LES S JIED.OPE | no. ^ PAYS-BAS ü N I S, a b r é gés p a r J. F. M A R T I N E T, a l'usage des ecoles. Traduit de FHoIlandoh. a AMSTERDAM, chez JEAN ALLART. m d c c x c. Avse Privilege.   A DEUX JEUNES AMIES, CHARLOTTE FREDERIQUE de WESTERHOLD, E T JACQUELINE CAROLINE van der HAER. Ce petit Livre retrace en raccourci plufieurs Evénemens reraarquables du Pays, oü vous êtes nées, oii vous vivez & oü vous rccevez des Bénédiftions innombrables de vatre Créa- teur, fouverain Arbitre de 1'univers. Ne favoir rlen des premiers , équivaudroit i refter toujours affis dans une chambre, & ignorer abfolument ce qui e(l arrivé dans la maifon, ou ce qui s'y paffe encore. — Quei honneur pour vos tendres années & pour >otre condition dans le monde, d'avoir déia donné des preuves multipliées que vous condamnez toute ignorance, princlpalement a 1'égard des objets les plus intéreffans & d'une haute importancc. • a  —( Ce defir d'apprendre, digne de Iouanges, dok être reconnu & encouragé par les Inftiruteurs de Ia Jeunefle. — Qu'il le fok aüffi de ma part, dans ce témoignage public de mon allégrefle, qu'avec le développement progrefllf de vos talens précoces, vous prenez avec courage, qui avec célérité & dignes d'émulation, la route mene aux connoiffances fi néceflaires dans le cercle de votre vie. Telle eft la récom- penfe des peines prodiguées par les Inflituteurs de la Jeunefle, préférable a toute autre. — Si nous la recevons de vous, acceptez, par contre, de notre main, ce don reconnoiflant qui peut vous guider vers la grande route de 1'Hiftoire de la Patrie. — Dieu vous accorde des jours heureux dans 1'Endroit que vous chéris. fez! Brillez par le Savoir, par Ia pureté des Mceurs & par la Piété! Alors fe glo- rifiera fans cefle de deux Amies pareilles JE A N FLOREHT MARTINET.  On a défil é une Hifloire abrégèe de la Pa* trie, tirès du Livre dont le titre porte les pays-bas unis, pour fervir a Vufage de notre Jeunefle. Cette tdche eft aftucllement rèmplie. Ce/1 ainji que Van croyoit devoir fe préter au gout de la Jeunejfe, d'autant plus qu'elle a hien voulu faire un ban ufage de nos petits Ecrits antérieurs-, On for me des vosux , que la Gènération naiffante augmentc par - lel fes connoiffances & avance en dge rewplie de refpect pour la Toute-puisfance, la Sage/ft £? la Bonté du fiprême Fondateur £? Confervateur de la Patrie. * 3  L I S T E DES ENTRETIENS. I. ENTRETIEN. Importance de l'Hifloire de la Patrie. Etat ancien actuel. Moyens d'élevation & d'exi/lence. . . Page i II. ENTRETIEN. Gonfédèration des Nobles. Renverfement des Images. Prédication publique. Ventte d Alve. Perfécution. Dixieme Denier. Villes conquifes. Harlem , Alcmaer £f L'yde fisfiégées. Requefens. Pacification de Gand. Don 'jfuan. Farnefe. . • 73 III. ENTRETIEN. Union d'Utrecht. Exploits de Farnefe. Philippe abjuré. Mort de Guillaume I Grierre continuée. Soaveraineté offerte, mats refufée. Leicefter. Flotte invincible. Alliances. Actions de Maurice. Erneft. Fuentes. Albert. Mort de Philippe. Vayages fur Mer. . . .00 IV. ENTRETIEN. Guerre contre Philippe III. Bataille de JVieuwpoort. Siege d'Oflende. Conqnêtes dans les Indes. Trêve. Defiinée de J. van Oldenbamevelt, H. de Groot & R. Hogerbeets. R°niontravs. Synode de Dordrecht. Expiration de la Trêve. Mort de Philipte III,. air,fi que de Maurice. Prife de la Flotte a"'Aigent. Frédéric- Henri. A^ac'émies. Paix de Mutifler. . . 107 V. ENTRETIEN. B'é/tl. Licenciement des Troupes. Entreprife de 'Guillaume fur Amjlerdam. Sa mort.  SOMMAIRE. Adminiflration fans Stadhouder. Guerre contre l'Angleterre : contre la Suede : déréchef contre 1' Angleterre. Tromp. De Ruiter. Chattam. Paix de Breda. Voetius. Descartes. Triple Alliance. Defunion. Guerre contre la France. Majfacre de J.&C.de Witt. . ■ P^e 119 VI. ENTRETIEN. Patrie délivrée. 'Batailles Navales. Paix avec f'Angleterre. Trois Provinaes libé: ées. Paix avec la France. Refugiés francais. Voetiens &Coccejens. Labadie. Guillaume III furie Ti óue d1 Angleterre. Troubles en Irlande. Becés de Guillaume III. . 137 VII. ENTRETIEN. Adminiflration fans Stadhouder.Troubles.Guerre contre la France. Batailles. Frifo je na-je. Paix dWtrcckt. Barrière. Compagnie öfO,ftende.-Emigrans de Salzbourg. Francs,Macons.'Herrnhuters. . • 147 VIII. E N T R E T I E N. Mort de Charles VI. Guerre contre la France. Pertes. Guillaume IV'.fait Stadhouder. Paix.. ■Diffentims truidenberg ; & qu'enfuite les Rois de France y envoyerent des Miniftres de 1'Evangiie. 12. D. Commeut nommoit-on ces Minfftres? R. Les premiers étoient eligius & wigbert : cependant wilfrid, Evêque de Tork, d'oü il s'étoit enfui en 674, fut le premier qui prêcha 1'Evangile aux Frifins. 13. D. Qui vint enfuite? R. Dans Pannée 690 parut willebrord, Moine Anglois, avec quelques autres Eccléfiaftiques: le premier, brülant de zele, rerrverfa les Idoles, batit une Eglife & un iVlonaftere a Utrecht: après quoi Vlaardingen, Velzen, Petten & Heilo ont aufl? obtenu des Eglifes. 14. D. Quel fut le fort de willebrord? R. II devint le premier Evêque $ Utrecht & eut quantité de revenus; car les Princes des Francs le gratifierent da valles terres, qui le rendoient reès de Duur/lede en fief a heriold , Prince Datiois: mais les Nor. mans firent des invafions fréquentes dans fon Pays pour le piller; ce qui continua jusques a i leur expulfion par les Comtes de teister- i bant en 885. 24. D. Que réfuita-1 - il de cette inveftiture 1 de fiefs ? R. Sur les ruines de leur domination s'établit He pouvoir des Comtes, & un nouveau Gouvernement du Pays en tira fon origine. QUATRIEME ÉPOQUE, 'Reprifentant la Patrie fous la direction des Comtes. Origine & devoir des Comtes. 1. D. Quelle efpece de Gouvernement du Pays s'établit donc enfuite? R. L'adininiftration des Comtes qui, auparavant, avoient été établis par les Rois des B  18 premiers comtes. Francs, pour étre préfens au befoin, & protéger le Peuple contre les invafions violentes des Normans. 2. D. Quels Perfonnages étoient ces Comtes ? R. C'étoient pour la plupart des Capitaines qui, ainfi que cela vient de paroiire a 1'égard de h e r i o l d , furent inveflis de fiefs par les Fils de charles. 3. D. Qu'étoit-ce de ces Fiefs? R. On nomma ainfi des forCts, des terres, des maifons, des pêcheries, qui leur étoient prêtés, ou donnés en fief, foit comme récompenfe de leurs fervices rendus, foit paree que les Rois avoient befoin de leurs fecours. 4. D. Mais a quoi étoient-ils obligés pour cette faveur? R. lis étoient obligés de fervir , avec les Habitans, leur Roi ou Seigneur, dans les befoins urgens. 5- D. Cela alla-t-il bien? R. Cette obligat;on déplut b;entót a ces Comtes ou Ducs: ils faifirent en conféqueuce la première occafion favorable pour s'emparer entierement des mêmes Pays dont l'adminilrration ne leur avoit été confiée que pendant un efpace de tems limité. 6. D. Quelle en fut la fuite? R. Que notre Pays devint un Fief de la Germanie, ou de 1'Empereur des Gennains, qui, de tems a autre, vint ici pour fon intérêc propre, ou pour diftribuer des graces aux Comtes & les agrandir. 7. D. Quels Comtes a eus notre Pays? R. Différens; néanmoins pas tous de la même  13 i RH I. et II. ij) louche, on Maifon originaire: ce qui, par des variations de cette nature, fut trés préjudiciable au Pays. 8. D. De combien de Maifons originaires diftingue -1 - on des Comtes ? R. De cinq principales; favoir, des Maifons de Hollande, d'Hainaut, de Baviere , de Bourgogne & ÜAutriche: ce tems révolu, le Gouvernement a encore été changé, comme vous 1'entendrez. COMTES de-LA MAISON DE hollande. Dix-fept Comtes. t. D. Combien Panciehne Maifon de Hollande a-t-elie foumi de Comtes? R. Les dix-fept fuivans; ou autrement feize, avec une Coniteife: dirk I, dirk II, a rn oud, dirk III , Dl R k IV, FLORIsI, dirk V, F LOR IS II, dirk VI, & f l oRIS HL 2. D. En vo;la dix; il en fuut encore fept? R. Les autres font, dirk VII, ada,Willem I, FL0R1S IV, willem II,floris VI. & JAN I. 3. D. Quels ont été les exploits de dirk I? R. On en fait fort peu: finon que dans Pannée 923 il fondit & dota une Eglife & un Monaftere de Ileligieufes a Egmond: ce qui, dans ce tems-lé, fut une oeuvre trêsniéritoire. B 2  20 ARKOUD. DIRK lil. 4. D. Que die l'll'ltoirc «te dirk Hf R. Elk: rapfMtte qn"ïl ut U Rucrrc aux //>/?Frijons, peut-ctre i eaufê «te leur rclu* de le reconnoitrc: Aitwaar y fouffrJt beaucoup. 11 décéda 1'an yüo; raids la SIMITO coiuiuua. 5. D. Combien de tcnuï R. Prés de iro'x llcc.es; par oü POB jpprend, que bios de to s II eft pJus facil* d'entamer une guerre, que de la faire celfer; & que, durant fon cours, perfonne ne foulïre davantage que les innocens habitans de la campagne. 6. D. Que fit le Comte arnoud? R. Se trouvant auffi mêlé dans cette guerre, fl perdit en 993 la vie dans une bataille contre les (Vest - Frifons révoltés, fur ou environ le terrain, oü le village de Finkei eli confbruit. 7. D-. Dirk Hl. fut-il plus heureux? R. II réulïït, en 1005, a faire un accommodement avec fes ennemis, qui" le reconnurent pour leur Seigneur: il fonda enfuite la Ville de Dordrecht, & ordonna d'y acquitter un péage. 8. D. Que lui arriva-t-il pour cela? R. Touchant ce Péage, & le Droit de Chafle & de Pêche, Ja guerre fe fit entre lui & 1'Evêque d'Utrecht, dont il battit l'Armée en 1018. 9. D. Qu'eft-ce qui a rendu fon Nom célebre parmi les fuperftitieux ? R. Qu'il fut le premier Comte de Hollande, qui alla en pélérinage au Saint Sépulcre a Jérufalem: ce qu'on fit fonner bien haut dans ces tems - la.  dirk IV. floris l. . Comment acquirent-ils ici autant de pouvoir ? R. Dans le onzietne ficcle s'éleverent du milieu de la Nublefle les Chevaliers , comme des hommes d'un mérite fupérieur; qui, jufques a 1'age de fept ans, étoient inftruits" par les femmes dans ce qui concerne la Guerre, 1'Amour & la Religion. 35. D. Enfuite? R. Enfuite, dans un age plus avancé, aprés des Cérémonies préalables de Jeünes & de Prieres, 1'Ordre de Ia Chevalerie leur fut donné par-le Pape, par 1'Empereur, par le Roi, par le Seigneur féodal, &c. 36. D. Quelles obligatiom! impofa-t-on a un pareil Chevalier? R. Celles d'entendrechaque jour laMefle,de protéger la Religion & 1'Etat, de combattre les Infideles, d'obéjr a 1'Empereur, de fecourir les veuves, les orphelins & les opprimés. 37. D. Que produifit cette bizarre inftitution? R. La löi - difant Chevalerie Errante , que cervantes, dans fon ouvragefpirituel, intitulé don quichotte, tourna fi finemeM en ridicule & abailTa. 38. D. Mais avant que cette humiliation néceffaire eut lieu? B S  26 ADA. WILLEM I. R. Avant ce moment leurs idees étoient romanesques, ils fe tenoient cantönnés dans leurs terres, recherchoient les avantures , s'occupoient de la.chafie & de la guerre, en abandonnant la culture des champs a leurs ferfs. 39. D. Que firent les autres gens libres? R. lis tdcherent a gagner de 1'argent par leur travail, & a trouver un afyle dans les Chateaux des Nobles en tems de guerre. 40. D. A quoi cel» donna-til lieu? R. A Ia comrruftïon des Hameaux, des Villages & Jes Villes; car, pour la füreté, on batiffoit proche du Chateau ou de Ia JVlaifon Seigneuriale: fur lefquels Endroits les grands Seigneurs s'attribuerent enfuite la Jurisdiétion & le jDroit, fous 1'autorité du Comte. ^Lai. D. Que réfuita encore de cela ? R. II en réfuita, que chncun fit de fon mieux pour fe foultraire a robéilTance des grands Seigneurs fonciers,& quiconqueétoit en état de le faire, conftruifit un Chateau-fort, è 1'abri duquel les autres fe logeoient pour être protégés. 42. D. Et de - Ia proflua encore ? R. La R'volution dans 1'année IS03; favoir, que les Nobles, ainfi devenus puilTans,couverts par leurs Chateaux refuferent, avec les Peuples de leur dépendance, d'obéir a apa. 4^. D. Que fit-on pour y remédier? R. wili.em, fon Oncle & Tuteur , fut fous le nom de willeb I reconnn Comte, & aflifté par les Nobles il chafTa le Comte dé Lojs & fit ada prifonniere. 44. D. Et puis.. ? R. II la tranfporta au Texel, mais permit  willem I. Z7 «u'elle s'cnfuit peu après en Angleterre: d'oü étaut revenue, elle dêceda dans le Pays de Liege, 1'an 12:8. 45. D. Qu'arriva-t-il au Comte wi ll e m? R. Prenant imprudemment part a la guerre entre les Frangois & les AngMs, il fecourut ces demiers, &, malgré des efforts de bravoure, on le fit prifunnier & on 1'amena, garotté, a Parts: il n'obtint fa liberté qu'après avoir payé une grolTe rancon. 46. D. Accorda-t il alo:s la tranquillité i lui - même & a fes fujets ? R. Non: le Pape honorius ayant préché une Croifade, il y alla avec 1 i Vaiffeaux, &, chemin faifant , aida les Portugais a prendre Alcafer. 47. D. Enfuite? R. Continuant fon chemin, il s'empara de Damiette en Eaypte, avec 1'affiuance, dit-on, des braves Habitans de Harlem. Comblé d'honneurs, il revint enfuite dans fes Etats, & mourut en 1222. 48. D. II fut donc afïïlté par des fujets courageux, même dévots felon le tems?^ R. Certainement: mais non-obftant Tarnende-ment opêré par la doftrine des Moines durant IV fiecles après la chüte de 1'Idolatrie, le Peuple relta dans fon premier état d'enfance. 49. D. Comment donc? R. On ne vit pas encore de Direétion bien réglée, ou de véritabie fyftême d'un gouvernemena civil, & les Evcques SUtrccht, ne le cédant ni aux Empcreurs ni aux Rois, fe comportoient a peu prés comme des Popes. 50. D. Ils prêchoient pourtant?  8? CLERGÉ". DOCTRINE. R. A dire vrai, ils prêchoient 1'Evangile de la Paix, mais en qualité de Seigneurs temporels ils portoient auffi les armes; & leur influence fur les eiprits étoit prefque nulle. 51. D. Ils avoient donc demauvais imitateurs, mais une grande autorité? R. Dans ce tems d'ignorance ils laifferent les Eccléualtiques du fecond Ordre vivre irréguliérement; ils impoferent des charges, fe rendirent même fi opulens, que dans le XII°. fiecle feul, ont été fondées dans notre Pays foixante-une Abbayes,qui enfuite firent naltre des Villages & des Villes entieres, telles que Monikendam, Papendregt, Abbekerk, &c. 52. D. Commentle Clergé pouvoit-il s'enrichir fi prodigieufement? R. Vous le concevrez fans peine, en apprenant que les Monafteres ont été richement dotés par un Peuple aveuglé, qui croyoit par-la gagner le Ciel: que d'ailleurs les Eccléfiafliques étoient exempts de toute impofitionce qui fit confidérableraent diminuer les Revenus du Pays. 53. D. Qu'en réfuita-1-il ? R. Que plufieurs fe déchainerent tant contre une pareille augmentation des Biens EccléfiafHques, que contre difFérens dogmes du Clergé, lefquels ils jugeoient ne devoir plus fupporter. 54. D. Qui entr'autres? R. Tanchelyn, un Laïque, enfeigna a Anvers & en Zelande, que le payement des Dixmes au Clergé n'étoit pas d'obligation; que même la communion extérieure du Corps & du JSang de j. c. n'étoit pas néceffaire au faiut. 55. D. Que vint a 1'appui d'opinions femblables ? R, La Doétriiie de petrus waldus,qui  floris IV. willem II. fit}. ne pouvant avoir de relation avec 1'Eglife, telle qu'elle parut alors, avoit été non feulerotnt apportée d'ailleurs en ce pays-ci, mais les licritures Saintes avoient encore été traduites du francois en rimes belgiques. 56. D. Cela convint- il aux Moines ftupides? R. Fort peu: c'eft pourquoi 1'on vit déja vers la fin du XIR & au commencement du Xllle. fiecle s'élever des perfécuteurs contre les Confefleurs de la foi. 57. R. Ne retournerons-nous pas de Pétat de 1'Eglife, aux Comtes de Hollande? R. Si vous le voulez, & alors on voit floris IV prendre la place de willem, Ion pere: il fecourut les habitans de la Cueldre contre ceux d'Utrecht, & dans une Croifade il abaillii encore ceux de Stade; uiais... 58. D. Que voulez-vous dire par ce mais? R. Mais invité a un Tournoi, a Corbie eti Ticardie. le Comte de Clermont, par jalou-, fie, rafiafiiiia en 1234, paree que la jeune Epoufe de Clermont avoit prodigué des éloges trop vifs en parlant du refpeftable Comte de Hollande. ■^50. D. Par qui fut-il remplacé? ~R. Par willem II, fon fils, qu'en 1247 on élut Roi ou Empereur des Romains, mai$ n'étant pas en état de maintenir fon Autorité en Ailemagne, il retourna en Ho/lande & battit les Flamands, entrés en guerre contre lui, 60. D. Enfuite? R. Enfuite il combattit les West-frifons qui s'étoient révoltés; mais il périt miférablemeut. ril D. De quelle maniere? R. 'Après qu'a trois différentes reprifes die»  3<5 WILLEM II. FLORIS V. 1'avoit presque ffiiraculeufement confervé dans les dangers les plus imminens, le Comte pefamment armé cc monté a cheva!, s'entbnfa par la glacé dans 1'eau, oü les Frifons le masfacrerentcruellementa coups dejaveline, en 1256. 62. D. Qu'eft ce qui lui fit honneur? R. Qu'il accorda plufieurs Privileges aux Villes, foulécs par les grands Seigneurs fonciers, qui vivoient en petits tyrans. 63. ü. Quelles ont été les luites d'une proteétion de cette nature? R, Que dorénavant les Nobles fe comporterent avec plus de circonfpection, & furent obligés a refpeéler les Villes. 64. D. Et encore? ■- R. Qu'en vertu de cette conceffion, le Pouvoir du Comte, des Nobles & des Villes forma une efpece d'équilibre, d'oü réfuita une forme de gouvernement mixte. 65. D. Confe'quemment ? R. En conféquence la Nation acquit des Défenfeurs puilfans de fes prérogatives primitives; ce qui affura fa Liberté. 66. D. Qui fut le fuccefleur de willem? R, floris V, fon fils, feulement agé de deux an<: on fut donc obligé de lui donnar des Tutcurs, qui pendant fa Minorité gouvernoient tout. 67. D. Qu'arriva-t-il dans eet intervalle? R. Le Peuple, tnécontent de 1'autorité des Nobles, prit les armes & s'empara dè leurs Chateaux dans le Kennemerland. • 68. D. Et que firent les Kennemers? R. Sans refter les bras croifés, ils choifirent CYSBRECHT VAN AMSTEL pour leur prO"  floris V assassiné. 31 tefteur; & celui-ci, pour détourner 1'brage & pour fe venger de 1'Evêque SUtrecht, prit fa Ville, ravagea le Pays & bannit les Nobles. 69. D. Que fit floris V, après avoir atteint fage de majorité ? R. II combattit & fubjuguales IVest-frifans, il trouva le corps de fon Pere & le fit enfevelir ailleurs: il recutles hommages en qualïté deSouverain de Slaveren ,& conccda plufieurs privileges aux Villes, pour affoiblir 1'autorité des Nobles. 70. D. Et le réfultat de cette derniere démarche fut? R. Que les Nobles, mécontens pour cette raifon & d'autres, formerent le complot déteftable de 1'arréter & de le conduire en Angleterre. 71. D. Exécuterent-ils ce deffein? R. lis fe faifirent effeétivementdu Comte, lorsqu il étoit a la chafle, «Sc voulant le transporter plus loin,garotté fur un cheval, gerard van velzen & d'autres complices raflaillirent & lui óterent la vie en 1296. 72. D. Qu'y a-t-il a remaiquer touchant eet infortuné Comte? R. Que c'étoit un Prince doué de beaucoup d'efprit, furpaflant tous fes prédécefTeurs en autorité & puiflance, grand Juflicier, déteftant une politique rampante & tortueufe, & chériffant le Peuple. 73. D. Qu'eft-ce qui eft venu en vogue de fon tems? R. L'écriture de la langue Hollandoife, la diftribution de quelques Documens d'Etat écrits de cette maniere, & la coutume de mettre 1'hiftoire patriotique en vers. 74. D. Quel étoit alors 1'état des Mceurs?  SS ja» r. /?. Elles devenoient plus douces & plus horinêtes ; mais la fuperftition & Jes ceremonies religieufes reftoient toujours les mêmes. 75. O. Qui fut ie dernier Comte de la Maifon de Hollande? R. jan I, fils de floris, marié en Angleterre, agé feulement de quinze ans: jan, Comte de Hainaut, fon proche parent, lui fut donc donné pour Tuteur par ceux des Nobles qui n'avoient point eu part au meurtre de fon Pere. 76. D. Fut-on généralement content du Tutair défigné? R. Non: car, quand jan arriva d'Angleterre en Zelande, wolferd de borselen expulfa le Comte de Hainaut de la tutele & fe revêtit de la même dignité en 1297. 77. D. Qu'effèctua wolferd? R.ll fit plier les West-frifonsmécontens,conclut un Traité avec 1'Evêque A'Utrecht & fut manier fi bien I'efprit du jeune Comte jan qu'il le lailTa gouverner arbitrairement. 78. D. Qu'en réfuita -1 - il ? R. Par - la il s'attira la haine, & voulant s'enfuir avec le Comte, il fut pourfuivi, arrêté & par la Populace mis en pieces a Delft , dans 1'année 1298. 79. D. Et après la punition de ce dernier ? R. Alors jan de Hainaut reprit fans beaucoup d'obftacles laTutele; cependant elle étoit de courte durée,car quelque tems aprés, favoir en 1299,1e Comte jan mourut fans poftérité. II fut donc le dernier Comte de 1'ancienne Maifon originaire de Hollande. 80. D. Sous quel point de vue doit-onenvifager les chofes de ce tems. 14? R*  ACCR OISSEMENT DE CONNOISS. 3J R. Plufieurs objets n'avoient pas encore acquis la meilleure forme; vu que, par exempk, on laifïa décider les points conteftés en Jufb'ce, par un combat en champ clos. Si D. Mais fi les Eccléfiaftiques, a qui le combat éioit défendu, avoient des différends, comment fit-on alors? R. Dans ce cas ils louerent des champions, & celui qui, dans le combat, remportoit la Victoire, décidée felon eux par le Ciel, étoit cenfé avoir le droit de fon cóté. 82. D. Et 1'amour de 1'Erudition? R. Elle commenpoit a faire des progrès: du moins les Frifons avoient déja pour leurs enfans des Ecoles a Rfme, regardée comnie Ie centre de la religion, des arts, de 1'érudition, oü les fciences fe cultivoient le mieux. 83. D. Que firent les Nobles, tandis que les autres habitans acquéroient des lumieres? R. Les Nobles, qui auparavant avoient rendu la Juftice, quitterent alors les Tribunaux, puisque le tems, le defir & les qualités requifes leur manquoient pour s'occuper de Ia Jurisprudence. 84 D. Qui rendoit alors la Juftice a leur place ? R. 11 falloit que des perfonnes d'une moindre qualité étudiaffent le Droit, dans lequel ils firent des progrès rapides: confultés enfuite par leurs compatriotes, ils en gagnoient 1'efliine & le refpect par leur fagelfe. 85. D. En quel état fe trouvoient Ia Liberté & la Régence du pays? R. Le Comte n'étoit pas autorifé a impofer des Loix arbitraires au Peuple; mais celui-ci, a fon tour, n'ofoit en faire fans le confentement du Comte. C  34 COMTES DE LA MAISON DE HAINAUT. Quatre Comtes. 1. D. Combien de tems la Hollande a-t-elle été gouvernée par des Comtes nationaux? R. Pendant quatre fiecles; dans ce laps de tems fa deffinée varia fuivaut l'affeftiou & les capaeités des Comtes: mais 1'ancienne Maifon originaire du Pays s'étant alors éteinte, le gouvernement paifa a des Etrangers. 2. D. Quels Comtes fuccéderent aprês la mtrt de jan I? R- Ce furent ceux de la Maifon de Hainaut, pnrce que jan, Comte de Hainaut, d'autivs fois nomméauffi jan d"/lvesnes, lequel étoit déia Tuteur ou Régent, & le plus proche Parent, fut agréé en qualité de Comte, & les Villos princip.iles lui rendirent hommage fous le nom de Comte jan II. Z.D. Pöurquoi les Villes principales faifoiêntelles cette Inftullation ? R. Ayant déja acquis beaucoup de luftre , elles vouloient auffi affermir de cette maniere le gouvernement du Comte paflatit dans une aütre Maifon. 4. D.Comment nommoit-on dans ce tems-la les Nobles & les Députés des Villes a 1'Affemblée nationale?  JAN 'II. WILLEM IÏL 55 R. Ils portoient le nom de Confeil de Hollande, paree que le mot d'etats n'étoit pas encore ufité alors. 5. D. Combien de Comtes a fourm la Maifon de Hainaut? R. Quatre., 011 autrement tfois Comtes & une Comteffe; favoir jan II, willem III, willem IV & marguerite. 6. D. Que fit jan II? R. 11 tacha de pacifier, ou de réprimer les Nobles mécontens j en quoi il ne réuffit qu'en partie, car jan de renesse s'efforca de perfuader 1'Empereur, que par la mort de jan I, décédé fans poftérité, le Comté de Hollande étoit dévolu a 1'Empire Romain. 7. D. Réuffit-il a eet égard? R. Non: jan II refta dans la poflèffion, puisqu'il accepta la Hollande comme un Fief de 1'Empire; mais il fut obligé d'étouffer une Sédition en Zéldndè, de livrer bataille prés de Hogewoerd a f Evêque d'Utrecht, lequel y péïit; enfin de chaffer les Flamands de Walcheren & de Hollande. 8. D. Que fit-il encore? R. II ne furvécut gueres a ces Viétoires, car une malhdïe •cle confomption coupa le ül de fes jours en 1304. 9. D. Qui fuccéda a ce Comte? R. willem III, fon fils,qui pendant la vie de fon pere avoit déja été le vainqueur des Zélandois &des Flamands; mais il conclut un Traité dcfavantagenx avec les derniers. 10. D. Que fit - il encore ? R. II encouragea beaucoup les Tournois, divertifiement alors recherché parmi les Grands; mais il n'oublia pas d'étendre fes Poffeffions, C 2  36 WILLBM III. & IV*. d'afFujettir Ia Frife & de partager l'Evéché üUtrecht avec le Comte de Gueldre. 11. D. Quelle mifere vit-il parmi le Peuple? R. A la füite d'une mauvaife Récolte il fut le témoin d'une pefte fi cruelle, qu'elle emporta le tiers des habitans entre YE/lse & l'E/caut. 12. D. Quel étoit fon génie? R. Des plus déliés:il favoit trés bien étendre fon ai'torité, accroltre fes polfesfions & donner 1'une de fes filles en mariage au Prince Royal $ Angleterre: mais... 13. D. Que fignifie ce Mais ? R. Mais Ie Peuple le redoutoit plus qu'il ne l'aimat:panégyrique peu. flatteur pour les Grands ^ui, enregnant, devroient plutót fe faire aimer, que craindre. 14. D. Et de quoi s'appercevoit-on ü regret «Je fon tems? R. Que la Liberté des Bourgeois, ainfi que les Prérogatives de la Nobleffe .& du Clergé, après avoir longtems & heureufement balarcé le Pouvoir des Comtes, périrent par les forces fupérieures & le gouvernement arbitrair* de willem, au defavantage de Ia Nation. , 3 « 15. D. Quand mourut-il? ' R. II décéda en 1337, & lailTa Ie gouvernement a willem lV,"fon fils, qui vit la Gueldre, déja puifTante apparemnjent par le Commerce, élever a un Duché par 1'Empereur louis en 1339 > qui la gratifia en outre de plufieurs Privileges. 16. D. Ne voulut-il pas auffi s'agrandir? R. Sans doute: il voulut prendre Utrecht par Siege, cependant i! fe laiffa difpofer a un accommodement: attaquant enfuite les Fri/ons mutinés, il fut tué dans un combat prés is Sta-  willem IV. navigation & comm. veren, en 1345. & fon Epoufe délailfée fans Enfans, vengea bien ignom.nieufement fa mort. 17. D. Quel étoit fon Caraétere? R. II avoit du penchant pour la guerre, mais h'y étoit gueres plus propre qu'aux affaires d'Etat: ce qui ne fait pas prospérer un Pays. 18. D. Qui lui avoit de grandes obligations? R. La Ville d'Am/ierdam: quoique trés peu importante dans ce tems, le Comte lui accorda tant de Privileges pour récompenfe des fervices rcndus, qu'elte lui doit fon élévation. 19. D. En quoi exeelloient alors principaiement les Habitans du Pays? R. Malgré 1'incupacité de guillaume, ils Te rendoient non - feulement célebres par la Navigation & le Commerce, mais ils devenoient aufïï les plus grands Négocians &Banquiers de 1'europe. 20. D. En quoi confiftoit leur Exportation? R. Principalement en Toiles, Draps, Appa- raux de Navire, Harengs & autres PoifTons. 21. D. Le Commerce procura donc 1'abondance de tout, & les Habitans s'enrichirent? R. C'eft bien vrai: mais, hélasües richeffes produifirent le Luxe: ce qui en fit craindre les iuites funeftes, de maniere qu'a Dort on défendit aux Bourgeois de porter des Pelleteries. 