941 F 69   P I E C E S relatives aux empechemens MADAME la PRINCESSE d'ORANGE ET DE NASSAU, nee princesse royale de prusse, A EPROUVES DANS LE VOYAGE QU'elle AVOIT ENTREPRIS DE FAIRE, LE 28 JUIN 1787, DE NIMEGUE A SA MAISON-DU - BOIS, PRES DE LA HAYE. que s. a. r. 17 8 7-   L'Evenement auquel les Pieces fuivantcs fe rapportent, eft d'une nature fi extraordinaire, qu'on auroit de la peine a fc perfuader qu'il eut pu exiftcr, > une époque oü les regies de la raifon & de la convenance font fi généralement obfervées, file fait n'étoit que trop avéré, puisqu'il vient de fe paffer fous nos ycux. Comme dans la fituation aftuelle des affaires dans la République des Provinces-Unies, une Oabale dominante s'eft efforcé par tous les moiensimagiOables, d'ompêcher que la vérité des Mts les plus fimples & les mieux conftatés ne perce dans le public, oü de leur donner une tournurê tellement fauffe , que Ie fonds'de la caufe ne puifle fitte envifagé fous fon vrai point de vue, on a cru rendre im fervice effentiel a ce mime public, &, li h vérité un hommage qui lui eft du, en publiant les Pieces autentiques qu'on va lire. Elles développent cent le détail de eet Evenement inatendü, deprouvent de la maniere la plus évidente, qu'il ne pouvoit exifter le moindre motif^ow empècher S. A. R. de fe rendre'Ma-Haie, ou a Sa Maifon du Bois •, & que fi méme on en auroit voulu A a fuppofer  iv fuppofér urr, k manier e dont on s'y eft pris pour empêcher S. A. R. de contfnuer fon voyage, eft fi inouie & fi outrageante,. qu'ellene pourra jamais être juftifiée devant un public équitable &. impartial. Onvient de dire qu'il n'a jamais cxifté, ni pu exifter de wof«f pour engager S. A. R. de fe tenïr éloignée du territoire de la HoJlande, ni autorifer le fcuverain de cette Province k 1'empêcher d'y entrer. S. A. S. Mgr. le prince d'orange & de Nassau, Epoux de S. A. R., eft Stadhouder-Héréditaire de ladite Province. U eft le premier Membre du Corps des Nobles, le plus grand Propriétairc foncier de ce Corps, & par - la même, participant a lafouveraineté des Etats, par plus d'un rapport trés refpecirable. S. A. R. Mde la Princeffe «TOrande a donc'jouï & a dü jouwen tout tem, des prérogativesattachées a fa haute naüïance, & aux qualités d'Epoufe du premier Citoien de 1'Etat, dont il eft co-fomreraim EUe avoit ïnconteftablementle droit, qu'on ne refufe jamais au moindredes habitans. d'unpais, celui d'aller occuper fes pofieffions, de s'y arrêter, ou de les quitter felon fon bon pMfir, D'aüTeu™, S. A. R. n'avoit jamais entendu dire qu'il eut été porté a 1'Aflemblée des Etats, le moindre grief, le plus léger fujet: de reproche contre Elle, par ouEllc auroit pu foupconner, qu'on oferoit formerl'idée deLatenir cloigne'e de la Hollande'. S. A. R., fon Epoux & fes Sére'niffïmes Enfans ont encore laplus grande; partic de leunt meubles & effets les plus précieux k la Hayc, ainü qu'a la Maifon du Bois; &El!e étoit en droit de s'en procurer la jouifiance, quand, & auflï longtems que bon lui fembleroit. Enfin, & ce qui acheve de rendre inexcufable la conduite violente qu'on s'eft permis envers S. A. R., c'eft qu'Elle n'alloit en Hollande ainfi qu'Elle 1'a déclaré follennellement, que dans 1'intention noble & génércufe , de contribuer au falut de la Patrie, & d'en éloigncr les nialheureufes diüenfions, en co-opéranta un accommodementjufte &. équitable. Cette legere esquiöe des vérités les plus palpables fu/Era pour démorttrer; qu'il n"y avoitpas L'ombre de motif pour interdire le territoire de la Hollande & S. A. R. U y en auroit eu au contraire de très-forts di de très-preüaus, pour faciliter  fariliter fon voyagé, & La recevoïr avec 1'empreflement & les égards qui Lui font dus. Indépendamment des vues géne'reufes qui L'avöient déterminée a cette demarche, on auroit du. confidérer & refpefleren Elle, laSceur de S. M. Pruffienne, d'un Ami intime de ia Répnblique, qui en touteoccafion lui en a dottnélcs preuves les plus convaicantes, &dont le Minidre, repréfentant fa Perfonne, réfide encore aóluellement a la Haie, tandis qu'on en dtfelid 1'entrée a fon augufte Sceur. Les liaifons de S. A. R. & de fon Séréniffime Epoux envers 1'Etat, font de nature, qu'on n'auroit jamais du s'attendre a un acte de violence, tel que celui qu'on s'eft permis: Et la conduite, au deflus de tout elóge, que Madame laPrinceffe a tenue, de 1'avetl rhéme des Ertnemis de fa Maifony duratlt tout le féjonr qu'Elle a fait dans la Répnblique , c'cft - a - dire pendant un cfpace de 20 ans, auroit du La garantir d'un traitement auffi dur & aufïï contraire a toutes les regies de la juftice & de la bienféance. Son voyage même étoit tellenient arrangé, qu'il devoit exclure jufqu'au moindre foupcon de quelque deffcin caché. Elle voyageoit feule, accompagnée d'une de fes Dames. d'Honneur, d'un de fes Chambellans, le Comtc de Randwyck, deputéaux Etats-Généraux, & de deux Officiers attachés a fa Cour,- favoir le Colonelde Rentinck, Adjudant-Général de S. A. S., & du Lïeutenant-Cölonei: de Stamfbrdt, Gouverneur des Séréniffimes Princes, fes