VOYAG E AMATEUR DES ARTS,   V O Y A G E d' v n AMATEUR DES ARTS, . EnFlANDRE, DANS LES PaYS-BaS, EN Hollande , en Franc e , enSavoye, en Italië, en Suisse, iFait dans les Annêes 1775-76-77-7%} Dans lequel on indique; I ° les êdifices S? les Monumens antiques ê? modemes, dignes d'être recherchés : 2 0 les colleSions de Peinture , de Sculpture, d'Hifloire Nattt■ r-elle ; les Eibliothèques, &c.: avec des jugtmens particuliers fur tous ces objets, motivês d'après le fentiment des connoijfeurs les plus ejlimds: 3 « Une defcription foignie des ValUes de Glacés du Fauffigny, de celles du ennton de Beme, & de diverfes autres Curiofités que préfenre/ii ' les Alpes : 4 e Vltinèraire de quelques Parages peu con- ' nus d travers ces niémes Alpes: 5 » L'état c.Suel des Routes d'une Ville è Vautre ; les Fleuves , Rivières Torrens que Pon dolt traver/er fur pont volant, en bac, chuloupe, cu H gué : 6 0 Les prix courans des Chevaux , Muiets Voitures de ville, Earques, Gondoles; celui des Laquais de louage , des G.uides, des Cicerone & beaucoup d'autres renfeignemens, dont il ejl utile , & mime important d"ltrt inflruit pour voyager le moins difpendieufement è? avec Is plus d'agrémens pofihle. tPar M. de la R* * *, Écuy., ancien Capil, d'Infe- au Service de Trance, &c. TOME TROIS IEME. a a m s t e r da m. M. DCC. LX X XII L   NOUVEAU VOYAGE En Flandre, en Holi/ANDe, en France, en Italië, en Suisse, Fa ix dans les A n JV £ 2 s z775 - 76 - 77 ~78- •fa r- ■====£±^1^==— La route de Rome a Naples(*), eit 1'une des plus fréquentées d'Italie, & cependant la moins bien tenue & la plus défagréable a faire; particulièrement dans toute la dépen- (*) H 'ft '!' toute nêcejjiti de s'afurer avant de part ir de Rome pour Naples, d'un Pajfeport, & vice vcrfd, lors du retour de Naples è Rome. Ces Pajfe■ports doivent étre demanrlès pur V Ambaffadeur, le Rifident, ou le Cotiful de la uation è laquelle on appartient: ils font de rigueur pour l'entrée, & plus encore pour la fortii des itats di Naples. " Tomz IJL a, Avis intc-ï relTant. Rtute Si Home «Naples , par Veletri, & Gacta.  Rtute ii Home « Naples, p ai' Veletri, fi? Gaëta. (*) La première de ces deux petites Villes eft fituée k fept poftes de Rome; la fecönde a treize. L'Auberge de &anf Jgch, eft la meilleure de touta la route; & ce village eft feulement diftaat de quatre poftes de Naples; conféquemment il eft élpigné de quinze poftes de Rome. 2 NoursAu Voyaüt. dance Papale. Cette traverfée eft de dixneuf poftes ou 155 milles: le ineilleur parti, le feul même qu'il faut prendre, eft de fe rendre en une feule traite de 1'une a Pautre de ces deux capitales; Piperno & Molo di Gaëta , font les feuls endroits oü il foit pofflble, a la rigueur, de s'arrêter (*): II eft donc prudent de s'approvifionner de quelques vivres en partant de Rome ou de Naples , & de fe déterminer a marcher de nuit. La campagne que 1'on traverfe en fortant de Rome, jufqu'au Bourg de Marino , eft Pimage du plus trifte défert; 1'ceil eft fatigué de voir un aufli vafte, un auffi beau terrain, prefque inculte & inhabité. MARINO. Ce Bourg eft fitué fur une hauteur qui domine toute cette partie du baffin de Rome; cette vue , eft des plus intéreffante. On voitdans 1'Églife Collégiale (dite) San Barnabas, un fuptrbe Tableau par le Guerchin., repréfentant le Martyre de Sr. Barthélemi: il décore PAutel de la croifée k gauche. On eftime beaucoup auffi un Tableau du Guide, pofé dans la petite Eglift de la Trinitê, repréfentant ce Myftère. On traverfe 1a- montagne d'Albano, entrc  EN ITA Lil. 3 Marino & Fayola; le chemin luit'aftez long-' temps le lac de Caftd-Gandolfo. ■ VELETRT, petite & laide Ville diftante de vingt-quatre milles de Rome. On remarque fur la place une Statue en bronze du Pape Urbain VIII, d'après le Bernini. Le Palais Ginnetti (*), eft fort vafte , il a été trés-beau : abandonné depuis longtemps de fes mattres, il eft aujourd'hui dans tm grand défordre; particulièrement les Jardins & les Figures antiques qui le décoroient: on engage les amateurs a jeter un coup d'oïil fur le grand Efcalier de ce Palais, qui, véritablement eft très-beau. TERRACINA. Quelques milles avant (*) On s'arrête volsntiers a Veletri pour diner, afin de 11e plus faire de paufe jufqu'ct Naples; muis toinme la ftule Auberge de cette Ville eft, exaïïcmcnt déteflable,onfeprécautionne a Rome d'une lettre pour le Conciërge de ce Palais Qc'eft un Prêtre, qui parolt •vivre en part ie de cette refource) : On trouve du moins ici quelques Chambres paffablcment meublêes, ö* uit Cuifmier fupportable. Ce Prétre-Concierge , préfente le mdmoire de fes dibourfis, & indépendamment du. Hnéficc qu'il fait fur les artieles , il eft d'ufage de lui prdfenter encore une gratification , arbitraire il eft vrat, mats qui augmente d'autant la dépenfe. Le plus court & le moins difpendieux feroit (comme nous l'avons ci-devant fait vbfervcr') de s'approviflonner de vivrts avant que de partir de Rome, en quantiti fuffifante pour fe eonduire jufqu'a Naples , & de ne point s'arriter en route , mais fe raffralchir dans fa viiturt. A ij feletrf t "'alazzt jinnetci, l'erraciinr, A.vls Hüie.  4 Nouveau Vo ya « & Marais Pontins, Mol» 4i Gacta. (*) On eftime -que ces marais oecupent un efpace d'ermron huit lieues de longueur , fur a peu prés deux de largeur : ce vafte terrain a été autrefois très-peuplé : On croit qu'il feroit poffible de le rétablir en culture , & 1'eflai que vient de tcnter le Pape régnant, le prouve avec évidence. On attribue l'infalubrité de Rome, &d* tous les lieux qui avoifment ce marais , aux exhalaifons peftilentielks qu'il répaad, dans les gr*u> dss chnkurs. d'arriver a cette petite Ville (la denrière, für cette route de 1'Etat-Eccléfiaftique), le chemin devient meilleur ; il eft en partie pratiqué fur la Via Appia. A fix milles au dela de Terracina environ, on paffe prés d'une Tour appelée Torre de' Confini, qui fépare le royaume de Naples, des terres Papales. On rencontre encore plufieurs autres Tours, conftruites originairement pour la défenfede lacöce, mais qui paroiflent être abandonnées aujourd'hui. Entre Terracina & Torre Nuova, le chemin traverfe plufieurs groflês Sources d'eait fulfureufe , qui répandent aux environs une odeur pénétrante & défagréable. Durant prefque toute cette pofte, le chemin longe les Marais Pontins (*), & le payfage, auffi loin que la vue peut s'étendre, eft monotone , inhabité, trifte & pauvre. MOLA Dl GA ETA. C'eft dans cette petite Ville, qu'eft établi le premier Bureau des Douanes du Roi, & oü les voyageurs efluyent une vifite rigoureufe, s'ils  EN 1 TA LIK. ó n'aiment mieux fe laiffer ranconner de la parr des Commis. Avant d'arriver a Mola di Gaëta, on a traverfe les petites Villes de Fondi & tflftrie & dès-lors la route devient meilleure & la' campagne mieux peuplée , mieux cultivée. On exlge lei la pré*Jfèntation du PaJJeport; il eft rendu ponr étre autorifé a traverfer la forterefle de Capua. De Mola di Gaëta (*) jufqu'a Naples, le pays devient très-agréable , très-vivant, très-beau , particulièrement lorfque 1'on a dépafle le Bourg de CarigHano : On traverfe ici ce petit fleuve dans un bac; ce paffage eft fort court. CAPUA. L'intérieur de cette Forterefle «'annonce ni commerce, ni aifance , ni induftrie. Un vieux Chateau & quelques Fortifications modernes , défendent fes ap~ proches. On traverfe le Vulturne. avant que d'y entrer fur un afl'ez mauvais Pont. On va voir dans l'Eglife Cathédrale deux morceaux de Sculpture, par le Bernini: (*) Les voyageurs qui ne fe trouveront point prefies par les circonftances ou par le temps, doi vent chercher dans la Cathédrale de Gaëta, quelques Tableauxde bons maitTes, & la Cuve Baptifmale, monument antique auffi curieux par fa forme, que pour la beauté du Bas-relief dont il eft orné. On va également voir un peu hors de cette ville, la Chap'Ale(dite)du Crucifix; pclerinage célèbre. La nature offre fci un de ces jeux, auffi rare que pittorefque. A Ui Fondi, d'Iftrie, Cari -1 glisno, Capua.  € NöVf'EAU TrOYAirE Avcrfa. Naples 5? fes tnvirens. (*) Les amateurs des Ruines antiques , fa détournent d'un peu plus d'un mille, pour aller voir prés du Bourg Santa Maria , entre le Vulturne & un ancien Canal, les triftes débris de 1'ancienne Capita. „ L'Amphithéatre devoit être 1'un des plus magnifiques qui eüt cté conftruit daus ces temps reculés; il étoit décoré comme celui de Rome , de plufieurs ordres d'Architecture beaucoup moins vafte , mais d'une diftribution a peu prés femblable." On obferve que fur la clef de chacune des arcades , on y voyoit fculptés le Bufte des Divinités du Paganifme, ornés des attributs qui pouvoient les faire reconnoitre. Le Chateau Royal de Caferte, eft. fitué a ua peu moins de trois milles de la neuve Capua; bous le parcourrons a notre retour de Naples. Naples & fes environs. NAPLES. Aucune Ville enEurope, ne fe développe avec plus de majefté , & plus de magnificence que celle-ci: elle eft fituée au c^eft une Notre-Dame de Pitié, & le Sauveur au Tombeau; cette dernière produetion eft fort eftimée (*). II n'exifte nulle part en Europe une route plus belle, plus agréable, que celle de Capua a Naples : Arrivé a la petite Ville A'Averfa , ce n'eft plus qu'une fuite de Chateaux, de Maifons de Campagne & de Jardins. L'avenue qui conduit au Faubourg San Antonïo , eft d'une largeur & d'une beauté impofante. * *n-f i -i  en Italië. 7 fond d'une rade de plus de vingt-cinq lieues de circonférence, dont 1'oeil embrafie, poür ainfi dire toute 1'étendue a la fois. A droite, eft le très-beau Faubourg de Chiaia , la cóte du Paufilippe , le cap de Misène; a gauche, le Faubourg de Loretto, les belles Maifons de campagne qui s'étendent par de la Portici & le Mont Véfuve : en face, 1'ifle de Caprée, qui femble être placée expres pour borner ici la vue la plus impofante. La plus grande longueur de Naples prife depuis le Pont de la Magdelaine , juiqu'a 1'extrêmité duChraia, eft d'une forte lieue de France : On donne a fon enceinte (fes Faubourgs compris), vingt milles & plus d'étendue. Elle a feize portes qui facilitent la communication avec les dehors: On porte fa population a quatre cent mille ames (*). La Ville eft entourée d'une fimple murailkj flanquée de quelques tours; plufieurs Chateaux & quelques Forts la défendent. Le Chateau de St. Elme domine prefque entièrement la Ville : Une partie des ouvrages modemes font pris & taillés dans le roe: (*) On jouit du plus grand enfemble de cette belle Ville; i 0 du Quay qui cötoye la petite Eglife de la Madonna del Porto k Paulilippo; jö de la terraffö des Chartreux; 3°du Jardindes Camaldules; 40 du Chateau de Portici, &c.. mais ces ftations nous paroiffent ou tropdominantes , ou trop diftantes : Nous préféronsla vue que donne celle prife a un demi-mille en avant dans la rade; il n'eft peut-etre rien au monde de plus beau. A iv Naples.  fifaples, (*) L'Arfcnal de ce fort, eft cité , non comme u;i des plus valles, maïs comme 1'un des mieux tecus & des plus curieux entre les batimens de ce genre. (**) On fait qu'uns Efcadre Angloife , commando par le commodore Martin, s'y préfeiuainoyincmcnt lc 18 aouc 1742.,, Ce commodore, d'une * NövrtJU v~oy age ce pofte eft important; il eft muni d'une nombreufe & belle artillerie. Le Chateau de l'CEuf: fes défenfesferoiem* médiocres, fi elles 11'étoient point appuyées & foutenues par les batteries du Forte Nuo~ vü , conftruit un peu en avant au midi de ce Ch&teau ; mais 1'un & 1'autre font d'une extréme petitefle. La Tour St. Fincent pouvoit en impofer il y a quelques fiècles; elle eft devenue, finon inutile, du moins une bi en foible reffource pour la défenfe du Port: elle fert aujourd'hui de prifon. Caftel Nuovo, eft le plus vafte & le plus confidérable ; mais il étoit poffible d'y établir des batteries plus rafantes, plus meurtrières, & qui eufl'ent rempli plufieurs buts a la fois ; c'eft toujours un pofte fufcepitible de bonne défenfe (*). Torrione delCarmine^ eft un petit fortin trés - avantageufement fitué: il commande a la fois la Place du grand Marché, & un afl'ez vafte efpace de s bord» de la mer; ce feroit un excellent pofte, s"il étoit fbutenu par d'autres intermédiaires: mais quelques médiocres que foient en général les fortifications de Naples, elles ne permettroient point aujourd'hui, 1'infulte qu'eile efluya de nos jours (**).  ln It a l rs. 5 II s'en faut bien quel'intérieur de la Ville •rendeautantque 1'extérieur promet:LaRue de Tolède (*), celle de la Querica, & Strada nuova, font a peu prés les feules qui peuvent être citées. Aucune place remarquable par fon étendue, fa régularité, ou par fa décoration: nul de ces monumens publics qui y attirent les curieux. II y règne d'ailleurs une mal-propreté révoltante, avec tant de m'oyens de ne pas l'êtr'e; car elle eft par-tout pavee (**) & les eaux n'y manquent point. Les terrains vides que 1'on jiation qui s'afiimile en tout aux Romains, & qui fouvent en a la grandeur, 1'injuftice & 1'infolence; rnenaca le roi de bombarder, de réduire ett cendres fa' capitale , s'il n'expédioit fur le champ vin courier pour rappeler fes troupes alors réunies a celles d'Efpagne; nouveau Pompilius, il ne lui donna qu'une heure pour fe déterminer: II fallut obéir." (*) Elle a pres de cinq ceuts toifes de longueur fur un feul alignement: Les niaifons qui la bordent font fouvent élevées de quatre etages : elles font toutes bien baties , & 1'on y compte mêrae plufieurs beaux Hotels. La Strada Qtierica , a prés d'une lieue de longueur; elle eft moins bien batie, moins marchande que la précédente, mais extrê^ mement peuplée. Le quartier de Santa Lucia eft très-beau; le Faubourg de Chiaia, n'a peut-être point fon femblable pour la longueur, la largeur, & la beauté des maifens qui y font élevées. (**) „ Le pavé eft formé de grand es pierres. fort dures & noiratres qui reffemblerit a la laver ■ fortie du Vcfuvc; elles en ont la couleur & lat dureté : cette pierre eft de rnême nature de celles, employees a la VU Appia & a d'autres ouvrages plus anciens encore. A v Naples-»  io Nouveau VoyavtZ Naples: Vlaccs ptvbliques. peutappeller Places, font; i°. celle fur laquelle le Palais du Roi eft fitué ; 2 °. Largo ■ Caftdlo; 3 0 . Largo del Spirito Santo (*); 40. Pia^a dd Carita;g°. Jl Mercato, fur laquelle fe fontlesexécutions(**) ; c'eft auffi fur cette même place que fe donne la Cocagne (***) dans les derniers jours du Carnaval, & a d'autresépoquesparticulières. (*) On peut voir fur cette place, fous un appentis de planches, Ie modèle en platre d'une Statue équeftre de Dom Carlos, ou Charles III, que 1'on fe propofe , dit-on, d'exécuter en bronze, pour étre pofée fur cette Place. (**) „ De toutes celles qui y ont cté faites, la plus célèbre , mais la plus revoltante qu'on puifie lire, eft celle du jeune Conradin , & de Frideric Ducd'Autriche,auxquels Charles d'Anjou fittran-. cher la tête en 1268 : on a bati une petite Chapelle & placé une Croix dans 1'endroit de cette indigne exécution." ( * **.) Nous avons vu quatre de ces Fètes : c'eft: un fpectacle afiëz curieux. On conftruit un gTand échafFaut en charpente; il eft revêtu d'une décoTation arbitraire, mais de manière que 1'on puiffe parvenir au plus haut étage par différentes rampes tenues très-roides. Sa forme ordinaire eft celle d'une montagne que 1'on garnit par compartiment & fymetrie & dans une quantité furprenante de pain, de morue fèche, de viande cuite, fumée ou crue; d'animaux vi vans; comme moutons, agneaux, cochons, dindons, poules, canards, oyes, pigeons, &c. Au fignal qui fe donne jriar 1'ex-» ploiion d'une boite tirée de 1'intérieur du Palais, le Peuple, que les Gardes ceifent de contenir, s'élance & s'approprie tout ce dont il peut s'emparer; tout eft bientöt pillé, mais ce n'sft pas toujours fans accident.  EJV ITALIË. II FoNTAInes. Celle de Medina, placéei a 1'une des extrêmités de la Place appelée! Largo Caftello, eft la moins mauvaife (*) : ■ onen voir une prés de St Jean le Majeur, fur. laquelle eft une petite Statue pédeftre de Ferdinand I: toutes les autres ( & elles font en fort grand nombre ) n'ont d'autre mérite que leur utilité. Aiguilles ou Pyramidts. Rien de plus riche & de plus ridicule que ces monumens; les feuls Napolitains peuvent leur trouves quelque mérite : les connoiffeurs n'y appsrQoivent que des formes bizarres & déplacées. Nous mettons a la tête de toutes, celle élevée fur la place & devant 1'Églife des Jéfuites. Celle placée devant la Cathédrale, eft un peu moins déraifonnable & pyramide mieux. Por.tj.ques, Pavillons, ou Salles, ou les divers ordres de la Noblefie s'aflemblent; font ouverts, & décorcs, du moins plufieurs, avec une certaine magnificence : la plupart font fituées fur quelque place qu'elles dominent de huit a douze marches au-deflus du fol. On ne doit a tout cela qu'un coup d'ceil en paffant. L'Ar.c de triomphe , élevé fur Largo del Caftello, quoiqueconftruiten très-beaux marbres & furcharge de Statues, de Bas- (*),, Trois Satyres foutiennent fur leurs têtes une large conque, fur laquelle eft placé un très-grandNeptune, appuyé fur fon trident, d'oü fortent trois jets d'eau. „ Le grand baffin eft orné de Figures de Tritons Sc de Dauphins qui jettent de 1'eau." A vj Naples: 'ontaines ; 'yramides, 'ortiques , \rc de friomphs,  12 NOU VLA V 7'rQ Y A GE Naples: Thüatres, Palafs du .K.oi. reliëfs & autres ornemens, eft, au total, une bien mauvaife chofe : nous ne Pindiquons ici que , paree que, malgré les défauts dont ce monument fourmüle, on ne laifie point d'en faire un grand cas a Naples. Théatres : Celui de San Carh , tient & communiqué au Palais du Roi. La Salie eft magnifiquement décorée & d'un vafte qui étonne : on y compte fix étages de loges. Elles font extérieurement revtkues de glacés, & lorfque la Salie eft illuminée, cette multiplication de la lumière , produit un effet, dont il eft difficile de rendre la beauté. Le JProcenium (ou avant-fcène) n'a pas toute la noblefle qu'on lui défireroit: Les décorations font ordinairement belles. Le Thé&trc ncuf, fituéprès de la Place de *Tolède, eft moins vafte & moins bien décoró que le précédent.On n'y repréfente come, munément que des Opéra Bouffons accom.,, pagnés de Ballets & de Pantomimes qui font 9, toutes en aftion & fouvent très-bien com.,, pofées; cefpeftacle tientmêmependant Pé0, té, & lorfque le Théatre de Sc. Charles eft .9, fermé. " Théêtre des Florentins: cette dernière Sall e «ft plus petite que la précédente; elle ne comporte que quatre rangs de loges i on y joue des Comédies, de petits Intermèdes, &c. Pa e a i s du Roi. Cet édifice, n'a guèles moins. de quatre cents pieds de face; il eft conftruit d'après les defleins du Cavalier Fontana. L'architeteur en a rendu les efFets avec une vérité qu'on tura peine a fuppolcr faus 1'avoir vue*  en Italië. iy Tofeph San Martino, a imité dans la mêLe Chapelle , les deux précédens ouvrages: on voit de lui un Chrift dans le Tombeau : couvert d'un voile : ce dernier ouvrage ■ne vaut pas le premier , mais il eft fupéfrieur au fecond. .„ La Vicata-IA , eft le Palais de Juftice, :oü s'aflemblent les Tribunaux ordinaires : : c'eft un grand batiment ifolé dont les murs (font très-élevés & très-forts — c'a été la rréfidence des premiers Souverains de Naples. (On monte dans les Salles, par trois efcaliers i aflez beaux. La grande Salie peut contenir, i au dela de deux mille perfonnes. " On compte a Naples plus de quatre cents I Eglifes, Couvens , Hópitaux , Refuges , Oratoires &Chapelles; prefque toutes excef| fivement décorées , & dans lefquelles on conS ferve des Ornemens, des Vafes facrés & aut tres richeifes, dans une quantité &d'un prix 1 a peine concevable ; Naples, a eet égard 11'emporte même fur Rome... En nous ren'f fermant dans les bornes que nous nous fomE mes impofées, nous ne préfenterons ici, que i celles de ces Eglifes, Couvens & Chapelles, (qui réuniffent a la fois le plus d'objets de ( curiofité : en forte que les amateurs (qu'un i plus long féjour que le nótre fur les lieux ( engageroit k une plus ample recherche), trouveront encore après nous de quoi glaner , i & glaner même avec abondance. II Duomo , ou la Cathédrale , dit, San i Genuaro : vaifleau antique fort vafte & rii chement décoré. Luc Giordano a peint ls i plupart des Tableaux placés fur les cötés de Naples;Ptfr '«(VdelaVi* :ariu, il Duom».  iS Nouveau Votaqk Naples : Düomo. (*) C'eft dans cette Chapelle foutcrraine que fe conferve une paitie des Reliqucs de St. Janvier; la Chaiïe qui les renferme, eft d'une grande richeffe. ii la nef, repréfentant les Apótres & les Erangéliftes. Les Fonts Baptipnaux placés dans une Chapelle en entrant a gauche, font formés d'un vafe antique de bafalte, porté fur un focle (moderne) de porphyre : la forme du Vafe eft belle, mais les fculptures qui les décorent font médiocres. „ Sous le maitre-Autel eft pratiquée une Chapelle (*) , dont l'architeéture eft d'une idéé fort belle & fort ftige ; elle eft toute revêtue de marbre blanc : les Bas-reliefs, les ornemens font fort dansle goüt del'antique. On doit chercher derrière 1'Aurel une Figure en marbre, repréfentant un Cardinal a genoux fur un prie-Dieu ; c'eft un trèsbeau morceau bien compofé, & d'une exécution précieufe. La Chapelle de St. Janvier (qu'on appelle auffi le Tréfor) forme une forte de rotonde dans laquelle on a diftribué fept Autels décorés de fort beaux marbres. On y compte vingt-une Scatues de faints en bronze, d'une exécution médiocre, placées dans autant de niches: :e cette compofition eft fort riche, mais elle n'a guères que ce mérite. La coupole eft peinte par Lenfranc; on y remarque de belles parties. Le Tableau oü le Saint Titulaire eft repréfenté fortant de la fournaife , eft de VEfpagnoletto; il a beaucoup .pouffé au noir ,  en Italië. 'S mais e'eft encore un des meilleurs de ce ■maitre. „ Les richefies que 1'on a rsflemblees dans kcette Chapelle & dans la Sacriftie voifine, f font immenfes; le numéraire qu'elies repréïfenteat fe congoit a peine. On conferve lici le plus précieufement dans un Taberinacle fermé par une porte' d'argent, deux ÏAmpoules, ou fioles de verre, qui conttiennent du fang de St. Janvier.... c'efï [avec ce fang que 1'on fait deux fois (*, M'année , ce qu'on appelle a Naples le granc PMiracle." „ ■ • • Le Portail de VEglife de St. Phthppe di fNéry- eft entièrement revêtu de marbre [ fa maffe platt au premier coup d'ceil. L< jplan de 1'intérieur a plus de mérite, le k parties qui le compofent ont plus de rap [ port entr'elles; & forment u» tout de i plus fatisfaifant: la grande Nef, eft for | m^e par de très-belles Colonnes de gram j (dont le füt eft d'un feul jet) d'ordon nance corynthienne ; les bafes & les chapi (*) Le jour de la fête du Saint, & celuio ; 1'on fait niémoire de la tranflation de fes Rel I ques (toujours dans les mois de Mal & de be] tembreV on promène proceffionnellement &av< le plus grand appareil, fa ChafTe & les Ar, poules que 1'on dit renfermer de fon fang -, 1 quel (comme on le fait) doit fe liquéfier a lei approche Tefpeétive. Plus cette liquéfachon s < père avec promptitude , & plus le peuple eit 1 tisfait; & loTfqu'elle tarde trop a s'effeftue ou même qu'clle n'a point lieu , il regarde c incident, comme le prouoftic le plus malheurcv Naples: San Philipp «lécorent cette même Chapelle ; 1'un a poui ilijet le Songe de St. Jofeph ; 1'autre 1'A. Iforarion des Bergers. On admire du tfiêtm Vaples :. Santi Apof:oli.  Naples : Geiu nuovo, Santa Chiara. (*) „ La Sacriftie eft très-riche, la boiferie eft t, ornée de Bas-reliefs bien traités : Le Tableau de „ 1'Autel qui repréfente une Ste. Familie , eft d'A*uibal Ctrruche, & 1'un de fes meilleurs. Si NOVVZAU VOYAQTL ij maitre, dans une Chapelle voifine, un laint | Michel , combattant contre le Diable. 1 Il Gesu Nuovo; Maifon profeile des ci- | devant Jéfuites : cette Eglife eft une des.1 plus belles de Naples. Solimeni a peint | au-deflus de la Porte dans Pintérieur, un grand Tableau fort efiimé, repréfentant Hé- | liodore battu de verges dans le Temple de : Jérufalem : II partage avec Luca Giordano, , les élogés dus aux beaux Plafonds qui en- ■ richifient cette Eglife. D'autres beaux Ta-i bleaux de YEfpagnoletto , de Lenfranc, &c. | ajoutent encore aux beautés locales de cëtl édifice, dont le plan, & beaucoup de par- ■ ties de détail, font infiniment eftimables. ] La Chapelle de St. Tgnace , eft exceffivement ornée ; on y remarquera quelques bonnes Statues; plufieurs Tableaux eftimés de Luca Giordano; & S. Charles priant pour fon peuple, très-bon morceau du Domi- ■ nicain (*). Le Portail n'annonce rien , moins qu'une Eglife, & une Eglife de cette beauté; aulï ! cette fagade étoit-elle dans fon origine, i celle d'un Palais appartenant aux Princes de Salerne , fur Pemplacement duquel eet édifice a été élevé. L'EGLISE-Royale de Ste. Claire eftfituée vis a vis celle-ci. La mafle générale du vaiffeau eft fort antique, mais Pancienne conf-  kn Italië. 23 Jtrucftion eft, pour ainfi dire, totalement ïnafquée par une nouvelle décoration dont la ijpompe & la magnificence n'ont d'exemples iqu'a Naples. On remarquera dans la feconde Chapelle a |auche , une Scarue en marbre de beaucoup tóe mérite, repréfentant faint Francois de ilPaule. )j • On verra avec autant de fatisfaction dans ia Chapelle de la maifon^an Felice, un Sarkophage antique de la plus belle forme & orné ■ lde Bas-reliefs d'une exécution précieufe : ca Itfiorceau eft, dans fon genre > ce que nous livons vu de mieux a Naples. I L'Eglise de l'AJcenfion , fur le Chiaia, Ideilervie par des Religieux Céleftins, eft iltï'une conitruction récente, & également frrès-décorée. On regarde le Tableau du malt:re-Autel, comme un des chef-d'ceuvres de JLuca Giordano; il repréfente St. Michel . ivainqueur du Démon. Du même maitre; Ste. Anne préfentant la I Vierge au Fère Eternel; le Samt-Efprit defisend au milieu d'une Gloire & de beaucoup ] u'Anges. i La Madonna del Parto (*) d Paufüippo: ptïte Eglife de Servites, fituée fur la pro!t )ongation du Paufilippo; les cendres de San■: na^ar y repofent: ces Religieux (dont il fut ■ un des principaux bienfaiteurs), lui ont (*) >? On a des dehors de cette Eglife, une vu« j: 1 délicieufequi-domine fur la mer, fur une partie 1 ,, de Naples, & fur tout le cöté orientgl du golfe, , & la montagne du Véfuve. " Naples : Afïènfione de' Celefti. ni , la Madonna del Parto a Pa» filippo.  Naples r Tombeau dc Virgile, *4 Nou fe au Voyaqe; élevé un Maufolée afrei curieux: Les Sta-J mes d'Apollon & de Minerve, font placéesl aux deux cótés du Sarcophage, fur lequelf s'élève le Bufte du Poëte couronné de lau-| riers ; un Concert de Nymphes, de Satyresl & de Tritons, &c. eft'repréfenté dans un afiez beau Bas-relief pratiqué fur un grand foele qui porte toute cette compofition , entièrement exécutée en marbre ; le refte du mur qu'elle n'occupe point, eft rempli par une Frefque, ou' 1'on a peint le Parnafle , Pégaze, une Renommée , &c. C'ell: plutót 1'idée qu'on applaudit ici , que le j mérite du travail , qui certainement eft] médiocre. On remarquera que les figuresi de Minerve & d'Apollon, font étiquetees Judith & David; „ afin, dit-on,- que la fuperftitieufe ignorancc ne fit pas mutileri „ ce monument, Tombeau de Virgile. On honore de ce titre, une antique bicoque, ütuée a gaucha de Pentrée du Paufilippo, a peu prés a lal hauteur du ceintre de cette fameufe Grotte: Pour y arriver, il faut longer le quay qui borde PÉglife que nnus venons de quitteij & monter la rue qui. ccnduit aux jardins établis fur la croupe de la montagne; ce> monument eft enfermé" dans . une Vigne dont! on fe fait aifément & a peu de frais, ou-i vrir la porte. Ce Tombeau eft de formei carrée; chacun de fes cótés, a environ douze pieds de France, fur un peu plus d'élévation fous voute; il eft percé de trois fenêtres & de la porte par laquelle on y pénè-: trc: on y compte dis-buit petites Niches propra  EN /TALIE. 1$ propres a recevoir autant d'Urnes cinéraires; quelques veftiges de ftucs, indiquent qu'il en a été intérieurement revêtu. Le couronnement n'exifte plus; on monte fur 1 la voute (*)araide d'une échelle , & 1'on rein li rqueun Laurier nain au milieu des brouf- afailles & autres arbuftes parafites qui Pétouffent & 1'empêchent de croitre. Ce Lau- I' rier tire a fa fin Si bientót ne fournira plus aux curieux, le groupe de feuilles que les conducteurs font dans 1'ufage de leur pré- I fenter. J San Martiaal célèbre Convent de Charj treux, fitué au-defibus des fortificatious du i: chateau St. Elme : fa pofition eft délicieu- fe; il n'en eft peut-être aucune en Europe, , qu'on puifiè lui comparer ; elle domine : Naples, fa rade & fes environs, fans que fon élévation lui falie perdre les plus intéiijrefians détails. ;| L'Eglife eft exceffivement ornée, & cette Iprofufion de richefie lui fait perdre le mérite particulier de fa mafie générale , qui , a bien des égards, eft d\ine compofition fage & qui réuffit bien. En entrant les yeux fe portent d'abori fur douze Tableaux de YEfpagnoletto , repréfentant autant de Prophètes, placés aux deux cótés de la nef. (*) On remarque de eet endroit, beaucoup W i mieux qu'en aucun autre, les reftes de 1'ancien en!' *Aqueduc qui portent les eaux du Scrino, a la énè-l eins mirabile deMifène. Peyez ci-après cette deijjj liüière Ruine. « Tomé III. B Naples: Sa* Mariüio.'  Naples: San Maiiino. NOU FE/IV VO YA G E Au-deflus de la grande Porte d'entrée font trois fort beaux Tableaux de Luca Giordano; celui du milieu eft trés-grand; „ on y voitJefus-Chriftmort, la Vierge , la Magdelaine, St. Jean, & St. Bruno profterné qui baife les pieds du Chrift. " La Voute eft une des belles Frefques qui foit fortie des mains de Lenfranc ; le fujet principal eft 1'Afeenfion du Sauveur : ce grand morceau plafonne très-bien & fait le plus grand effet. . _ Le Tableau du maitre-Autel eft du Guiie; c'eüt été fans doute , une magnifique pièce, fi ce grand maitre avoit pu 1'achever: mais dans fon état actuel, c'eftencore une trés-belle chofe; il repréfente 1'Adoration des Bergers. A droite, font deux Tableaux de YLfpagnoletto; 'on voit dans celui le plus prés du chceur , N. S. communiant les Apötres : dans celui qui fuit, le Lavement des pieds. Au cöté oppofé , une Cène que 1'on croiroit d'abord être de Paul Veronefe, & J. Ch. appelant a lui les Apótres; par 1c Maffimo. Plufieurs Chapelles font oinées de Tableaux de ce maitre, & de Solimenl. La Sacriftie eft vafte & également fort ornée. Le plafond eft peint par Luca Giordano , & les connoiiléurs 1'eftimcnt beaucoup : un nombre confidérable d'excellens Tableaux garniflent cette Salie & les deux Galeries qui y communiquent. La Bibliothèque, la Salie du Chapitre, le Réfeftoire, & les deux Pièces qui précédent la Celluie du Prieur, mentent d'fitw Tue^:  Siv Italië: £7 [Dans la première, on remarque un très-bon ■Tableau de Lenfranc ; c'eft la Vierge & fl'Enfant Jefus qui donnent un Livre a St. |Bruno. Dans la feconde , J. Ch. difputant |avec les Docteurs de la loi; beau & grand ITableau du Solimeni. Les Noces de Cana, |par Nicolas Malinconico , ornent la troifièiime ; c'eft un beau morceau entièrement Idans le goüt de Paul Veronefe , dont il iétoit élève. Enfin, dans le nonibre des Tajibleaux choifis qui décorent 1'Appartement de réception du Prieur , le cèlèbre Crucifix kpeint par Micliel-Ange, gravé par plufieurs fmaïtres, & que les jeunes artiftes ne celfent ►point de copier. Nousallons indiquer fommairement quelques Eglifes diftribuées dans 1'intërieur de lila Ville , qui fans étre du premier mérite, peuvent encore être rccherchées. Saint-Paul h Majeur, Eglife de Théajitins, fituée fur la place du petit Marché : de Portique 1'annonce bien. II eft formé de ^Colonnes antiques afl'ez bien reftaurées, que [1'on dit avoir fait partie d'un Temple de fCaftor & de Pollux, fur les ruines duquel Jcette Eglife a été élevée. La Chapelle (dite) |de St. Gaëtan , eft très-richement décorée : Ion remarque dans celle appartenante a la Imaifon de Sta. Agathe , d'aflèz bons morr fceaux de fculpture : Solimeni, a orné cette fEglife de plufieurs de fes Tableaux. Saint-Jean le Majeur; Eglife que 1'on licroit batie fur les débris d'un Temple élevé Jpar Adrien , a Antinoüs : il refte fort peu tde veftiges de ce Temple. On veut recon.B ij Naples: San ?aolo Magrior , San [ïiovani Maggior.  Naples: San Laurenzo , San Giovani Carbonara, ii Carminc. noitve ici dans un Tombeau fort antique , 1 celui de Parthenope : les bons antiquaires, n'en croyent rien. _ , L'Eglise de St. Laurent, defleryie pas des Religieux Francifcains: quelques Figures en bronze eftimées, & plufieurs Tableaux de mérite; nommément les deux placés^ de chaque cóté du Sanctuaire que 1'on allure être du Guide : on voit dans 1'un , St. Laurent diftribuant des aumönes ; dan» 1'autre Ton Martyre, &c. Le Réfeétoire de cette maifon eft d un • vafte furptenant; c'eft une des curiofités de Naples. _ . _ On va voir dans l'Eglise de Saint-Jean Carbonara , le curieux Maufolée du Roi Ladislas ; le deffein de ce monument eft d'un gothique afiez élégant,. & le travail en eft prodigieux ; on ne congoit pas 1* patience & le temps qu'il a du coüter. La Bibliothèque- de cette maifon eft fort eftimée. _ _ , „ Il Carmine : Cette Eglife eft fituee fur la Place du grand Marché. Le maitre-Autel eft d'une richefie extréme , & d'un afl'ez bon goüt; quelques Tableaux fe font remarquer dans plufieurs Chapelles. Les dépouilles terreftres du malheureux Conradin & de Fréderic d'Atjtriche , tous deux décapités par ordre de Charles I, d'Anjou, en 1268, giïïent derrière la Chapelle du Chceur. A quelques pas en avant dans cette place , on remarque une petite Chapelle érigée fur remplacement même oü fe fit cette  tSN Italië. 23 barbare exécution. Les murs intérieurs ont été peints autrefois ; ce qui refte de ce? peintures , ne vaut guères la peine d'être recherché. San Spirito, a Palazzo ; Eglife de Dominicains en face du Palais : La voute du chffiur eft peinte par Luca Giordano; il y a repréfenté le Baptême de Notre-Seigneur. Le Tableau de PAutel du Rofaire eft du même maitre & fort eftimé. Santa Anna de Lombardi. Cette Eglife eft ornée d'un des meilleurs Tableaux de ■ Lenfranc; on y voit la Vierge & PEnfant Tefus qui donnent le Rofaire a St. Dominique ; St. Janvier s'y trouve également placé , & paroit baifet la main du Sauveur : dans le haut & fur le devant, font divers Groupes d'Angcs, &c. LTncoronata. On va voir dans cette Eglife le Couronnement & le Portrait de la célèbre & infortunée Reine Jeanne; deux Tableaux peints par le Giotto, qui décorenl la Chapelle de la Croix. Monte Oliveto. Ce Convent eft d'une étendue furprenante : PEglife eftdeconf"truétion moderne & furchavgée d'ornemens. On y trouve quelques Tableaux de bons maitres. La BibUothèque eft célèbre, mais beaucoup moins que PApoticairerie; ony vend des Pommades & des Parfums fort eftimés,& le Savon de. Naples par excellence , s'y dsbite dans une qualité fort lupérieure. Les Hópitaux font ici (próportionné' ment) dans un plus grand nombre encovc B iij Siples:San ;pirito,San:a Anna , .'Incorona:a , Mon re Oliveto , Hópitaiüf.  J^aples : il Scrraglio, Gefus Vecciiio , Uniyerfité, Capo di Monte. ,56 'N OUÏ'ZAU Vo Y A Gü qu'a Rome, oü ils font fi prodigués & paroiflent étre, au moins auffi riches. \?Aanunnata , eft 1'un des plus confidérables; 1'Eglife eft de la plus grande magnificence, & les batimens trés-valles & très-beaux. Le Mant de la Miféricorde; eft également fort fpacieux &bien bati; tout annonce qu'il eft richement fondé. IL SERRAGLIO ; batiment immenfe , commencé fous le dernier règne & qua 1'on continue d'élever; il réunira (s'il eft jamais exécuté dans fon entier) tous les avantagespoffibles & que demandent un auffi confidérable établiflement. Gesü Vecchio, Collége des ci-devant Jéfuites. C'eft un des plus beaux batimens de Naples... la Cour des Gaffes eft entourée de Portiques a deux étages: L'Eglife eft- fort ornée. " L'Université , fituée fur la Place appe». lée Largo delle Pigne. Ce batimênt, fans êtrè du premier mérite , plait cependant au premier coup d'ceil: une partie des niches de la facade extérieure, font décorées de Figures antiques, parmi lefquelles il en eft de trèsfatisfaifantes ; celles diftribuées dans 1'intérieur, font encore d'un meilleur choix. CapodiMonte : Ce Chateau, commencé fousle dernier règne , ne fera, vraifemblablement point terminé : Sa fituation eft cependant heureufe ; mais Pinfolidité du Terrain, & quelques autres localités, en ont arrêté la continuation: 85 1'éreftion de celui de Caferte , donne moins d'efpérance que jamais, de la voir reprendre : Mais  in Italië. 31 : quel que foit fon état actuel, il n'en eft pas : moins recherché des curieux , pour les col| lections, infiniment précieufes, de Tableaux, I, de Médailles, de Camées, d'Antiques, & i de Livres rares, qui y font dépofés. Toutes ces richeiïes proviennent des célèbres \ Cabinets amaiïés a grands fraïs & avec un |t excellent goüt, par la maifon Farnefe, & li que Don Carlos, tranfporta avec lui , lorf1 qu'il quitta Parme, pour prcndre pofleffion l'-du royaume de Naples. On ne doit point diffimuler que beaucoup t de ces chef-d'ceuvres, ont infiniment foufI fert dans le tranfport de Parme a Naples, i $z plus encore par le peu de foin que 1'on 1 en.a pris d'abord ici : on les a vus longI .temps dans des Salles balles & humides, & dans le défordre le plus deftruétible & 'le j plus aftligeant; enfin aujourd'hui même ils 1 font placés dans des appartemens mal éclairés, humides, & dans la plupart defqueis ' les chaffis des croifées reftent a faire... II eft vrai que toutes ces chofes ne doivent y refter, que jufqu'a ce que le Chateau dt Caferte foit en état de les recevoir. Les Ecoles y lont difpofées pêle-mêle , fans méthode & fans gout; on peut afiurer qu'il ■ n'eft aucun Tableau placé tel qu'il devroit 1'êrre , pour s'offrir avec le plus d'avantages. Entre les mieux confervés, on diftinguera une Ste. Familie par Rapha'iï; on 5 voit 1'Enfant Jefus donner la bénédiction av petit St. Jean : Ce Tableau eft d'une grande beauté. Du mime •■ ie Portrait du Pape Léon X B iv Naples: po di Monce.  Nouveau Voyage "^Japles: CaJpo di Mon- morceau fupérieur & parfaitcment confervé (*). Du Tinano; „ la belle Léda, ou Danaë, Tableau célèbre, copié tant de fois: 1'attitude en eft belle ; elle a un Amour debout a fes pieds & fur la cuiffe une draperie blanche, extrêroement légère & peinte avec une grande vérité; le drap fur lequel elle eft couchée, eft ren du avec la même perfecbion : elle eft d'une fi belle couleur, que fans le fecours d'aucune oppofuion, & prife de tous cótés, elle fait cependant illufion. Les demi-teintes en font fines; les rondeurs, les mollefles & les foupleiïes des chairs y font rendues avec toute la précifion poflible; le caractère de tête en e$ expreffif; peut-être feulement potivoit-il avoir un peu plus de graces." Du même; Vénus & Adonis; très-beau Tableau, mais moins attachant que le précédent. Du même; une Magdelaine, demi-figure de grandeur naturelle : la tête eft fort belle., le refte natte moins. Du Correggio ; une Sainte Familie , du plus agréable cfFet. Du même; Lucrèce fe poignardant: Tableau fupérieur. (*) Les connoiflèurs fe partagent fur I'originalité de ce Tableau , & celui, parfaitcment reffemblant, exiftant dans la Galerie de Florence :' 1'un ou 1'autre , eft cette célèbre copie peinte par Andrea del Sarto , fur laquelle Jules - Iinmain fe trompa lui-même, tam elle eft fupérieuremenc bie» iraitce.  EN /TALIE. 33 Du même; une chafte Suzanne entre les deux Vieillards: délicieux morceau. Du même; deux Concerts : grands mor■ ceaux deftinés a décorer les- pendentifs de la i( coupole d'une Ch,apelle. D'Annibal Carrache; une Bacchante vue I par le dos, a qui un Satyre préfente une i Corbeille de fleurs (*) : „ Tableau capltal. ! Le dos de cette Femme eft deffiné de grande 1 manière & avec la plus grande vérité ; la :'t tête en eft fort belle & jolie : le vermeil des • ebairs en eft de la plus grande beauté ; lts demi-teintes font tendres, fraiches & belles-, - & les mollefles de la chair y font rendues au [ degré le plus parfait. Ce Tableau eft fi bies E confervé qu'il femble prefque fortir de Is : main du Peintre. " Du même; „une Vénus entièrement couc ehée ( figure de grandeur naturelle); elle efi e entourée de nombre d'Enfans, ou petiti i Amour3. Ce Tableau fait peu d'effec ; li E eouleur n'en eft ni fraiche , ni féduifante' I les Enfans font mal groupés, & fans aftior 1 bien fenfible." Du même ; Hercule entre ie ViceSc li 1 Vertu : très-beau Tableau. Du même; Renaud & Armide rles tête: i c ont moins d'exprcïlion que dans le préci- * (*) Ce Tableau, eft larépétition d-'vm.parfaii tement ferablable que nous avons fait obferveK t en parcourant la Galerie de Médieis a Florence Tous deux font reconnus pour originaux^Jk tous s deux d'une grande beauté, & Bt Naples: Ca-, po di Malste. ï f  34 Nouveau Var ace Naples: Gapo di Monte. (*) C'eft la répétidon de cel«i du même maitre que nous avons noié entre la richc collcétion du Palais Pamfili-Doria a Rome ; tous deux fontinconteftablement originaux; mais ce dernier eft d'une bien plus belle confervation dent; il eft auffi moins bien confervé; mais c'eft toujours une très-belle chofe. Du même.; un Chrift mort fur les genoux de fa Mère, &c. fuperbe Tableau , & 1'un des chef-d'ceuvres de ce maitre (*). U'Auguftin Carrache; une Ste. Familie; une Ste. Anne qui montre une Couronne d'épine a la Vierge ; un Bacchus & un Satyre. Ces quatre Tableaux font ceux qui nous ont le plus intéreffés, entre un aflez grand nombre de ce maitre. De Barthêlemi Chidone ; plufieurs trés-. beaux Tableaux : nous citons de préférence, un St. Sébaftien mort couché fur une pierre & vu en raccourci : „ Quelques perfonnes lui ötent les flèches dont il a été tué,. La compofition de ce tableau eft ingénieufe, de grande manière & de peu de figure; la couleur en eft vigoureufe & d'une belle vérité. " Du même; une Sainte Familie: „ On y voit St. Jofeph affis au bout de fon établi dans fon attelier; Ste. Elifabeth tient 1'Enfant Jefus debout fur ce même établi; la Vierge eft a cöté, & St. Jean eft affis plus bas: un Ange paroit avertir St. Jofeph de fuir en Egypte: le haut du tableau eft occupé par une Gloire de petits Anges On eft fin» gulièrement frappé des têtes de PAnge, de  iJf IT A L IE. 33 Ste. Elifabeth & de 1'Enfant Jefus, oü 1'on trouve toutes les graces du Corrège." Moïfe frappant les Eaux du rocher; le même changeant les Eaux de 1'Egypte en fang: deux grands mörceaux de Palmt le vieux, eftimés les meilleurs de ce maitre. De Luca Giordano; le Sauveur allant aa Calvaire: belle compofition, pleine d'harmonie, de feu, & peinte avec fierté. Du même; la Juftice entre 1'Amour & le Temps : fujet bien coneu, & rendu d'une grande manière. Un faint George; de Rubens, Un faint Jean ; du Guide. Rachaël ; par VAlbane. Une Fuite en Egypte ,• par Carlo Marum; très-agréable Tableau. Un Chrift allant au Galvaire; par Alben Drurer: beau Tableau. Un nombre confidérable des Baffans: on diftinguera fans peine de cette multitude, les quatre Saifons; par Jacquts; ce fonr. d'excellens morceaux. Efther devant Afluérus; admirable Tableau , par Léonard del Vinei: fon pendant eft beaucoup moins beau. Quatre grands Tableaux par Ricci; deux, ont pour objet quelque trait de la vie d'Alexandre Farnefe ; les deux autres repréfentent des Batailles: on remarque dans ces derniers une grande chaleur de compofition & des vérités de détail précieux; ce font deux très-beaux morceaux. Deux Batailles par le Brefcian. L'Amour endormi, que plufieurs petits B vj Naples: Gapo di Moate, 0  Jc? NoVFE.AV rOYAGE Naples: Capo di Monte. Enfans veulent éveiller: charmant Tableau, du Parmefan. Du mème ; un Repos en Egypte ; moin? frais , moins piquant que le précédent, mais également précieux , pour la fineiïe du deffein & Pénergie de 1'exécution.. Un petit Tableau repréfentant le Jugernent dernier : on le dit de Michtl-slnge. „ II eft correct, bien terminé & dans Ja manière de ce maitre : on croit qiVil a été peint avant celui de la Chapelle Six-^ tine : " C'eft un très-joli morceau. Un beau Dejfein , de ce même Tableau,, également de Michel-Ange. Plufieurs beaux. Defleins de Raphaël. Plufieurs Cartons de Jules-Romain. Plufieurs belles Chafles, par Pietro Tem-* fefti : on y remarquera des détails le plus heureufement rendus.. Une belle collection de Vues de Ia Ville de Venife , d'un excellent ton de couleuz & rendues avec une grande vérité. Plufieurs fragmens de Peintures antiques» tirés du Palais des Gézars a. Rome i elles font peintes a. frefque; on les conferve dans: des armoires grillées:.ce ne font, pour ainfi dire, que des defleins au crayon rouge j leur antiquité , fait leur plus grand mérite,. On fait voir POffice de la Vierge, écrit fur velin, omé de vignettes > que Julius. Clovius Macedo, élève de Michel-Ange, fit pour le Cardinal Alexandre Farnefe , en 1545. Les ornemens qui entourent les pages, font précieux pour la compofition, le feu & le goüt avec kfquels ils font touchés.  en Italië. 37 Collictiqn d'Antiques. Les fa»vans & les amateurs , trouveront dans une lies Sulles de ce Palais, un nombre confidé;rable de Vafes antiqnes; divers Uftenciles, SAmulettes, Dieux Pénates, & autres rai.retcs de divers genres; la plupart dim bon Ütyle & bien confervés. Une Statue Egyp■itienne de bafaïte , chargée de hiéroglyphes, |ft certainement, une des pièces les plus /curieufes de cette coliection. ( LaCoLLECTION de C a m e E s & de 'Pierres gravées en creux , eft très-précieufe, par fon excellent choix. On remarque |ide préférence une Tête d'Augufte ; une de [Pyrrhus ; une d'Agrippine , & fur-tout une >de Mercure d'une beauté a laquelle on ne ^eonnoit-Cdans ce genre) rien d'égaL La Tazza; morceau, généraiement reeonnu pour unique dans fon efpèce : Cette 'Tajfe célèbre, a huit pouces de diamètre, jifur environ un pouce de profondeur ; elle eft d'une Agate-onix oriëntale de la plus > belle tranfparence. Un fujetallégorique (*), ■eft gravé au-dedans; une Tête de Médufe ïoccupe le deffous. L'exécution en général, :eft d'un mérite médiocre; Ea difficultédu travail vaineue, fait fon principal mérite. „ Cette magnifique Tafle eft fufpen:f.dne dans une efpèce'de Chafle vitrée, de cnianière qu'elle peut être vue des curieux. (*) On croit que cette- Allégorie a pour objet FPtolomce Aulète; elle eft compofée avec intellii gence & les figures grouppent bieu. La. Tête da Mé'dufc eft la mieux ren&ue. Naples: C*f>o di Moa-  Naples: Ca tacombcs de San Ge nerio. (*) Plus connus fous le nom de Cimttiriodï San Gsnnaro, paree que Sc. Janvier y a etc enfeveli. L'Eglife dans laquelle fe trouve la principale entree de ces fouterrains, eft d'une conftruétion fort ancienne, a laquelle on a ajouté, avee profufion des embellifieinens modernes, d'affea bon gout. 38 Nouveau Voyage . fans plus courir les rifques d'être brifée fi elle eüt échappé des mains de ceux qui en 'examinoient le travail." „ La Collection de Médailles , eft également confidérable ; elles font renïermées fous un chaflis de fil de laiton , & enchaflees dans des cercles ajour fur plufieurs régies tournantes, parle moyen defquelles, on voit comme Pon veut, les deux cótés de chaque rangée de Médailles. On 1 connoit peu de Médailler auffi complet en 1 Italië, que celui-ci." La Bibüothèque eft développée, dans plufieurs des Salles du rez de chauffée de cebatiment: elle y eft également placée , provifionnellement, jufqu'a ce qu'ellepuiiïe étre tranfportée au Chateau de Caferte : cette Bibüothèque eft fort eftirnée & mérite d'être vue. Les Catacombes de Naples (*), ont, vraifemblablementla même origine que cellei de Rome : c'a été d'abon.1 des carrières dans lequelles on puifoit la pozzolane & quelques pierres tendres employées a des conftrudtións diverfes; elles fervirent enfuita de Tombeaux a ceux des habitans des Villes voifines, qui ne pouvoient en élever de  en Italië. 3.9 ■plus magnifiques; & enfin de retraite aux •ipremiers Chrétiens, tant que leur cultene •tut point autorifé par les lois : ces derniers «[l'approprièrent au même ufage que les préIcédens. II eft probable qu'ils étendirent Jfucceffivement ces fouterrains ; qu'ils les i décorèrent le plus qu'ils purent & autant que la localité des lieux & le peu d'ai- tfance des premiers fidelles auront pu le perjmettre : Quelques Autels, difpofés dans ; des efpèces de Chapelles qui fubfiftent enfcore, annoncent autant de fimplicité dans les formes, que 1'extrême médiocrité des ;artiftes qu'ils y employèrent. Ces fouterrains ont une étendue fur- rprenante; ils percent la montagne, fouvent i dans plufieurs étages(*) & dansune infinité de fens : On a fagement bouché plufieurs ide ces branches, & d'autres fe trouvent interrompues par des éboulemens arrivés ala jifuitede tremblemens de terre(**). L'entrée (*) „ II faut y marcher avec pTdcaution & ly, fuivre exaftement les guides; il y a des ou.1 vertures dans plufieurs allées, a travers def1 „ quelïes on pourroit tornber d'un étage dans un JL, autre; &ne point économifer les flambeaux. (**) Telle eft la communication qui répondoit a la Santa Maria della Sanita : telle eft celle qui fe rendoit a la Santa Maria del Vita , & Jplufieurs autres iflues, dont la tradicion feule * conferve encore la mcmoire. La pTemièrede ces rideux Eglifes écroula dans le tremblement ■ de 'tterre de 1'au 1688 ; & c'eft a cette époque fa.|;tale, que 1'on rapporte le comblement d'uue partie Naples : C*tacombes de San Getiuario.  40 Nouveau Va ya g e . Naples: Ca tacombes de San Genna de ces valies fouterrains. Cette même Eglife (deffervie par des Dominicains) a été reconftruite depuis-avec moins dégout, que de niagnifken» ce : On voit fous le maitre- Autel qui eft d'une ri— cheffe fingulière, 1'ancienne entrée des Cataeombes. La forme circulaire qu-'on lui a donnée,,apermis la diftribution de plufieurs Autels très©més & qui préfeiitent ici un eafemble affez fatisfaifanr,- ■ principale eft d'abord une rue tirée fort droite _ d'environ vingt pieds de largeur, fur quinze a dix-huit de hauteur : cette rue devient enfuite plus étroite, moins élevée & fort tortueufe, „ & femble avoir été percée au hafard dans la montagne ainfi que diverfes autres rues plus petites & plus ou moins élevées. On y trouve des culs-de-facs, des carrefours; au milieu defquels on a laiflé des piles ou des maffifs, pour empêcher 1'éboulement des terres. Dans la hauteur des murs on appercoit des deux cótés une quantité prodigieufe de cavités percées horizontalement:On en voit quelquefois cinq, fix, & même fept les unes au-deflus des autres. Ces cavités font: toutes affez'grandes pour recevoirun corps humain , mais aucune n'a affez d'étendue pour avoir été la place d'un cercueil ; il paroit qu'on ne les faifoitque fur la grandeur de ceux que 1'on devoit y mettre , tant les mefures font variées:. On y voit auffi des Tombeaux dont plufieurs font revêtus de mofaïques du bas age.'*  .Environs de Naples, cóté du Levant, Atjcune Ville en Euisope ne réunit Wour d'elle autant de chofes intéreffan'l:es;aucune partie du globe n'offre dansle même efpace autant de phénomènes, & des |:ableaux plus pittorefques, plus contraftés. ILe Philofophe, le naturalifte, 1'homme de ;oüt, & 1'Artifte, tcouvent abondamment m de quoi s'occuper, fe plaire & s'inftrui:re : la nature femble y prodiguer fes plus |rares merveilles: elles fe manifeftent, elles iclatent prefque a chaque pas que 1'on fait 'dans cette régión célèbre.. .Tantót 1'ceil fe rpromène fur des coteaux de la plus étontnante , de la plus brillante fertilité ; ailtieurs, des Villes, des Fleuves difparoiffent, & d'énormes torrens de feux qui s'éMancent avec fureur du fein de la terre le! lengloutiffent, les couvrent de leurs cenjldres pour toujours... Plus loin, cette même Herre s'ouvre & vomit une montagne aride iqui prend la place d'une plaine qui, penfdant des fiècles, fut couverte des plus riche! Ivrnoiflons... II réfulte de eet impofant mê|:?lange, un enchainement d'objets tous plu idignes les uns que les autres de notre cuifiofité : Nous allons fucceffivement les parIcourir , en ne nous arrêtant, fuivant notn lifage, que fur ceux qui méritent une par . ticulière attention, Kxcarffttt'i ?ortici , *> MontVéftfre > «»* Ruims i'Hercul*mim , i» Pompéïa,» Stabi»»  4&' Nouveau Voyaoe Chdteau- Royal ie Portici. (*) Ce fleuve, fï peu confidérableaujourd'hui, étoit célèbre dans 1'antiquité : la plus grande maffe de fes eaux a changé de cours depuis 1'éruption de 1'an 79 de 1'ère chrétienne. (**) Ce Ponc n'eft point fans merite : on a cru le bien décorer par deux aflez mauvaifes Fi~ gures en marbre repréfentant faint Janvier &t faint Jean Népomucène : Le gefte du premier , commando impérieufement au Véfuve; c'eft une vraie charge. Le peuple ne penfe pas de méme; & peu s'en faut qu'il n'accorde a cette Figuie k don deï miraclss. On compte apen présJix milles de Naples d Portici : le chemin qui y condtfit eifl très-beau, très-agréable. On paffe le Sebe-l to (*) , au fortir du faubourg de Loretto J fur le Pont de la Magdelaine (**), & 1'orij traverfe enfuite plufieurs beaux Villages I un cöté du chemin ne ceile pour ainfi dirs point d'être bordé de Maifons de plaifance,' de très-beauxJardins; les bords de la nier, bornent 1'autre. Chüteau-Royal de Portici : II eft peu vafte , fa conftruétion eft peu recherchée; mais il eft fitué dans la plus heureufe pofition , & 1'on y jouit d'une vue délicieufe. Le grand chemin de Naples a Salerne, traverfe la Cour, dont la forme eft au moins bizarre : les Jardins fe développen t en terraffes, partie en defcendant vers les bords de la mer, & partie vers la crête de, la montagne ; ils font cultivés avec foin & fort ornés. Les Apparttnuns que le Roi! & la Reine habitent, font meublés avec;  Zn Jtalis. 43 iiutant de goüt que de magnificence, & il y règne la plus grande propreté (*). j On a placé dans une longue & belle fuitè ie Salles de ce Palais, avec autant d'ordre uu'ila été poffible, les dépouilles précieufes liufqu'ici déterrées dans les fcuiHes cVHercü\anum, de Pompéïa, de Stabia, &c... Cette immenfe colleétion eft, fans contredit d'un inérite inappréciable, & certainement uni.me dans le monde. Ce feroit peut-être ici ja place d'en offrir 1'analyfe a nos le&eurs; pous croyons cependant devoir remettre bette intérelfante defcription, après que pons aurons efquifl'é celles duMont-Véfuve, K'Herculanum & de Pompéïa; le premier, devant être regardé comme la fource qui jproduit tant de richefles; & les ruines de ces deux Villes, comme leur premier déput. Le VÉstjve eft une montagne enflamlimée, totalement ifolée de la chaine des Appennins , qui ne celle qu'au détroit qui ifépare 1'Italie de la Sicile. On eftime a dixvhuit cents pieds fon élévation , prife du niiveau de la mer, de laquelle fon axe eft difatant, d'environ quatre milles. Sa forme efl belle d'un cóne dont la bafe a le plus vafte pmpattement. II eft fenfible que cette mon[tagne a été dans fon origine beaucoup plu! [confidérable qu'elle ne 1'eft aujourd'hui; 1: (*) On y pénctre aflez difficilement; ils mérikent cependant d'être vus, non feuleraent pour de très-beaux ornemens & meubles modernes, mais mé. pour plufieurs antiques fort rares & du plus ;Dcau choix. Ment/rgiit in Véfuyc.  44 NOWEAU VQYAQE MontVëfuve. (*) Voycz l'hiftoire du Véfuve par ie père dctti \ lorre ; elle eft jufqu'a préfent, la plus favantc, li I mieux faite, la pluseftimée.ll en aparueni76o ; une traduétion francoife chez Tb. Hérijfant, a Paris, 1 On confultera avec beaucoup de fruit les Lettres i récemment publiéesTiir ce Volcan , par M. le Ghe4 i villier Hamilton ; auxquellcs font jointes des plajn \ ches auffi exaétes que curieufes des divers afpeil! ] du Véfuve. (**) On neconnoit point d'époque ou le foyei '. de ce Volcan ait cefle entièrement fon acuvité j j il vomit fans interruptirm (mais plus ou moinsi i •bondamment), une fumée noire & épaifle : de j temps a autre on voit s'élancer de cette maffe dé | fumce des gerbes de feu , qui, dans la nuit offrent i un trés-fier, un très-impofant fpeclacle : Quan( a celui que donnent les grandes éruptions, on ne peut difconvenir qu'il eft moins majeftucux qut terrible. Somma, dans des fiècles fort antérieurs; en | a néceffairement fait partie, & 1'efpèce del J vallon qui les fépare, a toute la forme d'uajf ancien Crater, dont le foyer s'eft comblé &j i éteint. L'origine de ce Volcan (*) fe perd dans: | la nuit des temps les plus reculés. On voit s par quelques fouilles qui pnt été faites ai % deflbus du fol ^Herculanum, plufieurs coiw i ches de Lavzs, qui, indiquent des éruptiongjj fort antérieures a la fondation de cette Villa} infortunée; & la nature des terres, a pluj[| de quatre lieues a la ronde (**), femble proiv-1 ver une fucceffion non interrompue de Vol4 \ cans qui fe font tour a tour éteints & formés I dans le circuit de cette vafte enceinte.  en Italië. 45 üL'éruption la plus ancienne pour nous, & [|it la mémoire s'eft la mieux confervée, )a été celle de 1'an 79 de 1'ère chrétieni, „ qui couvrit de cendres & de pierres Is Villes dJHerculanum & de Pompéïa , & li étouffa Pline le naturalifte qui s'étoit pancé trop prés de la cóte: " On cite enwe trente-deux éruptions depuis cette première époque , mais infiniment moins conBérables, jufques & compris celle de 1779 , lont tous les papiers publics, ont donné jis détails. I La forme intérieure de ce Volcan ne peut Ire exactement décrite; ou pour mieux dire. s variations que cette méme forme éprou£, ne perrnettent point de lui en a'ffignei ne que 1'on puilïe toujours reconnoitre (*) ! Trois chemins conduifent au Véfuve fl'un eft au nord du cóté de St. Sibaftki ; de la Somma; le fecond eft a 1'occiden i commencé a Réjïna; le troifième fe ditge a 1'orient du cóté d'Ottaïano : Le che tin par Réfina eft le plus fréquente, mai iji eft le plus difficile." Nous avons tem . première de ces routes dans notre pre l'dent voyage d'Italie; & comme nous pu :' [ (*) Les tremblemens de terre qui précédent I c qui accompagnent communément les grandes I iMptions ; „ l'aétion même de la matière en1 ammée qui agit continucllement au-dedans de» I atrailles de cette montagne, en changent fréI cuemment les afpefts. Ainfi les defcriptions qu'ou j d pouna publier en différens tempt, aurout tsjk» nurs le mérite de la nouveauté," MontYéfRve. I 1  Nouveau Vo vage Mom Véfuve , San Sekaftiauo. mes a cette époque confidérer de trés-prés j f 1'entonnoir , & la bouche même du'Vol-ilj can , nous en allons donner une brève def- 'M cription: nous efquiflerons enfuite la route Ijl de Réfina, qui eft celle que nous avons cru||| devoir prendre ce voyage-ci. Le Véfuve n'eut que fort peu d'aétionljl pendant le mois de Décembre 1759 ; falfl tranquillité nous permit de monter jufquesf I fur fon fommet, fans autres rifques que'||j ceux des chutes aflez fréquentes que nousilj occafionnèrent Tapreté du chemin dans del l certaines parties, & le peu de folidité danslnj le refte. On prcnd a San Sebaftiano des guides (*) Lorfqu'on fe propofe (& qu'il yapoffibilité)|il de monter au plus haut du Véfuve, chaquefl' voyageur ne peut pas en prendre moins de II' deux, & un troilième pour portee avec foi [ I ('*) llferoit dangereux de prendre indiftinSemcnt \\ le premier de ces guides, qui, ordinairement s'of*%\ frent en fuule , dès qu'un itranger arrivé ; paree 'f 1 qu'ils ne font point tous également inftruits, égale- \i ment fidelles: il eft prudent de favoir dès Naples , i %\ qui s'adreffer, qui damander. Les banquiers, ou les \ I perfonnes auxquelles on peut étre recommandé, ou II mime les maltres d'Auberges, donnent a eet égard I lts renfeignemtns d'apris lefquels on fe détermine. On k 1 donne communément fix Carlins pour chaque guide 1 j & quatre Carlins par mulet. II faut avant que d$ > j partir, convenir bien clairement duprix , de ce que | Von a intention de voir, 6" jufquoit 1'on veul aller. • > II ejl bon de fe fournir de ftambeaux a Naples ; ils I [ font meilleurs, & è meilleur eompte que dam ets :} Viilages.  EN /TAL IÉ. 47 i'.pprovifionnement de flambeaux néceflai:spour s'éclairer dans le retour; paree que, idinairement, on fait ce voyage de pré■rence 1'après-midi, afin de jouir le foir l| fpeftacle intérefiant des jets de feu , qui 1 manifeftent alors dans tout leur éclat: i feul guide fuffit, quand on ne veut mon|r, qu'a mi-cöte & vers les embouchures j :s Laves. De Naples a San Sebaftiano, le chemin icourt des Vignobles riches, peuplés & iréables; a un peu plus d'un mille au dela fe ce village, & en dirigeant fa marche ver» fud pour tourner la Somma, on traverfe neportion confidérable d'anciennes laves; ; chemin ouvert & frayé ceile, & 1'on ne it plus qu'un fentier pierreux, finueux, j'.nible & fort défagréable : on quitte les ilules a un mille plus haut. De ce derier endroit on commencé a monter fur une inte plus roide & moins folide, paree que fol eft entièrement couvert de plufieurs lifes d'une cendre fèche & aflez fine fur I auelle il eft difficile de fe retenir: Les guis, plus accoutumés a ces fortes de marnes , vous précédent & 1'on fe retient a une jiurroye attachée a leur ceinture. On doit t mpter fur prés de deux heures d'une pa- . Sille fatigue; elle doublé, elle triple en ifficultés, en raifun des finuofités que 1'on : néceffité de faire, fi ( ce qui eft trèssdinaire ) la variété des vents fait rabattre i i divers cótés la fumée qui ne cefie jamais lij fortir du gquiïre avec plus ou moins l'abondance. \ïont Véfutt.  MontVeTu ve,. 4* NoVrsAU ForAGE Arrivé au fommet du Crater, nous » mes furpris de 1'étendue de ce baffin, ques nous eftimames de plus de huit cents toifeé de circonférence; quant a la profondeur a| j partir de cette fommité, jufqu'a la bouchej j proprement dite du gouffre, on ne peut qudj j difficilement 1'eftimer ; non feulement parceji que la fumée 1'intercepte continuellement a 1'ceil; mais encore, paree que les pierJ res élancées du centre du foyer & qui manj j quent de forces pour être jetées dehorslejj baffin, y retombent alors , entourent lej ; gouffre & conféquemment élèvent d'autanf :: 1'entonnoir. II nous a paru que^ cette pro-i fondeur pouvoit avoir quarante a cinquante i toifes. Le terrain y elt très-inégal; on* diftingue de longues & larges crevaffes, a travers defquelles on voit s'échapper dl tourbillons de fumées , & quelquefois dei flammes très-vives. Lorfque l'immobilité du Véfuve le per-< met, on defcend (Telon le rapport de nol guides) jufques fur le bord de 1'entonnoiri nous tentames a deux reprifes cette cuj rieufe defcente, mais la prudence nous 4 fit renoncer ; nous ne nous laifilmes gliflej vers ce fond, qu'un peu plus d'un quarj de fa hauteur; il s'élevoit alors du centre a des intervalles prefque réguliers, des touw billons d'une fumée épaifie & fulfureufe fouvent précédés par un bruit d'abord ati fez fourd , mais qui s'augmentoit a mefurfi qu'il s'élevoit & qui finiffoit par une exj plofion prefque auffi violente, qu'un cod de canon de gros calibre. N.oi  en Italië. 49 Nous profitames du refte,, du jour pour defcendre la partie la plus roi'de de la montagne ; & nous jouimes a cette première paufe du fpeöacle vraiment impofant, de fes élancemens fucceffifs de tourbillons de dammes & de fumée, d'autant plus fenfifoles alors que la nuit ne tarda point a fe former, & que le temps devint fort couvert. ; Nous avions employé un peu plus de Quatre heures pour nous rendre de Saintf Jébaftien au fommet du Véfuve, & nous jinimes un peu moins de trois heures pour J-ejoindre notre voiture. L'éruption qui fe fit au commencement l[è février 1777 , attira de préférence nos >as vers les bouches de la lave, dont la lürection s'étendoit vers 1'Hermitage & le pand chemin de Salerne. Nous primes des ;uides a Portici; ils dirigèrent notre marhe vers le fud - oueft de la montagne : :;tfous quittames les Vignes &les terres culliiivées a environ trois milles, & dès-lors ; ji.ous ne traverfames plus que des mers de ikves & de cendres (fi nous pouvons nous iixprimer ainfi), nous rencontrames cepenI lant au milieu de ces affreux déferts, quelI aies parties déja recouvertes de broufiail.'s. Nous quittames ici nos muiets, & nous ! yan§ames, non fans danger, a travers ; es monceaux de laves fur lefquels on ne : ^arche qu'avec la plus grande difficulté, t nrce que tous ces corps que le hazard a ! itaffés les uns fur les autres, ne préfentent : .'.ie des angles aigus & tranchans, ou des tufaces extrémement raboteufes & irrégut 'i Tome III. G Mom Vcf-b ve.  30 NOVVZAV VoYACt. Mqih Véfuve. lières, fur lefquelles il eft prudent de ne | s'appuyer qu'atftant que 1'on y fent une eer- I taine réfiftance & folidité. Nous parvïnmes 1 ainfi a 1'angle de féparation de la lave; en 1 forte que nous la vimes defcendre de fa i fource & fe partager en deux courans jirès 1 de nous, a notre droite & a notre gauche. | Ce n'eft point un fleuve de feu que nous | vimes couler : la maffe de feu s'avaneoit j d'un pied environ par minute ; les deuxj branches de cette maffe pouvoient avoir I foixante a quatre-vingt pieds de largeuü,| fur a peu prés trois de hauteur : beaucoupl d'autres couvans prenoient leur dire&ionl plus au fud de notre pofition, & formoient dans leur totalité, un embrafement de pres j d'un mille de largeur. * Ges torrens de feux, font formes cc ali- j mentés par de fortes maffes de matièresJ bitumineufes qui fortent du gouffre toutesS enflammées, & qui achèvent de fe confonH mer dans leur courfe; une maffe poufle 1'au-J tre vers la plus grande pente du terrain ,3 & lorfque cette même maffe fe trouve dé-J pouillée de fa combuftibilité, devenue alorsl plus légere, 1'aétion du feu de deffous, & la preffion des corps plus folides qui defcen-j dent, la chaffent en avant ou de droite & de eauche, pour faire place a une autrej maffe qui achève a fon tour de fe confommer de même.... & ainfi de fuite. Ce feu , eft d'une apreté qu'on ne fauroit rendre, & la lave, quoique privée ou fé-J parée du feu, conferve fa cbaleur un temps] confidérable : elle s'exhale vingt-quatre.,j  zn Italië. erente-fix & quarante-huit heures après, a liavers Pentaflement de toutes ces malles, :omme par autant de fbupiraux, & dans un delf é qu'il eft fouvent difficile de foutenir. Pour firriverau point oü nous nous placames pour i'aire nos obfervations, nous fümes forcés de pafier fur uneportion de laves arrivée la de la iurveille, & fa chaleur ctoit encore telle', 'qu'il ne nous fut pas poffible d'y appliquer nos mains; quelque befoin que nous eümes ie nous en aider, pour grimper au-defius rle certains bloes de laves que nous nous pro'ofïons de dominer. Heft bon de faire ufage Ve fouiiers fortement épais; encore, la chaleur fe fait-elle fentir a travers; & Pon doit L'attendre qu'ils ne peuvent faire deux fois e même voyage (*). (*) ,, La lave reffcmble a une terre fort ré, cemment labourée, en grofTes mottes détachées, , les unes fur les autres. L'explication <\u'/ïdif, fon en donne , paroit très-probable. Ces grofj', fes mafTes, dit-il, comme jetées enfemble par il, hazard, font reftces roides, non liquéfiées, & |, flottantes dansla matière fondue, comme de gros j, glacons dans une rivière *, & a méfure que le feu I, &le bouillonnement diminuoient, elles fe font l i ajuftées enfemble autant que leur figure irTégu-, I\\ lière lepermettoit;cequi étoit la tnatière fondue I li étantau fond & hors de la vue. I Une obfervation que nous fimes, relativement llib fmgulier défoTdre danslequel reftent toutes ces ,' naffes, c'a été celle d'y remarquer des portions re; «réfentant, a s'y tromper, de gros & menus cables 'Üilans un degré d'imitation qui étonne; la parfaiteLjkoiideur, le toffe... rien n'eft plus reffcmblant: i kt accident eft fort fouvent répété. C ij MontVtfiïve.  Jtu!nts H ïéïa, de PouzoUs,tkz- en fontpavées : U cüebra vófe Appienne, depuisRome, J^'^'^Sl eft également pavee de laves fcmblabie» tugf .d'ancïens Vokaus. ó2 NOUVEJV VOYAGZ Notre retour fut un peu plus long qu'il ne de voit 1'être paree que nos guides nous ésarèrent quelque temps. Lorfqu'ils dirigent un nouveau fentier a travers des laves récentes, ils placent de diftance a autre & dansles endroits les plus apparens, des morceaux de marbre blanc & d'autres fignaux pour fe reconnoïtre de jour comme de nuit. Nous manquames nos premières traces, & nous ne retombamesau point ou nousayions laifle nos muiets, qu'après un detour d autant plus défagréable, qu'unbrouillard aflez énai« qui fe manifefta avec la nuit, reduifit prefque a tfro, la lumière de nos rlam- Ss ne répéterons point ici 1'hfureux hazard qui a préfidé ala decouverte d HERCULANUM: cette Ville long-temps célèbre , eft enfevelie depuis plus de feize fiecies, fous un maflif de cendres & de pierres,  i.v Italië. 53 ..fur lequel fe font élevés le bourg de Porti|, le Village de Réfina, & d'autres étaibliffemens que la beauté de la fituation, &. i'extrême fertilité du terrain, ont invités :Tétendre & de multiplier. La qualité , ou le genre des matières qui üompofent ce maffif (*), a peu d'analogie uvec la nature des laves actuelles; fans quoi lesfouilles deviendroient prefque impratica|es; on rencontre, il eft vrai, des parties blus fortement liées entr'elles & d'une téna;ité qui néceffite un plus ou moins grand bavail; mais en général, toute cette maffe , ii'eft qu'un compofé de cendres épaiffes & broffières, qu'une humidité intrinfèque & le Japs de temps, ont condenfées, affermies & toagulées dans un degré affez fort, pour leur lonner une certaine confiftance. Les premières fouilles ont heureufement |##) été dirigées furie Thé&tre fitué au nord Me cette ville. A juger par la beauté des Stames, desPeintures & des marbres qui ont été brés de eet édifice, tout y annoncoit la plus jaoble opulence, ainfi qu'un haut degré de i (*) Ce maffif s'eft trouvé avoir plus de foivante pieds d'épaiffeur perpendiculairement fur le ■ entre du thidtre & de beau coup plus dans les tlrties qui defceudent vers les bords de la mer & bus les Jardins de Portici. t (**) Nous difons heureufement; paree que ce fjiemier travail ayant produitles plus bellesStatues ! entre toutes celles qui ont été déterrées depuis) Er découverte piqua d'autant mieux la curiofité, iii, peut-être, ne fe fut point foutenue, fi d'a>:ord, il ne s'étoit rien ofen d'intéreffant. C üj Ruina i'Hercuk- num.  Rei*ts if Hereulanura: Théatre, (*.) Dansle curieux & volumineuxRecueil qui s'imprime par ordre du Roi de tout ce qu'Hercula\ num, Pompéïa, Stabia, Pouzoles. &c. ont produi jufqu'a préfent Dans les obfervations fur lei antiquitês ü'Ilerculanum, &c. par MM. Cochin & Zcllicard; petite brochure in-ia, qui a le menti d'être portative & de réunir tout ce que les enl virons de Naples ont de plus intéreflant: elll fe trouve a Paris chez J ombert, & a Naples, chel Jean Gravier. (*») Ce Théatre, traité felonie coittime grecj i4 NOVVT.AV VOYAGTL perfection dansles artiftes employés a fa dé-1 coration. On trouve par-tout (*) des plans de ce I Théatre, ainfi que de quelques Temples fuc-1 ceffivement découverts; nous ne nous infcrivbns point contre leur véracite: cependant nous obfervons que ce vafte édifice : n'ayant été déblayé que par lam beaux, que?i par parties, & jamais dans une certainel étendue; ce n'eft guères que par eftimationj nue ces mêmes mefures peuvent être don-| qées : la trop grande difficulté du tranfportj des terres hors de la fouille, 1'éloignement d'un lieu,propre a les placer, & le danger) qui réfulteroit, peut-être, de trop éviderj; cette maffe, fait, que dés qu'une portiom quelconque eft jugée fuffifamment recon-, nue , vifitée; on y tranfporte irhmédiatew ment les décombres que produit une nou-i ■veile recherche.... & ainfi de fuite: Aufli la partie de ce même Théatre que Pon peut ■voir encore aujourd'hui, eft-elle différente de celle qui fe trouvoit libre précédemment f **) : II en eft de même des autres édifices  2iv Italië. 55 [lublics & particuliere, que 1'on ne voit que npar lacunes ou portions détachées. 1 Les tranchées qui fe dirigent de droite ;S& de gauche, longent le plan des batimens, :S& Ton pénètre dans ceux dont 1'extérieur prornet le plus: alors on ne 1'abandonne iqu'après la plus exafte vifite & qu'il en a Efcé enlevé, tout ce dont on juge pouvoir tirer quelque parti. Beaucoup de Pièces au rez de chauflee & -nombre de Souterrains de ces batimens, ne "sfe trouvent que médiocrement remplis ds ces cendres, amoncelées ailleurs en un ii proli digieux volume (*); paree qu'un heureux ' hafard en a arrêté le cours, & qu'elles fe [ font affermies & confolidées par la fuite : ; c'eft dans ces dernières fouilles, quefe col[i leAent les morceaux les mieux confervés, & \ par conféquent les plus intéreffans. -1 La vue de ceux de ces édifices ou ba\ t timens ainfi dépouillés des ornemens qu [ leur étoient propres (comme degrés , fiéj i ges 54 chambranles de marbre; mofaïques : , — ■ ' i « ico pieds environ de largeur, fur aoo de pro i t fondeur. L'ouverture de la fcène, ou Profcctiium 11 eft de 8o pieds k peu prés fur 40 de profondeur; h> 1 1 maffif des raurs eft formé de briques; mais il ecoi ï. 1 revêtu intérieurement & extérieurement de tres I 1 beaux marbres; qui en ont été enlevés , ainfiqu i les Statues & les Colonnes dont on a jugé pouvoi j I tirer quelque parti. (*) Toutfe trouve dans celles-ci danslemeil |J- ] leur ordre , & danslc meilleur degré de coufervJ t üon pouibles. . . s C iv Rn'nts PHercuIaimm:T'.ï«atre. :  Jbiitus rf'IIerculalium, le ,Forunj. i j£ NOWZAÜ VOTAGÊ peintures, &c. ); cette vue , difons-nous- I eft, on ne peut pas plus trifte: cepen- I dant on fe promène.dans ces ruines avee I intérêt, & il n'eft, je crois, perfonne qui en I les parcourant, ne regrette de n'en pas |; avoir davantage a examiner. On remarque un ufage général de briques dans tous les batimens; les plus importans ont des revêtiflemens de marbre ; les autre» en ftuc. On rencontre en effet beaucoup de ■débris de Colonnes de ce dernier genre; ce i font celles qui développoient les portiques «uverts qui régnoienr dans les principales jrues , les places ( ou Forum ) , & les approches des Temples & des Palais des plus : i liches habitans. Quant aux colonnes entje» . ji rement de marbre » elles y étoient rares; du moins, jufqu'ici, en a-t'on fort peu découvert : On exalte beaucoup la beauté de celles employees a la décoration au ; Profcmium ; de même que d'autres qui ïbrmoient le Portique d'entrée & la Galerie I: intérieure du Forum , ou Chalcuüque , car I on n'eft point d'accord du genre propre de ce dernier édifice; c'eft dans celui-ci (le plus i j grand édifice qui ait encore été trouvé) qu'é- i j toient placées les deux magnifiques Statues équeftres en marbre (*); celles de Néron & de i:; Germanicus en bronze, & les deux grandes i Frefques ,d'Hercule &°deThéfée, ainfi que . beaucoup d'autres pièces moins importantes j qui toutes fe voyent au Chateau de Portici. ,: (*) Voyez ci-après la defeription fommaire da ;) Cabinet des Antiques aPorcici.  25 N I TA Lil. 07 II exiftoit deux Temples vis a vis du Chalcidique; le plus grand a été reconnu pour être celui cvHercule. Sa forme eft celle d'un carré long; on y pénétroit par deuxportes, toutes deux pratiquées fur le cötéfaifant face au Chalcidique. La voute étoit portée fur descolonnes d'ordonnance corynthienne, lifolées du mur; entre lefquelles étoient placées autant de Statues. Contre le trumeau qui féparoit les deux portes, étoit élevé un vafte Piédeftal qui portoit un Char de triomphe , &c. le tout de bronze (*); & en face , au centre du Sanftuaire , fe voyoit la Statue d'Hercule. Les deux grandes Frefques de Perfée & de Télèphe, & plufieurs autres unoins confidérables, ont été enlevées de ce :Temple; revètu d'ailleurs des plus beaux marbres. ' Le fecond Temple (féparé par une tres. petite rue de celui-ci) , eft beaucoup plus petit; il étoit auffi moins richement décoré; iil a été reconnu pour avoir été élevé a 1'honmeur de Bacchus. On voit fort peu de choifes aujourd'hui de ces deux édifices; ils font id'ailleurs totalement dépouillés de leurs re► vêtiflemens. II ne s'eft déterré jufqu'a préfent, qu'un •petit nombre de Statues entières & reftaui,rables, foit en marbre, foit en bronze; peu ide Bas-reliefs, peu de grands Tableaux ; (*) On voit au Muféum de Portici, un des tChevaux qui ornoient ce char; c'eft lc feul de confifeiYé : il eit parfaitcment beau. C v Ruhier i'Hcrcuraaum , Tem•ites iTHercule £f rf« Baccluis,.  $8 Nouveau Vo r a g e Ruines rf'HercuI»; num. (*) Ces Fragmens naiffent, pour ainli dire , fqüs les pas. II eft naturel d'attribuer a 1'extrême I chaieur des premières cendres, ou plutót a quelJ fort pétit, mais d'une forme tl agréable Sc qui ne manque point de noblefle: | il eft bien confervé, excepté la toiture qui a ; cédé fous le poids qui la preflbit. Les Co-| lonnes employées a fa décoration, font dei briques revêtues de ftuc : Les murs intérieurs A ont le même revêtiflement; mais ils étoient» de plus couverts de peintures a frefque (**),. encadrées dans des bordures de reliëf (***) :: Les petits Tableaux qui reftent, font en-i core très-frais de couleur , & pn les voit| avec plaifir : plufieurs repréfentent des Mai-J fons de campagne, telles qu'elles fe conf- ■ truifoient alors; d'autres des Groupes de; divers Animaux. Les premiers intéreffent 1 le plus, paree qu'ils offrent a nos yeux des i objets d'un genre abfolument neuf pour-{ nous : L'imitation dans les feconds, eft';  ZN llALli. 6j auelquefois heureufement rendue : On fe Kera de préférence fur celle d'un Daim , ilacé en avant d'un bois; il eft correctejlnent deffiné , & touché avec efprit. Onn'a point enlevé 1'Efcalier de marbre |jui monte de la nef au fanétuaire du Temple, non plus que deuxAutels ifolés, éle|és de droite & de gauche, qui précédent ce même .fanctuaire. Toute cette comibofition a quelque chofe qui remue, qui intérene. On fe rend a une autre extrêmite de la kille ( diftante d'un demi-mille environ de |:elle-ci) en traverfant un terrain mis en kilture , & en longeant le penchant de la Inontagne vers Portici. 