1155 F 30   E T R E N N E S D U BEAU SE XE, POUR L'ANNËE M D C C X C V. Avec 5 belles Eftampes. A U T R E C II T, Chcz J.-de WAAL, Samsz. Libraire. 17 9 5.   A U X F E M M E S! vSêxe charmant , né pour le bonheur de 1'autre, de vous dempend la deftinée d'une génératiori entière ! Ne donnés votre coeur qu'en échange de nos vertus. Qui d'entre les hommes ferait bypocrite, ambitieux, vindicatif, ingrat, lïbertin , &c. fi fhypocrifie, I'ambition, la vengeance, Tingratitude, le libertinage, &c. étaienc des barrières infurmontables entre lui & la femme qu'il aimerait? Vous avez en votre pouvoir le mobile le plus puiffant fur le coeur Irumain. II ne tiendrait qu'a vous A 2 d'o-  (4) cTopérer la plus heureufe révofution; & il n'y a peut-étre que vous feules qui puifliés la tenter avec fuccés. Sans en abufer, fachez vous fervir de 1'afeendant que la nature vous a donné; foyez nos juges, & diftribués les couronnes fans partialité & avec diseernement. Que Famour & Thymen deviennent les légiflateurs de la fociété 5 que pour gouter leurs plaifirs, il faille s'en rendredigne; que pour avoir le drolt d'entrer dans leur Temple commun & d'y refter , il foit indifpenfable de montrer des titres, & d'acheter leurs faveurs au prix des qualkés les plus précieufes. Femmes! quel triomphe pour votre amour propre! Combien s'étendrait votre empire d'autant plus flatteur qu'H étendrait en même tems celui de la vertu! Arbitres de nos plaifirs, vous deviendriez auffi les confervatrices de nos moeurs; & vous réa-  C5 ) réaliferiez les titres vains de Souveraines & de Divinités ♦ que Tétiquette & la fauffeté vous prodigueat pour mieux vous féduire! A 3  JANVIER. 1 Jeudi. 2 Vendredi. 3 Samedi. 4 Dimancbe'. 5 Lundi. 6 Mardi. . 7 Mercredi. ü Jeudi. 9 Vendredi. ïo Samedi. 11 Dimancbe, 12 Lundi. 13 Mardi. 14 Mercredi. 15 Jundi. irt Vendredi. 17 Samedi. 18 Dimuncbe. 19 Lundi. 20 Mardi. 21 Mercredi. 22 Jeudi. 23 Vendredi. 24 Samedi. 115 Dimancbe. 26 Lundi. 27 Mardi. 28 Mercredi. 29 Jeudi. 30 Vendredi. 24 Samedi. FEVRIER. 1 Dimancbe. 2 Lundi. 3 Mardi. 4 Mercredi. 5 Jeudi. 6 Vendredi. 7 Samedi. 8 Dimancbe. 9 Lundi. 10 Mardi. 11 Mercredi. 12 Jeudi. 1 13 Vendredi. 14 Samedi. 15 Dimancbe. 16 Lundi. 17 Mardi. 18 Mercredi. 19 Jeudi. 20 Vendredi. 21 Samedi. 22 Dimancbe* 23 Lundi. 24 Mardi. 25 Mercredi. 26 Jeudi. 27 Vandredi. 28 Samedi.  ÉNIG M Et I. Parrai tous les préfents dont la ricbe (Nature, Leeïeur, te comble fans mefurc, II en eft un, furtout, renfermé dans mon (fein D'un prix vraiment ineftimable: L'homme pour en jouir leve un bras (afiaflin Sur moi, m'étend par terre, & de cent (coups m'accable, Sans qu-H en foit blamC; car telle eft (de mon fort L'exceffive rigueur: c'eft par mon aiïi- (ftance Qu'il prolonge fes jours; & pour ma (rócoropenfe L'ingrat il me donne la mort. A 4  M ARS. I Dimancbe. i Lundi. 3 Mardi. 4 Mercredi. 5 Jeudi. 6 Vendredi. 7 Samedi. 8 Dimancbe. 9 Lundi. 10 Mardi. 11 Mercredi. 12 Jeudi. 13 Vendredi. 14 Samedi. 15 Dimancbe. 16 Lundi. 17 Mardi. 18 Mercredi. 19 Jeudi. 20 Vendredi. 21 Samedi. 22 Dimancbe. 23 Lundi. 24 Mardi. 25 Mercredi. 26' Jeudi. 27 Vendredi. 28 Samedi. 29 Dimancbe. 30 Lundi. 31 Mardi. A_V1UL. 1 MercrëdTT 2 Jeudi. 3 Vendredi. 4 Samedi. 5 Dimancbe. 6 Lundi. 7 Mardi. B Mercredi. 9 Jeudi. 10 Vendredi. 11 Samedi. 12 Din.ancbe. 13 Lundi. 14 Mardi. 15 Mercredi. 16 Jeudi. 17 Vendredi. 18 Samedi. 19 Dimancbe, 20 Lundi. 21 Mardi. 22 Mercredi. 23 Jeudi. 24 Vendredi. 25 Samedi. 26 Dimancbe. 27 Lundi. 28 Mardi. 09 Mercredi. 30 Jeudi.  LOGOGRIP ME. II. Me deviner, Lecleur, n'eft pas chofe Cfacile, Plufieurs Ie tenteront, j'en dérouterai (mille; J'enchaine les héros, foumets les fou- (verains, Et décide fouvent du bonheur des hu- (mains. Sur fix pieds je puis être ou ta femme (ou ta mère, Ote moi tête & queue & je ferai ton v , ... (Pèrè; veux-tu par le mmeu me couper fans (pitié, De toi je deviendrai la plus noble moitié. A 5  M AT. i Vendredi. i Samedi. 3 Dimancbe. 4 Lundi. 5 Mardi. 6 Mercredi, 7 Jeudi. 8 Vendredi. 9 Samedi; 10 Dimancbe, 11 Lundh ra Mardi. 13 Mercredi. 34 Jeudi. 15 Vendredi. 16 Samedi. 17 Dimancbe, 18 Lundi. 19 Mardi. 20 Mercredi. ai Jeudi. 22 Vendredi. -23 Samedi. 24 Dimancbe. 25 Lundi. 26 Mardi. 27 Mercredi. 28 Jeudi. 29 Vendredi. 30 Samedi, 31 Dimambe, JUIN. 1 Lundi. 2 Mardi. 3 Mercredi. 4 Jeudi. ! 5 Vendredi. 6 Samedi. 7 Dimancbe, 8 Lundi. 9 Mardi. ic Mercredi. 11 Jeudi. 12 Vendredi. 13 Samedi. 14 Dimancbe. 15 Lundi. 16 Mardi. S7 Mercredi.- 18 Jeudi 19 Vendredi; 20 Samedi, 21 Dimancbe, Z2 Lundi. 23 Mardi. 24 Mercredi. 25 Jeudi. 12Ö Vendredi. 27 Samedi. 28 Dimancbe, 29 Lundi. 30 Mardi.  C H A R A D E. III. Un gentil aniraal compofe men premier, La liberté fait fes déüccs; I! eft fujec a des caprices, Et craint autant mon humide dernier, Que le Lecteur déiïre mon entier. V AVE U. Un jour Climène en mal d'enfatrt. Criait« pleine tête , Et fon mari trifte & dolent Pleurait comme urie béte; Tom beau, Moniieur, ne pleuréspas, Hit la fine Climene , Car, par ma foi, vous n'êtes pas La caufe do ma peine. A ö  JUILLET. 1 Mercredi. 2 Jeudi. S Vendredi. 4 Samedi. 5 Dimancbe. 6 Lundi. . 7 Mardi. 8 Mercredi. 9 Jeudi. 10 Vendredi. 11 Samedi. 12 Dimancbe. 13 Lundi. 14 Mardi. 15 Mercredi. 16 Jeudi. 17 Vendredi. 18 Samedi. 19 Dimancbe. 20 Lundi. 21 Mardi. aa Mercredi. 23 Jeudi. 24 Vendredi. 25 Samedi. 26 Dimancbe. 27 Lundi. 28 Mardi. 29 Mercredi. 30 Jeudi. 31 Vendredi. A 0 U 1 Samedi. 2 Dimencbe. 3 Lundi. 4 Mardi. 5 Mercredi. 6 Jeudi 7 Vendredi. 8 Samedi.. 9 Dimancbe. 10 Lundi. 11 Mardi. 12 Mercredi; 13 Jeudi. 14 Vendredi. 15 Samedi. 16 Dimancbe. 17 Lundi. 18 Mardi. 19 Mercredi. 20 Jeudi. 21 Vendredi. 22 Samedi. 23 Dimancbe. 