F2s> Envaïn les Etats de Hollande cncrclieroient a coïorerTenrconduite, en aïïéguant que 1'apparition de S. A. R. dans-la Province, pouvoit donnet lieu a des mouvemens qui auroienf compromis la tranqnillité publique. Cct argument feroit de leur part une contradiflion manifefte: II n'eft plus tems anjourd'hui de diffimuler la vérité, & d'ufer de menagemens qnr n'ont que trop enhardi les coupablcs Auteurs des troubles de la Patrie — Ou la Nation a fancHonné par fon approbation & par fon Vceu, la conduite qu'ils ont tenue,, ces dernieres années, cu elle ne 1'a foufferte que parcequ'on 1'avoit mife, au moien d'une force ouveite & toujours fubiiftante, dans 1'impoffibilité d'expvimer fes vrais femimens: Dans le premier cas,- lesdits Etats n'avoient pointa rédouter la venue de Mdc la Priu- A 5 ceffe  cefle d'OnANGE: Elle feule s'immoloit, pourainfi dire, en felivtant a la difpofitiond'unpeuple, fatisfait du Gouvernement de fes Maitres: Dansle fecond cas, ces derniers ont fait, par rempêchement qu'ils ont mis au voiage de S. A. EL, l'aveu fohmel de leuk tyrannie, & de la crainte, que la Nation indignée ne fe foulevat enfin, pour fécouerle joug qu'ils lui ont impofé. II n*y a pas ici de milieu. Quand on a la confcience, de n'avoir rien fait que de jufte, on ne rédoute pas une Princeffe qui voyage, accompagne'e feulement de fes bonnes intentions, & hors d'état de cauferle moindre ombrage: Mais, quand on fe reconnojt coupable de tyrannie & d'oppreffion, il n'eft pas furprenant qu'on aitpeur, même de fon ombre; & que pour échapper au chatiment qu'on fent avoir mérite, on s'efforce de foutcnirune conduite illegale,par de nouveaux aflos de violence & de tyrannie. TI  PIECES RELATIVES etc. NO. L Lettre de S. A. R. Madame la Princefie d'ORANGE > a L. N. P. lei Seigneurs Etats de la Province. de Gueldres.' NOBLES ET PUISSANS SEIGNEURS.' Je n'ai pas voülu manquer de Vous donner connoiffance de mon dëpart pour Ia HAYE, oü je compte de m'arrêter quelques jours. Aiant les mêmes intéréts que le Prince mon Epoux, qui ne peut fe rendre a la HAYE, pour les raifons connues, J'ai cru que ma préfence pourroit contribuer en quelque chofe a la confervation de la Patrie, & au rétabliffement de la Conftitution. II n'y a que cette intention falutaire qui m'ait déterminee a entreprendre ce voyage. Dien veuille qu'il ne foit pas entierement infhiftueux. Je fuis avec la confidération due, NOBLES ET PUISSANS SEIGNEURS Votre trés humble Servante Nimegue, ce 28 de Juin (Etoit fignê) Wilhelmine. _ ... l'adrefle étoit: Au Noble & Puijfant Seigneur, le Seigneur Prifident du Qjiartier de Nimegue. ( PïAns ce moment nousvenoiis d'être informés avec certitude, que S. A. R. notre ■L^ trés chereEpoufe, a été arrêtée clans fon voyage de nimegue a la haye, aux environs de Schoonhovp.n, par une troupe de bourgeois armes & de nnhtaires; ÖC qu'ÉHe a enfuite été remenée dans la fufdite ville, oü elle eft armee & gardee par ordre de Mrs. les Députés des Seigneurs Etats de Hollande & de Westfrisl. ..IlVéroit ih'utife de mettre foUs les yeux de V. H. P., combien nous avons ete frappé* & fenfiblement affeftés d'une aftion fi violente, commife envers une Ferionne  aueufte, & qui nous eft fi chere. V. H. P. comprennent aifément, que nous ne pouvons qu'être trés fenfibles a une flétriflure, faite a nous, a notre maifon, & a la perfonne d'une Princefle Roiale ; ainfi nous attendons avec une pleine confiance, queV H. P. voudront bien prendre de telles mefures, que S. A. R. foit relachée le plutót póflible. Nous nous flattons aufli, que V. H. P. ne pouvant être indifférentes a nos intéréts & a notre honneur, a ceux de notre trés chere Epoufe & a ceux de nos énfans, voudront bien concourir a. effeftuer que la flêtrifliire faite a la perfbnne de notre Epoufe foit immédiatem.ent reparée; de même que nous ne pouvons attendre, que les Maifons Roiales, auxquelles notre Epoufe & nous, fommes alhes de fi prés, fe montrent indifférentes a une facon d'agir aufli violente. « Sur qiioi &c. Amersfoort, le 20 Juin. 1787. No. VII. Reponse de Mr. Ie Grefficr Fagel a S. A. R. Madame la Princefle d'orange, en date de la Haie, le 29 Juin 1787, le foir a 10 Heures. MADAME! Alant été honnoré ce matin d'une lettre de V. A. R. datée de Schoonhoven le 28 de ce mois, a laqtielle étoit jointe copie de celle addreflee a Mr. le ConfeillerPenfionnaire, au fujet du cas aufli inattendu que fmgulier, qui venoit d'arriyer a V. A. R., i'ai cru devoir la communiquer a 1'aflemblée de L. H. P., qui ont pris la réfolution d'en écrire immédiatement aux états de Hollande , pour les prier de mettre ordre au plutót, pour qu'on laifle pourfuivre le voiage de V. A. R. fans aucun empêchement, afin d'effeftuer les vues falutaires, que V. A. R. a eues dans ce voiage, comme V. A. R. le verra par la copie de la lettre des Etats-GenerauX aux Etats de Hollande. Les Etats-Generaux s'étant raflembles de nouveau ce foir a fept heures, pour favoir le réfultat des délibérations en Hollande Mrs. de Hollande ont déclaré, qu'aiant pris les lettres de V. A. R. ad referendum, & s'étant refervé la libre délibération de leursprincipaux, ils en avoient délibéré ce matin; mais que quelques membres devant confulter leurs villes, ils ne pourroient être prêts que mardi; fur quoi L. H. P. ont réfolu d'écrire de nouveau, une lettre a la province de Hollande , comme V. A. R. le verra par la Copie ci-jointe. Je La fupplie d'agréer les aflurances du profond Refpeft & du parfait dévoüment, avec lequel j'ai 1'honneur d'être, MADAME, de Votre Altesse Royale, Le trés humble & trés obéïflant Serviteur. H. Fagel. B 3 No.VIII.  