586 E L E M E N S L'H I S T O I R E DE LA P A T R I E, A LUSAGE DES ECOLES >->« J 9 Le Prix effc 6. Sols.   E L E M E N S s x L'H I S T O I R E de la P A T R I £, a lusage des ecoles. a LEIDE 6H£z D. nu MORTIER et FILS. m d e c x e.  La plus intêresfante, la plus ütile, la plus agrèa- * f\ ff i hle des connoisfatices, après celle de la Reüglon des Ouvrages du Crêateur, efi celle de fHi- ftoiré de la Pairie, MARTINET.  E L E M E N S r> e L'H I S T O I R E DE LA P A T R. I E. chapitré i, ï. D. V^omment s'appelle Ie Pays quq nous habitons? R. LES PROVINCES - UNIES DES PAYSBAS; OU LA RéPUBLIQUE DES PROVINCESUNIES DES PAYS-BAS. ö. D, Quel eft le nombre de ces Provinces? R. II y en a fept; fcavoir, la gueldre, Ia HOLLANDE, la zéLANDE, UTRECHT, la FRISE, FOVERYSSEL & GRONINGUE avec les ommeland es, — La Gueldre tient ie premier rang, parcequ'autrefois c'étoit un Duché , que la Hollande & la Zélande étoient des Comtés & les quatre autres provinces de fimples Seigneuries. 3. D. Quelle eft la forme de Gouvernement de cette République? R. Chacune de ces Provinces eft gouvernée par fes propres Etats, de forte qu'elles compofent, autant de Souverainetés narticulièresi — fharnne ^4'elles envoye a la Haye fes Députés, qui y for- A % ment  C 4 ) ment une Afiemblée , connue fous le nom d'ETATS-oéNéRAux. — C'eft dans cette Affemblée que fe traitent définitivement les affaires, bui concernent tont le corps dc la République. 4. D. Quel tïtre donne-t-011 aux Etats-Généraux , & aux Etats de chaque Province en particulier ? R. L'on donne aux Etats-Gónéraux le tïtre de ..hauts et puissant s SEIGNEURS} & danS les Lettres, Requêtes ou Mémoires qu'on leur préfente, on les nomme vos hautes puissances. Les Etats de chacune des autres Provinces ont le tïtre de nobles et puissants seigneurs , & de vos nobles puissances; excepté ceux de Hollande 9 auxquels l'on donne celui de nobles, grands et puissants seIt gneurs, & de vos nobles et grandes puissances. 5. D. Qui eft-ce qui exerce la Souveraineté dans chacune de ces Provinces? R. En Gueldre ce font les Nobles & les Villes; 11 en eft de même en Hollande, ou cependant les Nobles n'ont qu'une voix , & les Villes dix-huit; en Zèlande le Premier-Noble & les Villes ; dans ja Province ^Utrecht ce font Ie Clergé, la Noble fe & les Villes; en Frife les Villes & Grietmannen, qui font les Baillifs du Plat-Pays, divifé en trois Quartiers ou Diflri&s , dont chacun renferme un certain nombre de Grietenies ou de Bailliages; — en Overjfel ce font les Nobles & les Villes ; & dans la Province de Groningue c'eft la Ville de ce nom avec les Seigneurs ou Drofarts (Sénéchaux) du Plat-Pays. 6. t). A qui eft encore confiée, en grande partje 3 1'adminiftratioi* de Ja République? Rt Au  C I 3 - R. AllSTADHOUDER, CAPITAINE.& AMl* ral gcncral &c. &c. &c. Dignités' rendues héréditaires en 1747. en faveur de Son' sllieft guillaume IV. & de fes Defcendans des lignes masculiues & féminines 7. D. Quelles font les Provinces alfociées ou foumifes aux fept Provinces-Unies? R. Le Pays de d ren the eft indépendant & affocié. — Le braband hollandois & la F land re holland 01 SE follt déS PayS COn- quis , corinus fous le'nom de pays de la Gé- NERALITé. 8. D. Que peut-on encore remarquer, en gênéral- au fujet de cette République? {R; Les, Provinces qui la compofent font extraor^ dtiiaïrèmerit peuplées, quoiqu'elles n aiënt que tréspeu d'étcndue, — Fair v eft, en gé^éral, humide & épais; — le fol y eft'presque partout marécageux; maïs embelli par nombre de maifons de plaifance il prend un air riant & ofFre un afpe&agréar blo.; — cette République a le Commercer le plus étqndu de tous les Etats de VEurope, &, outre fes Poffelïïóns dans toutes les Parties du Monde, elfe en a fur-tout de très-avantagetifes dans-les ïndesOrientales — les Habitans y font généralement & leur aife , & plufieurs y polfédent de grandes ri« chefles; — ils doivent leurs plus grands avantageg' a leur vigilance, a leur induftrie, A leur, laborieufe aélivité & a la douceur de leur Gouvernement; —* dans toutes les Provinces c'eft la Religion Réfor* mée qui eft la dominante; cependant on y tolére^ fous certaines reftriélions, le libre exerciee de tous les autres Cultes, XtsSociniens, les MahométansM les Payens ou Idoldtns font les feuls qui ne jöuïs* feut pas de cette überté. r De plus $ faut obferver A ,3 qjrtrt  C * ) fu'en parlant de cette République & de VAngleterre, on les nomme les PuiJJances maritimes. CHAPITRE n. 1. D. Comment divife-t-on la Gueldref R. En Quartier de Nimégue ou du Betuwe, Comté de Zutphen , & Quartier d''Arnhem ou du 2. D. Quelles font les principales Villes de cette Province? R. Arnhem, fur Ie Rhin, Capitale; Nimégue, fur le Waal, Zutphen, fur 1'Yflel, & Harderwyk; il y a une Univerfité dans cette dernière Ville. 3- D. Comment divife-t-on la Province de Hol- lande? R» En Hollande Méridionale. & Septentrionale, ou en Sudhollande & Nordhollande. 4. D. Quelle Ville peut palier pour la Capitale de cette Province? R. Dordrecht, fur la Merwe; cette Ville eftcélébre par le Synode National qui s'y tint en 1618 & i^io. 5. D. Quelles font les autres Villes remarquables de Ia Hollande Méridionale? R. Amflerdam , fur 1'Amftel & 1'Y; — 1'Hótel de Ville, Ie Port & la Bourfe de cette Ville commenante attirent 1'attention des Etrangers. — Harlem fur la Spaarne; cette Ville eft célébre par la Sociétë Hollandoife des Sciences, qui y eft établie; fes Fabriques.& fes Blancheries la rendent aufli très-recommandable : enfin elle doit une grande partje de fa gloire a 1'invention li utile & fi belle de Flmprimerie, découverte par la uren t cos* t*r> vers r«wée 1440. ~> Delft Air la Schie; or  ( 1 5 6n y admïre dans 1'EglifeNeuve le magnifique Tem* beau des Princes de la Maifon d'Orange & de Nas* fan. — Leydenïux leRhyn, Ville trés - renommée par les meilleurs Draps de Hollande, qui s'y fabriquent, & par fon Univerfité. — Gouda, fuffifamment con* nue par les beaux Vitreaux & 1'Orgue de FEglife principale. *— Rotterdam, belle Ville commercante fur la Meufe. — La Brille, fituée k Fembouchu-» re du meme Fleuve;. ce fut dans cette Ville qu'en 1572. Fon jetta les Fondemens de lalibertéde notre République. 6. D. Quelles Villes trouve^on dans la Nord* Hollande? R. Alkmaar, Fune des plus anciennes Villes de la Hollande; Hoorn, Enkhuizen, Medenhlik fur la Zuiderzée, Edam, Monnikendam & Purmerende. 7. D. Comment divife-t-on la Zélande? R. Cette Province, entourée d'eaux de tous cd* tés , en eft de plus tellement entrecoupée . dans toute fa furface, qu'il s'en eft formé différentes Ifles plus petites ; ainfi on la divife en fept Ifles ,, qui font; Walcheren, Zuidheveland, Schouwen, Noord* bevelan'd, Wolphaartsdyk, Tholèn & Philipsland* 8. D. Quelle eft la Capitale de la Zéfande? R. Middelbourg^ dans FIfle de Walcheren. 9. D. Nommez les autres Villes de cette Pro vince? R. Vliffingue, ter Goes, Veere , Zierikzée & Tholen. 10. D. Quelles font les Villes de la Province XUtrecht? R. Utrecht, fur le Rhin, Capitale. Cette Viïla eft célèbre par le Traité d'Union que les fept Provinces conclurent en Fannée 1579. & qui a donné a la République le nom des fept Provinces-Unies* A 4 ejp  C « ) jüe «ft encore fameufe par le Traité de paix qm r fut figné^en 1713. En 163$. on y erigea une Umverfité devenue trés-.renommée. Les autres Villes de cette Province ïont Amersfort, Rheenen* Wyk te Duurflede & Montfirt. 11. D. Comment divifez-vous la FrifiP R. En trois Quartiers ou Diftri&s 5 ce font Oosiergoo, Weftergoo & Zevenwolden. 12. D. Quelle eft la Capitale de cette Province? R. Leeuwaarden, fur 1'Ee. . I3%,D- Quelles font les autres Villes qui méritent d'être connues? R. Harlingen, Sneek, Bolswaard, Hindelopen 9 graneker, ou il y a une Univerfité. 14. D. En combien de Quartiers fe divife l'O veryffelP R. En trois ; les Quartiers de Zalland, de 7V*»#e & de Vollenhoven, 15. D. Quelles font les principales Villes de fcette Province ? , R. Deventer, fur 1'Yffel, en eft la Capitale; Campen, Zwolle, Haffeit. • 16. D. Quelles font les Villes de la Province de Xaroninguef . R. On n'y trouve que la feule Ville du méme nom; elle eft forte , a une Univerfité & des Faonques d'un- trés-bon debk. & 17. D. ^Quelles font les principales Villes de la Généralité? ^mv&itl&fcj&ili Breda Bergop/oom* VEclufe & Maflrigt*  ( 9 ) CHAPITRE fili t. t>. Quels ont été jadis les 'Habitans de ce$ Provinces? R. Les Bataves, qui habitoient les Provinces de Gueldre , de Hollande & d'Utrecht; & les Frh fons , qui occupoient une partie de la Hollande. les Provinces de Frife , d'Overyflel & de Groningue. 2. D. D'oü ces Peuples étoient-ils originaires? R. Les Bataves defcendoient d'un ancien Peu- ple de la Germanie , connu fous le nom de Cattes, dont ils fe féparérent, & s'établirent dans ce ^ Pays environ cent ans avant l#naiffance de JefusChriftv L'on n'a point de -renfeigncmens fur l'origine des Frifons ; s'ils font originaires d'un autre Pays, la mémoire s'en eft perdue, mais il eft très -vraifemblable que ces Peuples font aborigines & ont toujours habité U même Pays. 3. D. Quel étoit le caractère & le.genre de vie de ces- Peuples? R. Quoiqu'ils- ne fuffent pas civilifés, ils fe distinguoient par leurs vertus , fur-tout par leur fïdélité, leur fmcerité & leur chafteté. — Comme tous les autres Peuples de la Germanie, ils étoient grands &robuftes; fans aucun vêtement dans leur jeunesfe, ils s'habilloient de péaux de bêtes dans un %e plus avancé. /Leurs demeures étoient con-J Urukes-de branches d'arbres, de pailïe, de foncs & de rofeaux. Ils fe nourriffoient d'avoine, de ferme d'orge, de lait, de beurre, de fromage, de pommes , de gibier & de bétail; Feau pure , ou une liqueur faite de grains , & affez femblable a notre biére, leur tenoit lieu de boiflbn, Du refte braves foldats, & capables de fupporter la A 5 faim^  ( » 3 faim , la foif & toutes les intempéries de 1'air tk des faifons. 4. D. Quelle étoit leur Religion? R. Ils étoient Payens, & adoroient le Feu & leS Adres.^ETabord ils n'eurent ni Idoles ni Temples; Fexe^cice de leur culte fe faifoit en plain air, dans des Forêts confacrées a leur Dieux; ils y élevoient des autels de ga^bn, fur lesquels ils facrifioient a leuts divinités non feulement des animaux , mais même qnelquefois des hommes. 5. D. Combien de tems les Bataves habitèrentils ces Provinces? R. Jusqu'a ce que les Francs , Peuple de la Germanie, fe furent emparés de la Batavie, ce qui arrivavers Fan 277. de notre Ere, & qu'ils retinrent pendant plus de cent ans. En 359. les Saxons firent une irruption dans ce Pays, & fe rendirent maitres d'une grande partie de la Batavie ; & en 407. quelques Peuples fauvages d'une Contrée éloignée ayant occupé par la force une partie confidérable de ces Provinces, les Bataves_ fe trouvèTent tellement confondus avec ces Nations, qu'ii ne refta plus dans ce Pays que le fouvenir de leur nom , qui s'eft encore confervé dans cette partie de la'Gueldre, nommée le Bétuwe. 6. D. Quand commenca-t-on è. profelTer la Religion chrétiénne dans ces Provinces? * R. Elle y fut prêchée , vers la fin du fixième fièclê, par Egbert, Moine Irlandois, & enfuite par Willebrord & Addbert. 7. D. Y fut-elle généralement recuë? R. Non; les Frifons perfiftèrent dans leur Idolatrie jusques vers la fin du huitième fiècle; mais vers ce tems la lumière de FEvanglie acheva d'éclairer toutes ces Provinces, S. D,  ( n 3 8. D. D'ou eft venu aux Provinces de Hollande, & de Zé lande le nom qu'elles portent? R. . II eft aflez vraifemblable qu'il leur vient des Danois & des Normands , qui y faifoient des irruptions fréquentes. II fe trouve dans le Nord deux Provinces du même nom. 9. D. De quel moyen fe fervit-on pour s'oppo* fer aux incurfions des Barbares? R. Les Rois de Germanie & de France érigéf rent plufieurs Comtés fur1 les frontières de leurs Pays , & y établirent des Comtes qu'ils mirent en état d'en chafler les Normans, qui tenteroient d'y faire encore quelque defcente. Ces dispofitions donnèrent naiflance aux Comtés de Hollande &de Zélande , qui furent presque toujours gouvernés par les même Comtes , quoique le Comté paffdt fouvent d'une Maifon dans une autre. Ce furent aufli les Comtes de ces deux Provinces, qui fe fi* gnalèrent généralement par deflus les autres. 10. D. Dans combien de Maifons ces Comtés ont-ils paffé? R. L'on en compte cinq; I. la Maifon de Hollande. II. Celle de Hainaut. III. Celle de Ba* vière. IV. Celle de Bourgogne. V. CtWz d'Jutriche. CHAPITRE' IV. 1. D. Comment fe nomme le premier Comtê de Hollande? R. Thierry li -Fils d'un Gentilhomme Frifon. II obtint cette Dignité de Charles le Chauve , Roi de France , fuivant les uns en 863 ; mais fuivant 4'autres, & plus vraifemblablement, en 1'année 923. 2. D. Qui fut fon Succefleur a cette Dignité? R. Son fils Thierry II. Ce fut. fous ce Prince que  C 12 ? que coinmenca la guerre avec les Weft-Frifons, & qui dura prés de trois cents ans. Thierry II. les battit prés de Rhynsbourg, & mourut en 989. 3. D. Qui fuccéda a Thierry II? j R. Son Fils Arnaud; il fut toujours en guerre avec les Weft-Frilons, qui, dans une bataille qu'ils lui livrèrent dans.le lieu oü eft a préfent le Village de Winkel, le tuérent fur la place. 4* I). Qui a été le quatrième Comte de Hollande ? Run Thierry III, Fils d'Arnaud. Les Weft-Frifons fe fomnirent a lui. II batit la Ville de Dordrecht', & fit une longue guerre a FEvêque d'Utrecht. II eft mort en 1039. 5. D. Quels font les événemens. les plus remarqniibles arrivés fous le gouvernement de fon Fils Thierry IV., cinquième Comte de Flollande. 11. II eut des guerres continuelles a foutenir contre les Flamands , FEmpéreur Hcnri III. les Evêques d''Utrccht & de Cologne. vScs cnnemis lui enlevèrent la Ville de Dordrecht, mais il ne tarda pas a les en chafter. Cependant y ayant été blefle par trahifon a la cuiffe d'un coup de flcche empoifonnée, il en mourut en J049. 6. D. Quels font les événemens qui fe font pasfés fous le gouvernement de fon Frère, Flor ent L fixième Comte de Hollande? R. Les guerres contre les Evêques d'Utrecht, de Cologne & de Liège, dont il battit deux fois les armées. Mais s'étant mis après la dernière bataille , fous quelques arbres pour y prendre du repos , il y fut furpris par 1'ennemi, qui le tua pendant fon fommeil, ceci arriva le 18. de Juin de Fannée ioöi. 7. D, Qui fut fon Succefleur? R. Son  C 13 ) R. Son Fils Thierry V. mais comme ce Jeurie Prince étoit mineur, il paiTa deux ans fous la tu~ telle de Gertrude, fa Mère. Dans eet intervalle Robert le FriCon, Fils de Baudouin V. Comte de FJandres, ambitionnant de gouverne*-la Hollande trouva le moyen d'engager la Comtefle Gertrude i Fépoufer. ïl porta le ritre de Comte de Hollande pendant huit ans; mais Godefroi, furnommë le Bojfu , Duc de Lorraine, Fayant attaqué en 1071 il le battit & le forca a fe refugier en Flandres; Godefroi prit alors les rènes du gouvernement de* la Province , qu'il adminiftra un peu plus de %mtre ans. II Mtit la Ville de Delft, & y fut mé en trahifon en Fannée 1076. Après fa mort Thier* ry V. fut rétabli dans fes droits; il battit les troupes de FEvêque d'Utrecht, & gouverna depuis la Hollande en paix jusques a Fannée 1091. 8. D. Qui fut le huitième Comte de Hollande? R. Florent II. furnommé le Gras, Fils de Thierry V. II vécut en paix pendant un gouvernement qui dura trente ans, & mourut en 1122. 9. D. A qui échüt le Comté après fa mort? R. A fon Fils Thierry IV. Le Prince eut une longue guerre a foutenir contre fon Frère Florent ; 'furnommé le Noir, qui avoit foulevé les Weft-Frifons contre lui. Cependant FEmpéreur s'étant porté médiateur entre les deux Frères, il parvint a les reconcilier. Thierry vécut jusqu'en 1157. 