22. D. Que voulez-vous dire par ces fuitss funeftes ? R. II eft diffieile a décider combien, en général, il foit plus avantageux a une Nation de vivre dans la fimplicité, 1'ignorance & 1'indigence, que d'être trop familiarifee avec Ie luxe. 23. D. Cependant, on obtient 1'abondaBee £ 3  af LUXE. CULTE. de Productions étrangeres & i'on poflede tout? R. Oui : mais en voyant que 1'aimable candeur des Mceurs & le bonheur d'être content de peu, dépériflent en même tems; que d'ailleurs le Luxe fait évanouir les vertus & incite a des méchancetés, il fe demande fi 1'on a gagné ou perdu davantage. 24. D. Les Mceurs n'ont- elles pas été perfeftionnées alors par raccroiffement de la Civilifation? R. Cela auroit indubitablement eu lieu: mais , les Guerres inteftines fuivantes, toujours plus a craindre que les étrangeres, 1'ont empêché & propagé 1'ancienne rudefTe. 25. O. N'y eut-il aucun changement dans TEglife? R. On s'y tint a 1'ancien Culte extérieur & aride, qui dirigeoit moins a des connoisfances utiles, qu'a accumuler des richeffes: ce qui obligea le Comte de défendre en 1328, 1'accroilTement des Biens Eccléfiaftiques. 26. D. Que fit-on encore? R. L'on commenca en 1354, a perfécuter ia Sefte des Flagellatis, ainfi appellée, puisque fes adhérans croyoient obtenir le pardon de leurs' péchés, en fe frappant tout nuds avec des cordes. 27. D. Quel événement eut enfuite lieu? R. L'Ordre des Templiers, tombé en mauvaife odeur, mais pcut-être pas plus corrompu que les autres Ordres Eccléfiaftiques, fut extirpé dans Pannée 1383. *8. t>. Continuons, s'il vous plalt, par lTIiftoire des Comtes de Hollande?  marguerite. willem V. 39 R, Oui, aprés cette courte digrefïïon, qui vous a fait connoitrc la fituajion de ces tems. 29. D. Qui fuccédaa willem IV,décédé fans Foftérité? R. Puisque marguerite, fceurainee de willem, étoit mariée è rEmporeur louis V, Duc de Baviere, elle obfenoit facik-ment de'fon Epoux l'Inveftiture de Hollande, Zelande, Frife & Hainaut, dans 1'année 1346: car ces Contrées étoient regardées comme des Fiefs ou Dépendances de 1'Empire Germanique. 30. D. Marguerite quitta-1 - elle VAllemagne pour refter dans cc Pays-ci& Je gouverner? R. Elle y vint: mais apres avoir recu foi & hommage, elle repartit pour VAllemagne, en remettant auparavant la direction de ces Pays a willem, fon fils, avec ia réferve de quelques Revenus en faveur d'elle. 31. D. Eft-ce que le Fils a été reconnoisfant du procédé aufli généreux de fa Mere? R. Eüt-elle pu prévoir les fuites defaftreufes qui en font proflné pour le Pays, elle n'auroit, fans doute, jamais penfé a un arrangement pareil. 32. D. Qu'en arriva-t-il? R. willem fufpendit le payement des Revenus promis: fa Mere voulut donc reprendre les rênes du Gouvernement, & avec le fecours de FAngleterre priver fon fils de FAutorité: ce que celui-ci évita par une nouvelle Inve- 33. D. A quoi cette discorde entre la Mere & le Fils donna-t-elle lieu? R. Cette discorde entre eux fit, malheureufement, naitre une autre difiention entre les C 4  4® c abel iaux & hamecons. Habitans : car dans ces cas , tout Ie monde prend parti, qui, la plupart de tems, në meurt pas auiïl vite que la Mere ou le Fils. 34. D. Comment appella-t-on ceux qui prenoicnt le parti de willem? R. Le parti de willem eut Ie nom de Cabéliaux, en faifant aliufion aux Poifions de cette grandeur, qui tachent d'engloutir ceux qui font plus petits. 35. D. Et les adhérans de margue r 1 te? R. On les nomma Hamepons, vifantpar-Ia aux hamepons aigus, dont on fe fert pour pren♦dre les Cabéliaux. 36. D. Chacun prit donc parti.? R. On alla même plus loin; car , afin que perfonne ne put 1'ignorer, on fe diftingua publiquement, les uns des autres, en portant des bonnets ou des toques. 37- D. Et la Hollande a par-la été déchirée? Ti. Oui: mais Ia diffention n'étoit pas moins grande ailleurs; car è Utrecht il y avoit auffi deux Faftions, & en Gueldre, deux Families refpeétables, celles de heeckeren & d» bronkhorst, adhéroient, ou au Due renaud, ou a fon Frere édouard; ce qui donna lieu a une Guerre cruelle & a une grande effufion de fang. 38. D. Mais comment cela alla -1-il en Hol. lande, entre marguerite & willem? R. Tous les deux prirent les armes. Marguerite triompha dans le combat naval prés «le Veere & willem gagna celui auprès de la Brille ; mais enfin 011 s'accommoda. 39- f>. Qui fut donc réduit a céder? R. willem obtint la Hollande, te Zélandc  deces de marguerite. 4ï & Ia Fiife: marguerite conCerva le Hainaut, avec une Penfion; mais cette Mere infortunée n'en jouit gueres, car elle mourut de chagrin en 1355. 40. D. La Paix fe rétablit donc aulïï eutre les Habitans? /\. Quel bonheur! fi cela fut arrivé. 41. D. Quels événemens finguliers ou rares vit-on au milieu de ces troubles? R. Les quatre fuivans; favoir: Que les Prérogatives accordées par marguerite aux Villes, lui fusciterent des Ennemis; & que les grandes faveurs dont elle combla fon fils, le rendirent ingrat. 42. D. Quels font les deux autres? R. Que la Mere, par fes Vifloires, n'augmenta pas fa puiffance, & qu'aprês le premier échec, il lui fut impoffible de retablir fes affaires. 43. Qu'apprend - on de-la? R. Qn'uti Rang élevé n'eft pas toujours exempt de douleurs ; que dieu dirige aufïï le fort des Grands, & que 1'ingratitude de la part des PuilTaus eft d'un mauvais exemple pour les gens de moindre condition , qui, fans cela, fixent toujours leur vue fur les premiers. 44. D. Ne fe trouva-t-il rien de bon au milieu de ces diffentions? R. Le Commerce accru & les Privileges obtenns promettoient un avenir favorable; car chaque Ville commenpa a fe regarder comme un Etat Indépendant; ce qui procura du repos aux Citoyens qui, n'allant plus au combat, louoient a eet effet des foldats. C S  42 €0mtes de la maison de baviere. Qua/re Comtes. 1. D. Quels Comtes eut Ia Hollande après Ia jéconciliation entre la Mere & le Fils? R. Comme le Pere de willem étoit Duc de Baviere, la Hollande eut alors des Comtes originaires de la Maifon de Baviere. 2. D. Lcsquels, & combien ? R. Quatre, ou autrement trois Comtes & une ComtciTe; favoir, willem V, al- brecht, willem VI & jacoba. 3. D. Quels ont été les exploitsdevviLLEM V? R. Après avoir continué contre 1'Evêque ÜUtrecht la guerre qui, fous le nom de marguerite, avoit été commencée dans Pannée 1347, il la termina; enfuite ayant réuni Heusden a la Hollande, celui qui avoit tant chagriné fa propre Mere, tomba lui - même en démence. 4. D. Qui chargea-t-on du gouvernement, pendant ce délaltre ? R. albrecht, frere de willem: ce qui fit relever latête aux Hamccons, d'autant plus qu'ayant fucé les principes d'une Autorité despotique, il priva les Cabéliaux de Ia Régence des Villes: Delft s'y oppofa; mais Ia défenfe de fes Privileges coüta bien cher a cette Ville.  DÉ MiELOfi s. SAVANS. 5. D. Pourquoi ne remit-onpas le gouvernement a 1'Ep •ufe de wil leh? R. Les Caèéliau* qui> auparavant, n'avoient pas voulu plier fous la direction d'une femme, firent enfuite de leur ruieux pour nomrner ComtelTe mag te ld de lancastre, Epoufe de wn lem: le projet échoua & leur attira la haine d'a lbrecht. 6. D. Quel train prirent les troubles dans Ia Gueldre? R. edouard uiit en déroute la familie de heeckeren, fit fon frere prifonnier, Fenferma, & lui-même fut reconnu Puc de Gueldre: mais après le décès de 1'un & de Pautre, le Pays eut des Ducs de la Maifon de Juliers. 7. D. Qu'eft-ce qui adoucit en quelque forte toutes ces amertumes? Ü.La difparition de 1'Ignoraiice & de la Barbarie, remplacées par 1'amour des Belles - Lettres. 8. D. Quels étoient alors les Savans les plus diftingués? R.joannes de beka, joannes clu- Tiu s, & philippus de leyden. Des Artiftes célebres fe formerent auffi, entr'autres en horlogerie, dont trois furent même appellés en Angleterre. 9. Dans quel état fe trouvoit le Commerce? R. Celui -ci avoit fait des progrès fi rapides & procuré des forces fi confidérables, que quelques-unes des Villes de Hollande offrirent au Roi de Snede de le maintenir fur le Tróne. 10. D. Maïs je n'entends plus rieu de willem V, le frénéüque? R. Quand celui qui avoit fait mourir fa Mere avant le tems, eut pafl'é trente ans, frénétique & eofcrmé au Quepwi en Hainaut,  w I l l e m. alïrïcht. il décéda en 1389: alors albrecht, de'ja Ruward ou Régent, fut déclaré Comte. 11. O. Quelle douleur accabla bientöt albrecht dans fa nouvelle éiévation? R.a leid van poe loeest, faMaitresfe, fut difpofer le Comte en faveur des Cabéliaux & porter ainfi ceux-ci dans Tadmiuiltration: ce qui irrita tellement les Hamcgons, qu'ils FaiTallinerent dans fon l;r,a la Haye,en 1300. Le Comte en tira cependant une vengeance terrible. 12. D. La Frife , jouiffoit-elle de tems plus fereins? R. Non: le gouvernement opprefltf des Nobles fit naltre deux Faétions, nommées les Schieringers & les Fetkoopers, 13. D. Pourquoi les appelioit-on ainfi? R. Les premiers, ou les Nobles, étoient ainfi nommés d'après une efpece d'anguilles, que Pon défigne par le mot hollandnis de fchiering: quant aux autres, ils tiroiem ce nom du eommerce qu'ils exercoient en denrées grafles. 14. D. Qu'entreprit le Comte albrecht contre eux? R. II les fit réduire, en 1396, par une Armée nombreufe; mais de toutes fes conquêtes il ne put conferver que la feule place de Staveren ; tandis qu'il fe vit obfgé de porter enfuite les armes contre jan van ark el, Stadhouder & Intendant de Hollande, pour lui faire rendre compte. 15. D. Qui étoient ceux qui crurent appercevoir dans les revers d'albrëcht Ia vengeance Divine ? R. Les Citoyens de Delft en particulier,  albrecht. willem VI. 45 par rapport a 1'injuftice foufterte touchant la défenfe de leurs Privileges contre fes entreprifes & fon gouvernement despotique. 16. D. Que peut-on encore remarquer i fon égard? R. 11 mourut a la Haye en 1404, mais fi pauvre, que la ComteiTe, fa veuve, n'ofa pas fe charger de la fucceffion. 17. D. Qu'eft - ce qui avoit occafionné cette pauvreté ? R. Ses Mceurs voluptueufes & ddréglées, qui 1'aroient même fait recourir a des reffources honteufes pour trouver de 1'argent: ce dont la Religion fouffrit beaucoup & propaga la fuperftition avec 1'ayeuglement. 18. D. Rien de plu's? R. Si cela n'eft pas fuffifant, ajoutez - y encore cette vérité, qu'il n'y a rien de plus dangereux pour les Fiis des Grands, que la Cour diffolue de leurs Peres: car, pour ces raifons, on compta willem, fils d'albrecht, parmi les meurtriers d'a leid. jq. D. Qui a été le fuccelTeur d'albrecht? R. Son fils nagueres mentionné, willem VI, felon la coutiimg par 1'approbation de la Nation, & pas en vertu d'un Droit Héréditaire; ce que vous devez aulfi appliquer aux éleftions antérieures & fubféquentes des Comtes. . 20. D. Que fit willem VI? R. II favorifa trop les Hamcgons, pourfuivit la guerre coutre jan van ark el & prit enfuite par compofition Gotinc'iem., avec Ie Pays $drkel: mais d'un autre cóté, la place de staveren fur perdue. ii, D. Queile eft 1'origine de la repréfentawon d'une Demoifelle, enclavée dans un jar-  46" willem VI. j a c 0 b a» din, fur les monnoies & les fceaux des Comres 1 R. La repréfentation d'une Demoifelie, communéraent appelle'e la Vierge Holiandoife, étoit une allégorie erapruntée ,dit - on, du projet formé d'enclorre de riayes de jardinage les .Chateaux iI'arkel, pour ies bloquer. 22, D. Quels étoient encore les autres exploïts de wil lem? R. Aprés avoir irrarré fa fille ja co ba au Dauphin de France, & après favoir fait reconnoitrè pour ComtelTe future de Hollande? il mourut en 1417. 23'. F). Que peut on dire de lui? R. Qu'en prudence il étoit inférieur a fon pere; rnais qu'i! le furpaffa en autorité, en bravoure & pour appaifer les dilTentïons inteftines. 24. Z>. Que fuivit- il? R. II fuivit, a fon tour, Ie mauvais exerhple de fes Ancêtres, pour s'intriguer trop dans les affaires embrouiUées chez les étrangers, tandis qu'il eutpu vivre content & paifible, en ne s'appliquant qu'au gouvernement intérieur du pays. 25. lift - ce que j a c o b a lui fuccéda en effet ? R. Oui: ja co ba animée d'un courage hé- roïque, belle & fpirituelle, fuccéda a fon Pere, quoique feulement agée de dix-fept ans,avec le concours des Hamepons, mais contre le gré,tant des Cabéliaux, que de fon Oncle jam de baviere,lequel réfigna Ia digniré d'Evêque de Liege, pour devenir lui-même Comte de Hollande. ' 26. D. Que trouve- t-on daiis cette maniere d'agir? R. L'exemple de jan de baviere fournit une nouvelle preuve de 1'ambiticn li profon-  E XPL0ITS DE JACOBA. 4? dement enracinée dans le cceur humain; fi les preuves anciennes & modernes de cette vérité malheureufe n'étoient pas fuffifantes. 27. D. Que fitjACOBA a 1'encontTe? R. Elle battit d'abord fon Armee, & pour mieux réfilïer a fon Oncle, elle offrit, étant veuve, fa main a jah, Duc de Brabant;mais elle perdit Rotterdam, & jan de baviere reput lTnveftiiure a Dordrecht. 28. D. Et cela donna occafion ? R. A ce que mutuellement on conclut un Traité: mais par les conditions finiftres jacoba fut trompée, cz jan de baviere obtinc une partie de la Hollande Méridionale. 29. D. S'en contenta-t-il, ce poflelTeur injufte ? R. Non: car il tacha d'élever peu a peu les Cabéliaux a la Régence; il s'empara de la Ville de Leyde, & fit brüler & dévafter Marien. 30. D. Que fit marguerite dans cette guerre rallumée de nouveau? R. Mécoutente de fon Epoux, qui négligéoit la direétion de fes pays, elle pria le Pape de dilloudre leur mariage; aprés quoi elle convola, en 1422,en troifiemesnocesavec humphreï, Duc de G/oce/ler en Angleterre. 31. D. Quel accident funefte arriva, dans eet intervalle, h la Patrie? R. Une Inondaiion terrible , Ie 18 Novembre 1421, répara, a ce que 1'on penfe , la Ville'de Dordrecht du Continent de la Hollande , &fubmergea foixante-douze Villages dans Fefpace oü le Biesbosch coule aétuellement, aux dépens de la vie de plufieurs habitans, & en réduifaut a la beface ceux qui s'étoieut fauvés. 32. D, Que voyons-nous par-la?  4? jacoba. behing. R. Ce .que .dans les tems reeulés & poflérieurs' on n'a que trop vu & expérimeuté; favoir, qu'nne Contrée voifina de Ia Mer & entrecoupée de plufieurs Rivieres, poffede , a ia vérité, de grands avantages fur uri Pays fee & élevé; mais auffi, qu'eile fe trouve expofée a des defaftres de c^tte nature. 33- D. Quelles étoient les fuites du troifieme mariage de marguerite? R. Des plus triftes: car jan & philip, Ducs de Brabant & de Bourgogne, lui firent la guerre, & humphrey ayant abandonné fon Epoufe, elle fut arrêtée a Mons & jettée dans Une pjifon. 34. D, Y refta -1 - elle longtems ? R. Non: aprés s'être heureufement évadée, elle reparut en Hollande : alors les Hamepons, longtems opprimés, mais cruellement irrités, reprirent courage a la vue de Ia jeune Comteffe! 35. D. Quelles marqués d'animofité donnoient les Hamepons? F). Je vous cn citerai un feul exemple. Lorsqu'ils jugeoieut d'avoir été trop longtems arrêtés au fiege de Schonhoven, par la défenfe vigoureufe d'albrëcht beiling, ce brave Commandant fut par eux condamné a être enterré tout vif. 36. D. Je frémis a 1'ouïe de cette fenten-' ce! -. J'efpere néanmoins qu'eile n'ait pas éré exécutée? R« II follicita un mois de répit pour 1'arrangement de fes affaires temporelles, & promit, en engageant fa foi, de retourner: ce qui lui fut accordé. II revint en effet & fe foumit a 1'exécution de la Sentence. Quelle fermeté * quel-  1*1.11. I Om ïeevènie begréave» tc worden. :" M..'d*. ;S.   c-üerres contre jacoba. 4J> quelle maniere étonnante de dégager fa parole! 37. D. Cela fait voir? R. Ce que 1'on a vu de tout tems a la honte de 1'humanité; c'eft-a-dire, que les gucrres intelHnes fe faifant toujours avec une aigreur envénimée, doivent donc être le plus foigneufement évitées. Un friffon glacé coule par toutes mes veines, au fouvenir de cette expédition a Schoonhoven. 38. D. Qu'arrlva-t-il a jan de baviere? R. Celui-ci,l'inftigateiir de tant de troubles, décéda en 1425, trés peu regretté, ainfi qu'il le mérita. 30. D. Mais.. ? R. Mais le feu de Ia discorde ne s'éteignit pas pour cela; car il avoit inltitué pour fon héritier, philippe de Bourgogne, qui entra d'abord dans 1'exerciCe du gouvernement fous le titre de Ruward. 40. D. Que fit jacoba, de fon cóté? R. Montée a cheval, a la tête des Hamefons, & remplie d'un courage héroïque, elle battit deux fois les Cabéliaux attaquans qui tenoient le parti de philippe; 'mais elle perdit raffeéïion du Peuple, pour avoir fait mafTacrer beaucoup de prifonniers, comme rebelles. 41. D- Qu'eft- ce qui ajouta encore a fon malheur? R. Que les Kennemiens, après avoir changé de parti en fa faveur, furent griévement punis par philippe; & que humphre y ,Epoux infidele de jacoba, loin de faire D  50 INFORTUNE DE JACOBA. quelque chofe pour elle en Angleterre, s'y maria avec une Concubine & mourut enfuite. 42. D. Que fit-elle dans cette extrêmité? R. Voyant que trois Villes feules lui reftoient, elle fut nécelTitée de foufcrire aux conditions dures de philippe: „de fe contenter du „ titre de comtesse, & de ne pas fe „ marier, fans fon confentement." 43. D. Eft-ce que la Tranquillité étoit alors plus grande ailleurs ? R. Tandis que les Gueldrois niontroicnt d'avoir des notions faines d'un Gouvernement bien réglé, Utrecht fut déchiré par desdifputes religieufes, dans lesquelles enfuite les premiers fe virent auffi impliqués. 44. D. Mais falloit-il que jacoba fe fouïnit a des conditions fi onéreufes ? R. Elle y fut néceflitée, mais elle trouva bien dur de voir fes riches pofleffions palier entre les mains de 1'ignoblc philippe, qui a peine lui donna aflez pour fuflenter fa vie. 45. D. Qui eut compafïion de cette infortunée Comteffe, fi terriblement abaiffée? R. frank de borselen, Stadhouder de Hollande & de Wtstfrife, lui OÖHt dans cette extrêmité une certaine fomme: laquelle générofité jetta les fandemens de 1'amour qui les enllamma 1'un pour Fautre; ils fe marierent donc a 1'infcu de phuippe. 46. D. Et lorsque ce cceurdebrouzel'apprit ? S. II s'en courroupa fi fort, qu'il priva jacoba, comme i^fraiftrice de fon engagement, du titre de CorntefTe, & fit traitreufement enlever frank deborselen, le tranfporter en Flandres & menacer de la mort.  HUMILIATION IET MORT DE JACOBA. 51 47. D. Qu'entreprit alors 1'affligée jacoba? R. Elle prit, pour fauver fon époux , la refo- lution courageufe de céder tous fes Pays a philippe, qui portoit déja le titre de Comte : nction certaitoement plus héroïque que toutes fes viftoires & aclions pasfées. 48. ü. Elle ne devenoit donc qu'une fimple Dame? R. Tout ce qui lui refta, c'étoit la charge de Foreftiere de Hollande: encore céda-t - elle eet Emploi a fon mari dépouillé de toutes f-s anciennes Charges. 49. D. Quel facrifke! quelle chüte! R. Sans contredit: c'étoit trés affligeant de voir la fille du Comte willem VI. auffi déchue! Mais, peut-on faire fonds fur la ftabilité de la grandeur humaine I 50. D. Oü fïxa-t-elle fon domicile après une fi grande humiiiation? R. Dans le Chateau de Tellingen, prös de Leyde, oü délailïée, mais tranquille, elle jouit de la paix domellique avec fon époux , fe divertit quelquefois a la chaffe & d'autres fois a faire de petits pots de terre, encorè connus fous le nom de pots de jfacoba. 51. D. Elle mourut donc en eet état? R. Oui, a la fleur de fon age, dans Pannée 1436 , n'ayant que trente-fix ans, & déchue de plus en plus par quatre mariages, tous ftériles. 52. D. Qu'y a-t-il d'ailleurs li remarquer fur elle? R. Qu'une naiflance illuftre, un courage héroïque & des talens fublhnes la rendoier.t digne du gouvernement; mais qu'une fenfibilité mal dirigée fut la fource de tous fes malheurs, D 2  52 art typographique. philipps L 53- D- Qu'eft-ce qui, de fon vivant, procura une grande célébrité au Pays ? R. L'invention de Part typographique par laürens jansz. koster, environ 1'an 1430, époque oü fon exigea quatre ou cinq. eens écus d'or pour une Bible manufcrite. Ceft environ . au même tems que willem beukelszoon inventa è biervliet 1'utile & lucratif caquage du hareng. comtes de la maison de bourgogne. Trots Comtes. 1. D. A quelle Maifon originaire pniTa Ier Comté de Hollande, après le decêsde ja co b a ? R. A celle de Bourgogne, qui fournit trois Comtes, ou plutót deux, favoir philippeI & charles I,avec une Comteffe, nommée maria. 2. D. philippe a donc été le premier? R. Oui: 1'orgueilleux phi l ip p e qui, d'une maniere deshonnête & bafl'e,humilia jacoba & eut aétuellement les coudées franches pour gouverner arbitrairement & fouler aux piedsles Privileges de la Nation; philippe fut le premier Comte de cette Maifon. 3. D. Quelles ont été fes démarches ? R. II fouffla le feu de Ia discorde en France, &abandonna enfuite Ie parti des Anglois; ce qui le couvrit d'opprobre: cependant il s'oppofa par des Edits a la difiention renaiflaute entre les Cabéliaux & les Hamecons.  philippe I. de cusa. 53 4. D. Quoi encore? R. 11 éleva fon fils naturel david fur le Siege Episcopal d'Utrecht, & tacha de gagner du terrain en Frife & Groningue: il mourut enfuite dans 1'année 1467. 5. D. Comment a-t-il regné? 72. Avec peu d'approbation: car on ne peut gueres décerner des louanges a un ambitieux, a un fauteur de la volupté qui influa beaucoup. fur fes Courtifans, lesquels, a leur tour, par des mceurs uiffolues donnerent un inauvais exemple a la Nation. philippe, au rede, étoit habile, prudent, quelquefois même géuéreux. 6. D. De quoi Pa-1 - on accufé ? R. Qu'il approuva certains principes des UusJites, tels , par exemple: ,,la punition des Cri,, minels appartient a ceux qui y font autorifés: ,,, il doit être permis aux Eccléfiaftiques bien ,, inftruns de prêcher la Parole de Dieu: le ,„ Clergé n'a aucun droit fur le Temporel.1' 7' D. De quoi fe plaignit il au Pape? R. De Ia décadence de 1'Eglife: ce qui porta •le Pape a envoyer le Cardinal nicolas de cusa pour prêcher les lndulgences & réformer les Eccléfiaftiques. 8. D. Les Hufliies de la Bohème étoient-ils ■déja connus alors? R. Après que les Ecrits de wicleff $ Angleterre avoient répandu des rayons lumineux de 1'Evangile non falfifié, quelques habitans de Dort fe croiferent contre les Hujjltes en Bohème; mais après leur retour ils répandirent la faine Doétrine de ceux-méme contre lesquels ils avoient porté les armes. D 3  54 SAVANS. Dlfc OUVERT ES. 9. D. Connoit-on auffi quelques Contem* porains favans, ou pieux? R. Oui, tels que gerard de groot, laurens.hendrikarnold,egmönd de dy nt er, johannes wesselus, agricola, enfin helshdius de a m oRe de Zutphen: celui - ci tenta une réforme du Clergé. On le regarda, auffi bien que divers autres, comme un Précurfeur de luther. 10. D. Qui rangez-vous parmi ces autres? R- thomas a KEMPrs, compofant dans Ie Couvent de St'. Ainesherg prés de Zwol, fe cólcbre & tant connu livre de P Imitation de Jésus-ciirist,tandis que lesEcoles renommées de la même Ville, auffi bien que celles de Deventer, formèrent plufieurs Savans diftingués. h. D. Que fe pafia-t-il de remarquable du tems de philippe? R. Li IN'avïgationprocura de grands avantages, & les Matelots nationaux plapoient des balais fur le Mat, pour marqué qu'ils avoient nettoyé la Mer de pirates. 13. D. Et d'ailleurs? R. Que Pon conimerica d'aiTermir les Digués avec du goémon & des pitotis: que la conftruction des navires fe perfecïionnatellement, qu'au lieu de clouer planche fur planche, on les unit a joint;; ce que 1'on nommoit a la caravelle. 13. O. Quel événement affreux eut dans le 'même tems lieu en Gueldre? !R. Le fuivant: arnold , Duc regnant, fut par fon fils adolph impatient de fuccéder, arraché Ia nuit de fon lit, & , malgré le froid &pre, presque nud trainé a pied a Buuren-, oü 1'on ie détint prifonnier pendant fix ans.  EXPLOITS DE CHARLES I. 55 14. D. Qtiï fuccéda a philippe? R. charles I, fon fils, furnommé le Hardi, par rapport a fes exploits. 15. D. Quels étoieut donc fes exploits? R. II tenta d'envahir le gouvernement de la Frife, il chatia les Anglois pour avoir pillédes vaiifeaux Hollandois ,il rétablit le Roi édouard expulfé, fur le Tröue d' Angleterre ,& porta le coup mortel a la Liberté de iiotre Pays en y fixant un Corps de troupes permanent; ce qui ruina 1'antique bravoure nationale. 16. D. Eft-ce-la tout? R. Non: il déclara encore la guerre a la France, étouffa un foulevement a Hoorn & a Zierikzee, ft fit engager la Gueldre & Ia confisqua enfuite; il étendit même fa domination jusques en Italië, menaca les Suiffes & maltraita d'autres. 17. D. Comment fe termina tout cela ? R. En livrant une bataille, prés de Nancy, en 1477, au Duc renk de Lorraine, elle lui fut mortelle. 18. D. En outre? R. Deux jours après Ie combat, on trouva fon corps nud, grevé de trois blefïures, fouillé de poufïïere & de fang, étoufFé dans un bourbier, & 1'un des cótés du vifage collé contre la glacé. 19. D. On doit dire de lui...? R. Qu'il a été un guerrier ambitieux & héroïque , hardi & téméraire, porté au pillage & a la ruine: certes une gloire trés mal entendue pour tout homme, mais en particulier pour ua Comte de Hollande. 20. D. A qui paffa le gouvernement, après lui ? R. A marie , fa fille, Sgée feuleinent de D4  S& gouvernement de marie. vingt ans; laquelle fe chargea de la re'gence d'un Peuple pauvre & malgré lui épuifé par les guerres de charles. 21. D. Combien d'événemens fe palToient dans l'année de fon trépas, & procuroient des avantages beaucoup plus réels que toutes fes conquêtes ? R. Les trois fuivans. D'abord, en 1477, la première JJible a été imprimée a Delft par jacob jacqbsz. & mauricius yemantsz: mais la première Bible des Réformés ne vit le jour qu'en 1566 aEmbden, Chez steven mierdman & jan heylliaert. 22. D. Et Ie deuxieme? R. Que les Hamcgom & les Cabéliaux, animés pour le bien commun, fe réunirenr enfin après la mort de charles & étoufferent, du moins pour un certain tems, leurs anciennes inimitiés. 23. D. Quel fut le troifieme? R. Que marie, dans 1'impoffibilité de four tenir Ia guerre contre la France, entreprife par fon pere, rétablit, pour complairc aux Habitans, les anciennes Prérogatives, & les gratifia, en 1477, du Grand Privilege. Tel fut le troifieme , mais trés remarquable événement de ce tems. 24. D. Pourquoi appcllez-vous eet événement trés remarquable? R. Paree que 1'on a envifagé ce Privilege comme la principale Loi fondamentale de 1'Etat, ou comme le Code de laLiberté Hollandoife... Quel bonheur fi par laps de tems ce Privilege n'eüt jamais été enfreint! 2g. D, Quel étoit donc fon contenu?  MARIE ET MAXIMILIEN. g? R. Que marie n'épouferoit perfonne fans Papprobation des ÉTATs:qu'il ne feroit difpofé des Emplois, qu'en faveur des Habitans originaires; qu'aucune Procédure ne feroit entamée contre les Habitans hors du Pays; que les états auroient pleine liberté de s'affembler quand ils le voudroient; enfin, que les Villes ne pourroient être impofées qiie de leur gré. 26. D. La Princefle fe maria douc enfuite? R. Oui:elle donna fa main a maximilien, Archiduc d'Autriche, fils de 1'Empereur: elle fit la Guerre contre la Gueldre, qui s'étoit choifi pour Adminiflrateur, charles, fils du Duc arnoud: elle fit encore la guerr» a la France. 27. D. A quoi s'occupa maximilien dans eet efpace de tems ? R. 11 vainquit les Cabéliaux, & pouffa les Hamegons jusques a Utrecht, car ils refloient auimés contre les Hollandois: tandis que marie décéda en 1482, a la fuite d'une chüte de cheval, laiffant deux enfans eu bas-age. D 5  J8 COMTES DE LA MAISON D'AüTRICHE. Trots Comtes. Ahttfns de Philippe II. Cabale furnommée de Pain Frumage. Charles II. George de Saste. Gouvernement de Marguerite. XVII Provinces fous le gti-üvertiifnent de Charles. Commencement de la Réforme. hquifition. Perfécution. Anabaptijles. Régence offerte a Philippe III. Granvelle. 