No. Vlil. Extrait du Régitre dc RcTolutions de L/. H. P. les Etats-Generaux des Provinces Unies. DuVendredi 29 Juin 1787. T E Greffie-r fagel a communiqué k 1'Affemblée une Lettre de S. A. R., datée de *—1 Schoonhoven du 28 de ce mois, qu'il a recue par un exprès, avec une lettre de fa part pour le Grand-Penfionaire de Hollande & de Westfrise, au fujet d'un cas fingulier qui Lui eft arrivé le dit jour, ainfi qu'il eft dit dans la lettre & piece annexes. Fiat injertjo. Sur quoi aiant été délrbéré, il a été trouvé bon, qu'en attendant des informations ultérieures, au fujet de ce cas, aufli inopiné que fingulier, auquel L. H. P. temoignent prendre la plus vive part, ,on enyerra copie de la lettre fufdite, & de la piece annexe a L. N. & G. P., pendant la tenue même de 1'Affemblée, avec priere dedonner au plutót, gc fans aucün délai, les ordres néceflaires, pour que S. A. R. puifle continuer fon voiage; & que tous les obftacles qui pourroient encore avoir lieu a eet égard,'foient d'abord levés; afin que S. A. R. puifle effeftuer les efforts falutaires dont Elle parle dans fa lettre; ce dont L.H. P. demandeiit k L, N. & G. P. d'être informées fans délai. D'accord avec le Régitre. No. ÏX. Lettre de L. H. P. les Etats-Generaux des Provinces-Unies, du 29 Juin 17.87, aux Etats de Hollande & dc Wesxfrise.. NOBLES ET PUISSANS SEIGNEURS.' Notre GrefKer nous a communiqué ce matin une Lettre de S. A. R. datée de Schoonhoven, le 28 de ce mois, qu'il avoit recue par un exprès, avec une lettre addreffée au Confeiller-Penfionair.e de Hollande & de Westfrise, au fujet d'un cas fingulier qui lui eft furvenu le dit jour. En attendant d'autres informarions au fujet de eet evenement inopiné, au quel'nous prenons laplus vive part, nous nous croyons obHges d'envoyer k V. N. P. pendant notre aflemblée, une copie de La Lettre & de la Piece annexe, & de prier \'. N. P. de vouloir donner au plutót & fans aucun délai, les ordres néceflaires, pour queS. A. R. puifle continuer Son Voyage fans empéchemens ultérieurs, & que tous les obftacles, qui pourroient encore ftibfifter a eet égard, foient immédiatement levés, .afin que S- A. R. puifle effeftuer les falutaires efforts, dont Elle parle dans Sa Lettre, ce dont nous prions V. N. P. de nous informer au plutót; furqnoi notis repofant, nous ékc. &c. &c. j No.X.  9 .No. X, Extrait du Régitre dès Réfolutiorts de L. H. P. les Etats-Genëraux des Provinces-Unies; du Vendredi 29 Juin 1787» le Scir a 7 Heures. Meffieurs les Députés de la Province de Hollande & de Westfrise, prefles de repondre k la Lettre écrite par L. H. P. aux Seigneurs Etats leurs Principaux, ont declaré qu'ils continuoient k perfiftér dans leur avis, donné ce matin, par lequel ils ont pris ad referendum Ia lettre de S. A. R., & fe font refervé la libre délibérationdes Seigneurs Etats leurs Principaux, dont plufieurs membres s'étoient engagés de faire favoir au plutót les intentions de leurs Villes. Sur quoi aiant été délibéré, on a trouvé bon de donner k connoitre k Meflcigneurs les Etats de Hollande & de Westfrise , par une feconde lettre , que L. H. P., fans vouloir fe meier en aucune maniere dans les droits qui appartiennent aux fufdits Seigneurs Etats, en tant que Souverains territoriaux, les prient cependant de la maniere la plus amicale, en réïtérant les inftances déja faites aujourd'hui, de vouloir reflêchir férieufement fur les fuites dangereufes, que pourra occafionner au denots, au désavantage de la Républiqne , la démarche faite , > en mettant obftacle au Voyage de S. A. R. a la Haye , & que L. H. P., au cas que les Seigneurs Etats de HollAndé 6c de Westfrise ne fatisfaffent point k leurs inftances, laiuent pour le compte de la Province de Hollinde, les conféquences de ce qui pourroit en arriver ï la République. Meflieufs les députés de la Province de Hollande & de Westfrise ont continué a perfifter dans la déclaration, qu'ils avoient donnée. Meflieurs les Députés des 6 autres Provinces ont pris par copie ad referendum, tout ce qui a été propofé, fait & concl'u *A-deffus, ce matin & ce foir.. D'accord avec le fufdit Règïtre. :\To. xii. No. XI. Lettre des Etats dc Hollande & de West-Frise a S. A. R. MADAME !' LA Léttre de V. A. R., écrite I Schoonhoven , le 28 de ce mois k Monfieur Ie Confeiller-Penfionnarre,' & relative k l'empêchement que V. A. R. a éprouvé dans fon Voyage a la Haye , nous ayant été communiquée pour en délibérer, nous avonstrouvé bon de répondre par la préfente a V. A. R., que la