01 2427 6619 UB AMSTcKUAM  VOYAGE D'U N AMATEUR DES ARTS.   V O Y A G E D' U N AMATEUR DES ARTS, EnFlandre,dans les Pays-Bas, en hollande, EnFranCE, ensavoye, en Italië, en Suisse, Fait dans les u4nnées 1775-76-73-78; Daqg lequel on indique; I« les idifices & les Monument antiqucs ê? modernst, dignes d'être recherchés : 20 lei colleBiont de Peinture , de Sculpture, d'Hiftoire Naturelle; les Bibliothèques, &c..•' avee des jugement partituliers für tous ces ob/ett, motivés d'aprèt le fentiment des cormoitfcurs les plus eflimés: 3 » Une defcription foignée des Vallies de Glacés du Fauffigny, de celles Au cantott de Berrte , & de divcrj'es autres Curiofttés que prèfentent les Alpes: 4 © VItiniraire de quelquet Pajfages pen connus d travers ces minus Alpes: 5 o Uitat aituel des Routes d'une Ville cl l'autre; les Fleuves, Rivières &' Torrens qut Vort doit traverfer fur pont volant, en bac, chaUupe, cu a gui : 6° Les prix courans des Chevaux , Muiets, Veitures de ville , Bmrques, Gondoles ; celui des Laquais de lounge , des Guides, des Cicerone & beaucoup d''autres renfeignemens, dont il cfl utile , c? mime important d'itre inflruitpour voyager le moins difpendieufement & avec l» flus d'agrimens pofible. JPar M. de la r***, Écuy., ancien Capit. d'Inf'- au Service de France, &c. tome second. At AMSTERDAM.   N OUVEAU VOYAGE En Flandre, en Hollande, en France, en Itaeie, en Suisse, Fa n; dans les A jst n é je s f Tuk.in (*). II eft peu de Villes en Ëotlteta : ps■rope, auffi heureufemenr fituée, mieux ba-'"' «'«Roi. : tie, plus propre (**) & mieux décorée. L'an- (*) A VAuUrgt Royale. a VIM tel d'Angleler- re, chez Canton a la Femme fans téee. Lale- conde eft la mieux iimée; la Table eft bonne, ■mais les Logemens peu brillans. (**) Au moyen d'un Canal tiré de la Dohia, 1)1 fe diftnbue des eaux dans toutcs les rues, qui entraineiit les immondiccs, & procurcnt unc fraicheur falutaire. Torna II, &  Turin : Paleis tin Roi. 2 Kö UVE /IV V'O 1' ji Ü E cien Turin , qui fe reftifie a fur & a mefure qu'il fe reconftruit, eft mafquépar de nonvelles Rues parfaitement alignées, &qui, pour la plupart, aboutiflent a des poinifs de vues agréables ou intéreüans. C'eft ViïïorAmidie. II, qui a le plus contribué a Pembelliftement de Turin : cette Ville doit également a fa munificence éclairée, nombre d'Edifïces, deFondations & d'Etablinèmens fouvent grands, fouvenc fomptueux , & prefque toujours utiles. C'eft lui qui a reconftruit trois des Portes de la Ville ; la majeure partie des Fortifications; 1'Höpital; le College des Provinces; TUniverfité ; la Superga; Stupiniggi, &c. II eft trifte cependant que le génie de ce Prince, embratïant trop d'objets a la fois, ne lui ait pas laifle le temps de perfectionner fes projets : la plus grande partie ne font que cö'mmencés. Le Palais s'annonce avec peu de noblefle. Nulle Décoration, nulle Avant-cour'qui caraftérife la réfidence d'un Souverain. La' Facade perd encore le peu de mérite qu'elle peut avoir, paree qu'elle fe trouve mafquée par une vieille Galerie qui communiqué d'une aile a 1'autre (*)• L'intérieur du Palais , laiffe peu de chofe a défirer : diftribution, variété & magnifïcence dans les (*)' En faciifiant la Communication aftuelle , on pourroit déterminer ccttc Avanc-cour, par une belle Grille, ou la former par une Colonnade, iurmontcc d'une Baluftrade, qui ennobliroit cette communication, fi ellc ctoit jugée abfolumcnt ncccffaire.  EN ITALÏS. 3 Meubles.... Tout y fatisfait, 'du moins au premier coup d'ceil. Nous ne connoitlbns point de Maifon Royale tenue dans une auflï grande propreté , & qui réunifle a la fois autant de chofes d'un plus grand mérite. Le Grand Efcalhr eft médiocre : il eft orné de quelques Figures antiques, mais de peu de valeur ; d'ailleurs mal reftaurées. On voit fut le premier Peyron la Statue équeftre de Victor-Amédee I : Le Cheval traité en marbre, eft mauvais; il foule fous fes pieds quelques Efclaves (*) : La Figure du Héros traitée en bronze, ne vaut guères mieux. La Salie des Gardes, monte d& fond. Ses vaftes proportions en impofent d'abord; mais un peu d'examen , remet ( * ) Cetce idéé eft arroce & déteftable. L'artifte dontl'ame eft afiez baiïe , affez vile, pour enfanter & pour exécuter une compofition femblable, mériteroit feul d'éprouver réellement le traitement qu'il imagine de faire endurer a des infortunés, que la perte de leur liberté rendent déji trop malheureux. L'antique ( nous entendons parfer des temps célèbres d'Athcnes & de Rome, & non de ceux oü la tyrannic gouvernoit la terre) n'a produit aucun exemple d'une adulation aufll révokaute; elle dégrade 1'humanité.: & fi 1'on cenfure avec raifon le fafte barbare & ridicule d'Efclaves enchainés aux pieds d'un Héros ; avec quelle force ne doit-on pas févir contre la compofition qui donne lieu a la préfente note. On trouvera cette barbare idéé répétce dans le Groupe en bronze, élevé fur la Place de la Cathédrale a Parme. Cette dernière eft d'une bieu meilleure exécution; nous aurons foin de 1'indiquer a fa place. rwin: fif 'ais d» Vlffc  Turin : Pa luis Au Roi 4 N OV V E A U T^oYAGE . cette compofition a fa place. On rèmar• que dans la Pièce qui précède 1'Appartement d,Hiver da Roi, quatre Defllis de Portes, peihts par Ricci : on donne la préférence a celui qui repréfente Tobie a qui 1'Ange rend la vue. Le Plafond de ce Salon (1'un des meilleurs de tous ceux qui enrichifl'ent le Palais), eft peint par Daniël Seneterre. Les Sulles d'Audience & da Trbne, méritent une attention particulière: les Deflus de Portes & les Plafonds font peints par/ean Miel: ce font de très-bonnes chofes. La Chambre d coucher, eft fort richement décorée: le Plafond eft de Daniël Seneterre ; il eft très-beau. Les deux Deflus de Portes font peints par Ricci; 1'un repréfente Agar en marche avec Ifmaël vers le défert; 1'autre, Salomon qui encenfe les faux Dfeux: Ces deux tableaux font eftimés. C'eft dans cette mëme Pièce que font placés quatre célèbres Tableaux, par YAlbane, repréfentant les quatre Elémens. Leur forme (qui eft ovale) eft ingrate ; mais ce maitre en a tiré un heureux parti. La Galerie dans laquelle on paffe enfuite , eft décorée avec beaucoup de goüt: les excellens Tableaux qui 1'enrichiflènt, y font difpofés avec une intelligence'peu commune. Nousindiquons de préférence, la Bataille de Saint-Quentin; le Portrait du Prince Thomas de Savoye : celui de Charles I,r roi d'Angleterre, & de fes Enfans,par van Dyck, eft de fon meilleur temps: le Portrait de eet Artifte célèbre peint par lui-même.  e.v Italië. 5 Une Vifitation de la Vierge, &une Tête de Vieillard, par Rembrant, & le Portraii du même Peintre. Celui de Probus, peint par lui-même : on le voit fe mefurant 1'étendue du crane avec un Compas. Un Jeune-Homme qui carefle un Chien; par Cimiuni. Une Magdelaine & un faint Thomas; par Rubens. Dans la Pièce qui fuit, on remarque quatre Tableaux de Solimeni : celui qui repréfente la Reine de Saba offrant des Préfens a Salomon, intérelfe & fatisfait le plus. Le Cabinet ( dit ) de Carle van Loo, efl on ne peut pas plus agréable : les douze. fujets que ce peintre très-eftimable , y a repréfentés, font pris de la Jérufalem da Tajfe. On y admire auffi une jolie Vierge par le Trévijfan, placée dans un petit Oratoire féparé. L'Appartement d'Été du Roi, eft précédé d'une Salie a manger (qui eft commune aux deux Appartemens), & par un beau Cabinet. La Pièce qui fuit eft décorée de jolis Portraits en miniature, diftribués fur des compartimens de glacé (*), & de beaucoup d'ornemens dorés. Cette décoration papillote (* ) En général, on remarque trop de cette fbrte de richeflb dans tous les Appartemens de ce Palais : d'ailleurs ces glacés n'étaut toutes que 'de la plus ordinaire grandeur, elles n'impriment qu'au premier coup d'ceil 1'idée d'une certaine magnificence; 1'examen & la réflexion, apprécient bientöt leur valeur. A üj Turin : Palate Hu Roi.  i Turin : Pit- 1 (ais tin Roi, j f No urn:au VoTAëÊ trop; difperfe rrop les objets, méme en les multipliant. Dans un petit renfoncemens de ce même Cabinet fe trouve placée une Vierge & 1'Enfant Jefus, par Carlo Maratte: c'eft un bien agréable tableau. On traTerfe enfuite plufieurs Pièces d'une même enfilade, toutes remplies de Tableaux plus ou moins précieux : on voit dans la première le chef-d'txuvre de Gérard Douw : (*) „ il repréfente une Femme hydropique ailife, dont le Médecin qui eft debout a cöté.d'elle, regarde les urines. Sa Servante en lui donnant une potion avec une cuiller, a les yeux fixés fur la Fille de la malade , qui eft a genoux aux pieds de fa Mère, 8c lui baife la main en fondant en larmes: ce tableau eft éclairé par un ceil de boeuf placé au-deffus de la fenêtre de la Chambre de la malade : il eft bien compofé, plein d'expreffion, parfaitement entendu de lumière: la perfpective eft bien obfervée ; la Cframbre a beaucoup d'enfoncement; le luftre de bronze fufpendu au milieu &tous lesautres acceflbires du tableau , en décident parfaitement les plans. Mais le trop grand fini de eet ouvrage y répand un peu de fécherefle. II eft dans un cadre d'ébène fermé par deux battans fur lefquels Gérard Douw a peint une Aigvüère & une Serviette (**) ". (*) Cette defcription (extraite du Vayage de m. de la Lande), eft tellement exacte ,^ & bien faite, que nous nous fommes détermincs k 1'adoptcr dans fa totalité, par 1'impolïïbüité d'en préfenter ie? une mcilleure. (**) Ou prétend que ce Tableau a coüté au fe»  en Italië. 7 L'on remarque encore de préférence dans T la même Pièce, une Vierge qui montre a" lire a 1'Enfant Jefus; par Carlo Maratta : & un très-beau faint Jean par le Guerchin. Dans les Pièces qui fuivent, on trouve quatre beaux Payfages par h Brughei. Une Magdelaine, dont la Tête eft d'une expreffion fupérieure; par le Guide. ^ Deux Vierges ;l'une par le Guerchin; 1'autre par Benvenuto-Gorofalo. Le Portrait d'Erafme, peint yar Olbec. Un beau van der Wef', qui repréfente deux Perfonnages qui marquent le plus grand effroi a 1'afpefl: d'un Cadavre. Un Coucher du Soleil : Tableau extremement piquant; par Bcrghem. Deux fort beaux Teniers, pleins de feu, de mouvement, & d'une confervation précieufe. Deux Combats de Cavalerie; par Wouwermans : morceau d'un rare mérite. Dans une autre Pièce : le Repos de Diane & de plufieurs de fes Nymphes ; fuperbe Tableau par van Dyck. On voit cette Déeile fur le devant, livrée au plus profond fommeil: Ses Habits, fon Carquois & quelques Pièces de Gibier, placées prés d'elle : Un Faune contemple les charmes de la Déefle roi, trtnte mille livres. Ce maitre, élève de RemIrant, a fait peu d'ouvragcs , paree qu'il leur donnoit toujours un fini extraordinaire, & y mettoit conféquemment un temps confidérablc. il eft peu de Tableaux de cc raaitre, qui égalent le mérite de celui • ci: il a été gravé plufieurs fois, & toaiours rendu foiblemeut. A iv Turin : Valais du Roi.  Turin : PalmtJn Roi, 6 NourEAu JrO Y J G E & ceux de fes Compagnes, &c. Le Payfage eft très-beau & a beaucoup d'étendue : Les Chairs font comme toutes celles de ce maitre; c'eft a dire de la plus belle nature. Les connoilïeurs font également beaucoup de cas d'un van Oftade, dont 1'effet eft on re peut pas plus agréable; la perfpeftive fait illufion : il eft peut-être un peu trop fini. ■ L'on traverfe enfuite le Cabinet de Plans & de Manufcrits a 1'ufage particulier de Sa Majefté,^ renfermés dans des chaffis ornés de glace's. On voit dans ces deux Pièces de jolis Groupes antiques, & d'autres imitós de 1'antique dans la proportion de petits Modèles, tant en marbre qu'en bronze tous d'une exécution délicieufe. La dernière Pièce de cette enfilade, réunit une quantité de Tableaux aflez confidérable : ceux qui repréfentent des Batailles (& c'eft le plus grand nombre), font peints par Oïïimbourg: ce font de curieuxmorceaux. On revicnt chercher les Appartemens de la Reine. On remarque de préférence dans la Galerie, Loth & fes Filles; par Ora^'oGentilefchi : fupérieur a tous ceux entre les plus eftimés de ce maitre. Uil David; par le Guide. Apollon & Matfyas; par le même. Un faint Sébaftien; Tableau capital, de Cimiani. Une Noce; par le Calabrèfe, charmant tableau : compofition pleine de feu, & rendue avec une vérité attachante. Moïfe fauvé des Eaux; & la Reine de Saba qui Qftïe des Préfens a Salomon : deux Ta-  EN JTA L I E. O ; bleaux de Paul Feronefe. Le premier eft fupérieurement penfé, & réunit les plus : beaux détails : On reproehe au fecond, une expreffion peu noble dans la Reine de Saba. ! £e font toujours deux excellens morceaux. . L'Enfant Prodigue : Tableau capita!; par )>le Guerchin. II eft difficile de quitter ce Tableau ; ce maitre n'en a fait aucun qui !. lui foit fupérieur : Corre&ion de deflein , , expreffion, coloris; tout y eft digne d'éloge. Saint André fur laCroix; très-beau Tableau, par l'Efpagnolet. L'Enlèvement des Sabines; par Jacob , Kaffan. Le coloris en eft un peu monotone, i un peu froid •, mais la compofition eft d'une i chaleur précieufe : les connoifleurs placent i cette produftion , entre les plus eftimées de i ce maitre. Le pendant de ce dernier Tableau, re| préfente une Boutique de Chaudronnier, i décorée d'une infinité d'Uftenciles de Cuiline parfaitement imités. Le Chaudronnier travaille fur le devant de fa boutique : on ■ voit dans le fond une Femme armee de ■ verges qui femble pourfuivre 1'Amour & le ■ forcer de fortir de eet attelier. Ce Tableau, !i quoique trés-bien peint, & très-agréable jpour 1'effet, attaché beaucoup moins que ] le précédent (*) : il eft du même maitre. (*) Ce maitre s'eft plu k répéter plufieurs fois < ce même fujet : Nous en feron» remarquer un i exaétement femblable , lorfque nous donnerons 1 un précis de la riche Colleétion de Tableaux con: fervés dans le Palais Kicarii k Florence. A v Turin : iVlais du lloi.  Turin : Palitis Au Hoi. (*) On conferve dans un Appartement a u rcs de ehaüffée plufieurs Tableaux que Sa Majsfté a'trouvé trop licencieux pour être expofés anffi .publïqueinent que le font les autres : On ne ls» montre même que difiicilcmenc. 10 NO WE AU VOYAV.E Sufanne jüftifiée; & Moïfe qui fait jailür PEau du rocher: deux bons Tableaux ; par Sébafiien LcricL Nous ne poufïèrons pas plus Ioin ce détail ; non, que nous penfions que les Tableaux que nous venons de noter, foyent les feuls dignes del'être; mais afin de grofiir d'autant moins notre journal, & pour raider a ceux qui voudront en faire ufage, le plaifir d'y ajouter ceux qui les fatisferont le plus. ■ Les amateurs de vieux Laques, verront avec plaifir les deux Pièces qui fuivent; elles en font entièrement lambriflees, & les Panneaux en font compartis avec goüt. L'Oratoire de la Reine, eft revêtu de Bois odoriférans & incruftés de Nacre de perle gravée : mais ce qui fixera plus long-temps, plus fatisfaifamment 1'homme de goüt, eft une très-jolie Vierge de Carlo Maratta. Le Plafond de la Chambre d coucher eft peint par Jean Miel : Celui de la Salie d manger eft du Ckevalier de Beaumont. On eftime beaucoup celui peint par Franclfco (élève de Solimeni , qui repréfente les Jeux Olympiques (*)• La Chapelle 'Royale (dite, du Saint-  en Italië. u Suaire), tient & communiqué avec TEglife; Cathédrale (*), alaquelle elle fert de che-j vet : cette Chapelle a été exésutee fur les defïeius du père Guarino, Guarini, Théatm. L'ordonnance de cette rotonde a d'abord quelque majefté : les Colonnes & les Püaftres font tenus de marbre noir d'ordre Compofite, dont les Bafes & les Chapiteaux font de bronze doré. * Un Autel a deux faces, d'un aiïez beau modèle, eft placé au centre. C'eft fur eet autel, qu'eft renfermé dans une chafle trèsriche le Saint-Suaire; Relique célèbre & dont on croit prouver a Turin, 1'authenticité (**). (*) Ce vaifleau n'offre ricn qui puiffe piquer 1'attention du Voyageur : on obferve feulement, nne efpèce de Füt de Colonne, pofé fur le Parvis du Portail; on prétend que ce troncon de colonne fervoit autrefois a aUacher au Carcan, ceux qui négligeoient de faire leurs Paques, au moyen d'une chaine & d'un anneau qui n'exiftent plus ■ c'eft du moins une tradition confervce parmi le pcuple. D'autres croyent que c'étoit prés de cette Colonne que s'adminiftroir. la Benédiftion nuptiale, a ceux qui fe préfentoient pour la recevoir. D'autTes eucore eftiment qu elle fervoit a pofer la Cuve baptifraale pour Fadmiflion a 1'Eglife des Cathécumènes; ce fentiment eft le plus probable. (**) Le véritable Saint-Suaire (fi teutefois il en exifte un dans le monde) doit, certainement ètre unique; eependant on en produit au moins huit de bon compte a la vénération des Fidelles. Deuxa Rome, 1'un a Saint-Pierte, 1'auA vj Curin: Clm>eUe Roya-  iz Nouveau ror, imenfe raffemble, outre les Clafles d'études hordinaires; la Bibliothèque Royale; VEcole 'hd'Anatomie; le Mufeo del Re, qui embrafle une fuite de Salles remplies de raretés intérefiantes, précieufes même; dont la plupart ont été tirées des ruines d'une aancienne Colonie Romaine , nommée In- rurin: AcadémieRoyale; l'Univcrfité, Mufco del Re.  Turïn: Mu fto del Re (.*) Les ruines de cette Ville ont été découvertes en 1745; elles cxiftent pres de Monteu, de 1'autre cóté du Po : on peut s'y reudre de Cigliano (la fe'jonde ftation après Verceilli ', lorfqu'on fe rend de Milan k Turin; ou de. Chiiivafco, lorfqu'on fait route de Turin a Milan); Mouten , fe trouvant, a peu prés, a une égale diftancc de ces deux Villes. yby. Route de Milan a Turin. (**) Voy. k 1'article de la Ville de Lyon , fag, 270 du premier vol. iS Nqvvzau Voyaoe duflria (*); & auffi d'acquifition faite par • Sa Majefté , &c. &c. L'incérieur de ce batiment s'annonce avea beaucoup de dignité : c'eft unparallélogrammeformé par deux étages de Colonnes ifolées & accouplées, qui diftribuent au rez de chauffée, comme au premier érage, une Galerie d'une fort belle proportion. Une partie des Gaffes occupent les Salles du bas; le refte eft difpofé dans 1'ëtage fupérieur, ainfi que la Bibliothèque, 1'Ecole d'Anatomie, &c. On y parvient par deux forp beaux Efcaliers. On a placé fous la Galerie du rez de chauffée , nombre de morceaux antiques, dont plufieurs joignent a leur mérite propre, 1'avantage (trés-rare ) d'une belle confervation. On y remarque plufieurs Tauroboles (**); plufieurs Autels expiatoires; des Piédeftaux ornés de fort beaux Bas-reliefs; des Urnes fépulcrales; deux Colonnes milliaires ; nombre d'Infcriptions ; d'Epitaphes , &c. &c. Ceux d'entre ces morceaux que Pon a  Ut K iTALlt. 19 ugé les plus rares & qui demandoient plus Tur le foins, font renfermés dans plufieurs ni-lc0 lies grillées. Les connoifleurs remarqueront le préférence, Jafon domptant le Taurea^u üu roi jEéla; une Figure qui paroit égalifer fine Balance ; deux Buftes d'une exécution admirable, &c. On ne fauroit trop applaujjir 1'ordre dans lequel cette riche colleftion pft difpöfée; elle eft en même temps lumineufe & méthodique : c'eft un très-beau fragment d'Hiftoire. 1 Entre le très-grand nombre de Pièces ra- ;ies qui enrichiiYent ce beau Cabinet, on ■remarque parmi les Marbres; une Tête de fecipion; celle de Sénéque; une d'Antinoüs; tane d'Oébavie; celles de plufieurs Bacchantes; une de Poliphème; plufieurs d'Apollon ( dont une grande comme nature ) ; une Mufe; un Efculape; une Cérès; un fragmenc de la Chute de Phaëton, &c. &c. On diftingue entre les Bron%es, Jupiter <& Junon ; Minerve ; Mercure ; Neptune ; mne Vénus Viftrix, ayant deux Harpocrates r un peu en avant d'elle ; la même occupée a fe couper un ongle du pied droit; cette Idernière eft charmante, on ne peut guères ,voir un plus dclicieux modèle. Le Foudre 1de Jupiter; la dorure qui 1'enrichiflbit, eft : encore brillante en plufieurs endroits. Le fanieux Trêpied (trouvé a Induftria ); fa fortme eft heureufe & de la plus noble élégan- I ce: il a cela de particulier , comparativer ment a tous ceux de ce genre d'uftencile, aarrivés jufqu'a nous, qu'il peut s'élargir & I' fe refferrer a volonté Sc fuivant le diamètre •In: Mi(del Re,  Turin : Mufeo del Re. (*) Une ignorance barbare a fait fondre le furplus, employé, dit-on, a former quelques malheureufes Cloches. Ces deux reftes précieux exiftoient dans Fattelier d'un fondeur, & ils auroient fubi vraifemblablement une égale deftruction, fans 1'heureux hazard qui les lui a retirés des mains : les amateurs doivent gémir d'une perte de cette importance. La Chat/fins du pied de cette jambe, feinble décider une queftion agitée par les Antiquaircs & les plus célèbres artiftes, fur le coftume particulier a cette partie. Beaucoup pofent le pied a nu fur une fimple Sandale, retenue par des courroyes entrelacées, qu'ils font remonter jufques vers le milieu de la jambe, &c. On voit ici le bout du pied recouvert, & comme c'oiffé (fi nous pouvons nous exprimer ainfi) dans une petite poche de cuir ou d'étorfe, de manière ï le garantir contre le choc de quelque corps dur & dangercux , ou pnur le préferver contre les fables, & autres impreffious défagréables. zo Nouveau Voyage du baflin qu'il devoit porter : les ornemens qui le décorent, font d'un beau travail, & d'un deflein curieux. Un pied de Cheval de grandeur naturelle ; la jambe gauche (également de proportion ordinaire ) d'un homme, que vraifemblablement ce Cheval portoit (*). Plufieurs Vafes d'argent, ornés de Basreliëfs d'une exécution délicieufe. Une Patère étrufque. Plufieurs Lampes fépulcrales de formes fingulières & ornées d'attributi qu'on ne s'attend guères d'y voir adopter: eelles qui repréfentent une Tête de Dragon, une Téte d'Eléphant, font d'un très-beau modèle.  E,y Itjlie. 2/ La Salie des Antiquitês Egyptiennes , eft ïgalement précieufe, & rangée avec la même mtelligence, avec la même méthode hifto.ique."Ón y remarque de préférence un Ofiris n bronze , d'une fuperbe exécution ; deux •|rès-belles Momies, &c. Suit un. nombre ,,orodigieux de Talifmans, de Pénates, d'AIJnulètes, de Vafes & autres Uftenciles pour es Sacrifices, & d'autres de 1'ufage de dif;iërens arts & métiers, &c. Une fuperbe Têtc Tljis en bronze de grandeur naturelle, fur aquelle font gravés une infinité d'Hiérojlyphes: Enfin la fameufe Table Jfiaque, linfi appelée, paree que la Figure dominante e cette rare Antiquité, eft une Ilis afiife, lyant fur fa tête la dépouille d'un Faucon , | deux Cornes de Taureau, fymboles de | fécondité. Cette table a trois pieds dix nouces, trois lignes de longueur, fur deux jfieds trois pouces neuf lignes de hauteur. 211e eft de cuivre rouge. Les Figures y font travées a la profondeur d'une demi-ligne : : plus grand nombre de leurs contours eft aarqué par des filets d'argent incrufté. Les liiafes fur lefquelles ces figures portoient ; ainfi que la bordure des parallélogramaes, entre lefquels elles étoient encadrées), toient formées par de petites lames d'arü'ent: eet ornement n'exifte plus dans queli ues parties d'oü on a pu les enlever. Le ebord de fon épaifieur qui fervoit a cacher 'emboitement du pied (*) qui la fuppor- (,,(*) EUe eft maintcnant pofée fur un pivot, au aoyen ducruel oa la fixe * fa volante ; fes quatre Turin: Mufeo del Re.  Turin: Mufcg del Re. angles (lorfqu'elle eft arrêtée dans la pofition ovi elle dok natureilement refter, paroiffent s'appuyer fur quatre Lions de bronze coucliés : On prétend que dans fon origine ils étoient d'argent. _ (*) Voy. Recueil d'Antiquités, &c. torn. VU, édi- Liun «H-4C0. ae 1707. un y trouve cette Table gravéc beaucoup plus fidellement que par-tout ailleurs. Le père Maufaucon s'eft bien fingulièremenc trompé , dans la defcription qu'il donne de ce rare monument: il n'eft p8s poffiblc qu'il 1'ait aufit mal vu, qu'il le dccrit. n Nouveau Voyage toit, eft également incrufté de caractères i hiéroglyphiques, qui vraifemblablement ont': rapport aux Figures dominantes fous lef-."i quelles elles correfpondent. Ce monument eft unique dans fon genre, & des plus célèbres que poflède 1'Italie. Entre le grand nombre de Savans qui ontl eflayé d'expliquer le fens myftique de cette) curieufe Table, on peut citer de préférence ie Comte de Caylus (*) ; il ne réfoud point, j fans doute, le probléme, mais fes conjeétures; ont un air de vérité qui plait, & le deflein j qu'il donne de ce curieux antique, a ra-l vantage d'être le moins fantif de tous ceux qui ont été publiés. L'opinion commune :| eft, que les Egyptiens qui vinrent s'établir : en Italië, la firent drefler, dans la crainte | de perdre les époques & les cérémonies de I leurs fêtes; le coftume relativement a 1'ha- ] billement de leurs Prêtres, & la formule des \ Prières qui devoient étre prononcées en ces différentes occafions. Le Médailkr, eft immenfe; on y compte  EA' jt al ie. £J \sm dela de vingt mille Médailles , parmi ilefquelles on en-montre d'extrêmement ';rares (*). ■ La Bibüoihèque , eft belle & très-riche en JiMartufcrits : on allure qu'elle renferme au Jijdela de trente mille Volumes. Elle eft pu•blique , & ouverte tous les jours matin & ïlfoir : le temps des Vacances excepté. On compte a Turin , cent dix Eglifes, iCouvens ou Chapelles: nousallons parcou- rir les plus remarquables. L'Eglife des ci-de;,yant Jéfultes , offre quelques beautés de I détail qui peuvent engager les curieux a la 1 vifiter": en général beaucoup de tichelles & ïjfort peu de goüt. Saint Philippe de Nery i ( pres la Place de Carignan ), vaut beaucoup /;mieux; le Porche ou Veftibule (commen::cé), s'annonce bien. Les trois Arcades intét: rieures, conftruites fur le nouveau plan, font i un bel effet : les nouvelles Chapelles ont ïbeaucpup de mérite. Le Tableau oü faint * Philippe de Néry eft repréfenté en extafe (*) Toutes n'étoient point encore claflees, lorfque nous les parcourümes; on nous en montra plus de cinq cents récemment trouvées ou acquifes, avec le fecours defquelles on cfpéroit de pouvoir rcmplir diverfes lacunes qui fe trouvent dans quelques fuites, & qui compléteront pcut-être, celles qui n'ont pu ctre terminées. On dok également joindre inceflamment a la collection des Vafes & Uftenciles a 1'ufage des Sacrifices, de nouvelles pièces fort cuTieufes, en argent, que Sa Majefté vient d'acquérir, & que 1'on n'avoit pas encore eu le temps de ranger dans la place «yu'ellcs doivenr. occuper. Turin :Ma. fco del Re, Eglü'cs.  Turin: Egli (*) C'eft du Guarini tout pur, de eet ennemi irréconciliable des lignes droites; qui n'a jamais voulu en employer aucune dans fes nombreufes compofitions !.. Architecte cependant de mérite , mais dont le génie impétueux ne pouvoit fupporcer d'entraves, & fe plaifoit a créer les plus étranges formes; &; dont lui feul a ofé faire ufage. 14 NovVZAuTrOYAGt devarjt la Vierge , eft peint par Solimeni : il eft très-eftimé. Lesrichefles.de la Sacriftie, font conlidérables: les amateurs de ce genre, y trouveront de quoi fatisfaire leur curioüté. La Confolata , 1'une des plus riches Eglifes de Turin. Rien peut-être de plus bizarre que le plan fur lequel elle eft conftruite (*) : Quelques détails heureux, une grande propreté , & beaucoup de cette richefle d'éclat, font, felon nous, tout fon mérite. LVniage miraculeufe (quia établi dans le pays la célébrité de cette Eglife) , eft peinte fur foie; elle eft pofée fous un Baldaquin exceflivement riche : du cöté de 1'art cette peinture eft peu de chofe; mais elle eft toujours infiniment fupérieure a cette immenfe multitude de Madona, toutes attribuées a faint Luc, «}ue nous révérons comme un grand Apótre, mais que d'après de pareilles ceuvres, on peut regarder comme un mauvais peintre. Le Tréfor de cette Eglife, eft prodigieufement riche : On y voit entre autres, une Repréfentation de la Vierge, de hauteur naturelle , en argent, ornée d'une Couronne formée de diamans, &c. La Chapelle appelée le Corpus Domlni, prés  Iew Italië. prés 1'Hötel-de-ville & fur le Marché aux Herbes, eft incruftée des plus beaux marabres : les ornemens de tous genres y font employés jufqu'a la profufion. Les connoiffeurs verront avec plus de faiitisfaction la petite Eglife des Carmélites, ifituée fur la place Saint-Charles. La décoiption intérieure en eft fage : on y admire pn des Chefs-d'cxuvres de le Gros. C'eft une iSainte-Thérèfe exécutée en marbre, un peu jblus haute que nature: tout eft traité dans fcette figure , de la plus grande & de la plus fbelle manière (*). La Statue de fainte iChriftine, placée pour pendant de cette première , eft du même artifte; mais il sJen faut [de beaucoup, qu'elle ait autant de mérite. : Toutes deux avoient été deftinées pour orfcer la Facade extérieure du Portail (**): i (*) Entre beaucoup de Tableaux & de Figures qui traitent le même fujet, aucun, ce nous nemble, ne caraétérife mieux le genre d'extafe particulier a cette fainte. La plupart des Statuai: es & des Peintres, out plutót exprimé le dernier période d'une douce ivreife des fens, que eet épaIrtouiflement de 1'ame , qui donne un fentiment koins vif, mais plus pénétranc. Le Groupe de fcainte-Thérèfe du Cavalier Bemin , placé dans Ia yittoria a Rome, eft certainement un des plue fieaux morceaux de ce maitre : mais 1'extafe de a fainte, manque fenfiblement de cette dignité, |.e cette empreinte célefte, qui caraétérife li pardculièrement cette délicieufe figure. I (**) Ce Portail a quelque chofe qui plak au tiremier coup d'ceil; mais 1'examen détruit bientót cette première impreüion, & l«s défauts dont Tomé II. B Turin :Egli, fes.  Turin: Egli tCi. zo Nouveau F'otage on leur en a très-fagement fubftitué d'autres. La Place Saint-Charks, ou Place darmes , partage a peu prés par fon milieu la j Rue Neuve.: celle-ei (après la Place qui précède le Palais), eft la plus vafte & la plus réguliere. Deux de fes cötés font déóorés en portiques qui diftribuent une Galerie d'une fort belle proportion : Les batimens de ces deux ailes fymétrifent entre eux, mais ils font un médiocre effet : La malie générale de cette Place donne un parallélógramme d'une fort belle forme. lPÈglife de Samte-Thérèfe, eft dans Ie même quartier .* elle eft décorée avec afièz de goüt. La Chapelle de Saint-Jofeph, eft richement & noblement traitée : le Groupe en marbre qui repréfente ce faint porté fur un nuage, eft, en fculpture, ce que nous connoilibns de mieux a Turin; après 1'iricomparable morceau de Legros (*). il fourmille, n'échapperont pas k 1'attention du connoifleur. Nous croyons que Fon peiK poner: lemême jugementïde celui de fainte Thérèfe, das celui des Jcfuites, &c. &c. (*) Les curieux s'arrêteront avec complaifance , devant le Tableau placé fur le maitre-Autel de cette petite Eglife : on y voit Sainte-Thérèfe en , extafe; la Vierge eft fur un plan plus reculé; prés d'elle, eft 1'Enfant Jefus, qui paroit ajufter & décocher une flèche enflammée contre le cceur de Sainte" Thérèfe : Saint Jofeph placé derrière 1'Enfant Jefus , foutient 1'arbalète, & paroit diriger, guider ou confciller le coup, ou applaudir k Padreffc du jeune tircur.Idée au moins folie : Quant a 1'exécution, ce tableau eft fort peu de chofe.  -en Italië. ny L'on remarque dans 1'Eglife de Sainte'Croix ( dépendante des Dames Chanoineflès :de Saint-Jean), une jolie petite Rotonde, ;formée par de belles Colonnes de marbre iscannelées : cette compofition eft fage, fpiirituelle, & 1'une des meilleures de la ville. '■JJ Eglife des Dames Religieufes de SaintjSAuguftin (dite) Santijfimo Crocefijfo, offre jencore une Rotonde qui n'eft pas fans méIxite. L'on remarquera dans VEglife des Carwies, une nouvelle Chapelle dans la croifée jqui iëpare la Nef du Chceur, dont la compofition eft heureufe : Les ornemens y font | diftribués avec gout. Mais le monument de .ce genre qui réunit le plus de fuffrages, ;eft la très-élégante Chapelle , conftruite dans '1'intérieur de VHdpital Saint -Jean (fondaition riche & fuperbe, & dont les Batimens 'font d'un vafte immenfe); elle eft traitée en Rotonde d'une proportion charmante. Elle eft formée par douze Colonnes ifolées jde fort beau marbre vere de fuze, d'ordoninance ïonique; ces colonnes diftribuent une [Galerie circulaire, répétée dans 1'étage fuIpérieur. La Calotte de la coupole, eft én icompartimens d'une exécution un peu lour!de; c'eft fon feul défaut : mais 1'ellipfe [qu'elle décrit, s'élève agréablement. , La Place Carline (oü fe tiennent les mar> piés du Vin , du Foin, du Charbon , &c), ïdera très-belle, li l'on fe détermine a 1'ache- t,Lver, & a la débarrafler des barraques ridicules qui occupent la plus intérefiante partie du vaftj terrein qu'elle décrit. La Place de ÏCarignan, eft peu de chofe, & n'a au» Bij rurin : Pla:es Publi-  ■ Turin : Ct ftrnes, H6tel.de- Nouveau Va race z8 Nouveau Voyage • cune forme décidée. Le Palals (*), dont elle emprunte le nom, n'offre qu'une trèslourde malle, conftruite en briques & qufl mérite peu d'attention. II eft cent plus beaux Hótels dans cette Ville, dont 1'extérieur, du moins, a droit de fatisfaire : c'eft j iin éloge dü a beaucoup de Batimens motenes , qu'il feroit trop long de décrire; mais qui n'échapperont point a 1'ceil du «onnoifleur. LesC«/erneipourl'Infanterie, fituéesprés la porte de Suze, pafl'ent pour être les plus. vaftes, les mieux diftribuées, & les plus belles de 1'Europe. LJ'Hotel-de-ville, eft, extérieurement, on Batiment médiocre; la Cour eft ridiculefcent petite : la Place fur laquelle eet (*) Le Veftibule au rez de chauffée a véritiblement quelque grandeur : YEfcalier , regardé a Turin , comme une huitième merveille, eft plueót une idéé folie, que 1'homme de goüt fe gardera bien d'applaudir. On monte d'abord par une feule rampe : du premier au fecond pallier, la rampe eft doublé; elle redevient limple du fecond au troifième; & ainfi de fuite : en fortc qu'en montant, on voit la rampe qui fuit, s'élever fur fa tête; & cjue ceux qui montent & defcendent, arrivent i 1 leur but fans fe rencontrer, ni fe voir. Cette compofition eft du P. Guarini. On ne peut nier que le trait ne foit ici de la plus parfaite exécution : mais cette idéemanque abfolumentde nobleffe , & n'eft nullement a fa place. On a élevé vis-a-vis ce Palais une Salie de Spee\ tacle, peu vafte, mais noblement décorée : elle 1 n'eft occupée que lorfque le grand théatre ceffe dc i l'être,  IN J TA LIT. S$ Hótel eft iltué, eft paflablement vafte & bien ■percée. Le Batiment ou s'afiemble le Sénat, s'annonce bien ; c'eft le feul mérite que nous lui connoiffons. !| Nous avons fouvent entendu faire 1'éloge de la Porte du Pd: nous pouvons nous trom|per , mais au moins felon les régies recues, ■cette compofition eft exaétement mauvaife. Le Soubaflement n'a aucun rapport avec J'ordre Dorique qu'il fupporte; ce même nfdre eft ici employé avec des licences qui ly réulfilient mal : les deux plains qui accompagnent PArcade, font d'une exceffive :.naliiveté ; enfin nous doutons que le Couronnement puifle étre regardé par les gens de .'art, comme fort heureux. j Les Promenades a Turin , confiftent dans 'è'Efplanade qui fépare la Ville de la Citaj:lelle; & dans une trés-grande partie des ■emparts qui circonferivent la Ville : la prejnière eft trés-belle, & parfaitement bien tenue : La feconde embraiTe un plus vafte || plus beau découvert. Le Valenüno , Maiibn Royale, lituée fur ie bord du Pö, ofere des Avenues d'une grande beauté : les brdins font trés-agréables, & il ne faut Wères plus d'une demi-heure de marche hour s'y rendre. En général, les environs 'Le Turin font infiniment gracieux, & l'on ïiepeut être embarrafl'é que fur le choix (*). i (*) lizjardiii attenant & dépendant da Palais, c'eft pas habicuellement ouverr.; on n'en permet fiufage qu'a des gens d'un certain état, & lorfiue la Cour n'eft point en -ville. Le terrein que B iij Turin: ft.r te du PA, Promenades.  Turin : Ci tidelle, Ar feu al, Po palation, CommercÉ ce jardin embrafle, eft de la forme Ia plus ingrate; ncanmoins fa diftribution eft heureufe ( on le dïtt du célèbre Ltnótre'); & n'y eüt-il que la dïffl-i *| cuké vaincue, 1'artifte & 1'homme de goüt, ga- 'j gneront toujours a fe le faire montrer. (*) On ne peutyentrer qu'avecune permiffion I expreffe du Commandant, qui ne s'accorde point | facilement. (**) L'air eft fort vif & très-fain a Turin. M. |i du Luc a vérifié que le fol de la plaine que cette |: Vjlle domine, étoit de 734 pieds plus élevé que- | Ja mer de Gènes : néanmoins on y mange d'aulli li excellens Fruits, que dans tout le refte de 1'Italie; | leur maturité eft feulement un peu plus tardive : | auffi le Baffin de Gènes approviuonne-t'iUes ta- | bles recherchées de Turin , par la précocité de fes | produftions : le Commtrce. des Fleurs , eft principa-1 lement un objet confidérable. 30 NöUVEAV VOYAQE - La Cltaddle de Turin a la réputation d'é* tre une des plus fortes Places de 1'Europe : on n'a point celle depuis plufieurs règnes j . d'ajouter beaucoup de nouveaux ouvrages aux anciens. L'intérieur réunit toutes les reflburces qui perfectionnent une place de guerre; corps de Cafernes & Magaiins immenfes, voutés, è 1'épreuve de la bombe; Artillerie formidable; deliors d'une difficile approche, &c. (*) Les Batimens qui compofent VArfenal, font d'un grand vafte. La Fonderie, les Fourneaux, les Forges, & les divers Atteliers qui dépendent de cette partie, occupent beaucoup de monde : tout y eft dans le plus grand ordre. La Population de. Turin (**) , y compris.  en Italië- 3' fes Faubourgs, peut mo««4^Jle^^ en sénéral le peuple y paroit êtie hemeux, C( & le tiers Etat y jouir d'une aifance peu U: :commune. Les Tuifs, ont ici une Synagogue, mais pauvre, fale, & puante; ils .occupent: un 1 Ouartier de peu d'étendue & renferme entie } la Rue du PÓ, & la Rue Neuve. On fait I monter leur population de 14 a 16 cents '"ori voit fur la rive gauche du Pö, audeffous, & a quelques milles de Turin, un 1 vafte Batiment dans lequel tefabnquent les i Tabacs dont la confommation eft feulepermife en Piémont : SaMajefté y a ajoute de,1 pais peu de temps une ManufaSture deloiles veintes: ces deux objets font en regie. II fe récolte communément beaucoup de 1 Soie d'une qualité fupérieure, dans les envi■ rons de Turin, dont la plus grande partie paile 1 en nature a 1'étranger. II s'y fabnque quel. ques étoffes, mais qui ne fortent gueres du , pays. La Fabrique de Bas de foie, y eft cele' bre: les meilleurs de France, n'égalent point la bonté & la beauté de ceux-ci. 11 s'eft eleve dans les Faubourgs de Turin plufieurs Manufadures d'Etoffes de laine & de Colonnades ; elles paroiffent prendre faveur , par 1'encouragement que leur donne PAdminiltration, & auffi par les droits confidera- bles qui fe pergoivent a 1'entrée de celles qui viennent de 1'étranger. „ On commence a remarquer ici un ufagt très-louable , qui a lieu dans toute 1'Italie, (& qui dévroit être adopté de tous les etats v B iv irin: Ma-. faduref, immorce, rages.  Environs di Turin,'/« Vigncsdela ïteirië. 32 NOVFZAU VOYAGE polices de 1'Europe); celui de porter les 'morts en terre a vifage découvert: cette pratiqué très-fage, & qui a eu lieu autrefois dans quelques Provinces de France , en conftant authentiquement la cefiation d'être d'un individu quelconque , prévient les fubftitutions , les équivoques , les erreurs qui peuvent (même involontairement) fe commettre. Eft-il fans exemple chez nous, que des hommes crus morts fe foyent repréfentés au retour d'une abfence involontaire, pendant laquelle on avoit trouvé commode de les faire difparoitre d'entre les vivans ? Les VIGNES DE LA REINE: Cette Maifon de plaifance eft joliment fituée ; elle plonge fur Turin, dans plufieurs points de vues intéreffans; mais elle eft beaucoup trop petite pour fes maitres. Elle fut batie par le Prince Thomas, pour la princeflè Louife fon époufe. Son extérieur n'offre rien que de trés-ordinaire : fa diftribution ïft heureufe, & les Appartemens y font lecorés avec quelque goüt. Le grand Salon :mbrafie les deux Etages; il eft peint a refque : tous les corps d'Architeéture & es Ornemens que ceux-ci fupportent ou lui les accompagnent, font peints & omjrés de manière k faire la plus complette llufion. C'eft le feul mérite de toute cette :ompofition, qui d'ailleurs eft mal penfée k de mauvais choix. On s'arrête avec plaifir fur plufieurs Plaonds peints par le chevalier Danidi : on  ejv Italië. 33 en reraavquera de bien traités. Quelques Deffus de Portes méritent également d'être vus: : ils font prefque tous du Chevalier Corrado, 1 clève de Solimeni: Nous indiquons de pré: férence les quatre Saifons, & deux pe1 tits fujets de Dévotion placés au-deflus du è prie - Dieu de l'appartement de la Reine ( *_). Une Terralïe précède la principale 1 entrée de ce batiment; on y parvient pai :i une afiez belle rampe en fer a cheval , I dont le milieu eft occupé par une petite I pièce d'eau : toute cette partie eft d'un | effet médiocre. Les Jardins font peu de ; chofe : on y remarque un Cabinet traité ! en rocaille , une Cafcade a laquelle il ne 1 manque que de l'eau. Le Couvent des Capucins, eft fitué aff fez prés des Vignes la Reine , & dans une \ fituation plus agréable & plus heureufe en1 core : on ne fe difpenfe guères d'y mont ter pour jouir de la fuperbe vue que donne I la Terralie qui précède 1'Eglife de ces pelt res. Cette Eglife eft jolie ; elle eft traiiï tée en rotonde d'une belle proportion, t toute revêtue intérieurement de marbre : i on ne la prendroit jamais pour une Eglife * de Capucins par fa richcfle, fon élégance, i & fa grande propreté. A deux petites lieues de Turin, eft fi- (*) On fait voir beaucoup de Tableaux plac cés dans différentes Pièces, que le Conciërge, t donne de fon chef (ou par ignorance) a de ttcsL grands rnakres ; mais ce ne font que des copies, j & dans le plus pitoyable état. B v Turin: Gouvent de Capucins.  Turin : Vénérie. 34 Nouveau Voyaqe i-tuée LA VÉNÉRIE , Palais trés-vafte » dans lequel la Cour paffe ordinairement le printemps. La route qui y conduit traverfe une belle & riche campagne. On fait remarquer aux étrangers (vers la moitié du chemin) un viéux Chêne (*) , dont lacirconférenceaprès de 30 pieds de France:c'eft le Palladium dupays. II eftdefendu fous peine des galères de 1'altérer, ou lui nuire de quelque manière que ce foit : C'eft fous eet arbre célèbre , que fe tint le Confeil de guerre oü fut réfolue Pattaque des lignes des Francois , lors du fiége formé par eux en 1707. Le CHATEAU DE LA VÉNÉRIE, eft précédé par une belle Rue ,. formée d'un. eöté par un long corps de Cafernes, & de ï'autre par une fuite de maifons d'une conftruction régulière entr'elles ; cette rue conduit a une Place de forme ovale, d'une etendue médiocre, décorée par deux Portails d'Eglifes également femblables; & par deux Colonnes fur lefquelles font placées la Vierge & 1'Ange Gabriël, fymbole dei'ordre de 1'Annohciade ; toute cette décoration a pen de mérite. L'entrée principale- ei;- Cbateau , ainfi que la Cour cui cioit próefder le batiment * reftent a faire; le corps du Chateau lui-même n'eft point fin! : voici a peu prés fa diftnbution aftuelle.. (*) A la demi-portee du pi'ftolct de eet arbre, eft ime Maifon dans laquclle réfide un Prépofé [?our la garde & le furveillement de ce monument.  en Italië. 35 La Salie des Gardes, eft d'une belle for- T»« i me; elle monte de fond : elle eft décorée de-«« i dix grands Tableaux de Jean Miel : Les , deux placés en regard 1'un de 1'autre , oü ce maitre a repréfente une Halte ou Repos de I Chafle , &. une Curée, font ceux qui at• tachent le plus, & que les connoifleurs préfèrent. Les Pièces qui fuivent, préfentent une fuite de Portraits des maifons de Sa, voye, de France , d'Autriche » d'Angleterre, &c... Toute cette eolkétion n'eft que du rempliflage. Les Appartemens que l'on traverfe enfuite, font decorés avec propreté; quelquefois avec goüt, mais aucun avec magnifkence : On y trouve néanmoms i quelques Meubles curieux; tels que diverfes Tables de Lapis, de Marbre ds rapports,&c. , La Galerie eft éclairee par onze Croiiees & autant d'CEils de bceufs pratiqués fur la longueur. Elle n'a d'autre décoration que fon Architefture, qui eft d'un bon genre :■ elleeft annoncée a chacunede fes extrêmkés par un Portique d'un bel effet. Les curieux en. v'uux Laques feront fatisfaits de 1'Appartement du Duc de Savoye; ils y trouveront deux Cabinets traités dans ce genré, & un Boudoir de Madame la Duchefle de pareillematière, &. de plus, incrufté de pierre de Lar : cette dernière Pièce eft très-jolie. Les Eairles peuvent contenir trois cents Chevaux: ce Batiment eft très-bien dans fon genre. L'Orangerie, mérite une attemion particulière ; elle diftribue feize Croifées fur & longueur ; Sou elevatiën eft impofante r B vj, -in : Véie.  Turin': la Vénérie, la Supergi 36 Nouveau Vota ge & la facade qu'elle développeeft traitéeavec • gout & magnificence. La Chapelle du Chateau, eft traitée en rotonde; elle eft noblement & richement décorée. Le Rond-point dans lequel eft pofé le maitre-Autel, eft parfaitement bien penfe; les'quatre Tribunes difpofées dans les pendentifs, fontaulfi très-bien : La Coupole eft d'une courbure heureufe, & les deux Chapelles latérales groupent bien toute cette compofition : les deux Tableaux qui les décorent, font peints par Ricci: les connoiffeurs préfèrent celui de la Chapelle a gauche qui repréfente faint Sébaftien, faint Koch, & faint Eusèbe. On défireroit que les Figures placées dansles Niches, fuflent d une proportion moins forte. Le Portail extérieur n'eft qu'indiqué; il eft vraifemblable qu'il devoit être revêtu en marbre. Les Jardins de ce Chateau font fpacieux, & diftnbués dans le goüt Francois; confequemment trop recherchés, trop réguliers, trop fymétriques : on y trouve cependant de tres-belles parties. Les Batimens du Harras , font placés a Pextrëmité : les amateurs ne regretteront point la courfe un peu longue qu'il leur faudra faire pour s'y rendre. LaSüPERGA. Ce monument doit fon Sreclion au Vosu que fit le Roi VictorA m e de e , pour la levée du Siége de Turin .orme par Philippe, duc d'Orlêans, en 170/ ia peur a du être bien forte , & fa dévo :ion bien fervente, a en juger par les dépenes enormes que eet édifice a dü lui cov-  e n Italië. 33 : ter!.. II eft conftruit fur le plateau d'une montagnefortélevée, adeuxpetiteslieuesdeTurin. Philippe Giuvara ,en a été PArchitecte. ' La Facade principale de cette Eglife reegarde la Ville de Turin. Le peu d'efpace que ;laiflé le terrein entre le talus de lamontagne ;& 1'empattement du Périftyle , permet diffi:cilement a 1'ceil d'embraflér a la fois toute :: cette compofition. Le Périftyle a quelque imajefté , mais fa trop forte faillie lui fait I tort. II eft formé par dix Colonnes a claireIpöye; quatre fur le devant, & autant dans iles retours : cette difpofition n'eft point heureufe. Ces colonnes ont a peu prés quattre pieds de diamètre : 1'ordre Corynthien | qui les caraétérife, règne dans tout le jipourtourde 1'extérieur du Döme. UnFronjiton triangulaire embrafle & couronne eet avant-corps. Les Armes placées dans le tym•pan font d'une forme mefquine ; on les j prendroit pour une découpure que l'on y paroit ajoutée par fupplément : La Balufatrade eft mauvaife. Le Döme eft extérieurement décoré de bpilaftres d'ordre Compofite, entre 1'accoupplement defquels, on a pratiqué des Tables ifaillantes d'une maigreur qui affeéte. Le X)óme eft furmonté d'une Lanterne : 1'un & 1'autre pourroient produire plus d'effet. La Xanterne eft beaucoup trop petite, relativementau Döme, & elle eft terminée avec peu 1de grace. Cette malle néanmoins fatisfait iiau premier examen. Les deux Campanil:tles placées de droite 5: de gauche, font éleiVées fur un plan o&ogone; elles pyrami- rurin : ld jupers».  3& Nouveau Voyage Turin : U Superga. dent bien & font couronnées avec goüt. L'intérieur du Döme réunit de grandesbeautés de détail. L'ordre Corynthien qui le décore , en impofe d'abordpar la majefté de fes proportions. Le premier coup d'ceil féduit incontellablement. Les quatre Colonnes pofées dans les angles ren trans que forment les pendentifs, font d'un marbre gris veiné-blanè d'un fort bel effet: mais cette pofition de Colonne eft vicieufe , & même défagréable : on les juge d'abord enclavéesdans le mur. Les Piédeftaux & 1'Entablemenc font revêtus de différeris marbres (tous du pays), parfaitement aflörtis,. & employésavec intelligence.. Quatre Chapelles ont été pratiquées dansla» rotonde : celles diftribuées dans la croifée, font décorées chacune d'un Bas-relief' de marbre qui leur tien* lieu de tableau :. celui a droite (en eutrant pas le portail) a pour fujet la naiflance de la Vierge; il eft de Pexécuti on.de Carmimtti de Carrare ; c'eft un bon morceau r celui de la Chapelle a gauche repréfente la Salutation Angélique; il eft de Corrachini r 1'exécution en eft fort inférieure au précédent. Les. Figures dans-, ces deux Bas-reliëfs, font prefque de grandeur naturelle & fort faillantes j 1'un & 1'autre produifent un bel effet.. Les. Tableaux placés dans fes deux autres Chapelles,. font du Chevalier de Beawmont : ce ne font point fes meilleurs morceaux. Le fecond ordre qui fupporte la calotte du Dóme, eft lourd-, & fupérieurement mauvais. Le Chceur ou Sandtuaire^  EN /TALIE. 39 aft d'une noble fimpücité : le maitre-Autel (traité a la Romaine), eft d'une fort belle forme , compofé de très-beaux marbres & parfaitement bien prolilé. Le Sarcophage qui 'fert de Dé a 1'Autel,. eft d'une idéé neuve |Sc qui réuffit bien. ) C'eft derrière le maitre-Autel qu'eft placé m célèbre Bas-relief, traité en marbre par Ë Carminetti : il y a repréfenté la Levée du Siége de Turin (ou comme on s'exprime li Turin) la déroute des Francois. Les Fin («Bres font de pronortion prefque naturelle : Cette compofition a beaucoup de mouvement , de feu ; & bien. des détails y font beureufement rendus. II eft dommage que se beau morceau ne foit point entièrement prminé ; tel qu'il" eft, il eft certainement pgne de beaucoup d'éloges. On fait voir dans la Sacriftie un magnifique Calice : il avoit été deftiné a Bé'witXIJI; mais n'ayant été aebevé qu'après la mort de ce Pontife f il n'a point été en,voyé a Rome : la compofition en eft' ingé.nieufe & 1'exécution fupérieure ; c'eft dans fon genre, uu-fuperbe morceau. On peut égaKmént voir un fuperbe & trés-riche OftenCoir, de plus de quatre pieds de hauteur: ie travail y eft auffi fini que celui du Calice Ei-deflus , mais il eft compofé plus fèchement. La Chapelle Sépulcrak, deftinée a recevoir les cendres de la Familie Royale, méirite d'être vue :. elle fera toute revêtue: de taérbre.. Le tombeau de- ViSor-Amédée (fon ibudateur) , ne tardera point d'être fptêt; enattendant, fes dépouilles terreftres rurin": lé Supergo.  40 Nouveau T^oyage T»nn : Stupinigg repofent dans une Salie a gauche & de plain ■ pied avec le Chceur. Le revêtiffement de tout le pourtour s'achève lentement. : Les marbres qu'on y employé font peu analogues au caraétère de ce monument de filence & de douleur : il femble qu'on prenne foin de ne compofer ce mélange, que de toutes les nuances les plus agréables a la vue. On montre dans le Veftibule qui précède la Bibliothèque de cette maifon, le Bufte en cire coloriée du roi Charles ; on le dit trèsreffemblant: c'eft affurément tout le mérite de cette curiofité. La Bibliothèque occupe deux vaftes Salles; elle ne fait que commencer a fe former. Le Cloitre & les Corridors font larges & bien éclairés; ils diftribuent grand nombre de Logemens. Des Chanoines réguliers (ce nous femble) deflervent cette Chapelle Royale. Quelque vafte que foit cette Maifon dans fon état acluel, elle doit 1'étre plus; une partie conlidérable & même fort avancée, refte encore a finir. STUPINIGGI, Maifon de Chaiïè, fituée a une lieue & demie de Turin; conftruite dans fon origine fur les dellèins de Philippe Giuvara, & augmentée depuis d'après les projets du Comte Alfteri. Le Salon, eft ce que l'on y remarque de mieux. II y a quelques Plafonds eftimés; nommément celui de la Chambre a coucher peint par Carle van Loo, qui repréfente Diane fe repofant au fortir du Bain. La Galerie fait un bon effet- : en général la maffe totale de ce Palais fe déyeloppe bien ; le plan en eft fage:  EJV /TALIE. 41 li y a beaucoup de goüt dans cette compo- ' ition. Le Boh, au centre duquel Scupiniggi ïït fitué, eft bien routé , bien percé, alles dat, & fort peuplé de bêtes fauves. > MONTCALLIER, petite Ville fituée k :ine lieue & demie de Turin, & prés de aquelle eft conftruite une des plus anciennes Maifons de Plaifance des Ducs de Sa•yoye : les Batimens s'en font iücceffivement brt étendus, particulièrement depuis Madame Royale Chriftinc de France, qui afveétionnoit fort ce féjour. La made générale a'a rien de remarquable; 1'intérieur nou« I paru diftribué, meublé, & décoré avec nooleffe & avec goüt. Les Jardins font vaftes k ornés. Le Roi régnant 1'habite depuis iquelques années préférablement' a fes autresjMaifons; cette prédile&ion a nécefiairement donné lieu a plufieurs embellifiemens; mais quels quefoient ceux qu'ony ajoute encore, il'ancien plan qui domine fera toujours peu agréabie. A Partiti de Turin, plufieurs Routes \fe préfentent pour fe rendre a Rome : La jifaifon dans laquelle onfe trouve, doit délicider fur le choix ; paree qu'il eft des obIjets de curiofité locale (*) qui appellent (*') Le Carnaval eft, communément tres-gai a Naples ; il 1'cft beaucoup plus a Rome. Les amaïteurs qui ne veulent rien perdre, ménagent leur ctemps de manière a vcnir paffer les quatre dermiers jours gras dans cette ancienne capitale du 'cmonde. Voy. les articles Rome, Ventje, &c. ' rurin: VloccaltiaCi Rome ie Turin « Gènes.  Av!s utüe Aai. primeurs-Libraires, a Turin . 1c Guide de. Po/i,. les Voyagesd halte, &c. en italien & en francois'. avec des Cartes geographiques, mal aravées. mais anezexactes. cette broe ïurenpu rniiiv>nf>>0fl-,,.-;i„. cue toiiuenc aes details , qu'on ne trouve que la j.-«uua 7cveiot?S iet lava onp nnm aimno r.r^ ceifité de le pourvoir d'une permiffion ou Buleti» ie Pofte : Voy. tomel, pag. 33a. (**) A la Rofa Rofa, affez bonne Auberge. 4$ Nouveau Votage ■ en quelque forte le Voyageur a des époques déterminées, & qu'alors on doit dreflér fon plan en conféquence. La plus belle route,' la plus pratiquée, eft celle qui fe porte fur Milan , Plaifance , Parnte, Bohgne, Florence , &c. Alors, pour ne rien laiflèr derrière foi d'intéreflant, il conviendroit de fe rendre d'abord a Gènes; on fe replieroit enfuite fur Tortom & Milan. Ce détour eft indifpenfable pour le Voyageur'qui fe propoferoit de pénétrer en Allemagne en quittant Venife. PreiTés par Ie temps, nous nous portames direétement fur Gènes & Florence &nousréfervamesBologne , Parme & Plaifance, pour notre retour (*). La route de Turin a Gènes , eft dirigée fur Afti & Novi; elle n'eft guères fupérieure a ce que l'on appelle en France , Chemin de traverfe : vingt-quatre heures de pluiefuffifent pour rendre celui-ciimpraticable, même dans la plus belle faifon de Pannée. ASTI (**), fe glorifie de la plus haute  EjV /TALIE. 43 Hjtiquité , fon enceinte eft confidéra- NovC ble : elle eft fituée fur le Tanaro. Les Frangois s'en emparèrent en 1703 , & la perdirent la campagne fuivante. Les Forti■fications qui furent ajoutées depuis a la Citadelle, n'empêchèrent pas qu'elle effuy&t :1e même fort en 1745 , ni qu'elle ne fut ,reprife auffi facilement par 1'Armée Autnchienne & Piémontoife en 1746. On y voit :quelques beaux Batimens, mais tout y eft trifte & fans mouvement. NOVI (*), eft peu avantageufement i fituée ; cette Ville paroit néanmoins vivante & très-peuplée : Ses environs font • ornés de jolies Maifons de campagne appartenant a de riches Génois; ce qui lui { donne un luftre qui prévient en fa faveur : t La république y entretient une afléz forte [ garnifon. Les Fortifications font eftimées: [ Elle a effuyé plufieurs fiéges & a toujours 1 été prife ; on s'y fouvient encore du trai■ tement un peu dur que lui fit éprouyer 1'Armée combinée Autrichienne & Piémontoife, qui en chaflerent les Frangois en 1746 : elle fut cette même campagne cruellement incendiée. % Les Apennins commencent ici a s'elever avec plus de roideur , & le chemin devient de plus en plus laborieux; mais on ne fauroit trop louer le foin que la république donne a fon entretien. A cinq milles environ de Novi, on (*) A la Pofte, bonne Auberge,  Gavi, Vol- tagsio, Bucfaecta. 44 Nouveau Voya®e oi- trouve le Fort de Gavi, fitué fur une forte jU" éminence, ifolée de tous cótés: le chemin paffe au pied & fous le canon de ce fort. On arrivé enfuite a Fbïtaggio, ou eft la pofte : v un peu avant que d'y arriver, on traverfe d gué le torrent Lemo , qui, les trois quarts de 1'année refte a fee : il ne préfente de difficulté, que lors de la grande fonte des neiges, ou après des orages & des pluyes confidéïables. C'eft entre cette dernière pofte & Campomorone , qu'eft fituée la célèbre Montagne de la Buchetta , 1'une des plus hautes des Apennins. Ce paflage n'offre que quelques endroits difficiles; il n'en eft aucun de dangereux : Part a vaincu la nature, & ce chemin eft on ne peut plus favamment traité. Arrivé au fommet, on yjouit de la plus belle, & de la plus riche vue, qu'il foit poffible de déiirer. Dès que l'on a pafle Campomorone , le pays s'ouvre alfez précipitamment, & cette vallée qui conduit a Gènes , préfente une culture foignée, & un nombre confidérable de jolies Maifons de Campagne : On eft feulement affligé du terrein immenfe facrifié a 1'inconftance impétueufe du torrent de la Polchevera (*). (*) Le chemin qui longeoit ci-devant ce torrent, étoit fouvent dangereux, & même quelquefois \jmpraticable : La Familie Patricienne de Carn- biafo a fait a fes dépens le magnifique Chemin qui conduit aujourd'hui fi commodément a Gènes. Les frais qu'un fi grand ouvrage a dü néceflairement occafionner, feroient honneur i la munificence de bien des Souvcrains.  EN ITALIË. 45 Le magnifique Faubourg de Saint Plerre f i'Arena , précède de ce cóté Pentrée de la \ ville de Gènes : il eft décoré de beaucoup de crès-beaux Batimens & de Jardins agréables, qui fourniflent a 1'ceil nombre de tableaux •harmans. En avancant, on voit fur la Iroite un Pont qui embraffe le vafte efpace \que le Polchevera inonde aflez communément; ce torrent vomitfes eaux a peu de diftance de ce Pont dans la nier , dont le» oords, dans cette partie, font ornés de pluïeurs beaux Palais. ; On voit prés de la Porte de la feconde jnceinte , la Tour du Fanal : comme elle iomine le Port, la vue qu'elle procure eft des plus riches&des plus agréables. Un Quai .arge & bien pavé, laiflé a Pccil la liberté le parcourir 1'étendue du Port, & la malle générale de la Ville (conftruite en amphipéatre fur le penchant de la montagne), jui décrit ici a peuprès un demi-cercle. GÈNES (*). Le territoire de cette réDublique eft aujourd'hui peu confidérable: ^Slle a fucceffivement perdu les Acquifitions, k même les conquêtes qu'elle avoit faites ilans le temps de fa gloire : Sa petite do.nination s'étend le long de la Méditerrajéiée : Cette partie de cöte eft très-fertile, 'tbrt peuplée, & parfaitement bien cultivée. Lgette Ville du cöté du port, offre un des ' dus grands & des plus beaux points de vue Uu monde; & quoique la plupart des Rues (*) A Snintt-Mertbs, très-boime Auberge, • Tl' ^ L* Arena, Jènes.  46 Nouveau Voyagr Ceaet. (*) La dignité de Doge ne dure que deux I années : par une loi conftitutive de 1'Etat, fa) fupériorité eft uniquement circonfcrite dans la . Souveraineté de la République; fon effet ceffe , | ou du moins il eft fufpendu dès qu'il s'en éloigne.J Louis XIV. exigea que le Scnat anmillat cette loi I & que le Doge reftat continué dans toute 1'intégrjté de fon pouvoir, jufqu'a fon retour ét Ferm faiiits a Gènes, &c. y foient étroites, fombres & mal percées, I elle eft nommée avec juftice la fuperbe entre | les Villes dTtalie. Gènes, a été le théatre de bien des ré- I volutions. Soumife d'abord a différens mai- -I tres, dont elle fecoua fucceffivement le joug, | elle n'a pris fa confiftance aftuelle que vers | 1'an 1527 : André Doria, foutenu par Char- :\ les-Quint, la délivra de fes chaines : elle'U doit a ce héros citoyen fa liberté, & fes )| plus fages lois. L'an 1684, Louis XIV la ] fit bombarder, & le marquis de Seignelai, , miniftre de fa vengeance, s'acquitta fi bien 1 de fa commiflion , qu'il y jeta (du 18 au , 28 mai) treize mille bombes. Ce monarque i impérieux exigea que le Doge (*) alors régnant, vïnt s'humilier au pied de fon tróne, , & il fallut obéir. En 1744, la république mécontente duit Traité de Worms, joignit une partie de fes ij Troupes a celles combinées d'Efpagne & de 1 France, commandées par 1'Infant Don Phi- I lippe , & le Maréchal de Maillebois; cette)| campagne fut heureufe aux.Alliés, qui bat-,.| tirent les Autrichiens, joints aux Piémon- |  en Italië. 47 ;ois, a Montefemo, a BaJJignano, &c. mais teux-ci eurent leur revanche la campagne 'uivante, par le gain qu'ils firent de la baaille de Panne; qui, non feulement les remit en pofl'effion de touces les Places qui i.eur avoient été enlevées, mais qui en ou;re, leur permit de fe porter fur Gènes (*), dans laquelle ils entrèrent le 7 feptembre • E746. Le marquis de Botta, Général Autrichien, ne ceflbit d'y développer 1'apreté de fon cara&ère & de fon infatiable avarice : fa tyrannie , en excitant 1'indignation du jeuple, en fait des Héros: „ Furieux de fe voir enlever la principale Artillerie de fa (*) „ Le Sénat n'efpérant aucun fecours, & I craignant un vainqueur irrité, fait ouvrir les port, tes au général Nadafti, confent par la capitu', lation, que la garnifon foit prifonnière, s'o'., bligc d'cnvoyer le Doge avec fix Sénateurs f, ( comme autrefois a Louis XIV ) faire des exk, cufes a la Reine de Hongrie de s'être lié avec jl, fes ennemis , implorer fa clémence, & s'engage |ï apayer fur le champ 50 mille Génouincs, faifant :„ environ 400 mille livres France, pour être difl| tribuées aux Troupes Allemandes. Trois jours ,, après les CommirTaires Autricliiens demandèrent „ encore une contributionde trois millions de gi~ II,, nouines , a folder en différens termes. L'état ne |„ peut fuffire a ce payement, la Banque eft „épuiiee, le crédit perdu , le commerce ruiné ; ! L toutes les Terres font ravagées, les belles Mai- „ fons de Plaifance qui embellifToient les dehors „ pillées: les habitans font traités en efclaves par ; „ les foldats ; ils n'avoient plus a perdre que la I vie, & de reifource que leur défefpoir." Hffa. i4u Ttmp, &V. Gèfies.  48 No VVZAU Va YA G E 6ünes (*) On peut ajouterauxdeux magnifiques Ruei que nous venons d'indiquer, celle appeléela Strada Giulia : toutes les autres font on ne peut pa* plus étroites ; il en eft nombre qui n'ont guères plus de fix pieds de largeur, & ce font pour la plupart les plus marchandes : on y tranfporte 3t exporte les Marchandifes fur des traineaux fort étroits, & les chaifes a porteurs (forte de voiture la plus en ufage aGènes), peuvent feules y pénécrer. . Capitale, forcé lui-même de fervir aux trai vaux & battu comme une troupe de bêtes de fomme, le peuple s'arme dans le lilence, fe révolte, réunit fes forces, attaque la garnifon, la combat, la chafle de la Ville, & la repoufle jufqu'au dela de fes frontiè- res Cette glorieufe expédition eut lie» le 5 décembre 1746. On porte la population de Gènes a 80; mille ames: fon commerce aujourd'hui, n'eft; clus que Pombre de ce qu'il a été autrefois. Les revenusde 1'état font peu confidérables, mais les particuliers font, pour la plupart I très-riches. La feconde enceinte traverfée, on arrivj fur une petite Place(_Pia\^a dell'Aqua verde} décorée d'arbres, & par une ailez jolie Fontaine. La Strada Balbi, eft 1'une des plus larges & des plus belles Rues de Gènes; celle-ci, & la Strada Nuova (*), ne font exactement compofées que de Palais U de grands Edifices: A eet égard peu de Villes peuvent lui être comparées : Cependant la plupart  E iV Italië. 4D plupart de ces grandsBatimensétonnent plus Dar leur élévaüon, par les marbres & les au:res richefles qui y font prodiguées, que par L'élégance & la purété de leur décoration : l| diftribution y eft communément bien en.endue. 1 L'enceinte des Fortifications qui défendent li Ville , a prés de quatre lieues de France Ifétendue; elles embrali'ent les hauteurs qui I dominent , & circonfcrivent les divers fiaflins & le Port : elles fourrnflent une Projmenade agréable fur toute la partie qui longe II ville du cóté de la mer. Le Port forme un demi-cercle qui peut .voir mille toifes de diamètre, & la Ville eft luatie autour en amphithéatre fur une louKjiar de plus de dix-huit cents toifes. , Le Port eft ferme par deux Moles, 1'un a .'oriënt appelé Molo fecchio; 1'autre a lóccident & ducöté de Saint-Pierre d'Arena ? •ppelé Molo nuove : des Vaiflèaux de 80 lanons peuvent entrer dans le Port & ie ;>lacer dans 1'angle du_ Mole : 1'ouverture iu Port entre les deux Moles, eft de 350 lioifes : Ce Port ne donne point toujoürs m für abri ; il eft fujet a un vent füd-ouejl, fepelé Libecio, fouvent funefte, & toujours brt dangereux. La Cathédrale , dédiée a faint Laurent, ift un vafte édifice , d'un lourd gothique, ' aal éclairé , & de fort peu de mérite : il eft jntièrement revêtu de marbre par aififes aljiernées de marbre noir & blanc. Nous n'aons rien trouvé de remarquable dans fon likëriëuf. On conferve dansie Tr^/w- decette '1 ome IL C Sines: ÏV.' :ifications , Port,Cathc-> irale.  