24 Lundi. 25 Mardi. 16 Mercredi. 27 Jeudi. 28 Vendredi. 29 Samedi. 30 Dimancbe. 31 Lundi.  E N I C M E. I V. Je fuis, par ma nature , inconftante (& légére, On me connait fujette au changement, B'un doux ou d'un afFreux myfcere, Souvent j'ai fixé le moment. Le même objet qui m'a fait naitre, L'inflant d'aprés me fait mourrir, Et tel quj croirait me faifir, Malgré lui me voit difparaitre. Si j'en ai dit trop peu pour me faire (connaitre, Apprends que 1'inconftance & la légé- (reté Ne m'empêcheront point d'être a ta (volonté.  SEPTE VIBRE. i Mardi, ■a Mercredi. 3 Jeudi. 4 Vendredi. 5 Samedi. 6 Dimancbe, 7 Lundi. % Mardi. 9 Mercredi. 10 Jeudi. 11 Vendredi. is. Samedi. 13 Dimancbe. 14 Lundi. 15 Mardi. 16 Mercredi. 17 Jeudi. rg Vendredi. 19 Samedi. 20 Dimancbe. 21 Lundi. 22 Mardi. 23 Mercredi. 24 Jeudi. 25 Vendredi. 26 Samedi. 27 Dimancbe. 28 Lundi. 29 Mardi. 30 Mercredi. OCTOBRE. 1 Jeudi. 2 Vendredi. 3 Samedi. 4 Dimancbe. Z Lundi. 6 Mardi. 7 Mercredi. 8 Jeudi 9 Vendredi. 10 Simedi. 11 Dimancbe. ia Lundi. 13 Merdi. 14 Mercredi. 15 Jeudi. 16 Vendredi. 17 Samedi. 18 Dimancbe. 19 Lundi. 20 Mardi. 21 Mercredi. 22 Jeudi. 23 Vendredi. 24 Samedi. 25 Dimancbe. 16 Lundi. 27 Mardi. 28 Mercredi. 29 Jeudi. 30 Vendredi. 31 Samedi.  C M AR AD E. V. A Eliza. Bien mieux que mon premier vous pou» (vés nous fe\iuire, Ainfi que mon fecond vous nous en(chantés tous; Que n'ai-je de mon tout & Ja voix &. (la lyre, Pour chanter vos talents en vers digncs(de vouS'! A Emilie. Quand je vois vos attrairs, c'eft pour (moi le printems^. Quand je ceuille un baifer , c'eft 1'Ecé; (je moifTonneo Quand vous me prodigucs dans vos (difcours charmants, Les fruks de votre efprit, j'amaffe; (c'eft 1'automrie Mais ü dans vos yeux , dans votre air , Je vois de la froideur, je tremble; (c'eft 1'hyver;  N0VEM3RE. 1 Dimancbe. 2 Lundi. . 3 Mardi. 4 Mercredi. 5 Jeudi. 6 Vendredi. 7 Samedi. 8 Demancbe. 9 Lundi. 10 Mardi. U Mercredi. 11 Jeiuli. 13 Vandredi. 14 Samedi. 15 Dimancbe. 16 Lundi. 17 Merdi. 18 Mercredi. 19 Jeudi. 20 Vendredi. ai Samedi 22 Dimancbe. 23 Lundi. 24 Mardi. 25 Mercredi. 26 Jeudi. 27 Vendredi. 28 Samedi. 29 Dimancbe, 30 Lundi. DECEMBRE. 1 Mardi. 2 Mercredi. 3 Jeudi. 4 Vendredi. 5 Samedi. 6 Dimancbe. 7 Lundi. 8 Mardi. 9 Mercredi. 10 Jeudi. 11 Vendredi. 12 Samedi. 13 Dimancbe. 14 Lundi. 15 Mardi. 16 Mercredi. 17 Jeudi 18 Vendredi. 19 Samedi. 20 Dimancbe, 21 Lundi. 22 Mardi. 23 Mercredi. 24 Jeudi. 25 Vendredi. 26 Samedi. 27 Dimancbe. 28 Lundi. 29 Mardi. 30 Mercredi. 31 Jeudi.  1 O G O G R I P II E. VI. Sur quatre pieds je vais fans-celTe, Erj touc tems, entouclieu, j'aime a me (préfentcr; Cependant pour me fuir on s'agite , on (s'cmprefTe, Ec fouvent on me trouve en voulant (m'éviter, II faut en convenir, je fuis bien ef(froyable, Mais c'eft en vain qu'on me luit; Otés moi tête & queue & je deviens (aimable, Ne voyés que mon coeur, & le votre Ceft fédiiit.  Planche I, LA ViCTIME DE l'aMOUR. C3n accufe 1c Franqais d'être fcrt léger dans fes amours , & peut-être ce reproche n'eft il pas fans fondement: mais comme le proverbe dit, qu'a toute régie exception , 1'hiftoire luivante prouvera qu'il peut aufli tresbien s'appliquer a ce cas. Un jeune Provencal , beaucoup mieux partagé des dons de la nature & de 1'éducation que de ceux de la Fortune, aimait pafiïonèmenr unê Demoifeüe de fon voifinage. Mais comme (fuivant la maniére de parler de ces tems la) il n'était pas d'une aufli grande maifon qu'elle , il n'ofait lui déclarer fon amour; & Ia' difproportion de la naiflance lui avait même fait perdre tout efpoir de 1'obtenir en mariage. 11 ne 1'aimait donc que paree qu'il la trouvait parfaitement aiinable, & fon amour était aufli honnête que vif. La Belle, bien convaincue que la tendrefle qu'il avait pour elle n'était fondée que fur la vertu , fe crüt heureufe d'etre aimée par un hom-    c lp y homme comme lui. L'acceuiF qu'clle lui faifait iurpaiïa de besucoup fesefpèrances, & il commencait a göuter les plaifirs les plus purs dans cette fociété 13 chère, lorsque 1'envie, qui ne dort jamais, vint les troubler. On infiuua a la mère de la jeune fille , qu'on interprétait en mal , dans le public, les vifites de fon amant; & comme elle craignait pour elle les mauvaifcs iangues, elle le pria de les difcontinuer pour quelque tems. Le jeune homme en fut d'autant plus piqué, que la manière honnête & respeélueufe dont il en avait ufé avec laBelle, ne méritait rien moins que cela. Cependant pour étouffer les mauvais bruits il fe retira tout-a fait , & ne revint que quand on eut ceifé de caufer, L'abfence ne diminua rien de fon amour. Mais peu de tems après, il entendit qu'on parlait de marier fon amante avec un Gentilhomme, qu'it ne croyait pas plus riche que lui, &, par conféquent, pas plus endroit de prétendre a fa maiu. Mais le jeune homme fe trompait; la fortune de fon rival, qui était beaucoup plus confidérable que la fienne , lui _ fit ©btenir la préférence. Ce coup im- prêvu  C *> ) prêvu fut fi fenfible pour lui qu'il commenca dès ce jour a décheoir a vue d'oeil, & changea tcllement qu'on aurait dit qu'il portait la mort peinte fur fon vifage & qu'il allait mourrir d'u'i moment a 1'autre. Néanmoins il continuait a voir quelquefois 1'objet de fon amour, mais enfin les forces s'aiïaiblirent tellement, qu'il fut obligé de gardei* le lit, & ne voulut jamais qu'on en donnïlt avis a fon amante, afin de lui éviter le chagrin que cola pourrait lui caufer. II s'abandonna tellement a fon défefpoir qu'il ne mangeak, ne buvait, ne dormait, ni ne repofait; & il devint dans peu de tems fi maigre & fi défiguré, qu'il n'était plus reconnaiflable. La mère de fon amante avait