échangé leurs Plein-P omoirs dont les Copies font inferêes a la fin de ce Iraité apres plufieurs Conferences, font convenus pour & au nom de Sa Majefté Impériale & Catholique, de Sa Majefté de la Grande ■ Bretagne, & des Seigneurs Etats Généraux, de la maniere comme il s'enfaït, A n t 1 c l e Premier. LEs Etats Généraux des Provinces Unies remettront a fa Majefté lmpenale & Catholique en vertu de la grande Alliance de 1'Annéê 1701. & des engagemens dans lefquels ils font entrés du depuis, imraéiratement apres 1 échange des Ratifications du préfent Traité, toutes les .rovinces & Villes des Pays-Bas & dépendances, tant celles qui ont été >offedees par le feu Roi d'Efpagne Charles II. de G. M., que celles [ui viennent d'être cédées par feu Sa Majefté Tiès Chrétienne auffi de g! U., lefquelles Provinces, & Villes enfemble, tant celles que l'on remettra >ar ce préfent Traité que celles, qui ont é é déja remifes, ne feront déormais, & ne compoferont en tout ou en partie qu'un feul, indivifible, nahenablc, & mcommutable domaine, qui fera inféparable des Etats de la* gallon d'Autriche en Allemagne, pour en jotiïr Sa Majefté Impériale & -athohque, ies fucceffeurs & héritiers, en pleine & irrévocable Souveraitete & propneté, favoir a 1'égard des premières Provinces, comme en a oui1 ou dü jouir le feu Roi Charles II. de G, M. conformément au Traitée Ryfwyk, & a 1 égard des autres Provinces de la maniere & aux conditons, qu'elles ont été cédées & remifes auxdits Seigneurs Etats Généaux, par le feu Roi Trés-Chrétien, de G. M., en faveur de la trés auufte Maifon d'Autriche , & fans autres charges, ou hypothéques conftiléés de la part des Etats Généraux & a leur profk. II. Sa Majefté Impériale & Catholique promet & s'engage, qu'aucunerovince, Ville, Place, Fortereflè, ou Territoire defdits Pays-Bas, ne ourra être cédée, transferée, donnée, ou écheoir a la Couronne de France i aucun Prince ou Princeffe de Ja Maifon & Lignée de France, ni autre' ai ne fera pas Succeffeur des Etats de Ia Maifon d'Autriche en Alleagne,foit par donation, vente, échange, Contraét de Mariage, Hérédité, icceffion teftamentaire , ou ab inteftato , ni fous quelqu'autre titre ou étexte, que ce puiffe être, de forte qu'aucune Province, Ville, Place, Fortereffe, ni Territoire defdits Pays-Bas, ne pourra jamais être foumis aucun autre Prince qu'aux feuls Succeffeurs defdits Etats de la Maifon (\utnche,a la réferve de ce qui a déja été cédé au Roi de Pruftè, &de qui fera cédé par le préfent Traité auxdits Seigneurs Etats Généraux. IIL Comme Ia fureté des Pays Bas Autrichiens dépendra principalement  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 395 du nombre des Troupes, qu'on pourra avoir dans lefdits Pays-Bas, & dans les Places qui formeront la Barrière qui a été promife aux Seigneurs Etats Généraux par la Grande Alliance, Sa Majefté Impériale & Catholique ck LL. HH. PP., font convenus d'y entretenir chacun a leurs propres fraix, toujours un Corps de 25 a 30000 Hommes, dcfquels Sa Majefté Impériale & Catholique donnera trois cinquiemes, bien entendu, que fi Sa Majefté Impériale & Catholique diminue fon Contingent, il fera au pou» voir defdits Etats Généraux de diminuer le leur k proportion. Et lorsqu'il y aura apparence de Guerre, ou d'attaque, on augmentera ledit Corps jufqu'a 40000 Hommes fuivant la même proportion , & en cas de.Guerre effeébve, on conviendra ultérieurement des forces qui fe trouveront néceflaires. La repartition defdites Troupes en tems de Paix, pour autant qu'elle concerne les Places commifes k la garde des Troupes de LL. HH. PP., fera faite par Elles feules, & la répartition du refte par le Gouverneur Général des Pays-Bas, en fe donnant part réciproquement des difpofuions qu'ils auront faites. IV. Sa Majefté Impériale & Catholique accordé aux E. G. Garnifon privative de leurs Troupes dans les Villes & Chateaux de Namur & de Tournai, & dans les Villes de Mennin, Furnes, Warneton, Ypres, & le Fort de Knocque , & s'engagent les Etats Généraux de ne pas era< ployer dans lefdites Places des Troupes, qui, bien qu'a leur folde,pourroient être d'un Prince ou d'une Nation , qui foit en Guerre , ou fus pecbe d'être dans des engagemens contraires aux intéréts de Sa Majefté: Impériale & Catholique. V. On eft convenu, qu'il y aura dans la Ville de Dendermonde, Garnifon commune, qui fera compofée pour le préfent d'un Bataillon des Troupes Impériales, & d'un Bataiilon de celles des E. G., & que fi dans la fuite un plus grand nombre y étoit nécefiaire , Paugmentation fe fera également des Troupes de part & d'autre & de commun concert. Le Gouverneur fera mis de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique , lequel aufli - bien que les Subalternes prêteront Serment aux Etats Généraux de ne jamais rien faire, ni permettre dans ladite Ville qui puiflè être préjudiciable k leur Service, par rapport a la confervation de la Ville, & de la Garnifon, & il fera obligé par ledit Serment de donner libre pafiage a leurs Troupes toutes & quantes fois qu'ils le fouhaiteront, pourvu qu'il en foit requis préalablement, & que ce ne foit que pour un nombre modique k la fois. Le tout felon le formulaire dont or eft convenu, & qui fera inféré k la fin de ce Traité. VI. Sa Majeflé Impériale & Catholique confent aufli, que dans lei Places ci-deiius accordées aux Etats Généraux , pour y tenir leurs Garnifons privatives, ils y puiflènt mettre tels Gouverneurs , Commandans, & autres Officiers, qui compofent 1'Etat Major, qu'ils jugeront k propos. k condition qu'ils ne feront pas k charge k Sa Majefté Impériale & Catholique, ni aux Villes & Provinces ;fi ce n'eft pour le logement conve^ nable & les émolumens provenans des Fortifications, & que ce ne foien pas des perfonnes qui pourroient être defagréables ou fufpeéïes a S. M pour des raifons particulieres k alléguer. Ddd a Hift» de Hollande. 1697, jufqua a tios jours.  39^ HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hifi. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. VII. Lefquels Gouverneurs, Commandans & Officiers, feront entierement & privativement dépendans & foumis aux feuls ordres, & a la Judicature des Etats Généraux, pour tout ce qui regarde la défenfe , la garde, füreté, & toute autre affaire militaire de leurs Places, mais feront obligés lefdits Gouverneurs; aulli • bien que leurs ibbalternes a prêter Serment a Sa Majeffé Impériale & Catholique de garder lesdites Places fidélement & la Souveraineté de la Maifon d'Autriche, & de ne fe point ingercr dans aucune autre affaire, felon le formulaire donc on elt convenu-, ck qui ell inferé a la fin de ce Traité. VIII. Les Généraux fe rendront réciproquement, tant dansles Villes out il y aura Garnifon de Sa Majefté Impériale & Catholique, que dans celles, qui-font confiées a la garde des Troupes de Leurs Hautes Puiffances, les honneurs accoütumés felon leur Caraéfere & la maniere de chaque fervice, & au cas que ie Gouverneur Général des Pays - Bas vienne dans les Places commifes a la garde des Troupes des Etats Généraux, on lui rendra les honneurs qu'il eft accoütumé de recevoir dans les Places des Garnifons de Sa Majefté Impériale & Catholique, & pourra même y donner Ia parole, le tout fans préjudice de 1'Article VL Et les Gouverneurs, & en leur abfence les Commandans donneront part auxdits Gouverneurs Généraux des difpofitions par eux faites pour la füreté & garde des Places confiées a leurs ïbins, & ils auront des égards convenables pour les changemens, que lefdits Gouverneurs Généraux. jugeront devoir être faits. IX. Sa Majefté Impériale & Catholique accordé Pexercice de Ia Relir gion aux Troupes des Etats Généraux partout oü elles fe trouveront en garnifon; mais cela dans des endroits particuliers, convenables, & proportionnés au nombre de la Garnifon , que les Magiftrats affigneront & entretiendront dans chaque Ville & Place, oü il n'y en a pas déja d'affignés, & auxquels endroits on ne pourra donner aucune marqué extérieure d'Eglife, & on enjoindra févérement de part & d'autre aux Officiers Politiques , & Militaires , comme auffi aux Eccléfiaffiques & ï tous autres qu'il appartient, d'empêcher toute oecafion de fcandale & de conceftation, qui pourroient naitre fur le fujet de Ia Religion; & quand il naitra quelque dilpute ou difficulté, on les applanira a Pamiable de part & d'autre. Et quant a la Religion par rapporc aux Habitans des Pays-Bas Autrichiens, toutes chofes refteront & demeureront fur le même pied, qu'elles étoient pendant le Regne du Roi Charles II. de G. M. X. Toutes les Munitions de Guerre, Artillerie, & Armes des Etats Généraux, comme auffi les matériaux pour les Fortifications, les Grains en tems de difette, les Vivres, pour mettre en Magazin lorsqu'il y aura apparence de guerre, & de plus les Draps & fournitures pour 1'habillement des Soldars, que l'on vérifiera devoir être employés a cet ufage, paffèront librement & fans payer aucuns Droits, ou Péages, au moyen de Pafteports, qui feront demandés & accordés fur la fpécification fignée, 'i condition néanmoins qu'au premier Bureau de Sa Majefté Impériale & Catholique oü lefdites Provifions, Matériaux, Armes, & Montures entreront, & a 1'endroit oü elles devront être déchargécs, les batteaux, &  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 397 autres voitures pourront être duement vifités pour empêcher qu'on n'y comniette fraude & abus, contre lefquels il.fera libre de prendre telles préeautions, que la fuite du tems, & 1'expérience feront juger nécefiaires, fans qu'il fera permis aux Gouvcnieurs, & leurs fubalternes, d'empêcher ea quoi que ce foit Peffèt de cet Article. XL Les Etats Généraux-pourront changer leurs Garmfons, & les dhpoficions des Troupes dans les Villes, & Places commifes k leur garde privative , felon qu ils le trouveront k propus, fans qu'on puhTe empêcher ou arrêter le paflage des Troupes, qu'ils y enverront de tems k autre, ou celles qu'ils en tircront fous quelque prétexte que ce puiflè être-, pourront même lefdites Troupes, quand le cas le requerroit, paflèr par toutes les Villes de Brabant & de Flandres, & par tout le Plat-Pays, faire des Ponts tant fur le Canal entre Bruges & Gand, que fur toutes les Rivieres qu'elles trouveront dans leurs routes, k condition néanmoins, que ce feront des Trouoes d'un Prince, ou d'une Nation, non en Guerre avec Sa Majeflé Impériale & Catholique, ni fufpecb-'s d'aucun engagement, ou liaifon contraire a ies interets, comme il efl dit ci-deflus en 1'Article IV., & que préalablement il en fera donné connoiflance & requiütion faite au Gouverneur Général des Pays-Bas, avec lequel on réglera les routes, & les autres befoins, par quelqu'un qui en aura la Commiffion de Leurs Hautes Puiflances. On obfervera le Réglement fait par les Etats Généraux, fur le paflage des Troupes, comme il eft obfervé dans leurs propres Pays. Et les Etats Généraux tacheront de faire lefdits changemens des Garnifons, ainfi que les difpofitions nécefiaires pour cela, de maniere qu'elle: foient le muins qu'il fe pourra k la charge & k 1'incommodité de: Habitans. XII. Comme la füreté commune demande en tems de Guerre , 01 dans un éminent danger de Guerre, que les Etats Généraux envoyeni leurs Troupes dans les Places qui fe trouveront les plus expoiëes au péril d'être attaquées, ou d'être furprifes; il eft convenu entre ba Majefté Impériale & Catholique, & les Etats Généraux, que leurs Troupes feroni xecues dans lesdites Places, autant qu'il fera nécefiaire pour leur défenfe, quand le cas viendra évidemment k exifter , bien entendu que cela fe fafle d'accord & de concert avec le Gouverneur Général' des Pays-Bas. XIIL Les Etats Généraux pourront k leurs fraix- & dépens Lire fortifier les fufdites Villes & Places, foit par des nouveaux Ouvrages, ou en faifant réparer les vieux, les entretenir, & généralement pourvoir k tout ce qu'ils trouveront nécefiaire pour la füreté & défenfe desdites Villes & Places > k la réferve qu'ils ne pourront pas faire conftruire des nouvelles Fortifications, fans en avoir donné connoiflance préalable au Gouverneur Général des Pays Bas, & avoir entendu fon avis & fes confidéradons la-deflus & fans qu'on pourra les porter k la charge de Sa Majefté Impériale & Catholique, ou du Pays , qu'avec confentement de Sa Majefté, XIV. Pour Ia füreté de la communication entre les Provinces Unies, & les Villes, & Places de la Barrière, Sa Majefté Impériale & Catholique aura foin de faire en force, que les Lettres &. Melfagers, tant ordinaires; Ddd 3 Hift. de Hollande. 1697 Jufques a nos jours.  393 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XII Hift. de Hollande. 1697. jufques a nos jours. . qu'extraordinaires, pourront paflèr librement pour aller & venir dans les Villes & Places de la Barrière, & par celles des autres Pays, a condition que lefdits MelPagcrs ne chargeront pas des Lettres, ou des paquets dos Marchands, ou autres particuliers, lefquelles, tant pour les Piaces de Ja Barrière, que pour toute autre part, devront être remifes aux Bureaux des Poir.es de Sa Majefté Impériale & Catholique. XV. Pour cequi regarde PArtillcrie, les Magazins, & Provifions de guerre, que Leurs Hautes Puiffances ont dans les Villes & Places, qu'elles remettent h Sa Majefté Impériale & Catholique, il leur fera permis de tranfporter fans aucun empêchement, & fans payer aucun Droit ou Péages, tant celles, qu'elles y ont fait conduire Elles-memes, que PArtillerie marquée de leurs armes, perdue dans la derniere guerre & leur appartenant d'ailleurs, qu'Elles auront trouvé dans lefdites Places, h moins que Sa Majefté Impériale & Catholique ne fouhaite de prendre ladite Artillerie & munitions de guerre pour fon compte , & en convienne du prix avec Leurs Hautes Puiffances, avant la reddition des Places. Et quant h. 1'Artillerie & Munitions , qui font préfentement dans les Places commifes k la garde des Troupes des Etats Généraux, elles feront laiflees a- leur garde & direction fuivant les inventaires qui en feront dreflës & fignés de part, _& d'autre , avant Péchange des Ratifications du préfent Traité, fans qu'il foit permis de les faire tranfporter ailleurs, que d'un commun confentement, & reftera la proprieté a Sa Ivlajefté Impériale & Catholique pour autant, qu'il s'en eft trouvé dans lefdites Places au tems de leur Ccffion, ou Reddition. XVI. En cas que les Provinces des Pays-Bas Autrichiens fuflènt attaquées & qu'il arrivat (ce qua Dieu ne plaife) que les Armées des Ennemis entraflènc dans le Brabant, pour y agir, & faire le fiege de quelque Place dans ladite Province, ou de quelqu'une de celles qifi en font la Barrière , il fera permis a Leurs Hautes Puiflances de faire occuper Sc prendre pofte par leurs Troupes dans les Villes & endroits fur le Demer, depuis 1'Efcaut jufqu'a la Meufè, comme aufli d'y faire des Retranchemens, des Lignes, & des Inondations pour empêcher les progrès ultérieurs des Ennemis, autant que la Raifon de guerre le pourra demander, pourvu que le tout fe fafiö de concert avec le Gouverneur Général des Pays-Bas. XVII. Comme il confte par 1'expérience de la guerre paftèe, que pour mettre en füreté les Frontieres des Etats Généraux, en Flandre, il falloit y laifièr plufieurs Corps de Troupes fi confidérables que 1'Armée fe trouvoit beaucoup affoiblie par-la: pour prévenir cet inconvénient, & pour mieux aflurer lefdites Frontieres a Pavenir, Sa Majefté Impériale & Catholique céde aux Etats Généraux tels Forts & autant de Territoire de la Flandre Autrichienne, limitrophe de leurs dites Frontieres, qu'on aura befoin pour faire les inondations nécefiaires & pour les bien couvrir , depuis 1'Efcaut jufques a la Mer, dans les endroits oü elles ne font pas déja fuffifamment aflurées, & oü elles ne fauroient Pêtre par des inondations fur les feules terres déja appartenantes aux Etats Généraux. Pour cette fin Sa Majefté Impériale & Catholique agrée & approuvé que pour Pavenir les Limites des Etats Généraux en Flandres commen-  Oü DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIIL 399 ceront a la Mer, entre Blankenberg & Heyft, a 1'endroit, oü il n'y a point des Dunes, moyennant, qu'ils n'y feront pas batir, ni ne perinettront pas qu'on badfle des Villages, ou des Maifons, auprès dudit pofte, ni ne fouffriront point aucun établiflèment de Pêcheurs, ou d'y faire des Eclufes h la Mer. Et promettent de plus Leurs Hautes Puiffances, que fi elles trouvent bon de faire confiruire quelques Fortifieations a la tête de leurs nouvelles Limites, elles auront foin de ne pas diminuer la force de la Digue, & non feulement fe chargeront des fraix extraordinaires qui pourroient être caufés a 1'occafion defdites Fortifieations; mais même dédommageront les habitans de la Flandre Autrichienne de toutes les pertes, qu'ils pourroient fouffrir , au cas que la Mer vint a faire des inondations par les Fortifieations fufdites. On tirera du Pofte fufnommé une Ligne droite fur le Gotewegie, d'oü la Ligne continuera vers Ileyft: de Heyft, elle ira fur le Driehoek de Swartefluys, de-la fur le Fort de St. Donas, lequel Sa Majefté Impériale & Catholique céde en proprieté & Souveraineté a Leurs Hautes Puiflances (moyennant que les portes des Eclufes audit Fort feront & refteront ötées en tems de Paix} & céde pareillement le Terrain fitué au Nord de la Ligne ci-deffus marquée. Du Fort de St. Donas les nouvelles Limites des Etats Généraux s'étendront jufqu'au Fort de St. Job, d'oü on regagnera les anciennes prés de la Ville de Middelbourg, lefquelles limites on fuivra le long de Zuydlingsdyck jusqu'a- 1'endroit, oü le Eckerlofe Watergang, & le Waterloop fe rencontrent a une Eclufe. Enfuite de quoi on fuivra le Graaf Jans Dyck jufqu'au village de Bouchaute (aux incerefles des Eclufes duquel on permet de les remettre ou elles ont été- ci devant) & dudit Bouchaute, on continuera en ligue droite pour regagner les anciennes limites des Etats Généraux. Sa Majefté Impériale & Catholique céde aufli en pleine & entiere Souveraineté aux Etats Généraux ie territoire fitué au Nord de ladite Ligne. Et comme pour leur entiere füreté il eft néceffaire, que Pinondation foit continuée de Bouchaute, jufqu'au Canal du Sas de Gand , le long de Graaf Jans Dyck; il fera. permis en tems de guerre h Leurs Hautes Puiffances d'occuper & faire fortifier toutes les Eclufes qui fe trouveroni dans le Graaf Jans Dyck & Zuydlingsdyck. A 1'égard de la ville du Sas de Gand, fes Limites feront étendues jufqu'È la diftance de 2000 pas géometriques, pourvü qu'il n'y ait point de Village compris dans cette étendue. Et pour la confervation du bas Efcaut, & la communication entre Ie Brabant, & la Flandre des Etats Généraux, Sa Majefté Impériale & Catholique cede en pleine & entiere proprieré & fouveraineté aux Etats Généraux les Villages & Polder de Doel, comme aufli les Polders de Ste, Anne & Keteniflè. Et comme en tems de guerre il fera befoin pour plus de füreté de former des inondations par les Eclufes entre les Forts de la Marie & de la Perle, Sa Majefté Impériale & Catholique remettra auffitót que la Bar Hifi. dè Hollands. 169-, ;Wques a nu jours.  4oo HISTOIRE DE HOLLANDE Ster. XII Hifi. de Hollande. 1697, JUj lues a m jours. -. ricre fera attaquée, ou la guerre commencée, la garde du Fort de la Perle a Leurs Hauces Puiflances & ceile des Eclufes; bien entendu que Ia guerre . venant \ cciTer, Elles remettront ces Eclufes & ledit Fort de la Perle * a Sa Majefté Impériale & Catholique, comme auffi celles qu'elles auront öccupées dans le Graaf Jans Dyck & Zuydlingsdyck. Les Etats Généraux ne pourront faire aucune inondation en tems de Paix, & fe croyant obligés d'en former en tems de guerre , ils en donneront connoiflance préalable au Gouverneur Général des Pays-Bas , & en concerteront avec les Généraux Commandans les Armées aux PaysBas. Promettant de plus que fi a l'occafion de la ceflion de quelques Eclufes , dont les Habitans de la Flandre Autrichienne conferveront le libre ufage en tems de Paix, ils vinflènt a fouffrir quelque dommage, ou préjudice, tant par les Commandans, que par d'autres Officiers Milicaires, que non - feulement les Etats Généraux y remedieront inceffamment, mais auffi qu'ils dédommageront les intéreffés. Et puifque par cette nouvelle fituation des limites il faudra changer les Bureaux pour prévenir les fraudes, a quoi Sa Majefté Impériale & Catholique & Leurs Hautes Puiffances font également intéreffées , on conviendra des Lieux pour Pétabliffement desdits Bureaux & des précautions ultérieures, qu'on jugera convenir de prendre. II efl de plus ftipulé par cet Article qu'une jufle évaluarion fera faite avant la Ratification du préfent Traité, des revenus que le Souverain tire des Terres qui fe trouveront cedécs a L. H. P. par cet Article, comme auffi de ce que le Souverain a proficé par le renouvellement des Octrois* fur le pied qu'ils ont été accordés depuis 30 ans en déca , a être déduits & defalqués fur le fubfide annuel de 500 mille écus. Et la Religion Catholique Romaine fera confervée & maintenue dans les lieux ci-defius cédés en tout, fur le pied qu'elle y efl exercée aftuellement , & qu'elle Pa été du tems de Charles II. de G. M. & feront de même confervés & maintenus tous les Privileges des Habitans. Le Fort de Roodenhuyfen fera rafé, & les différends touchant le Canal de Bruges feront remis a la décifion d'Arbitres neutres, a choifir de part & d'autre, bien entendu, que par la ceflion du Fort de St. Donas, ceux de la Ville de PEclufe n'auront pas plus de droit fur ledit Canal, qu'avant cette ceflion. XVill. Sa Majefie Impériale & Catholique cede a Leurs Hautes Puiffances les Etats Généraux a perpetuité en pleine Souveraineté & propriété dans le haut quartier de Gueldres la Ville de Venlo, avec fa Banlicuë & le Fort de St. Michel, de plus , le Fort de Scevenswaert avec fon Territoire ou Banlieuë , comme auffi autant de terrain, qu'il fiiudra pour augmenter les Fortifieations en deca de la Meufe, & promet Sadite Majefté de ne faire Mtir, ni permettre qu'un autre Mtiffe aucune Fortification de quelque nom que ce foit, a la diftance d'une demi-lieue de ladite Fortereffe. Sa Majefté Impériale & Catholique cede de plus aux Etats Généraux PAmmanie de Montfort, confiftant (a Pexception des Villages de Swalmt & Elmt, qu'elle fe referve) dans lespetices villes de Nieuftadt & d'Echt, avec  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 401 avec les villages fuivans; favoir Ohe & Lack, Roofteren, Bracht, Befel, Belfen, Vlodorp, Poliert, Berg, Lin, & Montfort, pour être poffédés •par lesdits Etats Généraux de ia maniere que les a poiïèdé & en a jouï Sa Majefté le Roi Charles II. de glorieufe Mémoire , avec les Préfeclures, Bourgs, Fiefs, Terres, Fonds, Cens, Rentes, Revenus, Péages, de quelque nature qu'ils foient, Subödes, Contributions & Collectes, Droits Féodaux, Dominaux, & autres quelconques appartenans auxdits Lieux cédés ci-deftus: le tout pourtant lans préjudice, & fauf tous les Droits qui pourront competer h Sa Majefté le Roi de Prune, & ce nonobftant toutes exceptions, prétentions, ou contradiétions, faites ou a faire, pour troubler les Etats Généraux dans Ia paifible poffcffion des Lieux cédés par le préfent Article, tous Pact.es, Conventions, ou Difpofuions contraires au préfent Article étant cenfés nuls & de nulle valeur. Bien entendu que cette Ceflion fe fait avec cette claufe exprefle, que les Statuts, anciennes Coutumes, & généralement tous les Privileges Civils & Eccléflafliques, tant a 1'égard des Magiftrats, & Particuliers, que des Eglifes, Couvents, Monafteres , Ecoles, Seminaires , Höpitaux , & autres Lieux publics, avec toutes leurs appartenances, & dépendances, de même les Droits Diocefains de 1'Evêque de Rurmonde, & généralement tout ce qui regarde les Droits, Libertés, Immunités, Fonclions, Ufages, Cérémonies & Pexercice de la Religion Catholique feront confervés & fubflfteront, fans y apporter aucun changement, ou innovation, ni direétement, ni indireérement dans tous Lieux ci-deflus cédés de la maniere, que du tems du Roi Charles II. de glorieufe mémoire & felon qu'on Pexpliquera de part & d'autre plus amplement, en cas qu'il arrivé quelque difpute fur ce fujet; & ne pourront être données les Charges de Magiflrature, & telles autres de Police, qua des perfonnes, qui foient de la Religion Catholique. Le droit de Collation des Bénéfkes, qui a été jufques ici au Souverain, appartiendra dorénavant i\ 1'Evêque de Rurmonde, a condition que lefdits Bénéfices ne pourront être donnés, qu'a des perfonnes qui ne feront pas défagréables aux Etats Généraux pour des raifons particulieres è alléguer. II eft aufli flipulé, que les Etats Généraux ne prétendront pas d'avoir acquis par la .ceflion de la Ville d'Echt aucun droit de Judicature ou d'appel par rapport au Chapitre de Thoru, ou autres terres de 1'Empire, & il fera libre k Sa Majefté Impériale & Catholique de nommer tel endroit qu'il conviendra pour ladite Judicature ou appel. Et puifque les Habitans de la partie du Haut - Quartier, qui vient d'être cédé, ne pourront plus porter leurs procés en cas d'appel k la Cour de Rurmonde, il fera libre k L. H. P. d'établir une Cour d'Appel pour leurs Sujets dans tel lieu de la Province, qu'elles trouveront convenir. On eft convenu de plus, que les Droits d'entrée & de fortie, qui fe levent tout le long de la Meufe, ne pourront être haulfés, ni baiflës en tout ou en partie, que d'un commun confentement, defquels Droits Sa Majefté Impériale & Catholique tirera k fon profit ceux qui fe levent a Tome XLir. Eee Hift. de Hollande, ques a nos jours.  SfiCT. XIII, Hift. de Hollande. 1697 »;*/ ques a nos jours. 40a HISTOIRE DE HOLLANDE Rurmonde, & a Navaigne, 6c les Seigneurs Etats Généraux, ceux qui fe levent a Venlo. Et comme lefdits Droits fur la Meufe en général,. comme auffi ceu* fur 1'Efcaut fubfidiairement font affeétés au payement de deux Rentes diftinétes, favoir une de 80000 6c une de 20000 florins par an, en vertu de la tranfaclion paffee, & conclue le 26 Decembre 1697 avec feu Sa Majefié de la Grande-Bretagne Guillaume III., on efl: convenu que Leurs Hautes Puiflances , a caulë de la ceflion fusmentionnée fubviendront a Sa Majefté Impériale & Catholique dans les payemens defdites Rentes & autres dettes, qui pourront y être hypothequées, & annuellement, & k proportion du produit des Droits d'entrée & de forde, qu'elles recevront, le tout fuivant les conftitudons mêmes defdites Rentes. Et quant' aux. Dettes & Charges contracbées & conftituées fur la Généralité du HautQuartier , les Etats Généraux. concoureront dans le payement d'iceux , pour leur quote-part, felon la proportion portée par la matricule de tout le Haut-Quartier. Tous les Documens & papiers, qui concernent le Haut-Quartier do Gueldres, refteront comme ci-devant dans les Archives k Rurmonde; maison eft convenu qu'il en fera formé un Inventaire ou Régiftre ii 1'intervention des Commifiaires de Sa Majefté Impériale & Catholique, de Sa. Majefté Pruflienne,- & des Seigneurs Etats Généraux, & Copie authentique fera donnée dudit Inventaire k chacune des trois Puiflances pour avoir toujours libre accès k tous les Papiers & Documens, dont elles pourroient avoir befoin, pour la partie qu'elles pofledent dans ledit Haut Quartier de Gueldres, 6c, dont Copie authentique leur fera délivrée, h la première requifition. XIX. En confidération des grands fraix & dépenfes extraordinaires auxquelles les Etats Généraux font indifpenfablement obligés, tant pour entretenir le grand nombre de Troupes, qu'ils fe font engagés par le préfent Traité de tenir dans les Villes ci-deflus nommées, que pour fubvenir aux groffes charges, abfolument nécefiaires pour 1'entreden 6c Ia réparation des Fortifieations defdites Places, & pour les pourvoir de munitions de guerre, & de bouche, Sa Majefté Impériale 6c Catholique s'engage 6c promet de faire payer annuellement aux Etats Généraux la fomme de 500000 écus, ou 1250.000 florins monnoye d'Hollande par deflus les revenus de la partie du Haut-Quartier de Gueldres cédé en proprieté par Sa Majefté Impériale & Catholique aux Etats Généraux par le XVIII. Article du préfent Traité. Comme auffi par deflus les fraix pour le'logement des Troupes, felon le RéglemeHt fait 1'année 1608. de la maniere qu'on en conviendra en détail: laquelle fomme de 500 mille écus ou 1250O00 florins monnoye d'Hollande, fera aflurée & hypothequée, par cet Article, généralement fur tous les revenus des Pays Bas Autrichiens, y compris les Pays cédés par la France, 6c fpécialement fur les revenus les plus clairs 6c liquides des Provinces de Brabant, 6c de Flandres, 6c fur ceux des Païs, Villes, 6c Chdtellenies, 6c dépendances cédées par la France, felon qu'on eft convenu plus fpécifique-  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIIL 403 mteat par un Article féparé, tant pour 1'Hypothéque que pour le moyen de termes de les percevoir. Et on commencera ledit payement du Subfide de 500 mille écus ou 11250000 florins monnoye d'Hollande, du jour de Ia fignature du pré-, fent Traité; fur quoi feront déduits, au Prorata du tems, les revenus des Villes, Chatellenies & dépendances cédées par la France, échus depuis ledit jour jufqu'au jour que lefdits Pays feront remis it Sa Majefté Impériale & Catholique, pour autant que les Etats Généraux les auront recus. XX. Sa Majefté Impériale & Catholique confirme & ratifié par cet Article les Capitulations accordées aux Provinces & Villes des Pays Bas ci-devant appellés Efpagnols du tems de leur réducfion fous Pobéïflance de Sadite Majefté, ainfi que 1'adminiftration générale dudit Pays y exercée par la Grande-Bretagne & les Etats Généraux des Provinces - Unies, ayant repréfenté le légidme Souverain par leurs Miniftres qui ont réfidé h Bruxelles, & par le Confeil d'Etat commis au Gouvernement Général defdits Pays-Bas, enfuite du Pouvoir & des Inflruftions qui lui ont été faites de la part des deux Puiflances, tant en matiere de Régale, de Juftice, de Police, que de Finances, comme aufli 1'adminiftration particuliere des Etats des Provinces, des Colléges, des Villes, & des Communautés du Plat-Pays, de même que des Cours Souveraines de Juftice, & autres Cours & Juges Subalternes: lefquels Acles de Police, Régales, Juftice & Finances, fubfifteront & fortiront leur plein & entier effet, felon la teneur defdits Ades & des Sentences rendues: le tout de la même maniere, comme s'ils avoient été faits par le Souverain légidme du Pays, & fous fon Gouvernement. XXI. Tout ce qui eft dans 1'Article précédent fera auffi obfervé, ratifié & maintenu de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique a 1'égard du Haut- Quartier de Gueldres, & des Pays conquis fur la France (dont le Roi Charles II. de Glorieufe Mémoire n'étoit pas en pofleflion a fon décès) pour toutes les difpofttions faites au nom & de la part des Etats Généraux des Provinces - Unies. Et pour ce qui eft des Bénéfices & Dignités Eccléflaftiques, ceux qui en ont été pourvus, & qui s'en trouvent en pofleflion, ne pourront être dépofledés & ceux qui ne font pas encore en pofleflion y feront admis fans qu'on puifie s'y oppofer, que par les voyes & dans Pordre de la Juftice, felon les Loix & Coutumes du Pays. XXII. Sa Majefté Impériale & Catholique reconnoit & promet de fatisfaire les obligadons, qui ont été paffées de la part de Sa Majefté Catholique Charles II. de glorieufe mémoire par les levées d'argent que Leurs Hautes Puiflances ont fait négocier pour Sadite Majefté , dont la Lifte eft jointe au bas de cet Article, «St comme on n'a point encore remis aux Etats Généraux les obligations des Etats des Pays-Bas Efpagnols pour la fomme de 200 mille florins par an a fournir par eux , pour le payement des Intéréts & pour le rembourfement d'un Capital de 1400 mille florins , levés a Intérêt en PAnnée 1698 pour être employés aux néceflités des Frontieres defdits Pays-Bas Efpagnols, & de 4 Années d'In- Eee 2 Hifi. de Hollande. 1697. jufques a nos tours.  Sect. XIII. Hift. de Hollande, 1697 , jufques d nos jours. j©4 HISTOIRE. DE HOLLANDE térêts portam la fomme de 224 mille florins: dont ledit Capital de 1400 mille florins efl augmenté: lefquelles obligations ledit Roi Charles II. de glorieufe mémoire avoit promis de faire tenir fans que cela fe foit fait: Sa Majefté Impériale & Catholique promet par cette de faire paflèr les obligations par les Etats des Provinces desdits Pays-Bas, & de les faire délivrer inceflamment après auxdits Etats Généraux , conformément a la teneur de ladite obligation de Sa Majefté Catholique du 30 de Mai 1696 k la première convocation des Etats, ou au plus tard dans le terme de deux mois, après Péchange des Ratifications de ce Traité. Mémoire des Négociations faites a la requifttion de Sa Majefté Catholique Charles II. de Glorieufe Mémoire. La première Négociation a été d'un million cinq eens foixante & quinze mille florins fur les Droits d'entrée & de fortie de la Marie k 5 pour 100 faite par PAcïe du 13 Décembre. 1675000 La feconde a été de 525 mille florins k 5 pour cent fur le même fonds, levée par 1'Acte du 21 de Mars 1691. 525000 La troifieme a été de 567 mille florins a 5 pour 100 fur les revenus du Haut Quartier de Gueldres, faite par PAcle du 15 de Janvier 1602. 567000 La quatrieme & cinquieme Négociation de 500 mille & de 200 mille florins ont été faites conformément aux deux Adres du 4 & du 22 de Mai 1603 fur les Droits d'entrée & de fortie de la Marie a 6 pour cent. 700000 La fixieme a été de 665 mille florins fur le même fonds k 5 pour cent, levée par 1'Acte du 11 Avril 1694. 665000 La feptieme a été d'un million 440 mille florins fur Ie même Fonds k cinq pour cent, levée par Acte du 34 de Novembre 1695. 1440000 La huitieme, 9e & io<-\ fomme de 400 mille, de 100 mille &de 300 mille florins, ont été levées par Acte du 10 de Décembre 1695, du 12 de Septembre 1696, & du 6 Mars 1697, k cinq pour cent fur les Revenus de la Province de Namur, & fubfidiairement fur les Revenus de la Marie, & les Domaines de la Province de Luxembourg, portant enfemble. 800000 : L'onzieme fomme de 500 mille florins a été levée par Acte du 30 Avril 1696 a 6 pour cent fur les Revenus de la Prévóté de Mons. 500000 La douzieme fomme d'un million 400 mille florins k quatre pour cent, a été levée fur les Subfides des Provinces des Paysbas, fur les Remifes d'Efpagne, & fubfidiairement fur les Revenus de la Marie. Item 224 mille florins pour 4 années d'intérêts du Capital, conformément k la teneur de 1'obligation du 30 de Mai 1698, portant ainfi la fomme totale d'un milliorf 624 mille florins. 1624000 XXIII. Pareillement Sa Majefté Impériale & Catholique reconnoit, approuvé & confirme toutes les levées (dont la lifte eft jointe au bas de  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Slct. XIIL 405 cet Article) quon a été obligé de faire pour le payement de plufieurs né celfiiés indifpenfables pour la confervation des Pays-Bas Efpagnols & pour Pentretien des Troupes de Sa Majefté Impériale & Catholique pendant le Gouvernement provifionnel de la Grande Bretagne & des Etats Généraux des Provinces-Unies, & faites par Leurs Hautes Puiflances de concert avec Sa M-defté de la Grande-Bretagne; promettant Sa Majefté Impériale & Catholique d'y fatisfaire & de faire duement enrégiftrer lefdites Négociations dans les Chambres des Finances & des Comptes & d'en faire délivrer Acïes en forme a Leurs Hautes Puiflances & de faire payer le Capital & les Intéréts hors des fonds & hypothéques, tant principales que fubfidiaires, affectées pour cette fin, fans que Sa Majefté Impériale & Catholique pourra apoorter, fi ce n'eft de 1'aveu des Etats Généraux, aucun changement k la direcbion ou k 1'adminiftration des hypothéques, fur lefquelles les Négociations ont été faites, mais qu'Elle les laiflera k Leurs Hautes Puiflances conformément a la teneur des obligations; & fi ces fonds n'étoient point fuffifans, ce qu'il y manquera fera fuppléé par les Etats des Provinces desdits Pays-Bas Autricbiens. Mémoire des Négociations faites pendant le Gouvernement provifïowiel de Sa Majefté Britannique & de Leurs Hautes Puiffances aux Pays-Bas. En 1707 ont été levées 300 mille florins h 5 pour 100 fur la Pofterie, deftinés a être envoyés au Roi k Barcelonne. Encore 400 mille florins fur les Droits d'entrée & de fortie en Flandres ; deftinés a des néceflités aux Pays-Bas. Les intéréts defdits 400 mille florins ont été aflignés fur la Pofterie. 70000c Au mois de Février de 1'Année 1709 ont été levés 250 mille florins a 5 pour 100 fur les Droits de la Marie pour Pentretien des Troupes Impériales & Palatines. 25000c Au mois de Mai 1709 a été levée une fomme de 500 mille flo rins k 5 pour 100 aux mêmes conditions, fur le même fonds & au même ufage. 50000c Au mois d'Aout a été encore levee une fomme de 1000000 florins k cinq pour cent, aux mêmes conditions, fur le même fonds & au même ufage. _ ■ 100000c En 1710 a été négociée une fomme de 300000 florins a 6 pour 100 fur le revenu de la Pofterie , pour fubvenir aux fraix des Troupes Impériales & Palatines au fervice de Sa Majefté Impériale & Catholique. 300001 Item fur les Droits d'entrée & de fortie de Flandres,une fomme de 400 mille florins pour fubvenir aux fraix des Troupes Impériales k fix pour cent, favoir cinq pour cent k trouver fur les Droits en Flandres,& un pour cent fur les Revenus de la Marie. 40000c Item fur le même Fonds & k fix pour cent, favoir cinq pour cent k trouver fur les Droits d'entrée & de fortie en Flandres, & un Eee 3 flift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. > ) ) 1  «kct. XIIL Hifi. de Hollande. 1697, j*T' ques a «os jours. c t É r P d f c p 11 d d 6 j£ h d P cl j« n c< q' m di tr: ne 406 HISTOIRE DE HOLLANDE pour cent fur les Revenus de la Marie, une fomme de 300 mille florins pour fubvenir aux fraix des Troupes Impériales. qooooo Item fur le même Fonds, & k fix pour cent, favoir cinq pour cent k trouver fur les Droits d'entrée & de forde en Flandres,& un pour cent fur les Revenus de la Marie, une fomme de 340 mille fix eens vingt-cinq florins pour fubvenir aux fraix des Troupes Impériales. r , Item fur les Revenus de la Marie k cinq pour cent, une fomme ^ de 300 mille florins pour fubvenir aux fraix des Troupes Impériales. 300000 Au mois de Mars 1711 a été levée une fomme de 300 mille lorins k 6 pour ioo fur les Revenus de la Poflerie, pour fubvenir lux fraix des Troupes Impériales. qooooo En Décembre 1712 a été négocié fur la Marie 228 mille trois :ens & trente florins k 5 pour 100 pour pourvoir aux néceflités & iux Fortifieations de Mons, St. Ghilain & Ath. 228330 Faifant les fufdites levées enfemble la fomme de quatre millions fix eens ix-huit mille neuf cent cinquante-cinq florins. L'emploi de laquelle, aufli ren que la fomme de 550 mille florins que les Receveurs des Droits d'e'ntrée 1 de fortie en Flandres ont fourni en Lettres de Change aux Etats Génémx en Pan 1710, de cent mille florins qu'ils ont recu du Receveur des ledianates, de 105 mille florins, falvo errore calculi, qu'ils ont recu e la troifieme Chambre du Confeil de Flandres, a été vérifié aux Miniftres lénipotentiaires de Sa Majefté Impériale & Catholique de la maniere que sla eft expliqué plus particulierement par la Déclaration mife au bas de état des Négociations, & Argent fourni & de l'emploi desdits deniers, gné ce même jour. XXIV. On procédera fi-;ót que faire fe pourra k la liquidation du paye« lent fait des intéréts & du Capital des emprunts mendonnés dans les ~ux Articles précédens, dans laquelle liquidation ne fera porté k la charge e Leurs Hautes Puiflances, que tout ce qui fe trouvera payé eflèaivement : réellement en vertu defdites obligadons & fans que de la part de Sa Mafté Impériale & Catholique on pourra faire contre le payement defdits itérêts quelque diflïculté ou prétention de rabat ou diminudon, k caufe 2 non pofleflion des Hypothéques, Confifcations en tems de Guerre, déérition des Hypothéques k caufe de diminution des Droits d'entrée & ï fortie ou autre caufe ou prétexte quelconque. Et fans qu'a caufe de cette liquidation on pourra de la part de Sa Mafté Impériale & Catholique difcontinuer lc payement, pour le recouvreent des intéréts & termes de rembourfement, dans lequel il fera continué, mformément aux conditions portées par les obligations , jufques k ce' i'il conftera, que tous les emprunts & intéréts d'iceux, feront entiereent acquittés & rembourfés, après quoi les Hypothéques feront duemenc chargées & reftituées. XXV. De plus feront ratifiés & confirmés par Ie préfent Article le Contcl pour le Pain, Chariots & Fourrage des Troupes Impériales & Palatis, fait par les Miniftres des deux Puiflances k Bruxelles, ou par le Con-  OU DES PROVINCES UNIES r Liv. XXXIII. Sect. XIIL 40; feil d'Etat commis au Gouvernement des Pays-Bas* fur la requifition defdics Miniftres, & font pareillement confirmés & ratifies tous les payemens déja faits k ce fujet par le Confeil des Finances & les ordres donnés par ledic Confeil pour afligner le reftant de ce qui eft dü pour lesdits Pain, Fourrage & Chariots, fur les Droits d'encrefcence des quatre efpeces, enfuite des requificions du Confeil d'Etat, fans que lefdits droits d'encrefcence puiffènt être diverds k d'autres ufages , fous quelque prétexte que ce puiflè être, avant que les Entrepreneurs qui ont livré ledit Pain, Fourrage & Chariots, foient entierement fatisfaits felon la teneur de leur Contract, enfuite des Requifitions des Miniftres des deux Puiflances, & des Ordres du Confeil d'Etat, & de celui des Finances. XXVI. Pour ce qui regarde le Commerce, on efl: convenu, que les Navires, Marehandifes, & Denrées venant de la Grande-Bretagne , & des Provinces-Unies, & entrant dans les Pays-Bas Autrichiens, de même que les Navires, Marehandifes & Denrées, fortant defdits Pays Bas, vers la Grande - Bretagne & les Provinces • Unies, ne payeront les Droits d'entrée & de fortie, que fur le même pié, qu'on les léve k préfent, & particulierement tels qu'ils ont été réglés avant la fignature du préfent Traité, felon la requifition faite au Confeil d'Etat k Bruxelles par les Miniftres desdeux Puiflances, en date du 6 de Novembre ,.& qu'ainfr le tout reftera, continuera & fubfiftera généralement fur ledit pié, fans qu'on y puiflè faire aucun changement, innovadon, diminution, ou augmentation, fous quelque prétexte que ce puiflè être, jufqu'k ce que Sa Majefté Impériale & Catholique ,. Sa Majefté Britannique & les Etats Généraux en conviendront autrement par un Traité de Commerce k faire le plutót qu'il fe pourra; demeurant au refte le Commerce, &tour. ce qui en dépend, entre les Sujets de Sa Majefté Impériale & Catholique dans les Pays-Bas Autrichiens, & ceux des Provinces-Unies, en tout & en partie, fur le pied établi, &■ de la maniere portée par les Articles du Traité fait k Munfter le 20 Janvier 1648 entre Sa Majefté le Roi Philippe IV de glorieufe mémoire & lefdits Seigneurs Etats Généraux,. concernant le Commerce, lefquels Articles viennent d'être confirmés par le préfent Traité. XXVIf. Que les Fortifieations & tous les Ouvrages de la Citadelle de Liége, de même que celles du Chateau de Huy, auffi avec tous les Forts & Ouvrages, feront rafés & démolis fans qu'ils puifiènc être jamais rebacis ou rétablis, bien entendu, que ladite démolition fe fera aux déaens des Etats & du Pays de Liége, k qui les matériaux refteront pour être vendus & tranfportés ailleurs, le tout aux ordres & fous la direction des Etats Généraux, qui enverront pour cette fin des perfonnes capables , pour avoir la direétion defdites démolitions, aaxquelles on commencera de travailler immédiatement après la fignature du préfent Traité, & que l'on achevera dans 3 mois ou plutöt s'il lè peut, & que cependant les Garnifons des Etats Généraux ne fortiront defdites Places, avant que la démolition foit achevée. XXVIII. Et pour plus grande fureté & exécudon du préfent Traité promet & s'engage Sa Majefté Britannique de le confirmer & de le garantir dans tous fes Points & Articles comme Elle le confirme & le garantit par celui-ci. Hift. de Hollande. i697-jufques a nas jours.  408 HISTOIRE DE HOLLANDE Sr.cT.XIII. XXIX. Le préfent Traité fera ratifié & approuvé par Sa Majefté ImpéHifl. de riaie & Catholique, par Sa Majefté Britannique & par les Seigneurs Ecacs IJollande, Généraux des Provinces-Unies, & les Lettres des Ratifications feront délïiués ano's vr^es ^ans *e terme de 6 femaines, ou plutöt fi faire fe peut, h. cornpter jours. du jour de la fignature. " En foi de quoi nous Miniftres Plénipotentiaires de Sa Majefté Impériale & Catholique, de Sa Majefté Britannique & des Seigneurs Etats Généraux, en vertu de nos Pouvoirs refpeóïifs, avons desdits noms figné ces prélèntes de nos feings ordinaires, & a icelles fait appofer les Cachets de nos Armes. (Etoit ftgnt) CL. S.) L. C. de koningsegg. QL. S.) W. Cadogan. (X. S.) B. r. Dossen. (L. 5.) Le Comte de Rechteren. (X. S.) Sa. Gockinga. f\l. S.) Adk. v. Borssele. a Geldermalsen. Fait ci Anvers le 15 Novembre 1715. Formulaire du Serment pour le Gouverneur de Dendermonde. Je N. N. établi Gouverneur par Sa Majefté Impériale & Catholique a Dendermonde, promets & jure, que je ne ferai jamais rien, ni ne permettrai pas qu'il fe fafle quelque chofe dans ladite Ville, qui puiftè être préjudiciable au fervice de Leurs Hautes Puiflances les Etats-Généraux des P. U., par rapport a la confervation de la Ville & de la Garnifon, & que je donnerai libre paflage a leurs Troupes, toutes & quantes fois qu'ils le fbuhaiteront, moyennant une requifition préalable , & que lefdites Troupes ne paflênt, que pour un nombre modique a la fois, Ie tout conformément a PArticle V. du Traité de la Barrière, dont Copie m'a été communiquée; ainfi Dieu me foit en aide. Formulaire du Serment pour les Gouverneurs des Places. N. N. je jure & promets de garder fidellement & la Souveraineté & proprieté de Sa Majefté Impériale & Catholique qui m'a été confié, & de ne le pas remettre jamais a aucune Puiilance, & que je ne me mê» lerai pas direclement, ou indireélement, ni ne fouffrirai pas, que qui que ce foit, fous mon Commandement, fe mêle d'aucune affaire, concernant le Gouvernement Politique, Religion, & chofes Ecclefiaftiques, Juftice & Finances, ni même en quoi que ce foit, contre les Droits, Privileges & Immunités des Habitans, tant Ecclefiaftiques que Laïques, ou aucune autre affaire n'ayant pas relation direöe ï\ la confervation de la Place,,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 409 co , qui m'a été confiée & pour Ie maintien de la Garnifon commife a mesibins; mais que je laillèrai tout cela a Sa Majefté Impériale & Catholique comme légidme Souverain, & aux Etats & Magiftrats, tant Ecclefiaftiques que Lrüques, pour autant qu'il en appartient a chacun d'eux. Promettant au contraire de les affifter de main forte, toutes & quantes •fois, que j'en ferai requis, pour le maintien des ordres politiques & la confervation de la tranquillité contre tous ceux qui voudroient s'y oppofer. bien entendu, qu'il me fera permis d'exécuter les ordres que les EtatsGénéraux me donneront, conformément & en exécution du Traite entre Sa Majefté Impériale & Catholique & de Leurs Hautes Puiflances. Ainfi Dieu me foit en aide. ARTICLE SÉPARÉ. Comme dans PArticle dix-neuvieme du Traité de la Barrière pour les Ltats-Généraux des Provinces - Unies dansles Pays-Bas Autrichiens, conclu cejourd'hui quinzieme de Novembre mil fept cent quinze, entre Sa JMajefté Impériale & Catholique , Sa Majefté Britannique & lefdits Seigneurs Etats-Généraux,on eft convenu de s'expliquer plus fpécifiquement, par un Article féparé au fujet des Hypothéques & des moyens de perceLir lors, ledit payement leur fera paffé en compte k la charge de Sa Majefté Impériale & Catholique, comme s'ils 1'avoient fait k Elle-même. Faute de quoi. ou bien en cas que lefdits Etats n'accordaffent pas avec la promptitude néceffaire les Subfides, pourront les Etats Généraux procéder aux moyens de contrainte & d'exécution, & même par voye de fait contre les Receveurs, Etats, & Domaines defdites Provinces & Départemens, lefquels Sa Majefté Impériale & Catholique y foumet en vertu de cet Article; le tout fans préjudice du Droit de Leurs Hautes Puiflances fur les autres revenus du Souverain par deflus le Subfide des Provinces, comme font les Droits d'entrée 6c de fortie, Impóts, Tailles, Péages, & autres Domaines. De plus, on eft convenu, que le payement dudit Subfide ne pourra être retardé, moins refufé, fous prétexte de Compenfations, Liquidations ou autres prétentions de quelque nom ou nature qu'elles puiffènt être. Et aura cet Article féparé la même force que ledit Traité de la Barrière, & tout comme s'il y étoit inféré de mot k mot, & fera ratifié dans le même tems que ce Traité. En foi de quoi, nous Miniftres Plénipotentiaires de Sa Majefté Impériale 6c Catholique, de Sa Majefté Britannique, 6c des Seigneurs EtatsGénéraux, avons figné le préfent Article, 6c y avons fait appofer les Cachets de nos Armes. (Zr. £) L. C. de koningsegg. (Z. &) W. Cadogan. lL. S.) B. v. Dussen. (Z. S.) Le Comte de Recht eren. (Z. S.) S. L. Gockinga. (Z. S.) AüR. van borssele a geld er - M alse n; A Anvers cc 15 de Novembre 1715^  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIII. 41 i Ratification de Sa Majefté Impériale & Catholique fiir le Traité de Barrière. NOS CAROLUS SEXTUS, Divina Favente Clementïa eleclus Romanorum Itnperator, femper Auguftus, ac Gzrmaniae, Hifpaniarum, Hungariae , Bohemiae , Dalmatiae , Croatiae , Slavoritaeque Rex , Archidux Aufiriae, Dux Burgundiae, Brabantiae, Styriae, Carinthiae, Carnioliae, Limburgi, Geldriae ac fuperioris & inferioris Silefiae & IVurtembergae, Princeps Sueviae, Marckio Sacri Romani hnperii, Burgoviae, Moraviae, fuperioris & inferioris Lufatiae, Comes Habsburgi, Flandriae, Tyrolis, Ferretis, Kyburgi, Goritiae. ë5 Namurci, Landgravius Alfatiae, üominus Marchiae Slavonicae, Portus Maonis & Salinarum, Ci?-?.-  €>ü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 413 Ratification des Seigneurs Etats-Gén ér aux des Provinces Unies ' des Pays-Bas, fur k Traité de Barrière. Les Etats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas, a ïöus ceux qui ces préfentes verront, falut. Ayant vu & exannné le Traite conclu & figné a Anvers, le quinze du mois de Novembre 1715, P" les Miniftres Plénipotentiaires de Sa Majefté Imperiale & Catholiquede Sa Majefté le Roi de la Grande Betagne, & de Nous, fur a maniere dont les Pays-Bas Autrichiens ferviront ci-après de Barrière, a la GrandeBretagne , & a notre Etat, ainfi que ce Traité fuit ici inferé de mot a mot. Fiat infertio. Nous ayant pour agréable tout ce que Nos Députés & Miniftres Plénipotentiaires ont fait, lorsqu'ils ont conclu & figné ce Traite, 1 avons agréé & ratifié , Pagréons, approuvons & ratifions par ces prelentes, promettant finceremènt & de bonne foi, de le garder, obferver & exécuter. en tout, & en chacun de fes Articles, fans aller au contraire en quelque maniere que ce foit, direébment ou indirecbement. En foi de quoi Nou; avons fait attacher a ces préfentes noftre grand fceau, les avons fait fignei par le Préfident de notre Afièmblée, 6c foufligner par notre Grefher. I la Haye le 14 Janvier 1716. Etoit paraphé, W. van der Does, ut. Sur Ie plicq étoit écrit, par ordonnance des fufdits Seigneurs Etats Généraux. Etoit figné, F. F a g 1.r.. Et fcellé du grand Seau de cire rouge. Ratification de Sa Majefté Impériale 6c Catholique, fur 1'Article féparé5 du Traité de Barrière. NOS CAROLUS SEXTUS Divina favente Clementia, eletlu Romanorum Imperator, femper Auguftus, ac Germanice, Hifbaniarum Hungarice, Bohémien, Dalmatia, Croatiae, Slavoniaeque Rex, Archi dux Auflriae, Dux Burgundiaé , Brabantiae, Styriae, Cartnthiae Camioliae, Limburgi, Luxemburgi, Geldriae, ac fuperioris & mfi rioris Silefiae, & Wurtembergae, Princeps Sueviae^ Marchio facri R& mani Imperii, Burgoviae, Moraviae, fuperioris & inferioris Lufdtiae Comes Habsburgi, Flandriae, Tyrolis, Ferretis, Kyburgi, Goriüae, 3 s  414 HISTOIRE DE HOLLANDE SECT. XIIL Bijt. de Hollande. 1697, juf. ques a nos jours. i I 1 J i 1 1 i nuo fubfidio quingentorum mïllium imperalium generalioribus verbis fancitum tuit, per articulum feparatum amplius explicare, ditlumque fubfidium in fingulas Belgii Nojlri Provincies per claffes difiribuere, ac de eo cavere [equenti modo placuerit. Fiat Inferrio. Qjtod Nos articulum huncce feparatum, ejufque contenta per indé, ac ipjum Traclatum approbaverimus, prout eundem hifce pari fide ac Religione obfèrvaturos ac a No/iris adimpleri curaturos fpondemus. In quorum robur praefentesipfifubfcripfimus, ac Sigtlli Noftri Caefareo-Regii appenfione muniri jujfimus. Datum Viennae die vigefima 'prima Decembris anno milleftmo feptingenteftmo decimo quinto, Regnorum Noftrorum Romani quinto, Hifpaniarum decimo tertio, Hungarici yero & Bohemici itidem quinto. Signatum, CAROLUS. Subfignatum, Philippus Lud. C. a Sinzenuorf, Suhfcriptum, Ad mandatum Sacrte Ctefarete & Catholica: Majeilatis proprium, Signatum, Joannes Georgiüs Buol. Ratification de Sa Majefté de la Grande Bretagne, fur 1'Article féparé du Traité de Barrière. GEORGIÜS, Dei Gratia, Magnae Brittanniae, Franciae, <£? Uibemiae Rex, Fidei Defenfor, &c. Omnibus & fmgulis, ad quos praeentes literae pervenerint falutem Quandoquidem Articulus quidam fe>aratus ad Traclatum de Obice vulgö Barrière conftituendo Antwerpiae lecimo quinto die men/is Novembris praefentis conclufum pertinens eodem n loco, eodemque die per eofdem Miniflros Plentpotentiarios fufficienti tuthoritate undiquaque munitos ftgnatus fuerit, forma & verbis quae equuntur. Fiat infertio» Nos vifo, perpenfoque Articulo feparato fupra-fcripto, eundem in omni'?Us & fmgulis ejus claufulis approbavimus, & ratum firmumque ha'luimus, ftcut per praefentes, pro nobis, haeredibus & juccejforibus nos~ 'ris eundem approbamus ac ratum, firmumque habemus, fpondentes & 'n Regio verbo promittentes, nos omnia & (ingula, quae in praediclo 4r ticulo feparato continentur, fineer e & bona fide obfèrvaturos ,ac quan'um in Nobis eft, obfervari curaturos; in quorum majorem fidem9 ^ robur, hifce praefentibus mdnu noflra Regia ftgnatis magnum nos•rum Magnae - Brittanniae figillum apponi jujfimus. Quae dabantur in Palatio Noftro Divi Jacobi, die trigefimo men fis Novembris, anno Donini milkfimo feptingenteftmo decimo quinto, Regnique noftri fecundo. Signatum, G E O R G I U S  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII 415 Kaüfi ation des Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas, fur i''Article féparé du Traité de Barrière. Les Etats Genekaux des Provinces - Unies des Pay-;-Bas k tous • ceux qui ces préfentes verront, falut. Ayant vu & examiné i'Ardcle féparé du Traité conclu & figné k Anvers, le quinze du mois de Novembre 17 5 par les Minifires Plénipotentiaires de Sa Majefté Impériale & Catholique, de Sa Majefté le Roi de la Grande-Bretagne, & de Nous, fur la mauière dont les Pays-Bas Autrichiens ferviront ci-après de Barrière, a la GrandeBretagne , & k notre Etat, duquel Article ïëparé la teneur s'enlüit. Fiat infertio. Nous ayant pour agréable tout ce que nos Députés & Miniftres Pié. nipotentiaires ont fait, lorsqu'ils ont conclu & figné cet Article féparé, Pavons agréé , approuvé & ratifié , Pagréons , approuvons & ratifions par ces préfentes, promettant fincerement & de bonne foi, de le garder, obferver & exécuter, fans aller au contraire en quelque maniere que ce foit, directement ni indireétemenr. En foi de quoi nous avons fait attacher k ces préfentes notre grand fceau ,. les avons fait figner par le Préfident de notre Aflemblée, & fouifigner par notre Greffier , a la Haye le 14. Janvier 1716. Etat de 1'Emploi des deniers provenus des Négociations faites fur diversfonds des Pays-Bas durant le Gouvernement Provifionnel des deux Puiffances Maritimes , diftinftement mentionnées dans la Lifte jointe au bas de I'Ardcle 23 du Traité de la Barrière figné le 15 de Novembre 1715,. montant k une fomme de 4 millions 618955 fl« comme aufti de 550000 fL fournis en Lettres de Change par les Receveurs des Droits d'entrée & de fortie de Flandres; de plus 100000 fi.fournis par leReceveur de Medianate, & finalement de 150000 fi. fournis par le troifieme Membre du Confeil de Flandres , faifant en tout enfemble une fomme de Monnoye de Hollande* Remife par Leurs Hautes Puiffances 1'année 1708 au Roi Catholique Charles III. hors les deniers levés fur la Pofterie des Pays-Bas Efpagnols, la fomme de 300000 fi. 300000 Pour la livraifon du Fourrage faite aux Troupes de Sadite Majefté, felon le compte, deux millions 78916 ft. 6 f. 6 d. 2078916 6 6 La Livraifon du Pain, compris les Chariots de vivres, felon le compte, deux millions 287776 ft. 14 f. 6 d. 2287776 14 6 Item des autres payemens extraordinaires mis en compte par Mrs. les Etats Généraux 69583 ft. 15 fois. 69583 15 Argent payé k la Caiffè de Guerre pour les portions de Pain & Fourrages pendant le quartier d'hiver , depuis le 1 Janvier 1709 jufqu'au mois d'Avril 17u felon le compte, 657889 fl. 16 folsv h 657889 16 • Hifi. de Hollande. [697, juf. ]ues d nas ours.  Sect. XIII. IJift. de Hollande. 1697, Mfi fnes a nos idiis. s 416 HISTOIRE DE HOLLANDE Des fraix pour les Höpitaux & autres dépenfes extraordinaires, felon le compte 323315 fl. 1 fol 6 deniers. 3233^ 1 & Dépenfes pour les Munitions & .Fortifieations dans les Villes de Mons, St. Ghilain & autres 158639 fl. 6 f. 6 d. 158639 6 6 Somme 5585142 o o Le foufliiné Miniflre de Sa Majeflé Impériale & Catholique déclaré d'avoir vü & examiné 1'Etat ci-defius, de 1'accepter & de 1'approuver, comme je 1'accepte & 1'approuve, pour & au nom de Sadite Majefté, avec les conditions fuivantes. 