1. D Qu'en réfuita-t-il? R. 'Que par-la, la domination fur ces Contrées palfa a des Comtes de la Maifon d'Autriche; laquelle en fournit trois, philippe II,charles II, & philippe III, presque toujoursnommé philippe II ,RoiSEfpagne. 2. T). Quel age avoit le Comte philippe II, quand fa Mere décéda?- R. 11 n'étoit agé que de quatre ans: fon Pere maximilien fut donc obligé de fe charger de la Tütele , durant laquelle les Cabéliaux prirent le deffus: mais les Hamepons, enfuis alors a Utrecht & h Amersfoort, s'en vengerent cruellement fur les Hollandois: comme, il confta  guerres civiles. 59 par le fort du généreux jan van 'schaf- FELAAllt q. O Que fit-il? , ^ R. Comme fanimofité poulTée a 1'exces étouffe honteufement tous les fentimens d'humanité & s'aveugle fur le mérite des ennemis, ce mortel généreux, afin de fauver les fiens, voulut fouffrir la mort a leur place. 4. D, Quelles étoient les fuite's ulteneures de la Guerre Civile? . R. Lés Hollandois, pour s'emparer du r°« dreffé fur le r««^,employerent,dit-on, pour la première fois des bombes. maximilien prit Utrecht; ce qui favorifa les Hamegons: cependant ceux de Brugcs firent maximilien prifonnier & le retiurent pendant quatre mois. 5. D. Et puis? R. Le Noble frans de brede rode, &gé feulement de vingt-deux ans, furprit Rotterdam avec le fecours des Flamands; il ne put cependant conferver.Ia placé, & blelle dans le combat auprès de Brouwershaven, il mourut quelque tems aprés, en 1490: ce qui abattit le courage des Hamegons. 6. D. Qu'eft--ce qui le releva ? R. La Caha-lé furnommée de Pain & de 'Frómdge, qui s'étoit foulevée Üans la NordHollande par rapport a la cherté & aux impofitions aggrovantes, dans 1'an 1492, & fit de grands ravages a Alkmaar & a Haarlem. 7. D. Comment s'y oppofa-t-on? R. maximilien la dompta avec une Arinée, '& extermina les Hamecons, qui avoient défendu la Liberté Nationale durant environ cent ciriquahte ans.  gouvernement de philip pe II. 8 D. II eut donc le champ libre par la fuite? R. Oui: mais alors, celui qui avoit portc des coups trés fenfibles a la Liberté, & occafionné pius de dommages que toutes les holtïlités antérieures, remit en 1493 la régence h philippe,& aprés avoir été élu Empereur, il partit pour aller gouverner 1'Empire komain. 9. D. Quelle marqué dé reconnoisfance donna-t-il a Ia Ville üAmjlerdam ? R. II lui accorda pour des fervices rendus, !a liberté de porter la Couronue Impériale dans fes Armes: ainfi que cela fe fait encore. 10. D. Mais que fit philippe II? R. II foutint une longue guerre contre les Cueldrois, fubjugua avec 1'Armée de fon pere la Frife, ne put cependant empécher 1'afïujetiffement de Grotiingue a 1'Evêque d''Utrecht, mais il aflbupit un foulevement parmi les Fri/ons, & s'accommoda avec les Gueldrois. 11. D. Quoi encore? R. Marié a la fille de la Reine de Caftille, celle - ci étant morte, il y alla pour Ie faire couronner, mais décéda peu après en 1506. 12 D. Que fait-on de fon Caraftere? R. On le reprcf-'iite comme affervi è la pareffe, aux plaifirs, è la volupté. 13. D. Dans quel état fe trouvoit alors Ia Hollande ? R. Les brlgues étant enfin affoupies, le calme dont on jouiffoit, fit fleurir fon Commerce & fes Fabriques chez 1'Etranger: j'Erudition fit auffi des progrès rapides, & les Ecoles a Zwol & a Deventer foutenoient par deffus les autres leur réputation. 14 D. Quelle étoit la fituation intérieure  charles IL 6* R. Les longues guerres civiles avoïent trés affoibli les forces de ces Pays, & les Villes étoient délabrées: le Patriotisme parut cependant gagner peu a peu le deflus. 15. ZJ.Quelle étoit, au decès de phtlippe, Ja fituation extérieure a 1'égard de notre Pays? R. La Patrie fe trouva partagée en quatre parts: philippe avoit gouverné la Hollande & hZélande: uu autre c 11 ar les dirigeoit Ia Gueldre & YOveryfet, c'eft-a-dire que dans ces Contrées il avoit feulement un parti puilTant tandis que 1'on y reconnoiffoit 1'Evêque d''Utrecht pour Seigneur. 16. D. Plus loin? R. fréderic, Margrave de Rade, gouverna Utrecht, &george de Saxe dirisea la FrH'e. 5 17. D. Qui fuccéda a philippe II? R. ch ar les II, fon fils, plus connu fous le nom de charles V, devoit fuccéder au défunt, mais n'étant agé que de fept ans, il tomba fous la tutele de maximilien, 'fon grand-pere. 18. D. Que fit ce dernicr? R. Comme Xtïteur il confia 1'éducation de fon petit-fils a adriaan (TUtrecht, élevé enfuite a la Papauté ; & le gouvernement du Pays, a fa propre Fdle marguerite,jeune è la vérité, mais douée d'un efprit ferme & vigoureux. 19. D. Que fit cette Princeffe? R. Ses Troupes ayant toujours été battues par charles, Duc de Gueldre, comme Protedeur $ Utrecht, elle fut obligée d'entrer en accommodement, & fouffrir que les cruels  fa gouvernement de charles II. Saxo»s furent chaffés de la Frife, tandis que quelques AtU'mands, fous les ordres d'un Payfan, uomïqé le Long ou Grand Pier, firent des incurfians jusques en HuUande. 20. D. Quelle étoit 1'iffue de ce vacarme? R. george de saxe céda enfin la trife pour une fomme d'argent au Comte de Bollande; mais charles de Gueldre continua la guerre contre la Hollande; il entra jusques au cceur de cette Province & pilla même la Ville d'Alkmaar. 21. D. Et la fin de tout cela? R. Un Traité, par lequel le Duc de Gueldre conferva Groningue, mais fe défifta d'une partie tie la Ft ife pour' une certaine fomme, en faveur de charles II, qui eni5'5 prit les rênesdu o-ouvernement de Hollande , mouta fur le Tröne d'Efpagne «fVgtf v& futélu Empereur Romain, fous le nom de charles V dans 1'année 152.0. 22. D. Qu'ont occafionné ces avancemens rapides & illullres? R. Que furcbargé d'affaires ailleurs, il laifTa marguerite a la tête du gouvernement de ces Pays, forca la Hollande de renoncer a plufieurs anciens Privileges, & acquit la Frife entiere en 1523. 23. D. Quoi encore? R. 11 s'empara auffi d'Overyfel en 1527 , & tfUtrecht a la paix conclue en 1528, après plufieurs combats, livrés a charlis de Gueldre, auffi bien qu'a martin van rossem, qui, ayant pénetré bien avant en Hollande, pilla même la Haye. 24. D. charles de gueldre refta-t-il enfuite en repos?  ACTIONS de CHARLES II. §3 R. II lui déplaifoit fort que Groningue & Drenthe s'affujettirent auffi a 1'Empereur charles en 1356; mais étant décédé deux ans après , 1'Empereur forca willem de Juliers, fucceffeur dans le Gouvernement de' Gueldre, a lui céder Gueldre & 'Lutphen, dans 1'année 1543. 26. D. Conféquemment3 R. Conféquemment, charles II devint le maitre de toutes les Provinces Reigiques, qui, par le Commerce & les Richeffes, étoient préférables a bien de Royaumes, & dont, après la mort de marguerite, en 1530,11 avoit remis le Gouvernement a m a r i e, fa fceur. 16 D. Comment regna-t-il? R. En qualité de Comte, il devoit feulement gouverner; mais il voulut, comme Roi ou Empereur, ordonner: le premier Peut fait chérir; mais 1'autre fuscita la haine contre lui. 27. D. Que commit-il donc? R. II rogna les Prérogatives de différentes Provinces, a quoi les Fri/bns s'oppofoïent le plus: & les Danois ayant fait une invafion dans nos Cantons, pillé même la Haye & Alkmaar, il ne les renvoya qu'a force d'argent & après les brigandages foufferts. 28. D. Quelles pertes & adverfités fubiflbit alors le Pays? R. La Züandc effiiiya une inondaiion terrible en 1530, qui coüta la vie a plufieurs; deux ans plus tard, un degaflre. femblable accabla la Hollande-, 1'inondation étoit fi élevée, que Peau paffa a la hauceur d'un pied par delfus les Digues. 29. D. Qu'arriva-t-il encore plus-tard?  ; 31. D. Sans doute, avec raifon ? R. Cela parut évidemment: car, en laiflant agir librement 1'Inquifit'on, dix-huit eens hommes pafferent, en peu de tems, par les mains des bourreaux; a Valencienr.es feul, foixante-dix Réformés ont été décapités dans I'efpace de trois jours. 32. D. Les Miniltres fubirent-ils le même fort? TJ.Oui; queiques - uns ont été pendus, d'autres brülés;& herman schinkel, favanc Imprimeur, fut pendu a Delft, pour Pjmpresfion de livres a 1'ufage des Réformés. 33 D. Que fit d'a lbe, a la même époque? R. Entr'autres, il fit décapiter les Comtes d'e g m o n d & de h o o r n e a Bruxelles, & battit a Jemmingen un Corps d'Armée.,qne guillaume I avoit raflémblé fous les ordres du Comte louis. 34. D. Qu'entreprit-il contre cuillaumeI? R. guillaume ayant, avec 1'autre partie de fon Armée enrólée a fes propres dépens en /illemagne, paffé la Meufe potlr fecourir le Pays, d'alke le tint en fulpens jusqu'a ce que, faute d'argent, il fe vit réduit a licencier fes Troupes: après quoi le Prince fut néceflité de repafiér d'abord en France, & enfuite en /Illemagne, dans 1'année 1569. 35. D. Quelle étoit la deitine'e ultérieure des Réformés? R. Quoique la Perfécution fut alors pouffée contre eux avec un redoublement de févérité, 1'Eglife de Rtn.e perdit néanmoins quantité de fes adhérens, par deux Livres, intitulés, 1'un Tableau des différenas religieux, & 1'autre: Ruche a mitl de la Ste. Eglife Romninc ,4*ïits  go exploit d'albe, par marnix de St. Ahïegonde, 1'un des plus grands hommes de fon fiecle. 36. D. Qu'eft-ce qui y contribua beaucoup? R. Les Jeux des Poëtes ambulans, qui puri- fioient les mceurs, portoient des coups fanglans aux Prêtres, tournoient les abus de 1'Eglife Romaine en ridicule & appuyoient le Culte^des Réformés? 37. D. Que faifoient d'autres? R. guido de bres, célebre Minïftrè Francois a Mons, avoit en 1562 dreffé , a 1'ufage des Eglifes de France, une ConTtffiou de Foi en XXXVII Articles; laquelle oa adopia ici, & lui donna la préféreuce fur la Confesfion d'Augsburg. 38. D. Que projeta d'albe aprés 1'éloignement du Prince ? R. Ayant befoin d'argent, il exigea le dixieme denier des Biens Immeubles, le vingcieme des Biens Meubles, & le centieme de tous les Biens en général; ce qui occafionna une rumeur étonnante: quant a la recette, il vouloit la com meneer a Rruxelles, 39. D. 11 projeta & exécuta, fans doute, ce deffein? R. Permettez de vous dire préalablement que, tandis que plufieurs Citoyens en fuite & n'ayant pas d'afyle, felon 1'avis & L's ordres du Prince couroient la Mer pour faire des Prifes fur les EfpagnoU, le courage des non expatriés fe releva un peu par une action héroïque. tt 4.0. D. Par laquelle? '" R. herman de ruiter, Marchatid de bceufs a Bois-le-Duc, travefti en Moiue, & accompagné de trois autres, furprit avec une hardielfi incroyable Ie Chateau de Leevejïein. 4i. D.  prise de la brille. 8l 41. D. Quefirentalorslesgensdemerfugitifs? R. Ceux - ci, portant alors le nom de Gueux de Mer, & s'étant avec leurs vaifleaux retirés fous les Cótes $ Angleterre, elisabeth Reine de eet Etat, les forca d'abandonner fes Ports: ce qui les décida a faire cours pour le Texel. 42. D. Et quand ils étoient en mer? R. dieu changea la direélion des Vents; & jacobs simonsz. de ryk, homme d'une nailfance illuflre, confeilla de tenter une entreprife importante pour la Patrie, puisque, dit-il, leur extraélion étoit trop relevée pour foutenir Ia vie par le butin fait fur mer. On réfolut conféquemment de remonter Ia Meufe. 43. D. A-t-on effectué cette réfolution? R. Non-feulement a-1 - elle été envetaée; mais la furprife de la Brille fut encore projettée, même exécutée le 1 Avril 1572, au nom de guillaume I, pour délivrer la Place de la tyrannie d'albe, ainfi que du dixieme denier. 44. D. Qu'en réfuita -1-il? R. Que les fondemens de Ia délivrance du Pays furent jettés par eet événement inopiné, & occafionné par une contrariété des Vents. 45. D. Que fit d'a lbe pour y remédier ? R. Son deflein de reprendre la Brille échoua non feulement; mais Flcjjingue, Ziericzee & Vcere chafferent encore les Efpagnols de leurs murs; enfuite plufieurs autres Villes dans la Sud & la Nord- Hollande, une partie même de la Frife, d'Overyfel & de Gueldre embrasferent le parti du Prince d'Orange. 46. D. Qu'apprit-ot» après ce grand changement ? .- F  S2 guillaume I r ec0nnv. R. Que les Nobles & les Villes de Hollande s'étant aflemblés le 15 Juiilet 1572 a Dort, prirent, d'aprés la propoïkion faite par ma rn ix de Sti. Aldegonde, la réfolution de reconnoltre guillaume I pour Stadhouder du Roi, de lui fournir de 1'argent pour le bien-être du Pays, de ne conclure la Paix qu'a vee un confentement réciproque, enfin de tolérer la Religion Romaine avec la Réformée. 47. D. Tels étoient donc les foudemens d'une Répubiiqtie Libre? R. Oui: ils fe confolidoient même davautage, vu que toutes les Villes (excepté Amflerdam) quitterent Je parti de 1'Effagne & entrerent dans cette Confédération: 1'Armée d'orange en prit- même plufieurs dans le Brabant; mais le Prince échoua a faire lever le fiege de Mons. 48. D.Cette Place a donc, été réduite enfuite? R. Non - feulement cette Place; mais 011 perdit encore diverfes autres en Brabant; & fr i d e r i c de tolf.de, fils d'a lbe, détaché avec une Armée dans la Gueldre & la Frife, ramena ces deux Provinces fous le joug de philippe. 49. D. Qu'eft-ce qui rendoit ce Général bien fameux? R. La prife de Zutphen & de Ntarden, oü il commit des maifacres afiteux: il s'empara encore de Haarlem, aprés un fiege de lept mois, en 1573. 50. T>. Qui fe diftingua le plus dans cette Viile affiégée? R. La Veuve kewau simons Hasselaar, qui, a la tête de trois eens femmes  combat sur le zuiderzee. 83 armées, concourut a Ia défenfe de Ia Ville, & rit des actiotis beaucoup plus dignes de louange , que celles du cruel fredéric après la prife de cette Ville. 51. D. Toutes ces pertes étoient donc trés accablantes? R. Oui: mais auffi doit - on mettre fur Ia même ligne, qu'a 1'aide d'un vent favorable plufieurs Vaiffeaux échapperent a 1'ennemi; que le fiege de Haarlem, continué fept rxrols, procura a la Hollande le tems de pouvoir refpirer, de former des réfolutions mirres , & que la bravoure montrée durant le cours du fiege,ènflamma le courage des autres Habitans. 52. D. Quoi encore? R. Que les cruautés exercées par les Efpagnels, leur aliénerent tous les cceurs; que fredéric échoua devant /ilcmaar, oü les bourgeois & les femmes intrépides le repousferent; enfin que la Flotte d'a lbe, commnndée par le Cointe de bossu, fut battue fur le Zuiderzee. 53. D. Par qui? R. Par cornelis dirkszoon de Monikkendam, dont les descendans liabitenc encore cette Ville. 54. O. Qu'eft-ce qui augmenta la joie? R. Que le Duc d'a lbe, fe vantant d'avoir maffacré dix-huit mille (lx eens habitans des Pays-Ras durant les fix ans de fon Gouvernement, chareé d'imprécations, quitta le Pays. 55- °. Pourquoi s'en alloit-il? R. Haf a 1'excés dans les Pays-Ras, il étoit auffi tombé dans la disgrace de philippe: rarerement les fktteurs coi fervent-ils longtems la faveur des Princes, & la paffioa F 2  n SIEGE DE 1EYDE. d'en être honorés, porte non-feulement les courtifans, mais auffi les Capitaines célebres, a commettre des folies. 56. D. Qui fut envoyé par philippe, pour fuccéder au cruel d'a lbe? R. philippe le remplaca par don l o u i s de requesens, qui ne réuffit pas a faire lever le fiege de Middelbourg; mais, parcontre, en 1574 il battit fur \es b tuyeies de A'Jook 1'Armée des Comtes louis & henri de NojJ'au, freres de guillaume 1; les deux Princes y périreit, fans avoir pu jamais être retiouvés ni reconnus parmi les morts. 57. D. Quelle perte douloureufe & grave? R. Certes: mais une mutinerie éclatée im- médiatement après parmi les Efpagno.'s, en détourna par la Providence divine les effets funeftes: & le Pardon offert p r requesens a ceux qui retourneroient a 1'Eglife de Rome, n'eut pas un meilleur fuccès. 58. D. Alors? R. Pour s'affermir au cceur du Pays, & par ce moyen en faciliter la conquête, il fit pour la feconde fois affieger la Ville de Leyde par fbancisco baldes, qui entoura Ia place de foixante-deux Forts ; tandis que dan* 1'enceinte des murs on fe vit réduit a combattre la faim, la pefte & la mutinerie. 59. D. Qui défendit Ia Ville? R. jan van der does, célebre Savant & Poëte illuftre, commanda un foible Corps de Troupes réglées; & la Bourgeoifie valeureufe, tort encouragée par le Bourguemaitre pieter adriaans z. van der werf, dont les Descendans exiftent encore a Amfierdam.  Pi-- iv em de Vloot 3n <&c Stad kom komtn. Wadz. 85. Jf- la Flotte pouvoit mtirer dsiias la Ville » Jpagp. 85- Sdkainiireel "te 35& introduifirent le Luxe avec eux. 35. D. Que tenta-t on, après le refus de la France de nous prendre fous fa proteftion ? R. La même propofition fut faite a e li sais e t 11, R eine d' Angleterre, qui, par bonheur, nous rejetta de même:autrement, tombés fous fa domination, notre Liberté eut été perdue. 36. D. Eft-ce qu'eile nous refufa fans retour? R. Par politique, elle nous promit queiques fecours; partie en Argent, fi Flejfin?ue & la Brille lui ctoient remifes en hypotheque; partie en Troupes, dont elle donna le commandement au ober t dudley, Comte de Leicester. G  $8 actions re leicester. 37. D, On étoit donc fecouru alors? R. Oui : s'il peut être dk fecouru par u» Tiomme arrogant & frauduIeuX: car on s'appercut qu'il vifoit'au Stadhoudeiat; c'eft pourquoi les états, afin de faire échouer fon dèÜein, nommsrent en 158; Ie'Comte maurice pour remplir ce Pofte. 38. D. Comment fe c jmporta ieicester? R. Durant le cours de la Campagne en 1586, 51 ne fit presque rien , car il étoit hors d'état de délivrer la Villé de Zutphtn afliégée par fa lire es a, tandis que philippe sidney, fon Neven, ftvant & intrépide , fut tué dans un Combat prés de U-'armvelcl. 39. D. Peut-être récompenfa-1 - il cela par d'autres fervices importans, rendus au Pays? R. On n'en appeicevoit aucnn, dans le traitement rude qu'il fit elfuyer au Commandant de Graave; pi dans fon indulgence pour les Traitres, ni dans fon ton d'Autorité, felon lui élevée au dc-ffus des états du Pays, ni dans fon deflein de faire prifouniers le Comte maurice , van old e n b a r ne v e ld & d'autres. 40. D. Fit-il de pareilles chofes? R. Davantage encore: il fomenta même la fédition , & mersca VUnion cCUtrechr d'une xuinc totale; car, fous 1'apparence de Religion jl s'attacha, mais trompa les Miniltres. Tous ces grief? réimis le lirent tellemert détefler, que pour conferver fatête il fut néceffité de s'en aller. 4.1. D. Que gagnames - nous par-la? Ü.Que nous ne fommes pas devenus une Province Angkije; car nous en aurions curu Ie risque,fi é li sa rs u avoit euvoyéun Général plushabile que leycester, ou que nousn'euflr ons pas.eu des Hommes d'Etat.fi clairvoyans.  FARNEE. DATHENUS. MAURICE. 9f 42. D. Comment fe comporta farnese durant nos diffentions avec le malhonntte leicester ? R. Si durant nos démêlés philippe eut ordonné a farnese d'agir, notre pene auroit été inévitable: mais des Négociations de paix, une maladie parmi fes Troupes, & 1'impoffibilité de leur procurer des Vivres dans les PaysBas Efpagnols dépeupiés, 1'empêcherent de faire beaucoup de mal. 43. D. Quelle étoit alors notre pofnion ? R. La Navigation avant fqurhi de grandes Richelfes, nous voyant d'allleurs trompés par anjou & leicester, le Gouvernement Mouarchique fut rëprouvé , & 1'on s'occupa de la formation d'une République réglée, tandis que le Pays refta confié aux foins de maurice & d'oldenbarneveld. 44. D. Qui décéda dans ce tems? R. petrus datiienus, lequel avoit blamé guillaumb I en public & fufcité une fédition^ a Gand; qui, fur des accufations, ayant été emprifonné, mais enfuite relaché a Utrecht, quitta clandeftinement le Pays, fe retira a Etbing, y exerca la Médecine & mourut en 1590. 45. D. Que fit maurice, dans eet intervalle, cn faveur de la Patrie? R.En 1588, maurice fut obligé d'sffiéger M-.dcnblik, pour afloupir la ck ailleurs le fouleveiiient des Troupes, fomenté par les menées de leicester: après quoi, nos états jouirent de 1'honneur, qu'é l i s a b e t ii follicita leurs fecours pour repoulfer rEütreprïfe projettée par philippe contre 1'Angleterre. 46. D. Quel étoit le deffein de ce Monarque? jR, De réduire d'abord 1''Angleterre, & en- G a  109 VICTOjRE ET ALLIANCE. fuite nous-mcmes, par une Flotte prétendue Invinctble, laquelle, malgré fon équ'pement nombreux & redoutable, fut battue par les Vailfeaux Anglois & ceux des états: enfuite une Tempète lui porta encore des coups non moins fenfibles; tellement que la Flotte entiere fe trouva réduite a peu de chofe. 47. D: Que gagnames-nous dans cette occurrence ? R. La dimïnution des Forces de philippe, & 1'eftime d'é lisabeth: mais d'un autre cóté, on pleura la perte du brave marten schenk, noyé dans 1'entreprife fur Nimegue, & celle du Comte de nieuwenaaIi, Stadhouder de la Gueldre, tué par les éclats d'une arme a feu crevée. *8. D. N'effuya-t-on pas encore d'autres revers ? R. Seuleinent la prife de Rhinbergue par farnese, & le mëcontentement des Ai.gUts, paree qu'on ne chercha pas chez euxunChef: ils refuferent donc le f cours promis. 49. D. Que fit-ou alors? R. Heureuferhent le Pays étoit en état de maintenir lui-même fa Caufe, & ce qui pius eft, d'accorder encore des fecours a un Royaume dont auparavant on avoit follicité rafliftance: c'eft a dire, que les états conclurent un Traité avec iienri IV,Roi de France , qui faifoit ia guerre a p h i l i p p e , & ils le fecoururent en 1590 d'Argent & de Vailfeaux. 50. D. Qu'eutreprit maurice pour caufer du tort a 1'ennemi? R. Dans la même année il furprit Breda au moyen d'un B-ateau a tourbes; en 1591 il s'empara de Zntphen & de Nimeuw; & durant le cours de 1'année fuivante, il prit Steen-  MORT DE FARNESE. ERNEST. IOt wyk, Coeverden & Geertruidenberg; ce qui accrut tellement fa Renommee, que divers Princes d'üURoPE venoient étudier dans fon Armée 1'Art de la Guerre. 51. Ü. farnese reita-t-Ü, en attendant, fins rien faire? R. Non: philippe l'avoit envoyé contre henri IV en France, d'oü il revint avec des Troupes mal faines, & décéda lui • même. 52. D. Quel témoignage 1'accompagna dans le tombeau? /{. On le placa bien au nombre des plus grands Polïtiques & des Capitaines fort valeureux; mais voici une addition bien trifte qui ternit toute gloire acquife, c'eft que farnese ne pouvoit pas être compté parmi les Généraux vertueux. 53. D. Quel fuccesfeur lui donna philippe? Ai. Eu 1594, il envoya e r n es t , Arcliiduc d''Autriche, afin de mettre ordre a tout;tandis que 1'habile & expérïmenté farnese eut, durant cinq années, lutté contre 1'adverfite'. 54. D. Que fit maurice enfuite? R. maurice fubjugua, en 1594, Groningue; par-la cette Province fe réunit aux autres: 1'Alliance avec le Dannemarce fut auffi renouvellée, ce qui donna a connoiire la grandeur des états. 55. D. Dequoi s'occupa t-on en Angleterre? R. ÉlisabeTH d'Angleterre , voyant que les fept Provinces tiroient leur fout en de leurs propres forces, fsichée d'ailleurs de ne pas avoir acceptë la Souveraineté quand elle lui avoit cté offerte, exigea le rembourfement des fommcs prêtèes. 56. D. Quel étoit le fort des X Provinces G 3  102 ernest. fuentes. aleert. Efpagnoles unies dans les Pays - Bas ? R. Elles firent un dernier effört pour leur Liberté, & cherchere'nt de s'allier avec nous; mais n'ayant pas aflez de confiance en nos '< t a t s , & les Efpagnols craignant un furcroit de revers, ils firent avorter leur deflein. 57. D. Mais je n'entends rien d'ERNEsT? R. ernest, ce Gouverneur fi mol, fi inéxpérimenté, effeétua fi peu, qu'on ne peut gueres en dire quelque chofe , fmon qu'il mourut dans 1'année 1595. Le Comte de fuentes lui fuccéda en qualité de Général; mais comme 1'on en étoit mécontent, un au' tre vint a fa place. 58. D. Qui donc? R. Le Gouverneur al bert d'' Autriche, Neveu de philippe, & Frere cI'erkest, qui tachint de gagncr les états par des honnêtetés apparentes,s'empara en même tems de Calais, de Huift & d'autres Places. 59. D. Quelle mauvaife action commirent queiques autres de fes Troupes? R. En 1597, (d'autres antidatent le même fait) des foldats Efpagnols mirent le feu a 1'antique & célebre Abbaye d'Egmond; par oü nombre de manuscrits & documens patrioti. ques devinrent la proie des Hammes. '60. D. Quel fut le fort des Moines? R. lis fe refugierent, a Egmond, dans une Hötellerie, au pignon de laquelle feMrouvent encore queiques mots en ancien langage Hollandois, dont le fens eit : Par le feu nous vinmes a périr ici le ii Mai, quand on écris it mi.  ■conquetes de maurice. 103 61. D. Voila de grandes pcrtcs? R. Elles furent bien adoucies,car lesFfottesAngloife & Hollandoife prirént Cadix & mirent la Place au plljage; ce qui porta un coup fenfible a philippe. 62. Dl Qu'elt-ce qui ne fut pas moins agréable & gloiieux? R. Que la France & l''Angleterre formerent ' une AHiance avec nos états; ce que 1'on ■ pouvoit csrtainetnent regarder comme la premiere preuve manifeite de fon indépendance rjconnue. 63. ü. Comment fe palTerent les opérations militaires? R. maurice battit les Efpagnols prés de Turnhout, & s'empara, en 1597, de Rhinhergue, Meurs, Grol & Rredevoort, par oü nos Provinces deTerre ont été mis en füreté. philippe cependant, las de la guerre, fe réconciiia avec henri IV, Roi de France. 64. D. Alors tout le fardeau de la guerre, fupporté auparavant, en partie , par ce Prince, retomba donc fur nous lèuls ? li. Sans contredit: d'abord cette Paix nous fut peu agréable ;cependant nous nous trouvions moins embarrafTés a faire feuls la guerre, puisque ïienri IV continua a nous foutenir & qju'élis abeth $ Angleterre renouvella 1'Alhance avec nous. 65. D. Que projetta philippe alors de faire? R. Le deffein, aufïïtót après avoir réduit les Pays-Bas fous le joug, de les céder a fa Fille isabelle, qui épouferoit le Gouverneur ALBERT. 60, D, Qu'arriva. t - il en attendam? G 4  mort de philippe. R. philippe mourut, en 1598,d'une maladie bien miférable. Voici les Portraits, tant de ce Prince, comme le dernier, & encore de tous les autres Comtes de Hollande, gravés expreflement pour foulager votre imagination en vous les repréfentant tous a ia fois. 67. D. On 1'oublia, certes, bientöt? _ R. Les bons Princes feuls ont le bonheur de vivre longtems dans la mémoire de leurs fujets; mais, fi 1'on fe rappelle les Tyrans, c'ett pour les accabler de nouvelles malédictions: 1'on penfe toujours avec attendriffeinent aux bons, tandis que 1'on fait des efforts pénibles pour oublier les méchans. 6S. D. Que vit-on dans philippe? R. Qu'il eft difficile a déterminer d'avance, combien de faufles démarches fe permettra un Prince, & oü fera la fin de fes caprices & procédés déréglés. 6o. D. Qu'eft-ce qui étoit dangereux au cceur de philippe? R. La fuperftition, 1'envie & le foupcon, qui, après avoir jetté des racines dans 1'ame d'un Prii.ce, le refroidifil-nt d'abord pour les mérites éminens, le rendent enfuite injufte envers les meilleurs de fes fujets, & cruel a la fin. 70. D. II eüt dü avoir confervé 1'amour des Habitans ? R. Les affeétions des Habitans font toujours les plus folides fondemens de la Puiffance d'u» Régent, & 1'unique fource limpide de fa félicité & de fa gloire. 