S U I T Ë de la L E T T R Ë et du M É M O I R Ë, r e m i s ïa 1 ÖON ALTESSE SÉRÉNISSIME monseigneur l e PR1NCE d'ORANGE et öê NASSAU, &c. &c. &c; a Leurs HaÜTES puissance Si le 7 0#ö£re 1782. Contenant uri expofé détaiJJé de fon Adminilh-ation, eil qualité tfAMIRAL GÉNÈRAL de l'UNION; remïs h 13 jfiftwr 1783.   ( 3 ) Ëxtrait du Régiftrë des Réfolutions de Leurs Hautes Puiiïances les Etats Gériéraux des Pr ovinces-Unies. Jeudi 13 Février 1783. ^^^^gn a re^u une Lettre de Son Altefiè le Prince d'OranMm*r&é ?e ^ ^e ^aflau; écrite a la Have, en date de ce i|||§TO jour, portam, que Son Altefle, ayant eu 1'honneur llëmS&S de remettre le 7 O&obre dernier a l'Alïèmblée de Leurs Hautes Puiiïances un Mémoire, qui contenoit des ouvertures détaillées fur Son admininration en qualité d'Amiral General de VUnion; Elle a cru devoir Je cont'muer & pousfer ce récit jusqu'a la Bn de la Campagne de Fannëe précédente; Qu'en comequence Elle remettoit a Leurs Hautes Fui/2ancés la Suite de ce Mémoire accompagné de toutes ies Pièces Juftiflcatives. Son Alteiïè fe flattoic que Leurs Hautes Puiiïances,. ainfi que tous les Confédérés ^ y trouveroient de nouveau les preuves ies plus irréfragables de la continuatiori de fon zèle, & du défïr coniïant qui 1'anime, de concourir^ de tout fon pouvoir, au falut & a la profpérké de la Patrie. Suit le Mémoire inféré ci-après: Fiat Injènio. Surquoi ayant été délibéré Meiïieurs les Députés des Provin» ces refpeótives , ont dernahdé Copie de la Lettre & du Mémoire fusdits, pour être communiqués plus amplement a leurs Commettans, Accorde avec le fusdit Régiftrë, * 2 HAUTS  é  (I) HAUTS et PUISSANS SEIGNEURS! ^p^gyant eu 1'honneur de remettreje 7 Oclobre dernier, ^^^g k PAflèmblée de Vos Hautes Puiiïances, un Mé||||pï^ moiré, qui contenoit des ouvertures détaillée.s fur notre Adminiftration en qualité d'Amiral Général de rUnion, nous avons cru devoir le continuer & poufièr ce récit jusqu'a Ja fin de Ja campagne de 1'année précédente. Conféquemment nous avons 1'honneur de remettre k Vos Hautes Puiiïances la fuite de ce Mémoire, accompagné de toutes Jes Pièces Juftificatives. Nous ófons nous fiatter que Vos Hautes Puiiïances, ainfi que tous les Confédérés, y trouveront de nouveau les preuves les plus irréfragabJes de Ja continuation de notre zèle, & du déiïr coniïant qui nous anime, de concourir, de tout notre pouvoir , au falut & k la pro/périté de notre chère Patrie. Sur ce HAUTS et PUISSANS SEIGNEURS.' Nous recommandons Vos Hautes Puiiïances dans la proteólion de Dieu. (Plus bas) De Vos Hautes Puiiïances 1'obéiiïant Serviteur. La Haye Ie 13. Fé/rier 1783. (Signê) G. Pr. d'ORANGE. A Suite   ( 3 ) Suite du Mémoire de S. A. S., Monfeigneur le Prince d'Orange & de Nassau, contenant un Expofé détaillé de Son Adminiftration, en qualité d'Amiral Général de 1'Union. Dans le Mémoire , que nous eumes flionneur de préfenter 1© 7 Octobre dernier a Vos Hautes PuhTances, accompagné de notre Lettre de la veille, 1'ordre des tems conduifit Je récic que nous leur fimes de nos opérations rélatives a la Marine de VEtat, jusgu'a J'époque , oü la plus grande partie de ÏEfcadre Hollandoife, manquant d'eau & d^autres chofes néceiTaires, fe vit obligée de regagner les Ports de h République. Les tempêtes, qui s'éleverent alors, lui firent courir bien des dangers, & ce ne fut pas lans peine ni fans dommages, qu'elle fe retira enfin a la rade du Texel La elle fut retenue, d'abord par les réparations, dont la plupart des VahTeaux avoient,plus ou moins, befoin, enfuite par 1'apparition d'une Efcadre ennemie , qui fe montra dans la mer du Nord, avant que celle des Etats fut entierement ravitaillée. Cependant on rfavoit alors que de trop juftes appréhenfions fur le fort du Convoi, attendu de la Bdtique & de Drontheim, & qui étoit de la plus grande importance. Nos premiers foin3 fe porüerent aufll fur eet objet. Nous envoyames, tant par terre que parmer, des Expres aux Officiers, qui commandoient les détachemens deftinés a protéger les deux Convois, pour les prévenir du danger qui les ménaqoit, & leur ordonner de refter a. Tancre, ou de courir au port neutre le plus voifin, & de s'y mettre a Pabri da péril. Ces précautions réuiïirent parfaitement au gré de nos défirs. Les Expres rencontrerent les Vailfeaux de 1'Etat, & remirent nos Inftructions aux Officiers Commandans. Ceux-ci les exécuterent poncluellement; ils conduifirent leurs NavireS en fureté, & rentrèrent dans la fuite dans nos Ports, comme nous le dirons plus en détail en fon lieu : Le narré de nos opérations ultérieures, par rapport a cette Divifion, A 2 fe  ( 4 ) fe trouve tcllement ÏÏè avec celui des ordres, que les circonflances nous appellerent a donner depuis au gros de la Flotte, que loin de fcparer ces deux objet^ il fera plus convenable de les traiter enfemËe, ce qai fauvera des répétitions inutiles. Nous étions perfuadés, qu'il ne fuffifbit pas de fonger aux moyena de prévenir Ia prife «Sc la perte des deux Convois, maÏ3 qu'il s'agisIbit encore de les faire rentrer fürement. En conféquence, le tems, auquel on nous avoit fait efpérer, que plufieurs Vaiffeaux feroient équipes, fut a peine expiré , que nous ordonnames au Vice Am/ral Hartfwk , de nous indiquer promptement Tépoque précife, oü ces- Navires, ainfi que quelques autres, pourroient fonir, fi le tems le permettoit, & de nous infe-rmer en même tems s'il feroit poffible , d'envoyer un Detachement pour renforcer f££adre, qui efcortoit les Vaiffeaux de Drontheim. Nous raffurames, que la nouvelle dime prétendue croifière de 1'Amiral Kmpenfeld dans la mer du Nord, s'étoit trouvée fauffe; mais que, d'après des avis venus d'Arïgleterre, le Commodore Tlotham avoit mouillé aux Dunes avec cinq Vaiffeaux de 74 & tróïs de 64. Canons. Nous lui ördohnïmés de Is'aboucher au plutöc avec /es autres Officiers Généraux, pour délibérer enfemble fur la LOrtie de la Flotte des Etats, ou de quelques Vaisfeaux deftinés a renforcer le Convoi , & pour concerter Jes moyens de favoir les mouvemens de 1'ennemi, plus promptement & plus pofltivement, qu'on n avoit pu le faire jusqu'alors; comme aufJI ceux de fuppléer a la difette de Batimens légers qu'on reffentoit toujours. Enfin nous lui recommandames de faifir toutes Jes occafions qui fe préfenteroient de caufer du dommage a 1'Ennemi, «Sc de protéger ie commerce des Habitans de cette République. De plus, nous lui fimes confidérer & aux autres Officiers^Généraux, qu'il feroit peut-être avantageux de fuivre Van ou Pautre de ces deux projets : ou d'aller chercher, avec un Detachement de Ja FJotte a fes ordres, le Vaiffeau Zierikzée, & la Frógate La Brille, qui étoient encier.ment équipées , (parcequ'on faiïöit difficulté en Zélande de lajffer partie le Zierikzée feul ) & de fauver enfuite Timportant Convoi de .Drontheim; ou, lorsque ce Convoi leroit entré au Texel, de faire escorter jusqifenZélande, par une partie de la Flotte, le Vaiffeau le Sud~ Beveland, &je Navire le Vieux Haarlem, de la Compagnie des Inde?, de ramener alors de cette Province le Zierikzée, & de la Meufe, la Frè! gate la Brille. Le Vice Amiral nous répondit dès le lendemain (2 Septembre) qu'il avoit conféré fur notre Lettre avec M. M. de Byland, van Kinslfergen, van Braam, ScvanHoey; mais que tous unanimement jugeoient comme lui, qu'il feroit imprudent de divilèr le peu de Forces qu'on avoit,  (5) avoit, & d'èiivoyer uri Detachement, qui d'ailleurs ne pourroit réfiftef • k celui qu'il devroit combattre: ce qui ne feroit qu'affoiblir les dix Vaiffeaux, qui devoient être prêts vers la fin de cette femaine la; cependant ce petit nombre de Vaiffeaux auroit été plütöt équipé, fans 1'intempérie de la faifon & les Vents furieux, qu'on avoit effuyés pen* dant quelques jours; au refte, trois fenlement avoient tout leur monde; .ïl manquoit aux Röles des autres 20? Hommes, & 1'on comptoit 316 malades a leur bord: le parti propofé leur fembloit d'autant plus dangereux, qu'on ignoroit 1'endroit, oü fe trouvoient les Vaiffeaux de Drontheim; auxquels nous avions d'ailleurs dépêché des Expres pour les avertir de ce qui fe paffoit. En conféquence, ces Officiers croyoient qu'il feroit plus convenab!e d'attendre , pour détacher des Vaiffeaux vers la Zélande & la Meufè, la fortie de toute la Flotte, fi alors les circonftances le permettoient *, ils étoient d'autant mieux affermis dans cette opinion, que les informations du Vice Amiral portoient, que le Vaiffeau Je . Zierikzée ne feroit pret que dans trois femaines. Néanmoins il comptoit faire fortir le lendemain Jes Frégates Ie Jafon & le Dauphin, & le Cutter ia Sirene, tant pour mettre les Cötes du Texel a 1'abri des infultes de petits Navires ennemis, que pour fe procurer des informations fur les deffeins des Anglois. On avoit discutê ce dernier objet dans la Conférence, dont nous venons de parler, & 1'on étoit tombé d'accord, que rien ne pouvoit le favorifer plus avantageufement, que J'affrêtement de quelques Barque3 dePêcheurs ou d'autres femblables Batimens, qu'on enverroit fous PaviJJon neutre dans Jes Ports ennemis. A la réception de cette Tèponfe, nous réiterames le 3 Septembre au Vice Amiral 1'ordre donné, après la conférence tenue le 21 Aoüt5 k bord de VAmiral Gènéral, de faire fortir directement & auffi-töt qu'iJs feroient équipés, les Vaiffeaux qui devoient compofer 1'Efcadre d'Obfervation, & d'affurer ainfi Ja rentrée des Vaiffeaux des Jndes: mais comme d'après nos informations, la Flotte Angloife demeuroit dans fes Ports, TEscadre ne devoit point s'éloigner des cötes, mais refter en cróifière & la hauteur de la rade, pour couvrir ainfi le retour des Vaiffeaux de la Compagnie. Nous lui laiffames cependant la liberté de détacher d'abord, & de concert avec les autres Officiers Généraux Je Vaiffeaa le Glinthorft & les Frégates VArgo, le Jafon, & la Vigilance vers Eh feneur, ou bien de nous demander de nouveaux ordres a eet égard: A ia prière, nous lui promimes dans peude nouvelles inftniéh'ons touchant les opérations ultérieures, mais en lui enjoignant néanmoins de fortir k rinftant, & fans attendre nos ordres, aufli-töt qu'il feroit informé du départ de Milord Howe pour Gibraltar', alors il devoit tacher de couvrir B te  ( 6 ) fe Convoi de Drontbeim, de ramener les Vaiffeaux de la Baltique, & d'ifltercepter les Convois Anglois, en un mot, mettre touc en ceuvre pour nuire a 1'ennemi, en prenant toutes les précautions convenables, pour ine pas fe laiffer affaillir par des Forces fupérieures. Selon le rapport du Vice Amiral Hartfmk, du 4. Septembre, on %nala le même jour de Kykduin treize Vaiffeaux ennemis; on en dêcouyrit enfuite feize, dont la diftance empêchoit de reconnoitre le rang, .outre trois petks Batimens. Les Capitaines Valllanti Story , Sc le Lieutenant Haringman allerent les obferver de plus prés; & le premier rapporta, que cette Efcadre étoit compofée de deux Vaiffeaux a trois ponts, de treize a deux ponts, parmi lesquels il en avoit diftinclement vu neuf ou dix de foixante-dix canons, trois Frégates & deux Cutters. A cette nouvelle, le Vice Amiral Hartfmk affembla les Officiers Généraux •& les Capitaines des Vaiffeaux, qui mouilloient au Texel, pour demander leur avis dans cette occurrence. Ils répondirent tous unanimement, ainfi qu'il paroit par la pièce N°. 1., que les Forces qu'on avoit en eet endroit, n'étoient rien moins que fuffiiantes pour aller attaquer les Anglois: qu'il falloit fe bomer par 'conféquent k mettre les Vaiffeaux de VEtat dans la pofition la plus avantageufe pour repouffer 1'ennemi, au cas qu'il óföt tenter une entreprife contre la rade : D'après eet avis unanime, on détac/ia les Capitaines A. H. C. Staring, H Hooft, Sc Aberfon pour compofer la garde avancée, & 1'on devoit faire prendre aux autres Vaiffeaux une pofition convenable pour qu'ils puffent fe fervïr de tous leurs canons, fans fe nuire Jes uns aux autres. Dans ces conjonctures, il nous parut qu'il étoit néceffa/re, non feulement de donner avis au Vice Amiral Pichot, de 1'apparition d'une Efcadre ennemie aulfi formidable, afin qu'il fe tint fur fes gardés; mais encore de confulter les Vice-Amiraux lleynfl Sc Zoutman, & avec MMT. Bisdom Sc van der Hoop fur les ordres qu'il falloit donner au Vice-AmimXHartfink, & au Contre-Amiral Dedel. D'après- leur avis, ainfi que nous Pavons déja dit plus haut, nous écrivimes le f Septembre a cedernier , d'affrêter, s'il le pouvoit, trois ou quatre Barques de pêcheurs, 'de placer fur chacune une perfonne de confiance, & de les envoyer en croifière vers 1'endroit oü 1'on fuppofoit devoir rencontrer le Convoi de Drontkim, au cas qu'il eut mis a la voile; Elles devoient informer % Commandant du Convoi de 1'apparition de 1'ennemi dans Ja mer du Nord Sc fur nos Cótes, afin qu'il fauvat de fon mieux les Vaiffeaux qu'il efcortoit, en fe retirant avec eux dans un port neutre; une fois en fureté , nous lui enjoignions de nous en donner connoiffance par des Expres, & d'attendre de nouveaux ordres avant de continuer fa toute. D'après  ( 7 ) D'après 1'avis dont nous venóns de parler, nous répondimes au Vice Amiral Hartfmk, qu'il nous fembloit, qu'il feroit imprudent, vu 1'infériorité des Vaiffeaux au Texel, de les nsquer contre des Forces ennemies inüniment fupérieures, ce qui pourroit entrainer la perte totale '& irréparable de la Marine a peine renaiffante de la République; & que nous approuvions pleinement les arrangemens qu'il avoit pris provifion'nellement pour la fureté de la rade, ainfi que 1'avis donné par lui au Contre Amiral Dedel de 1'approche de 1'ennemi. Nous lui ordonnames encore de faire obferver & fuivre continuellement 1'ennemi, de la facon qu'il jugeroit la plus fure, afin d'être toujours informé des forces qu'il avoit dans la mer du Nord & du lieu oü il fe tencit. Le Vice Amiral en devoit inftruire, de tems en tems, 1'Officier qui commandoit dans le Vlk. AuiTi-töt que les Forces de 1'ennemi feroient affez diminuées, pour que leur nombre n'excédat plus celui des Vaiffeaux qu'on pourroit lui oppofer, il devoit fortir "a 1 ihftant, prendre, détruire ou repouffer & chaffer les Batimens Anglois qu'il rencontreroit, en obfervant foigneufèment de ne pas fa laiffer atti'rer par artifice en pleine mer, pour fe voir couper enfuite, par des forces fupérieures j la retraite vers les Ports de la. République. Auffi lui en/oignimes-nous de ne s'éloigner des Cótes qu'a une diftance affez prochaine, pour pouvoir regagner, en cas de befoin, le *i Lands Diep* Au refte il devoit prendre fbin, que les Vaiffeaux fous fes ordres eusfent toujours les provifions néceffaires de vivres & d'eau, pour être en état d'aller fans délai a Ja rencontre des Convois de Drontbeim & de la Baltique', auffi-töt qu'on auroit des nouvelles fures de la retraite des Efcadres ennemies de la mer du Nord, & du départ de la grande Flotte Angloife pour Gibraltar; ou pour exécuter tous les autres ordres qui lui feroient envoyés felon les circonftances. Le même jour de 1'expédirion de cette Lettre, nous lui en écrivimes une feconde, accompagnée d'un Rapport du Lieutenant Corneille Smeer, par lequel il paroiffoit qu'une partie de la Flotte Angloife avoit levé 1'ancre, le 4-me dans Faprès midi, & fait voile vers le Pas de Galais. Nous lui ordonnames de s'informer de la vérité de cette nouvelle, qui, fi elle fe trouvoit fondée, annonQeroit le départ de la Flotte pour G/braltar; «Sc comme alors les Forces ennemies dans la mer du Nord «Se fur nos Cötes feroient beaucoup inférieures a celles de 1'Etat, rien ne devoit plus empêclier le Vice Amiral de fortir. Dans une Lettre qu'il nous écrivit le 6 Septembre, il nous témoigna qu'il lui feroit vraifemblablement impoflible d'obéir aux ordres que nouS lui avions donnés, d'affréter quelques Barques de Pécheurs,attendu que B 2 pendanê  ( 8 ) pendant tout PEté, il s'étoit donné inutilementj ainfi que le Contre Amiral van Kinsbergen, beaucoup de mouvemens a ce fujet, ayant offert fans fuecès des récompenfes confidérables. Le Contre Amiral Dodel s'étoit au01 expliqué de la même manière; après avoir elTuyé bien des refus, il avoit enfin engagé un feul Batiment pour le voyage de Drontbeim, encore 1'affrêtement montoit k un prix exhorbitant. Pour fatisfaire néanmoins k nos défirs , le Vice Amiral avoit fait reffortir de nouveau les Frégates des Capitaines Vaillant & Story pour aller k la découverte; mais ceux-ci n'avoient point encore rencontré un feul Vaisfeau ennemi. 