10. D. Qui fut fon Succeffeur? R. Son Fils Florent III. qui commenca fon admimftration par faire la paix avec les Weft-Frifons ; mais cette paix fut de courte durée. La guerre s'étant renouvellée ils le battirent ft complétement, qu'il fe trouva hors d'état de leur tenir tête. Dans une autre guerre qu'il eut a foutenir  ( 14 ) air contre les Flamands , il fut fait prifonnier , mais ayant été remis en liberté , il fe croifa & fe rendit en Afie pour aider a y reconquérir la TerreSainte. II eft mort a Antioche en 1190. 11. D. Qui fuccéda a Florent III? ^ R. Son Fils ainé Thierry VIL Tout le tems de fon adminiftration a été un enchainement continuel de guerres , avec fon Frère Guillaume , avec les Flamands, les Weft-Frifons , 1'Evêque d'Utrecht & le Duc de Lorraine. Celui-ci le fit prifonnier. Ayant été rel&ché il mourut peu de tems après & Dordrecht en 1'an 1203. 12. D. Qui lui fuccéda dans le Gouvernement de ces Provinces? R. Sa Fille Ada, qui époufa Louis, Comte de Loon. Ils n'avoient gouverné qu'un an , lorsque Guillaume, Oncle de la ComtelTe, leur déclara la guerre. Elle fut malheureufe pour Ada, qui fut fait prifonnière & envoyée en exil en Angleterre. Elle eft morte vers Fannée 1218. 13. D. Que s'eft-il palfé de remarquable pendant le gouvernement de Guillaume I. Frère de Thierry VIL & Oncle d'Ada? R. Son Expédition d'Egypte contre les Turcs. II fe rendit maïtre de Damiete, L'on afiure que les Harlémois contribuèrent beaucoup a la prife de cette Ville. Ce Prince , peu après fon retour, mourut en 1222. 14. D. Qui fut le quatorzième Comte de Hol- ; jande? R. Florent IV. Fils de Guillaume L II afllfta les Gueldrois dans la guerre qu'ils faifoient aux Trajectins. Le Comte de Clermont ayant donné un Tournoi a Corbie , en France, Florent, qui s'y itoit rendu, y fut tué par trahifon en 1234. 15.  € "15 ) 15. .D. Qui fut fon SucceffeurV R. Son Fils mineur Guillaume II. depuis Roi des Romains. II porta la guerre chez les Flamands, avec lesquels il conclut poiiïtant peu après une paix durable. , II marcha auiïï contre les Weft-Frifons, qui s' étoient révoltés'& qu'il mit en fuire. Jvlais pendant qu'il les pouffuivoit, fon cheval s'enfonca dans 3a glacc, ou. les Weft-Frifons le tuèrent 4 coups dï javelinés. II mourut en 1256. 16. D. Qui fuccéda alors a Guillaume II? R. Son Fils Florent V. qui n'étoit agé que de deux ans. Sa mmorité fut long-tems troublée par les 'dïyifions qui s'éïevèrent a drfférentes' rcprifes entre les Nobles & les. Habitans de la campagne. Devenu.majeur, 'le Comte travaüla a appaifer le mécontentement des Nobles, ce qui ne lui réuffit que pour un tems, car de nouveaux troubles s'étant élevés, les Nobles parvinrent a fe rendre maitres de la perfonne du Comte qu'ils fe mettoient en devoir de transférer aNaarden, lorsque Gerard van Velfen, fécondé de quelques-uns des Conjurés, 1'attaqua fur la route, ou il fut tué le 28. de Juin de Fannée 1296. 17. D. Qui futle Succeffeur de Florent V. R. Jean I. Son Fils, qui ne regna que quatre. ans dans des troubles continuels. L'on croit qu'il mourut de la Disfenterie a Harlem le 10. de Novembre 1299. — Comme il ne laiflbit point d'en fans, le Comté de Hollande paffa,. a fa mort, dans la Maifon de Hainaut. CHAPITRE V. 1. I). Qui a été le dixhuitième Comte de Hollande? R. Jean  C 16 ) R. Jean ïï. ou $ean cP Avesnes, Coufin'de.l'infortuné Jean I. II fut le premier des Comtes qui fe fit inveftir du Comté par Lettres clofes. De fon tems les Flamands firent une irruption dans la Province, d'oü Guillaume fon Fils, aidé des fecours du Roi de France, ne parvint a les chaffer qu'avec peine. Cepeudant Jean II. retenu en Hainaut par une maladie de langueur-, y mourut en 1304. 2. D. Qui lui fuccéda? R. Son Fils 'Guillaume III. furnommé le Bon, Après avoir foutenu de longues guerres contre les Flamands, ce Comte parvint enfin en 1323. a conclure une paix durable avec eux. 11 afFermit fon autorité fur fes Sujets, & Fétendit même fur fes voifins. En 1315. la famine & la pefte dévaftèrent fes Etats; ces terribles fléauxfurent fuivis en 1334. d'une inondation fi furieufe que la Frife fut presqu'entièrement enfevelie fous les eaux. Ce Prince jnourut au mois de Juin de Fannée 1337. 3. D. Qui fuccéda a ce Prince? R. Son Fils Guillaume IV. Après avoir inutilement ailiégéIa Ville d'Utrecht, il pafla en Frifepour y foumettre les Frifons, qui s'étoient foulevés. Cette cxpéditionluifutfatale, ayant été tné le 26. Septembre de Fannée 1345, dans un combat prés de Stavoren. (En 1770. comme on travailloit a reparer la Chapelle de la Cour a la Ilayc, on y trouva le Corps de ce Prince renfermé dans un cercueil de plomb, & presquc cntièrement coniervé. De même que les Momies d'Egypte le Cadavre étöif enveloppé de bandeleites, & couché la face tournée contre terre.) 4. D. A qui étfhrit le Comté après la mort de Guillaume III? R. A  C i? ) R. A lil Soeur ainée Marguèrite, qui, lors de fon inauguration, accorda différents priviléges aux Provinces & aux Villes. Mais peu de tems après, en 1349. elle fe démit de la Régence en faveur de fon Fils Guillaume , a condition qu'il lui céderoit une partie des revenus de 1'Etat. Guillaume oublia bientót les obligations qu'il venoit de contraclier * & fa mère privée de fes revenus voulut reprendre en mam les rènes du Gouvernement. Elle demanda a FAngleterre des fecours contre fon Fils, qui de. fon cóté aghToit pour fe faire reConnoitre de nouveau en qualité de Comte. Cette mésintelligence entre la Mere & le Fils donna naiffance a ces vio~ lentes & desanreufes divifions, qui durèrcnt cent cinquantc ans, & connuës dans 1'Hiftoire fous les noms de Hoekfe & de Cabillaux; les premiers foutenoient le parti de la Mére , les feconds celui du Fils. Les fuites de cette guerre civile furent fatales a Marguerite, qui, après plüïieürs délaites, fut enfin obligée de céder a fon Fils la Hollande, la Zélande & la Frife; ne fe refervant que le Hainaut, qu'elle ne poffeda pourtant qu'environ dix mois, étant morte le 30. de Septembre 1355. Ce Traité fit paifer le Comté de Hollande dans la Maifon de Bavière. CFIAPITRE VL ï; D. Guillaume V. Fils de Marguerite , de la Maifon de Bavière, regna-t-il longtems après la mort de fa Mere? R. Ayant en 1357. réuni a. la Hollande la Seigueunc de Heusden , il fe vit peu après attaqué d'une cruelle & longue maladie, qui le priva pour B le  ( is ) le refte de fes jours de Pufagc de fa raifon, n'étant mort qu'en Fannée 1389. 2. D. A qui fut confïéc Fadminiftration des affaires pendant la maladie du Comte ? R. Les Hoekfe fircnt tomber le choix fur Albert , Frère de Guillaume, qui prit le titre de Ruward ou de Gouverneur , & qui lui fuccéda a fa mort. 3. D. Quels font les événemens mémorables de fon Gouvernement ? R. La guerre contre les Gueldrois & ceux d'Utrecht, celle des Frifons , & la querelle qu'il eut avec Jean , Seigneur tVArkel. Ce Prince mourut a la Ilaye le 12. de Décembre de Fannée 1404. 4. D. Qui fut le vingt-quatrième Comte de Hollande? R. Guillaume VI. Fils ainé d'Albert. A peine il avoit recu Fhomrnage des Peuples, que les disputes des Hoekfe & des Cabillaux fe reveillèrcnt. Les premiers s'emparèrent par la force de plufieurs Villes , & dans un foulèvcment arrivé a HarJem plufieurs des principaux de cette faction furent maffacrés. Le Comte lui-même , qui avoit toujours favorifé les Floekfe , fit décapiter dans les prifons plufieurs Seigneurs du parti des Cabillaux , & renvoya leurs cadavrcs a .leurs families. En 1415. après avoir domré fa Fille unique Jacqueline en mariage a Jean , Duc de Touraine, qui mourut en 1417. Guillaume , pour aflurer a fa Fille la régence de ces Provinces , engagea en 1416. les Nobles & les Villes a la rsconnoïtre pour Comtefle éventuelle. ïl mourut peu après Ja cérémonie de Fiuftallation, le 31. dc May de Fannée 1417. 5. i>*  C *9 ) D. Jaeqüellne entra-t-elle paiflbleraent ca jwfleffion de 1'héritage de fon Père? R. Non; les Hoekfe firent tous leurs effbrts pour 1'y maintenir , mais les Cabillaux y oppoférent les plus grands obftacles. Son propre Oncle 9 jean de Bavière, fe déclara contre elle, &, non content de foutenir les ennemis de fa Nièce, il la dépo uilla de toute fon autorité , & fe porta depuis comme véritable Comte de Hollande. II ne feroit gnères poffible dans un Ouvrage auffi relferré que . celui -a d'entrer dans tous les détails des troubles, qui accompagnèrent le gouvernement de cette Princeffe infortunée. II fuffira de remarquer que le 3. de Juillet de l'année 1428. elle fut obltgec de céder a Philippe, Duc de Bourgogne , fon Oncle, fes droits au Comté, ne fe refervant que le tïtre de ComtelTe , dont même en 1433. elle fut pnvée par le même Prince, qui la forca a fe contenter des Seigneuries de Voorn, Zuidbeveland & Tholen , & de ja Charge de Grande-Forêtiere de Hollande. Elle finit fa trifte carière au Cha» teau de Teilingen dans le Rhynland, le 8. d'Octobre de l'année 1436. Par le traité de ceffion. f01lcJVn I433- la dignité de Comte paüa dans la Maifon de Bourgogne. CHAPITRE VIL 1. D. Le Duc Philippe, le premier de ce nom de la Maifon de Bourgogne, gouverna-t-il longtems ces Provinces en qualité de Comte? R. II gouverna depuis 1433. jusqu'en 1467. 4» etant mort le 14. de Juin de cette année. II entraina ces Provinces dans les guerres qu'il.'eut k isutenir au dehors ; ce ne fut pourtant qu'après B 2- avoir  i avoir accorde-a" fes uijets^luilèurs'privflégéJ avW tageux, qu'ifput les engager a Varmer^óUr fet cjuerelles paitrculiéres'. ' ■' ;' ;..••••/< ../( 2. D. Quels 'font ïes événemens' les plusf remar^ quables qui fe font -palle-s fous le gouvernement de Charles I. furnommé le Hardt , fon Fils &. fon 'Succeffeur? R. Des guerres continuélles contre la France , FEvequc dc Cologne & les Suiffes. Gependant tes Sujets de-Charles,: devenus-plus riehes par le Commerce, qui déja s'étoit fort'-éténdu, & s?étant , dnfenfiblement accoutumés ti'uii'genre de vie plus dispendieuxquc par le paffe--, nïurmuröient clès fommes -énormes 'que le Comte cxïg'èök d'eux-,'. èV dont il avoit rdellemeut bëfoin 'pour la réullitc de fes projets;, murmures qui éclatèrent en différents • lieux,_& principalement a I-loorn, oü les peuples commirent les plus grands excès en 1471. Ce fut au refte en 1477. que le Comte, dans une fecon5de_ bataille qu'il livra aux Suiffes le 5. de Janvier $ fut tué devant Nancy. 3. D. Qui fuccéda a Charles ie Hardi? R. Sa Fille unique Marie , qui depuis époufa Maximilien, Duc ÏÏAutriche. - Sa régence fut eft général oragcufe, défaut aflcz ordinaire des- Etats 'gouvernés par des femmes. Louis XI. Roi de France, fut Te premier a lui fufeiter des troubles, en lui enlevant toute la Bourgogne , qu'il réunit a fa Couronne. L'on peut croire que ces irialheureufes circonftances, qui mettoient Marie dans la néceffitS de fe concilier Faflection des peuples, 'dont -les fccours lui devcnoient ii néceffaires, nè contribuèrent pas peu a la conceffión de divers priviléges avantageux, qu'elle accorda aux Provinces & aux Villes % par oü elle gagna Feflime des deux . : . . .. par-  c 21 y partis, Hoekfe & Cabillaux. Entre autréè conccsiions, l'on remarque furtout celles accordées par te Grande Charte, connuë fous le nom. -de GrandPrivilége de Marie. II eft en date du 14. Mars 1477. Les principaux articles portent que, „ les ,, grands emplois ne feront donnés qu'aux na„ turels du Pays ; que les procédures , dont le 99 jugement appartenoit en première inftance aux ,, tribunaux des Villes; ne pourroient être portées „ que par voye d'appel a la Cour de Juftice a la Haye; que les habitans ne pourroient être ap„ pellés en juftice hors du Pays ; que le renou„ vellement des Magiftrats dans les Villes fe fe„ roit fur Tanden pié ; que les Etats pourroient „ s'affembler auffi fouvent qu'ils le jugeroient a „ propos^; qu'on n'entreprendroit point de guer„ re, qu'on ne levroit point de nouveaux impóts, ,, qu'on ne frapperoit de monnoie que du con„ fentement des Etats; que les Villes ne feroient „ point obligées de contribuer aux pétitions du „ vSouverain, auxquelles elles n'auroient point con„ fenti; & qu'aucunes des ordonnances du Com„ te, contraires aux privilègcs des Villes, ne pour„ roient être obligatoires. " Ceïa 11'empöcha pourtant pas que, fous fa régence, les dhrhlöns des Hoekfe & des Cabillaux ne fuffent portées a leur comble. Les Villes de Dordrecht, Leyde, Gouda, Schoonhoven & Hoorn en reiïentircnt furtout les plus cruels effets; — ces troubles, joints aux guerres, auxquelles elle fe vit forcée de prendre part, ne lui permirent pas de jouir des agrémens d'un gouvernement paifiblc. Elle raourut le 27. de Mars de l'année 14.8&. laiffant fa fucceffion a fon Fils Philippe , qui fit paffcr ainfi la Souveraincté de ces Provinces dans la Maifon •iïAatrkhe. B 3 C HA-  C «2 ) CHAPITRE VIII. ï. D. Que s'eft-il paffé de remarquable pendant Ia régence de Phihppe II. Fils. de Marie , vingtneuvième Comte de Holrande, & le premier de la Maifon d'Autriche ? R. Comme il n'étoit agé que de quatre ans, quand il parvint a la fucceflion de fa Mère , Maximilien, fon Père, gouverna pendant fa minorité. II battit les Hoekfe a différentes reprifes & en différents lieux , entr'autres k Utrecht & en Flandres. Ainfi il eut le bonheur de terminer ces odieufes difïenfions, dont la durée avoit été fi longue & fi desaftreufe. 11 parvint auffi a éteindre Ia révolte, connuë fous le nom de Kaas-en-Brood Volk, ou gensdepain&defromage, qui avoit éclaté avec fureur dans la Nord - Hollande, a 1'occafion des impóts dont il grévoit fes peuples, pour fourmr aux frais des dhTerentes guerres qu'il avoit a foutenir tant au dedans qu'au dehors. Devenu Empéreur en 1493. 8 fe démit de la tutelle de Ion Fils Philippe, agé alors de feize ans. Le premier ouvrage du nouveau Comte, parvenu a la régence , fut de conclure le grand traité de Commerce libre avec 1'Angleterre ; qui fut figné en 1496. La même année il époufa a Anvers Jeanne, Fille du Roi & de la Reine d'Arragon & de Sicile. Cependant les Gueldrois , rcfufant de le reconnoltre pour leur Souverain, il fe trouva entrainé dans une longue guerre contre Charles de Gueldres , qu'il pouffa avec affez de peine jusqu'en f505-» qu'elle fut terminée au moyen d'une trève. 11 paffa enfuite en Efpagne, pour s'y faire reconnoitre R01 de Caftille , cette Couronne lui étant échue par la mort de la Mère de fa femme. II •ne  ( *3 ) ne furvécut pas longtems a fa nouvelle dignité 9 étant mort en Septembre de l'année 1506. 2. D. Qui fut fon Succeffeur? R. Son Fils, Charles II. plus connu fous le nom de Charles - Quint qu'il porta commc Empéreur, étant des Rois d'Efpagne le premier de ce nom. Charles n'étant encore agé que de fept ans a la mort de fon Père , FEmpéreur Maximilien , fon Grand -Père , fe chargea de la tutelle du jeune Comte; mais comme les affaires de 1'Empire 1'occupoient tont entier , il transféra a Marguerite, fa Fille & Duchcfle Douarière de Savoye, 1'adminiftration de ces Provinces pendant tout le tems de la minorité. Charles, Duc de Gueldre-, profita de cette minorité pour rompre la trève qu'il avoit fignée en 1505. avec Philippe II. & caufa par- la bien des troubles a Marguerite , qui ne parvint qu'en 1512. a conclure avec le Duc une autre trève pour quatre ans. En 1515. Charles, a peine agé de quinze ans, prit en niain les rénes du gouvernement; en 1517. il fe fit couronner Roi d'Efpagne; & fon Grand-Père Maximilien étant mort en 1520, il mit encore la Couronnc Impériale fur fa tête. Ce Prince célébre, a qui fes belles actions méritèrent & firent obtenir le furnom de Grand, reprit la Frife fur les Gueldrois ; il fe fit reconnoitre Seigneur d'Overyffel & d'Utrecht; Groningue & les Ommelandes fe donnèrent a lui, & le Duc Charles de Gueldre étant mort en 1538. il prit aufïï poffeffion de cette Province ., de forte qu'il réunit en fli perfonne tous les tïtres & toutes les dignités, dont fes Dévanciers n'avoient jouï que particllement. Enfin , après avoir foutenu des guerres longues & fanglantes contre la France, le Danemark, 1'Ecoffe, le Turc &c. il fe dépouilla lui- B 4 iró-  C *4 ) même de toure fa grandeur, cédant 1'Empire a fon Frère Ferdinand, & 1'Efpagne avec les Pays-Bas a fon Fils Philippe. Charles - Quint , après cette abdication lolemnelle, fe retira dans un Cloitre en Efpagnc pour y finir fes jours en paix, & v mourut en 1558. 