L E T T R E E T M É M O I R E REMIS PAR SON ALTESSE SERENÏSSIME MONSEIGNEUR LE PRINCE d'ORANGE et de NASSAU, &c. &c. &c. a LEUR S H AU T E S PUISSANCES, k 7 Oflobre 1782. Contenant un expofé détaillé de fon Adminiftration, en qualité d'AMIRAL GENERAL de l'UNION.   (III) Extrait du Régiftre des Réfolutions de Leurs Hautes Puiflances les Etats Généraux des Provinces - Unies. Lundi 7 Oïïobre 1782. Qon AltefTe Je Prince d'Orange & de NafTau étant comparu dans 1'Aflèmblée, a remis en perfonne a LL. HH. PP. une Lettre & un Mémoire., contenant Jes ouvertures détaillées, qu'ils'étoit engagé, il y a quelquetems, Pour obvier k ce malheur nous propofames un plan ,fuivant lequel on auroit équipe tous les ans fix VahTeaux de ligne au moins, indépendamment desFrégates, que lesAmirautés pouvoient fournir de leurs propres fonds. Ce Plan démontre que nous avons eu pour but, de mettrè les Forces Navales de la République en état de prctéger fon Commerce ■& fa Navigation. Malheureufement nos efforts ne furent pas couronnés du fuccès qué nous avions lieu d'en espèrer. Un nouvel événement obligea bientót après les Confédérés a /bnger néanmoins au rétabliflement de la Marine: Ce fut la guerre gu'il plut a TEmpereur de Maroc de déclarer aux Etats: Guerre dont feffet naturel étoit de gêner notre Commerce & d'inquiéter notre Navigation. Les fubfides demandés aux Confédérés pour Péquipement des Vaifleaux, & pour les autres fraix rélatifs a ceux qui ont été envoyés en Mer depuis 1767 jusqu'en 1777 inclufivement» montent a 9,158,870. Dans cette fomme confidérable n'eft pas compris h pétition de 4,178,50%, feite en 1771 pour la conftru&ion de 24. VailTeaux, ni celle de i,$oo3ooo, faite en 1777 pour la réparation des anciens Navires , & 1'approvifionnement des Magafins: Pétitïons que plufieurs Provinces accorderent affez promptemenr. Enfm on ne compte pas non plus les fraix de Pexpédition de Surinam, au fuccès de laquelle la Province de Hollande étoit le plus intérene de tous les Confédérés. Meffieurs les Deputês de cette Province k la Généralité déclarerent le 24. Avri! 1771 qu'Elle avoit pris la Réfolution de contribuer de tout fon pouvoir a la doublé augmentation, pourvü qu'on travaillat a Tune & a Tautre, en même tems (paripajfu). Peu de ^ours après la Province de Guelcjre témoigna le même empresfement, en infiftant fur une augttventation. convenable de Troupes, & déclarant, qu'elle étoit dispofée k contribuer au rétabliüement de la Marine, en confentant a la conftruótion de 54. VailTeaux. Mais le zèle des Etats dHollande pour Taugmentation des Troupes fe refroidit vifiblement en 1772; alors cette Province en infiftant fur famélioration desForces Navales-& fur Tobligationouétoient les Confédérés de fournir leur contingent aux Pétitions de 1770 & 1771^ faites pour Péquipement extraordinaire des 24. VailTeaux pétitionnés, fe contenta d'aflurer qu'elle étoit prête adélibérer en même tems fur Paugmentation des Troupes & de la Marine; tandis que 1'année précédente elle avoit déclaré être dispofée a contribuer de tout fon pouvoir a ce doublé objet: peut-être faut il attribuer ce changement au peu d'emprenement que la Hollande crut remarquer dans les autres Provinces, pour porter la Marine a un certain dégré. Celles-ci n'étant probablement pas d'humeur a employer totttes leurs facultés pour Partiele des Vaiffeaux, 'ne voulu-  (3 ) vpulurent pas accorder facilement ce feul objet: de peur que la marin© une fois au point, oü la Hollande le défiroit, il ne fut encore plusdifficile d'obtenir les fecours fi longtems defirés, & regardés comme ü nècelfaires du cöté du Continent. Les chofes refterent en eet état jusqu'a 1'année fuivante. Alors les Etats Généraux nous prierent d'appuïer auprès des fix autres Provinces les inftances de celle de Hollande, pour faire marcher le rétabliflèment de la Marine j au moins d'un pas égal avec celui des Force de terre; de former de concert avec le Confeil d'Etat un plan nour 1'augmentation des Troupes, & de le communiquer a 1'AlTemblée Générale. Nous fatisfimes a cette doublé demande avec l'emprelfement qu'exigeoient & 1'importance de la chofe & le défir que nous avions de voir enfin la Patrie mife en état de fureté de tous les cötés: Bientöt toutes les Provinces, excepté la Zélande, confentirent plus ou moins promptement a la Pétition pour la conftruétion de 24. Vaiffeaux. Le Plan d'augmentation pour les Forces de Terre fut auffi communiqué a L L. H H. P P. Les Provinces de Gronde, de Frife, d'Overyffel, d'Utrecht & de Gueldre, Papprouverent, les quatre premières confentirent en même tems a ia conftruction de 24. Vaiffeaux. UEtonnement fut grand parmi les Confédérés Sc fpécialemertt dans Ia Province de Frife, en apprenant que celle de Hollande ne s'expliquoit point. La première déclara, qu'elle fe feroit attendue a trouver la Hollande favorablement dispofée; mais celle-ci témoigna gu'elle étoit prête a confentir a une augmentation de Troupes, après que les Confédérés' auroient voulu préalablement affeéter un fonds annuel de ƒ 700,000 pour le fervice de la Marine, Sc donner des affurances pour lepayement de cette fomme. Pour concilier les fetvtvtriens Aes roembres de la Province de la Hollande , qui montroient le plus d'éloignement pour confentir a toute augmentation quelconque des Troupes, avec le fyftême des cinq autres Provinces, nous propofames de réduirela fomme pétitionnée de ƒ 1$00,000 a ƒ 900,000 pour les Troupes de Terre, Sc de porter fur Pétat de guerre un Article permanent Sc fur de ƒ 600,000 pour la Marine, mais il nous fut impoffible de rien obtenir; Quoique les Provinces de Gueldre, de Frife, d'Overyffel Sc de Groningue euflent a notre confidération & par condescendance, accepté ce plan. Ce moyen de conciiiation renfermoit encore la promelfe de faire tous les efforts poiTibles pour fupprimer ou pour diminuer les dépenfes fuperfluës des Amirautés Sc de mettre ces Colléges, par une exaclion plus févère des moyens qui leur font aiïignés, en état d'équiper annuellement quelques Frégates de leurs propres fonds, indépendamment des revenus qui font confacrés a la prote&ion du Comjnerce de la République. A a Nom  (4) Kous avons jugé qu'il étoit a propos de faire précéder le précis de nos opérations du récit de ces circonftances, paree qu'elles prouvent la vigi. lance & les foins que nous avons apportés depuis le commencement de notre Adminiftration, pour faire concourir, s'il avoit été poffible, tous les Confédérés au rétabliffement de la Marine: Objet que nous avons toujours regardé comme de la plus haute iroportance: Cela eft li vrai,que dans les Provinces oü nous pouvions espérer 1'effet légitimeóeYappui que LL. HH. PP. nous avoient deraandé, nous avons déployé tous nos ef> forts pour y dispofer les chofes, en nous prévalant avec fuccès de laconjonfture des affaires. II n'entre pas dans notre plan de détailier les raifons dont nous nous fommes appuïés dans le tems, & les argumens que nous avons employés pour convaincre les Provinces de la néceflité d'effectuer les mefures que nous venons d'indiquer: Ces motifs prelfants, fi fouvent réïtérés, ne font pas inconnus aux Confédérés. 11 fuffit maintenant d'avoir prouvé qu'il n'a pas dépendu de nous, que la République n'ait été fuffifamment armée & par Terre & par Mer, dans un tems oü 1'on auroit pu & du le faire, fans donner d'ombrage a perfonne. Lorsque les DiiFérens entre la France & 1'Angleterre éclaterent, & que. la fituation des affaires, entre 1'Empereur & le Roi de Pruflê, faifoient craindre une guerre générale, nous nous vimes de nouveau obligés de montrer aux Confédérés le danger oü la République fè trouvoit expofée: Nous répiéfentames qu'Elle courroit risque de ne conferver de fon indépendance qu'un vain titre, li 1'on ne fe hitoit pas de faire unanimement des efForts efficaces pour la mettre dans un état de défenfe refpectable, propre a la fauver de la trifle & pernicieufe nêceffité de prendre parti dans les querelles de fes Voifins, & de s'écarter malgré Elle de fon fyftême de Neutralité, fi utile a fa prospérité & a fon bonheur ; a la confervation desquels auc\m üto^ens n'a plus d'intérêt que nous mêmes. Ceux de la Patrie exigeoient de la pureté, de la droiture de nos intentions que nous ne négligealfions rien de tout ce qui pouvoit tendre a lui conferver la paix, en la mettant en état de fe faire affez, refpeöer au dehors,pour qu'aucune desPuiffances Belligérantesne put la forcer de prendre part a fa querelle, ou que du moins, fe trouvant attaquée, Elle fut dans une fituation a pouvoir réfifter au premier choc. Nous eumes la fatisfaction de voir la plus grande partie des Confédérés fe ranger a notre avis. Mais plufieurs s'imaginèrent que 1'Angleterre trop occupée avec fes Colonies ne hafarderoit pas une guerre contre la France. lis penferent que la République ne feroit pas impliquée dans celle qui paroiffoit prochaine en Allemagne. En conféquence de cette opinion, ilspréférerentde laifler le Paysfansdéfenfe: Hs de-  (5 ) déclarerent méme que 1'augmentation de la Marine leur paroiffoit inutiië pour Je préfent. Nous ne fumes ni déconcertés ni découragés par cette oppofition: Nos lermens & notre devoir nous impofoient 1'obligation de travailler fans reldche au bien de Ja République. Dans le deflein d'y contribuer de tout notte pouvoir, nous requimes 1'Ordre de la Noblefle de la Province de Hollande, de faire aux Etats une propofition motivée, contenant les inftances les plus fortes pour qu'on employdt férieufement & promptement tous les moyens de mettre la République en défenfe par Terre & par Mer. ïl s'agiiïbit de diriger a 1'Auemblée Générale les chofès de facon — Que tous les Colléges dVlmirauté jujfent requh le plutot pojjible de délibérer fur le nombre de Vaijfeaux de guerre que fon pourroit & devroit équiper encore, pour protéger efficacement k Commerce & la Navigation, indépendamment de ceta auxqueU Gn avoit déja confenti. Mais cette iptopofttion euc le fort de toutes les autres démarches que nous Bvioas déja. faites pour la fureté du Pays, en nötre doublé qualité de Capitaine & d'Amiral Général. Comme Stadhouder Héréditaire de toutes les Provinces, avec chacune desquelles nous avons les mêmes rélations, il elt de notre devoir de concilier autant qu'il eft en nous les opinions diverfes, & d'en porter Jes Membres, a préférer aux conlidérations Je J'intérêc particulierpou/ïées fouvent beaucoup trop loin, Ja conlèrvation & la fureté comme la gloire & la prospérité du Corps entier de 1'Etai Nous eümes le bonheur de faire goüter ces motifs a la plupart des1 Confédérés. En Hollande même tous les Membres, foit par conviélion, (bit pat condescendance,fe montrererjtfavwab/es a la propofition de VÖrdreEque/lre. Amfterdam feüle per/ifta a foutenir VinutilitQ de faugmentation des Troupes. Toutes les Provinces cependant confentoient alaPétitionde 5*28,990, pour la moitié des fraix de 1'équipement extraordinaire de 1778. Les Etats Généraux avoient trouvé bon, vü les fommes confidérables fournies par les Provinces depuis plufieurs années pour la Marine, de percevoir fautre moitié fur les impóts augmentés du Lof Veil Geld. Enfin' la Zélande confentit auffi a laconftruction des 24 VailTeaux de guerre, demandés par la Pétition du 16 Avril 1771, qui fut finalement arrêtéd le 21 Mai 1778, de même qu'a celle de ƒ 1800,000 pöur la réparation des vieux Navires de guerre, & pour Tapprovifionnement detf Mïgafins. B ' li  ( 6 ) I La fituation de la Patrie étoit de jour en jour plus critique, A cha-, que inftant il devenoït plus incertain fi les Puiffances voifines armées. d'une rnanière redoutable, laifleroient a la République 1'avantage de recueillir a Fombre d'une heureufe neutralité les fruits de fon induftrie, & de faifir les occafions de faire fleurir fon Commerce; ou bieo fi 1'une ou 1'autre ne profiteroit pas de fa foiblefle pour la forcer a prendre parti,: en acquérant dans fes délibérations une influence diamétrakment oppofée a fon honneur, a fon indépendance, & par conféquent a fes plus chers intéréts. Plus cette fituation devenoit facheufe, plus cette incertitude prenoit de force, & plus aulfi notre inquiétude s'accroifToit. Nous* redoubiames nos eiForts avec une nouvelle vigueur pour mettre la République en état de faire refpecler en cas de befoin le iyftême fi avantageux, fi convenable a fa pofition, de Neutralité, qu'elle avoit embraiTé. Pour le maintenir il falloit non feulement des VailTeaux, mais encore un nombre de Troupes fuffifant. Toutes les Provinces avoient confenti a 1'équipement extraordinaire des VailTeaux; le plus grand nombre des Confédérés inclinoient pour Taugmentation des Forces de terre; quelques uns infiftcrent fur eet objet, & la pluralité des fuffrages s'y montroit dispofée en Hollander neus ne parierons pas ici des inftances ultérieures, que nous fimes, ni du plan que nous communiquames, d'après la Réfolution de LL. HH. PP. du 21 Mai fuivant, il demeura de nouveau fans effet. Certains Membres du Gouvernement témoignerent alors quelque envie malgré notre impuiflance Sc notre foiblefle, de fe déclarer contre 1'Angleterre & d'ufer de répréfailles contre les VailTeaux de guerre & les Armateurs Anglois, qui commencoient a vexer & a maltraiter nos JSavires marchands; ils ne réfléchiflbient pas combien 1'Angleterre étoit puiflamment armée, combien nos forces étoient débiles, & quel tems immenfe il falloit pour rétablir une Marine^entVerement déchuë. Un nouveau Plan conciliatoire propofé le 20 Novembre de la même année lëpondit aufli peu que les précédens au fuccès qu'on devoit s'en promettre, II s'agiffoit de prendre une Réfolution en vertu de laquelle on arrêteroit les objets fuivans. I. Que la République k 1'égard des troubles actuels, & en particulier des difterens entre les Cours de Londres & de Verfailles, continueroit a garder & a obferver une exa&e neutralité, fans fe meier en aucune facon de ces troubles ni de ces difterens, ni des fuites qui pourroient en réfulter, & fans y prendre part fous quelque prétexte que ce fut; le tout cependant fans déroger aux Alliances que la République avoit contractées , & auxquelles on ne prétendoit pas donner atteinte. II. Qu'après les troubles aéluels, & lors d'une Pacification générale on reprendroit le fil des anciennes délibérations fur le rapport du 17 Janvier  ( 7 ) vier 177$, fait a I'Aflemblée Générale, touchant la manière dont on pourroit régler les forces de la République en tems de paix, en fixant fur J'Etat de Guerre une fomme annudle tant pour 1'entretien de la Marine que pour une augmentation modique des Troupes; que les délibérations fur eet Article feroient terminées au bout de fix mois, a la fatisfaction mutuelle de tous les Confédérés, ou que fi après ce tems on n'avoit, contre toute espérance, rien arrêté, les Troupes qu'on alloit lever feroient eo ipfo licentiées, fans aucune délibération ultérieure, & qu'il n'en feroit plus fait mention fut 1'état de guerre. III. Que durant les troubles aduels entre la France & la GrandeBretagne on tiendroit en mer au moins vIngt VailTeaux de guerre & Frégates, ou plus encork fi le belöin 1'exigeuit, pour protéger convenablement le Commerce & la Navigation. Qu'on pourvoiroit aux Fraix de eet armement extraordinaire pour la moitié, par une Négociation fur les fonds de Timpöt doublé du Laft & Feil geld, en continuant cette \mpofition ainfi augmentée, & pour 1'autre moitié, par Je contingent de toutes les Provinces, felon une Tétklon, que nous formerions pour eet effet avec le Conlèil d'Etat; & gue nous ferions requis de vouloir eiFecluer par notre appui, & par les moyens les plus convenables, en tenant la main au prompt payement des fommes promifes, & a la contribution exacte des Provinces qui n'équipent point, afin de mettre les Amirautés en état d'exécuter la Pétition qu'on alloit former pour la coriftruflion des Vaiffeaux de guerre, & des Frégates i qu'on avoit précédemment accordés. Cependant la Cour de Londres donnoit chaque jour de nouveaux fujets de plaintes. Nous concourumes, a la vérité, avec la pluralité des fuffrages a fuspendre pour quelque tems., etv faveur de cette Puisfance,lesConvois accox&és auxVaüïeaux chargés de bois de conftruclton. Cette démarche tf'mdiquok pas de notre part qu^tl fallut renoncer pour Tavantage de 1'Angleterre a un droit que les Traités affuroient aux habitans de cePays: Mais vu Timpuiffance oü la République fe trouvoit par Terre & par Mer, état déplorable dont nous avions vainement taché de la retirer, nous étions perfuadés qu'il étoit plus prudent de fuspendre 1'exercice de ce droit, que de s'expofer,pour maintenir un objet unique de Commerce, qui n'intéreffoit pas d'ailleurs la maffe générale du Négoce, aux pertes énormes que la République a faites depuis. Notre opinion étoit qu'il falloit différer la proteérion d'une branche de Commerce qu'on nous disputoit, jusqu'au moment oü 1'Etat feroit affez puiffamment armé pour fe défendre fur Terre & fur Mer. Sur jvter,parceque TAngleterre ayant depuis tant d'années une Marine établie, & armée alors encore plus que jamais, pouvoit ruiner entièrement.notre Commerce, & envahir nos poflelTions en Oriënt & en B 2 Occi-  ( 8 ) Öccident, fi nous ne nous mettions pas en poitüre de les défendrë par des forces fuffifantes. Sur Terre , paree que nous craignions que s'il falloit en venir aux mains avec cette PuilTance, Elle ne trouvat peutêtre les moyens de nous attaquer fur le Continent, oü du moins de nous y fusciter de nouveaux ennemis. Les Annales de ce Pays & en particulier ce qui arnva en 1666, lorsque 1'Evêque de Munfter enleva en peu de tems presque deux Provinces a Ja République, nous apprennent alfez que plus d'une Puijfance peut Pattaquer par Terre. En tout cas il nous paroifioit, que quand bien même la rupture avec PAngleterre ne nous eut entrainé que dans une Guerre Maritime, le petit nombre de Troupes de PEtat ne fuffiroit pas) eependant pour garnir fuffifamment les cötes du Pays,fans expofer fes Frontières. ■ A tout cela fe ]oignoit une réflexion, dont Pexpérience ne nous a malheureufement que trop confirmé la folidité. Ceft que quand on attend pour Conger k fa fureté que le moment du danger foit arrivé, om risque de ne pouvoir plus le faire, Jorsgue les apparences du péril font changées en certitude. La diverfité de fentimens entre les Confédérés ne permit pas d'ap-, pliquer cette maxime a d'autres objets qu'aux préparatifs fur mer. Le 23 Odobre 1778}on propofa fous notre approbation & avec notre concours a PAffemblée Générale un plan pour Péquipement de trent© deux Vaiffeaux ou Frégates, pour 1'année 1779, qui demeureroient unt an en commifiion, & dont la moitié des fraix, montant a 3^99^680, feroit fournie par une Négociation fur les fonds de PJmpötJiauiTé du Laft& Veil geld, & Pautre moitié par le contingent des Confédérés. La Province de Hollande confètvtvt a ce plan, qui après avoir été pris ad referendum par les autres Provinces ,fut dèfinitïvementanêxMe 26 Avril 1779. Avant d'en venir a une concluCion formeüe fur ce point, on avoit requis Meflieurs les Députés de toutes les Amirautés de donner Jeura confidérations fur les moyens convenables dWurer la liberté de la Navigation au Commerce de ce Pays; & de maintenir Phonneur & Pindépendance de PEtat, ou (pour nous fervir des termes de la feconde Réfolution des Etats Généraux de Janvier 1779) fur les moyens les plus efficaces de porter la Marine de PEtat a un dégré affez refpe&able pour föutenir les droits de la République, fondés fur la lettre des Traités, & en même tems pour détourner autant qu'il feroit poflible les maux qui la menacoient. En conféquence de cette Réfolution, Meflieurs les Députés des Amirautés donnerent un Avis, contenant un fi grand nombre de vérités importantes, qui femblent être échappées k quelques Membres du Gouver. nementj  ( 9 ) nement, gue nous ne pouvons nous difpenfer de le joindre aux Pièces, fous le Numero i. Lors de la Réfolution pour 1'équipement de 3 2 VailTeaux en 1'année 1779, LL. HH. PP- nous prierent de tenir la main a Texécution exacte de eet arrangement, de défigner fuccelfivement les Officiers qui devroient commander ces Navires & de vouloir donner des ordres pour la diftrïbution des Convois & des VailTeaux, qui les accompagneroient; de faire préparer les chofes de faeon, a accorder, autant qu'il feroit poffible,tous les mois un Convoi pour les Ports de France &d'Angleterre, pour Lisbonne & Ja Méditerranée, auffi. fouvent qu'on le défireroit, & au moins deux fois par an pour les Colonies de 1'Etat dans les Indes Occidentales. Nous étions trés difpofés a remplir Jes intentions de LL. HH. PP. lorsque les difficultés qui s'éleverent au fujet des Convois deftinés pour les Vaiffeaux chargés de bois de conftrudtion 5 & les délibérations des Etats qui en réfülterent, vinrent nous en empêcher. Par tout ce que nous venons de dire, il eft: affez prouvé combien nous avons fincèrement defiré de mettre la République en étac de déployer de plus grands eiïbrts pour Ia protection de fon Commerce & de fa Navigation: C'eft ce que démontre également la propofition que nous fimes encore aux Confédérés le 16 Mars 1779. dans Ia vue de nous acquiter de nos devoirs envers la Patrie. On délibéroit alors fur la Réfolution non révoquée, qui avoit fuspendu les Convois pour les Vaiiïèaux chargés de bois de conicruciion. Si notre ouverture eut été généralement goutée, la Marine auroit été renforcée, on auroit 50 a 60 Vaisfeaux, parmi lesquels 20 a 30 de Ligne, «Sc 1'on auroit porté le nombre des Troupes a 50 ou 60 mille hommes. Ainfi la République fe feroit vü en état de prendre, comme '\\ convenoit a une PunTance indépendante, \es réfolutions qui auroient été jugées Jes plus analogues a fes intéréts & a Ja dignité dans Jes conjonctures épineuïès oü elle fe trouvoit, gënée & embaralfée comme elle 1'étoit d'une part par les prétentions de Ja Cour de Londres, & de 1'autre par les Edits émanés par celle de Verfailles. - Les Provinces de Gueldre & d'OverylTel ne furent pas les feules qui fe rangerent a notre avis. Elles approuverent entièrement notre Propofition, indépendamment du confentement qu'elles avoient déja donné a 1'équipement des VailTeaux, elles chargerent leurs Députés a 1'Affenv blée générale d'infifter fortement fur les points énoncés dans leurs Réfolutions , menaeant que fi. Ton ne fatisfaifoit pas a leurs inlïances fur ces objets, elles fe verroient néceflitées a confidérer les affaires de la Mari* ne, avec une égale indilFérence. Les Etats d'OverylTel en confentant a plufieurs moyens propofés pour le rétabliffement de la Marine, ap- C puye»  ( io ) puyerent de nouveau-• fur une augmentation générale des forces dé 1'Etat dans toutes ces parties, en proteftant, qu'ils ne réponderoient pomt des fuites que pourroit avoir pour la République une conduite oppolèe: les Provinces d'Ütrecht , de Fnfè & de Groningue témoignerent auffi, qu'elles ne vouloient pas expolèr la République, en prenant une réfolution décifive iur faffaire des Convois, tant que Ton n'auroit pas fongè convenablement a la fureté & par Terre & par Mer. Telle êtoit la facon de penfèr a peu prés générale de tous les Confédérés, telle étoit auffi le notre; mais il fallut bientót fönger a d'autres mefüres; la rencontre du Contre-Amiral depu/s Vice-Amiral Comte de Byland avec TEscadre Angloife aux ordres du Commodore Fielding, changea la face des affaires: il en rélülta une réfolution de tous les Confédérés pour accorder des Convois illimités; la Zélande feule ne voulut point encourir a cette Réfolution: cette Province ne pouvoit encore furmomer les craintes que lui donnoit 1'idée d'une rupture avec 1'Angleterre, rupture qu'elle envifageoit comme d'une tres pemicieutè conléquence pour la République. Enfin pour foutenir la Réfolution quyon venoit de prendre on arrêta qu'il feroit armé ?2 Vaiffeaux & Frégates, favoir: 3 Vaiffeaux de 70; 6 de 60 & 12 de Canons:6 Frégates de 4.0; 13 