7:. D. Quels noms donna t-on a philippe? R. Ceux de Fils ingrat, de Pere dénaturé, d'Epoux barbare, de Tyran décevant: la boime  ü'laiielie v. V Plaat. XVII Graaven uit liet oude Hollandfelie Huig. XVII Comtes de i'ancienne Maison d'HoMande . Birisd'ï. Dirk i' n. iraoud. Dirk d'III. Dirk dTV. Floris d'I. Dirk d'V. Ilori* cTn. Dirk d' VI. Tic;-i:- .: :..: Dirk d'VH. Ada. Willem d'I. Tloris d'TV. Willem i'JL JUoi-ig d'V. Jan d'I IV Graaren uit'tHuis van Henegouwen. IV Comtes de la Maison de Hainaut:. Jan d'n. TCIIcm d'XIi Willem 4'IV. Margareet. TH Graaven uit'tHuis van 2oiiirg,oi:die. UI Comtes delaMaison de BonrgtogfJEe. Miilips dT. 'Karei d'I. Maria. IV Griavea uit'tHuis van Seijei" en. IT Comtes de la Iklaison de Baviere. Willem 3'V. JÜtrecM. Willem d'VX Jaoota. III GraaTeB uit't Huis van Oostenrijk. UI Comtes delaJMaisom d'Autrielie. Philips d'II, Ea«eld'Il Biilips d'EI. Zie kier eene aftekening- van alle HoLlandTche Gi-aaven en Giaavinnen Bladz 1S4. voici un JDesnn de tous les Coxntes Sc de toutes les Comtesfes d'IIcillande Tacfe 10 •.   I voyages et forces maritimes. 105 Providence fit toujours évanouir les defleim pérnicieux de cs Prince, qui, pnir fon propre malheur,nous a partout rendu fes enntmis les plus implacables. ji. D. Comment!... partout? R. Oui: car, puisqu'a la même époque nos Gens de mer allerent aux Pays les plus éloignés pour exercer le Commerce, aux Indes mêpé, fous la conduite de cornelis houtman, qui leur en avoit montréla route; cela jeta les foudemens de la compagnie des indes orientales, & de la Guerre que dans ces Contrées on fit encore a lui & a fes fuccefleurs. 73. D. Eüt-on alors déja tant de Vailfeaux? R. L'on prétend, que chaque année il en fut conftruit deux mille, tant grands que petits & que foixante-dix mille mariniers étoient au fervice du Pays. 74. O. Témoigna-t-on alors une paflïon fi grande pour la Navigation ? R. Oui: mais le penchant pour la Mer, en particulier dans la Jeunefle, eft inexplicable, fans y admettre une fecrette direétion particuliere de la Providence Divine. 7.5. ü. Qu'eft-ce qui les anima principalement? R. Les Récompenfes données, fans la moindre acception de perfonne, d'autant plus qu'alors & par la fuite tout le monde vit que nos Amiraux les plus fameux étoient d'une extraction commune ou médiocre. 76. D. Dans quel état fe trouvoit alors le Pays? R. L'union y étoit bien c'mentée, on jouisfoit de la Liberté,les Forces & laConfidératio» G 5  ioö religton. nationales étoient beaucoup augmentées. Le zele pour la Religion véritable étoit auflï ordent: on bannit donc les deux premiers Soc'iniens venus a Am (Ierdam dans 1'année 1598. 77. D. Qu'appercevons - nous en tout cela? R. Que nos Hommes d'Etat, nos Amiraux, nos Généraux avoient fait des progrès incroyables, tandis que les forces de 1'Enneini fe trouvoicnt extrêmement dimiriuéés, 78. D. L'impitoyable, le cruel, 1'inébranlable p in 1.1 tpe d'e s p agn e étoit donc décédé ? R. Non-feulement décédé;raais auflï il n'étoit gueres probable qu'il laifllt un fucccffeur pareil a lui fur le Tröne é'Efpagne. 79. D. Cela pouvoit néanmoins arriver? R. Óukil n'étoit pas abfolument impofiible, mais non probable, car la bonne Providence permet rarement, que les Nations gémiflent longtems fous une longue fuite de méchans Princes, comme 1'événement 1'a encore prouvé alors. 80. D. On fut donc bien content de en ar. les V& de fon Fils philippe 11 ftE/pa^ne? R. Perfonne ne fouhaita plus de voir des Comtes femblables a la tête du Gouvernement, & 1'etre suprème veilla a ce que cda H'arrivat point.  10? quatrieme entretien. Guerre contre Philippe III. Bataille de Nieuw port. Stege d'Oftende. Conquêtes dans les lndes. Tréve. Defiinées de J. van Oldenbameveld, H. de Groot & R. Hogerbeets. Remontrans. Synode de Dordrecht. Expiration de la Trêve. Mort de Philippe III, ainfi que de Maurice. Prife de la Flotte d"Argent. Fréderic - Henri. Académies. Paix de Munfter. 1. D. A quelle Période pafferons - nous actuellement ? , R. A une toute autre, oü notre Pays na. voit pas de Comte, & oü cependant un Comte, c'eft a dire philippe III SElpagne vouloit regner comme tel , mais ne fut pas reconnu, paree que, ayant abjuré fon Pere, on fut encore moins intentiouné de refpefter le Fils. 2. D. Quelle réfolution a donc été pnle? R. De coatinuer la Guerre, qui enfuite dura encore un demi-fiecle; favoir, depuis faimée 1598 jusques a celie de 1648. 3. D. Quelle fcene s'ouvrit d'abord?  io8 siece d'ostende. R. Par terre, le Général des Efpagnols, mendoza, n'étoit pas en état de réfifrer au Prince maurice; tandis que fur mer, une Flotte de foixante trois Voiles, coinmandée par piet er van der does, mais ravagée par la mortalité parmi les Equipages, bornoit fon Expédition au pillage de la Grande Canarie & de St. Thomas, 4. D. La France continua -1 - elle a nous fecourir ? R. Oui, & fortifié par ce fecours, maurice a la téte de 1'Armee des états, marcha contre albert & gagna la Bataille de Nieuwpoort en 1600, dans laquelle 1'Artillerie fut fervie par les Matelots Hollandois. 5 D, Quel avantage rctira-t-on de cette Vidtoire ? , R. Elle ajouta au luftre du Pays, accrut Ie courage des Habitans, mais ne procura gueres d'avantsge, pui.sque 1'on croit qu'eile fervit a jetter les femences de la dilfention entre m a v- rice & les états. 6 D. Que fit albert, après avoir perdu la Bataille? R. II invtltit Oftende & après un fiege de trois ans s'en empara; mais cette conquête ne compenfa pas a beaucoup prés la perte de cinquante mille hommes, përis durant Ie fiege. 7. D. Ouolia-t-on la Mer pendant cette Guerre? R. Non: ma's philippe III trouva apropos de fermer a nos Vaifleaux les Ports ó'Efpagne, que fon Pere, conniva.it a fon propre avantage, avoit laifle ouverts: on réfolut donc de fe recupJrer de ces pertes p2r d'autres gains.  victoires sur mer. i0. « D. Qui laifla- t-on en faire 1'épreuve? R wolfert harmensz., qui battit la Flotte Erp/ignole a Bantam & y conclut un ITraité de Commerce avec les Nations Indiennes. La compagnie des indes orientales fut enfuite formée en 1602, & depuis elle ia fait des ConquetóS prodigieufes dans 1' Inde. 10. D. Que fe paffa en attendant entre ies Troupes en rafe campagne? R. spinola, Commandant des E/pagnols, ^empara de que'ques petites Villes, mais f01* ■Armee fe diffipa faute de payemenc. 11. D. Et dans l'année fuivante ? ^ R. jacob van heemskerk, dans 1 an- nëe fuivante, vainquit 1'Amiral Efpagnol d'a;vila a Gibraltar; mais 1'intrépide Amiral \Hullandofs y perdit la vie. 12. D. Ces revers ne plaifoient certainement :pas a pHitiP pe? , . -'. , R, Non: pour cette raifon il vouloit faire ia :paix' avec ce Pays, mais il refufa de le déclarer ! Indépendant. 13. D. Que fit-on alors de part & dauire? R. Par 1'intervention de la France & de Y/in- gieter re on arrêta une Trêve de douze ans, :ceft a dire une fufpenfion d'armes, a Ünvers, :entre lui & les états, dans l'année 1609. 14 D. Onpouvoit donc enfin refpirer en liberté? R. Sans contredit: voila le moment de refpirer librement aprés une Guerre de quarante lans, qui avoit fixé 1'attention de 1'Univers entier & étonné tous les gens d'efprit. 15. D. ! ourquoi? R. Paree qu'une Contrée fi reflerrée s'étoit anffi longtems maintenue contre deux phiilippesu puiflans, tandis qu'au méme tems  jio ARMINIUS. REMONTRANS. elle avoit encore fait la cor.quête de Potlesfions dans 1'étranger & fortement accru fes propres richelfes. 16. D. De quelle obligation, de quelles entraves fut-on encore délivré alors? R. Le vigilant oldenbarneveld ayant' découvert que j aq ues, Roi ÜAnglete-re , manquoit d'argent, les états lui olfroient de racheter les Villes hypothéquées; ce que le Roi accepta & par ce moyen nous nous dégageames de ce Royaurne. 17. D. Qu'eft-ce qui par-contre occafionna une nouvelle douleur? R. Quand on devoit enfin jouir du repos après une guerre d'aufïi longue haleine, ii fe. leva dans. 1'intérieur des difïëntions eccléfiaftiques touchant ia Doctrine de tacobus arminius, lesquelies avoient déja couvé fous les cendrcs en 1603 , & formé deux Partis, nomniés les Ramwlrans & les Contre-Remontrans. jS.D. Qui étoit ce jacobus arminius? R. II avoit été pendant quinze ans Miniftre , a Amflerdam; mais appellé enfuite a 1'Univerfité de Leyde en qualité de Profelfeur, les différends commenipoieiit avec lui, en plus grande partie concernant le point de la Prédeftination. arminius n'en vit pas 1'ilTüe, car il décéda en 1609. 19. ü. Pourquoi 1'un des Partis eut - ïl le nom de Remontrans? R. Puisque ceux-ci préfenterent aux e"tats. de Hollande une DédufHon, qu'ils appelloient Remontrance: mais les autres y venant en oppofition eurent le nom de Contre-Remontrans; ces derniers forment aétuellement 1'Eglife Dominante.  differends dans l'eglise. u* 20. D.Ne fit-on aucuns effbrts en Hollande pour terminer ces différends? Ti. Plus d'un, mais iufruftueufement, & pour en arrêter les progrès, il fut en 1613 ordonné par les états de fe fupporter mutueUement; ce que différentes Villes refuferent. 21. D. Quelle en étoit la fuite? R Un fclufme forrael : les deux Partis le féparerent 1'un d'avec 1'autre pour fréquenter des Alfemblées particulieres en lórs; ce que les Etats défendirent, mais encore fans fruit. 22. D. Quel parti embraffa maurice? R. Après que les Contre-Remontrans fefureot rendu maitres de 1'Egliie du Cloltre a la Haye, il s'y joignit publiquement & demanda enfuite' la tenue d'un Synode National pour décider les points conteftés. 23. ü. Quel étoit Ie voeu des états? R. oldenbarneveld inclinant Èt la modération , jugea une pareille Aflemblée inutjle: mais il en réfuita des féditions , que les états vouloient réprimer en levant une Milice Nationale connne fous' le nom de Waardgelden; ce qui ne fut pas approuvé par toutes les Villes, & déplut encore a\ maurice, qui effeaua le licenciement de cette Troupe. 24. D. Qu'arriva enfuite? R. joan van oldenbarneveld, Avocat de la Province; hugo de groot & rombout hogerbeets, Penfionnaires de Rotterdam & de Leyde, furent, en vertu d'un Ordre des états généraux, emprifonnés a la Haye. 25. D. Que fit-on d'abord? ' R. Quoique les Régens de Hollande pro».  112 mort doldenbarneve ld. vaiTent, que les é tat s géneraux n'avoient ucun pouvoir dans cette Province, oldenbarneveld fut Traduit par devant vingtquatre Juges, psr eux condamné a perdre la tête, & décapité publiquement a ia tlaye, le 13 Mal I619, aprés avoir fervi la Patrie quarante t;ois ans. 26. D. Quelles en étoient les raifons ? R. D'avoir, difoit-on, contribué le plus è la levée des Waardgclders; de s'étre oppofé a la tenue du Synode; d'avoir prué 1'oreiile aux inflnuations de la Franct, & avec les deux autres Seigneurs, favorifé trop les Refiiontrans, qui étoient portés pour la Trêve. 27. D. Qu'arriva aux deux autres Seigneurs? R. de groot & hogehbeets, con- damnés a une prifon perpétuelle dans le Chateau de Loeweftein , y furent trausportés: mais cette Semence, auffi bien que 1'autre rendue contre oldenbarneveld, ont été par plufieurs improuvées. i8. D. Le Synode National a donc été tenu enfuite ? R. Oui, en i<5i8 & '619 , a Dordrecht: 1'on y condamna cinq Propolitions des Re» tnontratis; défenfe a eux de tenir des Affemblées: les Magiftra's qui les affeétionnoient, furent dépofés, auffi bien que deux eens Miniltres , & quatre - vingts bannis du Pays. 29 D. Pourquoi bannis? R. Paree qu'ils refufoient de s'abltenir de toutes les Fonctions eccléfiaftiques publiques ou privées: cependant par la fuite, le tems s'étant adouci, iis font retournés dans le Pays & on leur a permis la tenue des AiTemblées Religieulès. 30. D.  collbgians. de groot. 113 to. D Quelle Se&e s'eft élevée enfuite? R. Dans la même année Jóiq, trois Freres J4N , ADRIAAN & CYSllltECHT VAN per Kot-de formerent un College, c'efl: a dire une AlTemblée Religieufe, dont les opinions differoient d'avec celles de la Religion Dominante, premierement a IVurmtmd & puis a Rhynsburg-, d'oü ils obtinrent le nom de Collé«tans ; & leurs adhérens s'aiTemblent encore auiourd'hui dans ce dernier endroit. 31. D. hu go de GitooT a - c - il fini fes jours en prifon ? K. Non: par une finefl'e de fon Epoufe courageufe, maria de reigersbergen, il s'en échappa dans une caiffe a livres & fe fauva en F, aiue. 32. D. Et quand il revint enfuite dans ce Pays-ci?' R. On refufa d'y tolérer ce grand homme: mais le Roi de Suede lui conféra une Ambaslade, il refta expatrié & décéda en 1645,pendant un voyage, a Rojiock; on 1'enterra par la fuite a Deilt. 33. D, Que puis-je apprendre de cela? R. Que les Mérites des Hommes illuftres ne Cmt pas toujours appréciés au jufte pendant leur vie; & que nous devons être bien honteux en voyant les Etrangers leur porter une plus haute eftime que leurs propres Concitoyens; comme cela eut lieu a 1'égard de huco de groot. 34. ü. Quel contentement goüta maurice enfuite? R. Qu'après la mort de guillaume Louis on lui conféra le Stadhouderat de Groningue & de Drenthe, & que la Tréve H  114 DECES SE MAURICE. étant fur le point de finir, la réfolutïon étoit prife de recommeneer la guerre, mais avec des forces peu confidérables: on renouvella donc les Alliances avec la France & VAnglc terre. 35. D. Quel chagrin elTuya-t-il? R. Que les Frifons élurent ernest-casim i r pour Stadhouder, & que les deux Fils d'o ldenbarneveld tramerent une confpiration contre les jours de m a u r i c e , laqueile ayant été découverte, coüta la vie a quinze des Conjurés. 36. D. Quels étoient enfuite fes exploits? R. lis fe réduifoient presque a rien; car fon entreprife contre Anvers échoua; & il ne pouvoit pas fauver la Ville de Breda afliégée par spinola: il tomba malade peu aprés & mourut en 1625. 37. D. Que difoit-on de lui? R. Qu'il avoit été le deuxieme fondateur de la République, doué de toutes les qualités requifes dans un grand Capitaine; mais qu'il ne pouvoit gueres endurer de réfiftance. 38. D. Quel étoit 1'état des affaires a la mort de maurice? R. La Hollande fupportoit des charges pefiintes & voyoit plufieurs Régens habiles dépoffédés: UOostfrije & le Pays de Cleves, ïubjugués durant les dernieres années de maurice, embarraffoient: la Compagnie des Indes Occtdentales s'étoit élevéë en ióai & a la même époque on avoit fondé Batavia, aipli que les Nouveaux Pays-Bas en Amèrique, aéluellement la Nouvelle Tori, 39. D. Qui, après le decès de maurice, fuccéda au Stadhouderat ?  C L 01 It E DE r R E D. BENEI* IIS Pi. Son Frere frbdekic-henri, en 162*; inais Groningue & Drenthe nommerent erkëst-casi mi r, qui étoit déja Stadhouder de Frife. 40. D. Quel étoit le génie de ce Prince? quelle fa première entreprife? R. II eut de grands talens politiques & rnilitaires, fe comporta modérement a 1'égard des Remontrans, élargit hogerbkets de fa prXon au Loevejleiv, & s'empara de Grol, petite Forterelfe, mais importante dans ce tems-la, en 1627. 41. D. Qu'eft-ce qui augmenta encore Ia joie de la Nation? R. Que 1'Amiral pieter fïetersz. hein, ea 1628 fe rendit maltre de la Flotte Efpagnole, chargée d'argent, qu'011 évaluoit a environ douze millions de florins. 42. D. Que fuivit encore ce riche gain7 R. La prife de Bois-le-Duc, dont, aprés uu fiege pénible & fameux de cinq mois, fréDbric-henri s'empara en 1629: mais 011 pleura d'un autre cóté la mort de piet hein, tué dans un Combat contre les Dunkertuois. 43. D.Par quoi fut encore accru notreïriomphe? R. Par la conquête A'Olinde au BréHl, dont 1'Amiral lonk avoit pris poffeflion, & encore par une Bataille glorieufement gagnée fur mer, dans Ie Slaak, pas loin de Tholen. 44. D. Que s'évanouit par-contre? R. Un delfein d'unir les dix Provinces des Pays-*Bas Efpagnols avec les nótres, ou d'en faire le partage avec la France. 45. D. Qu'arriva-t-il alors pour Ia fatisfaction des Remontrans? R. Lorsque frederic-henri fe vit H 2  Ïl6 ACADEMIES. bible. chargé de la direction des affaires, l'exécution des Piacards contre les Remontrans ne fut pas rigidemem obfervée; & quoiqu'ils effuyalléut quelque defagrément au fujet du lieu de leur affemblée a Amflerdain, ils y acquéroient néanmoins- un Séminaire pour les Etudians, oü, depuis episcopius donna des Lepons. 46. O. En quoi fredebic-henri réuslit-il heureufement? R. Dans fon delfein de faire la eonquête de Maellricht & de Limbourg en 1632, enfuite de Rhinbergue, du Fort de Schenck & enfin de Breda dans l'année 1635. 47- Que procura l'année fuivante une grande célébrité a la Ville tfUtrecht? R. Le changement de fon Ecole llluftre en Univerfité donna beaucoup dé luftre a cette Viile: on recut auflï avec applaudiffement le Placard de Hollande, pour réprimer 1'infenfé commerce de Tulipes, quand un feul oignon fe vendoit cinq mille florins. 48. D. Combien d'Univerfités comptoit-on alors dans la Patrie? R. Cinq: favoir, a Leyde, érigée en 15745 4 Franequer, en 1585; a Harderwyk, en 1600, mais, après avoir tombé en décadence, renouvellée en 1647; a Groningue, dans 1'an* nee 16:4, & a Utrecht, en 1636. 49. D. Quelle fatisfaction goüta alors 1'Eglife? R, De voir une nouvelle Traduclion de la #ible, avec d'excellentes Notes margïnales, faite & publiée, par les foins des états, en 1637: c'eft pourquoi on 1'appelle bible P e s é t a t s. ' 'o. D. Que inérica encore beaucoup de lou-  AC TI o» s et mort de fr. hènri. ii? R. Nón ia dispute favante , quoiqu'oifeufe, entre vo e ti us & le favant Philofophe dèsc a r t e s , mais 1'ordre des états de Hollande de refuter le livre de saldenus, intitulé la Wier fcrmie. 51. b. Qu'eft-ce qui en mérita beaucoup plus encore ? R. marten harpentsz. t r o m p , qtÜ battit fi complétement la Flotte Efpagnole aux Duncs, que de foixante-fcpt Vaiflèaux il n'en échnppüt que dix - huit; pendant que tromp en perdit feulement deux. Quant a la guerre fur terre, elle ne fe fit que foiblement. 52. D. Quel honneur reput feédeeich e k r 1 enfuite ? R. Que Groningue & Drenthe lui conférerent le Stadhouderat après la mort de henric a s 1U1 r : mais la Frife donna la Direction a guillaume-fréderiCj Frere du défunt. 53. D. Eft-Ce que YEfpagne ne fe lafloit pas encore de la Guerre? R. Oui: & comme de notre coté les expéditions n'étoient pas plus vigoureufes, on fe décida a renouer les anciennes Négociatiorts de la Paix a Munfter, pendant que f riIderichenri prit dans la inême mméeSas de Gand, & Huift l'année fuivante. 54. D. Quelle afflictïon accabla peu après la Patrie? R. Elle perdit en 1*547 fredirIC-'hènr 1, Prince orné de mérites fupérieurs, formé pour notre Ilépublique & emportant la gloire d'avoir été un des meilleurs de nos Stadhouders, 55. D. Eft-ce que la Paix fut retardée pour cela?  ïl£ PATS DÉCLARf 1NDEPE HDAST. R. Non: on 1'arréta, !e 30 Janvier 164?, avec YEfpagne a Munfter, au méconteritement des Frangois, qui nous reprocherent de lw avoir abandmnés. 56. D. Ainfi? R. Les fept Provinces gouterent enfin Ie bonheur inexprimable , qu'a la fin d'une Guerre de quatre - vingts ans, qui avoit conté tant de fang, de peines & d'argent, elles furent déctaré & reconnu pour des Ltats Souverains & Libres. 57. D. Quant a I'honneur de tout cela ? R. L'honneur en doit inconteflablement être attribué a la Providence Divine, qui pour cette fin dirigea le tout d'une fapon merveilleufe. 58. D. Dans un efpace de tems fi court? R. Non: dilbns plutót dans un efpace de tems fort long , c'eft- a-dire, depuis la renonciatio» k YEfpagne, qui eut lieu en 1581. 59- D. Et cela fe fit par..?' R. Par un étrange concours de circonftaneej, admirablement gouvernées par Ia Providence comme vous venez d'entendre. 60. D. La Liberté obtenue alors a.fans doute, fubfifté? R. Certainement: Ia Liberté alors acquife s'efr, par 1'admirable direction Divine, 'confervéê heureufement jusques a préfent. 61. D. Sans obftacles? R. On ne peut pas le drre.'a notre égard, dans toute fon étendue, car plufieurs orages Pont fans ceffe alfaillie: mais il nous fuffit; elle s'eit mainteaue. - cuo en foit loué !  tlf CINQUIEME ISTIJTIIB. Brêftl. Licenciement des Troupes. Entreprife de Guillaume fur Am/lerdant. Sa mort. Adminiflration fans Stadhouder. Guerre contre f'Angleterre: contre la Suede: deréchef contre T Angleterre. Tromp. De Ruiter. Chattam. Paix de Breda. Voetius. Descartes. Triple Alliance. Defunion. Guerre ctntre la France. Majfacre de J. £f C. de Witt. i. D. Que verrons-nous a préfent? R. Une toute autre Période, dans laquell* ras anciens Ennemis iurés deviennent le« neilleurs Amis de la Patrie, tandis que les ancens Alliés de la Nation en deviennent les pus cruels Perfécuteurs. Cette Epoque s'étend cpuis l'année 1648 jusques a l'année 1672. s. D. Qu'arriva-t-il d'abord? R. L'inimitié s'éleva entre les états de I, République & les Anglois: mais une disintion intelline fit redouter des fuites encore £us facheufes. 3. D. Laquelle? R. guillaume II,Fils & Succefleur da trederic-henri au Stadhouderat, ainfi ae d'autres Provinces prenoient en mauvaife prt le Licenciement de queiques Troupes, «fecïué par les états de Hollande après la Paix. H 4  ÏOo ENTREPRISE SUR AMSTERDAM. 4. D. Que fit-on a Poppofite? R. Les états generaux réfolurent de faire changer d'avis aux Villes de Ho 'lande, par 1'envoi d'une Députation, a la tête de bquelle étoit le Prince guillaume II: mais elle échoua presque pattout, en particulier a Amfterdam, 5. D. Qu'en réfuita_ t-il ? R. Que guillaume 11, en 1650 fit arrêter lix Seigneurs Hollandois , venus a li flaye dans 1'aifemblée des états, & les transporter au Loeveftein: qu'enfuite il vouluc •furprendre Amflerdam par des Troupes fou: les Ordres de guillaume-fréderic, Stadhouder de la Frife. 6. D. Ce defléin a, fans doute, réufïï? R. Non: un orage furvenu & 1'obfcurité de la nuit arréterent d'abord les Troupes , qui enfuite s'égarerent encore fur la Bruyere di Gooiland; ce que le Courier deHambourg atpercut & en informa les habitans de la Vill». 7. D. Qu'enfuivit-il? R. Les Troupes, en s'approchant, furett èbligées de battre en retraite, afin de n'êtr» pas fubmergées par 1'eau de Mer introduite: peu après 1'aiTaire fut accommodée, pendan: que la Ville fe préparoitaune vigoureuie défenfe 8. D. Quelles étoient les conditions de ce Accotnmodement? R. Les fuivantes: ,,Ia Ville confentiroit „ 1'Etat de Guerre: les fix Seigneurs détenu „ au Chateau de Loeveftein feroient relSchés. „ & les deux Meflieurs bikker quitteroien „ la Magiftrature de leur Ville." Ces condi tions furent bl&mées par les uns, & approu vées par d'autres.  mort de CVILLAUMe II. i2x 9. D. Pourquoi guillaume II voulur-il, contre le gré de la Province d''Hollande, con> ferver tant de Troupes fur pied? R. On croit que fon intention fut de s'allier avec la France, pour recommencer la guerre comre tEfpagne: mais il mourut inopinément, en 1650, de la petite-verole, a 1'age de vingtquatre ans. 10. D. Qui le remplaca dans fes Dignités? R. Groningue nomina ouiLLAUME-rité- «eric, qui étoit déja Stadhouder des FriJ'ons; mais la Hollande le rejetta, pour avoir prêté la maïn 3 1'entrcprife fur Amfterdam. 11. D. Qui donc fut choifi a la place da défunt? R. Perfonne dans les cinq autres Provinces: leurs états réfolurent de gouverner a 1'avenir, d'oü naquit une espece ó'Ai-i/locratie, ou Gouvernement des Principaux, & comme faffaire étoit poulfée un peu trop chaudement, le Peuple s'en mécontenta beaucoup. 12. D. Qu'eft-ce qui fe traita d'abord dans cette Direftion? R. Les - états-cémeraux, tenant en 1651 une grande AlTemblée a la Haye, prirent queiques Réfolutions relatives a la Confédèration, è la Religion & aux Affaires Militaires. 13. D. Avec qui fe brouilloit enfuite la Hollande? R. Avec 1'Angleterre, laquelle, après Ia mort tragique de charles I, étoit gouver. née par olrv 1 er csomwjl, en qualité de Pr«jt'(3e«rdu*Royaume: c'eft lui qui paffa 1'agrayant Acte de Navigation, pour forcer les £ t a t s a s'intérelfer en fa faveur. H S  122 guerre contre L'a no LE ter r 14. D. Quel étoit le contenu de eet Acte? j?. Qu'aucunes Marchandifes ne pouvoient étre importées par des Navires Hollandois en Angleterre; ce qui porta un coup mortel a notre Commerce & la guerre s'alluma dan» l'année 1652. 15. D. Qu'y arriva-t-il? R. Qua:re Batailles navales livrées dans 1'efpace d'une année aux Anglois : le vieux tromp & de ruiter s'y diftinguerent. 16. D. Qui dirigea alors principalement le» affaires de la République? R. Le Grand Penfionnaire jean de witt, qui, quoique n'ayant pas encore atteint fa vingt-huitieme année, fut appellé la Sagesje de la Hollande ■' fon zele s'enflamma alors fi fort, que les ïtats réfolurent d'équiper, en 1653, cent cinquante Vaiffeaux. 17. D. Qu'efTeétua notre Flotte dans le courant de la même année? R. maarten harpertszoon tromp combattit, trois jours de fuite, les Anglois, avec une bravoure fans égale; & jan van galen les battit a la hauteur de Livourne. 18. D. Qui encore? R. tromp, avec quatre-vingt-dix-huit Navires livra un combat a portée de Katwyi, mais un boulet ennemi le priva, hélasi de fa vie glorieufe. 19. D. Quel étoit le but de cromwel? R, Cet TJfurpateur fanatique „tacba de nous incorporer dans 1'Empire britannique, mais s'appercevant par notre oppofitiou vigoureufe, que cela ne réufïïroit jamais, il nous offrit la Paix, en 1654, fous conditiën que les s tats  ïehtk ei) brIsil. Ï23, s'tnragealTent a ne jamais élever au Sradhou&rat, guillaume III, Fils de guillaume II. 20. D. Agréa-t-on cette claufe ? ƒ?. La Province de Hollande ayant en peu de tems perdu quinze eens Navires, fans efpoir d'obtenir a d'autres conditions la Paix, 1'accepta ainfi en 16^: les autres Provinces en étoient mécontentes & rejettoient le blame 1'ur jean db witt. . ... , 21. D. Quelle etoit alors la fituation de 1'Etat? R. Après la fin de cette guerre, il eut dans queiques Provinces des troubles fur 1'admilïïon ou la non-acceptation d'un Stadhouder: mais c'étoit beaucoup plus honteux encore, qu'on laiflat perdre la riche Province de Bréfil. 22. D. Quel revers nous menaca encore davantage? R. La France, mécontente depuis la Paix de M«»y?f,favorifa les Corfaires a notre dommage: il falloit donc que de ruiter les réprimat; lar France s'en formalifa, mais la Paix ne fut point interrompue. 23. D. Comment fe comporta-t-on enfuite? , „ „ R. Nous penchames plus pour 1 Efpagne & le Danetnarc,<\üQ pour la France & la Suede, dans 1'opinion de conferver ainfi mieux 1'équilibre entre les Puiflances voifines. 24. D. Que fit-on, quand une guerre s'éleva dans le Nord? R. A caufe de 1'intcrêt du Commerce, M. de wassenaar, autrament nomnié 1'Amiral  124 öuerre sur mer. obdam, fut détaché avec une Flo'te, qu! forca les Suidoh a lever le Siege de Dantzig & ruina leurs forces navales* 25 D. En outre? R. En 1659,1'Amiral de ruiter mitaunl a la voile, prit Kartemun,fe & battit 1'Armée de terre Suédoife : mais dans l'année fuivante le renos fut rétabli au Nord. 26. D. Et la fuiteen étoit? R. Que par des Aftions aufil valeureufes, la Gloire de la République, prcscrivant la Loi aux Rois de Suede & de Danemarc, & exercant fur mer urt Commerce qui furpaiToit celui de toutes les autres Nations, monta au comble. 27. D. On acquit donc de grandes richenes? R. On en eut fuffifamment pour recevoir ala Haye, avec une magnificence Royale char* les II, Fils de charles I décapité 'en Angleterre: ce qui déplaifoit i\ beaucoup de perfonnes; quoique charles parut bien intentionné en notre faveur & conclüt même un Traité avec 1'E'at; mais . . . 