Oènes: r.glifcs. Églife ( qui eft exceffivement riche) une Coupe de forme exagone de dix a onze pouce* it diamètre, appeiée le Sacro Catino , que le Sacriftain , vous allure pofitivement être Förnïéé d'une feule éméraude (*); il ajpute, I pour en augmenter le mérite, que c'a été uu | des Préfens fairs par la Reine de Saba a | Salomon, & qu'elle a eu 1'honneur de fervil 1 R la Cène du Sauveur. 4: : . . L'Albergo de Poveri: Hopital fort val- I te , affez bien fitué, & conftruit avec beau- I coup de folidité. II fert d'afyle a environ mille pauvres invalides des deux fexes: on I y renferme auffi les Femmes que la Police fait arrêter. Les Statues des principaux..,| Bienfaiteurs de cette maifon , s'y font reroarquer de toutes parts; mais fi l'on doit 1 des éloges au fentiment de reconnoiflance 1 cui les leur ont élevées; du cöté de Part, on ne peut guères voir rien de plus mauvais., Le maitre-Autel de la petite Eglife de I cette Maifon eft décoré d'un Groupe de marbre par le Pujct; il repréfente 1'Aflomption de la Vierge; c'eft un bien excel ent morceau. Sur les gradins d'une Chapelle al gauche, on doit remarquer un magm}ique\ Bas-reliefm marbre, par Michel-Ange I I on y voit la Vierge pénétrée de douleur ■ la vue de fon Fils mort. Ces deux Tetes font| C*) Les favans n'enconviemient point, & fontf peu difpofés a donnet è cette rareté une fi nobtej origine; ils la placent dans la claffe des lerres vitïifiées & coloriées. Si le Sacriftain difoit vrai, j ce Yafe feroit, fans eontredit, dans fon genre > W plus beau morceau qu'il y eüt en Europe.  £ N IT J L I C :de grandeur naturelle, & de la plus forte expre Ui on. L' Annonclata, Eglife deffervie par des . Cordeliers. Le Portail qui n'eft que préparé, Vannonce mal. L'intérieur en impofe au ■premier coup d'ceil; il offre une Nefd'urt ijbeau vafte, formée par des Colonnes de imarbre blanc d'ordre ïonique, dont les xannelnres font incruftées de filets.en marbre: urouge. Les bas cötés, les Chapelles, & le refte , •ifont également traités avec ces deux marbres. .Les connoifleurs ne s'arrêteront qu'au feul Tableau du Procaccino, placé an-deflus de la Porte d'entrée ; il repréfentela Cènedu Sauveur avec fes Difciples: c'eft un morceau qui ne trouve que des approbateurs. Saint - Ambrogio » Eglife des ci-devant Jéfuites. Ce n'eft pas un beau vaifieau , & fa Mécoration intérieure eft beaucoup trop re.cherchée; mais il y a trois excellens Tableaux ique les amateurs ne peuvent fe difpenfer de i-voir. Le premier décore le maitre-Autel; lil repréfente la Circoncifion : il eft de Ru: fcens: ce Tableau, fans être un des beaux ide ce maitre, eft toujours digne de lui, >& conféquemment bon a voir. Le fecond ■ ieft placé fur 1'Autel de la croifée a gauche, lil eft du mime maitre : Ce dernier eft fort r.fupérieur au précédent ; on y voit faint )l Ignace qui opère plufieurs miracles: C'eft une (ifort belle chofe. Le troifième Tableau eft ■ bplacé dans la Chapelle oppofée a celle-ci ; fc'eft une Affomption de la Vierge, par Ze hGuide : cette compofition eft très-riche* brillante & pleinc de feu. C ij ïglifegf  C*-es: ïsiifes, Po-..' (k Caisgnano. óz Nouveau Voy ao e Notre-Dame des Vignet. Le maitre-Au- tel de cette Eglife , eft de 1'exécution de Puget : le Savcophage eft d'une forme aulh noble qu'ingénieufe , & fait un bel effet. Le Pont de Carignano , eft une des curiofités de Gènes; il eft d'une hauteur confidérable, & d'une hardie & belle conftruction : il rcunit deux Montagnes que fepare un vallon , & facilite la communication des deux parties hautes de la Ville : Cet ouvrage eft diene des beaux fiècles de Rome. On jouit deflus ce pont d'une vue tresétendue & fingulièrement pittorefque. _ Le Portail de 1'Eglife ( dite Santa Maria ie Carignano ) , quoique du defléin de Paset , eft d'une ordonnance mediocre ; 1'intérieur eft mieux. Les yeux des connoiffeurs fe fixeront fans peine fur deux des quatre Figures qui décorent les Pendentils de la Coupole; elles font de marbre & de la main de ce célèbre artifte : elles peuvent avoir douze pieds de proportion. L'une repréfente faint Sébaftien; 1'autre le bienheureux Alexandre Saoli : elles font traitées de erand goüt & dignes d'admiration. Le faint fean-Baptifte , & le faint Barthelemi, font de bonnes figures , mais qui perdent beaucoup a cöté des deux premières; 1 uno eft du Parodi (artifte eftimé ) ; 1'autre eft de Claude David, Statuaire Frangois, dont on connoit de bonnes chofes. Parmi les Tableaux qui décorent cette É-life, on diftingue celui de faint Frangois recevant les Stigmates , par le Guerchin; le Manyre de faint Bazile, par Carlo iUa-  /TALIE. 03 liftte;enfin faint Pierre & faint Jean gué■riflant le paralytique , de Dominique Piula. Peu loin de cette Eglife, eft fituée celle ïïde Saint-Etienne : on y voit fur le maitre■ Autel, un Tableau repréfentant le Martyre ma faint. Onprétend que la partie inférieure de ce Tableau eft peinte par Raphael, & m partie fupérieure par Jules Romain. On :me peut nier qu'il n'y ait de trés-belles choTes dans ce Tableau, néanmoins il ne frapp* ;& n'attache que foiblement. Saint-Philippe de Néry , eft une très-jo/ie Eglife, & fagement décorée; le Plafond eft peint par Francefchini : On y, remarque 'd'excellentes parties. Le Groupe de faint Philippe de Néry traité en marbre par Doiminique Guidi ( élève du Bernini ) , eft id'une exécution fatisfaifante. Les amateurs ime négligeront point de chercher dans cette 'Eglife les Tableaux repréfentant faint Frangois de Sales, par Dominique Parodi, & celui de faint Francbis d'Affife , par le même. )Ces trois morceaux fe voyent avec plaifir. II faut chercher dans un joli petit Oractoire attenant 1'Eglife , une Vierge , généitalement attribuée a le Puget; 1'exécution len eft précieufe : c'eft une tïès-agréablepro-' ''du&ion (*). Le PALAISDU DOGE, ou de la Sei- (*) Les curieux qui ne veulent rien perdrc, jdoivenc voir encore les Eglifcs de San Luca; de 'Manta Magdalena; des Bénêili&int ; de San Francefee LE Caflelo ; la Chapelle de la Familie Dor ia; 1'Eglife ■ de Saint-Mathieu. &c. &c. &c. C iij Gènes : Egijfts . Pfi: f«V-qui d'une main lui prend la Gorge, & fait des efforts de 1'autre pour lui failïr un Flacon de vin , qu'elle femble éloigner de lui: on voit a cöté un Satyre , & un Amour i qui le défarment: plus loin, eft le Démon de la Guerre, armé de fon Flambeau; celui-ci paroit s'indigner du repos du Héros, &c. Rubens, s'eft peint ici lui-même fous 1'habillement du Guerrier, ainfi que fa feconde Epoufe: On y voit les Figures juf- j qu'aux genoux. C'eft un excellent Tableau A\ Une Cléopatre; fuperbe produ&ion du -Guerchin. On fait voir dans 1'Appartement que nous nommons en Fmnce Entre-Sol, & ici Me^'a- i [ rie , différentes Peintures a frefque , par 1 le Parodi; elles font médiocres: on s'at- I tache avec plus de plaifir aparcourir plufieurs I petits Tableaux un peu voluptueux; fur-w tout ceux qui font placés dans la Salie de \ Repos, dont PAlcove eft revêtue de pan-1 neaux de glacé, & les Meubles riches & i galans. Dans la Salie d Manger du même I: Appartement, font placées deux petites Caf- 1) cades décorées en marbre & de 1'exécutiona du même Parodi: au - defiiis de 1'une on li voit Rémus & Romulus qui fortent d'un Ij ceuf couvé par un Cygne. Le fujet de Pau- ; i tre repréfente ces Jumeaux alaités par une-ffl Louve : ce dernier groupe eft traité avec » génie ; on y remarque Rémus relevant une.ij des pattes de la Louve , dans la crainte 31 qu'elle ne la pofe fur fon Frère endormi : 11 Au refte, Pintention eft ici plus heureufe I  énJtalie. 59 que le faire : ce font deux jolis morceaux, Gè mais ils n'ont que ce degré de merite. Palais de Giacomino Balbi. On remarque dans la première Salie , deux fort grands Tableaux de Luca Giordano; les figures y font de grandeur naturelle. Celui en entrant a "auche repréfente Diogène la lanterne a la &main qui cherche un Homme : L'autre eft un fujet allégorique, qu'il eft aflez diifkile de deviner. Premier Cabinet a droite. Plufieurs beaux Portraits, par van Dyck : d'autres par le Tintoretto, l'Efpagnoletto, & par le Parmegiano. Sept jolis Tableaux peints fur cuivre ; par les Brenghel. Lucrèce & Tarquin, fur bois; par Paul Vêronefe. Seconde Pièce. Le mauvais Riche; par „Jacob Bajfan. Un Cardinal paroiffant converfer avec deux Perfonnages, que l'on croit repréfenter Luther & Calvin : Tableau peint d'une ; grande manière & dans le goüt de Jules-Roimain. Deux magnifiques Payfages; par Rubens. L'ceil s'y promène dans un fort grand efpa,:ce; le feuillé eft beau & vrai, les fites naturels, les épifodes pleins de vivacité & d'initérêt : celui oü l'on voit un Are en Ciel , Uttache le plus: ce font deux excellens morïctaux. . Du même ; un Char de tnomphe traine |par des Eléphans. Les Figures ont environ Un pied de proportion : on y remarque une C vj Gènes: Pnfo/jG.Balbi.  Gêrtes: Pi, 1'di'GSvSk m K o v ï'eau Vota Cr e ;- belle chaleur de compofition, & la touche '•ferme & aifée de ce grand maitre. Ce morceau devoit avoir plus d'étendue : ce n'eft d'ailleurs qu'une efquifie terminée. Un Martyre entre les mains des Boutreaux; Tableau d'un bel effet, par le Capuccino. Une Réfurrec'tion ; belle compofition du Tintoretto. Un faint Sébaftien ; par van Dyck, de grandeur naturelle : Tableau du plus rare mérite. Adam & Ève, jolis petits Tableaux des jBreughels : leur extréme finileur fait tort. Troifième Pièce. L'Enlèvement des Sabines; Jéfabel mangée des Chiens; & Perfée qui eombatavecla tête de Médufe : trois 7atbleaux capitaux par Luca Giordano. Le premier eft placé en entrant a gauche; il eft plein de mouvement & de feu. Le fecond, (qui eft placé en face de la porte d'entrée) , «öïeunfpedacle terrible, mais 1'artifte en a fü écarter tout ce qui auroit rendu la cataftrophe affreufe & dégoótante. Le troifième Tableau eft traité avec la même vigueur, la même énergie. Au-defliis d'une porte;une Vénus & 1'Amour: la Tête de Vénus n'eft point belle , mais les Chairs font d'une grande vérité : on donne ce tableau a Pêris Bordone. Un Gueux tenant un Livre; demi-Figure de grandeur naturelle; Tableau Capital de l'Efpagnoletto. Dans la Pièce qui fuit; plufieurs Tableaux d'Ai-chite&ure d'iïn 'grand goüt, & du plus  ■ £;N IT AL IS. Gl >el effet: des Groupes d'Animaux; par lec Caftiglione. l' : Dans la Chapelle : faint Jean-Baptifte; par r, »e Guerchln: beau Tableau, fans être néanaioins des plus recommandables de ce maïtre. ; • Une Sainte Familie : Le Sauveur y eft repréfenté dans un berceau; le petit faint :ean femble jouer avec lui : Sainte Anne Jjft a cöté, & faint Jofeph paroit dans 1'éloimement. L'effet de ce 'Tableau eft piquant, bft délicieux; il eft de Rubens. La Tête de a Vierge eft charmante, & 1'action enfan:ine du Sauveur & du petit faint Jean, eft .e plus fpirituellement, le plus agréablement rendue. La Galerie, oü 1'on eft conduit enfuite, ne renferme rien de bien intéreflant; on .ie doit cependant' point la ncgliger. Palais de Marcellino Dura^o. Les Tableaux dont font dccorés le Salon & la première Pièce qui fuit, ne méritent guères qu'un premier coup d'ceil. Première Salie. 'Sénèque mourant; Gorinde qui délivre Olinde & Sophronie; Phinée renverfé par 1'afpeft de la Tête de iMédufe : trois fuperbes Tableaux, de Luca Giordano. La compofition du premier eft jiriche & du plus grand effet. Le fecond eft imoins bien groupé ; on défireroit y trouver 'plus de feu, plus de mouvement. Le troiifième eft d'une grande beauté : ici Partifte iVeft livré a toute 1'impétuofité de fon imali'Rination. tAdam & Ève cbaffés du Paradis : char» (int Tableau, par le Procaccino. ines: iV is G. Bal; M. Bu'- IZZO.  02 NOVV EAU VOYAQE Gènes : P» /ffl'iM.Dux*zzo. (*) On remarquera encore plufieurs autres Tableaux de mérite dans cette même Salie, fur lefqucls on a perdu les notes. (**) Ce fujet a fouvent été traité par ce maitre : la colleélion de ce Palais en reunit deux, exactement femblables; nous en ferons remarqucr (. La Vierge, PErifant Jefus & une Sainte; • par van Dyck : morceau capltal de ce maitre. Du même, un fuperbe Portrait. Une Vierge & 1'Enfant Jefus; par le Capuccino : tableau d'une grande beauté(*a Dans la Pièce qui fuit : la Magdelaine aux pieds du Sauveur; par Paul Veronefe. La Tête de la fainte, eft d-'une beauté attachante ; elle eft dans un défordre touchant, & qui préfente aux yeux la plus belle & la plus féduifante nature. Tout efl fupérieurement traité dans ce tableau : com-" pofition harmonieufe, charme & vérité dans le coloris; c'eft inconteftablement un des meilleurs qui foit forti des mains de ce maitre, Le Plafond de la Galerie, dans laquelle ón pafte enfuite, eft peint par le Parodi: -ce morceau trouve beaucoup d'approbateurs. On remarque quelques Antiques , & de jolis petits Groupes imités de 1'antique. Entre les premiers, nous indiquons de préférence , le Bufte de Vitellius: il eft du plus beau travail. Parmi les imitations; 1'Enlèvement de Proferpine; par Chiafino; une Statue d'un Berger; par Parodi le père, &c. Dans une Pièce en retour; deux Tableaux (pendans); par Jacques Bajfan : celui qui repréfente la Sortie de 1'Arche (**) offre de  ■randes beautés de détail: Onvoit dansl'au- Gèt re un Satyre & quelques Femmes. UneBataille, & un Payfageavec desSol[ats; deux beaux Tableaux; par le Bour«ognone. , _ Dans une autre Pièce attenant la Terralie, >n remarque de préférence un Tableau de Rubens; il repréfente Junon attachant les reux d'Argus a fon Paon. Une Figure coiffée d'un Turban, & fe pafant les mainsl'une contre 1'autre ;par Rembrand: tableau d'un rare mérite. Une Sainte Familie ; par van Dyck: 1 aoleau fupérieur. ' < Une Sainte Familie, dont les figures font quart de grandeur naturelle : par le fitten. La Vierge, 1'Enfant Jefus, faint Jean & fainte Elifabeth : charmant Tableau d Anirea del Sarto. PAL AIS teFrancefcoBalbi. Dans Ia première Pièce; un beau Portrait par van Dyck. Le Songe de Jofeph; par le Capuccino; Tableau capital & dans lequel ce maitre eft meilleur Colorifte qu'il ne 1'eft ordinairement. L' Adoration des Rois Mages; grand Tableau que Pon affure être du 2 uien. On ry remarque une grande purete de defiein , de coloris eft d'ailleurs un peu froid. Andromède attachée au rocher ; par le un uoifième, en pareourant les curiofités pittorefques de 1'Eglife de Sainte-Mane majeure a Wenife, &c. &c. ïènes: ?*• «Vl-'.BalWi  Ë*neS : Pa hiis de Kco Balbi, &C. C*) Voy. la note précédente. 64 Nouveau Voyage Pa- Guerchin. Ce Tableau que le propriétaire .^•prife beaucoup, nous a para allèz médiocre : les Chairs ne fonc point d'une belle nature. Suzanne tentée par les Vieillards.... & uij autre pendant : par Lucio Maffari. Seconde Pièce. Saint-Frangois d'Affife ; grand Tableau cVAnnibal Carrache. Une teinte verdatre dominemalheureufement fur] tout ce Tableau; mais il eft grandement deffiné, & la Tête du Saint eft fupérieurement caractérifée. Un faint'Jéröme & un Ange; par Au~\ gufiin Carrache : 1'Ange & le faint colloquent bien enfemble. Une Danaë; joli petit Tableau, de Paris Sordone. Vénus & deux Amours; beau Tableau A'Annibal Carrache. La Tête d'une jeune Fille; par le même. La Sortie del'Arche (*), & (pour pen- ] dant) le Sacrifice d'Abraham; par Jacqwzs Baffan : deux Tableaux d'une bonne couleur, & touchés avec efprit. La Vierge tenant 1'Enfant Jefus entre fes bras; une Sainte & deux Religieux ; par le Titien. Du même, une Flagellation du Sau- . veur. Ce dernier Tableau eft placé au-defius de la Porte, & contre fon jour; c'eft, peur> . etre, ce qui le fait trouver moins beau. Troiflème Pièce. La Converfion de SaintPaul; par Marc-Antoni del Caravaeeio c'eft une fort belle chofe.  en Italië. bj ka Ecce Homo ; la Vierge & 1'Enfant c Tus: deux bons Tableaux ; par van Dyck. l{ ' Saint Jean-Baptiite dans le Défert; Tar.au capital du Guide. Sainte Marie-Magdelaine ; par Auguftirt urrache. Les Chairs font ici plus belles & lis vraiesqu'ellesnele font ordinairement w Ëme dans les meilleurs de ce maitre. 'Du même ; une Vierge martyre. [ Saint Jéróme au Défert ; par le Titien : ■ Tableau eft placé au-deffus d'une Porte} gagneroit a être vu de plus prés. Saint Jéröme converfant avec un Ange ; bau Tableau; par le Guide. ,La Vierge & 1'Enfant Jefus; Tableau de inrme ovale ; par Camille Procaccino : il It, très-agréable, & d'une charmante fraiïeur (*). ' Quatrième Salie. La Vierge , & 1'Enfant 'Tus, plufieurs Saints' & Saintes; par Rumis , & 1'une des plus belles produétions de ; maitre. \ Saint Jéröme lifant: parle Guide. Ce Ta;eau a beaucoup fouffert, mais il eft encore :eau. > Saint Jéróme au Défert: par le Titien. Ce ableau , quelque digne qu'il foit dece maire , fait peu d'effet. 1 La Samaritaine : par Piola , & 1'une d« s meilleures produétions. ; La Vierge, 1'Enfant Jefus & faint Jo- ( (*) Quelques autres Tableaux encore , d'An[ibal, & d'Auguftin Carrache, & deux de Frauifchini, fur lefquels on a perdu les notes. Sènes : P<ï/iïs 's ï'co.  6G Nöuvtzav Voy agz Oénes: Palais de Feo. Jiilbi. reph ; pat Perln dd'Vaga; fort joli Ta*, bleau. Galerie. Une Vierge & 1'Enfant Jefus I Le Portrait d'un Guerrier: celui d'un Gé-, néral d'armée : celui de la Femme de vak Dyck; & celui de ce maitre , peint par luimême. Cinq Tableaux d'un rare mérite. I Saint Frangois d'Affife : par Annibal Carrache. Une Clcopatre : Lucrèce : la Magdelaina tranfportée au Ciel. Trois beaux Tabjeauxdu Guide. La Vierge, 1'Enfant Jefus & fainte Cai thérine : Tableau charmant, par le CoregJ gïo. Le même fujet que le précédent; par ld Parmegiaao : produétion infiniment graw cieufe. L'Enfant Jefus, & faint Jean-Baptifte I par Rubens: Tableau très-agréable & d'unj Fraicheur charmante. Une Naiflance du Sauveur; par le Tinto* retto. Le méme fujet que le précédent; paf Sinibalde Scor^a: bien compofé, bien peinw Un Philofophe ; par le Titien. Un Philofophe ; par l'Efpagnoletto. Du néme; unMathématicien, avec une Mappe* nonde. La Tentation de faint Antoine ; par le Breughels. La compofition en eft un peu épar"e , mais il y a des épifodes les plus plaifans 8s: ■endus avec une chaleur qui ne fe retrouve< mères dans la plupart des compofitions de cöi  en Italië. 6j On doit également voir le Palals. ia oé> Gfc bre André Dorla : H eft d'une étendue™ «nfidérable : la décoration en eft lourde , nis il n'eft point dépourvu de grandeur. I Galerie qui communiqué du Palais. aü Hin, eft formée par une colonnade d allea In goüt. Au milieu du Jardin eft fitue un Ma, au centre duquel s'élève un Nep■ne de proportion coloffale, qui repréfente, t-on , eet illuftre Génois : 1'exécution da tte Fisure eft médiocre. Attenant ce Pais , eft"un Jardin , qui en.eft une depenmce •, il s'étend aflez haut par terrafles lut penchant de la montagne i il eft ouvert au Lbïic, mais mal entretenu : la vue dont ïi it jouir, eft des plus agréable. \ Nous n'avons indiqué ici, que les prifl.paux d'entre le trés-grand nombre de Pa$F, & de très-beaux Hotels, qui decorent -tte opulente Cité; & feulement ceux dans •fquels la colleétion de Tableaux.jouit fut >s lieux de plus de réputation : néanmoms il n eft plufieurs encore que les Amateurs & 's Artiftes verront; les premiers avec plaifir, >s feconds avec fruit. Prefiés par le temps, «ous fümes a eet égard forcés de mettre des ,ornes a notre curiofité (*). (*~) Nous mettons a la tête des Palais & des MlJions 4 voir; le beau Cabinet de M W«w ïetitile, fur la place de mancni. * vl 7 B GrimaUi , pres de Saint - -U'c. Oeiui WTallavicim, rue de Lomellim. Celui de Lonrtlini, prés de Saint-PhUippe de Néry. Celui de Gènes : Puteis Doria.  Gènes: Uft ges. George Doria. Celui de Philippe Carrega. Celui A'Ambroife Doria. Celui enfin de Jofeph Doria: tous très-bons-, Sc très-iutéreüans a voir. 6iï IV O V V EAU Va YAüÉ - C'eft plus particulièrement a Gènes, qi^jf dans aucune autre Ville d'Italie, que 1'ufagfclj* des Cavallir Servantc , autrement dits Ct-it cisbei, eft le plus en vogue , le plus génér*.0 lement adopté , & oü les Dames fe per-üf' mettent le plus franchement, de doubler4MM de tripier même a leur fuite ces illuftres ef-(ltclaves. A Venife, a Florence, a Boulogne,^: a Rome, &c., un feul Cicisbei fuffit au fer- W vice ; & leur gloire eft, en quelque fortelf attachée a 1'éternité dejeurs chaines. II y a peu de pays au monde ( a dit ufp homme de beaucoup d'efprit, & bon obferfp vateur) , oü les Femmes ayent plus d&!J liberté, & oü elles pèckent plus en appa*;!» rence. II faut qu'une Femme ait bien peu I de charmes, pour n'avoir pas deux ou trois Amans déclarés : on les appelle Cicisbei.: t Ceux-ci ne quittent jamais leurs Dames, & m font très-incommodément 1'amour, étant |<ï! obligés de trotter a cöté de la chaife a por- W teurs de leur Maitreffe , en forte que c'eft 4 I la fueur de leur corps qu'ils gagnent des !ï oeillades de leurs belles. II y a ici ( Gènes ) i|' des Dames qui ont jufqu'a 5 ou 6 Adorateurs I qui les accompagnent par-tout. Ce qu'il y ■ i a d'heureux, eft que ces rivaux vivent en .* Donne intelligence. II eft vrai que s'ils pre- m loient querelle , ils feroient obligés de fis j11 jattre & coups de poings, car les Nobles t l ie portent point 1'épée. Ils font habillés- ']  en Italië. <%> ime les gens de robe en France; mais ils lint habituellement des manteaux courts " tor. 'ovk fe rendre de Gènes a Florence , jjeft obligé de rétrograder fur Novi, afin Nreprendre la grande route de lunn a ïfance , Parme , &c... pour eviter la rirerfée d'une chaine de Montagnes, d un lés laborieux , & fouvent impraticable lir les Voitures; ou enfin de s'cmbarquer idpour Sarxanne ou Livourne. Cette derIre voie (pour ceux que la mer n incomr de point), eft le meilleur parti que 1 on r fle prendre : Avec vent tavorawe, u ne ft guères plus de feize heures pour faire ce IQn'trouve toujours au Port des Fèhuques Ifetes a partir : cette forte de batimens doit |e préférée pour ce trajet, par 1'avantage c'ils ont de ranger de plus prés la cóte, jur s'y réfugier en cas de trop gros temps i autres circonftances quelconques (*). Le fevais temps qui nous accueillit la nuit £*) 11 ejl efentiel de convenir avec le Valron da Félouque du nombre dei Rameurs quil devra Moyer : il n'en fa ut pas moins de quatre; fix efl nombre ordinaire. L'inconjlance des vents qui rè•nt fur toute cette cóte , nécefitant fouvent le fer'■e des rames; nous en primes huit & nous nous en nuvdmes bien Le prix ordinaire tfl de 24 hwt* \ France pour Ure conduit ds Genei a Sarzanne; , donne 12 livrei deplus, pour être dibarqué & fourne : les frak d'imbarquement ■ (f de débartmenl v cgmpris. lovte dt Jcnes i Ft'e 6? I'loence. \vis utile  yo Nouveau Voyaoe Porto-FJno 1'Èrichi, porto-Venen? , Pife, kx\\ atile , (trois a quatre heures après notre départ), |t nous forca de débarquer d'abord a Por- '* to - Fino : Une apparence de meilleur vent!? nous fit rembarquer a la pointe du jour ; mais I nousne gagnames qu'avecpeine le petit Port W de 1'Erichi : & le vent continuant d'êtr|jt contraire nous primes ie parti de nous ren- È dre de 1'Erichi a Pife. L'entrée de ce peSi tit Port, eft charmante ; toute cette cötelfj fournit des points de vue délicieux. Pono-r Ve.ne.rh, ajoute a ce tableau un fpectacle:r difficile a rendre, & que Pon quitte avec!? peine. C'eft du fommet de la montagne qui I domine 1'Erichi, que l'on jouit le mieuxü de ce riche & fuperbe payfage. La montagne qu'il fuut gravir en fortant ! i de 1'Erichi eft longue, roide, & deftruciivt pour les chevaux, & plus encore pour les * voitures : la Pofte d'ailleurs, eft déteftable- i ment montée; on eftobligé de prendre aveeiC foi quatre ou fix hommes pour aider d la montée, ainfi qu'd la defcente, de cette mêmt j montagne. Le chemin devient meilleur en- F fkite; il eft très-bon en approchant de Pife. \ PISE. Cette Ville n'eft plus que Pombre de ce qu'elle a été autrefois; l'herbelü crolt dans la plus grande partie de fes rues I) cependant elle a figuré long-temps, & même ' avec aiïez de gloire, entre les états libre» I d'Italie ; beaucoup de monumens atteftent 1 & encore la puiflance & la richeffeoü cette ré~ j publique étoit parvenue : mais enfin lesFlo-jf rentins la vainquirent Pan 140$ ; dés-lor» 11 fa populatioa & fon commerce s'anéantirenc.M  EN Ir 4 LI E' yi ienfiblement : on n'y compte guères plus P;f jfcürd'hiii de 15 a 16 mille ames. L'Arno dx liverfe la ville ; trois Ponts commuuiquent itme rive a 1'autre: Un de ces Ponts (celui du flieu) eft conftruit en marbre ; Pexécution 1 eft hardie & parfaitement belle. On a iftribué le long des bords du fleuve de fort laux Quais: Cette partie de la ville feroit hnneur aux plus opulentes Cités. iLa Cathédrak (UDuomo), eft un vafte hifleau de conftruAion gothique, qui n'eft raiarquable que par la beauté des Marbres la richefle des Ornemens qui y font exiflivement prodigués : nombre dTnfcripons & d'autres veftiges antiques ^ font 'jnnoitre que ce monument a été élevé avec is débris, & aux dépens de quelques autres [kinds Edifices qui l'ont précédé. :l Les trois Portes de la principale Faeade »nt revêtues de bronze, ornées de Bas-re-lefs repréfentant diverfes Hiftoires du noueau Teftament; parmi lefquels, il eft des .iarties fupérieur ement bien traitées (*). -/intérieur du vaiflëau eft fort fombre : On oit remarquer dans la Croifée a gauche, ( (*) On dit fur le lieu, que Michcl-dngt, faioit le plus gTand cas de toute cette fabrique, 1 qu'il Padmiroit fans Teftriftion : nous en doukons. II faut placer eet éloge avec le titre de la flus haute antiquité , que quelques imbécilles cScrivains donnent a ces mêmes Portes, puifqu'ils hvancent qu'elles décoToient dans leur origine le [fièbTè Temple de Jérufalem. II eft plus certain l|a'elles o»t été exécutées d'après Boulogne, 'ife: Catue dr*le.  ï>if>:Cathédrale, Tour Penchaute. 7i No UFE A U Vo Y A G E ■Ml un Tableau que plufieurs connoifiëurs efti- jji ment être de Raphael : il repréfente la L Vierge & plufieurs Saints. Aux deux cutés '] du Choeur, font placés quatre jolis Tableaux ;§ tfslndrea del Sarte : ils ont pour fujet faint'lij Jean, & faint Pierre; fainte Marguérite, 8c E fainteCathérine. On trouve prés de la, uné ti, fainte Geneviève du même maitre : ce der- t hier tableau eft infiniment fupérieur aux E quatre précédens. Derrière 1'Autel de la croifée a gauche, I font placés, dans une niche, Adam & Èvêj f ce Groupe eft traité en marbre; on y attaché I ici un certain mérite : nous ofons le juger if d'un travail très-fec, très-mauvais. LeTombèau de 1'Empereur Henri VII, mérite plus I d'attention; la compofition en eft noble; ? c'eft dommage que les Figures dont il eft .4 brné, foient d'un ftyle auffi mauvais. La I Chairt d prêcher eft traitée en marbre ; on IL y remarque de belles parties : les deux co- I lonnes qui la foutiennent, damandent un I coup d'ceil particulier; 1'une eft une Brècht [x très-curieufe , Pautre une Brocatelle orien~ 1 ■ talc d'une grande beauté. Prés de la Porte qui regarde la Tour, l on obfervera un Tombeau antique , élevé * de fept a huit pieds de terre 8c foutenu fur I d'afiëz mauvaifes confoles. Le Sarcophage eft d'une belle forme; le Bas-relief dont il èft décoré, repréfente la Chafie de Méléa- ' ' gre : il eft traité finement & avec intelli- Ij gence. On a élevé prés de la fur une Colonne li de marbre, un Vafe (en partie) antique: k la Bafe & le Couronneraent font modernesl I & '  £N /TALIE. fS ! 1'on s'en appercoit bien. Le Bas-relief qui pi ne ce Vale, eft très-joli. p< jn croit fortement fur les lieux, que dès HU origine, 1'Architecte a voulu la confruire telle qu'elle eft aujourd'hui ; pluIrnrs obfervations pourroient le faire croire: ïnt de chofes biearres, même extravaantes , paflent par la tête des hommes „ iu'il feroit poffible a tont prendre, que 1'aüi;ur eut voulu offrir dans cette conitruction » n de ces tours de force, fi familiers entre M Artiftes du Xïe & du Xlle fiècles; épone de la conftruction de cette tour : ce qui eut le plus le faire foupconner, c'eft le ombre d'édifices pareils qui exiftent en Itae : mais celui-ci, eft le plus incliné de ous (*). D'ailleurs , aucunes lézardes exirieures n'annoncent un affaiflement fubit u progreffif dans les fondemens, & toutes :s affifes de 1'intérieur de la Tour, font de i plus exacte régularité •, & les efcaliers iratiqués dans 1'épaifleur des murs, font Marfaitement horizontaux , &c. D'autres trétendent que 1'affaiflement du terrein ! yant eu lieu , lorfque cette tour fe trouvoit élevée au fecond ordre, & 1'Archi.ecle ne voulant pas démolir ce qui étoit i (*) M. de la Condamine a trouvé trcize pied» nour le défaut d'a plomb a parrir du pied du )onjon (dans lequel font placées les Cloches) elevé de 133 pieds au-defius de niveau de la 'lace. Tomé II. D fe: Tour nthauie.  74 NQUVZ4U VQYAGS* Pife : Tom Penchante ; h Baptiftè' re. nument eft fort au-defïbus de fa réputation Le Baptiftère eft fitué prés & du cöté d( la principale Entree de la Cathédrale. C'ef une rotonde , qui , extérieurement , ef d'une maffiveté déplaifante ; 1'intérieur efi mieux : huit Colonnes de granit foutiennem autant d'Arcades, & diftribuent au rez' d< «haufiee (ainfi que dans 1'étage fupérieur] une Galerie tournante qui fait un aflëz be! effet. La Coupole qui termine cette compofition eft lourde & mal penfée. Au centre de cette rotonde, font placés les Fonts Baptifmaux; ils méritent d'être remarqués. C'eft un énorme bloc du plus beau granit, dans lequel on a creufé huit Cuves, aflëz larges & profondes, pour qu'urj homme d'une taille ordinaire puiffe s'y mouvoir avec facilité : Le milieu eft indiqué par une cuve plus grande & da»s laquelle vraw conftruit, il continua de 1'élever avec li précautions que l'on remarque dans les dii, férentes hauteurs qu'il a données aux Cw lonnes employees dans les étages qui fuiven jufqu'a celui du Couronnement. Cette Tour eft compofée de fept étages d Colonnes, & terminée par une tourille qtji pyramide & termine peu agréablement I monument. Peu de ces Colonnes font feJI blables entre elles; .on voit fenfiblemen qu'elles ont précédemment décoré d'autre: Édifices: elles font de marbre, & de diffé! rens marbres. On les a employées de faconj: qu'elles laifiënt entr'elles & le fut ou noyai de la Tour proprement dit, une Galerie d'environ trois pieds. En général, ce mo-  IE H iTALllt. J$ èmblablement, fe placoit le Baptifeur, &c. )n van:e ici beaucoup, la Chaire oü fe libient 1'Epicre & 1'Evangile, placée dans ette rotonde ; nous avouons n'y avoir rien -bfervé de fupérieur ni de remarquable. 11 Campo Santo, eft fitué en face & prés ju Baptiftère. Ce Cimetière eft curjeux : i 'eft un Parallélogramme de 400 pieds de : ongueur, fur environ 150 de largeur; une ■ralerie extérieure , formée de foixante | nrcades d'ordonnance gothique, répand furout 1'enfemble une forte de dignité qui en ' impofe d'abord. Une grande partie du Pour1 our de cette efpèce de Cloitre eft peint a fref: ue, & Pony peut remarquer plufieurs beaux ï pombeaux, un, nommément dePexécution i je Michel-Ange, de la plus belle penfée. Un i tutre élevé a la inémoire ducomte Algaroti, : p fait voir avec plaifir , même après le : pécédent. On verra de même avec fatisfac: ::on beaucoup de ces Peintures anciennes; : 1 en eft d'intéreflantes & forti es de bonnes ; ïains. Le terrein que laifiè a découvert la Galet e , fert de Sépulture commune : il pafie ; Dur conftant a Pife , que la terre qu'il renirtne y a été apportée en 1218, de Jérufalem , ; 1. on lui attrïbue des vertus dont on affirme : authenticité fur les lieux. Place, Eglife, & Palais de San Stephano. a Place eft irrégulière, mal percée, & fans .die décoration intérelfante. Le principai 1 'ortail de 1'Eglife eft conftruit en marbre % . ais d'un aflez mauvais defiëin. On voit i ps l'iatérieui deus Tableaux par le Bron» D ij Pife : Cant» po Santo , Place, Palais , Egli-  fifc: Eglifi San-Mathei), toi/.e, Sail 4* Spe&a- •tfc yS Nouveau Voyaqe zin, très-eftimés : celui placé fur le premier |! Autel è droite , repréfente le Martyre de | faint Etienne ; le fecond décore la Chapelle | a gauche; il a pour fujet 1'Adoration des L, RoisMages. Le maitre-Autel eft favamment L. traité ; le Sarcophage eft d'un excellent \ gout : il eft compofé d'un granit oriental |, trés-recherché. Tout le Pourtour de cette ï] Eglife eft tapiflé de Drapeaux , d'Etendards Jt & de Queues de chevaux, pris par les Chc~m> valiers de Saint-Etienne, fur les Turcs les Pirates de Barbarie. \\ Le Palais des Chevaliers,e& peu de chofe. \ Un peu en avant, eft placée la repréfen- j ( tation pédeftre en marbre, de Cofme I, da j , Médicis, Grand-Duc de Tofcane, qui inf- | titua eet Ordre Pan 1561 : Une Fontain* jaillit du focle du Piédeftal qui fupporte cette Statue : Toute cette compofition tMl médiocre, & le travaü en eft mauvais. II; Le Plafond de VEglife San-Matheo, 1 je du mérite; il a été peint par les frères Melin, i originaires de Pife. Le maitre-Autel eft déi Icoré par un ban Tableau de Pierre de Cor- I, tonne, repréfentant les Vendeurs chaffés dq l Tereple. IPObfervatoire mérite d'être vu ; on f remarquera de trés-beaux Inftrumens de |«t Mathématique, d'Aftronomie, de Phyfe 1 que, &c. 1,6 Jardin Botanique eft en face, il eft j parfaitement bien tenu; on y cultive avec : % fuccès des Piantes & quelques Arbuftes d'une i* extréme rareté dans nos climats. La Salie de Specfacle eft petite, mais trés, |: ï-olie i elle ».e feu que durant le Carnaval»!»  tN Italië. 77 {A chacune des extrémités du beau Pont j 3 marbre (appelé, Pont Saint - Efprit) ,1 t placé un Batiment d'une aflëz bonne koration : 1'un fert de lieu d'Aflëmblée Dur la Nobleflë des deux fexes : 1'autrfc /oit été conftruit pour fervir de Bourfe lix Négocians & Marchands de la Ville. Les Bains Minéraux de Pife, ont aujour'hui quelque réputation dans les environs-, s font fitués prés de San-Giuliano, a deux lïtites lieues au nord de la Ville : On les voit long-temps négligés & même oubliés; 1 ce n'eft que depuis quelques années qué :s Eaux reprennent quelque faveur. On y : conftruit ( avec beaucoup de frais ) de !aftes Batimens, commodes & proprement aeublés. !' Les Voyageurs qui font quelque féjour Pife, ne fe refufent guères le plaifir de fe mdre a Livourne, diftante de deux poftes: e chemin eft délicieux; on traverfe d'abord ine trés-belle plaine , bomée par les Apenfbs, & Pon arrivé a Pife a travers un Bois élicieux. LIVOURNE, eft batie fur une Ifle foraée par un Canal artificiel, qui baigne fes .nurs, & qui communiqué avec la rivière .''Arno. Cette Ville, aujourd'hui fi florif'inte, n'étoit dans fon origine, qu'un aflëz vauvre Village. Cofme. I, qui connut toute i'importance de eet emplacemeRt, eut 1'a•reflë de 1'échanger avec les Génois (qui Ven foupconnoientpoint le mérite), contre D iij Minérau?;. Excilrfifci de Pife A Livourn<;,  fcivmune. ?8 Nouveau Votagé Sar\ane, qu'ils jugeoient être plus a lené bienféance. On y compte 50 mille habitansv Les Grecs, les Arméniens, y ont des Eglifea.: oü ils font le Service felon leur rit. Les Juifs (dont la population monte, dit-onl a plus de 14 mille) regardent Livourne,8$j les autres Etats du Grand-Duc, comme tufl nouvelle terre promife; il y en a paf mi eu^'i d'extraordinairement riches qui roulent car4 roflës, Le Commerce de Livourne eft treil eonfidérable; il a cependant fouffert quelque diminution depuis que Gènes , CivitaA P~ecclüa, AnconelkNaples, ont été déclarésf Ports francs. Cette Ville a peu détendue,| quoique très-peuplée : les Rues y font tou-4 tes tirées au cordeau; les Maifons qui lest bordent, font fort élevées, mais conftrui-*' tes avec plus de folidité, que d'éléganceê & de goüt : il y règne la plus grande acti-1 vité, le plus grand mouvement. La Place eft peu vafte, & médiocrement' décorée : On y remarque une Statue en mar-J bre de Ferdinand Ier; elle eft élevée' fur dn Piédeftal, contre lequel quatre Ef-S claves (traités en bronze) font enchainés. La Statue du Grand-Duc, eft d'une exécu-» tion médiocre , quoique du Donatello : lesl Efclaves font mieux. II faut voir le Palais du Grand-Duc, oü réfide le Gouverneur, & 1'Ar fenol: on peut parcourir la Grande Eglife, le Quartier des Juifs & fur-tout leur Synagogue. Les Fonifications font impofantes & par- I faitement bien tenues : les parties dominantes donnent une des plus belles vues dik.  EN ITJLIE, 79 ■londe , tant du cóté de terre , que du cóté Florence e lamer. La Salie deSpe&acle eft peu vafte, ïais noblement décorée. Le chemin de Pife a Florence, traverfe ne Campagne délicieufe : on compte da inne de ces Villes a 1'autre fix poftes. FLORENCE (*) , ainfi qtfune infinité de etits Etats dTtalie , après avoir fecoué en ifférentes fois le joug de fes maitres, ou lutót de fes tyrans, fut fe maintenir aflëz Dng-temps indépendante: c'a été Pépoque e fon Commerce immenfe, & bientót de ;s conquêtes, & des chaines qu'elle s'eft nfuite données. Nous avons vu a Partiele >ife, qu'elle fubjugua , vers 1'an 1406, ette petite République, alors également oriflante. L'exceifive richefle, & par la le rédit prépondérant que s'étoient acquis plu- eurs grandes Families, occafionnèrent inenfiblement de nouveaux troubles dans la Lépublique : les Ricardi, les Magliabechi, ;s Pitti, les Médicis &c- envinrent ( (*) Chez Carlos, fur lc Quai, bonne Auberge. [ (**) On a beaucoup difputé fur 1'origine de cette Vlaifon : Difpute oifeufe. Qu'importe que, feloa \ïs détrafteurs elle defcendit d'un Charbonnier de hlagello , ou d'un Aubergifte de Florence; ou que don fes flatteurs, elle comptat parmi fes ancê■res des Confuls, des Empereurs Romains , ou ue, felon d'autres, elle yint d'un Médecin de Bhjirlemagne. ... Ce qui importe, c'eft qu'avcc ■es moyens fi foibles & fi bornés, cette maifon D iv  Florence, ait fait ce que les plus grands Princes ont a pcine \ tenté en faveur dés Sciences, des Arts, du Com-4 merce Son règne peut être cité comme us [ grand exemple, une grande lecon, pour les plus I fuperbes Potentats." ,, Le dernier Grand-Duc, qui dtoit de cette maifon, ctant mort fans enfans; lc Grand-Duchc^ [ par 1'accord fait en 1736, entre la France, 1'Ef- 1 pagne & 1'Empereur, a paifé , au Duc de Lor-■[ raine, époux de 1'hcritière d'Autriche, & depuis'f Empereur. Ce Prince étant mort en 17Ó5, a dé- || lignd pour fon fucceffeur a ce grand Duché , l'Ar«ehiduc Pierre-Léopold, fon fecond, aftuellemcut règnanc. % NOUVEAU FOYAGZ entr'eux a des guerres 011 vertes; pèu meurtrières, maislongues, défaftréufes, & qui I entrainèrent la ruine de la république. En- f fin 1'an 1530, Alexandre de Médicis, plus I puiffant, plus adroit & plus univerfellement ] eftimé de fes compatriotes, s'empara de 1*1 fouveraineté : Charles-Quint appuya forte->| ment fon ufurpation, & lui accorda pour lui I & fes defcendans le titre de Duc : Pie f ajouta a ce premier titre celui de Grand ,1 en faveur de Cofme I". fijs & fucceflëur im- [ médiat d''Alexandre. Florence eft appelée la Belle, entre les I pnncipales Villes dTtalie : nous doutons [ qu'elle ait jamais merité dans toute la fora* I du mot, cette qualification brillante; fesSou^ I verains, ont plus cherché a 1'enrichir, & a f f attirer les Arts, qu'a lui donner eet air dö | grandeur, de régularirc & de magnificence [ qui diftingue aujourd'hui plufieurs capitale* I moins vaftes, moins opulentes & moins peu-1  en Italië. 81 dées que celle-ci. On y compte nean-F noins de beaux Palais; nombre de Mo-D mmens du premier mérite; plufieurs Places, ?eu valles, mais ornées de bons morceaux le Sculpture, quelques Rues formées de jeaux batimens , & , ce qui vaut mieux , ':rès-marchandes (*). Florence a été la pa;rie du Dante, de Machiavel, de Gali,'ée, deLulli, de Guichardin; des Papes Léon X, Urbain VIII, &c. \ d'Améric Vef3uce,&c. &c. La Cathédrah (il Duomo), eft un vafte yaifiëau (**) d'un deflëin lourd gothique, revêtu extérieurement & dans tout fon pourtour de marbre noir & blanc , par carreaux alternés : ce mélange attrifte 1'ceil, & donne a eet édifice un to'n lugubre & fépulcral. Le Portail refta a faire, & vraifemblablement ne s'exécurera jamais. Le Pavé de 1'Eglife eft fort beau; il eft fait a compartimens de différens marbres, & d'un aflëz bon deflëin. On doit remarquer les Statues des douze lAputres, placées contre les Piliers de la nef\ .dont plufieurs font d'une excellente exécution : Les quatre Evangéliftes (par le Dona- (*) On compte au dela de 100 Eglifes, Cou-vens, ou Chapelles; 17 Places publiqUes , 160 ■Statues, 7 Fontaines, 8 Colonnes ou Pyramides, &c. (**) Oa lui donne prés de 500 pieds delongueur, ifur aoo de largeur; fa hauteur, prife du fol: extérieur a 1'extrêmité de la Croix qui couTonne Je Dóme, eft de 300 pieds. D v Florence: il Duomo.  €2 Nouveau Voyaüe 'Florence :i Duomo. (*) On ne doit point oublier de remarquer Ia Mèridknnc, tracée fur le Pavé : ce monument du génie mérite des éloges. (**) Donatelli regardoit comnefon chef-d'att- i tello), coivent arréter de préférence : Ces figures avoient été faites pour orner le Portail , mais on a cru devoir leur afiürer une plus longue confervation; elles méritent ce Ibin (*). • Le maitre-Autel eft décoré par un célèbre Groupe de marbre , de Bandinelli: il repréfente Dieu le Père, au pied duquel JefusChrift eft repréfente mort foutenu par un Ange. Ces trois. figures font de proportion coloffale : la Tête du Père Eternel manque da noblefl'e & de majefté; celle du Fils, & toute fon attitude, eft d'une belle vérité d'expreffion; 1'Ange eft également très-beau. Derrière ce même Autel, eft un fecond Groupe (auffi de marbre) , infiniment fupérieur en mérite au précédent; il eft de la1 main de Michel-Ange; & quoique ce fuperbe morceau ne foit qu'ébauché, on y reconnoit d'abord tout le feu de eet immortel Artifte. Ce groupe repréfente la Vierge qui pleure fon Fils étendu mort a fon cóté : :'eft, nous le répétons, une bien précieufe ibauche: Le Clocher, ou Campanile, eft très-élerè; cette Tour que l'on prife beaucoup fur les ieux, a été élevéefur les deflëins de Giotto; illeueft revêtue de différens marbres , & . irnée (avec excès) d'une infinité de petites 'igures (**j & de Bas-reliefs. La vae que  EIST iTALtE. i>3 'on peut prendre du haut de cette tour,F :ft Tune des plus agréables & des plus cu-B ,ieufes de Florence. ) Le Baptiftère eft fitué vis-a-vis la Caihédrale & entièrement ifolé : c'eft un ocogone d'un peu plus de 80 pieds de diamè:re. II eft revêtu extérieurement de marbre, !i furchargé de mauvais ornemens : fes trois r'ortes font de bronze , fc 1'on eftime beau■roup les Bas-reliefs qui les décorent (*). )n vante également; mais avec moins de!aifon, le Groupe, auffi de bronze , placé 'ur une des portes a gauche ; on y voit hint Jean-Baptifte en colloque avec un Dotfteur de la Loi. L'intérieur eftfort fomsre, mais fa décoration a quelque chofe 1'impofant, de majeftueux. La Cowpole eft «.pportée par dix belles Colonnes de granit, [i la Voute eft décorée en mofaïque, mais tont on ne peut que deviner les compartisnens: on diftingue tout auffi mal une Maglelaine pénitente du Donatdlo, placée fur un des Autels è. droite : c'eft dommage qu'on ue puiile mieux jouir de ce beau morieau (**)• ere, une Figure placée du cöté qui fait face a 1 Place appelée le Zuccone : c'elt un^Vieillard l tête chauve, traité vctitablement d'un excellent goüt. [ (*) On prctend que Mcbtl-Ange, a dit pluleuts fois que ces Portes méritoient d'être celles u Paradis. 1 (**) On fait remarquer aux étrangers deux Jplonnes de Porphire placées ifolément contre la irincipale Porte d'entrée du Baptiftère; mais le D vj orence: ïptütire.  Florence: Place rfa vieux Palais. S,ï NO WE A V Vo V A Qg Place du vieux Palais. On ne pouvoit guères raffèmbler dans un auffi médiocre efpace, plus de belles chofes a la fois. Cette Place réunit une trés-belle Fontaine , une. Statue équeftre, des Batimens publics aflëz confidérables, ornés de morceaux de Sculpture du plus grand mérite. La Fontaine, eft d'une compofition riche & pleine de feu (*) : On y voit Neptune ( figure en marbre de proportion coloflhle ) debout fur une Conque que paroiflënt traïner quatre Che-| vaux marins. Ce beau groupe eit placé au milieu d'un vafte Balïin de forme oftogone ; douze Figures en bronze qui repréfentenc desNayades & des Tritons, diftribuentl'eau & entourent ce Baffin. En général cés der-; 1 niers brönzes font d'une proportion trop petite & peu relative avec le Groupe du centre : ils font d'ailleurs d'une fort belle exécution. A la gauche de cette Fontaine fe trouve\ placée la Statue Équeftre dé Co/me I"-; elle'1 eft traitée en bronze: Ce monument, fans être : du premier mérite, eft néanmoins digne d'é- ! loge: (**) on regrette qu'il foit fi mal placé.' traic hiftorique qu'elles rappellent ( qui n'a droic d'intéreffer que Florence & Pife ), fait aflurément leur plus rare mérite : c'eft un aif ezpauvre ij trophée. (*) Cofme Ier 1'a fait élever vers les derrières années de fon règne, fur les deiTeins A'AmmanaH f| & de Philippe Baldinucci, deux Sculpteurs trés- '1 célèbres alors. ' (**) Le Piédeftal qui fupporte cette Stat ue ' :ft de nrarbre blanc : une infeription latfne oc-  eh Italië. 8j L'ancien Palais , eft élevé du fol de la r lace de quelques degrés. Sa Faeade exté-, eure n'a rien de fort recommandable.^ A1 ïaque cöté de la principale porte d'entrée , kt deux Figures coloflales en marbre 'une exécution eftimée. L'intérieur diftriae une Cour a peu prés carrée, formée par es Colonnes accouplées , qui fupportent des ,rcades également répétées dans le premier :age : Une Fontaine affez maigre , eft au sntre de cette Cour , beaucoup mieux écorée par une Statue d'Hercule qui combat acus; groupe d'une rare beauté , de 1'exé.nion de Vincent Rofli , digne élève de ■andinelli. On fait voir dans les Appartemens, d'a:ord, la Garderobe, & enfuite le Tréfor de 'ofme I*T, le tout eft renfermé dans de vaftes a-moires, & rangé avec beaucoup d'ordre. ■ général, tout eft ici d'une richeffe dont n ne peut fe faire une jufte idéé : L'or, les ■erles, les pierres fines & les diamans, s'y 'oyent employés avec une étonnante profuon. Une des Armoires contient tout ce qui ompofoit 1'Equipage de Cheval de ce Prin- -jpe la face principale, les trois autres cötés < >nt omes de Bas-reliefs en bronze : Les fujets bnt : Cofme Ier, reconnu peur Souverain par le ■énat de Florence : La cérémonie de fon CouDnnement : Dans le 3e. on voit ce méme Prince ïr un Char de triomphe a 1'antique faifant fon ilntrée triomphante dans Sienne, foumife a fon \ouvernement. firdinand Itr en faifant ériger cette otatue a fon Père, employa pour la dixettion de jwmage, le celèbre J. Boulegne. lorei! ca: lace d» ieux Palis.  86 Nouveau Voyaoe Florence: Place du vieux Palais, Salie ü'Audience ce ; une autre fes Armes; une autre fa Chapelle, &c. (*) Le Tréfor raflëmble un nombre confidérable de grands Plats, de Vafes, !. & une inÉnité d'Uftenciles en argent, & beaucoup même en or, & d'autres èncorë enrichis de perles&de pierres les plus pré-.' cieufes. La Salie d'Audience, efl: d'un vafte qui étonne ; trente-neuf fujets pris de PHiftoire des premiers Princes de Médicis, font peints a frefque, & ornent le Pourtour: trois Stal tues plus grandes que nature, font placéesf dans des nices pratiquées dans Pépaiflëur dv*r mur; PEftrade élevée en avant de ces trois; niches, imprime de la majefté a cette dó»'coration : La Statue du milieu, eft celle de Lêon X; a fes cótés font celles rTAlexan* dre & de'Co/me I? de Médicis: PEffigie de Clément VII, eft placée vis-a-vis, ainfi que le célèbre Groupe d'Adam & Eve (**) , par le Bandinelli. Des deux cótés de cette belle Salie, font placés fix Groupes qui repréfentent autant de fujets pris des travaux d'Hercule (***), I (*) On reraarquera dans celle-ci, un OmeKent d'Autel complet, de la plus gTande TicherTe, 311e Ferdinand Ier deftinoit k orner 1'Autel de 5t. Charles a. Milan : Cet ex voto ne fut pointI :nvoyé ; ce Prince étant mort de la maladie pour aquelle il follicitoit 1'interceffion de ce faint Ar- ; :hevêque. (**) II étoit.ci-devant placé derrière le maitre- | ^utel de la Cathédrale,' d'oü on a cru devoir le I ctirer a. caufe de la nuditi des Figures. C***) I ° HerculetuantDiomède : 2 0 Herculc  en Italië. "7 >us attribués au Bandinelli. Mais le fu. irbe Groupe de la V'Soire par Micheltnge, s'il n'efface point entièrement le méte des premiers, réunit du moins a lui feul : plus de fuffrages; & les yeux des Amaturs fe fixent de préférence fur cette dé;ieufe production, que Michel-Ange defnoit a orner le Maufolée de Jules II a dnt-Pierre in Vincoli, a Rome. La Loggia, batiment élevé dans fon ori;ne pour y réunir les Négocians & facili:r leurs opérations de Commerce. Cette üle eft élevée de quelques.degrés au-defis du fol de la place ; elle eft ifolée de •üx de fes cótés, & formée par des Comnes a claires voy es, qui fupportent un Enblement aflëz lourd, couronné par une Baftrade qui ne 1'eft pas moins. De très-beaux roupes font placés dans les entre-Colon::mens. On voit du cóté qui regarde Panen Palais, i ° une Jüdith en bronze dans attitude , & prête a tuer Holopherne ; eet :cellent Groupe eft dn Donatello : 2 0 fur ' Facade qui fe développe fur la Place, une ■atue en bronze repréfentant Perfée dans •nftant oü ce héros vient d'abattre la tête \ Médufe : c'eft un très-beau morceau d'a;ès Benvenuto Cellini : 30 1'Enlèvement ipoftant le Sanglïer d'Erimanthe : 30 Hercule i étouffe Anchée : 40 Hercule qui dcfait la Bine des Amazones : 5 0 Hercule tuant Cacus coups de maflue : 60 Hercule tuant le Centje. Tous ces Groupes ne font point d'un égal site, mais tous fe voyent avec plaifir. 'lorence: ft Vieux Palais , la 1*8»  88 NovrzA u fro taoe Fiorence : Place & Eglife de 1'Annunzia ta. d'une Sabine, groupe de marbre, compt au rang des chef-d'ceuvres de /. de Bok .gne:^0 David, qui triomphe de Goliath trés-belle figure en marbre que des connoii feurs attribuent a Michel-Ange : 50 enfr Hercule tuant le Géant Cacus, très-bea:: Groupe auffi de marbre, par Bandinelli. Lel Bas-reliefs qui enrichiflënt les Tables des piet deftaux furlefquels font pofés ces Groupes 1 Statues, méritent une attentionparticulière de préférence les Bas-Reliefs au-delfous 1 Perfée & ceux de TEnlèvement de la Sabine: La Place de 1'Annun\iata, eft la feul ici qui foit réguliere, & décorée avec quel que dignité : on y remarque une Statuii équeftre'en bronze, d'après le modèle di J. deBoulogne; elle repréfente Ferdinand I'*' ce n'eft pas au total une excellente chofjj on ne trouve point dans cette compofitioii la correftion , 1'énergie, le feu qui caracj térife ce grand maitre. Ce monument e| accompagné de deux Fontaines, formée chacune par „ une Coquille ouverte au mi| lieu de laquelle font des Tritons adoffés 1'ur a 1'autre & jetant l'eau par la bouche 1 L'idée de cette compofition eft grotefque, fans être néanmoins agréable. L''Eglife de VAnnun^iata (deflërvie pai] des Servites), eft très-richement, mais peu élégamment décorée ; principalement uneChapelle oü repofe une Image de la Vierge en grande vénération a Florence, dans laquelle onne voit qu'or, argent & pierres précieuies.' Quelques jolis Bas-reliefs de J. Boulogne j attirent les amateurs.  II-N It j l i i. #9 On doit chercher dans le fecond Cloitre de ] ■etre maifon, un Tabhau célèbre, d'Andrea j 'el Sarto , connu fous le nom de la Ma- . 'onna del Sacco (*)• H eft peint a frrique : k Tofeph eft affis fur un fac ; le Peintre tö a donné un air plus noble & plus beau, Lü'bïi ne le repréfente ordinairement. La Vierge eft belle & gracieufe , & 1'Enfant jeus qu'elle tient fur fes genoux , eft du caaétère le plus aimable. Ce Tableau a beau:oup%perdu, mais c'eft encore un morceau 'ligne de ce maitre (**). . „. a„ rnvrofr.nr fc nrès de Ste. Mane Ma- Au Carrejour ol pres uc uie. raiHK »™ Mire , on voit un fort beau Groupe de marbre , repréfentant Hercule qui terralie le Centaure Neiïus; par /. Boulogne i oir 11e peut rien de mieux penfé , ni de plus lortement rendu : Ce morceau feul, eut fv.m pour immortalifer eet Artifte. Les Amateurs s'amigent de voir ce chef- d'ceuvre auffi mal placé & expofé a 1'influence des faiföns. Prés de la rue Bardi, eft un autre Groupe éwalement de marbre, & du même maitre : il repréfente Ajax blefi'é mortellement^du coup qu'il s'étoit donné de défefpoir qu'Ulifle eüt obtenu les Armes d'Achille : On le (•■) II eft placé au-deffus.d'une Porte, & enfermé ( depuis quelques anuées) dans une efpece de Chafie vitree, ce qui aidera a le confervet plus long-temps. (**) Le Bufte i'Jt?/lrea iMSarto, eft placé fou_s le petit Cloitre; ce n'eft pas une merveilleiüe ehofe. 'lereneer %nr* J* 'Air un:iata, &e. Sic.  f)0 *Vo V7EAV V O T J G e- Florence: Galerie. Avis Otile (*) Cette explication nous paroit préféra-ij ble a celle qui trouve Ajax dans le Soldat cm- ;ji portant le corps de Patrocle. voit porté par un Soldat (*) : Ce Groupe ^ efl; très-beau. Galerie du Grand-Duc. Tl n'exifte jj point dans le monde de Colle&ion plus \$ précieufe quecelle-ci: Tout ce que la nature ;{? & les arts ont produit de plus digne d'éloges, |j| s'y trouve raflëmblé; & le nombre de tant de jij chef-d'ceuvres, efl: a peine concevable. Cette ': fameufe Galerie eft formée de deux ailes pa-I <{; rallèles qui ont environ 600 pieds de Ion-» (j gueur; elles fecommuniquentpar le cófé qui" i; f longe le Tarno; & ce dernier corps de bati-ln ment, donne une Facade fur le Quai de pres»] decent pieds de longueur. Le rez de chauffëe [ diftribue une Galerie ouverte & foutenudi | par des Arcades : Toute cette malle de batiment n'eft point fans mérite. C'eft dommage qu'un veftibule honnéte^J ne précède point cette intéreflante Galerie }BI le palier de 1'efcalier en tient lieu : On y aff t entaflë (plutót que placé) de fort beauxj|| Antiques; plufieurs Buftes; un G^diateurlj | de grandeur naturelle ; quelques Animaux jdi des Sarcophages ornés de fuperbes Bas*'"+| reliëfs; des Vafes, des Infcriptions, &c. ifi* Tl eft d'ufage de donner ici un zequin J |) j d celui des Gardes qui vous conduit: Si l'onm\ conftdère qu'il ne faut pas moins de neuf d dix féances ? pour parcourir avec quelquew* foin cette collection immenfe, on fentira il i  ejj Italië, O1 it ce n'eft pas trap fortement payer lest iines da conducteur : on eft libre d'ailleurs t revenir enfuite auffi fouvent quel'on veut: 2 NOUVZAV VotACrt ce Cardinal, qui apprend que Cofme III, |' Grand-Duc, a fait ériger ce monument a !B, la gloire de fon Oncle, & des beaux-Arts. % f Un renrre dans la Galerie : Si Pon re»' monte a droite vers la partie qui réunit les W deux ailes, on remarquera de préférence : Un Bufte antique d'Alexandre mourant, ji de la plus grande beauté. Ganimède; Statue grecque. La Chimère, en bronze : morceau étrufsBI' que, d'un fuperbe travail : ce morceau eft il unique. Une Nymphe blefiëe d'une épine au piedJjl.; jolie Statue grecque. Zéphyr careflant Flore ; Groupe antique/ i infiniment agréable (*). Une Vénus, d'une attitude entièremenw j femblable, mais beaucoup moins belle que i / celle (dite) de Médicis. Une Veftale, d'une rare beauté. Paris, tenant la Pomme. Hercule terraflant le Centaure NefTus jij Groupe précieux , mais dont toutes les réf^BI taurations ne font point également heu-|j? reufes. Mercure debout & appuyc contre un Tron'é i \ d'arbre; charmante Figure. (*) Nous ceifons ici 1'ordre dans lequel ces morceaux font placés : nous n'allons indiquet que ceux qui nous ont le plus frappés , & qui noua f ont été défignés, comme fixant plus particulièré^ 1 ment 1'attention des connoiffeurs. On trouve fur les lieux, un Cattilogue très-voi \t lumineux, & affez bien fait, de toutes les raretéSllt que contient cette inappréciable Galerie.  en Italië. $3 tEndymion mettant la main devant la Lu- m< M pourn'être pas offufqué de fa lumière. Ga '.Le Satyre Marfyas, attachc a un Arbre. liBacchus tenant une Coupe & ayant un june Faune a cóté de lui. 'Prométhée, tenant le Feu du Ciel. I Une Viétoire ; figure pleine d'énergie & k feu. I Une excellente copie du Laocoon; par mndinelü. Ce beau Groupe a beaucoup Hiffert dans le fatal incendie arrivé en 1763. Un Bacchus; par Michel-Ange. . Un Bufte de Brutus, par le mime. (*). Cabinet d' Anciennes Porcelaines s un y a rafiemblé tout ce que ce genre a pu iroduire de plus rare, de plus eftimé: des ■,rafes, des Jattes, des Plats & divers au;:es Uftenciles , uniques , peut - être, pour feur belle confervation & leur beauté: des 'igures , des Fruits, des Fleurs, &c. i Cabinet des Idoles. On voit ici une kollection nombreufe, & cboifie de Divijtités Antiques. en bronze , Égyptiennes, ktrufques, Romaines. Des Talifmans, Lam- I (*) Les cótés oppofés aux fenêtres, & ceux Sl retour font décorés par des Tableaux ; entre 'efquels il en eft d'un grand mérite. C'eft encre les Trumeaux & les autres Plains que l'on > placé (autant fymétriquement qu'il a été polïïble) cette nombreufe fuite de Groupes, de Stables , de Buftes , dont nous venons d'indiquer >es nlus parfaits, & les plus rcmarquables. florence:  Boren ce Ctórie. t)4 No urn au Vo yavt &■ : pes, Vafes, Trépieds; Inftrumens a 1'ufagedJt des Sacrifices , &c. On y rémarquera une Iff bien belle Tête d'Antoninde grandeur na-)* turelle: une autre de Tibère : une d'Anti-I nous; une troifième de Fauftine. Un Luftre iP d'ambre jaune, incrufté de petites FiguilS Ces d'ambre gris, d'un très-agréable travail. I Une Colonne torfe d'albkre oriental, haute 1° de fept pieds & demi. Deux Tables en mo- If faïque d'un fort beau travail. On a placé au-deflus des Corniches, fuf'l^: lefquelles repofe cette étonnante quantitéflf de bronzes , deux rangées de Tableaux; ijlvoici les plus généralement eftimés. Du Guide; un Tableau que l'on crbiBf repréfenter Armide ScTancrède : On y voit r& un Jeune-homme affis a terre & fouffrant; Ity une Femme eft prés de lui, debout, & ar- itjt mée d'un Dard. Le mauvais Riche , & le Déluge univer- lif fel; deux beaux Tableaux de Jacques Bajfarim\ Une belle Efquiflë; par le Titien. Une Sainte Familie ; par le Barrocci. mè Une autre Sainte Familie; par Andr&ê j| üd Sarte. ift Cabinet des Arts. Cette Colleclioïtlf préfente un nombre confidérable de Ta-ll bleaux des plus anciens maitres connus M\ regardés comme reftaurateurs de l'art, ou )k comme Chefs de diverfes Ecoles: il en ettM paf mi ces Tableaux d'extrêmement curieux.M Des Armoires d'un très-beau travail, ren- 10 ferment une infinité de morceaux exécutés li en ivoire, ambre, corail, &c... La beauté ! |  ÉXv- J'TALIÈ. SS i 1'exécution, & les difficultés vaincues, ht fouvent ici le principal mérite de tou^t; ces curiofités. Nous en exceptons pluiurs petits Bas-reliefs en argent, d'après JBoulogne, touchés de la plus excellente malire : Les connoifleurs les diftingueront bien. On rémarquera plufieurs fujets' traités e cire coloriée, par le Zummo : ce. mor-, érieurs. VDtKneller; une Femme qui préfente une lïïande a une Statue de Vénus. 'De Livonius; le Sacrifice d'Abraham. 'Plufieurs Gérard-Douw, des Alben Dru- f; des Mieris; des Olbain; des Luc Cranch, s Teniers; des Callot, &c. fee Rubens; Hercule entre le Vice & h j.prtu , repréfenté par Minerve , & PAjbur, fujet allégorique : bien compofé , S sjipérieurement rendu. LDu mime; Vénus & Adonis: „ L'Amoui Florence Galerie.  Horence Galerie. $G Nouveau Voyaqe : tire Adonis par la cuifïe, les Grices décou-tfj vrent Vénus ; 1'Envie retient Adonis par {j; fon vêtement; de petits Enfans jouenc aveci I fes Chiens & les tiennent en lelie " : c'eft:[[ une bien agréable, bien délicieufe Efqui^H . De van Dyck; le Portrait de Charles V%f| a cheval; & plufieurs autres d'un rare mér^H Une Armoire faite en forme de Bureau^m renferme une Horloge des plus curieufes I Ses Reübrts font jouer un orgue, & mou-u voir nombre de Figures. On doit remarquerltj le travail immenfe , ainfi que la richelïe k\ \ la beauté des ornemens de ce magnifiqujr. Bureau. Deux fuperbes Tables d'albatre orientalj ] décorent ce Cabinet; on a placé fur un&,!! un Vafe antique de même matière, dont l la forme eft infiniment agréable. II Cabinet des Mathdmatiques. Cetfiepl Collection préfente une fuite confidérable ■ d'Iriftrumens de Mathématiques, d'Aftrcwb nomie, d'Hydrolique, de Phyfique : deiffl magnifiques Globes, &c. ■ Cabinet de ÏHermaphrodite. La FiguwJ (Antique) qui donne fon nom a ce Cabinet^ i eft une eopie , mais copie très-précieufe , roi cellequeles connoifiéursadmirent a la ViM\ Borghèfe a Rome, & que l'on eftime êtiei . 1'original. Cette charmante Figure „ eft del grandeur naturelle, couchée fur un matelslH secouvert d'une peau'de Lion elle a tó» vifage & la gorge d'une Femme : lc fexe- .■mafculin eft marqué d'une manière fora; i PailLK. £  zn Italië* $j lutre fexe, n'eft que foupconné ; il paroït i ifteine. " Cet antique eft fort eftimé. < iDn ne doit point oublier de remarquer V, nombre confidérable de petites Statues e bronze & plufieurs en marbre , qui garden t ledefius des Armoires d'uncóté de ce 'crieux Cabinet : Ces Figures ont depuis 'i, jufqu'a trois pieds de hauteur ; il en « d'un très-grand mérite : les connoifléurs jdiftingueront fans peine une Tête de Safe, que 1'on dit être le premier ouvragc iti des mains de Michd-Angc. Une de ces Armoires, conftruite en forme c Médailler, renferme prés de quatre cents pits Tableaux en miniature: ils fervoienc jbrner la celluie du Cardinal Léopold dc ttditis, pendant fes Conclaves. C'eft une ( lerie portative qui réunit autant de cops des Tableaux les plus célèbres; on ne pit guères voir une plus jolie Collection. 3n conferve dans les autres Armoires bucoup de Deffeins originaux des plus g nds maitres : plufieurs de ces deffeins j. cés fous glacé , ornent ce Cabinet : üius en indiquons un de préférence par iichd-Angc. , repréfentant un Jugement «pier, d'une compofition toute différente I celui de la Chapelle Sixtine a Rome : 3ls Figures ont ici, a peu prés, trois pouces c proportion; c'eft un excellent morceau. On remarquera avec plaifir un Therme <: Hermès antique , Statue auffi rare que t ieufe (*). ' *) On a placéderricrelaportcdcccCa'jinet, Tome IJ. E 'lorenee ïaleric.  Florence : Galgrje. un Priape coloffal; il eft de marbre blanc, & de la hautcur d'une borne ordinaire : II n'exifte nullsi part une repréfentation de cette divinité, fous ua I type auffi oblcènc : ce n'eft point la Statue du DieuS j Priape, mais la repréfentation du caraétère diftmc- i liftte la virilitéjelle eft liabLtuelkment couvert»! $8 Nouveau Voyaoe CABINET dé Médailles. On fait monter a douze mille le nombre des Médailles, ' & a plus de treize cents celui des Camées & |' Pierres précieufes. Cette riche collection it: renferme des morceaux de la plus belle con- ! 'fervation & de la plus grande rareté. Ce Cabi- ;1 ïiet eft encore orné de très-beaux Tableauxj:j on en diftingue un, d'une trés-grande compó- -' fition, de Sturmann: il repréfente les FloBI rentins faifant un aéte de foumiffion a un 1 Médicis : Ce Tableau a beaucoup de mérite;!;I L'Ange prés du Sépulcre qui parle aüw trois Maries; & les Saintes Femmes allantd au tombeau : deux bons Tableaux de Pierre j de Corcone. Vénus qui peigne 1'Amour , figures de grandeur naturelle; par Gioda SanGiovani: penfée balie, mais rendue avec un pinceau aiif' 'mable & vigoureux. ', Cabinet d'Armes Antiqaes. Nous ne i ferons qu'indiquer cette curieufe colle&ion, 3 qui occupe quatre très-vaftes Pièces : il n'en j eft en Europe, aucune aulli complette. On a J joint aux Armures antiques de tous les Peu- i pies, quelques Armes modemes, auffi cuïieufes par leur méchanifme , que par la beauté & la richeffe de leur travail. M  £jv Italië. gcf Ca binet du\Tabernack. C'eft dans ce derlier Cabinet, que font dépofés 1'Autel & le abernacle deftinés pour la Chapelle fépul■rale a Saint-Laurent, dont nous parierons lus bas. Cet Autel, eft d'un bloc de jafpe e Barga. Le Tabernacle repréfente la Faade d'une Eglife (*) ; les pierres les plus ires & les plus précieufes, font prodiguées lans cette compofition, qui réunira (li elle [tjamais terminée) de très-grandes richefiës. ; Les Plafonds, tant de la Galerie , que des 'abinets que nous venons de parcourir, font eints, & par de bonnes mains : les fujets u'ils repréfentent font relatifs aux Sciences, ..ix Arts, ou allégoriques a 1'Hiftoire de la laifon de Médicis. La Tribune, eft de forme oftogone; 'le eft éclairée en lanterne par huit croifées tftribuées dans 1'attique. 