1 Cette dernière fouille, n'eft pas la moin< jmtéreilante ; elle laifie entièrement a dé!:ouvert un affez long fragment d'une Ru{ inavée de larges pierres de laves, & bordéc de maifons particulières, dans lefquelles or beut entrer pour en examiner Pordonnanc< [| la diftribution économique. A eet égard bn remarque peu de différence ; elles ff ereffemblent prefque toutes : on y voit ui fVeftibule au rez de chauffée, que 1'on cherfchoit a rendre le plus frais poffible ; di ipetits Cabinets fur les ailes; une Coqr, 01 Ln Jardin , au milieu duquel fe trouve un [pièce d'eau. La Cuifine, la Dépenfe , & le Uutres diftributions de ce genre , fe trou [vent prefque par-tout, pratiquées dans le [fouterrains. Un Efcalieren vis ( pour 1 [plupart ) & par-tout fort êtroit, commu [nique d'un étage a 1'autre, Toutes les piè Ruines dt t l t I  Ruines He Pompéïa. €4 Novveav Voyage ces y font petites, & mal éclairées (*XjL même , dans les maifons de plus grandof,;:, apparence. . : On diftingue facilement parmi ces mai-jjf fons, celles qui étoient occupées par des artifans, par des gens de commerce, &c, On ne peut non plus fe méprendre fur 1'in dication d'un Lieu de débauche, dont 1'enfeigne fculptée en reliëf au-deffus de ls porte, eft'd'une énergie fingulière. Arrivé a la Porte de la Ville , on y voit; plufieurs Tombeaux, rangés de droite & dfi gauche; on en remarquera d'une compofition fort limple & qui réuffit bien. A un peu plus d'un quart de mille de cette porte-: ci, en fuivant toujours le rideau de la montagne vers Portici, on a découvert une Malfort de campagne qui n'a pu appartemr qu'a quelque particulier trés-riche; elle eft d'un vafte qui étonne; la diftribution en eft bien entendue, & même recherchée : Quant a la décoration, a juger par ce qui refte,: elle devoit être dans un degré fupérieur : auffi les fouilles faites dans cette feule maifon, ont-elles produit plus de curiofités dans tous les genres, que les deux portions de la Ville déja vifitées. Les Mursj les Voutes & les Terraffesp , ■■' (*) Les anciens qui n'employoient point le verre a 1'ufage devenu fi commun parmi nous ,. fe fervoient de feuilles d'albatre & autres matières tranfparentes , qu'il étoit difficile de tenir d'une 1 certaine grandeur ; ce qui néceffitoit restrème petiteffe de leurs croifées,  en Italië. (rit encore d'une confêrvation auffi fraïche, I li 1'ouvrier venoit de les finïr; la toi||e feule a fuccombé fous le poids des cen;:es & des eaux. tpn a laifie dans plufieurs desPiècesde'cette Ipe maifon quelques Peintures que Pon n'a èint jugé dignes d'être enlevées'pouivile tabinet de Portici; elles ne font pas, il eft rai, d'un mérite fupérieur, mais elles font i a leur place, & elles plaifent beaucoup jus que fi elles étoient vues ailleurs. Ce fat de petites Figures ifolées, placées dan; vi petits cadres, touchées, pour la plupari ■zee facilité, avec efprit ; & d'autant plu: ptérefiantes, qu'elles nous offrent 1'habil•ment & la coeffure de ces temps reculés n y voit auffi, quelques petits Payfage 'plus de terreftres, que de maritimes); diIers Jeux d'enfans; des Animaux groupé f| feuis, & nombre de ces ornemens fan iftiques, qui fe font reproduits depuis, fou li nom A'yJrabefques. Les Caves, qui forment de beaux fou tjrrains, étoient remplies par une quantit lonfidérable de ces fortes de grands Vafe 1 terre cuite, dans lefquels, a cette épo l ue, on renfermoit les vins & autres liqui fes. On y a également trouvé nombre d ranes & d'oflemens humains; triftes reftc .'autant d'infortunés qui, vraifemblable ne'nt auront cru échapper au péril en i iéfugiant fous ces voütes dont ils eftimoiei vee raifon la folidité : d'autres ofiemei I en plus grand nombre encore, ont été n inafics prés, & en-dedans, de la porte c Rufret It Pompei*. v I t 5 S e s 'e t is .e  Ruints Je Stabia £? Ai 1'efti , Mu füum Herculanum , Sculpturcj, 66 Nouveau Vqyaüï. clóture , qu'ils ne pui-ent, ou n'eurent point] | le temps de franchir. Une découverte en amène une autre 1» on a fait quelques recherches dans les Ruinesu, de Stabia, & de Pesti , également enjH velies fous les cendres & les laves... )S fouilles de ces deux dernières Villes ont été. «• interrompues. Nous ne les a vons point vues ^ j, & ce que 1'on nous en a dit fur les lieuxyI n'a point excité notre curiofité. Muséum Herculanum. Onne s'attendu point fans doute a trouver ici une énuméra-)| tion détaillée des raretés que ce Cabinet"j renferme : Quatre ou fix volumes in-folid \ déja publiés ,n'en fontguères connoitre pluiij des deux tiers : d'ailleurs, on ne doit point > diffimuler , que beaucoup de ces chofes ,\\ ( intéreflantes par quelques endroits, & poui j cette raifon confervées & placées dans leut fuite ) , ont fouvent peu de mérite quanti a la penfée , ou 1'exécution. Nous allons I trier i notre ordinaire dans cette imrnenfi I multitude (*) d'objets, ceux fur lefqueli j fe réuniffent le plus d'éloges. La Sculpture étant, jufqu'ici, la parti< ( qui préfente le plus de morceaux d'élite | nous allons parcourir d'abord , ceux qui fixent de préférence 1'ceil des connoifléursj : (* ) Cette exprefïïon ne paroltra point troji |. forte a ceux qui verront cette coileftion avec uu : peu de foin ; elle eft telle, que tous les Cabineti b connus en Europe, ne pourroient former enfem* | ble rien d'aufTi étendu & d'auffi complet : elle 1 mëme 1'avantage d'offrir de3 pièces abfolument unii i quei, & cela , dans plufieurs genre».  en Italië. gJ IL mettons a la tête de tous , .deus: fa\rbts Statues équeftres de marbre de Paios, PSent deux des Arcades eXtemures \ Chalcidique , dom nous avons precedemK£riéj: celle placée fous le veftibule ■Lr cette raifon , paioit euc » léSur è la feconde, qui décore le vefti'üe oppofé , toutes deux néanmoms ont a IVKamême penfée , les mêmes Proinrtions , & femblent être auffi du meme ïfte La première eft érigée a Phonneu! I» Nonius Balbus nis; la feconde k Nonmi •■iSSe C*») ; tous deux fuceeffivemem U *f\On ne reut cenainement en prendre plu , e foin ; elle eft comme enchaffée dans un vi «ïe ^i la met a 1'abri des injures de lair « Xamen, fouventindifcret, de ceruinscuneu Scroyent mal voir, s'Üs ne touchent tout c 'La Sde ce morceau (ou pour mieux dir e ce deux morceaux) ajoute encore a lev ,érite propre : ce font les deux feuls Group Z ce sfnre qui nous foient connus de 1'antiqu mais8 U n'? a que 1'enthouiiafme de la nouvel ' d couvert/, qui ait pu les mettre au-deffus c ' Marc-Aurèle du Capitole, qui en tout, eft ' première Statue équcftre que 1'on «mnrnffl "H Z n'öterien a celle de ^nicy,i\j^ " rens degrés de mérite, dont ondoit fefatisfaii " f**) Celle-ci a été déterrée la dernière ,m; Wrêmement mutilée; la tête, le bras gauche Sarrie de la jambe droite & du pied gauch SS que plufieurs parties du Cheval, ne fe f< Suouvées, &la rcftauration qui en a etc fa daiffe beaucoup a dcfirer. WufiiuiH tlercuUlum, Sculptures. ( : e r s * ;e u la 9 t- e. is ne -» ut ite  Rfuföum Herculanum, Sculp tures. ,, (*) Lorfqu'elle a étctrouvée, cette Infcrip-lf tion y étoit jointe : M. Nonio. M. F. Balbo. Pr.m „ Pro Cos. Hercülanenfes. —Les habitans d'Her- §1 „ culanum ont fait ériger cette Statue i Nonius 1| „ Balbus, fils de Marcus, Procurateur & Pro- Ij „ conful. 68 Nouveau Voyagê Procurateurs & Proconfuls a HerculanumJi „ Nonius Balbus a Pair fort jeune ; il»: a la tête découverte, les cheveux courts;,! la cuiralfe dont il eft armé, n'arrive pointj; tout a fait jufqu'aux hanches ; il a fousil cette cuiraffeune efpèce de chemife, ou del camifole fans manche, qui lui defcend j uCyjs qu'au milieu des cuhTes. Un manteau qu'iljjh porte fur Pépaule & fur le brasgauche, nefli lui laifie découvert que la main dont il tient»; la bride du cheval; cette bride eft fortL courte. Sa main droite eft élevée en 1'ailll a la hauteur de fa tête : Ses bras, une partie/to de fes cuifles & fes jambes font nues, a laste réferve des brodequins qui ne moment guè-wr res au-deffus du cou de pied, fur lequel ils ii font nouéspar deux cordons. Le Cheval eft | au moment de partir ; fon pied gauche eftlji élevé fort haut & les trois autres pofencM; a terre.... fa hauteur eft d'un peu plus dej| cinq pieds fix pouces a prendre depuis la f' croix des épaules, jufqu'a terre; la Statue j|de Balbus fuit la même proportion (*). li „ Cette figure eft de la plus grande beau-|| té; la fimplicité avec laquelle elle eft def-jl finée, ne la rend pas fi frappante ni ii belle|| au premier coup d'ceil, qu'elle parok après p un examen attentif. La tête eft admirable,i  Etf Italië- 6$ fta figure de la plus grande correclion ; liontour en eft pur & fin : Les ajuftemens E t d'une manière fimple & grande. Quoia.: le Cheval foit auffi très-beau, & que fa i : foit pleine de vie & de feu, il eft cepend :t inferieur a la figure de 1'hoinme, & il eft p s maniéré. II eft vrai que cette manière e helle & grande." ; ja defcription que nous venons de donï. du premier Groupe, & 1'éloge qu'il noui I jru mériter, doit être commun avec celui dlBalbuspère (*); tout ce qui eft antique dlis celui-ci, eft également du premier méI'. & traité exactcment du même ton, de Hnême manière que le Groupe précédent, fon remarque fous 1'arcade du milieu de la |tie cintrée de la cour, un Faune antique c imarbre, d'une très-grande beauté : Plui nrs autres Figures accompagnent celle-ci, i sis ne 1'égalent point en mérite, d.li'ceil de 1'amateur n'cchappera pas ur i^s-beau Cheval en bronze, qui ome égallaent le rez de chauflée : c'eft le feu ijl. ait été trouvé de quatre que 1'on croii i Ér été attelés de front a un Char triomld dont on a recueilli quelques fragmen I is les ruines du Temple d'Hercule. „ I -j t de grande taille, nu, les crins rattaché ; 1 le front en manière d'aigrette... Son ai | r*) L'Infcription de cette feconde Figure el 3 file ; M. Nonio. M. F. Balbo. Patri. D. D. i a Vlarcus Nonius Balbus, qui étoit fils de Mar Ui. Muféurfl Herculanum, Sculp' tures. I t 'i  Muféum Herculanum, Sculp tufes. 4 yo N OVV EAU VOYAGE eft vif & léger : c'eft une bien excellente 3 chofe." Les deux efcaliers, & les premières pwl ces des appartemens auxquels ils conduifent Jc font ornés d'un grand nombre de 'Stamern de marbre & de bronze, parmi lefquelle|| il y en a de trés - intéreflantes; .mais la» parties reftaurees dans les premières, fe cjfll tinguent malheureufement trop : elles II fortent point d'une bonne main. li Une des meilleures Statues , eft celle quilt repréfente une Veftale ; elle eft fupérieu-d' rement bien drapée. Une autre que 1'on baptife du nom dip Vicirla , mère de Nonius Balbus, traitéeiZ également de la plus grande manière. IÉ: Un Conful , d'un trés-beau caractère ai tout ce qui eft antique eft d'un travail fieaj; & facile. i: Entre le grand nombre de bronzes (*)*: on diftinguera fans peine, un Mercure C***!1 repréfenté affis, & de grandeur un peu plusjt que la naturelle : c'eft une excellente pièce.)t (*) Beaucoup , malheureufement, ont plus onij moins fouffert de 1'action du feu, ou ployé fnuijl' le poids énorme qui les preffbit : dans la premièrel claffe, on remarque plufieurs fragmens d'une Sta-pjj tue équeftre , dont 1'enfemble devoit ctre fortar éftimable k juger de la tête du Cheval , de lw. jambe & d'une main du Cavalier : feules partie»]!' qui ont été trouvées. (**-) „ Cette Statue peut aller de pair avec| ce que Fantiquité a produit de plus beau. Toutel la figure eft de la plus grande élégance & 1'ex-l: prcffion en eft vraie. C'eft un chef-d'ceuvre. -ff;  en Italië. 7/ Hu Faune, de proportion un peu plus gnde que la naturelle : „ II eft couché fur atmaffif de gazon, le dos appuyé fur un üire a demi vidé. II eft ivre & ouvre avec pine les yeux; on voit dans la pofition. de ffls fes membres 1'appefantiflement de 1'idfie. Ses traits quoiqu'ernbrouillés, ont elites les graces de la jeunefle: Cette Statue, rtfervée comme fi elle fortoit des mains il'ouvrier, eft en tout de la plus grande Huté." jjn autre jeune Faune, également affis; ffire comparable en tout a la précédente ; » eft de la méme proportion (*). Ipeux Lutteurs; trés-belles Figures: leun alitudes fe répondent. (Une Statue eolojfale, que Ton eftime étre jijupiter : La tête, le corps, le bras droit ime partie des cuiffes, ont été applatis pat Hooids des laves; mais les pieds, les jambes les mains font de la' plus favante exécu|n. „ II a beaucoup du caraétère du Faune idque qui tient Bacchus enfant.'' |?lufieurs Nymphes, & quelques Danfeucelles-ci, font de proportion au-defiu! Ila naturelle : & toutes, d'un trés-beat Idèle. : touelques beauxBuftes également de bronl, du plus beau choix; tels que celui .fPlatoa ; celui d'Hercule ; celui d'Alexan- '*) On prétend que dix autres a peu prés ferajfeles ornoient le Théatre; on n'a trouvé que des ;gmeus des autres. Muféum Herculanum, Sculp» tures.  72 Novvéau Vota ge Muféum Herculanum, Mofaïques antique* , Ste. dre & plufieurs autres inconnus, d'un ca«) p ractère & d'un travail achevé. Les Bas-reliefs en marbre, font, jufqu'icij en aflez petit nombre : Celui qui repréfente t une Scène comique, eft fort agréablemen|B?i compofé. Un autre dans lequel on voit „ une Fem- ' me affife qui tourne le dos a une Divinité i & carefle une Colombe; vis a vis de cette: Femme on en remarque une autre plus jeune , debout, appuyée fur fon coude & ayant le menton auffi appuyé fur fa main: le tour de cette figure eft grand, noble & fimple : la tête en eft très-belle ; fon ca- : ra&ère eft plein de candeur; fa draperie eft bien traitée. Leplus eftimable de tous, a pour fujet, pi „un Vieillard faifant des libations fur un Au- |i tel: Au milieu eft une Femme affife & voilée , & derrière elle une autre Femme de % bout. La Tête du Vieillard eft très-belle, [ fa draperie eft largement traitée ; la Femmj k. qui fe tient debout, eft d'une grande élégance & d'une pureté rare de defiein; fe|h draperies font auffi bien rendues. Quelque prévenu que 1'on foit en fayeui ( de cette riche colleétion , on ne peut néan- >, moins s'empêcher d'être frappé d'étonne- » ment a 1'afpeft de 1'immenfité de choai1 qu'elle renferme... Toutes ces Salles font ,: pavées de Mofaïques antiques tirées d'Her-| f; culanum : On a placé celles qui méritoieiu! 3e plus de ménagement dans les dernièrest.. pièces. Le travail de celles-ci, eft peu fu- , périeur aux premières , mais elles offrenij  en Italië. 73 me compofition de defleins qui les rend ms intérefianteS (*) ; on y retrouve le même goüt qui caractérife nombre de moaïques que 1'on voit a Rome, a Tivoli, l Paleftnne , &c. (**) Le Pavé des autres Salles eft au moins luiïï précieux : 1'un eft compofé de pièces le rapport des plus beaux marbres d'Afri[ue &. de Sicile & repréfente des Fleurs .ncadrées dans une bordure d'enroulemens ié trés-bon goüt... II eft difficile de faire melque chofe de plus parfait. Nous paflbns rapidement fur plufieurs Talles répandues dans ces Salles , traitées en ,>f ofaïque; d'autres en marbres de rapport; n marbre vert antique; jaune antique; en sierres de laves accidentées, ou d'un mêiange trés-rare: ces objets frappent d'abord irop, pour qu'ils écbappent a Peei! : prefque .outes font montées fur des pieds modernes. Les Armoires placées autour de la preïiere Salle, renferment tout ce qui s'eft kouvé jufqu'ici d'Inftrumens & d'Üftenciles | C*) » On voit dans une de ces Mofaïques une , Figure qui tient un Tambour de bafque, uns l\ autre qui joue de deuxFlïites k la fois, & une ' troifième tenant des Crotales Des Figure* i a cheval fans étriers & fans feiles, une fimple toile couvrc le cheval, & elle ne tient que par .; un fangle & un poitrail, &c." k (•"') Nous en avons indiqué de femblables e-i 'arcourant les Antiquités de N/mis {Voytz le Ier. 'ol)- Celles de Lyott (même vol). ——PaUf- ftne, tom. II, Sec. i Tornt UI. D Wufétira fjerculaïum , Mo"aïques au;iques, &c«  Hereui ■;nam> fnftrumens,jÜftencilcs. mf Nouveau Voyage a 1'ufage des facrifices : cette coileAion eft 1 des plus curieufe, par la variété, par 1« beauté des formes & la fupériorité du traffl vail : la plupart de ces chofes font de bron- : ze ; il y en a quelques-unes en argent (*> Un petit Autel en bronze omé d'un trés» ioli Bas-relief. Une Chaife pliante, ingénieufement com-.l cofée & d'un travail fort foigné. M De très-beaux Trépieds : celui particulierement qui a pour fupport trois Satyres, eft d'un delïein auffi pur qu'agréable. Un autre dontla cuvette eft portée par des Sphynxr ailés, eft également fatisfaifant pour le faire;l mais moins élégamment compofé quele prell cedent: d'autres encore qui ont du mente.|l On commencé dés cette Salle-ci a par4| courir la nombreufe colleftion de PeintureW antiques. Entre un aflez grand nombre dJJ pétits Tableaux de différens genres, on re-J marqué de prèférence ceux qui reprefentenj féparément les Mufès: Ces Figures ont uri peu moins d'un pied de proportion. F lefl font d'un deffein aflez correft, mais dut caraétère plus froid qu'anime : Le colons ef eft encore très-frais (**). C*0 Fort peu d'entre les Inftrumens, Meublöl & Uftenciles qui étoient en fer, fe font conferl vés, la rouillc a tout confommé; le peu qui 1'on a trouvé eft difformé de mamere, le plut fouvent, a n'y rien reconnoftre. (**) Les anciens n'cmployoient pour peindri que les terres colorées, & les métaux calcint oui fourniffeat feuls des couleurs d'une durée iaW  en Italië. yj ') On a réuni dans les Armoires de la seconde Salle , un mélange de chofes ininiment curieufes, en bronze, en ivoire, 1 os, en terre cuite, &c. la plupart (charme dans leur genre) d'un excellent travail. i On eft auffi étonné de la quantité de riapes que 1'on y voit raflémblés, que de Lvariété des formes fous lefquelles ils pafjiflént; des ornemens plaifans ou bizarjs qui y font ajuftés, & plus encore 1'art prefque toujours fupérieur) de leur exéition. Les uns font de proportion natrelle, & c'eft le plus grand nombre ; les ' tres plus petits. Beaucoup ont pour appui lux cuiffes & deux pieds de lion ou d'autre limal : Quelques-uns ont des ailes: d'aup ont de petits anneaux par lefquels ils luvent être fufpendus , &c. lUne trés-grande quantité de Lampes de fonze & de terre cuite, „ oü 1'imagination fnble s'être épuifée dans les compofitions 1 plus fantafques, les plus Ubidineujes." JlQuelques Inftrumens de Chirurgie , trèsIrjeux par leur forme ; c'eft dommage que les 'lis intérefiansfoient auffi difformés. .Plufieurs Inftrumens d'Agriculture & de Idinage; d'autres deMufique, parmilef- Kple; mais avec lefquelles il leur étoit difficile ■flj'endre en tousmoyens toutela lumière & 1'omïl : ces nuances bien ménagées qui rendent 1* iare telle qu'elle eft, & dans toute fa beauté."... I illeius tous ces Tableaux ont été couverts d'un i nis qui en a ranimé les couleurs fort éteintes, _C faifant reffortir, en quelque facon, celles qui qiient pénétré dans le corps de 1'enduit." D ii Muf* urn Herculanum, Dieui Pénatcs, Amulètes , 6cc.  Muféuiu Hercular urn, diver fés ïLarettis J I quels on en remarque faits avec des os d'une •& Amulètes, & beaucoup f autres pent ,, Statues, auffi curieufes par la P^ ,* par le mérite de 1'execuuon K forment |lt,.ï gaffe principale de * ™%^Jg$b Cette claffe ne fimt point, & on ne le lai|jil:. ^£K&. Buftes » ««*jt< deur & d'autres plus petits : dans les piej|r. S on remarque un Démofthènes , va L, Ere ( que 1'on croit tous deux umques) „i, ffies feconds un Pyrrhus, un Alexandrijn un Ptolomée, &c. Les Üftenciles a Pufege des'Bains. Des Vafes & Fioles de verre. Plufieurs vaiffeaux de bronze de la plu heureufe forme & omes avec goU: . mi e|* tr'autre nous a paru d^^e compofition fu ple & néanmoins fort ingemeufe, un Foyel llacé au centre , fert a entretemr ^haleftte du liquide renfermé dans le refte de fa JU ^Nombre de Poids, de Mefures,_de * lances a un feul & deux Baffin», foimei la üartie dominante de la q-UAJRI\*T SalTe , & ce n'eft point une des mo^ (*S Nombre de Frcfqucs antiques oTnent ëjf ' lement cette feconde Salie & ce es «^f«» ' ,.,.r lir lefquels les connoiftéurs fe fixent géné- dement & auxquels ils accordent le plus I je mérite : mais nous ofons dire ici que leur : ntiquité, fait une grande partie du mérite ' u'on leur attribue, & qu'a bien des égards, : s font au-deflbus de la réputation qu'un llèmier enthoufiafme leur a fait d'abord btenir : mais n'euflent-ils pour eux que 'l j'tir belle confervation, ils feroient toujours j ignes d'éloges, & feizefiècles d'exiftence, 1 >nt aflurément de beaux titres : on ne con1 Dit pas comment ces Peintures ont pu ré1 fter a tant de défaftres. f i ce genre des plus modernes, & 1'on a coutume jt; rire de ceux qui s'y laiffent tromper. ;;' (*) Un de ces Tableaux en mofaïque repréj i^i'te 1'Enlèvement d'Europe; il eft, on ne peuc ïèrcs plus fcmblable de compofition , de pro' Htion & d'exécution a celui que nous avons " ïimarquc entre les Antiques du Palais Barberini i Rome. Foycz vol. II. D iT IVTufL'um Herculatum , Vei»-, tures,  8o Nouveau Voyage Muféum Herculanum , Peinttures. (*) „ C'eft la première fois que le Minotauri „ eft repréfente fous eette forme : les Médaille! „ antiques ne nous en fourniffenc aucun exemplcl Les plus grands morceaux d'hiftoires; i ceux dans lefquels les figures font a peu prèsj ij de grandeur naturelle, attirent néceflaire- i ment le plus d'attention : on met a la tête; j« de tous, Théfée , vainqueur du Minotau- ^ re, &c. Théfée y eft vu en face, il eft t debout, nu,,& de taille gigantefque, relall tivement aux autres figures. Son manteali jeté négligemment fur 1'épaule gauche, rel I paffe fur le bras du même cóté , il tient " fa maflue levée de la main gauche; a 1'un ] des doigts de cette main il y a un anneau.i ^ Trois jeunes Athéniens lui rendent leurs actions de grace; 1'un lui baife une main, ( 1'autre lui prend lebras du cóté de fa maflue, . & le troifième profterné a fes pieds, lui embrafle une jambe. Une jeune Fille fe joint a eux & portant la main fur la maflue dd ! vainqueur, femble lui'témoigner fa reconnoiflance; on croit qu'elle fort du labyrinthe, ainfi qu'une autre perfonne dont on ne découvre qu'une partie de la tête, le furplu! ; étant effacé. Le Minotaure (*) eft renverft j au pied de Théfée fous la figure d'un Hom- | me a tête de Taureau , qui porte une mair li a 1'une de fes cornes; il a 1'eftomac & 1'une | de fes épaules déchirés par les coups qu'il ï a regus La Déefie proteclrice du Héroi , eft affife fur unnuagedans le haut du Tableau ; on la découvre jufqu'a la tête : elli , eft appuyée d'une main fur le nuage, 8 '  Eiv Italië. Si ,:ïent de 1'autre fon are & une fièche; le :óté oü eft ia porte du labyrinthe eft trèsnutilé." ; „ Ce Tableau eft froidement compofé... 'e Théfée eft médiocrement deffiné, fans faiiroir & fans finefle ; la tête feulement en ift aflez belle & d'un bon caractère. Les j'titres Figures ne font pas d'un meilleur i;out de defléin; cependant on peut dire que h manière de ce Tableau eft en général rrande , & le pinceau facile : Au refte 1'ou:?rage eft peu fini, & ne peut être regardé me comme une ébauche avancée." On veut reconnoitre une partie de 1'hifoire de Télèphe dans un Tableau qui fait endant du précédent. „ On y voit Cérès ou 'lore affife vis a vis d'Hercule; elle eft ppuyée fur fon bras droit, & tient un baron de la main gauche : derrière elle eft jn Faune, ou le Dieu Pan, tenant une j'lüte a fept tuyaux d'une main , & portant neCroffede 1'autre: aux deux cótés d'Herple font un Lion & un Aigle : fur fa gaupe, eft un jeune Enfant alaité par une .iche qui le careffe & léve la cuiflè pour ; laifler teter avec plus de facilité. AuJeflus d'Hercule fur fa droite, eft une Dipinité ailée foutenue fur un nuage ; fa tête | couronnée de Lauriers, elle femble renrder avec intérêt eet Enfant & 1'indiquer |i la main droite." , „ Ce Tableau ne paroit être qu'un Calayeu de couleur roufle, dont les draperies »nt a peu prés de même couleur que les (airs y il eft mal deffiné, & marqué peu D v Miifcura Herculanum , Vei** tures-.  Muféum Herculanum, Peiri 'tures. 82 Nouveau Voyaoe de connoiffance des form.es & des détairBt; •d'e la nature: les Têtes font médiocres, 8alJc les Mains mauvaifes; les Pieds ne font pa§yL plus corrects. L'Enfant eft eftropié & écartejL .les cuiflésavec un excés qui n'eft pas danslnL nature; il a les reins beaucoup trop largesj J LaFlore a de grandsyeux .qui ne font nifemJL blables-, ni vis a vis 1'un de 1'autre— ^->wL figure du Faune eft aflez belle, elle a du caracH^ tére. A 1'égard des Animaux ils font malrenaL dus. Ce Tableau paroit être de la même mainti que le précédent (*); il a la même facilité : L la touche hardie, & il eft auffi peu fini. 'SI, Le Centaur•& Chiron qui enfeigne a Achille jt a toucher de la Lyre. Le Centaure eft affiat fur fa croupe, & embraffe le jeune HomJf. me : il fait fonner 1'Inftrument qu'Achilmt. touche en même temps & qui eft pendu AL fon col.... 1'architecture qui .fait le fonMt de ce Tableau eft mauvaife de compofitioi», & d'effet. Les mufcles de 1'eftomac & dem.' bras du Centaure ne font ni juftes, ni Wpilt rendus; les jambes de derrière qu'il a ployéeM,, fous lui, ne font pas dJun beau choix.. .Il La figure d'Achille eft la meilleure; ellfl|: eft mieux enfemble, & le contour en elal affez coulant; elle eft auffi mieux peinte.lt les demi-teintes conduifent moelleufemcnl|i de la lumière a 1'ombre, & elles ont de laf, vérité, quoique dans un ton fort gris." K (*) Ces deux Tableaux ornoïent deux deBl Niches du Temple d'Hercule; ils ont a peu prèjH: fep't pieds-de hauteur , furenviron cinq pieds dat largcur.  en Italië. 83 : Un autre Tableau que 1'on croit reprédi'enter le même fujet, mais dans lequel le •Centaure paroit fous la forme d'un Vieiljjard : Achille ( ou celui qu'on baptife ainfi ) Il tient deux Flütes. Cette compofition eft Llus harmonieufe que la précédente ; le taraétère du deffein eft auffi meilleur ; mais :11e eft moins bien coloriée que la précédente. |j On croit qu'un autre Tableau de la probortion a peu prés de ce dernier, repréfente § Jugement d'Appius-Clodius; il eft comlofé de fept perfonnages ( trois Hommes & fauatre Femmes) ; toutes les Têtes de femmes font coeffées d'un voile qui ne leur puvre pas la nailfance des cbeveux, & elles int deux boucles qui pendent le long-des loues. La figure du Décemvir a les cheveux *.ourts; cependant elle a de pareilles boucles, mais elles font plus courtes.... Ce fableau eft d'une autre manière, mais moins ponne que celle des précédens : Le faire en Ift pefant & froid, & la couleur en eft plus Inauvaife. Le dos qui n'eft couvert d'aucune draperie , eft d'une couleur de brique noilatre jufques dans les lumières ; il eft d'aileurs tout a fait mal deffiné , les hanches ■ont auffi larges que les épaules — les figures' i'ont aucune nobleffe , & fi 1'on y remarque quelques têtes touchées avec un peu ■ Mus de hardieffe, elles n'ont pas de beaux laractères." 1 Deux fujets que 1'on croit appartenir è :jhiftoire d'Hercule : On voit dans 1'un un finfant très-vilain & trés-mal compofé , qui Mént dans fes mains deux Serpens, &c. Dans Muféuni Herculanum , Peintures.  NöVVEAV VoYAGt Muféum Herculanutra, Pein tures. 1'autre, un Enfant luttant contre un Sa-* tyre: compofition froide, mal penfée & de nul effet. Deux autres Tableaux qui font pendant, eü 1'on s'efforce de trouver; dans 1'un 11 la Reconnoiflance d'Orefte par Iphi génie en Tauride; dans 1'autre, Orefte & Pilade que 1'on amène enchainés devant 1'Autel & laf Statue de Diane. Si ces deux fujets foncj effeétivement ceux que le peintre a voulal rendre, il faut convenir, qu'il les a peul favamment, peu intelligiblement traités. I Les Groupes manquent entr'eux d'harmo-j nie; nul feu, nulle vie; de 1'intention, &| c'eft tout. Nous ne jugeons pas mieux d'un autre1 Tableau (également de la moyenne gran-j deur) que 1'on appelle ici, ie Jugement de Paris. Deux Femmes y font vues en face;1 une dJelles tient une draperie de la main' gauche qui intercepte le corps d'une troifième, dont on ne voit que la tête : P&ris , du moins celui qu'on nomme ainfr, eft vu de 1'autre cóté de 1'eau , oü il eft enfoncé jtifqu'a la hauteur des mammelles. Les trois Têtes de Femmes fe ref- \ femblent; elles font d'ailleurs aflez eorrectement deffinées : nous ne difons rien de la compofition; le moins de mal qu'on en puiffe penfer, eft qu'elle eft ridicule, ft 1'on perfifte a vouloir y reconnoitre le Jugement de Paris. Une remarque qui n'échappera pas ; c'eft que les petits Tableaux, font, pour la plupard mieux compofés, mieux coloriés, & touchés  EiV /TALIE. Sj vee plus d'efprit & de goüt que non pas ■s grands. I Nous norons de préférence dans ee genre :ux morceaux faifant pendans : ils repré■tent deux Fétes-, ou Cérémonies Egypennes : dans 1'un & 1'autre , les premières !;ures ont a peu prés un pied de proportion: ■s deux compofitions n'ont guères d'autre jérite que la fingularité du fujet qu'elles Bitent. 'Deux Tableaux également pendans, un ;u plus petits que les précédens. On voit ïins 1'un une Femme entièrement nue fur;ife par un Satyre qui fait effoit pour la onverfer : dans 1'autre une Bacchante è rmi nue couchée, & ne paroiffant oppofer f'une foible réfiftance a un Faune, qui iiune main lui prend la gorge & lui fouM la tête de 1'autre , comme pour la liter fur la bouche. Ces deux morceaux kit compofés avec feu, facilement touché» i coloriés avec vérité. tDeux Tableaux de la même proportion ie les précédens ; ce font encore deux Coupes i Dans 1'un, un Centaure porte en (>upe un Enfant (que 1'on croit être 1'Al iur); il eft au plus grand galop : 1'Enfant i le Jeune homme, eft peu correctement j'ffiné; le Centaure eft le mieux, & fon ^iiivement eft jufte. L'autre eft,, une Bac«ante portee par un Centaure; la Bacchante \ prefque nue, fes cheveux flottent en Kr, & fa draperie qui. voltige au gré du "at, laifiè fon dos a découvert. L'attitude I eft auffi lingulière qu'élégante j elle ne Muféura Herculanum , Peintures.  Muféum Herculatium, Peintures. 86 Nouveau Voyage porte que d'un genou fur la croupe du Cen-| taure , en fe tenant a fes cheveux d'unei main; en même temps, pour le' faire ga-1 lopper, elle lui donne du pied dans lal reins; de 1'autre main elle tient fon tifl afin de 1'aiguillonner davantage. Ce Groupjh qui eft des plus fmgulier, eft plein de feul j d'expreffion, & il eft fupérieurement com*: pofé; la Bacchante eft rendue avec autanf de correction que de fineffe de defiéin; % ï fes draperies ne manquent point de légèreté.'! J Ariane abandonnée: très-joli petit Tsi bleau; elle eft affife fur le bord de la mei au pied d'un rocher, d'oü elle voit fuirl; Vaifleau dans lequel eft Théfée. j Des Groupes de jeunes Danfeufes; dej Danfeufes feules & de caraftère: on remai quera dans plufieurs de ces petits Tablead quelques vérités d'expreffion , & un fam aflez gracieux. Des Enfans, ou Amours feuls; d'autre groupés : beaucoup de ceux-ci, font intéj reffans, en ce qu'ils caraftérifent dans leua jeux, divers arts.& métiers; ce qui donnj occafion de connoïtre nombre d'Outils, dj Meubles & d'Inftrumens en ufage alors. Beaucoup de petits Tableaux d'AnimauJ des diverfes efpèces : .il en eft de bien rendui Nombre de Tableaus de Payfages, & 1 plupart de fort peu de mérite. D'autres d'Architecture; peu de ceux-C font recommandables; non feulement l! compofition de prefque tous ces morceau: eft vicieufe, monotone, & ;du plus mau vais genre; mais encore, paree qu'elle el  Eiv Italië. ?,y fedue froidement, fans principe & fans oüc. Les Tableaux qui repréfentent desFleurs; Ipx qui offrent desFruits, font, communéïent préférables aux précédens. i Nous nous arrêrons; & nous terminerons K examen par quelques réffexions faites kant nous, & que nous tranfcrirons d'aul&t plus volontiers qu'elles s'accordent avec iDtre propre fentiment. „ On remarque en lénéral dans ces Peintures un bon caracIfcr'è de defiein, & aflez fouvent de Pexprefpn. Lésartiftes qui les ont produits, étoient „mfavans dans Part des raccourcis; leur mapre de draper eft fouvent petite , & ils nerchoient peut-être trop, a accufer le nu. is étoient peu avancés dans la couleur loca- , encore moins dans la magie du clairbfcur, qu'ils ont, pour ainfi dire, totaleItènt ignoré. Ils n'avoient aucune notion, \ de la perfpective locale, ni de la perf- pctive aërienne Leur facon de pein- re, eft le plus fouvent par hachures, quelfeefois fondue.... Elle eft aflez grande & | touche facile; mais elle indique plus de fardieife.que de favoir (*)»" (*) II eft furprenant que dans des fiècles oü ; Sculpture avoit été portee a. un fi haut degré ) perfection , la peinture n'eüt pas marché avec -le d'un pas égal; car en fuppofant que ces Tapeaux appartinuent a des peintres médiocres de s temps-la, les principes qu'ils ont fuivis répani.nt beaucoup de doutes fur les talens des maitres i; leurs écoles. Peut-être auffi découvrira-t'on par jufuite des morceaux plus précieux qui renverferone Muféum Herculanum, Peintures.  JZnvïrtrts d( Naples, iSti du ttwchant' cette eonjefture Peut-être auffi que les mof-\ ceaux de fculpture que nous admirons,, ont été amenés de dehois , & que les peintures feules font les productiona des artiftes du pays." I ll 88 'nouveau Vovagz Les environs au couchant de Naples, fic^ font ni moins curieux, ni moins intéref-j.. fans, que ceux oppofes que nous venonsh. de parcourir. Le fpeétacle y eft devenu plus L doux, plus tranquille ; & fi Poeil s'atcnftelq quelquefois fur les ruines des Villes & deij. Edifices célèbres que la mer couvre aujou» d'hui de fes ondes; & fur d'autres que la||t terre a recus dans fon fein; il fe repofe,|. également fur les plusriches, fur les plusj| belles cultures; & par-tout il jou.it des plus||, heureux, des plus agréables afpeéts. ■ Le chemin de Naples a Po^noU eft célèbre , par le pafiage pratiqué a travers 1*1 montagne (qui ferme de ce cóté le baffiiU de Naples), appelée lePAUSiLiPPO. Cek. percé eft unique dans fon efpèce; il a preSP de quatre cents cinquante toifes de lon-J • gueur. II eft probable „ qu'il aura été conv mencé pour en tirer de la pierre & du faj | ble, & continué enfuite pour abréger chemin, qui, antérieurement paffoit par-ih deflus la montagne." J| Une Infcription placée a Pentrée de 1|| Grotte du cóté de Naples , apprend que 1|| vice-Roi Pierre de Tolède , fit élever W voute, redreflèr & élargir ce fmgulier fou^f terrain dans 1'état oü on le voit aujourd'huijm Les deux entrées n'ont guères moins dflte  en Italië. 09 jixante St dix pieds d'élévation; cette élértion diminue enfuite & fe réduit commuiment a quarante pieds : fa largeur eft de]is vingt, jufqu'a trente pieds. ILes deux cents premières toifes de 1'un i de 1'autre cóté , recoivent aflez de luière pour fe conduire avec füreté ; mais les tnèbres gagnent enfuite & 1'on ceflé tout a II d'y voir lorfqu'on eft parvenu au tiert i fa longueur. Cette obfcurité , jointe a ixcefflve pouflière dont on eft incommodé ms ce paflage, le rendent plus curieux, ii'agréable. On a creufé vers Ie milieu une :..fte niche, dans laquelle on a érigé une Jnapelle (*), & percé aplomb un puits dans ^paifleur de la voute, ce qui y répand , 11 peu avant & un peu après, tant foit li de jour. !.„ La pierre de cette Grotte , celle de: atacombes , celle de la Grotte de Cues, &c... eft, dans la majeure partie de li Vliolane durcie; dans le refte, une efpècf : moeüon tendre & d'un blanc jaunatrc mt prefque toutes ces montagnes font for:ées." (*) Cette Chapelle devroit bien fervir de préste pour éclairer ce fouterrain , tant de cire & f fuif fe confomment inutilement dans les Égli- i de Naples!.. II faut efpérer qu'un jour Fitte honorée dans cette Chapelle fera quelque rracle ; alors , le luminaire ne manquera point, Lies voyaeéurs ne couTront plus les rifques de llbuter les*us fur les autres, comme ilarrive affea .équemnient aujourd'hui. Grotte ia Pauülippo.  lac Nouveau Voyage „ La direétion de ce percé eft telle, qui ' vers la fin d'octobre le Soleil couchant lï | claire dans totite fa longueur ; d'oü il fil I qu'elle fait un angle de dix-huit degrés va j le fud avec la ligne de 1'oueft , ou I I foixante-douze degrés avec la ligne du mil I' du cóté du couchant." Au fortir de la Grotte du Paufilippe , o) [ rencontre diverfes Ruines d'afl'ez grands édl I fices, mais qui laiffent tout a deviner 11 n'offrent rien de remarquable (*). En avaneant; a un peu moins de deuj I milles, on arrivé au Lac d'Agnano , q« 1 n'a guères plus de quatre cents toifes èt diamètre. On fe détourne peu de la route pour voi f les Etuves de St. Janvier. : Petit bad * ment (**) dans lequel font pratiquées plu 1  sn Italië. Mrs Chambres ou Cellules , garnies de foquettes fur lefquelles fe couchent ou pèyent les malades. II fort d'une bouche (clofe dans cette petite enceinte, une vajur fulfureufe extrêmement chaude (*) P'une vertu reconnue efficace pour beau(pp de maux ; nomméraent pour les rhumaImes, fciatiques, convulfions de nerfs, &c. Is Etuves font peu fréquentées. L'Höpii ou étoient recus les Pauvres quivenoient pndre ces bains , paroit être abandonné -Itomber en ruine. IA cinquante , ou foixante toifes des Etuis de St. Janvier, eft la Grotte du I|ien ; ainfi nommée de la fréquente ex;lrience qui s'y fait fur eet animal : Elle l creufée au pied de la colline qui borde ! ce cóté le lac d's/gnano : fa profondeui p d'environ neuf a dix pieds, fur un peu ■ us de cinq de largeur , & huit a neui eds de hauteur. On doit (dit-on), au ha: i-d la découverte de 1'extrême malignite ■ la vapeur qui s'élève de terre vers 1« nu-e de cette grotte. .„ Cette exhalaifor ± vifible, quand on baifle la tête au-dehori !l: la grotte pour regarder a fleur de terre !|i la voit alors s'élever a quelques pouce jJi fol dans la forme a peu prés de celle di Jiarbon allumé." (*) „ La chaleur y eft de trente-neuf k quante degTés fur le thermomètre de M. de Riau- h w On y trouve dans des trous par oü fort vapeur, une macièrc faline, jaune , en aiguils, qui eft alumineufe , & par la indique affet : f; nature de cette exhalaifoa." Grotte dn Cliieu.- l l  52 Nouveau Foyage La Solfatare. (*) Le Charlatanifme fe mêle par-tout : aul trefois on faifoit la cérémonie de plonger le Chiel dans le lac au fortir de la Grotte; on prêtoit alorj a fes eaux, la vertu de le faire revenir : 1'aa feul opère aujourd'hui le même effet, & c'eft bieo le plus fur & même le feul remède. Cette vapeur , eft plus huniide que chaude | Un flambeau de cire, poix & fouffre, quelqus bien allumé qn'il foit, quelque vive que foit la flamme, s'y éteint très-promptement, fans pétjH lement, fans bruit, & fans que cette expériencl laiffe de la difficulté pour le rallumer enfuite. On dit fur les lieux ( & plufieurs voyageurl 1'ont répété"), que Charles VIII Roi de France, y fit enfermer un ane des plus robuftel que 1'on püt trouver, qui ne tarda point d'y pé» rir; on ajoute, que Pierre de Tolède , vice-roi de Naples , tenta la même expérience fur deux Crt| minels, qui, malheureufement pour eux., eut lw même réfultat. Un Chien qu'on'y afiujettit couché fur le dos , s'agite, jette des cris douloureuxjÊ & Fait effort pour s'en retirer ; mais eijj' moins de deux roinutes, il y perd le mou-if vement; le doublé ( afiure-t'on ) lui óteroit>f: la vie : mis dehors & expofé a 1'airC*),!*1 le même efpace de temps fuffit pour le faire* parfaitement revenir. LA SOLFAT ARE eft fituée entre NaplJp & Pozzuoli : Cette petite plaine eft vifi-IK blement le crater ou bafiin d'un volcaMt' épuifé & éteint; fa forme eft ovale ; fojM grand diamètre peut avoir environ quinze ui cents pieds. On y pénétré par une gorge a fi.es |f<  EN ITALIË. 93 npite, & le niveau du fol de ce baffin, Kine les terrains voifins d'environ trois ||ts pieds : les collines qui la circonfcrijnt, font peu élevées; la pente qu'elles innent eft roide, peu accefltble, couverte omioli: nolfe, Rui- ?g NoUfEAU rCVAOË brifoiént fuffifamment 1'impétuofité de j* , vaaue pour que les vaiffeaux amarres dan, f ï0portP, n'en fufient point tourmentes & , en ne paroiffant oppofer a cette même va- , eue qu'une moins forte réfiftance, il fem ■ ok quq'on affuroitauMole une plus long| \, durée. Toute cette fabrique eft de pier | L & de briques, liées avec de la Pozzo|fc ^On^onne au Golfe de Pouiipls enviroij: trois milles de largeur, fur un peu mo 4 de deux milles d'enfoncement dans eitaL. rés Autant fes bords étoient jadis oin^ Ïhabitations & d'édifices brillans & fom||£ que 1'on affure être les Ruims de la .JeML. taifondt Ciceron qu'il aPPeloit AcadamL. 16 U^mêmes révolutions qui détruifiret. Pouzzols, ruinèrent également la upei, Ville de Bayes, fimee vers la paine^oc|, dentale du golfe. Les Palais de Marm, r*> La Pozzolane eft une efpcce de graX L i&e fon nom de cette ville, & qui a la p* " pr é d de faire avec de la chauxun ciment d _ '' p us grande dureté, propre a batirdans 1 " £ 1 rgéfifter a toute efpèce d'hurmdite; on " Sanfporte par-tout....Les parties minera les! " ëef & vitrifiées que les Volcans ont mêlee*! ■ " e fobie, fow fans doute k dutew du cune! ?-  ff ff ITJLTS. iSylla, de Cézar, d'Augufte, de Pom:e, d'Antoiné, de Lucullus, de Néron, H Domitien , d'Adrien , &c. font entière(ent difparus, ou ne préfentent plus que :s Ruines informes. l B A Y E S moderne eft aflez peu de chofe, i fon Port paroit des plus défert; il eft tpendant protégé (*) par quelques fortirations, & Pencrage en eft fur ; mais 1'en|e eft pleine d'écueils dirfïciles a franlir , lorfqu'il règne de certairis vents... !l| plus que tout cela , par la nonchalance i la parede des habitans. I Entre les principales Ruines qui avoiient Bayes, on remarque, celles de trois Bjoples antiques que les curieux ne fe difJnfent guères de voir, quoique la manière h ^ pénétrer ne foit pas cependant des plus iréable. Des eaux qui refluent des marais lifins inondent ces Temples a la hauteur 1 deux & quelquefois trois pieds, même jns le tracé que fuivent les guides, qui, aaifemblablement, prennent la meilleure : ute: on eft obligé de faire ufage de maaiers qui fe préfentent en foule, dès qu'ils ; percoivent un étranger : ces hommes forts jrobuftes (toujours prefque a demi nus) jus portent fur leurs épaules a travers lau & des décombres fur lefquels on s'ap- T*) Si toutefois de mauvaifes fottifications luyent protéger un pofte quelconque : celui - ci |i impérieufemenc commandé a. moins de la dev i-portée de canon. Baya : Ruïnes in Temple de Vénus.  Baya: Ruims Au Temfle r.i Vésus. l00 Nouveau Voyagtl rercoit qu'ils marchent avec difftculté. I n'yauroit d'autre moyen pour eviter | défagréable portage , que 1'ufage d une | vière fur laauelle on fe tiendroi affis, g de marcher comme eux; mais ils ne co| noiffent point cette méthode , & la reflouf de les fuivre fur fes pieds, n'eft m la Pj propre, ni la plus fatisfaifante Nous avou| ^ue ces Ruines apprennent fort petl declj fe & qu'il n'y a qu'une ardente ioit de ten "oit , qui peui infpirer 1'envie d'y penetri Le Temple de Fénus, de Dtane,* de Neptune (*) i ™ on ? «V -nJ eord a laquelle de ces Divinites il a pu »PPH Vaat. Son plan intérieur eft circulaire M donne extérieurement un pentagone ofl fur quatre de fes faces de pilaftres, « 1'on préfume être d'ordonnance corynthiB ne : les quatre autres pans, diftnbuent ctl cun une arcade dont le centre eft iiirbaiM eet ordre eft porté fut un foubafiernent j devoit bien faire. L'édilice étoit termine une coupole qui s'eft écroulee. Les marl en ont été enlevés. Cette ruïne ne v affurément pas la peine de s'y faire por car 1'eau 1'entoure de toutes parts. (*) Nous prévenons que les Ruines & Cu fités que nous allons parcourir ne peuvent convenablement vues dans une feule comfe moyen d'un plan de ce curieux terrain (que fe procure a peu de frais a Naples) , on pc difpofer fa marche en coufequence; paree imnorte peu de commencer plutot par un o qTnonPpas par un autre; Pelftnuel efl:de U ïelioins de pas inutilcs qu'il eft Foflible. H  EN /TALIE. 101 (fa nomme ici Chambr.es de Venus, s débris d'un Temple érigé a cette Déeffe, j int il ne fubfifte plus que deux Salles de | oyenne grandeur & quelques Souterrains 3 ii en dépendoient: les débris du Périftyle j 1 Portique, & beaucoup de terres éboulées [j: plus haut, ont tellement exhauffé le Ij 1, que Pon defcend aujourd'hui pour ar~ ., rer dans ces Salles, ce qui, certainement, , ns leur origine, n'avoit point lieu. La smière eft carrée; la feconde avec laquelle 'i e communiqué, èft nn peu plus vafte j f deux de fes angles font arrondis : on 1 narquera au milieu de la voute de cette rnière, une ouverture (*), par laquelle 9 ' is doute, elle recevoit du jour. La Frife . ïfi que les voütes de ces deux pièces, t, ït ornées de Bas-reliefs en ftuc de la plus •| le exécution; mais dont les fujets font \ la dernière obfcénité , principalement i' ïx qui rempliflent les caiffons de la voute rl :1a feconde pièce, que Pon peut regarder s ' [I '*) On voit a travers d'une autre (mais qui t qu'accidentelle & occafionnée par une vafte i/affe qui s'eft faite dans la voute), un troncon i 'acine d'arbre d'une groffeur furprenante, que . aiTure être pétrifié, & des morceaux duquel *. aute-t'on) plufieurs curieux fe font fait faire Tabatières : il eft difficile d'y arriver au< d'hui, mais 1'efpcce de gens qui vous-conduipo font toujours prêts a tout faire pour d© ijgnt : ils s'apprêtent même a détacher des ii s les ornemeus ou bas-Teliefs en ftucs qui : ènt la plupart de ces édifices, lorfqu'on eft : lofé a en donner le prix qu'ils en demandent, E iij Cbamhra èe Vénus.  Chimères 1* "Vénus, Tempte de Mercute. 10& NOVVEAV f^OTAGZ comme le Sanctuaire du Temple, & St vraifemblablement s'efFeftuoient les facra ï ces. Entre le grand nombre de ces Bas t reliëfs on diftingue une Léda ; fon attitud I & celle du Cygne qu'elle carefle, font d'un h naïveté d'une chaleur d'expreffion donfc Tien n'approche; une Femme nue affife de | vant un Priape, a Pafpeét duquelfon mot I vement n'eft point équivoque ; une auti I entre les bras d'un Satyre : C'eft a cóté d [e celui-ci, que fe trouve repréfenté un Gléi diateur dont 1'attitude refiemble parfait* ment a celui de la Villa Borghefe a Rcjb roe , &c. Des Cadres joliment profilés & trés-agréablement ornés, entourent toik ces Bas-reliefs. I Les murs entièfement revêtus de ftua U étoient décorés de Peintures diftribuées p Is forme de panneaux; beaucoup ont été enli b; vées & celles qui reftent font tellement e k facées, qu'on n'en appergoit plus qu'ui k très-légère tracé : Ce n'eft non plus q h difficilement & a Paide de flambeaux (M I] que 1'on peut parcourir les Bas-reliefs do; e nous venons de parler ; feuls objets néa:t; moins qui peuvent y attirer les curieux. ft Le Temple de Mer care , offre une afi 1 belle Ruine ; c'eft la plus inftrudtive < t . c (*) La fumée grafie & épaifle des torches do J on fait ufage, pour déeouvrir & fuivre le defli 1 de ces Bas-reliefs, les a tellement noircis , * fumcs, que plufieurs ne font déja plus vifiblett; d'autres ont été enlevés ou mutilés :. ce font uéar moins chofes a \oir.  'en Italië. 103 tttes: 1'intéjrieur eft encore bien confervé, 5is il ne fubüfte plus rien du Portique , ou dia principale entrée : celle par laquelle on J)énètre maintenant, ainfi que quelques a:res qui y communiquent auffi, font vi£ ement des pièces de dégagement a Pui e particulier des Prêtres, ou relatives Siuelques autres localités qu'on ne devine Ipt. 5i :ette rotonde eft d'un bel efiet; elle eft Ié airée par une ouverture pratiquée au fom^t de la voute , ainfi que le Panthéon ó Jime : II eft vraifemblable qu'elle a été 1 êtue en marbre ;onya laifie quelques libeaux de la corniche : Cette corniche t d'un profil maigre & pen agréable. iLa rotonde , ainfi que la pièce qui la ;j cède , font conftamment inondées d'eniion deux pieds d'eau , très-fale & trèsJarbeufe; mais , arrivé dans le temple, x trouve un vafte monceau de décombresj iji. rend ici le fervice d'une ifie , fur 3al« lille on peut du moins prendre pied, & fl:e fes obfervations plus commodément n ï non pas fur les épaules des porteurs. 'k On voit a un quart de mille environ de k dernier Temple, les ruines très-informes i in autre édifice ; on lui donne divers j ms: lesuns le croyent appartenir a Diam i cifer; d'autres a Hécatc; a Proferpine; ]] Jcptunt... On peut choifir. Dans fon état Hiuel, il refiemble a une vieille Tour dc j 1de gothique , & rien ne peut engager a «voir de plus prés. .ton trouve en avaneant fur le chemin des E iv Bsya : Rfil- nesduTcmple de Vi~ mis,  ?04 N"OVVEAU VoVAüt B*5& : Rstnts du Tomiemi a"Ajrippine; Champs EUfées a Baïes , a la gauche du* j |' petit Port de Baiili, un Monument anti-*l:! que, que Pon affure être le Tombeau ovML furent dépnfées les cendres d'AGRiPPiNE»|ls mère de Néron. II eft difficile de juger du bon ou médiocrwl§ effet qu'a pu faire ce Maufolée dans fon'jj,,, origine : ce qui fubfifte aujourd'hui, pré-«{ fente un berceau de voute peu profond dam (L fon plan ; fa largeur n'a guères plus dcj|. cinq pieds, & fa hauteur ( adtuelle) un petBi, plus de fix ; mais il n'échappera point»! que ce monument eft enterré de plus dem^, la moitié ; que les décombres du portiqu«Hi qui Pannoncoit , & beaucoup de terresMl defcendues de la Colline contre laquelle iH| eft appuyé , ont confidérablement ex-«| hauflë le terrain : ainfi on peut conje&ujlï rer que ce berceau avoit a peu prés douz«|' pieds d'élévation. Oncommuniquoitde Pan-»!, cien fol, dans plufieurs Salles diftribuées ali, droite & a gauche, mais qui font préfen-*|' tement toutes comblées. La voute eft dér*!, corée en caiflbus, dans lefquels font exé« cutés en ftuc, des Bas-reliefs d'une grande j, beauté, dans le goüt (quant a la fabrique »|! de ceux que nous avons remarqués, dans» y, les Chambres de Vénus: Les fujets de ceux  Ejir /talie. t ' S rpple de Sérapis a Pouzzols, d'Hercala\u, de Pompéïa, &c... La plupart de ces u-bres font très-rares & précieux, Sc ils ' aroiflent dans une profufion a laquelle Il ne peut d'abord fe faire. n général Pintérieur eft le mieux penfé , enieux traité: on voit avec peine une dii* riution de cinq étages dans une hauteur 1; médiocre ; il eft vrai, qu'il y en a les d'enterrés, dans lefquels font diftriajps les Cuifines & les Offices: mais c'eft I tache dans le projet; „ C'eft une difKtion mefquine & qui devroit être profTi: dans un Chateau de cette importance." )ïprétend (& cela eft fort vraifemblable) mvan Vaelli, fur les defleins duquel ce ?|is s'exécute, n'a pas été le maitre de ülre fes idéés, & qu'il a été forcé au confflre de fe plier a celles qui lui furent pref:rtes: c'eft un malheur pour un artifte, au. li le reproche s'adrelïe communément. % Onpaye trente-hult poftes de Rome ï ologne, en prenantla route qui fe dir-ge tëNarni, Spaletti, Loretto, Ancona,Rinzï, &c. & Pon évalue la diftance a trok Mts feize milles dTtalie: Le chemin er giéral, eft plus montueux & moins bier esretenu que celui qui traverfe Sienne & örence; mais, dans la belle faifon, HM etpréférable: Les Habitations , les Ville; ypnt plus fréquentes; le pays plus beau. P); varié,& les Auberges meilleures. a-rivé a Ponte-Moh; la route prend t diite ; la campagne qu'elle traverfe lej Route ite Rome a 30-* logne , par Narm , Lo* retto» &c»  u6 Nouveau Voyaoe Civita-Caftellana,Foute Felice, Borghetto , Otricoli. (*) C'eft, affure-t'on, 1'ancienne Ville de Ftf ' lifques, dont Camillus, s'empara 1'an de RoroJ' 359. „ Alexandre VI, y a fait conftruire un Pa „ lais, qui a plutöt l'air d'une Citadelle, que d'onl'ï „ Maifon de Campagne. " 'WÊ (**") Ce nom fe prend dans toute PItalie, ptH' eeux qui font en poffefiion de conduire les voyaH' geurs vers les divers endroits qui entrent dajtt le plan de leurs recherches ; dans le nombre,» a'en trouve quelques-uns de paffablement inftruiÉBf mais beaucoup plus font de francs bavards, dB' des perroquets, qui nuifent fouvent plus qu'ilri n'inftruifent; en ce que leur bavardage int«lt quatre premiers milles, femble un defert, 819' 1'ceil cherehe inutilement a fe repofer fuff quelques parties habitées: onappercoit milliflRuines, & pas un feul Village. CIVITA-CASTELLANA (*), eft h* mière petite Ville que Pon rencontre fur cett# route : elle eft éloignée de Rome , de qujtt tre poftes & demie, & fituée fur une monw' tagne fort roide. Un peu avant d'arriver a Borghettot[ on paffe une feconde fois le Tibre fur al Ponte Felice: on remarque , en remontanW des yeux ce fleuve, les ruines d'un Pomff que 1'on dit avoir été conftruit par AugufteÖ1 tout ce coteau fourmille d'anciens veftigB' de Batimens, auxquels (fur les lieux) V ne manque point de donner de très-grand|i noms. II ne tient pas aux habitans d'OTB.icoLljjque 1'on ne prenne la plus haute idee d|, leur très-petit Bourg. Vingt Cicerone (**) !  E N JïA LIE. uy irurcnt votre voiture, & vous invitent iiir voir des Ruines très-informes, mais ai lefquelles ils prétendent reconnoïtre Kagnifique Théatre, &unchampdeMars li magnifique encore (*). A partir d'O'i#li, tout le pays que 1'on va traverfer, ;ient plus agréable & plus peuplé. IARNI, petite Ville dont les rues font 1, étroites & mal baties : On y remarilideux Fontaines qui ne font pas fans iête, particulièrement celle élevée fur la :te Place que la grande Rue traverfe ; r infée en eft bonne. è fe rend a pied (**) vers 1'extrémité afée de celle par laquelle on arrivé, pour o| les reftes d'un Pont conftruit fous le :a; cVAu^ufte.: C'eft une superbe Ruïne , . «i caractérife bien le génie hardi & 1'ha- ira, trouble & fait fuir les idéés que la méq rappeleroit plus facilement, fi 1'on étoit ui (!) II faut cependant convenir que li OmMa de fait, fuccédé (comme il y a quelqu'apjfjee ) a 1'ancienne Oilriculum, fes titres alors, éieroient quelques confidérations. ((0 Le temps que les Poftillons mettent a at:l|fufnt pour voir cette belle Ruitte, diftante 'u|demi-mille du grand chemin de Narni a *4', & fur lequel on vient reprendre fa voiiCQuand on arrivé de Terni a Narni, lee öiilons propofent de fe détourner pour vous oiiire a ce Pont; mais il eft plus pTudent de eiünt expofer fa voiture daas un chemin qui '«jüriej} awjus que b«tt.. Narni.  r# Nouveau voyagz leté fupérieure des artiftes de ce beau fiê.'f: e : II uniflbit les deux collines, & lf lernin qu'il tracoit, conduifoit a Peroufe|; ne feule des qua ere Arcades qui le comf 3foient fubfifte ; elle a foixante pieds dj .rgeur & prés du doublé de hauteur : CeM-: u milieu avoit, au moins, cent pieds if iamètre. Sa conftru&ion eft intereliant# e font des bloes d'une groüeur furprenanf d'une pierre fort approchant du marbr» ofés fans ciment les uns fur les autres» 'une juftefie de travail qu'on ne peuïB aiïer d'admirer. W- La vallée de Narni, a Terni, eft la pP >elle que 1'on puifle voir en Italië; la Nm érpente au milieu, & les diverfes cultutf mi V font pratiquées , produifent conii. luellement les plus agréables, les plus richt :ableaux. Jf Arrivé a Ter.it i , on prend des Uj ; faux (*) Pour fe rendre * la SUPElül( Cascade delle Marmore; diftante d'i peu plus de quatre milles. Le chemin lonh d'abord le vallon en remonrant la Mrl on le quitte enfuite pour gagner la erfde la montagne a droite. Ici la route ), on traverfe le Clitone, plus anciennedptle CUtumnus. Le très-petit édifice , defflruiné, qui fe voit fur la gauche du chemin , é quelques voyageurs ont pris pour Pancien ffinple érigé au Fleuve Clitumnus, lui elt bh poftérieur : c'eft une Chapelle abandonüj, conftruite véritablement des débris de cd mens plus anciens : cette ruine ne vaut jun coup d'ceil. i j»n ne peut guères voir une plus agréa3lpofition que celle de FOLIGNO; on r'rive de Levene, par la plus belle cam>a ie du monde: cette Ville a cependant Pair ifi ppau vre & fa population peu confidérable. n y vante beaucoup un Tableau attribué Hiaphaël, que poflédent les Reügieufes i icifcaines, que Pon appelle les ComteJJes. li une compofition plus embrouillée que td: & dont le principal mérite, eft une li.té de pinceau qui décèle un grand mai:ej f). On y voit la Vierge dans une Gloire I) M. Cochin, ne poTte point de ce Tableau gement bien favorable... & neus ofons le : (le coloris excepté, qui eft très-frais, jigoureux) un des plus médiocres de ce maU ièlin fuppofant toutefois, qu'il faille le recouM) pour être de lui. hme UI. F Levene : Ruïne.- rhi Temple de Clitumnus Foliguo.  Tolehtlno , iVïacerata. Nouveau Koyage 1— portee fur un nuage (qui poft fur un Are en t\ Cien tenant PEnfant Jefus & environnee ds têtes deChérubins:AubasfontSt Jean-Bap4f ... tiPe & St. Francois; un Enfant debout qui h préfente un Ecriteau, St. Jéróme eft derrie*.: U i un autre faint a genoux, eft du mêmdl , cóté. La tête de la Vierge & celle de St. Jé.:.: róme, font d'une grande beauté :1e Stff. Francois eft également d'un beau caraétere.i: On voit dans la Cathidrale une Statue e*,-.: argent d'après Legros; repréfentant St. FêJlix , Evêque de Foligno. Ce morceau eft ui»des beaux de ce très-eftimable artifte. «fe Le Baldaquin placé au centre du Sanctuu*.; re, eft imité d'après celui de St Pierre » Vatican; 1'imitation eft heureufe : la co«u. pole a été exécutée d'après le Bramantt^ elle fait bien. WF On rentre dans les montagnesa peu dedi*. . tance de Foligno : le pays devient trifte,M± cheminspénibles , & quelquefois dangeref c par leur trop peu de largeur & 1 extré* roideur de leur efcarpement: On ne ceflefi monter & de defcendre, qu'après avoir p*, TotENTiNo, petite Ville fituee fur une elfênv. vation qui a la forme d'un pain de fuej» & dont Paccès n'eft rien moins qu agreJPKI MACERATA (*), VillecapitaledMft Marche d'Ancone, occupe également ft ' éminence; mais le pays s'ouvre & sappig ; .... m- (*) La Pofte eft établie hors la Ville :t|fr une des meilleurcs Auberges de la route. »|;;,  kn Italië. r3. t (*); les habitations y font plus fréquent, & la culture très-belle & très-variée. Or aoereoit dans le loin la mer Adriatique. La Porte de ville fous laquelle on paffe en aavant de Tokntino, eft d'une belle forme, nis le couronnement n'en vaut rien , & le Me qui y eft agrafte, y fait, on ne peut ü plus mal: c'eft une vraie charge. 1** A quelques milles de Macerata, ot paffe fur un Pont de bois (très-long & tii-bas) le fleuve, ou plutót letorrentde l&Potenia : Aflez prés de ce Pont on rencctre nombre de Ruines très-informes, w 1'on croit être celles de Pancienne HelA Retina : On montre les veftiges d'un IMtre ou d'un Cirque. ia campagne que traverfe le chemin de Mberata a Loreto ,. eft très-belle, & trèsm cultivée: ces deux Villes font diftantes l >he de 1'autre de trois poftes & demie. les meilleurs ghes de Rome d Loreto, q d Civita-Caftellana; Narni; Ternii ?'|lio ; Servarole c? Macerata. IQRETO (**), n'a qu'une rue paffable- ■ i ) On ne doit pas prendre ici cette expreffiou i Jlettre; pmfque le chemin ne ceffe point dëtre We, jufqu'a Ancone : mais ces élévations font HSors moins fréquentes, moins roides, & le 'a; eft d'une beauté qui femble compenfer la peine m'i peut éprouver k le traverfer. *) Cette Ville paroit peuplce, & les habiaiont, la plupart, 1'air aifé. Toutes les F ij Diverfes Ruines /fHelvia l'.eeina, Loreto. \vil utile.  Loreto, n4 nouveau Voyage Porres aui fe ferment avec un 1 ont-ievis, Le Pape y entretient trois cents homme^, dei?p£ce'qui eftntuée devant l'Eglife,; «■a aue ?rois de fes cótés qui foient ex cuté?r& c°«e décoration n'eft point mal , Celle du Portail eft moins bien dans fon eenre & Mt cependant aflez cPeftet . ^ Canule ou Clocher, pyramide a^abl^ .. ment- il eft ioliment traite. L erhp- en bronz'e de Sixu-Quint, eft mauvaife; ||, Mis. Femmes & même celles de la campagne , | daTsTa claffe commune, portent au col un c .. lier formé de gros grams d or enfiks ,&de groffeur , fouvent d'une m.0^ ™ d de É forme de poire°s, &c. leur vêtemeiueft «cs jo elles ont communément un co fet d■ , mouchoir de col s'y place * «™ ™a"f^ , ble : par-deffus ce corfet une fort de^ talaq i dont les cótés voltigent, & qui defcend a F prés vers le milieu de la cuiffe . un* Qf { u„,„ „„ rnWier de mouffeUne n^'s late ou bleue, un tanuer m. par le bas, ou garai en dentelles, Ste,  en Italië '23 \rtus (auffi en bronze) qui accompagnent cte ftatue, font mieux penfées, & d'un nilleur travail. La Fontaine élevée au centi de la place, eft médiocre en tout point. ^es Ventaux de la Porte de PEglife font raêtus de bronze; les Bas-reliefs qui y ll difpofés , font d'une aflez belle exé:iion : ils repréfentent divers traits de L'icien Teftament : toute cette fabrique fasfait. L'jBg/i/è eft vafte, mais. mal éclai:é & fon architecture n'a rien de remarqible. )ans la croifée de PEglife, ou pour mieux iï: au centre de la Coupole, eft placée la ïIstissima Casa. ii refte fort peu iaarties du mur de cette petite maifon i ^couvert, mais ce que Pon voit, défi1 une conftruétion affez moderne for» de briques & de moellons, ou pierres iépetit échantillon. L'extérieur eft entiè■eient revêtu de marbre : 1'architeéture eft ié>an Sovino; elle eft lourde & trop charréjd'ornemens... ii y a employé des Cooties Corynthiennes engagées plus qu'au K Deux rangs de niches font placées 'f e fur 1'autre dans les entre-Colonnemens: edix Prophétes occupent celles d'enbas, etdix Sibylles celles au-deflus : les Base'tfs repréfentent divers traits de PHif■Êi de la Vierge : toute cette fculpture ifïfn gcnéral lourde & monotone, quoi}ide 1'Ecole de Michel-Ange : on remarm cependant plufieurs morceaux qui doiW être diftingués. i Santa Cafii, eft placée de fa?on que F iij Loreto t Snptifiïma Cai'a.  Éoreto : Santa Madonna , Santa Scudella. nt? Nouveau F~ovagê la fenêtre (la feule qui a du Péclairer) 1; tépond a la partie de la nef & de la grande • entrée ; cette fenêtre eft grillée par de gros barreaux d'argent, & laifle appercevoir de loin la Madonna dont nous allons bientót-}¥;>;; parler. Le maitre - Autel eft appuyé contre ce cóté de la Santa Cafa, de manière que ■ cette fenêtre, lui fert en quelque forte de;'1" tableau : La richelïe de eet autel ne fe con-'; c': eoit point; il faut la voir, pour pouvoir;;en apprécier la valeur. Cette fenêtre eft vJP 1E;;' des grands objets de la vénération des ff!'s •• delles; paree qu'il paffe pour conftant que:S'c'a été par elle que 1'Ange s'infinua dans" -la Santa Cafa, pour annoncer a la Vierge;? fa miraculeufe maternité. C'eft dans cette partie de 1'intérieur de; ; la Santa Cafa, qu'eft placée 1'effigie deia* • Santa Madonna, dans une niche carrée#. pratiquée au-defius de la cheminée: un vafte*; <:■■ Tronc eft placé dans celle-ci, pour recevof ■<*■}> les offrandes fecrettes que les Pélerins peii ";i vent avoir la dévotion d'y faire. Aux deux*; cótés de cette cheminée , font deux petites11 Portes; elles donnent entrée dans une efpèce; de Sanctuaire, oü peu de perlbnnes peuvenos. entrer , Si dans lequel on conferve quelques1 ;Meubles &Uftenciles de la Vierge; nomméJ ;ment la Santa Scudella : „ C'eft une Taffel rompue, dans laquelle elle buvoit : cerM i:>f> tafle eft de terre verniflee & peinte ; les morceaux en font arrêtés avec du maftic dani une fébile de bois; elle répand, dit-on , unf odeur agréable Si ne s'ufe point, quoiqu'ellf foit continuellement frottée par une multi-  en Italië.. izy ele de Chapelers, de Livres, de petites Cm, de Médailles, &c. felon la dévotion d pélerins: " Cette pieufe opération fe fait PI un des Prêtres de fervice a différentes bires du jour. Deux Portes font pratiquées dans la prencre divifion de la Santa Cafa : On fait e:rer les pélerins par 1'une , & fortir par fctitre; mais communément ils ne fe préfïtent pour y entrer, qu'après en avoir fi le tour a genoux, un certain nombre de ffs, & en raifon de leur plus ou moins g;nde dévotion : cette pieufe marche, eft fiibuvent répétée, que le pavé de marbre q: entoure la Santa Cafa , en eft ufé en fine d'un canal de la largeur qu'occupent kgenoux : II en eft de même de 1'effigie «bronze d'un Chrift paroiffant devant Pili! (*); ufé, a n'en rien reconnoitre, des bfers qui lui font continuellement donnés. fout 1'intérieur de la Santa Cafa, eft re■yiu de lam es d'argent doré ( on les anKice même être d'or); ces plaques font tttes ornées de Bas-reliefs en boflages, mais djne très-mauvaife exécution. On y voit Ifeendus un nombre confidérable de Lamp|& cVEx-voto; les premières toutes d'or; li autres , partie en argent & or : La plus dHe de ces lampes, eft un préfent de la nhblique de Venife : nombre de ChandeUs & autres Üftenciles d'Eglife du même *) Ce Bas-reliëf eft placé contre la petite p :e extérieure du Sanctuaire. F iv Loreto : Santiftiiua Cafa.  UB Nouveau Fovage Loreto : Intérieur de la Santiffima Cafa , Salle du Tréfor. Avi« uüle. (*) II pèfe, dit-on, vingt-fept livres : c'étoit j j le poids de Louis XIV, au moment de fa naiffance. . „ (**) La Madonna, n'eft point bornée a celui- j r la feul; elle en a d'aftectés pour certaines Fêtei j ji de 1'année : Sa garderobe fait maffe avec le Trc. , for , & n'en fait pas une des moins riches parties. ' Une feule de fes Robes, eft eftimce quarante J' mille écus romains. (***) Nous devons avertir les curieux, que la 4 falies du tréfor ne font ouvertes que deux fois par \i jour; le matin depuis neuf, jufqu'a onze heures, 3 ils Vafrls-midi depuis deux jufqu'a quatre heures : on f; doit s'arranger en conféquence, paree que VEcclifaftiqut chargé de le montrer, ne recevant des curieux , , métal. Entre les Ex-voto; 1'un des plus apparent, eft celui de Louis XIII, Roi de France; on y voit un grand Ange d'argent, qui tient fur fes bras un Enfant d'or que 1'on dit être maffif (*). L'habillement £**) de la Vierge & celui de 1'Enfant Jefus, font couverts de perleS' & de pierres précieufes d'un prix immenfe, ~ données par différens Souverains , par de grands Seigneurs ou de riches Particuliers. La Couronne de la Madonna & celle dl Bambino , font des Vceux offerts par LouislI XIII, lorfqu'il demandoit un Fils : Ces deux pièces font d'une très-grande valeur. La Madonna eft faite de bois de cèdre} on n'en appercoit que la tête & les mains, ainfi que de 1'Enfant Jefus qu'elle porte danï fes bras : le travail en eft fee , & aucune; des deux têtes n'eft agréable. La Salle du Trésor (***), a fon entré»  zn Italië. ins la Sacriftie. On voit dans celle-ci (en ïtrant a droite) un charmant Tableau du uide : On y remarque la Vierge très-jevme icore, au milieu de dix Compagnes de fon ,;e ; les unes travaillent, d'autres 1'écou:nt : On voit dans 1'enfoncement quelues Femmes agées, qui agiffent dans difrentes parties de Pappartemenr. Ce Taeau paroit au premier coup d'ceil un peu bid de couleur ; mais on y trouve des caiftères de Têtes charmans, & beaucoup de llt, beaucoup d'harmonie entre la difpoHpn des Groupes. „ LeTréfor de Loreto, eft riche a un point ni ne fe peut comprendre, on en eft éton1 : La Lifte des principales pièces, forme utrés-gros volume... Sept grandes Armoi:s a doublés battans, & vingt-quatre petiii, ne renferment qu'une partie des Bijoux [ or, en perles, diamans, & autres pierres pcieufes que tous les Princes Catholiques bnt accumulés depuis quatre cents ans. " IL 1 difficile de s'en faire une idee tant foit ju jufte : L'ceilfeperd même dans Pexamen. iieft des curieux qui doutent de 1'intégrité dne partie de ces furprenantes richeffes; ce <;ute a fes motifs dans 1'impoflibilité de contérer d'un peu de prés ces divers bijoux: j^Armoires dans lefquelles toutes ces chofes ^une rétribution, ne fe prête a eet égard-, a aucune l. demandes qui lui feroient faites pour les voir è itutres heures que celles ci-dejfus: eet ordre nefouffrt {xeeption que pour les ferfonnes d'un rang leflus t ingué, ou par des vrdres particuliers du Pape. F v i.oreto : rréfor.  loreto ; Tréfor. 130 Nouveau Voyage font rangées par ordre de numéro, font gril- ■ jléés & élevées a hauteur d'appui, & eet appui ff forme iui-même un premier rang d'armoires f qui s'avance de prés de cinq pieds; enforte | que ce n'eft qu'a cette diftance, que 1 on t peut voir ces diverfes curiofités: mais fi leur J réaliténe peut être contredite : firéellement f; toutes les pièces de ce tréfor font encore les mêmes & telles qu'elles ont été données; on \i doit convenir que rien au monde n'eft plus riche, & qu'aucun endroit ne réunit autant de raretés d'un plus grand prix. On voit dans la première Armoire en H trant contre la porte a gauche, un petit;" modèle en argent & or, de la Citadelle du;Havre, donné par le Grand Condé lors de fa!^. délivrance. En 1'indiquant iei, nous ne le,. notons que pour la fingularité de 1'hommage ;r car tout ce travail eft fort peu de choie.';;; Nous ne fuivrons point le détail des Armoi-t res hautes & baffes qui fuivent, paree que;; fi nous y avons vu d'immenfes richeffes,;, nous n'y avons reuiarqué que fort peu d'ob-. jets, que 1'art & le goüt caraftérifent(*). $t „ On ferme fous des volets un Tableau que,;;; 1'on dit être de Raphaël, repréfentant \tt Vierge & St. Jofeph a qui 1'Enfant Jefuf couché fur fes langes, tend les bras; lr (*) On trouve fur les lieux une petite broL cbure, affez mal ccrïte, & plus mal impnm« encore , dans laquelle, après beaucoup de faintetélj] beaucoup de miracles opérés parhSanta lUarlonnal on trouve unelïfte abrégée des plus confideiablsl. pièces que contieunent ces Arwoiret.  en Italië. '3' Terge a quelque choie de faux dans les efembles de la tête, 1'Enfant Jefus eft nuvais de corps, le tout eft peint d'une nnière très-fèche; ce Tableau eft, ou une oie, ou un des ouvrages les plus médiocres dce maitre." II eft placé dans 1'embrafure d la première fenêtre contre la porte a d)ite. ^e Plafond de la falie du Tréfor eft peint $ le Pomaranci: il y a repréfente divers tiits de Phiftoire de la Vierge: ce n'eft p: une belle chofe; on y jette cependant u'coup d'ceil avec plaifir (*). Le même nitre a peint les quatre Evangéliftes dans lljhaut des pendentifs de la coupole; ces qtitre Tableaux lui font plus d'honneur. Jjne des Chapelles dans la croifée de 1'Egje a droite , eft ornée d'un excellent Tabhu du Barrochi; il repréfente une Anliiciation : c'eft la même compofition & uï répétition complette d'un tableau du rlne maitre que nous ferons remarquer eparcourant la Cathédrale de Péfaro. „ On igpre lequel des deux eft 1'original, & plt-être, le font-ils tous deux ; ils font é|[ement beaux : Dans celui de Loreto , la Ui de la Vierge eft plus belle qu'a Péfa- , F) MM. Coehin & di la Lande eitentun Tabiu d'Anniial Carrache, ayant pour fujet la Mffance de la Vierge, &c. qu'ils difent être plé dans la Salle du Tréfor ; s'ily eft, il nous ia;happé; nous ne 1'avons point remarque. M. vi'c, Ricbard 1'indique également & il en fait Hjcoup d'éloge." F vj Loreto: rrefor.  Loreto : .\pochicai- reric. (*) Ce batiment fait face au portail & il ej appuyé par fa gauche au Palais Epifcopal, qtH tient & joint 1'Eglife ; il règne fous 1'un & 1'autre batiment une galerie ou verte qui fait très-bien, On propofe de voir le petit Arcenal qui communiqué au Palais; on perdra peu de temps; il Ji fi peu de chofes a voir!,. /ja NOU F EAU VOYAOE ro; a Péfaro , la tête de 1'Ange eft pluï belle qu'a Loreto." - „ On voit a la fixième Chapelle a. gafl che, un Tableau de F'oüet, repréfentant; une Cène; il eft bien compofé , la couleui en eft vigoureufe... il y a de beaux caracj tères de têtes , & paroit fait librement." 1 On va voir dans 1'Apothicair.erie (*) 1 un aflez grand nombre de Vafes de fayencl qu'on dit être faits & peints fur les defleinl de Raphaël & de Juks-Romain; „ les plul beaux & les plus grands, font les cinq qui rei préfentent les Evangéliftes & St. Paul; on en voit dont les fujets font tirés de lafable &de 1'hiftoire : la compofition en eft bonne, maiï 1'exécution mauvaife : „ Ce font néanmoins de ces chofes, qu'il eft bon de voir. On diftrii bue a cette Apothicairerk, gratis, aux Pélej rins, tous les Remèdes & Médicamens qvj leur font néceffaires; cette reflburce, eft pou| ceux qui ne font point aflez malades pouj être obligés de fe rendre a Phöpital. De Loreto d Ancona, on compt^ deux poftes; le chemin eft bon , mais on n| cefle point de monter & de defcendre| d'ailleurs le pays que 1'on traverfe eft beau|  en Italië. 133 ■ft cultivé, & paffablement peuplé. Entre Ilreto & Camurano, on traverfe fur des pits YAfpido & le Mufone. tiNCONA, occupe en partie un cap atz élevé, & s'étend par la gauche, au Kg d'une pente un peu roide, jufque fur libord de la mer; cette partie bafié eft la ieux batje, c'eft auffi la plus nouvelle. Ei rues de 1'ancienne Ville (proprement d|ï) font tortueufes, fales & étroites; auffi , feit - elles abandonnées aux moins riches, at artifans, a la populace. ^e Port eft un des meilleurs de la mer /Alriatique ; il y règne du mouvement, mais pi autant que fa fituation devroit lui en procifcr : On n'y voit guères que de Barques d'un pit médiocre. Le commerce d'entrepöt, y eie plus actif, & il paroit s'accroitre fenfibfnent. On porte Ja population de cette v e a vingt-trois, ou vingt-quatre mille ass. Le gouvernement y accorde une entie liberté de confeience, mais 1'exercice ptlic d'autre Religion que la Romaine, slrigoureufement défendu : Les Juifs cepjdant, y ont une vieille & fale Synag^ue. ■/ancien Mole a été prolongé dans une dfiction qui abrite d'autant mieux les vaiffeix : eet ouvrage eft récent & paroit trèsbji fait. pn voit fur 1'ancien Mole , un Are de tmmphe conftruit de très-gros bloes de marbj, érigé 1'an 112 de J. C. a 1'honneur de Tqan, de Plotine fa femme & de Martiana ftneona: ftres do :riomphe Antique & moderne.  Ancona s Lazaret , Eglife, Staue. 134 Nouveau Voyage fa fceur. Les Statues, les Trophées, Mi Infcriptions & autres ornemens en bronze|Ë, en ont été enlevés. Ony voit encore quel-ii ques Bas-reliefs, qui, étant pris dans ■ maffe, n'onr pu être déplacés. Cet Are eftfe bien confervé; la compofition en eft fimplc^j mais noble : Aux deux cótés de 1'Arcade» font deux Colonnes élevées fur leurs piéde&g, taux; 1'entablement profile fur chacune d'ejji les; cette ordonnance eft corynthienne. Unp attique, dans lequel eft encadrée la princiü palelnfcription, couronne très-bien cet édi-: \ fice ; auquel cependant on peut reproche%, un peu de maigreur dans fes malles, & queU^ ques innovations dans le placement desmooifi lures, qui réuffiflent mal. On a récemment élevé fur le nouyea^j, Mole un autre Are de triomphe, d'après le^r defleins de van Vïtelli : Cette compofitioifji féduit au premier coup d'ceil , mais l'exa«| men n'eft pas abfolument pour elle. Si M reproche , aflez généralement au premie^ trop d'élancement, trop de fvélité, on in% prouve dans le fecond, une certaine loutjjj deur dans fa rnafie, dont les détails mêmeit, femblent participer : il eft d'ailleurs d'un^ très-belle conftruction. 4j Lorfqu'on peut voir fans danger le La^M ret; celui - ci, eft , fans contredit, trèstt intéreflant a connoitre ; il eft égalemen|| exécuté fur les defleins de van Vliellu L4 batiment de retraite, & ceux dans lefquel \ on dépofe les marchandifes, font auffi ingéj j nieufement penfés dans leurs malles, qui favamment traités dans leurs localités rei 1  E N ITA LIE. '35 pitives : a partir de 1'extrêmitc du mole, :caflage eft bientót fait. tfEglife de St. Syriaque , du cóté de ;t, n'offre rien digne de remarque; les |x Colonnes, & les deux Lions antiques ■ 1'on prife beaucoup fur les lieux , & jventrent dans la décoration du grand Porl| font au moins médiocres : le vaiffeau :flintérieurement trifte & d'un mauvais 'li... mais la vue dont ce plateau fait o:r, eft très-étendue & très-variée. ; a Statue en marbre de Clément XII, Idéé fur la Place St. Dominique, eft d'une n;ntion qui fe devine mal, paree qu'elle flnal prononcée ; 1'exécution eft d'un méiimédiocre. La grande Fontaine eft mieux té fon genre , fans néanmoins être une jjipe chofe. la Citadelle eft fituée au couchant de la Jk, fur une élévation qui la commande, liii plonge impérieufement fur le port : fflénéral cette place nous a paru fufceptible tlle bonne défenfe : les fortifications font iffliitement bien entretenues. m pays que Pon traverfe depuis Ancona, uttes & au dela de Rimini, eft très-plat; w remarque par-tout une culture riche Sf ignée : il paroit fort peuplé. On longe Bfcords de la mer prés de cinq poftes de 81, & cette partie de route, eft, on ne iet pas plus agréable. m temps que les Poftillons mettent k I er a SINIGAGLIA (*), fuffitpour ) 11 s'y tient chaque anaée une Foire célè- Ancona ; Citacielle , Siuigaglia,  Fano : Are de triompUe Antique , j( Duomo. 136 Nouveau F'ovaue jeter un coup d'oeil fur une aflez belle Pori moderne , & plus particulièrement fur sl beau Canal qui remonte vers le centre de ] Ville, dont les bords font ornés de PorÈ ques ouverts d'une aflez belle conftruétion, La petite Ville de FANO, eft agréablf ment fituée ; on y remarque quelques jol batimens, qui annoncent une certaine a fance. Le grand chemin fait palier fous u Are de triomphe , conftruit en marbre , of ginairement érigé a 1'honneur d'Auguft II eft vraifemblable que le temps, ou que qu'accident particulier, en auront détru la partie fupérieure fur laquelle on au; élevé celle que 1'on y voit aujourd'hvj Cette reconftruétion a fon époque versl premières années du règne de Conftantii a qui elle fut dédiée. La première compol tion porte 1'empreinte du meilleur goüt; feconde eft, on ne peut pas plus mauvai elle caraftérife 1'extrême décadence oü arts étoient tombés alors. On fait voir contre le mur d'une pet Eglife qui tient a cet are, le deflein feul en reliëf, de cet édifice , tel qu'il étoit trefois: ce coup d'ceil eft bientót donné. On vante beaucoup ici quelques Frefq du Domlnicain, qui font partie de la déc ration de la Cath.edr.ale : ces Tableaux 0 pu dans leur frakheur, mériter les élo qui leur ont été donnés: mais 1'humidité ( BRE , le deux Juillet; elle dure huit jours : c fous ces portiques qut fe placent les Marcha foraifts.  en Italië. '37 ■ine perpétuellement dans ce vaifieau, prefqu'entièrement détruits. Ces Frefü: font splacées dans la Chapelle de la r3-ge (la quatrième dans la nef a droite ); II; repréfentent 1'Annonciation, la Vifitalö , la Naiiïance du Sauveur, & fa Ciroiifion : ces compofitions, font toutes diti de ce maitre: on préfère les fujets de tfifitation, & de la Circoncifion , qui femllt les mieux traités. *|n voit du même artifte & dans cette ïêe Eglife, un Tableau fur toile, repré;mnt la Manne donnée aux Ifraélites; il 'emieux confervé: mais cette compofition fl.fiez médiocre. j Eglise de St. Philïppe de Néry, eft jiricbement décorée: Les Congréganiftes u;la deflervent, prifent fort un Tableau uis aflurent être du Guide, dans lequel remet les clefs a St. Pierre: il eft lij: fur le maitre-Autel, Stils en ont un régrand foin : ce morceau nous a peu a-- Nous n'avons pas été plus fatisfaits 'i, mérite d'être vu : il eft d'un vafte I konne. La Salle a prés de cent pieds de 31 aeur; on y compte cinq rangs, de vingt.r. Nous ajoutons que le premier nous eble préférable pour la fraicheur & le brileé: du coloris. )ans la même Eglife, un Tableau que 1'on Ére être du Guide : on y voit St. Thomas at. Jéröme en méditation : le.Sauveur & ai/ierge environnés d'Anges, occupent le ïït de cette compofition. ■jtfous indiquons enco'fe aux amateurs de 'fflture, deux Tableaux eftimés du Barro:rf: 1'un décore le maitre-Autel de 1'ES-1ISE de St. André : on y voit le Saint Htüaire fur le rivage a genoux aux pieds luauveur; & dans un plan plus éloigné, St. 'ip qui faute de fa barque, pour fe reuma 1'invitation de fon maitre. lp fecond Tableau ome également le maireAutel de Z'Eglise du Nom de Jefus; le ui:, eft une Circoncifion : ce dernier eft t?|e rare fraicheur. L'un & 1'autre trou'è. des critiques & des approbateurs : la ■ftion de St. Pierre & de St. André, eft ajpmpofition la moins applaudie. ■ 1ï Tableau du maitre-Autel de 1'Eglise 'er. Antoine abbé, eft de Paul Véromfe; ir|r voit la Vierge & 1'Enfant Jefus dans xiGloire au milieu d'un Concert d'And: en bas St. Pierre & St. Paul apötres; ItAntoine & St. Paul hermites : Ce n'eft ia|ine merveilleufe chofe. 1 quitte a Péfaro les bords de la mer, a:jinéanmoins la perdre de vue ; le chemin a ïdès-lorsun rideau peu élevé, qui ne cefle >c t de donner les plus agréables afpehe. i,p Nouveau Foyage RIMINI. Cette Ville dont la fonda-i tion, eft, dit-on, antérieure de prés d'un demi-fiècleacelle de Rome, & qui rivalifa long-temps fa puiflance, eft aujourd'hui bien peu de chofe : Son très-petit Port fe corable fenfiblement : Les Barques les plus légères, ont peine a y aborder. \?Arc de Triomphe élevé par Tibère,» Phonneur & fous le règne d'Augufte, efbje premier monument que 1'on appercoit en. entrant dans la Ville; le grand chemin le traverfe. II eft fort dégradé , & 1'on ne peut juger que dithcilement de fa première intention ; les réparations, les additions qui y ont été fucceffivement faites & dansdif» férens fiècles, font autant de mélanges fen> fibles de bonnes, de médiocres & de trèsj mauvaifes parties. Le frontoh qui couronni 1'avant-corps n'entroit point dans la pre| mière compofition, mais il ne fait pas ma$ Les deux médaillons (que Pon croit reprêj fenter Jupiter &Junon) répétés del'un &<| 1'autre cóté de Pare, font peu d'effet, sfl graffent mal, & cependant appartiennenta" 1'ancien deflein : en général, le grand Art eft d'une proportion male & belle; mais cette partie eft la feule que 1'on puiffe applaudir. Cette même rue traverfe, a peu de diftance de 1'Arc, une Place aflez vafte, aflez régulière, mais peu décorée : elle eft lemarquable par un Piédeftal antique, li même (du moins lTnfcription & la tradjh tion le difent ainfi) fur lequel Cézar harangua fon armée, lorfqu'il pafla le Rubicon.  sn Italië. 