HISTOIRE D E Cl C ÉR ON, T 1 R É E DE SES ÉCRITS E T PES MONUMENS DE SON SIÈCLE: Avec les Preuves] & des Eclairciffemens : Traduite de 1'Anglois, par 1'Abbé Pkévost, TOME QUATRIÈME. A AMSTERDAM* Et Je trouve a Paris% KUE ET HOTEL SERPENT E, M. DCC, LX XXV,   HISTOIRE DE LA V I E D E C I C É R O N. L1VRE D1XIEME. On avoit attendu fort impatiemment 1 ouverture de la nouvelle année, pour s'aflurer de 1'intention des nouveaux confuls par leurs premières démarches. Ils avoient employé rout 1'été a. prendre les inftru&ions de Cicéron ; & n'ayant pu recevoir que d'excellentes lecpns d'un fi grand maïtre, on devoit efpérer naturellement que fuivant fes vues, ils tenteroienc d etablir la paix & la liberté de la ïépublique fur le fondement d'une amniftie. Cependant les obligations qu'ils ayoient a Céfar, Tornt IV-, A An. de R. 710. Cicer. £4, Coss. V I B1 u S P A N SA. A. HIRTIUS,  An. JcR. 7 [O. Cicer. «4. Coss. VlBIUS P A N S A. HIRTIÜS. (a) Ut oratio confiilum animum meum ere>:it} tpemque attulit non modo falutis confèrvandx , verum etiam dignitaris priftins recuperandx ! Phll. j 7t. V HlSTOïRB DB LA Vlfi & leur ancienne liaifon avec un parti auquel ils étoient redevables de leur fortune, leur laifloient des embarras & des fcrupules cjui eurent la force d'arrêter leur zèle, ou de leur faire prendre du moins une conduite plus modérée que les circonftances ne fembloient la demander. Avantque dè penfer aux armes, ils réfolurent d'employer les voies de la négociation. Dans ces fentimens, a peine furent-ils revêtus de leur dignité, qu'ils entrèrent en délibération au fénat, fur la fituation de la république; comme s'ils n'euiïènt penfé qu'a perfectionner les réfolutions de la dernière affembiée, SC qua chercher de nouvcaux moyens d'aflurer la tranquillité publique. Ils s'expliquèrent (a) tous deux avec beaucoup de noblefle & de fermeté. La liberté parut le feul motif qui les animoit; & s'ofFrant pour chefs de la caufe publique, ils exhortèrent 1'aiTemblée a. prendre des fentimens dignes d'une fi noble entreprife. Après leurs difcours , ils invitèrent Fufius Calenus a dire le premier fon opinion. II avoit été conful quatre ans auparavant, par la nomination de Céfar ; il étoit beau-père de Panfa; ces deux raifons fufflfoient pour autorifer le com-    b'E CicëKöN, Lip-.X. * pliment des confuls. D'ailleurs, le fentimenr de Cicéron écoit déja connu. On favoit qu'il étoic pour les plus courtes voies; & que ne voyant plus de reflource que dans le parti des armes, il vouloit qu'on commencat par déclarer Antoine 1'ennemi public. Mais eet avis n'étant pas goiïré des confuls , ils engageöient Calenus a parler le premier, paree qu'rl étoic intime ami d'Antoine 5 Sc que ne pouvant douter qu'il ne jprópofét quelaue parti modéré, ils efpéroient que ion ihfluence agiroit fur 1'aiïemblée, avant que Cicéron renouveliac des impreffions contraire?.,' L'opinion de Calenus fut donc « de fufpendre les hoftilicés, Sc » de faire une députation a Marc-Antoine, pour » 1'exhorter a fe défifter de fon entreprife fur h » Gaule, & a reconnoitre 1'autorité du fénat». Pifon Sc plufieurs autres fénateurs embrafsèrenc ce fentiment, fous prétexte qu'il étoic injufte Sc cruel de condamner quelqu un fans 1'avoir entendu. Mais Cicéron réfolut dé combattre leur propofition, &l'enfreprit aVec bcaucoup de chaleur. * II la traita non-feulement de vaine Sc d'infen33 fée> mais de téméraire Sc de pernicieufe. il ,dé~ » clara qu'on ne pouvoit traiter fans lionte avec « un citoyen qui avoit les armes a la main; que » c'étoit de lui qu'il falloit atrendre des propofl» tions de paix, Sc qu'il auroit droit alors de ^prétendre a la gloire de lequité Sc de la mon Ai) An. de Rj 7ro. Ciccr. S4,' Coss. VlBITJS P A N S A. a. hirtivs;  'An. de R. 710. Cicer. 54. Coss. VlBIUS P A N S A. 'A. HlRTIUS. {a) Philipp. V, 1, 1, 3. 4 HlSTOÏRE DE LA VlS « dération: que le fénat lui avoit déja donné lat » qualité d'ennemi public; & que lorfqu'il aflié33 geoit une des plus grandes villes de 1'Italie, une 33 colonie de Rome, dans laquelle il tenoit ren33 fermé Décimus Brutus, général de la république, 33 & conful défigné, on ne devoit pas rarder un 33 moment a lui confirmer ce titre par un décret 53 formel. II obfei va quels pouvoient être les motifs 53 de ceux qui fe déclaroient pour une autre opij> nion: c'étoient des liaifons d'amitié ou de paso renté, des raifons particulières d'intérêt ou de 33 reconnoiflance. L'amnur de la patrie nedevoit-il 33 pas 1'emporter? L'unique point fur lequel ils 33 avoient a délibérer, étoit de favoir s'il falloit 53 fouffrir qu'Antoine opprimat la république; qu'il sj fit a fon gré le choix de fes vi&imes j qu'il spillat la ville (a), &c qu'il réduisit les citoyens » a. 1'efclavage. Cicéron prouva par un long détail 33 de fes aótions & de fes difcours, qu'il n'avoit 33 pas d'autre vue. 11 avoit dit publiquement dans =3 le temple de Caftor, que fi 1'on en venoit =0 aux coups, il ne refteroit en vie que les vain33 queurs. Et dans un autre difcours, il avoit ofé 33 déclarer qu'en fortant du confulat, fon delTein 33 étoit d'entretenir une armée aux environs de 33 la ville, pour s'en ouvrir 1'entrée lorfqu'il le  be Cicéron; Lip. X. 5 » jugerok a propos. Dans une lettre, que Cicéron » même avoit lüe, il ofFroit a quelques-uns de « fes amis le choix des terres (a) qui écoient de 33 leur goüt, en les aiïiirant qu'ils les obtiendroient 33 bientöt. Parler d'envoyer des ambafladeurs a. un 33citoyen li dangereux, n'étoit-ce point trahir la 33 conllitution de la république, la majefté du 33peuple romain (b), & la difcipline de leurs 33 ancêtres} Dans quelque vue que ce parti put 33 être propofé, il n'en falloit efpérer aucun fruit. » Si c'étoit au repos qu'on vouloit exhorter An33 toine, on ne devoit s'attendre qu'a fon mépris. 3» Si 1'on prétendoit lui donner des ordres, il 33 n'étoit pas capable de s'y foumetcre. Et ce qui n ne pouvoit produire aucun bien, cauferoit in33 failiiblement beaucoup de mal: car la ienteur s> d'une négociation retarderoit les opérations dè 33 la guerre, refroidiroit 1'ardeur des troupes, &c 33 feroit perdre au peuple ce zèle qu'il faifoit écla33 ter pour la caufe de la liberté. II fit faire réflexion a i'afïembfée, 33 que les » plus grandes réfolutions dans les affaires p.u30 bliques, naiffent quelquefois des plus légers in33 cidens, fur-tout dans les guerres civiles qui fe 33 gouvernent ordinairement par des braks popu3> laires; que les ordres & les inftriiclions les plusr («) Ibid, 9. (b) Ibid. 8, ix. Aiij An. de R, _7I°. Cicer 64. Coss. VlBIUS ÏANSA. A. HirtiuS,  An. de R. 7"°. Cicer. 64. Coss. VlBIUS Pa ns a. A-HlRTIUS, (a) Ibid. 10. HistorsE t> è la v 1 e » fermes attireroient peu de confidération a leurS » ambalTadeurs, & que le nom mêrne d'ambaf35 fade entramoit des craintes & des défiances qui 33 n'étoient que trop propres a déconcerter leurs 33 amis. D'ailleurs, en vain preiTeroit- on An33 toine (a) de lever le fiége de Modène, & d'aban33 donner la Gaule. Ce n'étoit pointpar desprières 33 qu'on obtenoit une foumilljon fi prompte; il 39 falloit 1'arracher par les armes. Tandis que les 33 ambalTadeurs perdroient le tems dans leur >3 voyage, le peuple, incertain du fuccès de la 53 négociation, auroit peine a fe déclarer pour 33 aucun parti; & quelle diligence pouvoit-on 33 efpérer dans les levées, auifi long-tems que la 33 guerre paroitroit douteufe? Ainfi, loin de con33 fentir a la députation, fon avis étoit toujours J3 qu'il ne falloit pas perdre un moment pour 33 agir ; que routes les affaires civiles devoient 33 être fufpendues, la guerre annoncée par une 33 proclamation publique, les boutiques de la ville >3 fermées ; & qu'au lieu de la robe de leur ordre, !»tous les fénateurs devoient prendre le fagum '3 ou 1'habit militaire: qu'on devoit preffer la levée >3 des troupes a Rome Sedans toute 1'Italie, fans >» aucune exception pqur les congés ou pour les s privileges; que le feul bruit d'une conduite ü  6E Cicêkon; I/r. X y 33 vigoureufe ferviroit de frein a la témérité d'An» toine , &c feroit connoïtre a touc le monde qu'il 33 n'étoic pas queftion, comme il le publioic, * d'une concurrence d'intérêt ou d'ambition entre j 33 deux partis, mais d'une guerre réelle contre la 33 patrie : que le foin de la république devoit être 3> confiéaux confuls, dans les termes qui n'étoient 33 en ufage qu7a 1'extrêmité du danger ; qu'il falloit 33 offrir le pardon aux foldats d'Antoine qui retour33 neroient a leur devoir avant le premier jour de 33 février. Enfin il leur prédit que fi 1'on ne s'ar33 rêtoit point fur le champ a ces réfolutions, Ion >3 y feroit forcé tot ou tard (a), mais lorfqu'elles 33 feroient moins avantageufes, ou peut-être tout33 a-fait inutiles 3». Après avoir expliqué fon opinion a 1'égard d'Antoine, il paffa au fecond article de la dé\U bération , qui regardoit les honneurs déccrnés dans la dernière affemblée du fénat. 11 commenca par Decimus Brutus, en qualité de conful défigné; & ne fe,bomant point a répéter fes louanges, il propofa que 1'on fit en fa faveur un décret dans ces termes : « Le fénat, informé que Decimus 33 Brutus maintient actuellement la province de 33 Gaule dans la foumiffion, qu'avec 1'affiftance 33 des villes & des colonies de fon gouvernement il («) Ibid, 10, 1». A iv Kn. de R. 710. Ciccr. 64, Coss. V I B I U S I'ANSA, ..HJRTIÜS,  'Aa. ie R. 710. Ci'car. f4. Coss. Vlbius Pansa. A. HlRTIUi $ HlSTOIEE DE IA Vlfi 33 a formé cn peu de tems une armee confidérable» »& qu'il a fervi 1'état jufqua préfent avec autant 33 d'intégrité que de zèle, déclare que fon fentr. 33 ment, comme celui du peuple, eft que la répu»blique fe reflent très-utilement, dans une con33 joncture extrêmement difficile, de la vertu, de la 13 fageiTe & desfoinsde Decimus Brutus, empereur, 33 conful défioné, & du zèle incroyable de fa proJ3 vince a le fourenir dans toutes fes entreprifes 33. Cicéron propofa enfuite d'accorder quelqu'honneur extraordinaire a M. Lepidus, qui n'y avoit jufqu'alors aucune prétention par fes fervices, mais qui fe trouvant a la tête de la meilleure armee de 1'empire , étoit peut-être de tous les citoyens celui dont il y avoit le plus de mal & craindte, & It plus de fervice a efpérer. Tel fut le prétexte qu'il £t valoir pour lui procurer (a) quelque diftinction ; car foupconnant fa fidélité, & lai croyant mème des liaifons déja formées avec Antoine, il penfoit au fond a le rappeler au parti du fénas par quelques marqués de eonflance. Cependant, comme il auroit été trop dur de ne pas apporter d'autre raifon pour le décret du fénat, il nt remarquer, cc que Lepidus avoit toujours ufé de fon 33 pouvoir avec modérarion, & que fon zèle s'étoit 33 foutenu conitammenc pour la liberté ; qu'il ea " - " 1 11 "'^ " 1 " .lui- .1  D E C I C ï R 'O N , L 1 V. X. $ i> avoit donné une preuve fignalée lorfqu'Antoine » avoit offert le diadême a Céfar •, qu'en détour53 nant la tête, il avoit témoigné publiquement 33 fon averfion pour 1'efclavage; & que s'il avoit 55 cédé aux conjonétures, c 'étoit moin.s par choix 55 que par néceffité; que depuis la mort de Céfar 33 il avoit obfervé la même conduite; enfin que 33 la guerre s'érant rallumée en Efpagne, il avoit 53 préféré les voies de la prudence & de 1'huma33 nité a celle des armes & de la violence , & qu'il 33 avoit confenti au rétabliffement de Pompée 33. La-deiTus Cicéron propofa un décret dans ces termes : « Comme la république a tiré fouvent 33 beaucoup d'avantage de 1'adminiftration de M. 33 Lepidus, grand pontife, & que le peuple ro35 main 1'a toujours trouvé contraire au gouver35 nement royal; comme il a fu éteindre par fes 33 foins, par fa vertu , fa prudence & fa douceur, 33 une guerre des plus redoutables, & déterminer » Sextus Pompée, fils de Cna;us, a reconnoitre 331'autorité du fénat, a quitter les armes 8c a re33 prendre dans la ville la qualité de citoyen; le 33 fénat 8c le peuple, touchés des fervices fignaiés 33de M. Lepidus, empereur & grand pontife, 33 placent dans fa vertu , dans fon autorité & 33 dans fon bonheur, les plus grandes efpérances 33 de paix, de concorde & de liberté; & dans le «mouvement d'une vive reconnoilTance, ils or- An. JeR. 710. Cicer. £4. Coss. . vibius Pa n s a. A.Hirtius;  I An. de R. » 710. Cicer. 64. >' Coss. VIBIUS 33 P A N S A. A. HlRIIUS. cl d t l 1 ( 1 ! (a) Ibid. 15, 3 HlSTOIRBDELïVlE donnent par un décret qu'on lui élevera une ftatue équeftre dorée, prés de la tribune (a), ou dans tout autre endroit du forum qu'il voudra choifir 33. Cicéron paffant enfuite au jeune Céfar, ajoute e nouveaux éloges a ceux qu'il lui avoit déja onnés, & propofe de lui accorder par un décret 5 commandement des troupes qu'il avoit raflemilées, fans quoi il ne pouvoit rendre a la répuilique tous les fervices dont fon zèle & fa vertu s rendoient capable. II demande pour lui le rang !c les privileges d'un propréteur, non-feulemenc )0ur 1'augmentation de fa dignité, mais encore >our le mettre en état de fervir utilement le pu?lic. Enfin il tracé en fa faveur la forme d'un dé-ret: «Etant certain que C. Céfar, fils de Caius, .3 pontife , propréteur, s'eft efforcé heureufement, ,3 dans un tems fort difficile, d'engager les vétérans .3 a la défenfe de la liberté, & que fous fon autorité » & fa conduite, la légion martiale & la quatrième 33 légion ont déja défendu & défendent encore 33 les droits du peuple romain } n'étant pas moins 3, certain que C. Céfar s'eft avancé l la tête de 33 fon armee pour fecourir la province de Gaule ; 5a qu'il a raffemblé un corps de cavalerie & d'ar33 chers, avec un grand nombre d'éléphans, fous  de Cicéron, Lip. X. iï s> fon obéiflance & fous celle du peuple, & qu'il « a foutenu également la füreté & la dignité de "lerat; le fénar & le peuple romain, engagés 33 par toures ces confidérations, ordonnenc que 33 C. Céfar, fils de Caius, pontife, propréteur, 33 fera compté déformais parmi les fénateurs , 33 qu'il donnera fon fuffrage dans le rang des pre33 teurs, & qu'en follicitant a lavenir tuiice autre 33 magiftrature, fes follicirarions auront le même 33 effet qu'elles auroient fuivant les loix, s'il avcit 33polTédé (a) 1'année d'auparavant 1'ofKce de 33 quefleur 33. . ( Si quelqu'un trouvoit de 1'excès dans ces honneurs , fur-tout a 1'égard d'un' citoyen aufii jeune que Céfar, &c ü 1'on appiéhendoit qu'il ne füt capable d'en abufer, Cicéron répond que la raifon & la juftice orrt moins de part que 1'envie a cette crainte, puifqu'il feroit contraire a la nature, que celui qui a fenti une fbis le gout de la véritable gloire,1 & qui fe voit généralement airné du fénat & du peuple, püt jamais mettre d'autres intéréts en balance avec des avantages fi précieux. II regrette que a Jules-Céfar n'eut pas pris les mêmes 33 inclinations dans fa jeunefle, & qu'il ne fe füt 33 pas propofé pour unique but Leftfcne du fénat 33 & de tous les honnêtes gens. En formant d'autres An. i» R, _ 710. Cicer. 64» Coss. VlBIUS PSNSA. a.HlRULS»  An. de R. _ 710. Cicer. 64. Coss. Viïius P a n s a. A.Hirtius. (a) Ibid. 18. ï 2 HlSf OIRÉ DE IA VlE » vues, Jules avoit employé mal-a-propos la force » de fon génie a gagner la faveur populaire; 8c » négligeant les fources de la véritable grandeur, »il s'étoit acquis un pouvoir qu'une nation libre >3 & vertueufe n'étoit pas capable de fupporter. ó On ne devoit pas appréhender les mêmes excès o de fon héritier. Après les témoignages de cette » admirable prudence qu'il avoit déja fait éclater, >j on ne pouvoit fe défier raifonnablement de la « vertu dans un age plus avancé. On ne devoit n pas craindre qu'il devïnt jamais alTez infenfé >3 pour fe laiiïêr éblouir par 1'éclat d'une odieufe >3 grandeur, & pour trouverplus de charmes dans » le titre & 1'auroriré de roi, fituation fi glifiante » & fi dangereufe, que dans la douce & folide >:> farisfaction qui eft le fruit de la gloire & de la » vertu. Si 1'on fe défioit de fa haine contre plu» fieurs citoyens a qui la patrie devoit de l'eltime » & de la confidération , ces défiances devoient » s'évanouir, depuis qu'il avoit facrifié fes relTen" » timens a la république , & qu'il avoit fait dé33 pendre route fa conduite & tous fes deiTeins, 30 du gouvernement. Cicéron ne fit pas diffkulté 33 de fe rendre le garant de fes intentions. II con33noifioit, dit-il, jufqu'aux plus intimes fenti33 mens de fon cceur. II répondoit, il engageoit 33 fa parole, qu'il ne cefferoit jamais detre (a>  de Cicéron, Li v. X rj >> ce qu'il étoit adtuellement c'eft-a-dire, tel 33 qu'on devoit fouhaiter qu'il fut toujours ». Cet éloge fut fuivi de celui de L. Egnatuleius, dont 1'habile orateur releva beaucoup le courage & la fidélité. Pour prix d'avoir fait paffer la quatrième légion dans le camp de Céfar, il propofa de lui accorder par un décret la permiffion de folliciter Sc d'obtenir les magiftratures (a) trois ans avant le tems marqué par les loix. Enfin , jugeant que les vétérans , qui avoient fuivi Céfar, Sc fur-tout la légion martiale Sc la quatriéme légion , ne devoient pas être fans récompenfe, il propofa de leur accorder une exemption de fervice pour eux & pour leurs enfans, excepté dans le cas de guerre civile & de féditions domeftiques. II voulut auffi que les confuls Vibius Panfa Sc A. Hirtius, ou 1'un des deux, fuflent chargés de leur affigner des terres, foit dans la Campanie, foit dans tout autre lieu ; & qu'après la guerre préfente, étant déchargés fidélement du fervice militaire, ils recufTent avec la même fidélité les fommes que Céfar leur avoit fait efpérer lorfqu'üs s'étoient déclarés pour lui. Telle fut la fubftance de fon difcours. Le fénat confentit fans exception k 1'article qui regardoic les honneurs; & quoique ceux qui étoient pro- (a) Ibid. i$, An. de r. 7'°. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a.  Xn.de R. 710. Cicer. 04. Cuss. Vibius Fa n s Ai A. Humus. ' ( a ) Statuam Philippus decrevït, celeritatem petitionis primo Ssrvius, poft majorem etiam Serviiius. Nihil turn nimium videbatur. Ep. ad Brut. 15. (b) Has in fententias meas fi cor.fules difceffionem facere voluHTent, omnibus iflis latronibus aufioritate ipfa iénatus )ampri e Cicéron, L i v. Jf. i j core prolongé jufqu'au foir, & repris le troifième jour. Le fénat fe tint fï conflamment a 1'avis de Cicéron, qu'on en auroit enfin palTé le décret, fi le tribun Salvius ne s'y étoit oppofé. Mais cette fermeté des amis d'Antoine fit prévaloir a la fin le parti de la députation. On nomma fur le champ pour députés, ou pour ambaffadeurs, trois fénateurs confulaires, S. Sulpicius, L. Pifon & L. Philippus, dont la commiffion re$ut néanmoins des bornes fort étroites; Sc ce fut Cicéron qui les régla lui-même. Ils ne furent revêtus d'aucun pouvoir pour traiter avec Antoine. On les chaigea feulement de lui porter au nom du fénat (a) 1'ordre abfolu de lever le fiége de Modène, Sc de faire ceiïer les hoftilités dans la Gaule. Le refte de leurs initrudtions regardoit Decimus Brutus, a qui ils devoient témoigner dans Modène « que »la reconnoilTance du peuple romain pour fes » fervices Sc pour ceux de fon armée, éclateroit » bientöt par des marqués fort honorables ». Une fi longue délibération piqua fi vivement Ia curiofité des citoyens, qu'ils s'affemblèrent au (a) Quanquam non efl illa legatio, fed denunciaiio belli, nifi paruerit. Mittuntur enim qui nuncient ne oppugnet contulem defignatum, ne Mutinam obfideat, ne provïnciam depopuletur. Phil. 6, 4. Dantur mandata legatis, ut D. Brutum, militefque ejus adeant, Sec, Ibid. 6, An. de R. _ 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P A N S A. K. Humus,  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Ïaksa. A. Hirtius. ( a) Quid ego de univerlo populo romano dicam ï quï pleno ac referto foro bis me una mente atque voce in conr cionem vocavit. PhiL 7, iz, roij. 16" HlSTOiRE DE LA V I E forum pour en attendre le fuccès; & faifant ré-5 tentir comme de concert le nom de Cicéron, ils 1'appelèrent (a) par des cris réitérés, pour leur rendre compte de ce qui s'étoit paiTé au fénat. II monta fur la tribune, conduit par le tribun Appulcius, & fa préfence d'efprit lui épargnant 1'embarras des préparations, il apprit a ralTemblée qu'après de longs débars, tous les fénateurs, a la réferve d'un fort petit nombre, avoient pris enfin; finon le parti le plus ferme & le plus glorieux, celui du moins qui convenoit dans une jufte mefure aux befoins de la république, & qui mettoit 1'honneur du fénat a couvert; que la députation dont on avoit porté le décret, étoit moins une amballade qu'une déclaration de guerre, fi MarcAntoine refufoit d'obéir; que cette démarche n'étoit pas fans fermeté, & qu'il auroit fouhaité feulement qu'elle eüt été moins lente... qu'infailliblement Antoine rejetteroit la propofition de fe foumettre,& qu'il ne falloit pas s'attendre qu'un homme qui n'avoit jamais eu de pouvoir fur lui- même, reconnüt celui du fénat & du peuple Qu'il ne balancoit donc point a déclarer, comme il avoit fait au fénat, que 1'ambaiTade ne produi-  *Wt aucun fruit, qu'Antoine continueroit'fes *a rerer avec Brüru<: r> ^ . Utus «Croyez-moi, reprit-il i «t^.;? ^*,*fc* » vent beaucoup mieux «~,ni ' %! pOU" • i». co„tinI 7 «d.VKnno -i i_ ' ^ apprenant mes prét parti de fe foumettre. Jc fuis fflk - * vo„s p,o„ver fa rao  An. ie R. ; 710. Cicer. «4. Coss. Vibius P ANS A. A.H1RI1US. rï HlSTÖIRÉ BE tX Vil adevez infailliblement vous y attendre (a), „A'Antoine refufe le parti de la foumiffion, . qui d'entre vous oublieroit ce qu'il fe doit a a foi-même, pour lui accorder le titre de citoyen? i Donnons aux ambafiadeurs le tems néceiTaire „pour leur voyage, que votre patience fe fou„tienne pendant quelques jours-, s'ils nous rap„ portent la paix, je conftns qu'on me croye , 1'efclave de mes préjugés; mais fi c'eft la guerre » qu'ils nous annoncent, vous conviendrez quon P peut fe fier (*) quelquefois a mes lumieres ». II les affute enfuite de fa vigilance continuelle pour la füreté publique, & louant le zèle qu'ils faifoient éclater dans une affemblée plus nombreufe ou'il nen avoit jamais vu, il conclut fon difcours par cette vive exhortation : « Chers concitoyensï , le tems de la liberté eft venu. II eft venu plus » tard qu'il ne convenoit au peuple romain. Mais „ ie le vois dans une maturité qui ne permet plus „ de retardement. Jufqu'aujourd'hui toutes nos „foufFrances pouvoient être attribuées a quelque » puiffance fatale , contre laquelle nous n avions Juère d'autre remède que la patience. Mais fi „nous retombions dans les mêmes difgraces, .1 „ne faudroit en accufer que nous-mêmes. Les 9, dieux ont deftiné le peuple romain a donner la  *>loi au refte du monde. Commenr feroir-il pof"fible qu'il tombat dans 1'efclavage? Cependant "nous fommes a 1'extrêmité du danger. II eft » queftion pout nous de la liberté. Votre devoir -eft de vaincre, fee qui fera le fruit infaillible »de votre zèle & de votre union))0u de touC «fouffr.rpourémer d'Être efclaves. Que d'autres -nations pulffeüt fe faire i la fervitude ; le par»' tage du peuple romain eft d'être libre » , Les ambafTadeurs fe difposèrent immédiarêmenc a parur pour leur commiffion, & fortirenr de Kome des le jour fuivant, quoique la fanté de Servius Sulpicius fut dans un état fort dangereux Toute la ville s'occupa de fpéculations & de conjeclures fur le fuccès de ce voyage. Mais Antoine en tira un avanrage certain: il gagna du tems pour prelTer le fiége de Modène, & pour prendre toutes les nouvelles mefures dont chaque événement lui offroit 1'occafion. Ses amis en concurenc meme 1'efpérance d'engager le fénat dans une négoc.at.on qui donneroit Ie tems a tous les chefs de la faclion de Jules-Céfar, de s'unir contre les lepubhcains. Les difcours de Cicéron, & i'impatience qu'il marquoit de voirextirper tous les reftes de la tyrannie, fembloient propres a leur infpirer certe réfolurion. Ils sattachèrent d'abord a prévenir les relTentimens que le refus d'Antoine poutoit exciter. Ils préparèrent des réponfes fpécieufes Bij An. de Rj 710. Cicer. 64, Coss. Vibius P a n s a. A. HiRTiysy  An. deR. i 710. Cicer. 64. Coss. VlE-IUS ÏAHSA. ( a) ie literas dbï mittat de fpe fua fecundarum return» Eas tu tous proferas ? Defcribendas etiam des rmprobis civibus? Eorura augeas animos? Bonorum fpeni jpirtutemcrue debilites ï Phil. 7, ï> ,0 HisföïSE BB" VI jüi paroilToient capables de faire efpérer un ac^ rommodement, &armées n'attendoient que 1'ordre des généraua 33 pour entrer en campagne ; qu'ils publioient de 33 feintes réponfes d'Antoine auxquelles ils don33 noient de grands éloges, comme fi 1'on eüs 33 envoyé des ambafTadeurs pour recevoir des con33 ditions plutot que pour en donner 33. Ayant enfuite expofé le danger de la fïtuatiön publique, Sc fait tomber quelques railleries amères fur Carienus, il ajouta « que lui qui avoit été toute fa 33 vie Ie confeiller & le miniftre de la paix ci33Vile, qui devoit a la paix tout ce qu'il étoit & »3 tout ce qu'il poffédoit, jufqua fes lumières 8c 33 fes talens; lui enfin qui ne refpiroit que la paix, 33 fe déclaroit (a) néanmoins contre toute fort» 33 de paix avec Antoine 33. S'appercevant qu'il étoit écouté avec beaucoup d attention, il continua de prouver dans le refte. (a) Phü. 7. B iij An. ie R, _ 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. A. Hirtius  'An. de R. 710. CicHi. «4 Coss. Vibius P a n s a. A, Humus 11 Histoire de £i Vis de fon difcours, qu'une paix telle que certaineS gens Ia faifoienr efpérer, éroit déshonoranre, dangereufe, & ne pouvoit être d'aucune duiée. II en prit droit d'exhorter le fénat a rcdoubler fa vigilance , & a s'armer avec tant de foin qu'il ne püt être furpris par des réponfes captieufes, ni par de faulTes appatences d'équité. Antoine devoit commencer par faire ce qui lui étoit prefent, avant que de fe hafarder a marquer des prétentions. S'il y manquoit, ce n'étoit pas le fénat qui annon^oit la guerre, c'étoit Antoine qui la déclaroit au peuple romain. «Pour vous, fénateurs, w je vous averris que le point qui eft maintenant wen queftion concerne la liberté du peuple de 33 Rome, & vous n'ignorez pas que c'eft a vos *> foins qu'elle eft confiée. Je vous avertis qu'il S3 concerne la vie & la fortune de tous les hon„nêtes gens, qu'il concerne votre autorité, qui 33 eft perdue pour jamais fi vous perdez cette oc33 cafion de la rétablir. Je vous avertis auffi, Panfa, 33 car s'il eft vrai qu'avec un fi admirable jugement 33 v-ms n'avez pas befoin de mes avis, vous favez „ néanmoins que dans une tempête les meilleurs 33 pilores recoivent quelquefois les avis des paiTa33 gers-, ne foulTrez point que cette (a) provifion (a) An cum municipiis pax erït quorum tanta fludja cognofcuntur in decretis faciendis, militibus dandss, pecu-  de Cicéron, Liv. X. i$ * darmes & de troupes que vous ramaflèz fi foi- i 33 gneufement, devienne inutile, II fe préfenre pour « 33 vous une occafion qui ne s'eft jamais offerre a ' 33perionne. La fermeté du fénat, le zèle de 1'ordre A 33 équeftre & 1'ardeur du peuple vous mettent en 33 état de délivrer pour jamais la république de33 routes forres de craintes & de dangers 33. Les confuls ne laifïbient pas d'employer tou» leurs foins pour empêcher que l'ambafiade ne rallentit les préparatifs militaires. Ils convinrent entr'eux que 1'un marcheroit promptement vers la Gaule (a) avec les troupes qui étoient déja difpofées, &c que 1'autre refteroit a Rome pour prefTer les levées qui fe continuoient avec autant de fuccès a la campagne que dans la ville. Toutes les villes capitales de 1'Italie fembloient fe difputer 1'honneur de fournir le plus grand nombre de foldats & les plus grofïès contributions dargent. Elles avoient jeté par leurs décrets une tache d'infamie fur ceux qui refufoient de s'engager au fervice public. Ce fut le conful Hirtius qui partit a la tête d'une fort belle armée, quoiqu'il fut a-. peine rétabli d'une maladie dangereufe. II avoit avec lui la légion martiale & la quatriéme , qui niis pollicendis> hare jam tota Italia fiunt. Phil. 7, 13. (a) Conful fortitu ad bellum profedus A. Hirtius> Phil. 14, 4. B it in. ds R. 710. -icer. S4, Coss. /1EIUS > A N S A. .Hjrtius  An. de R. 7IO. Cicer. 64. Coss. Vibius Pan sa. A. Humus. 14 HlSTÖfÜE' DE ES V r t paüoient pour 1 elite des troupes romaines, 8i qui avoient fouhaité de marcher fous la conduite de 1'un des deux confuls. Hirtius fe flatta qu'en fe joignant avec Odave, il feroit capable d'arrêter tous les delTeins d'Antoine, & d'interrompre les avantages qu'il remportoit de jour en jour fur Decimus Brutus, en attendant que Panfa parut avec le refte des forces de la république, & le mit en état de livrer une bataille dont il fe promettoit déja le fuccès. II fe contenta, dans cette efpérance , de chaiTer Antoine de quelques poftes, de le refferrer dans fes quartiers, & de lui couper les fourages. Toutes ces entreprifes lui réuffirent affez heureufement , comme il prit foin de le marquer a fon collegue, qui communiqua fes lettres au fénat. «Je me fuis (a) rendu maïtre, 33 lui écrivit-il, du pofte de Claterna, & j'en at 33 chaffé Ia garnifon d'Antoine. Sa cavalerie a pris 33 la fuite avec quelque perte 33. Dans fes lettres a Cicéron, il 1'aiTuroit qu'il n'entreprendroic rien qu'avec les plus grandes précautions; & c'étoit fans doute pour répondre aux inftances que Cicéron lui faiibit fans cefTe de ne pas s'expofer légèrement jufqu'a 1'arrivée de Panfa (3). () avoit été jufqu a faire battre furieufement la ville en leur préfence. II n'avoit pas lailTé de leur propofer quelques conditions qui venoient de luimême j Sc quoiqu'elles fulTent contraires a leurs inftru&iQns, ils avoient eu Ia foiblelTe de les re- (a) Cum Serv. Sulpicius Etate illos anteiret, fapientia omnes , fubito ereptus è caufa, totam legationem orbam & debilitatam reliquit. Phil. 9, 1. (£) Ante confulis oculofque legatorum, tormemis Mu- tinam verberavit ne punctum quidem temporis, cum legati adeiïènt, oppugnatio refpiravit.... cum £111 contenti & rejceti revertifTent, dixiflèntque fenaruinon modo illum è Gallia non difcefliiïe, uti cenfuiiTemus, fed ne a Mutina quidem receffiffè; poteflate.n fibi d. Bruti conveniendi non fuuTe, &c, Phil. 8, zo, n. An. de R. 71Q. Cicer. £4.. Coss. jV I B I U S PiNSA. \.H1RÏ'1US.  An. is R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. 'A. Hirtius. %é HlSTÖlKE DE LA VlE cevoir, comme ils eurent 1'imprudence de les répéter dans 1'aiTemblée du fénat. Elles fe réduifoient a demander que le fénat promït d'afïigner des terres & des récompenfes a fes troupes, & de confirmer les dons que lui & Dolabella fon collégue avoient faits pendant leur confular, que tous les décrets qu'il avoit portés d'après les regiftres & les papiers de Céfar, ne reculTent aucune alrération; qu'on ne lui demandat aucun compte de 1'argent qu'il avoit pris dans le temple d'Ops; qu'on ne fit aucune recherche fur la conduite des fept commifTaires qu'il avoit nommés pour diftribuer des terres aux vétérans; enfin, que routes fes loix judiciaires ne fufTent point rappelées a. 1'examen. A ces conditions, il offroit d'abandonner la Gaule Cifalpine, pourvu qu'en échange on lui accordat pour cinq ans la grande Gaule , avec une armée de fïx légions, qui feroit formée des troupes de Decimus Brutus. Ce récit excita 1'indignation de toute la ville, & donna beaucoup d'avantage a Cicéron pouE ramener tous les fénateurs a fon fentiment. Cependant le parti de Calenus fut encore affez fort pour lui caufer de 1'embarras, & pour 1'emporter même dans quelques points. Au lieu de traiter 1'entreprife d'Antoine de guerre & de révolte, Calenus obtint qu'elle ne portat dans le décret que le nom de tumulte. 11 obtint encore qu'au lieu d'ennems  r> e Cicéron, L x r. X. 27 puhlïc, on employat le terme è'adverjaire (a). Cicéron ayanr p-opofé de défendre a routes lorres de perfonnes d'aller joindre Antoine, Calenus & fes partilans firent excepter Varius Cotyla, un de fes lieurenans, qui étoit a&uellement au fénat poui obferver tout ce qui s'y paffoit. Panfa lui-même concourur a toutes ces réfolurions par fon fuffrage; & Lucius Céfar, quelque zèle qu'il eüt toujours fait éclarer pour la liberté, fe crut obligé aufïï par la décence, en qualité d'oncle d'Antoine (b), a fe déclarer pour le fentiment le plus modéré. Mais Cicéron fit prévaloir a fon tour des réfolutions beaucoup plus importantes. Les partifans d'Antoine cherchant toujours a faire trainer les affaires en iongueur, avoient propofé une feconde ambafïade. Cette propofirion fur rejetée fur les vives remontrances de Cicéron : ii inliita avec la même chaleur fur le changement d'habit (c); & fes inftances ayant prévalu, il arriva ainfi qu'en différant la guerre en apparence, ils acceprèrent (a) Ego princeps fagorum : ego lemper hoflem appellavi, cum alü adveriarium : femper hoe bellum , cum alii tumultum , &c. Phil. 11, 17. {b ) Phil. 8, 1 , 10. ( c ) Equidem P. C. quanquam hoe honore ulï togati folent efle, cum efl in fagis civitas; flatui tamen a vobis cocteri!que civibus in tanta atrocitate temporis,.. i?on difFerre veflitu. Phil. 8,31, An. de r, 7.0. Cice:. 64. Coss. Vibius P a n s a. ^.HIRTIUS),  An. de R. 710. Cicer. 64. Co ss. Vibius ïaksa. A,Hirtius, 28 H I S T Ö I R E D '£ L A V I E la chofe dont ils rejetoient le nom. Dans les occafions de cette nature, les confulaires étoient exemptés de changer de robe en faveur de leur dignité. Mais pour rendre les malheurs de 1'état plus fenfibles, Cicéron réfolut de renoncer a ce ■ privilége, 8c de prendre le fagum avec le refte de la ville (a). II rend compte a Cafïïus de la fituation des affaires publiques dans ces triftes circonftances. «Nous avons, dit-il, d'excellens confuls, » mais de miférables confulaires. Notre fénat eft » admirable, mais nos plus braves fénateurs font » ceux qui font le moins diftingués par leur dignité. » Le peuple 8c toute 1'Italie penfent bien, 8c 1'on 33 peut compter fur leur fermeté , mais il n'y a rien » de fi déteftable que nos ambaffadeurs Philippe y> 8c Pifon, qui ayant été chargés de porter a An» toine les ordres du fénat, ont mieux aimé re33 cevoir fes ordres & rapporter fes demandes, cjue 33 d'exécuter leur commiffion. Auffi tout le monde (a) Egregios confules haberr.us, fed fjrpiffirr.os coniïilares : lenatum fortem , led infimo quernque honore fortifïïmum. Populo vero nihil fortius, nihil melius , Italiaque univerfa. Nihil autem foedius Philippo & Pifone legatis, nihil flagiticfius ; qui cum effent miffi ut Antonio ex S. C. certas res nunciarent, cum ille earum rerum nulli paruiffet, ultro ab illo ad nos intolerabilia poftulata retulerant. Itaquead nos concurritur, factique jam in re falutari populares fumus, Ep. fam. 11,4.  t>E Cicéron, Liv. X. **> a-t-il recours a moi, Sc graces au ciel, je fuis 33 devenu populaire dans une bonne caufe », &c. Le fénat continua de s'afTembler le jour fuivant, pour donner la dernièTe forme a routes fes réfolutions. Cicéron prit 1'occafion de quelque nouveau débat pour fe plaindre d'un excès de modération: «II fit voir qu'il y avoit eu de 1'abfurdité dans =3 le fcrupule qui avoit fait rejeter le terme de =» guerre civile; que celui de tumulte, qu'ils avoient » préféré, n'en étoit guère différent, ou que s'il 331'étoit effeótivement, c'écoit paree qu'il faifoit 33 fuppofer beaucoup de trouble & de défordre. 33II prouva par toutes les démarches d'Antoine, 33 & par toute la conduite du fénat, du peuple &£ v des villes d'Italie, qu'on étoit réellement dans 33 un état de guerre civile. C'étoit la cinquiéme 33 que fa mémoire lui rappeloit depuis 1'origine 3» de la république; mais il n'y sn avoit jamais 33 eu de fi terrible &C de fi défefpérée; car il ne 33 s'agifïbit pas d'une concurrence de partis pour 33 la fupériorité dans 1'état, mais d'un deffein formé 33 de jeter la patrie dans 1'efclavage.... II continua 33 de reprocher a Calenus fon attachement obftiné 33 pour Antoine, Sc de combattre les raifons dont 33 il prétendoit s'autorifer. En vain fe retranchoit-ii 33 fur 1'amour de la paix & fur fon inquiétude pour 33 la füreté des citoyens, La haine de 1'efclavage An. de R. 710. Cicer. «4, Coss. Vibius P A N S A. \. Hirtius,  Aa. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a ns a. A. Hirtius. JO HlSTórRE DE E£ Vi£ « étoit toujours une jufte raifon de prendre Ie3 » armes, ou plutöt toutes les autres raifons pou33 voient être juftes, mais celle-ci étoit néceffaire: 33 a moins que Calenus ne s'y crüt moins intéreflé 33 que le rede des citoyens, paree qu'il fe flatroit » peut-être de partager 1'autorité avec Antoine: » mais s'il agifToit dans cette vue , il fe trompoic 30 doublement ; en premier lieu , lorfqu'il préas féroit fon intérct propre au bien public ; fe33 condement, lorfqu'il fe perfuadoit qu'il y avoit 33-quelque bien folide a efpérer de la tyrannie.... 33 Qu'il étoit louable de ménager la vie des cisstoyens, fi c'étoit aux honnêtes gens, aux ama33 teurs de la patrie & de la vertu qu'on cher33 choit a rendre ce fervice; mais fi Calenus ne ssvouloit fauver que ceux qui étant citoyens pat 33 le bienfait de la nature, é'oient devenus par 33 choix les ennemis de Rome & de la république, 33 quelle différence efpéroit-il qu'on put mettre 33 entre lui-même & des citoyens fi indignes de 33 ce titre ? Que leurs ancêtres en avoient eu des »notions fort oppofées; que lorfque Tiberius 33 GracchuSjCaiusGracchus & Saturninus avoient 33 été tués, le premier par la main de Scipion Nafi33 ca , 1'autre par celle d'Oppimius, & le troifième 3» par celle de Marius , leurs meurrriers avoienr eu 33 pour approbateurs les honnêtes gens de tous les »3 ordres..,. Que la différence entre 1'opinion de  s» Calenus & la lïenne ne confiftoit pas dans un » point de peu d'importance, ni a fouhaiter llm» plement du bien ou du mal a des gens fans » poids & fans autorité (a): qu'il fouhaitoit 1'avan- / » tage de Brutus, & Calenus celui d'Antoine; » qu'il fouhaitoit la confervation de Rome, &C » Calenus fa ruine: que cette obfervation n'étoit 33 pas faite au hafard , & que Calenus même ne » pouvoit 1'accufer de faulfeté, lorfqu'il employoit 33 toutes fortes de voies pour troubler Brutus &c 33 pour fervir Antoine 33. S'adrelfant enfuite aux autres confulaires, il leui reprocha la mollelfe honteufe de leur conduite, dans la propofition d'une nouvelle ambalTade. II s'étoit confolé dc la première, par L'efp&sacfl oü il étoit qu au retour de Philippus & de Pilbn, lorfqu'on apprendroit d'eux qu'ils avoient été mépriCé$ & rejetés d'Antoine, & qu'ils ne 1'avoient vu difpofé ni i quitter la Gaule, ni a lever le fiége dc Modène, ni mime a leur permettre de parler a Decimus Brutus ,1'indignation feroit prendre auflitöt les armes, & produiroit tout d'un coup 1'effet du courage & de la prudence. Mais il fembloit au contraire que 1'ardeur d'Antoine n'eüt fervi qu'a les abattre; & qu'au lieu de réfolution, le retour de leurs ambaffadeurs (£) ne leur eüt apporté que ( Antiochus, pour lui porter 1'ordre de lever le 3J fiége d'Alexandrie, & que ce prince parut cher33 cher des prétextes & des délais , 1'ambafTadeur 33 de Rome traca du baton qu'il portoit a la main 33 un cercle autour de lui, & lui déclara que s'il si ne recevoit pas une réponfe nette & précife avant 33 qu'il fut forti du cercle, il retournoit a Rome 33 fans attendre un moment de plus II tombe 33 enfuite fur les demandes d'Antoine, dont il re33 léve 1'arrogance (a), la folie & 1'abfurdité. II 33 fait honte a Philippus & a Pifon, a des citoyens 33 de leur nom & de leur dignité, d'avoir eu la 33 balTeiIe de rapporter des conditions lorfqu'ils 33 avoient été chargés de por'er des ordres. II fe 33 plaint de voir accorder plus d'honneur a Co33 tyla, ambalfadeur d'Antoine, que eet ennemï 33 public n'en avoit fait a ceux du fénat. Au lieu 33 d'interdire, comme on le devoit, 1'entrée de Ia 33 ville a Cotyla, on 1'avoit admis la veille dans 33 le temple oü le fénat étoit alfemblé, on avoit 33 fouffert qu'il obfervat tout ce qui s'y paffoit, on 131'avoit carelTé, invité, traité dans les meilleures » maifons de Rome. Si c'étoit la crainte qui avoit  de Cicéron, Lip-. X. 33i« fait perdre ainfi a quelques-uns des principaux » fénateurs Ie fouvenir de ce qu'ils devoient a leur «dignité, que craignoient-ils donc? Quel étoit »le danger qui les effrayoit, lorfqu'ils n'avoient » en perfpeclive que la liberté Sc la mort, 1'une » qui étoit toujours défirable, 1'autre qui étoit le » tribut indifpenfable de la nature, & qu'il étoit » bien plus honteux de fuir que facheux de ne « pouvoir éviter Que dans tous les tems de =°la république, le caractère des fénateurs confu» laires avoit été 1'attention, la vigilance, le zèle » a faire ou a propofèr ce qui pouvoit être utile » au bien public; qu'il fe fouvenoit du vieux Sca;» vola, qui pendant la guerre Marfique , accablé j»fous le poids de lage & de 1'infirmité, tenoit »s fa maifon ouverfe pour tout le monde, n'avoit »jamais été furpris au lit, & fe trouvoit toujours => le premier aux afTemblées du fénat. Pourquot » n'imitoit-on plus de fi grands modèles, ou pourp quoi du moins 1'envie (a) s'attachoit-elle a ceux r° qui s'efïbrcoient encore de les imker; Après »avoir langui fix ans dans la fervirude, terme » qu'on ne laifïbit pas remplir a un efclave hon» nête & indufirieux, étoit-il quelque travail, » quelque peine, quelque danger, qui dut pa» roitre difficile pour rendre la liberté au peuple (a) Ibid. ie. Tow.e IfS, C An. c!el{< 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. A.Hirtius*  An. de R. 710. Cicer. «4- Coss. Vibius P a n s a. L. HIRTIUS. 