Een onvermoeide arbeid komt alles te boven. g£é waarde//£.  R E C U E I L D E M É M O I R E S sur l'A n a l O g I e D E f.'ÉLECTRICITÈ ET du MAGNÉTISME,   R E C U E I L d e M É MO I E ■$ SUR l'A N A L O G I E D E l'ÉLECTRTCITÉ et dü MAGNÉTISME, Couronnés & publiés par V Académie de Baviere \ traduits du Latin de FAllemand, augmentés de Notes^ & de quelquei Disfertations nouvelles^ J. H. van SWINDEN, Profejfeur de Philofophie dans FUni'verfitê dt Francker, Afocié étranger de la Socïété Royale de Módecine de Paris, Membre des Jfca* démies de Bruxelles 13 de Bavière; des Seciét és de Haarlem d'Utrecht, Membre confultant de laSociété de Phyjique expérimentale de Rotterdam, de la Société de Médecine de ba Haye: Correspondent des Académies Royales de Paris (3 de Turin. T O M E P R E M A LA II A Y ij, Chez.i.es LIBRAIRËS ASSOCIÉ» M D C C L X x x J r>   Pag. v P R É F A C E 3CDes fept Memoires que ceRecueil contfent, il y en a trois qui ont été compofés a 1'occafion du Prix propofé par 1'Académie Electorale deBavière, d'abord en 1774, Sc pour la feconde fois en 1776, flir la Question, y a-t-ilune Analogie vraye £«? phyfique entre la Force éle&rique £5? la Force magnétique: s'il y en a une, quelle efi la ntanière dont ces forces agijfent fur le corps animal? L'Académie jugea que les Mémoires qu'on lui avoit préfentés n'avoient pas traité la Queftion afféz profondément dans toutcs fes parties, pourqu'elle put en couronner auctfri en entier, mais elk adjugea une Medaille d'Or d$la valeur de vingt ducats i 1'Auteur du Mémoirc qui portait pour devife, Homo Nat une Minijler &c., & qui eft la première pièce de ce Re» cuqü : Sc une pareille Medaille de dix ducats £ M. steiglehner, auteur d'un Mémoire Allemand, qui eft la feconde pièce de cette Collcction. Enfin, en publiant ces deux Disfc rtations dans le fëcond Volume de fes nouveiiux Memoires, 1'Académie en a ajouté une trmfi'èjne fur le même fujet, écrite c,n Allejrund par le Profesfcur hübner, # 3 Plu-  VI P R É F A C E. P l usieurs raifons m'ont fait pcnfer qurune traduction de ces Memoires pourroit être utiie: jusqu'a pré'fent on n'a guères écrit fur ce: fujet en franrpis (<*): ou du moins, ce n'a été la plupart du tems que fuperfkiellement ou'en pasfant, quoiqu'j.1 mérite d'être traité avec précifion 6c en détail. Ces Mémoires publiés parmi ceux del'Académie, font partied'un Recueilquetout le Monde n'eft pas a. même do fe procurer: d'ailleurs cette colleótion, quoiqu'excellente , étarft prèsqu'entiêrement écrite en Allemand , eft malheureufemeïit pour le progrès des fciences, peii connue 6c peu repandue hors des bornes de 1'Empire. Enfin, en donnant une nouvelle édition de ces Mémoires ^ j'étois a même depouvoir rectifierplufieurs endroits des miens, qui me paroifToient avoir befoin d'éclaircifiem'ens ou de corre&ions. Des amis, auxquels je En 1748, L'Academie de Bordeaux a eouronné une DifTertation da P. hbkind fur le raffort qui fetrott%>e tntre les caufes des Phénonunes dj ïAimant v celles desPkéwniènes de ÏEkfcrhhé: Je n'ai pu me procurer cette pièce malgré tous les foins que je me fuis donnés pour eet effct. M. aepinus, qui s'eft trouvé dans le même cas» ju^a qu'il n'étoit guères posfible de bien dévclopper eerte Analogie avant la découverte du fyflême de MV * A-N KLX H,  P R É F A C E. VU ]c communiquai ces idéés, rrr'engagcrent a entreprendre ce travail, & je me fuis rendu a leurs avis, après avoir demandé Sc obtenu 1'avcu de 1'Académie, a laquelle je devois cette preuve de mon refpect, puisque j'ai 1'honneur de lui appartenir. Tels font les motifs qui m'ont engagé a publier ce Recucil: je vais indiquer les différentes pièces qui le compofent, Sc rendre compte des additions que j'ai faites a celles qui avoient déja paru. I. Le premier Mémoire fur V Analogie de VÉlcBricité £s? du Magnétisme occupe feul le prémier Volume. Quoiqu'il fok entièrement mon Ouvrage , Sc que j'y aurois fait plufieurs changemens fi j'avois pu le refaire en entier, j'ai cru devoir n'y rien changer. Quand une Académie publie les pièces qu'clle a couronnées, le Public juge après elle i & quelquefois d'une manière différente : mais il fautqu'il juge le même Ouvrage: le Texte d'un Ouvrage couronné me paroit par cette raifon un point, auquel il n'ell pas permis de toucher. Ausfi me fuis-je comporté dans ma traduétion comme s'il s'agiffoit de Touvrage d'autrui, Sc s'il m'eft arrivé quelquefois d'inférer deux ou trois mots dans le texte, pour en rendre le fens plus clair, j'ai porté le fcrupule jusqu'a * 4 mettre  P r £ f A c e. mettrc cesmots entre deux [ ] pour qu'ön pm feH appercevoir, & j'ai diftirigué toutes let citarions, ou toutés les riotës que j'ai ajoutées, par les lettres Cd. T. ou N. d. T. initiales des mots Cïmlon ou Note du Traducleur. Les Notes de ce Mémoire font trés -nombreufes, & de deux efpèces : dans les unes, je n'ai fait qu'indiqucr les endroits correspondans des Mémoires de M. M. steiglehner & h ii b ne r , dans lesquels il eft fait mention des mémes objets. J'ai formé de cette manière, cntre les trois Mémoires qui ontconcouru furie même fujet, une efpèce de concordance, qui mettra le Lecreur k même de voir, d'un coup d'ceil, la manière dont les même? objets ont été difcutés par trois auteurs, qui ont fuivi des Principes très-différens & des routes non moins oppofées. ' La feconde efpèce dc Notes eft la plusnombreufc: ce font celles qui fervent a éclaircir, u etendre, a recTrifier, & quelquefois ausfi a defendre ce que j'ai avancé dans le Texte 11 s'cft écoulé prés de fept ans depuis que Jfel envové mon Mémoire a 1'Académic de Baviere, & dy en a plus de neuf qu'il eftcoraJ° : 11 a ftit cn l775 & i776 la matière des Lccons publiques que je donnois alors dans notre Umveriïté: je n'avois aucundcflein M faire  1 R E F A C E. IX faire quelque ufageultérieur, quand un Cahier du Journal Encyclopédique, qui me tomba par hazard entre les mains a la fin du mois d'Ocrobre 1777 •> me donna connoifTance du Programme de P Académie & reveilla 1'attention que j'avois donnée a cette matiêrej mais ilne rhe reftoit pas de temsaperdre, puilque le terme fixe pour le concours étoit la fin de Décembre: je n'eu que celui de revoir les cahiers de mes lecons, d'en retoucher par-ci paria le ftyle, dö les tranferive, & d'en retraneher quelques expériences quidevenoient fuperflucs. Tont cela fut achevé en peude femairies, Sc mon Mémoire parvint a Munich afTcz-tótpour pouvoir concourir; ausfi retrouvera-t-on ici, ade trés-legers changemens prés, mes Ieconstcllcs que je les ai prononcéés, en les accompagnant des Expériences quej'aidécrites. Mafs depuis neufansonafait beaucoup de decouvertes en Ekctricité; mes connoiflances fur ce fujet fe font augmentéesj la Ledure du Mémoire de M. steiglehner m'a fait faire dë nouyclles réScxions. J'ai donc cru devoirajouter a mon travail le refultat des nouvelle recherches'que j'avois faités: & püisqu'il nem'étpitpas permis de toucher au Texte, j'ai eu recours a dos Notes: ausfi, ceux qui voudront s inftruirc a fond de cette rratière , fcront 5 oicn  x Prbpac*. bicn de lire d'abord le texte feul, & d'y joindj-e enfuite la lefture des Notes, dont quelques unes conticnnent des discusfions aflez détaillées & approfondies. M. hem mer, celèbre Phyficisn & Secretaire de la Société de Météorologie établie vi Manheim , a donné dans un Journal Allémand^/) , une recenfion très-détailléedcs trois M emoircs fur 1'Analogie dè l'Eleélricité & du Magnétisme. Si j'ai été très-flatté de ce qu'il a dit d'avantageux de mon travail, je 1'ai été beaucoup plus encore de la critique qu'il en a fake. J'ai examiné fesremarqucsavec foinj j'ai cclairci les articlesqui paroifloient obfcurs, j'ai corrigé ceux dans lesquels il m'a fait voir que j'ai tort, & il en eft plus d'unjle ce genre > j'cn conviens fans détour comme fms peine, parcequc je n'attache aucun prix a mes opinions, qui me deviennent étrangères dès que je m'appergois qu'elles n'expriment plus la Nature : ausfi bien loin d'être choqué contreceux qui rclcvent roes erreurs, ou de croire qu'ils blcflcnt, en les relevant, ma reputation, ou mon amour propre, je leur en ai de 1'obli- gation , (b) Wtehiifche heittagen z.v.r Gelehrfmnkeit, pour 1781: cinquième C?.hicr. p. 418^466.  t R £ F A C E. gation, puisqu'ils font difparoitrc de devant mes yeux le Nuage qui me cachoit la Vérité, 8c qu'ils me le font connoitre. La découverte de la Vérité eft le feul but de mes travaux: je la cherche avec fincérité -y je 1'embraffe avec ardeur quand je crois 1'avoir trouvée*} je la défends avec zèle, mais avec modeftie, quand je crois iapofféder : ausfi n'ai-je pas héfité a employcr une partie de mes Notes a fortifier par de nouvelles preuves les articles du texte, fur lesquels les objeétions de M. h emmer ne me paroifloient pas juftes. J'avois ignoré que ce favant, avec lequel j'ai eu 1'honneur d'entrer en corrcfpondance dcpuis deux ans, avoit fait des remarques fur mon Mémoire , fi lui-même ne m'eut fait le plaifir de m'en avertir, 8c de m'envoyer le Cahier du Journal qui les contient. Si tous les JournaliftQsexaminoient avec le même foin les ouvrages dont ils rendent compte, 8c les critiquoient avec la même fevéiïtc, mais accompagnée de toute la politefTe posfible, ils feroient furcment d'uneutilitc conüdérabieaux Auteurs. M. H e m m e r me per mettra de le remercier publiquement de Tattention qu'il «, donnée a mon Mémoire, 8c de rinftruétion cu'ilm'a procurée par fes remarques. Qu o i q,ue j'abhorre(k genre polémique,  Xft P T' E F A C E. je me fuis trouvé dans la nécesfiré indifpenfable dcrcfuter plufieurs Phvficiens très-eftimables, qui jouiffcnt de la reputation la plus brillante & la mieux méritéè, & dans lesquelsje nefaurois mcconnoitre une fupériorité delumières, detalens, & de Génie trcs-marquée: mais il ri'y avoit pas de milieu: il falloit me refoudre, ou, a ne jamais trailer cette matière, foit par ccrit, foit dè vivc voix, parti que je doute qu'il m'cut été permis deprendre, puisqueje fuis obligé par état de donner des inftructionsfur toutcs les parties de la Phyfïque; ou, fi je la traitois, a dire avec liberté, mais avec décence, mon avis fur les fentimens d'autrui. En effet, comme je me fuis convaincu après une étude aus'fi approfondie qu'il m'étoit posfible, qu'il n'exiftc aucune Analogie entre 1'Élecrrité & le Magnétisme, je ne pouvois traiter cette maticre, fur toutes les parties de laquelle j'embrafle la négative, qu'en faifant voir 1'invalidité des comparaifons qu'on a faites; qu'en démontrant que les expériences fur lesquelles on fe fonde ne prouvent nullement ce qu'on croit pouvoir en déduire , c : a: d : en un mot, qu'en examinant, qu'en rcfutant les fentimens de ceux qui ont allegué ces Expériences, qui ont établi ces Chefs d'Analogie. Je ne crois pas que je me ibis jamais écarté le moins  P R E F A C E. XIII moins du monde des égards que je dois au mérite 5c aux profondesconnaiflances deceuxdone j'ai pris la liberté d'examiner les opinions: 8c je fuis très-perfuadé qu'ils font trop véritable- . ment Philofophes pour prendre mes remarques en mauvaife part. Je cherche la Véiïté avec le même xêle qu'eux: 8c quoique je fois intimement convaincu, qu'il ne m'eft pasdonné d'y apporter le même degré de penétration, 8c conféquemment, que je ne puis me promettre des Cuccès ni ausfi brillans, ni ausfi heurcux, que ceux qu'ils ont obtenus , je crois pouvoir préfenter la Vérité telle qu'elle s'ofFre a mon Esprit après des recherches asfidues 8c un travail opiniatre. J'ai toujours penfc ce qu'a dit un Phyficien celèbre(0, dans une Diftertation, que ceux qui s'occupent dePhyfique expérimentale ne fauroient étudier avec trop de foin „ La Vérité pour le Philofophe „ n'eft pas celle qu'on enfeigne, mais celle qUi „ peutngoureufement fe démontrer : un grand ,9 nom eft certajnement une autorité refpecta- ble- (0 M. SBNsriïü dans fes C^f.dératkns fur la mi. tMe quafuiy;e M. ^ANZANI dans &s Exacts JurU °>g°ft au (d) Ce Mémoire porte pour titre: Letter» d.U' Abatt % * A L A N Z A K \ j R, p,-0f. &f. il Sigr.ore Mart heft Ltuthefwi , CimlterUno Ai S. M. il Rs di Pruffin, 4. 13. ftvf, 1783 Depuis ce tems M. damen m'a fait connoitre un aiure extrait trés-dctaillé de ce Mémoire qui fe trouve dans un Journal Allemand iaütutó éleurs les Calculs que le texte préfente, en renvoyant pour des détails ultérieurs a 1'Ouvrage même de M. aepinus. Enfin j'ai reótifié ks fautes d'impresfion affez nombreufes qui fe trouvent dans les expresfions Analytiques de Toriginal de ce Mémoire, dont j'ai refait tous les Calculs: il y en a de ces fautes qui fautent aux yeux: il y en a d'autres, qui, quoiqu£ non moins certaines , font néanmoins plus compliquées 6c dont j'ai cru devoir prevenir. II ne faut pas qu'un Traducteur change Toriginal fans en rien dire. Je me fiiis attaché dans les Notes fur 1? fêconue Pmie a citer de? exemplesqui pouvoient fortifier les raifonneeiens de 1'Auteur, & les mettre dans un plus grand jour> pour eet effet, je  P r fi f A c j; xix fe me fuis principalerrient fervi des Recherchés de M. EERTHöLONj 8c des nombreufe'a expériences de M. mauduit cöncernarit 1'influence de l'Ele&ricité fur lë Corps hu* rnairi : du travail de M. M. And'ry & ■ t h o u r ë t fur 1'aaión de 1'Aimant: enfin, des Obfervations 8c des Expériences de M. KLiNK03CHj Profeffeur a Prague, réktivëme at au Mdgnétisme dnimal. III. LA troiiième pièce dè cé Recueil porte le titre dé Remarques Jür le fyftême de M. a é p i n ü s. J'ai crü qu'il étoit convenable dö jés placér imniédiatément après le Mémoire' dè M. s t e i G l e h ne r , qui contient les pflfa. tipes 8c les formules que j'ai éxaminés. Du repte, comme j'ai fexpofé au commencérnent dè cette pièce le but que je me fuis propofé en h Coihpofmt, il me parOit inutile d'en rien dirö de plus dans cette Préface. IV. La quatriéme piècë efrlëtroifième Mémoire' fitf VAnalog'e de V Êleclriciiê & du Magnétisme. M. le Profe.Teur h ü b n e r y tierit une efpèce de milieu èntre ceux, qui établisferiï une resfemblauce complette èntre les deux genrés dë forceps, 8c ceux qui n'en admttttent a#» frurte: il allêgfjé le pour & le co'ncre, & ie deïermi-rc enfin pour 1'Analogie: j'ai fm>i danV  xx ï> r £ f A c E. mes Notes la mêmc methode que dans celles du Mémoire de M. steiglehner, a cette différence pres, qu'il en eftdeuxoutrois, dans lesquelles je mefuis ecarté demon Auteur, parcequ'il s'agiflbit,. non de raifonncmens ou d'opinions, mais de. Faits qui me paroiflbient rapportés avec peu de précifion, ou d'une manière qui pourroit faire regarder comme certains des Faits qui ne font rien moins que tels. V. La cinquième pièce contient des Réflexlons fur le Magnétisme animal & fur le fyftê■me de M. mesmer. Ce prétendu Magnétisme 6c ce fyftême ont fait beaucoup de bruit depuis quelques annces : mais tous ceux qui .parient de Magnétisme animal n'entendent pas la méme choie par cette expresfion. , j'aipenfé qu'il feroit utile de rechercher les difterens fens qu'on peut attacher au mot de Magnétisme, animal, Sedans lesquels on 1'a réeilement pris: d'examiner jusqu'oïi ces différens fens peuvent être reputés vrais, 6c quelles font les efpèces de Magnétisme animal qui ont réeilement lieu dans la Nature. Le réiuitat de mes Recherches eft, qu'il n'y enaqu'une feale, 6c qu'encorc elie eft tres-improprement ainfi nommée. Blle confifte en ceci, que 1'Aimant appliqué eMcneuiement au Corps humain , ou porté ea  P R K f a e e. XXÏ en amulette, exerce fouvent, & vraifemblablement fur lc feul genre nerveux, une a&ion quelconque, ordinairement falutaire, mais fujette a beaucoup de reftridions, Scdont'nous ignorons ablblument la nature. En parcourant les diverfes fortes de Magnétisme animal établies par diffërens Phyficiens, fuitout dans les deux derniers fiècles, il 3 faitu Êdre paffe en revue beaucoup d'erreurs & d'extravagancesrmaisj'aicrupom oirdiminuerledefagrément qui refulteroit Whtie discusfion, minutieufe a la vcrité, majs néccflaire , fi je me contentois de prélentcr dans le Texte, par une narration rapide les principaux réfultats de ce qui a été peme, dit, ou fait furcette matière, & fi je rejettois cn Nctes, les détails ultérieurs Sc les autorités qui fervent de preuves a mes réflexions. Ceux qui ne déiirent qu'une coiv* noiflance générale de eet objet pourront fe contentér du Texte: ceux.qui en veulentune: plus approfondie pourront yjoindre la lecture des Notes. T o u s les Phyfïciens ont entendu parler du fyftêmc de M. mesmer, & les plus éclaiïés 1'ont rejetté avec raifon : cependant ce fyftême n'a pas encore, que je fache, été. analyfé.dans tous fes points : j'ai entrepris ce ** ,3 tr*-  XXU P r é f a c e. travail , tout dcsagréable qu'il étoit. Pouy eet effet, après avoir dit un mot des premiers fyftêmes de 1' Auteur * j'ai expofé le dernier, tel qu?il 1'a p.ublié lui-même, Sc j'y ai ajouté les articles de fofl ouvrage qui pouvoient fervir ï 1'éclaircir* Je me fuis furtout appliqué a faire Voir de quels degrés d'évidence les difFérentes parties du fyftême de M. mesmer peuvent être fusceptibles, fur quels genres de preuves il faudroit 1'établir, St ce qu'il s'agiroit de prouver pour le rendre admisfible: matière fur laquelle Sc M. mesmer lui-même, Sc quelques uns de fes adverfaires ont égalcment pris. lechange, penfant qu'il fuffiroit d'établir, ou de rejetter la vérité de quelques Opérations que M. Mesmer prétend avoir fakes. Au refte quoique je croye que le fyftême de M. mesmer cft deltituémême de toute ombre de vraifemblance, qu'il cft entièrement chimérique, je ne fuis pas départi des égards qui font dus a un Médecin qui prétend n'avoir que le bien du genre humain en vue. Si M,- mesmer a cru , qu'il lui étoit permis de parler avec indécence de plufteurs Compagnies favantes, refpeétables par les lumières de leurs Membres, êc par 1'utilité dont elles font a. 1'Etat Sc aux Lettres, s'il n'a pas ménagé les inveclivcs, les iro-.  P a i f a e- b. xxiii ironies, Sc les farcasmes les pluscruels contre ceux qui n'ont pas approuvé fes fentimens, cela ne me donnoit aucun droit de le traiter dure? ment. Un pareil procédé ne pourroit jamais fervir h. le convaincre d'erreur, Sc ne donneroic aux yeux des honnètes gcns Sc des favans aucun poids a mesrefiexions. Si M. mesmer eft de bonne foi dans fes prétentions, il faut le plaindredecequel'ardeur de fon imagination lui a fait prendre des Chimères pour des Vérités, Sc, Ta entrainé, dans fes écrits , hors des bornes, qu'un Homme de Lettres ne devroit jareais fe pcrmettre de franchir: Sc fi malheureufernent il ne 1'étoit pas, il faudroit doubleroent ls plaindre, Sc pour les écavts defonCccur, Sc pour ceux de fon Efprit, mais e,xamine-r fog fyftême avec le même fens froid que fi fa bonne foi étoit réconnue, ne fut-ce que pourernpêcher de pareilles chimères de renaitre. par la fuite, ou du moins pour retarder 1'époque de leur renouveliement: car il femble que les mêmes erreurs fe, remontrent a différentcs périodes, mais toujours fous quelque forme nouvelle, Sc adaptée a la Philofophie du.tems. II n'yaqu'a comparer le fyftême de M. mesmep,, Sc queiques uns de ceyx dont nous avons patje dans, ce Mcmoire, pour en avoir la preuve. *"* 4 VL La  xxiv P R £ t A C E. VI. La Sixième pièce de ceRecueil eftune Dijfertation fur un Paradoxe magnétique. Ce Paradoxe eft que 1'Aimant attire le Fer plus fortement qu'un autre Aimant. J'ai cornpofé cette pièce pour fervir d'éclaircifTement a Partiele de mon Mémoire fur PAnalogie de 1'Électricité & du Magnétisme, dans lequel je faifois mention de ce Phénomène, mais en me contentant de préfentcr le réfultat de mes R.echerches , parecque la nature de eet article m'empéchoit d'entrer dans des détails. L'Académic de Bavière m'ayant fait 1'honneur de m'inviter a être de fes Membres, & a lui envoyer quelque pièce qui put être inféréc dans fes Mémoires, je lui fis parvenir au Mois d'Aoüt de 1778 cette DifTertation, alaquelle j'ajoutai, au mois de Scptembre fuivant, un rppendice d'Expcrienccs. Elle a été imprimée en Latin dans le premier Volume des Nouveaux Mémoires de 1'Académie. J'en donne ici la traduétion fans autre changement, que d'avoir corrigé deux ou trois legères erreurs que j'ai indiquées. VII. Enfin le feptième Sc dernier Mémoire de ce Rccueil eft une Dijfertation fur lei Mouvemens irréguliers de VAiguille aimantée.. J'avois dé ja traité une partie de ce fujet dans  P r é f a g e. xx y mes Recherches fur les Aiguïlles aimantêes, Tartte II. Chap. V, dans lequel j'ai taché de don-* ner quelque chofe de plus précis Sc de plus fatisfaifant que les Obfervations ifolées Sc contradictoires qu'on poflédoit jusqu'alors, mais je préfente aujourd'bui des Recherches plus complettes, fondées fur un plus grand nombre d'Obfervations, Sc dispofées fuivant 1'ordre qu exigeoit le but que je me fuis propofé dans ce Mémoire, Sc dont j'ai rendu compte en détail dans la Pré&ce du troifième Volume de ce Recueil. On voit par 1'énumération que nous venon? de faire, que, quoique ce Recueil contienne quatre pièces qui ontdéja été publiées, Sc que je n'ai fait que traduire, il peut pafTer pour un Ouvrage nouveau, tantpar les notes nombreufes Sc intérefTantes que j'ai ajoutées a ma traduétion, que par 1'étendue des nouve-aux Mémoires que j'y ai joints, Sc 1'importance des objets fur lesquels ils roulent. Je me flatte que eet Ouvrage pourra fervir a augmenter nos connaiffances fur 1'Aimant. On n'a certainement pas encore porté cette matière a un point de perfecrion proportionné au nombre Sc au mérite des Savans qui s'en font occupes: cequi vient, ce me iemble, de ce que les Phyliciensi ** 5  XXVI P * i F A « BV fe font en général plus occupês a batir des fyftèmes pour expliquer les Phénomènes de 1'Aimant, & a confidérer ceux-ei fous ce point de Vue, qu'a creufer, qu'a analyfer , qu'a approfondir les Phénomènes même: je dis en général, qar il eft certainement des exceptions: lestravauKdefeuM. banier berkouill i & de M. j. a. euler fur 1'Inclinaifort de 1'Aigujlle, ceux de feu M. euler le Pere % la Qéclinaifan; & le Traité de M. Aepinus dans lequel on trouve, indépendamment du fyftême, une foule de R xherches mathématiques trés - intérefTantes fur plufieurs Phénomènes, en font, entr'autres exemples,, des preuves palpables. Depuis feize ans 1'Aimant fait une des principales branches de mes. etudes, & voici le troifième Ouvrage que j'aipublié fur ce fujet (*)■ J'ai toujours eu pour CO Le premier a été public en Latin fous le titre de Tentamen Ü»ru Mathematica de Ph^nommh Magnetkk Leida; 1771 , 4to , Specimen prrmum: Le Second , couronné en 1777 par 1'Académie de Paris & publié en 1780 dans le Vlil. Volunif des Mémoires préfsntés par des Savans l'rar.gers, porte le titre de Recherches fier les Aigmlks aimanths & contient plus de 6op pp. in frarU. Je ne parlc pa» de mes deux Mémoires inférés paimi ceux de  P R É F A C E'. XXVII ppur büt dem'en tcnir a 1'examen détaillé des Phérpmtnes, de raraener ceux-ci a un peut nombre de Principes primordiaux, que 1'Expérience nous enfeigne, mais qui font, pour moi, abfolument inexplicahles, même en admettant le fluide magnétiquej en un mot de faire de cette partie de la Phyfique une branche des Sciences Phyfico-Mathématiques. Jusqu'a préfent je n'ai pas eu a me plaindre d'avoirpris ce parti: les découvertes que je crois ayoir faites, la certitude a laquelle je crois être parvenu dans quelques unes de mes Recherches, m'ont amplcment dédommagé de ma pcine. J'ai depuis longtems dans mes Portefeuilles encore quelques Mémoires mathémar tiques fur différens points tres - importans de la doctrine de 1'Aimant, 6c je pourrois afTez facilement les mettre en état de paroitre: mais jp doute que le goüt des Pkyüciens foit afles tourné vers cette partie de la Phylïque , poür que je puiiTe me promettrq un accueil favorabele. J'ai d'aiileurs encore des cngagemens a remplirpour un Traité fur 1'Aurore Boreale, £c un Quvrage fur la Philofophie de Newton, que j'ai annoncés 6c prornis depuis quelque art* nées; üe 1'ivcadcmie de JJaviéië > larcequ'fls Cc ictrouvini dans eet Ouvrage.  xxviii P & £ f -a c e'. nées, mais que de longues maladies, Sc des occupations nombreufes m'ont empèchés de publier jusqu'ici. Je vais les reprendre avec ardeur Sc ce feront vraifemblablement les premiers ouvrages que je publierai, fi les circonftances n'y mettent obftacle, Sc fi 1'état de ma fanté Sc mes occupations me permettent d'en publier encore. Je ne faurois finir cette Préface fans faire part au Public des obligations que j'ai a M. d a m e n , Docteur en Philofophie, Membre de la Societé de Haarlem, dontlestalens fupéneurs, Sc les profondes connoifiances en Phyfique, en Mathématiques, Sc en Aftrononomie ne fauroient manquer de contribuer beaucoup auxprogrés de ces Sciences,dont il adéja donné des preuves par fes Traités fur la Mefure des Montagnes aumoyenduBaromètre, Sc furies Ballons aerojlatiques. C'eftluiquis'eftchargédefaire imprimer eet Ouvrage, qui en a dirigé 1'Édition, qui en a corrigé les Epreuves: il a fait plus: il m'a communiqué fur mes Réfkxions fur le fyflème de M. aepinus, que i'avois eu 1'avantage de pouvoir foumettre a fon jugement,, des remarques'que j'ai fuivies avec empreflement. II voudrabien agréer mes remercimens Sc ce témoignage public de ma réconnaifiance. TABLE  TABLE DES M A T I È R. E S. Premier memoire fur l'analogie de l'électricité £5? du magnétisme par M. van swinden. ... f Preface. . . . . 3 Première partie. Examen des Phénomènes del'Électricité {j? du magnetisme : comparaison<&£« phénomènes. 9 Section. I. Contenant des réflexions préliminair es. . . . . . p Section II. Des corps sur lesquels l*electricité et le magnétisme agis- sent. . . ... 19 Chap. h J)es Corps fur lesquels ï''Ele&riaté & le Magnétisme agisfent. . . ig Chap. II. De ÏEtat dans lequel il faut que les Corps foyent reduits pour qu'ils éprouvent Fat!ion du Magnétisme £i? de rEleclricité. . . • • 37 Chap. III. Cmclufims générales. . . 73 Sec-  *x* TABLE Section III. De la comparaisön du fer et de l'aimant aux corps electriques, conducteurs et coercitifs. fi Chap. I. Réflexions préliminair es Jur les Corps conducleurs & cbercitifs. i 75 Chap. II. Examendela quefion, fiV'onpeut comparer le Fer aux Corps conducleurs du Fluïde éle&rique. . . .81 Chap, II L Des Loix' filon ksquelles les Corps condubleurs agijfent. . 14* Chap. IV. De la Comparaifon du Per £5? dè VAïmanf avec les Corps Idioéleciriqtfes. \ r ; . i5"6 Section IV. Comparaisön dé l'aimAnt armé et de la bouteille de lei dé. iqj Chap. I. Réflexions préliminair es fur cette comparaifon. . . . 19-4 Chap. II. Expof'tion du fentiment de M. cigna. . . . irjp Chap. III. Examen de la comparaifonpropó- féépar M. franklin. . aij Chap. IV. Des Phénomènes qui cöncéfnent lafphh'e d'dtlivité'. . . 2.3a Section V. pÈ la comparaison des at- tractions ét des répulsions tant électriques que magnétioues. . 244 Chap. I. Examen des Phénomènes de TAl- tracïion. * ,• , £47 Cha |fy  des MATIÈRE S. xxx, CiiAPi II. Examen des Phénomènes de la Répidfion. . j . a8i Chap. III. Remarqttes générales. . 193 Section VI. Des effets que l'Ilectri- cité et le magnétisme produisent dans le vuide. . i 2,95 Chap. I. De VAclion du Magnétisme dans le Vuide. \ ... . j 2p7 Chap. II. De VEleblricité dans k Vuide. 315 Chap* III. Conclufion générale-. . 319 Section VII. De la communication des forcës électriques et magnétiques. 333 Chap. I. Remarques générales. . . 334 Chap. II. De le, communication des Por ces éleftriques & magnétiques fans avoir égard aux Poles. . 4 1 . 3^7 Chap. III. De la communication des forces éleclriques fc? magnétiques en ayant égnrd aux Poles. 4 , 35^ Section VIII. Examen des diférences que quelques Phyficiens ont établies entre V Amant £5? rÊleclricité. , 408 Section IX. Obfervations générales, & Conclufion. . . , Seconde partie. De l'influence de l'électricité sur le magnetisme. 417 Chap. L De VÉleblricité des Corps Magnétiques. +ag N: B:  xxxii TABLE des MATIÈIIES* N: B. Ajoutez a la fin de la Note du . §. 0.2.7. ce qui a été dit dans la préface générale p. xv & xvi. Chap. II. De VAttratlion. . . ^^.g Chap. III. De la direclion de TAiguille Aimantée. ... . 463 Chap.- IV. De l''Inclinaifin. . '■ . 475 Chap. V. De la Communication des Forces. 478 conclusion de la seconde pari ie. . 503 conclusion générale des deux parties. 504  A D D I T I O N. Pour lap. 382. §. aeo. tsote d du premier VoUime. TT JL.j'impi'esfion de ce Volume étoit étttiere* ïement acftévée quand j'ai recu le quatrième Tome des Memoires de * Académie de Bruxelles, dans lequel fe trouve, entr'autres pièces intérefTantes, un Memoire de feu M. ne edh a m fur les moyer.s les plus effieaces d'emp'xker le dérangement produit fouvent dans la dirctlion naturelle des Aignilks aimantees par V Ektlricité del'Atmospkèré. Le celèbre Auteur y erigera fait une propofïtion abfolument contraire a celle que j'ai avancée note d §. 100. de mon Mémoire, a la p. 38*. de ce Volume, 6c il s'appuye pour Ia prouver des Expériences de Myloi'd m A h o n , fur lesquelles je me fondois également. j'ai cru, nialgré le profond respect que j'ai pour la Mémoire d'un homme ausfi juftement celèbre que 1'étoit M. needh a m , devoir donner un ïtiot d'éclaircifTemens fur une contradiclion ausfi palpable dans une matière de Fait, 6c dans laquclle J-ai h hitiét contre 1'autorité d'un grand nora. Voici ticle en queftion p. 77. tom. I. * * * Une  xxxiv Addition; „Une obfervation pour établirladite analogie '„ [ entre les fluides éleéïrique 6c magnétique ] „ eft, que la force magnétique, Winftarde, „ la force éleclrique , diminue ou augmente „ en raifon du quarré de la diftance depuis les deux „ Poles jusqu'au point Neutre [ ou centre magnetique] reciproquement. Mylord mahon yy avoit déja démontrê cette vérité par rapport k „ la force éleBrique.^ Je ne fais d'aprcs qucllcs obfervations M. needham a établi que la force magnétique croit du centre magnétique jusqu'aux Poles en raifon du quarré des diftances: je n'en connois aucune de ce genre: 6c je crois avoir prouvé, au contraire, que cette force croit comme les diftances fimples : 6c li par hazard M. needham avoit en vue ce que j'ai avancé dans le §. 33. de mes Recherches, & repeté dans la note dont il eft queftion ici, que les forces des Poles font en raifon inverfe du quarré de leurs diftances au centre magnétique, il eft évident, qu'il fe feroit mépris fur le vrai fens de mon aflertion. II s'yagitde la Comparaifon des forces desdeux poles d'une part, 6c de 1'autre des étendues que la vertu boréale & la vertu auftrale occupent depuis le centre magnétique jusqu'a leurs poles respeélifs, ce qui eft différent de la raifon felon 1 aquelle croit la force de chaque particule, II- tuée  A d d i t i o n. xxxv tuée dans la même partie du Barreau, & qui eft la raifon des diftances; quoique ce foit de cette raifon fimple qu'on deduit, comnie un eorollaire,laproportioninverfe des quarrés, pour les forces polaires. Quant a ce que M. needham ajoute, que Mylord m a h o n a prouvé que la force éleétrique augmcnte en raifon du quarré de la diftance depuis le point neutre jusqu'aux poles, qu'il me foit permis de dire qu'il s'eft encore mépris a eet égard. Mylord m a h o n n'a fait aucune expérience fur ce fujet: mais ila fimplemcnt prouvé que la diftance A L> (Fig. 0.5.) du point neutre a 1'cxtremitc A. du Conducteur A B eft précifement celle que requièrent les Calculs faits dans la fuppolition i°. qu'il exifte autour du Conducteur A B une atmosphère éleétrique telle que ce Phyfifien 1'établit, Sc a°., que la denfitê de rÈlectricité efl en raifon inverfe du quarré de U diftance au Corps chargeP C, [c. a. d. au conducteur de la Machine] qui produit cette atmosphère , le Corps A B , qui y eft plongc, ayant une extremité A direcTement dirjgée vers. le Corps chargé P C. Or cette proportion ne conccrnc en aucune facon celle des forces des particules en A D ScB D, eu égard a leurs diftances du point neutre D : proportion dorrfc * * ? M.  55xxvï Addïtion. M. needham parle & dont Mylord mahon ne fait pas la moindre mention. Cet article du Mémoire dont je parle, n'infirme donc, ni ce que j'ai prouvé que la force des particules d'une lame aimantée croit comme leur diftance au centre magnétique, Sc que les forces des poles font en raifon inverfe doublée de leurs diftances au mcme centre: ni ce que j'ai conjeéhiré, d'après les Expérienccs de Mylord mahon, que cette dernière proportion eft pour les poles A Sc B du cilindre élcóhïque A B tout au plus celle des racines de leurs diftances B D Sc A D au point neutre> ERRATA-  ERRATA. p. 91. I. 11. faufies, U/et, faux, in. 1. dem. il joint — il s'en joint. 133. 1. 10. d'en bas détourner ■— détonner. 161. 1. dem. plus ■— pas. 190. I.9 de la note externe — interne. 114. *— dans 1'aimant — dansl'armure. ni. 1. 14. l\± -Jk*. ' m » m n 1. dem. diminuée — augmentée. 224. 1. 8. donc — dont. 299. 1. 10. de la ncte agit ■— agite. 304. 1. 2. de la note c petit — grand. 315. 1. 2. feroient — étoient, 344. 1. 11. recouvrir — recouvrer. 395. 1. 4. d'en bas, de toutescelles — de toutes celles,' de ceux. 426. 1. 13. qu'üs — qu'elles, 431. note («)lin. d. del'Électricité,— de 1'Étincelle, 358. Exp. XVI. 1. 4. capetillc — canetille. 461. §. 241.1. 4. qu'il, — qu'eSe. t O m. I.   MÉMOIRE SUR L'ANALOGIE DE L'ÉLECTRICITÉ ET DU MAGNÉTISME, PAR M. VAN S fV INDE 2V, Profeftur de Pkilofophie a Franeker,  Homo, Natura Mini ft er ci? Int er pres, tantum facit £5? intelligit, quantum de Natura ordine, re vel mente obfervaverit; nee amplius feit aut pot eft, baco Nov. Organ. Jphor. I.  PREMIER MÉMOIRE sur l'ANALOGIE de l'ÉLECTRICITÉ et du MAGNÉTISME. P R É F A C E JT'e ntreprends de traiter une mattere, qui fait un des objets les plus diffictles fcf les plus délicats de la Phyfique, fcf qui eft également re(ommandable par fa beauté: car sHl eft d'un Etre tout puiffant fcj> infiniment fage, de produire la plus grande quantité d'effets différerts par le plus petit nombre de caufes, rj? par des caufes très-fimpies ; fi, depuis quilsfe font appliqués avec plus de foin a rétude de la Nature, les Phyficiens ont découvert un plus grand nombre d'exemples de cette fimplicité, ausfi admirable que féconde; Cils contïnuent a en découvrir encore tous les jours, s'ils confirment ainfi par expêrience Vidée que nous mus formons a priori du createur fuprê■me; il eft ausfi d'un vrai Pkilofophe, d'un Phyficienfage, de rechercher fans ceffe les reffemblances des divers Phénomènes, quelque différens qu'ils puiffent paroitre au premier atord, 0? de les reA a  4 premier mémoire. duire au -plus petit nombre posfible. Mais ,plus cette Recherche eft belle & importante ; plus nous nous [entons entrainés, par je ne fais quel charme, a admettre cette Jimplicité; plus ausfi nous devons employer de foins dans nos Recherches, £5? nous y conduire pas a pas: de peur, que prenant Vimage pour la réalité, norn ne confondions les producïions de notre Imagination avec la manière d'agir de la Nature même: car, ily a des Phénomènes, qui paroijfent abfolument femblables ft on n'yjette qu'un coup d'ceil rapide, & qu'un examen exact fait cependant trouver très-dijférens. D''ailleurs, V Analogie , qui vient fur tout d point dans ce genre de Recherches, trompe fouvent,fi elle paffe les bornes légitimes, mais peu étendues, auxquelles elle fe trouve affujettie: alors même, elle conduït d'autant plus furement a Verrem qu'on s'en fert avec plus de confiance. J e ne fais fi ceux qui ont établi des comparaifons entre l''EleElricité rjf le Magnétisme, ne font pas quelquefois tombés dans l'erreur. Ceft un fentiment adopté par la plupart des Phyficiens, qu'il y a une grande Analogie entre les Phénomènes de VEleElricité £5? ceux de l'Aimant: ce fentiment gagne tous les jours: il eft non feulement extrémement recu, mais c'ejl encore l'opinion des meilleurs Phyficiens de nos jours. Je ne crois (.ependant pas que cette matière foit décidêe par leur autorité feu-  préfacë. 5 feule: £5? les raifons qu'ils ont alléguées, ne paroijfentpas avoir eu ajfez de poids aux yeux des illufires Membres de 1'Académie de Bavière, pour ne laiffer aucun doutefur ce fujet: Au moins fera-t-il permis d'en juger ainfi, puisque cesMesfieurs ont cru qu'il étoit de Vintérêt des Sciences ie propofer cette Queftion; y a-t-il une véritable Analogie phyfique entre la Force électrique & la Force magnétique? S'il y en a une, quelle' eft la manière dont ces Forces agiflènt fur le Corps Animal? C o m m e des Recherches fur ce qui concerne TEleclricitê & le Magnétisme ont été, depuis quelques années, le principal objet de mes études ; que j'ai fait beaucoup d'Expériences fur ces deux genres de Forces; que j'ai lu avec foin, & autant qu'il m'a été posfible, tout ce que d'autres Phyficiens ont dé couvert ou propofé fur ce fujet; j'ai cru pouvoir préfenter mes idéés fur /'Analogie de 1'Eleétricité & du Magnétisme au jugement de l' Académie. Je fais que je me livre dans cette entreprife d un combat dont le fuccès ejl tres-incertain, foit que je penfe aux forces de ceux avec lesquels je vais entrer en lice, foit que je confidere l'habilité des Hommes celébres au jugement desquels je foumets ce Mémoire ; mais leur bien- . veillance me raffure: c'efl en me confiant en elle que je vais entrer en matière: je propofer ai ce qui A 3 me  6 PREMIER MÉMOIRE. me paroitra approcher le plus du Vrai; mais bien convaincu de la médiocrité de mes talens , toutes les fois qu'il m'arrwera d'être d'un fentiment différent de celui d'autres Ecrivains ,je tdcherai d'expo fer mes raifons avec toute la modeftic, qui con■yient d un Philofopke. L a Quefiion dont Villuftre Académie defire let folution contient deux Parties. La première eft. propofée fimplement, £5? fans aucune condition: on demande s'il y a quelque Analogie entre les Forces électriques & magnétiques. L'autre Partie eft conditionnelle, £5? elle dépend de la facon dont on aura refolu la première: car VAcadémie demande , comment ces Forces agiffent fur le Corps animal, s'il y a de 1'Analogie entr'ellesj. fou il refulte évïdemment, qiïon ne demande la, folution de cette Partie, qiïau cas qiïon ait repondu affirmativement a la première: £5? qiïon peut au contraire fe dijpenfer de la refoudrc, fi fon nie toute Analogie entre V EleElricité & le Magnétisme ; parti qiïil eft ajfurément tres-permis de prendre, puisque V Académie elle même propofe de favoir ce qui en eft. Or, favoue, qiïaprès avoir examiné avec le plus grand foin tout ce qui ix rapport d cette matière, fat été conduit d penfer, qu'il n'y a aucune Analogie entre 1'Électrifcité & le Magnétisme, ou que du moins s'il y dia, elle eft tïès-petite. Si je reusfis a établir ce  PK.EFACB. ce fentiment fur de bonnespreuves, il ne fera pas, ce me femble, de mon devoir abluel, d'examiner la manière dont les Forces éleclriques ci? magnétiques agiffent fur les Animaux. Je m'attacherai donc entièrement d refoudre la première partie de la Quejlion propofée. Mais il conviendra, avant ï'out, d'en bien fixer le fens, afin de ne rien omettre de ce qui pourra contribuer d la refoudre exaÏÏement. Cette Quejlion, y a-t-il une véritable Analogie phyfique entre la Force magnétique cjf la Force éleclrique, me paroit pouvoir admettre deux fens différens. L e premier fens confifie h favbir, fi les Phénomènes éleclriques font tellement femblables d ceux du Magnétisme, qiïil faille établir, qu'ils font produits par des caufes femblables, qui agis-, fent d'une manier e analogue; ou peut - être, par une feule £5? même caufe , qui fait naitre les deux genres d'effets? auquel cas, les différences, qiïon obferve entre ces effets, devront être attribuées a des circonftances étrangères, qui modifient cette caufe première. L e fecond fens me paroit être celui-ci; fi l'EJe&ricité infiue d'une facon particulière fur le Magnétisme, de forte qu'elle en modifie les effets, £5? qiïelle ait avec cette Farce une relation^ qiïelle n'a abfolument pas avec d'autres Corps, A 4 m  2 PREMIER MÉMOIRE. PRÉfACE. ou du moins, qiïelle n'a pas avec eux au même degré. E n conféquence de cette reflexion, je diviferai en deux Parties ce quefaurai d dire fur la Question propofée: je rechercheraï dans la première , quels font les Phénomènes, tant de V Ele&ricité que du Magnétisme, qui paroiffent avoir quelque reffemblance, & je les examinerai avec foin, afin qiïon fache d quoi s'en tenir fur V Analogie qiïon dit avoir lieu entre ces Phénomènes. Je rechercherai dans la feconde Partie, quels font les Phénomènes qui pour roient faire croïre, que les e ff ets du Magnétisme font modiflés par Vablion de VEleclricité: c. a. d. que je traiterai de Vinfluence reciproque de ces deux Forces. J e crois qiïaprès avoir traité comme il faut ces deux Parties, faurai fait un examen cxaSt de la Quejlion propofée, £5? que j''aurai fatisfait par-ld aux défirs de Villuftre Académie, fi non .parfaitement, du moins pour autant que mes foi* Hes talens auront pu me le permettre. PRE-  PREMIÈRE PARTIE; EXAMEN des PHÉNOMÈNES de l'ÉLECTRICITÉ et du MAGNÉTISME: COMPARAISÖN de ces PHÉNOMÈNES. SECTION t Contenant des Réflexions Préliminaire! §. i. JCj/a première Partie de nos Recherches confifte a examiner, fi les Phénomènes de l'Electiïcité font tellement femblables a ceux du Magnétisme, qu'on foit obligé d'établir, que ces Phénomènes dependent, ou d'une feule & même caufe, qui produit les deux genres d'effets, ou, du moins, de caufes femblables, qui agiffent d'une manière analogue j car les Phyficiens qui établilfent une très-grande Analogie entre 1'Électxicité 8c lc Magnétisme, font de 1'uri ou de 1'autre de ces fentimcns. II en eft:, comme le r. p. c o t t e (a), qui penfent, que la (a) Traité de Météorologie, p: 16. [Voici les termes de 1'Au- A 5  io ï. mémoire. Part: I. Set}: I. la matière magnétique, & la matière éleétrique font une feule &c même matière, mais différemment modifiée. D'autres, comme M. jepin u s (b), établifTent que le Fluide élecirique & lc 1' Auteur. ., Ces différens traits d'Analogie entre les ma„ tières éleétrique & magnétique me font foupconner, „ que ces deux matières n'en font quW diverfement mo„ difiée , er fufceptibk de différens efets, dont on commence a appercevoir 1'unité de caufe & de principe. Cen'eft „ ici qu'une conjeéture, que 1'expérience 6c 1'obfervatioa „ convertiront peut-être un jour en certitude." N.d. T.] ( b) Tentamina TheorU Eleclricitatis & Magnetismi. PetroPPÜ, 1759, 410. pag. n. §. 4. [Voici fes paroles meines de 1'Auteur , qui font trop remarquables pour les pasTer fous filence, & auxquelles nous ferons óbligés de renvoyer dans la fuite. ■„ Tl s'enfuit que je ne confidére „ nullement le fluide magnétique & le fluide éleétrique „ comme un feul & merne fluide, comme le font ceux „ qui tachent de déduire tous les Phénomènes tant de „ 1'Eleérricité que du Magnétisme, & plufieurs autres, „ d'un feul fluide extrêmement fubtil: car je fupp0fi aue „ ces fluïdes font doués de propriet és trés-différent es , c qui ne ,-, fauroient fe trouver it la fits dans un feul er même fuft j j, (le latin porte in umcofubjeclonon compoffibilibus.) Puis- „ qu'on ne peut expliquer heureufement les propriétés de „ 1'Aimant qu'en attribuant au fluide magnétique des „ propriétés qui repugnent entièrement (plant abhorrent) „ a celles du fluide éleétrique, ce n'ert pas fans raifon, j, mais conduit par la coctemplation de la Nature mê„ 'me , que j'établis ici une différence compktte (diverfttatem„ plemriam) entre ces deux fluïdes. H N. d. T.J  Réflexions Préliminair es. tl le Fluide magnétique font différens, Sc poffé» dcnt des propriétés très-différentes, qui ne fauroient cöexifler dans le même fujet (ce font les paroles de 1'Auteur) quoiqu'ils produifent des Phénomènes fi femblables, qu'il n'y a aucun Phénomène Magnétique dont on ne trouve 1'analogue dans 1'Electricité. Cependant en s'exprimant ainfï, M. tepinus femble être d'un fentiment différent de celui, dont il étoit peu de tems auparavant : car , il établifFoit dans fon Dij"cours fur la refj'cmblance de VTLleBrieïté 13 du Magnétisme (f), que les caufés. qui pro- (e) Sermo acatkmlau de fimilitudine Eltfiricitatis & Magnetismi. Ce difcours aété lual'Affemblée publiquede 1'Académie «fe Petersbourg, du mois de Septembre 1758, & imprimé dans cette Ville Ja même année. On en trouve une traduélion dans un excellent Recueil allemand, intitulé Ai<»fttiit. de Hambourg T. 2,4. p. 258. feqq. c'eft de cette tratluélion que je me fers. [ Depuis ce tems j'ai acquis l'original: on y trouve entr'autres ces expreffions: p. 4. (p. 232. de la traduftión) „ Peut-être que la hardiefle „ avec laquelle j'aflure que cette reffémbhnce 'eft com- plette , & que j'ofe affirmer qu'elle eft fans bornts, vous „ déplait. J'avoue , a la verité , que l'Élcétricité eft plus „ riche en Phénomènes que le Magnétisme: & mon fen„ timent ne tend qu'a étabür, qu'il n'y a dans le Ma,, gnétisme aucun Phénomène, auquel on n'en trouve de „ femblable & d'analogue dans 1'Électncité. 11 ne faut „ cependant pas ent;ndre ceci, comme fi 1'cn pouvoit ,. rc-.  12. I. mémoire. Par4: ï, Seêt: I. produifent les Phénomènes magnétiques font tntVerement & pleinement femblables a celles qui produifent les Phénomènes éle&riques. M. cie n a, celèbre Phyficien de Turin, établit, au ••contraire, une parfaite refiemblance entre les caufes de ces Phénomènes, mais il revoque en doute leur identité (d). . $• 1, „ reciproquement oppofer un Phénomène magnétique a „ chaque rhénomène éleétrique:" & p. 2,5- (p. 266.de la T.) „ \'ous voyez que la reffemblance entre ÏEleóïricï•> te & le Magnétisme eft fi grande qu'elle ne fauroit cuéree „ l'être d'avantage. Pourquoi ne conjeéhirerions nous „ donc pas que la caufe de ces deux forces eft fembla„ We? Car qu'y a-t-il de plus vraifemblable, & que „ peut - on établir de plus conforme aux Loix que la „ Nature fuit conftamment, fi non, qu'elle produit des „ effets femblables d'une manière analogue." Enfin p: 2,9. (p. 268. de la T.) après avoir indiqué les principaux points de la théorie de M. franklin.M. ^pinus ajoute, „ j'&ftime que ce font des caufes pleinement fem„ blaties a celles - ci qui produifent les Phénomènes ma„ gnétiques." Après quoi il propofe les principaux points de fon fyftême que nous examinerons dans la fuite» Seéï. 3. ch. 4. §. 89 feqq. N. d. T. ] (d) Dans fa Differtation de Analogia EleHricitatis & Magnetismi, inferée dans le premier Volume des Memoires de la Société de Turin. [ C'eft auffi le fentiment de M. db la cepÈde dans fon EJfai fur l'Életlricité, Tome a. p: 37. II croit que les fubftances aimantées font naitre des effets analogues a prefque tous ceux que produifent les fubftances ckétiifees; qu'on ne fauroit cependant *«-  Réflexions Préliminair es. 13 §. 1. T o u s les Phyficiens qui foutiennent, «me les Phénomènes du Magnétisme font femblables a ceux de 1'Electric ité, admettent, qu'ils font produits par 1'action de quelque Fluide trèsfubtilj & c'eft fur ce Fluide, 8c fur fa manière d'agir qu'ils établiflent la plus grande partie de fon' Analogie avec le Fluide éleéhïque. Tout le monde convient, quejefachc, de 1'exiftence de ce dernier Fluide, quoiqu'on foit extrêmement partagé fur la manière dont il agit, Sc que même les Phyficiens ayent embrafie la-desfus des fentimens cntièrement. oppofés. Les opinions nc varient pas moins au fujet du Fluide magnétique; clles font même plus différentes encore,-en ce qu'il y a des Phyficiens très-célébres,comme M.M. musschenbroek(«) 8c aflïgner la même caufe aux Phénomènes de 1'Eleétricité & a ceux du Magnétisme, paree que le nombre des différences qui les féparent eft trop grand pourqu'on puiffe les identificr, & par conféquent leur donner la même origine: qu'on remarque feulement un tr"es - grand rapport entre les eaufes qui les font naitre, lefquelles produifent toutes deux leurs effets d'après le même principe. M. le Comte de la cepède établit (T. 1. p. 64.) que 1'élement du Feu combiné avec 1'Air produit la Lumière: combiné avec 1'Eaule Fluide cleélrique, c rnibiné avec 1* Terre , le Fluide magnétique. N. d. T. ] (a) [Voyez les raifons qu'il en allêgue dans fa Disfertatio de Magnete, Pr&f. p. 4,5, V Exper. xxiv. p: J7  14 I. MÉMOIRE. Part: ï. Se&. L k r a f f t (Ji), qui nient ablolument l'exi« ftence d'un Fluide magnétique. Si ce fentiment étoit rigoureufement démontré, & fi, d'autre part, il étoit certain, comme il paroit 1'être, qu'il exifte réellement un Fluide éleftrique, il feroit affurément inutile de fe livrer a la moindre difcusfion fur 1'Analogie ou la reffemblance des caufes de 1'Eleétricité & du Magnétisme; puifqu'il eft évident qu'on ne fauroit établir aucune comparaifon entre des caufes, qui feroient d'un genre fi abfolument différent.. §. 3. Ce n'est pas ici le lieu d'examinci' la queftion, s'il y a un Fluide]magnétique ou non: il vaudra mieux fuivre une autre route, & voici comment je m'y conduirai. Je fuppoferai dans 1'cxamen des différentes Analogies, que les Phyficiens ont établies entre 1'Électricité & le Magnétisme, que le Fluide magnétique exifte tel que ces Auteurs l'ont imaginé: c'eft dans cette fuppofition que j'examinerai ces Analogie» même: enfin, je tacherai, s'il m'eft posfible, de 57-71. Dans fon lntrodublio ai Philofofhiam Naturaktn, ouvrage traduit en francais parM. sigaud de ia fond, fous le titre de Cours de Phyfique, §. 998. N. d. T.] (l>) [V. Prdetïmes in P/iyfic.T/iieret. T. I, §.256, 2573 S69, 270, N. d. T. ]  Réflexions Préliminair es. l% de donner de ces phénomènes une explication vraie & dépouillée de toute hypothèfe. II me femble que de cette facon j'approcherai le plu» de ce que 1'illuftre Académie defire: eneffet, elle ne parle pas du Fluide magnétique ou éleclrique, mais des Forces magnétiques & éleèlriques. Or, les Forces ne me paroiflent être que les effets , qu'un corps produit en agiffant fur d'autres corps, ca. d. que les Phénomènes que nous obfervons, 8c rien de plus. §.4. Les comparaifons que différeiis écrivains ont établies entre 1'Electrické 8c le Magnétisme font très-différentes, 8c même quelquefois entièrement oppofées, 8c contradiètoi res. Ils ont d'ailleurs fuivi tel ou tel ordre, felon les fyftêsnes qu'ils admettoient fur 1'une 8c 1'autre de ces Forces. Mais, comme je n'ai embrafle aucun fyftême fur ces fujets, j'aurois eu beaucoup de peine a mettre dans mes Recherches un ordre fatisfaifant, 8c propre a ne me faire omettre aucun point de comparaifon. J'ai donc préféré de reduire mes Réflexions a quelques Chefs généraux , qui renfermeront toutes les Analogies que divers Phyficiens prétendent qu'il ya entre rÉléclricité 8c le Magné.tisme. Or ayant foigneufement lu 8c examiné, lout ce qui fe trouve fur cette nvatière dans les Au-  xó I. mémoire. Part: I. Seèl. L Auteurs que je connois, il m'a para qu'onpourroit reduire aux fept Queftions fuivantes tout ce qui en a été dit. §•5- I- Que stion. Jufqu'oü faut il chercher quelque refTemblance ou quelque différence entre rÉleftricité & le Magnétisme, dans le nombre de Corps fur lefquels ces Forces agifTent? II. Que s tion. Doit-on penfer, d'après M. cigna, que le Fer eft un conducteur dü Fluide magnétique comme les Métaux & d'autres corps font des conducleurs du Fluide cleórrique? Ou faut-il, au contraire, établir avec M. je p i n u s, que le Fer doit être comparé aux corps idioéle&riques ? III. Question. On demande fi 1'on peut comparer la Bouteille deLeide a rArmure de 1'Aimant? C'eft ainfi que penfent M. M: franklin & cigna. IV. Question. Peut-on conclure quelque Analogie, des Phénomènes de 1''Attratlion & de la Repulfion, tant électrique, que magnétique"? C'eft en ce point que confifte le fort du Syftême de M. ^pinos (a). V '. O) [C'eft auffi :e Syflême que M. ÜTEIG1EHNER a fuivi , 8c qu'il a tiès-bien develoip.- dans la première Par,  Réflexions Préliminair et. ij V. Question. V a-t-il quelqtie Analogie entre les effets que 1'Éleclricité & le Magnétisme produifent dans le Vuide? VI. QüEsïioN; L'Aimant & 1'Élearicité font ils femblables quant a la manière dont ils communiquent leurs Forcd? VIL Question. On demande enfin, fi les différences qui paroifient fc trouver entre rÉleótricité & le Magnétisme, font ausfi grandes qu'elles ont paru i'êtrc a quelques Phyficiens , fuftout a M. musschenbroek? §. 6. Mais il ne fera pas inutilé d'avertir,1 avant que de me livrer a 1'examen de ces Questions, que je me fuis appercu, en confultant différens Ecrivains ^ que quelques uns d'entr'eux ont établi des comparaifons entte des Phénomènes Electriques, bien connuS & de4 Phénomènes Magnétiques, óü douteux 4 oü qui, du moins, ne font pas fuffifamment conftatés, quoiqu'on les ait regardés comme ceftains dans la comparaifon qu'on en a faite. II eftdonc néceffaire, pouf établir quelque chofe de fur, de traiter dé ces Phénomènes avec uri foin redöublé, & de les examiner avec exa&itu- de. Partie de fon excellente Disfertation fur ce fujet: elle fe trouve dans le fecond Tome de ce Rccuejt N. d. T-] tome L B  ,l8 I. mémoire. Part. I. 'Se£t. I. » de. C'elt la raifon pour laquelle jem'étendrai d'avantage fur le Magnétisme que fur l'Électrijpité. Ces réflexions préliminaires faites, j'entre en matière. SEC-  SECTION II. DES CORPS SUR LESQUELS L'ÉLECTRICITÉ ET LE MAGNÉTISME AGISSENT. §. 7. La première Queftion que je me fuis propofée de refoudre eit, jufqiï ou faui il chercher de la rejfemblance ou de la différence entre VElectricité & le Magnétisme , dans le nombre des Corps für lefquels ces deux Forces agijfent ? Pour traiter cette Queftion comme il faut, je la diviferai en deux parties: j'examinerai dans la première, quels font les Corps fur lefquels 1'Electricité agit, quels font ceux qui recoivent 1'aclion du Magnétisme: je rechercherai dans la feconde, dans quel état ces Corps doivent fe trouver pour éprouver 1'aétion tant de l'Eleétricité, que du Magnétisme. Chapitre t Mes Corps fur lefquels VEleblricitê dj? h Magnétisme agijfent. §. 8. Pour ce qui eft des Corps fur lesquels l'Éleéfcricité agit, on fait que tous ceux B % qu'o»  ao I. mém. P.ï. S.I1. Ch.\. Bes Corp fur qu'on a examinés jufqu'ici, fe reduifent a deux clalTes fculement. La première contient ceux qui deviennent éleótriques par le frottement-, par la chaleur (a), 6c non par communication: on (a) [ M. hemmer obfcrve fur eet article, dans les remarques critiques dont il a honoré ce Mémoire, qü'il n'y a aucune expérience qui prouve fans replique que les Corps deviennent électriques, par la chaleur feule. II a bien fenti que je ne pouvois qu'avoir en vue les faits que j'ai cités dans le .§. 204 , favoir les Phénomènes que préfentent la Tourmaline, & un gateau de fouffre fondu dans «n vafe de métal ifolé, gateau qui fe trouve avoir ac«juis, après Ie refroidiffement, l'Éleétricité pofitive , pendant que le vafe eft devenu éleclrique négativement. Ces expériences ont été faites par M. spinui, (Sermo 1. p. 12, p. 153 de la traduélion : & Tentamina TAeorU §. 59) qui en conclüt, que la chaleur feule peut rendre les Corps éleélriques. M. hemmer croit au contraire que cette Éleclricité n'eft produite dans le fouffre que par le frottement qu'il cxerce fur les parois du vafe en & refroidiffant: & il allègue en preuve, que fi 1'on öte le gateau du vafe, on cn détruit l'Éleétricité, & que fi on k chauffe, il n'ea prèfente pas le moindre figne, a moins qu'il ne fe refroidiffe placé dans le vafe. Mais, je doute que cette conclufion feit fure, quoique les Expériences de M. h'e rbert y puiffent donner du poids (Theor. Plun. Élecl. Cap. 4. Prop. 8.) C'eft, felon M. hemmer, par un. frottement femblable , qu'eft produit l'Éleétricité qu'on ofeferve dans la Tourmaline chauffée, qui fe refroidit. Les  lesquels V Amant 13 VEleclricité agijfent. ni on les nomme idioéletJriques, \_êlet~iriques -par eux même'] & coercitifs (b). La feconde contient les Les partkuks des Corp* qui fe refroidiflent, ou qui j'é^ duurtent, éprouvent fans doute un frottement interne, puifqu'elles changent de fituation: mais ce frottement eft différent du frottement externe 5c local, dont il eft queftion quand on parle d'exciter 1'Éleélricité par le frottement : 8c il ne me paroit pas décidé que c'eft au frottement interne, plutöt qu'a la chaleur même, 8c en tant que telle, qu'on doit attribner l'Éleétricité excitée dans les Corps par 1'action du Feu. N. d. T. ] (b) [ Le Mot conducleur eft génétakment employé pour défigner les Corps qu'on nommoit ci devant anéleflriques & de fait, ces Corps couduifent, tranfportent l'Éleétricité d'un endroit a 1'autre, la foutïrent d'autres Corps. Le mot coercitif n'eft.pas encore employé, que je fache, pour dér figner les Corps idioélectriques.- je ne me fuis cependant pas fait difficulté de m'en fervir, en imitant le mot la-? tin ceercens, que M. cigna a employé, celui de cohibens, qu'on trouve fréquemment dans les ouvrages du p. beccaria: en effet les Corpsidioékctriques retiennent, rspriment k Fluide électrique, Yempécfient de fe diffiper : ils ent donc une puiffance coercitive, ils font de coercitifs, ou. fi 1'on veut, des rtprimans de ee Fluide. Sans un pareil terme , qu'on put oppofer au mot conducleur, il auroit été difficile de rendre d'une manière exacte des phrafes comme celle - ci: Verrum minime Fluïdum magnétkur» coercet, ut corpora idioélecTrica coercent éleclricum. Les termes idwéleclrique, anéleclrique, idiomagnétique 8c anémagnétique, ne reveilJent pas néceffairement dans 1'efprit les idéés de retenir ou 4e conduire un certain Fluide. M. ma- B 3  ai I. mém. JP. h S. li C/&.1. Des Corps fur les Corps, qui deviennent élcérriques ni parle frottement, ni par la chaleur, mais uniquement lorfqu'on les approche de Corps deja électrifes (c). On les nomme éleclriqtees par communï- ca- M. mar at employé les termes de déférens & 'mdéfércns, pour defigner les Corps qui transmettent, ou ne transmettent pas le choc de la bouteillt de Leide: On verra, ci deffous, (§. 19.) que ce font ceux la même que nous nommons conducteurs Sc coercitifs. Je ne vois donc pas de raifon de changer le mot conducteur, quand il feroit même rigoureufement démontré , que tous les Corps conduifent plus ou moins le Fluide éleélrique, comme M. marat le foutient: puifqu'il y a a eet égard de très-grandes différences entre les différer.s Corps, & rr.ême des différences du tout au tout. V. Recherches phyficpues fur ÏÉleclricité , Section 2. N. d. T. ] (c) TM. hemmer obferve dans fes remarques fur ce Mémeire, qu'il a prouvé par des expériences évidentes, que le fentiment ordinaire, favoir que les Corps conducteurs ne peuvent être électiifés par le frottement, eft erroné: 8c ea effet les intérefTantes expériences publiées par M. M. hemmer 8c achard depuis la compofition de ce Mémoire , pourroient faire douter de la réalité de cette divifion des Corps en idioéhetriques & anéhclriques: ces cés lébres Phyficiens paroiffent même la rejetter: mais qu'il me foit permis de penfer autrement. Je fais bien que M. hemmer rend les métaux électriques par frottement, comme il dit que M. hereert, excellent Profefiëur de Phyfique a Vienne, 1'a fait svant lui: mais cette expériericc n'eft pas une expérienee fimple, elle eft compofée. Pour  lesquels V Amant 13 V Electricité agijfent. 