11 eft dilficile de i défendre du fentiment de la plus vive ilmiration a la vue des chef-d'ceuvres que I: Pavillon renferme... Les fix célèbres tatues antiques, frappent d'abord. jl En commen^ant par la gauche, on trouve r Groupe des Lutteurs- Cette compofition t rendue avec une chaleur & une vérité .ü ne laillent abfolument rien a défirer. Le Fuune danfant, fe préfente enfuite; 2tte Statue, eft de la plus aimable exécu- (*) Le Deffein eft de bon goüt; mais les jmioïfleurs fe récrient contre ces fortes de conijiifitions : une Eglife, dans une Eglife, a certai'Tment du ridicule. II eft tant d'autres fujets de 'coration plus convenables & plus heureux. E ij Florence^' Galerie, rribuue»  Florence: Tribune, WO NOUVEAU VOYAVrt. tion ; il eft repréfente tenant des Gymbales f*( dans chacune de fes mains, & appuyant un i* pied fur un inftrument qui a la forme d'un i1 foufflet. E; La Vénus VitJrix, eft de proportion un IP peu plus grande que la naturelle; elle tient :» une Pomme dans fa main : Son attitude eft :k fimple, fa tête eft noble & gracieufe : pla- * cée dans tout autre endroit, on en faifiroit mieux tout le mérite. , La célèbre Vénus (dite), de Médicis, a i " environ cinq pieds de proportion; fon attij tude qui lui porte le corps un peu en avant f & lui fait plier le genou droit, lui óte \ quelque chofe de fa vraie hauteur. Elle eft IJ pofée fur une Conque marine : on voit fur lp le devant deux netits Amours & un Dauphin B fur le cóté. „ Êlle eft entiérement nue; fa | tête eft tournée fur 1'épaule gauche; elle porte la main droite au-devant de fon fein » fans y toucher, & de la gauche elle couvre ï d'une certaine diftance ce que la pudeur ne a permet pas de laifler voir. On ne peut ïmagi- j« ■oer une plus heureufe attitude, ni un plus * beauchoixde nature." Tout, dans cette :* Statue eft digne d'adroiration ; elle eft audeflus de tout éloge. >i'i J Uranit, ou la Vénus celefte, ou Venus I pudique, eft également trés-belle; placee ailleurs, elle captiveroitmieux, & plus longtemps 1'attention des Amateurs. Elle paroït ! fottir du Bain ; elle retient d'une mam la i Draperie qui lui couvre entiérement les jam- f bes & les cuifles, & porte 1'autre mam a : fes cheveux. Son air de tête a quelque )  E JV Ita l ie. 'f>i iofe de fublime, & fa draperie eft traitée F 1 Ia plus excellente manière. L'Efpion, ou leRemouleur Q'Arrolinoj: '.is connoiflëurs placent cette Statue entre I plus célèbres antiques qui foyent paffes ïfqu'a nous. II paroit moins s'occuper a 'guifer fon Outil, qu'a prêter une oreille (tentive a quelque entretien fecret qu'il rintérêt d'écouter : fon attitude eft auffi :nple que vraie : c'eft a tous égards un jorceau digne d'admiration. ([On a placé fur une Corniche qui règne itour de la Tribune, un nombre coniidéi:ble de petits Groupes , de Statues & de iuftes antiques de diverfes matières, & du Es excellent choix. Nous nous fommes artés de préférence fur un Groupe en marbre npréfentant le Sommeil; Hercule vainqueur /Anthée; le même vainqueur du Lion Néaéen; un Lion qui déchire un Cheval, &c. i,ntre les Statues, celle d'une Vénus imitée , e celle de Médicis; un Britannicus; un irphée; un Sylène, &c. Entre les Buftes, Éui de Marc-Aurèle, celui de Trajan; celui eTibère, formé d'une Turquoife oriëntale e prés de troU pouces de hauteur; celui .'Adrien, d'une calcédoine oriëntale blanhe, &c. i Le même choix qui a préfidé dans celui ses Groupes, des Statues, & des raretés me nous venons de parcourir, fe remarque ■galement dans celui des Tableaux qui font lacés dans ce riche Pavillon. f De Raphaal; deux Tableaux fupérieur;;. Un voit dans 1'un, la Vierge, le Jefus & E iij Florence: rribune.  hmm Nouveau Voyaoe Plnrenee : Tribune. (*) Ce dernier eft parfaitement femblable i ceux (également reconnus pour originaux) qui fe voyent dans 1'infiniment belle Colleétion du Palais Royal a Paris, & dans le PaTais du Gonfalonier de Boulogne : tous trois font également d'une belle confervation. le petit St. Jean; 1'autre repréfente St. Jean, dans le Défert (*). Du Titien; fa célèbre Vénus, que l'on appelle auffi fa Maitreflë, regardée comme fon chef-d'oeuvre. C'eft une jeune Perfonne; nue, de la plus grande beauté, & étendue: fur un Matelas. Son attitude eft fimple I Pair de tête en eft charmant; fon regard eft fin & voluprueux, & la couleur en eft : fi parfaite, qu'elle fait illufion : d'une maina elle tient un Bouquet de fleurs, & laifle:: tomber négligemment 1'autre fur ce que la pudeur couvre toujours : un petit EpagneuL, eft couché a fes pieds. Ce morceau ( de 1'aveu de M. Cochin~) eft digne de la plus grande admiration. On voit dans le fond du Ta--bleau deux Femmes, dontl'une paroit cher--: cher quelque chole dans un Coftre. Au-defilis de ce Tableau, on en a placé, un autre du même maitre; on y voit éga-lement une Vénus entiérement nue , ayant un petit Amour prés d'elle : Ce Tableau a, beaucoup fouffert : on y remarque moins de. graces, moins de chaleur que dans le précédent ; auffi 1'appelle-t'on la Femme du, Titien. Une Nymphe, ou une Bacchante vue parderrière , a qui un Satyre préfente une Cor-  'EN J TAL IE. 103 ile de fleurs : Superbe Tableau (*) d'Anrt,al Carrache. hu Correge:,, La Vierge agenoux,admirit (les bras un peu étendus) 1'Enfant Jeius i eftcouché devant elle.... CzTableau eft Ine fraicheur admirable ; on y voit une bauté d'expreffion, une tendrefle de fenc|ens qui pafte jufqu'aux fpeélateurs. II nxifte rien de ce maitre célèbre auffi bien cifervé." • jn Homme & une jeune Femme hfant a lllumière , & un Vieillard qui regarde rif-derrière : charmant Tableau de Skalken. Jn Concert, de Jacob Baffan. Jne Sainte Familie, par le Rembrand. M.gar répudiée ; par Pierre de Cortone. fjne Vierge ; petit Tableau d'un rare «rite : par Annibal Carrache. fjne Vierge ; par le Guide, dans fa manièn icieufe : il eft d'une belle confervation. TJne Cléopatre (**), par le même; dam imanière forte. fUneTête-de Vieillard; par Paul Vzronefe !üne Vierge ; cVAndrea del Sarto. Le Portrait de ce maitre, peint par lui j me. '*) Ce Tableau eft répété au palais Capo di lfll« a Naples; tous deux font reconnus pour iginaux. Ce maitre s'eft plu a traiter fouvent ce urne fujet; on le retrouve a Bologne, a Rome, i rènes, dans la même forme , le même ftyle , ïmême ton de couleur, &.c. Tous font du plus • en*1- 1 * E iv Florence: I'ribune.  io4 Nouveau Voyaue Florence ! Tribune. Du Parmegianino : la Vierge les mains te jointes , & 1'Enfant Jefus a cóté d'elle : W. délicieux Tableau. • |, Une Tête d'Homme ; par le Giorgion. I Renden d Cé^ar, &c. très-beau Tableau L de Micliel-Ange de Caravaggio. L'Yvreffe de Silène, & les trois Graces: deux charmans Tableaux; par Rubens. Une Adoration des Bergers; par van der lts Werf: les Figures ont un pied environ de kproportion ; c'eft un excellent morceau. , ,lg Une Jeune-Fille tenant une bougie allu- fc< mée ; par le Miéris; morceau précieux. fe Un Charlatan environné de Gens qu'il $ dupe : charmant Tableau de Gérard Douw. 3 Un Chrift en Croix , au bas de laquelle |i; font St. Jean & la Magdelaine ; par Mt-ilL chel-Ange. Du même ; une Sainte Familie de la compolition la plus bizarre : on y voit la Vierge |recevoir par-deflus fon épaule 1'Enfant Jefus 18: que St. Jofeph lui préfente (*). On rémarquera dans ce beau Salon , deux n\ vaftes Armoires : celle qui a la forme d'un \§ Tabei-nacle, eft de la plus riche décoration : || 1'or & les pierredes y font employés avec \\ une profufion furprenante : Les curiofités Ig qu'elles renferment, ne font pas moins pré-'|i cieufes. Le centre de ce Salon eft occupé par une ( Table de forme oétogone, incruftée d'aga-|| j |J (*) Ce Tableau n'eft point terminé; il eft or-Mf dinairement couvert d'une autre toile; lorfqu'on ji >eut le voir, il faut le demander.  en Italië. 105 t:s, de jafpe, lapis-lazuli, &c.. avec lef- fi oels on a repréfenté des fleurs , des fruits,r' c» oifeaux : c'eft une magnifique pièce. «Le Palais Pitti (*), réfidence ordinaire è Souverain , eft avantageufement fitué. iuncllefchi, en a donné les deffeins; mais llvant-corps extérieur du milieu & les deux des qui devoient s'avancer fur la Place , & tmer une avant-cour , ne font qu'indiaés; ce qui óte a eet édifice la grace & la ijefté dont il étoit fufceptible: Dans fon «it aftuel, il préfente une fagade d'une rfte étendue, mais exceffivement pefante : | y remarque néanmoins quelques parties 1 détail parfaitement bien traitées. .La Place quiprécède le Palais devroit être jüeux décorée ; on y voit une Colonne Itique de granit, ré'élevée pour perpétuer Imémoire d'une Viftoire remportée fur les fennois, par Cofmt Itr :Ce monument eft s plus médiocre. La Cour, eft ridiculement petite , & exiffivement fombre : trois de fes cótés font icorés de trois étages de Colonnes qui difibuent autant de Galeries ouvertes; elles reonferivent la Cour, & facilitent la coin(unication extérieure des appartemens. tLe cöté parallèle a la fagade d'entrée unne une décoration de Fontaine, dont la imfée n'eft pas fans mérite : On y voit un Ipïfe qui fait jaillir 1'eau du rocher ,& dans ;(*) Batipar Luc Pitti en 1460; & acouisdc s defcendaiis pai lc Grand-Duc Cofine I. Et srence : luis PittU  toS Nouveau Voyace Florence : Petnis Pitti (*) On fait remarquer aux Étrangers un petit monument de reeonnoijj'ance érigé par Luc Pitti a la mémoire d'une Mule qui lui avoit rendu de bons fervices dans 1'érect.ion de ce Palais : c'eft peu de chofe j auffi,- n'eft-ce que le vulgaire des connoirTeurs qui s'y arrête. On doit un coup d'ceil de préférence fur quelques-unes des Statues anti ques placées foos les Arcades de cette Cour: nous indiquons de préférence; un Hercule antique, tresbelle copic d.e celui du Palais Fainefe a, Rome. 1'enfoncement , une des Allées du Jardin .Boboli, dépendant de ce Palais (*). L'Appartement du rez de chauffée, eft auffi ingénieufement diftribué, qu'agréablement décoré: les Murs & les Plafonds font peints a frefque, & par d'excellentes mains, On voit dans le Veftibule, une aflez belle Statue de Bacchus, par Bandinelli. La Pièce qui fuit eft décorée de Tableaux; il y en a peu de fupérieurs. Le Grand Salon que Port traverfe enfuite, offre dix Tableaux peints 1 frefque par Gio da San Giovani, par -Ceca,. Bravo, par Qclavio Vannini, &c. : tous les; fujets en fontpris de laFable, allégoriquesa la Maifon de Médicis» C'eft dans une dernière Pièce de eet ap-, fartement que l'on a placé provifoirement la 'amille de Niobé, compofée de neuf Figures antiques*de marbre du premier mérite ; mais? qui ne font point toutes également bien ïeftauréesr elles ornoient ci-devant le Sa-1 Ion de la Villa Médicis a Rome. L'Efcalier qui conduit au premier étage eft médiocre, mais les Appartemens aux-r. quels il conduit > font fort beaux; on re-  E iv Italië. 107 ette feulement qu'ils foient fi mal éclai- fi 15 Les Plafonds font prelque tous de la jdn de Pierre de Cortone, & dignes de i maitre célèbre. Les fujets qu'ils reprehtent font allégoriques a 1'Hiftoire des fédicis. Le Salon, de tftnus, peut etre reirdé comme un chef-d'reuvre de compofiton: Celui d'Apollon, eft également tresfau ; mais celui de Mars , leur eft encore Ipérieur; les idees y font pétillantes d'enoufiafme & de feu: le Salon ètjupiter & ceJi tfHzrcule , ont moins de mérite, mais ils kèlent toujours le génie d'un grand homje , & le pinceau d'un très-grand maitre-. ii La Vierge & 1'Enfant Jefus, élevés fur ie efpèce d'Autel: St. Jean 1'Evangélifte (t d'un cöté , St. Francois eft de 1'autre; 5 Figures font de grandeur naturelle. L'on .jgarde ce Tableau comme 1'une des meiliLires produ&ions A'Andrea del Sarto. IDu Bourguignon; quatre fuperbes Batail3 (*) , peintes avec toute la chaleur & énergie qui caractérifent ce maitre: Les Fifires qui fe meuvent fur le devant, ont peuprès neufpoucesde proportion. I Les quatre Fins de l'Homme,par leCa\\\ier Naffini, très-chaudes de compofition,. ais rendues avec une touche fouvent molle indécife. Y*0 Gagnées fur les Siennois & lesPifans, par 5 Médicis. Les payfages font d'après nature y i repréfentent diverfes Vues de la Tofcane; 1 y voit entr'autres montagnes celle de Radico~ni, dont nous parlerens plus has. _ E vj orence :• liais Picti,  Florence : l'uiaii Pittii (*) » On prétend qu'Andrea del Sarto, copia ce Tableau li parfaitement, que Jules-Romain qui avoit travaillé a 1'original, y fut trompé, & pric fa copie pour 1'ouvrage de fon maitre. Nous aurons occaüon de faire reraarquer cette même copie." 10? NOUVEAU. VO X Aiih Dans la Pièce qui fuit: un Tableau de Luca \i Giordano, dont le fujet eft une Apothéofe: it très-belle compofition. De Salvator Rofa; St. Antoine combat- | tant contre un Diable. Deux Marines & ï deux Batailles du même. L'Adoration des Rois Mages, & une Ij Sainte Familie; deux Aflbmptions. Tableaux l Capitaux d' Andrea del Sarto. La Vierge & 1'Enfant Jefus, invoquésjl par St. Philippe de Néry ; par Carlo Ma- it ratti. Dans le Salon fuivant : Le Portrait dei I Léon X, peint entre deux Cardinaux; par t Raphaél (*). i| Plufieurs Portraits par le Titien; nom-ll mement celui de Paul III, fupérieur aux ,1 autres. Du Tarini; Adam & Ève, pleurant la il mort d'Abel; excellent Tableau. Du Guerchin; la Fraélion du Pain: Sc. 53 Sebaftien ; & le Satyre Marfyas écorché par' I Apollon : trois fuperbes Tableaux. W | Une Sainte Familie , Sce. Elifabeth faint Jean; par Rubens. Du même ; une Bacchanale: compofition : pleine de génie & de feu, & rendue avec le' ! pinceau le plus aimable & le plus vigoureux. Bh De Raphaêl; lacélèbre Madonna della I.  en Italië. 109 iEDIA : Les buftes y font traités de gran- l >ur naturelle , & la forme de ce très-beau ■ ibleau eft ovale. „ On ne peut rien de deux deffiné, 1'expreffion en eft admirable. "eft véritablement une des plus belles cho| qu'on puiffe voir de ce grand maitre. a Tête de la Vierge eft riante & fpmuelle, d'une fineflë de deflëin & d'une beauté Prnitables. La couleur en eft vraie & belle , 1 Enfant Jefus eft fort beau; ici Raphaél eft iblorifte dans un degré bien plus éminent iu'ü n'a coutume de 1'étre. ii y a un effet e lumière & des arondiflemens dans les Ibjets qu'on trouve rarement dans fes ou'rages : en regardant celui-ei, on ne fongc ,.as a y rien défirer; c'eft un objet d'admiradon." Ce' rare Tableau eft confervé fou; ffiace, & dans un cadre de bronze d'exceli>nr p-nut. Deux grands & magnifiques Payfages ;par 'Rubens. I Du même , un fuperbe Tableau; les Figures y font de grandeur naturelle :„ C eft un fajét allégorique. On y voit un Héros armé , tiré par la Furie de la Guerre ; il s'arrache des bras d'une belle Femme; une autre Femme qui porte fur fa tête une Couïonne murale , le pourfuit en jetant des iicris; plufieurs autres Figures renverfees; le 'Terople de Janus. Ce tableau eft d'une compofition très-poëtique, & pleine du plus beau feu; la couleur en eft admirable , ainli que le pinceau; la Tête de la Femme eft de. ;la plus grande beauté , auffi bien que toutes iles Chairs & 1'effct général, qui eft tres- 'lorencff : Valais Pita.  770 Nouveau Voyaoe Florence : fat ais Pitti, : piquant de lumière & d'ombre :" C'eft une :i- des plus belles produétions de ce maitre. . Du même ; une Sainte Familie; un faint Francois : deux bons Tableaux. De Paul Veronefe ; une Annonciation, & les Pélerins d'Einaüs : deux excellens Tableaux. Plufieurs beaux morceaux, par le Bajfan; de préférence,Moïfe dans le Buiflbn ardent, & celui oü Pon voit une Sainte paroiffant prier PAnge exterminateur. Du Tintoretto; la Reine de Saba en pré-, fence de Salomon, & une Vierge de grandeur naturelle : deux Tableaux fupérieurs. Le Portrait du Cardinal Bentivoglio ; par van Dyck. Plufieurs Portraits; par le Rembrand'. Une Vierge; tableau d'une grande beauté par le Correggio. Du même; la Vierge, 1'Enfant Jefus, St. Jofeph, le petit St. Jean , & Ste. Cathérine r charmant Tableau , & du plus bel effet. Du Guide; Une Vierge; une Cléopatre i tous deux dans fa belle manière* Une Vierge & 1'Enfant Jefus avec un An-ge; figures de grandeur naturelle : très-beaumorceau, par le Guerchin. Rende^ dCêz_ar, &c. tableau précieux» par le Titien, & fi bien confervé qu'il efl eapable de donner une idee jufte du mérite de ce grand colorifte. De Paul Vironefe ; un Baptêrae de Saint Jean : très-beau morceau. De l'Albano; une Sainte Familie : petit: Tableau d'un rare mérite.  EN ITALIZ. 1*' Les trois Parques; par Micliel-Ange. F lüne Danfe; par Jules-Romaln : les h\tres ont a peu prés vingt pouces de proItion; elles font nues : c'eft une excelnte chofe. , ' . T Du Giorsion; le Portrait ere Martin Lu■er • il y eft repréfenté en habit d'Aufftin: ayant a cóté de lui fa Femme , 8q ïuchant du Clavecin : c'eft un bon tableau. IDe Fra Barthulomeo della Forta(Ait de m Marco^; faint Mare : les'Figures plus andes que nature (*), Tableau capual. Nous ne poufferons pas plus loïn ce i;tail • il eft encore beaucoup de Tableaux ;un grand mérite, que nous n'avons pas u devoir noter, pour ne point trop groffir I mémoires; & auffi, pour laifler a ceux | en feront ufage leglatfe d'y ajouterlesar- < (-*) Le ftyle de ce Tableau eft auffi grand, auffi iaieftuèux que celui de Rapbaël; il eft excellem»nï deffiné, & d'une beauté de pinceau a laquéue Lhaël n'eft jamais parvenu. Ce Printte, contemvrain de Raphaël, fut fon maitre pendant que que • illui reffembloit beaucoup pour les quahtcs -es qui conftituent un grand Peintre , & lui étoit périeur pour le coloris : il femble qu',1 ne lui art unqué que les grandes occafions ou s'efttrouvé aphaël, pour lui dtfputet, & peut-Ètre, pour ™ enlercr le fceptre de la Peinture Les ouvrages ■ ce grand artifte font d'autant plus prccieux r lils font fort rares. On dit i Florence que u Mea* de St. Mare, « toütt trmt* mUh hvm \ Grand-Duc Ftrdinani 11 : c'eft véntablemenü !i des plus beaex foyent % Floreare. Idrencr t «/«ij PittL  Florence : Ptiiais Pitti (*) On en diftinguera quatre par Michel-Ange ; elles ne font malheureufement qu'ébauchées, mais déji de la plus étonnante expreffion. 112 Nouveau Voyahe . ticlesdont ilsjugeront apropos de Penrichir. Les Meubles qui ornent cette fuite d'Appartemens , font, pour la plupart, dignes d'être remarqués. On y verra des Tables de marbre de rapport de la plus grande beauté, fur lefquelles font placées des Urnes, des Yafes & autres 'curioiïtës du plus excellent goüt; plufieurs Luftres de cryftal de roche du plus beau travail ; des Bordures de miroirs traitées en bronze, & d'autres en argent, d'une perfeélion peu commune : une Baignoire fort ornée , faite d'un feul bloc de marbre vert antique : de fuperbes Candelabres, &c. Le Jardin eft peu vafte; on a tiré le meilleur parti poffible de 1'irrégularité du terrein : il eft décoré de quelques belles Figures. On y rémarquera de préférence, un Bafïïn de granit d'une feule pièce ; de. prés de 25 pieds de diamètre, au milieu duquel s'élève un Neptune, figure coloffale accompagnée de trois Fleuves (le Gange, le Nil, 1'Euphrate), qui répandent leurs eaux dans 1'Océan. Cette compofition eft très-bien, & fait Péloge du génie, & du cifeau de J. de Boulogne. Attenant le Palais a gauche ( en s'y préfentant du cóté de la place) , eft une grande Grotte, remplie de Jets d'eau & ornée de Statues de différens maitres (*) : On y  ES /TALIE. "3 ie encore*un Neptune; celui-ci eft en fonze, de proportion coloflale, & de 1 exe«tion de Laurmxi : Les Monfttes matins Öuffi de bronze) qui ennchiflent cette comïfition , font fupérieurs a la Figure domilnte: le tout enfemble offre un coup d'ceil i n'eft pas fans mérite. JSan Laurenzo. Cette Eglife, préfentï insfon intérieur une diftribution fage , & i fort belles proportions dans fes malles. ; le eft décorée de quelques Tableaux que s Amateurs recherchent. Les Bas-reliels i bronze qui ornent les Chaires a precher, Ét du DonateUL .On en eftimel'execution. Mais ce qui attire particulierement ici les >nnoiffeurs, les vrais curieux, c.eft la Lha>lk (dite) des Princes (*), & celle de$ fidicis. La première eft conftruite d'apres !S defleins de Michel-Ange : deux Tomeaux de 1'exécution de ce grand homme, •appent d'abord. Celui a droite eft de Juen de Médicis; il y a repréfente ce Pnnce 'une manière qui le caraétérife; le Jour & ! Nuit font a fes cótés : ces deux dermeres 'igure* ne font point finies. Le Tombeau gauche, eft celui de Laurent de Mcdias; 1 y eft repréfente couché : L'Aurore & le ;répufcule ornent fon Sarcophage : ces derrières Figures ne font point non plus terninées(**> On voit dans cette même Uia- I (*) On 1'appelle également la Sacriflie twuvtllc. (**) Si dans leur état aduel ces Figures font, mvxyeux des connoiffeurs, dignes d'admiration, Fiorcncé ï Valais Pitti, San Lraireazo.  Florcncs: San Laurer Zo. 114 Nouveau Voyage pelle' une Vierge tenant 1'Enfaht Jefus en^ .M " tre fes bras, également non finie, de eet irrw | mortel Artifte : c'eft 'une véritable perte 1 pour les arts. La célèbre Chapelle (dite) des Mé-.. Ik ditis (*) termine le chevet de 1'Eglife avec "fe laquelle elle communiqué au moyen d'une, ff. très-grande Arcade. Le plan de cette Cha- it pelle eft un octogone de prés de 90 pieds de \ diamètre, fur environ 120 pieds de hau^ f teur fous voute. Aucun ordre d'Archite&ure, ne la décore; on y a diftribué des Panneaux I en forme de pilaftres , revêtus par compar--,.;'m timens, des marbres les plus rares & les plus/i ffli précieux. Cette décoration offre certaine-* m ment 1'idée d'une grande richeffe ; mais elle manque a 1'ceil des connoiflëurs de cette nobleffë, de cette virilité que lui eut impofé un ordre déterminé D'ailleurs ces différens marbres donnent une décoration trop gaye, trop agréable pour une Chapelle fépulcrale. On critique encore Pextrême petitefle des croifées, ainfi que celle des Niches. quelle impreflion n'euïfent-elles point faite, li Brlichel-Ange les eut portées au point de perfeétion eü lui feul pouvoit arriver ? Dans une Chapelle qui fuit, on rémarquera plufieurs Tombeaux moins grandement compolcs que les précédens, mais ornés de fort beaux bronzes. Les Statues de même metal placées dans I les niches font du Uenatelli. Le Bas-relief qui V décore 1'Autel , eft eftimé; il eft de Brunellefchi. jtm (*) Elle a été commencée en 16ó4, fous le m Grand-Duc Ferdinand 1. II eft probable qu'elle li ne s'achevcra jamais. • '^b'  EN ITALIS.- I'S [ais on quitte bientöt ces'petits détails F Mjr' ne s'occuper que de 1'examen des fix & Vèteaux qui ornent cette ïiche Chapelle : ü] lsfont exécutés d'après les deffeins de bi Whd-Ange , & placés au-deffus du fou«ment dans fix des Pans de Poctogone. me peut rien de mieux penfé, & (dans eè genre) ce font autant de chef-'d'ceurl. II y en a quatre de granit égyptien, icjieux de granit oriental : deux de ces rhbeaux font entièrement terminés. Un :|ffin de jafpe fanguin fupporte une Cou•cfie que Pon affure être d'or maffif: Pun fcjautre font enrichis deperles, de topazes , Haéraudes, d'agathes, & d'autres pierres l|euies. ' les Niches pratiquées au-deffus de ces "iffombeaux, font traitées en marbrenoir: jrroit dans quatre d'entr'elles les Statues jmronze de Cofme , de Francois, de Ferihnd I, & de Cofme 7/,Grands-Ducs(*). 'ia Bibliothèque de cette maifon, eft cél'èj e pour le nombre & la rareté des MaIcrits que Pon y conferve. La Galerie d|i laquelle elle fe ;développe , joint 1'Eglj:; Pefcalier par lequel on y parvient a blicoup de nobleffe : auffi Pun & Pautre ol- ils été élevés fur les deffeins de Michtl s.fce ; Pempreinte de fon beau génie fe rrbtre ici bien fenfiblement (**). ^ " p) Les Effigies de Fcrilinand II & de Cofme III, nfont point encore pofées. L'attique eft encore èrfvêtir; la Coupole a peindre ; le Pavé a faire. ÉtfA-utel a finir & placer , &c. 1**) Nous indiauons tout d'une fois les £*- orence : n taureh., IJibHoèques puicuios..  ll<3 NOVrSAU VOTAGE Florence: Santa Mari; Maddelena de 1'azzi, Sta. Croce Bibliothèques publi ques. Santa Maria Maddelena- de Pa^i ; m 'Eglife de Carmélites. Les amateurs de»[]]; beaux marbres en remarqueront ici d'extrê-: [ , mement rares & qui y font prodigués ; \jt particulièrement dans la Chapelle de la I Ste. Titulaire, qui d'ailleurs eft d'une com- (b pofition fatisfaifante. Santa Croce; Eglife de Francifcain!.;j|; Le vaiffeau eft d'un beau vafte, mais mal (fc éclairé. On remarque au-deflus de la princSll pale Porte d'entrée, une fort belle Statut^ i ce Hiothèques, qui, après celle-ci, méritent d'être'St; Techerchées. Celle (dite) Magliabtchi, nom de j* fon premier poffefTeur , eft ouvcrte au public j trois fois la femaine : elle eft volumineufe, ckoi-.., fie, fort eftimée. La Bibliothèque des Mqrucelli (nom des deux .! Florentins qui Font formée) eft également pu-l| büque les trois autres jours que la précédent*!?( refte fermée : on dit celle-ci compofée de trente(f mille Volumes; pour la plupart Ouvrages anciens, ► & fort rares. Celle des Francifcains de S*e. Croix; très-richeii en Manufcrits. Celle particulièrement deftinéeii'ji 1'ufage des Mêdecins, fituée dans une desGale-; « rics de 1'Hópital général, appelée Santa Mariêu Nuova. Celle du Palais Pitti, peu nombreufe, maisii d'un excellent choix. Les favans ont, outre cesj reifources générales , la facilité de pénétrer dans t11 les Bibliothcques particulières , & il en eft beau»; f coup a Florence de très-curieufes : leurs poflef*: 1 feuTs font auffi acceffibles qu'honnêtes; iln'eneftf jiulle part de plus communicatifs.  E N ITALIË. l'7 t bronze, repréfentant St. Louis, Evêque; es eft du Donatello (*). La Chaire a prêcher eft de marbre ; on y marquera quelques parties de Sculpture frérieurement traitées. Le Tabernacle&u nitre-A.utel, eft un préfent du Grand-Duc Unie II; il eft digne par fa richefie de la iinifkence de ce Prince. La Chapelle Nicoli, eft très-belle & richement décorée; «e mérite d'être vue. Les cendres de 1'immortel Michel-Ange, pofent dans cette Eglife. On a placé auËbs d'une Urne fépulcrale, le Bufte de Pt incomparable Artifte : au bas font trois ktues repréfentant la Peinture, la SculJure, & l'Architeéture en pleurs. Trois I fes élèves les plus célèbres, fe font emleffés d'y travailler. _ ' On a élevé en 1737 , ™ Petlt Maulolee, 1 la mémoire du célèbre St malheureui lalilée (**), dont les dépouilles mortelle iflent fous le premier cloitre de cette mai- ï*) Nous omettons a deifein plufieurs bon» ableaux qui embelliffent cette Eglife : les plus ^icimés font du Vaffari, du Salviati, du Cigoli, _&c. tous LE jiÉPÉTONs; nous ne notons ici , ■ie ce qui eft le plus généralement applaudi öc fcherché. ff**) Ses connoifiancet relevées lui firent les i.us arands ennemi» : On fait que l'Inquifition l; contraignit d'abjurer fafcience, qu elle.teardoit comme mie hérélie, paree que fes MiTtrcs n'y comprenoient rien." Sa vie tut long|mps en danger, il ne recouvra fa liberte que Lr une forte de miracle. 'lorer.ce : ian'a Cro:e 9 Tw.btau U Michel\nge.  f iorence ! 'Tombeau , Galilée, Viaza dit Pazzi, Eglifes.' (*) ■>■> C'eft dans cette maifon que demeuroit le fameux Jérdmt Savanarole, Dominicain, qui ■ fut pendant quelque temps 1'oracle de la république de Florence : mais ayant étéinterdit & ex- irS Nouveau Voyage fon. Le Bufte de ce grand homme, efl iö'1" "placé entre 1'Aftronomie & la géométriejJ' Ces deux monumens arrêteront peu , mais^ on fe reprocheroit de ne les avoir point 1 vus. 1 La Bibliothèque de cette Maifon eft très-:ta •volumineufe, & fort eftimée des favans. fff La Place qui précède 1'Egl i fe de Paul, * eft la plus vafte de Florence; elle eft décrj- \\} rée en portiques ouverts, comme celle dè'f la Nun.zj.ata: les mafques s'y raflèmblent ^ en plus grand nombre qu'ailleurs, en temps de carnaval. 'k L'E glj.se de \'Annun%iada, eft com-ff fne les précédentes, exceffivement ornée; p les curieux y font attirés par la Coupolt, f peinte par Daniël Folterre ; c'eft véritable- V ment dans fon genre un beau morceau de|' peinture. II ne faut point fortir de cette Eglife,, W fans jeter un coup d'ceil fur le Maufolée it \ Jean deBoulogne , dans la décoration duquel V on a fait entrer plufieurs Bas-reliefs de ce V maitre célèbre : ce n'eft pas au total une r fort belle chofe. Eglise San Marco, defïervie par des f Dominicains (*). La Chapelle de St. Anto- f  en Italië. 119 T3 eft d'après les deffeins de Jean de. Boulo- f la Statue du Saint titulaire, eft de Ia | nin de ce maitre, & lui fait honneur. ¥ •Les Tombeaux de Jean Pic, comte de la Irandole , & celui A'Ange-Politien , ajoutit peu a la décoration de cette Eglife : celques Tableaux du Paffignani, de Fra krtholomeo , &c. arrêteront de préférence '.lal du connoiflèur. :Le vafte & la fierté de la conftruétlon de 'Hglise San Spirito , y attirent les ama•fcrs : ils s'arrêteront également fur quel«es Tableaux du PaJpgnani;A., font ici en trés - grand nombre ; la Lpart fort-riches & fupérieurement bien •fminiftrés. Nous indiquons de préférence iiui de Santa Maria Nuove , dont les 4timens font vaftes, & de bon goüt: il la été établi une École de Médecine , une tnmunié, par le Pape Alixandre VI, pour avoir ïfuré trop libTement les viees de la Cour .da ime, il fut traité comme un hérétique & connnc k être pendu St brfelé enfuite : jugement Jiel qui fut exécutc le 23 mai 1498. Savanatole I)it alors agé de 46 ans. Avant fa mort, il fut •oncilié avec 1'Eglife, on lui adminiftra les jréra'eiis.... Le Pape même lui avoit accordé ''e Indulgence plénière, mais a condition qu'il :oic exécuté. orencs: !tl Mavco, in Efprito, öpitaux.  Florence: Ecolcs ie Mëdecine ile Chirurgie ,Unive: TABKiCAdegli Uffic. Ce batiment eft d'un 5 excellent genre; il raflèrnble différens Tri- pi bunaux ; la Bibliothèque (dite) Magliabec- |, chi, & les Atteliers ou fe fabriquent lei divers ouvrages de mofaïque de Florence. |;( A peu de diftance de la Place du vieux Palais, on rémarquera un batiment extraor- , dinairemenc orné appelé or San Michele, conftruit, dit-on , dans fon origine , pour fervir de Marché couvert, & depuis converti en une Chapelle. L'intérieur n'offre rien d'intéreffant (nous entendons du cóté des arts): L'extérieur comme nous venons de le dire plus haut, eft furchargé d'ornemens. L'ordonnanee totale a peu de mérite, mais dans le nombre de Figures de bronze I; & de marbre qui y font prodiguées, on en f trouverad'excellentes :dece nombre, eftun r St, Georgeen marbre par le Donattlli, & un | St. 8 ito Nouveau Voyage de Chirurgie, une Bibliothèque, &c. La \% Chapelle de cette Maifon , eft fort ornée; , ' on y rémarquera une Defcente de Croix par U •- le Bron%in, Tableau fort eftimé. L'Université eft un batiment fort vafte, mais qui n'a guères que ce mérite: on ^ peut voir en même temps le Jardin Bota- u; nique ; il eft parfaitement bien tenu, & cu- w rieux. LJ'Académie d'Equitation; celle pout |t tirer des Armes, &c... eft très-bien fituée, & eet établiflement a beaucoup de mérite: on fait Péloge des Profeffeurs & des mai- j&> tres de différens genres que le Souverain y 1(]t entretient.  ,JSJV Jtalis. ut ,. Luc enbronze par Jean de Bouhgne, &c. ', Quatre Ponts facilitent la cömmuniKion des deux parties de la Ville, que VArno mate. Le Pont Vecchio (*) eft couvert de itimens la plupart occupés par des Orphé[es. Le Pont San Efprito, eft d'une fort '11e conftruction; il eft décoré a fes extrê:ités par d'afiez bonnes Statues en marbre Iti repréfentent les quatre Saifons : la plus ingue rue de Florence y aboutit. On voit ■ la Place qui précède ce Pont une fort ii//e Colonne (**) de granit oriental, d'orle Dorique, fur laquelle eftpofée une Statue t la Juftice en bronze : elle eft coloriée ; jn ,ce nous femble, n'eft plus contre le bon ' iüt, que cette trifte enluminure. ILe Marciié-Neuf eft orné d'uneFontai, dans la compofition de laquelle on a fait , itrer une belle copie en bronze, du Sanfier antique qui faifoit partie de la belle bllection de la Galerie des Grands-Ducs, (*) C'eft au-defTus de ce pont que pafl'e la alerie couveite qui communiqué du Palais Pitti t i; vieux Palais : cette Galerie n'a pas moins de o pas de longueur. (**) Cette Colonne-ci, fervoit, dit-on, aux irmes de 1'empereur Antonin a Rome, d'ou e fut tirée & envoyée en préfent au Grandïc par le Pape Pie V. On rencontre fréquemment (.ces Colonnes a Florence : indépendamment de .le élcvéeprès dü Palais Pitti, on en rémarquera e troifième fur ia place du Vieux-marché ,fur la' elle eft placée une Statue de 1'Abondance, mais hte Colonne & cette Statue, ont peu de mérite. TFome II. F Florence t Ponts, C< lonnes , MarcbcKeuf.  Florence y»lais. nz Nouteav Voy act. ■. dont 1'origmal a péri dans Pincendie arrivé en 1763. Orï rémarquera fur la Place San Lauren%p< un Piédeftal d'une belle proportion , bien profilé, & décoré de très-beaux Bas-reliefs, par le Bandinelli: Ce piédeftal devoit recadj voir la Statue équeftre dejtan de Medias. . LePALAisCori?/ii, eft d'une architeéture. étrangère & peu commune a Florence : elle fait bien dans fon total, & elle donne une| aflëz belle facade fur le quai. L'interieur eft, fort orné & l'on y conferve une riche Col-| ieclion de Tableaux : on cite de préférence ;1 La Magdelaine chez le Phariiien aux piedtó du Sauveur-; St. Valentin mourant; le Combat d'Enée & de Turnus : trois beaux la-1 bleaux de Luca Giordano. . j St Tean prêchant dans le Defert; Venus & 1'Amour pleurant Adonis: deux Tableaux-, fupérieurs d'Jnnibal Carrache. Deux Payfages & deux Marines de Salvo-, tor Rofa. , , Plufieurs Tableaux (dont on a perdu les notes)de PAlbani, de Carlo-Maratti, du Bronfin , du Cignani, &c. Le Palais Ricardi, eft conftruit en partie fur les defleins de Michel-slnge; te caraftère en eft male & fier, mais Pceil des-; connoiffeurs y rémarquera des incorreéhons & des licences, qui déparenr. cette compofition, La Galerie eft riche & «neme,; moins par le nombre que par le choix des rawtés qu'elle renfeime. On y voit quelques  e n Ir a lie 123 aaques de marbre & de bronze, des Camées ilne grande beauté , une fuite de MédailB, &c... Les Tableaux les plus remarquaUls font! |Jne Femme qui plume une Volaille *, par l\Rembrant. ÏL'Amour dans la Boutique d'un Chaudronflr (*)•; Tparjacob Bajfan : Un Garcon yt le chaffer a coups de houffine, & la Imme du Chaudronnier s'avance pour lui dtiner une claque fur les feftes : c'eft vraiflhblablement Vénus dans 1'Attelier de tlcain. ;La Sortie des Animaux de 1'Arche de We ; du même. iJn Combat fur un Pont; par le Bourguigpn, & plufieurs autres du même maitre. JÜn fuperbe Payfage de Claude Gellé, dit ULorrain. L'Enfant Jefus & St. Jean ; par Rubens. Quelques Teniers ; des Pitre Nef; des 1-gheim ; des Ruifdall ; des Wourerjins, &c. Le Palais Strooi , peut être regardé cmme le meilleur édifi.ee dans le genre tofoi : fes malies font belles & majeftueufes, «'on y remarque des parties de détail trairJs dans les proportions les plus fatisfaifttes (***). ;*) Voy. ci-devant page 9. • r**) Voy. page 6a. ■'***) Le Palais AmaWi, eft moins re très-beauxJardins, & de plantations d Orangcrs, ft de Citronniers, &c , &c. La maifon eft ornee de | plufieurs bonnes Statues antiques & modemes , l qui méritent 1'attentien des amateurs. Les curieux, qui ne veulent non perdre, ne l fe difpenfent guères de voir la Maifon Buonarott; I elle a été conftruite, & » appartenu a 1'immortel | Mi eb el-.1 u ge.  zn Italië. 123 lijardin Boboli (appelé Santa Maria in È.vedere~), eft moins confidérable encore. ïjferoit facile de faire de ce dernier fort, u excellent pofte. \ peu de diftance hors la porte St. Gal, Sur la belle route qui conduit a Bologne , qa élevé en 1739 , un Jlrc de triomphea iixafion de 1'entrée dans Florence de ljmpereur Francois Ier en fa qualité de Gmd-Duc. Ce monument a fes admiratirs, comme il a fes critiques. En s'avancant(de ce cóté)vers lacampagj:,.on rencontre des Promenades charmants, & qui mériteroient d'être plus fréquentjs. La Fagaloggia, fituée hors la porte d Prato , eft un très-ngréable jardin , akrtenant au Souverain, qui en permet lptrée au public. Chartreuse , attire- les curieux, itins par la beauté "de fa conftruftion (font 1'époque eft des plus ancienne) , que p le vafte extréme de fes Cloitres ; pai cjplques bonnes Peintures qui décorent 1'Egfe & plufieurs des Salles de la maifon; Sparee que le chemin qui y conduit, dpne une promenade fort agréable. Jues Terraflés du Couventdes OlivétainSj flées hors de la porte San Frediao, fourrlént les points de vues les plus riches, Ses plus variés: la Ville s'y découvre le ris avantageufement; c'eft même le feu] elroit d'oü elle eft bien vue. ; i'oggio Imperiale , maifon de plaifance F iij Florence: Are de triomphe, Promenades , Vagaloggia,Voggio Imperiale.  Fiorïnce. Rutttl it Florence i Rome, ft Sienne Si Viterbe. 126 Nouveau Voyage appartenant au Souverain, & fituée a un peu plus d'un mille a partir de la porte Romaine. Le batiment n'a rien , extérieurement de fort remarquable, mais les dedans font d'une belle diftribution & fort ornés ; les meubles décèlent le goüt & la magnificence, On y rémarquera une infinité de curiofités de tous genres : des Tableaux de grands maitres , & des morceaux de Sculptures du pre? mier mérite. Les Jardins font fort valles, très-ornés, & d'une bonne diftribution : le chemin quiy conduit, eft parfaitement beau. Il eft peu d'étrangers qui ne fe plaifent i Florence. Le ciel y eft communément trèsr beau , & les grandes chaleurs y font plus fupportables qu'en aucune autre ville dTta* Iie : le voifinagedes Apenins, lui procure eet avantage. Le fol y eft excellent; on y cultive les Légumes, les Fruits, les Fleurs , avee plus d'art, de foins & de fuccès. Les Loge> mens font peu chers, & la vie peu frayeufe. Le ton de la fociété, eft tel qu'un étrangey peut le défirer. Les reflburces contre 1'ennuj y font plus variées qu'ailleurs: il eft rare que la Ville foit abfolument fans fpe&acle ; ij y féjourne fréquemment des Virtuofes; de^ Troupes ambulantes, &c. qui diverfifient la fcène , & la rendent d'autant plus agréable. O N compte 23 poftes de Florence a Rome. 1 Cette route traverfe entiérement les Aper r nins, conféquemment elle eft fort montueufe; d'ailleurs afléz bien entretenue. De Florence a Sienne 011 traverfe une campagne  en Italië. 127 feöplée, riche & bien cultivée : le chemin siemw. :ft, jufqu'ici très-bon. \ SIE N N E (*), Ville fort ancienne, aurefois très-peuplée; long-temps la rivale le Florence & devenue fa fujette a la fuite le très-longues gnerres (**). La Cathédrale 'il Duomo) , quoique de conftruétion gothi|ue, eft un des plus beaux édifices de ce genre (ui fe voyent en Italië; on lui donne 300 üeds de longueur, fur prés de aoo de lar;eur. L'extérieur & Pintérieur font revêtus 'le marbre par affifes alternées noir & blanc, lans le goüt de la Cathédrale de Florence. Le Portail a quelque majefté ; dans fon otal il fait bien. Les Colonnes qui foutienïent la Voute de la grande Nef, font de narbre, & font un bel effet. La Coupole ■'élève avec dignité; elle eft foutenue par le fort belles Colonnes. La Voute eft enièrement peinte en azur & femée d'étoiles :n or. Le Bénitier eft formé d'un Vafe antime , orné d'un Bas-relief fort eftimé des ionnoiffeurs. Le Pavé de cette Eglife eft traité partie i:n mofaïque & partie gravée en clair obfcur; selle-ci eft d'une beauté rare, & les ama;eurs regrettent le dommage continuel & rréparable que recoivent d'auffi excellente» l (*) ChezMoncène, bonne Auberge. f**) Quelques Auteurs modernes affuretit i[ti'elle renferme encore dans fon enceinte quinze feize mille ames. C'eft beaucoup, on ne lui en ibupconncroit point la moitié. F iv  128 NOVTVAU ToYAdlL (*) En général toute cette décoration eft ex-i ceffivement riche , mais on voudroit trouver dans; fes mafles plus de repos & une moins grande prodigalité d'Ornemens. 'La Chapelle St. Jean, eft décorée d'une,;; figure en bronze d'un fort bel effet, rcpréfentao^ le Saint Titulaire, par le Donatellg. chofës : On a couvert de quelques pknches la partie du Chceur la plus prés du Sanctuaire, afin de la conferver entière un peu plus long-: temps :'ony remarque entr'autres Gravures , le Sacrifice d'Abraham, le Paiïage de la mer Rouge, le jailliflément d'eau du Rocher, &c... Ces morceaux font aflurément dign.es d'admiration pour lajuftefle & la fierté du defiéin : Les Têtes ont une ' vérité d'expreffion, comparable a ce quer l'on juge de plus eftimable dans Raphaél. La Chaire oü fe lit 1'Evangile, eft formée de très-beaux marbres; on rémarquera des Bas-reliefs d'un grand mérite , qui ornent la Rampe de 1'Efcalier. La Chapelle Chigi, eft décorée d'après. les defleins du Cavalier Bernini; elle mév rite d'être vue. Son plan eft de forme octogone. Les Figures de St. Jéröme & dé la Magdelaine , Ifont de ce célèbre artifte: la première eft dïune grande beauté ; la feconde laifle peu de chofes a défirer. On remarque dans cette même Chapelle , deux' bons Tableaux de Carlo Marutti ; 1'un repréfente une Vifltation, 1'autre une fuite en Egypte (*)•  en Italië. 12$ On a placé fur la faillie de 1'Architrave de la grande Nef, une fuite de Buftes des Papes , qui fe termine a Adrien IV (*): tes buftes font d'un travail aflez médiocre: Les Figures en marbre placées contre les piliers de la Nef, ont plus de mérite ; celle du Pape Alexandre VII, eft du Bernini. II faut fe fairemontrer un ivès-joli Groupe Wntique de marbre, confervé dans une Salie voütée attenant PEglife appelée la Biblioihèque (**). Ce Groupe repréfente les trois Graces; il eft ingénieufement penfé, & de 1'exécution la plus fatisfaifante : c'eft dommage qu'il foit aufii cruellement mutilé. L'Eglise de St.Jean, plus connue fous le 1 (*) On-y voyoit autrefois, celui de la {-pré-.endue) Papefe Jeenne, que le Grand-Duc Feriiuand /«* fit enlever en ióoo, a la prière du ?ape Clément VIII. On mit en place le Bufte 1'un Pape Zacharie, aifez peu connu Ces '3uftes font au nombre de cent foixante-dix. (**) 5' O" y a confervé long-tcmps beaucoup le Manufcrits précieux a 1'ufage. de 1'Eglife dé -sienne Tl n'y refte plus qu'ün petit nombre le gros volumes de Chants, cents fur vélin, rès-bien notés , peints & ornés de lettres grifes, :uls de lampes & vignettes en miniature, de belles :ouleurs, & enrichies en or 11 y a de la pro- ;jreté dans 1'exécution, mais peu d'iutelligence ■j Ie deflëin. Ce qu'il y a de plur curieux dans cette ;;nême Salie, font les dix 'èrends Tableaux peints 'i frefque, & qui repréfentent la NaiiTance & la Vie llu Pape PU ït. Ces peintures font de ia plus belle joonfervation. Pitrre Perugiu, le Pinturrchio, 8e laphaël, y ont travaillé." Sienne.  p Sienne : Pa luis Ducal Ëflifes. (*") On remarque prés du grand Portail de la Cathédrale & ailleurs, la Louve alaitant Rémus & Romulus traitée en bronze : ces monumens font peu de chofe. (**) On voit dans celle-ci un Tableau peint dans le commencement du treizième fiècle paf Guitlo Siennois : il y a repréfenté la Vierge tenant 1'Enfant Jefus entre fes bras. Si Fautbenticité de ce Tableau n'eft point conteftée, elle öteroit au Cimubrie la gloire d'avoir été le reftaurateur de la peinture en Italië, puifque celui-ci n'eft n$ que vers Fan 1240; auffi les Siennois tirent-il$ yanité de la poffeffion de ce Tableau; qui n'a poujr lui que le mérite de fon antiquité. (***) Entr'autres Tableaux qui ornent cetta Eglife , on doit remarquer une copie debonne main du Tableau célèbre de la Communion de fain? Jéróme, par le Dominicain. „ 130 Nouveau Voyage ■ nom du Baptiftère, eft un édifice de forme > oétogone, revêtu de marbre, dans le goat de la Cathédrale : le dedans eft fort orné, mais mal éclairé'. La Voute s'élève lourdement, & au-dehors, elle pyramide décidament mal. Le Palais du Grand-Duc, forme la principale décoration de la place de.la Cathédrale : cette décoration & cette même place , ne méritent qu'un premier coup d'ceil ('*). Les autres Eglises de Sienne, les pki3 remarquables, après la Cathédrale, font, celle des Auguftins nouvellement reconftruite ; celle des Dominicains (**); celle des Francifcains; celle de San Quirico; celle de San Girolamo (***), &c. &c.  en Italië. '3' Piazza del Campo , la feule Place que! 'on trouve a Sienne. Son plan eft des plus; inguliers : on y croit reconnoitre la forne d'une large coquille : onze Rues y aboutifient: elle eft décorée par une Fontaine furchargée de petites Figures en marbre & de bronze, d'une affez mauvaife exécution: 2'eft fur cette place, qu'eft fitué le Palais de la Seigneurie; vieux batiment de peu de mérite , dans lequel cependant les curieux £qui ne veulent rien perdre) , vont cher:her quelques reftes dé peinture a frefque , qui décorent plufieurs des Salles a 1'ufage de la Magiftrature. La Tour qui tient au Palais , donne par fa haute élévation une vue qui domine la ville, & qui s'étend au loin dans la campagne. La Salie dtSpeclacle , eft peu vafte, mais crès-proprement décorée : elle n'eft occupée que pendant la durée du Carnaval. Le chemin de Sienne a Ponte Cenüno, eft beaucoup moins agréable que le précédent ; les montagnes y deviennent fréquentes, & fouvent pénibles, la Campagne que l'on traverfe eft également trifte , pauvra & prefque déferte: on ne voit des terres un peu cultivées, qiVaux environs des Böürgl & Villages, par lefquels ce chemin fait paflér. Buon Convento, eft un afiéz grosBourg: on a traverfe avant que d'y arriver plufieurs ruifl'eaux & torrens d gué, qui, dans ie temps de la fonte des neiges, ou immédiatement après de fortes pluies, font diffieiles & même dangereux a pafier. II eft pruF vj iienne : Piazza del Campo, Pafais dela Seigneurie , Buon Coavento.  / j2 Nouveau Voya g e Radicofani. i Avis intérefi'ans, ( t t i i t f t i t t i ƒ l ii e) , dent dans ces circonftances, de ne riendónner au hafard, & de s'aflürer du vcritable. état de ces torrens; paree que trois ou quatre heures , (& quelquefois moins) fuffifent pour les voir rentrer dans leur lit ha-* bituel. Les Villages de Torinkri, de la Scala , & de Ricorji (*), oü l'on arrivé enfuite,! affligent par leur apparente pauvreté. La Montagne de Radicofani, paffe pour ] étre la plus élevée des Apenins. Un vieuxl Chdteau conftruit fur un rocher dont lal bafe >eft défendue par quelques fortifications modernes, intercepte ce paflage. Le! Grand-Duc y entretient une petite garni- I fon ; cette place, faifant la féparation de l fes Etats (dans cette partie) d'avec ceux 5 de. 1'Eglife. (*) Apeu de diflance de Ricorii, £? lorfqu'on eft 1 arrivé au pied de la montagne de Radicofani, il eft j tl'ufage ( car aucunt loi du Souverain n'y oblige ) \ ie joindre aux chevaux (lorfqu'on eft en Pofte') I uttelés u la voiture, unepaire de Buffles , pour fa- \ tiliter cette tris-tongue & (feuvjnt) trh-rude montée. I On trouve toufours de ces attelages préts , ö? leur I tropriétaire eft payé fur le pied d'un quart ou d'un tiers de Pofte. Ces animaux font beaucoup plus forts I \ue les beeufs, & font ici d'un trïs-grand fecours ,prin- ' •ipalement s'il a plu , s'il a neigé, ou encore, ft le 'emps eft excejjivement fee : le chemin alors, eft doublenent mauvais: les po/les font, pour la majeur e partie i mul momées, que les chevaux arriveroient diffici'ement au relais; auffi ,peu de voyageurs refufsnt- I Is ce fecours, peu coüieux, ff, pour ainfi dire in- : Ufpenfable,  en Italië. '33 Un peu au-deflbus des glacis du Chateau & Ibr la continuation du talus du méme rocher , fe développe le très-laid Bourg dc RADICOFAN1, entouré de hautes& vieilles murailles, & dont les portes fe ferment; mais eet important extérieur ne lui donne :pas 1'air plus heureux ni plus riche. . Ponte Centlno, eft fitué dans un vallon de 1'autre cöté de la montagne; c'eft un afiez; «gros Village, & le premier fur cette route de la domination Papale. A partir d'ici le chemin devient plus ouvert, moins agrefte , & conféquemment plus peuplé. I La"petite Ville d'AcQUAPENDENTE, Bjk 1'on arrivé enfuite, donne un afiez agréaale coup d'ceil. Les eaux y font extraordiiiairement abondantes; & celles qui s'échapDent de la Ville, forment par leur chute oiufieurs belles cafcades. Peu après San Lauren^o al Grotte , on onge quelque temps les bords du lac de Bnlfène. L'on traverfe la petite Ville de Vïontefiascone; (*) iituée comme (*) Les vins qui croiffent dans ce territoire, tót quelque répucation : un Cabaret (fitué vers e milieu de la rue qui traverfe la Ville) rap» .«11e par fon enfeigne 1'ancien Conté d'un vhanoine Allemand, qui but tarit de ce vin qu'il ; n mourut. Son tombeau, dit-on, fe voit dans '"Eglife de San Flavine : „ On y voit gravce fur me tombe une Figure, doi't les ornemens ref» smblent a ceux d'un,,.. Abbé, avec cette Inf- Radicofimi, Ponfe Cen:ino , Acauapenden:e , MonteSafcoue.  '34 No vvn. au Voy a ge Viterbe : Rouciglio ne > cription autour Eft, eft, eft proptcr ni- miüm , eft Johannes de Foucris Dominus mens, mar* tuus eft.... Ce Jean Foucris, étoit un allemand d'Ausbourg, qui voyageant en Italië, envoyoit dans toutes les Villes ou il devoit s'arrêter, un de fes Domeftiques, qui goutoit le Vin des ca» barets, & qui écrivoit fur la porte de celui oü il avoit trouvé le meilleur, le mot Eft. Etant arrivé a Montefiafcone, il trouva le Vin du paya fi bon qu'il écrivit trois fois le mot eft fur la porte. Le Maitre fut du goüt du Valet, & but tant de vin qu'il en mourutfans aller plusloin Pendant une affez longue fuite d'années, on alloitt tous les ans , le mardi d'apTes la Pentecöte, verfer fur la tombe du défunt deux barils de Vin, er» conféquence d'une fondation faite par fes Héri-r tiers.-.... Mais dans ce liècle on a réformé eet. ufage, & on employé le prix de ce Yi" j a ache-. ter despains que l'on diftribue aux pauvres." Acquapendente fur une coline affez élevée: p • & l'on arrivé a Viterbe, Ville plus eon- ie fidérable & mieux batie que les précédentes.. pi La Cathédrale , eft un affez beau vaiffeau, .fi & proprement orné ; beaucoup de Tableaux.. |I médiocres, & de Maufolées de peu de mé- ,ps rite : rien enfin de remarquable. Le temps «k employé a relayer fuffit pour jetter un coup fit d'ceil fur toutes ces chofes, lorfque l'on n'a I rien de mieux a faire. La Mbntagna que l'on traverfe au fortir , ni de Viterbe, eft fort haute & très-roide,f (c'eft 1'ancien Mons Ciminus'); le payt '<ót s'applanit peu a peu de la jufqu'aif oAc/g/io- fl ne, bourg fitué prés du lac Vico : il rede-11  EN IT AL IS. 13$ Tent plustnontueuxjufqu'a Baccano; mai? To 4 ce dernier point, on arrivé a la cam- ^ |gne de Rome , par une pente prefque ie. ïenfible. Durant les deux dernières poftes, plus jrticulièrement au fortir de Monte Rojï, ti fait une partie du chemin fur Pancienne ia Cafiia (*)» qui f"aute de ^paradon , r. dans Pétat le plus deftruftible pour les Ëtures : malheur a celles qui font fortefcnt chargées. Kjn peu après Baccano, on commence k ipercevoir la maffe générale de la Ville I Rome, & plus particulièrement la cébre Coupole de Saint-Pierre. i De la Sorta, on fuit en partie Pancienne 'ia Flamïnia: celle-ci eft un peu mieux ;itretenue, & cette dernière pofte, eft des ;us agréable : on regrette feulement qu'une liffi vafte, une auffi belle campagne foit I. dépeuplée , fi mal cultivée. 1 Après avoir pafié la Tor di Quinto, on averfe le Tybre fur le Pont Molk (**), : (*) La conftruction de ces anciennes routes» t une chofe admirable : Les pierres dont clle» nnt foTmées, font de la nature des Laves : elles it, coramunément, vingt a trente pouces d'étifleur, & font en outre pofces fur un maffif ; menus cailloutages liés enfemble avec de 1» ozolanc. Ces pierres ne font point régulièremene iillées, mais 1'art avec lequel les angles fajllant ; 1'une, pénètrent & s'uniflent aux angles ren•ans de 1'autre, donne a cette conftructiiin une fodité, qui ne s'altcre que faute d'un peu de foin. I (**) II fut d'abord appelé Pont Emilisn, d'^Bji- r di into , ate Mol-  Rome Avis intd «flant. 13G Nouveau Voyaüe . diftant d'un peu plus de deux milles des murs de Rome; & 1'on arrivé enfin, a cette \> ancienne Capitale du monde, par la Porte ,. du Peuple (Porta del PopoloJ, 1'une des 11, plus ornées & des plus intérefiantes de cette | magnifique Ville. ij Rome et ses Enfirons. 11 ROME (*) ancienne, qui domina mli lien, Cenfeur , qui le fit batir : enfuite Ponte Milt I vius &c. II ne lui refte d'antique que la Tout I batie par Bélifaire, & les bafes des Arches fur j 1 lefqucllcs Nicolas V, rétablit le Pont. (*) Cheï Benedetto, bonne Auberge. On eft c égalcment bien chez plufieurs autres Traiteurs, ï établis dans les environs de la Place d'Efpagne. . LES'vifites a 1'enttée de Rome fe font avec urtt j rigueur infinimentfatigante pour les foyageurs: i j quelle heure que l'on y arrivé, It voiture doit ttrt conduite a la Douane, oü les malles font fcrupuleif ' fement, QouplutóO tyranniquement vifitées. On éviti cette perquifition des plus dlfagrèaUe, fi l'on prend la j p-écautiox de fe faire pourvoir par fon Banquier a Reme t d'un Billet de permilfioii pour ne fupporIer la vifitt des Commis que dans fon Auberge ou chix foi : Cespetits bulletins ne font point difficilesa obtenir. II eft encore int ére ffant de faire plomber [avant d* partirde Rome pour Naples , fi? réverftblement de Na' fles pour Rome; cette pricaution peu coüttufe , empêche d'itre mnleftè petr les Commis des Bureaux placls fur cette route. Les Commis Napolitains fur-tout, font d'une arrogance Clorfquils font convainciti qu'on ne leur veut rien donner') a faire perdre palience a l'homme leplus flegmatique & le plus endurant.  en It alts. '*37 ing-lemps dans Punivers connu; ce coloffe r< (puiflance dont les falies du monde ne fourpfent aucun exemple; qui réuniflbit dans E fein tout ce qui dans fon vafte empire I avoit paru de quelque prix ; dont les lemples, les Palais & les Monumens- pu.ics étoient fi magnifiques & fi multipliés.... jome ancienne, difons-nous, n'offre plus' .fjourd'hui que des monceaux de cendres, fes fur les lieux mêmes qui s'enorgueihfibient de leur fomptuofité. Cette Ville élèbre n'occupe plus fon premier terrein ; ; vafte Champ de Mars, s'eft couvert de atimens; & de nombreux Jardins s'y font tablis fur les Monts Palatin , Célio, Efquin, &c... autrefois les quartiers de Rome, ü Pon admiroit le plus grand nombre de 'alais & d'Edifices fomptueux. Rome moderne , eft infiniment moins seuplée, & auffi d'une étendue ■moins con;dérable qu'elle ne 1'étoit dans les beaux ours de la République & fous fes premiers £mpereurs; néanmoins, elle peut encore ;tre placée a la tête des plus belles Capita;es de PEurope , par le nombre , par la jeauté de fes Edifkes publics & particuiers, anciens & modernes. Rome malgré es dévaftations & les viciffitudes prefque linnombrables qu'elle a éprouvées durant ,tant de fiècles, a confervé Pempreinte de fon antique fplendeur : les belles productions des artiftes modernes , unies aux chef- d'ceuvres de 1'antiquité , lui confërvent encore la primauté fur toutes les Villes du monde. int,  Rome 13S NOUVEAV VOYACrE . Le Pape, dans fa qualité de prince tem- i< porei, peut figurer dans la feconde clafle I des fouverains : fes états (les mieux fitués f' de tout le globe) ont environ 100 lieues de longueur, fur a peu prés 40 de largeur. « Ses revenus montent au moins a 25 millions i de livres tournois, en y comprenant les fept * mille ducats pour Phommage annuel de Na- f pies & de Sicile , & les Annates des Evëchés 11" & Abbayes. Ses forces de terre, réunifiént | f le fond de huit mille hommes, dont deux li mille Suiffes. Deux Galères, deux Galiotes 1 \; & un Chebec , compofoient (lors de notre paflage a Civita-Vecchia'), la Marine Papale. Ceux de fes Arfenaux que nous avons eu 1'occafion de parcourir, nous ont paru/i f bien; approvifionnés, bien tenus; une Ar- ; tillerie trés-belle & aflëz nombreufe, donne J une certaine importance a plufieurs de fes \ Places fortes, tels que le Ch&teau St. Angz; ï Civita - Vecchla , & plus particulièrement uincona : cette dernière, eft aflurément imr pofante, & fufceptible d'une belle défenfe: le fervice s'y fait régulièrement. Ce fut Grégoire VII, qui jeta les pre- 1 miers fondemens de la monarchie Papale; i avant & jufqu'a cette époque a peu prés, I les Goths, les Empereurs Grecs, & ceux i d'occident, fe maintinrent conftamment dans la fouveraineté de Rome, & décoroient de la dignité pontificale', le Candidat qui la leur payoit le plus, ou ceux qui conve- ij noient le mieux a leur politique : ce n'eft \\ guères que depuis 1075, que les Papes font 1 ' devenus Seigneurs indépendans, par un effet  E N IT At IK. '39 ■ la conduite audacieufe & ferme de Gré- R< ure IX, & de fes adroits & heureux fucflëurs; & plus encore par 1'ignorance craf, abfurde & barbare, qui caraftérifa penLnt plufieurs fiècles, les deux tiers & plus > la Chrétienté : car perfonne n'ignore ijourd'hui quel cas on doit faire des pre■ndues donations de Pépin, de Charhma\t, de la Comte([e Matilde, &c. D'ailleurs, s deux premiers (foi-difant) bienfaiteurs a St. Siége, fe réfervèrent exprefiement ■ur droit de fouveraineté: &aucuns de leurs icceaeurs n'y ont également renoncé. On s'attrifte de voir un fol auffi fertile, uffi riche, une fi belle domination enfin, ont plus des deux tiers font incultes & deerts l L'image de la fainéantife & de la auvreté, fe reproduit par-tout. Si l'on peut ompter fur 1'exaétitude des derniers dénomiremens, fa population. aSiuelk eft d'environ :6o mille ames; non compris les muifons 1'Ambafladeurs, les Etrangers ( qui y font :oujours en nombre); les Juifs , les Péle:ins, &c. L'ancienne Rome, proprement lite, eft c-nceinte d'une muraille alfez élevée, & ftanquée de quelques Tours : La Ville Léonim qui comprend le Chateau St. Ange , le mont du Vatican, celui du Janicule , & toute la partie qui fépare la rive droite du Tybre, eft entouré de murs baftionnés: tout cela eft fort peu de chofe; mais il ne faut guères moins de fix heures, les paflages d'eau nor) compris, pour en faire extérieurement le tour. Seize Portes ouvrent la communication mx.  140 Nouveau Votaok Rome. (*) Del Popoio, Pinciana, Salara, Caftellc, & Angelica. (**) Pona Pia, San-Laurenzo, & Maggiore. (***) Porta di San Giovaui, Latina, San Sebaftiano, & San Paolo. (****) Porta Portcfe, San Pancrazio, Cavalliggeri, & Fabbrica. (a) Pourquoi nous appefautirions-nous a décrire les plans & la raagnificence de certains cdifïces, qui, véritablement ont exifté, mais dont il ne refte plus que quelques ruines informes; tels que le Palais des Cézars, les Termes des Titus & d'Antonin, le Cirque dTIéliogabale, les Baius de Paul Emile, les Temples du Soleil, de la Lune, &c., monumens qui, pour la plupart, n'offrcut plus aucune tracé de leur exiftance. de Ia Ville avec 'la Campagne: favoir cin^ au nord; (*) trois au levant (**) ; quatre ; au midi (***.) ; & quatre au couchant' (**£*). LeTibre coule du nordau couchant;i? on lui donne a Porto di Ripa-Grande 480 ■ pieds de largeur : de grofiës Barques y ar*?, rivent d'OyZie, & remontent jufqu'au port r de Ripela: Ses eaux font toujours fales &" bourbeufes. Trois Ponts traverfent ici lel fleuve; celui dit SanAngelo, le Pont SiM to , & Ponto di San Bartholomeo. II y al de plus^ quatre a cinq Barques afiez bien dif-; tribuées, pour fe rendre d'une rive a 1'autre.' Dans le tableau que nous nous propofonsd'efquifiër de cette belle ville , nous prévenons que nous ne voulons y faire entrer que les objets qui méritent plus particulièrement 1'attention de 1'homme de goüt,i des connoilïeurs & des artiftes ( a ). Nouj  SN Ir AL IK. 14' dus écions propofé cVabord de commencer jss recherches par les objets les plus importos & les plus curieux (*), & de décrire Muite ceux de moindre conféquence: noje but alors , étoit de préparer les courfes 1: ceux des voyageurs qui, preflës par le imps, ou par quelqu'autre motif, nepèukat, ou ne veulent connoitre que la crêïe ou 1'élixir des chofes; fi nous pouvons kis exprimer ainfi (**). Mais nous nous nmmes appercus qu'une pareille rnarche inüroit a erreur le plus grand nombre & ur feroit faire beaucoup de pas inutiles: ous préférons donc de nous conduire d'a•ès le plan portatif, rédüit du très-beau & [and plan de Noli (***). Nous parcourijms fucceffivement chaque quartier, & jus donnerons a nos courfes le plus de vaJété & d'utilité'poffibles; enfin nous jetteims en note les détails qui couperoient ov lérangeroient le fil de nos obfervations. f (*) Tels que la Bafilique de St. Pierre & le "atican -, le Capitole; le Panthéon; les Termes ;! Dioclétien ; le Colifée; la Colonne Trajane; I Fontaine Navone; les Palais & Villa Bor- ihes, &c. &c. (*-) Ces derniers,en confultant la table partiiilièrea chaque volume, trouverontle triage qu'ils ifirent, exaftement indiqué, par les ajlériqucs ij précédent les articles les plus particulièrement .téreffans. (***) On en trouve des exemplaires a Rome, hez Michel-Ange Barbiellini : il s'en débite 'autres également portatifs, mais qui ne font pas Éi exacts & auffi proprement grayés. Rome.  Rome: Por te & P/act iti i'cpolO 142 NOVFEAV VOYAOT. Nous avons précédemment dit que la f Porte du Peuple (*), étoit la plus belle il entrée de Rome; nous ajoutons ici, qu'au- ! ,' cune Ville de 1'Europe ne peut en offrir' ' *' une auffi noble, auffi majeftueufe. Trois ma- j * gnifiques Rues y aboutiffent ( ** ) ; elles onï ', pour centre commun un fuperbe Obélifquef'; t (***) : deux Eglifes, dont les facades font Sj? exactement femblables, couronnent les an-y Jf gles que forment ces mêmes Rues. C'elmf dommage que le pourtour de cette Place» |J (a) ne foit pas mieux , & plus régulièreJi? ment décoré : ce ne feroit pas une bien ford»}* dépenfe a faire. n La Madonna del Popoio; Eglife des Aik W guftins attenant la Porte du Peuple (b)j||/ (*) Cette Porte par elle-même eft peu de clio-ff |1 fe, quoique conftruite fur les deffeins de FignolejÊÊM la mafiè en eft belle, mais les détails en font raau-f jti vais. (**) A gauche la Strada del Barbuino; au een- ■ ■ .( tre la Strada delCorfo; a droitela Strada di Ripeta'.: iiu (***) Cet Obélifque eft celui qu'Augufte fit|: || yenir d'Egypte, & dont il décorale grandCirque; !L renveTfé dans la fuite des temps, il y refta juf-Jf.M ques vers 1'an 1589, que SixteFle fit déterrer p & placer ou il eft aujourd'hui. Sa hauteur, lepiédeftal & fon couronnement compris, eft de cent ■vingt pieds. (a) Le Balïin de la Fontaine élevée fur cette ), place, eftfformé d'une Bafe de Colonne, trouvéefBf dans le Jardin Colonna; elle peut faire juger du : }. diamètre que devoit avoir la colonne a laquelle jl elle appartenoit, (b) On prétend que cette Eglife eft élevée fur ïl les ruines du Maufolce dc Domitien.  E N /TALIE. 145 Dy doit voir la Chapelle de Notre-Dame I Lorette, appartenant a la maifon de 0\gy; c'eft une des plus jolies de Rome. Elle Sdécorée de pilaftres d'ordre Corynthien inelés de marbre blanc. On remarque dans ïtique huit Tableaux qui ont pour fujets l'.iftoire d'Adam & Eve , exécutés d'après le defleins de Raphaël, par Sébafiien del Punbo & Frangois Salviati; ainfi que les qitre Tableaux (*) des pendentifs, repréföcant les quatre Saifons. Le Bas-relief en bmze qui décore le devant d'Autel, eft eimé. On applaudit également quatre Figun de marbre , placées dans les niches des ptdentifs : celles de Jonas & d'Elie, font iiLorcnietto; la première a beaucoup de nrite. Habacuc tiré par 1'Ange de la Foflè u. Lions ; & Daniël dans cette même Foflë, fet du Cavalier Bernini; cette dernière etgrandement penfée : c'eft unè des meilLeres produélions de Partifte. )n doit jeter un coup d'ceil fur plufieurs dd Tableaux qui ornent cette Eglife : celui qt arrêtera le plus, eft une Aflbmption dlnnibal Carrache, placée fur 1'Autel de lapremière Chapelle a gauche; & un autt peint a 1'huile fur le mur, par Carlo Nratti; ce dernier décore 1'Autel de la *) La création d'Ève; Èvc tentant fon niari; B ehaffóe du Paradis ; le Printemps & 1'Automm ... font autant de tableaux oü les nudités font relues dans les circonftances les plus délicates ou l<|i)lus gayes. Eve tentant fon mari, eft dans une attiie voluptueufe & qui ue cache abfolument rien. Rome : I-a Madona dil Popoio.  