34 HlStOIRE DE LA VlE 33 romain 33; II propofe, en concluant fon difcours, d'ajouter une claufe a ieur dernier décret: c'étoit d'accorder le pardon & 1'impunité a tous ceux qui avant le 15 de mars abandonneroient le parti d'Antoine pour rentrer dans leur devoir. Et fi dans ce parti même il fe trouvoit quelqu'un qui rendit fervice a 1'état, il demandoit que les deux confuls , ou ion des deux, priiTent la première occalion de lui procurer quelque faveur du fénat, comme ceux au contraire qui pafleroient dans le parti d'Antoine, a 1'exception de Cotyla, devoient être chargés ouvertement de la qualité d'ennemis publics. Toutes ces réfolutions ayant été revêtues d'une forme folide, le conful Panfa indiqua 1'alfemblée au jour fuivant, pour décemer de juflxs honneurs a la mémoire de Servius Sulpicius, qui étoit mort dans 1'exercice actuel de fon ambalfade. II s'étendit beaucoup fur fon éloge, & fon opinion fut de lui accorder les plus honorables diftinótions qu'on eut jamais déférées a ceux qui étoient morts au fervice de la patrie, c'eft-a-dire, des funérailles publiques, un tombeau &C une ftatue. Serviiius, qui porta fon avis après le conful, opina pour les funérailles & le tombeau, mais rejeta la ftatue, paree qu'elle n'appartenoit qu'a ceux qui avoient perdu la vie par une mort violente. Cicéron, excité par la tendre affe&ion qu'il avoit toujours eue  de Cicéron, L i r. X. 3$ pour Serviiius, autant que par fon zèle pour le bien public, entreprit de faire rendre a fon ami tous les honneurs qui pouvoient être juftifiés (a) par les circonftances. II réponctit a l'obje&ion qui regardoit la ftatue: <* qUe le cas de Sulpicius ne =» le 'diftinguoit pas de ceux qui avoient été tués » dans une ambalfade pour le fervice de la patrie ; =» que c'étoit fon ambalfade même qui avoit caufé w fa mort; que dans 1'état oü fa fanté étoit ré»duite a fon départ, s'il avoit compté d'arriver » auprès d'Anroine, il n'avoit pas dü efpérer de » retourner a Rome ; qu'en arrivant au terme de » fa commiffion, il avoit rendu le dernier foupir » lorfqu'il commencoit a 1'exercer : que d'ailleurs 3> ce n'étoit pas au genre de mort que leurs an» cêtres avoient fait attention, mais feulement a « la caufe ; qu'ils avoient fait élever dans ces occa» fions un monument public a 1'honneur du citoyen qui avoit fervi letat aux dépens de fa vie, =»pour encourager les autres a ne redouter aucun =0 danger; que 1'hiftoire étoit remplie de ces exem=»ples, & que celui de Sulpicius feroit un des «plus juftes.... Qu'on ne pouvoit douter que ce » ne fut fon ambalfade qui eüt caufé fa mort: qu'il «avoit emporté cette certitude avec lui, & qu'il »auroit pu prolonger fa vie (b) en demeurant (a) Phil. 9, 1. (j) Ibid. 3. Cij An. de R. 710. Cicer. 64, Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius.'  An. de R. 7"; o. Cicer. 64. Coss. Vibius Tansa. 'A. Hirtius. •5 £T HlSTOIRE DE laViê 33 clans le fein Je fa familie, fous les yeux de fa 33 femme Sc de fes enfans : mais ayant confidéré 33 qu'il démenriroit fon caractère , s'il n'obéilfoit 33 point a 1'ordre du fénat, & qu'en obéilfant il 33 alloit facrifier fa vie, il avoit préféré la mort dans 33 le befoin preflant que la répnblique avoit de 33 fes fervices, au regret qu'il auroit eu de les lui 33 avoir refufés pour conferver fa vie. Les occafïons 33 ne lui avoient pas manqué dans fa route pour 33 prendre du repos Sc des rafraichiffemens; chaque 33 ville lui en avoit offert fur fon paffage, Sc fes 33 collégues 1'avoient prefTé de les accepter; mais 331'augmentation de fa maladie n'avoit pu 1'empê33 cher de hater fon voyage, pour répondre plus fi33 dellement a 1'attente du fénat. Si 1'on fe rappeloit 33 combien il avoit fait d'efforts pour fe difpenfer 33 de fa commiuion , Sc pour faire accepter fes 33 excufes au fénat, on devoit reconnoitre volon33 tiers que les honneurs qui pouvoient lui être 33 accordés après fa mort, ne feroient qu'une ré33 paration nécefTaire pour le tort qu'on avoit fait 33 a fa vie. II étoit vrai, quoique cette réflexion 33 füt choquante, que le fénat 1'avoit tué en re33 fufant d'agréer fes excufes, lorfque perfonne ne 33 pouvoit ignorer la réalité de fa maladie. Aufïï, 33 continue Cicéron, fe voyant prelTé par les inf33 tances de tout le monde , auxquelles Panfa joi,33 gnit une exhortation plus vive Sc plus forte  t> e Cicéron, Li v. X. $7 * qu'il n'en avoit jamais eu befoin pour obéir, il » me prit a 1'écart avec fon fils, pour nous dé33 clarer qu'il ne balancoit point a préférer 1'exé33 cution de vos ordres a fa vie. L'admiration dont 33 nous fiimes frappés pour fa vertu, nous óta la »3 force de nous oppofer a fes défirs. Son fils parut 33 touché jufqu'aux larmes, & je ne fus pas moins 33 attendri. Cependant nous fümes obligés tous 33 deux de nous rendre a fa grandeur dame & a la 33 force de fes raifcns, lorfque revenant a vous, 33 il déclara qu'il étoit pret a fuivre vos ordres, 33 & qu'il fe garderoit bien de fe refufer a 1'exé33 curion d'un deiïèin qu'il vous avoit infpiré.... 33 Rendez-lui donc la vie que vous lui avez ötée, 33 car la vie des morts confilte dans le fouvenk 33 des vivans. Votre intérêt demande auffi que vous 33 afluriez 1'immortalité a celui que vous avez en33 voyé malgré vous a la mort; car lui donner une 33 ftatue a la tribune, c'eft tranfmettre a la pofte33 rité (a) la mémoire de fon ambaffade =3. Après avoir fait fuccéder a cette exhortation-, 1'éloge des talens, de la vertu & du caractère de Sulpicius, il obferve que de fi grandes qualités pouvoient fe perpétuer dans la mémoire des hommes par leur propre mérite , & qu'une ftatue ferviroit moins a foutenir fa réputation, qu'a faire (a) Ibid. 4, C ii| An. de R. 710. Cicer. 64, Coss. Vibius P a n s a. A. Hirtius.  An. deR. 7!0. Cicer. 64. Coss Vibius P a n s a. A. hirtius. (a) Pomponius, de Origine Juris. 38 HlSTOIRE DE LA VïË honneur d la reconnoiiïance du fénat: qu'elle ferviroit encore de reproche éternel a 1'audace d'Antoine ; qu'elle feroit Ie témoignage de la guerre impie qu'il faifoit a la république, & de 1'impudence qui lui avoit fait rejeter lambadade du peuple romain. De routes ces confïdérations, il conclut que le fénat devoit ordonner par un décret, « qu'on élèveroit fur la tribune une ftatue de cuivre «a Sulpicius, avec une infcription fur la bafe, 33pour faire connoinre qu'il étoit mort en fer« vant la république; qu'on affigneroit un efpace 33 de cinq pieds quarrés a fes enfans Sc a toute 33 fa poflérité, pour adifter aux jeux des gladia35 teurs ; qu'on lui feroit de magnifiques funérailles 33 aux dépens du public ; Sc que le conful Panfa 33 marqueroit dans le champ efquilin une place 33 de trente pieds quarrés, pour fervir de fépuiture « a lui, a fes enfans, Sc a toute fa poftérité 33. Le fénat confenrit a toutes fes demandes, Sc 1'on trouve dans un écrivain du troifième fiècle {a), que la ftatue fubfiftoit encore de fon tems. Sulpicius étoit d'une familie noble Sc patricienne. La conformité de lage, des études Sc des principes 1'avoit lié fort étroitement avec Cicéron, Sc leur amitié s'étoit foutenue avec une parfaite conftance. Dans leur jeuneffe, ils avoient  de Cicékos, ixr. X 3? fréquente les mêmes écoles a Rome, & s'étant (a) rejoints enfuite a Rhodes, ils y avoient recu les mêmes lecons du célèbre Molo. Les progiès que Sulpicius avoit faits dans toutes fortes de dif- j ciplines, 1'élevèrent enfuite a tous les degrés de 1'état, avec une réputation fingulière de lavoir, de prudence & d'intégrité. Admiraieur conftant de la fagelfe & de la modeftie des anciens, il fit une guerre perpétuelle aux vices de fon tems. Quoiqu'il ne fut point fans talens pour 1'éloquence, fon propre jugement lui ayant fait fentir qu'il n'étoit pas fait pour s'élever au premier rang des orateurs, il fe perfuada qu'il valoit mieux être le premier (b) dans un art du fecond ordre, que le fecond dans le premier de tous les arts. Cette idéé lui fit abandonner a Cicéron la gloire de bien parler, pour fe réduire a la profeflion de jurifconfulte, qui n'étoit guère moins honorable a ( a) Non facile quem dixerim plus fiudü quam illurn & ad dicendum, & ad omnes bonarum rerum difciplinas adhibuifle: nam & in iifdem exercitationibus ineunte state fuimus, & poftea Rhodum una ille etiam profectus eft, quo melior eiïèt & doftior. (b) Inde, ut rediit, videtur mmi in lecunda arte primus e(Te maluiiïè quam in prima fecundus. Sed fortaiïe maluit, ïd quod eft adeptus, longe omnium non ejufdem modo sctatis, fed eorum etiam qui fuüTent, in jure civili effe princeps, C iv An. ie H. 710. C'i'-.er. 64. Coss. Vibius Pansa, „Hjriius.  An. ie R ~. 7'°Cicer. 64 Coss. VlBIUi Pan sa. 'A. HlRTIU 40 HlSTOIRE DE IA Vis ' Rome que celle d'orateur. II porta la fcience des loix beaucoup plus loin que tous ceux qui s étoient propofé le même objet avant lui. Cicéron nous ■•■ apprend qu'il fut le premier qui la rédniilr en fyftême , & que par le fecours d'une jufte méthode, ii répandit des lumières fur des connoifTances (a) qui avoient été jufqu'alors fort obfcures & fort confufes. Les fiennes ne fe bornoient point a des formes extérieures. II avoit pénétré jufqu'au fond des loix, en remontant a la première fource de 1'ordre & de 1 equité, qui étoit devenue la régie de fa conduite autant que de fes décifions (l>). Malgré toutes fes lumières, il fut toujours plus porté a. terminer les affaires par des compofmons pacifiques, que par les procédures de la juftice. Ses principes politiques fe reffentirent conftamment de cette difpolition. II aima toujours la paix & Ja liberté. Son occupation continuelle, dans les tems les plus orageux de la république, étoic (a) Juris civilïs magnum ufum & apud Sca?volam St apud muitos fuiflè, artem in hoe uno hic enirn attulit hanc artem quafi lucem ad ea qUE confufe ab aliis auf. refpondebantur aut agebantur. Brut. z ói &c. (5) Neque 111e magis juris-confultus quam juflitb foit; ita ea qua: proficifcebantur a legibus & a jure civili temper ad faciiitatem xquitatemque referebat : neque conflituere litium aftiones malebat, quam confroveriïas follere. PM. 93 30, II,  De Cicéron, L iv. X. '41 He modérer la violence des parris oppofés, ck de combattre , ou d'écarter tout ce qui pouvoit conduire d la guerre civile. Ce caractère lui étoit devenu fi naturel, que 1'ayant exercé patticulièrement dans ces derniers troublcs, en propofant fans cefie de nouveaux proj'ets d'accommodement, il en avoit obtenu le furnom de Pacificateur (a). Quoique la caufe de Pompée lui eüc parti la plus julte y Ion naturel doux & timide , qui s'étoit fortifié par les exercices rranquilles de fa proreflïon, 1'avoit empêché de prendre les armes; mais voyant que le parti de Célar 1'emportoic par la force, il fouffrit que fon fils s'y attachat, tandis qu'il continua lui-même de demeurcr neutre & tranquilJe. Cette conduite lui atrira Peftime & la confidération de Céfar; mais les faveurs qu'il en recut ne furent point capables de lui faire approuver fon gouvernement (ï>). Après ce règne, il ne ceffa ( a) Servius vero pacificator , cum (iio librariolo viJetur obiiffe legationem. Ad An. i J , 7. Cognornm enim jam abfens, te h?;c mala multo ante providente-ïi , defenforem pacis & in confulatu tuo & poft confulatum fuiïTe. Epifl. Jam. 4,1. (b) Les RR. PP. Catrou & Rouillc ont mis ce Sulpicius au nombre des conjurés qui tuèrent Jules-Céfar. C'eft une erreur qu'il eft aifé de vérifier par les êcrits de Cicéron. II n'y eut point dans la confpiration d'autre fénateur du rang confulaire , que Trebonius. Hifi. Rom. vol. 17 , p. 343 , not. 1. Les anciens jurifconfiiltes rapporten' un trait re- An. i:K. 7io. Cicer. £4. Coss. Vibius P a n s a. k. hirtius,  An. de R 710. Cicer. 64 Coss. VlEIU! P A N S A. A.Hirtiu: 4* HfrSfoiEE de u Vie point de travailier au rétablilTement de la tnmquillité publique, & la mort le furpric dans eet «ercice, auquel il avoit employé toute fa vie ■ Brutus & Caflïus n'avoient point communiqué leirrs projecs & Jeurs démarches au fönat d ^ qurls avoient quitté 1'Italie. Enfin les confuls recurent une lettre de Brutus, qui les informoir parncufierement des avantages qu'il avoit remportés contre Caius, frère d'Antoine, en fe fervant des troupes de la république pour contenir dans la foumiffion les provinces de Macédoine (a), d'IIlyne & de Grèce. cc Caius s'étoit renfarmé avec fept - cohortes dans Apollonia, oü 1'on fe promettoic » bientóc de le forcer. L. Pifon venoit de fe rendre » avec une légion enrière au jeune Cicéron , qui » commandoit la cavalerie de Brutus. Celle de marquable de Sulpicius, qui devintla caufe de fonhabileté dans les loix. II étoit allé confulter fur quelque point de droit Mutius Scasvola , qui lui répéta trois ou quatre fois fi. reponfe fans pouvoir la lui faire comprendre. Enfin, perdant patience, il lui dit qu'il étoit honteux pour un 'noble romain, pour un patricien, pour un avocat, de ne pas comprendre ce qu'il faifoit profeffion de favoir. Ce reproche devint un aiguülon fi vif pour Sulpicius, que s'étant livré entièrement a cette étude , il devint le plus favant jurifconfulte dedlome, & qu'il compofa cent quatre-vingt traités fur difFérentes queftions de droit, Digeft. I. 1, tk. 2 , parag. 43. (a) Phil. 10, 4, y, 6.  ee Cicéron, j-, i v. X. 45 33 Dolabella, qui marchoit en deux corps vers la 33 Syrië, 1'une dans la Macédoine & 1'autre dans 33 la ThelTalie, avoit abandonné fes chefs pour fe 33 joindre au parti républiquain. Vatinius avoit ou33 vert a Brutus les portes de Byrrachium, & s'étoit 33 remis entre fes raains avec la ville & fes troupes. 33 Dans toutes ces expéditions, Q. Hortenfius, 33 proconful de Macédoine, avoit rendu de grands 33 fervices a la république, en difpofant les troupes 33 & les provinces a fe déclarer pour la caufe de 33 la liberté 33. Panfa n'eut pas plutót lu ces heureufes nouvelles, que fe hatant d'affembler le fénat pour les lui communiquer, il répandit une joie incroyable dans toute la ville (a). II fit publiquement Féloge de Brutus , il éleva jufqu'au ciel fa conduite & fes fervices, & propofant auffi-töt de lui décerner des aclions de graces & des honneurs publics, il invita, fuivant fon ufage , Calenus, fon beau-père, a déclarer le premier fon opinion. Un intervalle fort court avoit fuffi a Calenus pour drelfer par écrit fa réponfe (b), qu'il ne fit que lire: elle portoic en fubftance : « que la iettre de Brutus étoit 33 écrite exactement, mais qu'ayant agi fans au- (a) Dii immortales! qui ille nuncius, qua illx literx, qux lsetiiïa lenatus, qux alacritas civitatis erat! Ad Brutl.i,7. {b) Phil. 10, 1, ï , 4. An. tleR. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. ri.HlRÏIUi  An. de R, 710. Cicer. 64, Coss. Vibius Tansa. A. Hirtius ^H'lSTOHE DE LA VlE -tOHte' & fans commiffion, il devoit êtte püé " de IemetCre fes fo<«s a ceux qui feroient nom»rnes pour les commander, ou aux gouverneurs . » des provincesw. Cicéron, invité enfuite a parïer, fit d'abord au conful fes remerctmens & ceux du fénat, de la fatisfadion qu'il Jeur avoit procurée de ft trouver reunis lorfqu'ils s'y attendoient le moins, & de a leóture qu'il venoic de faire des lettres de Brutus. II obferva que le conful, en s'étendant fur les louanges de Brutus, avoit confirmé la vérité d'une maxime fort conftante : « qu'on ne porte point en» vie a Ia vertu d'autrui, quand on trouve dans fon » cceur le rémoignage de fa propre vertu Et sadrelfant enfuite a Calenus, »H M demanda - quelies étoient fes vues dans cette guerre qu'il' » déclaroit perpétuellemenc a Brutus > Pourquoi » il étoit le feul qui affecKt de lui paroïtre oppom fé, tandis que tout Je monde s'accordoit a 1'ado» rer. Que la letrre de Brutus fut écrite exacte» ment, c'éroit le fujet d'un foible éloge, & qui» le regardoit beaucoup moins que fon fecrétaire. » Qui s'étoit jamais imaginé de propofer un décree » dans ce %le : que des lettres font écrites exac» tóffltfw.? car ce n'étoit pas une expreffion qui » lui fut échappée (>): elle étoit préparée, médi3 tée; il 1'avoit couchée par écrit ». U) Ibid. 17" !7~ "  be Cicéron, Lx v, X 45 II 1'exhorte a fuivre plus fouvent les confeils de Panfa fon beau-fiis, que fes propres idéés, s'il veut foutenir 1'opinion qu'on a de fon caractère. II lui déclare qu'il n'a pu entendre fans pitié les bruits qui couroient parmi le peuple, qu'après avoir porté fon avis le premier, il n'avoit pas trouvé un feul fuffrage pour foutenir le fien ; ce qui alloit apparemment lui arriver encore dans ralTemblée de ce jour-la. « Vous fouhaiteriez, lui dit-il, » qu'on ötat fes légions a. Brutus, même 33 celles qu'il a dégagées des mains d'Antoine, &c 33 que fon feul crédit a fait entrer au fervice de 33 la république. Vous fouhaiteriez de le voir en33 core une fois dans une efpece de banniflement, 33 abandonné , dépouillé : mais vous, peres conf33 cripts, fi vous abandonnez jamais Brutus, pour 33 quels citoyens réfervez-vous donc vos honneurs 33 & vos bienfaits ? a moins que vous ne croyiez 33 les devoir a ceux qui offrenf le diadême royal, 33 & que ceux qui aboliflent le nom de roi ne vous 33 paroiflent dignes de votre mépris 33. II fait une peinture vive & intérelTante du caradtère & du mérite de Brutus. II loue fa modération, fa douceur, fa patience au milieu des injures •, le foin qu'il a eu d'éviter tout ce qui pouvoit donner naillance a la guerre civile , le déi'iutérelTement qui 1'a porté a quitter la ville & l fe retirer dans une de fes terres, oü il n'a pas mêmt An. de R.- 710. Cicer. 64* Coss. Vl BIUS P A N S A. A.HiRTiys^  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a ns a. A.Kirïius 3 3, X (a) ibid. 3, 4. (*) Ibid. y. 4^ HlSTOIKE DE LA VlE fouffcrt que fes amis 1'alIalTent voir en trop .rand nombre; enfin le parti qu'il a pris de s'éloigner de ritaüe (a), par la feuie crainte de voir naïtre Ia guerre a fon occafion: « Qu'auffi long-tems » qu'il avoit vu le fénat dans la langueur & dif»Pofé a tout fouffrir, il s'étoit déterminé auffi 33 a Ia patience 5 mais qu'en voyant revivre 1'efprit « de la liberté, il s'étoit animé a les fecourir & 33 a ralTembler tout ce qui pouvoit fervir a les dé33 fendre; que s'il ne s'étoit oppofé aux entreprifes 33 défefpérées de Caius, la Macédoine, 1'Myrie 33 & k Grèce étoient perdues pour la république; 33 qu'on n'ignoroit pas que la dernière de ces trois » provinces avoit offert a 1'ennemi, non-feülement 33 une retraite commode lorfqu'il feroit chaffé de >3l'Italie, mais (b) encore toutes fortes de faci» lités pour y rentrer; mais que par les foi'ns de '3 Brutus, qui 1'avoit mife en état de ne rien crain>3 dre, elle tendoit au contraire les bras a la ca3 pitale de 1'empire , en lui offrant toutes fes forces 3 pour la fecourir; que la marche de Caius au 3 travers des provinces, n'avoit été entreprife que > pour y porter le ravage & la défolation, & ■pour employer contre le peuple romain les armes qu'il tenoit de lui, au lieu que Brutus, dans tous les lieux oü il paroifToit, répandoit autour  r> e Cicéron, Li v. X. 47 » de lui la lumière, la confiance Sc la füreté; en 33 un mot, que 1'un raflembloit des forces pour » la défenfe de la république, Sc 1'autre pour fa » ruine; que les foldats mêmes n'en portoient j » point un autre jugement que le fénat, comme 33 ils 1'avoient aifez déclaré en prenant le parti '3 d'abandonner Caius, qui étoit peut-être déja 33 prifonnier avec le refïe de fes gens, ou qui ne 33 pouvoit éviter de 1'être; qu'on n'avoit rien a re» douter (a) du pouvoit de Brutus; que fes lé33 gions, fes mercenaires, fa cavalerie, que luï33 même, en un mot, étoic dévoué au fervice de 33 la république, accoutumé a facrifier tout pour 33 elle, autant par fa vertu que par une forte de 33 fatalité attachée a fa familie ; que jufqu'alors 33 on ne pouvoit blamer dans fa conduite qu'un 33 excès d'éloignement pour la guerre , & de len33 teur a répondre aux empreifemens de toute 331'Italie ; qu'on s'alarmoit fans raifon 11 1'on 33craigaoit que les vétérans euiTènt de la répu33 gnance a fervir fous fes ordres, comme s'il y 33 avoit quelque différence entre fon armée & celles 33 d'Hirtius, de Panfa, de Decimus, du jeune Cé33 far, qui avoient recu tou* des honneurs pu33 blies pour avoir entrepris la défenfe du peuple 33 romain; que Brutus {b) ne feroit pas plus fufpecl (a) Ibid. 6. Ibid. 6, in. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P A N S A. . HIRTIUS,  An. deR. 710. Cicer. 64. Cosv Vibius f A K S A. A.HlKTIUS (a) Ibid. 7. 33 veterans 3 48 HlSTOIRE DÉ LA Vis » aux veterans que Decimus, puifque ceux qui lüf ».faifoient un crime d'avoir tué Céfar, vouloienc » beaucoup plus de mal a Decimus qu'a lui, & . *> ie regardoient même comme celui qui devoit 33 avoir eu le plus d'éloignement pour cette action; '3 que leur armee néanmoins n'avqic travaillé juf« qu'alors qu a délivrer Decimus de lennemi qui 33 Paffiégeoit: que s'il y avoit en effet quelque «chofe a craindre de Brutus, la pénécration de 33 Panfa ne manqueroit pas de le découvrir; mais «qu'ils venoient d'entendre de fa bouche (a) 33 qu'au lieu de redouter 1'armée de Brutus, il la 33 regardoit comme ie plus ferme appui de la ré33 publique : que c'étoit la méthode ordinaire des 33 efprics mal intentionnés, d'oppofer le nom des 33 vétérans a toutes les bonnes entreprifes; que pour 33 lui il étoit toujours pret a louer leur valeur, 33 mais qu'il ne fe fentoit pas difpofé d fupporter 33 leur arrogance. Quoi ? dit-il, tandis que nous * cherchons a fecouer le joug de Ia fervirude, nous 33 nous laüTerons effrayer par Ie premier qui nous 33 viendra dire que les vétérans ne font pas de eet 33 avis? II faut que je m'explique enfin avec toute 33 la force de la vérité, & toure la franchife qui >3 convienr a mon caractère : fi les réibluticns du » fénat n'ont plus d'autre régie que Ia volonré des  fe È C i c É R ö n , L ï V. X. 4'f R veterans, fi nos difcours & nos (a) adions doi« vent dépcndre de leurs caprices, il eft tems de » fouhaiter la mort, & des citoyens romains la tröuvèront préférable a toutes fortes d'efclavage. II ajouta qu'environnés comme on étoit nuit *>& jour par une ihfihité de dangers, il n'y avoit ia point d'homme au monde, & bien moins de ciw toyen romain , qlii dut balancer a donnet póur 33la pahie (b) une vie qu'il falloit rendre nécef« fairement a la nature: qu'Antoine étoit tcut-a» la-fois 1'ennemi commün & particulier de tous 33 les citoyens; que Lucius fon frère, qu'il avoit 33 avec lui, devoit être regardé du même ceil, s'il 33 ne méritöit pas encore plus de mépris, ne pa33 roifiant né que pour empêcher que Marc-An'33 toine he fut 1'e plus infame de tous les mortels: 33 qa'ils avoient autour d'eux une bande de bri33 gands défefpérés, qui ne refpiroient que le pil33 lage & la violence pour s'engraiffer des dé33 pouiiles de la république ; qu'heureufement 1'ar33 mée de Brutus étoit capabie de leur réfifter, & 33 que le détïr unanime de tous ceux qui la com33 pofoient, leur unique penfée, leur réfolution 33 conftante étoit de protéger le fénat & la liberté 33 du peuple; qu'après avoir efiayé toutes fortes 33 de voies (c) & pris long-tems le parti de la (a) Ibid. 9. (£) Ibid. 10. Tomé. ir> (c) Ibid. ii. D An. de R; 710. Cicer. C4. Coss. Vibius P AS N'A. A. HIRTIUS  5° HlSTOIRE DE IA VlE An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius (a) II paroit par le ftyle de ce décret, que M. Brutus avoit été nouvellement adopté par le frère de fa mère, Q. Serviiius Coepio, & qu'il avoit pris, fuivant Fufage, le nom de fon oncle en prenant poffeffion de fon bien. » patience , il ne leur reftoit enfin que d'oppofei 33 la force a la force : d'oü il conclut que le fénat 33 ne devoit pas refufer a Brutus ce qu'il avoit ac33 cordé a Decimus & a Oélave , c'eft-a-dire , qu'il 33 falloit confirmer par 1'autorité publique, ce qu'il 33 avoit entrepris de fon propre mouvement 33. Ainfi il propofa un décret dans cette forme : «Comme il 33 eft conftant que par les peines, les confeils (a), 331'induftrie & la vertu de Q. CcepioBrutus, pro33 conful, & dans 1'embarras prellant de la répu33 blique , les provinces de Macédoine , d'Illyrie Sc 33 de Grèce , avec leurs légions, leurs armées &C 33 leur cavalerie, ont été maintenues fousle pouvoit 3» des confuls, du fénat & du peuple romain; que 33 Q. Ccepio Brutus, proconful, s'eft conduit dans 33 cette entreprife, de la manière la plus utile pour 33 la république , & la plus digne de fon caractère, 33 de la noblefle de fes ancêtres, & des fervices 33 qu'il a toujours rendus a la république; il eft 33 ordonné que Q. Ccepio Brutus, proconful, pren33 dra la protection , la garde & la défenfe des 33 provinces de Macédoine , d'Illyrie & de Grèce; 33 qu'il commandera 1'armée qu'il a levée lui-mê-  öe Cicéron, Lïv. X. jt * mc ; que Pour rous les frais du fervice militaire, N Ü aura Je pouvoir de difpofer des revenus pu-' » blies, ou d'emprunter les fommes qu'il jugera » nécelTaires; d'impofer des contributions de grains » & de fourrages, & d'approcher avec fes troupes ' * auffi Près Wil vo«ara de 1'Italie. Et comme il » paroït par les témoignages de Q. Ccepio Bru*tUS' Pr°conful, que le public a tiré des avan» tages confidérables des foins & de la vertu de 33 Q' Ho»enuus , proconful, qui a roujours acri de » concert avec Q. Ccepio Brutus, proconful, & » que Q. Horrenfius a conduit toutes fes entreprifes «pour le bien public avec autant d'exaétitude & « de régularité que de zèle 5 c'eft la volonté du «fénat que Q. Hortenfius, proconful, avec fes «quefteurs, fes proquefteurs & fes lieutenans, « commande dans Ia province de Macédoine juf« qua ce que le fénat lui nomme un fucceffeur «. Cicéron envoya cette harangue a Brutus, avec celle qu'il avoit prononcée le premier de janvier , & Brurus lui fit cette réponfe (a): « J'ai lu « vos deux oraifons. Vous vous attendez fans doute " ' -3 ——-— ia) Legi orationes tuas duas, quarum altera kal. jan. Ufus es, altera de literis meis, qua; habita eft abs te contra Caknum. Nunc fcilicet hoe expectas dum eas laudem. Nefcio animi an ingenii tui major in illis libellis laus contineatur : jam concedo ut vel Philippica- vocentur, quod ta quadam eplftola jocans fcripfifti. Ad Brut. 2,5. Dij Kn. de R, 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. \. hirtius-,  An. de R 710. Cicer. 64. 'Coss. vibius Fansa. A. Hirtius. (a) M. Cicero in primo Antoniarum ita fcriptum reliquit. Aul. Gel. 13, 1. ( b ) Hxc ad te oratio perferetur, quoniam te video delectari Philippicis noflris. Ad Brut. z , 4. 52 HlSTOIRÈ DE LA VlË 33 aux éloges qu'eiJes mentent, mais je luis erri33 barrafle fi c'eft votre courage ou votre habileté 33 qui en méritent le plus. Je vous pafïe a préfent 33 de leur donner le noni de Philippiques, comme 33 vous paroülïez me le faire entendre en badi33 nant dans une autre lettre 33. Ainfi le nom de Philippiques, qui avoit été donné d'abord a toutes ces pièces, fans aucune vue férieufe & comme au hafard, fut lï bien re5U, & répandu avec tant de fuccès par fes amis, qu'il devint un titre fixe fous lequel tous les fiècles fuivans nous les onc confervées. On trouve néanmoins quelques auteurs (a) qui les ont appelées indifféremment Antoniennes & Philippiques. Brutus marqua tant de fatisfadion des deux premières (/>), que Cicéron s'ensaeea dans la fuite a lui envover toutes les autres. En quittant 1'Italie, Brutus s'étoit rendu diredtement a Athènes, oü il s'étoit occupé quelque tems a prendre diverfes mefures pour fe faifir de la Grèce & de la Macédoine. La, toute la jeune noblelfe romaine , qui recevoit fon éducation dans cette fameufe école, s'étoit raffemblée autour de  4>e Ci cé ro k', Lir. X. 5?' lui, & s'étoit efforcée de lui rendre autant de refpecls qu'elle en avoit recu de carefles. Mais il diftingua par des marqués parriculières le jeune Cicéron, & quelques jours de tamiliarité lui firent 4 prendre une fi haute idéé de fon caractère, qu'il concut pour lui 1'amitié la plus palTionnée. « II 33admira, dit Plutarque (a), fes talens naturels 33 & fa vertu. II fut furpris de rrouver dans une » fi grande jeunelTe tant de générofité & de gran33 deur d'ame, avec tant d'averfion pour la tyran33 nie 33. Quoiqu'il n'eüt pas plus de trente ans, il le fit fon lieutenant général, il lui donna le commandement de fa cavalerie •, & fans remettre. plus loin 1'occafion de 1'employer, il le chargea. de plufieurs commiffions importantes avant quede quitter la Grèce. Ce jeune citoyen, excité par lès propres fentimens autant que par 1'exemple (by de fon père, répondit fi parfaitement par fon courage & fa conduite , a 1'opinion qu'il en avoit fait prendre, que. Brutus rendit un témoignage- (a) Plutarq. Vie di Brutus. (b) Cicero filius tuus fic mihi fe probat, induflria , patientia, labore, animi magnitudine, omni denique ofbcio, ut prorfus numquam dimittere videatur cogitationem cujus. fit filius. Quare quoniam efBcere non poffum ut pluris facias euro , qui tibi eft cariflïmus, illud tribue judicio meo ut tibi perfuadeas non fore illi abutendum gloria tua ut ^dipifcatur honores paternos. Kal. april. Ad Brut. 1.1, j. Dia An. ie r; 710. Cicer. 64. Coss. V1BIUS P A N S A. L.HtRXIUS,-  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius. (a) Filium tuum ad Brutum cum venï, videre non pctüi, ideo quod jam in hiberna cum equitibus erat profeSus. Sed medius fidius ea ede eum opinione, & tua & ipfius& 'in primis mea caufa gaudeo. Fratris enlm loco mihi eft, qui ex te natus teque dignus eft. Vaie. IV. kal. jun. Ep.fani: il, 14. 54' HlSTOIRE DE LA V IÉ fort avantageux de 1'un & de 1'autre, dans hs lettres publiques & particulières qu'il écrivit a Rome. a Votre fils, marqua-t-il a Cicéron, fe » diftingue fi glorieufement auprès de moi par fon »induftrie , fa patience , fon aclivité, fa grandeur « dame, en un mot, par toutes fortes de vertus, » qu'il femble ne pas perdre un moment de vue b de quel père il eft le fils. Si je ne puis vous le «rendre plus cher qu'il ne 1'eft déja, faites dis » moins quelque fond fur mon jugement, & foyex » perfuadé que pour s'élever aux honneurs de fon » père, il n'aura pas befoin d'emprunter une partie » de fa gloire ». Ce témoignage de la part d'un homme tel que Brutus, doit paffer pour le véritable caractère du jeune Cicéron, fur-tout lorfqu'il fe trouve confirmé par une lettre de Lentulus (a), écrite dans le même tems: Ia dernière fois que j'ai vu Brutus, paree 33 qu'il étoit en quartier d'hiver avec fa cavalerie; » mais je vous prorefte que pour vous, pour lui » & pour moi - même , j'ai rcifenti la plus vive •> joie de trouver fa réputation fi bien étabiie. Je  de Cicéron, tiv. X. 55 is ne puis avoir pour votre fils , & pour un fils 33 fi dicme de vous, moins de tendreffe que pour un 33 frère, ni le regarder d'un autre ceil que s'il 1 'étoit 33 effectivement 33. i Ces grandes affaires qui occupoient entièrement Cicéron, & qui faifoient Ie fujet de fes lettres a Brutus, lui laifibient a peine le tems de répondre aux rémoignages cju'il recevoit du mérite de fon fils. Cependant il laiffe voir dans quelques endroits combien il y étoit fenfible. cc Si le mérite 33 de mon fils (a), dit il, eft tel que vous le repré33 fentez , je m'en réjouis comme je le dois; &ï G. 33 c'eft votre amitié pour lui qui vous porte a quel33 qu'exagération, je me réjouis encore de voir 33 qu'il vous eft fi cher33. Dans une autre letrre (b): cc Je vous prie, mon cher Brutus, de garder mon 33 fils le plus prés de vous qu'il vous eft poffible. 33II ne peut trouver de meilleure école que le 33 fpectacle continuel de votre vertu 33. Quoique Brutus n'annoncjit que des profpérités (a) De Cicerone meo, & fi tantum eft in eo quantum fcribis , tantum fcilicet quantum debeo , gaudeo , & fi quod amas eum, eo majora facis, id ipfum incredibilitej gaudeo > a te eum diligi. Ad Brut. z, 6. (b) Ciceronem meum, mi Brute, velim quam plurimum tecum habeas. Virtutis difciplinam meliorem reperiet nullam , quam contemplationem atque imitationem tu;c, XIIL kal. maii. Ibid. 7. Div An. de r. 710. Cicer. 64. Coss. VIBIUS Pan s a. i. Hirtius.  An. de R. . 710. Cicer. £4. Coss. Vibius P a n s a. A. h1rtiu5 f~4 HlSTOÏRE DE LA Vrf dans fes lettres publiques, il s'expüquoit plus ftfcf cèrement dans Ie compte qu'il rendoit a fes amls de fa fituation. 11 déclaroit 2 Cicéron qu'il man. quoit dargent, & que fes troupes avoient befoia de recrue. 11 le preffoit de lui faire obrenir ces deux fecours de FItalie, foit par un décret du fénat, foit par quelque voie moins éclatante , qui ne fut pas connue de Panfa. Cicéron lui répon•dit (a) : cc Vous mecrivez qu'il vous manque 33 deux chofes, de 1'argent & des recrues; il n'eft •m pas aifé de vous fecourir. Je ne vois point d'autrs 33 moven de vous procurer de 1'argent, que celui 33 dont le fénat vous a permis d'ufer, c'eft-a-dire, 33 d'emprunter les fommes dont vous avez befoin. 33 Pour les recrues, j'ignore abfolumenr comment 33 il faut s'y prendre; car Panfa eft fi éloigné de 53 vous donner une pavrie de fon armee & de fes (a) Quod egere te duabus necelïariis rebus fcr.:bis, (upplememo & pecunia difficile con'llium elf. Non enim occurrunt mihi faculiates quibus uti te poffë videam, prxter illas quas fenatus decrevit, ut pecunias a civitatibus mutifas fumeres. De fiipplemento au tem non video quid fieri poffit.. .Tantum enim abeft ut Panfa de exercitu fuo aut delecïi» tibi aliquid tribua.t, ut etiam molefiè ferat tam muitos ad te ïre voluntarios : quomodo, equidem credo, quod hls rebus qua.' in Itaiia decernuntur, nullas copias nimis magnas arjbitretur: quomodo autem multi fufpicantur, quod ne (f quidem nimis firmurn e.lTe velit: quod ego non fufpicor.  de CrcÊEON, Lir. X. 57 33 recrues , qu'il ne paroit pas même content de 33 voir tant de volontaires qui s'empreffent de vous 33 joindre. Je m'imagine que dans la néceffité des 33 affaires, il croit que nous ne faurions avoir trop 33de forces en Italië: car je me garde bien de 33 foupconner, comme d'autres le font fans fciu33 pule , qu'il craigne de vous voir trop puiffant 33. II femble que Panfa raifonnoit fort jufle, en fe perfuadant qu'il ne pouvoit raiTembler trop de troupes dans 1'Italie , qui étoit le centre de la guerre, & dont le fort devoit apparemment décider de celui de la république. Mais on recut a Rome dans le même tems, des nouvelles d'une autre nature. Dolabella érant parti de Rome avant 1'expiration de fon confulat, pour s'aller mettre en poffeffion du gouvernement de Syrië, qui lui étoit échu par les artifiees d'Antoine , avoit pns fa route par la Grèce & la Macédoine, dans 1'efpérance d'y lever de 1'argent & des troupes. II s'étoit rendu de-la en Afie, ou fes vues fecrètes étoient d'engager cette province a fe déclarer pour fon parti. Les émiflaires dont il s'étoit fait précéder, avoient tout préparé pour fa réception, lorfqu'il fe préfenta devant Smyrne. Quoiqu'il ent peu de monde avec lui, Sc qu'évitant toute apparence d'hoftilirés, il ne demandat que la liberté du paffage pour fe rendre promptement dans fa province, Trebonjus, proconful d'Afie x refufa An. JeR. 710. Cicer. 64, Coss. vibius p a n s a. A. Hirtius.  An. de R. 710. Cicer. £4, Coss. Vibi üs P a ns a. A. Hirtius 58' HlSTCURE DE EA VlE de le recevoir dans la ville, & confenrit feulemenf a lui laifler prendre des rafrafchiflemens hors des murs. Leur entrevue n'en fut pas moins accompagnée de politeffes & de routes les démonftrations d'une vive amirié (a). Trebonius, féduit par les apparences, promit a Dolabella que s'il partoit tranquillement de Smyrne, on lui ouvriroit les portes d'Ephtfe , qui fe trouvoit audi fur fa route. L'impuilTance ou Dolabella fe voyoit d'emporter Smyrne par la force , lui fit foutenir jufqu'a la fin ie röie qu'il avoit commencé. Mais a peine eut-il quitté le proconful, que recouranr a 1'artifice, il fit une marche de quelques milles, pour iaiiTer a ceux qui 1'avoient conduit, le tems de fe rerirer. Enfuite s'étanr pofte dans un lieu favorabie , ou i] arren ïn la nuit, 1'obfcuriré ne commenca pas plurór a le favorifer, qu'il rerourna brufquemenr fur fes pas. Smvrne étoit f»ardée avec tant de négligence, qu'il fit appliquer des echelles aux murs avant qu'on eüt la moindre défiance de fon deflein. Ses Ibldats, quoiqu'en petit nombre, fnrent répandus en un moment dans la ville; & s'er éranr la fis fans oppofition, ils prirent Trebonius même (b} au milieu du fommeil. (a) Appian. 