pour lui beaueoup d'eftime, & aurait préféré 1'honneteté de fon caractère aux prétendus biens de fon rival , fi les parens euifent étë de fon avis: mais ceux-ci ne voulurent jamais en entendre parler. Dès qu'clle eut appris la maladie du jeune-homme, elle alla le voir avec fa fille, & Ie trouva plus mort que vif Etonne de cette vifite, il raflembla le peu de forces qui lui reftaient, fe leva fur fon féant, & leur  C 21 ) leur demanda quel fujat pouvait les amener auprès d'un homme qui avait déja un pied dans la fbfle, & dont elles caufaient Ia mort ? Quoi! répondit la Dame , ferait-il pofiible que nous iifïïons mourrir une perfonne que nous aimons tant? Dites moi, je vous prie , pourquoi vous nous parlés ainfi? „ J'ai caché tant „ que j'ai pü, Madame, 1'amour que „ j'ai pour Mademoifelle votie fille; & mes parens qui vous Font de„ mandée en mariage , ont été plus „ loin que je ne voulais, puisque j'ai ,, eü le malheur de perdre par la tout „ efpoir. Je dis malheur, non pas „ pour ce qui me regarde, mais paree que je fais que perfonne ne la trai„ tera jamais fi bien, ni ne 1'aimera „ aufli tendrement que je 1'ai fair. „ La perte qu'elle fait du meilleur & „ du plus fidéle ami qu'elle ait au „ monde, m'eft plus fenfible qne la 5, perte de ma vie, que je ne voulais conferver que pour elle feule..." La mère & la fille firent tous leurs effbrts pour confoler eet infortuné; mais ce fut en vain. II fe contenta de les prier de lui accorder la faveur tw'il allait leur demander; & cette faveur  ( 22 ) veur était de pouvoir ferrer tendrement dans fes bras famie de fon cceur, avant de la quitter pour jamais. La mère y ayant confenti, la jeune fille s'avanea prés du lit de fon malheureux amant, en le conjurant de fe réjouir & de reprendre courage. Le pauvre langukfant, malgré fon extreme faibleffe, étendit fes bras maigres & décharnés, 1'embrafla de toute fa force, appliqua fa bouche pdle & froide contre la fienne , & lui renouvella les proteftations qu'il lui avait fi fouvent fakes , fur 1'honnêteté & la vivacité de fon attachement pour elle. Les careffes qu'il lui prodigua furent ü tendres & fi véhémentes , que fon cceur affidbli ne put foutenir eet effort; & eet infortuné jeune homme vit trancher le f31 de fa vie, dans les bras de celle que 1'amour ne fetnblait avoir animée que pour en faire le bonheur. Cruels préjugés ! infenfées diftinctions de rangs! amour fatal des richesfes, voila votre ouvrage! On iuge alfez de l'impreflion qu'une telle fcène düt faire fur le coeur de la mère & de la fille. L'aflliciion de cette dernière fut fi extréme, qu'elle la  II   ( 23 ) ta plongea dans la plus profonde méSancolie, & que le refte de fes jours s'écoula, dans les regrets & dans les larraes. Ne pourrions nous pas dire, fans vouloir faire la crhique de notre fiécle, Qjfon n'aime plus, comme on almait jadis ? LA FEMME INFtDCLE PAR VENGEANCE. J^rancois I. avait a fa cour un Gentilhomme \ qu'il aimait beaucoup a caufe de fes grandes qualités; & comme il n'avait pas de fortune, il lui fit époufer une femme très-riche & trcs-jeune. Son époux la confia a une grande Dame de la Cour, & étant devenu amoureuxd'une autre femme, il négligea entièrement la fienne, au point qu'il ne lui parlait jamais, r,i ne lui donnait aucuue marqué d'amitié. II jouilfait cependant de fon bien, & hii en faifait fi peu de part, qu'elle n'avait pas même de quoi s'habiller fuivant fes defirs. La Dame chcz qui elle Plancbe II.  C °-4-) ei» était, en fit fouvent des plaintesa fon niari , mais toujours inutilement. En deux ou trois ans ]a jeune femme devint une des plus belles femtnes* de France, & éclipfa bientöt toutes celles de la Cour. Mais tous fes charmes n'eurent pas le pouvoir de lui ramencr fon époux. Plus elle fe fentait digne d'être aimée, plus elle était fenüble au mépris qu'il avait pour elle; & Ie chagrin de fe voir ainfi délailfée Ia plongea enfin dans le plas profoud accablement. Sa directrice qui s'en apercut , n'oublia rien pour 1'en tirer ; mais fes foins furent inutiles. Un grand Seigneur du voifinage, qui voyait beaucoup la directrice , fut fi touché des duretés du mari de Ia jeune femme, qu'il voulut effayer de Ia confoler. Mais Ie roi, qui aimait fort le mari, pria ce Seigneur de difcontinuer fes foins après de Ja jeuns Dame, & il fat obligé d'obéïr bien malgré lui. Le Gentühomme voyant enfin que fa femme emSelIifllu't tous les jours, & qu'il devenait vieux & laid , commenga a changer de röle, & a prendre celui qu'il faifait depuis longtems jouer a fa  C 25 > Fa' femme. Mais plus elle voyait qu'il Ia reelierchait , plus elle le fuyait, éra^.t bien aife de lui rendre une par•tie des ennuis qu'il lui avait caufé. Cependant cette vengeance ne la faüsfaifait point enccre: pour la rendre plus complette, elle j'adreffa a un des plus jeunes & des plus aimables Genüls-hommes de Ja cour, & fe plaignic fi vivement a lui des duretés qu'on avait eü pour elle, qu'elle n'eut pas de peine a exciter fa pitië. En efFet, ce nouvel amant n'oublia rien de ce qu'il erüc propre a confoler la Beüe, 6c 1'un & 1'autre fe trouvaient fi bien de cette nouvelle intrigue, qu'ils ne 'fongèrcnt plus qu'a la eacher foigneufement. Cependant malgré routes leurs prcS camions, le Gentil-homme parvint un jour a les trouver enfemble , & comme cette liaifon pouvait lui paraitre fufpecle, il défendit a fa femme de parler déformais a aucun homme, foit en public, foit en particulier, la menacant de la tuer fi elle lui dëfobëïfTait. Mais cette défenfe fëvère ne fit qu'irriter d'avantage les délirs de fa jeune éponfe ; & dès le foir même étant üetournée coucher dans une chambre B a  <: 26) a