L'INTRIGUE DU CABINET, SOUS HENRI IV ET LOUIS XIII, ÏERMINÉE P AR LA F RONDE. TOME QÜATRIEME,   L'INTRIGUE DU CABINET, SOUS HENRI IV ET LOUIS. XIII7 TERMINÊE PAR LA FRONDE. Tar M.Anquetil, Chanoine Régulier de la. Congrègation de France, Correfpondant de 1'Academie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, Prieur de Chateau-Renard, & Auteur de 1'Efpritde Ja Ligue. T O M E QUATRIEME, A MAESTRICE7, Chez Jean-Edme Dufour & Phil, Roux, Imprimeurs-Libraires, aflbciés. 31. DCC. L XX XII.   V SOMM AIRES DU TOMÉ QUATRIEME. LIVRE HUITIEME. AN CES entre Ma^arin & les Frortdeurs. — Makaria veut lescontenter. — Les Princes transféris a Marcoufjï. — Accommodemem de Bordeaux. —Gondi demande U Chapeau de Cardinal. — Les prifonniers font transfer és au Havrt.— Union de la grande & petite Fronde par la Palatine. — Traité en conféquence. — Affemblées du Parlement.—Bataille de Rhetel ou de Sompy.— Procédures en faveur des Princes. — Commtnt on rend Maiarin odieux. —11 fe défend mal. — Le Parlement conduit par la Fronde. -— Inveclive inutile contre Gondi. — Ma\arin quitte Paris. — Arrct contre lui. — La Reine ne peut fortir de Paris. —■ Les Princes mis en liberté. — Politiqm ambigue de Condé. — Rupture de Caffemblée de la Noblefe, — Et du mariage Tome iy. a i<5; tt  V) SOMMAIRES. de Mademoifelle de Chevreufe Condi dintelligence avec la Reine. — Retraite du Coadjuteur. — Puiffance de Condé. — La Reine recherche le Coadjuteur.— 11 fe déclare contre Condé. — Les SousMinijlres défendus. — Animojité des deux partis. —— Haine de la Reine contre Condé. — Séance du z i Aoüt. — Majoritc du Roi. — Pofition dangereufe de Condé. —11 fe détermint a la guerre.-— Entreprift contre Gondi.—Sa galanterie.— Succes du Prince. — La Reine fort de Paris, — Retour de Ma\arint — Tiers~ parii.  SOMMAIRES. Vl] LIVRE NEUVIEME. J—t A tête de Ma^arin mlfe d prix. — Conduite inconféquente du Parlement. — Le Cardinal arrivé d la Cour. — Gafton & Condé fe réuniffent Le Coadjuteur , Cardinal. — Armée du Duc dc Nemours. — Mademoifelle ferme Orléans au Roi. — Querelle des Ducs de Nemours & de Beaufort. — Condé joint fon armée. — Combat de Bleneau. — Condé a Paris. — Siege £Etamp es Le Duc de Lorraine en France. — Mifere autour de Paris. — Remontrances du Parlementl — Négociations Ba taille de Saint- Antoine. — Majfacre de CHótel-de-Fil7- Anarchie. — Confufwn. _ Tranflation du Parlement. — Embarras du Prince. — Ma^arin quitte une feconde fois le Róyaume. — Opérations des arméés. — Le Cardinal de Reis a Compiegne. — Condé quitte la France.— Dé~ putation au Roi.— Embarras de Gafton. — Le Roi rentre dans Paris. — Le Cardinal de Rets arrêté. — Retour de 1 Maiarin. — Fin des troubles. 1652. 6jj.  L'Intricve  L'INTRIGUE DU CABINET, SOUS HENRI IV ET LOUIS XIII, terminée PAR LA FRONDE. LIVRE HUITIEME, pHH^I" E plus grand embarras de mClrÉj i partifans des Princes, k Bot g^jPy.IF deaux, étoit d'empêcher h =~=3aaa^°l Parlement de conclure 1; paix, fans ffipuler la liberté des Prin ces. S'il avoit voulu la faire k cetu conditión, les émiiTaires de la Coui lui prometroient les plus grands avan tages. Mais, outre que la Compagnie, Tome lFt A " Louis > XIV. iéjo. 1 La Frox- de. i Défiances entre Ma'zarin & les Fron- deurs. Rets,t, Zi  Louis XIV. 1650. La Fronde. Mazarin veut les contenter. Rets ,t.l, P' 7J. 2 L'Intriguf. maitrifée par la populace , n'étoit pas füre de faire exécuter ce qu'elle décideroit, plufieurs de fes Membres penchoient k attendre les événements. On favoit que les Frondeurs , toujours très-puilTants k Paris, defiroient que la paix de Bordeaux ne fe fit pas fitöt, de peur que Mazarin, libre de ce cöté, ne tournat fes forces contre eux. D'ailleurs, la guerre fe continuoit foiblement en Guienne , & les troupes que laUégente y envoyoit* n'étoient pas capables , de déterminer des peuples beïliqueux k réclamer ü promptement Pindulgence de Mazarin ; d'autant plus que les Ducs montroient clairement, qu'en cas de befoin, on pouvoit compter fur le fecours d'Efpagne. Un envoyé de cette nation étoit a Bordeaux , & alluroit, qu'au premier fignal, les vaifleaux de fon maitre entreroient dans la Garonne , & viendroient défendre Ia ville. La bonne intelligence entre les Frondeurs & le Cardinal commencoit a s'afFoiblir. Celui-ci fe repentit d'avoir éloigné du Duc d'Orléans La Riviere , qui lui fervoit a infpirer au  nu Cabine t. 3 Prince les réfolutions dont il avoit befoin. II craignoit avec raifon que Gondi , qui avoit pris la place de 1'Abbé dans la confiance de Gafton, n'eüt pas la même complaifance pour les volontés du Miniftre , ou ne la fit acheter trop cher. U crut même voir des tergiverfations politiques , fuggérées par le Coadjuteur dans la conduite molle que le Duc d'Orléans tint au Parlement, dont les affemblées recommencerent auffi tumultueufes qu'auparavant. Mazarin réfolut de ne pas lailTer appercevoir fon mécontement; au contraire, il combla le Prélat de careiTes, 1'affura qu'il alloit mettre tout en oeuvre pour lui procurer le chapeau de Cardinal, donna des ordres pofitifs a eet effet, lui demanda fon amitié, & lui offrit leance au Confeil. Loin de fe livrer a ces emprelTements, Gondi fe tint fur la défenfive. II refufa toutes les graces apparentes, perfuadé qu'elles ne lui étoient propofées qu'afln de le faire croire ami de Mazarin , & de le rendre par-la odieux au peuple. Pour éviter ce piege, le Coadjuteur ne s'abouchoit jamais avec le Miniftre qu'en A ij Louis XIV. 1650. La Fhon" d£.  Louis xiv. 1650. La Fronde. Les Prinses tranf. 4 L'Intrigue fecret, prefque toujours la nuit, Sc affeftoit exterieurement toutes les manieres & les difcours qui pouvoient le faire regarder comme conftantdans fa haine pour le Cardinal. Au défaut de 1'amitié de Gondi, Mazarin tacha de gagner celle des autres Frondeurs. II leur diftribua des graces qui les contenterent; & fachant qu'ils fe défioientdu Chancelier Séguier, la Reine lui öta les. Sceaux, fans en être mécontente , & les donna au Marquis de Chateau-neuf, intime ami de la DuchelTe de Chevreufe. Tout cela fe faifoit, afin de tirer fans obftacles la Cour de Paris , oü elle fe voyoit toujours avec peine fous la main des Frondeurs. La Régente réuffit enfin, malgré les menées du Coadjuteur, a faire agréer par les autres fon voyage en Guienne , ou la révolte de Bordeaux, exigeoit la préfence du Roi. Elle partit les premiers jours de Juillet>, & laiffa a Paris le Duc d'Orléans & le Garde-des-Sceaux, chargé-s, de concert avec le-Premier-Préfident & Le^ Tellier , de veiller a la tranquillité de la Capitale. Si le Coadjuteur a appellé ce qui  » U C A B I N E T. J fe paflbit k Bordeaux au commencement des troubles, un galimathiasinexpliquabk, ce qui fe palTa a Paris, pendant le voyage de Girienne, ne mérite pas moins ce nom. C'eft un en- i chainement d'intérêts , de vues, de ' réfolutions , de projets difparates, qui \ marquent 1'embarras de tous les ac-' teurs. Le Parlement fe trouva de nou- ' veau engagé dans les affaires d'Etat, par les inftances de celui de Bordeaux , qui fe flatta d'obtenir ainfi des conditions de paix plus avantageufes. Des Préfidents & ConfeiHers Parifiens, députés de leur Corps, allerent négocier en Guieftne , oü on les amufa de belles paroles , pendant que les troupes royales ferroient Bordeaux. Les Efpagnols, ne pouvant y porter des fecours efficaces, revinrent k leur ancienne rufe de propofer avec affe&ation la paix, afin de faire tomber fur le Cardinal le blame de la continuation de la guerre. Celui-ci, aufïï habile en contre-rufe, battit les Efpagnols de leurs aïmes; car, non-feulement, il parut voir avec plaifir leurs difpofitions pacifiques , mais encore il nomina avec apparelt •\ iij Louis XIV. 1650. LiA EROM* DE. ërés a klarcouf- lets, t. z, . 83 & 18.  Louis xiv. 1650. La Fronde. 6 L' Intrigue des Plénipotentaires tirés du Parlement, au nombre defquels il offrit de mettre le Coadjuteur pour trailer la paix ious la direction du Duc d'Orléans. En même-temps, il entama lui - même un traité fecret avec le Confeil d'Efpagne , auquel il n'eut pas de peine a faire entendre qu'un Minilïre, maitre des armées & des places, étoit plus en état de leur faire des avantages, que des particuliers, euflent-ils un Prince du Sang a leur tête. Cette contre-batterie produifit la rupture brufque des négociations de Paris. Enfin, attentif Sc adroit a profiter de toutes les circonftances, Mazarin fe montra trés - allarmé d'une courfe des Efpagnols en Champagne. II fit répandre que M. de Turenne devoit fe détacher de leur armée, avec un gros corps de cavalerie, &c venir a Vincennes enlever les Princes. Peut-être ce projet avoit-il été formé, mais il paroilToit impofiible dans 1'exécution , quand même il y auroit eu dans Paris, comme on le difoit, quelque infanterie prête a les feconder. Cependant, les émilTaires du Cardinal furent fi bien infpirer la  du Cabine t. 7 terreur, que le Duc d'Orltans & ion Confeil confentit a laiffer tranfférer les Princes k Marcoufïi ; chateau que les rivieres qu'il auroit fallu1 palier, mettoient k 1'abri des incurfions des Efpagnols. Gondi fentit bien que cette précaution étoit prife moins contre les ennemis, que contre les Frondeurs, dont on appréhendoit la réconciliation avec les prifonniers, tant qu'ils refteroient a leur portee; auffi fit—il opiner par fes affidés de les mettre plutót a la Baftille , fi on avoit peur d'un coup de main hors de Paris. Le Prélat s'appercut qu'il n'avoit pas mal conjefturé, lorfqu'il vit diminuer les égards que le Miniftre avoit coutume de lui marquer; &C lorfque , fur la plainte qu'il en fit, le Garde-des-Sceaux, qui étoit alors 1'homme de la Cour, répondit: Les Princes ne font plus a la vue de Paris ; il ne faul pas que le Coadjuteur park fi haut. C'étoit de deflbus les murs de Bordeaux que Mazarin menoit toutes ces1 intrigues. II falloit fon aftuce, fa fa- \ gacité , le goüt de la chofe , pour ne i ie pas rebuter & ne fe pas perdre dans^ A iy Louis XIV. 1650. \,k Fronde. Aecom10delent de !orde3ux. ■a Rocht'ouc. p, 30.  L,o u i XIV. l6$o. La Froi ï>e. Lenct, ï, p. l6c & t. 2, j 3.0. Motuvi, ;<< «• 3.J 519. GourvllU f- 7J. (• X48. 20 L'Intrigue les afFaires. La Palatine, a la vérité, fe fervoit d'elles. Elle employa la DuchelTe de Chevreufe & fa rille, Mefdames de Guimenée, de Rhode, de Montbazon, & toutes celles qui lui tomberent fous la main , pour infpirer aux hommes qui les voyoient, les difpofitions dont elle avoit befoin. Mais elle leur étoit bien fupérieure en politique. Le Coadjuteur, dès la première entrevue, la trouva d'une capaclté étonnante, fur-tout ca ce qudle favoit fe fixer; ce qui efi, dit-il, une qualicé rare , & qui marqué Un efprit éclaire audeffus du commun. Une qualité plus rare encore dans les perfonnages qui fe mêlent d'intrigues , c'eft la bonne foi : la Palatine la prenoit pour bafe ians toutes fes opérations, ne cherchoit amais a tromper , parloit toujours n<\\; de forte que lorfqu'elle avoit •éulïï dans une entreprife, ceux dont die triomphoit, loin de lui en fa^oir mauvais gré , ne fe trouvoient jue plus difpofés a lui donner leur :onfiance. L'embarras du Coadjuteur & de la 'alaüne roula moins fur les conditions le 1'union des deux partis, que fur la  du Cabine t. 11 maniere de les ftipuler : car il ne falloit pas que Madame de Montbazon fut ce qu'on accordoit a Madame de Chevreufe , ni celle-ci ce qu'obtenoit le Duc de Beaufort, ni Beaufort ce qui étoit promis auDuc d'Orléans, &ainli des autres. De plus, un traité feul, s'il venoit a être découvert, pouvoit mettre en évidence les moyens de la Fronde , & du parti des Princes qu'on commenca a appelier la petitc Fronde. Alors Mazarin devenant maïtre du fecret de 1'entreprife , auroit été maitre de la rompre , ne füt-ce qu'en s'accommodant. Les deux contra&ants jugerent donc k propos de faire trois traités: le premier, de tous les chefs de 1'ancienne Fronde, avec ceux dè la nouvelle , contre le Miniftre. Ils s'engageoient k s'aider réeiproquement de toutes leurs forces; & le gage de cette union devoit être le mariage du Prince de Conti avec Mademoifelle de Chevreufe. Le fecond traité étoit du Duc de Beaufort feul. Condé confentoit k lui facrifier toutes fes prétentions a 1'Amirauté, k condition qu'il travailleroit, auprès du Duc d'Orléans, a procurer la liberté, des Princes, & qu'il Louis XIV. 1650. La Fron« de.  Louis XIV. 1650. La Fronde. 21 L'Intrigue romproit même avec le Coadjuteur, s'il s'y oppofoit. Cette derniere claufe fut ajoufée par Gondi, afin que Mazarin foupconnat entre eux de la méfintelligence, fi les efpions qu'il avoit auprès de Beaufort lui donnoient cönnoifTance du traité. Enfin, le troifieme étoit du Duc d'Orléans auffi feul : il promettoit délivrance & toute affiftance a Condé, communauté d'intérêts, qui feroit afTurée par le manage de Mademoifelle d'Orléans, fille de Gaflon, avec Ie Duc d'Enguien, quand ils auroient 1'age, & dés a préfent, la charge de Connétable, qu'on feroit revivre pour le Duc d'Orléans, & le chapeau de Cardinal pour Gondi , fon favori. La claufe du mariage du Prince de Conti avec Mademoifelle de Chevreufe, fut auffi inférée dans ce traité. Gafton, thomme du monde, dit Gondi , qui aimoit le plus le commencement des affaires, s'étoit beaucoup amufé de ces traités, pendant qu'on les faifoit: mais, comme il étoit aujji Vhomme du monde qui, des affaires, en craignoitplus la fin, il fit des objeciions , & chercha des détours quand il fallut figner.  DU C A B I N E T. 23 Caumartin, 1'anii, le confeil, 1'agent ! de Gondi , fe chargea d'obtenir la fignature defirée; il fe mit en embufcade dans les appartements, furprit le 1 Duc entre deux portes, lui mit la plume entre les doigts, préfenta fon dos pour pupitre, & Galton figna, difoit Madame de Chevreufe, comme il au~ T0U fiënt> l& ccdule du fabbat, sil avoit eupeur d'y être furpris par fon bon Ange. Quand aux prifonniers, on avoit d'eux des procurations qui valoient des fignatures. Malgré la vigilance du farouche Debar leur geolier, on entretenoit avec eux un commerce régie. Ils propofoient , on répondoit, & les affaires fe traitoient auffi fiïrement & auffi promptement que s'ils euffent été en liberté. Dans 1'argent qu'il leur étoit envoyé pour leur amufement, on glilToit des écus creux, fï bien fabriqués, qu'ils paffoient par les mains de Debar, fans qu'il s'appercüt jamais qu'ils pouvoient contenir quelque chofe : c'eft par ce moyen qu'ils écrivoient, & répondoient. De plus, malgré 1'attention minucieufe de 1^'infatigable geolier , tant eft grande 1'induftrie des prifonniers! Condé trou- Louis XIV. 1650. a Fronde.  Louis XIV. 1650. La Fronde. Affemblce du Parlement,Rets, t. 2, p. 158. Motceville, t. 3 , P' 543. , 24 LMNTRtGÜË va moyen de fe procurer une épée &t des poignards; & quand ils furenf transféres de Vincennes & de Marcouffi*, il y avoit des entreprifes formees pour leur évafion, & peut-être, quelques jours plus tard, auröient-ils été délivrés. On forma auffi des proiets pour les tirer de la citadelle du Havre ; mais comme il auroit fallu employer la force, & que la vie des Princes pouvoit être expofée, leurs partifans, les plus emprefles pour leur liberté, jugerent a propos de renon* eer a ce moyen, & de s'en tenir aü plan arrêté par les confédérés, felon lequel 1'attaque étoit deftinée au Parlement, Au moment de la prifon des Prin» ces, la Compagnie avoit vu la Douairière de Condé lui demander a genoux Ia liberté de fes enfants : plufieurs Confeillers opinoient a recevoir fa requête; mais le Corps, entrainé par le Duc d'Orléans, & dominé par les Frondeurs, renvoya la Princeffe a la commifération de la Reine. Cette tnere défolée ne furvécut pas longïemps h un coup fi fenfible; elle ténoigna, en mourant, le regret de laif- fer  DU C A B I N E T. 25 fer dans les liens, un fïls dont elle s'étoit trop enorgueillie Ce que n'avoit pu faire, quelques mois auparavant , le fpeófacle d une Princeffe profternée aux pieds des Juges, une iimple requête le fit alors , paree que les efprits étoient difpofés. Elle fut préfentée, le lendemain de la rentrée, par un Confeiller au nom de la Princeffe fon époufe. Elle demandoit que fon mari fut tiré du Havre , lieu mal-fain, dont 1'air pouvoit nuire a fa fanté; qu'il fut amené a la Conciergerie fous la garde du Parlement, & qu'on lui fit fon procés. Le Premier-Préfident incidenta fur un défaut de forme; favoir, que la Princeffe n'étoit pas autorifée de fon mari. Auffi-tot il parut un Gentilhomme , porteur d'une lettre écrite, difoit-on, par les Princes (• 158 & Q 162. e f; n' fi. P< la fa la g« gn Fr O; letéce pr s'> mi lai 8 L' Intrigue es, a 1'infu du Premier-Préfidenf. defiroit lui-même leur délivrance , i les Frondeurs le fïrent fervir a leurs eflèins , fans qu'il s'en doutat. Ce fut lez lui qu'ils fïrent minuter la reuête en faveur des prifonniers; & tl la dreffant, Molé difoit d'un air tisfait : V-dia fervir les Princes dans f formes & en gens de bien, & non is comme des factitux. En effet il y avoit pas de mal jufques-la : ce'ne t qu'infenfiblement que fe dévelopxent les refforts de la faöion, & réfolution prife d'employer, s'il le lloit, la violence, pour arracher k Reine fon confentement a 1'élarITement des prifonniers, & a 1'éloiement du Miniitre. La viftoire de Rhetel confterna les □ndeurs du Parlement & de la ville. 1 remarqua un air d'inquiétude fur vifages, au Te Deum qui fut chan; mais le Coadjuteur fe fervit de : événement même pour frapper le ?mier coup contre le Cardinal. II prit de maniere a tromper le Preer-Préfident, auquel il ne falloit pas (Ter pénétrer 1'union de la grande de la petite Fronde, de peur qu'il  I? U C A B I N E T. lp ne s'oppofat a leurs efForts communs, comme étant 1'ouvrage d'une cabale. Gondi repréfenta donc a 1'alTemblée des Chambres, que jufqu'alors il n'avoit point parlé des vices de 1'adminiftration & de 1'oppreffion des peuples , dans la crainte que les ennemis ne fe prévalulTent de la connoilTance de nosmaux, &c du mécontentement que cette connoilTance exciteroit; mais que la derniere vicloire ayant mis la France a 1'abri de toute appréhenfion de leur part, & donnant le loifir de penfer aux maladies internes qui font les plus dangereufes, il croyoit devoir mettre fous les yeux du Parlement des objets li dignes de fon attention : il conclut k ce qu'il fut fait des remontrances k la Régente fur les défordres de 1'Etat; & la confervation des membres de la Maifon Royale étant, dit-il, la principale reffource du Royaurne, ilfautfupplier le Roi de les faire fortir du Havre, oü [air efi infecl & mal-fain , & de les mettre , en attendant Uur liberté, dans quelque endroit ou leur fanté ne coure point de rifque. L'avis efl artificieux , dit Molé , il efl favorable aux Princes; mais on voit toujours psrcer B iij Lovis XIV. 1650. LaFron«  Louis XIV. 1650. La Fronde. Comment on rend Mazarin odieux. Rets , t. 2 , 1 « 30 L'Intr«gue a travers t animojité du Prélat contre eux. Cependant, par la raifon que 1'aquiefcement du Parlement feroit utile a la liberté des prifonniers, qui devoit déplaire a la Fronde, le PremierPréfident concourut a 1'Arrêt, par lequel il étoit ordonné que très-humbles remontrances feroient faites a la Reine , pour demander la réconciliation de la Familie Royale , & la liberté des Princes; qu'il feroit permis a leurs parents de refter publiquement k Paris pour folliciter , & qu'un Pré(ident & deux Confeillers iroient fupplier le Duc d'Orléans de s'entremettre de cette affaire. Avant ce pas décifrf, que la Fronde it faire au Parlement le 30 Décem:>re , elle 1'avoit accoutumé a entenIre nommer Mazarin auteur des maux le 1'Etat, & a entendre propofer que a Reine fut priée de le chaffer du niniflere. Les mêmes difcours fe réjandoient dans le peuple, qui comnencoit a reprendre chaleur. Le Duc le Beaufort étoit toujours fon idole. ion carroffe pafTant un foir a dix heues dans la rue Saint-Honorc, fut ar-  du Cabine T. 31 rcté; on tua un de fes Gentilshommes qui étoit dedans. Le PremierPréfident décida d'abord que c'étoit une joliade renforcêe; d'autres penferent que les aflaffins étoient des voleurs; d'autres, des gens apoliés par le Cardinal, pour attenter a la vie de Beaufort. Les Frondeurs parurent adopter cette derniere opinion , & la revêtirent de toutes les probabilités qui pouvoient la faire prévaloir dans le public. Le Coadjuteur s'en crut autorifé k prendre des précautions , k ne marcher qu'efcorté, k pofer des fentinelles quand il alloit de nuit, & ces précautions tendoient a perfuader que le Cardinal étoit un fcélérat, capable de tout pour fe défaire de fes ennemis. Ou Mazarin fut bien mal averti de la haine générale qui s'allumoit contre lui, ou il fut bien imprudent de ne pas éloigner la Cour de Paris, oü il pouvoit k chaque moment être enveloppé par les Frondeurs , & forcé k faire tout qu'ils exigeroient. Sans doute il fe flatta, k force de négociations , de divifer la cabale ; & les Frondeurs ne lui en öterent pas toutB iv Louis XIV. 1650. LX Fronde. i6?r; 11 fe défend mal. Rets, 1.1, 0. 171 è> 178.  1 O U I XIV. IaFro] DE. „ P V I N T R ï G ü E 's J~fait ƒefpérance, de peur qu'il ne fe/ettat du cöté desPrinces, ou qu'il ne les'accommodat avec eux. On s'obferva, pour ainfi dire, comme deux armees en préfence, tout le mois de Janvier. Le Parlement demandant, tantot qu'on écoutót fes remontrances, tantót qu'on y fit réponfe, & la Reine s'excufant de 1'un & de 1'autre fur fa fanté, que les peines d'efprit qu'elle eprouvoit rendoient affez mauvaife. Néanmoins, pendant eet intervalle il y eut des efpeces d'efcarmouches * dont la Cour fe tira mal. La Reine & fon Miniftre, perfuadés que, fans les confeils du Coadjuteur , le Due d'Orléans ne feroit ni & hafkfdé dans fes projets, ni fi tenace dans fes réfolutions, travailloient a infpirer a fon maitre de la déffance contre lui., Le Cardinal fe procura ime converfation, dans laouelle il expofa aMonfieur la conduite intrigante & déréglée de Gondi. Gallon voulut 1'exciuer; Anne d'Autriche renchérit, Ia difpute s'echauffa; & comme la Reine étoit d'un caraeïere aigre , elle s'emporta a fort, que fon beau-frere eut peur & en fortant du Palais - Royal il  DU C A B I N E T. 33 dit tout haut, que jamais il ne fe remettroit entre les mains de cette enragie furie. C'efï ce que demandoient les Frondeurs ; ils defiroient qu'il fe1 tint éloigné de la Reine , dans la crainte qu'elle ne le fit arrêter, ou ne le gagnat; deux chofes également a redouter pour eux. Dans la même converfation , Mazarin commit une autre imprudence; il compara le Parlement a la Chambre-Baffe de Londres, & quelques-uns de fes Membres a Fairfax & a Cromwel; comparaifon qui lui attira , quand elle fut fue , la haine de ceux qui étoient denieurés jufqu'alors indifférents. Cette fcene mit les affaires dans! leur crife. Le Coadjuteur ne ceffoit de remontrer au Duc d'Orléans , que ■ s'il n'agifToit vigoureufement, il laifferoit au Mazarin 1'avantage de pouvoir fe donner 1'homieur de la liberté des Princes , & qu'ils ne lui en auroient plus 1'obligation ; qu'il n'y a doric pas a différer; qu'il falloit que la Régente fut forcée d'y confentir, & que le vrai moyen étoit de la faire fervir d'ötage. Gaflon fentit toute la force du raifonnément; mais B v Louis XIV. 1651. .A FaoN« DE. -e Parienent conluit par a Fronde,  Louis XIV. 16; jc. La fronde. J -i i t < < i l 34 L'Intrigue 1'idée de faire fon Roi prifonnier, 1'effrayoit. II auroit vouln trouver des biais, &c,en unenuit, difoit fa femme, il accoucha £um multitudc. de projets , bien plus douloureufement que je nai jamais accouché de tous mes enfants. II craignoit fur-tout que le Parlement, effrayé comme lui d'une violence ü téméraire, ne Pabandonnat dansl'exécwtion. C'efl pourquoi Gondi s'appliqua a fi bien lier la Compagnie par fes propres délibérations & fes arrêtés, qu'elle ne put plus fe dédire. Son art pour cela , confiftoit k faire propofer dans les affemblées des Chambres, par fesaffidés, tantdt gner le Cardinal pour être ouï iir fon adminiftration, tantöt de le lécréter d'ajournement perlbnnel ou le prife de corps; ou enfin , fans tant 1'examen, de demander a la Reine bnéloignement: propofitions qui n'éoient pas tout d'un coup adoptées en :ntier ; mais il en refloit toujours lans les regiflres quelque chofe qui ervoit de bafe a d'autres. Cette continuité d'imputations graes , de réfolutions extrêmes , d'obervations malignes, enflamnioit les  r> u Cabine t. 35 efprits des jeunes gens, que leur im- ] pétuofité emportoit a des exclamations, a parler fans ordre, a prévenir leur tour ; & quand les anciens vouloient1 réclamer la décence , leurs voix étoient étouffées par Vefcopeterie des Enquêtes , foutenue des falves du peuple, qu'on avoit foin de faire tenir en grand nombre dans les falies, afin d'épouvanter les timides, & d'appuyer les audacieux. La Cour voyant que c'étoit par le Parlement que Gondi dirigeoit fon at- \ taque , entreprit de lui öter fon cré- < .dit clans la Compagnie. Le 4 Février, les Chambres étant affemblées pour' délibérer fur le fort du Miniftre, ar-; rive le Grand-Maitre des Cérémonies, porteur d'une lettre de cachet, qui enjoignoit au Parlement de faire une députationnombreufe au Palais-Royal. Après quelque doute fi on devoit obéir a un ordre donné fans 1'aveu de Monfieur, la députation part, & revient avec un écrit, figné des quatre Secretaires d'Etat, dont leef ure lui avoit été faite. C'étoit une inveétive fanglante que le Premier - Préfidert fit lire furlechamp. La Reine y difoit, B vj . O U I s XIV. 1651. ,A FRON* DE. Inveöire inutile :ontre ïondi. las ,t.2, . 1S0. 'oly , f. I , '. 106.  l o v i XIV. 1651. Ia Froi DE, < 1 36 L'Intrigue | que le Coadjuteur étoit un méchant, a/r dangtrtux efprit, qui donnoit de perni^ cteux confeils au Duc d'Orléans. II veut 'perdreVEtat, ajoute-t-elle,./^ qu'on liua refuféle Chapeau , & il s'efi vanté quil mettra le feu au quatre coins du Rnyaume , & qu'il fe tiendra aupres avec cents mille hommes qui lui font engagés , pour caffer la tête d ceux qui fe préfenteront pour l'éteindre. Une pareille déciaration pouvoit paffer pour une véritable accufation , & MoM comptoit bien lui en donner les effets; Molé, qui s'appercevoit enfin que Gondi s'étoit fervi contre Iiiimeme, de fon attachement aux formes, & qu'il avoit amené fa Compagnie fur un penchant oii on ne pouvoit plus la retenir. II ne défefpéroit cependant pas d'embarraffer a on tour le Prélat, fi les opinionsalloient a l'ajournement ou au décret • mais le grand Banc, intimidé par le" racarme qu'il entendoit dans les falies je fit que balbutier ; les ims demanioient qu'on priatle Duc d'Orléans de /eiller au falut de ITZtat; d'autres, pi'on ordonnatdes prieres publiques * omme dans un temps de calamité'  du Cabine t. 37 Le Coadjuteur étoit placé entre' les Confeillers de Grand'Chambre 8c les Enquêtes. Quand fon tour d'opiner fut arrivé, il fe leva d'un air tranquille 8c alfuré, & dit que Melïïeurs qui venoient d'opiner, n'ayant point parlé de cette paperajfe, fembloient 1'avertir de n'en faire pas plus de cas que des brevets donnés autrefois aux efpions, quoique dans tous ces aöes on eut également employé ou plutot profané le nom facré du Roi ï puis , prenant Ie ton de Scipion, lorfque, dédaignant de répondre aux calomnies de fes ennemis, il mena le peuple au Capitole remercier les Dieux de fes viftoires, il forgea un paffage Latin , dont le fens étoit : Dans les temps dijjiciles yje rial point abandonnè la République ; dans les bons, je nai tien applic-ué a mon pro'fit ; & quand tout paroijfoit dèfefpèri , je n'ai point tremblé (a). Pardonne^ , Meffïeurs 9 (d) In dlfficiïïimis ReipMicce temporibus urbem non dcfend, in pro/peris nihil de publico delibavi , in defperatis nihil timui. Voy» Mém. de Joly, tom. I, p. nj. ,OÜI5 XIV. 1651. ,A FRON» DE.  L o u i < XIV. 1651. Ia Fro> de. Mazarii quitte Paris. Motteville , t. 4. p 5 . 54 6- Talon , r. 71 p- 201. 6 I-r. Pan. P- 7J. Nemours , />• 8?. £ as. Arrêt contre lui. ^4° L' I N T R I G U E "s folution expreffe de ne point s'expoier entre les mains de la Reine. Ce fut peut - être alors que cette -Princeffe, outrée de la violence qu'on lm faifoit, voulut, plutöt que de fléchir , nfquer le tout pour le tout, apPeller des troupes, fe cantonner dans le quartier du Palais-Royal, & tenir tete au Duc d'Orléans qui demeuroit au Luxembourg. Mais, foit prudence,^foittimidité, le Cardinal s'oppola a ce deifein; &, fur des efpérances qu'on lui donna, que fon éloignement pouvoit calmer les efprits, le foir chi 6 Février il quitta Paris, & ie retira a Saint-Germain. Après ce facrifïce , Anne d'Autriche renouvelk fes inflances pour obtemr une conférence. Monfieur y étoit affez porté; mais le Coadjuteur ne pnt pas le change, & il détermina te Prince a répondre que Ie Cardinal etoit trop prés; qu'on favoitqu'il gouvernoit comme a 1'ordinaire, 6c que tant qu'il ne feroit pas plus éloigné, d ne croyoit pas qu'il y eÜt företé pour fa perfonne. La Reine redoubla les pneres; elle fit une affemblée de la Nobleflé, des Grands du Royaume,  DU C A B I N E T. 41 & des Maréchaux de France, qui allerent tous s'offrir pour ötages a Gafton. II les remercia, & perfifta dans fon refus. Les Frondeurs ne fe laifferent pas non plus prendre aux affurances verbales que la Reine donnoit de délivrer les Princes, quoiqu'elle pouffatla condefcendance, jufqu'a faire partir le Duc de Grammont comme porteur des ordres pour leur liberté. On continua a la harceler par des remontrances, qui toutes tendoient a demander pour préalable & affurance de leur élargiffement y 1'éloignement fans retour du Cardinal. Enfin, Anne d'Autriche fe rendit; & après de violents combats, elle laiffa arracher, le 9 Février, la promeffe de ne jamais rappeller fon Miniffre. Auffi-töt, de peur qu'elle ne fe dédït, le Parlement donna un Arrêt qui portoit : QiCen cnnféquencc de la declaratïon & volonté du Roi & de la Régente, dans le quin7ieme jour de la publication du prèfent Arrêt, le Cardinal Mazarin ,fes parents & domefïiques étrangers , vuideroient le Royaume , & que , ledit temps paffe, il feroit procédé contn eux extraordinaintnent, 6- permis aux Louis XIV. 1651. \.k Fronde.  L o u i < XIV. 1651. LaFron de. L:i Rz'mi ne peut fortir de Paris. Talon , t 7, //Part.p. 29 & 31. Motteville , t. 4 , P- 71. Rets, 1.1, p. J97. 42 L' I N T K I G U E ' Communts & tous autres de leur coure fus. Cette promeffe , que le Parlement ie hata de rendre folemnelle par un Arrêt, la Reine ne 1'avoit donnée, en partie, que pour endormir la vigdance des Frondeurs, & s'échapper de leurs mains. II eft étonnant qu'elle ne Feut pas fait en même-temps que le Cardinal, & en vain tenta-t-elle alors de réparer fa faute. Comme les Courtifans ne connoilfent de fouverame que la profpérité , voyant que tout réuffilToit aux Frondeurs, ils les avertirent, fous main, que la Régente devoit fe fauver la nuit même qm fuivit 1 Arrêt, & emmener le Roi. Ce fut alors que le Coadjuteur eut befom de toute fon éloquence auprès du Duc d'Orléans : mais ni lui, ni Madame, qui s'y employa de toutes les forces, ni Mademoifelle de Chevreufe, ni fes ferviteurs les plus accoutumés a le conduire, ne purent obtenir de lui ordre de mettre furpied des troupes pour environner le PalaisR-oyal, & empêcher la Reine de s'érader. Madame le donna , au défaut de fon mari; & Gondi, qui avoit pris  du C a B i n e t. 43 fes mefures de loin, 1'eut bientöt exécuté. Quoique ce fut au milieu de la nuit, il fe trouva, en une heure de temps , des patrouilles répandues par toute la ville, dont les unes s'emparerent des portes, & les autres garderent les avenues du palais, avec un peuple nombreux, qui fe mit fous les armes; de forte qu'Anne d'Autritriche, inflruite de ces difpofitions, renonca a fon projet, & fit couchei le jeune Roi, qui s'endormit profondément. Elle le montra en eet état au Capitaine des Gardes de Monfieur, que ce Prince avoit dépêche poui lui repréfenter le danger du part: qu'elle prenoit. Ce témoin non fufpet" certifia au peuple , qu'on ne fongeoi pas a lui enlever fon Roi, & qu< tout étoit au palais dans la plus grand< tranquillité. Plufieurs demanderent ; s'en affurer par leurs propres yeux & leur emprelTement produifit unf fcene attendriffante dans le défordn de cette nuit. La Reine fit ouvrir le: portes. Ils entrerent en foule; mai s'impofant 1'un a 1'autre le filence & la circonfpection du refpeft. Ils regardoient ayec une efpece d'avidité o Louis XIV. 1651. La Fron- d£. I  L o v i XIV. 1651. Ia From de. O) Elle fit appelier deux Officiers de la garde Bourgeoife , qui lui paroifToient des plus accrédités auprès du peuple ; elle leur montra fon oratoite & fes reliquaires. LAin deux, dit Madame de Motteville, s'appeücit Dulaurier.La Reine, en lui parlant, 1'appelloit toujours Monfieur. II lui apprit qu'il avoit eu Fhonneur de fuivre long-temps la Cour, en qualité de laquais d'un de fes Maitres-d'hötel. Cette reconnoiffance réciproque neus fit rire, & nous admirdmes avec quelle cordialité la Reine & Monfieur Dulaurier par< loient enfemble. Voy. Mém. de Motteville, tom. 4, p. 82. 44 L'Intrigue l jeune Prince, embelli par le calme d'un doux fommeil; ils admiroient fes graces naiffantes. Ceux qui étoient auprès de lui ne pouvoient le quitter; ceux qui 1'avoient vu vouloient le revoir encore, & en fe retirant, le combloient de bénédictions. Cette mere _ Bttriflése , jouit alors de quelque fatisfaction au milieu de fes allarmes. Elle ne dédaigna pas d'employer ces manieres populaires,quefaventfi bien prendre les Grands quand ils en ont befoin, & qui leur réufliffent toujours (a) ; & elle prit même le parti, pour êter au peuple tout foupcon, d'a-  du Cabine t. 4c; bandonner aux B ourgeois la garde de la ville. Le lendemain de cette nuit orageufe, il fut queftion de faire approuver au Parlement ce qui s'étoit palfé. Le Duc d'Orléans ne n'y préfenta qu'avec une efpece de remords, & feulement quand il fut affuré que le plus grand nombre applaudiffoit a ce qui s'étoit fait fous fon nom. Le Coadjuteur lui donna aifement cette affurance, paree qu'il avoit difpofé dans les falies une multitude de Frondeurs de tous états , qui devoient, par leurs clameurs , impofer fdence a ceux qui voudroient fe plaindre; mais il n'en fut pas befoin. Le feul Molé ofa montrer fon reffentiment de 1'affront fait a la majefté Royale. Le Coadjuteur le trouva, dés le matin , afïïs a fa place dans la Grand'Chambre, & jugeant les affaires ordinaires. La trifleffe, dit Gondi, paroiffoit dans fes yeux ; mais cette forte de trifleffe qui touche & qui émeut, paree qu'elle na rien de Fabattement. En arrivant, le Duc d'Orléans annonca qu'il avoit pris des mefures efficaces pour la liberté des Princes. Molé dit; Monfieur, le Prince ejl en li- Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fron DE. Les Princes mis en liberté. la Rochcf. p. 148. Nemours , p. s7. Joly , t. I, p. 120. 46 L' I N T R I G U E ' bertè, 6* le Roi , le Roi notre maitre J eft prifonnier. Gafton repartit: Le Roi ètoit prifonnier entre les mains de Mazarin ; mais , Dieu merci, il ne fefl plus. 11 ne Cefi plus, il ne Cefi plus, s'écrierent les Enquêtes, comme par écho; & la féance hnit par un difcours, danslequel Monfieur prouva qu'il avoit été néceflaire de retenir le Roi, dans la crainte que fa fortie n'occafionnat une guerre civile. Cette fermeté fit connoitre au Cardinal, qui étoit toujours k Saint-Germain, qu'il n'avoit plus rien a efpérer de la négociation a Paris. Le Prélat voulut voir s'il feroit plus heureux au Havre, & fe chargea lui-même de mettre les Princes en liberté. II y arriva le 13.. Ce qui fe paffa dans cette entrevue, eft raconté diverfement. Joli dit: Quil s'humilia jufqu'd embrajfer les genoux de M. le Prince , les larmes aux yeux, 6* lui demander fa proteclion. La Rochefoucault, qui doit avoir été mieux inftruit, raconté qu'il voulut d'abord juftifïer fa conduite envers eux, en leur difant Ie fujet qu'il avoit eu de les faire arrêter; qu'enfuite il leur demanda leur  du Cabine t. 47 amitié , & leur dit néanmoins avecfermeté, quils étoient libres de la lui accorder ou de la refufer; & quoi quils fiffent fur cela , ils pouvoient, des ce moment, fortir du Havre , & aller 011 il leur plairoit. dpparemment, ajoute la Rochefoucault, ils lui promirent ce qu'il voulut; il dina avec eux, & partit pour Sedan, d'oü il fe retira fur les terres de 1'Elecfeur de Cologne. Sans doute il vouloit que les Princes lui euffent obligation de leur liberté, puifqu'il prévint les ordres, qui n'arriverent que lorfqu'ils étodent déja libres. Peut-être efpéroit-il, a la faveur de cette prévenance, entamer un traité ; mais il étoit trop tard. On ne fait cependant fi, au défaut d'un accommodement, Mazarin n'emporta pas le plaifir d'infpirer aux Princes, a 1'aide de 1'enjouement du repas, qui fut fort gai, des préventions contre lèurs libérateurs. Condé, Conti & Longueville arriverent a Paris le 16. Le Duc d'Orl eans alla au-devant d'eux avec le Coadjuteur & le Duc de Beaufort, lis furent préfentés a la Régente par Gallon , qui avoit été lui rendre fes devoirs la veille. Ces deux ehtrevues Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fron. de. Politigue ambigue de Condé. Rets, t.i, p. 207. La Rochtfouc. p. 144 & 149Joly, 1.1 , p. 126. Nemours , *• 94. 