141 )n voit fur la Place de Ia Commita, en ■ de 1''Hotel-de-vïlle, 1'effigie en bronze itPaul V; il y eft repréfenté tenant les is d'une main & donnant de 1'autre fa töédiction: c'eft unmorceau très-médiocre. Sjie Portail de /'Eglise de St. Francois eft nierne, mais il n'en vaut pas mieux; auffi lït-ce point lui que nous avons intention ladiquer ici; mais bien, la difpofition de èf Tombeaux antiques, placés fous autant llrcades, qui clofent cette Eglife par la Iflte , en longeant une aflez belle rue. ■te cette compofition eft excellente dans bi genre : le foubaflement fur lequel ces Ui & ces Tombeaux font élevés , eft 1'jt caractère male & férieux : il contribue idj: beaucoup a répandre fur toute cette ajjè un ton vraiment fépulcral. Toute cette ade, ainfi qu'une partie de PEglife, eft ofltruite en marbre, que Pon allure avoir ts|enlevé du baffin qui circonfcrivoit le 'q, & des ornemens qui 1'enrichiflbient. p amateurs de Ruines antiques, troure|nt prés du Jardin des Capucins de gros lamages que Pon croit avoir fait partie 'I ylmphithéatre. Aflez prés de ces ruines, aia droite, fe voyent les reftes du Phare epancien Port: c'eft une tour conftruite nlriques, aujourd'hui éloignée de la mer ejrès d'un mille. t|i voit- un Tableau de Paul Véronefe ai 1'Eglise de St. Vaal, repréfentant le ■|yre de ce Saint: cette compofition eft iét, & rendue avec une grande lacllité. .1 mime maitre, le Martyre de St. Julien» Riniini : Amiqutó, T?iazz.i ilclla Commita, San ïrahxfco, Eglifes.  XAmini: Ripublique de San Marino; & cxcurjïon ie Rimini d Ravenna. 142 Novveav Voyagz .lans la petite Église de ce faint (fituée hors) lila ville & aflez prés du Pont dont nous allons parler, & qui en a pris le nom) : CefsU fecond Tableau eft moins univerfellemem >p eftimé que le précédent. On traverfe la Marecchia en fortant Rimini fur un magnifique Font (*): il eft conftruit en marbre & compofé de cinq ar-l *V ches d'une égale largeur... " C'eft un des*' plus beaux & des mieux confervés de tous:?"1; ceux qui reftent des anciens. Le ftyle en eft* grand & fublime , les bandeaux des arcs font!» fiers ; on remarque fur les clefs des couron-'4 nes & des vafes fculptés ; la corniche é« admirable par le ton male & 1'élégance dei™ ■ profils, &c. " W'f> Quelques milles avant d'arriver a Rimi-i-' > ni,& encore quelques milles après, on ap-* percoit fur une aflez forte hauteur, la VilWf& la RépubUque de SAINT-MARIN (**) f diftante de douze milles. n'y a point it\ ~ Pofte d'êtablie fur cette route de commiama, cation; les Voyageurs que la curiofité peulf -1' • (*) Ce Pont eft 1'un des quatre principaiiff: qu'Augufte avoit fait clever fur la Via FlaminiaF ■/ & fur la Via Emilia; le premier (Pont MtlvUm^ aujourd'hui Ponte Molle fur le Ti bre, prés de Ronelft» Lu He. furleTibre kOtricoli; LelIIe. fur la N«t'ra, k Narni ;le IVe. fur la Marchia, a Rimi»im__ (**) „ Cette Ville fituce a douze milles au fiu| de Rimini... eft ie fiége d'une Rcpublique d'énb l viron cinq mille habitans, dont le territoire n'f: guères que fix milles de diamètre, & fe rédu|'< ■ prefque a la montagne fin laquelle la Ville «sj i batie."  &n Italië. 143 Éönduire, doivent s'arranger avec les maits des Poftes de Rimini, de Péfaro, ou de ICatholica (car des branches de ce chemin flportent également fur ces trois Villes); ifcft prudent de faire ce trajet a cheval, Qdans une voiture du pays. je** On rencontre d deux milles d peu prés de Mini, deux chemins; celui d gauche eft la ®nde route de Bologne, par Cefena, Forli, Rtnza & Imola : celui d droite longe les buds de la mer & conduit d Venifte par Ravima, Magna-Vacca, Fornaci, & Chiozza, oel'on s'embarque pour Venife, diftantc de Bjfiini de quin%e poftes. Cette route eft peu ojtiquée; on ne cejfe point d'être dans l'eau &ür l'eau, & cette quantité de bacs ou de gués akaverfer, la rend quelquefois dangereufe, Waticable, & toujours lente & ennuyeufe. ir# La partie de cette route de Rimini mavenna , eft la moins coupée , & la plus sf able ; elle longe les bords de la mer : abaye trois poftes; elles font peu longues, iris la mobilité des fables que 1'on traverfe, reirde beaucoup (*). j 'eft après avoir paffe la feconde Tour flre Rimini & Cefenatico ( ou la première ?i e eft établie ), que 1'on traverfe le Rubi- P) Nous avouons que les curiofités de Ra*\>,e, dèdommagent foiblement de la peiue, de «Spenfe , & du retardement que cette courfe nMte : En 1'indiquant ici, nous forames fort 4 ;ncs d'invitei a la faire. Pafage ia Rubicon, Ravenna. Avis utile,  Kavenria: Phee. 144 Nouveau Voyauz con, aujourd'hui nommé le Plfatdlo : il eft';;' ici a fon embouchure , & dès-lors un peuj| plus refpeftable, qu'il ne paroit 1'ètre a quel-i{ ques milles dans les terres. RAVENNE, dont le Port, fous le règne'ï' d'Aunifte, étoit ü fréquente, fi célèfóe'/V fe trouve aujourd'hui éloigné de prés de trois, milles des bords de la mer : Les ruines dag'; Phare qui fervoit a Péclairer, fe voyent end' core : mais il ne refte aucuns veftiges dei.-; monumens publics dont les Empereurs ne1 jceffèrent d'embellir cette ville : quelque^. débris du Palais de Théodoric , ïndiqueff^ feulement Pemplacement oü il fut élevfflt de longues guerres, & le temps, ont tou«E . dévafté, tout détruit. '% Cette Ville dans fon état aétuel rafiembl^quinze a feize mille habitans; on y red»".'; que quelques belles Rues, bien baties ,«m filencieufes & fans mouvement. B La grande Place eft ornée des Statue|; ■ d'Alexandre VII, & de Clément XII; Vm en marbre , 1'autre en bronze, & placet^ en regard : toutes deux, font d'un■ travaT" médiocre. r La Cathédrale, eft d'une conftruclio||'■ fort ancienne ; on y remarque deux doublig \ rangées de belles Colonnes de marbre grec||. que 1'on regrette de voir employées da% une auffi lourde & une auffi trifte compüs: fition : la voüte du chceur eft ornée en ma* faïque, mais du plus mauvais genre. TT On cherche dans la Chapelle slldobratlV dini, un très-beau Tableau du Guide, *T préfcntai"11  en Italië. 143 pfentant les Ifraelites ramaffant la Manui, „ il eft bien compofé ; la figure de jffe eft belle & bien drapée , fa tête eft B> bon caractère & admirablement peinte:" jgénéral, toutes celles employees dans ce :aeau , font d'un bon choix : ce beau mor:è fe gate; c'eft une vraie perte. ia. coupole dé cette Chapelle eft égalem peinte par IzGuide; lefujet dominant, i|e Sauveur dans fa Gloire: Cette compofii| eft un peu confufe & le coloris en eft li & monotone. !n fait remarquer , comme une aflez |ide curiofité, les Ventaux de la grande >de d'entrée , qui font faits de bois de rijke : nous ajoutons que Ie travail de cette iqe n'eft pas fans mérite. jfÉGLiSE deSaint-Vital^, dépendante lupoBvenr des Bénédictins, eft une comporan unique en quelque forte dans fon genei**). Son plan offre un oétogone , formé sjdeux étages de belles colonnes de marÉftrec, qui diftribuent une nef, ou galerie anante, entr'elles & le mur principal: ij) Cette Eglife a, dit-on, été conftruite vers Si [e.iiècle; d'accord : mais il eft fenfible que les !q mes Sr la plus grande partie des marbres proI ps dans les vaftes conftruclions de cette maïSJj pppartenoicnt, & ont été tirés de divers édiio plus anciens : on les a employés ici comme on I fcrouvés; c'eft a dire mutilés ou dépareillés : Wke. bafe, aucun chapiteau aétuels, ne font de « première époque. '1*0 Ce plan eft répété ou imjté a San Laurs 't■fvliian.mie III. Ravenna; San Vitale;  R«venna: San Vitale, Antiquites, C*0 Le fol de cette Eglife s'eft confiderablj m»nt élevé; les colonnes font enterrees de pr^ d'un tiers de leur hauteur ; ce qui necontnbuepi pour peu au caraétère de lourdeur que cette col pofitionfait remaTquer d'abord. M (**) Deux Colonnes enclavées dans le rnur■ lefquelles portoient autrefois le baldaqum, W font remarquables par la qualité de leur marM que 1'on croit uni.que : cette efpèce eft du m„) On neiugera point de même de deux Bas-; reliëfs antiques de marbre encadrés dansle,. mur a droite & a gauche du chceur, au-dei des hautes ftales: tous les deux font iembl Mes de compofition, & paroiflent être «néme artifte : ils ont un peu plus de dei pieds de longueur, fur environ le double: hauteur : 1'exécution en eft precieufe;, font deux excellens morceaux (*;•). Plufieurs autres Bas-reliefs, inferieurs mérite a ces premiers, font également ene? drés dans le paffage qui conduit de 1 Eglite Ja Sacriftie; d'autres autour du cloitre; d tres décorent la porte d'entree, &c...«  E ff ƒ r la faciiité de s'y promener ou de vaquer ) Aux Pélerins, très-bonne Auberge. G iv [mola, Be* ogne.  !J3. NoW E Al) TOYAGE Bologne : Tours Pen«naincs. (*) Paree qu'elles s'appercoivent do très-loisjj i Sr que leur inclinaifon eft fingulièrement fenfiblerl , . d'ailleurs leurs formes, leur conftruétion, n'ont; aucun mérite. (**) On a pratiqué fur cette petite mcratktilt a leurs affaires, en tout temps, a Pabri dtti foleil & de la pluie : cette galerie eft élevée de quelques marches au-deflus du fol de la voie de voiture, &, communément elle eft! pavée avec foin & propreté. Ce ton d'uniformité, n'eft pas a la longue agréable afj vue, mais 1'adminiftration a fagement prffl féré la commodité du plus grand nombre,li au feul agrément de la décoration. Les Edifices publics les plus remarquablesti (nous voulons dire ici, ceux qui fe font d'a-l? bord appercevoir) font les Tours Yljinelli(*)\< & de Garifenda. La première a été conftruifef! en 1109, & conferve le nom de PArchiteéteif qui Pa élevée; fa hauteur totale eft de tra» cents fept pieds t elle s'eft dérangée de foni! a plomb de trois pieds & demi. Celle de Ga-\i rifènda n'a plus que cent quarante - quatref pieds; une partie du couronnement s'étantli écroulée : Son inclinaifon, donne un peu pij de huit pieds. II faut avouer que celïeB effraye au premier coup d'ceil: L'une & 1'affll tre font de pauvres monumens. Parvenu B faite de la première, on y jouit d'une vB très-riche & fort étendue, mais cette mon-W tée eft peu agréable. Les Places les plus confidérables, font, celle du grand Marché, fituée au bas daH Montagnuola (**); celles de St. Martin ;§|  Eiv Italië. iJ3 £ Pétronne; de St. Pierre ; de Strada Maggre; de St. Dominique; de St. Francois, &c. Entre un aflez grand nombre de Fontai■ diftribuées dans les diflerens quartiets dia Ville, nous n'indiquerons que celle évée fur la Piazza Maggiore , (ou du Gant) (*). S'il règne un peu de confufion dos la made de cette compofition ,. & fi cite même maffe eft trop voluminenfe ruti vemen t au peu d'étendue. du terrain q; la recoit ; au moins doit-on convenir ft les détails ont un très-grand mérite Ihue chaque objer pris féparément eft di1 de 1'artifte célèbre (.Jean de Bologne') q: en a donné les modèles. Le Neptune e;de proportion héroïque; fon caractèra ■grand & reflénti, mais il eft dur & peu a|éable; il-eft élevé fur un Piédeftal en mbre, (d'un deffein médiocre & trop furèïrgé de bronze ), qui fe termine par un eioüLernent jufque prés des bords du grand btin. C'eft fur la prolongation de cet enrdement, que font placées quatre trésfejes Femmes affifes fur des Dauphins,tl.t 1'extrêmité des queues reparoit entre mPromenadepuhiique trèsngréable&fortfoi'gnée: dfemplacement eft celui fur lequel Jean XXII alt fait conftruire une Citadeile que les Balatois referent peu de temps après , jufques dans w'cndemens. f*) Le Giant qui donne le nom a cette pl'ae'i eft cn marbre; ce n'eft pas un merveilleux ajcea*. G v Bologne : Piazza Mag;iorc, Eromenadc publique.  1J4 &7 OU FE AU VO \'A Gr L Bologna : Pnlazzo pubtico. i leurs cuiffes (*) ; elles jettent de l'eau pat leurs mammelles qu'elles preffent de leun mains : au-defius d'elles, & vers la naiffance du piédeftal, font quatre Enfans tenant des Dauphins qui jettent également de l'eau. En général, cette compofition eft riche , & trop riche ; il y règne peu d'harmonie & le petit volume d'eau que cette fontaine diftribue, eit divifé dans tant de petits jets, qu'a cet égard elle ne produit aucun effet. Le Palais Public, eft celui ou fiègent les divers Tribunaux de iuftice; oü réfident le Légat; le Vice-Légat; le Gonfalonnier; les Syiidics ou Anciens, &c... Le terrain qu'il occupe eft immenfe. Sa principale facade occupe en partie un des cótés de la grande Place : fon extérieur n'a rien de remarquable, &. il ne refte plus que quelquej veftigesinformesdes belles Frefques dont les, Carrache & le Guidt s'étoient efforcés è 1'envi de 1'orner. Les Statues en bronze de Boniface VIII & de Grégoire XIII fofl médiocres ; elles ornent auffi médiocrement cette principale entrée. (*) Cette penfée , qui feroit 'tolérable, qui mê'. me feroit heureufe dans un iieu particulier, fem-, ble être ici déplacée ; paree qu'elle paroit trop s'écarter dutondegravité, ouplutöt, de bienféan-, ce , que nous croyons devoir être le caractère ditcinctif de tout monument public : 1'attitude de ces. femmes eft auffi trouvée plus voluptueufe, qu'honnête: Enfin, en admirant les belles formes du Neptune, on défapprouverextième nudité fous. laquelle il eft offert.  en Italië. 15$ iLe grand Efcalier fe développe avec fez de noblefie : On y voit ie Bufte en ronze de Bénoit XIV; ce n'eft pas un kcellent morceau. 1L'Appartement du Gonfalonnier, eft meu•é plus richement, qu'agréablement; il eft :écédé d'un grand Salon , dans lequel rmmunique également une autre fuite de 1 lies oü font établis divers Bureaux, &c„ e Salon a pris oftencieufement le nom iMercule, d'une aflez belle Statue de ce Iros, faite en terre cuite par le LomIrdi. Entre un aflez grand nombre de Ta-* l:aux qui tapiflent les pièces de repréfenpon , on en remarque trois d'un mérite ISrieur. nün St. Jean-Baptifte dansh Dcfirt, p2f; kphaël: c'eft une répétition de celui du lais d'Orléans en France, & d'un- autre (tjalement, en tout femblable) qui décore iifuperbe Galerie de Florence : Tous trois Itt reconnus pour être originaux. Oeux rnagnifiques Tableaux du G.ulde; cfui a gauche (*) en entrant, repréfente la "V;rge & 1'Enfant Jefus defcendant fur une Cbire entourée d'Anges, a travers de latplle fe manifefte un Arc-en-ciel; dans lébas font plufieurs Saints qui paroiflent F voquer. be Tableau du même maitre , en oppofi- *) On dit que ce Tableau avoit étédeftiné .1 iiTe une bannière d'Eglife dans le temps tfe «telte de 1630. II eft peint fur foie. G vj Bologna : l'alazzt pu-  Bolognn : I'alazzo pilfclico. tjff Nouveau Vovage I tion du précédent, a pour fujet Sampfort vainqueur des Philiftins : Le peintre a fa9 1'inftant, oü le héros jtüf fait jaillir Pel de la machoire d'ane avec laquelle il a combattu. Le champ en eft très-vafte & les plans bien décides: On y remarque den raccourcis d'une juftefle & d'un effet admi rables. Au-deflus de cet étage, eft une trés vafte Salle, ornée de peintures a frefqu dont les fujets- font tous pris de 1'Hiftoir de Bologne (*) :. Ces Tableaux font mé diocres; ils le font cependant moins que| la Statue de Paul III ( de la maifon Faruefe ) dont cette Salle a retenu le nom. 1 . Nous ne difons rien des plafonds de toutes ces Salles, paree qu'aucun ne nous .1 paru d'un mérite aflea fupérieur pour êtrfj ind'qué de préférence. On a conftruit au centre d'un petit Jar-I din renfermé dans 1'enceinte du Palais^ ■ ■ — 1 < (*) On s'attend bien d'y trouver la prife ffEnzh C ou A'Heritius ) roi de Sardaigne & dl Corfe , k la bataille que les Bolonnois gagnèren prés du Pnitaro, fur les Modénois, au fecuur defquels ce malhsureux prince étoit venu. Les Bolonnois, dit-on, refufcrent coeftarament li Tancon iramenfe que 1'Empcreur Fridiric 11, leur' fit offrrr; &: bravérent également fes menr.ces Ils. coiaftruifirent exprès cette tour afTez élevée & qut fait partie du batiment fitué en face du- Palais public, peur y loge? leur prifonnier , qui y mourut après vingt-deux ans & plu-s, de eaptivité^ Soa Tombeau fe voit daas PEglife des Dom» taias. »  en Italië. tj ne Citerne a laquelle on a donné une décaden de bon goüt : Ce petit édifice fe ft voir avec plaifir, mais c'eft d'aüleurs pj de chofe, mous allons maintenant parcourir celles a Eglifes , Couvens & Höpitaux , qui nniilènt le plus d'objets effentiellement ejiarquables: ce choix devient indifpenfabi dans une ville comme celle-ci, oü Pon uppie plus de deux cents Eglifes, tout« enrichies de quelques Tableaux préMix (*) : beaucoup font très-bien batie3, Ef-richement décorées Le moyen de nt voir ?.. Nous finirons par tri er de même i\\s le grand nombre d'HÓtels & de Patai, ceux dont les collections font le plus, Ji üerfeilement eftimées (.**). *) Une Ecole auffi célèbre que celle de Bo— toe, adü, néceffairement répandre une grande. 'Ssffe de ce getiTe dans fes Eglifes & autres Eiices publiés & particuliers : auffi tfóüve-t'orr ?|[jue a chaque pas des morceaux fupéricurs, du fiiiaticio; du Correge; du Purmefan; das troisZ -aches; du Schidene : du Guide ± de l'Albatie ; du, Di iniceiin ; du Guerclsin; des deux Procaccitii; duHa«/^du Thiarinï, &c. A eet égard, Bolognejifoutenir le parallèle avec Rome, & 1'emporte, niiteftablement fur Florence, Venife & Gènes. T*) „ On trouve facilemeat a Bologne une, Jichure intitulée : LePitture diBologna di J. PiemZatioiti, ou font indiqués tous les Tableaux yi'il y a a voir dans cette Ville, II eft compofe ,J»ne manière commode, en ce que tous ceux Ai font d'une beauté diftinguée,y font marqués JL aftérjfque (*}.." M. Qochin fe. lo.ue. de Bologna t Valuzze pu>blicö.  Bologna : San Gio it Monte. itf Nouveau Voyage Le célèbre. Tableau de fainte Cécile, par Raphaél, décore la Chapelle des Bentivoglio; (la Vllème a droite) de 1'Eglise de Salat-Jean du Mont : Ce morceau eft digne de fa réputation & il eft parfaitcment bien confervé. On ne peut guères voir une plus belle tête & d'une exprellion plus fublime, que celle de Ste. Cécile: le St. Paul & les autres figures qui enrichiffent cette compofi* tion, font également d'un defiein & d'un caraétère admirables; c'eft un des plus excellens Tableaux de ce très-grand maitre. Une Notre-Dame du Rofaire; grand Ta-I bleau du Dominicain. La Vierge eft plusfe gracieufe que belle : elle eft fpeétatrice dun Martyre de trois .Femmes, dont elle paroitk raffermir le courage & la foi. En généralJ' cette compofition eft un peu confufe & Pi térêt fe fubdivife trop ; il eft d'ailleurs admirablement delfiné , & fupérieurement peint : Ce Tableau eft placé dans la huitï me Chapelle a droite. Du méme cóté (dans la troifième Chapelle) , le Martyre de St. Laurent; belle compofition du Francefchini : La tête da Saint eft de la plus forte expreffion : les om-bres de ce Tableau poufient au noir; c'eft dommage. Les deux Tableaux ovales qui repréfentent St. Jofeph & St. Jéróme , font du Guerchin, 1'exaétitude & de la foliditc des jugemens del'au-| teur; mais ce livre auroit befoin d'être refait non feulement beaucoup de Tableaux qu'il y dique appartiennent k d'autres maitres, maisun très-grand nombre ne fe trouveat plus a Bologae, li  ln Italië. i*q itidignes de lui: on lui attribue également u très-beau St. Francois qui décore la Chaple qui fuit en defcendant vers le grand Rail. Saint-Paul, grande & belle Eglife. LBaldaquin, fous lequel eft placé le maitre-ütel, eft d'un excellent genre : On y voit uIsuper.ee Groupe traité en marbre par l'ïlgardi; univerfellement eftimé des conntl'eurs. II repréfente 1'inftant oü le bourrli léve Pépée pour trancher la téte & St. Pil: ces deux figures font un peu plus gran» dé que nature. La penfée & le travail en fa: admirables. i in très-beau Bas-reliëf également de marbc& du même maitre, enrichit le devant dö'Autel:Ces deux morceaux font faits per foutenir la comparaifon, avec ce que 1'atique a de plus parfait." '■ n remarque dans cette Eglife quelques Tdeaux de mérite: de préférence, un du Girchin, que 1'on nomme le Purgatoire: te auveur eft dans le haut du tableau fur anGloire; des Anges defcendent pour déli-vt plufieurs des Ames foüffrantes; St. Gréa;q; paroit foutenir leur efpérance & prier oo elles; ce morceau eft beau, mais il i'ijue ce mérite; il eft placé dans la qua::rioe Chapelle a droite. .1 Cavedone ; le Baptême de J. Ch. fur -e: emier Autel a'gauche; & trois Tableaux sulécorent la feconde Chapelle a droite: is nt eftimés. : Martyre de Ste. yjgnès ( Tableau qui Ié re le maitre-Autcl de l'Eglise de ce Bolognj. : Sna Paol»„  Bologrm: Giefu & Maria, t6o Nouveau Voyage nom), eft généralement compté entre les chef-d'ceuvres du Daminicain. Le pemtre a faifi 1'inftant oü le bourreau lui enfonce le poignard dans le fein ; un Martyre eft , déja mort a fes pieds; un Enfant effrayé m ce fpeftacle fe précipite entre les genoux de & Mère , & d'autres Speétaceurs & Spedatrices, expriment dans la plus grande vérM leur effroi & le faififfement qui les affectea La tête de la fainte eft de la plus rare beau» té; ie fentiment de la douleur & celui de \ la plus grande confiance, y font admirable-J ment exprimés. „ Tom eft beau dans caM compofition C*>, ledeffein, le colons,l'ei| preffion.... C'eft un de ces morceaux prej cieux qu'on ne fe laffe point d'admirer." , D-ms la méme Eglife, au premier Autel gauche; un bon Tableau du Tiarini, dot Ie fujet eft le Mariage de Ste. CatbérinJ en préfence de plufieurs Saints & Saintes;: il eft compofé & peint très-grandement. Une des belles Compofitions du Guerck enrïchitle maitre-Autel de l'Eglise d Jesus & Marie : Ce Tableau ( célèbre ent les plus beaux qui fe voyent a Bologne ), I prélente la Circoncifion du Sauveur. II eft d ' (*) II s'eft cependant élevé des critiquès j 1'emplacementdu Juge, qui femble être gêné; „ t des Gardes 1'ofrutque & fait qu'on le trouve av( peine : Aubasdesgradins fur lefquels fa chaifeel pofée, eft un jeune Enfant qui paroit garder grand bouclier; cette épifode paroit être dépte cse." C'eft certaineruent la feule tache qu'il y M» a ce beau Tableau.  en Italië. iGi alus belleexécution; tous les détails y font atés avec vérité , avec foin, avec un art jtrenant. Toutes les têtes en font admiaies, maisprincipalement celle de la Vier'A que 1'on ne fauroit quitter , par le fenilent tendre qui y eft fupérieurement ex>|ié. Le feul défaut (fi c'en peut être un) [ll'on reproche a ce tableau, eft la comjfltion du petit Autel, fur lequel fe fait 'Jération, que 1'on croit trop imité des els a 1'ufage du paganifme. |e Père Eternel (*) , (Tableau placé dans ejympan du fronton au-deflus de cet Aura) , eft également du Guerchin:mais :i e tête eft médiocrement belle: les nuaïflqui 1'environnent , manquent d'effet." /e Tableau de la première Chapelle en ïfant a droite , eft peint par VAlbane; 1 ■ a repréfenté St. Guillaume a genoux liantun Crucifix; La Vierge, Ste. Magde'.s. e & beaucoup d'Anges, occupent le haut ii Tableau: Dans le fond deux petits Diabi paroiflent rentrer en terre a 1'appariti 1 de cette Gloire... Ce Tableau eft peint i'c facilité, & 1'on y remarque de bom I ictères; mais la penfée ( au moins ridici:) de ces deux Diablotins, y imprims ai tache qui le dépare beaucoup. /F.(;lise dépendant du riche Höpital . I Êlé Mendicati di Dentro, offre aua *) U eft, dit-on, prouvé , que le Guerchin a i:int ce Tableau en une nuit, a la lueur dei i beaux. Bolsgna r Mendicati tli Dentro,  JSolngna : Mendicati rii Dentro. iGz Nouveau Voyaqe amateurs de peintnre, nombre de très-beau* Tableaux. Celui placé fur le maitre-Autel, eft cité, comme un des meilleurs du Guide: ce font proprement deux fujets réunis dans le même cadre. Dans le haut, eft fuppofée une Toile fur laquelle eft peint le Chrift étendu mort; fa Mère eft prés de lui; deux Anges partagent fa douleur. Saint Charles, St- Pétronne & d'autres Saints rempliffent le bas du grand Tableau ; ils paroiflént tous s'occuper de celui d'en haut: les caractères de têtes font très-beaux ; les vêtemens font riches & traités d'une manière grande &: vraie ; mais la compofition paroit être un peu trop fymétrique & cette duplicité de' fujets a quelque chol'e qui ne fatisfait point:: •c'eft néanmoins une très-belle chofe. Le Tableau de la première Chapelle a droite eft du Tiarini; la compofition en eft belle; mais fingulière : On y voit St.Jofeph amené par des Anges aux genoux de la Vierge, a laquelle fans donte il demande pardon de fes foupgons injuftes fur fa groflefie. La tête de la Vierge n'eft point belle; le fentiment de mécontentement, ou de hauteur y domine trop; il al tére, il efface même les graces dont on préfume que le] peintre n'a pas voulu totalement la privar: les Anges & le St. Jofeph font très-beaux: ce Tableau eft d'ailleurs admirablement deffiné & peint: le Tiarini n'eft nulle part auffi correct, & plus beau. Les Fr?fques qui ornent cette Chapelle, font eftimées; elles font du même maitre. St. Mathieu appelé a PApoftolat; trés-'  en Italië. 1G3 In Tableau de Louis Carrache: il eft placé Ir 1'Autel de la troifième Chapelle. jUn Tableau fupérieur du Cavedone décore ^Chapelle fuivante: Ou y voit dans le haut, I Vierge & 1'Enfant Jefus eutourés d'An|s; dans le bas, faint Pétronne &St. Aio, Lenoux. „ Ce morceau eft de la plus grande fauté : On y trouve toutes les parties de Irt dans un excellent degré; belle compoiion ; belle couleur; belles vérités, foi« Ins les têtes, foit dans 1'exécution des joffes; touche facile & pleine d'art." I Job, remis fur le tröne, a qui une multii de s'empreffe d'apporter des préfens; trésland Tableau du Guide; placé dans lt 'oifième Chapelle a gauche. C'eft un da lus délicieux morceaux de ce maitre: il jt peint dans fa manière tendre... extrê ►réable a faire. . L'Eglife eft bien dans fon genre. Le Taïleau de la première Chapelle a droite eft | Guerchin: On y voit le pieux Bernardo \olomei qui recoit 1'Inftitut de fa Congrej.tion des mains de la Vierge. Cette combfition eft digne de ce maitre, mais elle ■y. peut être comptée au rang de fes chefkeu vr es. ICarlo Signani a peint les quatre Tableaux pies placés au-defius des petites Portes ftribuées dans la nef: Ce font des Jeux Enfans: rien de plus agréable pour la pen:; rien deplus fatisfaifant pourl'exécution. On voit dans la Sacriftie une Copie de ' Magdelaine du Guide, que nous avons marquée dans la riche collection du Palais \uberini a Rome ; „ Cette copie, eft du kmutti; elle eft belle comme un original, mme ƒƒƒ. H Bologna^ Palais Archiéiiifcopal , Msgafins, San Miclwelc Ül Bofco.  Bologna: J.-Capuccini. tyo Nouveau Vo-Vaga & l'imitation eft dans toutes fes parties| j d'une exactitude qui furprend." J l La porte d'un Efcalier qui debouche dans j I Ie paflage de la Sacriftie, eft mafquee par» une petite perfpeftive peinte a frefque, d une excellente exécution; on doit y jeter un| | C°LedcTohre de cette Maifon eft remarlt quable non feulement par fa forme & la» décoration qui font d'un tres - Jon genre «fc mais encore par les reftes des belles Fref- | ques dont les murs étoient couverts. Loeft. | sVtrifte de 1'état de dégradation ou elles li font aduellement; dégradation d autant ft plus affligeante, qu'il eft fenüble qu'elles ont été préméditées & avec 1'intention de | détruire ces beaux morceaux. C'eft une vraie | rerte: „ Ce qui fubfifte encore fuffit neanjï, moins pour juger du ?érite qu'elles ont eu. |» Le Briiio ; Gabieri; le Guide; 4uèuftiii \f & Louis Carrache ; le Cavedone ; Maffan, \l Svava...& autres, s'étoient comme efior-'j; cés a 1'envi de réunir dans ces peintures, [ les reffources les plus heureufes de leur art. II Etant fur la terrafte on jouit d'une ma- i gnifique vue; Bologne s'y montre dans tous; t fes avantages. „ '; 1 Le Couvent des Capucins , eft pet! j diftant du précédent: les amateurs de pein-1 f tures ne fe difpenfent point de s'y rendre, t pour y voir un des plus beaux chef-d ceuvres du Guide, & que les Bolonnois placent entre ceux de leurs Tableaux , dont ils s'honorentle plus. II décore le maitre, Autel: On y voit Jefus-Chrift en croix,. [  en Italië, tyi :a fes pieds font la Vierge, la Magdelaine WÉ faint Jean. „II eft dans fa manière forte 1i& vigoureufe ;le deflcin en eft d'une juftelfe J& d'une fineffe merveilleufe." La Madonna di San Luca. Un Couvent de Domtnicain.es , s'eft établi au fommet du mont Guardi, diftant des' murs UB Bologne d'environ trois milles: Un Poripait de la Vierge ( * ) qu'elles ont eu Part .jde fe procurer, fait 1'objet d'un pélérinage célèbre, qui, en comblant de biens ce Monaftère , Pont rendu trés - intéreflant a. wok, même pour ceux que la dévotion n'y :onduiroit pas. \ h'Eglife eft nouvellement conftruite, & fait honneur au Dotti, fur les defleins du■imel elle a été élevée. ,Sa forme eft une llföix grecque , dont une des branches eft |n peu prolongée : C'eft la partie ou le fhoeur eft placé. Un dóme s'élève au centre; fuatre Chapelles occupent les angles de ce Ban. L'ordre ïonique règne ici dans toute la (*) Peint (on s'en doute bien) de Ia proire main de faint Luc. La quantité de Portraits ,e la Santa Madonna, qui lui font attribuas et» Italië & ailleurs eft innombrable'!... Mais s'ils I e décèlent point dans le St. Apötre , un forc krand peintre , on doit convenir qu'ils ont eur'eux tous un certain air de familie, qui pourbit en toute rigueur, leur affurer du moins une lème origine , un même pinceau. La Madonna ;par excellence) de Loreto, eft également auili utheutiquement reconnue pour une produftior» e St. Luc : ainfi pour niluftration des arts , il |:'eft trouvé peintre, & fculptcur k la fois. Hij Bologna: la Madonna di San Luca.  Roiógna: la jviadoimadi San Luca. ,7a NO WE AU VOYAGE ,ompe dont il eft fufceptible : En généraj j coute cette compofition eft heujeulej ell J eft traitée avec beaucoup de noblefie & de | aoüt : D'ailleurs la peniee n'en eft pon t I neuve; c'eft a peu de chofe pres, celle de I U Suplrga eorrigée, perfeétionnee. Fbyei | V*Le ^aint'Portrait eft foigneufement en-j ferme dans une efpèce de chafle, eclatante! Splerreries, placée au-deffus du maitre-i ïutel' il n'eft expofé a la véneration des 1 fiS« qu'a de certaines fêtes dans 1'annee f La Madonna y eft repréfentee en bufte 1 Cun peu moins que de grandeur naturelle); I fa tête & fes mains font d'un brun extie-1 Sement foncé: Le Bambino, eft de la même 1 S • Ces deux têtes fe reflemblent, &1 n'Sit aucune forte de grace 1'une &. 'au re ■ L'époque oü 1'on voit le mieux cette niiraculeife image, eft celle , ou ele eft promenée proceflionnellement dan les rues| £ BofogneP: Proceffion (*)/^le«» co-1 rieufe :,, le Sénat & tous les Corps & Comlunautés y affiftent, chacun fe profterne par-tout oü elle Faffe ; on ne rend pas pht| d'honneur au St. Sacrernent. | Jufqu'ici, tout eft a peu pres; dan1 ordre des chofes ordinaires , mais la conftuiction dont nous allons parler eft ftns contredit, furprenante ; elle eft tehe que, (*S Nous fümes fpeétateurs de celle de cej piceiS V fe fak -^^A^Smai : c'eft vraiment, dans ce geare, un fpeüaclj curieus.  E AT /TALIE. '73 i'antiquité n'en fournit aucun exemple , & jqu'en la voyant, Pétonnement augmente ;& s'accroit a chaque pas!. . . „ C'eft le {plus grand monument exiftant de la dévotion (des haliens d la Ste. Vierge." ! Pour rendre ce pélérinage facile & commode , même agréable en tout temps; il i été conftruit une Galerie, ou Portiques buverts, qui partent des murs de la ville, p conduifent fans interruption jufqu'au fol & prés du portail de la Madonna : cette diftance diftribue au dela de fept cents cinhuante arcades (*) d'une conftruction uni-ïorme, agréable & folide. Le milieu a peu prés de cette fingulière route, eft indiqué fer un vafte pavillon d'une aflez bonne ijrdonnance, fous la vor.te duquel paffe un |§and chemin. A partir de ce pavillon , lm ne cefie plus de monter, & les pélerins :levant dès-lors quitter leurs montures, il y I été établi a cet effet des écuries & remi'es, également trés-commodes & bienconfiruites. ] Nous ajouterons ici, par forme de note, jiuelqucs autres Eglifes a celles dont nous (*) II eft des Antiquaires qui s'extafient a 1* ue de ces fouterrains célèbres que nous avons bfeTvés a Rome, a Naples, k Pouzzols, &c. 4ais fans rien diminuer de la hardieffe, qui feule 1 ft le caraftèrc de ces vaftes entreprifes; nous tfbns croire que celle-ci leur eft infiniment fupeleure; & qu'une femblable, dirigée vers un but, llus généralement utile, feroit le comble de 1'auojace (ou fi 1'on veut), de la grandeur de 1'efprit H iij Bologna: la Madonna ai San Luca.  Balogna: la 'Madonna di Caücrs. ,y4 Nouveau Voyage venons de préfenter 1'analyfe, pour ceux des |A vovageurs a qui le temps permettroit de les voir: c'eft un fecond triage, qui, nean- * moins laiffera encore beaucoup de bonnes k chofes pour d'autres qui ne voudront rien J ^L'Eglise des Wüppini , autrement * 3iommée, Za Madonna di Galiera, eft d un bon goüt de deffein, & décoree noblement • .& fagement. Le Tableau du maitre-Autel, s| eft du Gaercain,- il y a repréfente St. Phi- ¥ Jippe de Néry en extafe : c'eft un fort bon ;-I Tableau ; la tête du faint eft d'un tres-grand.» xaraétère & fupérieurement peinte. ^ On voit dans la feconde Chapelle a gau- 1< che , un Tableau de YAlbane , dont on fait n vin trés-grand cas dans cette maifon : c eit tt 1'Enfant lefus parvenu a 1'age de huit a dix ans, acceptant les Inftrumens de fa Paffion 5;. qui lui font préfentés par des Anges : le i Père Eternel dans une Gioire occupe le haut p du Tableau : St. Jofeph paroit abforbe dans ft fa leéture , & la Vierge contempler doulou- H reufement ce myftère. Ce Tableau nous a |i médiocrement affedté; c'eft, peut-etre , paree que nous Pavons vu trop precipitara?» ment. n, Une partie des Frefques dont^cette Uia- i pelle eft ornée, font du même maitre. ; J La Sacriftie mérite d'être vue: elle eft |f enrichie de beaucoup de Tableaux de tresgrands maitres; nous indiquons de préférenw |j une Annonciation, attribuée a Annibal Car- 1$. rache; la tête de la Vierge eft d'une beauté fc médiocre; celle de 1'Ange eft mieux : c eit \\\  f. n Italië. >7Ó ton bon, mais ce n'eft pas un beau Tableau. L'Oratoire ( vafte Chapelle dépendante jde cette maifon) eft très-décoré & d'un fort {bon gout : 1'on y fait exécuter a de eergaines époques dans 1'année , des Oratorio, idu Concerts fpirituels, par 1'élite des mufipiens de Bologne & autres. .; Saint-Sauveur. , eft une des belles Eglifes de Bologne; belle forme, bon goüt d'arjchitecture; ornemens choifis, & difpenfés wee intelligence. - On voit dans la troifième Chapelle a. iflroite , une Affomption de la Vierge ; comtoofition très-riche d'Auguftin Carrache, qui. jquoique fupérieurement deflinée , & peinte jWec foin , n'arrête pas long-terops les cuirieux; par le ton monotone &froid du coloris. Dans la Chapelle oppofée (dite du St. iSacrement), unjolipetit Tableau du Guide, :encadré dans le Tabernacle de 1'Autel, rejpréfentant le Sauveur qui porte fa Croix : 11 eft dans la manière grife du peintre, qui 'eft la moins avantageufe; c'eft d'ailleurs un excellent morceau. f La Nativité du Sauveur ( figures plus grandes que nature) par le Tiarini : ce TaIbleau eft peint d'une manière grande & fajcile; le coloris en eft fier & vigoureux. Ce Tableau a été fait pour être placé a une plus grande hauteur que celle d'oü il eft vu imaintenant. [ Les quatre Doéteurs de PEglife qui rempliffent les ovales des quatre petites Chapelles, font du Cavedone : ce font de trèsibons Tableaux. H iv Bologna: Oratorio, San Salvatore.  lyS Nouveau Voyage Bologna: San I.eonardo, San Bartholokico di Porta. On trouvera dans la Sacriftie plufieurs Tableaux d'un excellent choix & des meik leurs maitres de 1'Ecole de Bologne. La Bibüothèque, de cette maifon eft eftimée ; on la dit riche eh Manufcrits. Dans PEglise de Saint-Léonard, fur le maitre-Autel; le Martyre de Ste. Urfule & du Saint Titulaire; beau Tableau de Ls. Carrache. Du même ; le Tableau de 1'Autel de fainte Cathérine : c'eft 1'inftant qui précède celui oü 1'on va lui trancher la tête ; la Vierge entourée d'Anges lui apparoit dans le haut du tableau. Dans 1'Eglise de Saint-Barthélemi; un St. Charles en prière , par Louis Carrache : bon Tableau placé dans la première Chapelle a droite ; la tête del'Ange eft très-belle. Dans la quatrième Chapelle du même cóté : une Annonciation par l'Albane. On voit dans le haut le Père Eternel entouré d'Anges. Deux autres Tableaux du même Maitre , enrichiftent cette Chapelle; 1'un repréfente la Nativité dü Sauveur ; 1'autre , PAvertifiement de 1'Ange pour fuir en Egypte. „ Dans la cinquième Chapelle a gauche, „une Vierge avec 1'Enfant Jefus; Buites par le Guide. On prife beaucoup a Bologne une Apparition de la Vierge a St. Bruno, par le Guerchin : ce Tableau décore le premier Autel i droite, de l'Eglife des Chartreux. Le Couronnement d'épines & la Flagellation du Sauveur ; deux Tableaux de Zsu/s  en Italië. '77 )Carrache, placés aux deux cótés du Chceur. La Communion de St. Jéróme, par Aumiftin Carrache: la compofition de ce Taibleau, eft, a fort peu de différence prés, la imême, que celle (li juftement admirée) du iDominicain. I Dans une Chapelle de 1'interieur de la imaifon; St. Jean-Baptifte prêchant fur le bord |u Jourdain ; beau Tableau de Louis Carrache. ■ l L'Eglise de St. Etienne, a Phonneur r'être la plus ancienne de Bologne. Son plan ïft auffi fmgulier que curieux : La petite reiende du milieu paroit être d'une conftrucjrion antérieure a celle des fix petites ChapelJes qui y correfpondent, mais qui femblent iéanmoins autant d'édifices particuliers. On ïroit que 9'a été dans fon origine un Temple ionfacré a Iiis : 011 a bientót vu cette culiofité, & Ton regrette peu fes peines. i II n'exifte en aucun endroit de 1'Europe In établiffement qui embrafle, qui réunifl'e Mus de genres d'étude a la fois, que celui lue 1'on appeile proprement 2. Bologne 1,'Institut. Ce Palais, d'abord trèslonfidérable , s'eft fucceffivement étendu , ugmenté; & c'eft aujourd'hui le plus vafte piment que Pamour des fciences & des arts fit encore élevé. . , i Le caractère de la- décoration en general, Ut d'un tres-bon genre : rien n'eft mieux lenfé que la diftribution ; il y règne une larmonie du plus grand mérite. I Ce Palais diftribue : une Academie des tciences; un Obfervatoire; une Bibliothè» H v Kólogna:'» Chartreuie, San StciiiKu,  IjH N OVV EAU VorAGE Éologna: Palais de füiftStut des Sciences» que; un Cabinet de Phyfique; un autre de Chymie; d'Hiftoire naturelle; une collection d'Antiques; une Salle d'Etude de Chirurgie ; une autre pour Part des Accouche^mens; une pour Part Nautique; pour Part Militaire; pour la Peinture ; pour la Sculpture; pour l'Archite&ure, &c. A chactml de ces parties, font attachés des Profefieurs, qui y donnent des lecons aux jours indiqués. On voit dans la cour de ce Palais une Statue moderne d'Hercule;,, Elle eft fort .„ belle, & d'un bon caraétère." L'Académie des Sciences de Bologne fait partie de VJnfiitut: Cette Compagnie y tient fes féances. VObfervatoirc eft une Tour fort élevée; on voit dans les étages qui lacompofent, une quantité confidérable dTnftrumens des meilleurs maitres a 1'ufage des obfervations aftronomiques. La Bibüothèque fe développe dans quatre- très-grandes pièces , orftées de trés-bon goüt: On la dit compofée de quatre-vingts a cent mille volumes. Le Cabinet de Phyfique raflemble les inftrumens les plus curieux , les plus recherchés , pour les expériences de Pélectricité , de la lumière & du feu; des propriétés de Pair ; du mouvement des folides, &c. On voit dans le Cabinet de Chymie tous 2es Uftenciles particuliers aux opérations de ce bel art: tous ces inftrumens, indé-" pendamment de leur beauté particulière, y font rangés avec un ordre aomirable.  en Italië. '73 : Le Cabinet. d'Hiftoire naturelle, occupe: dix Salles de Cuite : c'eft une des belles colleffions de ce genre qui fe puifie voir. II y règne un ordre, une diftribution, que les connoifleurs ne ceflent d'applaudir :^ toutes ;les pièces y font étiquetées, ou numérotées. 'On remarque dans tous les genres, des piè;ces uniques, ou rares, ou d'une beauté peu commune. . ! La Colleclion des Antiques eft cuneufe & ijntéreflante a voir , même après Florence, ■iNaples & Rome; elle réunit outre une fuite "très-précieufe de Médailles,dTdoles, d'lnf- trumens de Sacrifices, de Vafes étrufques; :;de très-beaux Platres des morceaux les plus fjicélèbres; & quelques originaux de mérite. La Salie de Chirurgie & d'Anatomie, i'in'eft pas la moins curieufe de VInftitut; non y voit, dansunnombre confidérable, des sITableaux & des Modèles en bois, en are Holoriée, de toutes les parties du corps hunimain : On ne connoït nulle part une colijleftion dans ce genre aufli étendue, & d'une ?|exécution auffi fupérieure. La Salle de Démonftration pour 1'art des ÏAccouchemens, eft d'un mérite égal au Imoins, a la précédente : les Modeles y font llans un nombre encore plus confidcrable. uk Toutes les parties de l'Uterus ou de la MatZ trice dans tous fes états; les diverfes poIg, fitions du Fatus, &c. s'y voyent dans 'L,un détail, dans une vérité, qui ne laii■ L, fent abfolument rien a défirer.... Les mail', ladies les plus rares, les conformations Ules plus fmgulières y font repréfentees. • * * H vj 3ologna: Pat/lis de "Inftitut lesScicn:cs.  Iïologna: Palais de flnftitut des Sciences-, Palazzt Sarapieri. i?,o Nouveau Voyahe. La Salie d'Etude de Géographle & de l'an Nautique, eft ornée d'une riche collection des meilleures Cartes , des meilleurs Livres ' relatifs a cet art, ainfi que beaucoup de modèles de Vaifieaux de tous les genres, &c. La Salle d'Etude Militaire, eft également remplie de Defleins & de Modèles, des diverfes Machines de guerre, anciennes & modernes, tous les fyftèmes eonnus de Fortification s'y voyent en reliëfs dans le plus grand détail, &. très-proprement exécutés. Enfin, les Salles de Peinture, de Sculpture & d''Architecture, offrent de même, chacune dans leur genre, toutes les refiburces qui peuvent faciliter & accélérer les progrès de 1'étude de ces fciences. Plufieurs! de ces Salles font ornées de Peintures a frefque, qui ont du mérite: quelques-unes font également enrichies d'afiëz bons Plafonds. Le Jardin Botanique (dépendant de 1'Inftitut) eft curieux; on y voit des Plantes exotiques_ex.trêmement rares, & qui s'y cultivent avec fuccès. Palais Sampieri (*); le Plafond de la (*) Nous rcpétons encore ici, que nous n'allons noter (fuivant notre coutume) que les morceaux d'élite de chacune des colleétions qui fuivent. Ce n'eft pas que nous ignorions qu'il eft fouvent des Tableaux, qui, quoique médiocres relativement a de certaines parties de 1'art, offrent néanmoins des beautés locales dont 1'étude peut être utile & fatisfaifante; mais beaucoup ü'entre. les curieux qui voyagcntfont trop preifés  en Italië. 181 première Salle , eft de Louis Carrache : il Repréfente Jupiter & Hercule : c'eft un fort ::Don morceau, bien compofé, & rendu avec Bus de chaleur, que ce maitre n'en exprime ordinairement. Mars dans les airs, qui vient joindre Vémus; petit Tableau fort agréable de 1'yllba,ie, mais qui a beaucoup fouffert. . Agar & 1'Ange; jolie produ&ion de Sinon de Pe^aro. 1 L'Adoration des Rois ; par Canuti. , Deuxième Salle. LaVertu ouvrant le Ciel k Hercule ; fuperbe Plafond, par Slnnibal Carrache. 1 Une Charité , attribuée a van Dyck; belle compofition, beau coloris : la tête de ,a Femme & celle des Enfans, ont beaucoup ;i'expreflïon : ce Tableau eft placé en face 'de la fenêtre. Du même cóté, & pour pendant; HenK i/^arrivant chez la belle Gabriëlle d'Etaées. La tête du Roi n'a point le mérite de la reffemblance , mais elle a beaucoup il'expreffion : la Gabriëlle eft jolie ; le fenllment qui 1'anime, n'eft point équivoque : Itle fe hate d'öter au héros fa cuirafle... ||n voit fur le cóté droit dans un enfonceIfent un Ecuyer tenant le Cheval de Hen||:, &c. On donne ce Tableau de Rubens; 'il n'eft pas cependant colorié comme les bons iqinorceaux de ce maitre. : Un Chrift que 1'on ^ace au tombeau; Kr le temps, pour donnet féparément a chaque rièce celui que demanderoit un pareil examen. Bologna : Palazzo iampitri.  Bologna : Valazzo Sampieri. ïHz Nouveau Voyaüï. petit Tableau cvAnnibal Carrache , d'un rare mérite : il eft bien confervé. Un bien délicieux Tableau de VAlbane: On voit fur le devant, de jeunes Enfans qui danfent autour d'un arbre; fur la gauche" Pluton, enlevant Proferpine , & vis a vis Vénus & 1'Amour, qui confidèrent 1'aétion de Pluton. L'épifode de la danfe des Enfans , eftrendue avec une vérité précieufe : c'eft la partie du tableau fur laquelle 1'öeil revient & s'attache avec le plus de plaiftr.. C'eft el tout un excellent morceau : il eft encore d'une belle fraicheur. La Femme Adultère; A'Auguftin Carrache :bon Tableau, mais d'une couleur froide & trifte. La Cananée ; de Louis Carrache : „ gra„,cieux & de couleur fraiche; ce qui eft trés-rare dans ce maitre. Au cóté oppofé a la fenêtre, la Samaritaine ; par Annibal Carrache : Tableau célèbre & fort connu par les eftampes. „ C'eft „ en effet un excellent morceau pour toutes „les chofes qui dépendent du defiein, la „ couleur en eft fort bonne : Les figures en „ font environ deux tiers de nature.J' Une Tête d'Ange, du Guide; d'une beauté fupérieure : très-bien confervée. Une Vierge, de Carlo Cignani; trèsagréable, & peinte grandement. Cinq Apótres dans un feul Tableau , „par le Guide; dans fa manière forte , oü „ les ombres font brunes & peu reflétées." La Vierge, 1'Enfant Jefus & Sc Jofeph; très-bon Tableau du Tiarini,  en Italië. 183 Un Titan accablé fons un rochet; par Louis Carrache : cette frefque remplit le Ideflus de la cheminée ; elle fe perd ; c'elt lommage. : Troifième Salie. St Pierre pleurant fon pe|, ché, & un autre Apötre le confolant; figuL res de grandeur naturelle. C'eft le plus 1 admirable Tableau que 1'on connoifle du )„ Guide; toutes les parties de Part, y font 1 au plus haut degré ; il eft d'une manière i„forte & vigoureufe, de grand caractère, l, Ik avec les vérités de détail les plus fineI ment rendues; les têtes font belles & de L la plus belle expreffion : C'eft enfin un I chef-d'ceuvre, & le tableau le plus parRfait par la réunion de toutes les parties 1 de la peinture, qui foit en Italië t il eft K bien confervé (*)." [; . Hercule & Atlas; beau plafond, par Auvuftin Carrache. I Hercule combattant Acheloüs transform?; ij»n Lion; belle Frefque de Louis Carrache; Wie occupe le defius de la cheminée de cette Kalle : elle eft bien confervée. I Deux Enfans jouant enfemble, excellem l&roupe en marbre par 1'Algardi. 1 Un autre Groupe de Jeux d'Enfans, auff Me marbre, pour pendant du précédent; pai •Majfa : il eft fin de defiein & d'une exécu- (*) Pour bien jouir de ce fuperbe Tableau, fl' Ifautfeplacer contre la porte de la quatrième pièce tui fuit celle-ci, & leréferver pour le dermer. ... bn goüce peu ce qui refte, quaud on a exannnc kelui-ci, Bologna : 1'alazzo Sampieri. i  Bologna: Palazzo Sampieri, 1S4 NOU FE JU VOYAGE tion foignée, mais quoique très-beau , il eft fort inférieur au précédent : ce dernier eft placé a la gauche du premier. Un Chrift en ivoire ; par Jean de Bolo-> gne ; morceau de la plus grande beauté. La Tapiliërie de cette Chambre eft fingulière : elle eft formée d'une toile cirée empreinte ; on voit dans les petits ovales, que diftribue ce deffein , de jolies petites Figures peintes en grifaille, par Louis Carrache : ces petits fujets font touchés avec une fineffe charmante. Quatrième Pièce. „ Le Plafond repré„ fente Hercule qui étouffe Anthée ; par le Guerchin, d'un raccourci & d'un ca„ ra&ère de deflein admirable; la couleur en eft belle, forte dans les ombres, & fraiche dans les demi-teintes : c'eft un „fuperbe morceau. A gauche au fond de la Chambre, un fort beau Tableau de Carlo Cignani : on y voit le Tombeau de St. Philippe de Néry ;un Aveugle s'y fait conduire par un jeune Enfant. Au pied de ce Tombeau eft une Mère qui femble implorer du faint la réfurreétion de fon Enfant mort pofé a terre fur un linge : fur le derrière, divers Perfonnages qui regardent Padion de 1'Aveugle & de cette Mère , Ste. II y a beaucoup de mouvement &- d'expreffion dans toutes ces figures: c'eft un fort beau tableau. En oppofition du précédent; Abraham chaffnt Agar & le jeune Ifmaël: très-beau Tableau du Guerchin. L'expreffion de la tête &même tout le mouvement d'Abraham  EN ITAEIE- 1*0 I celui d'un homme qui fe préte a une: luftice qui 1'afflige. La douleur d'Agar, j£ bien rendue; celle du petit Ifmaél, eft 3:11e de fon &ge : c'eft un délicieux Tableau. ' Palais Mond. On traverfe une petite ülerie aflez étroite , aflez mal éclairée, dont '.! plafond & les murs font peints a frefque , ir le Francefchini : on y voit de tresBies chofes, fur-tout dans quelques-uns es petits Tableaux diftribués dans les panleaux contre les fenêtres & ceux qui leur font ippofés. ( Dans les Pièces qui fuivent : Saint Jeöme, de Louis Carrache; de grande mapère : la tête eft médiocrement belle. : Une jeune Fille écoutant une Vieille; tt Cretti; foible & même froid de couleur, liais d'ailleurs plein d'expreffion. La Tête e la jeune Fille eft fort agréable , elle coute bien : on croit également entendre ;arler la Vieille. 1 L'Amour & Pfyché; par Carlo Cignanr, "ableau moins bien penfé que le préce- ent, mais d'un coloris plus agréable. , „ Une efquiffe en détrempe (petites figui;res); par le Guerchin : elle repréfente E une Foire de campagne. II y a nombre i de figures dans les habillemens de mode.., , Ce peintre paroit ici hors de fon genre. ƒ, il n'y a guères de bon que la facilité avec L laquelle cela eft fait." I Un très-beau Tableau, de Luca Giorda\o : il a pour fujet, St. Scbaftien mort Ie fes bleflures. „ Son corps paroit être un pet [ fufpendu par fes bras, attachés contre de; Sologna: Palazzt Monti.  iSG Nouveau Voyage Bologna Palazzo Monti. „ troncs d'arbrés qui naifient d'un rocher.". On voit plufieurs Femmes dont 1'une óte les ftèches des plaies qu'elles ont faites fur fon corps : la douleur de ces femmes ell bien rendue... La chair du faint & le nu de.: fon corps, auffi bien deffiné que bien peint.; L'Enlèvement d'Hélène, par Carlo Cignani; fort agréable Tableau. Le Chrift mis au tombeau; par le Doyi; bon. Tableau, correct de deflein , mais un peu froid de compofition & de couleur. Le Majfacre des Innocens & le Martyre ie Saint Etienne; deux Tableaux de Salva-1 tor Rofa, d'un trés-grand mérite. Les Figu-' res ont a peu prés un pied- de proportion.^ Ces deux morceaux font compofés avec un| grand feu, beaucoup de génie & une belief vérité d'expreffion. „ La couleur en eft bon- ne, fraiche & vigoureufe." Plufieurs Têtes de Sibylles, par Francefehini; bien deffinées, peintes avec grace, mai» avec une certaine foibleffe de pinceau qui leur óte une partie de leur mérite. La Libéralité &la Modeftie; par le Guide; figures de grandeur naturelle; délicieux Tableau , & de la plus belle confervation. Lesl têtes de ces deux Femmes font charmantes, & dans leur vrai caractère : La Libéralité offre de très-riches préfens a la Modeftie;celle-ci n'accepte qu'une feule Perle: Toutes ■ deux font demi-nues, & ce qu'elles ont dé draperie eft bien traité : la carnation eft-; la nature même. La Chafteté de Jofeph; joli petit Tableau, par YAlbane.  E N ITA t 1 E. l$7 (Du'même; des Nymphes qui fe baignent:; ès-agréable Tableau, mais qui a fouftert. • Du même; d'autres Baigneufes : ü eft le lus finement compofé ; peu de Tableaux ie ce maitre font plus piquans, plus attaLns que celui-ci: il eft bien confervé. Le Sauveur qui apparoit a 1'une des Ma,es qui s'approchoit de fon Tombeau , & ' laquelle deux Anges ( qui font placés deras) femblent dire que celui qu'elle cherche '& reflufcité, &c. par Francefchim : c'eft n des meilleurs Tableaux de ce maitre. i Bacchus, Cérès & Vénus; joli Tableat ie YAlbane. . . J Une fuperbe- tête de Moife; par print : Dans une Pièce de 1'autre cöté du f^ej^ibuled'entrée & également au rei dechaujjee ' Vénus & Endymion, par l'Albane : charmant Tableau ; compofé avec génie; 01 -ipplaudit fur-tout, 1'épifode de deux petit Amours en colloque, qui, en meme temp ikpriment , 1'un , le Silence a oblerver i'autre le Refroidifiement d'Endymion, qv ifemble fe renner aux carelles de Venus jpour courir a la chaffe. Ce bon morcea ikft parfaitement confervé. f Une Magdelaine pénitente. C eft une de iilicieufe copie , d'après celle du Correge tque nous avons obfervée dans la riche co liection du Palais Borghefe a Rome. On jfvoit cette fainte couchée a terre le corps lei iement enveloppé d'une draperie bleue., & [La tête eft portée fur le bras & la ma: ïdroite; de la gauche elle tient un Liv jdont la lefturc paroit entièrement 1 oca 5ologna: Patazzê Vlonti. 1 S s J i » ii » y t- e. n e i-  i8S Nouveau Voyaoe flotogna Palazz» Tanaro. ( * ) II eft peint fur le mur d'une maifon qui borde 1'autrc cóté de la rue qui la féparc de cePalais. : per : toute cette partie haute du corps eft.!li nue & la carnation y eft traitée comme dans \\ Poriginal, c'eft a dire de la plus belle naturel!» Apollon & Daphné ; par VAlbane : ces |' deux figures ont un mouvement très-fen- il fible; les têtes font belles; elles ont beau- i coup d'expreffion : celle de Daphné intérene fingulièrement : c'eft en tout un trés-bon m Tableau. Palais Tanaro. En avangant quelques I pas fous le portique du rez de chauiiée de w ce Palais -, on appergoit a 1'extrêmité op- \f pofée , Hercule combattant i'Hydre (*) , fi peint de grifaille ; par le Guerchin : il eftll beau & d'un grand caractère. „ Une Aflbmption de la Vierge ; fuie-Jt 3, de quinze figures ( de grandeur naturelle) }11 „ par le Guerchin. Ce Tableau eft d'un rareW „ mérite ; il eft de la beauté & du caractère tl „ de deffein de la Ste. Pétronille de Rome.I| „ Les têtes & les mains font fupérieurement | 3, bien traitées, & d'une vérité de natureS 9, admirable : La compofition eft trés-bien I groupée, & la manière trés-grande, très-H „ forte, &c. „ Un Martyre de St. Laurent, traité de t jl y, nuit & aux flambeaux : attribué au Ti-tIj tien. Ce Tableau a beaucoup fouffert. Quatre Tableaux cVAnnibal Carrache; f dont une Femme dormant fur un lit de f  en Italië. ify ipos, & la Toilette de Vénus : nous in-: ,quons ici les deux meilleurs. i ■ Deux Tableaux cVAuguftin Carrache , ;acés en face de la fenêtre ; celui qui nous :1e plus attaché, eft Diane & fes Nymphes irprifes au Bain , par Actéon. Saint Auguftin ; beau Tableau par le uerchin : 11 eft dans fa manière forte. iLa Vierge donnant a teter a 1'Enfant Eis ; prés d'elle, eft le petit St. Jean : }ès-beau Tableau du Guide : belle comMition, coloris précieux; c'eft en tout, un icellent morceau. «Dans une Pièce qui [uit : Une Vierge I 1'Enfant Jefus ; charmant Tableau , par tydlbane : II eft confervé fous verre. JLe même fujet; par yJndrea del Sarto: I Tableau; de la plus belle fraicheur. ■ 51 Une Nativité, de Louis Carrache :combfition heureufe , bien deffinée , mais un ;u froide de couleur. I Deux Muficiens, d'Auguftin Carrache 1 •un joue du Luth , 1'autre de la Corneufe ; le premier eft le meilleur. f La Vierge , 1'Enfant Jefus & St. Jérome; E petit Tableau de Louis Carrache. i, Abel aflaffiné par Caïn ; de Sabathani; : fait effet & prévient au premier coup Ëpeil : Le raccourci d'Abel eft très-beau; f douleur d'Eve eft bien rendue : L'ex^effion d'Adam eft équivoque : Cain fuit m , & Eve paroit être trop jeune ; c'eft éanmoins en total, un bon Tableau. Saint Pierre qui renie notre Seigneur ; iar Lquis Carrache : bon Tableau, com- Jcïlogna: "aluzzi ['anarc.  tgo NOUVEAU V O Y A (ï E Sologna: Palazza Ta paro & Ai dovrandi. pofé avec un degré de 'chaleur peu commun dans ce maitre. II eft de forme ceintrée par le haut, & placé en face de la fenêtre. La Vierge & 1'Enfant Jefus; belle copie de Louis Carrache , d'après le célèbre original ( dit la Nuit), du Correge , maintenant dans la galerie du Palais Elecloral a Drefde. La compofition de ce Tableau eft fingulière; on y voit 1'Enfant Jefus placé', de cóté fur les genotvx de fa Mère ; elle le retient au moyen de fon bras gauche paflë par-deflus lui : il eft habillé, & défl d'une certaine grandeur. On fait voir dans une très-petite Gale-v rie, fituée de 1'autre cóté du grand Salon| d'entrée ; un nombre aflez confidérable del fort beaux Defleins originaux des meilleur|| maitres; ainfi que quelques efquifies de PÜfl bane , du Correge , du Guide , &c. Le Palais Aldovrandi, eft 1'un des plu& vaftes & des plus beaux de Bologne : Lel Portiques & le Veftibule du rez de chaufleén ont beaucoup de grandeur & de noblefle.L'Efcalier eft magnifique ; il monte de fond. «St eft éclairé en lanterne : Aux deux tiers de fa hauteur, règne une baluftrade en fer£ qui vue d'en bas, femble faire partie du. plafond. On traverfe un fort berm Salon, décoré en ftuc & orné de Buftes de marbre , donj plufieurs font très-beaux : Le Plafond eifc; médiocre de compofition , & d'un coloril beaucoup trop cru. Dans la première Pièce. Une Magdelainej par le Francefchini : bon Tableau. I * i  ZN iTAhïZ. l$l ■■ On paffe enfuite a travers une enfilade de i !:uf a dix pièces très-belles & toutes or-1 ées de tapili'eries , fabrique de Flandre,' {: plus beau choix : les deffus de portes, int également autant de Tableaux de Tasfferie. l On traverfe encore un petit Salon , trèsbblement décoré , qui précède la Biblioiièque , & 1'on arrivé enfin a la Galerie. . Le Plafond diftribue trois très-grands & uatre moyens Tableaux ; le tout peint par irigari : ils offrent autant d'allégories & fc fujets emblématiques, relatifs a la maiIb Aldovrandi, &c.. Ce ne font point de aerveilleufes chofes. 1 Une belle Tête de Vieillard , peinte au Aftel par le Correge ; elle eft placée a gaüae en entrant dans la Galerie. I Judith tenant la tête d'Holoplierne (de leandeur naturelle ) ; par le Guide : cet exillent Tableau n'eft point terminé. I Le Martyre de St. Etienne; par LocaMi: ce petit Tableau eft joliment touché, jhais un peu froid de couleur ; il eft d'une fbrme a peu prés ovale , & placé prés de P porte d'entrée. On remarquera trois au[rës Tableaux du même maitre & de la bême forme, dont on ne fe rappelle poini 'fes fujets. ïï\ Saint Jéróme enfeignant ou expliquam II grec , &c. par Paul Feronefe. On obferv. ïlans ce Tableau un beau mouvement dan; fes perfonnages, & des têtes d'un excellen ïaractère : il eft placé a gauche en entrant I Vénus & 1'Amour dormant fur le mêmi iologn» : 'slazzt Aliovr»ii(,li.  Bologna : PMazzo Aldovraudi. lyz NOUVhAU VO YAG E lit de repos; un Satyre léve un coin du rideau , &c. Ce Tableau eft du Francefchini, on 1'eftime un des bons de ce maitre. Le fommeil de 1'Amour eft fenti ; celui de, Vénus eft moins bien rendu : les chairs font d'une belle vérité. , UneMagdelaine, petit Tableau extrémement piquant; par van der Wef. La fainte y eft repréfentée a demi nue ; fa tête eftl belle, mais elle n'exprime que foiblemènt. ;• le fentiment de la douleur : la carnatirj eft de toute beauté; il fait en général beaucoup d'effet. Au-defl'us de ce Tableau, un petit En-3 fant dans fon maillot, par le Guide. Des Jeux d'Enfans; jolie compofition de'.'; Carlo Cignani. La Mort d'Adonis ; grand Tableau d® Francefchini: la douleur de Vénus eft bien:; rendue : celles de quelques Nymphes qui la foutiennent & 1'accompagnent n'ont pas la même vérité : il eft peint grandement. Betzabée a fa Toilette ; par Jofeph del Sole : Betzabée eft jolie, fes Suivantes ■ font auffi; il y a du mouvement dans cette, compofition, mais le coloris n'a rien d'a* gréable. Du même, & pour pendant; Rachel recevant les Préfens que lui apportent les Serviteurs de Jacob: On remarque de jolies intentions dans ce Tableau : il eft plus chaudement peint & mieux colorié que le pré-f cédént. Notre Seigneur & St. Jean ( encore enfans), qui fe careffent; charmant Tableau du  /wV ITJLIE. }$3 u Doininiquin, de la plus heureufe, de la lus agréable exprefïïon. Du même, pour pendant ; une Tête d'Enint: c*jsft également un dèlicicux morceau, lein dc'-graces & d'aniénité. I Une Femme nue, peinte de grandeur natalie , & vue jufqu'au nombril; par le 77hn. Ce Tableau a'fouftert, mais il eft encore Eau t la chair y eft encore frsiche & aimable. JUne Tête de St. Jean, placée dans un Iffin dont le rebord eft vert; attribuée au Men. Cette tête eft véritablement fort bel- , mais les acceflbirs font peu dignes dc i maitre. i Au-defius du précédent; une Vierge, ilnfant Jefus, St. Jofeph & St. Francois; :»n Tableau de VAlbaut: il eft d'un pinceau ïréable & d'une belle confervation. ' Deux grands Tableaux du Gefit: 1'un rejéfente Vénus a laquelle Adonis donne la jain ; 1'autre Paris donnant la pomme i lénus. Dans le premier, la Vénus n'y eit jiint belle, & facarnation & celle d'Ado\i, font trop couleur de brique. Le feconi I; plus vraï de couleur, mais l'aétion de mon qui fe mord le bout du doigt eH ijinejde ha-ine de ce que la pomme ne lui Jpoint été adjugée, eit bafle & peu agréa|i: cependant ces deux Tableaux plaifent, Jfont eftimés. Du Guerchin; rendez a Cézar , ce qui ipartient^, &c. Tableau capital : il eft icé au cóté gauche de 1'extrêmité de cette lerie : il eft peint avec force ; les têtes I font belles & pleines d'expreflion. ïTome UI, I Bologna f Palazzo Aldovrandi.  Bologna; 'Palqzu Zahibeccari. 70,4 Nouveau Vovagé Diane fefesNymphesaubain, furprifespar , A&éon : du ¥a\ina\li : Tableau, plus joli' que bon & dont le coloris appelle & pre vient. j Un Bufte de St. Francois; par \e.Domi- . niquin; du pinceau le plus fuave. Un St. Pierre ;fuperbe Tête, par le Guerchin , dans fa manière forte. Une Magdelaine, par le Guide (•). Deux Portraits par le Tuien. Cette Galerie eft en partie entouree d un» contre-Galerie , ornée de trois rangées de Buftes antiques placés dans de petites niches I ovales: Le refte eft décoré en ftuc traité avec ! afi'ez de goüt; parmi ces buftes , on en i remarque plufieurs de très-beaux & d'une belle confervation. I Palais Zambeccari (»*). Hercule filantd prés d'Omphale (figures de grandeur natu-;, relle); Omphale eft debout devant Hercule ' & paroit s'appuyer fur fa maflue : Elle eft I peu jolie : Le caraétère de tête de PHercule (*") Ces trois derniers Tableaux font, on np peut pas plus mal plaeés ; ils occupent les tru- , 'meaux , ou contre-croifées de la galerie; il nelt j pas poffi'ble d'en jouir : on devine plutut, que 1 oni n'eft perfuadé de leur merite. (**) D'un irombre confidérable de Tableau* | cités avautageufement par 1'Abbé Richard , Co- j clfm & autres; k peine en trouve-t'on dix exil- . tans' dans ce Palais : les meilleurs ont été vendus-1 & décorent aftuellement la riche collechon de i Drefde. Ceux que nous indiquons ici font confondusdansuuemultitudc de copies médiocres , ott ; d'originaux qui ne font p»J plus recommafidablesJ  «isr Italië. jyj ' til dans le genre commun. On donne ce TaJbleau a plufieurs maïtres; le plus grand nombre le croit du GeJJi. Le Baifer de Judas ; bon Tableau de Louis \Carrache : Le coloris en eft plus vrai, plus brillant, que dans beaucoup de meilleures productions de ce maitre. : Une Defcente de Croix ; par Paul Jre~ ironefe : Ce Tableau eft beau, mais il nous a para fort au-deifous de fa réputation. Deux Enfans; charmant Tableau de Siiraon de Pe^aro , foible cependant de coloris , mais d'un bien agréable defiein. I De Michel-Ange de Carravage; Judith, icoupant la tête a Holopherne : Tableau ca.wital. Ce fujet „ eft traité d'une manière li ■ jiterrible, qu'on ne peut le regarder fans une |efpèce de faififfemeut; le pèintre a faifi 1'inf. trant du pafl'age de la vie a la mort, & il l|'a rendu d'une vérité effrayante. La Judith. telt belle, & paroit avoir horreur de 1'action iqu'elle commet. Le caractère de la ftiivante 'lieft bien, & il laifle dominer celui de la |figure principale. Ce Tableau eft vigoureux de couleur. " Nousindiquons ici par forme de note, les Palais Caprara ; Ranuzzi; Bovi ; Ratfta , &c. On montre dans le premier , une ilcolle&ion aflez curieufe d'Armes, & divers |Meubles, Uftenciles & Bijoux a 1'ufage des torientaux; d'autres a 1'ufage des Turcs, &c. Dans la Chapelle de ce Palais, une Vierge i& PEnfantJefus; charmant'!ableau de Carlo ÏCignani; il eft nn de defiein, d'expreffion |& de couleur. I ij Rologna : P/ikizze Ciprat».  1<)6 NO V VTi.AU Vo Y AG E PuiazaVLi.iruzgi, Covj, Rarta , Sa/Ie de Speftacl*. Les Noces de Cana, petit Tableau place en face de 1'Autel, ainfi que plufieurs autres, repréfentant divers traits du nouveau Teftament; par Brigari. Tous ces fujets font compofés avec génie , & peints avec une grande facilité ; il ne leur manque qu'un meilleur coloris. On voit dans la Chambre a coucher , (qui tient a cette Chapelle) une Vierge, 1'Enfant Jefus, St. Jofeph & St. Jean; Tm bleau très-agréable du Pavani. On doit voir dans le Palais Ranu\ii; un St. Francois, prés duquel eft un Ange qui joue du violon (figures de grandeur naturelle),- par le Guerchin. Plufieurs de Louis Carrache ; de Luca Giordano; de 1'Efpagnoletto; de FrancefGhini; du Bernini, &c. Nous n'avons point vu ce Palais. Dans le Palais Bovi; une Sainte Familie de Raphaël; de beaux Ballans; quelques beaux Bas-reliefs antiques encadrés dans les murs de 1'efcalier, &c. Nous ne l'avons point vu. Dans le Palais Ratta; 1'Enfant Prodigue, petit Tableau, par le Guerchin; une Vierge de VAlbane; la Sibylle (demi-figure de grandeur naturelle ) ; Tableau (dit-on) fupérieur , du Dominiqu'm, &c. Nous ne l'avons point vu. La Salle de SpecSacle (nous entendons ici , celle appartenante & conftruite aux frais du Sénat) , eft très-vafte; plus richement , que noblement décorée; mais 1'une des plus folidement conftruite d'Italie :  en Italië. i<)y Elle eft toute de pierres & de briques. Ce ique nous avons vu des décorations, nous ja paru du meilleur genre, & devoir faire un bon eftet. On dit cette Salle très-fonore, très-favorable po'ur la muiique ; c'eft urn mérite a ajouter a ceux qu'elle nous a paru réunir. I Le grand Opéra de Bologne, eft, communément bien monté; mais il n'a lieu , ainfi mue dans toute 1'Italie , que pendant la idurée du Carnaval. On nous a indiqué trois ku'tres Salles, que nous n'avons point vues. I Nous ne ferons qu'indiquer ici (comme iine des curiofités de Bologne) la Pierre. k Phofphore , connue fous le nom de cette Kille, & qui fe ramaffe dans les environs: lies curieux en trouveront de toutes prépaiées chez plufieurs des Apothicaires de la Fille : LesChymiftes placent cette pierre, ïu fecond rang des Phofphores artificiels. II On peut s'embarquer a Bologne pour Venife, & 1'on trouve au port, de grandes >3arques ajfe\ commodes apptlées Burchio, lans lefquelles on place d l'aife tout le bagage que Pon peut avoir ; mais cette makière de voyager eft un peu lente (*J : II 1 (*) Elle eft moins lente que 1'on ne croit & : eaucoup plus vive que les Barques qui naviuent fur les canaux de Hollande : celles-ci Dnt plus légères & mieux conftruites, & le iourant eft rapide. On met ordinairement un )heval pour defcendre , & lorfqu'on veut aller lus grand train , 011 en ajoute un fecond: BoIoffM ! Phofphore. Avis intéreffant.  j$8 Nouveau Voyaqei Eologn'a. eft plus expiditif de fe rendre de Bologne d Padoue par terre ; mais il faut alors prendre fon temps; la moindre crue d'eau rend cette route impraticable , & il eft arrivé d nombre de Voyageurs, d'être arrités un temps, confidérable dans de fort mauvais gites. On doit encore obferver que cette route nécefiite fix pajfages d'eau en bateau C*J: nous faifons cette remarque pour ceux qui Jont dans 1'ufage de voyager de nuit. De Bologne d Cento , on paffe le Rheno. Entre San Carlo, & Ferrara, ontraverfi 1'Adice & un bras du Pó. De Ferrara d Rovigo, on traverfe le Tö, qui eft ici fort largeffurun pont volant, tels que font ceux établis fur le Rhin>&c.J ; & le canal Bianco. Entre Regie, & Monfelefe% unedernière fois Z'Adice. Ce chemin eft d'une finuofité ennuyeufè ü fatigante; mais d'ailleurs (dans le beau temps) fort agréable : il fuit les digues 8 levées , qui bordent ces difiérens fleuves. De quelque cóté qu'on fexende d Fenifé, on ne doit pas négliger de fe munir d'un Bulletin de Roste ; c'eft un ordre de la Seigneurie qui taxe d un prix au moins fup- ces Chevaux fe payent a peu pres Ie prix de la pofte. Cette traverfée eft fort agréable: les pays que 1'ceil parcoun lont bien cultivés & bien peuplés. (*) Indépendamment de plufieurs flaques d'eau., Ji petits courans que 1'on paife a gué,  '2 N ITA L 1 t$g portable celui des Chevaux de Chaife & de 1 Courier. Ces Bulletins s'obtiennent facilemen d Venife ; il faut les faire demander par fon Banquier ou. fon Correfpondant, & fe les \faire adrejfer defagon qu'on en foit porteur Jorfqu'on arrivé fur les terres de la rêpuibliqut: Sans cette précaution , les frais de \pofte- deviennent excejfifs; puifque malgri ]cette modtraüon, on eft encore obligé de ipayer on-^e d quin\e paules par couple de chevaux. On compte treize poftes & demie de Bo]Togne a Venife; ou cent quinze milles d'It talie. ' La petite Ville de Cento , eft affez bien B&itie ; elle eft agréablement fituée. Le céilèbre Guerchin , y eft né , & Ton y voit 'iplufieurs bons Tableaux de ce maitre. Nous ündiquerons ceux que 1'on regretteroit le iplus de n'avoir point vus. Dans la petite Eglise d'une Confrérie iNome di Blo ; J. Ch. refllifcité, apparoiflant ia fa Mère : Tableau fupérieur dans toutes ifes pirties, & d'une belle confervation. Uiie Ste. Magdelaine, dans PEglise de : ce nom : Le Guerchin , s'étoit ici furpaflé: : Ce beau Tableau a depuis été un peu gaté, par une additïon d'une autre main, ;iaux cheveux de la trop belle pénitente, |i qui couvrent aujourd'hui la plus grande I partie de fa gorge: c'eft néanmoins encore mn beau morceau. Dans PEglise des ci-devant Jéfuites; 1 la Vierge alaitant 1'Enfant Jefus ■ que faint I iv iOlÖKna. RoutttleBnogne a Velife, par Perrara,Roi?ego & 1'aJoua.  200 JV O UVEAU V0 VAGE Cento, Fer rara. (*) Aux trois Maarts, bonnc Auberge. Jéróme paroit admirer ; très-beau , très-magnifique Tableau du même: il eft 'parfaitement confervé. Dans 1'Eglise Cathédrale: Jefus-Chrift confignant les Clefs a St. Pierre; très-beau Tableau, du même, grandement compofé & chaudement peint. Dans PEglise du Rofaire; un Chrift, un St. Jéróme, un St. Thomas, un St. J. Baptifte , du même. Dans PEglise des Servites; un Saint Bénoit; un St. Pierre-aux-Liens ; un Saint Charles auquel uri Ange préfente des fleurs.: Du même. Dans PEglise des Capucins; par le même; ies Pélerins d'Emaüs ; & une Madonne, qui, dit-on , étoit le portrait de la Maitrefle du Peintre. Nous n'avons point vö ces cinq derniers Tableaux. Peu de Villes fe préfentent plus magniSquement que FERRARE (*) , la porte vers laquelle ie chemin dé Bologne conduit', ouvre une rue parfakement alignée, fort large , & que Pon eftime avoir deux milles d» longueur : d'autres rues plus longues envore la traverfent. Son enceinte eft confidérable ; mais Pon dit communément , qu'il •s'y compte plus de maifons que d'habitans. Elle eft cependant avantageufement fituée ; la branche du Pó, fur laquelle elle fe dével oppe eft navigable ; cette refiburce devroit donner quelqu'aétivité a fon induf  EN IT AhlE. 20/ trie, a Ton commerce: Tout y eft néanmoins ; d'un filence , d'un trifte qui afBige. Les Fortifications partieulières au corps E de la place , font peu de chofe , & paroifI fent tomber en ruines: Celles de la Cita! delle font plus régulières, d'une bonne ' défenfe, & bien entretenues. On voit fur ; la place d'Armes de cette forterefle , 1'effi] gie de Clément VIII, en marbre : C'eft I un morceau médiocre. On nous a dit que I X'Arcenal étoit confidérable & curieux; nou.~ i: ne l'avons point vu. L'ancien Palais des Souverains, eft | d'un vafte confidérable, & d'un goüt de )1 conftruction qui lui donne plu tót Pair d'une j forterefle, que d'une demeure agréable & II de repréfentation : C'eft une énorme malie jjcarrée, ifolée, entourée de fofles, & flanI quée de quatre grofles tours. Le Légat mainj| tenant 1'occupe. On y va voir quelques peiniltures a frefque (eftimées), qui ornent i|plufieurs des Salles de ce Palais : Nous ne 44es avons point vues. L'ceil fe repofe avec plus de complaifance fur un nouveau ÏPalais, élevé en face du précédent; il left d'une aflez belle ordonnance , & tout Ifon enfemble fait très-bien (*). On remarque fur cette Place deux Mo- numens fort médiocres, élevés a la mémoire (*) D'autres édifices du même genre embelliffent cette ville; on cite de préférence , celui Jde Paltivicini. Nous ne connoifibriS point i'initérieur de celui-ci, ui du précédent. I V Ferrsr*.  S02 Nquve A u Vo va c; e Ferrara, de deux Souverains du pays: Ce font' deux Statues de bronze y juchées, chacune fur une haute & maigre Colonne. La Cathédralk eft le feul édifice dïftiril gué qui décore la grande Place, dont Pétendue eft certainement impofante. Le plan de cette Eglife, a la forme d'une Croix grecque ; il eft d'un bon caractère, & ce vaifleau en général eft d'un bel effet: Fintérieur eft noblesient décoré. Entre plufieurs bons Tableaux qui Pembelliflént , les amateurs fe portent de préférence , fur celui repréfenrtant le Martyre de faint Laurent,. par le Guerchin , placé fur 1'Autel de- la croiféa a droite: c'eft un Tableau capital, (k 1'un des beaux morceaux de ce maitre; il eft peint dans fa manière grande eft forte. Dans le fond du Sanctuaire, un grand Tableau, dbnt le fujet eft le Jugement dernier: les meilleures penfées font copiées d'après celui de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine du Vatican. Dans l'Eglifé des Théaüns; une Préfentation de Jefus au Temple ; par le Guerchin: compofition pleine de génie; toutes les têtes y font d'une expreffion admirable ; il eft peint vigoureufement, mais le coloris manque de cette luavité qui caractérife les belles productions de ce très-grand maitre. Ce Tableau eft fort dans le goüt de celui de la Circoncilïon du Sauveur, que nous avons indiqué a Partiele de Bologne. Dans PEglise des BénédilJins; un trèsbeau Tableau du Bourini, repréfentant St, Jean-Baptifte reprenant Hérode & Hér©-  in Italië. 203 dias (*) r « deffiné de grand caractère & compofé grandement." On vpit prés dn maitre-Autel, le Maufolée de PAriofte: fon Bufte entre aiïez mal dans cette compofition. La route de Ferrare a Padoue, longe également les Digues &Levéesfaitespourgarantir la plaine des inondations de différentes branches du Pó & des autres fleuves qui défolent fouvent ce riche pays. Le chemin d'ailleurs eft des plus agréable : Pceil ne ceiie d'embrafler a la fois un nombre confidérable de Villages & diverfes autres habitations: Les terres y font médiocrement bien culti vées. La Ville de PADOUE (••) ,s'eftime 1'une des plus anciennes dTtalie, & produit des titresde fon antique fplendeur; mais depuis long-temps elle n'eft.ni la plus riche, ni la plus belle, ni la mieux peuplée: en étendant fon enceinte , en formant même une nouvelle Ville, elle n'a point fu fixer dans fon fein 1'induftrie , le Commerce& les ,Arts; & quoique la plus avantageufement fituée, on n'y remarque nul mouvement, nulle vie : Les habitans y font rares, proportionnément au vafte terrain. qu'elle emferafle, que Pon affure avoir plus de huit (*> On prétend que ces deux Têtes font les Portraits parfaitement reflemblaas du due Alfvnfe & de fa Maitrefle. (*'*) Air Aquila dor» (a l'Aide d'or) , trèïtonjic Auberge. I vj Ferrara. Padoue  &o4 Nouveau Voyage t'adnua : Porta del ' Pottillo, il 3 >,il Saloue. (*) Porta di San Giavani; Porta di Stnanaroia. Toutes ces trois compofitions ne fout point me?Veilleufcs; mais elles donnent un •enfemble epi plak. milles de circonférence. Le Bachiglione & la Brenta (qui tous deux defcendent des Alpes Trentines) sJy réuniflent & baignent une partie de fes murs. Elle eft entourée de quelques fortifications modernes qui paroifient lbigneufement entretenues. Ses trois principales Portes (*) font fort décorées; principalement celle du Port, dont la compofition eft fatisfaifante : Elles promettent beaucoup pour Pintérieur; mais cet intérieur (particulièrement 1'ancienne Ville) n'offre que des rues fales, étroites & fom-. bres, bordées de portiques écrafés, & qui n'ont d'autre mérite que la commodité qu'ils procurent. Le Paeais de l'Univerfttè , eft fitué a peu prés au centre de la ville; il eft vafte, d'une décoration aflez noble ,& trés-bien diftribué. Le Théatre Anatomique; la Salie de Phyfique expérimentale, & le Cabinet d'Hiftoire naturelle , meritent d'être vus: Le Jardin Butanique, eft également curieux. L''Hotel-de-ville, qui eft aufii le Palais de la Juftice, eft peu éloigné du précédent: Ce batiment s'annonce avec quelque grandeur. La grande Salle d'Audience, eft d'un vafte furprenant... On lui donne trois cents pieds de longueur, cent de largeur & a peu prés autant de hauteur : Eile a été ongi-  EN ITALIL. i»J nairement peinte par le Giotto, aidé de :,fes élèves (*). On entre dans cette Salle épar quatre portes, au-defius defquelles, exUérieurement, font placés quatre petits Buf$tes de marbre , du plus médiocre travail, mais que 1'on prife fort a Padoue (fans doute paree qu'ils repréfentent des favans toriginaires de cette ville). On y voit, inirérieurement, un Monument (**) élevé a ;la gloire de Tite-Live, dont les Padouans, ::croyent pofléder les cendres. Un autre , érigé d la Gloire, d'une Mar» ilquife tfOrbini, qui, plus auftère encore tque Lucrèce, fe laifla poignarder plutöt que sde confentir a fon déshonnenr : pareils momnmens font trop rares pour ne point citer ceIpi-ci; qui par lui-même eft fort peu de Hhöfe. U. On voit dans 1'une des extrémités de cette Jvafte Salle une forte de vieux troncon de colonne exhauffé de trois a quatre marches, .que 1'on appelle la Pierre d Opprobre; fur >Jlaquelle s'aliéyent les Débiteurs infolvables, jou qui veulent fe faire déclarer tels, pour fï (*) Des mains mal-adroites ont gatc , plutöt que rctabli ces premières Peintures ; on n'y rettouve plus que les premières intentions de cet 'dhiftre reftaurateur de la peinture. (**) Rien n'eft plus petit, & plus froidement benfé que cette compofition : Le Buftë eft antique, mais il eft d'un mauvais travail, & (quoi qu'en difent MM. de Padoue) peu reffemblant i des Buftes authentiques & reconnus , de ce,t ïiftorkn célèbre. •' '■ ' Padoim r Pierre d'Oppr»bre.  Padoua: Palais du Podefta, Palais du Commandant des Troupes, grande Horloge, Bihliothèque publi«me. aoG Nouveau Fovage fouftraire aux pourfuires de leurs Créanciers. Une aflez grande Place précède ce Palais; mais elle eft irréguliere dans fa forme & Itr mal décorée. Le Podefta, babi te le Palais desCar- I rares, anciens fouverains du pays; la fa- m gade eft d'un mérite médiocre : on en loue d; la diftribution & quelques Tableaux qui dé- p corent les appartemens: nous ne les avons f point vus. ( On voit dans ce voifmage quelques vefti- k ges isVAmphithéatre; ce n'eft pas une curiofité fort intéreffante ; mais elle détourne ld peu. W Le Palais du Commandant des Trou- U pes, eft fitué fur la Place de la Seigneurie : c'eft un batiment régulier avec deux ordres de ef pilaftres 1'un fur Pautrer la maffe générale a quelque mérite; les détails n'en valent rien. f On remarque fur cette place une Horloge tr (re^ardée a Padoue comme une huitième e! merveille); elle marqué les phafes du foleit f & de la iune, elle indique les fignes du zodiaque,. &c. Elle eft a peu prés femblable K a celle qui fait partie de la décoration de la Place St. Mare, a Venife. Le qüartier des Sbirres occupe nne aile du lï Palais del Capitano. h C'eft dans 1'aile oppofée, qu'eft placée la l Bibllothèque publ'ique; elle eft peu volumineufe, mais on fe loue du choix des Lwres qui la compofent; elle paroit d'ailleurs bien » dirigée : c'eft dommage que cette Salle foit [ fi mal éclairée: on vient d'y ajouter une cqu-. r ple de petites Pièces* ; »  en Italië. 