13 cation, anéleclriques, & conducleurs. II n'y a aucun Corps qui ne puiffe-recevoir 1'Electricité de Pour éleélrifer un tube de Verre, il n'y a qu'a le prendre dans la main, qu'a le frotter, & tout eft fait. — Mais on n'éïeéhifera jamais un tube de métal de cette manière. M. hemmer eft obligé d'ifoler, au moyen d'un manche de Verre , la lame de Laiton, qu'il veut électrifer. II tient cette appareil par le manche, & frotte la lame avec un ruban de foye. La lame fe trouve éleétrifée nigaüvtmmt. II faut donc un appareil compofé, un ifolement: & le cas eft bien fimple : puifque la lame fe .trouve empêchée par la de foutirer le Fluide éleélrique des Corps environnans, & de reparer la perte de celui qu'elle donne au ruban: elle fe trouve donc plus ou moins épuifée, & par la négativement "éleélrique. Cette Expérienee revient, pour le fonds, a celle de M. le roy, qui, en faifant agir une machine ordinaire, qu'il avoit bien ifolée, a trouvé les Couffins & le Bati éleélrifés négativement. Les Couffins, corps anéleébriques, comme le métal», frottés par le Globe, ont donc acquis par ce frottement une Éleétricité ncgative, tout comme la lame ifolée de M. hemmer; & notez que 1'expérience de ce Phyficien ne reuffit pas, fi le mancha de verre employé n'eft pas excellent. Cette expérienee, quoique trés belle en elle même, ne prouvé donc rien pour le cas dont il s'agit. On la trouve dans le J«™l ie Phyfiq:ie, Juillet 1780, Tome XVI. p. jo. J'ai vu depuis la compofition de cette note que M. de la cépède penfe comme moi fur cette expérienee: Effaifur ÏÈlittrkké T. I. p. 78. M. a- B 4  |4 I M É m. P. I. £. II. C/5.1. Bes Corps fur de 1'une ou de 1'autre de ces manières: de forte qu'on peut établir avec vérité, que tous les Corps M. ach41.d rejette auffi la diftinélion génerale des Corps en idioéleilriques, ou originairement éleclriques , & en conducleurs, par la raifon que les Corps qui font idioéleétriqnes dans certaines cri conftances, ne le font pas en d'autres. Ces circonftances ne font ici que les différens dégrés de chaleur que le Corps éprouve. M. ach ar d en conclut, que la diiférence dont npus parions n'eft pas ejfentielle, mais feulement accidentelle. Les Faits que eet excellent PhyfiCien allegue fpnt trés certains: on en trouvera même d'autres de ce genre dans le Chapitre fuivant: mais f qu'il me foit permis d'obferver, i. qu'il n'eft ici queftion que des Corps fimples, auxquels on ne fait fubir aucune prépal ation, ce qui n'eft pas le cas des expériences de M. achard: z. que cette préparation change a la vérité la manière dont le Corps en queftion peut recevoir 1'Éleétricité, mais que ce Corps, dans quelque état qu'il foit, n'en eft pas moins, ou aümllement idioéleétrique, ou actuellement conducteur: ce qui fuffit pour établir, la réalité de la diftinétion que nous avons adoptée dans le Texte d'après tous les Phyficiens.' On trouve Ie Mémoire de tA. ach ar d dans \tjmrnal de P/iyfique, Tevrier i7 80 T. XV. p. 117. Nous remarquerons encore, que la masfe des Corps employés, influe beaucoup fur leur pouvoir coercitif, ou conducleur, puifque 1'Eau employée en grande maffe, conduit trés bien le Fluide éleélrique, & qu'elle ne le conduit pas lorfqu'elle eft en trop petite quantité, comme M. M. eergman (PUL Tranfac. Vol. LI. p. 908. YqI, LII. p. 4?-8.) & BECCARjA (Dell' Ekarüism» arti^  lesquels V Amant cj? VÈlecirkité agijfent. z£ Corps deviennent éle&riques, quoique dans des degrés tres - differens. II n'y a, pour autant qu'on a examiné les chofes, aucune exception fur ce fujet. Mais, comme tout ceci eft généralement connu, je ne m'y arrêterai pas plus longtems. §. 9. Passons a 1'Aimant. On fait 1% que 1'Aimant attire le Per j a° que les Corps qui contiennent une certaine quantité de Fer, font dal:. §. 580 feqq.) 1'ont prouvé. M. marat a fait un travail plus étendu, & fort intéreflant fur ce fujet. (Recherches vc. p. 72 feqq.) Enfin, il en eft de cette divi•fion des Corps en conducteurs &c en idieéleclriques, comme de toutes celles qu'il nous eft permis de faire; les nuances qui lient les différens Corps dans la grande chaine des Êtres leur échappent, & elles ne faififfent que les différences les plus palpabies. Auffi n'eft-il peut-être aucun Corps, ni parfaitemenr conducteur, ni parfaitemer.tcoercitif; il y a une infinité de gradations: 8c c'eft a proprement parler, felon celle de ces qualités qui prévaut, & qui prévaut de beaucoup, qu'il faut claffer les Corps. Mais, ce n'eft pas ici le lieu de nous étendre fur ce fujet : ce que nous avons dit fuffit pour juftifier la diftinction propofée dans le Texte, 8c a laquelle je ne crois pas que les expériences, faites depuis la compofition de ce Mémoire, portent atteinte pour les Chefs généraux, qui font les feuls dont il s'agit ici: car nous ne parions ^'Éleéiricité qu'autant que fa comparaifon au Magnétisme 1'exige. N. d. T.] B 5  i6 l\ mem. P. I. S. II. CL I. Des Corps fur font attirés par 1'Aimant: 30 enfin que d'autres Corps qu'on diroit au premier abord ne contenir aucun Fer, obéiffent cependant a l'aétion de 1'Aimaïit. Tout ceci eft généralement connu: le premier article eft clair de foi même j 6c hors de tout doute: mais les deux autres méritent d'être un neu plus developpés. §. 10. J*a/ fliT que quelques Corps, qui co' tiennent du Fer , font attirés par 1'Aimant. Souvent une quantité de Fer extrémement petite fuffit pour obtenir eet effet: car M- M. HENKEL (V) , GELLERT (£) , BRAND (f) ont prouvé que du Fer, mêlé a une quantité dou- (a) Pyritoisgie. Oeuvres Schenkel. Tomé I. p. 173- 177 (b) Comment. Petropol. Tom. XIII. p. 391. Exp. 15, 16. [M. geile 111 a découvert, a cette occafion, un fait fmgulier, c'eit qu'un petit Aimant agit plus fortement unie mélange du Fer avec d'autres métaux ou demi-métaux, qu'un plus grand Aimant, qui peut foutenir un poids de Fer doublé. 1. c. p. 398. 99. M. euler eft, que je fache, le feul Phyficien, qui ait tenté d'expliquer cs Fhf.nomène , au moyen de fon hypothèfe générale pour les effets de 1'Aimant. v. le §. 55. de fa Dlffertation fur 1'Aimant, inferée dans le Tome V. des Mémoires qui ont remporté le Prix de 1'Académie de Paris, & dans le 3. Tome des Opuscules de TAuteur. N. d. T. ] (c) Mémoires de l'Académie du Suede. Tom. XIII. p. 211. de la traduétion Allemande dont je me fers.  ' • lesquels V Aimant £j? V Ëleclricité agijfent'. 17 doublé ou triple d'Or, d'Argent, de Cuivre, de Plomb, d'Étain, de Cobalt &c, rend ces. mélanges attirables par 1'Aimant : ou, fi ces maffes font trop péfantes, leur limaille en eft au moins attirée: & M. de b u f f o n a trouvé qu'une maffe d'Or, qui ne contient qu'une 6nzième partie de Fer, eft attirée par 1' Aimant (d). II y a, ou il ne paroit y avoir (e), qu'une feule exception, pour 1'Antimoine > car les Chymiftes dont je viens de parler on trotivé, que la moindre quantité d'Antimoine, mêlée au Fer, fait que celui-ci n'eft plus attiré par 1'Aimant (ƒ): 1'Afl-r (dj Supplément a l'Hiftoire Naturelle T. II. p~. 18, Edition in 121110. (e) Je dis, oh ne paroit y avoir, & un peu après, 0% peut être ne fait-il que tafoïhlir. Les expériences dont il eft ici queftion ont été faites felon la méthode ordinaire; & peut-être trouveroit-on fjuelque attracrion fi 1'on fe fer'voit de la nouvelle Méthode de M. brug mans, dont fe parlerai dans le Chapitre fuivant: car M. brug mans a trouvé que nombre de Corps, qui ne font pas attirés par la méthode ordinaire, le font par la fierme. Mais il reftera tonjours vrai que 1'Antimoine a une vertu particuliere d'affoiblir 1'attraétion que le Fer éprouve de la part de 1'Aimant. (ƒ) Elementa Vocimafi*. crameri T. I. p. 2.62. [ Voyez auffi les Expériences de M. M. h enk el 1. c. p. 177 NO. 13. gellert 1. c. p. 393. Exp. 17: & krand 1. c. §. 7 , qui tous s'accordent fur ce point, N. d. T.}  a8 I. M É M. P. I. S. II. CA. 1. Bes Corps fur 1'Antimoine dépouille le Fer de cette propriété, ou peut -être ne fait - il que Vaffoihlir extrétnèment; Phénomène qui me paroit d'autant plus remarquable que la caufe en eft inconnuc. On fait bien que le Souffre décompofe facilement le Fer, & que le Fer décompofé n'eft plus attiré par 1'Aimant, ou qu'il nel'eftqu'a peine: que 1'Antimoine crud contientune gran-! de quantité de Souffre, 6c que fon Regule n'en eft pas entièrement dépourvu. On pourroit donc foupgonner qu'un petit refte de Souffre dans 1'Antimoine décompofe le Fer: foupcon qui paroitroit affez probable: mais 1'Expérienee détruit cette explication, puifque le Souffre mêlé au Fer ne le privé pas de fa vertu magnétique. 5. ii. Ce Fer caché eft fbuvent caufe que des métaux différens du Fer ont paru agir fur 1'Aimant: ce qui a furtout lieu pour le Laiton. L'illuftre huigens poffédoit une lame de Laiton, qui attiroit 1'aiguille d'une bouflble quand on 1'apliquoit a un Aimant (a), 6c il ïi'y a que peu d'années que M. du lacque & le Chevalier d'angos ont obfervé, que 1'aiguille aimantée d'un Graphomètre de Laiton fui- (4) Du hamel , Hifioria Acai. Reoie Parijine p. 184.  lesquels VAimant fc? VÊleftricité agijfent. fuivoit tous les mouvemens de eet inftrument, & qu'elle étoit beaucoup detournée de fa direótion par une lame du même métal (b). M. ARDERONa non feulement confirmé la même chofe en 1751, mais il a encore trouvé (c), qu'on pouvoit donner a une lame de Laiton, foit en la frappant, foit par la méthode de la doublé touche, une force magnétique, foible a la vérité, mais diftineïe: il a cependant rencontré d'autres lames fur lefquelles il a tenté les mêmes procédés fans aucun fuccès. Defirant d'examiner ces effets par moi-même, j'ai fait faire un parallèlepipede de Fer & de Cuivre bien fondus & mêlés enfemble: j'ai trouvé qu'il attiroit une aiguille aimantée tout comme le Fer, & qu'il recevoit également bien, 6c conftamment, la vertu magnétique. §. ia. Dis que ces Phénomènes ont été connus, les Phyficiens ont conjeóturé que le Laiton contient du Fer. M. lehmann a mis (i) Jturnal des Savans Decemi. 1771, Edit. dc Paris: Jan* vier 1773, Ed. d'Amfterdam. (c) Philofopbical Tranfattims. Vol. L. p. 774. [M. le Comte de millï a même fait des Aiguillcs deBouflble d'un alliage d'Or & d'un fable ferrigineux attirable a 1'Ai-, mant. Jmn. dt phyf. Tome XIII. p. 393. N. d. T. ]  $3- 1,1 mem. P. I. S. II. CA. L Des Corps fur mis ce point hors de tout doute (a). On compofe le Laiton deCuivre rouge & dePierre calaminaire : cette Pierre efb un mine de Zinc, qui contient du Fer: & c'eft de ce Fer que. proviennent les effets dont nous venons de par3er: car M. lehmann a trouvé i° que le Laiton qu'on prépare avec des mines ou cadïnies de Zinc, dépouillées de tout Fer, n'acquierent pas le Magnétisme: a° que le Magnétisme du Laiton eft d'autant plus confidérable que la mine de Zinc contient plus de Fer, ou qu'on calcine cette mine plus longtems : or 1'on fait qu'alors le phlogiftique fe developpe d'autant mieux, & que le Fer eft reduit par la. «lans un état plus parfait. M. lehmann a trouvé enfin que le Cuivre mêlé au Fer de•vient magnétique; au plus petit degré posfible, fi la proportion du Fer eft a celle du Cuivre comme i a 48: au plus grand fi elle eft pomme 1 a 1, ou 3 a 1. . Concluons de ce que nous venons de jöire, i°. que le Fer mêlé, même en très-petite quantité, a d'autres Corps, rend ces Corp;? propres a être attirés par 1'Aimant. a°, qu'ils en font attirés d'autant plus fortement qu'ils contiennent plus de Fer. §• 13- (a) Novi Comt/.e it. Fetrof. Tom, XII,. p. 36b feqq.  • lesquels V Aimant £j? V ÈletJricitê agijfent. 31 §. 13. Ce point bien examiné, paflbns aux Corps qui font attirés par 1'Aimant, & a la préparation des quels F Art n'a point de part, mais qui font produits par la nature même. II y en a un tres - grand nombre de ce genre dans les trois Règnes de la Nature , Sc M. musscHENBROEKena donné unCataloguedétaillé qu'il feiroit inutile d'inférer ici (a); il fuffit que tout le monde foit convaincu du fait. Mais, en conclurons nous qu'il y a au» tant de Corps différens du Fer, fur lefquels 1'Aimant agit, qu'il y en a qui font attirés par 1'Aimant? nullement; car des expériences trèsfüres ont fait voir, que ces Corps ne font attirés que paree qu'ils contiennent du Fer. Les Phyficiens Font extrait de tous les Corps dont il eft ici queftion, Sc qui ont été examinés chymiquement. M. lemery a trouvé, par exemple, que les particules attirables par 1'Aimant, Sc tirées des Cendres des Végetaux, étant expofées au Foyer d'un verre ardent, offrent, en s'y fondant, les mêmes Phénomènej que le Fer Sc 1'Aimant préfentent en pareil cas (b). On a trouvé deplus, que ces particules font attirée d'autant plus fortement qu'el- les (a) [Introd. ad Phil. Natur. §. 960. C. é. T.] (4) Mérmires dc'ÏAcad. 170Ó. p. 411.  ga T. m £ m. P. I. S. II. CA. I. Des Corps fur les contiennent plus de Fer. On fait p. ex. qu'on trouve dans le fang bouilli 8c reduit a ficcité des particules attirables par 1'Aimant: que font elles? du Fer. IIy a plus. M. meng h i n i a mêlé, pendant quelque tems, a la nourriture de plufieurs perfonnes, 8c a celle de quelques animaux^ differentes préparations de Fer, comme de la limaille pure j des mines, du faffran de Mars* de la teinture de Mars, 8c il a trouvé que lefang de ces perfonnes 8c de ces animaux contenoit plus de Fer qu'a 1'ordinaire (e). §. 14. Si donc tous ces faits font tels que nous venons de le dire, quelle raifon pourroit nous empêcher de former cette conclufion générale, 8c d'établir j du confentement unanirne de tous les Phyficiens, que le Fer eft le feul corps, fur lequel 1'Aimant agit? Je ne connois aucun fait, qu'on put oppofer a cette propofition (a); furtout puifque M. brugman s (c) -Commmt. Acad. Bonvnien. Tom. II. Part. III. p.475. [ Voyez auffi ce que M. steiglehner a dit fur ce fujet dans le §. 156 de fa DiiTertation, inferée dans le fecond Tome de ce Recueil, & M. brusmans dans fon Ouvrage intitulé Magnétismus p. 85. No. 1,3,4. N. d. T.J (a) On feroit peut-être tenté de mettrc la Platine au nombre-des Corps fur lefquels 1'Aimant agit; & M. de i.a cepède la met en effct de pair avec 1'Aimant & le Fer,  lesquels t Aimant & Vkletlricitê agijfent. 33 mans 1'a trés fouvent établie, 8c confirmée J>ar expérienee dans 1'élégant ouvrage qu'il vient Fer. (EJfai fur i'Éleélrhité, T. 1. p. 4? i 46.) Les expériences les plus fpécieufes, fur lefquelles 'on pöurroit fe fonder, font celles que M. ihgenhousz a faites en 1775 & q«i fetrouvent aécrites dans les Phikfoph.Tranfacl. Vol. 66. p. i6x. M. murraï, qui y avoit aflifté , en a donné un extrait dans les Mém. de l'Acad. de Snede 1775 dem. Trimeftre: T. 37. p. de la trad. allem. Voici ce que les Expériences offrent de plus elTentiel. L'Aimant attire facilement une grande partie de la, Platine: mais, il en eft une autre qu'il n'attire, que quand on en fait flotter quelques paillettes fur 1'Eau : celles-ci fe trouvent alors être de petits Aimans qui ont deux Poles. II y en a de ces Paillettes qui fe fondent au chalumeati 5c qui fourniffent une fubftance femblable a 1'Or, au magnétisme 8c a la polarité prés. Les particules les plus blanches, qui paroifient être la vraie Platine, ne fe fondent pas au Feu, mais bien au coup foudroyant éleélrique. Leur Magnétisme 8c leur polarité paroiffent même augmentés par-la : mais ces particules perdent ces qualités par le Feu. Ces Expériences font très-férés: mais on n'en peut irien Coadure pour le cas dont il s'agit, puifque le Fer fe trouve intimément 8c naturellement, quoique non esrentiellement, mêlé a la Platine; 8c qu'il eft très-diffifcile j pour ne rien dire de plus, de 1'en féparer jufqu'aux plus petites particules: fait, dont M. macquer a rendil raifon. (Dicl. deChymie, Art. Platine, T. III. p. 100 , 101.) D'ailleurs ce favant Chymifte a trouvé, que la Platine d'uci "tome I, C  34 I. mém, P. I. g. II. CL I. DesCorpsfur vient de publier (b): Or fon autorité me paroit être d'un poids d'autant plus grand, qu'il a employé d'un blanc& d'un briljant d'Argent, obtenue par la coupellation, au foyer du grand Verre ardtnt de M. nu. datne, n'a donrié aucun figne de Magnétisme «lans les expériences les plus exaéles: foit qu'on la touchat en masfe , par lts barreaux les plu* forts: foit, en faifanr flerter fur 1'Eau une parcelle très-petite. Une molecule de f le grain , flottant fur 1'Eaü, n'a pas été le moins du monde fenfible a un fort barreau de 1'Abbé li nous: preuve qu'on peut féparer le Fer de la Platine au moins au point qu'il n'en refte plus qu'une quantité inappréciable, fi tant eft qu'il en refte. Les Expériences de M. ingenhousz ne portent donc aucune atteinte a la Conclufion énoncée dans le Texte. N. d. T.] (b) Le Titre en eft mashetismus , five de Attraftion; magnetica Obfervationes, Groningae. 1777 4to. [ M. brugmans conclut a peu prés a chaque page que les Corps contiennent du Fer, paree qu'ils font attirés par 1'Aimant. Pour ne pas accumuler les citations inutilement, je me conte-ferai de 1'aveu formel par lequel M. irugmans termine fon Ouvrage, & par le que il prouve, entr'autres, que le Fer fe trouve difperfé par toute 1'Atmosphère. Après avoir dit un mot de la fumée Sc des exhalaifons qui s'élévent des Corps, ainfi que de la force avec laquelle la Terre fimple, tirée de la Suye , s'approche de 1'Aimant, il ajoute. „ Or la fumée, les exhalaifcns n» „font pas recues en entier par d'autres Corps, mais k „plus grande partie s'en difperfé par toute 1'Atmosphère, ,, y entrmne le Fer avec elle , ejr le depofe en fon lieu: ce qui 5, eft tellement vrai, que, quelque part que 1'on recueille ceits  lesqiteU l'Ahnant £s? VÈletlrkitê agifjent. 35 ployé un appareil préférable de beaucoup a celui, dont d'autres Phyficiens ont fait ufage. §. 15. L'Electrici tk agit donc fuf tous les Corps quelconques ( §. 8.) : le Magnétisme fur un feul: & quand même on découvriïoit par la fuite des Corps différens du Fer* qui éprouvefoient quelque acïion de 1'Aimant, il n'en eft pas moins certain qu'il en exifte beaucoup, a&uellement bien connus, fur lesquels i, cette pouffiere qui s'attache peu a peu a nos Meubles, s, on trouve en 1'examinant felon notre Méthode fur 1'Eau 5) ou fur le Mercure , qu'elle eft toute attirable par 1'Aimant." Cet artide éclaircit ce que M. brugmahs avoit dit deux ans auparavant dans un Journal hoüandois; [Hedendaagfc/ie Vaierlandfche Letter-oefeningen, 1775, Mengelwerk p. 237.] parlant §. p. de la grande attrstétion que 1'Aimant exerce fur la Terre tirée du Quinquma , il difoit. „ II n'y a donc ,,pas de Terre, qui, tout le refte étant égal, contienne „autant de particules ferrugineufes que eelle-ci, s'il eft vrat, comme jelefuppcfe jufejuici, qu'il n'y ait que le Fer feul qui agit fur 1'Aimant." II eft clair que ce n'étoit la qu'une reftrïélion ditfée par la prudence: car en finisfant ce petit Mémoire l*Auteur ajoutoit. ,,En attendant j, je ne veux pas citer ces expériences pour prouver qu'il -,y ait quelque autre Corps que le Fer, qui foit attiré s, par 1'Aimant, car j'ai de nouvelles expériences en 5,main, qui prouvent évidemment qu'il nc faut que trés* f peu de Fer Pour 1'cndre magnétique une grande .maffe 9 it qui ne 1'sft pas d'clle-mfême. R «, T.} G %  36 I. mem. P. I. S. II. CL I. Des Corps fur quels 1'Aimant n'a aucune prife. De ce nombre font, felon M. brugmans lui-même (a), quelques _Terres, les Corps formés d'Argile, les Criftaux fans couleur &transparens, la Craye blanche, le Spath, le Gypfe, qui ne font pas même attirés après avoir été expofés a un Feu violent, au contraire de ce qui aflieu pour les Cailloux: de plus, les Sables 8c les Cailloux , même lorfque mêlés enfemble ils coulent en Verre; le Marbre blanc, les Pierres précieufes diaphanes, les Diamans: pour ne pas en citer un plus grand nombre. I l s'en faut ' donc de beaucoup qu'il y ait quelque Analogie entre 1'Electricité 6c le Magnétisme, eu- égard au nombre de Corps fur lefquels ces deux Forces agiflent: il y a plütöt entr'elles une différence, qui n'eft rien moins que legére (b). Mais, pourenju- re- () Tmtumïna de Materia Magnetictt, Fran.q. 1765. 410, [Prop. 7. p. 57 feqq. N. d. T.]  41 I.mk m. P. I. S. II. Ch. II. De VÉtat rément les Corps idioéletlriques ou coercitifs, 8c les Corps anéieblriques ou conducleurs. Les Corps ïdioéïeccriques font ceux qu'on rend éieótriques par le frottement : & ils font plus au moins propres a i'expérience de Leide, felon qu'ils font des idioéleótriques plus ou moins parfaits: c'eft ce que les Phyficiens, & furtout M. vilke (a), ont prouvé par un grand nombre d'expériences : Sc comme cette manière d'examiner ft un Corps eft idioéleétrique, eft trés commode, plus commode au moins que celle qui confifte a rendre les Corps éleciriques par le frottement, je m'en fuis principalement fervi dans mes expériences; foit que j'aie repeté celles M. wilkej foit que j'en aie rak d; nouvelles. Si donc un Corps, armé comme la bouteille de Leide, ou le carreau de M. b e v i s, donn» une commotion, il fera idioéleclrique: fi non, il iera conducleur, ou du moins idioéiectrique dans un degré très-foible: je dis dans un degré trèsfoible: paree qu'il faut quelquefois une lame très-épaiffe & trés-grande pour découvrir cette IdicélebJricité. M. wilke a trouvé qu'une lame de Verre pul- (a) Mémoires de i'Acad. de Suede. Tme XX. p. 241 léqq. de la Trad. Alkmande.  des Corps életlriques & magnétiques. 43 pulverifé, épaifte d'un pouce, longue de quatre pieds, & large de trois pieds, ne transmet qu'une commotion foible: & qu'elle n'en transmet pas du tout fi. elle eft moins épaifle. La même chofe a lieu pour le Soufre. On fait cependant que le Verre 8c le Soufre entiers font a jufte titre mis au rang des meilleurs coercitifs que nous connoisfions, §. ao. J'ai très-fouvent repetéces Expériences de M. w 1 l k e de la facon fuivante. ExpÉrience I. J'ai couvert de Verre pulvérifé une plaque de Fer blanc, de facon qu'il en refultat un gateau épais d'un pouce, long d'un pied, 8c large de huit pouces. J'ai placé au-deflus une autre lame de Fer blanc en guife d'armure (a) : on n'éprouvoit aucune commotion , 8c même cette poudre paroiflbit être un conducteur. ExpÉrience II. Soupconnant que eet état de conducteur provenoit de i'humidité qui pouvoit fe trouver dans ce Verre pulvérifé, j'ai chauffé cette poudre dans un creufet, 8c je 1'ai exa- (a) [ On fent bien qu'il y avoit une chaine qui pendoit du Conducteur de la Machine fur cette armure fupérieure, 8c qu'enfuite on tachoit de charger ce gateau, qui repréfente un carreaudu Doéteurbevis , ou de M. frankli n. C'eft ce qu'il faut toujours fousentendre, quoique cela ne foit pas exprimé dans le Texte. N. d. T.]  44 I. mém. P. ï. S. tl. Ck. II. Del'Etat examiné de nouveau: elle paroifïbit approcher en quelque forte d'une legere idioéletlricité. car les fik de 1'Élearomêtre placé fur le condufteur de la machine fe dreffoiënt , quoiqu'il y pendit une chaine du conducteur fur la lame: mais des qu'on arrêtoit k mouvement du plateau, les fils de l'éleétromêtre retomboient. ExpÉrience III. J'ai prisunebouteillc armée que j'ai remplie de ce Verre pulvérifé au lieu de limaille de métal: procédant du refte comme de coutume, j'ai trouvé que cette bouteiile s'étoit parfaitement chargée, preuve que cette poudre approchoit de trés pres d'être un Corps conduéleur. ExpÉrience IV. J'ai repeté la première expérienee avec des fleurs de Soufre: on ne fentoit aucune commotion: mais il paroisfoit cependant y avoir un leger degré d'idioéletlricité. ExpÉrience V. J'ai repeté de la même facon la troifiême expérienee : on fentoit a peine la commotion: mais ayant vuidé pmdemment la bouteille, comme s'il s'agiffoit d'en faire 1'analyfe, fclon la methode de M. franklin, j'ai trouvé que les furfaces de 1'armure étoient chargées, & les ayant touchées a la fois, j'ai fenti une commotion (£). . . §• 11. O) M. MARAi die dans fes RecherchesJur ÏÉieetrteué p. 79,  des Corps éleclriques £i? magnétiques. 4^ §. ai. Les Corps idioéieófo-iques font danc changés par la pulvérifation: le degré de leur pouvoir coërcitif diminue, 8c ils fe rapprochent des Corps conducteurs. Ceci me paroit affez analogue a ce que nous avons dit ci-deffus ( §. 17, 18.) de la poudre d'Aimant, 8c de la limaille de Fer, qui eft moins fortement attirée, 8c qui re^oit moins de force que le Fer entier. Nous avons dit par quelle raifon ces Phénomènes ont lieu pour le Fer 8c pour 1'Aimant : examinons maintenant ce qu'il faut penfer de la pulvérifation des Corps idioélectri'? ques : mais pour eet effet il faut être inftruit avant tout de ce qui fe pafte dans la commotion même. Les Phyficiens en ont donné des explications très-différentes, 8c conféquemment, ce qui me paroitroit probable ou certain, n'auroit peut - être qu'une trés legére probabilité aux yeux d'autrui. Si cependant nous voulons établir de ce chef quelque Analogie entre 1'É- lec- 79. Note i. ,,Le Dr. pr.iesti.ey prétend quelefouf,,fre & le Verre pulverifés font déférens: ce que nous ,, vcnons de dire preuveroit le contraire, fi l'expérienee nè ,,1'eut démontré." Je ne me fuis pas appercu que ce fait fut prouvé par les raifonnemens de ce Phyficien , & jïgnore quelle eft 1'expérience démonftrative a laquelle il en appelle: je fuis üir de ce' que j'ai vu dans les mienses, Scjene doute pas de celles de M. wmt. N. d. T.}  46 I. mem. P. I. S.U. Ch.ll. DeFEtat leétricité & le Magnétisme, ou penfer qu'il y a de la différence entre ces Forces a eet égard, il eft néceflaire de s'affurcr fi cette diminution d'idioékaricité eft accidentelle, ou fi elle dépend d'un vrai changement qui arrivé a ces Corps. §. 11. Si 1'on confidère que la commotion n'a pas lieu lorfqu'on employé un Verre trop epais, comme ausfi s'il fe trouve k moindre félure dans le Verre, même une félure inperceptible (#), qu'elle eft au contraire d'autant plus (a) [ M. marat regarde auffi ce fait comme un axiome en Eleétricité & il propofe un remède très-iïmple de remettre une bouteille fêlée en état de donner Ia com« motion : c'eft d'enlever la doublure au dehors a deux ou trois doigts autour de la félure. (1tch:rches p. 57.) Je ne fais fi ce remède feroit efficace dans tous les cas: mes obfervations me portent a en douter. Le remède de M, Wilson me pareit devoir être plus efficace; & les Expériences que 1'Auteur indique y donnent Ie degré de confiance nécelTaire. Le voici. II faur enlever la doublure extérieure de la paitie fêlée, chauflér celle-ci, & y appliquer une couche de cire a cacheter, plus epaifle qne le Verre même. On recouvre cette cire , & la partie de la bouteille quiy avoifine , d'un mébinge de 4 parties de cire ordinaire, d'une partie de rcfine, d'une de Thérébeniine, avec un peu d'huile d'Olive : on a étendu cc melange fur un morceau de foye huilée; & on applique cette foye fur la bouteille comm: une emplatre. M.  des Corps éle&riques {j? magnétiques. 47 plus forte que le Verre eft plus mince, ne fera-t-on pas conduit a penfer, qu'il faut, pour exciter la commotion, que le Fluide électrique fe meuve avec quelque difficulté, mais non avec une difficulté extréme, dans le Verre on dans tout autre Corps idioélccïrique quelconque, & qu'il ne doit pas paffer librement par ces mêmes Corps? Et li cela eft, ne faudra-t-il pas établir, que la pulvérifation d'un Corps idioéleétrique donne occafion au Fluide ékéhïque de fe mouvoir plus facilement a travers des pores de ce Corps, & avec une trop grande facilité, pour que la commotion puiffie avoir lieu, ou pour qu'elle foit ausft forte que fi le Corps étoit entier? Si cette explication ne s'éloigne pas entièrement du vrai, il s'en fuivra encore, que ce n' ft ^accidentellement que la commotion eft plus foible dans les Corps M. wrtsoN dit que les Bouteilles font fi parfaitement létablies de cette facon, que quand elles viennent a fe brifer dans la fuite par de fréquentes charges, comme il i'a vu, cela n'arrive que dans des endroits différens de la première félure. v. An account of the Experiment s made at P.mthem, & ce petit traité, inferé d'abord dans le 68. Volume d-s Phüofophkal Transaction:, a été reimprimée féparennent avec des additions, du nombre defqueües eft 1'article dont nous parions : v. Monthly Reyiew, Augufi .1779» p. 154, dont je me fujs fervi. N. d. T.J  48 I. MÉM. P. I. S. II. CA. ih DeVEtai Corps idioéleétriques pulvéfifés, ou qu'on ne la fent pas: & par conféquent que la pulvérifation caufe tout ausfi peu aux Corps idioéleétri* ques, qu'au Fer ou a 1'Aimant, quelque changement effentielj & que toute la différence qu'on remarque dans les effets n'eft qu'accidentelle. Mais il eft évident qu'on ne fauroit en conclure aucune Analogie. §. 13. Passons aux Corps anéleblriques ou Conducteurs. II y en a de différens genres. Tout le monde fait que les métaux pulvérifés font d'ausfi bons conducteurs que les métaux entiers (a): mais les Terres, les Argilles font ausfi des conducleurs: mais, M. de la> val (b) a trouvé que ces Terres pulvérifées ne font plus Conducteurs: qu'elles font, au contraire, changées en Corps idioéleétriques. J'ai fait (a) [ M. mar at dit ( p. 79. de fes recherches &c. ) que les Métaux reduits en limaille font beaucoup moins déférens. Je ne connois aucune Expérienee qui le démontre, & M. mar at n'cn cite pas. D'ailleurs je me fondois en écrivant eet article fur les expériences trèsdirecks & très-exprcffes de M. de ia val qui a- trouvé que les métaux reduits en limaille, ou en poudre, mê-* me les plus fines, conduifent 1'Eleéiricité ausfi bien qu'avant la pulvérifation. Phibf. Trtmfac. Vol. LI. p. 86', N. d. T. ] (jé) Phüofoph. Trtmfacl. Vol. LI. p,8<5.  'dés Corps élecTriqiïes & magnétiques. 49 fait rhoi-mêmé fur ce fujet les expériences fui* vantesj que j'ai fouvent repetées. ExpÉrience VI. J'ai pris de cette espèce d'argile dont on fait la poterie ordinaire s je m'en fuis fait faire uii cilindre bien cuit, d'un pied de long, & d'un pouce de diametre 5 c'étoit un trés bón Conducteur (c). ExpÉrience VIL J'ai ënfuite fait re>duire en potidré une grande quantité de cette même argile. J'en ai rempli un tube debaromètre, ouvert par les deux bouts Sc long d'un pied. J'ai introduit dans chaque bout un fil de Laiton aflèz gros: je 1'y ai enfoncé d'un pouce, Sc j'ai fcrmé les ouvertures avec du liègé enduit de cire. J'ai ifolé le tube: j'ai fait communiquer un des fils avec le conducteur de la machine électrique, aü moyen d'une chainé. j'ai fuccesfivement pofé fur 1'autre lil un élec- tro- (c) Je ne prëtends pas faire entendre par-la que cë cilindre d'argile doive ê'tré placé au rarig des meilleurs Conducteurs, & de pair avec lés rriétaüx: jen'ai pas fait nies expériences fous cë póirit de vuë; & même 1'étincelle qu'on limit de ce. Conducteur, diftëroit beaucoup * pour la vivacité, la couleur, lé brüit qui 1'accompagnoit, & l'impreiTión qu'elle faifoit fur la peau, de cellè qu'on tiröit dü conducteur de la machine. J'ai feulemerit Voulu dirë, que cè cilindre conduit le Fluide éleélrique facilement & bien. R d. T. ] tome I, D  5o I. mem. P. I. S. II. Ch. II. De VEtaf tromètre: j'y ai fufpendu des Icnettes; je lui ai préfenté des Corps fort legers, mais je ne me fuis appercu d'aucune Electricité: preuve qu'elle ne paffe pas par 1'argile reduite en poudre, £c que cette poudre d'argile eft; devenu un Corps coercitif (d). Ex pe r ie nc e VIII. J'ai repeté la première Expérienee avec une lame d'argile (e). J'ai fenti la commotion; mais il faut que 1'argile foit chaude: autrement elle boit facilement 1'humidité cc fe rapproche des Corps conducteurs (ƒ). M. de (d) [On pourroit croirö d'après ce qui a éfé dit §.8. note c, que 1'effet dont il eft queftion dans cette expérienee , ne dépend que de la petite quantité d'argile qu'on a employée, quoique le tube dont je me fuis fervi eut 11 pouces & demi de longucur, & 5 lignes & demi de diamètre. Mais je me fuis fervi auffi d'un cilindre d'argile , auffi long que celui de 1'Expérience fixième, & dont le diametre n'étoit que de 5 lignes & demie. II étoit un bon conducteur, ce qui détruit le foupcon dont nous venons de parler. N. d. T. ] (e) [Bien entendu que cette lame étoit compofée d'argile pulvérifée : le feul titre de repetiüm de ÏExpérience première, 1'indique fuffifamment. N. d. T. ] (ƒ) M. eertholon a prouvé que les Terres argüleufes, & alcalines, bien fechées ne font pas des Conducteurs : car fi elles font parties du circuit éleélrique, la commotion de la Bouteille de Leide ne paffe pas au travers, au contraire de ce qui arrivé quand elles font  des Corps êletlriques & magnétiques. 51 M'. de l a v a l penfe que la même chofe alieu pour tous les Corps conducteurs, qu'on peut reduire en poudre dans un mortier. §. 14. I l eft prouvé paree que nous venons de dire, qu'il y a des Corps conducteurs, fur lesquels l'Éleétricité n'agit pas de la même manière, lorfqu'ils font entiers que lorfqu'ils font reduits en poudre : au lieu que la Force magnétique agit toujours de la même fa§on fur lc Fer. Or, ce changement d'Electricité ne paroit pas être accidentel dans ce cas: car, fi nous difons que les Corps conducteurs font ceux a travers lefquels le Fluide électrique pasfe trés - facilement, Sc que les coercitifs, au contraire, font ceux par lefquels il paffe difficilement, il faudra conclurc que ce Fluide pasfe plus facilement par 1'Argile entière, que par 1'Argile reduite en poudre, quoique les poudres contiennent des interftices plus conlidérables. Mais nous avons vu ci-deffus (§. io.\ que le Verre Sc le Soufre font changés en conducteurs par la pulvérifation. II y a donc quel* que caufe particulière, peu connue jufqu'a. pré* fent, qui agit dans ce cas: Sc a eet égard il v a font humides. Jeun/al dt PAyfaue, Fevr. 1777. Tome IX p. J19.  5x I. mem. P.l.S. II. CL II. DeVEtat a de la difterence entre 1'Électricité 6c le Magnétisme : mais nous aurons occafion de revenir fur ce fujet (§. 7a.) II. Le Sel. 1$. On reduit le Fer en Sel en le diffolvant dans différens menftrues: nous avons donc a confidérer ici les différentes dilfolutions du Fer, lesVitriols, & leurs préparations. M. M. l e m e rv scmusschenbroek ont fait un grand nombre d'expériences fur ce fujet, en préfentant les Corps qu'ils vouloient examiner, ou a un Aimant ou a. une Aiguille aimantée trés-mobile: ils ont mefuré le Magnétisme (a) de ces Corps par leur adhéfïon a. 1'Aimant, ou par le mouvement qu'ils caufoient a. 1'Aiguille: 8c ils ont conclu, que ces Corps ne contenoient aucun Magnétisme, lorfque leur adhérence a 1'Aimant ou leur aétion fur 1'Aiguille étoient nulles. II ma pam nécesfaire de faire obferver ceci en deux mots, paree que M. brug mans a beaucoup étendu la maffe de nos connoiffances fur ce fujet, au moven (a) Je me fers de cette expreffion pour abréger. J'entends par-la que les Corps peuvent être attirés par 1'Aimant, 8c font en état d'éprouver de la part de 1'Aimant une aétion quelconque.  des Corp éleblriques & magnétiques. 53 yen de fa nouvelle methode. Cette methode revient a ceci. On fait nager fur de 1'Eau pure , ou, ce qui vaut mieux encore, fur du Mcrcure extrêmement purifié, les Corps qu'on veut examiner, foitfeuls, foit appliqués fur un petit morceau de papier. On approche un fort barreau aimanté de ces Corps ainfi nagcans: ils en font fenfiblement attirés, même quelquefois lorfque les methodes ordinaires n'offi'ent aucun figne d'attraction : ce qui eft caufe que M. b rugmans a fouvent obfervé une attraétion très-fenftble de Seis martiaux dans des cas, oü felon d'autres Phyficiens, tout Magnétisme a. difparu entièrement. §. a6. V o i c i en peu de mots a quoi fe re* duit ce que les Phyficiens ont découvert fur ce fujet: favoir que le Fer eft d'autant moins fortement attiré par 1'Aimant, qu'il eft plus enve-r loppé de matières falines, & qu'il leur eft plus intimement uni, quoique M. brugmans n'ait pu parvenir a les dépouiller entièrement de tout Magnétisme («). Si 1'on verfe de 1'efprit de Nitre fur du Fer, qui agit fur une Aiguille ai- (a) Magnethmus, p. 31. & plufieurs 1'uivantes. (b) Musschenbroek , Diflhtatto de Magnete, p. ïzj, Exp. 72. D 3  54 I. mém.P. I. S. II. Ch. II. DeVEtat aimantée (£), l'aétion de ce Fer diminue de plus en plus: mais cette folution, même parfaite, eft attirée par 1'Aimant, en employant la methode de M. b r u g m a n s. Le Vitriol eft attiré mais foiblement (c): le Colcotar 1'eft un peu plus que le Vitriol calciné : or le Fer y eft moins enveloppé de Sel. Si 1'on traite le Colcotar a un grand Feu, il fe change en une masfenoire, a peu prés denuée de Seis, & qui eft trés fortement attirée par 1'Aimant (d). Si 1'on verfe de 1'efprit de Nitre fur cette maffe, il fe forme a fa furface une poudre blanche, un peu grafie, qui étant fechée eft fortement attirée par 1'Aimant. Or cette matière eft plus pure, & peut-être eft ce celle, qui fait que le Fer eft attiré par 1'Aimant. §. 27. La Force magnétique du Fer eft donc beaucoup diminuée quand on reduit le Fer en Sel: au lieu qu'elle eft d'autant plus forte que le Fer eft mieux privé de particules huileufes, felines, fulfureufes: ausfi les fcories qui s'élancent du Fer quand on le forge, font-elles puis- fam- (c) Musschenbroek 8c brugmans aux endroits dtés. (d) Mus sc HENBROEK 1. C p. I IJ. LeMERY M&tr. is ÏAcai. 1706. p. 121.  des Corps êleclriques ci? magnétiques. 55 famment attirées par 1'Aimant. Lc Magnetisme du Fer eft ausfi beaucoup augmenté quand 1'acide s'en détache: nous parions ici d'une un ion intime de Fer 8c de Sel, 8c non d'une fimple enveloppe de croute faline qui n'attaque pas le Fer même. M. guettard ar cependant décrit une methode d'impregner le Fer de Sel, de facon que le Fer refte attirable par 1'Aimant, même par la methode ordinaire : mais cette opération eft trop longue pour être décrite ici (a). §. 18. Le Magnétisme du Fer eft donc diminué par les matieres falines: mais autant qu'il eft connu jufqu'ici, il n'eft pas entièrement détruit. Ce changement femble donc n'être pas cflentiel, mais bien plütót accidentel: je ferois même porté a me ranger du fentiment de M. brugmans,qui penfe que eet affoiblisfement de Magnétisme provient „ non-feule„ ment de ce que le Fer eft reduit par l'aétion ij de 1'acide, en particules d'une fubtilité „ étonnante, mais encore de ce que chacune „ d'elles eft enveloppée d'une matière étrangè„ re, compofée d'Acide 8c de Phlogiftique, „ qui (a) [ Mémoires fur différent es parties de: Sciences cj- des Arts. Tome H. Obferv. de C/iymie IV. p. 52. N. d. T.j ' D 4  §6 h utm. P. f, S. II. Gh. II. Be VÉtcit „ qui y adhëre, & qu'elle doit entrainer avée foi des qu'elle femeut: que par conféquent „ la Force magnétique eftdiminuée par 1'acide, „ non comme acide, mais en tant que c'eft un ■„ menftme du Fer: que tout autre Fiuide prob duiroit lemême effet, pourvü qu'il fut en „ état de reduire le Fer a une pareille tenuité „ de particules, & d'y adhèrer enfuitq, pour „ que le volume de la poudre, rafièmhlée de „ cette facon, foit de plufieurs fois plus grand ?, que le volume du Fer employé (a). §■ 19. Sr nous confidéronsa préfent 1'Électricité, nous trouverons que le changement que les Seis produifent fur les métaux eft bien plus confidérable : car d'excellens Phyficiens, M. M. f rank l in m u s s c h e n-« broek (*), sigaud de la fond ( f ) , rangent avec raifon les Seis au nombre des' Corps idioéleccriques. Les Métaux, Corps con, duc- (•ï) A 1'endiojt cité p. 48 ,'51. 2} W***, Tome II. p. 7 , §. 87. de 1'Edition francoife. [C'eft dans l'origmal, ou dans 'la traduétion alk, mande j la Eettre IV. §. 9. 5» j (b) Introd. ad Phil. Natur. Tome I. §. 824 (O Traité tï&canaté p. ,i' [ Cela fe trouve repeté p- 21. du Précis Hifior^e dcs Phinom)»,, püb% cn 17 81. N. d. T-} ' ■ >  des Corps éleclriques & magnétiques. 5^ duófceurs, deviennent donc coercitifs, lorfqu'ils font changés en Seis, mais nous aurons occa* fion de revenir fur ce fujet (§. 74.) ('dj. III. (d) [On voit qu'en attribuant f cette propriété au* Seis, j'ai fuivi de grands Maitres: j'aurois encore pu ajouter que M. du fay avojt déja trouvé que 1'Alun Sc 3e Sucre Candi deviennent éleétriques quand on les frotte après les avoir chauffés. (Mém. de l'Acad. 1733. p. 79.) .Que M. hereert, qui a fair des expériences trés exaéles fur ce fujet, & qui les a décrites dans le détail néceffaire pour en faire juger, a trouvé que le Fluide éleétrrquene paffe pas du tout Iss erhtaux fecs de toutes fortts de Seb: (Theor. ÉtecTr. p. 6.). Enfin que le p., beccaria a trouvé que .Ia commotion ne paffe pas parl'Alun, le Sel de roche, le Vitriol bleu, le Vitriol verd. (Veil' EltClric. artific. §. 617.) J'ai donc été étonné de. voir que M. cavallq, dans fon E*cellcnt Traité, dl.ÉhcU-kité, publié en Anglois en 1777. & dont on a donné en 1780. une bonne Traduélion hollandoife, enrichre d'additions de 1'Auteur, place (Part. t Ca. 2. p. t'£% la Trad.) la plupart des fubftances f.tiines parmi'les Conducteurs, immédiatement au deffous de la Glacé & de la Neige, & au deffus des, Pierres. II ajoute que les Seis métalliques font les meilleurs Conducteurs des fubftances Mnes. M. mar at (Kecherch. p. 68.) place auffi Ie Salpètre, le Sel ammoniac, 1'Alun de roche, le Vitriol. parmiles Corps déférens.' Les Seis' pem'ent lans douté deyenir conducteurs a raifon du principe aqueux & de 1'humidité qu'ils contiennent; il faut donc faire les Expériences avec des Seis'bien fêchés. M. dv fay a tres- P 5  ö8 ï. mém. P. I. S. II. Ch. II. DeVEtat III. i> Verre. %. 30. O n peut, par différentes opérations, cnduire le Fer d'une efpèce de Verre, de facon qu'a en juger par 1'extérieur, il ne paroit plus être un métal, 8c qu'il n'éprouve plus la même aftion de la part des acides, que lorfqu'il eft fous forme métallique: mais alors même il ne celfe pas d'être attirable par 1'Aimant. Le Corps qui, fans doute, tient le premier rang parmi ceux dont il eft aftuellement question, eft le Sable de Virginie ou des Indes, quoiqu'on en trouve ausfi fur plufieurs autres cötes, 8cprés des volcans. M. M. moolen «Sc musschenbroek ont fait beaucoup d'expériences pour en découvrir la nature, mais inutilement (a). Chaque grain de ce Sable eft en- bien fenti les diffieultés de ce genre qu'il y a dans ces Expériences, & il en averti. Si les Expériences de M. M. cavalio & ma., at étoient certaines, & faites avec toutes es précautions requifes, il faudroit modffier la conclufion que j'ai enoncée dans le . Texte. Mais les expériences que j'ai citées pour 1'appuyer me paroiffent décifives. Je n'ai pu en faire moi-même un affez grand ïiombre pour leur ajouter quelque poids: mais celles que j'ai faites les confirment. (a) Les expériences-de M. moulen fe trouventdans les P/iilofoph. Tranfatl. No. 197. p. 614. M. musschensa.0ek les repeta,* les confirma, & en ajouta de nou- yeK  des Corps éleüriques & magnétiques. 59 enduit d'une croute de Verre, 8c toute la maffe eft trés - promptement attirée par 1'Aimant, ft 1'on en excepte quelques grains de Sable ordinaire qui s'y trouvent quelquefois mêlés. J'ai fait quelques Expériences fur ce Sable, êc j'en poffède de différens endroits. Mais, M. le hm a n n a demontré que ce Sable contient du Fer, & il en a compofé de pareil artificiellement, femblable en tout au naturel (b). II a pris une partie de mine de Ferj trois parties d'alcali fosfile de Sel marin, 8c deux parties de charbon fosfile brulé. II a mis ce mélange dans un creufet, 8c Pa placé pendant deux heures dans un fourneau a vent pour le fondre : il a enftüte pulvérifé cette maffe, 8c il a obtenu un véritable Sable magnétique. §. 31. O n rapporte au même genre de Corps la velles en 1718. dans fa DiJJertation jur ï'Aimant p. 127, feqq. ; il revint fur ce fujet en 1734. dans les Phliofipi. Tianf. No. 432. Vol. 38. p. 297. M. M. eut terfield & geoffroy ont fait auffi quelques expériences fur le Sable magnétique qui fe trouve en différens endroits de 1'Italie : celles du premier fe trouvent dans les Pkil. Tranf. No. 244. p. 336. ; &: celles du fecond dans les Mém. de l'Acad. pour 1701. p. 16, 17. N. d. T.] (b) Mémoires de la Sociéfé de Haarlem, Tome XI. Part. ï- P- 337-  &3 I. mem. P. I. S. II. Cl. II. D ce qui eft vraifcmblablement dü aux parties étrangères qui s'y trouvent mêlées, 6c qui font de mauvais Conducteurs, Mais, ce qui elf. important, on dit que M. gadd a trouvé (<*),, que presque tous les Fosfiles, tels qu'on les tire du fein de la Terre, pofTédent une Élec= tricité originelle, qu'ils donnent des fignes d'Eleérricité fans avoir été préalablement frottés ou phauffés, & que 1'Aimant occupe le premier rang entre ces fosfiles. Mais, n'ayant, pas été a même de faire ces expériences, 6c n'ayant pu me procurer le traité deM. padd De originaria corportfm eletlricitate, je ne faurois rien dire de plus fur ce chef d'analogie 0u de différence entre 1'Éleclricité 6c le Mapétisme, E 3 CHA- (yfi) Traité de Météorologie du p. coxte p. ió*  70 I. MÉM. P. t S. II. Ch. III. CHAPITRE III. Conclujions générales. §. 39. Concluons de toutce qui a étc dit ci - deflus: i°. Que l'Éleétricité agit fur tous les Corps qu'on a examinés 8c que le Magnétisme n'agit que fur V Aimant 13 le Fer feuls (§. 15.) a°. Que l'aétion du Magnétisme eft la même fur le Fer entier que fur le Fer reduit en poudre (§. 17.) : que ce n'eft qu'accidentellement qu'elle eft afföiblie dans ce dernier cas, ( §. 18.): que les Corps Coercitifs deviennent Conducteurs par la pulvérifation (§. 19—ia.) quoique peut-être ce ne foit ausfi qu'accidentellement (§. aa.) : que les Conducteurs au contraire deviennent coercitifs par la pulvérifation, 8c qu'il s'y fait un changement qui paroit être un changement vrai ( §. C13 , 04.) 30. Que le Fer enveloppé de Sel (§. 15a8.) ou reduit en chaux (§• 31-) éprouve une aótion plus foible de la part de 1'Aimant; mais que les Corps conducteurs font changés par les mêmes opérations en Corps d'une nature différente, favoir en Coercitifs (§. 2.9—33 ) com-  Conclujïons générales. ft eomme cela leur arrivé ausfi s'ils font transformés en Verre (§. 31.) au lieu que le Fer vitrifié eft ort ment attiré par 1'Aimant (§. 30.) §.40. Ces différences pourroientparoitre asfez grandes pour en conclure que 1'Électricité eft différente du Magnétisme (a). Mais, fi 1'onfuppofe que ces forces dépendent deFluides, Sc que ces .Fluides, fans être les mêmes, font cependant analogues, ces différences ne furfiTent certainement pas. II s'agit donc d'examiner fi, dans cette ftippofition, ces Fluides agiffent fuivant les mêmes loix. Si cela avoit lieu , ces Fluides auroient certainement une Analogie tres - remarquable, Sc 1'on feroit en droit de demander fi ces Fluides ont quelques propriétés femblables, Sc s'ils font des modifications d'un feul Sc même Fluide. II faut donc pechercher quelles font les Loix fuivant les-t quelles ces Fluides agiffent. ( a) [ Voycz ce qui a été dit ci - deffus dans la Note b du §. 15. C. d. T.] £ 4 SEC-  fa I. mémoire. Pctrt.l. Setl. Hl. SECTION III. j?e e a comparaisön du fer e de l'aimant aux corps é l e ctriques conducteurs et coercitifs. %■ 41. La feconde Queftion que nous nou? fommes propofé d'examiner eft, s'il faut étaplir, d'après M. cigna, que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, comme les métaux ij d'autres Cotps font Conducteurs du Fluidei flebtrique: ou s'il faut plutót penfer avec M. M p i n u s , que le Fer & 1'Aimant doivent être comparés aux Corps idipélectriques ? Le feul énoncé de cette queftion fait voir, pu cómb-ien les expériences font trompeufes, pu combicn les conclufions en ont été mal déduites 3 ou combien d'incertitudes il y refte encore dans cette matière, puifque deux célèbres Phyficiens ont. employé, pour établir de 1'Analogie entre 1'Aimant & l'Éleétricité, deux propofitions contradiétoires, qui fervent de t>aze a leurs Syftêmes; car 1'un dreux com- par*  fomparaifon du Fer fc? des Corps Conducleurs. 7$ pare le Fer aux Corps idioéleclriques, & 1'au* jtre le cpmpare aux Corps conducteurs O). §. 42.. Voïcj Tordre que je me propolc de fuivre, pour développer comme il faut les/ fon- (a) [ Nous aurons plus d'une fois occafion de faire la même remarque dans la fuite de ce difcours. Le fujét même de ce §. m'oblige de la faire encore. M. cis na établit que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique , paree qu'il croit que ce Fluide traverfe le Fer, qu'il a"it fur lui. M. ipinus établit auffi que le Fer attirele Fluide magnétique, & que celui-ci n'a aucune aétion furies autres Corps. Tous les Phyficiens fe font ce mefemr ble accordés fur ce point, qui leur a para un fait d'Expérience. Cependant M. de ia cepède s'eft cru autorifé a conclure tout le .contraire de 1'expérience même : felon lui, 1'Aimant, le Fer, & la Platine, font les feuls Corps qui n'aient guères d'affinité avec le Fluide magnétique -. ijs ne 1'attirent, & n'en font attirés que peu ou point: tous les autres Corps de la Nature ont une grande affinité avec ce Fluide: ils en font les Conduéteurs: ce Fluide les penètre tres facilement. [ EJfai fur l'Etcclr. p. 46. feqq. Tom. II.] Si eet ouvrage de M. de ia cepède avoit paru avant la compofition du mien, ilaurrait fallu faire une nouvelle Seétion pour examiner fi les Corps non jferrugineux peuvent êtrenommés Conduéteurs du Fluide magnétique, &: s'il eft vrai que le Fer n'a aucune affinité avec 'ui. Je me flatte cependant que ce qup 3e dirai dans k cours de ce Mémoire mettra les leéteurs a piême de juger de ces deux points, fur lefquels je n'héfite pas un moment ? admettre Ia negative. N. d. T, ] E5  74 I. mémoire. P. I. S. III. Ch. I, fondemens de ces Syftêmes, & en mieux examiner les principes. i°. j e rechercherai d'abord en quels fens les Corps peuvent être nommés Conducleurs ou Coercitifs du Fluide éle&rique. a°. J'examinerai en fecond lieu les? expériences par lefquelles M. cigna a cru démontrer que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, ou qu'il en eft Ye'ponge comme le penfe M. brugmans. 3°. Je fuppoferai en troifième lieu, que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, & je rechercherai s'il conduit le Fluide magnétique felon les mêmes loix, fuivant lefquelles les Corps conducleurs conduifent le Fluide cleétrique. 4°. J'examinerai enfin le fentiment de M. >epinus , qu'il faut comparer le Fer aux Corps idioéleclriques. C H Ai  Comparaifon du Fer & des Corps Conducleurs. 75 CHAPITRE I. Réflexions préliminair es fur les Corps Conducleurs & Coercitifs. §. 43. On fait en fait d'Électricité i°. que les Corps ne donnent aucun figne d'Electricité, a rnoins d'être placés fur d'autres Corps qu'on nomrae idioéletlriques: or ceux-ci font ceux qui deviennent éleétriques par frottement. a°. Que c'eft au moyen des Corps qui ne deviennent pas élechïques par frottement, que 1'Électricité peut-être foütirée de Corps aétuellement éleétriques , foutenus par des Corps idioélectriques, ou comme i'on dit ifolés: de forte qu'on peut conduire ou tranfporter 1'Électricité a une diftance quelconque: c'eft a caufe de cela qu'on nomme ces Corps des Conducleurs. 30. Qu'on detruit, ou qu'on diminue 1'Électricité des Corps ifolés, en les touchant par des Corps conducleurs. §. 44. On peut tirer de ces Phénomènes les corollaires fuivans, qui ne dépendent d'aueune hypothèfe. i°. Que les Corps coercitifs font ceux, dans  f6 I. MÉMOIRE. P. I, S. III. C/l. I dans lesquels on peut exciter 1'Électricité par Ie frottement feul, peut-être cependant ausfi par la chaleur (a), &.qUi font en même tems tels , que les Corps qu'on leur applique ne perdent^ pas l'Éleétricité qu'ils pofledent, qui fmpêchent par conféquent que le Fluide élec* frique ne s'en écoule, ne fe disperfe. L'idee d'un Corps coercitif renferme néceffairement; ces deux idéés. a°. Il fuit dela en fecond lieu, que les Corps Conducteurs font ceux, qui n'ont pas d'Éleétricité è moins qu'ils ne la recmventj qui diminuent 1'Elearicité des Corps coercitifs act-uellement; «leftriques qu'ils touchent, & qui deviennent eux mêmes éledriques par la (b), c. a. d. qui re- («) [V. ce qui 4 été dit ci-deffus dans la note (a) du 5. 8. N. d. T. j (*) [Je prie quej'on veuille faire artention aux expreffions. Dire, qu'un Corps Conducleur, qui touche un Corps ifolé aétuellement éleélrique , diminue 1'Électjnaté de celni-ci, & devient éleélrique lui-même, s'il «ft ifolé, c'eft, fi je ne me trompe, articuler un fait, 85 meme un fait conftant. Dire, que ce Corps foutire 1c ï-luide du premier Corps, & que c'eft par Ik qu'il devient clecmque, & que rÉlééïricité diminue, ce n'eft pas arfteuler un fait, mais tktt une conclufion du fait. Dire, que ïe Corps Condufteur qui vient a toucher un Corps électrifé, reduit a 1'état naturel le Fluide de celui-ci, que* 1'ÉIeélrifation y avoit accumulé, ou diminué; & que le Buide même de ce Conducteur vient a perdre par la fo? ctat 4|  Cbmpdraifon du Fer & des Corps Conducteurs, ff recoivent le Fluide éleétrique, le transportenis autre part, & s'en chargent, au moins quant a Fapparcnce: je dis quant d l'apparence, paree que les partiians du Syftême deM- frankl i n font d'opinion que les Corps coercitifs contienrient toujours la même quantité de Fluide éleérrique: mais que, des qu'ils de* tdennent éleétriques, ce Fluide s'accumule dans une' de leurs parties, 6c diminue dans Tau*re (c). Voici donc au moins a quoi fe re- duï- état naturel, Sc devient éleétrique, ce ri eft pas articuler m fait, mais, tirer une conclufion du fait. J'ai taché d'espofer les faits, mais les conclufions qu'on en a déduites fout auffi différente! que les différens fentimens des Auteurs. II me femble cependant qu'on s'exprime d'une manière trés - impropre, en nommant le Fer Conducleur du Fluide magnétique , fi on n'entend pas par la , quele Fer foutire réellement ce Fluide , 1'accepte, le fait paffer a travers fa propre fubftance, & le conduit, du Corps dont il le foutire, ailleurs. N. d. T. ] (c) Tentam.n theor'u ElecTr. w Magnétismi :■ Intrad., t? Cup. I. [Voyex. auffi ces mêmes Principes développés dans le Mémoire de M. steiglbhner. C'eft & deflein qoe je' me fuis exprimé dans Ie texte, comme s'il ne s'agiflbit que du Carreau de bevis, oa de la Bouteille de Leide , oa de tout Corps qui acquiert a la fois les deux Eleétricités; paree que c'eft le cas dont ks partifans de 1'Analogie entre l'ÉlecTricité & le Magnéïisme tirent le plus grand parti: auffi M. /EPiNusavouet-A que le Magnétisme ne fournit aucua Phénomène ana-  7§ ï. mémoire. P. I. S. III. Cht I* duira Paction des Corps conducteurs dans ce Syftême : c'eft qu'ils retabliront 1'équilibre du Fluide éleélrique qui fe trouvoit detmit, & que derechef ils diftribueront ce Fluide par tout également. Si Pon veut donc reduire tous les Phénomènes au Syftême de M. ïranklin, qu'on fubftitue cette idéé, quand je dirai 'que les Corps fe chargent du. Fluide éleétrique (d). f. Com- logue a ceux qui font propres aux Corps conduéteurs: & c'eft pour cette raifon qu'il a cru n'en devoir rien dire dans fa Theorie (1. c. §. 5. p. 14. §. 3. p. n.) Ces Phénomènes étoient pourtant ce me femble affez importans pour mériter un examen fuivi; & quelle eft la force d'une Analogie qu'on n'établit qu'en écartant a desfein les Phénomènes qui ne font pas analogues, & qui exigeroient uhe autre Theorie? M. de ia cepède avoiie auffi (Tome II. p. 46.) que les Conduéteurs ifolés offrent des Phénomènes, qui ne font pas parfaitettent femblables a ceux des Bouteilles de Leide, des caireaux magtques, & des disques de Verre qui ne font frottés que d'un cöté , & qui [ent précifement les analogues 'des Aimans, du Ter, ejr de la Platine. Car, du refte il eft certain que les cas dans lefquels les Corps éleétriques ne poffédent qu'un feul genre d'Éleéhicité, la pofitive, ou Ia négative, font de beaucoup les plus nombreux, au jieu qu'il n'y a aucun cas dans Iequel un Corps magnétique n'eft doué que d'une feule forte de Magnétisme, c. a. d. d'un feul Pole, comme nous le prouverons ciaprès , §. 195. feqq. N. d. T. ] (d) [Quoique M. apinus admette le Syftême deM. frank-  Comparaifon du Fer 0? des Corps Conducleurs. 79 30. Comme les Corps conducleurs acquierent l'Éleétricité, il s'enfuit 30. qu'il ne fauroit y avoir de pareils Corps, fans qu'il y ait des Corps coercitifs aétuellement éleétriques, & qui confervent leur Electricité jufqu'a un certain point: fans cela nous ne faurions ap~ percevoir s'il y a de rEleótricité ou non. Ces trois propolitions font ce me femble tres - certaines, 6c indépendentes de tout Syitême. 45. Lorsque nous établiifons une comparaifon entre 1'Électricité & le Magnétisme , 6c que nous nommons le Fer un Con- duc- franxhn dans fes points les plus efl'enüels, excepté riramutabilité de la quantité naturelle de Fluide dans chaque Corps, ir avoue cependant qu'il y a des cas dans lesquels le Fluide éleétrique eft véritablement foutiré des Corps éleétrifés: voici comment il s'en cxprime (Tentam, f. 10. §. 1. 8.) ;,I1 y a des Phénomènes éleétriques >? qui refultent d'un paffage aéluel de la matière éleéhi„que d'un Corps dans un autre, lorfqu'il paffe d'un ,, Corps qui en contient une plus grande quantité dans ,,un autre qui en a moins. De ce genre font furtout ,,les étincelles & les autres Phénomènes de la lumière éleélrique." Le Corps dans lequel le Fluide paffe paroit , dans ce cas; étre un vrai Conducleur , dans le fens ftriéi:, au moir.s lorsqu'il s'agit de Corps anékariques qui xtioiyenï k Ruide excédent d'un Coercitif. N. d. T. 1  Él ï. MEMO iRE. P. tl Si lil. C&.Ï: , dütlëur ou tin Coercitifs il faut qüe nous faslioïlS voir qüe le Fer repond réellement aux idéest que hoüs venons de développer. C'eft ce que .nous allons examiner avec fom.- I iu ne fera pas inutile d'óbfervef préalable* Sfnent, que les Corps peuvent être coercitifs ou conducteurs en différens degrés : qu'uri même Corps peut être quelquefois coercitif jusqu'ji tin certain point, 8c en même tems* conducteur jufqu'a tel autre degré : comme p.ex. lorfque le Fluide éleétrique y peut pafleij en quelque forte, mais difficilement. L'Hui-* le eft de ce nombre: c'eft un Corps condüc* teur: elle eft cependant en quelque forte coer* eitive, puifqü'elle peut. donner la cómmotioi& felon les expériences de M. wilke (a), Nous avons vu ci-deflus (§. ao, a$.') que.' la même chofe a lieu pour le Verre pulvéri't fé, les fleurs de foufre, 8c 1'argille. . !, (a) Mém. de l'Acad. de Snéde, Torsie XX. p,ï€ï. §. 2$ $t la trad. Allemande, ë  Comparaifon du Fer (3 des Corps Conducleurs. CHAPITRE II. Examen de la Queftion, fi Von peut comparer le Fer aux Corps conducleurs du Fluide éleélrique. §. 46. M. cigna appelle le Fer un Conducteur du Fluide magnétique: & comme les Corps éleétriques ne produifent aucun effet a moins qu'ils ne foient ifolés, & que 1'Aimant agit toujours, ce Phyficien établit que VAimant eft toujours ifolé (a). L'Aimant eft donc per* (a) Mifcellanea Taurmmfia, T. I. p. 43. §. 2. [J'ai indiqué ici & le fentiment de M. cigna Sc la preuve fur laquelle il 1'appuye : j'ai a peu prés copié fes expreslum$. M. de ia cepède a pris exaétement le contrepied de ce Syllême: felo.a lui tous les Corps de la Nature, excepté le Fer, 1'Aimant, & la Platine, étant des Corps conducteurs du Fluide magnétique, 1'Aimant ou les fubilances anémagnétiques ne fauroient jamais être ifolés. En effet dit-il (Tom.ll?. 5o.) „on pourra bien „entourer de Fer ou de Platine une fubftance quelcon„que, mais comment reconnoitrons nous alors fes ef~ „fets? Si nous nefaifons que la placer fur du Fer ou de „la Platine, fera-t-elle ifolée en communiquant avec ,»TAir, fubftance conduarice du Magnétisme? Si on la, T „ ren- tome I. F  8a I. mémoire. P. I. S. III. Ch. II. perpétuellement. entouré de Corps qui ne fe chargent pas du Fluide magnétique, c. a. d. de Corps coercitifs. Mais ces Corps fur lesquels 1'Aimant eft placé n'acquièrent aucune vertu magnétique & n'en peuvent jamais acquèrirj au lieu que les Corps coercitifs du Fluide éleétrique peuvent acquérir l'Éleétricité : ce n'eft donc qu'imparfaitement qu'on peut comparer eet ifolement magnétique a 1'ifolement éleélrique : il me paroit au moins en différer fi fort qu'il ne fauroit y avoir qu'une grande différence entre les effets qui dependent de 1'un ou de 1'amtre (b). D'a i l- renferme dans le vuide , le fera -1 - elle d'avantage ? Le ,, Vuide n'eft - il pas perméable pour tous les Corps, & ,,par conféquent pour tous les Fluides?" Mais s'il eft vrai que 1'Aimant ne puiffe être ifolé, quoiqu'il agiffe toujours, & qu'un Corps idioéleclrique ne fauroit agir a moins qu'il ne foit ifolé, il y a ce me femble une fi grande différence entre les aélions des deux Fluides , qu'elle feule fuffiroit pour renverfer toute analogie: d'ailleurs il eft difficile de concevoir, pourquoi 1'Aimant ne perdroit rien de fa force s'il étoit toujours entouié de Corps conducleurs, c. a. d. de Corps qui agiffent fur lui, pendant qu'un Corps éleétrique perd la fienne dés qu'un Conducleur le touche. N. d. T. ] (b) [L'ifolement éleétrique paroit confifter en ceci, i. Qu'en otant les Corps dans lefquels le Fluide éleélrique pourroit entrer facilement, il empêche ce Fluide de forr  Comparaifon du Fer cj? des Corps Conducteurs. 