pluraKté des membres de notre AfTemblée a jugé nécelfaire de prendre ladite Lettre ad referendum, & de la porter fous les yeux de Meffieurs leurs principaux, pour en délibérer & s'en expliquer au plutót, en forte qu'il n'a pu enëore être formé de Conclufion a ce fujet» Surquoi. &c.  to No. XII. Lettre des Députés des Sgrs. Etats de Hollande & de West-Frise pour la Défenfe dc la Province, &c, a Madame la Princefle d'orange; MADAME.' NOus étant engagés de donner immédiatement connoiffance a V. A. de la réfolution de L. JSi. & G. P. les 'Seigneurs Etats de Hollande & de Westfrise , nos refpectables Commettans, fur ce que nous avons fait avant-hier, relativementau voiage de V. A. R. k la maifon du Bois, nous avons cru devoir communiquer fans délai a V. A. R. que bien que nous n'ayons pas obtenu une connoiffance légale de leur réfolution fur ce fujet, nous fommes néanmoins informés, que les membres de 1'affemblée de L. N. & G. P. ont pris ad referendum la lettre que nous leur avons adreffée, ainfi que celles que V. A. R. a écrites au Confeiller-Penfionnaire de cette province & au Greffier Fagel, afin de mettre cette affaire délicate fous les yeux de leurs principaux, & que \a conduite que nous avons tenue a été approuvée. Sur quoi après avoir recommandé V. A. R. a la proteftion du Tout-Puiffant , nous avons 1'honneur d'être avec un profond refpect, MADAME, De V- A. R. Les bons Amis Les Députés de L. N. &G. P. les Seigneurs Etats de Hollande & de Westfrise , pour la Défenfe de cette Province & de la ville d'ütrecht Par ordre des mèmes. Woerden, ce 30 Juin 1787. H. CosTERUs, Secrétaire. No. XIII. Extrait des Réfolutions des Sgrs. Etats dc Hollande & de Westfrise, prifes dans 1'aflemblée de L. N. & G. P.i Vendredi 29 Juin 1787. Reen une lettre de Mrs. les Commiffaires pour la défenfe de cette Province & de la ville ^Utrecht, écrite k Woerden le 28 de ce mois., & contenant les r af ons du retardement, apporté au voiage de S. A. R. pour fe rendre ici, ainfi que le détail de leurs procédés en cette occafion; le tout inféré ci-après. .. ., , N.G., tk P. S. Sur la nouvelle, recue ce matin, qu'il avoit ete ordonne des relais pour un certain nombre de chevaux a Haestrecht & k Nieupoort, & que le bruit s'y étoit répandu, qu'il alloit y paffer une perfonne de trés grande confideration, bruit qui caufoit déja quelque mouvement parmi les bourgeois & habitans du plat-pais, nous, que V. N. & G. P. ont chargés non feulement du foin de la défenfe de la province, mais auffi de faire échouer toutes les trames fécrettes ou publiques des ennemis  de cette province ou de fes alliés, avohs jugé néceflairé d'envbier de cc cóté la', communication préalable fur ce eue, avec le général-major van Ryjfel, un detachement d'un officier & de 20 Cavaliers de Hesse-Philipstahl, en leur donnant 1'ordre exprès « d'ar„réter & d'interroger pré.cifément tous les paffagers; 6c, s'il fe préfentoit quelque „perfonne , dont la venue en cette province pourroit y être préjudiciable pourlatran„ quillité publique, de la retenir, fans confidération de qui que ce foit, 6c de lagarder „ aulTi longtems que nous ferons a même de donner des ordres ultérieurs a ce fujet.« Cette précaution a eu pour fiiite, N. G. 6c P. S. que S. A. R. Mde. la Princefle d'ORANGE, paflant de ce cóté-la, a été arrêtée dans fon voiage par un detachement de bourgeois de la ville de Gouda, pofté au Goejan-Verwei.le-Sluys, 6c muni d'ordres tendant a la même fin. A peine en avons-nous été informés par exprès , que nous nous fommes rendus au Goejan-Verwëlle-Sluys , oü fe trouvoit S. A. R., afin d'apprendre de bouche, de la part de cette Princefle, le but de ce voyage inattendu : Surquoi S. A. R. a donné a connoitre: " Qu'Elle avoit deflein de fe rendrë a la Haye; qu'Elle venoit avec les meilleures intentions du monde; 6c que la trifte fituation des affaires de ce Pais, ou 1'on avoit déja vu s'enflammer le feu de la guerra civile, dont' les progrès ultérieurs la menacoient, 1'avoit engagée a faire cette démarche. " Nous n'avons pu, N. 'G. 6c P. S., qu'ajouter foi a ces proteftations de la Princefle. Cependant quelques circonftances, dont nous avons été informés, nous ont fait juger, qu'il étoit indifpenfablement néceflairé" de prier S. A. R. de ne point continuer pour lepréfent fon voiage; mais de s'arrêter jufqu'a ce que nous ferions informés des intentions de V. N. 6c G. P. Nous avons penfé, qu'une populace aveugle, n'étant pas convaincue de ces vues pures de S. A. R. auroit très-aifément pu , a cette arrivée imprévue, faire rétentir partout les cris de la fédition, 6c pafler a des extrémités dangereufes. Les avis que nous avons recus d'attroupemens de la populace cc d'habitans du platpais, en deca de la ville de Gouda ; comme aufli ce que nous apprireut les perfonnes mêmes de la fuite de la Princefle, touchant le grand nombre des perfonnes qui s'étoit raflemblé a Schoonhoven ; enfin quelques nouvelles particulieres, que nous recumes en même tems de la Haye 6c d'autres parts, nous ont obligés a perfuader S. A. R. de fufpendre fon