4§ L'Intrigue furent également froides: mais töüs les Grands, même leurs ennemis, vinrent les féliciter ; & le même peuple , qui avoit fait des feux de joie pour leur emprifonnement, en fit, treize mois après , pour leur liberté. Tant que les troubles durerent, on vit de ces alternatives, non-feulement dans le peuple, mais encore dans les Chefs. Les intéréts changerent fouvent, au point de devenir abfolument contraires. La haine contre le Cardinal enfanta la Fronde; le Prince de Condé combattit pour le Miniftre fous les murs de Paris; il fe joignit enfuite aux Frondeurs, & devint la victime de Mazarin & de la Fronde réunis, qui lui donnerent des fers. Ces ennemis réconciliés fe diviferent; &c la liberté du Prince, arrachée a la Régente , fut le gage d'une nouvelle union entre lui & la Fronde : enfin, des germes de difcorde revivifiés changerent encore les intéréts. Le triómphe de Condé étoit complet; Mazarin fuyoit chargé de la haine & du mépris public. On admiroit le Prince, qui, du fond de fa prifon, avoit tenu fon Roi affiégé dans fon palais.  DU C A B 1 N E T. '49 palais. Tous les yeux étoient fixés fur lui, comme li de fa volonté eut dü dépendre déformais le fort du Royaume. Les Frondeurs , qui avoient fait des conditions avec lui pour le tirer de fa prifon , les lui remirent quand il en fut forti; & Condé, fenfible a leur générofité, pour ne pas être en relle d'honnêteté, leur confirma fes promelfes : de forte qu'on regarda le mariage du Prince de Conti & de Mademoifelle de Chevreufe , comme prêt a fe conclure. Condé s'y attendoit lui-même : mais toujours deftiné a être entraïné par les paffions des au« tres, il changea bientót d'idées. Le Duc de la Rochefoucault déteftoit le Coadjuteur; ils s'étoientdonné plufieurs fois des marqués d'antipathie , qui prouvoient que , quoiqu'ils fuffent du même parti, jamais ils ne pourroient vivre enfemble. II n'avoit pas même tenu au Duc, que le Prélat ne perdit tout le fruit de fes traités pour la délivrance des Princes, & que fon intrigue ne tournat contre lui-même : car, au moment que les deux Frondes alloient fe réunir, la Rochefoucault alla trouver Mazarin, Tornt ir. C j OU I s XIV. i6;i. LaFroS' de.  Louis XIV. 1651. La Fronde. 50 L'Intrigue lui raconta , fans cependant compromettre perfonne , tout ce qui fe paffoit; lui prédit affirmativement que. fes prifonniers lui feroient enlevés malgré lui, èc 1'exhorta a négocier avec eux. Le Cardinal ne le crut pas dans le temps, & eut tout lieu de s'en repentir: mais les ouvertures du Duc ne furent pas tout-a-fait perdues. Elles fïrent connoïtre k Mazarin qu'il ne feroit pas impoffible de jetter de la divifion entre la grande & Ia petite Fronde. Retiré k Brueil, Maifon de campagne de 1'Elecleur de Cologne, d'oii il dirigeoit toutes les affaires, il manda k la Reine, qu'elle devoit tacher de trouver auprès du Prince de Condé quelqu'un qui lui fit entendre qu'il feroit beaucoup plus avantageux pour lui de revenir a la Régentes, que de demeurer lié avec les Frondeurs. De tous ceux qui approchoient du Prince, le plus aifé k entamer fur cette matiere, étoit le Duc Je la Rochefoucault, paree qu'il appréhendoit que le Coadjuteur, fe renlant néceflaire, ne lui enlevat la conSance de Condé; chofe aifée, quand e Prélat feroit appuyé de 1'efprit &c  nu Cabine t. 51 des graces de Mademoifelle de Chevreufe , devenue Princeffe de Conti. La Rochefoucault fouleva donc, contre ce mariage , la Ducheffe de Longueville, très-difpofée k être jaloufe d'une belle-fceur trop aimable; il aigrit auffi le Duc de Beaufort, Madame de Montbazon, & les autres auxquels on avoit fait myftere de ce mariage dans les traités. Toutes ces perfonnes fe réunirent, & difpoferent le Prince, tant a s'éloigner de Gondi , qu'a fe rapprocher de la Reine. Condé n'aimoit pas le Coadjuteur ^ qu'il regardoit comme un intrigant dangereux, capable de tout confeiller & de tout pfer. Avant que de rompre avec lui, il ne put s'empêcher de faire voir le fond de fon coeur en pleine affemblée du Parlement. On venoit de prononcer contre Mazarin 1'exclufion du Miniflere, comme Cardinal. Brouffel opina d'étendre cette efpece de profcription aux Cardinaux même Francois. Molé favoit que cette décifion ne pouvoit que déplaire trésfort au Coadjuteur , paree qu'il defiroit ardemment le Cardinalat, & le defiroit principalement pour s'en faire C ij Louis xiv. 1651. La Fronde.  looi: XIV. 1651. LaFron de. Rupïure de Taffen! 3)Iée de li Nobleffe. Joly , 1.1 . 52. L'Intriguf. un degré au Miniftere. C'eft pourquo* 1 le Premier-Préfident appuya fortemen' 1'avisde Brouffel. Prefque tout le mon" de s'y joignit; & témoin de ce concert , Condé dit avec un fourire malin : Le bel écho. Ces trois mots ouvrirent a Gondi les yeux fur les difpofitions du Prince. II auroit dü les appercevoir plutöt, & foupconner la défertion de Condé, lorfqu'il le vit entrer complaifamment dans les vues de la Cour, au fujet de 1'alfemblée de la Nobleffe. Elle s'étoit formée pour la délivrance des Princes ; & depuis leur liberté , deux ou trois cents Gentilshommes continuo i ent de fe trouver dans la grande falie des Cordeliers, oü , infenfiblement, ils s'étoient mis a traiter des affaires d'Etat avec beaucoup d'ordre & de bienféance. Ils menerent les chofes au point de demander la convocation des Etats généraux. La Régente craignit qu'a fon refus, ils ne les affemblaffent d'eux-mêmes; le Clergé offroit de s'y rendre, &onn'avoitplus befoin que du Tiers-Etat, pour lequel on parloit déja d'envoyer des mandements, tant a l'Hötel-de-Ville que  du Cabine t. 53 dans les Provinces. Le Duc d'Orléans voyoit avec plaifir la perfpective d'une aflemblée, dans laquelle il pouvoit jouer un röle très-brillant &c trèsavantageux. Mazarin , au contraire , trembloit d'en voir partir une décifion , qui lui fermeroit pour toujours 1'entrée du Royaume. II écrivit d'employer , pour la rompre, le Prince de Condé , qui ne pouvoit y paroitre qu'en fecond , & ne devoit pas être fi intéreffé k fa continuation. On traita avec lui, & il fe chargea de faire entendre k Gallon , qu'une pareille affemblée pouvoit devenir très-préjudiciable, tant a la tranquillité du Royaume, qu'aux prérogatives & privileges des Princes du Sang. Monfieur, perfuadé, fe laifla conduire par Condé k l'affemblée; ils prefferent la Nobleffe de fe féparer, & 1'obtinrent, en promettant que les Etats généraux feroient convoqués a la majorité du Roi, qui devoit être déclarée vers la fin de 1'année. Pour préalable de ce que la Cour • vouloit faire en reconnoiflance de eet- j te complaifance de Condé, on con- 1 vint avec lui d'un changement dans \ C iij Louis XIV. 1651. La Fron- Dl. it du ma. ■iage de Hademoi'elle de -hevreue.  Loui XIV. 1651. La Froï de. Rets, t. 2 P- 155. Chavigny avoit été Chancelier de Monfieur , pendant le Miniftere de Richelieu dont il étoit Favori, & dont on le croyoh même fils. II ufoit très-infolemment auprès de Gafton, de tout le pouvoir que lui donnoit la faveur d'un Miniftre inipérieux. 11 lui fit un jour tomber un bouton de fon pourpoint, en lui difant: Je veux bien que vous fachtei que M. le Cardinal vous fera fauter , quand il youdra , comme je fais fauter ce bouton. Je tiens ce que je vous dis de la bouche même de Monfieur , dit Gondi , tom. II , p. 227. 54 L'Intrigue s le Confeil. Le Prince y voyoit avec peine le Garde-des-Sceaux Chateau_ neuf, qu'il regardoit comme ennemi de fa familie. La Reine le facnfïa d'au, tant plus volontiers, qu'elle le puniffoit par-la des atteintes fecretes qu'il ne celToit de donner a Mazarin, dont il ambitionnoit la place , & elle s'engagea, avec encore plus de plaifir, a rappeller Chavigny , dont elle favoit que le retour feroit regardé par le Duc d'Orléans, comme un affront que Condé lui avoit ménagé (a). La Régente promit auffi de donner les Sceaux a Molé, très-affeftionné au Prince : mais elle lui demanda de rompre le  i>u Cabine t. 55 manage de fon frere avec Mademoifelle de Chevreufe; action qui devoit brouiller irréconciliablement Condé avec le Coadjuteur. II éprouva des difficultés de la part de fon frere. Conti étoit trés-content de 1'engagement qu'on lui avoit fait prendre dans fa prifon. II aimoit fa maitreffe avec toute 1'ardeur d'une première paffion, & il s'afFermilfoit dans Ion amour, tant par les manieres agréables de la Demoifelle, que par les confeils de plulieurs perfonnes fenfées de la petite Fronde, qui appréhendoient qu'en bleffant la grande dans une partie auffi fenfible, les Princes ne fe fiflént des ennemis, qui, en fe joignant k la Cour, les jetteroient dans de nouveaux embarras. Ces réflexions n'arrêterent point Condé; il exigea de fon frere le facrifice de fa paffion. La conduite de Mademoifelle de Chevreufe, non plus que celle des autres femmes qui fe mêloient alors des affaires, n'avoit pas été fort circonfpecte (#). Prefque tous les rendez-vous (aj Elle avoit plus de beauté que d'agrémentl C iv Louis XIV. 1651. La Frcn- x>e.  loui XIV. 1651. Ia Froi fc 55 L' I N T R r G U E ." pour traiter fe donnoient la nuit. C'étoit la nuit & au lit qu'elles rece_ voient les Négociateurs, & fans doute ' elles eloignoient les témoins, puifqu'il étoit queflion de chofes qui devoient demeurer fort fecretes. Le public auroit pu le trouvtr mauvais , dit le Coadj ateur; mais il n'm parloit pas , tant f habituele a de force, particulierement dans lafa&ion, en faveur de ceux qui om gagnè les ceeurs & en raconfant les moyens dont il fe fervoit pour faire illufion, telles que des cérémonies d'Eglife, des conférences de Séminaire , II n'y avoit rien, ajoute-t-il, de fi contraire d cela , que ce qui fe paffoit d Vkêtel de Chevreufe 1 mais j'avois trouvé fan de concilier, & eet art juftifie, d l''égard du monde, ce qu'il concilie ; a 1'égard du monde a la véri- ètoit fitte jufqu'au ridicule , par fin naturel. La paffion lui donnoit de l'efpm , & même du feneux & de l'agréable , uniquement pour ceM qu elle aimoit; mais elle le traitoit bientót comme'fis jupes , qu'elle mettoit dans fon lit quand elles lui plaifoient, & qu'elle brülmt par une pure averfion deux heures après. Voy. Mém. de Rets, tpm. I, p. i%u ' •  ou Cabine t. 57 té, & non a 1'égard des intérefles. Les affiduités du Coadjuteur, les conjectures & les difcours qui en étoient une fuite, racontés a Conti par Condé luimême , le dégoüterent entiérement, & ils rompirent fans même garder les ménagements qu'on doit fur-tout k une parente. Cet éclat fut payé par les changements que la Reine avoit promis au Prince. Le 3 Avril, elle envoya dire au Duc d'Orléans, qu'elle rappelloit Chavigny au Confeil, qu'elle congédioit Chateauneuf, &c donnoit les Sceaux k Molé. Gallon, LieutenantGénéral du Royaume, voulut fe plaindre de ce que des difpofitions fi effentielles fe faifoient fans lui: Vous en ave\ bien fait d'autres fans moi, répondit fïérement Anne d'Autriche. La grande Fronde fut étourdie de cette hauteur , & encore plus de la maniere dont Condé prit cet événement. II fe rendit avec Beaufort & les autres membres de la petite Fronde, k 1'affemblée que Monfieur convoqua au Luxembourg , pour délibérer fur ce qu'il y avoit k faire dans cette circonflance. Le Coadjuteur ne biaifa point. II dit C v Louis XIV. 1651. La Fronde, Condé, d'intelligenceavec la Reine. Rets , f. 2 , ■}. 218. Joly.f. 118. Nemours » p. 112.  Louis XIV. 1651. La Fron de. (a) On lit cette expreflion dans les Mémoires de Nemours , page 112. Dans ceux de Rets , on lit: La guerre des pots de thambrc , p. 220. 5-8 L'Intrigue qu'il falloit que Ie Duc d'Orléans envoyat enlever de force les Sceaux au Premier-Préfident. Cet avis, ditleDuc ■ de la Rochefoucault, a fair £une exhortation au carnage. Le Prince fe défendit de le fiiivre, paree qu'il n'entendoit rien a la guerre des cailloux (a). Je me fens mémi, dit-il, poltrort pour toutes les occajions de tumulte populaire & de fêdition. Après ces mots, Condé fe retira avec Conti & Beaufort, dans un cabinet voifm de la falie oii fe tenoit ce Confeil, comme pour faire voir qu'il ne vouloit plus prendre part a ce qui s'y palferoit. Le Coadjuteur, qui fentoit que ces mots avoient été dits pour lui, fe piqua de 1'emporter, & de faire agréer par Gallon Ie parti rejetté par Condé. II revint a la charge auprès de Monfieur: Madame pleura; le Duc s'ébranla, & dit : Mais fi nous prenons cette réjblutión, il faut les anèter tout-d-fheure, & eux & mort neveu de Beaufort. Dites un mot, s'é-  du Cabine t. 59 cria Mademoifelle de Chevreufe, qui avoit fon injure particuliere a venger; il ne faut qu'un tour de clef. Qu'une fille ah Phonneur d'arrêter un gagneur] de batailles ! En même-temps, elle s'éIan§oit vers la porte.- Le Duc d'Orléans la retint, & les trois Princes fortirent du Luxembourg, riant de 1'embarras du Coadjuteur, & ignorant le danger qu'ils venoient de courir euxmêmes. Göndi follicita plufieurs jours Gafton , de ne pas refter tranquille fur! 1'affront qui lui avoit été fait. II lui 1 offrit le fecours du peuple, celui du l Parlement, avec lefquels il fe flattoit d'être en étt:t, malgré Condé, malgré Molé, de faire repentir la Reine de fon entreprife. Anne d'Autriche, de fon cöté, tachoit d'adoucir le reffentiment de fon beau-frere. Elle lui faifoit des offres & des promeffes trèscapables de le tenter. Le temps & les follicitations opérerent enfin fur 1'efprit verfatile de Monfieur. Le Coadjuteur s'appercut que fes confeils vigoureux commenfoient a déplaire, que fa préfence même gênoit quelquefois. II eut peur d'être facrifié par Gallon , comC v; Louis XIV. 1651. .a Fronde. Retraite lu Coaduteur.iets, t. 21 . 224.  L o v i XIV. 1651. La Fro: ■de. 60 LMntrigue Hl 1 me tant d'autres, &arrêté. Cette craïate lui fit prendre une réfolution trésextraordinaire , mais que Tévénement "'juftifia au-dela de fes efpérances. II favoit 1'afcendant que 1'eftime des Curés & la vénération des dévots pouvoient lui donner fur le peuple; qu'il n'étoit pas difficile de 1'obtenir, s'il vouloit marquer de la confiance a fon Ciergé, & s'appliquer a fes fonftions, de maniere qu'il parut renoncer a tout le refle. II fe perfuadoit qu'alors la Cour, quelque puiffante qu'elle fut, ne réuffiroit jamais a Tenlever du milieu de fon troupeau; & le moins, penfoit-il, qu'il put efpérer, étoit de vivre tranquille, chéri & refpeélé, s'il n'arrivoit pas même que la Régente fut obligée de le rechercher. D'après ces obfervations, le Prélat va trouver le Duc d'Orléans; & prenant fon texte, de la perplexité oü fe trouvoit fon AltefTe, entre le defirde défendre fon favori, & 1'envie de fatisfaire Ia Reine, il lui dit que, pour le débarraffer, il renonce aux affaires, & fe confacre déformais, fans partage, aux fonclions de fon mini/tere. Gallon, que ce compliment mettoit  DU C A B 1 N E T. 6l k 1'aife, le recoit très-agréablement. II avoue au Coadjuteur, avec une efpece de confufion , que , dans les circonllances, il lui fait plaifir ; il lui promet de le défendre contre toute efpece d'entreprife, & concerte avec lui un commerce fecret, que le Prélat n'a garde de refufer. Gondi va enfuite faire part de fa réfolution au Prince de Condé, qui le badine & lui fouhaite un bon fuccès. Le Prince de Conti le félicite de fa converfion , & lui dit en le quittant : Adieu, bon frere hermite. La Duchelfe de Longueville & les autres Dames ne lui épargnerent pas non plus les plaifanteries. II y répond de bonne grace, & va fe confiner dans le palais épifcopal, d'oii il ne fort plus que pour prêcher, conlirmer , dire des MefTes folemnelles,. & affiiter a des Saluts. Cependant il ne fe fioit pas tant k ces moyens, qu'il ne prit d'autres mefures encore contre les furprifes. II s'attacha des Officiers Ecofïbis, qui, échappés k f épée de Cromwel , s'étoient réfugiés en France, & les polia dans les maifons qui environnoient le Cloitre. Plus prés de lui furent placés quelques Gentils- Louis XIV. 1651. La Frok*  L ou i XIV. 1651. La Fron . de. Puiflance «e Condé 62. L' I N T R I G U E ■ hommes Francois, avec des foldats réfolus. II fit mettre dans une des tours de la Cathédrale, de la poudre & des ' grenades; & tous les jours on y renouvelloit affez de provifions de bouche, pour foutenir un blocus de quelques jours, qui donneroit au peuple le temps de fe reconnoïtre, & de fecourir le Coadjuteur, s'il étoit attaqué. Avec ces précautions, moitié pacifiques, moitié guerrieres, Gondi attendit tranquillement la fin des mouvements que la fermentation actuelle annoncoit. Plufieurs femainesfe pafferent, pendant lefquelles il prit affez fur luimême ,^ pour foutenir les apparences d'une régularitéexemplaire, fans s'interdire néanmoinsles vifites nocturnes a 1'hötel de Chevreufe, & les autres plaifirs clandeflins qu'il pouvoit dérober a 1'attention du public. On le crut totalement féparé du monde. Les plaifants s'égayerent fur cette retraite ; & fachant qu'il avoit fait batir une volière , ils dirent que le Coadjuteur fiffloit les linotes.Débarraffé de ce concurrent, le Prince de Condé, pour me fervir de l'expreftion du temps, tenolt  du Cabine t. 63 le ham du pavé. II jouiffoit de 1'admiration du peuple, dont il fe concilioit l'affection, par des démonltrations perpétuelles de mépris pour Mazarin &c fes partifans. Comme on ne voyoit plus le Duc d'Orléans ni le Coadjuteur au Parlement, cette Compagnie s'accoutuma a regarder Condé comme le plus ferme appui de fes Arrêts contre 1'Eminence profcrite. Lui, de fon cöté, ne celToit, ou par lui-même, ou par fes émilfaires, de fournir au Parlement matiere a de nouvelles délibérations. On dénoncoit aux Chambres ceux qui avoient commerce avec 1'exilé , fes banquiers, fes domefKques, les courtifans qui alloient le voir a Brueil, ceux mêmes qui parloient en fa faveur ; & fur tous ces objets, il fortit du Greffe, des Arrêts, moins deftinés a bleffer celui qu'ils notoient, qu'a entretenir la chaleur des efprits. La Reine prenoit patience, dans 1'efpérance que tout finiroit par le traité qu'elle négocioit avec le Prince; & peut - être lui - même ne montroit- il tant d'animofité contre le Miniitre, que pour forcer la Régente a payer' Louis XIV. 1651. La Fron- • BE, La Reine recherche e Coadiuteur.Iets, t. 2,' r. 229. Mottevil-  lom s XIV. l6;i. La Fronde. 64 L' Intrigue fon retour par des conditions plüs avantageufes : mais a mefure que cette Princeffe accordoit, Condé augmentoit fes prétentions. Elle tomba cependant d'accord , le premier Mai, tant étoit grande fa paffion de rétablir Mazarin! que le Prince auroit les Gouvernements de Guienne & de Provence , avec les droits régaliens, plufieurs villes Sc citadelles adjacentes, & des charges, des dignités, de 1'argent, tent pour lui que pour ceux qui lui étoient demeurés fideles. Ainfi Condé fe feroit forméun petit Royaume , que le voifinage des Efpagnols, limitrophes de la Provence, auroit rendu facile a défendre , Sc il auroit pu auffi inquiéter la France du cöté des Pays-Bas, par le moyen de Stenay, qu'on lui laiffoit. Quelques Ecrivains prétendent que ses conditions ne furent accordéet que pour rendre 1'ambition du Prince odieufe, quand elle deviendroit pubhque, & que jamais la Reine ne [es auroit exécutées. D'autres difent qu'elle les auroit accomplies , fans les remontrances du Cardinal , qui lui écrivit de Brueil une lettre pleine de  du Cabine t. 65 raifons folides, dont la fin, fi elle efl fincere, fait honneur a fon défintéreffement. Vous fave^, Madame, luidit-il, que le plus grand ennemi que j'aye au monde, ejl le Coadjuteur ; ferve{yous-en , Madame , plutót que de tomber avec M. le Prince , aux conditions qu'il demande. Faites-le Cardinal; dort' ne\ lui ma place ; mette^-le dans mon appartement. IIfera peut-êtreplus d MonJieur qua Votre Majefté; mais Monfieur ne veut pas la perte de l'Etat. Ses inttntions , dans le fond, ne font pas mauvaifes. Enfin , tout, Madame, plutóe que d'accorder d Monfieur le Prince ce qu il d:mande : s'il l'obtenoit, il n'y auroit plus qu'a le mener d Rheims. Sur cette lettre , la Reine n'héfita pas a mand er le Coadjuteur. Elle lui envoya un billet de garantie : il prit le biilet, le baifa refpeöueufement, le jetta au feu, &c fe rendit auprès d'elle pendant la nuit. Elle lui propofa d'abord de fe réconcilier fmcérement avec Mazarin, & elle employa, pour le gagner, les raifons, les prieres, & jufqu'aux minauderies , armes bien puiffantes contre le Coadjuteur, entre les mains d'une femme Louis XIV. 1651. La Frox» bi.  Louis XIV. 1651. La Frok be. 66 L'Intrigue qm joignoit encore un refte éclatant de beauté k la fplendeur du tröne. Gondi fe défendit, non pas précifé' ment de fe réconcilier, mais de leparoitre, en difant que cette apparence ne ferviroit qua lui faire tort, fans faire aucun bien a fon Miniifre; que le peuple & le Parlement ne Ie croiroient pas plutöt moins échauffé contre le Cardinal, qu'il perdroit tout crédit auprès d'eux, & qu'il deviendroit hors d'état de la fervir; ce qui fortifieroit infïniment le parti du Prince , qu'il falloit donc qu'il parut toujours également oppofé au Prélat & a fon retour. Mais vraiment, difoit la Reine , je ne crois pas quil y ait jamais eu une chofe fi étrange que cellela. 11 faut que, pour me fervir , vous fcye{ l'ennemi de celui qui a ma confiance. Si vous le voulie^ ! ajoutoit- elle affeélueufement, fivous le vouliei!... Le Coadjuteur embarralfé, fe rejetta fur le Duc d'Orléans, qu'il ne pouvoit , difoit - il , ramener au Cardinal , & qui pafferoit plutöt du cöté du Prince. Revent{ d rnoi, reprit-elle vivement, & je me moquerai de votre Monfieur, qui ejl le dernier des hom-  du Cabine t. 67 mes. Elle lui ofFrit enfuite la nominatioh au Cardinalat, & une place au Confeil, & même celle de premier Miniftre, qu'elle le prelTa d'accepter. II refufa cette derniere, paree qu'il fentoit bien qu'elle ne lui étoit offerte que pour remplir la niche, oü on replaceroit le vrai Saint fi-töt qu'on pourroit. Enfin , lui dit la Régente d'un ton preflant,/'c fuis tout peur vous, que fere^-vous pour moi? Fotre Majejlê, répondit-il, me permet-elle de lui dire une fottife ? paree que ce fera manquer au refpecl que je dois au Sang Royal. Dites, dites , reprit-elle vivement. Eh bien, Madame , fobligerai M. le Prince dc fortir de Paris, avant quil foit hult jours , 6* je lui enleverai Monfieur des demain. Touche^-ld, lui dit-elle, en lui tendant la main, & vous êtes après cela Cardinal, & de plus , le fecond de mes amis. Les arrangements néceffaires k Pexécution du projet, furent la matiere de deux conférences. Pour les détails, la Reine s'en déchargea fur la Palatine , qui fut médiatrice entre Mazarin & le Coadjuteur. Anne de .Gonzague avoit déclaré qu'elle ne ferviroit les Princes que jufqu'a leur li- Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Froi;- DE. 1 I < j 4 < t i 68 L'Intrigue berté. Elle tint parole, elle fe ranges enfuite du cöté de la Reine, qu'elle n'abandonna plus; mais elle entretenoit toujours dans 1'autrepartidesliaifons qui fervirent en cette occafion. Gondi prit en elle une entiere confiance. II fut convenu entre eux, que les Sceaux feroient retirés a Molé, &rendus a Chateau-neuf, & que, de plus, ce feroit celui-ci qui rempli' roit la niche de premier Miniflre, & qu'auffi-töt que le Coadjuteur auroit difpofé le public par des écrits qu'il méditoit, il reparoitroit au Parlement ; mais toujours, difoit-il k la Reine, d condition que ce ne fera pas vour faire rentrtr le Cardinal dans It Miniftere. Allel, lui répondit-elle en founant, vous êtes un vrai Démon. Gondi communiqua tout cela au Duc 1'Orléans, qui fut très-contentdevoir 311e la morgue de Condé alloit être ;nchaïnée. f'oila, dit-il k fes confllents , M. le Prince & le Coadjuteur on mal enfemble , & je vais avoir bien iuplaifir de leurs chamailleries ; parole [ui peint bien lecaraftere de cet étranr< Seigneur, comme 1'appelloit Anne 1 Autriche.  11U C A B I N E T. 69 La grande Fronde commenca la guerre contre la petite , par des écrits qui étoient partie férieux, partie badins, mais tous piquants, en ce qu'ils dévoiloient malignement les vues ambitieufes du Prince, & qu'ils lui en prêtoient encore. L'tmportancedesGouvernements de Guienne & de Provence , fut txagerêe; le voifinage etEjpagne & d'Italië fut figuré; les Efpagnols qui n étoient pas encore fords de la rille de Stenay, quoique M. le Prince en eut la citadelle, ne furent pas oubliés. Ce canevas, dit Gondi, étoit êtendu fur le métier par Caumartin, & je le brodois. Les mêmes obfervations furent habilement répandues dans les converfations particulieres ; & quand le public eut été bien imbibé, pendant une partie du moisde Juin, on lacha dans Paris une cinquantainede colporteurs, qui crioient a pleine tête: Uapologie de f anciennt & légitime Fronde , La dé-' fenfe du Coadjuteur, La lettre du Marguillier au Curé, Le vraifemblable, Le folitaire , Les intéréts du temps , Les intrigues de la paix , &c. & en mêmetemps, le bon pere Hermite fortit de fa retraite, & parut au Palais, biea accompagné. Louis XIV. 16 51. La Fronde. II fe dé- :lare con- :relePria. :e de Condé. Rets , t. Zj '. Mix  X. o u i XIV. 1651. La Fron de. Les Sou Miniftres deiendus, (a) Le Duc d'Orléans , qui s'amufoit de tout, avoit fait de ces noms une regie de Defpautere, en ces termes : Omnia nomina terminata in et , funt Ma^arini generis, Voy, Mém. de Monglat, tom. I, p. 134. 70 L'Intrigue Comme des rivaux qui vont fur le ' pré vuider une querelle , préludent par le falut, le Coadjuteur, en ap• percevant le Prince, lui fit une protonde révérence. Condé y répondit ' civilement. Ils fe mefurerent un moment des yeux, & entrerent dans la Grand'Cham bre. Le Prince avoit coutume d'y déclamer contre Mazarin, & fes fuppóts : mais, ce jour, il ajouta a fes déclamations ordinaires. II fe plaignit de ce que la fuite du Prélat n'avoit rien changé a 1'état des cholés; que , du lieu de fon exil, il gouvernoit le Royaume comme auparavant; qu'on voyoit fans cefle fur le chemin de Brueil k Paris, les Berthet, Brachet, Milet, &c 1'Abbé Fouquet (c), qui lui portoient les mémoires de la Régente , & en rapportoient les réponfes, qu'elle mettoit toutes a exécution ; que le Confeil dépendoit de Mazarin plus que jamais, n'étant com-  DU C A B I N E T. 71 pofé que de fes créatures, Le Tellier, Servien & Lyonne , Sous-Miniftres , qui n'ofoient s'écarter en rien de fes volontés ; qu'en vain le Parlement] avoit délivré la France de la tyrannie de 1'Italien, s'il y laiffoit régner fes confidents : par ce's confidérations, Condé concluoit a leur expidfion. II parut dur a beaucoup , de ceux mêmes qui détefloient le Cardinal, d'exiger de la Reine, qu'au facrifïce de fon premier Miniftre, elle ajoutat celui des autres, & bien des Membres du Parlement comrnencoient a défapprouyer 1'acharnement du Prince a mortilier la Régente. Le Coadjuteur pénétra ces difpofitions, & y conforma fa conduite. Loin de rabattre les coups portés a Mazarin, il appuya 1'opinion du Prince , touchant la néceffité de fermer pour jamais au Cardinal 1'accès au gouvernement & la rentrée dans le Royaume: quant aux Sous-Minillres, il ne dit rien perfonnellement, nipour, ni contre eux. II fit feulement entendre que la Reine fe prêtant aux defirs du Parlement fur refTentiel, il convenoit de ne la point prelfer fi vivement fur les accelfoires, Louis XIV. 1651. jA Fronde.  Louis XIV. 1651. Lx Fronde. Animofité des deux partis. La Rochef. p. 165 & 1S1. Nemours, p. 110. Joly, t.i, p. 153 & 150. Mottev'dU, t. 4, p. 171. Rets , t. 2, f. 150, 259 » 363 *■ 374. 71 L'lNTRIGUE Ce fyftême de modération fut adopté du plus grand nombre. La chaleur des efprits s'amortit, & en peu de jours le Coadjuteur prit dans 1'affemblée des Chambres un empire égal a celui du Prince. Alors commencerent les brigues pour obtenir la pluralité des fuffrages. On fe permit des harangues infultantes , des imputations graves , des reproches piquants, d'oü s'enfuivirent des perfonnalités, dont le détail elt plus du relfort des Mémoires particuliers que de 1'Hiftoire. C'étoit 1'ardeur de fe nuire en fecret, qui aiguifoit les traits qu'on fe lancoit en public. Condé favoit enfin que le Coadjuteur entroit avec chaleur dans 1'animofité de la Reine contre lui; qu'il avoit approuvé le projet de 1'arrêter de nouveau , & qu'il en avoit fourni les moyens. Ce pro jet & ces moyens furent révélés au Prince par des émiffaires de la Régente, qui fembloit n'avoir d'autre vue que de fe défaire de la grande & de la petite Fronde, 1'une par 1'autre. Condé prit 1'allarme, Sc s'enfuit k Saint-Maur, d'oü il ne re-? vint que fur la garantie du Duc d'Orléans  1) U C A B I N Ë T. 75 léans, qui, lui-même, étoit fort peu en volonté & en puiffance de le déféndre. Le fchifme régnoit dans la Maifon Royale, & la divifion éclatoit1 par-tout, principalement au Palais , dont les falies devinrent comme des champs de bataille, oii il n'étoit pas .rare de voir quatre ou cinq cents Militaires armés, & autant de bons Bourgeois avec des piftolets & des poignards fous leurs manteaux. La plupart n'avoient peut-être pas pour s'attacher a un parti ou a 1'autre, des motifs plus férieux que les Marquis de Canillac & de Rouillac. Ils fe rencontrerent chez le Coadjuteur, auquel ils venoient tous deux offrir leurs fervices. Dés que le premier appercut le fecond, il me fit, dit Gondi, une révérence en-arriere, en me difant : Je venois , Monfieur, pour vous affurer de mes fervices; mais il n'efl pas jufle que les deux plus grands foux du Royaume foient du même cótê; je inen vals a thotel de Condé. Et vous remarquere^, s'il vous plak, ajoute 1'Ecrivain, qu'il y alla. • Et v°us remarquerei > pourroit-on ajouter auffi, qu'entre ceux qui, fous Tome IK, D iTou i s XIV. 1651. ,a Fronde.  Louis xiv. 1651. La Fronde. 74 L'Intrigue la prétention de la raifon , s'arment pour les intéréts des Grands fans rien dire, & ceux qui conviennent de leur folie , il n'y a fouvent que 1'aveu de ditférence. Peu importoit aux Parifiens auquel des deux demeurat la victoire, de Condé ou du Coadjuteur: cependant ils fe paffionnoient avec une fureur qui ne foulfroit pas de neutralité; ils couroient en foule aux audiences, & rempliffoient toutes les chambres & les avenues du Palais; les Chefs fe fervoient de cette multitude pour faire a leurs ennemis les infultes dont ils n'ofoient prendre l'odieux fur eux-mêmes. Ainfi le Prince de Conti, voyant Madame & Mademoifelle de Chevreufe fortir du Palais , oü Ia curiofité les avoit attirées comme bien d'autres femmes, donna ordre a des criaUkurs gages, de les reconduire avec des huées. Elles eurent beaucoup de peine a fe dégager de cette populace, honteufes jufqu'aux larmes des injures dont on les accabla, qui toutes rouloient fur leur commerce trop connu avec le Coadjuteur. Dès le lendemain , celui-ci apofta &c cacha dans les détours du  » TJ C A B I N E T. 75 Palais, des gens armés , qui fe préfenterent au Prince d'un air menacant quand il fortit: a fon tour, il fut obligé de palfer devant les mêmes Dames, en faifant de profondes révérences, qu'elles lui rendirent d'un air hautain éc ironique. Ces attaques, & d'autres pareilles auffi indécentes que fcandaleufes, durerent jufqu'a la fameufe féance du 21 Aoüt. On devoit y agiter une affaire perfonnelle au Prince. La haine entre lui & Anne d'Autriche, étoit venue a un point d'aigreur , qui ne leur permettoit plus de diffimuler: la Reine n'en a pas dit clairement les motifs, mais elle faifoit entendre qu'elle en avoit de forts. EJl-il pojjiblc , difoit-elle au Duc d'Orléans , que vous le ménagie^ , après ce qu'il m'a fait, fans ce que je nat pas encore dit? Le grief connu étoit fans doute 1'aventure de Jarfay, qui ne fut jamais oubliée : ce qu'elle ne difoit pas, étoient peut-être des plaifanteries que Condé, malheureufement critique & railleur, laiffoit échapper fur fon attachement k Mazarin , ou bien des manieres peu honnêtes qu'il fe permit quelquefois a fon D ij Louis XIV. i6;i. La Fronde. Haine fis la Reine contre Condé. Rtts, 1. 2, p. 250, 173 & 39*. MotteviU '',t.1,p. [69,  Louis XIV. 165i. . La Fronde. 1 1 < 76 L'Intrigue égard; comme d'arrêter les lettres qu'elle écrivoit a fon Miniltre, de les produire en plein Parlement, de vouloir les faire ouvrir &c lire publiquement; indifcrétion dont cette Compagnie , toute échauffée qu'elle étoit, ne voulut pas fe rendre complice. AufTi Anne difoit-elle , dans fa fureur: 11 vérira , ou je pe'rirai. Si elle ne voulut pas le faire affaffiner, il elt certain que , lorfqu'elle eut deffein de le faire arrêter une feconde fois, elle pencha pour des moyens qui ne pouvoient *uere s'employer fans mettre la vie du Prince en danger; & Madame de Mot'eville, fon apologifte, convient qu'elle coniulta un Cafuifte pour favoir li -He pouvoit, en füreté de confcience, jrendre ces moyens, Le Prince menacé, quoiqu'il ne fut pas toute 1'étendue du péril, avoit cru ievoirfe précautionner. Iln'alloitplus i la Cour , & prenoit toutes fes meüres pour éviter les rencontres foruites, depuis que s'étantun jour ren:ontré par hafard dans le cours, mal ïccompagné, avec le Roi qui palfoif, 1 avoit couru rifque d'être arrêté. L'état des chofcs lui faifoit prévoir  du Cabine t. 77 qu'il ne pourroit refter long-temps comme il étoit, flottant entre les brouilleries & les raccommodements, ne jouiflant que d'un crédit précaire, dépendant du caprice d'un peuple volage, & des réfolutions d'une Compagnie qu'il falloit toujours tromper ou féduire. Les négociations qu'on jettoit a Ia traverfe ne lui paroiflbient que des pieges; &c dans ce préjugé, loin d'interrompre fes liaifons avec les Efpagnols, il les reflerroit. II fit partir pour Montrond fon fïls & fa femme , & il fépara quelques troupes qui lui étoient affidées , de celles du Roi, de peur qu'elles n'en fuffent enveloppées. C'eft fur ces actions , dont quelques - unes n'étoient pas exemptes de blame, que la Reine 1'accufa de crime de lefe-Majefté, par un écrit qui fut préfenté aux Chambres affemblées, le 17 Aoüt. le Parlement ordonna que la Régente feroit priée de s'expliquer plus clairement, touchant plufieurs parties de fa plainte, qui n'étoient pas affez développées; & c'eft dans cette féance du 21 Aoüt, que le Parlement devoit prononcer, tant fur les griefs, D iij Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fronde. Séance du li Aoüt. ( ( < ( I I J 78 L' I N T R 1 G U t que fur les récriminations du Prince, qui attribuoit tout a la malice des Sous-Miniftres, & demandoit leur expullion. Depuis long-temps, les Chefs des deux Frondes ne paroiffoient au Palais qu'avec des efcortes nombreufes. On les renforca confidérablement dans cette .occalion , oü il étoit queftion de décider enfin qui Pemporteroit pour toujours , du Prince, ou de la Reine , dont le Coadjuteur n'étoit que le champion. Dés la veille , le Prélat raffembla fon monde , & afligna les pofles a fes gens. II en mir une grande rroupe dans les falies; il en fit couler d'autres dans les cabinets , dans es paffages , fur les degrés : les uns levoient attaquer de front les partians de Condé; les autres, les prenIre en flanc oupar-derriere. LaGrand'Ihambre fe trouva ainfi inveftie; les irmoires des buvettes étoient pleines Ie grenades, & il donna pour mot lu guet, Noire- Dame. II arriva le >remier au Palais, le matin du 21 \.o\it. Condé parut une heure après vee un cortege moins nombreux, ntais compofé d'Officiers & de Gen-  i>u Cabine t. 79 tilshommes, tous braves & très-aguerris qui avoient pour mot, Saint-Louis. Toutes ces perfonnes, qui voyoient dans la troupe oppofée, des parents, des amis, ou du moins des connoiffances, fe mêlerent, & fe mirent a converfer, en attendant les ordres, dont la plupart ignoroient le but &c le motif. Ayant pris fa place , le Prince dit qu'il ne pouvoit afTez s'étonner de 1'état oü il trouvoit le Palais; qu'il paroijjoit plutót un camp qu'un Temple de Jufiice; qu'il y avoit des poftes pris, des mots de ralliement donnés ; qu'il ne concevoit pas qu'il y eut dans le Royaume des gens affe^ infolents pour lui difputer le pavé. Cette phrafe fut répétée deux fois enregardant le Coadjuteur , qui lui fit une grande révérence , & dit: Sans doute,je ne crois pas qu'il y ait dans le Royaume perfonne a{[e{ infolent pour difputer le haut du pavé d votre Altejfe; mais il y en a qui ne peuvtnt & ne doivent, par leur dignité, quil ter lepavé qu'au Roi. Je vous le ferai bien quitter, répondit Ie Prince. Une ferapas aifé, repartit le Coadjuteur. II s'éleva k Pinftant une clameur «les Enquêtes favorable au Prélat. Les D iv Louis xiv. 1651. La Fronde.  