'Que premierement, fera défalqué de 1'impöt total une fomme de vingtquatre mille quatre eens & quatre - vingt-cinq florins, payés pour des Chariots, dont les Chatellenies ennemies ont été en défaut; & qui par ainfi ne viennent point a la charge de Sa Majefté Impériale & Catholique. Que fecundo, on produira les quittarices originales de fept mille trois eens foixante & treize florins, qui manquent fur une fomme-totale de vingtun mille cinq eens trente-cinq florins douze fois dix deniers, ou au dé* faut d'icelles d'autres pieces juftificatives. Que tertio on produira de même les quittances, ou a leur défaut, les juftifications , fur une fomme de trente-fept mille neuf eens vingt-fept florins feize fois, fur laquelle Caftiglio a donné une Copie de quittance fuipecte. ;Que quarto, on produira encore les quittances originales , ou a 'leur défaut, des juftifications authentiques fur une fomme de quatorze mille fix eens trente «St fix florins quatorze fois, fur lefquelles ledic Caftiglio n'a produit pour preuve de livraifon qu'une Atteftation de Monfieur Armftroiru Que quinto, on produira de même les quittances originales, ou a leur défaut, les juftifications qui manquent, pour une fomme de deux mille huit eens & dix-huit florins quatorze fois & demi fur une fomme totale de dix-fept mille deux eens trente-fept florins fix deniers. Que [exto, on éclaircira mieux les deux Comptes pour Oftende, portant la fomme de feize mille quatre eens vingt-cinq florins un fol trois deniers, pour averer ce qui en doit refter a la charge de Sa Majefté Impériale & Catholique. Et qu'enfln, on renfeignera les Munitions de Guerre felon le Compte fpécifié qu'on en a préfente. Signé, L. C. DE KONINGSÏÏGO. A Anvers ce 15 Novembre 1715. Comme en ajuftant I'Ardcle pour la démolition des Fortifieations de la Citadelle de Liege & du ChÉteau de Huy, les foufiignés Miniftres Plénipotentiaires des Seigneurs Etats Généraux ont infifté, que de la part de 1'Em-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 417 PEmpereur on voulut donner les aiïiirances, que le Prince & les Etats de Liege fe défifteroient de la prétention qu'ils ont porté a Ia Diete de PEm- i pire contre le Fort que les Etats Généraux ont fait confiruire fur le Pétersberg devant Madricht, & aufli qu'on puifie convenir fur leurs préten- j tions au fujet de Bonn, foit en faifant démolir les Fortifieations, ou bien"! en s'accordant fur la Garnifon que l'on y pourroit mettre pour la fureté commune. Mr. le Comte de Konigfegg, Miniftre Plénipótentiaire de Sa Majefté Impériale & Catholique, s'étant excufé d'y entrer dès a préfent, faute d'ordre, pour lequel il auroit écrit en fa Cour: Et que d'ailleurs ces deux points ayant tant de rapport avec le fufdit Article, & étant de tant d'importance pour les intéréts des Etats Généraux, que lefdits Plénipotentiaires ne fauroient s'en défifter, ayant des ordres exprès Pa-deflus; ils fe trouvent obligés de déclarer, comme ils déclarent par cette, qu'ils n'ont confend au contenu dudit Article que dans la perfuafion & dans 1'attente, qu'avant 1'Echange des Ratifications il fera donné, de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique, pleine & entiere aflurance, qu'il fera fa isfait aux prétentions de Leurs Hautes Puiffances fur ces deux Points, fait & délivré a Monfieur le Comte de Konigfegg. Signé, (X. 5.) B. v. Dussen. Comte de Rectheren. (X. 5.) Gocringa & Adr. v. Boksselen, tot Geldermalfen. A Anvers ce quinze Novembre mH fept cent quinze. Les Ratifications de ce Traité étant échangées , Mr. van den Berg, Député des Etats Généraux a la Conférence, écrivit Ie 4 du mois de Janvier fuivant a tous les Confeils & Colléges des Pays Bas Autrichiens la Lettre Circulaire qui fuit. MESSIEURS, Comme le Traité de Barrière conclu & figné le 15 du mois de Novembre dernier, vient d'être confommé par P échange des Ratifications, & que les Provinces & Villes de ce Pays doivent être remifes a Sa Majefié Impériale & Catholique, Sa Majefté le Roi de la Grande Bretagne & Leurs Hautes Puiffances les Etats Généraux des ProvincesUniés, nous ont ordonné de vous en faire part, & de vous décharger en même tems du Serment que vous leur avez prêté, pour l'adminifiration dont elles vous avoient confié le foin. Nous nous en acquitons par la préfente, & fommes bien aifes, Mesfieurs, de vous rendre en même tems les Remercimens qui font düs au zele & a l'attachement que vous avez fait paroitre pour le fervice de Sa Majefté Impériale & Catholique , & pour le bien du Pays, pendant le cours de votre adminiftration, ne doutant pas qu'elle ne vous en témoigne auffi fa fatisfaclion. Nous ajouterons en notre particulier le defir fineer e que nous avons, Tomé XLIF. Ggg 'Jifl. de lollande. jitf'ues a nos ours.  Sect. XIII. Bijl. de Hollande. IÓ97 . /*/ ques a nos jours. Repréfe». tation dn Magijlra, de Vrien pour avo jurifdiction fur i limites ci dies en Flandres du 10 Mars. 41S HISTOIRE DE HOLLANDE de vous marquer dans toutes les occafions qui nous en donneror.t lieu, la confideration parfaite avec laquelle nous fommes, Meffieurs, votre, &c. Sig :.c', J o ii a n v. den Berg, autorifé dj W. Cadogan, PJénipotentiaive de Sa Majefté Britannique. Entre plufieurs embarras qui furvinrent, reladfs au Traité de la Barrière, la Régence de Gand prétendoit d'exercer fa Jurifdiclion, non feuiemeut fur le Territoire des Etats Généraux , mais même entre le Fort St. Anthoine & le Sas de Gand. Cela alloit même jufques aux Barrières interieures du Sas. L'on n'en infera autre chofe , finon qu'on vouloit faire des attcntats & des innovations. Celles-ci ne quadreroient pas même a ce fur quoi les Tribunaux du refibrt de Gand vouloient fe fonder: favoir fur le Traité des Limites fait entre le Roi d'Efpagne & les Etats le ei Décembre 1664, & fur une Réfolution des Etats du 7 Mai 1669. Les Etats reijurent aufli une Repréfentation du Magiftrat de Vrien. Elle contenoit une prétenfion d'avoir jurifdiction fur les limites cédées en Flandres. Elle paroit aflèz curieufè pour trouver ici fa place. Que puisque par le dernier Traité de Barrière du 15 Novembre 1715. quelques Pays dans le Quartier Oriental de Flandre avoient été cedés il ■ Leurs Hautes Puiflances pour former des ulterieures limites, & que même ce Traité avoit été ratifié, ledit Magiftrat fe trouvoit obligé de repréfen'r ter a Leurs Hautes Puiflances, que tout le Pays cedé par ledit Traité, es en commencant de la Mer entre Blankenbourg & Hyft jufques au Village - de Bruchaute, étoit tout fitué fous le Banc Oriental de la Flandre, reflbrtant de la jurifdi&ion du College de Vrien dans Bruges. Que ledit ' Magiftrat dans les tems paffés, & en diverfes occafions, a plus d'une fois propofé h Leurs Plautes Puiffances la conftitution dudit College, comment a 1'occafion de 1'ümon faite avec ces Etats a Utrecht en 1579 le 29 Janvier, & après que la Ville de Bruges fut remilè par le Prince de Chimai entre les'mains des Efpagnols, s'étoit trouvé obligé de fe retirer de Bruges, abandonnant, & facrifiant leurs biens au fervice de la commune patrie, & jufques a 1'execution de leur engagement, fait comme defius avec PEtat: que Son Alteflè Mr. le Prince d'Orange & le Confeil d'Etat commis en ce tems-la au Gouvernement des Pays de Brabant, Flandres, Hollande, Zélande, Utrecht, Malines & Frife, par leur Atfte du 13 Ocbobre 1584 , ont accordé aux refugiés hors de Bruges, & les ont autorifés de rétablir le College de Vrien dans 1'Eclufe ou Oftende, puifque la Ville de Bruges, qui étoit la place accoutumée de fon aflèmblée, étoit tombée entre les mains des Ennemis, & étoit arrachée de 1'Union; 6r d'y tenir le College, & le Corps des Coutumes des Pays de Vrien, étant le quatrieme membre de la Flandre; d'y adminiftrer la Juftice &  OU DES PROVINCES UNIES, Ltv. XXXIIÏ. Sect. XIIL 415 röus ceux qui Ja demanderoient tant dans le criminel que dans lc civil, cette fin de mettre tout en oeuvre, & de tout faire fuivant les anciens tems, coutumes, privileges & libertés accomumées a faire dans la Ville de Bruges, avant qu'elle fut occupée par les Ennemis: & dans 1'année 1604, lorsqu'on arracha par les armes la Ville de rEclufc d'entre les mains & le pouvoir de 1'Efpagne, cela fut de nouveau confirmé & retahli en cette Ville-la, & on obtint un Acte & Commiffion de Leurs Hautes Puiflances pour adminitlrer au nombre de 9 Echevins, parmi lefquels feroit ut? Bourguemaitre, le Droit & la Juftice fur les Pays de Vrien. Que dans les precedens tems lefdits Pays ont été fous la jurifdiction dudit College. Que ledit Magiftrat étoit informé que les habitans defdites cédées limites avoient déja été déchargés du ferment, ainfi priant que la jurifdiction fur iceux, autant qu'ils font fitués dans le Pays de Vrien, puifie, felon ce qui a été ci-devant pratiqué, être laiïïëe audit Magiftrat, & que la jurisdiction fur lefdites perfonnes puifie être ordonnée. Les Etats avoient fait examiner par des Commiffaires de leurs Corps les Articles du Traité de la Barrière. Ils en firent le rapport fuivant. Ayant examiné les Articles XVII, XV11I, XIX, XXII & XXIII. du Traité de la Barrière, & I'Ardcle feparé, & ce qu'il y a encore a faire pour ce qui regarde tant les finances & la füreté des Places cédées, que par rapport a la maniere de recevoir Pargent qui doit en provenir , aufli bien que des fubfides, & cela avec le plus de menage pour le faire venir au Comptoir général, ont rapporté que leur avis étoit. I. Que par raport au XVII. Article, que l'on doit prefier la ligne, & les bornes limitrophes des limites en Flandre, & cela avant que^ de proceder a évaluër les revenus des Pays cedés qui doivent revenir a 1'Etat, & pour leur adminiftration; & qu'on preflèra pour cela. II. Touchant le XV1H. Article, touchant le Haut- Quartier de Gueldre, par rapport aux droits du long de la Meufe qui font levés a Venlo, & qui font partie des revenus de la partie de la Gueldre cedée k 1'Etat, dont 1'entrée eft fi petite, que les revenus ne peuvent pas fuffire aux dépenfes qui en doivent refultcr, le Comptoir de Venlo fera mis fous Padminiftration du Confeil d'Etat & du College de 1'Amirauté de la Meufe; ainfi qu'ils Pont eu pendant la Guerre. D'ailieurs de faire pour le mieux, au plutöt une Convention fur un pied raifonnable fur les différends avec Sa Majefté le Roi de Pruffe, fur la portion qu'il prétend fur les droits le long de la Meufe, tant a Venlo qu'a Ruremonde: ainfi l'on doit au plutöt traiter & en convenir entre Sa Majefté Impériale, Sa Majefté le Roi de Pruffe, & 1'Etat. III. Touchant le XIX. Article, par rapport au fubfide du million, & 250 mille florins annuels, partie affigné fur les Provinces de Brabant & Flandres, dont le premier Quartier eft échu le 15 de Février dernier, l'on fufpendra pour quelque tems les inftances pour le paiement, puifque Sa Majefté Impériale n'y a pas encore mis ordre, & que 1'Etat étant Ggg 2 Hift. de Hollande. 1697. ju ques d nes jours. Ami. 171(5. Rapperf des Commijfairesde PEtat en fubjlance, du 17 Mars.  420 HISTOIRE DE HOLLANDE Sf.ct. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Ann. 1716 RepréfzHtation de la part de PEtat au Comte d; encore dans la recette des revenus des Pays cedés par la France on peut prendre la-defius ce premier Quartier. IV. Touchant le XXII. Article, oü il efl parlé des Négociations faites. au tems de Charles II. fur fon compte a la charge des Pays-Ras, d'abord que Sa Majeflé Impériale y fera inftallée, on devra faire des inftances afin que les Etats des Provinces des Pays-Bas Autrichiens paflenc. & livrent les obligations pour le paiement des Capitaux & des Intéréts, d'une fomme d'un million 624 mille florins, en conformité de Pobligation & de ce qui eft ftipulé dans ledit Article. Pour ce qui regarde la Négociation de 576 mille florins, dont lesintéréts, & les termes d'acquit, doivent être paiés par le Haut-Quartier de Gueldre, favoir 24 mille florins par an par le Haut-Quartier, o' mille florins par Weert, Nederweert, & Wiflèm, pour ce qui regarde le pafle, il faut faire des inilances auprès de Sa Majeflé le Roi de Pruffe pour la fatisfaétion de ce que Sa Majeflé efl redevable a proportion de la partie du Haut Quartier de Gueldre, poflèdée par Sa Majefté; & pour Pavenir il faudra en faire parler a Sa Majefté Impériale comme debiteur originaire, afin qu'on ait foin que les intéréts & termes d'acquit annuels puiffènt être regulierement paiés fuivant le droit de Leurs Hautes Puiflances; & on en pariera audit Haut Quartier en vertu de 1'obligation paflêe par les Etats du dit Haut-Quartier. V. Sur le XXIII. Article, oü il eft parlé' des Négociations fakes, après la mort du Roi Charles II. il faut faire des inilances pour Penregiftremcnt des obligations pafiees pour cela, en conformité dudit Article. Cependant ces inftances doivent être diflèrées jufques a 1'inauguration de Sa Majefté Impériale. VI. Pour ce qui regarde 1'adminiftration & la recette des revenus des Pays, qui doivent venir a 1'Etat par les nouveaux limites en Flandres,, pour y mettre ordre, il faudra attendre que les limites foient tirées. Cependant par toutes les informations prifes les revenus de ces Pays-la font fort minces, & l'on n'a pü jufques a préfent apprendre, qu'ils puiffènt alles plus ni moins que 12. mille florins par an. Qu'il faille a préfent établir. de nouveaux Receveurs pour la recette de ces revenus, il femble que pour. un plus grand menage, il faut les annexer a ceux des Receveurs de Flandres, comme y étanr. plus convenable., ainfi qu'on a fait en 1Ó68, après la ratification de la fixation des limites en Flandres. Enfin pour ce qui regarde le fubfide , puisque par 1'Article Separé du Traité de la Barrière il eft porté, que cette fomme doit être paiée au Receveur Général de Leurs Hautes Puiflances, il faut s'y tenir, & fi par la fuite des tems il peut.cn réfulter quelques inconvéniens, on pourra en difpofer alors fur un autre pied. Enfuite de cela ils firent faire au Comte de Konigfegg une Repréfentation en ces termes. Que les Revenus donnés a ferme pour 3. ans doivent comprendre ceus de Ja Ville & Verge de Menin: Qu'il y avoit une groflè fomme dargent en avance. Ainfi que Pargent de cette ferme fera payé au Receveur de 1'Etat, quoique pour le compte de 1'Empereur, tandis que les Pays cedés  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIL Sect. XIII. 421 par la France ne feront pas remis a Sa Mijefté Impériale & Catholique. Que 1'lntendant Pellers declarera au Comte de Konigfegg que Leurs Hautes Puiffances font prêtes a faire cette remife, dès que Paffaire des Limites en Flandres fera faite felon le XVII. Article du Traité de la Barrière, a quoi elles y aporteront toute la facilité pour öter tous les différends, & la terminer. Et en cas que ceux de Bruges, de Gand, & du Vrie continuent a refufer de faire la publication requife, on pourra trouver des expediens, pour ne pas en fufpendre Pexecution ; & que Leurs Hautes Puiffances pourront fe contenter, s'il efl: befoin, avec la prefentation faite, de difpenfer du ferment dans les diflriéls cedés, par les Commifiaires envoiés par le Comte de Konigfegg , & qu'en même tems 1'Etat en foit mis en poffeffion. D'ailleurs que PIntendant Peilers infiftera fur le regulier paiement du fubfide, fuivant le 19. Article, & le feparé dudit Traité. A cette fin on puiflè prefenter les Receveurs qui doivent faire ce paiement, fpecialement dans les Quartiers de Brabant & de Flandre, & combien chacun d'iceux devra paier. C'eft afin que Leurs Hautes Puiflances puiffènt favoir qui font les Receveurs qui devront faire le paiemenr, & a qui elles doivent s'adreffer, & en faire Pexecution en cas de befoin, le tout en conformité defdits Articles. Que cependant pour ce qui regarde le premier quartier pour le contingent, qu'il auroit fallu paier fur les fubfides de Brabant & de Flandre, on doit le prendre fur les revenus des Pays cedés depuis le 15. de Novembre de 1'année derniere, & düs a 1'Empereur. Le fecond quartier devant écheoir le 15. de Mai, on pourroit, fuivant la propofition faite, le trouver, partie fur les avances faites par les Fermiers des revenus des Domaines dans les nouveaux Pays cedés, & partie fur les autres revenus defdits Pays, qui doivent entrer cette année courante. Cependant, coniiderant que Je contingent du Brabant & de la Flandre étant paié hors de ces avances, les revenus des Pays cedés viennent par confequent a beaucoup diminuer, ik plus que ces avances ne portent, & ainfi ne pourront enfuite fuffire h fatisfaire le contingent des Pays cedés dans le fubfide; c'eft pourquoi LL. HH. PP. croient par-la, que feulement la moitié du contingent de Brabant & de Flandre pour le fecond quartier doit être pris hors de ces avances, & 1'autre moitié hors des anticipations des fermiers des revenus de Brabant & de Flandre. Les Etats, contre leur attente, étoient importunés, & toujours par rapport au Traité de la Barrière. Le Magiftrat de Venlo, Ville cedée par ce Traitéda, fe plaignit, comme fi l'on y avoit fait breche. Ce fut cependant fur une bagatelle, & fur des raifons mal fondées. Le fujet en étoit un garcon de 12. ans. II étoit né d'un Pere & d'une Mere Proteftante. Celle-ci avoit paffe en fecondes nóces avec un Catholique, qui s'étoit habitué a Venlo. Elle y avoit, après s'être remariée, changé de Religion. Elle avoit fait élever cet Enfant dans la Romaine. Étant morte, ce Garcon étoit refté föus la direétion du Beau pere. La Grand Msre & les Parains de 1'Enfant, qui étoient en Frife, euvoierent un Meflagei «ie la Province, pour le prendre. On voulut le faire échapper a Rure* Hift. de Hollande. 169/, jufques d nos jours. Konigfegg; du Vendredi 10 Avril. Ann. 1716V  Ssct. XIIL Hollande, 1697 . ƒ«ƒ jo'/rs. Aak 1716. Repréfen ■ tation de ceux de Gueldre eontre la Cour Féodale de Ruremonde ; du 23 Juillet. 422 HISTOIRE DE HOLLANDE monde. Le Commandant militaire le fit pourfuivre, «Sc l'on le ramen** La Magiftrature s'écria la-deffus qu'on violoit les articles IX., & XVIII. du Traité de la Barrière. Après diverfes procedures, ausquellcs le Con> mandant avoit donné amiablement les mains, le Magiftrat aiant manqué de parole le refultat fut que les Etats envoierent ordre de faire livrer ce Garcon au Meflager de la Province de Frife qui 1'emmena. On ne crut pas par cet ordre de contrevenir h aucun engagement. C'eft pourquoi en laifia criailler ceux de Venlo, comme d'une chofe fort peu importante. On attribua la manoeuvre de ce Magiftrat-lk au Clergé Romain. On pretendoit qu'il jouoit fur tout de fes reflbrts qu'on qualifioit d'enxcnimés. On diftribua de fa part un Ecrit fort extravagant, comme s'il avoit été imprimé a Lille. L'Oftkial Ecclefiaftique de Tournai alla fi loin, que de déclarer nul un Mariage de longues années entre un Soldat de Pruffe, & une fille de Mons, de laquelle il avoit eu un enfant, «Sc cela feulement paree qu'il avoit été fait par un Miniftre Proteftant. Outre ces irregularités, il y en eut de la part de la Cour Féodale de Ruremonde. Après que la Ville de ce nom fut remife aux Impériaux, cette Cour-lk voulut encore cxercer fa JurifdicVion fur 1'A manie de Montfört, «Sc la Ville de Venlo. Ces deux avoient cependant été cédées en forme par le Traité de Barrière. Elle alla fi loin, que d'envoier un liuiificr k Venlo pour y faire des Exploits & quelque execution. Les Etats écrivirent au Droflard de Montfort, & au Magiftrat de Venlo, de ne pas reconnoitre la Cour de Juftice de Ruremonde. Cependant, d'e la part de la Cour Féodale on tenta de s'attribuer & ufurper quelque jurifdiction fur ce qui appartenoit k la Province de Gueldre. On paria enfin la-dcflus a PEnvoyé de 1'Empereur. On lui fit voir les Repréfentations que cette Province h avoit fait faire aux Etats f&r fes Députés. Elles portoient en fobftance cc qui fuit. avec la Réponfe de cet Envoyé. Le Stadthouder des Fiefs de Ruremonde a cité par une Lettre du 18. Mars, & par une autre du Grtffier des Fiefs du u. Avril, Jean Zeger de Welvclt k Diepenbroeck pour répondre de fon Fief. Celui-ci, comme Vaflal des Etats de la Province de Gueldre, a eu recours k eux pour être maintenu dans fon Fief. C'eft puifque depuis Pan 1326., «Sc enfuite jufques au prefent Vaflal Jean Zeger, ce Fief a été reconnu relever du Comté de Zutphen. Ce qui a été reconnu k Arnhem Pan 1714., cn lui donnant Pinveftiture dudit Fief, «St confirmé cette année 1716., en Janvier, ainfi qu'il conftoit par un Acte en Original de la Principauté' de Gueldre «Sc du Comté de Zutphen. Ainfi il étoit évident , que le Fief de Diepenbroeck a d'ancienneté relevc de ladite Principauté «Sc Comté, & cela ne peut être révoqué cn doute. Cependant, le GrefSer de Ru' remonde éiablit dans la citation, que de la part de la Maifon de Diepenbroeck, comme auffi de Ia part des biens d'Ufting, les quatre dernieres lnveflitures du Fief ont été prifes k Rtiremonde par Gerat de Weifelt, Arnold de Weifelt, «5c Anne Marie de Weifelt, «Sc en 1640. par Jean de Weifelt. Cela ne peut cependant point porter de préjudice au veritable Vaflal, ces procedures aiant été faites fans fa connoiflance, en tems de  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 423 guerre. C'eft puifque depuis I'an 1326, jufques a prefent ce Fiefa relevé & été donné a Arnhem. Ainfi ce qu'on pofe en fait, que PInveftiture a été donnée a Ruremonde, en commeneant en 1608 , 1625 , 1627 , 1628, 1636, 1641, 1661, 1662, ne peut avoir aucun lieu. C'eft quoi' que dans la Letcre du Greffier il foit dit, que le Roi d'Efpagne par la Paix de Munfter de 1648. fe foit refervé la Souveraineté du Duché de Gueldre, & par confequent tous les Fiefs étrangers, fitués même dans 1'Lvcché de Munfter, & dans les Pays de Juliers , de Cologne, de Lieg.; &c.; mais cela efl contredit de la part des Etats de la Principauté de Gueldre & du Comté de Zutphen , puisqu'il eft notoire qu'ils font les feuls Souverains de leur Pays, a Eux cedé par Philippe IV. Pvoi d'Efpagne pour lui & pour fes Succeffeurs, & cela fans aucune exception, ainfi qu'on peut le voir par le premier & le fecond Article de Ja Paix de Munfter, dans lefquels les Provinces font reconnuës pour Souveraines, & en particulier celle de Gueldre, avec les Députés de laquelle on a fpecialement traité, ainfi qu'ils font même a la tête du Traité. Ainfi comme dans les Droit^ & Souveraineté de la Province fe trouvé auffi la ■ Chambre des Fiefs & lefdits Fiefs tant inteftins qu'étrangers, favoir ceux qui d'ancienneté ont relevé de la Province de Gueldre, & du Comté de Zutphen , ainfi qu'il en eft auffi fait mentton dans le 60. Article dudit Traité, il eft par-la notoire que le Fief en queftion, relevant d'ancienneté de la Chambre Provinciale Féodale d'Arnhem, & y ayant été reconnu, doit y refter, ainfi que d'autres Fiefs, quoique fitués hors de la Province, prètent journellement 1'hommage , paree que le Droit feodal ne vient pas, ni n'eft fondé, fur la fituation des Fiefs, mais dans le Droit de la Chambre Feodale. Aufli le Roi d'Efpagne na exigé la moindre réferve de Souveraineté ou titre du Duc de Gueldre, mais la Ceflion a été générale fans la moindre limitation. Par ledit Traité a I'Ardcle 52. il a été feulement réfervé pour le Roi d'Efpagne , jufques a ce qu'on eüt reglé un équivalent, le Haut-Quartier de Gueldre, mais fins que le moindre titre de Souveraineté ait été réfervé fur la Province de Gueldre. Par confequent, ce feroit contre toute raifon, que par une provifionnelle réferve ou Ceflion d'une quatriéme partie du tout, qu'on devroit même ceder contre un équivalent, fans aucune autre flipulation, on veuille foutenir un Droit fur les Fiefs, fitués hors de toute la Province, dont il a été fait entiere Ceflion, en même tems que de la Souveraineté aux Etats de la Principauté de Gueldre & au Comté de Zutphen. On ne peut tirer en confequence ce que quelques Feodataires dans le Pays de Juliers ou ailleurs, en ont pris PInveftiture a Ruremonde au lieu de la Chambre Feodale d'Arnhem , de laquelle ils font du reflbrt, puisqu'on Pa ignoré a Arnhem; & c'eft inconteftable que 1'inveftiture abufive d'un Fief, faite parun Vaflal a fon peril,'auprès d'un Seigneur Feodal, qui n'y a aucun Dh-etlum Dominium, ne privé pas de ce Dire&um Dominium le veritable Seigneur qui en eft en poflèffion. En tout cas, ces exemples malfondés ne peuvent préjudicier audit Welvelt a Diepenbroeck , puifque d'ancienneté, tant lui, que fes Ancêtres, ont toujours jufques ici relevé de la Principauté de Gueldre, du Comté de Zutphen, & de la Cham- [lift. de Hollande, 1697, >ƒqws a nos jours. Ann. 1716.  424 HISTOIRE DE HOLLANDE Skct.XIII. Hifi. de Hollande, 1697 . juf ques a nos jours. Ann. 1716. i * I ] i Kepréfen- tation des Etats de Gueldre contre la Chambre Feodale de Ruremonde. du 4 d'Aoüt. C'eft que celle-ci, outre fes attentats fur le Fief de Diepenbroeck, en fait de pareils fur la Seigneurie & le Village de Geidrop, contre laquelle la Cour de Ruremonde a donné un Mandement. Les Etats de Gueldre ne 1'apprenoient qu'avec furprife, & pardculierement k 1'égard de Geldrop. C'eft puifque depuis peu d'années on a fait voir que ce Village, & la Seigneurie avec touc ce qui en depend, depuis 1403. a toujours relevé de la Principauté de Gueldre & du Comté de Zutphen jufques en 574. Qu'il pourroit être veritable que les moulins de Geldrop ont en partie relevé dans 1617, 165!). & quelques autres fois, de Ruremonde; mais cela ne doit être confideré que comme fait en tems de Guerre, & dans le tems que la Mairie de Bois le Duc étoit fous la Domination du Roi d'Efpagne, auffi bien que le Quartier de Gueldre, comme auffi elles ne furent laifies par Alexandre de Lougin, qu'après la reclame de fes biens fous la Domination du Roi d'Efpagne, & pardculierement fitués en Brabant: ainfi ce qui efl arrivé autrement k Ruremonde fans la connoiflance de la Chambre Feodale d'Arnhem efl: nul. D'aiileurs , ces moulins en 1671. ont encore été reconnus relever d'elle , & enfin après il a été reglé en 1699. & reconnu de même. Ce qui eft reconnu k Ruremonde. Aufli eft are Feodale d'Arnhem. Du tems du feu Roi Charles II. d'Efpagne, il y a eu une pareille difpute fur le Fief & les Moulins de Geldrop dans la Mairie de Bois-le-Duc, fur la plupart des mêmes fondemens qu'a prefent; mais fur ce que de la part des Etats de Gueldre on en fit voir le vuide, ledit Fief refta, ainfi que d'ancienneté, a la Chambre Feodale d'Arnhem, de laquelle il releve encore. Par tout cela il paroit évidemment, que les Etats de la Principauté de Gueldre & du Comté de Zutphen ont un Droit inconteftable k 1'égard du dire&ttm Dominium fur tous les Fiefs, tant interieurs, que fitués dans des Pays étrangers , qui ont d'ancienneté relevé des Princes de Gueldre & des Comtes de Zutphen. C'eft pourquoi, les Députés de Gueldre prioient Leurs Hautes Puiflances qu'il leur plaifoit de maintenir la Province de Gueldre dans fon Droit indifputable fur ce chapitre, & d'empêcher la Chambre Feodale de Ruremonde de foutenir de pareilles affaires qu'elle avance, & que ledit Welvelt ne foit point troublé, puis que les Etats de Gueldre lui ont interdit de fe foumettre en cela k Ruremonde. Et qu'ainfi les Aéies expediés k cet égard foient tenus pour non faits, & cafles. Mrs. les Etats Généraux ont lk deflus réfolu de repréfenter au Baron 3e Heems le non-fondement de telles procedures de la Chambre Feodale ie Ruremonde, & de s'abftenir de proceder plus outre, afin de prévenir les difficultés, qui pourroient autrement en refuher. Aufli quelques jours après on en a parlé audit Baron de Heems, qui a lit, qu'il n'avoit aucune connoiflance de cela, & qu'il en écriroit au Come de Konigfegg. Cette Cour-Pa fit de nouveaux attentats. Cela donna lieu k faire une ïouvelle Repréfentation, dont le contenu fondé fur des Articles hiftoriques èmble mériter d'être inferé ici.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 425 eft-ce pour cela d'autant plus étonnant que fans de nouvelles raifons on prétende dans le Mandement qu'un pareil droit appartient k Sa Majefté Impériale «St Catholique, comme Duc de Gueldre, &c. On a réfolu la deflus u'entrer k cet égard en Conférence avec le Baron de Heems. Outre ces manoeuvres des Cours de Ruremonde, ü y en eut de Ia oart des Pays Bas Autrichiens mêmes. Les Etats vouloient vaquer au Réalement du Paiement de Pargent fixé par Ie Traite de Ia Barrière. Un Député de la part de ces Pays-la devoit fe rendre pour cela a la Have Sa venue tardoit. II s'étoit cependant déja écoulé plus d un quart d'an,' fans qu'on eüt fait la-defius le moindre debours. II y avoit en attendant des dépenfes indifpenfables k faire. Elles étoient affignees fut cet argent-la. II y avoit par exemple le paiement de 16 Compagnies Suifles; qui y avoient été reparties. U y eut d'ailleurs de pauvres chicatv nes qu'on faifoit en ces Pays-la au préjudice! des Etats Ceux de Gand & de" Bruges refuferent de publier 1'Article XVII. du Traité de la Barrière touchant les limites cédées en Flandre aux Etats. Ils firent un pareil refus de publier une Lettre du Comte de Konigfegg, qui y éton reladve. Le prétexte de leur regimbement rouloit fur les vaines efperan, ces d'obtenir de 1'Empereur quelque altération fur cet Article-la, quoiquil eüt été ratifié. Les autres lieux du Diflricb de la Flandre furent plus doeile« Ils publierent tant 1'Article que la Lettre du Comte de Konigfegg Ils'v aiouterent feulement une Claufe. Elle étoit que ce feroit fans preju. dice Cela fit que les Etats allérent un peu bride en mam pour remettrc la Souveraineté des Villes & Pays cédés par la France. Le Comte de Konigfegg en avoit demandé avec inftance la remde II y eut aufli une difpute. Elle étoit defavantageufe k la Navigation fur la Meufe. Le Comte de Konigfegg en avoit rétabli, par 1'aveu des Etats, le peage a Navagne Le Comte dl Valfafine, Adminiftrateur du Duche de Limbourg , prétendu oue ce péage étoit de fon reflbrt. 11 1'établit a un beu appelle Sheratte Par-lk les barques des Sujets des Etats, qui chargeoient a Liege, ne pouvoient pas defcendre fans être expofées k payer le péage en ces deus endroits. Sur les plaintes qu'on en fit au Comte de Konigfegg, il ordonm qu'on le payeroit provifionnellement k Sheratte, & quen ce cas d ne feroit pas payé a Navagne. Quelque remede que cela apportat a 1 aftam en Principal, il en réfultoit cependant un autre inconvement II confiftou en leretardement de la Navigation. Les barques perdoient b,en du 'ems; en payant le péage k Sheratte, & en s'arrêtant k le venfier k Navagne I 'affaire de 1'extenfion des limites en Flandre fembloit etre plus a cceur a ceux de la Flandre. Aufli les Etats fouhaitoient - ils dy mettre une fin. Ce fut pour cela qu'ils drefferent déja en Mai un Mémoire pom les régler en dernier reflbrt «Sc qu'on fit communiquer au Comte de Konigfegg, dont voici le contenu. Tome XL1V. Hhh Hift. de Hollande. 1697. j"f' ques d nes jours. Ann. 1716.  426 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Hollande, I6p7 , jufques a nos jours. Mémotre comment Ton peut en dernier rejfort revier les Limites en Flandres entre Sa Majefté Impériale & LL. HH. PP. du 2 Mai. Les Limites doivent commencer du cóté du Nord tirant vers le Weft au deilus deHeift, k environ une demi-lieue de-la au deflus de Gotewegh, tx fuivre comme senfuit. ö Leurs Hautes Puiflances ont extrêmement befoin de ce terrain comme étant la tête des limites, pour y pouvoir faire les requifes Fortifieations. Leurs Hautes Puiflances ont extrêmement befoin de ce terrain & ligne pour pouvoir en former une inondadon. Leurs Hautes Puiffances ont auffi fort befoin de cette ligne & terrain, pour pouvoir former 1'inondation, & avoir une communication avec le Nord, afin de pouvoir en cas de nécefllté fortifier de nouveau le Fort St. Job, Avec une droite ligne de la Mer, environ le Sud-Sud-Eft au deflus de Gotewegh en traverfant Evendyck jufques k 1'écoulement de 1'Eau qui vient des environs de Swanendamme: de-la cette première ligne finit fuivant ledit écoulement jufques au pont de Pierre entre Heift & Rams-Capel environ un gros quart d'heure de 1'Eglife de Heifl. Depuis ledit écoulement d'eau h Ia maifon de plaifance de Jean Quinten Weytz, & enfuite au pont, ou au lieu nommé Kofler-Heule, qui eft dans le chemin qui vient de Heyft: de la au demi Keerhoek jufques k la Maifon de Pottenbourg. De-la le long du chemin vers Weft-Capel jufques k Kofter-Heuftje. Enfuite le long de 1'écoulement qui court par le Village de Weft-Capel nommée le Krommewater qui paffe Jean van Hoevens-Heuftje, prés de la Maifon de plaifance du Sr. vanPruxe&fe dégorge dans le Canal le Swyne, environ 60 Verges du pont de Swyne. Ce Canal Swyne fuit jufques k Priehoek. De ce dernier fuit le Canal nommé le nouveau Swyne, jufques a 40 faites après la notoire Eclufe. Delk par une droite ligne k travers du pont du Canal Springen k 20 toifes du veft devant le vieux Fort St. Job. De celui-ci avec une droite ligne l'on va vers Middelbourg en Flandres aufli loin contre le Weftdyck de 1'embouchure de Lapfchuurs. Ledit.Weftdyck fuit jufques au nouveau  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. SeCt. XIIL 437 Le terrain de cette digue efl de Ia derniere nécefllté a Leurs Hautes Puiflances pour la communication par ladite digue Graef-Jans, & pour y former 1'inondadon. Ceci efl auffi fort néceffaire poür pouvoir continuer 1'inondation. Ceci efl: extrêmement nécefiaire k Leurs Hautes Puiffances pour joindre 1'inondadon de devant la digue de Graef-Jans & celle du Sas, pour avoir communication par terre vers le Nord de 1'Eclufe. Dam, qui féparé 1'embouchure du Lapfchuurs du pedt Polder Papen; & de ce nouveau Dam jufques aux vieux limites. Des vieux limites onfuit aux digues Zideling. De-la & de la digue Graef. Jans par les vieux limites a 1'Eclufe St. Laurens , ou 1'écoulement des Eaux, & le cours des Eaux fe joignent. De-la le long dés anciennes digues nommé du Pays, ou celle de Graef - Jans, qui va droit & par le plus court vers le Buyrte nommé le Soleil. De-la fuit la digue de Graef-Jans, du cöté du Nord prés de Bouchoute jufques au coin des digues Philippines, qui le féparé de Ia digue de Graef-Jans. Pour joindre lefdites limites k ceux étendus du Sas de Gand on doit fuivre la digue qui féparé St. Jean & le Polder Roo du Polder de Capelle jufques au coin qui féparé ledit Polder Roo de celui de St. Pierre nommé le Fofthorn. La digue entre le Polder Roo & celle de St. Pierre, jufques a Weftdyck du Polder de Smalle Geland, qui féparé ce Polder & le Smalle Geland. Enfuite la digue entre Nicafius Polder & Smalle Geland juiques arux Moulins d'Aflènade; de ces Moulins par une droite ligne tiran t aux Moulins nommés les Houdlandts moulins jufques contre la groflè plaine ou chemin, qui va d'Aflènade vers Selfate. Enfuite du cöté du Nord-Efl: de ce chemin jufques au reflbrt de Selfate. Aufli le village de Selfate fuivant le XVII. Article du Traité de la Barrière ne peut-il être compris dans 1'extenfion des limites , c'eft pourquoi il faut le féparer, ainfi que 1'Ingénieur Bommel a déja remarqué. Hhh 2 ff/7?, do Hollande. 1697» jufques a nos jours.  SectvXIH. Hift. de Hollande. 1697, Jufques a nos jours. 428 HISTOIRE DE HOLLANDE Suirant cette fpéciiiée Séparation des Limites, lc Village de WeftCapel tombe dehors, avec la plus grande partie de fon territoire; une partie du Polder Roo, & une portion du Polder Nicafius, & enfuite tout le Pays qui eft fitué au Sud West de la grande plaine, qui va d'Affenade k Selfate, afin d'öter autant qu'il eft poflible toutes les difputes fur le fens du XVII. Article du Traité de la Barrière, ainfi qu'il s'en fuit par lefdits fpécifiés limites pour en venir une fois a une fin totale. Et ayant entendu les confidérations & les avis des Sieurs Députés de Leurs Hautes Puiflances a la Négociation de la Barrière, après une préalable délibération, il a été trouvé bon & entendu que la Copie de ce rapport de 1'Ingénieur Bommel, avec les documens qui y font rélatifs, feront envoyés a 1'Intendant Pellers, & on le chargera de parler fur ce fujet-la au Comte de Konigfegg & de richer de régler Paffaire conformement a ce Mémoire. On avoit pour cela fait aller fur les lieux des Ingénieurs de part & d'autre. Ceux-ci n'y pürent tomber d'accord. Cependant, les Etats tacherent de porter le Comte de Konigfegg a faire confronter ces Ingenieursla en fa préfence & a celle de leur intendant Pellers. Ils devoient débattre entre eux les points dont ils difconvenoient. L'un & 1'autre^ de ces Ingénieurs foutinrent avec opiniatreté leurs différens plans. Par-la il n'y eut rien de conclu. Les Politiques regarderent cet incident comme un avant-coureur de la venue du Marquis de Prié. Aufli eut-on quelque notion que ce Marquis devoit propofer quelque modération dans Pextenfion de ces Limites. Cela ne feroit que pour appaifer les concluflons politiques dont ceux de Flandres étoient fur ce point-la fort agités. Les Etats continuoient fur cela a ne pas fe preflèr de remettre aux Impériaux les Pays & Villes cédés par la France. Cependant, le tems étoit venu d'y changer les Magiftratures. Le Comte de Konigfegg fit fur cela propofer aux Etats par leur Intendant Pellers un expédient provifionnel pour y remédier. 11 confiftoit en ce qu'ils vouluflènt continuer feulement par écrit les Magiftrats des Villes & Chatelenies en queftion jusques a ce qu'ils fuflènt remis en une maniere düe i\ Sa Majefté Impériale. Les Etats approuverent cet expédient, & le mirent en exécution. Ce Comte fit aufli prier les Etats de vouloir ordonner aux Villes & Chatelenies refpeclives de Flandres, qui n'avoient pas encore été remifes, aufii bien qu'a la Ville de Tournai & du Tournefis, de faire un payement. Celui-ci étoit defliné a payer des Commifiaires. Ceux-ci avoient été employés de la part de 1'Empereur k des Conférences tenues a Lille, pour y régler les Limites avec la France. Cette dépenfe étoit aflignée fur lefdites Villes (Sc Chatelenies. Le Comte ne fe fervit pas pour faire cette demande des Députés de la Flandre & du Brabant, qui fe trouvoient a la Haye, pour régler les affaires pécuniaires. La raifon étoit, paree que ceux-ci ne vouloient entrer en aucune difcuffion qu'a 1'arrivée du Marquis de Prié. Cependant, les Etats y confentirent. Ce fut cependant avec une claufe. Elle portoit, que ce payement ne réjailliroit pas a diminuer les charges ordinahes que les Etats en tiroient. Dans le tems qui s'écouloit, il fe  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect, KUL 439 pafla diverfes petites affaires & difputes de fort peu d'importance pour en parler. On atcendoit avec impatience 1'arrivée du Marquis dè Prié. On fe flattoic qu'on conviendroit aifément avec lui de tout ce qui pouvoit cohtribuer a cultiver une bonne intelligence avec 1'Empereur, d'autant que ce Chef de 1'Empire témoignoit toujours de fa part une inclinadon pour cela.' Le Marquis de Prié arriva enfin de Vienne au commencement d'Oftobre. Le jour fuivant accompagné de 1'Envoyé Impérial il fut bien 4 heu • res durant avec le Confeiller Penfionnaire. Le Tréforier de la Généralité fut deux jours après bien deux heures avec ce Marquis la. Celui ci fonda dans ces converfations les difpoficions de la République. Cela regardoit tant 1'extenfion des limites en Flandres, que les fubfides annuels, ftipulés dans le Traité de la Barrière en faveur de ladite République. Cela venoit de ce que les Etats des Pays-Bas Autrichiens prétendoient que 1'Empereur n'avoit pas pu entrer en de pareils engagements fans les confulter, & en avoir même Papprobation fuivant leurs anciens privileges. Quelques Miniflres, & même des Membres des Etats furent faire des vb fites a ce Marquis. Ps s'appercurenc dans les converfations avec lui que 1'exécution du Traité de la Barrière paroiflbit avoir un train d'être terminée. D'autant que le Marquis aufli bien que les Députés des Etats de Brabant & de Flandres étoient a la Haye en vue d'óter cette pierre d'achopement. Avec tout cela quelques-uns des principaux Membres des Etcts craignoient Phabileté confommée de ce Marquis. On remarquoit que ce Miniftre Impérial avoit des manieres infmuantes & moderées, & en même tems fort réfervées. Ces manieres, difoient-ils, étoient les plus dangereufes pour les Négociations, & Pon perdoit toujours du terrain avec def Miniftres d'un pareil calibre, & qui favent fe contenir. On remarquoit auff que fes paroles étoient pefées & glacées. II ne s'émouvoit nullemen fur ce que des Membres des Etats lui dilbient dans les converfations avec ardeur, dont il profitoit a loifir. 11 parloit avec moins de froideui & de réferve par rapport a la refiitution de la Citadelle de Liege & Huy 11 faifoit entendre qu'il feroit agréable a Sa Majefté Impériale qu'elle ft fit fans en venir a leur démolition , d'autant que ces deux Places n( pourroient être d'aucun préjudice aux Etats. II ne paria point de la fa tisfafflon touchant 1'affront fait aux troupes des Etats a Bonn. ü donn: a connoitre qu'il laiffoit cette affaire-la'a 1'Envoyé Heems, qui en avoi . eu jufques la le maniement. Cependant, comme celui-ci n'avoit rier avancé qui fut réellement fatisfaifant, on s'étoit appercü qu'il n'avoit rier propofé, qui ne füt du reflbrt de la Cour de PElecbeur de Cologne, pai ou l'on concut de la méfiance de fa partialité pour cet Elecbeur-la. Le Marquis, pour venir au fait de fes Commiffions, demanda une Con férence avec les Députés des Etats. Comme en faifant un abrégé de c< qu'il y dit, Pon pourroit- ne pas s'expliquer entierement, l'on trouve ; propos d'inférer ici le contenu de la Conférence dans toute fon écendue qui ne fut après qu'en abrégé dans une Réfolution poftérieure des Etats Hhh 5 Hift. de :lollande. \ues a-nos tours. 1 t  Sf.ct. XIII, Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Ann. 1716. Rapport éten du de la Conférence eue avec le Marquis de Prié , le 15- Oct. ^ ] < 1 J 1 t 1 430 HISTOIRE DE HOLLANDE Rapport étendu fait cl Leurs Hautes Puiffances de ce que le Marquis de Prié dit dans la Conférence du 15 OBtobre der nier cy qui n étoit contenu qu'en abrégé dans la Réfolution de Leurs tlautes Puiffances du 20, qui fut remtje audit Marquis le Vendredi fuivant 23. Les Sieurs de Broeckhuifen & autres Députés de Leurs Hautes Puiffances commis aux affaires étrangeres, ayrmt été cn Conférence avec les Sieurs Marquis de Prié, & Baron de Heems, ont rapporté que ledit Sr. Marquis de Prié a avancé dans ladite Conférence aux Sieurs Députes, que Sa Majeflé Impériale ayant établi le Seigneur Prince Eugene de Savoye^ pour Gouverneur des Pays-Bas Autrichiens, qui ne pourroit encore sy rendre, avoit chargé ledit Sr. Marquis de Prié, & muni d'un Plein-pouvoir de fe charger dudit Gouvernement en 1'abiènce dudit Seigneur Prince Eugene de Savoye, & diriger fon voyage par ce Pays-ci C etoit avec ordre d'aflurer Leurs Hautes Puiflances de Pinclination de ba Majefté Impériale pour 1'Etat, & de fon intention de vivre avec elles en bonne amitié & intelligence; fans que Paffeétion de Sa Majefté Imperiale pour PEtat foit aucunement changée par le tems Apres ces aflurances, ce Marquis avoit parlé du Traité de la Barrière lequel ka Majefté Impériale étoit portée d'obferver fincerement, & d'autant p ,,q.ue„pa Maj'efié InVériale étoit perfuadée, que ce qui avoit été ac corde a 1 Etat par ledit Traité , n'étoit pas perdu pour Sa Maiefté Imperiale , comme étant donné a un Etat que Sa Majefté Impériale regarioit comme un garand de la confervation defdits Pays-Bas. Qu il n'étoit pas inconnu a Leurs Hautes Puiflances que les fuiets defhts Pays Bas avoient fait des plaintes & des remontrances a Sa Maiefté mpénale contre ledit Traité, comme fi par icelui on donnoit atteinte 1^ leurs privileges, nonobftant que par Ia réduélion defdits Pays-Bas, la grande-Bretagne & lEtat ayent au nom de Sa Majefté Impériale & -athohque, de la maniere la plus forte, déclaré & affuré, que lefdits .ays feroient confervés dans leurs Droits & Privileges; ce qui avoit enuite eté confirmé par Sa Majefté Impériale. Que ledit Sr. Marquis de Prié efpéroit que Leurs Hautes Puiflances raudroient bien contribuer a öter, autant qu'il eft poflible, ces plaintes £ les mauvaifes imprefiions, qui étoient par-lk données aux peuples deflits Pays. r r Qu'il étoit prêt d'entrer en Négociation avec les Sieurs Députés de ueurs Hautes Puiffances fur quelques points dudit Traité, qui étoient jbfeurs, douteux, ou indécis, & de régler le tout fur un bon pied. Oue es points, par lefquels ceux des Pays-Bas Autrichiens fe trouvoient a?rares, regardoient principalement les 4 fuivans. I. Qu'on n'avoit pas pris un fuffifant foin pour la confervation de ht f\SrTrriS h°hqre'-féfiranrr 1 Ce^,éSard que ce 1™ ^ dit dans le tVIII A • I ' P PareiIlement étre applicable aux IX. &  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 43r II. Que par 1'extenfion des Limites. de 1'Etat en Flandres & par la Ceflion fake pour cela a 1'Etat, on donnoit atteinte a leurs privileges, fuivant lefquels l'on ne pouvoit, fans le confentement des Etats de Flandres , démembrer aucune portion de la Province. Cependant le maintien ' de ces Privileges leur avoit été promis. 1 Que les membres de Flandres fe plaignent fur cet Article de ce que la pêche des Pêcheurs de Blanckenbourg pourroit par-la être diminuée ou reflreinte; & que 1'Etat venant a être le maitre des Eclufes, les Pays de Flandres pourroient être en tout tems inondés & 1'écoulement des eaux empêché. III. Que le fubfide annuel de 500 mille écus promis a PEtat étoit trop onéreux, & ne pouvoit être fupporté par les Pays-Bas; & o^e 1'Empereur n'étoit pas en état d'envoyer, de fes autres Pays héréditaires, des fubfides aux Pays-Bas. Que les revenus & autres rentes de Sa Majeflé Impériale & Catholique dans les Pays-Bas Autrichiens, étoient pour ia plus grande partie abforbés par les rentes & intéréts des Capitaux qui avoient été depuis quelques années négociés fur iceux: ainfi il en refteroit peu de libres, pour les fubfides qui feroient annuellement accordés par les Provinces, d'oü il faut tirer Pentretien des Troupes de Sa Majefté Impériale qu'elle doit avoir dans les Pays-Bas au nombre de 18 mille hommes. C'eft fans compter les charges du Gouvernement civil. Que les Provinces ont le droit d'accorder, ou de ne pas accorder ces fubfides, & fe plaignent que par 1'aflignation de ces fubfides, on venoit h leur öter la hberté de leur confentement, & qu'une telle aflignation & 1 exécution a laquelle elles feroient foumifes par manque de payement fuivant 1'Article féparé, tendroit contre leurs Droits & P*ivile*es Et IV. que ceux defdits Pays-Bas Autrichiens s'écrient fur lé XXVI. Article, qm regie fur quel pied les droits d'entrée & de fortie doivent être payés, par oü leur Commerce tomberoit en décadence. Et puifque cet Article n'eft que provifionel, jufques a ce qu'on en foit ukérieurement convenu, Sa Majefté Impériale & Catholique fouhaitoit qu'on fit fur cela une ultérieure convention, & qu'on puiflè en convenir dans le tems de fix mois. Que ledit Sr. Marquis avoit requis que ces points puflent être ré'tiés kune commune fuisfacbion; ajoutant qu'il ne pouvoit refter ici que peu de jours, paree que fa préfence étoit néceffaire a Bruxelles. Pour en venir a la Réfolution en Réponfe, le Tréforier Général Hop & Ié Secrétaire du Confeil d'Etat de Slingeland,. deux des plus habiles & des plus clair-voyans de la République, eurent des Conférences avec les Etats Généraux. Le Réfultat en fut une Réfolution en date du ao. Lon en fit un myftere facré. Cependant la voici, avec les Inftruétions pour une autre Conférence. flifl. de ioflahde. ;ó97-;/.'/'uesa nos ours.  Sect.XIII Hift. de Hollande. 1697, juj ques d nos jours. Réfolution communiqnéeau Marquis de Prié, du ao. oa. 432 HISTOIRE DE HOLLANDE . Èxtrais des Régiflres des Réfolutions de Leurs Hautes Puiffances les Etats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas, le Mardi 20 O&obre 1716. Oui le rapport du Sieur de Broeckhuyfen, & les autres Députés de Leurs Hautes Puiffances commis aux affaires de la Barrière, qui ont en conféquence, & pour fatisfaire k leur Réfolution Commiffbriale du 15 du préfent mois, examiné avec quelques Députés du Confeil d'Etat, ce que le Sieur Marquis de Prié, établi par Sa Majefté Impériale & Catholique, pour Vice-Gouverneur des Pays-Bas Autrichiens, en Pabfence du Prince Eugene de Savoye, & Monfieur le Baron de Heems, Envoyé Extraordinaire de Sa Majeflé Impériale & Catholique, ont repréfenté auxdits leurs Députés dans une Conférence, confiftant premierement en Paffurance de 1'affecbon de Sa Majefté Impériale & Catholique envers 1'Etat, & de 1'intention de fadite Majefté d'obferver le Traité de la Barrière, dernierement conclu; & tendant k ce que pour öter des Griefs, quelques points qui feroient obfeurs, douteux ou indécis, fuffent de nouveau réglés; fpécialement k 1'égard de la Religion, le Subfide, les Limites en Flandres, & le Commerce: le tout amplement mentionné dans les NotUles ou Aétes dudit 15 du préfent mois. Sur quoi ayant été^ déliberé, il a été trouvé bon & arrêté, qu'il fera donné en Réponfe k ladite Propofition defdits Sieurs Marquis de Prié, & Baron de Heems; que Leurs Hautes Puiflances font très-obligées k fadite Majeflé Impériale & Catholique de la forte affurance qu'elle leur a de nouveau bien voulu donner de la conftante affecbon pour cet Etat. Qu'elles regardent comme une preuve de cette affeétion, la bonté que Sa Majefté Impériale & Catholique a eu de faire, que ledit Sieur Marquis de Prié ait pris fa route par ici, pour leur en faire donner cette agréable affurance. Que comme elles ont toujours extrêmement eftimé 1'affecbion & 1'amitié de Sa Majefté Impériale & Catholique, elles les mettent encore, & les mettront toujours au plus haut prix, ne feront rien de plus volontiers, que de donner des preuves réelles de leur reconnoiflance la-deflus, dans toutes les occafions, & qu'elles compteront pour un honneur & pour un bonheur de pouvoir vivre avec Sa Majefté Impériale & Catholique en une bonne confiance & correfpondance pour 1'avancement de mutuels intéréts. Qu'elles voient avec plaifir que Sa Majefté Impériale & Catholique a choifi ledit Sieur Marquis de Prié pour Vice-Gouverneur des Pays-Bas Autrichiens. Qu'elles lui fouhaitent, par rapport au Gouvernement, tout fuccès «Sc fatisfaétion; que pour le bien commun, elles entretiendront volontiers avec lui toute bonne correfponJance; & le remercient de la peine, qu'il a bien voulu prendre de diriger fon voyage par ici. Que Leurs Hautes Puiffances ne recoivent pas avec moins de plaifir 1'affurance de Sa Majefté Impériale & Catholique que fon intention eft: d'obferver le Traité de la Barrière. Que Leurs Hautes Puiflances con-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 433 fidérent que le meillcur lien de 1'Union efl; 1'obfervation des Traités conclus, leur penfée étant auffi de fatisfaire audit Traité en toutes ies parties. Que pour ce qui regarde les Griefs que quelques unes des Provinces des Pays Bas Autrichiens alléguent contre ledit Traité, Leurs Hautes Puiffances trouvent que ces Griefs font propofés hors de tems, vü que ledit Traité de la Barrière entre Sa Majefté Impériale & Catholique, is'a Majeflé le Roi de Ja Grande-Bretagne, & "Leurs Hautes Puiffances, n'a point été conclu, qu'après une longue Négociation, pendant laquelle on a pü fe faire informer a plein du cöté de Sa Majefté Impériale & Catholique dc la Conftitution & des Privileges des Pays Bas Autrichiens. Que les Etats defdits Pays-Bas lui ont pü repréfenter leurs D.oits & leurs Intéréts, & qu'a préfent ce n'eft pas le tems d'en venir k une nouvelle difcuflion a cet égard. Que 1'Etat en confidéradon de la grande eftime, que Leurs Hautes Puiflances font de 1'amitié de Sa M.ijefté Impériale & Catholique, s'eft défifté de plufieurs points importans, & s'eft contenté de très-médiocres avantages; de forte qu'on ne peut s'attendre avec juftice , qu'après un Traité conclu, on voulüt encore amoindrir lesdits avantages. Que quant k la mention, que Pon fait de Ja Religion, Leurs Hautes Puiflances ont eu k cet égard toute la condefcendance qu'on pouvoit exiger d'elles avec radon. Que ce qui eft conclu dans le 8 & 9 Article eft clair, & ne demande ni éclairciflèment, ni interprétation, & qu'on ne peut fans incongruité répliquer en ces Articles a ce qui eft dit k ce fujet dans I'Ardcle 18 ; & qu'ainfi il n'y a point de raifon de faire aucun changement a cet égard. Que pour ce qu'on voudroit foutenir de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique qu'il y auroit quelque obfeurité en quelque partie du 17 Article, qui parle des limites en Flandres, Leurs Hautes Puiflances font prêtes d'entrer au plutöt dans Péclairciflèment nécefiaire que cet Article pourroit demander, fans néanmoins fe départir du Traité, & k condition que le fufdit Article, autant qu'il ne demande aucun éclairciflèment, fera inceflamment exécuté. Que pour ce qui concerne le Subfide promis k 1'Etat par le Traité, il eft certainement trés moderé & trés petit, en comparaifim de la charge, que 1'Etat a pris fur lui par ledit Traité: cette charge confilfint en Pentretien de deux cinquiemes de 35 ou du moins de 30 mille hommes , pour les Garnifons des Places de la Barrière, & aux fraix des Fortifieations des Places de la Barrière, des Magafins, des Etats Majors, & Officiers des Places, qui montent enfemble spour Ie moins au doublé defdits Subfides. Lefquels fraix indifpenfables auroient dü être portés par Sa Majefté Impériale & Catholique feule. Ce qui étant confiieré, Pon ne peut avec aucune raifon exiger de Leurs Hautes Puiflances qu'elles fe départent en aucune maniere du Subfide ftipulé, «Sc qui eft fi médiocre , ou de la füreté de 1'exécution, dans laquelle l'on s'eft engagé k cet égard, & tous les inconvéniens allégués ceflèront dès qu'on fatiafera précif-ment aux termes fixés. Tome XUF. lii Hifi. de Hollande. 1<597, }ttf. fues a nos jours. Ann,  Suct. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a no. jours. Anu. 1716 434 HISTOIRE DE HOLLANDE Qu'tnfm pour ce qui eft du point du Commerce, Leurs Hattt.s Puiffances font portées d'entrer conjointetnent avec Sa Majefté Britannique en Négociation avec Sa Majefté Impériale & Catholique pour un Traité de Commerce , conformément a 1'Article 26 du Traité de la Barrière. Que Leurs Hautes Puiflances étant de fentiment qu'on doit fe tenir audit Traité de la Barrière, elles font difpofées & portées de Pexécutc-r en toutes les parties, qui dépendent d'elles, dans Pattenre que de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique les ordres feront donnés pour la prompte exécution dudit Traité, & des Acles qui y font rélatifs, «St ce dans tous les points qui font reftés fans exécution, «Sc qui font inférés au bas des préfentes. Outre ce que deflus, on déclarera de la part de Leurs Hautes Puiffances, qu'elles font femblablement portées d'exécuter PArticle 27 du Traité, touchant la démolition de la Citadelle de Liége «Sc du Chateau & Fort de Huy, auflitöt après Paccommodcment k la fatb.faction raifonnable de Leurs Hautes Puiflances, des différends au fujet de la démolition «St Garnifon de Bonn, telle que Leurs Hautes Puiflances puiffènt s'y confier, croyant avoir par rapport k l'un & k 1'autre de ces deux points un droit inconteftable, & de plus un intérêt commun avec Sa Majefté Impériale «Sc Catholique & avec PEmpire ; & auflitöt qu'elles auront fatisfaction de 1'affront fait k 1'Etat en la perfonne de leur Commandant & des Troupes, qui ont fervi k la Garnifon de Bonn, «Sc en ce qu'on a retenu par voye de fait PArdllerie «Sc les Munitions appartenantes k 1'Etat. Que Leurs Hauces Puiffances ne doutant point que s'étant expliquées plus d'une fois fur la démolition de Bonn; accepté la Médiation de Sa Mg'efté Impériale & Catholique, au fujet de la fatisfaction, qui leur eft düe pour ledit affront; «Sc qu'ayant fait voir tant de condefcendance «Sc tant de confidération pour les fentimens de Sa Majefté Impériale & Cathobque, autant qu'il peut aucunement convenir avec la füreté & 1'honneur de leur Etat, ledit Sr. Marquis de Prié ne foit fuffifamment inftruit Le Marquis dit a l'un & a 1'autre. que c'étoit en reconnoiflance de leur bonne Adminitlration du Gouvernement des Pays-Bas Autrichiens. Le Lord Cadogan n'y avoit cependant pas eu part, que fort peu en ces derniers tems. Les Députés de cePays-la y trouverent a redire. Ils étoient dans Pindifcrete fuppofition que cette leur Adminiftration n'avoit pas mérité de reconnoiflance. Quoi qu'on s'attendit que ce Marquis feroit parti, ainfi qu'il 1'avoit dit, il refta cependant a la Haye. On chercha avec foin la caufe de cette manoeuvre. On fait de fource, qu'elle confiftoit dans 1'attente de quelque Lettre de la Cour Impériale. La raifon étoit que les Inftructions, qu'il en avoit, lui avoient été données avant que la Cour Impériale fut inlormée d'une nouvelle Alliance qui étoit fur le tapis avec la France, & dont on pariera ci-après. Ainfi il attcndoit d'en recevoir fur un pied plus convenable h ces conjonclures, II en recut, & il fe difpofa a partir, ainfi qu'il fit le onze de Novembre. Les Etats ne voulutcnt pas le laiflèr partir fans lui donner quelque fatisfaction. A cet efLt, après quelques conférences entre les Etats & le Confeil d'Etat, on lui envoya quelques Députés. Ceux-ci eurent ordre de Paflurer que les deux points de la Religion & du Commerce ne rencontrant pas une difficulté eflèntielle , & y en ayant beaucoup fur les deux autres de 1'extenfion des Limites en Flandres, & touchant le Subfide, les Etats pour les terminer étoient difpofés a fe relacher de beaucoup fur 1'extenfion des Limites. En cette vue, iis fe départiroient de plufieurs Villages, qui devoient y être compris, & fe contenteroient d'un feul. Par rapport au Subfide, ils fe relacheroient de 100 mille écus fur les 500 mille. Cette affurance ne fut donnée que verbalement. Ce fut pourtant avec promeffe que dans peu de jours on prendroit une Réfolution formelle la deflus. Celle-ci feroit enfuite envoyée a leur Intendant Pefters, pour convenir après cela avec le Marquis de 1'exécution da Traité de la Barrière. Avant le départ de ce Marquis, 1'Envoyé de 1'Empereur notifia de la part de Sa Majefté Impériale dans des termes les plus obligeans Pheureufe prife de Temeswaer au Préfident de femaine. Cette bonne nouvelle fut fuivie quelque peu de jours après par une qui étoit défolanre. Elle porca la mort de 1'Archiduc arrivée le 4 de Novembre. Elle fut généralement recue avec une douleur extréme. Elle fembla porter quelque influence fur les Négociations importantes qu'il y avoit fur le tapis depuis quelques mois, touchant différens Traités. L'on va entreprendre de donner les éclairciflèments fur ce qui y avoit donné & y donnoit lieu; & qui fit que 1'exécution de celui de la Bardere fut différée. Au commencement de cette année, 1'Ambafladeur de France fic une demande aux Etats. Elle regardoit la Neutralité des Pays-Bas Autrichiens. Cette propofition fut envoyée aux Provinces refpecbives pour favoir leur fentiment la-deflus. D'ailleurs, une telle convention ne pourroit fe faire fans un commun accord avec la Cour Impériale & celle de Ia Grande Bretagne. Auffi les Etats leur en firent-ils part. La derniere fit favoir aux Etats fes fentimens la-deflus. Ils tendoient a en décliner la propo- Hift. de Hollande, 1697 . jufques d nos jours. Ann. 1716.  SroCT.XÏII. Ilifl. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Ann. 1716. 440 HISTOIRE DE HOLLANDE fition. Comme 1'Ambaffadeur de France fe donnoit beaucoup de mouvement, il demanda avec empreffement d'avoir une Réponfe la deffu> de ia part des Etats. Ceux-ci firent au commencementdeMarsprier a une Conference les Miniftres de 1'Empereur & de la Grande Bretagne, mais féparement l'un après 1'autre. Ils demanderent au premier s'il n'avoit pas recu de réponfe de fa Cour fur cette propofition ? 11 leur répondit qu'it en avoit recu une. Elle étoit avec un ordre de ne pas la donner que les Etats ne la lui demandafiènt. Que puisqu'ils ia requéroient, il la leur donneroit en peu de mots. Ede portoit en fubfiance, que Sa Majefté Impériale trouvoit cette propofition irraifonnable & inacceptable. Cep:ndant il ajou.a que 1'Empereur vouloit bien en toucher quelque chofè au Roi de la Grande * Bretagne. On admit enfuite a une Conférence le Mmiftre Britannique pour favoir la réponfe de fa Cour fur ce fujet-la. Celui-ci dit que le Roi fon Maitre ne pouvoit pas entrer dans une pareilie affaire. La raifon étoit que les Pays-Bas Autrichiens fe trouvant appartenir alors a 1'Empereur, il falloit s'adrefièr a Sa Majefté Impériale même, qui en étoit le Souverain. Par-la l'on trouva que ces deux Miniftres-la , fans cependant avoir rien concerté auparavant entr'eux, fe jettoient la balie l'un fur 1'autre, pour ne rien dire de pofitif. Aufli la demande de la France parut-elle, dans les circonflances acluelles, ne contenir que quelque vuë cachée. Sur cela les Etats envoyérent leur Préfident de femaine pour en faire part a l'Ambafiadeur de France, qui n'en parut pas fort content. On découvrit par des intelligences fecretes, que la France n'avoit fait faire cette demande, que pour traverfer une Négociation, qu'elle avoit découverte. Elle étoit entre 1'Empereur & le Roi de la Grande Bretagne,pour un Traité défenfif. II y étoit fuppofé que la République de Hollande y devoit accéder, fur la propofition qu'on lui en feroit. L'Ambaffddeur de France, voyant que Paffaire de la Neutralité des PaysBas n'avoit pas fervi de pierre d'achoppement a fes vues d'empêcher la conclufion de ce Traité , demanda ouvertement que fa Cour put y entrer par des raifons qu'il y déduifit. II fit cette démarche après qu'il eut appris que le Roi de la Grande Bretagne avoit fait remettre par fon Miniftre Horace Walpole le 10 de Mars la Copie du Traité, dont le Comce de Volkra étoit convenu de la part de 1'Empereur avec la Cour de la G-ande Bretagne. 