voyage projetté, jufqu'a ce que nous aurions recu les ordres de V. N. Ó> G. P., 6c jufqu'a ce qu'on eut le tems d'aflurer le repos public. C'eflr aufli, après que nous avons expofé a S. A. R. le danger de fon féjour dans la ville de Gouda , que S. A. R., cédant a cette perfuafion, a préféré de fe rendre a Leerdam, en nous afïïirant, qu'Elle y reftsroit aufli longtems que V. N. 6c 6> P. auroient fait connoitre leurs intentions a S. A. R.: 6c deux membres de notre commiflion ont accompagné Mde. la Princefle avec une efcorte de Cavaliers, jufqu'a Schoonhoven. Nous nous flattons que V. N. 6c G. P. voudront bien honorer de leur approbation cette démarche, que nous avons faite pour le bien de 1'Etat, 6c avec les meilleures intentions du monde. Au refte, priant le ciel de bénir les perfonnes 6c les réfolutions importantes de V. N. & G. P., nous avons 1'hbnnenr de nous fignet avec un profond retpect 6cc. (Signé) Les Commlf\aires pour la Défenfe de cette Province & de la ville'(/'UTRECHT. {Plus bas} Par leur ordre. (Signé) H. COSTERUS, Secrétaire. C (lei II  (rei fe trouvent Jnférées, la Lettre de S. A. R. a M. le Confeiller-Fenfionnairej (VoyezNo.V.) la MifÏÏve des EtATS-Genf.RAUX, (No. VUL) & la Lettre deS. A. R. a Mr. le Greffier Fagel , (No. IV.) Surquoi délibéré, & Copies des fus-dites Lettres aiant été demandèes par Mrs. les Députés des 'Villes de dordrecht, haerlem, leyde, amsterdam, GoUDE,. Rotterdam, Gorinchem, Schiedam, Schoonhoven, Alkmabr, Mtjnnikendam, & purmerende, pour s'informer au plutot des intentions de Mrs. leurs Commettans d ce fujet, il a deplus été trouvé bon „ d''approuver la conduite, tenue en cette „ occafion par Mrs. les Commiffaires pour la défenfe de cette Province & de la Ville „ rf'ütrecht." De plus arrêté, „qu'en Réponfe d la Lettre, que S. A. R. a écrite au „Confeiller- Penfionnaire, il lui fera écrit de la part de l. N. & G. P., que, lafus„ dite Lettre aiant été portée a la connoiffance &. aux délibérations de L. N. & G. P., „la pluralité des membres avoit jugé néceffaire d'en prendre Copie, pour la port er au „plutot d la délibératiou de Mrs. leurs Commettans ; de forte que jufqu'a préfent l'on „n'avoit pu rien conclure d ce fujet. " Et fera envoyé extrait de la préfent e Réfolution a Mrs. les Commiffaires fusdits pour leur fervir d'information. Mrs. de /'ordre -EojJESTRE les nobles ont déclaré, „qu'ils étoient abfolui,ment prêts a concourir a faciliter, par tous les moyens poffibles, la venue de S. A. R. ,, d la haye; & qu'ils étoient également difpofés a entrer avec Elle dans telle Négocia„tion, qui feroit la plus propre d applanir les dijférends fubfiftans.u Ont déclaré de plus Mrs. de /'OrDRE-EqUestre, „qu'ils désapprouvoient très-hautement la conduite „de Mrs. les cinq Commiffaires fusdits , fans que néanmoins, par ce désaveu formel, zls „vouluffent entrer dans les mérites de la dite Commiffion, qu'ils n'ont jamais reconnue; „proteftant de nouveau contre elle, ainfi que contre tout le traitement de cette affaire, „ de la maniere la plus forte, laijfant les fuites qui pourroient en réfulter, pour le com„pte de ceux qui y ont donné lieu, ou qui y ont concouru, en fe réfervant telle annota'„tion ultérieurs & telles démarches, qu'ils jugeront néceffaires.u Mrs. les Déptitês -des Villes de delft, la brille, edam & medemblik, ont déclaré, „qu'ils étoient prêts d contribuer ce qui dépendoit d'eux, afin de faciliter le voyage de S. A. R. pour fe rendre ici, ainfi qu'il eft dit d la fin de la fufdite Lettre. " La pluralité des membres aiant néanmoins jugé d propos de prendre le tout ad referendum, en approuvant la conduite de Mrs. les Commiffaires de L. N. & G. p. d woerden, ils ont protefté contre; & ils en ont laiffé les fuites pour le compte des dits membres. Mrs. les Députés des Villes de hoorn & d'ENKHUlSEN fe font joints d la fufdite Annotation; mais ils n'ont point concouru d l'approbation de la conduite de Mrs. les Commiffaires. Mrs. les Députés de la Ville de gorinchem, n'aiant point concouru d la Réfolution, d'oü Mrs. les Commiffaires de L. N. & G. p. ont déduit leur obligation d tenir la conduite, qu'ils ont fuivie en cette rencontre, ne peuvent par conféquent entrer dans les délibérations fur l'approbation de cette conduite. No. XIV. sa  No. XIV, Extrait du Rc'giftrc des Réfolutions dc L. H. P. les EtatsGeneraux des Prgvinces-Unies. P Efu une Lettre de S. A. S. M/gr. le Prince rfORANGE & de &^>J£* •K- ^'Amersfoort, le 29 du mois paffé, oü il feplanit _ d'un attentat commn contre la Perfonne de S. A. Rn fon Epoufe, allant a la HAYE: Fiat infertio. , , „ Sur quoi aiant été délibéré, il a été réfolu do renouveller, par une fecondelettre, avec toute la force & la décence poilibles, les inftances faites avant-hierpa| l^H. P. aupres des Sgrs états de Hollande & de Westfrise, pour que 1 mfulte taite en chemin a S. A. R.foit convenableme.it réparée, & que non feulement elle -ne lort pas emoêchée de continuer fa route pour la Have; mais encore qu'on 1 en pne mltamm , afin de pouvoir atteindre le but que S. A. R. elle-mêmea