lOUI! XIV. 1651. La Fhon bs. 80 L' I N T R I G V F. Préfidents & les vieux Confeillers fe jetterent entre les rivaux. Molé les conjura au nom de Saint Louis, par 'le falut de la France, de fufpendre leur animofité , & de ne point enfanglanter le Temple de la Juftice. On parvint a les calmer. Condé confentit ïi faire fortir du Palais fes amis; Gondi alla congédier les fiens. Comme il rentroit de la falie dans la Grand'Chambre, fe coulant entre les deux battants de la porte qu'on tenoit entre-baillée, le Duc de la Rochefoucault le ferra de maniere qu'il avoit la tête dans la chambre &c tout le corps dehors. Qu'on le tuc, s'écria le Duc. Un des partifans de Gondi, qui fe trouva la heureufement, le couvrit de fon manteau , & Champlatreux , fils du Premier-Préfident, furvenant a propos, le dégagea, non fans peine. Enmême-temps , quelques imprudents ayant mis 1'épée a la main , il y eut en un clin d'ceil plus de quatre mille epée; rnais par une merveille quj. peut-être na jamais eu d'exemple , dit Gondi, ces épées , ces poignards , ces nijlolets dtmeurent un moment fans aciion. Lapréfence d'efprit du Marquis  D U C A B I N E T. §1 de Crenan, Capitaine des Gardes du Pr ince de Condé, fauva tous ces braves. Que faifons -nous ï s'écria-t-il; nous allons faire égorger le Prince & M. le Coadjuteur. Schelm (a) qui ne remettra Pépée dans fon fourreau. II partit a 1'inftant un cri de Vive leRoi! qui fut répété par les deux partis , &c ils s'écoulerent chacun de leur cöté. En reprenant fa place , le Coadjuteur apoftropha durement le Duc de la. Rochefoucault , qui ne lui répondit. pas moins vivement (£). Leurs amis alloient prendre parti dans la querelle (a) Mot Allemand , qui étoit commune alors, comme qui diroit, infame qui ne remeitra l'épée dans le fourreau. (£) Le Coadjuteur fe plaignit que le Due avoit fait tout ce qu'il avoit pu pour le faire alTaffiner. Traitre, répondit le Duc, je me foucie peu de ce que tu deviennes. Tout beau , la Franchife , notre ami, lui dit le Prélat , voas étes un poltron , & je fuis un Prêtre, le duel nous ejl défendu. La Franchife étoit le nam cle gnerre qu'on donnoit, dans la Fronde , au Duc de la Rochefoucault; & Gondi avoue que mal-a-propos il Fappelloit poltron. Jemcntis , dit-il ; car il efl ajfurément fort brave. Voy. Mém. de Rets, tom. II p. 371, & Mém., de Jo!y, tom. I, p. 158, D v Louis XIV. 1651. La Fron» be.  L o xj i XIV. 1651. La Froï d£. M. de Briffac, qui étoit immédiatement au-deffus du Duc de Ia Rochefoucault, le menaca de coups de baton. II menaga M. de Briffac de coups d'éperons. Voy. Mém de Rets , tom. 11, p. 371 ; Nemours , p, 123. 82 L'Intrigue ' (tf), lorfque les anciens interpoferent encore leurs remontrances & leurs prieres. On leva la féance dès dix "heures, & chacun retourna chez foi rêveur , chagrin , comme étourdi du malheur qui avoit penfé arriver. L'abattement gagna auffi la ville. Pen. dant la matinee , on avoit été foutenu par 1'attente des événements. La populace répandue dans les rues, crioit, couroit, taifoit fon vacarme ordinaire. Les bourgeois s'attroupoient, alloient les uns chez les autres , s'excitant a 1'attaque & a la défenfe. Le peu d'ouvriers qui travailloient, avoient leurs armes auprès d'eux; il ne falloit que le feu d'un moufquet, pour embrafer toute la ville. Quel feu de joie pour Mazarin! difoit Condé; & ce font fes deux capitaux ennemls, qui ont été fur le point de Vallurner. Quand 1'ardeur fut refroidie, on réfléchit fur les violences auxquelles  du Cabine t. 83 on avoit penfé fe porter, on en eut honte & chagrin. Le plus grand nombre des Confeillers ouvrit les yeux. Ils reconnurent qu'en croyant s'intéreffer au bien public, ils n'avoient réellement pris feu que pour des intrigues de Cour : dès-lors la maniere de penfer changea, & les plus modérés Pemporterent pour un temps dans le Parlement. Dans les féances qui fuiyirent, au-lieu de remettre fur le tapis les prétentions refpeélives, on conclut qu'il ne falloit fonger qu'a réconcilier la familie Royale. Le Duc d'Orléans futprié de s'entre-mettre de 1'accommodement. Molé fit entendre au Coadjuteur, qu'il convenoit qu'il cédat au Prince de Condé. Le Prélat s'abftint de paroïtre aux afTemblées; on fit valoir au Prince cette déférence , & on partagea , pour ainfi dire, le différend au fujet des Sous-Miniftres : Condé n'eut pas la fatisfadtion de les voir dégradés nommément par arrêt, déclarés indignes de pofféder des charges , & exilés , comme il 1'exigeoit; mais on lui accorda qu'ils ne paroitroient plus en public comme Miniftres. D vj Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fron de. Majoritc riu Roi. 84 L'Intrigue La Régente ne demandoit au Prince , pour prix de fa complaifance, que de revenir k la Cour, & d'y te» nir, fans intrigues, le rang que fa naiffance lui- donnoit : mais Condé fe défioit de tant de condefcendance ; il craignoit les occafions dans lefquelles il prélümoit qu'Anne d'Autriche auroit pu exciter la mauvaife volonté qu'il lui fuppofoit toujours. C'eft pour cela qu'il ne voulut pas aflifter au Lit de Juftice, qui fut tenu le 7 Septembre pour la majorité du Roi. Dans cette cérémonie , Louis XIV reconnut folemnellement 1'innocence de Condé, qui avoit été attaquée par la Reine, dans fon écrit adreffé au Parlement. Anne d'Autriche vouloit que le Prince fe contentat d'un défaveu de fa partj. mais pour des imputations qui touchoient la füreté de 1'Etat, & qiii entraïnoient Ie crime de lefe-Majefté, Condé remontra qu'un fimple défaveu ne fuffifoit pas, & on lui accorda une déclaration revêtue de toutes les formes. Mais la Reine lui donna en même-temps une mortification qui contre-balanca cet avantage. Selon qu'elle en étoit convenue, quand elle renoua  JD u Cabine t. 85 avec le Coadjuteur, elle éloigna dv Confeil Chavigny, 1'homme du Prince , qui déplaifoit au Duc d'Orléans, y rappella Chateauneuf, le Patriarche des Frondeurs, détefté par Condé; & les Sceaux qui avoient été donnés ai Premier-Préfident, puis enlevés, lui furent rendus, paree qu'on le crut affez ferme, quoiqu'enclin a favorifei le Prince, pour foutenir contre lui 1'autorité royale.. Galton , toujours irréfolu, foible ami, &c piqué d'une jaloufie fecrete contre le Prince, avoit perpétuellement flotté, pendant le cours de ces affaires, entre lui & Anne d'Autriche. Au-lieu de fe fervir de fa qualité d'oncle du Roi & de Lieutenant-Général du Royaume, pour tenir en bride les deux partis, il s'étoit rendu alter* nativement 1'inftrument de 1'un & de 1'autre , toujours de 1'avis de ceux qui parloient les derniers. Au moment de la majorité, il fe trouvoit lié a la Reine par le Coadjuteur. Ainfi le Prince vit tout d'un coup contre lui le Parlement , oü il comptoit encore des Confeillers favorables a fa caufe, mais que Molé contenoit; la Capitale, dont Louis • XIV. 1651. La Frojt» de. Polïtloa dangereu. fe de Condé. Rets, t. 2,. p. 293 th 38S.  Louis XIV. 1651. La. Fronde. 86 L'Intrigtje le Coadjuteur difpofoit; la puiiTance royale a laquelle la majorité du Roi donnoit toute fa plénitude, & le Confeil, oü il n'avoit plus ni partifans ni amis. Cette pofition inquiétante lui fit enfinprêter loreille a ceux de fes confidents qui efpéroient tirer avantage des troubles. Mazarin , qui craignoit fur toutes chofes Condé a la tête d'une armée, fe jettoit pour ainfi dire audevant de fa réfolution : Tout, écrivoit-il a la Reine, accorde^ tout, tout tfl bon , pourvu que vous Pempêchiei^ de prendre tejfor. On lui propofa en conféquence de fe retirer dans fon Gouvernement de Guienne, avec une puiffance trés - étendue, & la promeffe d'affembler Pannée prochaine les Etats généraux, afin de -remédier aux abus dont il fe plaignoit. Condé, couvert de lauriers , innocent: Condé, qui, de 1'aveu du Coadjuteur fon ennemi, ne regardoit la qualité de chef de patti que comme un malheur, & même un malheur qui étoit au-dejfous de lui, goütoit cette retraite honorable, qui devoit le mettre a 1'abri des entreprifes contre fa liberté ou fa vie, qu'il craignoit k la Cour : mais pour l'effe&uer, il fe  du Cabine t. g; rencontroit des difficultés qui exigeoient toujours de nouvelles négociations. L'efprit fe laffe quelquefois a la fir des affaires, & on aime mieux prendre un mauvais parti, que de recom meneer k délibérer. Depuis fa prifon, le Prince ne vivoit que dans un tourbillon d'intrigues ; fans ceffe oceupé a concerter des projets, a entretenir des intelligences fecretes, a former des demandes, a repouffer des accufations, a faire ce qu'on appelle la guerre de cabinet, li défagréable pour quiconque n'y eft point appellé par goüt ou par état. 11 avoit quitté Chantilly , oü la DuchefTe de Chatillon, dont il étoit fort épris, venoit de recevoir fes tendres adieux; il gagnoit la Guienne, dont il comptoit faire le théatre de fes exploits , ou le lieu de fon repos. 11 s'arrête en chemin dans une fimple maifon de campagne , oii il attendoit, k heure dite, un courrier qui devoit apporter les dernieres réfolutions du Confeil. Pendant qu'il étoit dans 1'état de perplexité qu'éprouve tout homme k la veille d'un événement qui doit décider de Louis 1 XIV. 1651. La Bronde.11 fe déterrrdne a la guerre. La Rochefoucp. IS2. Nemours , p. 122. Mottevill' . t. 4,f,  .1 o u i : XIV. 1651. LaFron de. (a) Oh dit que le courrier prit Angerville. en Beauce, pour Angerville en Gatinois , eü le Prince attendoit, & que le Duc d'Orléans donna lieu expres a cette erreur. Voy, Minu.de.Rasj tom, II, p. 391, 88 L'Intrigue , de fon fort pour toujours , on vient I'avertir qu'on voit approcher un corpsde cavalerie, deftiné fans doute a 1'invellir : le courrier annoncé n'arrive pas (a); fes amis, dont le plus grand nombre defiroit Ia guerre par des vues particulieres, 1'excitent a ne pas' fe IailTer amufer. Ils lui montrent les Provinces méridionales de la France, prêtes a fe déclarer en fa faveur; les recettes royales lailfées è fa difcrétion -f les Efpagnols accourant a fon fecours avec ime flotte & une armée formidables, dix mille Francois, autrefois compagnons de fes viéloires, réunift dans différentes garnifons, oü ils n'attendoient que Pordre de le joindre. La Reine, lui dit-on, na ni argent, ni credit, ni confldiration. Toutes les troupes font occupées fur les frontierts de la France ; vous alle^ vous trouver maitre du centre du Royaume. Les offres qu'on vous faits font autant de preuves  DU C A B I N E T. §9 de foiblejfe, qu'on tdcht de vous cacher, On ne cherche qu'a refroidir votre courage. On va volts envelopper dans de nouvelles négociations. Ne vous laiffe^ pas prendre d cette amorce; tranche^ lenceud: cefi le feul moyen de réuffir. Entre tant de confeiïlers qui pouffoient le malhetireux Prince dans 1'abyme, aucun ne fut affez fon ami pour lui repréfenter les inquiétudes, les chagrins & les remords auxquels il alloit fe dévouer; inquiétudes de la part de fes propres complices, dont un chef de parti eft toujours le premier efclave , de la part des particuliers, des: corps, de la popidace , dont il faut elTuyer les caprices, & redouter les trahifons; chagrins dans les échecs faute de relTources dans les avantages, dont la gloire eft obfcurcie par la tache de rébellion; remords de dechirer le fein de fa patrie, de faper un tröne qu'il devoit foutenir; enfin, la douloureufe néceflité de fe jetter entre les bras des ennemis de fa nation % d'être peut-être forcé de mendier un afyle , & de ne 1'obtenir fouvent que par le facrifice de fes devoirs les plus iacrés. On ne peut douter que Condéy, Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fronde. Eritreprife contre Gondi. Mém. de Gourvillc y p. 150. Mém. de Rets , t. i, p. 140 , & '•4,5 . 16. j 5 i « 90 L'Intrigue malgré 1'enthoufiafme qu'on tachoitde luUnfpirer, n'ait fait ces réflexions, & qu'il n'ait eu le cceurferré de douleur, en confidérant les fuites de fa démarche. Vous le vouk^, dit-il a fes amis alTemblés , vous k voule^ ? eh bien ! je ferai la guerre; mais fouvene^-vous que c ejl malgré moi que je tire tèpée, & que je ferai peut-étre le dernier d la remettrt dans le fourreau. A peine Pétendard de la révolte étoitil déployé, que les partifans du Prince tenterent, pour premier exploit, d'enlever Ie Coadjuteur au milieu de Paris. 11 avoit déja couru des dano-ers a-peu-près femblables pendant la prifon des Princes, lorfqu'il travailloit contre le Cardinal. Madame de Guitnené , une de ces femmes chez lefquelles Gondi fe hafardoit la nuit, rion pas toujours pour affaires d'Etat, ït meubler une grotte dans un endroit •eculé de fon jardin, 8c alla ofFrir au vliniitre d'y retenir Ie Prélat quand 1 viendroit la voir, & de le.fouflraire 1 Ia connoiffance de tout le monde, i condition qu'il ne lui feroit fait auun mal, & qu'elle en auroit la gar!e. Mazarin la remercia, dans la crain-  du Cabine t. 91 te, clit-il, qu'on ne 1'obligeat a le retrouver. Des rivaux d'amourettes & des flatteurs, qui vouloient faire leur cour, formerent auffi contre fa vie des deffeins auxquels le Minifbre refufa fon confentement. Dans la préfente occafion, on n'en vouloit qu'a fa liberté. L'entreprife fut formée par Gourville, homme intelligent Sc intrépide , qui, par fes taients Sc fa fldélité, de 1'écurie du Duc de la Rochefoucault avoit paffé a Pantichambre, Sc de l'antichambre a la table Sc k 1'intimité de fon maitre. Le Coadjuteur, fans fonger qu'un homme, qui efl 1'ame d'un parti, a tous les yeux ouverts fur lui, vivoit dans la Capitale en pleine fécurité. Après avoir donné le jour aux affaires, il alloit paffer les foirées jufque bien avant dans la nuit, tantót chez la Ducheffe de Chevreufe, tantöt chez d'autres Dames ; Sc pour dérober fes plaifirs k des témoins indifcrets, ordinairement il renvoyoit fes gens. Sur cette conduite , qui étoit affez connue , Gourville forme le plan de fon entreprife. II part de 1'Angoumois fans argent & fens troupes. En chemin, il rencontre Louis XIV. 1651. La Fronde.  Louii XIV. 1651. La Fron DL. Sa galanterie.Rets t f. a, t- 379- 91 L'Intrigue un colle&eur des tailles; il lui enleve fon argent & deux chevaux, & lui donne effrontément une quittance au nom du Prince. Arrivé a Paris, Gourville ramalTe quelques vagabonds déterminés, écrit a Damvilliers, ville appartenante a Condé , demande au Gouverneur des cavaliers, qu'il répand fur la route pour favorifer 1'enlévement, & place fon embufcade. Des hafards que toute la fagacité humaine ne pouvoit prévoir, une pluie, des embarras, fauverent deux fois le Coadjuteur. Gourville ne fe rebutoit pas: mais le projet confié a trop de monde s'ébruita. L'auteur s'enfuit, & fut obligé de laiffer quelques-uns de fes complices a la difcrétion du Prélat, qui eut la générofité de leur pardonner. 11 auroit été très-utile a Condé d'éloigner de Gafton le Coadjuteur, qui confervoit un grand empire fur fon efprit, & s'en fervoit contre les intéréts du Prince. 11 auroit, au contraire, été très-facheux a Gondi de fe voir réduit, par la prifon , a 1'impuiffance d'agir, au moment qu'il s'ouvroit a fes yeux une pcrfpecfive fort agréable. 11 jouiffoit auprès de la Rei-  du Cabine t. 93 ne d'une trés-grande confidération. On le flattoit que bientöt cette Princeffe ne s'en tiendroit pas a 1'elïime, & qu'il ne devoit pas défefpérer de pouffer fa fortune jufqu'a fupplanter Mazarin. Les femmes qui croyoient connoitre le cceur d'Anne d'Autriche, lui donnoient des lecons pour lui apprendre a s'y infinuer. Effayons, lui difoit la Ducheffe de Chevreufe ; faites le réveur, quand vous êtes auprès de la Rei' ne; regarde^ continuellement fes mains, peflei con(re le Cardinal, & laij/èi-moi faire le refle. 11 fit, en effet, fi bien fon perfonnage, que la Reine devina fes intentions, & le dit a la Ducheffe. Celle-ci joua 1 etonnement; elle fit femblant de fe rappeller des impatiences contre le Cardinal, échappées au Coadjuteur, des éloges de la R.eine , brufques & comme involontaires, des rêveries & des boutades, qui lui ouvroient, difoit-elle, les yeux fur cette paffion, qu'elle n'avoit pas foupconnée. Gondi continua fes empreffements, fes furprifes, fes dillractions affeclées, fes feintes langueurs. Anne d'Autriche, fans infpirer au Prélat trop de confiance, ne lui ota pas Louis XIV. i6;i. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fronde. Succès di Prince. 94 L' Intrigue tout efpoir, dans 1'idée qu'en hu laifr fant cette gafe légere de prévention, elle pouvoit dérober plus aifément a ' les regards la marche de fa politique. Le parti du Prince fe préfenta d'abord avec des apparences formidables. Les Efpagnols armerent plus puilTamment par terre & par mer, afin de profïter de la révolution qui fembloit fe préparer; ils fïrent avec lui tous les traités qu'il voulut, lui promirent plus d'argent Sc de troupes qu'il n'en demandoit, Sc en fournirent un peu au commencement, comme une amorce. Les Provinces d'outre Loire prefque entieres, Guienne, Poitou, Saintonge, Angoumois, & partie confidérable des autres, avec les principaux Gentilshommes qui les habitoient, fe déclarerent pour le Prince. Mais les négociations de la Cour, qui commencerent avec la guerre, rallentirent cette première ardeur. Condé, dans fa profpérité, n'avoit pas affez ménagé fes amis. Turenne fe plaignoit de quelques hauteurs. Bouillon, devenu infïrme, ne fe trouvoit plus propre au mouvement des fa&ions. La Reine  DU C A B I N E T. 95 n'eut pas de peine a les gagner tou deux. L'exemple de ces perfonnage: en entraïna beaucoup d'autres , qu groffirent le parti royal; & bientöt! a 1'aide de quelques troupes qu'on tin des frontieres, le Duc d'Harcourt, auquel on en donna le commandement, fe trouva en état d'arrêter les progrès de Condé. Anne d'Autriche prit la réfblution de montrerle jeune Roi aux Provinces ébranlées, tant pour affermir ceux qui chanceloient, que pour infpirer de la confïance aux fujets fïdeles; mais elle appréhendoit qu'il ne lui fut pas libre de quitter Paris, & de trouver des obftacles de la part du Duc d'Orléans&c du Coadjuteur, qui avoient intérêt de 1'y retenir. C'eft dans cette occafion que lui fervirent les efpérances galantes qu'elle avoit laiffé prendre au Prélat. 11 continuoit toujours auprès d'elle fon manege amoureux, malgré Ia jaloufie de Mademoifelle de Chevreufe, qui s'échappa contre la Reine en expreftions infultantes (a). Cette Princeffe le fut; (*)ElIe fe donna le plajfir, dans un mo- Louis > XIV. 1651. La Fron» de, La Reïne fort de Paris. Rets ,t.2, p. 3° le bandeau tomba des yeux du Coadjuteur; il vit toute 1'étendue de la faute qu'il avoit commife en lailTant fortir la Cour de Paris. II avoue, avec la confufion d'un hommehonteux, de s'être laiffé jouer, que cette faute étoit des plus lourdes , palpable, impardonnable ; qu'après Pavoir faite, il n'y avoit plus d'autre parti a prendre, en bonne politique , que de fe dévouer a la Cour, ou de fe joindre a Condé : point de milieu. Cependant il en prit un , qu'on appella le tiers-parti. On congut que le Parlement ne verroit pas tranquillement enfreindre fes Arrêts par le rappel d'un profcrit; que de nouveaux Arrêts, peut-être plus fanglants, vienE ij Louis XIV. 1651. La F ron. de.  Louis XIV. 1651. LaFronde. ] 1 c <3 ti <3 n P P v d! rc fu m P< ce IOO LM N T R I. 6 t, E droient k Pappui des premiers, fi on pouvoit foutenir le peuple dans fa prévention, & le montrer a cette Compagnie pret k la feconder; qu'au Parlement de la Capitale, il feroit aifé de joindre ceux des Provinces, qui auroient auffi leurs Arrêts k faire refpefter; qu'ainfi on formeroit un pani tres-confidérable dans 1'Etat: parti qui reroitprofeffion de ne tirer aucun fe:ours de I'étranger, & de n'avoir au:une liaifon avec Condé comme re>elle, d'être au contraire trés-fidele iu Roi, mais très-oppofé k fon Miultre. Voila ce qui devoit paroitre u turs-parti: mais Gondi fe flattoit ue les chofes ne relteroient pas long;mps dans cette efpece d'équilibre • ue Mazarin rentrant dans le Royauie par force, il faudroit bien que les arlements & les groffes villes lui op3fafTent auffi la force, & qu'ainli il endroit a bout de mettre le Duc Orléans a la tête d'un parti qui feut la loi aux deux autres. Ce proiet ppofoit que la Cour laiffieroit forerl'orage, fans travailler a le diffi. r avant qu'il groffit, & qUe le Prinny travailleroit pas davantage;  du Cabine t. iox fuppofition abfurde qui fait dire a " Gondi, qu'alors il brouffoit d Caveugle, qu'il combattoit a la maniere des Andebates, c'elt-a-dire, d tdtons ; quen-1 fin il prenoit le dètour de courre les plus grands inconvênients pour éviter les plus pedis. Les petits étoient de laiffer la Reine rappeller fon Miniftre, & jouir d'un triomphe que Mazarin auroit noblementpayé. Les grands inconvênients étoient d'avoir beaucoup d'inquiétudes, de s'expofer a des dangers fans nombre, &c de finir par 1'accompliffement de la prophétie que le Coadjuteur faifoit a Gafton: Fous fere^fils de France d Blois, & moi Cardinal au bois de Vincennes. Devenir Cardinal étoit alors fon principal vceu : auffi quand les émiffaires de la Reine tacherent de 1'ébranler, en menacant de révoquer la nomination s'il s'oppofoit au retour de Mazarin , il répondit fans héllter : Si on la révoque, des demain je prends Üêcharpe Ifabelle, 6* je me joins d M. Ie Prince. Anne d'Autriche, charmée d'apprendre par-la qu'elle avoit un moyen fur d'empêcher la réconciliation de ces deux ennemis, voyant qu'elle n'aE iij Louis XIV. 1651. a Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fronde, 102 L'lNTRlGUt voit a craindre que dés Arrêts du Parlement, qu'elle redoutolt peu dans i'éloignement, travailla fans relache a applanir au Cardinal le chemin de la France.  du Cabine t. 103 L I V R E IX. La Reine & Mazarin étoient dans une égale perplexité ; tous deux defiroient fe rejoindre, & tous deux y voyoient les plus grandes difficultés. 11 n'étoit pas prudent au Cardinal, chargé d'Arrêts d.e profcription, de traverier le Royaume, au rifque de tomber entre les mains des fuppöts de Juftice répandus fur la route ; ni a la Reine dé 1'expofer a ce danger. Si cependant il ne reparoilfoit pas a la Cour, il craignoit d'être oublié. 11 lui venoit des avis de fes amis, que la Reine fembloit balancer entre 1'honneur de faire remonter fon Miniftre a fa place, & la crainte des peines que lui cauferoit ce triomphe. Pour le jeune Roi, le Cardinal fe croyoit plus fur de lui. Avant fon départ,il 1'avoit fi bien environné de gens qui lui étoient attachés, qu'il defiroit fon retour autant que fa mere. Louis fut de tous les Confeils qui fe tinrent a se fujet: jamais il ne fe laiffa pénéF. iv Louis xiv. 1651. LaFronde. La tête de Maz >.rinmife ■* prix.  L o u i XIV. «6ji. La Froj de. I 1 < i t i C 11 IV il le „ I04 L' I N T R x G u £ _S fecre'r V ' ^ le PIus ë™nd etre caches Avec cinquante mille écus - qui lu, rertoient des débris de fa for- tune, Mazarin fit deslevées en Allemagne. Les Courtifans s'appercevant qu e" penchant pour lui,Tn étoit vJ de bon ceil, s'emprefierent de lui me. «er des fotóa*, H fe forma ainfi ^ armee de hint mille hommes, dom eMarechald'Hoquincourt alla ng dre le commandement fur la frontiere Tous les Officiers portoient récharpe verte, couleur du Cardinal, & H fe St preceder d'une lettre au Roi • lette concertée, dans laquelle il difoit jue, tenant de lui tous fes biens il >e croyoit pas pouvoir en faire un •mploi plus legitirne , que de les con- 3creraIadéfenfedeSaMajefié,conre fes fujets rebelles. Ces mouvements ne purent fe faire ws que le public en fut inflruit Je .oadjuteur travaiUa, felon fon fyfiêje, a foulever contre le retour de fazarm, le Parlement & le peuple ns quon put lui reprocher de favol Cr r nIH°n duPrince' 11 difpofa s Confeillers Frondeurs è ne point  du Cabine t. 105 fouffrir impunément que leurs Arrêts fuffent violés, & on ameuta la populace , afin que fes criailkrUs contre Mazarin puffent raffermir les Ofüciers chancelants , enhardir les anti-Ma{arini/les décidés, & intimider les autres. Tant qu'il ne fut queflion que de remontrances, de députations au Roi, de moyens qui ne fortoient pas des bornes de la bienféance & de la foumifïïon, le Premier-Préfident laiffoit couler le torrent: mais, pour peu que les avis penchaffent vers la violence, il les réprimoit vigoureufement, & il avoit la confolation de fe voir encore appuyé du plus grand nombre. Ainfi un Confeiller ayant dit, que les gens de guerre qui s' affembloient fur la. frontiere , pour le fervice de Mazarin, fe moqueroient de toutes les dêfenfes du Parlement, fielles ne leur étoientfignifiées par des Huifjiers quieuffent de bons moufquets & de bonnes piqués, il y eut contre lui un foulevement général. Cependant, ditle Coadjuteur, ce Confeillerneparloit pas de trop mauvais fens : c'eft-a-dire, qu'il parloit très-conformément a 1'opinion du Coadjuteur, qui, voulant paroïtre marcher entre la guerre & la paix, E v Louis XIV. i6ji. .a Fronde.  Louis XIV. Lafronde. I i I 1 I 4 106 L'In trigue ne defiroit au fond que trouble & défordre, pourvu que d'autres en fulfent crus les auteurs. II foudoya plufieurs de ces gens qu'on trouve aifément dans les grandes villes, gens que la fainéantife & la mifere difpofent a tout faire. Ils parcouroient les rues en furieux, & s'arrêtant devant les maifons des Confeillers, ils menacoient de pillage & d'incendie ceux qui molliroient contre Mazarin. II s'en préfenta un jour une troupe a 1'hötel du Premier-Préfident. Molé travailloit alors avec deux Maréchaux de France, qui vouloient envoyer chercher du fecours. Déja fes domeftiques fermoienc tout, & fe préparoienta la défenfe. Le Magiltrat lak ouvrir les portes, montre a ces mutins un front févere, leur demande :e qu'ils veulent, & les menace de es faire pendre. Comme s'ils avoient levant eux cent canons prêts a les "oudroyer, ilsfuient, & fe perdent lans les rues voilines. Molé revient ranquillement a fon travail. La Reine 'appella pour lors auprès d'elle, pour ^xercer fes fonöions de Garde-desïceaux. Mais on croit qu'elle avoit  DU C A B I N E T. IO7 defTein de mettre la confufion dans j le Parlement, en le privant des confeils du Premier-Préfident. II quitta Paris le 27 Décembre, & dit, en partant, ces parol es remarquables : Je men vais d la Cour, & je dirdi la virité ; après quoi il faudra obéir au Roi. Après s'être efTayé par des Arrêts qui ordonnoient des recherches & des conhTcations , qui enjoignoient, défendoient, qui attaquoient enfin Mazarin & fes adherents, par toutes les formes du palais, le Parlement mit fa tête a prix, le 29 Décembre, le déclara perturbateur du repos public, criminel de lefe Majefté, pour avoir rompu fon ban, exhorta les Communes k lui courir fus, commanda que fa bibliotheque feroit vendue. Sur le prix de la venie , portoit 1'Arrêt, il fera prèlevè une fomme de cinquante mille livres, pour être dêlivrêe -d celui qui reprêfeniera ledit Cardinal, mort ou vif% & de que1 que crime dont foii coupable celui qui le reprèfentera, il aura. fa gr ace. Cet Arrêt ne fut pas approuvé de tout le monde. A la vérité , difoit011, c'eft au Parlement a s'armer du glaive de la Juftice, k le préfenter au E vj . O U I s XIV. 1651. aFronde,  Lom XIV. i6;r. La Fr o ce. j mio8 L'Intrig ue s Monarque, a lui montrer qui il doit trapper , mais jamais è frapper luimeme. Et qui profcrivoit-il > Un Chef du Confeil du Roi, un premier Miniftre, un Cardinal, un homme qui n'étoucoupable que d'avoir Ju plaire dfon Maure , d qui fes plus grands ennemis nepouvoient reprocher la moindre cruaute : le réduire d Chat du plus fcêlèrat d-entre les corfaires & les brigands publiés ; a neplus regarder les hommes qui l environnoient que comme autant de furies & de bourreaux acharnés dfx perte • a nefavoir ou trouver un afyle, & envl fager dèformais toute la ter re comme le theatre de fon fupplke (a) ! C'étoit une extrenute qui paroifloit bien violente Le Clergefe plaignit hautement qu'on traitat amfi un de fes Membres, & (*) Voyez les fentlments d'un fidele fu,« 4u Roi , fur l'Arrêt du Parlement du 26 Décembre 1651voyez auffi La répanïtion de <* fomme de ifcooo liv., ouvrage de Mari?ny , qul publia un tarif des fommes qu'on jouvet gagner en tuant pour ainfi dire le .ardmal en deta.1: 10000 liv. pourlenez 000 hv. pour les oreilles, h proportion dé importance des membrss.  dü Cabine t. 109 Mazarin fut profondément touché d'une preuve de haine li perfévérante Sc ü cruelle. Cependant, malgré les Arrêts du Parlement, il avancoit heureufement en France , environné de 1'armée du Maréchal d'Hoquincourt. II étoit entré par Sedan, d'oü il prit fon chemin par la Champagne pour gagner Poitiers. Son armée avoit k traverfer les rivieres d'Yonne, de Seine &c de Loire. Le Parlement imagina de lui en difputer le palfage. II nomma deux Confeillers, Bertaud &c du Coudray Giviers, apparemment les plus valeureux, auxquels on donna commiffion de fe tranfporter fur la route du Cardinal. Selon leurs ordres, ils font bravement fonner le tocfin, rompre les ponts, embarraffer les chemins, Sc mettent cinquante foldats dansPontfur-Yonne, qui devoit effuyer le premier effort de 1'ennemi. Ils fe retirent enfuite du cöté de Sens, d'oü ils comptoient aller établir les mêmes forces fur la Loire. Mais pendant qu'ils marchoient au plus vite , entourés de payfans, d'Huifliers Sc de Recors, un detachement d'une douzaine de cava- Louis xiv. 1652. La Fronde.  £. o u i XIV. 1652. La Fro PM, Conduite inconféquente du Parlement. fciio L'Intrigue ■ liers de 1'avant-garde d'Hoquincourt qui les reconnoit k leur efcorte, fond fur eux : 1'un fe fauve, Pautre efl '" pris. Bertaud, amené devant le Maréchal, & interrogé fur fon état & fur fes fon&ions, répond en Sénateur Romain : Qu'il ne lui pariera, que quand Ü le verrafur fa felletie. Cet attentat, d'un Maréchal de France contre deux Confeillers au Parlement, excita un frémifïement d'indignation dans Paffemblée des Chambres. Les uns vouloient qu'on le décrétat de prife de corps; les autres, qu'on le déclarat fans délai, criminel de lefe-Majelïé! Je vais, dit tout bas au Coadjuteur le Confeiller Bachaumont, connu par fon enjouement, je vais acquérir une merveüUufe réputation ; car j'opinerai d ecarteler M. d'Hoquincourt, qui a été affei infolent pour charger des gens qui armoient les Communes contre lui. On fe contenta néanmoins d'ordonner qu'il ne feroit pas reconnu Commandant de 1'armée Royale, mais fauteur & defenfeur de Mazarin. Cette diftinftion étoit imaginée pour ralTurer le Duc d'Orléans fur 1'imputation de rébellion, & obtenir qu'il.  DU C A B ï N E T. III laiffat agir fes troupes en faveur de j la Fronde. II avoit a-peu-près quatre mille hommes, tant de fes gardes, que des gens d'armes, & qnelque in- 1 fanterie, qu'il mit fous le comman- . dement du Duc de Beaufort. II s'y f joignit des compagnies, formées par i plulieurs Seigneurs attachés a lui, parf des Gentilshommes peu infiruits, qui < ne s'imaginoient pas qu'on put pécher J en fe rangeant fous les étendards de 1'oncle du Roi & du Parlement. Le Prince de Condé crut 1'occafion favorable pour engager tous les ennemis du Cardinal a fairé caufe commune. II dépêcha a Monfieur un Gentilhomme chargé de repréfenter que le tiersparti, en divifant leurs forces , feroit la ruine de 1'un & de Pautre. II lui offroit fes villes, fes fortereffes, fés amis, fes troupes, de fe mettre luimême fous fes ordres. Gallon ne fit a ces propofitions que des réponfes vagues & ambiguës, des réponfes tirées, pour ainfi dire , a la filiere du Coadjuteur, qui, en vue de la pourpre, vouloit avoir auprès de la Reine 1'honneur d'empêcher la jonction des deux Princes, mais qui ne vouloit , O V I s XIV. 1652. ,A FROKBE. Iets , t. 3 , • 54. 'oh, f. . 182. Talon , (, !, I. Part, : 70.  in L'Intrigue Louis XIV. 1652. La Fron de. i J 1 *•'* ■ ti J ' pas qu'Orléans fe privat abfolument du fecours de Condé. Le même Envoyé fe préfenta au ' Parlement, & demanda une furféance a l'exécution de la Déclaration donnee contre le Prince; 1'union des principales villes du Royaume, & des Princes du Sang; 1'autorifation de Ia Compagnie, pour lever des deniers & des troupes. Ce mot d'union, qui rappelloit le fouvenir de la Ligue, fouleva les efprits. La tendrejfe ducceur pour tautorité royale, faijit toutes les imaginations. Le Préfident De Me/mes qui remplacoit Molé, exagéra avec éloquence fin/ure qu'on faifoit au Parlement, de le croire capable düune union qui produiroit infailliblement la guerre civile. Mais, difoit Gondi a 1'AvocatGénéral Talon, n'eft-ce pas une inconféquence manifefte , que d'admettre ici dans I'affemblée des Chambres, Ie Député d'un Prince que vous avez raus-mêmes déclaré criminel de lefevlajefté, & de prétendre cependant ie pas déïobéir au Roi ? Que voule^ •ous ? répondit naïvement le Magifrat, nous ne favons ce que nous faions, nous fommes hors des grandes re-  du Cabine t. 113 gles. II répétoit fans ceffe, conferve\ t'autorité royale ; car, ajoutoit-il en entrant dans les préjugés du plus grand nombre, dont il n'étoit pas exempt lui-même, comme toutes fortes d'extrêmités font légitimes d f égard du Cardinal , toutes fortes de rejpccls & de déférences Jont dues d [autorité royale, dont il nefl jamais permis de fe départir. En conféquence, le Prince n'obtintque fa première demande; c'elïa-dire , qu'il feroit furfis a 1'exécuiion de la Déclaration portee contre lui , jufqu'a ce que Mazarin fut expulfé du Royaume. Ce délai ne paroilfoit pas prêt k expirer, ü on en jugeoit par la maniere dont ce Prélat fut recu a la Cour. II y arriva le 28 Février. Le Roi alla au-devant de lui k deux lieues dePoitiers, avec les Seigneurs les plus qualifiés; quelques Miniltres & la jeunelfe étoient allés plus loin. Le refte des Courtifans 1'attendoit avec la Reine , qui fe tint k la fenêtre plus d'une heure pour le voir venir. II n'eut pas befoin d'être inftruit de la fituation des affaires : on vit bien , par fon aifance k décider, que fon abfence ne Louis XIV. 1651. La Fronde. Le Cardinal arrivé a ii Cour. BrUnnt, i3 3,p.iji. Mottevilh , t. 3 , 1. 314. p. 1S2.  Louis XIV. 1652. La Fronde . M i < 1 1x4 L'Intrigtje lui avoit dérobé aucun fecret. II ne chaffa pas Chateauneuf; mais il le traita avec une hauteur qui le détermina a quitter le Miniftere. Ce vieux Courtifan mourut bientót après, chargé d'années & d'intrigues, qui font, dit Madame de Motteville, des ceuvres bien vuides devant Dieu. Mazarin fe montra plus fier, en reprenant Tautorité, qu'il n'étoit auparavant; Sc Brienne remarque qu'il fe comporta en homme qui avoit congu un grand mépris pour la nation Francoije, de n'avoir pu fe defaire d'un étranger qui lui étoit odieux. Cependant il conferva fon caraöere timide, & ennemi de la violence : Sc ceux qui eurent ia conftance de ne point céder a Ia première iémoniTration de mécontentement, Sc la patience de dévorer quelques petits üffronts fansfe plaindre, relterent dans leurs portes : plufieurs même devinrent fes amis par la fuite. II s'applijua k gagner la confiance du jeune Roi, jufqu'a négliger la Reine, k ce ju'on crut : mais il y a plus d'appa* ■ence qu'Anne d'Autriche, fe regarlant comme délivrée du gouvernenent, qui étoit pour elle un fardeau  nu C A B I N E T. ïif pefant, voyoit volontiers le Miniltre transférer k Ion fils les aflïduités , que les foins de 1'Etat rendoient fuperflues auprès d'elle. On s'appercut en] effet, que le fyftême changea tout-acoup. II y eut plus de fecret & de fermeté dans le Confeil, plus de vigueur dans 1'exécution. Mazarin fit réïbudre le fiege de plufieurs places, dont 1'armée royale s'empara. Ces conquêtes, jointes aux préparatifs qui fe faifoientde tous cötés avec ardeur, pour réduirele Prince, commencerent a donner de la réputation au nouveau Miniftere. Le Prince de Condé fuivit avec Ie Cardinal les négociations qu'il entretenoit auparavant avec les autres Minifires. Elles lui devenoient d'autant plus néceffaires, que , malgré fa bra^ voure & fon habileté, la guerre ne tournoit pas a fon avantage; plufieurs villes qui avoient été d'abord pour lui volontairement, changerent quand elles s'appercurent qu'on prétendoit s'afliirer d'elles par des garnifons. Les habitants d'Agen, que Condé voulut afliijettir, drelTerent contre lui des barricades, qui mirent fa vie en dan^ Louis XIV. 1652. ^ Fronde. Gafton & Condé fc reuniffent. La Rochef. p. 148. Talon , fa 8 ,I.Part. p. 80. Rets, t. 3 j p. 9j.  