de 3Ö & 12 de 20 Canons. On deftinoit cinq de ces Vaiffeaux a fetvir de Garde-Cötes, & les autres iok a convoyer les Navires Marchands, Jok a former des Escadrts lis devoient être montés de 1 3060 hommes; on évaluoit les fraix de eet équipement a f S~4-T7-7h 9"1 feroient repanis pour une moitié fur les fonds de J'impöt augmenté du Lqfl- & VeiUGeld, & pour 1'autre moitié fur le contingent des Provinces. . Tel eft. 1'expofé que nous avons jugé a propos de faire de la fituation des chofes, depuis que nous paiVmmes k 1' Adminiftration jusqu'au tems oü il plüt au R01 d'Angleterre d'aükillir notre chére Patrie. Après cela n'y auroit-il pas Ia plus haute injufiice de nous rendre responfiibles de fimpuiffance oü la République fe trouvoit,lorsque leManU fefte Anglois , en rempliffant le coeur des bons Citoyens de la plus jufte indignation fit naitre les plus vives allarmes fur les fuites de cette mésintelligence? Kous ne rougiffons pas de le déclarer ouverf ement: Cette funefte nouvelle nous porta un trés fenfible coup. Loin de nous tout attachement illicite a la Grande-Bretagne, toute prédiledion pour les intéréts de ce Royaüme: nous ne les avons jamais envifagés avec la follicitude que nous infpirent ceux de la Patrie: Ces motifs honteux qu'une licence effrenée & impunie jusqu'ici nous prête, en accréditant par les moyens les plus infames 1'opinion que nous en fommes animés, ne fouillerent ja* mais notre cceur. Non  ( * ) Non.aiicun habitant de É République ne déllroit plus ardemment de la venger que nous: mais nous ne pouvions nous diffimuler les fuites terribles de cette rupture: notre amour pour la Patrie nous faifoit appercevoir dans un déplorable avenir les ióurces de la profpérité publique arrêtées tout-a-coup, peut-être détournées pour jamais, nos Colonies erivahies & ravagées, nos finances enfin épuifées. Êt ce dernier malheur plus réël alors, qu'il ne 1'étoit en eiret, lorsque la crainte de leprouver j en fe livrant a des dépenfes indifpenfables, prévalut lür Ia néceffité de mettre Ia République en état de foutenir fon Lonneur & fon indépendance. Nous étions intiméfflént convaincus que PEtat ne pouvoit nous fournir les moyens nécelfaifes, nous ne difons point, pour faire tête aux Anglois, pour les punir de leurs injufiices, mais feulement pour défendre convenablement les objets que la République avoit le plus a cceur de conferver, pour couvrir nos poffeflions, notre Navigation, & pour les fouftraire a la rapacité de PEnnemi: Le Tableau comparatif des forces' maritimes des deux Vu'iïïances fuffiroit feui pour le prouver. Ccpendant au premier fignal de guerre, nous ne confukames que notre amour pour la Patrie & pour fa glohe7 que les nceuds qui nous unisfent a fes intéréts. Nous ne négligeames rien de ce qui étoit en notre pouvoir,pour améliorer,pour étendre& perfectionner les foibles moyens de défenle qui fubüïioient encore, pour les employer contre 1'Ennemi de la République, & pour détourner les coups qu'il alloit lui porter, en' obfervant néanmoins les régies de cette prudente cirConfpe&ion qü'exige & que prescrit une fage Taétique. Nous donnerons dans le plus grand détail toutes les ouvertures poflibles a eet égard, elles expliqueront notie conduite a la Nation entière,1 a chaque Membre du Gouvernement, a tout particulier de bonne foi, qui lira ce Mémoire fans être réfolu d'avance de trouver fadm/ni/h-atiori publique défeétueufe, & de fuppofer qu'on négligé les intéréts de PEtat par une inaclivité punilfable. Elles prouveront, au moins nous nous ert flattons, que fi nous n7avons point fatisfait au défir qui nous a toujours enflammé de procurer a la République autant d'avantage & de faire a 1'Ennemi tout le maf qu'on femble favoir attendu de nous, il faut 1'attribuer uniguement a la fupériorité de 1'Ennemi, au peu de forces que nous avons eu jusqu'a préfent, enfin a un concours de circonftances que nous développerons* & qu'il n'a été polfible ni a nous" ni a perfonne de changer, qui même par la nature des chofes fubfifteront encore longtems, tandis que par un concert unanime des Provinces il eut été facile de les ^révenir. Cs Les  ( 12 ) Les confidérations fuivantes mettront ces vérités dans tout leur jour. i°. Peu de temsavant la Rupture on nous avoit communiqué plufieurs Liftes, dont nous n'avions aucune raifon de fufpecter Pauthenticité & qui portoient les Forces Navales des Anglois tant en Europe que dans les autres Parties du Monde a 126 VailTeaux, favoir: 3 Vaiffeaux de joo Canons. 1 de 98 10 de 90 2 de 84. 1 .— de 80 48 de 74 1 de 70 1 de 6" 8 24. de 64 ■ 4. de 60 ' 17 de 50 14 de 44 Huit cïe ces Vaiffeaux étoient entièrement neufs,&6"r doublés en cuivre,outre trois Navires Garde-Cötes,& 20 vieux Vaiffeaux de 80,74, 70, 64 & 60 pièces, dont plufieurs pouvoient encore être reparés ace que Ton affuroit. Nous ne faifons point entrer en ligne de compte un nombre bien plus confldérable encore de Frégates, de Cutters & d'autres Navires au deffous de 44 pièces, ainfi qu'une multitude étonnante de Capres & d'Armateurs. 20. La plus grande partie des VailTeaux Anglois étoient équipes; Téquipage étoit même beaucoup plus nombreux qu'autrefois. lis étoient montés de Matelots expêrimentés & d'Officiers habiles. On avoit de puis plus d'un fiède Ibignè. cette partie avec beaucoup d'attention, & avec le zèle qu'infpire la néceffité accompagnée de fages ptécautions. 30. Les VailTeaux Anglois ont Ja réputation d'être en général excellens voiliers, c'efl: ce que reconnoiffent les meilleurs Marins, qui attribuent cette fupériorité a la forme de ces Navires, qui d'ailleurs fone presque tous doublés en cuivre. 40. Lorsque les hoftilités commencerent, la République n'avoit pas k beaucoup prés des forces fuffifantes a oppofer a celles que 1'Angleterre, malgré fes autres Ennemis, pouvoit diriger contre 1'Etat. Le nombre de fes Vaiffeaux étoit même bien inférieur a celui qu'il pouvoit mettre jadis en mer dans les guerres, qu'il eut a fbutenir contre Ja Grande Bretagne. On n'avoit pas feulement le peu de forces que les Députés des Amirautés, d'après Pavis des Officiers-Généraux, avoient jugées in^ difpenfablement néceffaires pour mettre la Marine,fur un pied paffable. (Voyez le Mémoire de ces Députés fous le N°. 1.) En  (ïj) En effet lorsque patót le Manifefte Britanniqüe, ön n'avoit tout au plus que 27 VailTeaux de ligne a mettre en mer, ou que Ton pouvoit préparer; encore presque tous n'étoient que de jb pièces, le refte corififtoit en 3 j Frégates & deux Senaux; en comprenant dans ce calcul 6 vieux VailTeaux, uniquement bons pour fervir de Garde-Cötes & d'Hópitaux & d'autres qui étoient en conftruction; enfin des Goëlettes, des Yachts, Sc d'autres moindres Bdtimens , aufli en confiruétion, ~öu qu'il falloit acheter 6c loüer, Sc dont 1'équipage n'étoit pas a beaucoup prés complet. $b. Quoique plufieurs de ces VailTeaux Sc de ces Frégates nè fuffent pas juftement hors d'état de Tervir, on ne poüvoit cependant les com^ parer aux VailTeaux ennemis, neufs, plus forts, & furtout meilleurs yoiliers que ceux-ci. 6°. L'équipage des Navires de la République n'étoit pas complet; il confiftoit principalement en marelörs inexpérimentês; on manquoit de Bas-Officiers & de Lieutenans. La plupart des Capitaines Sc des Officiers Gónéraux n'avoient jamais fervi en tems de guerre, Sc raanquoient par conféquent de 1'expérience, aulïï nécefiaire pour un Marin, que toutes fes autres ccnnöiiTances, mais qui nè peut s^acquériè que par ï'exercice. Toutes ces confidétations nous frappoient vivement, auiïi la feulë confolation que nous relfentimes lors des premières hoftilités, ce fut la conviction, que biert loin d'avoir fait naïtre cette guerre, nous avions au contraire travaillé de tout notre pouvoir pour la prévenir : Nous eumes la douleur de voir donner depuis la tournure la plus finiftre a des démarches innocentes, qu'on empoifonna en les attribuant a je ne fais quelle chimèrique & dèteftabte Anglomanie. Quelque désagréable que fut cette pofition, il falloit cependant fonger a exécu ter avec des forces infuffifantes les Réfolutions exprelTes desf Provinces Sc les mefures, qu'Elles fe virent obligées de prendre pour repouiTer 1'agrefllon de 1'Angleterre. Ces tems fdcheux, que nous avions prévus fi fouvent & fi inutileraent prédits, étoient arrivés enfin, oü tous les tréfors raflemblés de 1'Etat n'auroient pu fuffire pour défendre avec la célérité nécefiaire la Patrie attaquée, pour protéger fon Commerce & fa Navigation, 6c pour couvrir fes établiflemens lointains & fes Colonies disperfécs. Dans les commencemens il ne reftoit d'autre parti a prendre que de demeurer fur la défenfive, & de diminuer, autant qu'il étoit poffible, lés dangers qui menacoient la République de toute part, &, pour ainfi dire, dans toutes les Pafties du monde, enfin de travaiïler pendant ce D tem*  ( H ) tems avec toute Paclivité imaginable, k perfedionner & a augmenter les moyens que nous avions en main pour faire fentir un jour a 1'Angleterre, que ce n'eft, pas impunément qu'on attaque eet Etat. Ji eft tems actuellement de développer la conduite que nous avons tenue , & de montrer ce que nous avons exécuté, ce que nous avons exigé dans ces circonftances, & enfin de quelle facon nous avons employé les forces de PEtat, pour atte/ndre le but que nous nous propofions Sa que nous venons d'indiguer. II eft important de donner a notre récit toute la clarté dont il eft fufceptibie. Pour en mieux faire relTortir les objets nous les préfenterons fans nous aftreindre a Pordre des tems. A peine la nouvelle d'une Rupture entre Ia Grande-Bretagne Sc eet Etat nous fut-elle parvenue, qu'après les conférences nécellaires avec les Miniftres du Gouvernement & des Amirautés refpeclives, nos premiers foins fe porterent tor les Vaiffeaux qui avoient déja mis k la voile, Sc fur ceux qui fe difpofoient k fortir /nceffamment. Ces derniers étoient fous les ordres des Capitaines de Bmyn, Satinck, van Volbergen, Stavorinus, Staring, Berghuis Sc Comte de Regteren; nous leur enjoigni* mes le même jour de ne point appareiller jusqu'a nouvel ordre. Nous fimes avertir le Vice-Amiral Hartfmk du départ de 1'AmbalTa^ deur d'Angleterre, en lui recommandant d'être fur fes gardes, de veiller fur les Vaiffeaux de Ja République, fi malheureufement ils étoient attaqués , enfin de rappeller a leurs bords tous les Capitaines & tous les Öificiers. On verra ces ordres fous les Nos 2 , 3 , 4., j & 6. Les MelTagers qui en étoient Porteuts futent expreffement chargés de faire la plus grande diligence. Nous expédhmes quatre Pinques, pour donner Je même avis au Contre-Amiral Comte de Byland, a tous les autres Officiers commandant les Vaiffeaux de PEtat,ainfi qu'a tous les Patrons de Navires Marchands de ce Pays, a tous les Pilötes de Batimens Pêcheurs de Vlaerdingen, de MaesQuys, Sc d'autres endroits, en enjoignant aux Vaiffeaux de revenir immédiatement après la réception de nos ordres que leur portoient les Pinques, & aux Navires Marchands de gagner le Port le plus vosfin j Sc d'y attendre de nouvelles inftruttions. Lelendemain, Leurs Hautes Puiffances jugerent a propos de fair* écrire fur Ie même fujet k tous les Confuls & Commiffaires de Marine de PEtat, hors de ce Pays, en leur recommandant de coramuniquer Ia nouveile k tous les Patrons de Navires & a tous les Négocians dan* leg lieux de leur réfidence. Mal-  ( *5) f MaJ/ieureufement plufieurs circonftances facheufes s'oppoferent a Pexêi cution immédiate des ordres que nous avions donnés avec la plus grande promptitude, telles étoient la rigueur de la faifon & la violence des ventsde Nord-Eft qui regnoient continuellement alors, qui poulïbient les Vaiffeaux en mer, & les amenoient de la mer du Nord dans la Man!che, & empêchoient les autres de rentrer dans les ports de la Républi. que *, maJgré nos foins & les avis .que nous dépêchames , une infinité de Navires, & en particulier deux Vaiffeaux de 1'Etat lurent pris par 1'Ennemi & conduits dans les Ports de 1'Angleterre. Nous ordonnimes au Capitaine C. Staringh de protéger les Vaisfeaux Marchands qui étoient dans le Nieuwe Diep, de les défendre contre toute attaque de 1'Ennemi, & de faire élever, au befoin, des "batteries fur le rivage, en fe fervant pour celadu Canon de la Frégate/e Zëpbir, & de celui des Navires Marchands; en un mot de repouffer la ,force par la force, mais de fe garder foigneufement de tenter la moin;dre chofe qui put le faire confidérer comme Aggreifeur; Nous lui donnames eet ordre en conféquence de la Réfolution de LL. HH. PP,, par laquelle on nous prioit Sc on nous autorifoit it la vérité de faire repousfer la force par Ia force, mais de demeurer toujours néanmoins fur la défenfive. Cette prècaution n'étoit pas inutile; elle tendoit a ne point rendre infrudueufes les démarches que LL. HH. PP. auroient peut-être foujiaité de faire auprès des Alliés de la République avec lesquels on venoit de conclure Ie Traité de Neutralité - Armée (*). ' Quels reproches en effet n'auroit.on pas eu a fe faire fi 1'on eut négligé cette prècaution effentielle, dans le cas furtout oü la nouvelle répanduë peu de jours après de la fufpenuon. dts "Letxies de Marqué en A-ngleterre fe fut vètinèe. Nous écrivimes au Contre-Amiral Crull par Ja voie d'O/tende & de Lisbonne, de quitter la rade de St. Eullache, de raffembler les Vaisfeaux de Guerre, & aütant de Navires Marchands qu'il en trouveroit & de les conduire a Curacao, lui enjoignant de plus que lorsqu'il fe préfenteroit une occafion favorable, & pour vu qu'il eut aflez de forces pour défendre le port de cette Colonie, il fit partir un gros Convoi pour ce Pays-ci, qui doubleroit le Nord de 1'Ecoffe, & qui éviteroit ainfi la Manche; nous lui ordonnames enfin de détacher une Frégate de 36 pièces, & de Ia faire partir pour Surinam, afin de renforcer cette Cofonie; le Vaiffeau du Comte de Jlyhnd nous parut le pluspropire pour cette miflion. Mais (*.) On trouvera cette Réfolution & les ordres que nous expédiames en conféquenéë dans les Piéces Juftificatives fous le N°. a. • D 2  Mais malheureufement le Contre-Amiral Crull ne recut point notre Lettre, fon VailTeau tomba au pouvoir des Anglois, avec celui du Comte de Byland, lors de 1'invafion de St. Euftache. Nous ordonnames encore a I'Officier qui commandoit les Forces navales de 1'Etat dans la Méditerranée, de détacher quelques VailTeaux, de les envoyer a Tentrée du détroit de Gibraltar, pour donner connoisfance a tous les Navires Mardiands de la rupture de TAngleterre avec cette République, de les avertirdefe tenir fur leurs gardes, de ne point continuer leur route lans Convoi, mais de gagner le Port le plus voifirt, pour y mettre leurs Navires en fureté* Voici les ordres que nous fimes expédier Ie 29 Décembre 1780, au Contre-Amiral Comte de Byland, ou en fon abfence, a TOfficier commandant les VailTeaux de la République fur le Tage. J. De détacher d'abord le Capitaine Rook,pour donner avis aux Co* lonies de PEtat dans les Indes Occidentales des différens furvenns avec "TAngleterre, pour les exhorrer k redoubler de foins & de vigilance, &• a fe mettre promptement en état de réfifter aux entreprifes que les Anglois pourroient méditer, mais de ne commettre les premiers aucune hoftilité, jusqu'a nouvel ordre, par ce que LL. HH. PP. n'avoient point encore pris de réfolution a eet égard. 11. D'envoyer un autre Ofncier en croifière devant le Détroit de GiJbraltar, pour donner les mëmes informations aux Navires Hollandois, furtout a ceux qui faifoient route vers Marleille & Cette, en les exhortant a gagner Cadix ou quelque autre port de fureté, & d'y attendre» de nouvelles inftruétions. Le 1 Janvier 17^1, nous expédiames nos ordres au Capitaine SiU vefler, ou en fon abfence au Capitaine Spengler, en leut recommandant de ne pas fe lailfer furprendre par les VailTeaux Anglois, ma'19 de protéger de tout leur pouvoir la Colonie de Surinam: nous leur défendimes cependant pour les raifons ci-delTus énoncées de commettre Ia moindre hoftilité, a moins que d'y être provoqué, leur ordonnant d'agir de concert avec le Gouverneur de cette Colonie, auquel la défenfe de ce lieu eft prïncipalement commife, & de refter a Surinam jusqu'a nouvel ordre; enfin d'envoyer un état des vivres qui leur reftoient, afin qu'on put préparer le nécelTaire, foit pour les faire relever par d'autres VailTeaux, foit pour les approvifionner de nouveau. \. Nous ordonnames encore au Capitaine Melvill de refter dans la Méditerranée fous Je Contre-Amiral Binkes, & en attendant les inftructions du Confeil de J'Amirauté de la Meufe, touchant 1'approvifionnement de fon Vaifleau, de fe fournir des vivres nécelTaires, & de fe préparer aux expéditions qui lui feroient prefcrites. Le  ( i7 ) Le Capitaine Oorthuys recut les mêmes ordres de nótre part, fes ihitructions portoient au furplus, de faire voile pour Ville Franche, & d'y prendre les vivres qu'on lui envoyeroit d'ici, de convoyer Ie Navire Marchand qu'il avoit avec lui jusqu'a Gènes, & d'aller dela a Livorne, ou a tel autre endroit, oü Je Contre-Amiral Binkes, ou quelque autre Officier, Commandant dans Ja Méditerranée, le deftineroit. La République fe trouvant en guerre avec une Puilfance Maritime^ ón devoit naturellement s'attendre de la voir principalement attaquée fur mer. 11 n'étoit pas impoffible cependant que 1'Angleterre ne fit quelque entreprife fur les Cötes; foit en risquant une defcente formelle > foit en tentant un coup de main a 1'aide de fes Armateurs, & d'autres Vaiffeaux. Les Annales de la République ont confervés plufieurs exempies de cette nature; nous ne rappellerons que celui de 1'année \666y lorsque les Anglois defcendirent dans Me de Ter Schelling s oü ils réduiürent en cendres plus de 350 habitations. * Les Bourg-meftres d'Amfterdam appréhendoieht qu'avec un puiffant; armemerit de Vaiffeaux légers, de Bateaux plats, de Troupes, & de Canon on ne vint attaquer leur Ville. La Nord - Hollande témoignoit beaucoup d'inquiétude, il en éclata auffi en Zélande en plufieurs occafions. Par le même principe on défi-, roit en Frife que les Garnifons fuffent augmentées, il étoit impoffible de iatisfaire aux demandes réitérées qu'on faifoit de tout cóté, on exigeoit des renforts de Troupes & d'Artillerie, ce qui n'étoit pas facile d'opérer furtout en hyver, vu 1'incommodité des marches, & la difficulté du tranfport. Cet empreffement, ces infiances ne juftifierent que trop aïors la néceffité dune légere augmentation de Troupes, cpe L>L. HH. PP, de concert avec nous, avoient depuis longtems demandée, & qu'a rocca"fion de cette guerre, nous avions de nouveau vainement follicitèe. Nous étions obligés cependantde nous tenir fur nos gardes, & de nous préparer a repouffer l'hnnemi, dans quelque endroit qu'il ofat tenterune defcente, ou commettre des ravages; 1'étendue des Cötes & 1'incertitude du lieu, contre lequel il pouyoit diriger fes coups, rendoient ces précautions fort difficiles. Dans ce deffein nous fimes marcher un renfort de Troupes en Zé* lande, en Nord-Hollande, & vers les Cötes de la Frife. Comme Puiffance Maritime, la République avoit plus a craindre en Hollande qu'en tout autre endroit. En effet fi 1'Ennemi fongeoit a exécuter les deffeins qu'il étoit naturel de lui fuppofer, il paroiffoit pro-, bable que fes efforts feroient dirigés vers le point oü il rencontreroit le moins d'obftacles, & pourroit caufer le plus de dommage. E Ceif  O») Ceft pourquoi nous fimes venir dans cette Province un nombre plus conftdérable de Troupes, qui dela pouvoient être diftnbuées felon les occurrences. Les Etats d'Hollande approuverent toutes Jes mefures que leurs Confeillers Députés prirent d'après la propofition, que nous fimes pouralTurer lesPlaces Maritimes & les Cötes de la Partie Méridionale de cette Province. Dans leur Réfolution du 10 Janvier 1781 , ils nous pikrent de prendre toutes les autres précautions néceffaires a la fureté & a la défence de la Province, notamment du Pays de Goedereede, Over-Flacqué, du Pays deVoome, comme auffi de la Weft-Frife, de la Nordd'HolJande, & fpécialement de la ForterelTe d1'Hellevoetpys & du Texel. Nous fimes examiner par des gens du métier les endroits les plus expofés, &enfuiteexécutertout ce quifutjugè expédient pour les couvrirconvenablement, de forte qu'on fe croit au'jourd'hui en fureté dans toute cette Province, pourvu qu'on ait un nombre fiiffifant de VailTeaux de guerre, pour foutenir les Batteries, & les Troupes poftées dans ces Quartiers, & pour en recevoir mutuellement du fecours. Nous donnames pour eet efFet les ordres néceffaires aux Officiers Commandans a la rade du Texel & a Hellevoetjluys, comme auffi aux Chefs des Troupes en Nord-Hollande, & dans le Pays de Voome: confirmés de plus en plus par d'habiles gens dans fidêe, que des batteries placées le long du rivage peu vent avoir leur utilité, mais que feules & fans Vaiffeaux qui les foutiennent, elles ne fuffifènt pas pour empêcher une defcente, nous trouvames qu'il eft de la plus haute importance de garder toujours un bon nombre de Vaiffeaux fur Jes Cötes «Sc dansles Ports, pour n'ètre pas expofé au péril de fe voir attaqué a rimprovifte. AureRe les Officiers que nous nvons employé a ce travail, dans Ja plus mauvaife faifon de 1'année, ont déployé au jugement du Général Major van der Hoop, & du Contre-Amiral van Kimbergen, chargés par nous de vifiter la partie Méridionale de cette Province, une adtivité & des connoiffances qui leur font le plus grand honneur, nous leur en témoignons ici notre reconnoiffance. Les Confeillers Députés de la Zélande prirent eux-mêmes les précautions néceffaires pour défendre cette Province, ou plutöt pour la mettre en état de fureté. Dans cè deffein ils s'aboucherent avec le Général-Major van Dopf, que nous y avions envoyé pour commander les Troupes, lui ordonnant de fe concerter pour tout ce qui regardoit la protecYion de cette Province, avec 1'Officier Commandant les forces navales clan? *es Parages,  ( 19) ges, & d'avifer enfemble aux moyens de caufer a PEnnemi tout le dommage poffible. Si pour rcndre ces mefures plus efficaces, il avoit été en notre pouvoir de renforcer continuellement cette Province, & de répondre ainfi, dans toute leur êtenduê, aux defirs des Etats de Zélande, il eft vntifemblablé que nous n'aurions pas recu Je désagrément de nous voir indire&ement accufé dans une Réfolution forme/Je des Etats d'avoir honteuièment compromis par une négiigence coupable Jes intéréts de PEtat en général Sc ceux de la Zélande en particulier. Nous croyons devoir au refte fupprimer ici Ie détail des mefures qui d'après les avis des Officiers Généraux, coniultés par PAmirauté de Zélande , leroient néceffaires pour fortifier promptement cette Province, & la mettre k Pubri des attaques de PEnnemi, qui n'en entreprendra pas légerement, vü la fituation des Cötes, jointe a la prècaution qu'on a eu d'élever des Batteries & de renverfer les Eanaux. Nous pafferons également fous lilence les conüdérations de ces mêmes Officiers Générauxlür ce qu'il conviendroit de faire, lorsqu'une partie de la Flotte des Etats fe trouve dans la mer du Nord. Cet expofé feroit néanmoins une nouvelle preuve de la médiocrité toujours fubfiftante de nos forces navales: médiocrité qui bien loin de permettre que nous répondions a Pattente des habitans de ces Provinces, en nous livrant aux vifs & fincères défirs qui nous animent, nous empêche même d'exécuter les chofes les plus indifpenfables. En conféquence d'une Propofition de la Province de Zélande, LL.' HH. PP. prirent une Réfolution, en vertu de laquelle le Confeil d'Etat, de concert avec nous, fit élever des batteries fur les endroits les plus expolés des Cötes de ïlandre. On ^ en\oya,autant du moins que oela étoit poffible, ksTroupes, les ArtiJJenrs Sc Je Canon néceffaires, pour agir conjoinétement avec les Vaiffeaux qui fe trouvoient dans ces Parages, contre J'approche & Jes entreprifes des Navires Ennemis. Nous avons encore fait examiner la fituation des Cötes de Frife &de Groningue par le Général Major Sc Directeur Général du Moulin, en lui ordonnant de nous inftruire des mefures qu'il faudroit prendre, nonobftaut la médiocrité de nos moyens, pour mettre ces Provinces en fituation refpectable. Mais les Plans qu'il dreffa a cet égard n'eurent pas Je bonheur d'être goutés par les Confeillers Députés de ces deux Provinces. Quoiqu'il nous affurat qu'en cas d'attaque Pexpérience prouveroit qu'il n'avoic demandé que ce qui étoit abfolument indifpenfable. Les Confeillers Députés furent d'avis qu'on pouvoit pourvoir a la fureté a beaucoup moins de fraix & ils agirent en conféquence. E 2 Néan*  ( 20 ) Néahmoins nous nous fommes crus dans 1'obligation d'engager fous main la Province de Groningue a couvrir & a affurer Pimportante fortereffe de Delfzyl, confidérée a jufte titre comme un des meilleurs ports de la République, mais dont les fortiflcations étoient dans Petat le plus déplorable. Après toutes ces précautions, après avoir placé dans nos ports les Gardes-Cötes, les Goëlettes & les Yachts d'Avis néceffaires, k mefure que les Amirautés ont pu Jes acheter, les fournir, les équiper, & les mettre en mer, nous /'ugeames que nous avions fait tout ce qui dépenden; de nous, pour mettre nos Cötes k couvert des attaques de PEnnemi. Nous avons donc prouvé d'une manière inconteftable, qu'au moins de ce cöté la, il n'a pas regné dans 1'adminiftration des affaires publiques, cette. inaftivité qu'on a cru y remarquer. II ne fèra pas difficile de prouver la même chofe, touchant les autres mefures que la Rupture a néceffitées. Le grand point étoit de trouver, fféquïper, d1 armer Sc de mettre en\ mer un nombre de Vaiffeaux fuffifant, pour remplir tous les objets auxquels on les deftinoit. 