part, avec fes fuivantes, elle fic prier fon amant de fe rendre auprès d'elle. Le mari, dëvoré de jaloufie, s'envelopa dans une cappe, & alla frapper a Ia porte de fa femme. Celleci qui n'attendait rien moins que lui, voyant fes femmcs endormies , fe leva & s'en al!a droit a Ia porte. Au qui va la? fut répondu le hout de celui qu'elle aimait; mais, pour s'en ailurer mieux encore , elle entr'ouvrit le guichet & lui dit, fi vous êtfes en effet celui que vous dites, donnés raoi la main; je reconnaitrai bientot fi vous dites vrai. Qu'on juge de fa furprifc, de fa confufion & de fes craintes lorsqu'elle reconnut Ia main de fon mari. Celui ci, forten colère, la fit appelier peu de tems après, par un valet de chambre. Elle fe rendk a fes ordres, plus morte que vive, & a peine fut elle dans la chambre de fon mari qifelle fe jetta a fes pieds & lui dit. „ Avez pitic de moi, Monfieur, je vous en fupplie, & je vous jure „ que je vous dirai toute Ia véri- ,, té." Je prétends bien que vous me la difiés, repliqua le mari outré de colère; Sc lardeffus il fit fortir tout ie monde. Comme fa femme lui avait  ( af) avait toujours paru fort dévote , il crüt qu'elle ne fe parjurerait point s'il la faifait jurer fur la eroix. II en fit donc apporter une fort belle, & lui fit jurer fur cette croix qu'elle lui dirait la vérité fur ce qu'il lui dcmanderait. La jeune femme déploya tout fon art pour s'excufcr auprès de lui, & réuffit même a lui perfuader qu'il ne s'ëtait. jamais rien paffe- de criminel entr'elle & fon amant. Mais cette promefi'e ne fervit qu'è. lui faire redoubler de foins pour cacher fes intrigues a fon mari. L'attachement qu'elle avait d'abord eü pour lui, fe changéa en une haine irréconcibiable: elle réfifta longtems aux défirs de 1'amour avec fes amants, tnais enfin elle s'abandonna a fon défefpoir, & crüt ne pouvoir mieux fe venger de fon mari qu'en violant comme lui Ia fidélité conjugale.... Epoux froids & inlidèles, quelïe lecon pour vous!.... B 2 Ph w  C 23 ) Plancbe III. ALONZO ET PAULINE.. T jz femme du Marquis de Mantoue, Sceur du Duc de Ferrare, avait chez elle une demoifelle nommée Pauline, dont un Gentil-homme, qui était au fervice du Marquis, devint éperdument amoureux. Comme il était pauvre, la Marquife qui aimait Pauline, & qui voulait qu'elle fe maridt plus richement, les détournait autant qu'elle pouvait de leur liaifon: mais ils ne s'en aimèrent que plus vivement 1'un & 1'autre. Alonzo ayant été fait prifonnier, dans une guerre qui furvint a cette époque, fe trouva éloigné de fa belle pendant plus de neuf mois; & ayant enfin obtenu fa liberté, il recommenca fes follicitations auprès du Marquis & de la Marquife, pour fon mariage avec Pauline. Les parents de part & d'autre, qui défaprouvaicnt beaucoup fa paffion, lui défendirent de parler déformais a fon amante , dans 1'efpèrance qu'il 1'oublierait peu-a-peu. Se voyant forcé d'obéïr, il demanda la permiffion de pren»    prendre congé de Pauline; ce qui lui fut incontinent accordé. II fe plaignit amèrement a elle de la cruauté du fort qui les féparait, & lui déclara qu'il avait trop & fe plaindre du Marquis & de la Marquife, pour continuer de refter a leur fervice. ü lui protefta que 1'ayant aimée jusqu alors avec toute la vertu & 1'honnêtcté poffibles, il ne cefferait pas de 1'airaer de même toute fa vie; qu'ayant perdu tout efpoir de 1'obtenir jamais en mariage, il était réfolu de fe confacrer a la vie religieufe. Tout ce qu il lui demanda avant de fe féparer d'elle, fut de lui permettre qu il 1 embralTat. Pauline, qui lui avait toujours témoigné aflez de rigueur, ne tui répondit que par des larmes, le ietta k fon cou le cceur fi faül que la parole, le fentiment & les forces 1'abatidonnant, elle tomba évanouie entve fes bras; & 1'amour, la triftelïe & la pitié lui en firent faire autant. Une des compagnes de Pauline, qui les vit tomber 1'un d'un coté, 1'autre de 1'autre , s'empreffii de les fécounr, 5c nenüt s'empêcher de verfer des larmes de'douleur a une fcène aufli touchante. Alonzo raffjmblant toutes fes 13 3 for"  C 30 ) forces, quitta Pauline, le cceur ravré de trifteiïe, & alla fe retirer dans un Couvent. Le Marquis & la Marquife, qui en eurent avis, en furent fi furpris qu'a peine pouvaient-ils le croire. Quant a Pauline elle feut fi bien caciier fa pafiion , que chacun difait qu'elle avait oublie fon amant. Mais étant allée un jour entend/e la meffe au Couvent oü était Aionzo, comme le prêtre, le diacre & le fous-diacre fortaient du reveftiaire pour aller a 1'autel, fon amant qui n'avait pas encore achevé 1'année &i fon noviciat, marchait le premier, les yeux baiflës vers terre. Pauline le revoyant en eet équipage, fut fi furprife & fi troublée, que pour cacher la véritable caufe de la rougeur qui lui montait au vifage, elle fe mit a touffer. Alonzo qui la reconnut , ne put s'empêclier cn paflant devant elle, de lui jetter un coup d'oeil; mais il fut fi faifi du feu qu'il croyait prèsque éteint , que voulant le reprimer plus qu'il ne pouvait, il fe laiffa tomber tout de fon long. La crainte qu'il eut que la caufe en fut connue , lui fit prétexter que Ie pavé de 1'églife qui était rompu en eet endroit la, 1'avait fait tomber.. Pau~  XV   ( 3* ) fatiUm voyant que pour avotr chargé d'habit il n'avait pas changé de cceur, i cfolut d-exécuter le delTein qu elle avait formé d'imiter fon amant du coté de la retraite. Elle fe rendit comme lui dans un couvent, après avoir feit fes■ adieax a Alonzo; & Üs vécurent tous les deux , depuis , de la Kianière la plus fainte & la jplus dévote. Jl y avait a Arcetles, dans le Comté du Maine, un vieux Laboureur qui époufa une femme fort jeune & fort jolïe. Elle n'avait point d'enfaus, mais favait fe confoler de ce chagria avec pluüeurs amis. Quand les Gentils-hommes lui manquaient, elle revenatt a fon pain quotidien, qui était ï'ëglife. Elle choifit pour complice celui qui pouvait 1'abfoudre , c'eft-adire fon Curé. La mari vieux & pefanf ne fe défiait de rien. Mais comme c'était un homme dur & alfe? D 4 ra- Planche IF. I.E' VAN.  ) robufte pour fon age, elle jouait fon fOle Ie plus fecretcement qu'elle pouvait, craignant que fon raari la tu;1r, s'il vcnait a s'en apercevoir. Un jour qu'il était allé a Ia campagne, &'que fa femme ne croyait pas qu'il révint Jteót, elle envoya cherclier le Curé pour ia confefTer. Dans le tems qu'ils fatfaient bonne chère cnfemble , le mari aniva fi brusqUenient que Ie Curé n'eut pas le tems de s'cvader. Songeant donc a fe cacher, ii monta dans un grenier, par le confdl de la femme, & couvrit d'un Van a vanner Ie bied, la trape par oü il était moiité. Le mari étant entré , & la femme craignant qu'il ne fe doutiit de quef que c'io'e, lui fit fi bonne chère a diner, & Ie vin y fut fi peu épargné, qu'en ayant pris un peu plus que de raifon , il s'endormit fur une chaife auprès du feu. Le Curé qui s'ennuyair dans fon grenier, n'entendant point de bruit dans la chambre, s'avanca fur la trape, & alongeant Ic cou tant qu'il p.üt il vit que le bon homme dormait. Comme il re^ardait, il s'appuva par rsëgarde fi pefamment fur le Van , que Jè Van & le Curé tombèr^nt tous deux prés du Vieil- l«r»s,  C 33 ) lard, que le bruit réveilla. Le Curé, qui fut debout avant que 1'autre eut ouvert les yeux, lui dit, voild votre Van, mon compère, & grand merci; & fur cela il partit très-brusquement. Le Laboureur tout étonné, demanda a fa femme ce que c'était ? „ C'elt „ votre Van, mon ami , répondit„ elle, que le Curé avait emprunté, „ & qu'il eft venu rendre." C'eft rendre bien lourdement ce qu'on a emprunté , dit le bon homme , en grondant; car j'ai crü que la maifon tombait & il n'alla pas plus loin. Que de maris de nos jours , a qui cette bonhomie viendrait fort è propos! B 5 Tim-  C 34 > PJancbe V. JL-ÊONORE D'URGEL, fille de Raymond ïl. Comte de Barcelone.. Evenement du Xie. Siècle. Dans les jardnts d'nn Roid'Afriqire ,. Un Èfclave arrofant des flenrs, Chantait, fur un ton pathètique Ces. mots qu'interrompaient fes- pleurs» 2. Triite & fenfible Léonore, „ Hélas i toujours fourd a tes vceux,. „ Le ciel peut-il longtems encore „ Prolonger tes jours malheureux? 3. 9, Fille de ce heros célébre, ,, Raymond, dom le bras fi longtems- „. Garantit les rives de 1'Ebre », De Ja fureur des Mufulmans. 4*    C 55 ) 4- A peine un illuftre hymcnéc, .,, A Don Scrncbe uniifait fon fort, „ Que d'uuc flêche empoifonnee, „ On t'apprend qu'il attend la mortï 5. „ Tu cours aux lieux bit le carnage „ Durait encor depuis deux jour-s.... „ Barcelone était au piüage, :.„ Et-la flararae embrafait fes tours. 6. ., Alors pour dérober ta fuite , „ A de barbares ennemis, „ D'un jeune Maure de ta fuite _ ïu prends la forrae & les habits. 7- „ Meurcufe au fein de Ia mifère, ,, Si dans ton funefte avenir,. D'ur. tendre époux, d'un dignePère, „ Le ciel t'otait le fouvenir." .8. ' C'eft ainfi qu'exprimant fa peine, Cet efclave attendait la nuit, Lorsque d'une grotte prochaine, Quelqu'un lurt, le fixe ... et s'enfuit. B 6 9,  ( 36 ) 9- Le lendemain avant 1'aurore, Le jeune c fel ave infortuné, Par un des gardes du Roi Maurt t. Dans le palais eft amené. 10. A peine au Palais i!s arrivent, Que trois femmes, d'un air foumis, De la part du Roi lui preferivent De cnanger de forme & d'habits. 11. On fait fon fêxe & fon hiftoire; Le Roi lui deftine fa main; Et raffociant a fa gloire, Prétend la venger du deftin. 11. te Si mon fort eft connu du Maitre, „ Dont iei je fubis la Loi, „ CRëpond FEfdave) il doit connaitre „ Ce qu'il peut attendre de moi. 13- Jamais, quoique dans Fefdavage, Son pouvoir ne m'avilira.. . . Et s'il ofait en faire ufage, „ Ce poignard m'en garentira. MS  Cr ) 14. „ Objet de ma flamme éternclle , „ Sans toi le jour m'eft un fardeau, „ Cher époux!... Je te fuis fidéle: . j, Je le ferai jusqu'au tombeau." 15. Un bruu foudain fe fait entendre. .. Au vil' éeJat qui 1'éblouit, (Speétaele fait pour la furprendre!) La captive s'évanouit... 16. Mais a la vie enfin rendue, (O Ciel! ce font la de tes coups!) Quel objet vient frapper fa vue !. . C'elt Don Sanche, c'eft fon époux... 17. De leurs tranfports, de leur ivrcfle r. Nous ne peindrons pas Ie tableau , Les cceurs que leur fort intéreffe , Se le peindront beaucoup plus beau. 18. ,, Toi qui feule occupais mon ame, „ (l)ifait 1'époux) je te pleurais! „ Cher & tendre objet de ma flamme, „ Depuis dix ans je te cherchais! A 7  ( S8 ) 19. „ C'eft par ce Roi, dont Ia puiflance., „ Dont la cour a frappé tes yeux; ,, Par fa noble reeonnaiffance, 5, Que je te retrouve en ces lieux! 20. „ J?eus le bonheur fans le connaitre-, ,, De fauver fes jours autrefois; „ E: c'eft plus un ami qu'un maitre, Que dans 1'Afrique je revois. C'eft lui qui tëmoin de ma peine..,"' Arrêtés , (s'écria le R.oi) Je veux qu'un fi belle cliaine, Se refferre aujourdhui par moi. C2 Vous parlerés dans Barcèhne, Des maux qu'éprouvèrent vos feux: Je 1'ai conquife, & vous la donne : Partës, amis! foyés heureuxi C3. Qjiand V Amour efi d^intclligeiice , Qjie ('hymen offre tin fort bien dou.V-f Lors qiCaprhs une longue abfence 9 II rejoint deux tendres épouxl L'A,  I/A, B, C DES A M A N T S: Contre TAmour, Beautés rebelles l En vain formés-vous des projets: Veut-on fuir ? V'Amour a des alles } . Feut-oa combattre ? il a des traits. Au tempte de. Gnidc.   