3 , p. $41, (b ) Confecutus eft Dolabella, nulla fufpidone belli.. Secuts ccllocutiones familiares cum Trebonio, complexufque fummx benevolentis.... Nocturnus introïtus in Srnyr-  de Cicéron, Iir. X 59 Cette expédition n'auroit pas fait tort a 1'honneur de Dolabella, s'il n'eutfouillé fa victoire par une horrible cruauté. -II fit mettre pendant deux jours entiers Trebonius a la torture, pour lui ar- / racher tout 1'argent qu'il avoit fous fa garde. Enfuite il lui fit couper la tête, Sc la fit porter au bout d'une piqué ; enfin il donna ordre que fon corps füt traïné par les rues, Sc précipiré dans la mer. Ainfi le fang du malheurenx Trebonius fut le premier que la haine fit répandre pour vengcr la mort de Céfar. Après les chefs de la confpiration, c'étoit la plus glorieufe viétime qui put gtre immolée, puifqu'il étoit non-feulement un des principaux complices, mais le feul du rang confulaire. Auflï ne douta-t-on point que cette attion n'eut été concertée entre Antoine Sc Dolabella , pour faire entendre hautement que c'étoit la mort de Céfar qui leur mettoit les armes a la main , Sc pour attirer par ce flratagême les vétérans dans leur parti, ou pour leur infpirer du ■ moins de ia nam, quali in hoftlum urbem. Oppreffus Trebonius Irterficere cnp*um ftatim noluic, ne nimis, credo , in victoria liberaïls videretur. Cum verborum contumeliis optimum virum incefto ore laccraflét, turn verberibus ac tormentis quxftionem habuit pecunice publicx , Uque per bicuum. Poft ccrvicibus fraftis caput abfcidit, iaque adfixum geftari juftit in pilo ; reliquum corpus trafhim ac laniatum, abjecit in mare, &c. Phil. U, J, An.JiR-. vicer. 64. Ccss. tf.JB.JUS ..Hiiwius.  An. de R. _ 710. Cicer. £4. Coss. Vibius P a n s a. A. Hirtius. fe, HiSTOIEE DE LA VlE répugnance a combattre contr'eux. Brutus & fes partifans fe crurent alfez avertis du fort auquel ils devoient s'attendre , fi la fortune fe déclaroit pour des ennemis fi cruels, & tous les honnêtes eens crurent leur perte annoncée par le même préfage. A la première nouvelle de la mort de Trebonius, le lénac affemblé par le conful, ne balanca point a déclarer unanimement Dolabella ennemt de la république. Tous fes biens furent confifqués , & Calenus même ayant opiné le premier contre lui , ajouta que fi 1'on ouvroit quelqu'avis plus févère, il 1'embrafieroit auifi-tot. L'indignarion qu'il voyoit répandue dans tous les ordres, le forga fans doute de céder aux circonitances; ou. peut-être fe flatta-t-il de jeter Cicéron dans quelqu'embarras, lorfque fon alliance avec Dolabella le porteroit d propofer un parti plus modéré. Mais s'il fe trompa fur ce point, il 1'embarrafia elfectivement par une autre propofition. Ce fut celle de choifir un général pour commander les forces de la république contre Dolabella. Calenus ouvrir. tout-a la-fois deux avis: 1'un que P. Serviiius fut envoyé avec une cominiffion extraordinaire du fénat; fautre que les deux confuls fe réuniffent pour la conduite de cette guerre, & qu'on leur donnat dans la même vue les provinces d'Afïe & de Syrië. La feconde de ces deux ouvertures fut recue avec des applaudilTemens immodérés, non-feulement de;  de Cicéron, L i r. X. éi Panfa & de fes amis, mais de tout le parti d'Antoine , qui prévoyoit tous les avantages qu'il en pouvoit recueiUir : c'étoit tout-a-la-fois détourner 1'attention des confuls de la guerre d'Italie, donner j a Dolabella le tems de fe fortifier en Afie, jeter des femences de froideur entre les confuls & Cicéron , & faire un mortel affront a Caffius, qui fe trouvant aótuellement fur les lieux, fembloit avoir plus de droit que perfonne a cette commiC fion. Les débats ayant duré tout le jour fans avoir produit aucune réfolution , 1'affemblée fut remife au lendemain. Servilia, belle-mère de Caffius, & tous fes amis s'efforcèrent dans eet intervalle d'engager Cicéron a rétracter fes oppofitions, en lui faifant craindre d'aliéner plus que jamais 1'efprit de Panfa. Mais rien ne fut capable de 1'ébranler. II étoit réfolu de défendre a toutes fortes de rifques 1'bonneur de Caffius-, & le lendemain , lorfque la délibération fut reprife avec une nouvelle chaleur, il déploya toutes les forces de fon éloquence pour obtenir un décret en fa faveur. Erf commengant fon difcours , il fit obferver « que dans la douleur publique (^) pour la mort « déplorable de Trebonius, la patrie ne lailTeroit « pas de tirer quelqu'utilité d'un fi barbare atren« tat: qu'on apprenoit enfin a connoïtre le caractère (a) Phil. ii, i, i, 3i An. de R.' 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n S a. ..HlRTIUÏé  An.de R. 710. Cicer. £4. Coss. Vibius Pa n s Ai A. Humus. (a) Ibid. 4. €l HlSTOIF. E DE LA VlE « de ceux qui avoient pris les armes contre letat; « & que des deux chefs de la guerre civile, 1'un, » en executant fes ctuelles inrenrions, avoit déh couvert tout ce qu'on devoit artendre de celles » de 1 autre; qu'ils ne fe propofoient tous deux « que Ia deftruétion & h mort de tous les hon« nêtes gens, Sc que peut-être ne fe contenteroient« ils pas d'une mort limple , qui étoit le tribut «ordinaire de la nature, mais qu'ils employe« roient, pour rafTaiier leur vengeance, les tor«tures & les plus rudes fupplices: que 1'entre« prife de Dolabella annoncoit celles d'Antoine; «qu'ils étoient faits 1'un pour 1'autre, d'une ref« femblance exacte par le fond du caractère , Sc => marchant d'un pas égal a 1'exécution de tous leurs noirs dedeins«. II relève cette comparaifon par divers traits de leur conduite ; Sc peignant :nfuire avec les plus vives couleurs 1'inhumanité ^e Dolabella, ëc Ie fort lamcntable de Trebonius, 1 fait voir que dans une fituarion auffi oppofée pie celle du bourreau & de la vich'me, cc Dolabella 0 étoit néceiTairement le plus miférable des deux, >paree qu'il devoit fouffrir plus de fes remords, > que Trebonius n'avoit foufFert de la torture. ■ Doutera-r-on, dit-ii, lequel eft le plus miférable f», de celui que le fénat &'le peuple  ce Cicéron, Liv. X. 63 m fouhaitent ardemmenc de venger, ou de celui 33 qui eft déclaré traïtre par un confentement una- 1 33 nime 1 Car fur tout autre point, ce feroit faire 33 outrage a Trebonius, que de comparer fa vie p 33 avec celle de Dolabella. Tout le monde fait 33 quelle a été la fageiTe & 1'innocence de 1'un, 33 fon humanité, fa douceur, fa grandeur d'ame 33 au fervice de fa patrie ; & 1'on ne fait pas moins 33 que 1'autre a mené une vie honteufe; que de33 puis fon enfance, la cruauté & la débauche ont 33 fait fes délices, & qu'il a toujours fait gloire 33 de ce que la modeftie 8c ia pudeur ne permettent 33 pas même de lui reprocher. Cependatit, grands 33 dieux! eet homme, tel que je le dépeins, fut 33 autrefois mon gendre ; car la curiofité ne m'a £3 ' 33 jamais porté a pénétrer fes vices, & peut-être 33 ne ferois-je pas devenu fon ennemi s'il ne s'étoit 33 déclaré le votre, celui de la patrie, des dieux 33 & des autels, celui de la nature & de 1'huma33 nité même. II les exhorte a regarder fa Conduite comme un avis du ciel (a), qui doit redoubler la vigueur de leurs réfolutions contre Antoine. 33 Si 33 celui qui ne traïne a fa fuite qu'un petit nombre 33 de ces brigands & de ces incendiaires, dont la 33 tureur eft toujours préte au crime, ofe commettre (a) Ibid. e C i c "fi r ö iï, L i v. X. ?5 «3 toutes les perfonnes du même rang, qui pré« tendoient comme lui au même honneur; qu'il « fe fouvenoit a la vérité d'avoir follicité lui-même 53 une commiffion extraordinaire pour Oótave Cé33 far, mais que les fervices de ce jeune citoyen 33 avoient précédé la récompenfe, & qu'on ne de33 voit pas moins alors a celui qui avoit protégé 33 volontairement 8c fauvé la république; que 33 d'ailleurs il n'y avoit alors d choifir qu'entre deux 33partis, celui de lui óter fon armée, ou de lui 33 en accorder le commandement par un décret; 33 & qu'en la lui laiiTant, on ne pouvoit pas dire 33 proprement qu'on la lui eüt donnée, mais qu'on 33 ne la lui avoit pas ötée; enfin qu'une commif33 fion de cette nature n'avoit jamais été confiée 33 a des fénateurs oififs & fans emploi 33. La feconde opinion, qui donnoit le commandement aux confuls, ne lui parut pas moins contraire a 1'intérêc public, & blelToit a fon avis la dignité des confuls mêmes. II fit remarquer cC que 33 dans le tems qu'un conful défigné fe trouvoic 33 relferré par un fiége, dont la fureté publique 33 paroifioit dépendre ; dans le tems que la guerre 33 étoit commencée en Italië fous la conduite des 33 deux confuls, la feule propofition de leur don33 ner un autre commandement dans des lieux 33 éloignés, ne mauqueroit pas de foulever tous v les efprits: 8c quoique le décret ne dut avoir, J'ome IV, E An. rieRv 710. Cicer. £4» Coss. Vibius P a n s a. AiHlRTIUSi  An.de R. 710. Cic'.-r. £4. Coss. Vibius .Pa n s Ai A. hirtius, (a) Ibid. 9. 'b) Ibid, 10, €6 HlSTÖIRÊ DE LA VlE *> fon exécution qu'après la levée du fiége de Mo*33 dène, on craindroit nécelïairement que 1'atten33 don des confuls aux difficultés préfentes ne füt « partagée par les foins qu'ils feroient obligés de 33 donner d'avance \ leur nouvelle commiflion. Se tournant enfuite vers Panfa, il le preffa de convenir 33 que malgré tout remprelTement qu'il avoit 33 pour délivrer Decimus Brutus, la nature des 33 circonftances le forceroit de tourner quelquefois 33 les yeux vers Dolabella ; &c qu'en fuppofant 33 qu'il eüt plufieurs ames, il devoit les fixer (a) 33 toutes fur Modène. Pour lui, continua-t-il, 33 il fe fouvenoit d'avoir réfïgné pendant fon con33 fulat, une belle & riche province, dans la feule 33 vue de fe procurer plus de liberté pour éteindre 33 Ia flamme qui s'étoit allumée dans le fein de la 33 patrie. II fouhaitoit (b) que Panfa voulüt imi33 ter une conduite a laquelle il avoit quelquefois 33 donné des éloges. Si les confiils alpiroitnt au 33 gouvernement de quelque province, leurs défirs, 33 fans douce, étoient juftifiés par i'exemple de 33 tous les grands hommes; mais ils devoient com33 meneer par reftituer Decimus a la patrie; ils 33 devoient aiïurer la confervation d'un citoyen qui 33 méritoit d'être confervé avec autant de foin que 331'image facrée qu'on gardoit dans le temple de  o e Cicéron, Liv. X. €y ssVefta, & dont la füreté faifoit celle du peuple • «romain. D'ailleurs, un décret qui revêtiroit les ' 33confuls de cette noüvelle commiffion, apporte33 roit moins de facilité que d'obllacle a la guerre ^ 33 contre Dolabella. II falloit un général donc 331'équipage fut formé & tous les préparatifs déja 33 faits, qui fut accoutumé au commandement, 33 qui eüt de 1'autorité, de la réputation, des trou33 pes raiïembléas fous fes ordres, un courage 33 éprouvé au fervice de la patrie. II ne voyoit que 33 Brutus & Caffius, entre lefquels le choix püt 33 être incertain, a moins qu'il n'y eüt peut-être 33 encore plus d'avantage a les prendre tous deux: 33 qu'on ne pouvoit penfer raifonnablement a rap33 peler Brutus de la Macédoine, tandis qu'il s'y 33 employoit avec tant de courage & de bonheur 33 a repoufTer les derniers efforts d'une faótion dé33 fefpérée, tandis qu'il terraiToit Caius & les reftes 33 de fon armée, qui ne laiffoient pas d'y polTédet 33 encore quelques places confidérables : qu'après 33 avoir terminé cette entreprife, s'il jugeoit que 331'intérêt de la république 1'obligeat de pourfuivre 33Dolabella, il le feroit volontairement, fans at33 tendre les ordres du fénat; que lui & Caffius, >3 dans plus d'une occafion, s'étoient tenu lieu de 33 fénat a eux-mêmes : que la confufion générale 33 des affaires (d) forc/Di't d'oublier les régies pour fe Ca) Ibid. n, Eij In. de R, 710. jicer. 64, Coss. / i b i u s p a n S a. , Hirtius»  An. de r. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. SA.Hirtius, 'tfS Histoire de la Vif » conduire par les circonftances ; qu'on n'ignoroic » pas d'ailleurs que Brutus & Caffius n'avoient ja33 mais eu de règle plus fainte & plus inviolable m que la füreté & la liberté de la patrie: car a. quelle 33 autre loi, reprit-il, a quelle autre règle attribue33 rons-nous ce que 1'un a fait jufqua préfent dans 33 la Grèce, & 1'autre dans la Syrië, qua celle qui 33 eft établie par Jupiter même en faveur de la 33fociété, & qui rend jufte Sc légitime tout ce 33 qui peut contribuer au bien public? La loi n'eft 33 que la droite raifon, qui nous eft venue du ciel 33 pour nous prefcrire ce qui eft honnête, Sc nous 33 faire condamner tout ce qui blelTe 1'honnêteté. 33 Caffius n'en a pas confulté d'autre lorfqu'il a 33 pafie dans la Syrië. C'étoit la province d'autrui, 33 fi 1'on en juge par les loix écrites; mais dans 33 le renverfement de ces loix, c'étoit fa pro33 vince par la loi de la nature. Enfin, pour faire 33 confirmer auffi les actes de Caffius par 1'autorité 33 du fénat, il propofa un décret dans cette forme: 33 Le fénat ayant déclaré P. Dolabella ennemi du 33 peuple romain , Sc donné ordre qu'il foit pour-. 33 fuivi a force ouverte, pour lui faire fubir le 33 chatiment qu'il mérite des dieux & des hommes, 33 c'eft la volonré du fénat que C. Caffius, pro33 conful, commande dans la Syrië avec Ia même 33 autorité que s'il avoit obtenu ce gouvernement *>fuivant les formes ordinaires, Sc qu'il recoive  DE ClCÉKON, £;r. X 6> 53 fous fes ordres les différentes axmées de Q. Mar33 cius Crifpus , proconful, de L. Stacius Marcus, 33 proconful, de M. Allienus, lieutenant général, 33 qui feront obligés par eet acte de les remettre 33 a fa conduite; qu'avec ces forces, & celles qu'il 33 y pourra joindre, il pourfuive Dolabella par mer 33 & par terre : que pour fournir aux néceffités de 33 la guerre, il ait le pouvoir de demander des 33 vaiffeaux, des matelots Sc de 1'argent dans toutes 33 les parties de la Syrië, de 1'Afie, de la Bithynie & 33 du Pont; que dans toutes les provinces oü fa. 33 commiflion 1'obligera de fe rendre, fon autorité 33 foit fupérieure a celle des gouverneurs ordinaires. 33 Si le roi Dejotarus, ou fan Els , afliftent de leurs 33 troupes C. Caffius, proconful, comme ils on£ 33 affifté le peuple romain dans d'autres guerres, leur 33 conduite fera fort agréable au fénat & au peuple. 33 Si d'autres rois, d'autres tétrarques Sc d'autres 33 puiffances rendent le même fervice a C. Caffius, 33 proconful, le fénat & le peuple n'oublieronc 33 point cette obligation. ( t T. A Vl3> • devoir de vous fnrpaffer vous-même, en ajoutantV • chacjue jour quelque chofe a vorre gloire. Adieu. ; Quelques hiftoriens ont prétendu que le fuccès s. de ce débat fut a 1'avantage de Cicéron: mais il paroit au contraire, par la lettre précédente, & plus clairement encore par plufieurs autres, que 1'aurorité de Panfa 1'ayant emporté fur la fienne, ce fut (a) aux confuls que la commifiion fut décernée. Cependant Caffius fuivit fon confeil, & s'embarraffa peu des décrets qu'on portoit a Rome. Ayant entrepris la guerre fous fes propres aufpices, il arrêra bientöt les triomphes de Dolabella. II étoit arrivé a Rome, vers la fin de 1'année précédente, un incident qui avoit donné lieu a diverfes réflexions. La petite ftatue de Minerve, que Cicéron avoit dédiée au capirole en partant pour fon exil, avoit été renverfée & mife en pièces d'un coup de tonnerre. Quoique Cicéron *& les écrivains de fon tems n'ayent rien attaché d'extraordinaire d eet événement , quelques hiftoriens des fiècles fuivans affurent qu'il fut regardé comme le préfage de fa ruine. Mais le fénat, par confidération pour un citoyen fi diftingué, ordonna dans une affemblée du dix-huitième jour  X) e CichoN, Lir. X. 73 de mars (a), que la ftatue feroit rétablie aux dépens de letat. Ainfi le monument qu'il avoit établi lui-même pour rendre témoignage a la poftérité que la confervation de la patrie avoit été fon unique objet, recut un nouveau luftre par le fceau de 1'autorité publique. Pendant que le fénat s'étoit occupé de fes délibérations , Decimus Brutus avoit été prefte ü vigoureufement dans Modène, que fes amis commencèrent a s'alarmer beaucoup pour lui. On ne doutoit point que s'il tomboit entre les mams d'Antoine, il ne fut expofé au même fort que Trebonius. Cette crainte agit li puilTamment fur le cceur de Cicéron , que fur quelques nouvelles propofitions de paix qui fe firent au fénat, dont Panfa ni les partifans d'Antoine ne parurent point éloignés, non-feulement il confentit au décret d'une feconde ambaiTade , mais il accepta luimême cette commiffion , avec Serviiius & trois autres confulaires. Cependant, ayant bientöt remarqué que les amis d'Antoine n'avoient donné que de vaines efpérances, il reconnut qu'il s'étoit en?aeé dans une fauffe démarche , & que le but des ennemis de letat n'avoit été que de gagner (a) Eo ipfo die fenatus decrevit ut Mincrva noftra, cuflos urbis, quam turbo dejecerat, reftitueretur. Ep- fam. 12., ij. Dio. I. 45, pag. 178. An. deR, 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. \. hirtius.  An. <3e R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P A N s A. A.HiKTIUS 74 HlSTÖIRE DE LA VlE du tems pour fe donner celui d'opprimer Decimus. Antoine attendoit Ventidius, un de fes lieutenans généraux, avec rroislégions qui devoient le mettre en état de faire tête aux deux confuls, & ce ne fut qua 1'approche de ces nouveaux ennemis que Cicéron ouvrit les yeux fur fon erreur. Dès Ia première aiTembiée du fénat, il fe hata de rétraérer fon opinion, en déclarant que le décret auquel il fe reprochoit d'avoir confenti, étoit auili dangereux que déshonorant pour la république; & s'étendant avec. toute la force de fon éloquence fur les fuites funeftes d'une feconde ambalfade, il demanda inftamment que cette réfolution fik abandonnée. II confelfa dans fon difcours cc qu'il n'étoit pas «glorieux pour un fénateur, dont 1'opinion avoit «fervi ii fouvent de règle dans les plus imporx> tantes délibérations , de reconnoïtre qu'il s'étoit 37 lailTé tromper : mais il fe confoloit en faifant « réflexion que Terreur avoit été commune, & qu'un conful de la plus haute prudence ne s'en 33 étoit pas garanti: qu'après avoir vu les dépofitaires 33 du fecret d'Antoine, Pifon & Calenus, dont 1'un 33 gardoit fa femme & fes enfans, & 1'autre entre* 33 tenoit avec lui un commerce régulier, renou33 veler des propofitions de paix qui étoient depuis 33 long-tems interrompues ; après avoir entendu 33 les mêmes ouvertures de la bouche d'un conful  be Cicékon, I/r. X 75 *> dont la pénétration ne s'en lailToit pas facileM ment impofer, dont la vertu rejetoit le terme 3j d'accommodemenr, & ne vouloit entendre parjj Ier que de foumillion , dont la grandeur d'ame «rrouvoit la mort préférable a 1'efclavage, on 33 avoit pu s'imagir.er qu'il y avoit quelque raifon 33 fecrète de cette conduite, quelque plaie inconnue «dans les affaires d'Antoine, fur-tout lorfqu'on 33 avoit remarqué que fa familie étoit dans une a> affliélion extraordinaire , & que fes amis au fénat 33 laifToient voir leur abattement jufques dans leurs 03 regards (a). En effet, h toutes ces apparences 33 ne fignifioient rien, pourquoi Pifon & Calenus 33 avoienr-ils propofé la paix ? Pourquoi dans ces 33 circonftances: Pourquoi lorfqu'on s'y attendoit 3? le moins? A la vérité le fénat n'avoit pas plutoe 33 porté le décret de 1'ambafTade, qu'ils avoient 33 protefté tous deux qu'ils ne favoient rien d'ex33 traordinaire, & qu'ils avoient agi fans aucun nou33 veau motif: qu'il n'y avóit point eu de fujet pat as conféquent de prendre de nouvelles mefures 33 lorfque la lituation des affaires n'avoit pas chan03 oé : mais qu'il étoit clair que le conful & Calenus 33 avoient été trompés par les amis a Antoine, qui 33 préféroient fes intéréts particuliers a ceux du 33 public : que pour lui, il s'étoit d'abord appercu («) Phil, \ty i. An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius, Paus*. \. Humus*  An. de R 7 r o. Cicer. 64 Coss. Vi b i u ! V a N S a. A.Hirtiu («) Ibid. 1. (i) Ibid. 3, 7^ HlSTOiRE DE LA V I E ' »de iartificè , mais confiifément, paree que Kn■ »térêt de Decimus avoit troublé fes yeux; que - s'il pouvoit le délivrer du péril en fe fubitituant i. » a fa place , il ne balanceroit point a s'aller ren» fermer dans Modène. II ajouta qu'Antoine n'avoit » qua fe foumettre & a propofer bumblement « fes demandes; qu'alors il feroit le premier peut» être a demander qu'elles fuffent.écoutées; mais » que tandis qu'il auroit les armes a la main, & » qu'il continueroit fes hoftilités, il n'y avoit point « d autre parti a prendre que de lui réfifter par «la force: qu'on objecteroit peut-être qu'après » que le décret étoit porté, il n'étoit plus tems =»d'en revenir, mais n'étoit-il pas (a) toujours » tems pour le fage de réparer fes fautes lorfqu'il «en avoit le pouvoir? L'erreur étoit le partage =° de 1'humanité , mais il n'y avoit que les infenfés « qui fuffent capables d'y perfévérer. Si 1'on s'étoit * détourné du droit chemin pour des efpérances » fauffes & trompeufes, il ne falloit pas perdre un » moment pour y rentrer, car le premier effet du » repentir devoit être un changement de conduite. » II fit obferver enfuite que loin d'être utiie a « la république , une nouvelle ambalfade produi=» roit des maux infaillibles ; qu'elle en avoit déja » produit ( b ) d'irréparables, en diminuant le  ï) E C i 'c é R O N , L I v. X. '77 35 zèle des villes & des colonies, en refroidilTant 33 le courage des légions qui s'étoient déclarées 33 pour la patrie, mais qui combattoient avec moins 33 d'ardeur lorfqu'elles voyoient le fénat mollir & 33 fonner la retraite : qu'il y avoit de l'injuitice 33 d'ailleurs a traiter de la paix, non-feulement 33 fans la participation, mais contre le défir de 33 ceux qui foutenoient la guerre 5 qu'Hirtius &t 33 Céfar étoient li éloignés de penfer a la paix, 33 qu'il pouvoit prouver par leurs propres lettres, 33 que toutes leurs efpérances étoient dans la vic33 toire (a) ; que ce n'étoit point par des négocia33 dons & par des traités, mais par la force des 33 armes qu'ils étoient réfolus d'obtenir la paix: 33 qu'il n'y avoit point de paix a fe promettre avec 33 un ennemi a qui on ne pouvoit rien accorder: 33 on avoit déclaré , après des délibérations una33 nimes , qu'il avoit forgé divers décrets; vouloit33 on fe rétraéter & les reconnoïtre pour légitimes ? 33 On avoit annulé fes loix , paree qu'elles étoient 331'ouvrage de la violence; on vouloit donc les 33 rétablir. On 1'avoit convaincu d'avoir volé le 33 tréfor du temple d'Ops; il falloit dónc öter a 33 cette affion ce qu'elle avoit d'odieux, & la dé33 clarer innocente. 11 avoit vendu des immunités, 33 des facerdoces, des royaumes; vouloit-on con- {a) Ibid. 4. An. de R. 710. Cicer. £4, Coss. Vibius p a n s a. j.. hirtius,  An. deR. 710. Cicer. £4. Coss. Vibius Pa nsa. A.Hjriius. O) Ibid. j. (£) Ibid. 6. 78 HistoireöelaViÊ 33 firmer tous ces infames marchés (a), qui avoienc » été condamnés par des décrets ? Lui accorder 33 la Gaule Tranfalpine avec dhe armée, n'éroit-ce 33 pas prolonger la guerre plutót qu'ailurer la paix ? 33 N etoit-ce pas même (b) accorder la victoiré 33 a 1'ennemi ? Ceft donc dans cette vue, reprit-il, 33 que nous avons endoffé 1'habit militaire, que 33 nous avons pris les armes, & que nous avons 33 mis en mouvement toute la jeunefle d'Italie ? 33 Avec des troupes floriflantes & nombreufes, 33 notre dernier efFort fe réduit donc a députer une 33 ambalTade! Et moi, ferai-je du nombre des am33 balTadeurs ? Serai-je d'un confeil oü le peuple 33 romain ne faura pas même fi j'ai combatru le 33 fentiment des autres, de forte que fi 1'ennemi 33 emporte quelqu'avantage dont les fuites nous 33 ibient funeftes, je Ibis expofé a perdre mon cré33 dit & ma réputation ? II fit voir ici que quand 331'ambafiade feroit abfolument nécefiaire, il étoic 33 celui-de tous les fénateurs , a qui certe commif* 33 fion conviendroit le moins; qu'il avoit tonjours 33 pris parti contre cette propofition, qu'il avoit 33 propofé le premier de prendre 1'habit de guerre-, 33 qu'il avoit toujours été 1'auteur des plus rigoureu3> fes réfolutions contre Antoine & fes aflbeiés; qu'il 33 paiToit dans tous les partis pourun homme pré33 venu de fes fentimens, & fort opiniatre dans fes  D E C I C É R O N, L I V. X. 79 b principes; qu'Antoine auroit peine peut-être a » fupporter fa («) préfence ; que fi 1'on comptoit »pour rien la peine qu'Antoine auroit a le voir, il » fupplioit du moins qu'on lui épargnat celle de » voir Antoine; que ce ne pouvoit être pour lui « qu'un fupplice, fur-tout depuis que eet ennemi » public , dans un difcours qu'il avoit fait nouvelle33 ment a fes parricides, en diftribuant des récom* 33 penfes aux plus défeipérés 3 avoit promis la confif3» cation de fon bien a Petilfius; enfin qu'il ne fe 33 fentoit point afiez de force pour fupporter la vue 33 d'un homme a la cruauté duquel il n'étoit échappé 33 que par la vigueur avec laquelle il avoit défendu 33 fes portes Sc fes murs, & par le zèle de fes conci33 toyens d'Arpinum : que fi on le croyoit capable 33 de fe vaincre jufqu'a diffimuler fon reflentiment 3> a la vue d'Antoine, il prioit du moins le fénat 33 d'avoir quelque confidération pour la süreté de 33 fa vie; non qu'il y attachac lui-même un grand 33 prix; mais il fe natrok qu'elle ne pouvoit être 33 méprifable aux yeux du fénat & du peuple 3» romain, & s'il ne s'aveugloit point en fa laveur , »il pouvoit croire que c'étoit lui jufqu'alors qui 3o par fa vigilance, fes foins & fes confeils, avoit 33. arrêté les entreprifes de leurs ennemis (h), ou «3 les avoit rendues infruclueufes. Si fa vie n'avoit >3 pas été exempte de dangers au milieu de Rome, (a) Ibid. 7. (i) Ibid. 8. An. de R, 7'o. Cicer. £4, Coss. Vibius; P a ns a. A. hirtius.  An. de R. 710. Cicer. 64V Coss. Vibius P a n s a. A. Hirtius. (a) Ibid. 9% 35 devoit 80 HlSTOIRE DE LA VT È" 33 dans le fein de fa familie, fous la sarde de fes" 33 amis Sc de tous les citoyens, que ne devoit-il 33 pas appréhender dans un long voyage? Qu'il y 33 avoit trois routes de Rome a Modène , celle de 33 Flaminius le long de la mer Adriatique, celle 33 d'Aurelius le long de la Méditerranée , 8c celle 33 de Caffius entre les deux (a) autres; qu'elies 33 étoient bouchées toutes trois par les affociés 33 d'Antoine, c'eft-a dire, par fes plus cruels en33 nemis; la voie Caffienne par Lento , la Flami33 nienne par Ventidius, & 1'Aurelienne par toute 33 la familie des Clodiens ; qu'il fouhaitoit donc , 33 fi le fénat lui en accordoit la liberté, de de33 meurer a Rome, qui étoit fon élément, fon 33 pofte, 8c le centre de fes obfervations; que les 33 autres pouvoient fe procurer des armées, des 33 royaumes, des commandemens militaires; mais 33que fon partage étoit la ville, & le foin des 33 affaires domeftiques dont il vouloit s'occuper 33 uniquement avec eux : que ce n'étoit pas lui qui 33 refufoit la commiffion dont on 1'avoit chargé , 33 mais que tous les citoyens de Rome la refufoient 33 pour lui; car s'il étoit plus circonfpect & plus 33 réfervé que perfonne , il n'y avoit perfonne auffi 30 qui fut moins capable que lui de fe lailfer trou33 bier par la crainte qu'un homme d'état  t5E ClCÉRÖtf, LïV. X. ft *> devoit laifler après lui une réputation glorieufe, « & ne pas s'expofer au reproche d'erreur 8c dé » folie. Qui n'a pas pleuré, dit-il, la mort de 33 Trebonius 2 Cependant quelqties-uns ont préten•> du , quoiqu'il foit facheux de le faire obferver, m qu'il mérite moins de compaflion pour ne s'être 3» pas précautionné avec plus de foin contre un » iache & perfide ennemi, car la prudence ap33 prend d ceux (a) qui font profefllon de garder 33 la vie des autres, que leur première attention »3 doit être pour la füreté de leur propre vie.... ts qu'en fuppofant qu'il échappat aux embüches qui » lui feroient drefiees fur la route, il n'efpéroic 33 pas que la rage d'Antoine le laifsat retourner 33 vivant: que dans fa jeuneffe , fervant en qualité 33 de volontaire, il fe fouvenoit d'avoir affiflé a »3 la conférence de Cn. Pompée & de P. Vettius, 33 général des marfes, qui s'étoit tenue entre les 33 deux camps; mais qu'il n'y avoit alors entre les 33 deux partis ni crainte, ni foupgon, ni excès de 33 haine : que pendant les guerres civiies Sylla 8C 33 Scipion s'étoient rencontrés dans une conférence 33 oü la foi n'avoit pas été gardée mutuellement, 33 mais que tout (b) s'y étoit pafle néanmoins fans 33 violence: qu'on ne pouvoit fe promettre les mêmes ?> ménagemens avec Antoine, ou que fi d'autres ( is Cicéron, Zrr. X. t j ie deffein. Vers la fin du mois, Panfa fe mit en marche vers la Gaule , pour joindre Hirtius & Céfar Odave a la tête de la nouvelle armée , & tenter aufli-tót de déliVrer Decimus par une bataille décifive." Tandis qu Antoine jetoit le fénat dans fincertitude & la confufion par les intrigues de fes amis, il s'efforcoit d'un autre cöté par fes lettres d'ébranler la fidélité d'Hirtius & d'Odave, & de leur faire abandonner le parti qu'ils avoient embraïfé. Mais leurs réponfes, toujours courtes & pleines de fermeté, le renvoyoient conftamment a 1'aurorité du fénat. Cependant, comme le dénouement paroillbit approcher, il fit un houvel effort pour les féduire; & dans une lettre mêlée de plaintes & de flatteries, il leur reprocha d'oublier leurs véïitables intéréts pour fe lailfer conduire aveugléjnent par Cicéron, qui ne penfoit qu'a rétablir la fadion de Pompée, & qu'a jeter les fondemens d'un pouvoir dont ils devoient craindre leur ruïne. Marc-Antoine , a Hirtius & Céfar. La mort de Trebonius m'a caufé tout-a-la-fois beaucoup de joie & de trifteife. Je n'ai pu apprendre fans une vive fatisfadion qu'on avoit enfin tiré d'un traïtre la vengeance qui étoit düe aux cendres du plus gtand des hommes, &c que dans F ij An. de Jt' 710. Cicer. £4» Coss. Vibius P a n s a. A. HIRTIUS  'Ao. de R. 710. Cicer. 64. Coss. V I ü I ü s ï> A N S A. A, HlRTIUi '84 KlSTOIRE DE LA V ï £ le cours de 1'année , la providence du ciel fe juftifie par le chatiment du parricide, qui eft déja tombé fur quelques-uns des coupables, & qui me. nace inceffamment tous les autres. Mais d'un autre cóté, c'eft pour moi le fujet d'une vive douleur, de voir que Dolabella foit déclaré 1'ennemi public pour avoir fait juftice d'un meurtrier, & que Trebonius, le fils d'un bouffon, foit plus cher au peuple romain que Jules-Céfar, le père de fa patrie. Une réflexion plus amère encore , c'eft que vous, Hirtius, qui êtes couvert des bienfaits de Céfar, & placé de fa main dans une fituation qui vous étonne vous-même 5 & vous, jeune Oétave, qui devez tout a 1'honneur que vous avez de lui appartenir, vous faftiez tous deux vos derniers efforts pour donner une couleur de juftice a la condamnation de Dolabella, pour délivrer le miférable que je tiens afliégé, & pour revêtir Caffius & Brutus de toute 1'autoriré. Vous regardez les affaires préfentes du même ccil qu'on a regardé nos différents paffés; le fénat paffe a vos yeux pour le camp de Pompée, vous prenez Cicéron pour votre chef, vous fortifiez la Macédoine par vos troupes, vous avez donné 1'Afrique a Varus, Ia Syrië a Caffius; vous fouffrez que Cafca exerce les fondions de tribun; vous fupprimez les revenus des fêtes juHennes, vous aboliifez les colonies de vétérans, quoiqu'établies par les loix; vous promettez au  DE Cl CÉ ft ON, LlV. X. '85 peuple de Marfeille la reftitution de ce qu'il a perdu par le droit de la guerre ; vous oubliez que les partifans de Pompée font exclus des emplois par une loi d'Hirtius même ; vous faites toucher . a Brutus 1'argent d'Appuleius 5 vous applaudiflez a la mort de Poetus & de Menedemus , tous deux amis de Céfar , tk. redevables a fon amitié du droit de bourgeoifie ; vous refufez votre protection a Théopompe, lorfque banni &c dépouillé par Trebonius , il eft forcé de fe réfugier a Alexandrie; vous recevez dans votre camp Sergius Galba , arme du même poignard qui lui a fervi pour aiTafïiner Céfar; vous débauchez mes foldars; vous enrólez les vétérans, fous prétexte de venger la mort de Céfar, & vous les employez, fans qu'ils s'en défient, contre leur quefteur, contre leur général Sc leurs camarades. Qu'avez-vous fait, en un mot, que Pompée, s'il étoit au monde, & fon fils ne vouluiTent pas faire 2 Vous prétendez qu'on ne doit point fonger a la paix avant que j'aie rendu Ia liberté a Decimus: croyez-vous que ce foit li le fentiment des vétérans qui ne fe font point encore déclarés? C'eft le votre, paree que vous vous ctes vendus aux flatteries & aux honneurs empoifonnés du fénat. Mais vous ctes venus, direz-vous, au fecours des troupes que je tiens affiégées : je ne ni'oppofe point a leur confervation, & je n empêcherai point qu'elles fe retirent oü il vous piaira, F iii An. de R. 710. Cicer. £4. Coss. vibius p a n s a. i..Hirtius,  An. de R 710. Cicer. £4 Coss. V1 p. 1 u: Pa nsa. A.Hirtiu frf HrSTOlRg" DE la VrE ' pourvu feulement qu'elles m'abandonnent celui qui a mérité de périr. Vous m'écrivez qu on a fait renakre au fénat des ouvertures de paix, & qU'cn >. a nommé cinq ambafiadeurs confulaires: eft-Ü croyable que ceux qui m'ont pouffé a bout lorfque je leur ai fait les plus belles offres , foient capables aujourd'hui de modération & d equiré ? Eft-il vraifemblable que les mêmes hommes qui ont traité Dolabella fi mal pour une adion louable, puilfent me pardonner lorfque je fais profeffion des mêmes fentimens 2 Confidérez donc lequel vous paroïtra préférable & le plus utile a notre intérêt commun, de venger la mort de Trebonius ou celle de Céfar. Voyez quel parti vous paroïtra le plus jufte pour nous, ou de nous armer les uns contre les autres pour rétablir la caufé de Pompée, qui a été ruinée tant de fois, ou de joindre nos forces pour ne pas devenir le jouee de nos ennemis, qui xi'ont que de 1'avantage a recueiilir de votre ruine & de la mienne. La forrune a différé jufqu'.i préfeut ce fpectacle. Elle n'a pas voulu que deux armées qui font les membres d'un même corps , s'égorgeaffent mutuellement, ni que Cicéron, comme un chef de gladiateurs, eik le plaifir de nous alfortir pour le combat. II eft heureux de vous avoir pris dans les mêmes filets qui lui onc fervi, comme il s'en vante, a prendre Céfar, Pour moi, je déclaré que ma réfolution eft de Q«  t) 1 Ciceros, Liv. X. 87 fouffrir aucun outrage, ni dans ma perfonne, ni A dans celie de mes amis; de ne point abandonner c le parti qui fut odieux a Pompée; de ne pas per- v mettre que les vétérans foient chaiTés de leurs A. polTeffions, & trainés 1'un après 1'autre au fupplice; de ne pas rompre les engagemens que j'ai pris avec Dolabella ; de ne pas violer mon alliance avec Lepidus, dont je connois la fidélité, & de ne pas trahir Plancus, le confident de tous mes defieins. Si les dieux immortels me foutiennent aufli conftamment que je 1'efpère dans la défenfe d'une fi bonne caufe, je vivrai avec plaifir. Mais fi quelqu'autre deftin mattend, je trouve d'avance une vive joie dans la certitude de votre chatiment; car vous fentirez quelque jour combien ces Pompeiens, qui font fi fiers & fi violens dans leur défaite, font capables de 1'être dans leur triomphe. Enfin je n'ajoute qu'un mot : je puts pardonner les injures de mes amis fi je les trouve eux-mêmes difpofés, ou a les oublier, ou a fe joindre a moi pour venger la mort de Céfar. J'ai peine (a) a. me perfuader qu'il me vienne des ambafiadeurs, mais s'ils arrivent, je faurai ce qu'ils veulent de moi. Adieu. Hirtius & Oétave, au lieu de répondre a cette lettre, 1'envoyèrent direétement a Cicéron, pour (a) Vid. Phil. 13* io, &c. 1. de r. 710. eer. 64; Coss. IBIUS A N S A. HIRTIUS.  An.de fio. Cicer. i Coss. Vun V A N S A. HiRTJ SS HlSTÖIEE DE LA Vil? en faire 1'ufage qu'il jugerok a propos, avec U 4. parnapation du fénat & du peuple. ^ Dans eet intervalle , Lepidus écrivit une lettre u, publique au fénat. C'étoit une exhortadon k prendre de nouvelles mefures pour la paix, & h prévenir 1'effufion du fang des citoyens, par quelque voie qu. put rappeler Antoine & fes partilans aa lervice de la patrie. Mais il n^y faifoit aucune men» tion de fa reconnoiffance pour les honneurs publiés qu. lui avoient été nouvellement décernés. Cette afreótation dépiut au fénat, & parut confirmer les foupcons qu'on avoit déja de fon intelligence avec Antoine. Cependant, fiir la propofition de Serviiius, 1'aiTembiée ordonna par un décret, « qu'on lui feroit des remerdmens de fon * zèle pour la paix. & de fon inquiétude pour le * falut des citoyens, mais, qu'on le prierok de ne » s en plus mêler, & de laiifer ce foin a ceux qui » étoient perfuadés que la paix étoit impoffible » ü Antoine n'abandonnoit les armes, & ne la » demandoit lui-même ». La lettre de Lepidus (kt pour les amis d'Antoine une nouvelle occafiop de propofer un traité, en faifant valoir la néceffité de fatisfaire Lepidus, qui étoit en état, difoienc-ils, d'obtenir par la force ce que fon amour- pour la paix lui faifoit délirer. Ce renouveilement d'inftances de la pare de pMeurs perfonnes fufpectes, mit encore we  b e Cicéron, Li v. X 8? fois Cicéron dans 1'embarras de leur répondre & de détruire leurs argumens. cc II leur dit qu'il avoit 3> toujours appréhendé que des offres de paix équi« voques n'eufTent pas d'autre efFet que d'éteindre 33le zèle public pour le rétabliflement de la li33 berté : qu'a la vérité ceux qui fe plaifoient dans 33 la difcorde & dans l'efFufion du fang des ci33 toyens, devoient être bannis de la fociété des 33 hommes; mais qu'on devoit conlidérer auffi s'il 33 n'y avoit pas quelquefois des guerres tout-a-fait 33 inévitables, ou la paix devoit être regardée 33 comme impoffible (a), paree qu'elle ne pouvoit 33 être qu'un traité d'efclavage : que la guerre pré33 fente étoit de cette nature, ayant été entreprife 33 par une troupe de gens fans mceurs & fans prinsscipes, ennemis naturels de la fociété, qui fai33 foient toute leur joie de piller & de malTa33 crer les créatures de leur efpèce , & que c'étoit 33 renverfer R.ome que de lui rendre de tels ci33 toyens (b); que le fénat devoit fe fouvenir des 33 décrets qu'il avoit déja publiés contr'eux ; que 33 jamais on n'en avoit porté de Ci fermes contre 33 des ennemis étrangers avec lefquels on avoit 33 renoncé a toute efpérance de paix. Quoiqu'on 33 dut attendre du fénat autant de prudence que 33 de courage , & que ces deux qualités mêmes ne (a) ¥ië, 13, 1. (/>) Ibid. i% An. deR. 710. Cicer. 64. Coss. VIBIUS P A N S A. A. Hirtius.  An. de R, _ 710. Cicer. 64. Coss. Vibius V a n s a. A. Hirtius (« ) Ibid. 3. 9ö HlSTÖÏRË DS LA VlE 53 dufïent jamais être féparées, il vouloit néanmoins 33les confïdérer féparément, & s'attacher aux régies 33 de la prudence, qui étoit la plus circonfpecte 33 & la plus ffire des deux. Si la prudence, con53 tinua-t-il, m'ordonnoit (a) de n'eiiimer rien 35 autant que ma vie, de ne rien entreprendre au 33 rifque de ma têter.& d'éviter tous les dangers, 33 quand 1'efclavage devroit être le fruit de mes 33 précautions, je rejetterois cette forte de vertu, 33 fur quelques principes qu'elle tut appuyée : mais 33 elle nous enfeigne au contraire a ne défïrer la 33 confervation de notre vie, de notre fortune &C 33 de nos families, qu'avec une jufte fubordination 33 au foin de notre liberté, a ne fouhaiter la pof33 fellion de tous ces biens que dans le fein d'un 33 état libre, a ne jamais abandonner notre liberté 33 pour eux, & a les facrifier généreufement pour 33 la liberté, paree que fans liberté ils changent 33 tellement de nature qu'ils deviennent la fource 33 des plus grands maux. Je voudrois donc prê33 ter 1'oreille aux inlpirations de la prudence , 33 & la refpecler comme un dieu. II protefta 33 que perfonne n'avoit plus de confidération 35 que lui pour Lepidus, & qu'indépendamment 33 d'une ancienne liaifon d'amitié, il ne pouvoie 33 refufer la plus haute eftime aux fervices qu'il  16 i Cicéron, L i v. X. 91 » avoit rendus a 1'état, en perfuadant au jeune 33 Pomoée d'abandonner les armes, & d'épargner a. 33 fa patrie tous les malheurs d'une guerre cruelle ; 33 que la république (a) avoit des gages innom33 brables de fa fidélité & de fa vertu ; que per33 fonne n'ignoroit la noblefie diftinguée de fa 33naifiance, les honneurs qui étoient accumulés 33 fur fa tête, fa qualité de grand pontife , les 33 embelliffemens dont la ville étoit redevable a 33 la générofiré de fes ancêtres & a la fienne, le 33 mérite de fa femme & de fes enfans, fon im3» menfe fortune, qui n'avoit jamais été fouillée 33 par le fang des citoyens, 1'élcignement qu'il 33 avoit pour 1'injuftice & la violence, & 1'in-. 