3- D- En quelle année Philippe , le troifième Comte de Hollande de ce nom, & des Rois d'Es* pagne le fccond , & pour cette raifon généralement connu fous le nom de Philippe 11. fut - il reconnu en fa qualité de Comte? R. En Fannée 1555. après avoir juré de maintcmr & de conferver tous les Priviléges accordés par fes Prédécclfeurs. Ce ne fut auffi qu'en conféquence de ce ferment que les habitans de leur cóté lm jurèrent fidélité & obéiffance, & fe déterminèrent a le reconnoïtre pour Duc , Comte & Seigneur. Mais étant retourné en Efpagne en Fannée 1559. il confia le gouvernement de ces Provinces a fa Socur , Marguerite de Parme , qui, devenuc par-la gouvernante des Pays-Bas , donna toute la conliance au Cardinal Perenot de Granvelle, Bourguignon, qu'elle choifit pour fon Confeiller & fon Miniftre. 4. D. Philippe a-t-il religieufement obfervé le ferment qu'il avoit fait a fon inauguration ? R. Point du tont. 11 fit paroitre bientót que fon unique but étoit de gouverner ces Provinces avec une autorité abfoluë , illimitée & arbitraire; & qu'en cela il fuivoit avec autant d'imprudence que de maladreffe & de malheur les traces de fon Père; en elfet il renouvella les Edits de CharlesQumt contre les FIérétiques ; c'étoit le nom que Pon donnoit aux partifans de Ia Doctrine des Rcformes, que Luther, Calvin & autres avoient com^ men-  0 ^ ) lïiencè* k prêchcr dès Fannée 1517. docTrine quï avoit déja fait de grands progrès dans ces Provinces. Ces Edits, au refte , ne pouvoient être mis a exécution, qu'en portant atteinte aux Privileges du Pays. En effet, par ces Edits, les Habitans étoient enlcvés a leurs juges ordinaires, & fur la moindre accufation ou le moindre foupcon d'Héréfie, ils étoient traduits dcvant un Confeil de recherches ou Tribunal d'Inquifition, érigé en 1522 par Charles-Quint, & auquel étoient fubordonnés plufieurs moindrcs Inquifiteurs. 5. D. Que fit de plus Philippe? R. II éngea entr'autres quelques nouveaux Evêchés dans les Pays-Bas, pour que l'on veillat plus foigneufement contre la prétenduë héréfie; il donna les meilleurs emplois a des Efpagnols & a d'autres étrangers , & laiffa des Troupes Efpagnoles dans le Pays, pour faciliter 1'exécution des Edits de rinquifition. Opérations qui toutes étoient diamétralement contraires aux Priviléges qu'il avoit jurés. 6. D. Les Etats du Pays ne s'oppofèrent - ils* pas a ces nouveautés & a ce mépris de leurs Priviléges? R. Le Stadhouder, ou Gouverneur pour le Roi en Hollande, Zélande & Utrecht, fécondé de quelques autres Seigneurs , les engagea a fupplier le Roi de ne plus donner les Emplois a des Étrangers ; de confier l'adminiitration des affaires au Confeil des Pays - Bas , de retirer les Troupes Efpagnoles, & de mettre dans les Villes des Troupes-Nationales. 7. D. Qui étoit alors Stadhouder du Roi en Hollande, Zélande & Utrecht? R. Guillaume , Prince cPOran^e , defcendu de I enn le Riche, tige de la Maifon des Comtes de. B 5 Nas-  Naflau ; ce Prince étoit né a Dillenbourg le 14. d'Avril de l'année 1533, de Guillaume, Comte de Naflau & de Julienne , Comteffe de Stolberg. Charles-Quint, qui affeclionnoit beaucoup ce jeune Prince, le fit élever fous fes yeux, le nomma en 1555. f°n Chambellan, & Général en chef de fes Troupes. Philippe, peu ayant fon départ pour 1'Efpagne, le fit Stadhouder de Hollande, Zélande & d'Utrecht, & en 1560. du Comté de Bourgogne. 8. D. Quel étoit alors 1'emploi de Stadhouder? R. Cet emploi confiftoit a tenir la place du Sou- verain , a repréfenter fa perfonne en tout cc que le Souverain lui confioit ou dont il étoit chargé. 9. D. Mais, reprenons le fil de 1'Hiftöire. Quel fat le fuccès des follicitations des Etats prés du Roi, & dont nous avons parlé a la fixième demande ? R. Ils obtinrent enfin qu'en 1561. les Etats Efpagnols évacuèrent le pays. Granvelle lui-même , qui avoit tout pouvoir fur 1'efprit du Roi, mais contre qui les Etats du Pays étoient juftement irrités, fe vit obligé en 1564. de fe retirer; mais les étrangers continuèrent d'occuper les Places dont ils étoient pourvus. 10. D. Et 1'Inquifition, que devint-elle? R. Elle ne fut ni fufpendue, ni fupprimée. Au contraire le Roi fit publier en 1565. qu'elle continueroit fur le même pié, & ordonna 1'exécution rigoureufe des Edits. Mais la plupart des Stadhouders des Provinces, & furtout le Prince d'Ürange, réfufèrent conflamment d'obéir a ces orijtes. CHA-  ( 27 ) CHAPITRE IX. ï. D. Qu'elles furent, relativement a Flnquifition , les fuites du refus que firent les Stadhouders d'obéir aux ordres de Philippe? R. Henri, Seigneur de Brèderode, s'étant mis alatêtedetroisou quatrc cents Gentilshommes, préfenta le 5. Avril de Fannée 1566. une Requête a la Gouvernante a Bruxellcs, par laquelle tous ces Nobles confédérés deniandoicnt que FInquifition fut abolie, que les Edits contre les prétendus Flérétiques fuffent mitigés , & que cependant 1'exécution en demeimit fufpendue. 2. D. Comment furent-ils traités par la Gouvernante ? R. Le Comte de Barlaimont, s'appercevant du trouble & de Fcmbarras que la préfence d'un fl grand nombre de Gentilshommes caufait a cette PrinceiTe, lui dit pour la ralfurer, que ce n'étoit qxCune bande de Gueux; nom que les Catholiques Romains ont depuis généralement donné a tous les Reformés. — Tous ces Gentilshommes cependant n'étoient point également partifans de la nouvelle Doctrine; il y avoit parmi eux plufieurs Catholiques, mais qui n'en étoient pas moins ennemis de toute perfécution pour caufe de religion. 3. D. Mais quelle reponfe recurent-ils de la Gouvernante? R-. Elle contenoit en fubftance , qu'elle tacheroit, par une Députation , d'engager fon Frère a mitiger les Edits , mais qu'en attendant elle n'étoit nullement autorifée a en arrêter Fexécution. 4. D. Satisfit-elle a eet engagement? _ R. Ouï; mais fans le moindre fuccès; Philippe ne craignit même pas de faire périr les deux  C 28 ) deux Seigneurs que Marguerite lui avoit de'putés. 5. D. Quelle conduite tenoient cependant les Non - Catholiques ? - R. S'appercevant que les Seigneurs & les Nobles s'intéreffoient fi fort en leur faveur , ils en devinrent plus entreprenants , & commencèrent a prêcher publiquement, avec la précaution toutefois de fe tenir armés. La Gouvernante alors, d'après les ordres du Roi, fit marcher les Trou-. pes pour s'oppofer avec force a ces fortes d'aflemblées. Ces nouvelles dispofitions engagèrent les Nobles a s'armer de même. Ce ne fut pas tout; excitée par qu'elques Boute-feux imprudens de la Noblelfe , la populace reformée dans la rage fo jetta fur les Eglifes des Catholiques , cn brifa ou foula aux pieds les ftatuës & les images , & détruifit tous les ornemens' précieux qu'clle y trouva. 6. D. Le Prince d'Orange approuva -1 - il toutes ces furieufes violences? R. Loin d'approuver des démarches odieufes, qui même s'étoient faites fans qu'il en eut connoiflance, il fit rigoureufement punir a Anvers plufieurs de ces Brifeurs d'images. Cependant cette fureur infenfée de la populace rompit 1'union que plufieurs des Nobles avoient formée entre enx. Nombre de ces Seigneurs, & les Catholiques furtout , s'en féparèrent & entrèrent en traité avec la Gouvernante. Tant de desagrémens & des maux plus grands encore, qu'il étoit aifé de prévoir, dégoutèrent le Prince d'Orange au point, qu'il fe démit de tous fes Emplois, & fe retira dans.fes Etats d'Allemagne en 1567. après avoir fait de tendres adieux au Comte 'd'Egmond. Maximilien do Hen-  C 2$ 5 'ÏÏennln , Comte de fut provifionnellement ëtè Stadhouder a fa place. Y, D' Quels furent les moyens qu'employa Philippe pour maintenir fon autorité dans ces Provinces , & pour fe venger des violences facriléges de la populace reformée? R. II momma Ferdinand de Tolede , Duc d!'Albe , Gouverneur des Pays-Bas, & 1'y fit paffer en 1567. rt la tête d'une armée Efpagnole de 5000. Hommes d'Infanterie & de 1200. Chevaux , afin d'y maintenir l'Inquifition par la force & de' tirer une vengeance éclatante des affreux desordres qui avoient été commis. - 8. D. Comment fe conduifit la Gouvernante dans une circonftance 11 épineufe? R. Elle employa d'abord tout fon crédit pour prévenir que le Duc d'Albe ne fe rendit dans ces Provinces; mais n'ayant pü y réuflir, inftruite d'ailleurs des amples pouvoirs que le Roi avoit donnés au Duc , elle prévit que fon autorité h elle, renduë précaire , devenoit abfolument inutile ; c'eft pourquoi elle fe refolut a prier Philippe de la décharger du fardeau du Gouvernement & le Roi y confentit fans peine. CHAPITRE X. 1. D. Arrivé dans ce Pays, qu'elle fut la conduite du Duc d'Albe pour remplir 1'übiet de fa commhTion ? R. II commenca par ériger une forte de Tribunal, qu'il nomma Confeil des Troubles, mais auquel les Habitans donnèrent bientót le nom de Confeil de Sang. Nobles & Dturiers, tous furent indilhncl:ement cités devant eet odieus Tribunal, tous  ( 33 ) tous y fureflt Jtigés fans égards aux franchifes & aux priviléges du Pays. Peu après fon arrivée, Albe avoit fait arrêter plufieurs Seigneurs, entr'autres les Comtes d'Egmond & de Hoorn, ces deux derniers furent condamnés par le nouveau Tribunal a perdre la tête , & furent executés a Bruxellcs le 3. de Juin de l'année 1568. Le Prince d'Orange & autres Grands , qui s'étoient fauvés par la fuite , furent profcrits & leurs biens, fitués dans ces Provinces, confisqués. 2. D. De quelles horreurs le Duc fe rendit-il encore coupable? R. II abandonna plufieurs Villes a 1'avarice , a la licence cffrenée & aux crnautés inouies de fa Soldatesque ; il perfécuta les Non - Catholiques a feu & a fang , ce qui forca un nombre confidérable des habkans les plus aifés a déferter leur patrie. Enfin le fanguinairc Duc d'Albe fe laiffa tellement emporter a eet efprit de perfécution qu'il forma le projet de furprendre & de détruire , en différents 'lieux a la fois , tous les Reformés. La veille du Mercredi des Cendres avoit été choifie pour 1'exécution de eet abominable projet , qui pourtant ne réuffit qu'en partie. — II exigea des Habitans le dixième dénier de tous les Biens meubles , & le vingtième dénier de tous les immeubles; il prétendoit commencer par Bruxelles a lever eet impöt qui étoit aulïï onéreux qu'inouï, & au défaut de la bonne volonté des contribuables, la violence , la force des armes & les fupplices ■étoient les moyens qu'il s'apprêtoit a employer pour les y contraindre. En un mot ce monftre cruel pouffa fes vexations & fes barbares fureurs i un tel point qu'il fe vantoit lui-même que, pendant les üx années de fon Gouvernement, il avoit  C 31 ) Ut pénr dix-buit mille perfomies par la main des bourreaux. 3. D. Quelles furent les fuites de ces exécrables cruautés ? R. Le Prince d'Orange , ne pouvant foutenir plus longtems 1'idée des desaftres, auxquels fa malheureufe Patrie étoit en proye, s'unit avec les autres Seigneurs qui , comme lui, s'étoient fauvés en Allemagne, leva des troupes , en grande partie a les propres fraix , & fécondé de fon Frère, le Comte Louis de Najfau , il ofa tenir tête au barbare Duc d'Albe. 11 fut malheureux dans fes premières entreprifes, de forte même que ne pouvant payer fon armée , faute d'argent, il fe vit obligé de la licentier, & de fe retirer encore dans les Etats. Ces fuccès enorgueillirent le Duc d Albe, au point qu'il en fit une entree triomphante dans Bruxelles, oü il fe fit eriger une ftatuë; vamé qui ne fervit qu'a le rendre plus odieux & a lui ahéner. une grande partie des peuples. 4. D. Quels efforts Guillaume I. Ét-il encore pour arracher, s'il étoit poffible , les malheureux Beiges a 1'oppreffion & a 1'abyme qui les menacoit? R. Les tentatives qu'il avoit faites ayant presque toujours échoué par terre , il voulut eflaver fur mer les hazards de la fortune. II donna donc a des Gentilshommes fugitifs, a des Négocians & autres perfonnes des Commiffions, pour armer et* courfe, & leurs propres fraix , contre les Efpagnols, qui, battus plus d'une fois par ces Anna* teurs , leur donnèrent le nom de Gueux Marhis. Ceux-ci eurent, en 1571. le bonheur d'enïever £ i ennemi deux flottes , 1'ime de foixaote, 1'autre «Ie quai-ant* Vaiffeaux. Ces avantages- ne furent pas  C 3* ) pas les feuls qu'ils remportèrent: jetté dans la Meufe par des vents contraircs, 1'Amiral Guillaume, Comte de la Mark, fe préfenta devant la Brille, la fomma, au nom du Prince, de fe rendre & 1'emporta d'emblée le 1. d'Avril de fannée 1572. Le Duc ftAlbe prelfoit alors la Régence de Brnxelles de lever le dixième dénier ; la nouvelle, de eet événement inattendu 1'engagea a fuspendre ou même a retirer fes ordres pour la perception de eet odieux impót. — Peu après les Villes de FliiFmgue , de Veere , de Zierikzée en Zélande, la plupart de celles de la Hollande Méridionale & Septentrionale fe déclarèrent fucceilivement pour le Prince d'Orange, qui vit bientót aulïï entrer dans fes intéréts une partie de la Gueldre, de 1'OveryITel & de la Frife. 5. D. Quelle conduite tinrent les Etats de PIollande dans ces cireonftances? R. Les Nobles & les Villes, qui tenoient pour Guillaume I. s'aifemblèrent le 15. de Juin de l'année 1572. a Dordrecht; ils y arrêtèrent de reconnoltre le Prince d'Orange pour Stadhouder ou Gouverneur de la part du Roi , & de lui affigner fur la Caiffe publique une certaine fomme pour Fèntretien d'une arméc qu'il venoit de lever. Bientót il palfa la Meufe a la tête de ces nouvelles troupes, & s'empara de Malines, Louvain, Dendermonde, Oudenaarde , & de plufieurs autres Places. II marcha enfuite en Flainaut, dans le desfein de faire lever le fiége de Mons , que le Comte Louis de Naffau avoit peu auparavant pris par furprife , mais oü il étoit aéhiellement afliégé par le Duc d'Albe, qui vouloit reprendre cette Ville. Cette expédition manqua, Mons ayant été obligée de fe rendre par capitulation aux Efpagnols , le 19.  