11 comptoit aufli envoyer des Barques pontées pour le même objet. Comme notre but étoit d'augmenter, autant qu'il feroit poffible, le nombre des Vaiffeaux qui étoient équipés au Texel, nous avions ordonné le 4. Septembre au Contre Amiral van Kruyne, qui commandoit les Vaiffeaux de 1'Etat en Zélande, de faire partir au premier bon Vent le Vaiffeau Zierikzée, du Capitaine Haringman, pour Texel; afin de s'y ranger fous les ordres du Vice Amiral Hartfmk, ou de 1'Officier qui commandoit a cette rade; auili-tót qu'on auroit trouvé un Pilote Cótier du Texel pour ce Vaiffeau, & qu'il feroit monté au moins de 350 hommes. Mr. van Kruyne devoit préalablement s'informer, fi 1'on étoit 61'en fur du départ de la Flotte Angloife; & au cas qu'il apprit le contraire , foit par fes Croifeurs, foit par les rapports qu'il recevroit d'ailleurs, il devoit nous avertir, ainfi que le Vice Amiral Hartfmk, dés que le Capitaine Haringman feroit en état d'appareiller. Afin que le ravitainement de ce Vaiffeau ne fut point un obflacle k fa prompte fortie, nous ordonnames au Contre Amiral de permettre au Capitaine Haringman, de fe fournir de provifions fraiches, en les tirant des Vaiffeaux qui moulloient a la rade de Flejfmgue, au cas que les fiennes ne fuffent point préparées encore, ou que leur quantité ne fuffit pas pour un voyage de deux h trois mois. II devoit s'entendre k eet égard avec fe Capitaine du Vaiffeau dont il emprunteroit les vivres. Nous nous flattions qu'aucun Capitaine ne réfuferoit de fe prêter a ces arrangemens, afin que 1'Etat ne fut pas plus longtems privé da lèrvice qu'il attendoit de ce Vaiffeau. Nous enjoignimes encore au Contre Amiral de s'aboucher avec Je Confeil d'Amirauté de Zélande, pour concerter les moyens de fournir att Vaiffeau Zierikzée des Marins habiles & expérimentés. Pour eet effet, on devoit échanger 1'équipage des Vaiffeaux de cette Amirauté, deftinés a fervir de Garde-Cötes, & en particulier les Matelots qui avoient paffé avec le Contre Amiral fur la Frégate le WaUhenn contre d'autres Matelots j  (9) Matelots, qui pourroient être employés fur le Zierikzée, afin qüe cé Vaiffeau fut en état de gagner promptement le large. Nous donnames connoilTance de ces ordres au Confeil de la même Amirauté, en lui récommandant de la facon la plus expreffe de tenir la maïn a 1'exécution des mefures, qui pourroient bater le prompt équipement de ce Vaifleau. Dès le 8 du même mois, le Contre Amiral van Kruyne nous avertit, que le Vaiffeau étoit en état de fortir, auffi-tót qu'on feroit inFormé du départ de la Flotte ennemie, & que d'ailleurs le Pilote-Cö-tier, envoyé par le Vice Amiral Hartfmk du Texel, étoit arrivé h veilig en Zélande. Mais le \$ fuivant, nous nous vimes obligés d'ordonner de nouveau au Contre Amiral, qui ignoroit la retraite des Vaiffeaux ennemis , de faire partir le Zierikzée pour le Texel, accompagné, s'il étoit poflible, d'une Frégate, ou d'un autre Batiment léger; avec ordre dé chercher & de fuivre la Flotte, fi le Vice Amiral Hartfmk avoit déja mis a la voile. Cependant nous Coupqonnions, qüe la nouvelle, rapportée par feLieutenant Corneille Smeer, du départ des Ennemis pouvoit être vraie; nous réfolümes en conféquence de retourner au Nouveau Diep, & d'y faire tenir en notre préfence un Confeil de Guerre, pour y arrêter les mefures que le fervice de 1'Etat exigeroit dans ces circonftances. Le 7, nous communiquames Ce deffein aü Vice Amiral Hartfmk, en lui ordonnant de ne pas attendre notre arrivée, mais de fortir au plutót, s'il apprenoit av;ec certitude avant ce tems h nouvelle du départ de VEnnemi. Quant au refte, nous nous en rapportions aux ordres expédiés le 3 & le 6 du même mois. 'Nous partimes de la Haye le 8, & le lendemain nous convoqnames un Confeil de Guerre, compofé des Vice Am/'raux Hartfmk, Reynjl, & Comte de Byland; des Contre Amiraux van Braam, van Kinsbergen & van Hoey; des Capitaines van Braam, Stavorinus, E. C. Staring, Dekker, van Pelt, F. R. C Comte de Rechter en, van Overmeer, Comte de Welfaren, A. H. C. Staring, V Hooft, Meurer, Aberfon & Bofch $ affffté du Confeiller & Avocat Fiscal van der Hoop. Aprcs la lecture des Rapports rendus par les Vaisfeaux Croifeurs, nous demandames 1'avis de tous les Membres du Confeil fur cette question; fi 1'Efcadre des Etats pouvoit ou non fortir, pour couvrir le Convoi qu'on attendoit de Drontbeim, & quelles devroient être alorsfes opérations? . . . C Ton»  (1°) Tous répondirent unanimement, qu'ils ne pouvoient pas vóter eri confcience pour la fortie des Vaiffeaux ou d'une partie d'entre eux; leurs raffons font confignées dans les Notules de ce Confeil, qu'on trouvera parmi les Pièces Juftificatives, N°. 2. Après quoi nous témoignames, combien il nous feroit agréable de nous voir indiquer par Pun des Membres du Confeil quelque autre moyen, foit de protéger plus efficacément le Convoi de Drontbeim; foit de caufer du dommage a 1'ennemi. Mais tous nous déclarerent qu'a leur grand regret,ils voyoient la Patrie réduite, par la lupériorité de 1'ennemi, a une telle extrémité, qu'ils ne pouvoient ouvrir aucun avis capable de répon?' dre aux fins qu'on fe propofoit. Enfuite nous ordonnames dans les termes les plus exprès aux Officiers qui commandoient 1'Efcadre, de pourvoir leurs Vaiffeaux d'eau & de vivres, de facon a fe voir en état de fortir au premier ordre, complettement équipes de toutes chofes. Nous propofames enfin un moyen, qui paroiffoit propre a hater plus promptement la fortie des Vaiffeaux deftinés a croifer dans la mer du jVord: c^étoit de leur fournir des Soldats tirês des Troupes de terre, & qui pourroient, durant cette expédition, être employés comme un Détachement fous les ordres de leurs Officiers. Le Capitaine van Braam nous demanda alors 50 hommes, le Capitaine Comte de Weidereni'40, le Capitaine Bofcb 3 ?, le Capitaine Stavorimis 4.0, & le Capitaine Comte de Reciteren en demanda zo. Les autres Officiers Généraux & les autres Capitaines jugerent qu'ils pouvoient fe paffer de Soldats, & déclinerent en conféquence cette propofition. De retour a la Flaye, nous communiquames les Notules du Confeil de Guerre au Vice Amiral Zoutman. II nous répondit le même jour, que, pour les raifons alléguées, il jugeoit qu'on n'avoit pu s'arrêter a un autre parti qu'a celui qu'on avoit pris, de furfeoir provifionellement la fortie de l'Efcadre. Non contents encore de tont ceh, nous nous crumes obligés de faire rapport au Committé fecret de LL. HH. PP. de nos opérations, depuis le retour de l'Efcadre au Texel, des ordres que nous avions don^ nés fucceffivement, des Lettres & des Rapports que nous avoient; adreffés les Commandans & autres Officiers de 1'Etat, des avis que 1'on avoit donné & des Réfolutions formées dans les Confeils de Guerre: nous demandames en même tems d'être inftruits des intentions de LL. HH. PP., & fi Elles défïroient de faire fortir la Flotte ou bien de la laiffer encore au Texel? Elles approuverent nos opérations & les ordres que nous avions donnés; Elles prirent, touchant le dernier point, une Réfolution Com- mis-  (II) . mifforielle avec Jes Députés des Amirautés; ceux-ci furent en conféquence convoqués fans délai. Mais avant que Ton commencat les délibérations fur cefujet, Mr. le Confeiller Penfionnaire van Bkiswyk nous communiqua, le 3 Septembre, une Lettre, écrite deDunkerque par Mr. cVAngkmont, laquelle avoit été remife au Penfionnaire par M. le Duc de la Vauguyon. L'Auteur de cette Lettre difoit avoir appris, que les 16 Vaiffeaux Anglois, deux Frégates & deux Cutters, que des Prifonniers Francais, arrivés le 2 a Dimkerque, rapportoient avoir vu le 1, faifant route vers le Nord, étoient revenus le 6 fur les cötes d'Angleterre, dirigeant leur cours yers ia Manche. Cette nouvelle nous parut fi authentique a tous égards, que nous ne fimes aucune difficuké d'envoyer, dès le même jour, une Copie de la Lettre au Vice Amiral Hartfmk, en lui ordonnant d'appareiller au premier bon vent, a moins que d'après d'autres informations, il put fe croire fondé a regarder la nouvelle comme hazardée: en ce cas, il devoit conférer fur ce fujet avec les Officiers Généraux qui fe trouvoient prés de lui, & nous faire parvenir les raifons qui rendoient domeufQ 1'autrfenticité de cette nouvelle: En nous référant a nos Lettres, du 1, 3, 6 & 7 du même mois, nous lui récommandames encore de ne point retenir ia Flotte dans la rade, s'il ne fe trouvoit point en mer des forces fupérieures de 1'ennemi; de prendre de concert avec les Officiers Généraux, les précautions qui feroient jugées néceffaires pour Ja prote&ion du Commerce de Ja République, & en particulier pour celle des Vaiffeaux, que 1'on attendoit de Drontbeim: de caufer a 1'ennemi tout Je dommage poffible, fok en interceptant fes Convois venant de la Baltique, foit en entreprenant telle autre expédition, qui feroit jugée convenable, tant par lui que par les Officiers défignés ci-deffus; nous lui ordonnames encore, de prendre toutes les précautions néceffaires, pour ne pas expofer les Vaiffeaux a quelque revers facheux. Cependant le Confeil de Guerre, que le Vice Amiral avoit cru néceffiiirement devoir affembler, & qui étoit compofé de cinq Officiers 'Généraux & de dix Capitaines demeura unanimement d'accord, qu'on ne pouvoit point fe fier a la nouvelle rapportie ci-deffus, & que par conféquent on ne devoit pas fortir, avant d'avoir des nouvelles plus pofitives du départ de l'Efcadre Angloife : c'eft ce qui paroitra par les Notities de ce Confeil de Guerre du ï$ Septembre, parmi les Pièces juftificatives, N°. 3. Cependant nous eumes la fatisfaclion d'apprendre J'iieureux fuccès de nos efforts, pour avertir les Vaiffeaux de Drontbeim: Le Oapicaine van Gennep, qui commandoit le Convoi, informé de 1'apparition d'une Escadre Angloife dans la mer du Nord, & ayant recu nos ordres pour C 2 gagner  ( " ) gagner quelque Port neutre, dirigea fa route, de concert avec les Conw mandans des Vaiffeaux qu'il avoit k fes ordres, vers Bergen en Norvège. 11 mouilla 1'ancre, le i $, avec les Vaiffeaux le Tromp, le Prime Héréditaire, le Sud-Beveland, la Tbétis, & le Cutter YAgile, ainfi qu'avec les trois Vaiffeaux des Jndes, a la rade de Hoogewaard, k i $ lieues du port de Bergen, qu'il n'avoit pu atteindre, k caufe d'un Vent de Nord qui s'étoit élevé. De-lk,il nous écrivit qu'étant informé des préparatifs qiie les Vaiffeaux de 1'Etat faifoient pour fortir, il avoit affemblé un Confeil de Guerre, oü 1'on réfolut de refter a la rade de Hoogewaard jusqu'après 1'équinoxe, ou tout au plus tard jusqu'a la fin de Septembre, & qu'alors il Feroit route jusqu'k Bergen, en traveriant le Lieth; qu'en attendant il fourniroit aux Vaiffeaux toutes les provifions qu'il pourroit fe procurer. Avant que nous eutïïons recu la réponfe de Mr. Hartfmk a notre Lettre du'i 3 ; on recut ici des nouvelles d'Angleterre, en date du io Septembre, que, ie s du même mois, dix-fept Vaiffeaux de guerre avoient dépaffé Goodwinfant en portant a 1'Oueft ; que 1'Amiral Milbank étoit arrivé'a Portsmouth, le 7, avec toute fa Flotte, & que tous ces Vaiffeaux partiroient Je 8 pour Gibraltar. En conféquence, nous crumes pouvoir fans risque ordonner lei5au Vice Amiral Uartjïnk, de faifir le premier bon vent, pour fortir avec tous les Vaiffeaux Sc toutes les Frégates qui feroient prêtes: de tacher d'intercepter le Convoi Anglois qui venoit de la Baltique, & enfuite de ramener les Vaiffeaux de Bergen Sc de la Baltique: De faire au refte ce qui feroit polfible pour miire a l'Ennemi,pour protéger le Commerce ; & pour foutenir 1'honneur du Pavillon Ilollandois. Nous lui communiquames en même tems fordre, dont il a été fait mention plus haut, Sc que nous avions donné an Contre Amiral van Kruyne, de faire partir fans délai le Vaiffeau le Zierikzée pour le Texel: nóus ordonnames aufli au Contre Amiral van Braam d'envoyer en croifière des Barques pontées ou d'autres Batimens legers, au cas que la Flotte fut fortie avant 1'arrivée de ce Vaiffeau, pour en donner avis au Capitaine Haringman qui Je commandoit. D'après ces ordres, Ie Vice Amiral Hartfmk fit, dès le lendemain, le fignal pour fe préparer k fortir: mais, felon 1'avis des Pilötes Cotiers, le vent n'étoit pas affez fort pour mettre k la voile: Le foir du même jour, il devint abfolument contraire, & les Pilotes eftimerent qu'il pourroit 1'être trés Jongtems. En conféquence, le Vice Amiral déliléra avec le Contre Amiral van Kinsbergen, fur ce qui reftoit a faire pour affurer Ie retour des deux Convois de Drontbeim Sc de Ia Baltique, & pour leur fauver un hyvernage dans les rades du Nord. Le Contre Amiral propofa de former une petite Efcadre des Vaiffeaux de $0 Canons (qui pouvoient mettre au Jarge en louvoyant) & des Frégates équipées; de la faire fortir k Ia première occafion pour couvrir les deux Convois. At- tendu  ( 13 ) tendu que ies Anglois n'avoient alors que peu ou point de Forces dans la mer du Nord; le Contre Amiral offrit même de fe charger du commandement de cette petite Efcadre. Le Vice Amiral trouva que ce projet répondoit a toutes les fins, qu'on pouvoit fe propofer dans les conjectures pré/êntes pour le fervice de 1'Etat, & furtout pour le bien du Commerce; auffi ne balanca-t-ii pas a nous le communiquer. En effet, dans la fuppofition même que cette petite Efcadre re9Ut un échec , on fent que ce revers n'auroit pas rêjailli effentielleraent fur Je gros de 1'armée Na vale , & les Convois euffent pourtant confervé la même Efcorte. D'ailleurs , pour tromper 1'Ennemi, il étoit facile de répandre le brui: que la grande Flotte avoit mis a Ia voile, tandis qu'on auroit fait prendre les devants aux meilleurs .Voiliers, pour prévenir les Vaiffeaux de Bergen & ÜElfeneur de la fortie de l'Efcadre, en cachant le nombre des Vaiffeaux qui ia compoferoient. Cependant Mr. van Kinsbergen devoit détacher un Vaisfeau de Canons, pour protéger plus furement le