83 D'ail leurs, fi le Fer eft conducteur du Fluide magnétique, il le foutire, ou de 1'Aimant, ou du Fer aimanté , qu'on doit con* fidérer ici comme des Corps coercitifs ou magnétiques par eux mêmes. Mais, fi le Fer fe charge du Fluide magnétique, s'il le foutire de 1'Aimant, celui-ci ne doit-il pas s'aftoiblir? Le contraire a pourtant lieu (c). Que ceux qui adoptent le Syftême de M. franklin fubftituent a cette expresfion 1'idée que nous avons propofée dans le Chapitre précédent (§• 44- a°0. §. 47. fortir des Corps qui le contiennent S i. Qu'il empêche plus efficacement le Fluide du Corps éleétrifé de fe remettre en équilibre, & dans fon éttt naturel. Or comme il n'y a d'autres Corps, que 1'Aimant & le Fer qui agiffent fur le Fluide magnétique, il eft clair qu'il n'y a pas d'ifolement magnétique proprement dit, fi donc 1'Aimant agit toujours, s'il conferve fa force fjps être ifolé , il faut que 1'état qui le rend propre a agir foit plus ftable que celui des Corps, même idioéleétriques, éleélri*és: auffi M. «pinus établit-il (fentiment que nous examinerons dans la fuite §. 89. feqq.) que le Fluide magnétique fe meut trés - difficilement dans 1'Aimant & plus difficilement que le Fluide éleélrique dans les meilleurs Corps coercitifs. N. d. T. ] (c) [Nous discuterons cc point plus amplement §. 184—19». N. d. T.] F %  ?4 I; MEMpiRE. P. I. S. III. Ch. II, §. 47. Mais paiTons plutót aux expériences. II feroit trop long de rapporter toutes celles que M. M. cigna 8c brugmans ont alleguées, pour prouver que le Fer eft un tondufteur on une éponge. du Fluide magnétique : je ne ferai mention que des principales, telles qu'on les trouve chez les Auteurs dont je viens de parler, 6c que j'ai fouvent repétées'. Je les reduirai a trois ClalTcs. L a première ClalTe contiendra les expérien> ces, dans lefquelles on place le Fer entre 1'Air mant 8c une Aiguille aimantée 5 pu un Corps conducteur entre le Plateau de la Machine 8c. Ie Corps ftir lequel ce Plateau agit, L a feconde ClalTe contiendra les expériences, dans lefquelles f Aimant, ou les Corps éleétriques, font pofés fur des Corps conducteurs. Enfin la troifième ClalTe contiendra les Expériences , dans lefquelles plufieurs Corp$ ^leétriques ou magnétiques agiffent a la fois. Au beste les expériences magnétiques dont je vais parler, prïfes la plupart de M. M. cigna 8c'brugmans, ont déja été faites par g i e b e r t ? i5eschales, mus- 'schenbroek, ce qu'il fuftua d'obfervejf une fois pour t,outes^ I. Clas~:  Uómpèraifon du Fer dj? des Corp Cotidücleitrs. 8| I. Clajfe d'' Ëxpérïenèe's. §. 48. ExpÉr. IX. Je place a k diftance de quelques pieds du premier Conducteur de la machine éleétrique, un autre Conducteur, bien ifolé, êc muni d'un électrornètre. Je tourne le Plateau de la machine, êc le premier Conducteur n'agit pas fur le fecond. Jé prends un fil de Laiton que je tiens par un manche de Verre : je 1'applique aux deux Conducteurs a la fois, êc je continue- a. tourner le Plateau. Le fecond Conducteur eft électrifé fur le champ : les fils de 1'électromètre fe dxes*fent: le carillon éleétrique fonne, êtc. Nous en concluons que le fil de Laiton conduit, foutire, le Fluide éleétrique. Ex per. X. Je place un fort Aimant a quelque diftance d'une Aiguille aimantée, de fagon qu'il n'agifle pas fur elle, ou qu'il la détournt dü Méridieh d*une quantité cónnue. J'applique a. 1'Aimant une barre de Fer que je place entre lui êc 1'Aiguille : 1'Aiguille eft agitée fur le champ ). M. Ci" (a) Cigna 1. c. $. 4. Bkugmanï Temam. de Mat. Uagn. Exp. 4. p. 15, 16. [Cette expérienee fe trouvé auffi chez deschai.es, Mund. Mat/tem. Ton}. II. p. 285^ Exp. 21. Ed. fee. N. d. T. ]  26 I. mémoire. P. I. iS". III. CA. II. M. cigna a conclu de cette expérienee y que le Fer foutire, conduit, le Fluide magnétique : 6c M. brugmans que le Fer en eft Xéponge, puifqu'il tranfporte ce Fluide dans un lieu oü il" n'étoit pas, comme une épongc plongée dans Teau la fuce , 6c la tranfporte. (b). Ces (b) [ On verra dans la fuite (§. 67.) combien il importe de faire attention aux expreffions mêmes: cette raifon m'engage a citer ici les paroles de 1'Auteur. Voici Ia troifième propofition p. 12, en preuve de laquelle M. ïrugmans allègue les expériences dont nous faifons mention dans ce Chapitre. ,,Le Fer eft comme une éponge par rapport au Fluide magnétique qui entoure le pole d'un Aimant-, pour autant qu'il abforbe l'aétion de ,, ce Fluide , qu'il la diftribue par toute fa maffe auffi long,, tems qu'il touche le pole de 1'Aimant, ou qu'il refte ^, dans fon atmosphère." Voici la conclufion que M. ïrugmans rare (p. 16.) de fa quatrième Expérienee, qui repond a notre diiième. ,, Le Fluide magnétique ,,dont la direélion s'étend autour de chaque pole par ,, des lignes courbes divergentes , eft mtercepté par le bar,,reau de Ter , il en efi un peu concentré, & fon aétion fe ,, diftribue fur le champ par toute la barre: il peut donc ,, s'étendre plus loin, parvenir a 1'Aiguille, 8c 1'agiter. " Voila la conclufion déduite de 1'expérience cinquième, laquelle, ainfi que la fixième, repond a notre onzième. ,, Cette Expérienee démontre évidemment, ce me femble, j, que le Fluide magnétique efi attiré par le Fer, qu'il en i 'fuit la direclim, &c far conféquent qu'il eft foutiré du „Pole È *  Comparaifon du Fer 6? des Corps Condu&eurs. %f Ces Phyficiens concluent donc de ce que 1'Aiguille eft plus detournée de fa fituation qu'elle nel'étoit auparavant, que le Fertransporte le Fluide magnétique plus prés de 1'Aiguille. §. 49. Ex per. XI. Je pofe le batreau de Fer fur le pole d'un Aimant, placé affez prés de 1'Aiguille pour qu'il en refulte un effet fenfible. Je fais decrire un cercle au barreau: 1'Aiguille retourne peu a peu a fa première fituation : 1'attraétion de 1'Aimant paroit du moins affoiblie , & 1'Aiguille prend enfin a peu prés la même fituation qu'elle avoit, avant que 1'Aimant eut été mis en place. M. brugmans én conclut, que le Fluide magnétique eft attiré par le Fer, qu'il en fuit la direction, Sc conféquemment qu'il eft foutiré du pole: il ne doute pas même „ que n tou~ ,, Pole ( ou entrainé loin du pole , aiduci a Polo ,) lorfque 3,le Fer eft incliné a 1'Aimant, & qu'il eft oppofé a 1'Aiguille. " Enfin M. brugmans s'exprime ainfi a la p. 19. De même qu'une Éponge tranfporte 1'Eau par ,, toute fa maffe & en quantité d'autant plus confidérable ., que fon volume eft plus grand, de même le Fer , qui ., a le plus de maffe ou de volume, paroit attirer Sc „foutirer (abducere) une plus grande quantité de Fluide que le Fir d'un moindre volume. " N. d. T. ] F 4  88 I. mïmoi re. P. I. S. III. CL II. „ toute la force magnétique ne fut enlevée a „ Une diftance plus petite que celle d'un demi „ pied, fi 1'on pouvoit empêcher 1'écoule„ ment du Fluide magnétique par les cotés du barreau («•)." ExpÉrience XII. Je place un barreau entre 1'Aimant 8c 1'Aiguille, de facon qu'il foit perpendiculaire a 1'Aimant : 1'Aiguille tache de revenir a la même fituation qu'elle avoit avant qu'on eut placé 1'Aimant: elle y revient même fi le barreau eft aiTez épais, ou fi 1'on en interpofe un fecond, 8c un troifième, s'il en eft befoin. M. brugmans conclut dérechef, que le Fer entraine le Fluide magnétique par toute fa maffe (b). M. le monnier conclut, au contraire, de cette même expérienee que le Fer empêche le paffage de ce Fluide (c). Qu'il nous foit permis de faire obferver encore a cette occafion, eombien peu les expériences ont de (a) Ttntamina &c. p. 16 , 17. (£) Ibid. p. 19. [On trouve des expériences analogues dans le $. 180. de la Partie IV. des Principes dePhibfephie (/'descarïeï, 8c dans les Tentamina Academiat Del Ctmento, P. II. p. 75. On peut auffi confulter les Expér. 18. Sc 27. de deschalesI. c. p. 480. & 489., M d. T. ] (r) liipire de ÏAcad, Rey. des Sciences, 1733, p. 13.  eowparaifon du Fer & des Corps Conducteurs. 89 de force, ou combicn elles font obfeures, puisqu'elles conduifent deux Phyficiens céièbres a des conclufions directement oppofées. §. 50. Pass ons a 1'examen des expériences de cette première ClalTe. O n établit que k Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, ï°. paree que, pofé devant un Aimant, il fait qu'une Aiguille aimantée, fur laquelle eet Aimant n'agirait pas lans eet intermède, eft detournée de fa fituation: a°. paree que l'aétion de 1'Aimant eft diminuée 8c quelquefois détruite dès que le Fer eft pofé dans une autre fituation. Quand je dis que le Fer conduit le Fluide magnétique, j'entends certainement ceci, qu'il prend ce Fluide de 1'Aimant, qu'il le transfère par fa propre fubftance, 6c par conféquent qu'il le puife de 1'Aimant: qu'ainfi ce Fluide eft diminue dans 1'Aimant: de même que fi je touche un Corps eleétrifé 6c ifolé avec un Corps conducteur, je diminue l'Éleétricité du premier, ou je la transporte vers un autre coté (a). Cela pofé i le Fer conferve précife- ment (a) [C'eft le fentiment ordinaire, & qui paroit refultet immédia;ement lacés, abforberont k même quantité de Fluide. 3°- L e Fer en abforbera d'autant plus qu'il fera plus pres de 1'Aimant.. 4°- Le Fer, placé dans une fituation dan«T laquelle il abforbe le Fluide, dok néceftairement effeétuer que 1'Aimant, auquel il eft appliqué, agifie avec moins de foree, comme ayant perdu une partie de fon Fluide: 8c il ne doit pas être caufe que eet Aimant agifie avec la même force, ou avec plus de force (a). 5°- Un • O) [Ceux même qui appliquent a 1'Aimant la Théorie de M. FRA N KLIN , COÏime M. M. jïPINUS &STEI G~ iehnbii , pofent pour baze , que la grandeur de 1'attracnon ou de la repuliion magnétique eft proportionele a la quantité de Fluide que 1'Aimant contient: nous le verrons au §. 10. du Mémoire de M. ïTEici.EaNEX.  Comparaifon du Fer 13 des Corps Conducteurs. 93 50. Un barreau de Fer, qui abforbe une plus grande quantité de Fluide magnétique qu'un autre placé de la même facon, doit affoiblir d'avantage l'aétion de 1'Aimant; puisqu'il refte a celui-ci alors moins de ce Fluide: & que c'eft de la quantité de Fluide que 1'attraétion dépend (b.). 6°. Enfin, lorsque toute aétion fera détruite, c. a. d, lorsque 1'Aiguille fera revenue a fa première fituation, & par conféquent que tout le Fluide fera abforbé, 1'Aimant ne pourra plus agir: car il n'agit qu'a raifon du Fluide qu'il poflede. O r , tous ces corollaires, qui font intimément liés au principe que le Fer eft le conducteur du Fluide magnétique, s'écartent tellement de la vérité, qu'ils font parfaitement oppofés aux expériences ks plus certaines. C'eft ce que je vais prouver. %. 5a. Ex per. XIII. Je place 1'Aimant M a une certaine diftance de 1'Aiguille Aï? \_Fig. 1. ] : il a détourné cette Aiguille de fon Méridien NS fous un angle NCB,de 40 degr. (b) L'abfoibtion du Fluide eft, fuivant M. brugmans, proportionelle a la maffe du Fer. V. note a du §. 48^ dernière citation. N. d. T.J  94 I- mémoire. P. I. S. III. Ch. II. J'ai appliqué a 1'Aimant un barreau de Fer Z, de facon qu'il lui étoit perpendiculaire, & qu'il ne couvroit que la moitié de fa largeur: 1'Aiguille eft retournée a 30 d. Cette aftion eft donc a la précédente comme Tang. 300: Tang. 400 = 577: 839 = 0,69: 1 (a). II y a donc eu a peu prés trois dixièmes parties du Fluide d'abforbées. Ex pér. XIV. Je place de 1'autre coté ün barreau Y, exadement égal au barreau Z, 6c fitué de même. L'Aiguille n'eft detournée que tres peu; au lieu que le barreau Y auroit du abforber trois dixièmes, tout comme le barreau Z, 6c qu'ainfi l'aétion reftante auroit du être 0,38, ce qui revient aunangle NCB de ao° 50 min. Et même, en changeant tant foit peu la fituation du barreau Y,il eft facile de faire que la pofition de 1'Aiguille ne change pas du tout. (a) L'Aimant M. étoit placé dans 1'Équateur magnétique O E. Les Forces, qui doivent être exprimées par les finus des Anglês, comme M. lambert 1'a démontré (Mém. de Serlin, Tom. XXII. p. 21.) & qui feroient _ _ Sin. NCB *CI ~—2 > deviennent dans ce cas Tang. NCB. On Sr». ECB peut confulter ce que j'ai dit la deflus dans mes Recherche: furies AiguiUes Aimant ées, Part. r. ,§. 19 & 341. Mém. des Sav. étrangers, T. VIII. & dans mes Tentm. Tkeor. Mat/tem, de Phaen. Magnet. §. 40. p. 41.  Comparaifon du Fer dj? des Corps Condutlturs. 95 tout. Le premier corollaire, favoir qu'en appiiquant un nouveau barreau il s'abforbe quelque chofe des forces reftantes, n'eft donc pas conforme a la vérité: 8c le fecond, que deux barreaux placés de même f_ 8c égaux] abforbent la même quantité de Fluide, ne s'en éloigne pas moins. Paflbns au troifième. §. 53. Ex per. XV. J'éloigne de 1'Aimant le barreau Y, par un mouvement parallèle: 1'Aiguille s'approche d'avantage du Méridienj c. a. d. que l'aétion de 1'Aimant eft de nouveau diminuée. Or fi 1'on foutient, d'après M. M. cigna 8c brugmans, que Faffoibliflement d'aétion dépend, dans ces expériences, de ce qu'une partie du Fluide magnétique eft enlevée de 1'Aimant [par le Fer qu'on employé], il faudra foutenir ausfi, qu'il y a dans cette expérienee une plus grande quantité de Fluide enlevée , que lorsque le barreau Y touchoit 1'Aimant: ce qui eft contraire a 1'cnoncé du corollaire troifième, Sc a ce que la nature de Fabforption , ou d'une éponge exige. Mais comparons ces expériences entr'elles. On déduit 1'augmentation d'aétion, qui a lieu dans la dixième Expérienee (§.48 8c 50.) de ce que le Fer rapproche de 1'Aiguille la  q6 I. mémoire. p. I. s. III. c/i. II. la partie du Fluide qu'il a abforbée: On explique la diminution qui a lieu dans la troifième (§• 52-) & dans la quinzième expérienee, par la même abforption, pendant que les barreaux font ausfi dans ces deux cas plus proches de 1'Aiguille que 1'Aimant, & qu'ainfi ils rapprochent ausfi de 1'Aiguille la quantité de Fluide qu'ils ont abforbée. Si donc il ne fe fait ici qu'une fimple abforption, ne devroit-il pas- y avoir ausfi dans ces expériences un accroifTement d'aétion (a), au contraire de ce qui a lieu? Ces expériences ne font-elles donc pas contradictoire? dans Phypothèfe, que le Fer eft un Conducteur du Fluide éleétrique ? II me le femble ainft, §• 54- (a) [ Elle devroit même être plus forte dans ces dernlères Expériences que dans les autres, puifqu'elle y dcpendroit de deux Elemens, qui concourroient tous deux a la rendre plus grande: i. De ce que le barreau plus éloigné de 1'Aimant, en foutireroit moins de Fluide, qu'ainfi il en refteroit d'avantage a 1'Aimant, & par conféquent auffi plus de force (v. §. 51. notes a & b. ) 7.. De ce que le Fluide foutiré, bien loin d'être conduit ailleurs, feroit, au contraire, porté plus prés de 1'Aiguille, & devroit par conféquent attirer celle-ci , mais plus fortement, tout comme elle 1'attiroit Iorfqu'elle étoit dans le gole de 1'Aimant employé. N. d. T. J  '"Comparaifon du F er & des Corps Conducteurs, eft §. 54. Ex pér. XVI. Jc place un Aimant M a quelque diftance de 1'Aiguille AB, dans une directiort parallèle au Méridien magnétique NS [_Fig. 3.] L'Aiguille eft détournée de fa fituation. J'approche lentement un barreau de Fer F dans la direétion de 1'équateur magnétique : 1'attraction de 1'Aiguille diminue a méfure : c. a. d. qüe 1'Aiguille fe rapproche peu a peu du Méridien : mais dés qu'une petite partie, comme F g, eft parvenue au de la de 1'Aimant, l'aétion augmente de beaucoup : 1'Aiguille eft attirée beaucoup plus fortement, de forte que l'aétion devient quelque fois doublé ou triple. Cette petite partie 4 qui eft entre 1'Aimant & 1'Aiguille, rapproche donc de 1'Aiguille le Fluide qu'il a abforbé, tandis que 1'autre partie en élöighe lë Fluide [qu'elle contient,] & qü'avant qu'ü touchat 1'Aimant, tout le barreau ert eut éloigné tout ce qu'il avoit abforbé. Mais il eft évident, que cette petite partie ne fauroit produire un effet beaucoup plus fort que tout lé' refte du barreau. I l fuit évidemment de tout ceci que le troifième corollaire s'écarté du vrai. §• 55- Voici le quatrièirie corollaire. Le tome L G Fer  o3 I. mémoire. P. I. S. III. Ch. II. Fer placé dans une fituation dans laquelle il abforbe le Fluide magnétique, effectue nécesfiirement que 1'Aimant agit plus foiblement, & non qu'il agit avec une force égale ou plus grande. Mais c'eft ce qui eft contraire aux expériences. ExpÉrience XVII. Nous avons vu dans la douzième expérienee (§. 49.), qu'un barreau de Fer, appliqué perpendiculairement a 1'Aimant, eft caufe que 1'action de celui-ci eft diminuée, & par conféquent qu'il y a une partie du Fluide magnétique abforbée. Maintenarit je place 1'Aimant a une diftance telle, qu'il retient rAiguille dans fa propre direction mais que celle-ci fe rapproche du Méridien pour peu qu'on augmente cette diftance. II ne fe peut donc rien abforber du Fluide, pas la moindrc quantité, que 1'Aiguille ne fe rapproche du Méridien. Enfuite je place un barreau de Fer perpendiculairement au pole de 1'Aimant, de facon que 1'Aimant fe trouve au milieu de la longueur de ce barreau : 1'Aiguille refte immobile. Je pofe de même un fecond, un troifième barreau, 1'Aiguillc refte encore immobile. II devroit cependant y avoir beaucoup de Fluide d'abforbé , & par conféquent l'aétion devroit être diminuée, au contraire de cc  Comparaifon du Fer ö5 des Corps Condu&ejirs. 99 ce qu'on obferve. L'hypothèfe de 1'abforption n'a donc pas lieu (a). ExpÉr. XVIII- J'éloigne tant foit peu 1'Aimant, 8c j'attends que 1'Aiguille fe foit arrêtée. J'approchc le barreau obliquement, 8c je choifis une fituation telle que 1'Aiguille fe rapproche de 1'Aimant: le contraire de 1'abforption a donc encore lieu dans ce cas. L e quatiïèine corollaire me paroit donc erroné. Paffons au cinquièmc. §. 56. Ex r ér. XIX. Je place entre 1'Aiguille & 1'Aimant un barreau qui touche 1'Aimant j II fait que 1'Aiguille fe rapproche de quelques degrés du Méridien. Au lieu du barreau (a) [Qu'on ne dife pas que l'aétion ne fauroit être changée, puifque le Fluide abforbé . eft autant conduit a gauche qu'a droitc dans le barreau; qu'il agit par conféquent également des deux cötés & que ces aétions contraires fe détruilént; car quoique cela feroit vrai, dans le cas d'une abforption & d'une diftribution parfaitement uniformes, il refteroit toujours le fecond élement qui agit dans cette Expérienee, i'avoir 1'Aimant même: Or, la force de celui-ci eft diminuée par la quantité de Fluide qui en a été fouiirée par le barreau, & qui, comme nous venons de le dire, n'agit pas. L'aétion totale devroit donc être diminuée au contraire de ce qui a lieu N. d. T. ] G a  ico T. mémoire. P. I. S. III. Ch. IL reau j'applique a 1'Aimant une lame très-mince : 1'Aiguille recule beaucoup d'avantage» L'aétion eft donc beaucoup plus diminuée (a). Ex pér. XX. On prouve facilement, qu'en fuppofant 1'abforption, cette lame abforbe moins que le barreau: car fi on la pofe devant un Aimant" (b ), & qu'on lui fubftituc enfuite un cube de Fer de même longueur, l'aétion eft beaucoup plus forte dans ce fecond cas. L e Corollaire cinquième, qui établit, que le Fer qui abforbe plus qu'un autre Fer, doit caufer un plus grand affoibliflement d'aétion, lorsqu'il eft placé de la même manière, que le premier, s'écarté donc ausfi du vrai. Le fixiè- me {a) [Cette Expérienee a déja été faite par gilbert (de Magnete p. 86.) D esc artes en fait auffi menticn dans fes Principes?, IV. §. 180. Celles des Phyficiens de Florence font encore plus exaétes fur ce fujet. (Tentam. Acad. Flor. P. II. p. 75.) Au relte , on peut tellement proponionner dans cette expérienee 1'épaiffeur de la lame , & la force de 1'Aimant, que 1'Aiguille, ou ne recoive pas de mouvement, ou qu'elle fe rapproche beaucoup de 1'Aimant, ou même qu'en otant 1'Aimant elle foit véritablement repoufïée, c. a. d. qu'elle paffe au de la du Méridien. Mais il feroit trop long de détailler ici toutes les circonftances de ces Expériences. N. d. T. ] (b) [C. a. d. dans le fens de fa longueur. N. d. T.]  Comparaifon du Fer & des Corps Conducleurs. i o i me ne s'en écarté pas moins. II établit que, lorsque toute aétion eft détmite, c. a. d. lorsque tout Fluide eft abforbé, 1'Aimant ne dok plus" produire aucun effet. Or, c'eft ce qui eft entièrement oppofé a 1'expérienee. Ex per. XXI. J'applique k 1'Aimant un barreau, de facon que 1'Aiguille revienne au Méridien, c. a. d. que toute aétion foit détruite. J'applique enfuke un autre barreau, a coté Sc en deffous du premier: celui - ci agit fur une feconde Aiguille; & a pol pres ausfi fortement que fi le premü i n'y étoit pas: car en otant celui-ci, l'^ion du fecond eft a-peine affoiblie. $. 57. Tous ces corollaires, 'qui font ïnr féparablement liés au principe, que 1c Fer eft une éponge , ou un Conducteur , du Fluide magnétique, ne font donc pas conformes a la vérité : d'oü il fuit que les expériences, que nous avons citées ci-dcfius( §. 48, 49-), ne prouvent nullement que le Fer eft un pareii Conducteur, mais qu'elles indiqueroient plustöt qu'il ne 1'eft pas. Pour ce qui eft de la véritable explication de ces expériences, je dirai fimplement qu'elle n'eft pas du tout difficile, pourvu qu'on s'y prenne matliématiquement, êc qu'on parte d,e G 3 ce  102. I. mémoire. P. %. S. III. Ch. II. ce principe, que le Fer, approché d'un Aimant, devient magnétique. Je n'ajouterai pas ici ces démonftrations 5 mais je les ai couché toutes par écrit, pret a les offrir a 1'üluftre Académie, ft elle les déiïrc (a). II. Claffe d'Expériences. §. 58. M. cigna fait la comparaifon fuivante. Le Conducteur d'une Machine éleétrique regoit le Fluide du plateau, des cousfins, & du bois dont la Machine eft conftruite : il en recoit donc d'autant plus, & par conféquent il produit des effets d'autant plus grands, que le plateau, les cousfins, ficlebois fourniffent plus de Fluide. Mais, fi on ifole la machine, le Conducteur recevra certainement moins de Fluide, puisqueles Corps idioéieétriques n'en fourniffent pas, a moins d'être frot- tés. (a) [Si mes occupations & ma fanté me le permettent, je compte publier quelque jour un FUcueil de plufieurs Differtations fur 1'Aimant, dans lequel ces demonftrations öc'les Expériences, dont j'ai parlé, trouveront leur place. J'ai couché ces démonftrations par ecrit, des 1769. que j'en ai fait la matière des Lccons publiques que je donnois alors & je les ai confirmées en préfence de mes Auditeurs par toutes les Expériences néceffaires. N. d. T. ]  Comparaifon du Fer ci? des Corps Conducleurs. 103 tés. M. le roy a trouvé en effet que les chofes fe paffent ainfi en ifolant parfaitement la Machine éleétrique (.*), & j'ai fouvmt obfervé la même chofe dans une autre Machine fort élégante. On peut même obierver eet effet d'une manière fort fimple dans une Machine ordinaire, en employant des cousfins de foye au lieu des cousfins ordinaires: a peine obtient on alors quelque Éleéhïcité en tournant le Plateau (b). Quand on fe fert de la Machine de M. le roy, ou de quclqu'autre femblable, le Conducteur Sc le Plateau acquièrrent une Éleétricité pofitive : le bois Sc les cousfins de la Machine en acquièrrent une négative. Ceci pofé , voici 1'expérienee que M. M. cigna (c) SC brugmans (d) Ollt feite. Ex- O) Mém. de l'Acad. 1753- p. 447- [Depuis ce tems M. ée roy a inventé & décrit une autre Machine de ce genre, trës-élëgante & très-commode; Mém. de l'Acad. 1772.. p. 499- N. d. T. ] (b) [ C'eft une expérienee que j'ai réellement faite en 1774. Ce moyen me paroit plus commode que celui d'enduire les couflins d'une couché de Refine, de Souffre , ou de Cire , comme le propofe M. mar at ,p. 114. de fes Recherches 8cc. N. d. T. ] (c) Miscel. Tattrin. Ji C. §. 33. (d) Tentam. de Mat. Magn. p. 71. [Voici les paroles de 1'Auteur. „Puisque le barreau de Fer appliqué dans ce G 4  ro4 I. MÉMOIRE. a i.'s. Hl, Ch. II. ExpÉr XXII. Qu'un Aimant atth-c une Aiguille par fon pole auftral p. ex., qu'on pofe un barreau de Fer fur 1'autre pole, en ce cas fmleboreal: 1'attraétion en eft augmentée fur le champ. Ces Phyficiens expliquent ainfi cette expérienee: que le Fer abforbe la partie du Fluide qui s arréte auteur du pole boréal: or, dit M brugmans, ce Fluide étant enlevé, la force du pole auftral augmente. $• 59- Quoi qu'on püt faire un grand nombre de remarques fur cette explication, je ne m'arrêterai qu'a une feule reflexion Si lc barreau abforbe le Fluide dont il eft queftion il le recoit certainement. II reCoit donc, er»' ce cas, le Fluïde qui entoure le pok boréal de 1'Aimant, & par conféquent il devroit ac- qué- >» ce cas au Pole Knr^l Am i'y; 1 j - • . - ... ,1V. , Jllui4lu , mmmue la torce de „ce Pole, & même Yabfirk en grande partie, comme „ nous rayons démontré dans la troifième propofition L V. cette propofition ei-deffus dans la note b du § 48 1 \\ eft n*ureld.e déduire de cette diminution n laugmentauon de force du pole oppofé, c. a. d de ' 1, v-La^jiniujii que ia iorce du .pole boréal, setend dans la région auftrale, & par , conféquent dans toute la fphèrc d-attraétion de 1'Ai, , mant." N. d. T.J  Comparaifon du Fer & des Corps Conducleurs. 103 qucrir un pole boréal, au contraire de ce qui a lieu, car tout le monde'dit qu'il acquiert un pole auftral (a). Cette explication eft donc oppofée a tout ce qu'on connoit de plus certain fur la communication des forces. Mais , 011 explique comme il faut 1'effet dont il eft queftion, endifant, qu'il fe forme a 1'extrêmlté du Fer appliqué a 1'Aimant, un pole auftral-, qui attire par conféquent 1'Aiguille, & rend 1'attraétion totale plus forte. On verra par 1'expérience ftiivante que les chofes fe paffent réellement ainfi- ExpÉr. XXIII. Si on employé au lieu du barreau de Fer tin Aimant foible, dont le pole auftral foit tourné vers 1'Aiguille, 1'aétion fur celle-ci en fera augmentée. Or, on ne fauroit dire que le fecond Aimant abforbe le, Fluide du premier; car, fi cela étoit, le premier Aimant devroit également abforber le Flui- (a) V. note c du §■ 5 mais s'explique facilement par eet autre Phénomène, que la repulfion fe change fouvent en attraétion dans le contact immédiat (b)i O n ne peut donc rieii déduire de cei expériences (c) qui prouve, que le Fer eft un con- duc- attire les poles boréaux dés Aiguilles ; mais il attire plus fortement celui de 1'Aiguille dont il eft le plus prés; celle-ci s'approche donc plus du barreau que 1'autre: leur divergence augmente , & la repulfion en paroit augmentée : mais cette augmentation de repulfion n'eft qu'apparente: elle provient de l'attraétion que le barreau exerce. C'eft auffi le cas de la vingt-fixiéme expérienee... N. d. T.J (b) Cette explication n'eft pas moins erronée que la précédente. 11 n'y a ici aucune repulfion changée en attraétion. Dans cette expérienee on approche le barreaiT au deflbus des Aiguilles, ou dans un plan perpendiculaire è celui dans lequel les Aiguilles fe trouvent. Nous avons vu dans la note précédente que l'extrémité du barreau attire les extrémités mférieures des Aiguilles: il eft done bien fimple quelles s'y attachent lorsqu'on les met en contact avec ce barreau: mais, non obftant cela , elles confervent leur divergence. C'eft auffi le cas de la feconde partie de,la lóme Expérienee, a laquelle celle-ci i-épond. N. d. TV] (c) [Voici encore une E.xpérier.c: de M. cigna que m. ■ i'M  Comparaifon du Fer fc? des Corps Conducteurs. 113 duétctir dü Fluide magnétique: s'il y a quelque reflemblance entre ces Phénomènes, c'eft que les Corps éleétriques 8c les Corps magnétiques font attirés les uns 8c les autres, 8c que le Fer 8c quelques autres Corps deviennent magnétiques , ou éleétriques, par communication. §. 63. Voici la dernière expérienee-de cc genre qu'on trouve chez M. cigna (a). Ex pér. XXXI. Qu'une feuille d'Or foitattirée par l'extrémité du Conducteur ,de la machine: placez un Corps conducteur entre le Con- j'ai oublié d'alléguer. 1. Qu'on fuspende les deux fils ( Expér. z6.) entre deux Corps également éleétrifés: ils deviendront parallèles. z. Si on fuspend les deux Aiguilles (Expér. 17.) entre deux poles de même nom, leur divergence diminue, ou s'évanouit. En effet le fecond Aimant qu'on employé, tache de produire dans les extrémités inférieures des Aiguüles un pole contraire a celui que 1'Aimant, auquel elles font fuspendues, y a deja foriné. Leur force, & par conféquent leur repulfion, diminue donc. Mais, pour faire evanouir cette repulfion, il faut que le fecond Aimant foit plus fort que le prémier, paree qu'il n'agit pas, Comme celui-ci, dans le contaét immédiar. N. d. T. ] (a) L. c. §. 34. [C'eft par fa pointe que cette feuille doit être tournee vers le Conducteur: celle - ci fe dctourne lorsqu'on employé la pointe. N. d. T. ] TOME E H  114 I. m£ moiré. P. I. S. III. Ck. II. -Conducteur Sc la feuille: celle - ci ne garden^ pas fa première direction. Ex pér. XXXII. Qu'un Aimant [tenu perpendiculairement au deffus d'une Aiguille a coudre] reticnne cette Aiguille dans une iltuation perpendiculaire : mais il ne faut pas que 1'Aiguille touche 1'Aimant. Qu'on approche un barreau de Fer de eet Aimant: 1'Aiguille s'inclinera fur le champou même tombera. M. M. cigna & brugmans COm- parent. cette expérienee a 1'expérienee éleétrique précédente; Sc ils en concluent, que lc Fer abforbe une partie du Fluide: mais aucun ilc ces points n'a lieu. E t d'abord les cftets font direétcment oppofés dans les deux expériences. Dans la premièV rc, (b) T.r.tam\nci p. 38. [ Qu'un Conduéteur électnfé attire & repouffe des Corps légers, ces efftts cefferont fi, en touchant le Conduéleur du doigt, on en foutire, & ■conduit ailleurs le Fluide éleétrique: de même, dit M. ekugmans ,,le Fluide magnétique qui agit direékment ,,fur 1'Aiguille perpendiculaire, eft fuccé, attiré pat celle qu'on oppofe latéralement; il eft conduit comme ,,par un canal latéral &c.: & p. 39. ,,Le Barreau em,,ployé, en foütirant une partie de 1'Atmosphère ma„gnétique, en diminue 1'aaion fur 1'Aiguille perpendiculaire: le Fluide foutiré du pole boréal de 1'Aimanr paffe par le Fer, comme par un canal 8tc. N. d. T. j  Comparaifon du Fer & des Corps Conduïïews. 11§ re, le Corps pointu enlève une partie du Fluide éleélrique, & par la même la feuille d'Or acquiert une autre direéHon, qui eft moyenne entre le Conducteur Sc le Corps pointu j de forte que cette feuille fe détourne vers tous les deux. Si 1'on compare cette fuétion avec les Loix des caux courantes, comme Fa fait M. brugmans, la chofe doit certainement fe pafter ainlï : car, fi un Corps nage dans un Fluide, 8c qu'enfuite une partie de ce Fluide vienne a s'échapper parun trou, ce Corps tachcra de fuivre cette direélion, 8c ne parviendra pas au point direétcment oppofé. Mais, ft dans Fexpérience magnétique, une partie du Fluide magnétique étoit abforbée par le barreau, 1'Aiguille devoit ausfi fuivre cette direétion du Fluide: or le contraire a lieu, car 1'Aiguille tombe du coté oppofé. Le Phénomène ne fauroit donc être comparé au Phénomène éleélrique, 8c ü ne prouvé pas Fabforption du Fluide magnétique pan le Fer 5 il paroit bien plütöt direélement oppofé a cette doctrine. §. 64. Nous venons d'examiner les principales expériences, ou du moins tous les genres d'expériences, par lesquelles M. M. cigna Sc brugmans ont taché de prouver, que H % U  iiö I. mé moiré. P. I. S. III. Ch. II. le Fer eft un conducteur, ou une éponge, du Fluide magnétique. Nous avons vu, ce me femble, que les expériences ne prouvent pas cette doéhïne, & qu'il y en a plufieurs qui lui font fi direétemcnt oppoiêes, que, pour qu'elle fut vraie, les Phénomènes devroient être entièrement différens de ce qu'ils font aétuellement. J'cn conclus qu'il n'y a a eet égard aucune Analogie entre 1'Electricité & 1'Aimant, &, fi je ne me trompe, cette conclufion eft légitime. De plus, puisque, conformément a ce que nous vcnons de dire, le Fer n'eft pas un Conducteur du Fluide magnétique, & qu'il n'y a pas d'autres Corps qui agiflent fur ce Flui-. de, ils'enfuit, qu'i/»'_v a aucun Conducleur du Fluidé magnétique: mais, il y en a plufieurs du Fluide électrique, comme perfonne n'en dis- convient, pas même M. aipinus. J'en conclus donc encore, qu'il y a une trés grande différence dans la manière felon laquelle le FiuiÜe magnétique &: le Fluide électrique agiftent. Mais, 1'importance de la matière femble exiger, que nous difions encore un mot des fentimens de M. M. cigna & brugmans, furtout pour ne pas paroitre leur attribuer des fentimens qu'on pourroit croire ne leur pas appartenir. §• 65.  Comparaifon du Fer & des Corps Conducleurs. 117 §.65. M. cigna penfl- i°. que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, 8c que C'eft a caufe de cela qu'il eft attiré par 1'Aimant (a). Nous avons déja parlé de ce point (§.48.). II croit encore 1°. que 1'Aimant eft perpétuellement ifolé , paree qu'il agit toujours (b). Nous avons ausfi dit un mot ladcllüs (§. 46.)- De plus, ce Phyficien celèbre compare non-feulement le Fer aux Corps conducteurs, mais il paroit comparer ausfi 1'Aimant aux Corps idioéieétriques, ou coercitifs: car il dit (c) que 1'Aimant eft fcmblablc a un Globe de Verre fournifiant, ou a un Globe de refine recevant le Fluide éleétrique, quoiqu'il faffb d'aillcurs cette diftinétion, qu'il n'eft pas befoin de frotter 1'Aimant comme le globe. Mais cette comparaifon ne me paroit pas jufte: car fuppofons que les Éleftricités vitree 8c refineufe, font réellement différentes, comme je le crois (i), il n'en eft pas moins certain, qu'un («) L. c §. 3. (*) L. c. §. 2. (c) L. c. §. 4, 5. (d) [M. hemmer obferve dans fes remarques fur ce Mémoire, (p. 332 b.) „Qu'on admettoit ci - devant t* cette diftinétion, mais qu'elle eft détruite par des ex-  ri8 I. mémoire. P. I. S. III. C/l. II. qu'un feul êc même Corps, traité conftammentde même, rccoit toujours le même genre d'Éleéhïcité. II ne falloit donc pas comparer 1'Aimant al'un Sc 1'autre globe indifféremment, tnais exaélement a 1'un ou a 1'autre feulement. 66. Cette comparaifon me paroit d'ailleurs d'autant moins légitime, Sjf d'autant plus équivoque, qu'elle a induit M, cigna en erreur au fujet d'une autre expérienee; car, quoiqu'il compare 1'Aimant aux Corps idioéleétriques, Sc par conféquent aux coercitifs, il femble pourtant fuppofer ailleurs, que 1'Aimant ell un Conducteur: c'eft dans 1'expli- ca- „périences plus récentes: qu'on peut donner aux Corps réfineux 1'Éka'ricité pofuive, auffi facilement qu'au Verre l'Éleétricité négative , & reciproquement." Cette reflexion eft très-jufie, & 1'on peut voir dans différens endroits de ce Mémoire, comme §. 197,204,207,108 &c., que j'admets moi - même tous ces faits. Cette reflexion ne me regarde donc pas. En nommant les Electricités vitrée & réfineufe réellement différentes, j'ai llmplement voulu dire, que ce font deux genres d'Électricité différens, & non, comme d'autres Thyficiens 1'ont prétendu, une feule & même Éleétricité. mais plus forte dans un des Corps que dans 1'autre. Ce que j'ajoutej "titm feul & même Corps traité de même e«. prouve que je a'ai eu que ce feul fens en vue. N. d. T. ]  Comparaifon du Fer & des Corps Conducleurs. 119 cation du Phénomène, dont il fait mention (§■ 3 lh (d) [ Ce qui eft entre deux [ ] avoit été omis dans 1'original latin, paree que cette phrafc n'eft pas effentielle au fujet: mais j'ai cru, en y pcnlant de nouveau , que \z Leéteur aimeroit mieux voir 1'articlé en entier. N. d. T.] H 5  122 I. mémoire. P. I. S. III. Ck. II. „ & qui eft caché dans le Fer, lequel fe dila„ te par fon Elafticité au dehors du Fer, „ tandis que le refte, avec lequel il étoit en „ équilibre, avant que le Fer fut aimanté, „ i'approche du contact avec 1'Aimant. "] — „ Toutes les fois qu'on dit que le Fluide ma„ gnétique eft foutiré, eft disperfé par un ,j barreau de Fer, qu'il paffe a travers, il faut j, juger que nous païlons felon Vappnrence, ou „ le Phénomène. " Cette expresfion, „ le Fer eft une épon„ ge du Fluide magnétique, " eft donc une métaphore^ qui s'écarté du vrai: & cependant toutes les explications font fondées fur cette expresfion employée dans le fens propre. Mais, quant a moi, je penfe qu'il n'eft pas de 1'exaécitude de dire, que tous les Phénomènes fe reduifent a ceci, que le Fer eft une éponge du Fluide magnétique, & d'établir cependant que c'eft la une apparence trompeufe: de penfer que la raifon indique que ces expresfions font erronées, & de les employer néanmoins a 1'explication des Expériences. C'eft ainfique, quoique M. brugmans cut déja averti (p. 30.),comment il faut entendre 1'expresfion que le Fer eft une éponge du Fluide magnétique, il 1'employé cependant encore p. 32. dans ïefens propre, pour expliquer pourquoi le Fluide  Comparaifon df Fer cj? des Corps Conducteurs. ia3 de magnétique n'agit fur aucun autre Corps que furie Fer : „ c'eft, dit-il, que le Fluide eft concentré dans le Fer, tandis qu'il pafte * librement par tous les autres Corps: " mais, s'il eft concentré, il eft certainement recu, réellemcntpuifé, & ce n'eft pas la une apparence trompeufe (0- CHAPITRE III. Des Loix felon lesauelles les Corps ConduSteurS agijfent. §.68. Nous avons prouvé, fi je ne me *rompe, qu'on ne fauroit foutenir a jufte titre, que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique : mais, fuppofons que nous nous fommes trompés: concédons que le Fer eft réellement un Condu&eur du Fluide magnétique: cela feul fuffira-t-il pour établir que le Magnétisme eft femblable S^fÉfttttóé ? Nulle- ment; (0 [Voici comment M.brugmans s'expnme imme- diatement après p. 33- v> Les effet$ du F,uide „que. qui paffe a travers les Corps ks plus denfes, ne „font pas compa-ablcs a ceux qu'il dok manifeiler fur „le Fer, par lequel il eft fuccé & concentré. N. d. T.]  124 I- m é m o i r e. P. I. S. III. Ck. III. ment: il faudroit prouver de plus que le Fer conduit le Fluide magnétique felon les mêmes loix , felon lesquelles les Corps Conducteurs conduifent le Fluide électrique. Examinons donc quelles font ces Loix, afin de ne rien' omettre. Première Loi. §. 69. La première Loi qui paroit avoir lieu dans les Corps éleétriques, c'eft que tous les Corps ne font pas des Conducteurs également bons, mais que les uns font meilleurs que les autres. C'eft ainfi que les métaux font de meilleurs Conducteurs que 1'Eau: que 1'Eau eft un meilleur Conducteur que 1'huile &cc. &c. Les Corps Conducteurs font donc parfaits ou. imparfaits (a). M. cigna met le Fer au rang des Conducteurs imparfaits (b): il fe fonde fur les raifons & fur les expériences fuivantes. L'Aimant ne transmet pas fon aétion a travers le Fer, fi celui-ci eft trop long, & même M. musschenbroek fixe cette lon- (a) [Voyez ce qui a été dit fur ce fujet a la fin de la note c du §. 8. N. d. T. ] (6) [L. c. §. 6. Le Fer, dit-il, ne conduit le Fluïde magnétique que par un certain 'mtervalle, v deplus en plus foiblement: \\n efi donc pas un Conducleur parfait. N. d. T.]  Des Loix des Corps Conducleurs. \, moins bon. Or, quoique la même chofe ait lieu, „lame de Fei-blanc eft d'autant plus fortement agitée ,,par un Aimant, appliqué a la furface oppofée, que cette lame eft plus étroite. " Ces expériences prouvent donc que le Fer empêche raétion de 1'Aimant: celles que j'allègue, & qui font du même genre, le pr©n« vent encore mieux. N. d. T. ] 1 q m e 1, I  130 I-.mé moir é. P. I. S. III. CL IÏL lieu, dans rÉleetricité pour certains Corps, comme pour les métaux, p. ex. elle n'a nullement lieu pour tous les Corps; êc nous avons vu ci-deffus (5. 19—15.) que certains Corps deviennent par la pulvérifation, de Coercitifs Conducteurs, ou de Conducteurs Coercitifs j la même chofe n'a donc pas lieu pour les deux genres de forces, quoique M. brugmans les compare ausfi a eet égard, qu'elles agiffent 1'une ,êc 1'autre ausfi bien a travers les Corps interrompus , qu'a travers des Corps continus (<&)' Troifième Loi. §. 73. M. brugmans a trouvé que le Fer rougi conduit le Fluide magnétique tout comme lè Fer froid, êc M. musschenbroek avoit dé ja fait voir que le Fer incandescent eft attiré par 1'Aimant. J'ai fouvent repeté ces expériences, êc j'ai trouvé, en les variant beaucoup, que le Fer rougi eft attiré plus ou moins fortement que le Fer froid felon les circonftances. M. brugmans dit de plus, que le Fluide éleétrique eft égaiement dérivé-vers les Corps ardens que vers les Corps froids j êc il établit a eet égard une grande Ana- («) [ Tentam'ttM Prop. J. §. 43 47- N. d. T. i  Des Loix des Corps Conducleurs. ijl Analogie entre l'Éleétricité 8c le Magnétis* ine (a). Cependant cette Analogie me paroit non-feulement douteufe, mais encore je ne crois pas qu'elle ait lieu ; j'établirois même, a eet égard, une grande différence entre ces deux for- (a) Tmttmma, Prop. 4. p. 42. L'Auteur nomme 1'Ahalogie, qui a lieu a eet égard entre l'Éleétricité Sc lé ' Magnétisme , notabilis anahgia. [ 11 a fait ces expériences en employant dans les Expériences citées ci-deffus ,§. 48. des Barreaux de Fer rougi. . En rchfant a 1'occalion de cette note, 1'article de 1'ouvrage de M. brugmans, que je viens de citer, je me fuisappergu que ce Celèbre Phyficien établit encore, i 1'égard de la chaleur, une autre Analogie entre l'Éleétricité & le Magnétisme; favoir que ces deux forces font 1'une & 1'autre affoiblies par la trop grande chaleur dans les Corps oü ils font excités par le frottement, p. 43. Ces effets font certains: mais ils n'indiquent pas une Analogie proprement dite: car, 1. les Corps éleétrifés étant chauffés, approchent d'avantage de 1'état dans lequel ils deviennent Conduéteurs, comme on le verra dans ce § : & 2. cette même chaleur, rarefiant 1'air «mbiant, le rend moins coercitif: ce qui affoiblit 1'Électricité. Ces effets ne font pas les mêmes pour 1'Aimant, quoique la force de cette pierre diminue par la chaleur, comme nous le dirons §; 98. & cette même chaleur change le genre d'Éleélricité que les Corps coercitifs peuvent acquèrir (§. 208 feqq.) quoiqu'on les traite du refte de la même facon; ce qui n'a jamais lieu pour 1'Aimant, SN- d. T.J I *  Ifi I. mémoire. P. I. S.IVL. CL III. forces. C'eft ce que je pourrois démontrer complettement, ft je pouvois examiner ici comme il faut 1'influence de la Chaleur fur 1'Électricité. Mais, M. j e l g e r s m a nous a difpenfé de ce travail, en raffemblant les expériences faites fur ce fujet par d'autres Phyficiens , & celles de fon Maitre, M. van s winden, lesquelles n'avoient pas encore été publiées (b). Je dirai feulement que j'ai foigneufement repeté les expériences de M. de la val déja cité ci-deffus (§.23.) & que j'ai trouvé, qu'un Plateau d'argille armé comme le carreau de M. bevis eft un Conducteur étant froid: qu'étant chauffé jusqu' a un certain point il devient en quelque degré Coërcitif, Sc que chauffé encore d'avantage, il devient dérechef Conducteur. La mê- (b) Dijfertatio ih Infiixu, Caloris in Eleclrkitatem, Franeq. 1776. p. 35 50. [11 fuit des expériences allèguées ■dans cette differtation , & que 1'Auteur a comparées & discutées, qu'il y a un certain degré d'incandescence qui rend le Fer Coërcitif de Conduéteur qu'il étoit, étant froid , ou qu'il le redevient étant rougi d'avantage. Lè Fer rougi n'éprouve pas de pareil changement, dans fon -aétion fur le Fluide magnétique. Le Bois éprouve dè pareils changemens, par rapport a fon pouvoic de coaduire l'Éleétricité, comme il eft prouvé par les beWii Expér. de M. priestley fur ce fujet: P/iil.Traxf,Vdk 60. p. 210. & Expérim. on Airt, Vol. 2. N. d. T-2  Des Loix des Corps Conducleurs. 133 même chofe a lieu poui' un cilindre d'argille ? employé comme Conducteur d'une Machine éleétrique. M. wilson a ausfi trouvé que le Verre rougi, la poix fondue &c, font des Conducteurs (f), pour ne pas parler d'autres expériences (d). II me paroit refulter de tout ceci (c) Treatife on Eleclricity , p. 48. feqq. (d) [ On peut confulter les belles Expériences de M. , achard, inférées dans le Journal de Phyfique pour Fevrier 1780. p. 113. du Tome XV. & celles de M. hersert, Theoria Vhin. £leel. Cap. 3. Prop. 6, n. M. mak at établit auffi que le Verre, la Poix, la Refine, le Souffre, les Huiles grafles, & généralement toutes les matières indéférentes acquièrent par la fufion, ou 1'incandescence, la propriété de transmettre la communication. (Recherches &c. p. 80.) II fuit même des belles Expériences de ce Phyficien (p. 108.), que les Corps conduéteurs deviennent par 1'incandescence plus Conducleurs qu'ils n'étoient: car, les Corps globuleux incandescens attirent comme feroient des Corps métalliques pointus, du grand pouvoir desquels nous parierons §.79. feqq.: qu'un excitateur fort chaud fait détourner la bouteille de plus loin; & que, lorsqu'on fe fert d'un excitateur incandescent, il n'y a pas d'explofion de Fluide , mais qu'il s'écqule comme s'il étoit fortement attiré , par une pointe : expérienee exaélement analogue a celle du $. 80. Or, le Fer incandescent n'eft furement pas un meilleur Conduéteur magnétique, que le Fer froid: il n'agit ni plus fortement, ni de plus loin, & ne transmet pas l'aétion de 1'Aimant a une plus grande diftance: voila donc encore une oppofition de Phénomènes. N. d. T. ] I 3  134- I. MÉMOIRB.P. ï. S. III. Ch. III. ceci que le Fer 6c les Corps conducteurs fuivent, par rapport a 1'ignition, des Loix trèsdifférentes. J'ajouterai encore.que M. cigna même établit cette différence (e), que la flamme eft un Conducteur du Fluide électrique, Sc non du magnétique (ƒ). Quatrième Loi. . §. 74. Nous avons traité ci-deffus (§. 39.) fort au long de ce qui a lieu par rapport au Magnétisme pour le Fer reduit en différens états, en Sel, en Rouille, en Chaux, en Minéral; nous avons vu que le Magnétisme eft fort affoibli par tous-ces moyens, de facon qu'on ne s'en appercoit plus par les methodes ordinaires, les plus délicates: mais il n'eft pas entièrement détruit, Sc 1'on en trouve toujours quelque refte, en employant 1'élégante methode de M. brugmans. Si donc le Fer (e) Mifcell Taur. §. 41. 1. c. (ƒ) [M. mar at place la flamme parmi les Corps intléférens. Je doute ft les Expériences qu'il allègue font décifives -. mais la chofe me paroit prouvée par celles de "M. M. jAi.t aeert (Rxpér. d'Élefir. p. 104.). Nolle ï (Recherches(ar les Vhtn. Éietlr. p. 211.) Waits (Differiat. fur ÏÉleSlr. §. 208.) & d'autres Phyficiens, auxquet. ïes je puis joindre les miemies propres. N. d.'T.]  Des Loix des Corps ConduBeurs. 135 Fer eft un Conducleur du Fluide magnétique , il faudra dire que h.faculté conduBrice eft beaucoup diminuée par ces moyens : ' Sc fi nous nommons coercitifs les Corps non ferrugineux fur lesquels 1'Aimant n'agit pas, il faudra dire ausfi que le Fer fe rapproche beaucoup de cette facon des Corps 'coercitifs. Mais, quoique cette manière de parler foit très-impropre, cependant en 1'employant, & en confidérant la chofe fous ce point devue1, 'il fembleroit y avoir ici quelque Analogie avec les Loix que fuivent les Corps conducleurs dU Fluide éleélrique. Car, le Fer reduit en rouille, en chaux, en un mot dans un état imparfait, fera, felon ce que nous venons de dire, un Conducleur beaucoup moins bon: or, les Métaux reduits en chaux ne font plus Conducleurs de l'Éleétricité, ou du moins ils lè font dans un degré bien inférieur, Sc fe raprochent beaucoup des Corps coercitifs, comme nous 1'avons dit ci-deflus (§. 39.). §. 75. Il fembleroit donc y avoir ici quelque Analogie: ceux même qui embraflent ce fentiment, foutiendront qu'elle eft plus grande qu'elle ne le paroit au premier abord. Ils diront, que le Fer rouillé devient non-feulement de tres-bon Conducleur qu'il étoit, un I 4 Con^  136 I. mémoire. p. ï. S. III. Ch. HL Conducteur fort mauvais, que même, a moins d'employer la methode de M. brugmans, il eft indifférent pour 1'Aimant j mais encorp qu'il eft changé en cgercitif dans le fens le plus ftriéij qu'il eft devenu ausfi coercitif que 1'Aimant même : qu'en conféquence la rouille change tout ausfi bien le Fer de Conducteureu Coercitif, que la calcination change les Mé* taux de Corps anékariques en idioéleéhïques; qu'il y a donc une grande Analogie. O n fait en effet, que le Fer placé longtems ,dans une fituation verticale, acquiert non-feu* Jement la vertu magnétique, mais encore que, s'il eft rongé de rouille èc placé entre des picri-es,.il devient un véritable Aimant; un Coips très-femblable a 1'Aimant, par la couleur, la .dureté, l'aétion des diffolvans, enfin par les poles. C'eft ainfi qu'on a trouvé en 1695 au Iiaut de la Tour de Chartres, un pareil Fep magnétique, fur lequel M- vallemont aécrit un traité fort curieux («). On en a trouvé un autre a Marfeille en 1731 (b). M. leeuwenhoek en poffédoit un femblable pris (a) Defcnption de 1'Aimant de Chartres , nmo. 1697. (l>) [Hifioir. de l'Academ. Rojal. des Sciences 1721. p zo. N. d. T. ]  Des Loix des Corps Conducteurs. 137 ,pris de la Croix de 1'Eglife neuve de Delft (c). jlyaplus, Mr de la hire a fait artificiellement.de pareils Aimans, en renfermant des fils de Fer dans une pierre: il les a trouvé convertis en Aimant, au bout de dix ans (d), §. 76. Cette Analogie paroit affez gran.de au premier abord : mais il n'en eft plus ainfi fi on 1'examine de plus pres, En effet ce n'eft pas la rouille feule, qui donne a ce Fer la force magnétique. II femble qu'il faille pour cela le fecours du tems, puisqu'on ne trouve, que je fache, cette force que dans de vieux Fers, Or, 1'on fait que n -la Terre eft un grand Aimant, par laquelle le Fer acquiert fpontanément, & fans le fecours de 1'Art, la force magnétique. Le laps du tems femble effeétuer, que cette force devient conftante, & que le Fer acquiert des poles fixes. Au refte on ne pourra guères déterminer ce qu'il faut attribuer ici a l'aétion de la rouille, avant qu'on fache fi le Fer rouillé devient magnétique dans les endroits de la Terre, oü les barreaux de Fer elevés perpendicu- kr- (0 [Philof. Tranfi No. 371. Vol. 31, p. 74. N. d. T.] (i) [Mém. dei'Acad. 1705. p. ioj. N. d. T. } l 5  ï3"3 I. memoue.?, I. S. III. Ch. III. lairemcnt n'acquièrent aucune force magnétique, c. a. d. dans les endroits ou 1'Inclinaifon de 1'Aimant eft nulle, comme cela a eu lieu, p. ex. en 1751. dans 1'Océan atlantique, pres des cotes d'Afrique, vers le douzième degré de latitude auftrale (a). Cette influence du Ma- (a) [On fait en effet 1. que 1'Inclinaifon de 1'Aiguille n'eft qu'un effet du Magnétisme terrestre : 2. qu'il y a ,un rapport intime, quoique trés - facile a expliquer, entre cette Inclinaifon & les différentes forces que le Fer acquiert dans différentes fituations : il acquièrt la plus grande force dans le plan du Méridien magnétique ¶llèlement a la Jigne d'Inclinaifon : il n'en acquièrt aucune dans le même plan, mais pofé dans une ligne perpendiculaire a celle d'Inclinaifon. Voyez les belles expériences deM. ebugmans, Tcntam. prop. 26. p. 162— 175. 3. On fait par les obfervations faites en 1684. par un Marin anglois, qu'une barre de Fer tenue perpendiculairement , acquièrt a fon extrémité inférieure un pole boréal, mais de plus en plus foible, jusqu'au 12111e degré de latitude auftrale a peu prés fur les Cotes d'Afrique : que la le barreau n'acquièrt aucune force pendant Un certain efpace, au dela du quel il en acquièrt de nouveau mais dans une fituation renverfée; l'extrémité inférieure devient un pole auftral, de plus en plus vigoureux a mefure qu'on approche du Pole auftral de la Terre. Ces Obfervations font inférées dans les Philof. Trtmfacl. No. 177. Vol. 15. p. 2112, & en ont été copiés dans plu, fieurs livres de Phyfique, comme dans la Difi'ertation de M. muïschenbroek Jkr ïAimant, p. 261. De pareil- les  Des Loix des Corps -Conducleurs. 13$ Magnétisme terreftre, qui furement a lieu ici, eft: caufe qu?on ne fauroit faire de comparaifon légitime, ni établir quelque analogie ëntré ce changement de Fer en Corps coercitif, & 1c changement des métaux calcinés, eh Corps idioéleélriques j puisqu'ils deviennent tcls par cette opération même: car il n'y a pas, que je fache, d'Eleétricité univerfelle conftante qui concourt dans ce cas. §. 77. Il eft des Phyficiens, comme M. M. d'alibard («),&sicaüd öe la fond (b) qui attribuent en partie a 1' Eleétricité ce changement du Fer en Aimant; car ces Fers élevés font, difent-ils, touchés, pénétrés par la matière du Tonnerre. Mais cette explicacion me paroit détruite par une obfervation de M. brugmans (c) qui a tron¬ ies obfervations ont été repetées en 1738 par M. mchard, V. Magazin de tiambeurg^ Terp. IV. p. 68r. La ligne fur laquelle le barreau n'acquièrt aucune force, eft celle fur laquelle 1'Inclinaifon eft mille: elle n'eft pas parallM? al'Équateur; mais elle eft iituée en paitie audeflbus de 1'Équateur, & en partie au - deffus, comms p. ex. dans la Mer des Indes. N. d. T. ] (a) Dans fa Traduétion des Expériences de At. Vranldm ■ Tom. I. p. 141. (b) Traité d'Éleclricité, p. 6. («) Tentam'ma de Materia Magnetica , p. 157-  %ap I. mémoire. P, I. S. lil. Ci. lil. trouvé qu'une vielle croix de Fer du Cimetière d'un village de Frifc, nornmé klelfte Hiaure> s'eil changée en Aimant. 5- 78. Tout ce que nous venons de dire revient a ceci: qu'un des moyens par lesquels le Fer devient un très-mauvais Conducteur du Fluide magnétique, par lesquels il eft même rendu indifférent par rapport a 1'Aimant, favoir la calcination & le fel, change ausfi les Corps anéleétriques en coercitifs: que les autres moyens qui produifent de pareils changemens fur les Corps éleétriques, comme 1'ignition & la pulvérifation, n'en produifent pas d'effentiel fur le Fer. D'oü il refulte que les Loix-, febn lesquelles le Fer conduit le Fluide magnétique, différent beaucoup de celles qui ont lieu pour les Corps anéleétriques; qu'il n'y a donc a eet égard nulle Analogie entre l'Éleétricité & le Magnétisme, ou que du moins elle eft tres petite, quand même il feroit démontré que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique. Cjnquième Loi. §. 79. Les Corps Conducteurs fuivent encore une autre Loi très-remarquable, & dont ondoit, je crois, la découverte a 1'illuftre M. frank-  Des Loix des Corps Conducleurs. i^t f ranklin (0), favoir que les Corps pointus agiffent fur 1'Électricité différemment des Corps obtus* Je renfermerai dans les Expériences fuivantes, qui ne m'appartiennent pas, mais que j'ai fouvent repetées, tout ce qui a rapport a notre but actuel. - Expér- XXXVII. Je place fur le Conducteur de la Machine un Éleétromètre de M. ca nt on, qui confifte en deux fils. Je leur préfente un Corps an éleétrique très-obtus, en fotme de boule, & j'eXamine a quelle diftance il faut le placer pour qu'il abforbe le Fluide, foit en tirant des étincelles, foit autrement, 6c pour que les fils de [1'Eleétromètre s'abaiffent par conféquent. Je fubftitue enfuitc un Corps pointu au précédent, & j'opère de même. Ce Corps attire le Fluide éleétrique d'une beaucoup plus grande diftance, 6c en filence^ fans aucune étincelle: c. a. d. que les fils s'abaiffent, quoique le Corps pointu foit encore beaucoup plus éloigné du Conducteur que le Corps fphérique ne 1'étoit auparavant. On fait d'ailleur» que le Fluide magnétique s'échappe en aig'ret- tes (a) Ltttres &c. Lettre ï. §. 17. de la Tradudtion. C'eft ia cinquième de 1'original. Voycz auffi les §. 48. des Notes que M. wilke a jointes a la tradudtion allemande de ces lettres.  «4* t. mémoire. P. I. S. UI. Ck lït tes par les pointes, les angles Sec, au contraire de ce qui a lieu pour les extrémités arrondies. §. 80. Expér. XXXVlIL j'applique le Conducleur de la Machine fur la Bouteille' de Leide, & au moyen d'une chaine j'établis urie comriïunication entre cette Bouteille Sc 1'Eleélromètre deM. lane (<ü). Je pofe eet Eleélromètre, garni d'une boule, a. quelque diftance du Conducleur. La Bouteille fe charge, &, après quelques revolutions du Plateau, elle fe décharge fpontanément & avec étincelle. Ensuite je garnis 1'Eleélromètre d'un Corps pointu : du refte j'opère de la même fa* con: la Bouteille ne fe charge pas avec étinccl^ le vifible: en unmot tout fe pafte ici tacitement, êc, comme dit M. le roy, enfilence (b). Cet (a) [ Voyez la defcription de cet inftrument dans les Phikfiph. TranfaB. Vol. 57. p. 451. M. l'espinassé s'eft fervi d'un pareil Éleciromècre, qu'il a décritdansla même Volume, p. 188. Au refte 1'Éleétromète que M. ma 11 at vient de propofer dans fes Recherches, p. 19. eft en effet & pour le fonds le même que celui dont nous parions ici: mais je crois qu'il fera plus commode dans 1'ufage. N. d. T. ] (é) [Voyez fes excellens Mémoires fur les Garde-Ton- nerrit  Des Loix des Corps Conducleurs. 143 •Cet effeta lieu, quoique la diftance de 1'Electromètre foit plus grande que dans le cas précédent. Dans celui-ci, le Fluïde fort du coté. extérieur de la Bouteille par la pointe (c), avant qu'il y foit affemblé en affez grande quantité pour être attiré par le Conducteur, Sc faire explofion (d). §. 81. Les Loix, que les Corps conducteurs de l'Éleétricité fuivent dans ces expériences, font donc celles-ci. i°. Que les Corps pointus attirent le Flui» de verre, inferés parmi ceux de 1'Académie pour 1770, p.' 62 feqq., 8c pour 1773, P- ^7^- ^11- Dans ime ^es expériences de M. le roy, une pointe foutiroit en ftlence l'Éleétricité du Conducteur, a une diftance 1296 fois plus grande, que celle a laquelle elle pouvoit rlrer une étincelle, 8c 36 fois plus grande que celle a laquelle une boule faifoit partir une Étincelle du Conduéieur, N.d. T.] (c) [ Car, la pointe ayant au moyen de la tige de l'Éleétromètre une communication métallique avec la doublure extérieure de la bouteille, le Fluide qui fort de celle - ci, eft conduit a la pointe par laquelle elle s'écaappe. N. d T. ] ( d) [ J'ai principalement imité les Expériences dont je fois mention de celles de M. hen iey, Philof.Tranf. Vol» éi- ?• 133- feqq. N. d. T.]  f44 t MÉMoire. P. I. S. III. CA. Ut. de éleétrique d'une plus grande diftance que les autres (a). a°. Qu'ils le conduifent plus tranquille* Inent. 3°. Qüè les Corps obtus attirent a la vé« rité le Fluide éleétrique d'une plus petite di* ftance, mais que lorsqu'ils 1'attirent ils le font avec une beaucoup plus grande force (b). M. CIG- (a) [ Cet article eft fingulièrement prouvé par les belles Expériences de M. achard, inferées dans le Journal de t/iyfique ,ƒ«;'» 1782. Tome XIX. p. 418. Milord mahon a fait de trés - bonnes réflexions fur celle de ces Expériences dans laquelle on a employé neuf pointes a la fois, £z dont 1'efFet a pourtant été moins fenfible que lorstm'on n'employoit qu'une pointe. Principes d'Élefiricité §. 50—-56. J'allègue encore en preuve les excellente» expériences de M. nairne, inferées dans les TranfaSl.PhU lofoph. Vol. 68. p. 801. feqq. Sedans le Journal de Pkyjique, Mars 1781. Tom. XVII. p. 191. feqq. Ces expériences prouvent en même tems la feeonde Loi éhoncée dans le Texte. N. d. T.j (£) [ Les Expériences de M. nairne dont nous venons de faire mention dans la note précédente, pröuvent eminément cette troifième Loi, furtout les Expér. 13, 14 8£c. — 21, dans lesquelles deux Corps égaux, étant mis en équilibre au bout des bras d'une efpèce de fealance trés-mobile, &c chargée d'Éleétricité 1'équilibre fe eonfervoit en pofant fous un de ces Corps une pointe ; tandis qu'il étoit déuuit, en pofant a la même di-  DèS Loix dcS Corps Conducteurs. 14^ M. cigna établit une comparaifon entre les Phénomènes des Corps pointus tant magnétiques qu'éleétriques: nous allons 1'exami- ner (c). ' C é Phyiicien allègue trois fortes d'expériences, li nous en cxceptons celles qui coxxcernent les Phénomènes de 1'armurc de 1'Ai»mant: nous parierons de celle - ci dans la Section fuivante (d). 1. Que ftance une boule : le Corps étoit alors attiré vers la boule, &fe déchargeoit fur elle. N. d. T. ] (c) Miscell. faurin. 1. c. §. 40. (d) [J'examine a la vérité dans la Seétion fuivante les Phénomènes des Aimans armès: m'ai j'ai oublié d'y faire mention du feul fait que M. cigna allègue pour prouver la Thefe dont il eft queftion dans ce §. Le voici: ,,-Les angles externes des armüres dimi.iuent la ,, force magnétique s'ils font aigus, Sc Ia diffipent tout ,, comme une pointe appliquée au Conduéteur ou a la i, Machine, diminue la force éleélrique." Sur quoi M. cigna cite ce que M. mujscheneroek dit dans le §. 