11 y avoit eu bien des correcbions. II ne fut cependant figné que le 25 de Mai. Ce ne fut qu'a la fin de Pannée 1718, qu'on détermina enfin Paffaire de la Barrière, comme l'on voit par la piece fuivante. CONVENTION entre Sa Majefté Impériale & Catholique, le Roi de la Grande-Bretagne, & les Etats Généraux, touchant 1'exécution de quelques articles & points du Traité de Barrière du 15 Novembre 1715, fignée d la Haye le 22 Décembre 1718. Le Traité de Barrière, conclu le 15 de Novembre 1715 entre Sa Majefté Impériale & Catholique, Sa Majefté le Roi de la Grande-Bre. tagne, & les Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies, n'ayant pu avoir  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 44r avoir fon exécution k 1'égard de quelques Articles, k caufe des difficultés , qu'on y a rencontrées, «Sc Sa Majefté impériale & Catholique, Sa Majeflé le Roi de la Grande Bretagne, & LL. HM. PP., étu it également portées k lever ces difficultés par les moyens les plus convena bles, afin de parvenir au but qu'on s'eft propofé par ledit Traité, «St pour établir d'autant mieux les fondemens d'une folide amitié «Sc bonne .intellivence, k laquelle on efl porté de part «St d'autre, Sa Majefté Lnpériak & Catholique, Sa Majeflé le Roi de la Grande Brecagne, & Leurs Hautes Puiffances ont nommé & commis pour traiter & en convenir • fcavoir, Sa Majeflé Impériale & Catholique, le Sieur Hercute Jofèpk Louis Turinetti Marquis de Prié «Sc de Pancalier, Comte de Mitterbouxg & de Caflillon; Seigneur de Saint Servolo & Caitelnovo, de Fridaw & Rabonftein en Autriche, de Schiurge B.dvar, & Saint Micloi en Hongrie, Grand d'Efpagne, Chevalier de Pordre de 1'Annonciade, Confeiller intime d'Etat de Sa Majeflé Impériale «Sc Catholique, fon Miniftre Plénipótentiaire pour le Gouvernement des Pays-Bas, Ambafladeur Plénipótentiaire pour la conclufion «Sc fignature du préfent Traité, pour 1'exécution de celui de la barrière: Sa Majefté Britannique, le Sieur Guillaume Comte de Cadogan, Vicomte de Couversham, Baron de Reding & d'Ouldey, Général d'infanterie, Colonel du fecond Régiment des Gardes k pied, Gouverneur de l'ifle de Wight, Maitre de la Garderobe , Confeiller d'Etat , Chevalier du trés noble & trés-ancien ordre de St. André, «Sc fon Ambafladeur extraordinaire & Plénipótentiaire auprès des Seigneurs Etats Généraux des Provinces Unies: «Sc Leurs Hautes Puiflances les Sieurs Jean van IVynbergen, Seigneur de Glinthorft, du Corps de la Nobleflè du quartier de Veluwe, en la Province de Gueldre; IVigbolt van der Does, Seigneur de Noortwyck, de Pordre de la Nobleflè d'Hollande & Weftfrife, Grand Baillif & Dyckgrave de Rhynland; Antoine Heinfius, Confeiller Penfionnaire, Garde du grand Sceau, «Sc Surintendant des fiefs de la Province de la Hollande & Weftfrife; Adrien Velters, ci-devant Echevin, Sénateur «Sc Penfionnaire de la Ville de Middelbourg en Zeelande; Gerard Godart Taats van Amerongen, Chanoine du Chapitre de St. Tean a Utrecht, Aflèfièur dans le Confeil des Elus, compofant le premier Membre des Etats de la Province d'Utrecht, Grand Veneur de la même Province, & Aflèfièur au Confeil des Heemrades de la Riviere de Leek; Dancker de Kempenaar, Sénateur de la Ville de Harlinger en Frife; Everhard Roufie, Bourgemaitre de la Ville de Deventer er Overyflèl; & Eger Tamminga, Seigneui; en Zeeryp, Enum, Leerumu; & t'Zandt; tous refpeétivement Députés en notre Aflèmbiée de la pan des Etats de Gueldre, de Hollande «Sc Wefl-Frife, de Zeelande, d'Utrecht de Frife, d'Overyflèl, «Sc de Groningue & Ommelandes; lefquels et vertu de leurs Plein - pouvoirs refpeftifs, après avoir conféré plufieurs foi; enfemble, font convenus de la maniere fuivante. I. Comme il efl furvenu des difficultés au fujet de l'Article 17 dudi Traité de la Barrière, qui regarde la füreté des Frontieres, «Sc 1'extenfior des limites de Leurs Hautts Puiflances en Flandre, dont il pourroi réfulter des inconvéniens, qu'on fouhaite de part «Sc d'autre de prévenir Tome XLW. Kkk Hifi. de Hollande. 1697, j'if' ques a nas jours. i l i  442 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. dt Hollande, 1697 , jufques d rws jours. on eft convenu de fubflituer le préfent Article au lieu dudit Arcicle 17. Sa Majeflé Impériale & Catholique agrée & approuvé, que pour Pavenir les Limites des Etats Généraux en Flandre commenceront k la Mer au Nurd-Oueft du Fort de St. Paul, k préfent démoli, lequel Sa Mijelhi leur céde avec dix verges de terrain, de quatorze pieds la verge, autour de 1 'avant-fofle du cöté d'Oueft, & au Sud: & Pon tirera une iigne droite depuis la Digue, qui elf au Sud dudic Fort, marquée par la lettre A. fur la Carte figurative, qui en a été formée & fignée de part & d'autre, a travers le Polder nommé Hafegras, jufques k h jonction de la Digue de Crommendyk marqué B., en allant le long d'un FofTé, qui fe trouvé a 1'Oueft de ladite Digue démolie, & enfuite au Canal nommé Neeuwghedelft, marqué C, lequel on fuivra jufques a Neemvghedelft Dryhoek, marqué D., de-la les nouvelles limites iront le long d'un Watergang, & FofTé, marqués E., jufques k la ligne marquée F., lefquels Watergang & FofTé demeureront k Sa Majeflé. De la lettre F. l'on continuera le long de ladite ligne jufques au de-Sk du Bureau de Sa Majefté Impériale & Catholique, marqué G. dans un Angle rentrant de la Digue, duquel on tiaverfera le petje Polder fur 1'allignement d'un FofTé jufques au coulant d'Eau de 1'Eclufe noire, en le continuant fur la pointe d'une Redoute, ou Traverfe, qui efl fur la Digue, au de-lades deux Canaux de Soute, & de Soute, marquée H., prés du Fort de St. Donas, lequel Sa Majeflé Impériale & Catholique céde en pleine fouveraineté & propriété aux Etats Généraux, de même que la fouveraineté de tout le terrain fitué au Nord de la ligne, marquée ci-defius, moyennant que les portes des Eclufes audit Fort feront & refleront ötées en tems de paix, «St qu'il fera permis aux IntérefTés d'en baiflèr les Seuils au niveau de celui de 1'Eclufe noire, «St d'en faire la vifite quand ils le trouveront nécefiaire; afin qu'en tems de Paix Peau ait toujours fon libre coulant k la Mer. Dudit pofte les nouvelles limites retourneront le long du pied extérieur de la Digue, vers Ie Polder nommé Ie Bout du Monde; de-Ik, le long de la Digue de Mer, comme il eft marqué fur la Carte, jufques aux anciennes limites a la coupure d'une Digue, qui ferme la creque de Lapfchure, marquée I., «Sc appartiendra k Leurs Hautes Puiflances* En fouveraineté, le Terrain fitué au Nord de cette ligne. L'on fuivra de-la les anciennes limites jufques au Barbara Polder, auquel les nouvelles limites entreront & commenceront au pied de la Digue, en allant le long de ctj Polder, «St de Lauraine Polder, jufques & la longue Rue, marquée K., en les continuant a la Ligne droite le long de la même Rue, jufques k la Digue, qui va de Bouckhoute au Havre de Bouckhoute, marquée L., «St de-lk elles entreront dans le Capelle Polder, «Sc continueront en ligne droite, jufques k un Angle rentrant du Gravejansdyk , marquée M., «Sc iront de-Ik le long de la Digue, jufques au Polder rouge. Sa Maj-.fté Impériale «St Catholique céde en pleine fouveraineté k Leurs Hautes Puiflances les Barbara Polder, Lauraine Polder, Capelle Polder St le Polder rouge, excepté ce qui eft réfervé par Ia ligne marquée ci-  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Skct. XIIL m deflus, dans les Capelle , & Lauraine Polders, qui reftera a Sa Majefté . Impériale & Catholique. 1 Leurs Hautes Puiffances permettent aux Intérefles des Eclufes de Bouck- ; houte, de les remettre oü elies ont été ci devant, & que lefdites Eclu- j fes ayent les coulans d'eau directement a la Mer, comme ils Pavoient . avant la derniere Guerre. Il fera permis a Leurs Hautes Puiflances en tems de guerre, lorsque la néceffité de la défenfe & füreté de leurs Frontieres Pexigera , d'occuper & faire fortifier les poftes nécefiaires dans le Graafjansdyk «Sc Zydlingsdyk. A Pégard de la Ville du Sas-de-Gand, les limites feront étendues jusques a ia diftance de deux tiers de deux mille pas géometriques amour de la ville, en commencant aux angles des Baftions, lefquels finiront du cöté de Zelfate, fur le point de leurs anciennes limites au bord du Canal du Sas. Et pour la confervation du bas Efcaut, & la communication entre le Brabant & Ia Flandre des Etats Généraux, Sa Majefté Impériale & Catholique céde en pleine & entiere fouveraineté, aux Etats Généraux, le Village & Polder de Doel, comme aufli les Polders de Ste. Anne & Ketcmfle; bien entendu, que le territoire de Leurs .Hautes Puiflances ne s'étendra entre les Forts de la Perle & de Liefkenshoek, qu'a mi-che« min, ou a diftance égale des deux Forts. Sa Majefté Impériale & Catholique remettra , auflitöt que la Barrière fera attaquée, ou la Guerre commencée, Ia garde du Fort de la Perle a Leurs Hautes Puiflances, a condition néanmoins, que la guerre venant a ceflèr, Elles remettront ledit Fort de la Perle a Sa Majefté Impériale & Catholique, comme aufli les Poftes qu'elles auront occupés dans le Graafjansdyk & Zydlingsdyk. Leurs Hautes Puiflances promettent de plus, que fi a Poccafion de Ia ceflion de quelques Eclufes (dont les Habitans de la Flandre Autrichienne conferveront Ie libre ufage en tems de paix) ils vinffent a fouffrir quelque dommage ou préjudice, tant par les Commandans, que par d'autres Officiers militaires, que non feulement les Etats Généraux y remédieront iuceflan ment, mais auffi qu'ils dédommageront les intéreflës. Et puilque par cette nouvelle fituation des limites, il faudra changer les Bureaux, pour prévenir les fraudes, a quoi Sa Majeflé Impériale & Catholique, & Leurs Hautes Puiflances font également intéreflëes, on conviendra des lieux pour 1'établiflement defdits Bureaux, «Sc des précautions ultérieures qu'on jugera convenir de prendre. II eft de plus ftipulé, qu'une jufte évaluation flra faite dans le terme de trois mois, des revenus, que Ie Souverain tire des Terres qui fe trouveront cédées a Leurs Hautes Puiffances par cet Article, comme aufli de ce que le Souverain a profité par le renouvellement des Ocbrois, fur le pied qa'ils ont été accordés depuis trente ans en-deca, a être déduits & défalqués fur le fubfide annuel de cinq eens mille Ecus, fans que pour' cette évaluation on pourra retarder le payement dudit fubfide. Lefquelles Terres ne pourront être chargées d'impofitions, ni d'autres taxes au dela Kkk a Vijl. de lollande. 69? , jufi 'ues a nos ours.  Sect. XIH. Hift. de Hollande. l697, jufVues d nos jours. 444 HISTOIRE DE HOLLANDE de ce qu'elles contribuent a préfent dans les charges publiques, fuivant ladite évaluation qui en fera faite. La Religion Catholique Romaine fera confervée & maintenue aux lieux ci deifus cédés, comme a préfent, & avec la même liberté d'exercice public, & dans la même étendue qu'on a ftipulé cette liberté par l'Article dix-huit du Traité de Barrière. Les Propriétaires des Terres & autres Biens, fitués dans 1'étendue desdites celfions, en retiendront la pleine propriété & jouïflance , avec toutes les Prérogatives & Droits y attachés , nuls réfervés, nuls exceptés, & feront de plus les Seigneurs pardculiers des mêmes Terres & Biens condnués & maintenus dans la propriété & poffeffion paifible des Jurisdicbions, qui leur y appartiennent en tous degrés de jullice, haute, moyenne & baffe,. comme les uns & les autres en ont jouï jufques a préfent. Le Fort de Rodenhuyfe fera rafé, & les différends touchant le Canal de Bruges feront remis k la décifion d'Arbicres neutres, a choifir de part & d'autre, bien entendu que par la ceffion du Fort de St. Donas, ceux de la Ville de 1'Eclufe n'auront pas plus de droit fur ledit Canal qu'avant cette ceffion. Au moyen des ceffions comprifes dans cet Article, Leurs Hautes Puiffances fe défiftent de toutes les autres Terres & Lieux, qui leur ont été cédés par l'Article 17 du Traité de Barrière, lefquels demeureront comme auparavant fous la Domination de Sa Majefté Impériale & Catholique. II. Comme Sa Majefté Impériale & Catholique a promis par I'Ardcle 19 du Traité de la Barrière, de payer annuellement a Leurs Hautes Puiffances les Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies, la fomme de cinq eens mille Ecus, faifant un million deux eens cinquante mille florins de Hollande, aux termes marqués par ledit Traité, en confidération des grands fraix & dépenfes extraordinaires, auxquelles les Seigneurs Etats Généraux font indifpenfablement obligés, tant pour entretenir le grand nombre de Troupes qu'ils fe font engagés par ledit Traité de tenir dans les Villes & Places de la Barrière, que pour fubvenir aux groflès charges, abfolument nécelfaires pour Pentretien & réparation des Fortifieations defdites Places, & pour les pourvoir de Munitions de guerre & de bouche. Et Sa Majefté voulant que fa promeffe foit exécutée ponftuellement felon la teneur dudit Article 19, ayant pour cet effet fait connoitre a Leurs Hautes Puiffances les difficultés, & les inconvéniens qui pourroient fe rencontrer dans 1'exécution dudit Article, comme aufli de l'Article féparé dudic Traité, par rapport aux.aflignadons données fur les fubfides des Provinces de Brabant & de Flandres, & les Quartiers, Diftrifts, & Chatelenies y énoncéas, pour la fomme de 640000 florins de Hollande. Sa Majeflé impériale & Catholique, & les Seigneurs Etats Généraux, font convenus d'une autre forme de réparation, & d'une autre hypothéque fpéciale, qui fera furrogée a la place des fusdites hypothéques, & aflignations fur le fubfide des Provinces de Brabant & de Flandres, par desfus 1'hypotheque générale fur tous les revenus des Pays-Bas Autrichiens» flipuié par ledic Traité,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXHI. Sect. XIIL 445 Scavoir, que Sa Majefté Impériale & Catholique, pour aflurer & facb liter d'autant plus le payement duiit fubfide de cinq eens mille Ecus, ou un million deux eens cinquante mille florins monnoye de Hollande par an, afligne une fomme de fept eens mille florins de Hollande, ou deux eens quatre - vingts mille Ecus, au lieu de celle de fix eens dix mille florins , réparcie fur les Pays , les Villes , Chatelenies, & Dépendances retrocédées par la France, dont les revenus conliitenc dans les aides, & fubfides defdites Villes & Chatelenies , les moyens courans comnunement appellés les Droits des quacre Membres de Flandres, & autres Droits Dominiaux, les quatre Patars par Bonnier, & autres impoficions pour les Fortifieations; le Rachat des Cantines Militaires, les émolumens, uftenciles, & autres gratifications, qui ie payoient du tems que lefdites Villes & Chatelenies écoient au pouvoir de Ia France, aux Intendans, Gouverneurs & autres Officiers de 1'Etat Major des Places; & généralement tous les Droits & Impofitions, dont Leurs Hautes Puiflances ont jouï jufques a préfent en tout, ou en partie, fans exception quelconque. A condition qu'on n'y pourra faire aucune diminution, ni changement, qui puifie porter du préjudice a ladite hypothéque. L'adjudication de la Ferme defdits Droits des quatre Membres de Flan dres, fe fera en public, & aux plus offrans, bien entendu, qu'en cas d'infolvabilité des Fermiers 6c de leurs cautions, Sa Majefté Impériale & Catholique fuppléera a des autres branches & revenus des Villes & Chatelenies fufmentionnées, ou de fes revenus Domainiaux dans les autres Pays-Bas Autrichiens, ce qui pourroit manquer par-la, a la fomme de lept eens mille florins, par an. Et lorfqu'il s'agira de quelque modération, par laquelle les revenus d< ladite Ferme, ou des Aides, & autres Droits & Impofitions, ci-deflu: fpécifiés , feroient hors d'état de produire la fomme entiere de fept een mille florins, on ne pourra 1'accorder qu'après qu'on aura pourvu a cetd modération par quelque autre moyen fufBfant, a leur contentement. Afligne & affecte Sa Majefté Impériale & Catholique les cinq eens cin quante milie florins de Hollande, ou deux eens vingt mille Ecus reftans fur tous les revenus des Bureaux fufmentionnés des Oroits d'entrée & di fortie des Pays Bas Autrichiens, qui ne font engagés que fubfidiairemen a Leurs Hautes Puiflances pour des levées d'argent, faites par Elles ei plufieurs rencontres, ou pour des rentes confticuées dans le Pays, <5 autres pareiiles charges fixes. Scavoir, les Bureaux de Bruxelles, de Burgerhout, de Tirlemont, d< Turnhout, de Charleroi, de Mons, d'Ath, de Beaumont, de Courtray d'Vpres, de Tournay, de Nieuport, de Ia Province de Luxembourg & de celle de Malines, lefquels tous enfemble, & chacun en particulier ferviront d'hypothéque fpéciale pour ladite fomme, de cinq eens cinquano mille florins de Hollande. Et pour plus grande füreté du payement de ladite fomme, engage S Majefté fur le pied d'un fonds fubfidiaire «Sc fupplétoire la fomme d deux eens cinquante mille florins de Hollande par an, du premier Sc d $lus clair revenu des Bureaux, des Droits d'entrée &. de fortie de Gand Kkk 3 Hift. de Hollande. 1697, jufques a mos jours. i l • t 1 » l 1 9  Sect. XIII. Hifi. de Hollande. 1Ö97,juf ques d nos jvurs. 446 HISTOIRE DE HOLLANDE Bruges, & Oftende, promettant de les faire décharger entierement dans cinq années, de ce qui refte a payer pour le rembourfement «Sc intéréts d'un million quarante mille fix eens vingt - cinq florins, qui ont été levés en 1710 fur ces trois Bureaux. Promet aufli Sa Majefté, qu'on ne fera aucun changement dans les Droits d'entrée & de fortie, qui pourroit en diminuer le revenu au préjudice de Phyporhéque. Et fi Sa Majefté dans la fuite du tems jugeoit nécefiaire de faire quelque changement a la levée defdits Droits, par lequel ils feroient diminués, on ne pourra établir ce changement qu'après qu'on aura affigné un fonds fuffifant pour fuppléer a cette diminution. Ordonné Sa Majefté Impériale & Catholique dès a préfent, & par cette Convention au Receveur Général des Finances de Sa Majefté, & Jt celui qui fera établi en chef pour les fufdits Pays retrocédés, qu'en vertu de Ia préfente, & fur une Copie d'icelle, ils ayent a payer de trois en trois mois, a commencer au premier de ce mois de Décembre ce l'armée mil fept cent dix-huit, au Receveur Général des Etats Généraux , fcavoir celui defdits Pays retrocédés en telles efpeces d'argent, ou telle monnoye qu'on recoit aux Bureaux, Jufqu'a la fomme de deux eens quatre-vingts mille Ecus, ou de fept eens mille florins de Hollande, & ie Receveur Général des Finances de Sa Majefté dans la Ville d'Anvers mi" un jufte • quartal de la fomme reftante de cinq eens cinquante mille florins, ou-'aoo vingt mille Ecus, fans attendre d'autre ordre ou affignation, la préfente leur devant fervir d'ordre ou d'aflignatiön dès a préfent & pour-lors, «Sc lefdits payemens leur feront paflès en compte a la charge de Sa Majefté Impériale «Sc Catholique, comme s'ils les avoienc fait a Elle-même. si Quant aux arrérages dudit fubfide de cinq mille Ecus, ou un million deux eens cinquante mille florins de Hollande par an, échus depuis Ié 15 du mois de Novembre 1715 , jour de la fignature du Traité de la Barrière, jufqu'au dernier du mois de Novembre pafle, on eft convenu, pour éviter toute difcuflion touchant le rapport pendant ledit terme, des revenus des Villes «Sc Chatelenies retrocédées par la France; qui n'ont pas excédé trois eens mille Ecus par an, toutes charges déduites, comme Leurs Hautes Puiflances Pont fait voir par les états qu'Elles en ont fai: dreflèr & communiquer, & qui ont été examinés par un des Commis des Finances de Sa Majefté Impériale «Sc Catholique. Et pour finir de même les conteftations furvenues a caufe de Pinexécution de quelques Articles dudit Traité au fujet du payement defdits arrérages, depuis le 15 de Novembre 1715, jufques au premier de Janvier 1718, que de la part des Etats Généraux on a fait monter au de-la de quatre eens mille Ecus , Leurs Hautes Puiflances fe conrenteront pour tous ces arrérages depuis le 15 de Novembre 1715 , jufqu'audit premier Janvier 1718, de deux eens mille Ecus, ou de cinq eens mille florins de Hollande payables par vingt mille Pcus par an, jufques a 1'extinétion de cette fomme totale, pourvu que Ie fubfide entier leur foit payé, depuis le commencement de la préfente année de la maniere fuivante.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 447 Scavoir que les arrérages des huic premiers rooi3 de la préfence année, faifant la fomme de 333333 florins 6 fois 8 deniers de Hollande, iéront payés de la meme maniere, par, portions de 20000 écus par an, comme dit eft, immédiatement après les payemens defdits arrérages des ' années précédentes. Pour füreté du payement des uns & des autres, Sa Majefté Impériale & Catholique engage & aflette, par forme d'hypochéque fpéciale, les Droits d'entrée & de fortie des Bureaux de Gand, Bruges & Oftende, par deftlis & fans préjudice de 1'engagement fubfidiaire defdits Bureaux pour la fomme de 250000 florins de Hollande pir an, ftipalée par la préfente Convention. Pour plus grande füreté de quoi les Admmiftrateurs Généraux des Droits d'entrée & de fortie fe chargeront par PActi de foumiffion qu'ils pafleront pour le payement annuel de cinq eens cinquante mille florins de Hollande, pendant les fix premières portions ou termes defdits arrérages: & après 1'expiration du tems de leur contrat ou recette , le refte fera payé par quartal, par les nouveaux Adminiftrateurs, ou par ceux qui auront alors la régie & recette defdits Droits a Gand, Bruges & Oftende, de la maniere & fous les engagemens, ftipulés pour 1'alfurarice du payement des cinq eens cinquante mille florins. Le furplus, ou les trois mois reftans des arrérages de la préfente année , faifant la fomme de cent vingt-cinq mille florins de Hollande, fera payé en mil fept cent dix-neuf & vingt, Sa Majefté Impériale & Catholique affectant fpécialement a ce payemenc les revenus des Villes & Chatelenies retrocédées par la France, par deflus & fans préjudice de Paffeéhtion des fept eens mille florins par an, faite par cette Convencion. Leurs Hautes Puiflances jouïront des revenus des Pays retrocédés, jusques au dernier du mois de Novembre paffé, & Elles pourront procéder par voye d'exécution aux revenus desdites Villes & Chatelenies, échus & a écheoir, jufques au dernier du mois de Novembre paflë, & fe fervir pour cet effet des mêmes moyens d'exécution contre les Etats, (a la réferve des Eccléfiaftiques) .Magiftrats, Villes & Chatelenies, Fermiers & autres, qu'elles ont ftipulés pour le recouvrement des cent mille florins par an, affignés fur lefdits revenus, & fe pourront fervir auffi des mêmes moyens a 1'égard des cent vingt-cinq mille florins, qui leur font affignés conformément a l'Article précédent. Et comme Sa Majefté a donné fes Droits d'entrée & de fortie en adminiftradon & direction , avec obligation aux Directeurs desdits Droits de payer annuellement une fomme fixe, au plus grand profic des Finances de Sa Majefté, les Adminiftrateurs Généraux, ou Directeurs des fufdits Droits paftèront un Acte, par lequel ils s'obligeront, fous condamnation volontaire, laquelle féra décrétée par le Grand Confeil de Malines, & par ceux de Brabant & de Flandre, de payer de trois eo trois mois, pendant tout le tems de leur adrniuiftration, ledit quartal de la fomme de cinq eens cinquante mille florins de Hollande, au Receveur Général des Provinces Unies, ou a fes ordres, dit eft, &.le préfent Ar- de lollande. i6i»7- ;'"ƒmes a nas ours.  44? HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. ticle fuffira, pour Ia décharge defdits Adminiftrateurs, ou Directeurs, avec Ia Quittance dudit Receveur Général des Provinces Unies. Leidits Adminiftrateurs Généraux, ou Directeurs, s'obligeront par le même Acte de rembcurfer dans cinq années en payemens égaux, ce qui refte k payer aux Etats Généraux en rembourfement des fufdics ua million quarante mille fix eens vingt-cinq florins, levés en mil fept cent dix, fur les Bureaux ds Gand, Bruges & Oftende, avec les intéréts qui écherront chaque année, afin qu'au bout de cinq ans ces Bureaux foient entierement déchargés de ladite levée. Et au défaut du payement de la maniere réglée ci-deflus, tant des fommes du fubfide de cinq eens mille Ecus, ou un million deux eens cinquante mille florins, monnoie de Hollande, que dudit rembourfement, pourront les Seigneurs Etats Généraux procéder aux moyens de contrainte & d'exécudon, même par voye de fait, contre le Receveur Général des Finances de Sa Majefté, & contre celui des Pays retrocédés, qui feront l'un & 1'autre refponfables , & pourront être exécutés pour les Receveurs particuliers & fubaiternes, des fonds aflignés dans leurs départemens, s'ils venoient, tant les fufdits premiers, que les autres, a détourner quelque chofe de leur recette générale, ou particuliere, au préjudice de ce qui eft porté par la préfence Convention; bien entendu, que cet article n'aura lieu concre le Receveur Général des Finances, qu'en cas de régie des Droits d'entrée «Sc de fortie. Sa Majefté accordé le même Droit d'exécution tant concre les Bureaux engagés ci-deflus par hypothéque fpéciale, que contre les Bureaux engagés fubfidiairement au défaut des premiers, «Sc contre les fonds même dudit Pays retrocédé, comme aufli contre les Etats, excepté contre les Eccléfiailiques, & contre les Magiftrats des Villes & Chatelenies dudit Pays retrocédé, s'ils venoient k faire difficulté, ou a porter de trop longs délais, k répartir & fournir les Impofitions qu'ils doivent a Sa Majefté Impériale «5c Catholique. Et cettè exécution contre lefdits Etats, excepté les Eccléfiaftiques, «Sc contre lefdits Magiftrats, fe fera au nom «Sc.de la part de Sa Majefté, «Sc de la maniere accoutumée, Sa Majefté autorifant k cet effet les Gouverneurs des Places de la Barrière, qui lui ont prêté ferment, «Sc y foumettant lefdits Etats, excepté les Eccléfiaftiques, «Sc lefdits Magiftrats, en vertu de la préfente Convention, aufli-bien que lefdits fonds, comme y étoient fournis ceux qui étoient hypothéqués fpécialement, «Sc aflignés pour les fommes refpectives du fufdit fubfide, par les arricles 19 «Sc féparé du Traité de Ia Barrière. t Les Officiers de Juftice k qui il appartiendra, feront obligés de donner 1'afliftance nécefiaire de leur office, lorfque ceux, qui feront porteurs des condamnations volontaires, .qui feront décrétées & expédiées en faveur de Leurs Hautes Puiflances contre les Adminiftrateurs des Droits d'entrée & de fortie de Sa Majefté, de même qu'k la charge de leurs aflbeiés, auront recours k eux, afin de procéder a 1'exécurion defdites condamnations volontaires, fuivant 1'ufage recu aux Tribunaux, oü elles auront été  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 449 été expédiées, de la même maniere qu'on eft accoutumé d'y exécuter les Sentences, que les Nadfs «St autres Habitans des Pays-Bas Autrichiens y obtiennent. Et quant aux Etats des Pays retrocédés Ca la réferve des Eccléfiaftiques & Magiftrats) les Bureaux & Fonds, on pourra les exécuter de la maniere qu'on en eft convenu par le Traité de Barrière. Et finalement, outre l'ordre que Sa Majefté donnera au Gouverneur Général des Pays-Bas. Autrichiens, la préfente Convention fervira d'ordre «Sc d'inftruction fpéciale «St irrévocable, pour lui «Sc fes Succeffeurs a venir, en vertu de laquelle ils feront obligés d'exécuter, & de faire exécuter, ce qui eft porté par la préfente Convention, avec défenfe expreffe de ne divertir, ni permettre, que par le Confeil d'Etat & des Finances, le Directeur Général des Finances, ou tel autre que ce puifie être, foit diverde aucune fomme des revenus fufmendonnés , defdites Villes & Chatelenies, ni de ladite adminiftration, régie «Sc recette des Droits d'entrée «St de fortie, pour quelque befoin que ce puifie être , même le plus elfen del «St le plus preifant du fervice , fi ce n'eft de ce qui reftera après le payement des fufdits quartaux; lequel payement ne pourra être retardé, moins refufé, fous prétexte des compenfadons, liquidations, ou autres prétentions, de quelque nom ou nature qu'elles puiffènt être; au moyen de quoi Leurs Hautes Puiffances les Etats Généraux renoncent, & fè départent entierement en vertu de la préfente Convention, de toute acbion «St hypothéque, qui avoient été ftipulées par les articles dix-neuvieme, «Sc féparé du Traité de Barrière, a la charge des Provinces de Brabant «Sc de Flandres, leurs Départemens, Chatelenies, les fept Quartiers d'Anvers, «Sc contre les Etats «Sc Receveurs defdites Provinces. III. Le payement des intéréts des fommes levées fur le revenu des Postes aux Pays-Bas Autrichiens, étant fort en arriere, Sa Majefté Impériale «Sc Catholique promet «Sc s'engage d'y remédier, en faifant le plutöt qu'il fera pofiible, le rembourfement entier de ce qui eft dü des Intéréts «Sc du Capital: «Sc en attendant que cela foit exécuté, Sa Majefté Impériale «Sc Catholique donnera des ordres trés précis, pour que le revenu des Poftes foit employé conformément aux Obligations, «Sc qu'il n'en foit rien détourné au préjudice de leur contenu. IV. Les Seigneurs Etats. Généraux ayant fait des avances confidérables pour le payement des intéréts des levées d'argent, fpécifiées au Traité de la Barrière, il a été convenu «Sc accordé, que la fomme de fept eens cinq mille onze florins, dix-huit fois, dix deniers, que Sa Majefté Impériale & Catholique doit a Leurs Hautes Puiflances fuivant la liquidation, arrêtée ce jourd'hui 22 Décembre 1718 , fera rembourfée en portions égales de vingt mille Ecus, ou cinquante mille florins de Hollande, par an, a commencer immédiatement après les fix ans de la préfente Adminiftration générale* des Droits d'entrée «Sc de fortie; Sa Majefté Impériale «Sc Catholique engageant lefdits Droits en Flandre, tels qu'on les leve il préfent, «Sc qu'on continuera de les lever après la fin de ladite Adminiftration générale, pour le rembourfement de ladite fomme de fept eens cinq mille onze florins, dix-huit fois, dix deniers par forme d'hypothéque fpéciale; «Sc en attendant & jufqu'au rembourfement effèc~tif, elle fera payer les intéréts, a raifon de deux «Sc demi pour cent par an Tome XLIV. Lil WfL de Hollande, 1697. jufques a nos jours.  450 HISTOIRE DE HOLLANDE Suft. xm. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jourt. de ladir fomme, ou de la partie qui nen aura pas été rembourfée. Pour faciliter le payement desdits intéréts de deux & demi pour cent par an: Leurs Hautes Puiflances confentent, qu'ils foient pris furie doublé Canon pav an des huit eens mille florins, levés fur les revenus de la Province de Namur 6c fubfidiairement fur ceux de la Mairie, & de la Province de Luxembourg, a condition que ledit doublé Canon fera continué a proportion du tems, que le rembourfement defdits huit eens mille florins fera retardé par cette diminution. V. Pour termincr les différends touchant PArdllerie & les Magafins de guerre, & fpécialement touchant la propriété de ceux de Venlo, St. Michel, & Scevenfwaert, Places cédées aux Etats Généraux par le Traité de Barrière; Sa Majeflé Impériale & Catholique renonce a cette Artillérie & aces Magafins, moyennant qiaé L. H. P. fe déliftent, comme Elles font par la préfente Convention, du payement qui leur efl du, en vertu de 1'Aétc p.tffé a Anvers le trenticme du mois de Janvier mil fl'-pt eens feize, par le Sieur Comte de Konigfegg, Plénipótentiaire de Sa Mi.jellé Impériale & Catholique, des Poudres, Plomb. & quelques autres Munitions de guerre , que les Commifiaires de Sa Majeflé Impériale & Catholique ont prifes pour fon compte, conformément audit Acte & aux Liftes fignées par lesdits Commifiaires; dunt la valeur efl au-dela de cent mille florins: au refle, Sa Majeflé Impériale & Catholique ne prétend rien a titre des Poudres & autres Munitions qui furent trouvées appartenanccs a la France, a la reducbion d'Anvers, de Malines, Gand & autres Places des Pays-Bas Autrichiens. VI. Les Etats Généraux remettront inceffamment aprè< 1'échinge tles Ratifications de la préfente Convention , a Sa Majefté Impériale & Catholique , la pofleflion & jomffance de toures les Villes, Chatelenus, Diftriéts & Départemens retrocédés par la France, fuivant la teneur du premier Article du Trairé de Barrière. Et Sa Majefté Impériale & Catholique remettn pareiilemenc inceflamment, après ledit échange des Ratifications , a Leurs Hautes Puiffances la poflèflion du Terrain & des Polders qu'Elle leur a cédés en Flandre par l'Article premier de cette Convention. VII. Au refte, le Traité de Barrière, & l'Article féparé du quinzieme de Novembre mil fept eens quinze , feront confirmés , comme ils font confirmés par ces préfentes, en tout & en chacun de leurs Articles, en tant qu'il n'y a rien de chailgé par les Articles de cette Convention. VIII. Comme pour plus grande fureté & exécution du Traité de la Barrière, Sa Majefté Britannique a confirmé & garanti ledit Traité, ainfi Sadite Majefté promet 6> s'engage-de même, de confirmer & de garantir Ia préfente Convention, comme Elle la confirme & garantit par cet Article. IX. Le préfent Traité fera ratifié & approuvé par Sa Majefté Impériale & Catholique, par Sa Majefté Britannique, & par les Seigneurs Etats Généraux dos Provinces-Unies, & les Lettres de ratification feront délivrées dans le terme de fix femaincs, ou plutöt fl faire fe peut, a compter du jour de la fignature. En foi de quoi nous Ambafladeurs & Plénipotentiaires de Sa Majefté impériale & Catholique, & tie Sa Majefté Britannique, & Députés & Plénipotentiaires des Seigneurs Etats Généraux, en vertu de nos Pouvoin  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 451 refbeftifs. avons éfdics noms, iW ces préfentes de nos feings ordinai- 1 ' _ _■ ' i_> . ». . T7>_r. i. 1_ Ll„..« nUUHUUC res, & a icelles fait appoier les Cachets de nos Armes. wi * » "*yc l697juj>. le vingt - deuxieme Décembre mil fept cent dix-huit. ques a nos jours. Signé, (L. S.) Le M. de Prié. (L. S.) Gafog*». (L. S.) ^ B. v. JVynbergen. >;.\ / (L. S.) të*» *r D fingults ejus articulis & claufulis, approbavimus, & ratam firmamque habuimus, fmtt per praefentes pro nobis , haerèdibus & füccefforibusnoflris, eandem approbavimus, & ratam firmamque habemus-, f pondentes & m verbo Regio promittentes, nes praediclam conventionem, omniaque & fingula quae in ea continentttr fancle & inviolabiliter praefiitu-ros, ac obfèrvaturos, neque paffuros unquam, quantum in nobis eft, ut a quopiam violentur, aut ut iis quocunque modo in eontrarium eatur. In quorum^ majorem fidem & robur, hifce praefentibus manu noflra^ Regia fignatis, magnum noftrum Magnae Britanniae figilhim appendi fecimus. LJabantur in Palatio, noftro divi Jacobi die decimo tertio menfis■.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 453 Januarü, anno Domini milkfimo feptingentefimo decimo (oclavo') nono , . regnique noflri quinto. Signatum er at GEORGIUS R. S'en fuit la Ratification des Seigneurs Etats ■ Généraux des Provinces- j Unies des Pays-Bas, fur la Convention du Traité de Barrière. Les Ecats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas, a cous ceux, qui ces préfentes verront, Saluc: Ayant vu & examiné la Convention conclue & fignée ici it la Haye le 22 Décembre 1718 entre Sa Majeflé Impériale & Catholique, Sa Majeflé le Roi de la Grande Bretagne, & Nous, au fujet de 1'exécution du Traité de Barrière, conclu a Anvers le 15 Novembre 1715,, de laquelle Convention la teneur s'enfuit. Fiat Infertio* Nous avons agréé, approuvé, & ratifié, agréons, approuvons-, & ratifions ladite Convention, promettant fincerement & de bonne foi, de 1'obferver, accomplir & exécuter, un chacun de fes articles, fans aller au contraire direétement, ni indireétement, en quelque maniere que ce foit. En foi de quoi Nous avons fait munir ces Préfentes de notre Grand Sceau, les avons fait figner par le Préfident de notre affemblée, &. fouffigner par notre Greffier, a la Haye le 1 Février 1719. Etoit paraphé, Van Noortwyck. Signé, F. FageL En 1728 le Mémoire fuivant fut communiqué a la Haye au Comte de Konigfegg - Erps, a Bruxelles a 1'Archiducheffe Gouvernante & a Vienne aux Miniilres de 1'Empereur , comme contenant des griefs qui. devoient être portés au Congrès de Soiflbns, fi le Gouvernement des Pays-Bas n'aimoic mieux les redreffer fuivant 1'équité., avant qu'on lesmit fur le tapis. " Mémoire contenant les Points qui concernent 1'exécution du Traité de Barrière de fan 1715 & de la Convention de l'année 1718, les* quels en tout ou en partie ne font pas exécutés. En premier lieu, a 1'égard de la féparation des Limites en Flandre, ' dont il a été convenu par l'Article 17 du Traité de Barrière, & qui a été plus précifément réglé par le premier Art. de la derniere Convendon, ayant été examiné ou cette importante affaire efl reflée en dernier lieu, & a quoi il a tenu que la derniere Convention dont on étoit tombé d'accord, pour écarter toutes les difficultés fur ce fujet, n'ait point eu» fon effet jufques a préfent, la Convention marquant non feulement les iimites avec la derniere précifion, mais fe rapportant de plus a une Carte ümraüve formée par ordre du Sr. Marquis de Prié fur les lieux mêmes, Lil 3 'lift. de lollande. [697. juflues a nos ours.  454 HISTOIRE DE HOLLANDE Sec». XIII. Hifi. de Hollande. 1697, -j*fques a nos jours. j i ] ] i ] < 1 3 < ( i ! * 1 < 1 j 1 & fignée de part & d'autre, les limites fur cette carte étant défignces, d'un point a 1'autre, & la féparation marquée par les Chemins, les Digues & les Canaux, le tout d'une maniere fi claire & fi précife, que la féparation s'y rencontre d'elle-même, excepté par rapport aux limites aux environs du Sas de Gand, oü on eft convenu de mefurer de nouveau les diftances; il fe trouve par cet examen, que peu de tems après ladite Convention, on a prétendu de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique, que fur le fond même il falloit faire une nouveile défignation des limites en mettant desPoteaux depuis Ia Mer jufqu'a 1'Efcaut, principalement fur ce fondement, qu'on fe feroit mépris en quelques endroits de la carte figuradve, en ce que quelques chemins, digues ou canaux, étant examinés fur les lieux mêmes, peut-être ne fe trouve-' roient pas conformes a ce qu'ils font marqués fur la carte. Qu'en pofant ce fondement, L. H. P. n'ont pas pü confentir a s'engagcr a une nouvelle défignation des Limites fur les lieux, paree qu'elles ont regardé cette prétention comme un point d'oü on auroit pü prendre jeeafion de changer de nouveau les limites réglées par la derniere Conrention, & marquées fur la carte figurative, & ainfi rendre de nouveau ncertain le tout dont on étoit convenu; néanmoins fur les preflantes intances du Sr. Marquis de Prié, afin qu'on fit une nouvelle défignation des imir.es fur les lieux, Elles réfolurent le 14 Février 1720 d'ordonner au léfident Pefters, qu'encore que L. H. P. ne jugeaflènt pas une nouvelle léfignation des Limites en Flandre fur les lieux fi nécefiaire, que le Sr. vlarquis de Prié la prétendoit, que néanmoins elles pourroient confentir, jue ces limites fuflènt marquées fur le terrain par la pofition des poteaux, ion feulement aux environs du Sas de Gand, mais aufli a commencer de a mer du Nord, jufques en deca du Canal, nommé le Zoute, au deflus lu Fort St. Donas, & plus loin, en traverfant les Polders dans tous les ndroits oü les fufdites limites ne fe trouveroient point défignées aflèz claiement par des Chemins & par des Canaux. Qu'ayant cru , que par cette condefcendance les difficultés mifes en vant feroient écartées , quelque tems après on a voulu commencer ubitement a marquer les limites; mais au lieu qu'auparavant & toujours lu cöté de Sa Majefté Impériale & Catholique, on avoit lbutenu même ivec ardeur, qu'on ne devoit point commencer a marquer les hornes , ii au Sas de Gand, comme L. H. P. le croyoient équitable, paree ju'en effet, la les hornes étoient les plus finon uniquement nécefiaires, d ailleurs, mais précifement du cöté de la Mer, au Nord-Eft du fort St. ?aul, préfentement rafé, & ainfi de fuite, conformément au contenu le la nouvelle convention; au contraire le Colonel & Ingénieur Baufe, :omme autorilè de la part de Sa Majefté Impériale & Catholique, a entre)ris de commencer tout a 1'oppofite, favoir du cöté de 1'Efcaut, au Vilage & au Polder nommé le Doel; que felon toutes les apparences ceci fa été fait pour aucune autre raifon que paree que ledit Colonel & Ingénieur Baufe , par rapport audit Village & Polder avoit inventé m fubterfuge ou une chicane, par oü il a 1911 empêcher qu'on n'ait mis  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 455 aucun poteau en terre; enforte que toute la féparation des limites eft rpfl-pp ïnfinn*^ ce ioiird'hui fans exécution. Que le fufdit fubterfuge inventé par ledit Colonel & Ingénieur Baufe, pour empêc'her la féparation des limites, revient k ceci, favoir que le Polder le Doel ne feroit k être confidéré que comme un enclavement' cédé k la République, & qu'ainfi les limites a Pentour du Polder du Doel devroient être marqués par des Poteaux a mettre fur les digues, & les alluvions naturelles de ce Polder refteroient k Sa Majefté Impériale & Catholique. Que bien que les raifons fur lefquelles on prétend fe fonder a 1'égard de cette prétention infoutenable, ont été mifes par écrit, envoyées a L. H P. par le Réfident Pefters, avec fa lettre rccue le 22 Juin 1723; mais que la maniere qu'on vient de rapporter, avec laquelle on agiftbic dans cette affaire, auffi bien que la foib'effe des argumens deftitués notoirement de tout fondement, dont on s'eft fervi dans cet écrit, pour donner quelque couleur audit fubterfuge, ayent fait voir k L. H. P. que 1'intention n'étoit point de finir cette affaire dans un tems qu'on venoit d'accorder un Ocbroi a la Compagnie d'Oftende , nonobftant toutes les inftances & les juftes repréfentations de L. H. P. contre la navigation des »-> r> a • TUD -.„- 1„;<7X lo^.V A^,r Pono rays-Das Aucneniens aux xuues, 1^. li. c. fit uuuc n-un. ^u<. miw iwponfe, & ont cru devoir fufpendre pour quelque tems, leurs inftances dans cette affaire, touchant la féparation des limites en Flandres, quelqu'importante qu'elle foit pour L. H. P. Qu'encore il ne fera pas néceffaire d'entrer dans une difcuffion ou réfutation du fufdit écrit, qu'on ne peut attribuer qu'au tems malheureux dont on vient de faire mention; que pour faire voir 1'inucilicé d'une grande difcuflion, on n'a qu'a remarqueren paffant , que dans le iu'dit Ecrit le principal fondement fur lequel on s'appuye pour faire valoir la précention avancée, eft qu'on pofe en fait, que le Doel ne feroit point un Village, mais un Polder particulier, de la dépendance, & faifant partie du Village, nommé Kieldregt, pour en tirer cette conféquence, que le Doel n'étant pas un Village, les Digues «Sc les alluvions naturelles n'appartiennent point au Doel, mais k Kieldregt, nonobftant qu'il eft dit en termes expres dans le Trairé de Barrière, qui font répétés dans la nouvelle Convention, que Sa Majefté Impériale cede en 'pleine & entiere fouveraineté k L. H. P. le Village & Polder de Doel, comme auffi les Polders de Ste. Anne & Keteniflè, d'oü il s'enfuit, en fe fervant de cette même conféquence, que conformément a la lettre du Traité & de la Cotivention, les digues cc les alluvions naturelles font comprifes dans la ceffion, quand on a nommé le Village de Doel. En fecond lieu, fi, comme on le prétend, le Village & Polder de Doel étoit un enclavement entouré de toutes parts des terres de 1'Ëmpereur , que par-la même le fens & tout le but de ce dont on eft convenu, feroit entierement annullé & anéanti; puisqu'en termes exprèsil a été ftipulé dans le Traité de la Barrière, & répété dans la derniere Convention, que la Ceflion du Village & Polder de Doel, comme auffi: des Polders Ste. Anne & Keteniffè, eft, faite, afin que le bas Efcaut & la Hift. de Hollande, 1ÖP7 . ƒ»/ lues è nu. 'ours.  Sect. XIII. Hifi. de llollunde. 1697, jufques a nos jours. 456 HISTOIRE DE HOLLANDE communication entre le Brabant & la Flandre du rejjbrt de 1'Etat, foit confervée; au lieu, qu'au contraire, fi, fuivant ce qu'on a voulu prétendrc, les poteaux pour marquer les limites feroient mis fur les digues k 1'entour du Doel, on ne pourroit aucunement toucher au bord & au rivage de la riviere fans palier le territoire de 1'Empereur, par oü la fufdke Ceflion contre la lettre , contre le fens, & contre le but de ce qui a été convenu, feroit rendue inutile k 1'Etat; & au contraire , fi les digues & les alluvions naturelles fuflènt réfervées a 1'Empereur , on en pourroit faire un ufage directement oppofé k la lettre , au fens & au but du Traité. Et de plus , non feulement la communication entre le Brabant & la Flandre Hollandoife, & en particulier entre Lillo, la principale Clef du Bas Efcaut, que 1'Etat, polféde du cöté du Brabant, feroit coupée avec la Flandre, mais même la communication du Doel avec la Flandre Hollandoife feroit ö;ée, puisqu'on ne pourroit mettre le pied hors du Polder de Doel , fans toucher le territoire de 1'Empereur, ce qui certainement efl: directement contraire au Traité de Barrière, & k la derniere Convention, & fait voir en même tems de quelle conféquence ces alluvions, quelques petites qu'elles foient en elles-mêmes, font pour la République, puisqu'elles doivent fervir k la confervation de 1'Efcaut inférieur & k la communication du Brabant avec la Flandre Hollandoife; au lieu que ces alluvions ne peuvent être d'aucune ou de peu d'utilité pour Sa Majeflé Impériale & Catholique. Que fur ce fondement il fera nécefiaire de faire au plutót de nouvelles inilances k Vienne & k Bruxellles, afin que Sa Majeflé Impériale & Catholique veuille ordonner qu'on fe défifle de la fufdite prétention, & qu'on reprenne & acheve la fufdite féparation des limites, conformément au Traité & k la Convention. En troifieme lieu, le grief de L. H. P. touchant la levée des Droits d'entrée & de fortie tout le long de la Meufe dans le haut quartier de Gueldre, refte encore indéterminé; le 18e. Article du Traité de Barrière fait mention de ces Droits. Par cet Article , il eft expreflement ftipulé, que ces Droits ne pourront être hauffés en tout ou en partie , que d'un commun confentement, cj? que Sa Majefté Impériale & Catholique tireroit pour fon profit ceux qui fe levent a Roermonde & a JSlavaigne, & L. II. P. ceux qui fe levent a Venlo. II eft connu que Sa Majefté le Roi de Pruflè, en vertu de la Ceflion que Sa Majefté Impériale & Catholique lui a faite d'une partie du haut quartier de Gueldre, a prétendu devoir avoir portion dans cesdits Droits, & que le différend qu'a le Roi de Pruflè k ce fujet avec Sa Majefté Impériale & Catholique k caufé que le Roi de Pruflè a pü trouver bon d'ériger un Bureau k Wefel, oü les Droits fe levent encore actuellement au grand préjudice de PEtat, paree que cette nouvelle & doublé impofition arrêté & fait ceflèr entierement le Commerce le long de la Meufe, & que les Droits qui fe levent a Venlo de la part de PEtat s'en vont k rien. Qu'il  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 457 (Vil-eft inconteflable, que ce différend entre Sa Majefté Impériale 6c Catholique 6c Sa Majefté Pruffienne, provenant d une ceffion faite par Sa Majefté Impériale antérieurement au Traité de Barrière, ne regarde aa ivwjcuc x p ^ p qu'ainfi L. H. P. font en droit de réclamer Srie's Majefté Impériale 6c Catholique le Droit a cet égard, qui leur a été Cédé 6c promis par le Traité de Barrière; favoir, que dans le haut quartier de Gueldre, ces Droits d'entrée 6c de fortie non feulement ne foient pas hauffés, mais que de plus ils nefoient leves qu a Roermonde Navaigne 6c Venlo, fans qu'il foit néceffaire que L. II. P. ^Zl tns tanen fi, 6c jufqu'a quel point, Sa Majefté Impériale, avec laquelle feule Elles ont contraóté, s'eft engagée ou non, avec le Roi de Pruflè, concernant lesdits Droits, par une ceffion anteneure; mais qu'en tout cas L. H. P. de quelque maniere que cette ceffion foit ftite, peuvent & doivent fe tenir k Sa Majefté Impériale & Catholique, comme a celui avec qui Elles ont contraélé 6c qui eft obhge daccoraplir ce qu'il a promis par un Traité formel. Oue L 11 P a caufe de ces importans 6c onéreux gnefs, que la République & fesSujets commercans fur la Meufe fouffrent par-la; avec tout 1'empreflèment 6c toutes les inftances poffibles ont tache de potter Sa Maiefté Impériale 6c Catholique a terminer a lamiable ce différend avec le Roi de Pruffe; qu'entr'autres k cet effet on a fait voir cla.rement que quand tout le Droit feroit du cöté de Sa Majefté Imperia e & Catholique, Sadite Majefté Impériale 6c Catholique, non plus que L. H. P. profiteróient peu ou point du provenu de ces Dro.ts, a caufe des affeclations dont il eft: chargé; 6c qui font plus amplement mentionnees dans le Traité de Barrière, 6c* que le profit qu'on en feroit fuppofe qud y en eüt, ne pourroit pas contrebalancer le dommage caufé a Sa Majefté . 6c C. &fa la République, 6c aux fujets de l'un 6c de 1'autre, tant que les chofes demeureront fur le pied qu'elles font préfentement. Qu'en 1'année 1720 le Sr. Comte de Cadogan, Ambafladeur Extraordinaire de Sa Majefté le Rof de la Grande-Bretagne, allant k Vienne, avant fon départ, ayant entr'autres été requis k 1'égard de cet important S ■ de feconder par fes bons offices 1'intention de L H. P, A s en tok'enluivi , que de la part de Sa Majeflé Impériale 6c Catholique on a bien fait efpérer, qu'on voudroit entrer dans un accommodement fur ce firjet qu'aufli en la même année le Sr. Nenny fut envoyé ici par le Marquis de Prié, pour négocier fur les Articles inexecutes du Traite 6c de la nouvelle Convention de Barrière; mais ayant éte parlé audit Sr. Nenny fur cet article, il déclara „ que Sa Majefté Impériale avoit cidevant foutenu, 6c étoit encore de fentiment que Sa Majefté le Roi " de Pruflè n'avoit aucun droit de lever lefdits Droits 6c qud croyoit que L. H. P. devoient foutenir ce point qu'elle fe défiftoit de la levée de ces Droits; mais comme Sa Majefté Impériale 6c Catholique remarquoi. ' que L H. P. étoient portées k venir lk-deffus en compofition avec Sa Ma" jefté Pruffienne,que Sa Majefté Impériale 6c Catholique auffi feroit portet " rterminer ce différend a 1'amiable; mais^ue Sa Majefté Impériale & " Catholique confidérant la levée des droits le long de Ia Meufe par S. " Tome XLIV. Mmm Kift. de Hollande. 1697. jufques a nos jours.  Sect. XIIL Hift. de Hollande, 1697 » jufques a nos jours. 458 HISTOIRE DE HOLLANDE „ Majeflé Pruffienne., comme un attentat par voye de fait, cet attentat „ devoit être réparé, avant que Sa Majefté Impériale & Catholique put „ entrer la-deflus en aucune négociation avec le Roi de Pruffe; mais „ qu'il falloit que le Roi de Pruffe remit premierement la chofe en fon „ entier, en faifant ceflèr la levée des fufdits droits fur la Meufe, & que „ par rapport a cette négociation c'étoit une condition fine qua non." Que la-deflus L. H. P. ont bien paffe leurs offices d'un cöté, pour, s'il étoit poflible, perfuader le Roi de Pruflè de fe défifter de la levée des fufdits droits, & après cela de convenir la-deflus a 1'amiable, & de 1'autre cöté pour porter Sa Majefté Impériale & Catholique de fe départir de cetce condition fine qud non, mais que L. H. P. ont jufqu'ici eu le malheur d'y travailler en vain: Paffaire ayant refté-la, fans qu'elle ait pü être termmée; ce qui caufe une perte irréparable pour le Commerce fur la Meufe, & un trés-grand & fenfible dommage a la République & a fes bons fujets. Que rien ne fera plus agréable a L. H. P. que de voir encore au plutöt la fin de ce différend entre Sa Majefté Impériale & Catholique & Sa Majefté Pruffienne, & qu'on les trouvera toujours prêtes d'y concribuer & de coopérer autant qu'il dépendra d'Elles. Mais que L. H. P. a caufe des circonftances fusmentionnées, a préfent ont tant plus de raifon de fe tenir poncbuellement & précilèment au Traité de la Barrière, fans fe départir le moins du monde du droit qu'elles ont acquis par-la; que ledit Traité, ainfi qu'il a été remarqué ci-deflus, ayant été conclu feulement entre Sa Majefté Impériale & Catholique & L. H. P. Elles ne peuvent fur aucun fondement s'adreflèr autre part qu'a Sa Majefté Impériale & Catholique pour 1'accompliffement & 1'exécution de ce qui a été promis & ftipulé par ledit Traité ; & que L. H. P. doivent s'en remettre a Sadite Majefté Impériale fi, & de quelle maniere Elle pourra fausfaire le Roi de Pruflè, par rapport a une prétention qui tire fa fource d'un Traité & d'une ceflion entre Sa Majefté Impériale & ledit Roi, auquel Traité L. H. P. n'ont aucune part, & lequel par conféquent ne touche pas a L. H. P. Que fur ce fondement il feroit nécefiaire de faire repréfenter Ie contenu de cet article a Sa Majefté Impériale de la même maniere qu'il 1'eft par rapport au premier point, concernant la féparation des Limites en Flandres. En quatrieme lieu, qu'il eft ftipulé par le même article 18. que dans le payement des dettes & des charges faites St conftituées fur la Généralité du Plaut Quartier de Gueldres, PEtat concourera pour fa quoteparc, felon la proportion contenue dans la Matricule de tout le haut quartier, a quoi PEtat a toujours été prêt & 1'eft encore ; c'eft pourquoi il a fouvent infilté que Pon fit la liquidation & le partage des rentes & des impofitions affeétées fur les revenus ou Onraads Penningen, ainfi nommés, dudit liaut quartier, & a cette fin le Receveur van Afferden, autorifé par le Confeil d'Etat, a été envoyé plufieurs fois a Roermonde, pour finir cette affaire avec les Commifiaires autorifés femblablement de E part de Sa Majefté Impériale ; & ledit Receveur eft encore acbuelle-  OU DES PROVINCES UNIES Liv. XXXIII. Sect. XIIL 459 ment chargé de tacher de re-entamer ces conférences, & d'y apporter de fon cöté toute facilité, pour parvenir a une bonne fin : qu'ainfi il feroit a fouhaiter que 1'Archiduchcflè Gouvernante des Pays-Bas voulut donner pareil le charge & autorifation aux Commifiaires de fa part, & cela avec la concurrence d'un Commiflaire de Son Alteffe Electorale Paladne, qui, comme Seigneur d'Erkelens, y a auffi intérêt, puifque fans fa concurrence cette liquidation & ce partage ne pourra pas bien fe faire com modement; qu'ainfi fera nécefiaire, que la Régence d'Erkelens foit requife par les Commifiaires des deux Puiflances, pour que de la part de Son Altefle Elect. quelqu'un foit aufli envoyé, inftruit & autorifé pour affifler a ces conférences, & pour concourir a faire & a arrêter la liquidation & le partage des charges & des rentes affettées fur les revenus nommés 1'Onraad. En cinquieme lieu, parmi les négociations qui ont été faites pour Sa Majefté Catholique Charles fecond de glorieufe mémoire: lefquelles Sa Majefté Impériale & Catholique a reconnues par le 22e. article du Traité & promis d'y fatisfaire, il y a la troifieme fur la lifte mife derrière cet article, favoir celle de 567000 florins,.argenc de Hollande, faite fuivant acte du 15 Janvier 1692. En conformité de 1'obligadon les intéréts de cette négociation doivent être payés, pour une troifieme partie, des fubfides annuels de Waert, Nederwaert & de WefTem, & pour deux troifiemes des fubfides du haut quartier de Gueldres, auxquels payements fur un ordre expres du Marquis de Gaftanago, donné de la part du Roi d'Efpagne, les Bourguemaitres & Echevins de Waert, Nederwaert & Weflem fufdits & les Etats du Haut Quartier fe font engagés par un acte formel. De ce Capital, fuivant la liquidation du 22 Décembre 1718, faite avec Sa Majefté Impériale & Catholique , il refte encore a rembourfer une fomme de 460549. 18. 12. dont les intéréts a 6 pour cent montent a 27632. 16 & 6: ainfi t qui eft la portion de ceux de Waert, eft 9210. 18. 12 & ! dus des fubfides du Haut Quartier 18421. 17. 8: en quoi fuivant la Matricule a 1'égard des fubfides doivent porter la Ville de Roermonde & les Villages poffédés par Sa Majefté Impériale. 1603- 3-8 La partie du Haut-Quartier cédée par Sa Majefté Impériale au Roi de Pruflè. 13081-17-9 La Ville de Venlo & ce qui eft de plus poffédé par PEtat 3152.17-9 La Ville d'Erkelens. 583-19-0 18421 -17 - 8 L'Etat a toujours été prêt de concourir au payement de cette dette, & dans cette charge conftituée fur la Généralité du Haut-Quarticr, fuivant 1'obligadon qu'il s'en eft faite par Partiele 18 du Traité , & y a fucceffivement fatisfait; mais leur contingent a beaucoup prés n'étanc pas fuffifant a payer les intéréts, & par le défaut de payement du furplus les arrérages ayant monté confidérablement, L. H. P. ont requis Sa Majeflé Impériale & Catholique par plufieurs inftances réitérées, de faire payer Mmm 2 Hift. de Hollande. 1697' ques d nos iours.  46o HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, juf ques d nos jours. les intéréts, premierement pour le tiers, pour lequel les fubfides de la. Seigneurie de Waert, de Nederwaert & de Weflèm font engagés & ex écutables, Sc en deuxieine lieu auffi k 1'égard des deux tiers qui doivent être. payés des fubfides du Haut - Quartier de Gueldre, pour le Contingent de fa Ville de Roermonde Sc des Villages dont Sa Majefté Impériale eft en pofleflion, comme aufli pour les Bailliages & Villages pofledés par le Roi. de Pruflè, & par Son Alr.eflè Electorale Palatine, en vertu de la ceflion de Sa Majefté Impériale & Catholique, puifque Sadite Majefté Impériale ayant reconnu cette obligation & ayant promis d'y facisfaire, Elle ne peut pas s'en difpenfer; Sc comme débiteur original , en droit Sc cquité, elle doit pourvoir k ce que cette dette foit payée par Sa Majefté Impériale même , ou par ceux k qui Sa Majefté Impériale , fans la connoiflance 6c le confentement de 1'Etat, a obligé, tranfporté 6c cédé Phypothéque fpéciale de cette dette: fur quoi après que quelques difficultés furent avancées, 6c qu'elles furent levées, Sa Majefté Impériale a fait déclarer qu'elle étoit prête de faire payer le tiers du par ceux de Waert, Nederwaert & Weflèm, 6c femblablement fon contingent dans les deux autres tiers des Subfides du Haut-Quartier fuivant la Matricule ordinaire pour cette partie, que Sa Mujefié Impéiiale avoit retenu k Elle Sc dont Elle étoit encore en pofleflion; mais que pour le refle le payement devoit venir de la partie cédée au Roi de Pruflè 6c k 1'Eleéteur Palatin, 6c que ce n'étoit pas Sa Majefté Impériale, mais les fufdits Ceflionnaires, k qui l'on devoit le demander, afin que chacun payat k proportion de ce qu'il pofféde: fur quoi L. H. P. ont déclaré, qu'encore qu'elles fe doivent tenir k Sa Majefté Impériale 6c Catholique comme au débiteur principal 6c original,que pourtant elles verroient avec plaifir, que Sa Majefté le Roi de Pruflè, Sc Son Alteffe ElecL Palatine puffent être difpofées a payer chacun leur portion, 6c qu'elles étoient prêces d'employer leurs bons offices k cet effet; elles ont effbclivement employé avec tant de fuccès leurs bons offices, k 1'égard de PElecbeur Palatin en Janvier de 1'année paffee, qu'il fut fait un accord par rapport au payement de ces intéréts Sc des arrérages avec les Commifiaires de la Ville d'Erkelens ,. pour la quotepart de cette dite Ville; fur quoi on a commencé k faire le payement: mais pour ce qui eft des offices employés auprès du Roi de Pruflè, ils n'ont été d'aucun fuccès, Sadite Majefté ayant refufé le payement; c'eft pourquoi il fera nécefiaire de faire de nouvelles. inftances, pour que Sa Majefté Impériale veuille faire en forte que fuivant 1'obligadon dans laquelle: celle de Sa Majefté Catholique Charles II. de glorieufe mémoire, reconnue 6c acceptée par Partiele XXil. du Traité de Barrière, met Sa Majefté Impériale, afin que les Sujets de la République, qui ont avancé leur argent fur ladite Obligation, qui ont langui fi longtems après ce payement, 6c qui k caufe du défaut font, non fans raifon, des plaintes continuelles,. foient enfin contentés, foit que ce payement fe fafiè par Sa Majefté Impériale, le débiteur principal, foit par Sa Majefté le Roi de Pruflè, quand il y fera porté par Sa Majefté Impériale. Qu'en tout cas il fera néceffaire , comme il eft équitable , que provifionnellement on fafiè payer de ia part de Sa Majefté Impériale Sc Catholique cette partie de la. dette k  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 4tfi laquelle Sa Majefté Impériale a déclaré depuis fi long-tems vouloir fatis i faire, favoir par rapport a ce que doivent ceux de Waert, Nederwaert * & Weflèm fur le f des intéréts, & par rapporc a la quotepart de la Vdle * de Roermonde & des Villages que Sa- Majefté Impériale a retenus a elle, ■ & dont elle eft en pofleflion fur ces deux Articles: a compter jufqu'a Pan- . née paflee 1727 inclufivement , les arrérages montent h une fomme de 66019-8-8. argent.de Hollande, fuivant le Calcul qui fuit. Le \ de ceux de Waert, de Nederwaert & de Weflèm fe monte par an a 9210-18-12. pour douze ans 1716*1727.. 