Convoi de la Baltique-t & le Vice Amiral lui - même auroit mis a la voile par nos ordres, au premier bon vent d'Eft, avec les gros Vaiffeaux, pour former une Escadre d'Obfervation, qui fe tiendroit entre 1'Ennemi & Ia divifion fe.Mr.'van Kinsbergen, qui devoit fe rendre a la hauteur du Kattegat. Mr. Hartfmk étoit encore convenu avec le Contre Amiral, que vü la faifon avancée, qui ne fouffroit aucun délai, ce dernier mettroit a Ia voile a la première occafion favorable, a moins qu'il ne recüt préalablement un contre ordre de rtotre part. Le Vice Amiral infiftoit d'autant plus fur la prompte fortie de 1'Escadre, que d'après le témoignage unanime de tous les Pilötes - Cötiers qu'il avoit confulté, il eff tres dangereux, & même impardonnable de croifer dans la mer du Nord, avec de gros Vaiffeaux, plus Iongtems que jasques k Ia mi-O&obre. D'ailleurs il eft extrêmement difficile de conduire les grands Vaiffeaux de 1'Etat dans Je Havre , il faut trois vents différents pour 1'exécution de cette manoeuvre. Conféquemment on ne devoit pas différer trop Iongtems a désarmer les Vaiffeaux, pour ne pas les expofer a d'éminents dangers. Comme nous espérions d'apprendre bientöt la nouvelle de Ia fortie de la Flotte, en conféquence de nos ordres du 15, & de la réponfe de M. Hartfmk du 16, nous différames jusqu'au 18 a rendre compte dans le Comitté fecret de LL. HH. PP. de ce qui s'étoit palfé depuis le 12 jusqu'a ce jour - la, ainfi que de la nouvelle du Capitaine van Gennep. LL. HH. PP. approuverent les ordres que nous avions donnés le 1 $,  ( H ) &prirent, a I'égard des deux Lettres du Vice Amiral Hartfink fa i$ & du 16, une Réfolution Commifforielle avec les Députés des diffé- rentes Amirautés. MM. Hartfnk Sc van Kinsbergen ne renonce/ent cependant pas a leur projet de détacher une petite Efcadre fous les ordres de ce dernier, malgré les accidens arrivés aux Frégates le Dauphin & la Brille. La première étoit revenue confidérablement endommagée , en rentrant elle avoit donnée, par 1'obfcurité de la nuit, dans 1'éperon de la Brille. Et la Frégate, le fafon, ayant caffé fon perroquet de misaine, étoit restée en mer, & remontée au Nord. Nous confultames donc fur cette propofition MM. les Fiscals Bisdom & van der Hoop, & les Vice Amiraux Reynfl & Zoutman; ceux-ci jugerent que nous devions approuver pleinement le plan concerté entre MM. Hartfmk Sc van Kinsbergen, Sc applaudir a la propofition que ce dernier avoit faite de fon propre mouvement,, de commander la petite Efcadre. Qu'il falloit entièrement abandonner a 1'habileté,aux bonnes intentions&a la bravoure du Contre Amiral Ie choix des mefures qui lui paroitroient néceffaires pour remplir toutes les vues qu'on fe propofoit, attendu que la fituation des affiüres changeoit h chaque inftanr. Qu'il paroiffoit d'ailleurs plus convenable pour 1$ préfent, d'affurer préalablement la rentrée du Convoi de Drontbeim, avant que de détacher quelques Vaiffeaux de cette petite Efcadre vers la Baltste, en coniidération de la force du Convoi Anglois dans cette mer, lequel d'après le Rapport du Capitaine van der Beets confifioit en plus de 1 ?o Navires Marchands, ^Frégates du Roi, deux Cutters, Sc quelques Batimens Armés. Us eftimerent encore, qu'on pourroit expédier par terre un Courier a Bergen pour communiquer a I'Officier commandant, le départ de la Flotte Angloife, le deiTein qu'on avoit formé de détacher une Escadre, & pour lui ordonner de revenir au plutot: qu'on informeroit enfin le Vice Amiral Hartfmk, que 1'Amiral Howe, avoit mis le n en mer avec 35; Vaiffeaux de ligne, Sc fait voile vers Gibraltar; en lui ob» fervant qu'il feroit peut-être ut/Je, de détacher par un beau tems une barque pontée, pour avertir le Vaiffeau Zierikzée, qu'on attendoit de Zélande, de ne point entrer au Texel, afin de renforcer de ce Navire 1'Escadre du Contre Amiral. Nous fuivimes eet avis dans les Initruétions que nous expédiames le 19 Septembre au Vice Amiral. Nous envoyames un Exprès k Bergen au Capitaine van Gennep, pour 1'informer de ce qui s'étoit paffé, Sc pour lui ordonner d'efcorter vers la rade du Texel les Vaiffeaux le Triton Sc le Leo, & de charger de ia même commiffion, a I'égard du Navire le Vieux Haarlem, defüné pour la  ( 15 ) Ja Zélande, Je Vaiffeau le Sud Beveland, & d'autres encore, s'il eri étoit bêfoim Le'Capitaine van der Beets ne recut point de tourier de notre part; attendu qu'aufii bieri fon Vailfeau, rempli de malades, ne pouvoit pas fervir a renforcer 1'Efcorte. , Nous avons dit plus haut, que LL. I1H. PP. avoient nommé une CommuTion pour délibérer fur les Lettres du Vice Amiral Hartfmk, en date du i y & du 16 Septembre. Lettres produites par nous - mêmes, dans le Committé fecret des Etats Généraux, lors de notre Propofition du 28 de ce mois. Les Ouvertures que nous donnames depuis touchant Jes ordres vltérieurs qua nous avions expódiés, tirent ceffer Vobjet de cette Commiffion, comme LL. HH. PP. Je déclarerent par une Rófoia* tion du 20 fuivant. Cependant Elles exigerent du Vice Amiral un Rapport des mefures qu'il avoit employées, pour fe mettre, d'après nos ordres, au fait des forces & des mouvemens de 1'Ennemi fur les Cótes de ce Pays, ainfi que des obftacles qui 1'avoient eitipêóbê d'apprendre le départ de la fïpt* te Angloife, même Iongtems après qu'elle eut fait yoile a 1'Oueft. Pour fatisfaire aux ordres de LL. UIL PP, le Vice Amiral répondit le 2 2. Qu'auili-tót après qu'on eut fignaló a Kykduin treize Vaiffeaux ennemis , il avoit envoyé vers cette hauteur le Capitaine A. H. C. Staring avec 1'un de fes Pilótes, afin d'apprendre quelque chofe de plus détaillé fiir cette Efcadre ennemie. Que ce Capitaine lui avoit rapporté le même foir, que la Flotte fignalée confiitoit en feize gros Vaiffeaux, & trois petits Batimens. L'après midi de ce jour il avoit détaché le Capitaine Vaillant, commandant la Frégate le Dauphin, avec la Frégate le Jafon, & le Cutter la Sirène, commandés par le Capitaine Story, & Je Lieutenant Haringman pour croifer fur les cötes, en leur ordonnant de venir mouiller au pemusdu Texel, pour mettre en mer le lendemain matin; fi les circcnflanees le permettoient j afin d'al/er reconnoftre l'Efcadre ennemie d'auffi prés qu'il leur feroit pofiible. Le Capitaine Vaillant obferva la Flotte a Ia difiance d'une lieue, & u une demi lieue hors de la dernière balifè; un gros Vaiffeau a trois ponts lui donna la chaffe, & le fit rentrer. Cet Officier rapporta les détails les plus complets fur la force de la Fiotte ennemie. Le Vice Amiral, perfuadé qn'en bonne Taclique navale, il ne pottvoit recevoir d'informations certaines fur l'Efcadre fignalée, que par do bons voiliers tels que les Frégates & le Cutter, renvoya de nouveau en mer le Capitaine Vaillant, en lui ordonnant d'employer tous les moyens D 2 polfibles  e 16) poffibles de reconnoitre & d'obferver TEnnemi. Celui-ci demeura en croifière depuis le ? jusqu'au 16. Mais pendant tout ce tems, il ne fit parvenir au Vice Amiral d'autres nouvelles que de lui marquer, que le 5 on avoit vu la Flotte devant Ie Wyk; Sc Mr. Hartfmk avoit conclu tant par les Rapports du Capitaine Story, que par ceux de quelques Patrons Marchands entrés au Texel, que 1'Ennemi étoit remonté au Nord. II avoit encore envoyé journellement des Pilötes-Cötiers en croilière, avec ordre de 'mettre tout en- ceuvre pour recevoir des informations fur les manceuvres de 1'Ennemi." Mais malgré toutes ces mefures il n'avoit, pu apprendre phtöt le départ de la Flotte vers le Ouefl, que par la nouvelle que nous lui en donnames. Dans une Réfolution du 24., LL. HH. PP. nommerent une nouvelle Commiffion, compofée entr'autres des Amirautés refpectives, pour examiner ce Rapport. Mais Ie 3, Elles trouverent bon de le mettre de cöté; en coniïdération, de ce que par certaines informations qu'EIIes recurent, il étoit évident; que le Vice Amiral avoit fait beaucoup plus, qu'il ne paroiiToic par fon Mémoire, pour fe mettre au fait, d'après nos ordres, des forces Sc des manceuvres de l'Efcadre ennemie; mais qu'on avoit manqué de Batimens légers, & que d'ailleurs le Vice Amiral avoit été lui-même abufé par des nouvelles de mer, qui fe trouverent fauffes dans la iuite. Par la même Réfolution, LL. HH. PP. ordonnerent aux Confeils d'Amirautés de la Meufè & d'Amfterdam, d'équiper provifionnellement pour les rades de Goerée, du Texel, Sc du Vlie quatre petits Batimens légers & bons voiliers, montés d'un petit nombre de matelots. Ces Navires devoient fuppléer a la difette dont on avoit éprouvé les facheufes fuites, & feroient employés par les Officiers commandant a la rade, 6 par les Vaiffeaux de 1'Etat, comme ils le jugeroient néceffaire. Des tempêtes continuelles & multipliées cauferent dans ce mois beaucoup de dommage aux Vaiffeaux, tant a ceux de Zélande qu'a ceux qui mouilloient au Texel. Des trois Vaiffeaux qui faifoient la garde avancée Sc auxquelles le Vice Amiral avoient ordonné de fe rendre au Texel, deux effuyerent quelque dommage, a favoir, f"Amiral de Ruiter Sc le Glinthorfl. Comme ils faifoient route, le vent changea tout a coup Sc devint N. O. accompa. gné d'un furieux ouragan; ce qui les obligea a revenir au plutót a 1'ancre. Pareillement la Frégate la Fénus, Sc le Cutter le Mercure s'étoient beurtés dans la tempête; accident qui fit beaucoup de mal furtout au Cutter, qui n'étoit plus en état de fortir avec l'Efcadre du Con- * tre  ( 17 ) tre Amiral van Kimbergen, dont le mauvais tems avoit retardé Péquipé* ment. De fon cóté, M. Hartfmk voulüt profiter le 21 d'un vent favorable pour mettre en mer, mais le lendemain le vent étant devenu contraire, il lui devint impoffible de remplir 1'ordre que nous lui en avions donné. 11 espéroit cependant que dans 2 ou 3 jours la petite Efcadre de Mr.vcrn Kinsbergen pourroit appareiller. Mais la demande qui nous fut faite par Mr. de la Vauguyon, au noiri du Roi fon Maitre , caufa quelque altération a ce projet. 11 s'agisfoit de détacher d'abord dix Vaiffeaux de 1'Etat, pour aller fe joindre a Brefl aux Vailfeaux de Sa Majeflé. La , fi tel étoit le bori plaifir de LL. HH. PP., on pourroit concourir aux mefüres les plus efiicaces pour protéger les Etabliffemens de la Répüblique, en particulier ceux qu'elle poffède en Afie: ou bien on iroit, de concert avec les Vaiffeaux que Sa Majellé Trés Chrétienne tient ou enverroit a Brefl, blocquer le Sud & 1'Oueft de 1'Angleterre, intercepter les Convois de cette Puiffance, & inquiéter fon Commerce. On demandoit encore de faire partir fans délai le re/te de la Flotte vers 1'autre cóté de la Manche, pour t&cher d^y intercepter, s'il étoit poffible, un Convoi Anglois richement chargé, gue fon afTuroit être parti au commencement du moiö d'Aoüt, fous Vefcorte de 1'Amiral Rodney. Cette doublé propofition nous embarraffa extrêmement: D'un cöté* nous voulions éviter tout ce qui pourroit être désagréable a Ja Cour de Frame. D'un autre cóté, nous trouvions plus d'une diniculté a accorder cette demande: d'abord toutes les opérations militaires concertées avec cette Puiffance, & d'après Jesquelles on s'étoit arrangé, étoient fur le point de finir: il nous paroiffoit encore a craindre, que les Porces de la Répüblique une fois divifées, il ne nous fut plus 'poffible de donner tous les fecours néceffaires aux Vaifleaux des Indes, que 1'on attendoit, ainfi qu'au Convoi de la Baltique: tout au moins, d'après ce nouveau plan, nous préfagions que 1'armée navale des Eta.ts dans la mer du Nord, feroit bien foible au printems prochain. Toutes ces confidérations ne nous permirent point de prendre un parti: même après avoir confulté MM.Reynfl, Zoutman,Bisdom & van der Hoop fur ce fujet; nous préférames de remettre la décifion de cette affaire a LL. HH. PP. Le 23 Septembre nous communiquames au Committê fecret desEtatö Généraux les deux Mémoires de Mr. de la Vauguyon: du 21 & 22. Le même jour LL. HH. PP. rendirent cette affaire commifforielle avec lei Amirautés refpectives. E E*  ( 18 ) En conféquence de cette Réfolution, le Committé s'affembla & après Ia tenue des Conférences, il porta le 2? a rAffemblée des Etats Généraux fon Avis, qui revenoit a ceci. Comme les ordres que nous avions donnés pour 1'enlévement du Convoi Anglois de la Baltique navoient pu être exécutés a tems, on devoit nous prier de défigner au plutót un Officier-Général, & de faire détacher par le Vice Amiral Hartfmk pour Brefl 4. ou $ Vaiffeaux de 60 canons, 3 0114 de yo, 2 011 3 Frégates, avec un Cutter ou une Corvette, pour y paffer Fhiver, & y attendre de nouveaux ordres de la Répüblique; ou bien y entreprendre dans les mers de 1'Europe, & de concert avec une Efcadre Franqoife, toutes les expédiuons que eet Officier-Général de même que 1'Officier commandant a Brefl jugeroient utiles & falutaires, bien entendu cependant, que ces ordres que nous donnerions, feroient cenfés être révoqués, au cas que les Vaiffeaux de 1'Etat ne pulTent point entreprendre cette route avant le 8 O&obre fuivant, tant a caufe des Vents contraires & inconftans, que öe quelque autre accident imprévu; afin d'empêcher & de prévenir la destruction totale de cette petite Efcadre, foit par FAmiral Hom, lors de ion retour de Gibraltar, foit par d'autres Vaiffeaux ennemis fupérieurs a ceux de VEtat. Qu'on feroit remettre Copie-de cette Réfolution, par le GrefEer Fagel,:* Mr. le Duc de la Vauguyon, en ajoutant, qu'il paroiffoit impraticable, vü le peu de forces aéhielles de la Répüblique, de faire enlever par nos Vaiffeaux fèuls, & fans autre fecours Je riche Convoi Anglois, lequel feroit efcorté, felon Jes informations, d'une Efcadre compofée tout au moins de neuf gros Vaiffeaux & de queJques Frégates. Que néanmoins LL. HH. PP. étoient extrêmement fenfibJes tant aux difpolitions favorables de Sa Majeflé tres Chrétienne, dont ce Mémoire leur donnoit de nouvelles affurances, qu'au fecours réèl & fidelle, qu'Elle avoit accordée cette année & la précédente, & a 1'Etat & fpécialement aiix Colonies de la Répüblique. Que Leurs Hautes Puiiïances affuroient d'aiJJeurs Sa Majefté, que 1,4 rROFONDE décadence de la Marine avoit feule mpêcbé de pouvoir concourir plus efficacement aux nwyens de nuire a PEnnemi, ou de couvrir les pojfejfions de VEtat, mais que Pon continueroit a faire tous les efforts rossmLES, ÖP celafans reldcbe, pour fe mettre enfin en meilleure poflure, & pour tenir tête avec plus de fuccès a 1'Ennemi commun: que dans ce deffein il feroit trés agréable a LL. HH. PR, de pouffer les opérations militairesde Ja campagne prochaine, foit encombinant les Forces des deux Puiffances, foit en agiffant de concert. Qu'enfin, dans Ie même but, on pourroit ordonner aux Amirautés respeéK\«s de preffer le plus vivement poffible Ia conflruftion des Vaiffeaux .