33 clination qui le portoit au contraire a fe faire 33 aimer par fes fervices & fes bienfaits; qu'un 33 homme de ce caraétcre pouvoit fe tromper quel33 quefois dans fon jugement, mais qu'il ne pouvoit 33 jamais être volontaïrement 1'ennemi de fa patrie : 33 que le penchant qu'il marquoit pour la paix étoit 33louable, s'il pouvoit la rendre telle qu'il venoic 33 de la faire avec Sextius Pompée; qu'aulïi lui avoit33 on décerné plus d'honneurs qu'il n'y en avoit 33 jamais eu d'exemple avant lui, une ftatue , avec 33 une magnifique infcription, & le triomphe dans 33 fon abfence; qu'heureufement cette affaire avoit («) Ibid. 4» An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pa n sa. A.Hirtius.  An. de R. Cicer. <4, Coss. V.isius A.Hirtiu; (<0 Ibid. y. 'b) Ibid, & 91 HlSTOlRE DE LA V I E » été fi bien ménagée, que les actes de Céfar ayant »été confirmés pour le bien de la paix, on avoit 33 trouvé le moyen d'accorder Ie retour de Pom;. 35 pée avec leur validité; qu'en efiet rien n'étoit 33 fi fage que d'avoir mis Pompée en état de rache33 ter fes propres biens en lui fournilTant les fommes 33 néceiTaires ; que 1'ancienne liaifon qu'il avoit 33 eue avec fon père lui faifoit défirer la commif33 fion de lui reftituer 1'héritage de fes ancêtres ; 33 que fon premier foin (a) feroit de le faire nom33 mer augure , pour rendre au fils la même faveur 33 qu'il avoit recue du père ; qu'on apprenoit da 33 ceux qui 1'avoient vu depuis peu a Marfeille , 33 cju'il devoit venir incefiamment au fecours de 33 Modène, & qu'il n'étoit arrêté que par la crainte 33 de mécontenter les vétérans, en quoi 1'on recon33 noifibit le fils d'un père dont la prudence avoit 33 toujours égalé le courage Qu'au refte , Lepi- ?3 dus devoit prendre garde que fa conduite ne 33parut trop arrogante; que s'il prétendoit fe faire 33 redouter par fon armée, il devoit fe fouvenit 33 que c'étoit Parmée du peuple romain (b) & non 33 la fienne que s'il offroit 1'entremife de fon 33 autorité, fans le fecours des armes, fon inten33 non mériroit des éloges , mais pouvoit paffes a pour fuperflue ; car, quoique fon autorité füs  T) e Cicékdn, tiv.X. 95 s» felle qu'un citoyen de fon mérite & de fa no33 blelTe pouvoit juftement le prétendre , le fénat 33 n'oublioit pas non plus ce qu'il devoit a fa di33 gnité; & jamais on n'avoit vu dans le fénat tant de 33 gravité, de prudence & de courage; qu'ils étoient 33 tous li animés contre les ennemis de la liberté sipublique, qu'il n'y avoit point d'autorité ca33 pable de réprimer cette ardeur, ou de leur arra33 cher les armes.... qu'ils fe flattoient encore des 33 plus heureufes efpérances, mais qu'ils étoient 33 déterminés (a) a tout fouffrir pour éviter 1'ef>3 clavage; qu'il n'y avoit rien a craindre de Les» pidus, puifque fa propre fortune dépendoit de la 33 süreté des honnêtes gens: que li la nature for33 moit les caraótères honnêtes, c'étoit la bonne 33 fortune qui les confirmoit dans leurs principes; 33 paree qu'aufond, quoique la süreté Sc" le repos 33 lulfent 1'intérêt de tout le monde, c'étoit néan33 moins plus particulièrement celui des gens riches 33 Sc heureux : que perfonne ne 1 'étant plus que 33 Lepidus, on devoit croire auffi que perfonne ne 33 défiroit plus fincèrement la paix publique, qu'il 331'avoit prouvé par un témoignage alfez éclatant, 33 lorfqu'il avoit paru fi affligé de 1'offre du dia33dême qu'Antoine avoit faite a Céfar, dans Ja 33 réfolütion d'être fon efclave plutöt que fon (a) Ibid. 7, An. de R. _7'°. Cicer. £^4. Coss. Vibius; P a n s a. A. Hirtius»  An, de R. 710. Cicer. £4. Coss. Vibius P a n s a. A. Hirtius. (a) Ibid. 8. 94 HlSTOIRE DE LA V 1 É » collégue; action qui méritoit feule Ie pltis ri33 goureux chatiment (a) , quand il n'auroit jamais 33 commis d'autre crime 33. Ici 1'orateur s'emporte a fes inveclives ordinaires contre Antoine, Sc foutenant le même ton dans plufieurs pages, il conclut enfin que toutes les propofitions & les efpé* lances de paix font inutiles avec lui. II en donne pour nouvelle preuve fa lettre a Hirtius & Octave1 & 1'ayant lue a 1'aflemblée, non, dit-il, qu'il la jugeat digne de eet honneur, mais pour faire con<* noitre les perfides vues de 1'auteur par fa propre confeilion ; il fait fes remarques fur chaque arricle, avec une raillerie vive & inp;énieufe de la fureur, de 1'extravagance, de la folie 8c des abfurdités qu'il y découvre a chaque mot. II ajoute cc que 93 fi Lepidus avoit vu cette pièce, il cefleroit de 33 croire la paix poffible, & par confé.iuent de la 33 confeiller •, qu'on accorderoit plutör I'eau 8c Ie 33 feu, qu'Antoine avec Ia république; que la pre33 mière réfolution Sc la plus utile étoit donc de 33 vaincre; la feconde, de ne craindre Sc de ne 33 refuler aucun danger pour la liberté; qu'il n'y 33 avoit point a choifir de troifième parti , mais 33 que le pire, fans doute, étoit de fe foumettre la33 chement par le honteux défir de vivre33... Forcé, dit-il, par de fi puiflantes raifons, il fe déclaré  t>E Cicéron, Ijk. X 9 c pour le fentiment de Serviiius, fur la lettre de Lepidus, en propofant d'y joindre cette claufe, qui pouvoit être pubiiée dans le même décret, ou féparément: cc Que Sextus Pompée, fils de 33 Cna?us, en offrant fes fervices & fes troupes au 33 fénat & au peuple romain , avoit dignement 33 imité le courage & le zèle de fon père & de 33 fes ancêtres, & répondu a 1'opinion qu'on avoic 33 de fa propre vertu & de fes bonnes intentions 33 pour la république; & que fa conduite étoit aufil 33 glorieufe pour lui, qu'elle étoit agréable au 33 fénat & au peuple romain 33. Après ce débat, qui fe termina comme Cicéron Ie défiroit, il écrivit a Lepidus une lettre alfez courte, & fi froide , que fon delfein fembloit être de lui faire entendre qu'on étoit fort tranquille a Rome, & que toutes les mefures qu'il pourroic prendre, y cauferoient peu d'inquiétude. Cicéron d Lepidus. (fl) Tandis que la parfaite confidération que j'ai pour vous, me porte fans celfe a ne rien épargner pour le foutien & 1'augmenration de votre dignité, je n'ai pu me défendre de quelque chagrin, en vous voyant négliger de faire vos remercimens au fénat, pour les honneurs extraordinaïres («) Epifl. fam, 10 a 17, An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius: p a n s a. A. Hirtius,  in.de R. 71°. Cicer. 64, Coss. Vibius Pa n s a. hirtius $6 HlStOÏEE DÉ LA V I E qu'il vous a décernés. Je me réjouis néanmoins de 1'ardeur que vous témoignez pour la paix. Si vous pouvez nous la donner, fans nous précipiter dans 1'efclavage, vous travaillerez, fans doute, égatement pour votre honneur & pour 1'avantage de la république. Mais fi elle ne produit point d'autre effet que de remettre un furieux en polTeffion du pouvoir arbitraire, je vous apprends que tous les honnêtes gens font réfolus ici de préférer la mort a la fervitude. II me femble donc que la fagefle vous oblige a ne plus vous mêler de la paix, pujfque vous ne feriez approuvé ni du fénat ni du peuple. Mais je ne vous dis point la-defFus tout ce que vous pourrez apprendre par d'autres voies; votre prudence vous fervira de règle. Adieu. Plancus, qui commandoit dans la Gaule, & qui faifoit alors fa réfidence a Lyon, avec un corps de troupes aflez nombreux, fortifia 1'avis de Lepidus par une lettre qu'il écrivit au fénat dans la même fens. Cicéron lui fit cette réponfe: Cicéron a Plancus. Le récit que Furnius nous a fait (a) de votre afFection pour la république, a caufé une fatisfaction extréme au fénat & au peuple de Rome; mais votre lettre, qui a été lue publiquement au fénat, ( on auroit décerné aux dieux 33 quelque jufte témoignage de la reconnoiflance 33 publique 33, Brutus n'étoit pas fans embarras fur la manière dont il devoit traiter Caius , fon prifonnier. S'il confultoit fon penchant, il étoit porté a le renvoyer libre; mais il avoit raifon d'en appréhender de nouveaux troubles pour lui-même & pour la république. S'il le retenoit dans fon camp, il craignoit qu'un ennemi fi dangereux n'y excitat quelque fédition par fes intrigues. S'il lui faifoit öter la vie, il fentoit que cette extrêmité paroitroït crueüe , & fon propre caractère en étoit fort éioio-né. II écrivit a Cicéron pour le confulter:  *>ë Cicéron, Lip: X. 99 ?c Caius, lui dit-il (a), eft toujours dans mon 33 camp, mais en ve'riré je fuis touché de fes 33 prières, & j'appréhende même qu'il ne fe trouve 33 des furieux qui fe déclarent pour lui. Mon ih33 cerritude eft extréme. Si je favois votre fenti33 ment, je ferois rranquille ; car le parti que vous 33 me confeilleriez de fuivre , me paroïtroit infailli- 33 blement le meilleur 33. L'avis de Cicéron fut de garder foigneufement Caius (t>) jufqu'a ce que le fort de Decimus fut éclairci a Modène. Cependant Brutus continua de le traiter avec beaucoup de douceur , & conferva toujours de 1'inclination a lui rendre la liberté. II en écrivit même au fénat; & ce qui parut non-feulement étrange* mais choquant a tous fes amis de Rome, il permit a Caius d'écrire auffi dans le ftyle d'un proconful. Cicéron lui en fit des plaintes par cette lettre : «Pilus, votre melfager, nous a remis deux 33 lettres le 13 d'avril, 1'une de vous, 1'autre de 33 Caius. Elles ont paifé d'abord par les mains du (a) Caius Antonius adhuc ett nobifcum," led medius fidius & moveor hominis precibus, & timeo ne illum aliquorum furor excipiat. Plane sefluo. Quod fi icirem quid dbi placeret, fine follicitudine eiïèm. Id enim optimum effè perfuafum eiïèt mihi. Ad Brut. i , <. ( b) Quod me de Antonio confülis , quoad Bruti exitum cognorimus, cuftodiendum puto. Ibid. 4. Gij An. de R, _7to. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius  &n. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a n s a. A.HIRTIUS. fI0O HlSTOIRË DE t A Vlï 33 tribun Serviiius. qui les a rendues au préteuf 33 Cornutus. Dans la lec-ture qu'on en a faite au w fénat, le titre de proconful dont Caius ofe fc 30 revêtir, a caufé autant de furprife que li 1'on 3» avoit vu prendre celui d'empereur a Dolabella, 33 qui nous a dépêché aulli un exprès, mais fans 33 que perfonne ait eu, comme votre Pilus, la 33 hardielTe de produire fes lettres aux magiftrats. 33 On a donc lu la votre. Elle étoit courte, mais 33 extrêmement indulgente pour Caius. Le fénat 33 en a paru furpris. Pour moi, je me fuis trouvé 33 dans quelqu'embarras. Devois-je dire que c'étoit 33 une lettre fuppofée ? Mais quel parti prendre 33 après cela, li vous aviez pris celui de 1'avouerï 33 Devois-je reconnoitre qu'elle étoit de vous? 33 C'étoit vous faire peu d'honneur. Je me fuis 33 déterminé a garder le fïlence. 33 Le jour fuivant, lorfque cette affaire avoit 33 déja fait beaucoup de bruit, & que tout le 33 monde fe trouvoit offenfé de Ia conduite de 33 Pilus, j'ai fait 1'ouverture du débat, & j'ai dit 33 quantité de cbofes du proconful Caius. D'autres 33 ont patlé. Sextius, après avoir rempli fon röle, 33 nfa fait obferver en particulier a quel danger fon 33 fils & le mien feroient expofés s'ils avoient pris 33 réellement les armes contre un proconful. Vous ssie connoiffez. II a toujours rendu juftice a la «3 caufe. Mais notre ami Labeon remarqua que,  6 e Cicéron, Zjf>. X i«t s» votre fceau ne paroiffoit point a la lettre, qu'elle 1 33 étoit fans date, que contre votre ufage, vous < 33 n'en aviez donné aucun avis a vos amis; d'oü il 1 33 conclut qu'elle étoit fuppofée, & fes raifons a >3 en convainquirent toute 1'alfemblée. C'eft s vous S3 maintenant, mon cher Brutus , a confidérer Ia 33 nature & 1'état de cette guerre. Je vois que le 33 parti de la douceur vous plait, & que vous le 33 croyez le meilleur. En général, j'en fuis per33 fïiadé comme vous ; mais je doute que la clé33 mence convienne aux circonftances oü nous 33 fommes. Car s'il faut vous les expofer, mon 33 cher Brutus, nous voyons une troupe de mifé33 rables & de défefpérés qui menacent jufqu'aux 33 temples des dieux. C'eft la guerre qui va déci33 der fl nous devons vivre ou mourir. Qui eft 33 donc celui que nous épargnons 2 ou que nous 33 propofons-nous par ces ménagemens 2 Travail33 lons-nous a la füreté de ceux qui nous extermine33 ront jufqu'au dernier, s'ils remportent 1'avantage? 33 Quelle différence mettrez-vous entre Dolabella 33 & 1'un ou 1'autre des Antoine 2 Si nous croyons 33 devoir en épargner un, nous avons traité Do»3 labella trop févèrement. C'eft moi particulière» ment qui me fuis efforcé de faire prendre ces 33 fentimens au fénat & au peuple,, quoique la 33 nature des chofes füt affez capable de les leur 33infpirer. Si vous n'approuvez pas mes principes,, G iij in. de k> 710. lieer. S+. Coss. /IBIUS P A N S A. .HlRTIV»,  An. deR. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P a ns a. A.Hirtius. (a) Ad Brut. 1, 7. IÖ2 HlSTOIRE DE LA VlE »je pourrai dérendre votre opinion, mais je n'aban33 donnerai point la mienne. On nattend de vous 33 ni de la molleüe ni de la craauté. Jl eft aifé de 33 trouver un tempérament (a), en traitant les 33 chefs a la rigueur, & les foldats avec indul33 gence 33. Cicéron avoit fait tout ce qu'on pouvoit attendre de la prudence humaine pour le rétabiiflèment de la république, car c'étoit a fes confeils & a fon autorité qu'elle devoit ce dernier effort qu'elle faifoit elle-même pour éviter fa ruine. Comme elle n'avoit pas de plus cruel ennemi qu'Antoine, Cicéron avoit armé contre lui toutes les forces de 1'Italie, & 1'armée du fénat paroiffoit capable de 1'opprimer. Le jeune Oclave n'étoit guère moins redoutable aux amis de la liberté; mais 1'oppofinon de leurs intéréts perfonnels, & la jaloufïe qu'ils avoient déja fait éclater mutuellement, étoient autant de moyens qui pouvoient être employés a les ruiner tous deux. Cicéron ménageoit adroitement 1'occafion de les faire valoir, avec 1'attention néanmoins de fe précautionner contre Octave, en mettant la fupériorité des forces du cóté des confuls, dontil avoit trouvé le fecret de faire de zélés partifans de la liberté. Outre 1'embarras qu'il avoit eu a conduire les affaires d'Italie jufqua ce  ce Cicéron, Lip: X. 103 point, il rrouvoit d'autres obftacles au dehors de la 1 part de ceux qui commandöïent dans les provin- c ces (ci). Ils devoient prefque tous leur élevation a Cé- ^ far. Ils étoient les créatures de fa fortune, ils avoient a été les foutiens de fa tyranni'e , & toujours remplis des mêmes principes, ils efpéroient ou de s'élever eux-mêmes au fouverain pouvoir, ou du moins de le partager, en époufant la caufe de quelqu'ambitieux qui eüt plus de puilTance avec les mêmes prétentions. Des citoyens de ce caradtère, qui fe trouvoient a la tête d'une puiiïante armée de vétérans, n'étoient gucre difpofés a marquer de ia foumiliion pour un fénat qu'ils s'étoient accoutumés a méprifer, ni a mettre le pouvoir militaire, qui avoit fi long-tems gouverné, dans la dépendance de 1'autorité civile. Cependant Cicéron n'épargna ni les exhortations par fes lettres, ni les follicitations par 1'offre de 1'autorité & des honneurs , pour leur faire préférer a toute autre vue la gloire immortelle de fauver leur patrie. Ceux dont il fe défioit le plus, & qu'il prefik par conféquent avec les plus fortes inftances, furent Lepidus, Pollion & Plancus, que le nombre de leurs troupes & 1'imporrance de leurs gouvernemens rendoient plus capables de fervir la république ou (ei) Vides tyranni fatellites in imperiis. Vides ejufdens exercitus in latere veteranos. Ad Att. 14 > 5> G iv ,n. de R. 710. icec. 64. Coss. . ' IB1U S 1 A N SA.  An. <3e R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius. 1 't I »04 HrsxofRB ï>fi tl Vif de lui nuire. Quoiqu'il fit peu de fond fur Iej deux premiers, il leur repréfenta fi vivement les forces de la bonne caufe, & 1'unanimité du fénat, des confuls & de toute J'Italie, qu'il les forca de diffimuler du moins leurs intentions, & d'affeéter du zèle pour leur devoir ,• mais fur-tout de demeurer neutres jufqu'a la décifion des affaires d'Italie, dont le fort de la république fembloit dépendre. Ses foins furent plus heureux a 1'égard de Plancus. H paroït par les relations (a) qu'il en fait a Brutus, & par les lettres de Plancus même, qu'il tira de lui les plus fortes affurances de fidélité, & qu'il 1'avoit engagé a fe mettre en marche pour venir au fecours de Modène lorfqu'on appric !a défaite d'Antoine. Et peu de tems auparavant, il lui avoit écrit cette lettre ; Cicéron a Plancus. Quoique j'euffe appris de Furnius , notre ami commun, dans quelles difpofitions vous étiezpour la république (3), cependant la lecFure de vos lettres m'en a fait juger beaucoup plus clairement. K la vérité, notre fort dépend entièrement d'une (a) Planci anïmum in rempublicam egregium, legioes, auxüia, copias, ex literis ejus, quarum exemplum bi miffum arbitror, perfpicere potuifli. Ad Briu. % , jA (i) Ep. fam« 10.  toE Cicéron, Lir. X. 105 liaraille, & je m'imagine que les armes en auront J décidé lorfque vous recevrez cette lettre •, mais < vos bonnes intentions n'en font pas moins con- 1 nues, & le delfein dans lequel vous êtes parti a ne vous a pas attiré moins d'applaudilfemens. Si nous avions un conful a Rome, le fénat n'auroit pas manqué de vous faire connoitre par quelques honneurs excraordinaires combien il eft fatisfait de vos offres & de vos préparatifs. Mais le tems d'agir n'eft point encore palfé. Je trouve même qu'il ne fait qu'arriver ; car, après tout, les vrais honneurs font ceux qu'on accorde aux fervices rendus par les grands hommes, plutót qu'a 1'efpérance d'en recevoir. Si le ciel nous rend une république ou le mérite puilfe obtenir le luftre qui lui convienr, comptez que le votre y fera diftingué. Ce qui doit porter véritablement le nom d'honneur, n'eft pas une fimple invitation a quelques aótes paflagers de vertu, c'eft la récompenfe de la vertu habituelle &c du mérite éprouvé. Je vous exhorfe donc , mon cher Plancus, a tourner toutes vos penfées a la gloire. Servez votre patrie. Volez au fecours de votre collégue. Soutenez de toutes vos forces eet heureux accord de toutes les nations en faveur d'une caufe jufte & honorable. Vous me trouverez toujours du zèle a faire valoir vos intentions, & a favorifer votre dignité. Enfin, je vous promets une amitié vive & conftante; cas ,n. de r; 710. :icer. 64. Coss. I IBIUS > A N S A. , HIRTIUS,  An. de R, 710. Cicer. 64, Coss. Vibius Paksa. (<0 Ep. fam. 10, 12. lot? HlSTOIRE DE LA VlE ourre les anciens motifs, tels que notre affeclicrt mutuelle, les bons offices Sc la durée de nocré liaifon , j'en trouve un fi puifiant dans 1'amour de . la patrie, qu'il me feroit préférer votre vie a la miemie, zg mars. Plancus écrivit dans le même tems une feconde lettre au fénat, pour Pafiurer de fon zèle Sc de la réfoludon oü il étoit de lui demeurer attaché. II lui rendit compte auffi de diverfes entreprifes qu'il avoit commencées pour fon fervice, a 1'occafion defquelles on lui décerna quelques honneurs , dont Cicéron fe hata de lui donner avis; Cicéron d Plancus. Si la feule confidération (a) de la république fuffir pour me faire 'reflentir avec la plus vive joie le fecours qu'elle vient de recevoir de vous prefqu a 1'extrêmité du befoin, je vous dois d'autant plus de félicitations après notre victoire Sc le rétabliflement de la liberté, que 1'intérêt que je prends a votre honneur augmente beaucoup ma fatisfacfion. II eft aufii grand que vous puiffiez le fouhaiter, Sc je prévois qu'il fe foudendra toujours au même degré. Jamais on n'a lu de lettres au fénat qui y ayent fait plus d'impreflion que les-  de Cicéron, Liv. X. 107 vötres, foit par le mérite éminent de vos fervices, foit par la dignité de vos expreffions & de vos fentimens. Je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru nouveau , moi qui fuis lié fi familièrement avec vous, qui me fouviens des promefles que vous m'avez réitérées dans vos lettres, & qui ai fu de Furnius tout le fond de vos delfeins : mais le fénat y a trouvé plus de grandeur qu'il ne s'y étoit attendu ; non qu'il fe défiat de vos inclinations, mais paree qu'il n'avoit pas bien concu ce qu'on pouvoit attendre de vous, &c jufqu'oü vous feriez capable de vous engager pour le foutien de la bonne caufe. Ce fut le 7 d'avril que M. Varifidius m'apporta de grand matin votre lettre. Je me fentis tranfporté de joie eh la lifant. J'avois autour de moi un grand nombre d'excellens citoyens, qui attendoient ma fortie pour m'accompagner; je ne pus m'empêcher de leur communiquer le fujet de ma fatisfacFion. Dans le mêmeinltant, Munatius, notre ami commun, étant venu me joindre a 1 ordinaire , je lui montrai aufii-töt votre lettre, dont il n'avoit encore rien appris, car Varifidius étoit venu d'abord chez moi fuivant vos ordres. Quelques momens après, Munatius, qui étoit retoumé cbez lui, m'apporta vos deux autres lettres, celles que vous lui écriviez a lui-même, & celle qui étoic pour le fénat. Nous réfolumes de porter celle-ci fur le champ au préteur Cornutus, oui, fuivant An. cUR, 710. Cicer. 64. Coss. Vibius P A N S A. l.HlRTlp!  'An. de R 71 oCicer. 64 Coss. VlEIU! Pan sa. A.HlRTIU to'8 fl I S T Ö T r E t>È la Vlfi ■ randen ufage, tient la place des confuls dans leur abfence. Le fénat fut convoqué immédiatement, & i'attente de vos nouvelles rendit 1'affem11 blée fort nombreufe. Après la lecfure de votre lettre, on fit naïtre a Cornutus un fcrupule de religion fur ce qu'il n'avoit pas bien confulté les aufpices, & cette diflïculté fit remettre les affaires au jour fuivant. Ce fut donc le lendemain que j'eus une conteftation fort vive fur votre dignité, avec Serviiius, qui avoit trouvé le moyencle fe faire demander le premier fon opinion. II fut abandonné de tout le monde. Mais lorfque toute 1'affemblée eut applaudi a la mienne, que je prononcai Ie fecond, le tribun Titius, i fa prière, entreprit de s'y oppofer, & le débat fut renvoyé au lendemain. Serviiius parut, pour foutenir 1'oppofition; quoique ce fut en quelque forte contre Jupirer même, dans ie temple duquel fe tenoit rafïèmblée. J'aimerois mieux que vous appriffiez d'un autre que de moi, de quelle manière je le traitai, & combien j'eus de difficulrés a vaincre pour repouifer 1'oppofition de Titius. Ce que je puis vous affurer, c'eft que le fénat ne pouvoit agir avec plus de gravité, de réfolution, & d'égards pour votre honneur, qu'il le fit dans cette occafion ; & vous ne devez pas être moins fatisfait de toute la ville, car le corps du peuple & tous les ordres de 1'état font merveiiieufement unis pour la  kï CtCÉBON, LlV. X 10$ iaéfenfe de la république. Continuez donc comme vous avez commencé , Sc rendez-vous digne d'une gloire immortelle. Tout ce qui n'a qu'une vaine fplendeur, & qui ne promet que des apparences x de gloire, mérite peu votre eftime. Regardez 1'éclat extérieur comme un avantage frivole & pafTager. Mais le véritable honneur eft placé folidemenc dans la vertu , Sc c'eft par les fervices qu'on rend a la patrie, qu'il acquiert fon plus beau luftre. L'occafion eft favorable pour vous. Profitez-en puifque vous avez fu la faifir, Sc tirez-en parti jufqu'a la fin. Ainfi la république ne vous fera pas moins obligée que vous a elle. Pour moi, vous me trouverez toujours ardent a foutenir Sc a augmenter votre dignité. C'eft une difpofition que je crois devoir également Si a la république , qui m'eft plus chère que ma vie, Sc a 1'amitié donc je fais profeflïon pour vous. 11 avril. Plancus fit cette réponfe a Cicéron. C'eft une vive fatisfa&ion (a) pour moi de pouvoir penfer que je ne vous ai jamais fait de promelTé téméraire, & que vous n'avcz jamais rien promis témérairement pour moi. Je n'ai pu vou? donner de marqué plus claire de mon amitié qu'en vous communiquant mes deüeins avant tout autre.' Vous voyez déja que mes fervices augmentent de Ep. fam. io, 134 710. Cicer. t>4* Coss. VlBlUS P A N S A.  An. de R 710. Cicer. 64 Cqss. V i n 1 u P a n s a A^HlRTItj ÏTQ HlSTOtRE DE IA VlÈ . jour en jour, & je vous garant'is que J'avenir vous en donncra bienrör des preuves encore plus fortes. , P/ut au ciel, mon cher Cicéron , que la républis. que püc être auffi réellement délivrée par mon fecours, qu'il eft vrai que votre eftime & les lécompenfes du fénat valent pour moi 1'immortaïhé ! Mais quand mon zèle & ma perfévérance n'auroient pas eet objet, je n'en ferois pas plus difpofé a les laiffer refroidir. Si dans la multitude des bons citoyens, je ne me diftingue point par mon courage & mon induftrie, je confens que vous perdiez le foin de ma dignité. Mais en vérité, je ne défire d préfent rien de plus que ce qui m eft accordé. Je demande même qu'on en demeure la, & jc vous laiife pour 1'avenir la difpofition de la chofe & du tems. Un citoyen ne doit rien trouver de lent ni de petit dans les faveurs de fa patrie. J'ai paffé le Rhöne avec mon armée lezer d'avril, & de Vienne j'ai fait prendre les devans a ma cavalerie par des chemins plus courts. Pour moi, fi je ne trouve point d'obftacle de la part de Lepidus, on ne fe plaindra point que j'aie manqué de diligence. S'il s'oppofe a mon palfage , je prendrai mes mefures fuivant les circonftances. Les troupes que je commande , font excellentes par leur nature, leur nombre & leur fidélité. Confervez-moi votre amitié auffi long-tems que vous vous croirez fur de la mienne. Adieu.  de Cicéron, ~Liv. X 111 Pollion commandoit dans 1'Efpagne ultérieure * avec trois légions fort eftimées. Tout ami qu'il c étoit, d'Antoine, il écdvit auffi a Cicéron, pour J lui protefter dans les termes les plus forts, qu'il a étoit réfolu de prendre la défenfe de la république contre tous ceux qui entreprendroient de lui nuire. Dans une de fes lettres, après s'être excufé d'écrire fi tard Sc de n'avoir pas écrit plus fouvent, il dit que fon caractère Sc la nature de fes études lui infpirent 1'amour de la paix Sc de la liberté : « C'eft: >j cette raifon, continue-t-il, qui m'a toujours fait *> déplorer les caufes de la dernière guerre. Mais 33 comme il m'étoit impoffible de ne prendre 33 d'attachement pour aucun parti,paree que j'avois 33 de tous cotés des ennemis puiifans, j'abandonnai 33 un camp oü je me croyois en danger , Sc tour33 nant vers celui pour lequel j'avois le moins 33 d'inclination , je m'expofai volontairement a 33 quantité de difgraces pour ne pas faire une 33 figure méprifable entre les perfonnes de mon 33 rang. J'ai eu pour Céfar autant de fidélité que 33 de tendrelfe, paree qu'il m'a toujours traité fur 33 le pied de fes plus anciens amis, quoique je 33n'euiTe commencé a le connoitre que dans le 33 plus grand éclat de fa fortune. Lorfque je me 33 fuis vu aflez libre pour me conduire a mon gré, 33 j'ai pris une conduite qui a dü fatisfaire tous les 33 honnêtes gens. J'ai exécuté ce qu'on me com- ti. He r. 710. icer. £4; Coss. I E 1 US ANSA. HIRTIUS,  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. I. Hirtius Jli HlSTOIRE DE LA VlS* »mandoit, mais d'une manière qui doit av'ölf » fait connoitre que je fuïvois frioins moh incli-» » hation que les ordres d'autrui. L'injülte haine . «que je n'ai pas laiiïe de m'attirer, m'a fuffifam- * ment appris ce que vaut la liberté, & combiert » il eft malheureux de vivre fous 1'empire d'au» trui. S'il s'agit donc aujourd'hui de nous aflu- * )ettir au pouvoir d'un feul maïtre, quel qu'il » foit, je me déclaré fon ennemi. II n'y a point de * danSer <3ue l'e cra'gne ou que je veuille éviteü » lorfqu'il eft queftion de ma liberté. Mais leS «confuls ne m'ont rien prefcrit, ni par leurs * de'crets* ni Par ka» lettres. Depuis les ides de 53 niars> le n'a' 'ecu qu'une lettre de Panfa, par 33 laqueUe il mexhortoit a faire connoitre au fénat «3 qu'il pouvoit difpofer de moi & de mon armée. » Mais pendant que Lépidus déclaroit ouverte« ment a la fienne , & marquoit a tout le monde » qu'il étoit dans les mêmes fentimens qu'Antoine, »la démarche a laquelle on vouloit m'engager « n'auroit été qu'un contretems. Le moyen dë » procurer du fourage a mes troupes en traverfant » fa province ? Et quand j'aurois furmonté tous les » autresobftacles, pouvois-je voler par-defliis les '3 Alpes, qui étoient occupées par fes garnifons ? •> Perfonne n'ignore qu'étant a Cordoue', je décia0 rai publiquement a mes Soldatsque je ne remet- 3 trois mon gouvernement qua celui qui fe pré- » fenteroii  £> te Cicéron, L i v. X. iï$ * fenteroit avec la cómmiffion du fénat. Vous » devez donc me regarder, noh-feulement comme 55 ütt üomme qui défire ardemment Ia paix & Ia füreté de tous lés citoyens, mais qui eft difpofé a w tout entreprendre pour afiurer fa liberté & celle * de Ia patrie. J'apprends avec une joie extreme 9i ^ GaIIus vous foit fi cher. Je porte envie'au » bonheur qu'il a de jouir avec vous de la prome» nade & de vos aütres amufemens. Si vous me « demandez combien j'eftime eet avantage, je «réponds que vous Ie faurez quelque jour/du °> moins fi le repos eft un bien que nous puiffions •> nous promettre; car je ne m'éioignerai pas un » moment de vous. Mais comment ne m'avez- * vous jamais marqué dans vos lettres ce que j'avois » a faire pour me rendre plus utile, & fi je devois » palfer en Italië avec mon armée, ou demeurer » dans ma province ? Je fuis réduit a me con" duire par mes propres lumières. Quoiqu'il füc «plus für & moins embarrafiant de demeurer, •»j'ai fait réflexion qu'on aVoit befoin de légions » plus que de provinces, & dans letat oü j'ai fii « qu'étoient les chofes, je me fuis déterminé i » parrir avec mes troupes A Cordoue, Je «15 dé mars ». II nous refte auffi plufieurs lettres de Cicéron a Cornificius , qui commandoit alors en Afrioue, & qu'il exhortoit de même a défendre courageuTome IV. H An. de h, 710. Cicer. 64. Coss. V I BI U'S p A N S A. \. HlRIIUS,  'An. dcR. . 710. Cicer. 64. Coss. vibius V a n s a. A. Hirtius. 4 ïj4 Hisxori! de LA Vtff fement la république dans fa province. Ce procon- ful fut le feul a la fin qui lui tint parole, & qui fe dévouant au falut de 1'état, perdit la vie pour maintenir fon gouvernement dans la foumifiion. P. Serviiius, qu'on a vu paroïtre fi fouvent dans" les difcuifions du fénat, étoit d'une naiffance & d'un rang diftingués. II étoit fils de ce Serviiius a qui fes exploits vers le mont Taurus avoient fait obtenir le furnom d'Ifaurique , & dès le com-. mencement de la guerre civile, il avoit été conful avec Jules-Céfar. Quoiqu'il affedtat du zèle pour Ia république , les liaifons qu'il avoit avec. Antoine, lui attiroient de la confidération dans: le parti des rebelles, qui tira même avantage de fa vanité pour en faire un rival a Cicéron dans le gouvernement des affaires publiques. En effet, il clierchoit fans ceffe 1'occafion de troubler ce grand citoyen dans fes plus fages mefures, jufqu'a mettre fa crloire a fe déclarer toujours pour 1'opinion contraire a la fienne. L'intérêt public fit fupporter lonT-rems cette conduite a Cicéron •, mais piqué enfin de fon obftination dans 1'affaire de Plancus, il fe crut autorifé a le traiter avec une févérité extraordinaire, & loin de regretter la chaleur qui 1'avoit emporré , il en rendit compte a Brutus par cette lettre: Cicéron. a Brutus. Vous aurez appris par les lettres de Planx  toE ClCf RON, lïp-, x xtp fcus (a), dont je m'imagine qu'on vous a fait re«nettrc une copie, fes excellentes difpofïtionspour le iervice de la république, avec 1'état de fes légions Jde fes troupes auxiliaires & de toutes fes forces'. Vos propres agens vous auront informé auffi de la legereté, de linconfïance & des mécontentemens perpetuels de Lépidus, qui, après fon propre frère, «e hait „en tant que vous, qui êtes le frère de fa temrne. Dans 1'extrémité oü font les affaires, latente du dénouement nous rend fort inquiers. Routes nos efpérances dépendent de la déiivrance de Decimus, pour lequel nous avons- tremblé ïong-tems. J'ai affez d'affaires avec ce fou de SerS'dius, que j'ai fupporté avec plus de patience* qu'il ne convenoit a ma dignité. C'eft 1'intérêt de la république qui me faifoit fermer les yeux, dans la crainte de donner aux mécontens un che'f mal Jntentionné lui-même, mais confidérable par fa «obleffe. Ils ne fe font pas moins liés avec lui : cependant je n'aurois par voulu 1'aliéner tout-a-faic de la république. Enfin, je me fuis lafïë de tou* ces ménagemens, car fon infolence devenoit fi exceffive, qu'il nous traitoit déja comme des eficlaves. II a recu bien des mortificarions dans 1'affaire de Plancus. Après un débat qui a dure deux jours, je 1'ai traité fi durement,que j'ofe m'en prömettïe {a) Ad Brat. z , z. Hij An. de E^ . , 7io. Cicer. 64. Coss. Vibius P A N S A. A. HlRTIUSt'  A«. Je R. 710. Cicer. 64. Coss. V iï ru s ÏANSA. A. Humus. X I £ HlSTOÏ&Ê DË IA" V I E* déformais plus de modeftie. Au milieu de cetïi conteftation j'ai recu le 19 d'avril, des lettres de Lentulus, notre ami commun , qui eft toujours en Afie , Sc qui m'informoit de la liruation de Caffius} dans h Syrië. La leéture que j'en ai faite au fénat, a déconcerté tout-a-fait Serviiius Sc quantité de gens qui lui reffemblent; car nous n'avons que trop dc fénateurs du plus haut rang qui penfent fort mal. Serviiius a parti fort affligé de voir approuver au fénat ce que j'avois propofé en faveur deJ Plancus. Le röle qu'il joue eft monftrueux. Adieu. Les nouvelles que Cicéron avoit recues de Len-» tulus , furent bientöt confirmées par des lettres5 particulières de Brutus & de CalTius , qui lui mar-*quoient « que Caffius s'étoit emparé de la Syrië » avant 1'arrivée de Dolabella 5 que les généraux 33 L. Marcus Sc Q. Crifpus s'étoient joints a lui » avec toutes leurs troupes; que la légion comy> mandée par Cxcilius Bafius, s'étoit foumife mal-* » gré fon chef; que quatre autres légions, eny> voyées au fecours de Dolabella par Cléopatre, «reine d'Egypte, fous la conduite d'Alliénus, 33 avoient pris auffi le parti de la foumiffion : Sc 3> dans la crainte que cette lettre , en venant d'un 30 pays fi éloigné, ne füt interceprée par des mains «ennemies, Caffius en écrivit une feconde, qui t> contenoit un détail plus particulier des cir«. » conftances»»  t>e Cicéron, Lip-. X. ny Caffius Proconful, a fon cher Cicéron. Si vorre fancé eft bonne (a), je m'en réjouis beaucoup. La mienne eft excellente. J'ai regu votre letrre, Sc je fuis vivement touché des marqués de votre affeétion. Non-feulement vous me fouhaitez toutes fortes de biens, par Tanden fenr timent de votre amitié pour moi & de votre zèle pour la république , mais je vois que 1'intérêt que vous prenez a ma fituation, va jufqu'a vous caufer beaucoup d'inquiétude. Comme je me fuis figuré, premièrement, que vous ne me croirez jamais capable d'être tranquille lorfque la république eft opprimée, Sc fecondement, que vous ne me fuppoferiez point en action, fans être inquiet pout ma fureté & pour le fuccès de mes entreprifes, je ne me fuis pas plurót vu maïtre des légions qu'AIliénus amènoit d'Egypte, que j'ai pris foin de vous en informer par divers exprès. Je n'ai pas manqué d'en écrire auffi au fénat, mais j'ai donné ordre que mes lettres ne lui fuflent rendues qu'après vous avoir éré communiquées. Si toutes ces dépêches ne font point allées jufqu'a Rome, je ne puis douter cjue Dolabella, qui depuis 1'horrible meurrre de Trebonius, fe trouve maïtre de l'Afie, n'ait arrêté mes melTagers. Toutes les (ö) Ep. fam. n, ii. It. viel. ji. Hiii An. ie R: 710. Cicer. £4. Coss. Vibius P a n s a. \. Humus*  !An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. V1 ii 1 u s Pansa. A. Humus. armées qui étoient dans la Syrië font a préfent réunies fous mes ordres. J'avois pris avec elles divers engagemens qui m'ont obligé de demeuret quelque tems cifif; mais je fuis pret enfin a commencer la campagne. Mon efpérance eft toujours que vous ne eefierez point de foutenir mon honneur & de veiiler a mes intéréts. Vous êtes témom que je n'ai jamais refufé le travail ni redouté le danger pour fervir ma patrie ; que c'eft par votre conleil & votre autorité que j'ai pris les armes contre ces infames brigands; que non-feulement j'ai levé des armées pour la défenfe de la républi* que & de Ia liberté , mais que je les ai comme arrachées des mains de nos cruels ryrans, dans un tems, oü fi Dolabella s'en étoit rendu maïtre avant moi,le feul bruit de leur approche auroit animé le courage d'Antoine & de fon parti. Je vous conjure par cette raifon, de prendre mes troupes fous votre protection, du moins fi vous croyez qu'elles ayent rendu fervice a lerat. Faites qu'elles ne fe repentent point d'avoir préféré Ia caufe de la république au défir du piliage & a 1'efpérance du burin. Faites aufiï tout ce qui dépendra de vous pour procurer de juftes, honneurs ïux généraux Marcus & Crifpus ; car Baflus a refufé miférablement de me remettre fa légion,. Sc li fes foldats ne m'avoient pas fait une députa:ion malgré lui, il aüroit tenu contre moi dans  t> e Ci c ér. on, Liv. X. itj "Apamée , que j'aurois été forcé par conféquent d'emporter les armes a la main. Je vous demande cetre grace, non-feuiement au nom de la république, qui a roujours été le plus cher objet de votre afFection, maïs encore au nom de votre amitié, dont je connois tout le pouvoir fur votre efprit Sc fur votre cceur. Croyez-moi, les troupes que j'ai fous mes ordres, apparriennent au fénat, a tous les honnêtes gens, & particulièrement a vous; car ce qu'elles apprennent continuellement de vos difpofirions Sc de votre conduite les attaché rrierVeil.léufèmerit a vos intéréts •, & lorfqu'elles fauront que vous prenez un foin particulier des leurs, elles croircnt vous devoir tout Depuis que cette lettre eft écrite. j'ai appris que Dolabella étoit entré dans la Cilicie avec toutes fes forces. Je ne tarderai point a le füivre, Sc je vous informerai foigneufement de toutes mes démarches. Paffe le cicl feulement que le fuccès réponde toujours a mes intentions! Adieu. Brutus, qui avoic écrit le premier de fi heu> reufcs nouvelles a Cicéron , les avoit auffi marquées (a) a Servilia fa mère , Sc a fa fceur Tertia ; mais il avoit recommandé a ces deux dames de (a) Ego fcripfi ad Tertiam fororem , & matrem, ne prius ederent hoe quod optime ac feliciffime geffit Caffius, qu.rm tuum confilium cognovifTent. Ad Brut. i, 5. Jrl k An. is R, 710. Cicer. 64. Coss. vibius Pansa. A. Hirtius.  