11 falloit couvrir les ports de mer', convoyer les Navires Marchands, affurer les poffeffions lointaines, & chercher les occafions de nuire a PEnnemi, de lui porter les coups les plus fenfibles, afin de venger la République de la violation des droits les plus facrés &; des Traités Jes plus foJemnels. On ne pouvoit négliger aucun de ces objets, & pour Paccompliffe* ment de chacun d'entfeux} toute la Marine d'Etat étoit a peine fufiiiante; nous avons dit plus haut un mot de fa foibleffe, qui étoit telle vers la fin de 1780, qu'on ne comptoit alors <}ue a*j Vaiffeaux presque tous de 50 pièces, que 3? Frégates, deux Senaux, Sc cinq Navues Gardes-Cótes. 11 ne faut pas s'imaginer cependant, que tous ces Vaiffeaux puiTenc être employés contre un Ennemi, dont les forces navales font depuis une longue fuite d'années fur le pied le plus redoutable. Pour dètruire ce prêjugè, nous ajoutons k ce Mémoire une Lifte détaillée, contenant le nom «Sc le rang de chaque Vaiffeau ou Frégate, avec la date de 1'année, «Sc Je Jieu oü ils ont été conftruits. D'après cette Lifte, il paroitra que la plupart de ces Vaiffeaux n'ont été conftruits que depuis notre Majorité, «Sc en conféquence d'une propofition faite par nous ou en notre nom. Parmi les autres, il y en a qui remontent k vingt, a trente ans «Sc même k une plus ancienne date j on ne peut donc gueres fe promettre de  ( 21 ) de leur utilité: d'ailleurs 1'expérience a prouvé, qu'on conftruit les Vaislèaux fur différeng gabar is, & d'après des delfeins particuliers, deforce qu'on ne peut Jes faire manceuvrer de la même manière, & qu'ils ne fauroient former une même ligne de bataille ; enfin il eft fuffifamment connu que des Vaiffeaux de fo pièces,dont la batterie inférieure ne porte que des boulets de 18 Livres,ne peuvent être comptés parmi les Vaisfeaux de ligne. Lors de Ia rupture il n'y avoit de Vaiffeaux & de Frégates en lèrvicé, ou qui fiffent leur monde, que ceux dont on trouvera les noms fur la Lifte, N° 10. Mais 1'équipage de tous ces Vaiffeaux étoit fort incomplet, & lorsqu'au mois d'Avril 1781 nous nous trouvames au Texel» les Vaiffeaux & Frégates la Princejfe Royale, la Princejfe Fréderique Sophte Wilhelmine, le Glinthorjl, le Pboenix, le Zuyleveld, le Jafon, la Bettone, & le Waakzaamheid n'étoient pas encore arrivés; on verra noté fur la lifte 1'endroit oü fe trouvoient ces Vaiffeaux, & combien il manquoit encore au röle de leur équipage. Les eftorts de LL. BH. PP. pour acquérir des Puiffances neutres des Vaiffeaox: armés Sc montés furent inutiles. II fallut donc fe bomer aux moyens ordinaires, c'eft-a-dire, a réparer les anciens Navires, Sc a en conftruire de neufs. Ces moyens étoient incroyablement couteux Sc rares, en partie a caufe de la grande exportation qui en avoit été faite; d'ailleurs on ne pouvoit les employer que d'une manière fort lente, tant par la difette de bons conftrucleurs que par la nature même de notre conftitution, qui réunit k plufieurs avantages 1'inconvénient effentiel, ' que les affaires, qui regardent Ja Confédération s'y traitent avec un» extreme Jenteur. Cet inconvénient qui a déja lieu dans les cas ordinaires , fe fait encore plus vivement fentir lorsqu'il s'agit d'objets auxquels Pruie ou 1'autre des Provinces n'a pas d'inclvnatvoiv a. concourir. Nous ne parierons point ici de Ja Jenteur avec laquelle s'exécutent les jRéfolutions mêmes; c'eft encore a Ja forme de Ja conftitution qu'il faut Vattribuer, ainfi qu'aux retards que les Provinces apportent fouvent dans Ie fourniffement de leurs contingens. Ces retards font quelquefois la caufe qui empêche les agens de la puiffance exécutrice d'effectuer ce. qu'on exige d'eux, avec la célérité qu'on en attend. On ne pourra révoquer en doute la jufteffe de ces obfervations,Iors-* qu'on examinera le Tableau que nous fournirons fous le N° li, On verra que les Pétitions faites depuis notre majorité montent a 6? millions, & plus de fept cent mille florins, fans y comprendre Jes négociations fur le Comptoir de 1'impofition augmentée du Lafl Veil geld; qui compofent une fomme de ƒ ; . , . _.  ( 22 ) ' Ön s'appércevra que ces Pétitions ont été robjet de délibération dana les Provinces, fouvent même pendant des années, & que Ton eft en-' core redevable, d'une fomme de plus de 12 millions fur les Pétitions accordées. Quoiqu'il en foit la néceflité de renforcer par tous les moyens pofiïbles la Marine* déja fi foible de 1'état, augmentoit de, jour en jour , & devenoit prelfante eu raifon des perces qu'on efliiyoit fucceïïivement. En effet dés les premières hoftilités les Anglois prirent les VailTeaux nommés la Princejfe Caroline & le Rotterdam de 5*0 pièces; & peu après \q Man de 60, & les Frégates'Mm & le Cajlor de 36 pièces: Le X'aifieau la Hollande coula a fond, lè Prince Gmllaüme de 70 échoua, la Frégate la Concorde de 24., & le Vaifiean la Frédérique■ Sophie WilheU' mine périrent malheureufement, enfin il fallut fe réfoudre k vendre a Car dix le Vaiileau la PrmceJJe Marte Lontje de 50 & a Amfterdam 'm Frégate le Bloys de Canons, paree que tous deux étoient hors d'état d'être réparés. * Voila donc fept VailTeaux & quatre Frégates du nombre de ceux qui compofoient les Forces Navales de PEtat au mois de Décembre 17 80 përdus lans retour. . Pour accélérer le grand ouvrage de Paugmentation de la Marine *< nous recommandames dans toutes les occafions avec les plus yives inftances aux Amirautês, de prendre les mefures convenables, & d'appórter Ja plus grande diligence. Au commencement de 1781, nous propofames a 1'Amirauté d'Am-' fterdam, de nommer le Vice-Amiral Reynjï, CommiiTaire extraordinaire des Magafins & des Chantiers de PEtat, pour travailler de concert avec les Députés de ce Confevl, a tout ce qui regarde cette partie, & en particulier pour fuivre dans leur fonctions les Employés aux Magafins & aux Chantiers, pour rechercher fi Tón cbéiifpic ponóiuellemen't aux ordres, aux Réfolutions & aux Régiemens émanés de tems en tems a cet égard, afin de prévenir ainfi les abus qui fe glüTent presque toujours dans des Départemens aufii étendus, Kous ètions perfuadés, que le falut de PEtat, que tout ce qui lui eft , cher & précieux, dépendoit pour la plus grande partie de Ja conduite prudente & du vrai xèle, qui doivent diriger toutes les opérations de la Marine, & que par conféquent il valoit mieux doubler le nombre des Employés ordinaires, que de vair le travail rallenti par les maiadies & les accidens, auxquels ces perfonnes font expofées. • A'ufli reeumes nous favorablement la propofition de 1'Amirauté d'Amfterdam, au commencement \ de cette année la, pour adjoindre au Sous-Maitre d'Èquipage 'Elzevier, PEx-Commandant L. 2\ Luiteken,* ' 'l nous  (*3) nous répréfentames d'ailleurs a ce Confeil, qtfil feroit prudent de nommer d'abord un Adjoint a celui des Sous-Maitres d'Èquipage, qui fè trouveroit hors d'état de faire convenablement le fervice. Celt arec Ia plus vive fatisfacYiori qüe nous pouvons affurer a LU' HH. Pr\> que felon nös informations, toutes ces mefures ont parfait tement rèponduee a nos défirs, & aTattente de cette Amirauté, oü 1'ort travaille aujourd'hui avec ordre & beaucoup de zèle. Les Confédérés font déja inftruits de Ja conduite des Amirautés ton* cliant Paugmentation de la Marine depuis le commencement de la Guerre. D'après une Réfolution de LL. HH. PP. du 28 Juin 1781, prife en conféquence de notre propofition, ces Confeils ont fourni a 1'Asr femblêe Générale le Rapport qü'ön leur avoit demandé: ce Rapport entre fi naturellement dans le plan qüe nous avons formé, de montrerPinjuftice des plaintes dirigées contre notre perfonne, & de diffiper les foupcons élevês fur notre conduite, que nous joindrons a ce Mémoire lea pièces rèlatives & cette affaire fous les NQ. 12, 13, 14, 15* & io7 11 fuffira de les Jii*e pour fe convsün&e qu'indépendamment des réptn ratio/35 Sc de 1'éqaipement des vieüx Vaiffeaux, ainfi que 1'achat conSnuel des munitions navales, ön eft parvenu a conftruire Sc a acheter depuis le mois de Décembre 1780 jusqu'aujourd'hui, plufieurs Vaisieaux de Ligne & d'autres Navires de guerre d'un moindre rang, dont yoici le détail. L'Amirautë de la Meufe avoit en 1780 achevé h confttu&lon da Vaiffeau le Prince Frédéric de 60 pièces, on y travailloit encore au Tromp de $0 Canons. Au mois d'Octobre de la même annêe, on avoit mis fur Ie Chantier le Cortendar de 60 pièces, & depuis le fTaffenaar de la même force •, la Frégate Je Centaute dè 40 pièces, deux Cutters d& 20 pièces, deux momdtesBatimens, Sc une Corvette de 12 pièces; elle avoit achevé cing Goëlettes, fans compter les Vaiffeaux commandés a forfait fur différens Chantiers, favoir le Hercule de 60 pièces, & Jes frégates le Ca/lor Sc le Pollux de 4.0 pièces. A PAmirauté d4Amfterdam oütre les Vaiffeaux déja conftruits, noïn* inès PAmiral de Ruiter, Sc PUnion de 64. & le Batave de 54. pièces, il y avoit encore fur les Chantiers la Gueldre Sc P Utrecht de 64., la LU herté de 70, la Hollande de 64., & la Frégate Médée de 4.0 pièces. OA avoit aufti eommandé a des Conftruéteurs particuliers deux VailTeaux, Pun de 70 & 1'autre de 64. Canons, auxquels on travailloit, & dont 1'un étoit a peu prés conftruit, enfin Pon avoit achevé un Cutter & fept petits Batimens. En Zélande on comptoit le Goes de $4, ld Zélande de 68 «Sc la Frégate Tbokn de 44 pièces. Ces deux derniers étoit encore fur le Fa Chan-  ( H ) Cbantier. On acheta deux Frégates fAtlantê & PEfpérance de 16 Canons ; més atr bout de 16 mois de fervice on les revendit. Cette Amirauté acquit aufli les Cutters PHtrendelle de mer de 8 pièces, quatre caronna» des & le Cutter la Sirene de 16 pièces , ainfi que la Corvette le Dauphin, Sc neuf Barques armées de pierriers; on négocioit encore 1'achat d'un %tos Cutter de 18 a 20 pièces. Enfin on avoit louê une Hourque de 12 pièces, mais depuis on congédia une Barque, «Sc un Navire de B/ankenburg. L'Amirauté de Nord-Hollande avoit le Vaiflèau Weft-Frife de 60 pièces, qui n'étoit pas encore prêt: VAlkmaar de ?o, & Ia Frégate Munnikkendam de 30 pièces, une Corvette & quatre Goëlettes; ce nombre devoit encore être augmenté dans le courant de cette année-la par un Vaiflèau de 70 & 4. de 60 pièces, commandés a des particuliers; un de ces Vaiffeaux nommé la Nord-Hollande, a été conffruic a Amfterdam. Le Confeil de Y Amirauté en Frife avoit mis fur le Chantier un Vais"feau de 70 pièces, nommé la Frife, un autre dè 64. nommé VAmiral de Fries, il avoit commandé k forfait le Vaiffeau Stad en Lande de 70 pièces. 11 poffédoit encore deux Frégates de 44., nouvellement conüruites, la Pallas Sc Harlingen; deux autres de 36 pièces, la Concorde & la Junon Sc une Corvette, outre Ia Frégate la Renommée de 16 pièces, qu'on avoit achetê, un Senau de 14., «Sc troisperits Batimens de 6 pièces, PEfpion> le Braque «Sc le Levrier. Ces Confeils conviennent tous, que fans parler des raifons particulië* ies a cftacun d'eux, il exifte une eaufè générale qui néceflite Ie peu de célén'té qui a paru jusqn'ici dans les affaires de Ia Marine. Cette caufe nous 1'avons déja indiquée j elle confifte dans Ia modicitêdes moyens, dont les Amirautés peuvent difpofer; dans la cherté des chofès néceffai. *re a leurs opérations, & fur tout dans la difette inconcevable d'ouvriers, que tous les efforts n'ont pu jusqu^k préfent faire ceffer. Ceiï pour cette óemiere raifon que LL. HH. PP. d'après une propofition faite par les Amirautés de concert avec nous, trouverent bon d'offrir publiquement a forfait par des Députés de leur Affemblée, la conftruction de plufieurs Vaiffeaux, «Sc ce moyen même auroit manqué plus d'une fois, fi Ton n'avoit accordé aux Entrepreneurs un repit de deux mois. Depuis le Rapport dont nons venons de parler, on a encore équipe k, PAmirauté de Ia Meufe Ie Cutter VEpervkr de 20 pièces, a celle d»Amfferdam le Tigre de 60* qui ayant été conitrait dans cette Ville, pour le compte de la Cour de France, a été racheté pour f 2? 0,000, enfin la Frégate le Dauphin de 24. pièces. On  ( *i) ■■ Ori trouvera 1'état des Forces navales de la République avec le norit des Capitaines qui en commandent les Vaiffeaux, dans la Lifte que nousproduirons a la fuite de ce Mémoire fous le Np. 17. Elle contient de plus 1'indicarion des lieux oü fe trouvent a&uellement les Vaiffeaux de PEtat qui ne font pas dans le Pays. * Mais de quoi fert il d'en accroitre Je nombre, s'il eft impoffible de leö êquiper convenablement? Depuis longtems, lors même qu'il ne s'agifloit que d'en équiper uzi petit nombre,on éprouvoit déja une grande difette driommes: La difficulté d'en trouver fuffifamment eft bien plus grande aujourdVmi que le belbin en augmente fans ceffe. Auffi dès le commencement de la guerre, on a été obligé de recourir a un expediënt dont on fe fert fréqüemment aujourd'hui. C'eft de tirer de Péquipage d'un Vaiffeau de quoi compléter un autre. Les Amirautés ne ceilent de ieplaindie a nous, que d'après une longue & fatale expérience EUes déféspèrent de parvenir a compléter les Equipages par les feuls enrólemcns faits dans 1'interieur du pays. , Quant k nous loin de nous bomer a recommander de la facnn la 'plus preffante toutes Jes mefures, qui pouvoient accélérer cet ouvrage ftlutaire, nous concourumes avec le plus vif empreffement a faciliteé différentes négociations entre les Amirautés & des particuliers, dont Vobjet étoit de faire des levées chez 1'Etrangef: pour nous convaincre de Paclivité qu'on mettoit dans ces négociations, & afin de pouvoir employer au plutót les Vaiffeaux a mefure qu'on en compléterok Péquipage, nous nous fimes donner tous les mois par les Amirautés une Lifte de ceux qui étoient alors en fervice. Cette Lifte devoit contenir, le nom des Capitaines, indiquer ïe nombre des tètes fur cliaque Vaiffeair' au premier pur du mois, marguer combien ïl en manquoit encore, afin de favoir par ce moyen ü chaque Vaiffeau avoit fes Bas ~ officiers comme Pilote, Mairre, Quartier-Maïtre &c ; de même que fes Matelots & fes Soldats. Enfin pour n'avoir abfolument rien a nous reprocher, nous autorifaines le Confeil de PAmirauté de la Meufe, dans une Lettre de 3 Juiï1'et 1780, a promettre, pour notre compte, mais en lupprimant notre nom, une fomme de 100 Ducats a celui qui répondroit le mieux a cette queftion. „ Quels feroient les meilléurs & les plus prompts moyens de „ fe procurer avant la fin de cette année (1780), un nombre fufB„ fant de Matelots expérimentés & autres , pour remplir 1'équipement „ arrêté, fans charger exceffivement le Commerce & les Pêches de „ PEtat»? La mêrae fomme devoit également être délivrée a celui qui donneroit la réponlè la plus fatisfaifante a cette autre queftion; „ Quels feroient' G „ les  (26) „ les moyens les plus convenables de porter & de conferver la Marine „ Hollandoife fur un pied refpe&able, en ménageant les intéréts dui „ Commerce de PEtat "? Nous réiterons bien volontiers ces offres, trés dispofés même k donner mille Ducats au lieu de cent k celui qui répondra le mieux a Tune ou a 1'autre de ces queftions. Nous avons obfervé plus liaut ,que malgré les mefures dont nous parións Sc bien d'autres encore Péquipage de presque tous les Vaiffeaux mis en commiffion éroit fort incomplet, comme cela paroit par les röles de ces Vaiffeaux. Les caufes de la difette étonnante & presque fans exemple de Marins font nombreufes. II ne faut que les indiquer pour faire disparoitre la furprife qu'on affeéte d'en témoigner, & pour détruire 1'opinion oü 1'on eft, qu'il nous feroit aifé aëtuellement, comme il 1'étoit jadis, de réuffir dans cette partie, ft nous en avions réellement 1'envie. En effet il n'y a nulle comparauon a faire k cet égard entre ces tems la & celui oü nous vivons. I. Dans le fiècle paffé, les Flottes étoient a la véritê plus nombreufes qu'aujourd'hui j mais les Vaiffeaux étoient en général moins forts Sc portoient moins d'équipage: C'eft ce que prouve le rapport des Commiffaires de 1'Amirauté que nous avons extrait plus haut. Ajoutons que cette année-ci on a encore renforcé féquipage des Vaiffeaux de £q & de 40 pièces. II. Au fiècle dernier on n'avoit pas 1'ufage d'entretenir une Marine permanente : On n'équipoit des Elottes qu'en tems de guerre. Aujourd'hui plufieurs Puiffances maritimes font conftamment atméespar mer: Les meilléurs Matelots de la République font paffés a leur fervice. Ces Puiffances nous ont prévenues, notre Etat a fongó trop tard a fe mettre dans une pofture refpeclable. III. Alors la Navigation Sc le Commerce n'occupoient pas autant de monde qu'a préfent: Et dans ces tems-la on confacroit fans fcrupule & fans dimculté la Marine Marchande a compléter la Marine Militaire. Au moment de la rupture actuelle, la Navigation de la République étoit immenfe. Elle abforboit de nombreux équipages; mallieureufement quand on Peut. interdite, il fe trouva fort peu de monde pour mettre fur les Vaiffeaux de guerre. La plupart des Navires de PEtat, fe trouvant en mer vers le tems de la publication du Manifefte Britannl* que, devfnrent la proye d'un Ennemi avide, & leurs équipages prifonnkts furent conduits dans les ports d'Angleterre ou ailleurs. En  ( V ) En général dans le fiècle dernier plufieurs ehofes contribuoient a fatiliter les enrölemens dans ce pays. D'abord le falaire des ouvriers n'étoit pas auffi fort qu'aujourd'hui: Enfuite la population étoit plus confidérable dans toute Pétenduë de nos Provinces; il y avoit plus de monde excepté peut-être a Amfterdam, ou cette parite du nombre d'habitans ne diminue pas la difficulté des levées aétuelles, paree que les moyens de fubfifiance font auffi plus nombteux dans cette Ville a préfent, qu'ils ne Pétoient alors. Enfin dans ce tems-la, Vindigence ètoit plus aélive & plus univerfelle que de nos jours. La claffe inférieure de nos Citoyens avoit plus befoin de relfources pour vivre, il étoit plus aifé de 1'engager a profiter de celle que le fervice de PEtat fur les Elottes lui préfentoit. - Et ne pourrions pas ajouter auffi que le défir de combattre pöur fon pays, de donner cette belle & véritable preuve de Patriotisme étoit alors plus vif Hellevoetfluts, de leur donner les ordres néceffaires, de nous Jes communiquer enfuite a nous & au Vice-Amiral, Sc de nous inftruire de Pentrée Sc de la fortie des Vaiffeaux étrangers & des Batimens armés. Nous ordonnames encore a ces Officiers de ne pas laaTer Je port & Ja rade fans défenfè, Jorsqu'iJs voudroient employer a quelque expêdition les Navires Gardes-cötes, dont la deftination eft de garantir Jes embouchures des rivières Sc les Cötes du Pays. Environ dans le même tems, c?en;-a-dire veis la mi-Février, nous envoyames ordre a toutes Jes Amirautés de préparer promptement chacun une Corvette, en conféquence de Ja Réfolution de LL. HH. PP* du 26 Décembre 1780. Ces Corvettes de 60 hommes d'équipage devoient être employées fous les ordres du Vice-Amiral Hartfink, tant pour aller a la découverte que pour d'autres ufages. Nous écrivimes a PAmirauté d'Amfterdam d'équiper d'abord pour le même objet quelques Batimens légers; mais ce Confeil allégua Pimpoflibilité oü il étoit d'acheter dè fes propres fonds de nouveaux Navires, ayant déja équipé par les ordrès de LL. HH. PP. plufieurs Frégates, des Hourques, de grands Cutters Sc quatre Pinafles, qui avoient toutes une deftination marquée, fans compter PafFretement des deux Chaloupes de Cötiers, & d'un Cutter armé, que Pon attendoit dans peu de jours d>OJlende, oü il avoit été aclieté. Nous  (33 ) Kous ordonnames encore au Vice-Amiral Hartfink de faire partir leS VailTeaux qui fe trouvoient alors fur la rivière prés de POude Sluis, pour h rade de Texel, & de leur procurer les munitions néceffaires, de tenir Jes Capitaines van Gennep, Staringh, le Comte de Regteren & Vqfch van Avezaat continuellement en croifière, leur recommandant de fe conduire avec prudcnce pour ne pas fe laiffer furprendre par PEnnemi ; le iVice-Amiral devoit auffi s'entendre avec les Amirautés d'Amfterdam & en conlèntant auplutöt a la pétition formée pour cet article. Malgrè notre fac,on de penfer bien connuë «Sc nos ardens efforts pout opérer le rètabliffement de la Marine de PEtat, il parut par Ja propofition de la Ville d'Amfterdam citée plus haut,inhérée, approuvée «Sc appuyée fucceflivement depuis par différentes Villes de la Hollande, qne Pon ne regardoit pas les difficultés de toute espèce que nous avions a combattre, comme auffi fortes ni aufli infurmontables, qu'elles nous le fembloient journellement, «Sc qu'elles Pétoient en effet. On comparok ce qui fe faifoit, ou plutot ce qui malgré nos foins ne pou-  ( 4? ) pouvoit s'exécuter, avec leg opérations des tems antérieurs, dont lapofcflbilité n'étoit pas moins 1'objet de nos voeux fincères que celui des Membres de 1'Etat. On nous attribuoit une négligence & une ïnacïivité dont on cherchoit les caufes partout ailleurs que la oü elles réfidoient eiFeccivement. Kous ne connoiflions que trop réëllement 1'existence de ces véritables caufes de notre fituation préfente: Nous les avions fouvent indiquées dans le tems, en prêdifant qu'on ne pourroit pas au befoin les fupprimer aufli promptement qu'on le fouhaiteroit; mais nous étions intimément convaincus, que ces foupcons j ces comparailóns ne naifioient que d'une connoiflance imparfaite, d'une expofition défeclueufe de tout ce qui appartenoit a la conftitution d'une Marine abfolument déchue', conftitution dont peu de perfonnes avec nous connoiifoient toute 1'étendue. Nous étions fèrmément alfurés qu'aucune de nos aclrons ne pouvoit nous faire perdre la moindre partie du droit inconteftable que nous croyons avoir a la confiance de la Nation, cependant pour prévenir la méfiance que la Propofition dont il s'agit pouvoit faire naitre, nous communicames aux Etats de Hollande le 27 Juin 1781 la Réfolution oü nous étions de propofer a LL. HH. PP. un examen févère des foins qu'on avoit pris pour remettre la Marine fur un pied relpectable, afin de pouvoir agir contre 1'Ennemi, une recherche des caufes de la négligence ou de V'uia&ivité qu'on pourroit y appercevoir, «Sec. ( Voyez Gopie de cette communication fous le N°. 