110531-5-0 Sur quoi payé en plufieurs fois. 63750 -0-0 Refle 46781-5-0 La quotepart de ce que Sa Majefté Impériale polféde dans le Haut-Quartier , & qu'elle a retenu a Elle , dans les I, monte par an a 1603- 3-8. pour douze années comme ci-deflus; fur cet Article aucun payement ne s'eft fait. 19238-3-8 Ainfi les arrérages enfemble font 66019-8-8 Le tout outre les frais de la remife des 6375 florins payés & ceux qui feront nécefiaires pour les remifes & Pavenir , a moins que Sa Majefté Impériale , comme il s'eft pratiqué du tems de Sa Majefté Catholique Charles II. ne faflè faire le payement au Comptoir Général a la Haye, oü les intéréts doivent être payés au porteur; il fera d'autant plus néceffaire , que l'on pourvoye au payement de ces intéréts , paree que le Capital doit être rembourfé du revenu des droits du fort Marie, auflitöt qu'après le payement des intéréts il reftera quelque argent, & que Pon ne peut faire aucun rembourfement. du Capital,, a moins que les intéréts ne foient tous psyés auparavant. En fixieme lieu , dans le Mémoire des Négociations faites durant h Gouvernement provifionnel de Sa Majefté Britannique cc de L. fl. P. aux Pays-Bas, lefquelles Sa Majefté Impériale & Catholique a reconnues, approuvées & confirmées, font compris quatre Capitaux, montani enfemble a 1300 mille Livres, dont les intéréts a Cinq & Six pour cem refpecfivement font affignés fur le revenu des Poftes;. dont après quelque rembourfement, il refte encore une fomme de 1221956. 6. 8, dont une année d'intérêt monte a 6jc$j. 16. 4. Par le III. article de la nouvelle Convention Sa Mijefté Impériale & Catholique a promis & s'eft engagée de rémédier au défaut du payement des intéréts, qui étoient beaucoup reftés en arriere, & de faire, auffitöi qu'il feroit poflible, Je. rembourfement du Capital &. des intéréts; les in térêts d'environ 3 ans font néanmoins encore en arriere & montent \ une fomme de e 0,1293. 9. En 1'année 1725 1'adminiftration générale des Poftes dans les Pays Bas Autrichiens fut donnée au Prince de la Tour Taxis , a condition d< fournir par an une fomme de 80 mille florins argent de Flandre , 01 71428. ir. 5 argent de Hollande. Quand L. IL P. ont fait repréfenter la-deflus au Sr. Comte de Daun Mm m 3 lift. de loüande. 607, juf ucs a nos ')urs. i ►  Sect. XIIL Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. 1 ( 462 HISTOIRE DE HOLLANDE pour-lors Gouverneur des Pays-Bas Autrichiens, que ce changement étoit contiaire k 1'article 23 du Traité, dans lequel il a été ftipulé que Sa Majefté Impériale & Catholique fat» le confentement de L. H. P. ne pourroit faire aucun changement dans la direétion ou adminiftration des hypothéques, fur lefquelles les négociations ou emprunts étoient faits, i! a répondu entr'autres que la condition des créanciers par-Ik deviendroit mcillcure, puilqu'ils pouvoient être aflurés que les arrérages ne s'augmenteroient pas , a caufe que ces 80 mille florins feroient payés régujiércmeBt, & que par un ordre exprès de 1'Empereur, on avoit déja fait une difpofition pour le payement des arrérages & qü'affurément dans peu on trouveroie le moyen de rembourlér les Capitaux. Ces 80 mille florins ont bkn été payés; mais touchant le rembourfement des intéréts arriérés & des Capitaux, rien ne s'en eft fuivi, finon qu'on a formé un projet pour s'en acquitter par le moyen d'une réducbon d'intérêts , laquelle L. H. P. par leur réfolution du 28 Janvier 1726 ont fait voir être impraticable, óbipar conféquent non acceptable. Cependant-les arrérages fubfiftent, & le furplus de la fomme annuelle de 80 mille florins argent de Flandre ou 71428. tu 5 argent de Hollande , étant fourni tout entier , ne monte après que les intéréts font payés qu'a 4330. 15. 1 ; enforte que ce n'eft pas de-la qu'on peut trouver les arrérages, outre qu'il faudra en déduire encore, k moins qu'on ne trouve quelqu'autre fonds , les gages du Controleur des Poftes , établi de la part de PEtat, ■ pour plus grande füreté de leurs fujets k 1'égard de Pargent qu'ils ont fourni fur les emprunts, conformément au contenu des obligations; pour le moins cette déduftion doit avoir lieu pendant la vis de celui qui eft k préfent Controleur , ainfi que le Réfident Pellers efl chargé d; faire lk-deflus fes inftances. ^ C'eft pourquoi il fera néceffaire d'infifter de nouveau, a ce que fuivant Partiele 3 de la nouvelle Convention, & fuivant la promefiè faite en conféquence en Pan 1725 par le Sr. Comte de Daun, on ait foin encore pour qu'on fafiè enfin le .rembourfement des intéréts arriérés, qui fe montent k la fomme d'environ 200 mille Livres & des Capitaux mêmes, pour le moins qu'on pouivoye promptement au payement des intéréts arriérés, & que l'on regie des termes fixes & raifonnables pour le rembourfement du Capital, & qua cet effet on aflette un fonds fuffifant, & qu'on donne une füreté raifonnable. En feptieme lieu, par le deuxieme Article de la Convention, touchant 1'exécution de quelques Articles & points du Traité de la Barrière rélatif iu 19 & k un Article féparé du Traité, on a promis k PEtat un fubfide ie 1250 mille L. par an, dont 700 mille L. outre 1'hypothéque générale fur tous les revenus des Pays-Bas Autrichiens, font affignés fpécialement fur les Pays,- villes, &c. retrocédés par la France, & il a été :onvenu que de trois mois en trois mois on payeroit la quatrieme partie le cette fomme. Sur ces 700 mille L. nonobftant plufieurs & de continuelles inftances k repréfentations faites la-deflus, il y a 16 mois qu'ils font en arriere; :e qui eft direclement contraire au fufdit Article, par lequel pour aflurer  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 4G3 tant qu'il feroit poffible ce payement, il a été ftipulé & promis, qü'ert cas que les fermiers manquaffent de payer, ou que la nécefllté obligeftt a diminuer les revenus par des remiffions, que ce qui nnnqueroit par la aux 700 mille L. feroit fuppléé même des revenus des Domaines dans les autres Provinces des Pays-Bas Autrichiens, & que le défaut' feroit fuppléé par quelqu'autre moyen fuffifant au contentement de PEtat, & en même tems toute diverfion de ce revenu a été prohibée le plus formellement. Afin que cet arrérage füt payé, on a fait a Ia Cour de PArchiducheffe Gouvernante, & auprès de Sa Majefté Impériale & Catholique même, de continüelles inftances , auxquelles on a répondu par da bonnes paroles, qui font reflées jufqu'a préfent fans aucun effet: on allégue pour excufer ce retardement ou ce défaut, que les revenus des Villes & Cha* tellenics retrocédées , ne fe pryent pas fi réguliérement , que l'on en puiflè payer lefdites 700 mille L. aux termes réglés: mais cette allégation ne fuffic pas a excufer ce grand défauc dans le payement; ce qui paroicra , fi Pon veut confidérer, premierement que les revenus des Pays retrocédés montent a beaucoup plus qu'aux 700 miile L. dües a 1'Ecat, & que,quand même un payement plus lent de ces revenus auroit pü caufer ■ quelques arrérages, ces arrérages auroient dü devenir moindres de tems en tems, par les excrefcences des années précédentes, lorsque les revenus ont été plus grands, quand on auroit pü les joindre aux revenus des années fuivantes ; outre qu'en fecond lieu, une bonne partie des revenus des Pays retrocédés, confiftent en fermes, fur lefquelles il ne peut pas y avoir des arrérages confidérables, enforte que du montant de ces fermes on peut payer promptement plus de la moitié de ce fubfide; il eft aifé de comprendre par-la que ces grands arrérages par rapport auxdites 700 mille L. ne procédent point de 1'infuffilance des fubfides ou contributions des Villes & Chatellenies, ou de ce que par des levées de fubfides extraordinaires, ces Villes & Chatellenies font mifes hors d'état de porter leurs Charges ordinaires, ou de ce que ces revenus dans un tems ou autre, auront été divertis, fur quoi de la part de PEtat on ne veut poinc entrer en difcuffion ; ou peut-être de toutes ces caufes enfemble. C'eft pourquoi il faudra infifter a ce que dorénavant ces 700 mille Liv. foienc promptement payées par quartiers de trois mois en trois mois, fuivant la Lettre claire du Traité & de ce qui a été convenu fur ce fujet, & a ce que cela foit exécuté précifément en toutes fes parties , comme auffi l'on donne un Etat de ce que les Villes & Chatellenies font en arriere. s'il y a des arrérages, d'oü on pourra tirer le payement de ce qui eft dü a PEtat en tout ou en partie, & au cas que ces arrérages n'y puiffènt pas fuffire en tout ou en partie , qu'alors on indique «St affcéte d'autres moyens fuffifants, par lefquels PEtat puiflè être fatisfait, afin qu'il ne foit pas contraint de fe fervir des moyens d'exécution (St de contrainte , réglés «St arrêtés, conformément a ce qui a été convenu. En huitieme lieu, fuivant le 4 Article de la nouvelle Convention , «St de la maniere y ftipulée. PEtat doit être rembourfé des 705011. 18. ic dont Sa Majefté Impériale «St Catholique eft reftée redevable, par Ia liquidation arrêtée le même jour, «St les intéréts jufqu'au rembourfemem Ht% de Hollande. 1697. jufques a nos tours.  4^4 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. Ue Hollande. 1697, jufques è nos jours. aétuel, en doivent être payés k deux «Sc demi pour cent par an , ou de la partie qui n'aura pas été rembourfée. Au tems de la Conclufion de ladite Convention & Liquidation , aux inftances trés-fortes du Sr. Marquis de Prié, qui prefibic ce point avec beaucoup d'ardeur, 1'Etat fut contraint de confentir qu'on admettoit parmi ce rembourfement la fomme de 320 mille Livres en Ordonnances quittancées , étant entre les mains des Entrepreneurs demeurans dans les Pays - Bas Autrichiens. L'admiflion de ces Ordonnances du rembourfement de deniers avancés pour le payement des intéréts des emprunts, k laquelle 1'Etat s'eft laifië entrainer malgré lui, ayant ainfi été arrêtée, fur les fortes inftances par lefquelles on 1'a prefië k y confentir, on a eu lieu de croire que ces Ordonnances après cela feroient délivrées inceflamment, «Sc c'eft la raifon pourquoi dans 1'arrangement qui fut fait ou propofé depuis pour trouver des fonds fuffifans au payement de plufieurs fommes d'intérêt, dont on étoit redevable k 1'Etat, on a compté feulement k 1'égard de la fufdite fomme de 705011. 18. 10 les intéréts, en défalquant du Total lefdites 320 mille L. «Sc ainfi les intéréts feulement de 385011. 18. 10. Mais lorsque contre toute attente, après qu'un an fut écoulé, on vit que les fufdites Ordonnances quittancées n'étoient point délivrées , 1'Etat fit demander auflitöt les intéréts de la fomme entiere de 705011. 18. 10 «Sc déclara qu'il feroit toujours prêt d'accepter les fufdites Ordonnances quittancées, montant k la fomme de 320 mille L. en diminution du Capital ; mais que, tant que la fomme Capitale ne feroit pas diminuée par des payemens faits deflus , foit en argent, foit en ordonnances quittancées , jufques au montant de la fomme de 320 mille L. on étoit obligé en toute juftice de payer 1'intérêt de la fomme totale. L'on n'a pü faire k cet égard d'autre objection finon, que 1'Etat ne payant aucun intérêt de ces ordonnances, n'en devoit auffi point tirer de cette partie du Capital qui pouvoit être acquittée par ces ordonnances, «Sc fur ce fondement on a fait difficulté de payer les intéréts de la fomme de 320 mille L., quoique les ordonnances de cette fomme n'ayent point encore été extradées, «Sc dans un projet de nouvelle liquidation, on ne porte point au profit de 1'Etat les intéréts annuels du Capital, qu'en défalquant lefdites 320 mille L. «Sc même on y porte en cette liquidation quelques rembourfemens du Capital, encore qu'une partie des intéréts, comme il eft dit ci-deflus, ne foit point payée. C'eft pourquoi on doit repréfenter que ledit Capital de 705011. 18. 10 étant dü k 1'Etat pour des avances légitimes , dont il n'a ftipulé qu'un petit intérêt de 2f pour Cent jufques au rembourfement, les intéréts de la fomme entiere doivent être payés; qu'il ne change rien k 1'affaire, que 1'Etat, par une condefcendance particuliere , fur les fortes inftances du Miniftre Plénipótentiaire de Sa Majefté Impériale (Sc Catholique, & fur 1'interceflion de celui de Sa Majefté Britannique, a bien voulu confentir qu'une partie du Capital feroit rembourfée en ordonnances quittancées au lieu d'argent. Que 1'Etat eft encore prêt d'accepter ces ordonnances en diminution du Capital; mais que tant que le Capital ne fera point rem-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 4t% rembourfé en tout ou en partie, les intéréts en doivent étre payés, &, qu'on n'en peut faire aucun rembourfement, avant que les intéréts en foient payés ; qu'aufll ce rembourfement fe doit faire dans les termes reglés par le 4 article de Ia Nouvelle Convention. L. H. P. feront bien aifes, fi Sa Majefté Impériale trouve bon de ne pas faire ufage de la condefcendance que 1'Etat a eu de confentir il prendre en payement les ordonnances quittancées, pour la fomme de 320 mille L. en acquit des avances qu'elles ont faites par des deniers empruntés, & dont elles payent un plus gros intérêt, que celui qui a été ftipulé par la Convention; que pourtant elles laiflènt a Sa Majefté Impériale de s'en fervir fi bon lui femble. Mais que cependant elles ne peuvent attendre de la difcrétion & de 1'équité de Sa Majefté Impériale, qu'elle veuille que leur condefcendance leur tourne a préjudice, ni qu'elle veuille faire diffkulté de payer les intéréts & le Capital de la fomme entiere de 705011. 18. 10 de la maniere que ce payement a été reglé & ftipulé par le fufdit 4 article de la Convention. En neuvieme lieu, on a encore depuis peu pris plufieurs réfolutions fur des plaintes qu'on a recues de cë que l'on n'obfervoit point quelques articles du Traité; fur quoi le Réfident Pellers a été chargé de demander qu'on voulut y remédier, fans que cela foit encore fait; aufli on s'eft plaint qu'on n'a pas encore réparé & mis en un état convenable plufieurs batimens & ouvrages qui font it la charge de Sa Majefté Impériale & Catholique, particulierement au Chateau de Nimur, ou a la charge des villes mêmes, comme eft par exemple la réparation très-néceflaire d'une muraille qui s'éboule, le long de la riviere de la Meufe, dans la Ville de Namur; la réparation du lieu a Menin , ou la Garnifon fait le fervice divin. On s'eft plaint de 1'empêchement qu'on a apporté dans 1'exemption des vivres & autres chofes pour les Magafins, & des matériaux pour les fortifieations, ftipulée par le 10 article du Traité; comme auffi dans 1'exemption des Droits des Villes, a 1'égard de ce qui eft néceffaire a 1'ufage des höpitaux militaires & autres chofes femblables, & ainfi du refte, fur quoi le Réfident Peilers pourroit être chargé de faire de nouvelles inftances afin qu'il y foit pourvu, en conformité du Traité, & afin que l'on fafiè au plutöt les réparations qui ne fouffrent point de délais, & pour lefquelles la faifon eft préfentement la plus propre. „ Comme l'on fait quelles difcuflions ont été agitéesde nos jours,au fujet „ de cette Barrière, (1) nous avons cru faire plaifir a nos Leéleurs de raflèm„ bier ci-deflffs toutes ces pieces, afin qu'ils en puiflènt juger eux-mêmes". Pendant que la République s'occupoit de cette grande négociation, le Roi de Pruflè avoit efiayé de s'emparer de quelques terres appartenant a la Dviaifon d'Orange, fur lefquelles il avoit des prérenrions; il avoit en outre établi une Douane prés de Venlo. Les Etats négocierent en-ain auprès.de ce Monarque, ils ne parvinrent point a faire fupprimer L Douane, & ils étoient trop fadgués de la guerre pour employer ia lorce; (O Voyez les Papiers publics & les Journnux politiques. Tome XLIV. Nun Hift. de Hollande. 1697, Jufques ii nos jours. Différènds entre LL'. HH. PP. & le Roi de Pruffe.  Sect. XIII. Hifi. de Hollande. ^97, jufques a nos jours. Flèaux qui défolent les ProvincesUnies. Ann. 1716. te dar Pierre I. en Hollande. Edit pour prévenir la corruption des mem b.es des Etats. Biscufions pour la ré duêion de troupes. CO Abrégé de 1'Hift. de la Hollande & des Provinces-Unies. (2) Abrégé Chron. de lMliftoire de France, par le Préfident Hénaur, (3) Hiftoire du Czar Pierre I, T. II. •66 HISTOIRE DE HOLLANDE ils aimerent mieux céder Sc renvoyer en juftice réglée , les conteftations qui regardoient les Seigneuries de la Maifon d'Orange. La République fe hata de proficer de la Paix pour réparer les maux. que la guerre avoit faits a fon Commerce Sc aux Arts. La Baltique étoic. infeltée par les Corfaires de Suede: 1'Angleterre Sc la Hollande envoyérent dans les mers du Nord des Efcadres combinées. Cette même année fe manifefta dans les campagnes de Hollande, unfléau, que n'ont encore pu faire ceflèr tous les lbins du Gouvernement: une épizootie générale enleva la plus grande partie du gros bécail. L'agriculture Sc les arts dont elle eft la mere , s'en reffèntirent. Cette calamité avoit écé précédée par des inondations dans la Hollande, la Zélande,, la Frife Sc Groningue (i> Le 17 Février un nouveau Traité des Etats avec 1'Angleterre cimenta Punion de ces deux'Puiflances. Les anciens traités furent confirmés; om fe promit des fecours mutuels Sc la garantie réciproque pour la Barrière, Gibraltar Sc Minorque (2). Le Czar Pierre I qui voyageoit, s'arrêta en Hollande vers ce tems-la;. il y laifia 1'Impératrice qui étoit avancée dans fa groflèffe; il s'arrêta encore a fon retuur Sc figna a Amfterdam un traité d'Ailiance défenfive avec la France, confirmé a fon pafiage a Paris, par le Duc d'Orléans, Régent du Royaume (3). Les Etats Généraux firent tous leurs efforts pour obtenir pendant fon féjour, un traité de Commerce;. mais le Czar piqué qu'ils fe fuflènt mêlés de fes différends avec la ville de Dantzig, s'y refufa. 11 avoit été publié par les Etats Généraux, 1'année précédente, un Edit dont tous les membres avoient été obligés de jurer 1'obfervation; par cet Edit il leur étoit défendu , ainfi qu'aux membres de tous les Colléges fupérieurs, de recevoir des préfens , promeffès ou autres chofes tendant a entruiner la corruption Sc la venalité des voix: a 1'aflèmblée des Etats, il fut propofé d'établir un Avocat Fifcal, pour veiller avec la plus grande févérité a 1'exécution de cet Edit. Quoiqu'il y eut des plaintes & des accufations contre quelques-uns des membres, cette propofition ne pafla point ; non que toutes les Provinces ne convinflènt de la néceflité de 1'Edit, mais parcequ'elles n'étoient pas d'accord fur d'autres objets. Le principal étoit la réduéiion des troupes , qui avoit été faite a. la paix ; d'abord par la Généralité Sc enfuite par quelques Provinces, qui trouvoient encore le poids trop lourd, & qui avoient licencié une partie de celles dont Pentretkn étoit a leur charge. Gueldres, la Hollande Sc, POveryflèl n'avoient pas fait de réduétion Sc contribuoient, p*ar ce moyen, ; proportionnement plus que les autres. Le défaut d'unanimité dans les aflèmblées, fit eraindre une rupture funefte a 1'Union. Les Députés de POveryflèl ouvrirent 1'avis d'une aflèmblée extraordinaire des Etats de toutes les Provinces. Cette propofidon fut longtems débattue : les uns  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIÏÏ. Sect. XIIL 46; Ia modifioient, les autres Ia vouloient fans reftriétion. Les partifans dn Stadhouderat faifirent cette oecafion pour propofer le rétabliffèment de cette dignité. Le Roi d'Angleterre auroit voulu la faire donner a 1'Evêque d'Osnabrug, fon frere, qui oifroit d'époufer la Princeflè Douairière de Nasfau , mere du Stadhouder de Frife. Cette demande que Ie Roi devoit faire en perfonne aux Etats , lorfqu'il iroit k Ilanovre , ramena ïes efprits & 1'afiemblée extraordinaire fut réfolue. On y propofa de régir les Pofies pour le compte de 1'Etat; ce qui eut donné un revenu de deux millions de florins k la République. Les grandes villes de Hollande dont les Magiftrats jouiflbient du produit de cet établiflèment, s'y oppoferent. On leur citoit envain 1'exemple de quelques citoyens généreux de Rotterdam, qui, jouiflant de ce revenu, avoient confenti qu'il füt réuni au patrimoine de leur ville. L'exemple de ce facrifice fit peu d'effët. On propofa quelques Régiemens concernant les mariages entre les Réformés & les Catholiques, k qui on eut défiré qu'on fit faire une décla radon de ne point s'inquiéter mutuellement fur Pexercice de leur religion & de faire élever leurs enfans dans la religion réformée. II ne fut rien décidé fur cet article. Mais dans une des rflèmblées fuivantes, la réduction des troupes fut réglée ; & quant k ce qui regardoit le rétabliflèment des finances, l'un des principaux objets des affemblées , ort établit pour trois ans feulement, un centieme denier fur les obligaiions qui étoient k la charge de la généralité. Ces deux points occuperent les Etats pendant plus de dix mois. Pendant ce tems-Ja on travailloit k la triple alliance de la France, de 1'Angleterre & des Provinces-Unies. Ce fameux traité qui fut 1'ouvrage du Régent & du Cardinal Dubois, (1) fut figné k Ia Haye le 4 Janvier. II afluroit la fucceflion de la Grande-Bretagne k la ligne Proteftante de la maifon d'Hanovre. On abandonna le Prétendant, qu'on obligeoit de fe retirer au-delk des Alpes. La ligne de la maifon de Bourbon qui régnoit en Efpagne, étoit exclue de la fucceflion a la Couronne de France. La France confendt k faire rafer les fortifieations & k combler le port de Dunkerque. Les Puiflances contractantes fe garantirent mutuellement leurs poflèflions, avec promeflè réciproque de fe défendre & de fe fecourir. L'Europe fut étonnée de cette union ; la Cour de Vienne & celle de Madrid murmurerent contre ce traité. L'Empereur vit avec peine qu'on aflürêt k Philippe, un tróne qu'il fe croyoit en droit de lui difputer. Le Roi d'Efpagne, qui ne voyoit qu'un enfant entre le tróne de France & lui, étoit fikhé que des Puiflances étrangeres euflènt prononcé fur une exclufion qui ne pouvoit lui étre donnée que par les Etats Généraux du Royaume , dans le cas de la vacance du tróne. Les Fr.,rcois fe plaignoient que le Régent eüt confenti k la démolition de Dunkerque & au facrifice du Prétendant; ils Paccufoient d'avoir eu des vues ! particuliere* (2). Les Anglois murmuroient eux-mêmes contre ce grand nombre de CO Voltaire Précis du Regne de Louis XV. Voyez ce Traité, Mémoires de Lam berty, T. X. p. 6. CO Hiftoire de la Régence du Duc d'Orléans, T. I. Nnn a Hifi. de Hollande. 1607, i^ques a ttot jours Propofition de rétablir le Stadhouderat. De la régie des Poftes au profit de 1'Etat. Mariages des Réformés & des Catholiques. Triple alliance.Ann. 1717. Mécontente mens qiiexcite ce Traité.  Sect. XTTI. Hifi. de Hollande. 1697, jufques d nos jours. Le ha, on de Gortz eji at rité Ses projets, Sa mort. Inondatien mèmorable L* Gardi tial Alberor.i. Ann. 1718 Guerre entre PEj pagne & la France fi) Hiftoire de Pierre I. furnommé le. Grand, T, II. L. 7. {*) Voltaire Hiftoire de Charles XII. L. 8.. 468 HISTOIRE DE HOLLANDE troupes étrangeres, qu'il étoit convenu d'appeller dans leur ifle, dans Ia* crainte d'une defcente. Les Hollandois n'étoient pas contens qu'on eüt préféré 1'AHiance de la France a celle de 1'Empereur. Tandis que les Politiques drcfPoient leurs plans d'après ce traité , le fameux Baron de Gortz, Miniftre du Roi de Suede a la Cour d'Angleterre , fut arrêté a Devenrer. C'étoit un gentilhomme de Suabe , d'un génie acbif & fécond en projets valles & hardis, connoifTant parfaitement les divers intéréts des Cours de l'Europe, & né pour bouleverfer le monde. La méfintelligence qui regnoit entre le Roi d'Angleterre & le Czar , lui fit concevoir le projet fingulier d'engager Charles XII a faire la paix avec Pierre I; de rétablir par ce moyen Staniflas fur le tróne de Pologne; de donner pour fuccefièur a Charles, le jeune Duc de Holftein, & de mettre fur le tróne d'Angleterre, le Prétendant , pour qui il ne doutoit pas que la Cour d'Efpagne ne prit les armes (1). 11 communiqua ce projet au Roi de Suede, plus flatté de 1'idée de faire des Rois, que d'acquérir des Couronnes ; il donna plein-pouvoir au Baron de Gortz, de traiter avec qui il jugeroit a propos. Le Baron agit en conféquence ; il eut avec le Czar des conférences fecretes a la Haye. Ce Prince fit marcher dans le Mecklenbourg vingt-cinq mille hommes. George effrayé de voir cette armée fur les frontieres de fon Electorat, ouvrit les yeux. Le Régent lui donna avis de tout ce qui fe tramoit. George fit arrêter le Comte de Gillembourg, Réfident du Roi de Suede a Londres. Dès que Gortz en fut informé , il fortit fecrétement de la Haye ; mais on le fuivit jufques a Deventer, oü il fut arrêté. Le Czar défavoua tout. On regarda Parrêt de Gortz finon comme uneinfraftion au Droit des Gens, du moins comme contraire a cette Liberté dont la République fait la bafe de fa puiflance. Gortz & Gillembourg furent enfin renvoyés en Suede, oü le premier, après la mort de Charles XII, fon appui, eut la tête tranchée (2). Cette année fut malheureufe pour la Nord-Hollande, la Frife & Gro, ningue, qui furent ravagées par une des plus terribles inondations , qui eufiènt encore offligé ces contrées : prés de quinze mille maifons furent fubmergées ou entrainées. Deux mille perfonnes périrent & une quantitéimmenfe de gros & menu bétail. Le Dannemarck & la Suede éprouverent des dommages confidérables par cette crue. Alberoni gouvernoit alors la Cour d'Efpagne ; fon génie entreprenant femoit la difcorde dans l'Europe; il eut voulu brouiller toutes les Cours pour fe rendre néceffaire: il avoit eu part au projet de Gortz. Philippe V ' par fes confeils , refufoit de confentir a la renonciation au Tróne de France, a moins que 1'Empereur ne renor.cdt a celui d'Efpagne & ne fe : défifiat de fes prétentions. II déclara la guerre k la France qui 1'avoit mis fur le tróne, & k 1'Empereur qui enfin fe joignit a la France, k PAn■ gleterre & aux Etats Généraux, par un traité qu'on appella la Quadrupk,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XlIL 46^ Alliance (1). Ce traité ne fit qu'irriter Pefprit turbulent d'Alberoni. II ourdit une confpiration en France , il ne s'agillöic pas moins que d'y exciter une guerre civile & denlever ie Régent. Au moment oü la confpiration devoit éclater, tout fut découvert par une fille de joie, qui eut 1 adrcfle de furprendre quelques papiers a l'un des principaux agens d'Alberoni. D'un autre cóté, la flotte que le Roi d'Efpagne avoit équipée en faveur" du Prétendant, & qui devoit le porter en Ecofle, fut diflipée par la tempéte, & trois eens Efpagnols qui y étoient déja delcendus, furent faits prifonniers. Une flotte Efpagnole plus formidable s'étoit emparée de la Sardaigne & d'une partie de la Sicile; elle fut battue par les Anglois. Tous les projets d'Alberoni furent déconcenés, & Philippe V fut obligé, pour obtenir la paix, de le renvoyer hors de fes Etats (2). Le fameux Syltême de Law ne fe borna point aux révolutions qu'il opéra dans les fortunes des Frangois. Les Anglois & les Hollandois furent aufli les dupes de cette manie du jeu des aclions (3). En Angleterre Ie Chevalier Blunt engagea la Compagnie du Sud de fe charger d'acquitter la dette nationale, qui alloit a quatorze millions de livres fterling. En peu de jours les aclions de la Compagnie furent portées de 100 a 1000. Tout fe livra a 1'agiotage. Du papier pour de Pargent étoit le vceu général. Mais dès que la Compagnie, cefla de pouvoir faire face a cette quantité d'actions, elles baiflèrent & les aclionnaires n'eurent qu'un papier inutile (4). Dans les Provinces-Unies chaque ville forma des Compagnies, & Pimitadon de celles de Mifliffipi en France & de la mei du Sud en Angleterre: on fut bientót défabufé. Les Magiflrats qui les avoient autorifées, furent obligés de les défendre, fans pouvoir empêchei la ruine des aclionnaires. L'agiotage n'empêchoit point que pour la plus grande gloire de Dien. les Jéfuites ne fifient tous leurs efforts pour rétablir Pintolérance. Le meilleur moyen qu'ayent pu trouver les Provinces - Unies d'étouffer & de prévenir les querelles de Religion , eft de tolérer toutes les Religions Les Réformés étoient perfécutés en Allemagne , en Hongrie & dans le Palatinat : dans la République les Catholiques n'avoient pas les même! facilités de tourmenter leurs freres ; mais dans quelques Provinces ih leur fufcitoient des querelles. Les Etats Généraux, autant pour faire ceffei la perfécution a laquelle les Réformés étoient expofés dans les pays voifins, que pour établir la paix de Religion dans la Généralité, fireni revivre la févérité des loix qui profcrivoient les Jéfuites dans les terres de la République, & interdirent aux Catholiques le fervice divin , dan; plufieurs églifes de Hollande & de Gueldres, jufques a nouvel ordre. Ce moyen réuflit; & a mefure que la perfécution fe rallentiflbit dans les pay: etrangers, les Etats Généraux fe relachoient envers les Catholiques , & peu a peu la Tolérance fe rétablit, excepté a 1'égard des Jéfuites. (O Recueil de Rouffet, T. I. p. 180. Qs.) Voltaire Précis du Siècle de Louis XV. Ch. II. (3) Idein Ibid. (4.) Hiftoire d'Angleterre par M. L. M. T. II. Nnn 3, Ufjl'. de HoHandèj 1697 * jufques a r.oi jours, Confpiration contre le Régent de trance. Ann. 1719. Défaflres des Elpa- 'gnols. Ils font la paix. Ann. 1720. Agiotage en Hollande & en Angleterre. Compagnies. i 1 Jéfuites profcrits^  470 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Holiande. 169.-, jufques a nos jcurs. JMort de Heinfius. Précairtions contre la pefte. Ann. 1721. Intrigues pour le rétabliffemcnt du Stadhouderat. ' Trois Provinces le rétablis. fent. 1722 -■ 24. Traité de Fienne entre 1'Efpagne & f Empire. Ann. 1725, Dans cec ïntervalle mourut Heinfius , qui pendant plus de trente ans avoit rempli la place de Confeiller-penfionnaire au gré de la République ; place trés difficile depuis Ia fuppreffion du Stadhouderat donc il avoit été le défenfèur fous Guillaume lil; mais depuis la mort de ce Prince , il s'étoit conformé aux vues des Etats : il fut remplacé par le Penfionnaire de Rotterdam, Ifaac van Hoornbeek. Les ravages que la pefte faifoit k JVIarfeille , engagerent les Etats it prendre les plus grandes précautions pour écarter ce fléau. Ils ne fe contenccrent point d'interdire leurs ports aux vailfeaux Francois & k tout ce qui pouvoit donner la moindre fufpeclion; ils portoient 1'attention jufques k brüler en pleine mer, les vailfeaux avec leur cargaifon. Les matelots , pafïagers & officiers , qu'on dépouilloit & dont on brüloic les vêcemens, étoient renfermés pendant quarante jours dans des lieux fürs d'oü ils ne pouvoient point fortir. La Maifon d'Orange ne perdoit pas de vue Ie rétablilfement du Stadhouderat; les efforts inudles de Guillaume III, les oppofnions qu'il avoit trouvées dans 1'afièmblée des Etats, ne 1'avoient point découragée. Le Prince d'Orange, Stadhouder Héréditaire de Frife , qui n'avoit que fept ans, avoit été nommé en 1718 par la Province de Groningue ; le Pays de Drenthe lui conféra la même dignité. Les amis de cette ^maifon ne ceffoicnt d'agir auprès des autres Provinces: cependant elles s'obftinoient a ne point rétablir le Stadhouderat général: ils parvinrent k gagner feulement ies Etats de Gueldres; mais au lieu que Groningue 1'avoit élu fans reftreindre fon pouvoir, la Gueldre y mit des bornes afiez étroites, fans que fes partifans y rhiffent aucun obliacle. Tant de condefcendance étoit un lcurre. On vouloit perfuader aux quatre Provinces qui reftoient a gagner, qu'elles n'avoient rien a craindre du rétabliffement du Stadhouderat général , puifqu'elles pouvoient y mettre telles conditions qu'elles jugeroient k propos (1): malgré ces piéges, la Liberté prévalut encore, & dans les lnflrudions que les Etats donnerent au nouveau Penfionnaire, ils i'upprimerent tout ce qui avoit quelque rapport au Stadhouderat Général. L'événement le plus remarquable pendant les quatre années fuivantes, fut le Traité de Vienne entre 1'Empereur & le Roi d'Efpagne f», ces deux rivaux qui jufqu'alors avoient paru fi irréconciliables. La Cour de Vienne fe laifia gouverner par la Cour de Madrid. „ Tout étoit „ étrange dans cet accord, dit M. de Voltaire (3); c'étok deux maifons „ ennemies qui s'uniffoient, fans fe fier 1'une k 1'autre; c'étoit les An„ glais, qui ayant tout fait pour détröner Philippe V, tSc lui ayant arraché „ Minorque & Gibraltar, étoient les médiateurs de ce traité; c'étoit un Hollandois, Ripperda, devenu Duc & tout - puiffant en Efpagne, qui „ fut difgracié après favoir figné , & qui alla mourir enfuite dans le „ Royaume de Maroc, oü il tenta d'établir une Religion nouvelle. Voici comment ces chofes furent amenées. (O Hiftoire du Stadhouderat, par M. l'Abbé Raynal. (2) Recueil de Rouffet, T. it p. 110; & Lamberty, T. X. la fuite N. XVIII. (3) Précis du Siècle de Louis XV. par Voltaire, Ch. II.  OU DES PPvÖVINCES UNIES, Liv. XXXïÏÏ. Sect. XIIL 47r L'Empereur avoit établi a Oftende, une Compagnie des Indes Orientales; les Puiflances maritimes ert furent jaloufes; les Etats Généraux qui regarderent cet établiftèment comme trés préjudiciable au Commerce des Provinces-Unies, s'en plaignirent hautement. L'Empereur pour le foutenir contre le Roi d'Angleterre, voulut s'appuyer du Roi d'Efpagne. Ripperda, qui avoit été Ambafladeur des Etats Généraux a Ia Cour de Madrid, mais qu'ils avoient dépouillé de ce Caraclere, a caufe de la Religion Catholique qu'il avoit embraffée, fut envoyé par cette Cour a Vienne, fous le nom du Baron de Paftemberg. II négocia avec habileté & conclut ce Traité qui, en effet, dut paroitre fort étonnant a toute l'Europe (1). Par ce Traité, les deux Souverains renoncerent a toute prétcn- (0 Ripperda qni fut difgracié eu 172Ö, mérite d'être connu. Les Etats Généraux 1'avoient envoyé en Efpagne en 1715. Ils le revècirent enfuite du titre d'Ambaffadeur, qu'ils lui óterent bientót après a caufe de fon changement de Religion. L'établiflemeuc de quelques fabriques de toile & d'étain , au préjudice de fon pays , lui attira la conlïdération des Efpagnols & la confiance de la Reine, qui le fit charger des Négociations entre les Cours de Madrid & de Vienne. L'liabileté avec laquelle il fe conduifit, le rendit plus recommandable, & la Reine toute-puiflaute a la Cour le mit a la tête des finances. Cette place caufa fa perte. Le Peuple lui fit un crime des impóts qu'il failut établir pour en tirer 1'argent qu'il falloit envoyer a 1'Empereur. Les finances fe trouverent épuifées;'manquant de reflburces, il chercha a s'étayer de l'AnT gleterre & des Provinces-Unies, & pour s'attirer la confiance de'leurs Miniftres, il s'ouvrit a eux fur le traité de Vienne, dont ils n'avoient aucun foupcon. Ils furent fort étonnés d'apprendre que le projet étoit de rendre a 1'Efpagne, Port-Mahon & Gibraltar, & de foutenir la Compagnie d'Oftende. Stanhope informa le Hoi d'Angleterre de ce qui fe paflbit, & Van der Meer les Etats Généraux. Ces deux Puiflances demanderent auffitót a 1'Empereur & au Roi d'Efpagne, de les mettre au fait d'un traité auquel elles pouvoient a peine ajouter foi. Une feconde indifcrétion de Ripperda avoit mis les Cours de Vienne & de Madrid dans le cas de ne pouvoir rien défavouer. Ripperda fentit que fa difgrace étoit infaillible. Le Roi d'Efpagne l'eut peut-étre encore laiffé dans le Miniftere; mais ce Monarque prefle par 1'Rr.ipereur fe vit obligé de lui óter le département des finances , en fe fervant néanmoins du motif fpécieux de le foulager d'un fardeau trop pénible. Ripperda ne fut poiac la dupe de ce prétexte, & fans attendre qu'on lui ótac fes autres emplois, il s'en démit volon-tairement entre les mains du Roi, qui lui donna une penfion de trois mille piftoles. II quitta le foir même, 1'appartement qu'il avoit a la Cour, &.ne fe croyant pas en füreté'- contre le peuple, qui témoignoit hautement la joie de fa chfite , il demanda un afyle dans 1'hótel de Van der Meer, qui le renvoya il Stanhope. Celui-ci lui permit de refter dans fon hótel, pendant fon abfence, & en fit part au Roi d'Efpagne. Ce Prince exigea de 1'Ambafladeur, nou-feulement qu'il ne Ie laifleroit point partir avant qu'il n'tüt remis certains papiers, mais il fit inveftir 1'hótel par das foldats, Ripperda craignant qu'on ne 1'arrachat de fon afyle , fit demander au Roi la permiffion de fe retirer dans un couvent; ce qui lui fut refufé. Le Roi, 'de 1'avis de fon Confeil, qui regardoit Ia retraite du Duc chez un Miniftre étranger, comme un crime de LezeMajefté, envoya deux eens hommes de fa garde, avec un Officier, chez Stanhope, dont. les proteftations ne purent empêcher qu'on ne fe fa'ifit du' Duc & de tous fes papiersi On le transféra au chateau de Segovie. On 1'y gardoit avec foin ; mais deux ans après, i! trouva moyen de gagner un foldat & une des fervantes du Gouverneur, qui le firent évader. II alla fuccelfivement en Portugal, en Irlande, a Lonures &. enfin eri Hollande; mais voyant qu'il y étoit dans un entier oubli, il alla offrir fes fervices au Roi de Maroc, oü il embrafla la Religion de Mahomet. Mais ee Prince lui imrqua tant d'indifférence, que n'ayant pas de quoi fublifter, il fe fic marchand de moutons. II mourut a Tetuan miférable & méprifé , en 1737. Cependant Stanhope & Van der Meer fe plaignoient de l'infradtion faite au Droit des Gens , en violant in afyle , qui devoit être refpecté; mais des foins plus importans erapêcherent que cette aftaire n'allat plus loin. ffiftt de Hollande;. 1697, jufques a nos jours. Compagnie d'Oftende. Le Baron de Ripperda.  Sf.ct. XIII. Hifi. de Ho! lande. 1697, jusques a- nos jout s. Ann. 1726. Guerre de F'Angleterre & de VEfpagne. Ann. 1727. Négociations. Ana. 1728. Mortalité. 172 HISTOIRE DE HOLLANDE don fur les Etats l'un de Fautre. Philippe accorda aux négocians Autrichiens, les mêmes avantages qu'avoient les autres négocians etrangers. 11 aflura la garantie de la Compagnie d'Oflende, & promit a 1'Empereur un fubfide annuel de quatre millions de piafires. Le Roi d'Angleterre, qui craignoit pour fes Etats d'Hanovre; le Roi de Pruflè & le Régent conc'urent un Traité, (1) qui fut figné k Hanovre & auquel les Etats Généraux accéderent (2). George I. eut bien de la peine a le faire approuver par les Anglois. La Nation, par Facie d'établiflèment s'étoit interdit toute guerre , pour la défenfe des Etats que le Roi poflèdoit en Allemagne; mais fes partifans perftnderent fi bien au peuple , que 1'union de 1'Ëmpire & de 1'Efpagne avoit pour objet la conquête de Gibraltar & de Port Mahon, le rétabliiïèment du Prétehdant, la deftruclion de la Religion Proteftante & la ruine de 1'Etat, qu'on fouscrivit au Traité d'Hanovre & qu'on promit au Roi de le foutenir, foit au dedans, foit au dehors de 1'Angleterre. La guerre fut déclarée. Les Anglois mirent k la voile trois efcadres: Fune bloqua les ports de Ruflie, la feconde croifa fur les cótes d'Efpagne, la troifieme devoit enlever les gallions Efpagnols dans les Indes Occidentales. Cette derniere eut un mauvais fuccès; mais 1'Efpagne voyant que tous les ports de fa domination étoient bloqués, défendit 1'entrée des fiens aux vaifièaux des Provinces-Unies. La République fic auffi fes préparatifs & réfolut d'augmenter fes troupes de terre & de mer. Les Efpagnols formerent le fiége de Gibraltar & échouerent. Malgré ces étincelles d'un incendie qui fembloit menacer l'Europe, les Puiflances belligerantes agifibient foiblement. Les cours de Vienne & de Verfailles | s'occupoient des' moyens de rétablir la paix. La France offric fa médiation, elle fut acceptée. Le Cardinal de Fieury qui penfoit fagement que la guerre n'ell bonne k rien, préfenta un projet de pacification , qui le fit regarder par les Hollandois, dont il avoit ménagé les intéréts, comme le génie le plus vafle & 1'ame ia plus généreufe & la plus noble. On convint des préliminaires. lis portoient que les hostilités cefferoient d'abord; que la Compagnie d'Oflende feroit fufpendue pour fept ans, & qu'il feroit tenu un Congrès a Aix-la-Chapelle, oü tous les différends feroient terminés: mais a la priere du Cardinal, le Congrès qui eut été trop éloigné pour lui, a Aix-la-Chapelle, s'ouvrit k Soiffons dans le mois de Juin. Les difficultés que les Plénipotentiaires éieverent, firent languir les négociations, & tout ce qu'on put venir k bout de conclure, fut de transférer les conférences k Seville (3). Dans cet intervalle les Provinces-Unies avoient été affligées de fievres putrides: ce fléau s'étoit furtout fait fentir dans la Province de Hollande. Pendant 1'été & 1'automne on enterroit k Amfierdam de fix k fept eens morts par femaine. Cette maladie avoit emporté le 17 Juin 1727, le Confeiller Penfionnaire Hoornbeek, k lage de 71 ans, il fut remplacé par Simon van Slingeland, Tréforier Général. Le (O RoulTot, T. H. p. i8t>. : (2; loid T 111 p. 166. {3) ibid. T. III. p. 412. & fuiv. item T. IV. p. 30» & f«!v«  Oü DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Suct. XIIL 473 Le Prince d'Orange & de Naflau, agé de 18 ans accornplis, fut reconnu & inftallé Stadhouder de Groningue , des Ommtlandes & de Gueldres. 11 fixa fa réfidence a Leuvvarden, en Frife. Le premier effet de 1'Edit pour prévenir la corruption des membres & officiers du Souverain, fut la punition févcre de trois Clercs ou Commis au Greffe des Etats Généraux, d'un Avocac & de deux autres Officiers. Ces fix perfonnes furent convaincues d'avoir entretenu des correfpondances fecretes avec ks Miniftres étrangers , qui payoient largement leur prévarication & de leur avoir fait part des réfolutions des Etats. Leur correfpondance impliquoit indireétement le Prince de Naffau (1). Le jugement des coupables portoit que le bourreau feroit paflèr fon coutelas fur la tete de deux Clercs, que Fautre feroit attaché a une potence, avec un écnteau, fur lequel feroit écrit, par jure. On raya 1'Avocat du tableau, & tous les quatre furent bannis a perpétuité. Les deux fugmfs fureni condamnés a la même peine. * Les Etats s'occupoient a réparer les maux que les guerres precedentes & les calamités publiques avoient faits au commerce. Ils négocierent au prés de 1'Impératice de Ruffie, Elifabeth, un traité de commerce & ur nouveau tarif des droits; mais il n'y eut rien de conclu fur ces objets. Or rtnouvella pour trente ans, 1'oétroi fur la Compagnie des Indes Occiden tales, qui étoit prêt d'expirer; mais la traite des Negres fut hbre & permift ii tous les fujets de la République, moyennant quelques redevances, qui indemnifoient la Compagnie du préjuaice que lui caufoic cette liberté. La Cour de Rome venoit de mettre au rang des Saints, le Pape Hiliebrand, "connu fous le nom de Grégoire Vli, Pontite dont le zéle indifcret abufant de la religion pour foutenir les prétentions injuftes du facerdoce, avoit plufieurs fois excommunié 1'Empereur Henri IV, qu défendoit les droits facrés de la Royauté. Dans 1'office du nouveau Saint, Rome le glorifioit d'avoir déclaré 1'Empereur déchu du tróne, & d avoir dégagé les fujets de la fidélité qu'ils avoient jurée a leur Souverain. Un tel faint ne pouvoit gueres efpérer d'avoir des autels dans la République: auffi les Etats de Hollande défendirent ils, fous les peines les plus féveres,aux Prêtres Catholiques de faire 1'office de Grégoire. La France & l'Ailemagne avoient fait les mêmes défenfes & cenfuré le Rituel. Les Etats Généraux allerent plus loin; ils exigerent une déclaration de tous les Prêtres Catholiques, par laquelle ils protefleroient de leur foumiffion & obéiffance , & condamneroient toute doctrine qui enfeigne direétement ou indireétement, que le Pape ou toute autre Puiffance Eccléüaftique a le droit de rompre les liens qui attachent les fujets a leur Souverain légitime, CO L'un d'eux avoit écrit dans les Cours étrangeres, que cinq Provinces, malgré les repréfentations de la Hollande & de ia Zélande, avoient arrêté,de lauTer fubfifter Ie droit au Marauifat de Veere & de Fleffingue, jufques a la majonte du Pnnce de Naflau. Ce fait étoit non feulcment faux , mais il annoncoit une mauvaife intention de a part de 1'écrivain, parceque toutes les fois que les Etats de Zé ande avoient déclaré le Stadhouderat fupprimé dans leur Province , ils avoient aufli aboh les droits pre.eudu par le Prince d'Orange au Marquifat de Veere & de Fleffingue, ainfi que le mie de premier Noble de la Province. Ces droits & ce titre lui furent formellement rendus, lors du rétablidement du Stadhouderat. Terne XLIF. O00 Hifi. de- Hollande. 1607 , jufques a nos jours. Ann. 1729, Punition en vertu da PEdit contre la corruption, 1 Ann. 1,-30. Difenf* aux Cath»li ques de faire l''office de St. Grégoire.  Sec* XIII. ma. de Hollande. 1607, jufques d nos jours. Védit contre les prêtres Catholiquesetrangers. Autre édit contre ia Pédéraftic.Abolition de la confifcationdes biens des condamnés a mort. Ann. 1732. Perfécution contre ies Janfévifies pi évue cl? arrêtée. Affa're de ft ere è? Flij/i gue. (O Abrégé de 1'irftaire de la Hollande, T. IV. (2) Hiftoire générale des Provinces-Unies, T. VIII. - (3) Voyez Recueil de llcuiflet, T. VIII. p. 404. Sc fuiv» |74 HISTOIRE DE HOLLANDE pour quelque caufe, ou fous quelque prétexte qie ce foit. Les Etats Généraux exclurent des fonelions de Jcur miniftere, & défendirent 1'entrée de leurs Provinces aux Prêtres qui ne feroient pas nés fujets de la République , aux Moines furtout & aux Jéfuites. II parut prcfqu'cn même tems, un édit févere contre la Pédéraftie, crime détefhble, & que jufques alors les Hollandois avoient eu en une horreur fi grande, que les juges avoient toujours fouftrait a la connoiffmee du public, les procédures & la punition des coupables; mais la corruption les avoit tellement mu'.cipliés, qu'on exécuta un trés grand nombre de tout état & de tout age. Celui des fugitifs & des bannis ne fut pas moins conlidérable: ce qui donna lieu a la fupprelTion de la loi injulte qui, par la confilcation des biens des condamnés h des peines capicales, étendoit aux enfans la punition des crimes de leurs peres. Les Etats de Hollande abolirent pour toujours cette jurifprudence barbare, & déclarerent qu'a Pavenir pour aucun crime, meme pour celui de Leze-Majefté, la confifcation n'auroic lieu fj). Les Etats Généraux craignant que les troupes de la République ne perdiffent dans les loifirs de la paix, 1'habitude des combats, & que leur courage ne s'amollït par Tinaction , fe propoferent de les remeccre err haleine , & de ks exercer dans touces les parties de 1'arc militaire : ils ordonnerent un camp de paix prés de Breda. Ce camp eut lieu Fannée fuivante; on y fic toute forte d'évolucions & de manoeuvres. Les difputes théologiques au fujet du Janfénifme, agitoient les Catholiques tolérés dans les Provinces-Unies. On y parloic de la nomination d'un Vicaire Apoflofique. Ces difputes exciterent le zele de quelques Pafieurs. Ils erkrent a 1'anathême, ils seleverent fans ménagement dans leurs fermons contre la mollede du gouvernement , qui en même tems réprima la ferveur indifcréte des miniftres de la religion dominante , & arrêta ks progrès de la guerre plus ridicule que dangercufe , des Janféniites 6c des Moliniftes (2). Les contefiations qui duroient depuis la mort de Guillaume III, au fujet de différens objets de fa fucceflion , entre le Roi de Pruffe & le Prince d'Orange , furent enfin terminées (3) ; mais it s'éleva une autre querelle entre les Etats de Zélande & le Prince de Naffau. Les Etats déclarerent qu'en vertu de leur fouveraineté & du pouvoir inconcefhble qu'ds en avoient, ils affranchiffoient dès a préfent & pour toujours . de fait & de droit , ks villes de Veere & de Fleffingue de toute dépmdance féodale, voulant & ordonnanr que déformais elles fufiènt regardées comme villes libres du Comté de Zélande. Les Etats Généraux étoient priés de ne point comprendre ces deux villes dans la fucceflion de Guillaume, mais d'offrir aux héritiers pour les indemnifer, cent mille Richedalers de la part de la Zélande. Le Prince fit fes proteftations. II ne contefioit point aux Etats la puiflïnce fouveraine ; mais il foutenoic  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIII. 475 qu'ils ne pouvoient en faire ufage que dans des circonftances urgentes, & nuilement pour attaquer les propriétés. Les Etacs répondoienc qu'il n'y avoir rien de plus preflant pour une République , que la crainte fondée de perdre fa liberté; que ce cas cxiftoic, puifque fi le Prince d'Orange étoit invefti du fief de ces deux villes, il pourroit abufer de Pautorité ' que cette propriété féodale lui donneroit. Le Prince fe rejetta fur le peu de fondement de cette crainte; mais comme entre le Prince & les • Etats il n'y avoit point de juge, le fief fut aboli, & les Etats ont joui du titre & des droics du Marquifat de Veere & de Fleffingue jufques en 1747, époque de la révolution qui rétablit lc Prince d'Orange dans tous les droits acquis par le teftament de Guillaume III. Dans le tems de ces querelles, quelques Provinces s'appergurent heuroufement d'un danger caché qui les menagoit d'une fubmerfion totale; , c'étoit une efpece de vers (1), armés d'une tarriere, qui s'étoient attachés aux pilotis des digues; ils y avoient déja fait des dégdts confidérables. Le gouvernement ordonna des prieres publiques & propofa des récompenfes a ceux qui donneroienc le meilleur moyen de prévenir les fuites de ce fléaui on cn indiqua plufieurs, mais on préféra ceux de Pierre Straat & de Pierre van der Deure. On enleva jufques a une certaine profondeur Palgue qui bordoit le pied de la levée de terre. On foutint la levée par une paliffade trés forte, affermie dans Palgue , de maniere qu'une nouvelle algue put remplir les vuides formes au pied de la digue. On établit au devant de la paliflade , un ouvrage de maconnerie tn talus , dont le pied pofoit fur le fond même de la mer , fórmé de gros cailloux & d'éciats de rocher, fervant également a mettre les pilotis a lVbri des vers, & a défendre la digue contre la fureur des vagues, dont 1'effort eft rompu par la pente du talus. Cet ouvrage a rendu les digues plus fortes qu'elles ne 1'avoient jamais été (2). George I. étoit mort a Osnabrug d'une apoplexie, le 22 Juin 1727. George II fon fucceffeur , s'intéreflöic vivement a Pélévation du Prince d'Orange, a qui il avoic deftiné Anne fa fille aïnée; mais le moment n'étoit pas favorable. Ce qui venoit de fe paffef en Zélande, au fujet du Marquifat de Veere; les fecours refufés a 1'Empereur, la promeffe de la Neutralité au fujet des affaires de Pologne, un nouveau traité de barrière conclu entre Ia France & les Etats Généraux, étoient des circonftances qui rendoient inutiie la bonne volonté de George en faveur du Prince d'Orange.' II ne lui en donna pas moins fa fille; le Prince 1'époufa le 25 Mars a Londres. Le Roi en notifiant ce mariage aux Etats Généraux, leur écrivit „ qu'en uniffant la maifon de Naflau a la lienne,'il „ n'avoit fait que fuivre Pexemple de fes prédéceflèurs, jaloux d'aflurcr „ les anciennes Alliances de 1'Angleterre avec la République ; qu'indé„ pendamment du défir de voir augmenter la confiance & 1'amitié des „ Provinces-Unies, d'autres motifs 1'avoient engagé a favorifer cette union• „ le maintien de la religion proteftante & la füreté de la fucceflion au (O Mafluet, Recherches fur Ie vers a tuyau. (2; Voyez ce qu'on a dit des digues au comrnencement de cette hiftoire. Ooo 2 Hift. de H jilande. 1Ó97, juf'/  •gf.OT. XIII. Hift. de Hollande. •1697 > i'-'f'éues d nos jours. Paix. Ann. 1735. Ann. 1757. Taxes fur ies églifes des Catholiques. •ItV Ann. 1739. (0 Précis du Siècle de Louis XV. Ch, IV. 478 HISTOIRE DE HOLLA N D E qui regardoiene cet r.rticle comme le feul moyen de conferver Péquiiibre de l'Europe, confenurent k garancir le traité. Le feul qui y perdic, fur le Prince d'Orange, qui avoit le v.cu des Provinces de Gueldres, d'Utrecht &.d'Overysill pour le Généraiut de iltifiumerie des Etus, ii PaugW mentation projettée avoit eu fon exécution. La Paix, au contraire, en» gagea la République a faire 1'année fuivante une réforme ele dix mille hommes dans les troupes. Cette meme année les Etats perdirent leur grand Penlionnaire Slingeland & le Baron de Boeizelaar, Garde du grand fceau de Hollande. Au premier i'uccéda le Tréibricr- général Antoine van den lleim, & au fecond, M. de Wafiènaar- Ohdam. La Tolérance n'cmpêchc point que la idigion dominante ne doivc fpécialement être prorégée; mais elle exclut toute vexation envers les religions tolérées. Cependant les Catholiques efiuyerent une humiliation qui pouvoit les aigrir. Les Etats de Hollande, outre Ia taxe a iaauelle lont alfujetties les chapeiles, qui ne font autre chofe que tics maifons crdinaires, appropriées aux cérémonies de cetcc religion , les oiïujettirenc encore a payer trois fois, en cent ans, le droit de coliatéral: colt une efpece^ de droit d'amortiflèment que paye tout héritier en ligne cpllatérale. Le même édit déclara tout militaire qui embrafiè la religion Catholique, ou qui époufe une femme de cette religion, démis de fon emploi. Jusques-la la taxe rmpofée pouvoit être excufée par les bofbins de 1'Ecat; mais outre que 1'exclufion des emplois ne fauroic Vcue par aucune raifon, la même réfolution des Ktars de Plollaneie déchargeoit les égliiès & routes les fondacions pieufes des diftérentes communions proteltantes, de toutes taxes ordinaires & extraordinaires , auxquelies toutes les terres, maifons Sc autres biens-fonds font fujets. • Les Etats Généraux confirmerent ce décret & étendirent la profcription des officiers militaires qui changeroient de religion , ou qui épouièroient une fille ou femme Catholique, aux officiers politiques dans tous les pays de la domination des Etats. Ils pouvoient dire qu'ils n'imitoient en cela qu'une partie de la rigueur dont la France ufoit envers les Proteflans; mais ii les repréfailles font injuftes, c'eft. en matiere de religion, & furtout dans la religion chrétienne, toute Fondée fur la charité. Les Etats avoient montré plus de fageflè , lorsqu'a Pexemple de la France ils réfolurenc de garder une parfaite neutralité dans la guerre que fe faifoient 1'Efpagne & 1'Angleterre: „ Guerre," dit Voltaire „ plus „ ruineufe (1) que les droits que ces deux Puiflances fe disputoient, „ n'étoient avantageux." Les Provinces-Unies retirerent plus de pr-ofit de leur neutralité, qu'elles n'en avoient obtenu de plufieurs batailles gagnées. Le commerce qu'ils cöntinuerent avec les Puiflances I3elligeranr.es même , y gagna , malgré la jaloufie des Anglois qui s'emparoieuc des vaiflèaux marchands de la République , fous prétexte de contrebande. L'Efpagne plus reconnoiflance & plus jufle, fit reflituer aux Hollandois leux vaiflèaux que deux armateurs leur avoient pris, cc les indemmifa de a prife de deux autres.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIIL Sect. XIIL 479 Mais ce calme que Ja République fe propofoit de conferver auffi longtems qu'elle pourroit , fut bientót troublé au dedans & au dehors par des événemens qu'elle ne pouvoit pas prévoir (1). Les moiffons & tous les fruics de la terre avoient été emportés par 1'hiver de 1740. La cherté des objets de p-emiere néccfftté excita les murmures du peuple, qui felon 1'ufuge ordinaire dans les tems de calamité , attribua" fa mifere a ceux qui gouvernoknt: il failut recourir aux armes pour s'oppofer aux fbukveraens cxcités dans plufieurs villes & principalement a Rotterdam, Delft & la Have. Un édit publié par les Etats de Hollande & 1'efpé-1 rance d'un prompt foulagemenc, calmerent 1'orage. L'imprudence de Valkenier, Gouverneur de Batavia, Capitale des Etablifièmers de la République dans les Indes Orientales, penfa ruiner le commerce des Hollandois dans cette partie du monde. Les négocians Chinois qui y font en grand nombre , fe plaignoient des impóts dont la Régence les accabloit. On crut que ces murmures annoncoient des révoltes prémédkées; en conféquence on. chaffa tous ceux des Chinois qui étoient fans état ou fans aveu , & Pon en fit palier une partie dans l'ifle de Ceylan. Plufieurs de ces bannis irrités commirent des. excès dans ks cnv-irons de Batavia. Sur quelques bruits vagues, les Hollandois fe perfuadcrent qu'i! y avoit une confpiration pour furprendre la ville & égorger tous les Chrétiens. On envoya quelques gens armés contre les vagabonds , qui furent aifément diiïlpés. Mais pour fe mettre en füreté contre les Chinois qui étoient dans Batavia, il leur fut ordonné de fe retirer dans leurs maifons, au foleil couchant , avec défenfe de paroitre dans ks rue-s, a leurs fenêtres & d'avoir de la lumiere. Les bandits reparurent fous les murs de la ville , ils furent cbafles par ie feu qu'on fit fur eux. On crut qu'ils étoient d'intelligence avec ceux de Batavia. La bourgeoifie étoit armée , elle fe joignit a-ux troupes. On enfonca ks maifons des Chinois , on ks mafiacra impitoyablement; le feu prit a quelques maifons, & fe communiqua d'un quartier a 1'autrc. Le défordre favori fa le pillage qui dura deux ou trois jours. On arrêca les progrès de Pincendie ; les brigandages & les aflaffinats conrinuerent. Les Chinois ks plus riches furent ks plus maltraités: ils étoient trainés hors de leurs maifons a demi-brülécs, & on ks égorgeoit. Les bannis & ks fugitifs eurent le meme fort. Ces horreurs ne finirent, que lorfque les forces manquerent aux afiaflins. Alors ks Hollandois plus tranquilles poferent les armés , & la régence publia une amniftie générale. On per* mit au petit nombre de Chinois qui s'étoient fauvés , de continuer leur commerce: cependant on craignit que cette atrocité ne füt enfin nuifible aux établiflemens Hollandois. Quelques membres du Confeil délibérerent de dépofer le Gouverneur , dont 1'imprudence avoit caufé tout le mal: Valkenier les prévint & fit mettre en prifon trois Confeillers; mais il fe vit forcé de leur rendre la liberté. Quelque tems après Valkenier fut depofé & mis en prifon. Son fucceflèur répara par fa lagefiè une par- (0 Mémoires du tems. Hiftoire de Ia Patrie. Abrégé de 1'Hiftoire de la Hollande,. T.. IY. Uill: JeHil!.imk\1697. pp. ques a nas jours. Ann. 174.0. D<:feite \ émeutes. Séditions a Ratavia. Maffacres horribles*  j Ster, XIII. Hifi. de • Hollande, 1697, Jufques a nos jours. Mort de 1'Empereur Charles FI. Ann, 1741. Troubies ■pour fa fucceffion. Le Roi de Pruffe au nombre des prétendans. Entre en Siléjie. f3o HISTOIRE DE HOLLANDE :ie des maux que Pimprudence de Valkenier avoit caufés & parvint a réconcilier les deux nations (1). Un événement qui arriva prefqu'en même tems, annonca des troubies auxquels il étoit difficile que les Provinces-Unies n'euflent point de part, malgré Pintérêt qu'elles avoient k éviter la guerre. L'Empereur Charles-VI, dernier & onzieme Empereur de la maifon d'Autriche, étoit mort le 20 Ocbobre fans poftérké mafculine. II laiffoit des poffefïïons immenfes, les Royaumes de Hongrie & de Bohème, FAutriche, la Styrie, la Carinthie, la Carniole, les Pays-Bas, le Burgavv, les quatre villes forestieres, le Brisgaw , le Frioul, le Tyrol, le Milanez, le Mantouan, le Duché de Panne. L'Archiduchcflè Marie-Therefe, fa fille ainée, mariée au Grand-Duc de Tofcane, devoit recueillir cette riche fucceflion par le droit de la nature , cimenté d'une pragmatique far.cbion, garantie par les principales Puiflances de l'Europe (2). Des dtres aufli facrés auroient été refpeélés au tribunal des loix; mais la politique des Souverains eft audeflus des loix. A peine Marie-Thérefe eut-elle pris le titre de Reine de Hongrie , de Bohème & d'unique héritiere des Etats de la maifon d'Autriche, déclaré Ion époux Co-régent de tous ces Etats, & traufmis k ce Prince, comme Reine de Bohème, le droit de voter pour l'éleébon d'un Empereur, que Charles-Albert Duc de Baviere , Augufte IK Roi de Pologne, Elecieur de Saxe, & Philippe V Roi d'Efpagne, prétendirent k cette fucceflion. Le premier, en vertu d'un teftament de 1'Empereur Ferdinand I, frere de Charles-Quint; le fecond comme mari de la fille ainée de 1'Empereur Jofeph, frere ainé de Charles VI; le troifieme comme defcendant par les femmes, de la femme de Philippe II, fille de 1'Empereur Maximilim III. Tandis que ces prétendans fe débattoiont dans des mémoires & des manifefte? , que Marie • Thérefe recevoit le ferment de fidélité de fes nouveaux fujets & fe concilioit 1'amour des Hongrois, ennemis révoltés depuis deux eens ans de la maifon d'Autriche, cette Princeflè fe vit en tête un ennemi, auquel elle ne s'actendoit pas. C'étoit Frédéric II, Roi de Pruflè, dont le pere étoit mort peu de tems avant Charles VI: ce jeune Héros s'étoit formé dans la retraite aux vertus politiques & militaires ; riche des économies du Roi fon pere, & fort de foixante-dix mille hommes, tous choifis & exercés par ce monarque, il ne fit point de manifefle , mais il entra en Siléfie , réclamant quelques parcelles de cette province, qu'il prétendoit tivoir été arrachées k fa foiblefie de fl's ancêtres. Alors >1 fic offrir a Marie-Thérefe, qui fe trouvoit fans troupes & fans argent, fon armée. fon bras & cinq millions, k condition qu'elle lui abandonneroit la Baffe Siléfie; elle rejetta fes offres & les conditions. L'événement a juftifié que cette Princeflè eüt beaucoup gagné k accepter les uns & les autres. Frédéric n'infifta pas & s'empara de la Province prefqu'entiere. Son premier coup d'eflai fut la bataille de Molwitz prés de la Neifs. La viétoire fe déclara d'abord pour le Général Neuperg : Fré- (0 Abrégé de l'Hiftoire de la Hollande & des Provinces-Unies, C. IV. Voyez 1'Hiftoire d'Allemagne & celle de Baviere, d»ns nos Volumes précédens.  