DISSERTATION SUR LES VARIÉTÉS NATURELLES QUI CARACTÉRISENT LA PHYSIONOMIE des hommes des divers climats et des différens ages. S U I V 1 E De Réflexions sur la Beauté; particulïèrement sur celle de la tête; avec une Manière nouvelle de dessiner toute sorte de tétes avec la plus grande exactitude. Ouvrage posthume de M. PIERRE CAMPER] Traduit du Holkndois par H. J. JANSEN. Ony a joint une Dissertation, du méme Auteur, sur la meilleure Forme des Souliers. Le tout enrichi de XI Planches en taille-douce. A PARIS, Chez H. J. Jansen, Imprimeur-Libraire , Cloitre Saint-Honorë: Et A LA H A Y E, Chez J, Van C l e e f , Libraire, sur le Spuy. » 7 9 *•   P R É F A C E D E L'ÉDITEUR HOLLANDOIS. La dissertation que je présente au Public fut concue en 1768; F auteur Venrichit de plusieurs additions en 1772 , et la porta , en 1786, au point de perfection oü nous la voyons aujourd'hui. A cette dernière époque, elle devoit enfin étre publièe; mais des occupations importantes et multipliées empéchèrent l'auteur de la mettre alors au jour. L'annèe 1789 lui parut étre plus favorable h cette entreprise; mais une mort prématurêe ne luipermit pas de remplir ce dessein. Ilétoit du devoir d'un fils d'examiner avec la plus grande attention les écrits laissés par un père respectable avant de les faire paroitre ; et de nowelles contrariètès ont retardè jusquh ce moment l'impression de eet ouvrage. II seroit inutile de nous arrêter ici sur Vobjet de cette dissertation, puisque l'auteur a lui-même pleinement satisfait, dans sa Prèface, notre curiosité a eet égard. Je suis loin de me flat ter d'avoir donné h eet ouvrage le degrè de perfection quil auroit acquis entre les mams de Vauteur. II y manque quelques remarques, et un article entier sur les vèritables caractères distinctifs de ïantique dans les statues, les A 2  C 4 ) médailles et les pierres gravèes. La Planche IX étoit principalement destinèe a eet ob/et; et la description devoit s'en trouver ii la fm de la troisième partle. Je me suis contenté de donner, dans eet endroit, une explication de cesfigures. A, G. CAMPER.  PRÉFACE DE L' AUTEUR, Comme un gout particulier ma porté , dès ma plus tendre jeunesse, vers la peinture et les autres arts d'imitation, il étoit naturel que je mappliquasse avec beaucoup de spin a connoitre tous les traits carai téristiquefi des hommes et des animaux, qui me parurewt mént» principalement m0n attention , comme étant les chefs-d'oeuvre de la nature. Le dessin et Je plastique furent par conséquent les prindpaux amusemens de mes premières années. Dans un ftge plus avancé , \9 lus singulièrement frappé de la confi-J guration et de la couleur des Noirs; mais la peau et les traits de la physionomie dei Negros des Indes occidentales et de l'Afrique fixèrent sur-tout ma curiositó. Lorsque, par la suite, je m'appliquai a dessiner, daprès les meilleurs platres des anciens maitres grecs, tels que les têtes de TApollon Pythien, de la Vénus de Médicis , de 1'Antinous, de rHercuïeFamèse, ou daprès les belles figures de Michel-Ange, de Quesnoi, et d'autres giando ai asies modernes, j'tippercus bientöt une différence considérable entre lesphysionomies de ces figures et les nótres, sans pouvoir néanmoins me rendre compte , faute d'instruction, doü pouvoit provenir cette différence si visible et si remarquable. Cependant je ne laissai pas de m'appercevoir que cette coupe du visage étoit infiniment préférable a celle des têtes exécutées par les artistes des Pays-Bas. D'après les conseils de tous ceux qui ont écrit sur le dessin, javois commencé par apprendre a me servir de 1'ovale et des triangles; cependant dans toutes les occasions, soit que je dessinasse daprès  ( 6 ) le platte, d'après des tableaux, ou daprès la nature, je trouvaï une certaine difficulté a mettre de lensemble dans mes têtes ; et le secours des divisions ne m avoit pas été non plus de grande utilité. A l"age de seize ans, je commencai a peindre a Phuile, le plus cómmunément daprès des artistes hollandois de notre tems; mais, pénétré des beautés sublimes de lantique , je pris peu de gout k leurs ouvrages. Parvenu a dix-huit ans, mon maitre, M. Charles de Moor, le jeune, a qui je dois tous les progrès que jai faits dans la peinture, me donna a copier un beau tableau de Van den Tempel, dans lequel il y avoit un Nègre, dont la représentation ne me fit rien moins que plaisir. II avoit, a la vérité, la peau noire; mais cette peau couvroit un corps de charpente européenne. Je ne pus parvenir a le rendre a mon gré; et ne recevant point, a eet égard une instruction satisfaisante, je fus obligé d'abandonner ce travail.i Après avoir étudié attentivement les gravures du Guide, de Carl Marate , de Séb. Ricci et de Rubens, je trouvai qu'en représentant les Mages d1 Oriënt, ils avoient, comme Van den Tempel, représenté des hommes noirs, et non pas des Nègres. Le célèbre graveur Corneille Vissdaér est le seul qui m'ait- paru avoir suivi exactement la nature en voulant représenter un JXègre.. Avec 1'age j'acquïs plus d'attention, et mon gout devint plus sur. II me sembla que je pouvois reconnoitre, au premier coupd'oail, ce qui étoit antique ; et déterminer, par le style, le tems auquel les différens artistes avoient vécu. La plupart des gravures d1 après les plus belles pierres gravées me déplurent, paree que je crus y appercevoir un gout gothique; comme on peut le voir par les représentations, d'ailleurs bien exécutées, des empereurs romains,publiées par Hub. Goltzius en 1645, de même que par celles de sa  ( 7 ) 'Crcecice, ejusque Jnsul. etAsice min. Numism.; quoique dans quelques -unes on ait conservé , plus ou moins , le style grec. L'ignorance des dessinateurs et des graveurs leur a fait négliger le gout anti que dans fouvrage de J. Tristan, Comment. Hist., contenant en abrégé les vies, èloges, etc., des empereurs etc., jusques a Pertinax. On peut dire la même cliose de L. Beger, de Bonanus, etc. Mais il est impossible de ne pas étre révolté des Numismatce dans le Thesaurus Gra?c. antiq. de Gronovius; dans celles de Sicile, de Naples , etc. , de Grsevius et de Burmann. Dans les ouvrages de Montfaucon , de J. Spon-, etc. , les dessins des gravures de quelques artistes sont fort défectueux; ce qui n'a pu frapper les éditeurs de ces livres , qui ne songeoient qu'a la partie historique, et qui n"avoient pas le, moindre sentiment de la beauté sublime de fantique, h laquelle le baron de Stosch a prêté une grande attention , quoique Bernard Picart en ait encore ga té la plus grande partie par son mauvais goüt. Le comte de Caylus , quoiquil fut fort bon dessinateur , pêche néanmoins de même dans eet article. Barbault a quelquefois supérieurement bien réussi. Après avoir concu le plan de cette dissertation en 1768, il me tomba entre les mains 1 excellent ouvrage de Winkelmann , intitulé : Rèflexions sur l jmitation des artistes grecs dans la peinture et la sculpture (1), et quelque tems après, feus occasion de lire son Trattato preliminare dell arte dell disegno degli antichi (1) Gedanken über die Nachahmung der griechischen werke in der Mahlerey and Bildhauerkunst. J'ai donné une traduction de ce morceau dans un Recueil de pièces de Winkelmann sur les arts ; et il formera la quatrième pièce du vol. VI, de mon édition des OEuvres complettes de Winkelmann f en 7 vol. , doat je distribue le Prospectus. Note du Tbaduqteph,,  ( 3 ) popoli, qui est h Ia téte de ses Monumenti antichi ineditl. J'aï étudié ensuite avec autant de plaisir que de fruit tous les ouvrages de eet admirable écrivain. II a, comme on sait, séduit beaucoup de monde par ce quil appelle Beau idéal; mais ce Beau idéal est véritablement fondé sur les régies de foptique, ainsi que je le démonfrerai par la suite, quand je traiterai de la beauté des formes. L excellent traité de Tenkate, sur le Beau idéal, est digne d'être lu; cependant il ne nous instruit pas du véritable caractère de la beauté ; il suit Lomazzo, se perd avec lui dans les régies de fharmonie dans la musique, qui ne peuvent étre appliquées a la peinture , paree que la beauté dans ce dernier art ne dépend nullement de certaines proporiions déterminées, mais de quelques circonstances partie ulières. La Lettre sur la Sculpture, de mon savant ami Hemsterhuis nous instruit de feffet de la beauté sur notre ame ; mais elle ne nous apprend rien des régies qu'il faut suivre pour la produire dans la forme des objets. Les oeuvres de Natter, de Mariette, et Ia Description du cabinet de M. d'Orléans, ont été les livres que j'ai consulté ensuite; f y ai par-tout trouvé la même manière de voir, la même xouüne, le même défaut de gout et de sentiment, que les auteurs de ces pr0ductions auroient pu cependant acquérir en ayant ces admirables collections sous les yeux. Winkelmann lui-même pêche dans lexécution; tant il est difficile de parvenir a imiter le sublime des ouvrages des anciens, lorsqu on na pas étudié profondément ce qui en consütue la nature et lessence. Albert Durer, habile homme sans doute, et qui doit paroïrre bien plus grand encore lorsquon considère le tems auqud il a vécu, a jeté les germes qui ont produit le mauvais goüt, lequel a, dans  ( 9 ) dans la suite, cc-rrompu toute FEurope, sans même en excepter lltalie ; et qui , il faut le dire , le corrompt encore aujourd'hui, comme on peut le voir par Lomazzo, qui a suivi en tout ses traces, excepté pour la partie de Fharmonie musicale, dont ce dernier est rinventeur. Outre AlbertDurer, il avoit sans doute lu aussi Pomponius Gauricus, De Sculptura, et le Dolce, Dialogo della Pittura. Frappé" de cécité a lage de trente ans , il fut obligé davoir recours a sa plume pour vivre; et c est a ce malheur que nous devons ses ouvrages Httéraires sur son art, qui tous, pour ainsi dire, roulent sur les memos objets. Voici la manière exacte et claire avec laquelle il dé termine le Beau dans son Trattato della Pittura, 1584, p. 196. II Bello , per cosi dire, non è bello , che per la sola sua bellezza. • « Le Beau nest, pour ainsi dire, beau que par sa propre beauté ». Ouelle absurdité ! Je dois revenir sur mes pas , pour observer que , dans ma jeunesse même , je goutois plus de plaisir a considérer les belles gravures d1 après Raphaël, le Poussin , le Titien et Pietre Testa, qu a voir les meilleurs tableaux de Rubens et de Van Dyk, dans lesquels les divisions proportionnelles d'Albert Durer, et les défauts de fovale se remarquent de la manière la plus révoltante ; surtout dans le tableau, d'ailleurs si admirable, de la Vierge avec 1"Enfant, qu on voit dans la célèbre galerie de Dusseldorp, N°. 61 des Planches, ou page 66 , in-S°. Gest en copiant souvent en argile les meilleures têtes des statues antiques, que j'appris, de bonne heure, k m'appercevoir qu'Albert Durer, en considérant les objets avec les deux yeux a-la-fois, leur avoit donné trop de largeur; et que le peintre qui veut produire de belles choses , doit non - seulement beaucoup dessiner , mais aussi beaucoup modeier , pour se former une idéé parfaite des véritables formes des objets , de quelque espèce quils puissent B  ( io ) étre. La connoissance de Tart de voir les objets est de même nécessaire, ainsi que je pense f avoir prouvé dans le discours sur Toeil et sur la vision , que je pronon^ai lorsque je fus recu médecin en 1746- Par la suite, je prouverai, dans une dissertation particuliere sur la beauté des formes, que cette beauté résulte uniquement de ce qu'on sait remédier aux défauts de notre manière ordinaire de voir, et de la réfraction des rayons visuels. Pour bien réussir, il faut suivre fexemple admirable de Lysippe (1), et rendre les têtes plus petites, et les corps plus sveltes et moins charnus, pour faire paroitre les figures plus longues; et il ne faut pas représenter les hommes tels qu'ils sont, mais tels que nous les concevons dans notre imagination. Pendant que je démontrois publiquement, comme professeur d1 anatomie de la ville d1 Amsterdam , la construction générale du corps humain , et que je me servois pour cela d'un grand nombre de cadavres, je nfappercus, paria comparaisondes corps de sujets de différens ages, que Fovale de la tête n est pas conformé de manière a pouvoir déterminer avec quelque certitude les traits de la physionomie. Pour faire mes observations , je partageai exactement par le milieu plusieurs têtes , tant d'hommes que de quadrupèdes, et je m imaginai appercevoir distinctement que la cavité destinée a contenir le cerveau étoit bien, en général, d'une conformatioii régulière; mais que remplacement des machoires supérieure et inférieure étoit la cause naturelle de fétonnante variété quon remarque dans les physionomies. J'ai poussé plus loin cette (]) Pline , liv. XXXIV, ch. 8, sect. 19, Capita minora faciendo, quam antiqui : corpora graciliora, siccioraque , per quai proceritas signorum major videretur—. Ab illisfactos quales essent homines; a se quales viderenturesse.  C 11 ) observation , en descendant graduellement des quadrupèdes jusqu"aux poissons , pour donner une dissertation particulière sur eet objet. Ces remarques me conduisirent k appercevoir la différence réelle qui se manifeste dans la physionomie de 1'homme, depuis son enfance jusqua Tage de la plus grande vieillesse. Je ne pus cependant concevoir comment les anciens Grecs étoient parvenus a la beauté particulière et sublime qu ils ont su donner a leurs figures; tandis que je ne trouvois parmi les ouvrages modernes aucune tête dont la forme put y étre comparée le moins du monde. Par les copies que j'en ai vues, je me suis néanmoins appercu que la ligne de leurs tètes étoit la même que celle des nötres , comme on peut s'en convaincre en comparant la F/gure 5 de la Planche IX, laquelle représente une copie du César Auguste gravé par Dioscoride, avec la Figure 1 de la Planche II, dont elle ne diffère point. Ayant eu foccasion de voir des individus de plusieurs nations, je me figurai d1 appercevoir une différence essentielle, non - seulement dans la saillie de la machoire supérieure, mais aussi dans la largeur des visages et dans la quadrature de la machoire inférieure ; observation qui a été confirmée par f examen dun grand nombre de têtes décharnées de différentes nations que jai été k mêmederassembler, oudontj'ai fait des dessins exacts. Je possède, dans mon cabinet, outre des têtes d'individus de ma patrie et des pays voisins, celles d'un jeune Nègre d1 Angola, d1un sujet agé de la même contrée, d'une Hottentote, dun jeune homme de file de Madagascar , d'un Mogol, dun Chinois, d'un habitant de File de Célèbe, et d'un Calmuque; par conséquent j'en ai de huit peuples de climats fort différens. En 1786 , j'ai dessiné k Oxford la boite osseusedunOtahitien, B 2  C w ) apportée par le capitaine Ring.' Jusqu'a présent, je ïfai pas pu me procurer encore la téte d'un véritable Américain , ni même celle d'un Anglo- Américain, qui doit cependant offrir quelque chose de particulier , ainsi que me Ta fait remarquer le célèbre peintre West, qui est fort en état d'en juger, étant né en Pensylvanie. La téte de cette espèce d'hommes est longue et étroite; forbite se trouve proche de 1'oeil; de manière quils n'ont pas la paupière supérieure aussi grande que la plupart des peuplcs de TEurope; ce qui clonne tant de charme au visage. En placant a. coté des têtes du Nègre et du Calmuque celles de TEuropéen et du Singe, j'appercus qu'une ligne tirée du front jusqu'a la lèvre supérieure, indiquoit une différence dans la physionomie de ces peuples, et faisoit voir une analogie marquée entre la téte du Nègre et celle du Singe. Après avoir fait le dessin de quelques-unes de ces têtes sur une ligne horizontale, j y ajoutai les lignes faciales des visages , avec leurs différens angles; et aussitot que je faisois incliner la ligne faciale en avant, j'obtenois une téte qui tenoit de fantique; mais quand je donnois a cette ligne une pente en arrière, je produisois une physionomie de Nègre, et définitivement le profil dun Singe, d'un Chien , d'une Bécasse, a proportion que je faisois incliner plus ou moins cette même ligne en arrière. Yoila les observations qui ont donné lieu a eet ouvrage. Mon séjour dans la ville d1 Amsterdam me fournit les moyens de rassembler des têtes de toutes les espèces , depuis celle de favorton jusqua celle de rhomme du plus grand age possible. La comparaison de toutes ces têtes fit naitre chez moi le désir de suivre le changement naturel qui se fait remarquer par faccroissement des parties dans le jeune age, et par leur clépérissement dans la vieillesse, et de connoitre le moyen le plus sur de représenter les différens ages de rhomme. Ge fut la le second pas que je fis dans  ( *3 ) cette carrière. Ty joignis un examen plus exact de la ligne que les anciens artistes ont employee dans leurs productions. Enfin, ayant fait de nouvelles recherches sur Futilité de fovale et des triangles , comme facilitant le dessin des têtes, je trouvai, par fexamen et par la comparaison des têtes décharnées avec les maehoires partagées en deux , une nouvelle manière de clessiner avec plus dexactitude toutes les têtes d'hommes et de quadrupèdes. Comme je ne rencontrai que rarement, ou , pour mieux dire , jamais de véritables amateurs du dessin , et sur-tout des recherches dont il est question ici, je négïigeai de continuer mes observations jusqua 1'année 1767, que me trouvant, avec mon ami, M. F. Van Hemsterhuis, chez M. de Bentink , a la Haye , jy fis remarquer la différence que présentoit le travail des Grecs et des Romains sur les pierres gravées et les camées qu'on nous faisoit voir. On me demanda, a cette occasion , comment j'avois acquis cette connoissance? Je satisfis a cette question, en citant les pnncipales recherches que j'avois faites. Sur quoi je fus invité a mettre par écrit mes idéés sur ce sujet, afin qu'on put en tirer quelque fruit. M'étant rendu k ma maison de campagne en Frise, pour me délasser de mes travaux académiques , j'entrepris le pénible ouvrage qu'on m'avoit imposé. Je découvris bientót des difficultés sans nombre : je fus non-seulement obligé de faire les dessins de différentes espèces de têtes ; mais il me fallut trbuver aussi le moven de rendre ces dessins de la plus grande correction; ce que j'eus le bonheur d'exécuter. Je dus réduire ensuite ces dessins sur une même échelle. Je me vis de même forcé d'étudier les plus belles têtes antiques et les gravures des meilleurs maitres , pour les comparer entr'elles; ainsi que de lire les écrivains anciens et  ( i4 ) modernès sur fhistoire naturelle de rhomme et sur Tart du dessin, afin de pouvoir me pénétrer de leurs différentes idéés. Comme ce travail s'étendoit k mesure que je m'en occupois , il devint dune utilité plus générale. Je me flattois de satisfaire par la, non-seulement les amateurs des chefs-dWvre de fantiquité, mais de me rendre, en même - tems, utile a ceux qui soccupent de rhistoire naturelle, et particulièrement aux jeunes peintres et aux jeunes statuaires. Le plan de cette dissertation se trouva tracé k la fin du mois d'Aout de 1'année 1768. Flatté de mes découvertes , ainsi que cela arrivé assez généralement aux écrivains, je communiquai mes idéés a différens amateurs de la peinture. On pensa quil seroit utile de me faire prononcer sur eet objet un discours public dans la salie de facadémie de dessin d'Amsterdam. Je me rendis a la demande de MM. les directeurs de cette institution , et j'exposai mes idéés le premier et le 2 d'Aout 1770. MM. les directeurs me témoignèrent k ce sujet leur satisfaction , en me donnant une médaille d'or. Seize ans se sont passés sans que mes occupations nfayent permis de donner quelque attention a cette dissertation; et la difficulté de trouver un habile et savant graveur m'empêcha ensuite de la publier telle que je la présente aujourd'hui, avec les gravures du célèbre M. Vinkeles, dont le burin est si avantageusement connu par les personnes de gout.  PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRE PREMIER. DE la Différence naturelle qu'on remarque dans les traits de la physionomie des principaux peuples connus. §. I. Lorsque, dans une grande ville de commerce, telle qu'Amsterdam , il se trouve rassemblé, dans quelque place publique, des hommes de presque toutes les parties du monde , il est facile de distinguer, du premier coup-d'oeil, non - seulement les Nègres des Blancs , mais encore, parmi ces derniers, les Juifs des Chrétiens, les Espagnols des Francois , les Francois des Allemands , et ces derniers des Anglois. II est même possible de reconnoltre les habitans de la partie méridionale de la France de ceux de la partie septentrionale de ce même pays , lorsquils ne se sont pas trop mêlés par des mariages réciproques. L'Écossois diffère de F Anglois , et celui-ci, a son tour, a une figure qui n'est pas la même que celle de Tlrlandois. Les habitans des villes de Hollande nont plus leur ancienne physionomie nationale. Ceux des iles ont conservé leurs traits caractéristiques. En Frise, les citoyens de Hindelopen, de Molkwerum et de Koudum ont encore Ie visage étroit et la machoire inférieure longue; tandis que ceux du Bildt se font remarquer, entre leurs plus proches voisins, par une figure courte et ramassée. Le peuple de chaque pays offre par conséquent quelque chose  C 16 ) de particulier, qui se transmet de génération en génération, jusqüf a ce que , par le mélange de plusieurs nations , ces traits caractéristiques se trouvent altérés ou entièrement détruits. Les guerres, les migrations , le commerce , la navigation et les naufrages ont tellement mélé les liabitans de la terre , que ce nest plus que dans 1'intérieur de quelques contrées inaccessibles aux étrangers qu'on trouve des hommes qui possèdent encore leur figure originale et primitive , qui les distingue d'une manière visible des nations limitrophes. Or, comme les différentes contrées du globe tiennent les unes aux autres, et que les iles ne sont pas fort éloignées du continent , on nappercoit, en général, entre les divers peuples quune différence graduelle , et qui ne devient remarquable qu a de trèsgrandes distances. §. I I. L'on partage assez communément les peuples de la même manière quon divise les grandes parties de la terre; savoir, en Européens , Africains, Asiatiques et Américains. Les habitans de ces quatre principales parties du globe, auxquels on peut joindre ceux des iles du Sud, de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande, qui composent, pour ainsi dire , une cinquième division de la terre, n ont jamais encore pu être représentés par des traits caractéristiques et constans , savoir, par leur propre configuration, sans y joindre quelques productions naturelles du pays , ou bien quelques ornemens ou quelques usages particuliers a leur patrie. L'Asiatique se distingue de TEuropéen par sa couleur et par son costume; V Africain et f Américain, qui ont. a-peu-près la même couleur, se reconnoissent par le crocodile, f éléphant, la nicotiane, le tatouage et les plumes, II est certain cependant que les habitans de la partie septen- trionale  C >7 ) Irionale de fEurope, tels que les Lappons, ont la peau plus basanée que ceux de File de Java; que différens peuples de la Perse et du Mogol norit pas la peau plus brune que les Espagnols ; et que les Caffres mêmes, quoiquils se trouvent placés en Afrique, différent néanmoins beaucoup des habitans d'Angola , de Nubie , etc. Les Américains semblent, en partie, étre venus du Nord de T Asie; cela paroit du riioins assez certain aujoürd'hui par fanalogië qu on remarque entre leur figure, leurs usages, leurs coutumes et leurs principes religieux. Cela se trouve également confirmé d une manière indubitable, par ceque nous ont appris les fréquens voyages des Russes en Amérique par la Sibérie, le Kamschatka, SaintAndré, etc. , et ceux du capitaine Cook. La belle carte de fouvrage de Cook, qui représente la partie Nord-Est de 1'Asie et Nord-Ouest de f Amérique, avec les iles qui gissent entre ces deux parties dü monde, nous fait voir clairement la possibilité de cette analogie; de même que celle des courses qu'ont faites en Amérique, par ce chemin, les Lappons , les Samoïedes, les Sibériens , les Kamschatkales et les Sauvages de 1'Asie., §. III. Quiconque examinera sans prévention fespèce humaine , telle qu'elle est aujoürd'hui dispersée sur toute la surface de la terre, ne pourra donc douter qu'elle ne doive son origine qu'a unseul homme et une seule femme , qui ïfont paru que plusieurs siècles après la création du monde, lorsqu'il eut subi mille révolutions. Cestpar ce couple que toutes les parties habitables de la terre ont été peuplées; sans que la différence de la couleur puisse entrer pour rien en considération, paree que cette couleur s'altère insensiblement, tandis que la peau de tous les hommes conserve constammentsamême con- C  ( 18 ) texture. J'ai déja fait voir, dans une Dissertation particulière sur la couleur des Nègres, qu'il est indifférent qu1 Adam et Eve ayent été blancs ou noirs , puisque le changement du blanc au noir est aussi grand que celui du noir au blanc. Je puis démontrer de même, par plusieurs morceaux de peau de Nègres , d'Italiens , et des plus blanches femmes de Hollande , que la seconde peau est chez tous plus ou moins noire ou basanée , de sorte qu'on peut également adopter Tune ou fautre opinion ; d'autant plus , que cette seconde peau, a laquelle Malphigi a donné le nom de membrane rèticulaire, devient quelquefois chez nos femmes enceintes aussi noire qu'elle lest chez les plus noires Négresses d'Angola. Jen ai vu un exemple remarquable au printems de fannée 1768 , k toute la peau du ventre et a celle du sein cfune femme, d'ailleurs fort blanche, morte immédiatement après avoir accouché ; je conserve encore quelques morceaux de cette peau dans mon cabinet. Toute facadémie de Grbningue a été témoin , dans le tems, de ce singulier phénomène. Au reste, ce nest pas la un prodige : le célèbre Le Cat en cite plusieurs exemples (1). Cette couleur obscure de la peau semble néanmoins disparoitre par faction de fesprit de vin ; ce qui a de même lieu avec la peau des Nègres, ainsi qu'on peut le voir par celle que je conserve dans mon cabinet. II paroit cependant certain, par ce que nous avons vu et par ce que nous apprend Le Cat, que la peau peut devenir de blanche noire et de nouveau de noire blanche. Le soleil a de même une grande influence sur la couleur de notre peau. La grossesse des femmes, les Nègres blancs, et ceux qui, par maladie, perdentleur (1) Traité de la couleur de la peau humaine, édit. d'Amsterdam, art. IV, p. i3o et suiv.  ( i9 ) noirceur, nous prouvent qu'il y a quelque autre chose qui agit sur la membrane réticulaire. Et pourquoi pas ? Notre sang ne jette-t-il pas des particules noires dans les yeux, tandis que leurs tuniques conservent leur blancheur ? La noirceur des parties secrettes des deux sexes , même des individus les plus blancs , nous prouve évidemment que notre membrane réticulaire peut recevoir sa couleur par le sang seul; c'est-a-dire, que la superficie peut en devenir si compacte qu'elle ne réfléchisse plus les rayons de lumière, et, par cela même, nous paroisse noire. On sait que les objets n'ont par eux - mêmes aucune espèce de couleur ; ce sont les rayons de lumière qui éprouvent différentes modes de réfractions , et qui, étant de nouveau réfléclries vers nous, présentent a notre esprit 1'idée de la couleur. §. I V. Comme nous ignorons absolument a quelle époque , plus ou moins éloignée de la création du monde, rhomme a été formé et dispersé sur la terre, le plus sage parti que nous puissions prendre, c'est de considérer la variété de son espèce d après ce que nous voyons aujoürd'hui. II seroit inutile de nous occuper ici a approfondir cette matière, que le grand peintre de la nature a si supérieurement traitée dans le Tom. III de VHist. Nat., et particulièrement dans son Traité des variétés dans l'espèce humaine ,p.5ji et suilt. Nous en prendrons quelques - uns des principaux passages , pour nous servir d'appui, et nous choisirons pour exemple les Calmucrues. Le visage des Calmuques, comparé avec le nótre, mais sur-tout avec celui des plus belles têtes antiques, est ce que la nature peut offrir de plus laid. Le visage de ce peuple est extrêmement plat, comme il paroit par la Figure 4, Planche I, et fort large dune C 2  ( 20 ) pomette de la joue k fautre, comme on peut le voir par la Figure 3 de la Planche III. Le nez est tellement applati qu'on n'y voit que deux trous au lieu de narines, ainsi queM. de Buffon la remarqué également (1). Les yeux sont fort prés fun de f autre, les lèvres sont grosses, et la supérieure est longue. Ils ressemblent beaucoup aux Siamois , décrits par La Loubère : leur visage large est élevé par le haut des joues ; le front se rétrécit tout-a-coup , et se termine en pointe de même que le menton ; de sorte que leur physionomie tient moins de fovale que du losange, comme M. de Buffon fa observé de même (2). Je suis fiché de ne pas posséder une véritable machoire inférieure d'un individu de ce peuple, afin de pouvoir la comparer avec celle des Chinois et des autres nations de f Asie. Suivant M. de Buffon , les Chinois ont le visage large et rond, les yeux petits , les sourcils grands. Jen ai vu un k Londres en i785, chez qui la petitesse du nez ne ma pas frappé. La téte du Chinois que j'ai dans mon cabinet depuis fannée 1774, a les orbites des yeux fort proches fun de 1'autre; ils sont tirés obliquement, et n'ont guère d'élévation; les os des joues , quoique peu larges, sont fort saillans; la m&choire supérieure, depuis le bas du nez jusques aux dents, a, comme chez fOtahitien, peu de cavité; ce qui est le contraire de ce qu'on voit chez les Calmuques. Les Chinois ne peuvent par conséquent avoir la lèvre supérieure grosse. Le plus singulier de tout, et que j'ai remarqué également aux têtes de fhabitant de Célèbe, du Chinois et de fOtahitien, c'est un triangle rectangle § , a , * , Planche I, Figure 4 , que j'ai de (0 Des -variétés dans 1'espèce humaine, pag. 38 j. (2) Ibid fpage 3o,3.  ( 21 ) même trouvé dans toutes les femmes nées en Asie de parens Hollandois ou Anglois, et qui forme ces joues larges qu'on ne rencontre point chez les autres nations. Je suis surpris de voir, dans le Tomé X;K, page 3yj , de fouvrage de M. de Buffon, que , quoiqu'il eut alors sous les yeux, dans les numcros i33q et i54o du cabinet du roi, deux têtes décharnées de Chinois , et une tête de Tartare dans le n\ ïo/^i, il n'y ait pas remarqué quelque chose de particulier qui servit k distinguer ces peuples de la nation francoise. Je fattribue a un défaut de cette justesse de fceil qui ne peut étre acquise que par f exercice du dessin. Toute la forme de la téte de fOtahitien ressemble tant a celle du Chinois, que j'ose présumer que les habitans d'Otahiti et ceux de file des Amis , malgré leur grand éloignement de la Chine, ne sont que des colonies de ce pays. La boite osseuse de f insulaire des Moluques de ma collection na pas , a la vérité, f angle de la machoire inférieure aussi grand, mais la machoire supérieure saillit, au contraire, fort en-déhors, comme chez les Nègres et chez les Calmuques. §. V. J e conviens volontiers avec M. de Buffon, que les habitans du Nord , du Mogol et de la Perse , ainsi que les Arméniens , les Turcs, les Géorgiens, les Mingreliens, les Circassiens et tous les peuples de FEurope , sont non - seulement les plus blancs, mais aussi les plus beaux et les mieux proportionnés du monde connu. J'ai vu cependant des habitans de 1'Arménie dont la physionomie n'avoit rien de gracieux. Les hommes des provinces méridionales de la France, mais sur-tout les femmes , ont encore cette rondeur dans le haut des joues , et ce méplat dans le visage , si remarquable dans 1'Apollon Pythien et dans la Vénus de Médicis. Ceux des par-  ( aa ) ties septentrionales ont, comme les Ecossois , et un grand nombre de Hollandois , la téte étroite et le visage pointu ; c'est-a-dire , que les machoires , Planche II, Fig. 1 , SI, fuient en arrière, et ne saillissent pas en avant comme chez le Calmuque, Planche I, Fig. 4, SI'. On ne peut guère s'appercevoir de cette différence , k moins qu'on ne modele ces partios. Mais il n'y a point de nation qui offre des particularités aussi distinctives que les Juifs. Les hommes, les femmes, et même les enfans nouveaux nés portent tous des marqués de leur origine. Ayant fait connoitre au célèbre peintre West, a Londres , la difficulté que je trouvois a saisir le caractère national de ce peuple; il me dit que, suivant lui, il falloit le chercher dans la ligne courbe du nez. Je conviens que le nez y fait beaucoup, et que la forme de celui des Juifs a une grande analogie avec celle du nez des habitans du Mogol, peuple dont j'ai vu plusieurs individus a Londres , et dont j'ai dans mon cabinet une téte moulée sur la nature. Mais malgré cela, je ne suis pas satisfait sur eet article. C'est par cette raison que J. de Wit, artiste d'ailleurs fort habile , a bien peint, dans une salie du conseil de la maison de ville d'Amsterdam, plusieurs hommes avec de longues barbes , sans qu'il ait néanmoins repré senté de véritables Israélites. §. V E D' après tous ces caractères distinctifs , il me paroit que, pour éviter le trop grand nombre de planches, nous pouvons prendre le Calmuque pour modèle des peuples de toute 1'Asie , de la Sibérie , jusqua la Nouvelle - Zélande, et pour ceux de 1'Amérique septentrionale; paree que ceux-ci sont probablement une colonie venue de la partie septentrionale de 1'Asie. Comme on ne connolt point la  ( 23 ) souche des Mexlcains et des Patagons, qui, n'étant pas aborigènes, descendent peut-être de quelque peuple europeen , nous n'en pouvons rien dire avec certitude. La téte de 1'Européen pourra servir de modèle pour les peuples de toute 1'Europe , de la Turquie, de la Perse et de la plus grande partie de TArabie, jusqua Flndostan. Nous pouvons prendre la téte du Nègre d'Angola pour modèle des peuples de toute 1' Afrique , des Hottentots, ( qui véritablement ne différent point des Nègres ) et même des Caffres et des habitans de 1'ile de Madagascar. II semble qu'on retrouve dans les in i sulaires des Moluques les caractères de 1'Asiaüque et de 1'Africain. Jy ai joint la téte du Cercopithèque ou Singe a queue, et du petit Orang - Outang , pour faire mieux remarquer la valeur de la ligne faciale; c'est-a-dire, la ligne que décrit la physionomie de 1'homme et des animaux. CHAPITRE II. Des causes qui produisent les variétés des formes quoffrent, suivant les auteurs anciens et modernes , les têtes et lesphysionomies des différens peuples de la terre. §. I. Tous les écrivains de 1'antiquité, Hérodote, Hippocrate, Suidas, Aristote, Pline, Pomponius Mela, etc.; et, a leur exemple , les  f H ) priacipaux parmi les modernes, tels que Cardan, Vesale, Schencfeius ; et, après ceux-ci, Halier et Buffon , appuyés sur le témoignage d'un grand nombre de voyageurs, assurent tous unanimement que la différence qui subpiste entre divers peuples, dépend nonseulement du climat qü'ils habiteUt, mais aussi de fart qu ils emploient; de sorte même que ces formes artificielles deviennent a la fin naturelles aux individus. J'ai démontré, il y a quelques années , exactement le contraire dans ma Dissertation sur l'Èducation des JLnfans. Quelque minutieuse cme soit cette application, il n'en paroitra pas moins certain a quiconque veut réfléchir, que ce n'est pas le nez qui est écrasé chez les Nègres ; mais que leurs joues saillant beaucoup plus en avant que chez nous , ils ne peuvent avoir un plus grand nez. Si cette forme dépend de fart, d'oü vient donc que leurs joues sont si larges et leurs lèvres si grosses. Je n'ai osé avancer un sentiment contraire k celui qui étoit soutenu par des gens d'esprit, qu'après qu'on m'eut donné , il y a plus de trente ans, favorton d'une Négresse , dans lequel, quoiqu'il eut k peine six mois, tous les traits étoient si bien formés, que ceux qui le virent ne purent manquer de le preudre pour un Négrillon, quoique la peau ne fut pas encore noire. En 1768 , je disséquai publiquement, au collége de chirurgie k Amsterdam, un Négrillon agé d'environ onze ans , dont je conserve encore la boite osseuse , par laquelle je prouvai alors toutes les variétés que produit la nature; c'est-a-dire, le sol, le climat et la nourriture, sans qu'il soit besoin pour cela que la main de 1 homme y contribue pour quelque chose. Qu'on ne pense pas cependant que je croye qu'il soit impossible d'obtenir quelques variétés par fart. Me trouvant, en i785 , a Londres ?  ( 25 ) Londres, M. Cline, premier chirurgien de 1'hêpital de Saint Thomas , me permit de dessiner la boite osseuse dun homme agé de Saint-Vincent, une des iles Caraïbes , dont Tos frontal se trouve totalement applati par la compression qu'on lui avoit fait subir. M. Hunauld adécrit et fait graver une pareille boite osseuse dans les Mémoires de VAcadémie des Sciences, 1740 , in-S°. , p. 52Q, Planche XVlil, Figure 1. Winslow parle aussi d'une semblable boite osseuse , qu'on doit avoir apportée de File des Chiens , sur Ia cote occidentale de 1'Amérique. II se trompe beaucoup sur le gissement de ces iles, qui se trouve mieux dé terminé par M. Hubner, dans sa Gèographie ,page Sjz, qui les place proche du tropique du capricorne , vis-a-vis le Pérou. Dans le même tems que j'ai peint a Oxford la téte décharnée d'un Otahitien , le 28 Octobre 1785, j'ai dessiné une semblable boite osseuse d'un jeune sujet de File de Saint-George ou Nootka-Sound, également apportée par le capitaine King, et qui se conservent, Fune et Fautre, dans le cabinet d'anatomie du collége du Christ (i).' Si c'est a quelque usage particulier de ces nations qu'il faut attribuer cette variété, on doit s'étonner de ce que cette étrange coutume ait lieu dans trois pays situés a une si grande distance Fun de Fautre; d'autant plus que ces peuples ne semblent point perdre par-la leurs facultés intellectuelles; a moins qu'il n'y en ait quelques exemples fort rares ; ce qui ne paroit pas invraisemblable , puisque le capitaine Cook dit seulement, dans son dernier voyage, (1) Forster remarqué, dans ses Observations fakes pendant le second voyage du capitaine Cook, que les habitans de Mallicolo ont le front fort court et quelquefois extrêmement comprimé, avec les os des j'oues proéminens ; sans oser dire si cela vient de Part, ou si c'est la nature seule qui produit ce phénomène, après une compression préalable.  ( 26 ) que les habitans de Nootka ont le front applati {the forehead rather lotv ), sans rien ajouter de plus. M. Hughes, qui a donné une description des insulaires de la Barbade, située a une petite distance de Saint-Vincent, ne fait aucune mention de eet usage , et parle avec éloge de la vivacité d'esprit des habitans des iles Caraïbes. Mais retournons a notre sujet. §. I I. Hippocrate(i) paroit vouloir attribuer la forme de la téte au* sages-femmes et aux nourrices; il ajoute que, comme on tenoit les têtes longues pour les plus belles, on les applatissoit par compression dans les enfans nouveaux nés, de manière quelles prenoient a la fin naturellement cette forme, que plusieurs peuples regardoient comme une beauté. Vesale (2) confirme cette opinion, de même que celle que les sages-femmes étoient gagnées par les mères pour donner une forme ronde a la téte de leurs enfans. II pense que les Allemands n'avoient la tête large et plate par derrière, que paree que les enfans étoient constamment liés sur le dos dans leurs berceaux; qu'au contraire , la tête des Hollandois est longue, paree que leurs mères les couchent toujours sur le cóté. Ces grands médecins nont pas pris garde que f ouverture du bassin des femmes, sur-tout de Hollande , est souvent si étroit que les têtes des enfans ne peuvent y trouver passage , qu'après que, par les fortes douleurs de la mère, elles ont été comprimées, et rendues ainsi pluS étroites, c'est-a-dire, plus longues. II n'est donc pas étonnant que certains philosophes ayent pré- (1) De Aére et Locis, sect. 5, edit. Foësii., jrag. 289. De macrocephalis. (2) F. C. H., lib. 1, cap. 5.  ( 27 ) tendu que Tart concouroit beaucoup k la forme de la tête; et que Scaliger (1) assure positivement que les Génois ont appris des Maures , leurs maitres, a comprimer la téte des enfans pendant quils sont endormis, et que eest par cette cause quils naissent avec une tête et une ame de Thersite (2). Cardan dit positivement que dans la province de Portus Vetus, aux Indes orientales , les hommes nont point de col, mais une tête carrée, qu ils doivent a Fart et non k la nature; que cependant la nature y a pris la place de Fart, qui consistoit k donner cette forme aux têtes en les serrant entre deux planches (3). §• I 11 M. de Buffon nous apprend, d'après Fautorité de Raleigh (4), que dans la Guiane il est un peuple qui a le col si court, et dont les épaules sont si hautes , que leurs yeux paroissent placés dans leurs épaules et leur bouche dans la poitrine. Aussi eet historiën de ia nature compare -1 - il, avec raison , cette espèce d'hommes aux Scythes et aux Acéphales des anciens. II se pourroit que les anciens eussent pris, ainsi que quelques voyageurs modernes , les Sin ges et les Orangs - Outangs pour une race particulière de Fespèce humaine. (1) Comment. in Theophrasti, lib. V,pag. 287. De causis plantar. (2) Tliersite, le plus difforme et le plus vil de tous les Grecs, fut tué par Achille, pour avoir osé calomnier ce héros. Homère a fait, dans le second livre de Ylliade, une description de la figure hideuse de eet étre abject, qui fit une telle impression sur 1'espiii: des anciens, qu'üs donnèrent le nom de Thersite a toute personne d'une conformation revoltante. (5) De varietate, lib. V, cap. 43. (4) Variétés dans l'espèce humaine , p. 5o5. D 2  ( *8 ) Pline (1), en parlant de 1'Éthiopie, dit que les Blemmies n'avoient point du tout dc tête, et que leurs yeux et leur bouche se trouvoient placés dans leur poitrine; tandis que d'autres, également sans tête, avoient les yeux dans les épaules. C'est bien la ce qu on appelle parler par hyperbole. Pline assure de même (2) , daprès le dire d'Eudoxe, que dans quelques cantons de linde, il y a des hommes avec des pieds d'une aune de long; tandis que les femmes les ont, au contraire , si petits , qu'on leur a donné le nora de Struthopodes ou pieds de moineau. Ensuite (3) il avance que les oreilles dautres étoient dun si énorme volume qu'ils pouvoient s'y cacher derrière. Strabon rapporte, sur f autorité d'Onésicrite (4) , qu'on trouvoit dans f Inde une nation dont les oreilles descencloient jusqu'aux talons ; de sorte qu'ils pouvoient s'y coucher dessus. II croit cependant que cela doit étre regardé comme une fable. Pomponius Mela (5) dit de bonne foi que les Panotes avoient de si grandes oreilles qu'ils s'en enveloppoient entièrement le corps. Solin (6) assure la même chose d'un peuple de 1'Inde (les Panotes ). Voyez Saumaise. Plin. Exerc. ,pag. i55, col. I. D. Les oreilles des habitans de file de Paques leur tombent, pour ainsi dire , sur les épaules (7). (1) Lib. V, cap. 8, pag. 2.S2. (3) Lib. VII, cap. 2 , pag. 5y3. (3) Lib. FI1, cap. 2, pag. 674. (4) Lib. V,pag. io38. (5) Lib. III, cap. 6, pag. 270. (6 Cap. XIX, pag. 28, F. (7) Voyez Planche XXVI et XXVIIdu Voyage de Cook dans Vhémisphère austral. Paris 1778, torn. II.  ( 29 ) §. I V. M. de Buffon, qui parle pertinemment sur cetobjet (1), attribue cette variété clans F espèce humaine a. trois différentes causes; savoir, i°. Finfiuence du clirnat, 2°. la nourriture , 3°. les mceurs et coutumes des différens peuples. On ne peut former de doute sur la première de ces causes , relativement a la couleur de la peau , quoiqu'il soit d'ailleurs vrai que dans les climats les plus froids , tels que le Groenland et le Kamschatka, il y ait des hommes d'une peau presqu1 aussi noire que celle des habitans de Madagascar. Les climats les plus heureux produisent cependant les hommes les plus noirs; h moins que ce ne soient des races croisées avec des individus de quelque autre contrée. Les formes particulières des yeux, des joues , des machoires, et par conséquent du nez, peuvent également dépendre de la même cause. J'observerai seulement a cette occasion , qu'on ne doit pas trop s'en rapporter a la représentation de différens peuples dans les voyages de Cook; le dessinateur ou peintre, M. Webben , y a mis, en général, trop de ce qu'on appelle manière; comme on peut le voir par les femmes d'Otahiti (2). Cependant il parolt avoir bien observé la petitesse des paupières supérieures de celles de la Nouvelle-Hollandc ou de la Terre de Diemen (3). On trouve la même physionomie et les mêmes petites paupières supérieures dans la femme d'Oonalaska que dans celle du Kamschatka; particularité (1) Variétés dans l'espèce hum aine, pag. (2) Planches XXIX, XXVUI et XXV11. (3) Planches VI et VU.  ( 3o ) que le célèbre peintre West ma fait remarquer dans tous les Anglois nés dans f Amérique septentrionale. Le dessinateur s'est, en général, appliqué k faire de belles têtes d'hommes et d'agréables têtes de femmes, comme on peut le voir par celles des jeunes femmes d'Otahiti; pnacipalement Planches XXIX, XXVIII et XXVII, oü elles ont toutes des physionomies k la francoise. D'un autre có-té, on a fait des monstres des animaux, qui naturellement ne sont pas beaux , ainsi qu'il est facile de s'en convaincre en jetant les yeux sur la Planche LIL §. V. L'effjet que la nourriture seule produit, même sur les animaux, se peut remarquer dans les chevaux, les bétes k cornes et les mouten s de notre propre pays. Des pacages plus ou moins gras changent la structure entière du corps et des cornes, ainsi que la qualité de la laine. Mais par la nourriture il faut non - seulement entendre ce que nous mangeons et ce que nous buvons, mais aussi la qualité de fair que nous respirons. Cependant il est impossible d'indiquer la manière dont cela s'opère , comment il arrivé que la machoire supérieure des Nègres et les os des joues saillissent en avant, et pourquoi il se fait que les orbites des yeux des Chinois et des insulaires des Moluques se trouvent plus bas que les nötres, et placés obliquement, etc.; ces variétés ne peuvent même se remarquer que par fexamen le plus attentif. Le climat et la nourriture opèrent sans doute de concert; ils ne peuvent pas néanmoins produire de race différente, mais seulement occasionner quelques variétés. La noirceur plus ou moins grande de la peau., ou sa parfaite blancheur, uindiquent pas des espèces particulières, mais des différences ac ;  (5i ) cidentelles. Notre peau a la mêrhe contexture que celle des hommes de couleur; nous sommes donc seulement moins noirs. Les cheveux sont longs, droits ou bouclés , ou bien crépus ; ce qui dépend vraisemblablement le plus de la nourriture qu'on prend. Les habitans des pays de Munster et de Drenthe ont tous les cheveux plats; mais ils commencent, en général, a les avoir frisés après qu'ils ont passé quelques années a Amsterdam. §. V L Les moeurs et les usages ont certainement une grande influence sur la figure de notre corps. Une bonne éducation donne mérae une certaine élégance a rhomme, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre chez les nations policées. Les manières de s'asseoir, de se coucher, de marcher, et plusieurs autres circonstances de cette espèce , communiquent au corps un développement gracieux. Cela est si vrai, que le visage d'une personne qui a le corps de travers , le devient aussi; c'esta-dire , qu'il s'affaisse insensiblement par la pression du cerveau qui, dans ce cas , ne se trouve pas soutenu également; d'oü il résulte qu'un des orbites des yeux se trouve, avec le tems, plus bas que Fautre, ainsi crue je suis en état de le prouver par Fexemple remarquable qu'offre une téte que j'ai dans mon cabinet. Chez les boiteux, le genou se tourne entièrement en-dedans par le mouvement que lui imprime Ie fémur. Chez les rachitiques et chez les bossus , toutes les clavicules deviennent droites et s'allongent. Je ne parlerai point ici des suites terribles de 1'usage des corps  ( & ) de baleine, par lesquels nos femmes nuisent si essentiellement k la santé et au développement des membres de leurs enfans. Nous nous moquons des Chinois , qui estropient si terriblement les pieds de leurs femmes, tandis que nous sommes nous-mêmes dans f erreur a eet égard, ainsi que je pense favoir prouvé dans ma Dissertation sur la meilleure forme des souliers (1). Nous allons plus loin que les Chinois, puisque nous rendons non - seulement les pieds de nos femmes , mais les nutres même, peu propres a marcher. Le ruban dont les femmes du peuple en Hollande se serrent la tête pour retenir leurs cheveux , occasionne un enfoncement k f os frontal; de même que nos jarretières impriment un cercle profond au - dessous des genoux , comme cela a lieu aussi chez les peuples du Brésil, qui regardent ce défaut comme un ornement. L'éducation, les exercices du corps et une vie réglée rendent fhomme plus beau de visage et de corps ; par-la ses membres acquièrent une certaine grace, qui forme une différence si remarquable entre fhomme bien éduqué et le rustre , qu'on a de la peine k croire que la même espèce de créatures puisse offrir une pareille disparité par le seul effet de la manière de vivre, §. VIL Certaines maladies indigènes n'ont pas une moindre infiuence sur la structure générale de notre corps. Le rachitis occasionne différentes espèces dedifformités. Cependant, selon Hippocrate, il paroit que, sous le plus heureux ciel de la terre, on éprouvoit les (i) Nous donnons ce morceau a la fin du présent volume. Note du Traducteur, mémes  C 33 ) mêmes incommodités que dans les froides régions du Nord et du Sud; sans cela il lui eut été impossible de parler si pertinemment de toutes les maladies qui en sont les suites. §. VIII. Les maladies qui occasionnent les différentes difformïtés du corps sont sans doute terribles; mais il faut regarder comme plus cruel encore le gout qu'avoient les contemporains de Longin, et dont il parle dans son Traité du Sublime, §. 43, d'avoir des nains, qu'on renfermoit dans des boïtes, et qu'on enveloppoit tellement de bandelettes , qu'ils devenoient ridicules par leur difformité. II trouve cette méthode si révoltante, qu'il n'a pas osé y ajouter foi. Suétone nous apprend néanmoins qu'on voyoit de pareils nains dans les maisons des gens riches. Tibère ne voulut point souffrir ces ridicules productions de la nature (ludibria naturce); mais 1'en pareur Alexandre Sévère en amusoit le peuple de Rome. On trouve encore aujoürd'hui de ces monsixes a la cour des princes russes. CHAPITRE III. JXèflexionsphysiques sur les variétés qu'on remarqué dans leprofd des Singes , des Orangs - Outangs, des Nègres et des au tres Peuples, ainsi que des figures antiques, §. i On sera sans doute surpris de voir que je place sur la première Planche deux têtes de Singes, ensuite celle d'un Nègre, et enfin E  ( 54 ) celle d'un Calmuque. La singuliere analogie qui subsiste entre la tête du Singe et celle du Nègre , particulièrement quand on considère cette analogie d'une manière superficielle, a portë quelques philosophes a cette idee extréme : s'il ne seroit pas possible qu'il y ait eu un mélange entre les hommes blancs et des Orangs -Outangs ou Pangos , auquel les'Nègres devroient leur origine; ou bien si ces monstres n'auroientpaspuparvenirinsensiblementparréducation a une certaine perfection, pour nfériter, par la suite des tems , d'ètre placés au rang de 1'espèce humaine. Ce n'est pas ici le moment de faire voir 1'absurdité d'une pareille ass'ertion; je prie le lecteur de consulter sur cela la Dissertation que j'ai publiée en 1782 sur V Orang-Outang. Je remarquerai seulement , que les Singes , depuis ceux de la plus grande espèce jusqua ceux de la plus petite , sont cle véritables quadrupèdes , nullement destinés a marcher dans une position verticale, et a qui la construction du gosier ne permet point d'avoir 1'usage de la parole. Qu'en second lieu, ils ont beaucoup de rapport avec les Chiens, sur-tout par les parties de la génération; caractères par lesquels il paroit que la nature a voulu principalement distinguer les diverses espèces d'animaux. Les yeux rapprochés 1'un de 1'autre, le petit nez épaté et la Ièvre supérieure proéminente, forment, en grande partie, la ressemblance qu'il y a entre la tête du Calmuque et celle du Singe, et que les naturalistes cle nos jours cherchent a augmenter encore par leurs planches supérieurement gravées et artistement enluminées; mais cette ressemblance s'évanouit bien tot, quand on examine dun oeil exercé et attentif toutes les parties du corps, et particulièrement celles de la téte ; ainsi qu'on pourra s'en convaincre par la comparaison du dessin de ces têtes que je donne dans la Planche I. J'ai dessiné de profil toutes les têtes représentées sur les PI. I,  ( 35 ) II et IV. Pline, qui donne a ces têtes dessinées de profil le nom de catagrapha ou imaglnes obllquas (i), attribue llionneur de leur invenlion au célèbre Cimon de Cléone. C'est de cette manière qu on peut reconnoitre avec le plus d'exactitude et de facilité ces différences; sur-tout lorsqu'on place a cuté des têtes les os qui en ferment la charpente, et qui donnent aux têtes leur vëritable caractère. J'ai fait ces dessins avec la plus grande exactitude et correction possible. Pour eet effet, j'ai tiré une ligne horizontale le long du bas du nez N ( Planche I) et du trou auditif C des quatre têtes , dans la ligne prolongée A B , et cela de la manière la plus nette que j'ai pu; en ne perdant point de vue la ligne que décrivoit los de la joue. Pour obtenir la véritable forme et 1'emplacement exact des parties avec justesse , je me suis servi d'un point de vue non fixe, et j'ai pris soin de faire tomber mon rayon visuel rectangulairement sur le milieu de 1'objet, comme le sont accoutumés de faire les architectes; en ne me servant point par conséquent des régies de 1'optique , qui donnent toujours une difformité aux parties, ou qui, du moins , ne nous les représentent point dans leur véritable posilion. Outre ces précautions, j'ai eu celle de ne considérer les objets que d'un ocil. Pour rendre ce travail plus facile, j'ai fait une machine d'une grandeur convenable a y pouvoir placer la plus grande boite osseuse. Cette machine consiste en un plan droit horizontal, sur le milieu duquel il y a un petit chassis carré , dont les cótés horizontaux et perpendiculaires sont percés de trous k des distances égales, pour y passer 1'aplomb et des fils perpendiculaires et horizontaux , selon qu'on le juge convenable. (i) Lib. XXXV, c. 8, paragraph. U, Vaë- 69°■ E 2  C 36 ) La partie de devant de ce plan horizontal est de même divisée également par de petites chevilles de cuivre, ainsi que lest aussi la partie supérieure du chassis. Ces chevilles sont destinées a recevoir les fils qu'on veut placer obliquement, afin de pouvoir trouver Ia véritable position sur le plan horizontal, en placant f oeil de facon que le fil oblique n'en représente parfaitement qu'un avec le fil perpendiculaire. Cette tablette étant ainsi placée devant moi h la hauteur nécessaire pour que mon qeil se trouvat d'égalité avec la ligne horizontale A B ; fy mettois les têtes 1'une après fautre derrière les lils horizontaux du chassis dont j'ai parlé. Par le moyen des fils obliques , disposés de manière qu'ils sembloient couper les principales parties , et par ceux que j'avois placés perpendiculairement, j'obtenois tous les points de section dont j'avois besoin pour faire des dessins exacts des objets que je voulois copier. En suivant cette méthode , j'ai trouvé clans toutes les figures les lignes N D, et E F ; N D coupant en C le trou auditif de 1'oreille, de même que les points de jonclion aux dents de devant N, et k 1'occiput D , par lesquels on découvre la grandeur de N C jusqua C D ; ce qui nous sera d'une grande utilité par la suite ; paree que le point C se trouve leplus souvent chez fhomme dans la ligne propensionnelle (linea propensionis) EF , ou E F e , Planche II, de tout le corps, et par conséquent au centre de mouvement de Ia tête; c'est-a-dire, des condyles defocciput avec la première vertèbre du col PW, principalement dans la Figure 1 de la PI. II, W.' Par le moyen de ce même chassis , je suis parvenu a déterminer la hauteur exacte des têtes E, F; et par conséquent les grandeurs proportionnelles entre E C, et C F, ou H N, jusqu a N , I, et conséquemment le carré H, I, L, K, dans Iequel chaque téte peut être tracée.;  ( ^7 ) D'aïlleurs , comme I'endroit oü les dents se joignent indique la bouche en G , je pouvois tirer du point G une ligne oblique G M , le long de los du nez A et le front T ; laquelle , k cause de sa grande utilité a déterminer les différentes physionomies, peut étre appelée avec raison ligne facèale (linca facialis). §. I I. "Lk première Figure de la Planche 7, représente le profil exact d'un Cercopythèque ou Singe a queue, dont le nom de fespèce mest échappé. La grandeur est réduite de moitié. Son front étoit plat, proéminent seulement un peu au-dessus des bords orbitaires. II avoit cinq dents machelières et cinq abajoues ou poches; de sorte qu'il étoit de race africaine. La ligne facéale M G , formoit avec AD, 1'angle MND, égal k quarante-deux degrés. N C étoit a C D : : 8 : 2 ; ou : : 16 : 5. E C : C F : : 7 : 7, c'est-a-dire, E C = C F. §. III. La seconde Figure est celle dun petit Orang-Outang, réduite au quart de sa grandeur; le même dont j'ai donné le dessin et la description dans ma dissertation sur eet animal. Voyez Planche II, Figure i et z. Cet animal, qui étoit fort jeune encore, n'avoit que deux dents machelières. La ligne facéale M G formoit avec A B ou N D, un angle de cinquante - huit degrés. N G étoit: C D : : 7;: 4; et E C : C F , pour" ainsi dire, comme 6:4.:  ( 38 ) Le front élevé donne a eet animal une physionomie qui tient davantage de fhomme. Les orbites des yeux se trouvent plus ouverts et plus proéminens; ce qui fait que les yeux mêmes ont quelque chose de plus agréable. Suivant Edwards, qui a donné une assez mauvaise représentation de eet animal (1), la ligne facéale n'est que de cinquante-cinq degrés; petite différence qui ne mérite pas que nous nous v arrêtions, puisqu'on en remarqué souvent une plus grande chez les hommes. Depuis peu , on a découvert de nouveau le véritable Pongo dans file de Borneo ; et on en trouve la description dansjes Mémoires de la Sociétè de Batavia, en hollandois, vol. II,pag. 2^5. Cet animal ressemble , en général, a celui de la petite espèce dont je viens de parler, mais il est pour le moins une fois plus grand. Je possède la tête d'un de ces animaux qui avoit cinquante - trois pouces, c'est-a-dire, quatre pieds cinq pouces de hauteur; tandis que ceux de la petite espèce n'ont guère au-dela de deux pieds et demi. Celui - ci tient cependant moins de fhomme , paree que la tête est plus applatie; que les pomettes des joues sont plus larges , et que la machoire avance davantage (2). §. I V. La boïte osseuse du jeune Nègre, Planche I, Figure 3, fait connoitre, au premier coup-d'oeil, que c'est celui d'un homme. II étoit dans 1'age de la seconde dentition , comme on peut le voir par la seconde dent machelière , et par une dent canine de Ja machoire inférieure, laquelle étant tombée laisse appercevoir la nouvelle (1) Glainures de l'Hist. Nat. PI. 2.1Z. (2) Lal igne facéale forme avec 1'horizon un angle de quarante-sept degrés.  ( 59 ) dent. II n'avoit encore que quatre dents machelières de chaque cóté. Je disséquai en public le corps de ce jeune homme, a Amsterdam en 1758. La ligne facéale M G formoit un angle de soixante-dix degrés avec la ligne horizontale N D. N C étoit: C D : : 7 7 : 8, ou comme 3ï : 5z. EG : C F : : 87 : 5, ou comme 17 ; 10. La pointe de los de la joue SI se trouvoit éloignée de C, le trou auditif, c'est-a-dire, N SI: SIC : : 4 : 4; qvlT$£1==SI C. C'est cette partie saillante SI qui rend le visage plus ou moins plat; conformation qui a été aclmirablement bien indiquée sur les médailles de Bochus, dont je donne le dessin dans la Planche IX, Fig. 1 et 2. Chez Albert Durer, qui na parlé qu én passant du Nègre dans sa Dissertation sur les variétés des lignes facèales, 1'angle de la ligne facéale de cette espèce d'hommes se trouve cependant de soixante-neuf a soixante-dix degrés , ainsi qu'il 1'est chez le Nègre que j'ai cité pour exemple. II paroit que les anciens ont prêté une assez grande attention au caractère essentiel de la ligne facéale de la téte des Nègres, comme on peut le voir particulièrement chez le comte de Caylus, Recueil d'Antiq., torn. VII, PI ro7 , Fig. 1 et 2, et PI. 81 , Fig. 5, ainsi que dans le Tome V, PI. 90, Fig. 2, oü 1'on a parfaitement observé le profil des tétes de Nègres, qui ont servi de lampes. §. v. L a Figure 4 de la même Planche nous fait voir la téte d'un Calmuque. Comme les dents et la machoire inférieure manquent, j'y ai supplée en remplissant ce vide d'après la tête d'un Nègre agé, dont j'avois autrefois dissóqué le corps.;  C 4o ) La ligne facéale M G forme de même un angle de soixante-dix degrés avec la ligne horizontale N D. Donc N C : G D comme 11 : 7 T, ou comme 44 : 29; et E G : C F : : 10 7 : 6; ou zx : 12, Sl C = l5; et par conséquent N £1: Sl C : : 7 : 15. §. V I. Parm r le grand nombre de têtes d'Européens que je conserve dans mon cabinet, j'ai choisi celle représentée Planche II, Fig. x. Dans cette tête, ainsi que dans un grand nombie d autres que j'ai mesurées avec exactitude, la ligne facéale M G forme un angle de quatre-vingts degrés avec la ligne horizontale ND,ouAB. N C étoit : C D : : 7 f : 7 7, comme 5o : 31, E C : C F, : : 9 : 5 7; ou comme 18 : u. £t fl: # C ; : 3 7 ■: 4, ou comme 7:8, II s'ensuit de la que 1'angle de la ligne facéale a dans la nature un maximum et un minimum; c'est-a-dire, une grandeur et une petitesse déterminées de soixante-dix a cjuatre-vingis degrés; et tout ce qui va au-dela est fait d'après les régies de fart, et ce qui descend au-dessous de soixante-dix degrés donne au visage une ressemblance aux Singes, ainsi que je me propose de le démontrer dans le Cha^ pitre Second de la Troisième Partie de eet ouvrage. §. VIL Pour avancer avec ordre dans notre marche, je placerai la ligne facéale M G droite dans 1'aplomb H J; par la notre angle aura acquis dix degrés de plus, et toutes les parties de 1'orbite de 1'oeil, de 1'os de la joue , etc. , seront portées en avant vers N M, Figure 2 de la Planche II. Qu'on  ( 40 Qu'on se représente 1'ensemble des os de la tête d une matière molle, et qu'on en porte la partie postérieure en liaut et en avant; il faut nécessairement que E C devienne proportionnellement plus grand et gagne sur la partie E Y; quoiqu'au reste les orbites des yeux et les yeux mêmes demeurent dans la ligne T V. La ligne S V , qui indique f obliquité de la machoire inférieure, s'élève également dans la même proportion, et s'avance vers D jusqua ce qu'elle tombe en D, dans la Figure 3, et qu'elle s'y élève au-dessus dans la Tig. 4 de la Planche II. TX, au contraire, gagne exactement autant que X V perd. Par conséquent la tête devient graduellement plus courte, a mesure qu'on hausse la ligne facéale, et qu'on la fait tomber en avant, jusqua cent degrés , qui forme le maximum ou 1'extrême que fart peut donner a cette ligne. Dans cette circonstance, les yeux se trouvent placës au centre des orbites , exactement au milieu de la tête, comme on peut le voir dans la Figure 4 de la même Planche II. Du moment qu'on sort du centième degré , la tête devient difforme. 