24;.) Cette démarche n'eut point le fuccès que nous en attendions. Plufieurs Villes de Hollande qui avoient d'autres vuës craignoient de les voir traverfer par les recherches que nous demanderions a LL. HH. PP. de faire fur 1'exiftence réelle de 1'inactivité dont on fe plaignoit, «Se qui étoit la bafe de la Propofition d'Amfterdam; mais autïi les Membres dont nous parions ne fe réfolurent que trés difficilement a autorilèr Jes Députés de leur Province a Ja GénéraJité d'y appuier cette Propofition. : Elle fut cependant aggréée par LL. HH. PP. «Sc les Confeils des Amirautés répondirent a leur demande d'une fa90n affez fatisfaifante, pour que la feule Leéture de leurs Rapports que nous avons cités plus ïiaut, prouva de la manière la plus convaincante, qu'on avoit fait jusqu'a pré/ènt tout ce qui avoit été poffible pour rétablir & faire profpéret. la Marine de 1'Etat d'après la conftitution du Gouvernement de cette République, depuis les Réfolutions des Confédérés, «Sc Jeur conlèntement dans les Pétitions, & d'après le fourniflèment des contingents accordés, «Sc enfin depuis les circonftances du tems «Sc des affaires, enforte que les véritables cauies des difficultés «Sc de la lenteur qu'on éprouvoit dans les opérations maritimes ne réfidoient point dans une inactivité effeébve, mais dans des fources différentes. M 2 öartt  ( 48 ) Dans nos délibérations avec le Vice-Amiral Hartfink & le ContreAmiral van Kinsbergen, on examina quel feroit le meilleur ufage qu'on pourroit faire de la Flote des Etats pendant le refte de la campagne de 1781, on s'y occupa fpécialement d'un plan d'opérations deltiné a couvrir Ie Convoi pret a faire voile pour la mer Baltique, en voici les prinpaux Articles. 1°. II faudroit ralfembler la Flotte Marchande dans le Vlie. 2°. Lui donner quelques Frégates, & de petits Batimens armés. 3°. Faire fortir les gros VailTeaux avec un nombre convenable de Frégates, & en former une Efcadre détachée du Convoi, mais qui fe tiendroit cependant toujours a portie de donner du fecours en cas de befoin. 4.0. D'envoyer les VailTeaux Garde-Cötes au Texel, Sc les y lailTer fous les ordres d'un Officier fupérieur. j Q. Feindre par les mouvemens qu'on feroit faire aux Troupes, de projetter une defcente fur les Cötes de TAngleterre. 6°. Obliger ainfi TEnnemi a partager fes Forces, Sc pour cet effet faire fortir dans le même but les VailTeaux de Zélande, mais ne pas les expofer au danger de lè voir couper Ia retraite. 8°. Faire fortir les gros Vaifleaux quelques jours avant les Navires Marchands. 8°. Détacher une des plus légères Frégates vers les Cötes d'Angletérré pour y exécuter les mouvemens d'un Vaiffeau qui croife a la découverte» La foibleüe de notre Marine nous empéchoit de remplir ce plan dans toute fon étendue; nous ne pouvions dêgarnir la Zélande. De tous les VailTeaux qui fe trouvoient dans les rades de cette Province, nous ne pouvions employer que celui du Capitaine van Kinkel; le peu de Troupes de terre ne permettoit pas non plus de leur faire exécuter les mouvemens néceffaires pour perfuader a TEnnemi qu'on méditoit férieufement une defcente; nous ne fimes néanmoins aucune difficulté d'autorifer le Général-Major van der Hoop a envoyer a la réquiütion du Vice-Amiral HartfinHütznt de Troupes qu'il en faudroit pour monter Jes Gardes-Cötes. Tout fe préparoit cependant pour faire fortir un Convoi auffi nombreux qu'il feroit poffible; on travailla a TAmirauté de Ia Meufe avec la plus grande vivacité a 1'équipement du Cutter le Braque, de la Corvette le Kemphaan, des Frégates Bellone & Thetis, Sc même du Vaiffeau le Prince Gnillanme pour Temployer au befoin, quoique fon équipage ne fut pas complet. En  ( 49 ) En effet au commencement du mois de Juin il nTy avoit a bord de ce VaiiTeau que 274. rites, 14.4. malades étoient a THópital. 11 manquoit 17 Üéferteurs, fept hommes en avoient été donnés aux deux Frégates, enfin 108 pages du régiftre de TEquipage étoient ouvertespar les pertes qu'en avoit elTuyées. Comme le Convoi deftiné pour ia mer Baltique devoit être pret aü 10 Juillet dans le Vlie, felon 1'avis des Négocians; le 4 du même mois nous ordonnames au Vice - Amiral Hartfink de faire efcorter cei Navires par le Contre-Amiral Zoutman, en lui donnant autant de Vaisfeaux qu'il le jugeroit nécelfaire, pour que cet Officier put au befoin faire face a TEnnemi, en lui enjoignant de ramener les Navires Marchands de la République alors dans le Simei devant Elfieneur, qui voudroient proiiter de fon Convoi, ainfi que les autres Navires qu'il pourroit, fans expoferla Flote des Etats, aller chercber dans les rades du Nord, tems les Navires Marchands que la plus grande partie du Convoi étoit déja fortie du Vlie; enfin de les laiffer parfaitement maitres de leur conduite, fans même obliger ceux qui avoient pris des fignaux a fortir avec lui. Pour renforcer cependant autant qu'il feroit poffible le refie du Convoi , nous ordonnames au Vice - Amiral Hartfink d'équiper le Vaiffeau la Princejfe Royale Frédérique Sopbie Wühelmine, qui étoit arrivé le 17 fort incomplet au Texel, & Ia Frégate le Jafon, fi Ia chofe étoit faifable, en tirant du monde des Gardes-Cótes; de les faire fortir au plu tót, & de les envoyer en croifière a la hauteur delaMeufe; de donner au Capitaine de Bruin un fignal, au raoyen duquel il en reconnoitroit 1'approche, & les joindroit; ou au cas qu'il ne put entrer lui même en mer, il fit a leur arrivée fortir fous 1'Escorte de la Frégate Bellone, de la Corvette Kemphaan & du Cutter le Braque les Navires qui attendoient un Convoi: Nous enjoignimes encore au Vice-Amiral d'examiner avec le Général Major van der Hoop, s'il étoit poffible de placer quelques Troupes fur les Gardes-Cötes,qui fe tenoient dans ces parages, & de nous donner fes confidérations fur les moyens de convoyer les Navires delaMeufe «Sc de Zélande vers la Baltique,au cas qu'il fut impoffible de faire venir les Vaiffeaux de la Meufe de la manière expliquèe cideffus.. La première partie de ces ordres ne put être exécutée, attendu que Yéquipage defliné au Vaiffeau la Frédérique Sophie Wilhelmine, avoit fervi a compléter la Frégate VAmphritite. D'ailleurs ils furent rendus inutiïes par la réception de la nouvelle du combat du 5 Aoüt, aétion bien glorieufe fans doute pour le Contre Amiral Zoutman, & pour tous ceux qui y participerent de ibn cöté, mais qui fit néanmoins manquer le grand objet de conduire les Vaiffeaux Hollandois a leur deftination, de convoyer les Navires dans le Sund, & d'escorter vers les Ports de la République les trois Vaiffeaux des Indes Orientales, qui fe trouvoient a Dronthehn, objet qui avoit couté tant de peine & tant de dépenfes; nous ne parions pas ici du nombre de marins emportés dans cette journée, du dommage que la plupart des Vaiffeaux recurent, ni de la perte totale du Vaiffeau la Hollande, qui coula a fond; tout cela cependant dérangea confidérablernent nos opérations. 11 nous paroiffoit néanmoins de la plus grande importance de travailler encore a la réuffite de ce projet, en profitant de 1'abfence de PEnnemi , pour faire venir au Texel le Vaiffeau du Capitaine van Kinkel, avec les Navires deftinés pour la Baltique. Nous ordonnames donc a cet Officier de mettre en mer au premier vent favorable le 15 du même, N 2 mois;  (53 ) mois, ou apfès cette date, & de prendre fous fon Escorte les deux VailTeaux de la Compagnie des Indes Orientales, & les autres Navires deftinés pour le Nord ou ailleurs, qui voudroient en profiter, de les conduire a la rade du Texel* de croifer quelque tems a la fiauteur de Goederede, pour s'informer s'ils s'y trouvoient des Batimens qui fongeaffent a profiter de fon Convoi, particulièrement le Vaiffeau des Indes de la Chambre de Delft; de fe ranger au Texel fous les ordres du Vice-Amiral Hartfink, ou de TOfficier Commandant a cette Rade; celui a" Hellevoetjluis étoit chargé de concerter les fignaux avec lui, pour que brs de fon arrivée devant Goedereede il put s'initruire des Vaiffeaux qui feroient dispofés a profiter de fon Escorte. Afin de réparer promptement les Vaiffeaux endommagés, & de n'être pas forcé de les faire avancer jusqu'a la Ville, le Confeil de I'Amirauté du Département d'Amfterdam envoya a la Elote, d'après nos férieufes recommandationSjun Heu avec un habileMaitre-Garcon & cinquante Charpentiers. Nous écrivimes encore au même Confeil de ne rien nègliger de tout ce qui feroit nécetfaire pour la réparation de ces Vaiffeaux, afin qu'ils puffent être inceffamment employés au fervice de 1'Etat. Le 12 du même mois nous ordonnames au Vice-Amiral Hartfink de tout tenter pour faire fortir le Convoi, & dans ce deffein d'équiper les Vaiffeaux & Frégates qu'on pourroit en détacher, en tirant du monde de ceux qui étoient hors de fervice, fans aucune diftinótion du Refforc de 'ces Batimens. Nous efpérions que les Frégates Hoorn & Enkhuifen feroient au nombre des premiers. Nous autorifames le Confeil de TAmirauté de Zélande de faire fortir avec le Vaiffeau du Capitaine van Kinkel, le Vaiffeau Schiedam, commandé par le Capitaine Raaum, ou bien une Frégate de 36 Canons, foit du reffort de ce Confeil , foit de celui de la Meufie, de faire voile pour le Texel, & de s'y ranger fous les ordres de TOfficier Commandant a Ia Rade, pour peu que cela fut faifable,'sans exposer la Zélande a un danger. éminent , qui paroiffoit moins a craindre depuis Taftion du 5 Aoüt qu'il ne Tétoit précédemment. Mais TAmirauté s'excufa de remplir ces ordres, paree qüe felon Favis des Officiers fupérieurs, on ne pouvoit fonger a rien moins qu'a diminuer le nombre des Vaiffeaux qui mouilloient a cette rade. La Frégate le Jafion devoit être réparée; VOrange Zaal, vu la multitude de malades qu'elle avoit a bord, pouvoit a peine manceuvrer: deforte que la Frégate du reffort de TAmirauté de Zélande étant la feule qui put fervir a Ia défence du pertuis de Veere, on ne pouvoit s'en paffer jusqu'au tems qu'elle feroit remplacée par un Vaiffeau Garde-Cöte, ou bien que 1'équipage  (53 ) page du Vaiffeau Zierïkfée feroit affez confidérable pour le faire entrer dans la rivière. Conformément a Tavis de TAmirauté de la Meufe concu d'après une Lettre du Vice-Amiral Hartfink, qu'on trouvera Tun & Tautre fous les N0fl. 2$ & 26, nous écrivimes le 18 Aoüt au Capitaine de Bruin, que nous vomions faire fortir avec lui auffi-tót que le Vaiffeau de la Compagnie des Indes, a la Chambre de Delft, feroit prêt, les Frégates Tbétis ik Bellone, la Corvette le Kemphaan Sc le Cutter Ie Bfaque, li ce dernief, qui Ja veille avoit effuyé quelques dommages, étoit en état de mettre en mer,finon Jes trois autres Vaiffeaux devoient fortir fans Tattendre, & efcorter au Texel Je Vaiffeau des Jndes & les Navires Marchands qui voudroient en profiter. Ceci devoit s'exécuter, quoique Toccafiön ne fe trouvat pas favorable pour que le Vaiffeau du Capitaine de Bruin fortit, occafion que cet Officier avoit ordre de faifir auüi-töt qu'elle fe préfenteroit, pour aller du pertuis de Goerée au Texel, foit avant, foit avec le Convoi, foit même après fon départ, li la chofe ne pouvoit réuffir autrement. Les Navires Marchands étoient prévenus qu'il leur arrivée au Texel, ils pourroient profiter du Convoi, qu'on donneroit pour la mer Baltique, Sc qui feroit auffi fort que les circonftancss le permcttroient. •Enfin fi le Capitaine de Bruin trouvoit le moyen de fortir avant que le Vaiffeau de Ja Compagnie des Indes fut équipé, il ne devoit pas laisfet échaper cette occafion, mais au contraire en profiter pour mettre én mer a Tinftant. C'eft ainfi que nous primes les feules mefures qui notisfembloient poffibles; pour ne pas renverfer entièrement le plan projetté de faire fortir le Convoi; c'eft ainfi que nous fimes nos efforts pour fatisfaire a la Réfolution arrêtée le 17 Aoüt aux Etats de Hollande, d'après la Propofition que la Ville de Rotterdam 7 avoit fake dans la vuë de faire ceffer les plaintes de fés Négocians. Cette Réfolution nous requéroit d'envoyer une Efcadre en mer Sc d'accorder au pJutöt aux Navires de la Meufe & d'Amfterdam deftinés pour la Baltique un Convoi fuffifant. Pour plus de conviclion encore, pour prouver plus dairement s'il eft poffible nos précautions, notre empreffement, nos ordres réitérés au Vice-Amiral Hartfink & au Capitaine de Bruin, auxquels un concours inattendu de circonliances inopinées n'ont pas permis de les exécuter,quelques ardents que fuffent nos défirs a cet égard; pour donner enfin tous Jes éclairciffemens convenables, nous joignons a ce Mémoire fous le N°. 27. les pièces que ont déja paru imprimées dans TExtrait de la Réfolution de LL. NN. & GG. PP. du 22 Aout 1781. On laiffa cependant écouler encore quelques jours en faveur des Vaisfeaux des Indes, qui n'étoient pas tout a fait équipés. Le Capitaine van Kinkel profita de cette occafion pour demander nos ordres au fujet de fa O fortie,1  ( 54 ) fortie,qui pouvoit bien s'effectuer par unventdeN. E., mais-qui d'ailleurs ne lui Jeroit pas favorable pour aller au Texel; il nous demandoit donc s'il ne devoit pas attendre un vent propice pour fortir & pour arriver en même tems au lieu de fa deftination. D'après I'avis de quatre Officiers fupérieurs qui fe trouvoient prés de nous, nous lui ordonnames le ip Aoüt d'embraffer ce dernier parti, le premier étant trop dangereux. Vers le même tems nous ordonnames au Contre-Amiral van Braam de fe rendre au plutöt a bord du Vaisfeau monté alors par Ie Capitaine Baders, & de prendre iür lui le commandement du Convoi; au ViceAmiral Hartfink de partir auffi pour la rade du Texel, & d'avoir foin qu'on expédiat avec Ia plus grande diligence tout ce qui étoit nécesfaire pour préparer Ie Convoi, de le compofer d'un auffi grand nombre de VailTeaux qu'il feroit poffible, en particulier de celui dn Capitaine van Vlier den, qui avoit déja paffé le Vlieter, en complettant fon équipage par celui des VailTeaux qui refteroient a la rade; nous lui fimes connoitre le défir que nous avions de voir cette Efcadre alfez forte pour que lui Vice-Amiral put la commander en perfonne, fans expofer fon Pavillon a quelque affront; nous lui recommandames enfin d'agir avec affez de célérité pour que le Convoi entrat dans la Baltique , & reconduifit les Vaiffeaux des Indes & les autres Navires qui attendoient une ETcorte. Mais le Vice-Amiral nous répondit le du même mois, que Telon lui la failbn étoit trop avancée pour cbercher les Vaiffeaux de Drontheim, ce qui ne pourroit fe faire fans expofer TEfcadre a un péril inévitable. Cependant le Capitaine de Bruin nous avoit infiruit a différentes reprifes des efforts inutiles qu'il avoit tentè pour fortir; il nous le prouva enfin par des Dépofitions formelles du Pilote-Cótier qui fe trouvoit a bord depuis le 7 Juillet, de fes Officiers Sc mëme de douze Patrons du Convoi de Ia Meufe; pour prévenir le retard que ces difficultés occafionnoient? nous lui ordonnames de nouveau de faire fortir au premier bon vent 'les Frégates Tbe'tis Sc Bellone, Sc la Corvette le Kemphaan, fans attendre après fon Vaiffeau; ces Navires devoient efcorter le Convoi jusqu'au Vlie, en conduifant premierement le Vaiffeau des Indes, qui fe trouva prêt le 2J devant Texel Sc le faifant entrer dans cette rade; mais fi le Capitaine van Kinkel fe montroit avant leur départ devant le pertuis de Goere'e, Sc fe joignoit aux Frégates, alors c'étoit a lui qu'il falloit abandonner Tefcorte des Vaiffeaux des Indes, les autres devoient faire voile direclement pour le Vlie, Sc y convoyer les Vaiffeaux de Zélande & de la Meufe deftinés pour la Baltique. Pour ne pas laiffer échapper Toccafion daider lui-même h fexécution de ce projet, le Capitaine de Bruin devoit fe placer s'il étoit poffible devant le Port de Goedemde. Ce  ( 55 ) ! Ce ne fut que le 31 Aout qne le Capitaine van Kinkel réuflit a quitter la Zélande; il arriva Ie 5 Septembre heureurement au Texel avec fon Vaiflèau Ie Sud-Beveland, deux VailTeaux des Indes & un Senau. Le 10 du même mois Ie Capitaine de Bruin mit enfin a la voile , ainfi que les Frégates la Thétis Sc la Bellone, le VaiiTeau de la Cbambre de Delft, le Cutter le Kemphaan Sc fept Navires Marchands. Malheureufement pour TEtat & pour cet Officier fon Vaiffeau le Brince Guillaume échoua & fe perdit totalement fur le Zuider-Haaxs. De fon cöté Ie Vice-Amiral Hartfink avoit fait tous fes efforts pour équiper un grand nombre de VailTeaux , mais malgré fes foins il ne réusfit a préparer que les fuivans. La Princejfe Royale de 54 Canons. Le Glinthorjl , de 54 ■ Le Phénix . de 44 ■ Les Frégates Medenblik de 3<5 ■ Bellone de 36 » < Amphitrite de 36 ->—'■—- ■ -> ■ Concorde de 36 • ■ ffafin : de 36 • Zéphir . de 36 ■ ■ Vtnus .' de 24 1 Vigilame de 24 1 La Corvette PExpédition de 18 «—• Outre les Vaiffeaux qu'on attendoit encore alofs de Zélande Sc de la Meufe. Le Vice-Amiral s'offrit de mettre en mer avec cette Efcadre 11 nous Tapprouvions; il prépara TinftruCtion pour le Contre-Amiral van Braam , & fixa le iour de fon départ au 1 o Septembre, paree que la faifon ne permettoit pas de différer plus longtems. Nous nous rendimes dans le même tems au Nieuwe Diep, oü nouS entrames le 8 du même mois en conférence avec le Vice - Amiral Hartfink, les Contre-Amiraux van Braam Sc van Kinsbergen, en préfence du Baron de Boetzelaar, Seigneur de Kyfhoek, Député a TAmirauté d'Amfferdam tScde Mr. Boreel, Avocat Fifcal de ce Département. Dans cette Conférence on réfolut les articles fuivans, dont nous ordonnames Texécution au Vice-Amiral. 1°. D'envoyer le Cutter VAjax Sc la Goclette le Dauphin a la découverte au large, Sc les Frégates la Bellone Sc le Jafon, pour fe pofter h Touvert de la rade. 20. Que les Vaiffeaux du Texel, defiinés pour convoyer les Navires Marchands fortiroient a la première occafion favorable après le rapport dc-s Batimens expédiés; mais que le Convoi du FHe nemettroit a la O 2 voile  (56 ) voile que lorsque le vent du S. E. auroit foufflé pendant 24. heures, pour donner le tems aux VailTeaux de la Meure de fe joindre a ce Convoi. 30. Que le Contre-Amiral van 'Braam ayant fous fes ordres les Vais- feaux Sud-Beveland, la Princejfe Royale Frédérique Sophie F/ilhelmine^ le Glinthorjl, le Pbénix, & les Frégates le Zépbir & la Vigüance, ainfi que la Goëlette le Dauphin formeroient une Efcadre d'obfervation pour couvrir le Convoi; on y ajouteroit les Frégates Medenblik, la Concorde, la Bellone «Sc le Jajon, avec les Corvettes PExpédition & toutes celles du Vlie qui pourroient s'y joindre, fans dégarnir tout a fait cette rade. 40. Que fi Ton étoit afléz heureux pour voir arriver les Vaiffeaux de k Meufe auprès du Convoi, alors on prendroit de TEfcadre d'obfervation les Frégates la Bellone & le Jafon (de TAmirauté d'Amfterdam) & on renforceroit le Convoi du Vaiffeau U Prime Guülaume & des Frégates la Thétis & la Bellone (du Département de la Meufe ) ainfi que de la Corvette le Kemphaan. Tandis que le Convoi n'attendoit plus qu'un vent favorable, & même avanc que nous fviïions informés de malheur arrivé au Prince Guillaume, nous recumes la nouvelle, que la Flote combinée Francoife & Efpagnole, qui'avoit operé pendant-quelque tems une diverfion favorable a Texécution de notre plan ne fe trouvoit plus dans la Manche, auilitöt nous en donnames connoiffance au Vice-Amiral Hartfink, en lui enjoignant d'en avertir le Contre-Amiral van Kinsbergen, pour dépêcber une ou deux Corvettes au Convoi, afin qu'il fe tint fur fes gardes. Dans Tincertitude oü nous étions fi les Vaiffeaux avoient déja mis en? mer, nous expédiames trois Pinques au Contre-Amiral van Braam, pour lui porter cette nouvelle, & lui ordonner de faire fes efforts pour trouver la Divifion du Capitaine de Bruin, & d'exécuter enfuite les ordres qu''il avoit recu du Vice-Amiral Hartfink, en ulant de prudence & de circonfpeclion, & en caufant tout le dommage poflible a TEnnemi; de ne point perdre de vue cependant, que Vobjet de fa miffion étoit princïpalement de conduire furement a fa deftination le Convoi qu'on lui avoit confié. ISIous lui recommandames enfin d'agir de concert avec notrev Adjudant-Général , le Contre-Amiral van Kinsbergen, & de faire ulage de fes Confeils dans toutes les occafions, fi cet Officier fe trouvoit fur TEfcadre. Enfin nous communicames cette nouvelle au Général - Major van def Hoop, pour qu'il fut fur fes gardes & qu'il ne s'abfenta point. Après la retraite de la Flote combinée nous nous attendions a voir paroitre dans peu une Efcadre Ennemie dans la mer du Nord; Tévénement juftifia bientöt cette crainte; puisque dès le 16 Septembre? nous recu-  ( 57 ) resumés tant Je la part dn Contre-Amiral van Braam que de celle du Capitaine Brunet de Rocbebrune qui commandoit a la rade d1'Hellevoetfluts information, que plufieurs Vaiffeaux de guerre Anglois s'étoient montrés dans Ie voiünage; des Navires Marchands entrés dans le port afluroient qu'il y avoit II VailTeaux de ligne Sc 4. Cutters. Comme le Contre-Amiral van Braam ne vouloit pas hazarder Ton Escadre contre une armée bien fupérieure en forces, & comme il ne pouvoit d'ailleurs continuer fa route, le vent ayant tourné aTOueft, ilréfolut de rentrer dans la rade, vu furtout que Tendroit oü il étoit a Tancre (prés de la troifième balüe) fembloit dangereux pour les VailTeaux s'ils venoient a elTuyer une tempête. Jl nous rendit compte de ces motifs, ainfi que le Vice-Amiral Hartfink, qui ajouta que les Contre-Amiraux van Braam, van Kinsbergen, la plus grande partie des Capitaines de haut bord & lui "wgeoient tous Ta faifon trop avancée pour conduire encore cette année Ie Convoi dans Ie Sund; le vent d'ailleurs s'étoic mis de nouveau a TOueft. Nous ne pouvions prendre fur nous, contre Tavis des gens de mer, les fuites qu'entraineroitpeut-être Ia fortie da Convoi & de TEfcadre, formée pour ainfi dire de tous les VailTeaux de TEtatqui fe trouvoient équipes, & dont la perte auroit été irréparable pour une Marine aulü foible que celle de la République. D'un autre cöté les Négocians, en particulier ceux qui étoient intéreffés a la Navigation de Surinam nous prelToient vivement; perfuadés nous mêmes de la nécefiité de faire partir encore pendant 1'Automne Ie Convoi pour la Baltique, nous défirions ardemment de le voir fortir, & de répondre ainfi a Tattente générale. Les Députés des cinq Confeils d'Amirauré que nous confultames fur cet article demanderent, avant de s'expliqaer, les confidérations da ViceAmiral Sc des autres Officiers fupérieurs. En conféquence nous leur ordonnames de nous faire parvenir un expofé des raifons qui leur fembloient a eux & aux autres Officiers fupérieurs qui fe trouvoient a la rade afièz fortes pour empêcher la fortie de TEfcadre. Nous exigeames Tavis de chacun d'eux par écrit; Sc notamment fur ces deux articles. i°. S'il étoit expédient de faire fortir TEfcadre, ou bien fi la faifon trop avancée empêchoit d'envoyer un Convoi pour la Baltique Sc d'en revenir, quand bien même on n'auroit point a craindre d'Ennemi. 20. S'il étoit poffible de pafier au Nord en ordre d'Efcadre, après le 1 Octobre, «Sc fi Ton pouvoit accorder avec fureté vers ce tems la le Convoi demandé? p L'avis  (58) L'avis Ju Contre-Amiral van Braam, des dïx Commandans des Vaisfeaux deftinés pour 1'Efcorte, du Vice-Amiral Hartfink, des Vice-Amiraux Reynft Sc Zoutman, des Contre-Amiraux Dedel Sc van Kinsbergen, Sc en conféquence celui des Députés des Amirautés fut unanime; ils déclarerent tous que la faifon étoit trop avancée pour fonger a 1'exécution de 1'un ou de 1'autre de ces projets. Voyez la Copie de ces Avis fous les Nos. 28, 29, 30 & 31. Ajoutons a tout cela rélativement au Convoi des Indes Occidentales 1 °. Que dans les Requêtes préfentées durant 1'été précédent, les Négocians n'avoient demandé pour 1'Efcorte qu'une ou deux Frégates; mais convaincus dans la fuite, que felon la méthode de faire Ja guerre aujourd'hui, cet armement ne fuffifoit pas a beaucoup prés, «Sc d'ailleurs les Capitaines ne paroiffant guères difpofés a escorter ou a commander ces Flottes, qu'jls ne croyoient pas capables d'une grande réfiftance, ces Négocians renoncerent a leur première demandé; ils exigerent dans la fuite un Convoi faffifant; qui devoit confilter felon eux au moins en deux ou trois VailTeaux de ligne. 