& leur équipe-  C '9 ) équipement; de rendre compte a LL. HH. PP. de leurs opérations relatives a eet objet, pendant cette année, & de Leur indiquer, combien de Vaiffeaux équipés convenablement & pourvus du néceflaire, pourroient être fournis par chaque Département vers le 1 Mars 1783. pour être emploiés en mer au lervice de 1'Etat. . MeOieurs les Députés des Provinces de Hollande & de Wejl-Frife,de Frife Sc &Overysfel, fe rangerent d'abord de eet Avis. Mais ceux des autres Provinces s'engagerent a s'expliquer ultérieurement fur ce fujet. _ Mr. le Duc de la Vauguyon remit le lendemairi a Mr. de Randwyk, Depaté de Ja Province de Gueldres, une Note, ou iJ infifloit fur une réponfe prompte & pofitive aux Mémoires qu'il avoit donnés; il demandoit encore, que vu 1'accélération & le myftere que cette affaire exigeoit, on n'en fit point un objet de dèlibêration pour les Seigneurs Etats des Provinces refpe&ives. En conféquence, comme les Députés de Ia Province de Hollande iV lifterent de la facon la plus forte dans les nouvelles délibérations fur cette affaire a PAffemblée des Etats Généraux, pour 1'amener a une conclufion & arrêter ainfi le Rapport inféré plas haut; Je Député de Groningue fe rangea de 1'avis des Députés de Hollande, de Frifi & ÜOverysfil, & J'on pria ceux des autres Provinces de s'expliquer fur ce fujee fans aucun délai. Mr. l'Ambaffadeur de France revint le lendemain de nouveau a lala cbarge, & exigea une réponfe décifive, afin de pouvoir expédier ce foir-la même fon Courier, & donner connoiffance a fa Cour du réfultat des délibérations. AulVi les Députés des Provinces qui s'étoient déja déclarées, infiflerent ils pour terminer cette affaire a la pluralité, le plutót poffible & même ce jour-la. Mais a la prière des Députés des trois autres Provinces, on remit cette Conclufion au Lundi fuivant, parceqtie ces Meffieurs attendoient vers ce tems Ja réponfe de Jeurs Commettans. L'affaire ne fut cependant arrêtée conformément au Rapport fusdit; & convertie en réfolution formelle de LL. HH. PP. que le Teudi 3 Oélobre. J ^ Dés le 30 Septembre, nous avions autorifé le Vice Amiral Hartftnk a donner 1'ordre de ravitailler pour quatre mois, non feulement Jes Fré%ites, YArgo, le Jafon, la Brille Sc la Vènus, (ce qui nous avoit été propofé par ce Vice Amiral & par Mr. van Kinsbergen, qui avoit tenté de nouveau fans fuccès de mettre en mer) mais aufïï des Vaiffeaux Ie Goes, la Princefe Louife , Ie Glintborfl , le Batave, YAmJlerdam, le Prime Fréderic, 1'Utrecht, VUnion, VAmiral de Ruiter Sc le Kortenaer. Nous lui infinuaraes en même tems, que LL. HH. PP. pourroient fort E a bien  ( 20 ) bien prendre le i ou le 2 O&obre la Réfolution d'envoyer ces 10 Vaiffeaux a Brefl. Mais la nouvelle qne nous communiqua Mr. Boeker, Secrétaire de 1'Amirauté d'Amfterdam , fit retarder la Conclufion de cette affaire jusqu'au 3 Oclobre. Le 30 Septembre il nous envoya TExtrait d'une Lettre de Paris en date du 24., adrelfée a une grande maifon de Commerce a Amfterdam, a qui 1'on marquoit, que 1'Amiral Hom ayant été affailli d'une violente tempête fur la Cöte de Bretagne , & perdu plufieurs de fes Vaiffeaux de Transport, n'iroit point a Gibraltar. Le lendemain nous communiquames cette Lettre au Comitté (ècret de LL. HH. FP., & cette nouvelle jointe a celle de la deflruction des Batteries Flottantes employées pour le fiège de Gibraltar^ que Mr. van Berkenroode avoit donnée, fit naitre une nouvelle Réfolution , qu'on rendit Commilforielle avec les Amirautés. La CommilTion porta fon Avis Ie 2 Oélobre a l'Affemblée Générale, & Ie 3 il fut converti en Réfolution formelle. Indépendamment des ordres que nous avions déja donnés de détacher au premier bon vent avant le 8 Octobre, quelques Vaiffeaux de 1'Etat , on nous prioit dans cette nouvelle Réfolution, d'enjoindre aux Officiers commandants de fe régler fur les Inftru&ions fuivantes. S'il leur revenoit des informations pofitives, ou du moins vraifëmblables du retour de la Flotte de 1'Amiral Howe, ou de telle autre dont la fupériorité dut mettre les Vaiffeaux de 1'Etat faifant route pour Breft en danger de fuccomber & d'être enlevés; ou bien fi dans Ia traverfee le vent devenoit contraire ou trop variable pour continuer prudemment le voyage : dans toutes ces fuppofitions l'Efcadre devoit faire voile dire&ement vers les Cötes de l'AngIeterre,afin d'y intercepter encore les Vaisfeaux de la Baltique, qui avoient relaché a Tarmoutb ou a Huil, & qui devoient partir de-Ja pour Ja Tamife, ou pour les autres ports de leur destination; & de tacher par ce moyen , ou par tout autre qui fembleroit convenable, de procurer au Convoi de Drontbeim une plus forte Efcadre pour afTurer fon retour. Dans la même Réfolution on nous prioit encore de communiqner aux Officiers Commandants la Lettre de Mr. van Berkenroode, ainfi que les Fièces qui pouvoient être rélatives a cette affaire: afin que ces Officiers fè conduififfent a eet égard, comme ils Ie jugeroient convenable. Munis de ces Réfolutions, nous dépêchames le même jour, par un Expres qui fe tenoit prêt, nos ordres & une lettre, que nous avions préparés d'avance, au Vice Amiral Hartfmk. De concert avec LL. HH„ PP.  (21) PP-, & fous leur approbation nous défigndmes pour commander le Détachement de Breft, le Vice Amiral Comte de Byland; Sc nous ordon* names a Mr. Hartfmk de ranger fous le commandement de eet Officier, cinq Vaiffeaux de 60 Canons; favoir YAmfterdam, le Prince Fréderic & le Kortenaer. Pour les deux autres nous laiffames aux Vice Amiraux le choix entre Y Union, YAmiral de Ruiter, Sc YUtrecht: en outre trois Vaiffeaux de 50, le Goes, la Princeffe Louife, Sc le Batave, la Frégate la Brille de 36, & la Fénus de 24.. Nous ordonnames encore au Vice Amiral Hartfink de faire fortir avec ce Détachement, le Vaiffeau le Rbynland, Sc la Frégate la Cour de Souburg, qui étant deCtinés pour les Jndes Occidentales, pourroient traverfer la Manche de conferve avec l'Efcadre. Comme Jes Vaiffeaux du Vice Amiral de Byland devoient paffer Thyver hors du Pays, nous enjoignimes encore de faire remplacer, de concert avec le Général van der Hoop, sM fe trouvoit au Helder les Détachemens de notre Régiment Orange Gueldre, disperfés fur quelques-uns de ces Vaiffeaux par des matelots tirés des Navires qui ne feroient point le voyage de Breft; Sc 1'on devoit placer ces Détachemens fur les Vaiffeaux Sc les Frégates, deftinés a croiCer dans Ja mer du Nord pour protéger le Commerce des habitans de la Répüblique. Enfin nous ordonnames au Vice Amiral de faire fortir pour la mer du Nord tous les Vaiffeaux équipés; afin de fortifier Sc de ramener, s'il étoit poffible, les Convois de Bergen & du Kattegat; 011 de tenter telle autre expédition qui paroitroit néceffaire a lui Vice Amiral & a fes Officiers Généraux pour protéger Je Commerce de la Répüblique, & a caufer du dommage a 1'Ennemi. Nous lui donnames un plein pouvoir fur tous ces objets, en lui permettant d'efcorter le Détachement du Comte de Byland jusqu'a une certaine hauteur, ou même jusques dans la Manche. Avec cette Lettre nous en expédidmes une autre au Comte de Byland pour lui apprendre fa nomination au commandement du Détachement; & pour lui communiquer nos intentions au fujet du Vaiffeau le Rbynland , & de la Frégate la Cour de Souburg, Navires deffinés pour Jes Indes Occidentales, Sc que nous voulions faire fortir en même tems, comme nous favons dit plus haut. A ces Inftruclions nous ajoutames encore ce qui fuit. „ Je vous envoye ci-joint Copie de deux Réfolutions arrêtées aujour„ d'hui a ce fujet par LL. HH. PP., Sc je n'ai d'autres Infiruclions a „ vous donner que celles de vous conformer poncluelJement a la teneur „ de ces Réfolutions. Dieu veuille bénir les armes de la Répüblique, „ couronner votre expédition du plus heureux fuccès, óVramener bien- E 55 tot  ( ) „ tót dans nos Ports les Vaiffeaux de 1'Etat couverts de gloire & d'hon„ neur." Mr. Hartfmk ne recut que le $ Oclobre les ordres dont nous venons de faire mention; le Courier n'ayant pu fortir plutót du Nouveau Diep, a caufe des vents orageux qui regnoient alors. A la réception de notre Lettre, il alTembla a fon bord tous les Capitaines des Vaiffeaux de ligne,deftinés pour cette expédition; (le Comte de Byland & le Contre Amiral van Hocy étoient abfents.) II leur apprit le hut &; le lieu de leur deftination; & s'informa d'eux , fi leurs Vaiffeaux étoient en état de remplir cette mifTion. Nous croyons qu'il ne fera pas inutile de placer ici le précis de la réponfe motivée , que ces Capitaines donnerent par écrit au Vice Amiral. Le Capitaine van Braam, qui commandoit le Vaiffeau V Utrecht, dé* clara qu'il ne pouvoit mettre a la voile au moment mêmerattendu que d'après des ordres antérieurs il ne s'étoit fourni de vivres que pour jusqu'au dernier Oclobre. A la vérité il avoit écrit a fon Solliciteur lors de fa réception des derniers ordres, qui lui enjoignoient de fe ravitailler £ncore pour quatre mois, mais il ignoroit le tems précis oii ces vivres lui feroient envoyés. II prévoyoit cependant que ce ne feroit pas ƒ]tót, a caufe de la grande quantité de bifcuit dont il avoit befoin, & dont il ne fe trouvoit pas toujours des provifions fuffifantes. 11 ajouta enfin qu'il étoit indispenfable de favoir 1'objet & le lieu de la deftination ukérieure de ce Vaiffeau, pour fixer en conféquence la quantité de munitions & d'autres chofes néceffaires , dont il faudroit fe pourvoir. Le Capitaine Stavorinus commandant le Vaiffeau le Goes répondit: i°. Qu'il manquoit 42 hommes a la lifle de fon Equipage; qu'il avoit a fon bord ^4. malades, la plupart attaqués de la diifenterie , makdie qui faifoit journellement de nouveaux progrès. 2. Qu'il n'avoit de vivres que jusqu'au dernier Oclobre, & que rien n'étoit plus incertain que Fépoque précife oü il pourroit recevoir les vivres, qu'il avoit donné commiiïion d'achéter en Zélande, d'après les ordres du 1 Oclobre. 3. Que fon Vaiffeau n'étoit pourvu que de deux Voilures d'avant ; dont 1'une ayant fervi depuis le mois d'Avril devoit néceffairement être renouvellée, au cas que le Vaiffeau fut obligé de refter pendant Iongtems lom des ports de la Répüblique. le  ( *3 ) Le Capitaine Comte de Reciteren qui avoit fous fes ordres le Vaisfeau la Princejfe Lotiife déclara que ce Navire étoit en état d'entreprendre la route, mais qu'il n'étoit ravitaillé que pour jusqu'au 31 Oclobre. En conféquence de 1'ordre du 1 de ce mois il avoit commandé de nouvelles provifions, mais, felon la réponfe de fon Solliciteur, eet approvifionnement & la préparation du bifcuit nécelfaire devoient emporter encore une quinzaine de jours. D'ailleurs fon Vaiffeau n'étoit équipé que pour un certain tems, a raifon du plus ou moins de confommation, qui fe feroit des vivres. II avoit befoin de deux gros cables 1'un pour 1'ancre ordinaire, & 1'autre pourTancre d'aifour, au cas que ce Navire dut paffer tout 1'hyver ailleurs que dans les Ports de Ia Républiqne. Du refte fon Vaiffeau étoit en bon état, «Sc fort bien calfaté; on 1'avoit caréné 6 ou 7 mois auparavant; il ne s'y trouvoit aucun malade, mais manquoit de hardes pour 1'équipage. Au rapport du Capitaine Comte de Weideren, fon Vaiffeau YUniort étoit abfolument hors d'état de fervir a cette expédition. D'abord il n'avoit de vivres que pour jusqu'a la fin du mois d'Odlobre; les nouvelles provifions pour qmtre mois qail avoit ordonnóss, n'étoienc pas encore prêtes, & ne pouvoient par conféquent être expédiées. Son Vaiffeau quoique bien équipé pour une petite croifière dans la mer du Nord manquoit de beaucoup de chofes, s'il s'agiffoit d'une expédition plus confidérable, telles étoient une voilure neuve, de gros cordages, des manceuvres courantes & des provifions fraiches," d'ailleurs il {alloit remoudre h poudre qui avoit perdu de fa force. Enfin 1'équipage étoit en trés mauvais état, ayant eu pendant tout 1'Eté des fièvres putrides, & il n'avoit pas les hardes néceffaires pour un fi long voyage. Le Vaiffeau VAmiral de Ruiter commandé par le Capitaine A. H. C. Staring étoit en ce moment au rapport de eet Officier, abfolument hors d'état d'entreprendre la route. i°. II avoit difette de vivres. II manquoit entr'autres chofes 30000 livres de bifcuit, qu'on attendoit inutilement depuis le 1 Oélobre. A caufe du tems orageux, il n'avoit pu recevoir une ancre «Ss trois gros cables qui lui falloit pour remplacer ceux qu'il avoit perdus dans la dernière tempête. 30' Son Vaiffeau ne manquoit pas du nécelfaire pour une petite croifière dans la mer du Nord, mais il étoit privé de beaucoup de chofes indispenfables pour un grand voyage, en particulier d'une voilure neuve. F 2 L«  ( H ) 4°. Lë nombre de fes malades montoic déja k 66, Sc augmenteroit fans doute, fi 1'on obligeoit ce Vaifleau a partir pendant 1'byver, fans donner a 1'équipage les hardes néceffaires. Le Capitaine V Hooft, commandant le Kortenaer, allégua en fubftance les mêmes raifons; il n'avoit pas recu les provifions ordonnées ; il manquoit d'une maitreffe ancre, Sc de trois cables, nécelfaires a un tel voyage, pour remplacer ceux qu'il avoit été obligé de couper au mois de Septembre lorsqu'il mouillat au Breewyk; d'ailleurs il lui falioit encore une voilure neuve Sc bien d'autres munitions, dont il pouvoit fe pasfer pour une croifière dans la mer du Nord. 11 demandoit auffi Jes hardes dont fon équipage avoit un pre/ïant befoin pendant 1'hyver. Enfin le Capitaine Bofch, commandant le Vaiffeau le Bat ave répondit; Qu'il avoit non feulement difette de vivres, dont il n'étoit fourni que pour jusqu'au premier Novembre, bien qu'il eut, ainfi que les autres Capitaines, mandé des nouvelles provifions pour quatre mois. Mais encore qu'il auroit befoin pour cette Expédition de plufieurs cJiofes nécelfaires, entrautres d'une voilure neuve pour les huniers. Que d'ailleurs fon Vaiffeau étoit fort fale, trés mal voilé , Sc qu'il devoit néceffairement être radoubé pendant 1'hyver. Que felon les apparences il paffoit hors de la carène devant la quille, un boulon qui endommageoit fans ceffe les gros cables, nonobfiant toutes les précautions qu'on avoit prifes pour obvier a eet inconvénient. Qu'enfin 1'équipage manquoit des habits néceffiires pour un tel Voyage , privation qui devoit naturellement occafioner beaucoup de maladies. Les Vice Amiraux Hartfmk, Sc Comte de Byland, ainfi que les Con* tre Amiraux van Braam; van Kinsbergen Sc van Hoey peferent murement ces différens Rapports dans une Conférence qu'ils eurent enfemble le X Odobre. Le réfultat de cette Conférence fut, que felon eux, les Vaiffeaux délignés fe trouvoient, pour les raifons ct-deffus indiquées, abfolument hors d'état d'entreprendre 1'expédition projettée; le Vice Amiral de Byland nommé au commandement de ces Vaiffeaux déclara pofitivement, 3, qu'il la jugeoit impraticable." Après avoir recu les Rapports de ces Capitaines, il nous parut convenable de les communiquer avec Ia Lettre du Vice Amiral Hartfmk au Committé fecret de LL. HH, PP. Le  ( ) Le 9 fuivant, les Etata Généraux prirent a ce fujet une Réfolution \ dans laquelle ils déclarerent; que fans préjudicier a 1'examen de la validité ou de 1'infuffifance des raifons alléguées par la Lettre du Vice Amiral Hartfmk Sc les Rapports qui Faccompagnoient; en confidération de ce que le terme que Leurs Hautes Puilfances par leur Réfolution du 3 avoient jugé 1'expédition de Brefl polfible étoit expiré, que d'ailleurs il paroiffojt d'après les dernières nouvelles qu'il s'afTembloit aux 'Dunes une Efcadre ennemie, que pour ces raifons nous ferions priés de faire accélérer conformément aux ordres donnés précédem.ment, la lörtie d'un nombre fuffifant de Vaiffeaux, afin qu'avec le fecours de la Providence le Convoi de Dronthtim, ne fut point obligé d'byverner k Bergen , ou qnil ne courüt point le risque d'être pris ou détruit par 1'Ennetni. li plut encore a Leurs Hautes Puilfances de faire communitjuer cette Réfolution par Mr. le Greffier Fagel a Mr. le Duc de la Vauguym, &. de 1'alfurer qu'il ne falloit atcribuer qu'a :;n concours de circonfiances accidentelies Pimpoffibilité ou Von fe trouvoit de fatisfaire aux défirs de la Cour de Frame par rapport a 1'expédition de Brefl. Nous ne voulons point anticiper fur les délibérations de LL. HH, PP4 concernant la vaüdité ou 1'infuffifance des motifs allégués par les Capitaines; qui oMgèrent les Officiers Généraux a déclarer unanimement que 1'expédition projettée n'étoit point praticable: qu'il nous foit permis cependant de placer ici quelques réflexions que nous fournilfent les Réfolutions des Etats óeFrife Sc de Groningue, ainfi que la demarche de Mes-' fieurs les Commilfaires, nommés par LL. NN. & GG. PP., pour nous demander des ouvertures fur l'adminiftration des affaires de la Marine, & que fait naitre enfin la Lettre du Confeil de 1' Amirautè du dé-/ partement d'Amfterdam, adreffée a LL. HH. PP. fur le même fujet. Toutes ces Pièces ont déja paru dans les Papiers Publics, ainfi que notre Réponfe aux Etats de Frife, aux fusdits Commiffaires, Sc enfin notre Lettre aux Etats de Hollande. Nous pouvons donc nous dispenfer d'en faire ici mention; nous contentant de les produire parmi les Pièces Juflificatives, N°. 