11 est surprenant que les anciens artistes grecs aient justement choisi ce maximum; tandis que les meilleurs graveurs en pierres fmes chez les Romains se sont. contentés de 1'angle de quatre-vingt-quinze degrés , comme on le voit dans la Figure 3 de cette Planche II; ce qui n'a pas la même grace. Les deux extrêmes de la ligne facéale sont donc de soixante-dix et de cent degrés, depuis le Nègre jusqu al'Antique grec. Qu'on diminue celle de soixante-dix degrés, etl'on obtientl'Orang-Outang, ou le Singe ; et si 1'on descend plus loin , f on trouve le Chien, et enfin un oiseau , la Bécasse , dont la ligne facéale est a - peu - prés parallèle avec la ligne horizontale; c'est-a-dire, que les deux machoires s'allonsent; celle de dessous perd insensiblement son angle C, V, F  S, et il ne reste point de place pour les dents; ce qui paroit ótre la raison naturelle pour laquelle les oiseaux n'ont point de dents. J'ai, pour ma propre satisfaction , tracé avec une petite échelle sur le papier cette variation, ce qui a produit une singulière et agréable représentation, que je ne puis cependant placer ici, mais que tout dessinatenr pourra faire pour lui-même.. §. VIII. En donnant quelque attention k 1'angle M G S des quatre Figures de la Planche I, on s'appercevra facilement qu'il doit devenir plus grand h mesure que la ligne facéale G M s'élevera; et que c'est la la raison pour laquelle il se trouve le plus grand dans FEuropéen , comme G J, Planche II, Figure 1. Que dans tous les autres cas, quand la ligne facéale tombe encore davantage en avant, eet angle suit toujours la forme de la ligne facéale , ainsi qu'on peut le voir dans les Figures 2, 3 et 4 de la Planche II. Comme 1'angle de la machoire inférieure fuit en arrière dans tous ces cas, JF devient plus court, et f angle en V acquiert plus de convexité, ce qui donne une forme plus ronde et plus agréable aux figures antiques, comme cela se remarqué dans la Figure 4 de la Planche II. §. I X. Les yeux qui sont, pour ainsi dire, a fleur du rebord orbitaire supérieur, se trouvent par degrés plus enfoncés chez f Europeen. En S r, ce rebord devient plus grand dans les Figures 2, 3 et 4 de la  C 43 ) Planche ƒƒ; ce qui donne ce grandiose et cette grace qu'on admire dans les têtes antiques , et que sans cela on ne peut obtenir. II est évident que cette profondeur résulte d'elle - même, lorsqu'on tient, comme je 1'ai déja dit plus haut, 1'orbite de Fceil a une égale distance de la ligne perpendiculaire M s, comme dans les Figures 2, 5 et 4 de la Planche II, et qu'on fait seulement avancer le front T. §. X. La grandeur de.la bouche se détermine, si je ne me trompe , d'après la distance des dents canines chez Fhomme, de même que chez tous les animaux, a 1'exception d'un petit nombre; ou , pour m'expliquer plus nettement, les angles de la bouche finissent a Fendroit ou commence la première dent machelière. Plusieurs animaux nont, comme on sait, point de dents canines. Chez les Singes, par conséquent chez les Orangs - Outangs et chez les Nègres, la fente des lèvres, ou 1'angle de la bouche g d, (Fig. i,2,3 d'en bas) s'avance davantage que chez FEuropéen; a cause que la proéminence de la machoire supérieure augmente cette distance. C'est par la même raison que la bouche est encore plus petite dans le style antique. §. X I. L A ligne qui passé par le milieu des oreilles s, t, est un peu oblique chez tous les hommes, ainsi que je Fai représentée dans les Figures 5 et 4 de la Planche IV; cependant cette ligne nest jamais parallèle a la ligne facéale , comme on peut le voir dans la Figure 5 de la Planche I. Dans les quatre Figures de la Planche II, j'ai placé perpendicu- F 2  C44) lairement la ligne du milieu des oreilles, afin de pouvoir mieux juger de la véritable distance qu'il y a de 1'ceil a 1'oreille. CHAPITRE IV. Rema'rques sur la différence de la ligne facéale, et sur les variétés qui dowent nécessairemeut en rèsulter.. §. L D ans le précédent Chapitre, j'ai seulement indiqué qu'elle espèce d'angle forme la ligne oblique M G dans toutes les figures des Planches I, II et 111. Si maintenant nous fixons notre attention sur la proéminence de la machoire supérieure et sur le triangle T G S, Figures 5 et 4 de la Planche I, nous vovons que chez 1'Européen ce triangle n'est point d'une grandeur remarquable, comme il paroit par la Figure ï de la Planche II. Dans la Figure 2 le triangle a totalement disparu; dans la Figure 5 1'angle est moins grand; voila le minus; et dans la Figure i±, le minus, ou la diminution est encore plus considérable. Supposons maintenant que toutes les tétes ayent Ia même grandeur , et que tous les nez projettent autant les uns que les autres hors de la ligne T S , Planche I, Figures 3 et 4; il s'ensuit nécessairement que les nez du Nègre et du Calmuque deviennent fort petits et semblent écrasés ou épatés. Chez 1'Européen, Planche II, Figure 1 , le nez doit paroltre aquilin et saillir davantage en avant que la lèvre supérieure; et dans la tête antique, Planche II, Figure 4, ü faut que le nez se trouve,  ( 45 ) pour ainsi dire, en ligne droite avec le front, et dépasse de fort peu la lèvre supérieure. i ii. La machoire inférieure avance autant. que la machoire supérieure chez les gens de couleur, tant JNègres que Caffres et Calmuques ; voilé ce qui fait que ces peuples tiennent plus du Singe que de notre tête antique. Les lignes m, g, S, approchent beaucoup de M G S , Planche I, Figures 2 et 3. §. III. La machoire supérieure du Calmuque est fort plate par-devant,parce que los de la joue q , Planche I, Figure 4, étant fort long, touche a la ligne T, laquelle tombe perpendiculairement sur la dent machelière du milieu. Chez le Chinois, fOtahitien et autres peuples semblables , Z se trouve au-dessus du vide de la troisième et quatrième dents machelières, vers le fond de la bouche. Chez le Nègre, la ligne C Z est visiblement plus courte, et tombe derrière la troisième dent machelière; chez f Européen, elle va derrière la quatrième dent machelière , et dans la tête antique , cette ligne tombe plus par-devant. D'oü il suit que le visage des figures antiques, comme de f Apollon, par exemple, doit étre plus plat que le notre; et qu'au contraire, celui des peuples d1 Asie et d'Afrique doit être encore plus plat, et celui des Calmuques le plus plat de tous. § I V. La distance de N G est beaucoup plus grande chez le Calmuque que chez le Nègre, et chez celui-ci plus grande que chez nous; tandis que cette distance N G est très-courte chez tous les peuples  ( 46 ) de 1'Asie. Par conséquent les lèvres doivent étre plus grosses et plus longues, a proportion; donc la lèvre supérieure doit étre la plus longue et la plus grosse chez le Calmuque, et la plus petite dans F Anti que. §. V. Lorsque nous prenons garde k 1'affaissement du visage, c'est-adire , a la distance de P F , ou le pivot sur lequel porte la téte , jusqu a la ligne J L de la machoire inférieure chez le Nègre et chez le Calmuque, P'anche I, Figures 5 et4, ou chez 1'Européen, PI. II, Figure ï , W ; il parólt clairement que la machoire et le menton se prolongent davanlage chez les premiers que chez le dernier; le condyle P W, sur lequel tourne la téte de 1'Européen, est sur une méme ligne avec les dents des machoires supérieure et inférieure G, Planche I, Figure 3. D'oü il suit que le Calmuque a le cou plus court que 1'Européen; ou plutöt qu'il paroit f avoir plus court, paree que la machoire ou le menton descend d'autant plus bas. Plus donc le menton descendra sur la poitrine, en méme-tems que les vertèbres du cou serontplus courtes, et que les épaules, par la longueur des omoplates , comme chez 1'Orang - Outang et chez toutes les personnes bossues , seront plus hautes ; plus la téte tombera entre les épaules , et plus les hommes conformés de cette manière approcheront, pour la stature, des Acéphales, qu'on trouve aujoürd'hui, a ce qu'on prétend, dans la Guiane. §. V L Maintenant , comme le grand trou occipital ne se trouve pas loin de la ligne K L de 1'occiput, et que les condyles sont placés aux parties antérieures et latérales de cette ouverture, il faut aussi que le pivot, ou le point central sur lequel se meut la téte soit fort  ( 47 ) différent. On doit par conséquent comparer D N a un levier dont le centre de mouvement est en C. Plus donc N C est grand, plus le visage doit tomber en a\ ant, et le cou paroitre court. Chez le Calmuque N C est: C D : : 127:6 :: 2: 1. Chez le Nègre N C est. . . : C D : : 7 \ : 8 T : : i5 : 17. (1) Chez FEuropéen : : 7 7 : 7 7 '• '• 1 : i- Dans F Antique 7.7 : 5 7: : i5 :11. Les têtes des Calmuque» tomberont par conséquent naturellement en avant, et descendront entre les épaules. Celles des Nègres tomberont en arrière, paree que Focciput en est la partie la plus pesante. Cela a encore davantage lieu chez FOrang-Ourang, et va au plus haut degré chez les Singes , les Chiens , les Chevaux, etc. La tête de FEuropéen conservera par conséquent son aplomb, et aura la plus noble contenance. (1) Chez le Chinois on trouve la longueur de la tête ou N D : C F, sa hauteur : : 7 : 7 ; donc N D égal E F. N C : C D : : 4 : 3. La ligne E F tomhe par le milieu des condj les de 1'occiput; de sorte que N W est égal a W D. N. B. Quoique toutes les lettres, dans le dessin de cette tête, lequel n'a pas été gi avé, soient placées de la même manière qu'aux têtes des Planches I et II; il faut cependant observer, qu'ici N C indique la distance de N jusqu'au tiou auditif C ; et N W celle de C jusqu'au milieu des condyles de 1'occiput. M. d'Aubenton a donné sur cela de fort belles remarques et réflexions dans son Mémoire sur les diffêrences de la situation du grand trou occipitdl dans l'homme et dans les animaux. Mémoires de V'Académie Royale d^s Sciences de 1'année 1764.  ( 48 ) Les anciens , en faisant pencher la tête en avant, sur-tout dans leurs statues, lui ont donné un air plus grand, plus majestueux. §. VIL Depuis le premier plan de eet écrit concu en 1774, il m'a été donné la boite osseuse d'un Chinois qui me paroit étre mort k la fleur de son age. Sa ligne facéale est de soixante-quinze degrés; les orbites des yeux sont ~= 1 ±d, et leur élévation est de f ; et chez 1'Européen ils sont aussi hauts qu'ils sont larges. Faut-il donc étre surpris que la physionomie de ce peuple soit triste , et que la coupe des yeux soit naturellement longue, et a -1 - on besoin de supposer qu'on les allonge par art. La machoire supérieure a peu de cavité proche du nez G N; ils ne peuvent par conséquent pas avoir la lèvre supérieure grande; mais la machoire est fort carrée; formant par S V W un angle de cent dix degrés, lequel chez les Européens est de cent vingt degrés, et chez la plupart des Nègres de cent vingt-cinq degrés. La machoire inférieure des Chinois a donc quelque ressemblance avec celle des Singes, et particulièrement des Orangs-Outangs. En 1785, je dessinai au collége du Christ, a Oxford, la boite osseuse entière d'un Otahitien, apportée par le capitaine King, laquelle avoit, k tous égards, une grande analogie avec celle du Chinois ; cependant la ligne facéale étoit perpendiculaire; ce qui peut s'être trouvé ainsi par hasard. Dans la tête décharnée dun habitant de 1'ile de Célèbe , on trouve les mémes signes caractéristiques que chez le Chinois. La boite osseuse d'un Macassar de 1'ile de Célèbe, que j'ai dans mon cabinet, offre absolument ces mémes caractères, qu'on remarqué moins dans celle d'un Mogol, qui tient cependant beaucoup de 1'Asiatique,  X 49 ) l'Asiatique. II est curieux de voir une suite de têtes décharnées ,' comme celle que je possède, de Singes, d'Orangs-Outangs, de Nègres , d'un Hottentot, d'un habitant de Madagascar, d'un autre de Célèbe, d'un Mogol, d'un Calmuque et de différens Européens, qui tous sont placés sur un même rayon, les uns a cóté des autres ,• et offrent, au premier coup-d'ceil, les variétés dont j'ai parlé dans ce Chapitre et dans le précédent. §. VII I. Pocr bien saisir sur-le-cbamp 1'utilité de ce système, il faut tracer le profil du Nègre suivant la Figure 3 de la Planche I, sur la Figure 1 de la Planche VI, comme KABHILM, etle long du front la ligne facéale de 1'Européen F E, de quatre-vingt-cinq degrés , depuis A jusqu'a N E et O , jusqu'a ce qu'elle aboutisse a I, et 1'on aura la physionomie de f Européen. Et, en tracant premièrement la tête de 1'Européen, on obtiendra d'après les mémes procédés , celle du Nègre. Si 1'on couvre avec les bouts des doigts la ligne pointillée ABH; en voit 1'Européen; et en cachant ensuite la ligne pleine NE O, on trouve le Nèsrre. CHAPITRE V. Remarques sur les variétés de la ligne facéale qu offrent les tétes vues de face. §• E La Planche III offre, au premier coup-d'oeil, les principales différences qu'il y a entre les têtes du Nègre, du Calmuque, de G  ( 5o ) rEuropéen et de f Apollon du Belvédère; matière dont je traiterai plus au long par la suite, daprès les principes que j'ai établis. L'Orang-Outang représenté de profil dans la Planche 7, Fig. 2 r se trouve ici de face, afin de pouvoir mieux comparer la largeur des machoires M N avec la largeur de la téte P O, et pour applicjuer au Calmuque la petite distance Y Z des yeux. Chez f Orang-Outang on voit IH : O P : : 19 \ : 14. OP: MN: : 14: i/f — M N : X VV : : 14 : 10 7. Toutes les parties qui se ressemblent sont de nouveau tracées dans la ligne A B ; et f élévation de chacune de ces parties en particulier se rapporte avec celle des profils que j'ai représentés dans la Planche I. §. II Je ferai suivre ici le Nègre Planche III, Figure 2. Sa téte est longue ou haute comme 27 : 20, sa plus grande largeur; c'est-adire , que I H : O P : : 27 : 20. D'ailleurs, O P : M N : : 20 : 18 et M N : X W : : 18 : 16. La machoire inférieure U V est comme 12; toute la physionomie diminue par conséquent de P par M V, jusqu a H et O N; V H conservant, a bien peu de chose prés , la figure de fovale. Les narines sont assez larges en comparaison de leur hauteur; c'est-a-dire, que E F est a D C : : 2 : 3; d'oüil suit naturellement que les ailes du nez se trouvent toujours posées a cuté des narines, sur la partie avaneée de la machoire supérieure, et que le nez doit étre large. La distance Y Z des orbites des yeux est comme 3; par conséquent les yeux sont moins éloignés fun de fautre que le nez nest large. Les ailes du nez, se trouvant posées a cöté de E F, leur largeur doit étre au moins comme 4-  ( Si ) . Les orbites des yeux de ce Nègre étoient fort larges, c'est-a-dire , K L = 6 ; de sorte que ce sujet peut avoir eu d'assez grands yeux. Chez d'autres , ainsi que chez les Chinois, j'ai trouvé les orbites des yeux plus petits : les têtes des Européens offrent une grande variété relativement a cette partie du visage. En tirant de 1'origine des petits os du nez C en travers de la largeur du nez E F une ligne jusqu'a Z R, cette ligne renfermoit les quatre dents incisives avec les oeillères ou les dents canines d'en haut, vu que la bouche, chez tous les hommes et chez tous les animaux, comme je 1'ai dit, couvre les dents canines ou angulaires; de sorte que la ligne Z R détermine nécessairement la grandeur de la bouche. Plus donc la ligne Z R sera grande en comparaison delJ V, plus la bouche sera difforme. Z R est a peu-près comme 8, et U V: comme 12. Les Nègres ont les oreilles petites ; mais comme les apophyses mastoïdes sont aussi larges que MN, elles se trouvent loin de la tête, ainsi qu'on le voit chez tous les individus de cette espèce.., §. I I I. L e Calmuque a la tête d'une toute autre conformation. La hauteur I H : O P : : 16 : 10 : : 02 : 20. O P : M N : : 20 : 24. MN:XW: : 24: 19. La machoire inférieure U V est comme 8 ou 16. Le visage a par conséquent la forme d'une losange; il est étroit et pointu par le haut du crane, devient plus large en O P, et sa plus  C 52 ) grande largeur est en N M; de-la la machoire se rétrécit subitement jusqu'en Lf V, ainsi que La Loubère Ta remarqué de même; voyez §. 4, cap. 1 de cette dissertation. Les narines sont comme 2 7; c'est-a-dire, comme E F, et 1'ouverture en est environ de 3 \ ; de sorte que les ailes du nez ne peuvent pas étre ici fort larges; mais les ouvertures doi vent étre bien visibles, ainsi qu'on le peut voir par Ja comparaison du visage avec la boite osseuse, Planche I, Figure 4. La distance des orbites des yeux Y Z est comme Z; les yeux sont par conséquent fort rapprochés, et plus prés fun de fautre que chez le Nègre; car les ailes du nez , étant mises chez tous les deux en proportion égale, sont comme 9; ce qui fait une fort grande différence. Les orbites des yeux, c'est-a-dire, K L = b; les yeux sont fort petits en comparaison de IH ou MN; et comme le muscle rond est toujours placé sur la pomette de la joue, Ia fente doit étre oblongue, et sur - tout paroitre telle, a cause que le pli semble augmenter la fente dans le petit angle. Dans la tête du Chinois , les orbites des yeux sont beaucoup plus larges que hauts, ce qui fait que ce peuple a les yeux oblongs. Le triangle C Z R, tiré de la même manière que chez le Nègre, comprend Z R = 3 T ; c'est-a-dire , les quatre dents incisives et la moitié des dents canines ; il faut par conséquent y ajouter fautre moitié; et alors la bouche devient = 4 f ou environ 5. Comme les pomettes des joues sont si visiblement plus larges que la tête; c'est-a-dire , M N : O P : : 12 : 10, les oreilles disparoissent quand on regarde la tête de face, comme chez les Singes , et particulièrement celle de la Figure 1 de la Planche III, laquelle a beaucoup de ressemblance avec celle du Calmuque, tant par le  ( 53 ) peu d'espace qu'il y a entre les yeux, que relativement a la largeur des mdchoires et la forme applatie du visage. §. I V. Il en est tout autrement des proportions des têtes des Européens de nos jours , et particulièrement de celles des Hollandois; car J H : P O : : zg : zo. P O : : M N : 23 : 20. MN : WX : : 20 : 17. MN : U V : : 20: i3, Notre visage forme par conséquent un ovale, qui est plus court relativement a sa largeur que chez les Nègres. Les narines E F, comme Z, sont aussi larges que Y Z; nos yeux sont par conséquent a une plus grande distance fun de fautre; et comme les orbites des yeux KL sont égaux a 3, nous pouvons avoir d'assez grands yeux. Cependant les ailes du nez occupent un plus grand espace que celui qui est entre les yeux. Les oreilles sont plus collées contre la tête, a raison que OP est plus large que MN; ce qui se trouve bien démontré par ce qui a été dit des Nègres et des Calmuques. Comme le triangle C Z R est plus long, et qu'il y a plus de distance du nez a la bouche C G, la bouche Z R devient considérablement plus petite, c'est-a-dire, égal a 3; paree que E F chez le Nègre est égal a E F ici. Par conséquent la bouche Z R est a U V : : 6 : i3. §• V. Les anciens ont donné aux têtes plus de hauteur au-dessus du crane (ainsi que je le prouverai clajrement par la suite ), en faisant  (54) tomber en avant Ia ligne facéale MG, Figure 3, Planche liet cela de la longueur de Y E = M H. Par-la, J H, de la Figure 5 de la Planche III, quoique formé de la même tête que la Figure 4, est plus grand ou plus haut; savoir : : 33. Ils ont pris M N = P O;' c'est-a-dire , qu'ils ont fait 1'occiput moins large, la machoire plus étroite, et les yeux a plus d'éloignement 1'un de 1'autre. De sorte que J H : P O : : 33 : 20. MN: WX: : 20: 17. MN: UV : :zo: 16. La face forme par conséquent un ovale beaucoup plus alongé. Ils ont divisé O P en quatre parties égales, et pris une de ces parties pour la grandeur de l'oeil, et pour la distance entre les yeux T; PO = 3= YZ, qui n'est que 2 dans la tête moderne. Les narines ayant la même ouverture que chez nous, les ailes du nez forment la même largeur que Y Z , distance des yeux , et que la bouche Z R. Comme le nez penche plus en avant, ainsi que cela se voit par la Figure 4, Planche II, il devient d'autant plus long que T h; ce qui rend la lèvre supérieure plus courte, L'inclinaison de la ligne facéale en avant fait que les yeux se trouvent plus enfoncés sous le front; et la ligne du milieu, qui passé par les larmiers des yeux O P, coupe IH en d en deux parties égales. Mais cela n'arrive que lorsque M G, Figure 4, Planche II, forme avec A B un angle de cent degrés ; ce qui est le maximum de l'inclinaison en avant de cette ligne.  ( 55 ) CHAPITRE VI. Explication physique de la variété des traits de la physionomie de différens peuples. §. i J'ai déja rapporté, dans le Chapitre II, toutes les causes auxquelles les écrivains anciens et modernes ont attribué la conformation des os et des cliairs qui les couvrent; et j'y ai joint mes idees a celles du savant Buffon , pour faire voir que le climat seul ( en y comprenant la nourriture et les moeure ), pouvoit donner une forme particulière k ces parties du corps de Fhomme. Si Ton y joint que les différentes maladies naturelles a certains pays y contribuent aussi, nous ne serons plus étonnés de ce qu'on trouve cette variété dans 1'espèce humaine , qui a de même lieu chez les végétaux , les oiseaux et les quadrupèdes d'une même classe. §. I I. Je me flatte d'avoir prouvé évidemment, que chez les Nègres la machoire supérieure avance beaucoup ; et que par cette cause la la ligne M G incline en arrière , et forme un angle de soixante - dix degrés : voyez Figures 3 et 4 de la Planche I. II est donc aussi trèscertain, physiquement parlant, que les dents doivent de même étre posées obliquement en avant; et que, pour que ces dents se trouvent couvertes , il faut que les lèvres , particulièrement la supérieure, soient longues , épaisses et grandes. Par la même raison , la lèvre inférieure doit suivre la supérieure. Le nez sortant également de la  ( 56 J ligne T S, Planche I, Fig. 3, do't nécessairement paroitre épaté, a cause de la proéminence de la lèvre supérieure, sans qu'il soit besoin pour cela de f intervention de fart des pareus ou de la sagefemme, pour lui donner cette forme en le comprimant avec violence. La largeur des narines, dans Ia conformation des os, exige de même un large nez , et le rend nécessaire; paree que les ailes étant placées obliquement en dtfiors , doivent correspondre en-dedans avec les trous des os. Pourquoi donc les pln'losopbes et les voyageurs, qui se laissent si voloniiers aller aux contes populaires qu'on leur fait, n'ont-ils pas cherché a nous persuader également que les Nègres donnent par art cette forme a leurs narines. Les cliocs que 1'enfant reeoit contre le dos de la mère , peuvent bien, en effet, écraser un peu la partie cartilagineuse du nez; mais ils ne peuvent pas donner un écartement régulier aux narines. La forme plate du visage dépend de la proéminence de 1'os de Ia joue de C Q , Planches I et II; et dela il suit évidemment que le visage des Orientaux a naturellement cette conformation , et qu'ils ne la doivent point a une compression de la tête, J'ai fait voir de même, que chez les Nègres 1'occiput est plus pesant que le sinciput; c'est-a-dire, que C D E, Planche I, Figure 5, a plus de poids que E. T. G, S. P. C. Les Nègres , cherebant donc a conserver f équilibre , jettent la tête en arrière, sur-tout les garcons ; ce qui ne peut se faire sans plier les reins en-dedans, et sans pousser par conséejuent le ventre en-dehors. A cela se joint le peu de largeur des hanches, c'est-a-dire, la forme étroite du bassin; de sorte que la largeur de cette partie est a sa profondeur : : 9 : 7 ; tandis que dans les squelettes des hommes les mieux conformés cela se trouve : : 11 : 7. Comme d'ailleurs les Nègres,  <: s7) Nègres, étant condamnés, comme esclaves, dèsleur enfance, a de forts travaux, il faut nécessairement que les genoux se déjettent endedans ou en - dehors , et que les jambes deviennent mal faites. A cela, il peut se joindre plusieurs autres causes, que je passera! sous silence, paree que mon intention n'est point de donner une description exacte de la conformation du corps entier. II me suffit d'avoir prouvé que Tart ne contribue pas davantage a la figure des Nègres qu'a la couleur de leur peau, ou a la qualité laineuse et crépue de leurs cheveux , et que ce n'est qu'a. la nature seule qu'il faut attribuer ces traits caractéristiques qui les distinguent des autres races d'hommes. §. III. Les Calmuques, les Chinois et les Siamois , doivent avoir, par les raisons que je viens d'alléguer, le visage plat, le nez petit et les narines fort ouvertes. II faut aussi que leurs lèvres soient, k proportion de la largeur de la machoire supérieure , plus grosses ou plus petites que celles des Nègres. Supposons, pour un moment, que ces peuples se compriment la téte entre des planches , ainsi que le prétendent les anciens écrivains grecs ; mais pourquoi , dans ce cas, les cutés de la téte ne sont-its pas plats ? Pourquoi les pomettes des joues saillissent-elles si fort ? tandis qu'elles devroient se trouver également comprimces;. D'oü viént que les orbites des yeux sont si voisins 1'un de l'&ütre ? Si cela étoit le résultat d'une compression , il faudroit que toute la machoire supérieure fut également applatie sur les cótés , au lieu qu'elle est beaucoup plus large chez eux que chez d'autres peuples. Comme CZ, Figure 4> Planche ƒ, est si long, et 1'occiput C D E si petit, en comparaison de E T G S C , il faut rjue la tête penche en avant, et que le dos soit courbé en sens contraire de ce H  ( 58 ) qui se remarqué chez les Nègres. La tête doit descendre entre les épaules , de la même manière que cela a lieu chez les Orangs - Outangs et chez plusieurs autres espèces de Singes. Les Calmuques ont la téte visiblement plus grande que la nótre; leur corps est, au contraire, plus petit; par conséquent ils ne peuvent pas marcher dans une position bien verticale, et il faut que leurs genoux se trouvent jetés en avaut, de même que cela arrivé chez nous quand nous portons un grand fardeau sur la tête. Tout cela doit rendre leur figure désagréable k nos yeux , aceoutumés k voir des hommes d'une taille élancée et svelte , qui ont sopt ou huit fois la longueur de leur tête; tanclis que les Lappons , les peuples du Brésil et quelques autres ont k peine six têtes de hauteur. La plupart de ces hommes s'assoient par terre, sans jamais se servir de chaise; ce qui fait qu ils vont naturellement courbes, et paroisfient non-seuleinent plus couns , mais aussi plus laids.. §. I V. Les Européens ont Ie nez long, paree que la machoire fuit eri arrière , comme il paroit par Ia ligne M G , Planche II, Figure 1, qui forme avec f horizon, oula ligne AB, un angle de quatre-vingts degrés. Ne trouverions - nous pas ridicule, si quelque philosophe ou voyageur Nègre ou Calmuque, vouloit donner une d< scription de notre physionomie comme nous le faisons d eux , en supposant par théorie que nos mères ou nos nourrices s'amusent a tirer tous les jours le nez des enfans, pour lui donner la longueur que cette partie du visage a chez nous ? Je pense donc avoir démontrë suffisamment, qu'aucune de ces espèces d'altérations des formes du corps ne dépend de fart, mais qu'elles ne sont dues qu a f influence particulière du climat, de la nourriture, des moeurs et des usages sur notre physique..  I 59 ) Nous voyons quen Hollande les têtes sont fort grosses, partïcu? lièrement k f occiput, c'est-a-dire , la partie OP, PI. III, Fig. 4; ce qui paroit dépendre principalement du peu de solidité des os chez les enfans. Cela fait que les fronts sont souvent droits , plats et larges ; de manière que le bas du visage est fort étroit et délicate Les Hollandois ont, en général, les machoires étroites , c'est-adire , M N et T S ; parties qui sont aussi fort étroites chez les habitans de la partie septentrionale de la France et chez les Ecossois. II seroit absurde de vouloir attribuer cela a une compression quelconque. Les Italiens , les habitans du Midi de la France, et quelques AlIemands, ont conserve des restes des peuples orientaux; savoir, des visages plus larges et plus plats. Les hommes, de même que les femmes de la Hollande, ont, proportion gardée , les hanches larges ; ce qui fait que leur démarche est vacillante; du moins n'est-elle pas aussi agile que celle des per-, sonnes dont les hanches sont étroites. Les anciens observoient dans la détermination de ces proportions le caractère de la figure : dans FHercule-Farnèse, la largeur est a la profondeur comme 12 : 8 -;; dans f Apollon du Belvédère comme 9:7; dans f Antinous comme 10:84; suivant Albert Durer, f une est a fautre comme 9 : 5. Chez les femmes hollandoises, cette proportion est comme 12:7; cependant les Grecs font prise dans la Vénus de Médicis : : 11 7 : 8 4; c'est-a-dire, qu'ils ont fait les corps plus étroits , plus gros et plus ronds. §. V, Si 1'on veut se convaincre que fart ne peut influer en aucune faeon sur la conliguration des hommes, qu'on tracé le profil d'un * Ha  ( 6o ) Nègre, comme dans la manche VI, Figure i, qu'on tracé les Lgnes parallèles A C et B D, et la ligne verticale C K; qu'on tire ensuite de ED une ligne F E qui forme 1'angle FED, de quatre-vingtcinq degrés. Enydessinant la bouche aE, on voit évidemment que ce n est pas le nez du Nègre qui est écrasé, mais que c'est seulement sa machoire qui avance trop. De la même manière, on peut transformer 1'Européen en Nègre, et ainsi de suite; d'oü il est facile de conclure que les Nègres écrasent aussi peu le nez de leurs enfans pour lui donner la forme qu'il a, que nous allongeons celui des notres en le tirant..  ( 6i ) SECONDE PARTIE. CHAPITRE PREMIER. De la forme de la téte des Enfans, vue de profd. §. I. D ans le Troisième Chapitre de la Première Partie, j'ai indiqué la manière dont j'ai exécuté les profils de la Planche I. II ne me reste donc qu'a dire que ceux de la Planche IV ont étë dessinés sur le même chassis et avec la même exactitude. La différence remarquable qu'il y a entre la tête d'un enfant nouveau né et de celle d'un enfant d'un an , m'a déterminé a choisir la représentation des Figures 1 et 2. La Fig. 5 est la tête d'un homme fait bien conförmé, lequel a déja servi pour la Figure ï de la PI. II. La Figure 4 est celle d'une vieille femme dépouillée de toutes ses dents, afin de pouvoir indiquer d'une manière plus précise les véritables différences qu'offrent ces diverses têtes. §. I I. A la boite osseuse de 1'enfant nouveau né, Figure ï Planche IV, on peut regarder le crane comme un ovale oblique , au cuté de devant duquel les machoires tiennent par en bas. Cette forme n'est pas si constante qu'elle ne varie quelquefois ; cependant la diffé-  ( 62 ) rence, k eet égard, n'est pas remarqüable. Le bas du menton et lé front se trouvent sur la niême ligne verticale A D. Chez f enfant d'un an , le front sort déja de la ligne A D, et 1'occiput penche visiblement; les deux machoires avancent de même, d'une manière sensible. Z D est = 7 chez f enfant nouveau né; mais chez celui d'un an, il est beaucoup plus que ~. §. UI L'oRBiTEdel'ceil GH est, dans laFig. 1, PI. IV, égala^; AD, est un peu plus grand dans f enfant d'un an. L'orbite de 1'ccil est de même de 7 dans la téte de fhomme fait; ce qui est occasionné par 1'avancement des machoires et du nez W D. L'orbite de 1'oeil est par lui-même beaucoup plus grand que dans les premiers ages de la vie; ce qui prouve que les orbites des yeux conservent une proportion avec le reste du visage , quoique ces orbites mémes soient proportionnellement plus grands chez les enfans. §. I V. C o m m e les enfans viennent au monde sans dents, ils ont la machoire supérieure Z R peu profonde; a l age d'un an cette partie est presqu'une fois plus forte. Chez fhomme fait, la machoire supérieure est, sans les dents, trois fois plus grande, et quatre fois avec les dents; plus ou moins cependant, selon la force et la nature de 1'individu. La machoire supérieure avance aussi avec f age, mais lentement.' Les cinq dents machelières ne viennent qu'a l age d'environ dix ans. Z D est = 1 7 de A D ou f —. Dans 1'enfant seulement j, Figure 1 ; dans la Figure 2, ~,  £65) §. V. La machoire inférieure éprouve k-peu-prés le même changement : T R devient non seulement plus grand, mais la pointe ou 1'angle K pousse aussi en arrière en croissant; de sorte qu'il se trouve , pour ainsi dire , directement au - dessous du condyle T; du moins chez les Chinois et chez les autres peuples orientaux. Cependant le menton avance entièrement, comme on peut s'en convaincre le mieux par la comparaison de la Fig. 3 avec les deux précédentes. 