XIV. 1652. I.a Fro de, ^ Hó V I N T R I G U E ;"s ger. Ses foldats prefque tous nouvellement levés & mal pourvus, recule» * r,ent.df.va(nt les troupes Royales mieux difciphnees & plus aguerries : enfin , YTf fe v°yoit * la veille d'être cnaffe de 1'Angoumois & de la Saintonge & refferré dans Ie Bordelois. Cette fïtuation critique ne difpofoit pas la Cour a finir des traités, dont la prolongation ne pouvoit que rendre les conditions plus onéreufes au Prince. Par Ia raifon contraire , Ie pénl oii il étoit détermina le Duc d'Orléans a s'unir avec lui. Ce fut un traité bien fingulier, que celui des deux Princes. Ils convinrent de joindre leurs intéréts, mais feulement en ce qui concernoit 1'expuliion de Mazarin. Galton confentoit de confier fes troupes a Condé; de hu en laifTer Ia libre difpofition pourvu qu'il ne les employit pas contre celles du Roi, & qu'il n'admitpas parmi elles des Efpagnols, dont on iavoit qu'il attendoit des renforts. Du refte, Gallon ne gêna point fon parent fur la maniere de penfer è 1'égard du Coadjuteur. II fouffrit que Conde & Gondi gardaffent leur ha».  du Cabine t. ny ne : mais il flipula, dit Talon, qu'it pourroit prendre confeil de Cenncmi dt M. le Prince. Gon7i comptoit toujours que cette mtimité perpétuée lui mériteroit ineeffammentle Chapeau, que la Reine ayoit mis a ce prix : mais Anne d'Autriche voyant, qu'a cet article prés, le Prélat fe permettoit de la défobliger en tout le refle, ne fe crut pas tenue a être efclave de fa parole. Elle écrivit k Valencai, Ambaffadeur de France a la Cour du Pape, de retirer la nomination du Coadjuteur, elle lui accorda de la faire valoir pour lui-même. Léon X avoit connu Mazarin dans fa jeuneffe, & ne 1'aimoit pas. Peu deperfonnes 1'efrïmoient a.Rome. On n'avoit pas remarqué en lui ces qualités éminentes, qui menent aux grandes fortunes, & qui les font pardonner. Au contraire , on croyoit qu'il ne s'étoit élevé que par 1'adulation, par des maneges obfcurs, ou peut-être par des fervices bas & honteux. Ceux qui rougiroient d'obtenir les places par ces moyens, & ceux qui n'en rougiroient pas, fe font un egai piaiur, ou de lemer des oblia- Louis XIV. 1652. LaFronde. Le CoadjuteurCardinal. Rets, t. 3 , p. S3.  Loïü XIV. 1652. LaFron de» 118 L'Intrigüe cles fur le chemin de ces enfants de la faveur, ou de leur caufer des chagrins & du dépit. C'eft k ces motlfs que Gondi dut fon Chapeau. Rome Ie regardoit comme bien fupérieur k Mazarin en talents politiqucs; & on s'y perfuadoit qu'en mettant le Coadjuteur en droit , par fa nouvelle dignité , de s'alTeoir a cöté du Miniftre, il fe placeroit bientöt au-deffus : ainfi, malgré 1'imputation de Janfénifme , imputation déja grave &c importante, donton tacha de le noircir, malgré les reproches trop fondés contre fes mceurs, malgré les efforts intérefTés de Valencai, Innocent le préConifa le 28 Février , dans un confiftoire dont il déroba la connoilTance a 1'Ambafladeur. La chofe étant fans remede, la Cour de France prit le parti d'en paroitre contente, & Mazarin fe mit au nombre de ceux qui féliciterent fon nouveau confrère. La Reine avoit encore un frein qu'elle employa, pour retenir le Coadjuteur, favoir , la crainte de ne pas recevoir le Chapeau de la main du Roi, ce qui eft comme le complément de la dignité de Cardinal en France. Juf-  du Cabine t. 119 qu'a ce moment, Gondi n'ayant plus de rang , celTa de paroitre aux affemblées des Chambres, qui étoient devenues, dit-il, des cohues ennuyeu^ fes & infupportables. Mais il fe rendit alüdu a celles de 1'Hötel-de-Ville qui étoient compofées de la meilleure bourgeoifie , & oü on commencoit a procéder avec plus d'ordre & de juileiTe, que le Prince n'auroit defiré. II avoit a Paris une efpece de Confeil , préfidé par Chavigny i Chavigny qui, chaffé du Miniftere, Sc relégué en Touraine , n'avoit pas fit, dit Gondi, s'y ennuyer, & étoit revenu dans la Capitale chercher Pintrigue 8c la faction , qui étoient fon élément. Lui & fes confidents s'efforcoient, par perfuafion & par argent, de former a Condé un parti puiiïant; 8c déja ils réulïiiToient auprès de la populaee, qui attaquoit publiquement ceux qu'elle foupconnoit d'être contraires a Condé. Le Coadjuteur lui-même ne fut pas a 1'abri de fes infultes ( quils vouloient le tuer. fallai vers eux, dit le Coadjuteur , moi troifieme , & je iemandai: qui ejl le ch:f? Un gueux d'entre eux qui avoit une vieille plume jaune d fon chapeau , me répondit infolemment: Cefl moi. Je me tournai du cóté de la rue de Townon, en difant : Gardes de la porte , qu'on me pande ce coquin a ces grilles. 11 me fit une profond e révérence & des excufes , & ils fe difperferer.t. Voy. Mém. de Rets, tom. III, p. 92. ( 110 L' I N T R I G U E ~ Mais ces tentatives ne pouvoient aflurer au Prince un afcendant permanent dans Paris, fi elles n'étoient foutenues par des iuccès qui donnalTent de la réputation au parti; & c'eft a quoi devoit fervir 1'armée du Duc de Nemours qui approchoit. Condé, occupé a défendre la Guienne contre le Duc d'Harcourt, avoit envoyé Nemours , fon parent, ramalTer les troupes qu'il avoit autour de Stenay. Elles furent fortifïées de cinq ou fix mille Allemands ou Flamands, fous les ordres d'un Prince cadet de Wirtemberg , qui étoit nommêment a la folde du Roi Catholique, & qui, depuis quatre ans, faifoit pour lui la guerre  DU C A B I N E T. Ilï guerre en Flandres contre les Francois. Quand cette armée, compofée d'environ douze mille hommes , entra en France, il s'éleva un cri dans le Parlement, contre une alliance li manifeite avec les ennemis de 1'Etat. Monfieur foutint en pleine alTemblée des Chambres, que ces troupes, auxquelles il venoit de joindre les fien- Ines, commandées par le Duc de Beaufort , n'étoient point Efpagnoles, mais Allemandes, & qu'elles étoient a fa folde. Je voulus, dit le Coadjuteur, faire honte a Gaflon d'une maniere de parler fi contraire aux véritês les plus connucs. II répondit en fe moquant de moi, le monde veut *tre irompé. Nemours entra fans réfifiance dans le Royaume, paree que les troupes du Roi étoient divifées, & pénétra jufqu'a Mantes, décidé a prendre le chemin de la Guienne, pour mettre la Cour entre deux feux. Mais elle n'attendit pas 1'exécution de ce deflein. Si elle avoit eu de fortes raifons de quitter la Capitale, elle en avoit de plus fortes d'y revenir au moment qu'une faftion , dont 1'afcendant pouvoit entraïner tout le Royaume fe Tome IV, F Louis XIV. i6f.i. LaFrok- s£. Mademoifelle ferme Orléa.is au Roi. Mém. de Montpenfier, t. I , p. 26o-, 6t. 2 , p. I. Rets, t. j, p. 102. Ta'on,t. 8, I.Part. p. IIO,  Loui XIV. 1652. La Froü dc. in L'Intrigue s fortifioit dans fes murs. On lailTa affez de troupes au Duc d'Harcourt pour circonfcrire le Prince dans la " Guienne; & la Cour cótoya la Loire , en laremontant, avec une armée inférieure en force a celle de Nemours, & dont le commandement fut partagé entre le Maréchal d'Hocquincourt & Turenne qu'on lui affocia. La marche de cette armée menacoit Orléans, chef-lieu de 1'appanage de Monfieur, & la nouvelle qu'il en eut renouvella toutes fes perplexités. Dans un moment, il vouloit en fermer les portes au Roi ; dans un autre, il trembloit des fuites que pouvoit avoir pour lui une atlion fi hardie contre fon Souverain. En vain lui repréfentoit-on qu'après tout ce qu'il avoit fait, traité avec le Prince, connivence avec les ennemis de 1'Etat, outrages au Miniftre , & par contre-coup a la Reine, il n'y avoit phis a délibérer. Nous autres Princes, difoit-il a Gondi, nous comptons lesparoles pout rien ; mais nous noublions jamais les aclions. La Reine ne fe fouviendroit pas, demain a midi, de soutes mes déclarations contre le Car-  a v Cabiset. 115 'din&l, Ji je voulois le fouffrir demain matin : mais Ji mes troupes tirent un coup de moufquet , elle ne me le pardonnera jamais. Ces angoifes n*nirent par Pexpédient d'envoyer Mademoifelle k Órléans foutenir les partifans de Ion pere, contre ceux qu'on favoit bien y avoir été gagnés par la Cour. Cette Princeffe avoit Pefprit roma* nefque. On lui avoit mis dans la tête que fi elle rendoit quelque fervice important k M. le Prince, jamais il ne feroit la paix qu'il ne Peut marié au Roi. Son pere n'avoit pas grande con/iance en fon jugement ni en fa conduite ; & lorfqu'elle prit congé de lui, il dit en la voyant aller : Cette Chevaliere feroit bien ridicule, p. le bon fens de Mefdames de Fiefque 6* de Frontc nac ne la foutenoit. Mais ce n'eft pas toujours le bon fens qui eft le meilleur pour les actions hafardeufes. La jeune perfonne, toute émerveillée de jouer un röle , fe perfuada fermement qu'elle réulliroit. Elle paitit, le 16 Mars, avec cette affurance , fondée principalement, tant fon efprit étoit folide, fur la prédiclion d'un Auro> F ij Louis XIV. 1651. La Fronde.  L o ü z ! XIV. 11652. La Froi U)LeMarqtus de Vilene. clit-elle,/Wie dejprtt & de favoir, qui paffe pour un des nabiUs Aftrologues de ce temps , me tira i part, cv me dit : Tout ce que vous entreprendre* UMercredi 27 Mars, depuis midi jufquau Vmdredt, vous réujfira , & même dans ce tempsla yousfereK des affaires extraordinaires. Voy, fv.'em. «fe M«!!pe::fier,tom. II, pag: 1. i *4 L' I N T R■ I G V E logue Arrivée devant la ville, elle trouva les portes fermées. On lui ene, de deffus les murs, que les ha"bitants tiennent une affemblée , pour favoir s'ils recevront le Garde-desSceaux &le Confeil du Roi, qui demande auffi. a entrer. Elle apperfoit des bateliers , leur jette quelque argent,_ &c s'informe s'ils ne peuvent pas 1'introduire. Ils lui montrent une vieille porte mal terraffée , & s'offrent de lui faire par-la un paffage; elle. 1'accepte avec un tranfport de joie. Les uns brifent les planches, les autres écartent les immondices , ik enfin on fait un trou, par lequel ils tirent la jeune Princeffe avec fes deux Dames. Ils la placent fur un vieux fauteuil de bois, & la portent en tnomphe aPHötel-de-Ville, Elle étoit  DU C A B I N ET. lij fuivie de toute la populace, que ce fpectacle avoit raffemblée en un inftant. Son arrivée avec ce cortege trèsimpofant pour des Bourgeois défarmés, mit fin a la délibération. On envoya dire au Garde-des-Sceaux, qu'on ne pouvoit le recevoir; & Mademoifelle ordonna qu'on accompagnat ce melfage d'une falve de moufqueterie , qui fit changer de chemin au Confeil. Ces fuccès auroit pu ouvrir a 1'armée Frondeufe les Provinces d'outreLoire , pendant que 1'armée Royale n'étoit pas encore en état de s'oppofer h fi s progrés : mais la méfintelligence des Cheti Tempêcha de profiter de fès avaiitages. Les Ducs de Beaufort & de Nemours, quoique beaux:>•.•!.-. , ft lru: ': ient mortellement : ils fe reprochoient de faulTes confidences d tfaires qui leur é- toient communes, des défiances, des nicpiis , d'011 naquit une antipathie qui fe termina d'une maniere trèsfunclle. Comme ces Chefs ne vouIoient point entre eux de fubordination , ils affecfoient d'agir indépendamment 1'un de Pautre; & cette préF iij Louis XIV. l6)2. LaFronde. QuereH? des Ducs de Nemours & de beaufort. Rets ,t. 3 ; p. 104. Montpen* fier , t. 1 , p. 17. Du Pleffls, p. 416.  XIV. 1652. Ia Fron , i t 1 c I ï2ó L'Intrigue 1 tention fauva Ja Cour d'un grand danger. N'ayant pu être recue dans OrJeans, oü e!ie comptoit s'introduire a Ia fmte du Confeil, elle remonta la Loire, mettant toujours cette riviere entre elle & 1'armée des. Rebelles, qu'on croyoit fort Ioin. La Cour fe deployoit tranquilJement dans la plaine,& fon armée fe montroit par detachement fur des hauteurs affez reculées. Tout-è-coup, au moment que le Roi palToit devant Gergeau, le Baron de Sirot (a) , brave Capitaine, foldat hardi & déterminé, fond fur une petite gamifon que les Royaüites avoient mifedans cette ville pour garder le pont; il tue , renverfe; & d étoit prêt a fe rendre maitre du >a%e, lorfque Turenne & Hocquin:ourt arrivent avec trente perfonnes eulement Us rétabliiTent le combat; >irot tombe, bleiTé mortellement. Le ->uc de Beaufort , avec qui 1'entrc- (a\l) avoit eu 1'honneur de faire le cou» epiftoletavec trois Rois, de Bohème, de ^oiogne & de Suede, & méme il perca le bapeai. du dernier. Voy. Mém. de Mwus ■nfier,. tam. //, p. 13,  du' Cabine t. 117 prife étoit concertée a 1'infu du Duc " de Nemours , arrivé trop tard; il fait cependant une feconde tentative, qui auroit pu être heureufe s'il s'étoit fait aider par fon collegue : mais le défaut de concert la fit échouer. Jamais , dit le Maréchal du Plefïis, la France n'avoit été dans un pèril plus grand ; car Ji Gergeau avoit été pris, jamais on n auroit pu fauver Leurs Majejlês. Cette efcarmouche fut la matiere d'une explication entre les deux beauxfreres en préfence de Mademoifelle, dans le fauxbourg d'Orléans oü fe tint un confeil de guerre, pour favoir ce qu'on feroit de 1'armée. Nemours reprocha a Beaufort, qu'il n'agiffoit pas franchement en faveur de Condé. Beaufort répondit, qu'il avoit fes ordres. Un prètendu démenti que M. dt Beaufort prètendit affe^ lègèrement avoir regu, produif t un prètendu foujflet, que M. de Nemours ne regut auffi, au dire de bien des gens , qu'en imagination. Cè~ toit aumoins, ajoute le Coadjuteur, un de ces foujfflets problèmatiques, dont il ejl parlé dans les petites Lettres de Port-lioyal. II en réfidta une querelF iv O U I s XIV. 1652. A FRONr DE.  lODI' XIV. Ï.A Fron BE. I i 1 3 ( F i; i ii n ri T2§ L' I N T R I G U E le, dont Mademoifelle fufpendit les effets, maïs dont les affaires publiques fouffrirent. Des Généraux, la ■difirorde paffa aux Officiers; & des Officiers, aux foldats. Les troupes de Monfieur & celles du Prince étoient quelquefois prêtes a fe charger. Les Chefs etrangers , très-fcandalifés de cette divifion, interpofoient en vain leurs bons offices. II auroit fallu un feul General fupérieur a tous les autres, & ce Général ne pouvoit être que le Duc d'Orléans ou le Prince de Condé. Mais le premier étoit las de Ja guerre, même avant qu'eiie commencat (a). Quant au f^cond ? W II difoit fans ceffe qu'il voudroit être tflo.s , hbredefo.ns & d'inquiétude. Lorfue 1 arrnee de Nemours paffa prés de Paris , l vint beaucoup de fes Officiers préfenter eurs refpe&au Duc d'Orléans. Ces vffi es irnpat,entoient , & il répondit un jour a .hav.gny qui lui faifoit valoir leur zele our la caufe commune , préférable , difoit, d celui du Coadjuteur : Aller au D... uffi bons Frondeurs que le Cardinal de Rets , s feroient a leurs pojles, & Us ne samufetent pas i ivrogner dans les cabarets de PaVoy. Mem. de Rets, torn. III, p. I0Io  X) V C A B I N É T. ÏI9 on ne concevoit pas qu'il put échapper de la Guienné , foit en battant le Duc d'Harcourt, qui étoit plus fort que lui, foit en trompant fa vigilance: 8c quand il 1'auroit furpris , comment faire une route de cent cinquante lieues, a travers un pays plein d'en-' nemis, fans être fecouru ? Cependant Condé le tenta, 8c réuffit. II prit avec lui fix perfonnes, du nombre defquelles étoient le Duc de la Rochefoucault 8c Gourville ,recommanda la paix a fon frere & a fa. foeur , qui ne vivoient pas dans une grande union, confia fes fecrets & fes intéréts au Général Marfin 8c k Lenet, le premier pour la guerre, le fecond pour la négociation, 8c partit Ie 24 Mars. Ces voyageurs n'avoient ni relais , ni repos fixé , ni provifions , ni afyle en cas d'accident. Condé eut le temps, en marchant, de réfléchir fur la folie d'un Prince qui s'expofe aux fuites facheufes d'une entreprife comme la fienne : obligé de fe traveftir en valet, d'affeclier des mceurs triviales, de prendre des emplois bas, de mentir, de dépendre de la difcrétion de fes domefliques , au hafard, F v Louis XIV. 1652. La FroM' oe. Conclé ioint foa irmée. La Rochtfouc. p* 100. Brienne , f, i,p, I}3. Gourville fc I. 2 ,p. I'i Joly, 1.1 , IL Part. p. I.  L o u XIV 1652 La Fac ss. Comb de Ble- P- 357. Rus, t. 3 ?• 109. ] 1 & rjO V I N r R I G ü E ~ après bien des peines, d'être arrête ,' & de porter fa tête fur un échafaud. ^ 11 trouva dans fa route ce que fouyent "les Princes chercheroient en vain dans leurs Cours; des vérités. II en entendit, paree qu'on ne 1'e connoiffoitpas, de peu agréables fur fon caraéïere, fur fa conduite peu réfléchie , fur les galanteries de fa ioeur. Enfin, après hint jours de marche aufii fatigante que périlleufe , il arriva a fon armée, qm étoit pofiée aux enyirons deLorry, fur la lifiere de laforêt d'Orléans. ir II s'informa aidfi-töt de 1'état des chofes. On avoit décidé dans Ie Confeil de guerre d'aller alfiéger Montargis , oii fe trouvoit un gros dé. pot de vivres & de munitions. Condé approuve Ie projet, & 1'exécute luimême. II fe préfenta devant la ville, & s'en rend maïtre en une heure. II prend enfuite 1'élite de fa cavalerie avec toutes les timbales & les trompettes de fon armée ; & par une nuit obfeure , il fond fur les quartiers dit Maréchal d'Hocquincourt, qui les ivoit difhïbués autour de Bleneau. ra troupe du Prince, quoique peite, attaque plufieurs villages k Ia  du Gabinet. 131 foïs. Les fuyards des premiers portent 1'épouvante dans les autres; les trompettes, fonnant de tous cötés, rendent Pallarme générale. La campa-1 gne eft en un inftant couverte de cavaliers qui courent au hafard , & font pourfuivis par les détachements du Prince , k la lueur des feux qui s'allument de toutes parts : mais cette lumiere lui devient nuiiible, paree qu'elle fait appercevoir Ie petit nombre de fes foldars. D'Hocquincourt ralTemble ce qu'il peut des liens, & prend une pofifion propre k recevoir les autres, & k arrêter les progrès du Prince. Condé , avec fa promptitude ordinaire , attaque ce corps, beaucoup plus nombreux que le fien, 1'enfonce, le difperfe, & affure fa victoire. Turenne, poflé a deux lieues plus loin, prés de Gien, oü étoit la Cour, commandoit un corps de troupes féparé d'Hocquincourt. II avoit averti celui-ei que fes quartiers étoient trop féparés ; mais d'Hocquincourt, plus foldat que Capïtaine , n'avoit tenu compte des confeils d'un collegue dont F vj Louis XIV. ïój2. ,aFros«  1 O U I XIV. 1652. La Fron de. i 1 ] ( 1 < 13* V I N T R I G V E i j1 étoi.t ialoux- Turenne apprit pendanï Ja nuit, par des fuyards, 1'attaque des quartiers; & par la connoilTance ■ qu 1 avoit de leur pofition , il jugea quils devoient être enlevés. II lui reftoit è choifir entre deux partis; celui de fe retirer vers la Cour, ou d aller au-devant de 1'ennemi. Le preker étoit le plus fur; mais il laifioit toutes les troupes d'Hocquincourt qui étoient la plus grande partie de l armee, a la merci du Prince; le lecond hafardoit 1'armée entiere qui etoit la derniere reiTource du Roi. Turenne, dans cette perplexité, avance neanmoins, remettant a prendre confeil des circonffances. Au point du jour , il s'arrête fur une hauteur pour recevoir les foldats d'Hocquincourt , que Condé fuivoit de prés II arrivé en préfence de Turenne. Ces leux rivaux s'obfervent & fe jugent; nais Turenne devina Je mieux. II fup>ofa que Condé prendroit pour un uege la facilité qu'il lui offroit de le lefaire; & que , dans cette prévenion , il n'oferoit profiter de cette faihte : & c'efl ee qui arriya. Turenne  DU C A B I N E T. T53 fit éloigner fes troupes, pour Iaiffer j libre un paffage étroit par lequel on pouvoit venir a lui. Condé fe défia de cette efpece d'invitation , fe con- 1 tenta d'une légere attaque ; &, après unecanonade très-vive, qui dura toute Ia journée du 8 Avril, les deux Généraux replierent leurs poftes. Turenne alla k Gien raiTurer la Cour, qui, pendant ce combat, avoit été dans les allarmes les plus vives Sc les mieux fondées. On avoit chargé les voitu» res, & chacun s'étoit difpofé a par» tir, mais fans favoir de quel cöté tourner; car ce qui étoit arrivé devant Orléans, lorfque cette ville avoit refufé fes portes au Roi, dont 1'armée étoit entiere Sc floriffante, faifoit préfumer ce qu'il devoit attendre des autres grandes villes , quand il s'y préfenteroit en fugitif. Rets décide nettement, quil riy tut pas une ville qui rfeüt ferme fes portes a la Cour. Raffurée par le fuccès de Turenne, elle fe retira tranquillement a Sens , d'oii elle gagna le voifinage de Paris -% Sc Condé, avec Beaufort, Nemours, la Rochefoucault, partit aufli pour la Capitale, par une autre route, laiffanl . o V i s XIV. 1652. ,a Fronde.  L o u i xiv. I6j2. La Froi de. Condé Paris. Rits, t. * p. nS. La Rochifouc. I>, 2l6. J°ly. 1.1 II. Pan. f' 2. 1 » 1 . I t . -N 'V 1 N r K I G 17 E 4TverelefOUSleCOmmandem^^ " tro%tlr\ qfÜS 7 3lIerent P°w trophee de leurs exploits auprès des - Duchefles de Montbafon & de 41 fut pas exernpt de cette foibleffe. D'autres !„, prétent Ie defir de recevo r Parff ^^^«d^ements d s Panfiens. Maïs s'il fut entraïné par ces ent un autre plus plaufible & phis «nportant; favoir/ de s'afwT dOr eans. 11 avoit malheureufemenr awpres de Gallon deux puiffan* " Laprenuerefaifoit que, dut fon part aime voir fon coufin battu &fueitif 5"é: triomphant; & Gondi, quoi qu'il SS,16 t07 qUe 13 ^tell^ni ■aifort aux deux Princes, s'étanfenjage avec la Cour è troubler leur nu>„ VOlll t tenir fa parole, pour decoré du Chapeau de la Lin ^^^•«confeilla d'abord a fenfieur de fe déclarernettement conrt ie voW de Paris, & de faire  ©u Cabine t. 135 connoïtre k Condé qu'il ne 1'approu- ' voit pas : mais n'ayant pu inipirer & Galton cette fermeté , il lui fuggéra le moyen de rendre le féjour du Prince plus court qu'il ne voudroit. Le Corps de Ville flottoit dans une efpece d'irréfolution, que le Prélident Aubri, Chef des affemblées , fixoit ordinairement en faveur de la Cour, dont il étoit parti fan. Le Coadjuteur lui £t parler par des amis communs, qui Pengagerent a convoquer une affemblée, pour délibérer fur 1'arrivée prochaine du Prince, qu'on annonca expres. L'affemblée ordonna une députation, qui pria le Duc d'Orléans d'empêcher" Condé de venir k Paris , dans la crainte des dégats que fes troupes pourroient faire dans les environs. Le Duc d'Orléans répondit que fon coufm viendroit peu accompagné , &c pour peu de temps. Par cet engagement public, il crut impofer au Prince la néceffité de ne fairs, pour ainfi dire , que fe montrer dans un état a ne point éclipfer Gallon, & de s'en retourner au plus vite a fon armée : mais cette rufe étoit moins capable d'abréger le féjour de Cond* i o u :• s XIV. 1652. SE.  L o u i XIV. 1652. La Fr o] »e. < 1 t 4 ■ d *j* L'Intrigue .U eut d'abord aflez de peine a fe faire admettre, tant au Parlement que danslesautres Cours fouveraines, qu'il vouloit engager è agréer fes fervices contre Mazarin; & li, malgré le Cr f medelefe-Majefté dont il Lit noté Par Arret, il obtintféance , ce ne fut Jouvent que pour entendre des chofes tres-mortifiantes. Bailleul, qui pré- ttf' Ir ïrkTent en ^encePde MoJe & Amelot, premier Préfident de' a Cour des Aides, lui direntprefque en memes termes, qu'ils s'étonnount de voir fur les fleurs de lis un Prince qui Venou de ft n misd«fi»rsdelis,&qui< les mams encore teintes du fang des Franss venou faire trophèe de ^ ians le Sancluaire de la Juftice. Qiiel- ïmn^^ dS ^ ChWdes. ^omptesneparlerentpasmoinsvieou. rophes; mais il n'en marqua pas Ie if relTentiment qu'on devoit attendra un homme de fon caraftere.- il parut eme que cefut moins pour fe venger es p.rücuhers, que pour foumettre  du Cabinet. 137 les corps, qu'il permit d'ameuter Ia populace contre ceux qui lui étoient contraires. II y eut, comme on 1'avoit déja vu arriver, beaucoup de ConfeilIers infultés dans les rues ; les falies du Palais fe rempliflbient journellement de mercenaires foudoyés, journaliers, artifans , domeftiques , qui crioient: Vivent les Princes ! point de Mararin l Pareil tumulte fe faifoit entendre dans la place de Greve , quand le Corps de Ville s'alTembloit. Cependant le Prince , malgré la crainte qu'il infpiroit, ne put obtenir du Parlement que des Arrêts aggravants contre Mazarin , & non pas une autorifation a lever de 1'argent &des troupes, comme il deliroit. Le Corps de Ville , auquel il demandoit qu'il écrivit aux principales Villes du Royaume, pour former une union avec la capitale , fe contenta d'ordonner qu'il feroit fait une députation au Roi, pour le fupplier de donner la paix afon peuple. Le Prince fut plus heureux auprès du Duc d'Orléans : fes égards, fes déférences gagnerent entiérement Gallon, qui lia enfin fa fortune k celle de Condé , fans cependant renoncer k la faculté Louis XIV. 1652. LaFros- bz.  L o v i xiv. 1652. La Frtoi de. Sicge d'i tampes. Montp» P' 4V f*3* L' I n t r i g ü e 'S feeikler?leSUef0iS^^"eauxco^ lens du Coadjuteur. Pendant que le Prince travailloit a decorer fon parti des fuifrages ex> orquesala Capitale, fo„ armée can:.tonnee autour d'Etampes, dans des .quartiers de rafraichilléments, diminuoit foit par la défertion, foit par jes maladies que 1'inaclion enfante. i urenne au contraire, fe renforcoit par les detachements qu'on lui envoyoit de la frontiere, qu'on IailTa ainfi a force de la dégarnir, en proie aux Efpagnols. L'armée Royale fe DIaca entre les Rebelles & Paris, afin que le parti que le Prince y entretetenoit, ne put tirer avantage de fes torces. Cette pofition procura auffi u 1 urenne loccafion de rétablir I'honneur des armes du Roi, un peu altéré * Bleneau. Mademoifelle s'ennuyoit k Oneans, quoiqu'elle n'y füt pas touta-tait fans amufements. Elle écrit qu'elle f aifoit arreter les courriers, qu'elle ouvroit les lettres des particuliers, y lifoit les affaires de familie, les intéréts de commerce, les intrigues douefoques dont elle fe divertiffoit 'vee fes Demoifelles. Néanmoins 9  DU C A B I N E T. 139 comme elle n'avoit plus rien de briljant a faire dans cette ville, elle delira retourner k Paris, & demanda un paffeport a Turenne: il lui écrivit que non - feulement il 1'enverroit, mais qu'il mettroit fur fa route fon armée en bataille. Cette lettre communiquée, piqua d'honneur les Officiers de 1'armée d'Etampes, comme Turenne 1'avoit bien prévu. Prefque tous jeunes & galants, ils accompagnerent la Princeffe hors de leurs lignes. On y recut Mefdames de Frontenac &c de Fiefque,. Marèchahs-dc-Camp, pour réalifer une plaifanterie de Gallon, qui leur avoit donné ce titre (a). A peine la Princeffe étoit partie, & on étoit encore dans le défordre de cette fête militaire , lorfque Turenne, qu'on croyoit occupé k préparer la fienne , parut. II avoit laiffé dans fon camp lés Lieutenants, chargés de recevoir la Princeffe , & lui-même , avec 1'élite de fon armée, vint fondre fur celle du (a) Gafton leur écrivit un jour. A Mefdames de Fiefque CV de Frontenac, Marèchi» les-de-Camp de 1'armée de mes fiïïes. Voy, Mém. de Mompenfier, tom. II, p. 59» Louis XIV. 1652. LaFrok- e£.  Loüi XIV. 1652. La Froi be. Le Duc de Lorraine en France. Bu£l, t. t, Montperifi", t. 2. p- n. Rets j r. 3, p. 160. i« Rochef. P- 234. 1 ! I r t d .140 L* I N. T R I c U E ~ Prince qu'il furprit: mais il y avok de valles troupes qui fe formerent 4™?P; foutinrent le choc avec Zt a' Ve/etirerent en combattant dans e fauxbourgd'JEtampes, ou elles arreterent Turenne. Comme Jlnayoitm canons, ni munitions, il ie retira • ma,s il revint, quelques jours apres, mettre le fiege devant cette place, pour enfevelir comme dans un feu tombeau les principales forces du Vallij L'armée affiégée' étoit prefque auffi egahte occafionna des combats fréquents & meurtriers, dont il étoit dif- les Chefs avoient des efpérances prochamescl unfecours, qui devoit faire pencherlabalance. Charles IV Duc x4n H°r7in^ dépouiI,é folIS Lo™ XII de fes Etats par les Francois, s'é- oit fait une armée compofée de va- labonds de tous les pavs. La licence es atnroit fous fes étendards, & le «Uage etoit leur folde. II la prome- oit comme un orage flIr les fron- 'eres de France & d'Efpagne, fe ver- ant ordinaxrement a cette derniere  DU C A B I N E T. 141 PuilTance, mais fans s'interdire ledroit de fe livrer a la France, fi elle vouloit 1'acheter plus cher. Comme on favoit qu'il étoit toujours en vente, la Cour le marchanda. Le Duc d'Orléans , qui étoit fon beau-frere, mit auffi fon enchere. Sans fe promettre affirmativement k 1'un ni a Tautre, Charles entra en France par la Champagne , qu'il parcourut & pilla tranquillement, paree que la Cour croyartt Favoir affez payé pour être füre de lui, défendit k fes troupes de 1'inquiéter; mais elle fut cruellement détrompée , lorfque , arrivé, le 3 1 Mai, prés de Paris, Charles IV fe joignit aux Princes. On paria auffi-töt d'aller fecourir Etampes. Dans les confeils qui fe tinrent fur la maniere d'exécuter cette entreprife, le Duc de Lorraine montra le plus grand empreiTement. Nulle objeétion , nulle difficulté de fa part ; mais quand il fut queftion de marcher , il furvint des obftacles-. L'artillerie n'étoit pas prête, la poudre manquoit. On avoit encore befoin d'informations. Charles étoit défolé de ces contre-temps; il s'en mettok dans une Louis XIV. 165 2. La Froede.  Lom XIV. 1651. La Fr 01 de, Ï41 L' Intrigue " efpece de fureur, il fe couchoit par terre , fe rouloit, fe frappoit la tête de dépit d'être arrêté dans une fi belle - carrière. Pour le confoler, on lui donnok des repas & des fêtes: quand il étoit dans les plailirs, il paroiffoit tout publier, & on ne pouvoit plus 1'entirer. Si 011 lui parloit d'affaires, ilrépondoit tantót avec le plus grand férieux, tantót en plaifantant. Gondi voulut un jour 1'entreprendre en préfence du Duc d'Orléans. Avec les Preins , dit-il ironiquement, il fautprier Dieu ; quon me donne un chapelet: ils ne fe doivent meier cTautre chofe que de prier, & de faire prier les autres. II paya de la même monnoie les Dames de Montbazon & de Chevreufe: Danfons, Mefdames , leur dit-il, en accordant une guittare; cela vous convient mieux que de parler £ affaires. II ne fut pas poffible au Prince de Condé de lier avec lui un entretien fuivi. Charles 1'éluda toujours; & quand Mademoifelle cherchoit a entamer une converfation, il luifermoit la bouche en s'extafiant fur fes charmes, en fe récriant fur fon efprit. II lui baifoit la main, fe jettoit a fes genoux, & méloit a  RU C A B I N E T. 143 te galanterie des idees & des manieres fi burlefques, qu'on nrnffoit par rire , & ne favoir que penfer de fon caractere. Tout s'expliqua enfin, quand on. fut que ces bizarreries cachoient une \ négociation du Duc de Lorraine avec la Cour. Elle favoit qu'en lui offrant de 1'argent, il étoit toujours pret a avancer la main pour le recevoir. On lui en montra, & il confentit a s'en retourner, pourvu qu'on levat le fiege d'Etampes. Cette condition ne pouvoit qu'être agréable a Turenne, qui fe voyoit par-la débarraffé d'un fiege dont les fuites 1'inquiétoient: il exécuta fidélement le traité, & retira fes troupes de devant Etampes. II laiffa ainfi 1'armée des Princes libre de concourir a une perfidie que Charles méditoit. Le Lorrain s'étoit campé è Villeneuve-Saint-George, & avoit établi fur Ja Seineun pont de bateaux, par oii il cqmptoit recevoir les troupes qui fortiroient d'Etampes, & avec les deux armées réunies, pourfuivre celle du Roi. Turenne prelfentit fon projet; & fans confulter la Cour, qui fe laiffoit amufer, il force fes marches,fe Louis XIV. 1652. La Fron- . DE. 1 s'en rcourue.  L o u i XIV. 1652, La Fro> de. 144 L' I N T R I G U F. ' s couvre de la forêt de Senar, débouche dans la plaine le matin du 14 Juin, & envoye fignifier au Duc qu'il " ait a décamper fur lechamp, & a lui livrer fon pont de bateaux, linon qu'il lechargera. Charles ne s'attendoit point k cette apparition. Son camp n'avoitpas de fortifications. La plupart de fes Officiers étoient a Paris , oü ils fe divertilfoient avec le Prince de Condé; rien n'étoit préparé pour une action, Le Duc héfite, promet, fe rétracte, gagne du temps, fe met en défenfe, en impofe a un Envoyé de la Cour, qui vient dire au Maréchal, que le Roi n'a pas de meilleur ami que Ie Duc, & qu'il faut bien fe garder de 1'attaquer. U nous trompe, répond Turenne ; mais je n'ofe prendre J'ur moi de r~attaquer. Il envoye au Roi, a toute bride; 1'ordre arrivé: mais Charles ne juge pas a propos d'expofer au fort d'une bataille fon armée, qui étoit tout fon bien. II accepte la condition de Tur enne, donne des otages, & livre font pont, qui efè fur le champ détruit. II étoit temps; car Condé avoit couru au-devant de fa cavalerie, qu'il ramenoit k grands pas, faifant fuivre faa  D U C A B I N E T. 145 fön infanterie a la hate. Du bord de la riviere, ou le défaut de pont le retint, il vit le lendemain avec douleur fon allié décamper honteufement. Le Duc de Lorraine retourna par le même chemin , & acheva de dévafler les Provinces qu'il avoit pillées en venant. Ces étrangers avoient fait trophée fous les yeux des Parifiens , & avec eux, des dépouilles de la France. Leur camp étoit comme une foire oü on voyoit expofés des habits, des meubles, des effets de toute efpcce , enlevés aux habitants des campagnes. Le peuple de Paris y couroit en foule, acheter ces vols faits a des Francois. Les Officiers y donnoient des fêtes aux Dames , qui les ramenoient k Paris, oü on les traitoit magnifiquement; les bals , les revues, les feftins s'entre-mêloient&fe fuccédoient, pendant que le laboureur défolé, pleuroit fur fon champ foulé aux pieds des chevaux, la veille de la moiffon; qu'il verfoit des larmes ameres fur le fort de fa femme & ck fes enfants, errants & difperfés; que le berger fuivoit triftement fon troupeau, erame- Tomt IV. G Louis XIV. 1652. LaFronde. Mifere aucour de Paris. Montpenfier, t. 2, 0. 75. La Porte, p. 289.  L o u : XIV. 1652. La Fro de. Remoi trances ;1 Parlement , i négociarions. la Roche fouc. p. 321 & 231 Rets , t. 3 p. 165. Joty, II P»rt. p. 10 146 L'Intrigue * né par le foldat avlde, & que les payians, chaffés de leurs foyers, chers_ choient inutilement un afyle dans les villes voifines, dont ils augmentoient la difette. Ils y refloient expofés aux injures de 1'air, au milieu des rues & des places publiques. Tai vu, dit La Porte dans fes Mémoires; j'ai vu fur le pont de Melun, trois enfants fur leur mere morte, l'un defquels la tettoit encore. , Ces fleaux attriftoient non-feuleJ ment ceux qui les relfentoient, mais i encore ceux qui n'en étoient que té- moins. Le Parlement faifoit a la Cour . & aux Princes, des repréfentations fré- quentes, & des prieres d'éloigner les •armées. La Cour différoit pour laf'fer les Parifiens, & les Princes diffé- roient auffi , a£n que 1'excès des dé- fordres excitat Paris a fe défendre: par Ia même raifon, ils foutenoient & animoient même la populace, qui pourfuivoit avec des clameurs & des huées, tant dans les rues que dans le Palais, les Confeillers qu'on leur indiquoit comme cntiché* de Ma^ttinif. me. C'étoit ce que Galfon appelloit lgayet le Parlement; mais cette ma-  "O TJ C A h 1 N £ T. 147 niere d'égayer la Compagnie, n'eut pas toujours le fuccès defiré. Souvent le Parlement le roidit contre la vexation. II n'accueillit qu'avec un morne filence la propofition que rit le Duc d'Orléans , qu'on lui donnat des pouvoirs plus amples, plus étendus de faire la guerre, & même qualité pour cela , infinuant que celle de Lieutenant-Général du Royaume pour lui, & celle de Généraliffime pour le Prince, conviendroient. Le Parlement détourna la queff ion. Monfieur en fut fi piqué, qu'il lacha la bride a fes égayeurs. II y eut, en fortant de 1'affemblée, plufieurs membres de la Compagnie injuriés, tirés dans la foule, renverfés, frappés, &c quelques-uns coururent rifque de la vie. Ils vouloient quitter le fervice ; mais les Princes les appaiferent, en promettant de punir les plus coupables des féditieux. Ces violences en firent craindre de plus grandes : on fe regarda comme menacé de la colere célefte, fi on ne tachoit de la détourner. Le peuple demanda la proceffion de la chafTe de Sainte Genevieve. Le jour même qu'elle fut ordonnée par le Parlement, on G ij Louis XIV. 1652. La Fronde.  