20. Que fi 1'on accordoit une escorte auffi coniïdérable dans i'autom» ne de 1'année 1781, on fe feroit privé des me'üleurs équipages qui devoient fervir 1'année fuivante a monter les Vaiffeaux. Ainü ünit cette première Campagne, dans laquelle on n'a pu exécuter autre chofe que ce que nous avons rapporté; malgré nos vceux les plus ardens Sc les efforts les plus fuivis, nous avons eu Ja douJeur de voir un concours de circonftances inopinées renverfer tous nos' projets. Au milieu des difficultés continuelles, des inquiétudes qui nous accabloient, Sc du chagrin de voir fi Jouvent nos e/pérances décues, une feule chofe ranima notre courage, & nous fit, pour ainfi diré, oublier tous nos défagrémens; ce fut Ja vive fatisfaclion que nous caula Ja gJoire dont fe couvrirent fi juftement plufieurs Officiers fupérieurs 6c Capitaines des Vaiffeaux de 1'Etat ainfi que leurs équipages, dans le fanglant & fameux combat du 5; Aoüt; fous la bénédiéiion du Trés-Haut qui favorifa leurs armes, ils foutinrent par leur vaillance & leur habileté l'honneur du Pavillon de la République, Sc ils mériterent a jufte titre 1'approbation Sc les récompenfes que LL. HH. PP. leur donnerent & que nous leur accordames de notre cóté. Les preuvesexemplaires de courage & de Patriotisme qui leur attirerent les acclamations de toute la Nation & de 1'Europe entière, feront fuivies, nous n'endoutonspas, de nouveaux traitsd'héroïsme, couronnésde fuccès plus décififs, Sc nous efpérons pouvoir confier dans peu des forces affez nom-  ( 59 ) nombreufes aux Officiers de la République, pour faire face a un Ennemi, dont les armées ont été jusqu'ici bien fupérieures aux notres, Sc pour tirer enfin une vengeance auffi éclatante que glorieufe de toutes fes injuftices. Cependant d'après les informations que nousrecumes fur une defcente que TEnnemi projettoit, nous écrivimes le 4.' Oclobre au Vice-Amiral Hartfink d'ordonner a tous les Capitaines & autres Officiers de baut bord, excepté a ceux qui étoient employés a faire des levées, de fe rendre fur le champ a bord de leurs VailTeaux. Nous ordonnames au Contre-Amiral Dedel de partir fur le champ pour le Vlie, afin d'y prendre le commandement de tous Jes Vaiffeaux & de tous les Navires qui s'y trouvoient; d'arborer a fonchoix le pavillon de Contre-Amiral fur celui des Vaiffeaux qui lui conviendroit & de prendre les mefures les plus convenables pour la dèfenfe de cette rade importante & des Vaiffeaux qui y mouilloient. Nous le prévinmes qu'il y trouveroit le Garde-Cate du Capitaine Nauman Sc les Frégates Medenblik Sc la Concorde auxquelles fe joindroit la Frégate commandée par Je Capitaine van Braam &que nous avions ordonné au Vice-Amiral Hartfink de lui emoyer, s'j! le pouvoit, quelques VailTeaux de renfort. Comme il étoit devenu indifpenfable de faire byverner dans ces parages les Vaiffeaux de TEtat, & ceux deftinés pour les Indes Orientales, qui formoient enfemble un nombre affez confidérable, & qu'il étoit néceffaire par conféquent de fonger k leur emplacement pour Ja mauvaife iaifon; nous ordonnames dès Je commencement du mois d'Oéfobre au ViceAmiral Reynft de fe rendre dans un Yacht, ou dans quelque autre Navire de 1'Etat au Nieuwe Veer, & d'y examiner combien de Vaiffeaux des Indes on pourroit y placer, fans toucher a remplacement deftiné pour les Vaiffeaux de 1'Etat, de demander a la Chambre Préfidiale de la Compagnie des Indes Oriëntale unDéputé, pour faire avec lui Tinfpeclion de cet abri. En donnant cet ordre, notre but étoit de prévenir Jes différens qui pourroient s'élever au fujet de Templacement des Vaiffeaux, Sc de nous procurer a nous mêmes Tavis d'un Officier Jiabile &eftimé; nous lui demandames encore d'aller, lors de fa préfence au Nieuwe Veer, a Fifle de Wieringen, Sc de s'y affurer fi Ton pourroit y conferver le Canon des Vaiffeaux de TEtat, pendant le tems qu'ils devroient refter au Nieuwe Veer, afin d'éviter la perte du tems Sc les fraix qu'entrainent le tranfport de TArtillerie a Amfterdam & de la aux Vaiffeaux (comme Ton a toujours fait jusqu'ici) afin d'être pret de meilleure heure au printems prochain. Nous ne voulons point fatiguer LL. HH. PP. Sc les Confédérés du détail des ordres qui furent expédiés Thyver fuivant par nous ou par Jes Confeils d'Amirauté avec notre approbation. P 2 II  C 60 ) li fuffit de remarquer en général qu'ils avoient tous pour but & pour objet de procurer aux VailTeaux un abri contre le débacle des glacés, de nommer les Capitaines aux Navires nouvellement mis en fervice, ou de faire quelques changemens par rapport au commandement des VailTeaux déja employés, de faciliter & d'accélérer Téquipement de tous les Vaisfeaux, de faire radouber , réparer ou doubler en cuivre certains Batitimens; tous ces arrangemens & d'autres pareils étoient rélatifs & devoient concourir au dellein que nous avions formé d'être prêt de bonne heure au printems prochain. Le 13 Février 1782 nous défignames le Contre-Amiral Vis pour commander Jes VailTeaux de Zélande, en lui ordonnant de hiffer fon pavillon fur Tun d'entre eux, de faire tous fes efforts pour connoitre par les Navires qu'il envoyeroic a la découverte les mouvemens de TEnnemi, de le repoufler autant qu'il le pourroit de la rivière & des cötes, de protéger le Commerce dans toutes les occafions, oü le fervice de Tütat n'auroit point a en fouffrir, enfin d'entretenir dans toutes les occurrences une correfpondance réguliere avec nous, avec Jes Confeillers Députés des Etats de Zélande, avec le Confeil de TAmirauté, avec les Officiers fupérieurs commandant a Goedereede, au Texel Sc dans le Vlie, furtout avec le Vice-Amiral Hartfink, Officier en chef des Forces Navales de la République, Sc enfin avec le Commandant Général des Troupes en Zélande; d'agir en particulier de concert avec ce dernier touchant Ie plan de défenfe de cette Province, les mefures néceffaires en cas d'allarme, Iesfignaux, & généralement tout ce qui feroit jugé falutaire au bien de TEtat; c'eft. ce qui paroitra au long par Tinftru&ion donnée a cet Officier, ci-deffous au N°. 32. Nous donnames connoiffance au Confeil de TAmirauté en Zélande de Téleétion de ce Contre-Amiral (pour lequel nous fimes expédier le 17 Mars une inftruclion plus détaillée, qu'on trouvera parmi les pièces juftificatives fous le N°. 3 3.; & nous profitames de cette occafion pour recommander a ce Confeil de Ia facon la plus férieufe, de ne rien négliger pour préparer les Vaiffeaux Sud- Beveland, Zirickzée Sc Goes Sc la Frégate Brunswyk pour le 1 Avril fuivant, afin qu'équipés complétement & fuffifamment pourvus pour un an de vivres & de munitions, ils fusfent en état d'appareiller & d'être employés au fervice de TEtat. Ce Confeil nous répondit le 2$ Février, Sc nous affura, que pour les munitions Sc les vivres, il ne doutoit pas que notre intention ne fut remplie, mais que quant a Téquipement on ne pouvoit rien promettre de pofitif, attendu la difette continuelle de Matelots, que Ton éprouvoit, & qui étoit telle, que les Vaiffeaux Zirickzée Sc le Goes qui faifoient leur monde, Tun depuis le mois de Juillet Sc Tautre depuis le mois de Décembre , n'avoient alors qu'un peu plus de la moitié de leur équipage. Ce Confeil fe plaignoit amérement que fes finances étoient dans un grand dé-  ( 61 ) délabrement, qu'on ne pouvoit jouirdu paiementfixé par la Pétition, que lorsque le röie étoit complet; que cette Amirauté ne voyoit aucun moyea de s'en tirer, faute d'être payée par les Provinces qui n'équipent point; qu'il lui étoit dü environ trois Tonnes d'Or d'après les Ordonnances du Confeil d'Etat, fans compter la conftruétion & Téquipement de nouveaux VailTeaux, & les befoins augmenteroient encore confidérablement, lorsque les Vaiffeaux fe trouveroient en état d'appareiller avec tout leur équipage, D'ailleurs cette Amirauté fe repofant fur le confentement donné aux Pétitions par les Provinces, avoit équipé les Vaiffeaux & les Frégates exigées; il lui étoit par conféquent fort défagréable de fe voir dans la plus grande détreffe,lorsqu'il s'agiffoit de payer la iblde & les vivres, & comme le palTé ne promettoit rien de fort avantageux pour J'avenir, elle nous prioit de preffer auprès des Provinces Tacquit de leur contingent, faute de quoi ce Confeil feroit obligé de demander a être dispenfé de conftruire & d'équiper des Vaiffeaux. Vers ce tems-la les bruits d'une expédition de TEnnemi contre Ja Ville de FleJJingue fe réveillerent de nouveau: cette rumeur nous engagea a ordonner a TOfficier commandant k la rade cPHellevoetjluis d'envoyer quelgues Batimens k la découverte, pour reconnoitre les mouvemens de TEnnemi. Quoiqu'on ne put rienapprendre a cet égard, cesbruits continuerent toujours & cauferent beaucoup d'inquiétudes en Zélande, au point même, que non feulement le Général - Major van Dopffi fit venir fans notre participation un renfort de Troupes de Berg op-Zoom, quelque difficilement qu'on put s'en paffer dans cette Ville, mais que le Magiftrat de Middelbourg ordonna a Ja Bourgeoiüe de fe fournir au pJutót d'armes, de poudre & de plomb. Ces bruits engagerent aufli la Magfficrature de Zierikzêe a nous demander un renfort de trois Bataillons pour Tiïle de Schouwen; le Magillrat de FleJJingue propofa de fonger d'avance a un plan déterminé de dèfenfe en cas d'attaque. Enfin Jes Etats de Zélande dans une Lettre du 21 Février nous firent connoïtra leur inquiéttide fur Ja faciJité d'une invaGon dans 1'Iïïe de PValcheren, en demandant qu'on prit les mefures néceffaires pour couvrir cette Province, qui /usqu'aJors ne pourroit fe défendre que contre des Armateurs, des petits Batimens & empêcher tout au plus une defcente prévue; ils nous faifoient obferver qu'il falloit aufli mettre la Zélande a Tabri d'être atraquée par de gros Vaiffeaux, en détachant du Texel vers les rades de cette Province un nombre convenable de Vaiffeaux de ligne, qui en fe joignant avec ceux qui étoient équipés,ou qu'on équipoic encore, pourroient croifer en efcadre aux endroits les plus expofés. Plus nous défirons ardemment de pouvoir envoyer partout oü le befoin le requiert les fecours néceffaires, plus aufli nous regrettons d'être dans Timpuiffance de fatisfaire a tout ce qu'on exige, h tout ce qu'on demande de nous, & même a tous les befoins publics de TEtat. Q. Au  (ft) Au lieu de répondre a la Lettre des Etats de Zélande, nous crumes qu'il étoit plus -convenable, plus avantageux d'inftruire exactement de Tétat des chofes M. de Lynden de Blitterswyk, notre Répréfentant en Zélande. II fut donc chargé de communiquer nos intentions aux Etats de la Province, & de les affurer que nous latisferions a leurs défirs, autant qu'il nous feroit poffible. Dès le 24 du même mois nous avions ordonné au Vice-Amiral Hartjïnk d'envoyer a la première occafion au pertuis de Veere le Vaiffeau le Pbénix, & a la rade de FleJJingue les Corvettes VEfpion, rExpédition Sc la Marie Jeanne, après avoir fait donner a ces Navires les munitions & les vivres dont ils auroient befoin. Les Etats de Zélande parurent alors fatisfaits des ouvertures que leur donna notre Répréfentant, & ne femblerent point attendre ou défirer de notre part une autre rêponfe par écrit. Le Vice-Amiral HartJink fit favoir a tous les Officiers, aux Bas - Officiers & aux Matelots qui avoient eu pendant Thyver permiffion d'aller a terre, de fe rendre immédiatement après Je 8 Mars a bord de leurs Vaiffeaux, pour qu'on put préparer a tems tout ce qu'il falloit pour Véquipement. De notre cöté nous lui ordonnames de concerter avec Je Contre-JWnital van Kinsbergen les moyens d'enlever par quelques Erégates un Transport de 15?©o hommes de Troupes Hanovriennes, arrivé, felon nos informations, a Stade, d'oü il devoit partir dans peu de jours pour 1'Angleterre, efcorté par la Frégate VAriane: ajoutant qu'il nous feroit trés agréable de voir faire cette Campagne auffi glorieufement Sc plus titilement que la précédente. En conféquence le Contre-Amiral fe rendit le léndemain dans la riVière pour donner les inffruclions néceffaires aux Frégates VArgo Sc la Bellone, deftinées a cette expédition &pour Jes renforcer d'une oude deux Frégates, s'il étoit poffible de les équiper atems; iJdemanda a J'Amiraüté de vouloir fournir la poudre Sc les autres munitions néceffaires pour ces deux Vaiffeaux, Sc pour ceux qui arriveroient fucceffivement aü 'lexél. Pour fortifier ce détachement nous ordonnames Ie 3 Mars a J'Officier Commandant a la rade £'HellevoetJluis, de détacher vers la rade du Texel les Cutters le Lévrier Sc le Braque, en leur ordonnant de fe ranger fous les ordres de TÖfficier qui commandoit a cette rade, Sc qui les employeroit felon que le fervice de TEtat Texigeroit. . Cependant nous recumes plufieurs informations fur les projets de TEnnemi: elles portoient que Ie Convoi pour la Baltique partiroit de la NoiVe au premier bon vent après le premier Avril, avec les Vaiffeaux qui por-:  ( Ó3 ) portoient les Troupes Allemandes, Sc que Te? Anglois au roient dans % Manche vers la fin du même mois, 32 VailTeaux de ligne, 24 VailTeaux de $0 a 44 Canons, avec un petic nombre de Frégates; on ajoutoit que les Amiraux Drake, Rotham & Damherft étoient encore en quartier d'Jiyver; mais qu'il fe trouvoit & Portsmouth 18 VailTeaux de 50 & 10 de 70 Canons, qui croiferoient pendant Tétédans la Manche, outre 5 Frégates & 3 VailTeaux de 50 deftinés pour le Nord, mais qui ne feroient équipês au platöt qu'au mois d'Avnl. Selon Ie rapport d'un témoin oculaire il y avoit aüxDtwes 7 Vaiffeaux «ie ligne, Q Frégates, 4 VailTeaux armés de la Compagnie des Indes Orientales, 10 Cutters & 40 Navires Marchands: a Scheernefs il fe trouvoit deux VailTeaux de ligne, deux Frégates, un Vaiffeau en guerre (Batiment mitoyen entre le Vaiffeau de ligne & la Frégate) & trois Cutters. A ce nombre il falloit ajouter encore quelques Vaiffeaux qu'on attendoit, mais dont on ignoroit la deftination. Les P'üotes-Cótiers de Douvres fe préparoient a fe rendre a bord au premier ordre; on ne parloit point de Texpèdition de Flejfmgue. Les avis venus des Cótes de TEcoffe portoient qu'au Nord de 1'Angleterre on n'avoit vu prés de la cöte gue $ Frégates; on ne difoit rien eri E^offe d'un armement préparé a Leith. ■ Sur les Cötes de 1'Angleterre, a Deal, a Chatham, a Scheernefs Sc aux environs on ne trouvoit que la milice ordinaire, il n'y avoit aucunesTroü* pes raffemblées, ou ordres de donnés a cet eiFet. Le 12 Mars nous ordonnames aux Capitaines Dan Hoey & van Gen~ nep, qui montoient les Vaiffeaux le Prime Fridéric Sc PAmiral Tromp, de fe rendre au premier moment favorable devant Goedereede, Sc d'en. trer, fi les circonftances leur paroiffoient propices,au Texel, ou en Zélande, de s'y ranger fous les ordres de POfficier commandant a la rade, êc d'y attendre de nouvelles inftrucl:ions,foit de notre part, foit de celle du Vice-Amiral Hartfink. Nous leur envoyames ces ordres par VOfÈcier commandant a la rade d'Hellevoetjluis, en lui enjoignant de les tenir fecrets, Sc de prendre toutes les précautions néceffaires, foit en détachant quelques Navires a la découverte, foit d'une autre manière, pour ne pas laiffer éventer Yobjei de cette expédition, & pour prévenir ainfi la perte de ces Vaiffeaux, en dérobant a TEnnemi la connoiffance de leur fortie Sc de leur deftination. Cependant a notre grand regret nous effuyames les mêmes défagrémens Sc nous éprouvames les mêmes obftacles que ceux de Tannée précédente au fujet de la fortie du Vaiffeau le Prime Guillaume. En effet ce ne fut que le 10 Avril, & par conféquent un mois après fordre donné qu'on put Q 2 f  ( 64 ) y obéir. Des gens mai-intentionnés faifirent habijement cetté occafion, fi non, pour nous ajztaquer directement, & pour rendre de plus en plus notre adminiftration fufpedte , mais au moins pour répandre fourdement des bruits désavantageux fur le compte des Officiers nommés cideflus; bruits, dQflt ia faulfeté a été démontrée par plufieurs Atteftations formelles a tous ceux qui aiment la vérité dans cette République; on les trouvera parmi les Pièces Juftificatives fous les Nos. 34., 35,36,37 oc 38. Dès le commencement du mois de Mars plufieurs VailTeaux & diverfes Frégates avoient fucceffivement fait voile pour le Texel, favoir VAmphitrite, le Pbénix, P Union, le Sud-Beveland, l''Amiral Piet-Hein> le Zuileveld & la Princejfe Royale Frédérique Sophie Wilhelmine. On devoit radouber les VailTeaux /'Amiral- Général, PAmiral de Ruiter , le Prince Héréditaire, le Bat ave, la Princejfe Royale; le Glinthorfl & Dieren fe trouvoient encore dans la rivière pour y refter jusqu'a nouvel ordre. La Thétis & le Jafon devoient fortir au premier bon vent après le 27 Février, mais le tems ne leur avoit point encore permis de mettre a la voile. Le 19 Mars nous défignames les Contre-Amiraux van Braam & De» del, Tun pour commander a la rade du Texel, Tautre fur les VailTeaux du Vlie, en leur ordonnant au premier de fe trouver au Texel avant ie 25 Mars, & au fecond de s'y rendre auffitót que le Confeil de guerre afïemblé pour Je Contre-Amiral Binkes feroit fini, tous deux devoient arborer leur pavillon fur un des VailTeaux Gardes - Cótes j nous leur donnames les inftructions qu'on trouvera parmi les Pièces Juftificatives au ïsl0.39., & leur confiames, favoir au Contre-Amiral van Braam le Vaisfeau le Loo, les Corvettes le Renard, la Perche de mer & PHirondelle, & les Chaloupes Cötieres les trois Sceurs, le Jeune Pierre & la Dame Marguerite; nous rangeames fous les ordres du Contre-Amiral Dedel les Vaisfeaux Zwieten & Zuileveld■> les Corvettes la Pofte de mer, la Mouette de mer, la Renommée, la Mouette, le Brique, PEfpion & Ie Lévrier. Mais des tempetes continuelles dans le mois de Mars retarderent beaucoup Texécution du deiTein que nous avions d'accorder provifionnellement un Convoi pour les Indes Occidentales, & d'employer les Vaisfeaux, deftinés a escorter ce Convoi jusqu'a une certaine fiauteur, a Texpédition projettée pour Tenlevement des Troupes de Hanovre. Les Alleges chargés de munitions & d'inftrumens demeurerent trois a quatre femaines dans le Zuiderzée avant de pouvoir approcher des Vaiffeaux; les Cagues qui portoient Peau aux Navires eurent auffi beaucoup de peine a la décharger, tous ces contretems retarderent encore de plus d'un mois Tapprovifionnement des Vaiffeaux. Le  ( 65 ) . Le 20 Mars le Vice - Amiral Hartfink envoya au Capitaine Staring commandant de TEfcadre qui alloit fortir les inftructions qu'on trouvera ious le N°. 41. Le furlendemain il écrivit au Contre-Amiral van Braam de lbnger qu'j'1 faudroit peut-être donner un prompt fccours au Capitaine Staring, lors de fon retour, li Tennemi vouloit lui couper la retraite; qiTen conféquence on devoit tenir tous les Vaisfeaux qui fe trouvoient dans Ja rade & tous ceux qui arriveroient fucceffivement en état de mettre en mer au premier ordre, fans leur faire connoitre cependant Tobjet de ces préparatifs. Enfin TEfcadre du Capitaine Staring partit du Texel le 8 Avril; elle étoit compofée de la Frégate Argo que montoit le Commandant, dos Frégates Bellone, la Vigilante & Hoorn, des Senaux le Chajjeur & la Perthe de mer; le Convoi confiftok en 13 voiles Marchandës, escortées par les Frégates le Zéphir & VAmphitrite. Un Patron Marcliand gui arriva peu de jours après apporta la nouvelle d'un avantage remporté par cette Efcadre fur les Anglois, nouvelle gui nous remplit de joye, mais gue J'événement ne confirma point; en effet le 30 Avril on nous informa que les Navires detranfport,Ie Vaisfeau de Guerre Anglois & le Cutter, dont on avoit annoncé fausfement Ja prife, étoient tous arrivés fur le Véfer, oü dans peu de jours on devoit embarquer deux mille hommes pour TAngkterre; Nous communiquames auffitót cette nouvelle au Contre-Amiral van Braam, avec ordre d'en faire part au Capitaine Staring, fans lui enjoindre de revenir comme on Tavoit projetté. Nous ordonnames au Vice-Amiral Hartfink de conférer avec les Vice-Amiraux Reynft & de Byland (qui venoit d'arriver,comme nous le dirons bientöt plus au long) avec le Contre-Amiral van Kinsbergen & le Fiscal van der Hoop fur la né. ceflité de faire fortir un renfort pour TEfcadre. De ces délibérations il réfulta un ordre pour le Contre-Amiral van Braam de faire préparer en filence les Vaisfeaux Amflcrdam, le Prince Frédéric, V Union, le Tromp, le Sud-Beveland & les Frégates la Thétis & le Dauphin; le Vice-Amiral de Byland & le Contre-Amiral van Kinsbergen fe rendirent le 1 Mai dAmfierdam au Texel, en partant a Ia pointe du jour dans Tintention de mettre d'abord a la voile, & de laisfer au Capitaine Staring, s'ils lerencontroient,deux gros Vaisfeaux & deux Frégates, de retourner enfuiteau Texel avec les autres Vaisfeaux pour nepas trop charger TEscadre; mais le vent qui étoit favorable le 30 Avril changea totalement&renditdèsle 1 Mai la fortie impoffible: le Jendemain TEfcadre du Capitaine Staring arriva devant le Texel, elles'étoitféparéele 18 Avril du Convoi, qui avoit pourfuivi fa route en bon état; quant a elle les R vents  C 66) vents contraires Favoient empêché de remplir les autres objets de fa miffion. Le Vice-Amiral de Byland leva une ancre le 3 Mai, ainfi que les Vaisfeaux a fes ordres, pour mettre en mer le lendemain de bon matin, jour oü il attendrok nos ordres au fujet du retour de TEfcadre. 11 comptoit faire rentrer dans le port les Vaiffeaux qui auroient befoin d'être ravitaillés, & demeurer enfuite en croifière pendant huit jours, pourvu que les informations qu'il recevoit de TEnnemi nHellevoetjluis, felon les inftruétions qu'on trouvera auN°.4.2. Comme il eut été impardonnabledenégliger Toccafion de raffemblerau Texelles Vaiffeaux des Etats avant Ja fortie de la Flotte Ennemi, le 28 nous ordonnames a cet Officier de faire avancer au plutót Ie Vaiileau le Kortenaorvers le port de Goedereede,pour aller de la au Texel, lorsque les circonftances le permettroient & qu'il auroit a bord le Pilote-Cótier que le Vice-Amiral Hartfink avoit ordre de lui envoyer; arrivé au Texel, ce Vaiffeau devoit fe ranger fous les ordres du Vice-Amiral. Nous lui enjoignirnes qu'au cas que ce Vaiileau fe trouvat dans Timpoffibilité de mettre en mer, il affemblat un Confeil de guerre & qu'il nous envoyat par éerit l'avis de tous les Membres qui le compoferoient. En conféquence le Vice-Amiral Pichot détacha le Kortenaar vers la rade de Goedereede, & felon fon rapport du 3 de Mai il efpéroit le voir entrer en mer ce jour la même: mais on neput y réuffir; d'ailleurs comme felon fes informations on avoit appercn dans la mer du Nord des Vaiffeaux, que Ton croyoit Anglois, il n'ofa point expofer ce Vaiffeau feul fans de nouveaux ordres. U parut dans la fuite cependant que ces Vaiffeaux fignalés formoient vraifèmblablement TEfcadre du Capitaine Staring, qui reto;urnoit au Texel. rl 2 Aprè's  ( 68 ) Après la réception du rapport du Vice-Amiral P/V/^ nous crumes devoir confulter fur ce fujet le Lieutenant-Amiral van Waffienaar, le ViceAmiral Zoutman, le Sécrétaire van der Hem & le Fiscal «wder Hoop; nous entrames en conférence avec eux en préfence du Confeiller Penfionnaire van Bleiswyk. Le réfultat de cet entretien nous obligea a donner le même jour ordre au Vice-Amiral Pichot de ne point faire partir Kortenaar, fans avoir recu de nouvelles informations par les Navires qu i enverroit a la découverte; s'il ne paroiffoit point d'Ennemis il devoit exécuter les ordres que nous avions donnés précédemmentpour la fortie; nous aputames que les Vaiffeaux fignalés nous paroiffoient être ceux qut venoient d'arriver fous les ordres du Capitaine Staring. II étoit poffible néanmoins que nous nous abufaffions a cet égard. Ceft pourquoi nous communiquames au Vice-Amiral Hartfink, Ou en fon abfence au Vice-Amiral Comte de Byland les informations du Vice-Amiral Pichot, en lui ordonnant de fortir avec tous les Vaiffeaux qu'il pourroit raffembler, excepté ceux qui étoient deftinés a renforcer 1 Efcadre du Capitaine Staring, de tacher d'enlever les Vaiffeaux Anglois dont parloitle Rapport, & de faciiiter enfuite Ia jondion des Vaiffeaux de Zélande avec Je Kortenaar de la Meufe. 