28 D. Que vouliez-vous ajouter encore? R. Mais, qui pénetre toujours le cceur des Princes! Combien peu leurs proteitations d'amitié en parient! Du moins la reconnoilfance qu'ils afFeflent, n'eft pas toujours de longue durée. 29 D. Eft-ce que Ia Réfolution d'exclure a jamais le Prince guillaume III du Stadhouderat a été révoquée aprés la mort de CBOMWEL? R Les opinions des Provinces Confédérées différoient, a eet égard, infiniment. 30. D. Quel événement inoui, du moins dans notre Patrie, fe pSTFa en 1660?  jioktagne abimee. 12S R. Une Montagne, prés d'Arnhem, s'ablma fous terre: événement dont, pour autant que nous faqhions, nul Hiftorien de la Patrie a parlé: Ie Poete e o n. reucheniüs feul en fait mention dans 1'infcription placée a la tête des trois élégans Vers Latins fuivans; De Monte Arnhemiertfi, fuburbano, vi tempeftatis divulfo, anno mrabili CI3 13 CLX. Saiin? Superbe? Pcenitere quid cefias? Minatur ira Numinh, tremunt Montes: Tremente Monte tempus eft, trcmant Menfes, C'elï a dire: D'une Montagne auprès d"Arnhem, paria violence d'un Orage (qui apparemment 1'avoit mïnée par les efforts du Rhin) arrachee, (favoir du milieu d'une chaine de Montagnes; après quoi elle s'eft enfoncée, comme fe voit encore de nos jours.) dans fannée merveillenfe i66"o. Orgueilleux! n'eft-ce pas encore aftiz? Que differes-tu a te répentir? Lire de Dieu menace, les Montagnes tremblent. dl eft tems que ies cceurs des mortelt frémijjent, quand les montagnes i'ébranlent. 31. D. Que fepaffa-t-il en d'autres Contrées ? R. La Compagnie des Indes Orientales florilToit par la Conquête de Macafar & par fon Commerce avantageux a la Chine; mais elle perdit, d'un autre cöté, 1'IIe de Formofe, oü le Miniftre hambroek donna un illuftre exemple de loyauté.  125 <5UE1RE MAKITIMK. 32. D. Etoi't- ce Ia feule perte? R. Oui: mais charles II d'Angleterre, jaloux de notre Commerce étendu, & de notre Allïance avec la France, nous enleva les Nouveaux Pays- Bas en Amérique, & déclara enfuite la guerre a la République en 1664. 33. D. Montra-t - on durant le cours de cette guerre autant de bravoure que dans la précécente? R. Les états mirent en mer une Flotte nombreufe fous 1'Amiral obpam; mais fou Vaifl'eau ayant durant le combat fauté en fair, il y perdit, aufli bien que 1'Amiral kortenaar, la vie, & notre Flotte par ce malheur la Victoire, en 1664, 34. D. Cette perte a, fans doute, été réparée? R. Oui: par 1'Amiral de ruiter, qui reprit fur les Anglois les Places qu'ils nous avoient enïevées au Cap-verd, & il revint triomphant. 35. D. Par oü Ie Grand - Penfionnaire »g witt acquit-il une gloire particuliere? R. II découvrit que la tlotte Hollandoife, non-feulement fur dix rumbs du Compas, comme 1'on avoit toujours eftimé, mais fur vingthuit des trente-deux Vents pouvoit du Texel mettre en mer. 36. D. Que ocut-on en apprendre? R. Cela nous fait connoitre Ie bonheur d'un Etat, oü les principaux Regens font non - feulement veri'és dans la Politique, mais encore dans les autres Sciences, comme jea/n de witt, qui favoit a fond les Mathématiques, auffi bien que les Belles - Lettres. 37. D. Frons-nous alors uniquement en guerre contre les Anglois?  ri0 vio mat Tes:el urn. see Icon Icojnmem '. . blafe.uff. ■poaoroit alux Texel mmettre eji inner» . . . .jaag. \zS. i " j wiggen zyndc>in emelynWantoiuwIhadt^ JÜU iet coi'iics, eïant Jeune eai-iroJi, dans une CorXeinë.p.u?.   EXPLOITS DE DE RUITER. 127 R. Non: car le faineux Evêque de Munfter, bakent van galen, excité par le Roi o'Angleterre, fonna en 1665 des prétentions fur Ilorculo, fit une invafion dans le Pays de Drenthe, & s'empara de Lochem & de Oeutickem, mais ayant été arrêté dans fes progrès, il fit laPaix- 38. D. Eft-ce que les Anglois nous caufoient encore d'autres dommages fur mer ? R. Ils vouloient intercepter notre Flotte richement chargée revenant des Indes; mais leur projet ayant échoué, & la Flotte s'étrnt retirée au Port de Bergues en Norwegue, les Anglois 1'attaquerent avec furie, mais ils furent repoulfés avec non moins de vaieur. 39. D. Ne fe pafia-t-il d'autre chofe encore fur mer? R, Certes oui: car dans l'année 1666 1'Amiral be ruiter combattit pendant quatre jours confécutifs les A.iglois, & remporta enfin la Viétoire, après que 1'Ennemi eütperdu vingttrois Vailfeaux & comp é entre cinq & fix mille tués. 40. D. Etoit-ce la tout? R. Non: dans le cours de la même année fe Iivr» un autre Combat Naval, oü 1'Amiral de ruiT £. r, abandonné des fiens, perca au travers da la Flotte Angloife & s'échappa heureufement. C°tte Retraite fut regardée comme un chefa oeuvre, préférable a une Victoire. 41. D. Pourquoi? R. Paree qu'il foutint & repoufla avec feulement huit foibles Vailfeaux, les efforts re* doublés de vingt-quatre Vailfeaux enneinis du premier rang. Des Actions de cette nature exécuta ua Homm; qui, dans fa tendre jeunelTe, fila  ÏSf» TïIOMf Hl DB CHATTAM. des cordes, a Flejfmgue, dans uue Corderie, en gagnant fix fois par femaine. 42. D. Quelles en étoient les fuites? R. L'Amiral iorneiis tromp, qui 1'avoit abandonné, fut privé de fa Charge: de Ruiter, par contre, obtint du Roi de France I'Ordre de St. Michel, pour honorer fa Retraite glorieufe. 4.3- D Combien de tems dura cette Guerre maritime ? R. En 1667, on entama des Négociations de paix a Breda: mais les Anglois ne devenoicnt a eet égard trarables, qu'après un certain événement? 44- D. Quel événement? R. L'Amiral de ruiter avoit été chargé de mettre en mer avec une Flotte, fur laquelle s'embarqua corneille de. witt, Bourguemaltre de Dordrecht, & Frere du GrandPenfionnaire jean de witt. 45- D. A quoi aboutit fon Entreprife ? R. 11 remonta la Tamife & brüla diffërens Vailfeaux Anglois; ce qui répandit une confternation générale dans ce Royaume, & accéléra la Paix a des conditions plus avantageufes pour nous que dans l'année 1667. 4Ö.D. Qui, dans cette iïxpédïtion, donna des preuves de 1'ancienne intrépidité Hollandoife? R. Les deux Cap'taines brakel & van Ryn: le premier paffa courageufement a pleines voiles par delfus la Chaine que les Anglo's avoient tendue d'un bord a 1'autre, au milieu d'un feu terrible de la part des ennemis, fans que lui-même tira un feul coup: enfuite il s'empara prés de Chattam d'une Frégate Angloife, après lui avoir lacké toute fa bordée. 47. D.  HÉROS RÉCOMPENSés. 12^ 47. Z>. Et 1'autre? R. van ryn, fuivant le premier de prés* rompit fous voile la Chsine, & ouvrit par eet effort vigoureux un libre palfage aux autres vailfeaux Hollandois, qui mirent enfuite le feu aux plus beaux Navires A-iglois. 48. D. Comment ces Héros ont-ils été récompenfés ? R. Les etats ordonnerent de fabriquer trois Coupes ou Vafas d'Or, fur lesquels étoit repréfenté, en émail, l'Aftion glorieufe; coütant enfemble dix mille florins. La première Coupe fut donnée a coit n b 1 lle de witt^ avec une Obligation de 30000 florins; & les deux autres aux Amiraux de bui ter & VAN GENT. 49. D. Exiftent elles encore toutes ces Coupes ? R. Celle du premier eft confervée dans fa Familie a Dordrecht: la Coupe de 1'Amiral de ruiter eit entre les mains de fes arriere-neveux collatéraux a la Haye, lesquels, quoique vivant actuellement a 1'étroit, ne voulurent jamais s'en défaire: ce qui leur a été & elt encore bien glorieux. 50. D. Ainfi Ia Patrie, après 1'exécution de eet exploit héroïque, obtenoit enfin la Paix defirable ? R. Oui: mais la Paix de 1'F.glife Nationale fut de nouveau interrompue par les diffentions entre les Disciples decoccEjus & de voet 1 u s; & d'autres querelles, touchant la Philofophie de descartes, allerent fi loin que le Profeffeur heydanus, les Miniftres mom ma & van der wayen furent dépofés. 51. D. Combien d'erreurs inputoit-on aux adhérens de coccejus & de descartes? 1  130 édit perpetuel. R. Quelqu'un les a porté a cinq eens foixante - neuf, ajoutant, qu'il en réfervoit encore du moius autant dans fon carquois: aujourd'hui cependant, il feroit difficile d'y trouver une feule erreur. 52. D. Qu'apprend-1-on de cela? R. Que des vues temporeiles, des préjugés, des palïïons peu vent troubler les fens & leur faire commettre des aeïions, dont enfuite, dans des momens plus calraes, on relte bien étonné. 53. D. La Paix fe confervoit-elle au dehors? /{.Elle paroifloit devoir être de courte durée; car louis XIV fit valoir, peu après, les Armes a la main une prétentiou fur les X Provinces des Pays-Ras Efpagnols, du chef de fonEpoufe, qui étoitFille du feu Roi tfEj'pagne. 54. D. Fit-on enfuite des préparatifs de guerre? R. Oui: mais craignant que guillaume III deviendroit peut-être Stadhouder & acquerroit alors trop de pouvoir, la Province de Hollande réfolut de féparer non-feulement la Dignïté de Capitaine Général du Stadhouderat, mais auflï d'abolir ce dernier. Cette Réfolution obtint le nom ó'Edil Perpétuel: par-la jean de witt, comme en étant le principal auteur, fe rendit odieux. 55. D. Que fit dans eet imcrvalle louis XIV? R. II s'empara de queiques Villes des Pays-Bas; i! auroit même fait des progrès plus rapides, mais, afin de rétablir la Paix en're la France & VEJpagne, on conclut en 1668 , par 1'habileté de'5 e a n de witt, uneTriple AUiance avec I''Angleterre & la Suede. 56. D. Qu'en réfuita-t-ü? R. Que louis XIV éoit fort mécoiuent  trtple alliance. I3t des etats, mais en particulier de juan b» wi it, vu que par-la il arrêta les Conquêtes du Roi dans les Pays-Ras Efpagnols; mais, fans le favoir, jetta les fondemens de fa propre ruine. 57. D. Ce mécontentement du Roi de France eut fans doute des fuites? R. Des fuites fort graves: car en premier lieu il tacha de nous retirer de cette Alliance, &, comme cela ne réuffiifoit pas, de gagner cnnles II d'Angleterre; en quoi il eut un me'1leur fuccès: enfuite ils fe liguerent contre notre République en 1670. 58. D. Ainfi..? R. Ainfi la Triple Alliance, regardée d'abord comme un trait de la plus profonde politique, & pour eet effet trés bien récompenfée, devenoit une chimère: d'oü 1'on peut apprendre Ia viciliitude des plus itagénieufes réfolutions en polidque. 59. D. L'afFaire refia fans doute dans eet état ? R. Non: car la Sucde fe laifla auffi corrompre par ces deux Rois; & plufieurs Princes A Allemagne, excepté 1'Electeur de Rrandebourg, furent encore foulevés contre nous: de maniére que le tout prit un afpect trés lugnbre. Co. D. Que faifoient les etats dans ces tems remplis de follicitude contre des Alliances étrangeres & fi puiffantes ? R. II ne refta rien a faire, finon un Traité débile avec VEfpagne, Royaume qui alors étoit dénué d'un Gouvernement bien réglé, fans Troupes de terre, ni Forces Maritimes. 61. D. Etions-nous attaqués d'abord? R. Pour colorier de mauvaifes actions, les Rois meines font quelquefois affez laches de . 1 2  Ï3« MOUVELLE GUERRE. recourir a des prétextes, &, fi ceux - ci n'exiftent point, d'en faire naitre. 62. D. Pourquoi font-ils fi prompts a les faire naitre? R. Le reproche d'avoir commis 1'injuftïce, ou de Ia commettre h deffein-, leur repugne & ils veulent toujours 1'éviter; quoique d'ailleurs, par la pifffance & 1'indépendance, ils fe croient fupérieurs a la Loi: principe certainement erronné & non moins préjudiciable. 63. D. Et dès que 1'on eut trouvé ou fuggeré des prétextes contre notre Patrie ? R. Alors les Rois de France & d''Angleterre nous déclarerenc le même jour en 1672 la guerre: enfuite Ie premier ne fit marchér que fitnplement deux eens mille hommes pour conquérir notre petit Pays, tandis que 1'Eleéteur de Cologne & 1'Evêque de Munfter devoient l'afilfrer encore. 64. D. Que faut-il qu'on dife d'un événement femblable? R. Chacun doit trembler en fe rappeiant ce tems defaltreux, oü la Patrie placée au faïte de la grandeur qu'eile avoit atteint, s'en vit précipitée jusques fur le dernier degré de fa ruine. 65. D. Et cette ruine avoit - elle lieu? R. Oui: car les premiers AUiés avoient déja rompu le Traité contraclé avec nous; les Etats voifins fe concertoient pour notie perte; &... 66. D. Que vouliez-vous aj^uter enco-e? R. Et le Peuple abufé , qui d'abord fe conrboit fi profondement devant nos meilleurs Hommes d'Etatr peu aprés fouilla fes mains de leur fang innocent. 67. D. Se découragea t-on alors? R. Non: après que les Anglois agreffeurs euffent déja attaqué, quoiqu'a leur grand dom.  TROIS PROVINCES PERDUEïi I33 mage, nos Va:fleaux revenant de Smirne avec une riche Cargaifon, on réfolut d'envoyer dï ruiter avec une Flotte en mer; il livra enfuite un combat fanglant, devant Soulsbay, aux Flottes Angloi/e & Franpoi/e réunies. 63. D. Se dcFndit-on fur terre avec la même vigueur? R. ici les forces étoient de beaucoup inférieures;car YOvetyfel plia devant lesArmes de Munfter & de Cologne; la Gueldre tomba fous les Fratifois; Utrecht fut perdu : mais a Muiden ils échouerem pour la première fois. 69. D. Ne cherclia-t-ou pas a faiisfaire louis inondant tout ? R. Oui: au Chareau de Keppel, pas loin de Zutphen, on lui fit des propofitions que, pour notre bonheur, il rejetta avec un dédain infultant. 70. D. Pourquoi? R. Comme les Grands font rarement aflez heureux d'avoir auprés d'eux un bomme qui, nepenchant ni k 1'ambiuon , ni a la llatterie, influe fur leur coeur, ou en foit écouté quand il parle; louis fuivit Ie confeil donné par d'autres, d'exiger plus qn'on ne lui olfroit. 71. D. Qu'obtint-il? R. Autaut que d'autres 1'avoient fouvent ex- ' périmenté, c'eft a dire, qu'exigeant trop, il ne recut rien; ainfi que 1'un de fes Miniftres paroilfoit 1'avoir prévu, mais dont le confeil ne fut pas écouté. 72. D. Que vütiloit-on faire dans cette extrêmité? R. La plupart des Villes de Hollande voyant 1'Ennenii pénétré au coeur de la llépublique , I 3  C. DE WITT ACCUSé. vouloient fe rendre; mais d'autres, auffi bien que le Prince guillaume III, que 1'on avoit établi Capitaine Général des Troupes, fous promeffe de ne pas devenir Stadhouder, refuferent d'erabralfer cette propofuion. 73. D. Quelle étoit la conduite du Peuple dans cette occurrence? R. Telte que cela arrivé ordinairement: d'abord il s'éleva des murmures, puis on prodigua aux principaux Membres de 1'Etat 1'odieux nom de Traitres; enfuite VEMt Perpétuel fut ansullé, & guillaume III proclamé Stadhouder en 1672. 74. D. Les murmures & les inveétives n'avoient-elles pas d'autres fuites? R. On alla plus loin: plufieurs Régens habiles & integres, que 1'on accufoit d'avoir tenu le Prince éloigné de fes Dignités, furent dépofés, 75. D. Sur qui fondit le fort de 1'orage? R. Sur corneille de witt, Bour- guemaitre de Dordrecht & Ruward de Put' ten, que guillaume tichlaer, Chirurgien a Piershil, accufa d'un attentat contre la vie du Prince: fur quoi il fut arrêré & conduit a la Haye. 76. D. Quel étoit-la fon fort? R. Quoiqu'interrogé & sppliqué a la Question fur le Témiignage d'un feul homme, il n'avoua rien; on le prtva ncanmoins de fes Charges & le bannit de la Provirice 77. D. A-t-on exöcuté cette Sentence? R. Non: la Populace de la Haye lui fit fubir un fort beaucoup plus tragique: le détenu, & fon frere jean de witt, Grand Penfionnahe, qui étoit venu le vifuer en pri-  aSSASSItfAT de c. ET j. de witt. JJS fon, furent par cette Populace fanguinairearrachés du Fooi poort, entrainés fur la peloufe verte & la cruellement maffacrés. 78. D. Que plaida en faveur de 1'innocence de jean de witt? A'. Le téraoignage de c ui tl au me III, qui ne paria jamais qu'avec horreur de cemeurtre, & crut que le Grand Penfionnaire avoit fidelemcnt fervi la République. 79. D. Comment punit-on les boute - feux de ce crime atroce ? R. Ils échapperent h la punition du Juge terretlre;inais la fuite de leur vie Ibrma un enchainement de mifere, de pauvreté, de reinords de confcience, & ils moururent couverts d'opprobre. 80. D. Quel étoit le Caractere des deux Freres? R. corneille de witt étoit brave & courageux; mais il ne put jamais atteindre a la vivacité d'efprit, au jugement précis, a Ia rare pénétration de fon Frere'. 81. D. Que doit-on dire de eet événement? R. Qu'il eft déplorable de voir un fang pa- reil répandu par des mains fi injuftes, li barbares, fur le fol de la patrie. 82. D. Que peut-on en apprendre? R. Qu'une condition élevée dans Ie monde & de grands bienfaits rendus a la Patrie, ne mettent perfonne a 1'abri de la plus baffe hutuiliation dont une Populace foulevée veut 1'accabler. 83. D. La Familie de ces Freres s'eft-elle éteinte par ce defaftre? R. Non: elle eft encore connue dans & hors la Patrie: car le Général RujJ'e, de witt, I 4  JS& FAMrilEDEC. ETJ.DEWITT, h\ Fils du vieux Général & Gouverneur de Ka tmek en Pologne, marié a une Princefie Grec.'"'•l1', 1'un & ont depuis peu vifité la Poftérité de ces Freres aflafïïnés dans no e Pttne, eft 1'un des Descendans étrangers  !37 (I III11E ENTHETIEN. Patrie dèlivrée. Batailles Navales. Paix avec F Angleterre. Trois Provinces tibirits. Paix avec la France. Refugiés francais, Voetiens & Coccejens. Labadie. Guillaume III fur le Tróne d'Angleterre. Troubles en Mande. Decès de Guillaume III. 1. D. PafTons-nous maintenant du théatre lugubre que nous venons d'envifager, a une autre Epoque? R. Oui: & dans cette nouvelle Epoque s'offrent les événemens qui datent de 1'élévation de oüillaumi! au Stadhouderat & finilfent avec fon decès, c'eft-a-dire, qua Ia préfente Epoque s'étend depuis l'année 1672 jusques a celle de 1702. 2. D. Qu'y vit • on d'abord ? R. Dei Magiflxats capables, dans plufieurs Villes accufés a tort & privés de leurs Charges , que 1'on confioit a d'autres dénués d'expérience; mais en découvrant les inconvéniens, on fut obligé de réintégrer beaucoup de ces Régens expulfés. 3. D. Mais comment réfifta-t-on a 1'ennemi? R. Les Anglois voulant faire une Descente au Texel, y furent etnpêchés par un accident fmgulier, d'abord par le Reflux, qui, contre la coutume, duroit 1'eipace de douze heures, I 5  138 bat. nav. paix avec l'aNGL. & enfuite par une Tempéte: la Direction Divine fe manifefta v.Tiblement dans ces deuxévénemens pour la confervation du Pays. 4. D. N'obtenoit-on aucun fecours par terre ? R. Perfonne n'afïïfla, fip.on 1'Empereur & 1'Eleéteur de Br andeburg, tandis que 1'eau qu'011 avoit lailfé entrer, empêcha les progrès uitérieurs des Eratifois en Hollande, & la prife de Rats le Duc. 5 D. Que fe pafla-t-il fur mer dans l'année 1673? R. Que 1'Amiral de ruiter fe battit d'abord avtc foixante - quatre Vaiffeatx contre cent des Franpois & des Anglois; que huif jours après il les fitplierde nouveau; enfin, que deux mois plus tard, il leur livra, a la hauteur de Rykduin une bataiile d.s plus opiniatres, qui duroit huit heures. 6. D. Quelles en ont été les fuites? R. Les pertes caufées aux Anglois dans des combats fi fanglans, déciderent charles II a Ia Paix : on la fit d'abord avec lui en 1674, & puis avec 1'Evêque de Munfter & 1'Électeur de Cologne. 7. D. Qu'eft-ce qui procura encore plus d'aifance? R. La reprife de Kaarden en 1674: alors les Francois fe retirerent fi loin, que le Iha. bant deveuant le théaire de la guerre, la Calaille de Senef entre condè & coulaüme III y eut lieu, 8. D Quoi encore ? R. Ce dernier reprit enfuite Craave , & trois Provinces, perdiies dans I'efpacè d'un au & demi, étoient alon regagnéos: on appelia  hort de de ruiter. 139 èdonc guillaume III, le Sauveur de laRé- lVU9]qD.' Qu'eft -ce qui fe paffa touchant les 1 trois Provinces reprifes ? R. 11 y eut de grandes difficultés, tant fur leur ré-admiffion dans la Confédéranon, que touchant 1'élévation de guillaume 111 en quaiité de Duc de Gueldre en 1675: Ie premier point pafl'a, mais le fecond ne réufflt pas. 10. D. Qu'exécuta-t-on encore dans cette sn 11 é c ^ R Peu s'efTeaua fur terre & par mer;mais dans la bataille navale contre les fyatifoisjpre» , de Stromboli, 1'Amiral de buiter fut blefle, & décéda enfuite de fes bleifures a StragoJ/a, autrement Syacufe. 11. D. Cette Nouvelle frappa, fans doute, la Patrie? . , . , R Oui: car on perdit le meilleur Amiral que la Patrie ait jamais eu; & tels éloges qu' on lui prodigue, il n'eft jamais affez dignement loiic. 12. n. Fut-on plus heureux en 1676? R. Plufieurs Places tomberent fous les elforts, des Francais; le Prince guillaume fe vit même obligé de lever le Siege forme contre Maastricht: mais tromp & willem basïiaansz. battirent les Suódois, qui s'etoient auffi déclarés contre nous. 13. D. Qu'arriva encore ? R. En 1677 guillaume III perdit la bataille prés de Mont-Cafel. & époufa maK 1 e Fille du Duc de yosk: mais dans 1 année fuivante, on figna la Paix entre les États & la France a Nimegue, le même jour ou les deux Armées fe livrerent un combat fanglint a St. Daiys.  140 spinosa. a. bourignok. 14. D Cette Paix nous procura donc da j-epos? R. Du moins avec 1'Etranger: mais ies disputes relatives au licenciement des Troupes , & a 1'uugmentation des fortifications de Naartien , auffi bien que le partage des Habitans en trois differentes Factions , nous laiiïènt a juger de 1'état intérieur de ia République. 15. D. Qui mourut dans ce tems la? R. Le fameux benebictus spjnosa décéda en 1677 a la Haye; & ant 01 nette de bourignon, trois ans plus tard, en Franc; cependant ies opinions de cette fanatique ne cauferent pas a beaucoup prés tant de mal, que les erreurs abfurdes & funeftes du premier. 16. D. Eft-ce que louis XIV abandonna tout a fait fes projets fur les Pays-Bas Ejpagnols ? R. Non: il en donna des marqués en 168r & 1Ó83 par. fon invafion dans la Fiandre: il garda auffi fon mécontentement contre les états & le Prince guillaume lil; ne pouvant faire eutrer le Prince dans fes vues, il confisqua la Principauté tfOrange. 17. 1). Pourquoi les btats & "guillaume III refufoient - ils d'embrafler les intérê s de t, o u 1 s ? R. L'ambition de ce Monarque leur rebuta, & ils jugeoient trés néceffaire pour 1'e urope de s'y oppofer: a cette fin ils s'allierent avec d'autres Puiflances avec un fuccès heureux. 18. D. Quelles fuites eut 1'invafion de louis en F/andrcs? R. 11 ea réfuita que VE/pagxe réciamoit Paffiftance des ktats & guillaume III  GUERRE. É D I T DE HANTI !i I41 leur demandoit une augmentarion de Troupes. ijmfierdam s'y oppofa ; il s'éleva queiques brouilleries a ce fujet, mais elles futent biemtót affoupies. 19. D. Eft-ce que la guerre prête a le dé:clarer finit auffi aifément? R. Cumrae VEfpagne ne pouvoit pas efpérer d'être fecourue par nous, on arrêta une fufpeniion d'armes entre ce Royaume & la \France dans Pannée- 1684. 20. D. Qu'eft ce qui aliéna particulierement nos compatriotes de louis XIV? R. L'injufte Révocation de 1'Edit de Nantes en 1085, & la cruelle perfécution des ■Réformés dans fon Royaume, qui s'enfuirent iici par milliers, apportant avec eux les fecrets :des Arts & des Manufaétures, au grand avantage de la République. 21. D. A-t-011 recu ici avec amitié ce» Réfugiés? R. Avec plus d'amitié que plufieurs Habitans :en montroient a leurs propres Concitoyens: :car les différends entre les Viètiens & les Coccejens, attifés par des raifons d'Etat, continueren! h partager les efpr'ts. 22. D. N'y oppofa-t-on rien? R. Oui: Les Etats de Hollande ordonnoient de diftinguer les Opinions Philofophiques ;d avec les Théologiques; d'abandonner les IDéfinitions de de sc art es; de s'accorder iune liberté reciproque touchant la Philofophie, :de s'abltenir a fe donner des noms de parti. 1 Cette Réfulution rétablit enfin le repos. 23. D, Qui, dans ces tems, vouloit de noniveau fenier la zizanie? R. Si jeak de lab adie, Prédicant far  142 gui l l. III en anglet. HALEWYIf. natique & étranger, venoit ici pour cette fin, il ne put y réuffir, quoiqu il fit cmbraffer fes opinions a la Demoifelle anne-marie schuurman, fi renommée par fon favoir. v4. D. Que fe paffoit-il encore dont on eüt fujec de redouter les fuites? R. Que jaqoesII, Roi d' Angleterre, Beau-pere de guillaume lil, vouloit introduit* le Papisme dans fon Royaume : fur quoi ce Prince, invité par les Anglois, y paffa avtc une Flotte Hollandoif? en ir>88, & fut dans l'année fuivante élevé fur le Tróne Brtïannique avec la Priuceffe marie, puisque jaques avoit abandonné fon Empire. 25. D. Eft-ce que Ia France vit d'un oeil indifférent la délivrance de 1'Angleterre, a laquelle nos ktats avoient prêté la main? R. Non: ce fecours prêté nous attira la guer re; & pour un fervice aufii important, on ne réuffit pas même a faire révoquer en Angleterre l'injufte Afte de Navigation. 26. D. g uillaume lil oublia-t-il 1'adminiflration de Ia République, quand il regna fur 1' Angleterre? R. N'étant gueres agréable a ce Royaume, il oublia d'autant moins notre Adminilhation; comme il parut a Amfterdam, au fujet de l'élcétion d'unEchevin; a Goes, quand le Bourguemaitre wester wik fut obligé par Ie Peuple a foutenir les Privileges de Ia Ville, d'oti réfulterent des fuites trés affligeantes; &... 27. D. Et..? R. Et a Dordrecht, oü simon de hai eWYNfutaccufé & enfermé au L-evtjLin, a caufe d'une Correfpondauce fecrette avec la France, laquelle il nia.  BEKKÏR. jurieu. B a y L E. 143 28. D. Que pouvoit eticore moius fupporter le grand jour? Ji. Un cas arrivé a Rotterdam, oü 1 on forca des Magiftrats a prêter un doublé ferment contradictoire. «. ■*,,/. 29. D. Qui, dant la rncrae Ville, fcandaliia lencore davantage? R. Après que baltmasar rekker, d'ailleurs homme favaht, eut été expuifé, en 11691,du Miniïtere a Amfterdam, touchant fon livre intitulé le Monde enchanti; d'autres opinions firent de rumeur k Rotterdam, 30. D. Lesquelles? R. Les faufies Prédiétions de pier re :jurieu, & encore plus queiques Propofitions iinconfidérées, peu décentes & abfurdes de pierre bayle. Profeffeur dans ladite Ville, 1 oü il fut privé de fa Chaire en 1693. 31. D Quelle tournure prit la guerre, oü 1 nous étions enveloppés par rapport a ï'Angle■ terre 5 „ R. VEfpagne & 1'Empereur y furent auiïi entrainés; mais louis voulut rétablir 1 aques fur le Tróne, & fa Flotte battit en 1689 celle des Anglois & la nötre: mais, d'un autre cóté, guillaume III défit 1'Armée de fon Beau-pere en lrlar.de fur la Böjhe; & le Général 01 k kei. s'empara d' Athlone. 12. D. Les chofes en refloient, Uns doute, Ik?" R. Non: les Francais avoient 1'avantage fur terre en 1691; mais l'année fuivante, leur Flotte fut battue par \s>AigMs & par nos Vailfcaux fous les Ordres de 1'Amiral A'Almonde. 33. D. La guerre continua donc ?  *44 mokt pk la bïini marijs, R. Oui: car louis prit Namur, rempor.tsi la Viétoire a Steenkerken, a Neerwinden , & il vit (és Ports de mer, Si. Malo entr'autres, peU fouffrir de nos bombardemens: guillaume lil reprit pourtant Namur en 1695. 34. D. Eft-ce que guillaume III ne rit aucune autre perte? R. Oui: il perdit fon incomparable Reine marie, dans la trente-troifieme amiée de fon age: cette perte fut généralement regrettée par la Patrie. 35. D. Ne s'occupa -1 - on de rien autre chofe , qu'a faire la guerre ? R. Non: on s'occupa auffi de Ia Paix: elle fut même conclue a Ryswyk en 1697, mais paroiffoit ne devoir fubfifter que trois ans , & qu'on avoit difpofé du Tróne Efpagnol, que charles II étoit prêt a quitter fans laifler de Poftérité. 36. D. Que fit-on pour s'y oppofer? R. L''Angleterre, la France & les fi* tats convi' rent entr'eux de donner FE/pagne a 1'Eleéteur de Baviere ; les Royaumes de Naples & de Sicile au Dauphin, & le Duché de Mitan a 1'Archiduc charles, Fils de 1'Empereur. 