daigne marufefter: Declalant en outre, de Ia maniere la plus expreflë, que L. H. P. envifagent, d.'un cote, ce ™°^^ comme le plus efficace pour faire ceffer, (fous la bénédiftion de Dieu,) les diflenlions portées a un fi haut dégré, ainfi que les affreufes fuites qu'edes ont deja eues, cc pour prévenir celles que leur cotinuation doit faire craindra encore, & lauver amn République de la ruine totale dont elle eft menacée: Tandis que d'un autre cote u. n. P. appréhendent les fuites funeftes qui pourroient réfulter pour la kepufclique, au c qu'on retardat ou qu'on empêchat plus longtems le voiage de S. A. K. öt le DU lutaire qu'Elle fe propofe: Suites auxquelles ils déclarent encore une tois pretenare n'avoir aucune-part; mais qu'ils lauTent pour le compte des dits Sgrs. Etats, qui en feront feuls refponfables; y aiant donné lieu, en difterant ou en refufantde prcterl orenle aux inftances auffi iuftes que preflantes de cette vénérable aflemblee. II a été réfolu de plus, de répondre i S. A. S. pour lui temoigner 1 impreflion fenfible & profonde que eet événement fi inattendu a fait fur 1'efprit des membres de cette affemblée, & pour lui communiquer que les démarches faites avant-hier, & encore ce matin a ce fujet, par L. H. P. auprès des Sgrs. Etats de Hollande, 11'ayant pas eu le fuccès qu'elles croioient avec raifon pouvoir en attendre, elles ne dilcontmueront pas de travailler, par tous les moyens propres auxquels elles fe tiennent autonlees, 6k qui s'accorderont avec la nature de la chofe, la dignité de S. A. S. &l'interet qu elles prennent i Sa Perfonne & a fa maifon, tant pour elles-mêmes que par rapport a la République, afin d'engager encore les Sgrs Etats de Hollande & de Westfrise de le rendre inceffamment, tant aux inftances fi juftes de cette Aflemblee, qu'a cdles de S. A. S. Et que du reft-e Mrs. les députés des provinces refpectives aiant deja donne connoiffance de eet événement k Mrs. leurs Principaux, L. H. P. ne doutent point qu'ils ne tachent de concourir eflicace.ment avec- elles a la fin fufdite. " Mr. le Gremer Pagel eft autorifé par la préfente de donner également conoil-, fance a S. A. S. de tout ce qui a été fait & conclu relativement a cette affaire. Mrs. les Députés des Provinces de Hollande & Westfrise, d'OvERYssEL, & de GftossiNGUE ont pris ad referendum la lettre fufdite de S. A. S. pour la commuiuquer plus amplement chez eux, C a No. XV.  J4 No, XV. Lettre de S. A. R. Madame la Princefie d'orange a Mr. Fagel, Greffier des Etats Generaux; date'c de Nimegue, lc i Juillct 1787. MONSIEUR.' A Prés avoir attendu jufqu'au famedi matin a trois heures, une Réponfe des Seigneurs Etats de hollande, nous avons recu fucceflivement une Lettre de L.N. & G. P., & une autre de la part de leurs Députés, dont Je vous envoye ici les Copies. J'ai cru devoir répondre a celle de L. N. & G. P. de la maniere que vous le verrez par la Copie ci-jointe. Je vous prie, Monfieur, de communiquer le tout a L. h. P., foit dans la Befogne, foit dans 1'affemblée, comme vous le jugerez le plus convenable, & de les atïurer que Je fuis extrêmement fenfible & reconnoiffante, du zele avec lequel Elles ont iémoigné, prendre cette affaire a cceur* Surquoi &c. No. XVI. Lettre de S. A. R. Mde. la Princefle d'orange &c.; aux Sgrs. Etats de Hollande ck de Westfrise. Nimegue, le 1 Juillet 1737. Quelque grande qu'ait été notre furprife, lorfque Jeudi dernier 28 juin, nous avons été arrêtée par ordre de la commilfion de V. N. & G. P., établie pour la défenfe de leur province & de la ville d'utrecht, & que nous avons été empêchée par elle de pourfuivre notre voyage a notre Chateau du Bois, prés de la haye, malgré les afiiirances les plus fortes que nous donnames que notre voyage avoit pour unique but le rétablhfement de la tranquillité & de la paix; & que c'étoit pour prévenir toute eipece de mouvement, que nous 1'avions tenu auiTi fecret que poffible: Nous ne pouvons dhfimuler a V. N. & G. P. que nous avons été encore plus fenfiblement touchée de la Maniere dont cette démarche a été envifagée & traitée par elles. Lorfqu'étant revenue a schoonhoven, de 1'endroit oü nous avions été retenue, nous donnames connoiffance a V. N. &. G. P. & a L. H. P. de eet événement extraordinaire, & que, de la maniere la plus modérée, nous leur eumes démontré combien un pareil traitement quadroit peu avec nos fentimens & nos deffeins, & combien nous défirions de pourfuivre notre voyage pour les réalifer, nous nous flations alors, qu'eu confidération des égards que nous croions nous être dus de la part de V. N. & G. P., elles défapprouveroient la conduite de leurs députés envers nous; qu'au moins a cette nouvelle elles fe hateroient de convoquer leur Affemblée, & qu'avec toute la promptitude poffible elles nous auroient donné les moïens de nous rendre a. notre deftination & d'exécuter le plan que nous avions fait pour le bien de la Patrie, nous avons été étrangement furprife  *5 prife que V. N. & G. P. nous aient non feulement fait attendre leur Réponfe jufqu'au famedi matin 30 