144 NOVVZAV VOYAGE Rome, conde Chapelle k droite ( de 1'Eglife de cette \$ Biaifon, qui efl très-ornée) un très-beau Bas- \fo reliëf, par Legros, repréfentant „ St. Francois de h Paule fur un nuage invoquant la Vierge dont le mt portrait lui eft apportc par des Anges; il paroit |Jj lui demander la guérifon d'une foule de malades ^ qu'on voic dans le bas. " Ce morceau eft trés- bi beau. fi) Lc Portail dc cette Eglife en impofe d'a- b bord; 14 feconde Chapelle a droite : on y voit 1» Vierge dans une Gloire ; St. Jean , St. Dominique & St. Grégoire enrichiffent cette compolition : nous pouvons nous tromper, mais ce dernier tableau nous a paru fort audeflbus de fa réputation. Un Maufolée joliment penfé, & d'une exécution fatisfaifante, placée contre le pilier a gauche de la Chapelle de Lorette, mérite également de n'être pas oublié. Nous ne ferons qu'indiquer les Eglifes de la Madonna di Monte Santo (*),- celle de San Giacomo degï Incurabili ■(**) & des San Carlo al Cor/o(i):nous preflbns un peu plus . (*) Elle eft fituée, a la gauche du commencement de la Strada del Corfo , & defférvie par de» Carmes. Les amateurs y vont voir deux beaux Tableaux par Salvutor Rofa, placés dans la Chapelle (dite) du Crucifix : 1'un repréfente Habajfl tiré par 1'Ange de la Foffe aux Lions; 1'aurjB Daniël que l'on y va jeter : Et trois Tableaux également eftimés par Carlo Maratti; ils ont pour fujets une Ste. Familie, un St/Roch , & un St. Franc.ois. (**) Saint-Jacques des Ineurables, 1'un des plu» Kphuv T-fnnirnnY Hp. R nmp. On va voir dans la fe-  en Italië. ijj pis les curieux, de parcourir celle de San luren%u in Lucina (*). Le maitre-Autel eextraordinairement orné ; on y a prodi- ; é les marbres les plus rares, les pierres Icieufes, 1'or, 1'argent, le bronze , &c... qis ce qui y attire feul les connoiflèurs, e le Crucifix par le Guide; Tableau, que m efiime être un des plus précieux de ce ptre. jLe Palais Chigl, occupe & décore un d cótés de la Place Colonne, mais fa prin- b1,d; 1'intérieur a de la grandeur; le Dume fait uibel effet. On efiime le Tableau du maitre/itel, peint par Carlo Maraiti. *) Cette Eglife a été conftruite fur les ruilt d'un Temple dedié a Junon Junonis Lucina : Cft en creufant les fondemens de la Sacriftie djeette Eglife, que fut trouvé un des grand» Glifques , qu'Augufte avoit fait tranfporter digypte a Rome : il avoit placé celui-ci dans le Oimp de Mars, ou il fervoit de Méridien. Cet CIÉLISQUE a 67 pieds dl hauttur, non eomJXs le piédeftal qui en a 15 fur 9 de largeur. II e!du plus beau granit, & incrufté fur fes quaI faces de caraétères hiéroglyfiques de la plu» bie exécution. II eft brifé en neuf morceaux. Bolt xiVle fit tranfporter en 1748, fur une ftte Place voifine de cette Eglife. Le Piédeftal, Une d'un feul bloc de très-beau marbre grec , *)t parfaitement bien confervé. II paroit qu'il mferoit pas abfolument fort difpendieux de rel«:r ce curieux monument. On lit fili une face du Piédeftal 1'Infcription fuivante. ,mar, Dhi. jful. F. Auguftus. Pont. Max. Imp, I Trib- P"t- XIV. JEgypto. in poteftatem. PoDuiL redacla.fêU eltrmm dedit." Tornt IL G Rome 1 Obélifque iolaire, Pa'ais Chijji.  R ne ; David avec celle de Goliath ; Samfon qui maffacre les Philiftins; & Jaël qui tue Sizara (*) ; ces quatre morceaux font fat? tement, rendus.  v IT/ILIB. La Chapelle St. LoiUs.de G.on^gue-, **] élevée dans la Ccoifée de 1'Eglife a droite : \ on v a prodigué les marbres les plus rares U les plus précieux. Le Bas-relief qui fint le Tableau de 1'Autel repréfente 1'Apothéofe du Saint Titulaire; il eft de 1'exécutiou de Legros, & affez généralement eftime. Le Maufolée- de Grégoire XIV (1 'un des principaux bienfaiteurs de cette Maifon ), eft du mime artifte; mais en general 1 idee de cette compofition, on la dépenfe n a pomt été épargnée , fait peu 1'éloge de-fon génie: la figure du Pape dépofe plus en faveur de fes talens (*)• . , „ Palazzo Pamfili oaDona. Ce Palais, eft 1'un des plus confidérables de Rome : une de fes facades décore larue.du Cours, & c'eft la principale; celle a droite fait partie ;de la perite Place du Collége Romam ; une troifieme longe un des cötés de la Place hiftoiicues dc 1'écriture fainte ont paru devoir iÊtre. donnés pourmodèks de for.ce& d'obeifTancc : on los retrowera cent fois répétés., & plus par.ticulitrcment au principal Portail de la, Cat.hédrale deMilan. Ces Tableaux fqnt cepeiidant bien ■révoltans , bien dégoutaus ! (*") Le Collége Romain qui joint cette Eglife , «ft un des plus vaftés édifices de Rome : GréM*e XUI le fit élever fur les deffeins de BarShilemi Ammanato. La Cour eft environnee de Portiques ouverts qui fe répètent dans les etage iupérieurs : La maife générale en eft fort belle: la. diftribution intérieure eft très-ingénieulement Ipeufce. . tome: Pe. C2.Z6 Pamili.  iji N OVV EAU P~0 T A G t i* ome: Pa- laszo PamÜii. (*) Celui-ci, encore plus tourmenté dans fes Tormes que le père Guarini dans les flennes (Pof. Partiele Turin); il lui eft auffi bien inférieur pour le génie : le premier ne s'eft répété dans aueune de fes nombreufes compoiïtions; Ie fecond n'a par-tout qu'une même manière de décorer : on le fait bientót par cceur. (**) L'Efcalier du Palais Rufpoli, eft biea fupérieur a celui-ci (il eft le feul de cette grande beauté a Rome ), il eft partagé en quatre rampes & revétu de très-beau marbre de CaraTe : on y a placé quelques Statues antiques, parmi lefquelks il en eft d'un rare mérite. St. Mare. Ces trois Facades ont été conftruites en différens temps & par autant d'architecles : les deux dernières donnent une décoration que les connoiffeurs applaudiffent : La première eft du Borromini ; autre irréconciliable ennemi des lignes droites (*). Rien peut-être de plus bizarre que les formes contournées par lefquelles il a voulu eouronner toutes fes croifées. L'intérieur de ce Palais a beaucoup de mérite: La principale Cour forme un vafte parallélogramme; des Colonnes ifolées & accouplées la circonferivent, elles donnent une Galerie fous laquelle deux voitures paffent de front. Le grand Efcaller (**), eft a 1'extrémité" de Paile droite; il eft, comme le font la plupart 4e ceux de Rome, très-noble, & très-majeftueux. Le Salon du premier étage monte de fond; il introduit dans une vafte enfflade d'appartemens richement meublés, & tous ornés  en Italië. >ó3 ie Tableaux (*) : ceux qu'on y admire pécialement, font les fuivans. Dans la première Salie, contre la Porte 1'entrée a droite; un beau Payfage de Ni•olas Poujfin , dont le fujet eft la Naiflance PAdonis. Du même, un autre Payfage qui laroitrepréfenter, Vénus enlevant Adonis: ■e dernier eft de la plus grande beauté, i Dans la Pièce fuivante; un Chnft mort |r les genoux de fa Mère accompagnée de ibelques Anges qui paroifient partager fa iouleur -.fuperbe Tableau, & Pun des plus :ftimés a Rome , (VAnnibal Carrache. . Une Defcente de Croix par le Salviati, lont 1'idée eft la même que celle de Daniël k Folterre (**); les caraélères des Femmes mi foutiennent la Vierge font grands ; il y a >eaucoupd'harmonie, beaucoup de feu dans ette compofition. De Salvator Rofa; Caënaflaffinant Abel; nagnifique tableau : les perfonnages en font ;rands comme nature. Au-deffous; un bien beau Bajfan : on y i'oit notre Seigneur portant fa Croix; les aintes Femmes & des Soldats 1'accompanent : La Tête du Sauveur eft admirable. La Vierge & 1'Enfant Jefus que deux Anes adorent ; par le Afofa. J( (*) „ Le jeune prince Doria aeluellement Ifoffefleur de ce Palais, a héritéde cette immenfe Llleftion de Tableaux que les priiices Pamfili Lvoient rafferablés depuis un fiècle." [ (**) Voy. plus bas la Trïnita di Monti, Eglife ïans Laquelle repofe le Tableau cité. Rome : Patnzzo ramfili.  Rome: P» izzzo I'am fili. 7 ^4 A7 OVV EAU Vo VAGE Agar, qu'un Ange-retient dans fa fuite ' & parok confoler; le jeune Ifmael eftcouché a terre ;. fa défaillance eft parfaitement rendue: par Michel-Ange de Carravage. De van Dyck; plufieurs beaux Portraits: de préférence , celui qui repréfente une Femme habillée en noir , ayant une fraife autour du col & tenant fes gants : elle eft laide de vifage, mais peinte, avec la plus grande vérité. Vénus & Adonis; charmant tableau, de! Paul Veronefe. Quatre beaux Payfages, d'Annibal Carrache-, de forme ceintréc par le haut : on voit dans le premier une Adoration des Rois ; le fecond une Fuite en Egypte ; le troifième repréfente un Portement du Sauveurautombeau; le dernier une Affomption. Du Guerchin; le Portrait d'une Femme; c'eft un très-agréable Tableau. Vénus & Adonis; petit Tableau du Trzvifan, du plus agréable effet : il eft placé conrre la Porte. Du Titien; une Magdelaine; elle parok ê-;re en chemife : fa forme femble être un, roide ; mais la carnation en eft précieufe ; & la chute des bras fur-tout, eft de toute beauté : il eft bien confervé. Armide qui -retrouve Renaud bleue & couché par terre; Tableau d'un fort bel effet, par Lanfranc. Un St. Jacques, dont un Ange panfe les plaies; par le Schidoine. De Claude-Lorraia, deux fuperbes Payfages. Celui dans lequel on voit vets Ir  £JV Ita l IE. 'ó.ó aut du Tableau une Rotonde & quelques B .;Luines d'architecture, eft d'une beauté fu- ,j jérieure. I Ure Fuite en Egypte, avec un grand Pay|age ; par Nicolas PouJJin. [ Du Guerchin; une Ste. Agnès : le peintre I iaifï 1'inftant oü le Bourreau rnet le feu É bücher fur lequcl eft placée la Sainte. Ipn de plus agréable que la Tête de cette eune martyre : le nu eft favamment indiBé: ce maitre eft ici beaucoup plus clair ppil ne Feil ordinairement. Du même; 1'Enfant Prodigue ; exactenent femblable a celui du même maitre m fait partie de la riche colleétion de Sa Majefté Sarde , a Turin. I Du Guide ; une Vierge regardant dornir 1'Enfant Jefus: charmant Tableau. ; Du même; une Ste. Familie. I Une Vierge & 1'Enfant Jefus (& quelque? ïkkïès Figures dont on ne fe fouvient plus): Idélicieux petit Tableau du Parmegianino.. De Michel-slnge de Carravage ; une mapelaine : „ il Pa repréfentée alfife fur une jbhaife: elle eft fort jolie, Pattitude en eft ibaïve & la couleur belle & claire.... mais ;ette Magdelaine a Pair d'une fervante. " Deux jolis Payfages, du Dominiquin. Une Chafte Suzanne ; d'Annibal Carra~ the. Le Sacrifice d'Abraham , attribue au Titien : on y voit Ifaac étendu a terre nu , & fur le dos: la carnation eft d'une grande ééritéi Dans une Pièce en retour, après avoir Rome : Pus» lazzt Eain1- au.  Home : PaInzzo ParaAS. (*) Cette Galerie longe la Facade du Palais qui donne fui la rue du Couts : elle eft décorée en Glacés ; en beaux Vafes de porcelaines; Candelabres; Luftus de cryftaux; broozes, &c. (■**) Fey. plus bas, Villa AlMratuliiü. 0 i$6 Nou fe ju Voy AG e traverfe la galerie (*), on remarque iVs| bord, plufieurs excellens Payfages d'Herman, & d'autres très-beaux de Gafpard: & AAuguJlin PouJJin. Une copie de la Noce Aldobrandine (**); par Nicolas Poujfin. Une Magdelaine; par le Feti: elle a le coude appuyé fur un Livre , & médite fur une Tête de mort: 1'effet en eft piquant. Une Vierge , 1'Enfant Jefus & St. Jofeph ; par Raphaël. Bacchus defcendant de fonChar pour confoler Ariane de la mort de Théfée : Tableau du Titien de la plus belle fraicheur. La jeune Bacchante quijoue des crotales, eft, on ne peut pas plus jolie. Une ébauche, du Correge; la moitie eft peinte, le refte eft en grifaille. Une Noce & Fête de Village ; par le 7enier; de la plus belle confervation. Le Dieu Pan montrant a jouer de la Flute a Apollon ; par Annibal Carrache. Beaucoup de petits Tableaux des deux Breugheh. Un petit Wbuvermans, dans lequel on voit un Départ pour la Challe au vol. Un Gérard Douv;, qui repréfente un Marchand d'Orviétan fur une place publique. Vis a vis du Palais que nous venons de  >arcourir, eil eft un autre que l'on appelle ci FAcadé mie Francoife : la Fa9ade en ft fort élevée & d'une maffiveté qui fait ieu 1'éloge du chevalier Rainaldi, fur les ïeffeins duquel il a été conftruit (*). Palazzo Bolognetti. La collection de Tableaux qui ornent ce Palais, eft confilérable : Voici ceux qui nous ont affecté le lus, & dont nous avons pris note.* Le Portrait d'un Médecin; par Louis Carache. Une Charité ; par VAlbane : Tableau fu'érieur. On y voit une trés-belle Femme laiter un Enfant qu'elle ferre de la main :roite; une autre joue a cdté d'elle : elle loigne d'un troifième une Pomme de pin u'elle tient de la main gauche & que eet font s'efforce de lui attraper : on ne peut ien de plus agréable & de mieux penfé que e Tableau. Du même; 1'Enlèvement d'Europe. I Une Ste. Familie; par Annibal Carrache. I Une Nymphe a laquelle un Satyre pré- [ (*) Cet établiffcment, fondé par Louis XIV f l; foutient dans une certaine gloire : le gouvernement continue d'y entretenir & penfionner douze ajets (pendant trois années confécutives) quis'y ccupeutfous des Profeffeurs diftingués de 1'art de \ Peinture, de, la Sculpture, & de 1'Architecjare. Nous n'indiquons cette Académie, que arce que les amateurs peuvent j voir en un oup d'ceil d'excellcntes Copies , &de très-beaux Kptres' d'après les antiques les plus eftimés. lette collection eft infiniment précieufe pour les •tiftes Reme : F/r~ lazzo Pamfili, Academie Francoife , Palazzo Bolognetti.  3.omo : Pa. i zr.s Auièri. i j8 Nouveau Tro r a g e feote une Corbeille de fleurs; elle eft vue \ par le Dos, &c. (*) par le mime. Le Martyre de Sr. Pierre; très-beau Ta- c bleau, par Luca Giordano, j Le Dupe & les deux Joueurs fripons J je excellent Tableau de Michel-Ange de Car- j ravache (**). Une Stë. Familie : par Rubens. PhaTaon a qui fa Fille préfente le jeune tj Moïfe , qu'elle vient de faire retirer des \ eaux; très-belle efquifle du Guide. Du même; une Vierge : Tableau admira-ffll ble; il eft confervé fous Glacé. Saint Pierre penitent: fuperbe %Tableau j tfAnnibal Carrache. i Saint Paul, hermite : Tableau d'un trés- | grand effet; par le Guerchin. La Vierge, & 1'Enfant Jefus dans la Crè-|jl| che : on voit dans le fond St. Jofeph qulHi montre de la main le Sauveur a des gens • \k qui entr'ouvrent la porte : très-agréable Ta-Mi bleaa du Barrochi. t: Dans la Chapelle privée de ce Palais, un . Chrift en bronze , d'après VAlgardi : II eft % de grandeur naturelle, & fort eftimé. Palazzo Altieri. Ce Palais eft 1'un des ; | plus vaftes & des mi eux décorés de Rome. La . Facade qui longe la Place de Jefus, fait un bef effet. La Colleétion de Tableaux n'eft (*) Voy. ci-devant, page 103, une note faite fur. j 1 tmTableaudu mém" maitre,giffantdans la TribuntLli du Palais Ducal k Florence. (**) Voy. plus bas, Palais. Barberini: Un Ta* bleau exaftementferablable, & du même rnaitre. . 1  en Italië. /jy lus auffi reclierchée qu'elle 1'a été fous les erniers. poüëfl'eurs de ce Palais. Nous inditierons feulement deux Payfages de Clau.de 'jorrain, du plus rare mérite. L/un repréente une Marine; on y voit Enée qui aborde vee fes Vaifteaux (*) en Italië : Evandre i'aroitavec fes Guerriers fur le rivage ; Enée ient dans fes mains une branche d'olirrier, &c. Le pendant de ce Tableau , eft n vafte Payfage, dans lequel on voit fur ï premier plan a droite le Temple de la ybille a Tivoli (**) , & les environs de ■ïaples dans le plus grand lointain : ce deruier Tableau eft le plus beau que l'on conoifle de ce maitre. I Egljse de Jefus; les Romains modernes i comptent au rang de leurs plus belles. 'je vaifleau eft fort vafte, Sc Vignole, fur È deflëins duquel il a été conftruit, en a irès-heureufement traité la diftribution. Le brtail n'eft point de lui: cette décoration rès-médiocre, eft de Jacques della Porta. La Voute de la Nèf, la Coupole & le lul-de-four de 1'Eglife, font peints par le iacciocco. On voit dans la première, 1'Aothéofe de St. Francois Xavier : la com- (*) Le mouvement du Vaifleau d'Enée, n'eft oint naturel; il eft même impoffible ; c'eft une mte, & c'eft la feule que l'on peut reprocher i ce Tableau , qui d'ailleurs eft d'une vérité de ton limitable. (**) Voy. plus bas, art. Tivoli, la defcription s ce delicieus petit Temple : malheureufemenis I tombe en ruihe. ïome : P*. 'azza Alliet :i.  /6b Nouveau Voyage Rome : Gefit. (*) „ Ces pères qui dépcnfoicnt fi peu pour tout ce qui leur étoit perfonnel, fe font épuifés pour accumuler des tréfors dans leurs Eglifes; mais fur-tout dans celle-ci „qui étoit le chef-lieu de tout 1'ordre." li pofition en eft triviale, & rendue aflëz froidement. „ Les Vices foudroyéspar les rayons qui partent du Nom de Jefus, font un bon effet; ce Groupe eft admirable; il y règne un beau défordre : le Peintre Pa ingénieufement jeté hors le cadre de fon tableau. 1 C'eft la meilleure partie pour la compofition & pour 1'exécution de toute cette grand* fabrique- „ La Chapelle St. fgnace , qui occupe le fond de la croifée a gauche, eft d'une magnificence & d'une richelfe que rien n'égale, ni a Rome , ni ailleurs (*). La Figure du Saint Titulaire , haute de dix pieds , eft d'argent doré (elle a été modelée" par Legros) ; les Habits facerdotaux dont elle eft revêtue font entiérement couverts de pierres précieufes de difiëtentes couleurs. Elle eft placée dans une grande Niche garnie de bandes de lapis lazuli&d'albatre antique, foutenuespar des filets de bronze doré •, au-deflus eft une Gioire d'argent, au milieu de laquelle eftle Nom de Jefus: les quatre Colonnes qui foutiennent le fronton dont eft couronné 1'Autel, font revêtues dans toute leur hauteur de lapis lazuli; le globe que tient le Père Eternel (placé fur le fronton) , eft Ie plus beau morceau de cette pierre précieufe que l'on connoiflë. Les Marbres, les Bron-  EN ITJLIE. 1G1 :s dorés, les Statues & les Ornemens de: .. Chapelle, répondent a cette magnificen:, qui a coüté des fommes immenfes." . Le Groupe de marbre placé a 'la droite B 1'Autel, eft de 1'exécution de Legros; il I univerfellement eftimé : il y a repréfente fléréfie fous 1'emblême, d'un Homme qui rent un Serpent, & d'une Femme décré:ite ; 1'un & 1'autre fe trouvent renverfés I feul afpect de la Croix ; & la Religion ;hève de les foudroyer. „ Ce Groupe eft :ès-bien remué, les caractères en font vaiés, il eft pur de deflëin & plein de véités. " ,; Le Groupe qui fait le pendant de celui.1, eft de Jean Teudone; on y voit la Foi ■ppeler a elle un Roi qui fe précipite a fes deds malgré les effortsque 1'Envie fait pour én empêcher : Ce morceau eft d'une exéution molle, peu harmonieufe, & d'autant iiiieux fentie, que le Groupe oppofé eft d'une haleur & d'une énergie admirables; auffi ne lifons-nous que 1'indiquer. Toute cette Eglife, eft trés - richement écorée : les fix Colonnes du maitre-Autel ont de marbre jaune antique ; celles de ia 'hapelle de St. Frangois Xavier , ne fonl as moins précieufes. ; Sancta Maria in Ara Coüi (*). 'glife des Cordeliers obfervantins, conf- ( (*.) On arrivé a cette Eglife par un vafte Ef'ïlier de 124 marches en marbre que l'on dit ;voir été prifes des ruines du Temple de Ronüus fur le Mout Quirinal. lome: San» x Maria '** dra c«rf7.  i6ï Nouveau Voyagé Rome : Capitole. ( *) Les Colonnes de granit & les marbres de toute efpèce ont été prodigués a la fabrique dés Cloitres & autres dépendances de cette mai* fon : on Tegtette de voir de fi belles- chofes ainfi profanées. La tcrrnM de 1'étage fupérieur, fait jouir d'une tres-belle vue. La Siilioifièjue de ces pères, eft fort eftiméo. Le truite dans la partie oriëntale du Capitole, fur 1'emplacement qu'occupoit autrefois le Temple de Jupiter Capitolin. II eft probable que les Colonnes cannelées de marbre Parin & autres employées dans la fabrique de cette Eglife, ont décore dans leur origine ce Temple célèbre (*)• On fait voir dans la Croifée a gauche une forte de petite Rotonde ifolée, dans laquelle eft un Autel trèsi-richement ornél élevé fur celui que l'on prétend qu'Augufte confacra lors de la naiffance du Sauveur, fpus le nom de Ara primo geniti Dei. Capitole. Ce lieu fi formidable & fi célè» bre durant tant de fiècles, d'ou ce peuple de héros partoit pour conquérir la terre, & ou il revenoit recevoir le prior, de fes triomphes.j n'offre aucune tracé de- fa première difpo*fition ; tout a difparu : & le terrein même, en partie, a changé de face, On peut fe repréfenter le Mont Capitalln., comme une aflëz forte monticule ifo> lée, qui, dans fon. origine, dominoit toute la plaine que circonfcrivent les Monts Pincio, Quirinal, P~iminal, Cello, Palatim, Janicule, &c... Au milieu de cette mon* ticule fe trouvoit un petit plateau qui a pa  lx Italië. l$3 voir environ 6co pieds de largeur, fur a! jeu prés 150 de profondenr : le terrein( ' 'élevoit de droite & de gauche a une hau- ! eur aflëz confidérable. Le Temple de Ju- pter Capitolin occupoit la partie a droite (*); on avoit profité de la difpofition fcarpée du rocher a gauche pour en faire > me Citadelle, un pbfte de défenfe : c'eft ,ans cette partie qu'eft fituée la Kocht ^arpeïenne (**). ! (*) Nous placons ici'le Temple- de %upiter C..--itolin a la droite du Capitole, c'eft qu'a'ors fa rincipale entrée ( ou plutót la feule par laquelle n y parvenoit) étoit difpoféc du cóté du Forum omanum (aujourd'hui Campo Faccino~), la partie e Rome, jadis, la plus- brillante, la plus déarée!. .. Du moins, ctoit-ce de ce cóté que le énat en corps, &. les Triomphateurs, vcnoient rendre leurs aétions de graces aux Dicux. X'l e refte de ces anciens édifices que quelques porlions de Voütes fur lefquelles le Palais du Sênateur I été conftruit, & qui fervent maintenant d'éurics a ce Palais. Nous dönnerons une brèvs fefcription de ces Voütes, lorfque nous parcoufljns les ruines- du Campo Vaccino. ; (**) II faut traverfer la Cour du Palais Caffa'alli (fitué comme nous le dirons plus bas, dcrère le Palais des Confervateurs) , pour arriver u parapet qui borde aujourd'hui la tête de cette toche célèbre; & c'eft le feul endroit d'oü l'on eut le mieux juger de la hauteur qu'elle a- dó voir dans fon origine. L'ancien niveau de cette irmeufe Roche, s'eft confidérablemenr exhauffé ar les décombres & les immondices qui s'y font imoncelées : mais la hauteur qui lui refte a dclouveTt, eft encore de prés de 80 pieds ; & le os eft dans cette partie taillé a. pic. Rome: !>r>che Tarpeïenn!-,Capitole.  164 Nauru.AU F~oYA(iR Rome : la Capitole. (*) Trouvcs dans les Bains d'Agrippa. Ils jettent de Peau, mais en trop petite quantké" pour faire un certain effet. Les Baffins qui recoivent cette petite J?ifotièrt, font du dernier mefquin. (**) On ne peut les méconnohre, Partifte les nyant coiffés chacun d'une moitié de coquille d'ceuf: ils tiennent leurs cheveux en mains, mais qui ne leur font nullement proportionnés, & dont la fabrique a d'ailleurs peu de mérite. Dans 1'éreétion du Capitole moderne, on a cru voir fa principale facade du cóté du nord, & l'on a confervé par forme de communication, la Route Triomphale qui j amenoit du Forum Romanum. On arrivé maintenant au Capitole du cóté de la ville , par un large Efcalier dont la rampe eft on ne peut pas plus dotfre. Deux Sphinx (*) Egyptiens de bafalte de la plus excellente fabrique, décorent les Piédeftaux qui commencent la rampe dé. 1'Efcalier. En montant quelques degrés, on rémarquera fur la gauche le torfe d'une Statue , que l'on croit avoir repréfenté Rome ; elle eft de porphyre, la Tête manque , mais la Draperie en eft fort belle. Une Baluftrade de marbre, prépare de ce cóté la petite Place du Capitole. On a placé fur cette baluftrade, Caftor & Pollux (*»); Groupes antiques de proportion coloflale , d'un travail aflèz fee, affez dur; mais ils paroitroient avec plus d'avantage , s'ils étoient vus de plus haut. Deux Groupes de trophées , que l'on  en Italië* /6j ©it être ceux de Marius (f) : ils font; a plus beau travail. Les deux Fils de Confïtrin. Enfin deux Colonnes milliaires: celle i la droite eft antique, elle a été trouvée Ir la Via Appia ; elle y indiquoit le preker mille. , La Statue ÉQUESTREen bronzede tarc-Aurilt Antonin (**) décore le .tntre de cette petite Place; elle eft élevée I un Piédeftal (***) d'après les defleins i; Michd-vinge : ce bel antique ne trouve ue des admirateurs. Ce prince eft repréinté tenant d'une main la bride de fon neval & étendant 1'autre comme pour com:ander : le manteau dont il eft couvert, eft I plus ingénieufement jeté. Le Cheval eft lan de feu, & d'une vérité précieufe. Cec '(*) Quelques Antiquaircs eftiment que ce ut plutöt ceux qui furent faits a 1'occafion de :, viüoire de Trajan fur les Daces : & en effet, ; ne nous eft rien parvenu du temps de Marius li approche du goüt de compofition & de la ,-auté de 1'exécution qui caraétérifent ces trolles. „ Ce font ( fuivant le fentiment d'un peintre lèbre) les plus beaux trophées qui ayent été its, tant pour 1'arrangement des partics qui les ompofent, que par la beauté du cifeau." (**) On comptoit a. Rome 24 de ces Staes équeftres!.. Celle-ci eft la feule qui ait phappé a tant de fiècles de dépiédations, de fa-i .tifme, de brigandage & de fureur. (*** ) Ce Piédeftal eft forme d'une feul bloo ; marbre, provenant des débiis d'un édifice que éa croit avoir été un Temple du Soleil élevé ;«i'Empereur Aurilien; nous en par ter ons plus bas, lome: le Capitole, >tatue iqueftrc lil Warc-a»- :èle.  / G6 N OUT EAU Vo Y A V, V. Rome : I Can;tole Paids. en jouiroit mieux s'il étoit élevé fur une |{ f place plus vafte , & sil étoit environné de j \ moins d'objetsavec lefquels il panage-l'at- \ f tention des fpecfateurs. Le batiment qui fait face , eft la réfidence ordinaire , ou Palais du Sénateur de ! t Rome : cette décoration eft de Michel- Am I i ge , mais nous ofons dire que. ce grand I i homme eft ici au-deflbus.de lui-même (*). -| f La Campanile élevée au-delfus du Batiment ! « pyramide agréablement, mais fans fon utii j lité, cette décoration paroit être de trop (**)-.- j La diftribution de ce batiment eft relative a" fon ufage, & nous n'avons rien remarque i j d'intéreflant dans fon intérieur (***). (*) Nous préférons celle des Batimens confl j truics fur les ailes, également du même maitre!] | Le Soubaffement fur lequel eft exhauffé le Palais ! . du Sénateur, a peu de nobleffe, & 1'EfcalierjSj j doublé rampe qui conduit au premier étage, nous ! femble un peu mcfquin : en général 1'idce de kt J Fontaine que ce foubalfement développe , eft pe^l j tite. La Statue qui repréfente Rome, eft trop t difproportionnée avec celles du Tibre & du Nïjjl] qui 1'accompagnent de droite & de gauche. (**) Cette jolie Campanile renferme une Clfiim ehe dont on fait ufage dans de certains jours de 1'année, & pour des circonftances particulières. Le Palais des Confervateurs, forme le cóté droit de cette Place; le Mufeum occupe Ie cóté gauche dans fa totalité : Le premier n'em- j j ■braffe qu'une partie de ce petit plateau : Le Pa- s ( iais Ctffarilli & les Jardins qui en dépendent, ('* fcccupenc le refte. L'iflue de ce dernier Palais .a i  £ V iTALlt. l6j Palais des Confervtteurs: Rez de CliauT- ] |e. Sous la Porte d'entrée, les Statues de' les-Cézar & d'Augufte. Ce qui eft anti-1 'ie eft très-beau ; les reftaurations ne font ;>int heureufes. Dans une Niche au fond de la cour; Role allife , & pofée fur un Piédeftal, orné jt pofée vis a vis, & une partie de la Jambe de la Cuifie fe voyent dans cette même Dur. Un Lion qui déchire un Cheval, Groupe jitiqué de marbre , qui, dans fon origine iié ëtre d'une beauté fupérieure : il a beauiup fouffert. Une Tête coloffale en bronze de- 1'empe:ur Commode; une des Mains de ce colof. , eft placée du même cöté (*). iSur le premier Palier, trois bcaux Bas-re- R ménagée entte la Balultrade qui clöt la Place I Capitole du cóté de la Ville, &ce même Pa\f des Confervateurs. La Colonne Rojlrale que 1'on voit au ba* • 1'Efcalier a gauche, & que 1'on donne pour 'e antique, eft une fupercherie de Michel-Ange, 1 impofée d'après les medailles du temps. Lome : Pa> nis'des Cnii' crvatcurs.  Rome: Palais des Conferva- (*) Deux autres Bas-reliefs qui faifoient également partie de eet Are de Triomphe, décorent 1'Efcalier du Mufeum'; nous les ferons remajquer : ces cinq morceaux font d'une vraie beauté. (**) Ce n'étoit donc point dans un gonffre, comme Pont écrit plufieurs auteurs : dans le Basrelief que nous iudiquons, on voit diftinctement une Mare d'eau, des Rofeaux & autres Herbes marécageufes qui indiquentune eau ftaguante oupeu coulante. (***) Les Ventaux de ia Porte qui fépare Itpremierede la feconde Salie, font ornés d'une excellente Sculpture ; on affure qu'elle appartieat ' au Fiamaiingo (du Quefuoy). iG§ Nouveau Fotace liefs, retirés de 1'Arc de Marc-Aurele (*). Les Figures d'Uranie& deThalie: ce qui eft antique eft très-beau. On a placé un peu plus haut, un joli Bas-relief, repréfentant Curtius qui fe précipite dans un lac (**). La première Salie , eft ornée de Peintures a frefque , par le cavalier Darpino ; elles repréfentent les premiers Ages del'Hiftoire Romaine : nous ne faifons que les indiquer. Trois grandes Figures de Papes, frap^ pent d'abord : Celle traitée en bronze, repréfente Sixte F: Léon X, & Urbain Vlll\ (traitées en marbre ) occupent Pautre cóte, de la Salie ; ces deux dernières font de Pejj cution du cavalier Bemin. Un Bufte de la Reine ChriftinedeSuède , par le mime (***). Les Peintures de la feconde Salie , ne font point fupérieures aux précédentes : on re-? marquera ici plufieurs Buftes trés - rares 8f: parfaitement bien confervés: tels font ceux de  . E.N /TALIE. - 169 . ; Jules - Cézar, d'Adrien, de Caracalla:R ;clui en bronze de Michel-Ange Buonarot'■; deux belles Colonnes de ver t antique, &c. £ , La Louve qui alaite Rémus & Romu:,s : On croit que c'eft la même qui fut lappée de la Foudre a .la mort de Cézar : eft un fort bel antique (*). I Un jeune Homme qui fe tire une Epine b pied : charmante Figure qu'on ne fe laffs pint d'adrnirer. ' On voit dans la troifième Salie, une mapfique Tête de Scipion 1'Africain ; une jtre de Mitridate roi de Pont; deux Oies 3 bronze.d'une très-jolie exccution ; un i'afe (également de bronze) très-curieux; rois Têtes fur le même col (la Lune, Proirpine & Diane); enfin une fuite célèbre ss Faftes Confulaires. 1 DanslzquatrièmeSalie; uneStatued'Herlle en bronze doré , regardée comme un uvrage grec; deux Statues Confulaires; un jjès-beau Vafe; une demi-Figure d'Hercule n marbre rouge; trois belles Urnes fépul■ales, &c. [ (*) On voit prés de la petite Eglife de St. Théoore, les Ruines prefque enterrées d'un Temple que :on dit avoir été celui de Rcnms & de Romulus ;igé fur 1'emplacement même ou ils furent trouvés aités par une Louve. C'eft, dit-on, fous les ruines 2 ce Temple, qu'a étc trouvé ce très-beau Groupe ; bronze. Nous ne faifons mention ici de ces ïines, que pour indiquer (a peu prés ) la podon de ce Temple fitué au pied du mont Pa,tin a la gauche & peu diftant des ruines de }. première Curia Oftillia. des anciens Roftra. &c. : Tomé /I. H ome : P/t. is des Con. rvateurs.  T'.orae : Pafa-yateurs. ,yo Nouveau Voyaoe Dans la Salie. d'Audience , on voit fut la Cheminée une Tête de Médufe en marbre (imitée de 1'antique ), par Michd Ange', très-beau morceau. Ariane qui donne le fil a Théfée pour fortir du labyrinthe. Sabina Poppea, feconde Femme de Néron;: antique d'un grand mérite. Dans la Salle d'Hercule (*), on voit | ce demi-Dieurepréfenté en bronze, de pro- | portion un peu plus grande que la naturelle : 1 cette Statue a été originairement doree; elle | eft d'ailleurs d'un mérite médiocre; fon anti-1 quité qu'on ne peut lui contefter, fait leule fa réputation. Quelques Buftes méritent une attention particulière : de préférence ceux de Philippe Panden, de Cicéron, d'Alexandre, | de Trajan , &c. (**) La Chapelle privée de ce Palais, eit lort petite & décorée de Tableaux médiocres, | quoique le Conciërge les attribue a de grand*! "'gTlERIE de TABLEAUX («♦). Cett*j belle Collection a été formée par Benoit XLr; • ($-) On dit que cette Statue a été trouvée fou^ le pontifkatdeSixte IV dans le Forum Boarium ,| i'l'endroit même oü étoit VAra Maxima. - j f**) On remarque encore dans une dernièral Salie qui fuit celle d'Hercule, quelques Buftes. bien confervés & d'une exécution fupencure. Qlui d'Adrien; ceux de Vefpafien de ViteU, BST Je, : la Déeffe du Silence alfue; une Cy-J 'bèle'; une Cérès, &c, f***) Ftnutl a donné un excellent catalogus; de cette belle collection : on Is trouve chez. tous, les Libraires a Rome, .  Elf r TA L I E. IJl .le s'eft fucceflivement accrue au degré de lérite qui 1'égale aujourd'hui, aux plus riïes & aux plus intérelïantes que l'on conoiflë en Europe. Nous allons noter les lorceaux qui fixent plus particulièrement attention des amateurs. Dans la première Salie (*) : Abraham qui mvoye Agar : Tableau du Mola, 1'un des .leilleurs de ce maitre. Une Femme appuyée fur un petit Autel, i habillée en Prêtrefïe : charmante ébauchc i Guide. Alexandre faifant donner 1'affaut a ua art fitué fur une montagne; & 1'Enlèveent des Sabines; deux fuperbes Tableaux , p Pierre de Corwnne. Le Triomphe de Flore; par Nicolas Pouf- .i: charmante compofition. La Louve alaitant Rémus & Romulus: p Rubens. La Vierge admirant 1'Enfant Jefus livré i fommeil: deux Anges femblent attendre In réveil : très-agréable Tableau , par .lerre de Cortonne. La Vierge , 1'Enfant Jefus, St. Jean & l| Anne : par Mignard. 'Une Charité ; par Annibal Carrache. (*) Le Bufte de Bénoit XIV décore cetts jwnière Salie; il eft de 1'exécution du fleur WerCifft, fculpteur de S. A. E. Palatine. C'eft ce luie artifte qui a moulé & dirigé la foute de la ititüe pédeftre du duc Charles de Lorraine, érigée I: les Etats de Brabant, a Bruxelles. Voy. le j:m. vol. a Partiele Bruxelles, pag. ij. Rome : ?*luis rlesConrervateurs.  Rome : Patais des Con- förvateuia. ■ ,yz Nouveau Vota ge Un Sc. Tean ; par le Guerchin. Du même; la Sybille Perfique. La Vierge & PEnfant Jefus; fort joh netit Tableau , du Dominicain. F Du même ; le Mariage de Ste. Cathenne, d'après le Parmégianino, dont Porigmal fait mn de la collection des Tableaux du Roi. P Ea Magdelaine qui parfume les pieds du Sauveur excellent morceau de mimature 2 H£ Subteyrat, d'après le Tableau de foSa1fnfeiHélène, méditant fur la Croix; j «ar Paul Veronefe. Ariane, Vénus & Bacchus; par le Guide : ce Tableau n'eft point termine, c eft un très-granddommage : les objets finis, font de toute beauté. r;;,» • La Vanité ; Tableau capital^ du Titien . c'eft une Femme nue couchee fur un ht fégèrement drapée fur les cniffcs, & ayant{ fes pieds un Sceptre & une Couronne : or.i ht fur une Inftription au haut du Tableau, Omnia vanitas. Une fuperbe Ebauche; par le Guide . ce Tableau eft de forme ovale. I Le Triomphe de Bacchus; beau Tableau, Ac Pierre de Cartonne. | Seconde Salie. La Fortune ; par le Guide: beau Tableau qui n'eft pas non pms termine L'Amour & Pfyché; par le Benedetto. Tableau d'un effet piquant re noir, d'une très-belle exécution. Prés de la Grille; Agrippine affife, tenant vféron encore enfant. ) Salle des Mélanges. Cette Salle a fon ptrée par la Galerie : on y remarque de itéférence une Statue de marbre rouge , reIréfentant un Faune qui tient de la ipain roiteuneGrappe deraifin, de la gauche une (Irofle, des Fruits, &c... Cette Figure eft lelie, mais malheureufement elle a beauoup fouffert. I Une petite Statue de marbre blanc, re- réfentant un vieux Satyre. J La triple Hécate; très-beau bronze, qui ans fon origine a été doré. I Un Vafé antique de bronze , d'une dé- 'Cieufe forme, & du plus beau travail : une 'nfcription nous apprend qu'il a appartenu Mytridate, roi de Pont, &c. :, Prés de la Grille, la célèbre Mofaïque an\que ('*). On y voit quatre Tourterelles fur j bord d'un Vafe doré : c'eft le plus beau ableau de ce genre que l'on connoifle (**). ; (*) Ce bel Antique, qui du temps dè Plint Ie aturaliile, étoit regardé a Rome comme un •iracle de 1'art, a: été trouvé dans les ruines def Villa Adriana : c'eft véritablement une très|:lle chofe : elle prouve que lés anciens n'ignoient point ( comme quelques auteurs Vont avan), 1'art de préparer des Verres coloriés pour i fabrication des fujets qu'ils exécutoient, par • moven defquels ils fuppléoient auxCailioux, i Pierres qui leur maaquoient. é**) Ea fortant de Ia grille qui fépare la Gi- R.omerJlu-' Rum.  Rome: CampoVac eino. l|2 Nouveau Voyaoe On a pratiqué a la gauche du Palais Sé- ■ natorial (ainli que nous 1'avons précédem- p ment fait obferver) une Defcente qui con- « duit-au Forum Romanum (*), plus connu P aujourd'hui fous le nom.de Camfo VaCCIno. f Cette partie, qui dans les beaux jours de f Rome, étoit couverte d'Edifices fomptueux, ï' eft devenue le lieu le plus pauvre & le plus g< abandonné de Rome moderne : mais les ruines que l'on voit éparfes dans cette vafte f enceinte, dépofent inconteftablement de fon |' ancienne fplendeur. On connoit les Temples|# .& les Edifices qui circonfcrivoient cette raa"Wi — 11 lerie du Veftibule, on rémarquera fur la gauche||l< (au-deifus de deux fraffmens de pieds de marbre' II d'une très-grande beauté) un Tableau également jfc de mofaïque très-ancienne, repréfentant des En- * fans qui jouent .avec des Lions : il fait voir non jj feulement le goüt des anciens pour ce genre ^ de L décoration, mais il montre combien eet art s'eft ff perfeétionné depuis eux. (*) II y avoit deux fortes de Places publi-. w. ques a. Rome; les unes oü l'on rendoit la jufti"#jl ce, Forum Civile; les autres qui fervoient de jl Marchcs , Forum VenaU : ainfi on les nommoit ll également Forum. Trois étoient deftinées pour la lil: Juftice, Forum Romanum , Forum Julü, Forum ^'t^Le premier s'appeloit Forum tout feu-Jfif pa/ excellence; Romulus voulut encore qu'on le ; nommat Forum Magnum Vetus , & Latium. Sa Ion- u . gueur s'étendoit depuis St. Adrien au pied duj|:|| Capitole, jufqu'au Temple de la Paix; fa largeur ' | depuis ces nrèroes edifices , jufqu'au Mcmt PaK">;j§ latin." f  E N ITA h I E. 'ö,5 nirlque Place; mais les antiquaires font peu J •'accord entre eux fur Pemplacement qu'ils! iccupoient alors ; conféquemment, leurs jmtimens font partagés fur les ruines & les Rgmens qui fubfiftent encore de ces mêmes rdifices: nous fuivrons ici 1'opinion la plus inéralement adoptée. i On voit immédiatement au - deflous du Mais Sénatorial, des veftiges aflez conliérables d'une Galerie ou de Portiques, qui pient pratiqués en forme de fouterrains >us une partie du Mont Capitolin: ces fouirrains fervent a&uellement d'écuries.On y /marqué des voütes d'une conftruction fode & hardie; on appercoit également quelaes veftiges de Colonnes enclavées, & un ■agment d'Entablement d'ordonnance Do- 3ue (*)• , . c , II ne refte du Tempte de Jupiter Mator le trois Colonnes cannelées , d'ordonnance ,3rynthienne; elles font enterrées deplus ! la moitié de leur hauteur : dans leur podon aétuelle, elles foutiennent une partie : la terrafle du Palais Sénatorial. Deux de s trois Colonnes paroiflent être les deux rnières de la facade du Temple, & la troime qui retourné d'équerre femble annon- [(■*) Ces Portiques datent leur conftruaion intnteftablement des premiers fiècles dela républi[e ■ c'eft un peu en avant que fut eleve enfuite 1 Temple de Jupiter Stator : temple, qui detit avoir trés-peu de profondeur, & auquel iüfemblablement ces Portiques ont appartenu , ;en sugmeiitoient 1'étendue. Home: oampo Vaccin».  i$4 Nouveau Foyaoe Rome: Campo Vaccino. (*) II fut élevé pour accomplir un Vceu d« Diftateur Furius Camillus , pour avoir réconcilié le Peuple avec la Nobleffe : c'étoit, felotf "Varron, dans ce Temple que s'affembloit le Sénat pour traiter les plus gTandes affaires de laRépublique. (**) San Pittro in Carcire; petite Eglife fituéefau pied du Capitole a gauche & prcfque vis a vis du Temple que nous venons d'indiquer. On croit que c'eft 1'ancienne Carceie Tulliaro,, ou Mamertino. Oa voit. au res de chauf- eer le commencemenr du cóté latera!. La Frife & 1'Architrave dans ce refte de Fa9ade font unies enfemble ; onylit encore ce mot, Restituit. Dans la Frife de la partie qui eft fur le cóté, il y a des Têtes de Boeufs & des Inftrumens de facrifices trèsbien fculptés, ainfi que tous les orneniens qui font dans ce beau fragment. A environ cent pas de diftance & fur la droite de ce premier Temple (en avancant vers le Campo Vaccino) on remarque le* ruines de celui de la Concorde (*) r Six des huit Colonnes qui reftent fur pied , appartenoient au Veftibule qui précédoit ce Temple; la pofition des deux autres Colonnes , indique fa largeur. L'ordonnance générale a fort peu de mérite : les Colonnes ne font point d'un beau Gliphe, leurs Chapiteaux réuffifient mal; tous les profils en font lourds & n'ont aucun earactère. L'Architrave a été applanie & ne fait qu'une table avec la frife : on y lit cette In£ cription : Stnatus Populufque incendio cor~ reptum reftïwit (**).  en Italië. 1H5 I ArC de Septime Sévère. Ce monument! jraverfe le Clivus Capitolinus, ou chemin | 4r lequel les Triomphateurs montoient au iapitole au fortir de la Via Sacra. Le terrein qui s'eft ici fort exhauffé, fait que It are eft enterré de plus d'un quart de li hauteur ; auffi juge-t'on mal de fes proIprtions génerales: il eft d'ailleurs fort défadé. On remarque dans fes maflës queliiues beautés: mais les détails en font exacttmêfit mauvais. La Sculpture y eft mefluinément penfée, & lourdement exécutée: ous en exceptons les Vicloires ailées, poSes a la Naiflance des Arcs de la principale arcade; elles ont un fuperbe caraftère (*). :e de cette Chapelle une Ouverture par laquelle Ja précipitoit les Criminels condamnés a mourir. lies murs de cette prifon font d'une conftruétion ingulière : c'eft un cóne renverfé; la bafe étant ifune largeur qui diminue infcnfiblement vers fe limmet. On y montre un fragment de Colonne, a lepeuple prétend que furent attachés St. Pierre iiSt. Paul, & la Fontaine que rit jaillir St.Pierre, our opérer le Baptême de fes Gardes. < On prétend que c'eft dans cette même prifon, 'u'une Fille Romaine fit long-temps fubfifter fa 4ère (condaninée a la mort pour crime capital) n venant habituellement 1'alaiter de fon propre ut Les Magiftrats inftruits de ce trait fu- ,lime de 1'amour filial, pardonnèrent a la Mère fon rime, & élevèrent une Statue a la Fille pour ■rernifer fa vertu. L (*) Suivant les auteurs de ce temps . il étoit ouronné d'un Char triomphal attelé de fix cheaux de front, oü étoient placées les Statues de lEmpereur & de fes deux Fils (Caracalla & R.ome: Carripo Vaccino.  i%6 Nouveau Voyaoe atome: Campo Vaccino , San T.uca & San Martirio , Académie de Peinture, San Laurcuzo, etc L'Eglise de St. Luc & de St. Mank, fituée a la gauche de 1'Arc de Septime Sévère, eft conftruite , dit-on, fur les ruines d'un Temple érigé a Mars par Augufte, & dans lequel le Sénat s'afïembloit lorfqu'il devoit traiter de la guerre. L'Académie de Peinture, de Sculpturt & d'Architecture, eft en poflëffion de cette • petite Eglife. Pierre de Cortonne , fur les defleins duquel elle a été reconftruite, a décoré a fes frais la Chapelle fouterraine, qui eft de fort bon goüt. On attribue a Raphaél , le Tableau du maitre-Autel : il eft très-beau (*). On croit reconnoitre encore dans quelques parties de la fabrique de 1'Eglise St. Adrien ( même cóté que 1'Eglife précédéÉB te ), un Temple élevé a Saturne, & dans le-i quel la république dépofoit fes tréfors : ce que l'on fait remarquer de conftruétion ancienne eft fort peu de chofe ; auffi ne faifons-nous que 1'indiquer. L'Eglise de San Lauren^o in Miranda, Géta). Le Char étoit accompagné de quatre Soldats Romains, deux apied, deux k cheval: toute cette fabrique étoit de bronze doré. (*) Les amateurs de Peinture doivent fe faire montrer les Salles oü s'aifemble 1'Académie, fituées flans une Maifon attenante & qui communiqué k cette Eglife : elles font remplies d'un nombre confidérable de Tableaux , parmi lefquels il y en i d'un mérite fupérieur : chaque académicien ioit y dépofer fon morceau de réception ; celui du célèbre Vernet, n'échappe k pcrfonn;; c'eft un des chef-d'oeuvres de ce maitre.  i K ITAL ÏS. 1$7 ft conftruite fur les ruines du Temple que r /farc-Aurèle fit élever a Antonin & tauj- y ine (*)• L'Architeéte qui a prefide a la PdifieatioQ de cette petite Eglife, a negligé de profiter de la décoration noble & najeftueufe que lui préparoient les dixbe; es Colonnes de marbre qui fubfiftent enore & qui formoient le Veftibule de ce •■-emple ; il a reculé en arrière de ces Loonnes , par unmanque de goutimpardonna,1e, fon Portail, dontle deflëin eft au-deffous lu médiocre : il lui étoit fi facile de le hej ivec cette première compofition!.. Le Veftibule de 1'Eglise de St. Cofme 1 de St. Domen, étoit dans fon origine, I Temple de Rémus & de Romulus, donc v la conftruétion remonte au cinquieme fietle de la république après la défaite totale :ies Samnites. C'eft la que le benat s afrémbloit pour les affaires les plus fecretes 1 les plus importantes. II fubfifte encore lans fon entier." Sa forme eft circulaire & Pun très-grand effet: les vrais amateurs ne oeuvent fe difpenfer de le voir r*ï UArc ,1e taMus le Cenfeur, étoit élevé in peu en avant de ce Temple , ou commencoit ,a célèbre Via Sacra. f**1) La dédicace de ce Temple ne peut être lönteftée; onlit dans la frife cette Infcnption : D. Antonio. li D. Fattjiina. ex. S.C... (-***) Lesfragmens duPlande 1'ancienneRome wravés fur marbre (que nous avons fait remarquer en parcourant le Muféum) en ont été mes, y fervoient de pavé. wne: ampt» acciiin.  Nouveau ' tror ag e Rome: Campo Vaccinn, Temple la Pais. L Eglife que ce Temple annonce , eft ornéjj d anciennes Mofaïques curieufes pour le temps ou elles ont été fakes. Les Colonnes antiques de porphyre & les Portes de bronze, méritent une attention particulière des connoiiTeurs. Les deux Colonnes antiques que l'on voit appuyées contre la porte de ce Temple, ne pa4 roiffent point lui avoir jamais appartenu. Les' Antiquaires établiffent une infinité de conjeéture». a eet égard : nous ne les fuivrons point, mais nous obferverons feulement que le terrein s'eft ici confidérablement exhauifé, a juger de la hauteur enterrée de ces mêmes colonnes. (*), »» Sa longHeur étoit de 300pieds, & fa largeur de 200. II étoit partagé en trois Nefs ou Galeries parallèles. Les Voütes ctoient foutenues par huit grands corps de Pilaftres, contre chacun defquels étoient élevées autant de Colonnes cannelées de marbre blanc. La feule de ces Colonnes qui fubfifte , eft celle que Paul V a fait élever dans la Place de Ste. Marie Ma* jeure. Le Portique de ce Temple que l'on ne connolt plus que par les Médailles de Vefpafien,' étoit foutenu par fix Colonnes de marbre d'ordre! ïonique : il étoit couvert, & revêtu a 1'extérieur1 de grandes lames de bronze doré. Non feulement 1'Empereur y avoit fait mettre en dépot toutes les richeffes qu'il avoit apportées de la Syrië ; mais encore les dépouilles les plus précieufes du Temple deJérufalem. Les citoyens les plus riches y avoient placé leurs tréfors, comme dans un lieu de füreté, fous la proteétion & la garantie de la Paix, de 1'Empereur & du Sénat. II étoit décoré des Statues les plus parfaites, & des Tableaux des En fuivant ce même cóté on arrivé fur les ruines du célèbre Temple de. la Paix, & le plus vafte (*), le plus o'rné qu'ait ja-  EN /TALIE. i8g ais bati Rome, & qui (ajoutenr les auteurs Rome: Are, 1 temps) exiftat alors dans 1'univers (*).de TitusiCe qui fubiiite de 1'Arc de Titus, fait jïintres les plus célèbres de 1'antiquité... Ce jemple avoit encore uneBibliothèque publique lis Profeflcurs des Arts libévaux s'y affcmbleient air y donner des lecons publiques." i„Cet édifice fi magnifique & fi précieux par s ornemens & la quantité de Ticheffes qu'il infermoit, bati avec une folidité & un foin, int on peut juger par les trois Arcs d'une des 'leries collatérales qui fubfiftent encore, ne dura is plus d'un fiècle ; il périt par un incendie bus le règne de Clav.de') qui embrafa tout ce lartier.... Les ruiffcaux de métaux fondus couient dans la Via Sacra avec Peau que l'on jetoit utilement pour éteindre les flammes." (*) L'Eg.lise de Ste. Mar ie la Neuve & de c. Francoife, eft conftruite fclon quelques anpaircs, fur les ruines du Veftibule de la Cafa y.rca, ou Maifon d'or de Néron. On voit dans le Jardin dépendant de ce mo« .ftère, une grande Niche a doublé face, que s uns difent avoir été une portion d'un Temple'dit au Soleil d a la Lune : d'autres eftimene ie ces ruines ont appartenu a un Temple de énus & de Rome; d'autres a un d'Ifis & de irapis On peut choifir. Mais nous avertif- ns que rien n'eft moins intéreifant que eet anque matonage, qui n'apprend rien, qui ne dit cn : aufiï ne 1'indiquons-nous que pour ceux, ïi, ayant fous les yeux le plan de 1'ancicnne ome, feroient bien aife de retrouver 1'emplaceent des principaux Edifices & Monumens qui ïmbelliffoient. Nous aurons plus d'une fois ocifion de faire la même remaTque. Notre but étant épargner autant qu'il dépendra de nous , toute ïcherche oifeufe, St des pas inutiles.  Novfeau Voyage Ropie : Titu (*) On remarque'attenant eet are, une petijl Arcade prife dans un terrein joignant & a Pufage des feuls gens de pied : c'eft une acquifition quejj les Juifs domicilies a Rome, ont faite dès les pre-I miers temps qu'ils obtinrent la permiffion de s'j I fixer; afin , dit-on, de s'éviter la douleur de paffer fous eet are (qui occupe toute la largeur du chemin) & qui leur rappelle 1'époque laplus défaftreufe des annales de leur nation. (**) „ La qualification de Divus, donnée 4 Tite, fait croire que ce monument ne fut achevé qu'après fa molt. Art regretter les dommages qu'il a foufferts; mais s. malgré fa dégradation, c'eft encore une des plus intéreflantes curiofités de Rome ancienne. Les deux Bas-reliefs qui ornent k deflbus de 1'arcade , font favamment compofés, & d'une belle exécution : la pompe tïiomphale de Titus fait le fujet de 1'un & de 1'autre : „ On y voit le héros fur fon char.... précédé de Liéteurs & accompagné du Sénat & de 1'Armée : derrière le héros eft une Victoire debout qui tient d'une main une palme de Judée & de 1'autre une Couronne qu'elle lui met fur la tête Suivent dans le fecond Bas-relief les Dépouilles du Temple de Jérufalem, le Chandelier a fept branches, les Trompettes jubilaires, " &c. (*) Le cóté qui regarde le Colifée eft un peu plus con- • fervé ; il refte quelques portions des Bas-reliefs qui ornoient 1'Architrave : on y lit cette Infcription : S. P. Q R. Divo. TitoA Vefpafiani F. Vefpafiano slugufto (**). Ce n'eft qu'a 1'aide des delcriptions que  £ n Italië. iyi ms ont données les auteurs contemporains ] dPALAis des Cé^ars, & en particulier de ce- \ l! que fit conftruire Néron, appelé par ex-' cfience Domus Aurea (*), que l'on peut fe fre une idéé de 1'immenfité & de la magnifpce de eet édifice ; & fi le nombre, fi la biuté des Statues, des Marbres, des Bronst:, des Pierres précieufes, &c. qui ont été riuvés dans ces ruines ne dépofoient pas de ljientité de ces defcriptions, on pourroit li croire fabuleufes & fabriquées a plaifir. La plus grande partie des ruines de ce Pa1* exiftent dans la partie haute du Mont I *) Ce Palais s'étendoit du Mont Efquilin ajlMont Palatin, trnverfoit le Forum Romanum, (fembraffoit une partie du Mont Célio. II avoit . rjjni dans cette vafte enceinte nombre d'édifiurtour eft formé par des Ara.bzfqv.es d'un .ieflein très-coulant, très-agréable. LesPein:ures qui s'y voyent encore, font joliment :raitées: il y a beaucoup de goüt dans routes :es chofes (*). Les Antiquaires ne font point d'accord | quel édifice appartenoient les trois belles Colonnes de marbre qui fubfiftent fur pied |in peu en avant de la petite Eglife de Ste. Marie Libératrice. Nardini, paroit avoir jrrouvé que les ruines de 1'épaifiè muraille :ontre laquelle cette Eglife eft appuyée ; ;infi que les voütes que 1'on a appropriées ..epuis a 1'ufage des Grenicrs d' Abondance, aifoient partie de la première Curia OftiliaC**); enfuite des anciens Rojlra, & des I ('*) Les belles Statues d'Agrippine mère de tféron , & de Sabina Poppea ( également trouvées pus ces ruines ) qui ont orné long-temps cette ■jfirrafle , ne s'y voyent plus aujourd'hui; elles ht été tranfportées a Naples , & font partie des , tnbelliiTemens du Chateau de Caferte. On voit tr le plateau, grand nombre de débris de Corniïes, de Frifes , de Chapitcaux , provenant des iuilles faites dans plufieurs parties de ces ruines. ; (**) Lieu ou s'affembloit leScnat pour délibérer uns les plus grandes affaires. Ce premier édifice i Tomé II, I lome :Jar* in Farnefet  lome: Ruines du Forum Ro Bianum. ,c)4 Nouveau Voyaoe Comités , qui, inconteftablement:, étoient auffi de ce cóté. II eft donc a prcfumer que ■ces trois Colonnes dépendoienc dans leur origine d'une Galerie ouverte , ajoutee depuis en avant de ces édifices. On peut attribuer au meme uiage , s donner la même intention a la Colonne ijo- . Ue, également fur pied, fituée du meme > cÓtë, mais plus en montant du cote de 1 Aio deSeptime-Sévère (*) : Les proporuons de celle-ci, font exaftement les mêmes que | celles des trois précédentes. j En reprenant la Via Saera , & depaflant 1'Arc de Titus, on arrivé au celebre AM-J fi,t confumé par les flamtnes lors des célèbres fn- 1 tóaTes de Publiu* Claudiu,, Tnbun, du Peuple O ,a enfuite la feconde Curia^ Oflülia , fut ë Mont Celio. Nous indiquerons également les uSe^cp dernier édifice , lorfque «ou,> par| lourrons les Eglifes de St. Jean &de St. Paul. * Une Galerie en forme de Colonnade qui eüt terminé tout ce cóté du Forum Romanum x SbS une décoration dignede celles qm caraftérifoient les Temples de Remus & de Ro- nSust^ntonin & 5e Fauftine ;; de Mars de Zue d'eauS porta fon nom auffi long-temps que ks eaax quik formoient ne furent point tane On v a élevé depuis une Fontaine remarquable pa hlvttm grandeur du baffin qui reeoit fe?  en Italië. t. (*) Nous ne ferons qu'indiqucr ici la Villa Mathei, alla Navicella: 1'entrée principale de cette Maifon & de cc Jardin de plaifance avoifine la petite Eglife dont nous venons de donner une idéé dans la note précédente. On loue beaucoup la fituation de la maifoiv, la diftribution des Jardins , & quelques Statues , Buftes & Bas-reliefs employés a la décoration de 1'un & de 1'autre. Nous n'en avons rien vu! 1 (••• ••) .Cet Obélifque eft le plus grand que l'on connoiffe (il a 120 pieds dc hauteur, nou compris le Piédeftal, & la Croix que l'on y a ajoutés) ;  ln Italië. 20J Le Palais de Latran eft appuyé contre PEgüfe ; il a été long-temps la réfidence des Souverains-Pontifes, & ils Pont enfuite abandonné entiérement; il fert depuis la dernière reftauration qui en a été faite , de Irefugea deux cents pauvres Orphelines, &c. ,fous le titre de Confervatoire de St.Jean. Le Baptiftère, vulgairement appelé de :Conftantin , eft un édifice de forme octogone, d'un goüt deconftriiérjonqui ne pent :iemonter qu'a cette époque , & qui paroit mts demeuré imparfait dés fon origine (*). 1„ Les Fonts Baptifmaux , font formés par nn fuperbe Vafe de porphyre orné de bronze ;doré... On y defcend par quatre Marches; il eft dans un emplacement rond , pavé de nmarbre en compartiment, environné d'une baluftrade, & couvert d'une coupole foutenue par huit Colonnes de porphyre de la plus grande beauté; mais le mauvais goüt qui dominoit alors, leur a fait adapter des Chapiteaux de différens ordres & tels qu'on fes a pu trouver. il efl de la même efpèce de granit que celui de la Porta del Popoio , & de celui giffant a terre prés San Laurenzo in Lv.cina : celui-ci eft également iOnié fur fes quatre faces de lignes & de caraciïères hiéroglyphiques, d'un fuperbe travail. (*) Quelques antiquaires penfent qu'il a été iijne dépendance du Palais de cet Empereur; ils croycnt même y reconnoitre les difpofitions par'kulières aux Sallesdes bains de ces ternps-la. Quoi Ijli/il en foit , c'eft toujours k plus ancien & le ;alus beau monument confacré a k Religion chr$'iennc. Rome : Pa- tais & EglifedeSt. Jean de Latran , le Baptilii re.  Rome : 'Eglife de Sc Jean de Lawan. 200" N O WE A U VOYAOE Les entre-Pilaftres du fecond ordre, (ou •efpèce d'attique) qui s'élèvént au-aeilus, font ornés de huit Tableaux A'Andrea del Sacchi; ils repréfentent des hiftoires de la Vierge & de St. Jean: ce font de tresbons morceaux, dignes d'être recherches. Les autres Peintures qui decorent le Fourtour de cet édifice font prefque étemtes, mais la perte eft médiocre : le feul de ces Tableaux que l'on pourroit regretter , c e,t la Deftruction de PHéréfie , par Carlo Maratti: ce qui y refte d'entier eft d'un vrail m Le Portail de ce cóté latéral de 1'Eglife , a peu de mérite ; auffi n'y ferons-nous aucune remarque. On voit a Pextremite a gauche du Porche ou Veftibule qui precede ici 1'entrée de 1'Eglife , PEffigie pedeftre enbronze de Henri IV, élevee aux frais des Chanoines &. par reconnoiflance du don fait en 1608 a ce Chapitre par ce prince, de PAbbaye de Clérac, & dont il touche les revenus depuis cette époque : Cette Sta- On a raffemblé dans le fecond Cloitre des anciens Chanoines, nombre d'Infcriptions, quelques Bas-reliefs, quelques Sarcophages antiques & les deux Chaifes pereces de marbre_ rougev ( SelLjE STERCORiiE),furla deftination delquelles quelques écrivains proteftans fe fout! plu l faire tant decontes au moins ridicules.Blurhtcle les examiner avec un peu de foin, pour etre conVaincu, qu'elles u'ont jamais pu dans le iait, convenir a 1'ufage oü Mijfon & d'autres, onttache de les approprier.  EN IT A L IE. 20J tue eft médiocre. Vis a vis & a 1'autre extré-1 mité de ce même Porche , eft celle de Conf- * i tantin , la même que 1'on confervoit au Caj pitole : Cette dernière ne fiattera pas plus rque la précédente , 1'ceil du connoifleur. La BasiliqüE de St. Jean de Latran, a le premier rang (*) fur toutes les Eglifes patriarchales d'occident, & le Pape immédiatement après fon éleftion , en vient prendre pofiéffion avec grande pompe & 'folemnité. On date fa première érection vers 1'an 324; époque, que 1'on donne pour être celle oü Conftantin fit don de ce terrein ( fur lequel étoit un Palais oü réfidè' rent plufieurs de fes prédéceffeurs ) au Pape yfaint Sylveftre. Le laps de temps & divers accidens avoient fort endommagé cette Hfelife ; les Papes Innocent X & sllexanIdre VII, laréédifièrent prefque entièrement & chargèrent le Borromini de cette reconftruétion. On doit dès-lors s'attendre aux iformes les plus fingulièfes, aux contours les plus bizarres, les plus capricieux , les plus recherchés.... & c'eft auffi ce que 1'ceil du connoifleur éclairé faifira d'abord : mais ce 'qu'il peut ignorer, & qu'il eft intérefiant qu'il fache ; c'eft que les énormes Piliers qui (*) Les feules quatre Eglife* de St. Jean de Latran ; Ste. Marie Majeure , St. Pierrc du Vatican , & St. Paul hors des murs , ont la Porte Sainte, dont 1'ouverture ne fe fait que dans les anpées du Jubilé : celle de St. Pierre, par le Pape ; belles des trois autres Eglifes, par des Cardinaux fjju'il députe a eet effet, Lome: de t. Jean de .atran.  Rome ! Eglife de St. Jean de Latran. (*) On conferve dans la partie haute de ce Baldaquin, les deux Tiches Buftes, qui renferment ( dit-on ) les Têtes de St. Pierre & de St. Paul; & beaucoup d'autres Relicyues que nous nous difpenferons de nomrner. %q?> novveav VoY age foutiennent la Voute de la Nef, cachent de fuperbes Colonnes de granit, fur lefquelles cette même voute portoit auparavant. Le Borromini , au lieu de conferver cette décoration fimple, mais majeftueufe & qui réuffit touiours, a préféré de les envelopper duns cette'mafledemaconnerie aétuelle, afin de pouvoir donner d'autant plus d'effor a 1'originalité de fes compofitions. II faut cependant convenir , qu'il a répandu dans celle-ci quelques beautés de détail, & que le premier coup d'ceil peut lui être favorable. Les Niches praüquées dans ces volumineux Piliers, manquent degrace & de nobleffe. Deux des Figures qu'elles reeoivent, méritent d'être remarquées; ce font celles 'de St. Thomas & de St. Barthélemi; trésbelles produétions de Legros : les autres font afl'ez médiocres. Les Bas-reliefs encadrés dans les tables creufes, font un bel effet ; 1'exécution de plufieurs eft fatisfaifante. Les' Tableaux en forme de médaillons qui repréfentent les Prophètes, arrêteront peu les connoifleurs. Le maitre-Autel fitué au centre de la croiféede 1'Eglife, eft d'un travail lourd gothique ; il n'a d'autre mérite que la beauté des marbres, celle des pierres précieufes & des bronzes qui y font prodigués (*).  en Italië. zog La Chapelle (dite) du St. Sacrement qui i :ermine Ja croifëe a gaucheeft d'une no-: ile rnagnificence. On eft frappé du fpeélacle; )le quatre fuperbes Colonnes antiques canne.ées (*) , d'ordre Compofite, de bronze doré , urmontées de leur entablement, &couronnées par un fronton également de même méDl..'. On regrette cependant que l'architecle n'ait pas fu tirer de ces belles Colonnes tout 'avantage qu'elles euffent offert a un génie slus heureux. Toute cette décoration eft peu atisfaifante: les connoiffeurs voyent avec a même peine la compofition de 1'Autel de :ette même Chapelle : on ne peut guères raf'èmbler a la fois plus de marbres rares, de perres précieufes, & de richeffes dans tou's lis genres; mais on cherche le goüt, & on joe 1'y trouve point. ) (*) „ Ces Colonnes ont ncuf pieds de circon'érence (fuivant Femtttt)} elles ont été trouvées '.•yrès de St. Jean de Latran, ainfi que la belle :katue équeftre de Marc-Aurèle que l'on voit acmellement fur la Place du Capitole. On prétend que ces Colonnes font les .mêmes qui étoient aucrefois dans le fameux Temple de Jupiter Capitoiin. Quelques Antiquaires, croyent que ce font :ellcs qu'Augufte fit faire après la bataille d'Actium, avec le bronze des proues des Vaiffeaux Egyptiens, &c... D'autres" encore leur donnent ine plus illuftre origine; ils croyent qu'elles ont :êté apportées de la Judée par 1'empercur Vefpafien avec les autres dépouilles du Temple de Jél.rufalem : Si cette demière affertion étoit vraie, j il faudroit convenir que les Artiftes Juifs n'auïoient pas été auffi dénués de goüt & de favoir . qu'on le foupconne communément. Rome : Eglife de St. Jean de L»tran.  2/o Nouveau Voyaoe Rome : Eglife de St Jean de La tran. (*) Voy. plus bas 1'art. du Palais Barberini. (**) Elle giffoit depuis des fièdes Jous lé portique du Pantheon; on croit que c'étoit le Sarcophage d'Agrippa; il eft de la plus belle forme' poffible; les ornemcns en font fimples & exécutés avec beaucoup de molleife & de précifion. De, toutes les curiofités de ce genre qui embelliffent Nous pafièrons rapidement fur quelques Maufolées, parmi lefquels cependant on en rémarquera d'une compofition ingénieufe , ■ & d'une exécution fatisfaifante. Nous ne nous appefaritirons pas non plus fur divers morceaux de mofaïque antique confervés dans la partie haute du Choeur, &c. &c... pour nous arrêter plus utilement a 1'examen de la Chapelle de Corfini; elle eftla première a gauche en entrant par le grand Portail. „ On ne-connott point a Rome ni ailleurs rien (de ce genre) auffi magnifïque ! Les Bas-reliefs, les Incruftations d'aU. baf re; le Pavé de marbres précieux ; la Grille, de Pentréè en bronze doré : tous les genres.. de rnagnificence enfin y font raflemblés, & le goüt préfide ici prefque dans toutes lesj parties." „ Le Tableau de PAutel repréfente St. , André de Corfini , exécuté en mofaïque d'après le célèbre Tableau du Guide (*) I 1'Autel eft formé de fix belles Colonnes,, dont deux de vert antique & quatre dej porphyre, avec les bafes & les chapiteaux de bronze doré. Le Tombeau de Clément XII, eft formé d\meinfiniment helle Urne de porphyre (**)• On remarque encore dans cette  tH Italië. 211 ême Chapelle d'autres Tombeaux des Carnaux Corfini ; un entr'aiures qui eft a tuche, oü Philippe della Valle a repre[hté la Ternpérance, très-belle Figure trai[é en marbre : elle eft digne des plus grand; ;■ Le Grand Portail, conftruit fous le ponftcat de Clément XII , fur les defleins i'Alexandre Galilei, eft 1'un des plus ïmËans & des meilleurs de Rome-, il s'en iaut Hen cependant qu'il mérite d'être cite pour iiodèle dans ce genre de décoration. Les iatre Arcades de 1'arrière-corps, qui monent dans toute la hauteur de 1'ordre, font -'une maigreur qui aflette, & 1'enclavement 'es Colonnes leur öte une partie de la grandeur & de la nobleflé dont elles étoient iüfieptibles. La Tribune proprementdite , pouöit être beaucoup mieux traitée. Le Porche ui précède Pentrée de 1'Eglife, Pannonce vee grandeur. On voit fur le coin de la Place a la droite iu Portail, une efpèce de grande Niche, louvellement reftaurée, dans laquelle on a ncadré le Triclinium de Leonlll; •'eft une mofaïque dont ce faint Pape avoit lécoré le Réfeétoire du Palais de Latran , que es Souverains Pontifes occupoient alors : •ette curiolité n'a d'ailleurs d'autre merite me fon antiquité; auffi ne faifons-nous que ■'indiquer. 'Rome, nous n'en connoifions aucune qui lui foit epmparable; c'eft, incontcftablement un cbefd'reuvre de goüt & d'exécution. Rome : Eglife ASt Jean cte Latran, /«Triclinium.  