L O U I ! XIV. 1652. La Fron de. (a) Quand les Chdjfes vlnrent d pajfer, M. le Prince courut d toutes avec une humble cv apparente dèvodon, faifant baifer fon chapelet.... Mais quand celle de Sainte Genevieve yint d pajfer, alors , comme un forcenè , après s'être mis d genoux dans la rue, il courut fe jetter entre les Prétres ; & baifant cent fois cette fainte Chaffe , il lui fit baifer encore fort chapelet, & fe retira avec l''applaudijfement du peuple. Ils crioient tous après lui : Ah le boa Prince, & qu'il eft dévotlle Duc de Beaufort renchérit fur le Prince. Le Duc d'Orléans fe contenta de regarder d'une fenètre. yoy. Mém. de Motteyille, tom. IX, p. 364. 148 L'Intrigue y délibéra fur la maniere de faire les cinquante mille écus promis a celui qui apporteroit la tête de Mazarin; ' ce qui fit dire au Confeiller Le Clerc de Courcelle : Nous fommes aujourcthui en dévotion de fête doublé ; nous ordonnons des proceffions, & nous travaillons d faire affaffiner un Cardinal. La proceffion fe fit avec le plus grand recueillement. Condé y montra une dévotion qui parut exceflive a bien des gens; on lui fuppofa moins de foi , que d'envie de gagner la populace par des démonflrations de piété qui lui font familieres. Auffi le combla-t-elle de bénédictions (a). Mais de pareils  DU C A B I N E T. 149 fuffrages ne le dédommageoient pas " de la perte de 1'eftime des premiers de la ville, qui fe détachoient de lui, tant paree qu'ils commencoient a re-L connoitre le vuide de fes projets, que paree qu'ils fe laffoient de la guerre. Les Princes tachoient d'empêcher les éclats de Pimpatience par des négociations avec la Cour , dont ils répandoient dans le public qu'ils efpéroient le plusheureux fuccès. Dans cette vue, ils donnoient a leurs démarches un appareil remarquable. Les porteurs de paroles des Princes, les Députés du Parlement, ceux de 1'Hötel-de-Ville, étoient fans ceffe fur le chemin de Paris a Saint-Germain ou réfidoit Ia Cour. Le Miniftre , au milieu de ce manege , fe conduifoit avec beaucoup d'habileté. Tous ceux qui fe jettoient dans les négociations, affeöoient de ne vouloir aucune relation avec lui. Pour lui , il paroiffoit fe prêter k leurs defirs, & confentoit k ne les voir qu'en particulier : mais il avoit foin de laiffer percer dans le public la connoilTance de leurs entrevues fecretes, afin de leur donner de 1'odieux ou du ridicule. Quoique la première propoG iij . o u 1 s XIV. 1652. KFRONUE.  L o u i < XIV. 1652. L a. Fron de. 3 1 1 150 L' Intrigue fition qu'on faifoit, fut toujours qu'il fortiroit du Miniftere , qu'il quitteroit la France , pour un temps, difoient les uns,pour toujours, difbient les autres, Mazarin ne fe choquoit pas de cette dure propofition. 11 gliffoit fur cette demande, difcutoit les autres , revenoit a la première, accordoit, refufoit, mais avec des manieres dont on étoit toujours content. Prodigue d'égards &c de politeffes, il combloit tous ceux qui fe préfentoient; de forte qu'il n'y avoit perfonne qui ne voulut traiter. II arrivoit de-lè que les négociateurs fe croifoient, & qu'ils fourniffoient au Miniffre des prétextes plaufibles de fufpendre les décifions. Mazarin fut que le Prince, dans 1'accès d'une violente paffion pour la Du^heffe de Chatillon, s'étoit flatté de !ui procurer des diftinétions. II fit infinuer a cette Dame qu'elle devroit fe mêler des affaires, & que fa capa:ité &c fes charmes en feroient plus 1 la Cour que les fineffes & les raibnnements des autres. Pleine de cete prévention, elle obtint de Condé m pouvoir très-étendu, & partit avec  du Cabine t. 151 un train d'Ambaffadrice. Elle fut trés- j bien recue; on 1'amufa d'honneurs & de plaifirs , pendant que les travailleurs qu'elle avoit amenés dreffoient1 des plans , & que le rufé Italien leur laiffoit croire qu'ils touchoientau but, lorfqu'ils étoient plus éloignés que jamais. Les gens graves trouverent mauvais que le Prince entre-mêlat de galanterie , des négociations qui devoient décider du fort du Royaume. Ils s'appercevoient avec peine, qu'il y avoit dans le chef & fes partifans les plus familiers, un goüt de frivolité bien contraire aux penfées férieufes qui auroient dü occuper des hommes chargés de fi grands intéréts; que le foin d'un bal & d'une fête prenoit fouvent plus de temps & fixoit plus 1'attention, que les préparatifs d'une expédition militaire. On connoiffoit les intrigues amoureufes qui partageoient ces jeunes Seigneurs, on en fuivoit le hl. On favoit les rivalités, les haines qu'elles excitoient entre eux, pendant qu'ils avoient befoin de la plus grande concorde. Les émifTaires que la Cour entretenoient dans la Capitale, ne manquoient pas de relever G iv iOUIS XIV. 1652. ,A FrOK os.  L o u i ■ XIV. 1652. La Fron •de. 1 ] Bitaülede Saint-Antoine. ' La Roche- < Mc P. 1 142. 1:52. L'Intrigue ■ cette conduite ; & les réflexions eonfignees dans les écrits qu'on répandoit, enlevoient infenfiblement k Condé Peftime des gens folides. De forte que prefque tous les chefs de la Bourgeoifie, le Prévót des Marchands, les Echevins , Colonels & Quarteniers étoient Royaliftes, quoique la ville parut encore attachée k la Fronde : & on pouvoit dire que le Prince, quoique dans la Capitale, 1'avoit déja réellement perdue. Cependant il ne vouloit pas s'en éloigner, de peur d'être réduit au röle d'un rebelle obfcur, forcé de fuir de Province en Province , & de mendier a la fin un afyle chez 1'étranger : au-lieu que, reflant clans Paris, il fe flattoit d'être toujours recherché de la Cour, & d'obtenir snfin des conditions avantageufes. Cet ifpoir 1'engageoit k retenir fes trou3es autour de la ville, oü il ne pouioït cependant pas les introduire , par:e que les portes étoient gardées par a Bourgeoifie. II fe logea k Saint-Cloud. Turenne )ccupoit la plaine deSaint-Denis. Conlé, quoique beaucoup plus foible que es Royaliftes, depuis la retraite du  du Cabine t. 153 Lorrain, fe croyoitfort en füreté, paree que , li 1'ennemi vouloit venir a lui par un pont qu'il avoit fait conftruire vers Argenteuil, le Prince, maïtre du pont de Saint-Cloud , pouvoit palfer du cöté du bois de Boulogne, & mettre toujours la riviere entre Turenne & lui. Mais les mefures du Prince furent déconcertées par 1'arrivée du Maréchal de la Ferté , qui quitta la frontiere de Champagne, oii il tenoit les Efpagnols en échec, & vint fe joindre k Turenne. Condé craignit que 1'une des deux armées, paffant fur le pont d'Argenteuil, ne vint 1'attaquer dans fon camp , pendant que 1'autre , fe préfentant au pont de Saint-Cloud, feroit diverfion, & 1'expoferoit k une défaite inévitable. II n'y avoit d'autre moyen de fauver fes troupes, que de gagner Conflans. II fe trouvoit encore fur le terrein que les Lorrains y avoient occupé, des refl.es de retranchements, dont Condé efpéroit couvrir la tête de fon armée, pendant que les derrières feroient mis par la Capitale k 1'abri d'infulte. Pour gagner cette pofition avantageufe, le chemin 'le plus fur étoit par la plaine de GreG v Louis XIV. 1652. La Fronde. Artagnan , t. 2 , p. 85. La Rochsfouc. p. 239. Talon , r. S, //. Part. p. 51. Montpenfier, £.2, p. 7S.  L oui XIV. 1651. La Fron de. 1)4 L'Intrigue \ nelle, en rabattant le long des faux' bourgs Saint-Germain, Saint-Jacques, Saint-Marceau & Saint-Viclor, en tra" verfant la Seine vers 1'endroit 011 eft 1'Höpital-Général : mais il falloit faire remonter par Paris un pont de bareaux, & Condé n'étoit pas fur que les Bourgeois le permiffent. D'ailleurs, la Iongueur du chemin pouvoit donner aux ennemis le temps de Patteindre. Alors Condé auroit été forcé de fe replier fur le fauxbourg Saint-Germain ; & il étoit poffible que les canonnades des Royaliftes portant jufqu'au Luxembourg , effrayafTent le Duc d'Orléans, & le déterminafTent a s'accommoder brufquement avec la Cour. D'après toutes ces confidérations, Condé choilit le chemin le plus périlleux , mais le plus court, qui étoit par le bois de Boulogne , les dehors des fauxbourgs Saint-Honoré, Montmarrre, Saint-Denis, Saint-Martin, Saint-Antoine (a), & il fe flat- (^) Ces fauxbourgs n'étoient pas alors fi prolongés qu'ils font a préfent. II n y a pas long-temps que tout ce qui eft maintenant rouvert de maifons jufqu'a Montmartre , étoit jardins & marais.  du Cabine t. 15:5 ta, qu'avec un peu de diligence, il gagneroit Charenton avant que Turenne , placé vers Saint-Denis , put 1'attaquer. Dans cette efpérance, la nuit du premier au z Juillet, il palTe le pont de Saint - Cloud en lilence, marche avec line célérité que ne rallentiffent ni les détours des chemins? ni 1'embarras des bagages. Son avantgarde touchoit prefque au but, lorfque Turenne, a la tête de fa cavalerie , fond fur 1'arriere-garde, qui étoit encore vers le fauxbourg Saint-Denis. Condé vole k fon fecours, la dégage, & réunit toute fon armée a la tête du fauxbourg Saint-Antoine, derrière quelques mauvaifes barricades que les Lorrains avoient laiffées. Alors commenca un combat fameux dans nos Annales par le lieu oü il fe donna, par 1'importance de la caufe Sc la célébrité des Généraux. Ils y montrerent tous deux qu'ils favoient joindre la bravoure du foldat au fang froid du Capitaine. On les vit déployer dans un petit terrein toute la fcience des attaques, tout Part des retraites. Aux foldats de Condé , une barrière , un pan de muraille fuffifoit pour fouteG vj Louis XIV. 1652, La Fronde.  loui! XIV. 1652. l.4.F.10N 156 L'Intrxgue , nir les efforts des bataillons fans ceffe rafraichis, qui les prenoient en tête & en flanc. On percoit les maifons, ' on s'y rencontroit, on s'y battoit a travers les breches faites aux cloifons. Condé fe trouvoit par-tout; fon courage le multiplioit. Si fes foldats plioient, il les rappelloit, fe mettoit a leur tête, les menoit a la charge. Son efcadron invincible portoit toujours la terreur & la mort dans les troupes ennemies: mais fouvent aulli il voyoit tomber autour de lui fes plus zélés ferviteurs, fes meilleurs amis; guerriers illuftres, qui méritoient de verferleur fangpour une meilleure caufe. Dés le commencement de Pac~Hon, le Duc d'Orléans , après avoir vu la difpofition des deux armées, s'étoit retiré dans fon palais du Luxembourg. Les Bourgeois de Paris, accourus fur leurs remparts, regardoient ce qui fe paffoit fans paroitre y prendre aucun intérêt. Le Prince obtint avec peine qu'on recevroit fes bleffés. La vue de tant de malheureux, rapportés entre !es mains de leurs domefliques, mus •ilés , expirants, tout fanglants & déigurés j jetta dans Ie peuple un com-  DU C A B I N E T. 157 mencement de compafïion. En paffant par les rues , ces blefles remercioient le Bourgeois attendri; & comme infenlibles a leur propre fort, ils ne montroient que le regret de ne pouvoir plus aider le Héros qui périffoit k leurs portes. Ce fpeftacle fit plus que les exhortations du Duc de Beaufort, 1'ancienne idole de la populace. Dés le matin, Condé 1'avoit envoyé haranguer dans les carrefours & les places publiques. II cria long-temps en vain; mais enfin, fur le midi, on commen9a a s'attrouper. Quelques pelotons d'ouvriers & d'artifans fe préfenterent devant le Luxembourg. Les femmes de qualjté, dont les peres, les freres, les enfants , les maris combattoient dans 1'armée du Prince , s'y étoient réunies. Elles follicitoient Gafton de faire armer le peuple, & d'aller au fecours de fon coufin. II réfiftoit k leurs inflances. Sa conduite lui avoit été tracée par le Coadjuteur, qui, dans ce moment crit'ique , ne paroiffoit pas au Luxembourg, mais qui envoyoit de temps en temps des gens pour confirmer Monfieur dans fon refus. Cependant il ne put tenir contre tant de Louis XIV. 1652. La Fronde.  Louii XIV. 1651. La Fronde. 1 1 ( 158 L'Intrigue perfonnes qui le lollicitoient a genoux, les mams jointes, & fondant en larmes. Enfin, il fe lailfa arracher, plutöt qu'il ne donna , a Mademoifelle , 1'ordre de faire ouvrir la porte Saint-Antoine, & de recevoir 1'armée du Prince dans Paris. Mais il y avoit une défenfe contraire a 1'Hötel-de-Ville; défenfe écrite toute entiere de la main du Roi, & datée de Charonne , oü il étoit pendant le combat. Le Gouverneur, les Echevins, & le Confeil affemblé, vouloient obéir a cette défenfe, & il étoit rjrdonné a la garde bourgeoife de teiir la porte fermée. Mademoifelle, rnunie de la permiffion de fon pere, e préfente a 1'Hötel-de-Ville a la tête I'unefoule de peuple, qui demandoit i grands cris qu'on fauvat le Prince 5c fon armée. Le Confeil n'ofe mé:ontenter cette multitude menafante; 1 accorde le confentement que Malemoifelle defiroit. Avec cespouvoirs, ile avance vers la porte Saint-Antoiie, & fait avertir Condé. II prend le noment oü Turenne fufpendoit fes fforts, pour en faire bientöt de plus écififs, 6c vient s'aboucher avec la  du Cabine t. 159 Princeffe. II étoit, dit-elle, tout couvert de poujjitre & de fang , quoiquil ri eut pas été bleffè;fa cuirajf'e étoit pleine de coups, & il tenoit fon êpèe nue d la main , en ayant perdu le fourreau. En entrant, il fe jetta fur un fiege , fondant en larmes. Pardonne^ , lui dit-il en fanglottant, pardonneila douleur 011 je fuis ; vous voye^ un homme au dèfefpoir. J''aiperdu tous mes amis. Non, répondit-elle ; ils ne font que bltffés , & encore ne le font-ils pas dangereufement. Cette bonne nouvelle le confola ; il remercia Mademoifelle, la pria de continuer fes bontés, de veiller au foulagement des bleffés, & il retourna a fon armée. La Princeffe vouloit le retenir, mais il s'échappa de fes mains. Je ne rentrerai , dit-il, qu'a la derniere extrémité; & il ne fera jamais reproe hé quej'aye fui en plein jour devant les Ma[arins : réponfe pareille a celle qu'il avoit faite le matin è Gallon, qui lui propofoit de laiffer le commandement au Duc de Nemours, & de fe retirer dans la ville. Je ne puis ni ne dois abandonner mes amis en pareille occajion ; il faut vaincre ou périr avec eux. En effet, il n'y avoit pas de mi- Louis xiv. 1652. La Fronde.  L o u i < XIV. 1652. La Fkon dl. 160 L'lNTRIGUE lieu , fi Mademoifelle ne fut venue au fecours de fon coufin. Comme les nombreux bataillons 1'emportent a la longue fur lesmoindres, Condé, refferré entre Pennemi & les murailles de Paris , ne voulant pas fe rendre, de peur de porter fa tête fur Péchafaud, auroit péri avec fes principaux partifans, & le carnage a la fin auroit été horrible. Ainfi, quoiqu'on ne puifle juftifier la Princeffe d'avoir, par la reflburce qu'elle procura au Prince, empêché 1'extincfion totale de la rébellion, on doit cependant lui favoir gré de ce qu'elle fauva tant de braves guerriers, qui, jeunes la plupart, devinrent enfuite 1'honneur & la force du regne de Louis XIV. Sa bienveilknce s etendit jufques fur les foldats étrangers. Ces malheureux , ignorant la langue, fe trainoient dans les rues, tendant des mains fuppliantes; elle les placa dans les höpitaux & chez des Chirurgiens. Le Duc d'Orléans, vaincu par les follicitations de tout ce qui 1'environnoit, monte enfin a cheval, fait armer le peuple, & vient favorifer la retraite du Prince. Elle étoit devenue  du Cabine t. 161 abfolument nécefTaire. Turenne n'avoit fufpendu fes efforts, que pour difpofer autrement fes troupes. L'armée de la Ferté venoit de le joindre, & ils fe propofoient d'enfermer Condé entre eux & Paris. Déja les Royaliftes défiloient a droite & a gauche, par Conflans & Popincourt. En fe rapprochant, ils devoient envelopper le fauxbourg Saint-Antoine, & faire une attaque générale, k laquelle Condé n'auroit pu réfifter. II le preffentit, & ne penfa plus qu'a mettre en füreté Ie refïe de fon armée, très-diminuée , & auffi fatiguée de la marche & de Ia chaleur, que du combat. II fit, a la tête de fes efcadrons , une charge , qui repouffa 1'ennemi jufqu'au-dela des barrières du fauxbourg. Pendant ce temps, fon infanterie défïla dans la ville. II y rentra des derniers, avec fa cavalerie. Les portes fe refermerent. Des Moufquetaires, placés fur les remparts , arrêterent les Royaliftes , qui voulurentapprocher; & Mademoifelle fit tirer le canon de la Baftille fur les plus éloignés. L'étonnement de la Cour fut extreme , quand elle vit que le Prince Louis XIV. 1651. La Fronde.  looi XIV. i6jï. La Fro: Bi. Maffacr( de 1'Hötel-Je-Vil Ja. 162 L'Intriguf. - lui avoit échappé. Elle penfa d'abord, tant elle fe croyoit fïïre de fes intelligences dans Paris, que le canon de f"!a Baftille tiroit, non fur fes troupes, mais fur celles de Condé. Lorfque Mazarin fut affuré du contraire , & qu'il fut que c'étoit Mademoifelle qui avoit fait ce coup hardi, il dit froidement : Elk a tui fon mari; faifant allufion au defir qu'elle montroit d'époufer le Roi. Des hauteurs de Charonne, oü il avoit tenu le jeune Monarque pendant le combat, le Cardinal le ramena a Saint-Denis, oü la Reine étoit reftée en prieres dans 1'Eglife des Carmélites; & 1'armée rentra dans fes anciens poftes. Condé fit paffer la fienne a travers Paris, &l'établit dans la plaine d'lvry, le long de la riviere de Bievre. II eut 1'avantage de cette journée, paree qu'il fauva fon armée ; mais 1'honneur doit fe partager entre lui & Turenne, qui montra la même capacité, le même fang froid, la même intrépidité, qui manqua de vaincre, uniquement paree que la fortune ouvrit un afyle a fon rival. Le danger que le Prince avoit couru de tomber entre les mains de Ma-  D V C A B I N E T. 163 zarin, lï Ie peuple, plus compatiflant que les Chefs de 1'Hötel-de-Ville , ne les eut fbrcés d'ouvrir les portes, lui fit prendre la réfolution de fe rendre plus puiffant dans Paris. Quelques perfonnes lui faifoient ombrage, entre autres, le Maréchal de 1'Hópital, Gouverneur; Le Fevre de la Barre, Prévot des Marchands, & fur-tout le Cardinal de Retz. Pour celui-ci, le delTein de Condé étoit d'aller, bien accompagné , lui faire une vifite k 1'Archevêché, d'oü il ne fortoit plus, le prendre poliment dans fon carroffe,1 Ie mener hors de Paris , & lui défendre d'y rentrer. La chofe étant faite, le Prince fe flattoit que Gallon, accoutumé k facrifier fes ferviteurs, s'en feroit aifément confolé. Quant aux autres , on n'ofe prononcer s'il voulut s'en débarraffer de vive force , & fi le maffacre qui arriva k 1'Hötel-deVille le 4 Juillet,futl'effet d un projet formé, ou d'un concours de circonflances imprévues. Les Princes avoient demandé 1'affemblée générale de 1'Hötel-de-Ville. Après l'avoir remerciée de la retraite accordée a Condé, ils devoient y pro- Louis XIV. 1652. La Fronde. Artagnan , t. 2,p. 114. Reu , e. 5 , ■>. 170. Joly , IL lart.p. 1;. Ta.'on, t. 5 , part. U,p. 31. Montpcnier, t. 1, '• 93.  Louis XIV. 1652. La Fron DE. 164 L' I N T R I G U E " pofer des choies tendantes a faire déclarer ouvertement la ville contre le Roi. Mais prévoyant que leur projet ne pafferoit pas fans difficulté, ils firent déguifer des foldats & des Officiers , qui eurent ordre de fe mêler avec la populace & de Pameuter, pour effrayer les Chefs de la ville , s ils refufoient d'entrer dans leurs vues. On vit , dés le matin, beaucoup de gens qui portoient de la paille k leurs chapeaux, &c qui en préfentoient aux paffants, hommes & femmes, comme un figne^ de ralliement contre les Malarins. Ils parurent fur-tout autour du Palais & de 1'Archevêché; & on dit qu'ils étoient poftés en cet endroit, pour favorifer le compliment de Condé^ au Coadjuteur, & 1'enlevement qu'il devoit tenter. Mais, foit que ce ne fut pas une réfolution bien fixe, foit qu'il fe rencontrat de trop forts oblfacles, Condé lailfa le Cardinal de Retz tranquille, 8c les deux Princes s'acheminerent k 1'Hötel-de-Ville. Ils trouverent 1'affemblée formée. On leur dit en entrant, qu'il venoit d'arriver un ordre du Roi , qui enjoignoit de remettre toute délibération k huitaine.  DU C A B I N K T. 165 Sans doute, dit le Gouverneur, on eft difpoféa obéir. Les Princes, ne fe voyant pas les plus forts, fe contenterent d'un remerciment k 1'afTemblée, de ce qu'elle avoit fait ouvrir les portes k leurs armées, & fe retirerent fur le champ, comme pour laifferla liberté de délibérer fur 1'ordre du Roi. Ils avoient l'air très-mécontents; & en remontant dans leur carroffe , ils dirent tout haut: La falie efi pleine de Ma^arins. Ce peu de mots fit 1'effet d'un tocfin; il s'éleva dans la place de Greve, qui étoit pleine de monde, un cri général d'indignation. Aux invecfives, les plus échauffés ajouterent une «rêle de pierres, qu'ils lancerent contre f'Hötel-de-Ville. Les gardes y répondirent par des coups de fufil, qui firent tomber quelques malheureux. La vue du fang augmenta la fureur; les gardes, toujours aflaillis de pierres, fe fauverent. Les mutins allerent prendre du bois fur le port, 1'amoncelerent devant les portes de PHötel-de-Ville, & y mirent le feu. La fumée qui fè répandit dans les falies, forca les Confeillers de les quitter, tk de chercher Louis XIV. 1652. La Fronde.  Loun XIV. 1652. La Fron de. (a) Un Prédicateur prit un jour pour texte cesparoles, tirées du Livre de Job , chap. 41 » verf. 19. In flipulam verf: funt lapides fundce. 166 L'Intrigue . des afyles fous les combles, &c dans les endroits les plus reculés; ceux qui fe préfenterent aux fenêtres baffes ' pour fortir, furent maffacrés fans diftin&ion de Ma^arins ou de Frondeurs. On remarqua même qu'il y en eut beaucoup plus des derniers , paree que , fe flattant d'être épargnés, ils accoururent en plus grand nombre. Quelques-uns fe fauverent a force d'argent, & en arborant le figne de la faction, qui étoit la paille. Dés ce jour, il devint néceffaire. Les femmes le porterent en place de bouquets, les hommes a la boutonniere , les Moines a leurs frocs. Comme au commencement des troubles, tout avoit été d la Fronde; a la fin, ajufèements, bijoux, coëfFures, tout fut d la pail'•(«)• Les Princes, retournés au Luxembourg , ignoroient ce qui fe paffoit, ou du moins ne favoient pas que les chofes fulfent portées a cet excès. A  DU C A B I N E T. l6y la première nouvelle qui leur en vint, Monfieur exhorta le Prince a fe tranfporter a 1'HöteI-de- Ville. Condé s'en défendit, & propofa d'y envoyer le Duc de Beaufort. Celui-ci accepta, & Mademoifelle fe joignit a lui. Elle fe vantoit que fa feule préfence calmeroit les furieux. Beaufort prétendoit que s'ils mettoient les armes bas, ce feroit plus par égard pour lui que pour elle. Cette contefiation fi déplacée, quand on va au fecours de gèns qui s'égorgent pour notre querelle, les amufa pendant le chemin. Ils arriverent tard , la place étoit déja vuide. On n'y voyoit plus, a la lueur des feux qui brüloient encore, que quelques hommes occupés a reconnoïtre & a enlever les morts qui les intéreflbient. Beaufort & la Princeffe trouverent la même folitude dans 1'Hötel-de-Ville. Par-tout régnoient le filence & Pobfcurité, rendus plus effrayants par les reflets de lumiere tremblotante que caufoient les feux du dehors. A la voix de Mademoifelle, plufieurs de 1'alfemblée, Ecclé» fiafiiques & autres, quitterent les retraites qu'ils s'étoient choifies. Le Pré- Louis XIV. 1652. La Fr on" de.  Louis XIV. 1652. La FronDS, 168 L' I N T R I G U E vöt des Marchands parut dcvant elle tranquilk &c ferein. Elle lui offrit une efcorte, qu'il accepta. Le Gouverneur ne voulut pas avoir d'obligation , & fe fauva déguifé. Plufieurs autres furent conduits hors de la place, & gagnerent leurs maifons, non fans courir de grands rifques dans les rues. Cet événement plongea dans le deuil les principales families de Paris. II s'y paffa des chofes qui font croire que Condé n'en fut pas le feul inftigateur. On remarqua, entre les féditieux, des gens qu'on favoit être fecretement attachés a la Cour. Un homme , armé d'un poignard , fe préfenta brufquement au carroffe de Mademoifelle , & s'appuyant fur la portiere , demanda: L'. Prince y efi-il? Non, répondit-elle; il fe retira, & fe perdit dans la foule. Ces particularités ont donné lieu de penfer, que Mazarin avoit dans Paris des émiffaires chargés, ou d'exciter destumultes, oude profiter des foulevements commencés par d'autres ; d'en profiter , foit pour le débarraffer de fes ennemis, foit-pour les rendre odieux. Si, dans cette circonflance, il eut le dernier deffein, il lui réuflit  bv Cabine t. tèt rèuflit au-dela de les efpérances. Or fut quelques jours fans favoir fur qui rej etter la caufe de ce défordre. On fe regardoit, on s'examinoit, on n'ofoit fe communiquer fes foupcons. Enfin, les confidences des converfations , & les écrits qui parurent, fïxerent 1'opinion publique fur Condé. A l'eftime & a l'affe&ion dont le Prince avoit joui, fuccéderent la haine & la crainte. Les affemblées de i'Hötelde-Ville & du Parlement furent abandonnées. Le plus grand nombre des Membres chercha des prétextes pour ne s'y; plus trouver. Les Princes firent des démarches, promirent füreté, tacherent de ranimer la confiance : mais quand on y revint, ce ne fut que dans 1'appréhenfion d'être noté de Ma{arinifme, & de courir le danger de la profcription. Auffi les rebelles n'éprouverent-ils plus d'oppofition a leurs volontés. Ils deftituerent le Prévötdes Marchands, & mirent a fa place le vieux Brouffel, patriarche de la Fronde. Ils fubftituerent des Echevins de leur parti, aux Echevins Royalifles; & comme le Maréchal de 1'Hópital, renfermé chez lui, ne faifoit plus de Tomc IV, H Louis XIV. iój2. La Fronde. Anarchie.' Rets , t. ; , ► . 192.  Louis XIV. 1652. La Fronde. i 170 L'Intriguefonöions de Gouverneur, ils nommerent a cette dignité le Duc de Beaufort. Gallon & Condé renouvellerent la prétention de fe faire nommer par le Parlement; le premier, Lieutenant-Général pour le Roi, cju'on difoit captif entre les mains de Mazarin ; le fecond , Généraliffime de fes armées : ils créerent amTi un Confeil , auquel ils admirent deux Confeillers du Parlement; & la Compagnie ratifïa ces difpofitions par des Arrêts des 19 & 26 Juillet. Les hommes, ditle Coadjuteur a cette occafion , ne fe fement pas , dans ces efpeces de fievres d'Etat qui dennent de la frénéfie. Je connoiffois des gens de bien qui étoient perfuadès jufqu'au martyre , s'il eut été néceffdire, de la juflice de la caufe des Princes ; j'en connoiffois d'autres d'une vertu défintèrejfèe & confommée, qui fuffent morts avec joie oour la défenfe de celle de la Cour. Ceux:i parloient; mais leur voix étoit itouffée par Ia prévention des autres, toujours plus hardie que la raifon, & par le fuffrage de ces hommes fi comnuns dans les fa&ions, & qu'on pouvoit appelier avec un AmbalTadeur  nu C A B I N E T. 171 d'Angleterre, Serviteurs trés-humbles des événéments (. 17S.  Louis XIV. 1652. La Fronde. Confufion.Tran flation du Parlement.Rets , t. 3 , p. l3q. Joly,Part. U , f, 20. ryi L'Intrigue il s'étonna d'avoir pris fi peu de precaution contre une furprife ou une infiilte. Un autre auroit rui; & Gondi convient que c'étoit le parti le plus lage & le plus fur, paree que fa fortie de Paris auroit pu le réconcilier avec la Cour : mais la vanité de lutter encore contre Condé, le retint. II placa des foldats dans PArchevêché & dans les maifons voifines; il fit des amas de vivres & de munitions, & garnit de grenades les tours de la Cathédrale , comme il avoit fait lorfqu'il jouoit le róle de bon pere Hermite. A la moindre allarme, il pouvoit fe rendre dans fon fort par un chemin caché; mais cette allarme ne vint pas : le Prince dédaigna, craignit, 011 ne jugea pas a propos de mefurer fes forces avec celles du Prélat. Paris étoit alors dans une de ces fituations ou le plus léger mouvement , imprudemment donné, peut occafionner un bouleverfement général. Le moindre pain y valoit huit fols la liyre. Le peuple, enhardi par le befoin, fembloit épier Poccafion de fomber fur les ricb.es, L'exemple des  DU C A B I N E T. T73 foldats du Prince,. qui, après avoir pil- ' Ié les villages des environs, vendoient publiquement lebutin dans leur camp, donnoit aux Parifiens, qui alloient 1'acheter, une vive tentation d'en faire autant dans la ville. II n'y avoit plus ni police , ni frein, ni fubordination: ceux qui auroient pu contenir la populace, bons Bourgeois & Magiflrats, fe cachoient ou fuyoient, malgré les gardes mis aux portes pour empccher de fortir. Dans cette circonftance, le Roi fit fignifier au Parlement, le 6 Aoüt, de cefler fes fonftions a Paris, & de fe rendre a Pontoife. II annulla par des Arrêts du Confeil la création du Gouverneur, Prévót des Marchands & Echevins, faite par les Princes, & fufpendit le payement des rentes de 1'Hötel-de-Ville, Le Parlement de Paris caffa ces Arrêts; le Parlement de Pontoife foudroya celui de Paris. Ce conflit entre les Magiflrats rendit la Juffice peu redoutable au peuple; & il s'enfuivit des défordres que Condé auroit voulu réprimer : mais la néceffité de fouffrir du peuple , pour le retenir dans fon parti, Pobligeoit de les tolérer, H iij j o u i s1 XIV. 1652. ja Fronde.  L o u i XIV. 1652. La Frok de.. Embarra 'iu Prince Talon . t 8, //. Part, p. 6. 64. Montpenfier , t. 2 p. 128, Mazarin quitte une leconde ibis le Royaums. J74 V I N T R I o u Ê ' II avoit lui-même des chagrins perfonnels a dévorer, paree que la réV _ volte égalant toutle monde,ilnetrouvoit pas dans fes Officiers & fes foldats i la fubordination dont unChef a befoin. ■ Le Comte de Rieux, un de fes Courtifans , lui manqua en face. II •ofa, dans la chaleur de la difpute-, ptie ,un êefte menacant que le Duc dOrleans punit par quelques jours de Bafhlle ; mais dont Condé , en toute autre circonflance, auroit tiré une vengeance plus éclatante. Malgré la défenfe des deux Princes, les Ducs de Beaufort & de Nemours, ces deux beaux-freres qui s'étoient déja monrre une inimitié fcandaleufe, fe battirent au piflolet; Nemours fut tué. Tous les jours étoient marqués par des brouilleries & des raccommodements , qui fatiguoient Gafton , qui impanentoient Condé , qui donnoient au parti un air de cabale, & en dégoütoient infenfiblement les honnêtes gens que la prévention y avoit jufqu alors attachés. Le Parlement de Pontoife ne fut pas d'abord nombreux (a) ; mais il O) Benferade difoit quil avcij rencontré  du Cabine t. 175 étoit compofé des meilleures têtes, préfidées par Molé. Ces Magiftrais , animés d'un vrai zele pour le falut du Royaume, fe mirent k chercher les moyens de le fauver du danger preffant oü il fe trouvoit. On favoit que le Duc de Lorraine revenoit en France. II avoit fidélement accompli la condition de fortir du Royaume, impofée par Turenne; mais arrivé fur fes terres , il fit tirer deux coups de canon, & reprit aulfi-töt le chemin de Paris. Les Efpagnols , en mêmetemps, envoyerent en France douze mille hommes fous le commandement de Fuenfaldagne. Toutes ces troupes devoient fe joindre au Prince dans la Capitale , qui par-la alloit devenir le centre d'une guerre ruineufe, difficile a terminer , dont les fuccès variés pouvoient porter des coups mortels a 1'autorité royale. Le Parlement de Pontoife repréfenta que, dans la crife des affaires , il feroit peut-être k propos d'accorder quelque chofe a A la promenade tout le Parlement dans un carroffé coupé. Voy. Monglat, t. III , p. 304. H iv Louis XIV. 16J2. LA Fronde:Talon , t. S, II.part. 7. 42.  XIV. 1652. Ia Fron DE. i Opéra- tions des amices. 1 *76 L' I N T R r G Ü E la prévention du peuple contre le Mimftre; que la rébellion ne paroiffoit sautonfer que du rappel du Cardinal; qu'il falloit lui öter ce prétexte , & qu'il feroit glorieux a Mazarin de facrifier fa fortune au repos de 1 Etat. On lui remontra a lui-même, que 1'armée du Roi n'étoit pas mvincible; que fi jamais elle recevoit un échec confidérable, haï des peuples comme il 1'étoit, peu aimé des Courtifans , chargé d'Arrêts contre fa liberté & fa vie, il courroit les plus grands rifques. II répondoit que la Cour pouvoit fe retirer au-dela de la Loire, oü il attendroit en füreté les evénements : mais Turenne fit honte a la Reine d'une pareille propofition, qui auroit donné au parti du Roi un ?rand difcrédit dans 1'efprit des peu3les. Ainfi il fut réfolu que le Carhnal quitteroit encore une fois la france. II partit Ie 19 Aoüt, & fe reira a Sedan, d'oü il continua de gou^erner le Royaume. ^ La nouvelle de fon départ fut apprie k Paris avec grande fatisfaftion. Les Membres du Parlement qui y étoient eftés, ordonnerent que le Roi en fe-  DU C A B I N E T. I77- roit remercié. Les Princes pamrent partager lincérement la joie publique. Ils affefterent de renouer les négociations, que les opérations militaires avoient fufpendues , & ils flatterent eux-mêmes le peuple d'une paix prochaine : mais intérieurement, ils fe propoferent de la faire dépendre du fort des armes. II étoit naturel que Condé , pret a être joint par deux armées, fe promit un fuccès favorable, &ne preffat point de terminer: mais avant la joncïion, 1'adrefTe de Mazarin lui enleva la moitié de fes efpérances. Le Cardinal favoit que fi les Efpagnols aidoient le Prince, c'étoit moins pour 1'obliger, que pour perpétuer la guerre. Sur cette connoilTance , il imagina une rufe dont Fuenfaldagne fut dupe. Mazarin écrivit de Sedan au Duc de Lorraine une lettre tournée en réponfe , comme s'il y avoit entre eux une négociation établie. II difcutoit des propofitions d'accommodement; & après s'être défendu fur les unes, avoir accordé les autres , il fmiffoit par dire que, li Charles s'opiniatroit a refufer les offres de la Cour, la Reine feroit forti V Louis XIV. i6;i. La Fronde..  L o u XIV. 1652. L a Fr o e>£. m 178 L'Intrigue ~s cée de finir avec Condé qui la prefleut, Sc qu'elle aimeroit mieux s'aJm bandonner a un Prince du Sang , que d expofer Ie Royaume a une invafion. Le Courrier, porteur de cette dépêche, eut ordre de paffer auprès de I armee Efpagnole, & de fe laiffer prendre. Le Général ouvrit la lettre. La menace qui la terminoit lui fit faire des réflexions : il en conclut, comme 1'Italien 1'avoit efpéré, qu'il ne falloit pas rendre Condé trop formidable k la Reine; Sc au-lieude joindre Ie Duc de Lorraine, Fuenfaldagne fe contenta de lui envoyer quelque cavalerie, & retourna en Flandres avec fon armée. Charles cependant avancoit vers Paris , entretenant des négociations avec la Cour , qui fe laiffoit amufer comme la première fois. S'il avoit eu affaire k un Général moins pénétrant, tl auroit mis 1'armée du Roi entre deux feux; entre la fienne Sc celle de Condé. La Reine, abufée, ordonna «-1 Turenne de ne point inquiéter Charles dans fa marche. Mais Turenne répondit : Je fuis fi perfuadè que le Duc trompe le Roi, que, quelque Pofi.  D U C A B I N E T. 179 tlfs que foient les ordres , faime mieux 711 expofer d porter ma tête fur un échafa/ed, que de rifquer de tout perdre en obajfant. II continua a ferrer 1'armée du Duc; mais il ne put empêcher fa joncTion avec les troupes du Prince. Ces deux corps réunis camperent fur les bords de la Seine & de la Marne, prés d'Ablon, & Turenne prit, vis-a-vis d'eux, une pofition avantageufe, prés de Villeneuve-Saint-Georges, derrière un bois , dans 1'angle que forme la riviere d'Yevre en tombant dans la Seine. Ces deux armées s'obferverent tout le mois de Septembre. Pendant ce temps, on entama ou on continua une foule de négociatipns , dont la plus remarquable fut celle du Cardinal de Retz (a). (a) Tout le monde négocioit; cette manie étoit devenue une mode. On raconte que Madame de Rhode prenoit toute forte de traveftifleinent-, & qu'aprèsfamort on trouva dans fa garde-robe , des habits de Carm.es , de Minimes , d'Auguflins , enfin de toute efpcce d'Ordres religieux. Elle mourut pour ainfi dire dans le lit d'honneur ; car elle fe trouva mal chez le Cardinal, oü elle négo- H v; Louis XIV. 1652. LaFrok- be.  Louis XIV. 1652. La Fronde. Le Cardinal de Ret a Compie gne. 180 L'Intriguë La retraite du Minifïre avoit opéré une révolution totale dans les efprits, Ceux qui étoient auparavant les plus ' emportés contre la Cour , convenoient que cette complaifance deman; doit un retour d egards. Tout le peuple fe feroit volontiers jetté entre les bras de fon Roi. Les vceux les plus empreffés des Parifiens étoient de le voir revenir au milieu d'eux. Témoin de ces difpofitions, Gondi crut qu'il pouvoit fe donner 1'honneur du retour, & que ce fervice éclatant effaceroit fes démérites paffés. II fit eonnoitre a Monfieur, que tout alloit en décadence dans fon parti; qUe, malgré le fecours de 1'armée Lorraine, il n'y avoit plus rieu a efpérer, & qu'il falloit s'accommoder avec la Cour è quelque condition que ce fut. Gafion cioit.