556. de fes Elfais deP/iyfique , qu'il faut arrondir les pieds des armures: confeil qu'il avoit déja donné dans fa differtation fur 1''Aimant, Exp. 73 , a la fin p. 132.; & la raifon que ce Phyflcien en donne eft, que le pied arrondi concentré la force dans un plus petit efpace. Mais cette expiication eft hypothétique : & je ne fache qu'il y ait une' feule expérienee directe ou décifive qui prouve que, routes chofes d'ailleurs égales, les pieds a angles faillatts* &• tome I. K  I4Ó I. mémoire. P. I. S. III. Ci. lil. i°. Que les Corps pointus, ou terminés en Cone, foutiennent un plus grand poids que les Corps plans. 1°. Que la limaille s'attache plus facilement aux angles des barreaux qu'ailleurs. 3°. Que k Fer pointu, frotté contre du Fer, ou quelque autre Corps dur, acquièrt une plus grande force que quand on frotte tui Corps plan. §. 8a. Mais, avant que d'examiner ces trois points, j'obferverai, qu'aucune de ces expériences prouve, que les pointes attirent le Fluide magnétique de plus loin que les Corps obtus, ce qu'il faudroit cependant pour pouvoir établir une Analogie avec les Corps éleétriques (a). J'examinerai ceci au moyen des expériences fuivantes. ExpÉr. XXXIX. Je place un Aimant a une telle diftance de 1'Aiguille qu'il n'agit pas fur diffipent plus la force magnétique, que les pieds arroftdis, & que, s'ils le font, c'eft que le Fluide magnétique s'elance par ces angles. N. d. T. ] (aj [Car la première Loi que les pointes obfervent, dans leur aétion, & qui eft 1'une des plus esfentieles, c' eft que les pointes attirent le fluide éleétrique d'une plus grande distance. Voyez § 8i. N. d. T.J  Des Loix des Corps Conducleurs. 147 fur elle: j*y applique un. barreau de Fer, que j'éloigne ausfi de manière que 1'Aiguille reste dans fa première fituation, mais qu'elle commence a fe mouvoir, pour peu qu'on diminue la diftance du barreau. Je fubftitue enfuite a ce barreau un autre barreau de même longeur 5c de même baze , mais pointu. 1'Aiguille n'eft pas agitée: ce fer pointu ne foutire donc pas le fluide d'une plus grande diftance. Expér. XL. J'applique le barreau obtus, 5c je le place de fagon qu'il agisfe fur 1'Aiguille, Je lui fubftitue le barreaü pointu, 5c celui-ci agit plus foiblement, Ou point du tout. E x p é r. XLI. J'applique perpendiculair i'ement a. 1'Aimant un barreau de Fer, de fagon que l'aétion fur 1'Aiguille foit affbiblie. Je lui fubftitue un barreau pointu des deux bouts [mais du reste égal] pour que le fluide magnétique puisfe s'écouler plus facilement 5c plus abondamment: cependant 1'Aiguille n'en reste pas moins dans la même fituation, ou même elle 4'approche de 1'Aimant. II y a dans ces expériences bien des circonftances qui dépendent de 1'épaisfeur 5c de la longeur du barreau qu'on •mploye. Ces Phénomènes font évidemment ccyitraires aux Phénonaènes éleétriques du mêmegenre, . *. 83. tn. K a  148 I. mémoire. P. 1. S. III. Ch. III. §. 83.. M. cigna tache cependant de prouver par le fecond genre d'expériences dont nous avons parlé, que refrluence du fluide magnétique eft plus abondante par les pointes. Voici une de ces expériences. Ex pe r. XLII. Qu'on couvre un barreau magnétique d'une glacé qu'on faupoudre de limaille : celle-ci s'arrange comme fi elle fortoit principalement des angles du barreau: au moins elle tend vers les angles, d'une plus grande diftance. Cet effet eft plus fenfible, fi 1'on employé un barreau pointu des deux cotés, ou fi 1'on emporte une pièce du milieu d'un barreau ordinaire (cï). Voici comment plufieurs Phyficiens expliquent cette expérienee: la limaille s'arrange en courbes par le courant du fluide magnétique: ces courbes indiquent, par leur fituation, le chemin que ce fluide fint: donc, puisque la limaille s'attache plus abondamment aux angles, c'eft une preuve que le fluide 's y trouve en plus grande quantité. §.84. Quoio,u'iLy auroit bien des objeétions a faire a cette explication, 6c qu'il ne feroit (a) Musschkneroek, Disf. de Magnete. p. Il8. feqq. labula 4. Exp. 64. feqq.  Des Loix des Corps Conducleurs. 14.9 feroit pas difficile de donner la raifon vraie 6c mathématique de ces Phénomènes, mon' but acïuel ne me permet pas de m'arrêter a cette discuslion. Je prefère donc de repondre a 1'expérience même. S1 le fluide magnétique fort réellement plus abondamment des angles 6c des pointes, 6c il ce fait eft prouvé par la figure de la limaille, il faudra, ainfi que celaa lieu dans l'Éle&ricité, lorsqu'il n'y a au barreau ni angles, ni pointes, que le fluide magnétique foite également de partout. Si donc nous employons une boule, ou unanneau, il ne s'y trouverapas d'endroits d'oü le fluide s'écoule en plus grande abondance que d'autres; mais le contraire a lieu: car, comme je 1'ai fouvent vu, fi 1'on répand de la limaille fur un anneau, il y aura ausfi deux endroits, dont la limaille paroitra fortir plus abondamment. L'explication dont nous parions ne fauroit donc fe foutenir, 6c les Phénomènes en queftion ne prouvent pas, que le fluide magnétique fort plus abondamment des pointes, com- 0) Voyez le desfein de cette Expérienee dans la Béfcription des Courans Magnétiques de M. bazin, PI. 14, 16 17, 18. [Et musschenbrroek, Disf. de Magn:te, Tab. 6. La même chofe a lieu pour les barreaux, dont les extrémités font arrondies: ibid. Tab. 4. N. d. T. ] K 3  150 I.MÉMOIRE. P. i. s.m.cLin, comme cela a lieu pour le fluide éleétrique. §.85. PAssoNsa 1'examen des autres expériences allèguées par M.cigna. Le pre-, mier genre contient celles ou les Corps pointus ou coniques, foutiennent un plus grand poids que les Corps plans. Mais ce n'eft la qu'une conclufion que ce Phyficien déduit des Expériences de M. musschenbroek, êc je ne crois pas qu'elle en puiffe être déduite(^). M. musschenbroek a fait faire trois cilindres de fer, également longs (b): favoir de 4 pouces 1, 1, Un bout étoit plan, 1'au» tre conique: la hauteur des Cones étoit d'un dixième de pouce. On paffe ces cilindres un certain nombre de fois fur 1'Aimant. Le (a) M. cigna paroit allèguer ce prétendu fait, que les pointes foutiennent un plus grand poids, en preuve de ce que les pointes magnétiques recoivent 011 laisfent échap-r per le fluide magnétique en plus grande abondance: car voici comme il 's exprime dans le §. 40: Les Corps „ pointus recoivent ou laisfent échapper le fluide éleétrw „ que plus abondamment: /* même chafe paroit avoir lieu 1, pour 1' Aimant; car les extrémités coniques de cilindres „ aimantés foutiennent un poids beaucoup plus fort que „ leurs bazes planes. " Mais nous avons vu §. 82.. que tette plus grande émisfion de fluide magnétique par les pointes n'a pas lieu. N. d. T.] (j>) Disfert, de Magnete, p. 96. Expér. 31,  Des Loix des Corps -Conducleurs. 151 L e Cilindre A, épais de de gr. pouce , a foutenu par fa baze plane a peine 1 conique 1T» L e Cilindre B, épais de rje ' r 100 pouce, a foutenu par fa baze plane 1 conique 7 1 U * L e Cilindre C, épais de de ■* * 100 pouce, a foutenu par fa baze plane 1 conique 8 L e Cilindre D, épais de de pouce, a foutenu par fa baze conique 4 Ces Expériences démontrent donc, qu'il y a une certaine épaisfeur de Fer, qui recoit le plus de force (c). Or, comme la baze conique approche plus de ce maximum d' épailTeur que les bazes planes, elle foutient ausfi un plus grand poids (c) [Ce fait a (Tailleurs été prouvé par d'autres Expériences , furtout par celles de M. musschenbroek, 1 c. Exper. 16-2z, & Corol. 1. p. 44. Reimrquons ausfi que M. musschenbroek a fait pour confirmer cette Thefe les Expériences dont il eft question dans ce $ N. d. T.j  Ï5X ï- MÉMOIRE. P. I. S. III. Ch, III, poids. Ce qui confüme que c'eft la la raifon du Phénomène, c'eft que les Cones des Cilindres B Sc C ont foutenu un plus grand poids que le Cone du Cilindre A, quoique les bazes planes ayent foutenu un poids égal. Mais il ne peut fortir du Cone qu'une quantité de fluide proportionelle a celle qu'il contient, c. a. d. acelle que contient la baze: cette expérienee ne prouvé donc pas ce queM. cig-na en a déduit {d). §. 86. M a i s, on trouve dans la difleitation de JVI. musschenbroek {d) une expérienee, qui prouve réellement que la force des pointes eft plus petite. Je 1'ai faite de lafaconfuivante : Expér. XLIII. Pofez fur un fort Aimant A {fig- 4.) un petit cilindre de Fer B > que (d) [S'il étoit vrai, comme le prétend M. cigna, que les pointes attirent plus fortement que les Corps noripointus, il s'enfuivroit que 1'Aimant agiroit a cet égard très-différemment de l'Éleétricité; voyez ce qui a été dit ci-desfus §. 81. n. 3. & note c. Au reste, on ne peut déduirc aucune Analogie de ce que les pointes magnétiques attirent moins fortement que les bazes planes, paree que cela ne dépend pas, ainfi que nous 1'avons vu § 82, de cc que les pointes magnétiques épuifentles Corps magnétiques, fur lesquels ils agijfent, de plus loin & en filence; ce qui eft la caufe d« Phénomène électrique païallèle. N. d. T,] (*) Disfert. de Magnete, p, nc, Expér. 49.  Des Loix des Corps Conducleurs. 153 qüe le barreau de Fer C D touche ce cilindre; il enlévera le cilindre de 1'Aimant. Qu'on pofe fur 1'Aimant un autre cilindre B, également grand, mais pointu. Si la pointe touche 1'Aimant, le Cilindre pourra être enlevé par le barreau C Dj mais il ne le fera pas, 11 la pointe touche le barreau. Enfin, qu'on faffe au cilindre une pointe très-aigue, Sc une tête platte plus grande j le cilindre pourra être°arraché de 1'Aimant par 1# barreau, fi la pointe touche 1'Aimant, mais nonfi c'eft la tête qui le touche. Cette Expérienee prouve donc, que la pointe foutire ou transfère une plus petite quantité de fluide magnétique qu'un corps obtus, fi tant eft qu'il fe fafle réellement une abforption, §. 87. L a dernière Expérienee que M. cigna allègue, eft un Phénomène obfervé par plufieurs Phyficiens, que les inftrumens de fer pointus acquièrent, lorsqu'on les frotte , une plus grande force que ceux a baze plane (a). Dans ces expériences, le Fer acquièrt la force magnétique naturellement, c. a. d. parle Magnétisme de la Terre : or on fait que les lames (a) Voycz musschenbroek, 1: c: p. 168. Expér. 143- feqq. K 5  Ï54 I- memo ir e. P. I. $. III. CL III. lames de Fer peu épaisfes acquièrent plus facilement de cette manière la force magnétique que d'autres: & les corps pointus ont moins d'épailTeur vers la pointe. Je doute donc que 1'on puiffe tirer de cette expérienee quelque conclufion propre aétablir le fyitêmedeM. cigna. Nous avons donc prouvé, ce me femble, que les pointes n'abforbent ni ne fourniflênt. pas plus facilement le Fluide magnétique que les corps obtus. Je ne réconnois d'ailleurs aucune Expérienee magnétique, dans laquelle on obferve quelque chofe de femblable a. cette grande commotion, ou a cette explofion de fluide, qu'on obferve en employant des corps obtus avec la Bouteille de Leide & 1'Eleéto'• mètre [§. 80.] (b). §. 88. Nous (b) [Ce font non feulement les Corps pointus qui foutirent le Fluide éleétrique felon d'autres Loix que le Fluide magnétique; mais la même chofe a lieu pour les Corps musfes 8c globuleux. J'en appelle aupaufes cleclriques, découvertes par M. gross, 8c décrites dans le bel ouvrage qu'il a publié fur ce fujet en 1776. (Éleclrifc/ie paufen'Leipég 1776, 8vo.) On en trouve un extrait dant le Jourml de P/iyfique, Tom. X. p. 235. Notre but ne nous permet pas d'entrêr dans des détails la desfus: je remarquerai feulement qu' on retrouve ces paufes dans les Expériences 2. & 27. de M. nairne , dont nous avons parié note d du §. 81, & dans 1' Expérienee 62.  Des Loix des Corps Conducleurs. 155 §.88. Nous pouvons, fi je neme trompe, concku-e avec droit, de tout ce que nous venons de dire, que les Loix felon lesquelles Je Fer conduiroit le fluide magnétique, font entièrement différentes de celles felon lesquelles les corps conducteurs condujfent le fluide éleélrique. II n'y a donc ici nulle Analogie. Mais, nous avons démontré tout ceci dans 1'hypothèfe que le Fer eft un Conducleur du fluide magnétique, quoique nousayons démontré dans le Chapitreprécédent, qu'il n'y aaucune expérienee qui le prouve, & que même toutes celles que je connois font oppofées a cette doctrine. O n peut donc, ce me lemble, établir furement, non feulement qu'il n'y a,par rapport aux du Milord mahon §. $82. de fes Principes d'Eleclricité. Je ne connois rien dans 1' effet des barreaux aimantés, ou du Fer appliqué a 1'Aimant, ou entre deux Aimans, ou entre un Aimant & une Aiguille, qui,'fuppofé même que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, foit analogue au Phénomène des patfes; rien même qui n' y foit oppofé: car un barreau de Fer, après avoir agi avec force, bien loin d'être pendant un ceriain espace fans agir, ou a n'agir que trés foiblement, pourrecommencer dérechef avec force pasfé cet espace, ce qui eft le cas des paufes éleclriques, agit toujours d'autant plus foiblement , qu'il eft plus éloigné du Corps fur lequel il agit. N. d. T. ]  156" I. mem. P.I. £.111. Ch. IV. LeFer aux Corps Conducteurs ^ aucune Analogie entre rÉleftricité & le Magnétisme; mais que ces deux forces font a cet égard très-difFérentes. CHAPITRE IV. De la Comparaifon du Fer & de VAimant avec les Corps Idioéleblriques (*). §.89. Nous avons vu que le fentiment des Phyficiens, qui croyent devoir comparer leFer aux Corps Conducteurs, s'écarte du vrai. M. M p 1 n u s, qui foutient. qu'il faut le comparer aux (*) M. h e m m e r obferve dans fes remarques fur ce Mémoire p. 431, que j'ai fait voir clairement quele Fer n'eft pas un Conducleur du Fluide magnétique, dans le lens que M. cigna 1'entend, favoir qu'il foutire ce fluide des Aimans & le transporte ailleurs: mais que je n' ai pas fi fortement ébranlé le fyftême de M. & p i n u s ; que ce fyftême ne fouffre rien des objeétions que j'ai faites. 11 n'eft pas difficile de trouver la raifon, qui fait paroitre les discusfions des Chapitres précédens dans un jour plus avantageux que celles qui font la matière de ce Chapitre. Les Phyficiens, dont j'examinois alors les opinions, allèguent des Expériences précifes, dont ils fe fervent pour établir leur fentiment. Je trouvois donc, pour ainfi dire, des points fixes, dont je pouvois partir, 6c il ne s'agis- foit  (3 V Aimant comparês aux Corps idioélebtr. 157 aux Corps Idioéleclriques, s' en approche-t-il davantage? C' eft ce qu'il s' agit d'examiner*. M. je. p 1- foit que d'examiner li, ces expériences une fois admifes, les conclufions qu'on en tire, font exaétes ou non. Cet examen, dont il ne m' appartient pas d'apprécier la valeur, pouvoit donc être, par fa nature même, fimple Sc lumineux: chaque discusfion fe préfentoit féparément a 1'esprit: le Principe Sc la Conféquence fe touchoient. Le Cas eft trés-différent ici. M. «pinos n'allègue aucune expérienee pour prouver fes principes: ce ne font que des fuppofitions: on ne fauroit donc le réfuter dheétement; il feroit même diffidle de faire des objeétions contre les principes mêmes, qui font gratuits: ce n' eft qu'en examinant les conféquences plus ou moins éloigneés que ce Phyficien en a déduites, qu'on peut les apprécier: methode , qui par fa nature même, Sc laisfant d'ailleurs le merite des objeétions a quartier, eft moins fatisfaifante que la précédente, Sc offre moins de clarté a 1'esprit. Quoiqu'il en foit, comme tout ce qui part d'un Phyficien ausfi éclairé que M. hemmer eft fait pour être écouté, & merite detre envifagé fous routes ces faces, j'ai cru devoir entrer, dans les notes fur ce Chapitre, dans de plus grands détails fur le fyftême de M. «pinos: il ne me feroit même pas difficile d'en discuter toutes les parties, tous les calculs, puisque j'en ai couché par ecrit en 1770* un examen très-déraillé, dans le tems même que j'étois jempli de 1'admiration que la leéture de cet excellent ouvrage avoit produite en moi, & que je voulois me rendre raifon a moi-même, pourquoi un traité ecrit mathematiquement, & fondé fur un petit nombre de principes , dont d'ailleurs les conclufions parohfoUnt conformes aux Phénomènes, ne me convainquoit pas. N. d. T.]  ï58 1. mem. P.I.S.I1I. Ch.lV. LeFer M. «ïiNus établit les Principes iui- vants (a): i°. De même qu'ily aun fluicte électrique, dont les particules fe repouflênt mutuellement, il eft ausli un fluide magnétique , dont les particules fe repouflênt. j'accörderai pour le préfent ce Principe (Jb). n°. Les particules du fluide éleétriques font attirés par tous les corps qu'on a examinésjus- qu'ici (a) Serme de Anaiogia 8cc. traduit en allemand & imprime dans le Maganin de Bambourg, Tom. 22. p. 370. [p. 28. 29. de 1'Original: c'eft a la fin du Discours,] & Ten* ta-nina Th or'u Tileclr. o1 Magnetismi. p. 9-15. §. 1-6. (b) [M. ipinus établit ausfi que le fluide éleétrique eft h èla< ique. M. m a r a t conclut de fes expériences, qu'il ne 1'eft pas, & q".ie lés particules n'ont aucune force de lépulfion. Quelque attention que méritent les expériences & les réflexions de M. marai fur ce fujet, je p'entrei'ai dans aucune discusfion fur cet article. En exafnmant le fyftême de M. «pisus, il falloit bien partir de quelque point fixe: j'ai donc admis comme hypothèfe les propriétés du fluide éleétrique que M. .ïpinus adopte. Il me fuffit, fi je puis faire voir, ou que de pareilles propriétés n'ont pas lieu pour le fluide magnétique, ou que, fi elles ont lieu, on n'en peut déduire aucune Analogie. Ce que je dis de la non-analogie des deux forces dans cette fuppofition , auroit lieu a beaucoup plus forte raifon , s'il étoit démontré que le fluide éleétrique ne posféde pas les propriétés que M. & p i n v s lui attribue. N. d. T.}  6? VAimant comparês aux Corps idioêleftr. 159 qu'ici (Y). Le fluide magnétique, au contraire, n'éprouve aucune aétion de la plupart des corps : il n'en eft ni attiré ni repoufle. C'eft encore ce que j'accorderai pour le préfent. 30. Les Corps idioéleétriques, ou éleétriques par eux-mêmes, font ceux dans lesquels le fluide éleétrique fe meut tres-difficilement (d) : les dnêleclriqucs ou conducteurs font ceux par les pores desquels le fluide éleétrique fe meut avec h plus (c) M. iHNus ne dit pas fi tous les Corps attirent la fluide éleétrique également; mais il admet cette hypothèfe dans fes calculs §. 30. M. s teig Iehner 1'admet également [voyez §. 30. de fa Disfertation.j Cependant ce Phyficien paroit établir §. 5, que ce font furtout les Corps métalliques qui attirent ce fluide. M. hemmer penfeau ■contraire (p. 431.) que les Corps réfin-ux & autres pareils, attirent le fluide éleétrique puisfamment en comparaifon d'autres Corps, comme les métaux p. ex. Voila deux fentimens contraires entre les partifans d'un même fyftême, 1'Egalité ou 1'inégalité d'attraétion exercée par différens corps fur le fluide éleétrique, peut avoir de 1'influence fur les calculs, comme il eft aifé de le voir en jettant les yeux fur la formule du §. 30. de la Disfertation de M. steiglehner. N. d. T.] WM.tpiNus ne dit pas par quelle caufe le fluide électrique fe meut difficilement par quelques Corps, & trèsfacilement par d'autres: ce n'eft pas paree qu'il eft trop grosfier, car M. «pinus le nomme un fluide très-fubtib «c n'eft pas a raifon du plas 0* moins de denfiré des Corps  t6o I. mem. P. I. £.111. Ck. IV. Le Per plus grande facilité, dans lesquels il n'éprouvd aucune refiitance (e). Cela pofé, M. ^epin v s établit des principes analogues pour 1' Aw mant. Les voici- §. 90. i°. Le Fer, Sc les corps ferrugineux, 1'Aimant furtout, font conftitués defoite qtie leurs particules attirent le fluide magné* tique, & en font réciproquement attirées. Ces Corps font d'ailleurs très-analogues aux Corps ■idio éleétriques, puisque le fluide magnétique fe meut en eux avec la plus grande difficulté (a), 8c même plus difficilement, que le fluide éleétrique Corps, car les métaux font plus denfes que la réfme , 8c laisfent néanmoins pasfer le fluide éleftrique très-facilement. M. hemmer paroit attribuer cet effet a Iattraction même: „ Les Corps réfineux, dit-il [p. 43*-] & „ d'autres femblables font de vrais Coercitifs. Pourquoi ? „ parceque, en comparaifond'autres Corps, des métaux „ p. ex. ils attirent fortement le fluide éleétrique , 8c con„ fequemment le laisfent pasfer difficilement. " R d. T. ] (e) [On peut voir le développement de ces Principe* 8c de ceux du §.90. dansles §.4, 5, 6, 7, du Mémoire de M. steiglehner.] («) Cette difficulté ne provient pas, felonM. «pinos, de la conformation particulière des globules du fluide magnétique relativement a celle des pores de quelque corps que ce foit: car ce Phyficien dit §. 3. a , que le fluide magnétique eft un fluide très-fubtil, 8c propre a tiaverfer les pc?-  & VAimant cqmparés aux Corps idioélebïr. i6t que ne fe meut dans les Corps idioéleétri* ques (*). a°. Mais, il n'y a aucun Corps femblable aux Corps anéleétriques oü conducteurs: puisqu'il n'y en a aucun, excepté 1'Aimant êc le Fer, qui attire la matière magnétique, êc dans lequel celle-ci fe meut trés - librement (0> quoiqu'il y ait a cet égard une gra- da« porès des Corps quelconques [Corporum qucrumcumqut poros permeare aptun>\ Cependant il paroit foutenir ailleurs, que k grandeur des pores du Fer contribue a la facilitc du mouvement du fluide: car il dit (§. 105, §. 368, §. 369) que le mouvement du fluide magnétique devienjt plus libre quand on ouvre les pores du Fer en le frappant, qu'il le devient ausfi par la chaleur & par 1'incandefcence (§.106,366,367). M. hemmer foutient ausfi (p. 412. 11) que la dilatation du Fer par Ia chaleur, diminue Tattraction mutuelle 4de fes particules; & par conféquent auffi l adhérence des globules du fluide magnétique a ces particules: ce qui fait que le fluide peut s'étendre d'avantage dans le Fer &s. N. d. T. ] (é) M. de la cepède eft du même avis, quant i la difficulté que les fluides magnétique & éleétrique éprouvent a fe mouvoir a travers les Corps ferrugineux, ou idioéleétriques: mais felon lui, ces deux genres de Corps n'ont que trés-peu d'affinité avec leurs fluide* refpeétifs. Ejfai fur l'ElecTr. T. 2. p. 46-49. v. ci-deffus note a du §. 41. N. d. T. ] (c) M. de ia cepède a pris le contrepied de ce Prin»  i1S6  IÖ4 L mem. P. I. S. III. Ch. IV. Le Fefi pour examiner ce point comme il faut, il s'agiroit de discuter en entier le fyftême de M. ae- p i- ,,bles a ceux de l'Éleétricité.'' On a déja vu que je fuis fur ce dernier article d'un fentiment trés-différent, dont j'expofe les raifons a mefure que 1'ordre que nous nous fommes propofé y conduit. Ce feroit au refte une queftion intéreffante, & trés difikile, que celle qui confifteroit a examiner, jusqu'oü 1'accord des Phénomènes avec les Refultats, tirés de Principes parement fuppofés, prouve la Vérité de ces Principes. M. aepinus avoue lui-même que 1'accord des Phénomènes avec une Hypothèfe , ne fauroit nous faire conclure avec certitude qu'on a trouvé leur vraie caufe: il ajoute néanmoins qu'il croit qu'on trouvera fon Hypothèfe vraifemblable au même degré que 1'explication Newtoniene du Syftême du Monde:car, dit-il, cette Theorie ne peut rien allèguer d'autre pour fa démonflration que fon accord parfait avec les Phénomènes, & les autres Loix de Ia Nature. Qu'il me foit permis de le dire avec tous les égards que je dois a M. aepinus; fon fyftême eft dans un cas trés-différent. Ses Calculs indiquent feulement que tels ou tels Phénomènes peuvent avoir lieu en gres : mais ils ne préfentent nulle part une explication précife de leur grandeur, de leurs circonftances, ni une evaluation des différens élémens qui concourent a les produire. Ils font a peu prés tous fondés fur une fuppofition que 1'Auteur avoue n'avoir pas beu, (§. 193.) favoir la distribution uniforme du Fluide dans chaque partie de 1'Aimant. II fe prefe,nte d'ailleurs des cas dans lesquels fes cali  &V Aimant comparês aux Corps idioêleïïr. 165 pinus, que j'admire d'ailleurs beaucoup ; & c'eft calculs indiquenr. feulement que les Phénomènes peuvent être tels, m tels, 8c dans lesquels il faut recourir a 1'expérience pour trouver ce qu'ils font: tels font p. ex. les Cas des §. 149, & §. 173, oü la Théorie laiflé indécis li 1'Aimant attire le Fer pur, 8c le pole ami d'un autre Aimant, ou s'il le repoulfe, 8c oü c'eft a 1'Expérience a décider ce qui a lieu, tant pour ce cas que pour le cas éleétrique parallèle. Mais, le fyftême de newton acquiert fa certitude, non paree qu'on y fait voir que les effets peuvent en gros dépendre de 1'attraétion, mais parcequ'ils fuivent dans leur grandeur, dans leur circonftances, dans leur perturbations 8cc. précifement la grandeur 8c la combinaifon que la Theorie prefcrit pour chaque cas: parcequ'ils repondent a un Cakul précis 8c numériojtte. M. d'alemeeblt a très-bien développé ce point dans la Préface de fon Traité de la précession des equinoxes: ,,11 ne fuffit pas, dit-il (p. xxxvn.) ,,a un fyftême de fatisfaire aux Phénomènes en gros, ,, & d'une manière vague, ni même de fournir des ex,, plications plaufibles de quelques uns: les détails, 8c les calculs précis en font la pierre de touche." J'ai dit un mot fur ce fujet dans la Préface de mes Tentamina Théor. Math'.m. de Magnete, II s'en faut au refte, a mon avis, de beaucoup que les explications de M. aepinus foyent exaétement conformes aux Phénomènes; outre que fa Théorie laisfe a quartier tous les Phénomènes des Corps Conduéteurs, qui font une partie confidérable des Phénomènes éleétriques, iadépendamment des réflexions que nous vcnons de fai- • t rcj'  l66 I. mém. P. I. S. III. C/5. IV. £f f> agisfant fur le Fluide magnétique, & qui foit fembk,,ble aux Corps non-éleétriques par eux-mémes. Car il ,,n'y a aucun Corps dont les parties attirent le Fluide magnétique , 8c qui lui laisfe un pasfage libre 8c non ,,empêché par fes pores". N. d. T. ] (b) [J'entends par-la, que ces Corps pourroient obeir a 1'Aimant, devenir magnétiques, comme leFer.ou 1'être d'eux-mêmes. Cela fuit immédiatement des Principes de M. aepinus. Car felon lui, la vertu magnétique du Fer eu de 1'Aimant confifte uniquement en ceci (§. 93. 94. Tentam.), que le Fluide magnétique eft accumulé dans une des parties dn Fer ou de 1'Aimant, êc reduit dans 1'autre au desfous de fa quantité naturelle : état plus ou moins ftable a raifon de la difficulté plus ou moins grande que le Fluide éprouve a fe mouvoir par les pores du Fer ou de 1'Aimant. Or, fi les Corps dont nous parions dans le Texte, recevoient le Fluide magnétique, ce Fluide feroit repousfé a 1'approche d'un Ifiimant, il s'accumuleroit dans une partie: ce Corps de- vien-  Ci? V'Aimant comparés aux Corps idioéleclr. 169 qui n'a cependant nullement lieu. Si donc il eft vrai que le Fluide magnétique fe meut difficilement a travers les Corps magnétiques, Sc que c'eft la caufe pourquoi ils font magnétiques, on ne pourra foutenir en aucune fagon que ce Fluide fe meut difficilement a travers tous viendroit magnétique, 8c cet état feroit durable a caufe de la difficulté qu'on fuppofe que ce Fluide éprouveroit a fe mouvoir dans le Corps. Ce Corps même feroit toujours magnétique, puisque le Fluide qu'il contient exerceroit toujours fa force de repulfion, fans être troublé par 1'attraétion du Corps qui, dans 1'hypothèfe , efi nulle. Et qu'on ne dife pas que ces Corps différeroient réellement du Fer ou de 1'Aimant en ceci, qu'ils n'attirent pas le Fluide magnétique: car cette attraction n'a aucune influence ici: cet élement n'entre pas dans les formules de M. aepinus, dont il eft queftion actuellement: cette attraétion ne fert qu'a établir 1'état naturel du Fer , état qui n'a pas lieu ici: 8c par la même ces Corps agiroient plus puisfamment que le Fer: Car, en adoptant les formules du §. 10. de M. aepinus ou des §. 9. & 10. de M. steigiehner, que le Fer, 8c un autre Corps contiennent 1'un 8c 1'autre la quantité de Fluide Q: foit R la r«pulfion du Fluide: A 1'attraction du Fer fur le Fluide: Le Fer n'agira pas, a caufe de A - R s o : mais le Corps agira avec la force —, R. Si la quantité de Fluide devient le Fer agira avec la force pour  17* I. mé m. P. I. S. III. CL IV. Ze Fer deux Corps, & que tous les Phénomènes font produits par le feul mouvement du Fluide dans le pour iattraétion de Ia particule t , *R^,R>: & pour ja Q repulfion de la particule F fituée au milieu du Corps, vers (q-±£-l: 11 fuit de *. q«e s'il n'y avoit aucun obftacle, les particules en F s ecouleroient vers f; que la particule T s'écouleroit hors du Corps, & qu'il en feroit de même pour toutes les particules fituées a la furiace VC AE. Suppofons que la difficulté que le Fluide eprouve en traverfant le Corps foit un obftacle a I'EcoulementenF:nous verrons ci-deffous $, 03. ce ?"esV .Jlais; «ü ^ lobtFacle a 1'écoulement par •V SU sagifloit du Fluide éleétrique, on en trouveroit nn, en apphquant a la furface du Corps BCAE un Corps coercitif, cas que M. AEPINüs avoue ]ui.même S. 13 = mats il n'y , pas de pareils Corps pour 1'Aimant ou le Fer même; or ceux-ci troubleroient 1'adion. Ce ne fauroit être l'attraétion même du Corps BA fur le Fluïde: car lorsque le Corp, eft dans fon état naturel chaque particule efi autantr repouflee par le Fluide même, qu'attirée par le Corps. La repulfion augmente en augmentantle Fluide, mais 1'attraa.on du Corps eft invanable. La particule T eft donc attirée avec la même torce que ci-devant, mais la repulfion au lieu d'être R comme ,1 le faut pour être en équilibre avec 1'attraction, eft plus grande que R de la quantité ^R-^R' . do-nc la particule T doit réellcment être repouffée & for-  &? VAimant comparés aux Corp idioêletlrfx^ le Fer, 8c dans 1'Aimant (d). II employé donc des attractions 8c des ïepullïons propre- ment fortir du Corps: rien ne la retient: il fe fera donc nécesfairement un écoulement du Fluide magnétique: rien ne fauroit 1'empêcher, mais on peut empêcher celle dii Fluide éleétrique. II y a plus: la particule F eft repouflee vers t: S'il y ■ avoit en F un obftacle invincible, cette particule ne fe meuvroit pas vers F, mais fa repulfion ne cesferoit pas: fon aétion reflueroit donc fur les voifmes L &c, ce qui ne peut au'augmenter 1'écoulement du Fluide en T: il feroit donc d'autant plus grand qu'on fuppofe 1'obftacle en F plus confidérable, II eft donc imposfible, même felon les Principes employés par M. aepinus, que le Fluide magnétique ne fe trouve pas hors du Fer & de ,1'Aimant. N. d. T. ] (i) [Remarquons encore la différence, 'ou plutöt la contradiétion, qui fe trouve entre les Conclufions que différens Phyficiens tirent des mêmes Faits: Selon M. aepinus le Fluide magnétique n'exifte jamais hors da Fer ou de 1'Aimant; Selon M. brugmans, ilya bien une Atmosphère de Fluide qui entoure 1'Aimant & le Fer, mais elle ne peut être que dans un repos parfait, [Tentamina prop. iï.j Selon M. fuss au contraire, qui a fuivi en cela k plupart des Phyficiens, & furtout M: eu ler. dont il adopte la Théorie , les Phénomènes de 1'Aimant ne peuvent s'expliquer que par le mouvement progresfif du Fluide magnétique. v. fes exccllentes Obfervations fur les Aimans artificiels, inferées dans les Acla Pitrofolitana pour 1778. Torn. 2. p. 35. de L'Hiftoire, N. d. T. ]  Ü74 ?• wÉm. P. I. $. III. C/z.lV. Ze j# ment ainfi nommées f». Mais, comment demontrera-t-on que ce Fluide, s'il exifte, ne fe trouve jamais hors du Fer & de 1'Aimant? Je ne c-mnois pas d'Expérienee qui in#quece* ci duextement, ni indireélemcnt, & M. aepinus n'en ailègue aucune (ƒ). §• 93* (O [M. aepinus les employé par rapport a 1'Aimant : car il eft du refte fort eloigné de regarder les attraétions & les repi'.lfions comme des forces innérentes: il eft fi convaincu du contraire qu'il avoue, que fi 1'on demontroit jamais que 1'attraétlon ne peut être produite par impulfion, il feroit obligé d'avouer qu'elle dépend de l'aétion d'être's immatériels. Tentam. p. 7. N. d. T. ] (ƒ) [Nous avons vu ci deflus (note c de ce §.) que, même en admettant les fuppofitions de M. aepinus, on eft obligé d'avouer qu'il fe fait un écoulement du fluide magnétique hors des Aimans, & qu'ainfi il doit y avoir d'autres Corps que les Corps ferrugineux, qui en Contiennent. Mais fuppofons que nous nous foyons trompés li desfus , & fuppofons que les Corps ferrugineux fëuls contiennent du Fluide magnétique. S'ils en contiennent, ils en aüront toujours cortcnu , Sc la quantité en aura toujours été Ia même , quelque changement que ces Corps ayent pu fubir. Mais il y a (y. ci-defius §. 36. me a.) des Mines de Fer refiaéiaires qu'on ne fauroit aimanter avant la Calcination. II fuit néanmoins quelles-;contiennent dans cet état du Fluide magnétique, puisqu'eliej en contiennent par la fuite, & que le Phlogiftique qu'on y ajoute dans la Calcination, men con- u'er.c  &? V Aimant comparês aux Corps idioéletlr. 175 §. 93. Mais revenons a la difficulté que le Fluide magnétique éprouve en fe mouvant dans le Fer. Quelque mol que foit celui-ci, ce ne fera cependant qu'a vee quelque difficulté que le Fluide s'y meuvra: mais fi cela eft, il faudra quelque tems pour qu'on puisfe s'appercevoir de fon aétion. Cependant le Fer acquiert la vertu magnétique dans le moment même qu'il eft placé dans l'atniosphère magnétique: il perd en grande partie les forces qu'il a' acquifes au moment même qu'on 1'en éloigne, Sc fans aucun delai. A la vérité plus le Fer eft épais, tient pas. Mais fi ces mines contiennent du Fluide magnétique , 8c néanmoins n'oherffent pas a 1'Aimant; il faut que ce Fluide éprouve dans ces mines une beaucoup trop grande refiftance pour y pouvoir être mu, par l'aétion des vigoureux Aimans qu'on employé: que cette difficulté foit beaucoup plus grande qu'elle ne 1'eft après la Calcination : qu'elle le foit beaucoup plus qu'elle ne 1'eft avant la Calcination dans les Mines refraétaires, puisqu'on peut aimanter celles-ci: ou il faut que le Phlogiftique, qui fe combine a la baze du Fer, qui developpa celle - ci, & la rend Fer parfait, foit auffi un des Élemens du Fluide magnétique, en developpe la baze, Sc le rend pour ainfi dire Fluide magnétique parfait: Ces fuppofitions font des fuites néceffaires du Principe admis: mais y a-t-il la moindre expérienee, le moindre fait, qui viennp a 1'appui de pareilles aflertions ? N. d. T. ]  i?5 I. mém. P. I. /SUIL CA. IV. ie i*r * épais, Sc plus il eft difficile de lui communiquer la force magnétique, plus il faut de tems pour cela, comme il eft prouvé par les Expériences de M. musschenbroek (ö). Mais le contraire a lieu dans un grand nombre de cas, même en employant de 1'acier. Enfin fi 1'on approche un Aimant d'un autre Aimant, les forces de celui-ci font augmentées ou diminuées fur champ: elles changent derechef lans delai dès qu'on öte 1'Aimant. Pour mieux juger de ce fait, j'ai fait 1'expérience fuivante. Ex pér XLIV. Je place un Aimant a quelque diftance d'une Aiguille; je marqué de combien de degrés elle eft détournée du Méridien: enfuitej'óte 1'Aimant. J'en place un fecond derrière le premier; Sc après avoir öté celui-ci, je note de combien de degrés 1'Aiguille eft détournée. Enfin j'employe les deux Aimans a la fois. S'il ne fe faifoit aucun changement de forces, la déviation de 1'Aiguille devroit être égale a la fomme des deux forces précédentes, légitimement exprimées par les tangentes: mais elle eft plus grande : donc les forces s'augmentent d'abord Sc fans delai en employant les poles (a) [Difert. de A.agn. Exf. 31. itqq. N. d. T j  G? P Aimant comparês aux €orps idioêUïïr. 177 les amis. On obferve une diminution de forces, fi 1'on applique les poles ennemis 1'un a. Tautre (b)-. %. 94. (b) Voici l'objeftion que M. hemmer fait contrela «önféquence que je tire de ces expériences: ,, Que le Fluide magnétique puiffe être mis en mouvement dans ,, un moment, même dans le Fer dur, cela he prouvet ,,rien: la même chofe h'a-t-elle pas lieu pour le Fluide , i, éleétrique, même dans les Corps réfineux & d'autres pareils, lorsque la. fresfion eft affez. forte? & cependant ,,ces Corps font dé vrais coercitifs, parcequ'ils attis, rent fortement le Fluide éleétrique en comparaifon dc .,ce que font d'autres Corps, comme les Métaux p. y, ex." ——— Examinons cette objeétion dans fes deux parties, & fortifions les raifonnemens du Texte. i°. La difficulté que le Fluide magnétique éprouve & fe mouvoir dans les pores de I* Aimant eft telle que fi la force (q-i-u) R (§. 91. nete e), avec laquelle le Fluide F s'écoule vers T, & tend par conféquent a fe remettre dans fon état naturel, 8c a détruire la force de 1'Aimant , eft petite, cet écoulement eft détruit ou fe fait du moins fi lentement que ce n'eft qu'apres tres • longterm qu'il en refulte un affoibliffement de Magnétisme fenfitle. Voila le Principe que M. apinus établit a peuprès en autant de termes dans fon §. 86. Or4 fuppofant pour un moment que le fait que ce Phyficien allègue en preuve de ce Principe, favoir, que les Aimans naturels 8c artifkiels éprouvent a la longue m affoibliffement T O M £ I. M  178 I. mém. P. h S. III. Ch. IV. Le Fer . §. 94. Ce prompt changement de forces eft ment de foree, foit fuftifamment averé & ne provienne pas d'autre caufe (v. ci-deflbus §. 98. nottb), il en refultera, felon M. «pinus, que la refiftance que la fubftance de ces Aimans apporte au mouvement du Fluide , reft trés-confidérable, puisque ce n'eft qu'a la longue que ces Aimans s'affoibliffent: il s'en fuivra encore, que plus le Fluide approche de fon état naturel, c. a. d. plus 1'Aimant eft foible, & plus il faudra de tems pour effectuer cette diminution de forces. Donc ausfi plus on employé une force foible, & plus on aura de peine a faire mouvoir ce Fluide dans un acier trempé p. ex, car il re vient au même que ce foit la force (^-f-»)R qui produife ce mouvement, ou une force étrangère égale a celle-la. Si donc on a un acier pur, & qu'on employé un Aimant trés-foible, óu agiflant de trés-loin, celui - ci détruira foiblement 1'équilibre naturel du Fluide magnétique, contenu dans 1'Acier: ce fera donc une force trés-foible qui mettra ce Fluide en mouvement. II faudra donc , en vertu du Principe admis, un temp tréslong pour que ce Fluide puiffe vaincre la refiftance que 1'acier oppofe a fon mouvement: mais oette conclufion eft abfolument contraire a 1'expérience : car un Aimant, même foible, & approché de très-loin a une Aiguille d'acier extrèmement dur, qui nage fur 1'eau, 1'attire fur le champ : il ne fauroit 1'attirer qu'il ne 1'aimante (point capita', avoué & prouvé par M. ïpinus): il ne fauroit 1'aimanter qu'il ne mette le Fluide de cette Aiguille en mouvement, qu'il ne 1'accumule dans une partie, & .ne Ie diminue dans 1'autre: car c'eft en cela que l'aétion d*ai-  6? ï Aimant comparês aux Corps idloêltcïr. 179 eft d'ailleurs prouvé par les belles expériences de «Taimanter confifte felon M. /epinus. Une trés - petite force vainét donc fur le champ , & en un moment, une refiftance qu'elle ne devroit vaincrc felon la Théorie qu'après un long intervalle de temps. Le même raifonnement a lieu pour les expériences allèguées dans le Texte. Celles - ci font donc voir qu'il n'eft pas vrai que le Fluide mignétique éprouve une tres-grande difficulté a fe mouvoir dans 1'acier ou dans 1'Aimant, & par conféquent qüe ces deux Corps ne fauroient être nommés dé vrais Coercitifs du Fluide magnétique. L'objeétiori de M. hemmer, lequel avoue 1'inftantanéité du mouvement, fourvu que la fresfion foit affez. grande, ne porte donc pas coup, puisque cet effet eft produit par une petite force, par une force plus petite que celle qui, felon M. /epinus, né produit cet eftét qu'après un trés-long tems. 20. Pour ce qui eft de 1'expérience éleétrique parallèle, a laquelle M. hemmer recourt, il cite les expériences du P. be cc aria fur l'Eleclrick é Vengerejfe , & les flennes propres inférées dans les Memoires de ïAcademie de Manheim, Tome 4. p. ni. II s'agit dans ces Expériences d'un Eleétrophore excité qu'on ifole eh le plagant fur un plateau de Verre : ce plateau fur uh gateau de fouffre : celui-ci fut un disque de bois fee : ce disque fur un gateau de refine: enfin celui-ci fur une lame de metal. En touchant cette lame & le Chapeau de l'Eleétrophore, en même tems, ou tire des étincelles tant en élevant qu'en remettant le chapeau: tout comme fi on touchoit le chapeau & le plat de metal qui contient le gateau de J'Ekétrophore: preuve dit M. h e m m e r que le Chapeau char» M %  i8o I. mem. P. I. $. III. Ch. IV. Le Tér de M. aepinus lui-même fur la propulfioia du centre magnétique (a). J'a- chargé poufle le Fluide éleélrique a travers quatre Corps coercitifs. Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner cette expérienee dans tous fes chefs, mais en 1'accordant, il en refultera qu'une grande force éleélrique fait mouvoir le Fluide éleétrique a travers quatre Corps qu'il traverfe avec quelque difficulté en comparaifon d'autres Corps, au lieu qu'il s'agit dans mes expériences d'une petite fine & du Fluïde magnérique, qui, dans ie fyftême que nous examinons, fe meut avec une extréme difficulté dans 1'Aimant ou 1'Acier trempé , avec une beaucoup plus grande difficulté que le Fluide éleétrique ne fe meut dans les meilleurs Coercitifs. II n'y a donc pas de comparaifon. J'en dis autant des Expériences de M. eeccaria fur la perte ou le recouvrement de forces qu'-éprouve celles des furfaces d'un carreau chargé qu'on a degarnie. Je nomme la force qui agit dans ces cas, une grande force, car on fait combien 1'armure agit puisfamment fur le carreau: on fait combien la Bouteille fe charge difficilement & foiblement quand elle n'eft pas armée, ou quand elle ne 1'eft que dans quelques points: fujet fur lequel M. jeigersma a fait des expériences très-intéresfantes dans fon Traité de Qtibusdam Lagenae Leidenfis Phaenomenis. Traneq. 177Ö. 8vo. voyez ausfi la cinquantième expérienee de M. mar at Recherches &c. p. 75. N. d. T.] (a) [Tentam. Theor. Tileèlr: er Mag». §. 183. feqq. J'a? fait moi-même quelques expériences fur ce fujet §. 49. de mes Tentamina Theor, Mat/t, de Phatnomenis magnet'uis. N. d. T.J  6? VAimant comparés aux Corps idioêletfr. i3i J'ajouterai enfin, que j'ai trouvé depuis peu par des expériences très-nombreufes êc trés - certaines, que les forces des barreaux d'acier aimantés, même des plus durs, font tellement variables, qu'elles changent a tout moment. Mais, je ne faurois préfenter aétuellement mes recherches a 1'Académie, quoique je pufle foumettre plus d'une centaine d'expériences a fon jugemcnt (b), A u contraire, fi 1'on place un Corps électrifé fur des Corps idioélecrriques, ceux - ci n'en acquerront pas 1'Électricité; (c), §• 95- (b) [La raifon en eft que ces Expériences étoient Confignées dans mes Recherches fur les Aiguilles aimantks, couronnées par 1'Academie de Paris en 1777 , & que ce Mémoire auroit pu paroitre avant que 1'Academie de Baviere eüt porté fon jugement fur la préfente disfertation. v. §. 271—2.80 de ces Recherches imprimées dans le Tome VIII. des Memoires préfentés h l'Académie par des Savans Etrangers. Ou trouvera d'excellentes Expériences fur ce fujet dans le fecond Tome des Voyages de M. le Profeffeur de saus sur e. N. d. T. ] (O [M. hemmer place cet article au rang des meprifes qui fe trouvent dans cette Seétion, & dont il ne nous refte plus qua examiner celle-ci. Voici 1'objeétion „ Qu'on tienne un verre bien net & bien fee, ou un baton „ de fouffre &c., contre le conduéteur éleétrifé , on trou- „ vera M 3  182 I. mem. P. I. S. III. CL IV. Le Fer §. 95. On ne fauroit donc foutenir que le Fluide magnétique fe meut avec une extréme difficulté par le Fer, & par 1'Aimant; au moins n'y a -1 - il aucune expérienee qui le démontre. On ne peut donc pas comparer a cet égard le Fer aux Corps idioéleétriques (a). Ils ,, vera que ces Corps deviennent éleétriques, ce qui eft a, contraire a ce que 1'auteur avance." Je fais bien que ces Corps donnent dans ce cas des lignes d'Kleétricité : mais ils font plus dus a la furface , 8c a 1'Air ambiant, qui n'eft pas un coercitif parfait. Le fupport coercitif d'un Conduéteur attire oidinairement un leger duvet, tant par la laifon que nous venous d'allèguer, que par ce qu'il eft dans une Atmosphère électrique : mais 1'ifolement prouve que les ifoloirs ne deviennent pas éleétriques dans toute leur masfe par le contaét de Corps éleétrifés: au contraire de cc qui a lieu pour le Fer, qui devient magnétique dés qu'il eft en contaét avec un Aimant; ou d'un autre Aimant, dont les forces augmentent ou diminuent dans le même cas, Sc fur le champ, 8c par toute la masfe. II fuffit même qu'ils foyent placés dans une atmosphère magnétique. Ne faut-il pas au contraire, pour charger un carreau, 1'arrner comme il faut, c. a. d. y appliquer une doublure qui y tasfe pénctrer le Fluide éleétrique par une infinité de points a la fois, 8c conféquemment avec une grande force. N. d. T. ] (a) [Quelque Théorie qu'on veuille admettre, les Phénomènes de' 1'ifolement, ceux de la charge d'un carleau (§. 21.) prouvent qu'il eft des Corps que le Fluide • 'élec-  &? r Aimant comparés aux Corps idioéleblr. 183 Ils fembleroient, a la vérité, pouvoir être comparés enfemble en ce fens, que, comme toute la force éleétrique qu'on obferve dans les Corps conducteurs provient des Corps idioéleétriques, & que ceux-ci font la fource.de toute Éleétricité: de même ausfi tout le Magnétisme du Fer provient de 1'Aimant, ou du Fer déja aimanté, de forte que 1'Aimant paroit être la fource de tout Magnétisme. Mais une pareille comparaifon efi: trop vague, & trop indéterminée pour pouvoir être d'aucun ufage: En effet on pourroit dire de même, öc avec autant de droit, les Corps idioéleétriques font la fource de toute Éleétricité: le Soleil eft la fouree de toute Lumiere : donc le Soleil peut être comparé aux Corps idioéleétriques (b). §. 96. éleélrique traverfe avec peine : qui en font des coèrciiifs plus ou moins parfaits. On peut donc admettre comme un fait qu'il y a des coercitifs du Fluide éleétrique: mais nous avons vu §. 92. 93 , que 1'Aimant n'eft pas dans le même fens un coercitif du Fluide magnétique. N. d. T.] (b) [M. sïe.ig 1 e hn e& attribue l'Éleétricité 8c le Magnétisme a tous les Corps de cet Univers, a toutes les Planètes 8cc. mais c'eft fur des fondémens trés différens de ceux dont je parle ici; Voyez les §§. 91. 93. de fa Disfertation. N. d. T. ] M 4.  184 I- mém. P. I. 5'.III. Ck. IV. LeFer §. 96. L'analogie de l'Éle&ricité Sc du Magnétisme ne paroit donc pas fort folide par rapport aux Corps idioéleétxiques, puisqu'il n'y a aucune expérienee qui prouve que 1'Aimant agit fur le Fluide magnétique de la même manière que les Corps idioéleftriques fur le Fluide éle&rique (a). II n'y a cependant au- O) [En ne s'arrétant qu'aux faits, 1'Expérience me paroit prouver qu'il y a des différences dans ces adions. Voici les principales. i°. Que 1'Aimant couferve plus longtems le Fluide magnétique dans la dispofition qu'il le faut pour être Aimant, que les Corps, éleadfés ne confervent le Fluïde éleftrique dans 1'état requis pour être éleétriques: z°. Que 1'Aimant poffede toujours le Fluide magnétique dans 1'état requis pour avoir deux forces oppofées: au lieu que les Corps eledrifés poffedent le Fluide éleétrique de facon qu'un feul & même Corps peut être ou entièrement pofitif, ou entièrement negatif, ou doué des deux forces. Ces différences proviênnent dans le fyftême de M. aepinus, de ce que le Fluide magnétique fe meut beaucoup plus difficilement dans les Corps ferrugineux que le Fluide éleétrique dans les Corps coercitifs :& alors il s'y joint encore une troifième différence, que M. hemmer admet lui-même immédiatement après avoir dit que M. aepinus a eu raifon d'établir une grande analogie entre 1'Éledricité & le Magnétisme, a 1'égard des Corps coercitifs; c'eft que le Fluide éleétrique paffe d'un Corps dans un autre, c$ que le Fluide magnétique ne fait pas. N. d. T.J  13 V Aimant comparés aux Corps idioéleSlr. 185 aucune oppofition a cet égard; car il eft certain i°. que 1'Aimant retient le Fluide magnétique , s'il exifte, comme les Corps idioélectriques retiennent le Fluide éleétrique (b). a°. Que le Fluide éleétrique n'éprouve pas dans tous les idioéleétriques la même difficulté de fe mouvoir; qu'il y en a, comme l'huile, dans lesquels il fe meut moins difficilement: ce qui paroit affez femblable a ce que nous venons de dire, que 1'Aimant fubit affez facilement un changement de forces ( c). Mais, quand même il en feroit ainfi, que prouve cette Analogie? Rien, fi ce n'eft qu'il y a quelques Corps, qui retiennent un certain Fluide, qui en font les coercitifs, mais en différens degrés: qu'il eft, d'un autre coté , un Corps unique, qui retient un autre Fluide, (le magnétique,) qui en eft le coercitif, mais non dans la plus grande energie (d). Cependant il fe (b) [J'ai fimplemcnt voulu dire, que ces deux genres de Corps renferment chacun un Fluide, & par conféquent qu'ils font doués d'une fbrce qui retient ce Fluide dans leurs pores, de quelque facon que ce foit. N. d. T.J (e) [Je fuis plus convaincu que jamais que ce n'eft la qu'une reffemblance apparente Sc trompeufe. N. d. T.J (d) [Je m'en rapporte aux Expériences du §. 93. êc St la. note k de ce §. N, d. T. ] M 5  186* I. mAm.P.I.S. III. Ch.VV. LeFer fe préfente dès 1'abord cette différence, qu'il y a des Corps qui attirent, qui conduifent le Fluide éleétrique, 8t qui, ausfi longtems qu'ils le retiennent, font entièrement femblables aux idioélectriques; mais qu'il n'en ell point qui attirent le Fluide magnétique (e). Je ne vois donc pas qu'il rsfulte de cette Analogie, fuppofé qu'elle ait lieu, une véritable ■reffemblance. On pourroit faire un pareil raifonnement pour la Lumiere, &C peut-étre pour leFeu (ƒ). §• 97- (e) [ M. aepinus a fenti lui-même cette différence : voici comme il s'en exprime dans le §. 4. de fes TtHtma*..Je fuppofe que ces Fluides éleétrique & ma•, gnétique font doués de propriétés trés - différentes & ',,qui ne, fauroient coexifter dans un feul 8e même fujet.,, 8e la principale & la plus remarquable des ces pro,,priétés eft que la matière éleétrique eft attirée par tous les Corps ;qui nous font connus jusqu'ici, 8c qu'au ,, contraire le Fluide magnétique n'éprouve aucune ac5,tion de la plupart de ces Corps: excepté du Fer feul." II eft encore d'autres différences, que nous avons enumérées dans la note a : or, ces différences ne font pas accidentelies mais effentielles , puisqu'elles refultent de la manière même dont ces Fluides agisfent fur les Corps, N. d. T. ] (ƒ) [M. bammacari regarde le foleil 8e le Fer comme des Corps originairement 5c natufellement éleétriques,  (3 V Aimant comparés aux Corps idioéleél.r. 187 §. 97. M ais, quand on fuppoferoit que le' Fer 6c 1'Aimant font des coercitifs du Fluide magnétique, il faudroit rechercher encore s'ils fuivent dans cette fonction les mêmes Loix que les Corps idioéleérriques par rapport au Fluide éleélrique. Nous avons déja parlé (§. 45. §. 8. note c) des différens degrés de puisfance coërcitive. On y peut ajouter ce que nous avons dit ci-deffus des moyens par lesquels ies Corps coercitifs font changés en conducteurs (§. 17. feqq. §. 40.), 6c de ce qui a lieu a cet égard pour le Fer. Nous avons ausfi dit un mot de 1'ignition (§. 73.)" aj°1»' tons y quelque chofe de la chaleur. §. 98. M. canton a trouvé que les forces magnétiques font affoiblies par la chaleur, 6c rétablies par le froid (a). M. colepress avoit déja fait voir longtems auparavant, qu'un Aimant mis au feu, 6c fort échauffé, eft beaucoup affoibli: mais qu'il recouvre fes forces au bout ques, fans avoir été excités. Tentamina de Vi F.leclric* i. 6. N. d. T. ] («) P/iibfepA. TrmfaH. Vol. LI. fan. I. p. 400.  x88 I. mém. P.l.S.lïï.CA.IV. LeFer bout de trois ou quatre jours (b). M. mus- s c h e n- (b) Philofoph. Tranfacl. N°. 27. Vol I. p. 502. [Cet effet n'eft-il pas direétement oppofé au fyftême de M. aepinus ? Si 1'Aimant s'eft affoibli dans le Feu, ce fera, ;elon M. aepinus , ( v - ei desfus §. 90. note a) parceque le mouvement du Fluide eft devenu plus libre, óe qu'ainfi celui-ci aura pu obeir a la caufe déftruélrke interne ..favoir 1'écoulement du Fluide magnétique du coté pofitif dans le coté négatif: (v. §. 92. c. §. 93. b.) écoulement qui remet le Fluide en équilibre, 8c dans fon état naturel. Mais le Fluide une fois remis dans cet état, ne fauroit en fortir de foi-même, 8c s'accumuler dérechef dans une partie de 1'Aimant, ce qui doit cependant avoir eu lieu ici, puisque 1'Aimant a recouvré fes forces. Cet effet a donc dü avoir quelque caufe externe : mais il n'y en a aucune que le Magnétisme terreftre : fi celui - ci a produit 1'effet en queftion, il ne peut l'avoir produit qu'au cas que 1'Aimant ait été placé a peu-près dans le Méridien magnétique, fon pole boréal tourné vers le pole boréal du Monde: Mais s'il peut produirc en ce cas un effet ausfi confidérable ( que de forts barreaux peuvent produire ausfi v. aepinus §.273.) il pourra produire un effet contraire fi 1'Aimant eft placé dans une fituation oppofée, comme des barreaux aimantés le produifent ausfi en ce cas (v. ci-desfous §. 206, 8c aepinus §. 359. 360.). Or, fi cela eft, c'eft trés certainement a cette caufe qu'il faut attribuer 1'affoiblisfement fpontané 8c naturel des Aimans que M. aepinus allègue en faveur de fon fyftême (v.ci desfus §. 93. note b) 8c non a la caufe interne de deftrnclion gratuitement• fup-.  & VAimant comparés aux Corps idioéletlr. 189 schenb roek (c) a expofé pendant cinq heures un Aimant a un feu tres-violent: & il a trouvé qu'étant refroidi, cet Aimant ne pouvoit pas attirer k limaille de Fer, quoiqu'il agiffoit un peu fur une aiguille de fixpouces, a la diftance de fix lignes. Le feu change donc 1'Aimant, tout comme quelques Corps idioéleótriques, mais il ne lui öte pas la facilité de recevoir la force magnétique: car M. lemery a trouvé que la poudre d'un Aimant ainfi calciné eft attirée par un autre Aimant (d). Si donc le Fer étoit un Condu&eur, 1'analogie feroit plus admisfiblc entre 1'Aimant 6c les Corps idioéleétriques. §. 99. Il paroit donc, fi je ne me trom- pej ïippofée par ce Phyficien: Et ce qui prouve que cette :auié externe eft ici la feule véritable, c'eft que cetaftbislisfement fpontané des Aimans n'a lieu, qra lorsqu'ils ae font pas placés dans la fituation convenable. M. aepinus en a eu lui-même qui n'ont rien perdu de leur iorce pendant fix mois. N. d. T. ] (0 Dijj'ert. de Magnete p. q\. Exp. 20. (d) Mem. de l''Academie 1706. p. 135-. [M. m u sïchenbkoek a trouvé la même chofe dans fon expéience, citee note c. L'Attraélion de 1'Aimant fur cet:e poudre étoit trés - forte, & fe faifoit déja a la diftanre de deux o« trois pouces. N. d. T. J  ioo 1. M É M. P- t S. III. Ci. IV. Le Fef pe, qu'on peut en un ceitain fens comparer 1'Aimant aux Corps idioélectriques, mais que' cette Analogie n'eft fondée fur aucune Expérienee directe $ & qu'elle n'eft pas de nature h indiquer une véritable reffemblance entre l'Éleétricité & le Magnétisme («). Rien ne prou- (a) [Nous avons vu dans les §§. précédens, & dans les notes fur ces §§. combien cette analogie eft foible: elle n'eft qu'une pure fuppofition, 8c a la quelle les Phénomènes ne font pas conformes. La force de 1'Aimant n'eft due, dans le fyftême de M. aepinus, qu'a 1'accumulation du Fluide dans unc de fes parties, 8c a fa diminution dans 1'autre: 1'Aimant ne feroit donc pas uit Corps dont 1'état fut ejjen'Miemmt ftable , puisqu'il y auroit toujours une caufe externe (1'écoulement du Fluide d'une partie dans 1'autre) 8c deux caufes externes de deftruétion; fav. 1'écoulement du Fluide hors de la partie pofitive , 8c fon entrée du Fluide extérieur (fuppofé qu'il y en ait) dans la partie négative: Mais tout ceci eft oppofé aux Phénomènes, puisque les Aimans les plus vigoureux confervent patfaitement leur force pendant trèslongtems, 8c que la refiftance que le Fluide éprouve dans les Corps eft asfez petite pour qu'une . petite force la puisfe vaincre (§. 93. note b §. 98. note b). Cette Théorie convient mieux a l'Éleétricité, puisqu'il ,eft de fait que la force des Corps éleétrifés s'aftbiblit promptement, 8c que les Phénomènes des carreaux éleétriques fournisfent des raifons plaufibles d'établir que le Fluide y eft accumulé dans une partie, 8c diminué dans 1'autre. De plus, la fuppofition que le Fer attire le Fluide mag-  £5? V Aimant comparés aux Corps idioélecïr. \g\ prouve, qu'il eft, outre 1'Aimant, aucun Corps coercitif du Fluide magnétique, tandis' qu'il y a un grand nombre de coercitifs du Fluide éleélrique. II eft donc néceflaire d'examiner d'autres Phénomènes pour favoir s'il y a une véritable Analogie ou non. Au reste, comme M. aepinus n'admet aucun Corps Conducteur du Fluide magnétique, 1'Analogie qu'il établit entre 1'Électricité Sc le Magnétisme, n'a lieu que pour les Phénomènes de 1'Aimant Sc ceux des Corps idioéleélriques (b). SEC- magnétique, & que les particules de celui - ci fe repousfent , font précaires. Enfin la fuppofition que le Fluide eft uniformement accumulé dans une partie, & uniformement diminué dans 1'autre n'eft pas admisfible : M. aepinus convient qu'elle n'eft pas exa'éte, & qu'il eft des cas oü 1'on fe tromperoit en s'en fervant (Taitam. §. 182. feqq.). Je doute donc trés-fort, quoiqu'en dife M. aepinus, que des Calculs, établis fur une pareille baze & fur de telles fuppofitions, foyent propres a démontrer la vérité d'un fyftême. Nous pourrions entrer la-desfus dans un plus grand détail s'il s'agisfoit de discuter tout le fyftême de M. aepinus; mais ce n'en eft pas ici le lieu. N. d. T. ] (£) [M. aepinus a fenti lui-même ces difficultés; car outre 1'endroit cité dans la note d du §. 96. & qu'on ne diroit pas être. le langage d'un zelé partifan de 1'A-  ityj, I. MÉM. P. h S. III. CL IV- 1'Analogie entre l'Éleétricité 8c le Magnétisme, voici comme il s'en exprime §.5. ,,Ily a un nombre in,, nombrable de Corps qui agisfent fur le Fluide éleétri,,que, 8c fur lesquels Celui-ci agit reciproquement, 8c dans lesquels Ce Fluide fe meut très-librement, 8c fans aucune difficulté. Mais il n'y a pas de Corps dans .,lesquels la même chofe a lieu pour le Fluide magné-» „,tique. 11 n'y a donc dans toute la doétrine magnétique aucun Phénomène de Corps pour ainfi dire non,, magnétiques par eux - mêmes, au lieu que ceux des Corps a, non - éleiïrïqwes par eux - mêmes font trés - nombreux. Le Magnétisme n'offre donc aucun Phénomène analogite ,,a ceux qui font propres aux Corps non - éleétriques s, par eux - mêmes: mais 1'analogie n'a lieu que pour les ,, Phénomènes des Corps éleétriques par eux-mêmes. y, On ne doit cependant pas s'attendre a trouver ici une 'B> convenance comflette •. car, le Fer, au moins le Fër V,trempé, différe encore notablement des Corps éleétriL., ques par eux-mêmes, en ce que ceux-ci fournisfent ^,dans leurs Pores un mouvement plus facile au Fluide éleétrique que le Fer n'en fomnit au Fluide magnéti$,,que." N. d. T.]  'P'Aimant &? Bout. de Leide comparés. 193 SECTION IV. COMPARAISÖN DE l'aïMANT A R M & ET BE LA BOVTEILLE DE LEIDE. §. ioo. La troifième Queftion que je me fuis propofé d'examiner eft, fi Von peut faire une comparaifon entre VArmure de VAimant ci? la Bouteille de Leide ? Pour la traiter comme il faut,jereduirai a quatre chefs ce que j'ai a dire fui ce fujet. i°. Je ferai quelques réflexions préliminaires fur cette'Queftion en général, afin qu'oa fache fur quels Phénomènes la comparaifon dok rouler. a°. J'examinerai le fentiment de M. cigna. 3°. Je discuterai la comparaifon que M. ïranklin a faite. 4°. Enfin je developperai quelques Phé* nomènes moins généralement connus, êc qui pourroient fournir des chefs de comparaifon. tumb I, N CHA*  i"54 *• mémoire. P. I. S. IV. C/l. ï. S- 101. Si nous comparons tous les Phénomènes de la Bouteille de Leide a ceux d'un Aimant armé, nous trouverons certainement de grandes différences. On tire de la Bouteille de Leide une forte étincelle capable de fondre les métaux les plus folides, de bruler différens Corps. Nous éprouvons par fon moyen une foite commotion, & plufieurs autres effets du même genre, qui n'ont certainement pas d'analogues dans le Magnétisme,8c qui forment par conféquent une fi grande différence f qu'il pourroit paroitre étonnant, au moins au premier abord, qu'on ait jamais fait de comparaifon entre 1'Aimant armé 8c la Bouteille de £.eide. Mais, quoique les Phénomènes détruifent, ace qu'il me femble, toute identité entre les deux Fluides, ilsn'ótent pas, au moins au premier abord, toute reffèmblance entr'eux. Geci merite d'être examiné en détail. CHAPITRE I. Réflexions préliminair es fur cette comparaifon'.  