Rome : Scala Sai 212 Nouveau Vovaoe ia En retour du Triclinium, eft la Scala j Santa, petite Chapelle très-richeraent ornée , rnais très-fombre , & dans laquelle le 1 Pape feul a droit d'officier. On trouve au i rez de chauflee un Veftibule qui diftribue trois Efcaliers, qui conduifent au fol de cs petit Oratoire. La Rampe du milieu, eft celle i par excellenee ; perfonne ne peut la mon- < ter qu'a genoux (*). A peu de diftance de la Scala Santa, & da l 1 rnSme cóté , on voit un Obélifque renverfé ; ; j il eft d'un beau granit : il ornoit autrefois i ! les Jardins de Salufte , & il a été trouvé a la' i 1 fuite de quelque fouille faite dans la Vjlli i ! Ludovici. Clément XII, a qui il fut donnéH I fe propofoit(dir-on) de Pélever fur cette pla« ce , lorfque la mort le furprit en 1740 (**). ; • ("*) P Paffe P0UT certain a Rome, que les 28 { Marches de marbre dont cet Efcalier eft compofé, I formèrent précédcmment celui du Palais de Pi- I late, le même que le Sauveur fut néceffité de I monter plufieurs fois la veille de fa Paflion : on I prétend que cet Efcalier fut envoyé de Jérufalem I a Rome, par Ste. Hélene C'elt a Six'te vWÊk que les ames pieufes font redevables de cetteall relique, qui depuis long-temps étoit ignorée , ou | négligée Elle attire aujourd'hui un nombreux f concours de dévots, qui, effeétivemenc ne le mon- 11 tent qu'a genoux. Comme il feroit affez difficile I' de le defcendre dans cette pofture gênante , a |! moins que ce ne fut k reculons, on a pratiqué ! a droite & a gauche deux Efcaliers qui fervent k cet ufage; ou pour ceux qui n'ont point une dé- i votion auffi fervente. C'eft une pauvre curioficé; ! auffi ne faifons-nous que 1'indiquer. (**) Nous en dirons autant de la Porte San  5 N f TA LIS. */J ïl a été ouverr, fur la perpendiculaire du rand Portail de St. Jean de Latran , une rès-belle communication ornée de plufieurs ingées d'Arbres , qui conduit d'ici a la aiilique de Ste. Croix de jérufalem : c'eft ; chemin que nous allons tenir (*). Santa Croce in Gerufalem. Cette petite Iglife date fa première érection , du règne e Conftantin , qui la fit élever aux inftanïs de Ste. Hélène fa mère , dans fon Palais 'ejforien ; en forte que 1'Eglife, le Couvent, : les Jardins des Religieux qui la deffervent, mbraflent aujourd'hui une partie de Peneinte que le Palais occupoit. Elle ports . le nom de Ste. Croix, paree qu'on y con1 ferve de toute antiquité trois morceauj 1 confidérables de la vraie Croix, & d'autren I Reliques de la Paffion du Sauveur. Le Portail, quoique d'une conftruétion écente, eft exa&ement mauvais; le Porbe ou Veftibule , ne vaut pas mieux (**) Mavani; fa décoration n'oifre abfolument rieu de ïmarquable. i (*) II refte peu de chofes de 1'Amphi'héatre de Cafirenfe, qui d'ailleurs, n'a jamais eu qu'une grandeur médiocre, & qui, vflilèment ne fervoit qu'aux feules gardes Préto■■ iennes , qui avoient leur réfidence dans ce quarler. Ces Tuines font attenant la petite Eglife de vanta Croce in Gerufalem. I (**) La Nef étoit précédemment formée par de ifès-belles Colonnes de marbre ; un Barbare, jgne émule du Borromini, les a mafquées a fon feation, par de très-lourds & très-maffifs piiftres. Rome: Santa Croce in Gerutalera.  Rome : Ruines , Toinbeauj (*) Les archi-curieux vont voit derrière cette Eglife dans la partie la plus haute du Jardin, «ne Ruïne afiez coniïdérable que 1'on croit ètre les reftes d'un Temple de Véniis £? de Cupidon , ou de la Venere Genitrice, élevé fous la diétature de Cézar, dans laquelle ruine fut déterréc la trèsbelle Statue de Vénus ayant un petit Amour i fes pieds, que 1'on voit au Belvedère du Vatican.; (•**) La Porte Majeure, eft, intérieurement un peu plus remarquable que les prccédentes; 1'Aqueduc CUudia paffoit au-deffus, & plufieursi Infcriptions apprennent les diveTfes réparatioMj qui y ont été fuccefüvemeat faites. su4 Nouveau Voyaoe Le Plafond de la Nef eft peint par le Corrado ; „ il y a repréfenté Jefus-Chnft, recu ; 1 au Ciel par fon Père , & a qui les Anges apportent en triomphe les inftrumens de la Paffion. Ce Tableau plafonne mal. La compofition en eftconfufe; mais quandonentre ! dans les détails, on trouve des graces, tanc dans les Figures, que dans les Caraétères des i Têtes." On voit fous le maltre-Autel un Tom- i beau Antique de bafalte, qui renferme lei i i cendres de quelque Saint ; il eft d'une : i très-belle forme , & les ornemens modernes i l dont on a cru devoir l'enrichi.r , font d'un c très-bon goüt. Nous invitons également de , t jeter un coup d'ceil fur un Maufolée dans t une Chapelle balie a gauche : ce morceau eft r bien dans fon genre (*). A deux cents toifes environ de la Pond. i 11 Mage,iore (**), en remontant vers la petite : "Eglife de Ste- Bibiana, on trouve dans Pen- ;  én Italië. sh^ :los d'un Jardin potager,, des Ruines que i 'on dit être celles du Temple de Minerva1 Medica (*). Ca "été dans fon origine "une totonde trés -°décorée, & l'on voit encore lans quelques partie des portions du marbre |ui la revêtifibit: dans fon état actuel, elle iffre des points de vues fingulièrement pitorefques. '. On voit aiïez prés de ce Temple, la partie -buterraine des Tombe aux de la familie les Aruntia Ce fouterrain eft compofé le deux Chambres qui fe communiquent. )n trouve dans la première (qui n'a aucune liécoration) un nombre confidérable d'Urjjies cinéraires, placées dans'de petites Niïhes creufes pratiquées dans 1'épaifieur de» inurs. La feconde Chambre eft plus ornée; |n y voit de petites Colonnes Doriques (ennlavées dans le mur), qui féparent une par;ie des Tombeaux, dans des cafés égales: la /oüte eft ici ornée de Stucs, d'Arabefques k' de petits Tableaux peints. Les Figures :n reliëf de Stuc, font joliment traitées : quant aux Peintures, on n'y diftingue prefMt plus rien (**). ( (*) Voy. plus bas Tart, du Palais Jufliniani. ■ (**) AlTez prés de ce monument, & dans la ijbième enceinte, on peut defcendre dans un autre lÉ même genre, mais beaucoup moins orné que .1; précédent : il paroit, par quelques Infcriptioiu [rui fubfiftent encore , que ce fouterrain étoit com- aun a plufieurs families. V Onvoit dans la Strada. Feüce, prés & du cóté d« Pa Giuliano, de bautes Arcade* ruinées , conf- Rome: Ruines, Tombeaux.  nG Nouveau Voyahe Rome : Sat Eufebio, ganta Bibi» U*. truites en briques, appeldes YAqua Martia, fut; lefquelles, dit-ou, étoient placés les Trophées' de Marius; les mêmes qu'on a traniportés depuis fur ia terrajfe qui précède ie Capitole. Eglise San Eufebio, & les Maifons des Religieux qui la deflervent, font élevées fur les ruines du Palais & des Termes de Gordien. Les amateurs de peinture viennentvoir ici le Plafond de la Nef, récemment peint par lechevalierMmgs (peintre Saxon); repréfentant 1'Apothéofe du Saint Titulaire: ce Plafond eft généralement eftimé. Santa Bibiana. Un des premiers chefd'ceuvres du Cavalier Bernini, décore cette petite Eglife : C'eft Pinfiniment belle Statue de la Sainte , placée fur le maitre-Autel. eft difficile de voir rien de plus fatisfaifant: Pair de tête de cette Sainte, eft d'une grande beauté; fes bras, fes mains, fa draperie, méritent le même éloge.,, On voit a fes pieds une petite touffe de Lauriers exécutée avec une, légéreté, une précifion & une hai-diefTe,'; que peu de Sculpteurs auroient ofé rifquer.'* On doit remarquer une Urne d'albdtre oriental, placée fous 1'Autel; elle eft de lst plus belle forme , &profilée d'un très-granri| goüt. Pierre de Cortonne, a peint trois, des fix Tableaux , qui décorent la Nef; ce» font ceux de Ia gauche: ces bons morceaux fe perdent; & c'eft un grand dommage. Revenu dans la Strada Felice, on trouve? (attenant 1'Eglife des SS. Vite & Modefte), les débris de 1'Arc Gallien , érigé a la mér moiré  en Italië. &ty moiré de cet empereur, par Marc-Aurèle. Ce qui refte fur' pied de ce monument a fort peu de mérite; les maifes en font lourdes & les détails mauvais. Clément VIII, a fait ériger en 1595, en face de la petite Eglife de St. Antoine Abbé (*), un Monument des plus médio1 ere, mais au moins oftenfieux, pour con,'ferverla mémoire clel'abfolution qu'il avoit maccordée a Henri IV Le fut de la Croix jiepréfente un Canon : on a reftauré le tout ■pus le pontiiïcat de Bénoit XIV; c'eft bien peu de chofe. L'Eglise de Ste. Maric Majeure, eft la :feconde dans 1'ordre des Bafiliques a Rome. |Le principal Portail (**) , reconftruit fous le pontifkat de Bénoit XIV, trouve des icritiques & des approbateurs: nous croyons i (*) Les célèbres Jardins de Mécène , dont il aiè refte que des ruines très-informes, font en .partie couverts par 1'Eglife & les Batimcns de IXHópital Saint-Antoine , dont nous ne faifons men(tion ici, que paree que le Monument de Henri IV't ;& le chemin que nous tenons, nous donnent ocitafion d'iudiquer ces ruines. (**) C'eft fur la Place qui précède ce portail, iQue Paul V a fait élever la magnifique Colonne ijantique qui la décore aujourd'hui; la feule qui yfubfifte des huit femblables qui ornoient, comme mous 1'avons précédemment dit, le célèbre Temple, \ée la Paix : cette Colonne fupporte une Statue de da Vierge en bronze doré. Nous ferons remarquer iien parcourant les curiofités du Palais Famefe, un jSGroupe alTez volumineux, taillé dans untroncon d'une de ces mêmes Colonnes. Toine IL K Rome: Monument de Henri iv. Santa Maria, Maggiore.  Rome: Santa Maria Maggiore. Nouveau Voyaut, qu'il pouvoitêtre mieux. Les trois Frontons qui couronnent les avant-corps du premier ordre: le Fronton interrompu du dernier, & toutes les petites parties profi- lantès qui en dérivent, ne nous fembknt point des chofes fort heureufes: au refte a maffe totale fatisfait au premier coup d ceil j ce n'eft que Pexamen. On voit fous le Porchela Statue en bronze de Phiüppe UI, roi d'Efpagne • elle ar- 1 rêtera peu les connoiffeurs. L'mteneur du | vaifleau eft richement, U meme trop richement décoré: plus de repos dans les mades, moins d'éclat; moins de dortires dam les acceffoires,y eütimprime plus de noblefl& de majefté. Les Colonnes de marbre qui foutiennent la Nef, font parfaitement belles; mais le furbaiffement de la voute les privé d'une partie du grand effet qu'elles ferment ailleürs. Les marbres & les bronzes; qu ornent PAutel pontiflcal , font du plus beau & du mendeur choix: d'Urne antique de porphyre qui forme lajTab e de 1 Autel, mérite une attention particuliere. On doit voir dans la Chapelle Sixtine, le riche Tombeau de Sixte: r, execute fur les defleins de Dominique Fontana-, que: les connoiffeurs regardent pour une des plus SSeufes compofitions de ce genre qm fe Ta^rBorgheJ, eft trés-belle ; PAutel eft d'une richefle qui etonne('). »*i ■■ 1 ' (*) Les amateurs «'anciennes Mofaïques5eö  en Italië. 2/9 Le Chevet de cette Eglife, donne exté-i rieurement, une afiez bonne décoration. 1 Sixtc V a fait élever fur la Place qu'elle domine, un Obelisque trouvé prés du iPort de Ripetta, que 1'on croit avoir été employé dans la décoration du Tombeau d'Augufte ; il eft de granit d'Egypte & fans ihiéroglyphes : il peut avoir 45 pieds de hauteur , non compris le Piédeltal qui le vfupporte & la Croix en bronze dont il eft furmonté. Villa Négroni , autrefois Villa Mon'■talto Peretti. ,, Ses dépendances occupent Ta partie méridionale de la grande Place de :Termini; elle fut commencée par Sixte Vf dans le temps qu'il étoit encore Cardinal, lil fe plut a 1'embellir lorfqu'il fut Pape:" lil y a deux corps de Batimens dans fon enceinte, qui depuis long-temps ne font point habités. Au pied du batiment d'en-haut, on rermarque fur un Piédeftal antique deux Basreliëfs des plus curieux : on voit dans 1'un, ilun Forgeron & fon aide, avec tous les Outils & Uftenfiles du métier de Forgeron; ;& ces Outils, lont a peu de différence prés *lans la même forme que les nötres. Le cöté oppofé repréfente une Boutique dans laquelle font étalés diverfes fortes de CouKteaux & Inftrumens propres a 1'Agriculture .& au Jardinage. Dans une Salie au rez de chauflee du trouveront ici, exécutées dans le cinquième fiê'«le ; elles fe font voir avec plaifir. K ij Lome: Vil-. > Négroni.  £2© NOVVEdV VÓ YA G E Rome :'S;u Metro in Vincoli. (*) On prétend, mais fans de bonnes preuves, qu'elle repréfente Marius. -On a placé en reoard une feconde Statue confulaire auffi antique, que l'on donne pour Sylla : celle-ci eft fort inférieure a. la première. % C**S Le Bas-relief qui fait pendant a celui-ci, repréfente une Bacchanale; il eft bon, mais foit inférieur au précédent. i petit batiment féparé , on voit une belle Figure confulaire antique (*), très-bien reftaurée: ce Conful eft repréfenté fur fa chaire curule; c'eft une fort bonne chofe. Dans la même Salle, un joli Bas-relief antique, repréfentant Trimalcion qui entre dans la Chambre du feftin, fuivi d'une troupe de Comédiens, &c. (**) Le Jardinier de Sixte-Quint, Figure antique, que ce Pontife affeétionnoit, dit-on, particulièrement; le torfe feul eft antique. On voit que le corps de cet homme eft preffé avec des cordes qui s'entrelacent avec une heureufe fimplicité : une Serpette pend a fon cóté. Neptune, au pied duquel eft place un Triton foüfflant dans üne Conque marine ; Groupe très-ingénieufement penfé, par le cavalier Bernini, qui s'eft ici furpailé pat la manière large de 1'exécution. ^ Ce trèsbeau Groupe étoit ci-devant placé a la tête d'un Baffin , d'oü on a cru devoir le retirer pour veiller mieux a fa confervation : 51 mérite aflurément ce foin. San Pietro in Vincoli. Cette Eglife eft conftruite en partie fur le terrein qu'occu-  en Italië. 221 poient les Termes de Titus, & ornée d'une ] partiele fes dépouilles; elle eft deffervie par \ des Chanoines réguliers. La Nef eft formée par vingt belles Colonnes de marbre blanc de Paros de prés de trois pieds de diamètre , dont le fut eft tiré d'un feul jet; elles font cannelées a vives arètes , & portent le caractère ancien Dorique. La feconde petite Chapelle a droite, eft i ornée d'un joli Tableau du Dominicain., i repréfentant 1'Ange qui vient délivrer St. Pierre de la prifon. Sur une autre Chapelle en face de celle-ci, on remarque un trésagréable Tableau par le Guerchin; on y voit Ste. Marguéritè & le Dragon. On cite entre les beaux Maufolêes qui tapiffent les Eglifes a Rome, celui du> Pape 1 Jules II, exécuté en partie par Michel-sJn^ ge, & le refte par fes élèves. Nous pouvons nous tromper, mais nous ofons le croire fort au-defibus de fa réputation : 1'enfem- l;ble nous a paru moins 1'effet d'un Cata- 'falque, qu'un morceau de Décoration, d'Architeéture, déplacé; & eftimable feulement dans 1'exécution de plufieurs de fes parties. >Mais toute 1'attention des fpectateurs fe réunit fur Vinfiniment belle Statue de Moïse, qui fait le principal, & même le feul mé- irite de ce monument. Cette Figure cèlèbre, ( comparable a tout ce que nous connoif- sifons de plus beau de 1'antique), eft de ;iproportion cololïale : il n'y a qu'une voix ifur fon mérite; elle eft univerfellement ad- tmirée. Moïfe eft repréfenté affis, fon bras droit appuyé fur les Tables de la loi; le K iij lome : San 'ietro in fincoli.  RomciRainei des Terroes de Titus. (*) Nous avons indiqué (prem. vol. are. Paris, hötel de Richelieu) deux belles Figures d'Efdaves qui devoient entrer dans la compolition de ce Maufolée : mais la mort enleva Michel-xVnge, avant qu'il put les terminer. »2z Nouveau Voyaoe gauche vient fe repofer naturellement fin fon ventre : fon caraétère de tête, eft de la plus fublime & de la plus forte expreffion. On critique feulement la longueur démefurée de fa barbe; elle lui donne 1'air d'un Fleuve. Toutes les parties de cette belle Figure font fupérieurement bien traitées : La jambe droite eft découverte , & fe deffine parfaitement fur la draperie qui lui fert de fond; la gauche eft repliée en arrière avec beaucoup de grace : le bras gauche eft entiérement nu , & c'eft ici que MichelAnge a déployé fa fupériorité : on ne fauroit rendre la nature avec plus de précifion, plus de vérité, & le moelleux de la chait fait véritablement illufion (*). II faut voir dans un Jardin prés de cette Eglife les Ruines des Termes de Titus; malgré leur vétufté, elles donneront tóujours une idee de ce genre d'édifice, tant eftimé des anciens. Ces Termes étoient en partie conftruits fur le penchant de la colline, a 1'orient du Colifée : cette difpofition facilitoit une diftribution des Pièces fouterraines deftinées pour les Bains abandonnés au public. L'étage fupérieur embraffoit tout ce que le luxe, les jeux & les exercices auxquels on formoit la jeunefie romaine, pouvoit réunir de plus fatisfaifant. Deux Tem-  EN /talie. a^J pies (ceux d'Efculape & d'Hercule), dé-: coroient la tête de cette vafte enceinte. Les exercices de la courfe, de la lutte , d'efcrime, d'équitation, de natation, & autres, avoient chacun leur efpace circonferit, & par-tout des places plus ou moins diftinguées pour les fpe&ateurs. II y avoit même de vaftes Salons & de moindres Pièces qui iervoient de retraite a ceux qui vouloient jouir de plus de tranquillité, ou fe réunir en fociété moins nombreufe. Dans plufieurs de ces volumineux matonages, on remarque de vaftes Niches circulaires & carrées qui dépofent par leur belle proportion, du goüt & de la riche décoration qui cara&érifoit ce grand édifice. Une portion de Corniche en marbre blanc que Pon appercoit a travers & qui bouche une des fenêtres d'une des Salles fouterraines, ajoute une nouvelle preuve en faveur :de la beauté 8t de la richeffe de cette déco; rat ion (*). On va voir plus haut fur le plateau de ,1a montagne , & un peu au fud de ces Ter:mes, d'autres Ruines, qui étoient de vaftes réfervoirs d'eaux, conftruits dans leur origine (felon quelques antiquaires) pour le ifervice du Palais & les embelliüémens des Jar, dins de Néron, fur les ruines duquel lesTeri mes de Titus ont été élevés, & depuis, coni facrés a Pufage de ces mêmes Termes, ou dt (*) C'eft dans une fouille faite, dans un de ces ! lbuterrains, que le fameux G roupe du Laocoon a été : trouvé : Voy. (art du Belvedère du Vatican. K iv nes des Tormes de T>tus.  &Z4 Nouveau P"oyage Rome : Palazzo Alba- Colifée qui en eft proche : d'autres eftiment que ce pourroit être le Nymphée conftruit par Marc-Aurèle. On y remarque neufSalles ou Galeries d'environ 80 pieds de longueur, fur 25 de largeur, & hautes (probablement)| du doublé. Elles communiquent les unesl dans les autres par des Portes difpofées dia-' gonalement. Les pieds droits de ces mêmes: portes font exactement arondis dans leur* angles, pour oppofer fans doute a 1'eau le moins de réfiftance poffible. La ftructure de j cet édifice eft la même que toutes les con-1 ferves d'eau qui nous font reftées des anciens : on retrouve ici, cet enduit inaltérable, & dont le fecret n'eft point arrivé juf-; qu'a nous; ces fortes de Salles en font toujours revêtues. Le Palais Albant, eft fitué prés des quatre Fontaines : la Cour, les Efcaliers, font garnis dTnfcriptions & de Bas-reliefs antiques de trés-bon choix; il eft richement meublé , & l'on y trouve une fort belle & très-nombreufe collection de Tableaux; voici ceux qui nous ont paru les plus remarquables. Un magnifique Payfage, par Salvator Kofa : il eft de la plus belle confervation. Une Ste. Familie peinte fur bois, par le Pérufia; en 1489 : Les Volets qui recouvrent le Tableau , font également peints par ce maitre : c'eft, pour Pépoque oü il a été fait, un morceau curieux. Judith tenant la Tête d'Holopherne; fa Servante tient le Sabre & le Sac : par Mi~ ehel-Ange de Carravage.  EiV Italië. 223 Une Magdelaine; par le Guerchin. Du mime; une Vierge & 1'Enfant Jefus; c'eft le plus petit Tableau que l'on connoifle de ce maitre ; il eft délicieux. Le même fujet que le précédent; charmant petit Tableau, par YAlbane. Un beau Portrait de Femme; par Mola. Un Cardinal en colloque avec deux Perfonnages fécüliers : on le dit du Titien: c'eft un beau Tableau, & digne de ce maitre. Un Ambaffadeur Vénitien , reen dans une Cour Afiatique; par Paul Veronefe. ^ Une Ste. Familie ; charmante efquiile, pat le Barrochi. üne belle Tête de Vieillard; par Salvator iRofa. „ Un Philofophe méditant fur un Globe ; j; délicieux Tableau, par le Mieris. Un St. Jéróme; belle ébauche , du Guide. Le Maffacre des Innocens; fuperbe ébau.che de Pierre de Cortonne. Une Tête de St. Jofeph ; par Salvator \Rofa. '. , , Notre-Seigneur qui apparoit a pluheurs iSaints ;par \e Barrochi. Deux beaux Baljan , places au-deffus des \ deux Portes de ce Cabinet. Le Sauveur & St. Jean; deux Buftes reujinis dans le même Tableau; par le Guide: ces 1 deux Têtes font admirables. Une Charité Romaine; Tableau précieux, ide Michel-Ange de Carravage. Un Chrift en Croix •, par Rubens. La Mott de la Vierge; par Carlo Ma~ raai K v lome : Pa'nzzo Alb»ti.  pyome : PaInzzo Albani, Piazza alle Quati'0 fyiitaiie. 126 K OVV E AU T"0 Y AOL Un Portrait d'une Femme & de fes deux Enfans: par le Barrochi. Une Defcente de Croix ; par Gérard Douw: délicieux Tableau , & Pun des plus rpirituellement compofé & le plus largement peint de ce maitre. Une Tête d'Apötre ; par le Guerchin. Le Mariage de S» - Cathérine; par Pierre de Cortonne : Tableau de forme ovale ; jöliment compofé & très-gracieux de couleur. Le Portrait cvHolsbain, peint par luimême : Tableau d'une belle fraicheur. Deux jolis petits Tableaux, par le Trèvifan ; dont 1'un , nommément repréfente Moïfe qui frappe le rocher. Une Tête de Vierge; par Carlo Maratti. Un Bufte de Vieillard; parl'Efpagnoletto. Quatro Fontane. Le Palais que nous penons de parcourir, décore un des angles de la Place des Quatre-Fontaines : il eft dommage qu'on n'ait pas tiré un meilleur parti de cet emplacement; les deux belles Rues qu'elle coupe a angles droits, méritoient mieux. Deux Eglifes occupentdeux des trois iutres encoignures : Celle de San Carlo (fituée en face du Palais Albani) eft conftruite, d'après le Borromini: on doit dès-lors s'attendre a de Pextraordinaire, & véritaslement, c'eft bien la compofition la plus :ourmentée qui fe puifle voir. San Andrea ie Gefuiti (Eglife fituée en oppofition de la ^récédente), appartenoit au Noviciat des :i-devant Jéfuites: elle a été élevée fur les Jefieins du cavalier Bernini: il lui a donné me forme ovale qui réuffit bien; elle eft ri-  è-n Ir Ah ic. 227 èhement & ingénieufement ornée. II faut fe faire montrer dans 1'intérieur de la maifon , la belle Statue de St. Scaniilas, par Legros; elle eft compofée de différens marbres, & les connoiffeurs 1'eftiment une des meilleures productions de cet eftimable artifte. Les Termes de Dioclétien, étoient fitués; au nord de Ste. Marie Majeure; ils occupoient tout le quartier des Chartreux , des Bernardins, des Greniers d'abondance , &c. Cette enceinte avoit plus de mille pieds de longueur , fur prés de fept cents de largeur (*) „ L'Eglife San Bernardo (dont la forme eft circulaire), étoit un des Chauffoirs (calidarium); il y en avoit un autre qui forme aujourd'hui le Veftibule des Chartreux , oü étoit autrefois le célèbre Pinacoteca. On voyoit dans les Mtimens de ces Termes, des Portiques, une Bibliothèque, des Académies de Jeux, des Bains, des Promenades , & toutes fortes de magnificences & d'agrémens. Pie P~, voulant profiter des magnifiques ruines d'une partie de ces Termes qui étoient encore fur pied , chargea Michel-SJnge des arrangemens convenables a faire pour les approprier a une Eglife : cet homme célèbre , en profitant de la belle forme que lui (*) Voyez les fJEuvres de Dcfgotlets & Moreau. On en trouve une ample defcription dans la gymnaftique de Mercuriales. Enfin M. Peyre, ATchiteéteduroi, a inféré dans fes ceuvtes d'Architecture un plan général de ces Terrues, très-eiafi & trcs-curieux, K vj lomer Ruines iet rermeS dc Dioclétien.  22 Romc : 1* Madonna della Vittoria.  Rome : la Madenna della VittOria. cieufes & d'offrandes eonfidérables , faites par les empereurs & autres Princes Catiioliques," aja Nouveau F~o ya ge dépendante du monaftère des Carmes defchauflés, conftruite fur les defleins du cavalier Bernini. C'eft dans la riche Chapelle fituée a gauche prés du Chceur, qu'eft placé ce Groupe célèbre de S™- Thérèfe, exécuté par ce grand artifte, & qu'il regardoit comme fon plus bel ouvrage. Toutes les voix s'accordent véritablement pour louer la correction du deflëin, les charmes de 1'expreffion , & la fupériorité de Pexécution : mais on ne croit point trouver dans la fainte Thérèfe ce raviflement pur & célefte, qui devroit feul caraétérifer fon extafe : le fentiment qu'elle exprime paroit être trop peu détaché des fens. „ Un Ange qui a Pair d'un Amour, tient d'une main une Flèche & de pautre femble lui découvrir un peu le fefl & la regarder en fouriant. Quand la figure de Ste. thérèfe feroit nue, elle ne feroit pas plus; licencieufe: le fculpteur y a mis une expreffion que le papier ne peut fouffrir. L'Ange a Pair d'un hardi petit maitre, & la Sainte femble paflionnée jufqu'a 1'égarement. La Tête de PAnge eft d'une fineffe fingulière, & celle de Sainte-Thérèfe parfaitement belle : les draperies de la Sainte femblent être trop chiffonnées." La Chapelle oppofée eft également ornée ] d'un Groupe auffi de marbre, repréfentant St. Jofeph que PAnge éveille, &c.; il eft du Ferrucci : vu ailleurs, fans doute qu'il fatisferoit mieux.  en Italië. en Italië. 233 On voit dans la feconde Chapelle a droite Rome:i>j>lus dédaigneufe répugnance : cette remar|ue n'échappe a perfonne : 1'idée en eft unijue. Dans une Chapelle a gauche, on remar[uera un petit Tableau du Guide, très-intéeffant: on y voit Jefus-Chrift attaché fur la Broix, la Vierge & St. Jean font debout au ras de la Croix. II eft placé au-deflus d'une Detite porte de communication d'une Chalelle a 1'autre. Le Tableau de 1'Autel de elle-ci, eft du Guerchin , il a pour fujet une He. Trinité : c'eft un Tableau médiocre. . ■ette petite Eglife eft furchargée d'ornemens; . m y a employé , ou plutót prodigué beau(coup d'albatré de Sicile , qui eft fort beau. La Porte anciennementnomméeiVomenana , porte aujourd'hui celui de Pia , des éparations & des embelliflemens qu'y fit |ire intérieurement le Pape Pie IV Deux lommes célèbres y ont travaillé fucceffivenent (Michel-Ange. &le Bernini); „cepenjlant on n'y voit qu'une architecture bifcarre & mal aflbrtie ; il n'y a aucun mem|e qui ne foit tronqué ; la forme de la Jorte , n'eft ni ronde ni quarrée , mais elle é termine a pans par le haut, ce qui eft 'üès-défagréable : il y a beaucoup de dureté  V.omc: Santa Ai-nefe, S.nta Conftaiiza. nj4 N ovv eau /'o yjcE dans toutes les parties de cet ouvrage." L' E g l i s e de Sta. Agnefe hors la Porte Pia, eft Pune des plus anciennes de Rome; on fait Phonneur de fon érection a Conftantin , qui Péleva, dit-on , a la prière de Ste. Conftance fa rille : elje eft deffervie par des Chanoines réguliers. A Pextrêmité d'un affez beau Porche que Pon trouve de plain-pied au pavé , on defcend a cette Eglife par un large Efcalier de 40 marches de très-beau marbre blanc. La Nef eft foutenue par deux rangs de fort belles Colonnes antiques de différens marbres , mais toutes de marbres rares : celles d'en bas font cannelées; deux entr'autre font ornées d'une forte de cannelure dont on ne connoit aucun exemple a Rome, & qui a dü demander un énorme travail. L'Autel conftruit en Baldaquin , eft orné de quatre Colonnes du plus beau porphyre , & enrichi de pierres précieufes. On a placé au-deffus du Tabernacle , la Statue de la Sainte Titulaire ; le torfe d'albatre oriental eft antique & d'un affez beau travail ; on y a ajouté depuis, la Tére, leïj Pieds & les Mains, qui font de bronze doré. On voit dans une Chapelle prés du Chceur a gauche, un Bufte du Sauveur par Micheluingt; Bas-relief enfermé dans un ovale: c'eft un beau morceau. Dans la même Chapelle , un Candelabre antique, de marbre, orné de bonnes fculptures ; fa forme eft très-heureufe & pyramide agréablement. „ Santa Conjlania , petite Eglife voifine de la précédente , que quelques Antiquaires  E ti lT AL IV. royent avoir été dans fon origine un Temple i le Bacchus; d'autres eftiment que c'a été | m Baptiftère (*) que Conftantin fit éle-' 'er pour le Baptême des deux Conftances és fllles, a 1'imitation de celui de Saint-Jean I Latran : L'affertion des premiers ne déruit point le fentiment des feconds; il eft loffible que Conftantin ait voulu profiter de i première difpofition de ce Temple : les 24 telles Colonnes de granit qui le décorent fi vantageufement aujourd'hui, y ont vifiblenent été ajoutées après coup. Ces Colonnes ont accouplées; elles laifl'ent régner enir'elles & le nu du mur, une Galerie d'une brt bonne proportion. 1 On remarque dans ce mur de vaftes Niches iui, vraifemblablement étoient autrefois or-jées de Statues; une feule de ces Niches eft uccupée (c'eft celle fituée en face de la n'orte d'entrée) ; on y voit un magnifique Tombeau de porphyre , de la plus belle & de I plus heureufe forme poffible ; il n'en ïxifte point a Rome de mieux confervé, & ;l'une proportion auffi forte : il a fept pieds | demi de longueur parle haut,& un peu noins de cinq pieds par le bas; fa largeur ■ft d'environ cinq pieds, & fa hauteur de quatre, non compris celle du couvercle , qui (*) II afervi enfuite' de Maufolée a cette Sainte; du moins , croit-on, que ce font fes cenrlres qui rempliffentle Tombeau de porphyre placé i'ous le maitre-Autel. Cette Urne eft très-belle , 1:11e eft exaftement femblable dans fes proportions • t celle de Ste. Hélène qui repofe dans la Balikique de Saint-Jean de Latran. Rome: Santa Coriftanza.  2jS NO VVE AU VoYAGE ■Rome : Paiazzo Barberini. peut avoir a peu prés deux pieds d'exhaufferaent. Le Bas-relief qui orne ce Tombeau repréfente une Vendange & des Jeux d'Enfans : le tout eft très-ingénieufernent compofé & d'une exécution dans beaucoup de parties infiniment eftimable. Le Palais du Prince de Paleftrine (précédemment Barberini'), eft fitué fur le Mont Quirinal; c'eft un des plus beaux & des plus vaftes de Rome : il a été élevé en partie fur les defleins du cavalier Bernini. Rez de chauffée. Entre une quantité prefque inombrable de Groupes, de Statues, de Buftes, & autres raretés, qui rempliflént cinq vaftes Salles de plain-pied, nous allons trier, fuivant notre ufage, les plus remarquables. Un fuperbe Bufte d'Alexandre le Grand. Une fort belle Tête de Jupiter. Deux Buftes que Pon aflure être , ceux de Marius & de Sylla. Une Tête de Jules-Cézar, en pierre d'Egypte. Un beau Bufte ; par le Bernini; repréfentant le Cardinal Barberini. Du même; le Bufte d'une jeune Perfonne de la familie Barberini: c'eft un chef-d'ceuvre de délicateffe. Du même; un Satyre malade : belle Figure, pleine d'expreffion. Une Mofaïque antique, repréfentant 1'Enlèvement d'Europe : Tableau très-curieux, & très-bien confervé. Un Septime-Sévère en bronze; figure dehauteur naturelle. Les amateurs 1'eftiment  ejv Italië. £J7 lus pour fon extréme rareté, que pour la i eauté de 1'exécution , qui cependant ici,1 'eft pas indifférente. Un Narciffe antique, parfaitement refmré & que les connoiffeurs eftiment beauDup. Nous paffons rapidement fur une infinité e morceaux pleins de mérite , mais qui le èdent néanmoins a 1'inimitable Statue du 'AUNE qui dort; 1'un des plus beaux aniques qui fe voyent a Rome. ,, Cette Fiüre ( ouvrage inconteftablement grec ) eft u plus beau choix de nature; la compotion en eft fage; les membres en font heuïufement contraftés; le repos y eft fuérieurement exprimé; les chairs & la peau I font parfaitement rendues." La Jambe toite & le Bras gauche ont été reftaurés par I Bernini : il eft trifte qu'il n'ait pas mieux éuffi; la pofition de cette dernière Jambe, feft ni naturelle, ni même poffible. Le Repos de Diane; par le Bernini. Le mi de 1'exécution de cette Figure étonne nlus qu'il ne fatisfait. Du mime; Adonis, attaqué par le Sanjlier : également très-fini, mais d'une com:iofition froide & qui ne dit abfolument rien iu cceur. Nous omettons ici plufieurs excellens Basreliëfs antiques placés dans ces mêmes Salss : nous en indiquons de préférence, deux irès-jolis qui décorent deux petits Autels jriangulaires, & quelques autres en forme je frife, touchés avec efprit, &; qui appellent a eux 1'ceil de 1'amateur, Rome : Putazzo Barberini.  Rome lazzü berini, (*) La difficuké d'indiquer avec une certaine exafticude , chambre par chambre, ce qu'elle» renferment de plus remarquable, nous déterraine, 2j (*) Une belle copie de la Transfiguration, 1 Raphaël; par Jules- Romain. iDu même; une copie de la Bataille de bnftancin , contre Maxence , encore d'a]ès Raphaël. „Un Satyre endormi, Statue antique de nrbre : elle a beaucoup fouffert. Brutus & fes deux Fils; Groupe antique de lirbre, de beaucoup de mérite. (**) LeTriomphe d'Ariane & de Bacchus; Biu Tableau, du Rómanelli. iLa Naiifance de Néron ; un Sacrifïce a lane :deux jolisTableaux dePierredeCoréne. Le premier eft placé au-deflus d'une Brte : le fecond lui eft fupérieur en mérite. iLes Enfans de Niobé, tués par Apollon, aui Tableau, de Carracelli. JL.a Chute de Phaëton ; par Borti : ce jl. Tableau eft placé au-deflus d'une Porte. Les Joueurs fripons. On y voit un jeune Bmme de la plus heureufe phyflonomie , dbé par deux Fripons: Tableau capital, Sc l| de ceux qui honorent le plus MichelWke de Carravaggio : il eft, fans contreè\, admirable. Jne Magdelaine , par le Guide, moins V) Dans une Pièce de plain-pied avec le gransl Sm & qui s'élcve a la même hauteur. **) Dans une Pièce qui fuit. L ij Rome : pg. 'kzzo Barberini.  — Rome '. Pt iazza Barberini. 144 NOUVZAV VOYAQE ■ belle que celle que nous avons indiquée: plus haut , mais également digne de ce: maitre pour la purecé du deflëin , & le faire qui eft parfaitement beau (*). f Trois Têtes d'Hommes & celle d'un En- t fant • c'eft un fragment d'un beau Tableau 1 5 par le Titien : 1'expreffion en eft fublime. t Moïfe ; beau Tableau du Guide. t Le Martyre de Saint André ; par Aicov las PouJTm. A f Quatre Têtes d'Anges dans un meme lanii bleau ; par le Perrugianino. Les deux Amans qui entrent ou qui lor- 81 tent d'un Bols-, par Auguftin Carrache :g c'eft un charmant Tableau : les Figuresj . font prefque de grandeur naturelle : la lete s de la jeune Amante eft jolie & d'une finefle il féduifante : 1'expreffion du jeune homratr femble être un peu filencieufe , un peu ftoi- f de : il eft poffible qu'il avoit des raifons de t: 1'êti-e. C'eft en tout un charmant morceau i( Le Mariage de Ste. Cathérine ; belld; eopie de Pierre de Cortonne , d'après l'on-: f einal de Paul Veronefe. J Un Chrift au pied duquel on voit lik: Vierge, la Magdelaine & St. Jean ; par Len franc Ce petit Tableau eft exaftement fem ! blable de compofition , de proportion, &c j è celui du même maitre que nous venon;; de faire remarquer dans ce même Pallais : on les affure tous deux origmausl (*) Ce Tableau, lorfque nous le vimes, éto j placé au-deffus de celui des jovreurs fripons. i :  ên Italië. Un Chrift le rofeau a la main; par le 'Uerchin. (*) La Mort de Britannicus ; Tableau ilèbre de Nicolas Poujfin. Ce très-beau lorceau a beaucoup fouffert , mais il eft icore d'une rare perfection ; c'eft un des ief-d'ceuvres de ce maitre, qu'on ne fe (fe point d'admirer. (**) Efther devant Affuérus; par le Gueritin : nous ofons croire ce Tableau médio- e, malgré 1'éloge qu'on en fait fur les lieux. La Vierge , 1'Enfant Jefus, St. Jean , & t Charles Borromée; petit Tableau trèsfeéable, de Carlo Maratti. I Un beau Payfage ; par Nicolas Pouf| (***). llHérodias tenant la Tête de St. Jean; gr Léonard del Vinei; la Tête d'Hérodias it fort belle; mais ce Tableau a beaucoup julfé au noir. (lOn voit dans Pefpèce de Cour qui pré|de ce Palais, un joli Obélifque de granit f;**) couché a terre, & que l'on fe propoIr d'élever fur une Place qui devoit Ire conftruite en avant de ce Palais. La [»*) Dans une Pièce qui fuit. *[(**) Dans la Salle du Billard. • f (***) Placé prés de la fenêtre a gauche , oü Ln voit un beau St. Jéróme, prés duquel eft un Inge qui femble lui diéter. li****) Cet Obélifque décoroit ci-devant le umbcau d'Augufte; il a été déterré en même Laps que celui élevé vers le chevet de 1'Eglife |i Ste. Marie Majeure. L üj Rome : P lazza Barberini.  Rome: Fontaine Barbe ririi, Eglifi des Capucins , Rui ?ies des Cir ques de Sa Jutte £f d< Flore. (*) Un Triton y lance de 1'eau de fa trompet a pres de quarante pieds de hauteur, & dans un très-gros volume. (**) Les Jardins & le Cirque de Salufte, aïnfique celui de Flore , occupoient la partie du mont Quirinal qui embraffe aujourd'hui 1'Eglife & le Couvent de St. Nicolas de Tolentin ; la "Villa Buon compagni; la Villa Cefi, la Villa Mandofi; la Villa Barberini, &c. II exifte encore du Cirque de Salufte quelques portions des Voütes qui foutenoient les fiéges des Speétateurs, & de 'plus grandes Ruines d'un Temple que l'on dit avoir étc confaert d Vinus Aflijlrix, dont un cóté eft 246 Nouveau Voyage mort A'Urbain VIII empêcha Pexécution de ce projet, qui ne demandoit que la dé-*jj molition de quelques bicoques. Un des cótés du Palais Barberini, donne, fur une Place afléz vafte , mais irrégulière I & qui n'a d'autre mérite que celui d'être,,; avantageufement percée. On a élevé a peu, prés au centre une Fontaine exécutée d'après les defleins du Bernini; Pintention en eft " excellente (*). Santa Conce^ione de' PP. Capuccini. La première Chapelle de cette Eglife , en entrant a droite, eft décorée , par un Ta-, bleau célebre du Guide; regardé comme le. troifième entre les plus beaux qui fe voyent a Rome : II repréfente 1'Archange St. Michel vainqueur du Démon. C'eft un fuperbe" morceau; il eft exécuté en mofaïque a St* Pierre du Vatican. On remarque encore dans cette Eglife,. la Guérifon & la Converfion de St. Paul; par Pierre de Cortonne, &c. (**)  en Italië. 247 I Porta Salara. Nous ne faifons mention :e cette Porte, que paree qu'elle nous rappelle j: célèbre Champ Sceleratus, fitué dans fon ioifinage, ainfi que le Temple fouterrain je ce nom, oü quelques hiftoriens difent ael'on enterroit vivantes celles des Veftales .ïi avoient violé leur vceu deVirginité (*), jiterré : une immenfe quantité dedécombres cou;e le refte; il y eft comme englouti: Ces ruines Int peu intéreffantes. jOn n'appercoit plus du Cirque de Flore que i difpofition du terrein qui a péu changé, & quel«es corps de fubftruétion fur le doublé penchant II la Colline au long de laquelle étoient vraifemIkblement pratiqués les gradins fur lefquels fe Ucoient ceux qui affiftoient a ces jeux. f*) PoNTE Salaro , autrcfois Tom Nomentau, fui le Teveronne, ou ancien Anio, fitué a un ]a moins de deux milles de la Porta Salara. Ce ]nt eft célèbre dans les faftes Romains, par la :ict.oire que Matilius Torqnatus remporta fur le ]is redoutable des Gaulois. Mont Sacré. Vers Pan 495 de I'ère chrétieni, le peuple mécontent du Sénat, quitta Rome , < vint camper fur une monticule (appelée depuis lont Sacré), que Téveronne entoure en partie, i lée a une demi-portée de canon du Pont ci-deffus; i ie quitta faretraite, ne rentra & ne reprit fes occu] iions dans la ville, qu'après avoft obtenu du Sénat 3 conditions les plus avantageufes, & nommément ': création d'un Tribun pour veiller a fes intéréts. Nous n'inférons ici les ruines qui précédent i donnent lieu a la préfente note, que pour ceux 1,, ayant quelques heures a perdre , voudroient inromener leur carte a la main fur ces empla■ aens célèbres, & que les vrais curieux (lorf«lils le peuvent) ne négligont point de connoitre. L iv 1 Rome: Rui, ms de Fi Rtphaïl, & balancer la réputation de celui-ci. Rome: >V7la Médiciï  2^4 Nouveau p~oyage Rome: Villa Médicis. trefiës : ce ne font pas de fort belles ehofes. il On volt dans une des Pièces qui précè- j -c dent la Galerie, un beau Tableau du Guer- \J chin., qu'on a placé dans le Plafond , quoi- • qtPirTt-'-ak pas été compofé pour une telle | f; pofition. II repréfente Léandre que desFem-1 S mes retirent mort des bords de la mer, &1 i fon Amanre qui s'y précipite du haut de la 1 tl Tour qui la renfermoit. k Dans la Galerie : un Mercure en bronze ; 1 par Jean de Boulogne; excellent morceau. f li Pan, apprenant a jouer de la Flüte al Apollon : trés-joli Groupe antique de | l tnarbre. E Un des Fils de Niobé; belle Figure an- I n tique; mais reftaurée d'une manière qui ne J tii fatisfait pas. Un très-beau Vafe antique de marbre de m Paros (le feul qui peut être mis en parallèle avec celui de la Villa Borghefe), il eft { d'une excellente forme : on remarque dans | fon pourtour un Bas-relief de la plus,belle x| exécution , repréfentant le Sacrifice d'Iphi- j genie. Un petit Autel carré antique, orné fur 1 cbacune de fes faces de Bas-reliefs repré- ! fentant des Bacchantes jouant de diverfes S i fortes d'inftrumens. La Fa9t1.de du cóté du Jardin , quoique » du deflëin de Michel-Ange, a peu de mé- I \ rite ; on y a entaflë une quantité de Sta- .1 e tues , & de Bas-reliefs antiques, qui, em- 1 e ployés plus fobrement, ou placés ailleurs , Jg !; euflent infiniment mieux fait. Dans les en- -4 i tre-colonnemens du Veftibule font deux |s  £i\r Italië. 233 Lions, 1'un antique , 1'autre moderne ; ce Idernier eft le meilleur, il eft de Flaminio 'Vacca. Les Bas-reliefs qu'on remarque de préijférence dans le Frontifpice , font; „ Un iSacrifice de Taureau que deux Hommes imènent a 1'Autel ; le fond de ce Bas-relief jjieftun Temple : les Sacriricateurs font beaux & bien drapés." I Un Hercule étouffant le Lion qui lui donne |de la Tête contre 1'eftomac. „ Un Homme armé paroiffant fe jerer lui .pt fon Cheval dans un gouffre : le mouvement de 1'un & de 1'autre eft excellent: c'eft vraifemblablement le dévouement de Curilius." A cóté des quatre Rou Parthes, font jplacés deux Bas-reliefs formés de grandes guirlandes deFruits & de Fleurs, attachées au milieu par une Tête de boeuf décharnée & «les rubans en zigs-zags; 1'exécution en eft fort favante & fort belle. I On voit dans des Niches diftribuées exèérieurement au long d'une Galerie quelques jjJtatues antiques; entre ces Niches on a placé ine fuite de Bas-reliefs , demi-nature, la plupart fort beaux. Dans un petit Salon qui fuit, on voit „ pn Faune en bronze qui tient Bacchus entre és bras ( dont 1'original eft a la Villa Borg- pefe) & pour pendant un Mars également i Se bronze : tous deux modelés par Jean de yftoulogne. La première de ces Statues eft ^pccellente ; la feconde eft courte & d'une i nauvaife attitude." Au milieu de ce Salon Rome: Pil' U Médicis-  Home: la llorihefe. (*) Nous en ferons remarquer deux autres exafteraent femblables , qui décorent la Place Farnèfe. 5.3S NOU f EAU VOYAOE va- eft une grande Coupe de porphyre très-belle. Deux grandes Cuves ou Baffins de granit oriental, giflent fur la terralie ; elles ont été tirées des Termes de Titus : elles ont au moins vingt pieds de longueur d'un fens, & prés de douze de 1'autre ; leur forme eft un ovale alongé (*). Au centre du parterre on a élevé une petite Aiguille ou Obélifque de granit ornée de caraélères égyptiens; il jaillit de fa bafe une fort jolie Fontaine. ► Dans un Salon fitué plus avant dans le Jardin , eft une copie antique très-belle de la Cléopatre du Vatican. Dans le même endroit un joli Bas-relief antique que l'on croit repréfenter Bélifaire, ou plutöt un Philofophe Cynique affis&qui médite. Desfragmens de grands Pilaftres , ornés de feuillages de la plus belle exécution. En général, il ne refte ici que ce qui n'a pu être retiré : les morceaux les plus précieux de la riche collection qu'on y voyoit autrefois, ont été tranfportés a Florence. Villa Borghefe,>a mieux fituée, & la plus vafte de toutes les Maifons de campagne des environs de Rome : Son enceinte a plus de quatre milles de circonférence. Elle eft richement meublée , & ornée d'une infinité de chofes précieufes dans beaucoup de genres. On y compte plus de trente Colonnes, tant en porphyre, en marbre vert,  EN IT AL IE. 2^7 marbre jaune ; Lumachella anüqua ( ex- R< craordinairement rare ) ; d'albatre de brèche w cornaüne , &c. Des Vafes,desUrnes de porpbvre ; d'autres d'albatre oriental ; des jCandelabres , des Tables de rapport; des ibronzes antiques & modernes, dn plus beau ichoix , & mille autres curiofités du plus rare ^jimérite. On a fait entrer dans la décoration exterieure du principal batiment, de très-beaux Bas-reliefs antiques de marbre : celui du ftDieu Mytras facrifiant un Taureau , nous k particulièrement attaché, par la beauté |de fon exécution; il eft placé vers le haut jidu pignon a gauche. Nous indiquons egaJlement celui qui repréfente le Dévouement Ide Curtius; c'eft un morceau unique pour la ibeauté. Sur le Perron du Jardin, deux Vafes an4 tiques fort beaux; deux Cornes d'abondanIce, & un jeune Faune de la plus agreable jntention. Un Baffin de forme circulaire foutenu par -llesGiices, grandeur demi-nature : Groupe «antique bien aimable, bien délicieux (*). Les Buftes des douze Cézars en marbre» | ouvrage moderne; d'autres Buftes antiques ; .1 quelques belles portions de Frifes, & des Sarei Cophages fort beaux. Dans une Pièce au rez de chauflee : Sene1 que mourant dans le Bain, en marbre non ; (*) Cc charmant Groupe, eft exaétement femblablea celui que nous avons indique cn parcourant la Cathédrale de Sienni. >tne: fi!Borghele,  Rome: Vil/«Borghele. ( * ) On prétend que Ie Bernini doit fe reconnoitre dans le David : il nous a paru que cette Tête lui reffembloit foiblement, coaiparée aux Buftes connus de eer, eftimable artifte. 2j C'eft 1'original de la Mofaïque exécu»M) tée au-deffous de 1'Horloge : ce Tableau eft 1 L d'une couleur gracieufe, & les têtes ea font ,4 belles." M ij Rome : lazzt Quirinale.  Rome ! Pa lazen Quinto) e, " 0 NO WE AU roYAGZ •de St. Èrafme; par Nicolas Poujfin : fu-1 :perbe Tableau. Une Ste. Familie ; par Rubens. ■ Une Ste. Familie; par Pierre deCortone.È Une Madonne ;■ par le Guide. Plufieurs Saints dans un même Tableau,I parmi lefquels on diftingue St. Huberr, par>| MicheJ-Ange Carravaggio. Un St. Jean-Baptifte ; par Raphael. ■ Une Defcente de Croix; par Louis Car~% *^he. Une Ste. Familie; par Raphael (*)• Saint Sébaftien, St. Frangois & St. Igna-g ce, invoquant la Vierge & PEnfant Jefus qui font vus dans une Gloire, &c; jolil petit Tableau du Guide. ■ La Galerie qui fuit eft ©mee de Fein-i tures a frefque de différens mattres: Les con-J noiffeurs s'arrêteront de préférence fur un Tableau de Carlo Maratii, dans lequel il al repréfenté 1'Adoration des Bergers. (**) Sainte Gathérine; par le Guerclun^ Saint Etienne ; par le Vajfori. Saint George; par le Bourguignon. 1 Deux Femmes,,dont une exprime d unej éponge le fang des Martyres; Tableau place au-deffus d'une porte de eet Appartement: par Michel-Ange de Carravaggio. Ce Tal bleau eft très-beau. 1 (*) Peint felon fa première maniere : ce Tl* bleau eft placé dans la Chambre a coucher. I (**) Dans une Pièce ou 1'on paffe en quktaM h Chambre a coucher.  en Italië. 269 David pourfuivi par Saül; par le Guerchin : Tableau très-eftimé. La Vierge qui paroit donner 1'Enfant [jefus a St. Frangois; par Pierre de Cortone. | Une Madonne; par Lenfranc. Une Ste. Cécile morte : deux Femmes pairoifient en recueillir le fang; par le Barrochi: beau Tableau. ; La Samaritaine; par le Trèvifan. \ Dans une dernière Pièce : une charmante iefquiffe très-foignée de la Transfiguration du (Sauveur; par Raphaël. ', Une autre Transfiguration du Sauveur; par le Cavalier Darpino : petit Tableat jtrès-joliment compofé, & touché d'une ma«ière très-aimable , très-fpirituelle. La Chapelle Conjiftoriale, eft a peu prés de la même grandeur que la Chapelle Sixitine au Vatican , & diftribuée de même. La Koulis eft décorée en caiflbns & autres ordemens de ftucs dorés: PAutel eft fort firn? Ma : ony voit une Vierge en tapilierie , d'ut: linden, mais beau travail: une Tenture d'Etoffe de foie décore tout le Pourtour. j La grande Salle oü fe tient le Confiftoire public termine le contour de ce vafte Palais. C'eft dans cette dernière Salle qu'efl placé le plus beau, le plus fuperbe Tableau Hu Guerchin; fur lequel il s'eft fait peu de pitiques du vivant même de Pauteur, & que depuis qu'il n'eft plus, les connoiffeurs ae ceflent d'admirer. „ II repréfente Ste. Pétronille qu'on déterre : Dans 1'inftant qu'on la the de la Foffe., on la voit dans la Gloireaaenoux devantJefus-Chrift. L'orM üj Rome : Palazzo Quiri- nale.  Rome : Pa- l/tzzo RoC figliofi. eft grand , beau & fimple; les Têtes en font nobles, fines & gracieufes; les tons, les caraétères, & les airs de têtes bien variés. Les draperies en font bien ajuftées , & dans le beau ftyle des Grecs.'' On déiireroit cependant que 1'Aurore füt plus fvelte, plus jeune , plus nue, & que le choix des draperies fut plus heureux. La Mer qui eft repréfentée au fond a beaucoup changé. Le Tempefta , a peint dans la frife de la.; même Pièce une Pompe triomphale, &. le t§f§< Nouveau Tora ge donnance en eft bonne; la couleur en eft ê vigoureufe : la fainte. qui eft dans le Ciel eft très-belle, & celle que Pon déterre ne Peft pas moins; la main qui eft en bas annonce le foifoyeur qui aide a la porter, ce qui fait très-bien pour Paction de ce groupe. Le Jenne-homme qui tient une ï Torche, eft très-bien touché : plus on exa-1 mine ce Tableau, & plus on y trouve des beautés de détail." Palais Rofpigliofi. Le célèbre Plafond de PAurore, par le Guide, décore le Salon : d'un pecit Batiment féparé, mais dépendant du Palais: Ce Tableau , qui feul eut fuffi pour immortalifer ce grand maitre, eft auffi Pun des plus eftimés de Rome. On y voitl „ le Soleil fous la figure d'Apollon, quil commence fa courfe; il eft trainé dans uai Char par quatre chevaux de front: les Heures danfent -autour de fon Char ; il eft pré-j cédé d'un Amour tenant un Flambeau a ! la main & de PAurore qui fème des Fleurs. Cet ouvrage eft tout a fait dans le gout de ; Pantique , fagement compofé; le defléin en I  1 en Italië. 271 •Triomphe de 1'Amour: ces frefques font ■ krès-chaudes, trés - belles, mais le plafond tabforbe a lui feul, 1'attention des fpectateurs. Dans deux Cabinets diftribués de droite & de gauche de ce Salon , on voit quelques Statues & Buftes antiques, mais qui nrréteront peu les connoiffeurs. Dans lc 3»rand nombre de Tableaux qui y font paireillement raffemblés, voici ceux qui-nous ont le plus intéreffés. I Un Payfage ; de Claude Lorrain (*). I Un fort beau Bufte antique, de Scipion. ( David qui retourne en triomphe a Jérufalem , avec la Tête de Goliath : par le ^Dominicain. I Du même ; Armide & Renaud. Un petit Enfant; par le PouJJin; colo:rié dans le goüt de Rubens: il eft appuyé lur un Vafe & tient une Corne d'abondance. Un Pigeon ; par le Guerchin. I Le Portrait d'une Fille; par Paul Veronefe. I Andromède délivrée par Perfée; charmante efquifle, par le Guide. II Du même; St. Philippe de Néry: joli petit Tableau , & très-frais. I Du même; une Sainte Familie: ce TaB|)leau a beaucoup fouffert, mais il eft enliore beau. (*)Ce Tableau, fans être un des plus beaux olie ce maitre , eft néanmoins digne de fa grande • réputation : il eft ici, on ne peut pas plus mal llacé, contre le Trumeau des deux croifées qui Bllairent cette Pièce. M iv Rome : Pa- lazzo Ruf- pigliofi.  Rome :Fil la Aldobrandini. 27» Nö VVE AU VOYAGE ■ Les douze- Apótres, que l'on aflüre être ff de Rubens: nous les croyons feulement re- j§ touchés par ae maitre. Villa Aldobrandini. La célèbre Pein- it ture antique, fi connue fous le nom de Noct f Aidubrandine (*), repofe dans un petit Pa- i villon dépendant de ce Palais. „ On y voit : F 1'Epoufée affife fur un lit, & une Femme;] i a cóté d'elle qui lui parle ; fon futur eftj ti afiis fur une efpèce d'eftrade au chevet duf L lit, oü il attend. Vis a vis de la Mariégl i eft une Femme appuyée, & qui verfe desl f Parfums dans un Vafe. A la partie droitel il du Tableau, on voit une autre Femme quilt joue de la Lyre, tandis_que fes compagneslti brülent des Parfums. De 1'autre cóté fontl: placées des Matrones autour d'un Vafe del 11 purification. La compofition de ce tableau] is eft éparfe & découfue : la Mariée eft drapé« ff noblement, la figure en eft très-belle, maial • (*) Elle faifoit partie de la décoration d'une U des Salles des Termes de Titus; .elle a été fciée I ^ de la muraille fur laquelle elle étoit peinte, Sta. tranfportée oü elle eft maintenant : le nom Al-I' dobrandine, lui a été donné, paree qu'elle a étéï' trouvée fous le Pontificat de Cltment XIII. Aldo-W brandini. \c On n'avoit point encore fous les yeux les belles Frefques déterrées depuis dans les ruines d'//«r-a| sulanum ; celle - ci a joui long - temps feule de la L plus grande réputation : c'eft toujours un antique L fort intéreffant. Nous avons indiqué une exccl-ïjij lente copie de ce Tableau, par le Pouffin, enM pargourant la collection des Tableaux du Palais ■ Pamfili. On en a une excellente Eftampe, par j Sauti Barteli, d'après la copie du Pouffin. Jj [  zn Italië. 2.73 felle n'a pas un air de jeuneffe. La Femme fqui eft vis i vis & qui verfe des Parfums, Ia un joli tour; elle eft belle & bien drapée. 4La Femme .qui tient un Ecran égale en exfcreffion la plus parfaite Statue de marbre idrapée : Le Mari eft bien deffiné, mais un fjjpeu couleur de brique; il a une Couronne Me pampres qui forme un bel effet. Le lit Kr lequel eft PEpoufe, eft d'une belle forme. |Les trois Figures qui font de 1'autre cóté jde ce Tableau, dont 1'une brüle des ParSfums & 1'autre touche de la Lyre, font fi ibelles, que Raphaël & les plus grands mai'Stres en ont fait ufage. La couleur, a juger pav ijce qui en refte, étoit vive, harmonieufe." I Un nombre confidérable de Bas - reliëfs rantiques de marbre font partie de la décoJration extérieure du grand b&timent. On iïemarque de préférence, deux Lutteurs, cdont un vieux & Pautre jeune d'un excelilent travail, & dont 1'expreffion attaché. ÏUn Sacrifiee deTaureau fupérieurement trai:|cé : le Sacriiicateur & ceux qui conduifeiit la Victime, font d'une grande beauté. Des ffrophées antiques de guerre décorent . le iMefïus de la Porte d'entrée du cóté du Jarmin ; elles font grandement compofées, & ||e la plus belle exécution. La Colonne Trajam, eft nn des plus Jbeaux monumens de 1'ancienne Rome, & eft en même temps la plus belle Colonne que l'on connoiffe(*). Le Piédeftal qui la flipje*') On voit par 1'Infcription du Piédeftal f [qu'elle fut élevée après la viétoire que Trajan M v llomë : Cf Urme Trajslne.  Home ZJ4 NOU FE AU VOTAOE : : cv porte, a environ dix-huit pieds de hauteur, j Traia- & la Colonne ( y compris bafe & chapiteau), I en a 92 ; fon diamècre inférieur a un peul i plus de onze pieds, celui fupérieur, environ! dix pieds. Au-deflus du chapiteau s'élèvel un autre Piédeftal fur lequel étoit placée lal Statue pédeftre de Trajan, qui n'exifte plus ï i Sixte V, en 1588, ajoutaun fecond Piédef-| tal de huit pieds de hauteur,. fur lequel il| fit placer la Statue de St. Pierre de vingt-1 trois pieds de proportion ; conféquemment | ce beau monument a, dans fa hauteur to- l tale, 150 pieds (*).,, Pour monter jufqu'a. f la Statue, on a pratiqué dans 1'intérieur de V. la Colonne un Efcalier compofé de 184 matches qui font prifes dans le vif de chaque bloc; il eft éclairé par 43 fenêtres, & Pori trouve au fommet une Baluftrade dont on I peut faire le tour pour jouir de Pafpeét de i Rome dans une grande partie de fon étendus.'' „ La conftruétion de cette Colonne eft tm chef-d'ceuvre ; elle eft formée par 34 bloes de marbre, dont huit forment le pié- lemporta fur les Daces, 1'an 101 de 1'Êre chrétienne. (*) „ On a avancé a tort que cette Colonne, &oit ia plus haute que l'on connüt; celle qu'on éleva a Londres a 1'occafion de 1'incendiede 1666, & qu'on appelle le Monument, a 190 pieds de 11 hauteur & 14 de diarnètre. Celle connue a Paris p fous le nom de la Colonne de Cathérine de Médicis, ■ |l' élevée.en 1570, n'a que 8a pieds de hauteur, & |f feulement ueuf pieds huit pouces de diarnètre.  en Italië. ijs deftal, un pour la bafe, 23 pour le fut de: la Colonne, un pour le Chapiteau, & un' ;i pour le Piédeftal fupérieur. " Cette Colonne pyramide bien a 1'ceil; elle eft ornée d'un Bas-relief qui fe développe en :lj fpirale , jufqu'au chapiteau : ce Bas-relief i contient 1'hiftoire militaire de Trajan ; il ii eft d'un excellent genre: on y compte, ditJon, au-dela de 2500 Figures, ou demi■ Figures humaines ( * ). Le fol s'eft telle- rment élevé dans cette partie de la ville, 1 qu'il a fallu pour pouvoir jouir du Piédef(|tal, (**) creufer autour un folie de prés de O! ( * ) Quelques auteurs ont écrit, que ks FiMjgUTes augmentoient de proportion a fur & i< me,effure qu'elles s'élevoient autour du fut de la Co- donne; c'eit une erreur qui ne peut être pardon- anée qu'a ceux qui n'ont pu s'afiurer par leurs ruJyeux du contraire : il n'eft que trop vrai que plus aldes deux tiers de ce beau travail font perdus pour tjlle fpectateur , qui ne peut monter en même temps . Jque ks objets dontil fuit la marche, & qui delulyiennent alors, prefque nuls pour lui, dans la paf» Mie peut-être la plus curieufe, la plus intérefTante. 1 (**) Ce Piédeftal eft également d'une grand» üipeauté par fes pToportions & 1'excellence des orneaiaens qui la dccorent: Ce monument devoit être )3ine chofe unique avoir, dégagé & entouré comme )a|U'étoit, des édifices fomptueux qui caractérifoient Jette belle région de Rome! ... Neus nejouiifons ruiiu'imparfaitement, de celui -ci : L'empattement, 1'eft a dire, les fept marches qui 1'exhauiToient tlors au-deffus du fol, reftent fous tetre, & 1'on eft bligé de fe faire une idéé de ces divers ace foires- jiour fentir plus particulièrement tout le fubüme de euc compofition. U vj lome : Cooime Traja1e.  zyG Nouveau Voyage ïïsme: Sunta Maria di Loretu, PaUz%d Colooi». ,, Cette Colonne eft affez bien confervée , a 1'exception des trous que les barbares y ont faitsaf (ainfi qu'a tous les monumens anciens) pour enp les derrières de la place Monte Cavallo. \5pieds, danslequel ondefcend lorfque l'on '1 eft curieux de monter dans 1'intérieur de la ''1 Colonne. Santa Maria di Loreto; „ petite Églife li fituée fur la place de la Colonne Trajane: ',js elle eft de forme octogone, voütée en cou- I pole; la proportion des arcades & des quatrei niches oü font les Chapelles, eft fort bien. "1 On voit dans une des Chapelles a droi-1 te, une Figure de marbre qui a beaucoup dëm télèbritc ; elle repréfente Ste. Suzanne, te-1 nant une Palme, & ayant une Couronne | a fes pieds. Elle eft de Frangois du Quefnoy X (dit le Fiammingo): cette Statue eft fage-1 ment compofée & joliment drapée, le tour | en eft plein de graces & tient de Pantique. " | Les connoiffeurs lui donnent le premier rang, | entre tout ce que Pon connoit de fupérieur j forti des mains de ce grand artifte. Le Palais Colonne, eft 1'un des plus. I; beaux qu'il y ait a Rome; il eft bati au piedjMi du mont Quirinal, & les Jardins qui en dén» pendent s'étendent en Amphithéatre juf-B «m'au fommet de la montagne (*). La courWf  en Italië. 277 icfi fort belle, & 1'efcalier a beaucoup de dirjgnité : on y voit fur le palier du premier sétage au-deflus d'une porte a droite, un IMafque coloflal antique de marbre rouge, ■repréfentant une Tête de Médufe, d'un fort ■beau travail : elle fervoit fans doute dans ifbn origine de levier pour quelque écouleÉïnent d'eau. F Le Salon du Commun , efl trés-vafte; il jembrafTe dans fa hauteur les deux étages. On Jtraverfe trois premières Pièces décorées en ■belles tapifleries des Gobelins, repréfentant les Batailles d'Alexandre: Suit un fort grand Kabinet orné de Tableaux ; voici les plus ■remarquables. [ Vénus & Adonis ('*); par le Titien : le Berger tient fes Chiens en lelie, & eft pret a Jpartir; Vénus veut le retenir. Dans un Iplan plus reculé on voit PAmour enfeveli ■dans le fommeil : épifode charmant & qui loffre a 1'efprit du fpeftateur le fentiment iLm affecle dans ce moment Adonis. „ Ce itableau eft d'une belle couleur & il y a une abelle variété de tons entre les chairs de VéijBus & d'Adonis. La Femme eft deffmée avec ijfinefle, & 1'expreffion en eft très-preffante." (*) D'autres eftiment, que c'eft Céphale & 'Procris-, on peut choifir. Ce charmant Tableau jfcft la répétition de celui (du même maitre) que nous avons remarqué au Palais Barberini. Nous pn obferverons un troifième (également original & parfaitement femblable) lorfque nous parcourrons ka riche colleftion de Tableaux du Palais Barbarh \ro, è Venifc. Rome : Pa- lazzo Colonna.  zj8 Nouveau Voy ace Rome : Pa- lazzo Coloiina. Un Payfan Bolonois prenant fon repas Ji par Annibal Carrache. Moïfe, & St. Paul; deux trés-belles Têtes ; par le Guerchin. Deux.Anges qui adorent Jefus-Chrift au Tombeau ; par le Bajfan. Deux beaux Porrraits, dontl'un repréfentant un Religieux ; par le Titien. La Vierge, PEnfant Jefus, St. Pierre , &'' Ste. Catbérine; par Raphaél (**) ,, De cettepièce , on entre dans une Gale~\ rit, ayant un Salon aux deux extrêmités, qui n'en font féparés que par deux Colonnes compofite de marbre jaune antique, foutenant une platte-bande. Cette Galerie eft une des plus magnifiques qu'il y ait en Italië : elle a 209 pieds de long, fur 25 de large : elle eft décorée de pdaftres corynthtens de marbre jaune antique , entre lefquels il y a des Croifées, & des Trophées en ftucs dorés. La Voftte eft un ceintre furbaiffé , qui pofe f (*) Ce Tableau a beaucoup fouffert : le fond I a été repcint & mal repeint, d'ua gros bleu qui t y fait beaucoup de tort; ncanmoins on ne fauroit 1 rien voir de plus beau que les chairs du Ganimè- I de : fon air de tête eft également délicieux. (**) Ce Tableau a beaucoup perdu de fa fraï- J cheur; on a également retouche le fond : mais il eft encore bien beau. L'Enlèvement d'Europe; par l'Albane. L'Enlèvement de Ganimède , grand Tableau de forme oétogone, peint a gouache j par le Titien (*). ... St. Pierre, & la, Magdelaine : deux ex-| cellentes Têtes: nar le Guerchin.  Si ft Italië. ffy tfur une corniche ; le tout enremble fuit un {bel effet, fans être d'un excellent goüt de ^décoration. " 1 Dans le Salon qui précède la Galerie : iun grand Payfage ; Tableau capital , de frafpar Pouffin. : la compofition en eft [fimple, mais des plus heureüfe, & 1'exéïution comme la nature même (*). I Un autre grand Payfage ; Tableau capital iMe Claude Lorrain, pofé du même cóté & pifant pendant du précédent (**). 1 Le Triomphe de Galathée ; par FsJlbane. Q Du même ; Vénus endormie furprife par 1/Tars, que 1'Amour défarme & femble conluire a fa Mère. a Deux fuperbes Payfages de Salvator Ro~ Ifj. Ils font placés Pun au - deflus de PauJre, a gauche, en face de la croifée, & près üï'üne des Colonnes qui ouvrent Pentrée de til Galerie. J „ La Mort de Régulus; du même. Le jlïintre a faifi Pinftant oü l'on renferme Ré!flplus' dans le tonneau hérifle de pointes & t couteaux : La couleur en efl v goureufe s] les groupes bien difpofés. " il Un Ecce Homo ; par le Corr eggïr>. !(*) Ce Tableau doit être diftingué entre fept itres du même maitre qui fe voyent ici : ce preJer eft placé en- face de la porte par laquelle on live dn Cabinet que nous venons de parcourir. f**) C'eft un fuperbe morceau , infiniment oéricur , a cinq autres du même maitre cui orint ce Salon ; il eft d'une fraicheur admirable, Rome : jFVtt lazzo Co» loima.  zSo Nouveau Voyaue Rome : Palazzi Colonna. (*) Ce Tableau eft admirable dans toutes fe» 's parties; nous en avons fait remarquer un exaér.e-1 ment femblable , en parcourant le Palais du Roij a Turin : Celui-ci a 1'avantage d'être encore dé| la plus aimable fraicheur : tous deux font d'unej puretc de deffein véritablement fupérieure, & de I la plus attachante expreffion, La Pefte chez les Philiftins; par Gafpar PouJJin : très-beau Tableau. Une Ste. Familie ; cVylndrca del SarwA La Magdelaine; 1'Aftronomie : deux bonsj Tableaux , par le Guerchln. Un St. Jéróme; par l'Efpagnoletto. Un St. Jean prêchant dans le Défert; païj Salvator Rofa. Deux fuperbes Tables d'albatre fleuri font placées dans ce Salon ; on y voit deffu<| plufieurs Figures & Groupes antiques c\è petit bronze ; nommément 1'Hercule & le Taureau Farnefe. On a repréfenté dans 1* Voute de la Galerie , la Bataille de Lépante, oü commandoit Marc-Antoine Colonne. On remarque de préférence entre le* «roifées , les Tableaux fuivans. La Chafteté de Jofeph : très-beau Tableau , de Carlo Maratti. Du même ; une Sainte Familie. Une Hérodias qui met la Tête de Str; Jean fur un plat que tient un Efclave : par le Guide. Vénus qui délarme 1'Amour ; joli Tableau , de Paul Veronefe. L'Enfant Prodigue re§u par fon Père ; Tableau caphal, par le Guerchln (*).  