207 ! La Salie du Confeil de Ville (*), eft fituée fur cette même place ; la facade eft conftruite en marbre : c'eft le feul mérite que i:nous lui connoifftons. Quoiquela CathÉdrale ne foit pas irtin bien magnifique vaifleau, elle eft cepenj|dant intérefl'ante a voir. Le plan de la couJpole mérite d'être remarqué ; c'eft dans fon Jgenre, le morceau le mieux penfé que nous jconnoiffions: fa parfaitefolidité eft fenfible, j& n'öte rien de 1'élégance de fa forme. On doit voir dans la croifée de 1'Eglife a «droite, une Madonne (**), peinte vers 1'art {1320, par le Giotto ; & dans la Sacriftie jquelques Tableaux attribués a de très-grands kiaitres. La Bibliothèque duchapitre eft fort eftimée. f Le Séminalre eft !'un des plus magnifiques IdTtalie; fa diftribution eft grande & bien lentendue. La Bibliothèque- de cette maifon feft très-belle; & le mérite de fes Prefles MTmprimerie, eft univerfellement connu. On doit voir dans la petite Eglife de ee Séminaire , un des meilleurs Tableaux du fj*) On voit fous ce poTtiqse une gueule de Lion , j pour recevoir les dénonciations fecrettes , femr blable i\ celles placées dans tant d'endroits a - Venife. Lfufage de ces boites eft général dans 1 ikous les états dépendans de la république. (**} „ Pitrarqtte étoit poflcfleur de ce Tableau. ) L dans le temps qu'il étoit Chanoine de cette > L Cathédrale, k laquelle il le laïfla par fon tefiLtament en 1374, comme un chef-d'ceuvre de 11„ 1'art... Les dévots regardeer cette image comme miraculeufe. ?adoua:!« Loggia, it Duomo, le iéminane.  zo3 Nouveau Voyaoe Padoua: il Bajfan, repréfentant une Defcente de Ctoix. On remarque fur une petite Place qui précède 1'Eglife de St. Antoine, une Statue équeftre en bronze cVErafme Narni; ( plus connu fous le nom de Gattamelata ); Général des Troupes de Venife : cet ouvrage eft du Donatello. Ce n'eft pas le chef-d'ceuvre de cet eftimable artifte : Le Cheval ne manque point de mouvement; le Cavalier eft bien en felle; mais en général le ftyle de cette compofition eft fee, & d'un! effet qui n'attache point. L'Eglise de St. Antoine, qu'on appelle le Saint par excellence , eft 1'un des lieux de dévotion les plus célèbres dTtalie. Sa conftruction eft d'un lourd & très-mauvais gothique : Six dómes partagent fa toiture. La Chapelle du Saint Titulaire ( fituée a gauche en entrant dans PEglife ), eft celle oü 1'on fe porte d'abord; elle eft exceffivement décorée : mais cet entaflement des plus rares, des plus beaux marbres; cette profulion de richeffes de tous les genres, ne produit qu'une décoration fans goüt, fans caractère : quelques parties font cependant très-bien traitées. On parcourra avec plaifir les neuf Bas-reliefs en marbre qui font diftribués dans 1'intérieur de la Chapelle : les Figures y font de proportion de deux tiers de la naturelle, & plufieurs d'une fort belle exécution. On s'attend bien qu'ils repréfentent les miracles les plus fkillans opérés par ce grand faint; & en effet, fix de ces neuf fujets, rappellent autant de Réfur-  £ N ITA L IE. 209 e&ions qui lui appartiennent.... Nous paierons fur ce détail C*) qui groffiroit aflez inutilement nos mémoires. Vingt-quatre jambes d'argent & une d'or, & une quanité innombrable cVEx-voto ( de 1'un & de j'autre métal) ne forment que la partie jipparente des' richefles que les dévots ne f:eflent d'y accumuler. I La Chapelle du St. Sacrement fituée en pppofiaon de la précédente, eft richement !3i-née; on y voit quelques Bas-reliefs en |tqnze d'après le Doncaello, & des Anges k autres ornemens qui décorent le Taberaacle du même maitre : on remarquera dans j:outes ces chofes, des objets bien traités, jue les'amateurs, & les artiftes fur-tout, Ie doivent point négliger. En fuivant le même cóté, dans une Chaipelle derrière le chceur : on trouvera ut ■fort beau Tableau , repréfentant le Martyrs de Ste. Agnès, par Ticpolo, peintre moderne La Chapdh du Tréfor (**) eft fituée ai (*) On trouve fur les lieux une petite brochure, affez mal écrite, mais peu coüteufe; qui anjprend dans le plus grand détail, 1'hiftorique d* ilchacun de ces Bas-reliefs, de même que le genre, la valeur, le poids de tout«s les raretés qui fe •Jvoyent dans le Tréfor du Saint. (**) Nous ne l'avons point vu ; paree que nous ne remarquames rien de fort intérelTant dans 1'éjinumération de toutes les pièces qui le compofent: ibeaucoup d'argenterie, beaucoup de reliquaues Id'or; un nombre confidérable de vafes, d'uftenciles f& d'ornemens enrichis de perles & de pierres prékieufes.... L'ceil fe laffe enfin de toutes ces chofes. Pr.doua: il Santo Tréfor. •  s/o Nouveau VoTaue Padoilit: Santa Giuftiiia. chevet de PEglife; les Ornemens y font exceffivement prodigués : on y voit quelques figures qui préviennent d'abord ; c'eft leur feul mérite. La boiferie des armoires eft fort belle, & la baluftrade qui ferme cette efpèce de Sanctuaire , eft la meilleure partie. de toute cette décoration. Le Chceur eft exhaufle de quelques marehes du niveau de la nef: On y remarqua la porte en bronze ainfi que la baluftrade, dont Pexécution eft belle, mais le defiéin mauvais: les Statues pofées fur cette baluftrade , de même que celles qui décorent 1'Autel , méritent attention. On fait remarquerle Portrah deSt. Antoine , fait, dit-on , d'après nature, & que 1'on confervé fous glacé: c'eft une fort mauvaife peinture; elle eft placée prés d'une petite porte latérale du chceur , du cóté de 1'Evangile. Prés de cette porte & contre une des Chapelles diftribuées autour du chceur , eft élevé un Maufolèc , d'une compofition ingénieufe , & d'une exécution fupérieure a tous les rnonumens de ce genre qui font répandus en très-grand nombre dans cette Eglife. On parle fort avantageufement a Padoue, de la Bibliothèque de cette maifon; on dit le vaifieau qui la contient trés-vafte & trèsbeau. L'Eglise de Ste. Juftlne , fait partie d'une riche Abbaye de Bénédictins ; elle eft fituée dans la Ville-neuve : on la dit élevée fur les ruines d'un Temple de la Concorde.  zn It a li Sr 21! j'eft, fans contredit 1'un des plus beaux! :emples d'Italie. On lui donne „ quatre; i cents quatre-vingt-cinq pieds delongueur; icent vingt-neuf dans fa largeur ; trois i cents trente-deux dans la croifée, & cent i huit pieds de hauteur. Elle eft couverte -I par huit coupoles, dont la plus haute a i intérieurement centfoixante-quinze pieds fous voute, & deux cents trente-deux [ au-dehors, en y comprenant la Statue d* [ Ste. Juftine , qui fait le couronnement. Jn feul ordre décore 1'intérieur; on lui rettoche un caraétère de lourdeur, qui ventblement eft trop feniible : elle eft toute jonftruite de pierres dTftrie, dont le gram mproche fouvent des plus beaux marbres, 'je pavé eft parfaitement beau : En genera! i:ette Eglife eft très-noble; il ne lui manque qu'un portail. „ Le Chceur eft orné d'un tres-bon gout 1 eft exhaufle de huit ou neuf marches, S tipt exhauffement lui donne beaucoup di majefté. Le Tableau du grand Autel , el compté entre les meilleurs de Paul Vero wCe; il repréfente le Martyre de Ste. Jui itine • c'eft véritablementune fort belle choft ! La fculpture qui. enrichit les ftales de Religieux, mérite d'être remarquee : On voit des morceaux compofés avec gout < ïrendus avec une perfeétion peu comroum Cette Eelife diftribue vingt-quatre Ch5 ipelles, dont plufieurs font ornées de I; Ibleaux eftimés : le projet eft d'y fubftitui Ldes Gronpes & Statues de marbre : Gir Lu fix de ces Cbapelles» font déja decore 'adoua: lanta Giu& ina. t S ? 'z C;r q ÏS  2/2 Nouveau Voyage Padoua: Prsto della Valie. (*) Nous dirons cn paffant que ce projet aufrt confidérable que difpendieux , nous paroit être au-defTus des forces de la ville, fi Fon peut juger de fes reffources par le pitoyable état du pavé°de de cette manière : Nous indiquons de préférence , eelle placée prés du chceur , dans laquelle on voit une Defcente de Croix ; ce morceau a beaucoup de mérite. II faut demander a voir les Appartemens de 1'Abbé; ils renferment, outre les Tableaux qui décoroient ci-devant les Chapelles dont nous venons de parler, d'autres originaux des Ecoles Vénitienne & Lombarde : Une célèbre AJfomption de Paul Veronefe , y tient le premier rang. La Bibliothèque de cette maifon mérite d'être vue; le vaifiéau dans lequel elle fe' développe, eft très-beau ; oh la dit richeen Manufcrits & Livres rares. La Place qui précède PEglife Sainte-Juftine , appelée Prato della Valle, eft extrêmement vafte ; elle feroit fufceptible de la plus belle décoration : Jufqu'ici on n'y remarque aucun batiment d'un certain mérite: Les iifues en font déteftables... 51 paroit cependant que 1'on fonge a tirer parti d'une fi belle fituation : Un courant d'eau qui, ci-devant, y circuloit arbitrairement, &y formoit plufieurs petites ifles, fe trouve déja renfermé dans un nouveau lit , dont le plan décrira un trés-grand ovale, dans lequel on abordera par quatre ponts : ce qui eft fait, embrafie a peu prés !e quart du projet (*).  EN /TALIE. 21J ' C'eft au-dedans de cette enceinte que Tod Int la Foire , qui commencé le treize juin phit le dernier : Foire célèbre, qui attire ' majeure partie de fes rüës , ce qui n'amionce in moins qu'une certaine aifance : Ce plan a hs doute quelques beautés , mais on veut le (ndre trop riche. 'L'enccinte décrit (ainfi que nous l'avons dit mpter une quarantaine de ces figures placée* : exécutces paffablement en pierre. II eft préfuiblc que MM. de Padoue, font affurés de trou- II trois cents Grands-Hommes dans leurs aacêtres ; r c'eft a ce nombre, au moins , que devroni lonter les Statues qui eutoureront cette vafte :ace. Ils auroient pu s'éviter trois quarts dt Ite dépenfe; 1°. En efpacant davautage ce; jures; a°.En les alternant avec des vafes. i des trophées; ce qui même auroit évité li lonotonie qui frappe dès aauellement, &c .. °. En ne placant des figuTes que fur le bon kérieur du fofté , & non fur 1'autre bord :( C< opos auroit même donné .plus de majefté a li ' affe générale. ... De loin cet amas de figure) t>fées li prés 1'une de 1'autre , reflemble a ui m de quilles , &c. Le centre eft indiqué par urn afte partie de gazon, en attendant vraifembla iieHient que 1'on v place quelque figure dominante Padpna: Prato della Valle,  Padoua: Santa Maddclena,Scuola del Carmine, S in Gueteno. 2,14 Nouveau Foyaue a Padoue beaucoup d'étrangers, & p' "*• laquelle POpéra a lieu : On y dreüe a cëflP effet une fuite de Boutiques , ornées & pré-M cédé,es de Portiques, dont la décoration dans ¥ fa maffe eft très-agréable. W L'Eglise de la Magdelalne ,eft fituée fur 1 cette même place. On voit dans leSanftuaire;jij a droite, une fort belle Vierge de Paul fj Veronefe , & bien confervée. Les Religieux | Hiéronimites qui deffervent cette Eglife j; ie poffèdent du même maitre, un St. Jéróme ic; & un St. Pierre de Pife : Ces Tableaux font*1 placés- dans 1'intérieur de leur maifon f I Nous ne les avons point vus. On voit dans la Scuola del CarminéV (petite Eglife de Confrérie), une ViergeM. beau Tableau, placé fur le maitre-Autel ,# attribué au Tuien; ainfi qu'une VifitationJf que 1'on donne au même maitre : Ce fe-'|l' cond Tableau a beaucoup fouffert; il cJjV encore beau. San Gaetano , Eglife de Théatins, que ¥' Pon croit conftruite fur les defleins dei'1; Scamoiz'i : On remarquera fur la petit» Chapelle (dite) du St. Sépulcre, une Na» tre-Dame de Pitié que 1'on allure être düW Tuien. On montre prés de vEglife des Servites t ¥ dans la rue San Laurenzo , un Sarcophagem antique , de marbre , du plus lourd , dal plus mauvais genre, que MM. de Pa|I» doue, difent renfermer les cendres d'^n-l tenor , dont ils veulent avoir 1'honneur del' defcendre. Vis a vis de ce Tombeau , on» en remarque un autre, qui n'a pas plus»  en Italië, aij id.e mérite : Ces deux monumens, du cóté dans lequel on voit St. Mare & un iDoge invoquer la Foi perfonniflée & fou: tenue dans une Gloire , &c. IPytnti Collegio, eft orné d'un des meil: leurs Tableaux de Paul Veronefe ; on le 'place a Venife a la tête de tous fes chef'd'ceuvres ;■ il eft effectivement d'une trésgrande beauté, & parfaitement bien conifervé : II repréfente, l'Enlèvement d'Euro* (*) L'ufage de ces Gueuïes de Lion , n'eft ipas exclufivement employé pour le fervice de péiat'; on en trouve par-tout r aux portes des ! Hêpitaux; k celles des maifons de Confréries, &c\ ;particulières dès-lors k ces différentes adminiftrations : elles font auffi communes k Venife que les troncs dans les Eglifes, pour recevoir les laumönes que les déyots veulent y jeter, i fenife: Paais Ducal,. talie delht Juatro Poro, Anti ^ollegw.  2J0 NO WE AU VOTAGE Venife: Pa lais Ducal Collegio. (*) Le même maitre a répété cette belle compofition , a fort peu de diffcrences prés, dans le beau Tableau que nous avons remarqué dans une des Salles du Muféum du Capitole i Rome. pe (*) : trois pofitions s'y diftinguent, 'PEnlèvement d'Europe proprement dit, fa' Il Fuite a travers la mer, & fon Repos après lp! Favoir paffee. Dans le premier plan les fin figures s'y voyent de grandeur naturelle;' p elles font favamment groupées & elles ont E toutes beaucoup de mouvement: la couleur . & en eft extrêmement belle , & 1'eflêt général h très-brillant. Une Foire de campagne , & 1'intérieur m d'une Bafie-cour : deux Tableaux de Gia- I como-BaJfano, qui fe font voir avec plaifir, |g même après le précédent; le dernier fur- lli tout, dont les détails font rendus avec une [f vérité fupérieure. I Le plafond de cette Salle eft de Paul Veronefe : c'eft un morceau aflez foible. t. Collegio. Un grand Tableau de Paul Ve- ■ k ronefe , occupe tout le fond du cóté contre i lequel le tróne eft placé : On y voit Jefus- i Chrift dans une Gloire , a fes cótés font la Foi & la Juftice & divers Groupes d'An- . 1 ges : en bas eft un Doge & plufieurs autres i figures a genoux. On admire dans ce ta- I bleau la compofition; le coloris ; la beauté n des caraétères des têtes: la richeflè, la vé- i rité des étoffes : C'eft a tous égards un 1 très-beau morceau; ce Tableau s'altère; & t c'eft dommage. Le Plafond eft également de ce maitre;. a  es Italië. 231 il eft réparti en onze Tableaux : Les trois plus grands du milieu , iemblent avoir le jiplus de mérite (*)■ On voit dans le pre- : talier (le plus prés de la porte), Venife iperfonnifiée, entre la Juftice & la Paix. Dans celui qui fuit; la Foi dans une Gloire :i |& en bas un Sacrifice. Dans le dernier, i IMars & des attributs de guerre , Neptune ifortant du fein des eaux , & dans 1'éloignement le Clocher de St. Mare, &c. Sala del Pregadi. On vante beaucoup trois i:, igrands Tableaux de Jacques Palma, dans % ;ilefquels ce maitre , s'eft -véritablement s jfurpafle : Ils font allégoriques a la célèbre Xigue de Cambray. •i Quelques Tableaux du Tintoretto, ornent :également cette Salle : Ceux-ci, ont peu '(• tbefoin d'être indiqués; le trés-grand feu t:s: f de compofition de ce maitre, ne permet pas .!!■ ;de s'y méprendre. ii Le Tableau du milieu du plafond , eft do j. XTitien; mais n'eft pas un de fes meilleurs: ra lil eft fort pouflé au noir. 3. La Chapelle du Collége eft feulement refj 1 marquable par une compofition du Tuien, i i repréfentant les Pélerins d'Emaüs : Le con Jloris en eft fort altéré; c'eft d'ailleurs ur s 1 trés-bon Tableau. On fait remarquer, fur un efcalier atte-< nant cette Chapelle, un faint Chriftophe , (*) Ces Tableaux fe voyent avec le plus d'a» vantage a quelques pas feulemeut ea avajat de fo poite d'entrée. Venife: Palais Ducsl, ialadel Pregadi, Chiefetta del ColleÉio.  2j2 Nouveau Vqyaqe Venife: Palais Ducal, Configlio di Dieci, Sala de-U' Armate del Configlio." I 1 i i peint & frefque par le Talen : il eft d'un bel effet, & très-vigoureux de couleur. Configlio di Dieci. Le Plafond de cette Salle, doit être cité entre les plus belles produétions de Paul Veronefe : Les fujets qu'il y a traités fe reflentent naturellement de ]£ févérité du formidable Tribunal qui rend ici fes arrêts : Nous n'indiquerons que les trois plus grands du milieu. On voit dans 1'un Jupiter foudroyant les Vices repréfentés par les Figures fymboliques des Crimes v foumis aux jugemens de ce confeil. Le „ Génie ailé , qui tiènt un Livre écrit, & „ qui eft placé a cóté de Jupiter, eft le „ fymbole de ce Confeil avec le Livre de fes v Arrêts. Dansle fecond Tableau , Junon répandant des tréfors fur la Ville de Venife. Le fujet' du troifième, offre un Vieillard coiflé a la Perfienne, la Tête appuyée fur fon coude , *k une jeune Femme a cóté de lui qui tient fes mains jointes fur la poitrine. Ces trois Fableaux font grandement deffinés, fupérieurement bien de plafond , très-vigoureux ie couleur; toutes les têtes y font d'une ïxpreffion admirable. Après de fi beaux norceaux, on goüte difficilement les autres peintures qui ornent cette falie ; la plupart :ependant méritent d'être femarquées. Sala dell' Jlrmate del Configlio : petit \rfenal dans lequel font entretenues avec le ■>lus grand foin un nombre aflez confidérable 1'Annes a feu, &c. On y remarquera quelques beaux Buftes antiques de marbre : de >référence celui d'Antiuoüs 3 & celui d'An-  EN /TALIE. *33 :onin le pieux. Quelques Statues modernes 1'un mérite aflez médiocre : Un Médailkr 'brt curieux; & quelques Camées du premier mérite. On montre également 1'Armurecom:>lette de Henri /V, Roi de France (elle Et peu magnifique); & diverfes autres cujiofités. i Sala del grand Configlio (*). On donne I cette Salle , cent foixante pieds de longueur , fur quatre-vingt de largeur : elle |ft ornée d'une fuite de Tableaux des meilifeurs maitres, dans lefquels font repré■tentés les principaux traits de Fhiftoire de Venife. I Le Tintoretto s'eft iurpaflé dans plufieurs: Celui oü il a traité le Paradis , occupe eniièrement tout le fond du cóté, du tröne : Ce Tableau capltal n'a pas moins de trente jbieds de hauteur. Ce génie fier, hardi & Fouvent fublime , y a déployé a un dégré f tonnant la fougue impétueufe de fon imateination ; & quoique ce foit „ une producC tion de fa vieillefle (**) , c'eft un de fe; « (*) C'eft le lieu oü fe tient 1'affemblée des j, Nobles , compofée quelquefois de plus de-mille L pcTfonnes ; c'eft le corps de la république au, quel feul appartient le droit de faire des lois, L de changer la forme du gouvernement, de nommer les Magiftrats qui ne font pas du „ corps du Sénat & de choifir les trente patri' ciens , qui comraencent 1'élcftion du Doge. (**) On affure qu'il avoit plus de quatrevingt-ans, lorfqu'il acheya ce Tableau : On y. remarqucra néanmoins un pinceau très-ferme. Venifc: PaDucal , Sala :lcl prand ConfigH».  Venife: Palais Ducal, Sala del grand Configlio. S.34 NoVfEAV VOYAGE „ plus grands ouvrages, foit par la mul„ titude des détails, foit pour la perfeétion „ de Part : Néanmoins ce morceau n'eft „ pas le plus eftimé. Le Plafond de cette vafte Salle, déve-. loppe trois files de Tableaux, renfermés dans descompartimens trouvés un peu lourds & dont les formes paroiflent trop tourmentées. Ces Tableaux font de différens mail tres, & la plupart font très-beaux : mais celui du milieu , fixe prefque fur lui feul toute Pattention des amateurs; c'eft une des plus belles productlons de Paul Veronefe ; fa forme eft un grand ovale. „ On y j voit Venife élevée fur les nuages dans la pofture la plus majeftueufe (*), cou„ ronnée par la Gloire, accompagnée de ,, la Renommée, & ayant autour d'elle „ 1'Honneur, la Paix, 1'Abondance & les Graces; des Peuples de tous les pays la contemplent avec admiration ; des gtier„ riers lui amènent de toutes parts des,, dépouilles & des Trophées: Pidée géné„ rale de ce Tableau eft auffi belle que Pexécution eft admirable & les détails „ ingénieux; il eft d'une belle couleur & „ très-harmonieux. " (*) Nous croyons cependant que le Génie fur le dos duquel elle eft en partie affife, ne fait pasvn bon effet. La nudité de celui-ci, livre au premier coup d'ceil une portion de chair qui femblefortir de deffous les jupes de cette Femme ; &: ce n'eft qu'après un peu d'attention que 1'ceil détache la tête & enfuite le dos de ce génie, mais il faut le temps de la réfl«xion & de l'examen.  en Italië. j Au-deffous de ce Tableau, on remar-i isue une fort belle compofition duTintoretto. ] I La mer Adriatique , Cybèle , Thétis & \ „ d'autres Divinités, occupent le haut du. „ Tableau ; au bas fur des gradins, eft un j Doge a la tête du Sénat qui reedt les E, Clefs des Villes tributaires : " Ce Tableau Ieft bien compofé & bien peint. Les Portraits des Doges, garnifient la Ërife qui règne autour de cette Salle : On y remarque un cadre vide, a fond noir & Kans peinture (*) : «'eft celui qui devoit iicontenir le portrait de Marln FaUer, qui fut décapité 1'an 1355. La fuite de ces Portraits, eft difpofée dans la Salle fuivante. Sala dello Scmtinio. On voit dans cette ! Salle onze grands Tableaux, tousayant pour lobjet, quelque trait de 1'Hiftoire de Venife : le plus remarquable repréfente la Prife de Zara; il eft du Tintoretto : „C'eft 1'un des meilleurs de ce maitre, & fürement du \ \\ temps de fa plus grande force; a en jugei , par l'aétion étonnante qu'il y a mife. Plufieurs autres Salles offrent encore quelques Tableaux de mérite : Nous nous bornames a celles que nous venons de parcounr ce font les principales, & les plus générale 1 ment recherchées. Les Appartemens du Doge, dans une par tie defquels on nous fit paflér, ne nous préfen tèrent rien de bien remarquable. LesMeubk y font d'une richefie médiocre & d'un gou (*) On y lit cette Infcription laconique, Leci Mariiti Falisri féeapittti. renifc: Patis Ducal , alle lies crutinio , ippartcBcnfdu Dtt;e. S t  Venife: Pi lais Ducal Piazetta, ie Broglio. 236 Nouveau Voyage - aflez antique. On nous montra quelques Ta»bleaux de mérite de 1'Ecole Vénitienne ; quelques Defleins originaux fous verre; quelques bronzes, &c. Nous euffions certainement mieux employé notre temps ailleurs. . Ce Palais eft couvert partie en plomb, partie en lames de cuivre : C'eft entre les voütes & fous ces plombs, que font renfermés les Prifonnicrs d'Etat; on allure que leur fituation eft terrible; qu'ils y éprouvent un froid rigoureux, & une chaleur qui communément les rendent foux, ou les tuent. II eft d'autres prifons (s'il fe peut) plus affreufes encore; elles font creufées, cht-on, au-deflbus des Citernes du Palais. Les Prifons ordinaires, font moins rigoureufes; nous en parierons ci-après. ^Notis avons obfervé ci-devant qu'un des cotes de ce Palais venoit s'appuyer contre PEglife de St. Mare; cette facade borne &'décore la droite (en y abordant par le port) de la Piazetta, qui communiqué avec la magnifique Place de Saint-Marc. C'eft fous la galerie, ou portique de cette aile du Palais, que ie raflemblent, matin & foir, les Nobles pour traiter de leurs affaires ; c'eft proprement cette partie de la Piazetta, que 1'on appelle le Breglio (*). ^ P,L'^?&e, eft que Ie peuple s'en éloiene 1, quand les Nobles 1'occupent, & 1'on a foin d'en preyemr les Etrangers ; mais on ne fait point „ rctirer pour cela, ceux qui y refteroient fans ,, mdifcrction marquée.... II y a peu d'endroits oi\ , 1 011 afFecle tant de politeife qu'a Venife & , les Nobles fur-tout." Cet élogc, doit même  e n Italië. 237 . Le cóté de cette Place, oppofée, au Palais !>ucal, eft omé d'un batiment d'un fort bel rfet; il eft du San Sovin : des Portiques oufcjrts, règnent également au rez de chauffée: ardes armés, s'y tiennent toutes les fois que t grand Confeil eft affembjé. Tome. III. L Venife: Cfocher ie Saint-Marc, laLogstta.  2^* Nouveau Voyaoe Venife : Piazza del jian Marco, Procuraties aeuves. (*) Le Scamozi, a ajouté 1'ordre corynthiea aux deux premiers. (**) Les Boutiques que donnent ces portiques , font prefque toutes occupées par des Cafés , leur nombre étonne : On 1'eft encore plus de le« voir acertaines heures du jour, également pleins de monde. C'eft au-deflus de ces Cafés & dans leurs environs que font établis les Cajftns dans lefiquels les Vénitiens aifés des deuxfexes fe raffemblent en fociété. Ces Caffins font des diminutifs de cc que 1'on appelle a Paris, Petites-Maifons,. Europe dont le coup d'ceil foit auffi fafiffaifant, a partir fur-tout des degrés du portail de PEglife Ducale. On voit dès-lors fur la gauche la Piazzetta, la mer & 1'ifle San Giorgio Maggiore, & en revenant fur foi, les Procuraties neuves. En face , le Portail de PEglife San Giminiano, appuyé de droite I & de gauche par deux corps de batimens uniformes. Les Procuraties vieilles occupent le cóté droit de cette Place. On lui donne «inq cents cinquante pieds de largeur, fur environ onze cents pieds de longueur. Procuraties neuves. Ce beau corps de Mtiment eft, en grande partie (*) élevé d'après les defleins du San Sovin : Les ordresdorique, ïonique & corynthien carac-^ térifent cette décoration, qui eft très-riche & fupérieurement bien exécutée. Le premier prdre donne au rez de chauffée une galerie ouVerte ou portiques d'un trés-bel effet (**) j Les étages au-defius diftribuent de vaftes Salles & divers logemens particuliers. En fuivant le tour de la place; le même  'iEJV ITAL. IR. *43 goüt, a peu prés de décoration règne fur ■ la faeade en retour; c'eft a dire, fur le cóté : qui vient fe réunir aux Procuraties vieilles. I Le portail de San Giminiano, domine les j deux batimens qui 1'accompagnent. Ce Pori tail eft entièrement conftruit en marbre ; I mais le deffein en eft petit dans toutes fes I parties; néanmoins 1'enfemble total fait I bien. L'intérieur de PEglife, n'offre rien d'effentiellement remarquable ; on y voit ce~ I pendant avec plaifir les volets qui- ferment iporgue, qui font peints par Paul Verotnefe: „ Ce font deux bons Tableaux, d'une j, „ couleur forte & de grand caractère. Un Chrift mort dans les bras de fa Mère; lltrès-bon Tableau cVAntonio Baleftra: II eft. placé fur 1'Autel de la Chapelle du Saint i Sacrement. La Voute de PEglife eft peinte, :& 1'on y trouve d'excellentes parties. Les Procuraties vieilles xègnent dans toute illa longueur de ce cóté droit de la place, & |donnent, comme les nouvelles, des portiques ouverts; mais 1'ordonnance de ce corps de i batiment, a cela de fmgulier que les trois :étages pratiqués dans fa hauteur, portent le | caractère de 1'ordre tofcan: Rien n'eft plus jlourd, a confidérer cette malle par parties; i mais en 1'embraffant dans fon total, fon uniformité, fon étendue, fatisfait. La Tour rfe l'Horloge eft fituée a 1'extrêmité des Procuraties vieilles la plus prés Ide PEglife de St. Mare & fur la perpendiculaire de la Piazetta, de laquelle cette Horj,l«ge eft particulièrement vue. Cette décoraL ij Venife: Sa n Giminiano, Procuraties vieilles, Tour de /'Horlcge.  Venife : Tf-r de /'Horloge. «44 No U V t A U Jr0 Y A (i t tion eft d'un gout gothique lourd & monotone qui ne vaut pas la peine d'être detaillé. Cette Tour eft carrée ; elle a dix-huit pieds de largeur fur chacune de fes faces & quatre-vingt deux pieds de hauteur: elle eft . ouverte au rez de chauflee par une arcade qui donne entrée dans une rue aflez marchande. . • , L'Horloge eft fort ornee; elle indique le cours du foleü, de la lune, & les douze lisnes du Zodiaque : au-deffus de ce premier Cadran,- on voit la Vierge & 1'Enfant Jefus dans une niche ; a chaque heure , un Ange fonnant de la Trompette , précede les trois Mages qui viennent faluer la Mere & fon Fils; ils fortent d'uneporte i gauche, & rentrent par celle de la droite: deux Negres armés de marteaux, frappent les heures. La machine qui fait mouvoir ces figures, n'eit , montée que pendant la foire de 1'Afcenfion. Un peu en avant du Portail de Saiat- 1 Mare, & en face des trois principales arcades , font élevés trois efpèces de Piedeltaux en bronze fort ouvragés, dans lefquels font emboités trois Arbres ( ou Mats) , , au fommet defquels, on hiffe , aux jours de folemmté, trois étendards brodes en or, aux armes de Chypre, Candie & TSegrepont; „ marqué de la fouverainete de ces „ trois royaumes que la république poiieda „ autrefois. " Toute cette place eft pavee de-pierres ■ dTftrie du plus beau choix & avec le plus srand foin; ce qui ajoute injinirnent a fes autres beautés locales.  en Italië. - *45 L'Eglise St. Vitale , eft d'une conftruction moderne : Ce n'eft pas un des moins bonsédifkes entre la multitude de ceux de ce genre , que 1'on voit a Venife. Le plan en jeft fage , 1'ordonnance aflez bonne, & les .iornemens d'un fort bon genre ; ils y font fdifpenfés avec une économie qui leur eft iiavantageufe. On y voit quelques Tableaux de peintres modernes dont le coup d'ceil fatisfait. Le Palais de la Maifon Pifani, eft fitué prés de cette Eglife : Ce n'eft pas un des plus beaux de la ville, mais c'eft un des plus curieux a voir. I La collection de Tableaux eft peu nombreufe , mais choifie. La familie de DaMus aux pieds d'Alexandre ; par Paul Ve\ronefe, eft univerfellement regardée comme lune des plus belles productions de ce maï:tre : Les figures font de grandeur naturelle; ce Tableau eft bien confervé. La Mort d'Adonis par le Tintoretto : très-beau Tableau, fupérieurement deffiné, & colorié plus chaudement que beaucoup des meilleurs de ce maitre. L'indignation d'Alexandre a la vue de Darius mort; Noë & fes Fils; & Loth & fes Filles : Trois Tableaux du Piazetta , peintre moderne, fort eftimé a Venife. Quelques Tableaux du Pellegrini; du Trévifan ; Idu Lama, &c. La Bibüothèque de ce Palais, eft confidérable : Elle eft ouverte au public les lundi, mercredi & vendredi. Le Tableau du maitre-Autel de PEglise L iij Venife: San k'uaie, Pa'azzQ i'iftw-i-.  Venife: San Luca, 1'ai/izzo Grimani, San "Salvadorc. 146 'NqUV'EAU Vo y A o e de St. Luc , eft de Paul Veronefe. On y voit St. Luc, affis fur fon Bceuf; devant lui eft une toile fur laquelle il eft fuppofé avoir peint le portrait de la Vierge, qui lui apparoit dans le haut du tableau : C'eft 1'inftant de cette apparition, que Paul Ve-r ronefe a voulu repréfenter : Saint Luc , pénétré d'admiration , fufpend fon travail ; fa palette & fon pinceau femblent lui échapper des mains!... Ce Tableau, eft d'une grande beauté; c'eft dommage qu'on en jouifïe fi mal. Le Tombeau du célèbre Pierre Aretin, eft dans cette Eglife. On prétend reconnoitre fon portrait dans un Tableau du Benefato, repréfentant la Cène, pofé fur 1'Autel a la gauche du Sanctuaire : La tête que Pon dit reflembler a ce fameux fatyrique, eft celle d'un homme portant une barbe, qui fe tient debout. Le Palais Grimani, eft attenant cetts Eglife il eft conftruit fur les defleins de Michel San Michieli; Sa décoration eft riche , mais les malies en font petites & peu harmonieufes entr'elles : Cependant le tout enfemble porte un caractère de grandeur qui fait effet. San Salvadore. On eftime beaucoup a Venife , cette compofition ; c'eft effeètivement, dans fon genre, une des meilleures de la ville : elle eft de Tuüo Lomhardi. Le premier ordre employé dans la décoration du Portail, s'annonce bien; mais PAttique qui s'élève au-deffus, a peu de nobleffe , & la croifée qui y eft pratiquée,  ZN ITA LIT.. *47 eft d'une forme gothique infoutenable. Le maitre-Autel eft décoré d'un Tableau du Tuien , repréfentant la Transfiguration du Sauveur. Cette compofition eft chatide de génie, & d'un beau mouvement: ce Tableau a fortement poufie au noir. Une Annonciation du mime maitre, eft placée fur la Chapelle de la croifée a gau: che. II eft aflez difficile d'y reconnoitre d a« ibord ce grand homme ; on n'en peut gueires applaudir que 1'excellence du defiein, Ba hardieffe & la facilité de pinceau : c'eft Èjta ouvrage de fa vieillefle. Plufieurs d'entre les Maufolées qui tapif. jfent cette Eglife, méritent d'être remariiqués, moins pour le gout de leur compoil fition ( qui, prefque toutes font d'une penfée petite, froide & monotone ) , que pou: quelques morceaux de fculpture dont ce: | tombeaux font décorés. Deux bonnes figu res en marbre ( par le San Sovin ) enrichif fent celui du Doge Francois Venier. On ei 1 voit d'exécutées par le Vittoria, le Lam pagna, &c. „ Ces morceaux font fort ef „ timés a Venife, paree que les habile „ fculpteurs y ont toujours été rares : ail leurs, ces figures ne feroient placées qu dans la clafi'e au-defius du médiocre. L'Eglise Patriarchale de St. Pierre eft fituée a 1'extrêmité oriëntale de Venife 1'iile qu'elle occupe, eft féparée de la mali que forment les autres, par un large a nal que 1'on traverfe fur un aflez beau por de bois: la mer baigne la rive oppofe Cet édifice fe préfente avsc quelque noblefle L iv Venife: Smi Pietro di Caftello. i 5 s » é .t i  Nouveau Voyaoe Venife: Palais Patriarchal,S;m Giufep pe. (*) On aflure qu'elle eft du Palcvlio ; elle tient efFeftivement de fon genre: nous aurons occafion d'y revenir, lorfque nous examinerons les Portails de St.George le Majeur, duRédemptcur, &c. le vafte de la place qui la procédé Pannonce bien: mais dans 1'examen , ce n'eft qu'une . compofition médiocre (*) : les trois frontons qui fe deflinent fur ce portail, font un mauvais effet. L'intérieur confervé dans fa maffe une belle limplicité : La coupole fait bien ; le maitre-Autel eft riche de matières, mais pauvre de compofition,. On voit dans la Chapelle oü font placés les Fonts baptifmaux , un bon Tableau du Guide repréfentant la Magdelaine pénitente : il eft peint dans la fec.onde manière de ce maitre. On montre dans cette Eglife une Chairt antique de marbre, que 1'on dit avoir fervi 4t St. Pierre, dans le temps qu'il réfidoit a Antioche : elle eft placée entre la feconde & la troifième Chapelle en entrant a droite. Le Pavé de cette Eglife, eft formé de très-beaux marbres & d'un aflez bon goüt de defiein. Le Palais Patriarchal & le batiment des Chanoines rélidans, joignent PEglife : 1'un & 1'autre ont aflez peu d'apparence, mais paroiflènt occuper un vafte terrain. St. Joseph , petite Eglife de religieufes Auguftines. Le Tableau du maitre-Autel, eft de Paul Feronefe; le fujet, eft une Adoration des Bergers, a laquelle il fait  e Tt Tr Al.) e. 249 afïïfter St. Jéróme : Toutes les têtes y font' j belles, & celle de la Vierge fur - tout eft' fmgulièrement attachante : On défireroit\ ] feulement plus de repos dans le fond du Ta-' 1 -bleau , & que 1'architecture qui le compofé , eut des parties moins faillantes. Le Tableau de la troifième Chapelle a t droite , eft du même maitre , il repréfente la Transfiguration du Sauveur. On fent mal le mouvement du Chrift; la Gloire refplendiflante quil'environne manque d'éclat: 1 mais la tête du Sauveur eft fublime. Le Maufolée du Doge Marino Grimani & de fon Epoufe , eft élevé a la droite du maitre-Autel ; il eft très-richement ome, & de Pexécution du Campagna ; on y remarque d'excellentes chofes. L'A rcenal de Venife, jouit dans toute PEurope , de la plus haute réputation ; il eft généralement compté entre les plus vaftes, les mieux difpofés, les plus fortement approvifionnés. Son enceinte que Pon croit n'avoir guères moins de trois milles, eft fermée d'une haute & forte mu: Taille, entourée d'eau de tous cótés : Cette place, eft fans contredit la clef de Venife» 1'ame, &ïe foutien de la république. L'Entrée de Terre & celle de Mer, font iVOifines 1'une de 1'autre. Au-devant de la première eft une petite Place irrégulière appelée Campo dell' Ar finale. La Porte d'Entrée eft précédée d'un Pont, qui n'a d'autre mérite que celui d'être conftruit en marbre : Une Grille traitée en bronze, fert de ipremière barrière ; deux très-beaux Liom L v fenife: Saa 5 infeppe, ^ rfcual 'intree it. ferre.  Venife: Arfenal, Entree ie Terre. 2J0 N O UK EAU Fo Y AGE antiques de marbre, ornent les dehors de cette grille. La décoration de la Porte d'Entrée ( proprement dite) a plus Pair d'une Chapelle, que de 1'entrée d'une Place de guerre. On voit que le Campagna fur les defleins duquel elle a été élevée, s'eft efforcé de rendre cette entrée très-riche, mais elle manque de caractère, & ces mêmes objets de richeffe, ont féparément' affez peu de mérite : Nous en exceptons deux des quatre Statues ( la Force & la Juftice) élevées entre les colonnes : mais, & le Lion qui occupe une partie de 1'attique, & la fainte Juftine juchée fur PAigle élevé du fronton , font afiurément de bien médiocres productions. L'Entrée de Mer eft défendue par deux tours (*) carrées, d'une hauteur aflez dominante; le canal qui y débouche, eft large & profond. Un Pont biifé dans fon milieu , eft en avant de cette entrée; il fert a la communication d'une rive de ce canal , a celle oppofée. Une forte herfe, également partagée en deux ventaux ( qui lors de Pentrée ou de la fortie d'un vaiffeau, fe replient de droite & de gauche), procure pour Ie dedans de 1'Arfenal, un Pont furce mëme canal •: Cette penfée eft ingénieufe , & elle eft ici très-bien rendue. Les Vénitiens difent, & feroient fort aifes qu'on les crut, que deux mille ouvriers font (*) D'autres tours s'élèvent dans cette vafte enceinte, & des gardes y font placés nuit & jour, peur veiller a la fwreté de tout ce qu'elle renferrae.  EN ITAL IE. *5l perpétuellement occupés dans leur Arfenal : j ' nous ofons en rabattre les trois quarts, & J nous croyons leur en laiffer encore fur leur, :i confcience. , 1 On laiffe volontiers entrer les etrangers ■ quife préfentent:Ils font dès-lors accompa; gnés d'une efpèce de Garde qui ne les quitte plus & qui les promèue par-tout & fouvent dans plus d'endroits qu'ils neledéfireroient, , afin de multiplier les Bonnes-mains qu'il faut donner dans toutes ces différente» Salles, I Laboratoires, Atteliers, &c. Cette vifite ne • coüte guères moins de deux Zêquins. II eft aflez indifférent par quelle partie de 1'Arfenal on eft conduit d'abord : Le Garde qui nous accompagna , nous fit commencer par la Corderie, appelée fur les heux '■■ la Tana. Ce batiment eft ifolé; on lui "donna '• quatre cents pieds de longueur , fur quatre-vingt de largeur : deux files de piliers difpofés fur fa largeur, aident au foutien d'un plancher qui reedt une partie des ap«rovifionnemens de chanvres. , La Voilerie oü fe file le chanvre, ou ie coufent, oü fe raccommodent les Voiles, eft peu éloignée du précédent : elle eit iéparée des autres corps de batimens de manière , que les femmes qui travaillent dans celui-ci, n'ont de communication qu en? tr'elles : Cette partie, & la précédente , nous ont paru la moins aftive de 1 Arfenal La Fonderie des Canons, des Mortiers. Aubufiers & autres bouches a feu , occups plufieurs vaftes Salles, difpofées avec beaucoup d'ordre. La machine a perfom lm L vj renife: Ar;nal, Cor[erie, Voisrie, Feu- lerie.  Venife: Ar fenal, For 2j2 Nouveau Vqyase canons, mérite un particulier examen ; la roue qui fait tourner 1'Aléfoir , & en même temps avancer le canon a fur & a mefure qu'il fe perce , eft mife en mouvement par cinq ou fix hommes. Le méchanifme en eft bien penfé ; il a depuis été appliqué ailleurs fur un courant d'eau qui a fimplifié & perfectionné ce travail : Le mouvement deveBant dès-lors plus égal, plus régulier. Les Forges oü fe fabriquent les Ancres & tous les ouvrages en fer, font établies prés des Salles précédentes : il règne aflez de mouvement dans ces deux derniers atteliers. Des piles de canons de tous les calibres, font difpofées fymétriquement dans toute 1'étendue de 1'enceinte que nous venons de parcourir : On fait monter fur les lieux a fix mille, le nombre de ces pièees... c'eft» au moins furfaire de moitié; & dans cette ïéduction nous eomprendrons les canons, les. aubufiers, les pierriers en fer , qui y font effeétivement fort multipliés. On fait remarquer'autour des Fonderies, plufieurs pièees d'artillerie, auffi curieufes par leur énorme calibre , que par la beauté Ses fculptures qui y font prodiguées ; on en montre auffi qui ont été prifes fur les Turcs : ces pièees font d'une belle fonte s bien profilées, & d'un excellent travail, On obferve de même des bombes d'un diamètre furprenant: mais les mortiers pour lefquels elles ont été fondues, n'exiftent plus, (& n'ont peut-être jamais exifté). Nous 5'avons remarque dans toute cette en»  en Italië. sjj teinte que quatre beaux mortiers de fonte: Tous les autres font en fer & de moyen j calibre. ; On pafte enfuite aux Lahoratoires ou fe raffinent le falpètre, le fouffre, &c. On voit les magafins oü ces matières premières font dépofées brutes & préparées. Suivent les Magafins de Bombes, de Gre- Les' Attetlers des Tourneurs, des Chartons ; & enfin , les Chantiers & Hangards de conftruction : Ceux-ci, font les plus Curieux, mais non ceux oü règne le plus id'activité. Nombre de vaifieaux font dépuis des années en conftrucftion & ne s'achèvenc point. La plupart de ces batimens commencés font des Frégates de vingt-quatrs \ quarante canons; nous en avons compté feize ainfi'préparées, & un très-beau Vaiffeau de ligne percé pour quatre-vingt-dix canons. Un Vaifieau de foixante canons , trois Frégates & deux Galères étoient alors en radoub (*). L'approvifionnement des bois de conftruction, eft dans une quantité confidérable ; partie font dans l'eau & d'autres oc■ cupent des hangards d'un vafte immenfe : Nous n'avons vu nulle part, de plus beilê mature, & en auffi grand nombre. .(*). La Tépublique eutretient habitucllement vingt-cinq Vaiffeaux de guerre tant grands que petits , & douze Galères. La Galère Capitanc, qu'on nomme la Faufta , ne fort jamais du grand tanal, elle eft eontinuellement i 1'anere devaat fa Place St, Mare. Venife: Ar'enal, Atteiers, Ma;afins.  Venife: Arfenal, Motos , Bucen«aurc. (*) Celui aétuel a été conftruit fur les deffeins A'Antoinc Cotrdini en 1'aivnée 1728. II eft doré jufqu'a fleur d'eau : On dit fur les lieux que cette dorure a coüté 70 mille zéquins. (**) Ils font habillés uniformément, & leurs rames font toutes dorées, ce qui fait uu très-bel tflét lorfqu'ils mauceuvrent, zj4 Nouveau Voyage On remarque enfuite diverfes Machines pour mater les Vaiffeaux; d'autres pour le nettoyage & le récurage des canaux & du Port, dont le méchanifme paroit limple & d'un bon effet. Nous rétrogradames fur nos pas pour voir les trois Péotes dorées, qui fervent pour le Doge & fa fuite lorfqu'il va vifiter les Eglifes de la ville dans les jours de cérémonie : Ces barques font fort ornées & d'une forme agréable. Le Bucentaure, eft placé fous le hangard qui fuit : Ce batiment magnifique ne fert que pour la grande cérémonie des Epoufailles de la Mer , qui a lieu le jour de 1'Afcenfion de chaque année. II a cent & quelques pieds de longueur, fur environ trente de largeur. La Sculpture y eft excefiivement prodiguée, & d'une belle exécution ; & le groupe dont la proue eft ornée, eft on ne peut pas plus ingénieufement penfé (*)• Au-deflbus du pont, fur lequel eft placé le Doge & fon cortège, font deux rangs de vingt-fix rameurs chacun (**). L'Impériale , ou dernier Pont eft entièrement couvert d'un tap'is de velours rouge, bordé de galon & de franges d'or. On  en Italië. &J3 battend qu'un extérieur auffi riche, prépare un intérieur plus éclatant, plus fomptueux mcore : Cette décoration a véritablement oeaucoup de dignité , beaucoup de noblefle: :e tróne oü fe place le Doge , eft traité avec IJOÜt. ' Nous paflames enfuite dans une vafte Sal^e , oü nous,vimes un train d'Artillerie de terre , compofé de fix pièees de dix a douz« iivres de balles, tout prêt a être attelé ; iftinfi que les caiflbns de munitions , & .de irechange. On nous fit obferver deux Chefvaux imités de grandeur naturelle, portam chacun deux petites Pièees de campagne, ipour fervir de modèle au befoin : 1'invenition n'eft point neuve, & la pratique reiconnue pour peu facile, défectueufe &. de peu d'effet. On parvient aux Salles d'Armes par ur fort bel Efcalier de marbre; elles font fon fpacieufes , & il y règne le plus grand ordre On aflure fur les lieux qu'elles contiennen de quoi armer quatre-vingt mille homme d'Infanterie & trente mille de Cavalerie!. I C'eft bien des fufils, bien des fabres, bie: ides cuiraffes, bien des piftolets!.. Mais nou aimons mieux nous efforcer de le croire que d'être condamnés a 'les compter pièc par pièce. On remarque dans ces Salles une Colle. tion aflez curieufe d'Armes antiques, d''ai itres étrangères (beaucoup de prifes fur 1< Turcs) & les Figures en pied & coloriét ide plufieurs Capitaines célèbres. „ On i.„Y0it auffi quelques Monumens élevés Venife: Sab le d'Armes, ! 1 S » e :s :s y a  Venife: Sai Zachxria. sj(T Nouveau Voyage i „ la gloire des héros qui ont fervi la re- „ publique Tels que le Comte de Konif. „ gmarck , le Maréchal Schukmbourg , &c. 3,ön a foin de faire obferver cés divers „ monumens a fur & a mefure qu'ils fe préfentent a la vue, ainfi nous nous bornons a cet égard , a une fimple indication. Nous terminames notre courfe par M Salie des Plans & Modèles ; 1'une de? plus curieufes entre toutes celles qu'on nous a fait parcourir. Nous y vimes les Plans ettj reliëfs des Places de guerre appartenantes a la république; celui de 1'Arfenal, &c. Des Modèles très-détaillés de diverfes efpècesde Vaiffeaux; dePonts; de quelques Machines Hydrauliques, &c. San Zachaiia, Eglife de Bénédictines. Nous pafierons rapidement fur 1'ordonnance du Portail & de Pintérieur de cette Eglife ; 1'un & 1'autre font d'un trop pauvre caractère pour leur facrifier plus qu'un premier coup d'ceil. On doit chercher dans la Sacriftie un fuperbe Tableau de Paul Veronefe, qui eft généralement placé entre les meilleurs que Pon admire en Italië. On y voit la Vierge fur un piédeftal , tenant 1'Enfant Jefiis a cóté d'elle ; plus bas eft St. Jofeph & St. Jean - Baptifte : Ste. Cathérine, St. Jéróme, enrichiflent cette compofition. Toutes les Têtes font admirablement peintes, k toutes du plus beau caraétère : les chairsront d'une vérité précieufe , & les détails bnt traités avec un foin , avec une per'ection peu commune. On ne fe laffe point  E lt jTALlt. ~S7 4'admirer 1'enfemble, & chaque partie dele tableau; il attaché, il captive prefque malgré foi. La tête de la Vierge eft dehsieufe ; elle réunit a beaucoup de graces, jane dignité vraiment impofante : Celle de Ste. Cathérine, eft d'une finefle qui féduit: fc'eft, en toute chofe, un bien excellent morceau. Après une produétion de cette force, on s'arrête difficilement fur de moins eftiimables ;, les amateurs cependant doivent irépandre quelques fleurs fur un Tableau de Jean Belin (*), peint ^ers 1>an ^S00 ' 'l\ fcft placé fur le fecond Autel en entrant è Cauche.La Vierge tenant 1'Enfant Jefus eft hffife dans un fauteuil de pierre, pofé fur «ne eftrade; un Ange eft au-deflbus & joue du violon : plus bas a gauche , paroifient St Pierre & Ste. Cathérine ; & fur le même plan a droite, St. Jéróme & Ste. Agathe. Une compofition auffi fymétrique, eft peu digne d'éloge, mais les têtes font belles & les'caractères variés. i On veut trouver a Venife quelque merite a une Colonne antique de marbre érigéï fur la petite place qui précède cette Eglife : c'eft un bien médiocre monument. Les Prifons neuves , font conftruites fui i:la rive oppofée du canal qui baigne un de; l'cótés du Palais Ducal , avec lequel elle; k*\ Regardé comme 1'un des Teftaurateurs de Ja peinture, & le premier colorifte de fon temps: Le tableau eft très-bien conferv.é, & fe fait voir [avec plaifir. fenife: San ?.acharia , • Prigioni nuove.  Venife: i'rigioni nuove, Sar rrancefco della Vigna (*) ,, Ce ponc s'appelle Pontt de' Sofpiri, paree „ que c'eft celui par oü pafient les criminels que „ 1'on conduit devant les juges. (**) Ces Colonnes font trop engagces dans le raur, & perdent dès-lors beaucoup de la nobleffe qui les caractérife naturellement; & fi d'ailleurs 1'enclavement des colonnes peut être admis, ce ne devroit être qu'a 1'égaTd des ordres tofcan & dorique , qui s'annoncent avec une virilité plus forte , plus mufculeufe que non pas les ordres grecs, d'oü le compofite prend fa fource. 23? Nouveau Vota ge communiquent au moyen d'un pont (*) pratiqué dans 1'étage fupérieur au rez de chauiïée. La principale facade de ces prifons fe développe au long du quai qui longe le port & dans 1'alignement de celle du Palais r cet édifice eft d'un bon genre, fans avoir néanmoins le caractère qui lui eft propre. Saint-Fraw^ois ïm la Vigne , Eglife de Cordeliers Obfervantins. Le Portail, entièrement conftruit en marbre , eft élevé fur les defleins du Palladio; 1'ordre compofite caractérife 1'avant-corps formé de quatre colonnes (**) portées fur un haut piédeftal, & terminé par un fronton qui en embrafiela totalité. Deux grandes Statues de Moïfe & de St. Paul (en broDze) occupent a droite & a gauche une niche pratiquée dans Pentre-colonnement : Ces Figures font médiocres. La mafte totale de cette compofition, a certainement quelque grandeur: mais on eft peu fatisfait de 1'arrière - corps, tenu moins élevé que le portail, & fur les pignons duquel vient fe terminer un fecond  en Italië :onton, qui eft fuppofé fuivre le mouve-' lent du comble qui couvre PEglife : cette j ïpétition de forme, blelle 1'ceil, &. la coriche de cet arrière-corps, qui fe prolonge |tre les entre-colonnemens, femble couper Es mêmes colonnes peu avantageufement. {faut au refte s'accoutumer a ce genre de bmpofition; elle eft tellement familière £ tauteur, qu'il n'a pas manqué de la répéter ans beaucoup de fes productions de ce ienre (*). : Entre beaucoup de Tableaux qui ornent ette Égüfe, ou doit remarquer celui placé ar le cinquième Autel è gauche; il eft de >aul Feronefe: On y voit la Vierge , PEnnnt Jefus, St. Jofeph & St. Jean; plus bas, |e. Cathérine & St. Antoine abbé: La Vierge ift encore ici placée fur un haut focle ou i>iédeftal. Ce morceau jouit d'une haute rémtation: nous avouons cependant qu'en ) idmirant la facilité brillante du pinceau dt •e trés-grand maitre, nous n'avons pas egaement été flatté des caractères de têtes, n ■néme de 1'agencement des groupes qui li :ompofent: d'ailleurs ce tableau eft fort al téré : il périt fenfiblement. Dans la Chapelle du cóté oppofé; onmon tre une Réfurrection , attribuée au mêm maitre: la compofition en eft chaude, t deffmée d'une manière grande; nous n; avons appergu que ce mérite. (*") Voyiz ci-aprcs les Eglifes de St. George imajeur ; du Rédcmptcur , &c, Venife: San 'raiiccfco lelfaVignfc t f s  Vcnife: J. JWeiidicati. (*)I° La Piëta, particulièrctnent deftinépour les Enfans trouvés; i o L'Ofpedaletto; 3 0 7. Mendicati,' 4 0. Ze* Incurables. 260 xV oufeau Vota ge Un Tableau (en miniature) de Santa fl Croce , repréfentant le Martyre de faint »' Laurent ; il eft placé fous la Chaire: or I01 1'indique aux étrangers comme une fort t belle chofe: dans le fait, c'eft un morceau s: très-foible en tout. j. Mendicati , 1'un des quatre grands Hópitaux, ou Confervatoires de Venife (*). ,i Cette maifon eft d'un grand vafte & bien ,1 batie; le portail eft'de bon goüt, fans être néanmoins d'une architecture fort correcte." , Les deuxMaufoléesplacés fous le veftibule, le décorent bien. L'Egüfe eft d'une grande propreté; les deux Tribunes, font un bel effet. On doit chercher un beau Tableau j, du Guerchin, repréfentant 1'In ven tion de |, la Croix, par Ste. Hélène. 'f, C'eft dans cette Eglife, ainfi que dans Jes trois autres grands Confervatoires, que les amateurs viennent entendre, dimanchès & fêtes, d'excellentes mufiques, vocale & inftrumentale, exécutées par les jeunes per- )f fonnes du fexe élevées dans chacune de ces maifons : 1'émulation qui règne entr'elles, fait naïtre de vrais prodiges en mufique. I Souvent on fubftitue a 1'office ordinaire des Js Oratorio ( efpèce de Concerts fpirituels) , {t dans lefquels les talens du conipofiteur Sc 0 de 1'exécutrice, fe déveioppent avec le plus it d'avantage. S*  en Italië. 261 i La route que nous tènons ici, nous fait laffer prés du Palais Graffi; on loue beau:oup la collecftion de Tableaux qui le dé'orent, & nous regrettons fort de ne Pavoir bas vue : Voici la notice des morceaux prindpaux. , Une Vénus du Titkn; femblable a celle I, de la Tribune de Florence, belle & mieux , confervée. ( L'Enlèvement d'Europe, de Paul Feit ronefe. , y, Diane & Aöéon; du même maftre. , 3, La Pifcine miraculeufe; du même maïcre. j „ La Peinture ; Samfon & Délila ; fainte I, .Cécile ; & David qui apporte la Tête de I Goliath: quatre beaux Tableaux du Guer■ chin. I „ Un petit Amour; par le Guide. '. z, Le Repas du Pharifien; par Rubens. ! „ Deux Vieillards; par van Dyck. I „ Le Triomphe de Galathée; par le Schia- L vone : Tableau fupérieur de ce mai- L tre , &c. &c. I On voit fur la partie a droite de la petite Place qui précède PEglife de Saint-Jean & rte St. Paul, une Statue équeftre en bron[e (*) , élevée a la mémoire de Barthélem tolleone de Bergame , général des troupe de la république , décédé en 1475. Cetti Statue eft portée par un piédeftal d'une biei (*) On fait Temarquer comme une cuiiofité, ■que 1'Ange'du clocher de Saint-Marc, s'appcrcoit de toute fa hauteur, en dirigeaut la vue au'.detfeus du ventte du Cheval. Venife: J. Mendicati, palazzo Graffi, Statue équeftre, I  Venife: Santi (Hovani e Pao- 262 Nouveau Vqyage pauvre penfée... Six colonnes d'ordre com- \ pofite , engagées au tiers de leur diamètre, L en occupent le milieu & les angles: Pen- L tablement qu'elles fupportent n'a aucun ca- V ractère. Sur les quatre faces & dans les entre- .. colonnemens font placées autant d'Infcrip- tions, de Trophées de guerre , & les Ar- " mes parlantes (*) du héros. La Statue- " marche a peu prés de pair avec le piédeftal: f le Cheval fatisfait mieux : en général ce " monument eft médiocre; mais c'eft le feul de ce genre qui foit a Venife. ?' Saint-Jean & St. Paul , Eglife de Re- » ligieux Dominicains. Ce vaifleau eft fort vafte; le caractère de fa conftruétion, eft c: un mélange de gothique & des ordres grecs, j.£, du plus mauvais effet. II eft tapifle de Mau- . folées & de divers autres Monumens, moins ^ curieux pour leur forme & le mérite de 1'exé- ? cution (**), que pour les traits hiftoriques 11 qu'ils rappellent. f Nous pafibns fur la beauté des marbres J & 1'extrême tichelle du maitre-Autel; paree que nous ne lui connoiffons que ce feul mérite. . (* ) L'adoption & 1'ufage de pareilles Arme» ^ eft bien fingulière ; il nous paroit qu'il eft en- , core plus furprenant, qu'elles foient aufii crue- (i ment mifes fous les yeux du public : fans doute •< qu'alors, on y entendoit moins fineffe qu'au- Sz Jourd'hui : d'ailleurs , dès qu'on pouvoit honnê- ft cement prononcer fon nom, on pouvoit ainfi. hoa- nêtement en voir Pimage. j, (**) Nous en exceptons le Maufolée du Doge : Lèonard Loredo, dont le caraétère eft bien dans is genre, faus être néanmoins excellent  En Italië. 263 On voit dans la feconde Chapelle en enitrant, a gauche, un Tableau célèbre du Titien ; repréfentant le Martyre de faint Pierre Bénédictin : il s'eft noirci dans beauicoup d'endroits , mais c'eft encore un fort :beau Tableau. „ II eft admirablement bien ., compofé, de peu de figures, pleines d'ac's, tions ,deffinées de grand caractère & avec une belle fineffe de contour & de détail: t, Le pinceau en eft beau & bien fondu, &c. La Chapelle du Rofaire mérite d'être ■jrue: elle eft fituée a 1'extrêmité de PE;glife a gauche; elle eft vafte & fort richetment décorée. La Statue de la Vierge placée au centre de ia petite coupole de 1'Autel , ainfi que plufieurs des quinze Bas-reliefs traités en marbre , qui décorent ce même Autel, font du Campagna : on y remarque de bonnes intentions, & une exécuition fupérieure. - Entre tous les Tableaux qui ornent cette IChapelle, on remarque un Crucifiement du .Sauveur , par le Tintoretto: cette compoli|ön eft pleine de feu & de génie; c'eft 11'une des plus vigoureufes & des mieux rendues de ce maitre. Le Tableau du milieu du Plafond eft iégalement de lui, il a pour fujet la Vierge dans une Gloire; entourée de beaucoup de iSaints & de Samtes: ce morceau a beaucoup perdu. On doit chercher dans l'ancien Réfectoire :de ce trés-vafte Monattère, un des plus grands Tableaux de Paul Vcronefe ; il occupe tout le fond de la Salie: le fujet efta Venife: Santi Cüovani è Pa»« lo.  Venife: Santi Giovani è Pm> la. (*) On doittacher de fe faire raontrer,une affez belle colleétion de Tableaux appartenans a un Religieux de cette maifon : elle eft peu nombreufe, mais les morceaux qui la compofent font, pour la plupart d'un beau choix, & rangés avec méthode , avec goüt. Ce Cabinet eft de plain-pied avec le corridor dans lequel communiqué le Réfectoire & prés du grand efcalier. Nous ne défignons point ici les morceaux qui nous ont le plus fatisfait, paree que nous favons , que le proprictaire ne prend le foin de les raffembler que pour s'en défaire, lorfqu'il trouve une occafion qui lui eft avantageufe, & qu'il eft rare que le fond de) fon Cabinet ne fe renovivelle point d'une année u rautre. 2G4 Nou vz au Vota üe U Repas du Sauveur che^ le Lévite. „La Table eft placée fous un grand portique d'une architecture magnifique." Rien de plus beau, & de plus agréablement varié que les airs de têtes qui entrent dans cette riche compofition : tous les détails y font rendus avec un foin & une vérité fupérieures. Ce trèsmagnifique morceau a beaucoup fouffertjil périt fenfiblement. Dans la même Salle , en face de celui-ci: la décolation de faint Jean & de faint Paul\ par Pietro Vecelüa. Ce Tableau eft compofé chaudement; correct de defiein, & peint d'une manière forte & grande : On le voit avec plaifir, même après le précédent (*). En fortant du Cloitre de cette maifon , on ne regrettera point de jeter un coup d'ceil fur deux des Tableaux qui entourent la Chapelle de la Madonna della Pace. Le premier  EN /TALIE. ï<% premier en entrant a droite repréfente une Adoration des Rois : il eft bien de compofition , & d'un bel effet de couleur. On voit dans celui qui fuit, faint Luc speignant la Vierge, qui paroit defcendre fur tun nuage ; un Ange 1'indique du doigt au fpeintre, dont le caractère de tête & le mouivement, expriment le fentiment d'une vive tadmiration : ces deux bons morceaux font idu Cavalier Andrza Cekfii. : Le Palais Grimani, eft fitué prés de fl'Eglife San&a Maria Formofa : On y voit jquelques beaux antiques. „ Sous le périf■L tyle , une Statue de Jules-Cézar , avec \3, facotte d'Armes une autre d'Agrippa, L, de taille héroïque— tenant un Dauphin \„ pariaqueue, emblèmedugénéralatdemer; 3, morceau précieux par farareté & la beauté I „ du travail... diverfes Infcriptions grec, „ ques, &c. „Un Cabinet rempli d'Antiques, parmi , „ lefquelles une excellente Tête Grecque , de Jupiter, avec cette Infcription grecque „ en caractères latins: Bono Deo brotonti, a Jupiter tonnant. ] „ Un Cabinet de Porcelaines rares, & urn 1collection de Vafes & de Plats de fayenc< L,ancienne, peint, dit-on, fur les defiein j s, de Raphaël." f Notre-Dame des Miracles ; Eglife & religieufes de Ste. Claire. Les plus beau: marbres, font employés avec une profufioi I étonnante dans le revêtiflement extérieu & intérieur de cette Eglife; mais avec auf peu d'intelligence, que de goüt. Tornt IIÏ. M fenife :ft* 'azzo Grimani, la Madonnt des Mir*coli. i r |  zGG Nouveav Voyage Venife: J. Cefuiti. - On voit au-deflbus de 1'orgue, deux En- j | fans antiques de marbre, qui furent tranf- ^ portés de Ravenne a Venife, & qu'on at- \ tribue au très-célèbre Praxiteles; fans doute ^ paree qu'ils font véritablement d'un excel- ], lent travail. Ils font placés dans une niche 5 carrée : au peu de foin qu'on en prend, il ^ paroit que ces Religieufes en font aflez peu ■„ de cas. Une grande barre de bois traverfe extérieurement cette niche dans fa lar- | geur, & vue d'en bas, paroit couper en | deax ce très-beau Groupe : On ne doit joint d'ailleurs fe diffirrruler qu'il a beau- | coup foufiërt, & les réparations qui y ont . été faites,ne fortentpoint de bonnes mains. i J. Gesuiti , Collége , Maifon profefle & f Eglife des ci-devant Jéfuites. Toute cette 1 i( conftruction eft moderne & n'en vaut pas t] mieux : Le portail eft la moins bonne jj i partie du tout. Avants-corps multipliés; | „ petits proflis ; formes bizarres ; mauvais f[ choix dans les ornemens .. . tout, en eft moins que médiocre. Sa malle totale peut „, en impofer au vulgaire ; elle peut même ■ au premier coup d'ceil féduire 1'homme de ' goüt, mais un inftant d'examen, fuffit f pour remettre a fa place cette décoration, pour le moins ridicule. L'intérieur eft moins „ mal, mais exceffivement fombre. Les co- ■ t! lonnes du Saiictuaire , les pilaftres de la f nef, ainfi que la frife , & quelques au- ;j tres parties, font revêtus de ftucs a grands _ ramages & fleurs vertes fur un fond blanc; j genre de décoration aflurément très-dé- „ placé.  en Italië. a.67 Les amateurs cherchant dans cette Eglife,' un célèbre. Tableau du T'uien; il repofe' dans la première Chapelle en entrant a igauche, & repréfente le Martyre de Saint iLaurent. Ce Tableau s'eft fortement noirci; il a de plus le malheur d'être, on ne peut ipas plus mal placé; il eit impoffible d'en sjouir ; il faut prefque le deviner. „ C'eft L un effet de nuit; il eft bien deffiné , de E grand caraétère & d'un pinceau très-large, avec de belles têtes & de belles mains ; iL une compofition bien groupée , dont le L fond d'architecture eft très-riche. Ce morL ceau eft fmgulier pour 1'idée. Dans la même Chapelle , un fort bon ITableau de Luca Giordano , repréfentant le 'Jugement de Salomon. Ce que 1'on peut Jsppercevoir des têtes mérite des éloges : Le mouvement de la vraie Mère eft d'une Jvérité qui frappe: Ce tableau a également jfort noirci. Dans la Chapelle de la croifée a gauche, une Aflbmption, par le Tintoretta: „ C'eft ij, une compofition très-ingénieufe & pleine j„ d'action.. . L'effet en eft cependant déI „ truit, par quantité de chofes noircies, &c. Dans la Sacriftie, en entrant a gauche, lun Tableau du même maitre, repréfentant la Circoncifion du Sauveur : „ On v „remarque, outre la beauté de la compofiI „ tion, une belle intelligence de lumière: k I „ pinceau en eft facile & large & les têtes foni L, frappées, avec efprit." C'eft un très-bor | morceau. „ Sur la porte du milieu ( du cóté oppof< M ij 7eniCe : J. ïefuiti.  z68 Nouveau P~oy age Venife:San ja Catheri na, Pont di Rialto. (*) Les Vénitiens exaltent grandement leur Rialto; après lui & la Place Sc. .Mare ( dont ils ne parlenc qu'avec enthouiiafme), ils ne peuveflt croire qu'il y air rien de fupérieur dans le monde : cependant on connoic beaucoup de ponts anciens & moderrjes , d'une conftruótion encore plus hardie.[Quant a fa décoration, qu'ils eftiment merveiiieule , permis a eux cie ia trouver teiie : Nous' y avons vu nous , un ton de lourdeur fenfible jufques dans les plus petites parties. Les Bas-reliefs pratiqués de chaque cóté a la naiffance de 1'arc, fout aal penfés pour la place qu'ils . „ a celui de Pentrée), eft placée la Nativité „ du Sauveur; par Paul Feronefe : Tableau „ d'une compofition pittorefque, & bien „ groupé ; la Vierge & PEnfant font d'une beauté , & d'une vérité admirables. Sainte Cathérine , Eglife de Religicufes Auguftines. Le Tableau du maitreAutel , eft de Paul Veronefe; il y a repréfenté le Mariage de la Sainte Titulaire. Cette compofition (d'une naïveté fédui-? farite ), eft rendue avec toutes les graces dont elle étoit fufceptible. Les caractères de têtes, font de ïa plus heureufe expreffion : la Ste. Cathérine eft fur-tout d'une grande beauté : le groupe d'Angesqui exécutent un Concert, eft délicieux. On défireroit feulement trouver plus de fraicheur, plus de jeunefle dans la Vierge , & plus de fimplicité dans 1'habillement de la faintè Cathérine. Ce beau morceau eft parfaitement bien confervé. Le Pont de Rialto (*), eft 1'un des  en /talie. [plus beaux morceaux d'Architecture qu'il y iait a Venife,: il eft conftruit de gros bloes ide pierres d'Iftrie d'un très-beau choix : il tembrafle dans un feul are le canal Grande. ,,La largeur de cet are ( prife au niveau de i l'eau ) eft d'environ quatre-vingts pieds; fa i hauteur de vingt a vingt-deux, & fa largeur irde quarante-trois pieds. II eft orné d'une ieorniche & d'une baluftrade, aflez bien proEfilées : deux efcaliers en rampe douce pra'jtiqués a fes extrêmités, facilitentla montée & la defcente de ce Pont. Deux rangées, :!chacune de douze boutiques, partagent en ftrois parties fa largeur ; elles laiflent une Igrande rue au milieu, & deux plus petites Iqui longent 1'une & 1'autre baluftrades. La jfile de ces douze boutiques eft interrompue i au milieu du pont, par une efpèce de Por- tique ou d'Arc de triomphe (comme on Tappelle ici), fort chargé de fculpture, mais Itoutes de peu de mérite. Palais Barbarigo ; autrement Scuola del \Tiiiano (*). La principale fa?ade de ce Palais, longe le canal Grande; elle eft fort ornée & d'un aflez bel effet: Son entrée donne furun occupent, & de mauvaife exécution. La décorai tion des Boutiques & celle des doublés ares au i milieu du pont, n'ont pas plus de mérite,' &c. I la maffe totale frappe fans doute d'abord , mais h l'ceil du connoiffeur , elle ne pent infpuer un ji autre fentiment. (*) A caufe de la quantité de Tableaux de ce | grand maitre qu'on y confervé : On prétend aufli i que le Titien y a demcuré. 4 M iij Venife: Pa. lizzo Barbarigo.  Venife :Pato 5arbarigo. 270 Nouveau Voyaqe canal qui horde fon flanc gauche. Le premier étage eft très-élevé ; on y arrivé par un efcalier fort fombre & très-roide : il débouche dans un vafte corridor (*), qui paroit couper ce Palais en deux parts, & devenir commun a quatre appartemens qui y | communiquent. On paffe dans une première Pièce dont les trois cótés font entièrement remplis de Tableaux de divers maitres : tous ne font pas également d'un bon choix : voici ceux qui réuniflent le plus d'applaudifièmens. La Femme Adultère, par le Tintor etto : compofition fage; beaux caractères de têtes : belle vérité de couleur.. . C'eft un trèsbon Tableau. La Pourvoyeufe ; par Piete Genovefe: Ce Tableau, eft d'un bel effet: La tête de cette femme eft bien dans fon genre, & lesLégumes qu'elle porte dans fon panier, font heureufement imités. Une Circoncifion du Sauveur ; par Jean Bélin: correctement deffinée ; & d'un coloris encore très-frais. Un petit Jefus, du Padouanino, peint largement & avec beaucoup de graces. j La diftribution des cinq Pains : excellent Tableau de Jacob Bajfan, (*) Ces fortes de corridors, ou falie longue, font d'un ufage général a Venife, & ce n'eft point fans raifon: Les promenades y étant rares ou pour mieux dire, n'y ayant point de promenade; cette longue pièce leur donne du moins la facilité de faire quelques pas de fuite, de plus qu'ils ne feroient dans leurs pièees ordinaires.  en Italië. *7l Du même ; 1'Hiver perfonnifié : bon Ta- ïbleau. . „•„ „. , Un St. Jéróme, & un St. Sebaftien; du ' Tiden. On allure que le premier de ces deux Tableaux, eft la première production de ice grand maitre, & le fecond fa derniere; il avoit alors quatre-vingt-dix ans: ce font , deux très-foibles morceaux. Dans la grande Salle oü 1'on croit que • le Titien peignoit; on voit en entrant a ? gauche , une Bacchante , attirant vers elle . un Satyre par les cheveux :. la Femme efi i très-belle: ce Tableau n'a point été terSi miné. , , A cóté du précédent; Prometee a qu; I, un Vautour dévore le foie (figure de gran1 deur demi-naturelle). Belle compofition fortement rendue : le coloris ne flatte point. L'Ange qui conduit le jeune Tobie : ; ( deux buftes ) : C'eft un bon, mais non pai | un beau Tableau. ■ Un Chrift portant fa croix, bufte; ct : Tableau s'eft excefüvement noirci. Une Vénus d fa Toüette, elle eft a moii tié nue , &cache d'une de fes mains une part tie de fa gorge : Un Amour lui tient Ion mi ■ roir, & un autre lui préfente une Couronne I Cette Femme eft d'une grande beauté, 8 j d'une finefle de caraftère qu'on ne fe lafli i point d'admirer •, les chairs font de la plus bel! i vérité de nature : Le petit Amour qui tien le miroir, eft fmgulièrement joh; Pautr eft très-agréable.... c'eft en tout un trés j beau Tableau. ' Un Chrift au rofeau entre deux figures M iv Vemfe:Pa~ \azzo 13 arbarigo. t s  273 Nouveau Vöyage Venife:.?,». inzzo Barfcarigo. (buftes); tableau foible, & dans la fabrique duquel on reconnoit difficilement ce trèsgrand maitre: d'ailleurs la toile a été crevée a 1'endroit oü le col du Chrift s'ajufte avec 1'épaule; ce qui lui fait un grand tort. Vénus s'efforeant de retenir Adonis, qui part pour la challe (*); (figures de grandeur du tiers de nature); Tableau très-connu par une infinité de copies & par quelques gravures. C'eft un morceau précieux; il eft d'une finefie de defiein , d'une force d'expreffion , & d'une facilité de pinceau admirables. „ Une Vierge tenant 1'Enfant Jefus , a y, qui la Magdelaine préfente une boite de }, parfums ; fort beau Tableau, colorié de la plus grande vérité Le profil de la Ma- „ gdelaine eit beau, & elle eft bien coeffée." „ Un Chrift tenant un globe fur lequel eft une Croix; bufte de fort grand caf, ractère." Une Magdelaine pénitente. Cette femme eft très-belle, & fes graces percent a travers le fentiment de la douleur qu'elle exprime de la manière la plus vive & la plustouchante. Sa main gauche avec laquelle elle raflemble fes cheveux pour couvrir fa gorge, eft d'une grande pureté de defiein, & d'une belle vérité de nature. Les chairs y font (*) Ce maitre s'eft plu a traiccr plufieurs fois ce même fujet: il en exifte deux origiuaux k Ro-» me : 1'un au Palais Barberini, 1'autre au Palais Colonne ; tous deux très-beaux : On en voit un autre i Paris au Palais-Royal, qui ne diffère de «cluï-cj 3 que par un peu plus de grandeur.  na /TALIE. 273 iftne fraicheur délicieufe. C'eft un excellent Tableau. , _ , . La Confrérie de faint Roch, eft la plus riche & la plus célèbre des fix grandes Confréries fou Scuola Grandi) , qu'il y ait dans Venife. L'Eglife & les Batimens qui en dependent, font conftruits & ornés avec maïmificence : On y compte prés de quarante Tableaux du Tintoretto, qui, s'ils ne font point tous également eftimables, également: bons, ont au moins tous le merite d orrnr des compofitions d'une chaleur, dunehardieffe , d'une véhémence particulieres a ce maitre. _ „ j _ • _ Le Portail de l'Egt.ise St. Roch, eft imité d'après le Palladlo; on y remarque une belle intention. L'intérieur de 1'Eghle eft d'une conftru&ion plus ancienne: le maitre-Autel eft très-richement orné : les Statues de St. Roch, & de deux autres Saints, font fupportables; toute la partie de fculpture, eft en général aflez bien traitée. Quatre grands Tableaux du Tintoretto. rempliflent le Sanftuaire ; ils repréfentent divers miracles opérés par le St. Titulaire : ils font plus forts de compofition , que di caraftcre , & plus fortement, qu'agreablement peints. Nous ne nous y arrêterons, pas On fait remarquer dans une Chapelle s èauche, un Tableau du Tuien, repréfentant le Sauveur entre deux Soldats, don; 1'un lui préfente le rofeau ; figures de grandeur naturelle vues a demi-corps : Ce lableau a dü être beau , mais il a excemvement pouffé au noir. ' ^ Venift-.Sïtt R.0CC9.  s.j4 Nouveau Voyage Venife: Scuola di San Rocco Les Vendeurs chaffés du Temple; faperbe compofition d'Antonio Fuminiani, 'dans le goüt, & imltée du Tintoretto; mais d'un pinceau plus doux, plus gras, moins nerveux, moins hardi que celui de ee maitre. , Scuola di San Rocco. La faeade de ce batiment eft très-décorée ; mais cette décoration eft d'un genre qui ne mérite nul examen. La Salle & Chapelle au rez de chauifée eft ornée de fix Tableaux du Tintoretto : il a repréfenté dans le premier a gauche une Annonciation; il y fait entrer 1'Ange par la fenêtre : On remarque dans ce Tableau des détails qui le rendent d'un effet piquant. L'Adpration des Mages: Compofition au moins auffi fingulière que la précédente. Une Fuite en Egypte : Tableau agréable : Le Payfagequi fait le fond eft bien traité : Tout y eft d'un bon mouvement. Le Maffacre des Innocens : fujet traité d'une manière que ce maitre feul pouvoit ïmaginer : Elle eft au moins bizarre. La Circoncifion ; beau Tableau: La compofition en eft grande, d'une belle harmonie , & peinte plus moelleufement & d'un pinceau^ plus gras que les précédens. L'Afibmption de la Vierge : Tableau d'un mérite encore fupérieur au dernier : on y remarque plus de feu, plus de correction de defiein; il eft auffi plus chaudement colorié. On parvient du rez de chaufiée, au premier étage, par un trés-bel efcalier en marbre., également ome ils Tableaus. L» Peftc  "e-w Italië. *75 qui affligea Venife en 1630, eft repréfentée dans un fort grand Tableau d'Antonio Zanchi. „ On eft frappé de la verite hor,, rible des morts & des mourans, qui font repréfentés dans les rues & dans les bar,, ques. " , , Pietro Negri, a peint de 1'autre cöte , la Ceffation de ce Fléau, mais quoique ce foit un bon Tableau, il s'en faut de beaucoup qu'il approche du précédent. On voit fur le dernier palier, une Annonciation •, par le Tuien : charmant Tableau , du plus agréable, & du plus bel effet. En oppofition de celui-ci; une Vifitation , par le Tintoretto: compofition heureufe , ou ce maitre s'eft le moins livré a la fougue impétueufe de fon imagination : Ce Tableau eft très-bien peint. Cette Salle haute, contient dix grands Tableaux du Tintoretto. 10 La Naiffance du Sauveur : compofition peu noble, maisrendue avec une grande vérité. a 0 Le Baptême de St. Jean; Tableau tresfoible dans toutes fes parties. 3* La Réfurreftion du Sauveur. 11 a agencé dans cette compofition un épifode fmgulier qui ne pouvoit pafier que par la tête de cet artifte : il fait lever par deux Anges la pierre qui couvroit le Sépukre : idéé qui répugne, en ce qu'elle femble otei au Chrift la puiflance d'être forti par fa feule volonté de fon Tombeau. D'ailleurs le Chnfl s'élève bien; les Anges ont un fort beat caractère, &c. T a* Le Sauveur au Jardin des Ohves. ls * M v] venife : Scuola di San R9CC0.  276" NOUVE/IU VoYACrV. Venife : Scuola di San Roccc 3 ] 3 Tête da Chrift n'eft point belle; celle de 1'Ange eft mieux: c'eft un Tableau médiocre. 5 0 Une Cène; mauvaife compofition, ou du moins déplacée : Tableau au-deflbus du précédent; c'eft le réduire a peu de chofe. Le Tableau de 1'Autel ( également du Tintoretto ), repréfente St. Roch invoquant pour les peftiférés : Compofition triviale; nulle chaleur, peu d'aétion... c'eft encore un Tableau médiocre. 6° A droite, en continuant: LeMiracle des cinq Pains; 70 1'Aveugle né; 8° PAfcenfion du Sauveur : trois Tableaux trèsfoibles de toutes manières. Q0 La Pifcine miraculeuze. „ Tableau „ compofé avec toute 1'extra vagance & 1'in3, décence poffible; une Femme léve la Che- mife de fa Compagne pour faire voir a x Jefus-Chrifi le mal qu'elle a au milieu de la cuifle." 10e L'Efprit Tentateur, &c. Nous nous lafibns de nous arrêter fur ces Tableaux médiocres : dans ces derniers, comme dans les douze qui compofent le plafond (qiie nous invitons feulement de regarder), on ne peut s'empêcher de remarquer une étonaante fécondité de génie, une facilité proligieufe de travail; fouvent un beau choix, m bel empattement de couleur Des dées fortes, mais conftamment bizarres & >eu nobles : Telles, du moins, nous ont paru a plus grande partie des produdions de ce naitre célèbre. On voit fur deux piédeftaux , placés en vant du Sanftuaire, deux Figures en mar-  E N ITA L IE. 277 ibre, qui s'annoncent fupérieurement bien; lelies font traitées dans le goüt de Michel, Ange (dans fon beau); mais elles ne font jqu'ébauchées; 1'auteur étant mort avant que 'd'avoir pu les terminer. I La Grille qui ferme le Sanctuaire eft de (bronze, & d'une belle exécution. Les Bas-reliefs en bois répandus fur les dii vers corps de menuiferie, méritent égalé-* jment d'être examinés : ils font compofés avec génie & touchés avec une intelligence peu commune. La Salie de ÏAlbergo, oü fe traitent les iaffaires de la Confrérie, eft ornée d'un fu\perbe Tableau du Tintoretto, qui rernplit [tout lefond de la Salle, en face de la porte "d'entrée; il repréfente le Calvaire r On y ivoit Jefus-Chrift déja crucifié, on élève ui Larron, & 1'on cloue a terre le fecond fur fa icroix. Cette compofition eft d'un feu furiprenant &pleine d'harmonie; les caractères de têtes ont tous celui qui leur eft propre : ibeau coloris; belle Intelligence de lumière c'eft inconteftablementun excellent morceau Trois bons Tableaux, du même maitrefoc .(cupent le cóté oppofe; c'eft a dire qu'il rempliflent le deflus, & les deux cótés d< la porte : Jefus devant Pilate; Jefus au Pré:tt-oire, & Jefus montant au Calvaire. < Les dix-fept Tableaux qui compofent 1 >|plafond, font également de lui; celui di imilieu (*) repréfente St. Roch, que le Pér (*) „ C'eft ce plafond que le Tintoretto peignit „ lorfqu'ii y eut concours pour les Peintures de Venife : Scuola di San Rocc*.  Venire: San Sebaftiano. „ cette Confrérie : Ilterminafon ouvrage avant que les autres Peintres euffent terminé leurs deffeins, „ & on le chargea de tout le refte de 1'entreprife. lyfl N0VVt.AU VOVAGS Eternel recoit dans la Gloire. Saint-Sébastien , Eglife dépendante du Monaftère des Jéronimites; recherchée des amateurs pour les belles Peintures < de Paul Veronefe, dont elle eft ornée : La Sacriftie, la voute de PEglife, &c. font peintes par ce trés-grand maitre. Dans la première Chapelle a droite, un St. Nicolas, par le Titien : bon Tableau. Dans la quatrième Chapelle du même cóté ; le Sauveur en Croix : la Vierge eft évanouie en bas, la Magdelaine Paffifte; -j St. Jean eft debout, dans la plus vive douleur : ce Tableau eft de Paul Veronefe; il manque d'effet. Les deux Volets qui ferment 1'Orgue, , font peints par le même maitre : ouverts, | on y voit le Paralytique guéri; fermé, la Purification de la Vierge. Le premier fujet | eft chaudement traité, & très-bien peint. On remarque dans le fecond des beautés fupérieures: une compofition riche, une belle pureté de defiein, &üne vérité de couleur, admirables : il eft du plus agréable effet. Le Plafond de 1'Eglife, divifé en beaueoup de Tableaux, en préfente trois domioans : On voit dans le premier, Efther en préfence d'Affuérus avec Mardochée : dans le fecond , Efther couronnée : dans le troiüème, le Triomphe de Mardochée, conduit ?ar Aman. „ Ces morceaux font bien com-  en Italië. | pofés de plafond , quoiqu'ils ne fafïent; E point illufion, paree qu'il y a trop d'ar-' I chite&ure. Ils font un peu gatés : mais I on voit que ce font de très-belles chofes." Le Tableau du maitre-Autel ( du même maitre ) repréfente St. Sébaftien attaché a la colonne & percé de fièches: la Vierge & 1'Enfant Jefus fur des Nuages, occupent le Ihaut du Tableau : Dans le bas fur le premier plan, font placés faint Jean-Baptifte , ;St. Pierre, Ste. Cathérine & St. Francois. Ce Tableau eft de laplus grande beauté, L & peint d'un beau fini.... On y trouve Ë un bel effet de lumière , un lieu magnia fique , des têtes admirables , de belles p mains bien deffinées , & enfin de belles „ étoffes bien drapées. " Les deux Tableaux du Sanctuaire , font également de Paul Veronefe : on voit dans celui a gauche „ St. Mare , & St. Marcellin „ defcendant 1'efcalier du Préteur qui les a „ condamnés a mort , leur Mère qui veut „ les exhorter a changer de foi, & St. Sé„ baftien, qui les engage a y perfévérer, &c. Le Martyre de St. Sébaftien, fait le fujet |u Tableau placé a droite. Ces deux fujets font bien traités, bien peints : particulièirement le premier, Le plafond de la Sacriftie , eft encore du ïmême maitre : il exifte des preuves qu'il avoit a peine vingt-cinq ans lorfqu'il 1c peignit. II eft divifé en plufieurs Tableaux : ;on voit dans celui du centre , la Vierge -:couronnée par Dieu le Père & fon Fils : les [quatre Evangéliftes rempliüent quatre des Venife: San lebaftianu.  zSo Nouveau Vovage Venife: Sar Scbaftiano, Santa Marii Maggiore. moins grands Tableaux, &c. Tous ces fujets font fagement & grandement compofés ; j ' bien de plafond , & peints avec un pinceau large & très-vigoureux. On doit chercher dans la Salle du Ré-, fectoire de cette maifon , un Tableau célèbre de ce maitre , repréfentant le Rèpas du Sauveur che^ Simon le lépreux ; peint* en 1570. II a exceffivement noirci, & ne peut, dans fon état aftuel, être admiré que des connoifleurs & des artiftes : il s'y voi J cependant beaucoup de chofes encore, & . ces parties vifibles, font véritablement d'une , grande beauté. Sainte -Matue Majeüre , Eglife de religieufes Francifcaines. Elle eft tellement 1 remplie de Tableaux, que 1'ceil en eft fatigué d'abord; ce qui peine le plus, c'eft que f dans un fi grand nombre , on en trouve fi peu dignes d'être notés: Voici les meilleurs. Le Tableau du maitre-Autel eft de Paul i Veronefe: il repréfente une Afibmption de la Vierge: c'eft une belle compofition , mais dont le temps a dé eruit en partie le bel i accord des couleurs. Un St. Jean, par le Titien: Tableau trés- i tftimé a Venife. 