4, y, 6, 7, 8 Sc 9, on trouvera également fous le dernier NQ. une Lettre de 1'Amirauté au Département de la Meufe, adreffée a Leurs Hautes Puisfances. 11 fuffira de remarquer, que les Etats, Sc Meflieurs les Commiffaire* fusdits crurent voir une preuve nouvelle Sc inconteflable dfinaclivitè Sc d'une adminiftration defeclueufe des affaires de la Marine, dans faa* poffibilité oü 1'on fe trouvoit de faire entreprendre aux Vaiffeaux une ©xpéditian, qui les auroit éloigné pour tout 1'hyver des Ports de cette G Répu-  ( 26 ) Répüblique" 1'Amirauté d'Amfterdam, d'ou reffortiffoient la plupart des Vaiffeaux défignés, craignit qu'on ne lui imputat la difette & les befoins divers qu'avoient allégués les Capitaines, mais qui ne fe trouvoient pas fpécifiés dans 1'atteftation des Officiers Généraux; apparemment paree que ceux-ci avoient cru inutile d'inférer tous ces Rapports dans leur Attefcation. Comme fi le Confeil de cette Amirauté avoit été accufé d'avoir oublié ou négligé quelque partie de 1'approvifionnement des Vaiffeaux de fon reffort, il jugea a propos de fe jtifttfier. ' A tout cela nous oppoferons les Réflexions fuivantes: i°. Tous ces Vaiffeaux étoient convenablement avitaillés, & pour<* vus des munitions néceffaires pour jusqu'au i Novembre, époque a. la* quelle on étoit convenu dans les conférences avec Mr. le Duc de la Vau* guyon au fujet des opérations combinées, que fmiroit la Campagne, paree que les Vaiffeaux doivent ordinairement être désarmés avant ce tems la pour les mettre en fureté pendant 1'hyver, précaution que la fituation de nos ports de mer rend indispenfable. 2°. Par conféquent ces Vaiffeaux étoient pourvus du néceffaire pour le* fèrvice, que felm toute vra{fèml?/ance ils devoient être obligés de faire cette année; puisqu'il étoit impoffible de prévo/r qu'on en pourroit demander une partie, pour des expéditions pendant 1'hyver. 3°. On ne doit donc pas regarder comme la preuv.e d'une mauvaife admmiftration, ni d'un défaut de zèle pour les affaires de la Marine, Ia difette ou ces Vaiffeaux fe trouverent de chofes dont ils n'avoient aucun befoin pour Ie fèrvice que felon töute probabilité on exigeroic d'eux, mais dont ils ne pourroient fe paffer, fi on vouloit les employer a un Voyage de quelques mois, hors du Pays, tandis qu'on ignoroit même a quelles expéditions, & dans quelle partie du monde ils feroient employés. 4°. Les Vaiffeaux du reffort de l'une des Amirautés avoient h la vérité recu ordre de ce Confeil de ravirailler; mais ks autres Amirautés ne Vavoient point encore donné; paree qu'a caufe des limitations avec ksqueltès plufieurs Provinces avoient accordé leur confentement, on n'avoit pas pu arrêter encore les Pétitions du i Mai 1782 jusqu'au 30 Avril 1783; d'ailleurs chaque Capitaine exécute eet ordre, felon 1'emploi, auquel on deftine fon Vaiffeau; & eet ordre même dépend pour eet objet, de» ordres particuliers que lui donne le Commandant de la Flotte, & qui fe reglent fur ceux que 1'Amiral Général trouve bon de prefcrire. II nous étoit donc impoffible d'ordonner les préparatifs proprement dits pour un Voyage, auffi imprévu avant que cette expédition fut décidée ou du moins rendue vraifemblable: ce que nous ne pouvions favoir,tant quenous iiefèjioospas inibrniés desdispofitions del'AffemWée,  ( 27 ) k laquelle nous avions porté cette affaire, fans youloir prendre fur nous de décider quelque chofe fur un objet aufli important, furtout dans ces tems critiques Sc orageux; & tandis que plufieurs Membres notables du Gouvernement trouvoient beaucoup de difficultés dans cette propofition, tant k caufe de la foiblelfe de notre Marine, que de 1'incertitude oü Ton étoit de 1'époque a laquelle ces Vaiffeaux retourneroient dans nos Ports. 5°; Auffi-tót qu'il devint probable que cette propofition feroit agréée par LL. HH. PP. , nous commencames les préparatifs néceffaires Sc nous ne laiffames pas écbapper un moment pour faire exécuter promptement la Héfohnion finale que les circonftances ne permirent de prenpre que le 3 Oclobre. Le mauvais tems retarda encore 1'arrivée de nos Inftruclions; quant aux raifons alléguées par les Officiers Généraux Sc les Capitaines de baut bord pour fe défendre de remplir nos ordres, nous croyons en devoir laiffer la recherche & 1'examen a Leurs Hautes Puiffances. Pour revenir maintenant a l'Efcadre du Contre Amiral van Kïnsbefgen, eet Officier fe trouvant a bord de la Frégate VArgo, avoit dès le 2) Septembre fait lever 1'ancre d'afrbur k fon Efcadre; wam les vents impêtueux qui xegnoient alors f'obligerent de différer poür ce jour-la la fortie de VEfcadre, Sc a jetter 1'ancre de nouveau. Le mauvais tems continuoit néanmoins toujours, au point que les Pilötes-Cötiers eux-mêmes n'ofoient plus entreprendre de faire fortir les Vaiffeaux & de les conduire en mer: la faifon étoit presque écoulée & ne fembloit guères promettre un tems & des vents favorables: les Vaisfeaux n'étoj'ent avitaiüés que pour trés peu de jours, on prévoyoit que ce Voyage pourroit felon les apparences, durer plus Iongtems, ce qui occafionneroit une difette de vivres fur les Vaiffeaux, & qu'enfin on fe verroit obligé, lorsqu'on n'auroic plus de provifions que pour quinze jours, de cherclier une Rade. Mr. van Kinsbergen ayant pefé toutes ces eonfidérations propofa le 23 Septembre au Vice Amiral Hartfink de faire ravitailler VEfcadre pour quatre mois; afin de fubvenir a la difette dont elle 4toit menacée au cas qu'on dut paffer 1'hyver dans quelque Port étranger. Le même jour Mr. Hartfink nous communiqua cette propofition Sc noös demanda nos ordres. Nous lui répondimes le lendemain, comme nous 1'avons dit plu5 Iiaut, & 1'autorifames a faire ravitailler pour quatre mois les Vaiffeaux qui devoient compofer cette Efcadre; en lui communiquant en même tems la poffibilité ou Papparence qu'il y avoit d'une expédiEjion pour Breft. G 2 Le /  ( 28 ) Le Vice Amiral s'imaginant que 1'ordre que nous avions donné de faire fortir l'Efcadre du Contre-Amiral van Kinsbergen celfoit par ce nou* vel incident, rappella eet Officier de la Frégate VJrgo, & nous en donna connoilfance dans une Lettre du 3 d'Oétobre, en nous propofant en même tems, vu la faifon avancée, de détacher deux Frégates vers ■ Elfeneur & un Cutter vers Bergen; afin de faire revenir le Convoi de la Baltique, & de hater le retour de l'Efcadre de Drontbeim. II avoit déia donné ordre aux Frégates la Brille & la Vènus, & au Vaiffeau le Glintborfl de fortir, en leur enjoignant de fe tenir pendant quelque tems en croifière fur Jes cótes, & de fortifier l'Efcadre, & le Convoi des Vaiffeaux de Ja Compagnie des /ndes , s'iJs les rencon> troient. II nous demandoit encore de nouveaux ordres pour mettre en mer avec les gros Vaiffeaux de l'Efcadre, & cela nooobftant les répréfentations des Pilötes-Cótiers, qui épouvanfés par les tempêtes continuelles, faifoient de jour en jour plus de difficultés pour la fortie des Vaiffeaux de 70 & de 60 Canons, dans la faifon oü 1'on fe trouvoit, & qui infistöient fur le prompt désarmement de ces Vaiffeaux que 1'on expofèroit k bien des dangers, au cas que 1'hyver fe manifeftat de bortne heure, ou bien il npus demandoit s'il pouvoit refter en affurance k la rade fi foccafion paroiffoit favorable. 11 nous informoit en même tems qu'au j'ugement des Pilótes - Cotiers les Vaiffeaux de 50 Canons & les Frégates pouvoient refter encore quelque tems a la rade, & mettre même en mer au befoin. Le Vice Amiral Hartfmk nous communiqua le 8 Oclobre Ja fortie des Frégates la Brille & Vénm, & du Vaiffeau le Glintborfl; ie même jour nous ordonnames au Capitaine van der Beets, de mettre en mer a la réception de notre Lettre, & de retourner vers les Ports de ce Pays, avec fa Frégate la Ballas, la Frégate Medehblik, commandée par le Capitaine van Rynevelt, & avec le Convoi a fes ordres, Le Jendeinain nous enjoignimes au Vice Amiral Hartfink de donnei» fes ordres pour faire enlever des Vaiffeaux de guerre toutes les perfönnes. attaquées de maladies contagieufes, & de les transporter fur le VaiffeauHöpital, & de ne négliger aucune des précautions propres a arrcter d'abord le cours de cette maladie , ou de toute autre qui fe trouveroit épidémique. Nous lui ordonnames encore d'accélérer autant qu'il feroit poftible, le départ du Vaiffeau le Rbynland & de la Frégate la Cour de Souburg, destinés pour les Indes Occidentales, afin de pouvoir relever enfin les Vaisfeaux de PEtat qui fe trouvoient dans ces Parages. Nous le laiffames »vec le Contre Amiral vgn Kinsbergen, majere de détacher, s'ils le cro- yoient  ( =9 ) ■yoient néceflaire, quelques Vaiffeaux de fon Efcadre pour fortifier le Convoi dans la Baltique, & le reconduire dans nos Ports. , Cependant le Vice Amiral, en conféquence de notre Lettre du 7, qui fut pleinement approuvée le 9 par Leurs Hautes PuifTances, avoit pris les mefures néceffaires avec le Contre Amiral van Kinsbergcn pour faire fortir une petite Efcadre fous les ordres de eet Officier. Les Vaisfeaux V'Amiral de Ruiter, VUtrecht, ï* Union, le Kortenaer, & le Cutter la Sirène devoient la compofer. On avitailla ces Navires pour cinq femaines, en leur donnant des provifions tirées des autres Vaiffeaux; & ce ravitaillement étoit achevé au point qu'on pouvoit appareiller au premier bon vent. Dans les infiruclions que le Vice Amiral Hartfink donna au Contre Amiral, il 1'informa qu'avec les Vaiffeaux déja nommés, on en avoit de plus rangé fous fes ordres, autant de ceux qui étoient alors en croifière fur les cótes, qu'il le jugeroit néceffaire, en fe réglant fur la quantité de provifions que chaque Navire contenoit ; il pouvoit prendre auffi le Zierikzée s'il le rencontroit en route; on lui ordonna encore, de prendre toutes les mefures qui lui paroitroient convenables dans les circonilances oü il fe trouveroit, afin d'affurer le retour de TEfcadre & du Convoi attendus de Bergen, & d'intercepter, s'il étoit poiïible, le Convoi Anglois, qui avoit dépaffé le Sond, au cas qu'il n'eut point encore atteint les ports de la Grande Bretagne. Ses inftrucYions portoient auffi de donner tout le fecours «Sc toute la protection poffible aux Navires Marchands de cette Répüblique, de les défendre, lors de leur retour, dans ces Provinces, contre toute attaque Ennemie, pourvu que tout cela put fe concilier avec Vobjet principal de fa mifiion. L'Efcadre entra en mer le 1 o Oétobre: le Vaiffeau le Goes mit le même jour a la voile pour la Zélande; la veille Je Zierikzée avoit quitté cette Province. Mr. Hartfink efpéroit que le lendemain le VaifTeau le Rbynland & la Cour de Souburg pourroient Jever 1'ancre, pourvu que la Erégate recut a tems les vivres qui lui manquoient encore. Afin de fortifier l'Efcadre nous ordonnames au Vice Amiral Pichot, de détacher après elle la Frégate la Bellonè; «Sc de faire porter les ordres que nous dépéchames au Capitaine van Gennep, de revenir au plutót avec fon Convoi, par le Brigantin le Lévrier, a moins qu'il n'eut quelque autre Batiment léger propre a ce fèrvice; «Sc dans ce cas le Lévrier devoit fe réunir a la Bellone «Sc fe joindre enfemble a l'Efcadre. Peu de jours après nous reeumes une Lettre du Capitaine van der Beets, datêe du 12 Oclobre. 11 nous prioit de faire renforcer fon Es- H eadre  ( 3° ) cadre de deux Frégates, fans lesquelles il ne pouvoit.poinü mettre a h voile avec fon Convoi: a caufe du nombre de Vaiffeaux Anglois, qui mouilloient a la rade d'Elfeneur, «Sc de ceux, qui d'après des avis reeus, avoient été vus fur la Banclie de jutlande. D'ailleurs ce Capitaine fe plaignoit de la foibleife de fon équipage, parmi lequel fe trouvoient beaucoup de malades, & la Frégate qu'il commandoit ainfi que la Medenblik manquoit de monde. 