37. D. Eft-ce que tout cela ne repugnoit nas a TEfpagnet R. La Convention fur prit 1'Empereur, & le Roi SEfpagnc ne pouvoit gueres comprendre qu'on partageat fes laats pendant fa vie. 39. D. Quelle réflexion peut-on faire lddeflus? R.  cöbttesta tjon sur l'espagne. 145 R. Que les Souverains fe mariene, font la guerre ou ia paix, & meurent; mais que ces caufes font naitre des événemens.... 40. D. Quels donc? R. Ceux dont les fuites ne peuvent êire prévues, ni détournées, mais oü 1'Humanité lbuifre quelquefois beaucoup, ainfi qu'il arriva dans le tems dont nous parions. 41. Dé La Convention projettée eut fans doute lieu? R. Non: le Prince Eleétoral de Baviere mourut;enfuite on en fit une nouvelle;favoir: qu'on donneroit au Dauphin Naples & Sicile, mais que 1'Archiduc charles auroit ÏEfpagne en partage. 42. D. Cette décifion fubfifla donc enfin? R. Pas plus: car le Roi ÜEfpagne ayant quitté ce monde en 1700, on trouva que par Teflament il avoit légué fesEtats a philippe, Duc d'ANjou, petit-fils de louis XIV. Celui - ci préféra la teneur de ce Teflament a la Convention ftipulée auparavant. 43. D. Qu'en réfuita -1 - il ? R. Des Préparatifs de guerre chez plufieurs Souverains, lorsqu'il étoit impoffible de concilier les difterends: mais guillaume III ne vécut pas affez pour voir le commencement de la guerre, car étant a la chafïé il eut le malheur de tomber a bas de fon cheval; U mourut des fuites de cette chüte en 1702. 44. D. Quel jugement a-t-on porté de lui? R. On le placa parmi les plus grands Prin- ces: il préferva 1'Angleterre de fa ruine, & mit des bornes a 1'ambition de louis; mais il liu malheureux dans toutes les guerres, ng K  1^6 actioks de ouillaum e III. gagna qu'une feule Bataille, & s'empara d'une feule Ville confïdérable. 45. D. Que nous apprennent ces événemens? R. Qu'il eft trifte & non moins malbeureux pour un nombre intiui-d'êtres raifonnables, de ne pouvoir réfifter a 1'ambition d'un feul individu, que par une Guerre ruineufe. 46. D. Quoi encore? R. Que les plus grands Rois, auffi bien que les hommes de la derniere clafle, doivent être préfervés, en tel endroit qu'ils fe trouvent, par la main puiffimte de dieu. 47. D. Enfin? R. Que Je fort de la Guerre n'ert pas entre les mains du Général le plus habile & le plus intrépide, mais qu'il eft dirigé par celui qui gouverne toutes les Nations.  seïtieme entketiew. Adminijlration fans Stadhouder. Troubles. Guerre contre la France, Batailles. Frifo Je noye. Paix d'Utrecht. Barrière. Compagnie d'Oflende. Emigrant de Salzbourg. Franc-Maf ons. Herrnhuters. 1. D. Qui remplaga guillaume III dans le Stadhouderat? R. Perfonne: car les iuTs de cinq Provinces prirent la réfolution de gourerner dorénavant feuls; ce qui occafionna queiques différends dans plufieurs Villes au fujet de 1'Adminillration: mais la Frife & Groningue s'étoient choifi juk guillaume friso, Prince de Naffiu-Dtetz, pour Stadhouder. 2. D. Commenca-t-on contre la France la guerre, dont les fondemens étoient déja jettés? R. Oui: elle fut commencée en 1702, pousfée longtems & glorieufement, mais nous en reflentons encore les fuites; car notre Pays s'y trouvant mêlé, fupporta presque toujours feul fes fardeaux douloureux. 3. D. Conféquemment? R. Conféquemment il eüt été a defirer, que. hous n'y euffions pris aucune part. K a  t48 CUERRÏ. 4. D. Ne courut-ou pas un grand danger au coramencemeut? R. Oui: il s'en falloit peu que les Francais ne fe fulfent emparés de Nimegue par furprife; ce qui leur eut ouvert le palfage jjjsqu'au coeur de 1 Etat: mais fur Mer, la Flotte d'Argent Efpagnole fut prife & détruite a Vigos par les Flottes Angloife & Hollancloife. 5. ü. Que fepalfa-t-il en 1703? R. Le Comte de marlborouoh commanda 1'Armée des Alliés, c'eft a dire les Troupes Holtandaifes, Angleifes, Danoifes, Impériales , & remporta queiques avantages. 6. D. Enfuite? R. A Ekeren, pas loin d''Anvers , nos Troupes furent coupées du gros de 1'Armée & entourées; mais fous la conduite des Géuéraux FAOEL, SLANGENBURG & TILLÏ, elleS a'ouvrirent un palfage a travers les Ennemis & acquirent une gloire immortelle. 7. ü. Qu'eft-ce qui nous favorifa beaucoup? R. Le Duc de Savoye & le Roi de Portugal embrafferent notre parti, & la Forterelfe de Gibraltar fut emportée par les Flottes Alliées. 8. D. Que fit 1'Archiduc charles pour monter fur le Tróne SEfpagne ? R.DéclaréSouverain de ce Royaume, il pafla en Efpagne avec des Troupes de la Républiqueen 1704; mais fes progrès n'y étoient gueres confiderables. 9. D. Qui en fit ici davantage ? R. MARLBOROUGH & EU GIS NE battï- rent les Francais au Schellenberg & a Hochftett; en 1706, a Ramillies ; en 1708 , a OudenarJe, & en 1709, a Malplaquet. 10. D. Quelles étoient ces Batailles ?  TRISO SE NO TE. 149 R. Fort fanglantes, ainfi que les précédentes; mais le Prince riuso & le Général fa gel y firent des prodiges de valeur, particulierement dans la derniere. 11. D. Ainfi la Guerre continua? R. En 1710 on négocia la Paix a Geertruidenber'g, mais marlboeough larenverfa, & dans le cours de l'année fuivante on ne fit pas grand' chofe. 12. D. Quel malheur eut alors lieu? R. Le Prince jean-guillaume-»rtso, revenant de 1'Armée & voulant traverfer le Moerdyk, fe noya miférablement par le renverfemsnt du Bac. 13. D. Quel age avoit ce Prince? R. II n'étoit agé que de vingt-quatre ans, & fans Enfans; mais après fa mort fon Epoufe accoucha d'un Fils, auquel on donna les noms de guillaume - charles - henrifbiso , Pere du Stadhouder héréditaire actuel. 14. D. A quelle époque finit cette guerre violente? R. Quand la Reine anne de la Grande 'Iiretagne, perftiadée par fes nouveaux Ministres d'Etat, qui étoient mieux difpofés en faveur de la France, nous abandonna, & que la chance tourna a notre defavantage, quoique 1'intrépide brovestins fit une Courfe hardie dans ledit Royaume; nous étions obligés de figner la Paix a Utrecht dans l'année 1713. 15. D Que faut-il qu'on dife de cette Guerre fi longue, fi difpendieufe & fi fangiante? R. Les Puiffances triomphantes pendant douze années'iqui le croirai; furent obligées derenoncer a 1'obiet pour lequel on avoit commencé la Guerre. K 3  15© PAIX D'uTKECHTi ce qui fait connoitre les iiTues fingulieres que peuvent avoir les guerres les plus opiniatres. 16. D. Quel étoit le but de notre Patrie? R D'acquérir une Barrière du cóté de terre; mais il n'en fut rien ftiputé a la Paix: •i'obtenir auffi un Traité de Commerce plus avantageux; mais il n'en fut pas queftion. 17. D, Les fruits de cette guerre étoient donc apres pour nous ? R. Apres eu effet: car, outre la quantité de fans; humain alors répandu, on prodigu» tant de Tréfors durant fon cours, que depuis foixante - quatre ans nous en gardons un fouvenir amer; mais, ce qui eft encore pis, que depuis ce tems notre Commerce a fort diminué. 18. D. Et fi nous examinons bien ces chofes & foldons le compte.. ? R. Alors nous trouvons que notre République, durant le laps de cent quarante - fept ans, favoir, depuis l'année 1566 jusques a l'année 1713, jouiiïbit a ptine d'un repos de trente ans. 19. D. Quoi encore? R. Que par tous les réftiltats, la Providence Divine nous a manifeftement appris, qu'une République, comme Ia nótre, ne doit point faire la guerre, mais vivre en paix. 20. D. N'avons - nous pas obtenu la Barrière fi defirée contre la France ? R. Oui: mais feulement en 1715, par un Traité avec 1'Empereur, devenu alors poiTefleur desP^jtf-StfSjauxquels pour cette raifornndonne depuis le nom de Pays - Bas Autrichiens. 21. D. Quel étoit ce Traité? R. On 1'appella Traité de Barrière ; en vertu duquel nous fut accordé de mettre Garnifon  trai te de barbier*» IS» dans queiques Places fortifiées du Braiant \ ce qui dans les tems poftérieurs, fans augmenter notre füreté, nous coüta de grandes fommes « nous entraina dans une guerre. 22. D. Nous pouvions en apprendre? R. Qu'il nous feroit facile de mieux fortifiar notre Pays & d'avoir alors peu a redouter; c'elt a dire, en 1'entourant de bons RetrJnchemens, & en tenant une Flotte bien équipée en mer. . 23. D. Reftames-nous en repos depuis la conclufion de cette Paix? R. Oui: quoiqu'après la mort d'ahne $ Angleterre , • & depuis 1'avenement de «eoège i au Tróne, nous fuflïons obligés de le foutenir par un Corps de Troupes , en 1715, contre une Révolte fomentée par le foi-difant Prétendent. 24. D. Qui étoit ce Prétendent? R. II fe vanta d'être Fiis de jaqües IK ci-devant Roi d'Angleterre : plufieurs n'y ajoutoient pas foi, & on ne veut pas encore le croire de nos jours, mais feulement Suppofé pour fruftrer, en 1688, la Princelfe marie de fon Droit au Tröne d'Angleterre. 25. D. Quel événement eut lieu deux ans après ? R. Un violent débordement de la Mer fit beaucoup fouffrir la Patrie, & principalement la Province de Groningue. Pour alfurer cependant la tranquiliité au dehors, les états genéraux contracterent une Alliance avec la France & 1''Angleterre: a caufe de cela, le premier des deux Royaumes leur accorda le titre honorable, fi longtems refufé, de hauts et puissans seigneurs. K4  COMPA GNIE b'o STENDEt üsm? D' J°uilIbit-on depn" d'un repos cotu contra ïf* qi" ''^"f" étoit ^ guerre enfi i?. EmPeleur> & Ia France attaquoic enfuite la première de ces deux Puilfances, il Je tónna en i72Q un foi-difant Commerce rjauvr';?^' q"' e'1richit ^elquei-uus, & ap, fe Tri dau'res' on tol donna en conféquence Je nom de Commerce de Vent. 27. D. N'arriva-t-il rien d'autre? Ji. GUILLAUME- CHARLES - HENRI- FRiso, Prince VOrange & Stadhouder de la f''V feu'ement agé de fept ans, fe vit en J7i8 accepté pour Stadhouder par la Province le ^"fye, & en 1722 par le Pays de Drenthe & ]a Queldre i quant aux autres ProVinces, elles n'y procéderent qu'en 1747. r,Jtt jt' QL,'eft-cequi arri.a dans le voiunage, dont on craignoit les fu;tes? nn ' J"6 pro'et de -'Empereur ,' d'ériger i Kiftende une Compagnie des In des Oriënt ales -. n .en refulta des débats fi vifs, qu'on redou'oit une nouvelle guerre: mais cette Compagnie fut révoquée en 1731, & par un Traité conclu a Vtenne les Souverainsalfurerent le repos en eurqpe. 29- D. Que fe palToit-il encore? R. Plufieurs Emigrant, cbafïës 'de 1'Arrhevache de Salzbomg pour la Religion Proteüante, ont été accueillis dans 1'ile de Cad/and: la. follicitation des Catholiques-Romains en faveur d'un Vicaire Jéfuit,que fut refufée, mais occafionna beaucoup de disculïïons; enfin on nut de juftes bornes a la béatification de gregoire VII. 30. D. Qu'arriva plus tard encore?  ritANC-macons. hïkbnhuter s. . 153 R. Difrerentes chofes; par exemple, le Ma. riage entre le Prince tfOrange & «m, Princeffe Royale d'Angleterre: une crainte forte, mais deftituée de tous fondemens, d'un Malfacre général des Réformés dans ce Pays, que les Romains, felon la folie opinion da plufieurs, commettroient le jour oü la fetedieu fe célébreroit avec celle de St. jejn, comme arriva le 9.4 Juin 1734: mais la journée fe palTa fort tranquillement. 31. D. Quel objet fit naitre beaucoup de réflexions? R. L'établilTement des Loges de Franc Macons en 1734; dont les fecrets myitérieux occafionnerent quantité de raif-nnemens, bons ou mauvais: mais le tout fe réduifit a rien. 32. D. Enfuite? R. Dans le cours de l'année fuivante, mais principalement en 173*, les foi-difant Herrnhuters fe fixerent a Tffelflein , & puis en. 1746 a Zeist: ils n'oht gueres d'affluence actuellement, quoique leurs Opinions fe foient purifiées, depuis la découverte de leurs Principes erronnés fur la Religion. 33. D. Ne courümes-nous pas Ie danger d'üne nouvelle guerre en i739? R. Les A.igleis nous eurent trés volontiers entralné dans la guerre, qu'alors ils déclarerent a VEfpagne, au fujet du Commerce eu jimérique. K 5  '5* HÜITIEME ENTKEriEM. Mort de Charles VI. Guerre contre la France. Pertes. Guillaume IV fait Stadhouder. Paix. Diffentions inteflines. Nykerk. Décès de Guillaume IV. Anne. Sociétés Littérair es. Académies de Drjfm. Tremllemeni de terre. Guillaume V élu Stad. houder. Guerre contre i'Angleterre & PEmpereur. Troubles. 1. D. Que nous refie- t-il encore a treiter? ; R. Le dernier Période, depuis l'année i740 jusques a prefent ,oü nous voyons deux Giier res, 1'une dés Ie commencement, & 1'autre vers Ia fin; muis toutes les deux fuivies de fecoufles trés violentes. 2. D. Que fe palTa d'abord ? R. Ui-.mpereur charles VI étant décédé en 174°» «s Etats devoient, felon une foidiiant iMttltm Pragmatique qu'il avoit dreflee écheoir individuelicinenc a fa Fille ainée 1'Archiduchelie mar ie-thebese. 3. D. Les obteuoit -elle?  ROIS EN OUERBE. ISS R. Les Rois XEfpagne, de Sardaigne & de Pr*#, auffi bien que les Elefteurs de Saxe & de Bav/ere formoient des pretenuons fur quelques-ui.es de fes Provinces; & a France fe joignoit a toutes cesJnifltaces; man VAngleterre & nos ti at s embralToient ie parti de theres e. A. D. Ou'en réfuita-t-il? /?. Que le Roi de ƒ>«#, après avoir presqu'entierement conquis la Siiéfie,ïn la pa avec theeesi. UAngleterre envoy» desfroupes dans les Pays - Bas Autriclurns , & vouloit que nous les protégeames auffi; mais la France nous recommanda la Neutralité. c D. Et movennant tout cela ? R. Par-la, & principalement apres la VictoiVe que george II, Roi de la Grande Bretagne, avoit remportée fur les Francais a Dettlngen, therese paroiffoit furmonter toutes les difficultés. 6. D. Mais..? , , „ , R. Mais la chauce tourna,quand dans 1 année 1744, la Frar.ce tomba fur les Pays-Bas Autrichiens & que le Prétendant palfa en Eeefe. 7. D. Comment cela? 7? Les i t a t s furent obbgés de fecourir e eoRge II avec des Vailfeaux & desiroupes contre le Prétendant, qui avoit fuscité une Révolte en Eeefe: ils rejeiterent le confeil de refter Neutras,que leur Ambaffadeur de hoet a Paris leur avoit fouvent donné; par ou, quoiqu'injuftement , il s'attira la hame de plufieurs. , , . 8. D. Nous primes donc part a la guerre? R. Les états augmenter.nt leurs Iroupes:  156" PRINCE D'ORANGE FAIT STADH. alors les Frangois attaqueren: nos Barrières gagnerent en 1745 la Bataille AeFontenoi ,i\r^. parerent 1 année fuivante en hiver de Bruxelles & d autres Villes, & remporterent encore une Victoire k Raucoux. 9. D. Et lorsque nos Barrières étoient ainfi perdues ? R. Alors méme nous refullmes encore d'accepter la Neutralité offerte: en conféquence, les trangtis nous déciarerent Ia guerre, & fubjugaerent dans un court efpace de tems, en 1747 toute la Fiandre Hollandoife. ' 10. D. Quelles en étoient les fuites? R. Le Peuple rejetta la caufe d'une Guerre mal combinee lur des Régens innocens; il forca les Magiftrats, d'abord en Zélande, enfuite en HoUande, a Utrecht & dans l'Overyfel d'élire le Prince cxOrange guillaume -c'harle siienri-friso, pour Stadhouder, Capitaine & Amiral Général. Ces Dignités ont par la fuite été déclarées Héréditaires dans Ia Poftérité du Prince, de 1'un & de 1'autre Sexe. 11. D. CePr'nce defcendoit, fans doute, de guillaume I cYOrange? R. Non: mais du Frere de guillaume , furnommé jean l'ancien, Pere d'iRNESTcasimir, Comte de Naffau-Dietz, & ceJui-ci avoit pour Fils henri-c a simir. 12 D. Quel donc étoit Ie Fils de ce dernier? R. II avoit un Fi's unique, jean-cuilla(7me-Fsiso,qui, comme nous 1'avons d't plus haut, périt dans 1'eau, au pafTage du Moerdyk, en revenant de 1'Armée, & après Ia mort duquel fon Epoufe donna le jour a guillaume-charles-henri-fbiso, nomwé Stadhouder en 1747, Pere du Stadhouder  DON GRATUIT. PAIX. 157 Héréditaire aftuel, guillaume V. iT ö. Qu'arriva-t-il après cette Revolut.on ? R Les Francais fous les ordres du Comte de Saxe maintinrent la fupériorité; gagnerent en l7lj la Bataille de LawfeU,^ que Ar*-o£ g£, après un Siege fuivante ils s'emparerent de Maa/tricnt, «, dans ce"e occafion le Miniftre /««f«r ver?ïde fit une belle harangue a ce Vainqueur. M Dï Que fit-on en attendant pour fauver leI"or! foudoya des Troupes Rufis, on enga«ea des tVardgelders pour 1'intérieur, tandia lu'aux Habitans on demanda un Don Gratutt, txo^en a'apporté ce Z*. M « Pour des raifons particuliere», on ne l * pafrendu public; queiques-uns évaluerent la Fomme a cinq HlDto»; ce q» eft une fat«, ou doitplutót lire cmquante Mülions, davan Quand eft-ce que la Paix a été linnrpiifp & fi ruineufe. ■ , 17 S'enluivit-il alors une tranqu.llite par- faU« 'Non: le Peuple mutiné demanda en Holzi des chofes étranges; ce qui dégout, plu^ fieurs Régens de la Magiftrature: entr autres :rt Sa 1'abolition des Fermes, la réutnon des Poftes au Pays, & d'autres chofe» «Wurdea.  158 d !? m e l é s ECCLlfsiASTIQUES. bles? °' °Ü sVtendoient enc°re ces trou- ?*nS PrinciPa!es killes de Hollande, & entr autres a S/epwyk, oü fledde rus auparavant pendu, fut déclaré innocent, quoi. que ce noncMant plufieurs ie rega derent omsne coupable. , J;- D' ' y avo'^i' Pas alors auffi quelque trouwe dans les Eglifes de la Patrie? Om: a M*er* fur./W* & ail!eurs on appercut des fymptömes étranges d'ame & de corps, mais en particulier durant le Service Divm, lesquels plufieurs tenoient pour Oeuvre . «TVT cei1erent n<5anmoins, auffitüt qae inent $ Vou,üieut les reP»mer férieufe- 20 ö. Qu'ert-ce qui troubla encore davantage les Eglifes Nationales? „ \beSaPr'T^eS d'ANToWIUS VAN DER os Mimftre a Zwol, condamnés enfuite par le Synode d OverysfeJ: & encore les Opinions plus étranges de ïohannes êrnestüs jungius, Prédicant a Zutphen, qui dans un egarement d'efprit crut avoir une vocation celefte pr,ur ramener les Juifs en Canaan. ar. D. Quel événement fe paffa enfuite? R. Quand en i743 ü fut au Stadhouder Héreditaue iiée une FÜle, carohne maree par la fuite au Prince de haiïau-ltveil bourg & eu 1748 un Fils, guillaume V; ce Prince décéda dans l'année 1751 aprés avoir eté revêtu d'un Stadhoudeiat de peu de durée, en apparence briljant, mais rempli de Croubles. r 22. D. Que faut-il attefter de lui?  guillaume IV. Iï V. 159 r Qu'il fut un Prince de grande eapacité, bien' affeaiontié a la Patrie, & choifi par la Nation pour être délivrée d'un Gouvernement jiriftoeratique outré, ou du moins pour trouver eu lui un Equilibre. U- D. Quel étoit 1'état du Pays, è la mort de ce Prince? . . r Les Forces de terre fe trouvoient amélioré'es mais celles de mer reftoient dans leur ancien délabrement: le Commerce & la Navigation avoient diminué; & le Porto Franco ou le Tranfit Libre des Marchandifes, propofé par le Prince, refta fans effet. 24. D. Qui obtiat la direótion apres fon decès? r Vu que fon Fils umque, guillaume V, étoit Mineur, les états conférerent eti attendant la Charge de Gouvernante, a fa Mere anne, Princelfe Royale de la GrandeBretagne. 25. D. Quelle fingularité vit-on en 1752? ~r. La Mer étant baffe, on découviit a Kat. wyk les anciennes ruines du fameux Chdteati des B;etons, conftruit par cajus cesae caligula , Empereur Romain ; c'étoit dejmis deux fiecles pour la première fois qu'oa appercut ces ruines. 26. D. Qu'eft-ce qui dans la meme annéeétoit plus utile & plus agréable è la Nation? R. L'établilTement de la société hol- landoise des sciences a haarlem, qui, dans les années poftérieures, a été fuivie par celui de trois autres Socié'ês célebres a Flefmgue, a Leyde, a Rotterdam pour le progrès des Scierfces particulieres: plus tard,  l6ó LEGS. TREMlL DE TERRE. ANKE. on forma encore plufieurs autres Sociétés, maif d'une moindre impo'tance. 27. D. Queiques Perfonnes privées ont, fans doute, auffi contiibué a 1'encouragement des Arts & des Sciencs? R. Diverfes; entr'autres, jan stolp, en 17535 puis mathYs swart, Madame de r 1 n s wo ud e, 1'honorable waltek senserff,mogge;an 11 £ nesse, nicolaas willem k o p s, le Sieur schuurman & Madame steih. 28. D. Qu'occafionna une confternation générale en 1755? R. Un Treiubiement de terre & une Tourmente en Mer, ce qui ruina presqu'entieremsnt Lisbor.ne: mais la Guerre contre les Algériins en 1757 nous caufa des pertes plus fenfibles ; elles furent cependant richement compenfées par les Gains que nous procura la Neutralité embralTée durant la Guerre entre \'Angleterre & la France. 29. V. Quelles particularités eurent enfuite lieu? R. La Gouvernante anke mourut en 1759: k Amfleraam le Crédit baiiïa dans l'année 1763, mais fe rétablit peu aprés: a la même époque, les Jin/énifies tinrent un Concile a Utrecht; enfin, le Prince guxlLaume perdit fa Grand'mere, marie-i ou 1 se, en 1765. sq. D. Et, dans l'année fuivante? R. En 1766, il entra dans 1'exercice du Stadhouderat, & époufa, en 17Ó7, fréderique-sophi -gutllElmi«e, Princefie Royale de Frujfe. 31. ü. Enfuite? R.  i v é" ne mens divers. l5l R. En 1766 1'Académie de Defïïn a été re• tablie a Amper dam, & tandis que dans Ia même Ville plufieurs ergooient fur la Tolérance & le mode de prêcher en public, s'y éleva une société pour rappeler les noyés appa re ns a la vie, la première en europe, mais univerfellement applaudie. 32. D. Et cala fut fuivi par de nouvelles chofes? R. Oui, fi vous le voulez: par exemple, une Paix avantageufe avec le Roi de Candy au Ceylon: les Limites réglées avec 1'Evêque de Munfter: la difficulté entre la Hollande & Ia Zélande fur 1'établiffement d'une Académie a Zienczee: un différend entre les Négocians touchant Ia Navigation libre a Efequebo: un autre enfin fur la Liberté de la PrelTe. 33. D. Que fe palfa t-il dans 1'anné 1772? R. Un foulevement des Esclaves a Surt\ nam: le Théatre & Amfterdam réduit en cendres: la Naiffance de la Princefie fréderique - louise - guillelmine, deux ans plutót: la Naiffance du Prince guillaume- f r e d e ri c, dans cette année, & deux ans plus tard celle du Prince guillaume-george-frederic. 34. D. Qu'apprit-on enfuite? R. Une confufion a la Bourfe d'Amfterdam z la dépofition de fredfric-aoolphe, van der mark, favant Profefleur h Groningue, mais réintégré depuis a Deventer: enfin 1'introduétion d'une nouvelle Verfification des Pfeaumcs, aprés beaucoup de follicitations, obtenue en 1773. 35. D. Que frappa alors plufieurs d'une terreur panique ? J L  ï62 BATAILLE DE D 0 G g e R S B a H r. R. Une pofition finguliere des Planetes rempht en 1774 de terreur grand nornbre ce habitans en Frife, croycxent voir dans cela la fin du monde: mais deux violens ouraga.s & mondat.ons „rent avec plus de raifon ciain dre la ruïne de la Patrie en 177* & ™™. mais die o la détourna par un Miracle ' pleè'iSte??1 enfUitC d°nn0im bel exem" R. Queiques Perfonnes refpeétables ce la Haye , en-taifant arrangèr, dans l'année 1781 un Cimetierre ouvert, en plein sir, prés dé Scheveningen, dans les Dunes; & dont le d.gne pe r rek ot a célébré ^ bneve Infcnption Latine. mirr' ^ Qu'e,ft-ce qi'i oecafionna une allégreffe univerfelie dans la Patrie? R. Après 1'éruption des hofiilités entre VAn. gieter, e & les Colonies Amiricaincs que ia 1'iaiice protegeoit, nous eümes avec le pre mier Royaume un diffirend au fuiet de !* Na vigation & enfuite la Guerre, quelle nous declara a 1'improvifre & caufa beaucoup de dommages: cependant la Gloire Nationale fut d,gnement maintenue le 5 Aoüt 178! par 38. D. Par qui? r R- Par rintrépide Vice-Amiral joh ai* Ain o l d12 o v t n a », qui en Ligne de com ■ bat avoit a fa gauche les Vaifléaux des vaillans Capnames DE,,, & vak braam, èca a droite ceux du Noble Be»t,nck, des couragejx Capitaines sTaiïo.Tii ,„,„„„. gen oc van braak, lesques tous commandant des Navires plus légers & moins S, ma.s pom-vus d'Equipages pius braves, foute Hoient 1 benneur de la Patrie contre les Anglois.  D é M E L m s. IÖ3 39. D. La Paix s'enfuivoit pourtant? R. Oui, mais a notre préjudice: nous eusfions même été piongés dans les plus grands defallxes, par un manque de réglement de Limites,pour lequel 1'Empereur joseph vouloit entrer en guerre.fi la France ne 1'eüt détournée & régié le différend. 40. D. Sans doute, que ces deux fecouffes ont été fuivies par d'autres ? R. Une guerre ouverte occafionne rarement tant de mal que font les dilfentions inteftines: le fiecle oü nous vivons, n'a jamais vu d'égales a ces dernieres. Nous parions de ce qui s'efl: • paffé a 1'égard du Duc de ebunsvïYs; des dilférends entre les états & le Stadhouder Héréditaire; des efforts pour chan^er les Réglemeus de Régence en Gueldre , a Utrecht & dans YOveryfel; des violentes Emeutcs, Séditions & Pillages dans plufieurs des Villes principales. 41. D. Encore? R. Rappelez - vous ce qui s'eft palTé touchant la défenfe & 1'attaque ó''Utrecht; le fort de Hatte.m & cYElèurg; la venue des Troupes PruJJicnnes en Hollande pour exiger fatisfaetion de 1'affront fait a la Princelle cYOrartge, dans fon voyage de Nimegue i\ la Haye. 42. D. Et alors? R. Alors un coeur bien placé ne pourra s'empêcher de verfer des larmes ameres fur ces defaftres de la Patrie. 43 D. Qu'en réfuita-1- il a Ia fin? R. La Satisfaftion donnée; le rétabliïïement des Prérogatives du Stadhouder Héréditaire; la réinltallation des Régens dépofés & le renvoi desnouveaux, dont queiques -uns, avec plufieurs Habitans d'un rang moins élevé f mais em-  I$4 DEHNIERS Évi HIMEKS, feTys d£ ërandeS riCh6iï'es av6C eux' 44- D. Que fit-on pour rétablir la tranquiilite ou pour remédiera la décadence " q jÊ«*ifi,™ Provi"ces on offrit une Ammftte ou Pardon, acceptée par queiques- Z'rf.T "W* Par d'autres: on de¬ manda dans la Province de Hollande le vingt- aTffiT^T d£S P°ffeiïïons' & p!us ^ *L . ^ r^"* P°ur lesquelles fomraes les VATS do"noient des Obligations qui porteront des rentes annueiles. briévenfentP?°UrqUOi m£ diteS"V0US t0Ut cela fl /?. Paree que les Événemens arrivés durant ie cours des dernieres années font fi nombreux, que ieur description exafte rempliroit bien de volumes. Kous faifow dorx iciFune paufefUC  i«5 k i ii V ie HE ENTRETl'EM. PoJJefllons. Population. Gouvernement. Etats. Autres Colleges. Stadhouder Héréditaire. Habitans. Caraélere. Sciences. Langue. Jnventions. Fabriques. Arts. Foyageurs. Commerce. Compagnies des Indes Oriëntale s & Occidentale;. Péches. Agriculture. Forccs Navales & Armée. Héros. Rever.us. 1. D. Enfin, pour Ia derniere fois!fhiftoire de la Patrie que je viens d'entendre de votre part,peut-elle m'apprendre auflï en entier fon état re'el dont je defirerois être inftruit? R. Non:c'efl pourquoi nous voulons le faire fuivre aftuellement après FHiftoire, en commencant par les Pays annexés. 2. D. Quels Pays appartiennent donc encore aux VII Provinces Unies? R. Les Difiriéts connus fous le nom de Pays de la Généralité, tels que la Mairie de Bois le Duc les Baronnies de Breda, de Berg op Zoom & de Kuyk; la Flandre Hollandoife, Maaftricht & le Pays oYOutre- Meufe. 3. D. Et plus loin? R. En AFiuquF queiques Etabliffemens 4 la Cóte d'Or, ainfi que le Cap de la bonne Efpitance fur la pointe méridionale. Eu a s i i L 3  166 forme do pays. 1'IIe de ja va & diverfes autres, telles que les Moluques ou Hes a Epiceries, outre queiques Cötes, comme a Cy/oti: — enfin, en ameriqöe, principalement Surinam, Curagao, Beibices, Effquebo & Demerary 4. D. Combien d'habitans y a c - il dans les fept Provinces? R. Leur nombre eft e'valué a deux millions, ou a deux millions & un tiers: mais comme ce nombre diminue, la décadence du Pays eft facile a decider. 5- Ö. tn quoi confifte principalement la fplendeur de notre Patrie? R. En ce qu'eile a la forme d'une République, oü des procédés humains envers le Citoyen, & 1'intention de lui accorder nonfeukment tout droit, toute proteftion, mais auffi de rendre fa vie plus agréable & plus commode, doivent prévaloir & la diftinguer d'une Monarchie arbitraire. 