Juin; mais qu'encore cette Réponfe ne nous apprit autre chofe , fi non qu'elles n'avoient pu prendre aucune réfolution fur notre lettre, tandis que par celle que nous recümes de la fufdite commiflion, nous apprimes que fa conduite avoit été approuvée par V. N. &. G. P. Cette approbation, N. G. & P. S., 1'empêchement mis a notre voyage, & les difncultés que 1'on a fait a la pluralité de votre Aflemblée de nous laifler pafler librement a notre dit chateau (aiant pris la chofe ad referendum,) quoique nous euflions fuffifamment fait concoitre nos intentions, verbalement & par écrit, & malgré les plus fortes inftances de la part des Sgrs. EtATS-GeneRAUX de nous laifler pafler; tout cela nous a prouvé d'une maniere non équivoque qu'on ne fe fioit pas a notre Parole facree, ni aux intentions que nous avions déja manifeftées; ce que nous confidérons comme un obftacle mis, de propos délibéré & par violence, a la liberté qui appartient a chacun d'aller oü bon lui femble, & furtout a nous, vu nos relations avec toute la République, & avec votre Province en particulier. Sur cela, nous n'avons pas héfité , N. G. & P. S., de fortir de votre Province & de revenir ici. Puis donc, qu'il a plu a V. N. & G. P. de faire échouer par une telle conduite, nos vues falutaires & pacifiques, nous croions nous devoir a nous-même, non feulement d'exiger de Ia maniere la plus férieufe une réparation convenable & publique, de l'affront qui nous a été fait, mais encore de déclarer folemnellement, que nous regardons comme refponfablcs des fuites facheufes que pourroient avoir dorénavant les diflenfions actuelles, fut-ce même une guerre civile, que nous avons voulu prévenir par notre entremife ; que nous regardons, difons nous, comme refponfables de ces fuites facheufes , ceux qui par leur influence vous ont forcé a vous oppofer a nos vues avec tant de violence: Cependant, nous ne ceflerons jamais de veiller avec Ie plus grand Zele aux vrais intéréts d'une Nation, de laquelle nous avons recu en général, même au milieu da fon égarement, & des outrages que V. N. & G. P. nous ont faits, plus de marqués de vénération & d'amour, que nous n'aurions ofé en attendre, après les'procédés & les réfolutions fi infultantes de V. N. & G. P. a notre égard. " Sur ce, N. & P. S. nous prions Dieu, qu'il vous ait en fa fainte & digne garde. (Signi) WlJ.hei.mine. C 3 No XVII.  té No. XVII. Lettre de S. A. R. Madame la Princefle d'orange, Aux Seigneurs Etats dc Gueldre, Zelande, Fkise, Groningue & pais de Dbenthe. - Nimegue, le 2 Juillet 1787, "T E de/Ir ardent qui nous anlme de prevenir par notre intervèntion les malheurs •*—' d'une guerre civile, & de trouver quelque moiêh d'appaifer les troubles aftuels de la République, nous avoit fait prendre la réfolution de nous rendre a la Haye pour cette fin; & de ne point faire connoitre d'avance notre dejlein, afin d'éviter toute efpece de mouvement, que la joie de notre arrivee auroit pu occafionner parmi le peuple. Ce fut dans cette intention que nous partimes jeudi dernier, 28 juin, & nous parvinmes,comme nous nous y étions attendue, fans rencontrer aucun obliacle, jufqu'au ,de-la de Schoonhooven ; mais environ deux lieues plus loin , plufieurs détachemens des Corps-Francs armés, aiant environné nos voitures, nous forcerent d'aller au pas. Le nombre de ces Francs augmentoit a mefure que nous avancions, jufqu'a ce qu'enfin un détachement de Cavalerie vint nous notifier 1'ordre qu'il avoit de ne laifler pafler perfonne. Nous repréfentames a 1'officier commandant que eet ordre ne pouvoit nous concerner; mais ce fut envain; tout ce que nous pümes obtenir, fut qu'il nous conduiroit dans une maifon peu éloignée de la, oü nous pourrions attendre la réponfe d'un exprès qu'il expédia pour demander de nouveaux ordres. Le refus qu'on nous fit de faire accompagner eet exprès par un des Meffieurs de notre fuite, pour pouvoir donner connoiffance de ce qui venoit de fe pafler, ne nous laiffa d'autre parti a prendre, que de remettre au même exprès un billet ouvert adreffé au Commandant de Woerden pour lui témoigner notre furprife fur le cas extraordinaire qui venoit de nous arriver, & que nous ne pouvions attribuer qu'a quelque mal-entendu. A peine fümes-nous entrés dans la maifon oü 1'on nous avoit conduite, qu'on v placa a toutesles portes des fentinelles qui ne permirent 3 perfonne de fortir, &rofficier ne quitta point Pappartement oü nous nous trouvions. Quelques heures après nous eumes la vifite des membres de la Commiflion des Etats de Hollande qui réfide a Woerden; mais après une longue converfation, nous ne pumes non plus les engager a nous permettre de continuer notre voiage : Ils perfifterent a dire qu'aiant envoié un exprès aux états pour avoir des ordres ultérieurs, ils devoient attendre fon retour; & fur la propofition que nous fimes, d'aller pafler la nuit a GOUDA, ils ne nous laiflerent que le choix entre SCHOONHOVEN & WOERDEN. Nous nous déterminimes pour LEERDAM; & la commiflion voiant que nous nous difpofions a y retourner, nous fit accompagner par deux de fes membres jufqu'a SCHOONHOVEN. Mais ne pouvant y avoir des chevaux, nous préférames de refter dans cette ville, d'autant plus que ces Mrs..nous donnerent les plus fortes afliirances du bon ordre qui y regnoit. En attendant nous donnames connoiffance aux Etats de Hollande, ainfi qu'aux Etats-Generaux, par deux lettres que nous écrivimes, 1'une au Confeiller-Penfionnaire & 1'autre au Grefiïer, des obftacles que nous avions rencontrés .