11 nous propofoit en même tems les difficultés 6c les inconvéniens, qu'il y auroit a palfer 1'hyver dans le Port oü il mouilloit alors. Ce Capitaine ayant recu le I £ du même mois nos ordres du 8, fe prépara néanmoins a Jes exócuter, mais Jes vents contraires ne le lui permirent point ; comme il l'affura dans fon Rapport; auquel il joignit une Lettre du Comte de Rechteren, Miniftre des Etats a Coppenbague; contenant la nouvelle, que 6 Vailfeaux Anglois croifoient fur Ja Cóte dn Nord: un de ces Navires portoient 90 Canons, deux en avoient 74., & les trois autres étoient d'un moindre rang. Cette nouvelle avoit été apportée par un Vaiffeau arrivé ie 3 a Bergen, qui difoit avoir rencontré cette Efcadre. De tous les Vaiffeaux. qui croifoient fur nos Cötes, le Contre Amiral VaH Kimbergen ne conferva auprès de lui que Ia Frégate ia Vénusx qui fut détachée depuis vers la rade déElfeneur, oü elle arriva le 2 2 Oétobre. Le Vaiffeau le Zierikzée, qui s'étoit joint a l'Efcadre, mais qu'une violente tempête, dans laquelle il recut une voie d'eau fort confidérable, en avoit éloigné, fe vit obligé de chercher un abri; il fe rendit en conféquence a Elfeneur, & arriva le 29 Oclobre a Ja rade de cette Ville. II nous eut été trés agréable de renforcer l'Efcadre de Mr. van Kinsbergen du Vaiffeau la Gueldre: mais nous nous vimes obligés de renoncer a cette idéé; parceque ce Navire, qui étoit arrivé fort tard a la rade, n'avoit pas, a beaucoup prés, tout fon monde. D'ailleurs pour gagner du tems, & pour éviter Ja dépenfe on avoit dója transporté les Canons de fa première batterie a Medenblik. Cependantle 16 Oclobre nous ordonnames au Vice Amiral Hartfmk de faire avitailler complettement les Vaiffeaux la Prmcefe Louife , le Glintborfl & le Batave, afin qu'ils puffent mettre en mer au premier ordre, pour aller renforcer l'Efcadre. Nous ordonnames encore au Capitaine de Witb de partir du V\\e pour le Texel avec la Frégate la Junon , nouvellement confiruite «Sc qui fe trouvoit entièrement équipée, dans le premier de ces ports , comme nous favions appris par une Lettre de 1'Amiranté de Frife. Le Vice Amiral  ( 3i ) Amiral Hartfink pouvoit, a fon choix, détacher cette Frégüte pour renforcer l'Efcadre, ou 1'envoyer en croifière fur Jes Cötes. Nous donnames enfin des ordres pour le désarmement des Vaiffeaux, fur quoi les Pilötes-Cötiers, aulTi bien que les Officiers Généraux infiftoient fi fortement, a caufe de la conflitution phyfique de nos Ports. Nous en exceptames cependant les VailTeaux \ Amiral Général, Amfier dam Sc le Prime Frèderic, jusqu'au tems ou 1'on auroit des nouvelles des Convois de Bergen Sc de la Baltique, Sc que 1'on fauroit pofitivement s'ils reviendroient ou non avant 1'hyver. Paree qu'il nous fembloit probabJe qu'un grand nombre de Vaiffeaux ennemis pouvoient encore fe trouver dans la mer du Nord. Ces précautions, prifes pour affurer le retour des Convois, qui pouvoient avoir manqué l'Efcadre de Mr. van Kimbergen, nous parurent plus néceffaires encore, après avoir trouvé dans le LLoyds Lijl, recu le 19, une énumération des Vaiffeaux qui étoient fortis des Dunes. Le 20, nous envoyaraes cette Lifte au Vice Amiral Hartfink, en lui ordonnant de confulter avec les Officiers Généraux préfens, fi la prudence n'exigeoit pas de détacher encore quelques Vaiffeaux , quand le tems feroit plus calme, & h vent favorable. Nous lui /af/ïames le choix de ces Vaiffeaux, celui de leur nombre & du Capitaine qui les commanderoit: fans qu'il fut nécelfaire de nous demander de nouveaux ordres, s'il lui fembloit, ainfi qu'aux autres Officiers Généraux, qu'il falloit faire fortir les Vaiffeaux équipés en tout ou en partie; dans ce dernier cas, il fuffiroit de nous faire parvenir un Rapport de ce qu'on auroit réfolu, & des opérations qu'on fe propoferoit d'entreprendre. Le Vice Amiral Hartfink communiqua ces Inftruélions au Comte de Byland, Sc aux Contre Amiraux van Braam Sc vanHoey: malgré ledanger éminent auquel on alloit expofer les Vaifïeaux dans cette faifon, foit de fouffrir beaucoup en mer, foit d'être obligés de courir dans les Ports de Norvège Sc d'y paffer 1'hyver,- on réfolut néanmoins unaniment, comme on le verra dans le N°. 10, d'équiper & de faire fortir autaat de Vaiffeaux qu'il feroit poffible, & d'en donner le Commandement au Vice Amiral Hartfink lui-même, ou a tel autre Officier Général dont le Vaiffeau feroit équipé; fans qu'il fut poffible de déterminer encore ni le choix ni le nombre des Navires qu'on employeroit, Sc que pour les raifons alléguées il faudroit avitailler trés largement. Cependant, après que eet Avis nous fut expédié, ie Vice Amiral Comte de Byland fe crut obligé de nous mettre encore devant les yeux les difficultés qui fembloient s'oppofer dans cette faifon a Ia fortie des gros Vaiffeaux. Elles revenoient en fubftance a ceci. H 3 te  ( 3* ) 'Le Vaifleau VAmflerdam, qu'il commandoit, tiroit plus de 23 piecta d'eau, & Je Schulpegat, qu'il devroit peut-être pafler, fi les vents de N. O. fe faifoient fentir violemment, n'avoit pas plus de 23 pieds de profondeur, a la plus haute marée, qu'on ne rencontroit pas toujours, Jorsqu'il falloit fortir. Le Vaifleau l1'Amiral Général étoit fort détérioré depuis fa dernière expédition, & fe trouvoit en trés mauvais état. II nous propofoit donc de faire fortir fimplement Ie Vaifleau du Contre Amiral van Hoey, Sc ceux des Capitaines Comte de Reciteren, Sc Bofch, les feuls, qui, felon lui, pouvoient être employés alors: il nous offroit néanmoins de pafler en per/onne fur un des deux Vaiffeaux de cinquante Canons, Sc de mettre en mer avec ceux-la plutót qu'avec Ie fien. II nous demandoit, en tout cas, de faire refter en rade le Vaifleau FAmiral Général, Sc il croyoit que Ie Glintborfl ne pouvoit pas non plus être détaché fans expolèr 1'équipage & le Vaiffeau au plus grand danger. II lui fembloit encore, qu'il fuffifoit de faire fortir trois Vaifleaux Sc une Frégate, d'autant plus qu'on avoit déja beaucoup de Navires en mer, Sc que d'ailleurs lesVaisfeaux Anglois, dont on parloit ne fe trouveroient pas juftement tous réunis dans cette faifon. II ajoutoit aufli peu de foi a Ia nouvelle de I'arrivée des quatre Vaiffeaux ennemis en IVorvège,puisque les Lettres qu'on avoit reques.des Vaifleaux de 1'Etat, qui fe tiouvoient dans ces parages, n'en faifoient aucune mention. Le Vice Amiral Hartfmk, que ces confidérations avoient perfuadé, réfolut de concert avec le Comte de Byland de faire fortir uniquement au premier bon vent Jes Vaiffeaux le Prime Fréderic, le Batave, la Princejfe Louife Sc la Frégate la Brille, fous les ordres du Contre Amiral van Hoey. Ces Vaifleaux compofoient une trop petite Efcadre pour y arborer le Pavillon du Vice Amiral: cependant il nous offroit de mettre hii-même en mer, fi nous le jugions de quelque utilité; mais fi le vent qui étoit alors contraire devenoit favorable, il fe propofoit de faire partir l'Efcadre fans attendre notre réponfe. Comme néanmoins la raifon qui nous avoit déterminé a détacher encore quelques Vaiffeaux, ceflbit pour la plus grande partie, nous écrü vimes de nouveau le 28 Oclobre au Vice Amiral Hartfink, en lui ordonnant de refter provifionnellement a la rade avec fon Vaiffeau, mais de fe tenir prêt a mettre en mer a la première injonclion. Nous avions préparé ces Inftruclions avant la réception de Ja dernière Lettre du Vies Amiral, qui nous confirma dans notre Réfolution, puisqu'elle nous apprenoit que trois Vaiffeaux feulement pourroient fortir, dont un d'entre eux encore étoit deftiné par nous a une expédition jusqu'alors fecrete. Quelques  ( 33 ) Quelques joure après, le 2 Novembre, nous recumes la nouvelle de 1'arrivée du Contre Amiral van Kinsbergen au Texel avec les Vaiffeaux YAmiral de Ruiter Sc le Kortenaer. Le Rapport de eet Officier, que Ton trouvera parmi les Pièces fous le N°. 11, nous apprit entre autres détails, une nouvelle, qui noüs remplit de la plus vive douleur; celle de la perte funefte du Vaiffeau l1Union, commandé par le Capitaine Comte de Weideren: événement qui fit perdre de nouveau a 1'Etat un Vaiffeau abfolument neuf, monté d'un nombre confidérable de braves & Jiabiles Officiers, Matelots & Soldats. D'après fon rapport, le Contre Amiral van Kinshergen avoit fait donner a la Vénus, aulïl-tót qu'il eut quitté Ja rade, les proviüons néceffaires qu'on tira du Vaiffeau le Glintborfl; il fit ranger enfuite cette Frégate fous fes ordres, jusqu'au 16 Oclobre, qu'il la fépara de l'Efcadre avec le Cutter la Sirene, pour les envoyer en Norvege. Le Vaiffeau du Capitaine Haringman, le Zierikzée, s'étant joint le 18 a fon Efcadre, s'en éloigna trois jours après, ainfi que le Vaiffeau du Capitaine Hooft, le Kortenaer. Le 2 5 on perdit de vue le Vaiffeau la Gueldre, commandé par le Capitaine van Braam. Le 30 Je Vaiffeau le Kortenaer rejoignit l'Efcadre. Le Contre Amiral apprit au Capitaine de ce Vaiffeau, que Je Zierikzée, ayant recu quelque dommage, avoit été obligé de courir vers la Norvege Sc d'y chercher un Port. Mr. van Kinsbergen avoit d'ailleurs effuyé bien des tempêtes pendant cette expédition, mais il n'avoit rencontré ni Vaiffeau de guerre, ni Navire marchand ennemis. La diminution de fes provifions, & les" progrès de la maladie parmi fon équipage, qui avoit fou/fert beaucoup de froïd Sc de maladie, 1'obligerent enfin a terminer une courfe, qu'on ne pouvoit continuer dans cette faifon, fans expofer les Vaiffeaux de 1'Etat aux dangers les plus terribles. Le Capitaine van Gennep, commandant l'Efcadre & Je Convoi qui mouilloient en Norvege, ne recut que le 17 Oclobre, par le Cutter la Sirène, nos InCtruclions du 19 Septembre, qui lui ordonnoient de repatrier, Mais les vents contraires Sc des tempêtes continuellea ne lui permirent pas d'y fatisfaire avant le 29 Oclobre. D'après le Rapport du Capitaine Braak, commandant le Prince Héréditaire , qui rentra le 3 Novembre au Texel (Rapport qu'on trouvera parmi les Pièces fous le N°. 12.) Mr. van Gennep fit ce jour-la Ie fignal d'appareiller. L'Efcadre mit en effet a la voile; elle étoit compofée des Vaiffeaux XAmiral Tromp, Capitaine van Gennep, le Sud-Beveland , Capitaine van Kinckel, le Prince Héréditaire, la Frégate Ia Tbétis, Capitaine J. A. Blois van Treslong; outre deux Cutters, & trois Vaisfeaux de Ja Compagnie des Indes Orientales. Le Capitaine Braak ren.. I tra  ( 34) tra feul le 3 Novembre, après avoir été arrêté environ une heure fur un banc de fèble dans le Pertuis, & la hauteur du Zuid-wal, accident qui caufa quelque dommage a fon VailTeau. Pareillement les deux Cutters arriverent le lendemain a Ja rade du Texel: un d'eux avoit dépalTé le 4. le Sud-Beveland, & le Navire de ia Compagnie le Triton, qui avoient jetté Pancre a quelque diftance cfe la rade. Le Capitaine van Gennep, dont on trouvera le rapport fous Ie N°. 12!, arriva ainfi que la Frégate la Thétis devant le pertuis du Texel: vers le foir du même jour, Je Vieux Haarlem, Batiment de la Compagnie y vint mouiller auffi. Mr. van Gennep détaclia de eet endroit les Capitaines van Kinckel & Bloys de Treslong pour efcorter en Zélande le Vieux Haarlem. Ils arriverent le 1 o a la rade de Flejfmgue. Ayant appris que ce Capitaine ne pouvoit pas entrer au Texel, nous ordonnames Ie 1 o Novembre au Contre Amiral van Braam, de lui expédier quelque Batiment léger, pour lui demander fi les Vaiffeaux de la Compagnie des Indes le Triton & le Loo étoient avec lui, & s'il avoit befoin d'affiftznce. Nous lui enjoignimes encore de faire fortir Ie Contre Amiral van Hoey avec fon VailTeau le Prince Fréderic , ainfi que te Batave; il póuvoit, s'il le jugeoit néceffaire , y ajouter quelques Navires légers, pour fecöurir Ie Capitaine van Gennep, & pour le défendre lui & fon Convoi contre toute attaque ennemie qu'on pourroit tenter; en ordonnant a eet Officier de rentrer avec les Vaiffeaux des Indes, a la première occafion favorable. Cependant le 11 le Capitaine van Gennep parvint a entrer au Texel, avec le Batiment de la Compagnie le Triton. De toute PEfcadre, il ne reftoit donc plus en arrière que le Vaiffeau de la Compagnie le Loo, qu'on avoit perdu de vue dès Ie lendemain du départ de PEfcadre, fans qu'il eut été poffible d'en recevoir depuis aucune nouvelle. Quelque incertaine qui fut la route qu'on devroit tenir pour chercher ce Navire, le Contre Amiral van Braam nous propofa néanmoins de détacher, fous notre approbation, a fa rencontre les Vaifleaux du Contre Amiral van Hoey & du Capitaine Bofch, & le Cutter la Célêrité; il avoit donné les ordres néceffaires pour que ces Vaiffeaux puffent appareiller, au moment qu'il recevroit notre réponfe. Le Contre Amiral van Braam apprit le lendemain, par une des Barques pontées qu'on avoit détacliées, qwe Ie Navire le Loo étoit arrivé  ( 35 ) a 1'ancre devant Ie pertuis, a la hauteur de Kalants - Oog. Mais que Je Maitre de cette Barque s'imagina, qu'un Vaifleau de guerre ou une Frégate Angloife avoit donné la chaffe a ce Batiment. Le Vaifleau ea queftion arbora d'abord un Pavillon Anglois, puis un Pavillon Hollandois, & fous ce dernier il tira plufieurs coups a bouJet; il prit enfuite le jjarge, & s'éloigna li promptement des cötes, que vers le foir on ne diftinguoit plus fes baflês voiles. - D'après eet Avis, le Contre Amiral ordonna a Mr. van Hoey de mettre en mer avec le Capitaine Bofch & le Cutter la Céléritê, enfemble, ou féparément, ainfi que les circonilances Pexigeroient, & d'aller au fecours du Navire des Indes; bien qu'il ne put fe perfuader aux manoeuvres du Vaiffeau de guerre, que ce fut un Batiment ennemi. II ordonna encore a une Barque pontée de fortir a 1'inftant, pour kcourir le Vaiffeau des Indes, & pour le ramener au Texel auffi promptement qu'il feroit poffible: ce qui s'exécuta heureufement. ; Nous avons cru de voir faire des recherches fur Ie Vaiffeau qui donna la chiffe au Batiment des Indes, & nous informer s'il appartenoit a 1'Etat. Dans ce deffein nous écrivimes au Contre Amiral van Kruyne d'exajninerfi ce n'avoit pas été la Frégate la Junon, Capitaine de Wtth, qui étoit parti le 11 Novembre du Texel pour la Zélande nous lui demandames un rapport détaillè fur cette affaire, & il fatisfit a notre réquifition par celui que nous avons placé au N°. 12*? Si la nouvelle de I'heureufe arrivée des Vaiffeaux, qui avoient paffé un tems ü conüdérable k Drontbeim, & enfuite dans le Liet de Bergen, nous caufa une fenfible joye, nous ne fumes pas moins fatisfaits en apprenant le retour*du Capitaine van der Beets, Sc de la Frégate la Palias, avec le refte du Convoi de la Baltique. Cet Officier avoit quitté Elfenear le 30 Oclobre, & il étoit arrivé au Vlie le 11 du mois de Novembre. Variant de cette Ville il avoit pris fous fon Efcadre le Vaiffeau Ie Zierikzée, qui étoit arrivé le 29 Oclobre. II le fit examiner par les Capitaines Ryneveld Sc Willink'; Sc après que le Capitaine Haringman, qui le commandoit, eut déclaré par une Atteftation formelle que ce Navire ne pouvoit tenir la mer, dans 1'état ou il fe trouvoit, on affembla un Confeil de Guerre, oü il fut réfolu de réparer ce Vaiffeau, autant qu'il feroit poffible, pour le faire partir avec les autres. Si en mer on venoit k y découvrir une nouvelle voye on prendroit le parti del'envoyerau port le plus voifin. Cependant au cas que le vent devint favorable, avant que ce Vaiffeau fut réparé, on devoit le laiffer a Elfeneur pour fe radouber & fe ravitailler, en perroettant aü I 2 Capi-  ( 36 ) Capitaine Har'mgman de ne revenir, que lorsqu'il pourroit le faire fans danger. Cependant, comme 138 hommes de 1'équipage, avoient déclaré ne point vouloir partir, on affembla de nouveau un Confeil de Guerre,dans lequel on réfolut de leur faire demander par deux Membres de cette Asfemblée s'ils perfifïoient dans leur refus. Mais comme alors ils parurené inclinés a partir, on prit la réfolution de faire fortir le Zierikzée avec les autres Vaiffeaux, pour éviter les difficultés qui pourroient s elever de la part de 1'équipage après le départ de l'Efcadre, s'il refloit feul a la rade. On Ordonna expreffement au Capitaine Hm-ingmm qu'auffi-töt qu'une nouvelle voye d'eau fe manifefteroit a fon Vaiffeau, il tachat de gagner promptement le port ie plus voifin. Enfin on réfolut d'appareifler Ie lendemain 30 Oclobre, fi le tems refloit favorable. Mais la Répüblique eut encore le malheur de perdre ce Vaiffeau, qui échoua fur la Banche de Schagen, ainfi que la prife faite la veille par le Capitaine Willink. L'équipage du Navire de guerre, a 1'exception d'environ 20 Hommes, eut le bonheur de fe fauver, & ce fut 1'unique confolation, qui temperat famertume de cette perte. Comme tous les Vaiffeaux qu'on attendoit dans les Ports de la Répüblique étoient enfin revenus, il fallut fonger au désarmement des Navires de 1'Etat, pour les mettre a 1'abri des injures de la faifon. On avoit même déja commencé a faire les préparatifs que 1'approche de 1'hyver rendoient néceffaires. La fituation phyfique & locale de