6. D. N'y a-t-il rien a ajouter? R. Certes cui: entr'autres que dans ce Pays on accorde non feulement le Iibre exercice du Culte a toutes les Communions qui ne troublent point le repos public; 'excepté aux Sociniem) mais qu'a peine il exifte dans 1'ünivers un tuat, oü PEquitéfe trouve plus chérie oü la véritabie Piété foit refpeétée davantage.' 7. D. Notre Gouvernement eft donc parfait? R. Tout Gouvernement exempt de défauts eft une vifion agréable , puisque 1'humanité lutte fans ceffe contre des imperfeft'ons anciennes & continuera de le faire jusqu'a la fin du monde. 8. D. On fait néanmoins de tems a autre des araéKortóóns nouvelles?  GOUVERNEMENT. ïff7 R, Des nméforations nonvelles peuvent vé>itablement avoir lieu, & un pareil changement a 1'égard aux anciens défaucs mérite presque le nom de Santé; mais vous chercherez vainemeut la perfecïion dans aucun Gouvernement fur la Terre. 9. D. Cependant on tient celui d'une République pour le meilieur? R. Sans contredit; pourvu qu'il foit tel qu'exige le Gouvernement Républicain & ainfi que je viens de le dire;même fous condition qu'ü n'elfuie jamais des chocs violens. 10. D. Quelle eft la fuprême Afl'emblée du Pays? K. Celle des états generaux, autrement nommés les états generauxdes provinces unies, ou leurs hautes puissances, qui repréfentent la Nation entiere & s'aflemblent maintenant toujours a la Haye. 11. D. Quelles font leurs Armes ? R. Un Lion d'Or couronné, graviffant en Cbamp rouge , tenant un Glaive a la griffe droite, & un faisceau de fept fleches dans la gauche: le tout d'une fignificat;on allégorique. 12. D. Combien de Membres viennent 4 cette Affemblée? R. Chaque Province y envoie autar.t qu'eile veut: généralement leur nonibre réuni monte a cinquante; mais les Députés de chaque Province n'ont qu'une feule voix. 13. D. Quand eft ce qu'ils s'affemblent? R. Journellement: mais les Réfolutions des Provinces refpeétives leur doivent être connues, avant qu'ils puiffent décider la moindre chofe: ce qui retarde beaucoup les décifions. L 4  l6fc GOUVERNEMENT. 14. D. Quel pouvoir exercent - ils » R. En leur nom fe déclare la Guerre,& fe fait la Paix: ils exercent encore la puillknce fupreme dnns les Pays de la Généralité IS- D. Leur qualité eft donc bien illuftre? R. Leur qualité eft illuftre, mais leur pouvoir eft tres borné , paree que ce dernier dépend entierement des Provinces particulieres 16. ü. Chaque Province eft donc un Etat Eouveram & Indépendant, fans aflujetilTement a nul autre? R. Certainement. Le gouvernement de fix ^rovmees fe trouve entre les mains des Députes de la Noblefle & des Villes: mais dans la Province SUtrecht y vienuent encore les vuïnlE u$' qui jadis étoient des Seigneurs Eccléfialliques mais actuellement Temporels. Lux tous salfemblent dans les Villes principaJes de leurs Provinces refpectives. 17 ■ D. Quel eft leur titre? R Les états de Hollande font nommés nobles, grands et puissans SKI cneurs; mais ceux des fix autres Provinces, feulement nobles et puissans seigneurs. 18. D Le Pays de Drenthe n'a-t-il pas auflï une Voix dans ces Aflémblées? R. Les états de Drenthe, compofés de Nobles & de PoffelTeurs de biens - fonds, font bien recherché , maïs ne l'ont pu obtenir • iis contnbuent néanmoins aux charges publiques comme les autres Provinces.. ""ques, 19- D Queis Seigneurs prennent feffion dans Pro ™C Affemb'ée fUi,rême de cha^ R, Ceux que dans la Sud & hNord-Hollan.  s ouverne ment. ie on appelle conseillers committés mais états députés dans les autres frovinces; leur fonftion étant de régler les affaires particulieres de chaque Proyince. 20. D. Quelle eft la troifieme Aflemblee iu- r R^Le conseil d'états, formé par le Stadhouder Héréditaire & treize, Membres, honor^s du titre de nobles et puissans seigneurs, lesquels font tous députés des Sept Provinces & s'affemblent a la Haye. 21 D. Quel eft leur iravail? r\\s veillent fur les Troupes,la Discipline, ]es Enrólemens, les Fortereffes & les Maga- . fins, qui fe trouvent dans la Gueldre ,1 OveryffeX & la Généralité. ^ 22 D. N'y a-t-il pas d'autres Colleges? R. Oui, entr'autres, les Chambres de la Généralité, des l-inances, des Complet & de Monne-yejoxverx a foulager le conseil d'états. 23. D, Que fait chaque Province, en qualité 'd'Etat Indépendant? . R Les états de chaque Province font des Loix que 1'on nomme Piacards; ix. les Régens des Villes donnent des Ordres.qu on appelle Ordonnances. 24. D. Eft-ce-la tout? R Non: car chaque Provinee a des Cours de haute & de bafle Juftice: la Généralité en compte trois fupérieures; mais elles font ïnconnues dans YOveiyfel. 95. D. Qu'eft-ce qui manque dans chaque Province ? . ■ R. On a de valles Codes de Piacards , qui font rares & coüteux; mais partout manque un Abrégé des Loix, qui feroit trés commode L 5  T7<* STADHOUDER. pour les gens du commuu, les ignorans fir pour 1'étranger : d'autant plus que £ VJJ different d'une Province a 1'autre 26. ö. Quel eft le Stadhouderat? R. UneChargeancienne, trés eminente &aftuellement héréditaire, devant fon origine aux Comtes de Hollande, qui firent exécuter leur volonté par un Stadhouder revétu d'une autorité plus ou moins grande. 27. D. Quelle eft fa tache? R. De bien fervir le Pays; d'avancer le bienêtre, de conferver les Privileges des Villes & des Habitans; de protéger ia Religion Réformée; d accorder Pardon oü ce peut; d'établir des Regens fuivaut ies Prérogatives des Villes. • A&de,?'tle StaJh°"der comme Capitaine Général ? R. W difpofe des Troupes & les emploie-la oü ceft neceffaire, quoique de 1'avis piéalable des etats Souverains. 29. D. Et en qualité d'Amiral Général? a,„ ' a " ve"r- qUalUé u nomme les Comman, dans des Vaifieaux armés, convoque des Confeils de guerre & a, comme je 1 ai dit plus haut, feaoce dans le conseil des ét at s. 30. V. Quoi encore.? R. Comme premier Noble de Zélande. \\ eft Prelident de toutes les Affemblées; en auz\hé de Grand-foretier, il a Ia liberté de la chaflé dans la plupart des Provinces: comme Refter Magnificus, il a de 1'influence fur les Académies de Harderwjk, de Franeker & de Gronmgne; en qualité de Directeur en Chef des Compagnies des Indes Oiientales & Occ'den fales, il établit des Repréfentans , & choilit' des Directeurs d'aprés les Nominatious.  RANGS. CARACTERE. Ijl 3r. D. Eft ce que notre Pays a toujours cu un Stadhouder? r Dans les deux d rniers fiecles les etats !du Pays gouvernement, pendant un certain >efpace de tems & a trois différentes reprifes, la Aation fans nommer un Stadhouder: mais que celui-ci foit d'une trés grande utilité dans une iPvcpublique compofée comme la notre , elt fulïïTamment dcmontré par 1'expénence _ 32. D. Comment répartit-011 les Habitans ;du Pays? „ „. R En Nobles , Hommes dune extraction irelevée, Families de Régence, Négocians, ArItiftes, Artifans, Gens de mer & Paylans. 33 D Trouve-t-on ici beaucoup de Nobles? R Tadss i! y eut grand nombre de Nobles Bniffaos;mais chaples V & philippe II rnircut tout en oeu.re pour énerver leur puisfance & les abaiffe»; enfui e les guerres, les déOiêlés & le célibat ont confidérablementdiminué leur nombre. , 34. D. Quel eft le caradere de notre Nation? R. On peut dire de nos Coücitoyens, qu'ils font fort attachés a leur' Patrie, cheriffant avec ar deur la Libérté, bravès, courageux, ïntrépides, généreux & hardis: ce qui eft conftaté par la Guerre foutenue durant quatre-vingts ans, par tant de fanglatites Batailles navales, enfin par leur belle défenfe pendant le fiege de Haarlem & celui de Leydt, 35. D. Eli-ce la tout? R. Ou peut les appelier encore appliqués & actifs: tant de terréins confidërables deflechés & cultivés, tels que le Beemfter & le Purmer, la conftruftion de plufieurs Villes grandes cc petites , ceiie de Digues & d'autres Ouvrages  ï?2 C4HACTOÏ DE L V HA TIO Sr. importans, en atteftent Ia ve'rité |6,n'-,Qre peutron y ajouter encore? i« f?U r 1 Perfévé™s dans toutes les Entrepr.fes commencées , infatigables , m" gnammes & hospitaliers: dont il y a „ómbre dexemples. ' u™rc 37. D. Quoi encore? «. Poiitiques: ce qu'atterte leur perfpicacité dans lavenir, 1'obfervation des Traités la Tn lérance de toutes efpece, de Comm'unions, comme les Mennomtet, Catholiques. Romains, CC j utjs. 3b'. D. En outre? 7J. Qu'ils font réglés dans leurs arrangement domeftiqi.es; discrets & modérés, humbles & compatiffaos, a.nfi qu'appert du grand nombre de l. Quels de nos Compatriötes fe font diftingués par leurs Inventions? R. Plufieurs, car willem reu-elszoon de Biervliet inventa 1c caquage du hareng: uil autre inconnu, a Hoorn, le grand rets a hareng: laurens janszoon kostsr , a Haarlem, l'impreffion des Livres, environ l'année 1430: un quatrieme, auffi inconnu, Ia conilruétiou des Digues a goémon. 54. D. Qui encore? R* johan van eyck inventa 1'application des couleurs par le feu fur lé Verre: un Citoyen anonyme de Ve'nlo le jet des Bombes' zachabias janspen, les Lunettes d'approche: cornelis drerb bl, les Mxrofcopescompofés: simon stevin, les Voitures i\ voile-, & joan van den broek, le Papier timbré. 55. D. Qni en outre? R- a b r a h * m w iï af e» décou vrit Ia maniere de bouencrles Pons de mer ennemis:PÉ-  176 inventions. tru5 plancius compofa les premières cartes marines, pour diriger le cours aux Indes Oriëntale*: christiaan huyoens appercut Ie premier les Lunes de Jupiter & apphqua des balanciers aux Horloges; &'antoni van leeuwenhoek "inventa les Microscopes. 56. D. Qui s'acquit encore de lacélébritéf Rm jan de witt, par rinveutton des üoulets d'Ange: .johan van der heyden, par celle des Pompes a feu pourvues de tuyaux de cuir: mïeüwes meinderszoon bakker, par les Chameaux ou Alleges: ja co b van r. er werken, par une machine fervant a enfoncer des pilotis: pieter straat & pieter van d e r deuren, par les amas de pierres aux digues de mer; enfin cornelis ploo-; van amstel par fart encore fecret d'imprimer les defleins & les eftampes. 57- D. Dans quels autres Arts ont encore excellé nos Concitoyens? R. Dans la Fayencerie , la tiffure de ToL les, la Papeterie , flmprimerie , la Peinture fur Verre & fur Toile, la Droguerie, & plufieurs autres Jnduftries. 58. D. Lesquels ont acquis beaucoup de célébrité dans 1'Architecture ? R. hendrik de keyzer, vinkeboom, vinkebrink, jacob van kampen. rombout van der hulst & d'autref. 59- En exifte-t-il encore des ruines? R. Si vous êtes curieux de voir des moiceaux des tems reculés, il tfaut que vous jettiez  ARCHITECT. SCULPT. PEÏNT. Ift jettiez Ia vue fur I'Abbaye d'Egmond, fur le» Chateaux de Brederode & de Mervede; fur plufieurs Eglifes anciennes & Tours antiques; ou fur les Chateaux peu nornbreux, auxqjels le ton léger de batir a la moderne a bien voulu conferver encore une place. 60. D. Ou d'ailieurs...? R. Sur la Maifon de Ville d* Amfterdam, poftérieurement conllruite par jacob van kampen, & fur d'autres Edifices élevés par le même. 61. D. Quels Artiftes ont excellé dans la Sculpture ? R. Van eeveRek, van luchteren, cressant, xaveey & d'autres, dont le grand nombre de Tombeaux élevés pour honorer nos Héros Marins attefte la vérité. 62. D. Par oü la Peinture fut-elle mife en vogue? R. Dans Ie IVc. Siècle eet Art risqua une chüte totale; mais des Chrétiens grofliers & attachés aux fens le releverent, en defirant polféder les Repréfentations de Martyrs & de Saints. 63. D. Ce bel Art a fans doute été promptement rétabli? R. Non, fort lentement & imparfaitement: cependant, quand on apprit a connoltre la Maniere de peindre en huile, inventée par jan van eyck dans l'année 1410, eet Art commenea a revivre. 64. D. Qn'y encouragea en particulier les Artiftes? R. Que les Chrétiens, ayant renoncé a 1'an. cienne fimplicité,vouloient avoir leurs Eglifes, Maifons, Miflels & fleures ornées des PeiuM  .i7» PEIKTRE9. tures de iesus, de marie & d'autresSaints5 d'oü rélultercnt d'abord des Images groffieres, siais peu * peu des Tableaux fuperbes. 6j. D Efi-ce que les Pays-Bas onteu plufieurs Msïtres excellant dans eet Art? R. Plus que différens Royaumes ; favoir, rübbens, b r e u g e l dit VeklirS , les o s t ades, goltzius, van mander, teniers, van dyk, m e s si s & beaUCOUp d'autres. 66. D. Que fervit encore davantage a relever eet Art? R. Que les Moines mêmes s'y appliquoient; ce qui conlte dans érasme, dont un Tableau exifte encore ^ans ia Patrie & fur la bordure duquel cornelius musius a écrit le vers fuivant: Hac desideriüs, ne fpernas, pinxit erasmus, Olim in Steinseo quando latebat agro. 67. D. Que fignifie cela? R. La kcoii fuivante: Ne méprifez point ce Tableau, peint par desideriüs erasmus, quand ei - devant il habita le monaftere de Stein, 68- D. Mais lesquels fe font diftingués dans eet Art? R. Antiiony moro, cornelis an- thonysz., frans van mieris, pa etlus potter, rembrand vanrhyn, nicolaas berciiem & charles du J a r d y n. 69. D. Y en ajouterez-vous encore queiques autres? k Rw J OA N DE BISSCHOP, J.ACOB.RUÏS'  ï e i n t r E S» 179 daal, lucas van l e v d e n , philip w o u w e r m a n , abraham bloem AJ1RT, adriaan van der werf Cv jan both. 70. 1). Nommez en fepc encore? R- And aies bot 11, adriaan brouwer, dirk r ap h b e l S e C a m p h u i s e N , wouter & dirk crabet, enfin dirk- van deel en. 71. D. Et avec ceux - Ia ? R. Encore fept autres: gerrit douW, cornelis du sart,cesar van everdingen, eartholomeus van der helst, JOHAN van der heyden, ga. briel metzu & anthony van m o n tf o o r t. 72. D. Voila tous? R. Non: Adriaan van ostade, pie* ter saanredam, godfried schalken, david teniers, adriaan van de velde, nikolaas verkolje & jacob van der ulft, peuvent avee raiibn être ajoutés aux précédens. 73. D. Mais nuls autres? ƒ{. Si la Lifte 11e devenoit pas trop volumineufe, alors encore octaviovan veen, anthony waterlo, jan baptist we» ninx, me lchior & gillis de hondeKoeter, Daniël zegers, jan steen, emanuel de witte, ludolf bakhuizen & adam zilo. 74. D. En outre . . ? D. Hendrik goltzius , gerrit de lairesse , jan luyken , c01.c.nelis & sara TliOOST, jacob de wit, hendrik pothoven, jan punt, jan van M 2  l8o tableau X» huyzum, rachel ruysch, jacobus buys & nombre d'autres. 75. D. Que doit-on regretter au fujet des ineilleures Peintures de ces grands Artifles? R. Que plufieurs Compatriotes, féduits par les prix énormes,en vendant les plus excellens Tableaux aux Frmgois & aux Anglois, ils font fortis du Pays. 76. D. Mais de quoi faut-il s'étonner encore davantage ? R. De ce que 1'efprit humain d'un feul homme foit capable de produire tant de belles, quoique différente» inventions h la fois; témoin adam zilo, qui fut Tireur d'or, Fondeur de conduits fervant aux Machines hydrauliques, Conltrudteur de fvlavires, Faifeur de lames pour les Veloutiers, de violons, de miroirs, de telescopes, de lunettes d'approche, enfin Peintre. 77. D. Exilte t-il encore autaut de Peintres célebres que par le paffe? R. Non: cette difetre doit être principalement atttibuée ala décadence des Académies de Defliu; pour cette raifon celle d''Amfterdam, ainfi que d'autres ont été retablies & pourvues de plufieurs Membres nouveaux. 78. D. L'Art s'efl donc conflamment appliqué aux belles inventions, aux travaux utiles fur le fol natal? R. Tous les Concitoyens ne reftoient pas toujours dans le pays, paifiblement ou en s'occupnnt d'Arts: plufieurs, a la même époque , firent de longs voyages fur mer, naviguerent même autour du monde , pour commercer, ou faire des Découvertes.  COMM. COMP. DES IND. OR.ET OCC. l8l 79. D. Exerca-t-on de bonne heure le Commerce dans ces'Contrées? R. Des les tems les plus reculés; paree que les grandes Rivieres, telles que le **'"■»: £ que celles d'une moindrc grandeur & les L.aes intérieurs y fournifloient une bonne occalion, & fans lesquelles il feroit encore aujourdhui impoffible que la Patrie put fublifter. 80. D. Oü fe fait le plus gros Commerce? R. A Amfterdam, Rotterdam, Dordrecht & Middelhourg, & de-la vers toutes les rtgions du Monde; mais il eft cruellement dechu a préfent, plus même qu'on ne eroit. 81. D. Quelles en font les caufes? R. L'Argent prêté aux litrangers; la negngence d'établir un Porto Franco, ou la Liberté du Tran/tf, d'avoir recemment naviguc tous Pavillon Neutre; 1'Oppreffion , enfin les derniers Troubles. 82. D. Qui exerce le plus gros Commerce cn propre? . , . R. La Compagnie des In des OrtentaleS eneée en 1620 par queiques Patriotes, qm reunirent des fommes confidérables, eu équipercnt des Vaiffeaux & les firent aller aux Inues Orientales. Cette Compagnie eft aftuellement repartie en fix Chambres , & dirigée par loixante-fept Directeurs. 83, D. Oü font ces Chambres? R. A Amfterdam, Hoorn, Enkhmzen, Delft, Rotterdam & Middelhourg. 84. D. Par qui les Marchandifes cxpediees font-elles re9ues? R. Par le Gouverneur Général des Inde*, M 3  182 COMMERCE ET PECHES. réfidant a Batavia, (dont quelques-uns fe font fort diftingués par leurs aétions & fervices) & par dix-buit Confeillers, tant ordimires qu'extraordiïMires, lesquols enveient en retour, des Epiceries, du Thé, de la Pcrclaitie & d'autres ob]ets rares. par oü des fommes éton* nantes font entrees dans notre Pays & y afïluent encore. 85. D. Ft puis..? R. 11 y en a encore une autre, nommée la Compagnie des Itides Occid< fitales, érigée en 1627, qui envoie des Navires en Afrique, afin d'y chercher des Esclaves pour les Colonies de YAmiriq te , lésqu>' les nous procurent en retour d:i Sucre, Riz . Caffé , Tabac & Indigo. 86. D. Qu'y a-t-il encore de remarquable ? R. Notre Commerce fur les grandes Rivieres; mais en particulier la Pêche du hareng, ci-devant anpellée la grande pêche, en oppofition a la Pêche des cabéliaux, qui portoit le nom de la petite. 87. D, Ne fut - elle pas anciennement plus importante qu'a préfent ? R. Sans contredit: alors elle nourrit cent mille perfonnes, & aetuellement vingt cinq mille. 88. D. Oü commence la Pêche? R. On longe la Cóte cfEcnffc avec des Navires qu'or. appelle Buizen,qui jettent le 24 Juin, pendant la nuit, les filets a Ia mer. 89. O. Quelle Pêche mérite d'être encore ajoutée ici? R. La Pêche des baleines, auffi de grande importance , fi elle n'écboue par la perte des Navires, on Ia rareté des baleines. go. D. Lft-ce que les Fabriques ne procurent pas auffi de 1'avantage?  eeme£clkcioinioult élcvei* des adLolelcejnis li cette fin o . . -pag". l»j »   agriculture. amiraut3<". I?3 R Après que les Refugiés Fi-ewgois les eivrent rendu trc florifi'ames ici, elles font, en particulier par trois accidens, déchues d'une manierc incrovi.ble. pr. D. Que produit la Culture de la terre? R. L'Agricultüre fournit dans toutes les Provinces ditarfes Produclions: queiques Villages en prosperenc m'.me beaucoup; mais ailleurs elle eft'fort enttavée, ce qui exige de fortes améliorations. 02. )). Dans quel état font les Forces Navales? R. Pour veiller a ce qu'eft befoin a la Marine, il y a cinq Colleges d'Amirauté, favoir a Karlingn?, Beur» on Enkhuizen, Amfterdam, Rotterdam & Middelburg, qui tiennuit toujours queiques Vaiffeaux a la mer; mais leur nombre eft incertain. 93. D, Moindre peut-être qu'auparavant? Beaucoup moindre: car les Forces Navales font incroyablemer.t déchue», & nullemens comparables il celles du dernier fiecle. 94, D. N"a t-on pas toujouis eu des Ami. raux célebrss? R. 11 ne nous en manqua jamais, mais par- deffus heemskerk, hein, lonk, lambert, kor TE na AR, van nes, de witte, leS ever1sen, van der hulst, van gent, sweerts, van galen & autres. mentent de kuiter & les deux tromp d'être appeilés les plus grands Amïraux de 1'Univers. —- Et pour füppléer tl votre imagination, je vous expofe cijoint une Gravure de tous nos Stadhouder-, de queiques Hommes d'Etat, Kéros & Savan» rer.ommés. M 4  104 joan van amstel. 95, D. Nous avons fans doute aufli eu plufieurs Capitaines de mer intrépides? R. Grand nombre, dont quelques-uns étoient d'une baffe origine, mais fort courageux, ainfi qu'eft fulfifamment conftaté par un exemple frappant. 90. D. Par quel exemple? R. Par celui de joan van amstei., fils d'un Payfan au Village de Schyndel, dans la Mairie de Bots le Duc: après avoir fuccombé fous les bleflures recues dans uue bataille navale fanglante, oü il étoit Capitaine d'un Vailfeau de guerre, on entena fon corps k Schyndel, & on lit fur fa Tombe un vers de v o n d e l , qui caractérife les aétions héroïques du défunt. 97. D. Communiquez-moi ce vers? R. Ce que je ferai,vu qu'aucun Hiftorien de la Patrie n'en fait mention. Sur la Tombe on lit en langue hollaudoife: Ter eeuwige gedachtenisfe van den Edelen, vromen, manhaften Zeeheli, joan van amstel, Zeekaptain onder 't Edele Mogende Collegie ter Admiraliteit te Amfterdam, overleden te Schyndel den 29 in ie Herftsmaand Ao. 1669. pars ingens belli. Hier rust teer der Amftelheren, Die Turken won en ook den Sweed,  VIII Plat StadJho'iLiIeKt Wilk»«TI. Jfaurft». ïrea.Hend. Wfflem«I. Vffiemffni:„ W„Frïf„. SrfW. Sn Staatsmannen. Hommes d SÜtat. idegunde. Vxtovmaag. EA^JLWérf OlAmfcanwvda. C.v-Bmnmgen. I. de Wit. I.Cats. Slramjand. AcLmn-aalsia en e eren» Amlraux Geaéraux. beleerden. Savans, RE Hem. M.H.Troiiip. K.Tromp. M.d'Buiten, Tilly. OOTerferlt. SWel. fiiad Z^VfS.J,/^. ' — ~ 1 . En °m e verbeelding- te gemoet te komen,vertoone ik u tier eene /JWelclW wn alle onze StadWudet^ van e enige groote Staatsmannen., Helden en Geleerden. Lr.. bladz.jB?. Et pow vemp au fecours de votre iniagination, je tous reprefente Jci les Portraits de tous nos Stadhouders, ainfi que de queiques Hommes d* Etat, Heros Sc Savans celebres. ^**e 183. &ra«nn*. J-.iumus. i. UouJla. Iff.de Groot. C.Muj^ens. Boeriurrai. LSecundu». Tondel.   ilÊCOLE MARITIME. GRANDS C A P I T. l85 Hielp met kragt de Funen keren, En Guftavus Zemagt fleet. Tromp de hand boodt twee paar dagen In den fiagh met Brittenland, Zwaar gewond, maar nooit verflagen , Streed voor d'eer van V Vaderland. Looft dien vromen Zee-befchermer, Schryft zyn naam in euwig menner. j. v. vondel. 98. Qu'a-t-on depuis neu entrepris pour avoir toujours des Gens de mer capables? R. On a fondé une Ecole maritime a Amfltrdam, afin d'y élever de jeunes gens pour cette fin. Elle doit fon exilteucé a Monfieur puiLLAUMu titsing, & depuis lors la Patrie foutient par de riches encouragemens cette Ecole. 99. D. Quelles font les Troupes de Ia Ré. publique ? R. Leur nombre n'eft jamais déterminé , mais elles font presque toujours compofécs de trente a quarante mille hommes, anciennemenc commandées par de grands Capitaines, tels que maurice,frederic-henri, guil' laume II & III , jean - guillaumefriso, VAN der does, ripperda, ouwerkerk, tilly, fagel, gin REL, koehoorn, &C. 100. D. De quoi font-elles payées ? R. De ce que chaque Province, en proportion de fes facultés, verfe dans le Tréfór pu ■ blic; car, s'il s'agit de fournir cent florins, alors eft donné par  IJS B E V E k Ü s. la Gueldre ƒ 5 - n - 2 Hollande . 57 - 14 - 8 Zelande . 9 - 1 - 10 Utrecht . 5 - 15 - 9 /•W/e . 11 - 10 - 11 Ovetysfel . 3 - 11 - 8 Groningue . 5-15-6 Drenthe . o - 19 - io ƒ 100 - o - o iot. D Qu'en appert-il? R. Que la Hollande paye p'us que toute? Ies autres Provinces eniémfale: mais de nos jours la Frife, la Zelande & Utrecht ont formé des ulaintes au fujet de leur cotifation trop ,forte;ce qui ne promet pas un avenir favorabie. 102. D. D'oü tire t-on ces deniers? R. Des Impöts; mais ils different d'une Province a 1'autre, puisque chacune les établit diverfement. 103. D. Qu'y a t - il encore a obferver? k. Rien de plus, finon que dans tout ce qui nous a été retracé par lTIiftoire de la Patrie, vous devez reconnoitro la 'foute-puiifauce, la Sageffe & la lïonté de Dieu, non-feulement quant a fon élevation merveilleiife , & fa con». fervation étonnante; mais encore... 104. ./.). Quoi eucore? R. La julticede Dieu, qui bien de foisa févérement , mais juflcmcnt chatié 1'ingratitude Nationale & 1'abus des plus riches bcuédictions, afin qu'on s'amence. 105. D. Que relte-t-il enfin a faire? R. Des vceux ardens& de- prieres ferventes, afin que la rïliüU'» & tót ub e » t i, nos deux gages les plus précietüt, puifl'ent refter  CONCttTSION. 187 dans Ia Patrie jusqu'a la con'bmination des fiecles. 106. D. Et li la première eft bien connue 8c ehérie ? R. Quand la véritablc religion eft bien connue & chérie , alors 1'aimable O co-de, rheureufe Amitié, la Tranquillité defirable & les Mceurs fans tache établiront partout leur doux regtie. 107. D. Et fi la feconde fubfifte? R. Quaud la liberté n'eft jamais léfée, on comptera.le Peuple des P.rovinees Unies parmi lesNations les plus fortunées de 1'L'nivers. — dieu foit notre houneur dans cette vie, notre gloire dans 1'Eternité! 108. D. Ces deux fouhaits ardens nous occuperont donc fans ccffé ? R. Oui, nous pouvons & devons les cxhaler toujours, par rapport aux fuites importante»qui dépendent entierement de ;>ieu, qui feul gouverne 1'Univers. 109. D. Vous me rappelez donc que Ia fplendeur qui de la Religion vérhable rejaillit fur une Nation, pourroit difparoitre.? R. Plufieurs Nations l'ont éprouvé par leur propre faute; & ce qui eft arrivé a d'autres, pourroit auffi devenir ie fort de notre Patrie. 110. D. Et lorsque la véritable Religion disparott chez une Nation ? R. Alors s'évanouiflên't aulïï la Concorde, 1'Amitié , la Tranquillité & la ptireté des Mceurs, vu qu'elles font fondéès fur une Religion lemblable. ni. D, La Liberté même pourroit donc auffi être réduite un jour a plier fous le jong? R. Ce qu'éprouverent, comme vous 1'avez entcndu, nos Ancêwes du tems des Comtes,  i88 CONCLUSION. de. charles V, de philippe II; pourquoi cela ne pourroit-il arriver de nouveau, dès qu'on réfléchit furies viciffitudes auxquelles tous les Etats du monde font expofés. 112. D. Et les fuites de deux événemens femblables font palpiter votre cceur ? R. Certes, tout cceur pénétré d'un amour fuicere de la Patrie en doit trembler. 113. ü. Mais comment prévenir des pertes de cette nature ? R. I.'obfervation fidele d'une ancienne Sentence peut en garantir. 114. D. Quelle eft cette Sentence? R. La Juftice (prife dans un fens ample de ce mot) èieve un Peupie; mais le pêché eft un opprobre, & une ruine cercaine des Nations. F I N.  189 AVIS Touchant XXVll Signatures pour èclaircir la Planche IX. Nous fommes iel paf vernis a la .lm de» Pvénemens de la Patrie: tout ce qm refte ft „iou erencore, c-eft 1'éclaircilTement de ce que S avancé pag. W & '75, CMcernant P iu-ement a porter du Caraétere des Hom™« a'aorès leur écriture: le célebre lavames d apres nntnhilité & 1'exnérience TER en a ïuuici.u. r~-------- • , 1p confirme. ie voiuu;» vu»- cette route utile & agréable, quoique fans vous ndiquer encore diffinftement & amplement la maniere dont on peut & Jou y proSder. Dans ce moment-ci je préfere dab n. Snnnêr cela a vous-même & i vos propres trees Le Caradere de ceux qui ont tracé 1, Signatures fuivantes, gravées avec foin, eft fuffifamment conftaté par les Defcriptions dïtaiïeea qu'i delftin j'ai donné des Ecnvams,  lyo avi s. pour votre inftruétion, afin que vous puiffïez confronter fcrupuleufement 1'Ecriture avtc la Defcription, les étudier & en former votre jugemenr d'aprés leur Caractere. C'eft la meiileure yoie de ne point vous égarer. Seuiement je iHpule encore que vous ne perdiez jamais de vue la Nation dont étoit le Souscriyant, ni fa Condition, ni le Siècle dans lequel il a vécu; cir la maniere d'écrire varia avec les tems:en outre'que les Ecrivains confervent aifément quelque chofe de 1'écriture de leurs Peres ou de leurs Maitres, par imitation ou par amour;d'oü peut réfulter une petite variation: enfin que 1'écriture des Hommes ou des Femmes doit fagement guider le jugement. -— jai donc, pour vous complaire, fait un choix de queiques Signatures d'Hommes anciens, celebres ou fameux , Ia plupart de notre Patrie, ainfi que de deux Femmes refpeftables: aux dernieres j'aurois volontiers voulu ajouter encore celles de deux autres, favoir, de kenau simons Hasselaar, qui concourut a la défenfe de Haarlem (pag. 82 & 83) & de la veuve d oldenbarneveld; mais la recherche la plus fcrupuleufe ne pouvoit pas me les procurer. — Or voici une Description hiftonque de ceux dont je vous offre actueliement les Signatures. r. letcester. 