11 devoit pour cet effet aller croifer devant Goedereede a la hauteur de Zélande & arrivé prés de cette première rade détacher un petit Batiment au Vice-Amiral Pichot, pour 1'avertir de faire fortir le Kortenaar; il devoit fe conduire de même avec le Vice-Amiral Vis, lorsqu'il fe trouveroit a la hauteur de Zélande, afin que cdui-ci mit en mer les Vaisfeaux en état de fortir. Les inftrucYions des Vice-Amiraux Hartfink ou Comte de Byland portoient encore de ne point compromettre le Pavillon de 1'Etat contre des Forces fupérieures; mais de fe retirer plutot dans un des ports de la République, cependant il ne devoit pas laiffer échapper 1'occafion de fe battre contre une Efcadre égale ou inférieure a la fienne, mais faifir toutes les occafions oü il pourroit, avec quelque efpérance de réuffite, caufer du dommage a TEnnemi. Enfin, comme on ne pouvoit donner d'ordres ultêrieurs, que les circonftances feules devoient faire naïtre, nous ordonnames a ces Officiers de retourner devant le Texel auffitöt que la jonction des Vaiffeaux de Goedereede & de Zélande fe feroit effeduée, de nous donner avis de leur arrivée par un exprès, & dattendre de nouvelles infiruéïions. Le Comte de Byland ayant recu nos deux Lettres du 4 Mai, nouSi communiqua fes intentions; il fe difpofoit a faire voile pour Goedereede & pour la Zélande & a y exécuter nos ordres felon que les circonftances le permettroient: après quoi il devoit détacher quelques Vaiffeaux poutle Vèfer, s u jugoit cette expédition pms ou moms praLu<-*ujC mais  (69) mais il nd croyoit pas devöir commencer par cette dernière opération» qui aiToibiiroit inutiiement le refte de TEfcadre, fans hi donner 'a lui même les forces néceffaires pour Tentreprendre avec fuccès. Ce Projet réuffit quant a la jon&ion du Vaiffeau k Kortenaar, Sc des Cutters le Lévrier & VAlerte qui mirent en mer le 9 Mai, Tans avoir rencontré un feul Vaiffeau Ennemi. Les vents du Sud ayant empêchés le Comte de Byland de faire voile pour Ja Zélande, il réfoJut de concert avec le Contre-Amiral van Kinsbergen de retourner avec TEscadre au Texel, pour mouiller provifionnellement devant cette rade avec un vent d'Eft; mais le vent étant devenu contraire, il rentra au Texel, en laisfant en croifière pour une Jiuitaine de jours le Prince Héréditaire, le SudBeveland, la Thétis & le Chajfeur, efpérant que ces Vaiffeaux rencontre^ roient peut-être le Tranfport du Véfer. Heureufement TEscadre étoit rentree le li Mai-, le 14, fuivant il fe répandit ici la nouvelle de Tapparition d'une Escadre Ennemie dans Ja mer du Nord; elle conffftoit Telon le rapport qu'en a donné depuis Je Lieutenant Peterfon, qui Vavoit obCervée a une demie lieue de dillance, cn deux Vaiffeaux a trois ponts, onze gros Vaiffeaux de ligne, deux Frégates, un grand Sc cing petirs Cutters. Toutes les Forces Navales de la République gu'on pouvoit rasTembler alors dans la mer du Nord n'auroient pu tenir tête a cette Escadre, qui ne faifoit cependant qu'une foible partie des Forces de TEnnemi. L'on étoit par conféquent fort inquiet fur le fort des Vaisfeaux que le Comte de Byland avoit envoyé pour quelques jours en croifière, mais bientót nous eumes la fatisfaction d'apprendre qu'ils étoient tous arrivés a bon port dans le V/ie; cependant d'abord la nouvelle requë de Tapparition de ces forces Ennemies, nous avions envoyé cinq Pinques a nos Vaisfeaux en croifière Sc a ceux qui avoient ordre de venir de Zélande au Texel, en ordonnant a TOfficier qui commandoit dans les parages de cette Province de ne point les faire fortir (fur ces entrefaites la Frégate Brunszvyk arriva heureufement au Texel) nous avertimes auffi le Vice-Amiral Vis Sc le GénéralMajor van Dopffid'être fur leurs gardes; nous ordonnames au ContreAmiral van Kruyne & au Capitaine Rauws de retourner en Zélande s'ils en étoient déja partis, ou bien de mouiller a Goedereede fi Toccalion leur en paroiffoit plus propice. Enfin le Vice-Amiral Hartfink recut ordre de prendre de concert avec les Officiers fupérieurs qui fe trouvoient préfens les mefures les plus falutaires au fervice de TEtat, foit pour demeurer dans le Port & y attendre TEnnemi, fi fes forces étoient fupérieures a celles de la République, foit pour aller a fa rencontre 6c effayer de le repouffer, fi le nombre de fes Vaiffeaux n'étoit pas auffi confidérable, qu'il y avoit apparence: comme il nous étoit impoffible de donner des ordres précis dans cette occurrence, il falJut nous en repofer fur Thabileté 6c Texpérience des Officiers fupérieurs; nous recommanda- S mes  ( 7° ) fries néanmoins au Vice Amiral Hartfink & au Contre-Amiral Dedel de communiquer cet avis aux VailTeaux qui étoient reTtés en mer. Auflitöt que nos autres occupations nous le permirent, nous jugeajnes qu'il étoit de notre devoir de nous rendre au Nieuwe Diep pour accélérer les difpolltions qu'on jugeroient néceffaires dans les circonllances préfentes: Nous y fumes déterminés Turtout par Tavis que nous avions recu de Tapproche de TEnnemi, qui s'étoit préfenté a diverfes repries devant le Vlie, comme s'il méditoit une attaque fur la Cöte. Le Contre-Amiral nous fit rapport que les manoeuvres de TEnnemi devant le Vlie paroiffoient indiquer quelque deffein contre cette rade:nous lui ordonnames fur Ie cbamp de faire tous fes efforts pour en difputer Tentrée aux Anglois. Nous lui permimes d'enlever lesbalifes, de renverfer les fanaux, & d'ert prévenir les Navires Marchands de Ia K épublique,de même que ceux des Nations neutres, ou des peuples actuellement en guerre comme nous avec TAngleterre, d'envoyer pour cet effet des Chaloupes Cótieres a tous ces Batimens, & d'obliger même a ce fervice les Pilötes qui refuferoient de s'y prêter. Le 2? Mai nous convoquames un Confeil de guerre compofé des ViceAmiraux Hartfink, Reynft & Ie Comte de Byland, des Contre-Amiraux van Braam & van Kinsbergen ,des Capitaines van Gennep, Kaders, Pruyft, & E. C. Staring, en préfence du Baron cle Boetzelaar, Seigneur de Kyfhoek & du Eiscal van der Hoop. Défirant vivement de voir nos Marins faire face a TEnnemi, nous de-< mandames a quei ufage ce Conieil croyoit qu'on pourroit employer les Vaiffeaux? On répondit unanimement que tant que TEnnemi demeurem roit devant la Cöte on ne fauroit entreprendre aucune opération: mais qu'auffitöt que les Anglois feroient rentrés daus leurs différens ports, & que leurs forces feroient ainfi dilperfées, nos Vaiffeaux pourroient fortir, & fe mettre en croifière entre Ia Manche & Ie Texel, felon les circonllances , qu'alors on couvriroit les Convois pour les deux Indes & Ia Baltique, & qu'en attendant les Navires Marchands continueroient a mouiller devant la rade jusqu'a ce que TEscadre trouvat Toccafion de les faire paffer. On obferva cependant qu'a coup fur Tinftant le plus favorable pour commencer les opérations & pour faire fortir les Convois, feroit celui oü une Escadre Francoife, ou bien une Divifion des Flotes Francoifes & Efpagnöles combinées feroit une diverfion dans la Manche, & forceroit ainfi TEnnemi a renoncer a fes projets. Comme il n'étoit point expediënt néanmoins d'attendre après cette diverfion, on convint de faire fortir Ie Convoi ainfi que TEscadre pour croifer dans la mer du Nord, auflitöt que la Flote Angloife auroit repris la foute de fes Ports; d'après ce  ( 7i ) ce plan on nous pria & nous nous chargeames de dépêcher les inftructions nécelTaires pour les Convois, afin que TOfficier Commandant put les diftribuer felon les informations qu'il recevroit, de donner ordre que les VailTeaux Zierikzée, Goes, Schiedam Sc la Frégate le Jafon vinffent au Texel immédiatement après le départ de Ia Flote Ennemie, n'allatelie même que jusqu'aux Dunes; nous lailTames a TOfficier qui commandoit la Flote la difpofition de ces Vaiffeaux, qu'il pourroit felon fa prudence faire entrer au Texel, ou lailfer devant la rade pour les joindre au Convoi. Le Lieutenant-Amiral van Waflenaar Sc le Vice-Amiral Zoutman fe conformerent a cette Réfolution, qui fut auffi approuvée par LL. HH. PP. auxquelles nous eumes Tlionneur d'en donner ouverture en fecret. II auroit été trés fort a défirer que la Flote combinée des Francois & des Eipagnols eut pu paroitre plutot dans la Manche, foit pour prévenir 1'arrivée des Anglois, foit pour les forcer a quitter la mer du Nord, ce qui nous auroit permis de détacher une partie de TEscadre pour aller enlever le Convoi des Troupes Hanovriennes, escorté fimplement de trois Frégates, dont rme de 40 & deux de 36 Canons. Mais nos Forces étoient bien ïnférieures k celles de TEnnemi; fAr-' ïnée Navale de la République au Texel confiftoit en 1 Vaiffeau de 74 Canons. 5 de 64 S de 5*4 1 de 40 • 2 de 36 3 de 24 2 Cutters au Vlie. 11 n'y avoit qu'un feul Vaiffeau de 64. qu'on ne jugeoit pas d'état d'entrer en ligne, 1 de £4, 3 Gardes-Cötes de4.4, 4 de 36, 1 de 24 & 1 de 16 Canons, Sc trois Corvettes. L'Escadre Ennemie dans la mer du Nord étoit feule plus confidérable; mais a forces égales même, n'eut-il pas.été de la dernière imprudence d'expofer toute la Marine de la République a 1'aurore de fa renaiffance contre une partie feulement des Vaisfeaux de TEnnemi ? furtout quand on confidère le peu d'expérience des équipages & d'un grand nombre d'Officiers fubalternes dans la manoeuvre, Sc prindpalement au moment d'une aclion: d'ailleurs les maladies infefioient les Vaiffeaux, au point que fur un feul Navire le nombre des malades avoit augmenté de 8 perfonnes en deux jours, fur plufieurs autres on en comptoit cent-cinquante Sc au déla. Néanmoins auffitöt que nous recumes la nouvelle du départ apparent de la Flotte de Lord Howe, qui alloit fe rendre dans la Manche, S 2 pour  ( 72 ) pour fe joindre devant Brefl a celle de TAmiral Kempenfeld, & que nous apprimes que TEscadre de Sir Lokbart Rofs, qui confiftoit en 2 Vaisfeaux de 80, 4 de 64., & 3 de 60 Canons fe trouvoit encore aux Dunes, nous ordonnames (Ie 6 Juin) au Contre-Amiral Vis, d'envoyer a Ja découverte quelques Batimens légers montés par des perfonnes de confiance, & s'il pouvoit s'alTurer que TEnnemi n'étoit plus dans la Mer du Nord, ou qu'il fit route pour la Manche, de faire partir pour le Texel le Contre-Amiral van Kruyne, qui commandoit le Zirikzée, ainfi que Jes VailTeaux Goes, Schiedam & la Frégate le Jafon, au premier vent de Sud-Eft, qui fouffleroit de TE. S. E. jusqu'au Sud, & des Rumbs intermédiaires. En arrivant au Texel Je Contre-Amiral, devoit en donner avis au Vice-Amiral Hartfink, & lui demander fes ordres pour entrer au Texel, ou pour mouiller a la Rade en attendant le Convoi; nous avions recommandé au Vice-Amiral Vis de donner a cette Divifion la Goëlette le Dauphin, avec tous les petits Batimens dont il pourroit fe pafler, de prendre enfin toutes les précautions imaginables pour cacher a TEnnemi la fortie de ces VailTeaux, & pour en préveair la perte. Le même jour nous donnames connoiffance ó\t ces dispofitions au ViceAmiral Hartfink, avec ordre de les communiquer aux Officiers Supérieurs: qui fe trouvoient au Texel, & d'envoyer les Cutters & d'autres Batimens légers a la découverte pour s'aiTurer fi TEnnemi ne paroiffoit plus, & s'il prenoit réellement la route de la Manche; afin de faire fortir alors, confbrmément a Ia Réfolution du Confeil de guerre énoncée plus Jiaut, Ie Convoi & les VailTeaux qu'on ne deftinoit pas a refier dans le Vlie comme Gardes-Cötes, & de joindre ainfi les deux Escadres; enfin de détacher Ta Frégate le Phénix pour aller en Zélande fe ranger fous Jes ordres du Vice-Amiral Vis. Dans une Lettre écrite de notre main,nous ajoutames a tout ce qui précede ces propres mots: „ Si vous pouvez „ fortir en toute fureté, ce que je prie Dieu d'accorder au plutöt, je „ ne faurois vous donner d'autres inftructions que celles ci; tachez de „ caufer a TEnnemi tout le dommage poffible, de prendre, de brüJer & de détruire fes Vaiffeaux, felon les circonfiances, de demeurer mai„ tre de la mer du Nord, de foutenir en toute occafion Thonneur du „ Pavillon des Etats, de faire escorter par deux VailTeaux & quelques „ Frégates les Navires Marchands deftinés pour la Baltique, de cher„ cher a Drontheim les VailTeaux des Indes & de les conduire dans les „ Ports de Ia République. Faites escorter, fi cela fe peut fins trop ris„ quer, le Vaiffeau deftiné pour la Chambre de Zélande. Protégez „ contre les Anglois les Navires appartenant aux fujets des Puiffances „ qui font comme nous en guerre avec la Grande-Bretagnc prévenez „ tout ce qui pourroit donner de juftes raifons de fe plaindre aux Puis„ fances Neutres, maisenleve* cependant tous les Vaiffeaux chargés „ de  i 73 ) A de contrebande autant que Je permettënt les Traités qui rubCftênt „ entre LL. HH. PP. cc ces Etats; en un mot conduifez vous avec „ courage, prudence & circonlpection". Pour faire exécuter ces ordres avec la plus grande célérité, nous expédiames le même jour au Contre-Amiral Dedel une inftruclion qui autorifoit le Capitaine Bouritius a fortir, il ne devoit cependant la lui remettre que d'après une nouvelle permifiion du Vice-Amiral Hartfink. Nous envoyames de même des inftruélions au Contre-Amiral van Kruyne, ou a TOfficier qui cornmandoit en fon abfence TEscadre dellinée pour Jes indes Occidentales, ainfi qu'aux Capitaines Pruyft & Sc/s, a Tégard de leiir expédition pour Je Cap'. Le lendemain 7 Juin le Vice-Amiral Hartfink nous répondit \ que la veille dans Taprès midi on avoit vu. de nouveau de Kykcluin, ainfi que de tous les Vaiffeaux, la Flote Angloife forte de 15 voiles &, de. 4. Cutters; qu'elle étoit encore le foir devant notre avant-garde, & que ce jour-la on en avoit appercu ? Vaiffeaux dii Texel. „ Hier, ajou„ toit-il, ils fe trouvoient tous en panne fous le grand hünier, deforte ,, qu'jJs n'avancoient pas fenfiblement., mais Jeurs manoeuvres indi- quóient d'autres deffeins. AufTi ne tis-je point alluiaep cette müt lei „ fanaux de Kykduin, & j'ai concerté ce matin avèc le Magifirat du „ Helder plufieurs mefures pour faire enlever une partie des Balifès.. ,, 11 feroit trés difficile & peu expediënt de fortir dans ce moment, vu ,; la multitude de malades, puis qu'on en compte plus de cent fur cha„ que Vaiffeau. Au refte la maladie n'eit point contagieufe ni dange- reufe, elle ne provient que du mauvais tems qu'on reffent. Le Capitaine Frykenius (deliiné pour les Indes Occidentales) n&ft poinc. „ arrivé a la rade avec la Frégate Enkhuifen; —■ celle du Capitaine „ Raidt, deliiné pour la même expédition > n'eft point en état aéhielle„ ment dé mettre en mer, vü' le nombre de fes malades & la difette' 3, d'équipage qu'il éprouve". Sel'on le Rapport du Contre-Amiral Dedel du iö Juïnf il y avoit prés de djo malades fur les Vaiffeaux du Vlie, & fuivant celui du ContreAmiral van Braam en date du même jour, il s'en trouvoit au Texel 1398. Comme la Flote Ennemie ne s'étoit point montrée du 7 au 12, Ie Vice-Amiral Hartfink envoya a la découverte une Chaloupe de PiloteCötier, & prit toutes les précautions néceffaires pour pouvoir exécuter nos ordres, fans s'expo'er a recevoir quelque échec confidérable, ou k perdre les Vaiffeaux, du fort desquels dépendoit le falut de la République. Mais felon les rapports des Navires expédiés revenus le 19 Juin,qui furent. confirmés par les Vaiffeaux Marchands, entrés dans Tintervalle, TEscadre Ennemie forté de 12 voiles fe tenoit toujours a la hauteur du Vlkl T Ênfin  ( 74 > Enfin a la nouvelle de la fortie de la Flote Francoife & Efpagnole dts port de Cadix, on commenga a efpérer que TEnnemi fe retireroit de la mer du Nord. Nous communiquames cette nouvelle au Vice- Amiral Hartfink, avec ordre de mettre en mer s'il étoit polTible & de raiTembler les VailTeaux difperfés, ou bien de convoquer un Confeil de guerre, & de nous faire parvenir les avis de fes Membres, avec un expofé des raifons qui pourroient s'oppofer a Texpédition. «Le même jour nous ordonnames au Contre-Amiral van Kruyne (auquel nous avions provifionnellement déféré le commandement des Vaisfeaux de Zélande) d'envoyer de nouveau quelques Batimens légers avec des gens de confiance pour obferver les mouvemens de TEnnemi; Sc fi les rapports étoient favorables de mettre en mer avec les Vaiffeaux Zierikzée, Goes, Schiedam Sc le jfafon,-accompagnés de quelques Corvettes ou autres Navires, pourvu que Tétat des VailTeaux permit Vexpédi* tion,. en effet la maladie avoit fait des progrès fi confidérables, que des quatre Batimens un pouvoit a peine fortir. Nous lui enjoignimes encore , que fi le Contre-Amiral Fis n'étoit pas rétabli, il remit le commandement dans ces parages au plus ancien Capitaine préfent. Mais il ne put pas exécuter nos ordres a Tégard du Vaiffeau qu'il montoit h caufe du défaut de monde, que rien n'avoit pu faire ceffer, au point qu'il lui manquoit encore plus de 80 hommes. II fallut donc nous contenter de lui recommander de faifir la première occafion qui fe préfenteroit pour. faire voile vers le Texel, ou du moins pour y envoyer les Vaiffeaux qu'il avoit fous fes ordres, pourvu que la nouvelle du départ de TEscadre Ennemie, qui s'étoit répandue le 29, fe confirmat, ce qu'il devoit ta-. cher de vérifier en détachant des Corvettes aufli fouvent que ce'a feroit néceffaire. Nous communiquames la même nouvelle au Vice-Amiral Hartfink. Celui-ci nous avoit envoyé le 2? un Avisou une Réfolution trés étendue du Confeil de guerre, con tenant les raifons qui engageoient tous les Membres adéclarer unanimementqu'jlièroit trés imprudent de faire fortir TEscadre, quoique cette Réfolution ait déja été prife fous les yeux de LL. HH. PP. nous croyons cependant devoir la placer parmi les Pièces Juftificatives, fous le N°. 43- Nous lui ordonnames de nouveau de fortir, de fe joindre aux Vaisfeaux du Vlie Sc de Zélande, & d'exécuter les autres articles de fon inffruclion, pour peu qu'il lui parut poffible Sc avantageux de le faire. Le même jour (20 Juin) nous lui fimes tenir le.LloydsLi/l, par oü il paroiffoit que TAmiral Rofs étoit encore le 24 aDeal avec fon Escadre: nous lui envoyames en même tems l'avis des Confeillers Sc desMinifires préfens des Amirautés, Avis qu'on trouvera fous le M°.44. Sc d'après lequel nous lui enjoignimes d'entrer de nouveau en conférence avec leg Officiersfupé»; rièurs qui fe trouvoient au Texel, Sc d'examiner enfemble s'il y avoit moven  ( 75 ) moyen d'effeduer nne jonclion avec les VailTeaux du Vlie, Sc même avec ceux de Zélande, ainfi que de faire fortir Tun & Tautre Convoi, nous laiffames cependant la manière d'exécuter ces articles a fa prudence Sc q fon habileté. Le Confeil de guerre perfifia a foutenir que la fortie de Ia Flote étoit impracYicable, tant que la Flote combinée n'auroit point paru dans ia Manche, Sc que la grande Flote Angloi e ne feroit point partie; il croyoit cependant qu'on pourroit hafarder un engagement contre TEscadre de TAmiral Rofs, lorsque celui-ci reparoitroit dans la mer du Nord; mais jusqu'a ce tems ja il déconfeilloit hautement de faire fortir la Flote, ne fut-ce feulement que pour quelques jours, Sc pour Ja joindre aux Vaisfeaux du Vlie, Les raifons qui déterminerent le Conleil de guerre a s'expliquer ainfi fe trouveront dans la Réfolution inférée parmi les Pièces jufiificatives fous le N°. 4.?. Les Confeillers Sc les Miniftres prèfens des Amirautés remarquerent néanmoins dans un Avis qu'on trouvera fous Ie N°4Ö ,que le cas, oü le Confeil de guerre avoit jugé lui même qu'on pourroit mettre en mer, Sc tenter les hazards de la guerre exiftoit acluellement, par des circonftances que ce Confeil avoit ignorées & qui n'avoient pu influer fur fon Avis,pour y admettre les modificationsque ces Députés croyoient a préfent néceiTaires, Sc qu'ils venoient d'aéopter dans le leur. En conféquence le 5 juillet nous donnames au Vice-Amiral Hartfink les inftructions calquées iur le nouvel avis des Députés de TAmirauté, qui furent préalablement approuvées Sc confirmées par LL. HH. PP. La yejlie même, comme nous Tavons dit plus Jiaut, Ie Vice-Amiral avoit appris p'ar nous la nouvelle de la retraite d'une grande partie de TEscadre Angloife,& cette nouvelle avoit convaincu les Officiers, qu'on' étoit précifemént dans le cas de mettre en mer. Auffi, d'après nos inftrucb'ons en date du même jour, le Vice-Amiral prépara tout pour Texpédition. II fit venir du Vlie au ïexel les Vaisfeaux des Capitaines van Braam, Bouritius, Dekker Sc Vaillant, perfuadé avec le Vice-Amiral de Byland Sc le Contre-Amiral van Kinsbergen, qu'il ne falloit point laiifer échapper Toccafion de fortir, mais plutöt ras« fembler toutes les forces, équiper les VailTeaux auxquels il manquoit du monde en les complétant avec des Matelots tirés des Navires, dont Téquipage étoit le moins avancé; tacher de prévenir les inconvéniens qü'entraineroit un trop grand nombre de malades & profiter des circonftances pour faire palfer les Vaiffeaux des deux Indes fous Tescorte des Capitaines Raders, Bouritius, Pruyfl Sc Seis. Mais il étoit impoffible de renforcer ce Convoi du Vaiffeau Zierikzée Sc de la Frégate la Bellone, qu'on y avoit deftinés, rant a caufe de leurs malades & du monde dont ils manquoit; que de la difette de Bas-Officiers; d'ailleurs on ne vouloit T 2 pas  ( ?6 ) pas expöfer les nouvelles levées de Ia Bellonê a Ia maladiè qni infeftoit cette Frégate; enfin les Officiers jugerent qu'il feroit imprudent de perdre le tems a attendre les VailTeaux non équipés encore, ou bien a vouloir opérer la jonclion avec ceux de Zélande. Cependant pour faciliter cette jonélion nous ordonnames le 5- Juillet au Vice-Amiral Hartfink de communiquer fecrettement aux Officiers commandant fur les Cötes de Zélande &au Vlie les rumbs de laBouffole qui lui paroiffoient favorables pour fortir. Deux jours après nous lui donnames avis de farrivée de Ja Flö'te combinée a la hauteur d'Oueffant,ma\s comme nous nous y attendions, TEscadre avoit déja mis en mer: Dans une Jettre en date du même jour, le Contre-Amiral nous informa de la fortie des VailTeaux 1'Amiral Général, Amfierdam, le Prince Frédéric, le Kortenaar, VAmiral de Ruiter, V Union, VAmiral Tromp, la Princejfe Royale Frédérique Sopbie Wilhclmim, le Batave, le Rbynland, le Glinthorfi, le Palias, VArgo, le Brunswyfc, le jfafon & Floorn, accompagnée des Cutters VAjax, le Braque &ö ï Alerte, 8 Vaiffeaux des Indes Ovientales, & trois Armateurs. Aü Texel il n'étoit re/Ié que Jes VailTeaux fuivans' — La Bellone du département de la Meufe,qui avoit 48 malades, &quï manquoit 24 hommes. Le Phénix, deftiné avec VExpédition pour la Zélande, mais que le Vice-Amiral Hartfink n'avoit point ofé détacher feul, paree que la Flo: te ne devoit point palfer a la hauteur de cette Province. La Vigilance, dont une partie de Téquipage avoit été placée h berd dii Rbynland, La Vénus, qui manquoit encore beaucoup de monde. HExpéditfon. HHirondelte. Le Piet Plein avoit peu d'équipage a bord, ayant cédé 14 hommel au Rbynland, 54 * la Princejfe Louije & 19 au Vaiffeau Höpital. Toujours animés du défir de fortifier TEscadre qui venoit d'appareiller,nous donnames ordre au Contre-Amiral vanKruyne (que s'il ne pouvoit fortir lui même, ni TAmirauté de Zélande faire ceffer la difette d'équipage qui Tarrêtoit au port) il détachat au moins vers la Flote les Vaiffeaux Goes, Schiedam & la Frégate le Jafon, avec la Goè'lette le Dauphin, ou quelque autre Batiment léger, au premier bon vent qui' foulfleroit entre le Sud & TEff; qu'il envoyat la Goè'lette a la découverte, pour apprendre du Contre-Amiral van Braam, oü celui-ci cron reit*  ( 77 ) roit qtfon trouveroit