ce Pays oblige a faire prendre aux Vaiffeaux leurs quartiers d'hyver bien plutót que ne font fes Ennemis. Ceux-ci poffédent plufieurs Ports, oü ies Vaiffeaux peuvent hyverner fans danger. lis 'ont des bafiins , des chantiers & d'autres commodités de ce genre, que la nature leur a données, ou que 1'induftrie leur a procurées. Tout cela leur permet non feulement de tenir la mer bien plus long-; tems que d'autres peuples, mais encore de faire des Campagnes d'hyver. Ils ne craignent point dans leurs ports la débacle d*s glacés, & ils peuvent y faire entrer leurs plus gros Vaiffeaux. La Répüblique au contraire ne jouit d'aucun de ces avantages : les glacés défendent pendant 1'hyver fentrée de fes ports. Les gros Vaiffeaux trouvent même en tout tems beaucoup de difficultés a entrer, tant a caufe des bas-fonds & des battures, que de la diverfité des vents néceffaires. Par  ( 37 ) Par cohféquent on dok commencer de bonne heure Jes préparatifs dn désarmement ; puisque d'après les raifons précédentes ils exigent ti'n tems confidérable , «Sc qu'on risque, en s'y prenant trop tard, d'être aifailli par la gêlée, ou par la debacle des glacés. é Aufli dès le mois d'Aoüt, lors de la 'ftation d'une Efcadre ennemie dans la mer du Nord, dont on ne pouvoit avec certitude pénêtrer les desfeins, nous ordonnames au Contre Amiral D edel, qui commandoit en ce "tems-la a la rade du Vlie, de nous inftruire avec préciüon du nombre des Vaiffeaux dont il croiroit avoir befoin pour défendre cette rade,tant dans la faifon oü Ton fe trouvoit, que pendant fbyver. Nous lui demandames encore de nous indiquer fendroit oü 1'on pourroit retirer les Vaiffeaux pendant 1'hyver, pour les mettre a couvert de tout danger. Nous ne croions pas qu'il foit expediënt de rapporter ici la réponfe qu'il nous donna , rélativement a la première partie de notrö demande. Quant a la feconde, il nous témoigna 1'embarras oü il étoit d'y fatisfaire, attendu que 1'on /avoit par J'expérience de 1'hyver précédent, que le foi-difhnc Fbjfë a fffle de Vlieland étoit un fort mauvais abri, dans lequel il étoit difficile & même dangereux de retirer les Vaiffeaux : le feul endroit qu'il jugeoit propre au but qu'on fe propofoit, étoit le Vieux Vlie,ou Ton pourroit trouver des emplacemens convenables. Mais eet endroit devoit préalablement être examiné avec foin, & il falloit y pofer des balifes. Selon lui, Je Confeil de 1'Amirauté de Frife auroit le plus de facilités pour faire exécuter eet objet, & Mr. Bedel croyoit même, qu'on avoit déja précédemment examiné & fondé la profondeur de cette Eau, par ordre du même Confeil. Cependant il n'avoit recu aucune information ultérieure a eet égard. Nous envoyames a VAmirauté que nous venons de nommer, un Extrait de la Lettre de Mr. Bedel, contenant la réponfe au fujet óu nombre des Vaiffeaux qui lui fembloient nécelfaires pour couvrir le Vlie, & de l'endroit oü on* pourroit les retirer pendant 1'hyver. Nous demandames a ce Confeii de vouïoir nous faire parvenir fes confidérations fur eet objet. Nous nous conduifimes de la même facon vis-a-vis de cette Amirauté par rapport a une autre Lettre de Mr. Bedel, que nous lui •adrefTames, même avant qu'elle eut fatisfait a notre première réquiiition. Le fecond Avis du Contrè Amiral revenoit en fubilance a ceci.  ( 38 ) II falloit désarmer fous les Vaifleaux qui fe troüvoieflt a la rade da' Vlie, fans quoi on les expofoit aux plus funeftes accidents. On pourroit cependant conferver en fèrvice quelques Batimens légers, ou Gardes-Cötes; en ordonnant aux Capitaines de ces Navires de fe retirer lors d'une tempête ou de Ia débacle des glacés, foit dans le port de Harlingen, foit dans le Vieux Vlie; qui ne pouvoient en pareilles clrconftaaces fervir a de plus gros Vaifleaux. L'Amirauté de Frife fe conforma pleinement a eet Avis: en conféquence le 17 Oclobre nous ordonnames au Capitaine Comte de Rechteren, (a qui nous avions quelque tems auparavant déferé Ie Commandement a la rade du Vlie, en lui envoyant les mêmes fn/lruclions que nous avions données au Contre Amiral Degel) d'envoyer le Capitaine van Loo avec la Frégate le Zuyleveld au Texel pour y retirer fon Vaisfèau dans le Canal, fous les ordres du Contre Amiral van Braam. Nous lui ordonnames de plus de faire partir pour la même rade la Frégate la Junon , Capitaine de With, ainfi que la Corvette le Chaffeur pour y être employés par le Vice Amiral Hartfmk aux ufages que le fèrvice de 1'Etat pourroit demander: enfin de raffembler k la rade du Vlie les divers Gardes Cötes & autres Navir.es, ffationnés prés des différentes Hles de la Cote, & d'ordonner a leurs Commandants de fe retirer en cas de tempête ou de débacle des glacés,foit dans le port de Haringen, foit dans le Vieux Vlie; mais ils ne devoient prendre ce dernier parti qu'en cas de néceflité abfolue. Le même jour 17 O&obre nous écrivimes au Vice Amiral Hartfmk d'ordonner au Contre Amiral van Braam de faire les préparatifs nécesfaires pour le désarmement des Vaifleaux; de nous intormer des ordres & des arrangemens qu'il croiroit convenables a eet égard, pour prévenir la confufion & les accidents: d'en donner de même connoiflance aux Amirautés respedives, dont on feroit retirer les Vaiffeaux, dans le Canal, le Balg, le Nouveau Diep ou le Zuid-wal,zfi% que ces Confeils pusfent prendre les mefures convenables a ce fujet; de faire désarmer pré* mièrement les Vaiffeaux, qu'on ne devoit plus employer dursnt cette Campagne: mais d'attendre a I'égard des autres & en particulier des Vaiffeaux VAmiral Général, Amjlerdam, & le Prince Fréderic, des nouvelles des Convois de Bergen & de la Baltique,dont on attendoit encore fe retour avec la plus vive impatience. On pouvoit cependant faire retirer dans le Canal, ies Vaiffeaux Piep Hein & la Gueldre, & mander les Cagues, qui étoient deftirtées a décharger ces Vaiffeaux, ainfi que la Frégate le Loo, fi ce Navire ne pouvoit point hyverner dans le Nouveau Diep, & qu'il fallut le retirer dans le CanaL Cepea»  C 39 ) Cependant les Vaifleaux qui étoient reftés par nótre ordre au Texel, pour être employés en cas de befoin au lèrvice de 1'Etat, s'y feroient trouvés dans la lltuation la plus dangereufe, fi la gêlée étoit furvenue, & que 3e vent eut tourné a 1'Eft, évenemens trés ordinair es dans le mois de Novembre, felon 1'avis unanime de tous les Piiötes-Cötiers que le Contre Amiral van Braam avoit confultés fur eet objet, & fuivant le fentiinent des Officiers Généraux & des Capitaines. Auffi le Vice Amiral fe crut obligé en confeience, «Sc de concert avec les Contre Amiraux van Braam LTaï  ( 44 ) „ Une Hourque Hollandoife, nommée la Dame Madelaine, Capitaine „ C. Geerman, partit d'ict (de Curacao) le 15 Juin. Elle étoit armée „ en courle, & munie d'une commiflion de Votre AltelTe Séréniffime, „ pour faire une Croifière (fi je ne me trompe prés des Illes du vent,) „ mais elle ne fit que croifer fur la Cöte méridionale de cette Jile a ,, quelque difiance du Port, jusqu'au lendemain, jour auquel la Corvet„ te Ie Kemphaan partit de même. Mais a une heure après-midi on vit „ une frégate Angloife dépafler le Port, «Sc aller a la rencontre de la Hourque. „ Ce VailTeau qui portoit un Pavillon blanc & qui de Ioin fembloit „ petit, fut prisd'abord pour quelque Navire neutre, fous Pavillon Pms- fien, deftiné pour cette Colonie, tel qu'il en eft déja arrivé plufieurs: „ d'ailleurs il faifoit mine de vouloir entrer dans le Port: & nous de„ meurames dans la même opinion, en le voyant venir de deflbus le vent, jusqu'a ce qu'il s'approchat tout prés du Port. Cette Frégate engagea la Hourque au combat & la forea , après „ avoir écbangé quelques bordées, a amener, après quoi elle lamarina: „ ma/s fon triomphe fut de courte durée. Confidérant combien 1'bon„ neur de la Nation, de la marine Hollandoae, dn Corps auquel j'ai la „ fatisfaction d'appartenir «Sc ma propre réputation permetto/ent peu de „ fouffrir, qu'on enlevat ainfi un Navire quelconque fous Pavillon HoL„ landois, a la vue de quatre Vaifleaux de guerre, tant qu'on feroit en 3, état d'empêcher cet affront. Et malgré la difficulté qui fe trouvoit a „ remonter contre Je vent & Ia marée, lorsqu'une fois on feroit en „ pleine mer, je me crus indispenfablement obligé de prévenir Ja prifè „ de la Hourque, «Sc je gagnai d'abord au Iarge, avec le Vaiffeau que „ je commandé, «Sc le Beverwyk, Capitaine Boot, avant que le Navire 3, Anglois eut encore atteint le Batiment Hollandois. Je donnai d'abörd „ chaffe fur les deux Vaiffeaux, «Sc le foir vers les 6 heures je repris Ia „ Hourque, a la bauteur de la Pointe Occidentale de cette lfle. Ce5, pendant, a mon grand regret, il me fut impolTible d'atteindre „ VEnnemi, qui avoit a tems gagné au Iarge. „ J'envoyai auffi-tót un Lieutenant «Sc quelques hommes a bord de Ia „ Hourque, pour en prendre pofielTion; je fis paffer les Anglois, qui „ ne s'y trouvoient encore qu'au nombre de 8 Matelots «Sc d'un Mafteri „ Mate fur mon Vaiffeau. J'appris alors que cette Frégate ennemie fe n nommoit le Diamant, de 38 pièces, Capitaine Parker, &e." Depuis la réception de cette Lettre, nous avons vu dans un Papier Public une Lettre, fous le nom du Capitaine Geerman. On s'y plaignoit, que le Lieutenant Eye, qui commandoit la Corvette le Kemphaan, «Sc en préfence  ( 45 ) préfence duquel le combat s'étoit donné, n'avoit point fècouru la Hourque, & que le fecours des VahTeaux de 1'Etat étoit venu trop tard. 11 nous importoit beaucoup de rechercber la vérité ou la fauffeté de ces plaintes, puisque nous ne fommes rien moins qu'indifférens fur la conduite que tiennent les Officiers de 1'Etat, dans tout ce qui peut avoir le moindre rapport k leur fèrvice: auffi nous écrivimes d'abord a 1'Amirauté de la Meufe de s'informer exactement de la conduite que le Lieutenant Eye avoit tenue dans cette occafion: nous nous adreffames auffi a 1'Amirauté iïAmfterdam, en la priant de s'enquérir au Capitaine Ryntjes, qui fè trouvoit a Curacao lors de févénement dont il s'agit ici, & qui depuis eft répatrié, & a tous ceux qui pourroient fournir quelques lumieres, tant fur le fecours que le Contre Amiral Rietveld avoit donné au Capitaine Geerman , que fur les raifons, pour lesquelles il étoit venu ft tard. L'Amirauté d* Amflerdam nous donna des éclaircilTemens a I'égard du Contre Amiral Rietveld, en nous communiquant un extrait du Journal tenu par le Capitaine Reyntjes a bord de la Frégate Beverwyk, oü il fervoit en qualité du fecond Capitaine. Nous nous referons a cet Extrait, qui fe trouve auffi parmi les Piécea Juftificatives, jointes a une Réfolution prife provifionnellement par l%mirauté de la Meufe en faveur du Lieutenant Eye, & que nous joignons ici fous le N°. ï 11 paroit par toutes ces Pièces, combien il eft dangereux d'être trop crédule a I'égard de tout ce qui fe répand dans le Public contre I'adminiftration des affaires Navales & au dés-avantage des Officiers de la Marine de 1'Etat. Revenons actuellement au recit de nos propres opérations, en particulier a celui des mefures que nous avons prifes pour faire remplacer les Officiers qui ont été li Iongtems dans les Indes Occidentales. Nous avions de(liné a cette expédition les Vaiffeaux le Zierikzée, le Schiedam &c la Bellone; outre le Vaiffeau la Concorde, qui a été Iongtems retenu par les vents contraires , & qui fut obligé depuis de mouiller dans le Port de Hitteree en Norvege, & la Frégate VEnkbuizen, qui ayant perdu fon mat dans une tempête & reen d'autres dommages, dut retourner & Lisbonne, d'oü elle eft néanmoins partie le 19 Octobre, pour continuer fa route vers les Indes Occidentales. Mais a notre grand regret, le Zierikzée , le Schiedam & Ia Bellone n'ont pu remplir leur deftination. Le premier qui avoit perdu M beau-  ( 46 ) beaucoup de monde, «Sc oü fe trouvoit encore bien des malades, ne put être emmariné affez tót, & il étoit alors trop tard pour lui faire entreprendre ce Voyage; Ie Schiedam, mit en mer, mais ce Vaisfeau eut le malheur de recevoir une voye d'eau , ce qui 1'obligea de retourner dans les Ports de la Répüblique ; «Sc d'après Texamen qu'on en fit, il parut que ce Navire n'étoit pas en état de faire Ia route en fureté; la Bellone avoit une infinité de malades «Sc un befoin prefïant de réparations. Nous leur fubflituames le Vaiffeau le Rbynland, commandé par le Capitaine Mulder, «Sc la Frégate la Cour de Souburg, fous les ordres du Capitaine van Pelt. Le 3 Oclobre nous leur fimes parvenir les Inftruclions néceffaires, «Sc nous fimes connoitre a 1'Officier qui commandoit lesVaisfeaux de 1'Etat a Surinam, nos intentions tant au fujet de fon retour 9 que fur la manière dont il devoit s'exécuter. Le même jour nous ordonnames auffi au Vice Amiral Hartfink de faire partir, au premier bon vent, «Sc auffi-töt qu'ils feroient équipés, U Rbynland, «Sc la Frégate la Cour de Souburg; «Sc de faifir pour cette fortie Je moment du départ de l'Efcadre qui étoit deflinée pour Brefl, fous les otdres du Vice Amüraf Comte de JïyJand, afin qu'ils puffent traverfèr la Manche de conferve avec cette Efcadre. - Mais comme cette Expédition n'eut point lieu, & que la Frégate n'avoit pas encore toutes fes provifions, a caufe des tempêtes continuelles qui 1'avoient empêché de les recevoir, nous réitérames le 9 du mois 1'ordre que nous avions donné au Vice Amiral de hater autant qu'il pourroit le départ des deux Vaiffeaux. Le même jour il nous communiqua 1'intention oü il étoit de faire fortir le lendemain le Rbynland, fi le vent refloit favorable, avec l'Efcadre qui devoit mettre en mer fous les ordres du Contre Amiral van Kinsbergen. Mais il renonc;a a cette idéé dans 1'efpoir que Jes deux Cagues chargées des provifions, qui manquoient encore a la Frégate, arriveroient,& pourroient être déchargées ce jour-la; alors le Vaiffeau «Sc la Frégate feroient en état de fortir le lendemain; mais malheureufement le vent changea alors, «Sc refta contraire; comme il paroit par le Rapport que nous adreffa Mr. Hartfink le 6 Novembre, en réponfe a notre Lettre de la veille, dans laquelle nous lui ordonnions encore, non feulement de hater de toute fac;on le départ de ces deux Vaiffeaux, mais auffi de nous apprendre pourquoi ils n'étoient point partis avant ou avec l'Efcadre du Contre Amiral van Kinsbergen, «Sc pourquoi 1'on n'avoit pu prévenir la caufe qui devoit avoir retardé leur fortie. Mr. Hartfink efpéroit néanmoins, comme il le dit dans fon Rapport, que  (47 ) <^ue ces VailTeaux pourroient enfin fortir Ie lendemain; «Sc bien que le vent du Nord qui fouffloit alors empêchoit abfolument le départ du Capitaine Mulder, le Vice Amiral lui avoit cependant ordonné, pour la même raifon, de ne poiat refter a la rade, mais de fortir plutöt & de jetter 1'ancre fur les cötes. Sans cet inconvénient ces deux VailTeaux euffent appareillé le même ihatin avec le Vaifleau la Princesfe Louife. Enfin Ils mirent en mer le 10 Novembre; après avoir fait une tentative inutile le 8 ;oü ils furent obligés de revenir a 1'ancre, avec le réflux, la marée leur ayant manquée. On trouvera parmi les Pièces Juftifkatives N°. 