An.de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius. ' 3 (a) Video te veritam effè id quod verendum fuit, na srumi partium Carfaris vehementer cornmoverentur. Sed zntequam tuas literas accepimus, audita res erat & pervulgata. Ibid. 6. (£) Meis literis, raeis nunciis, rneis cohortationibus , ornnes qui ubique effent, ad patrix prefidium excitatos» Phil. 14,7. jtzo HlSTOIRÈ E>E LA Vil* ne pas publier leurs lerrres fans avoir confaliê Cicéron. II commencoit a craindre que la.profpérité de Caffius ne causar de 1'ombiage au jeune Céfar, & ne fit appréhender a tous les chefs qui s'étoient réunis contre Antoine, que le parti de la république ne devint plus fort qu'ils ne le défiV xoient pour 1'utilité de leurs propres vues. Mais Cicéron lui écrivit(a), cc que les nouvelles qui 33 lui caufoient cetre crainte, étoient déja répan«dues a Rome avant 1'arrivée de fes lettres, & 33 que fi fes défiances n'étoient pas fans fonde33 ment, il n'en étoit pas moins nécefiaire que fes 53 lettres fuflenr communiquées au public 33. Ainfi par fes lettres (b), par fes meffagers, par fes exhortations & fes inftances, Cicéron excitoit conrinuellement ceux qui avoient quelque autorité dans les différentes parries de 1'empire, i ne rien ménager pour le foutien de Ia liberté; 5c pour prix de tant de peines, il avoit fans ceiTe l combattre dans le fein de Rome la rage & la nalignité des fadieux. Ils lui caufèrent plus d'em-  de Cicéron, Liv. X 121' &arras que jamais par les fauflès nouvelles qu'ils feignirenr de recevoir fur la fituation de Modène. Ils ne parloient que des fuccès d'Antoine, ou,ce qui étoit encore plus terrible, de fon union avec les confuls pour forcer Decimus a fe rendre. La frayeur fe répandit fi vivement dans Ia ville, que tous les honnêtes gens ne penfoient plus qua la quitter, pour aller chercher un afile (a) auprès de Brutus Sc de Caffius. Cependant Cicéron, loin de fentir diminuer fon courage, affecra de paroitre gai Sc tranquille dans la conflernation générale. Tandis que la plupart de fes amis doutoient de la fidélité des confuls, il conferva pour eux une parfaite confiance; Sc connoiffant le nombre Sc 1'excellence de leurs troupes, il ne douta point que fi la querelle publique étoit décidée par une bataille (3), Ta van rage ne fut infailliblement pour eux. S'il eut quelque chagrin fenfible, ce fut du (a) Triduo vero aut quatriduo .... timore quodam perculfa civitas tota ad te le cum conjugibus & liberis effundebat. Ad Brut. 3. Ep.fam. 12, 8. (è) Triftes enim de Bruto noflro liters nunciique'afTèrebantur : me quidem non maxime conturbabant. His enim exercitibus ducibuique quos habemus, nullo modo poteram diffidere. Neque affentiebar majcri parti hominum; fidem enim conlulum non condemnabam , qua: futpecta vehementer erat. Defiderabam nonnullis in rebus prudentiarrj & celeritatem, Ad Brut. 2,1. An. de R. _ 710. Cicer. 64. Coss. vibius Pansa. V.Hirïius.  An. de R., 710. Cicer. 64. Coss. V I BI TJ S Pansa A.Hiktivs. (a) Itaque P. Apuleius doloris mei concionem habuif maximam, in qua cum me liberare fufpicione fafcium vellet, una voce cuncta concio declaravit, nihil effè a me imquam de repub. nifi optime cogïtatum. Phil. 14, 6. (b ) Pofl hanc concionem duabus tribufve horis cptatiffinii nuncü & literx venerun:. Wi(L Hl TT I S T O I R E DE LA Vl'E* bruit injurieux qu'on fit courir malignement pendant quelques jours, qu'il avoit formé le deftèin de fe rendre maïtre de la ville , & de fe faire déclarer diclateur. On afturoit même qu'avant deux jours, il étoit réfolu de paroïtre publiquement avec les faifceaux. Mais ayant engagé le tribun Apuleius, un de fes plus fidelles amis, a décruire cette miférable calomnie dans un difcours au peuple, il fut honorablement vengé par toute 1'auemblée (a), qui s'écria d'une voix unanime , « que Cicéron n'avoit jamais formé d'entreprife 33 ni de defiein qui n'eüt pour objet le plus grand 33 bien de la république 33. Ce glorieux témoignage fuffifoitpour le confoler ; & quelques heures après le difcours d'Apuleius, il recut une fatisfaCtion (b) plus vive encore de la nouvelle qui arriva d'une vicïoire remportée fur Antoine. Le fiège de Modène , qui avoit duré environ quatre mois, eft un des plus mémorables de 1'antiquité par la vigueur de 1'attaque & de la défenfe. Antoine s'étoit pofté fi avantageufement, & ferroit  De Cicéron, Ltv.X. 123' «Ie fi prés la ville, qu'elle ne pouvoit recevoir le moindre fecours; & Decimus , quoique réduit clepuis long-tems a la dernière extrémité, fe défendoit avec une merveilleufe valeur. Les anciens écrivains nous ont confervé quelques-uns des ftratagêmes (a) qui furent employés dans les deux partis. Hirtius, pour donner de fes nouvelles aux afiiégés, s'éroit procuré quelques plongeurs, qui leur portoient entre deux eaux des avis gravés fur des lames de plomb. Mais Antoine , qui s'en appercut, lui coupa cette communication, en faifant placer fous la rivière des trappes & des filets? ce qui donna occafion au conful & a Decimus d'en établir une autre par les airs, en faifant porter leurs lettres par des pigeons. Panfa n'avoit pas cefle de s'avancer vers fon collégue , avec quatre légions de nouvelles levées qu'il avoit emmenées de Rome. II n'étoit plus qu'a quelques milles du camp de la république , lorfqu'Antoine, qui avoit compté tous les jours de fa marche, fit fortir du fien une partie de fes meilleures troupes, pour le furprendre dans fa route, & le forcer au combat avant qu'il put joindre Hirtius. Mais nous avons un détail circonftancié de cette acfion dans une lettre de Ser- ( e Cicéron-, 11 v. X W$ nir, nous primes le parti de les fuivre contre notre inclination. Antoine étoit avec fes légions derrière (a) Forum Gallorum j & voulant nous cacher qu'il füt fi bien foutenu, il n'avoit fait paroïtre que fa cavalerie, avec quelque infanterie armée a la légère. Lorfque Panfa vit qu'il n'étoit plus maïtre du détachement d'Hirtius, il donna ordre a deux de fes nouvelles légions de le fuivre, SC nous ne fümes pas plutöt dégagés des bois & des marais, que nous mïmes les douze cohortes erif ordre de bataille, fans attendre que les deux nouvelles légions fuflent arrivées. Antoine ne balanca point alors a paroïtre avec fes troupes, qu'il rangea aufli pour le combat, & fans perdre un moment, il engagea 1'action. Le premier choc fut fi impétueux de part & d'autre, que j'aurois peine a vous en donner 1'idée. Cependant 1'aile droite oü j'étois, compofée de huit cohortes de la légion martiale, fit perdre terrein a la trente - cinquième légion d'Antoine, &c 1'ayant mife en fuite, la pourfuivit 1'efpace de plus de cinq eens pas. La-delTus obfervant que la cavalerie ennemie cherchoit a nous envelopper, je commengai a me retirer avec mon aile, & je donnai ordre a ce que j'avois de troupes armées a la légère, de faire tête a la (a) Forum Gallorum en latin, aujourcThui Caftel-' Franco, pst.it village entre Modèjoe & Soulogne. Cluy, An. <3eRj 710. Cicer. 64* Coss. Vibius Pansa. a.HlRTIUSj  An.de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius. i ï i < I 1 < f c r c fi b n a' P Vi ei g Ï26 HlSTOIKE DE LA VI Ê cavalerie africaine , pour empêcher qu'elle ne püt nous prendre par derrière. Dans I'embarras de rous ces mouvemens, je m'appercus que jerois au milieu des gens d'Antoine , & qu'Antoine même étoit fort prés de moi. Je n'eus rien de mieux a faire que de me couviïr les épaules de mon bouclier, & de poufler mon cheval a route bride vers les deux nouvelles légions qui venoient vers nous; & tan-, lis que non-feulement les gens d'Antoine me jourfuivoient, mais que les nötres mêmes me jeroient leurs javelots fans me reconnoïtre , je n& ais comment je pus échapper a tant de dangers, k me faire enfin remarquer de nos foldats. La :ohorte prétorienne de Céfar foutint long-tems e combat fur la voie Emilienne; mais notre aile auche, qui éroit la plus foible, n'étant ccmofée que de deux cohortes de la légion martiale, i de la prétorienne d'Hirtius, fut forcée de fe ïtirer lorfqu'elle ife vit prefqu'environnée de Ia avalerie d'Antoine qui eft la principale force de >n parti. Toutes nos troupes ayant fait ainfi fort eureufement leur retraite, je me retirai le derier, & nous rentrames dans le camp ou nous rions pafféla nuit. Jufques-la c'étoit Antoine qui Duvoit s'attribuer la vidïoire. II fe flatta de pou-)ir nous forcer dans notre camp, mais 1'ayant ïtrepris, il y perdit un grand nombre de fes ins, fims nous avoir fait le moindre mal. Hir-  be Cicïeön, Tir. X. 117 Itïus qui avoit appiis pendant ce tems-ld que nous étions aux mains, étoit forti de fon camp a la tête de vingt cohortes de vétérans, Sc rencontrant Antoine a fon retour, il le défit entièrement, dans le lieu même qui nous avoit fervi de champ de Bataille. Antoine regagna, fur les dix heures du, foir, fon camp de Modène, avec toute fa cavale-» lie. Hirtius fe retira dans le camp que Panfa avoic quitté le matin, Sc oü il avoit lailfé deux légions. Ainfi Antoine perdit la plus grande partie de fes vétérans, mais il nous en a coüté auffi un nombre de foldats de nos cohortes prétoriennes & de la légion martiale. Nous avons pris deux aigles SC foixante drapeaux; Sc 1'on peut dire que nous avons remporté un avantage confidérable. Denoirs camp, le 18 d'avrïl. Outre cette lettre, on recut des informations d'Oétave & des deux confuls, qui confirmèrenC le récit de Galba (a), en y joignant quelques au-. (a) Cum Ipfè in prrmis Panfa pugnaret, duobus periculofis vulneribus acceptis fublatus è pradio. Phil. 14, 9. Hirtius ipfe , aquilam quartse legionis cum inferret, qua nullius pulchriorem fpeciem imperatoris accipiraus, cum tribus Antonii legionibus equitatuque conflixit. Ibid. 10. Ca;far adolefcens maxïnii animi, ut veriffime lcribit Hirtius, cafira multarum legïonum paucis cohortibus tutatus eft, fecuhdumque prslium fecit. Ibidem ; vid. App. lib. 3, V.1' An. de R*. 710. Cicer. «4» Coss. VIBIU9 Pansa. A. Hirtius^  An. de R. 710. Cicer. £4. Coss. VlBlus Pansa. a. Hirtius. i 1 < 1 (a) Priore pradio Antonius eum fugifie fcribit, ac fine paludamento equoriue poft biduum demum apparuiffe. Suet. Aug, ia. accompagné ïiS HisfoiRE de la Vie tres circonftances. cc Panfa combattant avec beaü» coup de valeuf, avoit recu deux bleiTures fort 33 dangereufes, & s'étoit fait tranfporter du champ 33 de bataille a Boulogtte. Hirtius n'avoit pas perdu 33 un feul homme ; & pour animer fes foldats, il » avoit pris 1'aigle de fa quatrième légion & 1'avoit » portee lui-même. Céfar, qui étoit demeuré a la * garde du camp 3 avoit été attaqué auffi par un 33 autre corps d'ennemis, qu'il avoit repouffé glo33 rieufement33. Antoine lui repröcha dans la Cake cc de s'être fauvé(3& fans fon habit de commandement 33. Mais Cicéron avoit tiré les circonftances qu'on vieht de lire, des lettres qui étoient adreffées au fénat, dans lefquelles Hirtius rendoit un témoignage fort aonorable a Ia conduite & au courage d'Odtave. Toutes ces nouvelles étant arrivées a Rome Ie io d'avril, y caufèrent une joie proportionnée a a terreur que d'autres rapports y avoient répaniue. Tout le corps du peuple s'afTembla aufli-töt levant la maifon.de Cicéron, & le conduifit au énat comme en triomphe. A fon retour, il fut  de Cicéron, Lx r. X. n$ accompagné de méme jufqu'a la tribune, d'oü il rendit compte a l'aflemblée, des avantages que la république venoit de remporter; & de-la il fut reconduit a fa maifon avec Ie méme cortège & les mêmes applaudillemens. En écrivant a Brutus (a) il 1'alTure « qu'il recueillit dans ce jour le fruit de « tous fes travaux; fi la gloire foiide, dit-il, eft « un fruit qui doive fatisfaire un cceur fenfible 33. Le fénat ayant été convoqué le jour fuivant par le préteur Cornutus, pour délibérer fur les lettres des confuls & d'Octave , 1'opinion de Serviiius fut que les citoyens devoient quitter 1'habit de guerre, & qu'il falloit ordcnner des actions de graces, a 1'honneur des confuls & d'Octave. Cicéron , qui paria enfuite, fe déclara fortement contre la propofition de quitter 1'habit de guerre, avant que Decimus fut abfolument déÜvré. « 11 prétendit 33 que ce changement feroit ridicule, tandis que 33 la caufe de la guerre fubfiftoit encore; que 33 c'étoit 1'envie qui 1'avoit fait propofer, & qui 33 vouloit órer a Decimus, aux yeux de la pofte33 rité , 1'honneur immortel dont il feroit pour fon ( a) Cum hefterno die me ovantem ac propè triumphantem populus romanus in capitolium domo tulerit, domuni inde reduxerit. Philip. 14, Quo quidem die magnorum meorum laborum fruétum cepi maximum; fi modo efl alt-, quis frucïus ex vera folidaque gloria, &c. Ad Brut. 3. Tome IV. I An. tteR, 7'O. Cicer. 64. Coss. Vibius PanSa. A. Hirtius.  Ar.de R. 7ïo. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius. {a) Phil. 14, i> 2. I30 HlSTOlRE DE EA VlE 33 nom , que le peuple romain eüt pris 1'habit de 33 guerre dans le péril prelTant d'un citoyen, Si 33 qu'il n'eiit repris la robe ordinaire qu'après 33 i'avoir vu hors de danger (tz). II exhorta 4'af33 femblée a perfévérer dans fes principes , & a 33 demeurer perfuadée que le fort de la guerre 33 confiftoit dans la perfonne de Decimus; que 33 malgré les juftes raifons qu'on avoit de fe flatter 33 déja qu'il étoit en füreté, il falloit remettre les 33 effets de cette efpérance après la certitude de 33 1'événement, pour ne pas marquer par un excès 33 de préeipiration qu'on voulüt arracher les faveurs 33 des dieux, ou qu'on fe crüt imprudemment 33 au-deffus des revers de Ia fortune. A 1'égard des 33 aclions de graces, il reproche a Serviiius d'avoir 33 omis dans fon opinion deux chofes, qu'il ne 33 devoit pas négliger : premièrement de donner a 33 Antoine le titre d'ennemi; en fecond lieu , d'ac33 corder celui d'empereur aux généraux de la répu33blique. Les épées de nos foldats, dit-il, font 33 teintes, ou du moins humecfées de fang; fi c'eft >3 d'un fang ennemi, il faut louer leur courage Sc » leur piété; mais fi ce fang eft celui de nos con3» citoyens, c'eft un crime déteftable de I'avoir 33 répandu. Pourquoi craindroit-on de donner le »3 titre d'ennemi a celui qui furpaffe tous nos enne-  r>E Cicéron, Lip-. X, 13 i « mis en cruauté. II eft aétuellement aux mains «avec quatre confuls, il exerce une guerre mor« relle contre le fénat & le peuple romain; il nous « prépare le ravage, la défolarion, les fupplices « & les tortures; il approuve I'horrible adion de « Dolabella, dont les peuples les plus barbares » fe croiroient déshonorés : il confeiTe qu'il y a *? participé par fon confeil; il déclaré ce qu'on « doit craindre de lui a Rome, par 1'affreux traite« ment que Parme vient d'eiluyer: d'honnêtes babi« tans, dont tout le crime eft d'avoir été inviola«blement attachés au fénat & au peuple, ont » fouffert une mort cruelle par 1'ordre de Lucius « fon frère , 1'horreur & la honte de 1'efpèce hu« maine. A qui donnera-t-on jamais le nom d'en« nemis (a), li on craint de le donner a ces bar« bares ? Annibal n'exer$a jamais tant de cruautés « dans aucune ville. « Cicéron conjure PaiTemblée de rappeler a fa «mémoire les horribles bruits qu'on avoit pris «plaifir, deux jours auparavant, a répandre dans » tous les quartiers de la ville. Quel effroi, quelle « confternation n'y avoient-ils pas caufé ï Ne fe « croyoit-on pas a la veille d'une mort cruelle ou «d'une fuite lamentable ? Et 1'on faifoit difficulté » de donner le nom d'ennemis a ceux dont on («) Ibid. 3. lij An. de Ri 710. Cicer. 64. , Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius.  An. -Ie E.. Cicer. 64. Coss. Vibius T A k s A. A.Hiriius. 13 2 HlSTOIRE DE LA VI E 33 avoir appréhendé des malix fi funeftes ? II pro33 pofe donc , premièrement, d'accorder aux géné33 iaux de Ia république le titre d'empereurs; en «fecond lieu, d'augmenter le nombre ordinaire 33 des jours d'action degraces, puifque la recon33 noiffance publique étoit partagée entre trois gé33 néraux. Depuis plus de vingt ans, on n'avoit 33 point décerné de fupplication a 1'honneur d'un 33 général fous un autre titre que celui d'empereur: 33 Serviiius n'en devoit donc propofer aucune, ou 33 s'il jugeoit qu'on ne pouvoit s'en difpenfer dans 331'occafion , il devoit accorder du moins les hon33 netirs ordinaires a ceux qui en avoient mérité 33 de plus didingués. L'ufage n'étoit-il pas de don33 ner le nom d'empereurs aux généraux pour avoir 33 tué quelques milliers d'efpagnols, de thraces, 33 ou de gaulois ? Comment le refufer pour la 33 défaite de plufieurs légions , & pour la mort de 33 tant d'ennemis qui avoient couvert le champ 33 de bataille : Quels honneurs, quelles félicira33 tions nos libérateurs n'auroient-ils pas recus dans 33 ce temple , puifqu'hier le feul mérite d'avoir 33 récité leurs grandes aélions, me fit conduire, 33 comme en triomphe, au capitole ? N'eft-ce pas 33 réellement un triomphe de recevoir de toute la 33 ville le témoignage public des fervices qu'on a 33 rendus a la patrie ? Si dans les tranfports de la 33 joie commune on ne m'a fait qu'une fimple félir  de Cicéron, L i v. X. 133' wcltation, c'étoit déclarer du moins le jugement 33 qu'on portoit de ma conduite. Si 1'on m'a fait 33 des remercïmens, c'éroit m'accorder beaucoup » davantage. Si 1'un & 1'autre s'eft trouvé réuni, 53 que peut-on s'imaginer de plus glorieux ; Cicé33 ron ajoute qu'il eft foicé de parler de lui-même, 33 par les outrages qu'il a efTuyés nouvellement de 331'envie ; que 1'infolence des factieux eft montée 33 jufqu'a le faire fcupconner d'avoir afpiré a Ia 33 tyrannie (a), lui dont toute la vie s'eft paffée 33 a défendre la liberté pubiique ; comme fi le 33 deftructeur de Catilina avoit pu devenir toutssd'un-coup un Catilina lui-même : que fi eet 33 odieux rapport eüt trouvé quelque crédit dans 33 la ville, le deffein de fes ennemis étoit de fon33 dre fur lui comme fur un tyran, & de lui óter 33 brufquement la vie ; que ce complot étoit ma33 nifefte, & qu'il en prouveroit la réaiité dans un 33 autre tems; que s'il s'étendoit la-deffus, c'étoit 33 moins pour fe purger aux ycux d'une aiTemblée 33 devant laquelle il ne croyoit pas avoir befoin 33 d'apologie, que pour apprendre a quelques petits 33 efprits que la vertu des bons citoyens devoit 33 être 1'objet de leur imitation plutót que de leur 33 envie (b) : que fi quelqu'un lui conteftoit la 33 première place dans le gouvernement, ce feroit {a) Ibid. j. (b) Ibid. 7. Iiij An. de r. 710. Cicer. 64.. Coss. Vibius Pansa. A. Hiriius,  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius, IH HlSTOIRE DE LA VlE «une infigne folie de prétendre 1'emporter en » oppofant le vice a la vertu ; qu'il en eroit de la « vertu comme des courfes publiques, oüle vain« queur étoit celui qui furpaffoit fes concurrens « en force & en vitelTe : qu'on ne 1'emporteroit «jamais fur lui par des avis pernicieux; qu'on y « réufliroit peut-être par des avis plus utiles encore « que les fiens, mais qu'il feroit alors le premier » a s'en réjouir : que la curiofiré du peuple romain » le portoit fans ceife a vouloir être informé des « délibérations du fénat, & qu'il formoit la-deifus « le jugement qu'il portoit des perfonnes de leur « rang : que 1'aifembiée pouvoit fe fouvenir avec « quelle chaleur il s'étoit déclaré le premier pour « les plus vigoureufes réfolutions en faveur de la «liberté, avec quel foin il avoit veillé depuis ce «tems-la pour la füreté publique, avec quelle « conflance il avoit ouvert nujt & jour les yeux & « les oreilles pour recevoir des avis & des infor« mations ; qu'on n'avoit point oublié qu'il s'étoit « fans ceffe oppofé a 1'ambaifade, & qu'il avoit «demandé conftamment, qu'Antoine fut reconnu « pour 1'ennemi public , & la fituarion de 1'état « pour une vérirable guerre; mais qu'autant de » fois qu'il avoit parlé de guerre & d'ennemi (a), «les confuls avoient trouvé le moyen d'écarter  de Cicéron, Liv. X. 135 33 ces idéés: qu'il étoit difficile de faire prendre 33 actuellementle changed 1'aflemblée, paree qu'en 33 propofant des aéHons de graces, Serviiius avoit 33 demandé fans Ie vouloir, qu'Antoine recüt le 33 nom d'ennemi, du moins s'il étoit vrai, cómme 33 on ne i'ignoroit pas, que jamais on n'avoit dé33 cerné des adtions de graces qu'a 1'occafion d'un 33 avantage remporté fur des ennemis, Sec. (a) S'é33 rendant enfuite fur le mérite particulier des 33 trois oénéraux , Panfa, Hirtius & Oétave, & =3 faifant voir qu'on ne pouvoit refufer le titre 33 d'empereur a leurs fervices, il propofe d'ordon33 ner conjointement a leur honneur, cinquante 33 jours d'actions de graces. Enfin il parle des ré33 compenfes qu'il eroit dües aux foldats, & par33 ticulièrement des honneurs qu'on doit accorder 33 a. ceux qui font morts en défendant la patrie. 33 Son zèle s'échaufTe a cette feule idéé, & s'y 33 livrant tout-d'un-coup , heureufe mort! s'écrie33 t-il, heureux facrifice qu'on fait a la patrie d'une 33 vie qui doit être rendue tot ou tard a la nature ! 33 La mort eft une infamie pour ceux qui la re$oi33 vent en fuyant; mais qu'elle eft glorieule au 33 milieu de la vicloire ! Ainfi, pendant que ces 33 miférables parricides, qui font tombés fous vos 33 coups, rec_oivent aux enfers le chariment d« (a) Ibid. 8, 9, 10, xi. An. de R. 710. Cicer. «4. Coss. Vibius V a n S a. A. Hirtius.  An. de R. 71 O. Cicer. £4, Coss. Vibius Pansa. A.Hirtius. ' 5 3 tl IJcf HlSTOIRE DE Ê A VlE 33 leurs crimes, vous, illuftres morts, qui avez «poufle Ie dernier foupir en fervant votre patrie, 33 vous avez obrenu lentrée du féjour des ames 33 vertueufes. La vie eft courte, mais le fouvenir 33 d'une vie bien employee eft immoreel. S'il ne 33 duroit pas plus long-tems que 1'efpace qui nous 33 eft accordé pour vivre , qui feroit affez infenfé 33 pour afpirer a la gloire au travers de tant de 33 peines & de dangers, & pour la regarder comme 33 un prix égal aux efforts qu'elle demande ? Votre 33 partage eft donc heureux , ö vous, les plus bra33 ves de tous les hommes pendant que vous avez » vécu, & maintenant les plus refpecfables par la 33 plus glorieufe de toutes les morts. La mémoire 33 de votre vertu n'eft plus en danger de périr, 33 ni par 1'oubli de votre hecle, ni par le filence 33 des fiècles futurs, puifque le fénat & les citoyens 33 de Rome vous ont éievé comme de leurs propres »mams, un monument immortel. Les guerres '3 puniques, celles desGauies, celles d'Italie, nous '3 ont fait voir des armées célèbres par leur cou3 -age & leurs exploits; mais nous ne voyons 3 point qu'on leur air jamais accordé tant d'hon> neurs. Et le fouhait de mon cceur eft qu'on les . augmenre encore, puifque vous nous avez rendu de li importans fervices. Vous avez chafle de Rome le furieux Antoine, vous 1'avez repouiTé lorfqu'il a tenré d'y venir. Qu'on vous éiève donc  be Cicéron, Z/r. X. 137 >j un monument magnifique, & qu'on y grave en 33 lettres d'or les témoignages éternels de votre a» divine vertu. Que ceux qui les liront, ou qui en 33 entendront parler, ne fe lalTent jamais de célé33 brer votre mémoire ; &z que la vie que vous avez 33 acquife , a la place de cette vie foible & périiTa33 ble que vous avez perdue, foit véritablement 33 immortelle 33. II renouvelle dans fa conclufion (a) la promefie qu'on avoit faite aux vieilles légions, de leur payer fidellement a la fin de la guerre tout ce qui leur étoit dü; & pour ceux qui avoientperdu la vie au fervice de 1'état, il propofe qua les récompenfes qu'on leur auroit accordées s'ils eufient vécu, foient diftribuées a leurs parens , c'efr-a-dire, a leurs femmes, a leurs enfans, & a leurs frères. II donne a toutes ces propofitions la forme ordinaire des décrets. Enfin fur les nouvelles infiances par lefquelles il termina fon difcours , 1'aiTemblée ratifia fans exception tout ce qu'il avoit propofé. Antoine, confus de fa défaite, s'étoit renfermé dans fon camp, après avoir formé la réfolution de ne plus rien donner au hafard, &: de fe tenir conltamment fur la défenfive, mais fans renoncer néanmoins a faire ufage de fa cavalerie , par la- («) Ibid. n. An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. Vibius Pansa. A. Hirtius.  An.  An. de R. 710. Cicer. 64, I n i-i I I42 HlSTOlRE Ö E LA V I È norabre par le feul motif de 1'humanité, & fort crédit leur fit reftituer leurs biens, & h Jiberté de faire leur féjour a Rome. Cette conduite le fit aimer du peuple, & fi parfaitement eftimer des honnêtes gens, que Caffius, pour défendre fon épicurianifine dans une de fes lettres a Cicéron ( ciété de fes crimes. Enfin , il affuroit qu'en fer- > vant avec eux dans les Gaules, il avoit vu cfcs > preuves incroyables de leur déréglement & de (a) Itaque & Panfa, qui fequitur, virtutem renet, &c. Bid. 19. (b) Quos ego penitus novi Kbtdinum & languoris efFelinatiffimi animi plenos, qui nifi a gubernaculis recefTent, maximum ab univerfo naufragio periculum eft, &c. p. fam. 16, 27.  £>E ClCBRON, LlV. XI. 143 » leur corruption, a la face même de 1'ennemi Mais il faut attribuer ce qu'il y a dexceffif dans les traits de cette peinture, a la mauvaife humeur & a la jaloufïe de Quintus; car quelqu'idée qu'il voulüt donner de leur ancienne conduite, il eft certain qu'ils forent d'excellens confuls , & que foit par eftime pour Cicéron, ou par ménagement pour fon autorité, ils fe conduifirent alfez o-éné- ö ralemertt par fes maximes. Ils avoient pour principe que 1'ardeur de venger la mort de Céfar jetteroit infailüblement la république dans des convulfions dangereufes, & qu'elle ne partoit guère d'une autre fource que 1'ambirion de s'élever a fa place. La réfolution a laquelle ils s'attachèrent de concert fut de fe déclarer ouvertement contre toutes les entreprifes qui feroient capables de troubler la rranquiilité publique. Cependant la longue affection qu'ils avoient eue pour Céfar, leur faifoit conferver quelques reftes de prévention en faveur de fon parti. De-la étoit venu 1'éloignoment qu'ils avoient marqué pour les voies extrêmes, auffi long-tems qu'ils avoient efpéré quelque fruit de leur inclination pour la paix. Cicéron en prit droit de les blamer, mais il ne cefïa jamais de leur accorder fa confiance. II fe plaignit de 1'excès de leur modération, qu'il nommoit un défaut de vigueur, & qu'il croyoit pernicieux a la caufe de la liberté; mais quoiqu'ils ne fe con- An. de R. 710. Cicer. £4.  An. deR. 710. Geer. 64. (a) Quales tibi fiepe fcripfï confules , tales extiterunt. Ad Brut. 3. Erat in fenatu fatis vehemens & acer Panfa, cum in coeteros hujus generis, tum maxime in focerum: cui confuli non animus ab initio, non fides ad extremum defuit. Bellum ad Mutinam gerebatur ; nihil ut in Panfa reprehenderes , nonnulla in Hirtio. Ibid. 10. Le fénat fit frapper plufieurs médailles a 1'occafion de cette victoire; une particulièrement a Thonneur de Panfa, qui repréfëntoit la tête de la déefle Liberté, couronnée de laurier, avec cette infeription, Libertatis; Sc Rome au revers affiie fiir les dépouilles des ennemis, tenant dans fa main droite un épieu, & dans la gauche un poignard, le pied lur un globe, & la victoire volant vers elle pour la couronner, avec cette infeription: C. Panfa. C. F. C. N. VU, Morel. fam. Rom. S'ils 144 HlSTOIRE DE EA Vl fi formafient pas toujours a fes vues & a fes défirs, il jugea toujours bien de leur ïincérité, tandis qu'elle étoit fufpeóte au plus grand nombre des citoyens. L evenement juftifia 1'opinion qu'il avoit d'eux (a); car non-feulement ils exposèrent leur vie, mais ils la perdirent avec une valeur admirable pour la détenfè de la républicjue, & jufqu'a la fin ils répondirent a 1'idée que Cicéron avoit toujours donnée de leur verru. Hirtius néanmoins ne lui parut pas tout-a-fait exempc de blame; mais louant Panfa fans excepdon , il déclaré « cju'il ne 33 manqua ni de courage depuis le commencement 33 de la guerre , ni de fidélité jufqu'au dernier mo33 ment de fa vie 33.  De Cicéron, Lir. XL i4j S'il's euiïènt aiTez vécu tous deux pour recueillir les fruits de Jeur victoire, leur autorité auroit fuffi pour retenir Oclave dans les bornes de fon devoir, & pour foutenir la république jufqu'a 1'arrivée de Brutus & de Caffius. Alors le même inrérêt réuniffant Plancus & Decimus Brutus, ils auroient donné tous enfemble une forme réguliere & folide au confulat de 1'année fuivante. Mais la mort des deux confuls (a) placoit tout d'un coup Ocfave au fommet de la puiiTance, en le laifTant maïtre des deux armées, fur-tout des vétérans, qui étoient fi mal difpofés pour Decimus, que rien n'avoit pu les engager d le fuivre. Toutes les circonftances fe trouvèrent fi heureufement d'accord en fa faveur , qu'on fe perfuada généralement que leur mort n'étoit pas fans myftère, & qu'ils avoient été tués par fes artifices. On avoit obfervé qu'il avoit levé le premier le cadavre d'Hirtius fur Ie champ de bataille, & quelques-uns le foupcon-, noient de I'avoir fait tuer par fes propres foldats. Glycon.médecin de Panfa (b), venoit d'êtrearrêté (a) Rumor increbuit ambos opera ejus occifos, ut Antoniofugato, republica confulibus orbata, folus'vifbres exercitus occuparet. Panfa: quidem adeo fufpefta mors fuit, ut Giyco medicus cuftoditus fit, quafi venenum vulncri in' didiffet. Suet. Aug. n. Dïo, 1. 43, 317. Appian, p. 5-71. (b) Tibi Glycona medicum Panfa; diligentiffime conf* Tomé IV. j£ An. de R.- 710. Cicer. , in Italram addufcere esercitum, quod ut facères utque maturares , magnoperè defiderabat refpublica, Ad Brut, 10. Kij An. de k, 710. Oker. £4»  An. réfolution fans fon ordre; que s'il ne les en avoit 33 pas punis avec la dernière rigueur, c'étoit pour 33 accorder quelque chofe a 1'amitié, mais qu'il 33 les avoit laiffés depuis fans emploi, 8c qu'il ne 33 les avoit pas même recns dans fon camp. II lui 33 apprenoit qu'Antoine étoit arrivé dans fa pro33 vince fans autre infanterie qu'une feule légion ( d'avoir méprifé les bruits injurieux que fes enne33 mis s'étoient efforcés de répandre, & de lui avoir 33 fait décerner des honneurs publics. Enfin, il ie 33 prioit d'attendre de lui tous les fervices que la «république avoit droit de fe promettre d'uu 33 citoyen vertueux, & de lui accorder particuliè33 rement fa protecf ion 33. (a) Pollion écrivit encqre plus ouvertement, "que dans une conjoncfure fi preifante, il fe 33 croyoit difpenfé d'attendre les ordres du fénat; » que tout ce qu'il y avoit de citoyens zélés pour =° 1'état, devoient s'employer promptement a fa 33 confervation ; que le péril alloit augmenter fi 33 Antoine avoit le tems de rafiembler fes forces; 33 que pour lui fa réfolution étoit non-feulemene =3 de ne point abandonner la république, mais de » ne lui pas furvivre; qu'il s'affligeoit d'être fi oéloigné, que la promptitude de fon fecours ne (.$) IbjcL 33,  de Cicéron, Liv.XI. 151 >■> pouvoic répondre a fes defirs », &c. Plancus écri- ■ vit cc qu'il alloit prendre les plus juftes mefures {a) < 33 pour accabler Antoine, s'il entroit dans fa pro33 vince ; que fi eet ennemi public venoit fans une 33 grofle armee, il en rendroit bon compte, quand 33 Lepidus prendroit le parti de le recevoir ; ou 33 que s'il amenoit des forces confidérables, il fe 33 chargeoit d'arrêter leurs entreprifes jufqu'a 1'ar33 rivée des fecours qui le mettroient en état de 33 les détruire ; qu'il étoit en traité avec Lépidus, 33 pour unir leurs forces, paria médiation de La33 térenfis & de Furnius, & que les différens par33 ticuliers qu'il avoit avec lui, ne 1'empêcberoient 33 point de concourir de tout fon pouvoir au fer33 vice de la république 33. Dans une autre lettre , il parle avec le dernier mépris des forces d'Antoine , quoique jointes a celles de Ventidius, qu'il appelle un muieder. 11 alfure que s'il les eüt rencontrés , ils n'auroient pas tenu une heure contre lui (b). On reprochoit aux vainqueurs de Modène d'avoir lailfé a Marc-Antoine le tems de s'échap- (a) Ibid. 11. ( b) Mihi enim fi contigiftet ut prior occurrerem Antonio , non me hercule horam conftit'uTet; tantum ego & mihi confido , & fic perculfas illius copias Ventidiique mulionis caftra defpicio^ Ibid. »&» K iv ^n. rle R. 710, lieer. 64,  An. de R. 710. Cicer. 64. ( a ) Cum & Lepido omnes imperatores torent meliores, & multis Antonius dum erat fobrius. Veil. Pat. z, 62. (£) Ep, fam. ij , iz„ I51 HlSTOIRE DE EA VlE per : mais Octave n'avoit jamais penfé a Je poiirfuivre. II avoit déja obtenu ce qu'il s'étoit propofé, en le réduifant aflez bas, & en s'élèvant au contraire aflez haut, pour faire fes conditions avec lui dans le partage de 1 empire, dont il femble qu'il avoit déja formé Ie plan. Si la ruine d'Antoine eüt fuivi immédiatement la mort des confuls, ie parti républicain auroit été trop fort pour lui & pour Lepidus, qui n'étoit qu'un foible général, quoiqu'a la rêce d'une bonne armée (a). Envain fut-il donc follicité de fe metrre d Ja pourfuite d'Antoine. II trouva des excufes , telles que la néceflïté d'engager dans fes intéréts les troupes des confuls; & lorfqu'il feignit d'y penfer, il fic comprendre aifément qu'il étoit trop tard. Cicéron fut irrité particulièrement de levafion d'Antoine. II en fit des plaintes amères a Decimus Brutus {b)i aS'il arrivé malbeureufement, » lui dit-il, qu'Antoine rétabliflé fes forces , tous »les fervices que vous avez rendus a la républi» que, vont devenir inutiles. On nous rapportoit, »ajoute-t il, & tout le monde a cru qu'il avoit » pris la fuite avec un petit nombre de troupes o mal armées & découragées , & qu'il étoit lui-  de Cicéron, Liv. XL 153 33 même abattu jufqu'a perdre toute efpérance. 33 Mais s'il eft vrai au contraire, comme j'apprends 33 qu'on n'en fauroit douter, qu'il foit auffi en état 33 que jamais de vous faire partager le péril,com33 ment peut-on dire qu'il ait fui devant Modène? 33 C'eft avoir changé feulement le fiéee de la 33 guerre. Auffi m'appercois-je que les difpofitions 33 font fort altérées. Quelques-uns vont jufqu'a fe 33 plaindre que vous n'ayez pas pris vous-même 33 le parti de le pourfuivre, & font perfuadés qu'a33 vee beaucoup de diligence vous pouviez ache33 ver fa ruine. Telle eft 1'ingratitude des hommes, 33 & fur-tout celle de nos romains. Ils abufent »3 fouvent de leur liberté contre ceux a qui ils en 33 ont 1'obligation. Cependant vous devez prendre 33 garde que ces plaintes n'ayent quelque jufte fon33 dement. Ce qui eft hors de doute, c'eft que celui 33 qui achèvera d'accabler Antoine, mettra fin 33 tout-d'un-coup a la guerre. Vous devez fentir 33 mieux la force de cette réflexion, qu'il ne me 33 convient de 1'expliquer plus clairement 33. Decimus apporte dans fa réponfe diverfes raifons qui ne lui avoient pas permis de fuivre Antoine auffi promptement qu'il 1'avoit fouhaité. <* J'étois, 33 dit-il, fans cavalerie & fans voitures (a). J'igno33 rois la mort d'Hirtius. Je ne me fiois point a. (a) Ibid. 13, An. de R. 710. Cicec. 64.  An. de R. 710. Cicer. 64. e 3 3 3 3 3 ÏJ4 HlSTOIRE DE LA VlE 33 Céfar, jufqu'au moment du moins que 1'ayant 33 rencontré, j'eus une conférence avec lui. Le pre33 mier jour fe pafia dans ces incertitudes. Le lenss demain, Panfa me fit avertir de Palier joindre a 33 Boulogne, mais j'appris fa mort fur la route. 33 Je retournai' auiïftöt vers ma petite armée, car 33 diminuée comme elle eft, & dans le befoin de 33 toutes fortes de munitions, c'eft le nom que je 33 dois lui donner. Antoine gagna donc fur moi 33 deux jours entiers. Toute ma viteife a le pour*> fuivre, n'auroit jamais égalé celle de fa fuite. Ses 33 troupes étoient débandées, & les miennes en »trop bon ordre pour une courfe fi prompte. '3 Dans tous les lieux qui fe trouvoient fur'fon spaflage, il faifoit ouvrir les prifons, il enlevoit 0 les prifonniers , fans s'arrêter un moment juf3 qu'aux gués. Ce lieu eft fitué entre 1'Apennin & 3 les Alpes. La marche eft extrêmement difficile 3 dans cette contrée. Lorfque je fus a trente milles 3 de lui, & que Ventidius Peut joint avec fes trou3 pes,on m'apporta une copie de fon difcours, dans 3 lequel il avoit prié fes foldats de traverfer avec 3 lui les Alpes, en leur déclarant qu'il agilfoit de > concert avec Lépidus. Mais ils s'étoient tous > écrié, ( fur-tout ceux de Ventidius, car les fiens > étoient en fort petit nombre) qu'ils vouloient > ou vaincre ou périr en Italië; & demandant d'être > conduits a Pollentia, ils 1'avoient prelfé fi vive-  i)e Cicéron, Liv. XI. ijj ssment que ne pouvant fe faire écouter, il fut 33 obligé de remettre fa marche au jour fuivant. 33 Sur eet avis, je fis marcher devant moi fix cohor33 tes vers Pollentia , & je les fuivis moi-même 33 avec le refte de mon armée. Mon detachement 33 arriva dans cette ville une heure avant Trébel33 üus qui conduifoit la cavalerie d'Antoine. J'en 33 relfentis une joie extréme, car je regarde eet 33 avantage comme une victoire , &c. Dans une autre lettre il alfure »3 que fi Céfar s'étoit laifie 33 perfuader de traverfer 1'Apennin , il auroit ré33 duit Antoine a de fi grandes extrémités, que la 33 faim (a) auroit produit 1'effet des armes pour le 33 détruire entièrement : mais qu'il n'avoit pu faire 33 goüter ce confeil a Céfar, ni Céfar fe faire obéii 33 de fes troupes, & que ces deux raifons étoient 33 déplorables 33. Cette relation , dont toutes les circonftances fe trouvent dans les lettres de Decimus-Brutus, détruit deux faits rapportés par un ancien écrivain, & généralement rec.us de tous les hifloriens modernes (b): 1'un, qu'Octave après la ( a) Quod fi me Ca=lar audiiïet atque Apennïnum tran* fïflet, in tantas anguflïas Antonium compuliflem, ut inopïa potius quam ferro conficeretur. Sed neque Caefari imperari potefl , nee Ca:far exercitu» fiio: quod utrumque peffimur» efi. Ibid. 10. (b) Vid. Appian. 1. 3, p. 573. Hifi. Rom. par Ca-* trou & Roujllé, torn. 17, liv. ^, p, 4J3« An. At r. 710. Cicer. 64.  An. Je R. 710. Cicer. 64. nous refte une médaille originaire qui confirme cette remarque. Elle fut probablement frappée a Rome, foit par Panfa même, a fon départ pour Modène, foit par le fénat, peu après la mort de Panfa , pour rendre témoignage de fon étroite union avec Decimus Brutus. D'un cóté eft la tite d'un Silene, ou plutót de Pan, telle qu'elle fe trouve fouvent fur les coins de Panfa, avec cette infeription , C. Panfa; de 1'autre cöté font deux rnains droites, jointes & tenant un caducée , avec ce nom , Albïnus Bruü F. Vid. FamjI. Vibia, dans Vaillant ou Morel. IJ6- HrsTOIRE DE t, A VlE victoire refufa d'entrer en conférence avec Decimus Brutus, & que celui-ci piqué de cette conduite , lui défendit 1'entrée de fa province , Sc par conféquent ia liberté de pourfuivre Antoine : 1'autre, que Panfa dans les derniers momens de fa vie fit appeler Octave, & lui confeilla de s'unir eontre le fénat avec Antoine. Ces deux circonftances furent fans doute inventées dans la fuite pour fauver 1'honneur d'Octave, Sc donner une couleur plus favorable au changement ( a) qu'il fit éclater tout-d'un-coup dans fes principes. Caius, frère d'Antoine, étoit encore prifonnier de M. Brutus; mais 1'indulgence de fon vainqueur lui fit vérifier les craintes Sc les avis de Cicéron. II profita de la liberté qu'on lui laiflbit dans le camp, pour féduire un grand nombre de foldats, Sc les engager dans une fédition qui caufa beaucoup d'embarras a Brutus. Cependant le repentir  r>i Cicéron, Liv. XI. 157 ayant bientöt fuccédé a 1'infolence, ils tuèrent eux-mêmes les chefs de leur révolte, & n'auroient pas mieux traité le frère d'Antoine, fi Brutus eüt confenti a le remettre entre leurs mains. Mais fcignant que fa réfolution étoit de le faire jeter dans la mer, il le fit conduire dans un vaifleau, avec des ordres plus doux (a), qui fufnfoient pour 1'empêcher de faire du mal & d'en recevoir. Brutus rendit compte de fa conduite a Cicéron, qui lui fit cette réponfe : cc A 1'égard du foulèvement de la quatrième 33légion (b), ne vous offenfez point de ce que je x vais dire; je fuis plus fatisfait de la févéritéde vos 33 gens que de la votre, & je me réjouis que vous 33 ayiez eu cette preuve de l'affeétion de vos foldats 30 & de votre cavalerie. Vous m'écrivez que je =0 pourfuis Antoine fort a mon aife, & que vous 33 ne m'en croyez pas moins digne de louange. Je 33 crois les votres fincères. Mais je n'approuve point 33 votre diftin&ion , lorfque vous ajoutez que nos 33 animofités doivent plutöt s'exercer en prévenant 33 la guerre civile, qu'en cherchant a nous venger 33 d'un ennemi vaincu. Notre manière de penfer, 33 mon cher Brutus, eft ici fort différente. Je ne 33 me fens pas moins de penchant que vous a la 33 clémence : mais une févérité falutaire me paroic (a) Dio. 47, 34°- (*) Ibid- ?' An. de R; 710. Cicer. «4,  An. de R, 710. Cicer. £4. (*) App. J. 4> 669. Dio. 1. 