la Flotte, & pour lui donner connoiffance des ren^ contres qu'on auroit faites en mer, afin qu'on put juger d'après ce rapport, s'il étoit expédient de faire partir la Frégate le Phénix pour Ia Zélande. Nous communiquames ces inftrucYiOns au Contre-Amiral van Braam, avec ordre de ne faire partir le Pbénix & VExpédition pour Ia Zélande, que lorsqu'on feroit fur du départ de TEnnemi & qu'on n'auroit plus rien a craihdre de ce cöté-lk. Pour le refte de ces inftructions, nous renvoyons aux ouvertures que nous donnames a LL. HH. PP. Je p Juillet touchant Jes difpofitions & les arrangemens concertés pour Vexécudon de nos ordres du s du même mois entre les Vice-Amiraux Hartfink & de Byland, & le Contre-Amiral van Kinsbergen, & nous nous référons aux pièces communiquées alors a LL. HH. PP. & qu'on trouvera fous les N0.3 4.7, 4.8, 4.9, ainfi qu'a une Lettre que le Vice-Amiral Hartfink nous adreffa, & la copie d'une autre de fes Lettres a TOfficier commandant au Vlie; Lettre qui accompagnoit les inftructions óonnées au Capitaine Ryneveld, ou au plus ancien Officier qui commanderoit le Convoi pour la mer Baltique. D'après toutes ces pièces qui n'ont pu être écrites avec Vmtention de les faire fervir d'apologie a notre direction fi cruellement compromife, qu'on juge de ce qu'il faut penfer de ces accufations indirecles, de^es foupcons offenfans répandus dans le public avec le coupable deffejn de lui perfuader que les Officiers Généraux, que les Commandans des Vaisfeaux n'avoient recu jusqu'ici aucun ordre pofitif de faire du tort k TEnnemi. Mais ces Pièces prouveront encore d'une manière inConteftable qu'avec lineMarine auffi foible que Ta été jusqu'a préfent celle de la République, il étoit impoffible de protéger convenablement tous les objets qui avoient befoin de protection. A Tappui de cette dernière vérité vient la Propofition que les Députés deFleJfingue porterent le 1 Juillet a TAffemblée des Etats de Zélande. Us y communiquerent que depuis plufieurs jours une Frégate Angloife avec deux Armateurs fe montroient continuellement devant les Cótes de Tlfle de Walcheren, vraifemblablement pour erapêcher Tentrée & la fortie des Navires & des Corfaires; ils demandoient s'ils neconviendroit point d'entrer en conférence avec quelques Députés du Confeil de TAmirauté, pour concerter les mefures propres a repoulfer une infulte auffi atroce, & qui montroit le mépris le plus dédaigneux pour les Torces de TEtat; ce qu'il leur paroiffoit d'autant plus facile a exécuter, qu'il fe trouvoit actuellement a la rade de FleJJingue un nombre affez confidérable de Vaiffeaux & de Frégates. V Cetff  ( ?8 ) Cette Propofition nous ouvriroit un vafte champ a des réflexions de tout genre, fi nous n'avion3 pas fermement rélolu de nous abftenir, tant qu'il fera poffible, du droit bien légitime, d'imiter la conduite qu'on tient a notre égard; mais nous voulons éviter jusqu'aux expreflions qui pourroient être défagréables aux différens Membres de 1'Etat, & qui paroitroient fentir le reproche ou indiquer 1'intention d'offenfer 1'un ou 1'autre d'entre eux. Kous ne nous permettrons que cette feule obfervation: Lors qu'on fit cette Propofition, la mer du Nord étoit couverte d'nnefoule de gros Vaisfeaux Ennemis, dont une partie eut luffi pour fe rendre maïtres de ceux de 1'Etat qui manquoient de monde, ou qu'on avoit defiinés a des objets de Ia plus haute importance. A quoi ne fe feroit on pas expofé en ne confultant qu'un reffentiment bien peu raifonné? Pour repoufler des Vaiffeaux qui venoient provoquer la Flotte, onrisquoit d'attirer fur foi toutes Jes forces de 1'Ennemi, on perdoit de vue lavéritable deftination de TEscadre, & ceJa dans un tems, oü tous les Officiers de haut bord, oü les Députés des Amirautés avoient unanimement décJarés, qu'il ne falloit point Jonger a entrer en mer, fut-ce même avec toutes les forces de TEtat, tant que TEscadre Ennemie n'auroit point difparue. Enfin & Texpèrience ne confirme que trop aujourd'hui cette rêflexion," pour bien juger de Ja conduite d'un homme, furtout lorsqu'on croit la trouver répréhenfible, n'eft-il pas néceffaire d'être informé a fond des circonftances oü il le trouve, ne faut-il pas les confidérer dans leur enfemble, & dans la liaifon naturelle qu'elles ont entr'eJJes, fans cette connoiffance & cette retenue ne s'expofe-t'on pas a une précipitation imprudente, ridicule, & fouvent trés injufte? Mais revenons k la Flotte des Etats: La Frégate Enkbuyfen, commandée par Je Capitaine Frykenius ne fut entièrement équipée & ne put venir mouiller au Texel qüe Ie 12 Juillet. Nous ordonnames de Ja faire fortir au plutöt pour chercher Ia FJote, fans attendre les Vaiffeaux de Zélande-, le 16 elle mit en mer, le même jour les Frégates laConcorde, le Dauphin & le Loo arriverent du Vlie a la rade du Texel; TEscadre pour Ja Baltique qui fe trouvoit au Vlie, appareilla de même, mais le calme Tobligea a revenir Sc fe mettre a Tancre a cette rade, Sc ce ne fut que le 23 Juillet qu'elle remit en mer. Pourfurcroit de précautions deux jours auparavant nous avions écrit au Contre Amiral Dedel de faire fortie TEscadre le plutöt poffible, ainfi que le Batave, qui s'étant écarté de la Flotte, avoit mouillé au Vlie, en ordonnant au Capitaine Bofcb qui le commandoit de fe joindre a Ia Flotte du Vice-Amiral Hartfink, faute de quoi d'aller renforcer Je Convoi. Le  ( 79 ) Le même jour 23 Juillet, les VailTeaux Schiedam, Goes, la Frégate le Jafon & la Corvette le Dauphin arriverent de la Zélande au Texel; le Zierïkzèe avoit été forcé de refter dans la rivière faute d'équipage; le Schiedam^ourfüivxt fa route pour les Indes Occidentales, lesautres entrerent dans le Texel; on en fit fortir la Frégate le Phénix pour la Zélande, & la Bellone pour la Meufe ; Je Senault V Expédition n'étoit point encore équipé. Cependant nous avions recu du Vice-Amiral Hartfink une lettre datée du 18, a laquelle il avoit ajouté un Extrait de fon Journal depuis le <* Juillet jusqu'au jour de Tenvoi; on le trouvera fous Ie N°. 50. Comme le Convoi n'étoit point forti, & que Ie vent demeuroit toujours aTOueft, il nous demandoit, fi Ton ne pourroit pas détacher de TEscadre deftinée pour Drontheim, les Frégates le Ballas & VArgo, commandées par les Capitaines van der Beets & Staring, pour aller chercher les VailTeaux des Indes qui mouilloient dans ce Port, tandis que TEscadre s'avanceroit versie Nord, ou qu'elle refteroit en croifière, afin de conferver plus facilement une retraite au befoin; mais G Je vent ne changeoit pas, il at* tendroit nos ordres fur Ja Cöte entre Ie Texel & le Vlie, prêt a reprendre Je premier plan d'opérations, & a tacher de Texécuter lans perdre de tems, fi le vent tournoit k PEU & fi le Convoi fortoit du Vlie. Dans notre réponfe du 22, nous témoignames au Vice-Amiral com* bien il nous feroit agréable, qu'il tentat d'enlever la Flotte de la Jamatque, qu'on croyoit alors devoir paffer par le Nord & qui n'étoit escortée que de trois VailTeaux, de po, de 74 & de 60 Canons, dont Je féjour aux Indes Occidentales avoit été fort long; ou bien qu'ïl interceptat quelque Convoi da la Baltique. Nous approuvames beaucoup les ordres qu'il avoit donné touchant Ie Convoi deftiné vers cette Mer, en particulier fes difpofitions ponr faire escorter le Vaiffeau des Indes Zé* landois dans les ports de cette Province, & nous permimes, au cas que le Convoi du Vlie tardac trop a fortir, de détacher les Frégates la Ballas & VArgo pour Drontheim; en un mot, ajoutames nous, „ protégez „ Ie Commerce, caufez a TEnnemi tout le mal poffible, voilii le fom„ maire de vos Inftructions". La Frégate Hoorn, commandée par le Capitaine Heckers qu'on avoit renvoyée de TEscadre a caufe du nombre de fes malades, entra le 24 Juillet au Texel, ayant a bord 13 Prifonniers Anglois, tirés de deux Chaloupes Ennemies enlevées par les Capitaines Bouritius & Vaillant; qui s'étoient joints a TEscadre avec leurs Frégates la Concorde & le Dauphin. Le 18 le Cutter VAjax étoit arrivé au Vlie avec une prife Angloife de peu de valeur, enlevée par Ia Frégate la Ballas. A la prière du Commandant de la Flotte, nous écrivimes a TAmirauté d'Amfterdam de faire préparer les Chaloupes néceffaires pour porter a V 2 TEs-  ( 80 ) TEscadre, lorsqu'elle paroitroit devant le Texel, Teau & les autres munitions dont elle pourroit avoir befoin, afin qu'approvilionnée de nouveau elle put tenir la mer; il étoit a craindre que fi elle rentroit, & que le vent vint a changer, elle ne fut d'une bien petite utilité dans Ia feule faifon oü la République peut faire une guerre navale avec quelque apparence de fuccès. Auffi TAmirauté détacbat-elle le 27 Juillet un Vaiflèau affrèté a cet effet pour trois mois, elle convint avec les Directeurs de la Compagnie des Indes d'employer pour le même ufage le Vaiffeau la Jujïice, qui fe trouvoit a la rade du Texel. Le 2? nous ordonnames au Contre-Amiral van Braam de faire fortir le Vaiffeau Goes, la Frégate le Jafon & la Corvette le Dauphin, poiu opèrer fans craindre les vents contraires leur jon&ion avec k Flotte, lorsque celle-ci viendroit mouiller devant le Port, en lui témoignant qu'il nous feroit fort agréable de voir le Vaiffeau la Princejfe Leuife promptement équipé. Depuis cet Officier nöüs ayant inftruit que le Goes avoit mis a la voile, nous lui écrivimes que s'il avoit connoiffance de Tendroit oü fe tenoit la Flotte, il y envoyat ce Vaiffeau accompagné des Frégates le Ja* fon & la Venus, ainfi que de la Corvette le Dauphin, pourvu que celleci ne fut pas néceffaire en Zélande; mais que fi ces informations a cet égard n'étoient pas bien fures, il tint ces Vaiffeaux en croifière devant le Port, & qu'il ne fit point rentrer fans néceffité le Goes, qui rencontreroit peut-être de nouveaux obftacles pour refortir, ce qui lui feroit perdre beaucoup de tems pour regagner le gros de la Flotte. Dans le but de Tenfotcer TEfcadre au plutöt, nous fimes partir tfHellevoetjluis la Frégate la Brille pour le Texel, avec ordre de lui donner une escorte jusqu'a cette rade; d'un autre cöté le Dauphin fut chargé d'escorter vers la Zélande le Senault PExpédition que nous y envoyames pour fortifier encore les cötes de cette Province. Cependant nous veillions fans ceffe a Toccafïon d'employer unarmement auffi conüdérable,raffemblé avec tant de fraix & de peines,a une expédition qui put dédommager des fommes immenfes dépenfées pour fon équipement , ou du moins caufer quelque dommage effentiel a VEnnemi. En conféquence dans une lettre écrite de notre propre main ie =6 Juillet, nous propofames au Commandant de la Flotte le plan d'une entreprife, dont Texécution feroit le plus grand honneur aux armes de la République, avec ordre de confulter fur ce fujet les Officiers Généraux qui fe trouvoient prés de lui. Dans la même Lettre nous lui donnames les inftructions fuivantes. „ En  ( St ) „ En général vous concevez, que n'étant point avec vous, il m'eft 3, impoffible de vous donner des ordres fur tous les cas particuliers qui „ fe préfenteroient; ainfi vous devez vous regarder comme autorifé a „ failïr toutes lesoccafions deporter les coups les plus fenfibles a TEnnemi „ & de lui prouver que la Nation n'a point dégénéré de Cet héroïsme 5qüelle }) a déployé autrefois; fi vous même & les Officiers Généraux croyez «> pouvoir tenter quelque coup de main fur les Cótes d'Angleterre,nous 3j vous donnons auffi plein pouvoir fur cet article. „ Je le répete encore, je ne vous recommande que trois chofes; fou3', renez dignement Tbonneur du Pavillon, caufez a TEnnemi tout le „ dommage poffible, & protégez de votre mieux le Commerce de la ,j République. Je laiffe a vous, & a vos Officiers, le foin de concerj, ter les moyens d'exécuter ces ordres11. Nous fommes perfuadés que dans les opérations de la guerre actueïiè il faut foigneufement éviter deux écueils •, le premier c'eft d'expofer par une témérité inconfidérée notre Marine renai/fante a retomber dans i'anéantifTement, d'oü Ton a eu tant de peine a la tirer: le fecond c'eft d'outrer la circonfpeclion; en effet il faut donner quelque chofe aux hafards de la guerre, il faut ofer entreprendre des expéditions, qui prouvent a TEnnemi, qu'il n'a point attaqué une Nation fans forces & fans énergie, ineapable de reffentir & de venger les injures qu'elle a recues. Perfuadés de cette vérité nous avions donné au Vice-Amiral Tordré contenu dans la Lettre que nous venons de rapporter; Texécution auroit vraifefnblablement fuivi de prés, mais les Pinques qui portererit ces Inftructions au Commandant de TEscadre arriverenc trop tard. Pour facifiter la réuffite des eutreprifes projettées, &. pour rendre la Flotte des Etats auffi nombreufe qu'il ferók poffible dans la mer du Nord, nous ordonnames au Vice-Amiral van Braam de mettre a la voile a la première occafion favorable avec fon Vaiffeau le Piet Hein & la Princejfe Louife% & fi cela fe pouvoit avec V Utrecht, de compléter Téquipage de ces deux Vai/ïeaux en tirant du monde des Frégates la Venus, la Vigilance & le Hoorn, & en faifant rentrer la première de ces trois Frégates; enfuitó de fe joindre au Vaiffeau Goes & a la Frégate le Jafon, & d'escorter avec ces Navires, ainfi qu'avec le Senault PHirondelle, le Navire VExpédition jusques vers la Zélande. Si ce dernier Batiment étoit déja forti avec fa Conferve, il devoit cependant mettre en mer, attendre TEscadre devant le Port, ou la fuivre au plutöt & tacher enluite de fe joindre \ la Flotte du Vice-Amiral Hartfink, & ne point la quitter jusqu'k ce qu'elle vint mouiller devant le Texel, ou bien jusqu'au tems oü le ViceAmiral auroit recu des nouvelles, foit de la fortie des Vaiffeaux de Drontheim, foit du retour de TEscadre deftinée pour les escorter, au cas qu'elle les eut laiffés dans ce Port; mais nous ordonnames le même jour aü? X Cd-  ( 82 ) 'Capitaine van der Beets, qui cömmandoit cette escorte, de revenir zé piutót avec les Navires Marchands, qui ieroient en état de mettre eri nier, lans attendre les Navires qui fe préparoient encore, ou que Ton atrendoit des Ports voifins, & s'il craignoit qtfünè Escadre Ennemie pk/s tbrte que ia lienne fe trouvat a la hauteur du Kattegat, de refter dans le Smul, jusqu'a nouvel ordre, pour ne pas s'expofer lui & ion Convoi a un pérü inévitable. Le Contre-AmiralmnBtvam répondit a notre Lettre, qu'il exécuteroit nos ordres fans délai, mais que le Vaiffeau Utrecht n'étoit pas a beaucoup' pres équipé. 11 fortit en conféquence le 7 Aoüt avec fon Vaiffeau/fi Plet Hein, fuivi de la Princejfe Lóuife, mais comme le vent de Sud ne lui permtc pas de fe mettre a la recherche des Vaiffeaux qui alloient en Zélande, il alla mouiller devant le Port. Malheureufement tous ces ordres, éoutei ces précautioos ne répoadi* rent point a 1'efpoir que nous en avions cüncu. A h nouvelle de la fortie de TEscadre Rolland'oifè j TEnnemi Kt avertir tous fes Navires Marchands, & le Convoi Anglois retourna dans Ie Suïid, d'oü il étoit parti; après avoir détaché le Convoi pour la Baltique. La Flotte des Etats demeura en croifière dans le mer du Nord fans rencontrer un feul Vaiffeau Enne mi. Maïs pendant cette expédition on coniunaa oientót les próvifions d'ean Sc de bierre, dónt on n'avoit embarqüé que pour fournir aux befoins d'un vóyage de peu de femaines, en conféquence de Ja réponfe desOfReiers Généraux, dans la conférence que nous tinmes avec eux au Helder le q Septembre; & en effet il n'eft guères poffible de charger une plus grande quantité de ces provifions, fans embarraffer les Batteries Scgêner leur jeu. Pour fournir a ces befoins, le Vice-Amiral ptit Ja réfolution de revenir a la rade, de JaüJèr en croifière devant Ie Port les Vaiffeaux les mleuxf approvifionnés,de faire rentrer les autres,& de ravitailler fuccefffvement toute TEscadre, en remplacant dans la rade les Vaiffeaux qu'on devoit rafraichir par ceux qui venoient de Têtre: de cette facon il comptoit remettre bientót a la voile, pour exécuter le refte de fes InAruétions: cependant le Vaiffeau le Schiedam avoit été renvoyé vers Ie même tems au Vlie, a caufe des voies d'eau qui s'y étoient formées, Sc peu de jours après la Frégate la Bellone qui avoit beaucoup de malades' rentra au Texel. Les tempêtes qu'on éproilva alors empêcherent le Vice-Amiral d'exé-, cuter fon plan. Son Vaiffeau ainfi que celui du Caviténe Staring, PAns/r/ de'  ( §3 ) de Ruiter ëctappefent k' pel ne au danger de donner fur le koórdérbadks; e| voulant rentrer pour prendre de Peau; ils fe fauvererit par une manceuvre forcée, qui les éloigna de TEscadre, & caufa du dommage a F Amiral Général, vieux Vaiffeau, qui avoit beaucoup foufTert a TacFion du $ Aoüt 178.1$ h Vaiileau du Capitaine Staring Ik aufli une voie d'eau dans cette occafion. Le Vice-Amiral recut ii fon arrivée notre Lettre du 26 Juillet, & quelques beurea après on lui en remit le Duplkat, avec une fecondö Lettre de notre part datée du 2 Aoüt, mais que nous n'expédiames que le 7, paree qu'elle contenoit Tavis du départ prochain de Ja Flotte combinée de Ja Manche, nouvelle que nousne voulumes lui communiqiier qu'après en avoir recu la confirmatióri par M. i'Ambaffadeur de France. Dans la même Lettre nous lui fimes part de notre intention de renforcer fon Escadre des Vaiffeaux commandés par le Contre-Amiral vd Braam. Nous Finformames des ordres que nous avions donné au Capitaine van der Beets, dont il a été parlé ci-deffus, & nous infiftames encore fur Vexpédidon mentiormée dans notre Lettre du 26, kqueilp il ne devoit point perdre devue» mais en veillant néanmoins au fort des Vaiffeaux de Drontheim, qu'il falloit reconduire dans les ports de la République. Enfin quelque tournure que priffent les chofes, il devoit tenir la' mer le plus longtems qu'il pourroit, héler tous les Vaiffeaux qui fe trouveroient a fa portée, pour tiener de furprendre Sc d'enlever quelque Convoi Anglois, d'après les informations qu'il recevroit fur TEnnemi, Sc fur fa lórde de fes Navires Marchands de la Baltique. ^ Ton: ceci detourna le Vice- Amiral de fon premier projet; fl prit Ja réfolution d'attendre en mer les autres Vaiffeaux, & a leur arrivée d'exéminer dans un Confeil de guerre avec les Officiers Généraux & Jes Capitaines de PEscadrè, a quelpoiut on pourroit exécuter nos ordres. Selon lui, Jes circonftances avoient telJement changé de face depuis la dernière tempête & le départ de la Flotte combinée de Ja Manche, qui étoit fixé au 1 5, qu'il fe feroit cru reipbnfable de fa conduite, en prenant de fon chef quelque réfolution au fujet de Texpédition projettée. Voyez ïes Pièces fous les N°. 50, 51 Sc 52. De notre cöté nous communiquames les ordres qüe nous avions expédiés au Vice-Amiral Uart/ink, ainfi que fes réponfes aux Députés des Amirautés, Sc aux Vice-Amiraux Reynft Sc Zoutman, que nous con/üJtames fur cet article. Conformément a leur Avis nous expédiames le 14. Aoüt vers minuit au Commandant de la Flotte une nouvelle Lettre écrite de notre main X 2 cojf  ( §4 ) contenant la confirmation des ordres que nous lui avions donné le 26 Juillet, le 2 & le 7 Aoüt, en abandonnant le choix des moyens pro. pres a leur exécution a la prudence du Vice-Amiral & de fes Officiers Généraux;nous Tautorifames en même tems a faire rentrer les VailTeaux hors d'état de fervir, ou qui manquoient de munitions, & a tout employer pour les ravitailler promptement. Nous lui permimes encore de renoncer jusqu'a nouvel ordre a Texpédition projettée & même a toute autre, au cas qu'un Confeil de guerre convoqué d'après cette inftruction les regardat comme impraclicables, ou oppolées aux régies de la prudence, & d'une faine Tactique navale, il devoit cependant nous envoyer 1'Avis détaillé de ce Confeil, & les raifons de chaque Membre en particulier, fi les voix fe trouvoient partagées, & fe fouvenir furtout de ne pas expofer par une retraite précipitée le Convoi de Drontheim & celui de la Baltique., a tomber au pouvoir des Ennemis, mais refter en mer avec autant de Vaiffeaux qu'il feroit poffible, du moins jusqu'a Tapparition d'une Flotte Ennemie fupèrieure en forces, qui Tobligeroit a rentrer de nouveau. Nous ajoutames enfin en propre termes: „ J'espère que les Vaiffeaux „ de TEtat ne fonffriront point: par les tempêtes que Ton éprouve , &que „ Dieu les préfervera de tout danger. Je puis vous communiquer que „ M. I'Ambaffadeur de France m'a prévenu du départ de la Flotte com„ binée pour Gibraltar ou Cadix le 15 de ce mois. 11 ne faut pas in„ férer de la que Lord Howe reparoiffe dans la mer du Nord; il me „ fèmble plus probable qu'il fuivra la Flotte, qu'il tachera s'il le peut de ,, lui livrer un combat, & de le repouller, afin de faire entrer fon „ Convoi de Troupes, de Munitions & de Vivres dans Gibraltar. Com„ me il n'eft pas impoffible cependant, qu'il ne veuille nous rendre une „ vifite avant de la fuivre, vous ferei bien de détacher quelques Bati„ timens légers a la découverte vers la Manche, pour obferver les mou- vemens de TEnnemi, & vous mettre ainfi en état de préparer de „ concert avec vos Officiers Généraux les mefures convenables". Le lendemain nous écrivimes au Vice-Amiral de bien iönger a faire rendre a la Flote Ruffe, qui fe trouvoit alors dans la mer du Nord, tous les honneurs dus au Pavillon Impérial, & de prévenir par fon attentiori fur cet objet toutes les plaintes qu'un manque d'égards envers ce Pavilïori pourroient occafionner. A la réception de notre Lettre du 14., dont le Lieutenant Comte de Siyrum fut porteur, le Vice-Amiral Hartfink reprenoit déja avec fón Escadre la route du Texel. „ Voici, nous écrivit-il, les raifons qui m'ont principalement obli# gé de concert avec le Contre - Amiral ven Kinsbergen a prendre ce  {%) ï, parti, d'abord il y avoit une difette générale d'eau fur TEscadre; lé „ Vailfeau Cortenaar avoit même indiqué par fes lignaux qu'il n'en pös„ fédoit plus que pour deux jours. II me paroilfoit impraticable de 3, fournir a ces befoins fans rentrer dans le Port; d'ailleurs durant les 4 „ jours qu'on a mouillé a Kykduin, nous aurions eu a peine une demie33 journée , oü il eut été poffible de faire approcher un Navire dei „ VailTeaux. 3, En fecond lieu nous avons éprouvé dans, ces derniers jours ,cöm?, bien il eft dangereux de refter a 1'ancre prés des Cötes,avec un grand „ nombre de Batimens; dans la tempête d'avant hier l'Escadre refta 3, bien difficilement fur les ancres, & a quel péril n'étoit pas expofé le „ Vailfeau qui les auroit perdu? Auffi avons nous cru rendre un meil„ leur fervice a la République, en rentrant dans le Port (du Texel) oü „ il fera plus facile qu'en mer de ravitailler les Vaiffeaux, que de refter 5, devant la Cöte, expofé a tous les dangers. D'ailleurs plufieurs Vais33 feaux de l'Escadre étoient indifpenlabiement obligés de retourner a IC a, rade du Texel, fok pour prendre de 1'eau foit pour fe réparer". Néanmoins pour défendre continuellement la Cöte contre des Erégates ou d'autres Batimens Ennemis, le Vice-Amiral laiffa en mer, fous les ordres du Capitaine Stavoriniis ,les Vaiffeaux Goes & la Princeffe LomJe, avec Ia Frégate le Jafon & la Goè'lette VHirondelle, pour croilèr furies Cötes de Hollande, tant que leurs provifions d'eau douce dureroient, & pour caufer a TEnnemi tout le dommage poffible, auffi fouvent que Toccafion s'en préfenteroit; enfin le Vice-Amiral comptoit au premier jour convogtier un Confeil de guerre. Dès le lendemain nous répondïmes a fa Lettre dans ces propres termes: J'ai recu ce matin votre Lettre d'/u'er. J'avoue qu'il m'eut été bien „ plus agréable de /avoir la Flotte en mer, jusqu'a Tarrivée des Vaiffeaux de Drontheim, je ne puis vous dégui.'