Refléxiöns préliminair et. tgf $. icï. L a commotion qü'o'tt éprouve par la Bouteille dé Leide a Heu ^ parceque le Flüide éleétrique paffe par notre Corps, 5c met én mouvement celui que ce Corps Contient. Si donc notre Corps, ne conterioit aucun Fluide éleétriquefi de plus il donnoit uh paffage parfaite'ment libré a celui j qui fof tant dé la furface poiïtive de la Bouteille j doit, én paffant par notfë Corps entrer dans la furface négative, nous h'ép'rouveriortS} tres - vraifemblablement s aucune commotion. Mais, notre Corps ne contient que je fache aücun Fluide magnétique («): il eöncède un paffage parfaitement li- (a) [M. steiglehnek eft d'un fentiment très-dif^ férent: voyez le §. 157. de fa differtation. Je me ferois peut-être exprimé un peu autrement fi j'avois fait reflexion eh écrivant cet article que notre fatig contient üh grand hombre de particules de Fer, & que le Fer feut contenir du Fluide magnétique: je dis feut: il eh contient furement, fuppofé 1'exiftence de ce Fluide , quand il eft aimanté. Plufieurs Phyficiens difent qu'il en contient toujours: qu'il eh eft le fiège naturel; maisj'avouc ne pas fentir la force des argumens dont on étaye cette affertion: elle ne me paroit être qu'une fuppofition » qu'on employé pour expliquer les Phénomènes, & qui tie peut acquérir de probabilité que par 1'exaétitude de toette explication même: d'ailleurs il eft ausfi des Phyficiens j  196 I. memo ire. P. I. S. IV. Ch. I. librc a celui qui vi;nt de dehors (£). II n'eft donc pas étonnant, même en fuppofant que tout le refte foit parfaitement égal des deux cotes , que nous n'éprouvions aucune commotion magnétique, femblable a la commotion électrique. §. 103. C'est des mêmes Principes, c. a. d. de l'aétion du Fluide extérieur fur 1'intérieur, qu'il faut déduire 1'explication des Phénomènes que les Corps font brifés & brulés par l'Éleétricité. II n'eft donc pas étonnant de n'en pas rencontrer de pareils dans le Magnétisme. Cette exception ne paroit cependant pas ausfi iatisfaifante pour ces Phénomènes la que pour ciens, parmi ceux qui érabliffent que le Fer eft le fiège naturel du Fluide magnétique, qui penfent, que ce Fluide environne tout le globe terreftre jusqu'a une certaine diftance Sc traverfe le globe même. N d. T. ] (b) [ On a vu §. 92, que je penfe ainfi: MaisM.M. aepinus Sc steiglehner penfent différemment, puisqu'ils établiffent que le Fluide magnétique ne fe trouve jamais hors du Fer ou de 1'Aimant, qu'il ne lort jamais de ces Corps. En adoptant ce fentiment, ce qu« nous difons aura lieu a plus forte raifon, puisque le Fluide magnétique n'a en ce cas aucune aétion fur les Corp< non - ferrugineux. N. d. T. J  Réflexions prélimimires. 197 "pour la commotion. Car li nous employons un excitateur, qui ne foit au milieu qu'un fil de laiton fort mince, ce fil fera biifé, fondu, par le Fluide électrique, fi 1'on fe fert d'une tres-forte Bouteille. Or, cet excitateur ne fait que conduite le Fluide éleétrique. Si donc on établit que le Fer eft un Conducteur du Fluide magnétique, ne devroit-on pas, en appliquant un fil de Fer aux deux pieds de 1'armure, obtenirun effet pareil: ce qu'on n'obferve cependant pas. Mais, comme ce Phénomène éleétrique depend, tant de la viteffe que de la quantité de Fluide qui paffe a la fois (a), ou pourroit dire que ce Phénomène n'a pas lieu pour le Magnétisme, parceque le Fluide magnétique coule plus lentement ou en plus petite quantité que le Fluide éleétrique : qu'on ne fauroit donc conclure une véritable différence de cette diverfité apparente j & que tout ce (a) [Ausfi peut-on éprouver fans Bouteille une fenfation femblable a la commotion, en tirant, lorsque 1'Éleét.ricité eft trés - forte, une fimple étincelle : comme p. ex. d'un Cerf-volant éleélrique en tems d'Orage &c. Mais ces Phénomènes font fort connus. M Volta a parfaitement développé ce point dans fon beau Mémoire fur la capacité des Conducleurs. Journ. de Phyf. T, XIII. p. 149. fur tout p. 258 9- §• ii- N» d. T. N 3  f$| I. mémoire. P. I. §. IV. Cf. I. ce qu'on en pourroit déduire revient a cecij que le Fluide magnétique agit avec moins d'énergie fur le Fer, que le Fluide éleétrique fur le5 Conducteurs de l'Éleétricité. 5. 104. Qu01 qu'il en foit, il eft elair, qu'il y a dans la Bouteille de Leide quelque? Phénomènes différens, foit par leur nature, foit accidentellement, de ceux que préfente un Aimant armé: & ces Phénomènes font cgux de 1'Étincelle foudroyante, de la Cornmofcion &c. E n ctabliffant quelque Analogie entre 1'armurede 1'Aimant, & la Bouteille de Leide, il faudra donc faire abftraétion des Phénomènes dont nous venons de parler, pour ne por? ter fon attention que fur 1'atttaétion, la cornmunication des forces, & d'autres Phénomès nes femblables.  Expofition du fentiment de M. cigna. 19J CHAPITRE II. Expofition du fentiment de M. cigna. §. 105. M. cigj^a compare 1'armure de rAimant a la Bouteille de Leide, d'après les Principes fuivans (a). L e Fluide magnétique ne fe meut dans 1'Aimant que felon une certaine direftion:. il ne fauroit donc couler le long de .la furface des Poles, Sc y être raffemblé. D e même, le Fluide éleétrique ne fauroit couler le long des furfaces du Verre. S 1 1'on couvre les furfaces du Verre d'un Corps Conducteur, on raffemblé le Fluide éleétrique.. D e même, ou couvre les furfaces des Aimans de Lames de Fer, afin que le Fluide magnétique puiffe couler a travers elles, Sc être rafTemblé. Cette comparaifon de M. cigna eft; donc fondée fur ces quatre hypothcfes. i°. Que le Fluide magnétique ne fauroit cou- (a) Miscell. Taurinenfia. lei. 2ï. N 4  ■fcOO I. mémoire. AL S. IV. CA. II. couler le long des furfaces de 1'Aimant: ce qui i-eviendroit? en quelque forte, a. dire, que le Fluide magnétique penêtre 1'Aimant difficilement, & a établir une certaine force coé'rcitive. Nous avons parlé de cette hypothèfe a la nn de la Section précédente (§. 95. 9s.) en examinant le fyftême de M. aepinus. Mais pour le préfent, nous 1'admetterons. a°. Que le Fluide électrique ne coule pas le long des furfaces du Verre, ou des Corps idioéleélriques. J'admettrai ausfi cette hypo, thèfe. }V 3°- Que le Fluide élc£fa-ique eft raffemblé par les Corps Conducteurs dont oU couvre le Verre, ou par 1'Armure. 4°- Enfin, que 1'Armure de 1'Aimant raffemblé ausft le Fluide magnétique, le con, duit vers un coté déterminé, & 1'y conden- §• io(5. La comparaifon eft donc entièrement fondée fur ce que les Armures éleétriques & magnétiques raflemblent le Fluide éleétrique ou magnétique. Mais M. cigna n'allègue aucun argument pour prouyer ces hypothèfes: U (*) Ih'd. §. i3. 24.  Expofition du fentiment de M. cisna. aó$ Waffume celle qui concerne 1'Électricité, mais il ne s'en feit pas, 6c il n'en déduit aucun corrollaire. II avance celle qui concerne la force de 1'Armure magnétique, 6c il en tire des conclufions, dont il tache de montrer le parfaif accord avec les Phénomènes. Cette comparaifon me paroit donc trèspeu folide, puisqu'elle éft fondée fur deux hypothèfes, qui ne font rien moins que certaines. Examinons les en peu de mots. „ L'a rmure éleélrique raffemblé le Fluide éleélrique:'' Je ne puis donner que deux fens a cette propofition. Premier fens. L'Armure conduit dans une certaine partie déterminée du Verre, 6c y condenfe le Fluide, qui étoit auparavant disperfé par toutle Verre. Second fens. L'Armure recoit,conduit, raflemble, condenfe en elle-même le Fluide qui étoit dans le Verre. §• 107. Pour ce qui eft du premier fens, il fera certainement admis par ceux qui fuivent le fyftême de M. frankmn, qui établit, que dans la Bouteille de Leide, le Fluide éleéh-ique eft accumulé dans une des furfaces, 6c que dans 1'autre, il eft au contraire diminué au desfous de fa quantité naturelle. Mais, quoiN 5 que  fcOX I. MÉ MÖIRK. P. I. S. IV. CL IL le contact, recoit donc le Fluide des deux pieds: celui - ci coule des deux pieds dans le contact: fi donc j'applique le contact mn aux deux pieds a la fois, le Fluide coule de B en m, de A en n. Ces deux courans font oppofés 1'un a 1'autre: 6c s'ils font inégaux, leplus fort, fortant de B p. e. entrainera 1'autre : le Fluide qui fort d' A fera donc chaffé dans A, avec le Fluide qui fort de B, 6c ne fera plus abforbé par la partie C» du contact. FExplication donnée par M. cigna ne fauroit donc fe foutenir, quand même on accorderoit les hypothèfes fur lesquelles elle eft: fondée. §• 117- mans le Fluide coule vers le Pole non en lignes droites miis en rayons divergens. Voila encore une oppofinon de fentimens fur la manière dont ce Fluide agit. N. d. T.J  Examen de la comparaifon de M. Franklir. aai §. 117. Voici quelle me paroit être la vraie caufe de ce Phénomène. Le contact mn recoit la force magnétique. Quand il eft oté, 1'Aimant agit par la différence des Poles B Sc A, ou B—A. L'extrémité m du contact, mn recoit du pole B une force auftrale 5 qu'elle foit B: elle eft oppofée a l'aétion du Pole B j la m quclle fera donc feulement B—B. L'extrémi- m té » regoit du Pole A une force boréale; foit A: elle eft oppofée a celle du pole A, qui agin ra conféquemment par la différence des forces K-A: l'aétion totale fera donc B-A- / B A\ n \ m n )' 1'effet fera donc plus petit qu'auparavant, fi 1'on n B \ A, comme cela a lieu lc plus foum n vent: car nous fuppofons que le pole B eft le plus fort, Sc 1'on fait que le même Fer, s'il n'eft pas trop grand, acquiert une plus grande force d'un Aimant plus vigoureux. Mais, fi B sa A, ce qui aura lieu fi les poles font ï m n peu prés de même force, ou fi les deux extrémités du contaét ne recoivent pas la force au même degré, l'aétion n'en fera pas changée. Enfin, fi A \ B3 l'aétion fera diminuée. Or n m  W t. m é m o i r e. P. I. tv. C/5; HL j'ai confirmé par expérienee ces trois cas que la Theorie m'avoit fait connoitre. II ne fe fait donc aucun changement, ni dans I'Armure, ni dans les poles: mais 1'effet depend unique* ment de la force que le contaét recoit. Cette dimmütion de forces dans de cas n'eft donc pas générale, comme 1'avancent tous ceux qui font mention de cette propofition, §. ii8. Le Phénomène fuivant que M cigna prefTe ausfi, & dont d'autresPhy ficiens font également mention, eft du mê.me genre, Expér. L. Que le pied d'une .Armurc foutienne un morceau de Fer quelconque , celui-ci un fecond, le fecond un troifième &c. Que le premier touche enfuite les deux pieds de I'Armure i alors le fecond morceau pourra a peine être foutenu, il le fera au moins plUs foiblement: ftfi ciGna a méme trouvé, '«, qu'un Aimant armé, qui foutenoit facile„ ment trois clefs par la partie extérieure du i, pied, n'en a pas même pu foutenir une feua le , quand 1'une d'elles touchoit les deux ü pieds de I'Armure." Voici 1'explication que ce Phyficien donne du Phénomène: „ Qtië ii dans le dernicr cas, le Fluide magnétique, „ paflant, au moyen de la clef, d'un pied is dans  Ex Amen de U comparaifon de M. Franklin. 4,2 j „ dans 1'autre, circuleroit par 1'Aimant mê* „me, Sc par conféquent exerceroit une plus „ petite aétion fur le Fer qu'on en approche „ extérieurement." Je n'ajouterai rien, fur cette explication, parceque ce que nous venons de dire nous paroit fuffifant. Je dirai plutöt quelle me paroit étre la véritable raifon du Phénomène. 1 §. 119, Dans le premier cas, le Fer re* göit la vertu magnétique; le fecond, qui eft foutenu par le premier, eft appliqué au pole de celui-ci, Sc par conféquent a 1'endroit oü la force eft la plus grande. II faut dire la mê* me chofe du troifième Sc des fuivans: mais.,' dans le fecond cas, l'extrémité m (Fig. 9) appliqué au pole boréal B acquiert une forCe auftrale: fi donc on fuspend un fecond Fer au point m, celui - ci eft attiré par la différence des poles m Sc B: or le pole B eft le plu?" fort, Sc affez proche: il exerce donc une action contraire fenfible. D'ailleurs, les forces du pole m décroiffent trés - promptement dans la diftance Cm, Sc font nulles en c: par conféquent fi 1'on applique le Fer a quelque point intermédiaire p, entre m Sc c, il fera attiré trés - foiblement. Mais, il fuit de cette explication, que le Phé-  £14 I- MÉMOIRE. P. I. S.lV. CL III. Phénomène dont nous parions n'eft pas général , & que fon contraire peut facilement avoir lieu. Car, dans le premier cas, le pole K regoit d'autant moins de force que le Fer M N eft plus long. Suppofons que la force du pole N foit la partie x du pole B. Le fecond Fer fera donc fuspendu a un Aimant donc le pole a la force B. Dans le fecond cas x in acquiert plus de force que M dans le premier: car i°. il acquiert fa force du pole Bj &: l'aétion du pole A vient au fecours du pole B, puisque, par elle feule, m acquerroit aus* •Ci un pole auftral, quand même B n'agiroit pas. Soit donc la force du pole m égale a B. y Les forces croiflent en raifon des diftances du centre Magnétique C: (a) donc ft la diftance Cp~p, Cm~a: la force du point P fera ~Bp: cette force fera donc plus grande, ausfi y i grande, ou plus petite que celle du pole N, felon (4) C'eft ce qui a été démontré par M. van swind e n dans fes Tentam'ma Theoriae Mathcmathae de Pfiaenomenis Magneticis. Leide 1771. 4to. [Depuis ce tems j'ai beaucoup perfeétionné ma formule, & je 1'ai fimplifiée, & confirmée par de nouvelles expériences dans mes Rtc/ierches fur les Aigeilles Aimantées $. 31. N. d. T. J  Examen de la comparaifon de M. Franklin. aaj felon qu on aura > ou s ou \ —■; ou ay x - JL \ ou S ou \ i,ouAr\ ousou\ . ay x p Or ces trois cas peuvent avoir lieu fans contradiction. §. iao. Ex pe r. LI. Dans 1'appareildont je me fuis fervi, la force a été plus grande dans le fecond cas que dans le premier; car le wnta5l foutint encore un anneau qu'il n'auroit pü foutenir dans le premier cas. Voila donc dérechef une propofition, que les Phyficiens croient générale, 6c qui cependant fe trouve fauffe, dés qu'on vient i la développer comme il faut. O r ce développcment véritable, j'auroig presque dit, ce développcment marhématique, des Phénomènes, me paroit d'autant plus utile, que fans lui bien des Phénomènes parois* fent oppofés entr'eux. Car il en eft dans lesquels on diroit que la force eft augmentée en établiffant une communication entre les deux pieds de 1'Armure, 6c il en eft d'autres dans lesquels on diroit qu'elle eft diminuée par la même operation. Expér. LIL (a). Fig. 10. J'applique un (#) du touk, Ejjai fur 1'Aimant, §, 30, hecht il dm frix de l'Acad. Tome V. §. izo. X O M E I. P  aa5 I. mémoire. P.I. S. IV. Ck.III. un barreau de Fer M N a 1'un des pieds de I'Armure : il en eft foutenu. J'approche le contact mn (\t facon qu'il touche ce barreau Sc I'Armure; le barreau tombe. On pourroit donc dire que la force du pole eft aftoiblie en établiffant la communication. Je fais bien que M. du tour a obtenu un effet tres - différent en faifant cette expérienee: car, le barreau qui n'étoit pas foutenu, étant feul, 1'étoit en appliquant le contact.. Nous verrons tout - a - 1'heure comment il faut s'y prendre pour avoir un effet pareil. En attendant, il s'enfuit de ce que nous venons de dire, que la force du pole eft quelquefois augmentée Sc quelquefois affbiblie. L'augmentation fe prouve encore par 1'expérience fuivante, faite par M. du tour (£). §. iiï. Expér. LIII. Fig. 10. J'ai appliqué au pole B un petit morceau de Fer, qui ne pefoit qu'un quart d'once Sc qui étoit a peine foutenu: je 1'ai appliqué, dis-je, de facon qu'il débordoit un peu hors du pole, vers 1'intérieur. J'ai enfuite appliqué le contact, au pied A , Sc de forte qu'il toucha le Fer M: ce Fer M a non feulement été facilement foutenu (*) lb\L §. 33.  Examen de la comparaifon de M. Franklin. 227 term alors,mais j'y ai encore pu fuspendrequatre onces. Dirons nous que la force du pole a été augmentée? On rend facilement raifon de cette expérienee & de la précédente. Dans le premier cas, les extrémités M Sc m deviennent 1'un & 1'autre des poles auftraux: donc le pole m affoiblit 1'effet du pole b [fur M]. Dans le fecond cas, il fe forme un pole auftral en M, mais un pole boréal a l'extrémité N qui déborde: pole, dont P aétion eft aidée par le pole m du contact n m; de la 1'augmentation des forces. I l fuit de cette explication, qu'il y a un maximum dans la quantité dont la partie N peut débordcr, quantité a laquelle le pole N devient le plus fort posfïble, comme 1'expérience le démontre. II s'enfuit encore qu'il eft abfolument néceffaire que la partie N déborde : car fans cela il fe formeroit en N un pole auftral, Sc l'aétion feroit diminuée. Ces mêmes raifonnemens font voir com* ment il fe peut faire que le fuccès de la cin■quante - deuxième expérienee foit quelque fois différent de celui que nous avons obtenu. Cela fe peut faire de deux manieres. §. 12a. Ex per. LIV. Fig. 11. Soit le barreau de Eer m n fuspendu au pole B j il ac= P 2 quer-  aaS I. mémoire. P. I. S. IV. Ch. IIL querra un pole auftral en m, un boréal en n Sc le centre magnétique C fera d'autant plus prèï du pole m que le pole n fera plus foible, Sc conféquemment que le barreau mn fera plus long. Qu'on applique au pole A le barreau NM; ilrecevra un pole auftral en M. Qu'on 1'applique au barreau m n de fagon qu'il touche la partie boréale C n: la force de cette partie en fera augmentée: celle de la partie auftrale M C en dcviendra par conféquent ausfi plus grande, Sc tout le barreau fera plus fortement foutenu. Or, lorsque le barreau mn eft tres-long (Sc celui de M. du tour étoit de deux pieds) la partie mc fera tres-petite; il aura donc pü fuffire que le barreau N M ait été tres - peu incliné. A cette caufe il s'en joint une feconde, qui peut produire le même effet (Fig. ia). La force s'étend toujours felon la longueur du Fer. Donc toute la partie CM eft auftralej Sc fi la largeur de la partie M C eft plus grande que mc, le pole auftral M touchera encore la partie boréale cn qu'elle fortifiera en conféquence, ainfi que la partie. Donc, fi cette augmention de force eft plus grande que 1'affoibliflement qui provient de 1'application de la partie M a la partie »f, il y aura une augmentation de force Sc d'adhérence. Or ceci dé-  Examen de la comparaifon de M. PrankHn. i*$ Aépend tant des forces que les parties me & tn acquièrerit, que de 1'étendue de ces même& parties, Sc de fepalïfeur du contact MN. ExpÉr.LV. J'ai confirmé par Expérienee ce que je viens de dire: j'ai rcpété pour cet effet la cinquante-deuxième Expérienee (§. iao.) avec cette feule différence, que j'ai employé un contact MN plus large, 6c le barreau a été a préfent foutenu avec plus de force. §. 123. Concluons de ce que nous avons dit, qu'en établiffant une communication entre les deux pieds de I'Armure d'un Aimant , les forces de cet Aimant n'en font pas diminuées; mais que 1'augmentation ou la diminution qui peuvent avoir lieu, dépendent uniquement des barreaux de Fer qu'on employé. Nous pouvons donc, fi je ne me trompe, établir a jufte titre, que la comparaifon entre la Bouteille de Leide 6c un Aimant armé, propofée par M. frank l in, n'eft pas jufte, Sc qu'il n'yaa cet égard aucune Analogie entre 1'Élearicité Sc le Magnétisme. CHAn  *30 li mém. P. I. S. IV. CL IV. .D« C H A P I T R E IV. Des Phénomènes qui concernent la fphc* re iïactivité. §. 124. Nous avons jusqu'ici fuivi M. M. ïranklin & cigna: mais, il eft quelques autres Phénomènes de la Bouteille de Leide, Sc des Aimans armés, qui paroilTent, aai premier abord, avoir la plus grande refiemblance. Ces expériences méritent d'être examinées avec foin, fur-tout parcequ'elles préfentent quelques chefs de comparaifon, auxquels d'autres Phyficiens n'ont pas fait attention. Le premier de ces Phénomènes fe rapporte a la fphère d'attraélion. Expér. LVL J'examine a quelle diftance je puis tirer des étincelles du Conducteur de la Machine, a quelle diftance un Corps anéleéhïque fuspendu a un Fil en eft attiré, a quelle hauteur les Fils de 1'Eleélromètre s'élcvent. J e place enfuite le Conducleur fur la Bou•tcille de Leidej je charge celle-ci, 8c je trouve 1°. Que la diftance a laquelle je puis tirer des  Thènom. concernant U fphere iTaiïmtê. 23* des étincelles n'eft pas ausft grande que dans le premier cas, mais plus petite. a°. Que la diftance a laquelle les Corps anéledriques, fuspendus a un Fil, font attirés, eft plus petite. 3". Que les Fils de 1'Ekaromètre paryiennent d'abord a une plus petite hauteur, que celle-ci augmente continuellement > 6c que, lorsque la Bouteille eft entièrement chargée, cette diftance n'eft pas plus grande que dans le premier cas. D'oü il refulte, que la Bouteille de Leide, quoiqu'elle exerce une plus grande force, n'a cependant pas une plus grande fphère d'a£bvitév mais que celle-ci eft au contraire plus petite. §. 125. Mais, que dirons nous de 1'Aimant armé? M. cigna dit, que 1'aaion d'un Aimant armé fur une Aiguille s'étend * une moindre diftance que celle du même Aimant nud. MaisM. cal.endr.in a obfervé, qu'un Aimant armé, placé a la même diftance, détourne une Aiguille tout autant que s'il n'étoit pas armé (a). Si donc ces Expé- rien- (4) Covmentaire des P. P. *■ & jacquie* ftr les Principes d» newton. Tom. ILJ. p. P 4  I. mem. P.l.S. IV. CA. IV. Bes tiences font hors de tout doute, k même chofe a lieu pour un Aimant armé que pour la Bouteille de Leide. Nous dirons tout-a1'heure ce qu'il faut penfer de ces Expériences (§. 127. & ia8.) après que noUs aurons examiné un autre Phénomène. §• 12.(5. Co m par o ns I'Armure extérieure de la Bouteille de Leide, a 1'aile de I'Armure magnétique; & h tige, ou le crochet de la Bouteille [ ou I'Armure intérieure ] , au pied (a). Expér. LVII. Je charge la Bouteille de Leide. Sans toucher a la furface intérieure, ou a la tige, j'approche de la furface extérieur te un Corps non ifolé : ce Corps n'eft pas attiré (b).f Cette furface ne donne donc aucun figne d'Éleétricité, Ex- O) [Comme la Tige., qu'on nomme ausfi le Crochet, paree qu'elle en a fouvent la figure, pénètre dans la Bouteille, & touche la limaille ou I'Armure intérieure, tout ce qui communiqué a celle-ci, communiqué par Ia même a la tige & reciproquement. On peut donc dire ind.freremment la Tige ou 1'Aimure intérieure: cela eft égal. N. d. T. J (*) wxlke dans fes Notes fur la Tracuflion alleman- *e ^ Li!tr" & M. FRANKLIN , §. Zj. p. , , j Konnier , Mm. de ÏAcad. 1746. p. 454  Phénom. cencernant la fpkère d'aElivité. 135 Ex per. LVI1I. De même, 1'aile de I'Armure d'un Aimant a tres-peu de force. A peinè foutient - elle quelque poids, ou du moins, ne foutient - elle que des poids qui ne font pas plus grands en comparaifon de ceux que foutient le pied, que ne le font ceux que foutient 1'Aimant nud, en comparaifon de ceux que foutient 1'Aimant armé. L'aile agit a peine fur 1'Aiguille, placée a quelque diftance. Voila donc dérechef une reflemblancey au moins apparente. Les expériences éleétriques que nous venons d'allèguer font très-certaines; mais les magnétiques ont befoht de quelque développement. §. 127. Nous avons dit que M. cigna établit que la fphère d'aébivité eft diminuée par I'Armure (a). II cite, pour le prouver, 1'expérience feptante-feptiéme de la Differtation fur 1'Aimant deM. musschenbroek. Mais cette expérienee ne parle de rien depareil: il s'y agit feulement du cas dont nous avons parlé ci-deffus (§. 116.) dans lequel une lame eft appliquée aux deux pieds de I'Armure. L'expérience de M. c a e e n d r i n eft plus vraie : Voici («) Misttii. Tauriti, 1. c. §. 25. P 5  &34 I- mem. P. I. S. IV. Ch. IV. Dis Voici comment cet homme celèbre paroit IV voir fake. Ex per. LIX. Je place dans 1'Equateur magnétique a quelque diftance d'une Aiguille un Aimant non armé , de manière que fes poles foyent perpendicuiaires a 1'Equateur magnétique. Je lui applique enfuite 1'Armure : 1'Aiguille paroit refter dans la même fituation, ou, s'il y a quelque différence, elle eft certainement trés - petite. Cette expérienee prouve en même tems, que 1'aile de I'Armure exerce trés-peu de force , comme nous favons dit dans 1'expériencc précédente. La caufe du Phénomène eft facile a trouver. La furface polaire auftrale de 1'Aimant M (Fig. 13.) communiqué une force boréale a 1'aile NB, 8c une auftrale au pied BS. II y a donc trois forces qui agiffent fur 1'Aiguille ; la furface polaire de 1'Aimant, comme de coutume; 1'aile N B; le pied BS: ces deux dernières fe détruifent en partie 6c font a peu prés égales: car la fomme des forces de toutes les particules en NB eft en équilibre avec la fomme des forces en B S: chaque particule de NB pofféde, a la vérité, une force plus petite : mais leur nombre eft plus grand.  Plieriom. concernant la ff hert i'aüivitê. 135 §. ia8. Ce n'eft donc qu'accidentellement que 1'aétion ftir 1'Aiguille n'eft pas changée, ou qu'elle ne 1'eft que trés-peu: c'eft, parceque les forces NB & BS font oppofée* 8c agiffent en même tems. Voici encore qui prouve que c'eft la la véritable caufe du Phénomène. Si nous pofons 1'Aimant obliquement, on peut faire que l'aétion foit changée, comme ausfi fi 1'aile NB & le pied B S font de forme parailélepipède, 8c que le pied B S eft beaucoup plus long: alors la diftance a laquelle il agit eft beaucoup plus grande, ainfi il trouble moins 1'action. L'Aiguille fe rapprochera donc plus du Méridien, a caufe de la force boréale de I'Armure oppofée a celle du pole M. J'ai fait toutes ces expériences avec le plus grand fuccès. L'aile a pourtant quelque force, puisqu'elle attire: mais fa force pour foutenir le Fer qu'on lui applique eft trés-petite, parceque le pole A repoufle ce que l'aile N B tache de foutenir. Si-1'on vouloit avoir des expériences extrèmement exaétes fur ce fujet, voici comment il faudroit s'y prendre. i°. Ii« faudroit examiner 1'attraction du pole au moyen d'une balance. a°. Il faudroit 1'examiner encore a une diftance égale a 1'cpailliur de l'aile. 3°.  asó* fi mém. P. t S. IV. CA. IV. Des 3". I l faudroit enfin examiner la force de l'aile, jointeau pole. Si 1'on retranche celleci de celle du pole nud ( N°. 1.) le refte donncr.i 1'action vraie de l'aile feule. L a fphère d'attraétion n'eft donc pas diminuée par I'Armure, ainfi qu'il paroit par les expériences fuivantes. Expér. LX. Je note l'aétion de 1'Aimant nui: je lui applique I'Armure de manière que le pied regarde 1'Aiguille. On trouve que l'aétion de 1'Aimant eft beaucoup augmentée ou diminuée, felon qu'on employé I'Armure boréale ou auftrale, 8c que c'eft la force boréale ou auftrale qui prévaloit au commencement. Exper. LXI. Au contraire, fi j'applique les deux Armures, & que 1'Aimant foit perpendiculaire a 1'Équateur magnétique, fi de plus les deux poles de 1'Aimant font égaux, raétion fera la même qu'elle étoit avant qu'on eut appliqué I'Armure. I e eft aifé de rendre raifon "de ce Phénomène. Car, fi 1'Aimant eft placé comme nous I'avons dit, les poles M 8c N agiffent enfemble (Fig. 14). L'Aiguillene feroit donc pas détournée fi ces poles étoient égaux > 8c fi elle 1'eft, ce n'eft que par la différence d'aétion des deux poles. En appliquant I'Armure, on  JPhénom. concernant la fphère d'afiivité. a.37 a dérechef deux poles oppofés, qui agifiênt a la fois, & dont par conféquent les aófions fe détruifent entièrement, fi les Armures font placées femblablement, Sc fi elles acquièrent des forces égales: &c dans le cas oü 1'Aiguille n'eft pas troublée, nous pouvons facilement faire qu'elle le foit, en inclinant un peu 1'Aimant d'un coté ou de 1'autre, pour qu'une Armure foit plus proche de 1'Aiguille que 1'autre. I l eft donc prouvé, fi je ne me trompe, qu'il eft faux que l'aile de I'Armure n'exerce aucune force, ou qu'elle diminue la fphère d'activitéj ce n'eft qu'accidentellement qu'il arrivé que 1'aót.ion paroit quelque fois diminuée. §. 119. Nous avons dit que la furface extérieure de la Bouteille de Leide ne donne aucun figne d'Electricité : mais, s'en fuit-il de la qu'ellé n'en a pas? Nullement: cela n'ariïve dérechef qu'accidentellement, favoir, pareequ'il ne fauroit fortir un peu de Fluide d'une des furfaces, ni y entrer, a moins qu'il n'en entre dans 1'autre, ou qu'il n'en forte. Ausfi, dès qu'on remplit cette condition, la furface extérieure donne beaucoup de fignes d'Éket-ricité. On faitp. ex. que li 1'on fuspend 4 un  238 ï. mém. P. I. S. IV. Ch. IV. Des un Fil de foye une petite boule entre deux Linies, dont Tune communiqué avec la furface extérieure , 1'autre avec l'intérieure, elk eft agitée d'un mouvement alternatif trés - prompt. I l eft donc certain qu'il n'y a aucune rcsfemblance réelle entre ces deux Phénomènes, qui paroiftbient au premier abord fe reifembler ft fort. Mais, ces mêmes Phénomènes en produifent deux autres, qui paroiffënt encore fe resfembier beaucoup. Exp er EXIT. (a). Si 1'on fuspend une petite boule prés de la furface extérieure de la Bouteille, elle refte immobile : mais, dès qu'on tire une étincelle de la Tige, la boule eft attirée, tout comme fi la force de cette furface étoit augmentée, pendant qu'on tire des étuicelles de la tige, c. a. d. pendant qu'ön diminue la force de la tige. J e crois qu'on doit rapportcr a ce genre d'expériences, ce que M. priestley nomme la force, ou 1'explofion laterale (b), Lors- . (4) Le monnier, Man. ie ï Acal. 174Ó. p. 454. wilson Treatife of hle ftricity, p. 87. (4) P&iloftpA. Trans. Vol. LIX. p. 57, & Vol. LX. P. iqz.  Phênom. concernaent la fphère tfaftivité. a.39 Lorsqu'on dispofe des Corps legers a 1'entouÊ de la Bouteille, ils font agités quand on décharge celle - ci, comme s'ils étoient poufleS par une augmentation de force de la furface extérieure. ExpÉr. LXIIÏ. Si même on fait 1'expérience dans un endroit obfcur, & qu'il y ait une chaine pendue a la furface extérieure de la Bouteille,ou qu'on place des morceaux de métal anguleux fort proche les uns des autres, de fac,on qu'ils faffent partie du eircuit, alors en. déchargeant la Bouteille (c), on verra le Fluide paffer par la chaine, y briller par étincelles, comme fi la force de la furface extérieure étoit augmentée par ce même moyen, par lequel ou diminue la force de la Bouteille. On explique facilement ces Phénomène* par la Théorie de M. frank li n, laquelle fait voir, qu'ils ne proviennent nullement d'une augmentation de force dans la furfac* extérieure. §. 130. M. cigna (a) a découvert dans I'Armure de 1'Aimant un Phénomène qui paroit (c) wil som Treatif. cf FjecTricity , p. 89, 90. («) [Misctll. Tamn. I c. 5. 26. N. d. T.]  *4° I. mem. P. I. S. IV. Ch. IV. Des rok trés - analogue a ceux dont nous venons de parler. Nous avons dit que l'aile de 1'Armurc n'exerce que peu ou point d'aétion [_§. iaö]. Qu'on applique au pole de I'Armure le pole de même nom d'un autre Aimant: la force dc l'aile en fera augmentée, quoique celle du pole fok affoiblie. M. cigna n'a pas indiqué comment il fait cette Expérienee. Je m'y fuis ipris de la manière fuivante. Expér. LXIV. Si l'aile de I'Armure 'foutient a peine un anneau, j'approche de fon pied le pole ennemi d'un barreau aimanté, Sc l'aile foutient deux ou trois anneaux qui pendent 1'un a 1'autre. Ex pér. LXV. Qu'on place un Aimant armé dans 1'équateur magnétique, a quelque diftance d'une Aiguille: qu'on note combien celle - ci eft détournée. Qu'on applique enfuite le pole ennemi d'un autre Aimant: 1'Aiguiile s'approche fur le champ beaucoup de 1'Aimant. On voit cependant facilement que la plus grande partie de 1'augmentation eft due a. ce fecond Aimant. M. cigna explique ce Phénomène en di{ant, que le flux de la matière magnétique d'un pied dans 1'autre eft intercepté par 1'appiication de ce pole ennemi. Mais nous avons asfez parle de ce genre d'explications Sc un dé- velop-  Phénom. tonc'ernant ld fphlre d*aïïHitê. 141 veloppement exact de ces Phénomènes nousmèneroit trop loin. Je dirai feulement qu'il eft certain que cette augmentation dépend d'un Véritable changement de forces qui fe fait dans I'Armure même, au contraire de ce qui a lieu pour le Phénomène éleétrique que nous avons comparé a ce Phénomène magnétique; il n'y a donc a cet égard aucune vraie Analogie. Concluons de tout ce que rtous avons dit de la Bouteille de Leide &t d'un Aimant armé, qu'on ne peut faire aucune comparaifon entr'eux, mais qu'ils différent autant par les Phénomènes qu'ils préfentent, que par les caufes par lesquelles ceux-ci font produits (b). SEC- (b) [Voici la Rédexion que M. hemmer fait fur. cette Section. ,,On ne fauroit nier d'après les preuves *,de 1'Auteur qu'il n'y ait un grand nombre de diffé,,rences, & des différences confidérables, entre les Phé>,nomènes de la Bouteille de. Leide, & ceux de 1'Ar- mure d'un Aimant." Si ces différences font telles né fuffiroient - elles pas pour détruire 1'Analogie ? >* Mais, continue M. hemmer, ces deux obj ets-foni s, cependant très-analogues, en ce que le plus ii h moins, ,,ou 1'état pofitif & 1'état négatif, ont lieu dans 1'un & '»» dans 1'autre, & que ces états font produits & ccnfervts ,, par la méme force. Dans la Bouteille une des furfaces „eA tomi I. q  a**. I- mém. P. t S. IV. CL IV. Des ,,eft chargée, 1'autre eft épuifée, puisque le fluide ac,,cumulé dans la première repouffe celui de 1'aütre: le ,, fluide accumulé effeclue par fa répulfion que 1'autre furface refte vuide , & cette partie épuifée conferve par ,,fon attraétion 1'excès du Fluide dans la partie oppo„> féc. C'eft par les mêmes caufes que le pole chargé de 1'Aimant conferve une armure vuide, & un pole vuide une armure chargée." r°. II me femble que ces états ne font pas produits par une même force. Car I'Armure produit cet état dans la Bouteille; mais elle ne le produit pas dans 1'Aimant: cet état y étoit: I'Armure ne change rien a 1'état de 1'Aimant: il ne fait qu'augmenter 1'énergie de celui qui y exiftoit: ce qui eft trés - différent de ce qui fe paffe dans la Bouteille. 2°. II me femble que ces états ne font pas confervés. par une même force; One communication entre les deux furfaces détruit 1'état de la Bouteille: & fortifie celui de 1'Aimant. •30. La comparaifon entière eft précaire. On affumt comme un fait que 1'Aimant a une partie pofitive, & 'autre négative; mais bien loin qne ce foit un fait, ce n'eft pas même une conféquence déduite d'un fait: ce n'eft qu'une hypothèfe gratuite, qui n'eft pas etayée de la moindre expérienee, mais au moyen de laquelle on tache d'expliquer les Phénomènes, & qu'on admet enfuite comme vraye, parcequ'on croit avoir expliqué les Phénomènes qu'on obferve. L'état pofitif 8c négatif de la Bouteille n'eft pas un fait, mais c'eft du moins une conféquence déduite des faits avec quelque vraifemblance, avec une probabifité qui peut me paroitre fuffifante, mais qui n'a pas frappé de même d'autres Phyficiens. : des Ekclricitns du premier ordre, comme M. M. i E R44 I- mémoire. P. I. S. V. Ch. I. SECTION V. de la comparaisön des attractions et des repulsions tant électriques que magnétiques. $. 130*. La quatrième Queftion que nous avons entrepris d'examiner eft celle-ci „ 1'é„ lectricité & le Magnétisme conviennent - ils „ entr'eux, eu égard aux Phénomènes qu'on „ obferve dans les Attraétions & les Répul„ fions." M. aepinus s'eft fort occupé du développement de cette comparaifon, dans laquelle gitle fort de fori fyftême (a). Nous examine- rons (a) [M. steiglehner a donné dans les cent premiers §§. de fa belle differtation-un développement complet des principaux Phénomènes des Attraétions & des Répulfions tant éleétriques que magnétiques, au moyen des principes de M. aepinus, que nous avons expliqués $i-deilus §. 90. feqq. Sc qu'il fuit pas a pas. N» d. T. ]  De la comparaifon des Attracïiorfs &c. 143 rons premièrement 1'attraétion j enfuite la repulfion: nous y ajouterons enfin quelques ré* flexions qui appartiendront a 1'un & a 1'autrc genre de Phénomènes ( b). CHA- {!>) [M. hemmer remarque fur cette Seétion, qu'a fon ayis ,,je n'ai pas fait grand mal au fyftême de M. aepinus: qu'a la vérité j'ai fait voir que 1'attraaion ,, magnétique eft beaucoup plus forte que 1'éleétrique: 3,que 1'atrraétion éleétrique fe change presque toujours en jjrépulfion, ce que la magnétique ne fait jamais: mais, ajoute-t-il, ce ne font la que des accejfoires, qui ne ,, changent rien au point Capital, qui eft , que 1'attraélion ,, & la répulfion fe font de part 8c d'autre de la méme „manière, 8c felon les mêmes Loix de déftruétion d'é,,quilibre: 8c cette vérité demeure, ft je ne me trom,,pe, ferme 8c inébranlable, malgré toutes les objec„tions de M. V. S." M. hemmer examine enfuitc plus particulièrement quatre articles de mon mémoire. Nous examinerons ces réflexions dans nos notes fur chacun de ces articles: mais difons un mot ici de cette Remarque générale. Obfervons d'abord que cette Thefe, que les attraaions 8c les répulfions fuivent les mêmes Loix de la déftruo tion de 1'Equilibre 8cc., conftitue entre les deux Forces, Bon une Analogie de Faits, mais une Analogie de Syftime, puisqu'elle fuppofe que le fyftême de M. aepinus eft démontré. Nous avons déja vu dans plufieurs notesi précédentes (§. 90. d. f. §. 92. c. ƒ. §. 93. i. 99. a. ui. e.) ce qu'on peut objefter a cet égard, Sc je ren-  lift I. MÉMOIRE. P. h S.V. Ch. I. iroye a ce que j'ai dit dans la note b du §. précédent fur la folidité d'une Analogie de fyfthne. J'avoue que je ne me fuis pas attaché aux fyftèmes dans mon travail fur ce fujet, mais uniquement aux faits; tachant néanmoins de diftinguer les faits effentiels des faits accelfoires, 6c modifiés par des circonftances étrangéres. Une Analogie de fyftême n'eft vraie que pour ceux qui admettent les fyftèmes dtmt il eft queftion: mais une Analogie de Faits eft feule vraie 8c inébranlable. Du refte je n'ai pas prétendu faire de refutation complette du fyftême de M. aepinus: je n'en ai touché que quelques points, qui appartenoient plus directement a mon fujet. Remarquons i°. qu'en fuppofant, que les attraétions 8c les répulfions magnétiques 8c éleétriques proviennent les unes 8c les autres de ce que les deux Fluides font tirés de leur état naturel, pour s'accumuler dans une partie du Corps, 8c fe rarefier dans 1'autre, cela feul ne rend pas 1'Analogie entre les deux Fluides valable. Si la grandeur de la condenfation 8c de la rarefaétion, fa conftance , les obftacles que les Corps même qui contiennent les Fluides apportent a leur mouvement, la répulfion naturelle de ces Fluides 8cc. font différens, comptera -1 - on ceci parmi les acceffoires ? il me femble que ce font des points effentiels. Mais nous reviendrons fur ces Articles. Enfin 30. Je regarde les fuppofitions que le Fluide magnétique fe meut trés - difficilement. dans le Fer; qu'il fe condenfe dans une partie de celui-ci, 8c fe rarefie dans 1'autre : que la répulfion eft proportionnelle a Ia quantité de Fluide, non feulement comme des fuppofitions gratuites, mais encore comme des fuppofitions contraires aux Faits; j'ai indiqué mes raifons dans des notes précédentes (§. 92. c. §. 93. b. §. 98. a. §. 112. e.) êc j'y reviendrai' encore (§. 199./. ioo. d.)  Examen des Phénomènes de V Attrablion. 247 CHAPITRE 1. Examen des Phénomènes de VAttrablion, Il ya furtout trois Phénomènes aux quels il faut avoir égard ici: i°. la grandeur de 1'Attraétion: 20. la diftance a laquelle elle agit; g°. la conftance ou la mutabilité de 1'Attraction. I. La Grandeur de VAltratlion. §. 131. M. musschenbroek établit cette comparaifon entre l'Éleétricité Sc le Magnétisme (a): que 1'Aimant foutient de trèsgrands poids, mais que 1'Ambre, ou les Corps qui pofledent la vertu éleétrique, n'attirent .que les Corps legers, des pailles, des fétus, des pousfières. Ces Phénomènes méritent d'être examinés avec foin. I l eft certain que 1'Aimant, furtout s'il eft armé, peut foutenir de très-grands poids, foit qu'on {«) lntrtd. ad Phil. Natur. §. 997. Q 4  248 X. mémoire. P. I. S. V. Ch. I. qu'on les confidère en eux-mêmes, foit, & cela a furtout lieu alors, qu'on les confidère par rapport au poids de 1'Aimant. J'entrerois dans un trop grand détail, fi j'en rapportois tous les exemples connus : je n'en citerai que deux ou trois. I l eft fait mention dans le Journal des Savans de 1'année 1683. p. Ia6, d'un Artifte dc Paris, M. p o u 1 l L Y, qui armoit les Aimans avec tant d'adrefle, qu'ils fotitenoient deuxcent fois leur propre poids. Le Doéteur m a rt 1 n a vu un Aimant fi petit, qu'il étoit monté en bague comme un Diamant (*). Son poids étoit de trois grams, & il en foutenoit 746, c. a. d. qu'il foutenoit deux-eens-cinquante fois fon propre poids. Ge Phyficien ajoute, que c'eft le plus fort Aimant qu'il ait jamais vu. M. du fay pofledoit un Aimant de neuf li vres, qui étant armé en foutenoit feptante-fept (c): & depuis peu, JVL 1'Abbé le noble a fait voir a 1'Académiede Paris un Aimant artificiel, du poids de neuf livres, deux onces, qui foutenoit cinq- . cens- (b) Phitof. Brittan». Tome I. p. 47. de la zde Edition, (O Mem. de l'Jeaa\ Royi des Sfiences. 1731. p. 426,.  Examen des Phénomènes de V Attraülon. 149 cens-cinq livres (d). Je paffe d'autres exemples, même peu connus. G r , fi nous comparons ceci aux Phénomènes éleétriques, quelles différences ne trouverons nous pas! Car nous voyons tous les jours, que les Corps éleétriques n'attirent que des Corps trés-legers, Sc qu'il n'y a que ceux - ci qui en puiffent être foutenus. Mais, il y a une expérienee du P. kircher , qui mérite qu'on en faffe mention. §. 13a. Pline avoit déja dit (a) que ï'Ambre attire non feulement des pailles, mais ausfi des raclures de Fer. LeP. hardouin rapporte dans fes notes fiir cet endroit, que Ï'Ambre peut attirer des grands poids, même vingt-fept livres, Sc il cite une expérienee du P. kirch er. Dans cette expérienee vingt - fept livres de plomb ont été en effet mis en mouvement par un morceau d'Ambre: mais, s'en fuit-il que Ï'Ambre a réellement attiré vingt-fept liyres? Nullement, car voici 1'appareil du P. ki r- (d) Jojrnal des Savans 1772. Mai Ed. de Paris, ]um p. 54. Ed. d'Arnfterdam. (*) [Hiji<»ïa hlaturalis Lih. XXXVII. Caj>. 11. N. d. T.] Q 5  fc£Q I. mémoire. P. I. S. V. CL I. kir c her (b) (Fig. 15). II fuspendoit un levicr de bois au fil AB: il phcoit le Corps qui devoit être attiré a l'extrémité E pu F de ce levier, 6c il en approchoit un morceau d'Ambre frotté, qui attiroit cet appareil. De cette facon vingt-fept livres ont été mifes en mouvement. Mais, il eft évident que Ï'Ambre n'a pas attiré ces vingt-fept livres: il n'a fait que vaincre la refiftance que tout cet appareil oppofoit au mouvement. Si cette réfiftance ne vaut qu'une livre, Ï'Ambre n'aura attiré qu'une livre, 6c même il n'auroit pas attiré une livre entière: car le frottement fe fut fur le centre de mouvement, 6c Ï'Ambre agit au moyen du bras de levier BF, ce qtii augmente beaucoup fon énergie: d'011 il fuit que Ï'Ambre ne produit réellement ici qu'un tres - petit effet. Le frottement, s'il y en a de fenfibleici, n'eft affurement pas la millième jpartie du poids: le levier BF eft presque infini a 1'égard de la furface fur laquelle fe fait le frottement, car celui-ci agit dans le centre même. Suppofons que le levier n'ait été que cent fois plus long : alors 1'énergie de la puisfance fera cent - mille fois plus grande que celle de (è) PAyfua fibttrrau* Lil. VIII. Secl. 3. Cap. 5. p.  Examen des Phénomènes de V Attrablion. 151 de k refiftance, c. a. d. que la puiflance n'attirera que la cent-millième partie du poids. Ce poids. a été de vingt-fept livres: fuppofons qu'on ait encore appliqué vingt-fept livres a 1'autre extrémité pour faire équilibre, ce qui n'a peut-être pas eu lieu, car il n'eft pas dit fi c'eft un poids de vingt - fept livres qu'on avoit appliqué a l'extrémité F, ou fi c'étoit la le poids de tout 1'appareil. Qu'on fuppofe donc cinquante - quatre livres pour le poids total: 8c puisqu'il y a feize onces dans une livre, ce poids fera de buit - eens-foixante-quatre on-, ces, 8c chaque once contenant quatre-censquatre - vingt grains, ce poids total aura été. de quatre - eens - quatorze - mille fept - eens - vingt grains, 8c par conféquent le poids que Ï'Ambre a réellement attiré, n'aura été que de quatre grains. Cette expérienee n'indique donc en aucune tagon que 1'Ambre attire de grands poids, comme le fait 1'Aimant. "' ■}■ b ïr?ï óïl^ iw4o r:^ü'>>\'z& M> 'yi3 -3toV §• 133- J'ai confirmé ces raifonnemens par des expériences. Expér. LXVI. J'ai placé fur un ftile d'acier extrèmément pointu une Aiguille de cuivre trés-mobile, qui, avec k chappe d'agathe, pefoit nonante - fept grains. J'ai chargé cette Aiguille en fuspendant a 1'ane de fes  *52 I- MEMO IRE. P. I. V. C/t I extrémités mille-neuf-eens-treize grains, & i 1'autre mille - neuf - eens - cmirize grains. Le poids total eft de trois-mille-huit.- eens - vingthuit grams, & avec celui de 1'Aiguille, de trots-mille-neuf - eens - vingt - cinq grains. J'ai attaché a une des extrémités un fil extfèmément dehé, qui paflbit fur un cilindre de verre fixe a une colonne. J'ai attaché k ce fil un poids d'undouzieme de grains, & ce poids a facilement mu tout 1'équipage. Donc un dou2ieme de grain a mis trois - mille - neuf - censvmgt-cinq grains en mouvement, c. a. d un poids qui le furpaflbitquarante-fept-mille & cent fois. Donc fi VAmbre mettoit ce poids la en mouvement il ne feroit qu'un effet d'un douzième de grain. J'ai donc frotté legèrement un morceau d'Ambre, qui a très-promptement agité cette Aiguille ainfi chargée. La diftance entre le centre & l'extrémité de cette Aiguille n'étoit que de trois pouces: fi elle avoit; été de fix pouees, comme elle 1'eft dans un autre appareil que j'ai ausfi employé (», le même poids auroit produit un effet doublé, êc par conféquent il auroit mis en'mouvement un poids nonante-quatre-mille fois plus grand. Or (*) [ C'eft celui dont j'ai parlé dans le f. 236. N. d. T.J  Examen des Phénomènes de V Attraclion. 253 Or je ne 1'ai fuppofé que cent-mille fois plus grand dans 1'expérience duP. kircher. Mais, celui-ci a employé un levier d'un pied (•£). D'ailleurs ce levier étoit fuspendu a un fil, Sc il étoit par conféquent plus mobile, puisqu'alors il n'y a guères de frottement, au lieu qu'il y en a quelque peu dans mon appareil > car M. loüs (c) atrouvé qu'une Aiguille , qui lorsqu'elle efi: fuspendue a un fil de foye non tors, faifoit cent oscillations avant que de s'arrêter, n'en faifoit plus que cinquante étant fuspendue par une chape d'agathe. §. 134. Or, fi l'Attraétion du Fer Sc des Corps éleétriques dépènd de ce que ces Corps recoivent le Fluide magnétique ou éleélrique : fi cette Attraétion eft d'autant plus grande que ces Corps recoivent le Fluide plus abondamment , il s'en fint manifeftement que le Fer recoit le Fluide magnétique plus facilement Sc en plus grande quantité que les Corps éleétriques ne recoivent le Fluide électrique: Sc que ce Fluide magnétique poufle, ou prefle le Fer (£) Ars Mavmtka, Lilro 30. (c) Tentamtn ad compaffkm KXitkum {erficiendmn. Exper. 3 èi to.  a54 I- mémoire. P. I. S. V. Ci. I. Fer vers 1'Aimant avec beaucoup plus de force que le Fluide -éleétrique ne pouffe les Corps vers le Conducteur de la machine, de forte que 1'énergie de ce premier Fluide égale le poids de plufieurs livres, & celle du dernier feulement le poids de quelques grains: différence qui indique certainement une grande diverfité entre les Loix felon lesquelles ces Fluides agiffent (a). Maïs, O) [Ce que nous difons ici de Ia diverfité des Loix felon lesquelles ces Fluides agiffent, en fuppofant que Jeur impullion ou leur presfion produit 1'attraétion & la répulfion, a lieu également en admettant le fyftême de M. aepinus. Selon ce Phyficien, 'l'attradion & la répulfion dépendent de la condenfation & de la rarefaérion du Fluide dans les Corps dont il s'agit: de forte que, fi nous fuppofons un Corps pofitif, qui contienne un exces de Fluide q au-defTus de fa quantité naturelle Q: & un autre Corps négatif, dans lequel la quantité naturelle D de Fluide eft diminuée de d, & dans lesquels enfin la répulfion naturelle des Fluides eft R; la grandeur de laf traéüon fera ^ : v. aepinus §. 35. & STElGLEH. s" §- 4Q- Nous nous fervons de cette formule fimple, paree que les conclufions font les mêmes que fi nous' nous fervions de la formule plus compliquée, qui a.lieu fi deux Corps, en partie pofitifs & en partie négatifs, agiffent 1'un fur 1-autre. On trouve cette formule dans lé §• 54- de la Diftertation de M. steioiehner, Nous tfexa-  Examen des Phénomènes de V'Attrablion. 2$$ Mais, on' diva peut-être, que la plüsparG des exemples d'Aimans tres - vigoureux, que nous n'examincrons pas a préfent fi ces formules fuivent de9 principes qui leur fervent de baze: nous les admettrons, Sc nous en discuterons les conféquences. i°. C'eft un fait que 1'attraétion magnétique eft plu$ forte que l'éleétrique : II faut donc que ou ^, ou ~ , ou R, ou plufieurs de ces Élémens a la fois, foyent plus grands pour 1'Aimant Sc le Fer, que pour les Corps éleétriques: La force de 1'Aimant qu'on employé dépend de ~: mais, outre qu'on peut choifir des Aimans dans lesquelles 2^ ne fera pas plus grand que dans tel Corps éleélrique, il eft clair que dans un Aimant dont les poles font égaux, q ne peut jamais etre plus grand que Q, puisqu'alors 1'étendue de la partie pofuive eft égale a celle dc la négative, le centre magnétique tombant au milieu de la Lame, 8c qu'ainfi, en fuppofant la partie négative parfaitement vuide, tout fon Fluide Q fera la quantité peut-être legèrement ? (v. §. 93. notec) D'ailleurs cette grande Cohéfion du Fluide avec le Fer, qui neanmoins lui permet de fe mouvoir dans le Fer, n'eft - ell puisquetout s'y reduit a ceci, que les furfaces acquièrent des Éleélricités oppofées. Les Cohéfions des bas de foye font étonnantes: elles furpaffent quelquefois vingt, quarante, 8c même quatre - vingt - dix fois le poids. des bas qu'on employé. Voici une expérienee. que j'ai fake d'après M. cigna. Expér. LXIX. J'ai, chauffé un ruban de foyeblanche, du poids de neuf grains: je 1'ai pofé fur un ruban de foye noire ausfi chauf-*. R 3 fé>  fcfo I. mémoire. P. I. S. V. Ch. I. fe. Je les ai frotté plufieurs fois. Ils s'attachent avec une grande force a la table fur laquelle ils fbnt pofés. Quand on les en détachc on entend un fifflement: ils'volent avec une grande force vers la main qu'on leur préfente. J'ai fuspendu enfuite trois dragmes, ou cent - quatre - vingt grains au ruban blanc, 6c ce n'eft; qu'avec peine qu'il s'eft détaché du noir. II a donc adhéré a celui-ci avec une force qui furpaflbit vingt fois fon propre poids, Or, les deux rubans font éleétriques: 6c fi 1'on place entre deux une petite boule fuspendue a un fil de foye, elle eft dans un mouvement continuelj preuve que ces rubans ont des Éieétricités oppofées,, §. 138. Cette Cohéfion eft donc trésgrande : 6c fi 1'on confidère la proportion du poids foutenu a celui du Corps qui le foutient, elle approche beaucoup de la force de plufieurs Aimans armés, quoiqu'elle n'atteigne pas 1'efficace de quelques uns de ceux dont nous avons parlé (§. 131.) Mais, fi nous confidérons les poids foutenus en eux-mêmes, c. a. d. la Cohéfion abfolue, on trouve que ces poids font beaucoup moindres que ceux que 1'Aimant attire : car ils furpaffent a peine une livre, ou une livie  Examen des Phénomènes de V Attrablion. 161 livre & dcmie, au lieu que les exemples d'Aimans qui en foutiennent dix, vingt, trente, quarante, ne font pas rares. J e ne voudrois cependant pas établir, par cette raifon feule, une différence entre 1'Elearicité & 1'Aimant: car de même qu'on n'avoit, avant M. symmer, aucune idéé de la grande force que ce Phyficien a produite, rien ausfi nous engage a penfer que nos Neveux ne produiront jamais une Cohéfion qui furpaffe de beaucoup celle que M. s Y MM e r a trouvée. §. 139. Les discusfions que nous venons de faire für 1'Élearicité'8c le Magnétisme reviennent donc a ceci. i°. Qu'un Corps électrique, agiflant fut des Corps placés a quelque diftance, n'en attire 8c n'en peut foutenir que de légers; pendant que 1'Aimant en attire 8c en foutient dê plus pefans. a°. Qu'on peut effeétuer que deux Corps appliqués 1'un a 1'autre, adhérent avec une grande force éleétrique j au moins fi on la caafidère relativement (a). Que cela a lieu ft oü . (<) [M. sTEietEHNER a fait une belle expériencè avec R4  • ! différence qui me paroit affez -grande. Tout me paroit dépcndre de la manière dont l'Éleétricité & le Magnétisme communiquent leurs forces. L'attraaion eft conftante quand le Corps attirant donne au Corps attiré une force oppofée l celle qu'il pofféde: mais elle eft variable, & de courte durée, fi ce Corps donne la même force qu'il a. Le premier cas a toujours lieu dans le Magnétisme, 5c  Examen des Phénomènes de Ja Répulfion.  Examen des Phénomènes de la Répulfion. a87 ment de k répulfion en attraétion ne dépend pas de ce que 1'Éleétricité d'un des Corps change d'efpèce (e): au lieu que ce retour de ré- traétion, femblable a celle qui a lieu entre des Corps doués d'Éleétricités contraires, d'oü \ient que les boules n'affeélent que la fmuttion verticale (v. notes b, c), qui eft celle qu'elles acquerroient fi elles n'éprouvoient aucune aétion de la part de l'Éleétricité ? d'oü vient què cette attraétion n'augmente pas quand on approche la boule davantage do Conduéteur, ainfi que cela devroit être, Sc que cela a lieu pour les véritables attraétions ? Ce Fait différe donc beaucoup d'une véritable attraétiori pure & fimple, telle que feroit celle d'un Corps négatif; Sc 1'on pourroit douter de 1'exaétitude de 1'explication de milord mahon. Ce Phénomène me paroit encore obfcur a quelques égards. N. d. T. ] (e) [M. hemmer fait la remarque fuivante fur cet article de mon Mémoire. ,, L'Auteur ace: rde que la ré,, pulfion éleétrique peut, comme la magnétique , être changée en attraétion, mais il nie que cela fe faffe de ,,la même manière. ,,„ Le pole répulfif [magnétique] „„ change 1'autre en un pole oppofé ausfi-tot qu'il 1'at„„ tire : le Corps répulfif éleétrique ne donne pas a „„ 1'autre, lorsque, parvenu a une plus petite diftance, „„ il 1'attire, une Éleétricité contraire.""—■ Sans doute qu'il la donne: j'explique de la manière fuivante cc ,,fingulier Phénomène, que j'obferve fouvent a mon éleétromètre atmosphérique , fans employer les mo- yens de M. aepinus. Suppofez que les boules de jj moelle de fureau fuspendues a cet inftrument, foyen; ?> clecs  *88 I. MÉMOIRE. P. I. S. V. CA. II. répulfion a 1'attraétion n'a lieu dans le magnétisme, que lorsqu'un des poles vient a chan- ger: „ éleétrifées en plus, mais foiblement, & qu'elles fe ré„pouffent mutuellement, fous un petit angle; la matière „ qui y eft contenue ne furpaiTe que peu la quantité „naturelle, & par conféquent le tube pofitivement & „fortement éleétrifé, qu'on en approche de plus prés , 5, peut la répouffer vers 1'autre coté. II faut donc qu'il »»y naiA"e «ne attraétion entre les parties épuifées & le „Tube: mais fi les Boules font fortement éleétrifées, „ leur Fluide ne fera pas facilement répouffé par le Tu„be: ausfi, comme 1'expérience 1'apprend , ne feront„ elles jamais attirées a moins qu'on ne les en approche avec force. On appüque la même explication, mais „d'une manière inverfe, lorsque la foudre fort de Ter», re, & que les boules font négativement jfleéhiques." Cette Explication revient au même que celle de Milord mahon: mais fans nous étendre davantage fur ce fujet je remarquerai feulement, qu'en fuppofant que 1'attraction indique un véritable changement d'Éleétricité, & non une fimple différence de forces, comme cela peut avoir lieu (v. §. 146. mte a), la répulfion fera certainement changée en attraétion par une caufe analoguc a celle qui produit 1'expérience magnétique, c. a. d. paree que le Corpufcule acquiert une Éleétricité contraire a celle qu'il avoit; mais il y reftera néanmoins des différences très-réelles dans le Cours des deux Expériences. 1°. Le Corpufcule conferve, tant qu'il refte éleétrique, l'Éleétricité qu'il a recue en dernier lieu; mais 1'Aimant, dont la répulfion fe change en attradion , recouvre la plupart du tems le pole qu'il avoit; fuitout lorsqu'il s'agit d'Ai-  Exawtefi des Phénomhies de la Répulfion. a8p ger: ausfi M. aepinus (ƒ) remarque-t-il qu'après 1'opération, les poles [magnétiques] font changés, ou que du moins il s'eft formé trois poles au lieu de deux, Sc qu'ainfi la nature de 1'un a été changée. Si donc le fentiment de M. aepinus fur l'Éleétricité eft vrai (#), ces changemens de répulfion en attraétion fe font felon des Loix différentes. CHA- d'Aimans naturels, ou de barreaux d'acier : car dans 'u Fer mol, les poles peuvent refter changés, ainfi que M. aepinus 1'a obfervé. 20. Dans 1'Expérience magnétique ce n'eft fouvent qu'au corttaét, que la répulfion eft changée en attraétion'. mais pour l'Éleétricité, le contaét immédiat produit toujours une répulfion: ainfi oh a i°. une répulfion; 20. a une moindre diftance une attraélion: 30. au contaét une répulfion: Voila trois états: mais dans le Magnétisme, il n'y en a jamais que deux tout au plus, la répulfion, & 1'attraétion: & fouVent encore n'y a-t-il que la répulfion feule. N. d. T.j (ƒ) Tentamina §. 183. 184. (2) [C'étoit le fentiment de M. aepinus ( v. note d) que je fuivois en difant que l'Éleétricité du Corpufcule , dont la répulfion fe change en attraétion, n'eft pas changée. S'il eft déwntré qu'elle 1'eft , il s'en fuivra, ou que les Principes de M. aepinus font erronés: ou que fes Calculs le font, fi les Principes font vrais r car fes Calculs établiffent que les Corps peuvent s'attirer, quoique reftant tous deux pofitifls, 8c que cela n'arrive que l»rs- TOMï L T  £po I. MÉMOIRE. P. I. S. V. Ci. III. CHAPITRE III. Remarques générales. lorsque l'Éleétricité devient plus forte. Mais, fi ces Calculs font erronés, quel fonds faire fur 1'Analogie que préfente un fyftême contraire aux Faits ? N. d. T. J §. 15a. Nous venons d'examiner les principaux Phénomènes de l'attraétion & de la répulfion. II paroit par ce que nous avons dit, que ces Phénomènes ne fe reffemblent pas tant qu'on le foutient. Car ils différent en ce que 1'Aimant porte de très-grands poids, 6c que rÉleéhïcité n'en attire que de petits (•,§. •139—§• 141.): que, quand même on employé quelques moyens pour en faire poiter de plus grands a l'Éleétricité, la différence fubfiftc cependant toujours, quant a la manière dont les forces font communiquées, furtout, puisque deux Aimans s'attirent quelquefois avec moins de force que n'eft celle avec laquelle un Aimant attire du Fer pur, au contraire de ce qui a lieu pour l'Éleétricité ( §. 141.). C es forces différent encore, en ce que 1'at- trac-  Remarques générales. 2.91 traction magnétique eft par elle-même conftante, au lieu que 1'attraétion éleétrique le change fouvent, 6c même ordinairement, en répulfion, 6c ne peut être rendue conftante a moins qu'on n'employé un appareil qui change l'aétion du Corps Conduéteur qui agit (§. 147. §. 148.). Ces forces conviennent a la vérité en ceci, que 1'Éleétricité 6c le Magnétisme agiffent 1'un 6c 1'autre fur des Corps éloignés: qu'ils agisfent d'une plus grande diftance fiir des Corps éleétriques 6c magnétiques, que fur des Conducteurs [6c du Fer] pursj mais il ne s'en fuit pas certainement que les deux Fluides agisfent felon les mêmes Loix, ce qui eft pourtant le point capital, pour établir une Analogie (§• 144-)- Ces deux reffemblances me paroiffent donc feulement indiquer, que le Magnétisme 6c l'Éleétricité font deux genres de forces, qui attirent, 6c qui repouflênt: que 1'attraétion vainét quelquefois la répulfion; mais il me femble qu'on n'en fauroit déduire aucune Analogie pioprement dite -t au moins point d'Analogie qui indiqueroit, que le Magnétisme Sc l'Éleétricité appartiennent au même genre de Forces. §. 