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Ssct. XIIL 43 Frédéric' courut rifque d'être pris, mais la difciplmë de fon infanterii triorapha (i). , . , 'r ~ , Louis XV, qui avoit des prétentions a la luccefmn de Charles VI mieux fondées peut-être qu'aucun des concurrens, fe horna d'accord avec PEfpagne, Frédéric & Augufte , a foutenir celles de PElécleur de 13a viere , dont le pere s'étoit facrifié pour la France dans la guerre de ia fucceflion. II fournit a Charles-Albert, de Pargent, une armée & des Alliés. L'Ëlcéteur avec ces fecours marche jufqu'aux portes de Vienne, D'un'autre cöté Louis XV envoyé une armée en Weftphalie , fous fes ordres du Maréchal de Maillebpis, pour contenir en même tems le Roi cfAhgléterre, qui avoit tout a craindre pour le pays d'Hanovre, (St qui, a la tête de vingt-cinq mille hommes, figna un Traité de Neutralité. Les Etats Généraux, que 1'intérêt de leur commerce tenoit éloigné: de la guerre, s'entremirent pour la paix; ils propoierent des négociations, donnerent des places de pacification; mais rien ne fut écouté. Alors er tout événement ils fe déciderent a faire une feconde augmentadon dam leurs troupes. lis avoient levé onze mille hommes en 1740, ils en leverent autant au commencement de 1741, & comme ils ne vouloient poim prendre les armes, au lieu des troupes qu'ils s'écoient obligés de fournii la Reine de Hongrie, il fut décidé qu'ils lui fourniroient de Pargent. Au milieu de ces embarras , une inondation défola une- partie de h Hollande & de la Gueiore & occafionna de grandes pertes dans le: Provinces madames (a). Lelection du Duc de Baviere a 1'Empire, fOu le nom de Charles VII, éleétion qu'il devoit a la protecbion de la France & qu'elle foutenoit par des troupes dont PAllemagne étoit inondée, allar ma les Etats Généraux, qui, fourds aux affurances que M. de Fénélon Ambafladeur de France, leur donnoit de la part de fon maitre, & au> propofitions qu'il leur faifoit d'un traité de neutralité, crurent devoir prem dre des précautions, ordonnerent une nouvelle augmentadon de troupes & réfolurent de fecourir Marie-Thérefe avec un corps de vingt mille hommes. Cette réfolution ne fut pourtant pas unanime: Dordrecht & la Brille refuferent & perfiflerent dans leur oppofition , malgré tous 1« ■efforts des Etats. . ^„ . Ces augmentations entrainoient la néceflue u une promotion d Officiers Généraux. Le Prince d'Orange, qui n'avoit encore que le grade de Colonel , efpéra d'obtenir enfin celui de Général de 1'lnfantetie ou de Is Cavalerie. La Province d'Overysfel demanda pour lui une des grande; charges de l'armée. Les Etats crurent faire beaucoup en lui offranc celle de Lieutenant Général. Mais il la refufa, comme incompacible avec celle de Capitaine Général , dont trois Provinces Pavlotónt revêtu. II km repréfenta que, quoiqu'il n'eüt pu empêcher qu'on ne l eut dépouillé d'une partie de fes biens; Quoique contre les anciennes franchifes & iibertés de ces Provinces, & corWfe les principes fous lefquels 1'Union étoit fondée, 'les tribunaux lui fuflènt fermés , il ntn étoit pas moins obligé par les rn Voltaire -Précis du Siècle i'e Louis XV. Ch. IV. (2) Abrégé de 1'Hiftoire de LMllan'dJe & des Provinces-Unies, T. IV. Tome XLW. Ppp ■ Hift. de Hollande. 1697 >f- fugs a nos jours. Louis W ö? fes alhét fóutiettneut fEI.ec. teur de Bav iere. La République augmente fes troupes. Ann. 174 e. Et fecourt Marie- Thérefe. Refus faits du Prince d'Orange. Ses plaintes.  Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. MarieThérefelutte contre les Puiffances réunie:. Bèfaflre de f/lrtnée des Alliés. Bataille de Uettingue. Ann. 1744, Louis XP ii la tête de fes armées. (O Hiftoire de Hongrie par M. de Sacy T. II. Voyez 1'IIiftoire d'Allemagne* (3) Voltaire Précis du Siècle de Louis XV. Ch. VII. tfi HISTOIRE DE HOLLANDE inftructions qui lui en avoient été remifes , de conferver dans tour.e leur pureté 1'honneur & la dignité des emplois qui lui avoient été coniiés, & qui faifoient partie des libertés & des privileges des Provinces . au nom defquelles il avoit Phonneur de les rempiir; qu'enfm il étoit fiché que 1'offre d'une charge militaire fi peu convenab'e a fa dignité, lui ötat les moyens de fe rendre plus digne de fërvir PEtat. L'Empereur avoit fait fon entrée dans Prague prife par les Francois. Le Roi de Prulfe s'étoit rendu maitre de la Moravie. Marie - Thérefe oppoloit a tous ces défaltres, un génie capable de les réparer & un courage intrépide. Elle s'étoit rendue maitreffe des Hongrois par la confiance qu'elle leur avoit témoignée. L'Angleterre, Venife & la Hollande admiroient fes vercus & lui fournifibient de Pargent; fes Etats s'épuifoient pour lui procurer des troupes , & la Sardaigne étoit venue a fon fecours (i). II eft rare que la concorde & Punanimité regnent entre les Généraux d'armées combinées. Les Saxons, les Pruffiens & les Francois fe plaignoient les uns des autres. Ces derniers lutroient contre la fatigue , la déferdon & les maladies. Le Prince Charles de Lorraine, beau-frere de Marie-Thérefe , étoit en Bohème avec 35000 hommes & fe défendoit avec fuccès. L'armée des Francois s'anéandftbit, tandis que celle des Autrichiens acquéroit des forces. Ceux-ci rcprirent les pays dont 1'Empereur s'étoit emparé. Le Maréchal de Belle-Ifle fut trop heureux de pouvoir ramener la garnifon de Prague, & la guerre fut reportée du fond de 1'Autriche au Rhin (2). Louis XV, qui regnoit par lui-même depuis la mort du Cardinal de Fleuri, fe trouvoit par ies circonftances avoir une partie de l'Europe k combattre. Le Roi d'Angleterre, accompagné du Duc de Cumberland, le plus jeune de fes fils, a la tête des troupes Autrichiennes & Angloifes, par un bonheur auquel il ne devoit pas s'attendre, avoit gagné le 17 Juin la bataille de Dettingue , dont les Francois s'attribuoient la viétoire. Les Etats Généraux avoient envoyé vingt mille hommes a la Reine; ils n'arriverent qu'après la bataille & repardrent pour aller prendre leurs quartiers-d'hiver. Ce fecours, tout inutile qu'il avoit été, indifpofa le Roi de France. II reprocha a l'Ambafiadeur de la République, une démarche qui fembloit annoncer une rupture ouverte entre elle & la France. L'Ambafiadeur juftifia fes maitres fur ce que la Reine faifant une guerre défenfive, les Etats Généraux s'étoient cru obligés de lui envoyer les fecours ftipulés dans ce cas par leurs traités avec elle. Après la bataille de Dettingue les défaltres de 1'Ëmpereur furent portés au comble. Louis XV fe mit a la tête de fes armées, & dans le tems qu'il foutenoit feul tout le poids de la guerre, que le Roi de Pruffe avoit fait fa paix avec la Reine, que les Hollandois menacoient de fe joindre aux Autrichiens & aux Anglois, & que 1'Alface étoit^enacée, il appella le Prince Charles-Edouard, fils ainé du Prétendant, lui donna une flotte &  ÓU DES PROVINCES UNIES Liv. XXXlIL Sect. XIIL 4S3 vingt-quatre mille hommes de débarquement & Penvoya vers les cótes d'Ecofïè; mais cette entreprife ne fut pas plus heureufe que tant d'autres, qui avoient eu le même but. Dès ce moment la guerre qui n'avoit pas été dédarée entre la Franco & 1'Angleterre, le fut. Les Etats avoient ■ envoyé fix mille hemmes de troupes auxiiiaires k George II. & dix • vaiflèaux de guerre commandés par le Lieutenant-Amiral de Gravé. I • Comme il étoit évident que bientót les Provinces-Unies feroient obligées ' de prendre part a la guerrre, comme parties intértflëes, la Frife,; POveryflèl, la Gueldre, Groningue & les Ommelandes folliciterent vive- 1 'ment en faveur du Prince d'Orange: la Frife menaca; mais la Hollande 1 & la Zélande n'en parurent que plus inébranlables. La France n'avoit encore fait la guerre a la Reine de Hongrie, que comme auxiliaire de la Pruflè & de f Empereur; elle fe déclara ouvertemenr, & bientót apiès la Reine fit fa déclaration. Louis XV étoit arrivé en Flandres k la tête d'une armée nombreufe; les Etats Généraux envoyérent au Roi, le Comte de Waflènaar, en qualité d'Ambafladeur extraordinaire, chargé d'oflrir leur médiation entre les Cours de Londres & de Verfailles. Louis, qui étoit auprès de Lille, répondit qu'il avoit longtcms différé de prendre les armes, mais qu'il ne prétendoit point reculer, & dès le lendemain 17 Mai, les hoflilités commencerent ; & avant que 1'Ambafladeur des Etats ne fut pani, Courtrai & Menin étoient pris. Plufieurs villes qui fervoienc de Barrière k la République, Warneton, ; Ypres, la Knoque eurent le même fort (1}. Les Etats effrayés de ces 1 progiès & craignant pour les autres villes de la Barrière, donnerent encore vingt mille hommes a la Reine. L'armée alliée compofée de quatre- j vingts mille hommes, Autrichiens, Anglois & Hollandois, commandée c par le Duc d'Aremberg, marcha dans la Flandre Autrichienne, & campa a demi-lieue de Lille, dont on s'attendoit qu'elle feroit le fiege; mais ^ tout fe borna k quelques contributions, & a quelques partis , qui femontrerent enPicardie, dans le Hainaut Francois, le Cambrefis, & ils fe retirerent k.Tournai, oü ils prirent leurs quartiers. Louis XV averti que le Prince Charles de Lorraine avoit pafle le Rhin & ravageoit 1'Alface , court au fecours de cette Province ; mais il efl: arrêté a Metz par une maladie affreufe. II y apprend que le Roi de Pruflè qui, en 1742, avoit fait fa paix avec la Reine de Hongrie, avoit repris 1 les armes contre elle, fous prétexte de rendre la liberté k 1'Empire, re- 1 donner de la confidération k 1'Empereur & pacifier l'Europe , mais en * effet pour n'être point accablé par les armes de la Reine, de 1'Angleter- \ re, de la Sardaigne, de la Saxe & de la Hollande, unies contre i'Em- l pereur par un Traité fait k Worms: en conféquence Frédéric rentra dans fes engagemens *avec la France: il y eut k Francfort un Traité entre ces deux Puiflances, (a) 1'Empcreur , 1'Eleéteur Palatin & le Landgrave de Heffe, Roi de Suede. Le Roi de Pruflè marcha k Prague avec quatrevirgts mille hommes & en envoya vingt mille en Moravie. fi) Abré-é de 1'Hiftoire de Holhude & des Provinces-Unies, T. IV. (2) Voyez 1'Hiftoire d'Allemagne. Ppp 2 Hifi. de Hollande. 1697. ;'«/juesa nos ouvs. Vouvelles ollicitaions en fa~ eur du 'rince '■O range. ïuccès des ?rancois. es Hollan* ois, auxiaires de larie'hércfe. ,e Roi de 'rufe reon,óe dfon Uliance vee la '.eine.  Ster. XIII. Hifi. de Hollande. 1697,juf ques a nos jours. Siege de Fribourg. Ann. 1745. Mort de FEtitpereui Charles VU. Bataille de Fontenoi , gagnée pat le Maréchal de Saxe. Louis XP vainqucur propofo ia paix. 4S4 HISTOIRE DE HOLLANDE Les Autrichiens avoient évacué 1'Ahace; ie Roi de Prufie fe rendit maitre de Prague & de quinze mille hommes qui la délèndoient. L'armée Francoife rentra en Allemagne, le Prince de Conti en Italië, oü il gagna la bataille de Coni. Le Roi de France faifoit le fiege meurtrier de Fri> bourg & s'en empara; il fe rendit maitre du Brisgaw. Le Prince de Clermont s'étoit déja emparé de Confiance; mais le Roi de Pruflè fe retiroit devant le Prince Charles, qui le fuivit jufques en Siléfie: 1'Empereur étoit rentré aMunich, & les fuccès du Prince Charles lui faifoient craindre d'étrc bientór. obligé d'en fortir. Il feroit trop long de rapporter tous les événemens qui fe pafierent dans le cours de cette année. Nous nous bornons a ce qui regarde les Provinces-Unies, qui enfin s'étoient ouvertement déclarées par le Traité de la Quadruple Alliance, figné a Warfovie lc 5 Janvier, ouvrage des Etats Généraux, & qui fembloit devoir procurer de grands avantages a la Reine. La mort de 1'infortuné Charles VII, cccablé. de maux & de chagrins,. vint encore changer la face eles affaires: fon fils protégé par la France & malheureux malgré cette protection, y renorca & fe mit fous celle de Marie-Thérefe. Cependant la guerre condnuoit avec la même fhrcur: la Flandre en étoit le principal thé&tre.. Le Roi de France y revint. Le Maréchal de Saxe 1'y attendoit avec une armée nombreufe. Tournai étoit invelb: les Etats Généraux demanderent qu'on hafarelat une bataille pour délivrer cette ville. Louis XV étoit arrivé a. l'armée; fa préfence animoit les troupes , le Maréchal de Saxe les commandoit: vingt bataillons & vingt-fix efcadrons Anglois, cinq bataillons. & feize excadrons Hanovriens,. le tout fous les ordres du Duc de Cumbcrland, quarante efcadrons Hollandois & vingt-fix bataillons commandés par le Prince deWaldeck, & huit efcadrons Autrichiens fous le Général Koenigfegg,. compofoient l'armée des Alliés. La bataille fe donna prés de FontenoiT la viétoire fembla d'abord lè déclarer pour eux. La colonne formée pan les Anglois, tant qu'on ne 1'attaqua qu'avec de petits corps, les foudroya:. mais dès qu'en marcha en force contre cette maffe > on la rompit &. ia bataille fut g"gnée. Les Alliés perdirent neuf mille hommes, parmi lefquels il y eut deux milie prifonniers. 1-1 y eut du cóté des Francois dix-fept eens hommes tués, environ trois mille trois eens bleffés, & pas un prifonnier (1). Le jour meme de cette bataille, couronné par la viétoire, Louis XV fit écrire a l'Abbé de la Ville, fon Miniftre a la Haye, qu'il ne demandoit peur prix de fes conquêtes, que la pacification de l'Europe, & qu'il étoit prêt d'envoyer des Plénipotentiaires a un Congrès (2). Les Etats Généraux ne purent croire a tant de modération: ils regafdcrent les offres du Roi, comme peu finceres. La Reine de Hongrie & les Anglois éluekrent cette propofition. Cependant Ia bataille de Fontenoi eut les plus (1) Voltaire Précis du Siècle de Louis XV. Les Réverics du Maréchal de Saxe.. Folard , &c. . . Q&j Abrégé de 1'Hnfoire de Hollande & des Provinces-Unies. Campagnes, ie.Louis XV.  OU DES PROVINCES UNIES; Liv. XXXÏÏt Sect. XIIL 485 r.cureufcs fuites pour les Francois. La ville & la citadelle de Tournai ié rendircm Le Marquis du Chaila & le Comte de Lowendal alloient faire le fiege de Gand; les Alliés envoyent fix mille hommes au fecours de la ville" Les Alliés & les Francois fe rencontrent de nuit prés de Mêle • Pardllerie des Francois efl: prife , & reprife par le Marquis de Crillon- les Francois font vainqueurs. Du cöté des Alliés, tout eft tué, mis en fuite ou fait prifonnier; & ce combat fait aux Francois preiqu'autant d'honneur, par les circonftances, que la bataille de Fomenoi; Gand pris en eft le fruit. On y trouva un magafin immenfe de provifions de guerre & de bouche, de fourrages, d'armes, d'habits. Oudenarde Bruges, Aloft fe rendent. La garnifon compofée de troupes de la Ré'publioue eft faite prifonniere. Dendermonde capitule. Le Comte de I ovvendal fe rend maitre d'Oitende , de Nieuport & d'Ath. Les Ecats de Hollande effrayés de la rapidité de ces conquêtes, & craignanr. pour leurs Provinces, fe hatent de fortifier Nieuwer-Sluis fur le Vegt (i> Pendant ces fuccès des armes Francoifes, la Reine de Hongrie ayant raffemblé fes troupes, dont le Prince de Conti qui commandoit fur le Mein n'avoit pu empêcher la joncbion , elles couvrirent Francfort, & cette Princeffe eut la gloire & la fatisfadion de faire eouronner Empereur, francois de lorraine, Grand-Duc de Tofcane, fon époux. Les Alliés, après la bataille de Fonrenor* s'étoient rctirés dans le Brabant & avoient pris leur camp derrière le canal entre Bruxelles & Vilvoorden. Le Maréchal de Saxe forma 1'entreprife hardie de prendre Bruxelles au milieu de 1'hiver. U pare de Paris , bloque cette grande ville le qo Janvier, fait ouvrir la tranchée le 7 Février, & le 20 il oblige la "arnifon forte de dix a douze mille hommes, la plupart Hollandois, a fe rendre prifonniere. II trouva dans Bruxelles une quantité confidérable de munitions de guerre, & forca la ville a payer deux millions de contributions, dont il didribua a les foldats la plus grande partie. Les Etats Généraux tenterent alors la voie des négociations. LesMagiftratï vouloient la paix, Le Peuple excité par les Anglois, qui vouloient faire nommer le Prince d'Orange, Stadhouder, Capitaine & Amiral Général (2). défiroit la Pmn Rr u i\/i,„- . Les conquêtes des Francois fe multiplioienc. Leurs troupes commandées par le Maréchal de baxe, par le Prince de Conci & par ie MareCfeal d'Eftrées s'emparerent d'Anvers , le rempart de la Hollande & de rout le Brabant Autricbietj; dars le Hainaut, de Mons, dont la moitié de te garnifon étoit Hollandoife, de St. Guilain, Charleroi, Namur: ainfi. les ■ Ecats, perdirent leur Barrière & cette brillante campagne fut terminée par la bataille de Rocou, prés de Liege, gagnée encore par le Maréchal de Saxe, mais qui ne décida rien. La cavalerie des Etats s'y diitingua. • Le Marquis de Fénélon, qui avoit-été vingt ans Ambafladeur a la Haye] fut tué a cette bataille. Les Etats le regrctterent: ils rendoient trop card' juftice a la fagefle de fes confeils, qu'ils fe répentoient en fecret de n'avoir point fuivis. M. Gillis s'occupoit a Breda des moyens de faire la paix; il étoit employé dans les négociations qu'on y avoit ouvertes & qui furent rompues , lorfqu'il y recut la nouvelle , que les Etats Généraux 1'avoient nommé Grand-Penfionnaire, a la place de van der Heim, qu'ils venoient de perdre (1). Louis XV défiroit la paix, quoique vainqueur : il s'appercut que les Anglois ne cherchoient qu'a prolonger Ja guerre; il fit propofer aux Hollandois par l'Abbé de la Ville, de traiter (ëparément avec la France. Le Roi les mcnaca d'entrerTur lts cerres de la République, s'ils refofoient: foic que par cecce menacc il crut les déterminer plus'aifément, foit qu'il voulüc leur fournir un moyen de fe juftifier auprès des Anglois; ils refuferenc, ou plutöt ils n'oferent point accepter Ia propofition de l'Abbé de la Ville. Alors Louis XV ordonna h fes troupes de marcher dans la Flandre Hollandoife. Elles s'emparerent du pays de Cadfand, inveftirent le Sas de Gand & prirent 1'Eclufe & quelques autres forts (2). Ces conquêtes jetcerent 1'épouvante parmi le peuple; les parcifans de Ia maifon d'Orange, les émiflaires du Roi George, & les Provinces donc le Prince écoic Stadhouder, profiterent de ces circonftances: ils difoient hautement que PEtat trop divifé couroit k fa perte & qu'il lui falloit un Chef, qui réunit toutes les volontés & qui füt le dépofitaire de tous les pouvoirs; que la République ne pouvoit fe foutenir qu'autant qu'on rendroit au Prince d'Orange les charges & les dignités de Guillaume lil, dont on 1'avoit exclu, ainfi que fon pere, qui étoit fon héritier. L'invafion des Francois en 1672 avoic commencé par la Zélande; cet:e Province étoit actuellement menacée. Les habitans du pays dont ils /enoient de s'emparer , avoient cherché un afyle dans Veere & dans Flefiïngue. Le Roi d'Angleterre accorda aux villes de l'ifle de Walcheren, la permiffion de fe fervir d'une efcadre Angloife qui mouilloit dans le port. Plus le danger dont Ia patrie étoit menacée groffiflbit aux yeux du peuple , & plus il s'obftinoit ii demander un Stadhouder , un Capitaine & Amiral Général. Les Régences de Veere , de Fleffingue , Middelbourg, Goes, Tholen, Ziericzée, furent forcées de nommer Ie CO Abrégé de l'Hiftoire de Hollande & des Provinces-Unies. (2) Campagnes de Louis XV.  OU DES PROVINCES UNIES, Lr/. XXXIII. Sect. XIIL 487 Prince d'Orange a ces dignités; trois jours après , 1'élecbion des villos fut ratifiée par la Province. Des que la nouvelle de la révolution fut parvenue a la Haye, la populace enhardie infulta le gouvernement, qu'on étoit parvenu a lui rendre fufpecl (1). On avoit perfuadé au peuple que pour avancer la paix fi défirée des Francois, il y avoit un traité de neutralité fecret, entre la France & les Etats Généraux, qui s'étoient, difoit-on, engagés pour füreté de l'ob!érvation de ce traité, de remettre entre les mains du Roi, toute la Flandre Hollandoife , dont les ennemis prenoient les villes de 1'aveu & du confentement des principaux membres du Gouvernement. On donnoit pour pr^uve de ces faits , la facilité avec laquelle plufieurs villes fe rendoient a la première fommadon des Francois: on ajoutoic que plufieurs membres, & nommémeiit le nouveau Penfionnaire Gillis, envoyé aux conferences de Breda, avoient vendu PEtat a la France, avec laquelle ce dernier , affuroit-on, entretenoic des correfpondances criminelies. Ces calomnies étoient atroces; le Penfionnaire fe crut obligé de fe juftifier devant les Etats Généraux : le compte qu'il rendit de fa conduite fut fi fatisfaifanc, que les Etats ordonnetent des perquifitions contre les auteurs de ces bruits, pour les punir: ils prirent en même tems des moyens pour repoufièr Pennend. Les bruits calomnieux diminuerent; mais les faébons en faveur du Prince d'Orange n'en furent pas moins entreprenantes. Les villes de la Hollande le nommerent fucceflivement. Les magiftrats fe virent forcés de céder k Panimofité des peuples: il formoit des attroupemens a la Haye & vomisfoit impunément des injures contre les membres des Etats: il inveftit le palais & Pon fut obligé d'y arborer, ainfi qu'a 1'hótel de ville, le drapeau d'Orange. La populace arrêtoit chacun des membres des Etats qui fortoit de PAflèmblée : on lui demandoit s'il avoit déclaré le Prince, Stadhouder, & s'il avoit figné comme les autres ? Malheur h celui qui n'auroit pas répoudu conformément au vceu de la populace! Li Penfionnaire de Dordrecht fuc faifi a la gorge par un bourgeois prêt a le poignarder, fi ce magiftrat n'eut été lecouru a tems par un de fes amis, qui retinc le bras de 1'affafïïn (a)- Cependant les Etats différoient encore de déclarer le Prince, Stadhouder. Le bruit d'une defcente des Francois adroitement répandu, ranima la fureur du peuple; une foule de payfans entra dans la Haye, en demandant des armes pour s'oppofer b 1'ennemi: le peuple ne douta plus du danger & éclata en menaces. Les Etats firent publier que dans trois jours la nomination feroit faite: ils efpéroient qu'en temporifant ils fauveroient la République. Le peuple confentit h ce délai; mais il demeura toujours attroupé. Les Etats de Hollande furent forcés de reconnoitre le Prince d'Orange Stadhouder, Capitaine & Amiral Général de leur Province. Celles d'Utrecht & d'Overyflèl le nommerent peu de jours après. Enfin les Etats Généraux reconnurent & proclamerent Guillaume-Charles-Henri-Frifo , Prince d'Orange & de Naflau, Stadhouder, (O Voltaire Précis du Siècle de Louis XV. Ch. XXIII. (4. Abrégé. de ftliftoire de Hollande & des Provinces-Unies. Hift. de Hollande; 16 97, jufques d nos jours. Emeute d la Haye. Les Elats £*? quelques membres calomniès cT infuitês. Le Prince nommé par ks villes. Les Etatsobligés(Tarborer lc drapeau d'Orange. Forcés de rétablir le Stadhouderat.  Sect. XII Hifi. de Hollande. 1-607, ju, ques a no: jours. Lts Etat; Cénéraus le rctabl jent. ivfiallaii, du Stadhouder. RHabli dans le Mar qui fa de l'eere &■ de Fles jtfgue. Charges t honneurs accorJés a Stadhouder. Suite des fuccès des Francois. Prife de Rerg opZoom par le Comte d Lowvndal. 488 HISTOIRE DE HOLLANDE :. Capitaine & Amiral Général de toutes les forces de 1'Union (i). AinC fut rétabli le Stadhouderat, aboli depuis quarante-cinq ans. ,, On fait, . „ dit Voltaire, que tout Prince veut être abfolu & que toute République „ eft ingrate. Les Provinces-Unies qui devoient a la maifon de Naflau la „ plus grande puiflance oü jamais un peut Etat foic parvenu, purent ra- „ rement établir un jufte milieu entre ce qu'ils devoient au fang de „ leur Libérateur & ce qu'ils devoient a leur Liberté (2)", •f, Le Prince fut inftallé & prit féance dans tous les Colleges fupérieurs fous le nom de Guillaume IV. Dans lc difcours qui fut prononcé a ceue oecafion Porateur, ami du Prince, exaita les avantages qui ne pouvoient manquer de réfulter du rétabliflèment de Pancienne forme du Gouvernement, 6k ces avantages étoient une fatyre indireéte, ma-is fanglante, de 1'adminiftration qui compofoit les Etats. Le Roi de France y fut traité de voifin ambitieux & peifiie, dont le joug alloit être brifé; flatterie baffe & maladroite, qui pouvoic attirer des défagrémens au Stadhouder même, de la part- de ce IV! onarque. Cependant la Zélande remit le Prince d'Orange en pofleflion du Marquifat de Veere & de Fleffingue, dontle titre & les prérogatives de premier f Noble de Zélande avoient été anéantis. Les Etats de Hollande lui don. nerent la dignité de Grand Foreftier, lui remirent la difpofition de tous les Emplois milicaires. Ils déclarerent qu'd n'y auroit d'incompatibilité de la députation aux affemblées des Etats Provinciaux avec le fervice immédiat du Prince. Les Etats Généraux allerent encore plus loin, fis f déclarerent le Prince, Stadhouder & Capitaine Général du pays d'OutreMeufe, & lui conférerent le droit d'accorder des lettres de grace & u d'abolition dans la jurifdiction du Confeil de Brabant & dans la ville & territoire de Maeftricht: réfolutions bien différentes de celles qui avoient été prifes depuis la mort de Guillaume III, & furtout en 1708; mais 1'Arigreterre & les partifans de la maifon de Naflau avoient prévalu. Ce voifin ambitieux, dont le joug devoit être bientöc brifé, continuoit fes conquêtes fur les terres de la République. Les Francois s'emparerent au mois de Mai, de la Flandre Hollandoife. Le Maréchal de Saxe, vainqueur a Lawfeldt, forca le Duc de Cumberland de fe retirer vers Maeftricht. Le Prince de Waldeck, qui commandoit dans cette bataille les troupes de la République, fe rendit a Bois-le-Duc, fe démic de fa charge ■tres mécontent & lè retira en Allemagne. Le Comte de Lowendal, vainqueur d'Oftende & d'une partie du Brabant, alla mettre le fiege devant Berg-op Zoom, place qu'on regardoit comme inexpugnable par fa fituation , par fes fortifieations & par ce qu'elle étoit fans cefie raffraichie, „ fans que les affiégeans puflènt 1'empêcher. Le Comte de Lowendal la prit cependant, après foixante-cinq jours de tranchée. (3) Le pillage dura tout le jour & une partie de la nuit. On accufa Ie vieux Général Croonftrom qui y commandoit, de négligence dans la défenfe de cette viile. II fe jusCO Hiftoire du Stadhouderat. Abrégé de l'Hiftoire de la Hollande. CO Précis du Siècle de Louis XV. Ch, XXIII. Cs) Voyez le détail de cc- Siege incroyable dans le Précis du Siècle de Louis XV, Ch. XXVI, & le Journal du Siege de Berg - op - Zoom.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 489 .juftifia, & le confeil de guerre qui, pour 1'honneur de Ia garnifon, eut bien voulu le trouver coupable , fe contenta de ne point prononcer, malgré les inftances de Paccufé. Cette prife excica dans les Provinces & furtout en Hollands & en Zélande des fédidons parmi le peuple: les plaintes fe ^omdhreut contre plufieurs membres du gouvernement, qui furent forcés de fe retirer. Les •Proteftans accufoient les Catholiques & les infultoient, uniquement paree qu'ils étoient de la même religion que 1'ennemi. On pilla, on ravagea leurs maifons; quelques-unes furent détruites, paree quon fuppofoit que les propriétaires avoient fait des vceux pour les fucces de la France, & par conféouent pour le malheur de la patrie. Peut-etre quelque Catholique indifcret avóit-il en effet témoigrré quelque joie des tnomphes de la France; mais il eft plus vraifemblable que la fertnentation a la■quelle le létabliffement du Stadhouderat avoic donné lieu, étoit Ia caufe de ces étneutes. Le Prince & les Etacs de Hollande pubtierenc des Edics féveres qui les firent ceflèr pour un tems. On ordonna un denombrement dans les Provinces, de tous ceux qui étoienc ert état de porter les armes, nfin de s'en fervir en cas de befoin pour la défenfe de la patrie. Op fic exercer dans les villes & les campagnes cous les Habitans au mam. ment des arines. On décida qu'on créeroit cent compagnies bourgeoifes. deftinées a appaifer & k prévenir les féditions dans ies villes. On er forma quelques-unes qui, au lieu de remplir leur deftinauon, excuoien le peuple a fe foulever, *& Pon fut obligé de les licentier; mais c< qui ne parcitra point extraordinaire a ceux qui ont lu 1 hiftoire oes em pires avec quelque attendon, ces fiers Républicains quisetoient fi forte ment oppofésau rétabliffement du Stadhouderat, qui avoient touc refuk au Prince d'Orange, adoienc au devant de fes vceux. Le Stadhouderat (x les char.-resde Capitaine & Amiral Général de toutes les Provinces- Unies, furent déelarés héréditaires dans la ligne mafculine & fémimne du Prmce d'Orantie. On lui offrit dans la plupart des grandes villes la maitnle des poftes, donc les revenus appartenoient aux Bourguemaures ou aux principaux magiftracs: il eft vrai que le Prince ne 1 accepta que pour en difpp fer en faveur de la Province; mais comme les Bourguemaures d Amfterdari avoient eux-mêmes fait directemenc a la ville le facrifice de cet emploi, qui alloit a prés de deux eens mille florins par an, les partifans du Prina d'Orange prétendent que la maitrife des poftes étant un droit du Sou verain, ne devoit pas appartenir aux villes (i> Amfterdam juftifia pa nn diplome de Guillaume VI, de 1407, que ce Prmce avoit declar. que les emplois & offices auxquels la ville nommoit alors , refteroient : fa difpofition. Amfterdam & la Haye furent maintenues. Alors la Bourgeoifi. de Rotterdam , dont Pexemple fut fuivi dans quelques autres villes, voyan qu'on ne réoondoit point a une première requête , par laquelle eli< avoit demandé la vénalité des charges & la ceffion des poftes au profi de PEtat, en préfenta une feconde beaucoup plus féditieufe, par laqué I< on demandoit, que fans aucun délai la vénalité fut accoK.ee, Jufques a nos jours. Séditions contre la République. Stadhouderat cha-.-ges déclaré: héréditaires. Affaires des Pojles. t ; Requête fi» , diticufe; ' fa&ions, : troubies. ! A Rotter3 dam.  Sect. XIII. hili. de Hol ande, 1697 , jufques a nos jours. A Amfterdam. Succejfton du Stadhouderatdans la ligne matculine &? fbttinihe de la maifon de Naffau. t I c t c 490 HISTOIRE DE HOLLANDE grandes charges de la Province fuflènt déclarées héréditaires en faveur des defcendans males & femelles du Prince d'Orange. Les magiftrats craignant un foulevement accorderent tout; mais en ayant informé Ie Prince, il annulla par une déclaration contraire, la déclaration extorquée par violence a la Régence de Rotterdam , défapprouvant la vénalité des emplois, promettant de réformer les abus qui s'étoient gliffés dans leur diftribution & menacant des punicions les plus féveres quiconque fe mêleron des affaires du Gouvernement, & troubleroit les délibérations des Magifirats. Cette déclaration calma le plus grand nombre ; mais les plus féditieux s'exhalerent en rcproches d'ingratitude contre le Prince, qu'ils avoient, difoient-ils, élevé au Stadhouderat malgré les Etats; ils arracherent leurs cocardes, quelques- uns les foulerent aux pieds; mais comme: ils étoient les moins forts, leurs fureurs n'eurent point de fuites (1). Quelques bourgeois d'Amfterdam, fous le nom de bons Patriotes. ayant a leur téte Domei Raap, marchand de porcelaine , demanderent hautement que les grandes charges fuflènt déclarées héréditaires dans la branche du Stadhouder; que les emplois fuflènt vendus publiquement au proh't de lEtat; que les Capitaines des compagnies bourgeoifes fuflènt pris des corps des bourgeois & non dans Ia magiftrature, & qu'on rendit aux corps des métiers leurs anciens privileges. Raap fe donna beaucoup de mouvemens pour faire figner fa requête. II obtint quelques fignatures. On eut recours aux affiches. La populace s'aflèmblè & fe précipfte aai» 1'hotel de ville; les Bourguemaures en étoient abfens & tout fut ravagé. On arbore aux fenêtres un ruban couleur d'Orange au bout d'un houflbir. Les compagnies bourgeoifes, quoiqu'avec bien de la peine, parvinrent a difhper ces ^ mutins. Mais comme ces émeutes fe renouvelioient dans tou*fjjfs J^W. on remédia pour fatisfaire le peuple, aux abus qui s'étoient ghfles dans Ia diftribution des emplois , fans recourir a ia vénalité. L» ville d Amfterdam ne voulut jamais céder le revenu des poftes, que feulement au proh't de la vilie; mais elle confencit a tout le refte, & même a Ia iucceiTion héréditaire mafcuh'ne & féminine, de toutes les dignités de la République. Ainfi fut confommée cette révolution , qui cotrtraignit les Ltats h redonner a la Hollande (pour nous fervir de leurs propres termes) un Chef éminent', il eft inconteftable, que 1'Angieterre, Ia Nobleflè & le Peuple forcerent ies Etats d'y confentir, pour ne pas s'expofer avec leurs families a de plus grands maux. On peut voir leurs motifs dans leur réfolution: (*) CO Abrégé de l'Hiftoire de Hollande & des Provinces-Unies. Hiftoire du Stadhoulerat par 1 Abbé Raynal. Cs) Ri5solution des etats de hollande et de westfrise, du 16 Novembre 1747 , concernant le Stadhouderat Héréditaire de cette Province dans 1'illuftre Maifon d'orange & de nassacj. Leurs nobles et grandes puissances ayant délibéré fur la propofition iite le 7 Octobre dernier, p^r les Seigneurs du corps des Nobles, pour défértr fur le led y rnentionné, a S. A. S. Mgr. le Prince d'Orange & de Naflau, ainfi qu'a fes elcendans males de femelles, procréés d'un légitime mariage, Ie Stadhouderat hérédijire cc les charges de Capitaine & Amiral Général de cette Province, comme auffi celle e Capitaine & Amiral Général des Provinces-Unies; lesdits Seigneurs du corps des  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Saot. XIIL 491 il n'y avoit pas d'autre moyen d'étouffer les difcorcles & les factions, qui défcloient la République & qui Pauroient enfin entrainée a fa perte. Cependant les Etats Généraux & le nouveau Stadhouder chercherenc a s'oppofer aux progrès de Pennemi. II fut queftion des fubfides que de- Nobles & les Députés des Villes refpectives ont déclaré unanimement, au nom de leurs Principaux, qu'après avoir mürement examiné la Conftitution & 1'état de la Régence de ce pays, ils out compris que 1'expérience a fait voir évidemment, que la République ne fauroit fubfifter, fans étre gouvernée par un Chef éminent, puifque dans le tems qu'elle en a été privée , elle s'eft trouvée fur les bords de fa mine totale, d'oü elle n'a pu être tirée que par 1'élecliou d'un Stadhouder , Capitaine & Amiral-Général. ■Que fous cette heureufe forme de Régence, la République a tellement augmenté en puifl'ance depuis fon etabliflément , que non - feulement elie a été recherchée par fes voifins, mais qu'elle eft auffi deveuuc redoutable leus la conduite & ia direftion des Prhices de la maifon d'Orange & de Naflau, & que le Stadhouderat , ainfi que Ia Charge de CapJxaine & Amiral Général, ayant été de nouveau déférés a un des defcendans de cette illuftre maifon, on en reflentoit déja vivement les favorables effets. •Que les Régens bien intentionnés, ainfi que tous les Siijets de 1'Etat, ue peuventpenfer qu'avec effroi, a la perplexité oü la République fe trouveroit réduita, (i elle venoit a être privée de ce Chef éminent, & que dans les circonftances préfentes nous eusfions le malheur de le perdre, d'autant que la poftérité de S. A. S. ne confifte jufques ici, qu'en une feule Princdlé encore jeune; de-forte qu'il eft abfolument néceffaire d'employer des moyens pour prévenir ces malheurs , autant qu'il eft humainement poflible; que 1'unique moyen pour y parvenir, eft de continuer la dignité de Stadhouder en faveur des defcendans males & femelles de S. A. S., en prenaut les précautions qui feront jugées les plus convenables pour le bien de ces pays. En conformité , les Seigneurs du Corps de la Nobleflè, & les Députés des Villes refpedive? ont déféré unanimément, au nom de leurs principaux, ii S. A. S. le Stadhouderat, héréditaire & la charce de Capitaine & Amiral-Générd de la Province de 'Hollande & de IFestfrife; enforte qu'après la mort de ce Prince, cette dignité & ces charges feront dévolues aux defcendans males de fadite A. S. procréés en légitime mariage: que s'il arrivoit que Mgr. le Stadhouder laiflat un fils & que celui-ci vlnt a. mourir fans poftérité male, & fans qu'il y eüt d'autres héritiers males de S. A. S., mais qu'il laiffat une fille; alors les fufdites charges & dignités feront dévolues a cette Princeflè & après fa mort a fes héritiers & defcendans males. Que fi S. A. S. venoit a mourir fans laiffer d'héritmrs males, la Princeffe Caroline, fille de Sadite Altefle, fuccédera dans les fufdites charges & dignités, lefquelles feront dévolues, après fa mort, aux defcendsns male?. Que fi S. A. S. venoit a procréer encore d'autres Princeffes, & que la Princeffe Cnroline vint a mourir , fans laiffer de poftérité male, les fufdites charges & dignités feront dans ce cas-la dévo'mes a celle des Princeffes, fceur de la Princeffe Caroline, qui fera alors en vie, ainfi qu'a fes defcendans males; les Princeffes ainées & leurs héritiers males devant toujours étre préférés aux Princeflès cadettes & a leurs defcendans males. Bien er.tendu néanmoins,"que les fufdites charges & dignités ne pourront être poffédées par aucuns des defcendans de' S. a. S., foit males ou femelles, qui feroient revêtus de la Dignité Royale ou Eieétorale : que lefdits defcendans qui fuccéderont dan? ies fufdites chr.rges & dignités, devront profeffer la vérita. ble Religion Chrétienne Réformée: que psndant leur minorité , ils devront être élevés dans ces Provinces-: que la fucceflion defdites charges & dignités n'aura lieu en faveur de la poftérité male des defcendans femelles de S. A. S., que dans le cas que Jgs Princeffes auront époufé du confentement & avec approbation de L. N. & G. P. , un Prince qui fafle profeffion de la véritabie Religion Chrétienne Réformée , & qui ne foit pas revêtu de la dignité Royale ou Electorale. „ Que s'il arrivé qu'une Princeffe vienne a fuccéder dans les fufdites charges & „ dignités, elle devra les exercer elle-même fous le titre de Gouvernante, & avoir „ cn cette qualité féance dans les Colleges refpeftifs, ainfi qu'au Confeil d'Eut: que „ comme elle fera en même tems Capitaine & Amiral Géuéral des Provinces-Unies, „ elle devra pareilleraent exercer elle - même cette charge, pour ce qui regarde la féan- Qqq a Ht/t. de Hollande. 1697, /«/lues a nos jours.  492 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jusques a nos jours. Subfides. Bon gratuit. Ann. 1748. Paix pro- pofée par la France viftorieufe, & refufée. 1 s Prife de tiacftrickt. I ] ( 1 t t y. 9 x 5 i i 2! mandoit la Cour de Ruflie , pour les trence-fept mille hommes qu'elle avoic promis d'envoyer au Roi d'Angleterre. Les Provinces-Unies qui venoienc de conclure un Traité d'AUiance avec 1'Impératrice Reine, demanderent aux villes un don gratuit pour payer leur pare des fubfides, & fans fixer la totalicé de la fomme, on demanda deux pour cenc de toute pofieflion, dont les revenus fe montoienc a deux mille florins; un pour cent des poffèffions, dont le produit étoit de 1000 jufques a 2000 florins. On laifia a ceux dont le revenu étoit au deflbus, la liberté de fe taxer a ce qu'ils voudroient, pourvu qu'ils donnaflènt quelque chofe: on laiflöit chacun le maitre d'évaluer fes revenus; mais avant de verfer dans Ia caiflè, on devoit jurer qu'on les avoic fupputés de bonne foi, & perfonne ne fut foupconné d'avoir fait un parjure. Après la bataille de Eontenoi, Louis XV, comme on Pa die, avoicpropofé la paix h la Hollande-, il la propofoit encore après de nouvellesconquêtes , en menacant la République , fi elle ne 1'acceptoit pas, de continuer d'envahir fes terres. Les Etats qui comptoient beaucoup fur. l'armée Rufiè, arrivée en Franconie, refuferent: leur refus fut accompagné de la défenfe d'exporter toute forte d'armes, d'attirails de guerre, de chevaux, de bois de conftruétion, d'agrès & de tout ce qui fert a Péquipenent des vaiflèaux. Ils prohiberent les vins, les eaux de vie, les fucres,. es firops, le papier & le favon de France: on fit des défenfes féveres Paflürer des vaiflèaux & des effets appartenans aux Francois. On encou:agea les amateurs. Cependant on avoit repris, it Aix-Ia-Chapelle, les ïégociations entamées a Breda. Pendant qu'on fe débattoit fur les préiminaires, le Maréchal de Saxe inveftit & emporta Maeftricht.- Pinveftifèment de cette ville détermina les Alliés a la paix, que toutes les Puiflances belligérantes défiroient. On a faufièment avancé que 1'arrivce de 'armée des Ruflès fur le Mein, la eréation du Stadhouder , les efforts le la Hollande & 1'interruption du commerce avoient effrayé la France Sc 1'avoient décidée (1). Elle 1'étoit depuis longtems. Aucun Hollanois n'ignoroic les offres généreufes & réitérées que Louis XV avoit fai2s , avant le commencement de cette derniere campagne. II eft plus ce au Confeil d'Etat & dans les Colleges refpeclifs de rAmirauté; mafs en cas de guerre & lorfque les troupes devront aller en campagne , elle aura la faculté de , nommer & de propofer un Chef expérimenté, pour commander la milice, pourvu , qu'il falTe profellion de la Religion Réformée, qu'il ne foit point revétu de la dignité , Royale ou Electorale, que d'ailleurs il foit agréable a L. N. & G. P., qu'il prête , le ferment de fidélité & qu'il fe conforme aux inftruftions qui lui feront données , par L. tt. P. de 1'avis de Madame la Gouvernante & du Confeil d'Etat. „ Que s'il arrivé que les Princes ou Princefles qui fuccéderont aux fufdites charges , & dignités, font mineurs, la Princeflè mere exercera, dans ce cas, lefdites charges, , comme tutrice & fous le titre de Gouvernante, moyennant qu'elle refte veuve pen, dant ladite minorité, & qu'elle fafl'e fa réfidence dans ces Provinces, en obfervant , pour ce qui regarde la nomination d'un Chef expérimenté, ce qui a été ftipulé ci» , deflus. Et enfin que ii pendant ladite minorité, il n'y avoit point de Princeflè mere, ou que fon adminiftration viut a celfer, L. N. & G. P. pourvoiront en ce cas-la a la tutelle defdits mineurs, de la maniere qui conviendra le mieux a 1'avautage de , ces pays." (O Hütoire abrégée de la Hollande &. des Provinces-Unies. Ch. XIX.  OU DES. PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 403 vraifemblable que du cöté des Hollandois, les caufes déterminantes de la paix , furent la confternation ou- les avoit jettés la prife de Berg-op-Zoom1, ia perte de la Flandre Hollandoife & la crainte fondée de plus grands maux, préfagéspar la prife de Maeftricht; & du cóté de la France Ia perte de Louisbourg, le danger qui menacoit fes colonies , 1 affoibrffement de fon commerce & le mauvais état de fa marine. Quoiqu il en foit le Traité d'Aix-la-Chapelle fut figné le 12. Oétobre. Loüis XV rend'it a la République toutes les places qu'il avoit conquifes fur elle; mais elle n'en étoit pas moins épuifée par les dépenfes exceffives occafionnées par cette guerre, & dont rien ne 1'indemnifa. Ce Traité fut fuivi de celui de Hanovre entre le Roi d'Angleterre, les Etats & 1'Electeur de Baviere, & de celui de Drefde entre le Roi de Pologne, Elecbeur de Saxe & les Etats (i> . La Princeflè d'Orange étoit accouchée d'un Prince Ie 8 Mars ,. Le nom de Comte dè Buren étoit affefté au fils ainé du Stadhouder.^ Cet événement caufa la plus vive joie aux Provinces. Les Etats Généraux, ceux de Hollande, de Zélande & de Frife, les Villes de Nimegue, de Dordrecht, Harlem, Delft, Leyde, Amfierdam, Gouda, Rotterdam, Schiedam, oréfenterent par leurs députés au nouveau-né, dans des boëces d'or, en différens contracbs trente-cinq mille huit eens florins, de rentes viageres (a). Mais cette joie fut bientót interrompue par des troubies, qm furent lc fuite de Ia révolution. Quelques ambitieux s'étoient flattés que le rétablif fiment du Stadhouderat encraïneroit des déplacemens dans la magiflrature. & qu'en récompenfe du zele qu'ils avoient montré pour la maifon d'Orange. iis pourroient être pourvus des places vacantes. De-la ces accufatiom ealomnieulés d'intelligence criminelle entre les principaux membres de Etats & les ennemis de la patrie. Les féditions qu'ils avoient excitée parmi le peuple n'ayant pas réuffi au gré de leurs vceux, ils tenterent en core des moyens, dont la fageffe des Magiftrats & du Stadhouder ne pu empêcher Peffèt: ils faifirent 1'occafion de la naiffance du Comte de Burei & de la fignature des Préliminaires de la paix, pour opérer_ dans 1 Régence les changemens qu'ils défiroient. D'abord leur projet avoi été d'ériger le Stadhouder en Monarque. On fit imprimer un difcour fuppofé, qu'on prétendoit que ce Prince avoit prononcé aux Etats, <5 dans lequel en parlant des troupes de la République, on lm fait dire mot Armée, & en parlant des Peuples mes Sujets. On fe flattoit par-la, 01 d'exciter ces Peuples a la révolte , ou de fournir a Guillaume IV une oecafion d'établir fa fuprématie & d'affeéler un pouvoir abfolu; mais dè; que ce difcours parvint a la connoiflance du Prince, il fit publier urn déclaration, par laquelle il le défavouoit formellement, & notamment 1< terme de fujets , dont il protefloit qu'il ne s'étoit jamais _ fervi, ei parlant de fes concitoyens & de fes compatriotes: „ terme imaginé pa „ la malignité pour lui faire perdre 1'affecbion des Peuples libres des Pro (1) Recueil de Rouiïet, Tom. XX. p. 147, 179 & fuiv. (a_) Hiftoire abrégée de la Hollande & des Provinces-Unies. Qqq 3 Hijt. de Hollande. i697, juf' ques d nos jours. Paix. Naijfauce d'un fils du Stadhouder. Nouveaux troubies au fujet des fermes. i ■ 3 t 1 i c i [ Difcours i prêt és au Stadhouder, qui ks défayoue. 1 f V" '  Sect'. 2ÜIL nul. ds Hollande. 1697» jufques a «os jours. Troubies au fujet des fermes, En Frife. 1 A Groningue. A Drenthe, Gueldres, Utrecht m. A Harlem. (0 Hiftoire du Stadhouderat, par M. l'Abbé RaynaJ, 494 HISTOIRE DE HOLLANDE „ vinces-Unies, fe félicitanc d'avoir été élevé & de pouvoir vivre encors ,, dans ie fein d'une nation libre , ne cormoiflant pas de prérogacive „ dont un mortel puc être plus agréablement flatté, que de ioufr de „ 1'amour d'un peuple libre" (f).. Cette déclaration adroite ayant déconcerté 'les prétendus Patriotes ils eurent recours a de nouvelles trames : ils favoient combien le peuple déteftoit les fermiers des impofitions fur les denrées de première néceifité Ils femerenc le bruit que le Prince devoit fignaler fon avéneim-nc au Stadhouderat par 1'abolition de toutes les fermes, «Sc qu'il feroit percevoir les impóts par forme de capitation. En conféquence dans le tems que les Etats de Frife délibéroient fur la propofition des JNobles pour le récabhflement du Stadhouderat, le peuple pula les muilbns des fermiers; quelques-unes furent démolies , & les iermiers n'échapperent a la fureur de la populace, qu'en fe cachant. Comme ces chofes fe pasfoient avant la réfolution des Etats de Frife, fur la propofition des Nobles au fujec du Stadhouderat héréditaire dans la maifon d'Orange la populace forca les habitans de Harlingen de cboifir vingt-huit députés pour demander aux Ecats, 10..qu'ils euflent a déclarer le Stadhouderat héréditaire dans la ligne féminine du Prince d'Orange; 20. 1'abolition «énérale de toutes les fermes; 30. ie rétabüffement des anciennes loi».- Oii ne donnoic que deux heures aux Ecats pour fe décider. Le peuple pénétrant jufques dans le lieu de i'aflèmblée, crioic que les délibérans ne loruroient pas vivans, s'ils ne fe prêcoient * ces vues. Touc fut accordé. Le peuple en devint plus infolent, «5c préfenta de nouveaux griefs; on confèntit a fes demandes: il exigea de nouvelles prérogatives pour le Stadhouder; on nen refufa aucune. Enfin la populace préfenta foixanje-dix-fept articles qui furent confentis , & le confentement ratifié par le Prince. 11^ ell vrai que la plupart des demandes des Frifons étoient |uftes; mais labus étoit dans la forme vLlcnte ik extraordinaire qu'ils miployoienr. La fédirion fe manifefta k Groningue par la demande de la fucceflion du Stadhouderat dans les deux lignes. Cet article accordé , ies Gromnguois en propoferent d'autres, qu'ils forcerent les Ecats a confentir & furtout 1'abolition des fermes. Le Pays de Drenthe, POveryflèl, la "Gueldres, Utrecht furent expofés aux mêmes troubies. Iis furent cal més , foit en les prévenant, foit en accordant ce que le peuple demandoit. M.,is en Hollande, les Etats de la Province ayant mandé aux Magiflrats d'oppofer la force a la violence, & ceux de Harlem, pour arrêter les excès déja commis contre les 'ermiers, dont fept maifons avoient été pillées, leurs meubles détruits & brülés, & leur argent jetté dans la riviere, ayant confenti Pabolidon des fermes, refuferenc de publier 1'ordonnance par laquelle les Ecats de Hollande en ordonnoienc la continuation. Ce refus donna lieu a un ncuvel édic des Etats, qui maintenoit les fermes & les fermiers fur 1'ancjen pied.,  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 495 annulloit Ia déclaration extorquée des magiftrats de Harlem; mais peu de jours après fis furenc obligés de céder. La Populace & la Bourgeoifie de Leyde (è porterent aux mêmes excès contre les fermiers & les fermes, dont elles obtinrent la fuppreflion. A la Haye la violence alla plus loin; la maifon d'un fermier fut attaquée, la garde bourgeoife la défendit; le Prince fit dire au Confeil de guerre d'employer tous les moyens pour arrêter la fédition. On publia la réfolution d'oppofer la force a la violence. Dès-lors le peuple furieux re vient a la maifon du fermier & met la garde en fuite. Un détachement de la garnifon fit feu fur les mutins. Plufieurs furent bleffés, il y en eut deux tués & cet acte de vigueur fufpendit la fédition. Mais k la publieation de 1'édit des Etats, pour le maintien des fermes fur Panden pied, Pincendie fe ranima. La populace n'épargna qu'un feul fermier, qui dans Pexercice de fes foncbions avoit fu gagner 1'amicié générale. Tant il eft vrai que cette haine de toutes les nations contre les exacbeurs, n'eft pas deftituée de toute raifon. Les féditieux excités par des agens fecrets, en vouloient au Penfionnaire Gillis, & & 1'Avocat Fifcal van Wezel; on les accufoit de s'être laiifé corrompre par Por des traitans: on les faifoit pafièr pour des fangfues publiques. Ces calomnies étoient fans fondement. Les Etats prirent ces deux magiftrats fous leur protecbon, & le Prince envoya des troupes pour garder leurs maifons. Le Penfionnaire Gillis, malgré les efforts de fes ennemis & les fureurs de 1'aveugle populace; malgré les changemens qui furvinrent dans Ia Magiftrature, conferva fa place, dont il ne fe démic que 1'année fuivante, lorfque les troubies furent appaifés: il eut pour fuccefièur Jean Pierre Stein , Bourguemaitre de Harlem. La fédition fe fit vivement fentir a Amfterdam. Cette ville fut livrée au dtf^rdre: le fang coula. On pilloic avec tant de fureur, que plufieurs perfonnes ilirent écrafées dans les mes, par la chuce des meubles qu'on jetcoit par les feiiérres. Le magiftrat fit publier, pour appaifer les rebelles, que l'on avoit porté leurs demandes aux Etats & au Prince, & qu'il falloit du moins attendre leur réfolution; la populace n'en fut que plus effrénée; après avoir dévafté les maifons des fermiers, elle fe répandit dans différens quartiers de la ville. La Bourgeoifie fe rafièmbla fous fes chefs, tira fur les mutins & les diffipa: on prit un de ceux qui furent tués; on le traina aux fourches , oü il fut fufpendu par le pied: on fe faifit de deux fuyards, qui furent pendus fur le champ; pendant 1'exécr» tion une patrouille bourgeoife ayant voulu percer la foule , & trouvé quelque réfiftance, tire au hazard, mais a poudre feule: des compagnies bourgeoifes qui étoient fur la place, s'imaginent que .c'eft une attaque de la populace & font une décharge fur le peuple. Plufieurs perfonnes font bleffées. Tout fuit, on fe prefte, quelques-uns tombent & font tombei ceux qui les fuivent; on fe foule aux pieds, on s'écrafe; plufieurs pouffés au bord de la riviere, fe précipitent & font noyés. Cette méprife funefte des compagnies bourgeoifes, qui fait périr beaucoup de monde, fait ceflèr 1'émeute. Hifi. de Hollande. 1697 ■> jufques a nes jours. A Leyde, & la Haye. A Am/ler4 dam.  Sect. XU Hift. de Hollande. i<597 > ju ques il m jours. A Rotterdam. Les ferme', fupprimécs, Nouveiles (meutes contre ta magiftrature. Au fujet des Poftes. A Amfterdam. 49Ö HISTOIRE DE HOLLANDE Dans quelques villes les magiftrats prévinrent les attroupemens par dee patrouilles, qu'ils firent faire d'avance. A ces moyens, Rotterdam en r joignit un plus efficace. Les Diacres des églifes réformées déclarerent ,s déchu pour jamais des -charités publiques , quiconque feroit convaincu d'avoir pillé ou aidé a piller quelque maifon , ou commis quelque excès ■ ou violence : ils annoncerent que cette peine auroit lieu a 1'égard des peres & des meres des coupables. Les Magiftrats avoient commencé par mettre les fermiers fous la fauve-garde de la milice. Rotterdam fut tranquille. Le Stadhouder prit les mêmes précautions dans la Zélande, qu'il fauva de ces défordres, auxquels néanmoins il fervoit de prétexte. Lorfque tout fut appaifé , les Etats qui avoient publié des édits pour la continuation des fermes fur Tanden pied, furent bien étonnés, lorfque le Piince , qui avoit donné fon aveu, ou qui du moins ne s'étoit point oppofé a ces édits , propofa lui-même de fupprimer pour toujours cette forme de percevoir 1'impót fur les objets de confommation ordinaire, conformément au vceu du peuple, accablé, difoit-il , par les frais qu'elle entrainoit. 11 excufa en quelque forte la fédition , par la bonne volonté que tous les habitans des Provinces avoient témoignée a 1'occafion du payement du don gratuit. II pria les Etats de procédcr a 1'abolition des fermes & d'y fubftituer une perception moins onéreufe , telle qu'une forte de capitation. Le Prince ayant oblèrvé la furprife de tous les membres, fe retira pour ne pas gener les fuifrages : on délibcra, & les fermes qui exiftoient depuis deux fiedes, furent abolies. Elles donnoient dix millions a PEtat: il falloit trouver un moyen de percevoir Ia même fomme fans que le peuple füt foulé. Le Prince propofa d'éta'dir par provifion, un abonnement pour chaque ville. Cet abonnement eut lieu pour 1'année courante & pour 1749; mais en 1750 on leva 1'impöt par forme de collecte , 6c cette perception a été continuée depuis. Quant aux fermiers, on les ïndemnifa avantageufement ■ des pertes qu'ils avoient fouffertes pendant Pémeute. Ces troubies n'avoient pas encore produit PefFet que ceux qui les fomentoient, fembloient en efpérer; c'eft-a-dire Ie changement des Magiftrats. En propofant la fuppreffion des fermes, le Prince avoit demande qu'on repiit Paffaire de la ceflion des poftes & de la difpofition des emplois. La ville d'Amfterdam avoit déclaré qu'elle perfldoit dans la réfolution de ne pas céder a PEtat le produic des poftes, qu'elle fe réfervoit a perpétuité , pour le confacrer au foulagement des pauvres & a Pentretien des fondations pieufes. Les perfonnes qui foufHüicnt la difcorde, répandirent des bruits injurieux aux magiftrats, & firent envifager leur. réfolution comme un prétexte dont ils couvroient leur cujddué. On inonda la ville d'écrits féditieux. Des fociétés bourgeoifes fe formeren t , on tint des affemblées fecretes, dans lefquelles on préparoic les ■ moyens de fe faire rendre fes privileges. Daniël Raap reparur. Huit de ces Bourgeois tenoient publiquement ieurs affemblées dans un des Do j les d'Amfterdam, & y prononcoient des harangues que le public alloit ccouter en foule. Ils, drefferent une requête, contenant ies trois articles de • ~ " Da-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIIÏ. Sect. XIIL 49? Daniël Raap , concernant la vente publique des emplois au profit de PEtat; Pexclufion des magiftrats pour les places de Capitaines des compagnies bourgeoifes & les anciens privileges des milices. Ils obtinrent une grande quantité de foufcriptions it leur requête , & envoyérent en leur nom des députés au Prince, qui fe vit obligé de les recevoir. Guillaume étoit naturellement bon & populaire. Ces députés glorieux de les manieres prévenantes, ne manquoient pas de fe vanter de Paccueil qu'il leur faifoit & de dire hautement qu'il approuvoit les trois articles. Par ces manoeuvres, appuyées de menaces , ces bourgeois qu'on appelloit DoèWes, du lieu oü ils tcnoient leurs affemblées, qui fe difoient & qui fe coyoient les libérateurs de la patrie, forcerent les magiftrats d'approu•ver leur requête , & Pon offrit les poftes au Stadhouder qui en céda le revenu a 1'Etat. Les membres du Confeil & les Bourguemaures voyant qu on ne cherchoit qu'a les dégöftcer, réfolurent de donner leur démiffion avec ie confentement du Prince. Cependant quelques bourgeois plus juftes, demanderent que la Régence füt confervée; mais les Doëliftes, ayant gagné Ja corporation des hommes a haches, ou charpentiers de Wtflfeaux,' parcoururent la ville z la tête de quinze eens confédérés, affeéhnt de s'arrêter avec menace, devant les maifons de ceux qui protégeoient la Ré"ence aétuelle. Ceux-ci furent intimidés & n'oferent plus fe montrer. Guillaume IV. fe rendit a Amfterdam. Pvaap alla le recevoir & le harangua; le Prince fit fon entrée dans la ville, h la tête de quatre mille charpentiers, qui voulurentl'accompagner, avec Pétendard Orange, fur lequel étoit la devife: pour orange et la liberté. Ce mot facré de liberté , eft toujours le prétexte des tyrans & des efclaves. Les députés des quartiers de la ville lui préfenterent une requête, pour lui demander que la Régence füt changée & les deux Penfionnaires renvoyés. Quelcues féditieux, avec une efcorte de charpentiers, fe rendirent chez les cuatre Bourguemaitres & exigerent leur promeffe que dans deux jours ils abdiqueroient. Le Prince crut les appaifer, en dépofant les*Bourguemaitres & les trente fix Sénateurs qui formoient le Confeil. Aucun des Bourguemaitres ne fut rétabli, mais on élut dix-neuf des Sénateurs réformés, membres du nouveau Confeil; les dix-fept autres places furent remplies par des perfonnes, qui jamais n'avoient exercé aucune fonébon de ma Les Etats Généraux venoienc de licencier environ treize mille hom mes dc troupes, lorsque le feu de la difcorde fe ralluma au fujet d( la collecte des impofitions qui venoit d'être établie; Harlem demanda li fuppreflion de cette nouvelle forme de lever les impóts & pria Guil laume d'accepter la fur-intendance des finances de la ville. Les ihftan ces devinrent fi vives, qu'il failut ufer de violence. Un décachemen fut envoyé k Harlem; il trouva les portes fermées; les troupes en enfom cerent une: 1'émeute devint générale, on tira fur le peuple. Deux ou trois bourgeois furent tués. Cette exécution rétablir Pordre & réduifi le peuple k 1'obéiflance. A Amfierdam & a Rotterdam, les marchand de vin refuferent de payer les droits dans la nouvelle forme: a Rotterdam ui marchand de vin ayant obéi, la populace dévafia fa maifon, enfonca fe celliers, & fa fureur augmentant par 1'ivrefie, alloit fe porter k de excès plus dangereux: mais deux compagnies bourgeoifes mirent fin k ce troubies. La révolte fe foutint k Amfterdam. Un peu de fermeté de h part du Prince, ramena la Bourgeoifie des petites villes & des villages Les eccléfiaftiques d'Oudewater & de Steenwyk , par efprit de ven geance & de fanatifme, irriterenc les habitans contre la magiftrature Quelques foldacs Luthériens étoient en garnifon dans ces villes. Le Miniftre Luthérien de Woerden, demanda k la Régence d'Oudewater, de lui permcttre pour une fois feulement, de prêcher & diftribuer h cêne a fes foldats dans 1'églife des Réformés. La Régence y avoi confenti. Les Réformés crierent au facrilege & au fcandale. L'un d'eu: monte en chaire & peint les magiftrats comme des impies, coupable de rebellion envers Dieu & le Souverain. Cette querelle düroit depui quatre ans. Les Etats avoient approuvé la conduite des magiftrats tolérans & cette approbation avoit encore aigri les eccléfiaftiques. La fermentatioi générale contre la magiftrature leur offrit une oecafion trop faVorabL de fe venger pour ne pas la faifir. Ils demanderent au Stadhouder 1< changement de la Régence aétuelle. 