& du défir que nous avions de continuer notre  notre route- maïs nous fumes obligés d'attendre jufqu'au famedi matin, le 30 de 1'autre mois, la réponfe que nous firent les Sgrs Etats de Hollande; la quelle réponfe portoit fimplement, que la pluralité aiant pris notre lettre ad referendum-, on n'avoit pu former aucune conclufion. Nous recumes enfuite encore une Lettra de la part de la fufdite Commiflion de WOERDEN, par laquelle elle nous fit favoir que les Etats avoient pleinement approuvé leur conduite. Nous voiant_ amfi empechée & arrétée dans notre route, nous avons cru devoir retourner ici, & eenre encore aux Sgrs. Etats de HOLLANDE pour obtenir une reparation pubnque oc latisfaifante de I'affront & de llnfulte que nous venions d'efiuier, tant par eet: empêchement même, que par la maniere dont on s'y eton pris pour 1'eftectuer. Nous efpérons que, comme L. H. P. ne fe font pas refufees des le commencement k faire k ce fujet les plus fortes inftances auprès des Sgrs. Etats de Hollanbe, V. N. P. voudront bien concourir avec Elles a cette fin. C'eft dans cette vue que nous vous envions ei-joint la copie des Lettres que nous avons eentes de SCHOONHOVEN au Confeiller-Penfionnaire & au Greffier de L. H. P., ainfi que de celle que nous avons expédiée de NiMEGUE aux Etats de Hollande meme. JNous y joig-nons encore la copie des Lettres que nous avons recues de la HAIE, de la. part des fufdits Etats, ainfi que de leurs Députés k WOERDEN; & nous nous flatons que ces aftes fuffiront pour donnet k V. N. P. les ouvertures néceflaires relativement au cours & a 1'importance de cette affaire. Sur quoi &c. " 17 No. xvm. Lettre de Mr. le Greffier Fagel 1 Madame la Princeffe d'orange, en Réponfe i celle dc S. A. R. écrite a'udit Greffier, en date de Nimegue,. le 1 Juillet 1787MADAME r Hier au foir tard, m'eft parvenue la lettre que V. A. Pv. m'a fait llionneur de m'adreffer en date le Nimegue de i;- de ce mois, par laquelle V. A. R. m'envoie la copie des lettres qu'Elle a recues fucceflivement, tant de la part de V. N. t\ G. P., que de leurs Députés, ainfi que la copie de la lettre que V- A. R. a écrite en reponle aux Seigneurs Etats de Hollande , afin que je les communiqué a L. H. P- En conféquence, j'ai remis ce matin k 1'aflemblée de L. H. P. la fufdite lettre de V. A. R. avec les pieces annexes. Sur quoi aiant été délibéré, Meftieurs les Députés des Provinces refpettives ont pris copie de la fufdite lettre, & des pieces authemtiques, pour les communiquer plus amplement a leur Province; L. H. P. etant dans Ia jufte& ferme attente que les Seigneurs Etats de Hollande &Westhuse repondront eonvenablement aux inftances qui leur ont déji été faites,'tant par L. H. P., danstrois Iettres confécutives, que par S. A. R., dans la lettre qu'Elle leur a adreftce, ahn de pouvoir prévenir encore a tems les malheurs qui font k redouter.- Je fuis  Je fuis autorifé a donner connoiffance de cette conclufion a V. A. R.; & j'ai 1'honneur d'être avec le plus profond refpeft MADAME, de Votre Altesse Royale, La Haye, ce 3 Juillet Le trés humble & tres obéïuant Serviteur. 1787. (Etoit iigné) H. Fagel. No. XIX. ëxtrait du Régiftre des Rdfohitions de Leurs Hautes Puissances, les Seigneurs Etats-Generaux des Pkovinces-Unies. Mardi 3 Juillet, 1787. Le Greffier FAGEL a communiqué a 1'Affemblée une Lettre recue hier au foir tard, de la part de S. A, R., datée de NlMEGUE, du 3 de ce mois, avec quelques Pieces authentiques : La Lettre & les Pieces fusdites fe trouvent inférées ci-après. Fiat infertio. Surquoi aiant été délibéré Meffieurs les Députés des Provinces refpectives ont pris Copie de la fufdite Lettre & des Pieces autentiques pour les communiquer plus amplement a leur Province. L. H. P. font dans la jufte & ferme attente que les Seigneurs Etats de HOLLANDE & de WESTFRISE répondront convenablement aux inftances qui leur ont déja été faites, tant par L. H. P. dans trois Lettres confécutives, que par S. A. R. dans la lettre qu'Elle leur a adreffée, afin qu'on puiffe encore prévenir a tems les malheurs qui font a redouter. Le Greffier Fagel, eft autorifé par la préfente de donner, d'une maniere convenable, connoiffance k S. A. R. de la Conclufion qui vient d'être formée. Cette Conclufion a été formée par Monfieur gcWei.DEREN, comme aiant préfidé, la femaine derniere, de la part de la Province de GUELDRES. Meffieurs les Députés de la Province de Hollande & de Westfrise n'y ont pas concouru. , Meffieurs les Députés de la Province d'overyssel fe font relerve les libres délibérations des Seigneurs Etats leurs Principaux. Conforme au fufdit Règiftre.