11 eft deffiné grandement, ; & peint d'un pinceau aimable & coulant; &. néanmoins il fatisfait peu : On trouve lans le caractère de la tête , une févérité repouffante. Ce Tableau décore une des Cha- . pelles du bas cóté a droite. Dans la nef, les quatre Saifons, par le Bajfan: ce font quatre bons Tableaux. Du mime; VArche de Noë: compofition  BN ITA L1E, 2*' immenfe, dont chaque partie prife féparé; ment, a le plus grand mérite, mais dont 11'enfemble total eft d'unfoible effet. Ce la' bleau eft placé entre la première & la fe1 conde Chapelle a droite en entrant par le grand portail. Une Annonciation, du Pahna, partagee en deux Tableaux, de 1'un & de 1'autre cóte I de 1'autel: ces deux morceaux font bien FeÏÏnè Adoration des Rois: St. Joachim chafié du Temple paree qu'il n'avoit point - de poftérité, deux bons Tableaux du 1 in, toretto; placés dans le Sanétuaire, &c.# Ecole de la Charité. Cette Confrérie (• I pofféde un fameux Tableau du Tuien; repreji fentant la Purification de la Vierge: ü ef ! beau, mais la haute réputation qu il a i 1 Venife, a pour motif outre fon mérite pro I pre, celui d'offrir dans les têtes qui entren ! dans cette belle compofition, les Portrait , de divers Perfonnages célèbres alors & don ' le fouvenir intérefle encore aujourd'hui. Santa Maria della Salute; Eglife d Clercs réguliers Somafques, fituée vers 1 ex ■i trêmité du canal Grande; prés & du mem j cóté de la Douane de mer : elle a été éle (*) Cette Confrérie eft la plus ancienne, mais tion la première, quant au rang qu'elles tieunent entr'elles. i o de St. Mare; i« de St. Théodore; oo de Ste. Marie de la Miféricorde; 40 de Ste. Marie de la Charité; 50 de St.Roch: 6» deSt. Jean 1'Evangélifte. La première & la cmquieae font les deux plus riches. fenïfe : Scuola jraud dcl!a Carita, Santa Maria della Saltte. I t C 5 c e  «fo NO WE/1 U fTOYAQE Venife: Santa Mjri: della Saluce. vee fur les defleins du Longhana: On ap. 1 plaudic beaucoup a Venife cette compofition , & véritablement, elle s'annonce bien , fans être néamnoins du premier mérite. Le plan , dans fa maffe extérieure, donne un oétogone, dont trois cótés feulement fe détachent & font faillie. La principale fagade eft formée de quatre Colonnes d ordre Compofite, élevées fur leurs piédeftaux : deux de ces colonnes (entre lefquelles s'ouvre la porte d'entrée). forment un avant-corps couronné par un fronton : deux étages de niches, ornées de Statues, rempliffent 1'arrière-corps. Les deux cótés rentrans de l'ocftogone, ont une décoration particulière & qui n't& nullement heureufe; deux ordres fe partagent cette même hauteur, également terminée par un fronton. Une coupole part du centre de l'oétogone & s'élève avec beaucoup de grace : C'eft de toutes celles de Venife, la plus heureufement traitée. Un vafte Perron précède ce portail ; précédé lui-même par un très-beau quai, ornés de degrés qui règnent dans toute la longueur de cet édifice. Plus de repos dans les mafl'es, moins de prodigalité dans la difpenfation des ornemens, & un meilleur choix dans ce même genre de richeffe , eut, certainetnent imprimé plus de noblefie, plus de di»nité fur cette compofition. L'intérieur eft ingénieufement penfé : Ia :oupole & ]es fix Chapelles qui y répondent, Font un bel effet; le chceur (au-devant duquel ïft place le maitre Autel) eft prolongé fur la perpendiculaire de la porte principale.  je'w Italië. ^3 Les Tableaux des trois Chapelles a droi-< te, font de Luca Giordano: ils repréfentent;; la Naiffance, la Préfentation, & 1'Aflomption de la Vierge : ces trois morceaux ne font pas fupérieurs, mais ils fe font voir avec plarfir. Sur le premier Autel a gauche, un lableau fort eftimé du Cavalier Liberi, dans lequel on voit St. Antoine de Pade , en invocation conjointeroent avec Vemie perfonnifiée : il eft peint dans la manière d Anr drea del Sacchi. 3 . Sur 1'Autel qui fuit ■, la Defcente du Saint-Efprit; par le Titien. „ Ce Tableau „ eft beau fans être excellent; ü eft d'un l couleur fale en général & mal drape j fl Z V a des vérités , mais peurde fineüe. Trois Tableaux occupent le plafond du cu de four fous lequel eft élevé le maitre-Autel; ils font peints par le Salviati: On voi dans celui du milieu la Manne dans le de fert • 1'Ange qui fecourt Ehe, eft le fujet d< celui a gauche; Habacuc porté par 1'Ange ai fecours de Daniël, eft repréfente dans le Ta bleau a droite. Ces trois morceaux ont beau coup de mérite, particulièrementle premiei La Sacriftie eft intereliante a voir ; 1 Plafond eft du Titien : il eft divife e I itWs tableaux : le Meurtre d'Abel, le Ss cJifice d'Abraham, & David rendant grac a[Dieu de la défaite de Goliath, font li tk-ois fujets qu'il y a traites. „ Ces 1; "bleaux font admirablement compotes, c \\ |rands caraftères, bien deflinés & de gvai 3es formes." • En face des fenêtres, un bon Tableau s Venife : lanta Mari* lellaSalute. e i e 15 e k  $84 Nouveau Voyaqe Venife : Popna dj Mure. Tintoretto; repréfentant les Nöces de Cana: „ 11 eft bien compofé avec beaucoup de feu, é & cependant aflez fagement; les têtes font „ belles & ont beaucoup de caraétère il „ eft bien deperfpeétive & a beaucoup d'en„ foncement; les attitudes en font excellen„ tes." Ce Tableau a fortement noirci. Celui placé fur PAutel eft du Padouanino; c'eft une Madonna : elle eft peinte d'un pinceau agréable & facile : ce morceau prévient, fans être fort beau. La Bibliothèque de cette maifon, eft 1'une des plus coniïdérables de Venife. La Douane de Mer, eft fituée a Ia pointe de terre baignée d'un cóté par le canal Grande, & de 1'autre par celui de la Giudecca. La forme de ce batiment, eft celle d'un étui a chapeau; c'eft dans fon genre un des mieux traités, entre tous les édifices publies qui fe voyent a Venife. L'ordre Tofcan caraétérife fa décoration , & il y eft enrichi de boflages. Une Galerie ouverte en portiques, eft pratiquée fur fes deux faces latérales : fur celle en avant, s'élève une forte de tour, ou Pavillon carré (traité également dans le genre ruftique) , d'oü part un focle, qui porte en retraite un Globe de bronze furmonté d'une Statue de la Fortune (de même métal) qui fert de girouette. Ce qui peut feulement dèplaire dans cette ordonnance, eft 1'efpèce de créneaux pratiqués fur la corniche des deux cótés latéraux : ce genre de couronnement eft d'un{ mauvais choix; un fimple focle etit beaucoup mieux fait.  EN ITJLIE. £*j ! La Giudecca, plus communément' appelée la Zuecca „ (du féjour que les Juifs „ y ont fait avant qu'ils n'allaflent habiter' „ le Ghetto, oü ils font aujourd'hui)," eft rune ifle de plus de mille toifes de longueur, (féparée par un canal de prés d'un deiniKnille de largeur. On y voit, outre la ParoiiTe , neuf Maifons, ou Communautés religieufes (*) , & ; beaucoup de Maifons de plaifance &. de JarIdins fort ornés. Le Palais Vendramin» , conftruit fur Des defleins du San Sovin & du Palladio « ieft le batiment le plus apparent de cette lifle; les Jardins qui en dépendent font vaftes !& bien tenus. Deux entre ces dix Eglifes , méritent (*) i ° Ste. Euphémie , Paroiffe — 2° St. fCosME •, cette Eglife eft fort ornée; on y Jvoit quelques Tableaux du Tintoretto; du Padona\ niuo ; du Cavalier Liberi; du Fuminiani, &c. — 'U° Le Convertite. — 4?- St. Blatse, i Tichement ornée ; quelques Tableaux de Paris Bordone , & du Palme. — 5 0 S t. J a c q u e S ; 1 quelques Tableaux dans 1'Eglife & dans la Sacriftie, du Tintoretto , dAlvife, &c. Dans le Réfeci toire de cette maifon ; le Repas du Sauveur , chez i le Lévite, par Jlenedetto , Carlato & Gabriëlle 1 Caliari; le premier frère & les deux autres fils du : célèbre Paul Veronefe : tous trois infiniment inï férieurs a ce très-grand maitre. 6° St. Jean ; Eglife de Camaldules. Dans f PEglife & dans la Sacriftie quelques Tableaux du Tintoretto , de Jean Bellin, &c. 7 0 St. ANGE, Eglife de religieux Carmes Qbfervantins. Venife : la Siudecca, ?alazzo Vcndïami19.  n%6 Nouveau Voyage Venife : II Redemwe. ( * ) L'emploi dc ces doublés frontons , peut avoir fa fource dans 1'exemple que paroit en fournir le Panthéon k Rome, dans lequel on remarque d'être remarquées : II Redentore , & le Zitelle. Il Redentore , Eglife de Capucins, &c. conftruite fur les defleins du Palladio , eft regardée ( a Venife), comme le chef-d'ceuvre de ce célèbre artifte. L'avant-corps eft formé de quatre colonnes corynthiennes; il eft couronné par un fronton, & furmonté d'un attique qui fe termine carrément, fur lequel font placées quelques Figures. On arrivé au fol de 1'Eglife , par un perron d'une vingtaine de niarches, qui embraile tout cet avant-corps. L'arrière - corps (qui eft proprement la mafte extérieure de 1'Eglife ) eft décoré d'un ordre Compofite , élevé fur un haut focle ou foubafiement : On voit aux deux angles, la nahTance d'un vafte fronton, dont la cime eft cenfée cachée par celui de l'avant-corps. A plomb de chacun des pilaftres pratiqués aux deux angles, font pofées deux Figures , & derrière elles, une forte d'Attique qui profile mefquinément; &nerejoint point 1'attique de l'avant-corps. D'ailleurs cette compofition réuffit , & fatisfait même beaucoup dans fa totalité ; par le repos fagement adminiftré dans fes malles & fa riche fimplicité. Nous ofons cependant répéter ici notre précédente obfervation , relativement au doublé fronton employé dans 1'arrière-corps (*), dont la  en Italië. zïïy brifure ou 1'interruption, blefie abfolument l'ceil du connoifléur : Nous regrettons égaïlement de voir des colonnes corynthiennes engagées dans le mur; paree que nous demeuTons perfuadés qu'elles feroient infiniment 'mieux , ifolées. L'intérieur de cette Eglife eft bien ; c'eft Ie plan le mieux penfé que nous connoifitbns a Venife : Tout y eft favamment & ;noblement traité. On y remarque quelques Tableaux du Palme, du Tintoretto, du Bafifan , &c. le tout aflez médiocre: nous croyons devoir diftinguer de la foule , un Baptême |de Jefus-Chrift, par Paul Veronefe ; ce n'eft pas un des beaux, mais c'eft un des bons Tableaux de ce maitre. ; Eglise & Maifon des Pucelles : Conferivatoire & Refuge fort riche. II s'y exécute fouvent des Oratorio qui y attirent beauifoup de monde. Cette maifon eft très-vaffce ; PEglife eft fort proprement décorée : tjbn y voit un très-beau Tableau de Fran- fefFeétivement la doublé naiflance d'un fronton fur (li'arrière-corps de 1'infiniment beau Pcriftyle qui ibrècède cet édifice célèbre, mais il eft fenfible, jque ce refte de fronton , appartenoit & faifoit Jpartie du portail antérieurement élevé au périftyle iqu'Agrippa y fit ajouter lorfqu'il le fit reftaurer. |On ne détruiiit point aloTS cette portion de corJniche, paree qu'elle ne nuifoit pas a la maffe du ilpériftyle : Mais , nous le répétons, un peu d'atItention fuffit pour fe perfuader que ce veilige de ipremier fronton , n'appartient en rien a la feconde l:compofition; nous entendons celle du périftyle. Venife : Chiafa e Caffa delle Zitelle.  Venife: San Giorgio Maggiore. 4* tJJ Nouveau Voyaqe cois Bajfan, dont le Tujet eft la Préfentation de la Vierge au Temple, &c... LTfle de St. George le Majeur, n'eft U féparée de la Zuecca, que par un moyen 1 canal; elle eft fituée a peu prés en face de la Place St. Mare, a la diftance (dit-on) i de deux cents trente toifes des colonnes qui | ornent cette même Place : Une Abbaye de i Bénédictins occupe entièrement cette ifle, I que Pon eftime avoir un mille de circuit:-" I fa pofition , eft des plus agréable. UEglife eft vafte, mais le plan & la décoration ont ^eu de mérite, quoique le tout foit d'après les defleins du Palladio; & 1'on ne peut s'y | méprendre. 11 femble que cet artifte n'ait eu qu'une feule manière, qu'il a conftamment répétée par-tout: Nous entendons particulièrement ici, 1'ordonnance du grand » Portail ; c'eft a peu de différence prés la même penféeque 1'on retrouve dans ceux de PEglife Patriarchale, du Rédempteur, &c Ici un grand ordre de colonnes Compofite (également engagées), portées fur leurs piédeftaux, compofé l'avant-corps, terminé par un fronton. L'arrière - corps eft orné d'un /petit ordre corynthien très-maigre, égale- ment couronné par un fronton, dont la tendance vers fon extrêmité, vient s'arcbouter ou mpurir contre les chapiteaux des colonnes de l'avant-corps. Quatre niches diftribuées dans cette fagade, recoivent autant de Statues, trop médiocres, pour faire plus que les indiquer , les cinq autres placées fur les angles & fur la pointe du doublé fronton, nc valent pas mieux. «La  EN ITJLIE. „La penfée du maitre-Autel eft belle; jee lont les quatre Evangéliftes qui portent ■ un Globe, fymbole du Monde, fur lequel 1 eft le Père Eternel; le tout exécuté en bronze . fur les defleins du Campagna." Les Sculptures qui enrichiflent les Sta] es I du chceur font d'une belle exécution : Ce •travail mérite d'être remarqué. C'eft dans le Réfeétoire de cette maiI fon , qu'eüt placé ce Tableau célèbre , des iNoces de Cana, par Paul Veronefe. Cette I compofition, dans laquelle ila fait entrer prés Ide cent vingt figures, a trente-deux pieds 1de largeur, fur vingt-fix de hauteur. Ony jiadmire un grand fa voir dans 1'agencement ides groupes, & la plus heureufe diverfité ;:dans la compofition de ces mêmes grounpes : Un beau choix d'étoffes, fupérieuïrement rendues: tout le feu, tout le mou/ivement dont ce fujet étoit fufceptible. On |y défireroit feulement trouver plüs de noIblefle , plus de beaux caraétères dans les airs de têtes (*); celles du Chrift & de la Vierge ; font les moindres: II a réuni toutes les grai ces qu'il pouvoit imaginer fur la mariée , ij qui, ■ véritablement porte une de ces figu; res qu'on oublie difficilement. Ce beau Tableau périt : C'eft un grand dommage pour hes arts. (*) „ On obferve que parmi les Muficïens kqu'il a repréfcntés dans ce Tableau, il s'eft L, peint lui-mêmejouant de la viole; le Titien du L „ Violencelle, le Tintoretto, du violon, & Léan-f . „ dre Baffan de la flüte. Tome IIL N Venife: Sa* Siorgio Masaiore.  290 Nouveau Voyaoe Venife: San Giorgio Maggiore. (* ) C'eft un fecond triage ; & nous laifferons encore de quoi glaner avantageufemenr, après nous. La Bibliothèque. de ces Pères, eft trèsbelle ; les plafonds en font peints par les frères Lucheji, élèves de Pierre de Cortonne ; on y voit d'aflez belles chofes. Les Cloltres & les Dortoirs de cette maifon font fuperbes; on a pratiqué a 1'extrêmité d'un de ces Dortoirs une fort belle terraffe , cou verte en galerie, qui donne une vue délicieufe: Venife s'y préfente dans toute fa beauté. Les Jardins font vaftes & bien tenus, & ces Religieux en permettent facilement 1'entrée : C'eft une reffource précieufe pour les étrangers a qui, a la longue, les agréroens de la Place St. Mare, cedent de plaire ; ou pour ceux qui veulent refpirer un air moins reflérré. ^% Les Monumens & édifices publics que nous venons de parcourir, font inconteftablement les plus curieux , les plus intéreffans a voir; il en eft néanmoins beaucoup d'autres qui méritent d'être cherchés: Nous allons fommairement indiquer ces derniers (*) pour ceux des amateurs qui féjourneront aflez a Venife pour y donner un temps néceffaire a leur examen. Nous fuivrons la même marche que nous avons précédemment tenue , afin de faire le moins de pas inutiles qu'il eft poffible.  en Italië. a<)i SanMoïse; 1'une des principales Eglifes ide Venife. Le Portail eft ridiculement ■chargé d'ornemens ; tous d'ailleurs du plus rmauvais genre. On remarque dans la Chaïpelle du St. Sacrement, une Cène; beau Ta\bleau du Palma : compofition, defléin , ca- i ractère de têtes, coloris; tout y eft très-bien. Le Tableau du grand Autel, repréfente :le Lavement des pieds; il eft du Tintoretto: 'c'eft un aflez foible ouvrage. Le Serpent d'Airain, grand & beau Ta\bleau c\uPeUegrini:ï\ eft placé dans le fancïtuaire. Sainte Marie Zobenigo. Le PorI tail de cette Eglife, eft auffi richement man»vais que le précédent: On ne peut pas, dam 1'un & dans 1'autre, plus mal employer ds i! très-beaux & magnifiques marbres. Entre beaucoup de Tableaux qui ornem , cette Eglife, on ne doit point oublier de cher'icher celui qui repréfente la Converjioi \deSt. Paul; par le Tintoretto; c'eft biei ii la compofition la plus impétueure & la plu Ifingulière qui foit fortie des mains de c I maitre!.. 11 y a répandu un mouvemen l dont r'ceil peut a peine fuivre la rapidité ' Le faire en eft d'ailleurs beaucoup plus foi [ gné que dans nombre de fes Tableaux , dor I la compofition eft plus tranquille & prepa I rée avec plus de fagefie. On voit du Palma une Vifitation de Ste I: Elifaberh; 1'un des bons Tableaux de c tl maitre, &c. . ,, Scuola di San Fantino : La Chapel! & la Confrérie de St. Jéróme, eft plus-cor N ij Venife: San Moïfe,S«na Maria Zobeni?o,Scuola di San Fantino. 1 C t e e  &f)z Nouveau Vo y\a g e VtnifctSar) Laurenzo, Scuola di •san Marco. nue fous ce premier nom. L'Oratoire eft très-orné; 1'Aütel principal, eft d'une belle penfée; 1'exécution a également du mérite,, particulièrement les bronzes qui font trèsbeaux. La Statue de St. Jéróme, eft du Vittoria; c'eft une des meilleures produ&ions de ce maitre. Le Tableau repréfentant notre Seigneur & St. Jéróme, eft du Tintoretto : il eft trèsbeau. Le Plafond de la Salle fupérieure, eft une très-belle compofition du Palma. San Laurenzo; Monaftère de religieufes Bénédictines. Cette Eglife eft vafte & d'un plan qui n'eft pas fans mérite. Le maitre-Autel eft trés - richement décoré , fa forme eft grande & majeftueufe : c'eft dommage qu'il foit en quelque forte coupé ou partagé en deux, par la grille qui fépare la nef du chceur des Dames religieufes : cet autel eft un des plus beaux de la ville. Chapelle & Confrérie de St. Mare » (fituée prés de St. Jean & St. Paul), 1'une des plus riches de Venife. Trois Tableaux du Tintoretto, embelliffent 1'Oratoire. Les deux placés de Pun & de 1'autre cóté de 1'Au tel repréfentent, 1'exhumation & la Tranüation du corps de St. Mare. On voit dans celui placé au fond de la Chapelle de cette Confrérie, un Efclave martyrifé par les Turcs, que St. Mare paroit délivrer de leurs mains: on regarde a Venife ce Tableau, comme un des plus beaux de ce maitre. Nous doutons que ce foit le fentiment de tous les connoiffeurs.  en Italië. z$3 VAlbergo (ou Bureau"), mérite également d'être vu: on y remarque un Tableau du GLorgion, que 1'on appelle la Tempête; il eft d'un très-grand efret. Sainte-Marie la Ncuve. Nous n'indiquerons qu'un feul, entre tous les Tableaux qui oment cette Églife: c'eft un St. Jéróme dans ie défert a genoux devant le Crucifix: morceau fupérieur du Titien. Sainte-Sophie. Une des plus belles productions de Paul Veronefe, repofe dans cette Eglife ; elle eft placée au-defius de la porte de la Sacriftie, & repréfente une Cène. Les amateurs regrettent le peu de foin que 1'or paroit prendre de ce beau Tableau, qui d'ailleurs eft trés-mal placé. Notre-Dame du Jardin; Eglife originairement dédiée a St. Chriftophe. On dei! y chercher deux Tableaux du Tintoretto, ds forme oblongue, placés dans le Sanétuaire tous deux de la plus grande force de ce maitre: 1'un repréfente le Veau d'or ador< par les Ifraëlites; 1'autre le Jugement der nier. On remarquera au-defius du maitre-Aute une Statue cololfale de faint Chriftophe „ faite en 1470, par Gafpard Mauran%pne^ „ en fuivant la proportion d'un os qui f „confervé parmi les Reliquesde cette EgH „ fe , comme étant de ce faint. „ Dans la Chapelle des Contarini, un „ Statue de Gafpard Contarini, 1'un de „ Hiftoriens de Venife, de la main du Fit „ toria. L'Ecole ou Confrérie des Marchands^i N üj Venife: . Santa Maria Nuova, Santa Soffia, la Madonna dell' Orco, Scuola de' Mercanti. L  2t)4 NO uve au Vq yaoe Venife : il Ghetto , Palazzo Savorgani, J, Scalzi, J. Servi. fituée prés de la précédente Eglife. Le Tableau placé fur 1'Autel de la falie du rez de chaufiee, ainfi que ceux qui entourent le Sanctuaire , font du Tintoretto. Les peintures qui décorent 1'efcalier, font également de ce maitre: Celles qui ornent la Salie fupérieure & 1'Albergo, font du Palma, (VAUenfe, de Paul Veronefe, &c. La Juiverie, n'offre rien de remarquable ; elle a fon entrée fur le canal, peu difiant de San Giobbe, eglife de Cordeliers Obfervantins. On compte dans fon enceinte fept Synagogues, deux defquelles font vaftes & bien baties. Cette nation eft ici très-nombreufe; on la dit riche : les hommes font aflujettis a porter un morceau d'étofle rouge fur leur chapeau. Le Palais Savorgani, très-beau batiment., eft fitué vis a vis du Ghetto. J. S calzi; Eglife de Carmes Defchaux, fituée fur le grand canal. On place ce Portail au rang des plus beaux de Venife : nous le croyons feulement 1'un des plus vaftes & 1'un des plus décorés. La malle nous femble être trop fubdivifée, & quoi qu'en difent fes admirateurs, nous perfiftons a trouver mauvais le fronton - circulaire , pratiqué dans celui triangulaire. Quant a 1'exécution, elle eft généralement eftimable. L'intérieur de PEglife, répond a la magnificence du portail : on y remarquera quelques Tableaux du Palma; du Giorgion; du Padouanino, &c. J. Servi: Eglife & Couvent de Servites. Ce vaifieau de conftruction gothique, eft  en Italië. v}5 d'un très-grand vafte; lesornemensmodernes n'y font point ménagés. On y voit un : des meilleurs Tableaux du Salviati, repre■ fentant pAflbmption de la Vierge. Leii/i> toretto, a peint les volets qui ferment le . buffet d'orgues; au-deflbus, lHiitoire de Caïn&d'Abel. . . , , On indique, comme une des pnncipaies curiofités de cette Eglife, le Poignard dont fut aifaffmé le célèbre Fra-Paolo-iarpc, que ce religieux fufpendit lui-même, aus pieds du Crucifix placé fur 1'Aut^l de Ste Marie Magdelaine, avec cette Infcnption I Chrillo liberatori. Beaucoup de Maufolées & de Tombeaux tapiflent cette Eglife ainfi que le granc Cloitre qui y communiqué : nous n en avon remarqué aucun d'un certain mérite. San Marcillan. On place entre le Dlus belles produclions du Titien ,1*Ange con duifant le jeuneTobie; Tableau place dan la Sacriftie de cette Eglife: C'eft (dit M. Co ehin) „ un excellent morceau , deffiné d^un „ manière grande, fimple, naïve, extreme „ ment vraie, avec de belles têtes, du beau caractère, &c. "Le Magasin des Allemands très-vafte & antique batiment, qui doit io érection au commerce confidérable que < eorps de nation faifoit autrefois exclufivf ment avec Venife : la marche de ce con merce avant depuis changé de cours, le goi vernement en a cédé 1'ufage a divers N. gocisns & Marchands. 11 feut jeter un cov d'ceil fur la cour intérieure & parcounr 1 N iv yeniie: Saa Vlarciliarfo Fondace de' Tedefchi. i ! 3 I a » n e ii- ip Ï8  9 Vem'fe: San ïnoio, J. Frari. I i "i '] « « i i i ï c 296 Nouveau Vovage Salles du premier étage, ornées de peintures du Palma, de Paul Veronefe, & du Tintoretto : Tous ces morceaux font confidérabiement altérés. San Paolo. On remarque dans cette Eglife, un beau Tableau de Paul Veronefe; repréfentant la Cérémonie des Epoufailles de la Vierge & de St. Jofeph; & la Cène du Sauveur, & PAflbmption de la Vierge; deux morceaux fupérieurs du Tintoretto. Au-defius de la porte du clocher de cette Eglife, font placés deux Lions en marbre, d'une expreffion fingulière , 1'un faifiilant un Serpent en eft mordu & donne une marqué de fouffrance; 1'autre qui d'un air content montre une Tête humainedont il a fait fa proie." J. Frari; Eglife de Religieux Franüfcains, 1'une des plus vaftes (mais non les plus belles) de Venife; elie eft d'un 'othique fort lourd & mauvais. Le Tableau qui décore le maitre-Autel , :ft du Titien, & il a joui long-temps de a plus haute réputation; mais ce beau mor:eau , s'eft confidérablement altéré : il ren-éfente PAflbmption de la Vierge. Les cenires de ce? homme célèbre , repofent dans :ette Eglife aux pieds de 1'autel du Crucifix. Le Plafond de la nef, eft de Paul Veonefe: 1'Adoration des Mages, & Théodofe . qui St. Ambroife refufe 1'entrée de 1'E;life, &c. font les deux morceaux de cette 'afte compofition que les connoifleurs apilaudiflent le plus : on voit avec une égale atisfaction les quatre Evangélifies, qui ocupent les angles.  en Italië. 297 Beaucoup de Tombeaux & de Maufolées fe voyent dans cette Eglife, mais très-peu font d'un mérite aflez faillant, pour mériter une note particulière : Le mieux traité eft celui du Doge Jean Pe^aro; „ „ il eft repréfenté en habit ducal , affis „ fur le tröne placé fous un dais; qua„ tre figures de Maures foutiennent 1'ef„ trade fur laquelle le tröne eft placé; au„tour font différentes Figures allégori„ ques. Ce monument exécuté avec les plus „ beaux marbres,, a été fait par le Lon„ ghena, &c. La Bibliothèque de cette maifontient un rang diftingué entre les plus confidérables de Venife. Le Clocher de PEglife eft fort eleve : On trouve dans fa conftruétion un caraétère de hardiefie , qui en fait le principal mérite. Prés de PEglife précédente , en eft une autre appeléeSan Nicolo de'Fb_ari, également fort ornée de Tableaux : Celui placé fur le maitre-Autel, eft du Titien; il y a repréfenté , St. Nicolas, Ste. Cathérine , St. Antoine de Pade, St. Sébaftien & St. Francois invoquant la Vierge, qui, dans le haut du Tableau leur apparoit avec fon Fils fur des nuages entourés d'Anges, &c. Ce morceau a du être d'une grande beauté , mais il eft tout perdu. Le Plafond eft entièrement de Paul V ronefe , & digne de ce maitre. Du même; faint Jean baptifimt notre Seigneur, &c. bon Tableau. San Eustachio ; plus communément ap~ N v Venife; San Nieolo de' Frari, San Euftachio.  2$8 No VVZA U VeYAGE Venife: San Stae, San Giacomo dall' Orio , San Simeon Piccolo. pelée, San Stae; Eglife paroiflïale fituée fur le canal Grande. Cet édifice eft nouvellement reconftruit fur les defleins de Dominique Rojji: on le trouve très-beau a Venife. On y vante aulfi beaucoup un grand Crucifix en marbre placé fur le maitre-Autel , de Pexécution du 'Toretto, fculpteur vénitien; quelques Tableaux de peintres modernes; & une Fiagellation, compofition diftinguée du Giorgion, &c. San Giacomo dall' Orio: Eglife paroiffiale. On y remarque une Vifitation de la Vierge , par Paul Veronefe : les Volets qui ferment le Buffet d'orgue, font également peints par ce maitre ; il y a repréfenté une Réfurrecf ion du Sauveur, & le Mariage de Ste. Cathérine: M. Cochin loue foiblement le premier de ces Tableaux; il prife un pea plus le fecond, & dit peu de chofes du troifième. „ La Chaire a prêcher de cette Eglife , de forme octogone, eft faite des plus beaux marbres; elle eit foutenue avec beaucoup d'art fur un Piédeftal d'un travail recherché." „ On voit encore ici une Colonne de marbre vert antique de onze a douze pieds de haut, qui eft de la plus grande beauté." San Simeon Piccolo , petite Eglife paroiflïale récemment batie, fituée fur le bord du canal Grande , & prefque vis a vis 1'Eglife du Corpus Domini. Cette compofition ïft imitée de 1'antique & fait le plus joli effet. Le fol de PEglife eft élevé fur un foubaf«ment auquel on arrivé par un perron qui  en Italië. typ i erabraffe toute la largeur du portail: ce por• tril eft traité en périftyle, & forme de quaI tre colonnes & deux pilaftres (carrés, j placés aux deux angles ), d'ordonnance corynthienne -, un fronton couronne cet ■ avant-corps. L'intérieur donne une rotonde fagement ,! diftribuée : en général, ce petit édifice eft bien dans fon genre. Nous n'en defapprouvons que les deux pilaftres carrés qui occupent les deux encoignures du périftyle: i certainement deux colonnes eufient beau, coup mieux fait: Le bel antique ne fournii point d'exemple de ces fortes de pilaftres I 1 quatre faces. La coupole nous paroii « «avoir un caracftère trop fvelte; 1 elhpis qu'elle décrit , nous femble trop alon- SÊ j. Tolzntini ; Eglife de Théatins, conf truite fur les defleins du Scamow- Le pe riftyle ou porche, qui précède la grandi entrée, eft d'une très-belle penfee : II el formé de fix colonnes corynthiennes don i 1'entablement eft furmonté d'un vafte fron ton : Cette entrée eft vraiment noble i maieftueufe. Le plan intérieur eft d'un beau mouve ment; les malies en font belies, mais le détails mefquins. On doit remarquer un beau Tableau cl Procaccino , repréfentant fainte Cécile. U autre de Prete Genovefe > dans lequel o voit St. Laurent diftribuant des aumones morceau d'un très-grand mérite. LA Umilta; Eglife de religieufês Bi N vj Venife : J. Tolentifli, la Huiailis. I t c s 1 1 tt s  Venife : J, Gelüati. (*) „ Les ci-devant Jéfuites, ont occupe cette Eglife ... mais ayant quitté la Ville & PEtat „ de Venife , pendant Pinterdit de Paul v, on „ ne leur rendit point cet établiffement, oü pen„ dant leur abfence , ces religieufes... vinrent „ fe placer fous le bon plaiiir du Sénat. " 300 Nouveau Voyaqe nédiciines (*). Le plafond eft entièrement peint par Paul Veronefe, mais il eft confidérablement endommagé : Trois des principaux Tableaux qui y font diftribués, peuvent feuls fixer 1'attention des amateurs; le premier de ces Tableaux (en montant de Pentrée vers le chceur) fe voit mal; la Tribune des Religieufes 1'intercepte prefque entièrement; il repréfente une Annonciation. Le fecond, une Affomption; compofition riche, belle & pleine de feu.. On voit dans le troifième, une Adoration des Bergers: ce dernier eft le mieux confervé; .,, il eft admirable malgré quelques incorrec,, tions de defiein; la compofition en eft très-piquante & hardie; c'eft un- excellent morceau. Un beau Tableau de Jacob Bajfan repofe fur 1'Autel de la troifième Chapelle a droite; , il repréfente St. Pierre & Sr. Paul, &c. „ II „ eft peint moelleufement & proprement— „ les têtes font fort belles. J. GESUATI; Eglife de Dominicains, qui confervé cette première dénomination, paree; qu'elle appartenoit aux Jéfuates, dont 1'ordre fut éteint en 1669. Cette Églife eft majeftueufe & riche; on y voit des Autels incruftés de jafpes de Sicile & plufieurs Ta-  en Italië. 3°l bleaux de prix. II faut voir la Bibliothè-< Ze de ce Convent, c'eft une des plus' confidérables'de Venife. * Nous ajoutons également ici, par forme de fupplément, une notice des principe* Palais qui ornent Vemfe : Ne les ayant point vus, & n'ofant pas nous en rapporter aux defcriptions qui en ont ete anciennement publiées, nous ne ferons que les indiquer, fans garantir s ils mentent ou non la peine d'être recherchés. Le Palais Labia, eft fort vafte; Parchiteftuie i qui le décore eft d'un genre fmgulier dont 1'enfemble ne manque point d'une certame grandeur. On nomme encore les Palais óa°do _ Fofcari — Cornaro — Flanginu L Banbo — Reionico — Tïcpoh — Ff ~ar0 —. Contarini, &c. ? Le caraftère dominant de la décoration j extérieure de ces Palais., n'eft pas, il feut I Pavouer, d'un ton véritablement impohmt, mais il eft fouvent très-noble, & toujours fort riche : on y voit communément deux \ & trois étages d'ordres employés avec leun colonnes & tous les ornemens dont ces memes ordres font fufceptibles. Nous citons , pour exemple entre les beaux Palais qui borSent une pame du canal Grande , celm , Rel0nico; ceux Contaro, Contarrnt, &e : tous font contants en pierre d Iftue, qui, . rainfi que nous 1'avotts déja obferve) eft d uc ! grain auffi fin que la plupart des marbres , & prend un auffi beau poli. P Les Appartemens font pavés d'une efPec< femfe ■ Pluis principaus..  Defcriptlen fomtnaire des Ifles fituées dans levoiriBag.e de Venife. Ifles SainteMaric des Gréces, St. Clément. 30i SfOUFEAU VöYAOE de ftuc ou de maftic reluifant & fort dur, que 1'on difpofe en compartimens imités de différens marbres & fuivant des defleins plus ou moins bien compofés. On appelle ce genre de ftuc fur les lieux Tejfaro, ou Terrajjo. Enj'irons de Ve nis e. En ajoutant a notre defcription de Venife, une idéé fommaire des Ifles qui Pavoifinent le plus, nous nous gardons bien d'inviter a les parcourir toutes : peu d'entr'elles dédommageroient de la peine du voyage , ou plutót du temps qu'il néceffiteroit;&que, 1'on peut employer plus utilement ailleurs. Au refte, qui en verra une, les aura vues prefque toutes : il faut cependant convenir que la plupart fourniffent des afpects les plus pittorefques, les plus agréables , & qu'elles femblent offrir une fource intarifiable aux peintres payfagiftes. Li'Ifle de Ste. Marie des Grdces eft fituée derrière celle de St. George le Majeur ( en fuppofant partir de la Place St. Mare); elle eft prefqu'entièrement occupée par un Convent de Religieufes Capucines. Leur Eglife eft fort proprement ornée: Elle n'offre rien d'ailleurs de remarquable. de St. Clément; plus anciennement ippelée, Notre - Dame de Lorette : Elle eft mjourd'hui occupée par des Religieux Canaldules.  en Italië. y>3 Jfle du St. Efprit:Les Cordeliers y ont un i j|ès.-vafte Monaftère. C'eft dans cette Ifle,j jou fe rendent & d'oü partent les Ambaf- < ifadeurs, pour faire leur entrée publique : * Nous parierons plus bas de cette cérémonie. , de Ste. mém; dans laquelle eft un ri- iche Monaftère de Moines Olivetains: Leur jEglife eft très-décorée. On loue beaucoup un Tableau de Jacques Palma; repréfentant une Adoration des Rois. Le gouvernement a fait conftruire ici une tvafte Boulangerie & une trentaine de Fours :pour 1'ufage de fa marine & des troupes i!de terre qui fervent dans 1'Arcenal, dans les deux Chateaux , &c., ces batimens font beaux. r LaChartreufe: Maifon très-vafte; aflez belle Eglife, dans laquelle font élevés un nombre confidérable de Maufolées; mais tous de fort peu de mérite. de St. George d'Alega; occupée pai l des Religieux Carmes Defchaux. | — deSt.ChriftophedelaPaix;habitêt ■ nar des Religieux hermites de Saint AuIguftm : Leur Egbfe eft belle : On y con ferve quelques Tableaux du Bajjan, df Ijean Bellia , du Tintoretto, &c... de St. Michel, dans laquelle eftui | fecond Monaftère de Camaldules: Leui Fglif J eft élevée fur les defleins de Cerlio; le plai 7«AiS.Efrit, Saintclélène , la ;hartreufe, t, George l'Alega, St. :hriflophe , It. Michel. 1 l  ÏJIts St. Erafme & St. Nicolas j Corps de Cazernes, St. Nicolas du Lide. I I 3 ( i c I 3 j (*) Cette Ifle a prés de cinc. milles de lon- 304 Nouveau Voyaoe en eft bon, quoiqu'un peu trop tourmenté. Le chceur & le maïtre-Autel, font d'une richefl'e étonnante; les marbres les plus rares y font employés avec la plus grande profufion; mais en même temps avec peu de goüt. Le Sanctuaire eft décoré de quelques bons Tableaux. On en voit un très-eftimé fur les lieux, de Jacques Bajfan, repréfentant le Mafiacre des Innocens : II eft placé audeflus de la porte de la Sacriftie. Ce Monaftère eft trés-vafte j& d'un bon genre de conftruétion; leurs Jardins ont une grande étendue & font bien tenus. Nous recommandons leur Bibliothèque ; elle eft confidérable : ils confervent quelques beaux Antiques, & une collecftion de Médailles, jue ces pères eftiment beaucoup. Entre lTfle St. Erafme & St. Nicolas du Lido (a la diftance d'un peu plus d'un mille le Venife), font conftruits deux Chateaux ou Forts, entre lefquels , règne un des pru> :ipaux Ports de la Ville. En avangant vers St. Nicolas dö ^.ido, on remarque un magnifique corps de kazernes, que Pon afiure pouvoir contenir 1'aife, quatre mille hommes. Le corps es Bombardiers occupe un quartier féparé, aais renfermé dans la même enceinte : ;e_ur Ecole pour 1'exercice pratique, &c. eft Dignante, De St. Nicolas du Lido (*),  en Italië. $>$ i Monaftère de Bénédi&ins, oü la Seigneurie. entend la Mefle le jour de 1'Afcenfion, ■ : après les Epoufailles de la Mer. L'Eglife eft vafte & fort ornée; principalement le Chceur ioü les richefies de tous genres font extrei mement prodiguées • beaucoup de Doges ont jleurs Tombeaux dans cette Eglife : aucun i ne mérite d'être cité. La Seigneurie a pns , de ce Monaftère un Palais d'une conftructtion fatisfiüfante. _ :, Dans le voifinage eft un Puits d eau \douce fi abondant, que les navires qui forI tent de la Ville y viennent faire leur provi:} fion ; & c'eft prefque un prodige de la na)i ture, paree qu'il n'a jamais manque. ' . Povcglia. II a été accordé k iiperpétuité aux habitans de cette ifle „ le j privilege de baifer la main du Doge un jour li de chaque année & de refter a diner dans f le Palais Ducal , oü 1'Ecuyer du Prince fe il met a table avec eux ," en mémoire d un ,i afte de valeur utile a la république (»).: 1 gneur, elle fe termine prés de celle^"'""i I fette dernière eft très-peuplée •, la Vi c & le Port ;i qui empruntent ce nom , ont vm au d aifance qui : ^ LeCimetière pour les Proteftans eft fitué dan; .une petite Ifle voifine de celle du Lido : 1^ : Juifs y ont également le leur. ' „ Le Roi Fepin, tenta, dit-on, de venii faire le fiége de Venife au moyen d'une arme» portée fur des radeaux : les habitans de PMfgUt 1 èurentle-courage d'aller couper les cordes qu 'fles Pove* ;Ha. i L-  joó" No xjvea u Vota ge Ifles, vieux & nouveau Lazaret, Torcello. Le I ableau du maitre-Autel, eit de Faul Veronefe; on y voit faint Antoine Abbé , St. Cornille Pape , & St. Cyprien Abbé. Cette compofition eft très-harmonieufe ; les caractères de têtes font d'une grande beauté. On applaudit beaucoup deux jeunes Enfans, dont un tient un Livre; rien de plus naïf, rien de plus agréable que ces deux „ les uniffoient, & firent noyer la plus grande „ partie de ces troupes dans le canal, qui fut appelé depuis Canal Orfano." ils jouifient en outre de 1'honneur de fuivre dans leur§ Péotes immédiatement le Bucentaure , lors de la cérémonie des Epoufailles de la Mer. ' Vieux & nouveau Lazaret. Ces deux établifiemens occupent chacun une Ifle féparée & peu diftantes 1'une de 1'autre : Ces batimens font fort vaftes & parfaitement bien conftruits; le dernier élevé , eft un modèle de diftribution; on ne peut rien de mieux penfé , ni de mieux vu. .. i ii.... De Torcello; 1'une desplus confidérables des environs de Venife , dont elle eft diftante d'environ cinq milles. La Ville de TORCELLO, paroit plus vafte , que peuplée; on y voit cependant régner du mouvement : Celle des Eglifes qui réunit le plus d'objets remarquables, eft celle de St. Antoine, dépendante d'un Monaftère de Religieufes Auguftines.  EN I TALIE. 3°7 Bgures : C'eft en général un morceau fupérieur. II eft bien confervé. Les Volets qui ferment 1'Orgue font peints (des deux cótés), par le même maiitre • fermés, on y voit 1'Adoration des Bergers ; ouverts , 1'Annonciation Angeh:oue : Ces deux Tableaux ont beaucoup de iiérite. La tête de la Vierge dans e derfener, eft d'une beauté frappante; la tets 'de 1'Ange eft auiïi délicieufe. La compofi. tion du premier fujet eft fort riche, pleme d< ; mouvement & d'un bel effet. Ces deux beau: i morceaux s'altèrent fenfiblement. : Nous ne ferons qu'indiquer unefmte d ii petits Tableaux , également de Paul ^e ronefe , qui garniffent le cóté droit de cett ■" Eglife ; repréfentant divers traits de la vi [ de Sainte Cathérine : Ces Tableaux for 1 foibles. „ H y a cependant du génie; les tot „ „ font dW'ie couleur un peu pourpree. Tu'Ifle Burano , a plus d'étendue que précédente ; la Ville dont elle porte le non paroit commercante: Elle eft agréablemei I batie. —— De Mazprbe : Trois petites If I iointes enfemble par des Ponts de boi ' portent ce feul nom , & donnent un circi affez confidérable. La majeure partie de: I habitans font Pêcheurs & Jardiniers. Murano, n'eft guères éloignée plus de deux milles de Venife. Cette Vi | eft joliment batie : On la dit contenir Ijlts iU Butano , Mazorbc, Murar.o. 2 t S ia '» ït es s, lit ès de 11e fix  Venife: Fêrts du Carnaval. j I ] ' C*)(Deux fort beaux Quais bordent ce canal, tiré tres-droit fur une longueur de prés de deux cents toifes. C'eft dans cette étendue d'eau que joutent entr'eux (1'après-diner du jour de la fête du Bucentaure'), les gondoliets , a qui la parcourra dans le moindre efpace de temps pofiible. Ils longent la rive droite du canal, paffent fous le pont qui le traverfe; en reffortent, pour fuivre le cóté oppofé a celui d'oü ils font partis : Des ruilliers de fpeélateurs rempliffent ces quais & les fénêtres des maifons dont ils font bordes,,; II n'y a point de plus beau coup d'ceil „que celui-la, c'eft une véritable naumachie, „ qui peut donner une idéé aflèz juftc des ancien„ nes courfes en ce genre. .. Les rameurs piqués „ d'émulation fe difputent de viteffe ... &c, 30X NoUF E AV Vo Y V GE a fept mille ames. Un large canal la traverfe dans fon milieu (*), auquel répondent nombre d'autres plus petits : C'eft Venife en miniature. Les édifices publics & particuliers , annoncent une aifance diftinguée. Les célèbres Verreries & fabriaues de Glacés, occupent un vafte emplacement voifin du port: II paroit y régner une grande Rctivité. VENISE, avec toute 1'aifance qu'elle annonce, n'eft cependant pas la ville Ja Mus gaie, la plus "agréable dTtalie; il y règne même (généralement parlant) un ton :rifte , & fur-tout une monotonie fatigante. larement, difHcilement, un Etranger , juelqüe fortement recommandé qu'il foit, >arvient-il a fe faire admettre dans quel-  ZN %TA t ïÊ. 3°9 j qu'une des fociétés de perfonnes derangs, ou titrées; & le plus grand effort que 1'on afait alors en fa faveur, eft de le recevoir -javec cérémonie une fois au Caffin (*) ; & itout eft dit. On exalte beaucoup ici les agremens du Warnaval (**)' fi 1'on entend par plaifirs iune plus grande liberté dans les inmgues (*) Nous avons obfervé ci-dcvant en parcourant la Place Saint-Marc, 1'ufage général de ces petits appartemens, dans lefquels le proprietaue, ou la propriétrice ( car les dames ont également le leur)recoivent, & quelquefois régalent leurs amis. Jamais ils ne fe traitent réciproquemcnc chez eux. (**) II commencé toujours le lendemain de Nocl, & 1'ufaee du mafque & des habits de caraétère, eft dès-lors r.utorifé , & fe porte toute la journée: Avant ( c'eft a dire dès 1'ouverture des fpectaclcs qui, communément a heü le lendemain du premier dimanche d'oftobre), on ne peut prendre 1'un & 1'autre que le foir; le bon ton exigeant de n'aller au Ipcftacle qu'en mafque. Le mafque habituel & national (lc feul qui peut être porté pendant la foire de l'Afcenfion) confifte en un Muntcllo; vafte manteau de foie, quelquefois noir, mais plus généralement gris, dont on s'enveloppc le corps :„ On met fur fa tcta „ une efpèce de camail de gaze ou de dentelle ,, noire , appelce Raüta , qui couvre le menton ,, jufqu'a la bouche; le refte du vifage eft ca' „ ché par un mafque blanc, appelé Volto... re„ tenu par le chapeau. Ce déguifement eft com, mun aux deux fexes; les femmes ne fe reconnoil. „ fent qu'a leurs jupes qui palï'ent au-delïous du „ mauteau. Venife: Fttts du Carnaval.  j/0 NOUFEAJU VgYAGE Venife: Fi* te de f Af- cenüun. (*) Le gouvernement y a mis recemment des bornes ; on n'en connoinbit point auparavant 8t il s'y eft fait des pertes énormes qui ont eu. les fuites les plus funeftes On prétend qu'il y a eu des années oü il reftoit de bénéfice pour les banquiers au dela de cinquante mille zéquins... 11 n'y a que les Nobles qui peuvent, ou qui pouvoient alors tailler a la baflette- & autres jeux de'hafard, dans les Ridotti... . La Salle oü fe tienuent les Ridotti, eft fort grande, mais mal cclairée & mal propre. On ne peut y entrer qu'en mafque , & il n'eft point permis de le quitter. Le filence, 1'obfcurité, cette multïtude de gens noirs qui s'obfervent, fans fe rien dire, donnent a ce lieu 1'air le plus lugubre & même le plus jiniftre." (**) La décoration de cette Foire a du moins de femmes; une licence effrénée dans tous les genres de débauches; enfin une fureur de jeu (*), qui ne fe'voit que la fans doute que Venife alors, Femporte fur toutes les Villes des mondes connus!.. mais vainement efpéreroit-on d'y jouir, plus dans ce temps que dans un autre , de ces Sociétés privées ou Bals particuliers , que la gaieté & la décence caraftérifent: On ne connoït dans ce genre, que les Bals que donnent dans de certainesoccafions le corps, ou quelque membre titré de Fétat... & 1'on fait que dès-lors ces fortes de fétes, ne font, & ne peuvent guères être, qu'un fpectacle de pure étiquette, d'appareil & d'éclat. La Fète de ïAfcenfion attire communément beaucoup d'étrangers a Venife :"cette Fête ouvre une Foire (**) qui dure onze  en Italië. 311 jiours; pendant lequel temps 1'ufage du \Manullo , du Baüta, & du Volta , eftgeinéralement adopté. Les fpeétacles s'ouvrent a cette époque & durent autant que la foire; iils font très-brillans &. communément bien montés. - On trouve par-tout les details les plus circonftanciés de 1'antique & fingulière cérémonie, des Époufailles de la Mer : auffi nous propofons - nous de n'en donner ici ;qu'une legére efquiffe. L'appareil en eft ceritainement plus agréable que pompeux; & la [cérémonie par elle-même, moins int5reJfante, quecurieufe a voir, par le fpectacle mnique qu'elle fait naïtre. Le Bucentaure vient fe mettre a 1 ancre ipouT elle, le premier coup d'ceil, & \e plan er :eft trcs-heureux : il forme un long parallelogramime arrondidans fes extrêmités: deux rangces d< r boutiques adoffées 1'une contre 1'autre en deco- rent le pourtour. Le cóté extérieur (ou fi 1 or wut celui qui regarde les portiques des Proiicuraties vieilles & neuves ) confervé la memi ■icrdonnance que celle de 1'intérieur de la pla I ce , mais il eft fans portiques ; on a referve cet* difpofition plus riche pour 1'inténeur deltine ; I iecevoir des marchandifes de plus de confequeu , ce ou du moins de plus belle apparence, qn «non pas les premières. Cette galerie eft dun \belle largeur, & la maffe génerale fait bien I Cette conftruétion eft folide & n a nullemen I l'air de planches & de carton, comme les foire i de St. Ovitle & de St. G.rmair, a Paris : On n; L épargne point nou plus la lumiere : auffi 1 illumi ination de celle-ci, offre-t'elle le plus agréabl I, coup d'ceil. Venife: FÉ:e de 1'Af:euficn. i t I f e  J/2 NO WE AU VOYAGE Venife:^. te tit /'Af. ceufion.- (*) On a des exemples que cette cérémonie a été remife au dimanche lui vaat & plus loin encore, pour caufe de mauvais temps. Le Capitaine du Bncentaure lorfqu'il conduit ce batiment ea mer, fait ferment fur fa tête, de le ramener au port, quelque temps qu'ilfafTe. (**) Les Péotes, font de grandes barques plus ou moins ornées, conduites par dix, douze & vingt rameurs. Communément leur impériale eft couverte d'un tapis d'étoffe riche & d'éclat, & les rameurs portent la livrée du maitre a qui elles appartiennent, ou des uniformes de mafcarades affez élégans : des Mnficiens y exécutent de bonnes fymphonies. Quelquefois ces Péotes font d'un goüt très-recherché, & ont un caraétère propre. Nous en vimes une cette année., complettement traitée dans le goüt chinois , & d'une richeffe fingulièrc. Beaucoup de ces Péotes appartiennent & font envoyées par les Illcs & Villes voifines, qui vis a vis le Palais Ducal, la veille de la Fête. Le jour déterminé ('*) pour la cérémonie , le Doge & fon cortège s'y rendent: fon embarquement eft annoncé par le bruit des cloches & par celui de 1'artillerie des deux galères qui font toujours armées & ancrées dans le port. II eft falué a fon paflage de tous les vaifleaux en rade, ainfi que par les batteries de 1'Arfenal & celles des forts & chateaux qui bordent les cötes jufqu'a la mer. Le Bucentaure eft remorqué par deux barques chargées de rameurs; il eft accompagné par deux galères pour parer a 1'évènement dans le cas ou il furviendroit un gros temps! Nombre de Péotes (**), tant celles des  EN 1 TALIE. 3'3 des Arnbaffadeurs & des Miniftres, que d'autres appartenantes a différens particuliers , font fuite & cortége; & des milliers de Gondoles (*), achèvent d'enrichir & de ré- ; qui joütent, en quelque fotte entr'clles a qui fe furpaffera dans cc genre de magnificence. ( * ) Les Vcnitiens prifcnt beaucoup la comil modité de leurs gondoles, & c'eft véritablemenc :! la voiture la plus douce, & en même temps la moins coüteufe poffible. „ Ce petit Batiment a i environ vingt-cinq pieds de longueur, fur a peu i prés cinq dans fa plus grande laTgeur. La proue i fort alongée, & tout a fait en pointe, eft armee I d'une gTande pièce de fer, qui refTemble a une 1 fcie a fix ou lept dents très-larges & point tranchantes ... Cette pièce de fer lui fert de contrepoids, règle fa hauteur, &au befoin la garantie des attaques des autres gondoles dans le choc des rencontres : ce qui n'arrivé jamais, ou très-rarement, car 1'adrcffe des bacarales eft extréme. La poupe moins alongée, n'eft pas armée,,, La caifib Ac la gondole, a fix pieds de long; fa largeur eft celle du bateau, & fa hauteur de quatre & demi , ou cinq pieds au plus. Elle eft doublée i d'une étoffe noire, & 1'impériale (arrondie comi me nos voitures de teTre) eft recouverte d'un. i tapis de la même couleur, avec quelques hou| pes & agrémens de laine. " Le fiége du fond, I oü 1'on peut s'affeoir deux, eft fort large, | & gami d'un couffin de marroquin noir. 11 y a I deux fiéges de cóté, peu larges, & oü 1'on eft mal affis. Ainfi cette voiture n'eft vraiment faite J que pour deux perfonnes. La porte eft ordinaii rement garnie d'une glacé; il y en a une derrière j & deux aux cótés : ces glacés fe tirent quand on le veut, & on y fubftitue des chaffis garnis de trèpe noir, a travers defquels on ne peut être. vu.'1 Tomi III. O Venife: Fête ie /'Afcenüon.  3i4 Nouveau Voir Ad f. Venife: Feta di P.ACceniiou. „ Les gondoliers poTtent une limple camifole, une ceinture autour du corps & un petit bonnet fur la tête (les AmbafTadeurs & les étrangers peuvent feuls leur faire porter leur livrée). Ce font tous de grands hommes bien batis, gais , pleins de faillies , un peu concuffionnaircs, obligeans comme les fiacres a Paris; mais d'ailleurs fort fürs & très-fidelles; ils fe tiennent communément très-proprcs." Le louage d'une Gondole de tnaltre, c'eft a dire ornée de panneaux de glacé & fermée d'une porte gatnie de même, conduite par deux rameurs, eoüte quelques jours avant & pendant la durée de la foire de 1' Afceniion , douze livres de Venife, qui font un peu moins de fix livres de Franct: &L un tiers moins le refte de 1'année. (*) „ La cérémonie des Époufaillcs fe fait ett pleine mer-... Le Patriarche de Venife accompagné de fon Clergé, attend dans 1'Ifle de SainteHèlènt le pafrage du Bucentaure: dés qu'il 1'appercoit il monte dans fa Péote & joint le Buotntaure... il fait la bénédiétion de l'eau, qui fe verfe dans la mer immédiatement avant que le Doge y jette 1'Anneau Nuptial, en prononcant ces paroles : Defponfamas te ,,mare , in Jigntim vcri & perpetui Dominii. ( Nous t'époufons, en ligne d'un vrai & perpétuel domaine)." Outre ces. Époufailles, le Doge époufe encore deux autres Femmes , qui ne lui donnent pas plus d'embarras dans le ménage que la mer. Ce font les Abbefles des Couvens d'ella Virgine , & de San Deniel. Cette dernière cérémonie fe fait le jour de Saint-Philippe. pandre fur ce tableau , un mouvement Stune variété la plus pittorefque & la plus agréable. La cérémonie des Époufailles (*) faite f  en Italië. 3!ó I le Doge & toute fa fuite rétrogradent, & I viennent entendre une Mede chantée en I mufique dans 1'Églife des Religieux Bénéi diétins de San Nicolo del Lido: après la I Mede, la Seigneurie fe rembarque & revient I au Palais dans le même ordre, & avec le I même bruit de Partillerie & des cloches. Un repas fomptueux que donne le Doge i a la Seigneurie & auquel font invités les <4 Ambaffadeurs, termine cette fête célèbre : •i ce repas eft Pun des quatre que le Prince i leur doit donner annuellement. Le même jour après-dïner, fefait la grande A Promenade de Murano , oü tout Venife & il fes environs fe rendent, dans une affluence ii d'autant plus aétive, d'autant plus confiè| dérable, que ce fpectacle n'a lieu qu'a cette il feule époque de 1'année. Nous vimes le dimanche 25, même mois, I VEntrée du Nonce : La Curiofité nous conui duifit a PEglife San Spirito, affectie pour si cette cérémonie. Le Nonce s'y rendit vers £ la vingtième heure d'Italie (environ quan\ tre heures de France) , dans fes Péotes d d'appareil avec toute fa fuite ; les ambafiBj fadeurs (ceux feulement qui ont fait leut irJ entrée publique) y arrivèrent fucceffiveiq ment, & avec tout leur cortége. Les Evêque; I dépendans de la fouveraineté de Venife, 3 ainfi que le Patriarche, parurent enfuite 1 Une troupe de cent cinquante ou de deux 1 cents hommes bordoient la haie depuis la I jetée du débarquement, jufqu'a PEglife. I I Quarante-deux Sénateurs, a la tête defJ quels étoit le Procurateur N ** qui avoii O ij t'enife: Rn- trée rf'Amtaflfadeur.  Venife: Zn tree d'Atafculiiideur. (*) Le Sénat charge ordinairement 1'Ambaffadeur dernier venu de la cour qui repréfente celui qui fait fon entrée, de cette première réception. (**) L'appartement deftiné par 1'état pour ces fortes de cérémonies eft fort vafte & proprement meublé : II occupe prefque mie aile entière de ce monaftère. J/tT NOUVEAU VOYAQU- fait ci-devant les fonctions d'Ambaffadeur dc \ la République a la cour de Rome (*), arriverent dans plufieurs Péotes de la république & leurs gondoles propres. La notification faite fans doute au Nonce de leur arrivés , ils montèrent le complimentei1 (**), & peu de I temps après redefcendirent dans PEglife. Le Nonce , & le Procurateur N * * m (chef de la députation du Sénat), fe pla- '£ cèrent quelques minutes , chacun fur un prie-Dieu décoré , & placé au milieu du Sanéluaire. Le Patriarche , les Evêques, les I; Sénateurs, les Ambaffadeurs & leur fuite , I fe placèrent fur des bancs fpécialement def- J tinéspour eux. Le Procurateur N * *, avoit m donné la droite au Nonce dès en quittant 9 fon appartement; ils fortirent dans le même ordre de PEglife & montèrent une des Péotes de la république. Les troupes lors de 1 leur patïage, leur préfentèrent les armes. A , fur & a mefure que le Patriarche, les Evê>ques & les Sénateurs s'élevoient tk filoient pour fuivre le Nonce, &c... tous ceux qui faifoient fuite ou cortége du Nonce s'approchoient de Pun d'eux, felon leur rang, prenoient leur droite , & ainfi deux a deux s'embarquèrent dans leurs gondoles. Les  en Italië. 3'7 trois Péotes du Nonce , de même que celles de 1'Ambaffadeur de PEmpire , d'Efpagne, &c. fuivirent, fans être occupées par perfonne. A Pentrée de tout ce cortége dans la rade, le canon des galères, celui des vaiffeaux & des forts, &c. le faluèrent de plufieurs falves. II fe rendit directement au Palais du Nonce, chez lequel il y eut ce foir-la , une trés-grande & très-nombreufe affemblée, avec des raffraicliiflemens en abondance. Le lendemain matin, la même députation fut chercher le Nonce dans fon Palais, dans le même ordre que le jour précédent; ils Pamenèrent au Palais Ducal; 1'accompagnèrent a Paudience du Doge... Les difcours d'ufage de part & d'autre faits : fa préfentation aux divers Confeils également confommée , on le reconduifit chez lui avec les mêmes cérémonies, le même appareil, & également au bruit du canon & des boites. Comme le temps fut très-pluvieux ce fecond jour ; cette pompe fut encore plus médiocre qu'elle nous avoit paru Pêtre la veille : les Péotes produifent cependant un riche coup d'ceil; elles font extrêmemer.t ornées, mais Part & le goüt, ne font pas toujours leur premier mérite. Procession de la Fête-Dieu. On lit que lorfque Charles - Quint vint a Paris, on imagina comme une trés - belle Fête j de faire défiler fous fes yeux proceffionnellement tous les différens 'ordres Religieux, les paroiües avec leurs bannières: O üj l'enife : l'roceifion Jc la Fête; Dtcu.  jiS Nouveau Voyage Venife : Pi oceffïon ie la Féte> 'Dieu. (*) II eft difficile d'imaginer une mafcarade auffi hideufe , auffi dégoutante ; particulièrement les noirs & les gris : les bleus & les blancs, font plus fupportables. & enfin le nombreux corps de 1'Univerfité; le tout avec lenrs ornemens & habits de gala. Cette Proceffion , dit-on, employa prés de quatre heures a pafler & fatisfit fort PEmpereur & toute la Cour... Celle que nous vimes défiler ici le jour de la Féte-Dieu, pourroit entrerven comparaifon avec la précédente , finon pour fa longueur (car véritablement elle ne dura que deux mortelles heures!..) du moins pour la bigarrure & la fingularité de fa compofition. Parurent d'abord les fix grandes Ecoles ou Confréries, diftinguées par la couleur de 1'efpèce de froc qui leur enveloppe le corps {_ ferré par une groffe corde ou une large courroie ); un ample capuchon , ou camail * .leur couvre entièrement la tête : ce capuchon eft percé de deux trous vis a vis des' yeüx, pour qu'ils puifient fe conduite (*). A la fuite de chacune de ces Confréries j étoient portées les Reliques qui enrichiftenf leur Chapelle , leurs plus beaux ornemens 9 y compris leur dais, & enfin les Éccléfiaftiques attachés au fervice de ces mêmes Confréries. Elles étoient toutes précédées d'une troupe de Muficiens, également couverts de la ridicule fouquenille. Chaque confrère étoit armé d'une torche ardente; leur bannière , ainfi que les brancards qui portoient leurs Chaiies & leurs Reliquaires,  én Italië. 3'£> étoient êntourés de torches d'une grofieur monftreufe : la plupart n'avoient pas moins de huit a dix pouces de diamètre, fur neuf a dix pieds de hauteur : nous jugeames de leur pefanteur , par la peine que nous paroifloient prendre, ceux qui portoient ces fmguliers cierges ; auffi fe relayoient-ils affez fréquemment. Entre autres chofes bizarres que portoient triomphalement plufieurs de ces Confréries, nous remarquames un Cheval figuré en bois , richement. caparaeonné, fur lequel étoit juché un très-joli Enfant armé en guerre; la tout étoit le fimulacre de St. George (*) : ce Cheval pofé fur une efpèce de plateau, étoit porté fur un brancard, par fix hommes. Suivoient les différens corps de Marchands & des Métiers, portant chacun leur bannière , & Peffigie de leur faint Pa- tIon. Les notables Citadins. , L'Or- dre des Avocats. Les divers Ordres Religieux C les Dominicains précédant les autres ) Les Paroiffes, portant avec elles leur; plus riches ornemens.... Enfin le grand Dais. fous lequel le Patriarche portoit feul le St. (*) A des ycux non accoutumés a ces fortes de pompes, elles paroiflent d'abord autant de difparates peu compatibles avec la pure fimplicité du dogme , & choquer la révérence qui lui eft due. Ceux qui auront vu quelques proceffions des Catholiques en Allemagne ; a Cologne; dans les Pays-Bas Autrichiens ; en Efpagne, en Portugal, &c. trouveront celle-ci beaucoup moins lingulière encore. ' • O iv /cnifd : ^roceffion \c la Fête3icu.  J20 NOVVZJV'^ VüYA Cf E Venife: Prédicationsfur la Place St. Mare. Sacrement. Six des plus titrés du Sénat, tenoient les cordons du dais. Le Doge marchoit immédiatement derrière, fuivi de quelques Maflïers & d'un petit nombre de Valets. Le corps nombreuxdes Sénateurs fermoit la marche : Tous portoient un Cierge, &. le Doge également. On drefie chaque année pour cette Proceffion une efpèce de Berceau en charpente, qui commencé a la porte latérale de 1'Eglife de St. Mare du cóté du Palais; én' traverfe la cour; longe la porte ; retourne & fuit le Broglio : il fait enfuite le tour de la place, en longeant d'abord les Procuraties neuves, & vient finir au Portail oü fe termine la Proceffion. Ce berceau eft fuppofé couvert d'une tenture, pour garantir du foleil, plutót que de la pluie : a chacun des poteaux qui le foutiennent, font placés quatre gros flambeaux, qui brülent, s'ils le peuvent. Cette cérémonie eft précédée d'une Mefie en mufique, a laquelle le Doge & la Seigneurie affiftent : La mufique nous a paru médiocre. Le £ë/e des Prédicateurs, eft ici beaucoup plus actif qu'ailleurs : Ils n'attendent pas que les fidelles fe rendent autour de leur chaire dans les Eglifes, ils viennent même chercher des auditeurs, la oü ils font furs d'en trouver de tout rafiemblés. Nous fümes témoins de cette charité ardente , deux di manches de fuite que nous vinmes nous promener dans la matinee fur la Place St. Mare. Nous apper^ümes (fur le Broglio)  en Italië. 321 dans une efpèce de tonneau, pofé fur un échaffaudage de planches, & ombrage d un vafte parapluye de toile peinte, un Jacobm qui fe démenoit, s'agitoit, s'emportoit... & le tout, de la manière la plus touchante. Son auditoire , compofé pour Ia majeure partie de Matelots & de Manouvners, la pipe a la bouche, les mains derrière le dos , 1'écoutoient d'ailleurs aflez patiemment: ils le quittoient cependant de temps a autre pour fe promener, pourentendre également un Marchand de Cantiques qui avoit pns pofte al'angle oppofé de cette place; &auili, ce nous femble, pour s'éviter de mettre dans un tronc que venoit continuellement leur pafler fous le nez un Confrère du Predicateur: Cette doublé fcène formoit bien le plus plaifant, le plus fmgulier tableau. Les Spectacles n'ont lieu a Vemfe que pendant la durée du carnaval, & celle de ls foire de 1'Afcenfion : Dans la première epoque, on voit fouvent fept Théatres (*) repréfenter a la fois, & tous également remplis: paree que leur entrée ,eft a un fi ba: prix , qu'il n'y a point d'état quelque mmet qu'il foit, qui ne puiffe y atteindre. Pen- (*") Quatre qui font en pofleffion de ne joue oue des Opéra: San Eeneiito; San Samuete;Sai CalTano; & San Maffe. Trois pour la Comedie San Luca ; San Angelo; & San Chryfoftomo. Au cune de ces Salles ne mérite pour elle-meme d etn vue • Elles font, en général, peuomées, preiqui toutes très-fombres, & d'une décoration trivia!' St monotone. ^ /enlfe : ipeftacles.  J2Z NovrhAV VOYAOJL Venife: Concerto. dant la Foire le nombre des falies ouvertes eft moins confidérable : il n'y eut cette année, que celles San Moïfe, & San Angelo; & toutes deux furent très-fuivies. La Mufique des Opéra, fur-tout les morceaux de fymphonie, font d'une beauté fupérieure,&l'exécution d'une jufteflé & d'une précifion qu'on n'entend que la : Communément les paroles en font déteftables, & les Ballets dans le goüt de ceux que donnent a Paris, les danfeurs de cordes: Beaucoup de fauts, de cabrioles & de tours de forces; mais nul cara&ère propre, nul goüt, nulle grace quelconque. La Comédie paroit être proprement ici le fpeddcle national préféré. Les aéteurs que nous vimes, nous parurent néanmoins aflez médiocres, quoiqu'ils fuffent très-vivement applaudis. En général, c'eft moins le mérite propre du fpe&acle qui y attire les gens d'une certaine clafle, que le défceuvrement, Phabitude, & la facilité qu'il procure d'y voir la meilleure compagnie & de s'y entretenir avec moins de gêne que par-tout ailleurs. Nous avons parlé a Partiele des Confervatoires ou Maifons Religieufes, dans lefquels , fêtes & dimanches, on exécute de» Vêpres en mufique & des Oratorio a de certaines époques. Nous ajouterons que les amateurs fe réuniffent quelquefois pour fe donner entr'eux des Concerts plus ou moins diftingués : on fait a 1'avance ces fortes de fêtes, & il eft facile d'en prendre fa part; en fe rendaht dans fa gondole fous les fenêtres de la maifon oü le Concert s'exécute : On  en Italië. 3*3 doit être aflaré de ne pas y être feul & d'y trouver, au contraire, une nombreufe compagnie. Nous ne dirons qu'un mot des Régates : Celles que nous vimes les deux dimanches qui fuivirent la fête de 1'Afcenfion , ne parurent point être données par la république; 1'appareil & les prix étoient trop mediocres ," pour qu'elle les avouat; mais ils nous fuffirent, pour juger fainement de ce fpectacle en général. Ces Régates, font des Toutes ou tourfes de Péotes ou de Gondoles qui partent d'un but (?) indiqué, pour fe rendrea un autre également déterminé : I'adrefle , Pagilité & la force des rameurs fe développent ici dans un dégré furprenant. Les Péotes alors , font richement & galamment ornees ; les rameurs portent des habits de mafques, ou des uniformes, communément tres-leftes & trés - gais : un corps de fymphome broche fur le tout. Le point du depart & celui du but(le dernier fur-tout); font diftingués par quelque décoration élevee fur des bateaux amarrés entre 1'une & 1 autre rive du canal : Les prix varient quant au genre, quant a la valeur; mais ils fom connus: ainfi que les conditions avant is courfe. _ .■ PoliCE. La févérité des Inbunauxqui (*) Le point du départ, eft ordinairement indiqué a la pointe de San Antmio, & le but d'atrivée vis a vis le Palais Fofiari. O vj Venife : ic'gates , Police.  3*4 Nouveau Voyaoe Venife: Pc lice. - ne cedent de furveüler les différens ordres de 1'état, Sc 1'intime perfuafion oü 1'on eft de la multitude d'émifiaires fecrets ( ou d'efpions ) qu'ils employent a ce furveilleroent général & particulier , contient les mal intentionnés dans des bornes qu'ils ne franchiroient pas impunément. Le gouvernement d'ailleurs, laifle a tous, une liberté plénière, lür tout ce qui ne Pintérefie point directement, ainfi que fur ce qui ne peut troubler eflentiellement la tranquillité publique & particulière. II n'eft aflurément aucune ville de cette étendue, oü 1'on remarque auffi peu de gardes; & il n'en eft point oü 1'on foit généralement parlant, dans une plus grande füreté : les vols d'éclat y font fort rares, & de plus grands crimes, font encore moins fréquens. La Ville eft éclairée pendant la nuit, par (dit-on}, quatre mille Lanternes; fans en affirmer le nombre, nous ajouteïons, qu'elles y font très-fréquentes, & qu'il y fait plus clair, que dans les rues de Paris , oü les réverbères font le moins épargnés. Ces petites lanternes font carrées, uniformes & de goüt antique; elles font pofées «ontre le mur a buit ou dix pieds de terre. **# En faifant 1'éloge de la police apparente de Venife , nous ne pouvons cependant diffimuler de viokntes voies de fait, dont nous fümes, malgré nous, les témoins: 1'état n'a pu les' ignorer, puifqu'elles fe commirent en plein jour & fous les fenêtres du Palais.. . Exemplc dangereux, &  en Italië. 32S qu'il eft étonnant qu'elle tolère aufii pa-1 tiemment. ,t Diverfe* hordes de Dalmaticns , cVAlbanois , de Morlaquts, &c... ont la permiffion de venir vendre a Venife des viandes falées , des fromages , & autres menues denrées;ces gens (par une condefcendance oui devroit être limitée) font tous armes de longs poignards felon 1'ufage Aiiatique, & portent en outre un fort long & large fabre, lorfqu'ils le jugent a propos. Gn prétend a Venife, qu'ils n'abufent jamais de ce port d'armes a 1'égard des habitans & des étrangers, & qu'ils ne s'en fervent que dans les démêlés, qui furviennent entr'eux, ou de nation, contre nation: mais ces démêlés reviennent aflez fréquemment, & il eft furprenant que le Sénat ne prenne point a cet égard un parti qui interpofe fon autorite . & qu'il laifle cette canaille fe fabrer&s aflafliner aufiï librement qu'elle le fait. Nous nous promenions, felon notre ordinaire , d'aflez bon matin , le long dt Ouai qui borde le Port depuis la P ace St Mare; en tirant vers PArienal : G eft fu: une partie de la longueur de ce quai, i commencer vers les Prifons neuves, qu font placées les Boutiques des gredins don nous venons de parler, ce qui fait comm un marché particulier & privilegie pou eux. Nous avions remarqué des les appro ches de la Place St. Mare, plufieurs attrou pemens de gens qui regardoient avec un orande attention ce qui fe pafloit, ou c qui alloit lë paflet du cóté vers lequel not renifc. i C r e s s  j2t? Nouveau Voyaoe Venife. acheminions : Nous n'en continuames pas moins notre route. A cent pas environ au dela des Prifons neuves (c'eft a dire a peu prés au centre du Marché en queftion), nous vimes fuir vers nous avec la plus grande crainte & la plus grande célérité, une populace immenfe , qui, immanquablement nous auroit culbuté dans l'eau (d'oü les barques & les gondoles s'éloignoient auffi hativement), fi nous n'euffions' pris le . parti de fuivre fon impulfion d'abord , & enfuite celui de nous jeter dans une bou. tique, qui heureufement nous fut ouverte : La , nous apprimes que deux partis ennemis fe cherchoient une feconde fois pour fe battre ; qu'il s'étoit paffé , il y avoit une heure , une première adion dans laquelle , cinq d'un des partis , avoient été grièvement blefies; que ceux-ci étoient allés fe rallier & chercher du renfort a bord de leurs vaiffeaux , & que ceux que nous voyions alors en armes les attendoient pour recommencer 1'adion. On nous apprit encore que ces fortes de voies de fait, étoient fréquentes, mais qu'a la vérité, ils ne fe faifoient du mal qu'entr'eux; que cependant comme ces combats attiroient & amaffoient beaucoup de canailles, les marchands établis dans cette partie de la ville, ne pouvoient alors ouvrir leurs Boutiques, & moins encore étaler leurs Marchandifes, % que toute cette rixe ne fut paffée , fans quoi ils fe mettoient en danger d'être pillés , & peut-être pis. Nous reftames quelque temps fpeftateurs  EN Ir AL IE. 3*7 de tout ce défordre, dont nous abandon- Venift. names les fuites. Nous remarquames toutes les fenêtres pleines de monde ; a commencer par celles du Palais Ducal, d'ou les fpectateurs attendoient fans danger, Piflüe de cette cataftrophe. On nous ajouta que les Sbirrts qui avoient ofé paroitre dans le commencement de cette affaire, s'etoient bien vite retirés dans 1'encemte des Prifons neuves... & 1'on nous affura qu'ils agiffoient avec fageffe , qu'ils rifquoient leur vie s'ils venoient a reparoltre, & que ces mutins étoient dans 1'ufage de ne leur faire alors aucun quartier. Nous apprimes dans la iournée que ces deux troupes s'étoient iointes; que le chef & deux autres de celle qui avoit été une première fois battue , étoient reftés fur le carreau.. . Le lendemain, il n'y paroiffoit plus, & ces diverfes hordes de canailles étoient dans la meilleure intelligence : Querelks Je gueux, ne du.re.nt point. . La clöture de la Foire, eft ordinairement le fignal du départ des étrangers qui fe trouvent alors a Venife : Ceux meme d'entre les habitans qui ont des etabhflemens en terre ferme, & qui peuvent s y rendre , quittent également la ville a cette époque, pour n'y rentrer qu'aux approches de 1'hiver ; & autant, dit-on , la noblefle & les riches citadins, vivent ici dans une retraite, & avec une frugalité qui pafieroit ailleurs pour avarice, pour léfinene; autant font-ils de dépenfes & reprefentent-ils lorfqu'ils habitent leur campagne, ou tout,  Venife Fin du troifième Volume. 32X Nouveau Voy ah e véritablement annonce une grande aifance, & quelquefois beaucoup de goüt: C'eft une remarque qu'il eft facile de faire, en parcourant feulement des yeux les bords de la Brenta & tout le pays que 1'on traverfe de Venife a Padoue ; il eft hérifle (fi 1'on peut fe fervir de ce mot) de mailbus de campagne, toutes plus belles les mies que les autres. Nous n'ajouterons rien a nos précédentes obfervations fur Padoue.  TA1BLE Des principaux Ahticles Coatenus dans ce Volume. Route de Rome «Naples, par Veletri & Mola di Gaëta 1 Avis intérejfant 1 Bourg de Marino 2 f) . . . San Barnabas. . • • 2 Ville de Veletri 3 . . . Palais Ginetti. • • • 3 Avis utile 3 Ville de Terracina 3 . . . Marais Poniins. ... 4 Ville de Mola di Gaëta. ... 4 Bourg de Carigliano 5 Ville de Capua. . . . • • 5 Eglife Cathédrale. ■ • 5 ! '. '. Ruines de l'ancienne Ca- Pn* < Ville J' Avena ° /^Z/e • |? /#n ' . VUniverfité . , • • 3° >»4 ' CapodiMonte. • • • 3° sa • : : a3U» * r-w^*- g >*< ' . ColleaUm d'Jntyfs- . 37 U ' ' . Coïköion Je AféaW/es. 38 V J ' BibÜothèques. • • .• 3Ö ' * Catacomben ou Cuneterio ' ' ' di San Gennaro. . • 3<* ENVIRONS JeNaples cóté Ja ie- ^ m C/rSu"^ai Je Portici.". ■ 4* ? Afoat Z^é/uve $ ^KIS «t^e- •'r2 Haines d'Herculanum Tfcéatre . ■ ' ö* " ' . Temp/es Je Bacchus , d'Hercule, Ste. • • 57 (*) Puiaes Je Pompéïa |j .Ruines Je Statia fi? ^ J ^ ' 66 /*) Aiaféam Herculanum. B^Jg"; v ; Inflrumcns , Li/ïenci ' * ies,6?c 73 ,„> ^^^^p^' ' 8q80 W * \ . iac d'Jgtiano- . Etuve Je 5t./anvter. . 9° fv\ ' " . Grotte Ja Cftien . • • V ^ . . La Solfatare . • • • ^  33* T A B L E x Ville de Pouzzols. . .... 94 . . . Ruines de VAmphithéa- tre , &c 94 . . . Dito ...du Temple de Jupiter Sérapis. . . . 96" . . . Dito. ..PontdeCaligula. 97 . . . Golfe de Pou^ols. . . 98 Ville de Bayes 99 (*) . . . Ruines duTemple de Vénus 100 <*) . . . Temple de Mercure. CRumes du) . . . 102 ... Ruines. Tombeau d'A- grippine 104 . . . Bains de Néron . . .105 ... Monte Nuovo .... jofj . . . Lac d'Averne.... 10S . . . Ruines duTemple d'Apollon 107 . . . Antre ou Grotte de la Sibylle 107 • . . Champs Elifées, Aché- ron , Tombeaux, Pifcina Mirabile . . .108 • • • Cento Camcrelle, &c. . 110 Cap Mifène . • IIO Village de Baüli . . . .' [ [ IIO ... Grotte de la Sibylle . .111 . . . Arco Felice . . . . m • . . Torre di Patria . . .112 . Ifles de Nifida, Procida, Capri, &c. 113 Retour, de Naples d Rome. . 113 Chateau Roy al de Ca fer te . . .113 Route Je Rome d Bologne, par Narni, Loretto, Rimini, c?c. 115  ees kuncipaux Articles. 333 Ville de Civita-Caftellana. . . n<5 PonteFelice; Otricoli Il5 !<*) Ville de Narni n? i /^Z/eoe Terni • ■ ; (*) . . . Cafcade .. . Je/Ze Marmore n8 ia Somma, la plus haute montagne des Appenins 120 Ville de Spoleti 120 Foligno I21 . Eglife des Comtejfes. .121 . . Cathédrale. . • ' • 12a Ville de Tolentino 123 , Lorette 123 . . . Place & Eglife. . . .124 '' (*) . . . La Santijfima Cafa. . -125 (*-) . . . Salles du Tréfor. . .128 Ville d' Ancona • 133 ', f*\ . . . Ares de Triomphe anti- I que 6? moderne. . .133 . . . Le Lazaret 134 . . Eglife de St. Syriaque. . 135 . . . Citadellt 135 Ville de Sinigaglia 135 Fano. IS» . . . Are de Triomphe, anti- . que I3<5 , . . Cathédrale 13^ . . . St. Philippe de Néry — Bibliothèque. . . -137 . /*) . . . Thédtre 137 , Ville de Péfaro. 138 (*)... Grande-Place. . . .138 ... Eglifes principales. . .139 Ville de Rimini 14°  334 Tabee . . . Are de Triomphe , antique 140 j. . . Place de la Commita. . 141 . . . San Francefco. — Tombeaux, antiques. . . 141 Ville & République de San Marino. 142 Avis utile 143 Ville de Ravenne 144 . . . Grande Place; II Duo- mo 144 . . - San Vitale 145 (*) . , . Apothicairerie des Bé- nédictins 147 , . . Santa Maria deü' Ro- tonda 148 RETOUR, de Ravenne fur Rimini. 150 Ville de Cefe>™; Forli; Faenza, 6? Imola 15» ■ 1 Bologne 151 . . . Tours penchantes. . . 152 .(*) . , . Grande Place & Fontai- ne de Neptune. . . 152 (*) . . . Palais public. . . .154 (*) • • ■ San Gio in Monte. . . i<:8 (*) . . .- Paolo 159 . . . Giefu & Maria. . . . 160 . . . Mendicati di Dentro. . 161 . . . San Petronio. ." . . . 163 (*)... L'Univerfité 164 • . . San Domenico. . . . 165 . . . Corpus Domini, &c. . 166 . . . Fglife des Servites. . .167 . . - Cathédrale. . . . . 168 • . . Palais Archiépifcopal. . 169 . . • San Michaele in Bofco. 169  . . . Eglife de la Magdtlaine.'\99 ... —— Cathédrale. . . 200 Ville de Ferrare 200 . Padoue 203 . . . Palais de l'Univerfué. . 204 (?) , , . Hötel-de-ville... II Sa- lone 204 . . . La Pierre d'Opprobre. . 205 . . . Pato Ja Podejla. . . 206 . . Ja Commandant des Troupes & Place de la Seigneurie. . • 20$  «S jö* T A B L E • • Grande Horloge. '. . . zoS (*) . . • Bibliothèque publique. . 206 . . . La Loggia (Salle du Confeil de ville). . . 207 - . . II Duomo (la Cathédrale). ...... 207 . . . Le Séminaire. . . . 207 (*) . . . 11 Santo (Eglife de St. Antoine) 20$ t.V;« • • Eglife de Ste. Jufiine. .210 . . . Bibliothèque Bénédictine. 212 • . . Prato della Valle. . .212 • . . Foire, &c 213 . . . Eglife de la Magdelaine. 214 . . . La Scuola del Carmine. 214 • • . San Gaétano. . . .2145 . . . Tombeau d'Antenor. .214 • . . Salle de Spe&acle. . .215 NOTICE de la route de Padoue d Venife 215 Avis ut He 215 AF IS intéreJTant 217 Ville de Venife. . . . . .219] (*). . . Eglife St. Mare. . . 222 . . . Tréfor 226 (*) . . . Palais Ducal. . . .226 . . . Efcalier des Géans. . . 228 . . . Salles des Quatre-Portes. 229 (*) . . . VAnti-Collegio. . . .229 . . . Collegio 230 . . . Chapelle du Collége. . 231 (*) . . . Configlio di Dieci. . . 232 (*) • • • Sala dell' Armate del Configlio 232 • • • Sal del Grand Configlio. 233 Sala  BES PR.INCIPAUX AP-TICLES. 337 . Sala del Scrutino. . .235 * . Appartemens du Doge. . 235 »•) ' ' . Le Broglio 236 ■*i ' . Bibliothèque publique. • 237 ' La Zecca (Hotel de la Monnoie) . ■ • -235) Clocher de St. Mare. . 240 . La Logette 241 ja.-..* '. . Place St. Mare. . . .241 . . . Procuraties neuves. . . 242 _ vieilles. • 243 Tour de VHorloge. . . 243 " . Eglife Saint-Vitale. . 245 [ \ Palais Pifani .... 245 \ Bibliothèque Pifani. . 245 |S \ \ . Eglife St. Luc. . • ■ 245 Palais Grimanu . • • 246" \ San Salvadore. . • . 246 \ . Eglife Patriarchale de St. Pierre 247 Palais Patriarchal . . 24S Eglife de St. Jofeph. . 248 ix-'. '. . Arfenal . . • ■ • 249 ' . Corderie,Voilerie,Fon- derie 251 . . Forges, &c 252 Atteliers divers, Maga- fins,&c . . . • 253 Forces maritimes de la République. . • ■ 255 Péotes; Bucentaure. . . 254 ËkS " '. . Salles d'Armes. . . . 255 I . . ' : Salle des Plans & Modèles 156 ' . San Zacharia. . ■ -25» . . . Prifons neuves (PnTome III. P  338 T A B L E gioni nuove). . . . 257 . . . Ponte de' Sofpiri. . . 258 Francois de la Vigne. 258 . . . /. Mendicati 260 ... Palais Graffi 261 . . . Statue équeftre en bronre , &c 2ÓÏ . . . St. Jean & St. Paul. . 2Ó2 . . . Palais Grimani, &c. . 2Ó5 ■. . . Notre-Dame des Mira- cles • • 25.5 . . . /. Gefuiti 266 . . . Sainte Cathérine. . . 268 . . . Pont de Rialto. . . . 268 (*) . . . Palais Barbarigo fou Scuola del Ti^iano). . 269 . . . Confrérie, & Eglife St. Roch 27 g (*)... Scuola di San Roca. . 274 . . . Saint Sébaftien. . . .278 (*) . . . Sainte Marie Majeur e. 280 . . . Ecole de la Charité'. (Scuola Grande della Carita) 281 (*)'.'. . . Santa Maria della Sa- lute. ...... 281 . . . Douane de mer (Dogana di mare) 284 . . . La Zu.ecca 285 . . . Palais Vendramino. . . 285 (*)... II Redentore. . . .286 . . . Eglife & Maifon des Pucelles 287 (*) . . . Saint George le Majeur. 288 . . . Bibliothèque de St. Geor- ■ ge. ...... 290 . . . Cloitres , Jardins, &c. 250  DES PE.INCIPAUX ARTICLES. JJ<) . . . San Moïfe 291 . . Santa Maria Zobenigo. 291 . . . Scuola di San Fantino. 291 . . . San Lauren\o. . . .292 . . . Sainte Marie la neuve. 293 . . . ' Soffle 293 . . . Notre-Dame du Jardin. 293 . . . Ecole, ou Confrérie des Marchands. . . '. 293 . . . La Juiverie (II Ghetto). 294 . . . Palais Savorgani. . . 294 . . . J. Scla^i. . . . . . 294 . . . J. Servi. 294 . . . San Marcellan. ... 295 . . . Magafin des Allemands. (Ilfondaco de' Tcdef- chi) 295 . . . San Paolo 295 ,, . . J. Frari 296 . . . Bibliothèque, &c. . . 297 ... San Nicolo de' Frari. . 297 . . . Stae 298 . . . —— Giacomo dall' Orio. 298 . . . Simeon Piecolo. . 298 . . . /. Tolentini 299 (*) . . . La Humilta 299 . , . /. Gefuati 300 . . . Bibliothèque, &c. . . 301 . . . Palais principaux. . .301 E.NriR-ONS de Venife : Ifle Sainte- Marie des Graces 302 Ifle St. Clément. ...... 30a Dito du St. Efprit 303 de Ste. Hélène; Fours de la Marine 303 de la Chartreufe S°3  240 DES PIUNCIPAUX ARTICLES. Dito de St. George d'Aléga . . . 303 de St. Chriftophe de la Paix. 303 de St. Michel 303 Forts, Corps de Ca^erne. . 304 Jfle de St. Nicolas du Lido. . . 304 Dito du vieux & nouveau Lazaret. 306 • de Torcello 306 de Burano 307 de Ma^orbe 307 (*) de Murano 307 Fête du Carnaval 309 Dito del''Afcenfion. . . • . .310 Entrée di1 Ambaffadeur 315 Procejjïon de la Fête-Dieu. . . . 317 Prédication fur la Place St. Mare. 320 Spe&acles 321 Oratorio 3 2 2 Régates 323 Police 323 Querelle entre les Albanois, S? les Morlaques 325 Fin de la Table du £èrae Volume. 1'ages. Lignes. Errata. 11 20 lifez Les Portiques £2 43 effaeez . la Virgule, mal placée, après le mot lien. 54 la lifez que ces memes 54 13 lifez données 56 21 lifez a la ddcoration du 7S 30 lifez en tons moyens 101 33 lifez ils fc prêtent même a détacher 133 17 - lifez que des Barques 250 16 lifez 1'angle élevè 305 9 lifez la Seigneurie a prés de ce Monaftère ■316 23 lifez fe levoient & üloient  V O Y A G E D'U N AMATEUR DES ARTS.   