47j 356. Val. Max. 4, ^ I f S HlSTOIRE DE LA V I Ë = toujours préTérable a de fpécieufes apparences » de bonté. Si nous prenons tant de plaifir a paris donner, Ia guerre civile ne finira jamais. Pen^ »fez-y férieufement, car je puis m'appliqüer ce » que Plaute fait dire a fon vieillard dans le Tri» nummus : je touche d la fin de ma vie. Vous y »étesplus intéreffé que moi. Croyez-moi, Bru« tus, vous êtes perdu, li vous n'y faites point » attention ; car il ne faut pas vous flatter que Ië » peuple, le fénat & le guide du fénat, foient » toujours les mêmes. Regardez eet avis comme « un oracle. Rien n'eft plus certain ». Malgré le témoignage des anciens écrivains fur la mort tragique de Porcia, femme de Brutus, 8c fur la manière dont die fe tua elle-même en apprenant le fort (a) funefte de fort mari, on ne fauroitprefque douter qu'elle ne füt mortë a Rome d'une maladie de langueur, vers le tems donê nous parions. II paroit que fa fanté étoit déja fort affoiblie, lorfque Brutus avoit quitté 1'Italie, 6c qu'elle ne 1'avoit vu partir qu'avec des ruifieaux de larmes & toutes les marqués d'une douleur extréme, comme fi fon cceur Peüt avertie qu'elle lui difoit le derriier adieu. Plutarcjue parle d'une lettre de Brutus, qui exiftoit de fon tems, fi elle n'étoit pas fuppofée, dans laquelle il déploroit fa  de Cicéron, Lir. XI. 159 mort, en fe plaignant que fes amis 1'avoient nédioée dans fa dernière maladie. Mais ce qui n'eft pas fujet au moindre doute, c'eft que dans une lettre a Atticus, il s'explique clairement fur la mauvaife fanté de fa femme (a), avec un léger compliment a Atticus fur le foin que 1'amitié lui en faifoit prendre ; & la lettre fuivante, qui eft de Cicéron a Brutus, ne pouvant regarder que Porcia, il faut conclure nécelTairement qu'elle étoit morte de cette maladie. Cicéron a Brutus. (b) Je vous apporterois des motifs de confolation, pour vous rendre le même fervice que j'ai iecu autrefois de vous dans ma perte, fi je ne favois que les remèdes que vous m'offntes alors, vous font familiers. Je fouhaite feulement que 1'application en foit plus heureufe pour vous, qu'elle ne le fut pour moi j car il feroit étrange qu'un homme tel que vous, ne fut point capable de pratiquer ce qu'il a prefcrit aux autres. Pour moi, je trouvai non-feulement dans les raifons que vous m'apportiez, mais encore dans le poids de votre autorité , un motif aflez puiflant pour modérer 1'excès de ma (a) Valetudinem Porcis meae tibi curs efle non miror. Ad Brut. 17. (b) Ad Brut. 9* An. de R. 7:0. Cicer. Ê4,  An. de R. 710. Cicer. £4. | I 1 I a v r P d ti « d, fi in d. tgo HrSTOlRE DE LA VlE douleur. Vous crüres que mon abattement ne con* venoit point a un homme de courage, accoutume fur-tout a confoier les autres, & vous me fates ce reproche avec plus de févérité que vous nen aviez eu pour moi jufqu'alors. La déférence que;'eus pour votre jugement, fervit beaucoup a me réveiller de cette lethargie; je redoutai votre cenfure, & fur la foi de vos confeüs je trouvai plus de force que jamais a tout ce que j'avois ippns, ou lu, ou entendu fur cette matière. Cependant, Brutus, en payant un tribut que je devois a la nature , je n'avois que la bienfeance ordinaire aménager; au lieu que le perfonnage jue vous avez a foutenir aujourd'hui, eft un röle ie théatre, qui vous expofe aux regards du public. *on-fcuIement votre armee, mais la ville & tout umvers ont les yeux ouverts fur votre conduite. "J eft-il pas indecent qu'un homme a qui nous ttnbuons Ia fermeté qui nous diftingue, laiffe oir de la foiblelfe & de 1'abattemetu < A la vété votre perte eft extréme. L'univers n^a rien qui uilTe la réparer ; & fi votre cceur n'étoit pas touché üne fi cruelle difgrace, cette iufenfibiliré paro?oit pire que votre malheur même. Mais vous :vez vous affliger avec modération, & fonger que cette regie eft utile pour les autres, elle eft difpenfable pour vous. Je donnerois plus d'éren>e a cette lettre, fi je n'appréhendois qu'elle n'en ait  bE Cicéron, Li r. XI. i tri ait déja trop. Nous vous attendons, vous 8c votre armée ; fans quoi nous ne nous croirons pas touta-fait libres, quand tout le refte répondroit a nos défirs, 8cc. Le tems marqué póur 1'élection des rnagiftrats étant fort proche, 8c particulièrement celui de remplir le collége des prêtres, dans lequel il y avoit plulïeurs places vacantes, Brutus fit partir pour Rome quelques jeunes citoyens de la première noblefle qui afpiroient aux dignités publiques, tels que les deux Bibulus, Domitius, Caton, Lentulus, qu'il prit foin de recommander a Cicéron par fes lettres. Mais Cicéron fut faché que fon fils ne fut point parti avec eux , pour Venir folliciter la dignité du facerdoce. II en écrivit a Brutus, dont il vouloit favoir les intentions, en le priantde faire partir immédiarement fon fils, s'il n'éroit pas retenu par des raifons trèsprelfantes. Quoiqu'il put être élu dans fon ab* fence (a), lefuccès paroiflbit plus certain lorfqu'il feroit a Rome. Cette légère négociation fit le fujet de plufieurs lettres. Cependant la confufion des affaires publiques , qui augmentoit de jour en jour, fit remettre 1'éledtion des prêrres a 1'année fuivante. Brutus n'avoit pas laiffé de faire partir (a) Sed quamvis liceat ablentïs rationem haberi, tamea •mnia funt prafentibus faciÜQra, Ad Brut. {Terne lVy T* An. de R. 710. Cicer. 64»  An. de R. 710. Cicer. £4. ; i 1 3 . $ 1 IdTz HlSTOIRE DE LA VlE le jeune Cicéron, & den donner avis a fon pèrej mais quoiqu'il dut être fort avancé dans fa route, Cicéron envoya un exprès au-devantdelui, pour lui porter 1'ordre de retourner fur fes pas (a). II avoit déja pris terre en Italië ; ce qui ne 1'empêcha point d'obéir a fon père, cc qui ne connoilfoit rien de 33 plus agréable pour lui-même, ni de plus ho33 norable pour fon fils, que de le voir auprès de 33 Brutus 33. On étoit encore dans Ia joie des premiers fuccès de la guerre, lorfqu'elle fut augmentée par les nouvelles de 1'Afie, qui apprirent a Rome la défaite & la mort de Dolabella. Après avoir öté cruellement la vie a Trebonius , ce furieux ennemi de la liberté ayant pillé tout ce qu'il avoit trouvé dargent dans la province, & s'étant muni de tout ce qui pouvoit être utile a fon entreprife, avoit pris fa marche vers la Syrië, dont Ia conquête étoit 1'objet de fes préparatifs. Mais il avoit été srévenu par Caffius, qui s'étant déja mis en pof~eflïon de cette province, fe trouvoit fupérieur a (a) Ego autem, cum ad me de Ciceronis abs te dif:eflïi fcripfifles , fiatim extrufi tabellarios Iiterafque ad Diceronem, ut etiamfi in Italiam veniiïèt, ad te rediret. ^ihil enim mihi jucundius, illi honeftius. Quamquam alijuoties ei ïcripleram facerdotum comitia, mea lumma ontentione, in alterum annum eife rejecta, &c. Ad Brut. 4. It. U*,7.  de Cicéron, Lir.Xl. igy lui par toutes les forces cju'il y avoit raiTemblées. Cependant Dolabella avoit traverfé fort heureufement la Cilicie. II s eroit avancé jufqu'aux portes d'Antioche, capitale de Ja Syrië, qui avoit refufé de le recevoir, & qu'il avoit tenté de forcet par diverfes attaques. Ayant été repouffé avec perte , il avoit pris vers Laodicée, ou il étoic appelé par 1'invitation des habitans , & ce fuS dans ce lieu que Cafiïus réfoluc de le furprendre. Après avoir décruit fa flotte dans plufieurs engagemens, il le ferra de fi prés par mer & par terre, que Dolabella perdant 1'eipérance de s'échapper, & manquant de forces pour fe défendre, prit le parti de fe dérober a la vengeance du vainqueur par une mort volontaire. Caffius eut la générofité de faire enterrer fon corps avec celui d'Octavius, fon lieutenant 'a), qui s'étoit tué a fon exemple. Decimus Brutus s'étoit mis enfin a la pourfuite d'Antoine, ou plutot fe faifoit une occupation d'obferver fes mouvemens, & de lui caufer dfi 1'embarras dans fa fuire. Outre les troupes qu'il avoit commandées dès 1'origine de la guerre, il avoit recu fous fes ordres les quatre nouveiles légions des derniers cbnfuls, tandis que tous les vétérans s'étoient abandonnés a la conduite d'Octave» (a) Ep. fam, i», 13, ij, Appian, 1. 4, 6x^. Dio. ï- 47, 344. L ij An. d«R, 710. Cicer, 64,  An. de R. 710. Cicer. 64, ( a) In primis rogo te ad hominem ventofiffimum Lepïdum mittas, ne bellum nobis redintegrare poflit, Antonio fibi conjuncto. Mihi perfuafiffimum efl Lepidum recte facturum nunquam .... Plancum quoque confirmetis oro : quem fpero pulfo Antonio , non defuturum. Ep. fam. 11, 9. Antonius ad Lepidum proficifcitur: ne de Planco quidam fpem adhuc abjecit, ut ex libellis fuis anjmadverti, qui in me inciderunt. Ibid. n. If/4 HlSTOIRE DE EA V I E Mais cette armee ne le rendoit point aflez forC pour tenir devant celle d'Antoine, depuis que Ventidius s'y e'toit joint avec fes trois légions, ni même pour 1'empêcher, fuivant fon projet, de palfer les Alpes, & de fe joindre a Lepidus. «11 33 prefla Cicéron d'écrire a Lepidus, pour le prier » de ne pas recevoir les ennemis de 1'état, quoi» qu'il fütperfuadé, difoit-il, qu'un homme li •3 inconfidéré ne feroit jamais rien avec fagefle. 33II exhortoit auffi Cicéron a confirmer Plancus, 33 dont il avoit quelque fujet de fe défier, depuis 33 qu'il avoit appris par des papiers interceptés 33 qu'Antoine ne défefpéroit pas de 1'engager dans 33 fes intéréts, & qu'il fe croyoic sur de Lepidus Sc 33 de Pollion (a) 33. II écrivit même direótement a Plancus, pour réveiller fa fidélité & fon courage , en 1'aifurant qu'il alloit faire toute la diligence poflible pour le joindre. Mais, dans toutes fes lettres, il fe plaignoit d'être fans argent, Sc du miférable état de fon armee, qui n'étoit pas  b E C i c 4 r ó n , Lir. XI. 16$ méprifable par le nombre, mais par la qualité • des troupes, dont la plupart nétoient que de nou- 1 Telles levées (a), fans expérience & fans armes. «II m'eft impoffible, difoit-il, d'entretenir plus 53 long-tems mes foldats. Lorfque j'ai pris les armes 33 pour le fervice de la république, j'avois de mon 33 propre revenu plus de deux millions dans mes 33Coffres. Aujourd'hui, je fuis fi éloigné d'avoir 33 quelque chofe a moi, que j'ai engagé le crédit 33 de mes amis pour me foutenir. J'ai a faire (£) 33 fubfifter fept légions; jugez quel embarras. Les 33 tréfors de Varron ne me fuffiroient pas pour 33 cette dépenfe 33. II demandoit dönc , non-feulement qu'on fe hatat de lui faire toucher une fomme confidérable, mais qu'on lui envoyat quelques légions de vétérans, fur-tout la légion martiale & la quatrième, qui avoient pris le parti de fuivre Ocfave. Le fénat lui donna cette fatisfaction par un décret (c), a la fcdlicitation de Drufus (réfence de mes troupes tout ce qu'il y a de traitres >u de mécontens dans les fiennes. Ayant fait jeter lans J'efpace d'un feul jour un pont fur i'Isère , ;rande rivière du pays des aliobroges, je 1'ai paffe" vee mon armee le 12 de mai. Cependant fur avis que Lucius , fiére d'Antoine , s'étoit avance' Frejus avec un corps de cavalerie & queiues cohortes, j'ai fait partir le 14 mon frère la jête de quatre mille chevaux, pour aller fa rencontre. Je le fuivrai fans perdre un moent avec quatre légions & Ie refte de ma calerie, & je lailfe derrière moi tout Ie gros bage. Si la fortune favorife un peu la république, us arrêterons ici 1'audace des rebelles, & nous •rons peut être en un feul jour la fin de toutes : peines: mais fi Ie brigand regagne l'ftalie k nouvelle de mon approche , ce fera 1'affaire de cimus Brutus de le chercher & de le joindre*  Ï)E CïCÉRON, LlV. XI. \64 Ma crainte n'eft pas que Decimus manque de courage ni de prudence. Si ce malheur arrivoit néanmoins, je ferois partir mon frère avec ma cavalerie, pour garantir 1'!talie du ravage de ces furieux. Prenez foin de votre fanté, & m'aimez comme je vous aime. Adieu. Mais dans tout le cours de cette affaire, Lepidus agilToit de fi mauvaife foi, qu'il étoit réfolu , a toutes fortes de rifques, de foutenir les intéréts d'Antoine. S'il avoit différé quelque tems a s'unir a lui, & s'il feignit a la fin d'y être forcé par fes propres foldats, c'étoit feulement pour fauver les apparences & fe ménager les moyens de le faire avec autant d'avantage que de füreté pour 1'un & pour 1'autre. En traitant avec Plancus, fes vues avoient été de 1'attirer proche d'eux, & de 1'amufer jufqu'au moment ou fes forces étant jointes a celles d'Antoine, ils puflent le mettre dans la néceflïté d'entrer dans leurs mefures, & lui öter tout efpoir de retraite ou de réfiftance. Ainfi, lorfqu'il vit Antoine prêt a le joindre, il fit dire a Plancus , qui n'étoit plus éloigné que de quarante milles, de 1'attendre dans le lieu oü il étoit. Plancus , qui étoit encore fans défiance, crut par diverfes raifons qu'il devoit continuer fa marche. Mais (ü) Laterenfis fe hata de le faire avertir (a) At Laterenfis, vir fan&iffimus, fuo chirograph» An. de R. 710. Cicer. 60  'An. de R. 710. Cicer. 64. i 3 3 mittit mihi Hteras, in eifque defperans de te, de exercitu, de Lepidi fide, querenfque fe deflitutum : in quibus aperte denunciat, videam ne fallat: fuam fidem folutam effe : reipublicx ne defïm.... Ibid. 21, 17® HlSTOIRE DE LA VxE « qu'il ne falloit fe fier ni a Lepidus ni a fon am4, '3 & qu'il étoit abandonné lui-même. 11 1'exhor» toit a ne pas donner dans le piége qu'on lui » dreifoit, & a demeurer fidelle a la république, '3 en lui declarant qu'il croyoit fa parole dégagée' '3 par eet avis », &c. Plancus informa auflï-tót Cicéron de l'embarras oü cette perfidie le jetoit. II lui marqua cc que Le3»pidus ayant joint fon camp i celui d'Antoine » Ie 28 de mai, ils avoient marebé tous deux vers » lui dés le même jour; qu'ils s'étoient approchéj »jufqu'a Ia difiance de vingt milles avant qu'il >sen eüt le moindre avis; qu'il s'étoit haté de '3 repaffer ITsêre, &de rompre Ie pont qu'il y avoit '3 fait jeter a fon arrivée, pour fe donner le tems 3 de ralfembler toutes fes forces, & de les joindre 3 a celles de Decimus Brutus qu'il attendoit dans 3 trois jours : que Laterenfis, dont Ia fidélité mé- > ritoit des louanges immortelles, fe voyant trom- > pé par Lepidus , avoit pris le parti de fe tuer > de fa propre main ; mais qu'ayant été interrompu > dans 1'exécution de ce delfein , on n'étoit pas ' fans efpérance pour fa vie 33. II demandoit qu'on  de Cicéron, Lip. XI. 171 lui envoyat Je jeune Céfar avec toutes fes forces; ou que ü Céfar ne pouvoit venir lui-même, il envoyat fon armée, puifqu'il éroit de fon propre intérêt qu'on ne perdit point un moment. Tous les rebelles , ajoutoit-ii , fe trouvant réunis dans un même camp, il falloit agir contr'eux avec (#) toutes les forces de la république. Le lendemain de fon union avec Antoine, Lepidus écrivit au fénat une lettre fort courte , dans laquelle «il prenoit les dieux & les hommes a 33 rémoin , cju'il n'avoit rien plus a cceur que 33 la filreté & Ja liberté publique. II proteiïoit 3> qu'on n'en auroir pas attendu long-tems des 33 preuves fi la fortune ne s'étoit pas oppofée a fes 33 intentions, mais que fes foldats 1'avoient forcé 33 dans un foulèvement général de recevoir fous 33 fa protecfion un grand nombre de citoyens. H 33 fupplioit le fénat de mettre a part tous les rel33 fentimens particuliers, de ne confulter que le 33 bien de la république, & , dans un tems de 33 diffention civile, de ne pas traiter de crime & de 33 perfidie fa clémence & celle de fon armée (b) 33. Decimus joignit enfin fes troupes a celles de Plancus, & pendant quelque tems il vécut en fi bonne intelligence avec lui, foutenus tous deux par l'affe&ion & le zèle de toute la province, que (a) Ep. fam. 10, 13. (£) Ibid. 3?. An. de R. 710. Cicer. 64.  An: de R, 710. Cicer. 64. (a) Ep. fam. 10 , 14, '172' HrSTOÏRE de Ca Vie 1'avis qu'ils en donnèrent au fénat par une lettre commune, relevale courage & 1'efpérarice de tous les honnêtes gens. Plancus écrivit i Cicéron dans une lettre particulière : « Vous êces informé fans » doute de 1'état de nos forces (a). J'ai dans mon » camp trois légions de vétérans & une feulement 33 de nouvelles levées, mais la meilleure de cette 33 efpèce. Decimus n'a qu'une légion de vétérans, 33 avec une autre qui fut créée il y a deux ans,& 33 huit de nouvelles levées. Ainfi notre armée eft 33 nombreufe fans être extrêmemenr forte ■ car »3 nous avons éprouvé plus d'une fois qu'il y a peu 33 de fond a faire fur tous ces nouveaux foldats. 33 Si les troupes d'Africjue, qui font toutes com33 pofées de vétérans, ou fi 1'armée de Céfar venoit »3 nous joindre, nous rifquerions voiontiers une 33 bataille. Comme Céfar eft Ie plus proche de "nous, je n'ai pas celfé de le preifer, ni lui de 33 m'alfurer qu'il fe mettroit inceifamment en mar33che, quoique j'aie bien des raifons de croire >3 qu'il n'y penfe pas férieufement, & qu'il a déja » pris d'autres mefures. Je n'ai pas laiifé de lui 53 dépêcher Furnius avec de nouvelles inftrucfions. >3 Vous favez, mon cher Cicéron , que je ne fuis >3pas moins obligé que vous d'aimer ce jeune » Céfar. L'intime Jiaifon que j'ai eue avec fon  DE C I C É R O N, L i v. X J. 173 » oncle, m'a fait un devoir de le protéger & de le » fervir. Enfin, foit que je confidère fes qualités 33 naturelles, qui me paroiffent aimables & portées » a la modération , foit que je me rappelle ce que 33 je dois a la mémoire de mon ami, il feroit hon33 teux pour moi de ne pas aimer comme mort 33 propre fils, celui que Jules-Céfar adopta pouc 33 le fien. C'eft donc ma douleur plutöt qu'un 33 défaut d'inclination qui me force a vous 1'écrirei 33 mais fi Antoine vit, fi Lepidus a joint fes trou33 pes aux fiennes, s'ils ont une armée qui n'eft pas 33 méprifable , s'ils forment des eipérances, & s'ils 33 ofent les foutenir, c'eft au jeune Céfar qu'il faut 33 s'en prendre uniquement. Je ne rappellerai point 33 ce qui s'eft paffe depuis long-tems : mais ne 33 doutez pas que s'il étoit venu quand il 1'a fait 33 efpérer, la guerre ne füt déja terminée , ou qu'a. 33 leur grand défavantage elle n'eut été tranlpor33 tée dans la province d'Efpagne, qui leur eft: 3j abfolument oppofée. II m'eft impoffible de pé33 nétrer par quels motifs ou par quels confeils il 33 s'eft laifle détourner d'une entreprife fi glorieule 3» & même fi néceffaire a fes propres intéréts, 33 pour folliciter ridiculement un confulat de deux 33 mois qui ne peut fervir qu'a faire redouter fes 33 intentions. Ses amis pourroient par leurs con33 feils lui rendre autant de fervices dans cette occa33 fion qu'a la république, 8c vous principalement, An. de K; 710. Cicer. «4.  'An. ie R, ' 7'0. Cicer. 64. 3 j a c e <] li fe al in fe 174 HisToiRE de la Vie »a qui ila plus d'obligations que perfonne a« « monde, excepté moi néanmoins qui n'oublierai »jamais que je vous en ai d'infinies. J'ai donné » ordre a Furnius de traiter toutes ces affaires » avec lui , & s'il a pour mes inftances autant d'é"gard qu'il le doit, je lui rends affurément un «grand fervice. Pendant ce tems-11, nous ne * fommes pas ici dans un embarras médiocre : car *>le péril eft égal a rifquer une bataille, ou a »mettre 1'ennemi en état de nous faire encore » plus de mal fi nous lui tournons le dos. Si Céfar «vouloitécouter ce que 1'honneur demande de »lui, ou fi les légions d'Afrique arrivoient promp- • tement , nous vous foulagerions bienröt d« shnquiémde oü vous êtes pour nous. Je vous » demande la continuarion de votre amidé, & de > me croire entièrement a vous ». Quoique 1'union de Lepidus & d'Antoine eiit =té la confternadon dans Rome, ie fénat après voir pris quelques jours pour délibérer fur les ffets qu'on en pouvoit craindre , fe trouva fi ncouragé par celle de Plancus & de Decimus, ue fe repofant fiir leur courage & fur leur fidété, non-feulemenr il déclara Lepidus ennemi de patrie par un décret du 30 juin, mais il fic >artre la ftatue dorée qu'il lui avoit fait élever Hivellement, en réfervant néanmoins a lui & a s adhérans la liberté de retourner a lem devoir  CE ClCÉKON, ij^. XI. 175 jufqu'au premier de feprembre. Lepidus avoit époufé la fceur de M. Brutus. II en avoit eu plufïeurs enfans, dont la fortune fe trouvoit ruinée par ce décret, qui entrainoit la confifcation de tour le bien de leur père. Servilia leur grand'mère, & la femme de Caflius, qui étoit leur tante, follicitèrent vivement Cicéron, ou d'empêcher qu'on ne portat ce décret, ou d'obtenir .une exception en faveur des enfans. Mais il fe crut obligé de fermer 1'oreille a leurs cris. La nécellité du premier article entrainoit celle du fecond. II expliqua fes fentimens a Brutus dans cette lettre : Cicéron a Brutus. Quoique je me difpofalfe a vous écrire par Melfala Corvinus (a), je n'ai pas voulu que notre ami Vetus partït fans être chargé d'une de mes lettres. La république, mon cher Brutus, eft a. 1'extrêmité du danger. Après avoir vaincu, nous nous retrouvons par la trahifon & la folie de Lepidus dans la nécellité de recommencer le combat. Au milieu des inquiétudes & des peines auxquelles je me fuis livré pour le fervice de la république , rien ne m'a caufé plus de chagrin que de n'avoir pu me rendre aux follicitations de votre mère &c de votre fceur; car je me fuis flatté qu'il me (a) Ad Brut. ir. An. de R. 710. Cicer. 64.  911. 3 nous refte quelqu'efpérance de liberté , elle n'eft « plus que dans vos troupes. Songez que vous êtes ( 33 nés pour le fervice de la république; fi vous \ 33 avez quelque zèle, quelqt^tfceïion pour elle, * » vous ne devez pas perdre un moment. Lm"conftance de Lepidus a tenouvcle Ja guerre. >3 L'armée de Céfar eft la mcilleurc , mais lom >3 de nous être utile , cllc (VOUS met dyr;s ]a >3 néceffité d'appeler la vörrc. Auffi tót que vous »paroïtrez en Italië, comptcz de voir dans votre >3 camp tout ce qui porte le nom dc citoyen. "Decimus, a la vériré, eft toujours uni avec >3 Plancus • mais vous n'ignorez pas combien '31'efprit des hommes eft fujet a changer, com'3 bien les impreffions de parti font profondes, »3 ni quelle eft 1'incerritucie des événemens de la '3 guerre. Si nous fommes vainqueurs, comme '3 j'ofe encore 1'efpérer, n'aurons-nous pas befoin ■3 de vos fervices & de votre autorité pour mettre '3de 1'ordre dans les affaires? Hatez-vous donc, >3 au nom des dieux, de venir a notre fecours, »3 & foyez perfuadé qu'en nous délivrant de 1'ef'3 clavage, aux ides de mars, vous n'avez pas rendu '3 a votre patrie un fervice plus important (a) (a) Subveni igitur, per deos, idque quam primum : tibique perfuadé non te idibus niartüs quibus fervitutem An. de RV 710. Cicer. 64. Coss. Cssat )CTAVIAIUS. I. PEDIUS.  An. de R. 710. Cicer. 6\. Coss. C. Cjesar octavianus. Peuius. a tuis civibus repulifti, plus profuiffe patria:, quam ü mature veneris, profuturum. Ibid. 14. (a) Ad Brut. iS. de 191 HlSTOlRE DE EA V I S « que celui qu'elle recevra de votre diligence », Après beaucoup d'inftances de la même nature, il lui écrivit encore cette lettre i Cicéron a M. Brutus. (cz) Quand je vous ai tant de fois exborté pat mes lettres a venir promptement au fecours de k république avec votre armée, je ne me ferois point imaginé que votre propre familie eut ladefTus quelque fcrupule. Le 24 de juillet, votre mère , cette femme attentive & prudente, dont toutes les penfées & toutes les inquiétudes n'ont pas d'autre objet que vous, me fit prier d'aller chez elle. Je m'y rendis fur le champ, & je trouvai avec elle Cafca, Labeon & Scaptius. Elle entra auffi-töt en matière ; & m'ayant demande fi 1'on devoit vous propofer de revenir en Italië, ou fi je croyois que vous dufliez refter dans les provinces; je lui répondis, comme je le croyois Convenable a votre honneur, que vous ne deviez pas difterer un moment a nous apporter le fecours que la république n'efpère plus que de vous. Car a quels malheurs ne faut-ii pas s'attendre dans une guerre oü les armées vicïorieufes refufent  bE Cicéron; I/^. XL \9\ 'ide pourfuivre un ennemi fugitif, oü des généraux , fans avoir. recu le moindre fujet d'offenfe, en poffeffion au contraire des plus grands honneurs & de la plus brillante fortune, intéreifés au bien public dans leur femme & leurs enfans, attachés a vous par le lien du fang, fe déclarent les ennemis de la république: ajoutons, dans une guerre oü malgré 1'admirable union du fénat & du peuple , on ne laiife pas de voir régner tant de défordre au milieu de nos murs? Mais ce qui m'afflige le plus au moment que je vous écris, c'eft de faire réflexion que m'étant rendu le garant d'un jeune homme ou piutöt d'un enfant , il me fera prefqu'impoffible de tenir fidellement ce què j'ai promis. II eft bien plus dangereux & plus délicat, fur-tout dans les affaires d'importance , de répondre des fentimens & des principes d'autrui, que de fe rendre caution pour une dette pécuniaire. L'argent peut être payé, & la perte d'ailleurs en eft fupportable. Mais comment fa-. tisfaire a 1'autre engagement, fi celui pour qui 1'on a répondu s'oppofe lui-même a l'exécutiorx de la promeffe. Cependant il me refte encore quelqu'efpérance de le retenir, quoiqu'il foit environné de gens qui travaillent a me 1'arracheri Son age eft facile a féduire, & 1'on s'efforce dè i'aveugier par leclat d'un faux honneur; mais fes difpofitions paroiffent excellentes. C'eft donc uft Tome ïr> N An. de R; 710. 'Cicer. 64. Coss. C. 'J/ESAR O CTAVIANUS. q. Pedh'ï,  An. de R. • 710. Cicer. 64. Coss. C. C*SAR Octavia- K US, q. Pedius. "I94 HlSTOIRE DE LA VlË furcroit de travail pour moi d'employer toutes mes machines a fixer un homme de eet age, dans la crainte d'ètre moi-même accufé d'imprudence. De quelle imprudence néanmoins pourroit-on m'accufer? N'ai-je pas lié en effet celui dont je réponds , par des chaines encore plus fortes que les miennes? Auffi la république n'a-1-elle point eu lieu jufqu'a préfent de me reprocher mes engagemens, puifque le cara&ère d'Octave a fervi autant que fes promelTes a le rendre fidelle & conftant dans fes fervices. Si je ne me trompe, nos plus grands embarras actuellement viennent de 1'épuifement du tréfor, car 1'averfion des honnêtes gens augmente de jour en jour pour tout ce qui porte le nom de tribut; & ce qu'on a tiré du centième denier vient d'être employé a payer les deux légions. Vous ne fauriez croire oü monte la dépenfe des armées. J'y' comprends la votre, car il paroit que Caffius n'eft pas mal en munitions. Mais je brüle de m'entretenir bientót avec vous de toutes ces affaires & d'un grand nombre d'autres. Pour ce qui regarde les enfans de votre fceur , je n'ai point attendu, mon cher Brutus , que vous priffiez la peine de m'écrire. Puifque la euerre doit traaier en longueur, les tems mêmes feront réferver route cette affaire a vos propres foins. Mais lorfque je doutois de la continuation de la guerre, j'ai plaidé au fénat la caufe de vos  £>e Cicêroï?, Lip-, xt 1^5 heveÜXj avéc une chaleur donr je me flatte que Votre mcre n'a pas manqué de vous informer par fes lettres. Comptez qu'il n'y a point de cas oü je ne fois difpofé, au hafard même de ma vie, a faire & a dire ce que je croirai utile a vos intéréts, & conforme a vos inclinations. Le zS de juillet. (a) Dans üne lettre a Caffius: «Nous fou33 haitons, dit-il, de vous voir en Italië auffi-töc a W fera poffible, & nous croirons la république * fans banger lorfque nous vous aurons avec nous. *Nous édons les vainqueurs, fi Lepidus n'avoit » pas recu 1 armée fugitive & défarmée d'Antoine. » Auffi Antoine même ne fut-il jamais fi détefté dans -» » Rome, que Lepidus 1'eft a préfent. Le premier 33 a commencé la guerre au milieu de la confu33 fion , & celui-ci a choifi indignement un tems » de victoire & de paix, Nous avons les confuls 33 a lui oppofer, & nous faifons beaucoup de fond 33 fur eux-, mais nous ne pouvons être fans in-33quiétude pour le fiiceès des batailles, qui eft 33 toujours incertain. Perfuadez - vous donc que * notfè principale confiance eft dans votre fecours 33 Sc dans celui de Erurus, qu'on vous attend '3 tous deux avec impatience; mais qu'on fouhaite 33 que Brutus ne diffère pas un moment 33, Sec. («) Ep. fam. 11, 10. N ij Ah. de R. _ 710. Cicer. 64. Coss. C. C^:sar. OCïAVIAN V S. Q. Pedius,  An. deR. 710. Cicer. £4. Coss. C. caesar öctavia- m'us. il- Pedius. (a) Tuum confilium vehementer laudo, quod non priüs exercitum Apollonïa Dyrrachioque movifti, quim de An-. tonü fuga audifli, Bruti eruptione , populi romani viétoria. Ad Brut. z. (b) De Bruto autem nihil adhuc certï: quem ego , quemadmodum prscipis, privatis literis ad bellum commune vocare non delino. Ep.fam. 11, ij. It. z6. Ijé HlSTOlRE BÉ LA V I fi Malgré tant de lettres & d'inftances, il ne paroit pas que Brutus & Caffius euflent la moindre inclination a paffer en Italië. II n'étoit pas facile a Caffius, qui étoit le plus éloigné, de venit mffi promptement qu'on le défiroit, & cette raifon ne permettoit pas de 1'attendre auffi-tot que Brutus, qui s'étoit confidérablement rapproché avant la bataille de Modène. II avoit raflemblé toutes fes légions fur la cóte de la mer, & s'étant pofté entre Apollonia & Dyrrachium, il avoit attendu 1'événement de cette aclion, prêt a s'embarquer pour 1'Italie fi fon fecours y devenoit néceflaire ( avez faites, & que vous êtes obligé de faire 33 encore pour les néceffités de la guerre (ei). Le 33 fénat eft fans chef par la mort des deux con33 fuis, & le tréfor eft épuifé. On s'efforce de 33 recueillir de 1'argent de tous cótés, pour fatif33 faire les troupes qui ont mérité d'être payées 33 fidellement; mais je fuis perfuadé qu'on n'y par33 viendra point fans impofer un tribut 33. Cette ïmpofition fe faifoit par tête, fuivant les forces de chaque citoyen. On en avoit perdu 1'ufage depuis que Paul-Emile ayant conquis la Macédoine, avoit formé des fruits de fa victoire (b)  BE Cicéron, Lir. XI. Ün fonds fuffifant pour foulager déformais la ville de ce fardeau. Les néceilités preffantes obligèrent néanmoins de le renouveler. Mais en confidérant aujourd'hui, fur le rémoignage de Cicéron, Ta- i verfion générale que les citoyens avoient pour toutes fortes de tributs, on ne peut s'empêcher d'obferver les funeftes effets de la corruption des mceurs & de 1'indolence, qui avoient infeóté jufqu'aux plus honnêtes gens de Rome. Dans le danger extréme de la république, ils n'étoient pas moins choqués de la propolition d'une taxe extraordinaire, & 1'intérêt même de la liberté n'étoit pas capable de leur faire abandonner fans ïegret la moindre partie de leur argent. L'efFet de cette conduite fut tel qu'on devoit s'y attendre. En ruinant la caufe publique par les fondemens, bientot les citoyens romains virent non-feulement leur fortune, mais leur vie même expofée a la difcrétion de leurs ennemis. On trouve dans les harangues de Cicéron une remarque qui peut être appliquée aux circonftances préfentes, & qu'elles fervent a vérifier. « La république, dit-il (a), eft opibus veterem atque hjereditariam urbïs noftre paupertatem eo ufque fatiaiïèt, ut illo tempore primum populus romanus tributi pra:(tandi onere fe liberaret. Valerius Maximus, 4,3. Plin. Hijl. ndt. 33 , 3. (a) Pro Sext. 47. N ir. An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. Cesar )ctavi aius. q. Pedius.  'An. Je R, _ 710. Cicer. 64 Coss. C. C;ESA 'OCIAVW KUS. fes lettres étoient généralement dures, fières & » arrogantes , & qu'il ne confidéroit, ni ce qu'il «écrivoit, ni a qui il écrivoit». Mais les dernières qui nous reftent de leur commerce, prouvent encore mieux la vérité de ces remarques, & nous mettront en état de porter un jugement plus sur de leurs principes & de Jeur caraétère; Cicéron voyant que fa politique exciroit fouVent ies plaintes de Brutus , lui rend compte de fes ,'ues depuis la mort de Jules-Céfar, pour le for-  DE Cl C ÉR ON, LïP: XI. lof eer de reconnoïtre la juftice Sc la nécefTïté de toutes fes démarches. Cicéron a Brutus. ( (tz) MeiTala nous quitte pour fe rendre auprès de vous. Connoiffant la fituation des affaires , & capable comme il eft de vous 1'expliquer avec autant de pénétration (b) que d'élégance, il le (a) Ad Brut. if. {b) Publius Valerius Meflala Corvinus , dont Cicéron nous fait ici une fi belle peinture, étoit un des hommes de fon tems les plus illuftres par la nailïance & par les qualités perfonnelles. II vécut long-tems depuis , avec 1'eftime & 1'afFeftion de tous les partis , qui le regardoient comme le principal ornement de la cour d'Augufle. Ayant pris les armes avec Brutus, il fut profcrit par Ie triumviratjmais la fentence de la profcription fut prefqu'auffitöt révoquée par un édit fpécial; ce qui ne 1'empêcha point de demeurer ferme dans fon attachement a la caufe de Ia liberté , jufqu'a ce qu'il 1'efit vue expirer avec fon ami. Après la bataille de Phiüppes, les troupes qui échappè-' rent au carnage , lui offrirent de fe mettre ïbus (a conduite ; mais prénant le parti d'accepter la paix , qui lui fuÊ offerte par les vainqueurs , il fe rendit ï Antoine avec qui il étoit lié particulièrement. Quelque tems après, Octave ayant été battu par Sextius Pompée fur la cöte de Sicile , & fe voyant dans le dernier danger pour fa vie, fe remit avec un feul domeftique a la fidélité de MefTala, qm loin de fè venger d'un homme qui ayoit mis fi récem- \n. ie R. 710. Zicer. c4. Coss. C. Cjesar 'ctavia- us. J.Pedivï.  An. de R, 710. Cicer. 64. , Coss. C. C^SAR Oer avi a- KUS. <2- Pedius. inent fa tête a prix, employa tous fes foins pour le con-s ferver. 11 continua d'être 1'ami d'Antoine, jufqu'a ce què le fcandalé de fa vie, & fes baiïèues auprès de Cléopatre lui firerit embrafler les intéréts d^ftave. II fut déclaré conful a la place d'Antoine, & 1'emploi qu'il eut a la bataille d'Aétium, marquoit Ia confiance du vainqueur. Enfin il fut honoré du trïornphe pour avoir réduit a la fbumifiïon les gaulois révoltés. (a) Tous les hiftoriens le repréfentent comme un des plus grands orateurs de Rome. II avoit été difciple de Cicéron, & fes partifans prétendoient que pour la douceur & l'exactitude il furpalToit fon maitre. Son action étoit noble & pleine de dignité. A la perfeftion de 1'éloquence , il joignok la connoiffance de tous les autres arts Hbéraux. Quoiqu'il füt l'admirateur de Socrate & des plus févères maximes de la philofophie , il protégeoit les poëtes & les beaux efprits. Tibulle le fuivit conflamment dans toutes fes expéditions , & la célébré dans fes élégies. Horace , dans une de fes odes, parie de ralTembler les vins les plus exquis pour traiter un fi illufire convive. Cependant on rapporte de eet homme aimable & poli, qu'ufé enfin par 1'age & les makdies , il perdit 1'ufage de fes fens & de fa mémoire , iufqu'a oublier fon propre nom» Appian. p. 611, 7,6. Tacit. Dial. 18. Qidndl. 10, 1. TibulLEleg. 1, 7. Horat. Carm. 3 , zï, Plin. Hifi, nat. 7, 14. mes •208 HlSTOlRE DE LA VlË fera plus exa&ement que vous ne devez leCpe-' rer de moi dans une lettre. Et pour vous dire tout ce que je penfe de lui (a) , (car quoique fon mérite vous foit connu, je ne puis refufer  fe Ê 'ClCÉÈONj L ï v. XE 20$ ïttes löuanges a tant d'excellentcs qualités) j'aurois peine a nommer quelqu'ün qui 1'égale en pröbiré , en conftance, en zèle pour la patrie, dé forte que leloquence, dans laqUelle vous faveZ qu'il excelle, mérite a peine d'avoir part a fon éloge, puifque dans ce talent même, ce qu'il a de plus admirable eft la prudence qui lui a fait choiiïr avec raht de jugement & de goüt la véritable manièie de parler en public. D'un autre cóté fon induftrie & fon applicatïon font fi extraordinaires, qu'avec les plus merveilleufes quaJités on s'imagineroit qu'il ne doit prefque lieft a la narure. Mais 1'amirié que j'ai pour lui m'enporte trop loin. J'oublie que je parle a Brutus, qui ne connoit pas moins que moi fa vertu 8c fes talens que je ne me lallè point de louer. Si queique chofe eft capable d'adoucir le regret que j'ai de fon départ, c'eft qu'en fe rendant auprès de vous, qui êres aifurément un autre moi-même, on doit comprer tóut a la fois qu'il remplit fon devoir3 8c qu'il a pris le vérirable chemin de 1'honneur. Mais c'eft aflez parler de lui. Je fuis revenu après un aflez long intervalle, a faire quelques réflexions lur une de vos lettres, dans laquelle vous louez ma conduite fur plufieurs poinrs; mais vous me reprochez d'avoir fait une faute en diftribuant les honneurs avec üne efpèce de prodigalité* Vous me trouvez coupable Tome IV O An. de R, 710. Cicer. £4. Coss. C. C^ËSAR. DCTAVIA" Ni us; Q. PEDlOS.  An. de R, 710. Cicer. 