EAr ITAL1L. %$£ 1 La Vierge , 1'Enfant Jefus, St. Jéróme, ï fe Auguftin & Ste. Cathérine qui prendj ie petit Jefus par le menton pour le baifer, [andis qu'il lui prend la gorge : délicieux [Tableau du Parmegianino. Un Sacrifi.ee fait par Auguile : on y voit tet Empereur qui femble ordonner de ferber ■ le Temple de Janus; par Carlo Ma\atti. j Le Martyre de Ste. Apolline; par le Guerchin. Adam & Eve , chaffés du Paradis; par |e Dominicain (*). „ David qui tient la tête de Goliath. & les Filles dTfraël qui viennent avec des tamibours & autres inftrumens au - devant de lui: " par le Guerchin. \ La Tête de David eft belle •, la couleur ■générale de ce Tableau eft excellente, & fait en quelque forte oublier quelques incorrecf ions qui le déparent. ] Le Sauveur a Table chez le Pharifien, k la Magdelaine a fes pieds; par le Baffan. If Dans le Salon qui termine la Galerie ; JAgar confolée par PAnge : Tableau joliLent penfé & d'un pinceau agréable; par IMola. „ Une Tabagie; par Rubens, d'un pinteau heurté, d'une belle couleur, & oüil : • (*) Ce Tableau eft généralement eftimé; cependant nous avons cru appercevoir peudenoIbleffe dans la tête del'Ange & trop de dureté dans ffon mouvement: ou le voudroit voir moins pre! jfdc ce couple mallieureux, Rome : Pit' hzzo Colonn«i  êêi Nouveau Voyagh. ftofflê : tazzo ionn», fa- y a des caraétères fingulièrement chargés.'* Co- Du même; une Fête Champêtre. Deux Porrraits dans le même Tableau; par le Tintoretto. Un Chrift morr.; la Vierge eft devant lui qui le coniidère douloureufement: Tableau • Capital, par le Guerchin. Saint Jean prêchant dans Je Défert; pat Mola : beau Tableau. Une Sainte Familie; par le Guide; felon fa feconde manière. Du même ; deux St. Francois; Pun peint dans fa ière, 1'autre dans fa sme. manière. Une Aliomption de la V ierge; par Rubens. Cinq Portraits de Familie dans le même Tableau (le Mari, la Femme Sc les Enfans); par le Giorgion. Deux belles Tables de marbre incruftées de pierres fines: deux Etudes ou Cabinets d'yvoire , ornés de Bas - reliëfs d'une exécution fupérieure : ils font médiocremenc eompofés. L'Appartement fupérieur, eft moins richement meublé , mais il Peft avec autant de goüt St d'élégance que le premier : on' y voit auffi beaucoup moins de Tableaux de prix; ce font, pour la plupart, de bonnes copies de tableaux célèbres, ou des originaux de maitres moins eftimés. Les amateurs font un cas particulier de s quatre petits Tableaux de Luc Jordain , placés fur les Portes de la principale Pièce. Deux jolis petits Payfages de Claude Lorrain. Deux très-belles Marines de Blankenhau-  1 £ N ITA Lit. "en, repréfentant une Tempête & un Calme le mer. i Le Martyre de St. Pierre; par le Titien. J Une Ste Familie; par le Chevalier Conca. Un Chnft mort ; par le Traveftin : petit Jfableau d'un effet piquant; il eft placé conre le chevet. du lit. 1 Une Magdelaine, fuperbe Tableau; par 1 Guide vil eft confervé fous glacé ; on le Karde a Rome, comme fon chef-d'oeuvre. ] La Chapelle privée du Palais, eft ornée i'une jolie Vierge, par Carlo Maratti; elle {ft peinte fur de 1'albatre. I Nous omettons un nombre confidérable H Tables de marbres rares, des Vafes, des iifrnes, des Candelabres antiques & moderles; de fort beaux Bronzes, &c. &c. I On a placé entre chaque Trumeau de la galerie (*), des Groupes & Statues antisiues; mais nous n'en avons remarqué aui|un d'un mérite particulier. I Tous lesTrumeaux ornés de glacés font n partie peints pour cacher les jonétions Jes morceaux de glacés : les Enfans qui font ntrés dans cette décoration font peints par H'arlo Maratti, & les Guirlandes de Fleurs Jar un Peintre Allemand. | „On palfe de plain-pied de la Galerie l| Jardin : on voit fur'la première Terli C*~) On s'occupoit, lorfque nous vimes ce Palis , de réreftion d'un fecond corps de Galerie ui communiquera avec le premier : ce fera dans lette panie-ci que fera placée la riche Bibliothè- ue du Palais. ±*3 Rome : P Pune fur 1'autre ; on la traverfe fous une ef- k pèce de porte appelée par le peuple , \' Arca m: di Noë, ou 1'^rco di Pantani. C'eft atte-ali: riant eet Are, ou cette Porte , que font fc élevées trois fuperbes Colonnes (*) canne-%: léés de marbre d'ordonnance Corynthienne im ces reftes font beaux, ils donnent la plusü grande idéé de Pédifice dont ils faifoient ü"A partie : les profils & toute la fculpture, font lïf d'une exécution précieufe (**).  en Italië. &8j I Mausolée d'Augufte. II refte bien: |eu de chofe de cet édifice, qu'Augufte > cvoit fait élever avec tant de folidké, de j éompe & de rnagnificence / Les étages fupéjieurs & le couronnement, font tombés ju détruits; il ne fubfifte plus qu'une partie u rez de chaufiée qui donne une enceinte |ü l'on a pratiqué un Jardin & une terraffe Ir 1'épaifl'eur de ce premier mur. Les foucrrains font vaftes & de la plus belle confer::ation ; les divifions qu'on y remarque ont H fervir a dépofer les eendres de la familie |Augufte & celles de fes fuccefièurs. La fori] e de ce monument eft circulaire : on voit jir les médailles frappées a 1'époque de fon Ifection, qu'il s'élevoit a une fort grande auteur , au fommet de laquelle on parveipit par une Rampe fpirale, pratiquée extéipurement, & qui donnoit a chaque étage ê ft terraffe ombragée de Cyprès; le tout étoit irminé par un Piédeftal fur lequel étoit :i)fée la Statue Coloffale d'Augufte. I Cette ruine fait partie des dépendances p fiere & nervcufe ; le» dix groflès Colonnes) 'i nnelécs qui fupporcent cette portion de la Voü, dcvoient faire un bel effet, avant qu'elles. ifent auffi enterrées qu'elles le font aujourd'hui: i xhauffement arrivé a ce terrein, eft a peine : ncevable.. Les Colonnes qui forment la Nef lat toutes |diffemblables entr'elles, & donnent anmoins un enfemble affez fatisfaifant. On reirque fur deux Arabons, (ou chaires de marls élevées aux deux cótés de la Nef) quelques Kes de Bas-reliefs, affea cyxieux. Rome :R»i. nes du Maufolée d'Angulle.  Rome: Porto ili Ripetïa, Palazz» Borghefe. (*") On prétend qu'elle eft compofée de pluj de quinze cents originaux, dont plus de la moitij du premier mérite. z8S Nouveau Voyage du Palais du Marquis Coma , fitué derrièn i P fan Carlo al Corfo, prés de Ripetta. PoRTO di Ripetta. C'eft Clanent AT qui . [f a fait conftruire le bel Efcalier qui borde i f & décore ce Port, celui de Rome, oü 1'on- re-j f marqué le plus de mouvement. Ce Port vuP de 1'autre cóté du Tibre, donne un forti' beau coup d'ceil. On trouve ici un bac éta-|p bli pour faciliter la communication d'une I rive a 1'autre. Le Pal ais Borghefe , ne le cède pi V fon étendue, par la beauté de fa conftrul 6 tion , par la richeffe des meubles, la col- I leftion de Tableaux ( * ) , & autres cu* P riofités de tous genres, a aucun des Palai« P de Rome. II eft peu de Souverains mieux | logés & qui pofiédent plus de chofes rare* & précieufes, que celles qui font, comme ( amoncelées dans ce Palais. II eft entièi f ment ifolé : Une affez vafte Efplanade préj P cède fa principale entrée, & une plus vaftï !■ règne fur un de fes cótés; celle-ci, eft fel? ? uiée par des chaines, ce qui augmente en core la noblefle du batiment, & defigni P plus particulièrement 1'habitation d'un grant » 'Seigneur.'» t La Cour eft d'une belle grandeur; „ ell " eft ornée de deux étages d'Arcades portéf fur de fort belles Colonnes.... lefquelles fot j, ment au rcz de chaufiée, ainü qu'au pre- %: mie ;  EN IfALIE. Djïnier étage des Portiques découverts : c'eft ■sd'ailleurs une médiocre décoration. On a iiplacé entre plufieurs Arcades du rez de ■pauffée des Statues antiques: les meilleures dfont celles de Julie, de Faüftine , & une idtroifième, qui repréfenté une Amazone." I L'Appartement du rez de chauifée diffcriübue une enfilade de feize Pièces de plainjpied , toutes ornées de Tableaux précieux : Woici les principaux. I Diane & fes Nymphes de retour de la phafie , & s'amufant a tirer 1'Oifeau ; par ,e Dominicain. „ Ce Tableau paffe pour un pes plus beaux qui fe voyent a Rome : le i?eimre a faifi 1'inftant oü Diane adjuge le prix a une de fes Nymphes qui fait tomber ijj'Oifeau d'un coup de flèche : La Nymphe ■lui vient de décocher la flèche, de même 4ue celle qui regarde a cóté fi le coup eft èien ajufté, font 1'une & 1'autre charmanl les. Cette fcène fe paffe fur le bord de l'eau; na y voit une Nymphe qui fe déchauflè , Bént le tour eft admirable, & une autre ui fe foulève dans l'eau fur le devant, lint le mouvement eft jufte & la tête fort slelle; elle elt vue en face. II y a dans ce M'ableau bien d'autres beautés de détail." (*) t (*) La Defcription des Tableaux dece Palais, pnnée par 1'auteur du Voyage d'un Francois en \alie, &c. nous a paru tellement exacte , que bus 1'avons prefque entièrement fuivie. On a pi* marquer ( & 1'on aura occafion de 1'obferver pcore dans le cours de eet ouvrage) que nous \ nous faifons aucun fcrupule d'adopter les ci« \TonK II. N Rome : Pat lazzo Borghefe.  Kom; : Pa1cz~i Jior- zqo TC o we au Vo r a G E Le CaTdinal Borgia s'entretenant avec j Machiavel; Tableau capital, de Ruphacl.'l Une Charité Chrétienne; par le Guerchin. j Quatre Tableaux de PAlbane, repréfenM tant les quatre Elémens (*) : Vénus fur Ion j Char : Vénus & Adonis; Vénus a la Forge, de Vulcain ; Sc Diane U fes Nymphes dans le Bain : ce dernier eft d'une grande beauté. Le maitre d'Ecole ; Tableau célèbre par le Titien : il eft repréfenté tenant un Li-i vre , afiis dans un fauteuil, &c. I Deux petites Magdelaines , par Annibal Carrache ; „ bien deffinées & d'une grande •manière ; celle qui eft dans le défert, a i'air un peu male; 1'autre qui eft dans le coin du Tableau , & auprès de laquelle i y a un Ange, a un plus beau caraétère. Vénus qui bande les yeux a 1'Amour & les Graces qui lui portent 1'Arc , le Car-, quois & les Flèches; par le Titien. Une Tentation de St. Antoine; par An nibal Carrache : la Tête du faint eft ad roirable pour le caraétère & 1'expreffion. Une Tête de Femme a cheveux blonds: très-agréable Tableau ; par le Titien. tations, les defcriptions & le fentiment des Voyaj geurs qui nous ont précédés , toutes les fois qu< nous fommes affurés de ne pouvoir mieux cirerj mieux détailler, mieux reprcfenter enfin les mes objets a nos lecteurs. (*) Ces quatre beaux Tableaux font une W pétition de ceux du mime maitre , que nous av°ij| fait obferver en pareonrant le Palais du &Qvf Turin. 1  £iV ITALÏÉ. 2$i . De très-fuperbes Deffeins de Juks-Romain : deux Marches d'Armée ; un Triomm*, un Repos de guerriers.; le Peuple qui fort lu Colifée ; un Chafi'eur endormi que des STymphes veulent noyer ; une Chafle au ianglier, &c. &c. Du même; un DeiYein capitai „ dans le:[uel on voit Adonis mort entre les mains >*es Graces ; 1'Amour qui fe plaint, Vénus ui fe délble , les deux Cygnes qui le caRflent, les Amours montés fur le Sanglier Mui le percent a coups de fièches." fl „ Un Chardonneret & un moineau franc me une branche de chéne : petit tableau ïarfaitement exécuté en mofuïque , i trèsetites pierres & dans une grande vérité(*). La Vierge , le petit Jefus & St. Jean; I :ar Andrta del Sarto. (I „ Un beau Deflein au biftre, de Raphael, ■préfentant un Chriit que 1'on met au '(ftmbeau; ce Deflein eft très-fini. i |l „ Le Mariage de Ste. Cathérine ; par le iarmegianino ; peint avec une grace & une 'ifgéreté particulière aux bons morceaux i: ce malcre." Ce Tableau eft d'une belle ifaicheur (**). -|(*) Au bout de 1'enfilade de 1'appartement, o* tsménagó une perfpective naturelle, formée par : l baffin carré long qui eft vis a vis une Croifée [li milieu de laquelle il y a un Guéridon d'eatt i: ant continuellement, ce qui fait un bon effet.... i|ï même Guéridon fe découvre du cóté du port 1 la Ripetta." li ) On remarque dans eet appartement, une N ij Rome : Pxlazzo Borghefe.  Rome : Pa■Mizzo Borghele. - 2<)2 Nouveau Voy age Un Chrift a la Colonne; par Michel-Ange\i de Carraggio. m St. Jean-Baptifte au Defert; par le Sor-rJ donnone. ,, j Une Vénus de grandeur naturelle; pad Andrea del Sarto., . ,Ê , LTncendie de Troye , & la fuite d Eneel por tant Enchyfe & conduifant le jeune! Afcagne; par le Barrochi. " f Un Enfant mordu par une Ecrevifle; pa| Michel-Ange de Carravaggio. _ Une Magicienne qui paroit faire des e» chantemens; par le Doffi. Adam & Eve nus; par Jean Belin. ; Une Mufe également nue ; par le Vomi nicain. , c| Une Vénus a qui 1'Amour amene un Si tvre; par le Titien. Une Vénus prés de laquelle 1'Amour ef touché ; on voit fur la gauche un Satyre qu 1'examine avec paflion ; par Paris Bor donnone.'''' 'M 1 Suzanne follicitée par les Vieillards. ties. beau Tableau de Rubens. Un Samfon nu ; par le frere Sebaflien dt Piombo. , - Une Lucréce; par le Tuien. . Une Magdelaine , de Luc Cangiajjt. Deux Femmes nues affifesfur le bordd'u.' baffin: Tableau capital, du Titien. 'belle Table de jafpe óriental, un Vafe de ba en porphyre, ou efpèce de Fontaine, eitimes ttul 'deux cent mills écusl "  e n Italië. 203 d ■ Du même, le Portrait de Luther tenant la 3ible a la main. ; Du même; la fainte Cène. Ë Le fameux Crucifix, de Michel-Ange (*)• '] On entre enfuite dans une petite Galerie ilrnée de glacés, fur lefquelles (pour en ca- sher les jointures) on a peint des guirlandes de fruits, de fleurs; des ornemens 'z des jeux d'enfans, par les meilleurs maiIres, chacun dans leur genre. " Autour de zette Galerie , font placés feize Buftes en Katte & en porphyre ; elle eft pavée de Inarbres les plus rares, &c. On y remarque encore deux baffins de marbre contour;,|és, au milieu defquels il y aun petit Guéjldon , jetant une gerbe baffe & quatre [letits jets a cóté, &c. " | L'avant-dernière Pièce n'eft remplie que Je petits Tableaux, mais du plus beau choix. 1 St. Jean-Baptifte, demi-figure; par Léo\\ard del Vinei. 'j L'Adoration des Rois; par Albert Drurer. I (*) La Fable abfurde , qui dit que McUU 'Ange, peignit ce Tableau d'après nature, n'a été jqpncée, que pour appuyer d'autant plus fur ie Jérite de fon exécution, qui n'eft cependant point iilnous ofons le dire) , abfolument furprenantef. ) |,es Chartreux établis a Naples, fe flattent de pofifder feuls & cxclufivement k tous autres, 1'ori;|nal de ce tableau, & ils produifent leurs titres : II nous ont paru parfaitement femblables. Celui li Palais Borghefe, eft le plus connu; il a été Havé plufieurs fois, mais toujours affez mal. N iij Rome : Pd lazzo Bor ghcfe.  Home : PaInzzo Borïhefe.' - 294 Nouveau VorAot Une Vierge & un Chrift; par Andrea di Sarto. Un Jeune-Homme un Bouquet a la main par Raphaël. Une Magdelaine; par le Correggio. L'Adoration des Rois; par Lucas, de 1'é cole Hollandoife. Sainte Cathérine ; par Raphaël. Du même; la Vierge, le petit Jefus J St. Jean. Jefus-Chrift au Jardin des Olives; pa Paul Veronefe. Une Vierge qui tient le petit Jefus; pa Pierre Pérugien : très-bien confervé. Saint Antoine au Défert; par Anniba Carrache. Du même; une Vierge en conternplation Du même; une Vierge qui lit. Le Sacrifiee d'Abraham ; par Michel Ange. La Femme Adultère; par Albert Drurer Les trois Graces; délicieux Tableau di Raphaël. On voit dans la Pièce joignante une belh Copie antique de YHermaphrodite, doni nous avons indiqué Poriginal en parcouranfli la Villa Borghefe. (Voy. ci-devantpag. aöaf Snit un Salon circulaire peint a frefquel orné de plufieurs Jets d'eaux ; il eft termini i. par un Efcalier a doublé rampe qui con-| duit a un Balcon fermé par des chaffis deL glacés; on y jouit d'une vue charmante fiuL le Tibre , fur la Villè & la Campagne. Le grand Salon qui diftribue les appar* temens du premier étage, eft décoré de Stawi  en Italië: zyj dtues & de Huiles antiques; entre ces der-1 ■Iers on diitingue ceux d'Antonin Pius ,' i|& d'Adrien; tous deux de proportion dou- ' Jble de celle naturelle. I Ces Appartemens font fort richement 'ameublés; on y voit quelques Tableaux métkhocres. II faut fe faire montrer dans 1'éèage fupérieur f Appartement qu'occupe un Mdes Princes de cette maifon : indépendamfnent de la fomptuofité & de Pexcellent Jgoüt des meubles, on y trouvera de fort .ibeaux Tableaux. J Le célèbre Vernet en a peint fix qui détfcorent feuls un très-joli Cabinet d'été: le ^Coucher , le Lever du Soleil; une Marine Jéclairée par la Lune; une Tempête ; un islOrage dans lequel on voit partir la Foudre, ij& divers Payfages (*). I Dans une Salle qui fuit: Le Sauveur a ilqui lés Juifs demandent, combien de fois f-ron doit pardonner h fon frère : Tableau cahpital, de Léonard del Vinei. ; La Vierge, 1'Enfant Jefus & St. Jean ; clpar Andrea del Sarto. ] La Vierge couronnée par Dieu le Père :; k fon Fils; par Annibal Carrache. ïij Une Madonne ; du Guide. 1 Jefus-Chrift mort fur les genoux de fa "I (*) Ces Tableaux font d'autant plus beaux, que. .ViVernet alors travailloit pour établir fa réputation yt)aiffante; auffi les connoiffeurs placent-ils ces fix ■' Tableaux entre les meilleurs qui font fortis de fes mains : ce font affurément autant de chef-d'ceu- vres. N iv Rome -. Pa* lazzo Eoighefc.  ftome : Piazzadella Rotonda,/» iPanthéon.. ■ (*) On voit peu d'exemples oü les Romains ayent détruit pour le feul plaifir barbare de détrui-. re : avides de domincr, ils ne vonloient point i()G NovriAu Voy'AGS Mère; la Magdelaine, St. Jean , &c. font! placés prés d'elle : fuperbe Tableau , peint a Peau ; par Annibal Carrache. Une Sainte Familie, a laquelle eft jointc: 1'Adoration des Rois; par Raphael. Le Portrait de Luther ; par Probus. Jefus-Chrift apparoifiant chargé de fa Croix a St. Pierre, &c... par Annibal Car~* rache. Suit un Salon, oü Louis Sterne a peint les quatre parties du Monde. Nous indiquons entre les Meubles & les Ornemens précieux qui fe voyent dans eet Appartement, un Vaft de criftal de rochel il eft de la plus belle forme, & orné d'un 1° Bas-relief fupérieurement exécuté : beau- f" coup de fort jolis Marbres & Bronzes d'après f' l'antique. Place de la Rotonde; très-laide, très-.r petite; & en tout peu faïte pour le fuperbe |; Edifice qui la décore. On y voit une petite |l Fontaine de marbre, dans la décoration de f laquelle on a fait entrer un petit Obélifque |1 Egyptien : la compofition & 1'exécution de f: ;ette Fontaine, font au moins médiocres. |- Le Panthéon, vulgairement appelé §: Santa Maria della Rotonda. Nous voici »i irrivés au Monument de 1'ancienne Roma % e mieux confervé , & qui fuffit feul pour f rous donner la plus grande idéé de ce peuple f' ;onquérant & batifièur (*). Si les Grecs f  EN /TALIE. 29; I connurent les premiers la vraie beauté, la ■tore élégance, & les plus juftes proportion; :jdans tous les arts; on ne peut refufer aux iRomains de les avoir, du moins, approIchés de trés-prés, par la grandeur (difons imême par la fublimité) de beaucoup de leurs ifédifices. ; On croit pouvoir faire remonter 1'érecItion de celui-ci, vers les derniers temps |de la république , & la batifie de la Roitonde proprement dite, femble juftifier ce fentiment, préférablement a celui qui fait ihonneur de fa conftruétion a M. Agrippa, rjgendre d'Augufte (*), Le Portique , d'un feoüt infiniment fupérieur a cette première rfcompofition, eft inconteftablement fon onsjvrage r & le monde lui doit ce chef-d'ceuSv-re : il eft fenfible que ce magnifique Vef±ibule a été poftérieurement ajouté au corps jrle Pédifice ; il exifte encore des veftiges ip'un Fronton, qui caraétérifoit le premier icrontifpice. 1 Ce beau Veftibule formé de feize Coaonnes de granit oriental (**),- de prés de «■égner fur des cimetières & des monceaux de ■ruines : par-tout oü ils fe font établis, on a vu Félever des Temples, des Arcs de Triomphe, les Amphithéatres,des Ponts, & (ce qui étoit leaucoup plus utile), des Aqueducs , & de gran-Jes Routes, du plus fuTprenant travail. j (*) On lit fur 1'Architrave extérieure , Xi; Mgrippa L. F. Tertium fecit. I (**) Ce Temple , qui durant tant de lïècles,. füt en proie aux dévaftations des Barbares,, fe-' Nv 3 Rome : ft s Panthio».  «ome : le Pantheon. 2()S Nouveau Vo vage fix pieds de diarnètre, a environ cent dix! pieds de face , fur prés de foixante de profondeur. Le diarnètre intérieur de la Rotonde , a prés de 140 pieds : fa hauteur égale fa largeur, & fa Voute eft un hémif^ phère parfait, dont le fommet eft ouvert par un ceil de boeuf qui a vingt pieds dê diarnètre, & qui fert a 1'éclairer. II eft difficile de fe défendre d'un mouvement d'admiration au premièr afpect de cet édifice ; fa majeftueufe compofition femble forcer a ce fentiment. Que feroit-ce I fi nous pouvions voir ce magnifique Portique dégagé & forti de terre, tel que les Médaille*& les Defcriptions nous le repréfentent ?... Les neuf marches ou degrés par lefquelsj on y parvenoit alors, & qui faifoient terrade au-deflus du fol, font fous terre ; il eft entouré de bicoques, & précédé d'unel trouvoit fous lè pontificat & Alexandre Vil, dans un état dc délabrement qui le menacoit d'une ruine totale : deux des Colonnes de la gauche du portique s'étoient écroulées : il les remplaca par ] deux autres aflëz belles qui avoient été déterréeï peu de temps auparavant dans les environs de' 1'Eglife Saint-Louis des Francois : il fit abaifler le terrein pour, le dégager des décombrcs qui re-k commoncoient a 1'engloutiT Ses fucccfieurs"5 y ont fait paria fuite diverfes autres réparations.r Bénoit XIV, en ajfait repolir les marbres , blanchir la voute, &c... Cette dernière opération étoit de I trop, & les connoiifeurs ne peuvent lui en favoir 1 gré; elle lui óte cette fleur d'antiquité précieufe , f & lui donne 1'apparence d'une pefanteur qu'ell* 1 n'a point.  ejv Italië. 299 , place petite, informe, & perpétuellement q embarraftée. Les deux Campanilles ajoutées I par le Bernini, déparent beaucoup cet ex3 cellent morceau. Le Tympan du fronton jij étoit orné de quelques Figures allégoriques, ,l| qui, felon toutes les apparences étoient de r)i métal doré; les trous des clous qui afluj et':!| tiflbient cet ornement contre le mur, #n iindiquent pour ainfi dire les contours &.. j la forme. "I La Porte d'entrée du Temple, eft de la. jplus majeftueufe , & de la plus belle proid portion; & les chambranles (*) en font ,iprofilés du plus grand goüt. Les deux NiI ches (**) diftribuées de chaque cóté, font È (*) On doit remarquer que les deux Mon-' Htns de ces Chambranles, font d'un feul mor'."èceau de marbre, ainfi que la partie haute qui les ■arejoint. ■ C'eft de 1'une de ces Niches que fut en- jiwlevée cette magnifique Urne de porphyre qui dé,/lcore aujourd'hui le Tombeau deCtéme/it XII. Voy. Iici-devant pag. 210 du préfent vol. || L'ancicnne Porte de bronze n'exifte plus ; elle ■| été enlevée, les uns difent par Ginferie, Roi ijdes Vandales, vers 1'an 455 ; d'autres par 1'Effliipcreur Conjlant 11, dit le jeune, lorfqu'il vint, Spour ainfi dire, piller Rome 1'an 663. II eft eer,i«tain qu'il dépouilla ce Temple de tout ,ce qui .iaétoit échappé a la rapacité des premiers barba■ïes, nommément la Toiture formée de larges; fifplaques de cuivre doré, & les Degrés qui coniijduifoient au Portique; degrés que les écrivains ;ïlcontemporains aflurent avoir été de bronze. Lts Jportes actuelles, également de bronze, font d'un N Vj Rome : h PanthéoH.  ftujtjaépij, 300 Nouveau voyaoe auffi un fort bel effet: on fait qu'elles étoient 1 ornées des Statues d'Augufte &d'Agrippa.r| L'intérieur de la Rotonde oftre de gran-, 1 des beautés de détail; elles n'échapperont.ï point a 1'ceil du connoiffeur, qui, en ap- jé préciant le mérite des décorations modernes,. ff regrettera fans doute la noble fimplicité qui. I caractérifoit dans fon origine cet édifice 1 célèbre (*). Les cendres de Raphaël d'Urbain, & celles d^Annibal Carrache , repofent dans cetteEglife : Les Tombeaux de ces deux grandsv hommes, ont été élevés aux frais de CarloMaratti: ces deux monumens font des plus. médiocres,. travail médiocre; elles font antiques Sifervoieutprécédemment a quelqu'autrc Temple. Si l'on doit en croire les mêmes auteurs , ce. Temple étoit revêtu intérieurement & extérieu--. rement de lames d'argent, & les caiffons , les. rofettes, & autres ornemens de la voute, étoientde bronze doré : ce dont on ne peut douter ; c'eft qii'Üriaih VIII fit öter lès Solives de métal' qui foutenoient le Toit du veftibule (qu'il remplaca par d'autres moins précieufes ) „ & qu'elles. donnèrent beaucoup plus de matières qu'il n'en. a fallu pour le fuperbe Baldaquin de St. Pierre du Vatican, & fondre plufieurs Canons qui exifïent dans le Chateau Saint-Ange." , (*) „ On monte fur le fake de la Rotonde, par un Efcalier triangulake affez ingénieux, & l'on arrivé fur lacalotte par des degrés (oü il n'y a point de garde-fou), jufqu'au fomrnet de l'ou-; verture. Cette vue eft peu dominante , elle ne. yaut pas la peine qu'elle donne pour y parveuir,.  en Italië. 301 } On recommande ordinairement aux amateurs 1'examen d'un Groupe en marbre , nar Lauren\etto, placé fur une des Chaielles a droite , repréfentant fainte Anne & la Vierge : nous pouvons nous tromper ; pais nous avouons que ce morceau nous I peu affecfé, & que nous ofons le croire ïort au-delfous de fa réputation. Le caracïère de Ste. Anne eft dépourvu de nobleife; jielui de la Vierge eft froid, manque de tracé & de dignité : on croit voir une trésietite Fille de condition ordinaire , & qui feroit conduite par une vieille Duegne ie fort mauvaife humeur.... Nous ne poufi'erons^ pas plus loin notre examen. 1 L'Églife, dite de la Minerve, dépendante )]lu Couvent des Dominicains, prend fon nom ïe 1'ancien Temple érigé a cette Déeflé, tëar le grand Pompée: on en voit encore ijlans le Jardin quelques reftes: mais qui li'ont aucune forme. L'intérieur de 1'Eglife ift d'un gothique lourd & défagréable: on mi trouve quelques Chapelles décorées avec :Jnoins de goüt, qu'avec une exceffive riJaieffe; des Tombeaux également fort oriiés , mais d'affez peu de mérite quant a la compofition & 1'exécution:. nous en exAeptons ceux de Léon X, de Clément VIII\ mi de Bénoit XIII, dans lefquels on troua/era d'excellentes parties. I Un Chrift en pied, de proportion un peu flilus forte que la naturelle , exécuté en marroe , par Michel-Ange , attire feul ici les Kmateurs: II eft placé prés du Sanctuaire li gauche. Cette Figure a été moulée, co- Rome: San ta Maria fo pra Miner ve.  Rome: Sar ra Maria fc pta Minei V». JOS XV U U V L./1 u r U Y AU i, i- piée & peinte trop de fois, pour ofer la \- critiquer ouvertement a Rome , ou elle eft " citée entre les premiers chef-d'ceuvres moj dernes; cependant, dans le fait, ce n'eft pas une auffi belle chofe que fes partiians veulent le perfuader: 1'anatomie eft, inconteftablement exacte ; on peut trouver dans les chairs de la foupleffe, de la cha-i leur, de la vérité; mais on ne peut s'empècher de regretter que 1'artifte n'ait pas fait choix d'un modèle moins mufculeux, moins robufte , plus noble; & fur-tout qu'il n'ait) pas fu lui donner une expreffion plus attachante ou plus fublime. L'artifte lui fait por-.' ter les Inftrumensde fa Paffion ; licence qu'iE ne devoit point fe permettre & qui n'ajoute afiurément rien au mérite de fa propre» figure (*). Dans la première Chapelle a droite, on remarque un Tableau repréfentant faintl Louis, religieus Dominicain; par le Bacioccio: le faint cdhtemple un Crucifix qu'il. tient a la main dont k manche ejl un pif- 10 let. Nous n'indiquons point ce Tableau pour> fon mérite propre, mais a caufe de fa fiajl gularité (**). . (*) „ On lui a mis une Draperie en bronze'! doré pour cacher fa nudicé, & un Brodequin de même matière, pour lui garantirle pied qui étoic "éja rongé a force d'être baifé." ( ' ') H faut confulter la Vie de ce faint; on y trouvcra 1'hiftoire de ce Crucifix, avec leqnel 11 eft repréfenté par-tout.  en Italië. ' 303 I La Bibliothèque de cette maifon , eft une aes plus confidérables de Rome ; elle eft yiuverte au public tous les jours matin & Br, les temps de vacances exceptés: elle eft ::rès - riche en manufcrits. La Statue du Cardinal Carfanatte eft placée a 1'une des Ktrêmités de la grande Salle ; elle eft Üle Legros , & fait honneur a cet eftimable iilrtifte. 1 On croit que le Temple d'Ifis occupoit 3ine partie du terrain fur lequel fe déve-! vona.  Rome Piazza vorm. (*) II a 50 pieds de hauteur; il eft incrufti fur fes quatre faces de caraétères hiéroglyphiT ques : c'eft celui que Caracalla fit tranfporte» d'Egypte & qui décoroitle Cirque qu'il avoit fa» conftruire au midi de Rome, prés & hors la Portft; St. Sébaftien. Nous en parierons plus bas. |. 314 NOUVEAU VOYAOE : de plus fublime. II y a perfonifié les quatreè Na- principaux Fleuves des quatre parties duf Monde : le Gange , le Danube, le NilJt & la Plata. Ces Fleuves, font affis fur les» quatre angles d'un grosbloc de rocher, traite! avec beaucoup de vérité , & ouvert fur fe» quatre faces, par lefquelles il vomit autantjl, de fort belles nappes d'eau : l'intérieur traitéj! en forme de caverne, lui a donné la,faciliteit d'en faire fortir un Lion, un Cheval, quilt viennent s'abreuver, & qui fervent 4 ca-jl; raélérifer plus particulièrement PEurope Séh . 1'Afrique. . F Sur la cime du rocher eft pofe un Piej deftal ,fur lequel s'élèveun Obélifque. Tout* cette idéé eft parfaitement belle &pyramiddkj avec beaucoup de grace. „ La fculpture erle eft excellente, d'une.plus grande maniérel? d'une plus grande correétion, que ce qufs le Bernini avoit coutume de faire." Le» Figures, les AnimauX,le Palmier, &c. fonii en marbre; le Rocher de pierres tiburtift aes, & le Piédeftal, ainfi que PObélifque (*) ii 'de granit rouge d'une rare beauté. ,-lt . Les deux Fontaines placées a Pune «: i'autre extrêmités de la Place, ont du mérite l particulièrement celle élevée devant le Pa|; iais Pamfile, qui eft ingénieufement com|:  en Italië. 315 ."bpofée & fort ornée; on y voit des Mafca|rons, que l'on allure être de Michel-Ange: pe vieux Triton placé au cencre, eft trèsJbeau; il eft de 1'exécution du Bernini (*). I Santa Agnefe. Le plan de cette petite .'«Eglife, eft une Croix grecque; Rainaldi en iii donné les deifeins; il eft lage, & heureux tilans plufieurs de fes parties: bien différent 1de la compofition du portail, élevé par le aBorromini; c'eft a dire par 1'antagonifte ifiéclaré de toute ligne droite quelconque, & li 'auteur des plus barbares & des plus ridiapules formes qui ayent jamais été imaginées. 1 Les quatre Arcades diftribuent la grande «Porte & trois belles Chapelles; quatre autres inplus petites font pratiquées dans 1'épaifleur :ales pendentifs: Le Döme eft d'une belle prordportion. Les marbres les plus rares, les plus sitt'écieux font prodigués dans cette Eglife; la i décoration & lafculpture dont il eft chargé , tfont mauvaifes. II eft cependant intérefiant ïtoour plufieurs chofes ; on y voit, outre les Portraits aflez reflemblans de PEmpe■reur , de PImpératrice & de Caracalla , •livers Inftrumens particuliers aux facrifices Eu paganifme ; comme les Vafes ou Pon tnettoit PEau luftrale; celui oü Pon met:oit le Vin ; la Maflue avec laquelle on oftflommoit la Viétime; le plat dans lequel ta mettoit les Entrailles , &x. 8cq. . f Le Gr.and Cirque étoit fitué dans la (iallée Martia , entre les Monts Palatin & [te 1'intérieur de la ville, boucheront bientót ee gjaagnifique égout, trop enfoneé depuis long-temp» jtu-deffous du fol, tant de la ville que da fleuve, [Jtour redevenir jamais auffi utile qu'il a dü 1'être «ans les premiers fiècles de fa conftruétion. 1 (*) Le nom de ce Prince & fon Médaillon ne? |'y trouvent plus, paree que Caracalla fit difpafoitre 1'un & 1'autre, non feulement de ce mo:lument-ci, mais auffi de 1'Are de Septime-Sévère, mi de tous leS autres endroits oü ils fe trouvoient, ffpérant par-la faire oublier le meurtre de fon rtrère, oü du moins en diminuer de beaucoup 1* Ibuvenir. O vi ?N.ome : Ars des Orpbövres , C:rc$ MaEiraü.  324 Nouveau P"oyage Rome: Cir to Maffimo. Ruines dis Termes «i'Antonin CaMMll*. (*") De tolamineafes ruines du. Palais des-J Cézars. fubfiftent encore fur la erète du Mont Palatin; de même que quelques veftiges de voütes W qui foutenoient les terraffes dcpendantes de ea,"l Palais , ainfi que celles ( du même cóté ) fur lef- L «mellss étoient diftribués ïesrfiéges des fpectateurs» L . Aventin. A peinele temin a-t'il confervé JÉ fa première forme; non feulement il s'eft * fort exhauifé , mais il a été conftruit au- li dedans & au-dehors nombre de barraques de murs de cloture de Jardins, qui ne per- lit mettent plus aujourd'hui, de fuivre , au li moins de 1'ceil, les traces de cette vafte & Ie célèbre enceinte. Tarquin l'ancien la for- ■! ma ; Céfar Pembellit; mais Augufle en eft Jii regardé comme le véritable fondateur par m les conftruétions immenfes qu'il y ajouta. Nous ne nous appefantirons point fur les détails de ce monument; la defcription Sc les defleins fe trouvent par-tout : Nous rappelerons feulement a nos lecteurs, quo les beaux Obélifques Egyptiens élevés fur les Places du Peuple & de St. Jean de La-: tran , &c. faifoient partie de fa décoration intérieure. Quelques auteurs eftimés ont avancé que ce Cirque pouvoit contenir trois cents quatre-vingt-cinq mille fpeéta- in teurs (*>* f Termes de Caracalla. La majefté ( fi jious ofons nous exprimer ainfi ). impriraéa it d'abord a eet édifice , étoit telle r que ces h ruines, toutes informes qu'elles font au- & jourd'hui , étonnent le fpecf ateur, & lur ^ impofent en quelque forte un fenc.menc «  ejv Italië. 323 Padmiration. C'eft de tanr d'édifices de ce r ijenre qui décorèrent fucceflivement Rome,£ Bui dont 1'ceil peut embrafler mieux les laiaflés, & dans lequel on peut s'inftruire fur ölus de parties de détail. Le vafte dequelqueswines de ces Salles; la hauteur, la folidité aies Voütes, font autant de chofes furpreJpantes & dignes d'eloges; & pour peu que rf imagination, aidant a ce Tableau, fe repréiènie les beaux revêtiftèmens en marbre qui les décoroient, & cette multitude de morceaux pvécieux (*) dont ces Termes étoient ibrnés,. on reconnoitra mieux alors route n'importanee de 1'édifice. On fe promène lans ces rutnes avec fatisfaétion; le Philoibphe y trouve abondamraent de quoi réfléifhir jpArtifte a s'inftruire, & 1'homtne de iout y jouit d'un fpeétacle que les feuls Roiinains étoient eapables de créer, & dont 'lucune nation n'approchera jamais : Que ibous fommes nains & petits dans nos édifices; tublics, fi on les compare a ceux-ci, . La Porte St. Sébaftien (**) ? offre un anken Are y que quelques antiquaires difent ftrre , celui de Nerodaudius Druffus .- deux Colonnes compofues de marbre chipolm 9. brnent cette Arcade, Au-deflus de Pentable'Inent (dont la corniche eft entiérement rui- (*) Le Taureau-, 1'Hercule, la Flore duPalais, Tfarnefc, &c. ont été uonvés fous les RuIdcs da nremier Portique de ces Termes.. (**), Elle- eft fitaée i peu de dïftsnce de celle pppelée Capena' om Paria Appïa * pa^e qu'elle ionnpit rwiffance i ïa célèbre voie de ce sea. Rome: Pir ta San Sïbaftiano»  326 NO U-VE A U Vo VAGE Rome: Eglifi San Sebaftiano all' Catacombe. nee), font les velles d'un Fronton. II paroit 1 que ce monument a été reftauré en différens ■ ' temps, & fur-tout dans ceux oü ParchiteoS * ture étoit dans fon déclin. " L'Eglise de St. Sébaftien, eft fituée fur la :l. Via Appia : elle eft peu vafte , mais fort 1] ornée. Le Portique eft foutenu par fix Co-ijl) lonnes antiques d'une matière fort rare ('*). | On voit dans la Chapelle du Saint Titulair»! (la troifième en entrant a main gauche), fai ( Statue, par Giorgetti, Pun des meilleurs élè- lives du Bernini : il a repréfenté ce faint cou-# ché dans fon tombeau & percé de flèches: ce#< n'eft pas un excellent morceau, rriais on peut*' dire que c'eft un beau morceau (**). ~W Le feul qui foit refté d'une innnité de Sé- f ' pulcres qui ornoient la Via Appia, eft Mausolee de Cécilia Mettalla (***): il eft Ij au dela de San Sebaftiano, & prés du Cirque l • k (*) II y en a deux de granit blanc & deux de I granit verdatre, avec des taches d'une efpèce fingulièrje. Les quatre Colonnes qui décofent le mai- • tre-Autel, font de marbre vert antique de la plus * grande & de la plus rare beauté. (**) iJcntrèe des Catacombes, efl: prés du Sanc- K tuane a droite : ce font des Galeries fouterraines ". de quatre a cinq pieds de large fur fix a fept & quelquefois le doublé &' le triple de hauteur; „ creufées dans un tuf peu dur & dans. le fable. C'eft „ une bien mince curiofité. Nous entrerons a cet _ égard dans plus- de détail en parcourant celles de 't Naples, infiniment plus intéreffantës que celles-ci. t'i (***•) On lit encore affez aifément fur le cóté de ( Ia tour qui regarde Ie grand chemin 1'Infcription n fuivante. Cacili*. £. Cretiti.. F.Mtttll*. Crajp. ,  E N IT A LIE. 3~7 3e Caracalla; il étoit magnifique, & alJóit rDour ainfi dire de pair avec ceux d'Augufte pc d'Adrien : c'eft aujourd'hui une grofie |rour a demi ruinée, que le peuple a baptilée du nom deCAPODiBoVE (*). Après la Ruine del'Empire Romain, il fervit longdtemps de forterefie aux petits tyrans de la (*) D'une Tête de Bceuf fculptée en reliëf lu-deffus de la Porte d'unChateau, qui n'exifte klus aujourd'hui; conftruit dans les bas fiècles de BLonie, & attenant cette Tour , par la familie mstarii; la Porte n'eft point détruite , & les juines du Chateau indiquent qu'il étoit vafte & Ertifié de groffes tours, &c. Traces d'anciennes Laves. En remontant luelques pas la Via Appia, au dela de la tour ue nous venons d'indiquer, on appercoit dans i tranchée entre laquelle ce chemjn fe prolonge, llufieurs lits de différentes matières. La partie U plus élevée donne Une tene végétable d'enfiron trois a quatre pouces d'épaiffeur ; fuit ( aufelfous ) un lit de lavt en crajfe; au-deifous enbre eft un lit de lave en fufion : au-deffous ncore de cette dernière, on remarque une couche Ie terre rouge, qui a du prendre néceuairement Lte teinte , par l'aétion & la chaleur de la lave h fufion dont elle eft couverte. 'Enfin fous cette krre brülée fe trouvent également d'autres lits de Le, a une profondeur confidcrable!... BeauLip de teirains dans les envircms de Rome , Jeuvent offrir les mêmes phénomènes, les mêmes Lfervations; cependant. aucun auteur ( que nous Ichions ) ne parle de ces furprenantes éruptions ! r eft préfumable que ces laves prenoiènt leur Lurce du Mont Albanus, qui, pourunt, en eft | une grande diftance. J.ome : Tapo dillove.  328 Nouveau Voyace Rome : Ruines it 1'Hipp'odrome, o« Cirque de Caracalla. campagne de Rome; ce font eux qui élevérent au-deflus du focle quicouronnoit la corniche, les crénaux, dont une partie fubfifte encore. Cette Tour pofe fur un maffif ou piédeCr tal carré (enterré aujourd'hui de plus dei' la moitié de fa hauteur); 1'un & 1'autre f conftruit de grandes pierres tiburtines : Uneï fort belle Corniche de marbre, encadroitjf1 avantageufement une Frife ornée de Têtes r de Bceufs & de guirlandes de cipres, d'unJf" compofition & d'une exécution fatisfaifante. f; „L'intérieur s'élevoit en forme de cóneff" jufqu'en haut, & 1'édifice étoit couronné par r une Statue. Ce qui refte de cette Tour an-1! nonce une décoration d'un bon ftyle, elle |F: devoit faire un bon effet lorfque le foubaf-if fement étóit découvert r les marbres dont r il étoit revêtu , ont été , dit-on , enlevés feulement dans le dernier Cecle , & em- 11 ployés a la Fontaine de Trévi. Au rez. de s' ehaullée de cette tour étoit placé le Sarco- 'F phage dans lequel repofoient les cendres de lï CceciVue; le même qui fe voit aujourd'hui f dans la cour du Palais Famefe (Voy. plur 5 bas Vart. de ce Palais). Les Ruines du Cirque de Caracalla % F fbnt d'autant plus précieufes, qu'elles font s les feules qui confervent encore la forme ": & les diftributions particulieres a ce genre "'i d'édifice. Caracalla y avoit prodigué les tré- 1 fors de 1'empire pour 1'embelür, & pour que r" fa rnagnificence furpaflat celle des Hippo- ::' dromes conftruits par fes prédécefleurs, | ' On yappercoit les murs fur lcfquels étoient ;  en Italië. 3~S> ucés les Gradins pour les fpectateurs & Re j:mplacement du Portique ou Galerie cou- * ■te fous laquelle ils pouvoient fe retirer dr I cas de befoin. L'extrêmité oriëntale .du jrque eft terminée par un demi-cercie, irallèle a celui que décrivoit la Spina : Ji y voit la Porte par laquelle forioit le 'tinqueur pour gagner enfuite la Via yJp12. II paroit qu'il s'élevoit au-deflus de itte porte un corps de batiment a 1'ufage jrticulier de la Nobleffe ou de la Magifiiteture, la fuite des fièges y étant inter, Jmpue. La Loge ou Podium de Pemperëur jmble avoir été fituée a gauche en face de ipremière borne. 3 Le plan intérieur donne un parallélogram) 1;, dont le cóté droit eft un peu pius long , ie le gauche. La Spina ou maffif de macon- Jrie qui partage le Cirque dans fa longueur 'jj autour duquel tournoient les Chars , eft tdfpofé de manière, qu'il laifle un efpace jus large au point d'oü commencoit la i jurfe, qu'a celm ou elle fe terminoit;& ; (ia fans doute, pour que les chars entraflënt las facilement dans 1'arène : le nombre des i ars reftés en arrière avant leur retour fous ; Portiques f carceres), d'oü ils étoient lïtis, ne demandoit plus en effet la même •geur de terrein. La Spina étoit élevée | quelques pieds du fol de 1'arène; elle étoit ■ fnée d'Autels, fur lefquels fe faifoient les fcrifices qui précédoient toujours les jeux I les fpedlacles publics, de Statues, & du 1 Obélifque Egyptien qu''Innocent Xfit kever, & dont le Bernini a tiré un fi • 3 mr: 'tiiies de Ifppo-  jjo Nouveau Voyaoe Rome : Ruines du Temüle de Mms,& de la Fontaine des Mufcs. (*) Elles fervent en partie de grange au JardiL nier dans le terrain duquel cette ruine eft fituée ft, on pénètre peu avant fous ces voütes; il s'y ra|] maffe une affez grande quantité d'eau que le prol pTiétaire y laifle croupir, plutöt que de profitel, de la facilité, que lui préfente le terrain pour h|f faire écouler. W (**) On croit que la petite Eglife CxeSan UrbA* no, air Cafarella, (du nom d'une Ferme fitué* dans le voilinage) , eft érigée fur les Ruines d'uA' Temple de Bacchus : la maffe de 1'édifice eft de|r plus ancienne, elle eft toute conftruite en brique; li., feul Portique eft orné de Colonnes de marbre, d'orl donnance corynthienne & cannelces. Ces ruinei. ne mentent guères qu'un fimplc coup d'ceil. grand parti dans fa magnifique Fontaine dt! | Navone. Affez prés du Cirque, étoit conftruit 1< I Temple de Mars ; il ne fubfifte plus de cu [ monument que le foubaffement, dont Voütes (*) font parfaitement confervées é Sa forme étoit circulaire. Les auteurs con», temporains de cet édifice, s'accordent toÊÊ fur la rnagnificence de fa décoration : On ]I; parvenoit par un vafte efcalier ; il amenoiil fur une terraffe qui fervoit d'empattemenlo a ce Temple, & qui 1'ifoloit des vaftes PorJj tiques dont il étoit entouré : C'eft de cl'i Temple que les Triomphateurs commeni 5oient leur marche vers le Capitole. Au-deffous de la petite Colline fur lals quelle eft fitué SanUrbano (**), étoient „li|: Bois, la Grotte & la Fontaine u'ÉGÉRfll;, & des Mufes : d'oü Numa Pompilius feil gnoit de rapporter fes oracles pour mieuif  i, N ITA-Lït. 33' induire un peuple difficile & fupevftitieux : i *ette Fontaine fut ornée dans la fuite d une , ibüte avec des Statues.... II ne refte plus, jen de ces ornemens; on n'y voit qu une riauvaife Figure mutilée de la Nymphe qu, j léfidoit a cette Fontaine , & les Niches ou, sloient placées les Statues des neuf Mules. il'eau de cette Fontaine pafte pour etre ex- ïf Ob voit dans le voifmage d'autres Ruines, mais plus informes encore que la preceIente , que les Antiquaires jugent etre celles ■un Temple élevé au Dieu Rediculus (a ferore^ffez prés du Temple Redicum, on trouve d'autres Ruines, que I on Kit être celles du Temple Fortune Mu■ ïebris (**> '4 m , Dans 1'endroit oü Annibal avoit établi ■.Ucinlp, mais d'oü il fut bientöt Brtir par des préfagcs contraire* ,,dont 1» «;° hLins rendirent graces folemnelles ,enle^ant 1 ï la Divinité qui les avoit protégés. 4 f**S L'éreftion de celui-ci eutheu, lors dt 4 retraite de Corülan, vehui la tête des Volfqu lour renverfer la ville de Rome; f*%^\ fur le lieu même oü cc général fe laifia touche! iiar les pleurs defamère & de fon époufe. ij Ac qu a Santa. En s'avancant de la pet ïlvallée de la Cafarclla, i un dem,-mille plu 4oin. de cette Cenfe , en tuant vers hporte La I :ine,„ on trouve un affez gros ^^au, qui ver. da fouce eft appelé Jcqua Santa.... Cette> ea : iminérale, a, dit-on, la propriéte de guérir le fenimauxde la Gale.... C'eft dans cette foute .ome : '.uitics tlis 'emj>le< Keiculus £f ortunne ïuliebris, icqu» Sani.  33~ Nouveau Voyaoe Rome : Ss Paolo hor. ies Mlurs. que les Prétres alloient laver chaque année la Statue de Cybèle." an Eglise Patriarchale de St. Paul. Cette l' ' Bafilique efl; 1'une des plus anciennes del Rome, 1'une des plus vaftes, & la plus ri-f che en marbres rares & précieux. Le Por-1 tail eft des plus médiocre; on regrette del voir de fi belles Colonnes, auffi peu élé-1 gamment employees. Le Porche ou Vefti-f bule ne mérite guères plus d'éloge : Par- i' chiteéte a mal profité de divers avantageslf locaux que lui préfentoit la diftribution in- " térieure. La forme de cette Eglife eft celle d'une Croix latine. Cinq Nefs font diftribuées fur le plus long cóté; elles ont prés de 260 pieds de longueur : les proportions de celle du milieu, lui impriment beaucoup de majefté ; elle eft formée par 40 magnifiques Colonnes de marbre grec cannelées & d'ordonnance corynrhienne. Les doublés Nefs des bas cótés, fontdécorées chacune d'un même nombre de Colonnes de granit d'Egypte, parfaitement égales entr'elles, & fort belles. Les Arcs de la croifée, & le cbevet de 1'Eglife, portent fur dix Colonnes de granit de la plus forte proportion que l'on connoifle a Rome : Le fol de cette Croifée eft fupérieur a celui de la Nef de quelques marches; cet exhauflement fait un aflëz bel effet. L'Autel patriarchal eft très-richement orné , mais dans le ftyle du plus mauvais  en Italië. 333 jtthique : les fuperbes Colonnes de por<}jrs , qui foutiennent le couronnement, iéritoient d'être mieux employees. La plu-' lit des Chapelles orfrent la même tichelle Ipierres dures, en marbres (*) , en bronze; Jais aucunes de ces décorations ne fatisjront complettement 1'ceil du connoiffeur. (On voir dans la croifée a droite une bonne \atue antique de marbre repréfentant Lu|ie, Dame Romaine, & infcrite dans le taalogue des Saintes (**). „ Sur la frife | i règne autour de la grande nef des croi,:Iïs , font peints les Portraits des Papes , Ivant 1'ordre chronologique le plus exaéf,: ifontd'affez mauvaifes peintures. JPyramide , ou Maufolée de Ceftius. Ce jonument doit fa confervation autant a 4 forme folide & peu ébranlable, qu'a la Wicité qui le caraétérife. Sa bafe (large fur E*) On compte, dit-on , dans cette Eglife auia de cent quatre-vingt Colonnes , qui, toutes, i c été tirées du Maufolée d'Adrien; nous en parle- !js plus bas. ! f**) La tradition apprend, que c'a été fur 1'em] cement de la maifon qu'elle occupoit, que ce 'imple a d'abord été érigé. Dn montre dans une Chapelle du cóté oppofé, iChrift, le même qui (affure-t'on aRome) a parlé I |e. Brigitte : la Statue de cette Sainte eft placée jiavis. La Statue de la "Vierge que l'on voit tilcment, eft la même en préfence de qui fainc Jaace de Loyola, fit la profeffion des vccux de 3 ordre : n'eft-ce point trop de chofes rares Ii fois ? lome ! •yjaufilée de 2. Ceftiui.  Rome: Monte Tel uccio.. 334 N OVV v, AD VO Y A G E fes quatre faces d'environ cent pieds), portqf ■furun focle, fur la faillie & aux extrêmité duquel , s'élevoit une Colonne (*) : I focle eft conftruit de pierres traverrine. L maffe intérieure de la- pyramide, eft tout de briques; le revêtiflëment extérieur el formé de larges dalles de marbre jufqu' fon fommet , élevé d'environ cent ving pieds a compter du niveau du focle. Un porte pratiquée dans la hauteur de ce mem focle , conduit dans un petit caveau fitu au centre de la pyramide , qui peut avoi dix-huit pieds d'un fens, douze de 1'autre & a peu prés autant d'élévation : il a ét orné de ftucs & de panneaux peints; 16 ftucs fe font aflez bien confervés & leui formes font belles : quant aux peintures on n'en diftingue plus aujourd'hui que 1 caraftère du deflëin; il eft d'un mérite mé diocre. L'Urne qui renfermoit les cendre 'de Ceftius, ne s'y trouve plus. L'infcriptl fuivante fe lit aux deux tiers environ d la pyramide. C. Ceftius. L. F. Prob. epult : Pr. T.r. PI. KIL Vir epulonum. Monte Teftaccio.Le. grand ufage d'Ui " tenciles d'une infinité de fortes, & d'On| mens de beaucoup de genres, fabriqués e l terre cuite, occupoit a Rome un très-gran | nombre d'ouvriers & de Marchands de cèa f j II! (*) Deux de ces Colonnes ont été remifes fu bj pied lorfqu'.4ltxtmdrt VII fit déblayer une parti Ij des décombres qui funauutoient déja le focle d i ce inonumeut. . M ü  e n It a l i e. 335 lofeflion : il leur fut, dit-on , enjoint, de 3{>rter leurs ouvrages imparfaits, ou bnles stns un efpace de terrain qui leur fut a %t effet abandonné , afin qu'ils n'encomiaflent plus le Tibre , dans lequel ils les ikoient autrefois. On prétend que par fuccplion de temps , ces feuls décombres foraèrent la monticule appelée Monte Teftac|j : elle efl entiérement ifolée ; fa forme Ai eft ovale, peut avoir un tiers de lieue de arcuit, & fa hauteur a a peu prés 160 pi eds. On ;ïa récemment creufé quelques Caves ; on |ut qu'elles ayent la propriété d'y coniiver le Vin beaucoup plus fraichement li'aiileurs. Le Plateau de cette petite montule fert de Cimetière aux réformés qui teurent a Rome. SSanta Maria in Cofmedin , ou Scuola areca , ou encore Bocca della Verita : Ipite Eglife aflez laide, remarquable feudment pour fon antiquité, & paree qu'on I voit encore quelques veftiges du Temple ui: la Pudicité Conjugale (*), fur Pempla- [(*) Elevé par Virshne, époufet du Conful Vo\ninius. ii eft fenfible que de toutes les Colonnes li ornent le veftibule , l'intérieur de 1'Eglife & Sacriftie , les feules qui appartenoient a ce emier Temple , font celles que l'on voit euclavées ins les murs qui féparent la Nef du Porche , I le corps de 1'Eglife de la Sacriftie ; la difpofion de eelle-ci donnoit au Temple une fituation Ifférente de celle qu'on lui a donnée depuis. Au •fte, toute cette conftruétion antique & moderne fort peu de mérite. Rome: San? ta Maria in Cofmedin.  Rome: Santa Maria del Sole. 336 NO WE AU VQt'AGE cement duquel elle a été conftruite. Onï||< encadré dans le muv qui rermine le cótf gauche du Porche, un Mafcaron (*), pauA, vre de travail, mais que Pon dit avoir Fait partiedela fameufe AraMaxima, oülesaa|( ciens Romains conduifoientlestémoinspoui faire ferment de dire vérité (**). I Santa Maria del Sole; petite Eglifi, fituée fur la Place (dite) Bocca della Veh rita: on croit que c'eft Pancien Temple dL Vefta (***); fa forme eft circulaire & déL crite par vingtColonnei corynthiennes canj^ nelées (****). Santj ' (*) C'eft de ce mafque ( que le Peuple ap 1 pelle Bocca della Verita ) , que cette Eglife : jm pTis cette denomination : on la défigne encon in fous celle de Scuola Grcca , paree qu'on y a en jre feigné long-temps la langue grecque. (**) Quelques antiquaires ont cru que c'étoi I la Tête de Jupiter Ammon , qui fe voyoit dan f le Temple d'Hercule; d'autres que ce mafqui k fervoit k rendre des oracles.'.. Cette antiquiti i ne vaut pas une plus longue differtation. Nardini, le prend pour celui de la Ft!: lupti, dans lequel étoit placée la Statue d'An 1 geronia , &c. Noli, le défigne comme le Templ : ét'Hercule : 1'origine que nous adoptons , eft ll": plus généralement fuivie. Dal)S leur oTigine, ces Colonnes laif foient régner entr'elles & le mur qui clofoit I< Temple proprement dit, une Galerie ouverte J on les a depuis enclavées dans un mur; ce qu P 6te k ce petit édifice toute 1'élégance dont i Étoit fufceptible. Les Colonnes & 1'ancien mu: . 1  en Italië. ËSANTA Maria Egi^iaca. Cette Eglife ,2:1 également conftruite fur un très-ancien ■fice, fur 1'origine duquel les Antiquaires ot lont pas plus d'accord, que pour lepré-Went; le plus grand nombre croient v rennnoitre le Temple de la Fortune Virile • jiautres veulent y reconnoitre le Temple rl la Miféricorde, élevé au centre du lieu !|aiyle, fi célèbre dans les premiers ages de ■1 république. II refte fur pied les quatre Coyjnnes qui compofoient le frontifpice, & :*lement fept de celles qui déterminoient .. jlongueur du Temple ; elles font de marSlï , d ordonnance ïonique & cannelées (*). 4 - — i< Temple font d'un marbre grec très-beau Le jironncmcnt aétuel, n'eft plus 1'ancien ; celui  ejv Italië. • raitée dans le plus beau ftyle, & les détracneurs de eet eft.mable arufte, qui lui reproïdieni d'avoir mis dans fes compoiitfms erop m mallefi'e, un tropgrand fini, admirerom «Pi "ne conecLon precieufe , rendue par le g^ifeau le plus ferme & le plus vigoureux (*). ,2 Santa Ma*ia in Tranjtevere. Cette lifcglife eft 1'une des plus anciennes de Rome: J.es Colonnes de granit qui foutienneut la Wef, font d'une grande beauté; mais cette ïichelle, & de plus grandes encore qui y font Érodiguées, y attirent mo;ns les connoifllurs, que le magnifique Tableau, par le Doühinicain, placé au milieu du Plafond de la Hief, repréfentant 1'Aflbmption de la VierW '■ c'eft un d" premiers Tableaux de Rome. 1 On trouve ici quelques mofaïques antiÉi es , dont plufieurs font d'une exécution iltisfaifante; nous indiquons de préférence, S-lle qui repréfenté un Homme (que 1'on jige a fon habillement être un Germain) mee une Oie. La Chapelle nouvellement liftaurée par le Cardinal d'Yorck, eft de \ Jon goüt: On remarque avec le même plai- [(*) Les deuxplus belles Colonnes de porphyrc jii fe voyent a Rome , (& peut-être les fcuks'de Itte forte proportion qui exiftent dans le monde) , Int celles qui foutiennent le grand Are de la TriIne de 1'E G l I s e Sun Chfifigona : celles qui jrment la Nef, font égalemcnt trés-belles dans ar genre , mais elles font diffemblables entr'elles |ï- Saint Titulaire, repréfenté, dans le plafond j: peint par le Guerchin ; c'eft un excellent morlau, .& de k plus grande force de ce maitre. P ij Rome : San Chryfogoria, Santa Maria in Tranfteve» re.  Rome : San Pietro in ÏYIoutorio. (*) Ttrdinand IV, & Piilipfe III, 1'ont reconfJL truite & embellie : L'on doit a la muuificence dm, fecond la Fontaine érigée fur le plateau en facet,, du Portail, ainfi que le gros mur qui foutienrl toute cette haute terrafle, d'oül'on jouit d'une derf; belles vues de Rome. (**) Cet incomparableTableau, eft on ne peu»; pas plus mal placé; le jour qu'il recoit lui eft tout ij fait contraire : N o u s avertissons, qurf; 1'heure dans la joumée qui lui eft la moins défavo* rable , eft entre neuf & dix Ueuies du matin 4 heuies franc oifes. i, 340 Nouveau Vo y aoz fir un Sarcophage & quelques Infcriptions'o': antiques placées fous le Porche de cette Hgli-5 fe. La petite Place dont elle eft précédée,' ; fait un bon effet; elle eft avantageufement* r, percée, & décorée d'une Fontaine fort abon* l dante & conftruite avec afiez de goüt. San Pietro in Montorio. Cette petite Eglife eft fituée au fommet du Mont Jani- in culo ; elle eft deffervie par des Récollets (JË r Lefameux Tableau de la Transfiguration du s Sauveur, par Raphael „ (ouvrage ineftimal jr ble & regardé comme le chef-d'ceuvre de ca grand maitre, & conféquemment comme le premier Tableau de 1'univers") décore le maitre-Autel (**)• Deux fujets rempliffent ce Tableau; mais cette duplicité d'atftions, fi fouvent reprochée a ce grand homme, femble fi heureufe-! mentliée entr'elles, que 1'on doit lui favoir gré de s'être affranchi d'une loi, qui, s'U 1'eüt fuivie, nous auroit privé de fon plus bel ouvrage.  EN /TALIE. 341 iC On voit dans la partie fupérieure dn Tableau, le Sauveur qui ayant conduit St. Pierijp, St. Jacques & St. Jean fur le haut du Tajor, devient en leur préfence tout rayon-» liant de fa gloire; on fent qu'il s'élève en air : Moïie & Elie font a fes cótés, & le; 'illouvement de ceux-ci, indique fupérieurejrhent qu'ils defcendent a fa voix. L'aétion :)]bs trois Apótres, eft également bien renjiue; tout annonce leur étonnement, leur raainte, leur admiration. lil Sur le devant du Tableau dans la partie ui gauche, font repréfentés les dix autres rapótres , qui paroiffent attendre le retour 1: leur divin Maitre : tout le cóté droit eft qccupé par le Groupe du Poflédé amené en lïéfence des Apótres par fon Père, fa Sceur «plufieurs autres Parens ou Témoins... C'eft ■di oü ce grand homme a déployé le plus giergiquement la fupériorité de fes talens; f ace Tableau doit être regardé comme la plus Iphe, la plus belle , & la plus harmonieufe Mmpofition qui foit fortie de fes mains. { II y a une variété prodigieufe dans les atb titudes & dans les airs de têtes; les caracratères en font bien frappés, &c Pon nepouJilvoit y défirer plus d'exprefiion,,: les drapepi's en font fimples, bienjerées & traitées sjane manière méplate; le deflëin en eft très- ; r, 1'intelligence du clair obfcur y eft bien 'nitendue; il eft très-harmonieux , & fa cou«sfir eft une des plus vraies qu'on aitadmirées iï|ns les ouvrages de Raphaël fans cependant ;> te des plus vigoureufes. „ Dans le coin a tlluche de la montagne du Tabor, on apperP iij Rome : Ssn Pietro in Montorio.  jfj Nouveau P^oyaue P-o me : San Pietro in Müntorio. (*) Beaucoup d'amateurs très-éclairés, lui pr. dans cet emplacement que le Pnnce desf>' Apótres a recu la couronne du martyre. Tl Fontana dell'Acqua Paola. La Ville'del? Rome, doit a la munifieence de Paul III ff Pénorme torrent d'eau que cette Fontainei lui procure : ce Pape fit reftaurer en 1610 ï le grand Aqueduc qui amène ce fleuve de-1 puis Bracciano, diftant de plus de 12 lieues,& & il érigea en 1615 , k Magnipiqu J Fontaine que Pon admire fur le Janieulo»! prés de PEglife que nous venons de quitter.1' Sous la -qualification de magnifique, nousf 11'entendons point comprendre le morceau» d'architedure qui décore la Fontaine prorf prement dite ; mais nous croyons cet élo°-e| dü fans reftriétion a la maflé furprenantei d'eau qu'elle vomit avec une fi fiére irrwf pétuofité. Cetce décoration eft non feule-f ment médiocre dans fes formes, dans fes par- l ties de détail, dans fon exécution ; mais del plus, elle eft déplacée & manque totalement I1 Ie caraftère qu'elle devoit développer. „ L'Edifice eft compofé de trois grande*» arcades qui font avant-corps , & de deux I petites en forme de niches:des trois grandesI Arcades fortent trois Fleuves d'eau qui fe I degorgent dans un baffin. Dans les niches I de 1'arrière-corps, on a placé les Armes de l Paul V, c'eft a dire, un Dragon & un I Aigle qui jettent de Peau. Les Trumeaux I des Arcades font décorés chacun d'une Co- I lonne ïonique moderne de granit, engagées | du tiers de leur diarnètre. Au-deflus eft un I attique dans lequel eft lTnfcription, & fur I cet attique s'élève unc efpèce de Taberna- I  en Italië. 34Ó Scle oü font placécs les Armes de ce Ponjjtife : Toute cette Architecture eft de Fontana— De toutes les Fontaines de Rome , [fcelle-ci eft la plus abondante & la mieux Ifituée pour faire paroïtre les eaux dans toute leur beauté; on 1'appercoit des extrêmités jde Rome, & il femble que l'on voye trois :Torrens defcendre de la montagne. " fi II eft trifte que l'on n'ait point tiré un tëmeilleur parti de cette énorme abondance ili'eau & de cette délicieufe pofition; rien m'étoit plus facile (& il le feroit encore> lie faire de cette Fontaine la plus belle lafcade du monde & avec affez peu de frais: |l ne s'agifibit que de laifi'er couler l'eau par ia propre pente; cette partie de la montagne |ft, pour ainfi dire enfilée par une des plus Jpelles rues de Rome :' la chute de cette fulierbe maffe d'eau eut procuré un coup d'ceil Anique , non feulement vu d'en bas, mais Muffi de tous les points d'oü cette Fontaine ;Jft appergue. On a conftruit le long du glans de la montagne, nombre de Moulins lue cette eau fait travailler, & qui fe parSjfage enfuite en beaucoup de branches pour ïutilité publique Sc celle de nombre de parliculiers. Villa Pamfili, ou Belrefmm; délicieufe Maifon de campagne du a'rince Doria, fituée fur la Via Aurelia, aors la porte St. Pancrace. Nous ne dirons rlien de la beauté, ni de la richeflè des flaeubles; nous allons feulement indiquer 9 ïntre les chofes rares qui la décorent r celles ! lui font le plus généralement recherchées. □ Deux exceüens Bas-reïUfs antiques , en- I " Rome: Hl' /«P.imiilio» Belrefpir»,  S4leaux : voici les plus remarquables. 1 Une Ste. Familie, de Nicolas Poujfin. ;l L'Adoration des Bergers; du même. \ Deux Payfages; par Gafpar Poujfin; cr~ Nuui contre la porte eft admirable. P vj R.pme:Bo& co Pariafo , Palazzo Corfini.  Rome : PaSazzo Corfini allo Lun5ara. 348 NOUFEAU VOYAGE Un Lièvre ; par Alben Drurer; c'eft la, nature même; on ne fauroit peindre avec* plus de vérité. Deux efquilfes, par Rubens : 1'une repréfente des Joueurs & Joueufes de Trictrac;; on voit dans 1'autre une Femme affife tenant vmeBourfe, unjeunel-Iomme eft prés d'elle a fes genoux, & des Soldats qui paroiffent entrerdans 1'appartement, &c. Rubens a traité ces deux efquilfes dans la manière des Teniers. Un Homme de la campagne, par Annibaü Carrache. Une Ste. Familie, par le Barroclü. Saint Cofme & faint Damien, efquifie terminée, de Paul Veronefe. Un grand Payfage de Gafpar PouJJin; „ furie devant duquel il y a une Chute d'eau ;. le fite en eft bien vafte, bien choifi, les plans-bien décidés; on s'y promène pour ainfi dire* & les arbres en font parfaitement feuillés. " Prométhée dé voré par le Vantour; Tableau d'une vérité effrayante de Salvator Rofa. Une Carravane attaquée par des Animaux jéroces ; très-belle efquiffe ; par Rubens. Un Portrait de Rembrant, peint par luimême. Saint Jéröme ; par le Guerchin. La Vierge & 1'Enfant Jefus; par MlchelAnge de Carravaggio. -mmm LaV \ . Wil ~quine> La Ionen . •• ; pnr i 'A'bane. Le Maria^ -. . } , } uulVero- Hfc  sn Italië. 349 | ,, Un beau Fouvermans, repréfentant un i JChafleur a cheval qui s'arrête pour laiffer' ifbaffer un autre Cheval de main qu'il con- ] Kuit." I „Un joli Teniers, repréfentant un Flaclnand qui tient d'une main un Pot de bière Wk de Pautre fa Pipe; " On voit dans le (fond des Payfans qui fe chaufFent. I Mercure remettant une Lyre a Apollon; ■j?ar YAlbane. | La Naillance du Sauveur , par Pierre. de WEortonnc. i Le Portrait de Jules II; par Raphaël. I La Vierge & 1'Enfant Jefus que des AnJges adorent, par Carlo Maratti. W St. Jacques ; par Annibal Carrache. 1 Rendei d Cê\ar, &c. par Luc Jordano. 1 Un beau Payfage avec figures, de Benemtetto Caftillone. I Le Sacrifice au fortir de PArche, par '^Sficolas PouJJin. 1 „ Hérodias qui tient la Tête de St. Jean ■dans un plat; par le Guide. 1 Les Mifères de la Guerre, en quatorze jpetits Tableaux, chaudement compofés & , jtouchés avec la plus grande intelligence apar Callot. i Un petit Payfage, oü fe voit PEnlève.Iment d'Europe; par VAlbane. ï La Vierge , 1'Enfant Jefus, le petit St. Ijean Tableau grand ovale; par Carlo ^Maratti. Une Vierge & 1'Enfant Jefus; par Mo,'mrelius. Une Ste. Familie, par Schidoins* Rome : Paiazzo Corfini tilla I.uagara»  Rome : P> iazzo Farm fa al In Lur gara , ou ] Faruefiua. 3^0 NOU F EAU VoVAOE <• La Vierge & 1'Enfant Jefus, par VAlbanel ■• Deux Pictre-Nef, repréfentant dernd a Points de vue de l'intérieur de la CathéJ drale d'Anvers. Deux charmans petits Tableaux de Berg.] Une petite Mofaïque antique. Un Ecce Homo; Tableau admirable, pari le Guerchin, &c. &c. La Bibliothèque du Palais Corfini eft trés-j confidérable... elle eft volontiers ouvertej aux favans, aux amateurs. On ne connoit point en Italië une auffi richel Collection d'Eftampes que celle qui fe voit ici; j elle forme plus de quatre cents volumes.! Les Jardins font ouverts au public ,• onl y trouve des Bofquets très-agréables, desl Bois ruftiques & folitaires, des points del vues les plus variés, les plus heureux, &c. f La Farnesina , Maifon de plaifance desl Princes Farnefe, ornée d'un Jardin agréa-l ble le long du Tybre , fitué, dit-on, dans le f même emplacement qu'occupèrent ceux del 1'Empereur Géta ; mais infiniment plus cé- J lèbre par les belles Peintures de Raphaël. 1 Le Plafond de la Salle du milieu au reM de chauifée eft d'après les defleins de cegrandj homme, peint par fes meilleurs élèves &J retouché par lui: on y voit dans deux Ta- K bleaux PHiftoire & les Noces de Pfyché.1 C'eft une grande compofition, riche, pleinel de feu , de poëfie, & d'un effet fupérieur. J ^ Le Triomphe de Galathée, ouvrage cé- J lèbre, entiérement peint de la main de Ra-M phaël, décore Pétage fupérieur : ce beau I morceau a conlidérablement fouffert.  ejv lTAhl%. 3ó< ÏSur une Cheminée de ce même étage ,i i pe Frefque ; repréfentant la Forge de Vul-'( Hn, beau Tableau de Jules-Romain. On Bpmarquera encore quelques autres Peintures •ièlférieures aux précédentes , mais qui fe stoyent néanmoins avec plaifir. i| Entre les Buftes; les plus remarquables int ceux d'Homère; de Platon ; de Sénèijae de Cézar; d'une Veftale; d'un Inconnu, ■iiais qui rfifiémble parfaitement a la belle StaI jie grecque, que l'on appelle communément 1 Gladiateur (Voy. art. Villa Borghèfe , .kg. 260). ii Hercule & Omphale, fort beau Groupe Ktique. tl Un jeune Augufte a cheval, autre Groupe pfptique, fupérieur encore au précédent, il Enfin , la célèbre Vénus Callipige ,} ou irf énus aux belles Fefles; ouvrage grec , de 'm plus grande beauté : elle a malheureusiment beaucoup fouftërt, & la Tête anti- iue ne s'eft point retrouvée : c'eft néanlilioins un fuperbe morceau, pour la pureté H l'élégance des formes. 