C 33 ) ïQ» de Septembre de l'année 157a* La repfife de Mons fut fatale aux intéréts du Prince ; les Villes du Braband défertèrent fa caufe, & rentrèrent au pouvoir du Duc d'Albe. 6. D. Que fit celui-d pour s'oppofer ultérieurement aux projets de Guillaume I? R. II fit partir fon Fils , Don Frederic , pour la Gueldre, a la tête d'une armée, qui en peu de tems s'empara de la Ville de Zutphen , & oü le foldat fe livra a tous les excès du pillage & du carnagc. La Gueldre, qui pen auparavant s'étoit en grande partie déclarée pour le Prince, retomba alors tbute entière au pouvoir du Duc. Après cette expédition Don Frederic marcha par le Weluwe fur Naarden, emporta de même cette Ville, &, parcequ'elle avoit recu dans fes murs les Troupes du Prince , elle fut expofée aux mêmes horreurs que Zutphen. Le Siège de Harlem fuivit bientót, il dura fept mois, la'famine obligea enfin la Ville a fe rendre a la merci d'une Soldatesque irritée , qui y entra le 12. de Juillet de l'année 1513. & s'y livra a tous les excès. Don Frederic ne fut pas fi heureux devant Alkmaar ; cette Vüle fe défendit avec tant de bravoure , que les Efpagnols fe virent forcés d'e-n lever le Siège le 8. d'Oclobre 1573. & de fe retirer avec précipitation. — Vers ce même tems il fe livra fur la Zuiderzée un combat naval entre les VaiiTeaux WeftFrifons & la 'Flotte du Comte de Boffu , (noim mé par Philippe Stadhouder de Hollande.) LeS Efpagnols y furent complettement défaits , & le Comte lui-même fut fait prifonnier. Le Roi rappella peu après le Duc d'Albe , qui partit pour 1'Efpagne, chargé de dettes & de Fexécration pufelique. — Don Louis de Requefens , que le Roi C avoit  C 34 ) avoit noinme pour fucceder au cruel Duc d'Albe le rendit dans les Pays-Bas > pour y prendre les rénts du Gouvernement. CHAPITRE XI. 1. D. Que s'eft-il paffé de remarquable fous le Gouvernement du Succelfeur du Duc d'Albe? R. D'abord la bataille que le Comte Louis , Frère du Prince d'Orange , livra le 14. d'Avril 1574. fur laBruyere de Mook, ou le Mokerheide, a J'armée que Requefens avoit fait marcher contre lui. Sanchio cPAvila, qui la commandoit, battit l'année des Alliés, qui, outre cette défaite eurent le malheur de perdre le Comte Louis & ion Frère Henri , reftés fur le champ de bataille. 2. D. Que fe paffa-t-il de plus? R. A peine les Troupes de Requefens avoient remporté cette viftoire , qu'il penfa a reprendre tout de bon le Siège de Leyde. Cette Ville avoit déja été aiïiégée dès le mois de Novembre 1573, mais au Printems fuivant les Efpagnols furent forcés d'abandonner cette entreprife. Francisco Baldes , a qui fut confiée la conduite de ce nouveau Siège, s'avanca a la tête d'environ 7000. hommes, allit fon camp au Village de Leiderdorp , ferma toutes les avenues, & fit élever 62. Forts au tour de la Ville, qui n'étoit défendue que par un petit nombre de troupes franches & cinq Compagnies de Bourgeois foudoyés. Avec ce foible fecours , & presque dépourvuë de vivres, Leyde foutint pendant cinq inois un fiège opiniatre & meurtrier, auquel fe joignirent bientót toutes les horreurs de la famine. Elle fut en effet fi exceffive que plufieurs perfonnes furent plus de fept llmaines fans goiV  ( 3$ ) goüter de pain; la chair des Chevaux, des Chiens, des Chats devint bientót tm mets délicat & recherché mais funefte, par Ia pefte furieufe qui en fut la fuite & qui, en trés - peu de tems, emporta plus de 6000. hommes. Contre des maux fi terribles & réunis tout fecours humain devenoit impuhTant; un vent de Nord-Ouëft trés - violent , qui enfuite fe tourna vers le Sud, chaffa les eaux avec tant d'impétuofité par les Eclufes ouvertes, & par les Digues que l'on avoit percées a eet effet , que bientót toute la Campagne autour de la Ville en fut couverte, & que les Espagnols , ne pouvant plus tenir dans leurs Forts inondés, prirent la fuite avec la plus grande préerpitation. La Flotte deftinée a délivrer & ravitailler la Ville, & que commandoit le brave Boifot, y entra heureufement le 3. d'Oftobre a huit heures du matin. • 3. D. Ne recompenfa-t-on pas d'une manière particülière la Bourgeoifie de Leyde, pour la valeur & la conftance dont elle avoit donné de fi belles preuves pendant ce Siège? R. Oui; le Prince d'Orange donna, au nom du Roi Philippe , un O£troi pour 1'établiffement d'une Univerfité en Hollande. Cet Oét-roj , qui eft du 6. Janvier 1575 5 fixa dans la Ville de Leyde la nouvelle Univerfité , qu| bientót devint trèscélébre. 4. D. Quelles fuites eut la levée du Siège de Leyde ? R. Requefens entama de nouvelles conférences * Breda avec les Provinces de Hollande & de Zélande; mais elles furent fans fuccès, par 1'opiniatreté des Efpagnols a infifter fur 1'éloignement des Non-Catholiques, & a refufer que les dilférends m la Religion & tous les autrês fuüent remis a C % H  C 36 ) la décifion d'une Affemblée des Etats- de toutes les Provinces. Cependant les Provinces de Hollande & de Zélande s'unirent plus étroitement, pour fe foutenir & fe défendre avec plus d'énergie & de fuccès contre Fennemi commun. Par cette alliance, qui eft de Fannée 1576. la direélion fouveraine des affaires fut cédée au Prince d'Orange, pour tout le tems que dureroit la guerre. 5. D. Les affaires des génereux défenfeurs de la liberté en allérent - elles mieux? R. Non; dès le 8. d'Aoüt de l'année 1575. les Efpagnols s'étoient rendus Maitres d'Oudewater, & , fans diftincfion d'age ou de fexe , y avoient paffé au fil de Fépée la plupart des Bourgeois. Ils s'cmparèrent encore de Schoonhoven & de quelques autres Villes, ce qui mettoit toutes les principales Rivières a leur dispofition. Ces pertes accumulées, le refus que fit 1'Angleterre d'accorder quelque fecours a ces Provinces, le peu d'ef•fet qu'on fe promettoit d'une négociation entamée avec la France, portèrent les affaires a des extrémités 11 facheufes , que le Prince d'Orange minieme , désefpérant enfin du falut de la Patri e, fit , vers le commencement de l'année 1576 , la propofition désefperée de percer les digues, & de bruler tous les moulins a eau, pour en óter 1'ufage a Fennemi, & d'abandonner le Pays avec femmes & enfans & tout ce que l'on pourroit emporter. 6. D. De quels moyens fe fervit la Providence pour arracher ces Provinces a une fituation fi cruelle ? R. Don Louis de Requefens mourut le 5. de Mars de l'année 1576. La mort inopinée du Gouverneur fervit a ranimer un peu le courage & 1'es-  C 37 ) pérance des Habitans. Dans le même tems, a peu prés , les Soldats Efpagnols fe mutinèrent, faute de payement, & caufèrent de grands troubles en Brabant & en Flandres. Les Etats de ces Provinces ne virent plus d'autre moyen pour fe tirer de 1'embarras oü ils fe trouvoient, que de conclure un Traité d'Union avec la Hollande & la Zélande. Ce Traité, figné a Gand le 8. de Novembre de l'année 1576. eft connu fous le nom de Pacification de Gand. 7. D. Quelles furent les premières fuitös de la Pacification de Gand? R. Les Garnifons Efpagnoles ayant abandonné les différentes Villes de la Hollande & de la Zélande, oü elles étoient cantonnées, pour aller rejoindre en Flandres & en Brabant leurs Camarades foulevés, ces Villes profitèrent de cette défertion pour fe ranger fous le Gouvernement ou le Stadhoudérat de Guillaume I. ce qui facilita a ce Prince les moyens d'engager les Provinces voifines a prendre le même parti. C H A P I T R E XII. 1. D. Pourquoi la tranquillité ne fut-elle pas alors entièrement rétablie dans les Pays-Bas? R. La conduite de Don Juan d'Autriche en fut la caufe. Nom mé & envoyé par le Roi d'Efpagne, pourfuccéder a Requefens dans le Gouvernement, il eut Fart d'engager les Provinces, a 1'exception de la Hollande & de la Zélande , a conclure avec lui un nouveau Traité. II publia enfuitc un Placard , nommé PEdit perpètuel, conforme a ce Traité. Mais il fut le premier i\ le C 3 vio-  C 3? J violer, s'étant, peu après , emparé par furprife du CMtcau de Namur & de Charlemont. *. D. Quelles furent les fuites de ce manque de foi? R. Les Etats-Généraux réfolurent de lui faire la guerre v & pour eet effet ils demandèrent du fecours aux Etats de Hollande & de Zélande & au Prince d'Orange, qui peu après, le 22. d'Octobre 1577 , fut élu Ruward de Brabant, Cependant les Etats déférèrent a Mathias , Archiduc d'Autriche , jeune , & fans expérience , la dignité de Gouverneur Général, & nommèrent le Prince d'Orange fon Lieutenant. 3. D. Sur quel pied les affaires étoient-elles alors en Hollande? R. La Ville d'Amfterdam, qui jusqu'alors avoit tenu pour le parti des Efpagnols , fe vit forcéc d'embraffer celui du Prince, démarche que la Ville d'Utrecht avoit faite dès le mois d'Octobre 1577. Le Traité , par lequel Amfterdam fe foumit, & qui eft du 8. Février 1578. ne tarda pas & caufer des troublcs très-violens. Les Non-Catholiques , mécontens de ce que Fon y avoit ftipulé que la Régence feroit confervée , & que la Religion Catholique Romaine y feroit feule permife , fe foulcvèrent ouvertement le 26. de Mai de la même année. Sur quoi la Bourgeoifie démit les Magiftrats de leurs emplois, en nomina d'autres a leur place, & contraignit ceux-ci a mettre auffitót les Réformés en polfèlfion des Eglifes Catholiques. Les mêmes troublcs fe manifeftèrent peu après a Harlem & a Goes en Zélande, & y curent le même fuccès. 4. D. Ne fit-on aucune démarche pour tdcher d'accorder les deux partis? R. L'Ar-  C 39 ) R. L'Arehiduc Mathias , de concert avec le Confeil d'Etat, forma un projet de Paix de Religion, mais qui n'eut aucun fuccès, plufieurs Provinces Fayant rejetté. Le mécontentement & les troubles n'en devinrent que plus violents; de forte que, pour s'oppofer avec plus de vigueur aux menées de Don Juan d'Autriche, les Etats réfolurent d'élire le Duc dCAnjou Défenfeur ou Protecteur des Pays-Bas. Mais ce Prince if ayant pü s'entendre avec le Duc Jean Cajimir, qui s'y étoit auffi rendu , fe retira bientót après en France , 'fans avoir presque rien fait; Jean Caümir ne tarda pas non plus a retourner en Allemagne. 5. D. Ne s'occupa-t-on pas alors de quelqu'autre moyen propre a rétablir les affaires? R. Oui; les Provinces, attachées au Prince d'Orange , conclurent le 23. de Janvier , de 1'annét 1579. a Utrecht le fanieux Traité d'Union, qui k été le fondement de la liberté de notre République. II yfut, entr'autres, ftipulé que ,, chaque „ Province conferveroit fon Gouvernement, fa „ Religion, fes privilèges, comme par le palfé, „ mais que les Etats -Généraux de ces Provinces confêdérées, auroient feuls la direétion de toé„ tes les affaires de la guerre. " 6. D. Que firent les Efpagnols de leur cóté? m R. Don Juan d'Autriche étant mort, le Roi lui donna pour Succeffeur dans le Gouvernement des Pays-Bas, Alexandre Farnefe , Duc de Panne. Les avantages que remporta le nouveau Gouverneur fur les Etats furent fi rapides & fi multipliés , que bientót quelques Provinces & nombre de Villes fe déclarèrent pour lui, & fe retoncilièrent avec le Roi. Le Comte de Rennenberg même, Stadhouder de Frife, d'Overylfel & de Gro- C 4 nin-  C 40 ) ningue (Provinces qui avoient figné 1'Union. d'Utrecht) s'étant fécrétement concerté avec le Duc de Panne , fe déclara hautement pour les Efpagnols , & leur remit la Ville de Groningue. Cette défeciion fut le germe d'une guerre civile , qui dura plufieurs années dans les Provinces de Frife, d'Overyifel, de Groningue & de Drente. CHAPITRE XIII. 1. D. Les Etats des Provinces confédérées continuèrent-ils encore a fe couvrir du prétexte, que ce n'étoit pas au Roi , comme leur fouverain légkime , mais uniquement aux Efpagnols , qu'ils faifoient la guerre? R. Non ; auili la chofe n'étoit plus poffible. Le 27. de Juin de Fannée 1581. ils publièrent un Placard , par lequel ils déclaroient le Roi d'Espagne déchü de la Souveraineté des Pays-Bas, & dégageoient tous & un chacun du ferment de fidélité qu'on lui avoit juré. Peu après la plupartdes Provinces de 1'Union élurent le Duc d'Anjou pour leur Souverain , fous certaines reflriclions; & 1'Archiduc Mathias qui s'appercut que par eet arrangement il alloit perdre tout a fait le peu d'autorité, qui lui avoit été confiée, ne tarda guères & fe retirer en Allemagné. 2. D. Le Duc d'Anjou répondit-il , comme il ïe devoit, a la confiance que lui témoignoient les Etats, en le revêtant de cette Dignité? R. Loin de la ; il crut fon autorité trop bornée; &, dans fidée üms-doute de gouverner ces Provinces arbitrairement, il forma , dès Fannée 1583 ? le projet de s'emparer par furprife d'Anvers & de quelques autres Villes de Brabant & de  C 41 ) de Flandres. Anvers emporté , rien ne pouvoir. plus arreter les deffeins ambitieux du Duc; ayant vü cependant échouer fes artificieux projets par Pactivité & le courage des Anverfois , il préten* dit encore juftifier fa conduite dans un mémoire adrelFé a la Ville , aux Etats & au Prince d'Orange ; mais fon apologie n'ayant point été goütée, Anjou retourna en France, oü il mourut au mois de Juin de la même année. 3. D. De quoi s'occupoit - on principalement alors en Hollande? R. L'on travailloit a transporter au Prince d'Orange la Souveraineté des Comtés de Flollande & de Zélande , dont l'on venoit de dépouiller Philippe. Depuis quelque tems cette négociation avoit été pouffée avec tant de vigueur , que le Prince ayant enfin confenti a accepter le titre de Comte qu'on lui olfroit, il ne manquoit plus, au commencement de Juilict de l'année 1584 , pour terminer cette grande affaire, que la folemnité de 1'Hommage. Middelbourg, Veere & Goes en Zélande, Amfterdam & Gouda, en Hollande, avoient jusqu'alors par leur oppofition ou leur lenteur retardé cette cérémonie, qui enfin alloit avoir lieu, lorsqu'un événement auffi terrible que malheureux vint y mettre, pour toujours, un obftacle invincible. 4. D. Et quel étoit eet événement? R. Le meurtre du Prince, commis & Delft le 10. Juillet de l'année 1584. par un Bourguignon, nommé Balthazar Gérard. Depuis le Ban de profcription , publié par ordre de Philippe en 1580. contre le Prince d'Orange, plufieurs fcélerats avoient tenté 1'horrible aflafïïnat, qu'il étoit refervé a Finfame Gerard de commettre. Un coup de C 5 pifto-  C 4* 5 piftolet chargé de trois balles termina, a F&ge de 52. ans, la vie de ce Héros, qui avoit obtenu le beau nom de Père de la Patrie & de Fondateur de la liberté Belgique. 5. D. Ne fe faifit-on pas de la perfonne du parricide ? R. Oui; ce qui Fempêcha de profiter des 25000. écus d'or & des autres avantages , qui devoient être la recompenfe du meurtrier du Prince. Balthazar avoua d'abord que depuis fix ans il couvoit le projet abominable qu'il venoit d'exécuter. Son procés fut fait par des Commilfaires tirés du Haut - Confeil, du Confeil Provincial & du Banc des Echevins de Delft, qui le condamnèrent a un genre de mort aulli douloureux & auflï terrible, que le crime qu'il avoit commis étoit exécrable. C H A P I T R E XIV. 1. D. Quelles mefures prit-on après le meurtre du Prince , pour aifurer le Gouvernement de cette République chancelante? R. II fe palfa plus d'un an, avant que les Etats de Hollande & de Zélande pulfent fe refoudre a nommer Stadhouder de leurs Provinces Maurlce le fecond des Fils de Guillaume I. Cependant, ausfitót après la mort de ce Prince , la Province d'Utrecht avoit choifi le Seigneur de Viïlers pour Ion Stadhouder , & la Frife rendit cette dignité au Comte Guillaume de Najfau , qui 1'avoit déja polfédée. 2. D. Les Etats ne déférèrent-ils pas a Maurice la Souveraineté qu'avoit eue fon Père? R. Non; dans la cruelle fituation oü ces Protince« fe virent reduites après la mort funefte de  C 43 J de Guillaume I» les Etats ne penferent qu'a fé choifir un nouveau Maltre. Ils s'adreffèrent d'a-* bord au Roi de France, qui ne trouva pas a propos de fe charger du poids de cette nouvelle Souveraineté. Ce refus & les pertes fuccelfives de Bruxelles, Anvers, Zutphen , Nymegue , Doesburg & de presque toutes les Villes de la Gueldre , emportées par les Efpagnols portèrent les Etats a fe tourner vers 1'Angleterre. Elizabeth^ qui y regnoit alors, refufa , comme 1'avoit fait Henry III. Roi de France. Cependant elle offrit aux Êtats un certain fecours de troupes, a condition que, pour füreté du payement, ou lui remettroit en gage les Villes de Brielle & de Fles^ fmgue. 