153. Aussi n'attribué-je pas autant de T a force  igt T. mémoirs. P. I. S. V- Ch. VI. force a 1'expérience fuivante que M. aepinus, qui penfe qu'elle indique une prodigieufe Analogie entre l'Éleétricité Sc le Magnétisme (a). Expér. LXXVIII. Suspendez a un fil de foye AC (Fig. 16.) un leger Cilindre de Fer, garni d'une Tête a chaque bout: placez a quelque diftance un Aimant M : approchez alors de la Tête inférieure le Fil de Fer EF: ce fil repouffera le Cilindre: il 1'attirera au contraire fi on 1'approche de la Tête fupérieure. Substituez a 1'Aimant un tube de Verre eleétrifé : le Cilindre fera ausfi repouffé dans le premier cas, Sc attiré dans le fecond (b). L'e f- (4) Kovi. Comment. Petropol. Tomut x. p. 296. (b) m. hemmer fait deux remarques fur cet article: la première fur ma manière de préfenter cette expérienee : la feconde fur 1'explication que j'en donne. II dit dans la première, que je ne parois pas avoir bien compris 1'expérience de m. aepinus j car qu'il ne faut pas placer 1'Aimant, ou le Corps éleörifé a eoté de 1'Aiguille , comme il eft repréfenté dans ma figure, mais en deffous, ,, J'af fouvent fait cette expérienee & toujours „avec fuccès, ainfi je 1'ai trés-bien comprife." Je place ordinairement 1'Aimant au deffous de 1'aiguille, & ce n'eft que par inadvertance qu'il n'eft pas repréfenté asfez bas dans la figure. Au refte, cette condition n'eft rie»  Remerques générales. 103 L'effet eft le méme dans les deux Expériences, Sc, comme le remarque M. aepinus, un fpeStateur ne fauroit diftinguer par 1'événement feul, s'il doit regarder ce Phénomène comme un effet de TÉleétricité, on comme un effet du Magnétisme. Mais, les caufes font-elles femblables? II eft certain que le Cilindre CD acquiert en D un pole auftral, fi nous nous fervons du pole boréal de 1'Aimant: le barreau EF acquiert ausfi un pole auftral en E Sc par conféquent il repouffe la tête D, Sc attire C. Mais, dans le Phénomène éleétrique, CD Sc EF acquierent la même efpèce d'Éleétricité, Sc conféquemment E repouffe D : enfuite E attire rien moins qu'effentielle. II en réfultera feulement, n 1'on place 1'Aimant un peu de coté, que 1'Aiguille, au lieu de refter perpendiculaire, acquerrera une fituation o* blique, & conféquemment que 1'effet du barreau fera un peu plus petit, mais du refte il fera le même. Cette expérienee revient exaétement a notre trente - deuxième ( $. 63.), fi ce n'eft que la 1'Aimant eft placé au desfus , & ici au deffous de 1'Aiguille; & que la 1'Aiguille fe tenoit fur une glacé, & qu'ici elle eft fuspendue at une foye. De quelque manière qu'on tienne le barreati de Fer, 'a droite, ou a gauche ,11 on le préfente aü bout inférieur D de 1'Aiguille, celle - ci fe monvra toujours vers le coté oppofé. N. d. T. ] T 3  *94 I- mémoire. P. I. S. V. CA. III. tire C, non parcequ'il a acquis un autre gen^ re de force (comme dans 1'expérience magnétique,) mais uniquement a ce que je crois parcequela force que EF acquiert eft plus petite alors (t). La (c) [Voici la feconde remarque de M. hemmer, celle qui concerne mon explication. ,„, Mêmes effets, dit ,„,!'Auteur, mais non pas caufes femblables: les deux „„bours de 1'Aiguille acquiérent des poles [ magnéti,„,ques] différens, mais le même genre d'Éleélricité:" ,,non, ils acquiérent des Éleéïricités différentes. Le Tube éleétrifé pofitif repouffe le Fluide naturel de „ 1'Aiguille de l'extrémité inférieure , dans la fupérieure: „celle-la s'épuife donc: celle-cife remplit, ou, en „d'autres termes, 1'une devient négativement, & 1'au„ tre pofitivemcnt élearique." Voila 1'explication dans le fyftême de M. aepinus: mais il s'agit du fait: nous verrons dans la feptièmc Seaion, qu'effeaivement un pareil Corps C D, placé dans la fphère d'aétivité d'un Corps éleétrifé M , devient élearique, attire par l'extrémité D, & repouffe par l'extrémité C, ce que le Corps M repouffoit par la furface M. Si la même chofe a toujours lieu , quelle que foit la grandeur du Corps CD, & li ce moyen de connoitre les ÉleaHcités oppofées eft infaillible dans tous les cas, il eft certain que je me fuis trompé dans mon explication. Mais en admettant celle de M. hemmer, je ne vois pas que cette Expérienee prouve une prodigieufc analogie entre 1'Élearicité & le Magnétisme: elle prouve feulement que dans le cas dont il s'agit 1'Élearicité & 1'Aimant communiquent leurs forces  Remarques générales. 2.95 L a manière dont 1'aftion fe fait eft donc différente, Sc cette expérienee ne prouve pas une ft grande Analogie entre 1'Eleótricité Sc le Magnétisme: elle prouve feulement, que de legers corpufcules font attirés Sc repouffés par les deux genres de forces. M. blondeau (d) avoit déja fait quelques objeaions contre cette Expérienee, déduites de ce qu'elle misfit également avec du cuivre, du bois Scc.j objeaion qui revient a ceci} que 1'Élearicité agit fur tous les Corps> au contraire de ce que fait le Magnétisme, qui n'agit que fur le Fer feul. Conceuons de tout ce que nous avons dit dans cette Seaion, qu'il y a quelques legères reffemblances entre les Loix des attraaions élearique Sc magnétique, paree que 1'une SC 1'autre de ecs forces attire: mais qu'on y découvre en même tems des différences, qui rendenü toute Analogie véritablement ainfi nomméc douteufe, Sc, a plus forte raifon, toute identité. SEC- ces de la même manière générale: mais nous revien, drons fur ce point. N. d. T. ] (<*) Mem. dt ÏAcal de Marine. Tornt L p. 4J0.  *0ö I. MÉMOIRE. P. I. S. VI. Ck.1. SECTION VI. »bs effets que l'électricité it que li5 magnétisme pro"" buisent dans le vuide. «• 154- La cinquième Queftion que nous nous fommes pfopofés d'examiner eft celle-ci; „ fi 1'Eleftricité & le Magnétisme, lorsqu'ik l„ agiffent dans le Vuide, fiftvent, quant a „ 1'attraaion, les mêmes Loix, ou des Loix „ différentes: & fi l'on peut tirer quelque i, conclufion de cette reffemblance ou de „ cette différence?" M- cigna f» a propofé quelques réflexions fur cette matière j mais elle me paroit devoir être développée avec plus d'exaétitude • c eft pourquoi j'examinerai féparément quels ront les effets de 1'Ekaricité dans Je Vuide, quels (-») Misctll. Tarin, 1, c. $, 4r.  De rAtlien du Magnétisme dans le Vuide. 2.97 quels font ceux du Magnétisme: après quoi je eomparerai ces deux aétions entr'elles (b). (b) M. hemmer remarque fur cette Seétion que j'ai bien prouvé qu'on ne fauroit déduire des effets que l'Éleétricité & le Magnétisme produifent dans le Vuide, ni Analogie, ni disparité entre ces forces. N. d. T.] (a) Exfer. P/tyfiet- Mtchan. Continuat. t. Exp. 3L T 5 CHAPITR.E t. De VAclion du Magnétisme dans It Vuide. Les Expériences que les Phyficiens ont raites fur ce fujet font fort oppofées les unes mx autres. II faudra donc les examiner fépa'ément. L De V AStion de V Aimant fur VAiguille. §. 155. Boyle a trouvé que 1'Aimant butient dans le Vuide le même poids qu'a, 'Air libre. „ Le Fer, dit-il, (a) a paru être , a feu -pres ausfi fortement foutenu par 1' Ai, mant, que fi on n'avoit tiré aucun Air du 9 récipient." Mais, cette Expérienee ne paroit  ao8 I. me moiré. P. I. S. VI. CA. I. rok pas fort exacte, puisque boyle n'a pas exaniiné le maximum du poids que 1'Aimant' pouvoit porter, 6c que d'ailleurs il a laifle dans la détermination de ce poids une latitude d'une demi-once. O n dit que M. homberg (b) a fait devant 1'Académie de Paris des expériences qui prouvent, que 1'Aimant agit dans le Vuide, comme a 1'Air libre, mais, on n'a pas indiqué de quelle manière ces expériences ont été faites. Je fais bien que M. hartsoeker (c) dit, que 1'Aimant foutient dans le Vuide un poids un peu plus grand qu'a 1'Air libre, mais il n'allègue aucune expérienee, foit des fiennes propres, foit de celles d'autres Phyficiens. §. 156. M. musschenbroek (a) a fait des Expériences trés - exaétes fur ce fujet. II a trouvé qu'un Aimant, fuspendu au bras d'une balance, agit également fur un Aimant placé au-deffous, que celui-ci foit a 1'Air libre, ou dans un récipient Vuide d'Air: or, on n'a (b) Hifi. de l'Acad. Roy. des Sciences. 1687. Anciens Afsmoirés. T. II. p. 19. (c) Cours de P/iyfique. p. 197. Art. 15. (*) Dijfert. de'Magnetf. p. 61. Exp. ij.  De f AStion du Magnétisme dans ie Fuids. 299? n'a guères pu commettre (Terreur fenfible dans cette expérienee, puisque la force magnétique aété méfurée par grains, 8c demi-grains. M. musschenbroeki trouvé ausfi que 1'Aimant 6c des Aiguilles de bouffole, pofées dans le Vuide, agiffent trés - facilement les uns fur les autres. M. cigna a démontré Tégalité d'aétion par une expérienee a laquelle on peut aecorder d'autant plus de confiance que le lüecès en a été oppofé a celui que ce Phyficien en attendoit. M. cigna place un Aimant dans un récipient, dans lequel fe trouvoient ausfi des morceaux de Fer pour un autre but, dont j e parlerai tout - a -1' heure (b). Enfuite il (i) [M cigna a expliqué le but qu'il fe propofoit de la manière fuivante. ,, Je pompois 1'Air, Sc je m'at„tendois que l'aétion de 1'Aimant ne pourroit pas par,,venir jusqu'a f Aiguille, fi 1'Air refiftoit au mouve,,ment du Fluide: car, en épuifant 1'Air, la refiftance auroit pareillement du diminuer pour le Fluide, qui ,, tendoit vers le Fer voifin, & fon affluence vers ce Fer ,, étant augmentée il auroit du être détourné de 1'Aiguil,, le, tout comme une chaine métallique , dont le bout ,, paffe par le haut d'un récipient, agit les Corpufcules ,, placés & une certaine diftance hors du récipient, tant ,, que 1'Air empêche le Fluide de s'écouler fur la platine ,,delaPompe, Sc de s'y disperfer; mais que fon aétion „eft détruite dès qu'on ote 1'Air, Sc qu'on fraye un - ' ,,chc-  $00 ï. mémoire. P. I, S. VI. Ck. f. il placa une Aiguille hors du récipient, 6c détermina par différens effais, a quelle diftance 1'Aimant commencok a agir fur elle: il fit enfuite le Vuide, 6c iltrouva que 1'Aimant agisfoitfur 1'Aiguille a la même diftance, que le récipient fut Vuide ou non. M. cigna cn aconclu, que le Fluide magnétique traverfe les efpaces Vuides d'Air avec la même difficulté que tous les autres Corps, excepté le Fer. I l faut rapporter ausfi ici une expérienee fake par M. brugmans, favoir, que 1'Aimant agit. également fur 1'Aiguille, que celleci foit a 1'Air libre, ou dans un récipient rempli d'Ak condenfé (c). %■ 157. Nous concluons donc de ces expériences, que 1'Air n'influe en aucune facon fur les expériences magnétiques. Mais, dans toutes les expériences dont nous venons de parler, fi 1'on en excepte celle de boyle, 1'un des Corps étoit placé dans le Vuide, 6c 1'autre a 1'Air libre. C e- „chemin plus facile au Fluide éleélrique, qui tend vers „la Platine." On voit que tout ceci repofe furie fentiment que le Fer eft un Condudeur du Fluide magnétique. N. d. T.J (O [Tmtam. de mater, magntt. p. 05. Exp. zi. N.d. T.J,  De VABion du Magnétisme dans te Vuide. 301 Cependant, quelques certaines que foyent ces expériences, quelque legitime que paroitfe cette conféquence, il y a des expériences de M. blonde au, qui ont porté ce Phylicien a établir des conclufions contraires. II. Du nombre d? Ofcillations que V Aiguille fait dans le Vuide. §. 158. M. blo nd e au a mefiiré la force attractive de 1'Aimantpav le nombre d'ofcillations qu'une Aiguille, fuspendue a un Aimant, fait avant que de s'arrêter (a): pour cet effet, il applique a 1'Aiguille, au lieu de chappe, un petit globe de Fer extrèmément poli: le globe eft: appliqué a un Aimant, 1'Aiguille y adhère, 8c elle continue a y adhérer quoiqu'elle foit mife en mouvement. On peut teilement proportionner le poids de 1'Aiguille a ia force de 1'Aimant, que 1'Aiguille foit extrèmément mobile, 6c ofcille longtems. M. blondeau ayant placé a 1'Air libre cet appareil qu'il nomme Magnétomètre, il a trouvé, que 1'Aiguille a fait moins d'ofcilla- tions (4) Mem. dt ÏAcad. de Marine. Terne I. p. 431.  goa I. mémoire. P. I. S. VI. Ch. I. tions que lorsque Pappareil a été placé dans le Vuide; 8c il en conclut, que VAimant agit ■avec moins d'énergie dans le Vuide qu'a 1'Air iibre. Je ne doute pas de 1'exaétitude des expériences : mais examinons la conclufion : développons pour cet effet ce genre d'cxpériences: ce qui ne fera pas déplacé, puisque je pourrois fans cela paroitre rejetter trop legèrement, ce qu'on pourroit objeéter au fentiment que j'ai embraffé. §. 159. Remarquons d'abord, que ces expériences font extrèmément difficiles, & qu'elles n'ont pas toujours le même fuccès. ff'en ai fait un grand nombre de ce genre, avec une Aiguille tres - mobile fur un ftile d'acier, & j'ai trouvé, qu'elle faifoit quelquefois trente, quelquefois trente-cinq, quelquefois feulement vingt-cinq ofcillations, avant que de s'arrêter. C'eft d'ailkurs cc que prouvent les Expériences de M. biondf.au lui-même: car, il a obtenu dans le Vuide, &, autant qu'on en peut jugcr, dans un petit intervalle de tems, quelquefois trots ofcillations, quelquefois deux, quelquefois feulement une 6c demie. Mais, comme la dimi■nution d'ofcillations dans le Vuide efi conftante , on ne fauroit 1'attribuer a des caufes irré-  DeTJftion du Magnétisme dans Ie Vuide. 303 irrégulières, qui agiffent tantöt d'une facon, tantöt d'une autre. §. 160. Mais, examinons ce que prouve un nombre d'ofcillations plus ou moins grand. Le nombre d'ofcillations elf d'autant pluS grand: i°. que 1'Aiguille eft plus iibrement fuspendue: a°. qu'elle eft agitéc par une plus grande force; 3". enfin qu'elle rencontre moins d'obftacles: Examinons ces trois Elémens. i°. La liberté de la fuspenfion dépend de deux circonftances: de la force de 1'Aimant auquel 1'Aiguille eft fuspendue, & du poids de 1'Aiguille. Plus le poids de 1'Aiguille eft grand, plus elle fe meut Iibrement, & par conféquent plus le nombre d'ofcillations qu'elle fait eft confidérable, comme le prouvent les expériences de M. b l o n d e a u : ear il a trouvé que ofcillations de la même Aiguille deviennent plus nombreufes, quand on la charge d'une rofe de bouflble (<*)• Or, lorsqu'on a tiré tout 1'Air d'un récipient, 1'Aiguille, qui nagepit auparavant dans ce Fluide, qui en étoit en O) 1. c. §. 11. p. 431.  304 I. MÉ Md ir.e. P. I, S-. VI. Ch. I. en quelque forte foutenue, ne 1'eft plus, ce qui revient au même que fi fon poids étoit un peu augmenté : il femble donc que le nombre d'ofcillations doive augmenter par cette caufe, & M. BLONDEAule penfe ainfi (b). Mais , cet effet eft extrèmément petit > car 1'Aiguille étoit longue de fix pouces, large • de cinq lignes, & épaiffe de trois quarts de ligne: fon • volume vaut donc ^ parties d'un pouce cubique: mais un pareil volume d'Air pèfe a peine la deux-centième partie d'un grain, poids qui eft a peu pres infenfible, furtout puisque celui de 1'Aiguille employée étoit de aó~o grains. II eft donc inutile de faire attention au poids de 1'Air (c). §. 161. Mais, la liberté de la fuspenfion dépend en fecond lieu de la force de 1'Aimant , <*) Aid. §. 31. (e) [H y a de 1'erreur dans Ce Calcul: le Volume eft douze fois plus petit que je 1'ai établi ici par mégarde. prenant fans doute les 6 pouces de longueur pour fix li¬ gnes : le Volume de 1'Aiguille eft les I parties d'un pou« cubique: 8c un pareil volume d'A3irpefe a peu prés-la L partie d'un grain: poids infenfible par rapport a celui de 1'Aiguille même: 8c par conféquent cette erreur n'influe par fur la conclufion, N. d, T.}  De VAftion du Magnétisme dans te Vuide. 305 mant, tuquel 1'Aiguille adhèrej plus cet Ai-1 mant eft fort, plus le nombre d'ofcillations eft petit: mais, la force d'un Aimant augmente par la coutume , comme dit M. stür* mius (a), c. a. d. qu'un Aimant, qui foutenoit au commencement une livre p. ex., foutiendra quelque tems après, fi le poids lui refte conftamment attaché, un poids plus grand. C'eft ausfi ce que les Expériences de M. blondeau indiquent (b): car il a trouvé, que 1'Aiguille fait toujours un plus grand nombre d'ofcillations dans le moment qu'elle a été fuspendue, que quelque tems après. Le nombre d'ofcillations fera donc, tout le refte demeurant égal, d'autant plus petit, que 1'Aiguille aura été fuspendue a 1'Aimant pendant plus longtems, %. 16a. Le fecond élément dont le nombre (a) [Collegium Curiefum. Tom. II. p. iii. Ces expériences ont été repetées par plufieurs Phyficiens: voyez cntr'autres bazin Befcription desCourans magnétiques. p. 33^ j'ai fait une memion fuccinte de mes expériences dans mes Recherches fur les Aiguilles aimaniées P. I. §. zóé; p. iö8. M. aèpinus a expliqué ce Fait dans fes Tentamma $. 109. zio. N. d. T.] (é) Mem. de l'Acad. de Marine'. §. 46. p. 438, tome L V  30Ó I. mémoire. P. I. S. VI. Ch. I. bre d'ofcillations dépend, eft la force qui diri* ge 1'Aiguille, ou la force directrice univerfelle. Plus celle-ci eft grande, plus le nombre d'ofcillations fera grand. Mais cette force eft iujette a des changemens continuels; car, M. daniel bernoulli (a) adémontré, que la force directrice eft comme la force inclinatoire, multipliée par le Cofinus d'Inclinaifon. Cette force inclinatoire, 8c cette inclinaifon cüangent continuellement, comme il eft demontré par les Expériences de M. gr a- ham(i), de M- musschenbroek (c), Sc par les miemies (d). Du refte la force propre de 1'Aiguille a ausfi beaucoup d'influence dans ce cas j plus elle eft grande, plus le nombre d'ofcillations eft grand, comme plufieurs expériences me 1'ont appris (e). §. 163. Le troifième élément dont le nombre d'ofcillations dépend, confifte dans les obftacles que 1'Aiguille rencontre dans fes ofcil- la- (a) \Joxrn. des Savans. Janv. 1757. p. 31. N. d. T.J (b) [Phil. Tranfiict. N°. 389. Vol. 33. p. 338. N. d. T.} (c) [Dijfert. de Magxete. Exp. 99. feqq. N. d. T. ] (d) [Recherches fur les Aiguilles Ahnsmtées. P. II. §. ZQZ, p. 47 5- N. d. T.] (O [Jbid. P. I. §. 31. N. d. T.]  De P At? ion du Magnétisme dans le Vulde. 307 lations: ces obftacles font, le frottement, qui ne produit guères d'eftet ici, 8c la refiftance dé 1'Air, qui feule doit entrer en ligne de compte. Lorsque 1'Aiguille fe meut dans 1'Air, elle doit fendre 1'Air qui s'oppofe a fon mouvement, qui le retarde, 8c d'autant plus que la furface_ qui frappe ce Fluide fera plus grande. M. lous a fait des expériences trèscurieufes fur ce fujet O). II a pris une Aiguille trés-mobile de 19 grains, qui faifoit cent ofcillations avant que de s'arrêter. II y a" appliqué une bande de papier, pour qu'elle préfentat une plus grande furface a 1'Air, 8c alors elle n'a fait que trente-fix ou trente-huit ofcillations, tant 1'Air apporte d'obftacles! J'ai fait ausfi quelques expériences fur ce fujet (b) 8c j'ai trouvé qu'une Aiguille qui faifoit trentehuit ofcillations, lorsqu'elle préfentoit a 1'Air -une furface de quatre dixièmes de ligne, n'en a fait que vingt - fept en préfentant a 1'Air une furface de 4,45 lignes. Ces furfaces font donc comme un a fix. Quoique ces expériences s'é- (a) Tentamen ad Compajfum Nauticum perficiendum. §. (/(■■ (£) [ Recherches fur les Aiguilles Aimantées. P. L §. 369373. N. d. T.] V %  308 L mémoire. P. I. S. VI. Ch. I. s'éloignent de celles de M. l o u s, quant a la grandeur de 1'effet, il s'enfuit cependant que 1'Air eftun obftacle : & par conféquent, qu'en otant 1'Air, une Aiguille doit faire de ce chef un plus grand nombre d'ofcillations, comme M. blondeau lui - même l'a remarqué (c). ] e paffe fous filence les autres obftacles qui pourroient entrer ici en ligne de comptej 1'humidité, qui peut s'appliquer a 1'Aimant pendant qu'on pompe 1'Air : un tremblement communiqué au Récipient, pendant qu'on fait le Vuide, & qui peut effeftuer que 1'Aiguille ne refte pas adhérente au même point, mais s'.applique a un autre: or cela feul fuffiroit, pour que 1'Aiguille fut plus ou moins fortement attirée, Sc par conféquent pour lui faire faire différens nombres d'ofcillations. §. 164. AprÈs avoir développé ces Elémens paffons a la conclufion. i°. En otant 1'Air, on diminue fa refiftance, 8c le nombre d'ofcillations doit être augmenté. Mais fi 1'on confidère qu'une furface fextuple n'a oté dans mes expériences qu'onze ofcillations fur tren- te- (c) Mem. de ÏAcai. de Marine. T. I. p. 431.  De T Ailion du Magnétisme dans Ie Vuide, 309 te-huit, c. a. d. un peu moins du tiers, 8c que M. blondeau a employé une Aiguille qui ne préfentoit a. 1'Air qu'une furface de trois - quarts de ligne, il fera probable que la refiftance de 1'Air, aura été petite dans les expériences de ce Phyficien, 8c que 1'augmentation qui en fera refulté dans le nombre d'ofcillations aura été très-peu-confidérable. Je conclurai en fecond lieu, qu'une diminution dans le nombre d'ofcillations indique, ou, que la force du feul Aimant, Aufuspenfeur, comme parle M. blondeau, a été augmentée, 8c que c'eft de-la que la liberté de 1'Aiguille a été diminuée; ou, que 1'adhéfion a été augmentée par une aétion plus longue (§. 161.); ou, que la force de 1'Aiguille a été diminuée (§. i6a.): ou, que la force directrice univerfelle s'eft affoiblie (§. i6a.); ou enfin, que toutes ces caufes, ou quelques Unes d'entr'elles, ont eu lieu a la fois. Or, j'ai trouvé par des Expériences nombreufes 8c très-certaines ( §. 94.) que la force des Aimans, ou des barreaux magnétiques, eft fujette a des changemens continuels: M. blondeau lui-méme en a fait de ce genre. II eft fur ausfi, que la force directrice univerfelle change continuellemcnt. II y a donc tant de caufes qui, indépendamment de la raréV 3 fac-  310 I. mémoire. P. I. S. VI. Ch. I. faétion de 1'Air, ont pü contribuer a diminuerle nombre des ofcillations, que je n'oferois attribuer cet effet a la feule raréfaaion. Les réflexions fuivantes augmentent ce doute. §. 165. i°. Le nombre d'ofcillations a été ©rdinairement petit dans les Expériences de M. blondeau; quelquefois il a été de quatre, au plus de quinze: ce qui indique que 1'Aiguille, d'ailleurs forte, a été lente dans fon mouvement: car, je poflede des Aiguilles bien plus foibles, qui, détournées fous un angle de trente degrés, font vingt, vingt-cinq, trente ofcillations. M. blondeau a détourné fon Aiguille fous un angle de nonante degrés, & par conféquent avec une force doublé O) : le nombre d'ofcillations auroit donc dü être encore plus grand. Or, le Vuide le plus parfait a produit, au plus , une différence de fix ofcillations. a°. Quoique le nombre d'ofcillations fut le même a 1'Air, le Vuide 1'a diminué inégalement: p. ex. un jour il y avoit treize ofcil- la- (a) [Car ces forces font comme les finus des angles it déviation du Méridien: & le frnus d'un angle de nosante degrés, ou le Rayon, eft doublé du finus d'un angle de trente degrés. N. d. T. ]  De Y Abtion du Magnétisme dans le Vuidè. 311 lations a 1'Air., fept dans le Vuide: un autre, neuf al'Air, quatre dans le Vuide: un autre, fix a 1'Air, quatre dans le Vuide: or, il femble que le Vuide devroit toujours oter un nombre égal, ouproportionnel, d'ofcillations: 8c comme cela n'a pas lieu, il eft probable qu'il y a d'autres caufes que le Vuide qui contribuent a cet effet. 30. Le Vuide ayant été fait, 8c 1'Air étant enfuite rentré dans le récipient, le nombre d'ofcillations n'a pas toujours été le même qu'avant qu'on eut fait le Vuide. Dans uiw Expérienee, 1'Aiguille a fait quinze ofcillations a 1'Air: après qu'on eut pompé une partie de 1'Air, quatorze: enfuite moins: mais feulement quatorze, 8c non quinze, après qu'on eut laiffé rentrer 1'Air. II s'eft donc fait ici quelque changement de force, qui ne dépend pas de 1'Air. 40. Supposons que 1'effet en queftion dépende du Vuide. donc le Vuide, ou 1'abfence de 1'Air produit une diminution dans le nombre d'ofcillations: donc les forces changent, elles augmentent (§. 164.), 8c cette augmentation produit la diminution dans le nombre des ofcillations.' Mais, il faut que dans le même tems la force de 1'Aiguille augmente ausfi > car la même caufe y produira le V 4 même  gli I. MÉMOIRE. P. I. S. VI. Ck. I. méme effet 5 mais le nombre d'ofcillations en doit être augmente (§. 16a.). II faudra donc fuppofer que 1'augmentation de force eft beaucoup plus grande dans le fuspenfeur que dans le barreau ou 1'Aiguille, c. a. d. que la même augmentation devroit y produire un plus grand effet: or 1'un & 1'autre de ces articles feroit bien difficile a prouver. §• i(56. Toutes ces raifons me portent l penfer, que les Expériences de M. blonbeau dépendent d'un trop grand nombre dEiemem, pour qu'on en puifle attribuer les e-ffets a 1'Air feul: furtout puisque celles de M. M. musschenbroek & cigna qui dépendent d'une caufe fimple, ont prouvé le contraire. Cependant pour ne rien omettre, j'ai fait 1'expérience fuivante. Expér. LXXIX. J'ai pofé une Aiguilk tres-mince & trés-mobile fur une pointe d acier: Scj'ai trouvé que cette Aiguille a fait le même nombre d'ofcillations a 1'Air libre que dans le Vuide: la différence, s'il y en a eu quelquefois, n'a presque jamais été en excès. §• 167. Puis qu'il eft queftion ici d'Eleétncfté & de Magnétisme il ne fera pas hors, v • de  DeVA3ion du Magnetisme dans le Vuide. 313 . de propos d'indiquer en peu de mots, par quelle caufe M. blondeau explique la diminution du nombre d'ofcillations dans le Vuide, ou plütöt, quelle caufe il penfe qui influe ici. C'eft T Éleétricité. L e Fluide magnétique paffe felon lui trèsfacilement a travers le Verre. Quand on pompe 1'Air, ce Fluide vient de dehors pour le remplacer. Donc, quand on a fait le Vuide , le Fluide éleétrique fe trouve en plus grande abondance 8c plus condenfé dans le récipient, & conféquemment il agit avec plus de force. Lorsque 1'Air rentre de nouveau dans le récipient, 1'excès du Fluide magnétique en fort, mais il n'en fort pas entièrement, parcequ'il en fort plus difficilement qu'il n'y entre. Mais, on ne dit pas comment la diminution de 1'Air intérieur, lequel n'agit pas a travers le Verre , provoque le Fluide magnétique extérieur a entrer dans le récipient; ce qui pourtant auroit du être 1'article principal. D'ailleurs M. blondeau a eru obferver, que, lorsque le nombre d'ofcillations augmente d'abord beaucoup, 6c diminue peu après, le tems ménace de 1'orage, dont la formation eft la caufe de 1'accroiffement, 6c 1'explofion celle de la diminution du nombre d'ofcillations. Or, cette analogie pofée, il V§ eft  gI4 I. mémoire. P. I. S. VI. Ch. f. eft vraifembkble que cela provient de 1'Électricité ou de la matière éleélrique. M. blondeau penfe donc que , lorsque le Tonnerre fe forme, il eft probable, qu'il y a un défaut d'Éleétricité , ou une moindre quantité de Fluide. éledrique} dans la partie inférieure de 1'Atmosphère! II fuppofe enfuite que le Fluide éleftrique a une trés-grande analogie avec le Fluide magnétique: il jUgc donc qu'il eft probable, que, dans les mêmes circonftances, dans lesquelles il exifte1 une moindre quantité de Fluide élearique dans F Atmosphère, il exifte ausfi une moindre quantité de Fluide magnétique. Qu'en conféquence, celle-ci eft ausfi rendue dérechef plus abondante par 1'explofion du Tonnerre, Sc que le nombre d'ofcillations, qui étoit augmentée par le défaut de Fluide, eft alors diminuée. II eftime donc enfin, qu'il a fait artificiellement dans le Vuide de la pompe, ce que la Nature fait dans 1'explofion du Tonnerre : qu'il y a augmenté la quantité de matière magnétique, & que c'eft par la que le nombre d'ofcillations eft plus petit dans le Vuide. §• 168. Mais, cette probabilité me paroit, a dire vrai, trés-petite: car, elle dépend  De r Aétion du Magnétisme dans le Vuide. 315 pend de beaucoup d'hypothèfes, fondées i'une fur 1'autre ; de forte que,fi elles feroient toutes certaines, a 1'exception de l'avantdernière, la conclufion n'aurait que la probabilité de celleci. Quand donc je fuppoferois que toutes ces hypothèfes font probabks, la probabilité de la conclufion me paroitroit encore r.rc- -petite. Du refte notre but n'e«ige pas que nous examinions chacune de ces hypothèfes en particulier. Je puis je crois conclure, a jufte titre, de tout ce que nous avons dit, que le Magnétisme ne fouffre aucun changement, ni dans le Vuide, ni dans 1'Air condenfé. CHAPITRE II. De VÈleclricité dans le Vuide. §. 169. On fait que des Tubes de Verre, Vuides d'Air, Sc éleétrifés, ainfi que les Corps qu'on frotte dans le Vuide, lancent une grande quantité de lumière, Sc qu'il fe fait quelquefois des écoulemens de lumière abondans dans le récipient dont on a pompé 1'Air. M. M. nollet, hawksbee, SC  3*6* I. mémoire. P. I. S. VI. Ch II & du fay ont fait de trés-belles Expériences furce fujet: mais elles ne font pas de notre reffort aétuel: nous ne devons traiter que de celles qui concernent 1'attraétion & la répulfion éledrique: mais il y a de grandes controverfes fur ce fujet parmi les Phyficiens. Il en eft qui penfent, que les Corps rendus eleariques dans le Vuide, fourniffent des Phénomènes d'attraaion & de répulfion: d'autres le nient: mais, pour mieux expliquer cette matière, je rangerai les Phénomènes dont il s'agit fous quatre claffes. La première claffe concernera les Corps Vuides d'Air qu'on élearife. Je place dans la feconde claffe les Phénomènes, que préfentent les Corps éleétrifés qui agiffent fur d'autres Corps fuspendus dans le Vuide. La troifième contiendra les Phénomènes que fourniffent des Corps éleétrifés, qui agislent fur d'autres Corps ausfi éleétrifés, & qu'on place enfuite dans le Vuide. Enfin la quatrième contiendra les effets que des Corps éleétriques, placés dans le Vuide, font fur d'autres Corps renfermés dans le même récipient. Pre-  Be fÈleclricitê dam k Vuide. 317 Première Claffe. $. 170. M. hawksbee a obfervé qu'un Globe Vuide d'Air, frotté a 1'ordinaire, n'attire pas des fils placés au dehors: que la même chofe a lieu pour un tube Vuide d'Air: expérienee que M. du fay a repetée avec le même fuccès (b)\ mais, dès que 1'Air y rentre, le Tube exerce fa force d'attraétion. II n'y a aucune dispute fur cette expérienee. O n ne peut comparer ce Phénomène a aueun Phénomène magnétique, Sc par conféquent je ne m'y arreterai pas davantage. Je dirai feulement, que cet effet éleétrique n'eft plus le même, fi 1'on enduit le globe intérieurement de cire: car alors, quoique Vuide d'Air, il attire des Corps extérieurs, mais feulement par la partie enduite, Sc non par celles qui font peut-être reftées a nud: ce qui indique que cette attraétion ne 'dépend pas du Verre, mais de la Cire, Sc confirme très-bien le fentiment de ceux qui penfent, que les É- lec- O) F.xper. Pkyfico-Mutm. Tome I. p. 213. 178. de la Traducl. Francoifc. O) Mm. 4c l'Aead. S<7, d*s Scimcs. 1734. p. 35^  3i8 T. mémoire. P. I. S. 'VI. Ck. II. lectricités refmeufes & vitrées font de nature très-diiférentes. Seconde Clajfe. %. 171. Pas s ons a la feconde clafle, qui contient les effets que des Corps éleétrifés 8c places a 1'Air, font fur des Corps fuspendus dans un récipient. II eft évident que c'eft a ces Pnenömènes ékdriques, qu'il faut comparer les Phénomènes magnétiques dans lesquels 1'Aimant eft placé hors du récipient, Sc 1'Aiguille fur laquelle elle agit, au dedans, Sc qui ont le même fuccès dans le Vuide qu'a. 1'Air. M. e t 1 e n n e g r ay, Phyficien anglois, auquel la fcience de 1'Éleét.ricitc doit beaucoup, a fait les expériences fuivantes (a). Expér. LXXX. Qu'on fuspende un Fil dans le récipient: qu'on en pompe 1'Air, êc qu'on en approche un tube éleéfrïfé:' le Fil fera attiré. M. nol eet a repeté cette Expérienee avec le même fuccès (b). Tï x p e r. LXXXI. Si 1'on n'approche pas le (a) PUI. Tranf. N°. 42.6. Art. I. Vol, 37. O) Ejfaifw ÏMtélruiti, p. 69.  De V Eleclricitê dans le Vulde. 319 le tube du récipient, mais qu'on frotté le récipient même, le Fil fera ausfi attiré. Il fuit de ces Expériences, que les Corps placés dans le Vuide font mus par des Corps éleétriques placés au dehors. Je ne fache pas qu'il y ait de controverfe fur ce Phénomène: mais il y en a eu une trés - grande entre M. franklin & M. 1'Abbé n o l l e t fur fes caufes. Notre but n'exige pas que nous en parlions. Je dirai feulement, que cet effet me paroit provenir, de ce que le récipient luijnême eft rendu électrique. Troifième Claffe. %. 17a. Cette claffe contient les Ph^ nomènes que préfentent des Corps éleétriques, lorsque, après avoir été renfermés dans le récipient, ils agiffent fur des Corps placés hors du récipient. B o y l e a fortement frotté un morceau d'Ambre: il 1'a renfermé dans un récipient qu'il a Vuidé d'Air, & il a trouvé que fa force éleétrique agiffoit même alors fur d'autres Corps. M. gray a fait ces Expériences (a) avec (a) Phil, Tranf. W. 423. p. 189. Vol. 37.  32.0 I. mémoire. P. ï. S. VI. CL IL avec des globes de Verre, de Souffre, dé Cire; il les frottoit d'abord, & les fuspendoit enfuite dans un récipient, dont il pompoit 1'Air. II a trouvé que ces globes attiroient de petits Corps renfermés dans le récipient, avec la même force qu'après que 1'Air fut rentré (b). C'eft ce que M. d u fay a ausfi trouvé. Les Corps ékariques éledrifés, confervent donc leurs forces dans le Vuide, & par conféquent ils y produifent des effets éleariques. II feroit a fouhaiter que ceux qui ont fait ces Expériences euffent obfervé en même tems, fi cette force fe conferve ausfi long-tems dans le Vuide qu'a 1'Air, ce dont je doute beaucoup: puisque 1'Air, Corps idioékari-que, reprime le Fluide ékarique & 1'applique au Corps même. Au refte je ne doute pas que les Corps ne confervent d'autant mieux leurs forces dans k Vuide, qu'ils font de meilleurs idioékariques. Car 1'Ékaricité s'évanouit parceque tout fe retablit dans 1'état oü il étoit avant le frottement: or, le Fluide fe meut d'autant plus difficilement & par conféquent, il fe rétablit d'autant plus kntement dans (£) Ih'id. p. 351.  De rÉléblricitê dans le Füidt, 3^1 dans fon premier état, que les Corps font de meilleurs coercitifs. Quatrième Claffe. §. 173. Nous voila enfin parvenus a la dernière claffe qui contient les effets que des Corps éleétrifés dans le Vuide font. fur d'autres Corps, ausfi placés dans le Vuide. II y & de grandes controverfes au fujet de ces Phénomènes: mais, pour les mieux développer , je traiterai d'abord de l'Éleétricité que les Corps acquiérent par le frottement, 8c enfuite de .Geile qu'ils acquiérent par communication. I. De FEleclricité par Frottement. §. 174. M. hawksbee a trouvé qu'uti tube de Verre, foitcreux, mais rempli d'Air, foit folide, frotté dans le Vuide, ne donne aucun figne d'Éleétricité, 8c que l'Éleétricité paroit annihilée jusqu'a ce qu'on laiflè rentrer 1'Air (a). II a trouvé de plus (b) que des fils placés en demi - cercle autour du globe, 8c qui, (4) Exp. P/tyf. Mee. Tome I. p. 371. dfla traduclim* (*) m P. 389. tome I. X  322 I. mémoire. P. I. S. VI. Ch. II. qui, a 1'Air, fe dirigent tous vers le centn du globe, n'acquièrent aucune direétion, 1 on les fuspend dans le Vuide, quoique le glo be foit plein d'Air. M. du fay a trouvé au contraire, qu< Ï'Ambre frottée dans le Vuide, attire forte. ment les fils fuspendus dans le récipient j mai: que 1'Éleétricité du Verre eft beaucoup plu; foible dans le Vuide qu'a 1'Air > qu'il n'y acquiert, que tres-peu d'Éleétricité. De plus, M. nollet, en repetant ces Expériences (c), a trouvé que des globes de Souffre & de Verre deviennent éleétriques dans le Vuide , mais plus foiblement que quand on ne ra* refie pas 1'Air. §. 175. Ie femble donc, fi nous faifons attention aux Expériences de M. M. du fay & nollet O), que le Verre acquiert non feulement une Éleétric;té plus foible , mais même plus foible que 1 Ambre; or on fait que celle de Ï'Ambre eft excitée plus facilement. La caufe feroit - elle donc, que le Vuide oecafionne quelque difficulté, qui pro- (■r) Effai fur l'Êléflr. des Corps. p. 69. («) Rechrches fur lis Phénomènes Életfriques. p. 228,  De VEleBricitê dans le Vuide. 323 •produit fur le Verre un effet proportionellement plus grand? Mais pourquoi le Verre n'a-t-il acquis aucune éleétricité dans 1'expérience de M. hawksbee? On ne fauroit dire que cela provient des vapeurs, qui tombent de 1'Air , ou d'un frottement trop petit, puisque, 1'Air étant rentré dans le récipient, tout a été rétabli. On ne fauroit dire ausfi que le Vuide n'a pas été affez parfait dans les expériences de M. M. nollet & du fay, puisque le Baromètre y a été reduit a peu prés au niveau. j'avoue ne pas appercevoir jusq'ici la raifon de cette différence. II. De VElebiricité par Communie at i dn. §. 176. La diverfité des Expériences n'eft pas moindre pour l'Éleétricité acquife par communication. Celles de M. M. nollet & beccaria font direétement oppofées les unes aux autres. Voici celle de M. nollet (a). Expér. LXXXII. je pbfe fur la platine de la Machine pneumatique une lame de mé- («) Art. des Expériences. Tome III. p. 484. feqq. X 7,  3*4 I- mémoire, P. I. S. VI. Ch. II. métal, couverte dc lcgères raclurcs de cuivre : je couvre cet appareil d'un récipient, dont 1'ouverture garnie d'une boite a cuirs, eft traverfée par une tige de cuivre, a l'extrémité de laquelle il y a une boule. Je fais communiquer avec le Conduéteur de la Machine l'extrémité qui eft hors du récipient. J'électrife: rEleétricité paffe dans la tige, & celle - ci attire les Corpufcules placés dans le récipient. Expér. LXXXIII. 1'Expérience du P. beccaria eft celle-ci (b). La tige dont je viens de parler eft garnie d'une boule dê cuivre. A quelque diftance, & a la même hauteur, on en place une autre, garnie d'une boule. Entre ces deux boules eft fuspcndu a un fil de foye un petit cilindre de papier doré. On fait communiquer la tige avec le Conducteur de la Machine. Avant qu'on pompe 1'Air, le cilindre eft dans un mouvement continuel, lorsqu'on eleétrifé la tige: il s'approchc tantöt d'une boule, tantöt de 1'autre. Pendant qu'on pompe 1'Air les ofcillations diminuent, &, lorsque tout (b) Phikf. Tr.mf. Vol. LI. p. 36. [Repctse dans k Traité dt t'Bittfris. artif. §. 141. N. d. T. ]  De VÈleBricité dans le Vuide. 315 tout 1'Air eft épuifé, le cilindre refte tranquille. Que ces effets font différens de ceux qu'a obtenus 1'Abbé nollet! Dépendroient-ils de la manière dont on fait 1'expérience? §. 177. M. beccaria a obfervé, Sc la même chofe a cu lieu dans mes expériences, qu'ausfi longtems qu'on n'a pas pompé 1'Air, lc Fluide éleélrique brille par petites étincelles, prés de chaque boule: mais, que quand tout 1'Air eft épuifé, le Fluide s'elance par un grand Sc large rayon, plus tranquille, continu, mais non ausii brillant; tel en un mot qu'il a coutume de fe mouvoir dans le Vuide. Examinons ce qui fe paffe dans cette Expérienee. Pour que le cilindre faffc des ofcillations, il faut qu'il recoive le Fluide d'une des boules: quand il Fa recu il eft repouffe: il décharge bientöt ce Fluide dans la feconde boule ; Sc s'en étant déchargé il eft attiré de nouveau, 8c ainfi de fuite. Mais fi, lorsqu'on a fait le Vuide, le Fluide entoure trop promp-. tement le cilindre, s'il tourne autour de lui avec trop de viteiTe, s'il tend vers la feconde boule par un mouvement continu, par un raX 3 ' yon  %%6 I. mémoire. P. I. S. VL Ch. II. yon non interrompu, le cilindre ne fauroit plys fe mouvoir. Cette expérienee me paroit fe reduire a la feptante-cinquième (§. 14.7.) dans laquelle nous avons produit une attraétion conftante, d'aprcs la méthode de M. cigna. La feconde boule détruit 1'ifolement, & attire le Fluide ausfi bien que le faifoit la pointe a 1'Air libre: car, il n'y a ici aucun Corps coercitif qui entoure le globe, & rctardc le mouvement du Fluide éleélrique. Cette réflexion eft d'autant plus certaine que j'ai produit dans 1'expérience de M. beccaria un effet abfolument oppofé. J'ai augmenté la diftance entre les boules, & par la-même, quoique le récipient jreftat Vuide d'Air, les attraétions, le mouvement ofciilatoire, les étincelles ont recommencé, & 1'on n'a obfervé aucun écoulement continu de Fluide, comme ci-devant (a). L'e f- (a) [Milord mahon a trouvé, qu'en fuspendant dans un Recipiënt de la pompe pneumatique, & a la Platine mêne qui couvre le Récipient, 1'Éleétromètre a boules de moëlle de fureau, & éleétrifant enfuite, ces boules fe repouflênt: qu'en épuifant 1'Air, leur divergence dimu e: qu'en rendant enfuite le Verre du Récipient dééiriqué., cette divergtnee n'.augmente pas, mais qu'en in;  De VÉlecYricite' dans le Vuide. 317 L'effet de 1'expérience du P. becc a r 1 a ne provient donc que de la manière dont on fait cette expérienee-, elle n'eft donc pas contraire a celle de 1'Abbé nollet; car comme la lame de métal eft couverte dans celle-ci de beaucoup de Corpufcules féparés, il peut y avoir des écoulemens brillans 8c interrompus, 8c par conféquent il y a de 1'attraétion. Conclufion. §. 178. On peut conclure de ce qui précède. i°. Que les Phénomènes de 1'Attraétion éleétrique ont lieu, quoiqu'on place dans le Vuide le Corps après 1'avoir éleétrifé, ou les Corpufcules qui doivent être attirés: mais, qu'il. introduifant après cela de nouvel Air dans ce Récipient, les boules deviennent dérechef confidérablement divergentes (Principes d'Ëleczr. Exp. 1, r, 3 . 4- ) : ce Paroit clairement par tout ce qüe j'avance fur ce fujet 5, que je n'ai pas Corhpris partout le fens de M. aepi3, nus, fohdé uniquement fur la doétrine de la fphère d'aétivité." Cette réflexion m'a engagé a revoir toute cette matière avec foin; & le réfultat de ce nouvel examen a été, que je me fuis troittpé a quelques égards. J'aurais du diftinguer entre la communication dés forces par Contaé, & celle par pofition dans la fphère d'aftivité: je n'aurais pas du placer cette expériehce dans cet article, ou il ne s'agit que du premier cas, pendant qu'elle appartient au fecond. Cette confufton , que j'aurais du eviter, m'a induit dans quelques autres erreürs que j'indiquerai tout-a-l'heure. J'ajouterai feulement ici qu'il me paroit remarquable que M. aepinus n'a pas inferé cette Expérienee dans fes Tentamina, comme il 1'a fait de toutes les autres effentielles qui fe trouvent dans le Discours: & que la propofition même dont il s'agit ne fe trouve pas exprimée d'une facon fi tranchante dans les Tentamina que dans le Discours, N. d. T. ]  Remarques générales. 351 de feuilles d'Etain AB, 8c fuspendue par un fil de foye FA. Qu'on fuspende a fon extrémité la petite Bouteille de Leide LH, & qu'on applique au coté AB, le Fil Kg- pour fervir d'Eleétromètre. Si 1'on eleétrifé cet appareil, le fil Kg s'élevera, il formera un angle K#B, qui indiquera la grandeur de la force recue. Qu'on fuspende auprès de cette planche une autrë planche CD, entièrement femblable, mais qu'on puiffe retirer au moyen du fil de foye TL. Qu'on la retire pendant qu'on électrife la première, 6c qu'en fuite ou 1'en rapproche lentement. Sur le champ le fil AK defcend un peu, mais fi 1'on retire CD, le fil A K remontera a la premiere hauteur. M. aepinus en conclut, que la Lame A B n'a perdu aucune force : il dit y que C D eft en attendant dévenue électrique , 6c qu'elle a perdue toute fon éleétricité dès qu'elle efi revenue a fa première hauteur. Developpons cette Expérienee. Supposons que le fuccès de 1'expérience foit toujours tel qu'on vient de le décrire: il s'enfuivra, i°. que la force que la Lame AB communiqué a CD eft trés-petite, fi tant eft qu'elle en a communiqué, car AK dêfcend très-peu: a°. que fi la Lame CD eft devenuc éleétrique, elle a acquife unc force oppofée £ celle  35* I. MÉMOIRE. P. I. S. VII. CL I. celle de AB (£), car elle attiróit |le Fil i 3°. que la feconde Lame a perdu la force qu'elle avoit acquife. Mais, fi,elle perd de fa force, il faut qu'elle fe décharge de fon Fluide fur quelque autre Corps, ou que ce Fluide fe. remette en équilibre. II eft difficile d'admettre cette dernière alternative: car fi ce Fluide eft remis en équilibre, pourquoi celui de la première Lame ne s'y remettroit - il pas de même, & fa force ne s'évanouiroit-elle pas? La même raifon doit.' avoir lieu pour les deux La- O) [Sa partie antérieure feule le feroit dévenue: car, felon la Doétrine de M. aepinus !e Fluide eft pouffé de la parrie antérieure dans la poftérieure, clans laquelle 51 s'aiTumule : la partie antérieure eft donc feule négative, la poftérieure eft pofitive : & le fil Élearomètrique K g n'eft attiré que par 1'excès d'atfion de la première de ces parties fur la feconde; mais fi la Lame CD eft peu épaiffe, ou mince, comme dans notre expérienee 85, ceS deux parties, la pofitive & la négative, agiffent a trés - peu prés a la même diftance, & conféquemment avec la même force; ce qui rend leur adion tmlle,comme M. aepinus 1'avoue lui-même, en expliquarlt (Tentam. §. 60.) un fait analogue. S'il eft donc vrai .que la Lame CD ait acquis t\ confervé les deux Éleetricités, comme cela fe doit felon les Principes établis ,ltf Fil Kg n'auroit pas du être attiré: c'eft une difficulté que je prends la liberté de propofer contre cette Expérienee. N. d. T.J  Remarque s générales. ' 35^ Lames (c). Mais, fi CD fe décharge dc foo Fluide, il s'en décharge ou dans 1'Air, ou dans,quelque autre Corps: quoiqu'il en foit, la force de cette Lame s'évanouit. §. 189. Mais, ne pourroit-on pas expliquer cette expérienee en difant, qu'on ne fauroit deduirede la dépresfion du Fil Kg que la feconde Lame acquiert, en s'approchant de la première, une force oppofée a celle-cij puisque c'eft un Corps Conduéteur («), qui attire par conféquent le fil: car on fait que les Corps Conduéteurs attirent les fils du Con. . duc- (c) [J'ai eu tort de dire que la méme caufe a liea pour les deux Lames. La Bouteille KG rend 1'état éleétrique de la Lame A B plus durable j puisque les Bouteillcs de Leidé reftent cbargées plus longtems qu'un fnnple Conduéteur, furtout quand elles font ifoléej comme celle - cj 1'eft. Selon les Principes de M. aepinus le Fluide CD fe remet en équilibre de lui-même, par la répulfion qu'exerce le' Fluide accumulé dans la furface poftérieure, & a caufe de la facilité avec laquelle ce Fluide. fe meut dans la Lame. N. d. T. ] (a) [ Cette raifon ne vaut rien; car les Corps Conduéteurs n'attirent qu'autant qu'ils font devenus éledlri<]ues par leur fimple pofition prés d'un Corps éleétrifc. v. ci-deffus tutte a du §. 140. L'explication que je donne dans ce §. ne paroit pas fatisfaifante a tous égards, N.'d. T.J t o m e I. 7. '  £54 I- mémoire. P. I. S. Vlï. Cl. ï, duéteur de la machine: que c'eft a caufe de eette attraétion que le fil Eleétrométfique Kg defcend: que 1'autre Lame CD en defcendant dans 1'atmosphère éleétrique, offre quelques fignes d'Eleétricité, mais qu'il fe décharge du Fluide qü'il a acquis* non danfs 1'Air, mais dans la première Lame: que c'eft de li que cette première Lame A B ne paroit fouffrir aucune diminution de force ,■ pui'squ'el-' le recoit dérechef ce qu'elle avoit communie quée. J'ai repeté cette expérienee de la fttgön fuivante, Sc le fuccès en a été trés - différent. Expér. LXXXV. J'ai employé des La-mes de cuivre circulaires, que j'ai fuspendues comme M. aepinus le préfcrit. J'ai trouvé que la Lame A B fouffroit une diminution de forces, car le fil defcendoit: que la Lame C D confervoit en quelque fixcon la force acquife : le fil qui y eft joint étoit attiré par un' lube de Verre frotté: Sc que les. Phénomènes «toient les mêmes que la petite Bouteille LH fut employée, ou non (>).. Mais (£) [En revoyant les notes originales de ces Expériences j'y trouve marqué que les Phénomènes étoient k feu prh les mêmes: ils différoient en grandeur. De plus, Jt dans cette expérienee on approche la Lame CD as^ fez  ikemarques générales. M A i s, quoiqu'il en foit de cette Expérienéc, il eft fur qu'en-beaucoup d'autres occaftons les Corps éleétrifés, touchés par des' Conducteurs, perdent leur force: en effet ort" employé l'ifolement pour prévenir cette perte. §. 190. Co ncluons dé ce que nous avohs dit, qu'il ya une différence réelle entre les Loix, felon lesquelles la force éleétrique fe' Cómmuniqüe, & celles qui ont lieu dans laf communication de la force magnétique. Voi-' ei une courte récapitulation de mes r'aiföns. i°. L A' force magnétique fe trouve naturellement dans 1'Aimant, fans qu'il foit néceffaire de 1'exciter,- au contraire de ce qui a lieu dans' les' féz prés de A B, pour qu'elle en pnifte foutirer du Flurde, par quelque inégalite, quelque angle, ou par la' proximité même , elle deviendra pofitive. Cela] peut fa-: Cilernent arriver dans ces expériences: peut- être cela a-" fil eu Keu,' car je rctr'ouve encore dans ifegtf nótes, que la Lame CD , devenue éleétrique& touchfcnt enfuite la Lame AB, n'en a pas tiré d'étincelle, comme il arrivé , fi elle la touche immédiatement, & avant que d'être devenue éleétrique: ausfi avois-je ajouté dans ter More de- cette expérienee, par réflexion, péut-on donc dire que C D ait acquis une force oppofce: » .cePe &B 'f N. d, TJ. % f  356* I. mémoire. P. L S. VII. Ch. II. les Corps éleétriques. M. cigna propofe lui-même cette différence, (a). a°. L'ÉlectricitÉ & 1'Aimant différent, en ce que 1'Aimant conferve fa force très-longtems (b): & qu'un Corps [éleétrique ne conferve pas a beaucoup prés ausfi longtems fon Éleétricité. 3°. Ils différent en ce que 1'Aimant, en communiquant fa force a d'autres Corps, ne perd rien de la fienne propre: au lieu que la force éleétrique s'évanouit dans les Corps idioéleéhïques éleétrifés, lorsqu'ils font touchés par des Corps Conduéteurs, ou qu'ils leur communiquent la force électrique (c). Quo i- (a) Miscel. Taurin. 1. c. §. 5. (£) [V. le §. 69. de la Differtation de M. steigiehner. Ce Phyficien n'eft pas en tout du même fentiment; Nous avons parlé ci - deffus ( §. 93. note b ) de la caufe interne d'affoibliflément que M.. aepinu* admet. N. d. T.J (c) [II faut diftinguer Ia pofition dans la fphère d'aétivité, du Contaét (v. notes a du §. 187. & du, §. 188.)., Ce point eft décidé pour le dernier cas; mais, quant au premier j'avoue que, laiffant la toute explication théorique, je ne trouve pas encore d'expériences affez décifives pour établir paf expérienee feule, qu'un Corps ne perd jamais rien de fa force éleétrique , quand il excite , même en diftance, cette force dans d'autres Corps: & it fa-  D li Commun'catit t des T:-res rans Poyes. 357 Quoique ces différences me p.roiffent en conftituer certainement t:ne grande dans les caufes, dans la naturj des Fluides , da ;s la manière dont ceux-ci agiffent, il fera cependant utile d'examiner foigneufement les autres Phénomènes. feroit trés - difScile de faire la-deflus des expériences parfaitemcnt exaétes, parcequ'il feroit difficile de diftingucr li la diminution de forces qu'on pourroit obferver pror vient uniquement de la communication, ou uniquement de ce que tout Corps éleétrifé perd peu a peu fa force : ou des deux effets a la fois. N. d. T.J Z 3 CHAPITRE II. De la Communication des Forces éleétriques ci? magnétiques fans avoir égard aux Poles. §. 191. Quand on communiqué la force magnétique au Fer, (Fig. 18.) il eft nécesfaire de mouvoir toujours 1'Aimant du même fens. Car fi 1'on porte 1'Aimant de A en B, il s'engendre de la force: celle - ci augmente, fi 1'on conduit 1'Aimant plufieurs fois du même fens, jusqu'a ce que le barreau foit enfin  fjS tf MÉjMOIRE. P. I. S. VII. Ch. \\t fin faturé. Mais fa force s'affoiblit fi 1'on conduit enfuite 1'Aimant de B en A: elle fe détruit enfin, Sc il en nait une contraire. La raifon de ce Phénomène faute trop facilement aux yeux pour qu'il foit néceffaire de s'y arrêter. I l en eft bien autrement de la communicajtion des forces éleétriques: un frottement quelconque fuffit pour les exciter, comme M. musschenbroek (a) 1'a remarqué avec ?aifon, Sc comme toutes les expériences le prouvent {b)s Ma i s, («) Introd. ad Phil. Katur. §, 996. (b) M. hemmer remarque, qu'il ne fuit nullement 'fie ces deux Faits qu'il y a une grande disparité dans la manière dont les Fluides éleiftrique & magnétique agisfent: ,,car, dit-ij, dans le frottement magnétique 03 ^employé un Corps, favoir 1'Aimant, dans lequel 1'é4,quilibre du Fluide eft aétuellement troublé; mais dans 'ï,le frottement éleétrique les deux Corps font dans leur ',, état naturel. Dans le premier cas, le Fluide exiftant ^,dans le Fer fera pouffévers une extrémité par les for,,ces attraétives & répulfives: mais dans le dernier, Ja cohéfion des Fluides avec les particules du Corps eft i,,vaincue par le tremblement, & Je Fluide paffe d'un Corps dans 1'autre. II n'eft donc pas étonnant qu'il s, faut diriger le frottement vers Te même fens dans le il premier cas , & non dans le fecond. Qui ne voit pas 5s* préfent que Ja différence allèguée par 1'Auteur tm ?'eo**'  De ta Communication de; Forces fans Poles. 355 '/,, confiftc que dans la dispariié dis man'spulationt vr des mt..,yem employés. Les mêmes manipulations, les mêmes „moyens fourniffent parfaitement les mêmes effets.v Ceft ce que M. hemmer tache de prouver par ce qui •a lieu d,ans la communication des forces fans contad: nous examinerons ce point dans le §. 200. II ajoute enfin. Qu'on prenne une barre de Fer dur, qui ait été „pofée quelque part vertiealement pendant quelque „tems: on trouve que l'extrémité fupérieure eft un po„ le auftral, 1'inférieure un pole boréal. Qu'on renverfe „la barre: les poles ne feront pas changés: mais qu'oft „lui donne un coup avec les doigts vers quelque fens „ qu'on veuille; l'extrémité fupérieure deviendra un pole ,,auftral, 1'inferieure un boréal; on a detaché par le „Coup le Fluide magnétique que 1'Aimant terreftre ne „pouvoit vaincre entièrement par fa répulfion, tout „comme nous 1'avons dit ci-deffus pour le Fluide élec„trique: dérechef, mêmes effets en employant mêmes „ caufes, pour autant que ceux - ci reftent femblables." Cette réflexion paroit au premier abord trés - fatisfaifante, & elle mérite un examen plus approfondi. Remarquons d'abord qu'il n'y a pas de différence dans les manipulations; car il s'agit de part & d'autre d'un Corps frottant & d'un Corps frotté: la disparité d'effets ne peut donc provenir que de celle des moyens: c'eft ce qu'il s'agjt de discuter. Dans l'aimantation il y a un Corps frottant, dans lequel le Fluide eft déja hors d'équilibre, & un Corps frotté dans lequel jl s'agit de détruire 1'équilibre du Fluïde. Je me fers des expresfions de M. akpin us, paree qu'il eil queftion de fon fyftême, Dans 1'Élearifation il y a un Corps frotté dans lequel il s'a-it 4e troubler 1'cquilibre du Fluide: ainfi ce moyen eft Z 4  $6o I. mémoire. j9. I. s. VII. Ch. II «ft égal: il y a de plus un Corps frottant. Celui ci peut étre ou un Conduéteur non ifolé, ou un Conducteur ifole, ou un coercitif. Le premier cas n'exifte pas pour 1'Aimant: car le Fer qu'on pourroit employer «mime frottoir devient tout de fiute magnétique par fa fituation feule. Si le frottoir eft un Conducleur non ifolé, il repare fur le champ Ja perte du Fluide qu'il pourroit fournir ou rejette celui qu'il pourroit recevoir, puisqu'il commun.que avec tout le Globe: il eft donc toujours dans un etat non éleétrique, & c'eft pour un pareil Corps que Ja reflexion de M. hemmer peut uniquement avoir lieu. 2°. Si 1'on fe fert d'un Conducleur ifolé, ce frottoir eft furement dans un état différent de 1'Aimant quand on commence 1'opération. Mais fuppofons qu'il ait pafte une fois fur le Corps: que ce Corps foit devenu pofitif; le frottoir fera donc négatif: & il ne fera p]us dans fon etat naturel quand on recommencera a le paffer fur le Corps: ileft donc femblable a 1'Aimant, qui n'eft Aimant, que paree que fon Fluide n'eft plus dans 1'équihbre naturel. On employé donc, en recommencant, un froittoir négatif, qu'on applique a un Corps pofitif - & ce moyen eft femblable a celui qu'on employé en appliquant le pole auftral d'un Aimant p. ex. fur le pole boréal du Fer déja frotté: & néanmoins les effets font tres-différens, fi on paffe ces frottoirs magnétique & * eanque en fens contraire: voila donc des moyens femblables, & des effets différens. Si 1'on dit <,ue le frottoir éleélrique devient encore *lus negat,f en repaffant fur le Corps qu'il éleétrife, c. a d. quil fournjt dérechsf du Fluide au Corps frotté, & que c eft a caufe de cela que tout fe paffe comme 1, première fois: Ia disparité d'effets proviendra de ee que le fnmoir élearique fouriüt du Fluide au Corps : frpt- 's  J)e la Communication des Forces fans Poles. 361 Maïs,, il y.a plus (c) ; on obferve encore une autre Loi dans la produétion des forces magnétiques: c'eiï que les barreaux aimantés, ainfi frotté, ce que ne fait pas le frottoir magnétique: mais, comme ce frottoir éieéhique ne contient qu'une quantité déterminéé de Fluide, il fe trouvera épuifé a la fin : il ne pourra plus en fournir: & fi on le repaffe alors, il n'agira que par fon attraétion 8c fa répulfion; il fera femblable au frottoir magnétique, & les effets feront différens. Le même raifonnement a lieu fi le- frottoir eft uo Corps coercitif: fi ce n'eft pourtant qu'alors la direétio'n du frottement n'eft pas indifférente, puisqu'alors le frottoir peut devenir pofitif ou négatif, felon qu'il paffe felon la longueur ou la largeur du Corps frotté, corr me M. bergman 1'a prouvé (Mem. ie i'Acad. de Suede, Tome XXV. p. 387.). Mais dans chaque xpérience le frottoir peut également pafier Sc repalfer, ce qui n'a pas lieu pour le frottoir magnétique. Remarquons enfin, que la fuppofition que 1'Aimant ne fournit pas de Fluide au Fer, eft gratuite: que celle qu'il n'agit que par attraétion & répulfion ne 1'eft pas moins: qu'elles font enfin 1'une & 1'autre, dans les conféquences qui en réfultent, contraires aux Faits. M. a epinus , s'il eft permis de le dire, n'a fait que gliffer fur ce fujet dans les §§. 218. 219.' de fes Tentamina. Nous y reviendrons dans les notes a des §§. 199 5c 200. N. d. T. ] (c) Musschenbroek Introd. ai Vlül. Kam. $. 997, m 8. • z 5  f<1% I. MÉMOUE. P. I. S. VIT. Cl \\i ainfi que les Aimans naturels, ont une plus grande force dans les Poles, que cette force y diminue peu a peu, jusqu'a ce qu'elle foit mille dans le centre magnétique. Or, le contraire a lieu dans les Tubes frottés, & dans le Conduéteur de la machine éleétrique: la force y eft partout la même. Cette différence me paroit trés - grande, Peut-être objeétera-t-on cependant que cela yrovient de ce qu'il y a toujours dans un baiv leau magnétique deux fortes de Magnétismesr qu'elles doivent par conféquent, en vertu de la Loi de eontinuité, décroitre, & paffer pa;' is/r», avant que 1'invcrfion des forces puiffe avoir lieu; mais que les Corps éleétriques dont nous parions, n'ont qu'une efpèce d'Électricité, & qu'ainfi la même raifon n'a pas lieu. Nous parierons ci-après de cette objeétion (§. 195. feqq.). Mais, fi elle eft jufte, i\ s'en fuit qu'en employant des moyens femblables (V), on ne produit qu'une efpèce d'Élec- (d) [II femble que 1 Éleétricité ne devroit pas être partout de même force dans un Corps coercirif éleétrifé par un frottoir ifolé , ou coercitif: car, reprenant les raifonnemensde la note a, fuppofons le frottoir parvenu au j;oint qu'il ne fpurnit plus de Fluide, fi on 1'applique au point B i^Fi?. 18.;, pour le conduire vers A; comme i) attire  Be la Gmmunication des Forces fans Poles. 363 .d'Éleéb/icité, mais deux efpcces de Magnétisme. §. 19a. Enfin, on fait quek force mar gnétique ne fe communiqué pas avec la même facilité a toutes fortes de barreaux. Si le barreau eft trop long il n'acquiert gucres de force: 1 il peut a peine être foutenu par 1'Aimant, pendant qu'une maffe de Fer de même poids, mais plus courte, fera facilement foutenue, 8c qiie cet Aimant peut même foutenir un poids plus grand. On fait enfin que le Fer, qui eft plus épais, quoique de même longueur, acr quiert plus de force, jusqu'a ce que 1'épaiffeur foit parvenue a un certain terme au de la duquel la force acquife diminue : en un mot il y a un maximum d'épaifleur, qui acquiert lc$ plus tire le Fluide, celui - ci doit cotler de B vers A, fc iroüver en A en plus grande quantité qu'en B, & conféquemment la force doit augmenter de B en A: le contraire aura lieu en paffant le frottoir de A en B. Ce fecond frottement détruira donc une partie du premier, comme cela i lieu pour 1'Aimant: mais, Tellet ne fauroit être abfolument le même, paree qu'il ne s'engenéhe ici qu'une forte d'Eleéfricité. Comme le Fluide ne fe meut pas fort dirïïcilement dans les Corps coercitifs: cette difficulté ne fauroit empêcher 1'inégale condenf»,tton du Fluide. N. d. T. J  364 !