4 Palazzo Santa Croce, fitué fur la petite ir|?/ace des Branchi. On trouvera quelques Leaux Bas-reliefs encadrés dans les murs /'ju Veftibule, dans la Cour, au long de 1'Ef; alier , & dansle Veftibule du premier étage. I Une Bataille, du Salvator Rofa; grand I t magnifique Tableau. J L'Enlèvement d'Europe; par le Guide ; 4'une des belles compofitions de ce maitre. Job fur le fumier, par le Guerchin; fui* oerbe Tableau. lome : Paazio Santa ^roce.  Rome : Pinzza Gil dica : ell Giudica , Sai Carlo Catinari. 30* NOUVEAU ToYAGE Une Aflbmption de la Vierge; Tableau fui a- périeur; par le Guide. Les quatre Saifons, repréfentées dans auJ a tant de Tableaux, grands ovales; par VAl\ bane : nous ne connoiflbns rien de ce maitrel qui furpailè le mérite de ces quatre bellei produétions. Les quatre Elémens qui décoJ rent la chambre a coucher du Palais de S. Mi a Turin, peuvent feuls leur être comparés Ges huit morceaux, font de vrais chef-d'ceuvres. Le Salvator Mundi, beau Tableau , par le Guerchin. Deux Payfages, de Gafpar Pouffin; trés-, beaux Tableaux, &c. &c. LeBaffin de la Fontaine élevée fur la petite Place Giudia , ou Juive, eft formé d'une bafe de Colonne trouvée dans le Jardin Col lonne , femblable a celle employée au même1, ufage fur la Place dell' Popoio. La Juiverie qui dégorge fur cette place , occupe un terrein fort reflerré ; il y réi gne une mal-propreté, dont Pinfeétion eft fenfible même dans le voifmage. La colome eft peu nombreufe, & paroit fort pauvre; -. du moins la Synagogue, annonce-t'elle 1'uiï' « Pautre. L'Eglise San Carlo, a Catinari, oei cupe un rang diftingué entre les plus vaftes- \ « les plus richement décorées de Rome.' Les amateurs depeinture doirentychercher ~' le tres-beau Tableau & Andrea del Sacchi . repréfentant la Mort de fainte Anne : ce Maitre, aflure-t'on, Ie regardoit comme iöe de fes meilleurcs produétions i il eft  en Italië. 333 aslacé dans la croifée a droite de 1'Eglife. j il Pierre de Cortone, a peint celui du mai-1 Jre-Autel , dans lequel il a repréfenté le! iqaint Titulaire; fans être un excellent morleau , on peut le regarder comme bon Taai eau. I' Les Peintures a frefque qui ornent la tribune , font attribuées a Lenfranc ; il eft iaeaueoup plus certain que le Tableau de la iiremière Chapelle a droite , eft de ce mai|e; le fujet eft une Annonciation : c'eft en'|ore un bon Tableau. I Le Théatre de Pompée (#) étoit nonftruit fur 1'emplacement occupé en parite , par le Palais Pio, a Campo di Flore. Bn voit encore dans PEcuriede ce Palais pluzaeurs Voütes rampantes, faifant partie de stelles fur lefquelles les degrés étoient pofés: BfiOn diftingue la pente de ces voütes vers St. iMindré della Valle , & Pon voit que les mai•zpns voifines font un demi-cercle dont le diamètre, eft la rue qui aboutit a cette Eglij; ce qui fait voir que la fcène étoit de Si cöté-la. „ Cette ruine apprend peu de Bfc-fe. d Campo di Fiore , ancienne place, prorienant, dit-on , d'un terrain appartenant, di laiffé au Peuple Romain, paruneCour'ifanne célèbre , nommée Terralia , a 1'hon- I (*) „ Ce fut le premier Théatre fixe qu'il y lit k Rome, il étoit fi grand, qu'il pouvoit conIfdir trente-cinq mille fpeflateurs : ce fut la que ; es conjurés placèrcnt un grand nombre de Gladia. tours le jour que Cézar fut aualïiné. lome: Rules du TbéSre de Poirtlée, Camp» U Fiorci  Rome : Chancellerie Apoftoliqiie , Piazza &■ Prtlazzo Faruefe. 354 Nouveau Vota ge neur de laquelle il fut inftitué des Jeux an J _ logues a la profeffion qu'elle avoit exerf cee; au tres-beau Cirque qui y fur conftruiti a fuccedé une fort laide Place; c'eft un def fous Marchés de Rome. La Place & le Palais de la Chancelleï ne Apoftolique, eft au prolongement dl eelle-ci : ce batiment eft d'un bon ftyle : lsi cour formée en portique, eft ornée de Col Jonnes de granit, qui font un bon effet f c'elt au total un des meilleurs batimens del 1 Adminiftration. Piazza Famefe. Cette Place eft la plui reguliere de Rome, & la mieux percéel elle eft ornée de deux Fontaines jaillilfan-f tes, dans la compofition defquelles on ató tait entrer deux énormes Cuves ovales an-ï tiques, de granit : il étoit poffible de leef employer mieux ; nous voulons dire, qu'elJ les font la, mal agencées. Elles font placéeJ dans un baffin qui leur fert de foubafle-1 ment, & elles ont au milieu un guérido»! avec une Fleur de lis, du centre de laquelle 1 s elance un Jet d'eau. Le Palais Farnese , eft regardé commel le plus majeilueux de tous ceux qui em-f belhflent Rome. Sa forme eft un carré long 1 dont les lacades ont une égale décoration.! La malle générale en eft belle ; le caraétère | en eft grave, &peut-être, trop impofant, I pour le genre de cet édifice. „ Le Veftibule qui précède la grande | entree eft orné de Colonnes Doriques de I granit; il eft trop petit relativement au i batiment, & la corniche architravée que I  Eiv Italië. 3óS upportent les Colonnes eft d'un goüt mef- r luin-" 1 La Cour manque également detendue, fc la grande élévation des batimens dont :11e eft environnée, y répand un fombre léfagréable. : Sous les arcades de cette cour font platées fix Statues ; mais 1'ceil du connoiffeur fe fixe bientót fur celle appelée VHer\uk Farnefe, une des plus belles Statues brecques qui foit a Rome. " Cetre figure Eft admirable; on ne connoit rien qui lui foit fupérieur pour les proportions d'une nature male & robufte * unie avec beaucoup d'éfégance : elle a été prife pour modèle par les jmeilleurs maitres: Hercule , eft appuyé fur famafiue, ayant une main derrière ledos(*). i On voit fous 1'autre Arcade oppofée un *utre Hercule qui tient les dépouilles du sTaureau de Marathon : il eft également de I (*) „ On lit fur le rocher contre lequel Hercule ijs'appuye, qu'elle eft 1'ouvrage de Glicon AtblImen Elle a été trouvée fans jambes : Guillaume della iPorta entreprit de les refaire, & y a tellement Jréuffi, qu'après avoir retrouvé les Jambes antiLues, Michel-Ange ne voulut pas les changer, fadmirant la proportion & les graces de celles della d Porta. r. -. . I On trouve dans VEncyclopédie, au mot Defiein, I les"détails les plus circonftanciés fur les proporI tions de cette belle Figure, de même que celles de lü'Antinoüs, del'Apollon, du Laocoon du Belveidere- du Gladiateur de la Villa Borghefe; de la ' Vénus de Médicis, ctu raiais a r loieutc „ , w*. Home : J**lazzo Farnefe.  ■ Rome : Paiazzo Farncfe. ( ' ) 11 On a cru que c'étoit une de celles que Iitus avoit raflèmblées dans le Veftibule de fon Palais, & qui étoient la plupart du célèbre Pohcktte de Scictone. 3S<$ Novfe au Voy age i- très-beau marbre , de parerlle proportion ; mais il n'eft pas égal en mérite. Prés de cel dernier Hercule, eft un magnifique Sarco-: phage de marbre de Paros, enlevé du Maufolée de Cecilia Metalla : nous 1'avons précédemment annoncé. ■ La Flore antique, décore une des Arcades a gauche : elle tient d'une main une Couronne & de Pautre relève fa Robe dm bout des doigts: cette belle Figure eft de 1* même proportion que le premier Hercule. La draperie forme de très-beaux plis, & le| nu fe deffine parfaitement au-deflbus (*). Une autre Flore, & deux Gladiateurs ,i rempliiïent les autres Arcades: ce font également de fort beaux antiques, mais d'un*j mérite fort inférieur, comparés au premier f Hercule & a la première Flore : ces trois der- j nières Figures, ont d'ailleurs extrêmementi fouffert, & elles n'ont pas été auffi habile- ? ment reftaurées que les précédentes. En avangant du cóté de la feconde Cour,*! on voit fous le Portique deux Statues antiques coloflales de marbre; 1'une de Philippe le Jeune, Pautre que l'on croit être celle de Ia Fortune (Fortunee reducis); une Tête coloflale de Vefpafien ; & une d'Antonin le Pieux. On a placé fous une forte de Remife , uri peu en avant a droite , le „ Taureau Far- r  en Italië. 307 £fc, 1'une des plus fameufes pièces des fculpare antique (*) : le fujet eft Ditcé, atta*ée par les cheveux aux cornes d'un Tauuau indompté , par Zetus & Amphion , )ts de Lycus Roi de Thèbes, pour venger ilntiope leur mère de 1'injure que fon Mari ■ faifoit a 1'occafion de Dircé. Le Taudtau eft retenu par les deux Hommes dans fjinftant qu'il va partir. Le fol du rocher ainfi !jue la plinthe, eft orné de divers Animaux l'lulptés en reliëfs & dont les fujets paroifint étrangers a 1'hiftoire de Dircé. Cet inorme bloc n'a guères moins de dix pieds J; diarnètre , fur prés de quatorze de hauteur. I „ Ce Groupe a de la réputation; cepenJiant la compofition en eft mauvaife— & èjexécution des plus médiocre ; fi l'on met uitte production dans la première cl alle des rjntiques, c'eft plutót par la grandeur & Bmmenfité de 1'ouvrage, que par fa perilftion." ilOn voit fous ce même hangar, pluiieurs Ktres Antiques, & nombre de Torfes & dc '(*) On eft étonné de voir 1'immenfité de ce roupe, oü fix Figures plus grandes que nature, : plufieurs autres moindres , font tirées d'un feul .oc de marbre, avec le rocher fur lequel elle* font lacées : Cet ouvrage eft d'Afollonius & de Buriftus. Cette grande machine fut tranfportéc 5 Rodes i Rome , par ordre de 1'Empereur Anonin Caracalla , on la trouva fous des ruines fes 1'endroit oü étoient autrefois les Bains de ce |irice,d'oü P«ulM)& fit tranfporter au Palais ae ; familie. Rome : Pa~ lazzo F«ntfe.  Rome : Paluzzo Farscfe. 3J8 NOUVEAU VO VA 6 S Fragmens de Figures qui méritent d'êtni^' eonfervés : dans les premiers; Une StatrfllG équeftre, que Pon dit être celle d'AugufM^ fort jeune. Deux Idoles Egyptiennes. I' „ Un Torfe d'Homme, fait d'après unep très-belle nature; la chair & la peau y foiWflJ bien exprimées." Un Bufte d'Antinoüs. Trimakion entrant dans la Salie du FeCi» tin; Bas-relief fupér.eurementcompofé: tinais Orgie, &c. On parvient du rez de chauffée au pre* mier étage, par un fort bel Efcalier, dontp les paliers font ornés de Buftes & de Sta-jE tues, mais qui n'ont guères d'autre méritep que leur antiquité. | En arrivant au premier étage, on doirp diftinguer les Statues de deux Efclaves Da-p ces, adoflees contre les deux chambranlesir; d'une porte qui fait face a Pefcalier: cesldeux Figures font d'un excellent caractère jK' & au-deffus de cette même porte, un très«|}'< beau Bufte de Pyrrhus. - k Au bout du corridor ou galerie ouverte,p dans une efpèce de ferre, formée de fimplesfli". planches; on montre „ une Statue en pierrep de touche, qu'on croit repréfenter cette! I' Veftale qui porta de l'eau dans un criblep depuis le Fleuve jufqu'au Temple; & tineL Statue de porphyre qui avoit dans fon oril „ glne la tête , les mains & les pieds de bron- s ze ": on croit qu'elle repréfentoit une Rome ■ triomphante. ~ Le morceau qui en impofe d'abord Ie 1,  jj/ Italië. 349 aus en entrant dans le grand Salon, eft R I Groupe d1' Ahxandrt Farnefi: , Duc de'" marine (*) : la compofk.on en eft bonne, sjais 1'execution mediocre ; elle eft de Siurn. Mafchino de Carrare : il a tiré ce «croupe dans un troncon d'une des Colonnes bpi décoroient le Temple de la Paix. I Dans la même Saile, di verfes autres Staf aes tant en bronze , qu'en marbre, anti- ilaes & modernes mais toutes de fort 3 feu de mérite. i La Pièce qui fuit, eft ornée de Peintures i bgefque ; ce ne font point de bonnes chofes. Jrj'enfilade des appartemens eft d'une belle bitendue ; les meubles qui les décorent font 0>us fort ricbes, & plufieurs d'excellent jjpüt. On voit dans quelques-unes de ces Piè- :s, des Buftes antiques pofés fur des gaines iJès-b.en traitées; entre ces Buftes, on difdngue celui de Caracalla; il eft d'une rare .eauté. ad On remarquera également une Table an~ que , formée de pierres orientales, encai-xéss dans des compartimens & en roule«iens de marbre de Porta Santa , & de vert piptique; elle eft portée fur des pieds de marIdte blanc fculptés par Michel-sJnge. scf Deux Buftes de Paul III : Pun par Guilmume ddla Porta; 1'autre, parMichel-An- H (*) „ Ce héros y paToit couronné des mains $f|: la Viftoire; la Flandrt eft a genoux devant l:f i : fSEfcaut paroit enchainé fous fes pieds, & thteprime les conquétes de ce Prince en Flandre, jlih il fe diftingua principalement. ome : Pt- zzo Ftur:fe.  Rome : Palazzo Faraefë. 360 NOU FE AU VOYAOE ge : Le premier eft d'un fini qui glacé : lèt fecond eft fait avec humeur & d'un cifeaiéf très-latge & très-ferme. „ Deux petites Statues équeftres que l'on croit être Gidippe & Odoardo , d'après le. Talie, dans fa Jérufalem délivrée.'' Un Amour qui dort. Un Méléagre, ou un Adonis en bronze. Un Mercure en bronze d'après Jean de Boulogne; il eft très-beau. ' Hercule déguifé prés d'Omphale ; Groupel antique , dont la penfée eft fort agréable. X Un Berger, qui Ure une Epine de fon pied Jf en bronze (*). Un ancien Calendrier gravé fur marbre af pièce fingulièrement curieufe. Un Sarcophage antique placé contre lel1 trumeau entre les deux croifées; le Bas-I" reliëf dont il eft orné, eft, on ne peut past! plus curieux, & l'on ne s'attend guères de trouver fur un monument auffi férieux, des allégories auffi plaifantes: le travail eft trés bon , &c. La Galerie eft d'une fort belle propoiv tion; elle eft décorée de pilaftres Corynthiens, entre lefquels on a pratiqué des Ciches ornées de Statues antiques , mais médiocres j (*) Cette petite Figure eft la même pour Ia penfée & pour la proportion , que celle que nou» avons remarquée en parcourant une des Salles du Palais des Confemteurs : mais cette dernière lui eft bien fupérieure ea mérite; elle eft également antique.  en Italië. 361 aédiocres : au-deflus de ces niches, fontu les ovales oü font placés des Buftes égale-7' Bit antiques, & également de peu de lérite. ['La Voüte eft divifée en fept grands Ta~ leaux, quatre moyens, & douze petits ; bus encadrés dans une architecture feinte p ftuc, foutenue par des Termes, & fous bs Termes, font des figures académiques, pdues en couleur naturelle. [Cette Voüte eft le plus grand ouvrage yAnnibal Carrache, & celui qui met le [eau a fon immortalité. Les connoifièurs [admirent unanimement, & la compofition ui eft d'une abondance & d'une richeile qui lonne, & 1'exécution, qui eft par-tout trèstre , très-belle , & fouvent d'une perfec[on qui égale les plus beaux morceaux de laphaël. Cette belle compofition eft inconIftablement unique dans fon genre;elle eft lop généralement connue , par les defcriplons (*) & par leseftampes, pour nous aplifantir ici dans des détails, qui ne feroient te groffir inutilement notre ouvrage. ÉPalais Spada (**), fitué fur une pe- X*) Ou trouye dans le IVe vol. du Voyagi il'tm iatifois en Italfc, un détail fort exaét, & une itique fort judicieufe en ces magnifiques Peinres. Les fujets font tirés de la Fablc, & font ndus avec une telle exaétitude, qu'ils fe préntent a 1'efprit dès le premier coup d'ceil. (**) „ On remarque en entrant dans ce Palais , pe perfpeSive formée par une Colonnade qui va ujours en s'abaiiTant; la voüte, les cornickgs [Tomé II. Q Lome : P*. ■izzo Spada  Rome : Pu itazt'Spttia 3fc Nouveau Voyage . rite Place voifme du Palais Farnefe. On yj • voit un nombre prodigieux de Bas - reliefsl employés avec plus de profufion que dei goüt; provenant la plupart, de Sarcophajl ges, & de Frifes qui ont dü appartenir M de grands édifices: d'ailleurs, le choix m eft beau; la trop grande quantite fatigue* feule les yeux. Ceux de ces Bas-reliefsl qu'on a fait entrer dans la décoration des laj ?ades de la cour , méritent une attentiaj particuliere; on en remarquera fur les palier?! de 1'efcalier , qui font également fort efei timables ; mais beaucoup moins encore J que ceux qui ornent un Salon au rez da chauffée; ces derniers font du plus grandl ftyle W Dans une Salie qui fuif, quelques Statuej antiques; les meilleures, font une Venusl — Un Gladiateur. .' \ Anthitefne; il eft repréfenté affis, la tsta appuyée fur fa main , paroiffant écouter Sé| nèque. Dans le grand Salon, au premier etagel hifameufe Statut antique de marbre de Pom* pée On croit. que c'eft la même, au pie<| de laquelle Cézar expira; elle eft de proportion coloffale , & d'un fort beau travail elle a beaucoup fouffert, mais les reftaw rations ont parfaitement réuffi : ceft, ir| & les autres ornemens font en ftucs, imités de 1'antiquité : ce petit ouvrage a donné au Lavaliei Bernini 1'idée du grand Efcalier du Yatican, M f elé Scala Rtgia.  EN 1 TALIE. jffj mteftablement, une rare Ssmagnifique an-: que (*). ] Palais Falconieri: Sa fituation eft dépieufe , & la terraffe qu'il développe au jmg du Tybre, fait un fort bel effet ; il a Ié prefque entiérement reconftruit fur les Irffeins du Borromini, la fac,ade du cóté de eau eft entiérement de lui; c'eft même une I: fes meilleures produétions, du moins lelt la plus fage, la moins tourmentée. I Entre le trés-grand nombre de Tableaux pi décorent les appartemens de ce Palais, jpici ceux qui réuniffent le plus de fuffrages. |Un grand Payfage de Nicolas Pouffin; h y voit Enée & Didon qui entrent dans la rotte; Vénus plane fur un nuage dans le jiut du Tableau— II a beaucoup fouffert, lais il eft encore beau. I Samfon & Dalila, par le Guerchin : ce dableau eft compofé d'une manière peu pble, mais il eft d'un effet piquant. f Rachel recevant les préfens du ferviteur 1: Jacob ; charmant tableau de Carlo Ma\tti. Le caraétère de Rachel, eft on ne peut fes plus intéreffant; il contrafte d'une malère heureufe avec Pair de tête de fa fceur Lia pi exprime une fineffe, même une malifiité très-fenfible. 1 Notre-Seigneur converfant avec les Doelurs de la Loi; par Paul Veronefe. ?fC*) Nous ne pümes voir les Tableaux de ce ïiJilais ; on faifoit alors de grandes reparations fims les appartemens : 'Cette colleftion a la réiiptation d'être nombreufe & d'un bon choix, ■lome : Pa* lazzo Falcauieri.  3G4 NOUVEJV VoYACrE Kome : San Girolamo della Carita. Des Doéteurs Juifs qui converfent enfem-f ble ; par le mime. Saint Jean 1'Evangélifte apparoiftant fuif des nuées a un homme de guerre dans la pofture fuppliante, par le Tintorttto. Une Cène, par l'Albane : Tableau pré-I. cieux. Une Vierge donnant a teter a 1'Enfantl Jefus, qu'un Ange adore; Tableau de formel, ovale ; par le Guide : le caraétère de hï Vierge eft d'une douceur charmante ; c'eil un très-agréable Tableau. „ Une Sainte Familie & faint Francoii 3, rendant hommage a 1'Enfant Jefus: c'efi „ un des beaux de Rubens qu'il y ait a Rome „ II eft bien compofé, la couleur des chain eft fraiche ; la tête de la Vierge eft pluj 9, agréable que noble. Sainte Cécile & St. Jéróme ; deux Tableaux par le Guerchin, chacun d'un excellent caraétère , & peint largement. La Vifion d'Ezéchiel (Dieu porté pai les quatre Animaux de 1'Apocalypfe, &c. ] très-belle efquiife , de Michel-Ange. Saint-Jéröme de la Charité, petite Eglife deffervie par des Oratoriens. Un infinimtm beau Tableau du Dominiquin y décore 1( maitre-Autel. II n'y a qu'un fentiment feu le mérite de cette production ; c'eft celui de 1'admiration : aufli eft-elle comptée au rang des quatre plus célèbres de ce genre, qui fe voyent a Rome. „ Saint Jéróme, pai un fentiment d'humilité, n'avoit jamaï M ofé dire la Mefle ; mais il recevoit la m Qomraunion comme' le commue 4es FJ  en /talie. , delles : II eft repréfenté a genoux , fou- J , tenu par deux perfonnes; le peintre a, , ehoifi 1'inftant ou le Prêtre tenant fur la j , patène FHoftie de la main gauche , lui * , fait une exhortation avant que de 1'ad, miniftrer ; un Diacre tient a cóté du , Prêtre le Calice, & un Acolyte a genoux > tient un livre „. Toutes les têtes ont 'expreffion qu'elles doivent avoir , & il ègne dans toutes les parties de ce fuperbe tableau, la plus précieufe harmonie : en1, plus on Pexamine , & plus on y trouve e ces beautés de détail qui ajoutent au nérite total. L'Eglise de Saint-Baptifte des Florenins , eft un des beaux vaiffeaux de Rome ; :11e a été conftruite fur les deffeins de Jac'ues de la Porte, & c'eft une de fes meilenres compofitions. Les maffes en font tonnes & l'on rémarquera également des tarties de détail parfaitement bien traitées. Pont Saint-Ange; plus anciennement, 'ont EliusC*). Clément IX le reconftruifit >refque entiérement j il Porna d'une balufrade & des grands piédeftaux de marbre, iir lefquels font placés faint Pierre , St. »aul, & dix autres Figures également de narbre , repréfentant des Anges portam lifférens inftrumens de la Paffion du Saureur : celui qui tient la Croix, eft du Caralier Bemin; les neuf autres, font de fes neilleurs élèves: au total, ce Pont eft très- (**) Adrien le fit conftruire en même temps me fon Maufolée, en face duquel il eft fitué. • Q Üj Lome : ?aa Jiovani (ie 'ioreniini , 'ante San Uigtlo,  Rome:**/ nts Hu Pom Trioniphal. t-ajieï San ' Angelo. (*) On trouve dans les écrits de faint Gré- ï goire Pape, la Vifion miraculeufe qui le déter- p' mina a placer 1'effigie de 1'Archange faint Mi- k chel pour couronnement de cette fortereflè, vers n l'an 5S>3 j origine de fa dernière dénorninatio». I F 36G NoUVEAV VOYAGE beau ; il eft dommage que la Place qui le précède, ne foit pas mieux. On voit mieux d'ici, qu'ailleurs, les Ruims du Pont Triomphal, fi célèbre dans les faftes romain», fur lequel paflbient les Héros auxquels le triomphe étoit accordé. Ils fe rendoient de ce Pont, vers le Théatre ï de Pompée; ilslongeoient enfuite le Temple 1 de Junon, le Théatre de Marcellus & en- jo troient dans la Ville : Ils pourfuivoient vers 'f le grand Cirque, & tournant enfuite du cötèl& oü fe voyent 1'Arc de Conftantin & celujlt de Tite, ils traverfoient le Forum Roma-f.< num, & montoient au Capitole. r Moles Adriani ; plus communémenf t Chdteau St. Ange, (*). Adrien n'avoit rien i épargné fans doute, pour que ce Tombeau tt qu'il fe choififlbit égalat, & furpafsat même, I Ia magnificence de celui d'Augufte fitué fut 1 la rive gauche' du fleuve, & peu diftant du p fien. La maffe & le plan de ce dernier édi? ft tfice étoient a peu prés femblables au pre- :.. mier. Sur un large foubafiement carré s'éle-* l« voit de même, une vafte Tour circulaire Sv formée de plufieurs étages en retraite 1'un tt de Pautre; celui-ci avoit de plus dans la „ décoration extérieure des deux premiers étai| ges, un rang de colonnes ifolées (& en avanrj du nu du mur), entre lefquelles étoienir  en Italië. 3g7 Iftribuées les Statues des Hommes les plus f Kbres: un Attique ïlrdre: il portoit une coupole fort furbaillee Eronnee'd'un focle, fur ^Jtl^ Ine énorme Pomrae de pin (*) eribionze hloré, oü furent, dit-on, renfermees les lendres de cet Empereur. morh,-o J II ne refte plus rien de tant de maibies Ldigués, tant au revêtiffementdu.fi*». laflement, qu'au corps pnncipal du Maufolée-non p'lus que de cette multitude: de iktatues (**) dont il étoit orne... I n exiite Ie ce monument célèbre que la mafle du prefiei éTage de la Tour, les fuperbes.Colonnes Tui ont entré dans la conftruétion de 1 'Eglife kt Paul (Kovel ci-devant page 333). « 3 ene Pomme de'pin que Pon conferve au Ipara de cette Tour Cqui depuis des fiècles, l'offroit plus qu'un repaire fervant dem£ilraite aux petits; tyrans de Rome?, Jle *Lnr,Jro VI Pie IV, & Ürbain Vlll lucceiïivemenV la fortifièrent ; ils enfermèrent ïoutTcette maffe, dans un pentagone regu- if" r*-\ La même, a ce que Ton croit, quife voit LÜdniuSa'terralT? du Parterre du Vatican 'Avoy. plus bas cet art. _ I r*V) On prétend que dans les.premiers fieje. fcife ou le affiégés fe défendirent long-temp: iv?c fes fcules Statui, qu'ils brifoient & préaolpitoient fur leurs ennemis. ^ lome: Crf el San An;elo.  " ïlome: Caful San Aii- 3$8 NöVVEAU Vo'/AGE •lier, & la pourvurent de quelques pièces " d'artillerie (*), fort augmentées depuis. Ctj n'eft point une excellente place , mais c'eft une bonne Place ; le Souverain y entre-i tient une garnifon affez nombreufe. C'eft dans les Salles intérieures du foubaffemenrj que font dépofés le tréfor amaffé par Sixte^, Quint; d'autres richeffes particulières, 8c les archives les plus intéreffantes. Les prifonniers d'état y font auffi détenus. Ori parvient jufque fur la première terraffe pai un efcalier cordonné (ou pente douce)j qui s'élève en fpirale, trés - large & très-beau.. Un batiment moderne conftruit fur les ruines du fecond ordre, diftribue diverfes! Salles & logemens; comme PArcenal, quel-i ques Magafins, des Logemens de prifon-; niers, &c. Plufieurs des Salles que le public peut voir, font omées de Stucs & de Peintures faites d'après les defleins de Raphaél & exécutées par fes meilleurs élèvest nommémeBt, par Juhs-Romain. La dernière terraffe donne une fort belle vue (**); c'eft fur celle-ci qu'eft élevé ul (*) Le deniier particulièrement : on montre fix canons & deux obufiers coulés fous fon pon-' tificat, provenant des Statues de bronze qu'il fit enlever au Panthéon. (**)» C'eft de deflus cette terraffe que s'cxécute annuellement un Feu d'artificepour la Fête de St.j Pierre, & un fecond pour 1'anniverfaire du cou- ï ronnement du Pape régnant: on ne peut pas ima-, giner une fituation plus heureufepour un fpectacle] de cette efpèce : on le voit de beaucoup d'en-1  ZN Italië. 3% jjPiédeftal qui porte une Statue coloflale en 1 jbronze (*) de 1'Arcbange faint Michel. s I Alexandre VI, conftruifit vers 1'an 1500, Iune Galerie, ou long Corridor, qui comImunique du Palais du Vatican, au Chaiteau St. Ange : fes fucceffeurs perfeftionkèrent depuis ce grand ouvrage formé par iune fuite d'Arcades, fur une longueur de fclus de cinq cents toifes. f Le plus beau fpeébacle que donne Rome inoderne (& le feul jufqu'ici de ce genre qu i Cinq Portes ouvrent Pentrée de 1 interieur de PEglife ; mais quatre feulement peuvent être ouvertes ; la cinquième a cfroite , eft ordinairement murée ; c'eft celle ïue Pon appelle la Porte Sainte, qui n'eft ilbre que pendant la durée du Jubilé. i Le coup d'oeil que donne l'intérieur de iet édifice célèbre, eft d'une fublimité qui Jénètre : a 1'étonnement fuccède Padmiitation ; (**) & ce dernier fentiment, non 117*) L'abbé Richard (dans fes Mémoires fur htalie) , pour juftifier la grande beauté de ce fjreftibule, fait ufage d'une Anecdote plaifante, ifnais qu'il ne donne d'aillcurs , que pour ce Au'elle peut valoir. „Un Suiiïe (raconte-t il)qui itoit venu exprès de fon pays pour voir 1 bglile Üe St Pierre de Rome, après avoir bien exaliné le veftibule, fut fi étonné de fa beauté, liu'il s'en retourna fans entrer dans léglile, & Ie voulut jamais entendre , qu'il n en avoit vu ëLue le veftibule." 1 (**) En 1'admirant comme tout le monde, noui §>fons cependant croiie , que la principale .IN et, Lute magnifique qu'elle eft, auroit un caractere Rome : Pifi tibtiie de St. Pierre du Vatican.  374 Nouveau Voyage Rome : Intérieur ie 1'Eglife ie St. Pierre du Vatican. encore plus noble, plus majeftueux, fi de belles colonnes eufient été pTéTcrécs , aux lourdes maffe*, des piliers acbiels : en comparant 1'effet de ceuxei , a eelui que donne cette magnifique rangéer de Colonnes de la Bafilique de St. Paul, on fentira mieux la vérité de notre obfervation : 1'ceil sjéchappe & fe promène autour de celle-ci; la vue a'arrêce & fe brife contre les autres : autant les Colonnes allongent, ou élèvent uneligne donnée; autant ces gros corps de pilaftres les raccourciffent, & les abaiflent aux yeux. II nous femble encore que les revêtiffemcns qui enrichiffent les piliers des petites nefs , ne font point traités en affez grandes mafles. Ce genre de compartiment donne occafion de faire montre de beaucoup de riehefles en marbres ; mais il fene Ia menuiferie, PEbéniftrie; tant de divifions fa-j tiguent 1'ceil fans lui plaire : nous croyons qu'uner uoble iimplicité dans les formes eüt été préférable. -feulement fe foutient , mais même s'ac-i croit, fe fortifie , a fur & a mefure que l l'on en examine tous les détails, & le rapport heureux des parties avec le tout : la richelfe & Pexcellent choix des objets purement acceflbires, ajoutent" beaucoup a la fplendeur qui le caraétérife. L'Eglise de St. Pierre a dans oeuvre fix cents pieds de longueur , quatre cents quarante pieds de largeur a la croifée : la grande nef a quatre-vingt-fix pieds de largeur , & cent quarante-quatre pieds dé hauteur ; le diarnètre intérieur de la eoupoie eft de cent quarante pieds, & la hauteur totale de 1'édifice du fol de PEglifej jufqu'a 1'extrêmité de la croix qui eft au-  e jv It a Lit. 33$ Meflüs de la boule , eft de quatre cents qua-1 orante-trois pieds. I Le Baldaquin, élevé au centre du,s rjlöme , & la Chaire de Saint-Pierre, qui1 iiouronne fi heureufement le rond-point du >phceur , font les objets qui appellent d'aii>ord. Cet Autel , élevé au centre de la dcoupole , & fur le fouterrain que l'on ippelle la Gonfeflion de St. Pierre , eft èrné avec autant de goüt que de richefie : iitette belle compofition eft due au génie 'upérieur du Cavalier Bemin. Quatre Colonnes torfes de bronze doré , omées de lannelures & de feftons depampres, fupporfïent un couronnement en forme de pavillon [Igalement de bronze, qui couvre PAutel; ifnrichi d'ailleurs de plufieurs Groupes d'Anfes de même matière , & d'un très-riche ifabernacle (*>. L'exécution de toutes ces Jhofes , ne laiflé rien ou peu, a défirer : i|es Colonnes, les grands & petits Anges ont Ité modelés par le célèbre , & très-malheurjeux Francois da Quefnoy , dit le Fiammin\o : toute cette machine a prés de cent jjüeds d'élévation. » On rémarquera en avant de cet Autel £te du cóté de la Nef, un fort bel Efcalier 1 (*) Nous avons précédevnment dit, qu'Urbai* \fIII employa pour toute cette fabrique , & iflelle de la Chaire de Saint-Pierre , le métal qua |ui fournit la couverture du périftyle _ du Panolhéon : en voyant l'emploi qu'il en a fait iei, on. ».e peut que lui fa voir g^é d'y avoir fubftitué unc rloiture ordinaire, Cs $ lome : /«érieur de "Eglife de St. Pierre du. Vatican.  Rome : Intérieur de VEglife de St. Pierre du Vatican. 3j6 Nouveau Va r aoe qui conduit a la Chapelle fouterraine, cotn-1: munément appelée, la Confession dth St. Pierre, dans laquelle, on prétend qu'une |n partie desReliques du St.Titulaire & de Sc.'|ï Paul font dépofées. La rampe de cet Efcalier, l: ainfi que la porte de la Chapelle, font revê-1:: tus de marbres rares & de pierres précieufes, ! employées par compartimens de trés-bon ff, goüt. Cent vingt-deux Lampes d'argencji brülent fans cefle devant cette Chapeile :L les Lampes font placées dans des enroule-ll mens en bronze, oftrant la forme de corSel B d'abondances, également d'un fort beau deflëin. Nous parierons plus bas de cettejj Chapelle fouterraine. Mais quelque belle que foit la compofition.' t du Baldaquin, celle de la Chaire de $ St. Pierre, lui efl: infiniment fupérieu— \t\ re : rien de mieux penfé , de plus grand I ] de plus noble, & qui convint mieux k B 1'emplacement qu'il décore; elle embrafi'e; )0 & couronne le plus parfaitement tout le (. rond-point du chceur... c'eft afliirément un' i chef-d'oeuvre d'imagination , & un autre;'0 ehef-d'ceuvre pour 1'exécution. L Quatre Statues de bronze, de douze pieds |tf de proportion, repréfentant les quatre Pères ft de 1'Eglife Latine & Grecque, St. AuguH tin & St. Ambroife; St. Chrifoftöme & St. Athanafe, élevées fur de grands piédeftaux,: foutiennent un enroulement qui prend lal forme & dans lequel eft enchaft'ée une an-1! cienne Chaire (*) que l'on prétend avoir { (*) „Elle eft de bois, incruftée de quelquw ^  e n Italië. 377 I celle de St. Pierre : divers Groupes T f Anges, & une trés-vafte Gloire, couron- * fent cette riche, & ineftimable production. s (Au-deflbus de la Chaire eft un Autel \ Lrré fort fimple, fur lequel on dit la Mede, brfqu'il y a Chapelle pontificale a St. PierL & que le Pape n'officie pas : lui feul pciant fur le maitre-Autel. Le Maufolée d'Urbain VIII, occupe la lauche de ce monument; il eft également Ju Cavalier Bernin; la penfée en eft belle, jiais 1'exécution ne la rend pas avec tous |s avantages. Celui de Paul III eft élevé |n oppofition du premier; il eft de Guilkume de la Porti : on remarque moins je génie dans cette compofition - ci; mais fexécution lui eft , prefque par-tout fupé[ieure : c'eft un fort beau morceau. ( Entre les Statues diftribuées dans cette lartie-ci, on doit remarquer, celle de St. l)ominique, par Legros; elle eft de toute aeauté. | Revenons fur nos pas au centre de la toupole. Les quatre Pendentifs fur leffuels elle s'élève', font ornés d'Autels, auïefius defquels font de vaftes Niches qui reloivent des Figures en marbre de feize pieds Ie proportion. Celle de St. André Apótre, jaérite une particulière attention; elle eft Lornemcns en ivoire. .. U a été long-temps ï, d'ufagc d'y placer les Papes lors de leur introLriifation : on en voit un modèle, que l'on dit 1, être tout a fait femblable, dans une des Salles I, du Vatican. torris : ?«- irieur ie -Eglife ie !fc Pierre dn /aticsn  3j3 Nouveau Voya ge Rome : Intérieur de i'Eglife de St. i'ierre du yaticau. (*) C'eft dans ces Tribunes que font confervées un nombre confidérable de Reliques qui font montrées ou préfentées du haut de ce balcon a la vénération des amcs pieufes a de certains jours de 1'année & nommément pendant la Semaine-Sainte. A cette époque, on voit chaque foir une grande Croix fufpendue du haut de la lief, a la hauteur de huit k dix pieds de terre, toute illuminée de lampions : cette illumination fait un joli effet. de Francois du Ouefnoy, fon plus grand ouvrage , &l'admiration desconnoiflèurs. Celle de St. Longin eft du Cavalier Bernin ; mais c'eft: un de fes foibles ouvrages: les deux au: tres Statues font médiocres. On a pratiqué dans 1'épaifieur des pendentifs un Efcalier qui conduit aux tribunes, & un autre qui defcend a la Chapelle fouterraine ou Confejjion de St. Pierre. Les amateurs de beaux Marbres, de Mofaïques antiques, de Basi ie reliëfs, dTnfcriptions, & de Tombeaux ap- it partenans aux premiers ages du chriftianifme, | trouverontici de quoi fe fatisfaire: nous ne les i y fuivrons point; nous leur indiquons feule- s ment le précis de ce qu'ils y pourrontvoir. La ii vue que donne chaque Tribune (*) plonge ] trop, eft tropbornée, pour fedonnerlapeine Ie d'y monter pour ce feul motif; ce font d'excel- t lentes places lorfque le Pape officie, pour jouir s; de toute lapompe de ce fpectacle. Pourem- t] braliér un plus grand efpace du vaifleau, u il faut monter fur 1'entablement de 1'ordrei comme nous 1'obferverons ci-après. c Tranfportons-nous a Pentrée de la nef, jj pour faire enfuite le tour complet de cette V  2 jsr tTA 11t. 3fD iperbe bafilique. On voit dans la première R< fcapelle a droite un fuperbe Groupe en 'pj larbre; par Michel-Ange, repréfentant St kus-Chrift fur les genoux de fa Mere ; on v [•étend qu'il n'avoit pas encore vmgt-cmq fas, lorfqu'il produifit ce chef-d oeuvre. ] En nous renfermant dans le plan que nous ous fommes fait, nous allons trier tout ce Le nous croyons digne de piquer la cunolé de 1'homme de goüt, & ménter une -articulière attention des Artiftes: tant de tableaux & de morceaux de Sculptures taiiffent & ornent cette vafte Eglife, qu u 1'eft guères poffible de les examiner, de les ionnoitre tous. . , I Le Tombeau de la Comtefte Mathilde, llevé fous le pontificat d'Urbain VIII, eit Le belle & riche compofition du Bemin : Jnai< 1'exécution en eft foible ; nous en exjfeptons le Bas-relief qui nous a paru touche {argement & de grand goüt. I La Chapelle du St. Sacrement, eft 1 une 'hes plus remarquablesjle Tableau repréfentant la Ste. Trinité, eft de Pierre de Cortohè • il eft fort eftimé. Les ornemens emkovés a la décoration du Tabernacle , font I'après le Bemin ; il y a d'excellentes fchofes. Le Maufolée de Sixte V, eft eleve 'Mans cette Chapelle : ce monument n eft pas lexcellent, mais c'eft un fort beau morceau ; lil eft cWAntoine Pallajolo. Celui de Grégoire XIII eft place fous Jl'arc; Carlo Maratti en a donné le deflëin; jpexécution eft de Camille Rufconi j c eft liune bonne chofe. ome : In- rieur dl Eglife dl .ïicrre4u aticarh  3%o Nouveau Voyage Some : 1 têricur de l'Eglife d, St. Pierre i Vatican. S* On voit fur 1'Autel qui fuit, la célèbrd ■ Communion de St. Jéröme, d'après le Domiï 'ia nicain, parfaitement bien rendue en mda faïque. La Chapelle de la Vierge ou Grégorienne £ eft décorée d'un affez bon goüt; le ftyle de; toute cette compofition a certainement beaucoup de mérite ; mais les maflés en font tro| fubdivifées, & l'on y a employé trop de différens marbres. Le Tombeau de Bénoit XIV; belle com-3 pofition, exécution recommandable dansj beaucoup de parties de détail. Le Martyre de St. Erafme; belle mofaïi que , d'après le célèbre Tableau par Nicolaj Pouffin, placée fur une des trois Chapelle^ de cette branche droite de la croifée. Conti-I nuant enfuite par la gauche; le Tableau eaj mofaïque, d'après Poriginal de Lenfranc;' connu fous le nom de la Barque de St. Pierre beau Tableau. Le St. Michel Archange, fuperbe mofaï-« que d'après le Guide. Voye^ ci-devant. pag. 246. La Ste Pétronille, autre très-beau Ta-? bleau en mofaïque, d'après Poriginal par le! Guerchin. Voye^ ci-devant pag. 269. Les Mofaïques qui décorent l'intérieur dl la Coupole, font également d'après des Ta-] bleauxou des Cartons des meilleurs maitres.? A gauche le Tombeau de Clément X;\ d'une compofition, peut-être, un peu con-' fufe, mais dans laquelle on rémarquera de^ bien excellentes parties. En commengant par la tête du bas cóté ij  e;v Italië. . &i Éuche; le Tombeau d'Alexandre VIII, i Ir le Samaritino : belle compofition. Tout J ;q|y eft pas également bien rendu, mais 1'in- s intion en eft excellente. 1 jf La Chapelle a cóté , eft ornée d'un fuairbe Bas-relief, par VAlgardi, repréfentant j. Léon I", allant au-devant d'Attila roi is Huns, ce morceau jouit ( & il le mé|te") de la plus grande réputation; il eft qknpofé & exécuté grandement. i/J Au-deffus de la petite Porte laterale qui Anduit a la Sacriftie , eft élevé le Tomfeau d' Alexandre VII; compofé , & en fctie exécuté par le Bemin. La Statue de A Pape, eft entiérement de lui. La penfée li ce monument, eft vraiment heureufe : ■Ce Pontife eft repréfenté revêtu de ■fes habits pontificaux, les mains jointes i 3 & a genoux fur un riche tapis de marI bre d'Afrique, qui couvre la Mort, que :,i ce Pape redoutoit beaucoup , & qui fempli ble faire un effort pour fe débarrafler & fe I montrer a lui. Les Statues de laVérité (*) & 's| delaCharitéfepréfentent pourle raffurer. j§ (*) „ La Statue de la Vérité étoit autrefois ifcjbfolument nue ; le Pape Innocent XII donna or»]re qu'on la couvrit, a caufe de 1'indifcrétion Mtandaleufe d'un efpagnol, qui, comme un nouuleau Prométhée , s'étoit pris de belle paflion pour lltte Statue." Pareil ajoutement avoit été préislédemment fait a 1'une des figures qui accompanlnent le Tombeau de Paul UI, que Guülaum* hü,ella Porta , avoit traité avec la même liccn«es ,W ci-devant pag. 377. [Lome : Inférieur de "Eglife de it. fierre ctu Vatican.  Jlome : /«- tirictir de r Eglife de St. Pierre du Vaücan. (*) Cette Porte eft , conféquemment dans la nef du bas cóté a gauche : 1'efcalier eft large, bien éclairé, & la rampe en eft fort douce. (**) Les deux Groupes qui foutiennent lel Bèniticrs aux deux cótés de la grande nef, mé» litent d'être obfervés ; ils font d'un fort beau' travail. Leur proportion, vue de prés, eft coloffale, mais vus , comme ils doivent 1'être d'abord a 1'entrée de 1'Eglife , ils ont celle qui leur efl; propre. $$2 NOVVEAV VoYAGE La Chapdk ( dite ) Clémentine, eft trèsbelle ; elle eft executie fur les defleins de' 11 Raphaël: La Transfiguration, Tableau cé- S lèbre de ce maitre, eft ici fupérieurement >a bien rendue en mofaïque. Le Tombeau de Léon XI, très-belle com- s pofltion de VAlgardi: 1'exécution n'eft pas 1 également fatisfaifante , mais on y remar- ï que de très-bonnes parties. Celui d'Innocent VIII, par Antoine \ Pallajolo , a beaucoup de mérite. On voit au-deflus de la porte , (*) quï « conduit a la partie fupérieure de 1'Eglife I t le Maufolée de Marie-Clémentine , Reinei n rl'Angleterre. Cette compofition eft riche ,; ü mais d'un caraétère froid & monotone ;' d 1'exécution fatisfait plus : le Portrait de la. 1 Reine en mofaïque eft très-bien fait. Devant S ce Tombeau-ci, eft celui du Roi Jacques j| fon époux : c'eft un aflez médiocre mo- a nument. Bénoit XIII a décoré les Fonts 'Baptif- 1 naux (**) tels, a peu prés qu'ils fe voyenc i aujourd'hui : cette décoration eft riche & ï  'E N lTAl.lt. 3%3 I bon goüt. La Cuve eft de porphyre, R méè de très-beaux bronzes; elle a été £ iiirmée avec le couvercle du Tombeau des; [Ëmpereur Honorius II. t V jïNous ne nous fommes point étendus fur i s mofaïques de la Coupole ; fur celles m petits Dómes, des Chapelles, &c., *)us nous fommes également abftenus de fftrler des ornemens en ftucs dorés , qui shrichiflent la Voüte de la grande nef» I celles des nefs latérales, &c. nous avons hè même paflé fous filence, nombre dTnfcrip,?jons, beaucoup de Statues, & quelques Mosiimens pieux; tel qu'un Fat de „ Colonne trfentouré d'une Grille de fer, qui, felon irfune ancienne tradition, étoit dans le sf Temple de Salomon, & fur laquelle le li Sauveur avoit coutume de s'appuyer lorf'J qu'il prêchoit dans le Temple : " Une Aatue en bronze repréfentant St. Pierre , siacée contre le dernier pilier a droite de 1 grande nef, &c.(*) Nous nous fommes i li, difons nous, fur toutes ces chofes, & jjpr peut-être mille autres qui nous ont échap[j; , paree que c'eüt été une tache aflez ffénible de les détailier toutes, & que d'ailzfurs, chacune féparément, ne nous a pas '4 (*) Cette Statue eft du plus mauvais genre. «Lint Pierre eft repréfenté affis & prêt a donner ||bénédiér.ion; elle a été fondue fous le pontificatfa; St. Lion 1. avec le métal de la fameufe Statue af 5 Jupiter Capitolin. Elle eft en grande vénérai Ion parmi le peuple , & les pélerins, lui ont déja I fé les extrêmités des pieds, a force de les lui Kfer. ome : in. ricur de Eglife de .Pierre tui atican.  Rome : />;■ ïérieur de f Eglife de St. Pierre dl Vaticaa. 384 Nouveau Voyave paru mériter une certaine attention : En-i fin nous aurons rempli notre but, fi nouj ne préfentons ici que Pélite des beautés qut ce grand édifice renferme. La Sacriftie eft une feconde Eglife , ofnée de Chapelles (*) : On y voit de vafl tes Armoires remplies (on s'en doute bien) de très-riches ornemens, & d'une quantitj furprenante de Reliquaires & de divers Uij tenciles, en argent, en or, chargés de pierjj reries, &c. Les parties fupérieures de VEgüfe , font! on ne peut pas plus curieufes a voir ; ei n'eft même qu'en les examinant avec foijl que l'on parvient a connoïtre 1'immenfitj dece vaifleau, la beauté de fes proportions"; 1'élégance de fes formes, & la noble hardiefl'e de fa conftruétion : tout y eft tenr d'une extréme propreté, &l'onveille ave< la plus ftrupuleufe vigilance a 1'entretien dé toutes fes parties; un nombre confidérablii d'ouvriers y font continuellement employési On monte dans l'intérieur des murs (& avec toute la commodité & la fureté pofflbles), jufque dans la Boule en bronze ,! fur laquelle eft pofée la Croix : cette boule a prés de dix pieds de diarnètre. L'entablement ■ '■ ■■ j (*") Le Pape aétuel peu content de celle-ci, en fait élever une nouvelle, qui paroit devoir êtr< beaucoup plus grande : nous en avons vu pofei les fondemens pendant notre féjour a Rome ( el *777) 1 & vu également le modèle, qui réunit 3 de très-belles fona.es, de. très-élégantes dgcoraïions.  /TALIE. j8j I. L'entablement del'ordre qui règne dans ï'intérieur de 1'Eglife , eft d'une telle failiie, qu'une chaife k deux roues pourroit falilement en faire le tour. C'eft d'ici que Ie vafte étonnant de ce fuperbe vaiffeau , e fait le mieux appercevoir; c'eft égaleInent de ce point que l'on juge plus pertiAemment des frais énormes qu'a dü néceftter le travail des Mofaïques employés a 1 a décoration intérieure de la coupole, qui ■onne au moins 400 pieds de tour. I La Lanterne , qui confidérée d'en bas, ftaroit étre fi fvelte, fi légère , eft, vue de Irès , une Carrière de pierres, d'un poids lans doute immenfe: auffi doit-on attribuer 1 fon énorme pefanteur , 1'effet défaftreux |ue Ia coupole éprouve : les lézardes qui i'y font faites, font effrayantes , lorfqu'on sps examine de prés; & malgré les bandes r|e fer multipliées autour de cette même loupole, & les renforcemens ajoutés aux Iremiers arcs-boutans, il eft fenfible, que lette belle partie du plus magnifique Tem- >le qui ait jamais été élevé dans le mori^;e , ne peut avoir une fort longue exiftan- II. Le plus grand affaiflement fe porte du jdté du Palais du Vatican. I La vue dont on jouit, lorfqu'on eftparienu fur la baluftrade qui couronne la lanierne, eft de la plus vafte étendue; iln'ea ift guères de fupérieure (*). C*0 doit voir dans le cóté de la place, ppofé au Palais du Vatican, le magnifique & pand Hópital di San Sftrito in Saffia, qui, par Terne //. R. Rome : fti> tèritur de Vl-glÜe de St. 1'iexre üu Vatican.  $6 Nouveau Voyaqe Róme : Pa, luis du Vatican, Scala Hcgia. fa fupériorité fur toas les autres établiffemens dl ! ce genre a Rome, eft appelé par excellence chinfpedalc : les batimens en font immenfes; 1 p propreté & le grand ordre qui y règnent, méri pi tent les plus grands éloges : on ne croit point qu'i! h exifte un plus grand établiffement en Europe; ft mieux adminiftré & plus richement fondé. « b (*) Si l'on en croit quelques brochures qv c; fe débitent aRome, on y compte 440.2 Chambre h. ou Galeries ; vingt-deux Cours, cinq Jardins, &< t On prétend que le Bernini a pris 1'idé p de cette compofition d'après une a peu prés fcm blable du Borromini; cette affertion a quelque proj " babilité; mais au refte cette idee eft ici dévelop péc avec un caraétère de noblcffe dont le Borromil |. n'a guères indiqué que le germe dans le petit mol (, ceau de perfpeétive que nous avon« fait rcmarquë 5 ci,-devauc en parcourant le Palais Spada, pag. 36: 5, Palais du Vatican. Cette réfidence Pon-1'' tificale étoit afiez peu de chofe dans fonlöorigine; mais ceux d'entre les Papes quilt depuis trois cents ans Pont habitée préfé- te: rablement au Quirinal, en ajoutant fucceffivement de nouveaux batimens auxanj te ciens, Pont rendu d'un vafte qui en impo- 'f fe, & qui furprend (*). Nous ne vifiw % rons de ce Palais, que les principales Sal- \. les; les deuxChapelles (Sixtine&Pauline) j ie la Galerie peinte par Raphaël, & d'après lui'; f: la Bibliothèque & le Belvedère. ! Scala Regia. On doit au Cavalier Bemint, 2; ce magnifique Efcalier, pratiqué fous Paa te droite du corps de Galerie qui accom ie pagne le grand Portail de faint Piern 1 ( ** ) : il conduit a une vafte Salie , ot it  en Italië. 387 Veftibule qui communiqué; 10 aux Chapel- ] les Sixtine & Pauline; 20 a la grande Tri-' bune (*) du Portail; 3 0 au principal appar-! tement dn Souverain Pontife. . Ce Veftibule eft fort orné; les Chambranles des portes qui y répondent, font de imarbres très-rares & fupérieurement bien travaillés ; les trucs de la corniche & du plafond font-de trés-bon goüt; toute cette décoration eft très-noble : mais lorfque 1'ceil fe fixe fur les tableaux qui font partie de la jdécoration de ce veftibule, il eft bientót attrifté, des fujets que la plupart repréfentent; ces fujets doivent inconteftablement irévolter tout fpectateur qui n'eft ni fanatique , ni intolérant. Le Vqjjari a peint ( & même d'un aflèz bon ftyle) le mille fois odieux Majfacre de la Saint-Barthèlemi; 1'Afiaffinat del'Amiral Coligni, & 1'Appro[bation de tant d'horreurs dans un Confeil préfidé par Henri III, Roi de France. Salïviatti, a eu la baftefle de profaner également fon pinceau en repréfentant le Triomphe lè'Alexandre III, a qui PEmpereur Fréde\ric I" paroit baifer les pieds : Engénéral ces Tableaux font médiocres, mais fuffentils infiniment meilleurs, ils n'arrêteroient pas plus : c'eft une tache a la mémoire du [Pontife qui a pu les ordonner; & nous ofons 'I' (*) it C'eft de cette Tribune que fe donnenc !fï les Bénédictions générales; oü fe fulminent les Ex'|1< Communications , & d'ovi le premier Cardinal «ÉDiacre vient annoncer au Peuple l'éleétion du ilpSouYcrain Pontife, & le nom qu'il a adopté. '1 ' M tome: P». ' lis Au Vati- an, Vefti* iule.  Rome : Palah dn Vatican, Chapelle SixtiHe. 3## NOUFEAU VOTAOE dire que c'en eft une autre a fes fucceffeurs I de ne point öter de la vue ce triomphe de 1'orgueil, de la tyrannie & de 1'intolérance.i Chapelle Sixtine,ainfinommée de fon . fondateur Sixte IV: c'eft celle oü le Pape fait les fonftions publiques avec les Cardinaux, principalement dans la femaine-fainte, & celle oü fe fait le fcrutin lors de; 1'éleftion d'un nouveau Pontife. Elle eft fort vafte, foiblement éclairée, & décorée avec une noble firnplicité. La voüte, les trui meaux, & tout le fond oppofé a Ia porte d'entrée font peints a frefque par différens maitres. La célèbre compofition du Jugtment dernier, par Michel-Ange, eft fue par cceur de tout le monde; auffi nous difpenferonsnous d'en faire ici Panalyfe. Cette machine immenfe, offre quelques parties incorrecr.es & d'autres qui font taches; mais elle préfente auffi une multitude d'épifodes heureux j des Groupes fupérieurement bien liés, bien egencés, bien développés, & des carac-j tères d'une force d'expreffion peu commune» Les connoiffeurs font un cas particulier des douze Prophètes, & des Sibylles que ce granrl homme a difpofés avec beaucoup d'art dansa toute Pétendue de la voüte : c'eft véritablement de ces fuperbes chofes qu'on rfl fe laffe point d'admirer, quoique beaucoup, ayentétédétruitesoualtérées; mais, cellei que des mains barbares n'ont point profa-j nées (*), fuffifent feules pour immortali-.*  ên Italië. 3$$ fer le grand artifte i qui nous les devons. ); Chapelle Paullne : elle doit Ion érecBbn a Paul III: elle eft fombre, & beaufjcoup moins vafte que la précédente, mais nos richement ornée : les Tableaux du Crucifiement de St. Pierre & la Converfion ■é St. Paul, font de Michel-yJnge; ils font irpons; mais ils ne font que cela. 1 La longue fuite de Salles qui compofent Mie Grand Appartement & /'Appartement privé du Pape, font toutes norMement & richement meublées. On voit ifjpans plufieurs quelques Peintures eftimées; : inais infiniment moins recherchées que celles inui embelliflënt les quatre Salles elites de dlaphaël; nous ne faifons donc que les in:|iquer : Nous abrégerons de même quant iiux Salles dans lefquelles fe tient le Conclave, ou fe fait également, le Jeudi faint, • e Lavement des pieds, &c. paree que nous |i'y avons appercu rien de fort remarquall>le : il fuffit de les traverfer, en dirigeant ïJa marche vers la Galerie appelèe la Bible ' de Raphaél : Cette Galerie eft ouverte, i'ik donne fur une cour entourée de batimens lui ont trois étages de hauteur; c'eft dans Da Galerie de 1'étage du milieu, oü nous pous trouvons préfentement. 1 Treize Arcades partagent fa longueur : 1 ï Plafond de chacune fe trouve féparé par i lés plate-bandes qui foutiennent la Galerie jraperies, les trop fortes nudités que Michcl-Ange oi'étoit permifes dans beaucoup de Figures de cc r'llafond. R iij Rome : Jft* luis du Vatican , Chapelle Panlint.  3$o Nouveau Voy a ge Rome: P* lais du Va tican. • dans fa largeur: ces Plafonds fourniffent une . '' •fuite de Tableaux encadrés dans des Ara-.. \ befques du plus excellent goüt. Raphaël en a feulement fourni les defleins; 1'exécution ;. ^ eft de fes meilleurs élèves : Nous ne no- ' terons a notre ordinaire, que ceux de ces f, mêmes Plafonds dont les fujets font les mieux \, rendus & les plus eftimés. La Création du Monde eft repréfentéej 1 fous la première arcade, par Jean da UdineM On croit que les Tableaux qu'elle déve-1 ? Joppe , ont été retouchés par Raphaël. Ils ? font prefque tous beaux, mais celui du mi-| v lieu leur eft fort fupérieur ;le caraétère&l'ac-! ? tion du Père Eternel,eftaflürémentfublime. j ^ La feconde Arcade, eft toute de Jules-Ro-l main; on y voit Adam & Eve peu de temps'J« après leur création ; la Tentation d'Eve ü „ celle d'Adam &c leur expulfion du Paradii ]r Terreftre, &c. prefque tous ces Tableaus?,' font délicieux. Nous paffons a la quatrième Arcade , | peinte par Francois Peny. Abraham dans la Vallée de Membré, a qui deux Anges pré- ^ difent la naiffance d'un Fils ; eft le Tableau l fur lequel on s'arrête le plus. La Rencontre de Jacob & de Rachel au'; ' pays d'Aran , eft également le Tableau il plus intéreflant, le mieux traité, le mieus f rendu, entre ceux qui rempliflënt la fixièmé Arcade, peinte par Pcllcgrin de Modène. m Les principaux traits de Phiftoire de Da-I" vid, ont fourni les fujets des Tableaux der Ponzième Arcade; de 1'exécution de Per-I1 vin del Vaga : 1'entrée triomphante de Da^l1  en Italië. 39' : l'id dans Jérufalem après fa viétoire fur Go- R< jiath , & Bethfabée dans le bain , font deux tljfableaux fupérieurs. dt 3 Cette Galerie communiqué aux Salles Idites) de Raphaél. La première (*) ofjre, dans quatre grands Tableaux les princicfaux traits de la Vie de Conftantin. Son iJaptême... fa donation de Rome au Saint >iége Pinftant oü il harangue fon Armee iJivant de combattre... fa Viétoire fur le i;yran Maxence, &c. 0 Cette feconde Salle & les deux fuivanles, font entiérement peintes par Raphaël. rpn voit dans celle-ci ïHiftoire d'Heliodore 1 5? d'Att'da ; le miracle d'Orviette, ou la .Mede; faint Pierre qu'un Ange délivre de qlia prifon : les connoiffeurs ne fe lallent point ll'admirer cette dernière production ; c'eft ||in effet, ou pour mieux dire , trois effets de Snuit, qui réunis, donnent le plus beau morjsceau de peinture poffible. Raphaël a repréfenté dans cette troifième Ssalle, VEcok d'Athènes, ou la PhilofoIfphie ; la Théologie, ou la Difpute du Sa'irement de 1'Euchariftie; la Jurifprudence ; Wc le Parnafle. Ces quatre grands Tableaux, font également bien traités: on préfère cellui de 1'Ecole d'Athènes, paree qu'on y (*) Lrimort furprit ce grand homme, lorfqu'il Ie propofoit de peindre cette Saüe-ci : Jules Romain & Francois Peny 1'exécutèrent d'après fes dcfifeins : le Tableau du Baptême & celui de la Bataille de Ponte Mollc, font de Jules-Romain feul: tous quatre font de très-beaux morceaux. R iv Lome : Palis dt, Vaican, Salles ,e Raphaël.  3$2 Nouveau Voyaoe Rome ! Palais du Vatican , Bibliothèque. remarque plus de chaleur dans la compofi- i tion, & des Têtes d'une beauté d'exprefiion f peu commune. Ulncendie du Bourg de Saint - Pierre M que les prières de St. Léon font éteindre; I la Viétoire remportée par ce faint Pontife f fur les Sarrafins au port d'Oftie; un traitf particulier _de la Vie de Léon III; & le. | Couronnement de Charlemagne , font les ï fujets des quatre grands Tableaux qui or- I nent cette quatrième Salle. On s'attache de préférence è celui qui repréfente PlnceöB die, dans lequel on remarque plufieurs épi-4 fodes'^ heureux, qui répandent d'autant plus d'intérêt, qu'ils naiflënt naturellement du fujet. Les connoiffeurs quittent avec peine" ces quatre intéreflantes Salles; ils ne fe laffent point d'admirer la riche fécondité du génie qui imagina ces précieux Tableaux, & lafierté, la vigueur fingulière du pinceau.qui les offre a nos yeux : c'eft inconteftablement de magnifiques chofes. Le long Corridor, ou Galerie (*), qui conduit au Belvedère, donne auffi la principale entrée a la Bibliothèque Fd-\ ticane: on rémarquera chemin faifant ( dans cette Galerie), nombre de Bas-reliefs & t rl'Infcriptions antiques, & d'autres appar- I tenant aux premiers èges du Chriftianifme, (*) On eftime fa longueur de 350 toifes ; elle traverfe une large vallée au-delïïis de laquelle elle I donne un plain-pied depuis le Palais, jufqu'au . Belvedère; elle n'a été conftruite, que pour pra- I curer cette commodité. I  EN 1TAL IE. 393 jmchaffées au long du mur oppofé aux croi- Ro aj'ées- . tic; t Si 1'Infcription (Sixti V Biblietheca Vi- ^ iicana) pofée au-deüüs de la porte , n'atertiflbit point que l'on entre dans une ifcbliothèque, il ne feroit guères poffible de fi'en douter. Les Livres font tous placés lans des Armoires exaétement fermées, tf autes de fept pieds environ , fur trois ou iuatre de profondeur. On fait monter le iombre des Livres imprimés a quarante ijnilie Volumes., & celui des Manufcrits a |rès de trente mille; cela peut bien être , iijnais on n'en peut juger que par les yeux '. le la foi. ,1 Le Veftibule eft décoré de Portraits 'des iiibliothécaires : c'eft oü fe tiennent les in;erprètes des Langues, les Copiftes, & oü e placent les particuliers qui viennent faire Luelques rejcherches, &c. ' Le premier corps de Galerie qui fe preente d'abord , a été conftruit fous le ponMrkat de Sixte V; le plafond, les trumeaux, k les piliers font couverts de peintures : !3 lies repréfentent les Conciles généraux; les 4nftituteurs des Lettres; les anciennes Bi(liliothèques; quelques vues de 1'ancienne "Rome , & divers traits de la vie de Sixte V a largeur de cette Galerie eft d'environ Jinquante pieds, fur a peu prés deux cents .le longueur : fix gros piliers qui foutiennent fa voüte, la partagent dans fon .milieu. I Oh remarque contre le troifième de ces : fnêmes piliers un Calendrier felon le rit des fcrecs, a 1'ufage des Eglifes mofcovites: II eft R v Rome: iV lais i* Vatican, Bil»Jiotuèirii&,  Rome : Pitinis du Vatican, BiWiothèque. 394 Nouveau Voy a ge difpofé en forme de Croix, & d'un travail li'1 ?- fingulièrement curieux. e. Plus loin, contre Pavant-dernier pilier; j'1 un très-beau Sarcophage antique, dans le- «; quel on a trouvé partie d'un Suaire formé de loile d'slmiante : on fait devant les curieux Pépreuve de fon incombuftibilité. Cette toile efl: rude au taft; fa couleur eft d'un gris fa-j H le,que 1'aclion du feu blanchit, mais qu'elle n ne conferve pas : les fils en font fort gros è « auffi eft-elle tiflue largement. On a placé a 1'extrêmité de cette Galerie ,|| un Colonne d'albatre blanc, parfaitement* tranfparent, haute de prés de dix pieds,1 cannelée & d'une très-belle exécution : c'eft I 1 un vraie rareté. A Deux corps de Galeries, ont étéajoutés I, depuis a cette première ; ils donnent a la ['• malle totale de cet édifice, la forme d'un T. [ Ces deux nouvelles branches, conftruites r fur le même alignement, forment enfemble \\ une longueur de plus de fix cents pieds. Les |P' Armoires placées dans cette galerie, font l; plus hautes que celles de la précédente : Une r collection confidérable de Vafes étrufques , |T eft répandue fur toute la longueur; on en r rémarquera d'un fort beau travail. Entre le grand nombre de Livres & de 1 Manüfcrits rares que Pon conferve dans if1 cette riche Bibliothèque, on montre volon- 1 tiers de préférence aux étrangers; un Ma- |. nufèrit grec conrenant les Aétes des Apo- | tres, en lettres'd'or. '; -r; > 9 „ Un Virgile du cinquième fiècle, dont I' les miniatures repréfentent les Troyens & Ij  en Italië. 3$S ! lies Latins avec les habits de leur temps (*). * „ Un Térence de la même ancienneté Un autre Térence duneuvièmefiècle, oïi font idrëpréfentés les Mafques des anciens Acteurs. J Le Talfe, d'une beauté fmgulière. I Le Dante, avec de belles miniatures, Le traité des Sacremens, compofé par Wenrimi, roi d'Angleterre,peu de temps . ravant le fchifme ; il 1'envoya a Léon X, slavec les deux vers fuivans écrits de fa main. , Angelorum Rex Hcnrictis, Leo decïme mittst, Hoe opus & fliti teftem cV amicitia. ,„Un recueil de Lettres de ce Prince a Anne de Boulen, &c. Quelques Ecrits de la propre main de Luther, &c. &c. La branche droite de la nouvelle Galerie, eft terminée par un très-beau Salon revêtu de marbre & de fort beaux ftucs: On y a . placé fous glacé & dans de beaux cadres de i :bronze doré, quelques feuilles de Paperius, Sécrites, mais dont la leéture eft difficile. On ■ voit ici de fort belles Armoires, dans leftóïquelles font enfermés nombre de morceaux Hantiques auffi rares, que précieux. Nous notons de préférence,un BasIf reliëf en camée qui a quatorze pouees de illongueur, fur un peu plus-de dix pouces de Pj (*) „ Les Peintures n'en font pas bonnes , mais m dies ont été gravées admirablement bien par Sanüi WBartoli; elles forment un vol. in-fol. qui fe verid il r- a la Cakographie a Rome. Ir r vj lome : Paais da Vaiean.  3$6 Nouveau Voyagx Rome: Pa lais du Vatican , Collie thn d'Anti' que-s, Ma feum Chrif lianorurri , ü^édaillers. - largeur; la pierre fur laquelle il eft exécuté, '_a trois couches; la première & la dernière .font de marbre blanc, & celle du milieu - eft jaune: le fujet repréfente le Triomphe " de Bacchus & d'Ariane, traïnés par quatre , Centaures: c'eft une rrès-belle chofe pour 1'idée & 1'exécution. " Des Vafes, des Coupes de criftal de roche, d'agates & d'autres pierres précieufes; de fort beaux Buftes en turquoife, en émé-f raude , en corail, en ivoire, &c.; de petitsl bronzes extrêmement curieux & d'une belie f confervation , repréfentant des Divinités payennes; d'autres, imités des Grouppes & des Statues célèbres; divers Meubles & Üf- | tenciles antiques, &c. On paffe enfuite a 1'examen d'une „ Col- 1 XECTioN d'Antiques, dont le plus grand nombre a rapport & date des premiers ages du chriftianifme. On y remarque quelques Sarcophages, plus curieux paria compofition des Bas-reliefs qui le décorent, que par le mérite de 1'exécution , " qui eft, pour la plupart , au-deffbus du médiocre : On y voit de finguliers Reliquaires ; des Bagues , des Camées & plufieurs Médaillons I très-rares & d'un travail précieux , des ornemens pontificaux , facerdotaux , & particuliers; des inftrumens avec lefquels nom- Ü bre des premiers chrétiens ont été martyrifés, &c. On y conferve également une Colle&ion de trois cents cinquante Médailles antiques des Empereurs , de la plus belle confervation ; elles font raontées très-induftrieufs-  en Italië*. 397 ;ment & avec beaucoup de goüt, fur des j ÏTablettes en bois dTnde. , j Le Recueil des Médailles du regne de, qLoüis XIV , enrichit cette collection. < \ Celui des Eleéteurs Palatins eft auffi trèsfcurieux pour la beauté du travail, &c. Sortant de la Bibliothèque & continuant Be marcher vers le Belvedeb.; on remarque ten face de la porte d'entrée; Bacchus avec iun jeune Faune : très-joli Groupe. 1 Dans une Niche a gauche; une figure de -Fleuve: tout le torfe eft antique; la tête & kes autres reftaurations font du Cavalier Berfnin : cette figure eft médiocre. Dans la Niche oppofée: une petite Cuye, iou forte de Baignoire antique de granit d'Efgypte : elle eft d'une jolie forme. I La Cour. bes Antiques , forme un odtoIgone qui diftribue une Galerie couverte, fous laquelle font pratiquées fix niches : la preimière, en marchant par la gauche, recoit la ïcélèbre Figure. d'Apollon. „ Le pied qui fpofe eft fracaflë & les morceaux en font staal rapprochés ; les deux mains font aflez ilbien reftaurées. Cette figure eft de la plus Igrande beauté ; c'eft une phyfionomie céllefte... a laquelle on ne peut comparer que lla Vénus de Médicis pour les graces & la feneflé du caraétère : Apollon a bien l'air Iviétorieux & für du coup qu'il vient de Iporter." I Seconde Niche. Le Groupe du Laocoon, i regardé comme le chef-d'ceuvre de 1'antiIquité.... Michel-Ange 1'appeloit le Miracle ïde 1'art.... Laocoon entouré & ferré pat Rome : Palais du Vatican , le Belvedère , Cour des Antiques.  3g8 No v F Eau Voyagz ■ Rome : Pahls du Vatican , Cour des Antiques. (*) On trouve dans Plint un bel cïoge de ce groupe très-célèbre de fon temps , & qui ornoit alors le Palais de Tite : il eft 1 ouvrage de trois ftatuaires Rhodiens , Agifunilre; Polylore & Atbénodre, qui 1'exécutèrent de concert, & le tirèrens d'un feul bloc de marbre. „ Le bras droit aétuel eft en ftuc , il a été fait par Michel-Angc , qui devoit continuer les autres reftaurations ; mais il abandonna malheureufement 1'entreprift," deux énormes Serpens, ayant fes deux Fils a cóté de lui, montre 1'expreffion de la plus vive douleur (*). Troifième Niche. Une Vénus viciorimfe, qui regar'de PAmour placé a cóté d'elle : cette figure eft d'un mérite aflëz médiocre.1 La Niche du milieu fert de porte del communication a un Salon qui fe conftruit, ou pour mieux dire , que l'on décore actuellement: aux deux cótés de cette porte font placés deux Sarcophages antiques , or4 nés de Bas-reliefs curieux. Cinquième Niche : Hercule , portant lef jeune Hilas dans fes bras : les antiquaires croyent y reconnoitre les traits de 1'Empereur Commode : „ Cette Antique eft fort tftimée, on y remarque beaucoup de na-;' ture, mais qui n'eft pas d'un beau choix." Dans cette même niche un fuperbe Cande;abre en marbre. Sixième Niche. L'Antinoüs.... il eft repréfenté de bout, fon manteau autour du sras gauche & rejetté fur 1'épaule du mêne cóté. Quoique 1'Antinoüs du Capitole bit un magnifique morceau , - on donne  u n Italië. 