3. D. Ce Traité eut-il lieu? R. Oui;- vers la fin de 1585. elle envoya Rohert Dudlei, Comte de Leycefler, a la tête de 5000. hommes; les Etats-Généraux lui déférèrent auffitót le titre & les pouvoirs de Gouverneur Général des Provinces-Unies. Dès les commencemens de fon adminiftration Leycefter reprit la Ville de Doesbourg fur les Efpagnols , mais il fut obligé de lever le Siège de Zutphen , qu'il avoit entrepris. L'on ne tarda cependant pas a s'appercevoir que , tout entier aux intéréts de fa cour, il négligeoit ou trahiffoit même ceux des Peuples qu'il étoit venu protéger. On 1'accufa d'avoir occafionné la perte des Villes de. Deventer, 1'Eclufe , Grave , & de plufieurs autres Places , l'on foupconna , l'on découvrit les menées fourdes , les viles intrigues qu'il employoit pour réuffir dans fes pernicieux defleins. Quoique próné, foutenu par la plüpart des Miniftres de la Religion, idoMtré ®u redouté par la populace , les Etats de HoL  C 44 ) Hollande & la plus faine partie de la Nation ne virent plus en lui qu'un Tyran , qui ne daignoit meme pas cacher fa tyrannie. Lui-même s'appercut de la haine qu'il avoit méritée , & , commencant a en craindre les effets , il retourna vers la fin de l'année 1587. en Angleterre , chargé de 1 exécration de tous les gens de bien. 4. D. Quelle tournure prirent les affaires après le départ de ce perfide ami? R. Les Etats des différentes Provinces prirent alors les rênes du Gouvernement de leurs Provinces refpeclives; la Conftitution en prit une forme plus régulière , & le Prince Maurice en fut plus en état d'exercer avec énergie les pouvoirs dont il avoit été revêtu en 1585. Bientót même les Etats d'Utrecht , d'Overylfel & de Gueldres 1'élürent auiïi Stadhouder de leurs Provinces. En 1590. il prit Breda par furprife. L'on admira beaucoup dans le tems la rufe qu'employa eet habile Général, & que l'on regarda alors comme un chef d'oeuvre de 1'art militaire. Les Grecs, pour s'emparer de la Ville de Troy'e , avoient rempli de Soldats les flancs d'un cheval de bois; un Bateau a tourbes , qui receloit certain nombre de Troupes, rendit Maurice maitre de la Place. Les conquêtes du jeune Général fe fuccedèrent fi rapidement qu'en 1591. il emporta Zutphen & Nymegue ; Steenwyk & Coeverden en 1592. Gertrudenberg fut prife en 1593. & Groningue en 1594. 5. D. Ne fe paffa-t-il rien fur mer? R. En 1588. le Roi d'Efpagne avoit fait équiper une Flotte de 140. Vailfeaux , 20000. hommes de Troupes y étoient embarqués. Cette terrible Armack , a laquelle les Efpagnols eux - mêmes donnèrent orgueilleufement le nom tfinvinci- ble,  C 4* ) Me, s'avanga vers nos cótes dans le defTein de fe joindre aux forces navales du Duc de Panne, mais 1'Amiral Seymours , qui commandoit les Vailfeaux de guerre de la République , empécha la Plotte Efpagnole de s'avancer jusqu'a Dunkerquc. Deux combats confécutifs qii'elle eut a foutenir contre les Anglois , le 31. Juillet & le 2. Aoüt de fannée 1588, mirent 1'Armade invincible dans un tel état de délabrement, qu'aflaillie peu après par une violente tempête , elle ramena k peine 50. Vaisfeaux dans les Ports d'Efpagne, après avoir perdu plus de la moitié de fon monde. 6. D. Le Duc de Parme , Succeffeur de Don Juan dans le Gouvernement des Pays - Bas , en jouït-il longtems encore? R. II le conferva jusqu'a fa mort, arrivée en 1592. Erneft de Mansfeld fuccéda provifionnellement a eet habile Général jusqu'a Parrivée de 1'Archiduc Erneft d'Autriche, nommé Succeffeur effeétif du Duc de Parme ; mais celui -ci étant mort lui-même en 1595, 1'Archiduc Albert (FAutriche, fon Frère pulné, fut nommé Gouverneur Général k fa place. Ce Prince. commenca , pour ainfi dire, fon adminiftration par la prife' de Huift. Peu après il époufa 1'Infante d'Efpagne , Ifabelle Claire Eugenie, k qui Philippe II. céda, peu avant fa mort , arrivée le 13. de Septembre 1598 , la Souveraineté de tous les Pays-Bas Efpagnols. C II A P I T R E XV. 1. D. Quelles entreprifes fit-on du cóté des Etats, pendant l'année 1595? R. Le Prince Maurice' afliégéa la Ville de Grol, mais Mondragon le forca a lever le Siège; d'ail- leurs  ( 46 ) lèurs plufieurs autres entreprifes ayant égalemertt échoué, la campagne de cette année ne fut pas heureufe; & fi Fon excepte la prife de Huift par les Efpagnols en 1596, dont nous avons défa fait mention, les armées des Etats & celles des Ëlpagnols ne formèrent cette année aucune entreprife. Mais dès le 23. de Janvier de Fannée 1597. le Prinl ce attaqua, prés de Turnhout, Parmée Efpagnole, commandée par le Comte de Farax, qui y perdit la vle. Maurice, a qui la vicioire de Turnhout ne coüta que 10. hommes , y tua 2000. hommes de Farmée ennemie, fit 500. Prifonniers, enleva 38. Drapeaux & la Cornette de Mondragon. Dans ces entrefaites les Etats avoient conclu un Traiti d'alliance avec la France & PAngleterre , preuve que ces, deux Cours reconnoiübient la Souveraineté & Findépendance de la nouvelle République. 2. D. Ne fe fit-il aucune entreprife par mer contre Fennemi? R. En 1596. les Etats equipèrent une Flotte, dont ils donnèrent le commandement au Seigneur de Warmond, qui, avec le fecours des Anglois, •battit la Flotte Efpagnole, & emporta la Ville de Cadix, qui fut pillée & brulée. En 1599. Meflire Pierre van der Does fit voile pour le Brefil avec une nouvelle Flotte: chemin faifant il fit une des-' cente dans la 'grande Canarie, s'y empara du CMteau, & mit le feu a Allagona & a Homera. Cependant, malgré ces avantages , cette expédition ne fut pas heureufe , vü la grande mortalité qui regna fur la Flotte. 1 3. D. Quels font les événemens les plus confiderables de Fannée 1600? . R. La famcufe bataille de Nieuport, qui fe livra 1© a. de Juillet entre les. Troupes du Prince Mau-  C 4? ) Maurice & celles des Archiducs Albert & Ifabelle. La victoire que remporta le Prince fut fi complette, que 1'armée Efpagnole, après avoir perdu prés de 3000. hommes de tués & un plus grand nombre de prifonniers , parmi lesquels fe trouva 1'Amirante d'Arragon, fe vit forcée, vers les fept heures du foir, d'abandonner le Champ de Bataille. Les Villes de Rhynberg & de Meurs fe foumirent l'année fuivante aux armes vidorieufes du jeune Vainqueur, qui en l'année 1604. emporta la Ville de 1'Eclufe , après avoir battu l'armée dc Spinola , qui s'étoit avancée pour en faire lever le Siège. Mais la joye, que tous ces fuccès avoient fait naltre , fut bien modérée par la perte d'Oftende, qui fe rendit aux Efpagnols, après avoir foutenu pendant trois ans un Siège 9 qui coüta a la nouvelle République 50000. hommes, & 100000. Florins par mois pour la défenfe de la Place. f 4. D. Ne fe paffa-t-il pas encore quelque chofe de remarquable vers ce même tems? R. Oui; c'eft a ce tems que l'on rapporte 1'établilfement de la Compagnie générale des IndesOrientales. L'oélroi qui en fut accordé par les Etats eft de l'année 1602 , & ce fut la défenfe faite par le Roi Philippe aux Habitans des PaysBas de naviguer & de commercer dans les Mers & les Ports d'Efpagne & du Portugal qui y donna occafion. L'on fait monter a 66. Tonnes d'Or lè Capital de cette Compagnie. La première Flotte qu'elle mit en mer, étoit de 14. VaüTeaux commandée par Wybrand de Warwyk ; en 160% elle en équipa une autre de 13. Vaifteaux; & l'on eompte que ces deux équipemens coutèrent a la Compagnie un tiers de fon Capital. 5. I).  ( 48 ) 5- D. Quels furent, après l'année 1604 , les fuccès des armes des Etats par terre? R. La Campagne de 1605. fut des plus malheureufes. Le Prince Maurice aifiégea Anvers qu'il ne put prendre; fon expédition contre la Ville de Gueldre échoua de même, Spinola, qui peu auparavant s'étoit emparé de Lingen & d'Oldenzeel, forca 1'Armée du Prince a fe retirer devant la fienne. Tous ces desaftres engagèrent les Etats a ne plus agir que défenfivement. Leurs armes n'en furent pas plus heureufes en ióoó, Spinola leur x ayant encore enlevé les Villes de Grol & de Rynberk. Ces revers furent cependant compenfés, en quelque forte, par la brillante viétoire que 1'Amiral Jacques de Heemskerk remporta dans la Baye de Gibraltar en 1607, fur la Flotte Efpagnole aux ordres de 1'Amiral d'Aviïa; la défaite de Fennemi fut complette , mais les Etats perdirent le brave Heemskerk, qui fut tué. 6. D. Quel étoit d'ailleurs 1'état des chofes dans la nouvelle République? R. Malgré tous les avantages récemment remportés par les Efpagnols, au milieu même de leurs plus brillants fuccès , ils firent des propofitionstrés-férieufes pour négocier une paix ou une trève. Le délabrement de leurs finances , entièrement épuifées par les dépenfes énormes d'une guerre longue & ruincufe, les mit dans la nécefïité de faire ces ouvertures ; mais les Etats refuferent conftamment de fe prêter a aucune négociation, moins qu'on ne reeonnüt préalablement les Provinces-Unies pour un Etat libre & indépendant. Les Archiducs déclarèrent enfin qu'ils confentoient a traiter avec les Etats des Pays-Bas comme Nation libre; furquoi les conférences s'ouvrirent a la Have en Fannée 1607, 7. D.  C 49 5 ^ D. Ces Négociations furent - elles poufïees avec fuccès? R. Comme les deux partis ne purent convcnir_ entre eux des conditions d'une paix folide, il étoit a craindre que les conférences ne fe rompisfent brusquement, lorsqu'au mois d'Aoüt de l'année ióo8 , les Ambaffadeurs de France & d'Angleterré propofèrent une Trève de plufieurs années. Elle fut acceptée par la plüpart des Provinces ; la Zélande feule & le Prince Maurice la desapprouvèrent* Ce fut-la la fource de ce grand mécontentement du Prince cöntre FAvocat de Hollande Oldenbarneveld, qui «avoit eu Fart d'engager la plüpart des Villes a fe prêter a un accommodement. Enfin les Etats - Généraux, & le Prince Maurice lui-même confentirent unanimement a une Trêve de douze ans, qui fut fignée a Airvers le 9. Avril de l'année 1609. fous la garantie des Rois de France & d'Angleterre. C H A P I T R E XVI. 1. D. Les Provinces jouirent - elles longtems du repos qu'elles venoient d'obtenir par la Trêve? R. Nullement; Ce repos ne tarda pas a être troublé par les violentes disputes qui s'élevèrent au fein de 1'Eglife , entre Jacques Arminius & Frangois Gomarus, tous deux Profefleurs eii Théologie a FUniverfité de Leyde, fur les Décrets divins, la Confeflion de foi-& le Catéchisme. . Le feu de la discordé s'alluma bientót avec tant de véhémence dans ces Provinces , & particulièrement dans celle de Hollande, entre les Arminiens & les Gomariltes, que la paix de 1'Eglife. & - celle. D de  -( v$o ) de 1'Etat même en fut troublée d'une manière^ndécente. 2. D. Ne püt- on paiveinVa une réconciliation entre les deux Partis? R. Les Etats de Hollande elfayèrent cnvain tous les moyens qui pouvoient y tendre; la guerre civile paroiffoit inévitable, lorsque Barneveld, Avocat de Hollande, porté i la, modération, confeilla la levée d'une Milice Nationale (connuë dans ce pays fous le nom de Waardgelders') qui, diftribuée dans les Villes , oü l'on avoit le plus a craindre pour un foulèvement, ferviroit a le prévenir ou a 1'étouffer dans les commencemens. Les Etats fuivirent ce confeil; mais le Prince Maurice, quifavorifoit la caufe des Contre - Remontrans ou Gomariftes, s'y oppofa avec tant de fuccès, qu'il engagea le Souverain a licentier les Waardgelders, & a publier la tenue d'un Synode National, pour y décider en dernier relfort les disputes de Religion. 3. D. Ce Synode eut-il lieu? R. Oüï; il s'ouvrit a Dordrecht le 15. de Novembre de l'année 1618. & dura fix mois. Les Remontrans ou Arminien's & leur Doctrine y furent condamnés, leurs Miniftres bannis du Pays, & défenfe fut faite de prêcher ou de promulguer leurs opinions. Cependant quelque tems après on leur accorda le libre exercice de leur Religion. 4. D. Ne fe palfa-t-il rien de remarquable dans eet intervalled R. Oui; les Etats - Oéné raux firent arrêter Oldenbarneveld, Avocat de Hollande , Tloogerbeets, Penfionnaire de Leyde, & de Groot, plus connu fous le nom de Grotius , Penfionnaire de Rotterdam, kes accufations avancées a la charge de  C 5i ) de ces trois célèbres perfonnages eurent pour eu* les fuites les plus funeftes. Une Commiffion de £4- Juges, dont 12. de la Province de Hollande, & 2. de chacune des autres Provinces, condamna Oldenbarneveld a perdre la tête, fentence que ce refpeétable Vieillard fubit le 13. May de l'année 1619. • 5. D. Quel fut le fort de Hoogerbeets & de Grotius ? R. Tous deux furent condamnés a une prifon perpétuelle au Chat eau de Louveftein ; mais en l'année 1621. Marie de Reigersbergen, époufed'Hugues de Groot, trouva le moyen de faire fauver fon mari, renfermé dans une caiffe, oü l'on avoit coütume de lui faire parvenir des livres. Hoogerbeets fut relaché en 1626. a condition qu'il pafferoit, lans emploi, le refïe de fes jours a fa maifon de campagne het Huis ter Weer , prés du Village de Walfenaar; il y mourut peu de tems après. CHAPITRE XVII. i. D. Mais, pour en revenir aux affaires de la guerre, celle que l'on foutenoit contre FEfpagne, fut-elle reprife, après Pexpiration de la Trêve, en 1621? \R- Non - feulement elle fut reprife ; la Trêve n'empêcha même pas Fennemi de nous inquiéter par mer. D'ailleurs les Etats fe virent entrainés dans la guerre occafionnée pour les Duchés de Juliers & de Berg, & dans celle pour la Couronne de Bohème , qui dura trente ans. Le plus grand avantage que la République retira de cette dernière guerre , fut que le principal théatre en fut transporté en Allcmagne. Cependant celle que D 2 Foiï  C 52 ) l'on venoit de renouvellcr avec PËfpagne donna lieu a FétabluTcment de la Compagnie des Indes* Occidentalcs ; après les plus longues & les plu3 mures déliberations , elle obtint le 3. Juillet un Octroi pour le terme de 25. années. Les premiers fonds. de la Compagnie fe montoient a 7. millions & deux eens mille florins ; ce ne fut cependant qu'en l'année 1623. que cette Compagnie put mettre fa première Flotte en uier. 2. D. Ne fut-ce pas vers ce même tems que fe forma une confpiration contre la vie du Prince Maurice? R. Oui; découverte au mois de Février, de Fannée 1623, il fe trouva que plufieurs perfonnes, qui dans les demiers changemens arrivés en Hollande , s'étoient vues dépouiller de leurs emplois, avoient pris part a eet infame complot. Les deux Fils de Barneveld, qui avoit eu la tête tranchée, étoient a la tête de la conjuration; 1'ainé, nommé Regnier, Seigneur de Groeneveld, Statius, Ministre au Village de Bleiswyk , & quelques autres des Conjurés, furent punis de mort. 3. D. Les entreprifes formées par Fennemi contre le falut de 1'Etat, après que l'on eut recommencé les hoftilités de part & d'autre , lui réusfirent-elles? R. Non; il échoua dans le doublé projet de fe rendre maitre de Thiel & de 1'Eclufe. En 1622., Spinola avoit de même fait de vains elforts pour s'emparer de Berg-op-Zoom. Cependant de leur cóté les armes des Etats n'étoient pas plus heureufes. Maurice voulut furprendre Anvers, il esfaya auffi de forcer Spinola a lever le Siège de Breda, tout fut inutile. Le chagrin d'avoir manqué ces deux entreprifes caula au Prince une ma- ladic  C 53 ) Itidie de langueur, ojii au mois de Novembre de l'année 1624. 1'obligea üe quitter l'année & de fe rendre a la Haye. Echappé peu auparavant au fer meurtrier des traïtres , il y mourut de mort naturelle le 23. d'Avril 1625. a 1'age de 58. ans. CHAPITRE XVIII. 1. D. Qui fuccéda a Maurice dans la Dignité de Stadhouder? R. Son Frère, 1'illuftre Frederic•-Henri, marié environ depuis trois femaines a Amêlie , Fille du Comte de Solms. La chance des armes fembla être plus favorable a ce 'Prince qu'elle ne 1'avoit été a Maurice; car en trés-peu d'années il reprit a Fennemi & remit aux Etats plufieurs Villes importantes, entr'autres Grol, Wezel, Bois - le - Duc, Mallrigt, Limbourg, Rynberg & Breda. 