C 41 *) AVIS AUX AMANTS. 3NI ayant pü donner que 1'A, B, C, des amans, dans les Etrennes du Beau ■Sixe pour 1'année 1795, nous nous f'erons un plaifir de publier les lettrés fnivantes, pour ceux d'entr'eux qui n'aiment pas a cn refter a 1'A B C. Et comme aucune faifon ne peut être plus favorable a cette entreprife, que celie qui annonce le doux réveil de Ia Nature & de 1'Amour, nous pré venons tous les Amans de ces Provinces, & ceux qui ont quelque inclination a le devenir, nous prévenons, en un mot, tous les jeunes gerts ahnabïes des deux Sêxes, qu'üs peuvent fouscrire pour PAlpbabet complet de VAmour, (en un petit volume, proprement reiié, & accompagné d'une joiie eftampe , prix 3 flor. d'hollande) en adresf;mt leurs lettres a J. de Waal , Samz. Libraire a Utrecht, jusqu'au 15e. de Mars 1795. Ce termc eft de rigueur. Celles ou ceux qui défireraient de voir leur nom imprimé dans la lifte des louferipteurs, & la téte de 1'ouvrage, u'au-  C 4% > nraüront qu'a accorapagr/cr ce nom d'une étoile, (*), dans leur billet ou leure de foufcription. Mais afin que lè ritre de d'A, B , C des amanrs, ne donne pas le change anx oreilles les plus délicatc-s, nous leur déclarons que notre plan, auquel nous nous tiendrons fainremcnt, eft Oifici ï'Amour , èpurant fon ffiéme f ,, Nud - mais décent, plaife d Pudeur (jneme. Cet ouvrage devant étre d'un ufage journalier, & devenir un Hvre claflique , un manuel dont perfonne ne pourra déformais fe palier, nous fupplions les femmes, furtout, de vouloir concourrir a fa perfet^ion , en envoyant a la rnéme adrelfe oü 1'on foufcrit, les artieles qu'elles croiront propres a y entrer. Ges artieles feront fignés du nom de. chacune d'elles, fi elles le dëfirem. On gardera 1'anonyme le plus ftricï pour celles qui le préfereront.  C 4S > A, Wj C, DES AMANTS. A« Plót aux dieux qce 1'amoür en fut refté In! Abfbns. C'eft furtouta Cythère qu'iis ont torc, Acceffbircs. (les) fouvent emportent Ie fond. Acquitttr. On ne s'oblige dans Je commerce amoureux que pour le plaifir de s'acquitter. & en s'acquittant ons'endette. AcidaUc. ( Vénus) C'écait un nom que les anciens toujours conféquens donnaient a la beauté, & qui fïgnifie; Déefih des foins & des inquiêtudes. Admhte. C'eft {dans la Fablc} le nom d'un mari pour la vie du quet  t 44 ) quel fon époufe vouluc bien fubir la mort. jfdieux, Combien d'adieux amènent de retours! Adorer. Ce terme ne convienc qu'aux dieux & aux femmes. Les rois ne tiennent que Ie troifième rang dans 1'univers; les dieux ont le premier, & les femmes le fecond. Affaire. Aimer, voila Ia grande affaire du Sêxe. Agnès. Ce mot feul donne des défirfc idb!... Syllabe préeieufe!... Ileureux qui reduit fon amante a ne pouvoir artieuler que ce mot! Aile. „ Quel dommage qu'il ait des aües!" a dit quelqu'un en parlant d'un enfant que tout Ie monde connait. Puisque ce petit dieu en a, malheur quand il ne volc que d'une aile. Aimer. Verbe le plus fignificatif de la' langue. Aliquote. Qu'on me permette cette éxpreffipn : la femme eft partie aüquote de Phömrüe. Almanasb, Dans ceiui de Cythère, on y  C4JO y compte plus de fétes cfe martyres que de jours de vierges. Amans. Ceux qui aiment & font aimés. Ce font les étnes heureux par excelleuce. Amaranthe. Fleur que les anciens donnaient pour fyraboic il 1'immortalité. Qu'un peintre ferait un lourd contrefens, s'il s'en fervait pour caractérifer 1'Amour! Amateur. A Cythère, on ne I'eft paslongtems. Amis. Une jolie femme n'en peut avoir. Amie. jene fais pourquoi; j'aime mieux ce mot que celui de Maitreffe, & même celui d'Amante. Amitiè. Coufine-germaine, ou fceur cadette, felon les circonftances, de 1'Amour. Ame. Les femmes ont-elles une ame ?... Lés femmes a leur tour pourraient demander: les hommes ont-ils un cceur ? Ces deux procés font encore a être 3«gés. Amour,  ( 4* ) Amour. Amour conjugaï. Le plus froid. Amour déjïntérej/e. Le plus rare. Amour extréme. Peu durable. Amour honnétc. Le plus folide. Amour naiffant. Le plus beau. Amour -platonique. Impollible. Amoureux. Ceux qui aiment & ne font pas encore aimés. Les, amoureux ont dé ja fjrie au moins la moitié du chemin qui conduic au temple du Bonheur. An/ichronifme. Les femmes font fujettes a en faire , quand on les interroge fur leur age. Andromaqae.Que mon cceur aime h prononcer le nom de cette époufe fidéle! Argiijfe. On ceuille aufli de cette efpèce de fruits dans les beaux jardins de Paphos. A^tieau. Qu'on me paffe ce proverbe , en faveur du grand fens qu'il renferme: Ne mets a ton doigt Anneau trop étroit. Appas. Le même mot, én fran- cai|.  C 4? ) «nis, fert k exprimer les clctails qui conflïtuent la beauté, & cette pature perfide qu'on ofFre aux crëdules animaux qu'on veut furprendre. Appel. Ne plaifés-vous pas a une Belle? Appellés en a une autre Belle. Apathie. C'eft la mort du cceur. L'antipathie lui eft préférable. Apofiille. Souvent , quand c'eft Fa* mour qui Fécrit , tout le fens d'une lettre eft dans 1'apoftille. Are. Jeunes filettes, ne badinés pas imprudemment avec celui de 1'amour: trop faibles, vous en feriés blesfées; trop fortes vous le bleffcriez. Arithmètique. L'amour additionne voIonticrs, tnultiplie tant qu'il peut, divife trop fouvent; mais n'aime pas a fouflraire. Ariam. Ce nom arrache des larmes. C'était une amante trop généreufe qui fut payée d'ingratitude. La mythologie  C 4* ) gie ne contrarie pas tonjours i'expérience journalière. AuUine. Droit inconteaable de 1'amour. Audace. C'eft un mérite aux yeux de certaines beautés. Avantageux. Les femmes déteftent en nous une qualité que nous avons prife auprés d'elles. Avant-propos. II eft bon quelquefois de ne