^ Mazarin, qui avoit des affaires plus preffées que de la fecourir, la quitta évanouie ; elle fut fi outrée de cette efpece de mépris, qu'elle en mourut. Tout le monde , au-lteu de la plaindre , dit Madame de Nemours, fe moquad'elle, comme fi elle avoit rait une aélion fort ridicule de mourir. Voy. Mém. de Nemours, p. i48.  DU C A B I N E T. Io*I en convint, & remit fes intéréts en- ~ tre les mains du Coadjuteur. II provoqua une alfemblée des principaux du Clergé &c de la Bourgeoifie , dansL laquelle il fut réfolu qu'on feroit au Roi une grande députation, pour le prier de revenir a Paris. Gondi fe rendit a Compiegne a la tête de ces Députés, qui lui formoient un cortege impofant. D'abord il recut des mains du Roi le Chapeau de Cardinal , qui étoit depuis fi long - temps 1'obj et de fes vceux. Enfuite il fe mit a négocier ; mais il n'avoit point, fi on peut ainfi parler, fi beau jeu qu'il fe 1'étoit promis. Les Miniüres n'ignoroient pas ce qui fe pafToit a Paris, Ils favoient que fi les rebelles venoient a compofition, c'étoit moinspar amour de la paix que par néceffité. La Reine , a la vérité, écouta d'abord affez favorablement les premières propofitions, comme une perfonne qui veut finir : mais les amis du Cardinal , Servien, Le Tellier , Ondedei, fe défiant de fa facilité, la retinrent. Ils fe firent renvoyer la conclulion, & épuiferent, fans terminer, toutes ies offres du Coadjuteur, jufqu'a celle o V i s XIV. 1652. \ Fronde.  1 ou i XIV. 1652. La Fron i>e. Condé quirte la France. j i i .< i 1 1 1 1 182 L' I N T R I G U E s que faifoit le Duc d'Orléans de fa retirer k Blols, & de ne plus fe mêIer de nen, pourvu qu'on affurat fon etat , celui des Princes & de leurs partifans, par une amniffie honorable, des Gouvernements & des charges lucratives. Ce qu'il demandoit, la Cour certainement, quelques mois plutót, 1'auroit accordé avec le plus grand empreffement; mais elle voyoit aöuelIement jour k rentrer dans-fes droits, lans graces ni conditions. Turenne, tenant toujours en échec 1'armée Lorraine , avoit mandé a la Reine, qu'elle pouvoit trainer les négociations en longueur tant qu'elle voudroit. Les Princes, difcit-il, Gnt beau débiter ïu'ils me forceront a une bataille, je ie crams d'eux ni violence, ni furinfe; je ferai toujours maitre de me etirer quand je jugerai a propos. En 'ttet, la conduite des troupes Loraines & de leur chef n'étoient pas >ropres k les faire redouter. II y avoit oujours prefqu'autant d'Officiers a Pais qu'au camp , quoique les Parifiens ie les viffent pas de bon ceil. Ils fe loquoient d'eux publiquement &  i> u Cabine t. 183 plaifantoient fur leurs difcours, au fujet de 1'armée Royale, qu'ils fe vantoient de battre quand ils voudroient. On les défioit d'exécuter ces menaces fanfaronnes; &c bientöt Turenne les rendit auffi ridicules qu'elles étoient yaines. Après avoir rempli fon objet, qui étoit de fatiguer les Parifiens par la préiénce des foldats étrangers, tous pillards & indifciplinés; d'amufer les Princes par des négociations, de les difcréditer, de détacher d'eux le peuple & fes chefs Turenne décampa le 5 Oétobre, & laiffa 1'année ennemie bien étonnée de fa retraite. Elle fe fit avec le plus grand ordre, & fans coup férir, Cette furprife, qui ötoit a Condé le moyen de tenter une. affaire décifive , le mit en fureur. II s'exhala en plaintes ameres, en paroles outrageantes contre les Capitaines qu'il avoit laiffés au camp, pendant qu'il étoit malade a Paris. Les Lorrains &c les Efpagnols furent moqués & chanfonnés par les Parifiens, qui s'amufent de tout. Le peuple, de Pextrême affection pour eux, paffa a la haine, & le Duc de Lorraine lui-même fut infulté dans les rues. Depuis ce jour., Louis XIV. 1652. La Fronde.  Louis XIV. 1651. La Fronde. Députation au Roi. Rits, t. 3, f. 142. I 1 I I C f i e r fi e tl 184 L'Intrigue il s'en écoula peu pendant lefquels Conde n'eüt a craindre d'être livré u les ennernis , ou forcé de mettre Paris en feu pour fe défendre. II s'ennuya de cette fituation critique ; & fatigué également des formes du PaPus, des inconféquences du Parlement, de 1'importance des Bourgeois, de 1'in' folence de la populace, plus las encore des negociations qu'on rendoit intermiuables, il s'abandonna entre les mains Jes Efpagnols, & Ie ï8 Oflobre, il prit, avec Ie Duc de Lorraine, le chemin de Ia Flandre par Ia Picardie. En partant, il recommanda a Monteur de ne point rendre la ville, fans ivoir obtenu des conditions avanta;eufes pour eux deux, & pour leurs >artifans les plus difiingués. C'étoit «réfumer que Gallon feroit plus maïre du peuple, que ne 1'avoit été Cone Mais les Parifiens , qui s'étoient afiionnes contre Mazarin, fans trop ivoir pourquoi, & paree qu'on avoit u 1 art de leur infpirer de la haine evinrent d'eux-mêmes a leur devoir' -tot qu'ils eurent fous les yeux des temples de foumifiion. La députaon du Clergé en proyoqua d'autres.  I)U C A B I N E T. 185 Les fix Corps de Marchands envoyerent a Pontoife, oü étoit la Cour, des Députés, qui furent très-bien recus, & traités aux dépens du Roi. Après eux , les Colonels des quartiers , un Bourgeois & un Officier de chaque Compagnie , au nombre de cent quarante-neuf, a'Ilerent k Saint-Germain conjurer Sa Majeflé de revenir dans fa bonne ville. Ils furent accueillis avec encore plus de difrinction que les autres : non-feulement traités aux dépens du Roi, mais fervis par fes Officiers , au bruit des timbaies & des trompettes , & vifités , pendant le diner , par le jeune Monarque lui-même & le Duc d'Anjou fon frere. II faut être Francois , pour concevoir 1'effet de pareils égards marqués k propos. Le peuple, en apprenant 1'accueil fait a fes Députés, devint ivre de joie; ils fe faifoient raconter les détails, fe répétoient les uns aux autres les plus petitesparticularités,&finiffoient toujours par cette queftion : Quand reviendra-t-il ? Le Duc d'Orléans , effrayé de cet enthoufiafme général, leur crioit de ne fe pas hater, de lui donner le temps Louis XIV. 1652. LaFronde. Embarras de Gafton. Rets, t. 3 , p. 245.  I O BI XIV. 1652. La Froi ue. ^186 L' I N T H I G U E "de n'nir fon traité, que leur empr.i' fement rompoit toutes fes mefures. Eh qu'importoit a ce peuple détrompé , -1 interêt des chefs qui 1'avoient féduit & entrainé dans fa révolte ? Tous favoient qu'ils n'avoient rien a craindre du rétabliffement de la puiffance royale, qu'il ne pouvoit au contraire leur en revenir que de la füreté Sc de la tranquillité. La partie du Parlement reftée k Paris, Sc 1'Hötel-deVille, voulurent auffi faire des députations : mais la Cour tint ferme a les regarder comme interdits; & ne pouvant être recus en corps, les membres le meierent du moins parmi les autres Députés. Ils annullerent auffi d'euxmêmes , ou regarderent comme non avenues & fans force, toutes leurs difpofitions féditieufes , élection irréguliere d'un Gouverneur Sc d'Echevins anü-Royaliftes , création d'un Confeil d umon , conceffion du titre de Lieutenant-Général au Duc d'Orléans, Sc de Généraliffime a Condé. Gafton connut alors a quoi doivent s'attendre les fujets les plus élevés, les Princes du Sang même, quand ils fe féparent du Kpi. C'eft du tróne qu'ils tirent tout  nu Cabine t. iSj leur éclat; & s'ils accoutument les : peuples a méprifer 1'autorité , tot ou tard ils en font punis, par le mépris oü ils tombent eux-mêmes. Le Duc J d'Orléans avoit peine a s'avouer cette s-érité humiliante, dont il faifoit partout 1'expérience ; il auroit voulu fe perfuader a lui-même & perfuader aux autres, qu'il pouvoit rélifter avec fuccès, s'il s'y obflinoit, & qu'il ne cédoit que par condefcendance. Le Cardinal de Retz décrit alTez plaifamment le combat entre la vanité de Gafton &" fa crainte. Ne ferai-je pas demain la guerre, dit-il au Prélat, & plus faal :ment que jamais ?... O ui, Monfieur... Le peuple nejl-il pas toujours d moi ?.... . Sans doute, Monfieur.... M. le Prince ni reviendra-t-il pas d moi , Ji je le demande? ... Je le crois Monfieur... L'armée d'Efpagne ne savancera-t-elle pas, fi je le veux?.. . Toutes lts apparences y font, Monfieur. Gajlon, .ajoute le Coadjuteur ,fentoit le ridicule de Jïs quefiions, & il ne fe les permettoit, qu'a- fin qu'on le rèfutdt, & afin de pouvoir dire enfuite quil auroit fait merveille , ji on ne l'avoit retenu ; d-peu-pres , difoit Madame, moitié riant, moitiépltu Louis XIV. 1652. .a Fronde.  Louis -XIV. If'52. La Fronde. i ( i ; Le Roi rentre dans Paris. Rets, t. 3 P- *47. ] Montpcn- ( f'cr ' 2, p. 166. ] i 1 1 f ï88 L'Intrigue ; d-peu-près comme Trivelln dit & Scaramouchc : Que je faurois dit de belles chofes,fi tu avois eu afe{ d'efprit pour me contredire ! Ainfi ces grands evénements , qui attirent 1'attention de 1 univers , confidérés fous un aufre point de vue, ne font fouvent que desComédies, dont les Afteurs, s'ils etoientvus de prés, infpireroient plus rte pit-e que d'eftime. La Fronde fe termina comme une piece de théatre. Après les incidents qui formerent 1'inTigue & foutinrent 1'intérêt, la venie du principal perfonnage opéra Ie enouement. Les autres difparurent de ielfus Ia fcene , la toile tomba , & I ne refla plus de ces troubles, qu'un ouvenir qui fut bientót effacé par les mnees bnllantes de Louis XIV. Le Monarque rentra dans fa Capi:ale le 21 OtTobre, au milieu des ac:!amations du peuple , dont la joie fe ignaloit par des tranfports difficiles k iepeindre. II ne s'étoit lié par aucune )romeffe d'amniftie, afin d'avoir la iberté de punir s'il le vouloit; mais e chatiment ne fut pas févere : il fe orna même aux plus coupables. Louis t dire a fon oncle de quitter Paris,  du Cabinêt. i§9 èc il obéit. Mademoifelle , prévenant 1'ordre qu'elle auroit eu de fe retirer dans une de fes terres, s'y exila d'ellemême. Plufieurs gens de qualité, &c 1 d'autres perfonnes turbulentes, de différents états , jugées & condamnées par leur propre confcience, fe cacherent, & s'enfuirent. Les Ducheffes de Montbazon & de Chatillon auroient bien voulu paroitre a la Cour; mais elles eurent défenfe de s'y montrer, & partirent pour leurs chateaux. Le Duc de Beaufort fuivit le Duc d'Orléans , non fans regret d'abandonner le petit empire qu'il s'étoit formé dans les Halles. Le fils de Brouffel rendit la Baftille, fitöt qu'on le menaca de le faire pendre s'il fe laiffoit affiégen Enfin, le lendemain de fon entrée, le Roi tint fon Lit de Juflice au Louvre. II y réunit les Confeillers de Paris a ceux de Pontoife : les premiers n'effuyerent ni reproches, ni réprimandes. II fut feulement défendu a dix ou douze d'entre eux, qui n'avoient pas été appellés a cette féance, de demeurer a Paris. Dans cette défenfe furent compris quelques membres des autres Compagnies, en petit Louis XiV. 1652. DF,  Louis XIV. 1652. La Fron de. Lit de Jufticc. ; 1 t 1 1 c ï i r ti cl i (a) Encore a£tue!lement, il faut une dilpenfe a un Confeiller au Parlement, pour accepter la place de Chef de Confeil d'un fnnce. 190 L' I N T R i G U E nombre, tous les Officiers des Princes de Condé &c de Conti, & même les femmes attachées au fervice de la DucheiTe de Longueville. Dans ce Lit de Juftice, le Roi fit lire & enregiflrer un Edit, qui interdifbit au Parlement toute délibération fur le gouvernement de 1'Etat tk les Finances, toutes procédures contre es Miniflres qu'il lui plairoit de choiir. II contenoit auffi des regies de difupiine, faites pour Phonneur Sc Vinlépendance de la Compagnie : notamnent celle de ne point permettre a ss Membres de prendre des habitués trop grandes dans les palais des 'rinces Sc des Grands , d'en recevoir réfents, gratifications oupenfions, Sc ïême d'affif Ier aux Confeils oü fe traiüent leurs affaires économiques Sc omeffiques (a). Du refle, le Monarue accorda une amniflie générale ui raffura les efprits, Sc remit par'  n v Cabine t. 191 tout 1'ordre & la tranquillité. Le Cardinal de Retz fe trouva au Louvre quand le Roi arriva. La Reine dit a lonfils de rembralfer, comme celui d qui il devoit particuliérement fon retour d Paris. Cependant il n'y avoit véritablement contribué, qu'en ce qu'il ne s'y étoit point oppofé. En quittantle Louvre, il alla, li on en croit Joly, confeiller au Duc d'Orléans de fe mettre en défenfe , & de ne fe point laiffer opprimer par la puiffance royale ; mais il prétend qu'il laiffa feulement entrevoir a Galion Ia polfibilité d'ameuter le peuple, de faire de nouvelles barricades, & de s'emparer de la perfonne du Roi. II dit que le Duc de Beaufort confeilloit fortement cette entreprife; que pour lui, il fe contenta d'aflurer Gallon, que fi le Prince s'y déterminoit, il 1'appuyeroit de tout le crédit qu'il avoit encore auprès du peuple. C'étoit certainement pouffer la rébellion jufqu'oü elle pouvoit aller. Cependant Anne d'Autriche voulut bien ne punir le Prélat que par 1'éloignement: encore ne s'y détermina-t-elle, que lorfqu'elle fe fut alïïirée par diverfes tentatives, qu'il L o u 1 s XIV. 1652. La Fronde.Le Cardinal deRcrs arrêté. Rets, t. 3 , Joly, t. 2, o. 30.  Lo ui! XIV. 1652. La Fron be. 19! L' I N T R ï G U £ lui feroit impoffible de faire revenir Mazarin , &c d'affurer la tranquillité de fon miniftere, tantqueGondi refte■ roit a Paris. Elle lui offrit 1'ambafTade de Rome, oü on lui promettoit de ne le laiffer que trois ans; cent mille francs pour payer fes dettes, une penlion de cinquante mille écus, & cinquante mille autres comptant pour fe mettre en équipages. Le Coadjuteur dit qu'il ne refufa ces offres, que paree qu'on ne voulut rien donner a fes partifans intimes; & il veüt faire entendre qu'il fut victime de Pamitié : mais il y a plus d'apparence qu'il fe crut encore en état d'intimider la Cour, & de fe faire acheter plus chérement. II continua de retenir autour de lui une efpece de garde , qui montoit quelquefois jufqu'a deux cents Gentilshommes. Ce n'étoit qu'avec cette efcorte. qu'il quittoit fon fort de 1'Archevêché , oü il avoit toujours des munitions qui rendoient ce pofte capable de réfiftance, Quand il alloit k la Cour, il y portoit un air de morgue & de hattteur, & il rejettoit dédaigneufement toutes les conditions qui n'étoient pas précifément  13 V C A B ï N E T. 193 cifément celles qu'il prétendoit impofer. Són infolence alla fi loin , que Ie Confeil donna des ordres pour Parrêter, & même pour Pattaquer k main armée, fi ön ne pouvoit le faifir autrement. Ces ordres, dit-il, n'étoient guere différents de ceux qui furent donnés au MaréchaL de Vitri, lorfqu'il tua le Marêchal <£Ancre. Les vrais amis de Gondi, qui voyöient qu'il fe perdoit, vinrent a la fin k bout de Pengager a relacher quelque chofe de fes prétentions. II fe détermina a traiter dire&ement avec le Cardinal Mazarin,' auquel il écrivit. Sur la foi de ce traité entamé, il relacha de fes précautions , & vint au Loüvre, mais accompagné. II y fut arrêté le 19 Décembre , & conduit k Vincennes, fans que le peuple, dont on craignoit le reffentiment, en témoignat aucun. II y eut feulement quelques démonftrations de chagrin de la part du Clergé ï Ie Chapitre de la Cathédrale ordonna des prieres de quarante heures; mais PArchevêque , oncle du Coadjuteur, les fit ceffer. Pendant que le Cardinal de Retz reffentoit dans la contrainte & Ia fo-. Tornt IV, I Louis. XIV. 1651. La Frons be» , **ÏK. Jetour de Vlazarin.  Louis XIV. 1653. LaFronde. Talon , t. 8,11. part. p. 128. 194 L Intrigue litude de la prifon, tous les tourments que^ peut fouffrir un ambitieux enchainé par fon rival, Mazarin fe promenoit fur la frontiere , dans les arméesFrancoifes, &c jouiffoit de 1'honneur du fuccès que les Généraux lui déféroient. II étoit redevable de ces égards a la puifTance qu'il confervoit a h Cour, oü il difpofoit de tout, qi oi 511e éloigné. II ferapprocha, après s'être fait quelque temps defirer, &c arriva a Paris le 3 Février, accompagné de Turenne & des principaux Officiers de 1'armée; cortege flatteur, dont 1'éclat fut encore réhauffié par le Monarque, qui alla au-devant de lui jufqu'a fix lieues. La Reine le recut avec des tranfports de joie, qui n'étoient pas nouveaux, mais qui étonnoient toujours; car plufieurs recherchoient encore par oü il avoit mérité fa fortune. Les autres, éblouis par fon bonheur, brüloientleurencens devant 1'idole, fans s'embarrafTer fi elle en étoit digne. Toute la France tomba a fes genoux. Les Parifiens lui firent une efpece d'amende honorable de leurs infultes exceffives, par des hommages qui ne 1'étoient pas moins. Ils  du Cabine t. 195 lui donnerent a 1'Hötel-de-Ville une féte , dans laquelle on lui prodigua prefque tous les honneurs réfervés jufqu'alors au Souverain. Des Edits burfaux , que le Miniftere préfenta au Parlement, fous le motif ordinaire de fournir aux dépenfes de la guerre, n'éprouverent point de difficultés. On dit que le Cardinal voyant la nation ü inconftante, fe confirma dans le mépris qu'il avoit déja concu pour elle; & que la trouvant li docile, il ne fe fit point de fcrupule de la piller & d'entaffer des tréfors immenfes, pour n'être plus expofé, en cas de difgrace, a la difette qu'il avoit quelquefois éprouvée pendant fa retraite forcée chez 1'étranger. Comme un bonheur en entrune ordinairement un autre, le Miniftre n'eut, pour ainfi dire, befoin que de fe prêter aux événements, pour éteindre les dernieres étincelles de la guerre civile. Depuis que Paris s'étoit tendu, le foyer des troubles exiffoit a Bordeaux; mais il commen^oit a manquer de matieres & de gens capables d'attifer le feu & de perpétuer 1'incendie. La faclion fe confumoit elle- Louis XIV. 1653. La Fronde. Fin des troubles. Lenct, ti I, p. 56a. Rets , t. 3 , p. 11. Nemours 9 p. 140.  Louis XIV. 1653. La Froü de. 196 L' Intrigue même par la méfintelligence du Prince de Conti & de la Ducheffe de Longueville: méfintelligence queleurs Confeils "& leurs domelliques fomentoient. II y avoit entre tous ces agents une émulation intéreffée a traiter avec la Cour. Ceux du frere vouloient prévenir auprès du Miniftre, ceux de la fceur, & réciproquement,afind'avoirl'honneur de la pacification , & d'en retirer une récompenfe perfonnelle. Mazarin écoutoit tout le monde, & ne fe preffoit pas de conclure, paree que le retard faifoit que les négociateurs fe traverfoient, & que le parti fe ruinoit de lui-même. Pendant cesdélais, il fepalToitdes fcenes fanglantes k Bordeaux. Lorlque Lenet & Marfin , agents de Condé, reftés dans la ville avec Conti & la Ducheffe de Longueville , voulurent fe couvrir de 1'autorité apparente du Parlement, k 1'exemple des Frondeurs de la Capitale , ils ameuterent la populace , dont ils fe fervirent pour intimider la Compagnie. Cette populace prit 1'habitude de s'affembler d l'Ormée, promenade de Bordeaux. De-la, au fignal des Chefs partifans des Prin-  du Cabine t. Ï97 ces, elle fe répandoit dans la ville, infultoit, frappoit, pilloit ceux qu'on lui indiquoit comme Ma^arins. Contre cette féroce cabale , dont un nommé Dure-Tête , fimple Artifan , étoit chef, fe forma 1'affociation du Chapeau rouge, ainfi appellée du nom d'une des rues de la ville. Celle-ci étoit compofée de la meilleure Bourgeoifie. Plufieurs fois les deux troupes en vinrent aux mains ; les Ormijles, plus nombreux, eurent fouvent 1'avantage , & lignalerent leurs viftoires par toutes fortes de cruautés contre les Chapeaux rouges. Beaucoup de ceux-ci quitterent la ville, avec les principaux du Parlement, que le Roi tranfféra a Agen. Bordeaux étoit réduit a cet état d'anarchie , lorfqu'on paria de traiter avec la Cour. Au-lieu de fe tenir unis & de faire caufe commune, les agents du Prince abfent, ceux de Conti, ceux de la Ducheffe de Longueville fe brouillerent, & brouillerent leurs Maïtres fur des prétentions qu'ils afFe&oient exclufivement 1'un pour 1'autre. Le Minillre augmenta la divifion, en fe montrant difpofé k ac- L o v 1 s XIV. 1653. .a FroN' ds.  Louis xiv. 1653. La Fron de, 1 j < « J 198 L'Intrigue corder des préférences. Chacun tacha de les mériter par une foumiffion plus prompte & plus étendue; & le réfultat de cette conduite, fut que la Cour impofa la loi qu'elle voulut, On accorda a la PrincefTe de Condé liberté de fuivre fon mari en Flandres ou en Efpagne, avec fon rils & tous fes partifans un peu notables. Le Roi affigna au Prince de Conti & a la Duchelfe de Longueville fa fceur, des féjours éloignés de la Cour, jufqu'a ce que leur bonne conduite les y fit rappeller. Quelques Seigneurs fubirent le même fort, mêlé d'indulgence &C de rigueur. On donna une amniftie générale pour Bordeaux & de petites villes adjacentes plus ou moins inarquées de la tache de Ia révolte. II n'y eut d'exceptés que Dure-Têie, :hef de 1'Ormée , & cinq de fes compagnons les plus coupables, dont on ït un exemple. Ce fut le feul fang pie Ia vengeance Royale fe permit de •épandre. Elle ne crut pas non plus levoir lailfer fans punition , a la face le 1'univers, la rébellion du Prince Ie Condé. Ce même Parlement de 3aris, dont beaucoup de Membres  1) ü C A B I N E T. 199 pouvoient fe reprocher de s'être rendus fes complices, lui fit fon procés, comme 1'avoit prédit le Coadjuteur. Le jeune Monarque y affifta , & y porta 1'extérieur d'un homme touché. On déclara Condé criminel de lefe-Majefté. II fut dépouillé de tous fes emplois , charges & Gouvernements, auxquels le Roi nomma, & condamné a mort, fans fpécifier le genre de fupplice, par refpecl: pour le Sang Royal. II foutint pendant fix ans les affaires des Efpagnols en Flandres, malgré les fautes de leurs Généraux & la capacité de Turenne. II combattit, vainquit pour eux, ou empêcha leur défaite, dévoré k chaque avantage d'un nouveau chagrin, dont toute fa gloire ne pouvoit effacer les trifles impreffions (a). Les Efpagnols furent (a) On voit fon repentir noblement exprimé dans un tableau de la petite galerie de Chantilly, dont on dit que Condé lui-même a donné 1'idée. Une Renommee planant dans les airs, embouche la trompette, & publie fes viétoires. Le Héros la regarde triftetnent , & de la mam lui impofe filence. A fes pieds, I iv Louis XIV.  1 O U I XIV. laMufe de miftoire, affife fur destrophées «ent un hvre dont elle déchireles feuille» ok Frar' ^ d" Prince contre !i . aoo L' I N T R I G u £ ; reconnoiffants de fes fervices; ils fffpulerent fes intéréts lorfque les deux Royaumes fïrent la paix en i6a des conditions humihantes. L'Efpagne menaca, fi on nen accordoit pas d'honorables , de lui compofer de plufieurs villes de Flandres & d'Alface un Etatindépendant. On dit que le Prince defiroitfort «n pareil établiffement; mais il auroit ete trop dangereux pour la France. L animofité du Miniitre fe trouva donc forcee de céder k Pavantage de Ihtat Condé fut rappellé & rétabii dans fes pnncipaux droits. Recu d'abord affez froidement, il gagna ; par la conduite prudente & difcrete, la confiance de Louis XIV, qui 1'appella quelquefois dans fes Confeils, & le ant a la tête de fes armées. Entre toutes les perfonnes qui figurerent dans ces troubles, Condé  du Cabine t. lot fut prefque le feul qui confervat 1'eftime publique après les fautes. Le Duc d'Orléans yécut retiré a Blois, d'oü il ne venoit que rarement a la Cour, médiocrement carelTé par Ie Monarque & fa mere,peu regardédes Courtifans, mais trèsfêté par Ie Miniitre, qui fe faifoit un honneur de le trainer , pour ainfi dire, a fon char. Sa fille, Mademoifelle, mena long-temps une vie errante dans fes chateaux. II fe trouva toujours des obltacles aux mariages qui convenoient a fa naiffance; & elle fut a Ia fin obligée d'acheter, par le facrifice d'une partie de fes grands biens, Ie droit d'époufer un Gentilhomme, qui la méprifa. La Ducheffe de Longueville , «e pouvant fe paffer d'intrigues, après avoir renoncé a celles de 1'amour & de la politique , trouva k fe fatisfaire dans Ia dévotion. La guerre entre les Solitaires de Port-Royal & les Jéfuites, commencoit a s'animer. Elle fe déclara pour les premiers, &c fe donna du moins le plaifir d'être du parti que la Cour n'aimoit pas. Le Prince de Conti fit fa paix, en époufant une des nieces du Miniitre. II vécut fans éclat? I v Louis XIV.  L o u i XIV. 202 L'lNTRIGUE . bon mari, bon pere, plus heureux dans cette efpece de vie privée, qu'il ne 1'avoit été dans le tracas des affaires. Le Duc de Beaufort fe diftingua fur mer, & fe mit a la tête d'une troupe de Volontaires, auxquels le Roi permit d'aller au fecours des Vénitiens, en Candie. II trouva une mort honorable fur la breche de la Canée. Les grands Seigneurs qui avoient participé aux troubles, furent peu employés fous le regne de Louis XIV, malgré leur mérite perfonnel; & leurs enfants ont quelquefois eu peine k effacer la tache de leurs peres. Quant aux brouillons inférieurs , beaucoup de leurs noms, rayés des matricules de la Magiltrature, en ont difparu totalement, ou n'exiffent plus que dans des conditions fubalternes. Le Cardinal de Retz caufa encore quelque inquiétude a la Cour. De Coadjuteur, il devint, pendant fa prifon de Vincennes, Archevêque de Paris , par la mort de fon oncle. On lui Jemanda fa démiffion , & on mit fa überté a ce prix. II la donna; & en attendant la- ratification de Rome, il 'ut transféré dans le chateau de Nan-  I) U C A E I N E T. 203 tes, d'oü il fe fauva. En s'échap-j pant, il fit une chüte, dont il demeura eflropié toute fa vie. Pendant qu'il erroit en Efpagne, en Flandres, a Rome, en Allemagne , un Curé de la Magdelaine , nommé Chaflebras, qu'il avoit fait fon Grand-Vicaire, foutenoit fes intéréts avec une intrépidité & une intelligence fingulieres. II donnoit des Mandements au nom du Cardinal, interdifoit les GrandsVicaires nommés par le Chapitre, a la priere de la Cour, lancoit des Monitoires contre les perfécuteurs de fon Archevêque, & les menacoit d'excommunication. Ces pieces palferent pour être 1'ouvrage des Solitaires de Port-Royal, que la Cour commenca a regarder comme'poffédés de 1'efprit de rébellioh , & achamés a Ie répandre dans le peuple; foupcon dont le Minifiere ne s'efi: jamais défait. On dit qu'elles s'imprimoient dans la tour de Saint-Jacques de la Boucherie; & malgré la multitude & la vigilance desefpions, elles parvenoienttoujours entre les mains des perfonnes dont elles devoient être connues, ou elles fe trouvoient affichées a propos parI vj j o ui s XIV.  toui! XIV. (a) Joly finit le réck de la vie licencieufe du Cardinal de Rets, par cette réponfe du Prélat aux reproches de fon confident: Mort Pfuyre ami, tu perds ton temps d me prêcher. je fats bien que je nefuisquun coquin ; mais, malgré toi & tout le monde, je le veux être , paree que j'y trouve plus de plaifiu Je fais que 2.-04 IT I N T R ï C V E tout oii il étoit befoin, fans que les. recherches & les menaces du Miniftere ayent jamaispu intimider lë GrandVicaire & fes coopérateurs qui fe cachoient, mais qui agiffoient toujours. Comme ces Ouvrages étoient bien écrits, ils faifoient impreffion. Le Clergé redemandoit fon Archevêque; le peuple murmuroit : & fi Gondi eut fti feconder le zele de fes partifans , par une conduite réglée & par fa perfévérance, peut-être auroit-il forcé la Cour a lui lailfer fon Archevêché ; mais il fe laffa de fouffrir. Si on en croit auffi JoIy, qui 1'accompagna toujours, il avoit contraöé dans fes voyages le goüt d'une vie libre , exempte de devoirs , d'affiijetalfements , & même de bienféance ; /ie qu'il defira de pouvoir continuer a). II prit donc le parti de tranfiger  D U C A B I N E T. lOf avec la Cour. On lui donna de groffes Abbayes en échange de fon Archevêché. II fixa fa demeure en Lorraine , & paya fes dettes a la longue. Sur la nn de fa vie, il obtint permilfion de revenir a Paris; & cet homme,. qui ne s'étoit pas contenté du premier rang , après les Princes dans la Capitalê , s'eltima heureux de pouvoir y finir fes jours prefque in» connu (a). vous êtes trois ou quatre qui me connoijfe^ &' méprife^ dans le cceur ; mais je m'en conjole par la fatisfatlion que j'ai d'en impofer d tout le refie du monde. Par votre moyen même , on y ejl fi bien trompt , & ma réputation fi bien itablie , que quand vous voudrie^ défabufer les gens, vous n'en ferie^ pas crus; ce qui me fuffit pour être content devivre d ma mode. Voy. Mém. de Joly , L vol. II. part. depuis la page Ï99 jufqu'a 226. Les Mémoires de ce con£dent confirment bien le proverbe, que nul homme n'ejl héros pour fon valet-de-chambrt* {a) Le Cardinal de Rets vint a bout, par fon économie , de payer toutes fes dettes. II paffa lesdernieres années de fa vie a Paris, dans un petit cercle d'amis choifis , dont fa converfation faifoit 1'agrément. C'étoit un autre homme , tranquille , modéré , exaft a fon devoir, Madame de Scvigné, qui étoit L o v 1 ï XIV.  L o v i XIV. Rets , t. J , P- 279. t < u a ^106 L' I N T R 1 G U E « f1 ,ne céd* Ton Archevêché qu'apres la mort de Mazarin, auquel il ne voulut pas donner la fatisfaftion de le rendre témoin de fon humiliation. Ce Mimftre mourut comblé de gloire jj après avoir donné la paix a 1 Europe, & è Ia France une Reine dont le mariage devint 1'époque du' dechn de la Monarchie Efpagnole jufqu alors fi funefte k la Francoife! Mazannlaiffa desrichelfes immenfes & une reputation d'habileté équivoque. De forte que c'eft encore un proWeme de favoir s'il fut grand Miniftre ou s'il fut feulement heureux : probleme peu difficile a réfoudre, pour quiconque ne croit pas volon' tiers que le bonheur fe foutienne :onttamment fans capacité. On crut affez communément qu'il lut la piuffance moins au génie qu'k adreffe. Donner-moi U Roi de mon ote deux jours durant, difoit le Carlinal de Retz , & vous verrei ƒ je fe. e fa fociété, en fait dans une de fes lettres n grand eloge; & il fut très-regretté de fe ™, de fes domeftiques, & des pauvres.  du Cabine t. 207 Tal tmbarraffi. Mazarin 1'eut pendant tout fon miniltere , & il eut de Ia peine a réuffir. Richelieu fut fans ceffe obligé de lutter contre fon Maitre, & il paroilfoit commander aux événements. Cette difféïence fixe 1'opinion qu'on doit avoir des deux Mi1» niftres. Fin du Tome quatr'umt & dernier Volume, Louis XIV.  ( ioS ) NOMS, SURNOMS ET QUALITÉS Dt MeJJieurs les Députés des trois Ordres desEtats géaéraux (a) de France, tenus & ajfemblés en la ville de Paris, en Cannèe iSiA[,parU com~ mandement de Sa Majefié. (Tiré du Recueil général des Etats tenus en France fous les Rois Charles VI, Charles VIII, Charles IX , Henri III & a.ouis AU1, impnmé d Paris , 16% i , /ƒ Partie, p. an-^j . & du Recuei] rfe Pieces concernant 1'Hiftoire de Louis XIII imprime d Paris, 1716 , t. I, p. 8S-137 & 197. j . Messieurs les Prèsidents des trois Ordres. ciergc, Monseigneur riflitffriffime & reverendiffimeFrancois, Cardinal d* WI Comrne les Etats ge'néraux de 1614 font les dermers c,ui ayeat été teaus, & ^  ( 209 ) Joycufe, Doyen du Sacré College des Cardinaux, Archevêque de Rouen, Primat de Normandie. Meffire Henri de Beauffremont, Chevalier, Seigneur & Baron de Senecey, Capitaine de cinquante hommes d'Armes, des Ordonnances de Sa Majefté, Sc Gouverneur des Villes & Chateaux d'Auxonne, & Bailli de Chaalons, Lieutenant du Roi au Pays Sc Comté de Maconnois. Meffire Robert Miron, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat Sc Privé , Préfident ès Requêtes de fa Cour de Parlement, Prévöt des Marchands de la ville de Paris, & Préfident en l'AfTemblée du Tiers-Etat pour la ville de Paris.. les Etats Provinciaux que 1'on établit dans, le Royaume , fixent d'une maniere bien in. léreffante 1'attention du Public fur ces fortes d'Affemblées , nous croyons lui faire plaifir en lui préfentant les nomsdes Députés, tirés d'un Livre qui devient rare, celui qui a pour titre : Rscueil général des Etats tenus en France , fous les Rois Charles VI, Charles Vil'1, Charles IX, Henri 111 & Louis XII1; dédiéd Monfeigneur le Premier-Préfident* Pakijs , au Palais, 1651, in-4e„ Nobleffe, riers £:at,  C "O ) Noble homme Maïtre ïïraè'ï Defneux, Grenetier au grenier a fel de Paris, Sieur de Menieres, & 1'ua des Echevins de la ville de Paris. Noble homme Maïtre Pierre Clafijfon, Confeiller du Roi au Chatelet de Paris, & 1'un des Echevins de Ia Ville, nommé & élu Evansélifie en ladite Affemblée. Noble homme Pierre Sain&oe, Seigneur du Vemars, & 1'un des Conieillers de ladite Ville. Noble homme Maïtre Jean Perroe Seigneur du Chefnart, & 1'un des Con' leillers de ladite Ville. Nicolas de Paris, Bourgeois de ladite Ville. Prèvótè, Ville & Vicomtè de Paris. Clergé. Révérendifïime Pere en Dieu Meffire Henri de Gondi, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Maïtre de 1'Oratoire de Sa Majefié. Noble & difcrete perfonne Maitre Louis Dreux, Chanoine & GrandArchidiacre en 1'Eglife de Paris. Noble & difcrete perfonne Maïtre Charles Faye, Confeiller du Roi en  ( «*I ) fa Cour de Parlement, Prieur de Gournay, Chanoine en ladite Eglife de Paris. Révérend Pere Frere Denys Coulon, Prieur, Vicaire de 1'Abbaye SaintVidfor-lès-Paris , & Général des Chanoines & Religieux de 1'Ordre Saint Auguftin, fous la Congrégation SaintViftor. Révérend Dom Adam Oger, Prieur des Chartreux-lès-Paris. Vénérable & difcrete perfonne Maitre Antoine Fayet, Chanoine de FEglife de Paris, & Curé de Saint-Paul. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Roland Hebert, Dofteur en Théologie, Pénitencier de ladite Eglife, & Curé de FEglife Saint-Cöme k Paris. Meffire Henri de Vaudetar, Chevalier, & Baron de Perfen, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , député pour la Vicomté de Paris. Meffire Henri De Me/mes, Seigneur d'Irval, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Lieutenant Civil de la Prévöté & Vicomté de Paris , élu Préfident en 1'abfence dudit Sleur Miron , féant en ladite Allemblée après ledit Sieur Miron, Député pour la Prévóté &c Vicomté de Paris. Nobleffe. riers-Etar,  Cler^é. NoblelTe. Ticrs-Etat. Ce-gé. I 1 4 t ( ) Duc hé de Bourgogne, Bailliage de Dijon. Révérend Pere en Dieu Frere Nicolas Boucherat, Dofteur en Théologie Abbé deGteaux, Chef général dudit Ordre, Confeiller du Roi en fa Cour de Parlement de Dijon. Meffire Claude de SaulxChevaher, Seigneur & Comte de Tavannes Bailli de Dijon, & Député pour ie Bailliage de Dijon. Maïtre Claude Mohet, Seigneur d'Azu, Avocat au Parlement de Dijon oc Confeil des trois Etats du Pays Meffire René Gervais, Confeiller du Roi , & Lieutenant- Général au uailliage de Dijon. Maïtre Antoine Joly, Confeiller du Roi, Greffier au Parlement & aux Mats de Bourgogne. Ballliage d'Autun. Vénérable & difcrete perfonne Maïre Andre Venot, Chantre & Chanoiie de Eglife dudit Autun, Official * Syndic au Clergé du Diocefe d'Auun>  ( "3 ) Meffire Léonor de Ralutin, Che- Noblefle. valier, Seigneur, &c Baron de Piry & & deBuffy, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Député pour le Bailliage d'Autun. Maïtre Philibert Venot, Avocat au- Tiers-Etat, dit Bailliage. Maïtre Simon de Montaigu, Lieutenant-Général en la Chancellerie d'Autun & Virg dudit lieu. 'Bailliage de Chdlons-fur-Saóne. Révérendiffime Pere en Dieu, Mef- ciergé. fire Cyrus de Tyard, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Chalons-fur-Saöne. Meffire Henri de Beavffremont, Che- Nobleffc; valier, Seigneur, & Baron de Senecey,Député pour le Bailliage de CMlons. Maïtre Guillaume Prifque, Sleur Tiers Etat. de Serville , Lieutenant-Criminel au Bailliage de Chalons. Maïtre Abraham Perratdt, Confeiller audit Bailliage , & Maire de ladite Ville. Bailliage dtAuxois. Vénérable & difcrete perfonne Mai- ctergé^  Nobloffe. Ti;rs-Eta( Clergc. Nobleffe. Ticrs-Etat. i ( ) tre Lazare Morot, Abbé de FAbbaye Saint-Pierre de Chalons, Doyen d'Avalon. Meffire Louis, cfAnle{i Chevalier, Seigneur de Chazelle, Député pour le Bailliage d'Auxois. Noble homme Claude Efpian; Confeiller & Secretaire du Roi, Audiencier a la Chancellerie de Bourgogne. Noble homme Jacques de Cluny, Confeiller du Roi, & Juge Prévötal en Ia ville d'Avalon. Bailliage de la Montagne. Difcrete perfonne Maïtre Robert Corderam , Prêtre , Curé de Buncey. Meffire Hercule de Vdlars la Faye, Chevalier, Seigneur de Villeneuve ' député pour le Bailliage de la Montagne. Noble Claude-Francois le Sain, Confeiller du Roi, Lieutenant.Général au Bailliage de la Montagne, fiege principal de Chatillon-fur-Seine. ^ Maitre Fran?ois de Giffey , Coneiller du Roi, & Lieutënant-Géné■al en la Chancellerie de Chatillon-furïeine.  (m) Bailliage de Charolois. Révérend Pere Frere Lègitr des Molins , Cordelier, Docteur en Théologie, Curé Sc Théologal en FEglife de Notre-Dame de la ville de Paroy. Meffire Théophile de Damas, Chevalier , Seigneur Sc Baron de Digoyne, Enfeigne de cent hommes d'armes fous Monfeigneur le Duc de Mayenne, député pour le Bailliage de Charolois. Maïtre Claude Maletefie, Avocat au' Bailliage de Charolois. Maïtre Claude de Ganay, Sieur de Monteguillon, Lieutenant au Bailliage de Charolois. Bailliage de Mdcon. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire GafpartZW, Confeiller du Roi, Evêque de Macon. Meffire Léonard de Scemur, Cheva- i lier, Seigneur de Tremont, Lieutenant de la Compagnie de Gendarmes de Monfieur Le Grand, député pour le Bailliage de Macon. Clergé. Nobleffe. riers-Etat; Clergcj «fobleffei  Tiers-Etat Clergé. Nobleffe. fiers Etat. Clergé. ( «* ) Meffire Hugues Fouillard, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général dudit lieu. Bailliage d'Auxerre. Révérendiffime Pere en Dieti Meffire Francois de Donadieu, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque d'Auxerre. Noble & vénérable perfonne Meffire Herard de Rochefort, Abbé de Vezelay, & Doyen de FEglife Cathédrale de Saint-Etienne d'Auxerre. Meffire Aimar Deprie , Chevalier,' Baron de Toney, Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roi, & Meffire Olivier de Chateleu, Chevalier, Seigneur de Coulange & du Val-de-Marcie, députés pour le Bailliage d'Auxerrois. Noble homme Maïtre Claude Chevalier , Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général au Bailliage & Siege Préfidial dudit lieu. Guillaume Berault , Sieur du Sablon , Juge Conful, Echevin de ladite Ville. Bailliage de Bar-fur-Seine. Révérend Guillaume Minet, Religieux  ( "7 ) gieux de I'Ordre de la Sainte Trinité Sc Rédemption des Captifs , Miniitre de la Maifbn-Dieu dudit Barfur-Seine. Meffire Antoine de Lenoncourt, Chevalier , Seigneur de Marolle, Confeiller du Roi en fes Confeils, Gentilhomme de la Chambre du Roi, Bailli de Bar-fur-Seine, Sc député pour le Bailliage de Bar-fur-Seine. Noble homme Lazare Coqueley, Maitre particulier des Eaux Sc Forêts, Sc Maire dudit Bar-fur-Seine. Duc hé de Normandie. Ville de Rouen. Monfeigneur I'illuftriffime & révérendiffime Francois, Cardinal de Joyeufe, Doyen du Sacré College des Cardinaux, Archevêque de Rouen, Primat de Normandie. Noble Sc difcrete perfonne Maitre Alphonfe de Breceville, Official dudit Rouen , Chanoine Sc Chancelier en FEglife Métropolitaine dudit lieu , Prieur de Saint~Blaife-de-Luy , Syndic général du Clergé de la Province Tome IV. K Nobleffe. fiers-Eïat. Clergé.  Nob! lt3T< licrs. Ejs Clergé. Revérendiffime Pere en Dieu Mef* C «8 ) de Normandie, & Secretaire en la Chambre Eccléfiaftique defdits Etats. Meffire Louis de Mouy, (ou Moy) Chevalier, Seigneur de la Maillerais, député pour le Bailliage de Rouen. h Noble Jacques Hallê, Seigneur de Cantelou, Confeiller & Secretaire du Roi, Maifon & Couronne de France, ancien Confeiller, fecond Echevin & député d'icelle ville , nommé & élu Secretaire & Greffier du Tiers-Etat de wFrance, en la préfente affemblée des Etats généraux. Noble homme Michel Manage , * ueur de Montgrimont, auffi Confeiller &c Secretaire du Roi, & Controleur en fa Chancellerie de Normandie , Confeiller & Echevin moderne, Sc député de ladite ville. Bailliage de Rouen. Honorable homme Jacq nes Campion, d'Anzouville-fur-Ry, député du Bailliage. Ville & Bailliage de Caen.  ( 2I9 ) fire Jacques £'Angennes; Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat 6c Privé, Evêque de Bayeux. Meffire Jean de Longaunay, Chevalier, Seigneur de Damigny & de Sainte-Marie-du-Mont, Gentilhomme de la Chambre du Roi, Capitaine de cinquante homme d'armes, 6c Gouverneur de Carentan, député pour le Baillage de Caen. Guillaume Vauquelïn, Ecuyer, Seigneur de la Frénaye , Confeiller du Roi, Préfident &c Lieutenant-Général audit Bailliage &c Siege Préfidial, Maitre des Requêtes ordinaires de 1'Hötel de la Reine, député pour ladite ville de Caen. Maitre Abel Olivkr , Sieur de la Fontaine,l'un desSyndics de Falaife, député pour le Bailliage. Bailliage de Cauxl Noble 6c difcrete perfonne, Maitre Antoine de Banajlre, Seigneur & Curé (d'Arcanville), 6c Sieur de Saint-Sulpice. Révérend Dom Guillaume Hélie; Do&eur en Théologie, Profès en 1'Ab» K ij NoblciT;, Tiers-£ut< Ckrjè.  Nobleffe. Tiers Etat. Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat. Clergé. ( "° ) baye Sainte-Catherine-du-mont de Rouen , Aumönier ordinaire du Roi, Prieur &c Seigneur de Cleville. Meffire Samuel de Boullinvilliers , Chevalier, Seigneur de Saint-Cere, député pour le Bailliage de Caux. Confiantin Houjfet, de la Paroifle de Flamamville. Bailliage de Conjlantin (Cö tantin?) Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Francois de Péricard, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Evêque d'Avranches. Meffire Henri Anquetil, Chevalier, Se igneur de Saint-Valt, député pour le Bailliage de Confiantin. Maitre Jacques-Germain d'Jrcanville, Avocat a Carentan, Seigneur de la Comté. Bailliage d'Evreux. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Francois de Péricard, Confeiller du Roi, Evêque d'Evreux. Meffire Adrian de Breautè, Chevaier, Seigneur dudit lieu, député pour e Bailliage d'Evreux,  ( iir ) Maitre Claude le Doux, Ecuyer,i Sieur de Melleville, Confeiller du Roi, Maitre des Requêtes ordinaire de la Reine, mere du Roi, Préfident &C Lieutenant-Général, Civil & Criminel audit Bailliage & Siege Préfidial. Bailliage de Gifors. Noble & difcrete perfonne Meffire Claude de Beauquemare, Prieur de Sauffeuze & de Crafvïlle. Meflire Philippe de Fouilleu{e, Chevalier , Seigneur de Flavacourt, Bailli de Gifors, & député pour ledit Bailliage. Noble homme Maitre Julien le Brtt, 1 Confeiller du Roi, Vicomté de Gifors. Bailliage d'Alengon. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Franfois de lionxel de Medavy , Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, EvêqHe Sc Comte de Lifieux. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Jacques Camus, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Sees. K iij 'iers-Etat. Clergé. tfoblcffe. 'iers-Etat. Clergé.  Noblc-fl* Iicrs-Era £ Ier gé, Nobleffe.. C «*) i Meffire Francois de Vauquelln, Ch evaher, Seigneur de Bazoches, Bailli d Alencon ; & Meffire Francois Anleray, Chevalier, Seigneur de Fontevielle , Gentilhomme ordinaire de fa Chambre du Roi, député pour le BaiP hage d'Alencon. {- f Noble homme Maïtre Pierre/e/cWA le, Confeiller du Roi , & fon Avocat audit Bailliage tk Siege Préfidial. Gouvernement du Pays et Duché de Guienne. Ville de Bordeaux , & Sènichauffèe de Guienne. Monfeigneur Filluftriffime & révérendiffime Francois, Cardinal de Sourdis, Archevêque de Bordeaux, Primat d'Aquitaine. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Pierre de Perifac , Chanoine & fous-Doyen de FEglife Métropolitaine de Saint-André dudit Bordeaux. Meffire Charles de Durefort,'Chevalier, Seigneur de Caftel-Bayart, & e*™1) de£uzaënes> DéP»té pour la Senechauflee de Bordeaux.  ( «3 ) Noble homme Maitre Jean de Claveau, Confeiller du Roi, & premier Subftitut de M. le Procureur Général, Avocat en Parlement, Jurat de la ville de Bordeaux. Noble homme Maïtre Ifaac de Boucaud, Député de la Ville & Sénéchauffée de Guienne, Confeiller du Roi en ladite Sénéchauffée & Siege Préfidial, Député pour ladite Ville & grande Sénéchauffée de Guienne. Sénéchauffée de Bazadois. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire JeanJaubert de Barrault, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Evêque de Bazas. Maïtre Antoine Jauhert de Barrault, Comte de Blaignac, Confeiller d'Etat, Sénéchal & Gouverneur de Bazadois, Vice - Amjral en Guienne , Député pour la Sénéchauffée de Bazadois. Maïtre André de Lauvergne, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général en la Sénéchauffée de Bazadois. Sénèchaujfée de Périgord. Révérendiffime Pere en Dieu MefK iv Tier J-El at. Clergé jj Nobleffe.. riers-Eïat, Clergé.  Nobleffe. riers-Etat, i Clergé. i ( 214 ) fee Francois de la Beraudiere, Confeiller du Roi, & Evêque de Péri» gueux. Noble & vénérable perfonne Maïtre Jean de Carbonieres dejayac, Doven & Chanoine en FEglife Cathédrale de Sarlat, Confeiller öc Aumónier ordinaire du Roi. Meffire Armand de Hedie , Chevalier, Seigneur & Comte deRiberac, Confeiller du Roi en fon Confeil d'Etat & Privé. Meffire Hetlor de Pontbrian, Seigneur de Montréal, Confeiller du Roi en fes Confeils, Député pour la Sénéchauffée de Périgord. Maitre Nicolas Alexandre, Avocat au Siege Préfidial de Périgueux Maïtre Pierre de la Broujfe, Coneiller du Roi, Lieutenant-Général 3nminel au Siege de Sarlat. Maïtre Andre Charron, Confeiller iu Roi, & Lieutenant-Général au Sie;e Préfidial de Bergerac. Sénéchauffée de Rouergue. Révérendiffime Pere en Dieu Mefire Francois de la Vallette Cornufon,  ( 1X5 ) Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Evêque de Vabres. Meffire Francois de Nouaille, Chevalier, Seigneur & Comte d'Ayen; & Meffire Francois dt Buffé, Chevalier, Seigneur de Bournazel, Député pour la Sénéchauffée de Rouergue. Maitre Jean Jules Fabri, Docteur, 1 premier Conful de la Cité de Rodez, & Juge de Concoures. Antoine de Bandinel, Seigneur de la Roquette, premier Conful de la ville & bourg de Rodez. Foulcrand Coulonges, Conful de Villefranche. Maitre Jëan Guerin, Dueteur, Lieutenant en la Judicature royale de Creiffel, & Conful de Milhau. Noble homme Jacques de Fleires, Sieur & Baron de Boafon, Doet eur, Syndic général audit Rouergue. Sénéchauffée de Xalntonge. Révérendiffime Pere en Dieu, Meffire Nicolas/e Cornu de la Courbe, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Xaintes. Noble & difcrete perfonne Maitre K v Nobleffe. 'iers-Etat, Clergé.  Nöökli Tïers-Et Clergé, ars-Etan < < Mic*e* Doyen & Chanoine en 1 Eghfe Cathédrale dudit Xaintes, e. Meffire Francois de Sainte-Mark, Cnevaher, Seigneur de Monac, Confeftler d'Etat, & Député pöur la Sénéchauffée de Xaintonges. *■ Raymond de-Montaigne, Seigneurde Saint-Genes-Combrac, Ia Vallée & autres. places, Confeiller du Roi * Sc Lieutenant. en ladite Sénéchauffée.' Sénéchauffée d'Agenois. ^ Révérendiffime Pere en Dieu Mefiire Claude Gelas, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat Sc Privé Evêque d'Agen. Meffire Francois Nonpart de Cartmont, Ecuyer,.Seigneur & Comte de i^uzon, Confeiller du Roi.en fes Confeils d'Etat & Privé , Capitaine dè cinquante hommes d'armes de fes o»-. donnances; & Meffire Francois de'la Clergf. Nobleffe,  ïïers-Eta Clergé. Nobleffe. Xiers-Etar, Clèrgé, ( 230 ) lard, Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roi, pour la Sénéchauffée d'Armaignac. '• Maitre Samuel de Long, Confeiller du Roi, Lieutenant Général & JugeMage en la Sénéchauffée d'Armaignac. Ville & Citê de Condom, & Sénéchauffée de Gafcogne. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Antoine de Caus, Confeiller du Roi, Coadjuteur & futur fucceffeur de 1'Evêché de Condom, Evêque d'Aure» Meffire Jean de Bu^i, Chevalier, Seigneur & Baron de Poudenas, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du. Roi& Meffire Jean-Paul de. Moulelm, Chevalier, Seigneur & Baron de Meillan, Députés pour le Condomois. Noble homme Guillaume Pouchalan, premier Conful de Condom, Sieur de la Tour. Noble hommeRaymond ^Co;^. Bourgeois & Jurat de ladite Ville. Haut-Limofm & ville de Limoges, Révérendiffime Pere en Dieu Mef-  fire Henri /a Marionie, Confeillej du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé Evêque de Limoges.. Meffire Henri de Bonneval, Chevalier, Seigneur dudit lieu, député poin le Haut-Limofin. Léonard du Ckajlenet, Sieur & Baron de Murat, Confeiller du Roi. Lieutenant-Général en la Sénéchauffée de Limofin, & Siege préfidial de Limoges, député tant de la Ville & Cité de Limoges, que des autres Villes du Plat-Pays , nommé & élu Evangélifle, _ Grégoire^e Cordes, Sieur de SaintLigourde, Bourgeois de Limoges. auffi député de ladite Ville , pour affiflër ledit Lieutenant-Général. Bas-Pays de Limofin, comprenant Tulles, Brives & Uitrches*. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Jean de Ginouijliac, & de Valhriac , Confeiller du Roi, Evêque, Vicomté, & Seigneur de la ville de Tulles. Meffire Charles de Saint-Marceau , Chevalier, Seigneur de Courfon, & Vicomté du Verdier, député pourle Noblefle,. Tiers-Etas. Ocrgi*. Noblejle,  Ticrs-Et; Clergé. C ) Bas-Limofin, y compris Tulles, Brives & Uzerches. t. Maïtre Francais du Mas, Sieur de Ja Maifon noble de Ia Chapoulie, & ès dépendances de Pradel-la-Gane', & Ia Gauterie, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général en la Sénéchauffée du Bas-Limofin & Siege Préfidial de Brives-la-Gaillarde, député pour ledit Bas-Limofin. Maïtre Pierre de Fenis, Sieur du Theil, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général en ladite SénéchaufTée, auffi député pour le Bas-Limofin. Maïtre Jacques de Chavailü, Sieur de Fougieres & du Pouget, Lieutenant-Général , Affelfeur-Criminel, & Commilfaire-Examinateur en la Sénéchauffée du Bas-Limofin, au Siege d'Uzerches, auffi député pour le Bafr Limofin. * Sénéchauffée de Quercy. Noble & vénérable perfonne Meffire Claude-Antoine <£Ebrard de SaintSu/pice, Abbé de la Garde-Dieu, Grand-Archidiacre & Chanoine en 1'Eghfe Cathédrale de Cahors, Promo-  ( 2-33 ) teur en la Chambre ecclélïafiique defdits Etats. Meffire Antoine de Loifiere, Chevalier , Seigneur & Marquis de Themines, Sénéchal & Gouverneur de Quercy, député pour Quercy. Maitre Pierre de Lafage, Docteur ès Droits, Avocat au Siege Préfidial de Cahors, & premier Conful de ladite Ville. Maitre Paul de la Croix, Dotteur &C Syndic dudit pays de Quercy. Pays & Comtc de Bigorre. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Saluat d'Iharce, Confeiller du Roi, Evêque de Tarbes. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Gratian d'Iharce, Chanoine &C Archidiacre en FEglife Cathédrale dudit Tarbes, & Grand-Vicaire de mondit Seigneur PEvêque de Tarbes. Meffire-Henri de Prei, Marquis de Montpezat, Vicomté d'Afte, Baron Dezanges, Pinecor, Confeiller d'Etat , & Capitaine de cinquante hommes d'armes, Gouverneur defdites villes de Muret &c Grenadec, Député pour Bigorre. Kobleffe. Hers-Etat. Clergé. Nobleffe.  Nollen" ( >34 ) Duchè de Bretagru. é- Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Francois Lachivtr, Confeiller du Hoi, Eveque de Rennes. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Guillaume Le Gouverneur , Confeiller du Roi, Evêque de Saint-Malo. Meffire Artus Dtfpinoy, Abbé de Rhedon, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé. Vénérable & difcrete përfonne Meffire Pierre de Cornulier, Confeiller du Koi en fa Cour de Parlement de Bretagne, Abbé de Saint-Méen Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Sebaftiea de Rofmadec , Abbé de Faimpont. Vénérable & difcrete perfonne Maï- t£ ,"2e ie ,G,0Uanle> ^chidiacre . enA l-lfe Cathédrale de Rennes. • Meffire Fran9ois fl^r Cheva. her Seigneur, & Comte de Briffac, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, & Lieutenant-Général pour le Roi en Bretagne. Meffire Thomas de Gaymaduc, Chevalier, Baron dudit lieu & de Blof-  ( *35 ) fac, Gouverneur de Fougeres,GrandEcuyer héréditaire de Bretagne. Meffire Jean Dumas, Chevalier, Seigneur de Montmartin, Capitaine de cinquante hommes d'armes, Maréchal-de-Camp, Sc Gouverneur de Vitray. Meffire Artus de Laydeu, Chevalier, Seigneur dudit lieu , Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances de Sa Majelté. Meffire Francois de la Piguelaye, Chevalier, Seigneur, Sc Vicomté du Chainait,Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnanees du Roi. Meffire Jean de Gegado, Chevalier, Seigneur de Querholin, Garde des cötes de 1'Evêché de Cornouaille , Meflre-de-Camp d'un régiment de gens de pied Francois , Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnanees de Sa Majelté. Guy Gouault, Ecuyer, Sieur de Senegrand, Confeiller du Roi, Prévót Sc Juge ordinaire de Rennes. Noble homme Julien Salmon, Sieur de Querbloye, Confeiller du Roi, Sc Sous-Procureur au Siege Préfidial de Vannes, fiers Etas»  Clergé, Nobleffe. ( 236 ) Noble homme Raoul Marot, Sieur de la Garraye, Confeiller du Roi, & Sénéchal de Dinan. Noble homme Jean Perret, Sieur de Pafauxbiches, Confeiller du Roi, Lieutenant-Général en la Jurifdiöion de Ploermel. Noble homme Jean Picot Sieur de la Giclaye. Noble homme Maïtre Mathurin Rouxel, Sieur de Beauvais, Procureur, Syndic des habitants de Saint-Brieux. Noble homme Jean de Harouys, Sieur de 1'Efpinay , Procureur-Syndic des Etats de Bretagne. Comté de Champagne et Brie. Bailliage de Troyes. * Révérendiffime Pere en Dieu Meffire René de Bnjlay, Confeiller du Roi, Evêque de Troyes. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Michel Roti, Doéteur en la Fade Théologie, & Chanoine en 1 Eghfe Collégiale de Troyes. Meffire Jacques de Brouillard, Chevalier, Seigneur & Baron de Cour-  ( 237 ) fan, Racine & Saint-Cire, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Député pour le Bailliage de Troyes. Maïtre Pierre Le Noble, Confeiller du Roi, Préfident & LieutenantGénéral au Bailliage & Préfidial de Troyes. Jean Ba^in, Ecuyer, Sieur de Boüilly , &c Bafenes, Maire de Troyes. Bailliage de Chaumont en Bajjigny. Révérend Pere en Dieu Frere Denis Largentier, Doéteur en Théologie , Abbé de Clervaux, Ordre de Cïteaux. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Pierre Pietrequin, Doyen dudit Chaumont, Licencié en Décret. Meffire Julfe de Pontalier, Chevalier , Seigneur &c Baron de Pleurs, Député pour le Bailliage de Chaumont en Baffigny. Maïtre Francois de Grand, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Criminel au Bailliage de Chaumont. Maïtre Francois Julliot, Confeiller du Roi au Préfidial de Chaumont, & Maire de ladite Ville. TiersEtac. Clergéi Nobleffe, riers-Etat^  Clergé, Nobleffe. Tiers-Etat, Clergé, JtP'bleffe. C »3« ) Bailliage de Vitry-le-Frangois. Noble & difcrete perfonne Maitre Francois Le Pican, Confeiller Aumonier ordinaire de la Reine , Commendataire de Notre-Dame de Chartreuve & Prieur de Notre-Dame Cnafiel-en-Porcien. . Meffire Charles d'Ambolfe, Chevalier, Seigneur & Baron de Buffi en Champagne, & Marquis de Renel Baron de Sexe-Fontaine, Député pour le Bailliage de Vitry. Maitre Jacques Rolet, Sieur des Beftans, Confeiller du Roi, Prévöt & Juge ordinaire dudit Vitry. Maitre Francois Roujer, Avocatau Parlement de Paris, réfidant è SaintMenehoud. Bailliage de Meaux. Révérendiffime Pere en Dieu MeilireJean de Fieux-Pont, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé Evêque de Meaux. Meffire Michel de Reillac, Chevalier , Seigneur de Lignere & de Ma»  ( *39 ) reul, & de la Grange du Mont-Magnis & Saint-Loup, Député pour le Bailliage de Meaux. Maïtre Louis Barré, Avocat au Bailliage & Siege Préfidial de Meaux. Maïtre Jacques Chakmot, ancien Avocat & Echevin de ladite Ville, Bailliage de Provins. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Charles Moljfy, Doyen de la Chrétienté audit Provins, Chanoine de Notre-Dame du Val, Meffire Jacques de tOrdat, Chevalier, Seigneur de Caitagnae, député pour le Comté de Foix. . Maitre Bernard Merk , Docfeur & Avocat en la Sénéchauffée, & Procureur du Roi en la ville de Foix, Capitale dudit Comté.  ( M7 ) Bailliage de Vemandois. Révérendiffime Pere en Dieu Mef- < fire Benjamin de Brlchanteau, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Evêque & Duc de Laon, Pair de France, & Comte d'Anifi. Vénérable & difcrete perfonne Maitre Jean Aubcrt, Grand-Archidiacre de Rheims, Confeiller, Aumönier & Prédicateur ordinaire du Roi, Abbé de Saint-Jean de Laon. Meffire Eultache de Conflans, Che- > valier des deux Ordres du Roi, & Vicomté d'Auchy , Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances de Sa Majeffé, Confeiller d'Etat , & député pour le Bailliage de Vermandois. Maitre Etienne de Lalaln, SieurT Defpuiffar, Roquincout-la-Suze, Avocat au Bailliage de Vermandois&Siege Préfidial de Laon. Sénéchauffée & Pays de Poltou, Fontenay & Niort. Révérendiffime Pere en Dieu MefL iv :icrgé. 'obleffe. iers-Etat.  Nobleffe, .njrs-r.ra-c Clergé.. 1 e (248) Jre Armand-Jean DuPUffis, Evêque Confeils d'Etat & Privé «re Piulippe CWi , Doven & Chanoine de Saint Hilaire-le-Grand de Portiers. Meffire Charles de Vivonnt, Che- I i7jvSdgnetir de la Chafleigneray; & Meffire Odet de la Noué, Chevaier Confeiller d'Etat, députés pour Z S.nechauffee te PoitoU> Fontenay & Niort. 7 René^W, Ecuyer, Sieur des Fontames, Confeiller du Roi au Siege Préfidial de Poitiers, Maitre Francois Briffbn, Ecuyer, Sieur du Palais, Confeiller. du Roi K Ion Senechal a Fontenay. Sire Colle Arnaut, Marchand de la «He de Poitiers. Sénéchauffée d^Anjou. Révérendiffime Pere en Dieu Meiire Charles Miron , Confeiller du Roi a fes Confeils d'Etat & Privé, Evêue d'Angers. Noble & vénérable perfonne Mai-  ( M9 ) tre Léonor d'EJlampes de Valïangay^ Confeiller, Aumönier du Roi, Abbé & Baron de Bourgueil. Noble &c difcrete perfonne Maïtre Louis de la Grefille , Chanoine en FEglife d'Angers, Sieur de Neliampart, Révérend Pere René Ponthey, Grand-Prieur de PAbbaye Saint-Aubin d'Angers. Meffire Martin du Bellay, Chevalier, Seigneur dudit lieu, Prince d'Yvetot, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé , Marquis de Touarfay , Barön de Comrnequiers, & Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roi«, Député pour la Sénéchauffée d'Anjou. Maitre Francois Lanier, Sieur de Saint-Jame, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général d'Anjou. Maïtre Etienne du Me/nis, ancien Avocat audit Siege, n'agueres Maire & Capitaine de la ville d'Angers, Sénéchauffée du Maine. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Charles de Beaumanoir, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat &c Privé ? Evêque du Mans. L v Nobleffe, Fiers-Eut. Clergé,  „Nobleffe. Tiers-Etat, Clergé. J ( Mo ) Révérend Pere, Frere Guillaume Ruher , Abbé Régulier du Monaftere de Saint-Vincent, lès-le-Mans, Ordre de Saint-Benoït, & de la Congregation de Chefau-Benoit. Vénérable & difcrete perfonne Maitre Claude Le Fevre, Prétre , Chantre & Chanoine en FEglife du Mans. ; Meffire René de Bouillay , Chevalier , Seigneur & Comte de Créance Confeiller d'Etat, Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roi ; & Meffire Jean de Vaujjay, Chevalier , Seigneur de Rocheux, Députés pour la Sénéchauflee du Mame , y compris le Comté de Laval. Maïtre Michel Vajfe, LieutenantGeneral Cnminel de Ia Sénéchauffée du Mame, décédé pendant lefdits Etats. Maïtre Julien Gauclier, premier & ancien Avocat du Roi en ladite Sénéchauffée. Bailliage de Touraine & Ambolfe* Révérendiffime Pere en Dieu Mefire Francois de la Guefle, Confeiller  ( M1 ) dn Roi en fes Confeils d'Etat 8c ?nvé , Archevêque de Tours , décédé en cette ville de Paris le 3oO£te>bre. Vénérable & difcrete perfonne Maitre Amanion le Houx, Chanoine de rEglife de Tours, & Secretaire ordinaire de 1'Archevêché. Vénérable & difcrete perfonne Maitre Jean Chatard, Chanoine de SaintMartin de Tours. Meffire René d'Argy, Chevalier, Seigneur de Pons, Député pour le Bailliage de Touraine & Amboife. Maitre Jacques Gautier, Confeiller du Roi au Parlement de Bretagne, Préfident au Préfidial de Tours. Maitre René de Sain, Confeiller du Roi, & Tréforier de France , & Maire de ladite ville de Tours. Noble homme Maitre Jean Dodeau. Confeiller du Roi , Lieutenant-Général au Bailliage dudit Amboife. Noble homme Claude Roujfeau Procureur du Roi en 1'Election , & ancien Echevin dudit Amboife. Bailliage de Berry. Révérendiflime Pere en Dieu Mef fire André Premiot, Confeiller du Rc L vj Nobiefic, Tiers-Etat, i  Nobleffe. Tiers-Etat. j i < (m ) . en fes Confeils d'Etat & Privé Pa» tnarche , Archevêque de Bourges Vénérable & difcrete perfonne Maitre Guillaume Fsucaut, Abb- de Chahvoy, Chanoine, & Grand-Archidiacre en FEglife de Bourges , décede a Paris le mois de Novembre 1614. Meffire Guillaume Pot, Chevalier des Ordres du Roi , Confeiller en fes Confeils, & Grand-Maïtre des Céremomes en France , premier EcuyerTranchant & Porte - Cornette de Sa Majelté, Seigneur deRhodes; & Meffire Henri de la Chajlre, Chevalier Seigneur & Comte de Nancey, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat &C Privé, & Bailli de Gien , Députés pour le Bailliage de Berry. Louis Foucaut, Ecuyer, Sieur de Chamfort, Confeiller du Roi, Préfident au Siege Préfidial de Berry & Maire de la Ville de Bourges. ' Noble homme Philippe Le Be^ne Wat du Roi, & Confeiller audit 3refidial. Noble homme Francois Carcat, Coneiller du Roi, & fon Procureur au iiege Préfidial d'Ifioudun,  ( M3 ) Noble homme Paul Ragneau, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général Civil & Criminel au Bailliage &c Siege Royal de Mehun-fur-Evre, Bailliage de Saint-Pierre-le-Mouflier. Noble & Icientifique perfonne Maitre Euflaehe de Chery , Tréforier & Chanoine en PEglife Cathédrale de Nevers. • Meffire Florimont Dormes, Chevalier de POrdre du Roi, & Bailly de Saint-Pierre-le-Mouftier; & Meffire Thomas de Bonnay, Chevalier, Seigneur de Beffay, Députés pour le Bailliage de Saint-Pierre-le-Moultier, Noble homme Maitre-Etienne Gaftoing, Confeiller du Roi , Lieutenant-Général au Bailliage & Siege fréfidial de Saint-Pierre-le-Moultier. • Noble homme Florimont Rapine , Sieur de Semxi, Confeiller du Roi, Sc fon Avocat-Général audit Siege, Sénéchaujfée de Bourbonnois, _ Noble & difcrete perfonne Meffire Pierre du Lyon, Sieur de la Cane, Clcr&C. Nobleffe, Tiers-Eif.t. Clergé,  Nobleffe. Tiers-Etat, C ) Abbé de Saint-Melens & Menat,Doyen en l'Eghfe Saint-Nicolas de Mont-Luffon, Confeiller du Roi en fes Conieils d Etat & Privé. Difcrete perfonne Maitre Antoine Aubtry, Chanoine de FEglife de Notre-Dame de Moulins. Difcrete perfonne Nicolas Doatre. Dofteur en Théglogie, Curé de Moulins. Meffire Gafpart de CoÜgny, Chevalier & Baron de Saligny, Genti!-homme ordinaire de la Chambre du Roi; & Meffire Jean dïApchon , Chevalier , Seigneur de Erezat, & Gouverneur pour le Roi de la ville de Cufet, Députés pour la Sénéchauffée de Bourbonnois, Jean de Champfeu, Seigneur de Garannes, Confeiller du Roi, & Préfident au Bureau des Finances étabH i Moulins, & Maire de ladite Ville. Jean de CJubefpin, Ecuyer, Bailli f Gouverneur de Montaigu-lès-Cambrailles, Tréforier-Général de Fran:e audit Moulins, w Maitre Gilbert Balk , Sieur du Pe:it-Bois, Lieutenant-Civil & Crimiwl en la Chatellenie d'Ainay.  ( *55 ) Maitre Jean Berauld, LieutenantGénéral de Cofnes, Avocat en Ia Sénéchauffée de Bourbonnois. Bailliage de Foret. Les mêmes Seigneurs, Députés de ïa Sénéchauffée de Lyonnois, Meffire Jacques Paillardd,Urfe'T Chevalier , Seigneur & Marquis de Baugé, & Comte d'Urfé, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, & Sénéchal-de-Forêt, Député pour le Bailliage de Forêt, Maïtre Pierre Rival, Affeffeur en Ia : Prévöté, ck Premier Echevin de la ville de Mont-Briffon. Maïtre Claude Greyfolon, Syndïc dudit pays de Forêt, Bailliage de Beaiijotols* Les mêmes Députés de Lyonnois. Meffire Philibert de Serpent, Baron des Baronnies de Goudras, Londres & Saint-Saturnin, Chevalier,Député pour le Bailliage de Beaujolois.. Noble homme Claude Charreton,' Seigneur de la Terriere, Confeiller Clergé, Nobleffe, [iers-Etafc. Clergé, Nobleffe.. fiersEtar.  Clergé. Nobleffe Tiers-Etat , . C ) du_R0l, Lieutenant-Général Civil & Cnmmel audit Bailliage. Le Bas-Pays £ Auvergne. Meffire Joachim^/^, dóf é Eveque de Clermont. Noble & vénérable perfonne Maitre Gabnel du Croc, Prévót de 1'Egbfe dudit Clermont. / - Meffire Jean de U Guefie, Chevalier Seigneur de la Chault, & Baron de Nelle; & Meffire Claude de Chau¥ë%ï Cavalier, Seigneur de BlotIfc-ghle, Députés pour la Sénéchauflee & Bas-Pays d'Auvergne. f Les deux Lieutenants -Généraux des SenéchaufTéesstablies audit pays; & Guillaume Maritan, Echevin de' la ville de Clermont, Capitale dudit pays. Lefdits Lieutenants ne font nommés, pour ce que, lorfque le Greffier voulut Ure le norn de Meffire Antoine de Murat Confeiller du Roi en fes Confeils i Ltat & Privé Lieutenant - Général -n la Sénéchauffée & Siege Préfidial, jut font etablies d Riom, Maitre Jean iuyaron, Sleurde Fillars, Confeiller  ( *57 ) du Roi, Préfident, & Lieutenant-Général en la Sénéchauffée & Siege Préfidial, qui font ètahlis d Clermont, s'y op po/a : & /ur ce, /ut /uivie leur dépu tation, en laquclle ils ne /ont nommés , & ce, en confèquence de tArrêt du Con/eil, donné a Nantes en Aoüt dernier. par lequel les différends des titres & prérogatives de leurs Sieges /ont. renvoyéi d la Cour. Haut-Pays d'Auvergnt;, Noble & difcrete perfonne Maitre André Pons de la Grange, Archidiaere en FEglife Cathédrale de SaintFlour. Noble & vénérable perfonne Maïtre Chriflophe Ver dier, Seigneur, Abbé de Pybrac & de Saint-Rozi. Noble & religieufe perfonne Dom Jean d'Apchier, Sieur & Prieur de la Volte. Meffire Jacques tTApchon, Chevalier , Seigneur dudit lieu & de la Joille; & Meffire Jacques de la Rocque, Chevalier, Seigneur dudit lieu, Députés pour le Bailliage des Montagnes d'Auvergne, Clergé. Nobleffe.  Tiers-Et Clergé. Nobleffe. ( *J* ) Maïtre Pierre Chabot, Confeiller du Roi , Lieutenant-Général, Civil & Criminel au Bailliage du HautAuvergne, établit a Saint-Flour, capitale & principale dudit pays. Pierre Sauret, fecond Conful de la ville de Saint-Flour. _ Maïtre Jean Momheil, Avocat audit Bailliage de Saint-Flour. Maïtre Jean Sauret, Avocat au Parlement de Paris, & y demeurant, en cas d'abfence dudit Pierre Sauret, Conful, fon frere, fubrogé en fon lieu. Sénéchaujfée de Lyon. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Denis-Simon de Marquemont, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé Archevêque de Lyon & Primat de France. Noble, vénérable & difcrete perfonne Maitre Antoine^e Gibertes, Chanoine , Archidiacre & Comte en FEglife dudit Lyon. Meffire Claude de Cremiaux, Chevalier, Seigneur dudit lieu & deChemouffet, & Baron d'Antragues, Dé-  ( *59 ) , puté pour la Sénéchauffée de Lyon. Noble homme Maïtre Pierre Juf-1 trein , Seigneur de Jarnoffe , Préfident au Parlement de Dombes, Lieutenant en la Sénéchauffée & Siege Préfidial de Lyon , Auditeur de camp au Gouvernement dudit Lyon, pays de Lyonnois , Forêt & Beaujolois, & Prévöt des Marchands de ladite ville de Lyon. Maïtre Charles Grollier, Ecuyer, Seigneur d'Efcouvire , Avocat & Procureur-Général de ladite ville. Maïtre Jean de Moulceau , Avocat au Confeil Privé du Roi, Député de la ville de Lyon. Maïtre Jean Goujon, Avocat en ladite Sénéchauffée & Siege Préfidial de Lyon. Maitre Philippe Tixier, Capitaine & Chatelin de Dargoire, Syndic du plat-pays de Lyonnois, Député dudit plat-pays de Lyonnois. Bailliage de Chartres. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Philippe Hurault, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Chartres. 'iers-Etat. Clergé,  NoMeffi Ïïcrs-Era Clergé. t j j i i 1 1 Nobleffe. (' 2ÓQ ) • Meffire Charles d'Angennes, Chevalier, Seigneur de Maintenon , Conleiller d'Etat,. Député pour le Bailliage de Chartres. • Maitre Francois Chavayne, Confeiller du Roi, Préfident au Bailliage Sc Siege Préfidial de Chartres Maïtres; Jacques des Effarts , Confeiller audit Siege, Confeiller d'Etat, Depute pour le Bailliage de Chartres. . Bailliage d'Orléans. Révérendiffime Pere en Dieu Maitre Gabriël de CAuhefpine, Confeiller du Roi en fés Confeils d'Etat Sc Pnve, Evêque d'Orléans. Vénérable & difcrete perfonne Mefire Charles,dé la Saufaye Doüeur ?n Ia faculte de Théologie & ès proits, ConfeiHer, Aumönier du Roi k Doyen en I'Eglife d'Orléans. * , Vénérable Sc difcrete perfonne Mefue Charles Fougeu, Confeiller, Aunpmer du Roi, Abbé Commendaaire de 1'Abbaye Saint-Euverte d'Or2ans. Meffire Francois de l'Hópital, Cheaher, Seigneur du Hallier, Sc Con-  (*fl) feiller d'Etat, Enfeigne de Ia Compagnie du Roi, Capitaine & Gouverneur de Fontainebleau , Député pour le Bailliage d'Orléans. Meffire Francois de Beauharnois, Confeiller du Roi, Préfident & Lieutenant-Général au Bailliage &c Siege Préfidial d'Orléans. Guillaume Rouffèlet, Bourgeois de la ville d'Orléans , Député du TiersEtat de ladite ville. Et encore ledit Beauharnois , député du Tiers -Etat, des Chatellenies Royales & non Royales du Bailliage. Maitre Augufiin de Li/Ie, Confeiller du Roi, & Lieutenant du Bailli d'Orléans au Siege de Chateau-Regnard , député pour le Tiers-Etat defdites Chatellenies, en cas d'abfence ou maladies dudit Beauharnois. Bailliage de Blois. Mondit Seigneur 1'Evêque de Char- ciergé. tres. Meffire Franco is de Racines, Cheva- Nobleffe. lier, Seigneur de Villegomblain, député pour le Bailliage de Blois. Guillaume Ribier, Ecuyer, Sieur du Tiers-Etat, Tiers-Etat.  Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat. Clergé.' Nobleffe. ( 161 ) Hauvignon, Confeiller du Roi, Préfident tk Lieutenant-Général au Bailliage & Siege Préfidial de Blois. Noble homme Jean Courtin, Sieur de Nantheuil. Bailliage de Drtux. Vénérable perfonne Meffire Félix Fialart, Prieur de Beu, Sc Chanoine en FEglife Cathédrale de Chartres. Meffire Flenri de Balfac, Chevalier,1 Confeiller du Roi en fes Confeils, Gentilhomme ordinaire de fa Chambre, Baron de Clermont, d'Antragues, Seigneur de Meffiere , député pour le Bailliage de Dreux. Maitre Thibault Couppé, Sieur de la Plaine, Licencié ès Loix, Avocat au Bailliage de Dreux. Bailliage de Manies & Meulan. Mondit Seigneur Evêque de Chartres. Meffire Louis de Tilly, Chevalier; Seigneur de Blaru, Lieutenant de cent Gentilshommes de la Maifon du Roi, iéputé pour le Bailliage de Mantes 6c Vleulan.  ( i*3 ) Maïtre Jean le Couturier, Confeiller du Roi, Lieutenant-Général, Civil &C Criminel au Bailliage & Siege Préfidial de Mantes. Antoine de Vlot, Ecuyer, Confeiller du Roi, Lieutenant Civil & Criminel au Siege Royal dudit Meulan. Bailliage & Comté de Gien. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre MelchiorSonnet, Doéteur en Théologie , Prêtre Curé de la ville d'Ozoc. Meffire Henri de Pojïel, Chevalier, Seigneur d'Ormois & de Couberon, Corvoz,& Efcrividers, Gentilhomme ordinaire de la Chambre de Monfeigneur le Prince de Condé, député pour le Bailliage de Gien. Maïtre Daniël Chaferay, Sieur de Brauxnoirs, Confeiller du Roi , & Lieutenant-Général, Civil & Criminel audit Bailliage & Comté de Gien. Maïtre Pierre le Plat, auffi Confeiller du Roi, Prévot& Juge ordinaire, Lieutenant Civil, Affeffeur & Criminel de la ville & Comté de Gien, Prévöté Sc refibrts d'icelle. fters-Etat; Clergé. Nobleffe, riers-Etat,  ( •2(54 ) Nobleffe Tiers-Etat Clergé. Nobleffe. Bailliage de Montargis. Révérend Pere Daniël Bonnet, de 1'Ordre des Auguliins , Doéteur en Théologie, Prieur, Curé de Montargis. Meffire Antoine des Hayes, Chevalier, Seigneur de Cornemin & Courtoin , Bailli & Gouverneur de Montargis , député pour le Bailliage de Montargis. , _ Noble homme Maitre Réné Ravault^ Sieur de Monceau, ancien Avocat au Bailliage de Montargis-le-Franc. Comté & Bailliage du Perche. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Francois Le Moine , Prêtre, Promoteur en FOfficialité de Séez au Siege de Montaigne, Prévot en FEglife dudit lieu, & Curé de Sainte-Céronne. Meffire Etienne UHermite, Chevalier, Seigneur de la Salie-Rougeris, Confeiller du Roi, Gentilhomme ordinaire de la Chambre, & Bailli du Perche , député pour le Bailliage dudit Perche, Noble  C ) Noble homme Maitre Ifaïe Peti- ■ gars, Seigneur de la, Garenne, Préïident en 1'Eleöion du Perche. 'Bailliage de Chdteauneuf en Thimerais. Meffire Prejen de la Fin, Vidame dé Chartres , Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances de Sa Majelté, & Maréchalde-Camp en fes Armées, Chevalier, Seigneur de Beauffac - la - Ferté - deReauvoir, député pour le Bailliage & Baronnie de Chateauneuf en Thimerais. PlCARDIE. Bailliage d'Amiens. Monfeigneur 1'illuflriffime & révérendiffime Prince Louis de Lorraine, Archevêque & Duc de Rheims, premier Pair de France. Noble & vénérable perfonne Meffire Raymond de Lamartoniey Prieur 'Commendaire de Saint-Jean-de-C olie, Prévöt & Chanoine de FEglife de No» tre Dame d'Amiens, Tome IV. M riers-Ëtat. Nobleffe. Clergé.  .Nobleffe. Tiers-Etat. Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat. ( 166 ) Mefïire Charles de Halleiuïn, Seigneur de Mailly, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Gouverneur de fes villes & citadelles de Ruü, Capitaine des Gardes-du-Corps de Monfeigneur , frere de Sa Majefté , député pour Ie Bailliage d'Amiens. Noble homme Meffire Pierre Pin, Confeiller du Roi, LieutenantGénéral au Bailliage & Siege Préfidial d'Amiens. Sénéchauffée de Ponthieu. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Jacques Saumont , Docfeur en Théologie., Chanoine de PEglife de Saint-Vulfran, Prieur de Sainte-Croix, & Curé de PEglife de Saint-Gilles en Ponthieu. Meffire Charles de Rambures, Chevalier, Seigneur dudit lieu, Confeiller d'Etat , Capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roi, Gouverneur des Villes & Chateaux de Dourlans & Corotoy, député pour la Sénéchauffée de Ponthieu. Philippe de ta Vernot Pafchal ;  ( »«7 ) Ecuyer, Préfident, Lieutenant-Général , Criminel en la Sénéchauffée Sc Siege Préfidial de Ponthieu. Comté & Sénéchauffée de Boulonnois. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Antoine Clugnet, Licencié ès Loix, Chanoine, Archidiacre tk Official de FEglife Notre-Dame de Boulogne, décédé k Paris le dernier de Novembre 1614. Meffire Jean de Monchy, Chevalier, Seigneur de Moncaverel, Gouverneur d'Ardres. Meffire Charles de Belloy, Chevalier, Seigneur de Landretum , député pour la Sénéchaulfée de Boulonnois. Meffire Pierre de Vuilkcot, Sieur 1 Defpriez tk de le Faux, Avocat du Roi en la Sénéchauffée tk Comté de Boulonnois. Calais & Pays re'canqu'ts, Meffire Mare Foucault, Seigneur de 'Foucault, député pour Calais &: Pays reconquis. Louis le Beaucler, Ecuyer, Confeil-T M ij Clergé. Nobleffe. 'iers-Etat, Nobleffe; iers-Etat,  ( 2Ó8 ) Ier du Roi, Preiïdent & Juge-général de Calais tk Pays reconquis. Péronne & Roie. Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat i Prévöté de Montdidier. Clergé. Nobleffe. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Antoire Thuet, Doöeur en Théologie de la Faculté de Paris. Meffire Charles Dejlournel, Chevalier, Seigneur de Plainville, Capitaine des Gardes-du-Corps de la Garde Ecoffoife, député pour les Bailliages de Péronne, Montdidier & Roie. . Meffire Wohtxt Choquel, Confeiller du Roi & fon Procureur-Général au Gouvernement tk Prévöté de Péronne , Maire de ladite Ville, tk député d'icelle & dudit Gouvernement. Ledit fieur de la Martonle, Prévót d'Amiens. Antoine de Berthin, Ecuyer, Lieutenant-Général, Civil & Criminel au Gouvernement de Péronne , Montdidier tk Roie, député pour le Bailliage 5: Prévöté de Montdidier.  ( *69 ) Prévöté de Roie. LedhSiemHuguet, Doéteur enThéologie. Maïtre Jacques de Neufville, Ecuyer, ■ Sieur de Fontaines, Confeiller du Roi, Sc Lieutenant-Général, Civil Sc Criminel au Gouvernement de Roie, député d'icelui. Bailliage de Senlis. Monfeigneur 1'illultriffime Sc révérendiffime Francois Cardinal de la Rochefoucault, Evêque de Senlis. Meffire Louis de Montmorency, Che-1 valier , Seigneur de Bouteville, Bailli 8c Gouverneur de Senlis, Vice-Amiral de France, députés pour le Bailliage de Senlis. Philippe Loifel, Ecuyer, Confeilleri du Roi, Préfident Sc Lieutenant-Général Civil Sc Criminel au Bailliage Sc Siege Préfidial dudit Senlis. Gabriel de Montiere, Ecuyer, Sieur 1 de Saint-Martin, Confeiller du Roi, Lieutenant du Bailli de Senlis a Pon-, thoife. M iij Clergé. fters-Eta:. Clergé. Nobleffe. 'iers-Etat; 'iers-Etat.  Clergé. Nobleffe Tiers-Etat Clergé. ( 27° ) Bailliage de Valois. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Jean Berthier, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Rieux. Noble & difcrete perfonne Meffire Pierre Haben , Abbé de la Roche , Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Maitre des Requêtes de fon Hotel, Prieur de Saint-Arnould de Crefpy. - Meffire Réné Pottier, Chevalier , Seigneur & Comte de Trefme, Capitaine des Gardes-du-Corps, & Bailli de Valois, député pour le Bailliage de Crefpy en Valois. , Meffire Charles Therault, Seigneur de Vuaremal & de Sery, Confeiller & Maitre des Requêtes ordinaire de la Reine Marguerite , Duchelfe de Valois, & Lieutenant-Particulier de Crefpy & Pierre-Fond. Bailliage de Clermont en Beauvoijïs. Révérend Pere Etienne de Ruptis , Doéleur en Théologie, Prieur clauf-  C*70 tral en l'Eglife tk AbbayeNotre-Dame' de Frondmont, Ordre de Cïteaux. Meffire Jacques de Longucval, Che-l valier, Seigneur de Haraucourt, Bailli tk Gouverneur de Clermont en Beauvoilis tk du Catelet, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat tk Privé, Gornette des Chevaux-Légers de la Reine , député pour le Bailliage de Clermont en Beauvoifis. Noble homme Maitre Pierre le Mercier, Confeiller du Roi, & LieutenantGénéral au Bailliage de Clermont. Noble homme Simon Vigneron , < Sieur de Monceau, Confeiller du Roi, & Lieutenant - Particulier, Civil tk Criminel audit Bailliage, Bailliage de Chaumont en Vexin* Vénérable perfonne Maitre Jacques Jacart, Prieur de Maquy. Meffire Pierre de Roncherolle, Chevalier, Seigneur & Baron du'PontSaint-Pierre, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, tk Sénéchal de Ponthieu, député pour le Bailliage de Chaumont en Vexin. Maïtre Louis Le Porguier, Prévöt M iv «oblcfi'ï. ricrs-Etaï, Clergé. Nobleffe.  Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat. ( IJl ) Forain, & Lieutenant-Général au Bailliage dudit Chaumont & Magny, député pour Chaumont & Magny en ,Vexin. ö J Andréjorel, Ecuyer, Sieur de SaintBnce, Confeiller du Roi, Lieutenant, General, Civil & Criminel audit Magny, député dudit Chaumont & Magny avec ledit Le Porguier. Bailliage de Melun. Noble & vénérable Meffire Antoine Chauveau, Licencié ès Loix, Confeiller du Roi audit Bailliage, & Chanoine en 1'Eglife Notre-Dame de Meiun , & Prieur de Chaltillon. Meffire Antoine de Brkhauteau, Chevalier des deux Ordres du Roi & Confeiller d'Etat, Capitaine de cinquante hommes d'armes de fes Ordonnances, Seigneur & Marquis de Nangis, de Milan & de Ligueres, député pour le Bailliage de Melun. Pierre le Jau , Ecuyer, Sieur de Girolies, Confeiller du Roi, Lieutenant-Général au Bailliage & Siege Préfidial de Melun.  ( 273 ) Bailliage de Nemours. ■ Vénérable & difcrete perfonne Meffire Francois le Charron, Protonotaire du Saint-Siege Apofïolique , Abbé Commendataire de PAbbaye NotreDame de Cercanceau. Meffire Jean Hurault de l'Hópiial, Chevalier, Seigneur de Gommerville &du Fay, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, député pour le Bailliage de Nemours. Noble homme Maitre Jean le Beau^ Confeiller du Roi, Lieutenant-Général , Civil & Criminel audit Bailliage & Duché de Nemours. Noble homme Guillaume le Gris, Capitaine du Chateau dudit Nemours. Bailliage de Nivernois, & Donders. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Jean Genejl, Protonotaire duSaintSiege Apofïolique, Doéteur en Théologie , grand-Archidiacre & Official en FEglife de Nevers. 1 Meffire Jean Andrault de Langeron, Chevalier, Seigneur dudit lieu, Bailli M v Clergé. Nobleffe. 'iers-Etat. Clergé; Nobleffdi  Tiers-Eta: CUrgé. Nobleffe. < i ( 274 ) de Nivernois & Donziers, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Gouverneur de la Charité; & MelTire Adrien de Blanchefort, Chevalier, Seigneur dudit lieu, tk Baron de Danois, députés pour le Bailliage de Nivernois tk Donziers. . Maitre Henri Bolarie, LieutenantGénéral au Bailliage tk Pairie de Nivernois. Maitre Guillaume Salonnier, Confeiller & Maitre des Comptes de M. le Duc de Nivernois. Les Dêlcgués & Députés de Dauphiné. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Jean de la Croix, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat tk Privé, Evêque & Prince de Grenoble, Préfident des Etats du Pays de Dauphiné. Noble & difcrete perfonne Meffire Francois Armuet, Doyen de FEglife Notre-Dame de Grenoble, & Prieur de Renelfy. Meffire Henri de Clermont, ChevaJier, Seigneur & Comte de Tonnerre, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat k Privé.  C *75 ) Meffire Jean du Puy, Chevalier, Seigneur de Mont-Brtin, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Capitaine de cinquante hommes d'armes de fes Ordonnances. Meffire Laurent de Plovier, Seigneur de Plovier & de Quaiz, Baron d'Affieu & Surieu, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Meffire Jean de Murines, Chevalier, Seigneur de Bozancier, tous députés pour le Dauphiné. Noble homme Maitre Louis MaJJon, i Dotleur, Avocat au Parlement, premier Conful de la ville de Vienne. Noble homme Maitre Etienne Giéten , Avocat en Parlement. Noble homme Gafpart de Cereffault, premier Conful d'Ambrun. Noble homme Claude de Broffe, Seigneur de Seréfin, Syndic des villages de Dauphiné. Maïtre Antoine Buffet, Secretaire des Etats du Pays de Dauphiné. V'üle & Gouvernement de la Rochelle. Meffire René de Tallanfac, Chevalier , Seigneur de Loudriere, GouverM vj 'iers-Etat. Nobleffe,  Tiers-Etat. k i ] 1 i Clergé. i 1 Nobleffe. t 1 ( 276 ) neur tk Sénéchal de la ville de la Rochelle tk Pays d'Aunis, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat tk Privé député pour la ville de la Rochelle tk Pays d'Aunis. Maitre Daniël de la Goutte , Confeiller tk Avocat du Roi au Siege Préfidial de la Rochelle, tk 1'un des Pairs de ladite ville, & député du Corps cPicelle pour le Tiers-Etat de ladite ville tk Gouvernement. Noble homme Maïtre Gabriel de Bourdigalle, Sieur de la ChabofTïere, Confeiller du Roi, tk fon Procureur m Siege Préfidial, & autre Jurifdic:ion de ladite ville tk Gouvernement PAunis tk de la Rochelle. Jean Tharay, Marchand, Bourgeois le ladite ville, Procureur, Syndic des bourgeois tk Habitants d'icelle, dépué par lefdits Bourgeois tk Habitants, k Tiers-Etat d'icelle. Sénéchaujfée d'Angoumois. Révérendilfime Pere en Dieu Mefire Antoine de la Rochefoucault, Coneiller du Roi, Evêque d'Angoulême: Meffire Jofias de Bremont, Cheva.er, Seigneur d'Ars, Confeiller d'E-  ( *77 ) rat, & député pour la Sénéchauffée d'Angoumois Philippe de Nemond, Ecuyer, Sieur' de Brie, Confeiller du Roi, & Lieutenant-Général en la Sénéchauffée & Siege Préfidial d'Angoumois, & Maitre des Requêtes de la Reine. Bailliage de Montfort-Lamory & Hou* dan. . Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Philippe Hurault, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque de Chartres. Difcrete perfonne Maitre J ean le Roi, Prêtre, Bachelier en décret, Curé dudit Montfort. Meffire Charles de Cocherel, Chevalier , Seigneur du Pare, & Bailli de Montfort & Houdan, député pour le Bailliage de Montfort & Houdan. Noble homme Maitre Noël Rafron, Confeiller du Roi, & fon Procureur au Bailliage & Comté de Montfort. Nicolas Philippes, Gruyer des Eaux & Forêts de Neaufle-le-Chatel, Receveur de la Terre & Seigneurie de Pontchartrain. Kers-Etat. Clergé. Nobleflev fters-Etat*'  C 278) Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat Clergé. Nobleffe. Bailliage d'EJlampes.. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Guy de Verembroys, Prétre, Doyen de la Chrétienté & de lUglife de Sainte-Croix d'Eftampes. Meffire Paul de CugAac , Chevalier, Seigneur d'Inmouville, Députév pour le Bailliage d'Eftampes, décédé en Ia ville de Paris , le Mercredi dernier jour de Décembre dé Pannée 1614, Noble homme Maitre Jacques Petau, Confeiller du Roi, LieutenantGeneral, Civil & Criminel audit Bailliage & Duché d'Eftampes, &c Maire de ladite ville. Bailliage de Dourdan. Vénérable Sc difcrete perfonne Meffire Jacques du Lac, Confeiller du. Roi, Aumönier ordinaire de Sa Majefré-Prieur de Notre-Damede POuye. Maitre Anne de CHópital, Chevalier, Seigneur de Sainte-Mefme, Sc Bailli de Dourdan, Député pour le Bailliage dudit Dourdan,  ( *79 ) Maitre Pierre Boudet, Avocat au-' dit Bailliage. Les Délégués & Députés des Etats de Provence. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Paul Huraut de VHópital , Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Archevêque d'Aix. Révérendiffime Pere en Dieu, Meffire ToufTaint de Glandefues, Confeiller du Roi, Evêque de Cifteron. Meffire Arnault de Ville-Néufve, Chevalier, Seigneur & Marquis des Arts, décédé en la ville de Paris, le 14 du mois de Décembre en 1'année 1614, étant 1'un des Députés de Provence , pour lequel défunt on a dit un fervice général en PEglife des Auguftins, oii, tous Meffieurs les Députés des Etats Généraux , tant Eccléfiaftiques, Nobleffe que Tiers-Etat, ont affiflé le Mercredi dernier jour dudit mois de Décembre, audit an 1614. Meffire André d'Oraifon, Chevalier , Seigneur & Comte de Boulbon, Meffire Roland de Cafeettanne, Chevalier, Seigneur de Mont-Mejen, "iers-Etat. Clergé. Nobleffe.  Tiers-Eta «Iergé. C ) Meffire Francois de Vms, Chevalier , Seigneur dudit lieu. Meffire Jean de Cajlellanne, Chevalier , Seigneur de la Verdiere. _ Meffire Palamedes Fabry, Chevalier Seigneur de Valavés, & Baron de Rians. Noble homme Jean Louis de Maikaon, Sieur de Salignac & d'Entrepieres, Avocat en la Cour, AlTefTeur de la ville d'Aix, & Procureur dudit pays. Maitre Thomas de Feraporte, Avocat en la Cour de Parlement de Provence, Syndic du Tiers-Etat dudit pays. Francois de Sebolin , Sieur de la Mothe, premier Conful de la ville d'Hieres. Maïtre Antoine Achard, Greffier des Etats de Provence. MarfeiUe. ■ Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Paul Hurault de l'Hópital, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Archêque d'Aix. Révérendiffime Pere en DieuMef-  ( -8- ) fire ToufTaint de Glandefues, Confeiller du Roi, Evêque de Cifteron. Meffire Théocrenes de Glandefues, ' Chevalier, Seigneur de Cuges; & Meffire Léon de Valbelle, Ecuyer, députés pour la ville de Marfeille. Maitre Baltazard Vias, Dofteur ès1 Droits , Avocat en la Cour de Parlement de Provence , 6c Affeffeur de la ville de Marfeille. Arles. Mefdits Seigneurs Archevêque d'Aix, Sc Evêque de Cifteron. Meffire Gabriel de Varadler, Chevalier , Seigneur de Saint-Andiol, député pour la ville d'Arles. Maitre Pierre d'Augieres, Avocat 1 au Parlement de Provence, AlTelTeür des Confuls 8c Communautés de la ville. Sénéchauffée de la Haute-Marche. Meffire Geoffroy de la Roche Aymone, Chevalier, Seigneur de SaintMelfan, & Sénéchal de la Haute-Marche ; 6c Meffire Gabriel de Malice, ïobleffe.' 'iers-Etat, Clergé. Nobleffe. 'iers-Etat, Clergé.  Tiers-Et; Clergé. Nobleffe Tiers-Etat Clergé, ( -8* ) ?5eY.aIlier» Se%»eur dudit lieu &de' Chaftelu, députés pour la HauteMarche. it. Maitre Jean Vallener, Sieur de Ia Ribiere, Confeiller du Roi, Lieute» nant particulier au Siege de Gueret. Scnichaujjèe & Pays de la BafeMarche. Vénérable & difcrete perfonne Mai- ■ tre Gabriel Marand, Abbé de PEglife Seculiere & Collégiale de Saint-Pierre du Dbrat. ■ Meffire Henri Poufan, Seigneur & Baron de Fors & du Vigen; & Meffire Gafpart Frottier, Chevalier, Seigneur de la Maffeliere, députés pour la Baffe-Marche.. ' Maitre Francois Raymond, Sieur de Clufeau, Confeiller du Roi & Lieutenant-Général en la Sénéch'auf-- , ne,,la Baffe-Marche, en la ville de Bellac. Duchê& Bailliage de Vtndomois. Meffire Michel Subiet, Confeiller du Roi, Cardinal, Abbé de PAbbaye  C -s>) de la Sainte - Trinité de Vendóme. Vénérable & difcrete perfonne Maïtre Francois Gérard, Prêtre, Curé de Saint-Aman. Meffire Elifée tSlllïere, Chevalier , Seigneur de Radraiös, Baron de Bourdoeil, Gentilhomme ordinaire de Ia Chambre dn Roi , député pour le Bailliage de Vendomois. Maïtre Jean Bautru, Sieur des Ma-1 trats, Bailly du pays & Duché de Vendomois. Maïtre Mathurin Rateau, Greffier audit Bailliage, &c Echevin de la ville de Vendóme. Sénèchau/fee de Lodunois. Révérendiffime Pere en Dieu Meffire Armant-Jean du PleJJls, Evêque de Lucon, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé. Maitre Louis Trincaut, Procureur! du Roi en ladite Sénéchauffée de Lodunois. Maïtre Barthelemi de Burges, Receveur des Aides 8c Tailles en FEléction de Lodun. STobleffes 'iers-Etat. Clergé, 'iers-Etat«  '( »** ) Clergé, Nobleffe, Tiers-E:ai Clergé. Nobleffe. Bailliage de Beauvais en Beauvoijis. . Révérendiffime Pere en Dieu Meffire René Potitr, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Evêque & Comte de Beauvais, Pair de France, Vidame de Gorbroy. Meffire Francois de Boufflers, Chevalier,. Seigneur dudit lieu, Vicomté de^ Ponche, & Bailli de Beauvais, Député pour le Bailliage de Beauvais en Beauvoifis. . Robert Darry, Ecuyer, Sieur de la Roche & Dernemont, Confeiller du Roi, Lieutenant-Général, Civil &c Criminel audit Bailliage &c Siege Préfidial. Bailliage de Soijfons. Vénérable & difcrete perfonne Meffire Dreux Henntquin , Sieur de Villenoze, Confeiller du Roi en fa Cour de Parlement, Chanoine , & Tréforier en FEglife Cathédrale dudit Soifforis. Meffire Henri de la.Marqué, Chevalier, Seigneur & Comte de la Mar-  ( *85 ) que, Colonel des Cent Suifles de la Garde du Roi, Député pour le Bailliage de Soiflbns. Pierre de Che^elles, Ecuyer, Sieur 1 de la Forêt, de Grizolles, Confeiller du Roi, Préfident & LieutenantGénéral audit Bailliage & Siege Préfidial. Sénéchauffée de Chafielleraudais. Meffire Emanuel-Philbert de la Braudiere, Chevalier, Seigneur , Baron de 1'Ifle & de Rouet, Confeiller du Roi en fes Confeils d'Etat & Privé, Capitaine de cinquante hommes d'armes , Député pour le Duché de Chaftelleraudais. Maitre Fran9ois Ferand, Confeiller' du Roi, & fon Procureur en ladite Sénéchauffée. Brefe Noble & difcrete perfonne Meffire Albert de Grillet, Abbé de la Chaffaigne, Prieur d'Ompfierre. Meffire Cleriadus de Coligny, Chevalier, Seigneur de Creffia, Député pour la Nobleffe de Breffe. 'iers-Etat; Clergé. Nobleffe. fiers-Etat, Clergé. Nobleffe,  Tiers-Etat Clergé. Nobleffe. Tiers-Etat, Clergé. Nobleffe. ( *§ 136. Amours SHemi IV, I, vj. Ancre ; ( Maréchal d') V. Conclni. La Maréchale; V. Galligayc, Anne d'Autriche époufe Louis XIII, II, 9. Voit avec complaifance Bouckingham , 174. Jaloufe du mariage de fon beau-frere , 181. Impliquée dans 1'affaire de Chalais, eft tancée en plein Confeil, 201. Jaloufe de M. de Hautefort, 239. Maltraitée après la journée des Dupes , 256. Soup^onnée de correfpondance illicite avec le Roi d'Efpagne Ton frere, 318. Affront qu'elle effuie','111, 12. Son mari au lit de la mort ne la croic Tome IV. N  29° T A E L E pas innocente, 117. Nommée Régente avec reftriftion, 118. Elle la fait öter, 123. Son gout pour Mazarin , 130. Agréments de fa Cour, 139. Se défait des Importants, 14J. Murmures contre elle, 157. Inquiétée par le Parlement, 171. Fait arrêter Brouffel, 189. Sa fermeté pendant les barricades, 192 , 198. Son imprudence, 203. Maltraité le Parlement, 209. Elle plie, 213, 216. Cherche a endormirle Coadjuteur, 218. Infultée par le peuple, quitte Paris avec toute la Cour, 333. Y reyient, 234. Le quitte encore, 247. Fait la paix, &y revient, 277, 305. Poulfée a bout par le Prince de Condé, 316. Infultée de 1'aveu du Prince par Jarfai, 333. Recherche le Coadjuteur, 334. Fait arrêter Condé , 336. Perd le foutien de Gafton , IV, 33. Ne peut le regagner, 39. .Ni tirer le Roi de Paris , 42. Réconciliée avec Condé , 54. Se rebrouille de nouveau, & regiem au Coadjuteur, 63. Entrevue avec lui, 65. Sa haine contre Condé , 75. Se prête a la galanterie du Coadjuteur, 93 , & le trompe pour tirer le Roi de Paris, 96. Fait revenir Mazarin , ibid. Arnauld. ( 1'Abbé ) I , xxvij. Arnolfini, député de 1'Archiduc, III, 181. Pa- roit au Parlement , 287, Artagnan , I, xxxij. Aubery , I , xv & xvj. Avoeats maltraités par les Courtifans, I, 12. Avrigny, (Je Pere d') Jéfuite, I, xiij. Auvergne , ( Charles de Valois , Comte d') & Duc d'Angoulême, fe He avec Biron, I, 56. Cabale a la Cour, 74. Eft arrèté, 95.'Obtient fa grace ,115. Recommence a cabaler , 143. Sa vie malheureufe en Auvergne , 152. Arrêté de nouveau, 155. Se défend bien, & eft renfermé, 156, 166. Eft délivré, II,  BES MATIERES. 291 26. Propofé par le P. Caiilïin pour remplacer Richelieu , III, 27. B. B aradas , Favori de Louis XIII. Sa courte fortune , II, 203. Barre au, fous Henri IV, I, 12. Barricades , III , 20 £. Baffompierrc, I, xxiv. Afpire au mariage de Charlotte de Montmorency. Le Roi le prie de s'en départir, 184, 185. Sa converfation avec le Maréchal d'Ancre , II, 139. Mis a la Baftille, 275. En fort après la mort de Richelieu , III, 116. Baftille ( Prife de la ) , III, 260. Son canon tire fur 1'armée du Roi , ibid. Béarn , ( Expédition de), II, 133. Beauaier , I, xxx. Beaufort (la Ducheffe de). V. Henriette d'En- tragues. Beaufort (Francois , fils de Céfar Vendóme , Duc de) , a toute la confiance de la Régente, III, 121. Se rend importun , 143. Lié avec les Importants, & arrèté , 147. Se joint aux Frondeurs , & eft appellé le Roi des Halles , 257. Echantillon de fon ftyle , & fon cara£lere , 299. Croit que Mazarin en veut a fa vie , IV, 31. Commande 1'armée de Condé avec le Duc de Nemours, 119. Leur méfintelligence, 125. Son duel avec le Duc de Nemours qu'il tue, 174. Eellievre (le Préfident de) réfifte au Roi en plein Confeil, III, 41. Bendvoglio , I, viij. Bernard , 1 , xiij. Bithunes (le Marquis de), Négociateur efti- mable , II, 106. • Biron, Ses belles qualités , & commencement N ij  292. T A B L E de fes intrigues ,1,39. Séduit par tafin 42. Son caraérere, 43. Se He avec les Ef. pagnols, 46. Se laiffe gagner par le Duc de Savoie, 57. Lui fait la guerre malgré lui, 62. Pardon de Lyon, 69. II cabale de nouveau , 74 , 79. Eft appellé a Ia Cour, 87. Réfifte aux bontés d'Henri IV, 94. Eft arrêté, 95. Son procés, 98. Eft entendu fur la fellette , 103. Sa mort, 110. Pleneau ( Combat de ) , IV , 130. Bonha. Plaifanterie de Concini a fon fujet \ Hi f#. Bordeaux. La Princeffe de Condé s'y réfugié , & la guerre s'y allume , III , 344. La paix fe fait, IV. 7. Scènes fan'glantes qui s'y paffent, 196. Pacifié , 19S. Bouillon (Henri de la Tour d'Auvergne, Duc de), mécontent d'Henri IV, 1, 56. Cabale a la Cour, 74. Se fauve.iif. Reparoit avec les mécontents, 151. Eft obligé de fiechir. Ses Etats lui font rendus , 174. A la tére d'un parti contre la Régente, 257 ,261. Arbitre de la paix de Sainte-Ménehould ,'266. Fait agir le Parlement, 270 , 275 , 28S. Aide" la Reine a fortir de Blois , II, 84. Engage Ie Comte de Soiffons a la guerre, III, 54 72. Fait la paix après la bataille de la'iMarfée , 60. Se ligue avec Cinq-Mars, 83 , 83. Eft arrêté, 91. Rachete fa vie par la pene" de la Principauté de Sedan, 104. Se rend a Paris pour fervir les Frondeurs, 256. Ses motifs, 266. S'attache a la Cour, IV, 94. Bouckingham , Favori du Roi d'Angleterre.'sort de France amoureux de Ia Reine , II, 175. II veut y revenir, 218. Attaque i'Ifle de Ré ! 222. Eft affaffiné , 225. Bouteville (le Comte de) décapité pour duel II, 220. Btèviaire du Coadjuteur, un poignard , III, 329.  DES MATIERES. 193 Brienne, { Le Comte de) ï, xl. Broujfel, Confeiller au Parlement, très-oppofé a la Cour, III , 177. Eft arrêté, 205. Mis en liberté, 214. Bury , I, v. Buffy , I , xlviij. C. C A N AY E ,1,7. Canillac. Plaifante raifon qui le rend Frondeur,' IV, 73- Canolles (le Baron de) pendu a Bordeaux, IV, 10. Cajlelnaudari ( Combat de ) , II , 203. Caeherine ( la Princeffe) , fceur d'Henri IV. Son mariage , I , 21. Caujfm , (Ie Pere ) Jéfuite , Confeffeur de Louis XIII, veut lutter contre Richelieu, & fuccombe , III, 23. Chalais. ( Talayran de Périgord , Comte de ) Intrigue contre le mariage de Monfieur, II, 1S0. Averti par Richelieu de fe mieux conduire, & amoureux de Madame de Chevreufe , 187. Arrêté a Nanres , 193. Griefs contre lui, 195. Eft décapité , 200. Chantilly, (Les plaifirs de) III, 343. Chanteloube , (le Pere ) Oratorien , ennemi de Richelieu , II, 275. Chapeau Rouge, nom de la faftion de Bordeaux , IV, 197. Charles , Duc ie Lorraine. V. Lorrainc. Chateauneuf ( Charles de 1'Aubepine , Marquis de ) offenfe Richelieu , & eft renfermé , II, 315. Revient, & appuie les Importants, III, 132. Eft difgracié , 148. Exilé, 218. Fait Garde-des-Sceaux , IV, 4. Se déclare contre le Coadjuteur, 18. Perd lesSceaux, 54. 57- Rappellé au Confeil, 85. Difgracié, meurt, 114, N iij  294 T A B L E Chéuau-Rmard. Ses fortifications détruites, II , CUtelet, ( Pierre Haye , Sieur du ) I, xxxv. " 'W d, que la Reine, 146. Eft exilée, ,48. Agente de la Fronde a Bruxelles , 2S0. Travaille a Ja dehvrance du Prince de Condé , IV 21 Mal recompenfée, 55. ' Chevreufe (Mademoifelle de) promife en manage au Prince de Conti, IV 21 Ce manage rompu , 55. Veut.fe venger , 50 ehrifline , (Madame) Ducheffe de Savoie tour- mentée par Richelieu , III , 22. ' Chronique des Favoris , I, xxiv. Cing-Mars, (Henri Coefier Ruzé d'Effiat, Marquis de ) donné au Roi pour Favori par Richelieu , Hl, 51. Sa conduite mal-adroite 72. Son ambition qui Ie brouille avec le Cardinal, 74. Confpire contre lui , 81. Gagne 00 a01'. 8J' Fait un traité avec 1'Efpagne. 88 Arrete,91. Condamné,96.Exécuté,100. Clerge fous Henri IV, I, I0. Coadjuteur. V. Rets. Codieile de Louis XIII, I, xxx;;j. Cotgneux ( le Préfident Le) amufé par Riche- ilCU , H j IQ I , Compagnie dis Indes, II, 357,  DES MATIERES. 195 Concini, (Conjuratiori de ) I, xxij. Concini, Maréchal d'Ancre. Comment il parvient , I , 137. Plaintes d'Henri IV contre lui, 138. U devient tout-puiffant, 231. H réfifte aux Princes , 247. Qui le recherchent 250. Vent marier fa fille au Comte de Soiffons, 257. Soulevement contre lui, & guerre , 261. Paix de Sainte-Ménehould , 265. Ses chagrins , & difgrace apparente , 11, 22. Redevient tout-puiffant, 33. Sa conveifation avec Baffompi«rre , 34- Sa fierte , 40 , 41. Choque le Roi, 4*- Eft ttlé > 43- Soa caractere , 50. , Condé ( Henri de Bourbon , Prince de ) epoute Mademoifelle de Montmorency, 1,185. i/emraene hors de France,.189, Réfifte au Roi, 198 , 202. Revient en France , 228 I'rerd les armes, 261. Fait la paix, 265. S'appuie du Parlement, 277- Déclaré criminel de lefeMajefté, 11,7. Obtient une paix avantageufe , 16. Paroit tout-puiffant, 21. Eft arrète, 25. Sort de prifon , 114- v^ut poulTer la Reine a bout, 128. Leve le fiege de Fontarabie , III, 38. Ménagé par Richelieu comme une reffource , 5.5. Nommé par Louis XIII Chef du Confeil de Régence, 118. Confent qu'ii foit caffé , 126. Mécontent de la Reine ; fe raccommode avec elle, 138. Condé (Charlotte-Marguerite de Montmorency , Princeffe de) époufe du précédent, eft aimée par Henri IV , I , 184. Intrigue pour 1'enlever de Bruxelles, 198. Aimee de la Régente; exilée par elle, III, 33 5- Sa mort , IV , 25. Condé, (Louis de Bourbon, le Grand) Duc d'Enguien, gagné par les Importants, III , 139. Les quitte , 141. Sollicité par le Coadjuteur^ de fe mettre a la tête des Frondeurs ; refufe , 228, A du défagrément dans le N iv  T A B L £ Parlement, & Te déclare pour Ia Cour 1?§ r T6 P^,S' 259- PrendSnarenton 'X" Ramene Mazarin a Paris, 306. Eft mécontent de M iK* Sa hauteur. Paüs-ZZs. Va Eacor Et Ie Ro me, apres avoir délivré les Princes, 47. Rentre en France, 96, Sa tête mife a prix, 107. Arnve a la Cour,1,3. Son adreffe dans les negocranons , 149. Soupconné d'avoir eu part au maffacre de 1'Hötel-de-VilJe ,. 16S Quitte encore le Royaume, 174. Trompe ha-' élement Fuenfaldagne, ,77. Revient triom, pnant, 193. Ma^arinades , I, Jij. Mf'rayi , (le Maréchal de Ia) Sa pétulan- ce , 111, 196 , 205. Mémoires de la Régence, xxj. Mémoires, du Duc d'Orléans , I , xxv. Mercure , I, ij. Miramc, piece de Théatre chere a Richelieu, Moli, (Matthieu) Premier-Préfident. Son caracTwe, III, l7s. Sonintrépidité, 2t2, 2". Chag"n de 1'injure faite a Sa Majefte, IV , 45. Fait Garde-des-Sceaux 5 5 57. Contien, le Prince & Gondi dans une feance tumultueufe , 77. Recouvre les Sceaux Sn; I07PerdUS' 8>' Calmedansla  DES M A T I E R E S. 309 Monod , (le Pere ) Jéfuite. Pourfuivi par Richelieu , III, 21. Echappe a fa vengeance , 29. Montargis, pris par Condé, IV, 130. Montbrun , I, xxxij. Montglat, I , xliij. Montmorency. (Henri , Duc & Maréchal de ) Le Roi lui recommande Richelieu, II 246. P rend le parti de la Reine-Mere & de Gafton, 296. Sa fituation embarraffante, 300. Battu & pris a Caftelnaudari, 303. Jugé & exécuté, 308. Montpenfier. ( Ie Duc de ) Sa converfation avec Henri IV , 1, 17. Montréfor, ( Claude de Bourdeille , Comte de) I, xxv. Se charge avec Saint - Ibal d'af- faffiner Richelieu , II, 365. De la cabale des Importants, III, 122. Moret. (le Comte de) S'il fut tué a Caftelnaudari. Anecdote finguliere , II, 304. Motteville ,( Madame de) I, p. xxix. N. 0 jv , I , 123 , II, 357. Nemours , ( Mémoires de la Ducheffe de ) I, Iv. Nemours, (Charles Amé-dée de Savoie, Duc de ) commande 1'armée de Condé avec le Duc de Beaufort, IV, 119. Leur méfintelligence, 125. Se bat avec le Duc de Beaufort, qui le tue, 174. Ne/mond (le Préfident de ) opine contre le gré de Richelieu , III, 40. Nobleffe confondue avec lafinance, I, 8. Notables , ( Affemblée des) II, 65 & 212. Novion (le Préfident de) réfifte a Richelieu: III, 41. O. Ond ld ei, Evêque, Son carattere, IV, 9,  310 T A B L E Ormijles, nom de faclion a Bordeaux , IV , 197. Ornano , ( le Maréchal d') Gouverneur de Gafton. Arrêté, II, 163. Relaché & fait Maréchal de France, 178. Refferré dans Ie Chateau dAmboife, 182. Y meurt, 202. P. Pairs, ( Convocation des) II, 275 , III 224. Palatine ( La). V. Anne ie Gonfague. Paille. Signe de reconnoiffance pour les Frondeurs , IV, 166. Paris. Les troubles y commencent , III, 172. Prend les armes, 196. Bloqué & affiégé, 258. Tout en armes, IV, S2. Mifere qui y regne, 145. Maffacre de 1'Hórel-de-Ville , 162. Confternation , 168. Menacé de pillage, 172. Parifiens (les) n'aiment pas a fe de'sheurer, III, 199. Leurs exploits guerriers , 260. Les Généraux ne veulent point, par égard, les mener a 1'ennemi, 270. Leur confternation après le maffacre de 1'Hötel-de-Ville , IV, 168. Députent au Roi, 184. Donnent una fête a Mazarin, 195. Parlement de Paris. Prend connoiffance des affaires d'Etat, II, 271. Convoque les Pairs, 275. Remontrances publiques, 281. Cedepour le b:en de la paix, 290. Réclame pour le toifé & le tarif, III, 162. Donne malgré la Cour 1'Arrêt d'union , 168. Affemblée de la Chambre de St. Louis , 170. Ce qu'on y traite , 172. Differents motifs des Membres, 173. Ses demandes , 180. Lit de Juftice , 183. Les affemblées recommencent, 185. Infulté par la pópulace dans les Bonitades, 211. Comment Retz en féduit plufieurs Membres, 22e. Convocation des Pairs,  ©es Matieres. 3ir 224. Seréconcilie avec la Cour, 233. Et fe rebrouille , 235. Dominé par les Frondeurs , 240. Rend Arrêt contre Mazarin , 249. Comment il eft conduit par le Coadjuteur , 273. Trompé par une fourberie, 278. Ses Députés travaillent a la paix malgré les Frondeurs , 287. La fon: a leur rifque , 290. S'affemble pour les Rentiers. Affaire de Joly , 319. Les. Confeillers vont armés au Palais, 329. ii s'intéreffe pour celui de Bordeaux, iv, 7. Et pour le Prince de Condé, 2 5,'29. Séduit par la Fronde, & violentépar le peuple, 35. Rend Arrêt contre Mazarin, 38, 40, 42. Séance tumultueufe , 7s. Met a prix la tête de Mazarin , 100, Ce qu'on penfe de cet Arrêt, 107. Ordonne a des Confeillers de courir fus aux Mazarins, 109. Sa conduite inconféquente, in. Eft infulté par le peuple, 137. Oppreffion du Parlement, 146. Forcé & affujetti par les factieux , 169. Transféréa Pontoife , 172. Réuni a Paris, iSg.Déclare Condé criminel de lefe-Majefté, 199. Parlement de Bordeaux infulté par le peuple ,111, 347. Transféré a Agen , & rappellé, iv , 197. Pafquier, i, vij. Pavé (le haut du ). Ce que c'eft , 1, 240. Petits-Maitres , iii, 312. Picoté, employé a féduire Biron, i , 49. Pinon, Doyen du Parlement , s'oppofe a une vexation de Richelieu , iii , 40. Plaifanterie d'un badin a Saumur, i, 243. Pont de Cé, ( efcarm&uche du ) ii , 11s. Pontis , i, xxxij. Poiicr, (Auguftin) Evêque de Bauvais, Confident de la Régente , iii, 123. Eft renvoyé , 14s. Puy-Laurent, ( Antoine de Laage, Sieur de ) recherché parle Cardinal, ii, 344. Court rif-  JU T A B L E que de la vie a Bruxelles, 346. Époufe la parente de Richelieu , 348. Eft arrêté , & meurt enprifon, 351. R. jR. a cv e n et , Marchand de fer, arrète le Parlement, III, ili. Ravaillac , I, 215. Ne paroit pas avoir eu de complices, 217. Ra^is découvre la trahifon de 1'Hofte, I, 135. Rc{ 1'Ifle de ) attaquée par les Anglois,II, 222. Recueil ie Pieces fur Henri IV, I, vj. Contre les Luynes , xxj. Pour la Reine - Mere , xxxvj. Régence , ( beaux jours de Ia ) III, 149, Rena^é , Secretaire de La Fin, j, 63. Arrêté en Savoie, 82. Se fauve & dépofe contre Biron, 10c. Rentiers. (Affaires des) III 315. Réponfe d'un Religieux a un Cardinal fur la pluralité des bénéfices , I, 244. Rets, (Jean-Francois-Paul de Gondi, Archevêque de Corinthe , Coadjuteur , puis Archevêque de Paris , & Cardinal de ) , I. xlvj. Commence a paroitre dans les affaires, III , 180. Son caradtere, 186. Eft baffoué au Palais-Royal , 192. Appaife la fédition , 197. En eft mal récompenfé, 198. Auteurs des Barricades, 202. Flatté baffement par Mazarin , 218. Forme un fyftême de révolte, 220. Veut inutilement féduire le Duc d'Orléans , 226. Gagne le Prince de Conti , 242, Rend Mazarin odieux, 247. Boutefeu de la guerre civile, 255. Obtient féance au Parlement, 272. Le trompe, 278. Veut empêcher la paix, 321. Veut gagner Condé a la Fronde ,314. Feintaffaffinat de Joly, 319. Accufé par Condé, 321, Se réconcilie avec la  DES M A T I E R E S. 313 Ja Cour, & conrribue a fa prifon , J29. Sa pofirion critique, IV , 12. Demande le Chapeau de Cardinal, 14. Joué par Mazarin, i8„ Travaille a délivrer les Princes, 21. Y engage le Parlement, & le fouleve contreMacarin, 30. Invective contre lui. II s'en tire adroitement, 35. Fait rendre Arrêt contre Mazarin, 38. Se vante d'une conduite peu édifiante , 56. Sa retraite politique, 60. II fe fortifie dans la Cathédrale, 62. Recherché par la Reine. 63. Son entrevue avec elle, 65. Brave Condé, 69. En plein Parlement , 7S. Court rifque de la vie , 79. Et d'être enlevé, 90. Galant auprès de la Reine , 92. Imagine un Ticn-Pani, 99. Eft fait Cardinal , 117. Se met en défenfe contre Condé, 171. Négocie & recoit le Chapeau, x8i. Ses mauvaifes intentions, 191. Eft arrêté , 193. Comme il finit, 202. Rhodc ( Madame de) négocie jufqu'a la mort, IV, 179. Richard , ( 1'Abbé ) l, xxxj. Riehtlieu ( Armand-Jean Dupleflïs , Cardinal de ) s'introduit a la Cour, II, 17. Difgracié , 61. Rappellé auprès de la Reine, 104. La réconcilie avec fon fils, m. Devient fon jprincipal confident, 117. Ufe de cet avantage pour s'élever, 120. Fait encore la paix de la Reine, 129. On lui promet le Chapeau de Cardinal, 131. On lui manque de parole, 135. Fait Cardinal; entre au Confeil, 154. Gagne 1'eftime & la confiance du Roi, 160. Devient le maitre dans le Confeil, 165. Safermeté, 169.Époufe les foupcons du Roi contreBouckingham , 172. Paffe pour galant, 176. Cabale contre lui,, & fes inquiétudes, 184, 185. Court'rifque de la vie a Limours, 185. Interroge lui-même Chalais, 187. Le Roi lui donne des gardes , Tome IV. O  3I<5 T A B L E Saint-Preui'. (Francois de Juffac d'Ambleviile Sieur de) Son hiftoire rragique. III, 65. Saint-Simon (Ie Duc de) rend un grand'fer- vice a Richelieu, II, 2j2. Qui eft jaloux de lui , & Ie fait éloigner. Ses généreux fentiments , III, 6. Savoie , ( Affaires de ) III. 21. Séguier ( Ie Chancelier ) rend un grand fervice a Anne d'Autriche, 111, 15. Son caraftere, 157. Court rifque de la vie, 204. Privé dei Sceaux, IV , 4. Siècle courant , I, xiv. Sin ( Vittorio ) , I , j. Sotolcs (les freres ) bravent le Duc d'Epernon, 1, 128. Soiffuns , ( LouU de Bourbon , Comte de) impliqué dans 1'affaire de Chalais , fort du Royaume, II, 201. De retour, fe brouille avec Richelieu, 360. Veut s'en défaire, 363. Se refugié a Sedan, 369. Obtienf des' conditions avantageufes , III, 3. Entre en France a la tête d'une armée , 50. Eft tué, 62. Sourdis, Archevêque de Bordeaux. Sa querelle avec le Duc d'Epernon, 11, 352. Sully. Ses Mémoires, I, ij. Mis a la tête des Finances, 4. Attaqué par Gabrielle , 28. Déchire la promeffe de mariage d'Henri IV, 37. Ses idéés fur les arts de luxe, 44. Ses bons confeils au Roi fur fa Maitreffe & les Favoris de fa femme, 140. Intrigue contre lui; bonté du Roi, 167. Bon confeil au Roi fur la fuite du Prince de Condé , 192. II quitte la Cour. Sa tendreffe pour Henri IV, & fes dernieres années, 242. Surate, berceau de la Compagnie des Indcs „ 11 . 357- Sureté, (Article de Ia) III, 230.  DES MATIERES. 317 i! ;,,jjup .èiwdil ns tiR «f| , SJiiiA .8