• mémotre. PA. S. VII. CAAï. plus grandcs forces. On pourroit même empl.oyer une malle fi grande qu'elle n'acquerroit aucune force, comme M. de la hire s'en eft afiliré \dfy. C e qui a lieu pour 1' Éleétricité eft fort différent : & d'abord il a été prouvé par les expériences de M. nollet que le Fer, dont la maffe eft-la plus grande, quoiqu'il ait la même furface, acquiert le plus de force électrique (£): qu'un parallélepipède de Fer de quatre-vingt livres acquiert mieux la force que dc legers tubes (c). II eft prouvé ausfi qu'a mafl'es égales, le Conduéteur qui a le plus de furface acquiert la plus grande force. II eft fur enfin, qu'un. Conduéteur extrèmément long eft excellent (dj, ausfi bon du moins qu'un plus court: deforte que l'Éleétricité peut ctre transmife en un moment a quelques mil- liers («) Mm.de l'A-cad. 1691. p. 146. [ v. ausfi musïchenbkoek Introd. ad P/iil. Natur. §. 996. N°. 6. & du tour Mémoire fur l'Amant, dans le cinquième Tome des pièces qui ont remporté les Piix de 1'Académie. N. d. T. ] (b) Recherches fur ks Phenom. Eleftr. p. 283. ■(c) Mem. de l'Acad. 1746. p. 20. Cd) Sigaud de tA fond Traité lÉleclricité. p. 75.  D%e la Communication des Forces fans Poles. 365 liers de pieds, ce qtli n'a pas lieu pour le magnétisme ({ T [.<{ ƒ- H.D §. 193. Tous ces Phénomènes me paroisfent diamétralement oppofés aux Loix qui ont lieu pour la communication des forces magnétiques : ils indiquent que le Fluide magnétique agit très-difFéremment du Fluide électrique, foit q«e celui-ci entre en plus grande abondance dans les Corps, foit que nous fuppofions qu'il en eft plus ficilement recu, Sc en plus grande quantité. II me femble en ir~ fuiter, que le Fluide éleélrique a d'autres relations avec les Corps fur lesquels il agit, que le Fluide magnétique avec le Fer Sc 1'Aimant. CHA- (e) [Les belles expériences de M. volta prouvent fans replique que la force des Conduéteurs eft non feulement comme les furfaces, mais de plus qu'elle devient d'autant plus confidérable a furfaces égales, que les Condufteurs font plus longs. La longueur augmente étonramment leur force: de forte qu'un Conduéteur formé de douie batons de bois cilindriques, arrondis a leurs extrémités , & argentés, faifant une longueur de 96 pieds fur 6 1. de diamètre produit une vraie commotion, tquivalente a celle d'un Carreau de Verre armé de quatre pouces d'armure en quarré: v. Journal de Pkyf. Avr'A 1779. Tornt XIII. p. 260. feqq. Ce Fait eft trés-différent de ce qui a lieu pour la communication des forces magnétiques. N. d. T. ]  $66 ï. MÉMOIRE. P. f] S. VII- Cl. IÏL' CHAPITRE Ut p Jï* /e la Communie, dés Forces avec des Poles. 36$ ftance d'un pouce, on ne remarquoit plus de centre magnétique, 8c par conféquent (ce font lés paroles de 1'Auteur) le barreau AB n'avoit qu'un feul genre de forces. Examinons cette Expérienee (c). §. 196. Ir, eftclair i°. qüe le barreau A B h'eft pas dans un état naturel, mais dans un état forcé ; ce qui paroit par cela feul, qu'en otant 1'Aimant NS, les forces changent fur le champ, 6c que le centre magnétique reparoit. a°. Que le Pole N tache de produire en B un Pole auftral: le boréal qui y étoit, eft donc affoibli: plus il devient foible plus la diftance AB eft grande 6c AC petite. Mais AC ne fauroit devenir mille, que la force B ne foit nulle ausfi, ou du moins tres-petite. Lors donc que le centre C tombe en A, 6c qu'on ne 1'obferve pas, cela indique que la force B eft nulle, c. a. d. que le Pole B eft réellement détruit, 6c que cette partie eft prète a recevoir la force auftrale. Les irregularités qu'il y a dans les courbes de limaille repandue fur (c) [Cette Expérienee eft décrite dans le §. 189. des Tentamïria. II faut ausfi confulter Celles du §. 187. fut la propulfion du centre magnétique. N. d. T. ] TOME I, Aa  37° I. mémoire. P. I. s. VIL Ch. IH. fur une gkce qui couvre le barreau, prouvent fuffifamment que la force que ce barreau poffédé alors eft extrèmément petite. Mais, lorsque la force eft diminuée en B par l'aétion dc 1'Aimant NS, celle de A eft ausfi diminuée, doit ausfi être changée (a). C'eft la, ce me femble, la caulè, pourquoi en approchant 1'Aimant davantage, & même jusqu'au contact, le centre magnétique ne reparoit pas: car alors la force eft encore diminuée davantage en A. Si 1'on employoit du Fer pur, c. a. d. non aimanté, il n'acquerroit que deux poles par 1'attouchement de 1'Aimant NS. Voici donc a quoi tout me paroit fe reduire j i°. qu'il eft très-incertain que le barreau AB n'acquiert dans ce cas qu'un feul genre de forces: que 1'expérience indique feulement, que la force que ce barreau poflédoit eft détruite, afin qu'une force oppofée y foit produite. et0. Que quand même il feroit fur que le barreau n'acquiert ici qu'un feul genre de forces, qu'il devient tout entier ou boréal, ou auftral, cela ne fe feroit qu'accidentellement} & O) [II fe pourroit ausfi, & ce cas même eft aflez ordinaire, que le Pole A ne fait que s'affoiblir, fans fc changer, & qu'il y nait un troifième Pole, mais trés foible, entre A & B. N. d. T. ]  De la Communie, des Farces avec les Poles. 371 8c que ce barreau revient par fa propre force a fon premier état dès qu'il eft libre, ee, qui indique que les forces primitives font feulement opprimées 8c non entièrement détruites (b). Il eft donc prouvé, ce me femble, que 1'Aimant, ou du Fer aimanté, pofledc au moins deux poles: que jusqu'ici on n'a trouvé aucun Aimant a un feul Pole, ni aimanté le Fer de fagon qu'il n'acquit qu'une feule force magnétique} 8c par conféquent, que dès qu'il y a du (b) [Les expériences de M. aepinus prouvent ceci directement, puisque les Poles reparoifient, & que le centre magnétique change de place, fe rapprochant de B , dès qu'on a oté 1'Aimant N S. II arrivé ausfi qu'on a trouvé les Poles invertis, ou qu'il s'en forme un troifième: ce qui fait voir la vérité des raifons allèguées. Au refte, s'il étoit vrai, comme M. aepinus le croit, que le Fil de Fer eft devenu entièrement négatif, il s'en fuivroit, qu'il eft erroné que le Fer conferve toujours la même quantité de Fluide magnétique: ce qui néanmoins eft une des bazes du fyftême de M. aepinus: il s'en fuivroit encore, que le Fluide, qui s'eft écoulé de ce barreau, s'eft disfipé dans 1'Air: il feroit donc encore erroné qu'il n'y a jamais d'autres Corps que les Corps ferrugineux qui contiennent du Fluide magnétique : que le Fluide éprouve trop de difficulté a fe mouvoir dans ces derniers Corps pour en pouvoir fortir: ce qui font cependant des Principes cfiéntiels du fyftême Atp'mim. N. d, T. 1 A a a  37a !• mémoire. P. I. s. VII. CA. III, du Magnétisme, il y a ausfi au moins deux forces contraires. §• 197. S 1 rtous confidérons a préfent l'Élea-ricité, nous trouverons des Phénomènes très-différens. Car, quoiqu'il y ait des cas, comme celui de- la Bouteille de Leide, 6c quelques autres, dont nous parierons ci-après (§• aoo.), dans lesquels un Corps électrifé poflede réellement a la fois les deux efpèces d'Elearicité, comme 1'Aimant poffédé deux Poles, cependant, de 1'aveu même de M. aepinus, dans un très-grand nombre d'autres cas, 6c même ordinairement, les Corps éleariques ne pofledent qu'une efpèce d'Ékancité: ils font, ou entièrement pofitifs, ou entièrement négatifsj un tube de Verre poli p. ex. frotté eft entièrement pofitif: un tube de Verre dont on a oté le poli eft entièrement négatif (§. 207.): un globe de Verre eft entièrement pofitif: un globe de refine eft entièrement négatif. Ces Phénomènes, qui ont lieu la plupart du tems, font donc entièrement oppofés a ceux qui, dans les mêmes circonftances, out lieu pour 1'Aimant, non feulement fouvent, mais toujours: ceci ne fera-t-il donc pas une différence, 6c même une trés-grande différence? §. 198.  De la Communie, des Forces avec des Poles. 373 §. 198. Je fais bien que M. aepinus trouve la raifon pourquoi il n'y a pas d'Aimans a un feul Pole, en difant (a) qu'un pareil Magnétisme, quand il exifteroit pour un moment, ne fauroit durer longtems, par ce qu'il y a une caufe intérieure qui empêche 1'entrée 8c Fécoulemcnt libres du Fluide magnétique : 8c il cherche cette caufe dans 1'extréme difficulté que le Fluide éprouve dans les pores du Fer 8c de 1'Aimant (b). Mais, cette raifon préfuppofe toutes les hypothèfes que ce Phyficien employé pour expliquer les Phénomènes de 1'Aimant, comme p. ex. que la force d'un des poles confifte dans un excès 8c celle de 1'autre dans un défaut de Fluide magnétique: que ce Fluide fe meut trés - difficilement dans le Fer 8c dans 1'Aimant, 8c plu-. (a) Tentamina. §. 95. (b) [II me femble au contraire que cette caufe devroit rendre cet état parfaitement durable, s'il avoit exifté un feul moment. Suppofons qu'un Aimant foit entièrement négatif: il reftera tel, puisqu'il n'y peut entrer aucun Fluide extérieur: car il n'y en a pas felon ce fyftême dans d'autres Corps que dans le Fer: & fi on approche de cet Aimant un barreau de Fer, le Fluide n'y entrera pas, a caufe de la grande difficulté qu'il' éprouve a fortir de 1'Aimant dans lequel il exifte, 6c a s'iafinuer dans le Fer même. N. d. T. ] Aa 3  374 I- mémoire. P. I. S. VII CL IIL plufieurs autres que notre Plan ne nous permet pas d'examiner, ou dont nous avons déja paiv lé ci-deflus. M. aepinus penfe encore, qu'il fe produit toujours , même dans VEleciricité, deux fortss de forces, favoir, lorsqu'on confidère les deux Corps agiflans comme n'en faifant qu'un feul (0, c- a. d. fi deux Corps idioér leétriques, ou, ce qui revient au même, un idioéleétrique, êc un Conduéteur, mais ifolé, font pris pour un feul Corps: car, lorsque deux Corps idioélectriques font frottés 1'un contre 1'autre, 1'un devient pofitif, 1'autre négatif: cela eft vraij mais en ce cas ils ne donnent aucun figne d'Éleétricité ausfi longtems qu'ils font joints, comme 1'expérience me 1'a appris, êc que M. aepinus lui» même 1'avoue des expériences qu'il allègue pour prouver fa Thèfe (d). Mais, le contraire a lieu dans le Magnétisme: car, un barreau, qui poflede les deux forees, agit d'a* bord, êc fortement. Cette comparaifon ne me paroit donc pas (c) Sermo de Analogta &c. 1. c. p. 248. [ p. 1 j. de Tcriginal, note b; & Tentamina §. 15. feqq. v, ausfi le §. 18. de la DifTertation de M. steiglehner. N. d. T.] (d) Tentamina 6tc. p. 63. 66,  De la Communie, des Forces avec des Poles. 375 pas jufte: Sc concluons de ce que nous avons dit, qu'il y a réellement unc grande différence entre 1'Éleétricité & le Magnétisme, même a cet égard, qu'on ne trouve jamais dans le Magnétisme des Corps individus qui n'ont qu'une feule efpèce de force j au lieu que dans 1'Electricité la pluspart des Corps n'en poffédent que d'une feule efpèce: différence qui prouve que le Fluide magnétique agit felon des Loix trés-différentes de celles que fuit le Fluide éleétrique. II. De la fituation & de la produclion des Poles , %. 199. Examinons aftuellement de quelle manière les Poles font produits dans 1'Aimant, comment on peut exciter dans les Corps éledriques deux fortes d'Ekaricité, felon quelles Loix cela fe fait, afin qu'on fache s'il y a du moins quelque Analogie a cet égard. O n peut exciter la force magnétique par trois moyens: par la pofition dans la fphère d'adivité, par le contad, par le frottement: a ce moyen il faut ajouter pour 1'Ekaricité la chaleur, dont je parlerai féparement. (§. ao8.). Quel que foit celui de ces moyens qu'oa Aa 4 era-  376 I. mémoire, P. I. S. VIL Ch. III, employé, voici la Loi qui a conftamment lieu pour 1'Aimant: c'eft que pour le contact, r,u la pofition dans la fphère d'adivité, il nait dans l'extrémité la plus proche de 1'Aimant, un pole oppofé a eelui de 1'Aimant & qu'il en nait un qui eft femblable a celui-ci dans l'extrémité oppofée. Mais, en employant le frottement, la chofe fe pafté dans un ordre différent. II y nait dans l'extrémité oü 1'on commence le frottement, un pole femblable a celui dont on fe fert, & un pole oppofé dans l'extrémité ou 1'on finit. M. brugmans \a) a trés-bien démontré que cette Loi eft une conféquence de la première. Mais ces Phénomènes font fi connus, qu'il eft inutile de s'y armer plus longtems (b): ainfi je vais paffer i l'Éleétricité. * l. Des O ) {Temamir.a de nta'eria magnéiiea. p. 6z. feqq. N d. T. ] (*) [Je re-arde la première Loi comme primordiale & ü m eft imposfible de 1'expliquer. Je fais bien quil » eft pas d'Anteur qui ne 1'exphque au moyen de 1'hypothefe qu'il adopte : mais toutes ces hypothèfes me paroiffent abfolument précaires, & infuffifantes. Cette première loi pofée, il n'eft befoin d'aucupe hypothèfe pour exphquer la feconde: je crois en avoir ditaülé toutes les creonftances dans mes Tentamina Theonae mathemaütcae de PAaenomenis Magnetieis. Mais il fera bon de faire jou que toutes circonftancss font abfolument contraires aux  De Ia Communie, des Forces avec des Poles. 377 aux hypothèfes de M. aepinus, qui n'a expliqué cette Loi qu'en gros. Voici fon explication (Tentam. §. 218. 219.). En appliquant [Fig. 23.) le pole A au point D, il y nait en D un pole oppofé : mais en faifant paffer ce Pole A fur les points F, H, G , lorsqu'on le conduit de D en E, il donne fuccesfivement a ces points un Magnétisme contraire, & il ote en attendant au point D celui qu'il lui avoit donné au commencement; mais le point E, qui eft touché le dernier, conferve lè Magnétisme que le point A lui donne. En appliquant donc le pole pofitif A en D , il répouffe le Fluide vers F: D devient négatif: en s'avan^ant ve F, A repouffe le Fluide, qui s'écoule & s'accumule en D & en H ; parvenu en F il détruit fon premier effet & rend D pofitif. Tout cela arrivé dans toute la longueur du Barreau, excepté en E, point que Ie pole touche le dernier, & qui conferve par conféquent le Magnétisme négatif. Voila quafi mot a mot TExplication de M. aepinus, de laquelle -il eft aifé de déduire ces trois conféquences. ic. Que le Fluide , qui avoit été chaffé de D , y eft repouffe dès que 1'Aimant eft parvenu a un point différent de D : donc D eft tout de fuite, ou fimplement affoibli, ou inverti, felon que la quantité de 1 luide que 1'Aimant , placé au fecond point F, refoule vers D, eft plus grande ou plus petite que celle qui en avoit été expulfte, lorsque 1'Aimant étoit placé en D. II s'en fuit 20. que le Pole E augmente toujours en force, (car le Fluide y eft pous* fé de plus en plus) a meiure que 1'Aimant s'en approche davantage: & 30. que les points F, H, G, E, ne deviennent négatifs, que quand 1'Aimant y eft appliqué r voila les conféquences qui découlent de cette explication , voici les Faits tels que je crois les avoir démon* trés dans 1'ouv.age cité. I9. La Aa 5  378 I. mémoire. P. I. S. VII. CA. UI. i°. La Force communiqué en D croit ordinairement (1. c. §. 36.) avant que de décroitre, jusqu'a ce que 1'Aimant foit parvenu a un certain point F, que je nomme point cuïminant du Pok D. La diftance FD a quelquefois été d'un fixième & plus de tout le barreau DE; ce n'eft que lorsque 1'Aimant a paffé le point F, que la force communiquée au point D par le contaél, diminue. Mais il ne paroit pas néceffaire que cet accroisfement ait toujours lieu (1. c. §. 71.). Ce Fait eft contraire a la première conféquence. 20. Le Fole E n'augmente que jusqu'a ce que 1'Aimant foit pïtrvenu a un certain point H, que je nomme pint cuiminint du Pok E: or DH n'a jamais excedé dans mes Expériences la moitié de D E, ni été plus petit qu'un vingtième de D E : dès que 1'Almant a paffé ce point H, la force en E décroit: ce qui eft contraire a la feconde conféquence. 30. La force en E devient négative, de pofitive qu'elle étoit, dès que 1'Aimant a paffé un certain point G , que M. brugmans nomme fecond point dindifférence, (car il en eft un pareil, au dela de F pour le pole D): D G n'a jamais été plus grand dans mes expériences que deux tiers de DE, ni plus petit que ~ de DE: ainfi E devenoit négatif, quoique 1'Aimant en fut encore é1 13 loigne de ~ ou de de toute la longueur de D E : ce qui eft contraire a la troifième conféquence. Telle eft 1'oppofition qu'il ya entre l'Expérience& 1'explication. Je paffe d'autres objeétions qu'on pourroit fai» re contre cel.e - ci. N. d. T. ]  De la Communie, des Forces avec des Poles. 379 j. Des Forces communiquées par une Atmofplière éleélrique. §. aco. M. aepinus (a) a fait fur ce fujet de belles expériences qui paroiffenc trèsanalogues aux Phénomènes de l'aimant: en voici une de ce genre (b). Qu'on ifole un prisme de métal: qu'on approche de 1'une des extrémités un Corps éleétrifé pofitivement: cette extrémité deviendra négativement éleétrique : 1'autre le deviendra pofitivement: comme il paroit par rÉleétromètre de M. canton. Cette expérienee avoit déja été faite par M. f r ankli n (t), & elle eft réellement femblable a ce qui fe pafte dans 1'Aimant. Car, 1'Eledricité produit ici une Éleétricité contraire,comme le Magnétisme produit un Magnétisme oppofé (d). a. Des (a) Sermo &c. 1. c. p. 246. [ P- 16. 17 ■ de 1'oiiginal] Tentamina p. 12.7- I28. (b) Voyez ausfi le §. 97. do Mémoire de M. steiglehner. N. d. T. ] (c) Philof. Trans. Vol. XLIX. p. 300. [Mais les Expériences de Milord mahon me paroiffent a tous égards les plus exaétes, les plus décifives, les plus inftruétives: hous en dirons un mot dans la Note fuivante. R d. T.] (d) [,,Les mêmes manipulations, les mêmes mo- 55 yens  380 I. MÉMOIRE. P. t. S. VII. Ch. III. a. Des Forces acquifes par le contacl. $• aoi. Si nous paflbns au contaft, nous trouverons des phénomènes trés - dtfférens, com- „yens, dit M, hemmer , fourniffent contramment les „memes effets, pour autant que la propriété du Fluide „élearique de paffer d'un 'Corps dans un autre, le per„met: pofez un petit barreau de Fer mol dans le voi„finage du Pole d'un Aimant: il devient fur le champ „unventable Aimant: approchez d'un barreau de mé„tal ifole un Tube fortement éledrifé , il deviendra fur „le champ un Aimant éleétrique, qui a fes Poles, un „pofitif, un négatif: mais ce ne font que des Aimans „paffagers: mais qu'on employé dans le premier cas „un barreau d'acier & dans le fecond une Bouteille de „Leide; 1'Aimant de Fer, & rAimant éleétrique fe„ront devenus 1'un 8c 1'autre confians: mais comment „ces Aimans font-ils produits dans ce cas? par 1'at „traétion & la répulfion; pareils moyens, pareils ef„fets." Le Fait prouve que dans ces deux cas les Poles exiftent de la même manière géaérale: mais il faut de plus pour une Analogie complette que les mêmes Loix ayent lieu. Soit (Fig. *4.) A le pole pofitif, B le négatif, C le centre: le Fluide fera en C dans fon etat naturel: il fcra acCumulé en CA, rarefié en CBmais il faut p0ur que l'Analogie foit complette que la quantité de Fluide augmente de C en A, & diminue de C en B, pour les deux cas, felon les mêmes Loix: or je vais prouver que cela n'a pas lieu: & qQe k ryftème dc  De la Communie, des Forces avec des Poles. 381 de M. aepinus pour 1'Aimant eft contraire aux Faits. M. aepinus fuppofé i°. que la quantité de Fluide refte la même après 1'aimantation : donc 1'excès en A C eft égal a la diminution en C B : il fuppofe 20. que la force eft proportionelle a la quantité de matière accumulée ou épuifée. (v. ci-deffus §. 51. note a: §. 91.., note b: §. 91. note e). Cela pofé, que la quantité naturelle de Fluide dans chaque tranche D, E, F, &cfoit q : que le point B , au lieu de contenir la quantité q, contienne q — & ; foit n le nombre de tranches ou particules contenus en CB: j'ai démontré dans mes Tentamina §. 51. 51, & dans mes Recherches fur les Aiguilles aimantées §. 32. 33., que la force des particules croit comme les diftances du centre C; la force, ou, ce qui revient dans ce fyftême au même, la quantité de Fluide en C eft q : en B , elle eft q -—i : ou aura donc pour toutes les particules, q + ( q — ï- ) + ( \j ~\ ' K naj \J naJ ? • ' = (en faifant n infini par rapport a 1'u- nité donc on fe feit,) nq — : mais, nq étoit la quantité naturelle de Fluide dans C B: donc ^ eft Ia z 4 quanrité epuifée. Soit la force de A, 011 la quantité de Fluide en A ƒ q + ~: le nombre des particules de C A — m: on aura; 0+A>0+ïf>0+*0 s 1 m q fup-  go*2 I. MÉMOIRE. P. h S. VII. CL III. fuppofition de m infini) m q _|_ ™J Mais w q eft la 2 1) j qsantité naturelle de Fluide dans A C: donc 1'excès eft tn q - : mais comme, par hypothèfe, 1'excès eft égal au défaut: ön aura, — 1?: Sc par conféquent»: m — 1 b xa f- : ~ : c. a. d. les Forces des Poles en raifon inverfe b a des diftances au centre magnétique: mais cette conféquence immédiate eft contraiie aux Faits: car j'ai démonrré (Recherches §. 33.) que ces forces font en raifon inverfe doublée dé ees diftances. Le fyftême de M. aepinus eft donc infoutcnable a cet égard: il faut donc rejetter 1'une ou 1'autre des hypothèfes fur lequel ce calcul eft fondé, ou toutes les deux. Si donc ce fyftême eft vrai pour l'Éleétricité, il eft dair que les Loix de la communication des forces font tres - différentes pour le Magnétisme. On n'a pas, que je fache, fait d'expériences éleétriques pour deCider Ce point, mais * celles de Milord m aHon (Principes d'EieSlricité §. 149. feqq.) me font croire que la loi de 1'augmentation des forces n'eft pas menie comme les diftances au centre. Ce Phyficien celèbre , ayant pofé (Fig. 25.) un Conduéteur ifolé AB de '40 pouces, dans 1'Atmosphère (mais hors de la diftance explofive) du Conduéteur pofitif C de fa Machine , il 2 obfervé a quelle diftance du point A étoit le centre éleétrique D, c. a. d., Ie point D , auquel la boulette éleétrométrique G n'eft ni attirée ni repouflee, tandis qu'elle eft repouflee en A (car elle eft négative) & attirée en H. Milord mahon a fait fes Expériences en approchant A de C a diverfes diftances, de 48 pouces jusqu'a 4 pouces. Or, pour le cas de AC r: 48 pouces il a trouvé A D p5 — A B; 8c pour le cas de A C = 4 pou-  De la Communie, des Forces avec des Poles. 383. comme M. aepinus 1'avoue lui-même («). Car, fi un prisme métallique touche quelque Corps éleétrifé il acquiert la même force électrique que ce Corps poflede, & de plus, il n'acquiert qu'une feule Éleétricité dans toute fa longueur: Phénomène entièrement oppofé ace qui a lieu pour 1'Aimant (b). M. 4 pouces, A D =r ~ A B. Ainfi felon la loi de la raifon inverfe des diftances, la force de A auroit été dans le premier cas 2-g, & dans le fecond 12 fois plus grande que celle de B : mais felon la Loi de 1'Aimant, elle auroit été dans le premier cashuit fois, & dans le fecond cent - quarante - quatre fois plus grande que la force de B, ce qu'il n'eft pas posfible d'admettre. II feroit a defirer qu'on fit des expériences exaétes fur ce fujefy Je conjeéturerois d'aptès les Expériences de Milord mabon, que la raifon inverfe des forces eft tout au plus celle des racines des diftances. Mais comme ce n'eft qu'une conjeéture, je ne m'étendrai pas la-deffus. N. d. T. ] (a) Sermo &c. 1. c. p. 246. [ p. 16. 17.de 1'original. ] (b) [M. hemmer fait ici une remarque très*jufte. ■, Ceci, dit - il, eft connu pour 1'Aimant, mais n'eft ,,vrai pour l'Éleétricité qu'au cas que ce foit un Con,,duéteur qui touche le Corps éleétrifé: & alors la cau,,fe des différences eft, que le Fluide éleétrique paffe ,, d'un Corps dans un autre, & non le magnétique. ;,Mais, ft 1'onprend un cas dans lequel ce paffage n'ait ,»quc  384 I. MÉMOIRE. P. I. S. VII. Ck. HL M. aepinus juge, a la vérité , que cette différence dépend de circonftances étrangères (c): mais qüand nous admettrions ce fénti-* ment, la différence n'en feroit pas moins la même: car ce Phyflcien adopte le fyftême de M. pranklin, & par conféquent .il admet qu'en approchant (Fig. ao.) le PoleN, celui-ci repouffe par fon exces de Fluide le Fluide de l'extrémité A: qu'ainfi ce Fluide paffe de A en B; qu'il eft diminué en A audeffous de fa quantité naturelle, 6c qu'il s'y forme un pole négatif, oppofé au Pole N. Les chofes fe pafferoient ainfi, fi le Corps A B étoit uil coercitif parfait, fi par conféquent il ne puifoit rien du Fluide contenu dans N, & -,,que peu ou point lieu, 1'effet feia tour comme pour 1'Aimant; c. a. d. que la partie du Corps non éleétri'iii mife en contaét acquerra une force oppofée a celle ,,du Corps éleéfrifé: ce cas a lieu dans 1'Électrophore ï5de M. volta: le gateau de refine frotté avec une ,,peau eft éleétrique négativement: la partie inférieure ,,du chapeau (ou du plateau) qu'on applique 1'eft pofitivement, fa fupérieure 1'eft négativement." M. hemmer cite lap. 103. du 4e. Volume des Memoires de 1'Academie de Manheim, oü il a prouvé ce point. Cette remarque eft fi jufte qu'il n'y a rien a repondre quant aux Faits. N. d. T.J (e) hermo Sec. p. 261. [ p. n. de l'original. ],  De ld Communie, des Forces avec des'Poles. 0$ 5c elles Ortt lieu ausfi quand le Pole N eft éloigné. Mais, en appliquant l'extrémité A a ce Pole qui ne rëprime pas parfaitement le Fluide, elle foutire le Fluide du Pole N. Voila pourquoi cette extrémité deviertt pofitive, Sc tout le prisme le devient ausfi. M. aepinus trouve donc la raifön de ce Phénomène dans 1'imparfaite idioéleétrieité des Corps éleétriques; §. aoa. Mais, ón peut objeéter bien des c'höfes a ce raifonnément. i°. Si le Corps B A eft ün coercitif imparfait, Sc fi c'eft a caufe de cela qüe 1'extrémité A foutire le Fluide [du Pole Nj , il doit ausfi, par la même caufe, le retenir imparfaitement: il fortira donc avec la même facilité Sc dans le même temps qu'il eft entré .le Corps AB' perdra donc d'abord fon excès de Fluide j il fera reduit dans fon état naturel, Sc toute la force fera détruite, ce qui eft contraire a 1'expérienee. Suivant la même hypothèfe, le' Corps N S perdra une partie de fon Fluide ,celle que l'extrémité A foutire; le Corps N perdra donc par cette communication quelque chofe de fa force j or, M. aepinus foutient (§. 187.) que les Corps éleétrifés, qui tömï I. Bb com-  #86 I. mémoire, P. I. S. VII. Ch. III. communiquent la force a d'autres, ne perdenc rien de leur force propre (a). 3°. Supposons que tout fe paffe fuivant le raifonnement en queftion. Alors, le Fluide qui exifte naturellement en A eft repouflë vers B [par la force du Pole N] , par conféquent il diminue en A, éc A devient négatif. Suppofons que la quantité qui manque foit q: qu'il y entre a préfent en A une partie du Fluide contenu en N : que cette quantité foit p : le pole A ne deviendra pofitif qu'au cas que p \ q: il n'y aura aucune force produite fi p ~ q: elle fera négative ü p \ q. H faudroit donc avant tout dêmontrer, & non affumer que p eft toujours dans ce cas plus grand que q, c. a. d. que 1'attraétion de la matière du Corps en A eft plus grande que la répulfion du Fluide contenu dans AB: or c'eft ce que M. aepinus n'a pas fait, & par conféquent fon explication eft purement hypothetique (b). II tache cependant de la con- fir- («) Ceci n'eft pas entièrement exad: car M. aepinus n'établit cene propofition que pour le cas oü.la commumcan'on des forces fe fait par le contacl N. d. T. ] (b) [Ce raifonnement me paroit moins applicable au cas oü le cotitaéi du Corps a éleétrifer Sc du Corps élec- trii  t>e la Communie, des Forces avec des Poles. 387 firmer par cette raifon, que fi Yoxi place uri petit morceau de Verre entre les deux Corps j 1'effet eft le mêmé qu'il 1'eft quand on placé le Corps N C a une plus grande diftance: or, on fait qüe le Verre empêche le paflage du Fluide éleétrique. Mais, alors le Phénomène revient a celui-ci^ que le Corps électrique eft diftant du Corps qu'il faut éleétrifér (c). §. aoi*. Mais, ajfumons tous ces raifonnemens: la contradiétion qu'il y a entre ce Phénomène & les Phénomènes magnétiques fubfiftera ckns fon entier: car alors j ce Phénomène électrique eft tel qu'on 1'obferve^ parceque le Corps a éleétrifer foutire le Fluide du Corps éleétrifé, tandis que le Corps auquel il.faut communiquer la force magnétique trique fe fait d'abord, qu'a celui oü le Corps a éleétrifet auroit d'abord été pofé hors de la diftance explofive du Corps éleétrique, & viendroit enfuite a tirer une étiritelle: car dans ce cas , il s'eft réellement fait d'abord un épüifement en A, une condenfation en B; & il faudroit prouver que la quantité p que A foutire par 1'étinCelle eft plus grande que q : car fans cela A refteroit en partie épuifé, & la répulfion du pole N èmpêcheroit 1* Fluide accumulé en B de refluer vers A. N. d. T. ] («) [C. a. d. hors de la diftance explofive. N. d. T.J Bb *  388 I. mémoire. P. I. S. VIL Ch. III. que ne recoit pas de pareil Fluide de 1'Aimant O). Les Corps éleétriques attirent donc ici le Fluide éleétrique avec une plus grande force que le Fer n'attire le Fluide magnétique ; & la caufe de cette non-attrablion du Fluide magnétique eft que le Fer en eft un plus parfait coercitif: que ce Fluide fe meut trèsdiftïcilement par le Fer, quoiqu'on fache d'ailleurs que le Fer recoit ou perd en un moment la force magnétique, & par conféquent que le Fluide qu'il contient naturellement eft trés promptement diminué dans une partie, êc accumulé dans 1'autre: ce qui ne fauroit avoir lieu, fans que le Fluide fe meuve dans ce Fer. Or, ce mouvement inftantané, ou du moins trés-prompt , ne fauroit fubfifter avec la propriété d'être un coercitif parfait, d'être très-difficilement perméable (b). La (a) [C'eft, comme nous 1'avons déja dit plufieurs fois, une fuppofition purement gratuite , qui fournit même des conféquences contraires aux faits: v. note d da %. 200. Pour que la loi des forces repondit aux Phé- •1 c j ■ m%3 n% 1 nomenes, il faudroit que—' ss: c. a. d. que & 1'Evacuation de CB étoit 1'excès en AC fut 1 a 2 no & conféquemment que la quantité de Fhiide fut varia- ble. N. d. T. ] (*'XfV. §■ 91- note c: §. 93. note b. N. d. T.J.  Dcla Communie, des Forces avtc des Poles. 389 La différence que ce Phénomène indique entre les Loix de f Éleétricité & celles du Magnétisme me paroit donc fubfifter dans fon entier. 3. De la Communication par frottement. §. a'03. Nous avons déja dit (§. 191.) quelles différences il y a a cet égard. II faut pour exciter le Magnétisme un certain frottement. Tout frottement eft indifférent pour l'Éleétricité. Pour exciter le Magnétisme, il faut, en faifant abftraétion du Magnétisme de la Terre, le frottement d'un Corps déja aimanté: au lieu que le frottement de deux Corps non éleétriques excite dans 1'un êc dans 1'autre une force qu'aucun des deux n'avoit. Ce fecond Phénomène me paroit indiquer une trés-grande différence: car, s'il eft certain, comme il 1'eft, que la force n'eft pas excitée dans ces Corps frottés parcequ'il y entre un Fluide étranger, mais feulement paree que le Fluide, quiy exiftoit, y acquiert une certaine fituation, il s'en fuit que le frottement agit bien plus puiffamment fur le Fluide électrique que fur le magnétique, puisque celuici , fi nous faifons abftraétion du Magnétisme terreftre, n'eft pas excité par le feul frotteBb 3 ment,  JQO I. MÉMOIRE. P. I. S. yil. Ch. III. ment, mais requiert, pour être mis en acHon, un Corps déja magnétique (a). §. 203*. Mais, quelque grande que me paroiffe cette différence, confidérons a pré-? fent la chofe d'une autre fiicon & faifons uniquement attention aux Poles, a la manière dont ils font produits; & voyons, s'il y a a cet égard quelque reffemblance ou quelque différence entre 1'Éleétricité & le Magnétisme. Ie (ployée, quelque moyen que .j'aye mis en.uf.ige, pour »' e5;  Dss différ-enees entre VEletlr. & F Aimant. 415 de tems, qui influent fur les Phénomènes éleétriques, n'agiffent pas de même fur les Magnétiques: que l'Éleétricité eft fort affoiblie par 1'humidité, & que le Magnétisme ne 1'eft pas: que rÉleétricité périt par le frottement de 1'huile &c. Ces différences ne me paroiffent pas ausfi grandes que les précédentes. i°. Tous les Corps, qui changent la force éleétrique fans agir fur la force magnétique, ïndiquent feulement,, ,, exciter, felon mon opinion, la fortie abondante du Fluide magnétique, ou fon entrée dans mes barreaux, ,,je n'ai jamais pü y obferver le moindre atöme de lu5) mière.'' M. le Comte de t* cepède même, trouve a cet égard une différence entre les deux Fluides: voici comme il s'exprime fur ce fujet (Effai fur ÏElecTr. T. II. -p. 41.) ,,fi le Fluide magnétique peut jamais éclairer, il ,,devra, ce me femble, être alors encore plus accumulé ,,quele Fluide éleétrique ne 1'eft lorsqu'il remplace la ,, lumière. Ne devons nous pas d'après cela le regarder comme compofé de particules plus dtvifées encore que ,, celles qui forment le Fluide éleétrique, puisqu'il ne ,,peut faire les fonétions de la lumière qu'en étant plus ,, accumulé que le Fluide éleétrique n'a befoin de 1'être ,,pour la repréfenter; & par conféquent, puisqu'il au,,roit befoin d'être très-accumulé pour produire les ef- fits que fait naitre le Fluide éleétrique, lors même pi qu'il eft a peine ramaffé?" N. 4 T.J  416* I. memöire. P.X. S. Vilt. ment, que plufieurs Corps agifiént fur 1'Électricité , 6c qu'il n'y a que lë Fer feul qui agit fur 1'Aimant. Ils appartiennent donc aux Corps dont nous avons parlé dans la fecondeSeétion, §. 8. feqq. a°. Il eft certain que 1'humidité affoiblit la force magnétique. C'eft ce qui paroit par les obfervations des plus anciens Philofophes, qui penfoient même que 1'Ail furtout pfivoit 1'Aimant de fes forces: mais, M. hanow (a) a prouvé que cela dépend de 1'humidité. 3°. I l eft prouvé par les Expériences de JVl. M. le roi 6c blondeau 6c par les miennes propfes (b), que les forces des barreaux aimantés font fujettes a des changemens continuels, fans qu'on fache jusqu'it préfent a quelle caufe il les faut attribuer principalemenï. II eft fut que les forces des Aimans font affbiblies paria chaleur. (§. 98.). Il fuit de tout ceci, que ces différences, étabiies par M. musschenbroek, ne font pas ausfi grandes qu'elles le paroiflbient d'abord. V. VE- (a) EriöMertc Merkwürdigke'ren , p. 354. O) [V. note a du §. 94. N. d. T. ]  Des différences entre VEletlr. fi? VAimant. 415 V- V EleElricité de VAimant. §. ai8. Voici enfin la dernière différence que M. musschenbroek trouveen* tre 1'Aimant 8c l'Éleétricité: c'eft que 1'Aimant peut devenir éleétrique, 8c qu'un Corps éleétrique ne fauroit devenir magnétique. En effet les expériences ont prouvé que les. Aimans, même ceux qui portent des poids, peuvent être éleétrifés, 8c qu'ils préfentent alors tous les Phénomènes ordinaires de l'Éleétricité. 1'Aimant regoit donc une nouvelle force, quoique le Fluide magnétique continue de produire fur lui les effets ordinaires. II regoit donc un nouveau Fluide, indépendant du Fluide magnétique, ou celui - ci regoit de nouvelles modifications, par lesquelles il peut produire des effets éleétriques, fi tant eft que les Fluides éleétrique 8c magnétique foyent le même, mais différemment mo~ difié. Au contraire, les Corps éleétriques, a moins qu'ils ne foyent de Fer, ne peuvent produire aucun effet magnétique. II en refulte donc i°. qu'au moins ces deux Fluides, le magnétique êc 1'éleétrique, agisfent felon des Loix différentes. a°.. Que leurs aétions ou modifications ne font pas retome I, Dd ci-  4iS {> mÉmoiri. P. f, S. IX. ciproques; puisque le Fluide magnétique peut être tellement modifié par 1'éleétrique, qu'il agit comme celui-ci: pendant qu'une femblable modification n'a pas lieu pour le Fluide élearique: différence qui paroit déjtechef trés-grande. SEC*  Obfervations générales & Conclafon. 41^ SECTION IX. observations generales et conclusion. §. aio. Il paroit fuffifamment prouve par tout ce que nous avons dit jusqu'ici, que les Loix, felon lesquelles les Fluides éleétrique èc magnétique agiffent, font totalement différentes, 8c même, fi nous faifons attention a plufieurs Phénomènes que nous avons cités en dernier lieu, je ne craindrai pas de conclure, que ces Phénomènes font totalement différens. Nous avons examiné les principaux Phénomènes de 1'attraétion 8c de la répulfion, nous n'avons rien dit de la force directrice 8c inclinatoirc 8c en effet 1'on faic que la force directrice n'eft qu'un effet de la force attraétrice de la Terre: mais il y a plus, M. aepinus (a) a fait une Expérienee élégante qui prou- O) Senno &c. 1. c. p. 261. [V. ausfi §. 87. 89. 91. du Mémoire de M. st'eig lehne r. J'ai au qu'il feroit Dda  4^0 I. mémoire. P. I. S. IX. prouve que des Corps éleétriques, préfentés £ d'autres Corps, fe dispofent d'une certaine facon. Voici cette Expérienee. Que la Bouteille de Leide foit garnie a fa furface extérieure d'un fil de métal, d'abord horifontal, Sc enfuite plié perpendiculairement. Qu'on prenne un petit carreau éleétrique , garni a chaque furface d'un court fil de métal. Qu'on élcétrife ce carreau, 8c qu'on le fuspende a un fil de foye. Si ori approche ce carreau de la Bouteille, il prendra différentes fituations, felon qu'on 1'approche de telle ou telle partie de la Bouteille, 8c ces fituations feront affez femblables -X celles que prend une Aiguille magnétique, qu'on fait mouvoir autour d'un Aimant: II y a donc une force directrice pour l'Éleétricité (b). §. 110. rok utile d'ajouterune figure. AEFCD (% 27.) eft 1* Bouteille : PA le Crochet, chargé pofitivement: C N B le Fil, appliqué a la doublure extérieure, & par conféquent négatif, Iqctt: le petit carreau éleétrique, dont 1'armurerf & le fil f m qui y eft appliqué font pofitifs: Sc la furface ou 1'armure ut & le fil cn font négatifs N. d. T.] (b) [La raifon en eft palpable: la Tige -PA de la bourciile attire le fil négatif nc p. ex. du carreau mais celui-ci eft repoufle par le fil négatif N B de la Bouteille, par conféquent, felon les différentes diftances ,  Obfervations générales {j? Conclufion. 42,1 §. aao. Au refte j'ai failement confideré les Analogies que foufniflent les Phénomènes, Sc non celles qu'on pourroit déduire des différentes hypothèfes. M. aepinus a employé le fyftême de M. franklin, tant pour 1'Éleér.ricité que pour le Magnétisme. D'autres Phyficiens en admettent d'autres pour 1'une 8c pour 1'autre de ces forces. Je vais en dire un mot. M. brugmans penfe, qu'il y a deux fortes de Fluide magnétique, uh auftral, un boréal 5 qu'ils font confondus dans le Fer> 8c que l'aétion d'aimanter, confifte a féparer ces deux Fluides 1'un de 1'autre (a). Beaucoup d'Expériences prouvent qu'il y a deux fortes d'Éleétricité M. wilke (éi) 8c M. bergmann (c) penfent qu'el- ces, ces deux forces contraires agiront plus ou moins pbliquement, & obligeront le carreau a prendre différentes fituations, tout comme en prendroit une Aiguille magnétique c n autour de la quelle 011 feroit mouvoir un Aimant, comme on fait tourner ici la Bouteille autour du carreau, fuspendu au fil de foye z e. N. d. T. ] (a) [Tentam. de Mater. Magn. prop. ii. p. 79- fe(11' N. d. T. ] (b) Mem. de l'Jcad. de Suede , Tome XXVIII. p. 33»« (c) HU. Trans. Vol. LIV. p. 84. Dd 3  tflt. I. mémoire. P. I. S. IX. qu'elles proviennent de deux Fluides éleétriques différens, & non comme, le croit M. franklin, de 1'excès ou du défaut d'un feul Sc même Fluide. M. wilke applique la même Théorie a 1'Aimant, & penfe, comme M. brugmans, qu'il y a deux Fluides magnétiques. II en conclut, qu'il y a de la reffemblance entre les manières dont les forces éleétriques Sc magnétiques fe communiquent. Mais, déja longtems avant -M. M. brugmans Sc wilke, M. eeles avoit trouvé des Théories pareilles tant pour l'Éleétricité que pour le Magnétisme: il avoit taché de les confirmer par des Expériences très-ingénieufes, II envoya dès le commencement de 1756, ce qu'il avoit écrit fur cette matière , a la fociété Royale de Londres: mais il eft arrivé par malheur que cette pièce n'a paru qu'en 1771. (d). Je ri'ai pas parlé de ces hypothèfes, ni d'autres femblables, par-' ceque j'ai cru que les Phénomènes nous fuf-' fifoient. $. aai. Je penfe donc, que FÉleétricité Sc (d) Phikfcfhkd F. fais, p. 47. feqq.  Obfervations générales & Conclufion. lij5 5c le Magnétisme font deux genres de forces, qui different totalement 1'une de 1'autre, Sc qui n'ont rien de commun que ceci> qu'elles attirent, & qu'elles répouffent toutes deux des Corps différens. Voici les raifons de mon fentiment : en les expofant je fais une courte reeapitulation de tout ce que j'ai dit ci-deffus. i°. Parceque le Fer eft le feul Corps fur lequel 1'Aimant agit, & que rÉleftricité agitfur un grand nombre de Corps. (§. 8.-§. 16.) a°. Parceque la pulvérifation, les fels, la vitrification n'empêchent pas que le Fer ne foit attiré par 1'Aimant; au lieu qu'ils modifient beaucoup les Corps éledriques. (§. 16.- 30. Parcequ'ie n'y a aucun Corps qui foit un vrai Conduaeur du Fluide magnétique , au lieu qu'il y en a beaucoup qui le font du Fluide élearique. (§• \6- — §• 68.) 40. Parceque, quand même on fuppoferoit que le Fer eft un Conduaeur du Fluide magnétique, il ne le conduiroit pas felon les mêmes Loix, felon lesquelles les Corps éleétriques conduifentle Fluide élearique, fo* que nous conftdérions les caufes qui changent 1'aaion d'un Conduaeur (§• 7*-— *• 79-) foit que nous conftdérions les effets de cette ac- tion ($. 69 — 7*- «• 79 — *• 89 )- Dd 4 S°- Par*  4H Ij mémoire. P. I. S. IX. 5°- Pa r c e q u'i l n'y a dans le Magné* tisme aucun Corps qui foit véritablement femblabie aux . Corps idioéleétriques. (§. 89.— §• 100.). 6°. Pa rce qu'il n'y a aucun Phénomène du Magnétisme qu'on puilTe comparer avec laBouteille .de Leidei foit qu'on confidere la grandeur de la force, ou la charge, & la décharge (§. I05. - §. Ia4. ) • foi6 qu'on condere la fphère d'aétivité. (§. ia4-§. 130*.) , 70. Parceque les Phénomènes de 1'attraéUon & de la répulfion font entièrement différens; foit que nous confidénons la grandeur de 1'attraétion (§. I3I.__§. ^ jfoic . nous fasfions attention a fa conftance (§. 146. —§. 147.), aux diftances aux quelles elle agit (§. I4a. _ §. ,45.} . fok enfifl k k r,_ pulfion, dans laquelle il y a ceci de commun, que la répulfion peUt être changée en attraétion. (§. i47. _ §. 15a ) 8°. Parceque le Magnétisme n'éprouVe pas le moindre changement dans le Vuide, (§• 155- — §• 169.) au lieu que les Corps éleétriques y font changés, au moins accidentellement. (§. 169. — §. ï8i.) 9°- Parceque les Loix, felon lesquelles les forces éleétriques & magnétiques fe com«uniquent, font totalement différentes, foit qu'on  Obfervations gé-nérales & Conclufion. 4*2.5 qu'on confidère la conftance de la force magnétique (§. i8a. ■—§. 187.) ou fa préfence fans avoir été excitée par le frottement; foit qu'on fafle attention a la manière dont le Fer 6c les Corps éleétriques doivent être frottés pour acquerir la force fóit magnétique, foit éleétrique (§. 191 —1 §, 194.), ou la perte des forces, qui eft nulle dans 1'Aimant, êc qui s'obferve dans 1'Éleétricité (§. 187. — §. 190.)» foit enfin qu'on rcflechiffe a la manière dont les poles, ou les forces contraires éleétriques êc magnétiques font produites (§. 196. —. §. ao4.), placées (§. ao5.) êc changées (§. •2.06. — §. ai9.); Phénomènes qui font tous trés - différens. 10°. Parceque le Fluide éleétrique posfède quelques propriétés qu'on n'obferve pas dans le Fluide magnétique, comme 1'Odeur (§. ai5,), la Lumière (§. ai6.), ou qui s'y trouvent dans un degré infiniment moindre, comme le fouffle êc lq fifflement. (§. 0,13. §. 114.). n°. Enfin, paree que 1'Aimant peut être modifié par l'Éleétricité êc non celle-ci par 1'Aimant (§. ai8.). Nous avons expliqué toutes ces différences au long dans le cours de ce Mémoire. Dd 5 §. aaa.  4/2,6 I. MEM© t RE. P. I. S. IX. §. aaa. Je penfe donc, quoique le con* fentement presque unanime des Phyficiens les plus éclairés me foit contraire, que je ne foutiens pas fans raifon, ou du moins fans quelque apparence de raifon, que le Magnétisme & F Éleétricité font deux genres de forces totalement différentes, qui n'ont presque rien de commun, ét entre lesquelles on ne fauroit guères établir quelque Analogie vraiment ainfi nommée. Mais, quoiqu'on ne puiffe faire aucune comparaifon entre ces Forces par rapport aux effets qu'ils produifent, aux propriétés qu'ils poffèdent, il ne s'en fuit cependant pas que l'Éleétricité ne change pas la grandeur des Phénomènes magnétiques, c. a. d. qu'elle n'a pas quelque influence fur le Magnétisme. Nous tacherons d'examiner dans la feconde Partie s'il y a a. cet égard quelque Analogie entre le Magnétisme 6c l'Éleétricité. Fin de la première Partie. S E C G N-  4*7 SECONDE PARTIE. DE L'INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LE MAGNÉTISME. INTRODUCTION. §. 17.3. tl).'ai déja dit que les Corps éleétriques, eu tant que tels, ne peuvent devenir magnétiques (§. ai8.); que 1'Aimant au eontraire devient électrique, & qu'il n'en exerce pas moins les effets magnétiques, de forte qu'il poffédé alors les deux forces a la fois. Lors que nous parions de 1'influence de ces deux forces, ce fera donc principalement de 1'influence de l'Éleétricité fur le Magnétisme qu'il faudra parler. C e qui doit fur tout nous occuper dans 1'examen de la Queftion, fi la force éleétrique influe fur la magnétique, c'eft, fi les ef-. fets que 1'Aimant produit aétuellement, ou qu'il a coutume de produire, font changés, ou pour leur grandeur, ou pour leur nature, lorsqu'on communiqué 1'Éleétricité a 1'Aimant ,  4a8 I. mémoire. P. II. CL l, mant, ou qu'on place celui-ci dans 1'atmosphère électrique. C'eft, fi je ne me trompe, le fens de la Queftion le plus fimple, 6c le plus étendu, & c'eft dans ce fens que je tacherai de la refoudre. Pour le faire avec ordre je diviferai en cinq Chapitres ce que j'ai a dire fur ce fujet. J'examinerai i°. fi 1'Aimant devient éleétrique, jusqu'oü, 6c s'il agit fur la force éleétrique: je parlerai a°. de 1'influence de l'Éleétricité fur les attraétions 6c fur les répulfions magnétiques: 30. de fon influence fur la force direétrice: 40. de fon influence fur 1'inclinaifon: enfin 50. de fon influence fur 1a communication des forces. CHAPITRE I. De rÊletlricité des Corps magnétiques. §. 2,24. Avant que de rcchcrcher fi les forces magnétiques font augmentées ou dimi. nuées par 1'Eleétricité, il s'agira d'examiner, fi 1'Aimant peut recevoir la force éleétrique. On trouvera certainement étrange que je paroiflé revoquer ce point en doute, puisque j'ai déja dit 213.) que 1'Aimant peut devenir élec-  De rÉleétricité des Corps magnétiques, 419 électrique. Mais, il y a quelques expériences qui pourroient nous en faire douter. M. gray a trouvé qu'un Aimant armé, portant un clou, 8c éleétrifé, produifoit a peu prés les mêmes effets que d'autres Corps éleétriques (a). 1'Abbé nollet a électrifé un Aimant naturel & un Aimant artifif ciel pendant dix heures de fuite, 8c ces Ai^ mans ont fourni fans interruption des écoulemens éleétriques, 8c d'autres lignes d'Electricité (b). M. blondeau a fouvent éleétrifé des barreaux d'acier bien aimantés; pourquoi donc douterons nous de ce Fait? Les expériences de M. winkler êc quelques autres nous y portent, §. vt$i M. winkler. dit (a) qu'il n'a pu communiquer aucune force éleétrique a un morceau de Fer, qui avoit fervi longtems d'armure a un Aimant naturel, qu'il n'en avoit pu tirer aucune étincelle. Dans cette expérienee on tenoit 1'Aimant contre le Globe oU O) Phil. TranfJtl. N°. 417. Art. j,; Vol. XXXVII. p. 31. (b) Recherches fur les Phénomènes éleüriques, p. 338. Mem. de l'Acad. 1747. p.' 3Z. (*) Essai fur l'Elettricité. $. 8j.  439 I- MÉMOIRE. P. II. Ch. X. ou le Plateau de la Machine. Mais, du Fef aimanté donnoit des étincelles a 1'ordinaire (b). J'ai fouvent repété cette expérienee, mais elle eft contraire a la précédente & a celles que M. blondeau" a fouvent faites il y a peu d'années. Ce Phyficien a trouvé que 1'acier" bien aimanté eft peu propre a tirer 1'étincelle éleétrique. II a promis de traiter cc fujet plus en détail dans le fecond Volume des Mémoires de 1'Académie de Marine : mais cet ouvrage n'a pas encore paru que je fache. De plus, M. wilson (c) s'eft fervi avec le plus grand fuccès de barreaux aimantés en guife de Conduéteurs, ou de tiges de la Bouteille de Leide. Enfin M. winkler (d) a trouvé , qu'un très-petit Aimant n'acquiert pas la vertu éleétrique, fi on 1'approche d'un globe ou d'un Verre éleétrifé; mais que le même, foit nud, foit armé, ainfi qu'une armure approchée du Conduéteur de la machine, acquiérent une telle force, que les étincelles qui en fortentj allument fur le champ les huiles esfentielles. 115*. ,,{b) ibii. §. 86. (c) Treatife of Eleïlrk'ly p; itq. ferq. (,d) Essai fur ÏEliötncité. 'i. 87. 88.  De TÊkblrkité des Corps magnétiques. 431 §. 11$*- On voit combien ces Expérien•ces font contradiétoires, mais les contradictions ne finilTent pas encore: car nous en trott* vons de pareilles en pafTant des Machines élecïriques aux Corps qui paroiffent douês d'une Éleétricité naturelle, je veux dire aux Torpilles & a V Anguille de Cayenne, qu'on fait actuellement avec certitude être des Corps électriques, qui fourniffent même 1'étincelle (a). Ces poiffons produifent, lorsqu'on les touche, une commotion femblable a celle de la Bouteille de Leide. Or, M. ba jon (b) a trouvé qu'il ne fentoit aucune commotion en préfentant a 1'Anguille de Cayenne un barreau de Fer bien aimanté , au lieu qu'il 1'éprouvoit en la touchant immédiatement après avec une lame d'argent. Phénomène qui me paroit trèsfingulier, puisque M. 'sgravesande a prouvé par fes expériences (e) qu'on éprouve prin- (a) [ C'eft ce qui a été prouvé en détail par les belles expériences de M. walsh qu'on trouve dans les Philif. Tranfafl. Vol. LXIII. p. 461. Vol. LXIV. p. 46c. Journal de Phyf. Tome IV. p. 205. Mm. de l'Acad. de JSruxelles, Tome III. p. 5. de l'Hiftoire. l'E«périence de Ir'Électjicité met le fceau a toutes les autres. (b) Jouw. de P/iyf. Janv. 1774. p. 51. (e) 4£la Uelvstica. Time II. p. 33.  43a I. mémoire. P. II. Ch. I. principalement le choc de 1'Anguille en la touchant avec du Fer ou de 1'Acier j Sc qu'il fuit de celles de M. williamson (d), que la commotion de 1'Anguille eft parfaitement transmife par un barreau de Fer de douze pieds. La Force magnétique, le feul Fluide magnétique, changeroit - il donc fi fortement le Fer a cet égard? Voila bien des contradiétions, Sc des contradiétions bien grandes: qu'en faudra-t-il penfer? §. 2,15**. Pour ce qui eft des expériences da M.. winkler, il eft clair, en les fuppofant même au-deffus de tout doute, qu'elles indiquent feulement, que le Fer aimanté recoit le Fluide immédiatement du Verre avec beaucoup plus de difficulté que du Conducleur de la Machine, ce qui, quelJ qu'étrange qu'il put paroitre, n'indiqueroit cependant , felon les Expériences de M. winkler lui - même, aucune aétion particuliere entre 1'Aimant Sc l'Éleétricité, puisque ce Phyficien a trouvé la même chofe pour la Viande, qui acquiert a peine l'Éleétricité lors- (d) Memoires de' la Société de Haarlem, Temi XVII. Partie II. p. 103, 1  De VÈletfricité des Corps magnétiques. 43 J lorsqu'on la préfente au Verre même: rn:iis une tres-forte, fi on 1'approche du Conducteur. Ces expériences, confidérées de cette fagon, comme il le faut, ne nous regardent donc pas dans la matière préfente. Mais, il s'en faut de beaucoup que j'acquiesce entièrement a ces expériences de M. winkler; car, je ne m'étonne pas qu'il ait pu arriver que l'aile d'une armure ait acquis difficilement 1' Éleétricité par communication, parceque ces ailes font ordinairement couvertesde rouille, & que leFer rouillé acquiert l'Éleétricité plus difficilement que le Fer poli. Quand 1'armure n'eft pas rouillée, elle acquiert 1'Électricité ausfi bien que'tout autre Fer, comme 1'expérience me 1'a appris; & on auroit facilement pu prévoir qu'il en doit être ainfi, puisque les armures féparées de 1'Aimant ont a peine quelques force magnétique, & qu'il eft certain que le Fer eft un des meilleurs Conduéteurs;.ausfi M. nollet a-til toujours employé pour Conduéteurs dés barreaux de Fer {olide. Cette Expérienee de M. winkler ne prouve donc rien; & il eft fur par celles • de M. nollet, & d'autres Phyficiens, Sc par les miemies propres, que 1'Aimant peut acquérir la force éleétrique. t ome I. Et § 3/2,6*.  434 X* mémoire. P. II. Ch. I. §. aaö. Mais, que penferons nous de la contradiétion qui fe trouve entre les expériences de M. M. winkler 8c wils on 8c celles de M. blondeau? Les premiers affirment que le Fer aimanté eft trés-bon pour tirer des étincelles, & le dernier foutient qu'il n'y eft guères propre. j'avoue que j'avois d'abord beaucoup de penchant a croire, qu'il s'étoit rencontré ^ dans le tems que M. blondeau a fait fqs expériences , quelque circonftance qui avoit affoiblie 1'Éleétricité fans que ce Phyficien s'en fut appercu, & qu'ainfi il auroit pü attribuer cet affoibliflèment a la lame même dont il lè fervoit. Mais cette conjeét'ure eft détruite parceque cet habile Profeflèur dit: qu'il en eji certain, & qu'il traitera cette matière pltis en détail par la fuite. j'avoue donc ne pas favoir ce qu'il faut penfer fur ce fujet. En attendant j'ai fouvent médité la-deffus: je me fuis dit que cet effet dépendoit, ou du Fer . même, ou du Fer aimanté, 8c j'ai confulté 1'expérience. Ex per. I. Jf'ai pris un barreau de Fer pur, ou du moins qui ne poffedoit qu'une force extrèmément petite j & un autre barreau qui en poffedoit beaucoup. Ces deux barreaux étoient parfaitement égaux, .& égale»: .mest  De VEleilnciiê des Corps magnétiques. 435 iment durs. J'ai trouvé qu'ils tiroientdu Conduéteur des étincelles également grandes, & fans aucune différence quelcbnque, lorsqu'ilfi étoient placés a la même diftance. Ex per. II. J'ai pris un excitateur ordinaire de laiton. J'ai tiré fétincelle, & j'ai trouvé quelque différence: ce qui n'eft pas étonnant, puisque 1'excitateur étoit garni d'ujne boule, & n'avoit pas d'angles comme le barreau magnétique; & que le cuivre eft un meilleur Conduéteur que le Fer, comme M. PRiesteey 1'a trouvé. Ex PBR: III. J'ai enfuite chargé la Bouteille de Leide, & j'ai placé 1'Eleétomètre de manière qu'il déchargeoit la Bouteille après trente rcvolutions du plateau. Expér. IV. J'ai dérechef chargé la Bouteille: j'ai placé le barreau de Fer fur 1'Electromètre & a la même diftance: la Bouteille fe déchargeoit après quarante revolutions du plateau: ce qui n'eft pas étortnant a caufe des raifons données ci-deflus. Exp Ér. V. J'ai pris le barreau aimanté, que j'ai placé fur 1'Éleétromètre, de la même, manière £c a la même diftance. La Bouteille fe déchargeoit après quarante revolutions dn plateau. i'AV0U£ qu'en confidérant le fuccès dé  43<5 I. mémoire. P. II. Ch. I. ces Expériences, je conclurois volontiers fans héfiter, que le Fer aimanté eft ausfi propre a tirer 1'étincelle que le Fer pur. 11 vaudra cependant mieux attendre les expériences ultérieures de Mr blondeau, avant que de prononcer avec trop de hardieffe. §. 2.27. Passons enfin aux Expériences que nous avons dit avoir été faites fur, 1'Anguille éleétrique. Cette expérienee eft,je crois, unique: mais fuppofons qu'elle foit générale. II s'en fuivroit, que le Fer aimanté diminue la force électrique de 1'Anguille, '6c il femble én effet qu'il y ait quelque aétion particuliere entre ce poiffon 6c 1'Aimant. Les obfervations de M. schilling (a) paroiffent prouver cette opinion. Ce iavant Medecin a trouvé i°. que les Torpilles, placées dans le voifinage de 1'Aimant, en font attirées, 6c y reftent enfin appliquées; mais que la force de 1'Aimant doit être proportionnée a la grandeur de la Torpille. o°. Que les Torpilles fe détachent avec peine de 1'Aimant, qu'elles font alors languiffantes, 6c qu'on les peut manier (a) G. W. schilling, D'mtribe de Morbo in F.urtfê pene ignoto, Jaws ditïo. Traje ad R/tejium, 1770. 8°.  De V JLleblricité des Corps magnétiques. 437 nier fans aucune incommodité. 30. Que, lorsque la Torpille s'eft détachée de 1'Aimant, celui-ci paroit couvert de particules de Fer, tout comme lorsqu'on le plonge dans de la limaille. 40. Que la Torpille qui languit rer couvre fes forces, quand on mêle de la limaille de Fer a 1'eau dans laquelle elle nage. Tout ceci indique réellement que la Torpille contient du Fer, qui eft attiré par 1'Aimant: qu'elle s'affoiblit alors: maisilne s'en fuit pas, quoique la commotion de la Torpille foit réellement électrique, que 1'Éleétricité n'eft pas conduite par le Fer aimanté, ou qu'elle eft affoiblie par le Magnétisme. Nous penfons donc, qu'on ne fauroit tirer cette conclufion des Expériences de M. M. ba jon cc schilling: mais nous penfons en même tems, qu'il eft fort probable, en vertu de ces Expériences, qu'il y a entre la Torpille Sc 1'Aimant une affinité particuliere, qui n'eft; pas encore fuffiiamment comnue (b) [J'ai rapporté les Expériences de M. schilling cxiétement comme elles fe trouvent dans fon ouvrage , je ne doutois pas de leur certitude.: cependant il s'eft .trouvé que ces mêmes expériences, repetées en Europe par d'habiles Phyficiens, n'ont pas eu le même fuccès qu'en3 Ee 3  |!38 I. sïÉmoiré. P. ÏI. Ch. I. §. aa8. Nous avons donc vu crue 1'Aimant & le Fer aimanté pcuvênt devenir élec; tri- qu'entre ks mains de M. schilling. C'eft aux foina.. de M. hahn, celèbre Profeffeur de Medecine a Leide,qu'on eft redévable des éclaiiciffemens acquis fur cette matière. Cet habile Medecin 8c Phyficien avoit déja entrevu dans les expériences de M. schilling des circonftances, qui le faübient douter, non des faits, mais des conféquences déduites de ces faits, 8c qui 1'engageoient a penfer que ks Phénomènes obfervés par M. schilling fur 1'Anguük de Suriname, (car c'eft a ce Poiffon feul qu'il faut reflreindre ici • la dénomination générale de Torpille) poutroient bien être dus aux effets du Poiffon iitité, enfuite a fon épuifement naturel; au' fable magnétique que les fleuves de 1'Amérique charient, & dont la peau glnante de 1'Anguille pouroit être abondamment couverte , 8c qui de fait fe trouvoit enfuite adnërer a 1'Aimant: enfin a la reftauration des forces de f1 Anguille, par le tems, par le repos, peut-être par 1'ufege de la limaille. Telles étoient les conjeétures bien naturelles du favanr Profeffeur; 8c peut-être s'y feroit-il tenu, fi fes doutes 8c fa curiofité n'avoient été reveillées par une lettre de M. schilling qui lui marquoit, que les Expériences fur le Magnétisme de 1'Anguille font confhntes, 8c qu'il efpéroit d'en déduire dés chofes utiles, Vóyez fur tout ceci la favante Préface que M. hahn a mife a k Tete du Livre de M. schilling , intitulé de lepra Commentatimei\ Uidae 1778. 8°. M. hahn invita les favans a faire des Expériences fur ce fujet, furtout dansim tems oii 1'on parfait beaucoup de guetifons magnétiques; remède auquel M. hahn ne croit pas, quoiqu'ii  De VÈleélricité des Corp magnétiques. 439 triques, & qu'ils agiffent alors comme des Corps éleöxifcs. Mais, les Corps éleftriques n'ac-> ne veuille pas entièrement nier 1'influence de la force magnétique univerfelle fur le Corps humain. Cette invitation engagca M. ingenhousz, qui fe trouvoit a Londres, a faire les expériences néceifaires fur 1'Anguille éleétrique qui étoit alors dans cette Ville, & il s'affocia. pour cet effet M. beerenbroek, Doéteur en Medecine. II fit a M. hahn dans fa lettre du xi de Juin 1778. le rapport fuivant de fes Expériences. „ Etant ,,pourvus de forts barreaux magnétiques & de Bouffo,,les, nous avons repeté les Expériences de M. schilling avec toute 1'attention posfible, mais nous n'a- „vons eu aucun fuccès. L'Aiguille aimantée ne ,,fut aucunement agitée a 1'entour du Vafe dans lequel. ,,fe trouvoit le Poiilbn, ni dans ce vafe, pas même a. ,,la diftance d'un pouce- de 1'Anguille. Celle-ci étoit ausfi infenfible a un fort barreau aimanté qu'a une „ lame de métal quelconque: elle n'en étoit nullement,, agitée, mais fe comportoit comme avec d'autres mé„ taux. Elle perdoit fi peu de fa force éleétrique quand „on placoit deuxou trois forts Aimans au deffous d'el„le, qu'elie donnoit de fortes commotions a ceux^ui, „tenoient les deux mains dans 1'eau au-deffus de ces La- 5J mes> Je n'ai pas negligé de parler fur ce fujet „a M. walsh , qui a tout mis en oeuvre pour exa„miner fans préjugé les prétentions de M. schil„ling : il m'a prié de vous affurer de la haute conli„dération qu'il a pour vous, 8c de vous. marquer avec. „certitude pleinière en fon nom, que le prétendu ma- Ec 4  44-0 I- MÉMOIRE. P. II. Ch. T. n'acquièrent pas la vertu magnétique, a moins qu'ils ne foyent de Fer. L'Aimant n'auroit-il donc „ gnéti.