pas aller plus loiri; Avare. Le plus beau triomphe d'une Belle eft d'avoir rendu amoureux un avare. Aveug/e. I.'amour 1'eft , comme bien on fait. Mais 1'ingrat, (& c'eft peut être ce qu'ou ne fe rappelie pas toujours,) 1'ingrat fe fiant imprtidemmen: a fes ailes> frappe fouvent la raifon avec le baton qu'elle a la complaifance de lui oiTrir. Aveu. C'eft ce out fi longtems brigué & attendu, ce cui que le cceur pronon ce tout haut & les lêvres tout bas, & qui eft lc fignal du bonfacur. Avo-  (49 ) Avocat. Je n'en connaïs pas de plus eloquent que Ie cceur. Axiome. En voici un qui re fouffre poïnt d'exceptions: qu!arerêtre airaéjiI vaul ^uXpiaire B. Babïl. (Je) n'eft fuportable que dans la bouche d'une jolie femme. **g*ge. Celui de.l'amour n'eft pas embaraflant. Quoiquenud, il peut dire avec un certairï Philofophe Grec: je/07e tout avec mei. On peut être affez imprudent pour ofer en paffer un avec 1'amour; mais il fau. drait être fou pour y compter. A Cythère onne . lait point de bail $ v;e *«*• On n> voit pas to^ours des Dianes févères. De fl^ ?r feUl Cn donne», ue fleurs & de hnifrrc rr* nourrit 1'Amour» fS> La première fois qu% fs C par-  C 50 ) parient, on croirait tous les amans bégues ; mais qu'on attende le troiiième entretien, on fera étonné de la volubilité de leur langue. Bandeau. On raconte, (je n'attefterai pas le fait) que le bandeau qui couvre aujourdhui les yeux de 1'amour, fervait jadis de ceinture a Vénus Enforte qn'a préfent 1'une eft nue & 1'autre aveiude. Barrières. A Cythère, comme ailleurs , il n'y aurait pas de contrebandiers , s'il n'y avait point de barrières. Belle. (femme). Meuble précieux & rare qui figure bien dans un fallon ; il faut avoir foir de le placer devant une glacé. II eft nèceflaire d'avertir ici qu'il s'en fait beaucoup de contre-facons. Befogne. Qu'une jolie femme doit en avoir 1 alTaillie en tout tems, en tout lieu, d'une foule de foupirans , fe méfiant des uns , ménageant les autres, épiée par un  C 51 ) tin mari jaloux, ou furveilJée par une mère; elle eft quelquefois $ plaindre. Mais 1'amour propre la dédommage des peines de 1'amour. Moin. Aimer eft celui du cceur. Toutes les autrcs paffions ne font que faftices; l'amour feul lui eft naturel. Aten-atwé, bien-aimée. Heureux qui, par fa propre expérience * connait toute la douceur, toute 1'énergie que cette expreflïon renferme ! Bienfait. O nature! qui pourra te payer celui que tu nous fis en nous donnant 1'amour, & en créant la Beauté ? Btenféance. Que de viétimes innocentes de cette chimérique inftitution! Les amans font ceux de Ia fociété qui regrettent d'avantage 1'état de pure nature; ils y ont perdu le plus. Un des plus j0i}s mots de notre langue, dans la bouche de 1'amour. Bonbeur. Qu'un autre en mertel c 2 Ben.  c s* y Bon. Une femme belle , quand elle eft bonne , c'eft le chef-d'ceuvre de la Nature. Boucbe. Que d'idées voluptueufes la prononciation de ce mot réveille en nous! Boudoir. Lieu ou le tems a des ailes. Bonquet, Trucheman muet des cceurs. Brouillerie. Petit mal pour un grand bien.. Brulant. Epithète tant prodiguée, qu'elle a perdu tout fon feu. Brusqntr. Que de gens , auprès de kur maitrelfe, confondert ce terme avec celui de furprendre queiques faveurs ! Bnt. Le plaifir. c Catlcaux. MeiTagers adroits & puis-fans, qui rapportent toujours de bonnes nouvclles. Cage. Synonime h nuiriage. Campagne, li eft de fait qu'on aime mieux a la campagne qu'A la ville. Candidati A Paphos on clevrait s'en tenir a ce grade..  C 53 ) Canentt. Voici ce qu'en dit Ia fahlë. Elle fut tellement confumée de chagrin d'avoir perdu Picus , fon mari, qu'il- ne refta rien d'elle. .-. II eft bon quelqtiefois de charger Ie tableau ; mais qui prouve trop, ne protive rien. Caprices. S'il en eft d'aimabïes, ce font affurêuient ceux de" l'atn'r>l' '1>'§ !t;!;-.'*y' £ • 3Ï> BALLAD1ÈRES O u DANSEUSES de Saratel Ti X out ce que Ia., fabje & la poëfle ont imaginé d'enchanteur fur les nymphes & les prêtreffes de Ve\vus qui rendirent le culce de cette divinité ft célébre dans l'amiquité, s'eft trouvé réalifc1 par les BALLAmèREs de Surate. Elles font réunies en troupes dans des féminaires de volupté. Les fociétés de cette efpèce les mieux compoftes font confacrécs aux pagodes riches & fréquentéös. Leur deftinaiion eft de danfïr dans les temples aux grandes folemnités, & de fervir aux p aifirs des Brames. Ces prötres qui n'ont point fait le vceu tehnéraire de ne rien pofTéder, pour mieux jouir de tout, aiment mieux avoir des femmes qut C 7 leuy  ■ Ï 6z ) leur appaniennent, que de corrompns a Ia füis Je célibat & Je manage. Ces danfeufes refpeclent peu, méme en public, la modeiiie, mais fat» expofer aucune nudité. Dans 1'imérieur des mailbus Ja liberté prend plus dèflqr. Les regards lafcifs, les molles póltures de ces prctrcOes pleines du dicu qui les infpirc , font paffer •dans tous les fens qu'eJIcs agiteut ft Ia fois la contagion de 1'entJnndLfme & de la fureur, qui les embrafent. Ce n'eft plus une paffion , c'eft un fea électxique qui fe répsnd d'un Cètil corps fur tous les corps qui 1'environnent: c'eft un feu plus iubtil encore qui fans étincellc viGble caufe un ébranlemenjt uniwerfej dans les organes , une commotion générale dans toutes les perfonnes de 1'aftemblée. Tout confpire au prodigieux fuecès de ces encbantereffes voluptueufcs: 1'art & ia richeffe de leur parure; 1'adrefle qu'elles ont a faconner leur beauté.