V O Y A G E D' U N AMATEUR DES ARTS, EnFlandre,dans les Pays-Bas, en Holland e , en Franc e , e n Savo ye , en Italië, en Suisse, Fait dans les Années iyy$-j6-jj-78; Dans lequel on indiqué; I ° les êdifices & les Mommens antiques & modernes, dignes d'être recherchés ; s° les colle&ions de Peinture , de Sculptv.re, d'Hiflolre Naturelle ; les Bibliothèques, &c.: avec des jugemens partieuliers fur tous ces objets, motivés d'après le fentimettt des connoijfeurs les plus cflimis: 3 f Une defcription foignée des Vallies de Glacés du Faujfigny, de celles du canton de Berne, & de diverfes autres Curiofités que préfentent les Alpes : 4 « L'Itinéraire de quelques Paffages pen corrntts d travers ces mémes Alpes: 50 L'êtat ailuel des Routes d'une Ville a 1'autre ; les Fleuves , Rivières Cé' Torrcns que 1'on doit traverfer fur pont volant, en bac, chaloupe, eu a gué : 6 * Les prix courans des Chevaux , Muiets , Voitures de ville, Barques, Gondoles; celui des Laquais de louage , des Guides, des Cicerone.... & beaucoup d'autres renfeignemens, dont il efl utile , c? mime important d'être injlruit pour voyager le moins difpendieufemeut c? avec le $lus d'agrémens pofible. Par M. de la R** *, Écuy., ancien Cafa. d'Infe- au Service de France ,&c. tome quatrième. A AMSTERDAM. m. DCC. LX XX III.   NOUVEAU YOIAGE En Flandre, en Holi/Ande, en* France, en Italië, en Suisse, Fa i t dans zes Années *775 '76- 77" 78- O N compte de Padoue a Vicence, sj deux poftes & demie. La route eft parfaiteI ment belle; elle traverfe une plaine très: riche & fort peuplée : on ne fait aucun 4 paflage d'eau qui mérite attention. VICENCE (*). On porte a vingt-cinq ■fou trente mille ames, la population de cetts ■|-ville : fes fortifications font d'une fabrique (*) Au Chapeuit rouge, boijne Auberge, biejt li fituée. Tome IV. A Route U Venife i Milan, par Vicence, Verone, Brecia Sf Bei-game-  Vïccnza: Faluis prinMJ>«UX. (*) Cet architcfte célèbre étoit né & Vicence & il y » élevé un nombre confidérable de batimens ; on en remarque de très-bicn renfés & 4j n\'s-intéreflans s voir. 2 No uv eau 'Vq yag E ancienne, mais dans un bon état; elles fotment une enceinte d'environ quatre milles: elle eft traverfée par le Bachiglione, avec lequel vients'unirleii.etone au bas de la Ville. La grande Place environnée de Portiques, fur .laquelle eft fitué le Palais de laJustice (la Jiagione), & la facade (moderne) de ce même Palais, fontexécutées fur les defleins du Palladio (*) ; Le ton de cette compofition eft d'un bel effet: il eft intérefiant. On doit chercher dans la Salle da Confeil quelques Tableaux de mérite qui y font placés: a droite, la fortie de Parche de Noë; bon morceau de Pdris Bordone: en oppolition, un Jugement dernier, que Pon allure être du Titien : au-deflus de la porte , la Vierge & 1'Enfant Jefus apparoiflant a deux Sénateurs qui paroiflent Pinvoquer ; beau Tableau de Jacob Bajfan, &c. Le Palais del Capitanio, fait face au précédent : cette décoration eft également du Palladio. Nous n'avons point vu le dedans de ce batiment. On remarque prés de ce dernier Palais, un vafte édifice, d'un trés-bon genre (encore du Palladio'), dans lequel eft établie ia Ban que du Mo»t-de-Piété On y a également pkcé la Bibliothèque Pub li que. Nous ne l'avons point vue.  SN Ir ALÏ £. 3 Peu de Villes offrent autant d'édifices particuliers du mérite & de 1'importance de ceux qui abondent en quelque ibrte ici : .Nous indiquerons feulement ceux fur lefquels il eft bon dejeter, du moins, un premier coup d'ceil. Le Palais TriJJino Bafion: Cette compofition eft grande & noble : c'eft , fans contredir, 1'une des meilleures du Palladio. Le Palais del Conté TriJJino Porti: belle ordonnance ; mais beaucoup moins noble & moins intéreflante que la précédente. Le Palais del Conté Valmarana, del Giardino : le batiment n'a point ce ton ds : grandeur , que le Palladio imprimoit en quelque forte fur toutes fes productions; les gens de Part y trouveront d'excellentes parties de détail. Le Palais , del Conté Orajio Trento : Le ton de celui-ci eft encore inférieur au . précédent & 1'enfemble en eft moins harmo. nieux.... Nous abandonnons 1'examen des • autres : d'ailleurs, beaucoup d'entre ceux que nous fupprimons , ne font pas achevés, & ne le feront jamais. Les Eglifes font ici, auffi multipliées qus les Palais ; on en compte prés de quatrevingt!.. Nous ferons trés - courts fur cet : article. Eclise de la Santa-Corona, deffervie par des Dominicaina. On doit y voir uil fuperbe Tableau de Paul Veronefe, repréfentant 1'Adoration des Rois Mages. „ II j--eft bien compofé, peint avec une grande A rj Virenza: Santa('oroua, il Duumu.  Viccnza: Thcatro ©lympico. 4 Kovr&Ju ForstGE „ fraicheur & une grande fineffe de tons... „La Vierge eft belle... les draperies font „ d'une grande richefle & très-vraies, &c." Ce Tableau eft placé dans la Chapelle de la croifée de PEglife a droite. Du même cóté, fur le troifième Autel dans la nef, un bon Tableau de Léandre Bajfan, dans lequel on voit St. Antoine Archevêqué de Florence, diftribuant 1'aumöne aux pauvres (*). On fait grand cas ici de 1'extrême richefle du maitre-Autel de la Cathédrale : on y a véritablement prodigüé les marbres les plus beaux & les plus rares, beaucoup de bronzes, &c. mais nous ne lui avons trouvé que ce feul mérite : Le vaifieau eft par lui-même d'un très-fombre & mauvai» gothique. Theatro Olympico. Les gens de 1'art regardent aflez généralement comme le chefd'ceuvre du Palladio , le célèbre Théatre Olvmpien, conftruit fur fes delfeins : c'efiï le "monument le plus curieux de Vicence. Ce Théatre eft entièrement difpofé dans le goüt antique & d'après des idéés données paf Vitruve (**). Les décorations y font de (*)I1 faut demander a voir dans cette maifon , une Statue antique , que 1'on croit repréfentet Iphigénie : ce n'eft pas une bien belle chofe, mais on y perd d'autant moins de temps. (**) II eft trifte qu'on foit a cet égard réduie a d'affez vagues conjectures : Le feul Théatre antique d'après lequel on pouvoit prendre des connoiifances certaines fur la forme & les proportion* pmiculières i «e genre d'édifice , étoit. celui  en Italië- ó reliëfs & invariables; elles repréfentent 1'intérieur d'une Ville Grecque : fept Rues aboutiffent k une Place très-ornee; les Batimens dont ces rues font. bordées, portent des caractères différens, tant ceux publics, cme ceux particuliers. * Le Prufcennium , ou 1'avant-fcene, aquatre-vina;t-trois pieds de largeur, fur vingtdeux de profondeur; 51 repréfente un Are de triomphe dédié a Hercule; les travaux du héros y font repréfentés dans autant de Bas-reliefs fort ingénieufement compofes. La«rande Arcade du milieu a quatorze pieds d'ouverture, & celle de cóté, environ la moitié moins. La Salle proprement dite eft d'une forme ovale ( aflez alongée ), coupée dans fa longueur. Le Parterre a cinquante-flx pieds de longueur, fur dix-huit de profondeur; il eft °environné de treizerangs de gradms qui forment les places des fpeétateurs: ces grad'jns s'élèvent a peu prés jufqu'au tiersde la hauteur totale de la falie : ils occupetit une profondeur d'environ vingt-cinq pieds. Le développement du gradin inieneur, donne prés de quatre-vingt pieds, & celui fupérieur, onze cents quarante. Au-deilus de ce dernier, s'élève un rang de loges. ' emrtulanumi mais le trop grand travail qu'eui néceflité fon excavation emière, fait qu U_ net connu que par fragmens; auffi le plan qui en < été publié, ne doit-il être regardé, que comme un a peu pres , qui laiffe eacore une mfinite d< chofes a défirer. ... A uj .'icenza: rhesuro Jlyrhpice.  Viceüza: Piazza dtlt Ifola, Canto Slarfo. i j \ < 6 Nqvvf.au Vovage noblement & grandement décorées. La hauteur totale de la falie eft de cinquante-deux pieds. On a beaucoup écrit pour & contre cette compofition : nous croyöns qu'elle rêunit beaucoup d'avantages & peu de défauts; nous parions feulement ici de la forme donnée a la falie & de celle du Profcennium : au refte nous nous garderons bien d'entrer dans une difcuffion qui nous meneroit trop loin. La Place del'Ifola, eftconftruite au confluent des deux rivières : elle eft d'un beau vafte, mais d'une forme ingrate & mal décorée : On y voit néanmoins un trèsbeau Palais, également du Palladio , dans la décoration duquel, ce maitre célèbre, s'eft en quelque forte furpafie: cette décaration eft véritablement d'un 'riche effet. On doit voir les beaux Moulins d organciner la /bie, établis dans cette Ville: La manufaéture qu'on appelle fur les lieux 2Ve*oiia di Francefchini, eft célèbre; on allure ^tPeile occupe plus de quinze cents ouvriers. Champ de Mars. On appelle ici de ce lom, une aflez vafte enceinte entourée de oflés, & ornée de plufieurs rangées d'arires: Cette promenade eft agréable , mais jeu fréquentée. Son entrée eft décorée par in Are de triomphe ( * ) , du Palladio: . (*) Le Jardin du Comte Valmaraua, eft litué 'is a vis cet are de triomphe: le Belvedère qui n fait la principale décoration eft encore du Paltik; il eft annoncé par un périftyle d'un exellent caraétère.  en Italië, 7 cette compofition a beaucoup de mérite. Palazzo Vecchio ; fitué apeu de diftance des Portes de la Ville, aflez peu important dans fes dehors, mais eftimable, curieux même , quant a fa diftribution, le bon goüt des Meubles, & les Tableaux diftmgués que nous y avons remarquas. Le Sallon monte de fond ; la décoration quoique belle, fait peu d'eftet. Quatre bons Tableaux de Luca GiorddM ,;»ttiren« d'abord 1'ceil de Pamatenr ; ils ont ppur fujets | le Maflacre des Innocens: le jugement de Salomon : lej Vendeurs chafies du Temple, & 1'enlevement des Sabines. Le premier & le dermei font compofés avec beaucoup de feu ; ce font. en général , quatre bons morceaux. Le plafond eft du Tiépolo , peintre moderne; il efl ^éux beaux Payfages de Salvator-Ro fa; celui oü des Animaux viennent fe defal'térer au courant d'une chute d'eau , ef d'un mérite fupérieur : Le pendant de celui-ci a beaucoup fouftert, mais il eft encore beau. Quelques efquifles du Guide; une let' de Paul Veronefe ; des defleins originau: de difiérens maïtres , &c. Madonna del Monte Berm co Pélerinage célèbre imité de la Madonna a San Luca, a Bologne : On s'y rend éga lemént fous une galerie en forme de por tiques. Cette galerie commencé immediate ment a la fortie de la ville; elle eft annonce par un Are très-décoré du Palladio , dar le couronncment duquel il a fait -entre A iv Vicenza: paluzzo Veccliïo, Madonnn del Montf Eerrice. i e s |  Vicenza: Madonna del Monte JSerrico. i s 8 Nouveau Vovage vincent, & le Llon de St. Mare- c^rrc compofition eft des plus médiocre!'' cMn™ prV™11 trois cen« matches; ce long efcalier conduit a peu prés fur ié gateau de la montagne : On compte deux kouell g5%de,S Rceligieux S^vites dans We eft de conftruétion moderne, &n'en vaut pas mieux pour cela : On y a mul, tmhe ou plutót entafie des ornemens de poie,, mal executes. Les Ex-voto , fout ici bafe d« P!nf«eur de PEglife depuis la r,n?rnnd0it^0if dans le Rdfedoire de cette * maifon Tableau C*) célèbre de iW/^e- Zrf: LefuJe"ftst- Grégoire donnant a t ouve le Sauveur : Deux Cardinaux entrent dans cette compofition. „ L'ordon„ nance de ce Tableau eft admirable, jl eft bien colorie, les figures bien penfées, bien 9, arapees, & de beau caraétère. " L'enfon- r>X*)'Lamafe Sêpérah de cette compofition, ftrèsh^" r^?*6 Près' Ulle ^tirion ÏÏez I? n eaU ^ mÈmc maitre ^ reP°* V-,i?c Domin.cams de St. Jean & de St. Paul Jure £ y/etro"TC lc m™e fond d'archi- -rounes' F ^ la mêmc Fenfée dans «  eiv Italië. 9 cement eft confidérable & fuperieurement fendu • on y remarque divers épifodes qui r'épandent un beau mouvement fans gener, fans interrompre la fcène principale : Ce 1 ableau périt fenfiblement; c'eft une vraie perte. La vue dont on jouit des terrafles de cette maifon, eft de la plusgtande beauté ; elle embrafle une étendue de pays confidérable ; il en eft peu de plus riche & de plus variée. Une huitièmc Merveille (pour Vicence), eft le Caffin , appelé par excellence la Rotonde du Marquis de Capra , diftante d'un peu plus d'un mille de la ville. C'eft un Salon circulaire , qui monte de fond . fur quatre cótés defquels font pratiques des périftyles ouverts, formés de fix colonnes ïoniques, couronnées par un fronton. Or arrivé a chacun de ces périftyles, par ur vafte efcalier qui donne une terrafie tournante lorfqu'il eft arrivé au plain-pied dt Salon, omé intérieurement de peintures i frefque , par le Fiammingo. En général cetti compofition pyramide bien; elle eft jolimen penfée, & le plus avantageufement fituéi pour produire de 1'effet. La Caverne, le Souterrain, oula Grotti dt Cavali, eft renommée a dix ou douz: lieues a la ronde ; on en raconte ici mill belles chofes: e/a été dans fon origine de carrières, qui depuis long-temps font aban données. Cette grotte eft fituée a mom chemin environ de Padoue a Vicence ; 1 détour n'eft pas confidérable, mais vaut pe la peine d'être fait. A v Vicenza { Grotte* is Cavali, Ve« ronc. s' 1  ver«na: Chateaux. Ponts. d d di n" q< ur du lei 10 NOU FE AU KOYAQ £ *** La route de Vicence a Verone , n'eft pas aufn agréable pour les voitures que la précédente; la pW qu'elle pafcourt, eft extremement pierreufe; d'ailleurs la culture hï?^tOUt l6S plus riches'les Plus agréa- 1Wl T% C6i dSUX Villes font dift™ i une de 1'autre de trois poftes & demie. VERONE (*). Peu de villes font auffi agreablement fituées & p]us régulièrement baies: on evaluefa population a cinquante 2'™' Son enceinte , après de fept milles de tour; elle eft fortifiée de quelques r,Unnragf ™°rdei;nes' Parfaitement bien entretenus, & defenduepar trois Chateaux (**), dont deux particulièrement ont pour eux I avantage d'une aflez bonne fituation. t'Aitge la traverfe ; quatre Ponts (***) facili- (*) Aux deux Tours, bonne Auberge ■ f i , Caliel San FeUce. Le premier eft itué fur la rive droite de l'Adire: c'L™Ta defouverai„S : c'eft un pofte moin, u 1ferK W""* derniCTS fonc conftruit' ■ir ia crete de la hauteur qui commande , & fur - ia ville, fur Ia nve gauche de 1'Adigc. fP'etra Z Ponlenuovo. . ji> • Premier ne donne Plus, ou trèsu de fervices ; depuis long-tempt les voitures II T ^USifa con^°n eft moins bë le e hardie. II eft compofé de trois arches, fur e longueur de trois eents foixante pieds; celle v£ela-Crès de Ca/iel San Felice ; Les terra'ffes dépeniantes du Palais Bevillacijua, donnent également es plus riches & les plus agréables poiuts de '«es poffibles.  en Italië. '3 d'un fort beau Palais a Pufage dd Proveditore, dont le Midid-Ange , a , dit-on , ' donné les defleins : Ce qui eft élevé, eft vraiment digne de ce grand homme ; c'eft un bon fragment d'architecture. La Grand'garde occupe une partie du rez de chaufiee. L'Arène , ou l'Amphithéatre, eft le monument le plus intéreffant de Verone, & a bien des égards, 1'un des plus curieux qui fe voyent en Italië : II eft d'une trèsbelle confervation , & les foins que 1'on donne a fon entretien , lui aflurent la plus longue durée : C'eft véritablement ici que 1'on peut connoitre le mieux les difpofitions générales & locales de ce genre d'édifices, tant multipliés dans les beaux fièeles de la puiffance romaine. „ Ce bel édifice eft d'une forme ovale ; „ il a extérieurement quatre cents foixante' „ quatre pieds de long , fur trois cents „ foixante-fept de large (*)•, & treize cents f, trente-un pieds de circonférence... L'A„ rène proprement dite, ou la place vide „du milieu, a deux cents vingt-cinq , fur „cent trente-trois pieds. II y a autour cle „ cette Arène , quarante-cinq rangées de ^•gradins, faits de beaux bloes de marbrea „ qui ont dix-huit pouces de hauteur, (*) II difFère de celui de Rome, qui, également al'extérieur acinq cents quatre-vingt-deux pieds, fur quatre cents quatre-vingt-deux, & dont la circonféreuce entière donne un développement de feize cents quinze piads. ^erona ï \niphithéa- ;re.  >4 Nouveau Va va o e Verens : AmphirJie> wc. (*) Vomitorii, ou iffues par oó les fpeétateurs entroient & fortoient. (**) Voyez pour les détails particuliers de ce monument les CEuvres de Dcfgodetz, &c... & plus anciennement le traité de J. Lipfe fur les Amphithéatres ; & enfin la Vcrona illujlrata, déja citce. En comparant les ruines de 1'Amphithcatrede Nimes; les débris de celui de Rome, & ce qui refte de celui-ci ,onpeut fe faire dès-lors une idéejufte de la diftribution & des proponions propres a es genre d/édifice. „ vingt-fix de profondeur ou de giron : Tl „ peut contenir vingt-deux mille perfonnes „ aififes, en comptant un pied & demi pour „ chacune... Aux extrênjités du grand axe „ de cette ellipfe, font placées deuxgrandes „portes, au-deflus defquelles s'avance une „ plate-forroe ou tribune de vingt pieds de „ largeur, fur dix de profondeur, fermée „par une baluftrade, & qui étoit deftinée „ ( fans doute ) pour les premiers Magif- „ trats On voit un grand nombre d'au- „ tres ifiues ou vomitoires (*) dans la cir- „ conférence de 1'Amphithéatre Sa hau- „ teur eft d'environ foixante & dix pieds. " Une partie de 1'enceinte extérieure fubfifte; trois ordres entrent dans fa décoration : On prétend que cette partie-ci, n'a jamais été terminée; d'autres eftiment, que :e qui manque de cette enceinte a été poftérieurement détruit. On faitremonterla confrruétion de cet amphithéatre au règne de Domitien ou de Trajan (**). Nous allons parcourir rapidement celles  en Italië. rj des autres antiquités, qui méritent le plus d'être indiquées. Arco antico , appelé également Arco di Vitruvio(*) ; eft fitué, prés de Caftel-Vecchio : le nom de 1'artifte célèbre d'après lequel il a été élevé, fait tout fon mérite; & ce qui fubfifte encore de cet édifice, n'en donne pas une fort haute idéé. Porta Antica ; autrement Porta de' Bofari; conftruite fous 1'empire de Gallien 1'an a.52. Cet Are eft très-ruiné, mais la pene eft peu regrettable: la compofition en eft des plus médiocre. Porta del Foro Giudi%iale; ou Porta di Leone. Ce dernier Are eft un peu mieux confervé que les précédens; il n'a d'ailleurs guères plus de mérite : mais ces trois monumens font peu diftans, & n'attachent point; ils font perdre peu de temps. On fait remarquer deux vieilles enceintes, renfermées aujourd'hui dans la nouvellê; 1'une conftruite fous Théodoric vers Pan 490; 1'autre fous Galéas "Vifconti, Pan 1387 : on voit tout cela fans s'arréter. LaSalledeSpectacle, eft fituée a 1'une des extrêmités de la Place appelée Bra: il en eft peu qui ayent une entrée plus noble; plus majeftueufe : elle eft formée par un beau périftyle ouvert, compofé de fix colonnes d'ordre ïonique d'une belle proportion: Le Bufte du Marquis Mafféi, eft placé dans cette dé- (*) Et auffi Arco de' Gavii, paree qu'il a été élevé a 1'honneur de la familie de ce nom. feromt Arco A'tres, Port* Antica, Salie de Speétaclc-  iG Nouveau Vota ge verona: Salle de 1'Académie,l(Muféum. corauon... En général elle eft d'un bon effet: fans néanmoins être bien. La Salle eft vafte & décorée avec quelque goüt; 1'avant-fcène, fur-rout, fait bien: On compte cinq rangs, de vingt-fept Loges chacun. Plufieurs Salles de Societé, font pratiquées dans le rez de chaufl'ée : L'Académie tient fes féances dans 1'une; celle-ci eft tapiflee des portraits des Académiciens & de quelques hommes célèbres : celui qu'on y voit avec le plus de fatisfaction , eft, fans contredit, celui du Marquis Mafféi. Une autre Salle eft deftinée a raffembler journellement la bonne compagnie; elle eft appelée par excellence , Camere della Converfaiione:C'eft une efpèce de Ridotio, ou Caflin , meublé aux dépens du public, oü 1'on fe rend tous les foirs, hommes 3, & femmes, pour le jeu & la converfa„ tion (*). Le Museum, ou recueil d'Antiquités de PAcadémie, a également une entrée fous le veftibule dont nous venons de parler: cette curieufe collection eft difpofée avec le plus grand ordre fous une galerie (foutenue par des colonnes) (**), qui règne autour d'une Cet ufage qui fe trouve dans plufieurs „ Villes d'Italie , eft extrêmement commode pour. „.tout le monde ; perfonne n'eft affujetti j aux „embarras detenir maifon, de recevoir, de don„ ner a jouer ; & perfonne n'eft forcé aux egards „ dus k ceux chez qui 1'on eft fouvent malgré foi." (**) Ces colonnes font d'ordre dorique. On reproche a ce portique trop de petiteffe daus fes proportions; La galerie fous plancher, n'a pas  sa- Italië. '7 afiez belle cour. „ On y voit des Bas-reC liefs, des Autels de marbre ; des Colonm nes milliaires; des Tombeaux•, des InfE criptions orientales, grecques, étrufques, „ latines, fur le porphyre , le marbre & le L bronze , &c." L'entrée principale du Muféum, eft convenablement décorée. L'enceince oü fe tiennent les deux Foiïles (*) de Vérone, mérite un coup d'ceil; les maifons ck les boutiques font commodément diftribuées &folidementbaties: leplan de tout cet enfemble , eft parfaitement entendu. Prés de la, eft un vafte terrain appelé Champ de Mars. La Douane , eft auffi trés-bi en conftruite: cette compofition eft fage & d'un bel effet: ce batiment feroit honneur a une Ville du premier ordre. . „ Les Palais (ou fi 1'on veut les Hotels, font ici en fort grand nombre: Les plu: remarquables font ceux Bellilacqua; Pompei; Canojfa; Ver%i; Pellegrini, &c. &c Le premier eft aujourd'hui (**), le plu plus de huit a neuf pieds de hauteur, on pren droit volontiers toute cette décoration pour 1 modèle d'un vafte batiment qu'on auroit projett - de conftruire, & dont on auroit voulu juger d 1'efFet. (*) Elles ont lieu aux mois de mai & d novembre : cette dernière eft la plus confidérabl & la mieux fuivie: Le fpeétacle eft alors ( con -munément) fupérieurement compofé : c'eft 1'épc que la plus brillante de Verone. (**) Nous difons aujourd'hui, paree que nov. avons remarque que nombre dc colleclions (da; Verona: a Fiera, fa Douane, L'alais pri* cipauX, i c ï ï s s  Terntn: C.ihinets d Tableaux, fl Duonio. I 3 < 1 i t f* Nouvf.au Voyao-e Jntérefïant a voir; on y diftingue quelques : morceaux de fculpture antique d'un mérite diftingué; plufieurs bons Tableaux de Paul Vironefe, & une fuperbe efquifle par le Tintoretto, de fon grand Tableau du Paradis. Les Cabinets du Comte Mofcardi, font nne des curiofités de Verone. Les collections des Comtes Rotari, Mufelli, Rothario , &c. méritent d'être vues : nous en omettons beaucoup d'autres, dont on nous dit également. beaucoup de bien. La Cathédrale eft un vaiffeau de conftruftion gothique,lourd&mauvais dans toutes fes parties. On prétend que les deux figures de Bas-reliefs placées aux cótés de Ja porte d'entrée, font celles de Roland & tfOUvier (deux, d'entre les illuftres Paladins de la cour de Charlemagne ); 1'exécUtion en eft déteftableV ' \ *. On doit chercher dans la première Chapelle at gauche de cette Eglife, un très-beau Tableau du Titien, repréfentant une Afbmption de la Vierge. On remarque un Crucifixtn bronze, placé tu-defius du Jubé; ce morceau eft d'un grand nérite : il nous a rappelé celui d'après le nodèle de VsHgardi, que nous avons fait >bferver en parcourant le Palais Bolognetti, •■ Rome. Le Tombeau du Pape Lucius ff/, fait iartie des curiofités de cette Eglife. jfférens genres ) que nous avions obfervées ici & illeurs, lors de notre premier voyage, n'exif>ient plus , ou étoient paffées en d'autres mains, 1'époquc oü nous écrivons ceci.  en Italië. i$ : San Georgio, Eglife de religïeujes BénédiSines. U faut y voir deux beaux Tableaux de Paul Veronefe; le premier decore la cinquième Chapelle a gauche; ü repréfente St.Barnabé, Apótre, qui lit 1'Evangile fur la tête des Maiades. „ II eft bien compofé ; d'une couleur vigoureufe ; les „ caraétères en font variés & d'une belle „ expreflioii, &c... Le Tableau qui décore le maitre-Autel, «ft le fecond; on y voit St. George qui refufe d'adorer les Idoles : il eft (quoique beau) Trés-inférieur au précédent. Saint Jean-Baptifte, qui baptife dans le défert: Tableau capital du Tintoretto; compofé avec tout le feu poffible; il eft d'ailleurs ftèremeat deffiné & peint, & bien coTor ié : ce bon morceau eft placé au-defius de la porte; on ne pouvoit guères lui donnet \me place qui lui fut plus défavantageufe. Dans l'Eglise des Capucins , un St. Antoine de Pade, que 1'on afiure être du Guerchin : ce Tableau nous a parti médiocre San Zeno, Eglife de Bénéditlins : le: portes font de bronze & ornées de Bas-re' liefs dans le genre grotefque : le defiein & 1'exécution, ne font rien moins que recom: mandables. Le Bénitier de cette Eglife, ei : formé d'un magnifique bloc de porphyre la coupe du vafe eft mauvaife. San Bernardino. La Chapelle di Pellegrini, eft exécutée fur les defleins d< Michel San Micheli : les gens de Part pri lent beaucoup cette compofition ; elle el véritablement pleine de noblefie & d'har lerens: ianf'.ior»io, les Capucins, San Zeno, San Bernardino, t  Verona : San Proces lo, Terre ,rone , qui eft une teinture d'un vert foncé.... fort ufitée dans la pemture a Phuile, fe trouve a neuf lieues de cette ville ; c'eft un dépót cuivreux , formé dans une terre argileufe par des eaux courantes , qui font imprégnées de cette difiolution de cuivre.." &c.. On trouve de cette terre toute préparée , chez plufieurs Apothicaires de la ville , de même que des Poijjbns pétrifiés , qui fe rencontrent dans quelques parties d'une carrière fituée a fix ou fept lieues de Verone. **« On compte quatorze potles de Verone a Milan (*); favoir, cinq poftes & (*) La route de Verone a Milan, doit être ïingee , fur Brefeia & Bergamo, par ceux des voyajeurs qui fe feront rendus foit de Turin, foit de *ènts a Rome , en parcourant les Villes de Plaiance , Parme, Mcdène, &c. Les circonftances qui ïous firent dinger direfteraent de Ghies fur Fio■ettce & Viterbo, nous néceffitèrent, arrivés aVeone, d'abandonner la route de Brefeia & Berga«*, & de prendre celle de ManMc & de Modi-  en Italië. demie de Verone a Brefeia ; quatre poftes de Brefeia a Bergamo ; & quatre poftes & demie de Bergamo a Milan : en forte que la diftance totale de Venife a Milan , eft de vingt-deux poftes , faifant cent quatre milles d'Italie. Les quatre premiers milles de cette route, ne préfentent point un pays auffi riche , auffi agréable que le précédent ; les fables dominent fur toute cette longueur de terrain ; le fol devient fucceffivement meilleur, & trés-bon aux approcbes du Bourg & de la Forterejfe de Peschièra : elle eft conftruite fur'le Mincio , immédiatement a fa fortie du lac Guardia (*) : Cette forterefle, jouit dans le pays de la réputation d'être très-forte , les Vénitiens y entretiennent une petite garnifon. Tout ce que 1'ceil appercoit des bords de ce lac ( pendant prés de trois milles ) eft fort peuplé ; on y remarque de riches cultures, & nombre da belles Maifons de campagne. ne, pour Temonter enfuite a Milan , par la belle route de Parme & de Plaifance. Nous dormons riouc ici par forme de mémoïre , 1'Itinéraire de la route de Verone k Milan par Brefeia; & nous reprendrons enfuite celle de Verone a Mantoue, a Modcne, Parme, Plaifance & Milan. (*) Ce lac a, dit-on , trente-cinq milles dans fa plus grande longueur, a compter depuis Pejcbicra jufqu'au fond du lac dans les" Alpes ; & quatorze milles dans fa plus grande largeur : La5 pêche en eft fi abondante, qu'elle eft affermée par 1'état, vingt-Jix mille li-vres. forterefe *'< Pefchiefa, ;ac Guardia.  Brefeia :Ci tadelle, Pa lazzo publi co , Cathtf drale. i (*) Plus communément appelé Palazzo Brui.:to...„ II a été commencé en 1492, fur les ruines d'un Temple de Vulcain , & il eHuya va ïucendic confidérable, en 1575... «ne par• tie de cet édifice eft du Palladio. 2.2 Nouveau Vqyage ■ 8 R E S CIA : on donne a cette Ville qua; tre milles de tour , & on eftime fa popula! "on a environ quarante mille ames : Elle eft entourée de fortifications du moyen age & de quelques bons ouvrages modernes; le tout très-bien entretenu : Les remparts, dont on peut faire en partie le tour, donnent une promenade très-agréabie, indépendamment des avenues qui précédent les portes, qui font trés-belles. La rivière de Gario , traverfe une partie de la ville; elle y fait mouvoir un nombre prodigieux de différens moulins. La Citadelle eft conftruite fur un rocher au couchant de la ville : On la croit trèjw forte fur les lieux, quoiqu'elle foit vifiblement dominéé par une hauteur d'un accès aflez facile. La fuperbe vue dont elle fait iouir , dédommage les curieux qui fe donnent la peine d'y monter. Palazzo Publico (*) : Une partie :1e ce grand édifice , a été détruite par les lammes, ce qu'elles ont épargné donne mcore une- très-belle fa?ade. Les Salles „ principales font ornées de Tableaux & ,, de peintures a frefque, qui paroifient de , bonnes mains." La Cathedralè eft un fort beau raifieau; le plan en eft bien penfé ; la dé-  sn Italië. 23 jcoration 1'eft moins : Les malles y font trop fubdivifées, & on y a trop prodigué les ornemens; enfin ces mêmes ornemens, font par eux-mêmes d'un mérite médiocre. „ On confervé dans le Tréfor de cette Eglife un petit Etendard ou Oriflame de Conftantin , appelé Croce del Campo , oro e fiama, ou Laboro Imperiale, qui eft d'un bleu célefte , avec une croix rouge au milieu (*). Le Palais Épiscopal , eft compté entre les beaux batimens de la ville : On dit 1'jntérieur fort orné (**). . (*) „ La tradition vcut que cefoit une Image ,, contemporaine de cette Croix qui apparut, dit-on , a Conftantin , lorfqu'il étoit fur le „ point de combattre le tyran Maxence." (**) La Congrega , autre batiment de mérite f«r la même place de 1'Evêché. Peu loin de cette place , on trouve la Carita ou le Convertite, dont 1'Eglife contient des Tableaux cftimés; on y voit auffi un modêle exatt de la Santa 'Cafa de Lorette. . . Encore dans le voiiinage, la rCafa Martiningo Cefarefco, & la Cafa Gamiara, i.qui font remarquables par leur aTchitecture , Sc ; par des Tableaux de prix. ' Dans Santa Giidia , Eglife de Bénédictines : ..Le Tableau du maitre-Autel eft du Procaccino; i.Ü repréfente la TransfiguTation du Sauveur. On rencontre dans ce quartier-la, la Cafa Vt■„■nai-oli, qui contient de beaux appartemens & des Tableaux de prix; la Cafa Bargnani, d'une belle : architeéture, Palazzo Caüni; & la Cafa Ugeri. .. I On voit dans celle-ci, une Réfurrcction de Raj fbttël; un portrait célèbre par le Titien, & un Brefci*: Palais Epii'copal, Bibliothèque publiquediverfes Eglifes & Palais.  %4 Nouveau Vo vage Brefeia'.Palais Epifcopal, Bibliothèque publique » diverfes Eglifes & Palais, par Paul Veronefe; une Suzanne du Buffan ; la Modcllie & la Charité du Guide. Cf J Ce Tableau a été donné k cette Eglife pat Attobello Averoldi, Evêque de Brefeia. Dans le •yojliiiage de cette Eglife, eft celle appelée Miracalï, 1'une des plus ornées de la ville : elle a beaucoup de mérite. Santa Agata; on voit dans cette Eglife trois belles Statues , par Antoine. Calegxri; 1'une repréfente Ste. Agathe, Ste. Lucie, Ste. Apollonie, &c. &c. La Cafa Marti■n'mghi del coritt Sylvi», eft une belle maifon oü. a La Bibliothèque Publique , occupe un batiment voifin de 1'Evêché : Elle eit confidérable. La Madonna delle Grafie , Eglife dépendante de la maifon des ci-devant Jéfuites, fort ornée & dans laquelle on voit quelques bons Tableaux de peintres modernes. La Pace , ou Filippini; Eglife moderne joliment décorée : On y voit deux Tableaux eftimés de Pompeo Battoni, peintre récemment décédé a Home. SS. Nazaro e Celso ; la feconde Eglife. de Brefeia ; on doit voir fur' le grand-Autel , un Tableau du Titien très-beau ; mais difpoféaflezfingulièrement. „ Heft divifé en „ cinq efpaces; dans les deux fupérieurs, „ on voit la Vierge qui recoit PAnnoncia„ tion de 1'Ange Gabriël; le Tableau dn „ milieu repréfente la lléfurrecftion du Sau„ veur , il eft parfaitement compofé , bien „ peint : a droite St. Lazare & St. Qelfe; f, a gauche St. Sébaftien. Les volets qui „ferment ce Tableau (*) font peints pat  en Italië. ij I „ le Moretto." Malgré cette précaution ce i )j beau morceau périt. Palazzo Avogadri. La collection de Ta-; ■ bi eaux qui ornent ce Palais, eft nombreufe ï & fort eftimée; on remarque de préférence '1 les fuivans : Une femme couchée a demi pnue; très-beau Tableau du Titien. I Du même; le Portrait d'un Vieillard. Du même; une Femme vêtue de blanc. Un St. Jean ; du Guerchin. Un St. Francois; par Andrea del Sacchi. Tefus-Chrift a la colonne; de George Vafari. Une Adoration des Mages; de Paul Veronefe ; „ figures de demi-grandeur, fraisde 3, couleur ; d'une compofition excellente; „ toutes les têtes font du plus beau carac„ tére. il y a des jardins clevés, très-agréables & trèsornés. Le Palazzo Fi, d'une belle architeéture msdcrne, eft dans le voiiinage. Prés de la Piazza delle Erbe, on voit une petite Eglife de la Vierge batie par Palladio. i Cafa Uartiningo dcW Aquilone, que 1'on rencontre I prés de la, eft une belle & grande maifon de ] l'architeéture du Palladio, &c. On trouve < enfuite le Pefcarie , Place que 1'on a conftruits pour la vente du poiflbn , avec des bancs eu ] pierre de taille. — Corfo de? Paroloiti, c'eft i une rue dont toutes les maifons font pcintes ea i dehors, par Lattanzio Gambara. „ San Laurenzo, eft une Eglife toute neuve, s j 'petite, mais très-ornée ... les Autels font revètus é i de marbres fins... celui de la Vierge eft entièrement de lapis lazuli, &C.'' Tomé IV. B Srefciai 'alazze ^vogadri, Uverfes ïglifes £f .Jalais.  Santa Aiïa, (*) „ C'eft le feul Tableau .de ce prince qui „ foit en grand; Q c'eft une copie , comme on „ le croit, elle eft très-bonnc. (*'"*) „ La Cafa Mart imago Colconi, eft prés „ dc cette Eglife. On y voit un Efcalier très„ noble, & une belle facade qui ornent la Place „ §Cj Alexandre. z6 Nouveau Voyace Une Marine; de Salvator Rofa. De Jacques Palma; une Nativité, & un Chrift mort; figures de grandeur naturelle. Charles - Quint, jouant de Porgue aux pieds de fa Maitrefle; par le Titien (*). Hercule étouffant un Lion; par Rubens; „ très-beau Tableau , chaud de couleur & „ de compofition. Une chafte Sufanne ; du Guide. Du même; une Tête de Magdelaine pénitente. Du Solimeni; un St. Michel qui foudroye les mauvais Anges : Du même, la Saraaritaine; petit Tableau très-agréable, &c. Santa Af ra (**), Eglife des Clercs réguliers : Le Tableau qui décore PAutel de la feconde Chapelle a gauche, eft de Paul Veronefe;• il repréfente le Martyre de la Ste. Titulaire. „ II eft d'une magnificence èe compofition qui étonne, prefque toutes les figures y font d'une beauté & d'une variété de caractère admirables." La Femme Adultère; très-beau Tableau du Titien, & de la plus heureufe confervation. Dans une Chapelle derrière le chceur, un très-bon Tableau du Procaccino; re-  en Italië. 27 1 préfentant deux Evêques, auxquelsla Vierge 1 apparoit dans une Gloire: il eft beaucoup ;l dans la manière de Rubens. „ Au fond de 1'Eglife une Transfigura„ tion ; par le Tintoretto , &c. „ Le Théatre de Brefeia (*) eft très„ grand, & la Salle eft belle." II eft ouvert pres de neuf mois de 1'année, & communément aflez bien monté. En général, cette ■ ville annonce une aifance peu commune ; il y règne un mouvement confidérable ; paree qu'outre la fabrication des Arm es, qui s'y foutient avec réputation, d'autres branche* de commerce & d'induftrie s'y font fucceffivement développées, établies, profpélées: rien ne peint mieux 1'heureufe Ütuation de fes habitans, que cette immenfe multitude de jolies Maifons de campagne dont la colline & la plaine fontcouvertes. La route de Brefeia d B er game , eft peu douce pour les voitures; elle eft conftamment formée de gros cailloutages, fur |.lefquels les meilleurs chevaux bronchent j fans cefle ; le pays d'ailleurs qu'elle tra>;1 yerfe eft cultivé avec une intelligence &une f induftrie, qu'on ne peut fe laffer d'admirer. BERGAME: Cette Ville fe développe (*) On trouve fur les lieux , une petite brochure in-4 0 , de deus cents pages environ , ornée de quelques gravures, qui indiqué dans le :plus grand détail, tout ce que cette Ville offre fe'intéreflkw & de curieux.' Bij Brefeia: rhéikre, Bergame.  28 NoUFE AU Vo YAO £ Bergame: Palazzo Vecchiö S? IN'uüvo, il Huomo, Santa Maria rvlagiïiore. en amphithéatre fur le penchanr d'une colline peu élevée, au fommet de laquelle eft: un Chateau fortifié , dont la fituation paroit aflez forte : deux autres forts, font conftruits plus bas, & les ouvrages qui les défendent paroiflent s'unir aux fortifications du corps de la place. On voit fur la Place ( pratiquée dans f la partie" fupérieure de la Ville ) „ le Pa- | ,, lais Vccchio, oü 1'on tient les audiences " „ & oü 1'on rend la juftice; & le Palazzo S Nuovo, oü fe tiennent les confeils de vil,,le, & dans lequel il y a quelques pein- 11 „ tures a voir. „ La chofe la plus remarquable a Berga- f 5, me, eft le Batiment de la Foire ; conf- | truit récemment en pierres de taille ; ilj j( s, renferme plus de fix cents boutiques, & „ il y a une grande place au-devant; elle » „ eft dans un faubourg au bas de la monta- », gne : cette foire commencé le vingt aoüt, ,! „ & dure huit jours. On compte vingt-quatre ou trente , Eglifes ou Couvens a Bergame : Les principales font, la Cathédrale., Ste. Marie Majeure & ':' Sainte-Grata. La Cathédrale eft un grand & beau j' vaifleau, noblement décoré; on y remarque £ quelques ^Tableaux du Tiépolctto & Sébaf- 11 tien Riccï: ce ne font point de merveilleu- 1 fes chofes. [ Sant a Maria Maggiore. La Chapelle " & le Maufolée de Barthékmi CogUone, ou c Colconi, y attire volontiers les curieux; f 1'un & 1'autre ont néanmoins fort peu de *  en Italië. 29 mérite; la réputation de ce guerrier célèbre , fait leur plus grand luftre. Quelques Tableaux du Tiépoktto; de Léandre Baffan, & du Cavalier Liberl Au plafond de la nef vis a vis le chceur, „un grand Tableau de Luca Giordano, „ repréfentant Pharaon fubmergé . .. 1'orE donnance en eft belle , les plans bien L obfervés; il eft harmonieux & 1'un des „meilleurs de ce maitre. „Santa Grata, eft une Eglife de religieufes nouvellement retótie avec beau„ coup de magnificence , d'ornemens & de „dorures." On voit dans PEglise des Auguflins, le ITombeau d'Ambroife Calpin; célèbre pai le DiCtionnaire qui porte fon nom. Entre les Palais , hótels, ou belles maifons qui ornent Bergame , on indiqué le< Palais Ter ft; Sanchi; Bettammi; So^i. \Macafolli, &c. *é De Bergame, a la Canonica, la nature 'du chemin diffère Peu du précédent [Entre le bourg de la Canonica & Colombarolo, on paffe l'Adda dans une barque. ;& ce paflase eft peu de chofe , lorique c< tfleuve eft dans fon baffin ordinaire. Le che[min dès-lors plus doux, plus agréable; 1; fculture eft auffi plus variée, plus riche, 6 1.1'on arrivé a Milan , partie en longeant 1. •canal fappelé Naviglio della Martefana) |& partie entre une doublé allée d'arbres ede la plus grande beauté. Nous allons rétrograder fur Verone, pon B üj Bergame: Santa Grata , San A11guftino , 4? route de Bergame t Milan. L ».  jo Nouveau Voyage Reutt At Venife a Milan, /* Padoue, Vicence, Verone, MantoUe, Parme (3 Plaifance. Avis ucilc. reprendre la route de Mantoue : la defcription de Milan, le trouvera plus bas. V O Y E z pour 1'It'inêraire de cette route depuis Venife, jufqu'a Verone , ci-devant page itr$, fi? fuivantes. O n compte trois poftes & demie de Verone a Mantoue. Le chemin durant les deux premières poftes, eft couvert de cailloux; le terrain d'ailleurs eft fort abondant & bien cultivé. Quelques milles avant d'arriver au village de Roubella , éloigné de deux poftes & demie de Verone, on paffe fous les murs de la petite Ville de VHlaFranca; peu après on quitte le territoire de Venife. De Roubella a Mantoue, le chemin ne cefle plus de longer des digues & levées pratiquées entre de vaftes & riches paturages : Toute cette campagne eft très-belle, & cependant elle n'eft pas fort peuplée. MANTOUE (*). La fituation de cette Ville eft peu commune; elle occupe une ifle baignée par le Mincio, dont les eaux forment ici un très-vafte lac, moins profond que ma- (*) Ses portes fe ferment avec rigueur; il eft bon de s'arranger en confiquenct : Les vifttes de la Douane s'y font auffi avec une rigiditi qui fait perdre beaucoup de temps : C'eft d'ailleurs un fort mauvais gtte : Le Lion d'or , qui paffe pour la meilleure Auierge de la Ville, eft exaSement mauvaife , dans toute la force de l'exprcffion.  en Italië. 31 leven: deux feules digues, ou levées lui donnent communication avec la terre ferme. La levée que 1'on traverfe en arrivant de Verone, n'a pas moins de cinq cents pieds de longueur; celle oppofée (par laquelle on fort pour fe rendre a Crémone , ou a Guaftella ), en a prés de douze cents. Independammentde fa fituation, Mantoue, eftencore entouréede fortes murailles terrafiees, "de quelques ouvrages avances & d une citadelle d'une bonne défenfe: 1'Empereur, v entretient une garnifon de deux a trois mille hommes. On évalue fa population é dix a douze mille ames (*) ; on y comptJ dix-huit Paroiiïes & quatorze Couvens Tout v préfente encore 1'empremte de fi première fplendeur beaux batimens, tam publics, que particuliers ; belles places; belles rues... & il y règne encore un ton d ai: fance, & quelque mouvement. La Cathédrale mérite d'être vue :l< plan eft fmgulièrement traite; il a de 1 eftet mais il paroit manquer de noblefle: c el néanmoins une compofition tres-digne Ae ju Us-Romain , auquel généralement on 1 al tribue. (*•) Sous les règnes de fes derniers fouverai»s •n y comptoit(dit-on) mille ama! mai alor< cette Ville n'avoit pas eftuyé tous les mal Keurs qui 1'ont dévaftée & en partie detnnte :1e Suel qui lui ont été les plus funeftes, for eelles de\63o, t7oi, i734- ^ P™eJ« tout; Cölalto\ Général des troupes de 1 empire 1'emporta d'afTaut&ellc effuya toutes les hoireui qui en font les fuites. ■ Wanton»: il Duorao. i y s s t s  NOUVEAU VóYAGK Mantoua: i lïuomo, •San Andrea i ] • ] < 1 c < On voit ici un Tableau de ce maitre, repréfentant le Sauveur appelant les Apótres: il eft placé vis a vis de 1'orgue, a la gauche de la Chapelle du St. Sacrement. Sur 1'Autel de la première Chapelle i droite, un Tableau du Guerchin, repréfentanr un Miracle opéré par St. Eloi. La Tentation de St. Antoine; Tableau fupérieur de Paul Veronefe: Un Diable tient le Saint a la gorge & s'appréte a le maltraiter ,• une Femme très-jolie, prête fon fecours au Diable en faifant effort pour retenir une des mains du Saint & 1'empêcher de fe défendre. Les figures font de grandeur naturelle & du plus bel effet. Ce morceau précieux a beaucoup fouffert: il eft placé dans la Salle du Chapitre, attenant la Saeriftie. San Andrea. Les amateurs viennent voir dans cette Églife deux Tableaux d frefque, que 1'on attribue a Jules-Romain: 1'un repréfente, le Crucifiement du Sauveur ^'autre un Evêque priant entouré de beaucoup 3e peuple. Le premier eft le mieux confervé : Tous deux font placés dans la troifième Dhapelle a droite; ils ont beaucoup perdu de eur coloris, mais ce font deux belles comjofitions que les artift.es ont intérêt de :onnoitre. ^ On remarque dans la croifée de cette "glife a droite , deux grands morceaux de létrempe : 1'un repréfente St. Etienne difribuant des aumönes; 1'autre le Martyre lu même faint. Ces morceaux font bien ompofés, & font beaucoup d'effet.  en Italië. 33 Le Tombeau d'Jndré Mantegna ( maitre du célèbre Correge ), eft élevé dans une Chapelle a gauche; on y voit fa Statue en bronze : ce n'eft pas une belle pièce. Le Tableau de 1'Autel , qui a pour fujet la Naiffance de faint Jean-Baptifte, eft de cet ancien maitre. Saint-MaURICE , Eglife de Theatms. Le Tableau de la troifième Chapelle a droite, eft d'Annibal Carrache ; il repréfente le Martyre de Ste. Marguérite : Ce n'eft pa< un des beaux, mais c'eft un des bons morceaux de ce maitre. On trouve ici plufieurs Tableaux de Louis Carrache ; une Annónciation , placée fui 1'Autel de la feconde Chapelle a droite : St. Jean & St. Francois , chacun dans le défert, deux fujets qui rempliflent les lunettesde la Chapelle oppofée ala précédente. Dans 1'Eglise des ci-devant Jéfuites , auSanftuaire-a droite, laTransfiguration (*} du Sauveur , par Rubens.... „ Ce Tableau eft un peu dur de tons, mais l'ordonnance en eft admirable. 'r Palais Ducal , aujourd'hui du Gouver- (*) „ II a choifi k même fujet que Raphaèi, „ en y introduifant un Démoniaque , mais ou il „ eft entièrement différent de ce maitre , foit dans le général' de Ia compofition, foit dans toutes ' les attitudes , les caraftères & même dans le fite. • II n'a pas coupé fon fujet en deux; il a mieux „ lié fon épifodc avec le fujet principal, en le rap„ prochant du haut de la montagne; le fujet eft „ bien , quoiqu'il n'ait pas toute la vcnte qu'on „.pourroit y défirer. _^ ^ Man ton?. : San Matinee , J. Gefuiti, Palazzo Ducale.  34 No ufe a u ro r a a e Mantout: Palais prin cipaux Paiaii iu X. i J nement, Ce batiment eft fort vafte, mais peu & mal décoré; on remarque qu'il s'eft fucceffivement étendu , fans qu'on ait cherché a mettre quelque régularité dans la forme générale. „ Le Cabinet & le Tréfor de „ Mantoue , étoient fameux dans le com„ mencement du dernier fiècle; " 1'un & 1'autre furent pillés & dilTipés, lors & enfuite de la prife de cetteplace enjuillet 1630: II n'y eft refté que ce qui n'a pu être enlevé & tranfporté ailleurs: Te's font les Plafonds & quelques Frefques que les curieux viennent chercher dans ce Palais: Une partie de ces Plafonds patiënt pour être de Jules-Romain, ou du moins d'après fes deffeins , & exécutés fous fes yeux , par fes meilleurs élèves. Les moins gatés font ceux de la Galerie & des deux Salles qui la précédent & la fuivent : On voit dans 1'un , le Lever del'Aurore; l'Afftmblie des Dieux; Apollon fur fon char, eft le fujet du troifième : les autres font prefque entièrement effacés, dégradés, perdus. Le premier, entre les trois que nous indiquons, eft du plus bel effet poffible; 1'aflémblée des Dieux, eft également un très-beau morceau ; Je troifième eft moins chaud de compofition , il ne plait pas autant, il arrête moins que les précédens. Parmi les édifices particuliers de Mantoue , on remarque le Palais de Gon^ague, lonftruit fur les defleins de Jules-Romain ; in y voit quelques Peintures eftimées ,nomnément un très-beau Plafond duTintoretto, epréfentant 1'enièveraent de Ganimède,  etf Italië. 35 Palazzo della Giuftiiia, dans lequel efl: une Statue de Virgile , mais mauvaife : celui du Comte Maazelli; celui Valenti, &c. &c. On invite également de voir le Théatre; le Moulin (*) des douze Apötres; la Boucherie, &c. (**) „ , ... Le Palais du T (•**) , eft fitue au midi de Mantoue , dont il eft diftant de deux milles au plus : il a été eleve fur les deffeins de Jules-Romain, qui y a peint la plupart des plafonds & des morceaux a frefque. Leplan n'eft pas heureux dans toutes fe parties, & la diftribution generale , n eft pas non plus fupérieurement penfee. Le caractère de la décoration , a fans doute d« la grandeur, mais il nous femble depourvu de graces & d'élégance : le portique qui s'a- f*ï Ce Moulin, ou plutót ces douze Moulms, font pratiqués fur la digue qui traverfe le lac & qui conduit de Brefeia, i Mantoue; ils font conftruits fous une longue voute fous laquelle parTe le chemin. Cette curiotité, fi c'en eft une, eft aflez peu intéreffante. On peut voir encore V Eglife Sainte-Thirèfe; le maitre-Autel & le Tabernacle font de la plus grande richefle. P rEglife desQuaranteHei-ret^tnfcrm^nd^ Tableaux eftimés , & plufieurs Statues en platte , par le Barharigo : Le prinapal portail eft fort ©mé, & d'un aflez bon gout. (***■) Ainfi nommé de fon plan qui refiera„ ble véritablement a cette lettre; 1'entrée pns' cipale eft a la partie inférieure du T; 1 archi„ teéture de la facade & de la cour qui la luit, eft très-belle." Mnntoua : Palais i» T.  jó" Nouveau. 'Voya ge iMantoua : Palais duT (*) „ Cet édifice fingulier a été eonftruit & décoré par Juks-Romain, qui y a paffe la plus „ grande partie de fa vie , aimé du Prince, ef„ timé de tous. C'eft Ia que 1'on voit fes princi„ paux ouvrages. " Les cendres de cet homme célèbre repofent dans 1'Eglife de San Barnaba; on ne lui a élevé aucun monument : la maifon qu'il occupoit eft fituée vis a vis du Palais de Goiizagüe , eonftruit fur fes defleins. (**) Ce fujet, le même quant au fond , quecelui du petit Palais Farnefe a Rome, n'öte point » cette compofition , le mérite d'être originale: c'eft la même peufée, différemment exprimée.. vance vers le jardin, eft la partie que nous ■croyons la mieux traitée, la plus digne d'éloge (*). Les Appartemens doublés diftribués fur la ligne perpendiculaire du T , n'ont rien de remarquable ; les fix pièees qui font face au Jardin (& quiforment la tétedu T ), font les feules qui méritent d'être vues pour la beauté des plafonds qui les décorent: On voit dans la première a gauche, la chute de Phaëton : c'eft le mieux confervé de tous. Dans la Pièce fuivante; Ie Combat des Horaces & des Curiaces, eft le fujet dominant;, beau morceau, mais moins précieux que le précédent.. Dans la troifième Pièce; VHiftoire de P/yïhé, ou le Banquet des Dieux (**): Un grand rf ableau dans la même pièce, & par le même,. repréfentant „ Vénus retenant Mars irrité , „ qui veut pourfuivre un Homme qui s'ent, fuit effrayé, &c.  en Italië. 37 Dans la première Pièce a droite , on remarque des frifes de reliëf en ftuc qui repréfentent des Matches d'armées; „les fujets „ femblent être pris de la colonne Trajane & Antonine." ' Dans la feconde Pièce ; Jules-Cézar précédé de fes Liéteurs, & plufieurs Médaillons, dont le principal repréfente la Continence de Scipion : la frife de cette pièce eft également traitée en ftuc, &c. Dans la troifième , la partie dominante du Plafond , repréfente la Chute des Géans. „ Ils font tous de proportion coioflale ; par„ faitement groupés, & ia vérité de 1'ex„ preffion eft fi frappante, qu'en entrant „ dans cette chambre, on imagine que ces groupes détachés tombent réellement;: au„ deflus eft Paflemblée des Dieux , préfidée „ par Jupiter foudroyant: cette compofition „ eft de la plus grande beauté. n Cette Chambre eft entourée d'une mu„ raille de briques & d'une architrave de „ pierre peinte avec une vérité qui fait il- lufion. ■' ; Cette partie du Chateau , eft la feule un peu refpeétée; tout le refte paroit être abandonné a de pauvres gens qui s'y font établis:■ on regrette beaucoup la perte des peintures & des arabefques dont ces mêmes pièees étoient ornées, & dont on ne voit actuellement que de très-foibles veftiges. La porte par laquelle on fort de Mantoue, porte le nom de Virgiliana , du nom d'uneMaifon de plaifance conftruite par les derniers Ducs, prés du village d'^/flics(ga- VTontonsi : VtUskdv x.  3# No uve.au Voy age Mantoua Cuaftella. (*) A la Pofte, très-bonne Auberge. (**) C'eft dans certe partie du territoire de Guaflel/a, que fe donna ia bataille qui a retenu ce nom, le 19 feptembre 1734, & que lei Franfois gagnèrent. trie de Virgile) aujourd'hui nommé Pie~ tola , fitué a deux milles de Mantoue : cette belle Maifon a été détruite dans la guerre de 1701. x*i On compte deux poftes de Mantoue, a Guuftella ; & quatre poftes de Guaftella , a Parme ; ce qaf donne fix poftes, ou 52 milles. On paffe le Pd ( qui eft ici fort large) Jur un Pont volant a la fortie de Borgoforte , première pofte en partant de Mantoue. Cette route eft aflez agréable; le paffage du Pó, ne Peft pas toujours; mais on fait la fituation de ce fleuve avant même Mantoue, & Pon dirige fa marche enconféquence. GUASTELLA <*), Ville capitale du Duché de ce nom , fituée fur la rive droite & prés du Pó (**_): fon étendue eft peu confidérable, mais elle eft joliment batie; prefque toutes les rues font décorées en portiques. La grande Place eft régulière & fort vafte : On n'y remarque d'ailleurs nul mouvement, nulle vie ; on croit être dans un cloitre de Chartreux, ou de Camaldules; rien n'eft plus filencieux, plus trifte. On va voir fur la petite Place qui pré-  en Italië. SS cède 1'Eglife principale, un Groupe traité en bronze, repréfentant un Héros qui foule un Ennemi a fes pieds: Ce groupe eft porté fur un piédeftal de marbre. Ce monument i eft médiocre dans toutes fes parties. „ Les quatre poftes qui féparent Guafitella de Parme, fe font par un fort beau chemin ; on ne relaye qu'une feule fois ; e'èft au village de Brefcello. Les appioches de Parme, font très-agréables; la culture y devient plus variée, & la campagne plus riche , plus peuplée. PARME (*), eft fituée dans une aflez grande plaine ; la petite rivièrè de Panna , la traverfe & va fe rendre dans le Pó, a quatre lieues environ plus bas. L'enceinte intérieure de la ville, donne un développement de prés de cinq milles : Quelques ouvrages modernes , ont été ajoutés aux anciens remparts : En général cette place feroit d'une défenfe médiocre , fans la Ci\tadelle , qui a la réputation d'être trèsÈforte : Elle eft fituée au midi de la ville, Parme eft bien batie ; on y voit nombre [ de longues & larges rues, particulièrement L celle qui fert de cours : On croit que la Lpopulation peut monter a quarante millï \ ames. La principale Place eft d'une 'belle grandeur & avantageufement percée: | deux de fes cótés font décorés en portiques: (*) Au Vaon , très-bonne Auberge. ?»rrna : CSrande PU:e.  40 NOU FE AU VorAÜE Parmn : Tutti li San ti,.T. Capuccini. I l 1 } J 1 (*)„ Giov. Lanfranchi, eft né a Parme, & mort a Rome en 1647." f \JHotel-de~ville , eft le batiment le plus 1 ■remarquable qui s'y trouve placé : Tout» cet enfemble fait très-bien. On a récem-JB1 ment élevé fur cette place un Monument qui confacre la doublé Alliance des maifonsj de Bourbon & d'Autriche : Cette compofition eft traitée dans le goüt de 1'antique : Elle eft d'une penfée fimple & noble a la: fois : L'exécution, fans être fupérieure, eft" fatisfajfante. •Tutti li Santi; Eglife de tous les Saints : On y admire un Tableau de Jean Lanfranc (*) , le plus beau qu'il y ait a Parme de ce maitre : II y a exprimé fans confufion toutes les Hiérarchies céleftes; les Vierges, les Martyres, les Confefleurs, les Anachoi'ères , les Veuves, &c .. . 'chasun avec des caraétères particuliers. ƒ. Capuccini. Le Tableau placé fur le maitre-Autel de 1'Eglife des Capucins ;ft une des productions tfAnnibal Car-l "acht les plus eftimées: on y voir la Vierge ('éranouiflant a la vue du Chrift mort *: un rroupe d'Anges, la Magdelaine, Ste. Claire ït St. Francois, agiffent. dans cette com- \ lofition.Ce morceau eft bizarrement pen- I , fé— malgré tout cela, c'eft un des ou, vrages de ce mairre le plus admiré & même , Vun dts beaux Tabltaux d'Italit." St. Louis & Ste. Elifabeth; deux Tableaux j lacés au-deilus des portes pratiquées de 1'un '\  en Italië. 4l & de 1'autre cóté de 1'Autel, font également Üu même Maitre. | On voit dans la première Chapelle en entrant a droite, un très-beau Tableau du buerchln ; repréfentant un Chrift en croix; St. Jean, Ste. Cathérine & d'autres Saints, enrichiflent cette compofition: elle eft peinte (dans la feconde manière de ce maitre. ^ 1 Palais Ducal. Ce batiment eft aflez Uédiocre, il n'eft point fini, & ne le fera forobablement jamais : divers arrachemens |ui fubfiftent, indiquent un trés-vafte projet ; & c'eft vraifemblablement fa trop grande étendue, & la trop forte dépenfe qu'il né. ceffitoit, qui n'auront pas permis de Pëxécuter entièrement : la diftribution eft d'ailleurs eftimable; & les appartemens meubléi noblement & avec gout. La Galerie ( f [célèbre fous les règnes des Farnefes} eft afles [vide (*) aujourd'hui : on y a placé ce qu< les fouilles faites dans les ruines de Vel Uéia (**) , ont produit jufqu'ici de plus in (*) On y voyoit plus de trois cents Tableaux originaux ; une riche colleftion d'antiques ; de Médailles, & d'Hiftoire naturelle. Lorfque Don Carlos, quitta Parme pour aller prendre pofleffion du royaume de Naples, il y fit tranfporter géneralement toutes ces raretcs : elles fe trouvent depofées aujourd'hui a Capo di Monte, mais partie altérées , gatées & difperfées dans un defordre dont les amateurs gémifient. (**) VelUiit. „ Les reftes de cette ancienne „ Ville fe voyent a fept lieues au midi de PlaiL fance .... Elle étoit fituée au pied de deux hautes Parmn : Palais Ducal.  4% Nouveau Voyage P»rma: P*laiS Dncal. „ montagnes ... qui font partie de 1'Appennin; ce „ fut 1'écroulement d'une partie de ces montagnes „ qui caufa la ruine de VMiia... a juger par le „ grand nombre d'oflemens qu'on a trouyés dan* „ les ruines , & par la quantité de monnoie „qu'on en retire, les habitans n'eurent pas le „ temps de fe fauver; ils furcnt furpris, écraféi „& engloutis avec toutes leurs richeffes... On „ ne fait pas dans quel temps Velléia fut enfe„ velie fous ces rochers ; la date de cet évène„ ment eft probablcment du quatrième fiècle.... „ On a commencé en 1760, k faire des fouilies „ dans ces ruines ... On n'eft pas fort avancé r „ paree que la difficulté y eft extréme; les b?.„ timens y font couverts de rochers, a plus de „ vingt pieds de hauteur.... le plan de la partie „ oü 1'on a fouillé jufqu'ici, a été levé , & il fe „ voit entre les autres curiofités de la galerie." téreflant; mais ces fouilies font ingrates &J fort difpendieufes : Elles ont donné cepen-§ dant quelques belles Statues : Entre lesï mieux confervées, font celles en marbre J repréfentant „ Galba en habit militaire A „ avec fon armure; une de Néron encorel „jeune ayant au col la Bulla ; & plufieursl „autres également trés-belles ; quelques! „beaux Buftes; des Bas-reliefs d'un ex-l „ cellent goüt; une quantité de bronzes, „ nommément „ une Viftoire ailée, les bras „ élevés dans 1'attitude de foutenir une cou„ ronne, " mais ie travail de celle-ci en eft fee & le defiein peu correct. Une Tabk de bronze , fur laquelle font ndiqués les principaux endroits du pays des ^elkiates... „ Cette table qui fe rapporte a  en Italië. 43 L un établiflement de l'Empereur Trajan , L eft le monument de bronze le plus enI tier & le plus confidérable qui exifte. „ Une autre Table également de bronze, contient des Lois Romaines, qui fe trou1 vent dans le Code , &c." Nombre d'Infcriptions a 1'honneur de Germanicus, de Vefpafien, d'Aurélien , de Probus, &c. Divers Vafes , Uftenciles, M&ubles & Dieux Pénates de bronze, de marbre, de terre cuite , &c. Quelques morceaux de Peintures dans le genre grotefque, telles que celles trouvées a Rome dans les Bains de Néron & ailleurs, que Raphaél a fi fupérieurement imitées , &c. . . . ' Mais quelques curieufes, quelques ïntercfI fantes que foyent toutes ces chofes; elles I flattent, elles attachent infiniment moms ; qu'un des Chef-d'ceuvres de 1'immortel Cori H°e (*)» connu fous le nom de la Ma, donna di San Girolamo. On y voit la Vierge : affife, & 1'Enfant Jefus placé fur fes ge■ noux •, Ste. Magdelaine eft a fes pieds, 8 : fe difpofe a baifer ceux du Sauveur : „ Soi vifa^e exprime a la fois, le refpect, 1 a „ doration , 1'amour & la fatisfad'.on. L'Enfant Jefus a une de fes mains pafle' "„ dans fes cheveux ... & paroit s'occupe (*) Antoine Jllegris, né k Corrcgio , Plès d Modène , en 1494. Un talent naturel le port „ vers la pemture ; & fans avoir vu les che d'oeuvres de Rome, de Florence & de Vemfe ' il fut, par 1'imitation de la nature le peinti „ des graces , le prince des colonftes, & ;! créateur de fa manière. Parma : Palais Duc»!. L r e a » e  Parma: Pa rajs Ducal. i i i i 'i 3 44 Nouveau Voyage ■ „ d'un Livre que tient ouvert un grand „ Ange placé fur la gauche ; a la droite „ eft St. Jéróme debout ayant fon Lion a „ fes pieds— Ce Tableau eft un des plus „ beaux & des plus eftlmès qu'il y alt en „ Italië i la tête de la Magdelaine eft le „ chef-d'ceuvre du Correge , pour la cou„ leur & le pinceau , pour la fraicheur „ & la beauté des tons. Les parties font „ deffinées avec des graces inexprima„ bles (*). "Ce magnifique morceau eft confervé dans une armoire; on en a le plus grand foin. (**) * ° A cóté de celui-ci eftun autre Tableau affezgénéralement reconnu pour une des meilleures produétions du Parmegianino (***); C*) Nous avons plufieurs fois admiré un morttau également fupérieur de ce maftre que poflede M. Bayers, Antiquaire, & très-habile Architeéte a Rome. II repréfente Vénus fortant du fcin des taux. Cette compofition eft traitée d'une manière neuve & piquante : Les pieds de la déeffe pofent rur 1'éoaule de deux Tritons qui la voyent cha;un pour leur compte d'un cóté différent : Elle lierit dans fes mains un voile qui femble & pa;olt 1'élever dans les airs. On ne peut pas voir m plus beau corps de femme, un caractère de :ête plus fin, plus féduifant, plus voluptueux k une carnation plus belle & plus vraie. Les leux Tritons, font parfaitement dans leur genre: Leur étonnement, leur admiration eft fupérieuement exprimée; c'eft e-wtouiunfuperbc morceau. (**) II étoit ci-devant placé dans 1'Eglife des tehgseufes de St. Antoine. (***) Francois Mazzuoli, furnommé il Parmeianino, naquit a Parme en 1504; il eft compté  en Italië. 4ó il repréfente une Adoration des Mages. „ La |, compofition en eft riche & belle , le coloris très-brillant & très-vrai." Vu ailleurs, & moins prés da précédent, il plairoit, il attacheroit fans doute davantage (*). Les Salks de l'Académie de Pemture , de Sculpture & d'Architecture (**) ■> communiquent avec la galerie : On voit dans celles-ci, nombre de morceaux ( dans ces trois genres) qui ont mérité, oü concourt pour les prix : dans le nombre nous ïndiquons de préférence , 1'éducation d'Acrnle bon Tableau de réception de Pompeïo Bat toni, peintrcvivant a Rome. Un morceau vers lequel les amateurs re viennent fouvent, eft une Charité Romaine beau paftel, exécuté par feu Marie -Elifa beth, PrincelTe de Parme, qui avoit epoul en 1760 ,1'Empereur actuellement regnam Grand Théatre. On n'en connoit poir en Europe de 1'étendue de celui-ci ; on vérifié qu'il pouvoit contenir au dela d douze mille fpeftateurs: H a été conftru fur les defleins de Vignok ; la falie eit c forme ovale. Le batiment dans ceuvre a pr< entre les plus grands Peintres d'Italie; il eft 1110 agé feulement de trente-fix ans. (*) Ce Tableau décoroit ci-devant 1'Eglife d Chartreux : des eonnoïffeurs ne le jugentpas enti rement de ce maitre ,ilsle donnenta Jéróme Mazzi li, fon coufin &fon élève , mais retouché parlu (**) Cet établiffcment eft digne de beauco d'éloge; il eft bien monté, bien conduit; & f( tement, & noblement encouragé par le Soui rain, dont il eft 1'ouvrage. Parma : Palais Ducal, Grand Théatre. i i t 1 e t e :s rt ;• o- \. 'P T-  Parma : Grand ■U'héatre 46 NoUTEAV VOYAGZ de foixante toifes de longueur , fur feize a. dix-fept de largeur : Le Théatre a un peu 'moins de vingt toifes de profondeur. „ Le „ Profcznn'mm, ou avant-fcéne , eft décoré „ d'un grand ordre corynthien , qui com,, prend toute la hauteur de la falie, laquelle „ eft de onze tojfes deux pieds; lesentre-có„ lonnemens font ornés de niches & de Sta„ tues. Le pourtour de la Salle eft occupé par „ douze rangs degradins, a la manière des Amphithéatres Romains & du Théatre ,, Olympique de Vicence ; ils s'élèvent a la „ hauteur de vingt-quatre pieds & fervent de „ foubaifement aux ordres dorique & ïoni„ que , dont la falie eft décorée : ces deux „ ordres forment enfemble une hauteur de „ trente-fixpieds: des Loges font pratiquées „ dans les entre-colonnemens. L'entable„ ment eft couronné par une baluftrade or„ née de Groupes& de Statues:" en retraite de cette baluftrade, font encore diftribués plufieurs rangs de gradins. „ Les deux entrées latérales de la Salle „ font formées par deux ares de triomphe „ fur lefquels il y a des Statues équeftres: „ au-devant des gradins, règne une baluftra„ de, dont les acrotères ou piédeftaux fup„ portent des Génies qui tiennent des torches pour éclairer la Salle. „ L'efpace vide qui fe développe entre , le Théatre & les gradins ( ce qui formeroit , ailleurs le parterre ), a vingt toifes de pro- , fondeur 11 paroit avoir été deftiné a ,, des fpeétacles de Naumachie. " „ Malgré 1'immenfité de ce Théatre, il a  £ N Ita lie. 47 jj, la propriété fingulière d'être très-favora| bie a la voix; " 1'épreuve en eft facile, & luit d'une manière qui étonne & fatisfait toujours. Ce Théatre depuis quarante-cinq kns ne fert plus. Les gens de 1'art eftiment beaucoup la coupe, & la hardiefïe du trait de cette charpente. > ' Attenant cette grande Salle, en eft une autre, décorée ( dit-on ) fur les defleins du Cavalier Bcrnin; celle-ci peut contenir deux mille cinq a fix cents fpeétateurs: elle eft «oblemenr. traitée ; c'eft celle dont on fait habituellement ufagp (*). Il Duomo. La Cathédrale n'eft pas un édifice fort curieux par lui-même ( mais la coupok a été & eft encore, malgré fon état 'de dégradation) 1'admiration des connoiffeurs: Le Correge, s'y étoit, en quelque forte furpaffé: II y avoit repréfenté PAffomption de la Vierge. „ Ceux qui ont vu I, cette coupole dans fon brillant(**), n'e» „, parient qu'avec tranfport, & la regarL doient comme le chef-d'ceuvre de 1'art.... ,„On n'en découvre plus aujourd'hui, que L les triftes reftes.... II n'y a plus une feuk L figure entière. " Néanmoins les amateurs (*) Les Écuries du Prince, font comptées entre les curiofités de Parme; c'eft un corps de batiment très-vafte & d'une bonne compofition: jaous ne lui connoiffons d'ailleurs que ce mérite. (**) On n'a jamais dü jouir d'une manière fatisfaifante de cette belle & riche compofition, par le trop peu de lumière qui recoit la coupole: Ou n'en peut guères imaginer »»e plug fombre. ?arma : ■it Tbéa:res, ii Duomo.  Parme: San Paolo, Aunmiziata,San Gio Evangclifta. 48 Nouveau Voyage continuent d'y venir deviner des beautés que 1'on fait y avoir exifté autrefois. On voit du même maitre quelques morceaux de Peinture fur les bandeaux de deux des petites coupoles: c'eft peu de chofe. La plupart des Chapelles font ornées de bons Tableaux: on en remarque d'Ora^io Samachini, du Mazjtpla, de Michel-Angt de Sicnne, & d'autres maitres eftimés (*). Madonna ( * ) Nous faifons paffer ( dans la route que nous tenons ici) prés de la petite Eglife de San Paolo : Les plus curieux ne manquent point d'y chercher un Tableau d'Atigufiin Carrache, eftimé entre les meilleurs de ce maitre; il repréfente la Vierge en colloque avec Ste. Marguérite, St. Jean & St. Nicolas. Peu loin d'ici, eft celle de.l'Jnnonciade: le plan en eft fingulier, mais il n'a que ce feul mérite." On y voit une Aimonciatïon du Correge, „ peinte a frefque fur un mur, qui a été fcié &r „ tranfporté de 1'ancienne Eglife, mais avec peu „ d'adrefle. Onvoyoit autrefois a St. Jean l'Evangéli/le,une Coupolepeinte par le Correge; elle a été détruite. On y admiroit également deux beaux Tableaux dc ce maitre; 1'un repréfentant un Portement de Croix, 1'autre le Martyre de Ste. Placide: ils n'y font „ plus : de riches amateurs les ont acquis. Prés du grand Autel eft une copie du Tableau de la Nativité du Sauveur, par le Correge (connu fous le nom de la Nuit du Correge ), acquife par le Roi de Pologne & maintenant dans la Galerie du Palais a Drefde : Cette copie eft de Cézar Aretufi ; elle eft intéreffante pour ceux qui ne conT noiffent point Pinappréciable mérite de 1 original. I" Dans le Réfectoir» de cette maifon , un mor- |';  en Italië. 40 Madonna della Steccata;trèsbelle , très-grande Eglife. Les trois Sibylles qui font au-deflus de 1'orgue, & les Figures d'Adam & Eve placées fous 1'arcade, font du Parmeglanino : c'eft peu de chofe. „ Le Couronnement de la Vierge qui eft „ peint a frefque, au-deffus de 1'Autel de „ Notre-Dame, eft de Michel-Ange de SienK ne: " Ce morceau eft d'un bon effet. „ Le fond du Chceur eft décoré d'un „ grand Tableau du Procaccini, repréfen„ tant le Mariage de la Vierge & de St. 31 Jofeph; il eft beau & vigoureux de couleur. On engage de voir dans cette Eglife, une : Statue en marbre de fainte Geneviève, par le Barata; ce n'eft pas cependant une mer'veilleufe chofe. San Sepolcro. On voit dans cette Eglife 1'un des plus délicieux Tableaux du Cor;rege, connu fous le nom de la Madonna .della Scodella; „ paree que la Vierge tient JLune écuelle a la main : il eft placé fur ,„ 1'Autel de la première Chapelle en entrant ,„ a gauche. Le fujet eft un inftant de repos pendant la Fuite en Egypte... La Vierge ,„ eft affife fous un palmier, tenant 1'Enfant Jefus fur le bras gauche, & une écuelle L dans la main droite pour puiier de l'eau ,„ dans une fontaine ; faint Jofeph arrange ,„ les branches pour mettrea 1'ombre la Mère iceau de perfpeétive exécuté en föciëcc par le Cor\reggi» & le Parmtgianino : Ce n'eft point une i compofition extraordinaire ni favante , mais elle :eft d'un excellent effec. Tomé IV. C ?»rme: Ia Mudonna iella Sttc:ata, San Sepolcro.  Parm«: ln Maiïcjnna della Scala. (*) On prétend qu'il la peignit origiuairement fnr le mur de la maifon d'un de fes amis ; que le peuplc cut enfuite une dévotion fi fervente onvers cette image, que cette Maifon fut convertie en une Chapelle, & fucceffivemcnt agrandie & •rnée dans 1'état oü elle eft maintenant. 3& Nouveau VoyagE „ & PEnfant, & cueille en même temps des „ dattes; au-deflus eft un Groupe d'Anges -' dans une Gloire; d'oti ils paroiflent ad- mirer avec refpect la Familie Sainte ; en„ tre St. Jofeph & le bord du Tableau, on appergoit un Ange qui ne dédaigne pas „ d'avoir foin de 1'ane... Ce Tableau eft „ parfaitement a fon jour... il eft fort beau, „ quoiqu'inférieur a celui de la Galerie du Pal ais il eft harmonieux & a un effet piquant." Dans la Chapelle oppofée a celle-ci, eft un très-beau Tableau , attribué au.Parmegianino ; on ne s'en rappelle point le fujet; on fe fouvient feulement, qu'il eft d'une très-belle conlèrvation. La Madonna della Scala; petite Chapelle fituée prés des remparts de la Ville (ainfi nommée , de ce qu'elle eft élevée d'une douzaine de marches au-deflus du fol de la rue ) on voit fur le maitre - Autel , une Vierge peinte a frefque par le Correge (*). Le coloris en eft entièrement perdu ; on la croiroit aujourd'hui peinte au biftre ; on n'y retrouve plus que les grkes du deflein de cet admirable maitre : pour comble, une main , généreufement barbare, a appliqué fur la tête de la Vierge une Couronne d'ar-  en Italië. 31 ■agent en reliëf: ornement abfurde, qui inmerrompt.Penfemble de la compofition, & cdont Peftet eft toujours déteftable (*). I On voit dans la Sacriftie deux copïes « d'aflez bonnes mains ) de la Madonna ■della' Scodella, & de 1'Annonciation; deux ibons Tableaux du Correge. I (*) „ L'ufage de couronner les têtes des faints 1„ dans les Tableaux a lieu dans plufieurs Villes I, d'Italic ( en Flandre, dans le Brabant, & dans I, quelques autres pays Catholiques ~) ; la fuperfti1, tion du pcuple & 1'intérêt des Prêtres 1'ont in1, troduit; cet ufage eft pernicieux , fur-tout a oL caufe des trous que 1'on fait aux Tableaux pour li, attacher les couronnes, & tend quelquefois a I, la deftruétion des plus beaux morceaux de 1'art." 1 On engage communément les étrangers a voir ■tlglifc de San Roco , dont les ci-devant Jéfuites «itoient en pofleffion : il, s'en faut cependant bien i[ue cc foit une belle Eglife. La décoration iniiérieure nous a paru d'un genre plus fmgulier , aju'eftimablc, & totalement dépourvue de nobleffe b\k de dignité. On attribuc le Tableau da maitretlkutel a Paul Veronefe; il repréfente St. Roch & fik. Sébaftien; s'il eft véritablement de ce maitre, bc n'eft certainement pas un de fes plu-s beaux. ,j „ Dans une Chapelle i droite du maitre-Autel, ij, une Sainte Familie par re Spada. Ce Tableau J, eft fort beau , il eft gaté par des Couronnes il, d'argent maffif, que des dévots ontattachées fur I, les têtes des figures. \ L'Obfervatoir* de cette maifon, eft une des cuMiiofités de Parme. Les Palais , Hótels & Batimens [les plus remavquables a Parme, font ceux de San Wilale, de Rangioni, & de Gian de Maria. ,f „ La Piloita . eftun ancien batiment commencé :.|,par les Faniefe, derrière le Chateau. G ij Parme: San Etoco.  $2 Nouveau J^oyaue ?arme t Promenades publilues. (*) C'eft en partie fous les murs de ce Jar9, din , que les Francois joints au Roi de Sar5, daigne , gagnèrent la Bataille de Parme le 29 Juin 1734 ,fur les Impériaux commandcs par le „ Général Coatte de Merci; qui y fut tué; cette' Promenades Publiques. Celle que 1'on vient de former fur Pefplanade qui fépare la Ville de la Citadelle , eft, on ne peut pas plus agréable. La noblelle a pris 1'ufage de s'y promener en équipage dans une très-large allée d'arbres : des contreallées fervent pour les perfonnes a pieds, & 1'on y a placé a leur ufage des bancs de pierre , qui n'y font point épargnés. Cette efplanade , domine quelques beaux Jardins & Potagers, qui produifent des points de ■vue très-agréables. Le Jardin da Chateau-Neuf, appelé le Jardin de ïOrangerie , eft très-beau, trèsvafte , fort orné & bien entretenu: Le Prince en permet 1'entrée au public; mais peu d'habitans en profitent : L'Orangerie eft belle , & bien foignée. Palazzo Giardino : Maifon de plaifance appartenante au prince, dont les Jardins fe terminent prés des Glacis de la Ville. Le batiment eft aflez peu de chofe ; on y fait remarquer plufieurs pièees peintes a frefque par Louis Carrache , & d'autres par le Cignani: Ce ne font pas des morceaux d'un rare mérite, mais ils coütent peu de temps , peu de peines, & fe voyent avec plaiiïr. Les Jardins (iS) lont vaftes, beaux, & bien' entretenus.  en Italië. ó3 Colohno ; belle maifon de plaifance, appartenante au Prince, fituée fur la Parma, a prés de douze milles au-deflbus de la Ville. Les batimens n'ont point une décoration fort recherchée; mais ils font bieii difpofés, bien diftribués, & les appartemens du Prince meublés noblement & avec gout. Les Jardins font très-vaftes, mais d'une diltribution qui tient tout de Part & rien de la nature. On y voit quelques Antiques, mais de peu de mérite •, les principaux morceaux ont été apportés dé Rome & découverts dans les Jardins Farnefe , établis fur les ruines du Palais des Cézars: On remarque entr'autres les Figures coloffaies de Bacchus & d'Hercule , &c. Elles ont extrêmement fouffert. Nous allons joindre ici par forme de mémoire, une notice de la route de Parme (*) a Bologne, par Mociène : Nous devons ce fupplément , pour compléter notre itiné;raire, pour cette partie de cette belle route, qui mérite d'être connue. Le chemin de Parme a Modène & Bologne , eft en partie pratiqué fur la voie Emilienne; cette route n'eft pas fort douce pour les voitures; elle traverfe d'ailleurs de trés-belles, & de trés riches campagnes. „ bataille auffi bien que celle de Guaftella, gagnés „ le 19 Septembre fuivant, produifirent le traité „ de Yienne , par lequel la France acquit la Lorraine 1'année fuivante " (*) Voyez ci-après pour la continuation de la i route de Parme a Milaa. C tij Parme: Calorno.  $4 Novveav W%Yaae Ezctirjtoti de Parme a Bologne fer Modène, Reggio. Modena. (*) KfAabergt Ducale : C'eft la plusmagnifique Auberge de toute cette route, & mème de 1'Italie. De Parme d REGGIO, on compte deux poftes. Cette Ville eft d'une médiocre étendue ; elle eft entourée de fortifications régulières; on la dit peuplée de dix-huit a vingt mille ames : la grande rue, que la route de pofte traverfe eft large & bordée de portiques ouverts & régulièrement conPtruits, fous lefquels font des boutiques : cette partie de la ville , eft très-vivante ; 1'ceil s'y repofe avec plaifir. Le temps de relayer fuffjt , pour voir le feul morceau intéreliant ( connu & public ) que Reggiö préfente aux amateurs. C'eft un bon Tableau du Guerchin, placé dans une des Chapelles a gauche de l'Eglife appelée la Madonna della Giarra : „ On y voit le Chrift attaché fur la „ Croix , ayant a fes pieds la Vierge, ac}, cablée de douleur , fou tenue par deux „ Femmes. II y a dans ce Tableau beau„ coup d'expreffion , une grande fermeté „ de pinceau , un bon caraétère de def„ fein : Le Chrift particuliérement eft biea „ deffiné." De Reggio d Modène , deux poftes ; on relaye a Rubiera, petite Ville peu intéreffante : entre Rubiera & Modène , ort paffe la Secchia en bateau; ce paflage eft peu de chofe , quand cette rivière eft dans fon baflin ordinaire. MODÈNE (*); Ville capitale du Duché  en Italië. ij de ce nom; elle eft joliment batie: onyvoit: de longues & larges rues ornées de Portiques ouverts, &la plupart aflez réguliers entreux. La Strada Maeftra, eft d'une grande beauté; elle eft ornée de magnifiques batimenspubUcs & particuliers : ïels que le Palais de la Ville, la Douane, & deux grands Hópitaux,&c. Les Fortifications qui entourent la Ville, font d'une défenfe médiocre, mais bien entretenues; celles de la Citadelle, fortt mieux traitées; elles font plus refpectables. On porte la population de Modène a vingt-cinq a trente mille ames. Le Palais Ducal eft fort vafte & d un oenre très-noble; nous en avons peu vu en Italië qui lui foit fupérieur. II eft meuble avec autant de gout que de richefle. On y voit quelques beaux Plafonds : Celui du grand Salon eft peint par Mare-Antoine Francefchini; il y a de bonnes chofes. Celui de la Chambre du Dais, eft du Tintoretto. On remarque dans cette pièce plufieurs Tableaux de mérite; les plus diftingués, font: une Tudith, par le Guerchin. Une Adoration des Bergers, attnbtiee au Correge : des connoifieurs doutent qu'ellfi foit de ce maitre. Dans la Salie du Lit, & les pieces qui fuivent; le Mariage de Ste. Cathérine , pat le Guzrchin; peint dans fa troifième manière , qui n'eft point la plus agréable. Du Guide: la Vierge pénétrée de douleui a la vue de Jefus Ch. mort. D'Andrea del Sacchi; une Charité Ro~ C iv Wodena; 'alais Dit:al.  óG rV OVV EAU F"0YAGE Modena : Palais Ducai. (*) La célèbre Nuit du Correge, tenoit Ie maine: c'eft un des beaux morceaux de ce maitre. Plufieurs beaux Bajfan: nommément, N. S. au Jardin des Olives; le Samaritain , &c. BeLionello Spada; 1'Enfant Prodigue: „ Tableau capital. Le caractère du defiein eft plein d'ame; la touche en eft fiére & fpi„ rituelle; on lit fur la phyfionomie du prin„ cipal perfonnage, le repentir de fes éga2, remens. Dejuks-Romain; „ le Pafiage d'un Ponr; }, une Bataille; & un Triomphe. Du Tiarini; la Femme de Putiphar „ qui retient Jofeph par fon manteau : " L'un des bons Tableaux de ce maitre. Du Titien ; un Tableau capital. La Femme adultère : „ Elle eft peinte a demi nue ; „ 1'expreffion eft naïve, elle eft de toute „ beauté : ce fujet eft compofé de vingt„ deux figures a mi-corps... Ia plupart di„ gnes d'admiration , pour la beauté du ca,, raétère, 1'expreffion & la couleur." Du même; une Ste. Familie avec 1'Enfant Jefus, & faint Paul. Du Guide; St. Roch en prifon qu'un Ange vient confoler. Du Guerchin; le Martyre de faint Pierre : „ d'une couleur vigoureufe, peint large„ ment, & oü Pon voit une belle touche. De Michel-Ange de Carrava°gïo; un St, Sébaftien ; Tableau fupérieur, &c. A la fuite de cette belle collection de Tableaux (*) , en eft une autre, très-con-  Ien Italië. 