2. D. Mais la République n'èut-elle aucun avantage eonfidérable fur mer , après 1'expiration de la Trêve? R. Plufieurs. Le Lieutenant-Amiral , Pierre Hein, prit en 1628. la Flotte d'argent fur les Espagnols dans la Baye de Mantaza ; la valcur en fut portée a 11. millions cinq eens mille llorins. Peu après l'on fit pafler des forces navales dans le Brelil, qui en 1630. y enïevèrent plufieurs Forts fitujés fur la cóte. En J631. les Efpagnols tentéren t une defcente dans Fllïe de Tholen ; mais la Flotte des Etats y mit obftacle, ayant attaqué dans le Slaak les Vaifleaux enncmis , qu'elle prit en grande partie & qui furent envoyés a Dordrecht. Quelques années plus tard, le 21. d'Octobre de l'année 1639. le Lieutenant-Amiral, Marien Harpen Tromp remporta dcvantJes Dunes une D 3 Vic-  ( 54 3 Wi&o'm fignalée fur la Flott<* Efpaaiiole , qui y perdit plus de 40. Vaiffeaux? Cependant, dèl Tan"éevm35D ^RfPubh>e avoit conclu avec Louis XIII. Roi de France, un Traité d'alliance contre 1'Lspagiie. Ce qui fut caufe que cette C°fSnne'/entrée en polfeffion de la 'Souveraimté des Pa^s-Bas Efpagnols, par la mort de Flntante Claire Eugenie , arrivée en 1633. fe vit bientót forcée de faire la paix. 3- D. Paroit-il donc en effet, qu'après eet événement les Efpagnols penfèrent férieufement a fe decharger du fardeau de la guerre ? R. Sans doute. Depuis la reprife des hoffilités f0UVem P des P'opofitions de pal aux Etats, mais a chaque fois ils avoient auffi été les premiers a en rompre les négociations. Actue lement qu'ils avoient fouffert des pertes fi confiderablcs & que leurs finances étoient entte f tfi'-1 profitèrent de la minorité de JLoms XIV. Roi de France, pour renouer les négociations pour la paix. Les Etats ne s'étant point rcfufes aux avances de FEnnemi, la Ville ^M^TflAVCh0ifif P?ür y tenir lcs ConférenZ 'a Hoftlllt" 11 en furent pourtant point fus- avec tanr X Frftó-Henri les poulfa sis 1^ /18TT%qu en l644- ü emportale TOte ? & ^ Ville de Hulst 2™ flii- portaime?Ne ^ fien de pllls de im' a 1 ouyiage de la paix, ce qu fut caufe que les ,opérations militaires fe firent avec plu de lemeur tu^ri" '11^0- ,?'ailIeiirS' dès'avant IWertuifi de ,a campagne de cette année, le Prince Frederic-  C 55 ) deric - Henri s'étoit trouvé trés - inciïspöfé, & bientót il fut fi foible que vers la fin de l'année l'on desefpéra entièrement de fon rétabliflement. En effet ce valeureux Prince mourut le .10.^de Mars de l'année 1647. fans avoir eu la fatisfaélion de voir figner le Traité de Paix avec 1'Espagne. Car, qtioiqu'il eüt vü d'abord avec peine les Ambaffadeurs des Etats-Généraux fe rendre au Congres de Munfter, il fentit vers la fin de fes jours que 1'intérêt de la République étoit de faire la paix, & il ne celfa de pre fiér les Etats de conclure une alfaire fi avantageufe pour eux. 5. D. Qui fut le fuccelfeur de Frederic-Henri dans le Stadhoudérat ? R. Son Fils Guillaume II, qui avoit époufé Marie, Fille de Charles I. Roi d'Angleterre. Si le Prince fon Père avoit paru d'abord ne pas voir de boli oeil les négociations entamées pour la paix \ le Fils, jeune Prince belliqueux, s'y oppofii ouvertement; il vouloit abfolument entrer en campagne, au mois d'Avril 1647. il fit même, malgré les défenfes des Etats, marcher quelques troupes du c'èté de Hulst, pour couvrir les frontières; cependant les Etats étant venus a bout,de lui faire rappeller ces troupes, tout s'arrangea pour la conclulion de la paix. 6. D. Quand cette paix fut-elle fignée a Munfler? R. Le 30. de Janvier de l'année 1648. Philippe IV. alors Roi d'Espagne reconnoiffoit par ce Traité les Sept Provinces-Unies pour un Etat libre & indépendant, fur lequel ni lui ni fes\SucceJfeurs n*avoient aucune prètention a former* C'eft ainli que notre Patrie, après avoir lutté quatre vingt ans contre tous les dangers d'une guerre dispen- D 4 dieu'  C 56 ) dieufe &inégaïe , ob'tinf la pleine joüüTance i da ft uit de fes glorieux efforts - lalib e r 'ré. C H A P I T R E XIX. i. D. Qu'cft-ce qui vint troubler le repos de ces Proviuccs aufli-tót après la conclufion de la Paix de Munfler? Une querelle intcftine , qui s'éleva entre Guillaume II. & la Régence d'Amfterdara. La caufe de cette divifion provenoit de ce que les Etats de Hollande, après la paix faite avecl'Espagne , .avoient arrêté de licentier un plus grand nombre de troupes , que ne le trouvoient a propos le Prince d'Orange & la plupart des autres Provinces, réfolution , qui n'avoit été prifc, diï01t^-?in' i3lie £'aPrès les confeils principalcment de rri , ^Amftcrdam. Pour parvenir, s'il étoit pollible, a s'cntendre, les Etats - Généraux réfolu- T*n?JSP de Juin dc raniK'e ^5P. d'envoyer dans les differentcs Villes de la. Hollande une Dépufation, a la tête de laquelle ils mirent fon Alteffe pour ticher de porter ces. Villes a d'autres fentimens, La Députation partit, mais n'eut point i elf et quon s en étoit promis ; paree que nonieulemenMes Etats de Hollande perfifterent dans leur opinion , ils défendirent même a toutes les Villes d admettre les Députés des Etats-Généraux; de pareilles Députations, felon eux , ne pouvant & ne devant fe faire qu'aux Affemblées des Etats des différentes Provinces. 2. D, Quelles furent les fuites de cette affaire ? R. Le 30, Juillet Son Alteffe fit arrêter fecrétement fix Membres des Etats de Hollande & transporter le lendemain au Chateau de Louveftein. II fit  C 57 ) fit plus, il chargeale Comte Guillaume-Frederic9 Stadhouder de Frife de marcher a Amfterdam a la tête de quelques troupes. Son deffein étoit de s'emparerpar un coup de main de cette grande Ville, qui, comme quelques autres , avoit refufé de donner audience a Son Alteffe , en fa qualité de Député des Etats - Généraux , & enfuitc d'y faire dans la Régence un changement extraordinaire, 3- D. Cette entreprife du Prince réuiïït - elle ? - R. Non. Le Magirtrat d'Amftcrdam fut averti afiez a tems de 1'approche des troupes, pour mettrc la Ville en état de défenfe. Auffi le Comte Guillaume s'étant avancé le 30. Juillet jusques fous les murs de Ja Ville , en ayant trouvé les Port es jermées , & s'appercevant que tout y étoit dans la plus grande .activité , ne jugea pas a propos d uier de violence. Sur ccla vSon Alteffe s'avanca en perlonnc du cöté d'Amfterdam ; il en réfulta que le 5. du mois d'Aoüt il fe paffa une Convention entre le Prince. & la Ville, par laquelle celleci s'engageoit a retenir a la folde de la Province le nombre de troupes qu'avoit fixé. Son Alteffe, p a faire cnluite que Mcffieurs Bikker fe démisient volontairement des charges qu'ils avoient daus la; Régence. peu .après ce Traité, les fix Membres des Etats de Hollande, qui avoient été renfermés a Louveftein, furent relachés, a condition cependant qu'ils abdiqueroient aulii. 4- D. Guillaume II. vécut - il longtems après -avoir terminé cette affaire? ' R. Non; il mourut de la petite Vérole, le 9. Novembre de la même année, a Page de 24. ans" La Prmcefle , qu'il laiffa enceinte, accoucha 8.* jours après fa mort d'un Fils, que nous verrons P 5 par  C 58 ) par la fuite, fous Ie nom de Guillaume III. pofféder les hautes dignités de cette République & monter fur le Tróne d'Angleterre. CHAPITRE XX. 1. D. Que fe palfa-t-il, cependant, de remarquable après la mort de Guillaume II? R. A peine le jeune Prince, fon Fils, étoit-il né , qu'il s'éleva des disputes • au fujet de la tutelle. Les Parties intérelfées parvinrent pourtant * s'arranger a Famiable , & la Princeiïè fa Mère fut généralement rcconnue Tutrice principale. Dans ces entrefaites la Province de Groningue élut pour fon Stadhouder Guillaume - Frédérie , qui 1'étoit déja héréditaire de la Frife; les cinq autres Provinces reftèrent fans Stadhouder. Cependant le 18. de Juin de Fannée 1651. s'ouvrit a la Flaye la première Alfemblée générale des Pro vinces-Unies; Les Membres , au nombre de plus de 300. Députés , s'affemblèrent dans la Grande Salie de la Cour , & ne fe féparèrent que le 21. Aoüt fuivant. Ce fut dans cette alfemblée, particulièrcment connue fous le nom de Grande AJfemblèe, que les Etats-Généraux régièrent en commun tout ce qui concernoit 1'Union , la Religion , & les Troupes. 2. D. La République ne fe trouva-1-elle pas bientót entrainée dans une nouvelle guerre? R. Elle en eut une a foutenir contre PAngleterre, oü Olivier Cromwel, fous le nom de Prótecteur , tenoit alors en main les rênes du Gouvernement de ce Royaume voifin. II fe livra pendant cette guerre fept batailles navales, quatre en 1^52, trois en 1653; batailles qui couvrirent nos bra-  C 59 ) fcraves Marms, Tromp , de Ruiter, de Witte & van Galen d une gloire immortelle, mais qui nous firent auffl pleurer la pcrte de deux de ces Héros, lromp & van Galen. Cependant on travailloit I la paix, & elle fut en effet conclue le 15. d'Avril de 1 année 1654 ; les Etats de Hollande s'étant engagés a exclure pour toufour's le jeune Prince des Digmtés qu'avoient pofledées fes Ancêtres. 3. D. La République n'eut - elle pas d'autre guerre a foutenir? \ p* Cel!f du Pom^ï . m fe vit enlever le breiil dans 1'Amérique Méridionale; mais a la paix cette Province fut reffituée, moyennant une lomme de huit millions cle florins, qiie les Portugais promirent de payer. Quelque tems après, les intéréts du Commerce engagèrent les Etats a prendre part a la guerre qui fe Mbit dans le Nord. En conlequence ils mirent en 1656. une Flotte re^eélable en mer fous les ordres de FAmiral dObdam, Seigneur de Wafenaar, qui eut le bonheur de forcer Charles-Guftave, Roi.de Suède, a battit la Flotte Suédoife dans le Sond ; & deux ans^après en 1660. la paix fut rétablie dans le 4- D. Que fe pafla-t-il cnfuite? R. Cromwel, qui avoit fait trancher la tête k fon Roi légitime Charles I., étant mort, Char- 1 x Flis,deVnfommcl Monarquc, rcmonta fur le Tróne d'Angletcrre en 1660. Malgré toutes les marqués de bienveillance qu'il avoit feues de h République pendant fon exil; quoique les Etats de Hollande euflent même annullé FAéte de Sé cluüon, qui priv0it ]e prince d'Orange, Fils de la,  C &> ) fa Soeur, de toutes les dignités poffédées jadis par fes Ancêtres , le nouveau Roi n'en déclara pas moins la guerre en 1664. a la République, après avoir fait attaquer plufieurs de fes Polfeffions dans les deux Indes, & lui avoir enlevé plus de cent Vaifleaux Marchands richement chargés. De fon cóté Bernard vam Galen , Evêque de Munfter , pouffé , a cc qu'il y a tout lieu de croire , par les inftigations des Anglois, & foutenu de leur argent, déclara auffi , le 19. Septembre de l'année fuivante , la guerre a la République , entra a la tête d'une puiflante année fur fon territoire & s'empara d'abord de plufieurs Places dans le Comté de Zutphen, & la Province d'Ovcryifcl. Cependant la France , qui par un Traité figné dès l'année 1662. s'étoit engagée a fournir 6000. Hommes a la République, vint a fon fecours, & forca bientót 1'Evêque de IVfunfter a demander' la paix, qui fut fignée a Clèvcs , au commen cement de l'année fuivante. , 5. D. Quelles font les batailles les plus remarquables, qui fe font livrées par mer, pendant le cours de cette guerre fous Charles II? Pv. Le 13. Juin de l'année 1665. il s'cn donna une entre F Amiral Obdam & le Duc d'Tork, qui ne fut pas heureufe pour la République , dès le commencement du Combat le Vaiiïeau d'Obdam ayant lauté, eet Amiral perdit la vie, & plufieurs de nos Vailfeaux tombèrent entre les mains des Anglois. Au mois de Juin 1666, de Ruiter & Monk en vinrent aux mains a la hauteur des Dunes , le combat dura quatre jours, & les Anglois, après avoir fouffert une perte confidérable, fe virent forcés a prendre la fuite. Le troifième combat naval eut lieu les 4. & 5. du mois d'Aoüt de la  C $ ) Ia même année; de Ruiter, qui commandoit encore dans cette occafion, eut le chagrin de voir fuir fes Vailfeaux, malgré tous les efforts du plus grand courage avec lequel lui & quelques uns de fes Capitaines avoient combattu. Ce combat, ft fatal a la République , donna lieu a la démhTion de Tromp, qui fut remplacé par G. J. van Ghendt. Cette même année les Anglois firent une Defcente dans rille de ter Schelling, y brulèrent deux Vaisfeaux de guerre & plufieurs Navircs Marchands; /les Etats, pour s'en venger, chargèrent le brave de Ruiter avec C. de Wit, Ruward de Putten, en qualité de leur Député fur la Flotte , d'une expédition dans le Port de Chattam, oü ils brulèrent aux Anglois nombre de Vailfeaux de guerre, & ,en remportèrent un burin , qui fut évalué a quatre tonnes d'or. Cette VicFoire ne contribua pas peu a accélércr les négociations, déja entamées pour la paix a Bréda; aulfi y fin;-elle concilie le 31. de Juillet de l'année 1663. 6. D. La République jouit-elle longtems des douceurs de la paix? R. Non; Philippe IV. Roi d'Efpagne étant mort, Louis XIV. fon Beau-Fils, prétendit avoir, du chef de fon Epoufe , des droits fur une partie des Pays-Bas Efpagnols, & pour les faire valoir avec plus de fuccès il s'cmpara d'abord de plufieurs Villes du Hainaut & de la Flandre. II étoit de Fintérêt de la République que la France ne fe rendit pas trop puiffantc dans les Pays-Bas, & pour Pen empêcher elle conclut en 1668. avec 1'Angleterre & la Suède un Traité , connu fous le nom de Triple Alliance; on y ftipuloit les xonditions auxquelles ces trois Puilfances tacheroient de porter la France & FEfpagne a faire la paix. Le  ( ) Le but que Ton s'étoit propofé par la Triple AU hance mum leffet que l'on s'en étoit promis k paix fe fit entre les deux Couronnes. Louis' XIV piqué de ce que les Etats euflent ainfi arreté le cours de fes armes viétorieufes dans les Pays-Bas Efpagnols, penfa d'abord a s'en veneer Cependant il voulut premièrement elfayer d'engager les Etats a fe retirer de la Triple AHiance afin que lm-même enfuite püt rompre une paix qm lui fembloit; fi désavantageufe. Ce defiein n ayant pas réufiï, le Monarque Francois fe tourna du cóté de FAngleterre, & il eut Phabileté de porter Charles II. a conclure avec lui en 1670 Un Traité fecret, dont 1'objet étoit de déelarerla guerre a la République. Deux ans plus tard Louis XIV. parvint de même a détacher la Suède des interets des Etats & a 1'engagerafeconder les fiens. 7. D. Que firent les Etats dans ces conionctures ? J Prévoyant le péril qui les menacoit, ils entrerent en négociation avec la France & firent tout pour Pappaifcr; ils prièrent FAngleterre de ne point fe départir de FAlliance qu'elle avoit formée avec eux; ils firent tout ce qui dépendoit d'eux pour attirer d autres Puilfances dans leurs intéréts- enfin ils armèrent par mer & par terre. En effet la République eut bientót une marine refpeaable 5 mais 1'Armée de terre étoit peu de chofe. La divifion qui rcgnoit entre les Provinces en étoit la caufe. Quelques unes d'entre elles fe refufoient a 1'augmentation des Troupes de terre, tant qu'on n'en donneroit pas le commandement au Prince d'Orange avec le titre de Capitaine- Général. La Hollande s'opiniatroit a s'y refufer, & ce ne fut qu'avec bien des peines qu'elle y confentit , encore  C ^3 ) core ne fut*ce que pour une feule campagne. Même dès l'année 1667. cette Province avoit pris une réfolution, que les autres Provinces adoptèrent en grande partie en l'année 1670. c'étoit de féparer pour toujours la Charge de Capitaine-Général de celle de Stadhouder. Réfolution devenue fameufe dans 1'Hiftoire fous le nom d'Edit Perpétuel. 