3S9 aéanmoins la préférence a celui-ci; il eftp Kgardé comme un chef - cVceuvre pour h £ ■óeauté des proportions.... & c'eft lui qu'on A I choifi plus d'une fois comme le plus fa- i beux modèle de la belle nature. I Septième Niche. Le Berger Paris tenant | Pomme de la main droite; il eft aflis: ette Figure attaché peu. Au milieu & dans la partie découverte le cette cour, une très-belle Conque ou baffin de granit rouge , élevé fur un pied se fort bon goüt: du centre de ce Vafe, Félance un Jet d'eau. I Galerie (*) attenant la Cour des Anjiques. On voit a droite un Vafe de marIrenoir, d'une belle forme & d'un fort iieau travail. I UnjoliGroupe d'unFaune& d'uneNym|he; le Faune cherche a lui óter le peu e draperie qui la couvre encore. I Un Faune appuyé fur un Outre; excellente figure. il Un beau Bufte, en bafalte. :. Quatre Candelabres en marbre; on en tlemarque un entr'autre dont les feuil;4ges font traités avec une légéreté qui furitrend. . | Un Empereur a cheval; joh groupe : il fW> La fèule branche \ droite de cette Galede eft finie : on travaille, comme nous l'avpns recédemment fait obferver , k décorer 1c SallonjUi fe trouve au centre , ainfi que la prolongaifon de cette même Galerie a gauche. Rome : Talais ii« Vatican, Cour des Antiques , Galerie.  Sotne : Pt lais du Va tican, Galt rle dis Au 400 Nouveau Voyaoe .eft pofé fur un Piédeftal orné d'excellens ,j • Bas-reliefs. , Un petit Vafe de marbre. Une Femme aflife. Un Conful aflis dans fa Chaire curule: I cette figure a beaucoup fouffert. t: Une Veftale : excellente Figure. Une belle Figure d'Homme, ayant un % baton de commandement a la main. Deuxiéme Salle. Deux gradins qui en font ( le tour font occupés par une fuite de Buf- l tes, dont la plupart fort beaux; on en dif| } tinguera un en porphyre, & un autre enl bronze, qui font d'un excellent travail. 18 Troifième Salle (*). Un petit Vafe orné a d'un charmant Bas-relief. Une petite Figure de Mars. 3 Une petite Ghèvre; charmant morceau. d Deux Levriers qui fe careflènt. Deux belles Colonnes de vert antique. Un petit Groupe d'un Faune^ a qui un jc autre Faune paroit retirer une Epine du pied : il eft de la plus jolie penfée, & d'un travail aimable & facile. t; Un Mars ; bonne Figure. (; Un Vafe, orné d'un excellent Bas-relief. t Deux très-beaux Candelabres. Un fuperbe Bas-relief en marbre, placé ! 3 (*) Ce ne font proprement que des divifions pratiquées fur la longueur de cette Galerie, elles E ant donné lieu a 1'emploi de fort belles Colonnes mtiques, qui tracent ces divifions : leur forme " m refte pourroit être plus gracieufe; ces fépa« üi :ations out fair d'autant d'alcoves. 1  EN ITJL1E. 401 ttvs une niche prés de la fenêtre au-deflus R« : deux Buftes qui ont chacun une doublé tic. ce. ri.s Un fort beau Neptune. , u<ï Dans le cul de four de cette Galerie, ega- iment fermé de deux belles Colonnes: fous niche du milieu , un Jupiter tenant fon oudre de la main droite , & un Baton dê Jommandement de la gauche. _ . : Un fort beau Bufte de Jupiter Serapis. ] Un Narcifle : jolie figure. J Un Jeune Bacchus. ; Dans une petite Salle detachee, & voifine ju Salon du milieu; une Figure etrufque f bafalte: très-belle. _ • S La Cléopatre, belle figure antique, dont 'bs formes font toutes aimables & de la plus felle exécution : les draperies ont le plus . rand mérite. • ■ f Une très-petite Cléopatre également an ■jique, d'un joli travail. Un Bceufen bafalte; excellent morceau. Divers Animaux, également bien traites ; els qu'un Paon; unLoup; une belle Cheke; une Louve alaitant Remus & Romulus... quelques Buftes & beaucoup de Fraimens ou Torfes très-curieux. f Sous un appentis de bois 1 k Tybre, celebre tbroupe antique. f Le Nil; autre Groupe également antique, sUais moins eftimé que le precedent. F Enfin le célèbre Torfe antique; „ c elt un Jtronconde figure en marbre, qui na ni tete, Li bras, ni jambes; mais dont la forme eft fi {belle, queMichel-Ange lui-mêmey etudioit me: PiJu V*m, Galtdes- AnU0«.  Rome : Pa lais du Va tican, Jar dindu Belvedère. de merite. On voit fur la droite de ce Jardin, lorf qu'on y arrivé par la galerie du Belveder' une fortede Grotte, ou grande niche traitee en rocailles, d'oü defcend uce Cafcade, & Peau eft recue dans un fort beau baffin de granit Egyptien. C'eft fur ce baffin, qu'efi piacee une efpèce de petite Frégate en bron\e , d ou Peau retombe en nappe & s'échappe, lorfqu'on veut s'en donner le plaifir, par une infinité de petits jets, qui partent de fes canons, de fes agrèts, &c. On doit prevenir qu'il y a ici beaucoup de ces petits jets d'attrapes: il eft bon de fe tenir a une certaine diftance. Jardin du Vitican. On pénètre du pre4 mier Jardin dans celui-ci ; ce dernier eft d un tres-grand vafte: on y rémarquera des parties heureufement traitées. II eft orné 402 Nouveau Voyage • les fineflës de fon art: il eft affis fur une peat ; de hon, ce qui joint a fon choix de nature. donne heu dejuger que c'étoit un Hercule. I Jardin du Belvedère : nous ne parleroiv de cette petite Promenade, que pour 1 diquer une Pomme de Pin , de forme coloiiale, en bronze , placée fur une terraffe a 1 extremité du Jardin ; la même , a eet que l'on croit, qui couronnoit le Maufolée! d Adnen, & dans laquelle étoient dépoféafr les cendres : elle a environ douze piedsl, de hauteur & prés de fix pieds de larWuifc a fa bafe; elle eft d'un fort beau modèlel bur la meme terraflë , deux Paons, eni bronze , qui faifoient, dit-on, partie de laïdecoranon de ce même édifice: ils ont pdB  ek Italië. 4°3 ■beaucoup des Pièces d'eau, de Figures, Rw ÏVafes & de Bas-reliefs antiques j-num W£ It d'un foible mérite: un petit 1 empie Mo Iune Maifon particulière, tous deux imites Ad jl'antique & tous deux traites en ruines, cl voyent avec plaifir. Jüans une Salie fituée au-defius du Veftile du Belveder ,font placés divers Modei & Projets, qu'il eft intéreffant devoir: Jrelsque, celui de Saint-Pierre de Rome, 5jr les deffeins du Bramante de la Oou- ,1,1e, telle que Michel-Ange la vouloit faire leuter J_ du Baldaquin de la Confeffion St Pierre de la Chaire de St. Pierre f— de la Colonnade — de la Fontaine 'favone, &c. „, 1 L'Arcenal eft fitué fous la mafie au rez I chauffée de la Bibliothèque. On afiure u'il conüent de quoi armer vingt-cinq mille Jommes: c'eft beaucoup: il y règne un grand Jrdre & une extréme proptete: on y reaarquera quelques Armures antiques afiez |L'Atelier oü fe fabriquent les belles Mokïquesqui enrichiffent Saint-Pierre du Vaiican, & quelques autres Eglifes a Rome, ift établi du cóté & prés de la Sacnftie J-'eft un travail des plus curieux a voir. un lopioit, lorfque nous y paflames, une An-Lnciation du Barrocchi, & une Nativite , oar Annibal Carrache; le premier de ces aeux Tableaux étoit fort avance. Dans le Tableau que nous venons d elqun'fer de Rome , nous aurons fans doute omis ibeaucoup de chofes échappées a noae me~ ie: Pi' du Vau, Snlle.ds 'ièles , ;nal, lier, ^  R.OM Ateli Cmr/i A 3ome« Tivoli. 404 wovrzAv Vota ge e: moiré, ou que nous n'aurons point vué ou mal vues : Si, comme le difent quelqm auteurs ultramontains, dix années paffi de fuite a la recherche des Antiquités cette ville célèbre fuffifent a peine pot les faire toutes connoitre; combien dor un voyageur qui 11e peut y féjourner qu quelques mois, laiffe-t'il derrière lui d ehofes a voir ?.. Confolons-nous: voyos celles des Antiquités dont nous pouvoii fenfiblement tirer quelqu'avantage & qu fe mamfeftent d'elles-mêmes poui-ce qu'el les iont; & abandonnons celles qui veulen etredevmees, conjefturées. On a beaucoui ecrit, beaucoup commenté ; on a peut-êtrl meme eclairci quelques doutes fur le véritable emplacement de tel, ou tel monument font plus? Nous regretterions bien davantage 'oubh d'une feule chofe exiftante utile a la perfeéhon des arts, que des conjectures, quelques probables qu'elles fuliënt, fur des ruines, qui, dans leur état aétuel ne nous apprennent plus rien. EXCURSIONS dans les environs de Rome A quelques milles en avant de Rome,: on fe detourne du chemin par la gauche, CO Tivoli eft fitué a 1'orjent de Rome , a lï £ TCrde d,x" in"'C,milIcs i °» traveïft deux tou k. Ttvcronc ( ou 1'Anio) pour s'y rendre:  ïiV Italië 4^5 rj l'on trouve a la portee d'une earsbine, ei i vafte amas de rofeaux & autres plantes ''£ fuatiques, qui, au premier coup d'ceU,q tfroiflent être dans un état de parfaite peIfication ; elle n'eft cependant que fadtiI Ce terrain autrefois arrofé , ou plutót abmergé, par 1'Eau-Bleue , dont nous alBs parler plus bas, a tellement imprégné fs végétaux de la matière calcaire & fulIreufe dont elle eft chargée, qu'en conilrvant leur forme propre, elle les a eni'feloppés d'une croute aflez épaifle que 1'ait ladurcie a 1'égal de la pierre. | Le Canal de l'Eau - Bleue a quatre t :;|nq pieds de largeur : „ le Cardinal d'Eft al fit creufer pour conduire au Teverone les lux de la Solfatare (*), & pour deflecher 4 marais qu'elles avoient fotmé... L eau y ijpule aflez rapidement & exhale une forte ideur du fouffre , qui lui a fait donner le Jom d''Acqua Zolfa." 1 Les Ponts Mammolo & Lucano, n'oilrent abord fur Ponte Mammolo , & enfuite fur Pmte \ucano. Les eaux du Téverone ont la finguhere) Lpriété d'incrufter tout ce qu'elles arrolent, u moven d'une matière calcaire dont elles lc hargent dès leur fource, & qu'elles chanent & épofent enfuite dans leur cours. r*0 » La fource iue 1,011 aPrelle ProPrem6nt L Solfat ar f (fituée a environ deux nulles du pont ur lequel ou traverfe 1'Eau-Bleue) forme un pept lac de 30 4 40 toifes de diarnètre, qu on dit itre extrêmement profond vers le milieu, & fin equel flotcnt de petites Mies: cette cunofité ïnérice 1'attention des naturaliftos. rnel i» Eau'Uue, Acua Zuita.  Tniite Mammolo & Lucano. Tombeau it Plautia. 406 NOVVEAV VoYAOE -rien dans leur conftruction de remarquab] Prés & attenant même le dernier, on vt fur la gauche „ une grojfe Tour antiqua peu prés femblable a celle de Capo di Bov c"a été le Tombeau de la maifon Pld da... II n'en refte plus que la malie cot truite en pierre travertine : Le revêteme de marbre & les Starues en ont écé enlevi Le premier étage de cette Tour eft antiqu le haut a été aujouté du temps des Goth pour fervir de fortification & pour défend le paffage de la rivière... fur le devant de tour & du cóté du chemin, il refte des tron dé fix colonnes; elles étoient pofées fur d piédeftaux, & ces piédeftaux fur un fouba fement, qui eft aux trois quarts entert Dans les entre-colonnemens du milieu., font deux fragmens d'Infcriptions gravel fur de grandes tables de marbre." Ceti Tour paroit d'une proportion moins fon que celle de Métellius a Capo di Bove mais elle étoit plus confidérable par li Colonnes & les Tables d'Infcriptions dot on vient de parler. Immédiatement après avoir paffé le pont deux ehemins fe préfentent; Pun plus droite de la Tour, conduit a la Villa Adrian (diftante d'ici, d'environ deux milles), l enfuite a Tivoli, qui fe trouve a peu pd dans un même éloignement. Le chemin d la gauche, tourne un peu la tour Plautia c'eft proprement 1'ancienne route , qui' après avoir pafie a travers de la Villa Me cenate , & longé le petit Temple de la Tou: (ou de la Confomption), fe porte dire&e  EN ITA LI E. 4oj Éent fur Tivoli. Nous dirigerons notre n larche vers la Villa Adriani &nous revien-na Irons par cette dernière route. | „Villa Adriana : aflemblage confilérable de ruines, de mafures & de débris 1'un Palais magnifique, bati par 1'Empe*ur Adricn au pied de Tivoli (*). On trouve ï Rome un plan très-détaillé de cette labitation célèbre, gravé par le Chev. Pyrale/i;" d'autres avant lui (**), & depuis fai (***) , avoient & ont également donné feurs conjeftures & leurs découvertes , plus lu moins favantes, plus ou moins heureufes I ce fujet-, mais il eft probable que 1'imalination les a plus aidés dans les détails locaux que ces divers plans nous préfentent, lue les arrachemens & les ruines informes lui fubfiftent aujourd'hui. On fait que 1'enieinte générale étoit extrêmement vafte; fiue fa largeur avoit au moins fix cents toiles , & fa profondeur plus de trois cents, abn reconnoit a chacune de fes extrêmités la diftribution de deux Thé&tres en demiftercles. Celui de la droite (en arrivant de Jiome) avoit trente-quatre toifes de diaMnètre; celui de la gauche vingt - quatre : fte premier eft fort dégradé ; on voit prés (*) On trouve fréquemment dans ces ruines des jreftes de 1'étonnante rnagnificence que ce Prince Lr avoit mife : Les Centaures qui fe voyent au Capitole; plufieurs Statues célèbres, &c. en ont été tirées. (**) Le père Kircher; Ligorius, &c. (***) Paninini, Clérifeau , &c. "WiiAdvïax.  Ruines ilefli, *ï//«Adriau». 408 Nouveau Voya ge , de celui-ci le corps de Cazernes oü logeoien: - les Gardes Prétoriennes: C'eft le feul, entn les divers batimens que diftribuoit cett vafte enceinte, dont les ruines indiquem parfaitement ce qu'elles étoient. „ Le Théatre a gauche eft le plus entie qui nous foit refté des anciens; on apperj coit encore le portique extérieur; les Salie) qui fervoient aux Acteurs; les fix Efcalieri par lefquels on montoit au Théatre; laPort< de la Scène; les Portiques latéraux du Proi cenium ou de 1'avant-fcène ; POrcheftre fi & la place des Inftrumens. En général, toutes les autres malles di ruines, donnent fort peu de lumières fu< le genre & la forme des batimens auxquels elles appartenoient. On voit en montant par la droite de ce théatre de vaftes Niches pratiquées contre le mur d'une terralie ; on entre dans plufieurs Salles qui fubfiftent encore dans cette partie; les voütes font décorées d'ornemens en ftucs trés - légers & d'une exécution agréable. Dans ces Niches étoient des Figures, qui rendoient probablement de Peau, qui fe répandoit enfuite «n nappes par d'autres déeorations dans lesf terrafl'es qui fuccèdent è celle-ci : fes eaux pouvoient fervir auffi pour les Speclaclei & Naumachies qui fe donnoient dans le Théatre qui eft au bas. m En (*) LaMufique, ainfi que les Chojurs (lorfqu'il y en avoit ) fe placoient dans le dedans du' demi-cercle; on y a trouvé les fragmeus de 48 Statues dont ce Tiiéatre étoit onjé. '1  E iY ITA L 1 E. 409 En avancant encore fur la profondeur-R u terrein, on voit nombre d'arrachemens £ ede Ruines de trés-grands batimens; les lus remarquables fonta gauche : on y voit ne vafte partie circulaire décorée par de randes arcades qui paroiflent dépendre de lufieurs bkimens qui y venoient commuliquer : le plus apparent de ces batimens la forme d'un petit Temple, que, quelues antiquaires prétendent être celui de iéijus. Au centre de ce grand cercle , toit un autre édifice, dont 1'extérieur fuit «même plan (nous voulons dire que fa maffe ift aufli circulaire); mais l'intérieur eft dilifé par nombre de petits Corridors, qui riommuniquoient a une infinité de petites Ihambres ou Cellules : a jnger de 1'épaifikir •les murs, toute cette malle de batiment a du. ire tenue fort baffe (*). (J On remarque en fe portant fur la droite, ies reftes d'un portique qui vraifemblablement étoit doublé; il eft d'une longueur qui ïtonne; le mur du milieu fubfifte; c'eft fur rj; mur que portoit le faite du toit qui venoit «appuyer fur des colonnes qui laiffoient entre I mur & elles, une galerie couverte d'une jprt belle largeur. !j' (*) Un prétend que ces Chambrcs étoient a& 'SDmbre de cent & qu'elles fervoient a des facrifi>\ss de tous genres a 1'ho.nneur de Vénus. Chacune 5J2 ces chambrcs étoit numérotée, & le numéro lilidiquoit le genTe de facrifice, que celui ou celle "lui 1'occupoit devoit offrir. Ces Cellules étoient lort mal éclairées, puifqu'elles ne tiroient du jour, •iue par une fort petite lucarne. !J Tome IL S u/Hts itUft lila AdnaI.  Ruines della Villa Adrialla, 4/0 Nouveau Foyaog Plus loin on trouve les débris d'Un au tal édifice que l'on croit avoir été le CaniïïË. Pe (*)• n II eu^ fitué entre deux petites coW lines, & forme un grand bafiin, que 1'qtf prétend avoir été une Naumachie : au forjH a la téte dé ce baffin, eft une très-grandifc, niche aflez profonde, dans laquelle la Sta-jJ' tue de Neptune étoit placée: " Les Colon-É nes qui formoient ici un avant-corps, fontf ccroulées (**). La Montagne qu'il faut gravir, pour fer rendre de la Villa Adriana, a Tivoli, eft fortf rude : Tout ce terrain eft entiérement gaws,j (*) Les Egyptiens révéroient Neptune fouso'i cette dénomination, que cette partie de Villajci Adriana conferve encere. Les débris de Colonnes & mille morceaux de marbre brifés & répandui fur la furface de tout ce vafte terrain, annonceni que fa décoration étoit très-riche : c'eft de tou tes ces ruines, la partie dont 1'ceil faifit plusfacilement le plan : ce devoit être fans contredit une très-belle Naumachie. (**) On voit a terre une fuperbe Colonne de gra* uit , mais tellement brifée, qu'elle ne tente per«Ii: fonne.,, Spurtten nous apprend qu'Adrien avoitlr raflemblé, ou pour mieux dire imité dans ce Palais 1 tout ce que 1'antiquité avoit de plus célèbre; Ier" Lycée , 1'Académie, le Portique, le Temple da Theflalie , le Pécile d'Athènes, &c. Ce Pécil», étoit un doublé Portique d'une trés- grande lonJf' gueur, avec un mur très-élevé dans le milieu , qu», garantiifoit du foleil a toute heure du jour. Cemutl, exifte ici encoro prefque tout entier & fe dirigel d'occident en oriënt; il avoit huit cents pieds del long, & étoit garni de Portiques, de Colonnes,1' do Peintures, &c. comme le Pécile d'Athènes,'lr  E fV f TALIE. 411 mi d'oliviers, ce qui lui donne 1'air d'un ■ ilbois aflez agréable (*). < 1 TIVOLI, petite Ville fort laide, fort ■Me, mal batie; mais la plus heureufement afituée. „ On voit fur la place deux Figures anijtiques Egyptiennes adoflées contre un mur ; Melles font d'un granit rouge tacheté de noir itoui eft aflez lingulier. Ces Figures font bien -v ijfur-tout celle qui eft la plus prés de 1'encoiujgnure, & qui eft la mieux confervée." (**) ,, Le Monument le plus remarquable de ■Tivoli, eft un Temple d'une idéé charmante flqui paroit avoir été bati dans les plus beaux ÈJfiècles de Rome." Des antiquaires croyent ■qu'il a été érigé a Vefta: on ne le connoit ■fur les lieux, que fous la dénomination du ËTemple de la Sibtlle Tibur.tj.ne : il eft ■fitué fur 1'extrêmité d'une colline , ayaht ■d'un cóté les Maifons de Tivoli, & en ■face la grande Cafcade. " C'eft une des plus ■agréables compofitions antiques qui fe puilfe ïlvoir; auffi a-t'elle été employée par une rainfinité dePeintres: Claude-Lorrain eft cellui qui Pa répétée le plus de fois dans fes- (*) Les curieux qui voudrontvoir la Villa Efjwjf?«/«, & faire le moins de pas inutilcs ,doivent s'y Sïfaire conduire immédiatemcnt après avoir parcouru PTlla Villa Adriana, & enfuite a Tivoli; alorsonfer* üipcu, 011'même point de détour. (**) Depuis cet article dcrit, le Pape acsmtuellement régnant a fait 1'acquifition de ces deux dlfigurcs; elles font aujgurd'Jiui placées dans le MaWmnm du Capitole. 1 y fivoli! Templt ill li Sibylle.  Tivölt : 'lemplecfc la Sibylle. (*) Gette innovation fait paroitre. cette même bafe , écrafée , applatie fous le poids de la colonne ; elle eft d'ailleurs d'un beau pTofil : la canuel'ure des colonnes le travail des chapiteau*, les ornemens de la frife & de la corniche, font parfaitement traités. Tout 1'édifice eft conftruit eu pierre Tiburtine d'un beau choix. (**) On a étanconné la partie qui portoit en furplomb fur le talus de la montagne ; & l'on dflure que la Chambre Apoftolique a donné des ordres pour la conltruétion d'un mur qui doit être élevé pour foutenir toute cette partie qui menace ruine, & auffi pour réparer un peu ce d&icieux édifice. 412 Nouveau Voyagtï Payfages, & par-tout elle fait bien. Sa for«P me eft circulaire ; une rangée de colonnelf1 qui fuivent le même plan, lailfent régnerr* entr'elles & le corps du Temple, une Ga-1 lerie ou Nef tournante, qui fait le meil<| leur effet. L'ordonnance corynthienne ca-> j-aeftérife ces colonnes: 011 remarque ici comme une chole particulière, que le plin-1the (*) de chacune des bafes eft; fupprime; & qu'elles pofent ainfi'fur le grand focle* ou foubaffëment fur lequel s'élève 1'édifice.j La Coupole qui le couronnoit ne fubfifte plus; il ne refte non plus fur pied que dix-huit decesjolies Colonnes; mais néanmoins cette ruine eft encore précieufe pour} les arts : on s'afflige de voir un monument? de ce mérite négligé, abandonné, proftitué In au plus vil ufage , & a la veille d'écrouletfj (**) même entiérement. I- „ & cóté de ce Temple font plufieurs Co- re lonnes fur un foubaffëment, qui ont fait p  EN ITALU' 4-3 Irtie d'un édifice carré long : il eft pref-1 ,me entiérement ruiné ; des colonnes n ont* lus leurs chapiteau* , ni d'entablement,, croit que c'a été un Temple enge ai Weptune.1" Sur les lieux, onle donne poiu e Palais qu'occupoit la Sibylle : e elt une line, qui dit peu de chofe a 1'ceil, lien a Pefprit. „ . . . , f La Cascade, eft la feconde cunofne le Tivoli: elle eft très-belle ,&, peut-etre, inique dans fon genre , relativement a tout 4 oui Pentoure & Pembellit.,, Elle eitforlée parlachute du Téverone,qui, arrivé lu-deflus de la ville, fe retrécit entre deux Llines, & fe précipite du haut d'un rocher taillé a pic d'environ foixante pieds, dans n vallon étroit, dont le fol inegal & de Lr roe , brife impérieufement le torrent, fufpend fon cours , & préfente des fites, L ne peut Pas plus pittorefques: aufij cette Èafcade : la grande , fe les petites Cafcatelies ont-elies fourni un nombre coniideralle'de Defleins & de Gravures qui fe troulent facilement par-tout. La gr We, & les petites Cafcatelles, ne tont pis moins curieufes a voir : PWOT fnieux des tableaux charmans qu'eliesefientent , on doit fe porter fur le coteau fZol l celui d'oü elles defcendent ; lt fchemin qui y conduit eft peu long ; c eft tne promenade agréable : les mauvais marfheurs peuvent la faire a cheval. On traverfe le Pont qui communiqué au Loteau oppofé a celui du Temple de la SiLlle, Sc fous lequel le Téverone s'echappï rivoli: 'runde Caf* :ade &fetites Cafcaielles.  $14 NO VTE AU P O YA G E Tivoli : {..'afcatelles, avec laplus bruyante impétuofité; on fuit|f quelque temps fa ïive droite , & c'eft det|p ce éóté-ci que ce joli Temple s'offre a 1'ceil., e avec le plus d'avantage. On continue de^Jé marcher vers la fource de ce vallon , que 11 l'on traverfe fur un pont , a fort peu de|i I diftance duquel on fe trouve en face de la}«§ grande Cafcatelle : la portion d'eau (*) quejjii nous avons vu former la première cataracte ou la grande Cafcade de Tivoli, tombe iciJIo par une feule nappe de prés de cinquantes pieds de largeur & d'environ fobcante de# hauteur , dans un vafte baffin que ces eauxB fe font creufé, autant par Pimpétuolité quc|§ii par le poids de leur chute : de la , elles fc defcendent pour fe meier avec un autre p torrent moins confidérable qui arrivé de la Ie tête de cette vallée. Les Cafcatelles fourniffent également de s très-agréables afpects : on en voit plufieurs .'I (*) Nous difons portion d'eau ; paree qu'il s'en faut de beaucoup que le Téverone apporte ici toutes fes eaux : on en a détourné plus de Ia moitié de fa maffe totale, un peu au-deffus de e Tivoli, pour 1'ufage général de la ville , & celui particulier des habitans : Toute cette montagne ifi eft percée de cafcaux, d'oü les eaux s'échappent lo & defcendent dans ce vallon pour fe réunir une der- ^ nière fois a leur première maffe : cc font ces di- T verfes échappées d'eau, qui forment ce que l'on ; appelle les Cafcatelles. Celle qui fe précipitc de ^ la Villa Mecenate ( dans les ruines de laquelle , on a établi un Moulin qu'elle fait d'abord mou- . voir ), eft la plus abondante, mais non pas celle v qui tombe d'une plus grande hauteur. I  tN Itjlie. 4'5 l répandre du haut de la montagne de t Ivoli, & former dès-lors une longue fuite n B refiauts, très-pittorefquement accidenÉs • Nous le répétons encore ; rien de plus iéli'cieux que tous ces tableaux fi varies. I On defcend chercher un Pont qui traverfe li Téverone : le chemin que Pon trouve Er Pautre rive, eft Pancienne route qui „mène de PonteLucano, fe qui monte a 11loli par une pente aflez douce. I A peu de diftance de ce Pont, on remarque fur la droite, les Ruines d'un Temple , devé, dit-on, a la Déefle de la Toux , Eu de la Confomption. Sa forme exte. aieure eft parfaitement circulaire ; fon m; 1 érieur donne un oétogone , dans le pas iuquel font diftribuées de vaftes niches : e fol eft élevé de terre par un foubafleitent carré. On voit les arrachemens de Vli'Efcalier, ou grand Perron par lequel on 1 parvenoit : le revêtiflement de marbre en l| été enlevé; 1'Efcalier fe la Coupole font kcroulés. ~. ,. f En continuant de monter vers Tivoli, : on arrivé aux Ruïnes de la Villa Mece; Late; le chemin longe une partie des terrafies de cette maifon célèbre , & traverfe une longue galerie fouterraine au-deflus de la' Lielle s^'élevoient, vraifemblablement de : vaftes batimens. Cette portion de ritmes t \{ la feule qui conferve encore quelque forme ) annonce des Salles de Bains : ces reftes fde voütes font très-beaux & interelfans è Loir: Quant aux autres fubftruélions epar[fes dans la vafte enceinte que l'on dit que S iv ivoli : ante LllCitr 9, Ruims.  4tG Nouveau Voyaoe Tivoli: Villa ïlk'nfe. cette habitation embrafibit, elles n'^ppren-iff nent abrolnment rien. Is II faut voir les lieux mêmes, pour juger-jl» des dépenfes immenfes que l'érection de lal! Villa Eftenfe a dü néceffiter. Le Caffin eft-Ja fitué vers le milieu de la pente de la' mon-lli tsgne ; il eft peu vafte & médiocrement or-slle. né : les terrafies multipliées au long de cette"» pente, le font beaucoup; mais la plupart* des' Bas-reliefs en ftucs font altérés, owm totalement détruits. Des eaux (dans une c. abondance étonnante ) fe produifent ici ,j| fous une infinité de formes. Nous ne ferons> f. qu'indiquer lesGrottes &'Baffins, dont 1'ef-li fet nous a paru le plus heureux. La Grotte-'w de Thétis; celle de 1'Anio & des Nymphes: I. les Baffins de Neptune ; celui de Bacchus: la la Cafcade de 1'Antre de: la Sibylle , & ia l. grande Girande d'en-bas, &c. d'ailleurs lés' f Groupes, Statues, Vafes, Bas-reliefs, &c. li1 qui décorent & caradtérifent toutes ces com*. pofitions, font en général des plus médiocres. V „ A fextrêmité de la feconde terraffe & vi droite, font plufieurs modèles des plus beaur- fc edifices de Rome antique, faits de briques, it revêtus de Stucs, hauts de cinq a fix pieds « au plus; idéé finguliëre qui ne préfente rien è de^ noble, & qui n'auroit pu avoir quelque ï mérite qu* dans le pays des Pigmées qui au- «i roient«pénétré dans l'intérieur de ces édifi- c: ces, qui a préfent font a demi-ruinés. " Les Tableaux & la riche collection d'An- t tiques qui décoroient cette belle maifon dans S fon origine, ne s'y voyenr plus: les plafonds S  1 le Conciërge Tante beaucoup,. font det EccAari, peintre mediocre, .& qui 1 eit ici fc iÖardins ; Bofquets; Labynnthe; Bois, &c. futes ces Aoftsn'ontrien d'exmorunaie. Cette belle campagne ft reflent beaulup de 1'abandon de fes maitres;£ fi 1 on le peut pas dire qu'elle tombe abfolurnenc E ruine i au moins conviendra-t on , ■ Veile eft aflez mal entretenue. [ „ Au deflus de la montagne qui domme la lil a Eftenft , il s'en élève trois autres fort , randes & dans une belle expofition, elles j'ppartenoient aux ci-devant Jéfuites . :ca ibnt les plus apparentes & les mieux fituees .fans les environs : " C'eft ce ^ J ■ fur les lieux, la Roccabruna; Nous ne la rlimes point, auffi ne faifons-nous que 1 uliquer. :i „PALESTRINA, pétite Ville fituée i llingt-un milles de Rome, a douze de Tiï£oH & autant de Frafcati: C'étoit: autreAois Prcnefte; ville célèbre dans le faftes riomains: la. montagne fur laquelle elft eit «{onftruite eft fort elevee.» ^ette Vin. jfcétruite de fond en comble pai Syllas en •■ fuite' nar lés Papes Bomface VUl, &uge 'fneIT, &c, ne conferve plus rien d'anuque £eft Ruines informesque l'on fait remar- Kr prés de la Cathédrale, & que l'on dit •R: Sles du Temple de la Fortune, ^ Sylla y avoitfait ériger avec toute la magmrificence de fon temps, & lorfqu'il y fit pal- b Y ,« B.oc«tnma , Faïitrma.  «ui. (*) L'Abbé' Barthelmi, a prouvé de la manière Is » plus vraifemblable que cette mofaïque repréfente le Voyage de 1'Empereur Adrien en Egypte; & que \< ce fragment appartenoit a un Temple de Sirapis, j que VateriusHermanifcusfit élever 1'an 157 deJ.C." % j, (**) „ SuaTefio. en i6S5; le P. Kircher en Ï671; Ciampmi; leComtedeCaylus;le Cardinal" I de Polrgnac; 1'Abbé Dubos; les PP. Volpi & ', t Montfaucon; & enfin TAbbé Barthelmi, dans le <3ome volume des Mémoires des Infcriptions & Belles- c iet tres ,.imprimés ea 1764. Le deifein que M. le Comte de Caylas en a donné dans fon recv.eil de i Pemjures antiques, efl: moins exaét, que celui pu- tl blie par le P. Kircher, dans fon ouvrage intimi* fi t 418 Nouveau Voyage ■ fer une colonie Romaine qui donna naifiancefti a la nouvelle Prenefte. Si Pon peut juger de li la richefle de ce Temple, par une portion del' mofaïque que Pon a cru long-temps lui ft avoir fervi de pavé (*) , & trouvée dans fesf ruines, cette richefle devoit être confidéra-l ble, & fa décoration magnifique. Cette Mofaïque célèbre (fur le fens & Pin-if terprétation de laquelle tant de fa vans (**) 1 ont écrit, & font fi peu d'accord entr'eux) Ék fait rechercher la Villa Barberini, oü ce I curieux fragment eft conferve; „ On y voilfc beaucoup de Figures d'Animaux & de Plan- 1 tes, une Tente avec des Soldats, une Ga- f lère, des Pré tres qui forment un choeur de li mufique: des Perfonnages oecupés a des tra- I vaux ruftiques, des Tours, des Obélifquesr li des Temples, des Cabanes, des Barques, &c.; L] toutes figures détachées dont on a voulu ft raireun corps de fyftême lié. " Le travail en h  en Italië. lelt fee, pauvre de deflëin & néanmoins d'un j feffet aflez piquant : II eft colorié & nuance . ,avec autant de juftefle que L'on peut raifonnaiblement 1'exigerde ce genre de peinture, qui ine connoiflbit point alorsPufagedes emaux, & qui n'admettoit que celui des différens marbres, des cailloux & pierres dures. Ce curieux fragment a dix-huit pieds de tiongueur, fur quatorze de largeur; il couvre le pavé d'une vafte niche a droite dans le ijveftibule du Palais: on en trouve facile«nent a Rome le deflëin. '; FRASCATI, petite Ville fituée a Po■tent & diftante de Rome, d'environ quatre lieues, & élevée prés des ruines de 1'anItenne Tufculum. Sa fituation eft agréable; felle ft développe fur ft penchant de la monitagne, & le nombre confidérable de belles Laifons de campagne qui ft partagent enkr'elles toute cette cóte, ajoute beaucoup i la beauté du tableau. , Villa Pamfili ( autrefoïs Aldobrandim}, ; inais quand on a peu d'abondance , on ra. baffe les miettes. [ Un peu avant d'arriver a Albano, on rencontre fur ia gauche du chemin, une Ruine * öue la tradition du pays, dit être le Tombeau d'Atfcanius,nh d'Enée : il eft ïmpoffible d'y rien reconnoitre. f La petite Ville J'Albano , eft aflez bien fcatie; elle fe reffent du voifmage de CafteliGandolfo, qui y attire naturellement beauicoup de monde, lorfque le Pape y vient en jvillégiature. Les amateurs de Ruines antiques, vont reconnoitre dans celles qui ie woyent encore a l'Slbbaye de St.Paul, les «reftes d'une partie du Palais de Domitien; <]ceux d'un Amphithéatre, d'une Conferve I d'Eau , &c. _ Vers Pautre Porte d'Albano, pres des Oar-1 mes de la Stella, on voit un grand Mausolee il d'une forme fmgulière, &'qui devoit avoir i eu dans fon temps beaucoup de dignite. bur • vin foubaffëment formant une mafle^carree de quarante-cinq pieds de largeur, lur enJviron vingt de hauteur, étoient eleyees 1 cinq Pyramides de dix pieds a peu pres de I diarnètre a leur bafe, fur, peut-etre,vmgt1 cinq pieds de hauteur: tout 1'edifice eft conftruit de pierre pépérine. II ne refte plus fur pied que trois de ces Pyramides; celle du milieu eft la plus entière, & paroit avou ban»* aufolée.  Némi, h (Jenfano, 428 Nouveau Voyaoe :,été plus élevée que les quatre autres. Le peuple veut reconnoitre dans ce Maufolée celui des Horaces & des Curiaces, & nd 1'appelle point autrement. De fa vans an-i tiquaires 1'eftiment être celui du Grand) Pompée , dont les cendres furent apportéei d'Egypte a fa veuve Cornelie, qui les' placa (diti'hiftoire) dans fa mailön d'Albanum. „ On croit que les cinq Pyramidesï qui ornoient ce Tombeau, indiquoient les: cinq Victoires célèbres qu'il remporta avanr fon premier confulat. " Beaucoup d'autres curiofités fe préfentent' encore dans les environs de Rome, dignes de 1'attention des voyageurs maitres de leur temps, & qui ne veulent rien omettre. Le chemin qui conduit de Rome au Bourg de Nemi , & le Bourg lui-même, offrent une fuite de Ruines, parmi lefquelles on diftingue une haute Tour, que l'on croit avoir fait partie d'un Temple élevé d Diane Tauride dans ces environs. Le Ch&teau Nemi, fitué fur le lac qui hjjj donne ce nom, eft cité entre les plus agréables de la campagne de Rome; les terres qui 1'environnent font aflez peuplées & bien cultivées. Le Lac Nemi, a quatre milles de tour; il a auffi un Canal d'écoulement, mais il* n'eft pas de la grandeur fe de la beauté de celui du Lac Albano. " Gensano, autre Bourg, diftant, comme le précédent, d'une petite lieue d'Albano: le Chateau qui emprunte ce nom, eft également agréable a voir. Genfano, partage avec Nemi  en Italië. 429 >s agrémens du lac, qui leur eft en quelquel» xtecommun. Beaucoup de Ruines s'oftientC. ncore ici, & toutes auffi informes, toutes uffi peu inftruétives que les précédentes. LaRICCIA, autre Bourg encore dans le 'Oifmage d'Albano. On prétend reconnoire dans quelques ruines plus raflemblees rers le débouché du lac Nemi, le lalais [u'Augufte s'étoit fait élever dans les en- " La nouvelle Eglife de ce Bourg eft confJruite fur les defleins du Bemin ; nous ne 'indiquons point comme une excellente Ifiofe, mais comme une de ces compohtion» gréables fur lefquelles on jette un coup [1'ceil avec plaifir. «*,.'. r \ „En allant de la Riccia, a Civita-LaIhüa , vis a vis la maifon des Manganoni, L droite de la Via Appia, on trouve_des reftes du Temple (*) de Junon Lanuvine , Ugtve ou proteclirice, célèbre du temps des fcomains , dont la Statue eft au CapitoCe ; c'eft celle dont les brodeqmns font en croiflant." CIVITA LAVINIA, Ville autrèïbis Icélèbre, fituée a trois milles deGenfanc, {& fix d'Albano: autres ruines, digues de* recherches des' antiquaires. f (*•) Cncélébrcitdans ce Temple des Myftèrcs L comme ceux d'Eleunne; & les Confuls en prefcnantpoffeffion de leur digmte, venoient y faire L, des facrifices. i llicci», ivuaLatiia.  Oltla. 4JO NöÜFSAff VOYAQE . OSTIA , mauvais Bourg fitué a quinzS nulles au nord-oueft de Rome, prés de Tem-I bouchure du Tybre. Plufieurs Papes, 1 1 imitation de Grégoire IV, ont eliayé d|| repeupler a différentes fois, cette Ville flf florifiante dans fon origine, & devenue pari la fuite des temps (par 1'attériflément dul Port, & Pinfalubrité qu'on y refpire),! dans un état de pauvreté bien fenfible :| nulle population , nulle induftrie : une hordel compofée de mauvais fujets, que lajufticel y bannit, y vivent du travail dont oh lesi occupe conjointement avec les forcats aux'l Salines établies dans les environs, & de lal culture de quelques portions de terres mifesl en rapport dans ce diftricl:. L'ancienne Oftia , diftante de plus d'mv mille de la nouvelle , préfente aux ama-i teurs de Ruines, une abondance (jufqu'aJ fatiété) de débris de Colonnes, d'Entable-'i mens, de Figures, &c. Une Tour que Pie P~ fit ajouter aujd premières fortifications de cet ancien Port, fe trouve maintenant éloignée des bords du Tybre d'un fort demi-mille. „ A un quart de lieue d'Oftia au cou-^ chant, fur une des embouchures du Ty- \ bre qui n'eft plus navigable, étoit fituée '| l'ancienne Ville de Porto. .. batie par \ 1'Empereur Claude, réparée par Trajan...'' abfolument abandonnée apréfent, au point qu'il n'y refte plus que 1'Eglife, qui a pour tout Clergé un feul Prêtre; le Palais Epifcocal qui tombe en ruine, & une mauvaife J Hótellerie," On y voit quelques veftiges des 1  EN /TALIE. _ 431 Unagnifiques Conftructions que Trajan y avoir f Rites. g • „ Le Cotnmerce du Tybre a fon entrepöt jprincipal a FiüMICino, bourg fitué fur lla feule embouchure de ce fleuve qui foit Inavigable, & qui conferve aflez de fond, Ipour que les plus grofles barques puifl'ent Iremonter de la mer-par le canal jufqu'a IRome, diftant de cette capitale , de quaI torze milles. Ce bourg efl; peuplé de gens 3 de mer, de quelques artifans, & des ComImis des Négocians qui y ont des magafins; I il y a du mouvement & quelque induftrie.'' „ Tous ces environs & même le terrain I qui de la s'étend jufqu'a Rome, étoit auI trefois couvert de Maifons, de Jardins; on I n'y voit aujourd'hui que des bois, des malïais, des champs incultes &déferts." Civita Vecchia, Ville & Port de ! ffier fitué a quinze lieues au nord-oueft de I Rome (*). Cette Ville plufieurs fois déI truite, autant de fois relevée, eft devenue I aflez confidérable par les foins conftans que I les Papes ont donnés a fon embellifiement, a I la füreté de fon Port, déclaré Port-frane I fous le pontificat de Bénoit XIV. Les FortiI fications qui défendent le baffin, celles en I avant dans les terres, & la Citadelle, font (*) „ Son ancien Hom étoit Ccntum Cella, Sr. „ il venoit, peut-être, de ce que le Port avoit „ cent Arcs, ou Cales, pour abriter les Bar.„ ques; comme il y en a encore aftucUement qae „ les Papes ont fait faire. 'imnicino , Civita Vec:bia,ltome.  N O UVT. AU VO YAGE Rome: Spectacles, peu merveilleufes; mais affez bien entretenues. „ La célèbre Mine d'Alun (AlumièreJ I fituée a trois lieues au nord de Civita-Vec-4 chia , prés de la Tolfa, efl; la plus ab'on-?; dante de 1'Italie : 1'exploitation de cette mine offre un travail curieux»'' & intéreffant pour ceux qui le voyent pour la pre- i mière fois (*). Nous terminerons nos détails fur Rome #j par un précis des Speótacles, & de quelques ^ autres localités, qu'un voyageur a inté-} rêt de connoïtre. Les Specfacles'commencent le lendemain des Rois (époque de 1'ouverture du Car- \ naval) & fe ferment le mercredi des Cendres excluflvement; le refte de l'année,\ il n'en eft aucun d'ouvert. Huit Salles (**), dont quatre très-vaftes, font alors communément occupées. Le Théatre d'Argen~ tlna, & celui tfAliberti, font les mieux décorés, les plus fréquentés par la noblefle, ■ & ceux fur lefquels fe repréfentent de grands „ Opéra ; OVoyez 1'Encyclopédie , au mot Alun. (**) „ i ° Argentint, licué prés de St. André della Valle; 1 ° Aliberti, prés de la Place d'Ef- | pagne; 30 2'ort/ioni, prés le Pont Saint-Ange; 4® Caprariica, fur la Place du même nom, prés I le Café de Monte-Citorio; 50 La Valle, entrs I St. André & la Sapience; 6 0 Granari, prés de la Paix ou de la Place Navone; 7 0 Palacord*, I dans le quartier de Campo Marzo; 8° La Place, pros de 1'Eglife du même nom.  en Italië. 433 h Opéra; les autres donnent des OpéraBouf-: Ifons, de rnauvaifes Comédies, des Farces,: j| & des Jeux de Marionnettes. Le Spectacle eft a très-bon compte pour le r; i fimple particulier, ou pour ceux qui veulent B s'abonner avec 1'Entrepreneur; il eft cher ■ pour un Etranger d'un certain état, qui h ne peut fe difpenfer de prendre chaque fois H une Loge, dont le prix hauflè ou baiffe, en ■ raifon du bon ou du mauvais fuccès de la H pièce. fj La'Mufique eft communément bonne; pl'Orcheftre nombreux, choifi ; & les pre- ■ miers Acleurs de ces deux Théatres, 1'élite, ■ des meilleurs d'Italie: néanmoins, en exra ceptant quelques Airs heureux qui viennent rade temps a autre flatter 1'oreille dufpectaflteur; le refte, eft conftamment d'une monotonie rebutante : Les paroles font afiez com- «imunément rnauvaifes, mais fuffent-elles excellentes , elles n'en feroient pas moins pitoyablement rendues : les Acteurs (nous parions même des plus applaudis) ignorent ou négligent, Part de faire illufion fur la fcène; ils nJy apportent aucune vérité, aucune noblefie, aucun intérêt. Les Hommes feuls & Caftrats, montent ici fur le Thé&tre; ces derniers y rempliffent lesröles de Femmes, dans les Pièces, comme dans les Ballets. Ces Ballets font très-vifs da mouvement, mais ils ontrarement un carac:tère bien deftiné & jamais celui de la dignité :& des graces : la maffe des fpectateurs ne ;prodiguant leur viva, leur bravo qu'a ceux ■des danfeurs qui fautent le plushaut, le plus Tornt II. T lome:  434 No UVK.AV VO YA O E Rome : Péns Au Carïiaval,Cc«rfes de Chevaux. Jiardiment, fans trop fe foucier fi le cabrio» leur eft en mefure ou non. Le Spectacle commence habituellement a deux heures de nuit, & dure quatre & cinq heures (*) : cet ufage eft prefque général en Italië, de même que celui du Mafque que portent toujours ceux qui diftribuent & qui recoivent les billets. Les Fêtes du Carnaval ne deviennent intéretfantes , que vers les deux dernières femaines; toute la ville alors fe mafque & fe rend au Cours (**) ; la Nobleffe , les gens aifés, & les étrangers dans leur voiture (***); tout le refte remplit cette longue (*) „ LeSpeétacle étant auffi long... on s'y 9, ennuyeroit beaucoup, s'il n'étoit pas d'ufage de „ faire vifite aux perfonnes de fa connoiffance dan» t, leurs loges C'eft une atrention, qui eft un j, devoir. On y caufe affez haut, jufqu'a 1'inftant „ des ariettes & autres parties connues du fpectajj cle qui demandent de 1'attention. (**) L'une des plus belles Tues de Rome; elle coramen.ce a la Porte del' Popoio, & fe rend ( fur un feul alignement), jufqu'a la Place Saint-Marc ; c'eft auffi la plus marchande. (***) Le nombre des voitures étonne plus qu« leur rnagnificence; 1'enharnachement des chevaux a quelque chofe de fort agréable & de très-bruyant, par la quantité de grelots, de petites fonnettes, de rubans, de plumes , de gazcs dont ils font couverts. Les Maitres, le Cocher, les Laquais font mafqués; & lorfque les voitures fe rencontrent, les maitres s'attaquent avec des dragées; ils s'en jettent des nuées ,. c'eft même une politeffe de faifon : on en fait de particulières pour cet ufage-ci, & elles foat au meilleur compte.  en Italië. 435 rue, a droite & a gauche de laquelle font: des gradins qui recoivent ceux qui veulent1 jouir plus commodément du fpectacle ; qui,j lorfque le temps eit favorable, peut palier: pour un des plus beaux de 1'Europe. Les voitures fuivent la file & ne peuvent 1'interrompre; le milieu refte libre; les équipages des feuls Princes ont droit de Poccuper. Les mafques n'ont la liberté de fe promener dans la ville , que depuis une heure aprèsmidi, jufqu'a celle oü Pon fonne PAngelus : on eft dès-lors dans Pindifpenfable néceffité d'öter fon mafque. C'eft auffi durant les huit derniers jours du Carnaval ( une heure avant le coucher du foleil) que s'exécutent les Courfes de Chevaux : ils partent du centre de la Place del' Popoio, & le but eft un peu en deca de la Place St. Mare : cette diitance eft eftimée a huit cents foixante toifes, & communément ils la franchiffent en deux minutes vingt ou vingt-une fecondes (*). Les chevaux ne font point montés, ils courent d'eux-mêmes, mais ils y font fortement excités „ par des plaques de cuivre t garnies de pointes attachées fur la croupe, qui fé faifant fentir a chaque inftant , les forcent de précipiter leur courfe (**)." (*) „ C'eft trente - fept pieds par feconde ; dans les courfes de Nciumarktt en Angleterre, ,, les Chevaux quoique montés par unPalefrenier, „ font jufqu'a cinquante-quatre pieds par feconde. (**) Ils font rangés fur une même ligne, ,, fous un batiment de planches, ouvert du <;oia T ij Komt : Fé- tes du Carnaval, Courfes de Cuevaux.  Home: Bals, Feftini , Mulï- „ du Cours , oü les Palefreniers les tienneut les. „ yeux couverts , jufqu'au lignal; alors ils ie» „ lachent, & tous .partent enfeuikio avec Ia. rj* „ pidité 4e 1'éclajr. 42$ Nouveau Vota ge Bah : Rien n'eft plus rare a Rome; ce n'eft guères que les étrangers qui donnent entr'eux cette forte de fête : Quelques Ambaffadeurs, lorfqu'ils ne font point gens d'Eglife, & de fiècle, en fiècle, quelque Prince Romain qui veut faire parler de lui. Les Bals publiés ou Fejtini, font depuis long-temps défendus : L'adminiftration en tolère quelques-uns , mais le difcrédit oü ils font tombés, leur donne une réputation peu honnête. La Mujïque eft, pour ainfi dire, un des alimens du pays, & Pon peut en entendre jufqu'a fatiété. Indépendamment des Ora* torio , de la.Mufique d'Eglife (qui fouvent eft très-gaie , très-danfante ) ; les Muficiens virtuofes donnent ( pour de 1'argent) des Concerts oü fe rafiemblent leurs partifans, & la clafie plus ou moins nombreufe des amateurs. Les étrangers s'afiöcient ordinairement entr'eux pour donner ü leurs frais un plus ou moins grand nombre de ces Concerts, & la lézine, en eft dèslors au loin bannie. Plufieurs, entre la foule des Prinees qui peuplent Rome, & quelques Cardinaux, recoivent a tour de róle & a jours connus, dans leur Palais, ceux d'entr'eux, & des étrangers ( d'un certain état & qui fe font fait connoltre ), qui veulent s'y réuniiv  ëiV Italië. 437 L'héure oü l'on s'y rafiernble, eft a peu Rome : Afprès celle du fpectacle, & dure environ lar«nbices. moitié moins. On n'y joue point, on s'y parle feulement. Ces Assemblees conviennent a plufieurs; font utiles a peu, & aflez ennuyeufes pour le plus grand nombre. On diftribue des raffraichiflemens a tout le monde , plus ou moins abondamment, plus ou moins diftingués, felon le caraétère du Seigneur qui en fait les honneurs. Nous avons ci-devant obfervé que le temps le plus intéreffant pour un étranger qui fe propofe de connoitre Rome, étoit celui qui commencoit vers la dernière femaine du Carnaval, & qui liniilbit vers la feconde de Paques : cet intervalle fufiit pour parcourir tout ce que cette belle ville renferme de plus urile, de plus agréable a voir. Les Cérémonies retigieufes , qui ont lieu pendant la Semaine-fainte & le jour de Paques, ont également droit depiquer la curiofité. L'exécution du célèbre Stabat Mater de Pergohiii, ne peut être entendue nulle. part avec la même énergie, le même goüt, la même fublimité (*). (*) La Cérémonie que l'on nomme la Cine; 1'Abfoute générale ou la Binèdittien du Peuple; la Cavalcade du Pape ü la Minerve; le Feu d'artiflce, qui (fous le règne du Pontife régnant) a lieu le lendemain de Paques; 1'époque de fon exaltation (pour lequel il fe tire) tombant dans le Carême. Ceux que leurs arrangemens de voyage retiennent alors ailleurs, ont intérèt de s'y rendre pour la fètt dt St. Pierre. L'illuaiination extérieure de 'T iij  438 Nouveau Vo ya g e Rome : Mceurs , Ufajes,&< cette Eglife, eft du plus grand effet; elle a lieu la veille de la fête; il fe tire ce même foir un trèsbeau Feu d'artifice difpofé fur les terraffes du Chateau St. Ange; & la Prifentation de la Hatuenie pour le Royaume de Naples, font autant de motifs qui y appellent les étrangers. On peut voir dans la Salle des Modèles (Palais du Vatican), celui del'IUumination annuelle de 1'Eglife & du Döme de Sc. Pierre. (*) „ Plus de prétention que de réalité, plus de fuperfkie que de profondeur, paroitre plus qu'ètre; voila leur vrai fyftème. II y a telle maifon a Rome du premiar rang & d'une très-grande rS. Mxurs, Ufages, &c.. Nous ferons trèscourts fur le premier de ces articles : un " étranger eft fouvent a portée d'en voir trop, mais fouvent auffi, il voit mal: Un cercle de connoiffances particulières, & quelques obfervations générales fur tout ce qui Penvironne, ne fauroient lemettre en état de juger bien fainement è cet égard ; paree qu'une portion quelconque, ne peut jamais être prife pour le tout: L'honnêteté veut donc cju'il fe taife, s'il ne croit point devoit d'éloge. Les Romains, dans les beaux jours de leur empire, jouiflbient avec fafte des dépouille» immenfes de mille nations qu'ils avoient vaincues, piliées,de vaftes Palais, un nombre exceffif de Valets & d'Efclaves décéloient leurs énormes richeffes! Les Romains modernes n'ont ni les mêmes titres, ni les mêmes poffeffions; mais ils ontfenfiblement confervé le même goüt de repréfentation ; c'en eft certainement un territorial (*). Ce  E N ÏT Ahl E. 439 goüt fe développe plus particulièrement aux jours que ie tiennent les Converfazione ( * ); une légion de Valets & de Domeftiques d'un plus haut grade, rempliffent la longue eniilade de Salles qui précédent celle ou fe tient le Maitre & fa Compagnie : La quahte & le nom de ceux qui viennent la compofer (fur amefure qu'ils arrivent) eft répéte d'une falie a 1'autre avec une emphaie auffi clieffe, oü l'on n'a jamais donné vin verre d ea» a qui que ce foit •, néanmoins il y a vingt equipage» roulans, cent chevaux dans les écuries , qui fervent non feulement au Maitre de la maifon ^ mais encore i tous les Domeftiques principaux. Peu de perfonnes a équipage, éclairent leurs courfes nocturnes par des flambeaux de cue; la plupanfont ufage (pourraifon d'économie) d une fimple lahterne que tient k la main un mallieureui Laquais juché derrière la voiture. /*) On les divife en trois claffes : les grandes que l'on appelle Prima Sera, & auxquelles on eftrecu k 1'entrée de la nuit, font tenues par les Cardinaux qui ont chacun leur jour marqué, elles durent un peu plus de deux heures & font quelquefois très-brillantes." „Les Converfazione de la feconde claffe, lont celles qui fe tiennent chez quelque Princeffe & Dames Romaines : ellcf commencent un peu plus tard que les premières, mais elles durent, fouvent en été, jufqu'au jour: 01 joue a celles-ci.Le coup d'ceil général de ces affemblées, eft affez pompeux; les femmes y font parées avec rnagnificence, beauc«up de diamar», &c. Les hommes y font bien ■vêtus mais ils font peu de dépenfe en lmge blanc, & cette économie s'accorde mal avec la ncliefis deihabks." „ . T iv Rome % Mceurs , Ufagesj&c,  Röflie : Mceurs , (*) C eft ce que les Valets appellent la Bonn» Manche. Les Gages que les Princes & les Cardinaux donnent a leurs domeftiques, font peu coniidérables: Ccla fait que leurs gens gueufent toute i annec: a la Fête de leur Patron, Ie jour de 1'anruverfaire de laNaiflance, al'cpoque d'un Mari*. ge, d'un Baptême, d'une Promotion, &c. &c. Fin du deuxième Volume, 440 NOVVEAV VorAGE, &C. bruyante que déplaifante, pour une oreille *|l c qui n'y eft point accoutumée. Après tout, 1 '" on peut fe faire a cet ufage; mais un autre, | auquel il eft difhcile de fe prêter avec la I même indulgence, eft celui qui autorife les I domeftiques de la maifon dans laquelle un 1 étranger a pu fe faire introduire , de venir I ampunément le ranconner a titre de félici- 1 tatión fur cette introduélion ou admiffion f auprès de leur maitre; chez lequel il n'a point I pris un verre d'eau, & oü même il ne lui fera jamais offert!.. Cet ufage, eft affuré- ment abufif & très-défagréable (*). Mais quel pays n'a pas les fiens, qui pèfent plus ou moins a ceux auxquel? ils font étrangers ? Demeurons convaincus, qu'il n'eft aucune portion habitée du globe, qui n'ait fes -1 vertus & fes ridicules. Au refte, on ne vit nulle part plus tranquillement & plus librement qu'a Rome ; il fuffit de ne point choquerouvertement les ufages recus, & de montrer extérieurement quelque refperft (lorfque 1'occafion 1'exige) pour les objets dn cuite & de la vénération publique.  44i TABLE Des pr^ncipaux Articles Contenus dans ce Volume. Ville de Turin i I (*) . . . Palais da Roi. . . . a (*) . . . Chapelle Royale. . ; . 10 . . . Vieux Palais. . • • 13 (*) . . . Grand Thédtre. . . . ió (*J . . . Académie Royale. — (*) Manége 17 (*) . . . Regium Atheneum. • 17 (*) . . . Bibliothèque Royale. . 23 ... Eglife des Jéfuites. . . 23 /*■) . . . /aConfolata . 24 w .. . . St. Philippe de Néry 23 , . Le Corpus Domini 24 , . . r Carmélites. . 25 r*) . . . Place Saint-Charles, ou P/ace d'Armes. . . 26 ... . Eg///è de Ste. Thérèfe. . 26 . . . de Ste. Croix. 27 . . . Santijftmo Cro- ctfiffo 27 . . . — Carmes. . . 27 (#\ . . . ■ ■■■ - de l'Höpital St. Jean 27 f*~) . . . Place Carline. ... 27 V . . . Palals — Thédtre , & T v  44^ Table Place de Carigntut. . 57 <*) . . . Ca\ernes — Hotel -de- Ville 28 . . . Porte du Pö. (*) Promenades 59 ■ • . . Le Falentino. ... 29 (*) . . . Citadelle — (•) ^fr/e- na/, fi?c 30 . . . Populatlon. Juifs. Fabriques, &c. . . 30 - . . Les Vignes la Reine (Maifon Royale, dite). 3 2 • ■ • Convent des Capucins. . 33 ' " ' La rénerie-(.Palais de] 34 >*> ' ' ' LaSuP*rë"--'- Eglife. . 35 C. ) • • • Stupiniggi... Palais. . 40 • ■ • Montcailler... Palals. . 41 Jc 0 l/TE ie Turin a Gènes. . . 41 . 76 . . . Obfervatoire. — Jardin Botanique . . . . 7 . . . L'AnnunrJata. . . • n& . . . San Marco. . . ► • . . . San Spirito. . . , - "9* . . Hópitaux , Confervatoi- -res,&c u* . . . L-Univerfué 120 . . . FabricadegUUffic. . ■. W . . . San Michele 120 . Ponts, Marché neuf. .121 f*-). . . Palais Corfini. » . .122 , Palais RicardL . . . 122 . . Palais Strooi. ... 123 . . . Palais Arnaldi. . - .123 . . Thédtres. 124 . . . Fortejfa da Bajfo. . ► "4 (*") . . Are de Triomphe. - . • 125 Palais Guirini , Capo- ni,&c 124 . . Maifon du célèbre Mi- chel-Ange Buonaroti. 124 . . . La Chartreufe. . . . 125 . , . La FogaloggiaiPromt*-  T A E L E nddes . . .. . . , 125 ■ • • Poggiok Imperiale . .125 Route de Florence d Rome . . ia5 Ville de Sienne ...... 127 (*) . . . II Duomo . .... ui . . . Bibliothèque . . . .129 . . . Le Baptiftère . . . .130 . . . Palais Ducal . . . .13a . . . Pia^a del Campo . .131 . . • Palais de la Seigneur ie . 131 . . . Salie de Spe&acle . . .131 Buon Convento 131 JBourg de Radicofani... (Montagne fi?...) . . .132 Ar is intérejfant 133 Ponte Centino. . . . , . .133 Acqua Pendente i 133 Monte Fiafcone I33 -Viterbo 1^ La Montagna 134 Ronciglione, Baccano, Rofi, &c. 134 Ponte MolJe Avis intérejfant 135 Ville de Rome jgtf . . . Précis de Venceinte de Rome ancienne, & de Rome moderne. . .135 . - . Etendue de la dominatlon Papak; 138 . . . fes Revenus jgg • . . Et at Militaire, Marine. 138 • . . Population de Rome. .139 . . . Fortifications ; Portes ; ✓*v „ Poms » &c- ■ ■ • 139 (*) . . . Pmc,OMfiw,8Place  DES PRINCIPAUX AR.TICLES. 447 del Popoio .... 142 . „ . La Madonna del Popoio. 142. . . .. La Madonna di Monte Santo ; San Giacomo degl' Jncurabile; San Carlo al Corfo ; San Lauren%p in Lueina. . 144 . . . Palais Chigi .... 145 . . . Santa Madelena al Corfo. 146 (*) . . . Place & Colonne Anto- nine 147 . . . Monte Citorio.... 148 (*) . . . Piédeftal & Colonne fAntonin le Pieux . 148 . . . Piazza di Pietra , ou Douane de terre. . • 149 (*) . . . San Ignazio 1,5° (*) . . . Palais Pamfili ou Doria. 151 . . . Collége Romain. . . - igï . . . Académie Francoife, de Peinture, de Sculpture & d'Archite&ure . . i$7 (•*■). . . Palais Bolsgnetti. . . 15? ... Palais Altieri. * . .158 f*) . . . II Gefu 159 v * . . . Chapelle St. Ig- nace i°° . . . Santa Maria in Ara Coe- U . itfr . . . Emplacement de 1'anciea Capitole l6"2 . . . Capitole moderne. . - 164 . . , Roc.he Tarpéïenne. . .-. 163 (*) . , . Statue équeftre de MareAarèk & Place du  4)8 Table Capitole . . '. '. .165 . . . Palais du Sénateur . . 166 . . . ■— des Conferva- teurs 167 . . . Colleiïiond'Antiques 167 (*) . , . Galerie de Tableaux 170 (*) . . . Le Muféum. ..... 174 . . . Forum Romanum , ou Campo Vaccino. . .182 . . . Ruines du Temple de Jupiter Stator. . . .183 . . . Dito... du Temple de la Concorde 184 . , . San Pietro in Carcere; anciennement Carcere Tulliaro 184 ,£*) . . . Are de Septime-Sévère. 185 . . . San Luca & San Martino; dans fon origine, Temple de Mars. . i85 . . . Académie de Peinture. i8io. . . . ; 3Ig KJ'. . óanra Bibiana. . . .216 • • • Alrc Gallien ai(j • • . Monument de la Conver- fwn de Henri JV de France aij . • • Höpital & Eglife St. to/ne 2I- (*) • . . Ja/tra Maria Maggiore. 217 m" ' ' %ul%.Nee™i- ... l J • . . San Pietro in Vincoli. . 220 - • . Ruines des Termes deTi- (*).-. PaTah Albani. \ \ \ "4 • • . Place des quatre Fon- taines 22(j » . . San Andrea de Gefui- ' • > • • • 225 • . . Ruines des Termes de Dioclédens 227 • • • San Bernardo. . . . 227 C ) • • • Santa Maria degli An- gMi; Eglife des Chartreux 22g rvs'' • ' Gr cn*rs d'Abondance. . 230 (*)... Fontaine de Termini. . 2?o iT) • . . Santa Maria della Vit- \ tor ia .2-j . . . Porta Pia a* • . . Santa Agnefe, hors des Murs 2?4 . . . Santa Coftan^a. ... 234 (*) • • . Palais Barberini. . . 33!  CES principaux Ab.TJ.CLES. 4jl , , . Place & Fontaine Barberini . . . SantaConcti'ionede'PP. Capuccini 24a , . . Porta Salara. . . .341 . . Ruines des Cirques de Salufte & de Flore. . 247 . . . Ponte Salaro; Mont Sacré 34? . . . Villa Albani 24» (*•) . . . Villa Ludovift. , . - 249 f*) . . . Trinita di Mond, . • 252 >*) . . . Villa Médicis. , . . 253 . . . San Ifidorio 252 f*-) . . . Villa Borghefe. . . .255 ... Place d'Ffpagne.. . . 263 (*) . . . Fontaine de Trévi. . • 204 . . Place de Monte Cavallo. 265 . . Palais Quirinal, ou v J Monte Cavallo. . . 265 (*) . . . Palais RofpigUofi. . • 270 ... Villa Aldobrandini. . .272 (*) . . • Colonne Trajane. . . .273 . . Santa Maria di Loretto. 276? C*\ . . Palais Colonne. . . . 276 ■ . . . San Romualdo. . . .284 '„ . . Ruines du Temple de Minerve 285 . ; Veftiges des Termes de Conftantin ; & d'un Temple du Soleil '. .284 ; . . Ruines de la Bafilique de Nerva 285 . . . Ar co di Noé', ou Ar co di Pantani. . • - -  4& Table . . . San Lauren^o, hors des Murs 2o5 . . . Ruines du Maufolée d'Augufte; aujourd'hui Palais Correa. . 2S7 • - . Porto Ripetta. . . . 288' (*) . . . Palais Borghefe. .. . .288 • . . Place de la Rotonde. . 296 C ) . . . Santa Maria della Ro~ \ tonda, ou le Panthéon. 296' • . . Santa Maria fopra Mi- nerva, ou la Minerve. 301; • • • ■ — Bibliothèque de la Minerve. . . . 303I • • • Place de la Minerve. . 303 ■ • • Palais Juftiniani. . . 304-, • • • Saint - Louis des Fran- f»is 30 f • • • San Agofilno .... gcgj - ■ . Sant' Apolinare . . . 309 • « • . Place Montanara. . . 309 • • . Reftes du Thédtre de Marcellus , aujourd'hui, Palais Corfini. 309 • - . Santa Maria in Vaïlir cella 310 • • . Santa Maria dtll' Anima. 313 • . . l3afquin oI2 (*) • • • Place & Fontaine Na- vone, anciennemenc, Circus Agonaüs. . .312 • • . Santa Agnefe . . . . 3^ • • , San Andrea della Falie. 3/5 • • . Palais Coftagutti. . .317 • - - Palais Boccapadouli. .318 ''  CES PILINCIPATJX AllTICLES. 4JJ ; . . Ruines du Portique d'Oc- tavie 320 . . . San Giorgio in Velabro. 321 . . . Arco "Gigiano . . • • 321 . . . Fontaine San Giorgio in Velabro , ou Vancienne Juturne. ■ -323 . . . Cloaca Maffima. . . .322 . . . Are des Orphévres . . 323 . . . Ruines du Grand Cirque. 323 . . . Ruines des Termes de Caracalla 324 . . . Porte San Sebaftiano. . 325 l . . San Sebaftiano aW Cata- combes 32 „ . . Catacombes 32(* . . . Maufolée de Cecilia Metalla, autrement dit, Capo di Bove . . • 327 . . . Traces d''anciennes Laves. 327 . . . Ruines du Temple de Mars 330 . . . San Urbano ; dans fon origine , Temple de Bacchus 33° . . . Ruines des Temples Rediculus ; & Formncs Muliebris 331 . . Fontaine d'Egerie , ou des Mufes . . • • 331 . . . Acqua Santa . • - • 331 (fc) . . San Paolo hors des Murs 33* . . . Maufolée de Ceftius . -333 . . . Monte Teftaciv. . • -334  454 Table . . . Santa Maria in Cofmedin ; anciennement Temple de Ia Pudicité Conjugale 33$'i - . Santa Maria del Sole ; I ancien Temple de Vefta. 3 3$f « . - Santa Maria Egi^iaca : I autrefois Temple de la Mifericorde .... 337! T • . P/ace c? Fontaine de la Bocca della Verita. . 3381 . . . Santa Cecilia . . . .338 - . . Porto di Ripa Grande, \ oü Douane de Mer . 338 | - . . San Francefco d Ripa . 33$ ; (*) . . . Santa Maria in Tranfte- i vere 339I . . . San Chryfogona . . .339 (y • . . San Pietro in Montorio. 340 <*) . . . Fontanadell' Acqua Paola • . . Villa Pamfili, ou Bel- refpiro 3^ . . , Bofco Pariafo : Théatre 1 champêtre , oü l'Académie des Arcades tient fes affemblées . 347 {*) . • . Palais Corfini, allaLun- | gara (*) . . . La Farnefiana. . . . 350 ' - <■ Palais Santa Croce. . . 351 ; ■ ♦ , Place & Fontaine de la Guida, . , , , . 3£2 >: * * • Mverie S52 - . oan Carlo«Catinari. . 352 .  DES PRINClFAUX ArTICXES. 4$$ . . . Veftiges du Thédtre de Pompée 353 . . . Campo di Fiore. . . . 353 . . . Place & Palais de la Chancellerie Apoftoli- que 354 . . . Place Famefe. . . . 354 ;*) . .x . Palais Famefe. . . .354 . . . Palais Spada. . . .361 . . . Palais Falconieri. . .363 r*) . . . San Girolamo della Ca- rita 364 . . . SanGiovanideFiorentini. 365 f*) . . . Pont St, Ange. . . .365 . . , Ruines du Pont Trlom- phal 3^ . . . Moles Adriani, vidgairement appelé Chdteau Saint-Ange. . 1 . , Galerie de communication du Palais du Vatican au Chdteau Saint- Ange 3<%> (*)... Place de St. Pierre du Vatican (*) . . . Portail de Saint-Pierre. 371 (*) . . . Döme; Veftibule. . .372 (*) . , . Intérieur de 1'Eglife. . 374 (*) . . . Baldaquin 375 ... Canfejfton de St. Pitrre. 376 (*) . . . Chaires de St. Pierre. . 376 (*) . . . Maufolées d'Urbain VIII, & de Paul III. . -377 r*) . . . Maufolée d'Alexandre K ■ VIL 381  4$G T a b t 1 . . . Parties fupérieurts ie 1'Eglife. .. . . . . 384; . . . Lanterne du Döme. . . 385 . . . Archiofyedale. . . -385 (*) . . . Palais du Vatican. . . (*) . . . Scala Regia 386I . . . Veftibule i&i Tableaux remarquables qui y font placés 387, (*) . . • Chapelle Sixtine. . . . 3H . . . Chapelle Pauline. . . 3894 . . . Grand Appartement, & Appartement privé du Pape. ..... 389! (*) . . . Galerie, dite la Bible de \ Raphaél. . . . . 389 I (*) . . . Salles dites de Raphaël. 391 £*) . .. . Bibliothèque Vaticane. . 393 • . . . ColleUion d'Antiques des premiers dges du Chrif- tianifme 395 . . . Médaillers 395 (*) . . . Belvedere& Cour des Antiques 397 Galerie des Antiques 399 f . . . Jardin du Belvedère. . 402 . . . Jardin du Vatican. . . 402 (*) . . . Salle des Modèles. . . 403 . . . Arfenal du Vatican. . 405(*) . . Atelier-ou fe fabriquent les Tableaux en Mofaïque, &c 405? Excursions dans les environs de Rome 404 Coy&sM de Rome 4 Tivoli. . . 404 Canal ,  des phincipaux Articles. 457 Canal de VEau-Bleue, ou Acqua Zolfa ••••••••• 2 Tbm&eau de Plautia f ° Villa Adriana Ville de Tivoli , • ..* 411 v ' fcurtine. . . • •- • 411 Ruines du Temple de Nep- ' ' '■ tune 413 (*) . . . Cafcade. . . • • -4*3 . Qrandes & petites Cafcatelles ; V 413 Ruines du Temple de la Toux. • • • • • 415 . . Ruines de la Villa Me- cenate 4T5 . . . Villa Eftenfe 4™ Ville de Paleftrina. . . • • • 4*7 (*) . . . Villa Barberini. . • ■ 4J8 Ville de Frafcati. 41-9 (») . . . Villa Pamfili, ou Belvedère 4X9 («) . . . ——Borghefe. . • .421 C*y. . • Mondragone . .421 . . . Conti—Ludovifi— Falconieri, &c. . . 422 (*) . . . Grotta Ferrata. . . . ^23 . . . Caftel Gandolfo . . .424 . . . Villa Barberini. . . . 424 (*) . . . Canal du Lac d'Albano. 425 Ville.d' Albano 427 (*)... Maufolée Antique, &c. 427 . . . Némi.("Bourg, Chdteau & Lac de...). . . 4=3 Tome IT. V  4j8 Table e>es prïncipaux Articlxs. . . . Genfano, Bourg. . . 42S . . . Riccia, Bourg. . . . 429 Flik de Civita Lavinia. . . . 429 Fille d' Oftia 430 . . . Fiumicino, Bourg. . .431 Fille de Civita Yecchia. . . .431 Spe&ucles d Rome. . . . . . 432 • Fêtes du Carnaval. . . . . -434 Bals 4315 Mufique, Oratorio, Concerts, &c. 436 Affemblèes 437 Cérémonies religieufes 437 Moeurs, Ufages, &c 438 Converfazione 439 Fin de la Table du 2ème Volume. Pages. Lignes. Errata. 4 pénult. liftz & de fon »7 23 hftz Stize. 32 6 liftz conftatant 80 pénult. liftz fon fecond fils 301 4 liftz 1'Arrotino. 105 19 tffactz réi liftz élevée pour 111 12 lifiz les figures font plas iiS 14 liftz la chaire k précher 137 15 liftz fe font 140 0 liftz Rippeta. 143 22 liftz de cet Artifte. 164 3 liftz on a cru de vair placer fa prin» cipale 175 23 liftz Villa Adriani. 203 32-33 tffacez dix-luiit; liftz ce font deux colonnes 212 is liftz Villa Ludovifi. 212 deriaière ejfaetz le renvoi: 1'alinea qui fuit fait partie delanowiadiquéerjarf*}  2iö 1 lifez L'Eglife 21S 9 l~'fiz Ce n'eft 1ue 1,examert 1«» I<" eft défavorable. 229 32 ces plaintes 44* 8 Kfas par 'e Barrochi. 247 24 lifez versran495avaml'èrechrérienne 147 27 lifez que le Téveroime "92 3 /(/éz Carravaggio. 408 Si 'ff*cez foüt'1 ie lanote (.**); elle efl ici mal indiquée : Cette note eft relative au Théatre de Marcellus, pag. 309. J45 "8 placezen alinea, Villa PamfiLI, &c. 368 ï8 effacez Statue; lifez des folives &lames de bronze. fty. ci-devant, pag. 300. 41S 17 !'fez dans les pans duqucl 433 33 ÏÏf'Z un caraétère bien deffiné. 43.8 17 ufez vahicues,pillées; de vaftes Palai*