16, une Réfolution arrêtéele 30 Septembre par LL. HH. PP., d'après la propofition & les inftances que nous fimes pour la faire pafler. Dans cette Réfolution, on a déterminé la jufte proportion,d'après laquelle on travaillera désormais a la conftrucTion, 1'emmarinement, & 1'équipement des Vaifleaux; afin que Ton puifle, avec le tems, porter les Forces Navales de 1'Etat fur un pied alfez redoutable pour ne plus craindre la fupériorité de VEnnemi. On y conclut encore de porter annuellement en tems de Paix une fomme fixe pour la Marine fur 1'Etat de guerre, afin qu'a la Paix la Marine ne retombe point dans la trifie fitaation, d'oü elle commence aujourd'hui a fe relever, a quoi on s'employe avec toute 1'aclivité & toute la vigilance que le permettent des circonltances aufli défavorables. II ne nous refte donc actuellement qu'a rapprocher en peu de mots les opérations militaires que nous nous êtions propofées dans le cours de cette Campagne, & dont nous avons donné les détails dans ce Mémoire & dans le précédent : en les comparant avec le fuccès qui les a fuivi, on verra évidemment, que fi cette Campagne n'a pas été aufll briljante que Ja première, elle a été néanmoins d'une utilité bien plus réelle pour la Répüblique. Par cette expofition, nous difliperons les foupcons d'inaclivité dont nous fommes 1'objet, & nous repouflèrons les accufations qu'on forme de toute part avec tant d'animofité & de violence contre nous. Ceux qui nous auront fuivi avec qaelque attention dans le cours de ces deux Mémoires, fe feront appercus fans doute, que nous nous étions propofés cinq objets principaux. 10. De faire efcorter les Vaifleaux armés, defiinés pour les Indes Oc: cidentales. M 2 s°- De  ( 4§ ) a*. De donner un Convoi aux Vaiffeaux qui partoient pour les Indes Orientales. 3°. D'affurer par une Efcorte fuffifante le départ des Navires marchands pour la Baltique. 4C. De faire ramener les Vaiffeaux revenant des Indes Orientales , qui dans le commencement de la guerre s'étoient réfugiés a Drontbeim. 5°- De faire rentrer a bon port les Navires marchands qui revenoient chargés de Ia Baltique. Nous avions propofé ces cinq Articles, comme de la plus haute importance, lors de Fouverture de la Négociation avec la Cour de Frame au fujet des opérations combinées, k laquelle LL. HH. PP. nous avoient autorifés par leurs Réfolutions du 4, & du 25 Mars 1782. Pour remplir ces différens objets, nous priames inftamment Sa Majefté Très-Chrétienne de vouloir bien attirer ailleurs les forces de FEnnemi commun; afin que Pon put exécuter «Sc diriger les opérations dont nous parions, avec cette prvdence, que rend fi néceffaire la foibleffe de notre Marine, a peine a Paurore de fon rétabli/Tement, & qui eft jusqtfki bien inférieure aux Forces que PEnnemi peut déployer contre la Répüblique. On a pu voir par notre premier Mémoire quels ont été les fecours que nous avons rétirés de cès opérations combinées, pour Pexécution des cinq Articles défignés ci-deffus. Et il paroit encore tant par ce Mémoire que par le précédent, que nous avons eu la fatisfacfr'on inexprimable de voir exécuter tous ces Points, avec attention, avec foin, avec quelque bonheur, «Sc fans reffentir les effets du danger qui nous ména^oit. La même vigilance, les mêmes foins, qui ont accompagné toutes les opérations de Ja guerre, ont paru fur-tout lors de la fortie des VailTeaux équipés pour ies Indes Occidentales le 8 Avril; en faififfant le moment de la retraite de Mylord Jrlowe pour faire partir le 8 Juillet le refte des Vaiffeaux deftinés pour les deux Indes «Sc le Convoi de la Baltique, enfin ils fe font également déployés lors de Penvoi d'un Détachement pour ramener les Vaiffeaux de Drontbeim. Pourroit on nier, que dans plufieurs occafions on a eu le bonheur d'éviter des dangers bien éminents ? Témoin fur-tout Fbeureufe expédition des quatre Frégates, qui, fous le Capitaine Staring, efcorterent le 8 Avril Ie premier Convoi pour les Indes Occidentales. Ce même bonheur fe manifefta encore pour le Détachement envoyé au Véfer9 fous les ordres  ( 49 ) ordres du Capitaine Braak: dans Theureufe arrivée des VailTeaux des Indes Orientales qui étoient en route , tandis que TAmiral Milbank. fe trouvoit avec plufieurs VaifTeaux dans la mer du Nord: enfin dans la confervation du riche Convoi de la Baltique. Nous n'ignorons pas la multitude de doutes qu'on a élevés fur Tcxécution de ces opérations , & le nombre de queftions qifon a fakes a ce fujet. Nous favons que des gens qui n'envii'agent jamais les cbofes dans leur enfemble, mais qui jugent toujours par 1'événement ,ont demandé: i". Pourquoi le Capitaine Staring, qui mit en mer le S Avril, ne rdmena point les Vaiffeaux de Drontbeim ? 2°. Pourquoi dü moins le Vice Amiral Hartfink , lórsqu'if fortit le 8 Juillet, avec urie Efcadre de TEtat, n'exécuta point cette opération I Nous confeffons franchement qu'après avoir murement réflechi fuf Pobjetde la première queftion ,il nous a paru que cette opération étoit oppofée aux régies de prudence que nous nous lommesprefcrites dans f'adminiftration des affaires nstvales. Nous craigntons que 1'Ennemi, appre-' nant la förcie de ce Cbnvöi, n'envoyat auffi un Détachement pour Tintercepter & fe détruire,ou qiiedu moins il né furprit,a leur retour,les Frégates qui devoient efcorter le Convoi, jusqu'a la hauteur de Hitlande: d'ailleurs la fituation défavorabie des Ports de la Répüblique & Jes tempêtes extraordinaires qu'on effuya pendant tout le Pnntems , ne permirent point de mettre en mer des forces plus nombreu/es que ces quatre Frégates auxquelles nous nofions pas, dans ces circonftances, confier la garde des Vaiffeaux des Indes. Quant a la feconde queftion , nous prions Leurs Hautes Puiffances & tous les Confédérés d'arrêter leurs regards i°. Sur TA vis que nous donnerent Je 4 Juillet 1782 Meffieurs les Députés des Amirautés & que nous avons produit parmi les Pièces Juftificatives de notre premier Mémoire, foüs le N". 40"., oü ils s'ex- pViquen't de cette facon. Suivant eux, on devoit ordonner au Vice Amiral Hartfink de mettre direclement en mer. Mais tl falloit laiffer a fè prudence le choix de féloigner ou de refler pres de la Cote, felon les circonJlances, domme auffi. le rendre maitre de faire ufage des mefures qiï'il jugeroit convenables pour prévenir le danger oü fe trouveroient les Vaiffeaux de VEtat, de je voir couper le chemin vers les Ports de la Répüblique, par des forces füférieitres de PEnnemi. N 20. Suf  ( 50 ) 2°. Sur le Plan, formé par le Vice Amiral Hartfink, de fe fervir dt la Flotte de PEtat pour en compofer une Efcadre d'Obfervation,afia de couvrir a. Les Convois pour les deux Indes. b. Les VailTeaux de Drontbeim, «Sc e. NB. Les Navires Marchands deftinés pour la Baltique, ou qui en revenoient. Et de tenir ainfi PEfcadre ralfemblée, au lieu de i'affoiblir par des Détachemens. D'après ce Plan, dès le $ Juillet, il donna ordre au Détachemenf qui fe trouvoit dans le Vlie, «Sc qui étoit deftiné a conduife vers la Baltique Navires Marchands, affemblés dans cette rade, d'efcorter ces Batimens a leur deftination, de fe rendre enfuite a Drontbeim, «Se de ramener les VaifTeaux qui mouilloient dans ce Porc. Mais les circonftances Pobligerent de faire quelque changement h ce Plan. Le Convoi da mr fuc arrêté par des vents contraires jusqu'au 23 Juillet; le Vice Amiral, après avoir efcorté vers }e Nord les Convois pour les deux Indes, fe vit obligé, en apprenant ce retard, de fermer de fon Efcadre deux Détachemens, «Sc d'en deftiner un direétement pour Drontbeim, «Sc Pautre pour la Baltique; opération qu'il ne put exécuter fans affoiblir encore davantage la Flotte de la Répüblique. II refte un fixième Article, qu'il nous eut été bien agréable de voir exécuter; favoir de relever les Vaiffeaux de 1'Etat aux Indes Occidentales, & de ramener un Convoi de ces Parages. Mais a cet égard,nous avons effuyé bien des contrariétés, «Sc beaucoup de désaftres. Plufieurs VaifTeaux deftinés a cette expédition furent hors d'état de 1'entreprendre, tant a caufe des divers malheurs qui leur arriverent «we des dommages qii'/ïs recurent. II nous a été impoffible de les remplacer a tems par d'autres VaifTeaux , attendu que des Navires deftinés pour un tel voyage ont befoin de provifions «Sc de munitions qu'on n'a pu leur fournir avec la célérité requife. En réfléchiffant cependant fur Pexécution «Sc le fuccès des opérations rélatives aux cinq premiers Articles, il nous femble qu'on ne peut, fans fe rendre coupable d'une grande ingratitude, méconnoitre les faveurs «Sc la bénédicTion que le Tout-Puiffant a daigné répandre fur nos mefures, ni fe plaindre d'un autre cóté, qu'on ait diffipé inutilement let  ( 5' ) les tréfors de 1'Etat; puisque fuivant 1'avis de Meilieurs les Députés des Amirautés du 4. Juillet 1782, mentionné plus haut, les deux grandes raifons qui pourroient autorifer ces plaintes ; favoir, si l'on avoit LA1SSÉ les colonies de l'ÉtAT sans aücün SECOURS, & SI l'on ne donnoit AucuN des Convois accordés précédemment, tombent abfolument par le récit que nous venons d'expofer. 11 eft vrai qu'on eft toujours refté fur la défenfive, & que töutes Jes opérations militaires n'ont eu d'autre but, que de conferver & de protéger les polTeflions de 1'Etat & la Navigation marchande: mais d'abord cette manière de faire Ja guerre nous parate aéhiellement Ja ièuie, qui puilfe convenir a Ia fituation de la Marine de PEtat, dans Poppofition a celle de 1'Ennemi, & aux projets des autres Puiiïances Belligérantes pendant cette Campagne. D'ailleurs depuis qu'on fait le commerce avec des Batimens neutres , méthode adoptée par plufieurs Négotians Anglois , il ne refte guères d'objets pour une guerre offenfive dans les mers d'Europe. ^ La feule entreprife qu'on auroit pu tenter avec apparence de fuccès , durant cette Campagne, c'eJl Penlevcment du Convoi de te Baltique au mois d'Odobït •, mais ce projet a manqué par des tempêtes continudles , fans exemple dans cette faifon , qui ont empêché le Détachement deftiné a cette expédition de fortir de la rade. Enfin fi les fuccès des opérations militaires n'a pas fait une impreffion plus marquée, en particulier fur les Négotians de la ïiépuhlique , on doit felon nous Tattribuer en grande partie a la facilité qu'on trouve a naviguer avec des Batimens neutres; ce qui a . rendu extrêmement médiocre le nombre des Navires Marchands, qui ont demandé une efcorte pour la Baltique, 011 pour en revenir , & nous croyons devoir abandonner la recherche des autres caufes de cette inattention, a ceux qui font en état d'envifager fans prévention, & avec impartia.'ité les malheureufes circonfmncea oü notre chère Patrie fe trouve aétueilement. Tels font les dér, 1 ils que nous avons cru devoir expofer a Leurs Hautes Puiffances & par ce moyen a tous les Confédérés, pour fervir de Supplément au Mémoire que nous préfentames a LL. HH. PP. le 7 OcTobre dernier. Après ce que nous venons de dire , nous croyons qu'il eft bien Inutile d'expofer ici la fauffeté des plaintes qu'on forme fur une'pré- : tendue inacüvité. Elle découle affez naturellement du récit de nos., M i 9p&%r  ( 5* ) ■ Opérations, fans qu'il foit riéceffaire de la rendre plus feriSMe par de nouvelles réflexions. Les foupcons injurieux qu'on élève fur la fmcêrité du zeïe , qui nous anime pour mettre la Marine de 1'Etat fur un pied affez respeclable, pour tenir tête a 1'Ennemi; pour employer les Forces qui nous font confiées de la facon la plus jufte «Sc la plus convenable, en caufant tout le dommage poffible a 1'Ennemi ; & en protégeant autant qu'il eft en nous le Commerce «Sc la Navigation de cetlitat, bafes & iöurces précieufes de la profpérité de cette Répüblique ; ces foupcons injuftes commencent a perdre beaucoup de leur force dans fefprit de la Nation , mieux iriftrüïte aujourd'hui de nos fentimens «Sc de nos procédés. Enfin puisqu'il paroit évidemment par le récit que nous avons fait dans ces deux Mémoires , que nous n'avons nen négligé de ce qui pouvoit contribuer a la défenfe de !a Répüblique | puisque Pintérêt preffint que nous avons perfonnellement a fa profpérité', eft un garand de Pardeur avec laquelle nous embraffons tout ce qui peut Pavancer, nous cions nous flateer au/Tl, que les Citoyens impartiaux, amis de la vérité , qui n'auront pas formé la zzColiuion de nous trouver coupable avant de nous entendre , «Sc qui jugeront de Pavenir mr le paffé, feront convaincus, que nous ne laifferons êchapper aucune occafiön d'y contribuer de tout notre pouvoir , a mefure que les Forces Navales augmenteront; en les employant fans témérité dangereufe, ou indifférence coupable fur le fuccès des entreprifes que nous pourrons tenter avec 1'efpoir de porter a 1'Ennemi des coups fenfibles, «Sc de favorifer les vrais intéréts de la Répüblique, autant du moins que le concours indispenfable des Confédérés nous permettra d'y contribuer. Nous ajoutons en finiffant, que vu Faérivké & 1'attention extraordinaires que les circonftances exigent de nous, notamment pour Pexamen des ordres , des arrangemens «Sc des détails qu'emporte fexercice de notre charge d'Amiral-Général de 1'Union , nous avons il y a quelque tems jugé nécelfaire de nommer Meflieurs les Confeillers «Sc Avocats Fiscaux Bisdom «Sc van der Hoop, les Vice Amiraux Reynft & Zoutman , «Sc le Contre Amiral van Kinsbergen, pour nous donner leurs confidérations «Sc leurs Confeils fur tous les objets qui concer. nent les affaires de la Marine, pour nous communiquer les projets, les précautions «Sc plans qui leur paroitront propres a nous faire exercer dignement 1'emploi dont nous fommes revêtus. Noes  ( 53 ) Nous avons eu beaucoup de peine a dispofer ces Mefïieursöii du moins une partie a aceepter cette Commiffion. La licence continueüe, & (ce qui eft incroyable) toujours impui inie de la Prejfe , leur faifoit craindre de fe voir traduits devant la Nation *, expöfés a la haine, au mépris, & a la dérifion publiqüe, par des éerivains factieux, qui font leur occüpation favorite & journalière d'attaquer tous ceux , qui mieux inftruits qü'ils ne le font de Penfemble des circönftances ne fe conforment point en toute occafiori h. leür fa9on de voir & de penfer, & qu'ils dépeignent,. par cette raifon, comme des Traitres a laPatrie, ou du moins comme des hommes qui facrifient les intéréts de 1'Etat a leur intérêt particulier , & iine lache erainte humaine, & a une baffe flatterie. Nous relTentons déja les effets faiutaires de cette Commiffion, 1'habileté & le zèle connus des Membres qui la compofent, nous promettent les fuites les plus avantageufes pour le falut & la profpérité de notre chère Patrie. NB: Les Pièces ffuftificatives indiquées déns cette Suite du Mémoire ? font jointes a tous les exemplaires de TOriginal Hollandois. Elles font trop volumin'eufes pour avoir pu être traduites. ERRATA. Page ii Jig. 4'. 3 Septembre, Jifez 13 Septembre, ió Jig. 16. 3 lifez 30 , 27 lig. 31. 23 lifez 29 1 • 29 lig. 20. de Bergen .ajoutés, & d'Elfeneür. 33 lig. 18. la Gueldre, lifez l'Utrecht. i 1 19. au, lifez du. —— 34 lig. 32. qui, lifez que'. - 36 lig. 3. 138, lifez 130. A LA H A T E, Chez P. F. G O S S E, ïmprimeur & Libraire de Son Altelfe Sérénifllmë. M. DCC. L XXXIII. O