8. D. En vint-on enfin a une guerre ouverte 2 R. Oui; après plufieurs Négociations ittfrue- tueufes par lesquelles les Etats avoient cherché a engager la France & FAngleterre a fe défifter de leurs prétentions , ces deux Couronnes déclarèrent, en un même jour (le 7. Avril 1672.) la guerre a la République; & a peine 1'Armée Francoife s'étoit mile en marche , que FEleéleur de Cologne & PEvêque de Munfter fe mirent de la partie ; de forte que nous nous vimes attaqués par mer & par terre par quatre ennemis a la fois. 9. D. La République fe trouva-t-elle en état de leur tenir tête? R. Non; 1'Armée Plollandoife aux ordres du Prince d'Orange, qui étoit poftée prés d'Arnhem en Gueldre, trop foible pour s'oppofer a Fennemi , le replia par la Province d'Utrecht fur celle de Hollande. Les Francois refièrent par la maïtres des Provinces de Gueldres & d'Utrecht ils pénétrèrent même en Hollande & s'y emparè'rent des Villes de Naarden , Woerden & Oudewater Les Troupes de Cologne & de Munfter de leur cóté occupèrentl'Overyffel, le Comté de Zutphen & une partie de la Frife. Dans une fituation aufii cntique la République auroit volontiers donné les mams a Un accommodement, mais 1'Ennemi ne voulut point y entendre. Cependant le peuple frap»  frappé dcTidée que la perte fucceflive de tant dé Villes venoit de 1'inconduite & de la trahifon des Régens, dans un tems oü la République fe tróuvoit fans Stadhouder, infifta ouvertement pour qu'ön élevat le Prince a cette dignité éminente, ce qui effccFivement eut lieu au "mois dc Juillet de cette année 1672, après que les Etats dè Hollande eurent préalablement annullé 1'Edit Perpé^ tuel. Guillaume III. fut donc revötu alors de toutes les Dignités dont fes Ancêtres avoient joui, & de plus en l'année 1674. elles furent déclarées héréditaires en faveur de fes Descendants males, CHAPÏTRE XXI. 1. D. Quelle fut la fuite immédiate de Péléva-tion de Guillaume III? R. La chüte des Frères de Wit, Fun ConfeilIer Penfionnaire de Hollande, Fautre Ruward de Putten, Soupconnés, accufés même par la populace , de s'être conftamment oppofés a Félévatioiï du Prince, ces deux perfonnages fe virent bientót en bate a toute la fureur de la haine. Elle fut poulfée fi loin que , malgré les forfaits dont les chargeoit la calomnie, ne pouvant au gré de fes délirs en obtenir juftice par les voies ordinaïresr elle refolut de fe la üiire a elle-même. Le 20. du mois d'Aoüt de Fannée 1672. cette populace cnragée fe jetta avec fureur fur les deux malheureux Frères , les immola avec la plus barbare cruauté a fon infernale vengeance, & non encore affouvie, elle commit fur leurs cadavres inanimés toutes les horreurs que peut infpircr la rage- la plus effrenée. Cependant ce crime odieiïx rella impuni; l'on fuivit le confeil qu'avoit donné fon Ai*  C *5 3 Alte/fe, de ne faire aucunes paurfuites contre les AffafFins, parceque les principaux Bourgeois fe trouvoient complices du forfait. 2. D. Mais reprenons le fil des événemens ; quelle fut 1'ifFue de cette campagne? R. Vers la fin de 1672. fon Alteffe afïïéga Char* leroi fans fuccès, les Francois de leur cóté, pénétrés dans la Hollande b y pillèrent & brulèrent les Villages de Bodegraven & de Zwammerdam, que la plüpart des Habitans avoient cependant eu le tems d'abandonner. En 1673. Guillaume III. reprit Naarden & Bonn; la prife de cette dernièrt Ville forca Fennemi a évacucr les Pays dont il s'étoit emparés; & FEmpéreur & le Roi d'Efpagne , qui prirent part a la guerre , furent caufe que le théatre en fut transporté ailleurs. 3. D. Et quel fut pendant cette guerre le fort des armées navales? R. Le 7. de Juin 1672. il fe livra un fanglant combat contre les Flottes réimies d'Angleterre & de France, dans leqüel PAmiral van Ghendt'perdit la vie. En l'année 1673. de Ruiter battit k deux reprifes, dans le mois d'Aoüt, les Flottes combinées de France & d'Angleterre, & remporta fur elles de irès- grands avantages* 4. D. N'y eut-il point de conférences pour la paix? R. Oui; elles réuflirent même au point, que la paix fut fignée avec FAngleterre le 19. de Février 1674; le 22. Avril fuivant elle fut également concilie avec PEvêque de Munfter, & le 11. May de la même année avec PElefteur de Cologne. D'un autre cóté la guerre avec la France fut poulfée jusqu'en 1678. & ce ne fut que le 7. d'Aoüt de cette annéi que la paix fut coaclue & fignéa avec E c#tte  c m ) cette PuuTance. Cc fut 'pendant eet intervalled c'eft a dire en 1676. que la République eut a pleurer la perte du plus grand hommc de mcr' qu'elle alt jamais eu. ':Le brave de Ruiter, envoyé' en Sicile avec une Flotte , pour y foutenir les Efpagnols contre la France? y livra a Fennemi commuii deux combats, qui le couvrirent de gloire, mais malheureufement atteint d'un boulet de canon dans le fecond combat , il mourut peu de jours après de fes bleffures. 5. D. Le repos que Fon venoit de rendre a 1'Europe dura-t-il longtcms? R; Non ; la France ne tarda pas k rompre la paix qu'elle venoit de faire, & bientót Fon revit fes armées fe jetter fur les Pays-Bas Efpagnols. vSon Alteffe -jugeant que, par cette nouvelle invafion, la République étoit ménacée du même danger auquel elle avoit n'aguéres , été expofée , propofa une augmentation de 16000. hommes dans les Troupes de terre. Mais comme les différentes Provinces ne pouvoient s'accorder fur eet article , & que la Ville d'Amfterdam en particulier perfifia conftamment a refufer d'y donner fon confentement j il en refulta une altercation des plus vives entre le Prince & cette Ville. Cependant on parvint k conclure entre les Puiffances belligérantes une Trève de vmgt ans, qui fut fignéc le 1^. d'Aoüt de Fannée 1684. ce qui fut caufe que Paugmentation propofée par le Prince d'Orange tomba d'elle-même. 6 D. Dans quelle fituation fe trouvoit FAngleterre vers ce même tems? R. Le Roi Jaques IL Beau-Père de Guillaume III. qui en 1677. avoit époufé la Princeffe Marie, Fille de ce Monarquc, voulant introduire k Re-  C 67 ) Religion Catholique Romaine dans fes Etats , y perfécutoit les Réformés , de même que Louis XIV. de fon cóté les perfécutoit en France. Mécontents du Gouvernement aéhiel, les fujets du Roi s'adrefïerent en 1688. en trés-grand nombre au Prince d'Orange, qu'ils favoient être dans leurs intéréts , pour 1'engager a venir les délivrer d'un Gouvernement arbitraire & papifte. Son Alteffe n'héfita pas a promettre fes 'fecours , fur-tout lorsqu'il eut appris, que, pour priver la Princelfe fon Epoufe des droits légitimes & inconteftables qu'elle avoit au Tróne d'Angleterre , on prétendoit y faire paffer un enfant fuppofé pour le véritable héritier de la Couronne. Les Etats de leur cóté, inftruits des delfeins du Prince , arrêtèrent de le féconder de toutes leurs forces. 7. D. Comment le Prince d'Orange s'y prit - il pour mettre ce projet a exécution? R. Certain différent s'étant élevé au fujet de PElecFion d'un Archevêque de Cologne, fon Alteffe en fit habilement naitre le prétexte de raffembler fansbruit, & fans caufer le moindre foupcon. de fes véritables vues, un certain nombre de Trou pes fur la Bruyere de Mook (Mookerheide.) Cependant l'on équipoit une Flotte de plus de cinquante Vaiffeaux, fur laquelle, dès que les vents le permettroient, le Prince pafferoit en Angleterre avec cette Armée. En effet le 26. d'Oétobre de l'année 1688. le Prince prit congé des Etats, &, après avoir fouffert quelques contrariétés fur mer, il fit heureufement la descente projettée a la vue de Torbay. II y trouva fi, peu de réfiflance qu'il marcha droit a Londres , oü il ferra de fi prés l? Roi Jacques II. fon Beau-Père, que ce Prince fe Vit bientót obligé de fe retirer en France , oü la E a Rei-  X 68 ) Reine, fon Epoufe, Pavoit dévancé quelques jours plutót. Le Tróne d'Angleterre déclaré vacant par la fuite du Roi, & la Princeffe d'Orange s'étant peu après rendue elle-même dans ce Royaume, Guillaume & Marie y furent proclamés & couronnés Roi & Reine de la Grande-Brétagne, versie commencement de l'année 1689. CFIAPITRE XXIL 1. D. La France vit-elle de bon oeil la Révolution qui venoit de fe faire en Angleterre, & la part que la République y avoit prife? R* Bien loin de la ; aulïï dès le mois de Décembre de l'année 1688. Louis XIV. déclara la guerre a la République, qui ayant en 1690. conclu diverfes alliances avec FEmpéreur , le Roi Guillaume & quelques autres Puilfances, remporta quelques avantages fur les Francois dans une acFion qui fe palfa lous Namnr. De 'leur cóté les Etats perdirent la bataille de Fleurus, gagnée par les Francais le 1. de Juillet; & le 10. du même mois ceux-ci remportèrent également la Vicloire dans un combat naval qu'ils livrèrent a la hauteur de Bevefier, aux Flottes combinées d'Angleterre & de la République. Cependant, le li. Juillet de'la même année, le Roi Guillaume gagna Ja fameufe bataille de la Boyne en Irlande; & le Roi fugitif y qui y étoit venu de France, fe vit ainü forcé de retourner dans ce Royaume. 2. D. Comment fe paffèrent les campagnes fuivantes ? R. En 1691. les Alliés perdirent la bataille de Leuze, & les Francois fe rendirent maïtres de Mons en Hainaut. En 1692. les Troupes de Louis  ( 69 ) Louis XIV. prirent Namur, & les Alliés, battus prés de Steinkerken, furent contraints d'abandonner le champ de bataille. Mais au mois de Mai de la même année , les Francois ayant mis une Flotte en mer_, pour transporter le Roi Jacques en Angleterre avec une Armée, elle fut attaquée a la hauteur du Cap la Hogue par les Flottes réunies d'Angleterre & de Hollande, & obligée de fe retirer après avoir perdu un grand nombre de Vaisfeaux. Le 23. de Juillet de l'année 1693. les AlHés perdirent la bataille de Landen, & peu après les Francois emportèrent Charleroi. L'année 1Ó94. n'offre Aébon d'éclat pendant cette année fot la prife de Bouchain. Le Duc de Marlboufough n eut pas le temps de fermer aucune entrepnle de quelque importance ;■ les changemens confidérables qui s'étoient faits dans le Mmiftère Bntannique l'année précedente lui avoient fait perdre: les bonnes graces & la confiance de la Reine fa Maitrefle. ~ Ce fut aufïï peu avant la prife de Bouchain, le 14. de Juillet, que le Prince Jean Guillaume Frifo , Stadhouder de Frife, de Groftmgue & de Drenthe, voulant fe rendre de 1'Armée a la Playe, eut le malheur de fe noyer dans Ja;raverfée du Moerdyk au Sas de Stryen. La Prmcefle fon Lpoufe, qui étoit enceinte, accoucha le 1. Septembre fuivant d'un Fils., connu depuis lous le nom de Guillaume Charles Henri Frifo & que nous yerrons en 1747. élevé au Stadhouderat de toutes les Provinces-Unies. 4. D. Que fe pafia-t-il de remarquable en 1712? R. La Reine d'Angleterre ayant rappellé Marlbourough & mis le Duc tfOrmond a la tête des Troupes Angloifes dans les Pays-Bas, avec Fordre lecret de ne rien entreprendre contre les Francois, ceux- ci ne manquèrent pas d'attaquer auffitöt les Alliés , de les battre a Denain , & de reprendre plufieurs Places. Cette conduite des Anglois obhgea les Etats a prelfer tellement les conférences pour la paix, déja entamées depuis lonstems, que le 11. d'Avril de Fannée 1713. elle fut figiée a Utrecht entre la France & la République; 1 Angleterre, le Portugal, la Pruffe & la Savoye fignerent le même jour leur Traité avec la mê-  C 73 ) même Couronne. II n'y eut que FEmpéreur & une partie de 1'Empire qui contiuuèrent j ,. m 1714. la guerre contre la France , mais le Traité de Radftad figné cette année rendit la paix générale. 5. D. Les Etats- ftipulèrent-ils quelques avantages a cette Paix? R. Ils conclurent avec Ia France un Traité de commerce fort avautageux; obtinrent la Souveraineté d'une partie du Flaut Quartier de Gueldre, & une partie des Pays-Bas Efpagnols pour FEmpéreur Charles VI. avec qui ils conclurent en 1715. un Traité de^ Barrière , par lequel il étoit ftipulé qu'ils mettroient garnifon dans certaincs Places fortes des Pays - Bas , qui appartinrent depuis a la Maifon d'Autriche , & recurent dès-lors le nom de Pays-Bas Autrichiens. ' C H A P I T R E XXIV. 1. D. Après des guerres 'auffi longues & aufll fréquentes, la République jouit - elle longtems'des douceurs de la Paix?. R. Elle en jouit fans interruption pendant 27. ans, avantage qu'elle n'avoit jamais eu depuis fon établhTement. 2; D. Qu'arriva-t-il de remarquable pendant eet intervalled R. Anne, Reine d'Angleterre mourut le 17. du mois d'Aoüt de l'année 1714. Peu avant fa mort elle s'étoit lailfé gagner par les partifans du Prétendant, au point d'embraffer les intéréts de ce prétendu Prince. Auflï lórsque George I. Electeur d'Hanovre , lui fuccéda au Tróne d'Angleterre , les commencemens de fon regne furent troublés par un foulèvement, qui éclata principalement E 5 en  C 74 ) .en Ecofle, oü le Prétendant fut publiquement pro* clamé Roi. 3. D. Quelles furent les fuites de ce foulève-' ment? R. En 1715. les Etats , pour maintenir la fucxelfion de la Branche Proteftantc au Tróne de la Grande-Bretagne, envoyèrent au Roi George 6000. Hommes de troupes auxiliaires. Ce fecours fuffit pour diffiper, après une feule bataille,, tout le parti du Prétendant , & pour rétablir le repos dans tout le Royaume. 4. D. Quel événement fuivit peu après? ; R- La mort de Louis XIV. Roi de France, arrivée le 1. de Septembre de l'année 1715. a qui fuccéda fon arrière-petit-fils Louis XV. k peïne age de 6. ans. Le Duc d'Orléans, nommé Tuteur du jeune Roi & déciaré Régent du Royaume pendant fa minorité, fentant qu'il étoit de fes intéréts de vivre en bonne intclligence avec la Grande-Bretagne & les Etats-Généraux , conclut en 1717. avec ces deux Puiffances une Triple AUia-ice^ par laquelle il étoit entr'autres ftipulé , que le Prétendant feroit obligé de quitter le Royaume de France , &, qu'au cas que 1'une des trois Puisfances fe trouvêt attaquée, les deux autres armeroient en fa faveur un certain nombre de Troupes Auxiliaires déterminé par le Traité. «— De plus les Etats - Généraux obtinrent alors le Titrc de Hauts- gr* Puijfants Seigneurs , que 1'Empé.reur avoit été le premier a leur accerder en 1710, mais que la France avoit jusqu'alors refufé de leur donner. 5. D. La République n'cut-elle pas peu après quelque démêlé avec FEmpéreur Charles VI? R. Oui; & ce fut a 1'occafion de FOétroi accordé en 1722. pour FétabliiTement d'une Com- pag-  C 75 ) pagnie des Indes Orrentales dansle Port d'Oftënde , établinement qui caufoit un préjudiee confi* dérable au Commerce de la République. Mais vers la fin de l'année 1729. l'on conclut a Séville, par 1'cntreprife du Cardinal de Fleuri, premier Miniftre du Roi de France, une Convention entre la France, FEfpagne, FAngleterre & la République , par laquelle les trois premières de ces Puifiances s'obligeoient k procurer la révocation dc la Compagnie d'Oftende. Les Etats de leur cóté accédèrent le 20. Février 1732. au Traité conclu dès le 16. Mars de Fannée précédente k Vienne entre FEmpéreur & le Roi d'Angleterre, par lequcl ils garantiiïbient k Sa Majefté Impériale la Pragmatique San&ion , par laquelle FEmpéreur avoit réglé Fordre de la'fucceffion dans fes Etats. Par 1'acceflïon des Etats au Traité de Vienne , la Compagnie d'Oftende fut regardée comme anéantie. 6. D. Que fe paffa-t-il d'important en 17349 rélativement a la République? R. Guillaume Charles Henri Frifo, Stadhouder héréditaire de Frife, élu en 1718/Stadhouder de Groningue & des Ommeïartdes, en 1722. Stadhouder du Pays de Drenthe & de la Province de Gueldre, époufa le 25. Mars de cette année, en Angleterre, Anne, Princeffe Royale de la GrandeBretagne, Fille du Roi George II. C H A P I T R E XXy. 1. D. A quelle occafion la paix , dont ces Provinces avoient joui pendant ft longtems, fut-elle rompue? R. La  C « 1 i R' ^S0? deJ1']?mpéreur Charles VI. arrivée le ao. d Oétobre de l'année 1740. en fut le caufe. Les Rois d Efpagne & de Sardaigne, les Eleéteurs de Saxe, de Bavière & de Brandeboiug fornièrent desprétentions a la Succeffion de FEmpéreur quoique , fuivant la Pragmatique SancFion , cette lucceffion fut entièrement dévolue a la Fille ainée dc Charles VI, 1'Archiduchefle Marie Thérefe, Epoufei de Francois III. Duc de Lorraine ; cettl Princeffe s étant fait, en conféquence, proclamer Reme de Hongrie & de Bohème. a. D. De tous les Princes qui formoient des prétentions a la fucceffion de FEmpéreur Charles VI quel fut celui qui le premier voulut les faire va' loir par la force des armes? i R. Ce fut le Roi de Prulfe, en fa qualité d'Electeur de Brandebourg. Au mois de Décembre ï74o- il nt entrer les Troupes dans le Duché de bileüe, & sy rendit Maitre de plufieurs Villesmais après la bataille de Czeslauw il fit, fous la médiation de FAngleterre & des Etats , la paix avec la Reine de Flongrie, qui lui céda une grande partie de la Siléfie. 