^ Leurs longs cheveux noirs, cpars fur leurs épaules , ou relcvés en treffes , font chargés de diamans & parfemés de fieurs. Leurs colliers, leurs bracelets, les chaines d'or qu'elles portent a la chevijle du picd font fou-  fbuvent enrichïs de pierres précieufes. Les bijoux mêmes attachés a leurs nnrines, cette parure qui cboque au premier coup-d'oeil, eft d'un agrément qui plait & relève tous les autrcs ornemeius par le charme de la fymêtrie , & d'un cffet inexplicable, mais fenfible avec le tems. Rien n'égale furtouf leur attention a conferver leur fein comme un des tréfors les plus précieux de leur beau-é. Pour 1'émpêcher de groflir ou de fe riéformer, elles 1'enferment dans des étuis d'un bois trés-léger, joints ciifemble, & bouclés par derrière. Ces éruis font fi polis & fi fonples , qu'ils prêtent a tous les mouvements du corps, fans applatir, fans ofFenfer Ie tiffu délicat* de la peau, comme fait la baleine dont on fe fert en Europe. Le déhors de ces étuis eft revêtu d'une feuille d'or parfemée de briïlans.. C'eft la fans contredit la parure la plus reeherchée, la plus chère a la beauté. On la quitte, on Ia reprend avec une légéreté fingulière & d.s graces toujours plus piquautes. Sous eet attirail, Ie fein ne perd rien rte fes palpitations; les foupirs, les molles- . on-  C 64) ondulations, tout eft mis a profit pour la volupté. La plupart de ces danfeufes croyent ajouter a Féclat de leur tein, a 1'impreffion de leur regard, en formant autour de leurs yeux un cercle noir. Cette beauté d'emprunt relevée par tous les poëtes orientaux, après avoir paru bizarre aux Européens qui n'y étaient pas accoutumés, a iïni par leur plaire. Cet art de plaire eft toute la vie, toute 1'occupation , tout le bonhcur des Bêlladières. Eiles n'y prétendent pas par cette hardiefle décidée qui caracterife nos courtisanes. Leurs maniöres ont une douceur engageamè, une aménité qui captive; leurs careflés font afTez tendres , alTez bien ménagées pour prévcnir , pour éloigner dumoins la fatiété. On réfifte difficilement a leur fédudtion. Elles obtiennent même la préférence fur ces belles Cachemiriennes qui rempliffent les férails de 1'lndoftan. La modeftie, ou plutot la réferve naturelle a de fuperbes efelaves féqueftrées de Ia fociété des hommes , Jutte en vain, & ne tient point contre les preltiges de ces courtifannes exercées. Les  ( 65 ) Les fuccès toujours croifTans des filles de thöatre, rcndent croyable tout ce qu'on peut dire de la paffion qu'on a pour les danfeufes de Porient.  0*ö ) De file de T A I T I. eft a M. de Bougainville .que Ton dok la découverte de cette ile, (qu'il fit en 1768), & l'hiftoire du peuple aimable qui 1'habitc Nés fous le p!ti3 beau ciel, nourris des fruits d'une terre qui eft féconde fans culture, régis par des pères de familie plutot que par des rois, les Taïtiens ne connaifTent d'autre dieu que l'amour; tous les jours lui font confacrés; toute file eft fon temple, tcutcs les femmes en font les icloles, tous les hommes les adorateurs. Et quelles femmes encore! Les rivales des Géorgiennespour la beau:é, & les fceurs d^sgraccs efiras \oiie. La hontc ni la pudeur n'y ex.reent point leur tyrannie; la plus légere des gazes flotte toujonrs au gré du vent & des déGrs; & c'eft a bien jufte titre que les francais ont donné a cette ile le nom de nouvelle Cythère, Quellc furprife dut leur caufer le fpcétacle féduifant qui s'offïit a eux Iers-  ( 6? ) lorsqu'ils abordèrent 11 1'iie de Ta-üi! — „ La plupart des femmes étaient nues, dit M Bougainville, elles nous firent d'abord de leurs pirogues des agaceries , oü malgré leur naïveté, on découvrait quelque embarras; foit que la Nature ait partout embelli le" f6xe d'une timidité ingénue, foit que, mêrae dans les pays oü régne encore la franchife de Page ri'or, les femmes paraiiTent ne pas vou'oir ce qirelles défirent le plus.... 11 entra a bord une jeune fille qui vint fur le gaillard d'arriere fe placer a une des écoutilles qui font au-deiTus du cabeftan,... La jeune fïlle laiffa tomber négligemment une pagne qui- la couvrait, & parut aux yeux de tous, telle que Véuus ' fe fit voir au berger Phrygien, Elle en avait la forme célefte..." Dè^que Ia confiance fut établie ent re les Francais & les Taïtiens, on dcfeendit chez eux, & Ja les infulaires ne démcrttirent point 1'acceuil qu'ils avaieut (ait a l'équipa^e. ,, Cha- quc jour, dit encore Bougainville, nos gens fe promenaient; on les invitait a entrer dans les maifons, on leur y donnait a manger..... On leur offa k  C 08 ) frak de jeurtes filles; la cafe fe remp'iillai: a l'inftant d'une foule curieufe d'hommes & de femmes qui faifaierit un cercle ^autour de 1'höte & de la jeune virame du' crevóir höfpitalier; la terre fe jonchait de feuillage & de fleurs, & les muficiens chantaient aux accords de la flutte une hymne de jouiffance. Une douce oilïveté eft Ie partage des Tditiennes, & le foin de plaire leur plus férieufc occupation. Les femmes- doivcnt a leurs maris une foumiffion cntière ; ellcs laveraient dans leur fang unë ïrmdélitë commife fans 1'aveu de leurs époux. Une lille n'éprouve a eet égard aucune gêne; tout 1'invite a fuivre le pen criant de fon cceur, & les applaudilfemens publics honnorent fa défaite. II ne femble pas que le grand nombre d'amans paffagers qu'elle peut avoir cü, 1'empêche de trouver enfuite un mari. L'influence du climat, la féduction de 1'exemple, les chants, la danfe prèsque toujours accompagnées de poftures lafcives, tout rappelle a chaque inftant k la jeune Tditienne, les douceurs de l'amour, tout 1'invice de s'y livrer,.. Quel  C 69 ) Quel dommage que des Européens ayent abordé dans cette ile fortunée l Extrait du voyage de Bougainvillt* Ex-  Explication des Enigmes, Logogripbes & Charades. N. I. L'éPI de bled. N. II. Madame. N. III. Chateau. N. IV. Ombre. N. V. Orphóe , qu'on prononce, Orfée. N. VI. La Mort.