57 fidérable, de Dejfeins orlginaux des plus ! grands maitres (*) ; ^ autre encore d'Ef" ;1 tampes, trés-nombreufe, & du plus beau Ia choix. , y.. Quelques beaux Antiques de moyens Mo4 dèles, en marbre, en bronze , &c. Dans les ■:fj premiers ; Andromède attachée a un rochel: H Hercule tirant Cacus de fa caverne par un ij pied: Le bufte du DucFrancois fi*. en marif bre blanc, par le Cavalier Bemin; morceau «fupérieur, &c. En bronze ; plufieurs tres-beaux Buftes, I diverfes Divinités Egyptiennes, &c. La Colle&ion des Médailles, eft conIi4 dérable & fort eftimée: Celle des Pierres 1 sravées & des Camées, n'eft ni moins cu~ iif rieufe , ni moins riche: On y voit des pierres I d'une rareté &d'une beauté uniques. La Bibliothèaue eft compofée, dit-on r '1 de prés de quarante mille Volumes ,y comïjpris les Manufcrits. . ' La Cathédrale n'a rien qui attire fórf tement les curieux : Le Tableau attribue 4 au Guide, &.que 1'on vante beaucoup ici, i: 1 eft la léule chofe qui mérite d'être vue ; J ie fujet eft le Nunc dimlttis :La Vierge 1 efta genoux devant 1'Enfant Jefus, que Stmêon tient entre fes bras. ,1 premier rang dans eette colleftion: Ce Tableau» alunique, décore (ainfi que nous l'avons dit ci*devaut) le Palais Eleétoral a Drefde. ( * ) On porte a fix mille le nombre de ce* Defleins; & » plus de quinze raille celui des Efi tampes. g v ' Modena : Ribliothêirue, il Duomo , la SeeEhiaRapita'  Modena : Palais Public, Arfenal , Caftel (*) Dans une guerre que les Modenois eurent avec les Bolonois , les premiers les vainquirent & les pourfuivïrent jufques dans le centre de leur Ville ; mais ne pouvant s'y foutenir , ils s'emparèrent de ce plaifant trophéeainfi que la Chaine de la Porte de la Ville, pour gage éternel de leur yiftoire ; Cet événement arriva vers 1'an 1325. j8 Nouveau Voyaqe On montre , „ dans un Souterrain de Ia „ haute Tour, ou Clocher , un vieux Seau »» de b°is, de grandeur ordinaire, garni de „ quelques cercles defer;il y eft fufpendu „ avec une chaine & gardé avec le plus „ grand foin." Les Eccléfiaftiques qui font en poflèlfion de montrer Qpour de l'argent} cette célèbre rareté, parohTenten faire au moins autant de cas que de leurs plus belles reliques, qui , cependant leur rapportent infiniment plus. L'Hiftoire de ce Seau , eftimmortalifée par le Poëme héroïcomique du TaJJbni; intitulé , la.Secchia Rapita (*). On va voir, lorfquTon a du temps de trop , PEglife de San Bartholomeo, dépendante de la maifon des ci-devant Jéfuites; celle de San Giorgio ; celle appelée il Voto ; la Chiefa nuova , &c. On voit quelques Tableaux dans les Salles du Palais Public, ainfi que dans plufieurs autres Palais de particuliers : On fait fur les lieux quels font les Cabinets les plus acceffibles & les plus eftimés. L'Arsenae & fes dépendances, eft encore un des objets de curiofité de Modène.  es Italië. 59 Le PotlT ou la tête du canal qui établitS une communication d'ici a Venife, meute d'être vu de préférence. SASSÜOLO , petite Ville fituée fur la Secchia , a neuf a dix milles de Modene ; rrès de laquelle eft une Maifon de plaifance du Duc : Les batimens & les Jardins, n'offrent rien de bien remarquable; rien du moins qui invite a fe détourner expreffément de -fa route. * De Modène d Bologne , on compte trois*poftes ; on relaye a Samoggia .- Avant que d'y arriver , on traverfe le 1 anaro dans une barque. Le chemin devient^deslors très-beau, très-agreable. On laiüe lur la gauche & & peu de diftance de la grand» route, le fort Uiusain , 1'une des meilleures places('afiure-t'on)de 1'état Ecclefiaftique. Un peu avant d'arriver a Bologne, on paffe le Rhéno, fur un très-long pont de pierre , a la tête duquel eft une barrière (*) (*■) II eli bon tl'Ure averti qu'elle fe ferme d'afiUz honne beur* » que les clefs fe portent cbez le Ligat, ou Vice-Légat, oü il faut les al er prendre : 11 etl vrat qu'il accorde faciUment la permiffwn d'ouvrir; mais cette courfe eft fort longue Ê? demande un temps confidérable ; joignez a cela que 1'on ell tem: alors de récompenfer la garde qui fait cette 'corvée , &c. 11 tft dont prudent (fi Ion pré. moit ne pas arriver a t;mps~) d'envoyer en avant tour faire rttenir lts clefs au corps de garde , afin de Séviler le défagrément H'attéhW* fi I' leur feroit de s'arranger dé manière a y arriver de C vj iffuolo. Kv# tttüe.  po Nouveau Vqyaoe Pfacenza: Duomo.. üpour la perception des droits de Douane. Reprenons la route de Parme a Plaifance, que nous avons quittée, ci-devant page 54. ***(Le chemin de Panne a Plaifance eft trés-plat & paffablement bien entretenu : Ces deux Villes font diftantes Pune de 1'autre, de cinq poftes. Entre Parme , & Caftel Guetto, on paffe a gué, Ia rivière du Taro. Entre le Bourg San Donnino, & Fiorenzvla, on paffe d gué la Stlrone: les trois ou quatre autres torrens que 1'on traverfe enfuite de Fiorenzola, jufqu'a Plaifance, font fouvent a fee, lorfqu'il y a long-temps qu'il n'a plu. PLAISANCE (*):■ cette Ville eft le plus sgréablement fituée, entre le P6 & la Trebia: le premier paffe a un demi-mille environ de fes mnrs; la Trebia coule a un peu plus de diftance. L'enceinte de cette •ville eft d'une étendue confidérable; fa population n'excède cependant point douze a quinze mille ames: elle eft aflez régulièrement batie ; on y remarque de très-longues & largesrues, parfaitement alignées, & quelques places bien percées; mais un filence,. une inactivité qui afflige. Elle eft entourée de quelques fortifications,. foutenues par une Citadelle: Sa pofition eft telle,. qu'elle hti* : La plus abfurde méthode eft. afuremeat alk ae voyager de nuitt (*) A San Marco, bonne Aubergev  en Italië. 61 :s fe trouve également éloignée de Parme & 3de Milan. si La Cathédrale. Cet édifice mérite peu ';iipar lui-même d'être cherché des curieux, Efmais il renferme quelques morceaux très•« i eftimables. La Coupole eft peinte a frefque it-iipar le Guerchin: c'eft une des belles prol Jdu&ions de ce maitre, & celle qui lui a réuni ,un plus grand nombre d'admirateurs. _ f.'A Les trois principaux Tableaux qui décoqnfient le fond du chceur, ont beaucoup de ::: «mérite; celui du milieu eft de Camille Pro*4caecini: ceux de droite & de gauche, font '?., 9 de Louis Carrache,. & quelques autres èn::-idcore moins confidérables. Deux Statues équestres en bronze , li? décorent la petite Place qui précède cette :.| Églife: Elles font aflez généralement attri'Mjfbuées a Jean de Bologne (des connoifleurs ii- ziles croyent cependant de Moca, fon élève); j lelies repréfentent, Alexandre Farnese :>ï l&ranuce,fon fils: „ tous deux font vêtus i. |„ i la grecque d'une manière noble & graL, cieufe, avec le manteau flottant. fur les ?. i L épaules. Celle de Ranuce eft la plus belle la mieux finie; celle d'Alexandre (*) j.m„ eft la plus fiére, le Cheval fur-tout eft j,! L, magnifique.... Les piédeftaux qui fup;t [ L, portent ces Statues, font abfolument trop "ii il„ petits & trop bas,... Ils font décorés de ft i f (*) „ Alexandre Farnefe, Duc de Plaifance & l„ de Parme, qui fervit en France pour la Ligiu 1 w avec diftinéüon,, ckc. ?iacenza r Statues iqueftres.  02 Nouveau Voyaoe Püeenza: diverfes Eglifes, San Agoftin'o , Palais Ducal. 1 3 < 1 l (*) Dans une petite Chapelle en entrant.. . Un Saint qui a les mains fur les livrès de 1'an- • cien & du nouveau Teftament. (**) Les Frefques attribuées a ce maitre, font j celles qui fe voyent dans diverfes parties de la uef: Tous ces morceaux ne valent certainement point la peine d'une courfe expres pour les voir, „ Génies bien modelé?, & de Bas-reliefs qui» „ ont pour fujet quelques traits remarquableslï „ de la vie de ces deux Princes, &c. Après la Cathédrale, les Eglises les plus\t> remarquables font celles de San Giovani;|r: de San Agoftino; de la Madonna di Campagna; de San Sixto, &c. On ne voit pas avec indifférence dans la première, le Maufolée de Lucretia Al^iati: entr'autres ornemens , on remarque deux Génies en marbre, qui pleurent; traités dans la manièrei du Fiammingo. San Agostino , eft conftruite fur les deffeins de Vignole; les détails y valent mieux; que les mafies. Quelques Tableaux a frefque , fontrecher:her la Madonna di Campagna ; on en ittribue plufieurs (*) au P armegianino; a. Paul Veronefe (*"*); au Pordenone, &c. Le Palais Ducal, a été élevé fur les def-'i eins de Vignoles; le plan n'eft qu'en par-s :ie exécuté , il eft eonftruit en briques. Les naifes font très-belles, & en général, cette j :ompofition a beaucoup de mérite. Ce Paais femble être aujourd'hui abandonné : routes les raretés qui 1'embelliflbient, ont i iade a Naples, & il ne paroit pas qu'on  IS /TALIE. ■aït fongé depuis a Phabicer. Les curieux y "vont voir de jolis groupes d'Enfans traités en ftuc & modelés p;ir V Algardi, qui décorent |.i Chambre du Ut : Ils ont un ca■raéterc de vérité fmgulier & font exécutés Hans Ie goüt le plus gracicux , & le plus féduiftmt. Le Thédtre n'offre rien de remarquable ; la Salle communiqué avec le Palais : elle eft agr'éablement décorée & d'une grandeur convenable au nombre de fpectateurs que la ville peut donner. . Le chemin de Plaifance d Lodi, & de Lodi d Milan, n'eft pas moins agréable que le précédent; il traverfe de même une plaine très-fertile & qui devroit être plu; peuplée : les établiflemens y font d'un rare qui afflige. On paffe le Po , immédiatement au fortir de Plaifimce , fur un Pont volant, ce fleuve eft ici d'un volume des plus refpectable. De Plaifance a Lodi, on compte trois Poftes. LODI, petite Ville que 1'on croit peuplée de huit a dix mille ames ; elle eft af fez bien batie; la rue qui la traverfe dan toute fa longueur, eft ornée de plufieur beaux Batimens. Entre Marignano (*) , & Milan, 0) paffe d gué le Lambro: le chemin eft dés-lor bordé d'une doublé allée d'arbres jufques au: portes de Milan : Des maifons de campagne (*) „ Village connu par laviétc-ire que Fk.aN^■cois Ier y rempona fur les Suifies , en 1515. Plainmce: Lcdi. i t 5 i  64 Nouveau Voyaqe Milano: Citadelle, 1 ( 1 i 1 4 des jardins ornés, s'élèvent de toutes parts: il eft difficile de yoir une plus riche & une ut plus agréable campagne. iï MILAN (*). Cette Ville par fon éten-fc due, eft regardée comme la feconde de PI- Ir. talie ( on croit qu'elle n'a pas moins de dix-lii milles de circuit ); & a cet égard , elle mar- ieche immédiatement après Rome : Sa popu- Joi lation que 1'on eftime ne pas aller au de-llo la de cent vingt, a cent trente mille ames,. li ne lui donne rang qu'après Naples, Rome fi: & Venife. Elle eit fituée a la tête du triangle 1 que décrit a peu prés la vafte plaine der li Lombardie : Deux beaux canaux, lui ou- 1 vrent une riche communication avec VAdda t, & le Tejfin : Un troifième avoit été com-1, tnencé pour faciliter fon commerce avec ï, Pavie. On y remarque une première & fe-,1, :onde enceinte (**) : cette dernière eft for- .. mée de quelques mauvais baftions terraflés„ iés au corps de la place , au-devant def- „ mels règne un foffé d'eau courante. „ La Citadelk, fituée au nord de la Ville,.. „ ;ft un exagone régulier , appuyé de quel- „ jues ouvrages détachés, & dans lequel on 1 circonfcrit Pancienne forterefle : 1'un St. 'autre réunis, commandent aflez impérieuement la ville. ' « S: ~ ; f. (*) Aux trois Reis , bonne Aubergc, bien fituée. ci Aux deux Tours, bonne Auberge. (**) Elle a été conftruite fous le règne de 1'Em- * ereur Charles V, par le Gouverneur EcrAinamS t Qonzague.  en Italië. (>ó I Milan offre plufieurs quartiers très-bien ktis; coupés par de belles & larges rues : Ln y voit peu de places publiques , peu -lle monumens curieux (*) : mais il y regne èénéralement un air d'aifance qui fatislait. bn y compte foixante-une Paroifles; quanante-trois Couvens d'hommes; cinquaniie-un de Femmes ; & cent cinq tant Ora■toires de Confréries, que Chapelles, &c.. ïjaombre prodigieux , & trop difproportionne fans doute a la population acluelle de cetre T La Cathédrale , eft a peu prés placée lu centre; „ c'eft le batiment le plus confiH dérable de Milan, & même après St. Pierrs L de Rome , la première Eglife dTtalie. Le H vaifieaua quatre cents quarante-neuf pieds L de longueur, cent quatre-vingt de largeui L dans la nef ,& deux cents foixante-qumz< > L dans la croifée : II a foixante-treize pied; >L de hauteur dans les chapelles; cent dn [, dans les doublés nefs des bas-cötés; een ■ L quarante-fept dans la nef; & deux cent :L trente-huit fous la coupole. La hauteu % extérieure de la coupole , y compris 1 (*) Nous ne placons poiut dans cette clafle, jun nombre confidérable de Statues de Saints & iiSaintes , en marbre , en bronze, en pierre , en Iftuc , &c. que 1'on rencontre dans une mfinite dc Icarrefours & de larges rues: paree que la plupart Ide ces obiets, dignes ( nous voulons le croire J j de la vénération des fidelles, ont, du cóté de •| 1'art, trop peu de mérite pour être indiqués ici, t ia titre de curiofités. Vlilaiio: ü Duomo, 5 r  Milano: il Duomo. i i . J j ; j 1 i ( I c E i I 66 Nouveau Vovage „ couronnement, eft de trois cents foixansL ,, te-dix pieds." Le plan diftribue une grande & quatrll, petites nefs. Cette Eglife a été commencéii, par Jean Galeas Vifconti, en 1586, dÊL eft toute de marbre: on n'a point cellé d'i 'li travailler depuis, mais avec li peu de vi gueur, que non feulement le Portail, mai '% une infinité de chofes dans Pintérieur, rel :.. tent encore a faire; & il eft probable qu'uni t, partie de cet édifice écroulera de vétufté j avant qu'il foit entièrfement fini. Permis a MM. de Milan de le regardet l, comme une huitième merveille; 1'hommeC de gout, en appréciant mieux fon mérite l ne le claflera jamais qu'entre ceux des mo- 1.. numens gothiques dont la conftruétion porte ivec elle un caraétère de liardiefle, qui pré- \, vient au premier coup d'ceil: Tels font les E 3athédrales de Vunne, de Londres, A'Torckj f le Strasbourg, d'Anvers, de Rheims, dj S! Paris, &c... Encore, les édifices que nousg ndiquons, ont-ils fur celui-ci, Pavantage Pêtre infiniment mieux éclairés: défaut, qui . rappe ici, dés les premiers pas que PonD.< ait dans la nef: On ne peut guères rienSf maginer de plus fombre. Le grand vafte c\q%. 'Eglife de Milan, fait donc fon feul mérite,S t;. cfi Pon veut, nous ajouterons, que beau-jjt. oup de parties de détail, y font véritable-p nentmieux traitées que dans les exemplesil' ue nous venons de placer en parallèle : En|r énéral, tous les morceaux de fculpture font Ic :i plus foignés: On compte ( aflure-t'on) I ris de quatre mille Figures en marbre tant u:  lm Italië. 07 feranfcs que petites déja placees (+) dans les barnes terminées; il eft vrai de dire, que hans ce grand nombre, on en remarque de fcrès-bonnes, & que, prefque toutes font de Ea meilleure intention: mais cette etonnante profufion, leur eft refpeétivement défavanjtageufe; il eft ridicule que 1'on fe foit obftme I fuivre ftriétement les premiers defleins; Imoins 1'ouvrage du vrai génie, que la proiduftion d'un délire ridiculement riche. Ce qui eft déja élevé du portail, annonci Une compofition mieux digérée., moins tourfmentée que les précédentes : deux vafte Itours carrées foutiennent les angles. Quatr Imoyennes Portes d'un aflez beau profil, ac Jcompagnent celle du milieu au-deflus d ices quatre portes, font placés quatre beau 1 Bas-reliefs , qui ont pour fujets ; Judit I tenant la tête d'Holopherne; David cell Jde Goliath ; Samfon qui tue les Phdiftins |& Jaél qui tue Sifara £**): Pexécution e C*^ On en peut compter plus de cinq cents, abfolument hors de la vue des fpeétateurs; nonfeulement par 1'exeeffive hauteur ou elles font juchées & nichées, mais encore paree qu elles le trouvent placées dans des endroits qui ne peuvent être appercus qu'en fe portant aupres, ou lur les lieux même : telles font les Statues qui ornent la bafe de la flèche ou aiguille qui s elève du taite de la coupole, &c. Ce genre de magmficence, coüte beaucoup & fait très-pcu d'effet. (**\ Quels fujets dégoütans 1'artiftea-t'il été choifir !.. que n'en offroit-il (il en eft tant), de douceur & de bieufaifance !.. La demeure dun Milano: 8 Duomo. e e 5 tl  68 Nouveau Voyage Milnno: Fonts Baptiïmaux. Dieu de clémence & de paix, doit-elle donc avoit pour enfeigne le Meurtre & 1'Aflaffinat?.. Nous avons remarqué combien les Chevaux antiques de bronze, juchés au-deflus du Portail de 1'Eghfe St. Mare, nous paroiflbient déplacés... Nous ajoutons que 1'on voyoit a Paris , il y a peu d'années, deux Bceufs en reliëfs de grandeur & de couleur naturelle placés aux deux cótés du Portail d'une petite Eglife qui continue de porter lenom de St. Pierre-aux-Baufs... Que conclure de cela ? Que par-tout les hommes font quelquefois fages , mais plus fouvent inconféquens. (*) On fait beaucoup de cas de la boiferie da ' chceur : On y remarque des morceaux de fculpture L ceflionnellement le 3 Mai. Cette proceftlL fion vaut bien celles de Venife , d'Ais jL en Provence , de Cologne , de Bruxel1„ les, Sic.. .. La Chapelle fouten aine (**), dans laquell( 'l (*) Let quatre Doftems de 1'Églife, transfor »rnés en cariatidcs, n'offrent pas certainement un !j|idée bien merveilleufe... : T (**) Cette Chapelle fouterraine, eft, de toute ' A celles de ce gewe que nous connoifions, la plu mal éclanée.°Un nombre confidérable de lampe Bbröléht extérieurement, Sc quatre ou cinq feule 'J' ment font placées fur les montées Sc corridors i Elles aident au plus a difcemer les plus grc il objets , mais pas aflez pour s'empêcher de : | heurter 8c de s'entTe-choquer réciproquement J La Chapelle particuliere da Saint, n'en fero .Tilanrt: itatues, rtaufolécs, Chaire a jrêcher, iacro Chilo, Chapelle fou« ;erraine. s s S s e it  Nouveau Vqyage Milano: Chapelle foutcrrai- HC. pas moins lumineufe, quand elle auroit une dou- t zaine de lampes (allumées) de moins ; & ce T; nombre répandu dans les iffucs qui y conduifent, les rendroient plus acceffibles & plus docentes.. 1 ■■ (*) La partie haute de la crofle eft enrichïe n tle diamans, ainfi. que la couronne fufpendue au- \ deflus de fa tête. On doit voir un Portrait du Saint, brodé par ' la célèbre Perevrina ; on dit qu'il a eu le merite ' '. de la reflemblancc : II eft placé vers 1c corridor qui mène a la Sacriftie de cette Chapelle. ' repofent les dépouilles terreftres de Saint* Charles Borromée , Catdinal & Archevêque. i de Milan , eft extrêmement ornée; il en efl « peu de plus riche : „ La fculpture , la ci-' ai „ felure, Porphévrerie , y ont épuifé leur| |B ornemens, pour exprimer les vertus de [ „ ce Saint, & embellir 1'Autel fur lequel n „ fa Chafle ell pofée. " Les cariatides, ainfi, |j que les Bas-reliefs traités en argent, fonr je peu merveilleufement compofés, & d'une % exécution aflez médiocre; on les parcourt- k néanmoins avec plaifir. La Ch&jfe du Saint eft formée de pan- K neaux de crittal de roche,joints enfemble > par des bordures d'argcnt doré Son corps | y eft placé dans fa longueur & revétu de « fes habits Pontificaux, qui font très-riches: | II tient fa crofle (*) entre fes bras, & fes L mains font jointes. La feule partie décou- E verte de fon corps, eft le vifage, qui (on \ fa doit s'y attendre) n'offre pas un coup d'ceil '\ agréable : „ II eft noir & defieché, le nez \ „ eft rongé ... 1'ceil gauche a également dif- ;„  ejv Italië. yi ara;" ce n'eft pas même une belle mie. ,e Tréfor (*) de VEgüfe de Milan, après celui de Notre-Dame de Lorette , ilus riche dTtalie , & peut-être , de toute irrope Catholique : on y remarque même 1 pièees qui réunifient au prix très-grand lla matière , le mérite d'un travail fulieur. I)n y voit les Statues en argent ( de J'portion plus haute que nature ), de St. ajibroife & de St. Charles : Cette dernière ïcouverte de pierreries : toutes deux , du Ié de 1'art, ont peu de mérite.i?lus de vingt Buftes coloflanx auffi d'ariffit, de divers faints & faintes. :aNombre de Calices, Patènes, Encenfoirs iflLampes fimplement d'or ; d'autres du ■ilme métal damafquinés, émaillés & enabis de diamans. HLJn grand Ciboire de criftal de roche, >Aé de moulures & ornemens d'or, émaillés •ilënrichis de diamans. iplufieurs Oftenfoirs fingulièrement riche! üld'un beau travail. tdüne grande Croix de cérémonie, égaleimt ornée de pierres précieufes. |r*) Celui de Lorette fe montre gratis : On tconne le plus que 1'on peut les curieux pour |ui-ci; la vue de la chaffe du Saint fe paye féparéfnt: Ce font deux différens Eecléfiaftiques qui intrent 1'un & 1'autre : tous deux prifent le [is qu'ils peuvent leurs marchandifes &.les peine.'s 1'ils fe donnent pour les montter. _ Vlilan»: Fréfur.  Mihno f Flèch*-, ou 72 Nouveau Voyage Une multitude de Reliquaires richemèmf1 enchafies : dans cette dernière clafle, on erl remarque plufieurs dans lefquels la beaut» du travail marche de pair avec la fomp-r tuofité & la rareté des matières qui y fontr employées ; nommément un petit Coffref0 d'or cifelé & émaillé avec un gout & uner' perfection étonnante. L'Argenterie d'Églife, eft ici dans une | profufion , dans une quantité qui étonne. 'D' Les Ornemens y font également dans ur,a nombre prodigieux , & beaucoup d'une ri- | chefie inconcevable.... On en diftingue plu- I fieurstravaillés a 1'aiguillepar la Peregrina, v: dont 1'exécution • & 1'effet méritent beau- I coup d'éloges. La Flèche , ou Aiguille qui s'élève dv f latte de la coupole , eft d'un travail fingu- c: lièrement foigné : Le defiein en eft légel. t! agréable & pyramide bien. 'Cette Flèche f° a, dit-on, cent dix-fept pieds.de hauteur; E elle eft terminée par une Statue de la Viergf • en bronze doré. Oh monte jufqu'aux piel de cette Statue par un efcalier (») prati- I qué dans des ornemens qui lient cette py- I ramide avec huit autres moins grandei t!l qui 1'accompagnent & lui fervent en mêmt | temp: [ ^ (*) Cet efcalier n'eft ni rude, ni difficile; il [ s'agit feulement de ne point manquer de tête , & defe bieu convaincre de fa vraie folidité, quoiqu'il foit travaillé comme un deflèin de dentelle II eft fuperflu de dire que toute cette flèche efl en marbre.  Z.n Italië, J3 jjtemps d'arcs-boutans, ou de contre-forts. I On ne peut fe faire une idéé de la belle ]& riche vue, dont on joui't lorfqu'on eft Brrivé fur cette dernière baluftrade... L'ceil jembrafle une étendue immenfe : c'eft, fans Icontredit, -un des plus beaux fpeftacles du toonde. I La Place qui précède la Cathédrale eft: jd'une forme ridicule : 1'infpeétion des lieux, indiqué combien il feroit facile de lui donner Ea noblefle dont elle eft fufceptible : il ne jfaudroit que facrifier une petite ifle comIpofée d'afléz laides maifons & ouvrir daivantage 1'iflue qui communiqué a la Piazza ïde' Mercanti. Piazza dt' Mercanti (*). Cette place, pi'eft certainement place que de nom : Le Icentre qui devroit être vide , eft occupé pat ïun vafte batiment (**) d'une ordonnance ■fort fimple , foutenu en arcades & par de ijforts piliers qui laifl'ent entièrement libre (*) Nous fuivrons ici, pour parcourir méthoIdiqucment cette ville, la diviiion adoptée par M mtle la Lande: il a tiré une Méridienne par la CaIthédrale, & une perpendiculaire fur cette Méliidienne: Cette opération idéale, lui donne quaIttre carrés, dont 1'examen fuccefïïf demande aflca ■ peu de temps. ——» On trouve-chez les frères wReycens, Libraires, un Plan portatif de Milan «ainfi que celui de la Cathédrale- les Vues de: li Mes Borromées, &c. &c. (**) Le Tribunal du Prêteur eft établi dam I] 1'étage fupérieur de cc batiment, dans lequel fon Ji également pratiquées les Prifons de cette Ma li giftrature. 1 Tornt IV. D ylilano: Piazza Mag. ;iore, Piazza de' Mercanti.  MHano: "Bourfe, Palais «'e jfiftice, Tour de 1'Horloge, Bibliothèque Amkroiüenne. 74 Nouveau F'ovagb ■ | toute la partie de plain-pied au fol de 1*| fi place : c'eft proprement la Bourfe , ou fej | rafiemblent journellement les Négocians & ï Marchands pour leurs affaires de commerce.J Le Palais oü liègent les Officiers muni-3 & cipaux ( appelé Palazzo deü' excellentif-] & fima Citta ) , décore un des cótés de cette] &« place : Celui oü s'affemblent les Doéteurs; f' du Collége ( Palazzo de' Dottori di CollM I gio ) , occupe le cóté oppofé. Le premier dl ces deux batimens, n'a rien de fort remar- F quable : le dernier s'annonce avec plus del t prétention ; il a pour lui le premier coup | d'ceil: La Tour de l'Horloge s'élève au een- f tre, elle donne un avant-corps dans lequel on a pratiqué une niche ornée d'une Statue! f pédeftre d'une exécution fupportable : en P général ce batiment offre une aflez belle; ° mafle. Bibliothèque sfmbroijïcnne. II eft peu;« d'établiflemenspublies auffi utiles, auffi mal | gnifiques que celui-ci; nous ne connoiflons v en Italië que le feul Inftitut de Bologne qui; V lui foit fupérieur: Son illuftre Fondateur («IJ aréuni a une très-riche Bibliothèque f une belle collection de Tableaux; une autre |i très-eftimable de fculpture; quelques antffl (*) „ Le Cardinal Frèderic Borromée, Arche- 1 „ véque de Milan, & neveu de St. Charles , dont „ il fuivic les exemples. (**) On croit qu'elle ne renferme pas moins \ de quarante mille volumes imprimés,_& prés de' vingt mille Manufcrits : on en a publié le Cata- ': lotjue; il eft .très-curieux.  en Italië. 73 ■aques; une très-riche fuite de Médailles; un fivolumineux recueil de Machines; un cabinet d'd'hiftoire naturelle; un Jardin botanique, &c. Le batiment dans lequel la Bibliothèque, f j& les falies de peinture , de fculpture, &c. fe développent, eft peu vafte & de la plus Ifimple apparence : il eft fitué fur une petite Iplace irrégulière : la principale entrée ne amanque cependant point de noblefle. i Un Veftibule, d'une aflez bonne idéé, Sprécède la Bibliothèque; il 1'annonce bien: ■cette feconde Pièce eft très-belle. La colHlection des Manufcrits, occupe une Salle parlticulière. I Une petite Cour (*) décorée en portiques Houverts, fépare la Bibliothèque du corps de flbatiment oü font difpofées les Salles de jjiPeinture, de Sculpture, &c. Cette dernière, ■que 1'on traverfe d'abord , oftre dé trèsabeaux platres d'apïès les Statues les plus icélèbres de Rome & de Florence; tels que rfl'Hercule du Palais Farnefe; 1'Apollon , jal'Antinoüs, leLaocoon du Belvedère; le irfchrift a la Minerve , par Miehei-Ange ; ,3|Attila mis en fuite, magnifique Bas-reliel ade 1'Algardi; la Vénus de Médicis , & le JlRemouleur de la Galerie de Florence; des ÉÏStatues pofées fur 1'un des Tombeaux de ijla Chapelle Sépulcrale de St. Laurent, par WMichel-Ange , &c. la „ On montre la forme d'un Do'gt du (*) On y cukive avec fuccès nornbre d'arbuf■ttes & pla'ntes cxotiqucs les plus curieufes & les 'al plus rares. ■ Milano: Cabiiiets de Peinture, Sculpture, I  MUaiio: Cabinet dt Tableaus. jG Nouveau Voyaüe pied du Colofle élevé a Arana, en 1'hottH! neur de St. Charles, qui y étoit ne. Le» voyageur qui n'ayant pas été aux IfleswJ'. Borromées, n'a pas vu cette immenfe Sta-»1' tue , peut s'en faire une idéé , en voyansË cette partie. " Quelques antiques originaux de beaucoupl^ de mérite , tant en marbre qu'en bronze ,1" de grand, de moyen & de petit modèle.i Divers Uftenciles, Meubles, Bijoux & autres r raretés antiques, d'une belle confervation. |F; Suit la belle Collecfion de Médailles , & I celle de nombre de morceaux infinimenEï* curieux appartenans a 1'Hiftoire Naturel-!. le,&c. (*) JP; La Salle de Peinture, eft de plain pied E' & communiqué avec la précédente : On y a raffemblé un nombre confidérable de Ta- '! bleaux choifis: Voici les plus remarquables. IT£ De Raphaël; „ Le Carton de 1'Ecole d'Athènes de la même grandeur que celles f1 qu'il a peinte au Vatican; morceau trés- 1 précieux." !; D'Annibal Carrache; „ une Vierge; Ta- li bleau très-ellimé. De Rubens; une Vierge environnée d'une t|! (*)Le fond dc ce Cabinet, eft compofé des ! morceaux d'élitc , que rei'fermoit le Muféum de 'Stttala , ajoutés a la Bibliothèque lors du décès „ du propriétaire de cette vafte & riche colleélion : |< Le nom de ce favant, de cet amateur célèbre, (« eft le meilleur éloge que nous puilüous faire des j> chef- d'ceuvres qui fe voyent ici, & qui fai» Ibient 1'ornement de fon cabinet.  zn Italië. 77 feuirlande de fleurs, peinte par Jean Breu- J Wiel : La Vierge & 1'Enfant font d'une! couleur fraiche & vigoureufe , digne de ce imaitre." ] Du Schiavone; une Adoration des Ma- l»es : très-beau Tableau. ] De Jules Romain ; la Guerre contre IMaxence. I Du Giorgioa; une Mufique ; Tableau de jl'efiet le plus piquant : II eft compofé & Ipeint avec une chaleur admirable. 1 D' Andrea del Sarto; un Saint Jéróme; jfe une tête de Portrait; morceaux eftimés. I De Pierre de Cortone; un Crucifix, fujpérieurement deffiné, mais peint avec un jpeu de fécherefle. j De Micliel-Ange de Carravaegio; un |Panier de Fruits... peint avec laplus grande Svérité. De Jacob BaJJan ; „ Les Pafteurs avertis |par un Ange de la Naiflance du Sauveur : la Vierge, 1'Enfant Jefus, St Jofeph & pluifieurs Pafteurs, &c. " deux des meilleurs Tableaux de ce maitre. I De Leonardo del Vinei; quatre bons TaIbleaux : une Vierge , une Duchefie de :L Milan, un Dofteur , & un Médecin qui L tient la main droite fur un poignard. f Du Correggio; le portrait d'un Docfteur. 1 Du Barrocchi; un Tableau fort eftimé: L, On y voit la Vierge qui adore 1'Enfant Jefus qui vient de naitre; St. Jofeph a cóté pil en contemplation, & au-deflus une Gloire M'Anges : Pair de fainteté & de fatisfaction frépandu fur le vifage de la Vierge qui eft D iij ilnno: 'abïntt (h fableaux.  Wilano: Ca tintt de Ta i !caux. (*) „ La Terre eft figurée par un Paradis ter^ leftre rempli de quadrupèdes. Pour la Mer , il a repréfenté Neptune & Thétis environnés de poiC ibns & d'oifeaux aquatiques. Pour VAir; c'eft une Mufe qui tient une Sphère & qui eft environ- née d'Oifeaux Le Feu, eft exprimé par des Forges & différens ouvrages forgés." (**) »> L*5 premier repréfente J. C. portant fa eroix; le fecond J. C. au Calvaire; le troifième, :la procefïion des Capucins du Saint Sacrement, le quatrième, uue "Vierge appaifant la tempête."- yH NOVVEAU VoVAVrE ■de toute beauté , eft frappant " c'eft ' 1'un des plus agréables Tableaux de ce maitre.' De Peter-Nef; la Cathédrale d'Anvers I la perfpective en eft très-jufte. De Jean Breughel ( de Velours ) , beaucoup de jolis morceaux. „ Les quatre Élémens, petits Tableaux admirables qu'il faut' yoir a la loupe pour en connoitre la difficulté & le mérite (*). " Du même ; St. Antoine dans le Défert, Du même; Daniël dans la Fofle aux Lions. Du même; une Vierge avec une Couronne & deux Vafes de fleurs. Du même; „ un Rat, parfaitement rendu. Du même; " le portrait de Merula, fa„ meux Organifte. Du même; „ quatre petits Tableaux enchaffés dans un Bénitier d'argent... „ Tous ces morceaux, font, en général, a, deffinés & touchés de la manière la plus' „ fpirituelle , & du plus grand fini. Une colleétion fort volumineufe de Manufcrits de Leonardo del Vinei, eft foi-  IE N ITJLIE. 79 eneufementrenferméedans des Armoiresqui | jbordent un des cótés de cette Salle : ils; ■renferment nombre de Oroquis & de JJelIfeins terminés de diverfes efpèces de MaIchines; de projets de Canaux ; de morceaux lcr Architeéturecivile, militaire & navale, &c. ■ On n'en permet que très-difficilement la ïvus , & lorfqu'elle eft accordée , a peine Ilaifie-t'on le temps de lire même les titres ■ de chacun de ces objets. I San Ambrogio (*) : nous dirons peu I de chofes de cette Eglife. On eftime beaucoup Ifur les lieux, le maitre-Autel, qui, véritali blement eft très-richement orné. f On confervé dans cette Eglife un Serpent 1 i'Alrain (**) , pofé fur une efpèce de coI lonne : Ce monument eft de fabrique ion '1 (*) O" voit da"s le voil'1MSe' la c'^a Borr0' 1 mta • „ remarquable non feulement par de beauj apparcemens, mais auffi comme étant le Palais di la maifon Bwomce, devenue fi célèbre par le non deSt. Cliarles Archevêque de Milan." San /Igojlino, eft peu diftant de San Ambro eio • le Saint Titulaire y a , dit-on , été baptife.. On 'montre dans le jardin une Chapelle eonftruit dans 1'endroit même oü il trouvale livre qui com menca fa converfion, & oü il entendit une voi lui dire, Tolle & lege, San Francefco , eft dans lememe quartier : „ u voit dans la Chapelle de la Conception, un ■VieTge avec deux Anges, peinte par Leonaru ij del Vinei. 1 (**) Voyez a ce fujet la differtation 59eme « I Muratori, dans fes /IntiquiUs d'Italië , & Cbronvlogiqse de M. de St. Mare, tome 3, a la as. D iv dilano : an Amb.-e;io , Sêr>ent d'ai■ain, San kgoftino , 5an Francefca. L [ 1 E i e 4  IWHano : Snnta Maria flelle Grazie. .1 'i 't « 1 1 c a t 1 #0 NoXTFEAV VOYAGE ancienne, mais d'un mauvais travail: Des f antiquaires croyent qu'il fe rapporte a I: quelques traits hiftoriques , fur lefquels ils f donnent leurs conjeétures; d'autres Pefti-lf1 ment un Efculape , d'autres encore tinei0 imitation de celui élevé par ordre de Moïfe 1 f dans le défert. .. Le Peuple tranche la difJ i* ficulté, en le regardant comme le Serpent (en propre perfonne) fabriqué fous les veuxj ! de Moïfe. F La Bibliothèque de cette maifon eft con- ^ fidérable , & ornée de Tableaux eftimés: D Nous ne l'avons point vue. Santa Maria delle Grazie; Eglife de Dominicains. On y voit dans une « 3es Chapelles a gauche, un Tableau fort » iftimé du Titien, repréfentant le Couron- f nement d'épine : II eit bien confervé & f 1'une beauté de coloris admirable... Les [C! jmbres cependant ont fortement noirci. C'eft dans le Réfeétoire de cette maifon $ me 1'on voit le Tableau le plus célèbre de kli Leonardo del Vinei, il repréfente la Cène du it Jauveur (*): „ II eft peint a frefque , bien '«• ompofé (**), vigoureux de couleur; il l:; (*) M. Cochin (torn. I, pag. 42 , y obferve ua ,, éfaut flngulier ; c'eft que la main de St. Jean a „' x doigts J.. . Avant lui Addtjon avoit fait la même ,,' emarque. Voy. le toni. IV, pag. 22, du Voyaffe ' ,1 e Mijfon. 1 1 (**) Nous obferverons quant a 1'éJoge donné tt la compofition, qu'elle ne nous paroit pas dans v sutes fes parties également eftimable. Celui des t! tpótres (nous croyons que c'eft St. Pierre) ets . ij,  en Italië. Si Keft point dans Ia manière fèche de ce imaitre, & il eft moins maniéré qu'aucun Ide fes ouvrages; la Salle y eft bien en perfJpeétive... Les têtes font belles, de grand |caraétère & bien coiffées; il eft bien draJpé, & en général fort dans le goüt de Raijphaël (*)." I „ Le Tableau de 1'Autel de la Chapelle Idu Rofaire, eft également de Leonardo del 'vlVinci. On trouve très-plaifante Pidée d'une 83des Peintures a frefque de la vie de Saint«Dominique, oü Pon voit le Purgatoire placé dau fond d'un puits, & la Sainte Vierge leolloque avec St. Jean, fournit un épifode,qui, |au premier coup d'ceil, paroit fort étranger a la jfflgravité que 1'on s'attend de voir régner dans un Ipareil fujet : le St. Jean eft coiffé comme une ifemme, fa carnation en a toute la fraicheur, & ifa tête exprime même une finefle riante, qu'on slprendroit a la rigueur , pour PexprefTion de 1'enIvie de plaire & de la coquetterie : L'Apötre qui iflui parle, a fa tête fort proche de la fienne; fon jiair, n'eft rien moins que févère, & fes yeux qui Hfont fenfiblement dïrigés vers la poitrine du St. (sffean, fcmbknt précéder le mouvement de fa main Hdroite, qui paroit également s'y porter. jl (*) Le père Galaratc , religieux de cette iimaifon, eft occupé depuis plufieurs pnnées arendre ifen miniature ce beau tableau : Son travail eft fort cfivancé, & il eft digne d'éloge : fon cabinet eft (llcelui d'un artifte plein de talens & de goüt ; 3lil eft décoré par ua nombre confidérable de jolis jimorceaux, tous de fa main : la plupart font des qlcopies des tableaux les plus célèbres d'Italie; ulcette colleétion eft charmante & mérite d'être iLdeux connue. Milano : Santa Maria delle Omzie.  ■ #2 Aro uve av Vovave Miiimo : Palazzo Li ta, San Mar- «Q, (*) Cette maifon jouit depuis nombre d'anl nées, de la réputatiou la plus diftinguée ; ella eft habituellement le centre de la meilleure, de> la plus délicieufe compagnie ; & la magnifkence & 1'urbanité , torment lc caractère diftinétif de* maitres qui 1'habitent. C'eft un éloge que tous les étrangers qui y ont été admis, s'empreffent de publier : il n'eft aucune maifon en Italië, qui, a cet égard, peut lui être comparée. Peu loin du Palais Lita, eft 1'Eglife des 01 ivetains, appelée San Pittori, récemment reconftruite & très-richement décorée : nous ne lui. connoifiuns que ce mérite. puifaat des ames avec un Chapelet qui fait \ la chaïne." Le chemin que nous parcourons, nousi conduit vers le Palais du Marqui Lita(*) : ce batiment eft 1'un des plus vaftes de Milan : 1'extérieur en eft noblementf orné. L'intérieur n'a pas moins de mérite; on y remarque une diftribution trés-bien penfée, & des appartemens meublés, avec autant de goüt que de richefle. San Marco; grande & vafte Eglife, 1'une des plus belles de Milan : on y voit quelques Tableaux de mérite : Le plus eftimé eft celui oü le Procaccino a repréfenté la Difpute de St. Auguftin avec St/ Arnbroife ; il eft placé dans le- Sanétuaire a droite. LeBaptême de St. Auguftin, décore le cóté parailèle; ce fecond Tableau eft du Cerano; il eft bon, mais moins que le précédent. On remarque encore quelques Frefqués Se Paul Lomazxp; peintes dans la première  en Italië. 83 Chapelle en entrant dans 1'Eglife a droite; celle fur-tout repréfentant la Chute de Simon le Magicien. " Les murs des deux Cloitres font remplis de Peintures, parmi lefquelles, on en remarquera d'heureufement traitées. Dans le premier de ces Cloitres, on trouve un petit Maufolée antique de marbre, encaftré dans le mur : la forme, en général, eft petite & fans cara&ère. On y voit audeflus de la repréfentation d'une Femme couchée ( vraifemblablement celle pour qui ce monument a été élevé) les trois Giices exacftement nues, „ dont deux qui font vues pardevant, montrent diftinétement & fort en grand le caradère 'de leur fexe." Elles s'embrallent bien , ,& le defiein , fans être des plus correét, eft agréable & coulant; La proportion de ces petites figures eft de fept a huit pouces. Elles ont fouffert; on les a reftaurées, & il eft fenfible que le cara&ère de leur fexe, fi fingulièrement marqué , eft Pouvrage de quelques mains modernes, voluptueufes; mais peu adroites. Santa Maria in Brera.; grand & beau Collége avec le titre d'Üniverfité , dir'igé précédëmment par les ci-devant Jéfuites. Cette maifon n'eft point (& vraifemblablement ne fera jamais) finie : ce qui efl exécuté eft beau; 'le batiment du milieu & Paile droite font élevés : il règne au rez dfi chauffée, de même qu'au premier étage, une galerie décorée en colonnade; on y a employé, les ordres dorique & ïonique : 1'ue & Pautre font un bel effet. D vj Wilano-1 Santa Maria n lirera.  Porta Beatrjce, (*) Pres de ee Collége eft la Porta Beatrist (ou Porta San Marco ); nous ne 1'indiquons ,, que paree que c'eft de cette porte que commence le Canal tiré de \A,hln, appelé Martefana i M'qus avons vu (ci-devant) 1'nutre point de dé.- 84 NOU F EAU V0 Y A G E Le grand Efcalier, placé au centre du batiment fe développe avec noblefle ï on y voit dans une efpèce de niche une Statue coloflale de la Vierge : on a placé en faillie, au pied & contre le piédeftal qui la fupporte, un globe de marbre fitrmonté par un Serpent de bronze ; autour de ce globe , lègne une zone auffi de bronze, fur laquelle font repréfentés en reliëf plufieurs fignes du Zodiaque, parmi lefquels font le Sagittaire & le Verfeau, & c'eft de Purne de celuici que Peau fort quand on fait jouer la pompe qui eft prés de ce globe : Le furplus de Peau puifée eft recu dans un baffin de marbre en forme de coquille... En général cetse compofition eft moins belle, que f.ngulière : Quant a 1'exécution,. elle eft au total aflez médiocre. Les Salles d'études font belles & bien diftribuées. La Bibliothèque de cette maifon, joint 'a Milan, d'une haute réputation; on la fait ' marcher de pairavec celle Ambroifiënne : Une colleétion célèbre de Médailles en fait partie. L'Obfervatoire pafte pour un des beaux. d'Italie, & leplus complet en inftrumens aftronomiques. (*)  en Italië. %5 San Fedele; Eglife précédemment dépendante de la Maifon profeffe des ci-devant Jéfuites : les uns attribuent- au Bramante , d'autres au Ptlkgrini, cette comIpofition, regardée a Milan, comme 1'un de lleurs plus fuperbes édifices : il y a certaiIriement de bonnes parties, & a tout prendre li] mérite d'être vu. La Douane ( ci-devant Cafa Marino), eft iun des beaux morceaux d'architeéture de Mifllan; nous nous gardons bien de le citer comime le plus correét, le plus régulier,.mais comtne 1'un de ceux qui fotment le plus bel effet. [Palazzo Durani, fitué fur le Corfo di ËPorta Oriëntale (*). La facade de ce bati- ïpart de ce même canal, a mi-chemin a peu prés :de Bergame a Milan. La Cafa Cufani, eft dans le voiiï'nage; ce j batiment eft d'une fort belle apparencc La j Cafa Simonetta , n'eft pas fort éloignée ; ce ba1 timent eft également d'une bonne conftruétion. ' La Cafa Clerici. „ Maifon fuperbe, meubiée |w avec magnificence, & dans le meilleur ftyle ; lw c'eft ce que 1'on cite de préférence a Milan I E pour un modèle d'élégance & de goüt." Nous I n'avons point vu 1'intérieur. ! (*) „ On donne a Milan le nom de Corfo, h 1,^ toutes les grandes rues qui pourroient fervir a ]„ la courfe des chevaux : Tel eft le Corfo dïPorta. \-yVercellina; Corfo di Porta Roiaana, &C. tj Dans le voifinage delle' Porta Oriëntale , eft fituée êsanta Catherina ( /* Brera ), jolie Eglife- de reli■ gieufes, ornée avec goüt. f La Cafa Arefe , fort bel hotel; dans lequel fe itrriuve , dit-on , une belle collettion de Tableaux. li Nous ne l'avons point vu. Milano; Santa Fedele, Cafa Cufani , Cafa Simcmetta , Cafa Cleriri , Palazzo Durani, Santa Catherina in Brera. Caft Arele.  Mil'ano : i Seminarie) , CuIlegioEI %G No ur eau Vota ge ment, eft d'un très-grand caractère; elle offre de fort belles mades & quelques heureux détails. Le Sé min ai re, eft 1'une des belles fondations de St. Charles : ce batiment pris dans fa totalité, eft d'un fort bel effet: La cour eft entourée d'une galerie formée par des colonnes accouplées : cette difpofition très-noble fe répète dans 1'étage fupérieur. La Porte d'entrée eft mauvaife; uneplate-r bande (puifqu'il ne vouloit pas la ceintrer), eüt infiniment mieux fait, que lespans coupés, par lefquels elle eft terminée. Toute cette compofition eft de Jofeph Mela (*). 1; Le Collége Helvétique; autre fondation de St. Charles, fupérieure encore a la précédente. Ce qui eft exécuté de ce batiment (**>, a été élevé fur les defleins du Pellegrini: c'eft une fort bonne chofe a voir, quant aux mafles principales, Penfemble a beaucoup de noblefle. Deux cours, qui fe communiquent, font entourées de colonnes, qui, de même que dans le précédent batiment, laiflent régner entr'elles &le mur de clóture, une galerie qui fuit le même plan, & qui fe répète également au premier étage. On remarquera que 1'arcbite&e a employé dans les angles des Pilaftres carrés au lieu de Colonnes : Ce mëj (*) On voit dans la première cour de cette maifon une fort belle colonne de granit couchée a :erre; elle méri'teroit bien d'être élevée qurlque sart. - ^ (**) Le cóté droit refte a faire.  en Italië. 87 lange peine a 1'ceil du connoifieur; une colonne étoit auffi folide & feroit mieux (*). Lazzareto, Höpital fitué hors la Porte Oriëntale... iladeux cents trois toifes de longueur & cent quatre-vingt-dix-fept de largeur : les grands cótés ont chacun cent trente-une arcades & les petits cótés en ont cent vingt-fept : Ces arcades font portées par de mauvaifes petites colonnes... & renferment deux cents quatre-vingt-feize ; chambres a cheminées Au milieu de la cour eft une Chapelle de forme oétogone ■ difpofée de manière a être vue de prefque toutes les chambres, &c. (**) ' Cafa di Corrczione, Höpital général nouvellement reconftruit, fitué au nord de h (*) L'Hótel de M. le Comte Firmian, MinifL tre plénipotentiaire de Sa Majefté Impériale Sc Royale, eft dans le voifinage; il eft peu remar1 quable, il n'a même nul mérite dans fes dehors ; 1 mais la diftribution en eft fagement penfée : les : appartemens font ornés moins fomptucufement , ique noblement, & avec goüt; on y remarque 1 quelques Tableaux de prix, & une Bibliothèque i nombreufe, & du plus excellent choix. Ce Miniftre, fi univerfellement chéri des peuïples que fon adminiftration rend heureux, jouic , dans tout le refte de 1'Europe de 1'eftime la plus1 étendue , & la mieux méritée. ' r**) „ Ce grand édifice, eonftruit autrefoi» - pour les peftiférés par Louis Sforce en 1489 , a! été achevé par Louis XII en 1507. II ne fert guères i, aujourd'hui qu'a tenir une partie des chevaux du1 Prince de Modène; & 1'on seme du gazo» „ dans la cour." Milano : Lazzar<;o , CafidiLdf— rezioue.  88 Nouveau Voyage Milano : . CafadiCOr lezione. Ville & dans pintérieur des remparts. En- J1 " viron un tiers du plan général, eft feulement ,; élevé : On y remarque une diftribution j l parfaitement entendue , & c'eft de tous j | les édifices de ce genre, celui qui nous a paru le plus digne d'éloge. Tous ceux qui ^ y font détenus, font cenfés n'avoir point j; commis de fautes graves : Les pauvres y B font foulagés , & 1'on y occupe au profit ü de la maifon, tous ceux en état de tra-| |j vailler; on les y oblige même, non-feu- p lement par la voie de punition, de chatiment; a mais plus encore par les récompenfes pécu- k nieufes qui leur font affurées: L'adminiftra- j, tion y re$oit auffi des fujets ala follicitation & de Pères, Mères & chefs de familie. Les Prifonniers font renfermés feul a jj feul dans des cafés ou cellules qui ont huit til pieds de profondeur, fur fix de largeur, & un peu plus de fept de hauteur : Elles |a font éclairées par une fenêtre extérieure |j, d'environ deux pieds d'ouverture, & par j, une feconde pratiquée a cóté de la porte, i( & par laquelle regoivent leurs alimens & j autres néceffités, ceux que 1'on juge devoir plus particulièrement relferrer. -Chaque corps de galerie, eft d'un trésgrand vafte ; c'eft proprement un immenfe falon ; de hautes colonnes embraflent les trois étages de logement; elles laiflent au rez de chauflee un large paffage , & un efpace fufnfant entr'elles &la clóture extérieure des cellules, pour donner au prifonnier celui nécellaire pour s'y occuper de divers menus travuux, dans les heures qui lui appartiennent»  EN lTAl.lt. %9 Tont ce que 1'on peut imaginer pour naintenir le meilleur ordre , la plus grande jropreté & falubrité poffibles, fe remarque ci dans un degré d'intelligence fupéneure. Les Galères. Ce n'eft que depuis raelques années, que le gouvernement cefle 1'envoyer a Venife (*) les malfaiteunque es Tribunaux condamnoient a la chaine; bit pour un temps limité, foit pour leur Ie ; il a fenti qu'il étoit poffible de tirer juelquesfervicesdeces criminels, & a 1'imi•ation de prefque tous les fouverains d'Allemagne, on les employé ici a une infinite de •ravaux pubkes; ils offrent d'ailleurs ala multitude, un exemple permanent de la furveiliance de la juftice, & la crainte de ne pouvou lui échapper & d'épsouver un pareil chatiment, peut empêcher bien des crimes. Mais le Magiftrat en puniflant d aprei la loi, n'a point voulu multiplier a 1 mfin leurs peines: ces malheureux font chaufle & couverts: leur nourriture eft-faine & lui fifante, & leur prifon n'eft ni dangereufe |i hideufe, ni cruelle (**). On a fait choi: (*} La république anciennement les Tecevoi indiftinétement; enfuite elle ne voulut plus re tenir que ceux qui pouvoient lui etre le plu Itiles ? & comme le fupplice de VEflrapvte qu 1'on donnoit alors avec rigueur, eftropioit lot ,vent pour la vie ceux qui en étoient pums el fefufoit ceux-ci, qui dès-lors, refto.ent a 1 ï: char ge du Souverain de Milan. ' (**0 Bien différente eu cela de celles qui vier 5,«ent récemment d'être conftmites a Brugcs, MKIano ; les tialères.' L c c s e ' e a a  ftfilano: les Galères. go Nouveau Voyage d'un emplacement parfaitement aëré & dan*: lequel circule un fort volume d'eau courante. On trouve au rez de chauffée une cour, aflez vafte dont on accorde la jouifiance 1 ceux que 1'on juge mériter cette condef-; cendance (*). La Cuifine , la Boulangerie, la Buanderie, 1'Infirmerie, &c. font placées dans le bas, & chacun de ces objets le plus avantageufement poffible: on ne peut trop faire d'éloge de cette difpofition. On a établi dans 1'entre-fol (**), nombre de Métiers de différentes étoffes de laine,* auxquels on occupe ceux des prifonniers qui les exercoient ci-devant avec fuccès, & ceux que 1'on juge avoir des difpofitions pour les apprendre. Leur travail journalier eft au profit de la maifon, avec néanmoins cette indulgence, que ce qu'ils ouvragent ou fabri'quent les jours de fêtes & dimanches, ou dans leurs heures de repos, eft a leurprofit. On les réunit chaque foir & lors de la] . . Gand , a Bruxelles: dans ces dernières fur-tout il femble qu'on aft pris a tacbe de raffembler tout 'ce qui pouvoit faire nasitre dans le cceur du prifonnier & le dcfefpoir, & la mort. ( * ) On a pratiqué dans une partie de cette cour quelques boutiques , dans lefquelles, a d«: certains jours, ils étalent les ouvrages qu'ils ont 'faits pour leur pront particulier. (**)Cet entre-fol eft trop bas & ne recoit point affez d'air : Celui qu'on y refpire eft dangereux; auffi fe propofe-t'on d'y remédier inceffamment.  S NT ITJLIE. $1 Ifiatión de tout travail dans une large gaerie, foutenue par des colonnes qui mon-ent de fond, a 1'une des extrêmités de laauelle eft une Chapelle très-propre.De droite & de gauche, on a pratiqué trois etages de corridors ouverts de huit a dix pieds de largeur- c'eft fur ces corridors que couchent Les For9ats. Ils font en tout temps enchainés: on y ajoute chaque foir une nouvelle chaine qui les afiüjettit tous 1'un a 1'autre, fur la même file; cette chaine embraflani la longueur totale du corridor : conféquemment on en eft abfolument les maitres. L'bi ver, cette vafte falie eft échauffée par ui poële. . i Les Prisons. Le proverbe qvu dit, qui I rien n'eft plus trifte que la porte d'une pri fon , ne peut avoir lieu pour celle-ci : Oi iri v entre par un portail fort dicoré; une valt ' cour diftribue au rez de chaufiée une galen "» en portiques ouverts formée par des colon t. nes accouplées, qui font un aflez bel effei II II n'exifte certainement point de prilo dont les abords foyent auffi magnifique Les Cafés oü font détenus les prifonnie ■ ordinaires, font au rez de chauflee : i x Salle oü ils fe tiennent le jour eft éclairs ''ipar de grandes arcades, fermées par c ; doublés grilles a travers defquelles ils ont l 1 liberté de parler a tout le monde (*). Dij — ■ 1 ' ' C*") „ Cafa Caflelli, que 1'on trouve prés < è! , „ canal, en allant par le Corfo di Porta Tofa, < ii| „ un des beaux Palais de la ville : nous ne 1 ;. „ vons point vu. Milano : Carceri. I 1 n •s a e .e ia lu :ft a-  Milano: Ta lais Arcliié' pjfcopai. 1 j c f S S t)i Nouveau Vovaoe ~L? Arclitvtchi: 1'extérieur de ce Palais efll peu remarquable , mais il renferme une col-J ledion de Tableaux fort eftimés. Du Giorgion; Moïfe fauvé des eaux ;| y, C'eft un chef-d'ceuvre; les têtes font bel-l „ les & pleines d'expreffion, les chairs trésJ „ vraies, &C." Du Guerchino; Judith, dans 1'inftant oü elle coupe la tête a Holopherne; David tenant la tête de Goliath : deux petits Tableaux peints fur ardoife. „ II y a beaucoup d'aftion & d'expreffion dans le premier, ,, il eft même piquant d'effet, &c." Du Procaccino; une Magdelaine confolée par un Ange. Du même; le MariagedefainteCathérine; très-beau Tableau; la tête de la Sainte eft, on ne peut pas plus agréable; celle de la Vierge a beaucoup de noblefle, & le Bambino eft très-joli, il donne fa main a baifer ï Ste. Cathérine avec beaucoup de grace & le naïveté, &c. Du Palmo Vecclüo; la Femme Adultère: „ Tableau compofé fagement & 1'un des , meilleurs de ce maitre pour la couleur , locale & Pexprelfion." De Michel-Ange Carraggio; un St. Sé>aftien , peint d'une trés-grande manière; l eft d'un excellent effet. De Carnaletti; une belle fuite de Vues e Venife. Le Martyre des faintes Seconde & Rune ; Tableau de trois Peintres différens; te. Seconde déja morte, eft du Cerano ; te. Rufine prête a recevoir le martyre, eft  EiV Italië, 93 Ju Procaccino; le Bourreau eft peint par e Moraz£one : „ Ce Tableau eft vigoureux , de couleur; les ombres ont fortement , pouffé au noir. Du Morazxpne; une Adoratïon des Ma-es : ce Tableau eit compofé & peint dans 'a manière du Titien, dont il étoit élève; nais il eft très-loin de la perfection de ce :rès-grand maitre. Du Panini; une fuite de Tableaux qui empliflent feuls une très-grande falie; il y i repréfenté divers fujets de Tanden & du aouveau Teftament- Nombre de Defleins de differens maitres; ie Leonardo del Vinei; de Michel-Ange; 3u Guide; de Paul Veronefe , &c. La Passione; Eglife de Chanoines Réguliers : la fac^de eft ornée „ de plufieurs Bas-reliefs qui repréfentent d'une manière ïxpreflïve & pathétique les différens myftères ïe la Paffion." Ces Bas - reliëfs exceptés., toute cette compofition eft des plus médiocre. On regarde comme deux des meilleuTs Tableaux du Campi; celui placé au-deflus de la principale porte d?entrée, dans lequel il a repréfenté, „ St. Charles Barromée a fon bureau, méditant fur un Livre, a cóté duquel eft fon déjeüné." Le fecond décore la première Chapelle a droite; il a pour fujei urne Ste. Familie : ce dernier eft fupérieui au précédent. Fopone ou Sepolchri dell'Ofphal Magmore. On ne prendroit jamais cette conftrudion pour un Cimetière', & nous n< Milan» : Palïïonc, Fopone.  «)4 Nouveau Voyaue San Philippo deNery. San Baniaba. croyons pas qu'il en exifte un plus magni.| fique en Europe (*). La malle générale ;l la forme d'une croix grecque dont les quatr» extrêmités font arondies; une galerie fou-ïi tenue par des colonnes accouplées, donn* intérieurement une décoration d'un trèsi beau genre , mais 1'ordre dorique qui la caractérife, n'y eft pas employé avec pureté; & les licences qu'on y a pnfes, réuffiffem mal. Cette galerie eft exhauflëe du fol intérieur de quelques marches; les caveaux qui fervent de fépulture font diftribués fous cg portique : De vaftes fenêtres grillées font pratiquées fymétriquement autour du mui extérieur, ou de clöture ; elles donnent autant de percés agréables fur la ville & fur la campagne. On a bati au centre de 1'efpace vide, une petite Eglife que 1'on a aüujettie au plan général; elle eft proprement, mais fimplement décorée (**)• , 1 (*) Le Cimetière de Bt/fatora (fitué dcuX poftes en avant de Milan fur la route de Ferceilli'), eft imité de celui-ci; il eft d'une conftruétion également curieufe ; nous invitons d'y jeter un coup d'ceil : le temps de relayer fuffit, pour s'y faire conduire & rejoindre fa voiture. (**) On peut voir en fe repliant vers le centre de la ville, 1'Egiife de St. Philippe di Néry} elle eft petite, mais ornée avec goüt. Sa» Bamaba : „ Le grand Autel de cette Eglife'; „eft remarquable par fa propretc & fa richefle';' „ il eft tout garni de petits panncaux d'écailles „ enchafics dans des cadres d'argent, &c."  EN JTJLIE. SÓ Bibliothèque Pertufati ) dans le Borgo fi Purta RomanaJ , que la ville a achetée lans rintention de la rendre. publique; an 1'eftime encore plus que la Bibliothèqut fvmbroifienne, du moins pour la rareté des ivres & des éditions." Nous ne l'avons ?oint vue. Lo Spedale Maggiore, vafte ba:iment décoré avec une richefie furprenante. La cour principale , eft, a peu prés carrée ; :11e peut avoir trois cents cinquante pieds: :11e offre deux étages de galeries ; celle p rez de chauflee eft ornée de colonnes bniques; 1'ordre compofite caradérii'e 1'éage fupérieur : ces deux ordres font eirii jloyés avec toute la pompe & la richefle lont ils font fufceptibles, mais non avec 'élégance qui leur eft propre. L'entrée principale de la Chapelle donne 'ur cette cour; on doit y voir une Vierge , )eau Tableau du Guerchin , placé fur le rand-Autel. On porte le nombre des Lits dreflés dans :et Höpital a douze cents. „ On y élève, lit-on, jufqu'a quatre mille Enfans trouws ... Toutes les falies font voütées." Palais Ducal. On eft occupé aétuelement a y faire de grandes augmentations, k autant d'embelliflemens que le local des deux peut le permettre. La nouvelle faeade bft d'un bon genre; on donne le plus de ■égularité qu'il eft poffible aux cours, & i'on améliore également 1'ancienne diflriaution. L'enceinte qu'occupe ce Palais, eft ,'ort vafte. Milano: BibliothèquePertufati , lo Spcdaie Maggiore, Palais Ducal.  Milano : SanNazaro, <)G Nouveau Voyage C'étoit prés, & même attenant ce Palais < Si qu'étoit conftruite la belle Salle di ,ces Spectacle, qui a été récemment in- ,s cendiée : On en eonftruit maintenant une autre dans un emplacement qui paroit de! e plus favorable: cette Salle fera trés-vafte, Ite, & le travail en avance beaucoup (*). j mi; San Nazako (**); grande Eglife Col. bc légiale, fituée prés de la Porte Romaine : ell< lomi eft précédée par un porche ou veftibule df le 3 forme octogone qui monte de fond : au léco deffus du premier ordre on voit huit Tom. hier beaux de la familie des Trivulzi: Ces Tom li beaux font traités avec la fimplicité propri mrr a ce genre de monument, mais on en au bit roit dü varier davantage la forme. En gé ml'; néral ce veftibule fait un bon effet; il ej k vraifemblable qu'il afourni l'idée de la Cha w jelle Sépulcrale de St. Laurent d Florence, m San Ti )ks mfr i-i ■ i - rbiï (*) Cette Salle eft élevée fur remplacement d'un i ancienne Eglife ou Oratoire, qu'on a démolie jtli cette occafion; opération, qui, comme on doit 1 ^ croire, n'a pas fort édifié nombre de dévot ffl Milanois... Mais quand on fupprimeroit uw ( centaine encore de ces petites Eglifes, il en rel 1 teroit beaucoup trop, même dans la fuppoiition o\ ^ la population pourroit augmenter au doublé d celle aftuelle. II n'eft aucune Ville Catholiqu p en Europe (Rome même cemprife) oü 1'on compn a fe autant d'Eglifes, de Monaftèrcs, de Chapelles uej -de Confréries, &c. &c. qu'a Milan. ' Kj: (**) On pourra diriger fa marche pour % iendre ici du Palais Ducal, par la Cafa Annont \% ce Palais eft décoié d'uuc manière intéreffante. ' \f i  en, Italië. . fes feuls mérites : le plan femble être caU qué fur celui de St. F"aa\ de Ravenne: C'eft un oétogone, fur quatre cótés duquel eft ajoutée par forme de prolongation, une petite nef terminée en cul-de-four! Une colonnade qui fuit le même plan, diftribue dans tout le pourtour une galerie qui tient . lieu de petites nefs ou bas-cótés. L'intérieur de la coupole fait aflez bien , & les tribunes pratiquées au-defius du premier ordre, fe préfentent avec quelque noblefle. Extérieurement cette compofition a peu de mérite, Ia courbure de la coupole s'élance troppréeipitamment; elle eft mal couronnée. On voit prés de cette Eglife un aflez beau refte d'Antiqiïai, le feul qui fubfifte encore a Milan : il confifte en feize colonnes corynthiennes cannelées de marbre, difpofées de manière a faire juger qu'elles formoient le portique de quelque édifice (* ) vafte & fomptueux : Elles font pofées fut un foubaflement dont une partie refte enterrée. Ces colonnes ont erjtr'elles un égal  E N ITA L I E. ïö1 efpacement, les deux du milieu excepties,: qui paroiflent douner une diftance a peu prés doublé. Dans leur état actuel il eft aflez difficile d'en juger; aucune n'eft entière: Ce qui fubfifte des bafes, eft d'un beau profil ; quant aux chapiteaux , toutes les parties faillantes ont difparu : 1'ancienne architrave fe voit encore dans prefque toute fa longueur , mais la frife & la corniche font détruites. Une main mal - adroite , ignorante , a réuni 1'entre-colonnement du milieu par un grand are eonftruit en brique: Uien n'eft plus mauffade & plus ridicule. II eft trifte qu'on n'ait pas fu profiter de cette colonnade lors de la conftruftion de JSan Laurenzo: on a fait ici la même faute qu'a Rome, a 1'égard du Temple de Favftine* On a bati en retraite de ces deux belles ruines, quand rien n'etoit plus facile & plus avantageux , d'unir avec 1'ancienne la nouvelle compofition. Santa Marta (*); Eglife de religieufes dans laquelle on va voir la Statue de Gafton de Foix (**) , en marbre; mais plus intéreflante par le héros dont elle rappelle la mémoire, que par fon mérite propre. Nous neferons qu'indiquer ici les Eglises de San Aleffandro, & San Sebaftiano: La (*) Cafa Vifconti, eft dans le voifmage; ce batiment fans être fort beau, eft d'un grand caraftcre. {** ) Les Bas-reliefs qui ornoient 1'ancien Maufolée , font aujourd'hui partie des curiofités qui embelliffent Cajlellazzo, E iij ianXaufcr; '.o, Ruines, ;anta Maria, San Alef~andro,SanSebaftiano., ~ai'a, Vii'-  Promenades publiques. i'xctirjioa At Kiian i Pavie. (*) Nous laiflbns encore les Eglifes San Paolo; San Eujlarchio , San Eufcbio , &c. pour teux qui ne veulenc abfolument rien perdre. 762 NOUVEAU VOYAGE première eft vafte & fort ornée; le mat-1 tre-Autel eft d'une extréme richefle, mais 1, d'un aflezpauvre travail: on regrette de voir I autant de matières précieufes, employees i avec fi peu de goüt. La feconde (SanSebaf-1 liano^) , eft d'un goüt de conftruétion mieux I penfé & que Ton parcourt avec plaifir (*). I Promenades. Plufieurs longues portions des remparts font ornées d'arbres & fervent a 1'ufage public : La noblefle paroit avoir adopté Pefplanade qui eft en-j tre la ville & la citadelle : On y voit un peu avant le coucher du foleil un nombre aflez coniidérable de beaux Equipages. On arrofe avec foin , non feulement la promenade proprement dite, mais encore les principales iffues qui y conduifent: les forcats font occupés a cette police. t**Oif compte deux poftes de Milan  tio Nouveau Voyage Cafa Lamate, Sefto. Avis utile. è Scflo , ne peut convenir qu'd ceux qui veulent jouir de la vue de la plus grande partie tlu lac , S? qui ont une belle pafion pour les voyages par eau. (*) Ils ne craignent point de demander troii & quatre zéquins; le prix ordinaire, & oü ils fe tiennent, eft de douze k quinze livres de Francei dix-huit livres de France eft le prix commun pour une barque a quatre rameurs : ils ont fouvent beaucoup de peine. (**) L'Auberge de Sefto, n'eft point mauvaife; on fera bien de s'y approvilionner de vivres ( fi 1'on n'a pas pris cette précaution de Milan ) , 1'Auberge de Laveno, étant habituellement mal •vituaillée, & en général mauvaife. ble, il eft fitué fur la rive gauche du Tejfin 1 a environ un mille de fa fortie du Lam Major. On trouve tci des Barques toujours prêtesM pour fe rendre aux Ifles Borromées, & lék concurrence amène les bateliers d uh prixm raifonnable (*). II faut, i ° faire choixm, de la Barque la plus large & la plus foli\t de, paree que la navigation fur ce lac jL n'eft pas toujours agréable (les coups dm vents y font même frêquens & dangereuxM, nous parions d'après l'expêrience); & fairqL prix pour quatre rameurs : 2 ° retenir pourm. tout le jour la barque d fon fervice, & co/i-l.; venir que 1'on s'arrétera, d Arona; d lTfola Bella ; lTfola Madre, & que 1'on ira d Laveno. II ne faut pas moins de huit grandes heures, pour fe rendre de Sefto (**J aux Ifles même avec vent favorable.  £N~ ItALlZ. til I» • Les coteaux & les montagnes qui bordent: -£, le Lac Major font aflez variés, & néanmoins tout ce découvert eft peu agréable: l'eau du lac, eft de la plus grande limpidité. La-petite Ville d' A r o n a (*), eft fituée ^ il environ fix milles ( & fur la gauche a parF jtir ) de Sefto, a mi-cöte d'une montagne *' aflez élevée. On a profité d'un tertre aflez /ï't vafte & dont la tête s'avance fur le lac en 'J; forme de cap, pour ériger a la mémoire 11 de St. Charles Borromée une Statue colofm fale faite de cuivre battu, d'environ foixante ^ pieds de hauteur (**), pofée fur un piédef!* tal, qui en a a peu prés quarante d'élévation. Un coup de vent lui a enlevé le Chapeau de Cardinal qui le couvroit; on ne le ^ lui apoint rétabli. On ne découvre ce colofle, que lorfqu'on eft parvenu fur le plateau m au centre duquel il eft élevé : Sa proportion étonne d'autant plus vivement alors; _ mais c'eft le feul fentiment que ce monu1 ment fait naitre, paree que le travail en i rif ! -t$ .mm~~-~-~~~~-~~~~~~~~——————————• . \ (*) „ Arona , en Piérnont, avec titre de FrinM L cipauté, appartenant a la maifon Borromei; cé3si L lèbre pour avoir vu naitre dans le Chateau, («! , „ Saint-Charles , &c. Sa Majeflé Sarde. entretieni vu „ une petite garnifon dans uue forte de fort conf(ent > «uit au-deflus de la ville; ce pofte commande v une partie du Lac. ni' (**) L'Hercule en bronze qui couronne la cafna icade de pare de Hefe-Cafel, eft le feul monumew M§de ce genre, comparable par fa proportion a ce- tlui-ci; mais il lui eft bien fupérieur, quant « 1'exécution. „ac Ma;ir , \rona ,Sta:uc Colofla,e de St. Charles korromie , SiC  ii2 Nouveau Voyage Lac Major, Mes Borromies, lfola BeUa. ] ( ] 4 I 3 é ï eft fee, peu coulant, peu agréable : Vue d lac, cette Statue a plus d'avantage; elle fa même un bon effet. Du pied d'Arona, au bord oriental d lac, c'eft a dire a la rive oppofée, on coir pte a peu prés fix milles de diftance; cett largeur augmente enfuite de moitié , ce qi donne Ia plus grande étendue de ce baffin dans ce fens : Sa plus grande longueur, partir de Sefto, jufqu'aupied des montagne frontières du Milanois & de la Suifle, e d'environ vingt-cinq milles. La première des Ifles que 1'on appercoi en voguant fur le lac (en le remontant d'A rona vers fa fource) , eft Ylfola Madre fituée a peu de diftance de la rive droite d lac ; nous parierons plus bas de cette Ifle: C a'eftqu'aprèsavoir doublé un derniercap, qu :hange ici la direeftion d'abord aflez droit Je ce beau lac, que 1TSOLA BELLA re découvre avec toute fa magnificence Oes terrafles ornées d'une riche verdure i'élèvent 1'une fur 1'autre a une aflez grandi ïauteur : la dernière eft courounée, par un< lécoration d'architefture, mais d'une comwfition médiocre, dans laquelle on a fai ntrer nombre de petits Obélifques, de Vaés, & une multitude de mauvaifes petitej 'igures ; le Cheval Pégaze couronne cei difice (*). Toute c ette malle intercepte ït .(*) Ee cóté^ oppofé ( celui conféquemment qui litface au Chateau) donne une décoration, que o» appelle fur les lieux, U QrandTbUtre} elle  en Italië. U3 tfue da Chiteau; il fernble qu'une difpofi- tion contraire eut été préférable. Le Chdteau devoit être trés-vafte; mais ce n'eft après tout qu'une carrière de pierre: H il n'y a qu'un peu plus de la moitié de terti miné; le caractère en eft lourd, monotone I & de peu d'effet: c'eft en total un batiment i médiocre. i Les Jardins - font plus ingénieufement « penfés; il étoit difficile de tirer un meilleut e parti du terrain. On y a raffemblé avec la plus agréable profufion les Cédras, les Lioi moniers, les Orangers, les Grenadiers, &c. | ils y font employés fous une infinité de ■e formes : en berceaux , en quinconces, en d bofquets, &c. II ne faut pas fe perfuader, C que toutes ces produétions, quoique plantées 1» en pleine terre, y reftent toute 1'année fans I abris : on a difpofé par-tout des chaffis qui l les enveloppent de toutes parts; ces chaffis I font légers, commodes, clofent très-bien, & 3 doivent être d'un entretïen fort difpen- I idieux : on y fait circuler dans les grands ti froids une chaleur artificielle. D'ailleurs Ja a température de cette iile , doit être aflez lil Idouce; fa fituation (vers 1'une des culées du 'ai lac, qui fe trouve en cet endroit reflerré pai «les hautes montagnes qui circonfcrivent for et baffin) lui procure cet avantage. II C'eft le contrafte frappant de la riche verdure, & des produéiions brillantes qu uilporte tout le caraclère du Mout Parnafie : Dans «lies premiers temps de fa conftruéÜon, elle a duif faire un très-bel effet, Lae Majff T fJhaceau, [ardins.  iï4 Nouveau Toraoe Lac Major, Chateau, Jardins. »i 3 1 4 ( ( (*) On y remarque une gradation de 1'effet 1 plus pittorefque. Un tiers de ces hautcs montagne eft mis en culture; le fecond tiers eft couvert d bois : le refte préfente des malles énormes de ro chcrs dont le fommet perce prefque toujours le nue*. embelliffent cette Ifle, avec 1'aridité & 1 neiges prefque éternelles qui bordent fm horizon (*) , qui font le plus grand mérité de ce beau Tableau. L'Ifle-Belle, n'a guctfl plus d'un mille de circonférence. || Nous devons ajouter que les eaux y fo dans une grande abondance ; elles s'y r produifent fous toutes les formes: Cafcade jets d'eau , bouillons, efcopeterie , &c. Les Salles du rez de chauflee (cel! particulièrement deftinées, contre les pi jrandes chaleurs), font très-ingénieufeme: décorées en rocailles, & diftribuées a v ec god Nous ne dirons rien des appartemens fi périeurs; nous n'y avons rien vu de rema juable : On y trouve quelques bonnes copi le plufieurs des principaux Tableaux dr :alie ; tels que la Madonna della Sedia lu Palais Pitti de Florence ; la Magdelair lu Guide; la même Ste. par le Parmegi; lino; encore une Magdelaine d'après le Coi •eggio, &c. Plus avant dans le lac, on appercoit ] roijième Ijle: celle-ci eft uniquement mii :n valeur, & n'offre rien qui y appelle le :urieux; elle eft la plus vafte; & 1'Églil [ui y eft élevée, eft la paroifle des deu: .utres.  en Italië. hj De l'Ifola Bella, on paffe a 1'ISOLA MADRE, diftante d'un peu plus d'un mil[e, fituée vers 1'autre bord du lac, & alors k la gauche en voguant de l'Ifola Bella, pour [e rendre a Lave.no. Cette feconde Ifle, eft I pen prés le doublé plus vafte que la première , elle eft auffi plus élevée: elle s'anaonce avec noblefle. Les terrafles font bien liftribuées, bien profilées; elles laiflent dominer le batiment, tenu d'une décoration fort fimple , mais d'un effet gracieux: Cette naifon, qui n'eft pas d'un grand vafte, réunit cependant tout ce qui peut rendre ce réjour le plus agréable: Salon de compagnie; Salon de mufique ; Bibliothèque ; Salle de peétade, &c. (*) Cette feconde Ifle, naturellement moins ibritée que la précédente, plus agrefte; eft uiffi moins riche en produétions rares ou recherchées; au refte la nature moins tourM nentée, moins forcée que dans 1'autre, y eft auffi plus fimple & plus agréable: Le setit bois qui borde le rivage eft délicieux. Le Bourg de LAVENO, eft fitué, comme aous l'avons précédemment fait obferver, fur la rive droite du lac ( a partir de Sefto ) (*) M. le Comte Charles Borromie , paroit depuis quelques aimées y fixer fa réfidence -, il y vit en philofophe airhable, chéri de fes vaffaux, & eftimé de tous ceux qui peuvent le connoitre : Les «royageurs attircs par la réputation de cc féjour dc Vees, font fürs d'éprouver de fa part, tous les égards, toutes les honnêtetés poffibles. Lac Major, [fola Maare, Lave[10.  Rnvte tft Milan i Eerne , patIe Mont St. Gotüard. ; ] i 1 J J « nG Nouveau Votage au fond d'une efpèce de petite baye. CeBou eft peu confidérable par lui-même : il s tient cependant deux fois chaque femain un Marché de grains, qui eft, dit-on d'i objet confidérable (*). La route de Milan & Lucerne & Bern par le Mont Saint Gothard, n'eft prai cable qu'a cheval; il eft prudent même ne i'entreprendre, qu'après la plus gran. fonte des neiges; & 1'on devra préférer po monture les chevaux du pays , a ceux q 1'on pourroit avoir a foi. L'on s'aflüre d'un guide fidelle & inftruit avant de qui ter Milan; afin de n'être pas dans la néce fité de faire ce choix au hazard, lorfqu'c fera arrivé a Laveno. On compte de Laveno a Lugano, hu petites heures de marche. Le chemin e par-tout praticable , mais il eft quelquefo pénible & même laborienx. II traverfe i aflez beau pays, & des forêts uniquemei formées de Chataigniers. LUGANO (**) , eft fitué fur le bord é ac dont il emprunte le nom : Ce lac e leu confidérable, mais lepenchant des mor agnes qui le circonfcrivent, eft orné è >eaucoup de jolies Maifons de campagne le terrain y eft par-tout bien cultivé (*) Nous fufpendons ici, notre retour fu dilan : nous en reprendrons 1'itinéraire plus bas (-**-) V Auberge da Lugano eft affezproprc, & ommunément paflablcinent bien approvifionnét  en /talie. ny \ paffage offre un tableau fort agréable. On invite ici les voyageurs a fe tranfKter de 1'autre cóté du lac, pour y voir ur Cantina; cette jolie promenade ne peut jères employer plus d'une heure : Ce lont ; vaftes fouterrains creufés dans la montane , dans lefquels ils dépofent leurs vins: n donne a ces fouterrains un mérite rare ; lui de tenir les vins dans une trés-grande •aicheur : Cette fraicheur eft, dit-on , ocifionnée, par des veats qui y pénètrent e 1'intérieur de la montagne (*), & qui ; répandent & circulent a travers ces mêmes Duterrains; on ajoute encore (& voici le lerveilleux) ,,, que 1'hiver, ce même vent edevient chaud, de très-froid qu'il eft dans 'été. En général Lugano annonce de 1'aiance; fes habitans paroifient fatisfaits & leureux. II faut prés de fix heures de marché, poui e rendre de Lugano, a BELLIZONE **) : le chemin eft moins agréable & plu: nontueux que le précédent; il eft d'ailleuri .flezvarié, & les amateurs dehautesmonagnes, commenceront a trouver ici de quoi Jimenter leur goüt. Nous recommandons particuliarement 1< iche coup d'ceil que procure la montagm (*) Nous avons fait obferver le même Phé ïomène a 3'article Rome, lorfque nous avon rendu compte des fouterrains ou caves , prati {uccs fous le Mont 2'cjlcss. (**) L'Auberge eft fupportable &l'on y trou reta de quoi diner. Sellizonc, i )  Cénèfe: Locarno, Gitiniico, Airoio. 11 '4 N OVVEAV Vo Y A GE (dite) Cénèfe : cette montagne domine 1 charmante vallée dans laquelle fe développ le Lac de Locarno, qui n'eft (comme l'o: fait) qu'une continuation du Lac Maggioi De Bellizone a Giurnico (*) , le chernj continue de longer & de remonter le Tejfu a travers une aflez belle vallée : On n'em ployera guères moins de cinq heures pou fe rendre de 1'une a 1'autre ftation. L chemin eft par-tout très-bon; une voitun pourroit le tenir. II fera difficile de fe rendre de Giurnico a Airoio, en moins de fix heures de marché , paree que 1'on commencé a s'élève: avec aflez de précipitation, fur-tout a parti: depuis Daci Maggior; mais 1'on peut f< repofer a ce dernier endroit fitué a'moitic chemin : On trouvera dans cette habitatior un logement très-propre, & des vivres avet aflez d'abondance. Dans ce dernier trajet on continue de remonter le T-effin, qui précipite ici fa courfe a travers mille reflauts de rochers, avec la plus fougueufe & la plus bruyante agitation. Les Cataractes, les cafcades que ces reflauts de rochers produifent, offrent des tableaux on ne peut pas plus impofans, plus fiers, plus pittorefques: ce font de magnifiques horreurs. Airoio, eft précifément fitué au pied du Mont Saint Gothard. Si 1'on a pris la fage réfolution de partir de Giurnico, peu après la pointe du jour, on devra arriver d'af- (*) L'Auberge eft mauvaife; il fera prudent de fe précautionner en conféquence.  en Italië. z bonne heure a Airoio, pour n'y faire ie raffraïchir fes chevaux, gagner le haut : la montagne , & fe rendre a Urferen, ué fur la riefcente oppofée. Deux heures ffifent pour arriver d'Airoio au Couvent s Capucins, fitué fur le plateau de la mongne : le chemin qui y conduit, eft pafiaement bien pavé ; deux cavaliers peuvent r-tout y marcher de front. Cette mons (il faut 1'avouer), eft fouvent très-apre, ;s-rude; mais cependant beaucoup moins .'on fe le figure communément : on eft ailleurs en quelque forte habitué & fa|iarifé avec cette forte de marche, puif'on n'a point cefie de monter dés 1'habitarn du Dacio Maggior; ce qui fait plus de ïq lieues de continuelle Afcenfion. On ne doit pas s'attendre que le chemin atiqué a travers cette haute montagne, nduife le voyageur précifément a fon fomtt : La nature a préparé , vers les deux :rs de fa hauteur totale , une gorge, ou pgue vallée (décorée fur les lieux du nom mpeux de plaine), a peu prés femblable Ir la forme, mais moins large & moins ngue, a celle dont nous avons donné la fcription, en indiquant le paffage du Munt nis : comrne ce dernier, la petite Plaine Mont St. Gothard, eft par-tout circonfte par de hauts rochers inacceffibles, qui, namunément reftent d'un hiver a 1'autre averts de neiges. On remarque au milieu :cette petite plaine un lac, que 1'on allure re fort poiflbnneux. Le Couvent des Capucins, eft un afièz Mort St. Gothard, Couvent du Capucins, Urferen.  izo Nouveau [Kovage Mom St. Gothard, Convent des Capucins , Urferen, Aniileg, mauvais gïte; ces bonnes gens, font au reftf • ce qu'ils peuvent; mais il eft pofiible dl' trouver mieux : ce mieux, eft a 1'Aubergl A'ZJrferen, fituée a deux petites heures df marche du Couvent des Capucins: mais ow devra faire ce jour-la dix heures de marche f fa voir: De Giurnico, a Airoio. . - 6 heuresl D'Airolo, au Couvent des Capucins 2 De ce Couvent, a Urferen. . 2 . Total 10 heurei Cette première partie de defcente, e: fouvent fort roide , mais elle n'eft null part dangereufe : en général ce cöté-ci d la montagne eft moins foigné , moins bie dirigé que celui qui y conduit d'Airolo. Pour fe rendre de Bellizone au Mor Saint-Gothard, on a dü remonter vers I fource du Teffin; dont les réfervoirs fort fitués a mi-cóte de cette montagne célèbre» Ces inépuifables réfervoirs, donnent égale»; ment naiilance au Rhin & au Rufs, dont ol| fuit ici la courfe impétueufe, qui fe dirigi; vers le Lac de Lucerne. Cinq heures d'une continuelle defceni (a partir d'Urferen), vous conduifenta petit Village A'Amfteg, & ce que (fur li lieux) on appelle les Plaines. Ce chemi n'eft pas toujours facile & agréable , ma il eft d'un pittorefque qui n'a peut-êti rien au monde de femblable : d'immenf* torrens d'eaux, fe précipitent vers la plain avec une jmpétuofité, une fureur & d< fifflemei  en Italië, 121 Efflemens qui en impofent. C'eft dans cel dernier traiet, que le chemin fait traver-Ir un Pont, appelé fur les lieux Pont du Diable : Ce pont réunit deux profonds efcarpemens de rocher. La chute extraordinairementbruyante que ce pont de charpente traverfe; le fombre finiftre qui ne cefle de regner dans cette majeftueufe folitude. . .. fout enfin donne a ce tableau , une empreinte vrairaenty grande & terrible. Deux petites heures de marche fulTifent pour fe rendre d'Amfteg & Altorft, capitale, ou chef-lieu, du Canton d'Uri: Le chemin qui devient très-bon , ne cefie de cotoyer le Rufs. ALTORFF (*) , eft peu confidérable; ce Bourg eft fort agréablement fitué , bien bati , les rues y font larges & tenues dans une trés-grande propreté. L'Hörel oü s'aflémblent les chefs du Canton & V'Arfenal, font deux batimens fpacieux & qui ne font point fans mérite. La Paroiffz & les Couvens de Bénédi&ins & de Capucins , n'ajoutent pas peu, au ton d'aifance qui caraftérife ce petit Bourg. La Fabrique qui s'y eft établie pour tailler & polir le criftal, paroit y profpérer ; c'eft une des principales curiofités d'Altorft, qui, comme Pon fait, peut fe glorifier d'avoir donné (*) L'Auberge eft paffablement bonne, mais mous avertifions les Yoyageurs qui devront s'y arrêter, de pTcndreles précautions qu'ils jugcront convenables, afin de ne pas y être auffi excefiï'vement écorchés que nous le fümes, lorfque nous y pafsames. Twn IV. F >ont du liable, Alorff.  izt N O V VE A V VQ TACrJt Lee de Lu ecrne , Lu ecrne-. (*) Si 1'on a pu partir de grand matin d'Al torff, on aura tout le temps néccfiaire pour paTcouri: Lucerne , pour y diner, & pour fe rendre, 1 1'on veut, a Berrie avant la fermeture des Portes. Le chemin qui conduit d'une de ces ville) a 1'autre , eft très-beau , peu montucux, & 1< pays extraordinairement viyant & peuplé. Si 1'or défefpéroit d'arriver a Berne avant la fermeture des portes, il faudroit s'arrêter k 'fflllifau , ot k Hutwil, les deux plus gros endroits qui f(| tiouvent fur la route. ■ naiflaivee au fameux Guillaume Teil, re- ■ gardé comme le fondateur de la liberté d« la Suiffe. L'on s'embarque fur le lac, a environ ur mille d'Altcrff, pour fe rendre a Lucerne Cette navigation n'employera pas plus d< quatre heures, fi le vent n'eft point contraire ; elle eft un peu monotone, mai] quelquefois très-gaye (*). LUCERNE. Cette Ville eft certaine• ment une des plus belles, des plus commercantes, & conféquemment des plus riches de la Suifie : Elle eft comme Pentrepót dt tout ce que PHelvétie importe & export£ dTtalie, de 1'Allemagne, de la France, &c.. La preuve la moins équivoque de fon aifance ~, eft le très-beau Collége que les Jéfuites y poflédoient; car Pon fait que ce: bénis Pères, ne s'agraffblent, ne faifoieni fouche, que la, ou ils pouvoient faire d< meilleures recettes. Lucerne fe développe at long du cours du Rufs, & lors de fon point de fortie du lac: Une antique & groflé Tour ( ap.  ejv Italië. tas pelée , Tour de Veau (*), donne a ce coin de payfage, lorfqu'on y arrivé d'Altorff, un caractère pittorefque & délicieux. On confervé précieufement dans une des Salles de 1'Hótel-de-ville divers Offemens d'un prétendu Géantqui a vécu & eft décéHé, dit-on, dans le voifmage, & que 1'on 'eftime avoir eu dix-huit pieds de hauteur. Ce conté fubfifte parmi le peuple; mais il fuffit d'avoir quelques notions d'anatomie, pour fe convaincre que ces offemens n'onc jamais fait partie d'un corps humain. Le Nonce Apoftolique & 1'Ambaffadeur d'Efpagne, réfident a Lucerne, comme cheflieu des Cantons Catholiques, ou plutöt, !pour s'éviter le défagrément de la concurrence avec 1'Ambafladeur de France qui s'eft fixé a Soleure. On trouve d Laveno (&> également d Berne^ des guldes & des chevaux pour faire la route dont nous venons de donner 1'itinéraire: Les prix varient en raifon de la 'faifon, & de la plus ou moins grande raretê des Voyageurs. On paye communément fix livres de France par jour pour chaque cheval, le guide compris; bien entendu que leur retour leur eft payé fur le même pied: moyen■ nant quoi, ils fe nourriffent & leurs chevaux. II s'agit donc, en faifant fon marché, de (*) Une tradition confervée a Lucerne, veut •que cette Tour aitjadis fervi de fanal, pour éclaiTer les Bateaux qui y arrivoient de nuit y elle fert aujourd'hui de prifon. Lucerne. Avi* «rile.  