64, Coss. C. Cjesa OCT AV li NUS. Q. Pediu: (a) Le feul d'entr'eux qui ait écrit des loix. 2IO HlSTOIRE DE LA VlB fut ce point. D'autres maccufent probabTement d'avoir été trop févère a punir; ou peut-être me « fa'tes-vous égaiement ces deux reproches. Si cela l' eft, je fuis bien aife de vous explicjuer une fois • mes idéés & mes fentimens fur ces deux articles. Non que je cherche i placer ici une penfée de Soion, le plus admirable des fept fages, & le feul digne du nom (a) de légiflateur, qui prétendoir que l'edence de 1'adminiftration publique confiftoir en deux points, les récompenfes & les punitions ; en quoi je voudrois néanmoins , comme dans tout le refte, qu'on obfervat toujours un j-fte tempérament. Mais mon delfein n'eft pas d'entrer ici dans la difcuftion d'un fi grand fujer. Je me borne a vous expofer les raifons qui ont fervi de règle a mes avis, & de morif a mes fuffrages depuis le commencement de la guerre. Vous ne pouvez avoir oublié, mon cher Brutus, qu'après la mort de Jules-Céfar, & vos mémorables ides de mars , je vous déclarat ce qui avoit manaué a votre enrreprife, & quelle tempête je voyois prête a fondre fur la république. Vous nous aviez délivrés d'un grand mal, vous aviez lavé le peuple romain d'une honteufe tache , vous vous étiez acquis une gloire divine; cependant  / ï> e G i c 'é r ö N, L x XL 211 tous les attributs du pouvoir royal tomboient entre les mains de Lepidus &c d'Antoine, 1'un inconftant, 1'autre vicieux, tous deux ennemis de la paix &c du repos public. Tandis que ces deux hommes s'attachoient a fufciter de nouveaux troubles, nous étions fans gardes pour arrêter leurs entreprifes, quoique toute la ville fït éclater unanimement fon zèle pour 1'intérêt de la liberté. On me croyoit alors trop violent; & plus lage que moi peut-êrre , vous quittates Rome que Vous veniez de délivrer, & vous refufates le fecours de 1'ltalie entière qui vous offroic de s'armer pour votre caufe. Quand je vis la ville entre les mains d'une troupe de traïtres, la ville opprimée par les armes d'Antoine , & fi peu de füreté dans fes murs que vous n'y aviez pu demeurer avec Caffius, je crus qu'il étoit tems pour moi d'en fortir auffi, ne füt-ce que pour m'épargner un fi trifte fpectacle. Cependant toujours femblable a moi-même, toujours poffédé de mon amour pour la patrie , je ne pus foutenir la penfée de 1'abandonner dans cette fituation. Au milieu du voyage que j'avois entrepris dans la Grèce , en pleine faifon des vents étéfiens, un vent du midi, celui auquel je devois le moins m'attendre , m'ayant repouffé vers 1'Italie, comme s'il eüt voulu me décourner de ma réfolution , je vous trouvai a Velie} öc votre rencontre ne me caufa O ij An. de r. 71a. Cicer. «4. Coss. c. Ctf.sar. o ctavia» nu s. q, pedius»  An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. CSSAR OCTAVIAKUS.Q. PEDIUS. < < i < C e d n é Zll HlSTOIRE DE EA V I g pas peu d'inquiétude , car vous vous retiriez f Brutus, vous vous retiriez, vous dis je , puifque vos ftoïciens ne veulent point que leur fage puiife fuir. Auffitöt que je fus retourné a Rome , je m'expofai a la fureur & a la malignité d'Antoine, & lorfque je 1'eus bien irrité contre moi, je commencai a prendre d'autres mefures, dans le goüt de celles de Brutus , car les mefures de cette forre ont toujours été propres a votre fang pour alïurer la liberté publique. Je paffe fur mille circonftances qui n'ont de rapport qu'a moi, & j'obferve feulement que le jeune Céfar, a qui , fi nous voulons être fincères , nous devons le bonheur de vivre encore, n'a rien fait d'utile que par mes confeils. Je ne lui ai fait décerner, mon cher Brutus, que les honneurs qui lui étoient dus, des honneurs nécefiaires ; car lorfque nous ivons commencé a recouvrer une ombre de li>erté , c'eft-a-dire , avant que Ja vertu de Decinus Brutus eüt déployé toute fa force, & Jorf|ue noüs étions fans autre défenfeur que eet enant qui nous délivra heureufement d'Antoine, juels honneurs en effet ne méritoit-il pas ? Cepenant les honneurs qu'il recut alors de moi n'étoient ncore que des éloges, & des éloges fort moérés. A la vériré je lui fis accorder le comlandement par un décret; mais fi cette faveur :oit fort honorable pour fon age, il fauc fonger  be Cicéron, Liv. XI. zrj qu'elle ne pouvoit être refufée a celui qui fe trouvoit a la tête d'une puilTante armée. A quoi cette armée pouvoit-elle être utile fi elle étoit demeurée fans commandant ? Philippe propofa de lui éle- < ver une ftatue ; Servius , qu'il put obtenir les di- i gnités publiques avant le tems fixé par les loix ; Serviiius, que ce tems füt encore abrégé; on craignoit de ne pas faire aflez. Mais je ne fais pourquoi 1'on a toujours plus de libéralité dans la crainte que de reconnoiflance après lefucces.. Lorfque Decimus Brutus fut délivré du fiège , jour heureux pour les romains, qui étoit en même-tems celui de fa naïflance , je fis ordonner par un décret que ce grand jour feroit marqué de fon nom dans le calendrier , en quoi je ne fis que fuivre 1'exemple de nos ancêtres , qui ont rendu le même honneur a une femme, a Latentia, dont nos prêtres célèbrent relieieufement la fête au mois de février. En accordant cette diftinction a Decimus, mon deflein étoit d'éternifer le fouvenir d'une viétoire infigne. Mais je ne m'appercus que trop le même jour , qu'il y avoit plus de mauvaife volonté que de gratitude dans une partie du fénat. Le même jour, puifque vous m'obligez de rappeler toutes ces circonftances, je fis décerner auffi des honneurs a la mémoire de Panfa, d'Hirtius & d'Aquila ; mais qui peut m'en faire un reproche, fi O iij An. ie R. 710. Cicer. 64. COSS. C. CKSAR ) CT AV 1 A- us. PEDIUS.  An. de R. 710. Cicer. S4. Coss. C. C.SSAR octavj aNUS. C\ PEDIUS. 1 i 214 HlSTOIRE DE LA VlE ce n'eft ceux qui fe croient a la fin du danger quand ils font revenus des premiers mouvemens de la crainte ? Outre le fentiment d'une jufte reconnoifiance, j'avois un autre motifqui ne regardoit pas moins que la poftérité ; je voulois killer un monument éternei de la haine publique pour nos plus cruels ennemis. Ici, je m'imagine aifément ce qui peut vous avoir déplu, car vos amis de Rome, qui font des citoyens excellens, mais fans expérience dans les affaires publiques, n'en ont pas été plus fatisfaits que vous , c'eft que j'aie fait décerner une ovation a Céfar. Quoique j'aie p« me tromper, c?r je ne refiemble point a ceux qui n'approuvent que ce qui vient d'eux-mêmes, je vous confelfe que dans tout le cours de la guerre, j'ai cru n'avoir rien fait avec plus de prudence. II n'eft point a propos que je m'explique davantage , de peur qu'on ne m'accufe d'avoir accordé beaucoup plus a la polidque qua la reconnoilfance. C'eft même en dire trop. Palfons ladeflus. J'ai décerné des honneurs a Decimus Brutus. J'en ai décerné a Plancus. II n'y a que les grandes ames qui foient fenfibles a la gloire; mais le fénat eft fort fage auffi d'employer toutes fortes 3e moyens honnêtes poar engager tout le monde iu fervice de la république. Je fuis blamé dans e cas de Lepidus , a qui j'ai fait élever une ïatue que j'ai fait enfuite renverfer. Mes premières  toE Cicéron, Li v. XI. 21 j vues n'étoient pas obfcures. J'efpérois que eet honneur le feroit renoncer a des projets défefpérés. Mais fa folie & fa légèreté Pont emporré fur ma prudence. Cependant comptez que je n'ai pas fait tant de mal en lui élevant une ftatue , que de bien en la faifant abattre. J'en ait dit alfez fur les honneurs. Venons a Tarnde des punitions. J'ai fouvent obfervé dans vos lettres que votre paftion eft de vous faire une réputation de clémence par la manière dont vous traitez les vaincus. La fageffe préfide fans doute a toutes vos a&ions. Mais quoiqu'on puifTe quelquefois laiffêr le crime fans punition, ce qui s'appelle pardonner, je fuis perfuadé que dans la guerre préfente cette conduite eft pernicieufe. De toutes les guerres civiles dont je puis me rappeler le fouvenir, il n'y en a pas une , oü de quelque cöté que la fortune fe déclarat , 1'on ne put efpérer qu'il refteroit quelque forme de république. Dans celle-ci, je ne répondrois pas quelle forme la république pourra conferver fi nous fommes vainqueurs ; mais fi nous avons le malheur d'être vaincus, il eft certain qu'il n'y a plus de république a efpérer. On a donc pu trouver de la rigueui dans mes avis contre Antoine & contre Lepidus mais 1'efprit de vengeance ne s'y eft pas mêlé. J< n'ai pas eu d'autre vue que de détourner le mauvais citoyens de faire la guerre a la patrie , 5 O iv An. <3ï R« 710. Cicer. 64. Coss. c. Ctf.SAR 3CT AY IAS1U S. Q. PEDIW» t t  An. de R. 710. Cicer. £4, Coss. C. CAESAR OCTAVIA NUS. S. PEDIUS. ! I J ] 2 a € r n iÜ HlSTOlRE DE EA VlË d'arrêter a I'avenir cerre témérité par un gra„a exemple. D'ailleurs ces avis ne m'étoient pas plus propres qu'a rout le corps du fénat. II femble , /e 1'avoue, qu'il y ait quelque cruauté a faire pafferla punition jufques fur des enfans, qui n'ont «en fait pour la mériter : mais qu'on me nomme on «at oü eet ufage ne foit point anciennemenc erabh. Les enfans de Themiftocles furent réduits h la dern.ère pauvreté. Et puifqu'on impofe ce chatimenta des citoyens condamnés pour des crimes publiés, pourquoi rraiterions- nous nos ennemis avec plus d'indulgence> Mais de quel front fe plaiudroienr-ils de moi, eux qui, s'ils avoient vaineu, doivent confeffer qu'ils m'auroient bien moins epargné? Teis ont éré les motifs de tous les avis que ,ai portés au fénat fur les récompenfes &ies puninons. A 1'égard des autres points, vous nare* pomt ignoré mes fentimens 8c mes décinons. i feroit inutile ici de les rappeler. Mais ce qui me :efte a vous dire , mon cher Brurus, eft d'une né:eflité indilpenfable , c'eft que vous devez vous later de palfer en Italië avec votre armée. Vous ie faunez croire avec quelle impatience on vous tcend. Vous verrez courir tout le monde a vous uffitot que vous parourez. Si 1'avantage de la guerre ft pour nous, comme il le feroit déja ft Lepidus avou pas inrerrompu nos fuccès, & ne s'obftiPjt point a vouloir périr avec feS amis, on auï%  bE Cicéron, Liv. XI 217 Defoin de votre autorité pour rétablir 1'ordre dans la ville. S'il refte quelque difficulté a vaincre & quelque combat a livrer, tout notre efpoir eft dans votre autorité 8c dans la force de vos troupes. Mais hatez-vous au nom des dieux , car vous connoiffez le mérite de la diligence & le prix des occafions. Vous apprendrez bientöt par les lettres de votre mère & de votre fceur avec combien de zèle je vais embraifer Fintéret de vos neveux. J'ai plus d'égard ici a vos défirs , auxquels il me fera toujours fort doux de me conformer, qua 1'honneur de ma conftance, du moins dans 1'opinion de certaines gens ; mais il n'y a rien en quoi j'aie plus a cceur d'être conftant & de le paroitre, que dans 1'amitié que j'ai pour vous. Brutus a Cicéron. (a) Atticus m'a communiqué une partie de votre lettre a Oélave. Votre inquiétude & votre zèle pour ma süreté, ne m'ont pas caufé une joie nouvelle, car, non-feulement il eft familier pour moi, mais je me fuis fait comme une habitude d'entendre tous les jours que vous avez fait ou dit quelque chofe avec votre fidélité ordinaire, pour le foutien de mon honneur 8c de ma dignité, cependant la même partie de votre lettre m'a caufé O) Brut. 16. An. Je R.' 710. Cicer. 64." Coss. C. Cssak dctaviajus. Q. Pedius.  Ab. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. Cjesak octaviakus. Q. Pedius. 2 li ïT T S T Ó I R E DE LA V I E le plus fenfible déplaifir que ie puifle recevoir. Vous lui faites un compliment fi flatteur fur les fervices qu'il a rendus a la république, & les termes que vous employez font fi humbles 8c fi fupplians, que dois-je le dire ? que j'ai hpnte du mi- férable état oü nous fommes réduits. Cependant, il faut le dire auffi , vous recommandez ma süreté. Mais quelle mort ne me feroit pas préférable a ce prix? N'eft-ce pas déclarer que notre efclavage n'eft pas fini , 8c que nous n'avons fait que changer de maïtre? Rappelez vos expreffions, 8c défavouez, fi vous 1'ofez , que ce foit la prière d'un efclave a fon roi. On artend de lui une chofe , lui ditesvous; on lui demande de laiffer vivre en süreté les citoyens qui ont Teftime des honnêtes gens, & celle du peuple romain. Mais quoi? S'il refufé cette faveur, faut-il que nous renoncions a la vie? Croyez-moi, il vaut mieux y renoncer en effet que de la devoir a lui. Non , non , je ne puis croire les dieux fi ennemis du falut de Rome , qu'Ocfave doive être fupplié pour le falut d'un citoyen, 8c bien moins pour celui des Iibérareurs du monde. J'emploie volontiers ces magnifiques expreffions. Elles me conviennent, z 1'égard de ceux qui paroifient ignorer ce qu'ils doivent craindre pour les autres, ou ce qu'ils doivent demander a ceux de qui ils croient dépendre. Quoi, Cicéron! vous reconnoiflèz ce pouvoir dans Oétave,  de Cicéron, Lip. XI. 119 Sc vous continuez detre de fes arnis: Si vous êtes le mien,pouvez-vousfouhaiter de me voir a Rome, lorfqu'il faut en obtenir la permiffion d'un e'nfant? De quoi le remerciez-vous donc, fi vous vous croyez forcé de lui demander qu'il nous permette de vivre ? Lui faites-vous un mérite d'aimer mieux que nous lui ayons cette obligation qu'a MarcAntoine. C'eft au fucceffeur d'un tyran, & non pas au deftructeur de la tyrannie, qu'on demande la vie pour ceux qui ont bien fervi la république. Comptez, mon cher Cicéron , que c'eft cette apparence de défefpoir Sc de foiblefTe, dont je ne vous fais pas d'ailleurs un crime plus grand qu'a tous les autres, qui a pouffé le premier Céfar a 1'ambition de régner , qui a fait naïtre après fa mort le même défir dans le cceur d'Antoine , qui élève aujourd'hui eet enfant fi haut que vous vous croyez obligé de lui adreffer des prières pour la confervation de gens tels que nous , Sc qui nous réduit enfin a n'attendre notre falut que de fa compaffion. Si nous nous fouvenions que nous fommes romains , ces miférables n'auroient pas plus d'ardeur a fe mettre en poffeffion du pouvoir, que nous a les en éloigner ; Sc le règne de Céfar n'infpireroit pas tant d'audace a Marc-Antoine, que la fin de fa vie lui cauferoit d'effroi. Vous , qui êtes fénateur confulaire, vous, qui nous avez vengés de tant de trahifons, dont je crains biea An. ie R. 710. Cicer. 64. Coss. C. CjESAR OCT AVIANUS. Q. PEDIUS,  An. dc r. 7>o. Cicer. 64. Coss. C. C*SAR OCTAVI AKUS. O.. PEDIUS. 2x0 HisförRE T>i Ea Vié que le chariment n'ait fervi qua retarder quelque tems norre ruine, comment pouvez-vous réfléchir 3 ce cjue vous avez fait, & donner votre approbation a ce qui fe paffe aujourd'hui; ou le fouffrir du moins avec tant de patience, qu'il femble en effet que vous 1'approuviez ? Car enfin, quel fujet de haine avez-vous perfonnellement contre Antoine ? Je n'en connois point d'autre que 1'audace de fes entreprifes, qUe la néceffité oü il a Voulu nous mettre de tenir de lui notre falut, dc lui devoir la vie , a lui qui nous doit la liberté ; en un mot, que 1'excès de pouvoir auquel il afpire. Vous avez cru qu'on ne pouvoit fe difpenfer de prendre les armes pour arrêter fes ufurpations & s'oppofer a fa tyrannie ? Mais quel étoit votre deffein, en Ie prévenant? Etoit-ce de favorifer lambition d'un autre qui voudroit former les mêmes prétentions, ou de rendre Ia république libre & indépendante ? Mais peut-être s'agiffoit-il moins de la liberté dans notre querelle, que des conditions de notre efclavage. Alors pourquoi tant d'agitation 2 Nous aurions eu dans Antoine , nonfeulement un maïtre facile , fi nous avions confenti a le recevoir, mais un maïtre libéral qui nous auroit accordé autant de part que nous 1'aurions voulu a fes bienfaits. Qu'auroit-il pu refufer a ceux dont il auroit vu que la patience eüt été ie plus ferme appui de fon gouvernement; Mars  de Cicéron. Li^.Xl. i2i sous n'avons rien connu d'afiez précieux pour le mettre en balance avec notre foi & notre liberté. Cet enfant, que fon nom de Céfar anirne contre les deftructeurs de Céfar, a quel prix n'achéteroit-ii pas notre fecours pour le foutien du pouvoir auquel il s'eft éievé ? Voulons-nous aiTurer notre vie, nous voir riches, nous entendre appeler confulaires ? C'eft avec lui qu'il faut trafiquer, fi nous le pouvons fans infa,.,ie. Mais Ia mort de Céfar devient donc inutile , car pourquoi nous en être applaudis, fi nous ne devions pas cefier dëtre efclaves ? Demeure qui voudra dans l'mdifférence. ^our moi, je prie les dieux & les déeftes de m'6ter plutót tout autre bien que la réfolurion oü je luis de ne point accorder a 1'héritier de 1'homme quejai tué, ce que je n'ai point accordé a cet homme ; & je déclaré que fi mon père revenoic au monde, Je ne lui pardonnerois pas a lui-même davoir plus d'autorité que le fénat & les loix. ' Comment vous imaginez-vous, mon cher Cicéron , que Ia liberté puifie fubiifter d 1'appui dun homme contre la volonté duquel nous ne pouvons trouver place dans la ville? D'ailleurs ' comment efpérez-vous d'obtenir ce que vous lui demandez ? Vous demandez qu'il nous accordé de lasureté : fuffit-il donc pour notre süreté, qu'on nous accordé la vie? Eh - comment pourronsnous Ia recevoir, s'il faut commencer par le fa. An. de K. _ 710. Cicer. 64, Coss. C. Cksar octavianus. q. Pedius.  3Ln. de R. 7IO. Cicer. «4. Coss. , C. CflESAR 'OCT AVIAN US. Q, PEDIUS. 222 HlSTOIRE DE LA VlË crifice de notre liberté & de notre honneur ï Croyez-vous que de vivre a Rome, ce foit être en süreté: Ce n'eft pas du lieu, c'eft de la chofe que je veux être affuré. Pendant la vie de Céfar, je ne me fuis pas cru en süreté jufqu'au moment oü j'ai formé ma fameufe réfolution; & je ne connois point dans 1'univers de lieu cue je puiife regarder comme un exil, auffi long-tems que 1'efclavage &C les affronrs feront pour moi le plus terrible de tous les maux. Ne retombons - nous pas dans notre première confufion , li celui qui a fuccédé au nom du tyran, contre 1'ufage des villes de la Grèce, oü les rejettons des tyrans étoient punis avec eux, a le pouvoir de fe faire fupplier pour la süreté des vengeurs de la tyrannie ? Puis-je défirer de revoir une ville, puis-je même honorer du nom de ville , une fociété d'hommes qui a refufé d'accepter la liberté, lorf qu'elle lui étoit offerte, lorfqu'on la preffoit de la recevoir , & oui fe lailfe plus abattre par la terreur du nom de fon dernier roi dans la perfonne d'un enfant, qu'elle ne fe fie a elle-même pour fa propre défenfe, quoiqu'elle air vu périr ce même ioi dans le centre de fon pouvoir, & par la main d'un petit nombre de citoyens vertueux ? Non , mon cher Cicéron , ne me recommandez plus a votre Céfar; & fi vous me confultez, ne vous recommandez plus vous même a lui. A 1'age oüvous  DE ClCERON, Li V. XL it^ êtes, vous eftimez trop quelques années qui vous reftent a vivre , fi pour vous les afïurer, vous croyez devoir fupplier un enfant. Mais prenez garde , je vous en avertis , que ce que vous avez fait jufqu'a préfent, & ce que vous faites encore de plus glorieux contre Antoine , ne paffe moins pour 1'ouvrage de ia vertu que pour 1'effet de la crainte. Si vous avez tant d'inclination pour Octave , que vous vouliez lui être redevable de notre süreté , on ne croira point que vous ayez de 1'averfion pour un maïtre , on vous accufera d'en vouloir un qui foit votre ami. J'approuve aiTurément les éloges que vous avez donnés jufqu'ici a fes adions. Elles meritent vos louanges, s'il n'a pas plutot penfé a 1'établiflement de fon pouvoir qu'a s'oppolèr a celui d'autrui. Mais lorfque vous jugez, non-feulement qu'il doit demeurer en pot feffion de ce pouvoir, mais que vous devez y contribuer vous-même jufqu'a le fupplier pour notre süreré ■ vous pouffez trop loin la récompenfe. C'eft lui attribuer ce que la république fembloit avoir acquis par fon fecours. Ne vous rombe-t-il donc pas dans i'efprit, que fi Odtave mérite quelques honneurs pour avoir balancé les avantages de la guerre contre Antoine, ceux qui ont extirpé la racine d'un mal dont tous les maux préfens ne font que les reftes, ne peuvent être aflez récompenfés par le peuple romain ? Quels biens, An. de RV 710. Cicer. £4. Coss. C. C«SAR 3CTAVIA' SBS Q. PED1V*  An. de R. 7 o. Cicer. 64. CoSS. C. Cksar fee TAV IAKUS.g. PEDIUS. 224 HlSÏOrRE DE EA VlË quels honneurs réunis fuffironr jamais pour feS vrais libérateurs ? Mais voyez combien la crainte eft toujours plus puiffante que la reconnoiffance. Antoine vit, Antoine a les armes en main; toute 1'attention fe tourne fur fon vainqueur. Pour ce qui regarde Jules-Céfar, j'ai fait tout ce que j'ai pu, & ce que j'ai cru devoir; le pafte ne peut recevoir de changement: mais Oétave eft-il donc un perfonnage fi important que le peuple romain doive attendrece qu'il lui plaira d'ordonner de notre fort; ou méiitons-nous fi peu de confidération, que notre süreté doive dépendre d'un feul homme ? Puifle le ciel m'öter tout efpoir de retourner a Rome, fi je m'abaifle jamais a d'indignes fupplications, & fi je ne fais rougir par mes reproches ceux qui feront capables de cette baflelfe: ou du moins je m'éloignerai le plus qu'il me fera poftible de ceux qui confentent a vivre efclaves , je nommerai Rome , tout lieu du monde oü je vivrai libre, je vous regarderai d'un ceil de pirié, vous, en qui Page, les honneurs , & 1'exemple de la vertu d'autrui ne peuvent modérer une exceflive paflion pour la vie. Je m'eftimerai heureux de cette feule penfée, que la vertu m'ait fervi conftamment de règle ; car je ne connois point de plus grand bonheur que le témoignage d'un cceur vertueux & content de fa liberté, qui s'élève par fes propres forces au-delfus de tous les évène- mens  i) e Cicéron, L i v. XI. 12$ *nens humains. Je ne céderai donc jamais a ceux qui font capables de céder ; je ne me iaifferai pas vaincre par ceux qui veulent être vaincus. J'effayerai tout , j'entreprendrai, je rifquerai tout, je he me rebuterai de rien pour délivret ma patrie de 1'efclavage. Si la fortune m'accorde le fuccès que mes intentions méritent, notre joie fera commune. Si elle me les refufé , ^e me réjouirai feul: car, a quoi toutes les penfées & les actions de ma vie peuvent-elles être mieux employées qu'a défendre la liberté de mes concitoyens ? Je vous conjure, mon cher Cicéron, de ne pas vous livrer a vos défiancés. Je vous exhorte a ne vous pas décourager. Ên repoulTant les maux préfens, ayez toujours les yeux ouverts fur les maux futurs , de peur qu'ils ne fe gliffent avant que vous ayez pu les découvrir. Confidérez que la fermeté & le courage qui vous ont fait fauver la république lorf que vous ériez conful, & qui n'ont pas été moins utiles a fa défenfe depuis que vous êtes confulaire, ne font rien fans 1'égalité & la conftance. La vertu éprouvée eft plus difhcile a foutenir que celle qui ne 1'eft pas. Les fervices qu'on attend d'elle font autant de dettes ; & li elle répond mal a 1'opinion qu'on s'en eft formée, on s'en plaint avec autant de reifentiment que fi 1'on avoit été trompé. Quoiqu'il foit louable & glorieux pour Cicéron de s'oppofer aux entreprifes d'Antoine, Tomé 1F, P An. de Rè 710. Cicer. £4; Coss. C. C/ESA R OCTAVIAN U S. Q. PEDIUS»  An, de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. Cesar oci av ia. kus. Q, PEDIUS. 2 zé HlSTOIRE DE LA V I E on n'y trouve rien de furprenant, paree qu'un corfful tel que lui n'annoncoit pas moins qu'un tel confulaire : mais fi le même Cicéron ne foutenoit point a 1'égard des autres, toute la réfolution &C la grandeur d'ame qu'il a fait éclater contre Antoine , non - feulement il perdroit pour Taverne toutes fes prétentions a la gloire , mais il fe verroit dépouillé de fa "gloire paffée : car il n'y a de véritable grandeur que celle qui coule du juge-» ment comme de fa fource ; & foit que 1'on confidère vos talens naturels, ou vos anciennes aétions> ou les défirs & 1'attente du peuple romain , perfonne n'eft: plus obligé que vous d'aimer la république & de prendre la défenfe de la liberté. Je conclus qu'il ne faut pas fe réduire a fupplier Ocfave de nous accorder de la süreté. Excitez au contraire tout votre courage , & ne doutez pas que cetre ville, oü vous faites depuis longtems un fi grand röle, ne foit libre & floriiïante auiii long-tems que le peuple aura des guides & des chefs pour réfifter aux deffeins des traitres. Si 1'on compare ces deux lettres, on remarcuiera dans celle de Cicéron une vue profonde & un folide jugement des affaires, tempérés par tous les égards de la politeffe & de 1'amitié , avec une crainte continuelle d'offenfer , dans les chofes mêmes qu'il étoit obligé de blamer. Dans la lettre de Brutus on voit une fombre & grof  ï> £ Cicéron, L i p~. Xt ny fiêfê arrogance, qui prétend a des honneurs infinis, fans vouloir les partager avec perfonne , qui entreprend de faire (a) des reproches & de (a) On trouve dans la lettre de Brutus a Atticus un jpafiage qui juflifiercit fes plaintes contre Cicéron, fi le fait qu'il y rapporte étoit bien avéré. II accufè Cicéron d'avoir reproché a Cafca le meurtre de Céfar , & de lui avoir donné le nom d'afTaffin. « Je ne puis m'empêcher » de vous dire, ajoute-t-il, que 1'ambltion & la licence de r> l'enfant eft plutót excitée que réprimée par Cicéron, » qui a tant d'indulgenee pour lui , qu'il la porte jufqu'i » maltraiter Cafca. Mais les injures retombent doublement » fur lui-même , puifqu'il a fait mourir plus d'un citoyen , » & qu'il doit fe reconnoitre afTafïin avant que de pouvoir '» faire ce reproché a Cafca ». ( Ep. ad Brut. 17.) Manuce Evoue qu'il ne peut comprendre que Cicéron aït donné le nom de meurtrier a Cafca , quoique les termes de Bru* ïus foient fi clairs qu'on n'en peut recueillir autre chole. Mais le fait eft impoffible en lui-méme. II ne peut abfó-i Iument s'accorder ayec la conduite & les difcours de Cv* céron depuis la mort de Céfar. Et pour ce qui regardé particulièrement Cafca, on doit fe fouvenir d'avoir va que Cicéron refufa d'entrer dans la moindre liaifbn aveö Oftave , s'il ne commencoit par trouver bon que Cafca prit tranquillement poffeffion du tribunat. II parok donc certain que Brutus avoit été mal informé , ou qü'il avoii tiré une conféquence iniufle de quelques difcours dont on altéroit le fens. Peut-être Cicéron avoit-il averti Cafca de ménager plus qu'il ne faifoit Octave , de peur qu'avec le pouvoir qu'Octave avoit de nuire, il ne le traitat tèi Pi; An. Je R«' 710. Cicer. 64. Coss. C. CmsAK oct avian u s. Q. Pedius.  An. de R. 710. Cicer. C4. Coss. C. C/ESAR OCIAÏIAMUS.Q. PEDIUS. ou tard comme un affaffin. Brutus, ardent comme il étoit, avoit pu prendre quelque expreffion de cette nature pour une condamnation directe de 1'action de Cafca. Mais il eft certain que toute autre interprétation ne s'accorde ni avec la vie de Cicéron, ni avec fa mort. 228 HlSTOIRE DE LA VlE donner des lecons a un homme auffi fupérieur a lui par fa fageffe que par le nombre des années, tk qui lans aucun égard pour les tems 8c les circonftances, fonde toutes ces prétentions fur le principe romanefque des ftoïciens, que le fage fe fuffit a lui-même. II s'y trouve a la vérité des fentimens fort nobles & des maximes dignes de 1'ancienne Rome, que Cicéron auroit lecommandées comme lui dans des conjonc-tures ou fappücation en eüt été plus jufte. Mais une fïtuation fi critique demandoit néceffairement d'autres principes , & l'afTeétanon de Brurus a fe renfermer alors dans les fïens , étoit d'autant moins excufable, qu'il n'avoit pas toujours eu tant d'exaétitude a les fuivre , & qu'il lui arrivoit aflez fouvent d'oublier le ftoï'cifme & le roman. Oclave n'eut pas plutót réglé les affaires de la ville & forcé le fénat a la foumiffion, qu'il retourna vers la Gaule pour' joindre Antoine & Lepidus. Ils avoient déja repaffé les Alpes avec leurs armées, dans la feule vue de fe procurer  de Cicéron, Li v. XL 119 avec lui une conférence , donc ils étoient con- venus tous trois pour régler les condirions d'une triple ligue , & pour divifer entr'eux le pouvoir & les provinces de 1'empire. Ils fe haïlToient niu- j; tuellement, ils avoient les mêmes prétentions a 1'empire; chacun d'eux défiroit pour foi-même ce qu'il ne pouvoit obtenir que par la rtiine des deux autres. Leur conférence ne devoit pas fervir par conféquent a jeter entr'eux les fondemens d'une amitié fincère &c durable, c'étoit une chofe impolfible; mais elle pouvoit fufpendre leurs reffentimens particuliers , & leur faire unir leurs forces pour opprimer leurs ennemis communs , qui étoient tous les partifans de la république & de la liberté; union nécelfaire a leurs vues , & fans laquelle il n'y avoit rien a efpérer pour leur ambition. Le lieu qu'ils choifirent pour leur entrevue fut une petite ïle a deux milles de Boulogne , formée par le Rhenus qui coule aux environs de cette ville. Ils s'y rencontrèrent avec toutes les précautions qui convenoient a leur caractère , troublés par leurs jaloufïes & leurs foupcpns , accompagnés de leurs meilleures troupes, c'efta-dire , cbacun de cinq légions qui avoient leur camp féparé , a la vue de File. Lepidus y entra le premier, comme Fami commun des deux autres, pour reconnoitre la place & s'affurer qu'il n'y Piij in. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. Cksar )CT AVIA- u s. PEDIUS.  'An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. C.ESA1 'O C TAV IA KUS. .Q.Pfisius r 23» Histoiri di ia Vie avoit rien a craindre de la trahifon. Lorfqu'il eut donné le fignal dont on étoit convenu, An, toine & Octave s'avancèrenc des deux cörés de ' Ia rivière, Sc pafsèrent dans File lur des ponts, oü ils laifsèrenc chacim de leur cöté une .»arde de trois eens hommes. Au lieu de s'embralTer en s'abordant, .leur premier foin fut d'obferver s'ils n'avoient rien a redouter 1'un de 1'aucre Sc de viliter même leurs habirs , dans la crainte qu'il Be s'y trouvat quelque poignard ou quelqu'autre arme cachée. Après cette cérémonie, Octave prit fa place entre les deux autres, c'eft-a-dire, Ia plus honorable, paree qu'il étoit revêtu de la dignité canfulaire. Ils pafsèrent trois jours dans cette fittiation , occupés a former le plan de leur ligue. Le fond des articles fut qu'ils poflederoient tous trois pendant cinq ans Ie pouvoir fuprême, avec le ritre de triumvirs, pour fixer folidement letat de la république ; que dans toutes les afTaires ils agiroient conjointement 5 qu'ils ne confulteroient que leur inclination Sc leur volonté'dans ia nomination des magiftrats de Rome Sc des gouverneurs de provinces ; qu'Ocïave gouverneroit particulièrement 1'Afrique , la Sicile , la Sardaigne , Sc les autres iles de la Méditerranée ; que Lepilus auroit 1'Lfpagne avec la Gaule Narbonnoife; Antoine les deux autres Gaules de 1'un 8c de  C fe C I C É R O N, I I V. XL 231 1'autre cöté des Alpes : & pour metrre de 1'égalité dans leurs titres, ils convinrent qu Octave réfigneroit le confulat a Ventidius pour le reite ( de 1'année ; qu'Antoine & Oétave foutiendroient t la guerre contre Caffius & Brutus, chacun a la tête de vingt légions; que Lepidus avec trois légions fe chargeroit de la garde de Rome , & qua la fin de la guerre ils difhibueroient a leurs foldats pour récompenfe de leurs fervices. le territoire de dix-huit villes , les flus riches de fltalie, qui feroit öté pour toujours aux anciens polfeffeurs. Ces conditions furent publiées dans les trois armées & recues avec des acclamations de joie , & des félicitations mutuelles fur fheureufe union de leurs chefs. Les foldats demandèrent qu'elles fuffent confirmées par un mariage entre Ocfave & Claudia , fille de Fulvia , femme d'Antoine, & de P. Clodius fon premier mari. Le dernier article de cette fameufe conférence fut une lifte de profcription , dans laquelle ils étoient réfolus d'envelopper tous leurs ennemis. Les anciens écrivains nous apprennent qu'ils n'eurent pas peu d'embarras a s'accorder fur ce terrible article, & qu'il fit naïtre entr'eux des conteftations fort animées. Enfin le moyen qu'ils trou verent pour s'accorder, fut de facrifier, chacui P iv Kr.. Je R. 710. Cicer. £4. Coss. C. C/F.SAR I CT AV I AU S. 2. PEDIUS. I  An. ie R, 710. Cicer. £4. Coss. C. CjE'ar OCTAVlAn us. fi. Pedius. 1 j c £ 1; d fc ei li HlSTC-IRE DE IA VlË d fon tour, quelqu'un de leurs meilleurs arms a la vengeance & au reifentiment de leurs collègues. On prérend que Ia lifte comprenoit trois °cens fénateurs & deux mille chevaliers, tous condamnés a mourir pour la caufe de Ia liberté. La publication de la lifte générale fut remife k leur arrivée aRome; mais ils en exceptèrent un petit nombre de ceux qu'ils avoient Je plus d'intérêt a ne pas lauTer vivre , les chefs du parti républiquain, au nombre de dix-fept, dont Cicéron étoit Ie principaJ. Leur réfolution étant de s'en défaire immédiatement, ils firent partir au/ïï-tót des émif, faires pour les furprendre & Jes malfacrer avant qu'ils euffent la moindre défiance du péril qui les menacoit. II y en eut d'abord quatre de pris & de més, aux yeux de leurs meilleurs amis. Les fatellites du triumvirat aJlèrent a Ja cha/fe les autres dans les maifons particulières & dans es temples , ce qui répandit autant de terreur fe de confternation dans la ville, que fi elle ut été prife par 1'ennemi. Le conful Pedius it obligé de courir dans les rues pendant toute 1 nuit pour calmer les alarmes du peuple, & b ^Ue Je j°ur Paruf> i1 Publia le nom des 'dixpt victimes qu'on cherchoit, en promettant une itiere füreté i tout Ie refte des citoyens : mais fut lui-même fi faifi d'horreur, & fi fctigué de  r>e Cicéron, Liv. XI. 235 1'ouvragede cette nuit (a), qu'il mourut le jour fuivant. Comme il ne refte aucune lettre de Cicéron qui réponde a ce tems, on ne peut favoir de \ lui-même quels furent fes fentimens en apprenant 1'entrevue des trois chefs, ni quelles mefures elle J'obligea de prendre pour fa füreté. Après avoir déclaré tant de fois qu'il n'efpéroit aucune grace d'Antoine & de Lepidus, s'ils devenoient les plus forts, il ne pouvoit douter que la conférence ne lui füt fatale, fi elle s'étoit terminée a leur fatisfaction. Quelque raifon qu'il eüt de craindre , il eft certain qu'il dépendoit encore de lui de fe mettre a couvert, en fe rendant auprès de Brutus dans la Macédoine. Mais il y a beaucoup d'apparence qu'il crut ce remède pire que tous les maux qu'il avoit a redouter, & qu'a. lage oü il étoit, il fe fentit tant d'horreur pour le renouvellement de la guerre civile, & fi peu d'eftime pour le petit nombre d'années qui lui reftoit a vivre , « qu'il aima mieux mourir (b) , (a) App. 1. 4 , init. Dio. 216. Veil. Pat. 2 , pj. Plut. Vies d'Antoine & de Cice'ron. (/>) Reipublica» vicem doleo qux ïmmorfalis eiïè d^bet j mihi quidem quantulum reliqui eft? Ad Brut. 10. Vnn ergo in caftra ? Millies mori meliüs , huic prseïertim xtatï. Ad Att. 14 , iï. Sed abefie hanc aetatem longè a fepulchro negant opportere. Ibid, 16,7» An. de Ra 710. Cicer. £4. Coss. C. CssaS )CTAVIA,. u's. Q. PEDIUS.  An. de R. 710. Cicer. Ó4. Coss. C. C/ESAR OCTAVIANUS. comme il 1'avoit fouvent déciaré , que de » chercher fa füreté dans un camp ». II avoit d'autant plus d'indifférence pour fon propre fort, que dans les circonftances préfentes fa tendrefte n'étoit point alarmée pour fon fils qui étoit toujours avec Brutus, Les anciens hiftoriens s'efforcent de nous perfuader qu'Octave n'abandonna Cicéron a la vengeance de fes collègues qu'après avoir réfifté a leurs follicitations pendant deux jours. Mais ces témoignages de regret étoient affeclés , & ne peuvent pafler que pour un róle étudié , dans la feule vue de donner une couleur moins odieufe a la perfidie. La mort de Cicéron étoit reffet naturel de 1'union des triumvirs. C'étoit un facrifice qu'ils devoient juger tous trois également néceflaire a leurs intéréts. Ceux qui s'étoient aflemblés pour dérruire la liberté, avoient apporté fans doute a leur conférence la réfolution déter-, minée d'en détruire le fourien ; car une autorité telle qu'ils la voyoient a Cicéron , ne pouvoit être fupportée dans un ennemi, & 1'expérience leur avoit aflez appris qu'il n'étoit pas capable de fe réconcilier avec les opprefleurs de la patrie & de la liberté. Octave figna donc fa mort aufli volontiers que les deux autres, &(a)lorf-  be Cicéron, Liv. XL 235" qu'il eut furmonté cette prétendue répugnance , il devint plus ardent & plus cruel que fes collègues a ptelTer la profcription (a). Dans ce tems d'horreur, dit Velleius : «Rien n'eft fi [ 33 honteux que de voir Octave forcé de profcrire » quelqu'un , & fur-tout de profcrire Cicéron ». Mais Velleius fuppofe une violence dont il n'apporte point de preuves (b). A la vérité , pour ïauver 1'honneur d'Octave & le faire confentir a la mort de Cicéron , Lepidus lui abandonna Paulus, fon propre frère , & Mare-Antoine ne fit pas fcrupule de facrifier aufli Lucius Céfar , fon oncle : c'eft-a-dire, qu'ils furent mis tous deux dans la lifte ; mais loin de perdre la vie , ils furent tous deux garantis de toutes fortes d'infultes par la puiifante protection de leurs parens (c). Si 1'on s'arrête un moment a confidérer en général la conduite des triumvirs, on fera furpris de voir Antoine réveillé tout d'un coup dans le fein de la débauche par la mort de Jules- (a) Reftitit aliquandiu collegis, ne qua fieret profcriptïo, led incceptam utroque acerbius exercuit, &c. Suet. Augujl. 17. 'b) Nihil tam indignum illo tempore fuit, quam quod aut Cxfar aliquem protcribere coacïus eff, aut ab illo Ci-> Cero profcriptus eft. Veil. Pat. z , 66. (*.•) Appian, liv. 4, 610, Dip. 47, 330. An. Je R; 710. Cicer. 64. Coss. C. Cksar )c1'aviaus. Q. PEEIUS,  An. de R. 710. Cicer. £4. Coss. C. C/esa e octaviakus. q. Pedius. ijcf HrSTÖIRI DE EA VlE Céfar, pafTer de la plus lache foumiflïon a des vues d'indépendance qu'il pourfuit avec uneadrelTe & une vigueur admirable, & fans êcre rebuté du nombre & de la grandeur des obftacles , par-; venir enfin au pouvoir abfolu qu'il s'étoit propofé. Lepidus fut le principal inftrument qu'il employa. II s'en étoit d'abord fervi fort heureufement a Rome ; mais lorfqu'il s'étoit cru aflez fort pour foutenir feul fes prérentions , il 1'avoit engagé a paflèr de 1'aurre cöré des Alpes avec fon armée, dans la vue de s'en faire une reflburce s'il lui arrivoit quelque difgrace en Italië. Ce fyftême étoit fi adroit, que s'il eut emporté Modène , il fe feroit rendu infailliblement feul mairre de Romej au lieu qu'ayant éré vaincu, il fe trouvoit forcé de recevoir deux aflbeiés a 1'empire , mais dont il étoit für du moins que 1'un fe gouverneroit toujours par fes infpirations. Octave ne s'étoit pas conduit avec moins de prudence & de vigueur. Ii avoit de grandes qualités, 1'efprit admirable , avec une facilité a diffimuler, qui pouvoit tout perfuader a 1'avantage de fes inclinations. N'ayant pu fe promettre, a fon age & fans autorité, de fuccéder immédiatement au pouvoir de fon oncle , il n'avoit penfé qu'a tenir la place vacante jufqu'a ce qu'il füt en état de s'en faifir. Dans cette vue,il avoit joué gravemenc ie róle de républiquain. II s'étoit li-  de Cicéron, Lir. XI. 157 vré a Cicéron , il s'étoit conduit par fes confeils, autant du moins qu'ils s'étoient accordés avec fon inrérêt; c'eft a-dire , pour abailfer Antoine qui étoic fon plus dangereux rival , & pour le chaffer ] de 1'Italie. Alors il s'étoit arrêté; & confidérant le point de fa fituation , il s'agitoit pour prendre de nouvelles mefures; lorfque fe trouvant maïtre des affaires domeftiques par la mort imprévue des deux confuls, & voyant d'un autre coté reprendre de nouvelles forces a Marc-Antoine par le fecours de Lepidus, il concut que ce qu'il avoit de plus folide a prétendre dans cette conjoncfure , éroit une part a 1'empire, en artendant qu'il fut aflez fort pour fe délivrer de fes rivaux. Ainfï la même politique qui l'avoit engagé dans les intérêrs de la patrie pour détruire Antoine, le lia avec Antoine pour opprimer la république, fans autre raifon que celle de fon inrérêt propre, qui lui faifoit faifir les meilleurs moyens d'avancerfon pouvoir. Lepidus étoit la dupe de 1'un & de 1'autre.' Vain , foible , inconftant , peu capable de 1'empire, auquel fon ambition le faifoit afpirer; abufant des plus glorieufes occafions de fervir fa patrie , pour la ruiner & pour fe perdre lui-même. Sa femme étoit fceur de M. Brutus, & fon véritable intérêt auroit dü 1'attacher a certe alliance. S'il eüt fuivi les confeils de Laterenfis, qui l'a- Afl. ie'&i 710. Cicer. €4. Coss. C. C/ESAft )CTAVIAIUS.  -An. de R. 710. Cicer. 