11 envoya des Commifïïares, qu firent quelques légers changemens , dont Ie conüftoire voulut bien ft contenter & au moyen delquels la concorde fut rétablie a Oudewatër Mais k Steenwyk le calme fut plus difficile -k ramener.' Le con fiftoire avoit nommé un eccléfiaftique au miniftere contre le gré de Is Régence, dont les Etats confirmerent le jugement. Le confiiloire he tint aucun compte de ces oppofitions. La bourgeoifie embrafta, comme de raiion, le parti de 1'églife, & nomma des député?. En attendani ious prétexte que le Stadhouder devoit pafier par Steenwyk, les'habitan: fans demander la permiffion au magiftrat , formerent une compagnie pour recevoir Son Altelfe plus dignement, & lui donnerent le = nom de compagnie franche d'Orange. Le Magiftrat voyant que les habitans avoien mis leurs députés k la tête de la compagnie , pénétra aifémen; leur; (O Abrégé de niiftoire de la Hollande, T. IV. Rrr 1 • Hifi. de . Hollande. i6é>7 > jufques a nos ' jours. I Ann, 1750. , Emeutesau . fujet de la ' nouvelle forme de lever les ■ impóts. 1 3 3 t Appaifies, ' Inquiètudes , de quelques 1 eccléfiafliques réformés. > l i Ils foulevent la bourgeoifie contre les Magiftrats.  «co HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIIL Hift. de Hollande. ï6"97> juf ques a no. jours. Exécution utroce. CoHvuiftms £f faux niracles. intentions: il créa |a fon tour une cotrpagnie, mit les Bourguemafirës k la tête, & ne voulut jamais fouffrir que Ia compagnie franche moncac la garde avec la fiejine k 1'hotel de ville. Les deux compagnies fe regardoient de mauvais ceil. Un foir que Fledderus, l'un des députés & Major actucl de la compagnie franche, dont le zèle amer. s'étoit exhalé en difcours infolens contre la Magiftrature, fe retiroit avec fa familie,. efcorté d'une patrouille, il fut attaqué; on fit feu fur la petite troupe, qui fut mife en fuite; fa fille & quelques autres perfonnes furent blefiees» Fledderus fe plaignit au Prince, qui remit la décifion a un aurre tems. Fledderus demanda une juftice plus prompte & le Prince renvoya fa requête a la Régence de Steenwyk pour lui en faire le rapport. Fledderus revint a Steenwyk & fut arrêté : fa femme demanda Ion élargiflèment au Prince, qui la renvoya aux Etats d'Overyfièl. Les Etats prononcerent qu'il falloit 1-dfièr la décifion de cette affaire au juge ordinaire. La Ré.gence fe croyant autorifée par le renvoi du Prince , fic pendre Fledderus, arrêter quelques mutins & nomma un miniftre au lieu de celui qua le confiftoire avoit élu. Les mutins arrêtés firent agir, & le Stadhouder ordonna de fufpendre toute procédure ; il renvoya des Commifiaires , qui ébrgirent & déchargcrent les prifonniers de toute accufation, réhabiliterent la mémoire 'de Fledderus, donc le cadavre fuc exhumé & transféré dans une iépulture honorable. La Régence fut entiéreraen? changée & le Prince mit fin k la querelle, qui depuis cinq ans regnob entre le clergé & la magiftrature. Mais dans ce tems, le clergé dans quelques-unes-des Provinces-Unies avilifibk la religion par les moyens meme qu'il prenoit pour la faire honorer. Soit fuperftition, foit fanatifme, la mode des convulfions & des miracles qui avoient fuc tant de bruit en France, s'mtroduifit cn Hollande , & du cimetiere St. Medard paffa dans la Veluwe. Le jeune Kuipers, miniftre de 1'églife de Nieukerk , qui avoit recu de la nature une imaginadon ardente, beaucoup d'éloquence, une ame tendre & un grand fond de mélancolie, fut entrainé de bonne heure dans 1'excès de la dévotion: pénétré des vérités évangéliques qu'il annoneoit, il ajoutoit encore k la févérité du précepte. II infpira 1'effroi, plutöt que la crainte de la Divmité. II opéra dans quelques-uns dè fes auditeurs & furtout dans les femmes & les enfans, dont 1'ame tendre & fenfible & la foibletlè des orgapès ne pouvoient foutenir les fecouffes de fon éloquencc, des mouvemens qni paiurent exo-aordinaires: on les voyoit d'abord verfer un torrent de Jannes; 1'oppreffion de leurs cceurs produifoit des convulfions dans tous les membres. Les images effrayantes d'un Dieu terrible & irrité, d'un enfer toujours prêc k. s'ouvrir fous les pas du pécheur, aliénoient leur efprit; les organes de la voix fe refferroient, & lorsqu'ils pouvoient s'cxprimer , ils jettoient des cris & des hurlemens: Pimagination frappée de Pnorreur de^ iüpplices éternels, qu'on leur avoit annoncés, ils voyoient le diab'le prêc a les fiufir ; ils verfoient un torrent de larmes, fe frappoient la poicrine, déceftoienc leurs péchés (& tout étoit pêché pour eux) : ils imploroient la milëricorde divine & croyoient la fléchir par les mac'érations les plus dangereufes: ceux dont les organes étoient plus  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 501 foibles, s'évanouifibient; on les portoit hors de 1'églife, & reridus au jour ils pleuroient, déteftoient leurs crimes, tordoient leurs bras & chanroient des pfeaumes. Dans tout cela il n'y avoit rien de furnaturel. Kuipers & les difciples tenoient des conférences dans leurs maifons, & leurs dif-j cours produifoient les mêmes effets. L'imaginadon des uns senflam-■ moit par Texemple des autres. Peu a peu le feul fouvenir de ce qu'on avoit vu Pexalta fans efforr. On cria au prodige: les uns attnbuoient a la Grace & les autres au Démon, les fpasmes & les contorfions de ces perfonnes timorées, mais foibles. II parut des écrits de part & d'autre. Ceux-ci ne voyoient dans les convuliions que les mouvemens de la Grace; ceux-lk que les moyens, dont le Diable fe fèrvoit pour troubler le fervice Divin. On écrivit pour & contre, on fe dit des injures; Péclat que firent les convulfions de Nieukerk augmenta le nombre des convulfionnaires. Kuipers & fes partifans avoient pour eux la plus crande vénération , & il pouvoit fe faire que ces premiers enthoufiaftes fuflènt de bonne-foi. Mais le refpeft qu'on leur témoigna, engagea une troupe de gens de la lie du- peuple, a les imiter & a mettre a contribution la crédulité publique. La Grace opéroit a tous momens des converfions, & les convertis donnoient fréquemment des fcenes de leur extrava"-ance dans les églifes. Les dévots étoient les dupes de leur imagination, & les fripons chérchoient a faire des dupes de leur hypocrifie. Le Magiftrat de Dordrecht fut le premier qui, par un édit, défendit fous les peines les plus févercs de fcandalifer 1'églife, de troubler le fervice divin , & de détourner 1'attendon des fidéles par les prétendues convulfions. Cet édit en impofa eux convulfionnaires, & la Grace opéra pius ïuruncnt ou du moins d'une maniere plus tranquille & moins ridicule. On prit les mêmes moyens dans les autres églifes, & peu a peu les convulfionnaires difparurent (1). Une maladie que le Prince d'Orange avoit effuyé en 1748 , pendant les troubies, 1'avoit jetté dans une efpece de langueur, qui fembloit Pavenir d'une fin prématurée. Le Comte de Buren étoit encore trop jeune pour le remplacer en cas de mort, dans le commandement des troupes. II préfenta aux Etats Généraux, le Duc Louis de BrunswickWolfenbutel, qui fut nommé Feld- Maréchal des troupes de PUnion, avec vingt-quatre mille florins d'appointemens ; il fut défigné enfuite pour commander l'armée des Etats, avec le titre de Générahffime, après la mort du Stadhouder, & on lui donna encore quarante mille florins. A toutes ces faveurs le Prince Guillaume ajouta un Régiment, dont il lui fit préfent. r • Depuis le rétabliflement du Prince d'Orange dans les Marqudats de Veere & de Fleffingue, il n'avoit pas encore eu le tems de fonger k fon inftallation. Cette cérémonie fe fit le premier de Juin; il prêta & recut le ferment accoutumé a Veere & enfuite a Fleffingue. II y eut a cette oecafion des fêtes magmfiques. On doit fe rappelier qu'une cradi- (O On peut recourir pour l'Hiftoire Eccldflartique au Tome VIH. de l'Hiftoire des Provinces-Unies, par Mrs. Cefius & Dejardms. Rrr 3 Hifi. da Holiande, >6c>7 , juf. \ues a- uns ours. Difputes Thèologi' jues, Friponneries. Défenfe des magiftrats' In fi alla tion du Stad. houder aux Marquifats de Veere £f de Fiejpngue.  Sect. XTII. Hift. de Hollande. 1697» jufques a nos jours. Mort de Cvillaume U\ Son êloge. (1) Voyez le commencement de cette hifloire. 502 HISTOIRE DE HOLLANDE tion fabuleufe , fondée fur 1'étymologie de Fleffingue, dont le véritable nom eft Vliffingen , attribue k UlylTe la fondation de cette ville (1). Parmi les médailles d'or & d'argent qui furent frappées , pour conferver a la poftérité 1'époque de 1'ïnauguration de Guillaume IV , longtems privé de ces Marquilats , il y en avoit qui repréfentoient ulyssb de retour k Itaque, après avoir erré longtems hors de fa patrie. On lifoit ces mots dans 1'exergue: veterem d0m1num videtis ulyssem. Cependant le Stadhouder jouiffant de plus d'avantages qu'aucun de fes prédéceftèurs, fentoit de jour en jour diminuer fes forces. 11 crut les rétablir en allant prendre les eaux k Aix-Ia-Chapelle ; mais a peine de retour a la Haye, la fievre le prit, & quelques jours après il mourut prefque fans douleur , dans Ia quarante-unieme année de fon age. Le même jour , la Princeffe douairière , en qualité de Gouvernante & de Tutrice de Guillaume V, Prince d'Orange & de Naffau , & Stadhouder Héréditaire de Hollande, prêta ferment entre les mains de vingt Députés des Etats Généraux & du Penfionnaire Stein , chargés de faire les complimens d'ufage. Le corps de Guillaume IV fut inhumé quelques jours après avec beaucoup de pompe aux dépens de PEtat. Son oraifon funebre fut prononcée dans les Académies , les églifes réformées & dans celles de différentes communions. Ce Prince s'occupa du bien public jufques k Ia fin de fes jours. Peu de tems avant fa mort , informé du mauvais état des manufacbures de (bie, il fe propofa de les relever , ainfi que les manufaclures de toute autre efpece. Comme il vouloit ménager les Puiffances voifines, il iè propofoit de fuppléer par fon exemple , k 1'exclufion des étoffes étrangeres, fans prononcer aucune défenfe d'importation. II publia qu'il étoic réfolu de ne fe fervir pour fon ufage & celui de fa maifon , que des étoffes qui auroient été fabriquées fur les terres de la République , foit en foie, foit en laine, ou en toute autre matiere. II fe flaccoic que les membres du Gouvernement , en 1'imitant, feroient imités par toutes les claflès des citoyens; il s'étoit fait inftruire par les plus habiles négocians, de 1'état actuel du commerce, des caufes de fa décadence, & il s'occupoit avec beaucoup de foin des moyens les plus propres & les plus prompts de le rétablir. Guillaume IV fut un Prince bon, affable, populaire, fenfible & généreux ; il avoic beaucoup de connoiflances & protégeoit les arts. Outre le Latin & la langue du pays, il parloit facilement le Francois, 1'Anglois & 1'Allemand. II s'étoit appliqué de bonne heure k 1'hiftoire & furtout k celle de fa patrie. II n'eut point d'occafion de déployer fes talens militaires. II prit le commandement des troupes de la République, dans le tems même oü l'on fignoit le traité d'Aix - la - Chapelle. II foutint Ia religion dominante ; mais il toléra toutes les autres. Sa probité 1'empê-  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XHI. 503 cha quelquefois de s'appercevoir que les projets qu'on lui préfentoic, étoient plus uriles a leurs auteurs qu'au bien public. II montra de grandes vues pour 1'adminiftration. Quoique la plupart des troubies qui agiteren'c les Provinces, avant & après fon élecbion, n'eufïènt que lui pour prétexte & qu'ils ayent tourné a fon avantage, on ne peut point aflurer" qu'il y ait eu part: peut-être ferma-t-il les yeux fur les mouvemens que fe donnerent fes partifans; quoiqu'il en foit, il n'en obtint pas moins Pellime de les compatriotes. S'il eut voulu profiter de 1'enthoufiafme du peuple, peut-être eut il étendu plus loin les bornes de 1'aucorité qui fut rendue au Stadhouderat. En declarant par un édit folemnel , qu'il ne vouloit que 1'amour & 1'eftime d'un peuple libre , il impofa lilence a ceux qui fembloient vouloir lui fuggérer d'ériger le Stadhouderat en Monarchie. Si les Stadhouders avoient toujours obfervé la même modération, la République auroit pu efpérer, qu'en rendant au fang du plus diftingué de fes libérateurs , les mêmes témoignages de reconnoiflance,. elle confcrveroit toujours la même liberté. Les Etats Généraux accorderent encore de nouvelles prérogatives au jeune Stadhouder, Guillaume V: ils le nommerent Capitaine Général Héréditaire du Brabant Plollandois , de la Flandres , du haut quartier de Gueldres , des trois pays d'Outre - meufe , avec le droit d'accorder des lettres de remifïïon, pardon & grace dans le reflbrt é> la jurifdiétion des Confeils de Brabant, Flandres & Comté de Vroenhoven , de la ville de ■ Maeftricht & de la Cour du haut quartier de Gueldres, & le pouvoir de faire les changemens ordinaires dans la Régence de Bois-le-Duc. Ces droits devroient être exercés jufques a Ia majorité du Prince, par la Prin* celle Gouvernante. Le jeune Stadhouder recut du Roi d'Angleterre , peu de tems après, POrdre de la Jarretiere, que le Chevalier de York lui apporta. La Gouvernante lui remit un écrit, par lequel elle promettoit pour fon fils 1'ob-' fervation des ftatuts, en ce qu'ils ne feroient pas contraires a la religion,, aux droits & aux libertés de la République. Elle réfolut de donner tous fes foins a 1'adminiftration. Elle prit féance dans les Colléges lüpérieurs & aflifta aux délibérations entre les Députés des Etats & du Confeil d'Etat. Sur fa propofition, on réduifit les gardes du Corps & les gardes Iloilandoifes & Suiflès, objet d'économie de cent dix mille florins par année. Elle fuivit le plan propofé par Guillaume IV, pour Ie rétabliflèment & Pencouragement des fabriques & manufaétures: les Etats de Hollande publierent en conféquence un Edit, qui enjoignoit aux pourvus d'offïces de ne s'habiller que d'étoffes du pays, & les Etats Généraux conclurent un traité de commerce avec le Roi de Naples & de Sicile , & ren 011 vel leren: la paix avec 1'Empereur de Maroc. Jamais PEtat n'avoit joui d'une plus grande tranquillité. II y eut cette année des conférences a Bruxelles, fur la Barrière, mais rien n'y fut déterminé. Guillaume IV avoit fenti combien il eft avantageux aux Peuples, & glorieux- aux Princes qu'ils faflènt fleurir les arts & les fcienccs. Sa veuve leur accorda la même faveur. La Société de Harlem, établie en 1752, avoit acquis une grande confidéracion par le mérite, par le nombre de fes Hift. de [follande. 1697 » j«f- lues a nos 'ours. "uillau•ne V. Honneurs \ui lui font iQQOrdès. A.nn. 1752. U recoit 'Ordre de 'a Jarre'iere, Ann. 1753. Soins utiles le la Gouvernante. (Vuil. 175V S'ociété de Hark in.  5^4 HISTOIRE DE HOLLANDE Sf.ct. XIIL Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Le Stadhouders'en déclaré le proteéteur. Fondations utilet: ■ Ann. 1755. Episootie. membres & par les mémoires qu'ils avoient donnés. La Sociéré en préfenta le premier volume au Stadhouder & le pria d'agréer le titre de Proteéteur de la Société. La Gouvernante Paccepta pour le Prince. Quoique les Provinces-Unies aient produit des favans & des artiftes célébres, on n'avoit jamais fongé a y établir aucune Académie ou Société d'artiftes ou de littérature. Ce ne fut qu'après le traité d'Aix-la-Chapelle, que celle-ci fe forma: elle embrafiè toutes les fciences & tous les arts. Cette infticution eft peuc-ècre mieux entendue que celles des différens Royaumes de l'Europe, car puifque toutes les fciences & tous les arts ont des rapports & font liés les uns aux autres (1), pourquoi ne pas les réunir dans la même fociété, divifée par claffes? Cette protection excita Ie zèle de quelques particuliers en faveur des fciences. M. Stolp, également eélébre par fon favoir & par fa piété, pour hater les progrès de l'un & de 1'autre légua & 1'Univerfité de Leyde un capital de dix mille florins, pour-une médaille d'or de deux cent cinquante florins, deltinée tous les deux ans, a la meilleure diflèrtation fur les preuves de Pexiflence de Dieu , prifes de la conftitution de Punivers ou de quelquune de fes parties, ou dans laquelle P excellence de la morale chrétienne feroit mife dans le- plus grand jour. II y a opparencc que, ^ quelque fublimes que foient ces matieres, comme elles ne font pas inépuifables , 1'Univerfité fera obh'gée de changer les fujets de fes prix. II y eut vers ce temps des fondations & des établiffemens de la plus grande utilité. Parmi ces donations, celle de Madame de Renfwoude mérite d'être confacrée par 1'hilfoire. Elle légua djuze mille florins a chacune des maifons des pauvres d'Utrecht, de Delft & de la Haye, & fix mille k PEcole de la Diaconie d'Utrecht, afin qu'on choifit entre les orphelins de ces maifons, un certaiti nombre de fujets les plus fuscepdbles d'éducation, que l'on appliqueroic aux fciences, aux arts & aux métiers pour lefquels ils montreroient le plus d'apdtude. On prend un foin pardculier de ces jeunes gens, diftingués des autres par un uniforme plus propre: on fait voyager ceux qui fe livrent aux beaux arts, tels que la peinture,la fculpture & 1'architeéhire. Ils eft déja forti d'excellens artiftes de cette écoie (a). Etudier les talens des jeunes gens, interroger les dii'pofitions qu'ils tiennent de la nature, examiher leurs gouts, devroient être les premiers foins de Péducation. 11 n'eft point d'homme qui nailfe fans talent, mais faute de le connoitre, ou de 1'appliqner au but auquel la nature Pa deftiné, le talent eft prefque toujours enfoui ou déplacé. L'0..'er)flel & le Comté de Zutphen avoient fouffert des pertes confidérables par Ia rupture des digues, occafionnée par le gonflement & la violence des eaux du Rhin & de 1'Yffel, lorfque 1'épizootie qui d2puis longtems affligeoit diffcrentes Provinces, redoubla fes fureurs. Les campagnes étoient déiblées, la culture des terres abandonnée, la concagion circulant d'un pays a Pautre, portoit la ftérilité dans tous: en perdant Ie compagnon & 1'imtrument de fes travaux, le laboureur perdoit toute ref- (0 Cic. 01: pro Rof. amer. (2) Abrégé de 1'Hiftoire de la Hollande & des Provinces - Uoies.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 505 reflburce & toute efpérance; les fources de la charité publique étoient; tark's. Les Anglois, dans un femblable défaftre, s étoient fervis ajantageufement d'une efpece d'inoculation qui, en donnanc le tems de preparer les animaux, rendoit la contagion moins dangereufe; mais ce remede y employé en Hollande, ne produifit aucun effet. A ces fleaux fe joignoit Pinaéfion du commerce, & particulierement cette annee une diminution conlidérable & presqu'une entiere ftérilité dans la pêche du hareng & dans les autres pêches; un rabais prodigieux dans le prix & Ie debit des fromaees de Hollande. Ce dernier dommage étoit occaiionné par le terrible bouleverfement de Lisbonne, par cet effrayant tremblement de terre, dont les fecouiPes fe firent reflentir dans la plus grande partie de l'Europe, & dont les Pays-Bas ne furent point exempts. Le 1 Novembre , un bruit extraordinaire s'étoit fait entendre dans les eaux de la plupart des Provinces-Unies. Comme on avoit appris quelque tems auparavant, que des tremblemens de terre avoient ravagé l'ifle dAmbome, on coniectura que le bruit des eaux étoit 1'effet dun defaftre femblable, arrivé dans quelque partie du globe moins éloignée. On apprit bientót les calamités du Portugal, & le a6 «St 27 Décembre, Maeftricht, BoisleDuc, Breda, Aix-la-Chapelle «Sc plufieurs villes des Provinces de Gueldres, de Hollande & d'Utrecht, éprouverent des commotions; mais le o de Février 1756, jour de jeune public dans toute la République, on fentit une fecouflè aflèz forte , mais qui n'y faifoit aucun dommage (1). Au milieu de tous ces défaflres , éclata 1'incendie dont la caufe remonte au traité même d'Aix-la-Chapelle. L'anéantifièment de la marine Francoife fut une des raifons qui déterminerent Louis XV k donner la paixk fes ennemis, quoiqu'il put afpirer k de nouvelles conquêtes. Ce Prince s'attacha k la rétablir. M. de Machaut, fon Miniftre, la mettoit fur le plus grand pied; toutes les Provinces de France concouroient k fes vues. Les Anglois en furent jaloux. Sous prétexte que la France ufurpoit fur la Grande Bretagne quelques arpens de terre dans 1 Aménque Septentrionale, ils enlevoient en pleine paix les vaiflèaux marchands Francois. Louis XV fe plaignit de ces pirateries. L'Angleterre, qui s attendoit qu'a la fin elles feroient punies , demanda aux Etats Généraux les fix mille hommes que 1'Angleterre, lorfqu'elle eft attaquée, étoit en droit d'exiger de la République. L'Ambafladeur de France a la Haye s'oppofoit k cet envoi. La République qui ne prenoit aucun intérêt k cette guerre , «Sc qui au contraire devoit défirer que la France mit des bornes k ce defpotifme de 1'Angleterre fur les mers, «Sc pour qui néanmoins il étoit également dangereux de refufer ou d'accorder, déclara qu'elle garderob la plus exacbe Neutralité. Elle manifefta fes intentions dans le tems que les Ambafladeurs d'Angleterre «Sc de France batadloient, pour favoir laquelle ^des deux Puiflances avoit fait les premiers aétes d'hoftilité (2), L'intérêt des Etas Généraux étoit dans ce moment de conferver la paix ; c'étoit malgré eux qu'elle avoit été rompue avec la Ré- (1) Voyez tous les Mémoires du tems. (aj Voyez les Obfervations fur la guerre de 175C7, Tome KL1V. S ss lifl. de lollande. 697. juf. ues d hós mrs. 'ertes du ■immeree. Tremble. ment de ter're a Lisbonne. Ann. 1756*. Guerre entre la France & f Angleterre. Neutralité de la République.  5ó<5 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII. Hift. de Hollande, 16.07, jufques a nos jours. Sagcs ri glemens de la Gouvernante. Fanatlque dont tes prophities répandent la terreur. :. gence d'Alger, tandis que celle de Tunis avoit renouvellé fon alliance & faifoic des préfens a la Gouvernante & au Stadhoodcr foa fils, pour fe r ménager leur bien veil lance. ,s Cette Princeflè 19etto.it a profit le calme de la paix , & fe livroit en* tierement aux foins pénibles de 1'adminiftration ; elle régla fur des prin- cipes invariables la jurifprudence civile & criminelle de Groningue & t des Ommdaudes ; elle y fit une répartition plus égale des contributions . relatives h Pentretien des digues & des éclufes : elle termina les différends qui s'étoient élevés entre les Etats de Gueldres & de POverysfel fur le droit de nominadon a PAbbaye de Hennep. Elle mit un frein aux prétentions, que le clergé formoit dans différentes Provinces con-j tre la magiitrature. Ce qui s'étoit pafle pendant les derniers troubies' entre ces deux,corps, lui fervoit de regie pour arrêter ou pour prévenir de nouvelles divifions ; mais foit qu'elle eüt a réprimer les fureurs du fanatifme , ou ies égaremens de la rdfon, elle fè conduifoit toujours avec la plus grande modération , & fa douceur produifoit des effets plus falutaires que la rigueur n'en eüt pu obtenir. L'arme la plus terrible contre le fanatifme, efl: le ridicule ou le mépris. Jungius, miniftre de Zutphen & grand théologien , entrainé par une imagmation fougueufe, s'érigea en prophete, & dans le erand nombre d événemens qu'il prédit, il annonca la fin du monde : il avoit fait,. .. comme tant d'autres, fes calculs d'après 1'Apocalypfe, & il fixoit 1'époque de cette terrible cataftrophe k un tems trés prochain. La réputa. tion de fon favoir, fa probicé , la régu'arité de fes mceurs, donnerent h, fa prophétie le plus grand crédit fur 1'efprit du peuple :. fes- prédidtions répandirent la terreur dans tous les efprits: le moindre mécéore étoit un avertiflèment du ciel , un commencement de 1'accompliflèment de la prédiftion. Heureufemcnt , le Prophete s'érigea en Meflie.. Le peuple trop peu éclairé , pour ne pas croire aux prophétfes d'un enthoufialte, le fut aflèz pour rire des difcours d'un infenfé. Le Souverain le dépofi par pitié, & le mit entre les mains de perfonnes qui eurent foin de lui. Dans le même tems van der Os, pafteur de Zwoll, fort envié. de (1-3 collégues , leur fournit une belle occdion de le perfécuter pour quelques paflages de fes fermons : ils la faifirent avec einpreffèmmt , mais a la recommandation de la Gouvernante , qui craigripit ces querelles , les procédures furent arrêtées par Ie Magiftrat de Zwoll: van der Os eut dü s'eltimer fort heureux & demeurer tranquille ious la proteétion des Etats d*0/eryflel , qui avoient légitimé la conduite du Magiftrat de Zwoll :. mais il s'avifa de prêcher contre Pautorité des Claflès (1) & des Synodes : il n'y eut plus de grace, &-pour lui prouver qu'il fe trompoic, finon dans Ie droit, du moins dans le fait, le Synode d'Overyflèl le dépofa & le déclara indigne du Miniftere. La fentence fut en tous points coufirmée par les Etats de la Province. II fe retira chez les Anabaptistes, dont il devint pafteur. Sa folie diciarée. Autre fanatique. (O On nomme ClaiTe, une alTemblée d'EccIéfi.iftiques d'un feul Diftrift, a fentour de quel^ae ville principale; au Synode touces les Clafles envoyent leurs Députés.  OÜ DES PROVINCES UNIES Liv. XXXIII. Sect. XIIL 507 La Gouvernante qui fur ces matieres prcnoit les opprimés fous fa protecfion, & qui regardoit tout accufé comme opprimé , jufques k ce qu'elle fut convaincue que Paccufé étoic véricablement coupable , fe déclara en faveur d'un Miniftre Luthérien de Leuwarden , concre Ia foule d'ennemis que fon mérite lui avoic fufcités. Le favanc Muller avoic de " grands talens pour la chuire, tSc une probicé k toute épreuve: on 1'accÊfa de plufieurs erreurs, on le peignit k fon troupeau de couleurs odieufes.' La proce-étion du Souverain , des Magiftrats & de tous les honnêces gens, rendoit fes ennemis encore plus furieux. Les Luthériens avoient juré fa pene; il fe fortna des partis pour & contre lui, & cette querelle eut pu aller trés loin, fi la Gouvernante ne fik parvenue k Paflbupir. Les ennemis de Muller diflimulerenc, en attendant qu'il fe préfentdt une oecafion plus favorable ; mais il fut appellé a Erlang pour y remplir une chaire de philofophie. Dans ces querelles théologiques, Ia Gouvernante aimoit mieux céder quelquefois , que d'irriter le fanatifme. La Régence de Rotterdam avoit nommé un Miniftre , qui jouiffoit de 1'eftime publique. Le Confiftoire cafia la nomination fans en alléguer aucun motif. La Régence la foutint. La guerre fut déclarée entre la magiftrature & le confiftoire. L'affaire fut portée aux Ecats de Hollande , qui maintinrent la nomination: malgré cette décifion 1'églife de Rotterdam periifta dans fes refus. La Gotivernance , qui prévic les maux qui alloienc réfulcer de ces divifions 1 engagea la Régence de ne pas aller plus loin , & fe chargea de la fortune de 1'honnête eccléfiaftique, qui demeura exclus. Cette Princeflè regardoit comme un bien plus important k PEtat, les progrès des arts , parcequ'ils mfluenc eflèGtiellement fur Ia félicité publique, fouvent al'.érée par les difputes théologiques. Elie les excitoit par des faveurs mukiplices. Ferdinand Opdam , charpentier & conftrucbeur de moulins, a Wafiènaar , avoit imaginé un moulin a deflecher les marais : on en parlok comme d'une invention trés utiie. La Gouvernante en paflant a Leyde, voulut le voir & en juger par elle-même; elle trouva cette machine très-ingénieufe , quoique fort fimple & de la plus grande utilité. Elle témoigna fa fitisfacbon k 1'invenceur, par des récompenfes & par des exhorcations a concinuer fes recherches. Les Ecats de Hollande jugerent de cette invention comme la Gouvernante, 1'adopterent, donnerent a 1'inventeur, une gracificacion de mille ducacons 6c lui accorderent un oétroi pour vingc ans. Malgré fa neutralité, la Hollande fe reflèntoit de la guerre que fe fai foient fes voifins. Les corfaires Anglois & Francois déibioient fon commerce. Les Anglois furtout fembloienc uftèéter d'infulter k la nacion: il; ne fe concentoient pas d'enlever les vaiflèaux Hollandois, ils faifoienc effuyei aux équipages des traicemens cruels. Sur les repréièntacions mukipliée . des compagnies de commerce 6c des principaux négocians, les Etacs Gé néraux firent faire par leur Ambafladeur k la Cour de Londres des plain tes, des outrages faits a leur pavillon, par une Puiffance leur ailiée qui n'avoit recu d'eux aucune elptce de mécontentement. Le Roi d'Ar gleterre leur fit répondre qu'il ne fouft'riroit jamais que les Holiandoi: Sss 2 Hift. de Hollande. 1697 Juf jues ci nos 'ours. Hullet lerfècutê. Querelles dit clergé & de la magiftrature. Moulin a. dejfécher les marais.. RècompeiU fé. Ann. i/57«' Mauvais procédés ' des Anglois i envers la , lUpubii' que. »' ;-- 'r  5o3 HISTOIRE DE HOLLANDE Sect. XIII, Hift. de Hollande. 1697, jufques a nos jours. Procédés des Fran~ (,ois. Difcuffion entre la ville de Haarlem & la Gouvernante. Aon. 1758. ( ) 1 J Difcuffion entre la ville de Haarlem fi? la Gou vernante. fous prétexte de neutralité , commercaffent librement dans les colouiesd'une natiën ennemie. Les Etats Généraux qui, dans tout autre tems,. auroient pu prendre cette réponfe pour une déclaration de guerre, fe contenterent de renouveller leurs plaintes, toutes les fois que les Anglois, y donnoient lieu; ce qui arrivoit fouvent. Les Frangois ne ménagcoient gueres plus les vaiffèaux de la République; mais du moins Louis XV avoit égard aux plaintes des Etats ; & lorfqu'ils lui témoignerent leurs craintes au fujet de l'armée qu'il aflèmbloit fur le Bas-Rhin, ce Prince, pour calmer leurs inquiétudes, les fit affurer qu'il n'affembloit cette armée que pour garandr la paix de Weftphalie, & qu'il auroit la plus grande attention que fes troupes ne portaffenc aucun préjudice aux fujets de la République. Aufli lorfque Sa Majeflé fit demander aux Etats Généraux , le paflage de 1'artillerie de l'armée par Maeftricht, LL. HH. PP. s'emprefferent-elles d'y confentir, autorifées par le confentement qu'elles avoient donné au Roi de Pruffe & a. la Reine de Hongrie, d'y laiflèr paflèr leurs troupes. Depuis le rétabliffement du Stadhouderat, les honneurs & les prérogatives avoient été accumulés fur la tête du Stadhouder. Les premières oppofitions qu'éprouva la Gouvernante, vinrent de la Régence de Haarlem. L'ufage avoit prévalu que, pour la nomination des Bourguemaures, fur le nombre des candidats préfentés par la ville, le Stadhouder choi. fiffoit ceux qu'il jugeoic les plus dignes. Le Confeil de Haarlem nomma huit perfonnes a la pluralité des voix, fur lefquelles la Gouvernante devoit choifir les quatre Bourguemaitres; mais avant qu'elle ne les élut, quelques membres du Confeil,qui peut-étre vouloient exciter de nouveaux troubies, lui firent entendre que cette nomination étoit contraire aux privileges. Des Commifiaires furent nommés de la part de Ia Princeffe pour en prenire connoiflance. La Régence prétendit que la difcuffion de cette affaire regardoit le Souverain, & non pas Ie Stadhouder. C'eft fans doute pour Établir ce conflit, qu'on avoit fufcité ces difficultés. On porta cette affaire k 1'affemblée des Etats de Hollande. La Gouvernante donna des mémoires de fon cóté; la Régence pria les Etats de fe défifter du jugement de cette difcuffion: elle devenoic trés vive. Les Etats de Hollande ïuroient bien voulu fe difpenfer de décider, mais enfin ils prononcerent me le droit d'informer de la validité des nominations, droit qui avoic donné lieu k la difpute, appartenoit a la Princeffe, comme Gouvernante St confervatrice des droits du Stadhouderat. Les villes de Dordrecht, Haarlem, Amfterdam, Rotterdam & la Brille, protefterent contre cette décifion. Les chofes en refterent-la jufques k la nomination de 1'année fuivante, que fur les huit perfonnes prélèntées la Princeffe n'en choifk que trois, & donna la quatrieme place k M. Salomon van Echten, an:ien Echevin, qui n'écoic pas fur la lifte des préfentés; elle ordonna au. Grand Baillif de Haarlem de maintenir fon éleébon, par toutes les voie3 >rdinaires & même par la force en cas de befoin. Cette feconde affaire ut encore portée aux Etats de Hollande; elle traina jufques k la mort de a Gouvernante, & après fa mort les avis des Commifiaires chargés de 'examen, fut que , par refpeél pour la mémoire de fon Alteffe Royale,.  Oü DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sbct. ML 509 les Etats laiflèroient Paffaire de 1'éleétion de Salomon van Echten, & qu'il relteroic en poffeffion. Le motif de cette décifion étoit, qu'il falloit efpérer que le jeune Stadhouder, inftruit par les perfonnes chargées de fon éducauon, des véritables intéréts de PEtat, de fes loix fondamentales,. de fes droits, de fes privileges & de ceux des villes, ne prendroit jamais cet exemple ou autre femblable pour regie de fa conduite, lorsqu'il feroit en poffeffion de ies dignités (1). Le Commerce étoit toujours expofé aux pirateries des Anglois. La Hollande , la Zélande & la Frife demandoient une augmentadon dans la marine de PEtat. La Gouvernante craignic encore que le territoire de la République n'eüt a fouffrir des troupes des Puiffances belligérantes. En effet elles avoient pénécré dans le pays de Cleves, & elle pen» foit qu'il importoit de fe mettre en état d'empêchcr ou de repouffèr toute infulce; en conféquence elle propofa aux Etats de Hollande une^ augmentadon dans les troupes; mais les Etats plus prudens craignant d'exciter la jaloufie des Princes voifins, ou de leur fournir des prétextes, fe prêterent foiblement a fes vues. Les Provinces maritimes s'y oppoferent formellement & furtout Amfierdam, qui entraina les autres villes de la Province. Cette ville foutenoit que, quelques pertes que le commerce eüt a fouffrir des infultes des corfaires, le mal feroit bien moindre que fi, par trop de méfiance & pour fe mettre a couvert de maux incer* tains & peut-être chimériques, on attiroit la guerre au fein des Provinces-Unies; mais qu'il n'en étoit pas de même de 1'augmentation de la marine, qui ne pouvoit donner aucune fufpicion& qu'on ne pouvoit regarder que comme un moyen de fe défendre contre des corfaires, dont 1'audace étoit défavouée, ou du moins cenfée 1'être, par les Puisfances en guerre. Cependant la Princeffe, a qui le danger paroiffbit tres preffant, infifta vivement , fecondée par les Etats de Gueldres, - da Groningue, d'Utrecht & d'Overyfièl, qui faifoient envifager la perte de la République comme infaillible, fi l'on négligeoit ces précautions. Les Provinces de 1'intériéur menagoient de ne point contribuer a 1'augmenta. tion de la marine de 1'Etat, fi les Provinces maritimes s'oppofoient a ceile des troupes de terre; mais malgré ces repréfentations & les efforts de la Gouvernante, les troupes de terre refterent fur le même pied. L'événement juftifia que cette conduite avoit été trés prudente. Occupée des .foins de 1'adminiftration, ambitieufe de contribuer au bonheur de la patrie, fe parta^eant entre Péducation de fon fils & les be- Tutrice du jeune Stadhouder, mourut le 12 Janvier 1759, après une mala- Gouverdie afiez cource, pendant laquelle elle régla plufieurs affaires relacives au nante' Gouvernement. La veille de fa mort, elle dépêcha des lettres circulaires aux différentes Provinces, pour leur demander leur confentement au mariage qu'elle avoit arrêté, de la Princeflè Caroline, fleur du Stadhouder, avec le Prince de Naflau-Weilbourg. (O Voyez ci-deflas les différends entre la ville d'Amfterdam & Guillaume III a»: fujet de la nomination des Echevins. Sss 3, Hift. de Hollande. i<597» jufques a nos 'ours. ies Etats Généraux, Sageffe des Etats pour évit er la guerre. Ann. 1759.'  Sect. XIII. ÏHjh de Hollande. 1697, j"f ques d nos jours. Augmentationdans la marine. 1 1 1 ] Ann. 1750. Mariage c de la Prin. [ cejjfe Caro- . liuc de Nafau. < Situation de la Ré- { publique. 1 * 1 510 HISTOIRE DE HOLLANDE Le Stadhouder n'avoit que dix ans aecomplis, lorsqu'il perdit fa mere, Après que Ie Duc Louis de Brunswick-Woifenbuttel, fon Gouverneur, qui Ie reprélentoit pendant fa minorité, eüt prcté ferment aux Etats Généraux & a ceux de Hollande, les premiers réglerenc tout ce qui concernou les fonflions de Capitaine 6c Amiral Général pendant la minorité, & notiiïerent aux Provinces la nomination que la Gouvernante avoic faite des perfonnes chargées de Péducation de fon fils. Ils déciderent que es funérailles de cette Princeflè fe feroient aux dépens de la République. Les Etats de Hollande arrangerent ce qui concernoit la difpofition des miplois militaires & plufieurs autres objets d'adminHfration. Le refus de fe prêter aux vceux. de la Gouvernante, au fujet de 1'augnentadon des troupes de terre, avoit fait négliger celle des forces maicimes. Les Négocians redoubloient leurs plaintes. Les Anglois venoient i'enlever vingt-fept vaifièaux Hollandois: le Commerce cc la Navigation >ériffoienc par 1'impunké des corfaires. On réfolut enün de fe meccre en kat de défenfe & de repouffer tant d'outrages: il fut décidé qu'on équijeroit vingt-cinq vaifièaux de guerre. . Le mariage de la Princeffe Caroline entraina des difficultés. Le Prince Ie Naffau - Weilbourg étoit Luthérien. La réfolution qui déclaroit le Stadhouderat bérédicaire, excluoic du Ik de la Princeffe, tout époux qui ie feroit point de la Pvdigion Réformée. C'étoit pour lever cet obfiacle |ue la Gouvernante avoit demandé le confentement des villes. Cinq 'rovinces confencirenc; mais la Régence d'Utrecht, les villes de Dorrecht, Haarlem, Amfierdam, Gouda, Rotterdam, la Brille, Alkmaar, Snkbuifen déclarerent qu'elles ne pouvoient confentir qu'on dérogeac a la éfolution du 16 Novembre mil fept cent quarante-fept, réfolution qu'el. es regardoient comme loi fondamentale de 1'Etat. Malgré cette oppofiion, la pluralité 1'tmporta, fous condition que les enfans feroient proiflion de la Religion Réformée; néanmoins les Etats de Hollande délarerent qu'ils ne s'oppofoient point * ce mariage, fans prétendre déoger a la réfolution du 6 Novembre 1747, qu'ils déclarerent loi fondaïentale & inakérable, &, comme telle, vouloir maintenir dans toute i force. Au moyen de cecce reftriébon, le mariage fut accordé & élébré le 5 Mars. Les Etacs , a la recommandation du Duc de Wolmbuttel agifianc au nom de fon pupille, accorderenc au Prince de Weilbourg la charge de Général de 1'lnfancerie. II avoic déja le Gouvernelenc de Berg op-Zoom, & écoic depuis quelque tems Général - Major au ïrvice des Provinces - Unies. Cependant l'épizootb continuoic toujours. Un tremblement de terre e fit fentir cette année dans la Plollande & la Gueldre ; plufieurs 'rovinces eurent beaucoup a fouffrir par de fréquentes inondations & par 'affreux ouragans. Plufieurs villes éprouverent des incendies; les camagnes défolées étoient incukes: le peu de récoke qu'on avoic obtenu iar des travaux extraordinaires, fut emportée par des orages mêlés de onnerre & de grêle; les brigandages des corfairt-s Anglois mfeftoient les ïers & les cótes. Telle étoit,la fituation de la République, Les Etats  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIIL 51 f sroccuperent des moyens .de remédier a celles des calamités qui pouvoient être prévues. La Société de Haarlem s'emprefla de propofer pour fujet du prix qu'elle avoit a diftribuer, cette quefüon: quel feroit le moyen le plus court, le plus fur & le moins coüteux , de reboucher les ouvertures faites aux digue»? Comme les mémoires préfentés la première année, ne remplirent pas les vues de Ia Société, elle propofa le même fujet & doubla la valeur du prix. On eut des mémoires iatisfaifans,. & comme la République devoit en recueillir le3 fruits , les Etats de Hollande accorderent a la Société Poclroi qu'elle follicitoit: cette fanélion donna a la Société de Haarlem la qualité d'Académie. Dans ce même tems N. Holtius , Miniftre dans un petit village , écrivain fougueux & emporté, abufant de la liberté de la preffe, alleetoit de fe déchainer contre les favans les plus refpeclables. II s'acharuoit k ternir la mémoire des auteurs les plus célebres. II ne fe contentoit pas d'attaquer leurs écrics, il calomnioit leurs moeurs. L'Univerfité de Leyde fe plaignit & repoufla fes fatyres indécentes ; il n'en devint que plus outragcant & plus fecond cn libelles. Les Etats de Hollande le firent menacer de leur indignation & de la privation de fes appointemens. En même tems ils publierent un édit, par lequel , tout ouvrage ,théologique ou quelqu'autre que ce put être, concernant la Religion Réformée, ne peut être imprimé & publié, qu'il n'tüc obtenu Papprobation de fa Claffe ou des Profeffeurs de 1'U.nverfité de Leyde: on exigea de plus que 1'auteur mit a la tête de Pouvrage, fon nom &. fes qudicés. Peu s'en failut qu'a cette oecafion la lib.rté de la preffe ne fut anéantie. Des Théologiens peu éclairés- propoferent d'aifujettir tous les livres fur quelque maticre^ qu'ils fuflènt écrits, a un examen févere, & d'établir une cenfure. univerfèüe. De ce plan fi ntffible au commerce de Ia bbrairie & aux progrès des lettres, plan qui affjjetdfToit le génie aux vues fuperftideufes & bornécs de 1'ignorance, il en eut réfulté que. les fciences qui commencoient a fe répandre, découragées dans leur eflbr, feroient bientót tombées dans 1'ojbli. Les vrais favans donnerent aux Etats des mémoires, dans lefquels ils firent voir tous les dangers & toute 1'abfurdité de ce projet: leurs raifons prévalurent. Les Etats fentirent qu'il leur fuffifoit de pouvoir punir, fuivant Ia rigueur des loix, les écrivains licentieux, ceux dont 1'audacc effrénée outrage ou nie la Divinité, qui fap* pent les fondements de toute religion , ou qui s'élevent avec indécence contre le Souverain. Ils jagerent que ce frein éiolt encore plus puufant que la cenfure & qu'ii n'en avoit pas les inconvéniens. Lorfque 1'Emde du célébre Jean-Jacques Rouftèau fut annoncé chez Néaulme, qui en avoit obtenu le privilege, les Etats confidérant que cet ouvrage avoit été défendu a Rome, a Paris & a Geneve, le firent examiner, & malgré fa morale fubiirne, malgré fes grandes vues fur Péducation, ils en arrêterent la vente a caufe de quelques principes qui tendent a renverlèr le Chriftianifme. D'un autre cöté, 1'Univerfité de Leyde, en reconnoiflance de Phonneur que lui avoit acquis le célébre Iioerhaave, élevoit un monum-nt aux cendres & au génie de ce g/and homme , dans 1'églife de St. Pierre; monument dans lequel on a caraétérifé fa noble fimpiicité. On y lit Hifi. deHollande.1697, jufques * nos jours. Société de Haarlem érigée en Académie. Tk*ologien fougueux & fatyrique. Gêne de la prejfe. Cowhaffue 5? condamné e par les Etats Gé^ néraux. l'Emile de J. f.. Ro-.tfeau arrêté..  Sect. XIII Hifi. de Hollande. 1697 Jufques H Mi jours. Pirateries des An- glois. Combat. Le Stadhouder admis aux Confeils, 512 HISTOIRE DE HOLLANDE ces mots: Salutifero Boerhaavii Genio facrum. (Au Génie falutake de Boerhaave (1). La guerre entre 1'Angleterre & la France tendoit h fa fin. Les Anglois n'en continuoient pas moins leurs pirateries. Cependant les Hollandois s'étoient mis en état de détente. Cinq fregates Angloifes, dont une étoit armée de cinquante pieces; de canon, rencontrerent un vaifièau de guerre de la République, efcorcant quatre vaiflèaux marchands qui fortoient du Texel, Ce vaiflèau étoit commandé par lc Capitaine Salomon üedel. Quoique trés inférieur en forces, Dedel refufa la vifite du Commandant Anglois & fe prépara au combat; il fut long & opiniatre. Dedel fut bleffé, ainfi que onze Hollandois ; deux furent tués ; fon vaiflèau fut entouré par les cinq fregates, pris & conduit a Londres, avec les quatre vaiflèaux marchands; mais la Cour de Londres, pour la première fois, déclara ets vaifièaux injuflement pris: fans doute parceque les négociations pour la paix étoient déja fort avancées. La paix en Allemagne (2) & furtout celle de 1'Angleterre avec la France & 1'Efpagne, délivra la République de fes craintes & des traitemens injufles des Anglois, qui cependant eurent recours aux Etats Généraux pour obtenir le paflage de leurs troupes fur fon territoire & pour leur embarqüemenc a Wiilemfladt. Ce paflage leur fut généreufemenc accordé. Le Stadhouder avoit atteint fa quinzieme année: il fut admis a Paflèmblés des Etats Généraux & a celle du Confeil d'luat. Le Comte de Waflènaar, Préfident du Confeil d'Etat, borna tout fon difcours a des vceux, mais ces vceux étoient des inftructions, ou plutöt des lecons. II fouhaitoit qu'on vit fe réunir dans le jeune Prince le zele & 1'amour pour la Patrie de Guillaume I; les connoiflances & les fuccès millitaires de (O Herman Boerhaave naquit en 160S, a Voorhout , prés de Leyde. Son pere , pafteur de cette églife, fut fon premier maitre. Dès 1'age de onze ans , il favoit du Grec, du Latin, de la Géometrie & un peu de Littérature. A quatorze il parut dans les écoles publiques de Leyde , & s'y fit en peu de tems une grande réputation. A quinze il perdic fon pere. Defïiné au Miniltere comme lui, il apprit 1'Hébr'eu, Ie Chaldéen, étudia la critique de Tanden & dü 'nouveau Teftament, lut les anciens auteurs Eccléfiaftiques & les Commentateurs modernes, fans perdre de vue la Médecine: il fut rec;u Doéteur dans cette fcience, en 1693 , i fage de 25 ans. L'Uuiverfité de Leyde qui lui avoit fait préfent d'une médaille d'or, a 1'age de 20 ans, pour récompenfer fon mérite & 1'encourager , lui donna bientót des témoignages d'eftime plus éclatans. II eut trois places confidérables dans cette Ecole; celles de Profeffeur eu médecine , en chymie & en botanique. Les etrangers vinrent en foule prendre fes lecons; toute l'Europe lui envoya des difciples. L'Académie des fciences de Paris ik. la Société de Londres fe 1'aiTociórent. II réunit dans tous fes ouvrages & furtout dans fes Aphorismes , la théorie & la pratiqué. II a réduit la médecine a des principes clairs & lumineus. Les Médecins praticiens ne peuvent plus fe pafler de fes écrits. II mourut en 173'!. II lailTa a fa fiile unique , quatre millions de notre monnoie, quoiqu'il eüt commencé par donner des lecons de mathématiques pour fubfifter. Ses Inrtitutions de médecine font traduites dans toutes les laniues , & même en Arabe. Sa réputation étoit II étendue, que d'une des autres parties du monde 'on lui écrivoit avec cette feule adreüe:-// tillujire Boerhaave, Médtcin en Europe, & la lettre lui fut rendue. (2) Voyez uos Volumes précédens, Hiftoire de France., d'Allemagne, &c.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 513 de Maurice; la douceur & Paffabilité de Fréderic-Henri; !a pénétration de Guillaume II; la polirique favancë de Guillaume III, & Penfemblé ces vercus de Guillaume IV. Ce jeune Prince caufa peu dc jours apiès de vives allarmes a la nacion, qui prefque généralement en faifoit les celiees des cceurs. U fut attaqué de la petite vérole, mais elle fe ternüna heureulèment, & Guillaume V fut ad,nis aux affemblées des Etats, & dans les Colleges fupérieurs de la Prbviiice de Frife (1). La navigation fe rétabliffoit; mais le commerce fouffroit intériëurement. Deux fléaux prefqu'également funeftes le minoient, le luxe ex la mauvaife foi qui marche toujours a fa fuite. La révolte des Negres dans la Colonie des Berbices lui fit beaucoup de mal. Les malheureux efclaves de la République , opprimés & maltraités par des maitres barbares, s'étoient fouvent foulevés; ils n'en avoient été que plus écrafés. Or exercoit contre eux des cruautés horribles. Les Negres de la Colonie de: Berbices fe réunirent contre leurs maitres, dévaiterent les plantarions firent main baffe fur les Blancs, & leur firent éprouver des cruautés encon plus horribles, que celles dont ils avoient été fi longtems les viélimes Les Blancs appellerent au fecours les troupes de la Colonie; les Negre étoient en trop grand nombre & tout ce qu'on pouvoit faire, étoit d< fe défendre: il y eut plufieurs combats trés meurtriers. Enfin les Etat Généraux y envoyérent tie nouvelles troupes : les Rebelles fe trouveren les moins forts; une partie s'enfuit & fe difperfa dans les forêts; on le en chalfa & la plupart furent mafiacrés; le refle fe foumit (2). Le commerce s'étoit foutenu malgré la guerre ruineufe, excitée par 1 beau-pere de Guillaume IV entre les Provinces-Unies & la France, malgré le pertes énormes & les vexadons dans la derniere guerre effuyées de la part de Anglois, qui croient (depuis que la Hollande leur a procuré un Roi, ei fon Stadhouder) avoir la Royauté fur la République; & malgré le fou levement des Negres contre les colons: mais, un condamnable luxe 1 mit fur le point de fa ruïne: la corruption des mceurs qu'il avoit er trainée, étoit générale. Les Hollandois conferverent longtems la fimpli cité, la' bonne foi, la fobriété, la modeflie des anciens Bataves. Leu amour pour le travail, leur acbivité, leur franchife, donnoient k la natib cette énergie qui leur fit fecouer le joug odieux du Defpotifme & qi conferva la République contre les efforts d'une nation puiffante , autre fois maitreffe impérieufe & longtems 1'alliée de la Hollande, fa riva le (3). Tant qu'ils firent fervir leurs richeflès, fruit de leur induftrie k foutenir Phonneur de leur commerce & la gloire del'Ecat; tant qu'il mirent leur orgueil k conferver & k augmenter leur crédit, leur com merce devint toujours plus floriflant: mais dès qu'ils fe prévalurenc d leur opulence, qu'ils regarderent la richefie, ainfi que la nobleflè qu'oi hérite & qu'on ne mérite pas, comme une diftincbion, & qu'ils s'en firen un mérite, tout fut facrifié au fafte, qu'ils regardoient comme la marqu (1) Hiftoire de la Hollande & des Provinces Unies, T. IV. (2) Idem Ibid. {3) Voyez le cominencement de cette hiftoire. Tome XLIF. Ttt Hifi. de Holhnde. 1697, juf. ques ii nos jours. Commerce p:efquané inti par le luxe. Révolte , des Negres. s s 1 r 1 i s 1 t  Sect. XIII. Hift. de Hollande. 1697, jufques ii nos jours. Kleeft è de la tolé nar.ce. ».v. * r""- '« piuo ^iamu 111SUA , jaujillS une entiere concorde n'a regné entre les differentes communions. Les Luthériens aveuglément zélés & longtems protégés par le Duc de Wolfenbuttel peuvent a peine fouffrir les Réformés: les premiers, encore plus. que les autres, fe diftingueut par leur haine contre les Catholiques, & ceux ci ne les piment pas davantage. Doir-on en conclure qu'il ne fau« fouffrir dans un État qu'une feule Religion ? Mais alors elL fe divifè en differentes fec/Ls aufli acharnées 1'une contre 1'aucre, que peut letre la Religion. donc elles émanent, contre une autre Religion. Quels troubies n'ont point caufés en France le Janfénifme & le Molinifme? II faut cependant qu'il y ait ce qu'on nomme des héréfies; lorfqu'il n'y en a point dans Ja religion dominante, ou unique, d'un Ecat, il arrivé fouvent qu'elle exerce fon inquiétude fur d'autres objets. Nous avons vu, avant & après le retabliffèment du Studhouderac, les Réformés tournee leurs füreurs contre la Magiftrature & lui porter les plus terribles coups. La haine mutuelles , des Catholiques & des Proteftans non éclairés eft bien moins a craindre: fi elle va trop loin, 1'Etat a des moyens pour la réprimer & pour faire rentrer les uns & les autres dans leur devoir; au lieu qu'il n'en a pas toujours, ou qu'il eft obligé d'employer les plusviolèns, contre les prétentions d'un clergé nombreux & maitre des confeiences. La tolérance ayant cet avantage, que terant les forces divifées elle les réduit a rien, ou du moins a peu de chofe; il eft avantageux pour la République qu'elle tolére le Catholicifme,puisqu'elle 1'atoléré juflju'ici (i}, (1) ,, Lorfque les loix, dit Montefquieu, ont cru devoir fouffrir plufieurs religions, „ il faut qu'elles les obligent aufli a fe tolérer entre elles. C'eft un principe que toute ,, religion qui ed répvimée devient elle-même réprimante : car ficót que par quelque „ hafard elle peut fortir de 1'opprefITon, elle attaque la religion qui 1'a réprimée. non pas comme une religion, mais comme uae tyrannie. II eft tionc utile que les loix. 514 HISTOIRE DE HOLLANDE la plus évidente de ce mérite. II ne fut plus befoin d'être riche en effet, pour être eftimé & honoré; il fuffic de le paroicre. L'ancienne fimplicicé fut bannie; la fobriété fut un ridicule, Péconomie pafla pour avarice: on employa en mille fuperfluités les fonds même du commerce?, ces fonds devinrenc ftériles: les dépenfes dans tous les genres devinrenc énormes: k mefure qu'elles augmencoienc, les reffources s'épuifoienc; la molleffe & la vanicé öterent au commercant faftueux les moyens de fournir a ces dépenfes: il voulut couvrir fon infuffifance: de-Ia ces moyens frauduleux, cet abus du crédit, ces emprunts, ces recards de payemenc & enfin ces faillices honteufes, ces banqueroutes des premières maifons, qui encrainerent la ruine de tant de malheureux & qui fe firenc fentir d'une extrêmité de l'Europe k 1'aurre. II y en eut dans le courant de. 1'année 1763 plus de quarante dans Ia ville d'Amfterdam. Le commerce y tomba dans 1'inacbon; cecte inertie arrêta pendant deux mois la circulation de celui des autres villes de Hollande: ce ne fut que peu k peu & par un refte de. patriotifme dans quelques commercans plus fages, qu'il. fe rétablit. Nous avons vu la République prévenir les guerres de religion, fi funeftesdans les autres Etats, par une fage tolérance de tous les culte?. Malgré. fa mnvpn 1'nniiinf m-Mir.prrp tvuir Mrirnr loc ,*r»nAr. m...... :„„,..:_  OU DES PROVINCES UNIES, Lrv. XXXIII. Sect. XIIL 5^ Les Provinces-Unies tolérent une Eglife Catholique Romaine , qui efl tres-nombreufe. Le fein de cette Eglife a été déchiré par des diviöons. Elle n'avoit point tenu de Synode depuis 1565. C'étoit le premier. L'Archevêque d'Utrecht en convoqua un fecond en 1763. La durée de ce^ intervalle vient des troubies qu'eile a effuyés, furtout da la part des Jéfuites , qui ne pouvant dominer dans cette Eglife,, n'ont ceffé d'en tourmenter les membres, fous prétexte de Janfénifme. L'Ëglife d'Utrecht compte une fuite d'Evêques depuis St. Wülebord, jufques a M. Sébafte, mort en 1700 (1). L'Evêché d'Utrecht fut érigé en Archevêché en 1559, par Paul V. II eut pour Suffragans Haarlem, Leuwarde, Deventer & Middelbourg. Frédéric Schenk de Tautenbourg étoit Archevêque lors de la révolution, & mourut en 1580. Sa.^bold Vofmer, ^Prélat d'un mérite rare, lui fuccéda & fut facré en .602, fous le titre d'Arehevêque de Philippes:- il fut banni des Provinces-Unies par les Proteftans , pour avoir pris le titre d'Arehevêque d'Utrecht. Après fa mort, Philippe Rovenius, fon fucceffeur, fut nommé par le Roi d'Ef. pagne a 1'Archevêché d'Utrecht & facré en 1620, fous le titre d'Arche. vêque de Philippes: il avoit, comme fon prédéceflèur, la permiffion de prendre ie titre d'Arehevêque d'Utrecht, & le prit dans plufieurs occafions: fon zele pour la propagation de la Religion Catholique lui fil éprouver le même fort ; il fut banni par un jugement du Souverain & fes biens confifqués. Le Confeil fouverain ayant ordonné que les CanonicatSj a mefure qu'ils feroient vacans, ne fuflènt conférés qu'a des Réformés , & Rovenius voyant le Chapitre d'Utrecht devenir Proteftant , forma un Confeil de PArchevêque fous Ie titre de College , ou Vicariat •d'Utrecht, compofé de cinq Chanoines du Chapitre Métropolitain,de quatre des Églifes Collégiales & de deux Curés, tous prêtres & gradués. Le fucceffeur de Rovenius, Jacques de la Torre confirma 1'érecbion de ce College , ou Chapitre, qui n'a jamais été interrompu, & qui a toujours exercé fa jurifdiclion, reconnue par tous les Evêques Catholiques. La Torre fut facré fous le titre d'Arehevêque d'Ephefe, donna la confirmation & fut banni; il mourut en 1-661. Jean Neercaffel, fon Coadjuteur, lüi fuccéda fous Ie titre d'Evêque de Caftorie. II étoit Prêtre de POratoire , homme d'un mérite fupérieur. Le grand Boffuet dans fes lettres lui donne le titre d'Evêque de Hollande. Louis XIV en 1672, étant dans le pays, le mit en poflèffion de la grande églife Métropolitaine d'Utrecht. II étoit éloquent, prêchoit en pleine campagne & fes fèrmons lui atdroient une foule d'auditeurs; il mourut en 1686 a Zwol, „ exigent de ces diverfes religions, non - feulement qu'elles ne troublent pas 1'Etat, „ maïs aufli qu'elles ne fe troublent pas entre elles. Un citoyen ne fatisfait point „ aux loix , en fe contentant de ne point agiter le Corps de 1'Etat ; il faut encore quil ne trouble pas quelque citoyen que ce foit". Efprit des Loix, Liv. XXV. 9- -— „ Quand on eft maitre de recevoir dans un Etat une nouvelle religion, „ ou de ne pas la recevoir, il ne faut pas rétablir: quand elle y eft établie, il faut „ la tolérer. ' Montefq. Efprit des Loix, L. XXV. C. 10. La première propofition peut etre contredite; elle juftilie les perfécutions des Empereurs contre les Chrétiens: la leconde eft trés vrsie. CO Racine Hiftoire Eccléfiaftiqne Setf. XVII. Art. 88. T. XIIL Ttt 2 I Hift. de Hollande. 169;, juf ques a r.os jours. Hiftoire ie { Églife Catholique en Holian* de. Synode (TUtrccht.  Sect. XIII. hift. de Hollande. 1697, jufques a no jours. 5i<5 HISTOIRE DE HOLLANDE après y avoir dormé la confirmation. L'Eglife Catholique Romaine de Hollande rcnfermm't alors dans fon fein plus de cinq eens mille membres, s'il faut s'en rapporter aux Hiftoriens Eccléfiaftiques (1). II pu', blia trois traités, l'un fur la lecture de 1'Ecriture Sainte, l'autre fur le culte des Saints & le troifieme intitulé de 1'amour pénitent, ? Les Jéfuites qui n'aimoient pas la Congrégation des Oratoriens, parcequ'il en fortoit des prédicateurs & des écrivains du plus grand mérite, s'intriguerent beaucoup a Rome pour faire condamner Ie traité de 1'amour pénitent: cet ouvrage leur déplaifoit furtout, non feulement parcequ'il contrarioit leurs principes, mais encore parceque leurs grands ennemis Arnaud & Nicole lui avoient donné de grands éloges (2). Après la mort de Neercafiel, van Heufen, Evêque d'Utrecht, fut élu ; mais il ne put pas obtenir la confirm.uion de Rome , parceque les Jéfuites* 1'avoient accufé de Janfénifme, a caufe de fes grandes faifons avec le célébre Arnaud. Le Collége d'Utrecht préfenta de nouveaux fujets a Innocent XL & Pierre Codde, Chanoine d'Utrecht, fut choifi: il fut facré a Bruxelles daas le mois de Février 1689, fous le titre d'Arehevêque de Sebafte. On lui préfenta lars de fa confécradon, le formulaire ou la condamnation des propofitions de Janfénius , qu'il refufa de figner. C'étoit oü les Jéfuites attendoient 1'Eglife d'Utrecht. Malgré fon refus , Codde fut facré. Les Jéfuites avoient plufieurs griefs contre ce Prélat. II étoit Oratorien , ami d'Arnaud , & venoit d'être facré malgré eux. Le Pere Doucin, Jéfuite, venu en Hollande en 1697 avec le Comte de Crecy, compofa contre le Clergé de ce pays un livre rempli d'injures & de calomuies , fous le titre de Mémorïal abrégé touchant F état & le prógrès du Janfénifme en Hollande. Ce fut-la le fignal de la perfécution. On attira Codde a Rome pour le grand jubilé , & Clément XI érigea une Congrégation pour 1'examen des affaires de 1'Eglife des ProvincesUnies. Codde fut cité a ce tribunal; on lui donna pour juge, Fabroni, fimple Prêtre , créature des Jéfuites , qui traita fort mal le Prélat. _ Sur les plaintes de 1'accufé, Fabroni fut blamé par le Pape. Codde fe juftifia : plufieurs Cardinaux donnerent des éloges a fes mémoires & a fes vertus; mais il n'en fut pas moins fufpendu de fes fonétions par le Pape. L'Archevêque de Sebafte , pour éviter tout fcandale , obéit au Bref du Pape, quoiqu'il eüt été donné fans motif, fans audition de témoins, fans preuve de délit, fans jugement antécédent, & le Prélat n'eut connoilfance du B^ef que par des lettres de Hollande , qui lui apprirent que le Pape avoit établi Tbéodore Cock, Pafteur a Leyde, Pro-Vicaire Apoftoiique de 1'Eglife d'U.:echt. Ce Cock étoit un ennemi fecret de Codde. Le Chapitre ei'Ucrecht & celui de Haarlem refuferent de le reconnoitre: mais pour le bk-n de la paix , Codde déclara qu'il prenoit le parti du filence & de la retraite, fans préjudice néanmoins de fes droits , de fa réputation & de fon honneur: fes écrits furent condamnés. A Partiele de CO Wem- Ibid. Voyez le T. VIII. de l'Hiftoire Générale des Provinces-Unies. in 4'. c (2) Lutres de M. Arnaud, 201, 224, 227, 309, 313, cxc.  