èr qüe le fort de ces Navires m'in3, quiète beaucoup. Mais on ne fauroit exiger Timpoffible, & puisque „ TEscadre manquoit d'eau, & ne pouvoit plus refter en mer tant par „ cette raifon, qu'a caufe des dommages qu'elle a effuyés, il ne de„ meuroit fans doute d'autre parti a prendre que celui de rentrer dans „ le Port. ,3 Je vous prie de me faire parvenir un état détaillé des dommages „ que les Vaiffeaux ont fouffert par la tempête durant 1'expédition que „ vous avez conduite, ainfi que de leurs befoins, & de me marquer „ pour combien de tems chacun d'eux eft approvifionné, & informer ,, moi du tems oü vous comptez remettre en mer. Je vous recomman55 de fiirtout de travailler avec diligence a faire réparer au plutót les1 X "" n Yai^'  ( 86 ) 3> VailTeaux, afin qu'on puiffe profiter encore de la faifon pour porterk „ TEnnemi quelque coup fenfible. „ Je défire bien vivement que Toccafion fe préfente de tenter une de> fcente ou quelque autre expédition fur les Cötes d1 Angleterre, & de montrer par la qu'on pouffe avec ardeur les opérations navales; afin „ que la République, reprenant fon ancienne gloire, puifie fe faire re- „ /pecler de fes Amis & craindre de fes Ennemis. P. S. „ J'ai cru devoir vous prévenir que Lundi ou Mardi je me ren„ drai au Helder pour concerter avec vous & les autres Officiers Gé„ néraux le plan d'opérations pour le refte de cette Campagne. Vrai„ fembiablement quelque Députés de TAmirauté s'y rendront auffi". L'événement a juftifié les craintes du Vice-Amiral Hartfink & du Contre-Amiral van Kinsbergen fur le fort de TEscadre, fi elle étoit reftée U Tancre hors du Port, jusqu'au tems oü elle feroit fournie de Teau dont elle avoit un befoin fi preffant. En effet le 18 le Vice-Amiral nous fit parvenir un Rapport, dont on trouvera une Copie parmi les Pièces Juftificatives fous le N°. 5*1. (fous ie N°. ƒ2. eft celui du Capitaine Stavorinus au Vice-Amiral Hartfink). Ces deux Rapports prouvent que plufieurs Vaiffeaux des Etats fouffrirent beaucoup d'une tempête qui s'éleva Taprès-midi du i<5. Comme on ignoroit le dommage que chaque Navire avoit recu, on ne pouvoit calculer non plus Ie nombre de ceux qui leroient en état de continuer leur croifière. 11 devenoit donc inutile de convoquer un Confeil de guerre, pour délibérer fur la poffibilité d'exècuter nos ordres, tant qu'on n'auroit point réparé les Vaiffeaux deftinés aux entreprifes projettées. Ce nouveau malheur que toute la puiffance humaine n'avoit pu prévenir nous fit hater notre voyage du Helder» oü nous arrivames le 20, pour examiner par nous même Vétat de la Flotte, & pour accélérer,autant que nous pourrions,le ravitaillement des Vaiffeaux, ils avoient tous confidérablement fouffert, & leurs provifions étoient confumées au point, qua notre arrivée il n'y avoit qu'un feul Vaiffeau qui fut en état de mettre en mer. Cependant nous donnames des ordres pour leur approvifionnement, & dans peu de jours la plus grande partie auroit pu fortir, mais TEnnemi, qui par la retraite de la Flotte combinée s'étoit vü moins gêné dans fes opérations, empêcha notre Flotte d'appareiller, en détachant vers les Cötes de la République une forte Escadre de 1 ? Vaiffeaux de ligne, compofê de 7 Navires de 74 & de 8 de 64. Canons, avec deux Frégates. • - K  ( 87 ) II étoit impoffible de tenir tête a cet armement, mérhe avec tous les VailTeaux alors équipés • on le vit obligé de refter dans le Port. Ce contrecems rendit impraticable la Réfolution que nous avions formée au Helder, dans une Conférence avec MM. Bisdom, Francois Bigot, van der Hoop, les Vice-Amiraux Hartfink & le Comte de Byland, & les Contre-Amiraux van Braam, van Kinsbergen & van Hoey, de détacher quelques Vaiffeaux vers Elfeneur, pour renforcer le Capitaine van der Beets, & pour ramener les Vaiffeaux de la Baltique. Cet Officier nous avoit donné avis de fon arrivée a la rade d'Elfeneur dans une Lettre du p Aoüt, & de la prife qu'il avoit faite de deux Ndvires Anglois, avec le Capitaine van Ryneveld; il nous informa qu'il fe trouvoit a cette rade un grand nombre de Vaiffeaux Marchands de cet> te nation, plufieurs Frégates & d'autres Navires. Dans une feconde Lettre du 10 Septembre il nous apprit, que 1'on comptoit a cette rade 5 Frégates du Roi, deux Cutters & quelques Batimens armês. On verra ces Lettres fous le N°. 53 Sc $4.. Nous confultames fur ces informations les Députés des Amirautés refpectives, & d'après leur Avis nous ordonnames le 16 au Capitaine van der Beets de refter provilionnellement a cette rade, & d'attendre pour revenir avec les Navires Marchands qui voudroient profiter de fon Escorte une occafion affez favorable pour remplir cet objet fans s'expofer a un trop grand danger, ou bien iusqu'a nouvel ordre de notre part, ou de celle de TOfficier qui commanderoit l'Escadre, enfin de le tenir prêt a mettre k Ja voile auffi tot qu'il en recevroit 1'ordre. Nous donnames connoiffance de la fituation des affaires au Capitaine van Gennep, qui commandoit Jes Vaiffeaux détachés vers Drontheim; & qui devoit vraifemblablement avoir déja mis en mer avec les Navires des Indes. Nous lui expédiames des Batimens légers, équipés pour cet effet,& qui en lui apportant Ja nouvelle de J'apparition de Ja FJotte Ennemie , 1'avertirent de prendre en conféquence des mefures pour Je laJut de fon Convoi Heureufement cet Officier recut a tems nos inftructions , & il fut mouiller en bon état avec fes Vaiffeaux a Ja rade ou dansje port de Bergen. Nous croyons pouvoir paffer fous filence les efforts continuels que nous faifons pour accélérer, autant que le permettent les circonftances 8è un travail de cette nature, Téquipement des Vaiffeaux que Ton conftruit ou qu'on répare dans les différentes Amirautés, nous taehons d'y appbrter toutes les facilités & tous les encouragemens poflibles. Ces détaiJg qui fourniroient les preuves les plus complettes de notre véritable & fincère ardeur de voir les Forces Navales de cet Etat s'accroitre avec promptitude ne feroient en effet qu'une répetition ennuyeufe de ce que nous avons dit dans le cours de ce Mémoire. Y 2 vM  ( SS ) L'abondance des matières Ta déja rendu bien volumineux; nous avons cru devoir expofèr le tableau de notre adminiftration dans tout fort jour, & fans nous permettre la moindre réticence, afin de porter la conviction dans les efpfits, mais ne le chargeons pas fans nécefïïté. Nous préférons de nous arrêter encore quelques inftans fur la conduite que nous avons tenue a Tégard de quelques objets qui ont une rélation directe avec la Marine & la guerre actiielle; & dont nous n'avons point parlé plutöt afin de ne pas interrompre notre récit, mais qui trouveront naturellement leur place ici. De ce nombre font les ordres que nous avons donné «Sc les mefures que nous avons prifes touchant les VailTeaux de TEtat qui fe trouvoient lors de la rupture dans la Méditerranée, dans les différentes Colonies de la République dans les Indes Occidentales, ou qui étoient partis pour ces Stations. Nous avons dit plus haut en détail, que nous donnames lans délai avis de la Rupture au Vice-Amiral Comte de Byland, & a tous les autres Officiers qui commandoient les forces de la République dans des parages éloignés. Cet Officier qui étoit parti au mois de Décembre 1780 avec plufieurs Vaiffeaux de TEtat pour la Méditerranée & les Indes Occidentales, arriva le 9 Janvier 1781 fur la rivière de Lisbonne, ainfi que les Capitaines Coerman & de Rook, mais il avoit déja appris la nouvelle de la rupture avant de recevoir nos Lettres. En conféquence des ordres qiTelIes contenoient, il détacha Je Capitaine de Rook vers les Colonies de 1'Etat aux Indes Occidentales, celui ci mit a la voile le 30 Janvier ï781. Le 6 Février M. Smijfaert alors Minifire de la République k Lisbonne dépêcha une petite Barque Portugaife vers St. Eujlache, & quelque jours après une autrè vers Surinam, il placa fur toutes deux des Pilotes Hollandois, tirés des VailTeaux Marchands qui fe trouvoient dans Je Tage. Le 12 Février 1781 nous ordonnames au mêmé Vice-Amiral de fe rendre avec Je Capitaine Coerman, commandant Ia Frégate Dieren, ou de Tenvoyer feul aux Mes Acores. Le même jour nous enjoignimes au Contre-Amiral Binkes de détacher vers le même endroit les Capitaines Melvill & Oorthuis, avec ordre de croifer a leur arrivée a différentes hauteurs a la rencontre de la Flotte quirevenoit des Indes Orientales, & de Tescorter a Cadix, mais au cas qu'ils ne la rencontraffent point, & lorsque Ie tems oü elle paroit ordinairement dans ces parages feroit écoulé, ils devoient retourner tous deux a leurs premières ftations. Comme on travailloit au Vaiflèau du Comte de Byland, ce Vice-Amiral ne put partir lui même, mais il détacha un Batiment monté de deux Pi-  ( §9 ) Pilotes Hollandois pour croifer aux endroits néceffaires, il leur confia lés papiers & pour les encourager a bien remplir leur croifière, il leur prömit une prime pour chaque Vaiffeau qu'ils rencontreroient. Vü les obfiacles qu'éprouva le radoub du Vaiffeau du Comte de Byland, il ne put mettre en mer avant le mois de Mai de 1'année 1781, Cependant nous lui donnames avis de même qü'au Contre-Amiral Binkes de la Réfolution amicale & flatteufe qu'avoit formée SaMajeffé le Roi de France, de faire croifer de fon cöté deux de fes Frégates a la découverte de la Flotte des Indes, & nous enjoignimes a ces Officiers d'en prévenir les Vaiffeaux qu'ils avoient fous leurs ordres. Cette croifière finit inutilement, & le Vice-Amiral vit auffi échouer tous les projets qu'il avoit taché d'exécuter, fouvent au péril même de fa vie, & au risque de tomber entre les mains des Anglois, pour potter a 1'Ennemi quelque coup fenfible; comme nous crumes pouvoir employer ici plus utilement cet Officier, ainfi que Je Contre-Amiral Binkes & les Capitaines Coerman & Oorthuis nous leur ordonnames le 16 Octor bre de fe raikmbler k Cadix, & de repartir auffitöt que le Comte de Byland le jugeroit convenable; cependant nous les Jaiffames maïtre de mouiller a Bergen en Norvège, k Drontheim ou a Maeflrand, & d'y at: tendre de nouveaüx ordres, s'il le jugeoit convenable au fervice de PEtat, & s'il croyoit trop s'expofer en faifant route vers Jes ports de Ia* République. (Ori trouvera la Copie de cette InftrucYion fous le N°. SS-)- Kous accompagnames ces ordres d'une Lettre écrite de notre main," oü nous lui ditions: ■ „ Arrivé a Cadix, vous aurez occafion de j, tranfporter ici Je Capitaine Berghuis & fon Equipage; vous pourriez „ auffi, fi le danger n'étoit pas trop évident, escorter les Vaiffeaux des „ Indes qui s'y trouvent vers P Oriënt; iï eff poffible, m'affure-t'on, ,, de faire paffer dé Ja Jes marchandi/ès par Vintórieur du Pays, jusqu'en „ Hollande; mais j'abandonne ceci a votre prudence, puisque vous ête$ „ mieux en état de vous informer fur les lieux de la fituation des cho„ fes, que je ne peüx le faire ici''. Le Vice-Amiral & le Contre-Amiral Binkes jugerent qu'il étoit impoffible de paffer au Nord en forme d'escadre pendant 1'hyver, & cet avis fut auffi celui des Officiers Généraux & des Capitaines qui fe trouvoient ici. Le 23 Octobre le Comte de Byland nous donna connoiffance de 1'intention oü il étoit de paffer par la Manche, s'il n'étoit pas arrêté par les vents contraires; cette traverfée lui réuffit, & il arriva heureufement au' Texel le 2 Décembre avec le Contre-Amiral Binkes & les Capitaines Coerman & Oorthuis. Cependant, prévenus de leur approche, nous avions donné ordre de faire fortir les Vaiffeaux 65 les Frégates équipées du Texel Z pour;  ( 9° ) pour feeonder TEscadre du Comte de Byland fi elle ne pouvoit entrer > ou fi elle fe trouvoit attaquée. Dès le 8 Novembre nous lui avions écrit une nouvelle Lettre, mais qui n'arriva a Cadix que quelque jours après fon départ, quoi qu'elle fut expédiée par un Exprès. Le Conful Nagel la lui envoya par un Batiment, mais il ne la recut point. Cette Lettre étoit deftinée a Tinformer, que le bruit fe répandoit du retour prochain du Commodore Johnfione de St. Hekne en Europe, avec une partie de fon Escadre. Nous" lui ordonnions de s'informer de cette nouvelle en France, Sc de bien examiner s'il croyoit fon Escadre alTez forte pour attaquer celle de VEnnemi, & dans ce cas de halarder cette expédition. En vertu de la Réfolution de LL. HH. PP. du 10 Juillet 1781, nous Tautorifames a vendre la Frégate Dieren, s'il prévoyoit favorifèr par Ta fon entreprife & a la remplacer par deux ou trois Navires qu'il ach eteroit & qu'il pourroit faire monter par les Equipages des Capitaines Berghuis Sc Coerman. Nóus lui envoyames une Lifte des Vaiffeaux qui feroient alors a vendre en France, avec ordre de Fexaminer, Sc d'acheter quelques-uns de ces Batimens, ou tels autres qu'il pourroit ie procurer a un prix raifonnable. Le Vaiffeau la Marie Louife, commandè par le Capitaine Berghuis, & dont il a été fait plufieurs fois mention dans ce Mémoire, fut examinéa fon arrivée a Cadix, Sc les réparations qu'il exigeoit fe trouverent fi conficJérables, que nous crumes devoir d'après le rapport que nous en donna le Capitaine Berghuis qui le commandoit, autorifèr Je Confeil de TAmirauté de Frife a demander a LL. HH. PP. la permiffion de vendre ce Vaiffeau avec tout ce qu'il contenoit. Cependant il nous parut qu'on devoit employer tous Jes moyens polïïbles pour confcrver TEquipage de ce Vaiffeau au fervice de TEtat ou a celui de la Compagnie des Indes Orientales, Sc pour les engager de leur plein gré fur les Vaiffeaux que cette Compagnie deftinoit pour le Cap. (^Voyei notre Lettre du 8 Mai 1782. fous le N°. 56.). Dans la fuite le Capitaine Berghuis reent ordre de donner fon Equipage pour renforcer les Vaiffeaux revenant des Indes; mais ce plan ne paroiffoit guères avantageux, puisque felon les informations de cet Officier ; ces Vaiffeaux n'iroient pas plus loin que f Oriënt. II auroit volontiers laiffé fon Equipage fur ces Navires pour les voir partir avec le Convoi Efpagnol; mais TAmiral de Cordova refufa de les prendre fous fon Escorte; il ne lui refta donc d'autre parti, pour obéir a nos ordres du 8 Mai 1782, qui lui enjoignoient de revenir lui même Sc de faire répatrier cette partie de fon Equipage qui fe trouvoit encore a Cadix de Ja' faqon  ( 91 ) Facon la plus prompte & la plus fure, que de les embarquer fur des Vaisfeaux Neutres. De quelque haute importance que nous regardions les Colonies de TEtat, & quelque vivement que nous défirions de pouvoir y envoyer le nombre convenable de VailTeaux pour les protéger complétement, ori fent affez par tout ce que nous avons dit jusqu'a préfent, qu'il a été impoffible d'y faire parvenir des fecoursplus confidèrables, & qu'a cet égard nos vceux lurpaffoient nos facultés. Dès le 7 Avril 1780 nous écrivimes au Contre-Amiral Crüïl qu'il fe fournit des vivres néceffaires pour refter pluslongtemsaSfi.Euftache ou a Curacao qu'il ne comptoit le faire. Au lieu d'arriver ici au mois de Septembre de cette année Ik, nous efpérions de le voir avec le Capitaine Bóót dans un des Ports de la République au printems de 1'année 1781; mais comme ce voyage auroit pu paroitre trop dangereux pour deux limples Vaiffeaux, nous expédiames par le CommiiTaire Meyer de Bburdeaux outre TAvis Sc les lnüruclions précédentes, deux Copies d'un ordre de notre part qui leur enjoignoit de continuer leur roufe avec les Vaiffeaux qu'ils escortoient yers les Ports de la République, en paflantau Nord de 1'Angleterre, ou bien d'aborder a quelque port Francois ou Efpagnol, de nous informer de leur arrivée Sc de ne point quitter cet endroit, fans fe voir renforcé, ou jusqu'a nouvel ordre. Mais malheureufement le brave Contre-Amiral Crtill étoit tué, &forï Vaiffeau le Mars avoit été enlevé par les Anglois avant Tarrivée de nos ordres. Pour fortifier cette Colonie les Direöeurs de la Société de Surinam defirerent engager a leur fervice quelques Canonniers & quelques Bombardiers tirés du corps d'Artillerie. Nous facilitames la réuffite de ce plan Sc nous donnames au Général-Major Martfeld les ordres néceffaires pour traiter fur ce fujet aveci Mr. van der Hoop, alors Sécrétaire de cette Société, & aujourd'hui Confeiller Sc Avocat FiscaL Le Confeil de TAmirauté d'Amfterdam faifant paffer quelques vivres aux Capitaines Spengler & Silvefter, nous proiitames de cette occafion pour leur ordonner en date du 12 Avril 1781, de refter dans cette Colonie jusqu'a nouvel ordre, Sc de veiller a fa défenfe. Le 15 Oélobre 1781 nous écrivimes au Contre-Amiral Rietveld, commandant les Forces Navales de la République a Curacao, pour Tautorilèr a convoyer lui même vers St. Domingue , ou a faire escorter par quelques uns des Vaiffeaux a fes ordres les Navires Marchands qiii fe trouvoient alors a Curacao, & qui youloient repatrier5 pour Z 2 qu'en  ( 9- ) qlTen arrivant dans cette Colonie avant la fin de 1'année, ils puffent profiter du Convoi, que M. De Grap devoit faire partir pour 1'Europe.. Cependant nous recoramandames au Contre-Amiral Rietveld de fonger, que bien loin de dégarnir Curacao, il falloit au contraire lui continuer les fecöurs qu'il ivóit redus. 11 nous paroit fuperflu de faire ici mention des ordres ultérieurs que nous avons expédiés aux Indes Occidentales & des rapports qu'on nous en a fait parvenir, fans qu'il lok néceffaire d'expliquer les raifons de ce filence. LL. HH. PP. ont pu le convaincre par les pièces que nous leur avons communiqué fucceflivement fur ce iüjet, que rien de tout ce qu'il étoit poffible de faire pour couvrir les Colonies qui reftent a 1'Etat, n'a été négligé. 11 fumra de dire en peu de mots, que LL. HH. PP. nous ayant requis dans leur Réfolution du 15 Octobre d'accorder au piutót un Convoi pour les Indes Occidentales, nous défignames pour compofer cette Escorte les Capitaines E. C. Staring, Dekker, Wiertz, Rofch ScBoüritius, commandant les Frégates VArgo, la Bellone, le Zèphir, le Vailfeau le Batave.Sc la Frégate ld Concorde. On fubftitua aü Vaiffeau qui devoit êtrecaréné &c dont f Equipage n'étoit pas complet, le Phénix fous les ordres du Capitaine van Sm. On réiblut de donner au Capitaine Bouritius tous les matériaüx néceffaires pour faire redoubler & carèner fa Frégate foit a Surinam foit a Curacao, 11 étoit impoffible de la faire redoubler ici comme il Je defiroit; mais avant fon départ on la mit fortement a la bande , ce qui fuffifoit felon l'avis des employés pour la mettre en effet de faire ce trajet. Nous avons indiquè plus haut les raifons qui empêcberent d'envoyer le Convoi 1'année paffée, malgré le travail continuel, & la célérité avec laquelle on fe prépara a le faire partir. Les Négocians intéreffés au Commerce des Indes Orientales s'en plaignirent a nous; il eft vrai, <$c nous ientions nous mêmes combien le départ de ce Convoi feroit utile & nécelfaire; mais comme fuivant Je jugement des Marins on auroit expofé Jes Vaiffeaux de 1'Etat au plus éminent danger, nous nous trouvames dans la facheufe impoffibilitè de fatisfaire a leurs inftances. Cependant les difficultés que les gens de mer trouvoient unanimement avec nous a faire paffer pendant 1'hyver une Escadre au Nord de 1'Ecoslè, ne regardoient pas 1'envoi d'un feul Batiment; aufli ne balancames nous pas au mois de Décembre de la même année , a faire équipèr & approvifionner pour fix mois la Corvette le Kemphaan, commandée par le Lieutenant Jan Janpen Eye, celui-ci mit a la voile au mois de Janvier fuivant, & porta nos ordres aux Indes Occidentales, d'oü il eft revenu au commencement d'Aoüt. Nous  ( 93 ) Nous confidérons comme un objet de la plus haute importance pour le Pays la proteétion & les Convois qu'on doit accorder aux VailTeaux deftinés pour nos Colonies, c'eft de quoi 1'on a pu fe convaincre dans le cours de ce Mémoire. Auffi un de nos premiers foins pendant le printems dernier a été de faire tout préparer pour être en état d'en donner. Les Frégates le Zêphir Sc P^mphitrite ,coxnmzno\èes par les Capitaines? Wkrtz «Sc van Woenjel fortirent le 8 Avril avec 13 Navires Marchands; le Convoi fut escorté jusqu'aux Mes de Hitland, par les Frégates PArgo* la Bellone, la Vigilance, le Hoorn, Sc les Senaux le Jafon & la Perche dé mer, commandées par les Capitaines E. C. Staring, Decker, Overmeer^ Plekkers, Blois van Treslong Sc van Meurs. Le Capitaine Wiens nous a donnè avis de fon heureufe arrivée a 1'Me de Cayenne le 4 Juillet dernier. Dans le même mois de Juillet un plus grand Convoi eft parti pour les Indes Occidentales. Deux Vaiffeaux deftinés pour le Cap font partis en même tems, comme nous 1'avons dit plus haut en détail; mais a notre grand regret les Vaiffeaux des Capitaines Rauws, Bouricius Sc Frykenius ont effuyés des défaftres, qui eauferont fans doute du retard a 1'objet de leur deftination. La foibleffe de notre Marine, Sc I'impöffibilité oü elle étoit de réfifter a PEnnemi, a fait fonger a plufieurs Membres de 1'Etat, qui en étoient convaincus, aux moyens d'y rémédier. Entre autres plans on propola d'agir dans les opérations navales de cbncert avec la France; le 4 Mars dernier, LL. HH. PP. fe décidérent pour cette idée. Elles nous demanderent, en notre qualité d'Amiral Général de PUnion, de voüloir concerter au plutot, & de la facpri qui nous paroitroitle plus convenable ,un plan d'opérations pour la campagne prochaine, afin de caufer a TEnnemi tout le dommage poffible , & de Tobliger a faire une paix qui nöus foit honorable Sc avantageufe. Pour fatisfaire k cette Réfolution nous priames le Confeiller & Avocat Fiscal van der Hoop, de voulöir entrer en conférence fur cet Article, avec M. le Duc de la Vauguyon. Celui-ci ayant recu réponfe de fa Cour, préfenta le 18 a LL. HH. PP. un Mémoire portant que S. M. avant de délibérer fur ce fujet avec le Roi d'Espagne, défiroit que LL. HH. PP. vouluffent s'expliquer d'une manière précife & amicale, fi Elles n'entendoient pas qu'après avoir commencé une fois a agir de concert, on ne pourroit plus y renoncer de part & d'autre, pour quelque raifon que ce fut. Le 25 fuivant, LL. HH. PP. acquiefcerent a cette Propofition; U lendemain, le Fiscal van der PIoop ( qui avoit précédemment prié "fous A a notre  ( 94) notre approbation fon Excellence de vouloir employer fes bons offices k la Cour de France, pour que la Flotte combinée parut dans la Manche, lors de la fortie de celle des Etats remit en notre nom a M. TAmbafladeur une note qui contenoit le détail des opérations navales qui devoient felon nous être exécutées par la République durant la campagne. Cette note indiquoit aulH le tems oü on les commenceroit & le nombre de VailTeaux qu'on y employeroit. Nous ajoutames, que la prudence & la fituation de la Marine de la République exigeoient qu'on obligeat TEnnemi par une diverfion utile a divifer fes forces, pour faciliter les opérations, ce qui étoit le grand but qu'on devoit fe propofèren agilfant de concert. On priaM.TAmbaffadeur de vouloir envoyer cette note a fa Cour, & de nous communiquer les Inftrudlions qu'il en recevroit, ainfi que les moyens & les forces que la France pourroit ou voudroit employer pour remplir cet objet, afin qu'il fut poffible d'ordonner les opérations projettèes avec quelque efpoir de fuccès. Le 8 Avril le Duc de la Vauguyon répondit de bouche & le 16 par écrit au Fiscal van der Hoop, que le Roi fon makte lui avoit ordonné d'aiTurer, que fa Majefté feroit tout ce que les circonftances permettroient pour favorifer puilTamment les opérations projettèes. Qu'en attendant elle penfoit qu'il étoit important que nous continualTions avec toute Ta&ivité poffible a préparer & a faire exécuter les plans arrêtés. Le même jour M. van der Hoop répréfenta en notre nom a M. 1'AmbalTadeur, que ce Mémoire ne répondoit en aucune manière aux questions propolées le z6 Mars, puisqu'on lui avoit demandé de vouloir communiquer de quelle facon & avec combien de Vaiffeaux la Cour de France foutiendroit de fon cóté les entreprifes qu'on mèditoit. 11 affura S. E. qu'on travailloit avec la plus grande a&ivité a Texécution des defleins projettés, & pour preuve il aliégua la fortie d'une petite Escadre pour les Indes Occidentales; mais il ajouta que la prudence & Tétat de la Marine ne permettoient pas d^exécuter les autres opérations avant de favoir plus exadement de quelle fagon fa Majefté voudroit employer fes forces, pour occuper TEnnemi