1. Cette Signature que robertfrans dudley, Comte de leycester, ausfi hauternent favorifé d'ii l 1 sabeth, Reine d Angleterre, qu'enfuite il tomba dans fa disgrace, a écrit de Deventer, le 24 Oftobre  R. LEYCESTES. > HL ES. I?t t«86, au bas d'un Papier fecret, dans lequel il donna au fameux leonimus, Chandelier de Gueldre, plein-pouvoir concernant une certaine chofe importante: cette Signature nous rappele un Homme infinuant, d'une contenance ierieufe, d'un accueil prévenant, de mceurs polies; mais fier, trompeur, aimant a flatter & a 1'être. elisabeth 1'envoya, avec lix mille Hommes, dans une occurrence defaftreufe, pour fecourir notre Patrie contre philippe II «Efpagne; mais en méme tems * defTein d'en tirer elle-même avantage par fon moven, c'eft a dire, de s'emparer du Pouvoir fuprême fur notre Patrie. Cependant la Divine Providence veilla pour notre confervation & fit échouer fes deffeins, précifément paree que la Princefte y employoit ce Comte. U caufa beaucoup de maux au Pays, moins cependant qu'eile & lui n'en avoient projete. Ses aftions nous font plus vivement rappelées a la vue de fa Signature. Deux ans après 1 avoir datée, il mourut en Angleterre, favoir dans l'année 1588. pu les. 2. Cinq lettres & pas davantage! Eft-ce-lk une'Signature! Oui, mais en raccourci. De qui? D'un Roi cxEJpagne; d'un Roi dont 1'ambition & la fuperftition étoient aufli tortueufeS (qu'il me foit permis d'ufer de cette exprefïïon) que ces lettres qu'il mit au bas de fes Ordres. Malgré cela, c'étoit le Monarque le plus grand & le plus puiffant de fon tems: mais il n'en réfulte pas que c'ait été le meilleur des Rois. Depuis cent quatre-vingt-huit ans il n'eX'fte déja plus, & cependant vous n'envifagerezdans  192 m. d e eossf.ih. ce moment meme qu'avec horreur & faifisfement cette Signature, quand je vous dis qu'eile i'eft de .PRinppf li tfEfpagne, du Tyran de notre Patrie, né a Filladolid en Efpagne dans 1'amide 1527 & décédé en 1598. m. DE i! o s s E v. 3. C'eft ainfi que makten van rossem figna fon nom en Fm coii. Nous refpéctor.s Ia bravoure, Ia patience, la fubtilité & le courage héroïque de eet homme, en quoi perfotme ne le furpafïïi: nous nous abaiflbns devant lui, quand nous l'envifageons comme Stadhouder de Frife, iVUtrecht & de Luxemhourg: nous 1'honoronsen fa qualité de Général en chef des Ducs guillaume de Cleves & de charles ó'Egmond: mais Anvers, Luxemhourg, une partie de Ia France, ia Haye, Amersfoort, Eindhoven, Helmond & d'autres Endroits, tous mis au pillage par lui, ne lurent, en 152R, qu'avec frémifTement fa Signature au bas des Ordonnances. Quel nom lui douneroit-on avec raifon de nos jours? Mérite-r-i! mieux que celui d'un Partifan? - Quoiqu'il en foit, toujours eft il famëux dans 1'Hiftoire de notre Patrie, & fon Nom et encore cité par ceux qui favent que le Chateau de IFayeftein dans Ie Thielerwaard a étébati par lui; mats i! I'eft encore davantage par tous ceux qui vifiten't h Arnhem Ja Maifon de van R o s s e m , appellée Maifon des Diables. Cet Edifice non acheVé fut ainfi nommé a caufe das prétendus Lutins, Sstyres &Faunes,qui font repréfentés dans le Frontifpice. Les Arehitéctes', voulant conftruire un Batimerit Gothique moderne ou Sarraftn, n'ont pas tant ftiivi a cet égard  CHARLES DE B O I S O T.' 193 le choix particulier de van rossem, q«e le S j. >, fa haye dans 1'annce 1695! - 11 *lm* tion d'eiprit. H. DE BUEDERODr. 7. C'eft ainfi que ce Noble 'chef de Nobles Confédérés (car dans presque une Maifon pamouque 011 le ttU »y°11 £ S, ,fHo..™ V0„»« *S ^- J-J S?as.*w& «SS s ajs  i£>» CHARLES. Réformés, fouscrivit leur Confeffion & la fit publiquement prêcher daus fes Terres. CHARLES. 8. charles & rien de plus éioit ia fnnple Signature accoutumée d'un Hom. me qui, du cöté paternel, étoit iffii de Ia Maifon d'.ggritóna'.descendante des anciens Rois Fri/ons, & du cóté maternel de la Maifon Royale de Bourbon. Venu au monde en 1407 a Graave, il fut Duc de Gueldre & de Julters, Comte de Zutphen , Seigneur de Vrije, Cocverden & Drenthe; donc, réellement uu Perfonnage trés important. On le lait palier pour magnanime, rufé, orgueilleux peu réfléchi, inconftant, brave & fe faiïar* beaucoup refpeéler. Environ cinquanie ans (quel malheur!) il pafTa continuellement dans les combsts & les troubles. II eut toujours les armes a la main, fur terre & fur 1'eau, contre les Hohandf.is, les Bourguignons & les autres Nations voifines; maintes fois prefTé, mais ia. mais opprime"; plus fouvent Vainqueur, que Vaiucu, & recommencant fans cefie les holtiIités avec une nouvelle vigueur. II mourut a lage de foixante-onze ans, en 1538, & fut entcrré il Arnhem; oü, au deffiis ae fon Tom. beau on peut lire les fix vers fuivans, quoique peuelegaus: ^  CHARLES. LEIBNIZ. 19? Carolus egregius Dux illustrisquefepidtus Jn tumulo hoe jacet Gelriaci imperii- Qui, post millenos centenos quatuor minos, Septuaginta fuit natus in orbe puer, Et post millenos cmtenos qainque recesfit Veto triginta utmos feptuagirta tenens. Ces Vers font inférieurs aux fuivans, compoiés par po KT a k us. Quem fpeüas veieri Corolum de gtnte Stcamlr& Alcfdem nostri temporis ejje puta. _ Mi vit puero, jüvenique viroque fenique Omnis in arumnis tranjiit acta dies. _ Vincula quid bellumve loquar patrieque ruinam ■ Omnibus et por his, major et ÏUe fuit. Quant a la Signature inférée ci-deffus, le Duc la reit en 1499 au bas d'un Ordre donne aux habitans de Zuiphev. L E I B K I z. 9. Vouloir préfumer d'après ces caraéteres petits & firnples un Auteur peu fpiihuei & rampant, feroit une erreur: non; la Signature eft du grand GOTFRIE D-W1LHELB LEIBMIZ, né a Leipzig en 1646, & fort célebre par fes Copnoiflar.ces Phüofophiques, Juridiques cc lüftoriqucs. On lui refufa, en 1664 a Leipzig, le Doftorat en Droit, paree qu'il ne refpectoit pas aftez la Philofophie d'AUisTOTE. L'Umverfité d'Alrorf, plus avifée.lui accorda la Promotion & lui tfifit méme le Profeflbrat; mais jl en icmeicia. L'hlefteur de M^ence lus N 5  198 joestvonbrunc horst. conféra dans l'année 1670 Ia Charge de Confciller. Enfuite il partit pour Paris, oü les prorneires les plus féduifantes ne pouvoient pas le difpofer a embralfer la Religion Romaine. Com ine le Duc joh. v r. se a w a u n s c hw e i ü le nomina aufli a une place de Confeiller, & qu'krn e s t- a v c u s te , fon Succeffeur, le déligna Confeiller de Juftice, fa gloire déja acquife augmenta encore de beaucoup. L'iimpereur charles VI lui accorda la Dignité de Gonfeiller Aulique, tandis que 1''Angleterre & le Czar de Moscovie le nommerent leur Confeiller privé, louis XIV le défigna Membre de 1'Académie des Sciences, & le premier Roi de Prujje vouloit qu'il fut Prélident de la Société Royale: certes, marqués de diftiuctión bien méritées par ce grand Homme, qui, partfvenu a 1'age de foixante-dix ans, mourut dans ia dix-feptieme année de ce Siec'.e. La Philofophie s'inclice encore refpectueufement devant lui. joest von brunchorst, Seigneur a Honnepell. o u joost van ep. onckhorst, Seigneur de Honnepell. 10. Cet Homme rcfpettable étoit mirié avec johanna van brederode, SfjCUr dll célebre hendrik van iirederode, Chef des Nobles Confédérés, qui légua a fa Sceur les Seigneuries de Vianen & SAméidev. Celui dont nous parions, non moins courageux & rempli dc zele pour la Liberté, fouscrivit  ANTONI VAN LEEUWENHOEK. ïpj la Confédération connue; ce qui rend fa Signature digne d'être confervée. Mais une Souscription de cette nature fuffifoit pour inciter le barbare ri'ii.ee a bannir ce Citoyen refoeétable, a confisquer fes Biens. dirk van fcRONCRhorst, Homme fort courageux & Fr. re de joost, périt dans la Défenfe de Leyde. antoni van leeuwenhoek". ir. Vo:ci une Signature mm.ee, mais aufïï le bon Homme a toujours été ocenpé de petits obets,& fon Einploi même n'étoit gueres relevé, car il occupa fimplèment la place de Conciërge de la Chambre des Echevins a Delft. Mais cela dénote-t-il que fon Efprit étoit rétréci? Non! le menie ah toni van leeuwenhoek, Conciërge de la Chambre, étoit Membre de la Société Royale des Sciences en Angleterre, Uil des plus grands Phyficiens du Siecte préfent & paffé, né a Delft en 1632, & après avoir vécu durant quatrevingt-dix ans, y décéda en 1723, tandis que fa mémoire refte éternifée par un riche Monument érigé dans 1'une des Eglifes. Mais comment s'eft-il acquis cet honneur & cette gloire? A quoi nous de vous répondre: Par la polilfure des verres a Microscopes, par nombre de belles Obfervations & par la découverte de plufieurs Sccrets de Ia Nature. L'Univers n'a jamais vu, ni veria, avant ou après lui., un autre Conciërge de la Chambre égala celui dont nous parions.  soo maximilien de boussu. 12. maximilien de henn1n, CoiDte de Bovjfu, comme il écrivoit ici fon Nom en Francois , mais qu'aftuellement on appelle presque toujoms nossu, descendit de 1'ancienne Familie Belgique des Seigneurs de I fatum, dont le Chateau foncier eft fitué en A'-toh: il prit du Chateau nommé Bofu la quaüté de Comte & fervit fous philippe II iVEff>agnf>. Dans l'année 1567 la Charge de Stadhouder de Holiaude , Zélande & Utrecht lui fut provifionnellement conférée. II voulut rcprendre la Bille, y échoua , auffi bien qu'a Dordrecht, mais fon entreprife fur Rotterdam eut un meilleur fuccès. II combattit avec une Flotte d'environ trente Vailfeaux fur le Zuiderzee contre cornelis diritzoos de Monnikendam, Amiral de notre Flotte (dont la Poftérité ex;fte encore dans ladite Ville,) en 1573. II perdit la bataille, fut pris & retenu pendant trois ans prifonnier dans la Maifon des Orphelins a Hoorn. Cette défaite de bossu allégea les affaires du Pays , qu'après fon élargilfement il voulut même appuyer, mais la mort le furprit a Anvcts cn 1578. c. wittichius. 13. CnRlSTOPFEL wittichius, né a Bricg en Siléfie dans l'année 1625, étoit d'abord Profcfleur des Mathématiques & Herborn, puis 4 Düistourg; enfuite il enfeigna la Philofophie & la Théologie & Nimegtte, enfin a Leyde jusques en 16^7, année de fon decès  LOUIS DE NASSAU. 20f Wans la même Ville. On a plufieurs Ecrits favans de cet Erudit trés habile, qui fe rendit principalement célebre par 1'imroduétioii de la Philolbphie de d esc art es dans les Ecoles :des '1 héologiens. louis de nassau. 14. Les pleurs coulent a Pafpeft de cette Signature, & encore davantage lorsqu'on voii ou traverfe la Brnyere de Mnok, oü dans l'année 1574 il périt avec plufieurs de fes Soldats, & fans être reconnu fut avec fon Frere henri jetté dans une folfe pêle-mêle avec quantité d'autres, quand on enterra les morts. !En Langue Hollandoife on 1'appella lode'\vyk, Comte de nassau. 11 écrivitce Nom d'une maniere fi conforme avec willem I, !Prince de n as sa u, qui figna cu 11.l a u m e ;de nassAU (quoique ce dernier employat en;core d'autres Soii'criptions) qu'il eft facila d'y reconnoitre les Freres. 1 o u 1 s fut auffi rcputé :d être le bas droit de guillaume, étant igracieux, éloquent, courageux, vaillant, mais j plus ardent dans les entreprifes périlleufesiSori ame étoit pénétréè de' feminiens généreux ien faveur de Ia Patrie. Quand, en 156Ö, Ia Ue1 quête devoit être pféfentée a la Gouvernante ] par ure de rode a BruxelJes, i>o u 1 s marcha- ; ia fon cöté au premier rang, fuivis d'une foule de Nobles allant quatre a quatre. Par rapport a la prife d'armes contre p rfï Ll * p H, & pour fa perfévérance dans la Rebellion (telle étoit la teneur de Ia Sentence.) d'A lbe le baunit enfuite & déclara fes Biens confisqués. II battit.lcs EfpjigKtls a H'iligeriee, mais eut- 5e  «02 elbertus le0h1nus. deffous a Remmingen, & fur la Bruyere de Mook, par l'inexpérienee de fes Troupes,qui ne pouvoient gueres faire tête aux vieux Corps Efpagnols bien disciplines. La caufe de la Patrie perdit infiniment par Ie decès du généreux Comte, dont la mémoire ne s'effacera jamais du fouvenir de ceux qui aiment fineerement la Patrie. elbertus leonikus. 15. Zalt-Bo nmel fe glorifie d'avoir vu naitre dans fes murs ce grand Homme ilfu de Parens obfeurs. L'opinion commune étoit depuis longtems, qu'a 1'inftar de la plupart des Savans contemporains, il ait changé fon Nom Hollandois ekcelbrecht de leeuw, contre Ie Nom Latin d'e lb ertus leoninus, tel qu'il le figna. Mais un Erudit prouvera fous peu que fon Nom original a été l e lion. II fut d'abord a Louvain Profelfeur en Droit Canon, &, dans l'année 1560, il y profefla la Jurisprudence; ce qui lui acquit tant de célébrité, qu'il fut inftallé Chancelier de Gueldres dans l'année 1581. II remplit fi bien les fonétions de fa Charge,qu'on 1'appella le premier Homme d'Etat du Siècle. 11 fut 1'un des Ambalfadeurs que les etats de notre Pays avoient envoyé a henri III, Roi de France, pour offrir a ce Prince Ia Souve • raineté en 1584. C'eft lui qui alors porta la parole, auffi bien qu'a la Haye, pour complimeuter lpycester, arrivé & Angleterre. Heureux! s'il eüt fuivi les confeils modérés du Chancelier. Plufieurs autres de fes Services en faveur de la Patrie, ainfi que fes Oeu-  A. DUUVENNVOERDE. 233 vres favarrtes font connus. II mourut a Arnhem en 1598, après avoir atteint Page de 79 ans» & s'y trouve emerré: mais on penfe que fon Epoufe, File du ProfeiTeur de haze a Louvain, ait poulfé fa carrière au-dela d'un fiecle. a- duuvennvoerde. 16. Ou, felon notre facon d'écrire moderne, arend van duvenvoorde, étoit Chevalier & Seigneur de Duvenvoorde ,Nord~ wykerhout , 't Woud & Sterrenburg, descendant de Pantique Familie Noble des wassenaar, pas encore oubliée en Hollande. Les troublesdesPasy-Bas le fo.cerenten 1567 d'abandonner la Patrie. Comme il avoit favorilé la Religion Réformée, qu'il s'étoit arrêté dans ï'Abbaye o"E*mond, qu'il avoit maltraité (dit-on) les Eccléfiaftiques; le féroce Duc d'a lbe trouva bon de bannir cet Homme refpeftable. Mais cette inique Sentence n'amortit pas le courage male du Noble Hollandoi?. II revint & concourut en 1572 a emporter la Brille. II parut encore, dans la première AfTemblée des états de Hollande, tenue a Dordrecht. Après quoi il fervit en qualité de Capitaine au fiege de Campen, formé dans 1'an 1578. Enfin il affifta ft Pinauguration de 1'Académie de Leyde & fut employé dans les affaires les plus importanten Sa mort arriva dans l'année 1600,  aoi marie van reigersberg, \7. Femme dcme'e d'un cceur magnanime! Ne vous en étonnez pas, c'étoit i'Epoufe de hugo dk groot & la Fille de pijter van reigersberg, Ilourguemaitre de Vtete. Elle fe maria avec lui en 1608, & elle décéda le 19 Avril 1653. Ajoutons, pour combler fes louanges, qu'eile fe lit enfermer avec fon iVIari au Loeveftein, & Pen fauva, au moyen d'une caiffe , dans l'année 1611. Dans 1'un & 1'autre cas 1'Amour briüa, mais dans le fecond on appercoit encore un efprit inventif. J'si vu une Lettre écrite par cette Dame dans le Chateau de Loeveftein le 14 Juillet, fans année; & au bas étoit fimplemeiit marie reigursbero, conféquemment fans van. p. franc1us. 18. Les traits légers, élégans & diftincts formant le Nom de petrus f r a n c 1 u s, fervent a bien juger du Caraftere de ce Savant, lequel prononca au moins quarante-cinq Harangues en public, & mérita d'être appelle le plus grand Orateur de fon Siècle. 11 vint au monde le 19 AöÜt 1645 a Amfterdam, & décéda le même jour cinquante-neuf ans après, c'eft a dire dans Pannée 1704. Durant le voyage qu'étant jeune il fit en Angleterre, en France & en Italië, on lui conféra Ie Grade de Dofteur en 1'un & 1'autre Droit a Angers. On Ie combla de maiques d'eftime a Paris, i Florence & a Rome: mais revenu dans fa Patrie,  PIETER COPNEMSZOON HOOFT. 20$ Pntrie celle-ci n'honora pas moins les granries cönnoiWes acqaifes par ce jeune Savarit-, tandis que la Ville ff A* ff er dam le norama d'abord en i<572 , ProfeiTeur d'Eloqueuce & d'Hiftoifes; enfuite dans l'année 1686 il obtint encore le ProfelTorat en Langue Grecque. Comme il excella principalement dans 1'art d'une be'le prononciation, ou de bien parler, rAcadémié de Leyde auroit presque rétiflï a fattirer dans fes murs, mais les Bourguemaitres ff Amfterdam le conferverent en angmentant fes honoraires Nous avons encore plufieurs Poëmes & Discours excellens de lui. PIJTER CORHEUSZOO» HOOFT. 10 Celui qui ufa de cette Signature, eft encore infmimcnt refpefté par tous les Amateurs du LanfJÉe & du Style Hollandois, amli que de fHilKpe de notre Patrie- 11 vltlt au monde en i<$7- Avant d'être parvenu Uagt de vingt ans', fancienne Chambre de Rhetonque a Amlhrda-ni, ayant pour Devife Florisfant en Amitié, 1'admit au nombre de les Membres. Enfuite H voyagea en France cc en Itahe pour aequérir des connoiflances fcienttaaues. En i<5©9 le Prince maukicr le lit Sénéchal de Mniden & Baillif de Gooiland. I e Chateau de Muiden étoit donc fa demeure. Ici il jouit d'une vue fuperbe fur le Zuiderzee & y compofa la plupart de fes Oeuvres. La travail relatif a la Via de HENRf Je Grand, Roi de France, lui valut 1'Ordre de St. tuichel II employa dix-neuf ans a faire fon excellente Hiftoire des Pays-Ras: avant que d'entreprendje fa belleTraduction de tacite,  aoö ». W I T g E N i! lut cinquante-deux fois cet Auteur Romain, Quel travail en faveur d'une fimpleTVadüction] Mais auflï elle le combla d'une gldire bien méritée, 11 mourut en 1647, a ia H'/y°, oü il s'étoit rendu pour afiïtler aux Funérailles du Prkc; fréderic-heniu nagueres décédj. n. w i t s e S. 20. Telle étoit Ia Signature toute limple de nicoi.aas wtTSEN, treize fois Bodrgue> maitre regnant de Ia puiffante Ville $ Amber, dam, mais qui refula. le Titre bonorable de Baron & la Place de Curateur de l'Univerfité de Leyde: lignature conftatée par une de lés Lettres fecrettes que je pofTede. II cuitiva de bonne heure les Mathémat'ques & 1'Aftronomie, & prononca en public deux Discours fur le Sbleil & les Cometes. En 1671 il publia un excellent Ouvrage relatif a la Confirtiéthn & la Direclion des Vaifeaux antiques & modernes, & plus tard fa Description de la Tartarie Oriëntale & Septentrionale, en deux vol. in folio. En qualité d'Homme d'Ësat fes fervices étoient trés utiles a la Patrie. Le Secret de 1'Expédition du Roi guillaume en Angleterre lui fut confié des premiers, car 1'on avoit befoin de fes fervices, comme auflï antérieurement afin de faire a-jréer a la Ville d''Amfterdam le Mariage du Prince avec Marie, Princefie Angloi/e. En 1681, la méme Ville le chargea de recevoir dans fes Murs les 1 Réformés Frangois Réfugiés, de veiller a leur enretien, de leur procurer des occupa ions. II dicéda, fort agé, Ie 10 Aoüt 1717, & fut e.iterré a Egmond op den Eotve,  207 GHIiBART de BRÖXCKHOR.T et BATEHBORCH, ou gysbert vak pronkhort et batenburg. 21. Nous honoroiis encore la mémoire de c* Noble Uelgique, qui fervit en qualité de Ca lonel fous le généretix henri de, b rederode. En 1568, lui & fon Frere dien «1* Jerent h Amfierdam, oü ayant été refufe, il palfa dans le Waterland & voulut fe retirer par eau en Frife ; mais aprés avoir été arrête a Haningen, il fut traniporté a Vilvorden, & le bénigne d'a lbe, fous prétexte du Crime de Lefe - Majeiïé, le condamna a la morti' nonobftant les intercellions puifl'antes de 1'Empercur & de phifieurs Princes $ Allemagne, on lui trancha la tête a hruxtlles le 1 Aoüt 1568. Quelle fin trifte & non méritée eut cet Homme zélé pour la Liberté patriotique, du tems de philippe! am al IE ?. d'orange. 22. aMalia, Princelfc SOrar.ge, Fille de j e a n -*a l n e r t , Comte de So 'ms, (c'eft pourquoi on la nomme fouvent amalia de .Wwr) h poule du Prince frederic-henri, & Mere' de guillaume II, 1'un & 1'autre* Stadhouders, figna de cette maniere fon Nom en Francais. Si le Chevalier temple, ce fameux Politique Anglois, a mieux'jugé d'elle que tout autre, cette Princeffe étoit, felon lui, une Dame aufli fpirituelle qu'il n'en eut iam'ais vu; digi.e de louanges p.ir -rapport 5> f* J O 2  208 C. de witt. cour magnifique & réglée avec éconr'm'e: cependant la grandeur htunai ie ne pouv it pas la guarantir de plufieurs revers doi:;efliques. Après avoir pouffé fa eairiere a fo;xnnte-treize années, elle mourut a Ja Haye eu 1675. C. de witt. 23. L'Auteur de cette Signature la trrca qui:.ze jours avar.t la mort tragique, Venu au monde dans l'année 1623. fa naifljnce rejouit beaucoup fon Pere, mais celui-ci dut auffi pleurer fon trépas, & en particulier la maniere dam la vie lui fut ótée. II ne mourut pas, a caufe qu'il étoit verfé dans la Turisprudence, paree qu'il étoit bravé & intrépide a la guerre; puisqu'il étoit Ruwaard de Putten, llaillif de Reyerland,- Bourguemaltre de Dordrecht, Député dans 1'Alfemblce des Ktats de Hollande, & Plénipotentiaire de Leurs Hautes Ptiiffances fur la Flotte du Pays, a bord de 1'Amiral r> e fi; ytee, dans la Guerre contre les Anglois: mais il mourut, paree qu'un willem tichLaeh étoit vïvant & que des accufations non prouvées prévafurent. La Populace effrénée Ie mafTacra le 20 Aoüt 1672 h la Haye: pourquoi ? puisqu'on le baïffoit fans raifon, ce dont la vie & les benédiétions ne dériveut jamais. hans s L o a n e. 24. Signature petite, mais nette d'un Savant étranger, trés digne d'être examinée, remémorce ck confervée. Nous n'ofons point détprminer,fi 1'on doive fadrairer plutót comme Médecin excellent, comme Phyficien profond ou  SiKI SlOiSÏ 20? comme le vrai Ami des hommes. II vint au monde, en 1660, a Killileath au Nord d/rWe. Son goüt 1'ayant décidé a 1'etude de la Nature, il y avoit déja fait des progrès confidérables a fase de feize ans. Tombé enfuite entre les mains des célebres botle & ray, ceuxci 1'v eocourageoient encore davantage. ii continna fes Etudes a Landres; fréquente lea Leoons de tournefort, de du vbrneï & d'autres Savans a Paris ;recueiIUt des Plantes . h Manipellier & parcourut le Languedoc,paat augmenter fa Colleétion, qu'après fon retour :1 oftrit a ray, lequel en donna la descriptiou dans fon Hitloire des Plantes. Le fameux s y d e h h a m 1'oyant connu en 1685, 1 accueilütdans fa maifon & lui confeilh1 d exercer la Médecine. Peu après il devint Membre de Ia Société Royale; mais voulant faire de nouvelles découvertes, il fe rèndit a la Jamaique, en qualité de Médecin du Duc d'A ld e m a b l e» Gouverneur de cette Isle. Un féjour de qumze mois lui fuffit a décrire en deux volumes in folio 1'Hiftoire Naturelle de la Jamatque. Revenu; a Londres , Ia place de Médecin de 1 Hipital Christi lui fut accordée. II y rendit non feulement la fanté aux malades, mais il dillnbua encore fes honoraires a de pattvres infirmes, tendres objets de fa cotnmifération. Enfuite la Société Royale lui donna la place de Secrétaire , & il continua d'enrichir confidérsblement fon Cabinet de Curioütés Naturelles, georqe I fhonora du titre de Baronet , & 1'Academie Royale de Paris le recut au nombre de fes Membres étiangeis. A Ia moit d'isAAC newton, il lui fuccéda comme Préfident de la Société Royale, & en 1727 ceorge II le O 3  210 HA SS SLOAKE. nomma fon premier Médecin. Cependant i! acquit une gioire plus folide encore, par quantité d'établüremens en faveur des malades & des panvres, trop longs a décaillcr. Après avoir rempli avec un zele peu commun tant de Chargés honorables & pénibles jusques a ragê de quatre-vingts ans, il fe retira en 3740 de tout, excepté des Perfoimes de rang, des Savans régnicoles & étrangers, & des Pauvres qui venoient le confulter. C'elt ainfi que ce Vertueux aufïi favant que charitable poulTa fa carrière jusques en 1752; alors il mourut agé de 91 ans, quoique dés fa feizieme année "il eü: été attaqué d'un crachement de fang, qui 1'obügea de garder la chambre durant trois ans & auquel il relta toujours expofe'. Mais fa vie modérée & réglée, a quoi venoit encore le Quinquina, prolongea fes jours jusqu'a ce terme extraordinaire. Quant a fa Bibliotheque, compof;e de 50000 Livres en 69352 Volumes dont 347 cnluminés d'aprês Nature,ainfi que 356"5 Mantifcrits & fonCabinet de Curio. ütés Naturelles, revenant pour fon propre compte ii 55 Tonnes d'or, il légua le tout au Public, pour (felon la teneur de fon Teflament) avance/- t'him„eur de Dieu & la filicité humaine; fous la feule condition que le Parlement accordat-une fomme de pallë deux tonnes d'or aux Parens du défunt. Cette Fondation , de beaucoup augniintée par la fuite, eft actueüement connue fous le nom de Mufie Britannique, ou Mufeum Brittanicum, & forme la plus vafie Collecüon de 1'ünivers.  C." 'V A N lïSH ERSHOEKi 2? Telle eft la Signature du célebre cornelis vak BTNKERf Ho:-.K, llé lei* ftïai 1671* WédtVnmrf, fait Dofleur en Dröif a /Vd*M l'année 169.1, nommé en -703 Conieil'cr au Haut Conf-l de H*UM*i O» & Westftife , qu'il prtlida depuis 1754. u d-'c'da le 16 Avrl 1743. Parmi queiques Ouvrages nou publiés, fe tfOUVC un Vers Latin, in Effigiem c. van bv.» kers hoek, dont vöiCt les deux dernieres lignes: Jitiic Mo'utmc-ta, rogat ft quis, car puWca dfflintt Orot.alae baf curie l conMont parem. MDCCXL1V. T. H, j jac. PERTZONIUf. 26. Encore une Signature fimple! mais la vé> ritable Science ignorant les ornemens extérieurs» ne brille que par la naïveté. La Familie de J acobus peuzobius, ifiue de sennttmf dans le Coraté de Bcntheim, changea fon nom allemand de Voorbroek contre celui de ïerizonibs tiré du Grec. jacobüs, dont nous parions, fut en 1651 né a Dam , oü fon Pere étoit Reéteur. Cela le dirigea vers les Etudes; & fon efprit s'y appliqua 11 fort, que le travail opiniatre ruina de bonne .heuie (*" conflitution. Ce nonobftant 1'Académie de Francker 1'appella en iól'o , pour y exercer le Profeflorat en Eloquence & dans les Hiftoires. Treize ans plus tard, il fut appellé comme ProfelTeur a Leyde, pour y enfeignei les mêmes Sciences & le Grec. il s'en acquitta dignement jusques en 1715; alors il mourut & délaifl'a plufieurs Ouvrages favans,  Zïi WILLEM TICHLAER. 97. Celui ci étoit un Cbirurgien a ViershU. Püt-il n'avci; jamais fait autre chofe que guéair de? blefTures! Mais il fut Ia caufe que des playes fans nombre couvrircnt deux excellens Patriotes. Vous en avez lu Je rccit (pag. 134 & 135O Regardez maintenant la Signature de cet homme, mais avec horreur! II ne mérite u'ende m eilleur, celui qui, pour fabire de fes crimes, fut, vers le déclin de fa vie,obligé de mendier le pain a Ia Haye. Son nom détefté fe trouve immortalifé dans 1'Hiftoire de notre Patrie, & rien ne peut le couvrir d'une plus grande infamie. LES PLANCHES DOT VENT ETRE PLACEES DANS L'ORDRE SUIVANT. fancienne Carte du Pays Planche I II III IV La Carte des VII Provinces V VI V» VIII * IX pag. S H 48 94 104 iafi 182 iH \ 212  ZX 2>U«&.