OU DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 517 fa mort, les Jéfuites engagerent le Nonce du Pape de lui faire encore oréfenter le formulaire , qu'il ne voulut figner quavec la diflméhon du fut & du droit; c'eft-a-dire qu'il condamna les cinq propofitions prét'endues extraites de Janfénius, purement & firoplement, dans quelque hvre au'ellesfe trouvent; mais il ne jura pas qu'elles fuflènt dans le hvre oc lanlénius , doutant qu'elles y foient & ne les y ayant jamais trouvees. Cc n'étoit pas afièz pour les Jéfuites de condamner les propofitions; ii falloit encore jurer, conformément au formulaire, qu'elles étoient dans 1'ouvraee de Janfénius , quand même on auroit été alfuré de ne les y -voir rmais lues: ce qui reflèmbloit beaucoup a un parjure. L Inquilition le déclara, après fa mort, indigne de la fépulture eccléfiaftïque & défendit aux fidéles de prier Dieu pour lui. Dèsdors ia Cour de Rome cefla de 'recoimoitre le Chapitre d'Utrecht & de Haarlem. Cock ne foutint plus leurs droits. Les Etats de Hollande 1'ayant décrété pour avoir mfulte le Penfionnaire Heinfius, il fe retira a Rome,ou Clément XI le fit fon Coadiuteur Les Chapicres furent déclarés déchus de leurs pouvoirs; on ennmades négociations, qui furent fuivies de nouveaux troubies; le Clergé de Hollande ne fut point écouté. Bufii, Nonce de Cologne, nomma un Chanoine de cette Eglife pour gouverner celle de Hollande: les^ Etats s'v oppoferent, jufques a ce qu'il fut élu en la maniere accoutumee ; le Chanoine de Cologne répandit des libelles contre les Pafiems de 1 Eglife de Hollande , les. traita d'hérétiques & de rebelles a 1 Eglife. Un déchaina des moines , troupes auxiliaires des Jéfuites, qui fomenterent le fchifme- les Catholiques fe déchiroient mutuellement (i) ; le tout parceque les uns afiuroient & que les autres nioient que cinq propofitions qu'ils condamnoient tous, fuflènt dans un livre imprimé , que tout le monde pouvoit confulter. Cependant les Chapitres proteftoient contre leurs accufateurs, ils réclamoient leurs droits, repréfentoient au Pape la néce-Tué d'établir un Evè que élu felon les formes ordinaires par le fuffrage des Chanoines. Dan Ja difette de Curés, un Evêque de Dublin ordonna douze prêtres pom 1'Eglife de Hollande. Le Nonce de Bruxelles les cita k fon tnbunal. Lei plu? habiles docleurs de Sorbonne, les plus favans jurifconfultes , toute la faculté de droit furent confultés & déciderent en faveur de 1 Eghfe d'Utrecht, qu'ils regarderent comme une vraie Egli'ë : iis penfoient que le Chapitre métropolitain n'avoit pu perdre fes droits, malgré la vacance du fiege La Cour de Rome & les Jéfuites n'en continuerent pas moini leurs vexations. Alors le Chapitre d'Utrecht appeila du Pape k 1'Eghfi Univerfelle. Plufieurs Evêques de France n'héfiterent pas k donner le ordinations fur les démiflbires des grands Vicaires du^ Chapitre, qui, fu les refus réiterés du Pape de donner un Evêque a 1'Eglife de Hollande nomma au fiege vacant Corneille Steenoven, Chanoine & grand Vicaire Son éleétion fut envoyée a Benoit Xïll, qui refufa la confirmation Steenoven fut facré par 1'Evêque de Babylone, qui fe trouvoit a Ucrecht O Rac. Hift. Ecc. ubi fupra, Ttt $ Hift. de Hollande. 1697 > Mques a nos jours. t >  5i8 HISTOIRE DE HOLLANDE Sbct.XIII. le 15 Oclobre 1724 & mourut le 3 Avril '1725. La fucceflion des Hift. de Evêques a été continuée. Hoüande. Les Jéfuites étoient la caufe & les agens fecrets de tous ces troubies: lues 'aJno's les Etats n'ayant Pu ies engager a les faire ceffer, avoient profent de jours. nouveau ces religieux turbulens , en 1708,(1). Ils 1'avoient été long- tems auparavant & la République veiliok fur leurs intrigues. La zizanie qu'ils avoient femée dans 1'Eglifè d'Utrecht y regnoit encore , & ils 1'y entretenoient , lorfque les Puiflances Catholiques de l'Europe réunirent leurs efforts pour la deftruction de leur Inftituc. Dans le Synode que 1'Evêque d'Utrecht convoqua en 1763, les écrits des Jéfuites Hardouin, fierruyer & Pichon furent condamnés & les Acbes du Synode furent envoyés au Pape. Mais ces Catholiques fi longtems perfécutés par des tyrans de la même religion, n'ufoient pas envers la religion dominante de la tolérance qu'ils avoient tant de raifon de réclamer pour eux - mêmes, & le Souverain fe vit forcé de faire fermer leurs égiifes , pendant un an, en plufieurs endroits. De fon cöté le Clergé Proteftant fe foulevoit contre la Magiftrature. Préten- VAom , Miniftre de Leuwarden , ayant éré condamné a une amende, tions du pour avoir voulu forcer par des difcours féditieux, les Bourguemaures & Clergé. Je Confeil a approuver la préfentation de tr.ds Candidats qu'ils avoient refufés; Blom & le Confiftoire donnerent aux Etats de Frife un mémoire rempli de principes hardis , par lequel ils établiffoient que le gouvernement de 1'Eglife étoit indépendant du Souverain ; que les Confiftoires & les Miniftres n'étoient comptables qu'a Dieu feul de la conduite qu'ils jugeoient a propos de tenir pour le bien de 1'Eglife; que c'étoit au tribunal feul de Dieu,& non a aucun autre, qu'ils étoient jufticiablcs. Les Etats de Frife condamnerent cette doétrine audacieufe , qui fubordonnoit le Souverain & le Magiftrat au Clergé, tant pour le fpirituel que pour Ie temporel. Blom fut fufpendu pendant fix femaines , des fonéions de fon miniftere. Ann. 1764. Depuis que la guerre ne troubloit plus la République , les Etats GéRétabnjfe- néraux s'occupoient des moyens de rétablir Ie commerce; il n'y en avoit ment du qu'uti • celui de faire revivre les mceurs antiques: mais la corruption ommerce. avojt trop ^ progles> Cependant Pexcès du mal a fait fentir a la nation le danger qui la menacok , & fi elle n'eft pas revenue a cette ancienne fobriété qui la caractérifok, elle a mis plus de fagcfie & d'économie dans fon luxe même. La paix fournit des événemens moins intéEvéne- 'relTans pour l'Hiftoire. Des inondations qui affligerent quelques Provinments par- ces• }a piofeffion de foi du jeune Stadhouder; quelques exécutions faites ttcuhers. au q;exe| contre une partie de 1'équipage d'un vaiflèau de la Compagnie des Indes, font les feuls faits reraarquabies de cette année. Ann. 1765. Depuis le rétablifièment du Stadhouderat, les Provinces fembloient vouloir faire oublier par leurs complaifances , .es oppolitions qu'elles y avoient mifes. On propofa dans 1'aflèmblée des Eiacs de Frife, d'avan- (1) Voyez Mdmoir. de Lamberty, 'T. Vi p. 9$. & feqq. Idem. Tom. XII. p. ipi.  OU'DES PROVINCES UNIES, Liv. XXXIII. Sect. XIIL 51$ eet la majorité du Prince. Depuis la mort de la PrinceiTe Anne fa me- Hifi. 4e re, la Princeflè Marie - Louife , Douairière d'Orange , veuve de Jean Hollande. Guillaume-Frifo , ayeul du Stadhouder, avoit été obligée de fe charger l697>j"A de Padminiliracion , comme Tutrice. Avancer la majorité , c'étoit lui |"os foire une efpece d'affront.. Le jeune Stadhouder fe hfoa de lui écrire ' que non-lèulement il défapprouvoit la propofkion , mais qu'il vouloit attendre fa dix-huideme année , terme fixé par la réfolution unanime de toutes les Provinces pour fa majorité. La Princeflè Douairière, en proteftant qu'elle étoit prête k fe démettre de la tutelle, communiqua la lettre aux Députés de Zevenwouden, auteurs de la propofition, qui firent Mort Je U des excufes d'une démarche ou les avoit entrainés un excès de zele. GouverCetce Princeflè mourut dans ces circonftances, excrêmement regrettée des npnSe de Frifons, dont elle avoit toujours cherché k faire le bonheur. Elle fut remp'lacée dans le foin de nommer aux places de Magiftrature, dans les différentes villes de la Frife, par la Princeflè de Naflau-Weilbourg, fceur du Prince. Apeu prés dans le même tems mourut Panden Penfionnaire Gillis, que nous Du Penavons vu accmé fi injufiement par le peuple, dont il eut été la viétime, P***fif* fi les Etats & le Stadhouder ne 1'euflènt pris fous leur procediion. 11 G,ll,s' eontinua d'exercer fa place jufques en 1749 •> HafflbIe« r. /• r JJ-1' _u Lymningtoh. bomeriet. j Au Nord du Comté 50 40 Briftol. 15. 10.51. 27. 35 38* 18 Avon, wn, Rome, Bruis, Par- e.« titi m.. 'rinr' ' VJ 0 J ret.Tone. Ko_b.ch_b.de tct. L L de DOriet. | 40 30 ^Salisbury. 15. 5^. J51. 2I 304 34 Avon,Nadd„,Willybom,Kennet. Xaines, Ardoife*. 1 fBerk. | Au Nord de Hamp. f 2 20 ^lOCeiter. 15. cQ. 151. 56. 27 280 8 Saveme, Avon, Eveslode, Lech, CrilM, Eaux _ft* 11- Montmonrb i *r Coll]' rales- DÉPARTEMENT < L 25 20 Montmouth. 14. 55.51. 55. 7 12? 3 Wye>üsk, D'OXFORD. Hereford. f 35 30 Hereford. 14. 55. 52. 5. 8 i7t5 8 ^M,s,wey.M_.now. Grains, Worcefter. < Du fud au Nord-Eft. 35 25 Worcefter. 15. qo <2 18 12 ,<:ó _ t I J 13. j*0. 1- 1^2 9 Saveme, Stoure, Sawarne, Avon. f ^ Stafford ' . • ' ■ LJLJ L 44 27 Stafford. [<. qo. <2 . . IO Ton rn Trent,Taaie, Dove ,'BItthe, Hans, Charbon de terre, r^^n f J J-->' y 1OVJ 1U Saw. Albatre Fer. LbhTOp. | A 1 Oueft de Stafford. 34 25 Shrev/Sbury. 14. 54.52. 45. l6 l70 I2 Saveme' Worie'. Terne, Mek, Fromem-, 0^. . JlT-TJTJ Tornde, Clune. p. , fEffeX' f 45 3<5 Colchefter. 118. 22.51- 52. ( 27 415 3 |^.t*«ft*eii, o« ta»amm m, mn tXk 111 Hartford. I 3o 2? Hartford. 18 120 6 " DEPARTEMENT H Kent. 1 r u DE HOME. .1 50 47 Cantorbe ry. 18. 38.51. 17. 3i 408 10 Darent,Medway,stoure.Tamir, HopWoa. rVj bUrrey* 1 34 a_ Southwark. XI I40 ». uSuflex. | Au Sud de Surrey. 60 20 Chicefter. 16. 50.50. c0 17 5Ii ^ ^ j 1 Ó1* 22 1 Bois, Fer; ^SH_sj |rN°rf0lk- f 50 3S Nonrich. 18. 5J. j_ fi.| 33 , tf5o M HH ,v rUff0lk; 45 30 Ipfwich. 18.38.52- 7- 21 55 10 L.f*-* Benwa, Fromage. . DEPARTEMENT i J"^'J DerEftauSud-Oueft 35 2° CambridSe- l7- 45- 3^. 15. 7 1S3 5 „. o«. ««,.0*, | DE .NORFOLK. Huntington ^'^"Sud Oueft. Hu„tington. .7. 30.52. 2o. ' iiU 4 Oufe, Ivell. Grams. O1 CBuckingham. L ' 40 I 18 1 Buckingham. 16. 38. 52. 8. i< 8< L .r _ rtr ., 1 ^ ö i./ö5 14 Tarrnre, Tame, Oufe, Cole. kames, ^r, f Lincoln. f 60 35 Lincoln. 17. 10.153. 16. l qo 6qo „ t_. lf r ! JJ / |JO' iu.i^u 03 O 12 Trent, Iofe, Wttham. j Lm, Plitre, Albatre Notungham. , De rEft k r0ueft. 40 20 Nottingham. 16. 28.52. 56.1 8 IÖ8 9 M T, M, T _ tt t._u J 3 1UO ö Maum, Iole, Meden, Treet. Plitre, Charbon de V. JJerby. ^ . _ _, - terre. Wreak) Wetod> SvVifti WarWick- L 35 1 aö Warmck. 15. Sa. 25. 14 Is8 6 J + A0o O Bhch, Avon. . r,ïn. Nordnmnrnn 5 Al' Sl,d de Leicefter, & de War- ^ . ' ,T , _• o _ otains. norenampton i wick> 45 2Q Northampton. 16. 38. 52. 18. jq 106 1 ^ 3 130 9 . Avon, Oufe, Chenveli. J Bled.Paturages^ine, "York. f g0 70 York. 17. 42./ g Il8 w_g Ho1^. VI. Northumberland 4Q QO Newcaftle irt in «■ ^ „ W"6' Sel.charbon de terre. DEPARTEMENT < 1 4 30 iXewcaltle' l6' IO- 55- 12 4^0 8 ™ Twede, Goket,wensbec, Charbon de . DU NORD. Lancashire. f 45 22 Lancaftre. 14. 52.54. 9. 27 f tfr _. '9em ~- JT >• _/ Ui)i4 Leven, Kan 08 Ken, Lune, Wier, Tot.r^ .1 «. . Weftmorland-i Du Sud au Nord. 3^ 24 Appleby, 14.50.54.40. 8 2(y w ^gS-SSfi I *r Kan08 Ken, Lune .Barrow, Eden. LCumberland. 1^ 5o 38 Carliile. 14.50.54.58. 14 58 5 k^Ed^^rop,^ I ue , Tourbe.. LE COMTÉ DE MIDDLESSEX. I' 29 I 1. 1 Londres I 17 qoI in- Cette Principauté a formé pendant plufieurs fiecles un Etat indépen. tipauté de dant. Habitée par les Silares , les Dimeies & les Ordovices, elle Galles. £tojt connue du tems des Romains fous le nom de Britannia Secundai Oiiir'ne de en^u'te e^e 'uc nommée Cambrie, & enfin Galles ou JValles: mais les ce nom. Hiftoriens ne s'accordent pas fur Pórigine de ce dernier nom. L'opinion qui nous a paru la plus vraifemblable, eft que les Saxons defcendus en Grande-Bretagne, ayant repoulfé les anciens habitans du pays dans cette  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 523 partie, leur donnerent ce nom, paree qu'ils les regarderent comme ayant Hifi. d'Anla même origine que les Gaulois, qu'ils appelloient Wallen (1). gleterre. Du refte, cette partie du Royaume d'Angleterre efl: la moins agréable InU'odpar la quantité de montagnes, fouvent couvertes de neige & Ie peu de ' fertiliré du terroir. Ce n'eft. pas cependant que dans quelques Provinces on n'y trouve en aflez grande quantité des bleds , des paturages , des beftiaux , du gibier & du poiflbn; mais il en eft plufieurs qui ne produifent pas même aflez de bleds pour la nourriture de leurs habitans, La Province d'Anglefey eft trés fameufe dans 1'antiquité par les Druides qui y avoient établi un de leurs principaux feminaires , dont nous aurons oecafion de parler; celle de Carmarden ne 1'eft pas moins pour avoir été la patrie du fameux Prophete ou Enchanteur Merlin. Du Royaume tfEcoffe. L'Ecofle a toujours fait un Royaume féparé de 1'Angleterre, jufqu'en Sa defcrip1603; & comme nous aurons oecafion de parler ailleurs de fon andquitéVtim nous nous bornerons ici k indiquer fimplement quelles font fon étendue,gva^ que' fes limites, fa divifion, fes principales rivieres, & les villes qui peuvent être de quelque confidération. Son étendue eft depuis le iime. dégré 40 minutes jufqu'au ióme. degré 20 minutes de longitude , & fa latitude eft depuis le 55me. degré jufqu'au 58"ie. 45 minutes, & fait un peu plus du quart de la grande ifle qui comprend les deux Royaumes. L'Ecofle eft bornée au Nord par la mer qui porte fon nom, au Midi par 1'Angleterre , & 1'Occident par la mer d'lriande , & & 1'Orient par celle d'Allemagne. Ses principales rivieres font la Forth, la Cluyd & le Tay. On y voit un nombre prodigieux de lacs & de golphes, trés-peu de grandes plaines, mais beaucoup de hautes montagnes, dans lefquelles on trouve de Por, du plomb & de fazur; celle de Grampian eft fameufe furtout par la bataille que les Bretons y perdirent contre Agricola. Quoique 1'Ecoflè foit en général un pays aflez ftérile , les habitans qui favent fe contenter du néceffaire , n'en font pas moins attachés \ leur patrie, & s'eliiment autant dans leurs montagnes & dans leurs forêts, que les peuples qui vivent dans les pays les plus délicieux. Pour donner une divifion bien exact- de 1'Ecofle, il faut Ia confidérer Divifion de comme compofée de trois grandes prefqu'ifles, & de trois corps d'ifles. PEcofe. La prefqu'ifle méridionale s'étend depuis 1'Angleterre jufqu'aux golphes Forth & Cluyd, & condent quatorze provinces, favoir: Merche, patrie de Jean Scot, appellé le Docbeur fubtil; Tivedale, Tweedale, Liddesdale, Eskedale, Aunandale, Nithesdale , Galloway, Carrick, qui produit des boeufs dont ou prétend que la graiflè ne fe fige jamais; Kyle, Cttnninghétm, Rainfrew, Cluydesdale , <_? Lothiane , qui eft la plus ferdle, la plus peuplée de toutes les Provinces de rÉcoflè, & dans laquelle eft fituée Edimbourg, Capitale de tout le Royaume. (O Smolett, Hiftoire d1 Angleterre. Préface du Traduéteur. fVallen ou JVaalen fignifie fValons. Vvv _  •5 24 HISTOIRE Hift. d'An- La preftrtfifle du milieu de 1'Ecofle , qui s'étend depuis les golphes gleterre. dont nous venons de parler jufqu'a ceux de Murray & du Coch, lè fur> ntrod.^ divife en trois parties , dont la partie méridionale contient cinq Provinces, "" la partie oriëntale neuf, & la partie. occidentale cinq; a quoi l'on doit ajouter deux ifles. Les Provinces méridionales font Sterling, 1'une des plus petites du Royaume, mais une des plus ferdles, oü fon voit encore plufieurs monumens du tems des Romains; Lennox, oü fe trouve le lac Lomond, le plus grand de toute f Ecofle; Mouteitk , Stratherne, Fife. Les Provinces de la partie oriëntale font , Perth , AngusMernis, Marr, Buchan , Murray, Badenoch, At hol & Loch-Aber. Dans la partie occidentale , on compte cinq Provinces & deux ifles, favoir: Braid- Albain ou Albanië, ArLyle, oü l'on précend que defcendirent les premiers Scots venus d'lriande; Lome, Cnapdale, Cantyr ou Kentyr, Boot & Arran. Les Provinces de la prefqu'ifle feptentrionale font Rofs, Sutherland, Strath- Navern, Catuefs ou Caithnefs. Quant aux trois grands corps d'ifles dont 1'Ecoflè efl: comme environnée, les premières lè nomment Orcades , & en Anglois Orkeney. On y paflè par un détroit appellé le détroit des Picbes. Elles font au nombre de vingt-huit habitées, & de beaucoup d'autres qui ne le font pas. Ces ifles n'offrent rien de bien intéreflant: la plupart font prefqu'incultes, fans bois ni même de tourbes pour le feu ; enforte que les perfonnes qui n'ont pas le moyen d'en faire venir du continent , ne brülent que de la fiente de vaches ou de chevaux , avec un peu de paille. II y a des aigles en aflèz grand nombre; mais on n'y voit point d'animaux vénimeux. Du rede, les habitans font d'un tempéramment robufte, & parviennent communément k une vieilleflè avancée. Du cóté du Septentrion font fltuées les ifles de Schetland ou Hitland^ On en compte au moins 70 ; mais il n'y a gueres que le tiers de peuplé. Les producbions font k peu prés les mêmes que dans les Orcades, & les habitans logent dans des cahuttes, oü il n'y a d'ouverture que laporte & un trou pour donner paflage a la fumée. Les Hébrides ou ifles Westernes, fituées a 1'occident d'Ecofle, font encore en plus grand nombre, mais plus ferdles & par conféquent mieux. peuplées. Les habitans ont en outre la reflburce de la pêche, qui y efl: trés - abondante , furtout celle de la baleine , dont les Hébrides font ua grand commerce. II ne nous refte maintenant qu'a dire un mot de 1'lrknde, qui forme le troifieme Royaume de la,Grande-Bretagne, depuis la réunion de 1'Ecoflè. Du Royaume d'lriande. U Ir lande, en latin Hibernia, (O eft fituée au couchant de 1'Angle- 0) Ce pays a recu en divers tems un grand nombre de noms différens. Ariftbte, Strabon & plulieurs autres Auteurs lui doanent celui dz./erna; Melas, Juveual & Solin Tap-.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 525 Êèrre, dont elle eft diftante d'environ 20 lieues, dans le plus étroit paf- Hijï.d'Aa? fage, entre le 8me. & le i_me. degré de longitude, & entre le 51 me. & gieterre, le 5611e. degré de latitude feptentrionale: fon étendue eft d'environ 82 l,ltroctlieues dans fa plus grande longueur & de 50 dans fa plus grande ilar- Sa deftf" geur. Ses principales rivieres font le Shannon, la Shure, le Broad* c,-,t>tion. Water & le Barrow; mais elles font peu navigables h raifon de. leur peu de profondeur & des catarades qui lé trouvent dans quelques-unes. On y voit beaucoup de lacs & de marais; ce qui contribué fans doute k rendre 1'air très-humide, quoique d'ailleurs aflez tempéré. Les pluies y tombent fréquemment & en abondance. Les paturages font excellens, & les moutons paiflènt toute 1'année en liberté , parcequ'il eft rare que la terre foit couverte de neige : de-Ik vient fon grand commerce de fuifs , de cuirs & de beurre. Tout ce pays étoit autrefois couvert de forêts; mais k peine les habitans. en trouvent- ils maintenant pour la confirucbion des batimens. L'lrlande le divife en quatre grandes Provinces , connues fous les noms de Momonie ou Munfter, Leinfter ou Lagenie ,Ulfter ou U/tonie, & Connaught ou Connacie, dont chacune renferme plufieurs Comtés. La Province de Munfter eft la plus méridionale de l'lrlande: elle abonde en bleds & en paturages \ mais le bois y eft extrêmement rare, furtout depuis qu'ón y a découvert quelques mines de fer, qui ont prefque achevé de confommer le peu qui y reftoit. Elle contient fix Comtés , Clare ou Thomond, Linimerick , Kerry , Corke , Waterford,. Tipperary. La Province de Leinfter , 1'une dés deux qui font a 1'Orient de l'lrlande, eft trés peuplée, richi & fertile, excepté dans quelques cantons' marécageux, qui cependant, fervent encore de paturages en été. Elle eft' divifée en 90 Baronnies qui compofent onze Comtés, dont quatre fur lescötés & fept dans 1'imérieur du pays. C'eft dans cette Province qu'eftfitué le Comté de Dublin , le plus riche , le plus agréable, le plus peuplé de tous, & dont la Capitale qui porte le même nom, 1'eft auflb de tout le Royaume. On la regarde , après Londres, comme la ville la plus grande & la mieux bade des trois Royaumes. Le Lord-Lieutenant, ou Vice-Roi d'lriande y fait ordinairement fa réfidence. Les autres Comtés fitués fur les cótes font, Wexford, Wicklow, Eaft' Meath: ceux ficués daas 1'intérieur du pays. font, Weft-Meath, Longford» Kings County , ou Comté du Roi , Qjteen's County, ou Comté de la Reine, Kilkenny, Caterlaugh & Kildare. La Province cïUlfler eft la plus feptentrionale de l'lrlande, mais en même tems la moins fertile en bleds. En récompenfe elle abonde en excellens paturages, & l'on y trouve plus de bois de chauifige & de charpente que dans les trois autres Provinces. Comme celle de Leinfter, elle lè divife en plufieurs Comtés, dont cinq fur les- cótes & autanc dans pellent Inverna. Ptolomée le fait connottre par celui cYlvernia & de BHtannin minor f on le trouve encore défigné fous les noms de Bertiia, Fernia, Ogygia, Tivola, enfin fbus.celui.de Scotia , &c. Vw 3è  5?6 HISTOIRE llifl. d'An- fintérieur. Les premiers font Louth , Down , Antrim , Londondery & gtetene. Tyrconneli les autres font Tyrone, oü il fe trouve un grand nombre de lntrod- mines de fer; Armagh, dont le terroir eft fi fertile, qu'on prétend qu'il eft inutile de le fumer; Monaghan, Fermanagh, & Cavan, auffi trè» renommé pour la fertilité de fon lol & 1'abondance de fes paturages. De toutes ces Provinces , la moins conlidérable , mais non la moins fertile en bleds & en paturages , c'eft la Province de Connaught ou Connacie, par laquelle nous rerminerons cette defcriprion géograpnique. Elle ne comprend que cinq Comtés; Slego au Septentrion, Mayo, Galloway , dont la Capitale eft regardée comme une des meilleures villes d'lriande , par fa beauté , fa grandeur & la richelfe que fon commerce lui procure: fituée fur un canal qui communiqué k une grande baye, fon port eft trés fréquenté, furtout par les Efpagnols & les Portugais. Les deux autres Comtés n'ont abfolument rien de remarquable ; ils fe nomment, l'un Roscommon, & l'autre Letrim. Ce dernier renfenne pourtant dans fes montagnes des mines de fer, qui font d'un afiez grand produit. Telle eft en abrégé la defcription & la fituation topographique des trois Royaumes, qui forment celui qu'on nomme Grande-Bretagne. Nous n'avons rien dit de leur antiquité , parceque nous aurons oecafion d'en parler dans le corps de 1'ouvrage. Quant è ï'Angleterre propremenc dite, qui fait 1'objet principal de cette hiftoire, il n'exifte point, & peutêtre il n'y eüt jamais de Nation qui ait offert des fcenes plus variées, des caracleres plus divers, plus attachans. Quel fpeclacle en effet plus capable d'inftruire & de furprendre 1'efprit humain, que celui d'une Nation qui, depuis plus de dix fiecles, s'alfermit au milieu des orages, des factions, des mouvemens tumultueux qui n'ont prefque jamais ceffé de 1'agiter! Quel fpeclacle peut être aufli intéreffant que celui d'une Nation qui, plus factie k s'émouvoir que les flots de la mer qui 1'entoure, affure la ftabilité de fa conftitution, fa gloire & fa grandeur fur fon indépendance, & celle-ci fur la perpétuelle inquiétude du caraélere national ! Défendue d'abord & ravagée enfuite par les Romains, qui la réduifirent en Province de 1'Empire; fecourue & accablée par les Piétes, qui en ufurperent Ia domination; vengée & fubjuguée par les Saxons, envahie par les Danois, foumife & gouvernée par les Normands, quelle Nation, depuis la plus ancienne réuniort des hommes en fociété , a vu plus fréquemment changer fes mceurs, (ès loix, fon gouvernement & fes ufages? Quoiqu'en dilént la plupart des Hiiloriens modernes, qui veulent que l'on regarde Guillaume le Conquérant comme le fondateur de la Monarchie Angloife, nous avons cru devoir donner cette place dans la lifte des Rois k Egbert, qui réduifit les fept Royaumes de 1'Heptarchie en un feul, & qui par fes travaux, fes vertus, fes vicboires, feut mériter le refpecT , 1'amour & la confiance de fes fujets qu'il rendit heureux. Mais fes fucceffeurs, du moins le plus grand nombre, furent bien éloignés de marcher fur fes traces. L'un portant fur le tróne 1'indolence du cloitre d'oü il fort pour regner, les préjugés & 1'inexpérience de 1'état monaftique, cede fans réfiftance aux efforts des Danois qui envahiflènt fes Etats, fe dépouille des marqués de la fouveraineté, s'éloigne des cótes  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 527 Britanniqnes, & par une piété mal-entendue va rendre Idchemcn; hom- ffijfc d'Anmage en Italië au Souverain Po;itife , déclaré fon Royaum3 tributaire gieten»; ■ du Sr. Siege, & lui accordé fur fes peuples des impóts exceflifs; dons Intr0lifaneftes pour 1'Angleterre & pour Rome elle - même, qui ne prévott pas **"— alors que ces impóts fouleveront un jour la Nation Angloife, & la fouitrairont pour jamais a 1'autorké du St. Siége. L'autre, doux, vercueux, éclairé, mais trop foible pour arrêter les délbrdres, a la douleur, ca mourant, de laillèr fes Etats déchirés par les facbeux & prefqu'entierement envalris par les Danois. Heureufement pour 1'Angleterre, Alfred ne tarda pas & monter lur le tróne, Ce Prince, qui mérite d'être k jamais, cité comme. un des plus grands Monarques, eut bientót mis fin h ces fié.iux & délivré fes peuples de leurs avares oppreflèurs. Mais peu content d'avoir forcé les Danois a fe retirer au-dela des mers, il fe livre touc ender aux foins du gouvernement , réprime les abus qu'une trop longue anarchie avoit introduits, donne une légiflation auffi douce que fage, & veille lui-même a 1'exécution de fes loix. Pere , ami , bienfaiteur de fon peuple, c'eft a lui que les Anglois font redevables de 1'ineltimahle avantage de .n'être jugés que par leurs Pairs; c'elt lui qui le premier les inftruifit dans Tart de la Navigation, & fit flëurir chez eux les Sciences & les Belles-Lettres. Edouard Vancien, fon fucceffeur, érige en Univerfité 1'école de Cambridge, & s'immortalife par cet établiffement, plus encore que par 1'éclat de lés victoires. Depuis la mort de ce fage Prince, jufqu'k 1'ufurpation de Guillaume le Conquérant, on ne voit plus regner fur 1'Angleterre que des tyrans biches, fcéiérats ou fuperftitieux. On n'appercoit plus dans. ce Royaume, que des facbions & des orages; une fuite de Rois méchans ou malheureux , ks uns trempant leurs mains dans le fang de leurs proches au plus léger foupcon, les autres immolés par 1'ambidon des Princes ou des grands, qui veulent leur ravir le lceptre; enfin 1'ufurpateur Haroid précipité du tróne par un ufurpateur plus heureux. Loin de donner a Guillaume le Conquérant. la gloire d'avoir fondé 1'Angleterre , nous verrons en fon lieu qu'il en eüt été le deftrucbeur, fi la conftitution de ce gouvernement eüt pu être anéantie. Nous leverrons exercer un defpotifme plus cruel mille fois que ceux de 1'Orient, plus abfolu que ceux de 1'Afie; nous le verrons enchainer la Nation, fubftituer aux loix anciennes .fes.volontés momentanées, fes ordres arbiv traires; couvrir du voile de la modération fa eruauté naturelle, fon injuftice, fon exceffive avidité; ravir aux citoyens, leurs charges, leurs domaines, pour les diffribuer aux Normands; en un mot, nous le verrons- dans tout le cours de fa vie regner par la crainte, & mourir peu régretté de la familie; haï de tous les Souverains de l'Europe, & détefté de fes fujets, dont il eüt pu facilement fè faire aimer. La fituation des Anglois ne devient pas plus heureufe fous Guillaume le Roux , fon fils & fon fucceflêur. Ce Prince cruel, vindicatif &' d'une avidité infatiable, lache dans 1'infortune, infolent dans ta profpérité , porte fur le tróne les vïces de fon: pere, fans avoir aucun. de fes  5_8 HISTOIRE MJhêMr calens. Arraqué d'une maladie dangereufe, il promet de changer de coniiieterre. duite, s'il recouvre la fanté. Le ciel exauce fes vceux, mais pour le Intrc>d- malheur de fes peuples; puifque reprecant avec fes forces fon ancien cara&ere, il fe montre chaque jour plus dur: & plus farouche. Ce n'eft que bien longtems après qu'il recoic enfin la punition de fes .crimes. II eft tué dans une partie de chaüVd'un coup de fléche lancée au hazard, qui lui perce le coeur. A cette époque la nation Angloife commence k jouir de fon anctenne liberté. Henri I. recoit le fceptre des mains de fes fujets, qui le lui déferent au préjudice du droit que Robert fon frere ainé avoit k la fucceflion du tróne. Pour reconnoitre un aufli grand fervice, il fe hate de leur accorder ces privileges qui devoient rompre pour jamais en Angleterre les fers du Defpotifme, rendre la Nation plus libre qu'elle ne 1'avoit été jufqu'alors, óter au Souverain toute influence fur les droits des Citoyens, le mettre au contraire en quelque forte dans la dépendance du Peuple, donner k celui-ci la prépondérance dans 1'adminiftration des affaires de 1'Etat, renfermer enfin dans les bornes les plus étroites & les plus infurmontables Pautorité fuprême, pour qu'elle n'eüt plus délbrmais que le droit précieux & vraiment Royal de répandre des bienfaits, fans avoir 1'odieufe puiflance de faire du mal. Telle eft 1'origine de cetce fameufe Charte , que l'on peut regarder comme la bafe eflèntielle & fondamentale de la liberté publique. Henri II réunit k fes Etats la Guienne & le Poitou, en époufant la Princeflè Eléonore, que Louis VII, Roi de France, venoit de répudier. Les premières années de fon regne font troublées par 1'efprit inquiet & turbulent de 1'Archevêque Becket. Mais k peine un lache aflaflinat a mis fin aux complots de ce Prélat facbeux , qu'Henri fe propofe de fubjuguer l'lrlande, vafte anarchie divifée en plufieurs Souverainetés, & ou regnoient les vices les plus bas, les mceurs les plus groflieres, les coutumes les plus barbares, 1'ignorance, le fanatifme .& Ia fuperftition. Ce Prince n'avoit aucun droit a cette conquête; mais il eroit légitimer fes projets d'ufurpation, en demandant au St. Siége la permiflion d'envahir ce Royaume, 6c d'y porter avec la terreur de fes armes, la lumiere de i'évangile. . Uibrpateur injufte de l'lrlande, mais doué des plus rares qualités, Henri méritoit, k ce crime piés, de jouir d'une tranquille vieillelfe.. Trop fenfible pour réfifter aux chagrins que lui caufent les révoltes de fes enfans, & de Richard furtout, fobjet de fa tendreflè, il expire de douleur, trop tót pour 1'Angleterre, trop tót pour fes enfans eux-mêmes, dévorés des remords que leur caufoit leur perfidie. Richard ne jouit pas longtems du fruit de fes noirceurs. Jean fon frere s'empare du fceptre, au moyen d'une ligue qu'il fait fe ménager adroitement. Richard eft enfermé dans une obfeure prifon, & k peine eft-il parvenu k brifer fes fers & k reprendre la couronne, qu'il meurt d'une bleflure dans une bicoque. Alors les droits de Jean font reconnus; mais fes vices, fon humeur fanguinaire , fon injuftice , fes déprédations foulevent le peuple. Jean allarmé fe hite d'affembler les Barons, jure d'obferver tous les articles  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 529 tlcles de la Grande Charte, en ajouce de nouveaux, étend les privileges h,% d«an. & les prérogatives des citoyens , met des bornès étroites a fon autorité, gleterre. & place la liberté publique au-deflus de 1'indépendance royale. Le Pontife Romain irrité de la conduite de ce Prince pufillanime, veut s'oppofer k 1'exécution de cette feconde Charte; mais fon autorité, fi puiflante d'ailleurs, ne peut rien obtenir. Jean s'unit au Sr. Siége, & fes fujets indignés offrent le tróne au Dauphin de France. Louis pafte en Angleterre, eft recu avec acclamation, & couronné. Jean meurt, plus méprifé que 'craint, couvert de honte, déshonoré par lés vices, par la eruauté de fon caraftere, 1'inconféquence perpétuelle de fa conduite & la.bizarrerie de fon efprit. . Henri lil, l'on fuccetTeur, ne montre fur le. trone quun-Prince lans vertus, lans vices peut-être, mais aufli fans talens. Sous ce Monarque imbécille les. ombres de 1'ignorance s'épaiffiflènt, & les ténébres de. la fuperftition s'étendent du palais du Souverain dans toutes les parties du Royaume. Enfin après un regne continuellement agité par les troubies & les injurieufes prétentions des grands, il meurt peu regretté de fes peuples, auxquels cependant fa foiblefie avoit procuré de grands avantages. Edouard I. qui lui fuccéda, mit fagement a profit les fautes de fon pere. Son premier foin fut d'aftbiblir Pautorité des Barons, qu'il regardoit'comme les rivaux de fa puiflance & les oppreffeurs du peuple. Dans cette vue, il protégé ouvertement les citoyens , établit de fages loix, veille lui-même a leur exécution, fe fait aimer, & ajoute k fes Etats la Principauté de-Galles, que, depuis prés de huit eens ans, fes prédéceffeurs n'avoient pu conquérir.' II eut pu ajouter encore 1'Ecoflè, li la mort, en le frappant au milieu de fa carrière, n'eüt plongé la nation dans le deuil. /l ;'. >J>niH A Mvq ■ 1 ■ uis :i.. Sous Edouard II. fon fils, Prince foible & ennemi de toute appbeation le Parlement, indigné de la molleffe du Moflarque, difpofé de toutes les places dans la maifon du Roi, dans la Magiftrature, les Finances , le Militaire- & ne laiflè au Prince que 1'ombre de la Royauté Edouard piqué & jaloux de' faire brüler fes talens, porte la guerre en Ecofle, fe fait battre, & les Ecoflbis reprennent leur ancienne dépendance. La Reine méprifant fon époux autanë qu'il eft méprifé de fon peuple, fe met a la tête des mécontens, attaque le Roi, le fait prifonnier, & convoque un Parlement qui , fur des accjifarions aflèz vagues, & des preuves plus vagues encore , déclaré le Souverain incapable de regner le dépofe, confie la Régence du Royaume k la Reine qui, maitreflè du fort de fon époux, le fait périr d'une mort violente, & donne, fuivant 1'ufage, des larmes k fa mort. Mais ces horreurs & ces atrocités ne font que les crimes de quelques fcéiérats qui fe difputent la couronne, & elles ne' bleffent en rien la liberté nationale, qui s'accroit, au contraire', en proportion de 1'aviliflèment de la majefté du fceptre.Edouard III. difilpe bientót les orages que 1'efprit de difcorde, la foif de 1'ambition & la perfidie ont raflèmblés autour du tróne; il fait trembier les faétieux qui fe foumettent d'autant plus promptement, que la valeur, 1'équiré, ies talens & la fageffe d'Edouard le rendent également Tome XLIV. Xxx  5:0 HISTOIRE Hifi. d'An- 1'objet de 1'amour de fes fujets & des refpecbs du Parlement. Aveuglé gieten., par fon ambition, & fe perfuadant, après la mort de Charles de Valois, Introd. C)Ue du -hef dj ft mere il a des prétentions fondées a la Couronne de France, il fe ligue avec plufieurs petits Souverains, prend hautement le titre de Roi de France, fomeute entre les deux nations ,une haine irrécobriliable, envahit quelques Provinces francoifes, obdent des fuccès, effuye des revers qu'il' ré', are par des victoires, obdent des 'fubfides toutes les Ibis qu'il en demande, & n'en demande jamais qu'après.Tavoir ajour.é de nouveaux privileges aux anciennes prérogatives des citoyens. Enhardi par le progrès de fes armes, il affiége les places les plus imporcantes de France,. y entre en vdnqueur , & fe rend' maitre de' la perfonne du Roi , qui dans la fuite eit vengé. complettemcnc. par la défaite entiere des Anglois. Ce revers ternit la gloire d'Edpuard, qui volt «fl meme tems fon autorné s'affoiblir, a di5fine. que ie pöuvoir du Parlement s'accroit , & que bi' libèrié de la Nation fe fortifie. Tiop jeune • poui? tenir les rênes dji gouvernement , Richard II voic fon royaume en proie aux facbions que fufcite la méfintelligence de fes trois - oncies, les Duts de Lavxafr'e, d'Yorck & de Gloceder. Envain le Mo'narque i teute de kitÉe? contre leurs efforts; il efl contrahit de plier fous fafcendaJU, qu'a pris fu- ion efprit le Duc de Gioceftcr; & po.ur comble d'outrages. & ;d'humiliarion , il fe voit privé de la couronne par les intrigues.d'llenri'd'hlerreford , (iis de ce même; Dup- de Glocefter, qui ayant fuccéié aux droits de fon pere, porte contre Richard les accufations les plus graves, le fait dép o fer, 1'enferme dans un noir cachot, lui arrache la vie, & fe place lui-même fur le tróne,'comme defcendant en droite ligne de Henri III. Cet excès de fcélératelfe ne rede pas longtems impuni. A peine Henri IV s'eft-il couronné lui-même, qu'une révolte générale lui annonce le mécontentement de la Nation. 11 s'efforce vainement de gigner 1'amitié des citoyens; envain il jure de défendre leurs droits, de pmtéger leurs privileges & de leur accorder de nouvelles prérogatives; les fruits amers qu'il retire de fes crimes empoifonnent fa vie, qu'il 'perd avec cette même couronne qtfil a acquife a force de noirceur & d'aflaffinats. u Paifible pbfiuTeuti du tróne, Henri V fon fils, craignant de voir fe renouveller.les anciennes facbons, dlume dans le fein de la France le fhmbeau de la guerrév.& profne , en* .politique habile de 1'imbécillité de Charles .VI, & du,malheur d'une Nation en proie aux factions des Djcs ue Bourgogne & d'Orléans. Les fuccès & les conquêtes accnblent fes. ennemis; il obdent un'Traité, par lequel le'foible Charles, fe contentant.de jouir pendant fa vie du titre & des honneurs de'Hoi de France, reconnoit & i déclaré Henri V héritier de fa couronne. Heureufement pour la , France ce prok- re fut point exéduté, graces a la valeur da Dauphin. Au bout de quelques années, Henri meurt comblé de gloire, admiré de PEunpe, mais peu aimé des Anglois, qui ne voient qu'avec des ycax jaloux. Pélévation de fa fortune. La mort de ce Prince n'eft; fbivie d-ucune révolution' dans 1'Erat; la Chambre des Communes s'arroge le droit de donner une e onveile forme a 1'adminiftrauon , .& ne  D'ANGLETERRE, Lrv. XfcXIV. 531 voulant point de Régence pendant ia minorité du Monarque, elle nom- Hift. d'Anme le Duc de Bedfort Proteéteur ou Gardien du Royaume. Bedfort gieteire. fe montre digne de Ia confiance publique. Afin de réunir la France a ntl° ' l 7 1'Angleterre, fuivant le dernier Traité, ii fe ligue avec les üucs de Bretagne & de Bourgogne, envahit les Provinces MériJionales de la France, e. prellè en même tems la conquête de la Normandie; mais tandis qu'il défole les Provinces Francoifes, Ia haine dédarée qui divife les Miniftres de Henri VI 1'oblige de repaffer Ia mer, & fon fëjour en Angleterre laiffant refpirer les Francois, Charles VII repouffe les armes Angioifes , réunit les fuffrages de fes fujets & fe fait couronner a Rheims. Bedfort n'éprouve plus en France que des défaites , & en Angleterre que des dégoüts & des contradicbons. Ce Royaume eft en, proie aux faébons des maifons d'Yorck & de Lancaftre, qui fe difputent le tróne. Dans les commencemens de cette fameufe querelle, la Chambre des Communes donne une preuve frappante de fa puiflance actuelle & du haut degré de pouvoir auquel elle tendoit : elle accufe Suffolck Miniftre & favori de la Reine & de Henri, d'avoir exrorqué des dons exorbitans, d'avoir alréré les monnoies courantes, perverti la juftice , protégé des caufes iniques , & procuré la grace a des fcéiérats convaincus. Ces imputations graves allarment Henri, qui, pour fouftraire Suffolck a la févérité du Parlement, le bannit du Royaume. La Chambre des Communes protefte contre cette fentence, fait enlevcr Suffolck dans fon pafiage en France, & fans procédures, fans jugement, fans formalités, lui fait trancher la tête fur fa chaloupe meme. Ce coup d'autorité fait méprifer Henri: les provinces fe fotdevent, le parti du Duc d'Yorck s'accroit & balance déja celui de Lancaftre, qui, au lieu d'agir avec vigueur, s'occupe de 1'inutile foin de juftifier les droits & les titres de Henri. Le Duc plus-aétif, leve une puiaante armée, vient combattre fon rival, remporté une viétoire éclatante, fait Henri prifonnier, & le traite avec la tendreffe' d'un parent & le refpeét dü a fon rang.' Alors s'offre un fpectacle briljant, & infinimént glorieux h la Nation Angloife; c'eft le Duc d'Yorck demandant au Parlement le fceptre Britannique , & cette augufte aftèm-' blée difcutant de fang-froid les droits oppofés de Lancaftre & d'Yorck, & déclarant que les titres de ce dernier étoient indeftruébhles. Cette décifion eüt pacifié tout, fi Henri n'èüt point eu d'enfans; mais fon fils, conduit par Marguerite, -fa mere, s'oppofe les armes a la main a cet arrêt. Le parti de Pvichard Duc d'Yorck, combat contre celui de Lancaftre; la • viétoire eft balancée entre les deux faébons : Ie Duc d'Yorck tué fur le champ de bataille tranfmet fes droits a fes fils, Edouard, George & Richard, & fa mort eft le fignal de nouvelles horreurs. Edouard, 1'aïné des trois, combat & remporté la viétoire, abat, difperfe ia faébon ennemie, affemble le Parlement, fe préfente, eft recu avec acclamation , entre dans Londres & eft proclarrïé Roi. II monte fur le tróne , & le crime, la tyrannie , la eruauté , les profcriptions 1'y foutiennent; fort parti triomphe : mais celui de Lancaftre s'anlme par la haine qu'excite la férocité d'Edouard. Les partifans de la maifon d'Yorck  532 HISTOIRE Hift. d'An- arborent la rofe blanche , ceux de Lancaftre la rofe rouge : les uns & giecerre. les autres fe livrenc aux horreurs de Ia guerre civile. Henri VI, capIntrod.^ jff de fon rival, qui le méprifé trop pour le craindre & lë faire garder " foigneufement, s'évade & s'enfuit en Ecoflè. Edouard furieux afïemble un Parlement a Londres , Cx peu content d'y obtenir la dépofidon de Henri, il fait profcrire la familie Royale. Son bonheur eft flétri par la défecb'on du Comte de War wiek , que des mécontentemens particuliers font paffer dans le parti de Lancallre , qu'il re'.eve avec tant de fuccès, qu'en quinze jours 1'Angleterre lui eft foumife , & Edouard coutraint de s'exiler. Henri VI dont le deftin bizarre eft de pafler aker'nativement de 1'éclat du tróne dans 1'obfcurité de la piifon , prend la place d'Edouard; celui-ci revient en Angleterre, fuivi d'un petit nombre de foldats, fe préfente fierement devant les murs de Londres, y elt introduit par PArchtvcque d'Yorck, frere du Comte de Warwick,, fe faifit de Henri qu'il fait enfermer dans la Tour, défait en bataille rangée l'armée de Marguerite, & fe rend maitre du fecond fils de Henri, que les Ducs de Clarence & de Glocefier ont la barbarie de poignardcr eux-mêmes de fangfroid. Henri VI étant mort peu de. jours après, Edouard qui ne voiï plus de rivaux a redoute, r ni de concurrens a combattre, ternit & perd ia gloire dans 1'indolence & la débauche. Son génie aelif s'engourdit, & il meurt plus admiró qu'eftiiné, plus craint pour fon humeur fangub naire, qu'aimé pour fes vertus. Edouard V fuccéde a fon pere, & le cruel Duc de Glocefier s'empare de la Régence, qu'U fait fervir de premier échellon pour s'élever au tróne oü il fe propofe de monter. Rempli de ce projet, il ppprime ou renverfe tout ce qu'il eroit pouvoir s'oppofer h fes vues: couvert du lang de fes proehes, de fes amis, de fes confidens les plus intimes , il ne rougit pas de répandre qu'Edouard IV & le Duc de Clarence, fes freres, font batards; que la Duchefie d'Yorck, fa mere, a vécu dans les plus honteulès proftitutions, & qu'il n'y a que lui feul qui foit véritablement le fils du Duc d'Yorck. Cette impudence outrée n'a point le fuccès qu'en attendoit Glocefier; mais rien ne le rebute : il fait raflembler quelques miférablcs de la plus vile populace, les corrompt a force dargent, & leur perfuade de le proclamer Roi. Fier de cette ridicule proclamadon , & s'arrogeant infolemment le titre & le rang de Souverain, il envoyé dès le jour même poignarder fes deux neveux., Edouard V & le frere de ce malheureux Prince. Elevé au tróne par le'crime, 1'alfaflinat, le parricide, Richard III devient bientót 1'objet de 1'exécration publique. Les citoyens indignés appellent le Comte de Richemond, alors prifonnier du Duc de Bretagne, & unique rejetton, par les femmes, de la maifon de Lancallre. Ce jeunePrince fe hate d entrer en Angleterre a la tête d'une armée. Richard fe fignale par fi vtleur & fa férocité ; mais il périt en combattant, &•& mort laiflè le Comte de Richemond poflèffeur du fceptre Bii:arinique.. Cependant, que d'aflauts ne lui refient-ils pas a foutenir, que de diflb cultés a vaincre pour faire reconnoitre pleinement fa fouveraineté!  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV.' 533 >En effet , le regne de ce Prince connu fous le nom' de Henri VII , «JW* n'offre prefque toujours qu'un tiffu de confpirations, de mécontentemens, de féditions, de guerre; mais auffi on voit toujours le Monarque mom- _ cher des obftacles , & lutter avec avantage contre les faéheux. C elt dans le* fein de ces orages qu'on appercoit la Conftitution Britannique s'affermir, & Henri feconder , par des vues de politique , les vceux dc h Nation le zele & les heureufes tentatives de la Chambre des Communes en faveur de la Liberté. Tandis qu'il ne femble occupé que du foin de découviïr & de déconcerter les confpirations qu'on forme contre lui des moyens de combattre & foumettre l'lrlande impatiente de fecouer le joug Anglois, d'abattre les chefs de la faebion d'Yorck, & datfurer le fceptre a fes defcendans, on le voit tout a coup prendre la voie la plus 1'üre d'abaifier la Nobleflè, par une puiilance intermédiaire, qu il ne prévoit fans doute pas devoir un jour contrebalancer 1'autorite royale. Cette heureufe révolution acheve d'applanir les obftacles qui arretent encore les progrès de la Liberté. Dès-lors Henri n'a plus de conjurations a combattre, de confpirations a punir; les Grands le redoutent, le Peuple prévient les deffeins, le Parlement lui accordé plus qu'il ne demande; enfin il femble n'avoir plus a efpérer qu'une vieilleffe tranquille, lorlque la mort met fin a fon regne. Henri emporté au tombeau le furnom g!o« rieux de Salomon d'Angleterre, dont il étoit digne par la juUefle de ton jugement, par 1'adrefTe de fa politique, la fagacité de fa penetration, & la fageffe des moyens qu'il employoit. , « Tout entier a fes paffions, ne fongeant qua les fatisfaire, a controcter des mariages, a faire autorifer fes divorces & a récompenfer les mmiüresde fes plaifirs & de fes vengeances, Henri VIII perd toute la prépondérance que le tróne fembloit devoir acquérir fous fon regne. Solemneliement marié avec Catherine d'Arragon, mais éperdument amoureux d Anne de Boulen, il prétexte des motifs de religion fur 1'illégabté des nceuds qui le bent avec la veuve de fon frere. Le Pape refute de le» üiffoudre- Henri, entrainé par fa paffion, s'obftine & brave les foudres da, Vati'can • cet amour irrité pour Anne de Boulen devient la fource des. excès & des aöes de eruauté qui ternilfent le rede du regne de ce Prince Telle eft auffi la mémorable origine de la Réformation du cultedans la Grande-Bretagne , dont nous donnons un détail luffilammeno circonftancié dans le corps de cette hiftoire. <3;n*, . VTTT Vertueux, doux, bienfaifant, Edouard VI, qui fuccede a Henri VIII,. occupe trop peu de tems le tróne, pour pouvoir remphr aucun des proiets que fon patriotifme lui infpire. üeulement il parvient a faire calfer & annuller par le Parlement le formulaire de croyance , pubbé par Henri Viii auquel B fait fuceéder de nouveaux dogmes; enforte qu ea trés peu de'tems 1'Angleterre fut étonnée de fe trouver Calvinifte. Sa fdrprife devient bien plus grande , lorfqu'elle apprend 1'horrible perfidie du Duc de Northumberland, Comte de Warwick, qui, comble des bientaits d'Edouard, & dévoré du défir de regner, empoilonne ion bientaiteur. ' Dans la vue de fixer la couronne dans fa maifon, ce uaitre avoic Xxx, &  534 HISTOIRE ƒ///?. << Aii- marié fon fis avec Jeanne Grey, fille a-née du Duc de Suffolck & de gieterre. Francoife Brandon, appellée par le teftament de Henri VIII k la fuccèslnt]J(i- _ fion du tróne après la mort d'Elifabeth. Mais a peine Marie , fcur d'Edouard, a fuccédé a fon frere, qu'elle combat & diflipe la facTion de Warwick, fait prifonniere Jeanne Gray, que fon beau-pere avoit fait proclamer Reine, & qui dépolè le fceptre avec la même indifférence qu'elle 1'avoit recu. Vidime des complots du Duc de NorthumberlanJ, cette malheureufe Princeflè périt (ur un échaffaud , regrettée de tous les citoyens, excepté de Marie , qui ü'eft pas aflèz généreufe pour lui pardonner une démarche involontaire , & qui peu d'années après fe déshonore de nouveau par le fupplice de huit eens Réformés que fon intolérance immole. L'Angleterre agitée par les difputes de religion , toujours cruelles & toujours meurtrieres, refpire enfin fous le regne de la fage Elifabeth qui, fariguée des horreurs du fanatifme, n'eft pas plutót afliiè fur le tróne , qu'elle fe montre fupérieure k fon fexe , & fonde fa gloire fur le bonhcur de fa nadon. Vainement 1'ambition, la haine, 1'envie & le fanatifme fe foulevent contre elle : tranquille au milieu de 1'orage , Elifabeth confond, terraflè, abat fes ennemis, fait trembler 1'Ecoflè & 1'Efpagne, brave & rend impuiflantes les foudres de Rome ; fon palais eft i'afyle des Princes malheureux , & fa cour eft le centre des négociations "les plus importantes. Les Hollandois trop longtems opprimés implorent fon fecours, & elle les aide k brifer le joug de 1'Efpagne , & & fonder une Puiffance formidable, depuis la plus utile & la plus fidele alliée de 1'Angleterre. Tandis qu'Elifabeth ramene dans fes Etats les délices de la paix, la douceur des beaux arts, 1'abondance & la profpérité , l'Europe entiere retentit du bruit de fes vicboires. Ses guerriers & fes Amiraux portant la terreur de leurs armes dans toutes les parties de la domination Efpagnole, envahiffenc fes ports, semparent des richeflès qui y font raflèmblée», étendent dans toutes les contrées de la terre habitée les branehes florhTantes du commerce Britannique , font refpecber fur Pocéan le nom d'Elifabeth, & la gloire du pavillon Anglois. Cependant un crime affreux, incxcufable, ternit les talens, les vertus & la gloire de cette Princeffe; c'eft 1'horrible afiaffinat, mal-adroitement déguilé par les formes légaies, c'eft la mort violente d'une Reine, fa parente, fa cliënte, fa protégée & fon hérkiere préfomptive, 1'infortunée Marie Stuart. Entêté de fes propres idéés prefque toujours fauffes, fouvent abfurdes, pédant jufqu'a préférer aux plus importantes affaires le ftupide plaifir de difcuter des thefes de théologie, fbupconneux & jaloux du plus mince mérite, inconféquent dans la conduite, lans nulle connoiflance des droits de fon autorité qu'il confondoit avec la puiflance arbitraire; afiez deftitué de prudence & de politique, pour tendre ouvertement au defpotifme, mais trop foible, trop timide, pour ofer rien tenter de relatif k fes defleins; formant des vceux bizarres, & toujours contredit dans fesdéfirs; importun dans fes demandes, & toujours repouffé dans fes entreprifes;  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 535 déconcerté au moindre obftacle, n'ayant ni Part de préparer les fuccès, Hift. d'Auni celui de triompher des revers; tel eft Jacques I, fucceflèur d'Elifa- gleterre. beth; Prince qui ne monte fur le tróne d'Angleterre, que pour laiflèr k introifon malheureux fils une fuccelfion funefte, la haine de fes peuples, Pin- " n~™ dignation du Parlement, & un royaume en proie aux fureurs du fananatifnie & aux flammes de la guerre civile. A la mort de Jacques I, les Anglois ulcérés des pertes que la Nation avoit faites, & qu'elle attribuoit a 1'incapacité du dernier Souverain, paroilfent peu difpofès k rendre k Caarles I la juftice qu'il méritoit par la candeur de fon ame & les autres qualités efbmables. Depuis quelque tems le Parlement, ou plutór la Chambre des Communes avoit formé le platï- d'éteindre en Angleterre le nom de Roi, & le malheureux Monarque ne voit pas que la hardieflè des remontrances & la licence des requêtes, lorfqu'il demande des fubfides , ne tenckmt vifiblement qu'a 1'exciter a prendre les armes & k allurner les premiers feux de la guerre civile. Charles trop généreux pour fufpeéïer jufqu'a ce point la fidélité de fes fujets, penfe que la plus füre voie de terminer ces conteftadons eft de caffer le Parlement, & d'en convoquer un autre: foa attente eft vaine. Les Députés de retour dans leurs Provinces, les remplifient d'écrits féditieux, & flétriftènt dans 1'efprit de leurs concitoyens le Roi & fon Confeil: leurs clameurs excitent ou fomentent des mécontentemens, & préparent Pincendie qui doit bientót embrafer tout le Royaume. Charles veut encore ufer d'autorité & calfer le Parlement; mais cette compagnie altiere déclaré par le Bill le plus hardi qui eüt paru jufqu'alors, que le Parlement ne peut être dilfous que de fon propre confentement. A cette démarche, Charles ne pouvant méconn jitre les funeftes complots qu'on tramoit contre lui, n'a plus d'autre reffource que celie de défendre par les armes fon autorité chancellante. Aux premiers préparatifs de guerre qu'il eft contraint de faire, la Chambre des Communes publie une déclaration portant défenfe aax citoyens d'obéir a Charles 1, convaincu , difoit-elle f d'avoir tenté d'anéantir les privileges & la liberté de la Nation. Les Anglois fe divifem: l'armée Royale paroït plus nombreufe que celie du Parlement; mais que peut Charles contre le génie élevé, entreprenanr, ambitieux d'un feul homme, moteur des diflenfions pubüques, opprefleur de la maifon regnante, le faraeux Cromwel, ce génie extraordinaire, fait pour unitriicr tous les efprits, bouleverfer i'Etat « fonder fur de nouveaux principes la gloire Brfanni ]ae! Cromwel fixe la vicloire fous fes drapeaux; Charles n'éprouve que des revers & des défaites. ün parricide ternit les lauriers du vain iueur. Charles périt fur un échaffiud, 65 le féroce Cromwel n'eft pas encore fattsfair. C'eft fa patrie même qu'il veut aflujettir, & rien ne lui réfifle. il diflbut le Parlement, place fur les ruines du tróne qu'il a ren ver fé, le fimulacre de la liberté , & fous le nom de ProtetJeur regne en maitre fur 1'Angleterre, fait reconnottre fon pouvoir des Puiflances voifines, leur déciare la guerre & leur donne la paix, envoyé de puiflances flottes fonder des colonies, étend le commerce, aflèmble de nouveaux Pariemens.,.  536 HISTOIRE Hift. d'An- & leur prefcrit des loix , appelle tour a tour la terreur & le fanatifme gleterre. au fecours de fa politique, meurt & tranfmet paifiblement fa puiffance te"*' ufurpée k Richard fon fils, dont 1'indolence enhardit les Anglois, encore intimidés par 1'autorité de Cromwel. Les faébons ne tardent pas k renaitre & a déchirer la nouvelle République. Les partifans de Charles I & de fa malheureufe poltérité fe rafièmblent; le défordre augmente, & les Citoyens fatigués des mouvemens tumultueux de 1'anarchie, fe ioumettent k Charles II , qui eüt mérité les éloges que 1'adulation lui prodigua dans les premiers jours de fon regne, fi fon indolence extréme & fon goüt effréné pour les femmes & les plaifirs ne lui euffent fait négliger les devoirs de la royauté , pour confacrer fa vie aux attraits de la volupté.. Cependant les abus qui s'introduifent dans 1'adminiftration, excitent des mécontentemens; Charles, pour prévenir de plus grands défordres, entreprend de fe rendre abfolu. Les mefures qu'il prend, divifent les efprits; deux faébons fe forment, également animées par une haine mutuelle: Charles plus heureux, mais non plus éclairé que fon prédécefleur, fait refpecber fes droits, meurt fans enfans légitimes, & la Couronne palfe fur la tête du Duc d'Yorck, fon frere. Jacques II, par fon zele exceffif pour le Catholicifme ne tarde pas a perdre Paffeétion de fes peuples. Peut-être même eut-il fubi le fort de Charles I, fi la Grande-Bretagne eüt produic un fecond Cromwel. Les Anglois moins implacables dans leur reflentiment , fe contentent d'inviter Guillaume III. Prince d'Orange , Stadhouder de Hollande, & gendre de Jacques, k prendre le fceptre qui s'échappoit des mains de fon beau-pere. Jacquts forcé de renoncer k la couronne & de ^fortir de la Grande Bretagne, va chercher un afyle en France, & 1'Angletèrrei menacée des plus grands malheurs & d'un changement total dans la religion, voit fe diffiper fans éclat 1'orage qui s'étoit formé. Guillaume conferve le Stadhouderat de Hollande avec la couronne d'Angleterre; mais les Anglois qui 1'avoient appellé, ceffent de 1'aimer dès qu'il devient leur maitre, & lui font effuyer mille défagrémens, paree qu'ils ne peuvent fe faire k fes-manieres fieres, aufteres & flegmatiques, qui cachoient une ame ambiticufe, avide de gloire & de puiilance. Quoique le fuccès ne couronne pas toujours fes entreprifes, & que la viétoire ne fuive pas toujours fes drapeaux, le regne de Guillaume paffe pour un regne glorieux ; il 1'eüt été bien davantage, fi la mort inattendue qui le frappa en 1702, lui eüt permis de remplir les grands projets qu'il avoit formés. Anne Stuart, belle-foeur de Guillaume, lui fuccéde, & fuit dans toutes fes parties le plan de fon prédécefleur. On peut regarder fon regne , comme le tems le plus brillant & le plus glorieux de 1'Angleterre, foit par 1'éclat des viétoires que cette illuflre Souveraine remporté, foit^par Pimportance de fes négociations, les établiflèmens de commerce qu'elle fonde, foit enfin en aflurant la réunion de 1'Ecoffe k 1'Angleterre, pour ne faire déformais qu'un Royaume & qu'un Parlement. Malgré fon ender dévouement  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. $$7 dévouement au bien public, Anne effuye de grandes morrificacions de la Hit. d'Anpart de fes fujets, & cette Princeflè infortunée meurt de douleur de s'être ^eterre. vu contrainte d'ordonner 1'aflaffinat d'un frere qu'elle aimoit. " r0 ' _ George I, fon fucceffeur, ne tarde point a la venger de 1'ingratitude qui Pavoic perfécutée. 