11 dérance bien de ~ la ligne facéale en W; tandis qu'il est en ligne verticale dans la figure i. Comme les dents , tant incisives que canines et machelières , poussent, pour ainsi dire, dans le même-tems aux deux machoires , elles prennent une disposition relativeles unes aux autres; de manière néanmoins que les denis de la machoire inférieure resient toujours en - dedans de celles de la machoire supérieure dans les têtes bien faites. La petite distance qu'il y a de Z a H, c'est-a-dire, des machoires et de los du nez jusqua la pomette de Ia joue , fait que tous les enfans ont le visage plat; et c'est ce que le Flamand ou Quesnoy a parfaitement bien observé. Les anciens ont toujours rendu la machoire inférieure des enfans trop longue; vpila la raison pourquoi ils n'ont jamais réussi a leur donner les graces du premier age. §. V I. Le nez peut étre considéré sous deux aspects différens : d'abord en prenant la partie de sa naissance ou de son enfoncement en W, a lac [uelle on a donné, d'après O et G, le nom de cavités du front; et ensuite le nez même W Q_, Figures z et 3.  (64) Les enfans nouveaux nés nont aucune cavité au-dessus du nez et des orbites des yeux W G; voila ce qui fait que leur front est plat; c'est-a-dire, que le front O dépasse W ; tandis que chez les hommes faits , cette partie W dépasse de beaucoup O , et cela se remarqué davantage encore chez les personnes agées, comme on peut le voir par la Figure 4. C'est par la même cause que le nez est plus enfoncé chez les Nègres; ou, pour mieux dire, qu'il paroit plus écrasé chez les vieux Nègres que chez les Négrillons. Chez les enfans, le nez est petit, et fait a-peu-près f de A D; tandis qu'il en forme ~ chez les personnes fbrmées. II devient aussi proportionnellement plus large. §. V I I. La tête des enfans nouveaux nés est plus longue que large, comme DC : DF = AD. Chez quelques petits enfans, cette différence est considérablement plus grande; ainsi que dans la Figure 2, D C est a eet égard de -s plus long que D F. Cette longueur semble particulièrement propre aux têtes des enfans en Hollande , comme Vésale (1) f avoit déja remarqué. J'ai fait observer plus haut que dans les ouvrages antiques , f occiput est plus petit, a cause que la ligne facéale est prise penchant en avant. C'est a quoi J. de Wit n'a pas pris garde, quoiquil se soit rendu célèbre par ses tablcaux d'cr. fans. II a rendu f occiput plus court, en élevant le sommet de la tête. Cette même observation est donc applicable aux enfans , et a été bien suivie par Oucsnoy , comme on peut sen convaincre par la Figure. 4 de la Planche V. Le centre de mouvement U ne se trouve pas au milieu , mais en (i) Lib. I, cap. F, 5, avant  ( 65 ) avant, ce qui est la cause que les têtes de nos enfans tombent si facilement sur la poitrine, et encore plus dans le cou. Du moment qu'on fait pencher en avant la ligne A D , on change le point central; et comme les têtes penchent un peu plus vers la poitrine^ elles acquièrent par la plus de grace. Albert Durer (page 64) donne aux têtes des enfans une inclinaison de quatre-vingt-quinze degrés, de la même manière qu'on le voit dans la Figure 3. Quesnoy et J. de Wit ont porté , en général, cette inclinaison de la ligne facéale a cent. degrés. Dans ce cas , il faut augmenter la hauteur , de manière crue U W devienne égal a S T, Figure 3, Planche V. §. VIII. Le conduit auditif croit avec le tems d'une manière remarquable chez les enfans , ainsi que f apophyse mastoïde derrière f oreille. Chez les jeunes enfans, forigine s'en trouve au-dessus clu condyle U , et n'est, pour ainsi dire , pas visible; tandis que chez fhomme fait, comme Fig. 3 et4 de la Planche IV, il descend, fort agrandi, en Y. Cela a cependant davantage lieu chez les hommes que chez les femmes, lesquelles ont, en général, les apophyses moins fortes que nous. CHAPITRE II. De la forme de la téte chez les hommes faits. §. I J'ai déja donné une ample description de cette forme dans le Trok vème Chavitre de Ja Première Partie. II me reste seulement k I  C 66 ) observer que les os du nez L donnent en croissant une élévation au nez , lequel devient par-la ce qu'on appele aquilin ; ce qui est regarde' par quelques-uns comme une grande beauté. C'est cette élévation qu'on ne trouve ni chez les Nègres, ni chez les peuples de 1'Asie, et que les Grecs ont évitée, avec raison, paree que, rendant la ligne .du dos du nez presque droite, ils ne pouvoient donner de bosse a cette partie sans produire en même-tems une grande difformité. §. I I. La partie antérieure du nez , jusqu'a la pomette de Ia joue Z V, étant chez nous plus longue que chez toutes les autres nations, le nez doitparoitre plus long qu'il ne 1'est véritablement, sur-tout chez les personnes maigres ; cela fait aussi que notre visage n'est pas si plat. Nos narines sont presque toujours visibles , paree que la base du nez h, i, est horizontale, c'est-a-dire, a distance égale de la terre. §. III. La manière dont nos dents sont placées en avant, fait qu'en général notre bouche saillit un peu, et que notre menton semble fuir en arrière. On peut se former une idéé du reste , par ce qui a été dit plus haut, et par les figures que j'en donne. CHAPITRE III. De la figure des Vieillards. §. I. Je crois avoir remarqué qu'en Hollande, les femmes perdent, en général, plutót leurs dents que les hommes. Cependant elles torn-  ($) bent également chez les hommes k un eertain age; et Ton peut consulter , a eet égard, la Figure 4 de la Planche IV, On perd non - seulement en vieillissant les dents , mais aussi les gencives et les alvéoles , dans lesquelies leurs racines se trouvoient enchassées ; c'est par cette raison que la machoire inférieure perd de sa hauteur. La profbndeur de la bouche diminue tellement paria, qu'a peine peut-clle contenir davantage la langue. Comme la langue est portee par la, avec 1'hyoïde , vers le palais de la bouche , elle ne s'y trouve plus courbée avec sa racine, mais en sort du moment que les vieillards veulent se pencher tant soit peu en avant. La langue paroit alors beaucoup plus longue, comme elle Test aussi en effet, paree qu'elle est dans une situation plus droite. §. I I. Le nez, dont le point d'appui en ZR ne subsiste absolument plus, est courbé vers la bouche, par-dessus laquelle elle penche pour ainsi dire. Les cavités du front W deviennent plus profondes en-dedans , et forment de plus grandes proéminences a f extérieur; de sorte que le pli ou la pince h f origine du nez acquiert plus de profbndeur, et devient par conséquent plus visible. §. III. T o u t e la machoire supérieure devient plus creuse, et la partie antérieure Z R, laquelle chez les hommes faits forme proéminence, fuit en arrière chez les vieillards; ce qui fait que la lèvre supérieure tombe maintenant dans la bouche, et fait paroitre le nez plus grand qu'il ne 1'est en effet, et qu'il ne fa été même dans la vigueur de 1'age. I 2  ( 68 ) §. I V. La machoire inférieure, laquelle a conservé a F extérieur la méme forme T K X, est maintenant, par la perte des dents et des alvéoles, tellement tirée en haut par ses muscles, que les gencives se serrent les unes contre les autres; par conséquent la pointe D avance audela de la ligne Z D jusques en X. La distance du menton jusqu'au nez devient ~ partie de la tête entière plus courte. Le nez et. le menton semblent se toucher; circonstance que la plupart des peintres, Rubens, et de Wit même (1), ont entièrement négligé d'observer. Bloemaard a imité Ia nature , mais n'a pas su pénétrer sa manière d'opérer. Lairesse , P. Testa , et le grand Raphaël y ont porté la plus grande attention. Le célèbre M. Greuse semble n'en avoir pas eu Ia moindre idéé , comme cela paroit par la gravure, d'ailleurs fort belle, de son tableau du Retour sur soi-même, représentant une vieille femme qui lit. §. V. Du moment que Ia machoire inférieure s'élève jusqu'a f, comme je 1'ai fait voir, les angles de Ia bouche sont tirés par en bas, et les petits muscles de la peau du cou se tendent comme des cordes , et deviennent fort visibles. §. V I. Les rides du visage coupent toujours transversalement les fibres des muscles; par conséquent ils sont placés horizontalement sur le front; autour des yeux ils formentf éperon; et au cou leurdirection (1) Tck. Boek, Tab. XI, fig. 3 d'en haut.  C 63 ) est de nouveau liorizontale, et a-peu-prés parallèle autour de la machoire inférieure X KT. Cependant, si Ton compare la machoire de la tête décharnée avec celle de la tête revêtue de ses chairs qui s'y trouve dessous , Planche IV", Figure 4, on se convaincra que ce ne sont pas les rides, mais les altérations qui surviennent dans le systême osseux qui sont les véritables marqués de la décrépitude. §. VIL Pour appercevoir toute 1'utih'té de cette remarqué, qu'on dessine de profil la tête de la PI. II, Fig. 1, G H D C 4 K , avec loreille telle qu'on la voit dans la Planche VI, Figure 2. Rendez plus grande la cavité G g h, au - dessus du nez. Otez les dents supérieurs , et la bouche D E s'élevera jusqu'a d e. Tirez enSuite de N la ligne facéale le long de g h O P. 'Après quoi posez une des pointes du compas sur 1'apophyse articulaire Ade la machoire inférieure, et tracez avec A C la ligne C c jusqu'a ce qu'elle coupe la ligne facéale en O. Tirez de même la ligne B b de A; achevez le menton , et faites serrer la lèvre inférieure contre e d, et la tête de jeune homme se trouvera changée en celle d'un vieillard. II faut porter aussi loreille M vers m. II est digne d'étre observé que la peau des oreilles des personnes agées devenant plus ample, cette partie de la téte s'allonge aussi davantage ; mais je ne puis cependant indiquer tout cela a - la - fois dans le dessin que je donne ici. §. VII I. On peut faire cette même expérience ensens contraire, etformer  C 70 ) de la téte d'un vieillard celle d'un jeune homme. Pour avoir la téte d'un vieillard, il suffit de couvrir avec les doigts les lignes pointillées, et il faut les mettre sur la ligne pleine pour faire paroitre celle d'un jeune homme, C H A P I T R E I V. De la forme de la téte des Enfans vue de face. §. t D ans la Planche V on trouve représenté de face les mémes tétes d'enfans qu'on voit de profil dans les Figures 1 et 2 cle la Planche II, et dont j'ai indiqué les proportions dans le Premier Chapitrc de la Seconde Partie. §. I I. Chez les enfans nouveaux nés, les yeux sont fort grands relativement aux orbites , Fig. 1; et ils sont assez éloignés fun de fautre ; cependant la distance n'est pas assez grande pour qu'on y puisse placer entre d'eux un autre oeil. Le nez et la bouche sont de même remarquables; mais la tête que je donne ici ( quoique la plupart de celles des Hollandois ayent la même forme ) est fort plate , a cause que 1'occiput M M est fort large. Les parties du visage s'accordent, clans leurs proportions , avec celles des enfans en général. §. III. Les yeux de f enfant d'un an, Figure 2, sont encore d'une gran-  ( 71 ) deur remarquable; le baa du visage est plus long que celui du nouveau né, le front plus haut, et M M est extrêmement large, a cause de la foiblesse du systême osseux. On s'apperroit bien, sans doute, que ni fun ni fautre de ces visages n'offrent pas la moindre beauté. Chez f enfant d'un an , Figure 2, la hauteur de la téte est a sa largeur a cöté des orbites des yeux A B : Jk. K : : 20 : 12. AB : MM : : 20 : 19. AB : RR : : 40 : 19. La largeur M M : K K :: 19: 12, P O = -f. Par conséquent quatre fois P O = 5 , un moins que K K , si, comme cela est naturel, on fait les yeux plus grands que PO, c'est-a-dire, que 1 \; savoir, 4 X P O = 6. Les yeux doivent étre encore plus grands ; de sorte que -f KK est égal a la distance des yeux, et les yeux mémes = Z. KM-J-, K M est par conséquent égal a 3 f; largeur trop grande riour les têtes bien proportionnées; mais le sujet dont je me suis servi étoit attaqué du rachitis , maladie dans laquelle la tête des enfans est toujours plus large. Voila donc une preuve de ce que M. de Buffon avoit déja remarqué ; savoir, que non - seulement les influences du climat, mais aussi les maladies naturelles d'un pays, peuvent changerla conformation extérieure clu corps. §. I V. Dans les Figures 3 et 4 j'ai fait pencher , comme dans les têtes des hommes faits, la ligne facéale S Z en avant de quatre-vingtquinze a. cent degrés. Pour trouver 1'emplacement en-dedans du menton, j'ai pris Z D égal a U W; la tête gagne par conséquent en hauteur U W = S T , et devient cependant plus courte. D'après cette détermination, j'ai dessiné de même le visage vu  ( 72 ) de face, Fig. 5; alors A B devint = 11, et. A G, divisé en deux parties AD, DG, donne la largeur Z D F , ce qui est la proportion moyenne entre M M et K K , Figure 2(1). La téte a par conséquent la largeur de quatre yeux, comme il faut qu elle soit, et ne doit jamais avoir cinq yeux de large, ainsi que de Wit a représenté les têtes des enfans , et avant lui Albert Durer, qu'on a ensuite imité. Van Dyk a donné la largeur de cinq yeux a la tête de Tenfant Jésus. Les têtes d'enfans de Quesnoy s'accordent parfaitement avec ce que je viens de dire; mais il faut que les orbites des yeux soient formés dans le profil des lignes droites A E; sans quoi ils sortent trop hors de la tête , ce qui nuit a sa beauté. (1) La Fig. 5 nest pas bien exacte ; car A C y est trop haut, et D F un peu trop étroit. TROISIÈME  C 73 ) TROISIÈME PARTIE. CHAPITRE PREMIER. De la Beauté, et particulièrement de celle de la téte. §. I. Rien n est plus drfficiïe k déterminer que le Beau. Horace, qui a si supérieurement parlé de la beauté qui convient k la poésie, ne Ia décrit jamais d une manière directe, mais toujours par des comparaisons. Despréaux et Pels, en rendant ces admirables lecons du chantre d'Auguste en francois et en hollandois , ont toujours développé leurs idéés sur la beauté du style et de la poésie par des exemples de la beauté dans la peinture; de même que les peintres ont cherché a donner plus de reliëf a leur art par le secours de la poésie. Le poëte latin et les écrivains modernes conseillent bien de prendre les anciens pour modèles; cependant aucun d'eux ne me paroït avoir fait connoïtre la beauté par elle-même. Longin est celui qui, selon moi, a le mieux réussi a eet égard : il a parlé dune manière fort méthodique de ce qui concerne le Beau et le Sublime , et ses préceptes sont développés par des exemples aussi lumineux que satisfaisans. Sur la partie abstraite de la beauté, on peut consulter Crousas , Hutcheson et le Père André (1). Lbuvrage de Hutcheson est extrê- {1) On peut consulter sur le Beau et sur les différens auteurs qui en ont traité K  ( 74 ) ■mement métaphysique , et celui du Père André fort instructif. M. Formey a placé une admirable préface .!i Ia tête du livre de ce dernier. Tous distinguentfort bien les diflférentes esp£ t es de beauté; tous abondent en réflexions judicieuses ; mais il n'y en a aucun qui fasse connoïtre , d'une manière précise , ce cfiii conslitue PeSSence de la beauté dans la figure humaine et dan* ! S om rages d'arclritecture; et lors même qu'ils en parient, ce n'esl jamais que par la comparaison et fapplication de quelque autre art Dans la r. présentation de tous les sujets, tant d'histoire que d'imagination, même dans les simples groupes et dans les figures isolées , il faut distinguer la partie poëtique de la partie physique. La première a les mémes régies que la poésie; la seconde a pour but la forme des objets , dont la beauté nest pas facile a déterminer, ainsi que je le prouverai dans une dissertation particulière sur Ia beauté des formes. La beauté de la matière ne peut étre connue que par une étude suivie. Les philosophes ont été plus avant : ils ont cherclié a faire connoïtre ce qui produit en nous f idéé de la beauté, et ce qui nous porte a f aimer. Leurs raisonnemens sur ce sujet sont fort profonds sans doute, mais rien moins que satisfaisans. Le célèbre M. Burke a démontré clairement, dans son admirable Traité du Süblime , que tout ce qui réveille en nous le sentiment de la terreur ou de 1'admiration est véritablement beau dans la nature et dans fart; mais que le beau ne doit nullement son existence a de certaines régies de proportion. les ceuvres de Mengs, dont j'ai donné une traduction en deux volumes in-4'0 \ qai se vend chez. Moutard. C'est principalement k la pare i55 et suivaötes du tome 1, rju'on trouve une récapitulation de tout ce qui a été dit sur cette qualité de la matière. Note du Ttaducteur.  ( 75 ) §. IL U n beau clel étoilé plait k tout le monde; la vue du lever du soleil, d'une mer calme, fait naïtre des sensations agréables; et il ny a personne qui refuse le noni de beau a ces spectacles. Une mer en fureur, agitée par des tempêtes , une épaisse forèt, la nuit même nous font éprouver 1'effet du sublime, dont M. Burke nous a donné de si belles descriptions (1). Cependant le beau n'est pas également visible dans tous les ou1, vrages de 1'art; plus il est composé, et moins il est facile de le saisir. II faut connoïtre et sentir la beauté poétique, la beauté naturelle et la beauté des formes , pour posséder ce qu'on appele le bon gout, et pour juger de ce qu'il y a de sublime, de médiocre et de mauvais dans 1'art. On ne peut acquérir ces connoissances que par une étude opiniatre et une contemplation raisonnée des cliefs-d'oeuvre de 1'art, qu'on doit comparer attentivement les uns aux autres. II faudroit qu'il y eut des maitres chargés de faire appercevoir a la jeunesse ce que les artistes ont cherché a produire dans leurs ouvrages comme poëte, comme dessinateur et comme habile dans 1'exécution. II seroit nécessaire aussi qu'on leur fit connoïtre les moyens cle corriger les fausses positions qui résultentdes erreurs de 1'optique. Tout cela demande trop de détails pour que je puisse m'en occuper ici. Mon principal but est de considérer la beauté des parties du corps hu- (1) On peut consulfer sur les causes du Sublime , et sur les effets qu'il prcduit sur notre ame , les Rèflexionssur le Sublime de M. Beattie , dont j'ai cloané ine traductio-.i dans mon Recueil de pièces intéressantcs conccrnant les Antitjuïtés, les Bcaax-Arts, les Belles-Lettres et la Philosophie, tome i , p. iGG. N OTF, DU TrADUCTEUR. K 2  C 76 ) ' mam, et particulièrement celle de la tête. Je tacherai seulement de faire comprendre pourquoi un homme dont la hauteur est de huit têtes, est plus beau que celui qui n'a que six têtes oix moins de hauteur. Tout le monde trouvera certainement qu'un Lappon est plus laid qu'un Persan ou qu'un Géorgien. Doit-on attribuer cette différence a ce que fun n'a que cinq ou six têtes de hauteur, tandis que les autres en ont huit ? II faut convenir que cela ne peut pas dépendre des proportions des parties entr'elles, puisqu'un enfant de quatre ans ou de cinq têtes cle haut nous paroit ( proportion gardée ) aussi beau qu'un homme fait de huit têtes de hauteur. §• III. On confond souvent le Gracieux avec le Beau. II se pourroit que nous n'admirions dans un enfant que la morbidesse des chairs , et fair de candeur et d'innocence de eet age qui inspire tant d'intérét; et que, comme tout le monde, en général, aime les enfans, on soit naturellement porté a donner k ces agrémens le nom de beauté. II arrivé souvent, comme on sait, que les formes des enfans ne nous paroissent pas belles, lorsque ce n'est qu'a ces formes seules que nous nous arrêtons. §. I V. Quelquefois la beauté n'est k nos yeux qu'un certain rapport symétrique , qu'une proportion convenable des parties entr'elles; par exemple, nous aimons a voir que nos jambes, a partir de 1'os pubis, forment la moitié de tout notre corps; que la tête en soit une huitième partie , le visage une dixième et le pied une sixième. II n'y a personne qui nie que les tétes de f Apollon du Belvédère,  ( 77 ) de la Vénus de Médicis, et du Laocoon ne soient belles, et qui ne les préfère k celles de nos plus beaux individus de 1'un et de fautre sexe. Si I on demande k quoi il faut attribuer cette différence ? Je répondrai qu'elle vient peut - étre de ce que les yeux des figures antiques se trouvent placés exactement au milieu de la téte; ce qui n a jamais lieu chez nous. La largeur de deux nez, c'est-a-dire, de la moitié de la tête, pour la largeur de la joue , savoir , du nez jusqu'a f oreille, ainsi que les anciens ont fait cette partie, nous plait; et nous critiquons les artistes qui ont rendu cette distance plus grande. Si le beau est quelque chose de réel, qui ne dépend point de notre calcul, et s'il est certain, comme je 1'ai déja dit, qu'il existe par lui - même , et qu'il est immuable , il doit s'ensuivre qu'il ne peut avoir lieu sans que les parties ayent entr'elles un certain rapport, et qu'elles soient soumises a des proportions déterminées. Par conséquentles statues antiques ne nous paroissent pas belles, paree que nous sommes accoutumés a trouver beau tout ce qui nous vient des anciens; mais paree que les maitres de ces chefs-d'ceuvre ont su corriger les défauts qui résultent de notre manière ordinaire de voir les objets ; par exemple : Supposons que A B soit une superficie plane , qu'on voie de manière que la distance de 1'ceil soit toujours égale en E G ou D, de sorte que EC = GH = DB = AB, la hauteur de la superficie; alors 1'angle visuel sera toujours plus grand en E qu'en G ou en D. Voyez la Planche X Comme on mesure les objets d'après 1'angle visuel, la superficie paroitra le plus haut dans le seul cas oü le rayon visuel E C formera un angle droit avec le plan même; de sorte que E C A et E C B seront  i 78) égaux, c'est-a-dire, rectangulaires. Dans ce cas, 1'angle visuel A E B sera le plus grand angle. Si 1'on suppose que 1'ecil soit placé en G, alors 1'angle en A G B deviendra plus petit, a mesure que les rayons A C, A H , A B , deviendront plus grands; A D B devenant == j angle droit de 45 degrés. Mais comme les sécantes deviennent aussi proportionnellement plus grandes, il faut que les angles visuels perdent de cette longueur en raison inverse. Cest-a-dire, que EAB,GAB,DAB, doivent proportionnellement devenir plus petirs, jusqu'a ce que la sécante AD allant a Finfini, 1'angle DAB devienne = 0, c'est-a-dire, que D A tombe en A B. II n'y a donc qu'un point en E dans lequel la superficie se presente d'une manière bien quadrangulaire. Supposons maintenant que 1'ceil se léve le long de D F , au-dessus d'E , vers F , ou qu'il descende vers D, alors A EB devient plus petit, et par conséquent le cöté vertical paroit moins haut que large. D'oü il Snit que , pour que la hauteur paroisse égale k la largeur, il faut que 1'angle A D B , ou a D B , soit = A E B ; c'est - k- dire , que A B doit avoir la longueur de aB, ou bien que la superficie A B, dont la largeur égale est comptée a huit pieds en D B, doit étre augmentée comme a B , c'est-a-dire , jusqu'a 10 f pieds, Or, comme on peut supposer que la téte est composée de carrés, ainsi que la figure entière, il est certain que Ia même faut» doit étre corrigée dans toute la physionomie de cette manière. Si, par exemple , on vouloit comparer A B , partagé en huit parties égales , a une statue posée sur un piëdestal, de manière que la hauteur du spectateur en D fut égale avec son bord d'en haut, ces  ( 79 ) huit parties égales se présenteroient a f oeil sous les angles visuels que voici : A i. La partie supérieure ou la tête, sous un angle de • . • 3». 48'! 5o". ï. 2. La seconde partie d'en haut, sous un angle de 4. 18 : 58. 2. 3. La troisième partie, sous un angle de. . 4- 5i : 52. 3. 4- La quatrième partie, sous un angle de. . 5. 26 : 27. 4. 5. La cinquième partie, sous un angle de. .6. o : 3i.' 5. 6. La sixième partie , sous un angle de. . . 6. 3i : 12.; 6. 7. La septième partie, sous un angle de. . 6. 54 : 4°- 7. 8. La huitième partie, sous un angle de. . . 7. 7 : 5o. Ce qui prouve que la tête paroït presque de la moitié plus petite que la partie d'en bas avec les pieds. §. V. Voila pourquoi les anciens ont donné quelquefois plus de hult têtes de hauteur a. leurs figures. L'Apollon Pythien en a huit et de-' mie. II semble que la beauté ne devroit pas admettre cette différence , sans paroitre difforme a nos yeux. Si les statues étoient toujours placées a terre, et que nous les vissions dans cette position, on pourroit conjecturer qu'il seroitpossible de suppléer dans f esprit k ce raccourci des parties d'en bas , et que les statues ne paroitroient avoir que huit têtes de hauteur, quoiqu'elles en eussent réellement davantage; mais lorsque les statues sont placées sur des piédestaux ou dans des niches, il est absolument nécessaire qu elles ayent plus de huit têtes; paree que, dans cette position , les parties cl'en haut deviennent plus courtes, ainsi que je viens de le démontrer. Yitruve paroit avoir trouvé les proportions de la figure humaine  C 80 ) si belles , que, Livre 1, ch. 1, pag. 79, il prétend qu'un e'difice ne peut passer pour beau, si 1'on n'y trouve point les mêmes dimensions que dans un homme bien fait. II a dé terminé les proportions de tout le corps et de ses différentes parties; proportions qui ont été adoptées par la plupart des artistes, et particulièrement par Albert Durer, Lomazzo, Karl Van Mander. Hoogstraaten semble n'avoir pris que sept têtes et demie; ce qui diffère d'une téte entière avec 1'Apollon du Belvédère. De Wit a donné huit têtes , non-seulement aux figures qu'il a inventées lui-même, mais aussi a celles de la Vénus de Médicis (quoic[u'il y aitfait quelque changement), de 1'Apollon Pythien, ainsi que de 1'Hercule Farhè'sé. Si je ne me trompe, toutes ces figures ont quelque chose de lourd, qu'on ne trouve jamais dans ses tableaux ni dans ses dessins. La figure de femme de la gravure qui sert de titre au Livre de dessin de ce maitre a environ neuf têtes de hauteur; il semble qu'il n'a cherché a. donner de la beauté qu'a la tête seule de cette figure. Rubens a fait quelquefois ses figures de huit têtes , mais , en général , elles n'en ont que sept, ce qui leur donne cette lourdeur qu'on remarqué dans tous ses ouvrages. P. Testa a donné tantot huit têtes, et tantot huit têtes et demie a ses figures. Bloemaard, qui est le maitre dont les ouvrages sont généralement mis entre les mains de la jeunesse , en Hollande , pour apprendre le dessin, est extrêmement irrégulier dans la hauteur de ses figures , qui tantöt n'ont que sept têtes et tantot en ont jusqu'a dix. Karl Van Mander dit que parmi les figures de Michel - Ange , il en a trouvé qui avoient neuf, dix, et jusqu'a douze têtes de hauteur; ce-que ce grand artiste a fait pour leur donner de la grace dans les mouvemens  C 81 ) mouvemens du corps. Le Coriolan exécuté en ivoire par TVlichelAnge, qui se trouvoit dans le cabinet de feu M. Hemsterhuis , est haut de huit têtes et demie sur deux de largeur. Cette figure a huit pouces et un quart de hauteur, en y comprenant les plumes qui ombragent la tête. II me semble que la plupart des maltres italiens ont fait leurs figures trop courtes, particulièrement celles de femmes. La plupart des artistes francois donnent plus de grace a leurs figures de femmes , et les rendent plus sveltes , en les faisant de huit têtes. C'est Watteau qui, le premier, en a donné 1'exemple. II est probable que nos femmes ne font usage de souliers a. grands talons que pour avoir la taille plus haute. La proportion cle huit plait h cause qu'elle comprend deux fois Ie tronc; de même qu'une porte ne fait plaisir a la vue que lorsqu'elle a deux fois sa largeur de haut. Les Frangois font quelquefois les portes plus hautes; proportion qui a quelque chöse de gracieux, sans que cela nuise a la beauté. C'est sans doute par la même raison que les colonnes de f ordre corinthien nous plaisent davantage que celles de f ordre ïonique. La colonne corinthienne a 8 7 fois la hauteur de son chapiteau, qui peut en étre regardé comme la tête. §. V I. C o m m e les Lappons, les Tartares, les Hotten tots, les Brésiliens, ont la tête trop forte relativement a. la grandeur de leur stature en général, il est impossible que la vue de ces peuples nous fasse quelque plaisir, et que nous y trouvions la moindre beauté; de même qu'on ne peut regarder comme belles les proportions des colonnes de 1'ordre dorique dans 1'origine de f architecture. En lisant avec attention les réflexions savantes de M. le Roi sur les progrès de f architecture, on trouvera que les füts des colonnes ont été L  sp (82) rendus successivementplus élancés; ensuite on leur a donné des soubassemens, et enfin des chapiteaux; de sorte cru'avec ces deux accessoires les colonnes ont pris les proportions du corps humain (1). Mais retournons a. notre objet, et bornons pour le moment nos recherches a ce qui regarde la tête de rhomme , tant des individus de ce pays crue de ceux des autres peuples. CHAPITRE II. Des proportions des têtes des Hollandois et d'autres peuples. Comparaison de ces proportions avec celles des têtes des statues antkjues vues de profd. $ I. Afin de pouvoir juger avec plus de certitude de la beauté des têtes , je joindrai ici une table des proportions, telles que je les ai trouvées dans les plus belles têtes. J'en ai pariagé les hauteurs en quatre parties, pour qu'on puisse mieux en appercevoir les longueurs. Comme j'ai placé a. toutes les mémes lettres , il sera facile d'en remarquer les différences. (1) M. le Roi, dans sa Description des anciens monumens de la Grèce, donne trois époques différentes aux colonnes de 1'ordre dorique; savoir, le plus ancien tems, dont les colonnes n'ont pas au-dela de quatre diamètres de hauteur, comme celles du temple de Corinthe; celles du second tems, telles que celles du temple de Thésée et de celui de Pallas a Athènes; et celles du troisième, telles que celles du temple d'Auguste de la méme ville, qui ont six diamètres de hauteur. Ce sont la les modèles qu'il cite de ces différens styles, et qui lui servent d'objets de comparaison pour tout ce qu'il a vu et connu de monumens et de colonnes de 1'ordre dorique en Italië. Suivant Winkelmann, ( Recherches sur l''Architecture des anciens) on peut y j'oindre un quatrième tems de eet ordre, qu'on trouve a un portail de quatre colonnes de travertin d'un temple a Cori, dans la campagne de Rome, a quatre milies d'Italie de Véle tri. Note du Traducteur.  ( 83 ) TABLEAU Des Proportions de toutes les espèces de têtes vues de profil (i). Hau- Lar- Dis- Lar- Nez. Lèvre Men- Cou. Oreille teur. geur tance geur supé- ton. a. d. a. b. de V(eil h. k. rieure. dusom- met de . la tète a. m. Calmuque. 4 4T1f2v 1 4 tt 1 tt Nègre. 4* 4 f i r % 7 t 4 i 1 Europeen. 4 3-7 i 7 2} 17 f 1 1 7 1 7 Antique. 4 3¥ 2 2 1 7 7 *7 1 Enf. nouv. né. 44t2t2t4 t t 1 Enf. d'unan. 4 44 2t 2T 7 7 7 1 Vieillard. 4 4T iT 3 17 7 7 »4 *t Apollon. | 4 2271 7 7 17 DeWit. 4. 3T 2 2T 1 7 1 17 1t Alb. Durer. 17a 2 Vitruve. 