3. D. Le Roi de France ne fe mêla-t-il pas dans cette querclle? ^ R. Sans-doute; — il fe rangea du parti des Elefleurs; & ce fut principalement par fes foins que 1 ElecFeur de Bavière fut élu Empéreur au commeiicement de Fannée 1742, fous le nom de Charles VIL 4. D. Que firent les Etats dans ces circonIrances ? R. Ils donnèrent a la Reine de Hongrie des fecours en argent, & réfolurent d'augmenter le nombre de leurs froupes. La France, pour les en détour-  C 77 3 tournet, les afiura envain qu*elle n'avoit que des vues pacifiques, & leur propofa un Traité de neutralité; loin de fe lailfer leurrer par ces belles apparences, ils perfiftèrent dans leur delfein de foutenir les droits de la Reine de Hongrie. 5. D. Dans quel état fe trouvoient alors les affaires de cette Princelfe? R. Elle venoit de faire la paix, non-feulement avec le Roi de Prulfe, mais avec le Roi de Sardaigne & celui de Pologne, en fa qualité d'Electeur de Saxe. Le Roi d'Angleterre ralfembla alors un grand nombre de Troupes qu'il fit marcher k ft n fecours, dans 1'intention de déloger les Francois qui commencoient a fe raffembler en force le long du Necker. Ce delfein ne tarda pas a réusfir, Farmée Francoife, battue a Dettingen, ayant été obligée de fe retirer. — Les Etats-Généraux de leur cóté faifoient en même tems marcher 20000* hommes de Troupes auxiliaires , mais ces Troupes ayant appris dans leur marche la Vicloire remportée par les Anglois, jrebrouherent chemin pout vcnir prendre leurs quartiers d'hyver dans les PaysBas. La VicFoire remportée k Dettingen fur les Francois, fit prendre aux affaires de Marie Thérèfe une tournure fi avantageufe, que cette Princelfe eut pour le moment tout lieu de fe flatter, que dans peu elle fe verroit délivrée de tous fes ennemis en Allemagne. Mais eet efpoir dura peu 9 & dès l'année 1744. la face des affaires changea entièrement k fon désavantage. 6. D. Qu'eft-ce qui donna lieu k ce changement ? R. La France ayant ouvertement favorifé une entreprife, qui ne tendoit & rien moins qu'a faire une iuvafion en Ecofle & a y opérer un foulève* mens  C 78 > inent en faveur du Prétendant, Ia République fe vit forcée d envoyer 6000. hommes de Trounes Z fecours du Roi d'Angleterre , ce qui fit échouet l entreprile. Mais la France déclara alors ouvertement la guerre a-FAngleterre , & peu de tems après a la Reine de Hongrie. — Le Roi de Prufle de ion cóté rompit la paix qu'il venoit, pour ainfi dire , de conclure avec cette Princefle, entra a mam armée dans la Bohème , & Fe rendit maitre de la Ville de Prague. II ne jouit cependant pas longtems de la conquête; dès le mois de Novembre de la même année le Duc Charles de Lorraine le forca de quitter Prague & d'évacuer la Bohême. 7. D. Quelles feite» eurent les opérations militaires du Prince Charles ? R. Elles fervirent a accélérer la conclufion de Ia Quadruple Alliance entre FAngleterre, la Reine de Hongrie, la République & la Pologne, alliance ménagée par les foins de Monfieur C. Calkoen, Ambafladeur des Etats - Généraux il la Cour de Varfovie, oü elle fut fignée au commencement de 1745. Dès lors les affaires de cette Princefle commencèrent a prendre une tournure plus favorable a quoi contribua fans doute beaucoup la mort du Prince, a qui Ja France avoit donné la Couronne Impériale , Charles VII. étant décédé le 20 de Janvier de la même année 1745. En effet Marie Thérèfe fit la paix avec PElecteur de Bavière, Fils du dernicr Empéreur, elle eut auffi la fatisfacFfon de voir le Grand Duc dc Toscane , fon Epoux élevé a la dignité impériale, fous le nom de Franpis Premier. Peu de tems après il fe fit a Planovre une Convention entre les Rois d'Angleterre & de Pruife, pour régler les conditions auxquelles  C 70 ) les le derriiër de ces Princes conlentoït k traitet avec la Reine de Hongrie & 1'Electeur de Saxe*. Aulïï cette convention ne tarda pas a être fuivie de la paix qui fe fit entre ces deux PunTa,nces, & qui fut fignée a Dresde le 25. de Décembre de cette même année. 8. D. Mais quelles furent les fuitës de la Dé* claration de guerre que la France avoit faite k la Reine de Hongrie en 1744? R. Elle fut fuivie de la prife de plufieurs Villes par les Francois dans les Pays-Bas Autrichiens, dans lesquelles , fuivant le Traité de Barrière dé 1715. les Etats-Généraux mettoient garnifon; auflï réfolurent-ils d'envoyer 20000. hommes au fecours de la Reine de Hongrie , fans vouloir fe prêter aux vues de la France , qui leur propofa de rechef de refter neutres. 9. D. Ne fe pafia-t-il cette année rien de plus dans les Pays-Bas? R. Non ; paree que , le Prince Charles ayant palfé le Rhyn avec 1'Armée Autrichienne, les Francois fe virent forcés de faire marcher du même cóté la plus grande partie de leurs forces. Mais au mois d'Avril 1745. les Francois mirent le Siège devant Tournai, qui, de même que plufieurs autres Villes de la Flandres & du Hainaut, fut obligé de capituler, après la victoire fignalée qu'ils avoient remporté fur les Alliés a. Fontenoi le n. de May. — En 1746. ils emportèrent aufti Bruxelles, Mons, Charleroi, Namur &c. 10. D. Ne tiavailloit - 011 pas cependant k la paix ? • R. Elle fe négocioit a Bréda; mais.les négociations ne tardèrent pas k être rompues. En erfet le Roi de France, fe voyant maltre de presque tous  toüs te+m^^^mmj, fit déclarer au* Etats Ie ir d'Avril 1747. qu'il attaqueroit Ie Te™°^e.der!a R*«blique, & au moment même qu il /aifoit faire cette déclaration , fes Trounes entroient dans la Flandres Hollandoife & en peu de jours presque toutes les Places fortes furent obhgees de fe foumettre. 11. D. A quoi aboutit cette invafion des Francois? 1 v iR' Cef ^°JtCS £CCLlmulées répandirent par -tout 1 alarme & 1 épouvante, mais fur tout a FIeflïn ruption pendant tout FEté de 1748 , la Paix fut fignée a Aix-la-Chapelle le 18. d'Octobre de la même année. Par ce Traité les Etats- Généraux furent remis en polFelFion de toutes les Places qui leur avoient été enlevées par la France. 3. D. Quels font les événemens de quelque importance qui vfe. font paffés dans ces Provinces dans la cours de la même année'? - R. La Princeffe d'Orange accoucha le 8. de Mars-du Comte de Buren, qui recut au Barême ie-nom de Guillaume. C'eft ce Prince que nous royons aujourd'hui, -fous le nom de guillau- F me  C & ) *f e V. revêtu dc toures les Dignités de fes Ancêtres. 4- £>• Tout refta-t-il tranquille dans ces Provinces dans les premiers momens de 1'élévation de Guillaume IV? R. Non; il fe trouva plufieurs efprits remuants. particuhèrement en Hollande, Zélande & Utrecht qui exigeoient des changemens extraordinaires, furtout dans la perception des impóts , les Pofles la Régence, & les Confeils de guerre de la Bourgeoiiie. Ces mouvemens furent même accompagnés dans plufieurs Villes de piliage & d'autres dépréuations. Auffi plufieurs Membres du Gouvernement, las & dégóutés de 1'adminiftration, confentircnt fans peine a ce que les Etats de Hollande autorifaffent fon-Alteffe, le Stadhouder héréditaire,^ changer la Magiftrature des Villes, cc qui le fit elfeclivement peu après. §■ ^ % pafTa-t-il encore de remarquable ? K. En 1 année 1749. Guillaume IV. fut revêtu du Stadhouderat héréditaire du Brabant Hollandois dc la Flandre Hollandoife & de la HauteGueldre; il fut de même nommé Directeur fuprcme des Compagnies Orientaïes & Occidentales, iitres que n avoient portés aucun des Stadhouders avant lui. 6. D. Son Alteffe jouit-elle longtems de toutes les Dignites ? R. Non; attaqué en 1748. d'une maladie grave , ce Prince en avoit confervé une grande foibletfe qui s étant coniïdérablement accrue dans lEté de 1751 on lui confeilla les Eaux d'Aixla-Chapeile. Mais ce remede n'avant apporté aucun foulagement a fes maux, le Stadhouder revint a la Hayc, ou fa maladie augmenta avec tant de  C 83 ) tiolcnce, peu après fon retour, qu'elle »f^ 1| -» d'Oftobre de cette même année 1751- Uu,tre kPriucf Guillaume fon Fils de la naiffance du- quel nous avons parlé, fl ^«^Eg^ la Princefle Caroline , nee le 28. de fcévner «e Fannée 1743. CHAPITRE XXVII. t D Oui fuccéda a Guillaume IV. dans fes Dignités di Stadhouder, de Capitaine & d'Auu- raRGSonaFils , mmam* V. fous la tutelle de Son "Alteffe Royale, la Princeffe Anne, la Mere, ■cli fous le tltre de Gouvernante, exerca, pen- 5 la minorité dn jeune Prince « es Drom «tachés aux barnes Dignités dont d étort |ev«m a D Ouels font les prmcipaux événemens qui fe font'paffés dans la RépubBqu^^«S^^ R Ce fut cette année que fe fit la ratincation 6 Pechan'e du Traité d'Alliance défenfive condu Weprécédente entre FAngleteiTe la République, biPologne & a Saxe. - Le 3.,M Jum Se cette même «^^J^Zf fit a la Maifon du Bois, YOrangezaal, la cCremo n e de décorer publiquement le jeune Ptmce jtadlionder de 1'Ordre de la Jarretière. — knhn 1* Kffe Gotwernante (qui en cette^ité avoit wfi« féance dans les Hauts Colléges de 1 Utat ie of df Décembre^ propofa & fit adopter plufieurs enrent les meilleuts effets; Sonl Altóf^ aufli quelques arrangemens réktifs au Commetee, en général , aux Procédures dans la Piovmce de Frife, & a quelques autres objets.  ( «4 > 3. D. La République put-elle cependant fe con- fetver en pa.x avec les autres Puiffauces? K. bn 1755. elle eut a foiuenir contre le« Al genens une guerre, qui dura troisTs - Les Poflcflions oue Ja Francp/ir pa„ ,1 * Américiuè »™ f!' / Angleterre avoient en nÏÏ 'inn/°fr S?"E^nes? le Commerce de la Récat^ES W ^m de*Pert« trts - confidérables ; Parfts F? k , M?''ié Ia Plus ftri^ obfervéê pfr. lLS £«« » 'es Amateurs & les Pirates An- tXu!I&I^r gnf- nomb« de Savfres ! T' f11' «""duts dans leun'Poros y étoient declarés de bonne prife. Ces en^vcnins de nos vailftaux furent fi miütipliés, oue Mes fei P" Ie CoPmmerceUyA,nfter- ilam leul & préfentées en 1758. ft montoient 4 datSns fi *vf • mUle 69°- Flofms- Kprfl kSS^^^''!*'86'^ enfin Ies NégocLs MadamP t £re!enter ai« Etats - Généraux & 4 PourTes f\Lt°rlTnMe, différemes , pour ies luppher daccorder une proteftion effica! aues "t^ESf* \ * Ja N™§«ion. Ces fuppll 'K t -p0rtim,t !nfin les Etats-Généïaux de 4'n>t.^n v-n-759- ! ordonner équipement tm f "in 'il afin de mettre cori-ai^'AVioi!"poihble'aux py™^« d^ ir'ne0',,^^.1,6^ R°yak' MadMne »a Gouver0 e lès Eta ; r SPaS morteil"elque tems avant Stion ? Et^s:^1^ eulTent pris cette réfo- R.• Oui; affóJblie, épuifée par les fuites d'un» e?re mineur, ec a la République, le 12. de Janvier  ( 85 1 vies 1759. •*« Les Etats de Hollande prirent anffrV tót les arrangemens nécelMres, pour que le„Prinee Louis Erneft, Duc de Bronswyk-WolfenhuHel^ Veld - Maréchal de la République, prêrit ferment, comme Repréfentant de Son Alteffe Séréniffimey dont, quelques années auparavant, il avoit été défigné Tuteur; les mêmes Etats ayant dès - lors formé un Réglement interprétatif des droits attachés a cette Tutelle. 5. D. Que fe paffa-t-il encore de remarquable? R. Le mariage de Son Altefle Séréniilime, Madame Caroline, Princefle d'Orange & de Naflau, célébré a la Haye le 5. de Mars de l'année 1760. avec Son Alteffe Séréniilime , Charles' Chrétien , Prince de Najfm Weilhourg, Général d'Infanterie au fervice de la République. - 6. D. Quels font les autres événemens intéresfants de.ce tems? R. L'année 1762. mit fin ft la guerre entre la France & FAngleterre; guerre qui avoit caufé des" pertes fi confidérables au Commerce & ft la Na-vigation des Pays - Bas. — Le 9. de Mars de l'année 1763. Son Altelfe Séréniilime , le Prince Stadhouder Héréditaire, qui avoit arteint fa quinzièrne année , fiégea pour la première ibis dans 1'Affemblée des Etats -Généraux & du Gonfeil d'Etat, en conféquence des arrangemens pris au fujet de la Tutelle de ce jeune Prince. — Enfin le 9. Avril de l'année fuivante, mourut ft Leeuwaarden, ft 1'ftge de 78. ans, la Princefle Douairière, Marie Louife , Grand' Mère du Prince Stadhouder actuel. F 5 CHA*  C 80 ) CHAPlTRE XXVIH. . *• DVT(^ueIs1 fo1? P°ur Ia République des Pro. ^S™^**0^ kSpluS mé«es R. Son Alteffe Séréniffime, Guillaume V. Prince d Ojange: &: de; Naffim , parvenu, le 8. de Mars, a ft dixhmtieme année, entra le même iour dans la pleine poffeffion des Hautes Dignités de Stadhouder Héréditaire, de Capitaine & d'AmiralGénéral Le 4 d'Oclobre de la même année ce Prince Epoufa a Berlm fon Alteffe Royale Frèjerwuc-Sophje-mihelmme, Soeur unique du Roi de Pruffe aujourd'hai regnant. De ce manage font mlQ Frédérique-Louife'mihelmine, eft née le 08'• de Novembre 1770. Le premier des deux Prïnl ces 9 Guillaume - Frèdéric , eft né le 24. d'Aoüt 1772 ; & Guillaume-George-Frèdéric , Ie fecond des Princes, eft né le 24. de Septembre de 1'anziée 1774. 2. D. Ne s'éleva-t-il pas quelque différend ^li^rfi1^' entre les Etats - Généraux & lElecleur Palatin? K' Qm^hm Barriques de Sucre, deftinées |our Dufleldorp , en furent la principale caufe! Xa déclaration, qui en futfaite, en 1768. au Bureau de la^douanne ne s'étant pas trouvée exac$ëi iCS furen* faifi.es & retenues a Dordrecht. L Eleéteur crut: devoir interdire la Navigation du Rhyn pour 1 Allemagne aux Barques de Rotterdam & de Dordrecht. Les Etats-Généraux, de leur cóté , pubhèrent le 29. Mai 1770. une Ordonnance qui défendoit, pour un tems déterminé tm 9©fi«ftcice unTfeu de bos \ail!eanx quoique fon Escadre fn" fupeneure a la uótré. 111 5- D. Et que s'eft-il palTé de plus? !e PIa" 1«e nous nous fommes pro- SodvoirteLT/fy aV°ir- rempIi notre «ch? & pouvoir ^terminer ïci ce peut ouvrage. Nous nré- ferons égatanenf de tirer le rideau fuT?a fcène S / n\,„> ^ff/lprédat,f,ns 1ui ' depuis cette «poque 1 om ceffé de troubler la tranquilUté nubhqnc , & qm ont fait le malheur d'un fi Land nombre de „0* Concitoyens. II ne noUs*re" e do ic qu a faire les voeux les plus ardens au CiT pour qu il daigne faire renaitre la concorde IV mour de 1'humanité & la charité fraternelte <&L les coeurs divifés de tous nos Compat otes afin que par 14 le repos public foit rétahV, Tpuiffe être confervé, non-feulement pendant la ffi f in.   Ten dienfle der jeugd en der Schooleir is bij de Drukkers deezes, onder rneer ardet..n3 ook nog gedrukt: kort begrip van de. geschiedenissen des vaderlands, in- Vraagen en Andwoorden , in 8vo. a.4? St. — N. B. Dit is het zelfde Werkjen in *t Hollandsch, als dit tegenwoordige in 't Fransch. voor kinderen, tot nut en vermaak , in 8vo., met Plaatjens, a 6. St. schoolboek der WEETENSCIiAPPEN , vierde Druk, in 8vo.-9 met koperen Plaatjens, ft 7. St. LEESBOEKVOOR DE NEDERLANDSCHE JEUGD, in 8vo, ft 4. St. p. vaa, Christelijk Kinderschool en Huisoefeningen, vierde Druk, in 8vo, ft 4. St. verzameling van meer dan honderd gedichtjens , tweede Druk, in 8vo, ft 4. St. reekenboek, uitgegeeven door de Maatfchappij: tot nut van 't algemeen, ifteDeel',in 8vo,a5.St. N.B.Hetade, 3de en 4de Deeivan hetzelve, is ter Pcrsfe. leeslesjens, behoorende bij de Verhandeling over 'f Kunstmaatig Leezen, uitgegeeven door dezelve Maatfchappij, tweede Druk, in 8vo, a'4|. St. spel - en leesboekjen, mede door dezelve Maatfchappij uitgegeeven, derde Druk, in 8vo, ft 1. St. Nl B. Alle deeze Werkjens zijn, bij getallen , voor de Schoolhouders, tot nog minder dan de hier bij gevoegde Prijzen,, te bekomen.