11 commande en maitre qui veut être obéi, & le Parlement fe foumet. Sa rigueur excite quelques mécontens, ils ofent jufcicer des troubies & foulever les partifans du Prétendant. George arrêté dans leur fource ces mouvemens féiitieux, fait faifir les chefs des mécontens, & fans égard pour leur rang & ieurs fervices, inacceflible aux follicitations, il les fait tous périr fur 1'échaffaud. Cet aéte de févérité répand la terreur, & les Anglois étonnés rentrent dans 1'obéiflince, moins ibumis qu'intimidés, moins attachés k George par les liens de la tendreflè qui unit des fujets libres a leur Souverain, que par la crainte qu'il fait ieur infpirer. Cependant le peuple n'obéiflint que forcément aux loix d'un Prince aufli auflere, aufli defpotique, aufli avide que George , défire avec impadence de voir regner fon fils, qui né avec un efprit doux & modéré , un cceur généreux , une ame bienfaifante , fait paroitre dès fon jeune age les vertus les plus folides & des qualités oppofées k celles de fon pere. A fon avénement au tróne, George II ne trouve que les difpofitions les plus favorables; les partis, les faébons qui pendant tant d'années avoient agité le Royaume, femblent ne plus fe fouvenir de leurs anciennes divifions; k peine on diftingue le Vv>h du Tory, & celui-ci du Jacobite: ils ne fe fignalent que par leur amour pour la patrie, & leur attachement k leur Souverain. Par la fageflè de fes négociations , George rétablit la concorde entre les Maifons de Bourbon & d'Autriche; mais il ne peut parvenir k arrêcer dans fon origine la guerre fanglante & ruineufe, dans laquelle 1'Angleterre s'engagea avec tant d'imprudence pour 1'objet le plus inince, & qui paroit n'avoir eu d'autre caufe, que Pinconftance naturelle des Anglois, leur hauteur & le défir immodéré de dominer dans les deux hémifpheres. NocS verrons qu'au mépris des Traités qui interdifoient k tous les vailfeaux étrangers les cótes de la domination Efpagnole dans les Indes Occidentales, les Anglois s'exceptant de la loi générale, firent avec les habitans de cette contrée un commerce clandeitin trés préjudiciable aux Efpagnols. Ceux-ci s'oppofent de toutes leurs forces k la defcente des vaiflèaux écrangers fur les cótes. Les Anglois fe prétendant infultés, commencent par des aétes d'hoflilité, qu'ils ratifient enluite par une déclaration de guerre, & cette malheureufe conteftadon, élevée au fond de 1'Amérique, embrafe bientót l'Europe entiere. Les Anglois ne font point heureux dans leurs expéditions; mais ni les fuites funefles de 1'échec efluyé k Fontenoy, ni les mécontentemens du peuple, ni les découragemens même de fon armée ne peuvent ébranler la fermeté de George II, On verra avec quelle chaleur, quel héroïfme de généroflcé, ce Prince bravant les Caprices de la fortune & s'expofant k tous les rifques, défend & foudent U caufe de fes Alliés , k laquelle il facrifie jufqu'aux fubfides que le Parlement lui accordé pour fes befoins particuliers; avec quel enthoufiafme les Anglois fignalent, dans ce tems orageux, leur patriotifme & leur Tom XLIV. Yyy  538 HISTOIRE Hift. d'An.attachernenr, a George, lorfqu'un rival, d'autant plus redoutable qu'a gieterre. d'éminentes qualités il uniflbit les voeux des Puiflances Européennes, & Inlr°d- un parti nombrenx dans 1'Angleterre même, menace le Souverain & la Nation. Ce rival formidable eft le Prince Edouard, auquel il ne manque, pour recouvrer le patrimoine de fes peres fur un poflèfleur aimé, puiffint par fes flottes, par fes armes, par fes nefors & ceux de fes fujets, qu'une armée aflèz nombreufe, aflez difcipJmée pour foutenir fes prétentions, des tréfors pour fournir aux frais de la guerre, & des places fortifiées pour arrêter le3 progrès de fes ennemis. Cependint la guerre continue d'embrafer les deux hémifpheres, & c'eft moins par les motifs d'une réconciliation fincerc que par la conviclion trop fenflblede leur épuifement, que les Anglois acceptent la paix, que la France vicborieufe leur olfre. JVIais le Traité qui termine ces longues diflentions, ne fait que fufpendre 1'antique haine des Anglois, qui commencaut k peine a rufpirer & oubliant leurs défaftres palfés, ne fongent plus qu'a chercher des prétextes pour violer les claufes du dernier Traité de paix, par lequel la France avoit cédé 1'Acadie k 1'Angleterre, fuivant fes anciennes limites, avec Annapolis, ou la ville du i'ort - Royal. Les Anglois, au mépris de toutes les loix , font tracer de nouvelles limites, inquiettent les anciens colons, les dépouillent de leurs pofleflions, & infultent le Pavillon Francois. L'Injuftice évidente de cette ufurpation dans les Indes Occidentales & des hoftilités continuées fur mer, eil bientót punie par le fiége imprévu du Port-Mahon. Envain les Anglois oppofent leurs forces les plus redoutables, leurs Généraux les plus habiles, Port-Mahon ne peut réfifter k la valeur Fran§oife. L'Amiral Byng lui-même, l'un des plus célébres Amiraux qui aient illuftxé 1'Angleterre, tente d'inutiles efforts pour fauver cette place ; fa flotte eft obligée de fuir devant la flotte Francoife. La nerte du Port-Mahon ne confterne point les Anglois; elle les pénetre de fureur ; leur orgueil humilié s'exhale en murmures contre le gouvernement & furtout contre 1'Amiral Byng, que la populace irritée accufe de haute trahifon. Le Miniftere Britannique charmé de voir le peuple prendre ainfi le change, paroït ne pas trouver injuftes fes clameurs & iès imputations. La perte de 1'Amiral eft réfolue , paree qu'il falloit appaifer le mécontentement général, en préfentant k la fureur publique une viétime qui l'empêch&t d'affouvir fa colere par des coups plus audacieux. Byng couvert de lauriers, Byng que d'illuftres triomphes avoient rendu l'un des plus refpecbables défenfeurs de PEtat , eft pourfuivi comme un traitre, & condamné k être arquebnfé; genre de mort qu'on n'inflige qu'aux derniers des foldats. Cette fcene d'horreur eft bientót luivie de nouveaux défaftres: malheureufe en Europe, la Nation Angloife 1'eft encore plus en Amérique. Toujours inébranlable , George II fe fait par fes négociations de nouveaux Alliés, & la guerre enflamme l'Europe. Funefte également k toutes les Puiflances belligérantes, cette longue & cruelle guerre, après avoir dévafté les contrées qui en ont été le théacre, eft enfin terminée au défir général des peuples par le Traité de paix da 10 Février 1763.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 539 Tel eft 1'abrégé des principaux événemens dont nous donnons le détail mjl. d'Andans cette Hiftoire, depuis la fin de 1'Heptarchie jufqu'k nos jours. Nous gleterre. n'avons point adopté le fentiment des hiftoriens modernes, qui ont écricIntroi1'Hitloire d'Angleterre, & qui veulent que l'on regarde Guillaume le Con. "" quérant comme le véritable fondateur de leur monarchie. Quelqu'accréditée que foit cette erreur, il nous a paru abfurde de fupprimer ainfi des falies Britanniques un intervalje d'environ trois eens ans ; période d'autant plus remarquable, que 1'Angleterre durant ce long efpace de tems n'a reconnu qu'un feul Monarque, a obéi au même Souverain. On ne fera pas faché de voir ici la Table Chronologique des Rois d'Angleterre, fuivant 1'ordre de leur fucceflion; elle indiquera a nos Lecbeurs le plan que nous avons cru devoir fuivre dans cet ouvrage: enfuite nous préfen* terons le tableau de la forme acbuelle du Gouvernement Britannique; ce qui nous eüt été difficile d'inférer dans le corps de 1'hiftoire, fans interrompre le Al des événemens. Yyy 2  TABLE CHRO NOLOGIQUE DES ROIS D'ANGLETERRE. Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. Egbert, fils d'Ingild, Regne en . . . 800. 1 Ethelulphc. Frere d'Iuas, Roi de Meurt en . . . 838. Weflèx. Ethell-lphs, on Regne en . . . 838. i.Ethebald. 1 n Ethdwolpke, fils époufe, I. Osburge, a.Ethelberi. I,,, , rerent d'Egbert. Princeflè Angloife; 3.EcheIred. j ", f ?uatr^ 2. Judirti, fille de 4. Alfred. j lur le trone' Charles ie Chauve. 5. Edmond , tué par les Da- Meurt en . . . 858. nois en 870, & canonifé depuis. Etüebald, fils Regne en . . . 858. d'Edielulphe. Meurt en . . . 860. Ethelbehd, fils Regne en . . . 860. d'EtheluIphe. . . Meurt en . . . 866. Ethelrud, frere du Monte fur le tróne en 866. précédent. Meurt en . . . 87a. Alfred, dit le Grand, Succede k fon frere en 872. 1.Edouard, depuis Roi. fils d'EtheluIphe. Époufe Alswiche, & 2. Ethelward. meurt en . . . 900. 3.Elflede,mariée k Ethelred, Comte de Mercie. 4. El trude, mariée k Baudouin, Comte de Flandres. Edouard I, dit Monte fur Ie tróne en 900. 5. Ethelgilde, Religieufe. 1'Ancien, fils Époufe I. Elfrede, 2. Du premier lit. d'Alfred le Grand. Egire, 1,0,3,4. Quatre filles reli- gieufes. Meurt en . . . 925. 5.Ögine, mariée k Charles le fimple, Roi de France. 6. Ethilde, feconde femme de Hugues le Grand, pere de Hugues Capet, dge de la : troifieme race des Rois de France.  HISTOIRE D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 54i Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. Du fecond lit.- D'une Concubine nommée Egerine. 1. Adellland, qui regna après fon pere. 2. Alfred. 3. Edithe ou Beatrix, Adelstand, fils natu Regne en . . . 925. rel d'Edouard I. Meurt fans poftérité en 941. Edmond, dit le Pieux, Regne en . . . 941. 1.Edwin ou Edwy. fils légitime & ainé Époufe Algine,& meurt 2 Edgard. d'Edouard L en 946. Elfred, furnommé le Regne en . . . 946. Très-Pieux, fecond Meurt fans poftérité en 955. fils légitime d'Edouard L Edwin ou Edwï, fils Regne en . . . 955. d'Edmond. Meurt fans poftérité en 959. Edgard, frere Regne en . . . 959. 1.Edmond, mort jeune. d'Edwin. Époufe 1. Elfred, 2. Al¬ trede. 2. Edouard. ? . Et meurt en . . 975- S-Ethelred.]^1 reSnerent' Edouard II, dit le Regne en . . . .975. Saint, fils d'Edgard. Meurt alfaiïiné en . 978. fans laifièr de poftérité. Ethelred II , frere Regne en . . . 978. 1. Edmond. d'Edouard. Époufe Emme, fille de 2. Alfred. Richard aux longues 3. Saint Edouard. jambes, Duc de Normandie. Meurt en . . . 1016. Edmond II, dit Cóte- Monte fur le tróne en 1016. de-Fer (Ir on fide en Meurt fans enfans en 1017.. Anglois) fils d'Eihelred IL ROIS DANOIS. , ' »■• Canut I. I Regne en . . . I1017.I Du premier lit. I.Epoufe d'abord Alui- ï I i.Harald ou Harold. Yyy 3  542 HISTOIRE Rois» Avenenkns, Mariages An Enfans. c? Afor/f. ^5 $ C. ne, puis en fecondes ! a.Une fille mariée a God- nöces Emme, veuve win, Comte de Kent. du Roi Ethelred 11. Du fecond lit. Canut, qui fut Roi. Meurt en . . . '036. Harai.d ou Harold Succede k fon pere en 1036. fils de Canut I. { Meurt fans enfans en 1040. Canut II. fils de j Regne en . . . 1040. Canut 1. I Meurt fans poftérité en 1642. ROIS BRETONS. . | * : ? Alfred II, fils Regne en . . . 11042. d'Ethelred II.. Meurt aflaffibé avant que d'avoir été couronné, & fans poftérité en 1043. Edouard III, ou Saiut Monte fur Ie tróne en 1043. Edouard. dit le firn- Meurt fans poftérité en 1046. ple ou le Confeflèur, fils d'Ethelred II. Interregne de deux mois. IIarald ou Harold , Monte fur Ie tróne en 1046. fils de God win, Com- Meurt la même année te de Kent. k la bataille d'Hafting contre Guillaume le Conquérant qui lui fuccede. ROIS NORM AND S. , . . ^ _^ Guillaume le Batard Monte fur le tróne en 1046.1 1. Robert,DucdeNormandie. ou le Conquérant, Époufe Mahault ou j 2. Richard, tué k la chafie. Duc de Normandie, Mathilde , fille de 3.Guillaume, qui fuccéde k fils de Robert & d'u- Baudouin V, Comte fon pere au tróne d'An- ne concubine nom- de Flandres, gleterre. méeHarlot; né en Meurt k Rouen le 9 de i 4. Henri. 1025, fucceffeur au Septembre . . 1087.1 5.Adelle, qui époufa Eden- Duché de Norman- I nè, Comte de Blois & de die en 1033. 1 Chartres.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 543 Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts» de J. C. 6. Cécile, Religieufe. 7. Conftance, mariée a Alain Fergeanc , Duc de Bretagne. 8. IViarguerke , morte jeune. 9. Eléonore , mariée a Alphonfe, Roi de Galice. Cu.LLwm II, dit le Succéde a fon pere en 1087. Roux, fils de Guil- Et meurt fans enfans en 1100. laume le Conquérant. Du premier lit. 1. Guillaume 1 n, a b'ai' r\,,„ l Morts tous Adellin , Duc les trüis dmg Henri I, futHommé Regne en . . . 1100. de Norman- i un naufrage Beau-Clerc, frere Époufe en premières . die. r prés de Hardu précédent, noces Mathilde, fille a. Richard. 1 en de Donae, Roi d'E- 3. Sybille. J cofie. 4.Mathilde, mariée premieEn fecondes noces, A- rement a 1'Lmpereur Hendélaïde, fille de Geof- ri V, & enfuite a Godefroy, Comte de Lou- ■ froy , dit Plantagenet, vain. Comte d'Anjou, de TouMeurt en . . . 1133. raine & du Maine. i ■ [, tosmfatl iïuocS. ,-al r iioiJ-ab-mgO MAISON. DE BLOIS. J ' : j .C^II |, . , ftS ■ ailBVcVI Oh f m(f " ... r— —— —- 1— 1 ■ ' 1 1,1 ■" ' ■ ■ ■" Etiknne de Blois , Regne en . . . H33- 1.Guillaume, mort jeune, fils d'Adelle, (hl^ Époufe Mathilde , 2. Eultache , qui époufa de Guillaume le Comteflè héritiere de Confiance , fille de Conquérant ,) & Boulogne. Louis le Gros , Roi de d'Edenne,Comte de Meurt en . . . 1154- France. Blois, de Chartres 3.Par adoption , Henri, fils & de Champagne. de PImpératrice Mathilde & de fon commerce feeree avec Etienne de Blois, fuivant quelques Hifioriens.  544 HISTOIRE MAISON DE PLANTAGENET, OU RACE D'ANJOU. Rots. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. Henri II, Duc de Nor-1 Monte fur le tróne en 1154. | 1. Henri, dit le jeune , ou mandie,de Guienne, Époufe Eléonore Court-Martel, néén 1155, Comte d'Anjou , de d'Aquiratne, Duchef couronné Roi d'Angleterre Poitou, de Touraine fe de Guienne, de en 1170, mort k Martel & du Maine, fds de Gafcogne, Comteffe dans le Limofin en 1183. Godefroy , Comte de Poitou & de 11 avoit époufé Marguerite d'Anjou, de Tourai- Saintonge, mariée en de France, dont il n'eut ne & du Maine, Duc premières noces a point d'enfans. de Normandie, & de Louis le Jeune, Roi c. Richard. PImpératrice Mathil- de France, dont elle 3. GeofTroi, Comte de Brede, unique héritiere eut deux filles; ma- tagne. de Henri 1, Roi d'An- riage qui fut caffé 4 Jean » furnommé Sansgleterre, & par adop- par le Concile natio- Terre. tion fils du même nal de Bois Genei, 5.Mathilde, qui fut mariée Henri I, né au Mans fous prétexte de pa- a Henri dit le Lion, Duc le 5 Mars 1133, renté. de Baviere. adopté led Décem- Meurt le 6 Juillet . 1189. 6. Jeanne. bre 1153. 7, Marie. Richard I, furnommé Succéde& fon pere en . 1189. Cceur-de - Lion , fe- Époufe Bérengere , cond fils de Henri II. fille de Sanche, Roi de Navarre, en . . 1190. Et meurt fans poftérité le 6 Avril . . 1199. Du fecond lit. Jean, furnommé Sans- Succéde a fon frere en1 1199. 1. Henri. Terre, fils de Hen- Époufe en premières 2.Richard, Roi des Ro- ri II, & frere de noces Havoife de mains, Comte de Cor- Richard £ Glocefter, dont le nouaille. mariage eft calfé. • 3. Jeanne, mariée a Alexan- PuisIfabelleTaille-Fer, dre, Roi d'Ecofiè. fille d'Aimar, Com- 4. Eléonore, mariée d'abord te d'Angoulême. & Guillaume Marshall , Meurt le 18 Octobre . 1216. Comte de Pembroock, & en fecordes noces h Simon de Montford , Comte de Leicefter. 5 Ifabelle mariée a 1'Empereur Frédéric II. Henri III.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 545 Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. Henri III, fils du pré- Regne en . . . 1216. 1. Edouard. cédent, Époufe Eléonore, fe- 2. Edmond, Comte de Lan- conde fille de Rai cafire , de Darby & de mond , Comte de Leicefter. Provence , en . 1236. 3.Marguerite, mariée k AIe« Meurt le 16 Novembre 1272. xandre III, Roi d'Ecofle. 4. Béatrix, mariée k Jean de Dreux, Duc de Bretagne. 5. Catherine, morte fille. Du premier lit. Edouard I. du nom Monte fur le tróne en 1272. 1. Edouard. depuis la conquête, Époufe 1. Eléonore 2.Eléonore, accordée a AI- dit le Ban. de Caftille; 2. Mar- phonfe , Roi d'Arragon, guerite de France. mariée a Henri, Duc de Meurt en . . . I3°7- Bar. 3. Jeanne, accordée k Hartman , fils de 1'Empereur Rodolphe I ; mariée k Gilbert Olave, Comte de Glocefier, & en fecondes noces k Raoul Mortimer. 4. Marguerite , mariée a Jean Duc de Brabant. 5. Elizabeth, mariée k Jean-, Comte de Plollande, & enfuite k Humfroi Bohux, Comte d'Hereford. 6. Plufieurs filles. Du fecond lit. 1. Thomas, Comte de Norfolk. 2. Edmond, Comte de Kent. 3. Eléonore. Edouard II, fils Regne en . . . 1307. d'Edouard I. Époufe Ifabelle de 1.Edouard, qui lui fuccéde, France, 2. Jean, mort jeune. Meurt en . . . 1327. 3. Jeanne , mariée k David, Roi d'Ecofle. 4. Aliénor,mariée k Renaud, Edouard III, fils Regne en . . . 1327. Duc de Gueldres. d'Edouard II. Époufe Philippine de 1.Edouard, Prince de Galr Hainault. les, ou Ie Prince Noir. Meurt en . . . 1377. ^.Guillaume, mort jeune. l3»Lionel, Duc de Clarence, Tome XLIV. Zzz  54$ HISTOIRE Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. . I 4. Jean de Gand , Duc de Lancaftre, qui laifia des fils. 5. Edmond, Comte de Cambridge. 6. Guillaume, mort jeune; 7. Thomas. 8. Ifabelle, mariée a Ingelrand de Coucy , Comte de Soiiïbns. 9. Jeanne, accordée au Duc d'Autriche, puis a Pierre le cruel, Roi de Caftille, morce a Bordeaux avant la confommation de fon mariage. 10. Blanche, morte jeune. 11. Marie, mariée a Jean de Montfort, Duc de Bretagne. 12. iMarguerite, mariée a Jean Mailings, Comte de Pembrovk. Riciia-rd II, fils d'E- Monte fur lè tróne en 1377. douard , Prince de Époufe I. Anne de Galles, & de Jeanne, j Luxembourg, fille Comteffe de Kent, du Roi de Bohème; veuve de Thomas , o. Ifabelle de France, Comte de Hollande. fille de Charles VI. Eft dépofé le 29 Septembre. 1399. Et meurt afiafliné, fans lailfer de poftérité en 1400. MAISON DE LANCASTRE. , , Henri IV, fils de Jean [Monte fur le tróne en] 1399. 1.Henri. de Gand, Duc de Époufe Marie Bohux, 2. Thomas, Duc de Clarence. Lancaftre. fille du Comte d'He- 3.Jean, Duc de Bedford. reford. 4. Henri, mort i\ l'%e de Meurt en . • . 1413. huit mois.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 547 Arenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. 5. Hurnphroi, fait Duc de Glocefier par Henri V fon frere. 6. Blanche, mariée a Louis le Barbu, Electeur Palatin. 7. Philippine, mariée k Eric, Roi de Dannemarck. Henri V, fils de Succéde h fon pere en 1413. Henri, qui n'avoit que neuf Henri IV. Époufe Catherine de mois quand fon pere mou- France. Celle - ci rut. après la mort du' Roi , fe marie a Owen-Tudor, fimple Gendlhomme, felon quelques Hiftoriens, & felon d'autres , defcendu des anciens j Rois de Galles. O- ■ wen-Tudor eut de cette Reine trois fils, 1 Edouard , Gaspard & Cnven. Meurt le 31 Aoüt. 142a. «.Iun'ri VI, fils du Regne en- . . . 1422. Edouard, afiaffiné après la preiédent. Époufe Marguerite bataille de Tewkesbury. d'Anjou, fille de René, Roi de Naples & de Sicile. Efl: détröné en . . 146*1. Reprend fa couronne en 1471. La perd & meurt la même année. M A I S O N D' Y O R K. < — ■ - ———. 1 . > —j Edouard IV, fils de Monte fur le tróne en 1471. 1. Edouard. Richard I, décapité Époufe Elizabeth 2. Richard pour caufe de rébel- Woodrille , fille de 3.Elizabeth, accordée avec bon en 1414 & Rit:hard Woodrille le Dauphin, fils de Louis dAnne de Morti- & de Jacqueline de XI, Roi de France, & mer, k qm Ja cou- j Luxembourg , Du- mariée k Henri VII, Roi > Zzz 2 d'Angleterre.  548 HISTOIRE Ruis. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. ronne d'Angleterre. chcffe de Bedford. 4.Cécile, appartenoit. veuve du Chevalier 5. Anne. ™ Gray. 6. Marie. Meurt le 9 Avril. . 1483. /.Catherine. Edoüard V, fils dulSuccéde a fon pere cn 1483. précédent. Eft affaffiné par fon on c!e deux mois après, & ne laifie point de poftérité. Richard III, frere Regne cn . . . 1483. | Edouard, Prince de Galles, d'EdouarJ IV. Époufe Anne de Né- | mort agé de ia ans. vü , tk meun en . 148.5.1 UNION DES FAMILLES DE LAN CAST RE ET D'YORK. MAISON DE TUüOR. . ■ * ' Henri VII, dit le Sa- Monte fur le tróne en 1485. i.Arthur, Prince de Galles, lomon de 1'Angleter- Époufe Elizabeth mon en 1501. re, Comte de Riche- d'York , fille d'E- 2.Henri. mont, héritier de la douard IV. 3. Edmond , mort k 5 ans. Maifon de Lancas- Meurt en . . . 1509. 4-Marguentefemme de- tre , étant fils d'E- J*«P™ IJ» Roi d Ecolfe douard-Tudor & de &enfmte d Archambaud de Marguente, fille de Douglas Comte d Angus. Jean de Beaufort, S-Mane femme de Louis Duc de Sommerfet, XII, & ffuite £ Cha.r- petit-fils de Jean de les(r rï ' Gand, DucdeLan- Suffolk' H^rVm, fils du Regne en . . . i5o9 Du premier lit.. •précédent. Époufe 1. Catherine Marie, qui fut Reine. d'Arragon v 2 Anne Du fecond Ut. 1 de Boulen-. 3. Jeanne Elizabeth, qui fut Reine. Seymour; 4. Anne Du troifieme lit. deCleves; 5. Cathe- Edouard, qui caufa la mort: rine Howard; 6. Ca- de fa mere, en naiifant, therine Parr. Meurt en . . • Edouard VI, fils de Regne en . . . H547Henri VIII & de Meurt fans poftérité en 1553. Jeanne Seymour.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 549 Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Mons. de J. C. Marie, fille de Hen- Regne en ... . 1553. ri VIII & de Cathe- Époufe Philippe II , rine d'Arragon. Roi d'Efpagne, én 1555. •Meurt fans poitéricé en 155b. Elizabeth , fille de Regne en . . 1558. Henri VIII & d'An Meurt lans poftérité en 1Ó03. ne de Boulen. MAISON DE STUART. 1 1 ' *" r Jacques I, dit Jac- Regne en Ecoflè en 1568. 1.Henri, Prince de Galles, ques VI, Roi d'E- Déclaré Majeur en 1582. mort le 10 Novembre coflè, fils de Marie, Reconnu héritier d'Eli- ,1610. Reine d'Ecofiè , & zabeth en . . . 1603. 2. Charles, de Henri Stuart. Époufe Anne, fille de 3..Elizabeth,mariée en 1610 Frédéric II, Roi de a Frédéric V , Elefteur Dannemarck. Palatin , depuis Roi de Meurt le 5 Mars. . 1625. Bohème. Charles I, fils ' de Regne en . . . 1625. 1..Charles, qui fut Roi. Jacques I. Époufe Henriette-Ma- 2. Jacques, qui regna aufli. rie, fille de Henri le 3. Henri, Duc de Glocefter. Grand, & de Marie 4.Marie, mariée a Guillau- de Médicis ; meurt me de Nafuu , Prince fur un échaffaud le d'Orange, pere de Guil- 10 Février 1649. laume III. 5. Elizabeth, morte fille. 6. Anne, morte au berceau. 7. Henriette, mariée k Philippe de France, Duc d'Orléans , frere unique I de Louis XIV. INTER REGNE. i r Wp, J* * - 1 ' -M KOI Zzz 3  55° HISTOIRE PROTECTORAT. Rois. Avenemens, Mariages An Enfans. & Morts. de J. C. Olivier Cromwel. , Lord Protecïeur en . 1164.9. 1. Richard. Meurt en . . . 1658. ..Henri. Richard Cromwel , Lord Proteéteur en . 1658 iils d'Olivier. Chaffé peu de tems après. Ici finit le Prote&orat. Charles II , fds de Monte fur le tróne en r 1660. j Charles f. Époufe Catherine de Portugal , fille de Dom Juan IV, Roi de Portugal , & de Louife de Gusman, fille du Duc de Me dina Sidonia. i Meurt fans poftérité lé| gitime en . . . 1685. Jacques II, fils de ■ Regne cn . . . 1605. Du premier Ut. Charles I. .Époufe 1. une fille du 1.2. Deux fils, morts jeunes. I Lord Hyde, Grand- 3. Marie , mariée a Guil- [ Chancelier, &Com laume de Naflau, Prince te de Clarendon ; d'Orange. 2. Marie -Jofephe , 4. Anne , mariée k George fille d'Alphonfe d'Ef- de Dannemarck , fils de | te, Duc de Modene , Frédéric III, Roi de Dan- & de Laurence Mar- nemarck , & de Sophie ' tinozzi. Amelie de Lunebourg. Se retire en France en 1689. Du fecond lit. Meun k Paris le 17 Sep- 1. Jacques-Francois-Edouard. L tembxe . . ^ 1701. 2.Une fille, morte jeune. Guillaume III, Prince Regne en . . . 1689. d'Orange, ou plutót Meurt fans poftérité en 1703. . Marie d'AngieiÊri c, fon époufe , k qui appartenoit la couronne. Anne , fille de Jac- Regne en . . . 1703. ques II. Meurt fans poftérité en j 1714.  D?ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 5S% __, . 1 . lm -\m __. .. ______ — ■—«* —\ MA I S O N. D' H A N O . V R E. ilöw. Avenemens, Mariages An Enfans & Mons. de J.C. Georcs I, fils d'Er- Monte fur le tróne en f1714. 1. George. neft-Augufte.Duc Époufe Sóphie-Doro- 2. Sophie - Charlotte, mariée de Brunswick-Hano thée, fille & héritiere & Frédéric, Roi de Pruflè. vre , créé Eleéteur du Duc de Zeil. en 1692. Meurt en . . . 1727. GüORüii II , fils du Succéde a fon pere cn 1727. Frédéric - Louis , Prince de précédent. Avoit époufé en 1725, Galles, mort en 1751, Wilhelmine - Char- laiflant de fon mariage lotte , fille de Jean avec Augufte de Saxe- Frédéric , Marquis Gotha, les enfans fuivans. de Brandebourg- An- 1. George - Guillaume - Fré- fpach. déric. Meurt en . . . 1760.1 2. Edouard-Augufte. j 3. Guillaume - Henri. 14. Henri - Frédéric. 5. Augufte, mariée au Prince héréditaire de Brunswick. 6. Elizabeth - Caroline. 7 Louife-Anne. b'. Caroline Mathilde, époufe du Roi de Dannemarck. George III, petit-fils Regne en . . . 1760. 1.George Frédéric Augufle de George II. Époufe Sophie-Char- Prince de Galles, &c, né lotte de Meelden- en 1762. bourg-Strelitz, en 1761. 2.Frédéric, né en 1763, élu Evêque d'Osnabruck en 1764. 3. Guillaume Henri, né en 4. Charlotte - Augufle Mathilde, née en 1766. 5. Edouard Augufte, né en 1767. 6. Augufte Sophie , née en 1768. 7 Elifabeth, née en 1769. 8. Ernefl: Augufte, né en 1770. 9. Guillaume Edouard, né en £ J772-  552 HISTOIRE Rois. Avenemens, Mariages . An Enfans. . & Morts. de J. C. I 10. Frédéric Adolphe, né en 1773- ii.Marie née en 1775. 12.Sophie, née en 1776. 13. Ocbave, né en 1778. #//?. d'An- Précis de la forme du Gouvernement actuel de gleterre. l'AnGLETERRE. Intrad, Le Gouvernement d'Angleterre eft une Monarchie mixte d'une forme particuliere. Un Roi, Chef de PEtat, & un Parlement qui repréfente la Nation, le compofent. Le Roi doit être aujourd'hui de la Religion Anglicane. La Couronne eft héréditaire, & palfe aux femmes au défaut des males. Réunie avec 1'Ecoffe, 1'Angleterre forme le Royaume qu'on nomme la Grande-Bretagne. L'lrlande fait un gouvernement k part: elle a un Parlement, k 1'infiar de celui de la Grande-Bretagne: elle efl: obligée d'entretenir k fes fraix un corps de troupes, qui eft ordinairement de 12 mille hommes, pour fa défenfe; de donner tous les ans 12 mille livres fterlings au Vice-Roi que le Roi d'Angleterre y aivoye, & de payer toutes les charges qui la concernent. L'lrlande n'entre pour rien dans la caufe générale ; mais 1'Angleterre efl obligée de la fecourir & de la défendre par mer. C'eft un pays conquis: il eft traité fur ce pied; il eft fournis aux loix du Parlement d'Angleterre; mais il faut que la Loi Tafle mention de f Irlande, fans quoi elle ne feroit pas tenue k s'y conformer. Le Gouvernemênt de la Grande-Bretagne confïfte en trois Ordres; Ia Chambre - Bafle ou des Communes, la Chambre-Haute ou des Seigneurs, des Pairs, des Lords; & le Roi, qui eft comme le fur-arbitre. 11 faut le confentement unanime de ces trois Ordres pour pafler un Bill ou A&e du Parlement, qui devient Loi, lorfqu'il eft revêtu de ce confentement requis. Les Bills font d'abord portés a la Chambre des Communes, d'oii ils vont k celle des ' Seigneurs & de-la au Roi: ces deux derniers Ordres peuvent faire des changemens aux réfolutions palfées dans les Communes, avec 1'approbatioti néanmoins de la Chambre-Bafle, a 1'exception des Bills qui ordonnent la levée des deniers, auxquels les Seigneurs & le Roi ne peuvent rien changer, n'ayant que le droit de les rejetter en entier \ cas fort rare, les kvées ne fe faifant ordinairement qu'k la requifition du Roi, & pour 1'exécution de fes projets. II y a .aujourd'hui un grand nombre de Pairs nés en Angleterre, non compris les Evêques; rnais il n'en entre que deux eens dans la Chambre, les autres.étant ou Catholiques ou mineurs. Dans  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 553 Dans ce nombre font compris les feize Pairs que l'Ecolïè, par le Traité m/l. d'Aiv d'Union, a droit de députer. Ceux-ci font éleétifs, & leur pouvoir ne gieterre. dtre que fept ans, qui eft la durée acbuelle des Pariemens d'Angleterre. lntrod' La Cour difpofé ordinairement de ces feize voix, dont elle fait faire le ~ choix h fon gré. i La Chambre-Haute d'Angleterre eft Ia cour fupreme de judicature, & jugc en dernier reflbrt de toutes les caufes qui font portées devant elle par appel. Le peu de connoiflances & le peu d'application de fes membres k 1'étude des loix & de la procédure, 1'empêche de tirer un grand avantage de cette prérogative. Elle compofe feule la Haute Nobleflè du Royaume, laquelle confifle en Ducs, Marquis, Comtes, Vicomtes, Barons & 26 Evêques. Ceux qui font revêtus de ces titres, ont un droit naturel a la Chambre-Haute , dont ils ne peuvent décheoir que par jugement pour crimes & par non-conformité. Les Chevaliers Baronets, dont les titres font héréditaires, & les Chevaliers fimples qui ne le font que pendant leur vie, ne jouiflènt d'aucun privilege, & font confondus,• ainfi que les cadets des Pairs, dans ce qu'on nomme Communes. La Chambre-Bafle efl: compofée de 558 membres, y compris les Députés d'Ecofle, qui font au nombre de 45. Tous font élecbfs, & leur million cede k la fin de chaque Parlement. II faut avoir au moins 600 livres fterlings de revenu anauel, pour être capable de cet emp.loi. lis font élus dans chaque bourg , oü il fuffit d'avoir 27 fchellings de revenu pour être un des vocaux. Au moyen de cette fomme modique les vocaux font en trés grand nombre: ils font un commerce de leurs fuffrages, & leurs aflèmblées font trés tumultueufes; inconvéniens d'une loi ancienne qui auroit dü fixer la quantité de terres k pofleder pour avoir voix active & paflive, plutöt que la quantité du revenu. Le Chancelier, quand il efl: Orateur de la Chambre-Haute, ce qui arrivé ordinairement, préfide k la Chambre-Haute, & I'Jrateur de la Chambre des Communes k la Chambre - Bafle. Le Roi, fubordonné aux loix comme le moindre de fes fujets, a cependant des pouvoirs trés étendus. II a feul le droit de convoquer Ie Parlement, de 1'ajourner , de le proroger & de le diflbudre. II difpofé de tous les bénéfices & de toutes les charges, places & emplois du Royaume, tous lefquels, k Pexception des places eccléfiafliques & de quelques autres en trés petit nombre, font amovibles k fa volonté; ce qui le fait difpofer ordinairement de la pluralité des fuffrages dans le Parlement. 11 a le droit de faire la paix, & le privilege d'abfoudre les coupables condamnés a mort. II efl; Padminiftrateur des deniers de PEtat, dès que le Parlement en a ordonné la levée & indiqué la deftination. II confere les Titres de Pairie & d'honneur, tels que Chevaliers Baronets & Chevaliers fimples, lefquels ne peuvent être dégradés que par Ie Parlement & pour crime. II ne peut impofer de taxes, ni lever de^ 1'argent, ni déclarer la guerre, fans le confentement du Parlement. II n'a aucun droit fur la vie, 'fur la liberté, ni fur les biens de fes fujets. S'il en fait arrêter, ce n'eft que pour 24 heures , au bout defquHles il doit Ie faire relacher, fi le prifonnier donne caution, ou le faire juger dans le cours Tome XL1V. Aaaa \  554 HISTOIRE Hijl. d'An- de fix femaines, s'il ne peut en fournir; mais il ne jouit a cet égard que gleterre. du privilege commun a tous les Anglois. 'UroJ' Au furplus, fa perfonne eft facrée; celle des Pairs eft réputée telle, ne pouvanc etre arrêtés que pour crime. Les membres des Communes ont le même privilege pendant la duróe du Parlement. L'oppofition dans cette Compagnie va toujours en croiffant: elle eft plus confidérable dans les deinieres féances que dans les premières, paree qu'alors tous ceux qui n'efperent rien de la Cour, fe joignent aux autres mécontens, dont chaque grace que le Roi fair, augmente Ie nombre. La néceffité oü eft la Cour de ménager les membres de 1'afiemblée, Poblige de fouffrir de grands abus: it eft rare que les comptables foient recherchés, & il n'y a aucun pays oü les deniers Royaux foient plus mal adminiftrés. Quant a Paflèmblée, elle fe forme ordinairement a Weftminfler dans ce qui refte de Panden patais royal. Les Seigneurs s'affemblent dans une grande falie, & les Communes dans une autre tout joignant: il y en a une troifieme prés de-la, nommée la Chambre peinte, oü fe tiennent les conférences des Commifiaires des deux Chambres. Le Roi vient dans la Chambre-Haute, & s'afiied au haut de la Chambre dans un fauteuil fous un date: a la droite du Roi contre la muraille, font les bancs oü s'aflèyent les Prélats, & a la gauche, auffi contre la muraille,. d'autres bancs oü s'aflèyent les Ducs, les Marquis, les Comtes, & audefius d'eux les Grands Oinciers de la Couronne, s'ils font Barons; finon, ils fe mettent fur des facs ou ballots de laine, & au defibus d'eux les Juges du Royaume, les Confeillers d'ütat, les Gens du Roi & les Maitres de la Chancellerie , qui tous n'ont point de voix décifive, s'ils ne font Barons. Le dernier fac de laine eft le fiége des Greffiers de la Couronne & du Parlement, dont le dernier enrégiftre tout ce qui fe pafte dans la Chambre. II a deux Greffiers fous lui, qui écrivent a genoux fur un fac de laine. On met-la ces facs de laine par un long & ancien ufage, afin de faire fouvenir le Parlement des grands avantages que 1'Angleterre til* de fa laine, & 1'engager par cet endroit a foutenir toujours puiffamment cette branche de fon commerce. Dans la Chambre-Bafie, ou des Communes, il n'y a point de préféance, & l'on s'afiied fans garder aucun ordre. II n'y a que POrateur de la Chambre qui eft affis dans un fauteuil au milieu, & le Greffier qui eft aufli aflis au deifous de lui. Le Parlement s'aflemble tous les. jours, excepté les dimanches & les jours de fêtes, a moins qu'il n'y ait des affaires bien preffantes , & les féances durent ordinairement depuis neuf heures du matin jufqu'k trois heures après-midi. Lorfque Pouverture s'en fait, Sa Majefté vient a la Chambre des Seigneurs en habit de cérémonie, la couronne fur la tête, & 1'épée de PEtat portie devant lui. II s'afiied fur une chaife de parade, fous un dais, au haut bout de la Chambre i les Seigneurs eccléfiaftiques paroiffent en habits épifcopaux , & les féculiers avec leur robe d'écarlatte, chacun felon fon rang. Les quatre üéputés de Londres paroiffent aufli dans la Chambre-Baffe en robes  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 555 d'écarlatte 'a Ia première affèmblée , & après avoir appellé les Comtnu- mil. d*A& nes a la barre des Seigneurs. pieterre. Lc Roi ordonné k 1'huiiiier de la baguette noire, qui eft le meflager lntrod' / des Seigneurs, d'appeller la Chambre des Communes. Elles viennent "~~5 k la Chambre des Seigneurs, & fe tiennenc debout hors de Ia barre. Le Roi leur commande par la bouche du Chancelier öu Garde du grand fceau, de choifir un Orateur d'entre leurs Membres & de le lui préiènter un cel jour, qui eft ordinairement le lendemain ou le furlendemain. Quand 1'élection eft faite, & que la perfonne élue a accepté 1'honneur qu'on lui défere , les Communes préfentent leur Orateur au Roi, le jour qu'il leur a marqué, ■dans la Chambre des Seigneurs. Le Roi agrée ordinairement celui qu'on lui préfente, & 1'Orateur après quelques complimens de modeftie, vraie ou fimulée, qu'il fait au Roi, de le difpenfer d'un emploi li difficile, le remercie de fon agrément, & finit fon difcours par trois demandes qu'il lui fait. 10. Que les Communes puiflènt avoir pendant leur féance un libre accès auprès de Sa Majefté. 20. Qu'elles aient pleine liberté de parler en leur Chambre. 30. Que leurs Membres foient exempts de tous arrêts, ou prifes de corps. Sa Majefté accordé toujours ces demandes; après quoi elle repréfente en peu de mots, aux deux Chambres le fujet pour lequel elle les a convoquées : c'eft la-deflus qu'il faut délibérer; permis pourtant de mettre aufli d'autres chofes fur le tapis, & de les conclure, tant pour la Nation en général, que pour les particuliers. La Chambre des Communes doit être compofée de 558 Membres, depuis 1'union des deux Royaumes ; mais comme plufieurs s'affemblent ou viennent tard, on juge la Chambre fuffifamment remplie, quand il s'en trouve trois eens k la fois. Avant que d'entamer aucuhe affaire, tous les Membres des deux Chambres doivent prêter les fermens qui furent ordonnés par Aére du Parlement Pan 1689 après la révolution. Ils doivent aufli faire un Acle général d'abjuration contre le Pp.pifme, & une abjuration particuliere k 1'égard du prétendu Prince de Galles, qu'on nomme d'ordinaire le Chevalier de St. George , ou le Prétendant tout court. Les Membres des Communes, quoique Députés des Provinces, des Villes ou des Bourgs, ne font point aftreints k fuivre les feminiens de leurs Conftituans. Ils ont pleine liberté de fuivre le parti qu'ils jugent Ie meilleur^; cela n'empêche pourtant pas qu'ils ne donnent toute fattendon qu'ils doivent aux intéréts particuliers 'de ceux qu'ils repréfentenr. Les Communes étant de retour dans leur Chambre, commencent d'ordinaire par établir diverfes Commiffions, qu'on nomme Commités, compofés d'un certain nombre de Députés, Pun pour examiner les priviléges de la Chambre & les Eleéb'ons conteftées, un autre pour les griefs de la Nation, un troifieme pour le commerce, un quatrieme pour les affaires de Religion, & un cinquieme pour compofèr une Adreffe, comme on parle, de remerciment au Roi, pour la harangue qu'il a faite aux deux Chambres. Cette adreflè marqué pour 1'ordinaire la difpofition oü Ion eft de concourir avec Sa Majefté dans les chofes qu'elle a propo- Aa-aa 2  55^ HISTOIRE Hift. d'-An- fées. La Chambre des Seigneurs préfente auffi une' adrelTe de la même gleterre. nature< nt' _ Pour venir k la .maniere donc fe prennent les délibérations dans le " Parlemenc, jl faut d'abord remarquer que, comme cette augufte aflèmblée fe fait pour établir de nouvelles loix, ou pour en proroger quelques-unes qui font prêtes d'expirer, ou pour en abolir, ou enfin pour lever des fubfides: aufli il n'y a rien qui ait force de loi, que quand il a été approuvé par les deux Chambres & par le Roi. Le pouvoir légiflatif réfide dans le Parlement, & efl partagé entre Sa Majefté & les deux Chambres qui ont, aufli bien que le Roi, le pouvoir de rejetter ce qui ne leur plaic pas. On faic une propofition par écrit, & cet écric porte le nom de RUL Chacune des deux Chambres peut propofer tel Bill qu'elle juge k propos; mais les Bills des fubfides commencent toujours par la Chambre des Communes, paree que la plus grande partie des fubfides efl levée fur le peuple qu'elle repréfenre. Ce feroit paflèr les bornes que nous nous fommes prefcrites, que de rapporter ici toutes les formalicés que Pon obfervé dans le Parlement. II fuffira d'en remarquer cn peu de mots les principales, pour donner une idéé de la fageflè avec laquelle s'y forment toutes les délibérations. Premierement, aucun. Bill ne .prend force de lei, qu'il n'ait été lu & examiné trois fois dans trois féances confécutives, qui fe font en différens jours, _ moins que le fujet ne foit fort preflant; précaution bien éloignée de 1'ufage de certuins Etats de l'Europe, oü l'on dépêche quelquefois dans une feule - féance les matieres les plus importantes, foit d'Etat, foit de Religion; mais il arrivé aufli aflèz fouvent k ces Etats-Ik d'avoir lieu de fe répentir de leurs délibérations précipitées. On lit un Bill dans la Chambre, & d'abord POrateur demande s'il fera lu une feconde fois? Si la négative 1'emporte, le Bill tombe, & c'eft une affaire finie: fi c'eft Paffirmative, on Pexamine une feconde fois dans une autre féance, & c'eft alors proprement qu'on parle vivemenc pour ou contre. Celui qui parle fe tient debout & découverc, & adreffe la parole k POrateur. Perfonne n'a droit de 1'interrompre, a moins que fon difcours ne foit trop long ou n'aiüe pas au but ; auquel cas POrateur peut le reprendre & le redreffèr. Et quand un homme a parlé fur un fujet, il r:e lui eft plus permis de parler fur le même , ni de repliquer k ceux qui Pauronc refuté, parceque fi cela étoit permis, les journées fe pafferoient en difputes. Quand Paffirmative Pa emporté en faveur du Bill, ce n'eft pas encore la fin: on renvoyé la chofe k un Comrm'cé de divers Membres de la Chambre, pour examiner mürement la maticre, ou bien même aflez fouvent la Chambre fè mee en grand Commité, comme on parle, c'eft-kdire, qu'elle fe départ de fes propres regies, pour mieux éplucher une matiere, & pour en parler avec une Hbérté plus entiere. Alors POrateur quitte fa chaife, & la Chambre choific un chef pour ce Commité. Chaque Membre a la liberté de parler fur un fujet auffi longtems qu'il le trouve a propos, & de repliquer k ceux qui Pauronc réfuté. Lorsque le Commité a pris fa réfolution, & qu'il eft convenu d'en faire le  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 55/ rapport, I'Orateur reprend fa place; le chef du Commité fait fon rap- Hift. d'A*. port, & la Chambre procédé enfuite felon fes régies ordinaires, &■ non r^erre. plus comme Commité. L'Oratenr propofe le Bill: fi la pluralité des voix Lntrod^ e(t contre, le Bill tombe ; fi c'eft 1'affirmative, il eft porté a une troifieme féance, oü enfin l'on prend une derniere réfolution. Dans toutes ces délibérations, I'Orateur n'a point de fuffrage, a moins que les voix ne foient égales: ce qui n'arrive point fouvent. Quand un Bill a pafie dans la Chambre des Communes, le Sécrétaire écrit deflus ces mots Francois, Soit baillé aux Seigneurs, & on le leur envoyé par des Membres de la Chambre. Dans celle des Seigneurs on recueille les fuffrages par ordre, en commeneant par le dernier Baron, & remontant jufqu'au premier. Les Seigneurs cnvoient aufli aux Communes les Bills qu'ils ont paffés; mais ils n'emploient pas des Députés d'entre eux pour cet envoi; ce lont ou deux Maitres de Chancellerie, ou deux des douze Juges du Royaume qui en font porteurs. Quand on a examiné dans chique Chambre une affaire qui a été propofée & qu'elle a paffe , le Greffier Pécrit fur du velin pour 1'envoyer a l'autre Chambre, comme nous venons de le dire. Lorfque la Chambre-Baffe a donné fon approbation a un Bill qui lui a été envoyé par les Seigneurs, on écrit fur le dos en vieux Gaulois, ies Communes affentent. Quand les deux Chambres ne peuvent pas s'accorder fur un fujet, on demande une conférence; On détache des Commifiaires de chaque Chambre, qui s'affemblent dans la Chambre peinte. S'ils conviennent entre eux , le Bill paffe ; finon, il eft annullé. II faut donc le confentement des deux Chambres pour paflèr un Acte; mais ce n'eft pas tout: il faut encore que Sa Majefté y donne fon confentement, fans quoi tout ce qu'a fait le Parlement, eft nul & fans effet: le Roi vient pour ce fujet dans la Chambre des Seigneurs; le Greffier de la Couronne lit le titre de chaque Bill & le préfente a Sa Majefté, qui le touche du bout de fon fceptre droit: dans le même tems ie Greffier dit en Francois, le Roi le veut, fi c'eft un Aéte qui regarde le public; ou bien foit fait comme il eft défiré, fi c'eft un Afte particulier. Quand 1'Acte regarde un fubfide qu'on accordé au Roi, le Greffier dit, le Roi (ou la Reine') remercie fes loyaux Jujets, accepte leur bénévolence, &' auffi le veut. Autrefois, depuis 1'arrivée des Normands, tous les Acbes du Parlement fe faifoient en Francois, ou plutöt en Normand. Cet ufage dura environ quatre eens ans, & fut aboli fous le regne de Henti VH : on n'en a retenu que les formules que je viens d'indiquer. L'Affèmblée du Parlement d'Angleterre eft quelque chofe de fi glorieux a la Nation, & un fpecbacle fi beau, qu'un étranger qui ne Pa pas vue, ne doit pas comp" ter d'avoir vu 1'Angleterre. Le Roi a neuf grands Officiers de fa Couronne, qui font, le Grand'. Maitre de fa Miifon, le Grand - Chancelier, le Grand - Tréforier, le Garde du fceau privé, le Préfident du Confeil privé, le Grand-Chambellan, le Grand - Connétab'e, le Grand-Maréchal & lé Grand-AmiraL Le Grand-Mmre & ie Grani-Chambellan- font a peu prés ce qu'ils font en France; ce dernier préfente les Miniftres étrangers- 1 Aaaa 3^ i  553 HISTOIRE 4/i/t. ö'Att- Le Grand-Chancelier eft prcprement le Premier-Miniftre d'Etat, quoigieterre. qu'il n'en fafie pas ordinairement les fonctions & la première perfonne Introd' du Royaume dans les affaires civiles. II juge feul des affaires portées devant lui par appel, pouvant adoucir la rigueur de la Loi. Sa jurifdicbion fe nomme pour cette raifon, Cour d'équité: il eft le tuteur de tous les pupilles: il difpofé de tous les bénéfïces qui ne font évalués dans le pouiller du Roi qu'a 20 livres fterlings de revenu. Cette charge rapporte au moins dix mille livres fterlings. Le Grand-Tréforier adminiftre les revenus de PEtat; mais depuis Ie Comte d'Oxford (Harlay) qui Pétoit fous la Reine Anne, cette place eft demeurée vacante. On y a fuppléé par un Bureau compofé de cinq Commiffaires de la Tréforerie, dont le premier Commiffaire eft en même tems Chancelier de 1'Echiquier: au moyen de quoi il eft juge en cette derniere qualité des comptes qu'il rend lui-même comme Commiffaire de la Tréforerie; ce qui eft contre toute bonne régie. L'office de Grand Amiral eft pareillement vacant: il eft remplacé par fept Commifiaires de 1'Amirauté, dont 1'adminiftration n'eft gueres moins vicieufe que celle de Ia Tréforerie. Le Grand Connétable ne fert plus que dans la cérémonie du Couronnement, & dans les procés faits aux Lords. On donne des Commiffions dans ces deux cas. Le Grand Maréchal juge des armoiries & du point d'honneur. II eft auffi chargé des cérémonies de Ia Cour. Cette charge eft la feule de fon efpece qui foit héréditaire. Elle appartient au Duc de Norfolck, premier Duc d'Angleterre, qui ne peut 1'exercer a caufe ou'il eft Catholique. 11 y commet un de fes parens, qui prend le titre de Député du Grand - Maréchal. Le Préfident du Confeil privé préfide a ce Confeil. C'eft un pofte plus honorable que lucratif. Le Garde du Sceau privé expédie toutes les Chartes, concefllons, pardons accordés par le Roi. Cette charge vaut trente mille livres fterlinjrs. S-Uwe,?eS Frands 0fficiers de la Couronne, le Roi en a plufieurs confidérables dans fa maifon, comme Grand-Ecuyer, Grand-Maitre de la Garde-Robe, Gentilhorame de la Chambre, &c. II y a en Angleterre trois Tribunaux de juitice, oü fe plaident & fe jugcnt toutes les affaires civiles. Le premier eft la Cour du Banc du Roi, qut connoit de toutes les difcufllons entre le Roi & fes fujets- ce Tribunal exerce Vhabeas corpus, c'eft-h-dire, que quand un particulier en fait arrêter un autre, le prifonnier peut Pobliger de le faire transférer dans la prifon du Banc du Roi. On y eft mieux logé, & on y a plus de liberté que dans les autres, mais il en crüte plus cher & ce privilege n'eft gueres réclamé que par les banqueroutiers & les débiteurs de mauvaile foi, qui n'ayant que des rentes viageres ou du papier, aiment mieux manger leurs revenus dans cette prifon, que de payer leurs dettes , & ils attendent a en fortir par le bénéfice de Pare. \u refte, Ia Loi en Angleterre défend de faifir les biens, quand Sn a le corps, & Jic vice ver/a.  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 559 Le fecond Tribunal efl: celui des Plaids communs. II juge les procés entre particuliers. Le troifieme efl 1'Echiquier, qui connoit de tout ce qui concerne les revenus de 1'Etat. Chacun de ces trois Tribunaux a quatre juges, dont chaque premier efl appellé Lord-Chef-jufilce , en y ajoutant le titre de foa Tribunal. Ces douze Magiftrats' , qui font aufli nommés les douze grands jiges , font obiigés deux fois par an , favoir, a Noël & a la Pentecóte ^ de faire le tour de 1'Angleterre, fuivant les départemens qui leur font aflignés, pour y terminer les affaires civiles & criminelles.. Ils ont féance au Parlemenc, & ils ont voix confultative. Les affaires civiles s'inftruifent a peu prés comme en France, au lieu que les affaires criminelles fe décident toujours par le fait. Les coupables ne peuvent être jugés que par douze Jurés, qui font autant de Bourgeois tirés au fort entre les habitans du lieu oü fe tiennent les Aflifes. Le Juge les inltruic de toutes les circonftances du délit, & après leur avoir expofé les différens points des loix du pays qui y font relatifs , il les laiffe décider du fait. Comme il faut que'le jugement foit unanime, on enferme ces douze jurés dans une chambre fans aucune nourriture , & ils n'en fortent que lorfqu'ils font tous d'accord. bi l'un d'eux vient h mourir pendant qu'ils font ainfi affemblés , le prifonnier eft abfous ipfo faclo. Les Grands Juges par un pouvoir exprès qu'ils recoivent du Roi, peuvent faire grace aux criminels après leur jugement & commuer leur peine : ces charges font tiès belles & font ordinairement a vie , attendu la nécefllté oü l'on eft de les tenir remplies par des gens verfés dans les Loix & Coutumes d'Angleterre , qui font trés épineufes: c'eft d'entr'eux. que le Roi choifit prefque toujours le Grand Chancelier. II n'y a que deux genres de fupplice en Angleterre , la potence pour les hommes , & le feu pour les femmes coupables du meurtre de leur mari. Les Pairs criminels font eux-mêmes condamnés a la potence par la Loi; mais le Roi les fait décapiter. On n'emploie la queftion que dans le feul cas qui fuit. Un criminel interrogé par fes juges doit répondre s'il eft coupable ou non ? S'il 1'avoue, fon procés eft bientót fait; s'il le nie, il eft convaincu, ou il fe jurtifie; mais s'il refufe de parler , & qu'il foit évidemment chargé du crime pour lequel il eft arrêté , on 1'étend fur le plancher , & on lui met fur le corps une groflè piéce de bois chargée de différens poids,. que Pon accureule jufqu'a ce qu'il parle ou qu'il expire. Dans ce dernier cas , comme il meurt avant que fon procés ait été parfait, il n'eft point cenfé coupable, & fes biens ne font point confifqués. Cet avantage a fouvent engagé des criminels h fe laiffer écrafer, pour conferver leur fucceflion k feurs enfans. II y a encore un autre Tribunal, qui eft celui de 1'Archevêque de Cantorbery , oü Pon eft obligé de porter les Teftamens; car un fils ne peut fe mettre en poffeffion de Phéritage de fon pere , qu'il n'en ait la permiffion par écrit de ce Prélat, qui ne peut , a la vérité , la refufer fans des motifs inconteftablement légitimes, mais qui lire un gros revenu Hifi. d'Angleterre.  Hift. d'Angleterre. llltlüd. 560 HISTOIRE de ces privileges. C'eft auffi cet Archevêque qui nomme les Noraires, lesquels n'ont point de charges comme en France , & ne gardenr. point de minutes de leurs Aétes. C'eft un vice de police trés important. Le Lord Maire eft le premier Magiftrat de la cité; fon pouvoir dure un an: il eft fort étendu. 11 a jurifdiclion fodveraine fur la ville & les fauxbourgs de Londres & fur la Tamife. II a une Cour compofée de Grands Officiers k 1'inftar de celle du Roi, & l'on porte toujours devant lui 1'Epée d'Etat. Le Roi ne peut entrer dans Ia Cité fins avoir fait prévenir le Lord-Maire & quitté k la porte toutes les marqués de la fouveraineté. Cette place vaut trois mille livres fterlings, fans compter le cafuel qui peut être tiès conlidérable , y ayant deux eens charges & plus dans la ville & la nomination du Lord Maire , lorfqu'elles fbnt vacantes. Les Aldermans font les Echevins; ils font au nombre de vingt-fix, égal k celui des quartiers de Londres: leurs foncbions font k vie. C'eft de leur compagnie qu'eft tiré le Lord-Maire, qui doit toujours être d'un des douze corps de métiers établis dans la cité. Les Sherifs, au nombre de deux, font élus tous les ans. Leurs fonctions font d'exécuter les fentence» des Juges. Ils pourfuivent auffi le payi ment des amendes & des confifcations. Si quelques prifonniers s'éïhappent des prifons qui font fous leur j urisdicbion, ils font refponfables ies fommes dues aux créanciers; ce qui fait que ces places ne s'acceptent point fans répugnance; mais on ne peut devenir Lord-Maire, fans avoir exercé cette charge, & pour fe difpenfer de la remplir, il faut prouver au'on n'a pas quinze mille livres fterlings de biens, ou payer par forme d'amende fix eens livres fterlings au tréfor de la ville. Le Confeil de la ville eft compofé de deux eens trente - quatre membres. Ce Corps, les Aldermans & le Lord-Maire repréfentent la Conftitution du Gouvernement fixé dans les deux Chambres & dans la perfonne du Roi, & leur facon de procéder eft la même. En Angleterre, les pupilles deviennent majeurs k vingt ans & un jour, & les filles peuvent fe marier k douze ans & un jour, autrefois fans le confentement de leurs parens, actueilement avec quelques reftrictions qu'il eft queftion de révoquer. Une Dame titrée qui époufe un homme qui ne 1'eft pas , conferve fon titre, fon rang, fes privileges, mais ne les communiqué pas k fon mari. Les revenus ordinaires de 1'Angleterre montent k fix millions cinq eens mille livres fterlings, dans lefquels lont compris cent foixante mille livres fterlings qui forment le contingent de 1'Ecofle. La dépenfe en tems de paix eft de cinq millions trois eens mille livres, dont la Lifte civile qui eft le fond deftiné au maintien de la Maifon du Roi, montant a huit eens mille livres fterlings, & prés de quatre millions affignés pour les intéréts des Dettes nationales, font les deux plus gros articles. La Marine, les Forces de terre, les Colonies, les Chemins abforbent le refte ; de forte que 1'excédent des revenus forme ce qu'on appelle le fond d'amortifiement deftiné dans fon origine k rembour-  D'ANGLETERRE, Liv. XXXIV. 561 fer les capitaux, mais qui n'a fcrvi depuis fon origine qu'a fatisfaire aux pnp-ap-emens pris fucceffivement fur ce fond* . SSS^d^eté^, manutenteur de la Conftitution de 1 Etat, eft feul mum de fa puiilance légifladve , & de celle de lui impofer des 'taxes La Chambre de, Pairs eft auffi le tribuna fuprême de toutes les Inndes caufes criminelles, dans lefquelles celle des Communes le porte fecufatrice, & dans toutes les autres d'efpeces differentes, dont il peut y ' ir «DDel nar devant elle, comme nous 1 avons dit. ÏA_kw a des loix fondamentales, dont elle eft avec raifon fort hloufe Ce font d'abord celles qui établiffent la prérogative deMes Rois & leur fucccffion ala Couronne: puis la Grande Chartre des hbertes des t\l7 dönnée par le Roi Jean Pan 1215, expliquée , étendue, conhrmee Z n'cTbï dïétes poftérieurs du Parlement, & notamment par ceux cd S paffés dans le fiecle dernier, fous les titres de Pettum de droit ! e Bill Habeas corpus en .679; de Bill * Drotts tf defucccs- L A ïö^fébfin 1'Acïe d'Union entre 1'Angleterre & 1'Ecoflè de 1 année T707, qui ert compte pour loi fondamentale de ce pays-la. Le lol efbnt de ces loix diverfes a pourvu avec toute la fage le poflible, a ce cue es Rois d'Angleterre fuflènt Rois ,& leurs Sujets, öujets dans le ftns^ humain le plus^flèntiellement raifonnable & le plus parfaitement cïnvenable au fyflême Britannique. La liberté & Ja propriété, les deux aJantoces du monde les plus importans pour Phomme, ont ete les 3o?w4 de la Légiflation Angloife, & font encore ceux dont 1 exIreffion échte le Plus° fouvent en Angleterre, dans les acclamations ^tSdfpaulcnce recue en Ang'eterre efl diftufes qui foient en Europe. Elle comprend d abord le Droit comh^Tl^Anglo-Saxons & Dawis, recueilli par Edouard le Confeffeur, & augnLté par Guillaume le Conquérant & par fes fils; eert ce que Pon aSppene Fe Droit commun, a°. les Décifions Parlementaires; ceft ce qunbrmeles Statuts: 30. les Chartres des villes; ce que 1 oni nomme ce qui iunii-iv o fnrpllieres' <^°. les Loix Marttales. le Droit particulier: 40. les Loix pi ejtiei cs.5 . 1 mais oui nfont de vismcur qu'en tems de guerre: 6°. le üro.t Komain, ïuiv dan la Cour de llmirauté: 70. enfin le Droit Canontque, uivi par le Clergé, en tout ce qui ne repugne pas a la révélation, a Pautorité du Rni1"-. aux autres loix du Royaume. ■ CJ k confidérer la Nation Angloife dans le point de vue Tous lequel le loix la p éfentent, on la voit diftinétemenc pamgée en deux clafles; celie £ la Nobleflè & celle des Communes. II exifle des Ordonnances Royales & des Aétes du Parlement, qui reglent avec autant ^ clarte qu de précifion le rang de tous les citoyens, depuis le Duc ufqu au Smple Gentilhommef & il exifle en particulier pour les ^d Aétede jTandahmagnatum , qui les met a Pabri des outrages, des mfulte. & deMlufautanS; il a été de la Légiflation Angloife de détertnïner d'une maniere pofidve la diftinétion des rangs entre les citoyens, aataat eit-iPde moeursP& des ufages de la Nation" de tout confondre a cet egard dan Tome XLIV. Bbbb [lift. d'Aagk'ieire.Int vod.  Hifi. d'An gleterre. Introd. 562 HISTOIRE . le train ordinaire de la vie. Le titre de Lord fe donne par counoifie k nombre de gens a qui la loi le refufe , & 1'ufage veut que cette courtoifie parle par la bouche des Pairs, des Princes & du Roi, comme par celle de fartifan, du mendianc & du manant. Et une chofe que Pon ne fauroit dire avec moins d'admiration que de vérité, c'eft qu'en Angleterre la confidération perfonnelle fe meiure en général fur les talens & fur les vertus de celui qui en eft Pobjet, bien plutót que fur la nailfance & fur les titres. L'on y drefie des. maufolées; Pon y érige des ftatuesl'on y applaudit au théatre & dans les places publiques , au philofophe* a 1'artilte, au poëte , au comédien , au vaillant homme, au grand ci' toyen, foit que le tableau des Pairs en revendique le perfonnage , foit que la claffe des Communes le prenne pour un de fes membres. De-la fans doute cette multitude d'hommes illuftres en tout genre, dont 1'Angleterre s'honore , & dont. la Nation eft d'autant plus en droit de fe faire une gloire, que les grandes réputations s'élevenc au milieu d'elle, prefque toujours par fes fuffrages , & prefque jamais par les faveurs du gouvernement. De-la furtout ce nombre de gens de qualité vertueux & favans, qui, témoins a la fois, & du peu de cas que l'on fait de la naiflance en Angleterre, & du grand cas que l'on y fait du mérite perfonnel , fe livrent fi heureufement a la culture des talens & du génie, & font, pour ainfi dire, oublier qu'ils font nobles. Et de-la enfin cette attention fi fage & fi exemplaire de la Cour Britannique , de pourvoic d'emplois utiles & honorables en même tems , ceux qui déja célebres dans 1'efprit de la Nation, font jugés dignes par elle d'entrer dans fon fervice. Les Anglois, comme nous 1'avons déja dit, font beaux pour la plupart, bien faits, agiles & robufies. Ils aiment de préférence les exercices oü jl entre de la force & de 1'adrelfe, témoins leurs luttes, leurs chafles & leurs courfes- de chevaux. Ils aiment auffi les jeux proprement dits, & quoique grands partifans du hazard & des paris, ils appliquent volontiers a leurs jeux les regies du calcul. Leur fociabilité fe manifefte dans la multitude de cotteries que l'on trouve parmi eux , & dans la foule dont tous leurs fpecbicles font ordinairement remplis.' II eft vrai qu'a ce dernicr égard, les Anglois ont fouvent Pavantage d'affifter aux divers théatres de Londres, a des repréfentations de chefs-d'ceuvres dramatiques , données par des acleurs plus vrais qu'en tout autre pays du monde. Le goüt des Anglois pour les plaifirs n'exclut point celui que fuppofent leurs fuccès dans les arts , dans les fciences & dans les affaires générales de la vie. Trés naturellement capables de raifonner , ils femblent avec cela ne rien faire , donc ils ne fe croient tacitement appelfés a prendre la défenfe ou k donner la jufiification: & c'eft peucêtre la la clef^de cetce profondeur qui paffe en général pour le caraclere de tout ce qu'ils font; profondeur, _ la vérité, qui n'amufe pas toujours amant qu'elle indruk; mais en vertu de laquelle ils font ardens dans leurs tfavaus, pénécrans dans leurs recherches, fagaces dans leurs vues Sr foides dans leurs conclufions. L'on ne difpute pas aux Anglois le génie ies découverte-H mais on leur contefte celui desJnveJMops, c'e.ft-„-dire,  Er'ANGLETERRE, Lrv. XXXIV. 5ct3 s'il n'y a pas de logomachie dans le cas , qu'on les eroit plutöt faits pour le réel que pour 1'imaginaire. Ce qu'il y a de plus affuré , c'eft i que dans les fciences tout eft perfeébonné en Angleterre , depuis la ' fcience du gouvernement jufques k celle du faifeur de chanfons; que dans ' les arts, celui de la navigation & celui de la culture des terres y font le plus en honneur; & que dans les affaires générales de la vie, le bon foldat, 1'artifan affidu, 1'bonnête marchand, 1'habile avocat & le grand miniftre y font pour 1'ordinaire de grandes fortunes. II y a deux Univerfités fameufes en Angleterre, celle d'Oxford & celle de Cambridge: il y a aufli plufieurs Ecoles publiques, répandues dans différentes villes fous le nom de Colleges. Quant aux Ecoles particulieres, gratuïtes ou non gratuïtes, l'on peut dire qu'elles font innombrables dans toute 1'Angleterre; enforte que fi le peuple en eft , comme on le prétend en général, plus inftruit qu'autre part, c'eft que les moyens y font aufli plus multipliés qu'ailleurs. La Société Royale de Londres, le College des Médecins, & la Société pour la propagadon de la Foi , font des établiffemens que 1'univers connoit. II eft dans les mceurs de 1'Anglecerre , encore plus que dans la politique de fon gouvernement, de favorifer toute entreprife & toute fondation propre a éclairer le genre humain, ou même k 1'étonner; de - Ik ces foufcriptions & ces dons , non moins remarquables quelquefois par leur bizarrerie que par leur générofité. Fin du Tome Quarante - quatrieme. Bbbb _ Vijl. d'An. rle terre. 'ntrod.