4 1 (1) L'Auteur s'étoit proposé de donner également ici les proportions de la tête du Hottentot, du Chinois, etc., et d'indiquer dans toutes les têtes la distance du menton jusqu'a l'origine du col d n, (Voy. la PI. 11, Fig. z, et PI. VIII, gn), mais il n'a pas exécuté cette idée. L 2  (84) Par cette table, il paroit que les anciens ont gardé une certalne proportion moyenne : par exemple, on trouve de la pointe du nez jusqu'a 1'oreille, chez le Calmuque 2 j, chez 1'Européen 2 -f, et dans 1'Apollon 21. Quant au menton, les rapports sont ~,'{, f. §. I I. La beauté du visage consiste donc dans le rapport régulier que les traits ont les uns avec les autres, comme 1: 4,1: 3, et autres semblables; cependant cela dépend uniquement de 1'habitude d'avoir vu toujours ce même rapport des parties. A cela, il faut joindre un certain développement; par exemple, le visage, vu de profil, ne doit pas avoir ( comme on le voit chez les Calmuques et chez les Nègres ) plus de largeur que de hauteur, ni même ( comme cela a lieu chez nous) étre aussi long que haut. Cette quadrature donne une forme plate a la tête , comme a tous les carrés , lesquels, quoique d'un carré parfait, paroissent toujours plus larges que hauts. Les anciens ont remédié a ce défaut, en faisant les têtes plus hautes et en leur donnant moins de profondeur, c'est-a-dire, de largeur sur les cötés. §. III. Lorsqu'on regarde les visages de ces mémes têtes de face, ainsi que je les ai représentées dans les quatre Figures de la PI. III, on y trouve une fort grande différence. Car la plus grande largeur de la tête du Nègre est égal - de toute sa hauteur , ou 3 ; et les machoires M N = 2 \. Chez le Calmuque les machoires M N == 5. Chez f Européen 2. {. Dans f Antique 2 -f.  C 85 ) P O, toute la largeur de la tête du Nègre est =a 3. Chez le Calmuque 3. Chez 1'Européen 5 --■ Dans 1"Antique 2 -.• D'oü il suit que les tétes antiques ne sont pas seulement plus hautes , mais aussi moins larges a 1'occiput; c'est-a-dire, que leur moindre largeur se trouve en P O. §. I V. I l paroit clairement par la conformation des orbites des yeux, que les temples ne peuvent jamais étre plus larges que ne l est le systême osseux de la tête, si ce n'est de f épaisseur de Ia peau, etc. X W est donc chez le Nègre, comme 2 ~. Chez Ie Calmuque, comme 2 t. Chez 1'Européen , comme 2 -. Dans 1'Anti que, comme 2. Si 1'on veut juger de la grandeur des yeux, il est certain que X W, doit étre divisé en trois parties, savoir, dans 1'intérieur des orbites; alors il reste pour X P -|- W O seulement 7 de toute la largeur de PO. $. V. Tous ceux qui ont écrit sur les proportions , tels qu'AIbert Durer , de Wit; etc. , donnent a toute Ia largeur de la tête cinq yeux. Albert Durer (page 65) en donne six aux têtes des enfans. Je trouve cependant que la tête ne peut pas étre si large; car mon propre ceil est long de ï |, et X W = 4 4 5 ainsi111011 ^ est a foute la largeur de ma tête comme 11 : 53 : : ou i : 5. Joignons a cela ZWO,et nous aurons Y z : P O : : ï : 4- Les anciens n'ont jamais suivi d'autre régie; et cela s'accorde  C 86 ) aussi parfaitement avec nos têtes. Chez nous , les yeux ne sont pas tout-a-fait éloignés Fun cle Fautre de la longueur d'un ceil. Chez les Nègres , ils sont un peu plus rapprochés; et chez le Calmuque, ils le sont encore bien davantage. Chez les enfans même je trouve la distance d'un orbite de 1'ceil a Fautre, PO, PI, V. (dans la PI UI. YZ)égalaTdeCK; et quoique la tête de Fenfant, Fig. 2 , Planche V', soit large de cinq yeux , il n'y a personne qui ne trouve plus belle la Figure 5 , dans laquelle D F est égal a deux yeux. Aussi tous les peintres se sont-ils trouvés embarrassés a déterminer cette largeur, comme cela paroit par de Wit, de même que par Albert Durer et le Brun , dont le dernier a également suivi cette proportion. Le célèbre Quesnoy a été plus sage , et a mieux réussi, en ne donnant que quatre yeux de largeur a toute la tête. Je crois avoir obseryé la même chose dans les figures d'enfans de P. Testa. §. Y L Les nez suiventla distance des apophyses de la machoire supérieure E F dans la PI. III. Plus E F est large, plus aussi le nez doit nécessairement avoir de largeur. La difformité des têtes de Nègres provient de ce que le triangle C Z Pt forme un angle fort obtus. Chez nous le nez est, en général, plus large que la distance des veux. Les anciens ont donné la même mesure a Fun et a Fautre. §. VII. Il faut ( comme je Fai fait voir (1) ) , que la bouche couvre au moins les dents incisives ; que par conséquent il soit plus large a (1) Paragraphc 10, Chap. III, et Paragraphe 2, Chap. V', Première Partie.  ( 87 ) proportion que ces dents sont placées plus loin les unes des autres. En supposant même cette distance égale; c'est-a-dire, que Q R = Q R, Figures 4 et 5, Planche III, la bouche paroitra cependant plus petite lorsqu'on agrandira Y Z. Dans 1'Antique, la bouche est plus petite , paree que le menton y est plus pointu qu'on ne le trouve chez nous. Les anciens ont seulement fait la bouche un peu plus grande que Y Z, en rétrécissant le nez. L'inclinaison en avant du nezfaitparoitrelalèvre supérieure plus petite ; voila pourquoi elle relève davantage et a plus de grace; le contraire se voit chez le Nègre et chez le Calmuque. §. VIII. Les anciens ont donné au cou deux fois la longueur du nez; dans 1'Apollon cette partie est comme ï — nez; mais comme le nez est plus grand, le cou devient nécessairement plus long de luimême. De Wit a fait le cou des enfans comme un tiers du nez. Quesnoy lui a donné plus de longueur, savoir , h - peu - prés celle d'un nez. Aussi faut-il convenir que De Wit s'est trompé, en ce qu'il n'a pas donné aux enfans un doublé menton ; ce qui a néanmoins toujours lieu k eet age; de sorte que le cóté du menton est égal afouaun nez.  C 88 ) CHAPITRE III. De quelle manière ilfaut chercher les proportions de la téte. §. i La plupart des peintres et des dessinateurs, qui traitent des proporüons dans leurs écrits, ne prennent pour autorité chez les anciens que Vitruve , et Albert Durer chez les modernes. Ils fondent leurs principes sur f exemple que leur en offrent les statues antiques, sans se donner la peine d en appliquer la mesure a notre corps , ou a quelqu'une de ses parties. Les peintres de portraits de nos jours, du moins le plus grand nombre d'entr'eux, tracent sur la toile un ovale avant même que la personne qu'ils doivent peindre se soit présentée a leurs regards; ils y mettent la croix , en partagent la hauteur en quatre nez , la largeur en cinq yeux ; et c'est sur cette division qu'ils peignent la tête de leur sujet, dont ils prétendent attraper la ressemblance , quelque différentes que puissent étre les proportions de leur visage. Je ne prétend pas qu'on doive imiter la manière d'un certain maitre, (laquelle, comme je 1'ai vu, a eu un très-mauvais succès) de soumettre a. la mesure du compas toutes les parties du visage , même jusqu'aux boucles des cheveux; car il est d'ailleurs impossiblede transporter cette mesure sur la toile, paree que chaquepartie en elle-même offre des superficies planes qui doivent toutes étre appliquées sur un seul et même plan. Au reste, cette mesure ne sauroit se faire avec un compas a jambes droites , mais devroit s'exécuter avec un compas courbe. Je pense seulement qu'un bonpeintre ou un  C 89 ) un bon dessinateur doit employer les vrais principes de son art; c'est-a-dire, qu'il faut qu'il observe la boite osseuse des têtes suivant les différens peuples qu'il peut avoir a représenter; afin de ne point tracer l'ovale ou quelque autre figure d'après sa seule imagination , mais d'après ce que lui offrira son modèle même. Peut - étre ne feroit - on pas mal de se servir de la plus ancienne manière connue de dessiner les objets, dont Pline fait honneur a la fille de Dibutade de Sicyone (1); qu'on employé de nos jours comme un amusement; c'est-a-dire, de dessiner les têtes de profil, a la Silhouette , afin d'obtenir, par ce moyen , 1'exacte division et le juste emplacement des yeux, du nez, de la bouche et du menton. Mais je reviens h mon objet. II faut prendre les proportions d'après plusieurs milliers d'individus; on doit suivre 1'exemple de Zeuxis; il est nécessaire de faire un choix de ce qu'on peut trouver de plus beau dans un nombre infini d'hommes, pour parvenir, par ce moyen, aux proportions les plus élégantes et au plus bel ensemble. f, IL Comme c'étoitle squelette du corps humain, en général, et la téte décharnée en particulier , qui clevoient principalement servir a me conduire h mon but, je me suis appliqué a dessiner avec soin la téte revêtue de ses chairs , ainsi que sa boite osseuse , pour y appliquer ensuite les parties tendres ou charnues. J'ai évité la morbidesse, paree qu'elle auroit contrarié le but que je m'étois proposé; quoique mes figures eussent acquis par-la beaucoup plus de grace et de beauté. II y a dans tous les visages certaines parties qui se présentent tou- (1) PUne, Lw. XXXV, ch. 12. M  ( 90 ) jours, et qui ne sont jamais assez couvertes pour ne pas étre visibles; tels sont, par exemple, les bords orbitaires des yeux; la pomette de la joue Q , Planche 1, Figures 3 et 4, et H, PI. V, Figures 3 et 4; la partie bombée au-dessus du nez, et la chute qui s'y trouve dessous ; la bosse du nez même ou fextrémité de Tos de cette partie L, Planche IV, Figures 1, 2 , 3, 4- A la machoire inférieure, prés du menton, et son angle antérieur, les mémes parties se font constamment remarquer d'une manière distincte; il en est de même des temples a cöté des orbites des yeux, qui déterminent constamment la largeur du visage. Le trou ou conduit auditif assigne une place certaine a f oreille; le lobe de f oreille doit se trouver au-dessous de ce trou , comme il faut que f oreille même s'y trouve placée au-dessus. La boite osseuse n'est revêtue que de peau et de graisse ; ce qui prouve que la forme de cette boite osseuse est ce qui peut seul servir a faire dessiner la téte avec précision et exactitude. §. III. C'est en suivant ce procédé que je suis parvenu a obtenir le profil de la tête moderne, Planche II, Figure 1, laquelle a beaucoup de rapport avec plusieurs profils de belles têtes que j'ai eu occasion de voir en disséquant des cadavres, et que j'ai sciées par le milieu, sur leur longueur, pour en obtenir le véritable profil. J'ai dessiné sur un plateau de verre, avec une plume et de 1'encre épaisse, quelquesunes de ces têtes. Ensuite, j'ai calqué ces profils sur du papier vernis ; et de cette manière, j'ai formé une bonne collection de pareils morceaux pour mon usage particulier dans 1'anatomie, et que j'ai fait servir également pour cette dissertation. Cette manière est beaucoup meilleure (quand pn a soin de faire  ( 9> ) tomber le rayon visuel rectangulairement sur chaque point de 1'objet) que ne peut 1'être celle de dessiner a la Silhouetje, au moyen d une chandelle ou d'une lampe; a cause que les rayons de lumière, partant tous dun même point, se divergent a 1'infini. Dun autre cóté, la nature morte perd auprès de la nature animée, et ce qui est divisé n'a pas le même mérite que ce qui est intacte et entier. Voyant que la ligne facéale oblique, M G, Planche II, Figure 1, tomboit en arrière, et formoit un angle de quatre-vingts degrés avec N D , j'ai conservé dans la Figure 2 toutes les proportions des machoires supérieure et inférieure, et j'ai rendu verticale la ligne MG; c'est-a-dire , qu'elle formoit 1'angle M N D = 90 degrés; par conséquent un angle droit (1). Toutes lesparties delapremière tête, PI. II, qui touchentala ligne facéale, comme N, G, I, T, y touchent également dans la seconde.; Le crane a conservé sa cavité; c'est-a-dire que ID = TD, PI. II, Figure 2. II faut nécessairement que par-la C D devienne d'autant plus petit que M E acquiert plus de grandeur; G D est maintenant plus petit que U C, qui est beaucoup plus grand dans la première représentation; cependant la hauteur E C est augmentée de E Y.' Sur cette boite osseuse, j'ai dessiné de nouveau un visage; mais celui-ci n'est pas aussi agréable que le premier. Ensuite, j'ai, dans la Planche II, Figure 3, fait incliner M G de cinq degrés de plus en avant; de sorte que M N D forme un angle de quatre - vingt - quinze degrés; tout le reste est de même qu'au- (1) Albinus prend cette ligne a 90 degrés; Al bert. Durer la met dansl'liomme £88 degrés, page 49 ; dans la femme a 96 degrés, page 58, et de même dans 1'enfant, page 64. De Wit 1'établit pour les femmes £ 100 degrés, Planche XI; pour 1'Apollon £ 94 degrés, Planche XII; pour 1'homme £ 93 degrés; et pour 1'enfant £ 96 degrés, Planche X. M2  C 92 ) paravant. C D est devenu par - la encore plus petit, et C E plus grand; c'est-a-dire, crue E Y est = H M, 1'inclinaison hors de la ligne H G. La machoire inférieure est plus petite, et se trouve davantage sous loreille; cependant hk conserve toujours Ia longueur de deux nez; etlecouacquiertplus degrace. Enfin, j'ai fait incliner MG, Fig. 4, jusqu'a cent degrés; et par la j'ai gagné la hauteur de E Y == H M, par oü la ligne ra 2 qui traverse les yeux , passé exactement par le milieu; de sorte qu'on obtient une proportion égale a celle de 1'Antique ; savoir, une tête de quatre nez de long, et dont toutes les autres parties sont dans le même rapport. II faut prendre garde que le rebord extérieur de l'orbite de 1'öeil m doit toujours conserver sa même distance de H G dans les trois dernières Figures. §. I V. Cette inclinaison est le maximum ou le dernier degré; car Iorsque la ligne tombe davantage en avant, E Y devient alors plus grand, et la tête acquiert au-dela de quatre nez de longueur, la lèvre paroit trop petite, et le visage est difforme. Si 1'on demande ce qu'il faut pour faire une belle tête ? Je répondrai qu'il faut que la ligne facéale M G forme un angle de cent degrés avec 1'horizon. Les anciens Grecs ont de même choisi cette ligne. Si c'est d'après les mémes principes que ceux que j'ai employés qu'ils sont parvenus a. cette parfaite harmonie des parties ; voila ce que je ne puis assurer. Mais il est certain que la nature ne produit point de pareilles têtes; et je suis persuadé que les Grecs n'en ont jamais trouvées de semblables dans les individus de leur nation; car ni les Egyptiens , dont il est probable qu'ils descendoient, ni les Perses , ni les Grecs eux-mêmes, n'ont jamais représenté des physionomies  ( 93 ) cle cette beauté sur leurs médailles, quand ils y ont mis des figures de portrails. Voyez la téte de Jule César et celle de Pbarnace dans la Planche IX, Figures 4 et 5. Le beau dans les ouvrages antiques n'a donc pas été pris dans la nature, mais est purement idéal, ainsi que le remarqué Winkelmann ; de sorte que quand les artistes grecs ont représenté sur les médailles des empereurs romains, ils y ont toujours ajouté quelque chose du beau idéal, quoiqu'ils fussent d'ailleurs obligés de conserver la ressemblance. C'est a cette marqué qu'un connoisseur distingue facilement une médaille romaine d'une médaille grecque. Nulle part on ne trouve ce caractère mieux indiqué que dans le Museum Odescalcum : non - seulement le visage de femmes, mais les masques mémes y indiquent distinctement cette ligne de la beauté. §. v. Comme il y a un maximum ou un extréme d'un cóté, il y a également un minimum ou extréme dans le sens inverse. Du moment qu'on arrivé a soixante-dix degrés, on obtient un visage de Nègre; en allant plus loin, on voit paroitre une téte de Singe; et aussi-tot que la ligne M G se confond avec ND, c'est-a-dire, que 1'angle devient = o , on a une parfaite tête de Chien. §. V I. Les extrêmes pour la ligne facéale de 1'Européen s'arrètent a. dix degrés derrière, et k dix degrés devant la ligne verticale H J; et tout ce qui va au-dela n'est plus ni beau ni gracieux > mais difforme. Le Nègre a également sa beauté, et même son maximum et minimum, sans que j'ose néanmoins déterminer ces extrêmes; paree que je ne possède pas moi-même un assez grand nombre de têtes décharnées  (94) de cette race d'hommes, et que je n'ai pas eu 1'occasion d'en examiner ailleurs. Cependant leur ligne facéale ne doit pas incliner audela de cinq degrés, c'est-a-dire , jusqu'a soixante-cinqdegrés; sans quoi la physionomie ressembleroit a celle du Singe. II ne faut pas non plus que la ligne facéale du Singe tombe trop en arrière, sinon le Singe reseemblera au Chien; et ainsi de suite. §. VIL J'ai observé que chez tous les quadrupèdes les genres et les espèces sont déterminés et fixés par f emplacement de la machoire supérieure, immédiatement au-dessus, ou obliquement au-dessous de la partie antérieure du crane. J'ai dessiné sur une même ligne plusieurs têtes d'animaux, et j'en ai tiré des conclusions qui pourroient étre non-seulement d'une grande utilité pour f étude de f histoire naturelle , mais qui me paroissent aussi devoir offrir un grand avantage pour les peintres. Je ne puis cependant m'occuper pour le moment de cette matière, laquelle demanderoit un volume entier pour la bien traiter. §. VIII. Ce que j'ai dit des hommes faits peut s'appliquer de même aux enfans. Dans la Planche II, j'ai dessiné les têtes telles qu'elles se trouvent dans la nature. Lorsque la ligne facéale approche de la perpendiculaire , ces têtes ne sont plus ni belles ni agréables. La Figure 4 de la Planche V est sans contredit la plus belle, quoique 1'ceil n'y soit pas placé au milieu. C'est le bord supérieur de l'orbite qui se trouve assez proche du milieu de la tête; ce qui s'accorde avec la disposition que J. de Wit a adoptée d'après Ques-  (95) noy, dit le Flamand. L'occiput est seulement trop long; mais il m'a été impossible de trouver des régies pour ces proportions dans de si jeunes enfans. A f age de trois ou quatre ans, la machoire s'allonge visiblement par en bas, et f occiput devient moins grand. Je crois cependant qu'il est permis d'obvier a. cette espèce de difformité, d'autant plus qu'il me semble que les têtes des enfans sont plus longues en Hollande que dans d'au tres pays. Lorsqu'on fait incliner davantage en avant la ligne facéale S Z, le crane devient trop haut, et toute la tête se trouve difforme. Les extrêmes sont donc chez les enfans , comme chez les hommes faits, de cent et de quatre-vingts degrés. §. I X. Relativement a la bouche, il faut observer que, comme les enfans n'ont point de dents ni de rebords proéminens dans la machoire supérieure ou inférieure, la langue ne reste qu'avec peine entièrement dans la bouche. Voila ce qui fait qu'ils tiennent la machoire inférieure presque toujours baissée; c'est - a - dire , qu'ils ne la serrent pas contre la machoire supérieure; et de la vient que le bas du visage D B , Fig. 4 j Planche V, prend une forme oblique X E B , Figure 4- Joignez a cela que la machoire inférieure est plus courte que la supérieure, et que , ne formant point encore un grand angle avec la partie postérieure en K, PI. IV, Fig. 5, la bouche doit s'ouvrir plus vite et plus largement. J demeurepar conséquent le centre duquelon'détermine toujours, avec le rayon XE, le point B ou 1'extrémité d'en bas du menton. Quesnoy a fort bien observé ceci, et a rendu dans toutes ses figures d'enfans la partie D B fort longue. Voyez Figure 4 de la Planche V. Le doublé menton devient aussi par-la plus fort, le cou plus  C 96 ) court, et tout, en général, acquiert plus de grace. De Wit, aucontraire , n'a pris que - de la hauteur depuis le bas du nez jusqué dessons le menton. Voila pourquoi il a souvent fait la bouche des enfans fermée; ce qui est cause qu ils ont moins de grace que ceux de Quesnoy. Et véritablement cette partie est beaucoup plus grande dans tous les enfans qu'elle n'est rcprésentée par de Wit (1). §. X. Chez la plupart des hommes, les oreilles ont la méme longueur que le nez ; c'est - a - dire 7 de toute la hauteur de la téte. Rarement elles se trouvent au-dessus de la ligne centrale, et le lobe en descend, en général, plus bas que la ligne du nez. Albert Durer a fait a-peuprès de cette grandeur le nez des adultes. De Wit fa fait plus grand encore, et sans y préter la moindre attention. Chez lui, Planche XII, le bas de 1'oreille se trouve d'égalité avec le nez , et le haut avec les rebords orbitaires; elle forme par consé-1 quent plus d'un quart de la tête. Dans les Figures 5 et 6 de la même Planche, les lobes des oreilles ne descendent pas si bas. En général, de Wit a placé trop haut les oreilles, et particulièrement les trous auditifs, desquels , comme je 1'ai démontré, 1'emplacement est invariable, et se trouve toujours sur la même ligne que le bas du nez. Ce même défaut se remarqué chez Albert Durer et chez tous ceux qui 1'ontsuivi. En attendant, on peut se convaincre de la vérité de mes observations par 1'exacte représentation de la boite osseuse, (1) Les figures des tètes d'enfans cliez Preisier , Troisième Partie, PI. I, qu'il a pris d'Albert Durer, ont les mémes défauts que ceux de ces derniers; ce sont des traits de physionomies de jeunes enfans adaptés k des tètes d'hommes faits ; paree que le menton est trop proéminent et trop lons;, publiée  ( 97 ) publiée par Eustache, dans laquelle le conduit auditif se voit sur la même ligne que le nez. II s'agit ensuite de Ia manière dont on déterminera la largeur de foreille. De Wit Ta toujours fait beaucoup trop étroite; de sorte que la largeur, comme dans la Fig. 1 de sa Planche XII, forme tantót f, quelquefois environ 7, comme dans la Figure 5 , Planche XI. Les anciens ont presque constamment évité de laisser foreille a découvert; et il faut convenir qu'ils n'avoient pas tort, car sa forme n'offre rien d'agréable. La conque , f ourlet, le lobe , et les autres parties proéminentes sont trop petites pour qu'elles puissent jamais étre mises en comparaison avec la face entière. II convient par conséquent d'en couvrir la partie supérieure, et de n'en faire voir que le lobe. II est cependant quelquefois nécessaire de montrer foreille entière; et dans ce cas, on peut prendre la moitié de sa hauteur pour sa largeur, et la dessiner en ovale , dont la plus longue ligne centrale incline un peu en arrière, si ce n'est lorsqu'on fait pencher jusqu'a cent degrés en avant la ligne antérieure; car alors cette ligne du milieu doit étre verticale, k cause que, dans ce cas, elle se trouve déja d'elle-même plus loin du nez par en haut que par en bas. Chez les Nègres cependant, et dans d'autres têtes semblables , ilfaut que cette ligne soit par-tout parallèle k la ligne facéale. Tous les peintres , pour ainsi dire , négligent de se former une idéé exacte de foreille ; et ce même défaut se trouve dans tous les livres de dessin que j'ai vus ; les Francois y prêtent néanmoins quelque attention. Dans les principes du dessin donnés par les auteurs de UEncyclopédie , les oreilles sont représentées avec beaucoup d'exactitude. Dans le Livre de Dessin de Bloemaard jl n'y a pas une seule oreille qui ait sa forme naturelle ; et ce N  C 98 ) même déTaut se remarqué chez Preisier, quoiqu'il se soit plus occupé que personne a saisir 1'exacte proportion des oreilles (1). Chez les enfans les oreilles sont fort larges et fort grandes relativement a la tête ; ce qu'on peut donc faire cle mieux , c'est de les cacher , paree que foreille ne peut ajouter lamoindre beauté au visage , ainsi que je 1'ai déja remarqué (2). §. X I. J'ai cherché h faire connoïtre , par les principes de la nature (1) Augustin Carrache disoit que 1'oreille étoit la partie du corps la plus difficile k dessiner. II en modela une plus grande que nature, pour en faire connoltre la structure. On en fit des études a 1'infini, et 1'on en exécuta un grand modèle en platre , appelé 1'Orecchione d'Agosiino. Bibliothèque de Peinture , Tomé II, page 4^4- (2) Suivant Winkelmann, Histoire de VArt, Lwre IV, Chap. ^,paragr. z5) aucune partie des tètes antiquès n'est faite avec plus cle soin que les oreilles ; et la beauté de 1'exécution cle cette partie est un caractère infaillible pour discerner Ie travail antique de la restauration moderne. Ce caractère est tel, que lorsqu'ou douie de 1'autiquité d'une pierre gravée, et qu'on voit que foreille, au lieu d'être linie avec soin, n'est, en quelque sorte, qu'indiquée, onpeut avancer en toute sureté que 1'ouvrage est moderne. Pour les iigures des personnages déterminés , ou les portraits, il arrivé quelquefois que ia forme des oreilles, lorsque ie visage se trouve mutilé et méconnoissable, nous fait deviner Ia personne même : c'est ainsi qu'une oreille dont le conduit auditif est très-grand, nous apprend qu'elle faisoit partie d'une tète de Mare-Aurèle. Dans ces espèces de Jigures, les anciens artistes ont été si attentifs a bien rendre eet organe, qu ils oat méme indiqué ce que 1'oreüle avoit de difforme , comme nous le vovons a un beau buste qui apparlient a la maison Pvondinini, et a uue tète qui est a la villa Altieri. — Les observations cle Winkelnsann cjue je viens de citer semblent contredire I'idée que feu M. Camper avoit sur le peu de beauté de 1'oreille, et sur le besoin de la cacher. Note du Traducteur.  ( 99 ) même , les signes caracréristiques de la véritable beauté des têtes. Je suis loin de prétendre néanmoins qu'en suivant rigoureusement les régies que je viens d'indiquer, on parviendra a.donner aux têtes cette grace et cette beauté que la nature nous présente tous les jours. Non satis est pulchra esse poëmata; dulcia sunto, dit Horace (1). II faut taclier de parvenir au gracieux , quand même on seroit forcé de s'écarter un peu des régies des proportions ; car il vaut mieux charmer les yeux en produisant le beau , que de déplaire en se tenant a une trop servile régularité. J'ose me flatter néanmoins d'avoir fait connoïtre par cequeje viens de dire , ce qui constitue la véritable beauté , et de quelle manière on peut la rendre dans les ouvrages de fart. (1) De Arte Poet. vs, 99. N a  C iOO ) A D D I T I O N DE L'ÉDITEÜR HOLLANDOIS. ■ ■ 11 |i , TV'ffitiS'-"™- - Dans la Préface que j'ai niise , comme éditeur, h la tète de eet ouvrage, j'ai prévenu JeLecteuf qu'il y manquoit un article particulier sur les caractbres distinctifs de Vantique dans les statues, les médailles et les pierres gravées. Je ne me lutsarderai point a réparer cette perte par des conjectures fondées seulement sur les entretiens que j'ai eu souvent avec 1'auteur sur cette matière. J'ai cru cependant qu'il étoit nécessaire de donner ici une description de la Planche IX, relativement a ce qui a été dit dans le précédent article, afin qu'on ne soit pas surpris de ce que , dans cette Dissertation , il n'est pas fait mention de cette Planche. La difficulté qu'il y a de se procurer dans ce pays des modèles de médailles et d'autres productions des anciens , qui devoient servir a confirmer les principes que renferme eet ouvrage , est cause sans doute que 1'auteur n'a point donné 1'article qu'il avoit promis de placer ici. Cependant dans le petit nombre de médailles et de pierres gravées, dont on donne la représentation dans la Planche IX, on trouve des preuves incontestables de ce qui est dit dans la Préface de 1'auteur sur les portraits faits d'après nature par les anciens , et de ce qu'il avance , dans le Chapitre 111 § 4 de cette Troisième Partie, concernant la beauté des têtes antiques. Jelaisse donc au Lecteur a faire les observations qui se présenteront a son esprit par la comparaison de ces ouvrages avec  ( 101 ) les opinlons de 1'auteur; en me bornant a donner une expllcation des Figures , avec f indication des endroits oü elles se trouvent. La Figure I représente Bochus, roi de Mauritanië, dans son jeune age. Sur le revers de cette médaille de bronze on voit un éléphant. La Figure II est le même Bochus , plus agé. Cette médaille est également de bronze , et représente de même un éléphant sur . le revers. La Figure III : Alexandre le Grand; médaille d'argent avec cette inscription grecque : aaesanapos : Sur le revers il y a un chateau ou une ville , surmonté des foudres de Jupiter. La Figure IV: Pharnace , roi de Pont, avec cette inscription : basia....*apnakot. C'est une médaille d'argent, dont le revers représente la Paix tenant une Corne d'Abondance , le Caducée de Mercure , un Chien , une demi-Lune , etc. Ces quatre médailles se trouvent dans le cabinet de M. le Stadhouder , a la Haye. Les deux médailles de Bochus sont représentées ici deux fois plus grandes qu1 elles nele sont en nature, afin de pouvoir en indiquer plus distinctement les traits. La Figure Vest la représentation de César Auguste , dont il est fait mention dans la Préface de 1'auteur; il en est parlé aussi dans le Chapitre précédent, de même que de la Figure 4, pour prouver que les anciens ont pris garde d'indiquer la véritable obliquité de la ligne facéale dans la représentation des têtes de leurs grands hommes et des autres personnages. La Figure /^/représente la téte d' Alexandre , par Pyrgotele. On voit ici, comme dans la Figure 5 , la ligne facéale tracée a la  ( 102 ) manière des anciens artistes grecs, avec les caractères du beau idéal , tel qu'ils 1'employoient dans la représentation de leurs divinités. La Figure VII. La Méduse de Sisocle. La Figure VIII. Un Thèsce avec la massue, par Gnceus. Ces quatre dernières Figures sont tirées de 1'ouvrage du Baron de Stpsch publié a Amsterdam en 1724, et s'y trouvent aux Planches XXV, LV , LXV et XXIII. Comme les lignes facéales sont indiquées dans la Planche même, elles ne demandent aucune autre explication.  ( io3 ) QUATRIEME PARTIE. Des premiers principes nécessaires pour bien faire l'esquisse d'une tête. CHAPITRE PREMIER. DE L'OYALE. §. I. Tous les écrivains , en général , qui ont traité des principes du dessin, rant en France que dans les Pays-Bas , ont regardé Fovale comme Ie meilleur moyen pour obtenir la fermeté de la main et comme la figure la plus convenable pour y dessiner la tête des différens ages de Fhomme et dans toutes les espèces d'attitudes. Personne, que je sache , ne s'est encore écarté de ces principes, quoique on ait dü s'appercevoir que cette figure est souvent mauvaise , et qu'elle ne peut étre utile que fort rarement. II est certain cependant que c'est Fovale seul qu'on peut employer avec quelque cerlitude dans les têtes vues exactement de face , comme cela paroit par la Planche Vil Figure I. i°. On partagera la hauteur AB en quatre parties égales AH , HI, IF, FB; de ceci on prendra j ou AF = KL pour la plus grande  ( io'4 ) largeur , et Ton tracera le cercle AKF L. Les oreilles se placeront entre les lignes parallèles K L et MN. 2P. Divisez K L en quatre parties égales , et prenez-en \ pour la largeur des temples O P ; ensuite tirez de F avec un rayon de F I ou 7 A B, dans la ligne du milieu A B en F, le cercle BN , I M, et remplissez fovale par KM et L N. Par ce moyen vous obtiendrez le point J , et la ligne centrale des yeux , KL (1). Après quoi partagez A B en quatre parties , et la longueur du nez se trouvera déterminée; ensuite, en divisant F B en trois parties, vous aurez celle d'en haut QR pour la lèvre supérieure. Cela se rapporte aux proportions indiquées dans la Troisième Partie , Ckapitrell, § 5. Cet ovale est fort bon, et d'une grande utilité dans tous les cas dont il est parlé ici, §. IL . Mais lorsqu'il s'agit dans les principes du dessin , ( dont il est question dans le DictionnaireEncyclopèdique et les autres livres de cette nature ) de faire le profil d'une tête, comme la Figure z Planche VII; alors la méthode dont je viens de faire mention est bien loin , selon moi , de pouvoir étre employée avec quelque utilité. Supposez J R pour la profbndeur ou la longueur de la tête , et ABouüV pour la hauteur ; tracez ensuite de nouveau votre ovale comme dans la première figure. Cet ovale ne déterminera ni f emplacement de foreille , ni celui de la ligne facéale XY , ni (i) C'est de cette manière que C. Van cle Pas a tracé loyale, page zi, A. La méthode qu'indique Albert Durer dans le premier Livre cle sa Géométrie en lafcin, publiée a Paris en i53a, pages zo et ai, est beaucoup plus compüquée, et bien moins bonue que celle que je donne ici. celuj  ( io5 ) celui de l'orbite de Fceil P. II faudra donc qu'on place toutes ces parties d'une manière purement arbitraire. La forme de la boite osseuse n'est pas non plus circulaire. En un mot, fovale ne peut point, a mon avis , étre appliqué a une tête vue de profil (1 ). §. III. Les livres qui traitent des principes du dessin veulent qu'on employé aussi fovale pour les têtes qui présentent les trois quarts du visage, comme Figure 3 Planche VIL Tracez ici fovale de la même manière qu'il a été dit dans les paragraphes précédens ; et sur cet ovale tirez la ligne centrale AD E B , en suivant la forme de fovale. Partagez ensuite votre ovale en quatre parties , et ia partie d'en bas en trois autres parties égales , et vous trouverez les points de section SD EF , dans la ligne AD B ; Voyez Preisier Partie I, Planche V. Tous les peintres de portrait, pour ainsi dire, font usage de cette règle, et placent toujours la bouche trop proche de foreille , au-dela de la ligne centrale AD B , comme je pourrois le prouver par plusieurs exemples; je me contenterai de remarquer que toutes les figures de Preisier faites d'après ces principes sont fort défectueuses. On trouve le même défaut chez Bloemaard Planche IV, et dans plusieurs autres têtes de cet artiste; et je pense qu'il se remarqué également chez Goltzius et chez d'autres maitres. Pour se cónvaincre combien est grande cette différence, on n'a (1) Par une note trouvée parmi les papiers cle 1'auteur, il paroit qu'il étdït dans 1'inten'Jon cle s'étendre davantage sur cette matière; mais il faut qu'il en ait été empcché par d'autres öccupations. O  ( io6 ) qu'a tracerla ligne facéale D Q R, d'après la Figure 3, Planche IV, aussi obliquement ou aussi verticalement qu'il convient, et 1'on trouvera les points de section D QSR. En tenant ces points pour les points centraux, on est sur que la face conservera sa vérité naturelle. VanDyk a bien observécela, ainsi que plusieurs grands maltres d'Italië. II s'ensuit donc que , dans cette position, fovale nous conduit également dans f erreur , et qu'il est nécessaire de suivre d'autres principes. II ne faut pas que les maltres de dessin se contentent d'indiquer cette ligne centrale sur une surface plane, mais il est essentiel qu'ils se servent pour cela d'une boule de bois ou de terre glaise. CHAPITRE II. Du Triangle, considèrè comme un moyen propre de dessiner les têtes de profil. §. I. i L y en a (je pense que Hoet et A. Carrache sont de ce nombre) qui enseignent que, pour dessiner une tête de profil, il faut commencer par tracer un triangle rectangle ABC, Figure 4 , Planche VII; qu'on doit ensuite diviser le cóté antérieur A C en trois parties égales, destinées a indiquer dans le visage le front, le nez et le menton. Mais le point B ne sert a rien , si ce n'est qu'on pourroit y placer dedans foreille; cependant on conserveroit 1'espace D B = 2 nez, a compter du lobe de foreille.  ( ic-7 ) Dans ce cas , la machoire inférieure se trouve fort en arrière en C G F ; ce qui est contraire k ce que nous montre la nature. II est certain cependant que par la la ligne facéale antérieure A G demeure fort distincte. Par cette raison, on peut regarder cette méthode comme plus sure et plus exacte que celle de fovale. §. li D'autres ( comme le Clerc dans les dessins des Passions de le Brun, Planche I, Fig. 3) se sont servi d'un pareil triangle rectangle D E G. Lorsqu'un des cótés de ce triangle touche a la ligne facéale, alors E donne le trou auditif, et 1'on détermine par ce moyen remplacement de Foreille d'une manière fort exacte ; de sorte que j E, ou plutót J H, est égal a deux nez. Mais dans la figure de le Clerc, le triangle est placé seulement au hasard; de facon qu'il ne sert point a déterminer la ligne facéale, ni a donner au conduit auditif son véritable emplacement. Ce simple triangle ne sertdonc ici qu'a indiquer la moitié du visage et Foreille ; voila pourquoi je pense que ce secours est de fort peu d'utilité. D'ailleurs , il est difficile de tracer un pareil triangle , ou du moins il est mal aisé de le faire sans le secours du compas. J. C. Visscher, dans son livre de Fundamentales regulce artis pictorice et sculpturcc, folio 1, donne le triangle entier, comme il est ici ABC. Parizet, dans son Nouveau Livre des principes du dessin, employé le triangle de la même manière que le Clerc , mais avec plus d'utilité. — Le peu de certitude de ces principes généraux m'a engagé k chercher une autre méthode qui offrit plus de sureté ; et j'ai quelque espérance d'y avoir réussi. O 2  ( ioS ) ghapitre iii. D'une nouvelle manière de dessiner les têtes. S. f. HjA contemplation continuelle des boites ossenses et des tètes des cadavres , particulièrement lorsque , pour des oLservations anatomiques, je partageois en deux ces tètes sur toute leur longueur, jointe a la connoissance que j'avoisdeTaccroissement des machoires et du nez dans les tètes des enfans peu de semaines même aprc s la conception , m'ont appris qu'il falloit prendre la plus courte route et suivre la nature, en commencant par dessiner le crane , pour déterminer ensuite la ligne facéale, et diviser le reste d'après les proportions données. Comme la boite osseuse est un ovale dont les parties les. plus proéminentes se trouvent du coté antérieur et du coté postérieur, je commence par tracer 1'ovale par cleux ccrcles; savoir, L VE W, PI. Vlll, Fig. i, qui comprend trois parties de la téte, et K U Z , dont la grandeur est de } de ce cercle. Je tire de S Ja ligne horizontale Sï=; du diamètre du grand cercle, et de T le petit cercle. Du centre S, je fais tomber la ligne perpendiculaire S Q , laquelle détermine remplacement du trou auditif et du lobe de loreille E. Secondement, je tire la ligne PG aussi obliquement qu'il convient, et je la divise en quatre parties égales ; alors K est le front; F la ligne des yeux ; I est pour le nez; H, un tiers de IB ou de I G, est pour la bouche.  ( 109 ) Troisièmement, j'acheve enfin Fovale ZVE, par lequel j mdique d'une rnanière assez convenable le bord orbitaire inférieur. Quatrièmement , je preuds GN = un nez ou moins, si la ligne facéale incline beaucoup en avant; et par ce moyen j'indique Ia partie antérieure du cou. Cette manière est fort simple, fort naturelle, et nous fournit les principaux points des proportions dont on peut avoir besoimD'ailleurs, un ovale oblique est plus facile a tracer qu'un ovale perpendiculaire. §. I I. Pour un vieillard , une vieille femme , ou pour tel autre age que que je veuille prendre , je tracé (comme je viens de le dire §. I. ) Fovale KLVE, et la ligne PKHG , Planche VIII, Figure 2. z°. Comme les dents tombent avec Fage, et que les alvéoles disparoissent; de sorte que par la , la machoire perd } , je mets le menton I G = - cle F S, ayant tracé un cercle dans la ligne G , comme je Fai indiqué dans la Figure 2 de la Planche VI. 3°. Cest-a-dire , que pour Fhomme fait, le menton étant en G, je pose le compas en E , et tire de G un cercle g G ; et je prends IG" —7 1B 5 de sorte que g se trouve étre la pointe du menton. 4°. Ensuite, je divise GI en trois parties égales , dont la supérieure est pour la bouche. 5°. Après quoi je fais bomber KF hors la ligne facéale; paree que 1 es cavités du front bombent fort en déhors dans la vieillesse. 6°. Enfin , je prends G N = au nez et je tracé le cou N O. Par ce moyen , jobtiens de la manière la plus parfaite le bas du visage avec ses différentes marqués caractéristiques.  C 110 ) §. 111. Chez les enfans la boite osseuse conserve cette forme ; voila pourquoi fovale doit étre tracé comme dans la Figure 3 , et la ligne perpendiculaire LQ suivant la ligne facéale P G. ( voyez Planche VIII. Figure 4 )• Comme les enfans ( ainsi qu'il a été dit Partie II. Chapitre 1. §. 6. ) n'ont point de cavités au front, il faut que F soit tracé en dedans de la ligne AB , k laquelle elle touche autrement, comme on le voit Planche VIII Figure I ,ou même en sort, comme chez le vieillard, Planche VIII Figure 2. 2°. Les yeux sont mis a 4 de toute la hauteur du bas du menton , et le front est de f ; ce qui se rapporte aux proportions de de Wit et d'Albert Durer chez qui, page 64, d f = 7 da. 3°. I e étantégal a -J- L Q, a cause que les machoires sont, par le peu de profbndeur de la bouche, j plus courtes, comme chez les vieillards , il faut tracer la ligne a b | de J E , et une ligne oblique c d, comme je f ai fait voir Planche V, Figure 4; alors le point de section g est pour le menton, et G indique la bouche. De cette manière , A a devient égal a cinq parties ; dontT sont pour la ligne des yeux , et 7 pour le visage. En faisant 1'esquisse de la téte , on commence par tracer fovale, ensuite P G et G g, et g h : par ce moyen, tous les points sont connus. Lorsqu'on donne plus d'ouverture a la bouche, G baisse et se porte plus en arrière en descendant davantage. Ceci a lieu dans presque toutes les têtes. Par conséquent une esquisse telle que celle de la Fig. 4 > PI- VIII7 est ce qui indique le mieux le visage d'un enfant. §. I V. Potjr faire 1'esquisse d'une tête de Nègre, on suit les mémes pro-  c111) cédés. Après avoir fait fovale, on tracé (F/gure 3, Planche VIII) P G incliné en arrière, suivant ce qui a été dit Première Partie, Chapitre III, §. o. Cette ligne donne le point de section H. De ce point, tirez jusqu'en B la ligne H B , et le visage se trouve déterminé. B N = T A B. Cela sert a confirmer ce que dit Pliilostrate dans la Vie d'Apollonius de Thyane, Liv. II Ch. j o: que de simples lignes tracées avec de la craie peuvent représenter un Indien, par son nez épaté, ses cheveux hérissés , ses joues proéminentes , etc. Voyez Junius, De Piet. Veter., Lib. III, ch. z,p. z5g. §. V. C r x t e méthode de faire les esquisses des têtes est aussi facile a enseigner que celles qui sont actuellement en usage. Rien n'est plus aisé que de f employer pour rendre toutes les espèces de passions; pour la crainte, f épouvante , etc. , dans lesquelles on ouvre la bouche, il ne faut qu'allonger le menton; tout le reste doit étre cherché dans le jeu des muscles; ce qui peut être démontré mathématiquement avec autant de facilité que ce que j'ai dit touchant les diverses races et les différens ages de fhomme. Pour imiter les altérations que les mouvemens de f ame produisent dans les traits du visage , on peut en changer les proportions , et faire incliner plus ou moins la ligne facéale ; par ce moyen , on conservera un parfait ensemble, et f on ne s'écartera point des régies de la beauté. Les préceptes qu'Albert Durer donne dans son livre sur la variété des figures et des traits du visage ne produisent, en général, que des formes bisares, qu'on ne peut employer que rarement; quoique d'ailleurs les réflexions qu'il fait sur cette matière ne laissent pas d'avoir quelque mérite. II seroit a désirer que des artistes s'appliquassent a connoïtre les  C 112 ) véritables formes de tout notre corps, d'après les idéés que j'ai avancées dans cet ouvrage; et je suis persuadé qu'on ne feroit pas ce travail avec moins de fruit que celui que je me ilatte d'avoir tiré des observations que je viens de mettre sous les yeux du Lecteur relativement aux têtes ; lesquelles , j'espère , engageront quelqu'autre écrivain a. porter a sa perfection une matière que je n'ai fait, pour ainsi dire, qu'ébaucher. NOT1X  ( n5 ) NOTE DU TRADUCTEUR, Sur les causes des variétés qu'on remarqué dans la figure humaine et dans la couleur de la peau; ou analyse de V ouvrage de M. le Pf. Samuel Stanhope Smith , intitulé : Essay on the causes of the variety of complexion and. figure in the human species. Deux caitses concourent è. produire les variétés qu'on remarqué dans 1'tspèce humaine, savoir, le climat et le degré de civilisation de la société. Ces causes n'opèrent qu'a la longue et par des gradations insensibles. II y a certains degrés de chaleur et de froid qui forment ce qu'on appele climat, et qui occasionnent cette analogie générale qui subsiste entre les nations, suivant le degré de latitude de 1'équateur qu'elles habitent. Voila 1'effet général, qui offre une infinité de nuances. L'action du climat sur la peau est connue. La chaleur de 1'été noircit la peau; 1'hiver, au contraire, la rend blanche. Dans les climats tempérés ces effets se suivent alternativement, et se corrigent 1'un 1'autre; mais quand la chaleur ou le froid prédominent dans un pays, il en résulte proportionnellement une couleur caractéristique et permanente. Le degré prédominant d'intensité du froid ou de la chaleur peut étre considéré comme la cause constante de l'action a laquelle le corps humain est exposé. Cetté cause affecte les nerfs en les contractant ou en les relachant. Elle affecte les fluïdes en augmentantouendiminuantlaperspiration, eten altérant le degré dans lequel doivent s'opérer toutes les secrétions. Elle affecte particulièrement la peau par 1'opération immédiate de 1'atmosphère, des rayons solaires, ou de l'action du froid sur sa délicate contexture. La couleur et la figure peuvent ètre considérées comme des habitudes du corps, et qui, de méme que toutes les autres habitudes, sont formées, non par des impressions fortes et subites, mais par des touches successives et imperceptibles, qui finissent par étre inaltérables. Cependant la peau, quoique délicate par elle - méme , et susceptible d'altération par les causes extérieures qui 1'affectent, est, par sa contexture. une des parties du corps les moins sujettes a des changemens. L'altération de sa P  ('n4 ) couleur ne s'.opère par conséquent qu'a la longue, quclle que soit la cause qui la pröJüisë • et lorsqne cette cause est parvenue a pénétrer profondement la eontexture de Ia peau, cette couleur est inaltérable. II ne faut pas néanmoins attribuer la couleur de la peau a la seule action du soleil. La cbaleur, principalement quand elle est unie aux exhalaisons putrides qui impregnent extrêmement 1'atmosphère dans les pays chauds et incultes, relache le système nerveux. La bile est par conséquent augmentée et répandue avec force 'dans toute l'habitude du corps. Cette liqueur donne alors a la peau une couleur jaunè, laquelle, avec Ie tems, devient d'une teinte plus foncée. C'est donc Ia bile qui est la principale cause de Ia noirceur de la peau; et 1'effet de cette cause est augmenté par 1'influence du soleil, qui, épaississant la substance muceuse de la membrane réticulaire , occasionne la décoloralion de la peau. Les vapeurs des eaux stagnantes des régions incultes, les grandes fatigues, le besoin et la malpropreté servent r aussi bien que la chaleur , a augmenter la bile. Voilé, ce qui contribue, avec la nudité des Sauvages, a ïes décolorer, méme dans les climats glacés. On sait que le froid , aidé d'une bonne nourriture et des autres commoclités de la vie sociale, chasse avec force le sang vers les extrémités du corps , et rend le tein plus beau; mais lorsque de pénibles travaux et le défaut de subsistance, etc, relachent le systême nerveux et appauvrissent le sang, il ne reste plus alors qu'une bile d'autant plus noire que 1'obstruction des pores le tient plus long - tems en un état nxe dans la peau. C'est a cette cause peut-être qu'il faut attribuer la couleur basannée des Lappons , qu'on a regardée j'usqu'ici comme un phénomène fort difiicile a expliquer. Les cheveux suivent, en général, les mémes loix que la couleur de la peau, paree que leurs racines étant plantées dans la peau, tirent leur nourriture et leur couleur de la même substance qui contribue a former le tein. Mais la forme de cette excrescence qui mérite particulièrement notre attention, est celle de la chevelure rare et crépue, particulière aux peuples d'une partie de 1'Afrique, et a quelques-uns des Hes de 1'ABie. Cette particularité a été alléguée comme un caractère décidé d'une espèce distincte d'hommes, avec plus d'assurance qu'il ne convenoit a des philosophes qui devoient étre mieux instruits des opérations de la nature. La rareté des cheveux des Africains s'accorde avec les effets d'un climat chaud. Le froid, en resserrant les pores et en empéchant la transsudation, oblige la matière perspicable arrétée dans la peau a s'évacuer par une grande quantité de cheveux. Un climat chaud, en ouvrant les pores, fait évaporer cette matière avant qu'elle puisse s'y rassembler en une substance  c m) propre a former les cheveux. La nature crépue de la laïne des Nègres vient peut-être de la chaleur extérieure, ainsi que de la qualité de la substance ou de Ia secrétion dont elle tire sa nourriture. Mais, quelle que soit cette nourriture des cheveux , il paroit qu'elle se trouve combinée , dans la zone torride de 1'Afrique, avec quelque fluidetrès-volatil, et d'une nature fort chaude. L'évaporation de cet esprit volatil rend 1'épiderme sèche, et la dispose a se contracter; tandis que 1'intérieur continuant k étre relaché par le mouvement vital, les dilatations et les contractions alternatives produisent nécessairement un tortillement, et rendent les cheveux crépus. La couleur des cheveux dus Nègres vient a 1'appui de cette idéé ; elle n'est point d'un noir bri'lant mais aduste , et les extrémités en tirent sur le brun, comme s'ils avoient éié roussis par le feu. Quant k la configuration du corps, on connolt les variétés qui subsistent a cet égard entre les divers peuples de la terre. Par exemple, toute la race des Tartares est d'une petite stature; et chez ce peuple la tête est disproportionnée avec le reste du corps. Ils ont les épaules hautes, le cou fort court, les yeux petits, et qui semblent fort enfoncés dans la tête a cause de la grande éminence des bords orbitaires. Leur nez est petit et peu proéminent. Leurs joues sont extrêmement élevées et fort grosses ; en un mot, tous leurs traits sont également grossiers et difformes. Ces défauts sont d'autant plus remarquables qu'on avance davantage vers le pole , chez les Lappons, les Borandiens, les Samoïedes, races qui, comme le remarqué fort bien M. de Buffon, sont des Tartares dégénérés autant qu'il est possible. On trouve une race semblable a celle des Lappons dans une partie de 1'Amérique , dont le climat est le même que celui de la Lapponie. Les contrées glacées autour de la baye d'Hudson sont, a 1'exception de la Sybérie, les plus froides du monde conriu ; et les habitans n'en ont que quatre a cinq pieds de hauteur, avec une grosse tête et des yeux petits et foibles. Tout ceci est une suite du froid extréme qui contracte les nerfs de la même manière que tous les autres corps solides. Le sang, circulaut avec plus de lenteur et moins de force, ne peut résister aux impressions du froid; ce qui fait que les extrémités subissent une plus grande contraction et diminution que le reste du corps , tandis que Ie sang, se portant avec chaleur et violence vers la poitrine et la tète, distend ces parties, et les rend d'un volume disproportionné avec les autres membres, L'extrême intensité du froid occasionne aussi les autres particularités qui distinguent les races dont nous avons parlé plus haut, et leur rend le cou court et les épaules hautes. Le froid porte Fhomme a éleyer les épaules pour mettre le cou a 1'abri, afin de mieux retenir P 2  (.ii6 ) le sang qui se porte vers la tête; et 1'habitude d'un ëternel hiver les fixe dans cette position. Le cou paroit raccourci au-dela d'une proportion convenable, non-seulement paree qu'il souffrela même contraction que les autres parties du corps; mais paree que la tète et la poitrine, étant devenues d'un volume demesuré, prennent sur sa longueur; et 1'élcvation naturelle des omoplates en cache le reste, au point que la tête paroit porter sur les épaules. Les traits difformes et grossiers du visage sont de même le résultat cle 1'inclémence de 1'air. Le froid resserre 1'ouverture des yeux, fait baisser les sourcils et élever les joues ; et par la pression de la machoire inférieure contre celle d'en haut, le visage perd de sa longueur, et devient plus large, de sorte que tous les traits se trouvent forcément altérés. Ce qui mérite principalement d'être observé ici , c'est la petitesse du nez , la dépression du milieu du visage , la proéminence du front , et la grande foiblesse des yeux. ■Comme le milieu du visage se trouve le plus exposé au froid, il souffre conséquemment la plus grande contraction. C'est la partie que le vent frappe le premier , et qui est la plus éloignée du siége de la chaleur dans la tête. Mais ce qui n'est pas moins important k observer, c'est que les habitans des climats glacés respirent plus par le nez que par la bouche., et par conséquent atlirent Ia plus grande impnlsion de 1'air vers ce membre et les parties voisines. Un pareil courant d'air rend 1'intensité du froid plus considérable , et, en augmentant la contraction des parties, les empêche de prendre leur croissance. Cela sert aussi a nous rendre raison de la proéminence du front. La chaleur et Ia force Vitale du.cerveau, qui remplissent Ia capacité supérieure de la téte, doivent naturellement augmenter sa grosseur, et la faire bomber par dessus les parties contractées du bas du visage. Enfin, dans ces climats rigoureux les yeux sont singulièrement affectés; et par la saillie des sourcils, ils paroissent fort enfoncés dans la tête. Le froid diminue naturellement leur grandeur, et occasionne, conjointement avec la blancheur éblouissante des neiges éternelles, la foiblesse de ces organes , de manière même que Fhomme y est souvent frappé de cécité h un age fort jeune. Dans les zones tempérées, une chaleur bienfaisante donnant aux nerfs la faculté de s'étendre avec liberté , les traits se développent parfaitement, et l'orbite de 1'ceil prend une certaine grandeur. Tous les esprits vitaux agissent sans contrainte dans de pareilles régions ; et la nature, se hvrant k la plénitude de sa puissance , y produit des hommes qui approchent de cette perfection dont 1'JÉtre Suprème avoit d'abord youlu douer le chefd'oeuyre de sa création.  DISSERTATION SUR LA ME1LLEVRE FORME DES SOULIER S. Par feu M. Pierre CAMPER. Calceus pede major subvertic, minor urit. (Hor at).   C 119 ) AVANT-PROPOS. Une plaisanterie a donné lieu a ce petit Traité sur la meilleure forme des Souliers : j'ai voulu prouver a mes anciens èlèves, qui me soutenoient que les matières h dissertation étoient épuisêes, que le sujet le moins important ,fut-ce un Soulier, un Sabot, etc., pouvoit devenir intéressant entre les mains de quelquun qui leposséderoit a fond et en parleroit avec connoissance de cause. On me fit un dèfi: on crut du moins que je noserois jamais le publier sous mon nom. Je me prétai a la plaisanterie et fècrivis. Mais plaisanterie h part, mes raisonnemens sur les suites qu'entraine notre misérable chaussure, sont fondés sur des observations suivies et sur des expériences rèitèrèes. II ne tient donc quaux élègans et élégantes d'en profiter : les pères et mères sur-tout êviteroient par la bien des tourmens a leurs enfans. Si je parviens a leur persuader cette vèriiè, mon objet sera rempli. Je ne diraipas : Ridenclo castigat mores, Mais Kiclendo calceos corrigit.  DISSERTATION  ( 121 ) DISSERTATION SUR LA MEILLEURE FORME DES SOULIER S. JYon multam abfuit, qutn sutrinum quoque inventum a Sapientibus diceret Posidonius. sé NE CA. INTRODUCTION. ««ggaaaB— n Ïl est étonnantque des gens de mérite, de tous les tems, ayentporté jusques aux minuties le soin des pieds des clievaux, muiets, boeufs, et autres animaux de charge ou de trait, et qu'ils ayent négligé entièrement ceux de leur propre espèce , en les abandonnant a fignorance des ouvriers , qui, pris collectivement, ne savent faire un Soulier cme par routine et suivant la mode ridicule et le goéït dépravé de leurs jours. Aussi la chaussure actuelle ne sert-elle, dès notre enfance , qu a difformer les orteils et a donner des cors aux pieds; ce qui rend notre marche non-seulement désagréable , mais trés -souvent impossible : effet nécessaire de f ineptie de nos cordoniiiers. Nous plaignons avec raison le sort des femmes Chinoises, a qui, Ö  ( 122 ) par un usage barbare , on disloque les pieds , et nous nous soumettons de gayeté de coeur et depuis nombre de siècles , a une géne cpui n'est pas moins cruelle. Je dis nombre de siècles ; car comment C. Celse , quiavécu avant Tére chrétienne , Pauld'Egine et Aëce parmi les Grecs , auroient-ils décrit avec tant de précision les maladies des pieds causées par les Sandales et les Souliers malfaits ? II est apparent que tout le monde ne suivoit pas rexemple de Socrate , qui alloit pieds nus. Les Souliers de notre tems n'ont aucun avantage sur ceux des anciens. Je me suis convaincu par ma propre expérience de la difficulté de trouver dans les voyages des Souliers commodes. Je n'en ai, jamais rencontré de tels a Londres , rarement a Paris. Mais a 'Amsterdam et a. Groningue , j'ai trouvé quelques cordonniers , .vieillis dans le métier , qui sont entrés dans mes idéés , en voyant les tristes marqués des expériences involontaires sur mon propre pied: celui cependant qui m'a le mieux servi, tant pour la comraodité des Souliers que pour 1'aisance de la marche, est un jeune maitre-cordonnier de la Haye. L'expérience et les réflexions me firent bientót croire qu'un Soulier fait pour une ville , ne convenoit pas a une autre. Un soulier , par exemple, bon pour la Haye , ne 1'est plus autant pour Amsterdam, et se trouvedéfectueux a Leeuwarden, a Groningue, etpar-tout oüles rues sont pavées de cailloux, tels que la nature nous les offre, sans étre taillés du tout, comme a Hambourg, Berlin etc. oü le pavé est encore plusmauvais, et oü par conséquent ilfaut acquérir del'habitude pour éviter ces inconvéniens désagréabley dans la marche. Au surplus , je scais maintenant que la méthode de prendre la mesure du pied est défectueuse méme chez les plus célèbres et les plus habiles cordonniers. L'anatomie m'a fait voir que notre pied  C ) s'allonge dans la marche et se raccourcit pendant 1'inaclion. Par conséquent la mesure prise sur la semelle du pied en repos, selon la routine ordinaire , doit produire un Soulier trop court pour un pied en mouvement; et ce Soulier doit, par cette raison, pincer le grand orteil et le talon. En un mot, les articulations de chaque doigt feront des éminences , la semelle étant trop-forte et trop dure pour pouvoir céder et se prêter. L'expérience m'a encore prouvé cjue le talon du Soulier devroit étre plus avancé sous la plante du pied, afin de soutenir le centre de gravité. II devroit étre aussi plus haut pour un pavé inégal, que lorsque nous marchons dans la maison , dans un jardin , ouades promenades commodes. Je me rappele que dans ma jeunesse les Souliers avoient le devant un peu relevé. Nos jeunes voyageurs ensuite ont introduit ici la mode de Paris , de porter des Souliers trés plats et peu profonds, avec des talons fort hauts. Nos cordonniers 1'adoptèrent; ce qui produisitune révolution générale dans la forme des Souliers chez nous. Celle des talons restant toujours la même , je fis 1'acquisition de Souliers de cette espèce , sans me douter de la différence. Jen fus cruellement désabusé aux dépens de mes orteils , qui heurtoient chaque grosse pierre qu'ils rencontroient. La cause de cet inconvénient fut une vraie énigme pour moi , jusqu'a ce que les Souliers étant devenus un objet de mes réllexions, je découvris les vérital ues raisons de ce martyre. Les principes de mes recherches sont fondées sur 1'anatomie et sur la théorie de BoreUi. Elles me font voir Timportance de cet objet, et me portent a croire qu'on me sauragré de ce que je mets tout le monde a même de profiter de mes recherches physiques sur une partie de notre chaussure dont nous ne pouvons pas nous passer. Q 2  C 124 ) Les hommes ne marchent pas tous de laméme facon; les femmes, par exemple , ne marchent pas comme les hommes; paree qu'efles ont les hanches plus larges. La marche des enfans est différente aussi, k cause de la petitesse de leurs jambes. Les vieillards , qui ont la tête et tout le corps même trop penchés en ayant, sont obligés de plier les genoux pour soutenir le centre de gravité , qui tombe nécessairement davantage sous le coude-pied. Vers la fin d'une grossesse , la partie supérieure du corps d'une femme penche en arrière , afm de soutenir le centre de gravité , dérangé sans cela par le poids du fruit qu'elle porte dans son sein , et qui sort hors de la ligne de gravité. Dans ces circonstances la plupart des femmes marchent sur les talons. Nos dames et demoiselles du bon ton ont des talons a leurs Souliers tres hauts et trés minces; et, pour que le pied paroisse plus petit et plus mignon , on les avance tant qu'on peut au dessous du coudepied. Par une vanité ridicule, nos bourgeoises ont adopté aussi cette mode absurde. Nos paysannes sont plus sages ; elles se servent de Souliers qui assurent leur corps , et rendent leur marche aisêe. II n'est pas difficile de comprendre que les personnes d'une taille élevée marchent différemment, et que par conséquent elles ont besoin de Souliers d'une forme différente. L'éducation n'a pas moins d'influence sur la forme des pieds : la pointe du pied d'un gentilhomme doit toujours être tournée en dehors; celle des paysans, et particulièrement des batteliers, le sont en dedans. Le célèbre M. André a fort amplement discuté cette matière dans son Orthopedie, p. a54 et uS5. II est incontestable que la bonne position des pieds, qui est celle de les avoir tournés en dehors , contribue au soutien de notre corps lorsque nous sommes debout; paree que nous formons alors avec les deux pieds une es-  C 125 ) pèce de triangle, qui, comme les trépieds, en constituelafermeté. C'est donc avec raison qu'on appele dans 1'art de la Danse la position des pieds en dedans, lafausseposition: voyez le Vol. VIII. Ree. des planches PI. ï.Fig.g. \o. 11. 12. et i3 , du Dictionnaire Encyclopèdique. II résulte de tout ce que nous avons dit ci-dessus, que les Souliers qui ne sont pas appropriés a notre marche , sont défectueux ; que par conséquent un cordonnier qui voudroit exceller dans son art et qui ambitionneroit 1'avantage de fournir des Souliers parfaits a ses pratiques , devroit avoir une connoissance exacte de ces sortes de différences ; particulièrement s'il veut les préserver des cors aux articulations et entre les orteils, et des oignonssous lesongles, surtout de celui du grand orteil, qui causent des douleurs vraiment insupportables. II préviendra tous ces inconvéniens en donnantune bonne forme aux Souliers ; alors les orteils ne se courberont plus , les ongles ne tourneront pas, la grande articulation du principal orteil, et le pied même, ne seront plus assujettis aux enflures et aux tumeurs , et la peau du pied , en général, sera garantie d'être lésée. Je dis plus : si ce cordonnier entend bien son métier , s'il est intelligent , s'il a une idéé nette de la marche, s'il sait distinguer la forme naturelle d'un pied d'une forme défectueuse , il corrigera dans un moment les défauts de son ouvrage , et préservera par la ses pratiques d'une torture cruelle. Immanquablement il les empêchera de broncher, de heurter avec les pointes des pieds et de se faire des entorses. Telle est f importance qui résulte de la mauvaise forme des Souliers ; et d'autant plus est-il essentiel de leur en donner une qui soit la meilleure possible. Malgré cela cependant, mes Lecteurs pourroient étre surpris de voir un docteur et professeur en médecine, s'abaisser jusques a traiter un aussi mince sujet. Mais je me natte que leur étonnement  ( 126 ) cessera, s'ils parcourent avec attention ce mémoire jusques au bout: ils verront 1'immensité de connoissances qui ont du. concourir pour remplir dignement un aussi grand objet. Qu'ils se rappelent surtout que Xénophon, ce grand général, n'a pas dcdaigné de transmettre a la postérité des instructions judicieuses pour conserver les pieds des chevaux ! Qu'un duc de Newcastle, et tant d'autres célèbres personnages , se sont fait un mérite d'écrire sur les sabots des chevaux, et sur la manière de les préserver de tout accident par une ferrure convenable. A tout prendre nos pieds valent bien ceux de ce fier animal, et la charité bienentendue commence par soi-même. Je consacre donc a fhomme toute mon attention et tous mes soins. Je travaille pour son bien, et ce motif, joint a f exemple des deux grands hommes que je viens de ciler, répand un air de dignité sur mon ouvrage , et doit me justifier. Aussi pourroit-on considérer ce petit mémoire comme un sup-i plément a. ma Dissertation sur V Education physique des enfans, insérée dans le TomeVll, Part. fpag. 351 des Mémoires de VA-^, cad. de Haarlem. Je me propose en premier lieu de considérer mathématiquement le pied et notre facon de marcher; ensuite le Soulier, les parties qui le composent et sa forme , tant pour les hommes que pour les femmes et les enfans. J'en montrerai après la meilleure forme. Les maladies et les incommodités qui proviennent des Souliers malfaits, avec les moyens de les prévenir et les remèdes pour les gué-» rir, formeront la dernière partie de ce petit traité.  ( 127 ) CHAPITRE PREMIER. Du Pied. §. I. Comme il n'est pas absolument nécessaire de donner ici une description anatomique et précise du pied, nous recommandons plutót a nos Lecteurs de consulter les superbes planches du grand Albinus, celles de Chesselden, ou de M. Sue : ceux qui ne savent pas les langues de ces ouvrages magnifiques , peuvent se servir des figures de Bidlo et de Palfin. II sera cependant nécessaire pour pouvoir exposer plus clairement nos idees , d'en donner une description , du moins superficielle. Notre pied, ( Figure 1, PI. XI,)se divise en trois parties, dont la principale est N, E, qu'on appele le tarse; E , D , le méta - tarse, et les orteils D, A. Le tarse N , E, est composé de sept os , le méta-tarse en comprend cinq, les orteils du pied ont chacun trois osselets , excepté le grand orteil ou pouce , qui n'en a que deux. II y a encore deux osselets K, sous la jointure du grand orteil avec f os du méta - tarse D, qu'on appele les os lenticulaires, ou plutót sésamoïdes , a cause de leur ressemblance avec la graine de la plante sésame, dont les anciens Grecs ont emprunté le nom. Les sept os du tarse n'ontpas beaucoup de mouvement entre eux; ceux du méta-tarse ou avant-pied en ont beaucoup plus. Ceux des orteils sont, comme ceux des doigts de la main, trés-mobiles; tellement même que je me souviens d'avoir vu a Amsterdam, il y a vingt-cinq  ( 128 ) ans, un homme qui n'avoit au lieu de bras que quelques petites appendices immobiles; cet homme exécutoit pourtant avec ses pieds tout ce que nous faisons avec nos mains : il écrivoit, tailloit sa plume, tiroit un pistolet, etc. Feu le professeur Roëll a disséqué en ma présence ces petits bras monstrueux, afin d'en montrer la défectuosité. Uliss. Aldrovande a donné dans son Histoire des Monstres, Chapitre IV, de la mauvaise conformation des bras et des mains, page 4^5, plusieurs exemples semblables : entre autres celui d'une femme qui faisoit exactement avec ses pieds tout ce que nous sommes capables d'exécuter avec les mains. Ce qui est dit d'un certain Thomas Schnueiter (p. 482, ib.) est trés - remarquable. Nous y renvoyons le Lecteur. La composition des os et f arrangement des muscles prouvent aussi évidemment que nos pieds pourroient servir a plusieurs usages , s'ils n'étoient pas entièrement négligés et rendus inutiles , du moins en Europe , par les mauvais Souliers faits , pour ainsi dire , a dessein pour en détruire le mécanisme. II m'a paru aussi que les anciens Grecs gatoient leurs pieds par lessemelles, xpEn^, ou solca, aussi bien que par le Soulier, qu'ils appeloient wiAv», v»o./w, ou calceus, comme il paroit par C. Celse^ Paul d'Egine et plusieurs autres. Le grand orteil est plus court que le suivant, pas autant néanmoins qu'on fa quelquefois observé dans les statues des anciens et dans les tableaux et gravures de C. van Haerlem , de Goltzius et d'autres artistes du seizième siècle. Le pied me paroit avoir été, par cette même raison , représente pointu par - devant; aussi a - t-il été dessiné en losange presque par tous les peintres, pour servir d'esquisse , comme 011 le peut voir dans les livres sur fart du dessin de C, van de Pas et autres. Les  ( 129 ) Les Souliers des deux sexes sont faits a-peu-près d'après le même principe, plus pointus dans un tems que dans 1'autre; mais toujours de facon que les quatre orteils sont étroitement serrés 1'un contre 1'autre, et contre le grand orteil; au point même que les uns chevauchent souvent sur les autres, faute d'espace. Non-seulement les orteils , mais les cinq os du méta - tarse ou avant-pied, perdent aussi par-la et leur forme et leur mobilité. Les sept os du tarse en souffrent moins , et uniquement par les grands talons , principalement chez les femmes , comme nous le prouverons évidemment dans le Chapitre suivant. §. I L En considérant la plante du pied, on voit clairement que la ligne diagonale de ce prétendu losange ne passé pas par son milieu, mais que la partie extérieure est beaucoup plus grande que 1'intérieure ; eest - a - dire , que A, B , D , M , Fig. VIII, surpasse f intérieur A,B,E,N. Les formes sont pourtant faites de sorte que cette diagonale A B, passé exactement par le milieu, et qu'une même forme , puisqu'elle doit servir pour les Souliers des deux pieds , cause encore plus de gêne et de compression aux orteils : ensorte même que le grand orteil , tout fort qu'il soit, est tiré vers les autres , et poussé très-sensiblement en-dehors , ce qui le rend moins utile pour marcher. Dela vient cette grande tumeur en D ( Fig. i) ou E (Fig. 8 ) qui nous fait souffrir si cruellement lorsque les Souliers sont trop étroits; souvent même il survient une inllammation qui nous empèche pendant quelque tems de marcher. Cependant la mode soumet nos petits maïtres a cette peine , et la vanité étouffe leurs plaintes. fi  ( i3o ) §. I I I. La nature a telleraent faconné la plante du pied, que nous nous appuyons uniquement sur les talons et les articulations de favantpied qui s'unissent avec les orteils; et extérieurement sur la tubérosité de Tos du méta-tarse qui s'unit avec le petit orteil en Q. Tous ces points d'appui touchent la terre par une surface unie dans la ligne A, B ( Fig. 1). Mais cette ligne s'allonge cfens la marche; de sorte que la négligence de cet allongement dans les Souliers nous cause la plus grande douleur et défigure nos pieds. Chez les femmes , cette ligne A, B (Fig. 3) acquiert une forme concave comme B , V, T , U , a; ce qui occasionne une multitude de maux dont nous parierons dans la suite, après avoir fait connoïtre la structure du pied. CHAPITRE II. Des Os qui composent le Pied. §. I. Lorsque nous examinons la composition des os du pied, comme dans la Fig. 1, nous voyons au premier coup d'oeil que f os du talon N,M,I, touche la terre, comme aussi los lenticulaire K, et le grand orteil A, C; et que tous ces points tombent dans la ligne A, B. Lastragale R, N, I, qui supporte tout le poids du corps en R, nest soutenu que par deux lignes obliques : R, B, R,A, comme onle  ( i3i ) voit dans la Fig. 111; d'oü résulte, lorsque nous restons debout tranquilles , et encore plus lorsque nous levons de grands poids , un leger enfoncement du point R vers la terre , et que les deux points A et B tachent de s'éloigner 1'un de fautre , et s'éloignent en effet. La ligne A, B, devient donc plus longue; ensorte que, si f enfoncement pouvoit toucher la terre , les lignes R , B , et R, C , jointes ensemble , seroient comme B , X. II est donc évident qu'un Soulier fait h une juste mesure , prise lorsqu'on étoit assis , pincera le pied cruellement, entre N, B, et A, O ( Fig. I), dés qu'on se tiendra debout, sur-tout si le quartier ne cède pas en arrière ; ce que la bouclé empêche en partie ; quoique chez la plupart le talon du pied le pousse en dehors et défigure le Soudier. §. I I. Le changement que le pied subit quand nous marchons , est de plus grande conséquence ; car le grand orteil A, K (Fig. 2 ), reste alors a terre : le méta-tarse, ou avant - pied s'éleve de b a B , d'oü la ligne d, c, s'allonge et s'étend jusques a B ; gagnant ainsi la longueur c, B , qui est d'un j de pouce dans cette figure, et par conséquent d'un pouce entier mesure de Paris. II faut remarquer crue j'ai pris les trois premières et la sixième Figures de la PlancheUI duSquelette et des Muscles du célèbre Albinus , qui représentent la quatrième partie clu pied de grandeur naturelle de sa Planche XXXll des os , Fig. if La semelle du Soulier, ordinairement faite d'un cuir très-fort, devient par conséquent proportionnellement trop courte; le Soulier pince en ce cas le talon; et fait un bien plus terrible effet sur le grand orteil, et sur les autres a proportion. Car comme la Semelle ne peut pas se préter de c en B , il suit que A cède vers c , et que le grand R z  ( 102 ) orteil s'êleve vers ƒ, et forme un angle e ,ƒ", D. , et ainsi des autres. C'est de la que nous viennent toutes ces difformités aux orteils et tous ces cors douloureux sur les articulations de ces parties. Plus notre marche sera accélérée, et plus la semelle se raccourcira ; paree que C. B. y sera toujours proportionné. II faudra donc qu'un Soulier ait pour le moins un pouce ou ^ de plus que A , B, qui est la longueur exact e du pied quand il pose a terre et que le cordonnier le mesure : il est vrai que par routine il y ajoute quelques lignes ; mais cette addition dépend d'une conjecture qui n'est fondée sur aucun principe, puisqu'il ignore le véritable allongement du pied , comme je viens de le prouver. II est d'ailleurs certain que cet allongement n'est pas le même pour tous les hommes, et que par conséquent il est trés nécessaire de prendre premièrement la mesure d'A , b , avec la mesure droite, et puis avec un ruban de cuir ou de linge celle d'A , d , B , quand le pied est plié, comme dans la Fig. 2. de b , B. , pour déterminer la juste longueur de la semelle. Un point est 7 de pouce de Rhynland , un peu plus que f do pouce de Frise ou d'Overyssel; car ~ de pouce font i3 points de la mesure ordinaire dont se servent les cordonniers. Les deux points qu'ils ajoutent ordinairement ne font que ~ du pied, tandis que 1'allongemeut pour la semelle devroit étre ~. §. III. Lorsque nous contemplons les pieds de nos jeunes demoiselles, asservies a la mode , nous voyons qu'ils ne touchent point la terre dans la ligne A, B. Fig. Ul\ mais qu'ils font la figure courbe B, V,  C £5 ) T, a, k cause de la hauteur du talon V, S., sur lequel pose toute la gravité du corps. C'est le coude-pied qui souffre le plus. Le pied n'a donc plus la véritable longueur B , A. ; mais d, a , b, ayant perdu la longueur deW,a; c'est k dire, 4 du talon V , S. Le coude-pied est par conséquent plus convexe , plus arrondi, ce qu'on prend pour une beauté singulière ; et le pied paroit nonseulement plus petit, mais 1'est en effet. §. I V. Mais cet arrondissement du pied ne sauroit s'effectuer a ce point sans faire subir aux os de 1'avant-pied un trés-grand changement, sur-tout a ceux du tarse, comme f os du talon et la tête de 1'astragale H, et L. II est plus que probable , que chez la plupart des hommes et des femmes 1'os du talon, quand les pieds ne sont pas gatés par des talons hauts , recoit la partie antérieure de 1'astragale H , Fig. 1. avec f éminence M , L. , qui est alors divisée en deux sinuosités E et F. Fig. IK. , séparées par un intervalle K ; trés souvent néanmoins , il n'y a qu'une sinuosité, comme E, F, dans la Figure V. On peut faire avec raison la question suivante : laquelle des deux est la véritable ou la naturelle ? Le grand Vésale a très-distinctement représenté et décrit ces deux sinuosités (De C. H. Fabr: Liv. ƒ, Chap. 33, Fig. 7, 8, etg.) Albinus les a de même trés - nettement expliquées dans son petit livre des os, ( De ossibus), et il a très-clairement commenté Vésale §. 215. Mais il les a passées dans son livre Surle Squelette (De squeleto in/(°. p. 5o3), oü il ne décrit qu'une seule sinuosité, comme dans notre Fig. V. Aussi en a-t-il donné la figure conformément a cette description. (Tab. Ossum XXIX. Fig. 2. et 6. ) On pourroit donc  ( i34 ) conclure dela que cette conformation étoit la plus naturelle. Albinus ne s'est pourtant servi que d'un seul et même squelette pour en faire faire les figures ; cette singularité ne prouve donc rien , sinon que la conformation de cet os étoit telle dans cet individu. II est a remarquer que Winslow , dans son traité Des Os secs §. 901, ne fait mention que d'une seule sinuosité, et que Mr. Sue , dans ses planches précieuses pour servir d'explication a Mouro, ne représente aussi qu'une seule sinuosité (PI. XXV. Fig. 1. B. B.)\ quoique dans son excellent Traité des os,p. 2o5. ilen ait décrit trèspositivement deux. Bidlo a aussi donné deux sinuosités a f os du talon dans la Planche CV de son ouvrage sur f anatomie, II me paroit donc trés - probable que ces deux sinuosités s'unissent par la géne que les Souliers leur font essuyer Je conserve dans mon cabinet 1'os du talon d'un enfant nouveauné , auquel il y a très-distinctement deux sinuosités. Un autre os semblable d'un enfant de deux ans environ , a aussi ces deux sinuosités comme dans la Figure IV. Albinus les a également représentées doublés dans ses admirables figures des os des enfans (PI. XII. Fig. 81. d, e). U est donc évident qu'elles sont autant de fois , et peut-être plus souvent doublés , que simples ; exceptez-en les pieds des femmes auxquels je les ai toujours trouvées simples ; mais on ne doit pas s'en étonner lorsqu'on fait attention qu'elles portent toutes, k 1'exception de quelques unes , des talons fort élevés. §. V. Je suis fiché de ne posséder qu'un squelette entier d'un homme boëteux; quoique en revanche j'aie un grand nombre d'os dela hanche et de la cuisse de boëteux de deux sexes. Si j'avois prévu 1'utilité dont ils me seroient ici, j'aurois conservé quelques os des pieds,  ( "*S5 ) Dans ce squelette pourtant la cuisse étoit disloquée, et la nature par une prévoyance singuliere , y avoit formé une nouvelle cavité pour recevoir la tête lutée de la cuisse. Les deux sinuosités de los du talon du cóté gauche se sont unies et n'en ferment qu'une seule, qui est oblongue , comme dans la Figure V. Celles du cóté droit, qui étoit le cóté sain , sont encore séparées. La raison de cette union est apparemment que le pied raccourci dans les boëteux , est soutenu, comme celui des femmes , uniquement par les orteils. §. V I. La tête de 1'astragale H ( Fig. III) des pieds des femmes qui se servent de talons très-hauts , est pliée en bas : cela arrivé bien plus facilement aux jeunes filles , paree que le col de 1'astragale est encore entièrement cartilagineux. L'os naviculaire s'enfonce aussi, et ensuite f os cunéiforme E , G. ^ Le pis de f affaire est que les surfaces , qui se touchent réciproquement entre ces os , et ceux du méta-tarse , diminuent par la si considérablement, et s'éloignent tellement de leur état naturel,' qu'on ne peut plus les redresser, ni les diriger en ligne droite A ,b': C'est la la raison des grandes douleurs qu'éprouvent les femmes habituées depuis long-tems aux talons hauts , lorsqu'elles sont obligées de marcher pieds nus ou sans Souliers : elles souffrent en ces cas aux gras des jambes , paree que les muscles postérieurs (gastrocnemii, cum soleoj de cette partie , qui forment le tendon d'Achile, ne sont plus susceptibles d'une aussi grande tension. §. VIL Il arrivé encore aux femmes tout ce que nous avons prouvé de-  ( iS6 ) voir arriver aux hommes dans la Seconde Section de ce Chapitre \ et le grand orteil se courbe vers p comme dans le pied de rhomme. Les femmes du peuple en Hollande préfèrent de marcher en pantouffïes , paree qu'elles ont moins de peine de la diminution de la semelle, que lorsqu'elles se servent de Souliers presque toujours mal-faits. Le talon haut fait que le centre de gravité R, n'étant point soutenu, ni gardé par la partie laterale du pied, agit dans la ligne R, a; par ou les orteils se courbent encore plus que chez les hommes ou chez les femmes qui portent des talons plats et larges. II en résulte donc évidemment, que les dames , k cause de leurs hauts talons sont moins fermes sur leurs pieds, et qu elles sont souvent exposées aux entorses ; paree que les talons sont trop profondément placés sous leurs pieds , et que la semelle , qui leur sert de basse, est trop petite. Lexpérience journalière est une preuve convaincante de cette vérité. Le fameux M. André a déja remarqué dans son excellent Traité delOrthopèdie, Tome I, page 68 , que les talons hauts font courber f épine du dos des jeunes demoiselles , et qu on ne devroit pas leur permettre d'en porter avant f age de quinze ans. 11 ajoute que les Souliers trop étroits sont de même très-préjudiciables a la taille, en tant qu'ils occasionnent de la gêne et de la douleur; et que les jeunes filles , pour éviter ces inconvéniens désagréables , contournent leurs corps en différens sens , etc. II est certain que les mémes causes produiront les mémes effets chez les hommes qui portent des talons trop hauts. §. VUL Puisqtje nos jambes sont posées sur nos pieds , et que le centre  ( i37 ) de gravité de tout le corps agit dans la ligne perpendiculaire, appelée par Borelli ligne de propension , linea propensionis, et représentée par R, S, dans les Fig. 3 et 6 ; il suit que cette ligne doit toujours étre observée. Par conséquent les talons B, T, b , Fig. 6, doivent. avancer sous le pied au-dela de cette ligne R , S, et avoir pour pour le moins - de la longueur du pied. Dés que Ton fait les talons plus courts, comme il est d'usage chez nos jeunes élégans; c'est-a-dire, qu'ils n'avancent pas jusqua R, S, mais seulement jusqu'a V , Y , et qu'ils ne soutiennent pas la ligne de gravité, ils sont repoussés en arrière , et se détachent bientót de la semelle en T , V , et la plante du pied s'enfonce. §. I X. Le bois du talon des Souliers des femmes est fort échancré tant par devant que par derrière, comme T , S et B , Y, S, Fig. 3 ; et finit en pointe plus ou moins grande S. On devroit pourtant toujours avoir soin que la ligne de gravité R , S, passat par son centre, afin d'être bien soutenu en S. Quand le talon est placé en Z , il tombe en arrière; et il cause des douleurs insupportables aux orteils lorsqu'il est reculé de S , en b. II est donc évident que le talon du Soulier, ou de la pantouffle d'une femme, tout petit que puisse étre sa base S, doit supporter la ligne de propension , ou de gravité, lorsqu'elle est debout, comme je 1'ai représenté dans la Fig. 3 , par T , S, B. §. X. Ij e s talons trop hauts des femmes ont encore un inconvénient S  ( i38 ) terrible lorsqu'elles accouchent. Elles sont ohligées , pour se tenir droites , de pencher le corps et la tête en arrière , 1'épine du dos devient alors creuse aux reins, et le bassin des hanchesêtroit, paree que les corps des vertèbres des iorabes oü ils sont attachés a Tos sacré ou grand os , qui forme la partie postérieure du bassin, sont poussés dans cette cavité ; la tête de 1'enfant qui doit passer paria est alors arrêtée , et trés - souvent tellenient enclavée qu'on a besoin de la tirer avec des instrumens , qui, quelque bien imaginés qu'ils puissent étre, agissent toujours avec une force quelquefois préjudiciable a 1'enfant ou a la mère , et souvent a tous les deux. Je suis trèsqoersuadé que la mode de porter de hauts talons , uniquement imaginée pour donner de la grace a la taille du beau sexe, cause beaucoup d'accouchemens difficiles, sur-tout parmi les gens riches. Les paysannes n'en souffrent pas , la bonne forme de leurs talons les en préserve. §. X I. Le centre de gravité de toutle corps est aussi déplacé par la hauteur extraordinaire des talons : il ne coïncide plus avec le centre de mouvement du corps, mais s'élève proportionnellement a la hauteur des talons. Cela fait que les femmes tombent plus facilement, qu'elles se font des entorses, et que, ne pouvant marcher avec assurance , elles s'exposent a des chütes fréquentes. II est plus que probable que ce sont toutes ces circonstances c{ui leur font si souvent casser la rotule du genou. Cet accident arrivé trés - rarement aux hommes , a 1'exception cependant des portefaix qui montent chargés de grands poids aux magasins , comme a Amsterdam. J'ai démontré les différens accidens occasionnés par la distance qu'il y a du centre de gravité a celui du mouvement du corps, dansun Mém. surl'éducationphysique des enfans, qui se trouve dans la  C i3g ) Première Partie du Tome VIIdes Mém. de l'Acad. de Haarlem et ceux de la rotule dans une dissertation latine sur la fracture de ce petit os, De Patelldfractd, publiée en 1754. Les curieux pourront y trouver une explication très-ample de ces deux inconvéniens; Pour ne pas fatiguer mes Lecteurs , je vais traiter de la plante du pied. CHAPITRE III. De la Plante du Pied. §■ i La plante du pied est généralement faite de la facon que je 1'ai représentée dans la Figure. VIII. La partie qui comprend les orteils E , D , B , en F , E, en fait le tiers ; quoique les peintres, en général , ne soient pas d'accord entre eux sur cela. Quelquefois ils négligent eux-mémes la régie; car Albert Durer qui adopte la proportion d'un 4 dans son premier Livre sur les proportions de l'homme , pag. 55 , Ta fait de 7 a la pag. 22. j. De Wit, qui peignoiten camaïeu avec tant de magie , nous a donné un très-mauvais ouvrage sur les proportions , que les Hollandois suivent faute de mieux; et en effet, ils nont rien de plus satisfaisant depuis Alb. Durer. Dans le profil de l'homme PI. III. de Wit a donné plus d'un ~ du pied aux orteils ; mais dans celui de la femme, qui est une mauvaise copie de la Vénus deMédicis, il les fait de \ , comme Alb. Durer. Dans les dessins de la Vénus , Vol. III des Planches du Dict. Encycl. PI. 38. Fig. 9, on trouve pour les orteils. A ceux de 1'Antinoüs PI. 54. Fig. 9. et 10. unf S 2  ( 140 ) Dans FHercule Farnèse les orteils sont encore plus grands. Les xniens font a peu prés -f. §. I I. Les orteils sont naturellement toujours parallèles au diamètre A , B , comme je les ai dessinés dans la Fig. 8; savoir, lorsque le pied n'est pas gaté par de mauvais Souliers. Alb. Durer, qui semble n'avoir jamais vu que des pieds estropiés par négligence, leur donnoit une direction oblique : ib. p. 55. ; comme si la nature devoit suivre aveuglément nos caprices ridid cules. Dans tous les pieds on trouve forteil voisin du grand orteil, ou le second en rang , plus long c|ue les autres ; aussi est-il un peu proéminent; mais le Soulier , le repoussant en dedans , lui donne en même tems une direction oblique. C'est pour cette raison que non seulement Alb. Durer , et J. D. Wit, mais le grand Albinus même , 1'ont représenté comme difforme etpoussé en-dedans. L'un et 1'autre sont tombés dans cette erreur, paree qu'ils ont négligé Tétude des anciens , qui ont suivi la belle nature , témoin 1'Hercule Farnèse , 1'Antinoüs , le Gladiateur et la Vénus de Médicis. Albinus , ou, si vous voulezledisculper , Wandelaar est tombé dans le même défaut: car dans les Planches XXXll. etXXXUL des os, il a, ainsi que les autres , imité , sans y faire aucune attention , la mauvaise forme du pied: il a fait le second orteil plus court que le pouce ou grand orteil du pied, avec farticulation courbée et tournée en haut, comme nous favons donné d'après lui dans la Figure I. Nous n osons rien dire de la Planche CF de Bidlo, paree que les figures , par leurs grandes défectuosilés , ne peuvent nous "servir  («fa) d'exemple, et encore moins de preuve pour constater la véritable proportion du pied et de ses parties. La Planche XXIX de Cheselden a le même défaut; c'est Vesale qui a bien représenté la vraie nature ,pag. ij3 , èdit. dOperinus. B. Genga 1'a suivi dans la Planche IX de YAnatomia per uso e intelligenza del disegno. M. Sue a également été attentif a cela dans la Figure 2 et 3 de la Planche XXIV, sur l'Ostéologie de Mouro. II est donc incontestable que le second orteil Z , Fig. 8, doit étre plus long que le grand orteil F ; puisque les anciens , dont les pieds ne se gatoient pas tant par une semelle ou par le sandale, ont constamment observé cette proportion dans toutes leurs statues , de même que les artistes qui ont été très-attentifs k ce que la belle nature a produit le plus souvent; comme on le peut voir dans les admirables gravures en bois de Vesale, dans les tailles douces de Genga et de M. Sue. Bidlo, Cheselden, et Albinus ont imité , comme nous 1'avons déja indiqué , la nature viciée par la mauvaise forme des Souliers. §. III. Dans les villages de la Hollande, il est d'usage parmi les paysans de faire pour chaque pied un Soulier; c'est-a-dire , un Soulier pour le pied droit, et un pour le pied gauche; ils faconnent la semelle comme A, M, D, K, B, I, E, O, N, A, dans la Fig. 8 ; ce qui est non - seulement sensé, mais s'accorde parfaitement avec la forme naturelle de nos pieds. Les sabots, les premiers Souliers selon toute probabilité qui ayent été portés, se font encore aujoürd'hui avec les mémes précautions.  ( i4a ) Pourquoi ne suit-on donc pas dans les villes la même manière, puisqu'elle est bonne ? C'est un ancien usage assujetti a une mode trèspeu raisonnable , de faire les Souliers sur la même forme , quoique nos deux pieds différent beaucoup entre eux : ce n'est cependant pas la la seule absurdité ; on y ajoure celle de donner a. la semelle , et par consérjuent au Soulier , la figure réguliere A , O, D , S , B , R,E,N, Fig. 8. Peut-étre trouve -1 - on trop de difficulté a faire une forme droite égale a la gauche a contre-sens , et pourtant conforme. Cette conduite ridicule donne cependant occasion a. des suites déplorables. En premier lieu , le grand orteil est poussé assez violemment en E, R, B , et le petit orteil en D , S , B. Les autres ne sont pas moins gênés, et souvent contraints de se placer fun sur Fautre, en changeantleur figure ronde en quadrangulaire : marqué certaine d'une violence démesurée. Voila donc les pernicieuses suites d'une pareille semelle. Secondement, le piecl est poussé hors et au-dela. de la semelle A, O , D, jusqu'a A, M, D; tandis que f articulation du grand orteil est tuméfiée , et poussée hors de son assiette naturelle en E. Troisièmement, cette mauvaise figure est cause que les jeunes gens usent leurs Souliers très-inégalement en biais. Le talon du pied dans ce cas glisse ou en - dedans ou en - dehors , paree que la diagonale du mouvement du pied ne s'accorde plus avec celle du Soulier: tout ceci arrivé encore plus décidément quand les talons sont élevés. §. I V. Les considérations que nous avons exposées nous prouvent d'ailleurs :  ( i# ) i °. Que jamais un même Soulier ne peut aller bien aux deux pieds sans que le pied ne perde sa forme naturelle. 2°. Que le changement des Souliers ne peut jamais prévenir les défauts des semelles. 3°. Que tout cela étant vrai, les orteils sont toujours gatés et rendus inutiles , non-seulement pour une marche accélérée, mais pour plusieurs autres exercices; c'est-a-dire, pour se servir des pieds comme des mains , dont ils ne semblent étre qu'une modification. Nous avons prouvé clairement cette faculté par f exemple du monstre sans bras, et par plusieurs autres tirés d'Uliss. Aldrovande. II est de même arrivé en Nord-Hollande, si je ne me trompe, qu'une fdle née sans bras, s'est servi de ses pieds comme de ses mains pour faire toute sorte d'ouvrages. Aussi ne trouve-t-on personne aujoürd'hui unpeu versée dans 1'histoïre des vies de nos plus célèbres peintres , qui ne sache que J. Ketel a peint premièrement avec la main, après cela avec son pied et ses orteils ; qu'il a méme fait plusieurs portraits dont fart et la ressemblance ont été admirés de tout le monde. On na qua consulter les livres de Hoogstraaten et de Houbraaken, pour en être convaincu. CHAPITRE IV. De la Demarche en général. §. I. "V^oulant traiter de la démarche, nous devons avant tout représenter fhomme se tenant debout; et pour mieux remplir notre  ( i44 ) objet, examiner les observations que le' célèbre Borelli nous a laissées dans soirexcellent ouvrage sur le mouvement des muscles, particulièrement dans les i35e , i3ye et i58e propositions. Nous viendrons ensuite a la marclie, que ce grand homme a si bien exposée dans la i55e jusqu'a la 16iepropositions du Chapitre XIX. Comme nous n'avons proprement qu'a expliquer la facon dont nous levons les pieds , nous pouvons entendre par A, C, B , de la Fig. 9 , la longueur de toute la jambe et du pied, tournant dans la cavité de la hanche en A. Le genou sera désigné par C. Supposons que l'homme, appuyé sur son pied droit, commence a marcher le long de la rue G, F. II est certain , en ce cas , que s'il y a une pierre E , B , en B , ou bien que , par 1'inégalité de la rue , une pierre s'élève en pointe en E , il la heurtera. Mais , d'un autre cóté, si les talons de ses Souliers se trouvent hauts comme E , B, et que le centre de mouvement de la hanche monte a D, il ne la touchera point, paree que le pied portera de H en I. D'ou il suit évidemment qu'il ne doit porter des talons plus hauts qu'autant que les pierres des mes qu'il parcourt le plus souvent se trouvent plus ou moins inégales. §. I E Mais si les semelles sont tout-a-fait plats , on heurtera plus aisément des bouts des orteils, que quand ces bouts sont un peu relevés, comme on les faisoit autrefois : c'est pour éviter un pareil inconvénient qu'on prend cette précaution lorsqu'on fait des sabots. On se heurtera aussi plus ou moins souvent les bouts des pieds ,i selon qu'on marchera plus ou moins vite : d'oü il suit qu'une personne qui ne se promène que dans sa maison, ou dans son jardin, et qui  ( i45 ) qui, se faisant transporter en carosse de maison enmaison, se tient par-conséquent pour k plupart du tems assis ; ou qui ne faitque se promener a son aise, pourra porter des Souliers tels que bon lui semblera; mais les bourgeois ont tort d'adopter la mode des grands.' ïl est de même aisé k comprendre pourquoi les Souliers avec des semelles cle liége sont rarement en usage : c'est paree quils sont très-incommodes dans la marche, a cause de la roideur de la semelle, qui ne cède pas ; ils sont donc bons pour les 'riches. Le liége d'ailleurs -attire insensiblement 1'humidité, et la neige y pénètre fort aisément: ils sont donc assez inutiles en hiver. Pour revenir a la forme de la semelle , et a 1'utilité du relevementde son bout, je remarquerai, si Ton me pardonne la comparaison, qu'on recourbe aussi dans la partie méridionale de la France le devant des fers des muiets , comme nous faisons ceux de nos patins pour aller sur la glacé; afin qu'ils ne heurtent pas a tout 'moment les pierres et les différentes aspérités qui se trouvent sur les chemins. Comme ceci est une suite physique dela facon de marcher , ellè peut servir de règle constante a tout ce qui marche : il est aussi ■évident, que cette théorie est seulement appliquable aux Souliers •des hommes et des femmes qui se servent d'une pareille chaussure.i 11 i Les femmes riches marchent ( cómme hóus 1'avons démontrè dans !a Fig. 111) k cause de la hauteur des talons , sur les bouts des pieds, et par conséquent très-mal ; elles marchent, s'il est permis •de faire cette comparaison , comme la plupart des quadrupèdes ^ sur les orteils ■seuHernent. T V  ( i46 ) Le talon haut empêche bien nos femmes de se heurter contre les pierres inégales, mais jamais, elles ne peuvent marcher a leur aise que dans. leurs maisons et dans les rues dont le pavé est uni; ce qui prouve assez f utilité des talons plats et bas. Aussi les femmes obligées de marcher beaucoup , comme celles du peuple , surtout ala campagne, préfèrent-elles les Souliers d'homme. | IV. Les personnes qui boëtent, quand elles sont agées., et que Farficulation est bien affermie, doivent sur-tout porfer toujours un, talon haut sous. le pied raccourci C'est une nécessité physique chez elles de marcher sur les orteils; k finstar des femmes-, comme nousf avons prouvé dans la. Fig. 3 ;. mais le talon est dans ce cas seulement un moyen pour se soutenir mieux , et pour rendre les deux pieds , autant que possible, de lai même longueur. Je suis même porté a croire que f on doit placer un talon haut; sans délai sous. le pied raccourci des boëteux; sans quoi ils. sont nécessités.de courber le genou sain en marchant, ce qui donne nonseulement un aspect désagréable, mais augmente encore la force de ladescente du pied raccourci 3Ta tête dela cuisse est poussée par-la plus en haut, et le pied s'amaigrit. II est de même très-nécessaire dê ne point placer de talon nonseulement sous f os du calcaneum, mais aussi sousiesorteils ,ö,. U , Fig. 3 , comme a., U , r y q ; car plus on léve les- deux pieds a i^ne hauteur égale de la terre, pourvu que le corps,soit assez robuste, plus ja-marche est aisée et naturelle.  