-me de i'Anguille trcmblante n'a pas Ia moindre „ vraiiuTihlsi'Ce." Voici les réflexions que M. hahn a faites iur certe lettre. ,, Le témoignage de M. ingen„housz, joint a celui de 1'illullre M. walsh & du ,,Dr. eeerenerof,k, ne lailfe guéres de doute que „ M. schilling n'ait été trompé dans fes expériences „par quelque ciiconftance: peut-être par le fable ma„gnériqïie, dans lequel les Anguilles fe vautient, 8c „dont Jcur p,au peut quelquefois être couverte, ainfi „que je 1'ai conjeéturé dans ma Preface du traité de „La Lepre. II eonviendra cependant d'attendre les éclair„ciilemens ultérieurs de M. schilling a Paramaribo, „ avant que de porter un jugement décifi; fur tout ce.,ci." j'ai cru devoir faire une mention détaillée de ees Expériences , pour prevenir les erreurs dans les quelles celles que j'ai alleguées dans le Texte pourroient induire. Tout cet article efi tiré (Tun Journal Holiandois 'ln'titulé Genees- en- Natuurkundige Jaarboeken. Tome I. Part^ II. p. 142. Les Expériences de M. ingenhqusz viennent d'Stre^conlLmées par celles que 1'Abbé »palanzani a faites. fur lés Torpilles de la Mer - Méditerrante , 8c dont il a configné les refultats dans une lettre inprimée dans les opusroii fcehi Vol. VI. partie 2. Voici la traduétion de ce qui concerne les obfervations du celèbre Abbé fur le Msgnérismc de la Torpille; je la dois aux foins obligeans de M. senebier, qui m'en a fait part. „Je me fuis fervi, dit le ccèbre Natuuiifte , d'ijn Aimant, qui ponoit cinq livres 8c denne, 8c d'un „autre  De VEleElricité des Corps magnétiques. 441 . donc aucune influence fur 1'ÉleÊtricité? II fe pourroit que les écoulemens magnétiques, mê- lés autre qui portoit treize livres: j'employois le premier ,,pour une Torpille du poids de vingt-trois onces, & la ., fecond pour une Torpil.e du poids de cinquanre deus onces. Je ne puis exprimer en combien de manières ,,j'ai tenté & repeté les Expériences, foit en appro-,,chant trés - prés 1'Aimant des Torpilles nageant fur 1'Eau, ou hors de 1'Eau, ou en les tenant fuspenduts en 1'Air par de petites cordes avec les Aimans, de manière que les Torpilles étoient ausfi proches qu'il 5, étoit posiïble des Aimans, & qu'elles devoient fe tou-,cher d'abord s'il y avoit eu la moindre attraétion; ., foit en mettant les Torpilles en contact immédiatavec ,,les Aimans; foit en obfervant de placer les A mans vers les parties du poilfon , ou la fecouife communi,,quee eft la plus forte [fav. vers le milieu du dos]; foit en faifant ces Expériences fur les Torpilles les plus vives, comme fur celles qui languiffoient, & qui ,, illoient mourir : mais je puis dire avec la plus grande ,,candeur, que je ne me fuis jamais aprercu non feu,,lemenr que les Torpilles fufl'ent attirées par 1'Aimant, ,,mais même je n'ai jamais vu qu'elles s'en approchas,,fent en aucuue manière, ni qu'elles donnaflent le ,, moindre figne qui atinoncat qu'elles fuffent ou agitées -,ou remuées par la préfence de 1'Aimant: 1'attouchea,ment de 1'Aimant fur la Torpille n'y produifoit pas „ plus d'effet que celui d'un morceau de bois , & il ne „falloit pas pius de force pour enkver 1'Aimant que .j, celle qui étoit néceflaire pour vaincre la réiillance pro- dui- Ee 5  4+2 I- MÉMOIRE. P. II. Ch. ï. lés aux éleétriques, diminueroient la force de ceux-ci. Je ne connois d'autres Expériences fur ce fujet que celles de M. winkler (a), lesquelles fe reduifent a ceci: qu'un Aimant ifolé, placé prés du plateau ou du globe de la Ma- ,,duite par fon poids. Quoique j'examinaffe les Tor?,pilles touchées par 1'Aimant, foit a 1'oeil nud, foit ,,avec des verres, je n'ai pas remarque la plus petite ,,parcelle de Fer: d'oü il refulte que mes expériences contredifent celles du très-célèbre Medecin d'Utrecht ,,[M. schilling]. Dois-je donc les nier, en les. ,,faifant regarder comme 1'ouvrage de 1'imagination , ou comme de pures vinons ? Je n'irai pas fi loin: je ,,prierai plutot ce favant Hollandois de me permettre la .5, fuspenfion de ma croyance pour fes expériences, jus- qu'a ce qu'elles foyent mifes hors de doute par quelque ,, Philofophe impartial." Ces expériences de M. spalanzani, jointes a celles des Phyficiens de Londres dont nöus avons parlé, font bien propres, ce me femble , a fixer les idéés fur ce fujet. Je remarquerai encore, a 1'occafion de 1'épuifement que M. schilling a obfervé dans les Torpilles qui avoient éprouvé 1'action de 1'Aimant , que M. spalanzani a trouvé, que cet Animal perd peu a peu la faculté de communiquer la fecouflè , a force d'en faire part: que lorsque le poiffon eft tiré de 1'eau, & qu'il eft fur le point de mouw, on ne fent pas de coups furs & detachés, mais une fuite de trés - petits coups: il a compté trois - cent-feize fecouffes en fept- mihutes. Toutes les fecouffes finfilent un peu avant fa vie. N. d. T.] (a) Efiai fur ïÉleclrïcité. §. 89.  De VÊletlrkité des Cotps magnétiques. 44,3 Machine, diminue 1'ÉleérTicité, tant pendant qu'on tourne le plateau, que quelque peu de tems après. La première fois ce Phyficien a éleétrifé le même jour (a ce qu'il femble) d'abord fans avoir approche 1'Aimant, enfuite immédiatement après 1'avoir approché; Sc il a trouvé alors un affoiblilTement de forces éleétriques fenfible. L'autre fois il a d'abord .examiné la force du globe qu'il trouva trèsgrande: ce ne fut que le lendemain qu'il ent approcha un Aimant, Sc il trouva que 1'Électricité étoit alors beaucoup plus foible. Immédiatement après il- employa un autre globe ^ Sc il en trouva 1'Ékélrieité forte. Enfin lc Verre qui fcmbloit aftoibli par l'aétion de 1'Aimant, avoit recouvré fa force au bout de quelques jours. §. aao. J'av o u e que ces Expériences mentent beaucoup d'attention : qu'il y a d'un coté des raifons qui pourroient faire naitre quelques doutes; mais que de l'autre, 1'habiÜté reconnue de leur Auteur, Sc quelques; circonftances mêmes de ces Expériences empêchent d'établir avec certitude, que cet affoibliffement n'eftpas du a l'aétion de 1'Aimant, mais a des circonftances étrangcres, qui fe ren^ontrent toujours dans les Expériences éleétriques.  444 ï- mémoire. P. II. Ch. I. ques. Ce qui me feroit douter, c'eft cet affbibliffement qu'on dit avoir lieu encore quelque tems après que 1'Expérience eft achevée. .Car, 1'Éleétricité excitée dans le Verre depend, ou d'un Fluide, qui reilde naturellement dans le Verre, ou d'un Fluide qui vient de dehors: ft la première alternative a lieu, il faudra établir que 1'Aimant diminue la quantité naturelle du Fluide, 8c que celle-ci revient enfuite dans le Verre, qui recouvre fes premières forces: mais, d'oü vient-il? Si c'eft le fecond cas qui a lieu, 1'Aimant devroit acquerir 6c recevoir la quantité de Fluide qui entreroit fans cela dans le Verre, 6c 1'en détourner: mais en ce cas ne devroit-il pas être rendu fort éleétrique lui-même : 6c d'oü viendroit alors cet affoibliftement qui refte après 1'expérience ? Enfin fi ces expériences font au - dcftus de tout doute, comment fe pourroit-il que 1'Abbé nollet n'eut trouvé aucun affoibliftement d'Elcétricité après avoir éleétrifé des Aimans pendant dix heures? Je ne puis donc que refter en doute, 6c je pencherois a croire qu'il s'eft mêlé ici quelques circonftances étrangères. M. winkler lui - même ajoute avec une modeftie digne d'un vrai Philofophc: J'ai rapporté ce que j'ai vu: mais je n'exi„ ge pas qu'on en tire des conclufions gêné* 99 **"  De l''Eleélricité des Corps magnétiques. '445 „ rales, comme fi je voxüois établir.avec cer„ titude que la force magnétique empêche ou diminue la communication de rÉleélricité." §. 230. C'est ainfi que je raifonnois. Je n'ai cependant pas negligé les Expériences: je les ai fouvent repetées de la manière fuivante. Ex per. VI. J'ai pkcé 1'Eleélromètre a. une telle diftance du Conduéteur, qu'en n'employant aucun Aimant, il n'en fortit pas d'étincelles continues, mais feulement avec interruption, de forte qu'on pouvoit compter le nombre d'étincelles quifortoient du Conduc■ teur pendant un certain nombre de revolutions du plateau. Expér. VII- J'ai enfuite fuspendu a un fil de foye & trés-prés du plateau une lame d'acier pur, non aimanté, & que je favois être parfaitement ifolé. J'ai dérechef compté le nombre des étincelles: êc je 1'ai trouvé quelquefois ausfi grand, quelquefois plus petit que dans le cas précédent: ordinairement plus petit. Exp Ér. VIII. Enfin j'ai fuspendu de la même manière un barreau bien aimanté, & -j'en ai agi de même: je n'ai trouvé aucune différence dans la vivacité des étincelles, ma»  44<5 jt> m!moiré. P. II. Ch. I. mais leur nombre a quelquefois été plus grand & quelquefois plus petit que dans 1'expérience précédente. Cette inégalité me paroit dépendre de ce qu'il s'échappe toujours un peu de Fluide, tantót plus, tantöt moins, felort la diverfe pofition des angles. §. 231. Ces Expériences auroient pü fuffire: mais il m'a femblé que je devois procéder encore d'une autre manière: j'ai donc fait les Expériences fuivantes. Ex per. IX. J'ai établi au moyen d'une chaine une communication entre la Bouteille, le Conduéteur, 6c 1'Eleétromètre. J'ai compté combien de revolutions du plateau il falloit pour décharger la Bouteille, 1'Eleétromètre étant a une certaine diftance du Conducteur. Et comme je favois que ce nombre n'eft pas toujours le même; j'ai repeté 1'Expérience trois ou quatre fois. Exp Ér. X. J'ai enfuite repeté 1'Expérience, mais avec cette différence que j'avoié fuspéndu prés du Conduéteur urt barreau dc Fer bien aimanté. Le nombre des revolutions du plateau néceffaires pour décharger la Bouteille, a dü être ausfi grand, 6c quelquefois; plus grand que dans 1'Expérience précédente. Expér. XI. J'ai employé enfuite un bar- reait  De VEleclricïté des Corps tnagnêtiquesl 447 reau fortement aimanté. Le nombre de revolutians a dü être quelquefois ausll grand, quelquefois plus petit, quelquefois plus grand que dans 1'Expérience précédente. Et même cn repetant plufieurs fois ces deux Expériences alternativement, j'ai trouvé de grandes différences dans ces nombres. I l paroit donc que 1'Aimant n'a aucune influence pour augmenter ou pour diminu.er l'Éleétricité: êc, fi 1'on joint mes Expériences a celles de M. nollet, & qu'on fait en même tems attention a ce que nous avons dit de celles de M. winkler, on trouvera, a ce que je penfe, que celles - ci doivent leur origine, non k l'aétion de 1'Aimant, mais k quelques circonftances étrangères. J e conclus donc de tout ceci, êc ce me femble avec raifon, qu'il eft au moins probable que lc Magnétisme n'a aucune influence fuf 1'Éleétricité. (a). (a) [ M. hemmer approuve cette Conclufion. N. d. T. j CFUè Vlittmblhn. 44^ heures de fuite deux Aimans, 1'un naturel, l'autre artificiel: le premier portoit quatre livres fix onces, dix gros: l'autre dix onces 8c dix lépt gros. II a trouvé que les forces étoient les mêmes, après que ees Aimans avoient été éleétrifés, qu'auparavant: d'oü il a conclu, 6c a jutte titre, que les forces des Aimans ne font ni augmentées ni diminuées par les écoulemens éleétriques qu'on dirige fur eux. M. wils on (b) a trouvé la même chofe en appliquant pendant vingt minutes au Conducteur des Aimans: 6c même en faifant paffer plufieurs commotions a travers ces Aimam. Qui fe refuferoit a ces Expériences? Confidérons celles de M. blondeau; C e Phyficien a trouvé le 19 Juillet 1773 (V) qu'un Aimant en forme de Fer a cheval, portant 4 livres 6c ai gros, portoit étant élcétrf* fé quatre livres 6c demie, 6c ti gros, ou que 1'attraction étoit augmentée d'une demi-livre. Le 15 du méme mois un Aimant artificiel compofé de plufieurs lames, portoit cinq livres 6c neuf ou dix onces: éleblrijé foiblement. ü portoit deux livres deux onces de plus. %■ *34« '(£) [Treatife of Eletfrkity. p. 220. N. d. T.] (c) Mem. de i'Acai. de Mmw. Tome I. p. 434, ? • M £ I. Ff  45^ t- mÉmcire. P. II. Ch. II. §. a.34. On voit combien ces Expériences font contraires aux précédentes. J'avoue qxie 1'excès que M. blondeau a trouvé dans la force des Aimans éleétrifés eft fi grand, qu'il rend ces expériences peu croyables: Sc elles me paroilTent d'autant plus douteufes, que ce Phyficien ajoute avoir fait d'autres eflais^ mais fans fuccès, parceque ces Expériences font très-difficiles. J'en fuis fur pour 1'avoir eprouvé moi-même. Mais, quand toutes les Expériences de M- blondeau s'accordetoient parfaitement, Sc préfenteroient le même réfultat pour les Aimans éleétrifés, on n'en pourroit pas legitimement conclure que 1'Aimant éleétrifé foutient un plus grand poids: car il leur manque une circonftance eflentielle: M. blondeau auroit dü faire voir non feulement que 1'Aimant éleétrifé foutient urt plus grand poids, mais encore qu'il perd cet excès quand On cefle d'éleétrifer: or c'eft urt point que ce Phyficien a paiTé fous filence. Car, fi 1'Aimant ne laiflé pas tomber le poids én queftion, après que l'Éleétricité a cefle, cet excès ne dependra pas de l'Éleétricité même: a moins qu'on ne voulut foutenir qu« 1'Aimant a acquis par cette Éleétricité unc augmentation de force qui continue, quoique le Fluide éleétrique [qui le caufoit] fe foit reti»  ï)e V Jitrablibn. 451 fCtiré: altcrtion qui n'eft, ce me -femble, appuyée fur aucune preuve. Je penfe donc pour ces raifons, que les Expériences de M. blonfiEAu ne prouvent rien. §. 135. On dira peut-être fi le luccès de fées Expériences eft certain, Sc s'il ne depend pas de rÉleétricité, quelle caufe lui asfignera* ï-on donc? Je qpenfe qu'il depend de plufieurs circonftances. i°. Quand on a fuspendu un grand poids a 1'AimAnt, il tombe fouvent, Sc le nouveau poids qu'on y peut fuspendre n'eft paS toujours le même > il eft quelquefois plus grand j fouvent, Sc même d'ordinaire plus petit, Sc il diminue beaucoup s'il tombe fouvent. Or j'ai trouvé dans le cours des Expériences que j'ai "faites fur ce fujet pendant deux ans, que ces différences montent quelquefois a !une demilivre, a une livre, Sc même a une livre Sc demie. ia. Dis que le poids eft attaché a. 1'Aimant , les forces de celui - ci augmentent, dé forte qu'il peut foutenir peu après un poids beaucoup plus grand; ce qui arrivé furtout i°. fi 1'on fuspend le poids par parties, quoiqu'il fe pafte quelque tems entre les différentes parties qu'on ajoute fuccesfivement. a°. Si le plufFf 2 grand.  45* I- mémoire. P. IL Ck. II.' grand poids qu'on peut fuspendre a 1'Aimant a été auparavant beaucoup diminué de la manière que je viens d'indiquer: enfin, 1'Aimant accroit en force par la coutume (a), comme nous 1'avons déja dit dans la première partie de ce Mémoire, Sect. VI. Chap. I. (§. iö-i. note c). Telles fónt, ee me femble, les caufes de 1'augmentation que M. blondeau a trouvée. L'inconftance même de cette augmentation prouve qu'elle ne depend pas de l'Éleétricité entaat que telle. Au refte M. blondeau dit avoir inventé un autre inftrumcnt pour pouvoir faire ces Expériences avec plus d'exaétititude: mais cet inftrument n'eft pas encore décrit que je fache. §. a36. Ces Expériences font, a ©e qu'il me femble, extrèmément difficiles. J'ai fait quelques eiTais: i°. fur 1'attraétion en contact: \i0. fiir 1'attraétion a quelque diftance. Je me fuis fervi pour cet effet d'un appareil femblable a celui de la foixante-fixième Expérienee, de la première partie de ce Mémoire (§•133-) (a) Voyet entre autres «azin Eefcr. det Cturant mai fattiquet] p. 33. 34.  De VJttraBion. - 455 '(§. 133.) mais plus parfait, 6c plus mobile. J'ai employé, au lieu d'une Aiguille de cuivre une latte de bois trés-legére [fuspendue de champ] a 1'une des extrémités de laquelle'eft attaché un fil ordinaire, ou un fil de laiton trés-mince, au quel on fuspend le Corps qu'il s'-agit d'examiner. A l'autre extrémité il y a un cheveu, qui pafte fur un cilindre de Verre, 6c auquel ou fuspend le contrepokls néceflaire pour 1'équilibre. Le tout eft renfermé dans une boite de bois couverte d'une glacécette boite eft fermée de tous cotés: il n'y a que deux fentes d'ouvertes, par lesquelles paffènt le fil de laiton, 6c le cheveu. En voila affez de mon appareil. Expér. XII. Jxai fuspendu au fil de laiton une boule de Fer. J'ai placé au coté &£. en contact un barreau aimanté ifolé. J'ai examiné quel poids il fa-lloit pour détacher la boule de 1'Aimant, 6c j'ai repété cet examen deux ou trois fois. J'ai joint au barreau ifolé une chaine de cuivre pour y conduite rÉleftricité: j'ai éleétrifé, 6c je n'ai trouvé aucune différence. L'accroiflement 8c raffoiblilTement, qui paroilfoient quelquefois avoir lieu, tomboienc entre ks limites des poids qui-' avoient été né* celfaires pour arrachcr ranneau du barreau Ff 3 non  454 I- mémoire. P. II. Ch, II. non éleétrifé, ert faifant 1'expérience a- divcr* fes reprifes. §. a37- L'appareie dont je me fuisfervi pour les Expériences faites a une certaine diftance eft le même ; mais alors je place entre le barreau aimanté 6c la boule une lame de Verre, pour que les écoulemens éleétriques ne parviennent pas a la boule: car, comme celle - ci eft trés - mobile, elle feroit mife en mouvement par ces écoulemens, ce qui trou* bleroit le fuccès de 1'expérience: ft la boule n'étoit pas ifolée il y auroit attraétion: fi elle 1'étoit, répulfion: dans Je premier cas, 1'at» traétion magnétique paroitroit augmentée, & dans l'autre diminuée, quoique cette augmentation 6c cette diminution ne devroicnt pas être attribuées a une augmentation ou a un§» diminution de forces magnétiques} ausfi m'ar-» rive-til d'interpofer non feulement une lame de Verre j mais d'en employer deux ou trois. Exp Ér. XIII. J'ai fouvent fait des Expénences felon la méthode que je viens de décrire 6c j'ai trouvé qu'a la même diftance, il feut le même contrepoids, que 1'Aimant foit éleétrifé ou non, 6c même lorsque je déchargeois une Bouteille de Leide a, travers un barreau  Be VJttratlion. 45S rcau aimanté. De plus quoique- la moindre augmentation de force fut en état de.faire apr procherla boule de 1'Aimant, elle ne s'enal cependant jamais approchée pendant qu'on éledrifoit .cet Aimant. . J E conclurois donc, qu'il n'y a a cet égard aucune influence de l'Éleétricité fur le Magnétisme: au moins cela eü-il trés - vraifembïable (a). II. Be VJclioii de VAimant fur les Aiguilles.. §. -238. Passons a l'aétion de 1'Aimant fur les Aiguilles. On fait qu'on peut examiner la force d'un Aimant au moyen de 1'angle fous lequel il détourne une Aiguille du Méridien , O) [M. hemmer admet que 1'attraétion de 1'Aimant n'eft pas augmentée par 1'Éledricité , mais il penfe que, ft nous pottvions faire des expériences affez délicates, nous trouverions toujoun, en éleétrifant fortement , une diminution de la force attraétrice dans 1'Aimant: „car, dit-il, comme l'Éleétricité dikte les „Corps, 1'attraétion de leurs parties entr'elles & conféquemment 1'adhéfion du Fluide magnétique a ces „parties, feront affoiblies: ce Fluide fe dilatera donc „davantage vers la partie épuifée de 1'Aimant, 1'équi» „libre en fera mpins troublé, & par conféquent TAfe „mant deviendra plus foible." N. d. T.] Ff 4  456 I. MÉMOIRE. P. II. Ch. II. dien, & cme cette force eft d'autant plus grande que cet angle eft plus grand: enfin que cette force eft comme la Tangente dc 1'angle de déviation lorsque 1'Aimant eft placé dans 1'Equateur magnétique (a). Je ne connois pas d'Expériences faites a desfcin de prouver que cet angle de déviation eft changé quand on éle&ïife le barreau aimanté dont on fe fert. M. blond.eau (h) rapporte une feule obfervation, faite pendant un violent tonnetre, favoir que 1'Aiguille, qui marquoit quatre degrés, a été détournée pendant 1'orage Jusqu'a 6 d. Le Tonnerre avoit déja cammeneé a une heure t a 4 heure? 1'Aiguille étoit a5Jd.& le lendemain matin i 4- d. Mais cette obfervation depend-elle ert entier d'une augmentation dc forces dans f Aimant ? ou bien d' un changement dans la fituation de 1'Aiguille même? C'eft ce quq M. blondeau n'indique pas., Or ce dernicr cas aura pu arriver d'autant plus facilement, quece Phyficien tient fon aiguille dans fon cabinet: br, fi on n'cmploye pas beaucoup •/ '.oh K'j i') -.h sLiui-l 00 )t: h dc (*<0 & l'A ad. ét Manne T. I. p. 427.' (b) Voyez ci -TiclTuJ; hoté a. du §. jz, N/d^T.J  3e VAttrablion. 457 de précautions, les moindres tremblemens qui fe font dans la chambre influent fur 1'Aiguille "Sc changent fa fituation, comme je pourrois le dëmontrer par une longue fuite d'expériences. J'a r fait d'ailleurs quelques Expériences direétes. Ex per. XIV. J'ai préfenté un barreau aimanté ifolé a 1'Aiguille: j'ai placé un cai> -reau de Verre entre 1'Aimant Sc 1'Aiguille; j'ai éleétrifé 1'Aimant. 1'Aiguille n'a pas été détournée le moins du-monde de fa fituation,' • Ex per. XV. J'ai enfuite attaché une fe-; condc chaine au même barreau, afin de pou*-voir décharger la Bouteille a travers > je 1'ai déchargée a diverfes reprifes, Sc je n'ai pu m'appercevoir d'aucun changement. • I l me femble donc qu'on doit dérechef conclure que l'Éleétricité n'influe pas a cet égard fur 1'Aimant. III.- Du Nombre d'Ofcillations. %. a.39. On fait qu'une Aiguille aimantée, détournée de fon Méridien, fait quelques ofcillations, qui font d'autant plus nombreufes que 1'Aiguille a 'plus de force : il s'agit donc d'examiner fi 1'Ekélricité influe fur le Magnétisme a cet égard. M. blondeau a Ff 5 fait  458 I. mémoire. P. II. Ch. II. fait plufieurs expériences fur ce fujet j nous allons les examiner. On peut fuspendre une Aiguille de deux fagons: ou a 1'ordinaire, ou au moyen d'une fuspenfion magnétique. Je traiterai de 1'une êc de l'autre. M. blondeau n'a pas fait d'expériences avec des Aiguilles fuspendues de- la première manière, ce qui me paroit cependant néceflaire, puisque cette fuspenfion eft fimple, & qu'elle ne depend que d'un feul élément. - Ex pér. XVI. J'ai fuspendu une lame ai•mantée. J'ai attaché a la pointe de 1'appareil dont je me fers pour la fuspenfion (a) un fil ■d'or très-mince [de la capetille] , auquel j'ai communiqué l'Éleétricité, êc qui ne trouble, pas les ofcillations de 1'Aiguille. J'ai éleétrifé 8c j'ai trouvé que 1'Aiguille, détournée fous le même angle, faifoit le même nombre d'ofcillations qu'auparavant. Je continuois d'éleétrifer ausfi longtems que 1'Aiguille fe mouvoit. §. 240. Mais M- blondeau s'eft fer- (4) [Cette fuspeniion eft celle que fai décrite dans mes "Recherchesfur ks JiguMes aimamées. Part. I. §. 311. feqcj. p. 141. N. d. T. J  De V AttraBhn. 459 fervi d'un autre appareil, dont nous avons déja'parlé, Part. I. Setlr VI. Cl I. ($, 158.)- 11 a employé une Aiguille, garnie [au lieu d'une chappe] d'une boule de Fer, qui adhère au barreau magnétique Sc y peut adhérer avec fi peu de force, qu'elle ait cependant un mouvement d'ofcillation. 11 eft pfou-> vé en général que le nombre des ofcillations eft toujours d'autant plus petit que la force du fuspenfeur eft plus grande par rapport au poids de 1'Aiguille. Si donc le nombre d'ofcillai tions diminue, il femble qu'on en peut conclure que 1'Aiguille adhère plus fortement au fuspenfeur, & conféquemment que la force de celui-ci eft augmentée; or voici ce que M, blondeau a trouvé; que (a) 1'Aiguille éleétrifée a toujours donné un plus petit; nombre d'ofcillations qu'avant d'être éleétrifée : que le peu d'exceptions qu'il a obfervées font évidemment dues a des caufes étrangères, au mouvement de 1'Air, a celui qui peut avoir été communiqué a rÉleétromètre Sec". II a même trouvé (b) que l'intenfité magncïique a été fenfiblement Sc conftamment au- gmen- (u) Mem. de ïAcai. de Marine, Tont'e I. p. 438. (b) lbid. p. 430. a la fin.  *\60 t, MÉMOIRE. P. II. Ch. ir.' gmentée quelque tems après que 1'Eleétrieité avoit déja celTée. 11 cite enfin fept expériences pour prouver fa Thefe. i°. 1'Aiguille a fait douze ofcillations: en' fuite éleétrifée 7$ enfuite rElectrieité ayant a peu prés ceffée 10. après avoir entièrement cefTée 11. a°. 1'Aiguille a fait 14 ofcillations: paffablement éleétrifée 9. 3°. 1'Aiguille a fait 16 ofcillations: paffa^ blement éleétrifée 13: plus fortement 9. ' 4°. 1'Aiguille a fait 17 ofcillations: paffablement éleétrifée 14, 13, 14. 5°. 1'Aiguille a fait 8 ofcillations: paffablement éleétrifée 5, 4, 4. 6°. 1'Aiguille a fait 4 ofcillations. paffablement éleétrifée '3^-, 3', ,-• : peu après l'Éleétricité ccffant, 3 - (c}. 70. 1'Aiguille a fait 7. ofcillations*. paffablement éleétrifée 6, 5, 4, 3: l'Éleétricité feffant 3, 4, 5. Enfin M. blondeau (d) a fait de fem- . (e) ["Et après qu'on èut defcendu le tout du Plateau on a eu trois-fois, j~ ofcillations. N. d. T.] (d) Ibld. p. 416.  Di VAttrail'm. 461\ femblables obfervations quand 1'Air ménagoit de 1'oragc, ou qu'il en faifoit réellement: le nombre d'ofcillations diminue (?) ainfi que lorsque 1'Air devient plus chaud. §. aii. Nous avons déja examiné la lus-, penfion de M. blondeau dans la premiere Partie de ce Mémoire, 6c nous avons prouvé qu'il a cc défaut, que 1'Aiguille adhère d'autant plus fortement au fuspenfeur qu'elle y a déja. adhèré pluHongtems. Mars en éieétrifant 1'appareil, le Fluide éleétrique paffe du fuspenfeur dans 1'Aiguille, 6c il peut facilement paffer de 1'Aiguille dans 1'Air par les angles de 1'Aiguille: II fe produit donc entre le fuspenfeur 6c 1'Aiguille une attraétion, qui depend de l'Éleétricité: car il n'eft pas néceffaire que le Fluide éleétrique foutienne ici tout le poids del'Aiguille, il fuffit qu'il foutienne 1'excès du poids, qui exprime la force attraétrice de 1'Aimant, fur le poids propre de 1'Aiguille. II me paroit en réfulter que noufi avons ici un effet compofé, qui depend d» dif- (t) [C. a. d. pendant Pexplofion del'Orage: car pe*J dam fa formation le nombre des .oCcjllaüvns angmaoy jyl&tot qu'il ae dimisue. N. d. T. J  46V I- memöire. P. 11. CL 11. différens élemens peu connus, 5c non un effet llmple comme il le faudroit. Je n'ajouterai rien de plus, renvoyant a ce que j'ai dit' fur ce fujet dans la première partie de ce Mémoire (§. 159 — 165.). Voici pourtant deux Expériences que j'ai fouvent repétées. 'Ex pér. XVII. J'ai fuspendu une Aiguille felon la methode de M. blondeau, & je 1'ai éleétrifée, de forte qu'il en fortit d'abondans écoulemens éleétriques, dont on fentoit le fouffle lorsqu'on en approchoit le doigt a une diftance de trois pouces. Elle fe mettoit d'elle-même en mouvement, comme une Aiguille de cuivre a coutume dé le faire, & conféquemment elle faifoit un plus grand nombre d'ofcillations. E x p é r. XVIII. Je n'ai pas ifolé le fuspenfeur, mais je 1'ai dispofé de facon que le Fluide éleétrique devoit paffer par lui avant qüe de fe disperfer. 1'Aiguille n'a pas fait plus d'ofcillations que quand elle n'eft pas éleétrifée. Ces effets font entièrement oppofés a ceux que M. blondeau a obfervés, mais conformes a. ceux dont nous venons de parler. En conlidérant donc ceux-ci, & refléchiffant en même tems fur ce que nous avons dit , que «elles dc M. blondeau font trop com- po-  De la DirecJion de V Aiguille aimantêe. 463 pofées, jc ne puis pas ne pas en conclure, que 1'Éleétricité n'influe pas a cet égard fur lc Magnétisme. CHAPITRE III. De la DirecJion de VAiguille aimantée. $. 141. Presque tous les Phyficien* difent que l'Éleétricité influe fur la Direétion «u la Déclinaifon de 1'Aiguille, & ils tirent leurs raifons de deux genres de Phénomènes, favoir, de ce qui fe pafle en temps d'orage, ou même quand 1'Air ménace d'orage, & dc ce qui a lieu a 1'approche de 1'Aurore boréale : car plufieurs Phyficiens regardent ce Météore comme un Phénomène éleélrique ausfi certainement que fi la chofe étoit invinciblement démontrée : mais, quoique je penfe différemment («), je fuppoferai aétuellement que (a) [J'entrcrai dans tout le détail nécefl'aire fur cc fujet, dans mon Traité d'Aurors boréale, que je comptc publier, & dont j'ai fait imprimer le Profpeétus en 1779. il fe trouve dans le Journal dePhyfique, ïevr. 1780. T,  464 I. mémoire. P. II. Ch. III. quel'Aurore boréale eft un Phénomène électrique. PalTons au. développement des ob'ferVations. M. braun (b ) a fouvent 'obfervé i Petersbourg un certain balancerttent dans 1'Ai* guille, un mouvement ofcillatoirc de dix mi» nutes, que ce Phyficien croit depehdre de 1'Électricité de 1'Air, 6c même tellement, qu'il regarde 1'Aiguille comme un Éleétromètre de 1'Atmosphère, quoiqu'il n'allègue aucune raifon pourquoi il prend ces agitations pour un eftèt de 1'Électricité. Le Reverend Pcre cottè, cet excellent Météorologifte, dont j'eftime infiniment 1'habilité (e)> a trouvé que les Variatións de 1'Aiguille font plus grandes dans les mois oü le? Tonnerres font les plus fréquens, ou les jours qui précédent ou fuivent les jours de Ton- T. XV. & dans le Journ. des Savans, Nov. 1779. Ed, d'Amfterdam. Différentes malaciies ni'ont empêdiées daehever cet ouvrage, duquel je m'occupe avec beaucoup de foin. N. d. T. (£) Novi Comment. Petrof. Tomus VII. p, 407. [J'ai fouVent obfervé cet effet, même dans les mouvemens les plus reguliers de 1'Aiguille. N. d. T. ] ' (t) Dans les obfervations Météorologiques qu'il pu« felic tous les mois dans le Journal des Savans. Obfervation^ dt Mai ©* Aottt 1773. de Juin 1774. de Mui 1775.  De ta DirecJion de V Aiguille aimantée. 4Ó5 Tonnerre, ou'ceux même auxquels il tonne. II avoue pourtant qu'il lui eft arrivé de ne pas voir de variations en tems de Tonnerre: il S'eft même paffe des mois que 1'Aiguille s'eft a peine mue, excepté les jours dont nous venoils de parler (d). II a ausfi quelquefois obfervé des agitations de 1'Aiguille en tems d'Aui'ore boréale. Voici comme ce Phyficien s'exprime au fujet de ces irrégularités (e): „ Quel„ quès Phyficiens penfent que ces variations „ dépendent de l'Eleéfricité de la glacé qui „ couvre les bouffoles: mais, foit qu'elles dé„ pendent de 1'Éleétricité de 1'Air, ou de celle du Verre, il n'en eft pas moins certain „ que les effets du Magnétisme Sc de 1'Élec„ tricité fe repondent." Enfin il eft des Phyciens qui ajoutent a tout ce qui précède comme un nouvel argument, les mouvemens trèsirréguliers qu'on obferve quelquefois dans 1'Aiguille lorsque 1'Aurore boréale paroit, Sc que M. wideburg (ƒ) regarde comme des ef- (d) Obfervations de Juin 1774. (e) Journal des Savans, Juiilet 1775. Obfervations de Janvier 1775. (ƒ) Beobachtunecn und Mitthmaffungen 'titer die Nordlichter. Jcna. 8°. 177 I. tome I. Gg  466 L mémoire. P. II. Ch. III. effets dc ce Météore : agitations que j'ai tres» fouvent obfervées moi-même (g). §. 143. Voila donc une affez grande quantité d'obfervations, que j'ai verifiées la plupart par mes propres expériences: j'établis donc : i°. Qu'il arrivé quelquefois que les Aiguilles aimantées font agitées, même irrégulièrement, quand il tonne, ou que 1'Air ménace de 1'orage. o°. Que dans les mois ou il tonne ordiJ nairement le plus fouvent, 1'Aiguille éprouve les plus grandes variations. Mais, il faut obferver que ces mois font des mois d'été: Sc qu'ainfi ce Phénomène indique feulement,que c'eft dans les mêmes mois que les variations de 1'Aiguille font les plus grandes, 5c les Tonnerres les plus fréquens. 3°- J'É- (g) [II eft flngulier qu'il y ait des Phyficiens, qui fiient les obfervations que d'autres difent avoir faites fur 1'agitation de 1'Aiguille pendant 1'Aurore boréale, & qui rejettent ce Phénomène. M. steigiehner eft d« nombre v. §. 154. de fon Mémoire. II eft important qu'on foit defabufé fur ce point. C'eft ce qui m'engage a ajouter a ce Recueil une Différtation fur ce fujet, a Ia quelle on pourra récourir pour les détails ukérieuis, R d. T.]  De la DirecJion de V Aiguille aimantée. 467 30. J'etablis enfin, que 1'Aiguille aimantée eft fouvent, mais non toujours, irrégulièrcment agitée, quand 1'Aurore boréale paroit, ou quand elle vaparoitre, oü même après qu'elle a paru. Mais, que conclurons nous de tout ceci ? Supposons que la petite irrégularité de quelques minutes, car je ne fache pas qu'on en ait vu de plus grandes, qu'on obferve quelquefois quand il tonnej dépende de l'Éleétricité, de forte que 1'Air devienne éleétrique, ou que ce foit la glacé qui couvre la bouftble , qu'en conclurons nous? On fait que 1'Électricité met en mouvement les Corps qui font facilement mobiles j or 1'Aiguille aimantée eft de ce genre: qu'y a-t-il donc d'étonnant qu'elle foit agitée par 1'Éleétricité? Une Aiguille de cuivre, ou quelqu'autre que ce fut, feroit agitée de même. Or, il eft évident que rÉleétricité s'étant communiquée a la glacé s 1'Aiguille aimantée peut facilement fe mouvoir & acquérir un mouvement irrégulier: ce qui a été confirmé par plufieurs expériences» j'en citérai quelques unes. §. 144. Un Anonyme anglois a obfervé en 1746, que la glacé d'une bouftble ayant Gg ï éré  468 ï< MÉMOIRE. P. II. Ch. IIL été frottée d'abord par hazard, enfuite a desfein (a), 1'Aiguille a été agitée irréguliere-ment, & n'eft revenue a fa fituation ordinaire qu'au bout de deux minutes, lorsque toute l'Éleétricité fut disfipée. Cet Auteur penfe qu'un femblable effet peut avoir lieu fans frottement : car que le Verre peut acqucrir 1'Électricité par les feules agitations de 1'Air, comme le Tonnerre &c, & conféquemment que 1'Aiguille peut s'agiter irrégulièrement. Cela eft d'autant plus vraifemblable que M. h ales a obfervé que les Vitres de quelques fenêtres, ont été éleétrifées par la décharge d'un canon M. (a) Phil. Tranfaclions. N°. 480. Art. VI. p. 242. (b) M. hemmer dit que les Expériences de M. herbert ont prouvé que j'ai admis fans fondement, que les Corps peuvent devenir éleétriques par le frottement de 1'Air: il cite la p. 222. du Traité Theoria Phaenomen. Eleclric. Cette citation prouve qu'il s'agit d'une Edition différente de celle que j'ai & qui eft de 1772. mais il me femble que M. her bert avoue dans celle-ci ( p. 120. ) que le frottement de 1'Air rend les Corps éleétriques. Au refte je n'ai aucune raifon de douter de 1'obfervation de M. hales, qui fe trouve a la p. 680. du Vol. XLVI., des TranfaEt.ens Philofiphiques; on a obfervé , dit - il, que le Canon du Pare de St. Jamts élect trife les carreaux des fenetres de la Treforerie.  De let Diretlion de V'Aiguille aimantée. 469. M. wikstrom (O a obfervé en 1751. qu'une Aiguille, renfermée dans une boite, avoit été trouvée détournée de fa fituation après qu'elle eut été expofée quelque tems au foleil. L'obfervateur toucha enfuite la glacé du doigt, 8c il trouva, que 1'Aiguille en fuivoit les mouvemens. Le Verre s'étant refroidi, 1'Aiguille a dérechef acquisfa fituation ordinaire. M. wikstrom penfe avec raifon que cette irrégularité a dépendu de 1'Electricité, parceque 1'Aiguille acquéroit un mouvement femblable quand on frottoit le Verre, ou qu'on placoit un Corps éleétrique prés de la boite. Quoique dans cette obfervation 1'Aiguille ait acquis d'elle-mêmc un mouvement irrégulier, 8c qu'il n'y foit fait mention d'aucun frottement préalable, je ne doute pas que celui - ci n'ait eu lieu : car combien n'y a-t-il pas pu avoir, 8c n'y a-t-il pas eu vraifemblablement de caufes capables de produire ce frottement, comme p. ex. le feul mouvement de 1'Air? J'ai même fait quelques Expériences fur ce fujet. Ex per. XIX. J'ai pris une Aiguille extrèmément. mobile : je 1'ai couverte d'une glacé (c) Mem. de l'Acad. de Snede. Tome XX. p. 157. de la trad, allemande. 3  47$ ï. mémoire. P. II. Ch. III. ce très-chaude: elle n'a acquis aucun mouvement : mais , en frottant le Verre même très-legèrement, elle s'eft d'abord mue irrégulièrement. La première partie de cette Expérienee femble indiquer que le frottement eft abfolu-! ment néceflaire. Expér. XX. J'ai fubftitue a 1'Aiguille aimantée une Aiguille de laiton: j'ai fait les mêmes opérations: 1'effet a été le même. Ex per. XXI. J'ai employé des pousfières fort lcgères au lieu de 1'Aiguille de cuivre | files ont été attirées & répouffées. Ces Expériences fi on les confidère pay rapport % l'Éleétricité, préfentent nombre de chofes remarquables, que M. aepinus a trés - bien developpées (d). §. 145. Il fuit donc de ce que je viens de dire, que 1'Aiguille peut acquérir par l'És leétricité un mouvement irrégulier, mais que ce^ mouvement n'indique aucun rapport entre l'Éleétricité & le Magnétisme, puisque les Phénomènes font les mêmes, quand on employé une Aiguille de laiton: nous aurons oer cafion dc revenir la-deffus dans un moment. Mais, (d) Nov't Comment. Petr. Tomus VII.  De la Direéïion de V Jiguille aimantée. 471" Mais, quoiquö nous concédions que ces ïrréguhrités, qui font petitcs, rares, & momentanées, peuvent dépendrc de 1'Electncité, jene nie pas moins que ces deux Phéno--. mènes-, 1'un, que les variations de 1'Aiguille font les plus grandes en été, l'autre que 1'Aiguille eft quelquefois irrégulièrement agitée1 pendant quelque tems, comme ausfi lorsque 1'Aurore boréale paroit, dépendent de VElec- ' tricité dé 1'Atmosphère, ou' de toute autre' communiquéea la glacé de la bouffoier Voici les raifons de mon fentiment. Si les variations dc 1'Aiguille, qui font plus grandes, ou plus irrégulicres, dépendoient de PÉleétricité de 1'Atmosphère, elles fevoient\ d'autant plus grandes que 1'Éleétricité de 1'Air eft plus forte, Sc d'autant moindre que celleci eft plus petite: or, un de mes amis a examiné fréquemment l'Éleétricité au mois de' Mai, au moyen d'un Cerf-volant éleétrique j il m'a communiqué fes obfervations que j'ai comparées a celles que je faifois dans le même-' tems fur la déclinaifon: & j'ai trouvé, que les jours, auxquels rÉleétricité de 1'Air étoit la plus forte, n'étoient pas- eeux-au^quels le mouvement de 1'Aiguille a été le plus grand : unjourp. ex. l'Éleétricité de 1'Air étoit exv cesfivement grande, 8c le léndemain a-pen* Gg 4 prés  47* I. MÉMOIRE. P. II. CL III, pres nulle : la variation de 1'Aiguille étoit cependant la même les deux jours, le premier réguliere, le fecond par-ci par-la irréguliere. Je fais de plus, qu'on a fait depuis peu, ailleurs, des obfervationscorrespondantes femblables, qui pnt fait voir, que ce n'a pas été aux jours oü 1'Éleétricité étoit la plus forte, que les mouvemens de 1'Aiguille ont été les plus grands (a). Voila nu première raifon, qui me paroit foiide, 8c a laquelle je ne vois pas qu'on puiffe rien objeéïxr. §. 246\ D'ailleurs, fi ces grandes 8c irréguliere» agitations dépendent de rÉleftricité atmosphérique, celle-ci devroit produire fes effets ordinaires, entre lesquels fe trouve certainement celui-ci, qu'une Aiguille de laiton doit être agitée comme une Aiguille magnétique; j'ai donc placé ft coté de ma bousfole ordinaire une autre bpite, contenant une Aiguille [de laiton] extrèmément mobile: elle étoit placée de facon que je pouvois ob-.. ferver les deux Aiguilles a la fois: je n'ai trou- . .' . / :\; ; ;■■■ , ;vé' («) [On trouvera le détail de ces obfervations dans h differtation que j'ai promife dans la note a in §' *43- N. d. T. J  De la Diretlion de VAiguille aimantée. 473 vé aucun changement dans celle de cuivre: elle ne s'écartoit pas le moins du monde de fa fituation dans le tems qu'une agitation irréguliere faifoit parcourir a 1'Aiguille'aimantée, un degré, deux, trois, & même quatre-degrés en un moment, ce qui a eu lieu plufieurs fois. ( Cette agitation irréguliere ne dépend donc pas de 1'Éleétricité, §. c.47. Mais, fuppofons qu'une pareillc Aiguille de laiton fe meuve, & conféquemment que cet effet de 1'Aiguille magnétique dépende de l'Éleétricité, s'en fuivroit-il que l'Éleétricité a une influence particuliere fur 1'Aiguille? Cela indiqueroit feulement, que 1'Aiguille, Corps trés-mobile, eft mife en mouvement , ce qui eft connu d'ailleurs. Pour que cette conclufion en put être legitimement déduite il faudroit démontrer, que 1'Aiguille magnétique fe meut dans ces,cas, ou felon d'autres loix qu'une Aiguille nonmagnétique, ou plus fortement, ce que perfonne n'a fait jusqu'ici: & je ne vois pas comment on le pourroit faire, puisque la force directrice univerfelle, dont il faut tenir compte, agit fur 1'Aiguille magnétique, & non fur celle de laiton: 8c qu'il eft connu d'ailleurs que l'Éleétricité n'agit pas de la même manié- ., Gg 5 re  474 I- MÉMOIRE. P. II. CL III. re fur tout les Corps de matière ou de figure différentes. Qu'il nous foit donc permis de conclure de tout ce que nous venons de dire, qu'il n'y apas d'obfervations qui démontrent que l'Éleétricité a quelque influence fur les Phénomènes de la direérion des Aiguilles aimantées, * ou de leur déclinaifon, & de leurs variations, puisque toutes les Expériences, alléguées pour prouver ce fentiment, font équivoques. Et même, fi 1'on refléchit fur celles que j'ai faites avec des Aiguilles de laiton, on trouvera, je penfe, qu'il n'y a réellement aucune influence fur ce point (a), Mais, je dois remarquer au fujet dc ces Expériences que je les ai faites pour la première fois le 3 d'Avril 177a, mais que j'ai vu depuis, qu'en vue de refoudre la queftion dont il s'agit, M, winkler avoit déja propofé des Expé-> riences femblables dans les Abla Eruditorum Liffienfia pour 1'Année 1768- p. 34. Je penfe (a) [M. hemmer jugeque j'ai fait'voir qu'il eft trèsvraifemblable, pour ne pas dire certain , que les agitations de 1'Aiguille ne dépendent pas !de rÉleétricité de 1'Air, II approuve également les raifonnemens du Chapitre fuivant. N. d. T. ]  De F Inclinaifon. 475^ fe. donc qu'on en doit attribuer tout le mérite a cet excellent Phyficien, Sc que je n'y puis-,prétendre aucune part. CHAPITRE IV; Do PInclinaifon. §. 148. Je ne fache pas que les Phyficiensayent examiné jusqu'ici fi l'Éleétricité influe fiir 1'Inclinaifon de 1'Aiguille magnétique. je ne connois qu'une feule Expérienee faribe pat* M. cqmus (*) 5 Sc qu'il nomme une Expé-* rience extraordinaire. Voici 'a quoi elle fe. reduit. Il a pofé une Aiguille bien fuspendue fur un carreau éleétrique, qu'il a éleétrifé: le carreau étoit chargé : 1'Aiguille a monté de fix degrés: après la décharge elle elt reveriue a fa fituation: dans le Vuide elle ne montort que de quatre degrés. a°. Si 1'on préfente cette Aiguille a quelque atmosphère éleétrique, 1'inclinaifon n'éprouve aucun changement. Or (a) Journ. de P/iyf. Feyr. 1775. p. 75, Mars p. 114,  47<5 I. mémoire. P. tl. CA. IV. Or que déduit M. co mus de cette Expérienee? „ Cette Expérienee, dit-il, prouve „ que le Fluide ambiant ne fait pas le même „ effet fur 1'Aiguille pendant qu'on éleétrifé „ celle-ci, qu'auparavant, Sc que la presfion „ de ce Fluide eft différente, ou que 1'Ai„ guille perd quelque chofe de fon poids. „ Cette Expérienee extraordinaire peut four„ nir de' nouvelles idéés fur la caufe du Ma„ gnétisme. La caufe qui éleve 1'Aiguille „ d'Inclinaifon paroit dépendre du Fluide ,5 igné, conftitué dans un mouvement vibra„ toire, puisque 1'Expérienee fuccède dans „ le Vuide. §. 049. J'ai fait quelques expériences par lesquelles il eft prouvé que 1'effet en queftion, favoir 1'élévation de 1'Aiguille, ne prouve en aucune facon 1'influcnce de l'Éleétricité fur le Magnétisme. ' Expér. XXII. J'ai pris mon Aiguille , avant de l'avoir aimantée: je 1'ai placée fur le cercle fur lequel elle indique les degrés, Sc enfuite j'ai placé cet appareil fur un carreau éleétrique. J'ai éleétrifé le carreau, de facon que la chaine conduétrice ne touchat pas la machine d'inclinaifoiii 1'Aiguille a d'abord été élevée de quelques degrés. Ex-  De VInclinaifon. 477 Ex per. XXIII. J'ai enfuite aimanté 1'Aiguille: J'ai repeté 1'expérience: le fuccès en a été le même. Ex per. XXIV* J'ai pris une Aiguille de laiton, égale a la précédente: je 1'ai fait incliner, au moyen d'un petit contrepoids: 1'effet a été le méme. Cet effet ne dépend donc pas de 1'Influence de l'Éleélricité fur le Magnétisme. Ex per. XXV. J'ai repeté 1'expérience avec 1'Aiguille aimantée de fagon que la chaine conduétrice touchat la colonne qui porte 1'Aiguille. En élcélrifant cet appareil, 1'Aiguille n'a pas été élevée, mais elle eft defcendue , jusqu'a ce qu'elle touchat la colonne (a). Expér. XXVI. Le fuccès a été le même avec 1'Aiguille de laiton. f (a) [ M. schaeffer a placé fur le chapeau d'un éleélrophore , une Aiguille d'Inclinaifon , fuspendue dans un eerde de cuivre pofé fur un Pied; ayant éleétrifé l'é!ectrophore comme de coutume Si élevé le Chapeau , M. schaeffer a cru obferver que 1'Aiguille defcendoit fenfiblement; mais il n'a pu rien déterminer d'asfez exaét:'peut-être, dit-il, a caufe de 1'imperfeétion de la Machine: v. Befchreïbung des beftmdigen Éieclricitaets(raegers, p. 38, N. d. T.]  47.8 li mémoire. P. IL Ch.'V. J e ne vois donc dans toutes ces Expériences que les effets éleétriques ordinaires, produits par 1'attraétion éteétrique: rien que le mouvement, que des C0rps extr "mément mobiles ont coutume de reccvoir quand on les .éleétrifé. 1 l n'eft donc nullement prouvé qu'il y a .de 1'influence entre l'Éleétricité & le Magnétisme, eu égard a 1'Inclinaifon de 1'Aiguille. CHAPITRÊ V. De la Communication des Forces. §. 2,50. Ie y a beaucoup d'obfervations qui ont appris que la force magnétique a été communiquée au Fer par l'Éleétricité artificielle : ou que celle que le Fer poffedoit a été affoiblie éc renverfée : enfin que la foudre^ cette puiffante Éleétricité naturelle $ a produit les mêmes Phénomènes. On demande donc fi ces Phénomènes indiquent quelque influence de l'Éleétricité fur le Magnétisme, ou non? Mais il feta utile de faire quelques remarques, avant que de paffer aux Expériences mêmes. 1°. Quelque fentiment que nous em* bras-  Pe Ia Communication des Forces. 47^ brasfions au fujet dc la force magnétique, qu'elle dépende d'un Fluide, ou d'une force attractrice inhérente, proprement dite, cela revient au même: il eft certain qu'il faut une certaine dispofïtion, une certaine fituation des particules du Fer (a): & que la force qu'un barreau poffede, peut être affoibliej changée, renverfée, s'il arrivé feulement un changement dans la fituation des particules du Fer, ou fi 1'on excite dans celles-ci un fort tremblement. J'en appelle aux Expériences par O) [M. hemmer juge qne mon opinion, qu'il faut une certaine fituation des particules du Fer pour la force magnétique, eft fans fondement, & qu'il y auroit beaucoup de chofes a objeéter contre cc fentiment. J'ai indiqué les faits fur lesquels je me fonde; mais je ne dctermine rien fur la nature même de cette fituation : je n'admets pas, comme 1'ont fait quelques Phyficiens celèbres, des valvules mobiles dans le Fer, qui permeitent au Fluide magnétique un mouvement de fyftole èt de diaftole: mais puisque la percusiion augmente ou détruit la force magnétique, & qu'elle aftcéte immédiatement Ia fituation des particules, il faut bien que celle-ci contribue en quelque chofe a la force magnétique, ne fut-ce, comme le penfe M. hemmer, qu'a rendre le mouvement du Fluide magnétique plus facile quand elles s'éloignent 1'une de l'autre, Sc plus difScile quand elles fe rapprochent, N. d, T. ]  48ö I. mémoire. P. 11. Ck. V. par lesquelles il eft "prouvé que la force que le Fer acquiert de foi même, quand il eft placé dans le Méridien magnétique, eft augmentée li 1'on frappe ce Fer a coups de marteau, 8c même que les poles peuvent être rendus fixes par ce moyen: j'en appellc aux Expériences par lesquelles il eft prouvé que la force du Fer déja un peu aimanté eft affbiblie, 8c même détruite, fi 1'on frappe ce Fer. Or il eft égal dans ces Expériences que la percusfion fe fasfe du Sud au Nord, ou du Nord au Sud, pourvü que la fituation du Fer refte le même. a°. On fait que le Fer recoit d'autant mieux ces forces, qu'il coincide davantage avec le Méridien magnétique, 8c furtout fi on le rougit, 8c qu'on le laiffe refroidir. C'eft ainfi que les écailles qui fe détachent du Fer quand on le forge, deviennent magnétiques , 8c fe trouvent couchées a terre dans la direétion du Méridien. §. 2,51. Faisons ausfi quelques réflexions fur la manière dont le Fluide éleétrique agit, 8c paffé a travers les Corps, non lorsqu'il paffe lentement 8c tranquillement, mais lorsqu'il y paffe comme le coup foudroyant, c. a. d. lorsqu'il fait paffer la commotion a traVers dc ces Corps. Ce Fluide agitc certainement  Dè la Communication des Farces. 481 •ment alors les particules de ces Corps, les fait 'tremblotter, les frappe. C'eft ce qui paroit par les Expériences qui prouvent i°. que 1'étincelle foudroyarite peree les Corps, Sc a°. qu'elle les fond, & même de telle forte que des fils tres - mirtces font changés en fcories, 6c briles par une forte étincelle. Or, dans Ces Expériences j le Fluide éleétrique entre par un bout 6c fort par l'autre, comme plufieurs obfervations 6c Expériences le prouvent. Ceci pofé, il eft clair, qu'on peut, s'il n'y a aucune influence particuliere de 1'Éleétricité fur le Magnétisme, 6c S'il ne- faut aucune dispofition particuliere, Sc jusqu'ici inconnue ^ dans les particules du Fer, pour former telle ou telle polarité, qu'on peut dis je ^ en ce cas comparer l'aétion du Fluide éleétrique avec le elroc que tout autre Corps donne a un barreau de Fer aimanté: Sc de fait M: franklin («), qui a fait un 11 grand nombre d'Expériences fur la communication du Magnétisme par l'Éleétricité, penfe qüe ce Magnétisme eft uniquement produit pat lé choc (d) Lettre i M. eareeb è «ourg, dans les ÖGQsi itres de frankun Tome I. p. 277. 3FÖME I. Hk  48a I. mémoire. P. II. 'Ch. V. choc entant que tel, fentiment que M. ae« pinus a ausfi embraffé (b). §. Supposons donc que le coup foudroyant, ou la foudre, ce qui revient ici au même, frappe fortement des lames placées dans le Méridien magnétique, qu'en arriverat-il? Ces lames fortement frappées acquerront d'autant plus de Magnétisme, que leur maffe fera plus propre a le recevoir, que le coup aura été plus foit, 8c furtout fi ces lames fbnt mifes en fufion. Or, on fait que la Foudre 8c que l'Éleétricité produifent de pareils effets. Quant a la Foudre, il y en a plufieurs exemples dans les Tranfaclions Pkilofophiques: je n'en citerai qu'un qui arriva en Juillet de 1'année 1731. II y avoit beaucoup dc couteaux, d'aiguilles, 8c d'autres fenaiileries placées dans une caiffe : cette caiffe fe trouvoit (b) Tentamina novae. Tkeoriae §. 370. 71. [M. hemmer eft du même fentiment. II penfe d'ailleurs qu'il n'y a pas de raifon d'admettre que rElectrieité, entant que telle, contribue a la communication ou a la déftruétion de la vertu magnétique , puisqu'une commotion éleétrique violente, foit naturelle, foit artificielje, peut également aimanter un barreau de Fer, & afioiblir, ou detruire la force d'un Aimant. N. d. T. ]  De la Communication des Forces. 483 Vok dans un coin de la chambre, & y faifoit un angle a peu pres de 45 degrés avec le Méridien magnétique. La Foudre fuivit ia direction de ce Méridien: la caiffe fut rompue, ks ferrailleriés furent difperfées par la chambre-, ou les trouva en partie fondues, en partie aimantées, &, ce qu'il faut bien remar-quer, elles étoient toutes jettées dans la fituation du Méridien magnétique. II n'y a donc dans ce cas rien qui n'ai'rive également dans les Expériences qu'on fait avec du Fer incandefcent, qu'on laiffe refroidir dans la fituation du Méridien magnétique. §. 2,53. De même, puisqu'il eft prouvé que la force magnétique peut être affoiblie par le choc^ on voit facilement comment elle a pu 1'être par les chocs éleétriques. C'eft ce que la foudre opère furtout fur les Aiguilles aimantées: car, celles-ci font mobiles: qu'en arrivera-1- il donc, fi la direétion de la foudre ne coïncide pas avec le Méridien magnétique1? La foudre tournera 1'Aiguille dans la direction, la frappera, & lui communiquera la force magnétique. Si donc l'extrémité bofcéale de 1'Aiguille fe trouve dans la partie auiltale du Méridien, VAiguille acquerra dans cette extrémité un Pole auftral, ci un Pole Hh o, ha"  484 I. mémoire. P. II. Ch. V. boréal dans celle qui étoit auftrale: la polarité fe trouvera donc changée 5 ou, fi cette force ne fuffit pas, celle que 1'Aiguille pofledoit fera cxtïèmément aftoiblie, ou même fe trouvera exaétement détruite, êc 1'Aiguille ne pofledera plus aucun Magnétisme: elle fera paraïytique, comme s'expriment les Marins. Les Exemples de ces Phénomènes font trop connus pour qu'il foit néceflaire de s'y arrêter : mais il fuit de la, que la force des Aiguilles fcra d'autant plus facilement changée ou renverfée qu'elle fe trouvera plus foible : Sc c'eft furement la caufe de ce qu'a obfervé le Capitaine may, que des Aiguilles, qui étoient des lames du Dr. knight bien aimantées, n'ont fouffert aucun changement d'un coup de Foudre, qui tomba fur le vaifteau, Sc qui changea, aftoiblit, ou renverfa toutes les autres Aiguilles plus foibles qui fe trouvoient dans ce Navire (a). §. 2.54. Il y a plus,* c'eft non feulement le Fer frappé de la Foudre, mais ce font encore les pierres qui contiennent des parties ferrugineufes Sc ochreufes, touchées par la Fou- (4) Mem. de la Socicté de Haarlem, Terne XII, p. 3915  De la Communkation des Forces. 485 Foudre, qui acquiérent la force magnétique. Le R. P. beccaria (a) célèbre Phyficien d'Italië, a recemment fait la. déffus des obfervations qui ont prouvé , que des Briques, frappées de la foudre, font devenues magnétiques, qu'elles ont même acquis des Poles, felon la Loi qu'exigeoit leur fituation par rapport aux Poles Terreftres. Mais je ne vois rien dans ces Phénomènes qui prouve, plus que ceux dont nous venons de parler, une véritable influonce de l'Éleétricité fur le Magnétisme: Sc j'en fuis d'autant plus perfuadé que boyle a produit un Phénomène femblable au moyen du Feu ordinaire. II a rougi une Brique Sc 1'a fait réfroidir dans le Méridien magnétique. Elle poffedoit, après le refroidiffement, la vertu magnétique. Le même célèbre Phyficien a fait une femblable expérienee avec de 1'Ochre d'Angleterre (b). §■ *55< (a) Journal d: P/iyfique, Mai 1777. Tome IX. p. 382. [ Ce n'eft que dans les briques les plus dures que le P; beccaria a obfervé ce Magnetisme , il penfe qu'il -en eft des Corps ferrugineux comme du Fer: que les plu's durs acquiérent a la vérité le Magnétisme plus difficilement , mais qu'ils le copfervent mieux. N. d. T. ] (b) De Mechanica Ma-jieti.mi produHionc Exper. XII. Daqp Hh 3  485 I. ME MOIRÉ. P. TI. Ch, V. §. a.55. Si on n'obfervoit rien de plus dan? les Phénomènes, qui prouvent que la f-.rcc magnétique eft communiquée au Fer, 6c aux Corps Ferrugineux par 1'Éleétricité ou par la Foudre 5, ou que celle que les Corps poffer doient a été affoibiie 6c renverfée, on n'en pourroit certainement rien conclure qui indU quat la moindre influence de rElectrieité fur le Magnétisme: mais il eft d'autres circon-: ftances qui méritent d'être examinées avec plus de foin: j'entends la lituation des Poles. J e paffcrai les Expéi"iences de M. \v i l-. 8 0n (a) fous filence, parcequ'il eft fur que ce Phyficien a employé des barreaux trop. grands par rapport a l'Éleétricité dont il a fait ufage: je ne duai rien de celles de M. , frank? "Dans Ie traité de Qtalitawm origine. Tome III. p. 133 , de 1'Edition iatine des peuvres. [Un Hollandois celèbre, M. reael, plus connu comme Gouverneur des Indes & Magiftrat de la Ville d'Amfterdam , que comme Phyficien , avoit déja remarqué que les briques dures, & celles qui fe fondent a un feu trop violent, s'aimantent quand ou les paffe fur 1'Aimant, ou même quand elles, font fimplement placées pendant lo.ngtems felon leur longueur dans le Méridien. V. fon traité fur 1'Aimant, tobfrvatien aan den Magneetfieen) publié après fa mort en. I0SÏ. N. d. T.] (a) Treatife of Eleftricity. p. 119.  Be la Communication des Forces. 407 franklin (£ ), parceque cet homme illuftre avoue lui-même qu'il fe pourroit, a caufe du peu de tems qu'il a pu y donner, qu'elles ne fuffent pas' entièrement exaètes: 6c je ne parlerai que des découvertes de M. M; d'alibard 6c wilke. §. 156. M. d'alibard a trouvé que l'extrémité, par laquelle le Fluide entre, devient un pole boréal 6c l'autre un pole auftral, & cela de quelque manière que 1'Aiguille foit placée. Suppofons p. ex. qu'elle foit dans le Méridien magnétique, 6c qu'on joigne a l'extrémité boréale la chaine qui eft au crochet de la Bouteille, 6c a l'extrémité auftrale la chaine qui appartient a la furface extérieure de la Bouteille: l'extrémité boréale deviendra un pole boréal, 6c 1'auftrale un pole auftral. Si au contraire la chaine, qui appartient au crochet, avoit eu communication avec le bout auftral, 6c l'autre avec le bout boréal, le bout auftral auroit acquis un pole boréal, 6c I ■ le (b) Lettres fur ïÈüftriciti, traduition de M. d'alibard. fTomé II. p. 134—148. L'aveu dc M. franklin s^-y trouve p. 145. & les remarques fur les Expériences de M. wilson p. 135. le refte contient les expériences de M. d'alibard. N. d. T.] Hh 4  4.8.8 I. mem 01 r e. P. II. ch. V. Ie boréal un pole auftral, ce qui eft 1'inverfë de ce qui auroit eu lieu par la fituation feule, même quand on frappe la'lame de Fer a coups de marteau. II eut été a fouhaiter que M. d'a libard eut décrit cette expérienee plus exaétement, qu'il eut marqué s'il a pris toutes les précjutio.ns posfibJes, qu'il eut placé ausfi 1'Aiguille dans 1'Équateur magnétique, fituation dans laquelle la force magnétique terreftre n'agit pas, & qu'il eut examiné fi 1'effet eft invariablement le même: il eut été a fouhaiter enfin, qu'il eut examiné ce qui a lieu en appliquant la chaine. non aux extrémités, mais au milieu de 1'Aiguille, & fi 1'Aiguille acquerroit plufieurs poles en ce cas. §■ 157. Or on verra facilement, ou que, ces Expériences n'ont pas été parfaitement ex-r acf.es, ou que 1'effet en eft variable, fi-on fait attentionaux Expériences de M. wilke (a): Pour abreger, j'-appellerai avec ce Phyficien Chaine pofitive celle qui communiqué au crochet de la Bouteille, & Chaine négative eelle qui communiqué avec la furface extérieure. ' .V; il- Or (a) Mem. de ÏAcad. ie S-ude, Tome XXVIII. p. 31}* fèqq. de la Trad. allemande.  De la Communication des Forces. 489 •Or M. wilke a trouvé, que la fituation des poles eft différente , felon que le Fer qu'on employé eft placé dans le Méridien magnétique ou non: felon que fa fituation y eft plus ou moins exaéte, & que cette variété d'effets dépend de la force que les barreaux acquièrrent par cette fituation feule, 8c qui eft aidée ou troublée, ou vaincue par la force éleétrique. Mais, comme ces Expériences la. n'appartiennent pas fi direéfcement a notre but, je dirai feulement, .que M. wilke a trouvé, que la force éleélrique produit par elle•■même, £5? entant que telle, la force magnétique, £5? une polarité conflante. II déduit cette Propofition des Expériences fuivantes. i°. En placant 1'Aiguille dans la direétion de 1'Aiguille d'Inclinaifon; 8c en faifant pasfer 1'Éleétricité par cette Aiguille, l'extrémité inférieure acquiert un pole boréal, la fupérieure un auftral, comme il arriveroit par la feule fituation, éc cela de quelque manière qu'on place la chaine: mais cette force eft plus grande fi la chaine pofitive touche l'extrémité fupérieure, & la négative Pinférieure. Donc la chaine négative a une certaine relation .avec le pole boréal, la pofitive avec 1'auftral. tces Tluides font doués de propriétés tres-différentes, ejy qui nt ,, faurohnt fe trouver a ia fois dans un feul <& même fujet: (le latin portei» mieojnbjeclonon composfibilibut.) Puis- qu'on ne peut expliquer heureufement les propriétés de 1'Aimant qu'en atuibuant au Fluide magnétique des „propriétés qui repugnent entièrement (plane abhorrent) a celles du Fluide éleétrique, ce n'eft pas fans raifon, j,mais conduit par la contemplation de la Nature mê,,me, que j'établis ici une différente complette (diverfitatem f tpleimriam) tntrc ces deux Fluides." N. d. T. j  De la Communication des Forces.. 503 par l'Éleétricité, font jusqu'ici inccrtaines, Sc peu propres a nous permettre d'en tirer des eonciufions qui ne laiffent aucun doute. Conclufion de la Seconde Partie. §. a.65. Si nous raflemblons tout ce que nous avons dit de i'Influence de rElectrieité fur le Magnétisme, il paroitra que cette in* fluence eft nulle par rapport a 1'attraétion, a la direétion, a 1'inclinaifon, & peut-être (a) ausfi pour la communication des forces: que les expériences de M. wilke peuvent a lx vérité faire douter fi rÉleétricité pofitive n'a pas avec le pole auftral Sc la négative avec le pole boréal, quelque relation particuliere, jusqu'ici peu connue j mais qu'il eft d'autres Expériences contraires a celles-la, (