Heprifedcla route de Laveno a Coino, fi? de CumoöMi- lm. 124 NOUVEAU VoYAQZ convenir du nombre de jours que 1'on entendra mettre pour fe rendre de ce point de dénart d Lucerne, ou plutöt de Laveno jufqu'a Berne; en fpécifiant par écrit ou devant témoins, les endroits, jour par jour, oü Von voudra s'arrêter, ou coucher. Ce n'eft pas qu'il feroit dijficile de trouver a Lucerne (nous fuppofons toujours partir de Laveno) des chevaux de louage pour Berne ; mais cela fait perdre du temps, & il n'en coüte pas moins, paree que 1'ufage des poftes n'ayant pas lieu en Suijfe , les voiturins qui les remplacent, fe font tous payer a peu prés le même prix, & qu'ils exigent également la même folde pour leur retour. Quant aux frais de nav:gation fur le lac; une Barque montée de quatre rameurs, coüte ordinairement depuis douze jufqu'a quinze livres de Trance: ce prix, nous le répétons, varie felon la faifon & diverfes circonftances locales. On compte communément trente-cinqmilles de Laveno a Como, en paflant par Varèfe, qui donne la meilleure route: En général le chemin eft un peu rude & montueux, mais les campagnes qu'il traverfe, font fort peuplées, fort agréables; on y voit par-tout du mouvement. COMO (*). Cette petite Ville eft fituée (*) La meilleure xluberge eft fituée fur-le Port; elle eft vafte, propTement meublée, & communément. bien approvifionuée : Nous en avons été tres-contens.  4 h tête du lac, entre des montagnesfort < élevées, & en partie cultivées; elle embrafie cette gorge dans toute fa largeur. On y voit quelques jolles mailbus, quelques rues larges, alignées, & toutes très-propres; mais aucun édifice aflez important pour étre indiqué II y règne d'ailleurs un aflez grand mouvement ;& les débouchés de commerce que le lac lui ptocure, font plus confidetables qu'ils ne paroiflent 1'être d'abord ; le port n'eft jamais filencieux & vide : on y voit continuellement arriver & partir des barqueschargéesde vin, d'huile, de riz,&c. auffi 1'aifance fe manifefte-t'elle ici de toute ^L'afpect du Lac de Como vu du Port, forme un bien agréable tableau. Ce vafts baffin eft enrichi de droite & de gauche d'un nombre confidérable de Maifons de campagne bien baties & omées avec gout: Le cöte gauche fur-tout, comme le mieux fitue, eft auffi celui qui offre le plus grand nombre de ces charmantes habitations. Une Promenade publique, formée d'une doublé allee d'arbres, & ornée de bancs de pierre, longe le lac, fur un moyen mille de longueur, a la gauche du Port: c'eft oü fe raflemble le beau monde, une beure avant le coucher du foleil- Nous y avons compté onze a douze 'voitures; la plupart, il eft vrai, appartenantes a des families étrangères qui y viennent paffer la belle faifon : c'eft ventablement un aimable féjour ; les vivres y font abondans, très-bons, & au meilleur ' compte poffible; la fociété charmante; auih F üj  'fcftmo; Rt- ■tour fur Mi- -ton. (*) Lors de notre paffhge on élevoit fur ce beau quai neuf Maifons d'un affez bon goüt; on nous affura qu'elles étoient déja louées & retenties pour la campagne fuivante ; par autant de Families Angloifes, fixées dans les environs de Milan. 12& NO VVE AU P"0YAQM les logemensyfont-ils peu communs (*). On trouve dans ce port de fort jolis Bateaux couverts (dans le goüt des Péotes a Venife), a deux, a quatre, a fix rameurs, pour aller prendre le plaifir de la promenade fur le Lac; avantage, qu'on ne trouve point fur' aucun des autres lacs de la Lombardie & de la Suifie , fur lefquels on ne fait ufage que de vilains bateaux,peu commodes, & que Pon paye néanmoins affez chers. Le Port eft défendu par une efpèce de vieux Chdteau, dans lequel le gouvernement autrichien entretient une petite garnifon. Outre la pêche, qui eft de la plus grande abondance dans ce lac , il s'y fait un trèsgros commerce de bois que 1'on fair defcendre pour 1'approvifionnement de Milan, &c. La vue de Como, prife d'un demi-mille en avant fur le lac, eft délicieufe; c'eft le plus agréable payfage qu'il foit poffible d$ voir. *** La route de Como a Milan, n'eft pas moins fatisfaifante, que celle de Milan a Cefto: Toutes ces campagnes font belles, on regrette feulement de ne les voir pas plus peuplées.  E ,sr F TA Li £• lZ7 * On compte dix poftes & demie, (ou. quatre-vingt quatorze milles d'Itahe:) rfe Ato « Tttr/ïi a peu prés ïrente lieues. f*" La route, dans la belle faifon, eft ge-, néralement bonne \ lesfréquenspaffages d'eau ■»•), font les feuls défagremens qu'on peut lui reprocher. r*) 1/ n< ƒ&«* >* moins de dix-huit heures de ïïtdrche (fi 1'on eft un peu chargé ) pour faire cette fe te mémeenfuppofant les relais 9 les bacsfrils W» entre 9 1'on fort de Milan quand on veut; mats iverceil & fur-tout Tutin , fe ferment rigoureurement • o» s'arratiger en conférence. Les JA Um de Novaro, Verceil fif Chiavafco, /tel faubourgs de Turin , font dêteftables ; nous en parlons d'aprls Vexpérience. Le plus prudent eft departt avec le jour dc Milan; les pafages d'eau fe font Lr, rans daver, 9 Ton arrivé a heure convenatle a%£3&1** ^demain on eft aux portes , tuvrantes a Turin. C*n On paffe le Teffin en batcau, entre Buralora 8 Novaro, er Z« Trepido 4 gue, « la dtf tance de trois poftes de Milan. Entre Novaro , 9 Verceilli, on paffe a gue U Go„na. — fWfo » Sa" G-erroano, ei» paffe, «,fte Seffia — Chiavafco.ef Sctumo. «»M ,' flé te Dora, 9 la Baltia. £* «i« Scmmo 6 i T£'oh paffe a gué te Malone, 9 la Sturc ^«Bï , ou aprls la fonte des ueiges, dans lesgran ' % chaleurs , 9 lorfau'H y a long-ten.ps au ti n , Zu toutes ces rivilres ou torrens, donnent aio, fort peu d'eau; mais auffi la moindrepluye le mom • dre o'rage, les groffit , au point d'arrtter fouvent i i y geur par knpoffililité, ou le trop de aam aa'ily auroit akn a voukir les trwerfer. Lorfat, lo*te de /Élan aro & Ver:eülj. Avis iiué'reflant. t I e r i  128 NOU FE AU VÖV AG E Verceitli, Ruines d'ltl','iuiiria. ] ( ] 1 De Milan a Novaro , 1'ceil ne cefle point d'embraffer les plus riches , les plus belles campagnes: les bords du Teffin, font d'une grande beauté, & toute cette partie eft tresvivante. De NO VARE ( petite Ville aflez riante & peuplée), a Verceil', on paye une pofte & demie : La campagne devient dés - lors plus agrefte : la culture du riz ( qui eft la culture dominante), y répand une monotonie dont 1'ceil fe fatigue : Tout le pays femble être un marais: Cette partie de route , de la mi-Septembre, a la mi-Oétobre (temps ou fe fait ordinairement la récolte), eft peu agréable, paree qu'a cette époque, on fait écouler les eaux, & 1'odeur du fol dé toute cette traverfée, eft infoutenable, k quelquefois d'une impreffion dangereufe. ious f/mes cette route, let Gogna s'étoit tellement actrue en moins de trois ou quatre heures, que l'eau ïénétra dans la voiture , inonda la cave 6V gdta diverfes chofes quiy étoient placées: deux heures de patience de plus nous auroient iviti ce défigrément. Les Ruines /Industria fe voyent prés de ilonteu de 1'autre cóté du Pó; on peut s'y rendre le Cigliano (la feconde flati on après Verce'tllC) ou 3e Chiavafco, lorfqu'on fait route de Turin a Vljlan, Monteu fe trouvant a peu prés a une fgale diftance de 1'un &de 1'autfe. Ces ruines ont fté découvertes en 1745. On a vu dans le fecond /ol. nombre de morceaux du plus rare mérite, irovenant des fouilies faïtes dans ces ruines : foit [u'elles ceflent d'être intéreffantes ou non, il ;aroit que ce travail eft au moins fufpendu , s'il i'eft pas totalemeut abandonné.  VERCEIL, eft Tune des jolies Villes de Piémont; elle a été très-forte : bes fortifications ne font qu'en partie relevees; celles du Chateau , ne font gueres plus foimidables : Le roi de Sardaigne entretient dans 1'une & dans 1'autre, une aflez forte «arnifon. On dit cette ville peuplee de dixhuit a vingt mille ames: Elle eft agreablement fituée; la Sepia, baigne une partie de fes murs : H y règne du mouvement, qui fuppofe un certain commerce ; elle eit également diftante de Milan & de Turin. ^ Nous n'y avons remarque aucun edihce effentiellement intéreflant. Les habitans prifent beaucoup leur Cathédrale, &les\hgkCes de Ste. Marie Majeur e & de St. Andre; a eux permis de les croire autant de merveilles • une, qui feroit véritablement d un certain prixffi fon authent'cité ne pouvoit etre conteftée). C'eft un M&nufcrit latin, confervé dans le ^réfor de la Cathédrale, contenant les Evangiles de St. Mathieu & de St M' re, écrits de la propre mam (alluret'ön) de St. Eufèbe, qui vivoit dans le quatrième fiècle. - I e Pavé de Ste. Mane Majeure, efttraité en mofaïque; parmi les Defleins les mieux rendus, on fait remarquer 1'hiftoire de Judith... Pauvre curiolité. J«£ La route de Verceil (*) a Turin, eft (*) On nt doit point aigUm <}' W^*\ '*"' un Bnlleti n de Pofte; il eft délfSe (gratis) par U Commandant : les Mattra des Poftes ne peu-vent jourmr r V /crca'Ui : Xuinesd'tür. iuftria. Avis »;ite,  /jo Nouveau Voyage continuellement conpée , par de petits & moyens torrens & par les rivières que nous avons indiquées en notes: Le chemin d'ailleurs eft bon ; les campagnes belles, . fertiles, mais peu peuplées : Les approches • de Turin font très-belles. Voyei la Defcrjption de Turin, fecond volume.. Le Voyageur le plus indifférent, ceffe de 1 être en quittant lTtalie : La beauté du elirnat > fa brillante fécondité ,, 1'heureufevariété de fes payfages toujours neufs, toujours intéreffans , doivent néceffairemenc opérer fur fon ame & y faire naitre, dn moins, quelque fenfation. Combien donc 1'homme de gout doit-il, lui, la. regretter!.. En effet, tout femble fe réunir dans cette. partie du globe, pour lui affurer la prépondérance fur toutes les autres; la nature s'y montre dans toute fa pompe & fa magnificence ! . Les phénomènes paroiflent s'y multiplier;. ailleur,s ils parient; ici ils mugiffent, ils tonnent, ils fe manifeftent enfin dans la plus impofante majefté. ides chevaux, que fur h vu de ce Bulletin , cette epération caufe d'ailleurs. peu de retard. Arrivé il Turin , ce bulletin efl remis par le Poftillon, d la Biredtion de la Pofte ; oü Pon vous en réexpédie un autre pour la route que vousindiquez vouleir prendre. L'Auberge des trois Rois, efl jpajfable & c'eft la rn.eilJe.ure de la Fille*  EN f TALIE. '3' Si les arts, en général, ne doivent pas a lTtalie leur naiflance , au moins s'y fontils tellement naturallfés, qu'ils y femblent plus appartenir qu'ailleurs. Les chef-d ceuvres dans beaucoup de genres , y Ion, (qu'on nous paffe cette expreffion) comme amoncelés, entaffés, accumules (*). Les Grecs (nos mattres dans prefque toutes les produftions du génie) , y recoivent, après une révolution de vingt fiecles, e ttibut d'admiration du a leur etonnante fupériorité. Quelle main barbare fe refuferoit de répandre des fleurs, fut une mfinité de morceaux célèbres, ecbappes a la fureur des voleans, & a celle, plus deftructive encore, de ces hommes cruels & iorcenés , qui dévaftèrent comme a 1 envi durant tam de fiècles, cette belle parn* du monde. T ; Nous plaignons dans toute Ia pïemtude de notre cceur, 1'êtrc, quel qu il foit , qui n'a pas éprouvé dans le fien, cette émotion douce , mais pénetrante , que. doit produire la vue de ces premiers chefdïuvres' . . . Plus heureux , nous nous les rappelons toujours avec un nouveau " M Le goüt des art?, s'eft véritablemerft trés -accru , très-rcpaudu en Europe ; d eit, Tol e favons, mie infinité de Cabmets précieux mais aucune ville, difons plus, aucu* fouve ain ne trouveroit dans fa dominatiori autant de beaux moreeaux de PWg?»>^ ture, d'architeéture , que dans Rome , Florence , Naples., Gènes & Bologne,  /ja Nouveau Vo r age plaifir. Voulons - nous, nous peindre la beauté parée de toutes les graces, la Vénus de Medicis, eft d'abord notre modèle Nous avons vu dans les Lutteurs, la plus belle nature, & ce que peut la force, joime a 1'adrefle. Dans Vuirrmino; 1'expreffion de la plus ardente curiofité. Dans 1'Apollon du Belvédère; un caractère plus qu'humain , fait pour étonner pour foumettre. Dans le Laocoon; le fentiment d'une douleur paternelle, & le courage d'une ame fupérieure a fes fouffrances propres. Dans le Gladiateur combattant (de la Villa Borghefe), toute la fierté que donne la certitude de vaincre. Dans 1'Hercule, du Palais Farnefe: la force, 1'élégance & les graces. Enfin , dans 1'infiniment beau Moïfe de Michel-Ange; une fublimité pénétrante, un caractère qui tient de la divinité. Nous nous arrêtons; cet examen nous conduiroit trop loin. Au refte , fi le pays que nous allons parcourir, ne préfente point a la vue des plaines vaftes & délicieufes, des édifices fomptueux & recherchés : 1'horizonplus borné , va nous offrir des Tableaux fouvent agreftes(quelquefois même triftes & ftériles), mais néanmoins variés , cultivés, peuplés; & les cabanes d'un peuple véritablement heureux, ont plus de üroits de plaire aux yeux de 1'homme fenfible , que les palais & les lambris dorés, trop fouvent 1'afyle du vice, de l'jnfirmité, & de 1'ennui.  en Italië: /jj [ Route de Turin (*) a Genève; voyez^ le deuxième volume. Defcription de Genève (**); d/ro. I Nous avons ci-devant donné ([premier volume") , un court itinéraire de la route de Laufanne d Genève (***), a notre retour des Glacières du Faucigny ; mais comme nous ne fuivimes point alors le chemin le plus direct, nous allons ré-offrir ici un précis de cette route. Le chemin longe , fans prefque d'interruption , la rive droite du lac ; il eft partout trés-bon, & il en eft peu d'auffi peuplé, & qui offrent des points de vues plus riches , plus agréables. On traverfe d'abord , le trifte petit Bourg de Verfoy; & les Villes de NION; de ROLLE (****) ; de MORGES (*»***) ; (*)Nous avons prévenu ( voy. Ier. vol.) qu'il étoit nécefiaire de faire prendre au bureau de la iRégie des Poftes, un Bulletin pour la route quo 11'on fe propole de tenir; nous répétons ici, le même avis. (**) Nous avons également fait obferver ; ( même vol.) qu'il n'y avoit point de poftes établies apartir de Genève, non plus cue fur aucune ;des routes de la Suife; nous réitérons le même ; avertidement, & nous renvoyons pour le furplus, ia la note indiquée ci-deflus. il ne faut pas moins de huit fortes •heures de marche pour faire ce trajet : on doit ss'arranger en conféqueiue. (****) & ]a xête noire , bonne Auberge. (**•***) Au grand Cerf, bonne Auberge.' Route de luiiu a Berne, par Genève. Verfoy, NicuRolle, Morgés.  134 No we ju Voy a ge Laufanne: Mont-Junt Moudon. toutes trois fituées fur le bord du lac, que 11'on quitte aquelques milles plus haut, poui fe rendre a LA UZ ANNE (*) > fituée, comme nous l'avons déja dit, fur un<| éminence & plus avant dans les terres. Noui renvoyonspour ces derniers articles, au premier volume de 1'ouvrage. ^^On compte de Laufanne d Berne feize heures de marche: on trouve difficilement des voiturins qui veulent s'engager a s'y rendre en unjour: ils couchent ordinairement a Avanches, & ils arrivent le lendemain (troifième jour de leur départ de Genève) avant midi a Berne. Le chemin de Laufanne a Avanches eft foigné; les terrains qu'il parcourt, offrent une belle culture & de fréquens établifiemens. Les voiturins employent communément neuf heures de marche pour faire cette route. On traverfe entre Laufanne & Moudon , le Mont Jura : cette portion de chemin, eft naturellement un peu rude ; mais elle eft d'ailleurs traitée .avec beaucoup d'art, & il étoit difficile de rendre ce pafiage meilleur : on peut, en montant comme en defcendant, refter dans fa voiture. MOUDON (**); 1'une des principales Villes du pays de Vaud ; elle eft peu con- (*) Au Renard noir, très-bonne Auberge. (**) Au grand Cerf, bonne Auberge.J  en Italië. 135 dérable ; mais on y remarque ce ton d'ai- \ mee & de propreté, qui cara&érifè ef-' entiellement toute la Suifie. PAYE RN E ; petite Ville du Canton de terne: les environs en font délicieux,& ie-la plus heureufe fertilité. AVANCHES (*); autre petite Ville lu même Canton , un peu plus confidérable [uela précédente, mais moins agréablement ituée. On a récerament recueilli, quelques S r t e  Langnau : Réjidence du Médecin de ]a Montagne , & rente tle Hum, au Va! de Lau- terbrunn. (*) Le chemin de Berne a Thun, étant moins li finueux & plus plat, prend conféquemment moinsl de temps : on peut compter fur environ trois II quarts d'heure de différencg. .44 No VVTLAV VO YA (i IL !es malheureux; il fecouroit ceux-ci de fes) lumièrés & de fa bourfe. Indépendamment des maiades (des deuxjl fexes) , qui venoient fe fixer quelque temps | a Langnau, avec 1'efpérance de guérir ; il Ff y abordoit fréquemment nombre d'étrangersli & de perfonnes domiciliées dans les villes & [ campagnes voifines: les premiers y venoient Ij fatisfaire leur curiofité ; les autres pour yl jouir d'une fociété peu nombreufe, mais com-| muriément bien choifie. La table du Doc-| teur, n'étoit ni fomptueufe, ni recherchés;! mais faine & abondante; fes penfionnairesj s'en louent beaucoup, ainfi que de fon dé-I fintéreflèment: les étrangers lui doivent lel même éloge. Il étoit d'ufage que ceux-ci luil donnaffent un petit écu pour chaque repasl qu'ils jugeoienta propos d'y prendre; c'étoit al'époufe du Docteur a laquelle on remettoit cette rétribution. Nous avons dit précédemment que le chemin de Langnauk Thun, étoit non feule-I ment bon, mais même très-praticable pourII les voitures; & nous avons également ob-II fervé que Thun étoit a peu prés a égale dif-l tance de Berne (*) & de Langnau ; ainfi I foit que 1'on parte de 1'un ou de 1'autre I endroit avec le defiein de fe porter au Val I de i  EJV JTAL IE. ijj de Lauterbrunn, & du Grindelwald, il con- * viendra(fi 1'on veut perdre le moins de temps poffible) de fe mettre en route de bonne heure pour fe rendre a Thun (*). L'objet de cette courfe, eft de voir; ï • la célèbre Chute d'eau du Staubbach (fituée dans le Val de Lauterbrunn) & partie des Monts & Vallées de Glacés qui terminent cette Vallée : a° les Glaciers du Grindelwald (**). „ La petite Ville & le Chdteau de THUN, (*) II feroit bon même d'envoyer en avant quelqu'un a Thun ( fi 1'on ne fe propofe point d'y diner), pour s'affurer & faire préparer une couple de bateaux (fi 1'on a fes chevaux avec foi) , de manière a pouvoir s'embarquer auffi-töt. On donne communément fix livres tourncis pour ttn Bateau è trois rameurs : on en trouve de couverts & très-propres. (**) Voici les diftances de ces objets entr'eux. De Berne (ou de Langnau) a Thun, fix petite» lieues; il ne faut que quatre heures au plus pour les faire. La navigation du Lac de Thun, prend a peu pres le même temps, k moins que le vent ne foit fort, & conftamment contraire. - De Maifon - Neuve , lieu du débarquement, i Vnterfeen , une demi-lieue. Enfin d'Unterfeen a Laulerhrounn ; quatre fortes lieues : en tota!, depuis Berne ( ou Langnau), onze lieues & demie; dont cinq a peu pres, fe font fur le lac. II eft donc facile de faire cette courfe en un jour, fi l'0n ne s'arréte point trop long-temps a Thun. 7'ome IV. Q nuiii.  Langnau : Réjidence di Médecin d( la Montagne, & route de Thun,au Val de Lauterbrunn. (*) Le chemin rle Berne a Thun, étant moins Jmueux & plus plat, prend confequemment moins ae temps : on peut compter lur environ trois quarts d'heure de différence. 144 Nouveau Vo vage les malheureux; il fecouroit ceux-ci de fei 'lumières & de fa bourfe. Indépendamment des maiades (des deuj fexes) , qui venoient fe fixer quelque temp; a Langnau, avec 1'efpérance de guérir; il y abordoit fréquemment nombre d'étrangerj & de perfonnes domiciliées dans les villes & campagnes voifines: les premiers y venoient fatisfaire leur curiofité; les autres pour 5 jouir d'une fociété peu nombreufe, mais communément bien choiile. La table du Docteur, n'étoit ni fomptueufe, ni recherchés; mais faine & abondante; fes penfionnaires s'en louent beaucoup, ainfi que de fon dé- _ fintéreflement: les étrangers lui doivent 1« même éloge. 77 étoit d'ufage que ceux-ci lui ' donnaflènt un petit écu pour chaque repas f qu'ils jugeoient a propos d'y prendre; c'étoit t(j, a 1'époule du Docleur a laquelle on remet- f; toit cette rétribution. Nous avons dit précédemment que le che- u min de Langnau a Thun, étoit non feule- v ment bon, mais même très-praticable pour ( les voitures; & nous avons également ob- Di fervé que Thun étoit a peu prés a égale dif- h tance de Berne (*) & de Langnau ; ainfi lts foit que 1'on parte de 1'un ou de 1'autre J endroit avec le defiein de fe porter au Val |ï, de  EN iTJLli. 143 1 de Lauterbrunn, & du Grindelwald, il con-' f viendra(fi 1'on vent perdre le moins de temps 1 poffible) de fe mettre en route de bonne i heure pour fe rendre a Thun (*). I L'objet de cette courfe , eft de voir; 1 ï0 la célèbre Chute d'eau du Staubbach I (fituée dans le Val de Lauterbrunn) & par'i tie des Monts & Vallées de Glacés qui ter1 minent cette Vallée : a° les Glaciers du %Grindelwald (**). 1 „ La petite Ville & le Chateau de THUN, (*) II feroit bon même d'envoyer en avant quelqu'un a Thun ( fi 1'on ne fe propofe point è'y diner), pour s'affurer & faire préparer une couple de bateaux (fi 1'on a fes chevaux avec foi) , de manière a pouvoir s'embarquer auffi-töt. On donne communêhient fix livres toumcis pour \ ttn Batcau a trois rameurs : 011 en trouve de couiverts & très-propres. (**) Voici les diftances de ces objets entr'eux. De Berne ( ou de Langnau ) i Thun, fix petite» lieues; il ne faut que quatre heures au plus pour i les faire. La navigation du Lac de Thun, prend a peu I pTès le même temps, a moins que le vent ne foit Ifort, & conftamment contraire. • De Maifon - Neuve , lieu du débarquement, i 11 Vnterfeen , une demi-lieue. '| Enfin d'Unterfeen a Lauterbrounn ; quatre for11 tes lieues : en tota' , depuis Berne ( ou Lan1 (gnau), onze lieues & demie; dont cinq, a peu Ijprès, fe font fur le lac. II eft donc facile ds H Ifaire cette courfe en un jour, fi 1'on ne s'arréte oipoint trop loug-temps a Thun. 1 7 'ome IV. G rhiui.  '44 Nouveau Vo vage Langnau : Réfideiicc du Médecin de ]a Montagne, S? route de thun, au Val de Lauterbrunn. !es malheureux; il fecouroit ceux-ci de feil,,] lumière's & de fa bourfe. Indépendamment des maiades (des deuj 'iei fexes) , qui venoient fe fixer quelque temp; a Langnau, avec 1'efpérance de guérir ; i] J y abordoit fréquemment nombre d'étrangerj , & de perfonnes domiciliées dans les villes & campagnes voifmes: les premiers y venoienl j/' fatisfaire leur curiofité ; les autres pour j ^ jouir d'unefociétépeu nombreufe, maiscommuriément bien choifie. La table du Docteur, n'étoit ni fomptueufe, ni recherchés; mais faine & abondante; fes penfionnaire: * s'en louent beaucoup, ainfi que de fon dé- _ fintéreflement: les étrangers lui doivent lf même éloge. Il étoit d'ufage que ceux-ci lu: [, donnafient un petit écu pour chaque repa! F qu'ils jugeoient a propos d'y prendre; c'étoit (;> a 1'époufe du Docteur a .laquelle on remet- \f toit cette rétribution. Nous avons dit précédemment que le che- ui minde Langnau & Thun, étoit non feule- P ment bon, mais même très-praticable poui ( les voitures; & nous avons également obiervé que Thun étoit a peu prés a égale dif- ™ tance de Berne (*) & de Langnau ; ainf ':s, foit que 1'on parte de 1'un ou de i'autn >, endroit avec le defiein de fe porter au Va \n de . IV, ______________________________, E les (*) Le chemin de Berne a Thun, ctant moins finueux & plus plat, prend conféquerament moins ' de temps : on peut compter fur environ trois j,'. quarts d'heure de différence. 5  EN Jtjlie. Ï43 de Lauterbrunn, & du Grindelwald, il conviendra(fi 1'on veut perdre le moins de temps ; poffible) de fe mettre en route de bonne ! heure pour fe rendre a Thun (*). L'objet de cette courfe , eft de voir; ."1° la célèbre Chute d'eau du Staubbach [(fituée dans le Val de Lauterbrunn) & partie des Monts & Vallées de Glacés qui terminent cette Vallée : a° les Glaciers du -Grindelwald (**)• „ La petite Ville & le Chdteau de THUN, (*) II feroit bon même d'envoyer en avant quelqu'un a Thun ( fi 1'on ne fe propofe point ^'y diner), pour s'affurer & faire préparer une couple de bateaux (fi 1'on a fes chevaux avec foi) , de manière a pouvoir s'embarquer auiïi-töt. On donne communément fix livres tourncis pour un Bate/w h trois rameurs : on en trouve de couverts & très-propres. (**) Voici les diftances de ces objets entr'eux. De Berne ( ou de Langnau ) a Thun, fix petite» lieues; il ne faur. que quatre heures au plus pour les faire. La navigation du Lac de Thun, prend a.peu prés le même temps, k moins que le vent ne foit fort, & conftamment contraire. - De Maifon - Neuve, lieu du débarquement, i Unterfeen , une demi-lieue. Enfin d'Unterfeen k Lauterbrounn ; quatre fortes lieues : en tota' , depuis Berne ( ou Langnau), onze lieues & demie; dont cinq, a peu prés, fe font fur le lac. II eft donc facile de faire cette courfe en un jour, fi 1'on ne s'arréte point trop long-temps a Thun. Tome IV. Q rimn.  Navt'gfiiion fur Is Lac de Thun, Gratie de St. 13 e at. 146 Nouveau Vöyaois font dans une des fituations les plus heureufes de la Suifle : prés d'un baffin charmant , que forme un lac entouré de montagnes en amphithéatre, au-deflus defquelles fe montrent les pointes des Alpes toujours couvertes de neige. On donne au lac cinq lieues de longueur, fur une de largeur. Ses bords ofiïent de droite & de gauche nombre de Villages, d'Habitations & de Maifons de campagne très-agréables. On voit fur la droite (en partant de Thun) , vers le premier tiers environ de la longueur du lac, un Pont de bois, fort eftimé dans le pays pour la hardiefle de fa conftruction : jl eft d'une feule arche & donne paffage au torrent du Kandtr. Un peu plus en avant, fur la gauche on doit doubler un cap aflez élevé, dans Pens foncement duquel eft une Caverne, trèscélèbre fur les lieux , connue fous le nom de Grotte de St. Beat, remplie de ftalefti-ques & d'autres incruftations: felon la tradition du pays, elle a été long-temps habitée par le faint dont elle porte le nom : elle paroit être 1'ouvrage de la nature : au refte , ce qu'elle offre de plus beau , eft un torrent confidérable qui en fort avec impétuofité , & qui forme par fa chute une fort belle.cafcade. D'ailleurs cette grotte n'a rien de remarquable; nous doutons qu'il fe trouve des curieux qui ne regrettent point leurs peines après 1'avoir vue; la pente de la montagne étant ici fort roide & fort pierreufe. „ Les bateliers vous font mettre pied a terre v un peu en desa du cap, prés du Villaga  E N JTA LIS. de Merïïngen, & 1'on fe rembarque un f, peu plus haut dans une petite baye oü le # bateau peut avec ftireté vous attendre." On a peu de chemin a faire pour fe rendre a Maifon-Neuve, terme du débarquement (*) , & qui 1'effc auffi du lac qui fë rétrécit dès-lors aflez précipitamment pour ne conferver de largeur que celle néceffaire a 1'arrivée des eaux de VAar , 1'une des plus fortes rivières qui fertilifent la Suifle. MAISON-NEUVE , eft un petit Port d'entrepöt pour les marchandifes qui fe tranfportent fur le lac des différens diftriéts qui y communiquent. On monte ici a cheval (**). Le chemin (*) Les Bateliers s'offrent ordinairement z vous venir reprendre, & fi 1'on en a été content , il femble qu'ils méritent la préférence : d'ailleurs n'y ayant pas a Maifon-Neuve, la même concurrence qu'a Thun, ils cherchent a profiter alors d'autant plus hardiment du befoin que vous avez de leur fervice : Deux jours fuffifent pour voir les maffes principales des chofes; il en faut quatre & cinq, a qui veut abfolument tout voir On trouve a Berne., chex ffagner, un petit livret qui donne dans le plus grand détail, 1'itiüéraire de la courfe , dont nous ne préfentous ici que la partie la moins pénible, & felon nou» la plus intérefiante. (**) Ceux qui voudroient éviter la navigatio» du lac, peuvent fe rendre de Thun a Unterfeen, par terre, le long de la cöte Méridionale, en faifant un très-grand détour. Le voyage de terre par la cóte feptentrionale eft dangereux a cauf» G ij MtironNeuve.  14$ NOU FE JU VoYAGS "Ünterfeen. Avis vitile. qui conduit a Unterfeen , eft très-agréable; il longe une large vallée , bien cultivée & ornée de nombre d'habitations qui, toutes, peignent 1'aifance & la profpérité. La très-petite Ville d'UNTERSEEN, n'eft rien moins qu'agréable ; elle eft fituée a 1'entrée d'une gorge aflez reflerrée : Deux de fes cótés font appuyés contre une malie très-haute de rochers abfolument arides, dont la crête qui s'avance en furplomb fur les maifons conftruites au pied, femble préfager leur ruine prochaine. Toutes les maifons y font de bois & tiennent prefque toutes 1'une a 1'autre. Le 1'Aar, baigne une partie de fes murs; il eft ici très-large, très-rapide, & il fait mouvoir nombre de moulins a tan, a huile, quelques firies, &c. On paffe cette rivière fur trois ponts , pour fe rendre a Lauterbrunn , ou au Grin■ delwald. des précipices qu'il faut franchir : il n'eft faifable qu'a pied. Soit que 1'on parte de Thun , ou de Maifon-Neuvê «vee fes chevaux , il eft intércffant de les faire partir devant foi, Gf de faire pafer avec eux, quelqu'un ie fa fuite fur lequel on puijfe cempter; fans cette frécaution, les rameurs , d'accord avec le guide ou le valet a qui appartiennent ou qui foigne les chevaux , retatdent leur courfe de manière i n'arriver aue long-temps aprls vous: Cette Manoeuvre vous óte tlors la pojftbiliti de vous tendre réciproquement de 1'un è 1'autre terme que nous avons propofi; ( Berne $P Lauterbrunn) ; fi? vous néceflitent de coucher en allant a Unterfeen, ou en retournant a Thun: V'Auberge ici, eft trls-lennc f celle ^'"ÜJlterfeen, tft difeftable.  EN ITALII. 143 Le chemin d''Unterfeen , au Val de 1 Lauterbrunn , traverfe d'abord une vallée charmante , couverte de villages, d'habitations & de vergers. On lailfe fur fa gauche un Chateau & un Couvent ruines, au pied duquel fe font élevées plufieurs belles Maifons : ce premier coup d'ceil, oftre un ttèsagréable tableau. On traverfe fucceffivemenc plufieurs Villages; le Vallon enfuite fe refferre entre des montagnes arides & fort élevées , & en s'avancant vers la fource, on arrivé a deux gorges , qui préfentent deux nou velles routes : celle a droite conduit au Val de Lauterbrunn ; celle a gauche , au Grindelwald: nous-continuerons la première ; nous reprendrons cette dernière enfuite. A partir du point de partage ci-deflus, on compte un peu moins de deux lieues jufqu'a Lauterbrunn : avant que d'y arriver , „ on paffe fur un pont, le torrent de „ Saujfenbach, prés duquel fe préfente un haut rocher nommé Hunnenflue , remar„ quable par fa figure femblable a un baf„ tion. " Le Village de Lauterbrunn (*), eft peu (*) Le moiïis de mal que 1'on puifle dire de 1'Auberge, eft de convenir qu'elle eft mauvaife : le meillcur parti eft celui d'aller direftement mettre pied a terre chez le Curi du lieu -,( fa maifon peut recevoir trois a quatre maitres a la fois ; elle eft communément aflez bien approvifionnée : il eft d'ufage de 1'indemnifer le lendemain fur le pied de fix livres de France pour chaque maitre : on envoye les chevaux au cabaret. G üj .autermuls.  ijo NovrsAu Votaoz X/ïtaub. bach. CO Cette élévation , quoiqu'elle foit affez généralement recue, nous paroit exagérce, & nous ne croirons pas trop 1'altérer , en Ia réduifant a fept cents pieds. C'eft fans doute par erreur typographique, ou d'après des mémoires peu exacts, que 1'on trouve la hauteur de cette Chute portee a aast cents pieds dans le Dictionnaire de la Suiffe ; dernière édition, tom. Ier, page 94. Nous avons ci-devant relevé ( torn. tti ) , imc pareille erreur : On y _ indiqué le Pijfe-Vache , toinbant de huit eents pieds de hauteur... Eftimation portée au moins au doublé, de ce qu'én toute rigueur, elle peut réellcment avoir, confidérable; il tient cependant un efpace de terrain confidérable, paree que les maifons en font très-difperfées. C'eft a peu de diftance des dernières Maifons de ce Village , qu'eft fituée la célèbre Chute d'Eau appelée le Staubbach ( ruifieau de potiffière ), dont les eaux fe précipitent d'un rocher perpendiculaire, de la hauteur , afilire-t'on , de neuf cents pieds (*) : il ne manquea cette belle Chute, pour être unique en Europe, qu'un plus grand volume d'eau : Celle de Terni, eft véritablement moins élevée que celle-ci, mais elle eft infiniment plus impofante, & d'un bien plus grand effet. On pourroit comparer au Staubbach la chute du Nant d'Arpenai > Poy. l„ vol. en lui donnant la préférence fur cette dernière. En continuant de remonter ce vallon , on rencontre plufieurs autres Chutes d'eau , mais moins élevées , & encore moins abondantes que le Staubbach : nous devons ajou-  en Italië. ter , que Ia plus belle heure pour voir cette i Chute , eft ceile du lever du ioleil ; paree f cue les rayons de cet aftre s'y reflechifient 2 & aioutent alors beaucoup a fon effet propre.* C'eft a la fource de ce vallon que lont, fituésles plus vaftes amas de Glacés de la, Suifle : On compte trois fortes heues a partir du Staubbach, jufqu'aux premières approches du Jungfrau (Glacier de la 1 uc»lle): Toute cette courfe doit le taire a pied: elle eft impraticable a cheval (*>, & le Curé indiqué des guides fur 1'experience & 1'intelligence defquels on peut ie fier : alors lavifite des glaciers faite , on redefcend a Lauterbrunn. Ceux qui croiroient que le terme de cette courfe ne les dédommageroit pas entièrement de leurs peines, ou, qui moins ardens voudront fe borner a voir ces hauts glaciers de moins prés , peuvent fe rendre fur la hauteur oppofée au Staubbach; du fommet de laquelle ils jouiront d'une partie de la vallée de glacé, du fpeétacle du Jungfrau (**) & de celui beaucoup plus agrea- (*) On s'arme de longs batons ferrés ; il eft bon même (a 1'imitation des guides) , de fe cramponner les talons , pour fe donner au bcfoin plus d'appui i Voyez notre obfervation, relative aux Glaciers du Faucigny , Ier. Vol. (**•) Cette haute montagne eft très-diftinftement appercue de la belle terraffe k Berne ; mais elle ne fe montre nulle part avec plus de majefté, que des fenêtres de la maifon du Curé de Lauterbrunn. ^ e Stanbach: Jiing■au, & 'itd-fenf e Lauterrunn au Irindelralit.  ijt Nouveau VorAm We , que préfente le Grindelwald, vefï lequel ce Pied-fente peut les porter: il ne faut pas moins de fept ■ a huit heures de marche pour faire ce trajet: il eft fort péaible & ne peut fe faire qu'a pied. II faudra dès-lors renvoyer fes chevaux au Grindelwald, par la route ordinaire , & s'approvifionner ( chez le Curé) de quelques vi■ mailles, dont les guides fe chargent, paree qu'on doit s'attendre a ne trouver fur les hauteurs, que quelques malheureufes cabanes, mal pourvues, même de très-mauvaii pain , & du lait dont il eft aflez difficila de fupporcer d'abord le goüt. *** La route k cheval'de Lauterbrunn au Grindelwald, rétrograde fur le point de jonction que nous avons ci-devant obfervé; ce retour', fur un chemin en partie déja fait, développe au total une longueur de pres de fix lieues. A partir d'ici, le vallon -s'élève fenfiblement beaucoup plus que celui que nous venons de quitter; „ il offre a fa „ fource, au milieu des horreurs d'un défert, „ le tableau d'une Colonie Alpeflre (*), dans „ un baffin ouvert; on y trouve un folfer„ tile & cultivé , bordé au midi, par des „ abymes de glacés éternelles. GRINDELWALD (**), immenfes ama» (*) Le mot Alp fignifie généralement dans le pays , un paturage de montagne. (**) Le Cabaret eft très-propre, mais com- * «ïunément afleg vide de provifion ; il eft bon et eval dt Laurerhrunn m Grindel■wald.  e n Italië. iJ3 de glaees s'offrent de nouveau aux ama-« teurs; mais on eft beaucoup plus prés ici de ( la bafe de ces vaftes Glaciers (*) ; une demi-: heure fuffit pour s'y rendre : on les voit même diftinftement des fenêtres du cabaret. La fource de ces écoulemens remonte a des montagnes de la plus haute élévation & d'un efcarpement effrayant : on parvient cependant, li 1'on veut , au fommet du Matenberg, d'oü 1'on domine une forte partie de cet Océan folide. De loin, cette mafle femble compofée d'une infmité de pyramides; vue de plus prés (**), c'eft te de s'en aflürer (de tranfportables) avant que * de quitter Thun ; fi 1'on n'a pas pns fes precautions de plus loin. (*") La bafe du Glacier le plus prés des deririères Maifons du Village s'eft (dit-on) depuis quelques années , confidérablement avancee dans le vallon , au point d'avoir englouti une petite Chapelle qui y étoit élevée , & que beaucoup d'habitansfe rappellent encore : la Cloche qui y fervoit en a été enlevée; elle eft aujourd'hui jomte a , celles de 1'Eglife du Village; elle attefte authentiquement le fait. (**) On parvient d'un lillon Inférieur, a un > fupérieur, au moyen de quelques degrés, que les guides vous préparent en vous précédant ; ils portent a cet effet avec eux de petites haches dont ils fe fervent pour taillerces efpèces de marches, en longeant le talus par la pentc la plus acceffibte : ce ne font proprement que des pomts d'appui pour pofer la pointe du pied & quhront une forte de folidité, que pour le moment; deux ml"^te$ après, ils deviennent extrêmement gliffans. MaJ* G v Jrindelvald : Wa■iers G? i'Ionts de ;iace.  ij4 Nouveau Voyage Itinhalrt di ia route du Val GriiidehvalJ a Unterfeen , par Ie Val de HaQij/eLae de Brienz êf Interlaken. J J 1 fpectacle d'une mer folide, mais fillonnée en forme d'ondes. II eft des curieux qui fe portent non feulement fur la fommité du Mettenberg, mais qui grimpent encore fur la cime du rocher appèlé Btenifgg : Cette excurfion demande cinq heüres de marche (a partir du Val de Grindelwald ) par des palfages dangereux; 9, on ne doit point les tenter, fi 1'on eft fujet „ a des vertiges Ces fentiers longent „ des précipices affreux, oü 1'on trouve fou„ vent a peine de quoi pofer un pied."Oii nous croira fans peine,. lorfque nous aflurerons que nous n'avons pas fait cette route. D'autres Voyageurs fê rendent du Val de Grindelwald, au Val de. Hafli (*); de cette Vallée-, (que 1'on afiüre être très-belle);. on fe rend vers la tête du Lac Brienz_, fur lequel on s'embarque pour fe rendre a INTERLAKEN; d'oü 1'on fe porte par fi la montée eft pénibla, la defcer.te 1'eft encore plus,. & 1'on doit naturellement s'y attendre.. On doit. fuivre pas a pas fon guide & ne point s'en rapporter a cet égard' a fes yeux ; paree qu'il fe trouve anez fouvent des crevaiTés couvertes de .leiges dans lefquelles onrifqueroic de périr,,faute ie les deviner & de favoir les éviter. (*) On peut réfumcr ainfi cette courfe. Le \'» aar, on arrivé de Berne a Lauterbrunn; a«ie our, excurfion aux Glaciers du Jungfrau, &c. \me jour, voyage de Lauterbrunn, au Grindelvald; 4»« jour, excurfion fur le Mettenberg & le Jasnitgg, &c. 5*» jour, voyage au Hafli; 6»>e & me jours, retour du Hafli a Berne; auendu qu'il audra coucher a Thun,  2 JV I TALIG. '35 terre par un fort beau chemin d'un quatc d'heure, a Unterfeen, &d'Ünterleen a Maifon-Neuve , &c. Nous n'avons point fait cette route, & nous fommes revenus fur nos pas depuis Grindelwald' (*) jufqu'a Thun. Nous reprimes a Thun (**) notre voiture, C*) Croiroit-on que nous trouvames a notre arrivée un Speüacle établi dans le Cabaret de ce Village i.. C'étoit un jeu de Mariomeitcs : le maitre nous dit, qu'il faifoit très-bienles dbffec, & qu'il étoit toujours aflirré de Speétateurs chaque Dimanche qu'il repréfentoit. Cet homme tan: annuellcment le tour de tous ces diftriéts; on fait d'avance 1'époqno de fon arnvee : il nous ajouta que dés qu'il battoit fa caiffe fur tós hauteurs , on fe rendoit a fon fpcéhiclc dG très-loin. Nous le fhnes reprcfenter, & quoique ce fut unjour ouvrnble, fa falie fut eflectivement bicntöt pleine; il eft vrai que ce qui put lui attircr ce foir-latant de fpeétateurs c a eté 1'annonce qui fit publier que fon fpeétacle feroit eratis & que nous lc dédommagions. Cette plaifantc rencontre nous donna oceanen de voir le beau fexe du Grindelwald; mais nou» n'eümes nullement de quoi nous émerveiller, & fi nous primes quelque plaifir, ce ne fut que de la bruyaute joye de ces Dames & de ces Meilleurs. (**) De retour k Thun , on peut faire une ExcURSl0N/«r Lucerne, en dirigeant fa marche im Sch-marzegg; Marbach ; Efcholmatt , & Wolhufeu ■ on compte quinze fortes lieues de Thun a. Lu'ornc; le chemin eft bon, & même praticable pour les voitures légères du pays. II faut couchw I Efcholmatt, fitué k peu prés a une egale dutance de Thun & de Lucerne. On fe rend de Lucerne a Berne, par fPoihuJen ; G v] Excuriiss % f.uceroe.-  t$G Nouveau Voyage Rovti de Berne & BSlc, for Soleure & Zuricii. Stflevuxv ffilifau; Hutil & Burgdorf. On compte dix-huit lieues, la route eft plus belle & moins montueufe que la précédente : il faut coucher a miifau, également a moitié chemin de ces deux capitales. Lucerne , eft comptée entre les plus commereantes, les plus riches, les plus peuplées, & les plus belles villes de la Suifle: elle eft fituée a Ja queue du lac qui porte fon nom & d'oü fort le ftufi. L'Eglife Collégiale eft belle : 1'Hötel-deville quoique fort eftinré a Lucerne, parokra peu de chofe, comparé a celui de Zurich, & que cependant ils mettent en parallèle : les goüts font différens. (*) A la Tour rouge, bonne Auberge, A la Couronne, bonne Auberge. & nous n'employames que quatre petitesheu* res pour nous rendre a Berne. *** Le chemin de Berne. a Soleure, n'eft pas conftamment agréable: il eft fouvent couvert & montueux: la montée la plus laborieufe, eft celle que Pon traverfe a peu de diftance de Soleure. La diftance qui fépare ces deux capitales, eft de fept lieues. SOLEURE (*) : les approches de cette Capitale, font très-rians, très-foignés: fon étendue eft aflez vafte, & fes fortifications eftimées. Le l'Aar la traverfe : on y voit de fort belles rues & beaucoup de maifons d'un trés-bon goüt. Les batimens publics, tels que VÉglife Collégiale , celle des cidevant Jéfuites; l'Hötel-de-ville; 1'Arfenal, &e. méritent d'être vus. On engage les étran-  IKN Italië. itf gers a voir quelques Peintures qui décorent Ara», : PHótel-de-ville, dont on fait fur les lieux |beaucoup de cas: leur plus grand mérite, ieft de repréfenter quelqu'uns des principaux ■traits de PHiftoire Suifle. IS Arfenal eft beau, mais moins vafte, «'moins curieux que celui de Berne. L'Hötel de PAmbaffadeur de France, eft rif une des curiofités de Soleure: Son extérieur il eft peu impofant; il eft d'ailleurs meublé i avec quelque richefle. La route pour les voitures de Soleure, !} a Zurich, longe une partie de la rive droite 3S de 1'^ar: de 1'une a 1'autre capitale, on id compte vingt lieues. On couche ordinaire$ ment a Ar au, diftaqte de Soleure de neuf ui lieues; on dine le lendemain a Baden, d'oü, if 1'on n'a plus que quatre lieues pour fe rendre I a Zurich. Le chemin eft par-tout trés-bon. ARAU (*): Cette petite Ville aPair, on 'è ne peut pas plus vivante; elle eft joliment 1 fituée, joliment batie, & d'une propreté qui 3 prévient: Un large ruifleau coule au milieu de 1 la principale rue. Le l'Aar fur le bord 1 de laquelle elle fe développe, eft naviI gable: Le pont qui le traverfe, eft confI ruit en pierre. Plufieurs Manufactures imI portantes, enrichillent fenfiblement cette 1 p etite Ville. Deux chemins, a partir cv Ar au , fe> (*) Au Taureau, bonne Auberge.  Afnu: Bader , Zurich. (*) Arrivé aux Bains, on feroit bien d'envoyer en avant )a voiture & faire préparer ie diner ; ce feroit autant de temps de gagné : II ne faut pas plus d'une demi-heure de marche (?. pieds ) pour fe rendre a la Ville, par une promenade fort agréable. Ces Bains ont un peu perdu de leur première célèbritc; le coucours n'y eft plus fi grand. (**) Aux Balances, bonne Auberge. (***) A l'Èpie, bonne Auberge : elle eft délicieuiement fituée. t$ Nouveau Voyage rendent a Baden; tous deux font bons, & donnent également une diftance de fept lieues : Celui a gauche continue de fuivre le cours du vAar , qu'il quitte a Bruck. Le chemin a droite traverfe Lenzhourg & Mellingen; oü 1'on pafte le Rufs, fur tui pont de pierre, ce dernier chemin a 1'avantage de conduite très-près de Pétabliffement des célèbrés Bains (*) de Baden. BADEN (**) : Petite Ville fort peuplée & qui paroit commergante ; elle eftl fituée fur le Limat, qui arrivé de Zurich ,1 & qui joint fes eaux au \'SJary deux lieues I plus bas. De Baden, a Zurich ; quatre lieues: Elles nous ont paru fortes ; le chemin eft d'ailleurs bon & agréable. ZURICH (***) Pune des plus confidérables, & des plus belles Villes de la Suiffe : Elle eft fituée fur le penchant de deux collines,, a 1'extrêmité feptentrionale du iac  en Italië. Ide Zurich d'ou fort la rivière du Limat (*) j On eftime beaucoup fes fortifications. Cette} Ville eft généralement bien batie : On y ■remarque de très-bellesrues, & toutes d'une «grande propreté. 1 IS Hotel-de-Ville mérite d'être vu; le caIractère de ce batiment, qui eft moderne, eft, la bien des égards, fort eftimable: L'intérieur ■développe différentes Salles de Juftice & de ■Bureaux de régie, très-no-blement décorees. I La Bibliothèque Publique, eft confidéraible, &(dit-on)du plus excellent choix : On lya joint un Cabinet de diverfes curiofités , ildont beaucoup de morceaux font eitimés. On remarque fur la principale place , une ■Fontaine d'ou s'élance un jet, a une affes Ifcelle élévation; c'eft dommage qu'il ne Idonne point un plus fort volume d'eau. I L' Arfenal eft le plus vafte & le plus forImidable de toute la Suifle : Les Salles dans 1 lefquelles il fe développe , font fort déco» ■rées,. & il y règne un ordre & une proprete lintérefiante : on afiure qu'il peut armer quaIrante mille hommes. - Une des curiofités des environs de Zu■lïich, eft le fameux Pont en bois qui tra'Iwerfe le lac a Raperfwil; ce Pont a prés. Ide trois quarts de lieue de longueur. On fe Itend de Zurich a Raperfwil, diftante de fix IC*) Deux Ponts de bois facilitent la commufecaöön des deux parties de la- Ville que cette rivière fépare : Celui placé au centre, eft d unelargeur qui furprend ; c'eft réellement une place & qui fert de Marché : le fecond eft d'une largeur ordinaire» lunch-, 'ont de Ra* crfwil.  Route de Zurich J SchafÏÏioa10, Cntartcte du Rhin. i ] \ (*) Le Diftïonnaire de la Suifle, lui donne cent cinquante pieds... Le redacteur de cet axticle, ne 1'a certainement point vue. 1S0 Nouveau Vovage lieues, par une navigation fur le lac, d'environ quatre heures, lorfque le vent n'eftj pas contraire : ceux qui préféreroient de s'y] rendre a cheval, ou en voiture, longenrJ ce même lac par fa rive droite : la diftance] par terre eft un peu plus courte; mais elle demande néanmoins un peu plus de temps.j , *** °n compte neuf fortes lieues de Zurich d Schaffhoufe : on dine ordinairement a Bglifaw, diftante d'un peu moins de fix lieues, fituée fur le Rhin, que 1'on traverfe fur un pont de bois couvert. On s'arrête d envkon une demi-lfeuef avant d'entrer dans Schaffhoufe, pour fe rendre au pied de la Célèbre Catmacte du Rhin, fituée prés du Chateau de Laufen: on n'en connoit point une plus confidérable en Europe : L'effet en eft pittorefque Se d'une majefté vraiment impofante. On ïftime cette chute fur les lieux, a quatrevingt-dix pieds de hauteur (*) ; nous ofons in rabattre un tiers, & nous croyons notre :ftimation la plus approchante du vrai. Ce leuve reflerré plus haut entre des bords :fcarpés, qui lui laifient cependant un balfm ie plus de cent pieds de largeur , fe précipite ci avec une impétuofité qu'on ne fauroit endre : le mugifiement des flots fe fait enendre de fort loin, & de prés, on a peine &  ttf ITALIË. tSl e familiarifer avec un auffi bruyant fiffle-. oent (*). SCHAFFHOUSEC**)» eft fituée fur a rive droite du Rhin; fon enceinte eft vafte k fortifiée de quelques ouvrages modernes. 3n porte la population de cette ville , & feit ou neuf mille ames: elle eft généralement bien batie & très-propre. Plufieurs de fes édifices publics, méritent d'être remarqués. Le grand Temple , eft un beau & vafte vaifleau : UHötel-de-villc&V Arfenal, peuvent être vus, même après ceux de Zurich, La grande Horloge , eft une des curiofités, la plus particulièrement recommandee aux érrangersj elle a pu, véritablement pafier dans fa nouveauté, pour une huitiemc merveille : Les deux Bibliothèques publiques, font bien plus d'honneur a Schaffhoufe; elles font très-belles. (*) Prefque tous les points de vue de cetü 'belle Chute, font intéreffans; nous avons cru ce pendant remarquer, qu'une des pofitions la plu curicufe, étoit celle que préfente la petite terrafl i du Chateau de Laufen. Celle que donne le bati ; ment fervant a entrepofer les Marchandifes qt I defcendent ou qui remontent ce fleuve, eft egs lement curieufe ; nous la préférons même a l première pofition , paree qu'elle cnfile mieux 1< - chappement principal & le plus fort brifemert d< eaux contre les rochers qui s'oppofent a fa luit On fe fait conduire enfuite fur Ja rive oppolet pour confidérer divers autres accidens de cet magnifique cafcade. (**) A la Courante, bonne Auberge. Ihin, Schaffhou* re. i a s :» »  iSz Nouveau Voyage Schaffhoufe. (*) On lit dans le Dictionnaire de la Suifle, &e que ce pon: eft d'une feule arche : L'Auteur u's pas toujours eu fous les yeux des mémoires exacts , (**) On "e doit point s'attendre a faire un< bien plus grande diligence qu'avec des chevauj de voiturin : II feroit difïïcile de trouver des poftes plus mal montées en poftillous, auffi bien qu'en chevaux. Si 1'on prend ce parti, & que 1'on veuille s'éviter de coucher en route, il fera bon d'envoyer en avant un courier qui fache la langue & fe faire obcir : II n'aura pas trop d'une heure k chaque pofte pour parvenir k faire mettre les chevaux en état d'être attelés. De Schaffhoufe, k Lauchingen, une pofte & demie. — De Lauchingen k Lafenbourg, unapofte & demie. — De Lauffenbourg, k Mumpf, une pofte. De Mumpf k 1141c , ils exigent ordinairement deux poftes Sc demie, quoiqu'il n'y ait que fix lieues, qui fe Le Pont récemment reconftruit qui tl verfe le Rhin , paffe pour un prodige c charpenterie dans le pays. II eft compo; de deux arches (*) d'inégale largeur; cel qui s'appuye contre les murs de la Ville eft d'environ un tiers plus large que la ft conde. Le trait, porte effedtivement u caractère de hardielle qui furprend, joint a une folidité fenfible : C'eft un fort be ouvrage. 4*0 On compte vingt d vingt-deux ïïeue de Schaffhoufe a Bdle , par Lauffenbourg 3 Rhinfifdi ■' Cette route eft celle de la pol te , elle eft mauvaife & défagréable di toutes manières : On la peut faire avec de chevaux de pofte (**).  zn Italië. 163 Nous n'entrerons dans aucun détail re-BUe. itif aux petites Villes de Lauffenbourg, i de Rhinfeldz, que la route fait traver;r la première eft peu de chofe : La fe- 1 onde a été très-forte; elle a été fort mal- !a! raitée dans la précédente guerre. "n BASLE (*) : Cette Ville eft la plus peuil ilée , la plus vafte , la plus ornée, la plus lommercante & la plus riche de toute# la luiffe : Le Rhin fur lequel elle eft fituée , U rft ici profond , large, & rapide : Ün aflez T« >eau Pont , fait communiquer le Petit ; Bale , avec 1'ancienne Ville : LJun & 1'au!| :re font entourés d'une fimple muraille ci terraffée que circonfcrivent de larges folies leins d'eau. Bale (**) > eft généralement Ja font C même avec des chevaux de voiturins ) en „,' noins de quatre heures. On doit tirer le meilleur m parti nue 1'on pourra, paree qu'il n'y a point de " arif de pofte déterminé avec la fouveraineté de 'j Bale- lorfqu'on fort de cette dernière Ville, 011 eft forcé de fe fervir de chevaux de louage, & quand ils amenent a Mumpf . ÜS fe font payer lur j le pied d'une journce de route. i (*) Aux trois Roisy excellente Auberge. C\ TJne fingularité de cette Ville, eft la lil marche continueÜement hative des Horloges pu9H bliques : Par un ufage fort ancien (& dont on * agnore la vraie fouTce, le vrai motil), elles mlit diquent & fonnent toujours une heure quelcond . La Mofelle & la petite ivière de Seille la traverfent : c'eft une art grande, & non pas une belle Ville. 'eu le Maréchal Duc de Belleifle a fait impoffiblepour 1'embellir, & n'a réuffi qu'a  EN DIVERS ES VlEEES. IJf) la rendre moins difforme, plus fupportable. r Ce n'eft point qu'il n'y ait quelques bellesr rues & nombre d'édifices & batimens d'un c certain mérite : mais le goüt de conftruétion c dans la made dominante, a quelque chofe J de pénible, de repouflant : II faut cepen-, dant convenir, qu'a fur & a mefure que les maifons fe rebatiflent, on leur donne un meilleur caractère. Tous les batimens conftruits par le Roi & qui reftent a fa charge , ont ici un degré de mérite peu commun. On doit voir \'Arfenal & fes dépendances; Vfflpital Militaire ; les Corps de Ca^ernes (*) pour la Cavalerie, pour 1'Infanterie ; les Pavillons des Officiers; le Gouvernement; V'Intendance ; les Logemens de 1'Etat-Major, &c. Les Palais des différentes Cours de Juftice ; «lui de VEvèché, & quelques Hótels de particuliere : Le nombre de ces demiers eft peu confidérable. Les Places Publiques ne font ici ni vaftes, ni fort décorées; celle de St. Jacques eft la plus confidérable : La plus réguliere, eft celle de 1'Intendance qui communiqué avec la place fur laquelle eft élevée la Salle de Spe&acle: Cette Salle eft très-bien, elle fait honneur a la Ville. La Cathédrale (édifice gothique) étonne (*) Celles dites de Coiflin, doivent leur érechon a la munificence de 1'Evêque de ce nom, Titulaire de Metz : Elles font belles, mai,» beaucoup moins vaftes, moins bien diftribuées que celles de Cbambilres , de Mofelle , &c. _ H vj letz: Bdtiïens mililires, Plaes publiues, Kgliïs, Salie e Speciale  i8o Nouveau Voyage jSfctz : For- tifications , (*) Quand on compare le peu qui refte des anciennes défenfes, avec celles ajoutées depuis, c'eft alors que 1'on peut feulement juger combie» i'art s'eft fucceffivement perfeftionné... Les r. moins par fon étendue, qui eft afièz médiocre , que par 1'extrême légèreté (ca pourroit même dire la hardieiie), de la conftru&Ion. La Flèche pyramide parfaitement bien; on lui donne au-dela de trois cents pieds de hauteur. L'Efcalier par lequel on parvient a la Lanterne & au-deflus. eft un chef-d'ceuvre. Les Fortifications qui défendent Metz,, font regardées comme le plus grand effort de 1'art: Elles jouiflent aflez unanimement de cette haute réputation (*). La doublé Couronne de Mofelle, & fur-tout celle deSte. Croix, font, on ne peut pas plus farantes & plus meurtrières. La Citadelh  EN DIVERSES V IEEE S. iftl commande aflezmédiocrement la Ville; op* lui reproche d'ailleurs le même defaut qu ate celle de Strasbourg, celui d'être trop peu l vafte. La difficulté de fes approches , ne le vaincroit pas facilement; on peut inonder & ; faire refluer les eaux a une tres-grande dif- [ tance du corps de la place. Nous paflerons rapidement fur les tro- I menades intérieures; on ne doit pas s'attendre d'en trouver de bien fpacieufes: Elles font proprement tenues; mais aflez peu fréquentées. Celle qui longe la Mofelle & qui borde le chemin par lequel on arrivé de Pont-a-Mauflbn, a beaucoup de mérite. Jfm On compte fix poftes & demie de Met^ d Luxembourg :Le chemin eft fréquemment 1 montueux , & bon , fans être excellent: Les poftes font longues & mal montées. THIONVILLE , éloignée de Metz de | deux poftes & demie, eft fituée fur la rive | oauche de Mofeik : cette place eft peu fpa1 cieufe, maistrès-forte. La tête du Pont jeté fur la rivière feroit un morceau de dure digeftion. Le baflin dans lequeT cette-Ville fe dé■ veloppe,offreun coup d'esil riche & agréable. : Les quatre poftes a faire d'ici a Luxem\ bourg, paroitront fort longues, paree que les chemins deviennent moins beaux & que le pays eft fouvent aride , pauvre & défert. LUXEMBOURG (*)', capitale du duché (*) A la ?ofle, médiocre Auberge. omena- ixcmlurj.  iS2 Nouveau Vota ge Luxem bourg, ] ] < 3 c c 6 Route ie Luxembourg d I»k'ge. de ce nom ; 1'une des plus fortes places dt 1'Europe. Elle efl: fituée partie fur la haw teur, & dans une forte de plaine dans laquelle elle s'eft fucceffivement développée Louis XLV qui s'en empara en 1684, en augmenta confidérablement les fortifications ; & les ouvrages qui fubfiftent de cette époque, font encore les meilleurs qui ayent été faits : On y en a ajouté beaucoup depuis ; & 1'on ne cefle méme d'y travailler. Lorfque nous y pafllmes en 1777, on venoit de^ terminer de nouvelles cafematej rrès-ingénieufement pratiquées dans 1'intérieur du rocher (a 1'épreuve de la bombe) & capables de contenir une batterie de 8 a 10 pièees. On en compte plus de vingt de cette efpèce, & des fouterrains d'un vafte qui étonne. Le Front (dit) de Notre-Dame, eft fornidable. Le fol, dans toute cette partie, i la plus longue portie du canon, eft exac:ement de pur roe, tellement pelé, telement fee & découvert, que 1'ceil n'y ap>ercoit pas la plus petite toufie d'herbe. Les Villes haute & bafle , proprement tites, font d'ailleurs peu vaftes; & aflez riftement bèties. Le mouvement que 1'on ' remarque, a fon principe, moins dans le ommerce qui fe réduit a peu de chofe , ue dans le continuel flux & reflux de la arnifon qui y eft toujours fort nombreufe. *** On paye 16 po/les de Luxembourg d Liége, & elles ne font point courtes. Comme 1 n'eft guères poflible, pour peu que 1'on  zndivezses Villes. 183 foit chargé de bagage, de paffer d'une feule < traite de 1'un a 1'autre de ces points ;1 nous confeillons de faire fes difpofitions de manière a fe rendre de Luxembourg a MARCHE (*), gros Bourg diftant de onze poftes : aucune des Stations intermédiaires n'offre une Auberge fupportable. Cette route quoiqu'aflez bien tenue, n'eft rien moins qu'agréable : les poftillons font lents & mal-adroits. Cette partie des Ardennes que le chemin fait traverfer, peine, fatigue long-temps la vue : le pays devient plus peuplé un peu avant Marche ; & , graduellement très-beau a fur & a mefure que 1'on approche du territoire de Liége. On paffe la Meufe dans un bac au pied des murs de SERAING , Chateau de plaifance du Prince-Evëque de Liége. Les poftillons (pour avoir occafion de s'arrêter) vantent beaucoup ce Chateau ; la vente eft, que tout y eft affez ordinaire : Cependant nous invitons les vnjs curieux a jeter un coup d'ceil fur les malles de ce batiment, qui offre aifurément des parties bien traitées. Les appartemens font vaftes & noblemenc meublés; les jardins (très-fpacieux) font d'une belle diftribution, ornés avec goüt, & parfaitement bien foignés; les écuries font très-belles, &c. (*) A la Pofte, oü s'arrètent plufieurs Dilio-euces qui, communément eft bien approvifionnée & les logemens panablement honnêtes. 'bittau de eraing.  184 Nouveau Voyage liége. C*) A THótd de Flundre. — A l'Aigle noir. —- A lu Cour de Londres. — A l'Jgneau :. trésbonnes Auberges, & toutes quatre bien narees. (**) Les articles Liége & Spa que nous avions d abord préparés, n'embrafibient point Jes détails mtéreffans que ceux que nous leur fubftituons préfentent h nos lefteurs : nous les empruntons du Diüionnaire univerfel des Sciences, Morale p On compte de Seraing a Liége une lieue & demie : cette route eft délicieufe; on ne peut pas voir une plus riche, une plus belle campagne. LIÉGE (*), capitale de 1'Evêché de ce nom , dont 1'Evêque & Prince eft Souverain; avec néanmoins quelques réferves, qui donnent a ce petit, mais très-florifTant état, une conftitution prefque républicaine. Cette Ville fe glorifie d'une très-haute antiquité : nous la félicitons bien plus de la douceur de fon gouvernement, de la fertilité, de la richefle de fon terroir , & de t'aifance qui la caradérife. Liége acquiert iournellement un nouveau luftre; les rues fe redreflent & s'élargiflent, & de trés-belles naifons s'y élèvent de toute part, les Places publiques fe reétifient & fe décorent fatis"aifamment. „ L'érecïion d'une Académie 9 d^Etude & des Langues; celle de Dejfein. ,, & de Peinture; & celle enfin de la Société 9patriotique d'F-iHulation...... font des mo- , numens de 1'amour pour les Arts du Prince , actuellement régnant „. La Principanté de Liége (**) a environ  en diferses Villes. tSj marante lieues de longueur, fur unei largeur ^ fort inégale. La Meufe & la Sambre font les dsux principales rivières qui Parrofent. Plufieurs autres moins confiderables ne contribuent pas peu a fa fertüité, fa richefle & fon aarément. Son fol eft très-varié : iei des montagnes, des forêts i la des terres fablonneufes & des paturages trés-gras; ailleurs des terrain» Ls-fertiles en grams , de toute efpeee en houblons, dont on fait une bicre excellente , boiflon renommée du pays: en toutes fortes de fruits, de légumes, de vegetaux de venaifon,qui fourniflent amplement & le néeefihire , & le fuperflu de la vie. Les mines de fer & de charbon de tene, ou houille , y font plus abondantes & plus exploitées qtVen aucun lieu de Pumvers. On V trouve de Palun en grande quantité , de la couperofe , du cuivre , de 1 etain , du plomb-, beaucoup de chaux, des ardofes,des pierres a tótir, des marbres > t és-beaux de toute efpèce ; les matieres : propres a faire de lafayence, de la por- CeSeseeauxC'minérales, femigineufes, & les plus fpMtueufes qu'on connoifle , ont & rnéritent la plus grande vogue : celle de Spa , fur-tout, font vantees, pour ainfi d | re , dans les quatre parties du monde. Ll- Econnmique, Brttique 9 DipUmatique, &c , par M Robinet, 30 vol. in-4to.-, ouvrage d un yrai tóriS? & dow les rédacteurs ne peuvent etre trop louca  i$G N'ouveau Voyage liége. i l ] 1 j < 1 < 1 1 t f les forment, a leur fource, dans un endroit champêtre & délicieux, un point de réunion pour toutes les nations. La célébrité de Spa eft aujourd'hui devenue telle, qu'on y voit tous les ans, un concours de perfpnnages les plus diftingués de 1'Europe, fans en excepter les têtes couronnées. Entre les anciennes manufadtures de ce pays, celles des armes, des cloux, des cuirs, Dnt, maigré la concurrence de pareils établiflemens qui fe font formés ailleurs, toujours confervé , & confervent encore la réputation univerfelle, & les effets d'une fupériorité éminente. Ses autres principales fabriques font celles de draps (les draps de Vervier ap^rochent aujourd'hui de la perfeftion de :eux de France, d'Angleterre & de Holande) de ferges, d'ouvrages en fer , en acier, :n quincailleries, mors, épérons, &c. Les forges, les fenderies & fonderies; les ifines ce toute efpèce ; ainfi que les bouilères, les alunières, les carrières, v font :rès-multipliées, & occupent un nombre inini de travailleurs. II s'y trouve auffi des .'erreries, des favonneries, des vitriolières, les papeteries, une fayencerie naiffante, &c. La plupart de ces objets paflent en comnerce d'exportation confidérable. Le terroir donne peu de vin; mais la ville le Liége eft devenue 1'un des premiers enrepóts du commerce des vins étrangers, Lir-tout des vins Francois, de Bourgogne, e Champagne, de Bar ; & oette partie y ft très-fiorifiante.  en vivezses Villes. iSy Toutes les marchandifes ou denrées étran- Liége. oères, qui entrent dans le pays ou qui le mverfent, y payent le foixantieme : il y a quelques autres droits fur la confommation intérieure des vins, bières, eaux-devie, tabac , fel , fucre , &c. & ce font les feuls impötsque payent les habitans; leurs fonds étant libres, & n'étant aflujettisqu a 1'acquittement des tailles proportionnelles des communautés, lorfque les charges ci batons particuliers de celles-ci 1'exigent. La Ville de Liége , capitale du pays, eft très-ancienne ; & quelques-uns ont cru, que fes fondemens furent jetés par cet Ambiorix, prince Gaulois, de qui Cefar fait mention dans fes commentaires. Elle eit fituée dans une agréable vallee, environnée de belles montagnes, que divers vallons féparent avec des prairies, & ou ferpentent les petites rivières d'Emblèves, de \ efdre & d'Ourte, qui fe déchargent dans la Meufe , avant que ce fleuve entre dans la viUe. Cette lituation offre des points de vue:tresvariés, & des perfpeclives admirables Liege eft £^ 7 60 ^'Harlem, a Amsterdam .) "% 63 ƒ Amfter- f On fe rendpar lau d'Amfterdam, a «lam,» l !a Haye, & 1'on empltyi communément n- Utrecht. \ & faire a trajet. I Poftes. J de la Haye , k Delft. ... 1 ^ \ de Delft, h RoteTdam ... 3 | de Roterdam, d Gouda ... 4 i de Gouda, a Oudewater. . . 11 ƒ rf'Oudewater, a Montfort . . 1 f de Montfort, a Utrecht. . . 4 72 Lieues. AJ'Uthecht (*), a Vianem. . 2 Rtute rf TJ- f it Vianem, a Meerkirche . . 3 Süe, * Meerkirche «Gorcum (**). 2 J 3 Mompel- Touloufe, ^ Montpelher. . 30 2°4 lier. „ AMontpel- ƒ ^ Montpellier, * Nlmes. . . 5 31» lier «Ni- \ de Nimes, il Marfeille. . . a3 23 s mes. rf«Marfeille, 4 Toulon. . • 7* a49 „ , . f^Toulon,* Nice r7ï 252 rï,Touloni V « NJ a' Coni 11 a33 Gènes,^r 5^^e,« .... 8 255 it Col-du- \de Oom, ó Alti. . • Tende. (/Afti, a Genes 12 J« de Marfeille, d Lyon; * ' ' * gnon,Valenec,PontSt.£rpm.4* 2o«  2.12. RÉCAPITULAT10N. Poftes. Pages V ^ .... de Lyon'(*), a Genève. . . i8ï 27a .... de Genève, d Turin. ... 28 * 325 Second Volume. /!#///« 4 s£ap Vervier, /Theux. . . .% L«/e Theux,« Spa J f r/c Spa, au Marteau. . . , „ , \ du Marteau , a Theux. . . . f , | tïïï* \de Theux, « Lovegné. . . .( 32 s"' f rf« Lóvegné, A Lti?ge. . . Q ( *) Cette route, eft la feule de toute la Suifle, oü il fe trouve tellement quellemetit des Chevaux de Poftes: On paye leur fervice, fur Ie même pied que dans 1'Empire, c'eft a dire tin fioriii d'AUemagnt pour chaque cheval.  214 RÉCAPITVLATIOtr. Poftes. Pages r- de Liége, h St. Trond. ... a J ie Liége i \ de St. Trond, 4 Tirlemont . . 1 Sruxelles. 2 de Tillemont, d Louvain. . . i 0 de Louvain, è Cortenberg. . ij L de Cortenberg, a Bruxelles. . 11  Page 214, Tome IK .... ■ ■ T1- PoUR aider a cotnparer kt Diflances d'une Station, a une autre Station quelconque, & régler fa marche en confèquence du temp que doivent tenir fur la route le nombre de Lieues, de PoJIes ou de Milles que Von fe propofe de faire. NOMBRE DE Temps em- Routes, ] _, , , -1 P^é»; Observations Locazes. Ï-Ieues. Poftes. j Milles. en route. i De Calais, a Lille . jji _ ^'17"' Trance. J De Paris(*),d Tours _ 35J - 27] (*) Y compris la Pofte Royale, qui fe l Ue Bordeaux, a Touloufe . .... - 29 - 27 paye en entrant ou fortant'de Paris. Pavs-Bas C De Gand, a Bruxelles _ t| 4s Autrichiens. i De Tirlemont, a Bruxelles ..... 5 _ U (.D'Anvers, i Bruxelles , _ r . ~1 o o4 mi j C D'Anvers, au Moerdyck I 7 - r-i Hollande. J De la Haye, a TJttecht Irj - f? CD*ütrecht,a Breda I4| . _ ia| Non compris le pafTage du Z«rl Sc de la C n r s ' t"*. I Meufc. Italië. \ De Turin^a'Mil**" '. .' \ \ \ \ I fQ\ g Y compris le paflage du Mont-Cinis. C De Rome, a Naples . lc/ 155* 25 t^De Genève, a Berne, par Lanzanne & 1 Morat ar _ - . a,t < ~ j» RAPPORT n e s Monnoies. En Brabant. Le Louis d'or, vaut 37 efcalins 2 fois & " 4 deniers; ou 13 florins 1 fol & 4 deniers. La Ducat de Hollande, vaut 17 efcalins & un fol ou 6 florins. Le Florin vaut vingt fois. Le doublé Souverain d'Autriche, vaut 17 florins & 17 fois. . L'Écu de fix livres de France, vaut 3 florins 5 fois 3 deniers. La Couronne de Brabant, vaut 3 florins, 6 3 fois, ou 9 efcalins. L'Efcalin, vaut fept fois. La Plaquette, vaut 3 fois & demi. „ ces Etats; mais (i 1'on en a befoin en entrant dans le 55 pays, il efl bon de s'être procuré, d'avance cette per.„ miflïon par un Banquier dans les Villes d'oal'on pan."' lome IV K  2/5 Rapport des Monnoïes. Holland e. Le Ducat de Hollande, vaut 5 florins & 5 fois. Le Florin eft de 20 fois. II y a des Pièees d'argent d'un florin; des Pièees d'or de 7 & de 14 Florins. gènes. Un Louis d'or, vaut (communément) 29 livres 4 fois de Gènes. Une Guinee, vaut (communément) 28 livres de Gènes. Un Zechin de Florence, vaut 13 livres 10 fois. Un Piaftre (ou Dollar) d'Efpagne, a cours; pour 6 livres dix fois. PlÉMONT. Un Louis d'or , vaut (communément) 20 livres de Piémont. Une Guinee, vaut (communément) 19 livres 10 fois de Piémont. Florence. Un Zechin de Florence, vaut 20 paoli. Un Zechin de Rome, y vaut 19 paoli & demi. La Livre de Florence eft de 2 paoli & demi.  rapport des. Monnoïes. 21$ Rome. Le Louis d'or y a cours, pour 45 paoli; la Guinee pour 43 paoli. Le Zechin de Rome, vaut 20 paoli & demi; le paoli, 10 baiocchi. L'Écu Romain, vaut 20 paoli & demi. Le Zechin de Florence y vaut 20 paoli & demi. N. B. Les comptes fe tiennent a Rome en Scudi ( Écu ) & Baiocchi. Naples. Un Louis d'or y a cours (communément) pour 56 carlini. Une Guinee y a cours (communément) pour 52 Carlini. Un On%a, vaut 3 Ducats, ou 30 carlini, & a Rome, 25 paoli. Dix Carlini, font un ducat d'argent. Un Ecu Romain, a cours pour 12 carlini, Bologne. Le Zechin de Rome, y a cours pour 20paoli & demi. Le Zechin de Florence, y eft reeu pour 20 paoli. La Livre de Bologne, eft de"2 paol'. K ij  £io Rapport des. Monnoïes. Modène. Le Zechin de Rome, y a cours, pour ij paoli & demi. Le Zechin de Florence, y a cours pour 20 paoli (*). La Livre de Modène , efl: de 6 baiocchi ou foldi. Jjn Ecu Romain, y eft recu pour 10paoli. Parme. Le Zechin de Florence, y a cours pour 20 paoli de Parme. La Livre de Parme, eft de 5 baiocchi, ou Jbldi, fois. V e n 1 s e. Le Zechin de Venife, vaut 22 livres de Venife. Le Zechin de Florence, y a cours pour 21 livres & demie. Celui de Rome, y vaut 21 livres. Un Filippo , eft de 11 livres & demie. Un Ducat d'argent, vaut U livres. (*) „ I! eft bon de faire attention a Ia différcuce de Ia p, valeur des Zechins de Rome, Florence & Venife dans s, les Villes oü 1'on doit aller, afin de fe charter de Ij» s, monrioye «rui a uu cours plus avantsgeiu;,"  Rapport des Monnoïes. 221 Milan (*). Le Louis de France, y eft recu pour 31 livres 12 fois, argent de banque, U pour 34 livres 10 fois, cours abufif. La Guinée y a cours, pour 30 livres argent de banque. Les Zechins de Venife & de Florence, y valent 14 livres 13 fois-, argent de banque, & 16 livres, cours abufif. Le Zechin de Rome, y vaut 14 livres 4 fois, argent de banque , & 15 livres 10 fois, cours abufif. La Piftolê d'or de Piémont , vaut 41 livres de Milan, cours abufif. Suisse. Le Louis d'or de France, y a cours pour 16 livres, & 1'Ecu de 6 livres ( de France ) pour 4 livres. Le Ducat d'or de Berne, vaut 72 Bati, ou 10 livres 16 fois de France. On compte' par Livres ou Francs : Une Livre eft de 10 bati, ou 30 fqls de France. (*) II y a deux manières de compter a Milan; 1 une que 1'on appelle argent de banque, dont on fait ufage 'pour les billets de change; 1'autre que 1'on nomme cours abuW; ce qui fe dit de 1'argent que 1 on employé " a faire des emplettes quelconqucs. Toutes les efpèces „ qui ont cours a Milan, valent plus ou moins, rekt», vement a ces deux manières de compter." „ Trente livres, argent de banque, valent trente-deux ,,livres de cours ibitfifi ... K 111  £22 Rapport des Monnoïes. Spa & Liége. Le Louis d'or, y vaut 39 efcalins. La Gninée neuve, y vaut 39 efcalins. Le Carolin d'Empire, y vaut 39 efcalins. Le Ducat d'Hollande (cordonné), y vaut 18 efcalins. Le Ducat d'Autriche, y a cours pour 17 efcalins. Le doublé Souverain d'Autriche , y vaut 53 efcalins. L'Efcalin eft dix fois de Liége; deux efcalins font un florin. N. B. La Monnaye la plus avantageufe o porter, eft le Louis d'or, la Guinés SP Je Ducat d'Hollande.  T AB1LE Des prixcipavx ArticleS Contenus dans ce Volume. Route de Venife & Milan, par Vicence, Verone, Brefeia, > . . Theatro Olympico. ■ - 4 f *< ' . . Afoitfów , c?c.; Afanu* ' fablure, &c. . • • • . CAarnp de Mars; Are de Triomphe 6 . . Pa/ö^o Vecchia. ■ » 7 . . . Madonna del Monte Ber- rico 1 . . La Rotonde, &c. . . 9 Caverne , ou Grotte de Cavali 9 Vdle de Verone. . . • • • IO , . Chdteaux (ou Forts) ; Ponts; Portes. . . U . . Pia??a de' Signori . . n ^ ; ^-dell'Erbe. . • i* .' della Bra. . . K. W  ~2jt Tahi • • ; pfaizo del Proveditorc. - \. J • • . ■ Amphithéatre. . . , j» • • • yJrco Antica. . ' ' A • • ■ Porta Antica, &c ' '. £ • • • ~ del Foro Giudi- ~* liale j_ KJ... Salle de Speclacle. . '. • " " 7.— de 1'Académie. . i§ • • • Lamere della Converfa- >*< ' ' * Muféum. . . .. l6 >»< ■ ' ■ La Foire (Fiera). . . „ KJ- • • La Douane. .... 17 ' ' ' principaux. . ' ji • • • Principaux Cabinets de Tableaux j g • • • Cathédrale (il Duomo)! iS • • • San Giorgio Tg • * • J. Capuccinï. . . . , jn • • • San Zeno. . . , ' [ j~ . . . Bernardo. . , ft ' ' ' Procolo. . . . ' «O • • . Terre & Teinture dc Ve- JWe/Tc Je Pefchiera. ' * f? x/ac Guardia. . ' * ^tVWe Brefeia 21 : • • Citadelle. .* " • • • Palano publico.' \ ] ;-aa ■ • • Cathédrale (il Duomo). 22 f*) ' * ' Sf."7^c°M • • 23 ^ >> • • • Bibliothèque publique. . 24 • > . La Madonna delle Gra- rV% 24 ■ • • La Pace, ou Filippini. 24  DES PHItfCIFAUX ARTICLES . Santi Na^aro è Celfo. . 24 . . Palais Avogardi. . . 25 , . . principaux. . . 25 . . San Lauren^p. ... 25 . . Santa Af ra 26 . . Salle de Speclacle. . . 27 Ville de Bergame. . ... • 27 . PalaxxpVecchioeNuovo. 2¥ (*) ' ". . B&thnent de la Foire (laFiera) 28 . . . Cathédrale (il Duomo). 28 (*") . . Santa Maria Maggiore. 28 Grata 29 •- • - San Agoftino. ... 29 . . . Palais principaux. . . 29 Roubella; Villa Franca. . . • 3^ Avis utile. 3° Ville de Mantoue S°' (*>. .. Cathédrale (il Duomo). 31 ' . . . San Andrea 32 . . . Maurice. . '. . • 33 . . , Eglife des Jéfuites. . . 3? (*)... Palais Ducal. . • • 33 . . . principaux. . . 34 . . ■ . Théatre ; Moulin des dou^e Apötres, &c. . 35 . EdiCes de Ste. Thérè- ' ' fe,&c 35 (*) . . • Palais duT 35 Ville de Gualtelia • 3§ . Groupe en bronze, ore. 39 Ville de Parme • rv\ . Grande PW', Monu- ^ J . mn„ &c 3S> , . . Tutti li Santi. . • • 4Q K v  22*) . . . Arfenal lS9 (*■) Pont de Raperfwil . , . • • • \S9 (*) Célèbre Cataraéte du Rhin ■ • ™o K Ville de Schaffhoufe. . • • • 101 . . Grand Temple — Hotel- de-ville — Arfenal . lol - . . Grande Horloge — Pont du Rh- 'u < • • • l6t Ville de Bale . l63 . Cathédrale !°4 /*>>'.. Te/raffe i°4 >*< . Bibliothèque publique. . 104 S . Hdtel-de-ville — ^/r/è- naZ 1^4 . . . Ancien Couvent des Vo~ minicains 1(^4 route de Bale d Strasbourg; par Huningue , c?c 16 5 Huningue 1 A Neuf-Brifack I0*  £J2 T A B L E Ville de Strasbourg' x$y (*) • • • Cathédrale iö§ (*) • • • Tour, ou Pyramide. . 168 . . . Intérieur de 1'Eglife — Grande Horloge. . .169 . . . Hotels du Gouvernement; de ITntendance , &c. 170 (*) . . . Temple St. Thomas. . .170 (*) . . . Salle de Speclacle. . .171 • • . Fortifications, Citadelle, Arfenal 171 (*) . . . Pont du Rhin. . . .171 (*) . . . Promenades publiques. . 171 Projet d'Excursion de Strasbourg fur Baden, Raftatt, & Manheim I73 Ville de Manheim i7| (*) • . . Palais ElecJoral. . . . j7a (*)... Bibliothèque. — Salle de Spe&acle. . 173 (*) . .. . Cabinet de Tableaux. '. 173 . . . Colle&ions des Médailles, -cV'Antiques&Raretés. 173 Chdteaux de „ ^wetzing, Ogref- heim. ..." I7, Route Je Strasbourg d Nancy. ' 17» Saverne — Chdteau. &c. . . . ïl4 Phalsbourg j-2 Luneville ' I72 Bitche • -jiS Deux-Ponts I7* Saarbruck I7^ Ville de Nancy. I75 (*)... Place-Royale. . . . ^7 . . . Fontaines. — Eglife Pri-  DES PR.1NCIPATJX AltTICLES. *33 matiak, S?c. . . ' • 17? (*) . . . Salie de Speiïacle. . '. 177 Route de Nancy d Luxembourg, par Metz r78 Pont-a-Moufibn 178 Ville de Metz 178 . . . Arfenal, Höpital Militaire. . . • • • 179 (»)... Corps de Ca%ernes. . .179 . . . Hotel da Gouvernement; Intendance ■ . . 179 . . . Places publiques. — (*) Cathédrale. . . .179 , . . Fortifications. —- Cita- - delle ï»° Ville de Thionville 181 Ville de Luxembourg. . . . • 181 Route Je Luxembourg d Liége. . 182 - Marche ,• l83 Chdteau de Seraing 183 Ville de Liége 184 . . . Académies 184 . . . Etendue de la Princi- pauté 184 . . . Rivier es, Sol, Mines, Eaux minérales. . -185 . . . Manufaciures , Fabri- ques 180" . . . Impöts, &c 187 . . . Nombre des Habitans. . 187 . . . Palais du Prince. . .187 . . . Hdtel-de-ville. . . .188 £*) . . . Fontaines publiques. . . 188 ... Cathédrale & Eglifes principales 189  aj4 Taelï (*) . . . Pont des Ar ches. . . 189 (*) . . . Promenades publiques: . 190' . . . Eégiflation 191 ... Corps d'Etat 192 . . . Magiftrats 194 . . . Adminiftration de la Juftice par plufieurs Tribunaux 195 . . . Conciles tenus d Liége. . 197 . „ . Artifies célèbres. . . .199 Excursion de Liége d Aix-la- Chapelle—d Spa, &c. 200 ' Ville d' Aix-la-Chapelle . . . 200 . . . Eglife Notre-Dame — des Jéfuites, &c. . . 200 (*) . . . Batiment des Bains. . 201 Bourg de Spa. ....... 201 (*) . . . Redoute, Vaux-Hall, Salle des SpetJacles, &c. 203 . . . Sources principales. . . 203 ♦ . . Rois & Princes Souverains qui y ont bu les eaux anciennement. . 203 . . Monument de Pierre-leGrand, Empereur de Ruffie 204 . . . Chaafontaine. . . . 205 Route de Liége, d Bruxelles. . 206 Ville de Louvain 206 . . . ChdteauCéyir(ruinesdu) 207 . . . Hotel-de-Ville—Canal. 207 . . . Bibliothèque Cabinet d'Hiftoire Naturelle • Jardin Botani- que} &c 207 (*) . . . Pont des Ar ches. . . 189 (*) . . . Promenades publiques. . 190 . . . Légiflation 191 ... Corps d'Etat 192 . . . Magiftrats 194 . . . Adminiftration de la Juftice par plufieurs Tribunaux 195  DIS PRINCIPAUX ArTICLES. 23J RÉCAPITULATION des Routes indiquées dans le préfent Vyage. 209 Premier Volume. De Calais, d Bruxelles. . . -209 De Bruxelles, d Amfterdam. . • 209 D'Amfterdam , d Utrecht. . . • 210 D'Utrecht, d Breda 810 De Breda, d BruxeÜL-s. . . . ' De Bruxelles, d Paiis - De Paris, d Nantes 111 De Nantes, d Breft -lI De Breft, d Saint-Malo 8 Nantes. »" De Nantes, d Bordeavix. - • De Bordeaux, d MontpelBer. • 211 De Montpellier, d Ntmea firMaP- feille • De Marfeille, d Toulon. . . • - ■ De Toulon d Gènes, par le Col- du-Tende 211 De Marfeille, d Lyon 21 * De Lyon, d Genève 212 De Genève, d Turin 212 Second Volume. J)e Turin , d Gènes, Pife, Florence & Rome 2ia Troisième Volume. De Rome , d Naples, Lorette, Bologne , Venife 21a Quatrième Volume. De Venife , d Milan, par Vicence , Mantoue, Parme, Plaifance , &c fiiA De Milan 3 d Turin aia  tjG T A E L E De Milan, d Berne ; par le Mont St. Gothard 212 De Turin, d Genève 212 De Genève, d Berne, Schaffhoufe. 213 De Schaffhoufe, d Bale, Strasbourg, Nancy, Metz, Luxembourg. . 213 De Luxembourg, d Liége. . .213 De Liége, a Aix-la-Chapelle. . . 213 Z)'Aix-la-Chapelle , a Spa. . .213 De Spa, d Liége. . . . . . 213 De Liége, d Bruxelles 214 Table des Obfervatiöns pour aider i d.comparer les diftances des Sta- N 2I4 tions : Suivie d'Obfervations k générales j PrTx des Chevaux de Poftes, en") France, dans les Pays-Bas Au- I trichiens, dansles Etats de Pié-t mont, de Tofcane, du Pape, du f Roi de Naples, dans le Plaifan- )> 21§ tin, dansles Etats de Parme & de \ Modène, dans les Milanois&les 1 Etats de Venife, de Gènes & I dans le Pays de Liége. J Rapport des Monnoies en Brabant, ~\ Hollande, Gènes, Piémont, Flo- ê rence,Rome,Naples, Bologne , > 217 Modène, Parme , Venife , Mi- C lan, Suiffe, Spa & Liége. J Fin du 4*me & dernier Volume. ïages. Lignes. ~ —— w»v*y L/"v"V> ERRATA. sq 29 lifez le chemin dès Iors devient plus doux II? 33 lifez Taftaccio. 15a 29 lifez d'immenfes amas 159 lij 1'fez noblernent décorées.