C 147 ) f V. Les enfans naissent souvent avec des pieds contournés, les bouts en-dedans, qu'on nomme pieds-bots : quelquefois, il n'y en a qu'un seul de travers. Cela arrivé dans le sein de la mère, faute despace. Les os du pied , nomméraent les cols des astragales, sont par la poussés hors de leur état naturel au point que 1'expérience m'a convaineu de la difticulté de les redresSér ,'et f anatomie en montre fimpossibilité, J'ai eu occasion de disséquer un pareil enfant en 1777. Je découvris alors <[ue les deux astragales essuyoient une grande compression dans leurs cols H , Fig 1. Lorsque cela a lieu , on voit que 1'avant-pied est fortement tiré en-dedans par le muscle antérieur de la jambe , le tibialis aiiticus, et par le postérieur , ou bibialis posticus, qui s'unissent a 1'os cunéiforme E , G , en F , et a la tubéïosité de 1'os naviculaire en G Fig. I. Albinus a très-distinctement représenté les diverses insertions de ces deux muscles dans sa Plcmclie XXIV des muscles , Fig. VI, VII, XII, XIIIet XIV. LeS muscles du péroné perdent par ia leur force, et ne sont plus 'capables detirerle pied en-dehors : moyennant quoi 1'astragale se trouve encore plus poussé en-dedans ; et par conséquent encore plus estropié. Mais ce n'est pas tout: 1'os calcaneum devient méme oblique , et sa tubérosité N, Fig. I. courbée vers B, par le petit flexeur etl'abducteur du grand orteil. La longueur du levier I, N, se raccourcit par la évidemment, le tendon d'Achille perd en même tems son action; et voila les véritables raisons de la difticulté de raccommodefr et de redresser ce vice de conformation. Ia contraction dü pied, et du talon sur-tout, est si fortë que lés T 2  C 148 ) malheureux enfans-ne peuvent jamais toucher la terre avec Ie taïön du pied; paree que les muscles tibiales et péronés , naturellement antagonistes., pour ainsi dire, clu muscle solens et du gastrocnemiens,, comme aussi du muscle plantaris-langus , n'ont pas assez de force pour faire équilibre avec tous ces muscles si grands et si , förts, Le célèbre Mr. Van der Haar > chirurgien-majör dê f hopital de Bois.-le-Duc , a inventé de petites machines cle bois , excellentes. dans les cas peu graves. Cheselden a proposé un bandage fort commode. D'autres ont parlé de bottes d acier. Toutes ces machines; ont un certain mérite; malgré cela je suis obligé de confesser, pour rendre hommage a Ia véri té , que je rfai réussi que très.raremeinv. Les bottes d acier même, auxquelles je devois pourlant avoir re-, cours , pas tant pour redresserles pieds^que pour empêcher une sabluxation de la cheville du pied , ont été inutiles ; car si f on n'y remedie pas, les malades marchent k la. fin, non pas sur la plante, mais entièrement sur le bord extérieur du pied; et la plante du pied^" aivheu de se mettre plat a terre , se pose verticalement. Les pieds ou les jambes.de ceux qui ont des pieds-bots , sont toujours. plus. minces. Jenen comprends pas la raison , puisqu'.il; rfy a ni défaut dans la nutrition , ni compression des nerfs qui ■ pourroient arrêter le cours du prétendu suc nerveux ou esprit animal.  CHAPITRE V, Des Propriétês du Soulier. Le Soulier se divise en semelle etempeigne : on attaché le talon, a la Semelle, L'empeigne , comme dans la Fig. 6 , est composé de A, X, T, A, ou de K , L , M , T , A , l'empeigne proprement dit, et le quar-; tier T , M , H , F , C , E, B, etc., et du coude-pied ou oreille C, E), qui ne fait souvent qu'une pièce avec l'empeigne, ou bien. elle est faite d'une pièce séparée , cousue a la partie principale. Les quartièrs finissent en courroies , qui sont attachées par une bouclé F , C, ou par une rosette faite de ruban de toute espèce » ou de cuir même. §• i r. Comme nous avons déja assez parlé de la semelle et du talon , nous allons considérer le quartier dans trois différens cas. i°. Quand la bouclé est k la plus grande hauteur, en F, Q, le bord supérieur C ,. E ,. est.parallèle k A , B , et la partie inférieure F , H, M, T , est cousue a l'empeigne, ensorte que H , reste parallèle • k C, E'. La direction- suivant laquelle lé Soulier, vient d'étre affermi au pied, est alors. dans la ligne. O , B , et. c'est lorsque ie Soulier: embrasse le plus le pied ; le tendon d'Aclnlle, ou la face posté--  ( i5o ) arleure du talon du pied ne sera pas comprimée en E. En un mot-, •qniconque ne marche, ni ne monte , ni ne descend beaucoup., trouvera cette position dela bouclé la plus commode; mais lepied paroitra dans ce cas la très-long. 2°. Lorsque la bouclé se trouvera placée en K , H, la direction •dont elle agira, sera dans la ligne g, B , et le bord supérieur du qu ar tier sera EI, I, si peu éloigné du fond du Soulier T , B , qu'il n'y aura pas moyen d'attacher fermement le Soulier; ou bien le talon du pied sera fortement pincé en J , ou sera si lache , que Ie talon du piedensortira dèsle moment que le talon du Soulier T , b, .-sera arrété par la boue , ou par quelqu'fautre -cause. Cette position dela bouclé par conséquent est la moins convenable , et malgré cela elle est la plus recherchée par le bas peuple, par les mousses , et les gens de qualité des deux sexes. Dans la troisième position la bouclé sera placée entre les deux premières en O , N , et reposera sur le milieu du coude - pied, et par la même n'incommodera pas : i°. paree que le Soulier tiendra bien; 2°. vu que dans les mouvemens du pied en arrière vers R, P , ou en avant vers R, Q , il y aura moins de gêne en G, h cause du peu de mouvement que le tendon d'Achille subira dans ce cas. Au lieu que le bord supérieur du quartier incommode extrêmement quand le pied est fortement tendu, lorsque la bouclé est placée aussi haut que C F. 3°. La bouclé ne gén era pas non plus quand la j ambe sera pliée en avant, lorsqu'on montera une montagne ou un escalier ; puisqu'elle se trouvera alors au-dessous du pli que la jambe forme avec le pied. Car dans le premier cas la bouclé fait une forte pression sur les tendons antérieurs ou sur les muscles qui meuvent 1'avantpied et qui étendent les orteils.  ( i5i ) §. III.. La meillëure position pour la bouclé est cl1 étre placée ni trop haut, ni trop bas , mais sur le coude-pied , précisément la oü lè ligament triangulaire lie les tendons des extenseurs des orteils aux os. du pied , comme en O , N. C est 1'endroit qu Albinus a représenté par *, A , dans la Planche IX des muscles. Un Soulier formé et attaché de cette facon., genera par conséquent lemoins possible , soit qu'on courre ou qu'on marche, qu'on monte ou descende. II sera donc préférable a tout autre. §. I V. Lorsque le Soulier est attaché par des courroyes, rubans ,rosettes< etc. , la direction se trouve dans les lignes obliques O , B, N B , g, B. Mais puisqu'il n'y a point de proportion entre le bord; supérieur du Soulier C , E , ou H , I, et les lignes F , h et K , L , il n'est pas possible que les courroyes , ou rubans puissent jamais. bien attacher le Soulier au pied. II est très-probable, que les boueles ont été préférées pour cette ■ raison aux courroyes ; mais quand elles sont petites-, et n'ont qu'une langue, alors leur effet ne diffère guère de celui des rubans,. et 1'on ne gagne qu'a les attacher. plus aisément. Les grandes bouclesa deux crochets et k deux langues gênent, au contraire, toujours; paree que leur forme bombée ne répond pasa la. forme du coude-pied , qui n'a point une figure circulaire, mais celle de A , B , D , C, ( Fig, 7. ) qu'Albert Durer a trèsi. hien représentée k la pag,, 55 en f, Lahoucle G, F, E, pincera donc toujours le coude-pied en B, E,,  '( iSa ) ou sur les cótés , quand elle sera extrêmement grande; a moins qu'on ne fasse faire une boücle droite et une bouclé gauche, et qu'on ne fasse mouler la courbure sur les pieds mémes. Le pied devient plus platsur le devant, comme Alb. Durer 1'a représenté en e,; c'est-a-dire., comme C, H, A; ensorte que le devant du pied est plus fait pour recevoir une grosse bouclé , mais platte comme son dos. La grandeur moyenne sera en tout cas la meilleure. / Une bouclé a deux langues ferme les quartiers en F , H , mieux^ et avec plus de précision. Mais comme les boueles servent aujoürd'hui plus pour 1'ornement du piecl que pour 1'utilité , il n'est pas fort probable crue nos élégans préfèreront le juste milieu. La grandeur excessive et choquante des boueles , qui couvrent tout le pied, prouve bien que 1'on n'a pas beaucoup d'égard a mes remarques. §, V- Lorsqu'on applique tout ce qui a été dit au sujet des quartiers et des boueles d'hommes , aux pieds des femmes , il est évident que la bouclé placée comme chez les hommes , conviendroit le mieux ; mais le pied paroit alors trop grand, ce qui choque la vanité ; car les femmes aiment non-seulement k avoir un petit pied, mais les hommes attachent k cette diffbrmité, par une habitude singuliere, une beauté qui n'est pas moins ridicule que celle des Chinois. Quand on place les boueles trop avant sur les pieds , comme en K , H ( Fig. 6 ) , on ne sauroit alors fermer Ie bord du quartier sans qu'il ne pince horriblement le talon du pied; aussi en sort-il tout de suite lorsque les femmes marchent dans la terre glaise : on voit cela sur-tout parmi nos jeunes paysannes, qui n'ont pas moins de vanité que les dames. Les  < i53 ) Les femmes riches, et toutes celles qui n'ont pas besoin de mar -, cher beaucoup , pourront placer la bouclé sur f union de 1'avantpied avec le pied; c'est-a-dire , en E, Fig. 3 ; puisque E, n, est la position la plus basse qu'on puisse donner au bord supérieur du " quartier E, n, pour qu'il serre bien le pied. §. y i. Les Sbuliers des enfans doivent étre faits dés le commencement de facon qu'ils puissent bien serrer le pied sans le géner en aucune manière. Toutes les parties qui deviennent ensuite os , sont dans les premières années, non-seulement cartilagineuses, mais de la substance la plus tendre. De sorte que nos pieds sont déja cléformés avant que nous ayons six mois. II faut en excepter les Sauvages , et tous ceux parmi nous qui laissent aller leurs enfans pieds nus par nécessité. Locke ne joarle point du tout de la forme des Souliers pour les enfans ; il les veut seulement trés - minces ( §. 8, p. 5 ) , afin que f eau y puisse pénétrer plus aisément. II critique pourtant dans le §. i5 de son excellent Traité sur V Education des Enfans, les pieds des Chinoises ; il y attribue leur mauvaise santé et la facilité de bron cher. II est cependant très-certain que nous donnons a. nos enfans ,' même avant qu'ils ayent six mois , des Souliers faits sur une même forme, et qui doivent, par tout ce que nous en avons dit, non-seulement géner, mais déformer les os tendres et délicats de leurs pieds, et principalement de leurs orteils, Bientot après nous leur donnons des Souliers encore plus mauvais , avec des quartiers roides vers le talon, et avec des semelles fortes ; c'est la première époque tant de la courbure des orteils, que de la difformité totale du pied. V  C 154 ) §. V I i. Je ne fus pas peu surpris lorsque r lisant la Dissertation couronnèe de M. Ballaxerd, Mém, de TAcad. de Haarlem, Tom. Vil, ° part. 11, je vis qu'il recommandoit les sabots aux enfans de trois ou quatre ans , jusqu'a huit ou dix ans, sur-tout sans talons ; car il attribue f obliquité des pieds de la plupart des enfans au mauvais usaee des talons. II est très-vrai qu'on fait les sabots pour chaque pied séparément; mais est-il probable qu'un pied encore délicat et pour la plus grande partie cartilagineux, se forme bien par une lourde masse de bois , d'une figure bisarre et immobile ? On a depuis peu introduit chez les riches la mode de laisser aller long - tems les enfans pieds nus , du moins dans la maison ; je ne puis qu'applaudir a. cet usage. Lorsque j'écrivois sur f education physique des enfans (comme 1.'on peut voir dans le même vol. des Mém. de VAcad. de Haarlem, pag. 3g5 ) je n'ai que légèrement touché 1'article des Souliers : je n'avois pas alors examina* ce sujet avec autant d'attention qu'aujourd'hui; sans quoi j'aurois du appuyer davantage sur la meilleure forme des Souliers pour ces créatures délicates; d'autant plus que nos pieds se gatent dés .f instant crue nous commencons a marcher..  ( i55 ) CHAPITRE VI. De la meilleure Forme des Souliers. §. L Il résulte de ce que nous venons de prouver dans les Chapitres prêcêdens, que le Soulier le plus propre a tout homme dont le devuir est d'être aclif, exige i°. que la longueur de la semelle soit proporlionnée a Ja longueur nécessaire pour permettre fallongement de la plante du pied plié; savoir a c, B , Fig. 2. Le cordonnier doit donc mesurer premièrement le pied posé a plat; ensuite ee méme pied étant plié , c'est-a-dire , A, d, B, comme nous 1'avons indiqué dans la Figure 2. 2°. II faudroit pour chaque pied une forme différente. 3°. La vraie largeur du pied, E, D, N, M, (Fig. 8) devroit étre prise avec un compas courbé, a pointes émoussées , afin de ne pas blesser. On imiteroit en cela les habiles perruquiers de Paris , qui prennent de cette facon la mesure de la tête , pour que la calotte de la perruque serre la tête de tout coté. La plupart des cordonniers péchent en faisant les semelïes trop étroites, se flattant que les empeignes se prêteront suffisamment, afin que le Soulier aille mieux ; c est-a-dire , qu'il soit sans plis : ils sembarrassent au reste trés-peu des souffrances qu'ils causenr. L'exemple de la semelle A, N , E, l\ , B , S, D, O, (Fig. 8 ) que j'ai dessinée d'après un modèle nouvellement venude Paris, et destinée pour la plante du pied A, I, Z, K, M, A, (Fig. 8) servira de preuve. Va  ( i56 ) Comme les deux Souliers se font sur la même forme , il vaut encore mieux que la semelle soit aussi large que possible, et que la décence le permet. 4«. Que le bout du Soulier soit rond pour donner plus de place aux orteils ; c'est-a-dire , qu'il ait la forme E , I, Z , B, K D , (Fig. 8). 5°. Le bout du Soulier doit aussi être un peu relevé , afin de passer plus aisément sur les pierres inégales. 6°. Le talon ne doit être haut que selon l'inégalité des rues qu'on a a parcourir ; et placé suffisamment sous le talon du pied , pour qu'il recoive, ou plutut soutienne le centre de gravité. 7°. L'empeigne et les quartiers doivent être tellement disposés , que la bouclé touche les os cunéiformes, précisément a 1'endroit oü les os de 1'avant-pied ou méta-tarse du grand orteil, et les deux autres sont unis entre eux; c'est-a-dire , sur E, ( Fig. 1). C'est de cette facon Ia que les Souliers doivent être faits , tant pour les hommes que les femmes et les enfans; afin qu'ils marchent commodément, fermement et sans peine, et pour ne pas étre assujettis aux différens accidens , aux oignons , aux cors , aux tumeurs sur les articulations , aux crévasses du coude-pied , et pour pr^venir les entorses et les foulures des tendons des extenseurs des orteils. Un Soulier fait de la sorte est Ie meilleur dont faie pu donner Ia description, et procure des avantages au-dessus de tous les autres. §. I I. Mais est - on obligé de céder a 1'usage et a la mode; veut-on satisfaire son amour - propre en paroissant plus grand qu'on n'est;  ( i57 ) prétend-on avoir le pied plus petit qu'on ne le doit suivant les justes proportions de notre taille; veut-on donner au pied une forme contraire a fusage pour lequel il est destiné, uniquement pour se soumettre servilement a une mode tyrannique et ridicule? Dans ces cas on doit se résigner et supporter tous les inconvéniens et toutes les peines et suites qu'un Soulier mal fait peut occasionner , et qu'on ne sauroit empêcher a moins d'un miracle. Les femmes peuvent néanmoins exiger du cordonnier, qu'il place le talon de sorte que le centre de gravité passé par le milieu de la base, comme nous 1'avons représenté en R , S , ( Fig. 3 ), et que cette base, ou semelle S, soit aussi grande que possible sans cho^ quer fusage recu. Elles peuvent ordonner qu'il fasse la semelle assez large , et que la bouclé soit placée sur E, ( Fig. i, 2 et 5 ) , dont nous avons prouvé la convenance. §. II I. On est absolument obligé de faire faire Ia semelle tres - large aux enfans, et le bout plutót applati que pointu; on doit sur-tout éviter toute roideur au bout; et les cuirs forts que les cordonniers ap-; pelentpdtons, si je ne me trompe. % I V. L'empeigne doit étre faite d'un cuir, ou d'une substance molle ; quipréte; etlorsqu'on choisit pour la résistanceun cuir fort, et qui, pour cette raison, ne cède pas, on doit empêcher que'le cordonnier ne le tende trop fortement sur la forme, et sur-tout qu'il ne mouille le cuir avant de 1'appliquer : car le cuir se rétrécit lorsqu'il se sèche, et pince alors cruellement le pied. On prévient par ces précautions, plus ou moins, les défauts des semelles; car si 1'on veut  ( i58 ) volontairement se soumettre h un esclavagè pénible et ridicule, il sera du moins tant soit peu adouci par ce moyen. J'ai da faire mention de routes ces précautions, paree que les remèdes que la modecine peut fournir seront inutiles, si on ne songe, en même-tems , a en diminuer et prévenir les causes. CHAPITRE VIL Des Incommodités causèes par les mauvais Souliers, et de leurs Remèdes. §. I L'auteur de la nature prend soin des plantes de nos pieds avant que nous soyons nés , en leur donnant une peau plus forte , et un épidemie öu sm>peau plus épais cm'aux autres parties de notre corps. Cette peau s'épaissit insensiblement lorsque nous marchons pieds nus ; et, par une providence singulière , au lieu de subir un détriment, qui est 1'effet ordinaire du frottement des corps inanimés , elle devient épaisse et calleuse de plus en plus. Un Soulier, quelque artistement qu'il soit fait, pince et frotte le pied, et cause un détriment, sur-tout aux endroits oü la peau , très-mince, n'est point faite a des efforts violens; c'est la ce qui occasionne principalementles callosités et les cors. La callosité est supportable tant cpa elle ne se fend pas ; mais dés que cela arrivé , elle devient clouloureuse , occasionne des hémorragies et des oignons , dont nous parierons dans la suite. Arrive-t il qu'une callosité de cette espèce se place au talon, que  ( i59 ) Jo bord du Soulier, a cause de la petitesse de la semelle, presseinégalement ? alors pour premier remède , on doit faire un Soulier convenable ; et, en second lieu , corriger peu a peu la callosité par des remèdes émolliens : 1'emplatre ègummi, celui du galbanum , la cire verte , et tout ce qui est de cette nature peuty être employé; mais si f on ne corrige pas la pression causée par le Soulier , on se fiattera en vain d'une guérison parfaite. II arriva cjue le gros orteil du pied d'un de mes amis qui demeuroit a Amsterdam fut attaqué d'une semblable callosité : on chercha pendant plus d'une année a guérir ce pied par des remèdes d'ailleurs trés-bons , mais sans aucun succès. Le malade fut obligé de garder la maison , et de négliger ses affaires a cause des douleurs insupportables qu'il éprouvoit en marchant. Ayant été appelé , j'examinai ce pied , et la croiite calleuse qui étoit sous la partie antérieure du grand orteil: je fis de liége une* espèce de canal, je coupai et j'ötai avec la lime tout ce qui pouvoit nuire paria compression , et je garantis ainsi cette partie contre toute compression dans la marche. J'assujétis ce petit canal de liége a f orteil par un ligament de chamois pour ne pas géner la circulation. Le succès en fut si heureux , que le patiënt se vit dans le moment méme en état de vaquer a ses affaires sans difficulté et sans. la moindre clouleur ; desorte qu'il fut entièrement guéri en moins d'une demi-année , paree que les emplatres émolliens purent produire leur effet, du moment que la compression fut empéchée. Une semblable guérison a la partie extérieure D , K , Fig. 8. a eonfirmé cette bonne méthode. §. II- Lorsque le quartierH, I , ou F, G(Fig. 6) est trop serré par le  C 160 ) ruban qui fentoure ,' ou que la couture E , B , ou G , B , au lieu cTêtre droite sur A , B , est coupée obliquement en dedans, il arrivé souvent que le talon du pied sur le tendon d'Aclnlle , quoique déja garanti par une callosité, s'enfle et devient douloureux; ensorte que le Soulier doit être óté, oules quartiers repliés. Dans ce cas, il faut du tems, et f on y doit appliquer une embrocation faite d'huile et de vin blanc , ou de vinaigre bien amalgamé , afin dadoucir et de dissiper le mal ; mais il faut sur-tout faire faire des Souliers qui ne pincent pas en cet endroit. §. III. Cependant la torture a. 1 articularion inférieure du grand orteil est infiniment plus cruelle , ( Fig. 8, E ) sur-tout quand la semelle est trop étroite en E, et f empeigne si serrée et si roide qu'elle ne cède point du tout. L'articulation s'enfle alors , devient rouge , et j'ai observé plus d'une fois que la petite poche sous la peau, formée a cet endroit par la nature même , et semblable a celle du genou pt du coude , se remplit d'une matière fluide. Les mémes accidens arrivent aussi ala partie extérieure de funion du petit orteil avec f os de 1'avant-pied. Un Soulier plus large est d'abord nécessaire, puis un liniment, ou une embrocation semblable a celle que j'ai prescrite pour le talon. §. I V. Lorsque la semelle est trop courte, et l'empeigne trop forte , ensorte que le Soulier ne puisse céder ni au talon , ni au grand orteil, on voit naitre des oignons sous 1'ongle du grand orteil, qui sont extrêmement douloureuses. Iffaut y remédier sur-le-champ par un meilleur Soulier, ensuite on  ( 161 ) on doit découper 1'ongle jusque sur 1'oignon : j ai vu de ces oignons qui étoient enfoncés un quart de pouce sous 1'ongle. Ces oignons s'évanouissent deux-mémes dés qu'on a ótéla pression : sinon , il faut les ramollir par des emplatres que j ai recommandées ci-dessus. Quand on les touche avec la pierre infernale , ou le beure d'antimoine , les oignons deviennent trés - malins et dangereux. Le mal n'est proprement pas une dégénération primordiale , mais il est la conséquence d'une pression perpétuelle. On force et on oblige f orteil a cette maladie; il est donc nécessaire de prévenir la cause afin d'empécher f effet. §. V. Le vice le plus commun et le plus douloureux , sont les cors, que C. Celse , P. d'Egine et Aëce ont très-bien décrits. Les cors viennent le plus souvent aux articulations proéminentes des orteils, comme dans la Fig. 2 et 5 , f et p , et sur le cóté du petit orteil S , Fig. 8. C'est f épidemie qui est naturellement trés - mince k ces endroits ; mais qui par la compression continuelle s'épaissit, et s'endurcit comme de la corne. Voici les progrès de cet accident. Dans le cómmencement 1'endurcissement est grand comme la téte d'une épingle; un second épaississement succède, qui est un peu plus grand , et ainsi de suite, jusqu'a ce qu'il s'y forme une espèce d'épine , qui comprimé f expansion aponevrotique des articulations et y cause une douleur horrible , que mes lecteurs connoitront probablement mieux par 1'expérience, que par la description la plus exacte que je puisse en donner. Les cors viennent aussi entre les orteils qui se touchent: il y en a X  ( *©3 ) qui atfaquent la plante des'pieds. Tous, en général, rendent la marche presqu'insupportable. Des Souliers bien-faits, commodes et assez larges sont, dans tous ces cas ci, le meilleur remède : après cela je ne connois rien de plus efficace que 1'onguent de grenouilles avec le mercure quadruplé, (unguenbum e ranis cum mercurio quadruplicato ). On met une petite tablette ronde de cet onguent sur une demi - fronde , ou funda , faite d'une bonne emplatre conglutinative : cette tablette est appliquée a 1'endroit lésé , sur le cor ; on entoure 1'orteil avec les deux extrémités de la fronde, et on garantit le tout par un Bandage commode. II n'est pas nécessaire d'observer sans doute qu'on doit premièrement öter toute la callosité qui est a 1'entour avec un canif bien tranchant; paree que cela abrège beaucoup la guérison. Voila les meilleurs et les principaux remèdes contre cette terrible incommodité. C. Celse prétend ( Liv. V. Chap. 28. p. 535) qu'on doit premièrement diminuer les cors avec un scapel par abrasion, et qu'on y doit appliquer après de la résine. Paul d'Egine a écrit tout un chapitre sur ce sujet (Liv. IV. Chap. 80). II est entièrement conforme a Celse; mais il propose la pierre ponce au lieu de scalpel , pour les diminuer ; après cela toute sorte de remèdes émolliens et astringens, comme l'attramentum hitorium, qui ne diffère pas beaucoup de notre encre ordinaire , et qui contient beaucoup de vitriol. II recommande de méme les mouches cantharides : il ne faut donc pas être surpris qu'on loue aujoürd'hui avec tant d'enthousiasme la teinture de ces mouches, pour guérir les vernies et autres excroissances fongueuses de la peau. II faut surtout consuler Aëce { Tetrabibl. IV. srem • 4. p. jSBj: puisqu'il y donne un dénombrement de tous les remèdes usités  ( i63 ) dans les tems reculés , dont il loue les principaux avec beaucoup de discernement. Aucun des anciens na proposé un remède plus ridicule que Marcellus (Med. Art.princip. Tom. 11. p. 399.): attritis calceamentorum factos clavos emendat veteris solece ac exustat cinis cum oleo impositus. » Le meilleur remède pour guérir les cors , » occasionnés par le frottement des Souliers , est d'y appliquer » les cendres d'un vieux Soulier brülé mélées avec de 1'huile. » §. V % Le petit peuple , et les gens d'un age avancé , les femmes surtout, négligent, faute d'assistance , les ongles des orteils: ils croissent alors , et forment des excroissances longues comme des cornes. J'en ai vu qui alloient, par exemple , du grand orteil R, ( Fig. 8. ) le long de Z , B, jusqu'a K , formant une courbure qui passoit par dessus les autres orteils. J'ai vu de ces cornes aux deux pieds ; j'en ai observé aux ongles du second orteil. Tous les ongles peuvent former des cornes proportionnées a la grandeur des orteils. J'en conserve plusieurs dans de f esprit de vin , entre autres le grand orteil d'une femme dont 1'ongle forme une corne prodigieuse , qui couvre tous les orteils. On rencontre des exemples semblables dans presque tous les cabinets d'anatomie. Mr. de Buffon décrit dans le Vol. XIV.p. 376. de son Hist. Nat. un ongle contourné en spirale, long d'undemi-pied, dont la circonférence avoit prés de deux pouces. Cet ongle , dont f accroissement s'étoit fait depuis douze ans , a été coupé par Mr. Campenon a un pouce de distance de la racine , au gros doigt du pied d'une fille agée de 76 ans. J'ai vu quelquefois sous les ongles une substance dure et spongieuse, qui soulevoit 1'ongle, et qui occasionnoit une longue corre, X2  ( i64) qu'on avoit peur de toucher crainte de rendre le mal dangereux. Cette substance ne me parut point, d'après un mur examen, du tout a craindre; je 1'ai fait óter après que 1'ongle eut été ramolli dans de 1'eautiède. Cela étant fait, on peut couper petit k petit 1'ongle , et 1'emporter sans aucune mauvaise suite. Toutes les fois que les ongles sont très-longs et très-durs , il faut les scier prudemment, puis les faeonner avec un bon scalpel. fVoila quelles sont mes réflexions et mes remarques sur la meilleure Forme des Souliers. Qu'on juge si ce sujet, si peu important au premier aspect, ne mérite pas d'ètre traité avec beaucoup de soin ? qu'on dise ensuite si Possidonius a bien ou mal raisonné, lors quil a prétendu, que fart de faire des Souliers a été , suivant ioute probabilité, inventé et perfectionné par les philosophes ? FIN.  C i65 ) T A B L E DES GHAPITRES. Préface de VÊditeur Hollandois. page 3. Préface de l'Auteur. 5. PREMIÈRE PARTIE. GHAPITRE PREMIER. De la Différence naturelle qu'on remarqué dans les traits de la physionomie des principaux peuples connus. 15. CHAPITRE II. Des causes qui produisent les variétés des formes qu offrent, suivant les auteurs anciens et modernes, les têtes et lesphysionomies des différens peuples de la terre. z5. CHAPITRE III. Réflexions physiques sur les variétés qu'on remarqué dans le profil des Singes, des Orangs - Outangs, des Nègres et des autres peuples, ainsi que des figures antiques. 33.C H A P I.T R E IV. Remarques sur la différence de la ligne facéale, et sur les variétés qui doivent nécessairement en rêsulter. 44. CHAPITRE V. Remarques sur les variétés de la ligne facéale qu offrent les têtes vues de face. /^g< CHAPITRE VI. Explication physique de la variété des traits de la physionomie de différens peuples* 55.  ( 166 > SECONDE PARTIE. CHAPITRE Ie'. De la forme de la tête des Enfans, vue de profil. 61. CHAPITRE II. De la forme de la tête des Hommes faits: 65. CHAPITRE III. De la figure des Vieillards. 66. CHAPITRE IV. De la forme de la tête des Enfans, vue de face. 70. TROISIÈME PARTIE. CHAPITRE I". De la Beauté, et particulièrement de celle de la téte. j3. CHAPITRE II. Des proportions des têtes des Hollandois et d'autres peuples: Comparaison de ces proportions avec celles des têtes des statues antiques vues de profil. 82» CHAPITRE III. De quelle manière il faut chercher les proportions de la téte. 88.; Addition de l'Éditeur Hollandois. 100. QUATRIÈME PARTIE. Des premiers principes nécessaires pour bien faire 1'esquisse d'une tête. lo5' CHAPITRE I". De l'Ovale. ibidem, CHAPITRE II. Du Triangle, considéré comme un moyen propre de dessiner les têtes de profil. l0^-  CHAPITRE III. D'une nouvelle manière de dessiner les têtes. 108. No te du Traducteur, sur les causes des variétés qu'on remarqué dans lafigure humaine et dans la couleur de la peau, etc. 113. DISSERTATION sur la meilleure forme des Souliers. Avant-Propos. 1 ig, Introduction. \z\. CHAPITRE I«. Du Pied. 127. CHAPITRE II. Des Os qui composent le Pied. i3o. CHAPITRE III, De la Plante du Pied. i3*g.: CHAPITRE IV, De la Démarche en général. i/ft. CHAPITRE V. Des Propriétés du Soulier. *49: .CHAPITRE VI. De la meilleureforme des Souliers. iS5: CHAPITRE VII. Des Incommoditès causèes par les mamais Souliers, et de leurs Remèdes. i58: Fin de la Table.  I 168 ) ERRATA. Page 8 , ligne 19 , consultè, lisez : consultès. 12. — 16 et 17, et page 23, ligne 15 ,faciale, lisez -.facéale. 4o. —3,7}, lisez : 7 ~. 49- — ^ ; qui tous sont placès sur un méme rayon, les uns h cóté des autres, lisez : qui toutes sont placées sur un méme rayon les unes d cóté des autres. 64. — x 2; large, lisez : haute. 68. — 5; ligne Z D, lisez : ligne A D. 69. — 11; supérieurs, lisez : supérieures. 70. —8 ; Planche II, lisez : Planche IV. i34. — ligne pênulticme de deux sexes, lisez : des deux sexes. i36. — i5 ; basse, lisez : base. ~—£ 160. —ligne pénultième; douloureuses, lisez: douloureux.    Fio.IV. TAB:, Ml   TAB . m Camper- Mc   TA B .IV,   TAB . "V,   2JCamper Mr. Jïïariatfe Jadv-   TAB. VIL J'Cmneer ffcc   TAB . vin   rsM ix. lioX 5 Eko.ni. ■ © Eg * | t B HA 6 \   TAB X   TAB 31 P~C- Ü£ ' ~~ — zt—. —j   1 I