64. Coss. C. CflESAR OCTAVI AJiUS. R. PEDIUS. (a) Spoliata, quam tueri non poterat, dignitas. VelU Pat. z, 8. '238 HlSTOIEE DE LA V I Ë voit follicité fi inffamment de s'unir a Planciiï & a Decimus Brutus, pour achever Ja ruine d'Antoine & rétablir la liberté', le mérite d'uri fi grand fervice joint a la dignité de fa naiffance 8c de fa fortune , 1'auroit rendu nécelfairemenf. le premier citoyen d'une république libre. Mais fa foibleife le priva de cette gloire. II fe flatta que Ie premier rang du pouvoir, qu'il regardoit alors comme fon partage , lui alfureroit auffi la principale portion de 1'empire, fans confidérer que la folidiré du pouvoir militaire dépend de 1'habileté & de la réputation de celui qui le pofsède. La fupériorité que fes collègues avoient fur lui dans ce genre les rendoit fürs de 1'éclipfer, & fürs même de le détruire, lorfqu'ils s'y croiroient obligés pour leur propre intérêt. Et tel fut effectivement fon fort lorfque Céfar le forca de lui dematider la vie a genoux, quoiqu'il füt acfuellement a la tête de vingt légions, & qu'il le déposat d'une dignité qu'il n'étoit pas capable de foutenir (d). Cicéron étoit avec fon frère & fon neveu dans fa maifon de Tufculum, lorfqu'il recuc les premières nouvelles de la profcription, 8c du malheur qu'il avoit d'y être compris. Le deffein des trium-  ï>ê Cicéron, Liv. XL 235/ virs avoit été d'en faire un fecret jufcju'au moment de i'exécution , pour furprendre ceux qu'ils avoient dévoués a la mort, & leur öter le pouvoir d'échapper a la vengeance. Mais quelques amis de Cicéron ayant trouvé le moyen de 1'en informer, il partit fur le champ avec fon frère & fon neveu, pour fa terre d'Afture, qui étoit voifine de la mer. II fe flattoit d'y trouver quelque vaifTeau, qui le dérobat tout d'un coup a la fureur de fes ennemis. Quintus, qui fe trouvoit fans préparations pour un voyage fi peu prévu , prit la réfolution de retourner a Rome avec fon fils , dans 1'efpérance de s'y tenir caché , 8c d'y recueillir affez dargent pour fournir a fes néceffités dans les pays étrangers. Mais Cicéron trouva dans cet intervalle un vaiffeau prêt a partir d'Afture, dans lequel il s'embarqua au même moment. II vogua 1'efpace d'environ deux lieues le long de la cote , toujours combattu par les vents & les flots , qui le forcèrent enfin de prendre terre a Circeum. II paffa la nuit dans le voifinage de cette ville, livré a fes inquiétudes & a fes irréfolutions. II étoic queftion de choifir un lieu pour fa retraite , & de fe déterminer entre Brutus & Caffius ou Sextus Pompée. Mais après une longue délibéra-' tion , il ne trouva point d'expédient plus agréable que celui de mourir (a). Plutarque raconte qu'il 'a) Cremutius Cordus ait, Ciceroni, cum cogitaffet, Ari. de It; 710. Cicer. 64. Coss. C. Cksah' 3 C T AVI A« SUS. Q. PEBJUS.  JAn. deR 7'o. Cicer. 64 Coss. C. Ciesa £>ctavi,< VVS. Q.. Pediu utrumne Brutum an Caflium , an Si Pompeium peteret, omnia difplicuüTe praeter mortem. Senec. Suafor. 6. ( Fragm. ibid. Tome IV q An. de ft»' 710. Cicer. 64. Coss. C. CESAft OCTATIA* NUS. Q. PEDiUS>  An. TE CïCÊRÖN, Lir. XL 24$ gïorieufement dans le même lieu , pour Ia liberté de la république. La mort des autres profcrits , dit un hiftorien du même öèclê, n'excira que des regrets particuliers, mais celle de Cicéron , caufaune douleur univerfelle ( a). C'étoit triompher de la république même & fixer 1'efclavage a Rome. Antoine en fut fi perfuadé , que pa, roifiant ralTafié du fang de Cicéron (*), il déclara que la profcrïptioh étoit finie. Ce grand événement arriva le fept de décembre, environ dix jours après 1 etabliffement du triumvirat. Cicéron étoit alors agé de foixante-trois ans , onze mois & cinq jours. (4) Csterorumque ca?des privatos luftus excitaverat Üla una communem. Cremut. Cordus apud Senec. Civil tas tóöêre lacrymas non potuit, quum recifum Ciceronis caput m illls fuis roftris videretur. L. Flor. 4, 6. 0)Plutarq. Vie de Cicéron. Veil. Pat. 2, 64 Liv Fragm. apud. Senec. Appian. 1. 4 , 60r. Dto. 47, p' , J Pighii Annal. ad A. U. 7IO, ' Qij An. <3e R„- 7:0. Cicer. 64.' Coss. C. Cssar 0CTAV1A- sus. Q. PEDIUS,  244 Hl ST0 1 RE DE EA Vl« L1VRE DOUZIÈME. XiES romains confervèrent pendant plufieurs fiècles un fouvenir fi vif de la mort de Cicéron (a) , qu'ils en ont tranfmis a la poftérité toutes les circonftances, en la repréfentant comme un des plus mémorables évènemens de leur hiftoire. II paroït que le lieu de 1'exécution étoit vifité par les voyageurs avec un refpecl (£) qui n'étoit guère différent du culte religieux. Quoique la haine d'une aétion fi noire tombat principalement fur Antoine, Augufte ne put fe garantir d'une tache d'ingratitude & de perfidie, , qui fert d'explication au filence que les écrivains du même fiècle ont gardé fur un citoyen tel que Cicéron. N'eft-il pas étrange en effet qu'on ne trouve pas même fon nom dans Horace &C dans Virgile: Mais quoiqu'un caractère auffi diftingué que le fien put faire naitre les plus nobles idéés, le fujet convenoit peu aux poè'tes de la cour , qui auroient appréhendé , fur-tout pendant (a) Saepè Clodio Ciceronem expellenti & Antonio occidenti videmur iraici. Senec. de ira. i, i... i.. touchoit a fa fin par la nécefiité de la nature , 33 une vie qu'il auroit trouvée plus infupporrable 3» que la mort fous ton empire; mais loin d'obf33 curcir la gloire de fes difcours Sc de fes aótions • » tu ne 1'as rendue que plus éclatante. II vit, & 33 il vivra dans la mémoire de tous les fiècles.. 33 Aufii long-tems que ce fyftême de la nature , 33 ( formé par le hafard ou par la providence , ou 33 par quelqu'autre caufe qu'on veuille s'imaginer , 33 mais que Cicéron a compris feul entre les romains,, 33 & qu'il a illufhé par fes écrits) confervera fon exif» tence Sc fa force, il verra fubfitter avec lui Ia 33 renommée & les louanges de Cicéron. Toute 33 la poftériré admirera les ouvrages qu'il a com33 pofés contre toi; elle lira 1'hiffcoire de fa mort » avec horreur 33 , &c Depuis ce tems tous les écrivains de Rome, poëtes Sc hiftoriens, fe font efforcés a 1'envi de louer Cicéron (b), (a) Veil. Patere. 2 , 66. (b) Facundia: latiarumque literarum parens , atque emniura triumphorum lauream adepte majorem quanto Qiv  '*4tS' HlSTOIRE Ü E EX Vie « comme le plus illuftre de leurs concitoyens Si » comme le père de i'éloquence & du favoir. Ils 3j ont prérehdu , qu'il avoit fait plus d'honneur 33 a leur patrie par fes ouvrages, que tous leurs 33 conquérans par la force des armes, Sc qu'il » avoit étendu la réputation de leur efprit au-dela » des bornes de leur empire 33. Environ trois fiècles après fa mort, les empereurs romains lui rendirent une efpèce de culte dans la clafle des divinité's ïnférieures ; & fuivant 1'idée d'Erafme (a), s'il eut connu les principes de la pbilofophie chrétienne , il auroit mérité d'être mis au rang de ces ames bienheureufes (b), a qui leglife rend un culte religieux, fous le titre de Saints. En raffemblant tous les traits fous lefquels il nous eft repréfenté par les anciens ,on trouve qu'il avoit la taille haute , mais menue, le cou d'une longueur extraordinaire, le vifage male & les traits réguliers, fair fi ouvert Sc lï ferein qu'il plus eft ingenii roman! terminos in tantum promoviffè quam Imperii. Plin. Hïft. 7 , 30. Qui effecit ne quorum arma Viceramus , eorum ingenio vinceremur. Veil, Pat. i, 34, («) Lamprid. vit. Ajex, Sever. c. 31. (b ) Quom arbitror ft chriftianam philolophiam didicif* fet, in eorum numero cenfendum fuilTe qui nunc ob vitam innocenter pieque tranfactam pro divis honorantur, Erafm. Ciceronian. verf. finem.  r>e Cicéron, Liv. XII. 24*; infpiroit tout a la fois (a) la tendreffe & le refpeét. Son tempérament étoit foible , mais il 1'avoit fortifié fi heureufement par fa frugalité , qu'il 1'avoit rendu capable de toutes les fatigues d'une vie fort laborieufe & de la plus conftante application a 1'étude. La fanté & la vigueur étoient devenues fa difpofition habituelle. Le foin qu'il prenoit pour les conferver étoit de fe baigner lbuvent, de fe faire frotter le corps, & de prendre chaque jour dans fon jardin 1'exercice d'une courte promenade pour fe rafraïchir la voix (b). Dans la belle faifon il s'étoit accoutumé a vifiter régulièrement toutes les maifons qu'il avoit dans différente? parties de 1'Italie. Mais le principal fondement de fa fanté étoit la tempérance. Elle fervit conitamment a le préferver de toutes fortes de maladies violentes ; &c s'il étoit quelquefois atteint d'une légère indifpcfition , il n'avoit point d'autre méthode que de redoubler fon abftinence pour extirper le mal par le jeune (c). Dans les habits & la parure, que les fages (a) Equidem facies decora ad lenectutem, profperaque manfit valetudo. Afin. Poll apud Senec. Suafor. 6. (b) Cum recreandaj vocu'a; caufa mihi neceffe efTet ambulare. Ad Att. z, 13. Plutarq. Vie de Cicéron. (c) Cum quidem biduum ïta jejunus fuiilèm, ut ne aquam quidem guilarem. Epifi. fam. 7, zó. Plutarq. Vie de Cicéron.  250 HiSJÖÏRE de LA VlÉ ont toujours regardés comme les indices de 1'ame, il obfervoir ce qu'il a prefcrit dans fon traité des Offices, c'eft-dire, toute la modeftie & la décence qui convenoit a fon rang & a fon cara&ère. II aimoit la propreté fans affe&ation. II évitoit avec foin les fingularités, également éloigné de la négligence groffière & de la délicatefle exceffive. L'une & 1'autre en eftet font également contraires a la véritable dignité (a) ; l'une fuppofe qu'on 1'ignore ou qu'on la méprife ; 1'autre qu'on y prétend par des voies puériles. Rien n'étoit plus aimable que fa conduite & fes manières, dans fa vie domeftique , & dans la fociété de fes amis. C'étoit un père indulgent, un ami zélé & fincère, un maïtre fenfible &C généreux. Ses lettres font remplies des plus vives expreffions de fa tendreffe pour fes enfans (b). Combien de fois confeffe-t-il que leurs carefles lui faifoient oublier fes peines , & qu'elles le foulageoient de toutes les fatigues du fénat & du forum: Sa bonté s'étendoit, dans une jufte pro- («) Adhibenda munditia non odiofa neque exquifita tlimis ; tantum qua: fugiat agreftem & inhumanam negligentiam. Eadem ratio eft habenda veftitus , in quo, ficut in plerifque rebus , mediocritas optima eft. De O ff. 1,36. (b) Ut tantum requietis habeam quantum cum uxore & filiola & mellito Cicerone confumitur. Ad Au. 1, 18.  de Cicéron, Liv. XII. 251 portion, jufqu'a fes efclaves, lorfque leur fidélité & leurs fervices avoient mérité quelque part a fon affecfion. On a déja pu le remarquer dans I'exemple de Tiron , dont la diftindion ne vehoit que de celle de fon mérite. Dans une lettre a Atticus (a) i d Je finis, dit Cicéron, car » je n'ai pas l'efprit libre a préfent. J'ai perdu So» fitheus, mon leéteur, jeune homme d'une grande » elpérance. Cet accident m'a plus affligé qu'on » ne fe 1'imagineroit de la perte d'un efclave ». II avoit les plus fublimes notions de lamitié , c'eft-a-dire , de 1'excellence de fa nature, & de fon utilité dans le commerce de la vie. L'agréable ouvrage qu'il nous a lailfé fur cette marière , ne contient point de régies & de maximes qu'il n'exercat continuellement; car dans cette variété de liaifons oü leminence de fon rang & la multitude de fes relations 1'avoient engagé, jamais on ne 1'accufa d'avoir manqué de droirure ou de conftance , ou même de zèle & de chaleur pour le moindre de ceux a qui il avoit une fois accordé le titre d'amis, & dont il eftimoit le caraétère. II faifoit fes délices de fervir a J'avancement de leur fortune , & de les fecourir dans O) Nam puer fefilvus, Anagnofles notler , -Sofitkeus decefierat, meque plus qUam rerv-i mors debere videbatur, comrjioverat. Ad Au. 1, 11,  ï 5 i H I S T O I R E El LA Vïï 1'adverfité •, fidelle dans l'une & 1'autre iïtuation t mais plus ardent dans leurs difgraces, paree qu'alors il fentoit plus vivement le befoin qu'ils avoient de fon fecours, & que fes fervices étoient plus défintéreffés (_a) : «L'amitié, difoit-il, méri35 teroit - elle ce nom , fi nous n'y cherchions 33 que nos propres avantages: Ce ne feroit plus 33 qu'un commerce d'intérêt 33. II donne a la gratitude le nom de mère de toutes les vertus. II la met au premier rang de tous les devoirs (£); Sc dans fon langage, vertueux & reconnoiffant, font des termes fynonimes, paree que ces deux qualités fe trouvent toujours inféparablement unies dans le méme caraótère. Ses ouvrages font remplis de fentimens de cette nature , & toute fa vie les repréfentoit par des exemples. L'opinion qu'on en avoit a Rome y étoit fi bien établie , qu'un de (a) Ubi illa fanfta amicitia, fi non ïpfe amicus per fe amatur toto peftore ? De Leg. 1, 18. Quam fi ad fructum noftrum referemus, non ad illius commoda quem diügimus, non erit illa amicitia , fed mercatura quidam utilitatum fuarum. De Natura Deorum ,1,44. (b) Cum omnibus virtutibus me affectum elTe cupiam, tarnen nihil eft quod malim quam me & gratum eiTe & videri. Eft enim hxc una virtus non folum maxima , fed etiam mater virtutum omnium Qux poteft eiïè ju- cur.ditas vitx fublatis amicitiis ? qua? porro amicitia poteft eiTe inter ingratos? Pro Planc. 33 i de Fin. i, **.  DE Cicéron, 11 v. XII. 253 les amis lui faifant des excufes de 1'importunité avec laquelle il lui demandoit quelque faveur , lui faifoit obferver a lui-même :« Qu'il avoit ac33 coutumé fes amis non 2 le prier , mais a lui 33 ordonner familièrement de leur rendre fervice (dj. Cependant il n'étoit pas plus généreux pour fes amis , que facile a fléchir pour fes ennemis; le moindre témoignage de regret & de foumiffion lui faifoit perdre le fouvenir des plus grandes injures. Quoique le pouvoir & 1'occafion ne lui manqualfent point pour fe venger , c'étoit alfez qu'il eüt cette certitude pour lui faire chercher des raifons de pardonner. Jamais il ne rejeta des offres de réconciliation, de la part même de fes plus mortels ennemis, & 1'hiftoire de fa vie eft remplie de ces exemples. II déclara plus d'une fois en public , que rien ne lui paroiftoit fi Jouable & fi digne d'une grande ame, que cec empire fur foi-même qui fait faire oublier les injures (b). II regardoit la modération dans Ia (a) Nam quod ita confueris pro amicis laborare, non jam iic Iperant abs te , fed etiam lic imperant tibi familiares. Ep. fam. 6 , 7. ( b ) Eft enim ulcifcendi & puniendi modus. Atque haud fcïo an fatis fit eum qui laceflierït, injuria: fua; poenitere. De O ff. 1, 11. Nihil enim laudabilius, nihil magno viro dignius, placabilitate & dementia. Ibid. r%. Cum parcere yel tedere gotujlfem, ignofcendi qua:rebam caufas, non  254 HlSTOIRE DE LA VtS vengeance la plus julte, & le tempérament dans les punitions, comme un devoir naturel. Le repentir d'un coupable lui paroifïbit un droit a 1'indulgence de fon juge; & c'étoit une de fes maximes ordinaires, « Que les haines devoient être paf* 35 fagères & les amitiés immortelles «. L'état de fa maifon répondoit par fa fplendeur a la dignité de fon caracïère. Sa porte étoit ouverte aux étrangers qui lui paroifloient dignes de quelque dillinction par leur mérite , & a tous les philofophes de 1'Afie & de la Grèce. 11 en avoit conflamment plufieurs auprès de lui (a) , qui faifoient partie de fa familie, & qui lui furent attachés dans cette familiarité pendant toute leut vie. Ses appartemens étoient remplis le matin d'une multitude de citoyens qui fe faifoient honneur d'aliïfter a fon lever, & Pompée même ne dédaigna point de fe faire voir quelquefois dans cette foule. La plupart y venoient non-feulement puniendi oceafiones. Fragm. Cicéron. ex Marcellino. Neque verö me pcenitet mortales inimicitias, ïempiternaS amicitias habere. Pro C. Rabir. Pojl. iz. (a) DofliiTimorum hominum familiarkates, quïbus temper domus nofira fioruit, & principes illi, Diodotus, Philo, Antiochus, Pofidonius, a quibus infiituti fumus. De Nat. Deor. i , 3. Erat cum Diodoto floico; qui cum h'abitaviflet apud me, mecumque vixiffet, nuper eSk domi aae* mortuus. Ad Brut. 433.  de Cicéron, Liv. XII. pour lui rendre un devoir de politelTe (a), mais pour 1'accompagner enfuite au fénat & au forum, oü ils attendoient la fin des délibérations & des autres affaires pour le reconduire jufqu'a fa maifon. Les jours oü 1'inrérêt public ne 1'appeloic point hors de chez lui, fon ufage, après ces vifites du matin , qui finiffoient ordinairement avanc dix heures,étoit de fe rerirer dans fa bibliothèque, & de s'y tenir renfermé , fans mêler d'autre amufement a fes occupations que 1'entretien & les careffes de fes enfans, qu'il y recevoir dans quelques intervalles de loifir. Son principal repas étoic le fouper fuivant 1'ufage de ce fiècle, oüles grands aimoient a voir leurs amis ralfemblés a leur table , & faifoient durer ce plaifir pendanr une partie de la nuit (b); ce qui ne 1'empêchoit point de fortir régulièrement du lit avant le jour, quoiqu'il ne dormit jamais a midi, fuivant le réo-ime (a) Cum bene completa domus efï tempore matutino, cum ad forum ftipati gregibus amicorum defcendimus. AdAtt. i, 18. Manè falutamus domi bonos viros mul-; tos «bi falutatio defluxit , literis me involvo. Ep. fam. 9 , 20. Cum falutationi nos dedimus amicorum , abdo me in bibliothecam. Ep. fam. 7,28. Poft horam quartam molefti caMeri non funt. Ad Au x, 14. ( b) Nunc quidem propter intermlftionem forenfïs opera?, & lucubrationes detraxi & meridiationes addidi, quibus uti antea non folebam. De Divin. 2 , j8.  Z<)6 HlSTOIKE DE LA Vie que tout le monde obfervoit a Rome Sc qui s'y conferve encore aujourd'hui. Mais fa tempérance & fon application a l'é-> tude ne lui ötoient point le goüt de la joie SC de la bonne chère , foit a fa table ou a celle de fes amis. II mettoic alors toutes fes régies a 1'écart, jufqu'a oublier quelquefois la foiblelfe de fa conftitution ; il étoir gai , vif, agréable (a), il animoit les convives par les charmes de fon efprit Sc de fon humeur. Dans une alfemblée d'amis, qui ne fe réunilfoient que pour jouir des douceurs de la fociété, il fe feroit reproché de la groffièreté Sc de la rudelfe s'il n'eüt point contribué a la joie commune, ou s'il 1'eut troublée par fa réferve Sc fa froideur. D'ailleurs il avoit réellement du goüt pour ces parties d'amufement. Son humeur étoit naturellement enjouée, & fon efprit tourné a la raillerie. Ce talent lui avoit été fort utile au barreau pour réprimer 1'infolence de fes adverfaires, pour fe concilier 1'attention Sc la fa- (a) Ego autem, exiftimes quod lubet, mirificè capio facetiis, maxime noftratibus. Ep. fam. 9, ij. Nee id ad voluptatem refero , led ad communiratem vita; atque viftus remiffionemque animorum , qux maxime fermone efficitur familiari, qui eft in conviviis dulciffimus. Ibid. 14. Convivio deleöor. Ibi loquor quod in folum , ut dicitur, & gemitum etiam in rifus maximos transfero. Ibid. ié. veur  SË Cicéron; Liv. XlI z5j Veur des juges, en jetant de 1'agrémenr dans les caufes les plus cnnuyeufes (a), & pour leur faire quelquefois adoucir une fentence en les faifanc nre aux'dépens de 1'accufateur. L'ufage qu'il eu fo dans les affaires pübliques , fut toujours affez mefuré pour ne lui attirer aucun reproché 5 mais dans les cönverfacions parti| cuheres (l) ü fot quelquefois accufé d'avoir pouifé «op foin la raillerie, & de s'être abandonné a la vivacité de fon efprit fans faire attention au cnagrin que fes bons mots étoient capables dó caufer. Cependant de tous ceux qui nous ont été tranfmis par i'anciquité , il n'y en a point qui paroilfent tomber fur d'autres perfonnes que des méchans & des ridicules, gens dont il méprifoic la folie ou dont il déreftoit les vices. S'il échauffa quelquefois ia bile de fes ennemis , & s'il irrita plus leur hiaiignité qu'il ne le devoit Pour fon propte repos, il ne paroït point qu'il air jamais l*) Suavis .eft & vehementer fiepè utüis jocus & face* to.. Multumin caulïs perf.pè lepore & faceuïs per- *m a °r,Tl ' Q"X nTum >'udl'tis —end, & >HoS tnfles folvit affectus, & animam ab Jntentlone rerum frequenter avertit, & aliquandb etiam rerlcit & * fanetate vela fat%atione renoya, QulnüL ^ ^ V) Nofier vero non folum extra judicia , fed in lJs' ettam orationibus habitus eft nimius risfo affectator. Ma% Plutarq. Vie de Cicéron. Torne IFt  25 S HlSTOIKE DE LA VlE blefle ou perdu un ami , ni perfonne a qui il düt de 1'eftime , par une raillerie inconfidérée. II eft certain que la réputation de fon efprit n'étoit pas moins étendue que celle de fon éloquence, &: que pendant fa vie même on publia de faux recueils de fes bons mots (a) qui fe répandirent dans toutes les maifons de Rome (b). Trebonius , fon intime ami , fe crut obligé par 1'intérêt qu'il prenoit a fa gloire d'en donner une édition authentique. Jules-Céfar ayant formé le delfein de recueillir les apophthcgmes ou les penfées mémorables des hommes célèbres, recommanda inftamment a plufieurs de fes amis qui fréquentoient Cicéron (c), de lui communiquer ce qui échappoit de remarquable a ce grand homme. Mais le plus parfait recueil de fes iagénieufes faillies fut celui que Tiron publia, en (a) Ais enim , ut ego difceflerim , omnia omnium dicta in me conferri Ep. fam. 7, xz. It. 9 , 16. (b) Liber ifte , quem mihi mififti, rjuantam habet declarationem amoris tui ! Primum , quod tibi facetum videtur quicquid ego dixi, quod aliis fortaïsè non item ; deinde quod illa , live faceta funt, live fic fiunt, narrante te, venufiifïima. Ep. fam. T, , 11. (c) Audio Caefarem , cum volumina jam confecerit apophtegmatum , li quod afferatur pro meo , quod meum non fit, rejici veile hxc ad illum cum reliquis aciis perferuntur; ita enim ipte mandavit. Epfam.9 > 16.  »e Cicëron, Liv.xÏL i59 trois iivres, après Ia mort de fon mai'rre , qnoiqu'au jugement de Quintilien , il eut pu'retrancher quelque chofe du nombre (a), Sc mettre plus de jugement dans le choix. II ne nous refte aucun de ces livres, Sc nous n'avons point d'autres monumens des bons mots de Cicéron que ce qui s'en trouve difperfé dans les ouvrages de cjuelques anciens auteurs & dans les fiens. Encore étoit-on perfuadé , au fiècie de Quinrilien , que ces reftes ne pouvoient êrre expiiqués avanrageufement, quoique pluheurs perfonnes feuffent entrepris; foit paree que le geut éroir charrgé, foit paree qu'écant dépouilJés de fadiöti Sc du gefte qui en faifoit peut-être le principal mérite, il eroit difficile de leur rendre cette förté d'agrémenr. II feroit bien moins furprenanr qu'ils nou' parullent froids Sc infipides, a nous qui ignorons non-feulement les fairs & Ies caradères auxqüels ils fe rapportent, mais encore plus les manières, Jc goür, & les ufages parriculiers de ce term-la. Cependant Quintilien (b) jugeoit auffi qu'il en étoit (a) Utinam libertus ejus Tiro , aut alius, quifqui, hit qui tres bac de re libros edidit, paVcids diitorum numero' ihdulfiflet, & plus judicii in eligendls, quam in cogerendi, ftudii adhibuilTet. Quintil. Liv. 6 ,c. 3. (b) Qui tarnen nunc quoque , ut in omni ejus ineetuo. facUÏÖs quid rejici quam quid adjici poffit invenienr, lbld. Macrob. Sat. R ij  ■2£To HlSJTOIRE BE LA V I Ë comme de toutes les autres produótions de foiï efprit, 011 1'on trouveroit plutöt a faire des retranchemens que des additions. Cicéron poffédoit un grand nombre de belles maifons dans les différentes parties de 1'Italie. Quelques écrivains en comptent jufqu'a dix-huit, qu'il avoit achetées ou baties lui-même , a la réferve de celle d'Arpinum, qui lui étoit venue de fes ancêtres. Elles étoient iicuées généralement dans le voifinage de la mer, a des diftances raifonnables, au long de la cöte inférieure, entre Rome & Pompeianum, qui n'étoit éloigné de Naples que de quelques milles. II ne devoit rien manquer a 1'élégance des édifices (a) ni a 1'agrément de leur fituation, puifqu'il les appelle lui-même les délices de ITtalïe. Celles qu'il habitoic le plus volontiers & oü il paiïbit régulièlefnent quelque partie de 1'année, étoient Tufculum, Antium, Allure, Arpinum , la Formiane, la Cumane , la Puteolane & la Pompéiene. Les quatre dernières tiroient leurs noms des villes les plus voilïnes. Elles avoient toutes alTez d'étendue pour recevoir avec fa familie un grand nombre (a) Quodque temporis in pradiolis nofiris & belle a»dificatis & fatis amoenis confumi potuit, in peregrinatione confumimus. Ai Au. 16, 3. Cur ocellos Italix, villulas noftras, non video ? Ibid. 6.  bE Cicéron, Liv. XII. z-gt de fes amis, dont plufieurs, qui étoient de la première qualité, s'y arrêtoient ordinairement quelques jours avec lui quand ils avoient quelque. voyage a faire aux environs de Rome. Mais outre ces maifons qui pouvoient être regardées comme autant de terres , & qui étoient accompagnées d'un pare & d'un grand jardin, il en avoit de moins conlïdérables fur la route , qu'il appelle lui-même de petites auberges, ou des lieux de repos (a) , batis apparemment pour la commodité de fes voyages lorfqu'il paflbit d'une terre a 1'autre. Celle de Tufculum avoit appartenu au dictateur Sylla, & Ton y voyoit encore dans les appartemens une peinture (b) qui repréfentoit lacélèbre vicloire qu'il avoit remportée prés de Nole, dans la guerre marfique , oü Cicéron avoit porté les armes en qualité de volontaire. Cette belle maifon étoit a quatre milles de Rome , fur le fommet d'une fort agréable colline, qui étoit couverte d'un grand nombre d'autres maifons, & d'oü la vue embralfoit Rome & toute la campagne voifine. Le terrein de Cicéron étoit arrofé (a) Ego accepi in diverioriolo SinueiTano tuas literas. Ad Att. 14, 8. ( b ) ldque etiam in villa • fua Tufculana , qua; poflea fuit Ciceronis, Sylla pinxit. PUn. Hifi. nat. zi, 6.  ïf?2 HlSTOIRE DE EA V I É d'un grand nombre de ruifleaüx & coupé par des canaux fort lartres, pour lefquels il payoi? une rente annuelle a la communauté (a) de Tuf-, cuium. A fi peu de diftance de Rome , il avoic la commodiré de fe procurer 1'air de la campagne a toutes les heures , & d'aller fe délafTer avec fa familie ou fes amis des exercices farigans du barreau. Auffi paffoit-il fes plus agréables' momens dans certe délicieufe retraite , & ie goüt qu'il y prenoit 1'avoit porté a 1'orner avec plus de foin (b) que toutes fes autres maifons. (a) Kgo Tufculanis pro aqua crebra veftigal pendam, qui a munic.pio fundum accepi. Cont. Kuil. 3,2. (b) Qux mihi antea figna nf fifti, ea omnia in Tuiculanum deportabo. Ad Alt- 1 , 4. Nos ex omnibus labori-* bus & rholeftiis uno illo in loco con'quiefcimus. Ibid. 5:. Nos Tufculano ita deleftamur ut nobifmetipfis turn denique , ciim illo venimus , placeamus. Ibid, 6. La fïtuation de cette maifon , qui avoit été vraifemblablement batie par Sylla, confirme ce que Seneque a obfervé des maifons de campagne des grands capitaines de Rome , tels que Marius , Pompée , Céfar ; qu'elles étoient toujours fituées fur des collines ou (ïir le plus haut terrein qu'ils puflent trouver , paree qu'il leur paroiiïoit plus militaire de commander !e pays qui étoit autour/d'eux, & que cette pofition avoit 1'air d'un camp. Senec. Ep. 51.-Mais le délicieux Tufcu'um appartient a préfent a des moines, dont le couvent s'appelle Grotta ferrata. Ils montrent encore les reftes des colonnes & des édiflces de Cicéron , & les aqueducs qui portoient 1'eau dans les jardins.  De Cicéron, Liv. XII. itr? Lorfqu'il fe fentoic quelque dégout extraordinaire pour la ville, ou que le redoublement de fes travaux 1'avoit difpofé a fouhaiter un afde encore plus paifible , il fe retiroit dans fa maifon d'Antium ou dans celle d'Afture. II avoit dans la première fa meilleure colleétion de livres, & n'y étant qu'a trente milles de Rome, il pouvoit être informé tous les jours de ce qui s'y paftbit. Afture étoit une petite ïle a 1'embouchure d'une rivière de même nom , éloignée d'environ deux lieues de la cöte , entre les promontoires d'Antium & de Circeum. Peu de lieux réuniiToient aufti parfaitement routes les qualités d'une profonde folitude. L'ile d'Afture étoic couverte d'un bois épais, partagé par des allées fombres, oü Cicéron paflbic les momens facheux & mélancoliques de fa vie. Dans les plus grandes chaleurs de 1'été , la maifon d'Arpinum, & la petite ile qui lui appartenoit, avec fes bofquets & fes cafcades, fervoient a le défendre contre les dangers de la faifon. II écrivoit a fon frère, pendant 1'été le plus ardent qu'il eüt jamais vu, qu'il prenoit un plailir extréme a fe rafraïchir dans les eaux du Fibrenus (a). , t ( a) Ego ex magnis caloribus, non enim memmimus Ei»  I Z64 HlSTOlRE DE LA VlE Ses autres maifons étoient fituées dans les lieux les plus ouverts de 1'ltalie, oü les plus honnêtes gens de Rome avoient auffi des terres & des maifons de campagne. II en avoit deux a Formies , une haute & une baffe , c'eft-a-dire, celle-ci proche du port de Cajete, & 1'autre fur les montagnes voifines. II en avoit une troifième fur le rivage de Baies , entre le lac d'Averne & le lieu qu'on nomme aujourd'hui Pouzzoles; c'eft celle qu'il appelle la Puteplane, Celle qu'il nomme Cumane étoit fur les collines de 1'ancienne CumesPompeianum , qui n'étoit qu'a quatre lieues de_ Naples, palToit pour un lieu fort agréable par la pureté de Fair, la ferriliré du terroir > & la délicatefte de fes fruits. La Pureoiane avoir été bacie fur le plan de 1 académie d'Athènes , dont elle portoit le nom. Elle étoit embellie d'ua porrique & d'un bofquet pour les conférences philofophiques. Quelque rems après ia mort de Cicéron , elle tomba entre les mains d'Antiftiüs .Vetus(fl), qui la fit réparer5avec une augmentation d'ornemens, Une veine d'eau chaude qui fut découverte tandis qu'on y travailloit, donna -fujet a laurea TuIIius, un des aftranchis de Ci^ majoresin Arpinati, fumma cum amcenitate fluminis,me refeci ludorum diebus. Ad Quint. 3,1. ( È ClCÉRÓN, Lip; XII. zj< d expliquer la nature de cette gloire , dont il faifoit comme fon idole. ( a) La véritable gloire , fuivant la définitioa qu'il en donne lui-même , eft une grande réputation, fondée fur les fervices qu'on a rendus ou a fes amis, ou a fa patrie, ou a tout Ie genre bumain (b). Elle ne confifte point, dit-il, dans la fümés de la faveur populaire, ni dans les ap- O) Si quidem gloria eft illufins & pervagata multorum & magnorum vel in fuos, vel in patriam, vel in omne genus hominum fama meritorum. Pro Marcel. 8. (b) Si quifquam fuif. unquam remotus & natura & rnagis etiam , ut mihi quidem lentire videor, ratione atque doctrina ab inani laude & fermonibus vulgi, ego profeöo is fum. Ep.fam. i-f, 4. Eft enim gloria confentiens taus bonorum , incorrupta vox bene judicantium de excellente virtute : ea virtuti refonat tariquam imago ; qua* quia redè faftorum plerumque comes eft, non eft bonis viris repudianda. Tuf. Quaft. z , 3. Qui autem bonam famam bonorum , qua? fola vera gloria nomiriari poteft expetunt, aiiis otium quxrere debent & voluptates, non iibi. Südandum eft his pro commuhibus commodis , adeunóx inimicitia:, fubeunda: fsepè pro republica tempeflates. Cum multis audacibus , improbis , nonnunquam etiam potentibus dimicandum. Pro Sext. 66. Carum eiTe civem* bene de repub. mereri, laudari, coli , diligi, gloriofum e^ quare ita guberna rempublicam ut natum eiTe të cives tui gaudeant; fine quo nee beatus, nee clarus efle quifquam poteft. Phil. 1, 14. S ij  Xjg HlSTOIRE DE LA VlÉ plaudiifemens d'une aveugle multitude, que les fages ont toujours comptés pour rien, & pour lefquelsil n'a jamais eu lui-même que du mépris, mais dans 1'approbation unanime de tous les gens de bien, Sc dans le témoignage incorruptible des juges éclairés , qui 'répond au mérite & a la vertu comme 1'écho répond a la voix , Sc qui ne doit point être rejeté par les honnêtes gens , puifqu'il accompagne inféparablement les adtions honnêtes. II ajoute que celui qui afpire a cette forte de o-loire ne doit point fe promettre pour fruit de fes peines, de 1'abondance , du plaifïr Sc de la tranquillité ; qu'il doit au contraire facrifier fon repos a celui d'autrui, s'expofer pour le bien public a toutes fortes de tempêtes Sc de dangers , foutenir toutes fortes de combats contre les méchans &les audacieux; &lutter même quelquefois contre ceux qui font en poileflion du pouvoir : enfin qu'il doit fe rendre fi utile & fi cher a fes concitoyens qu'ils regardent fa naiffance comme un bienfait du ciel. Telle eft 1'idée qu'il nous donne de la vérirable gloire. On conviendra fans doute que c'eft un des plus nobles motifs qui puiflent remuer le cceur humain; un principe que Dieu même a imprimé dans la narure 3 pour en relever la dignité ; qui a toujours d'aurant plus de force que 1'ame a plus de grandeur Sc d'élévajion? Sc qui eft la fource, en un mot, de tout  tjeCicérön, Liv, XII. 277 ce que l'hiftoire nous repréfente de louable & de grand dans les différens ages du paganifme. Qu'on me nomme , dit Cicéron , un feul de nos citoyens (a) qui ait fervi honorablement la république dans une autre vue que celle de la gloire & de fimmortalité. Donnez-moi , dit Quintilien, un difciple (b) que la louange excite, & que la gloire foit capable d'échauffer ■, je ne craindrai point que 1'indolence &c la parefle 1'empêchent jamais de répondre a mes efpérances. Je ne fais, dit Pline, fi je dois compter fur l'eltime de la poftérité (c); mais je fuis fur de m'en être rendu digne ; non par mon mérite , ce que je ne pourrois dire fans orgueil, mais par mon ardeur, par mon travail, & par le cas que j'en ai toujours fait. II ne paroitra point furprenant que les anciens ayent poulfé fi loin ce principe, & qu'ils ayent (a ) Neque quifquam noflrum in reipublica; periculis cum laude ac virtute verfatur, quin fpe pofteritatis fruc^ tuque ducatur. Pro C. Rabir. 10. ( b) Mihi detur iile puer quem laus excitet, quem gloria juvet ; in hoe defidiam nunquam verebor. Quintih 3- (c) Pofleris an aliqua cura nofirï nefcio. Nos certe meremur ut lït aliqua, non dico ingenio ; id enim luperbum : fed fiudio , fed labore, fed reverentia pofterunu Plin. Epijl. S üj  278 HlSTOIRE DE LA Vl E confidéré la gloire comme la plus parfaife t£* compenfe de la vertu, fi 1'on fait réflexioh (a) que la plupart n'avoient aucune notion d'une récompenfe fölDre , & que ceux mêmes qui croyoient les gens de bien deftinés a quelque bonheur dans un autre état, n'en avoient que des idees incertaines, qui excitoient leurs défirs plutot que leurs efpérances. Ils s'atrachoient avec joie, par conféquent, a ce qui étoit en quelque forte a leur porrée. Leur imagination créoic un avenir compofé de gloire & d'honneur, une immortaïité qui confiftoit dans les applaudiflemens perpétuels de la poftérité. Cette agréable fiction , qui fembloit prolonger 1'étendue de leur vie, & donner une efpèce d'éternité a leur exiftence, avoit d'autant plus de force pour foutenir leur courage & leur vertu , qu'en fuppofant même qu'il ne leur reftac nul fentiment après la more, ils prenoienï plaifir a penfer qu'on feroit occupé du fouvenir de leurs actions, & que 1'exemple qu'ils auroient laiifé a 1'imitation de leurs defcendans continueroit encore de les rendre utiles au genre humain. C'eft ainfi que Cicéron déclaré fouvent, qu'il (a) Sed tarnen ex omnibus praemiis virtutis, fi efièt habenda ratio prxmiorum, arnpliflimum eiTe prxmium gloriam. EiTe hanc unam, qux brevitatem vitx poiteritatis memoria confolaretur..... Pro Milon. jj.  be Cicéron,Z/r. XII. z-j9 ne regardoit pas proprement comme fa. vie ce cercle étroit de jours & d'années, dans iequel il fe voyoit renfermé fur la terre; mais que jetant les yeux plus loin , il confidéroit fes aérions comme une femence répandue dans le vafte champ de 1'univers, qui devoit lui produire dans la fucceflïon infinie des fiècles un fruit éternel de gloire &C d'immortalité. On ne dira point qu'il fe foit trompé dans fes efpérances, ni qu'il ait manqué fa fin ; car auffi long-tems que le nom romain fubfiftera dans la mémoire des hommes, & que le favoir, la vertu & la liberté conferveront de 1'eitime & du crédit dans le monde, il fera grand , célèbre & refpectable aux yeux de la poftérité. A 1'égard de la feconde preuve de fa vanité , qu'on tire des louanges qu'il fe donne fans ceffe dans fes difcours au fénat & au peuple, quoique le commun des lecfeurs la croient bien confirmée par une infinité de pafïages, dont le fens ne fauroit paroitre équivoque ; fi 1'on confidère les circonftances du tems & le röle éclatant qu'il avoit foutenu, on trouvera non-feulement que cette ardeur de faire entendre fes louanges étoit excufable , mais qu'elle étoit quelquefois néceffaire. Le deftin de Rome étoit au dersier degré d'incertitude. Tous les partis faifoient leurs efforts pour opprimer la république ou Siv  2 8o HlSTOiRE DE LA VlE pour la faire triorripher. Cicéron fervoit de chef aux défénfeurs de la liberté, ou du moins toutes leurs démarches étoient réglées par fes confeils.' Depuis long-tems il avoit été 1'objet commun de la rage (a) & de la mglignité de tous ceux qui afpiroient a la tyrannie par 1'ufurpation du pouvoir, & tandis qu'ils avoient toutes les forces militaires de 1'empire pour foutenir leurs entreprifes, il étoit fans autres armes pour fa défenfe qu'une autorité acquife par de iongs fervices &c par la perfuafion bien établie de fon intégrité. Ainfi dans la nécelfité de répondre aux calomnies perpéruelles des facfieux , il étoit obligé de faire valoir le mérite & J'utiliré de fes confeils, pour confirmer ia confiance du peuple que les ennemis publics s'efforcoient de ruiner par toutes fortes d'artifices. cc L'éloge qu'il faifoit de fes fervices, 53 dit Quintilien, étoit moins pour fa gloire que 53 pour fa défenfe. 11 cherchoit a repoulfer la 33 calom.nie, & a jultifier fa conduite lorfqu'elle »5 étoit attaquée 33. C'eft ce qu'il déclaré lui-même (a) Vigefimus annus eft cum omnes fcelerati me unum petunr. Phil. 12. , !o , 6 , 6. At plerumque illud quoque non fine aliqua ratione fecif. Ut illorum qua? egerat ïn confulatu frequens commemoratio poffit videri non gloria? magis quam defenfioni data : plerumque contra iniaiicos atque obtreótatores plus vindicat fibij erant enim tuenda, cum objicerentur. Quint. vi, 1,  r>e CicéroNjIj^- XII. i$x dans toutes fes harangues (a). «Jamais, difoit33 il , on ne 1'avoit entendu parler de lui , que 33 lorfqu'il y avoit été forcé. On lui imputoit de 33 faux crimes, & fa coutume étoit d'y répondre 33 par des fervices réels. Un homme qui avoit été 33 chargé des plus grandes affaires, & qui avoit 33 effuyé particulièremcnt les traits de 1'envie , 33 pouvoit-il réfuter les outrages de fes ennemis, 33 fans méler quelquefois fes louanges a fon 33 apologie ; Et s'il arrivoit après avoir travaillé 33 fi conftamment pour le bien public, qu'une 33jufte indignation lui arrachat par intervalles 33 quelques exprellions qui tendiifent a fa gloire (b), 33 cette foibleffe ne méritoit-elle pas d'être par33donnée? Quand on ne troubloit point fon re33 pos, ajoütoit-il, quand fes ennemis gardoient 33 le filence, il auroit été honteux pour lui de ne (a) Quis unquam audivit, cum ego de me nifi coacïus ac neceffario dicerem? Dicendum igitur eft id quod non dicerem nili coactus; nihil enim unquam de me dixi lublatius, afcifcendac laudis caufa potius, quam criminis depellendi Pro Dom. , 36. (b) Poteft quifquam vir in rebus magnis cum tnvidia verfatus, fatis graviter contra inimici contumeliam fine rua laude refpondere ?.. .7. Quanquam fi me tantis laboribus pro communi falute perfunctum effèrret aliquando ad gloriam in refutandis maledictis improborum animi quidam dclor, quis non ignofceret ? De Harufp. refp. 8.  ïS'J HlSTOÏRE DE LA Vie 33 pouvoir fe taire ; mais (a) quand il fe voyoit 33 accufé , outragé, expofé a la haine publique 33 par de faulfes imputations, fi 1'on croyoit qu'il 3> ne devoit rien a fa dignité, pouvoit-on lui re33 fufer du moins le droit de défendre fa liberté 33 > Tel eft donc précifément 1'état de la queftion ; & Ia preuve en eft claire dans toutes les circonftances de fon hiftoire. Cicéron étoit enflammé d'une vive paffion pour la gloire , & n'aimoit n'en avec rant d'ardeur que les louanges. II prenoit plaifir aux applaudilfemens qu'il avoit mérités par fes adions. Mais fon cceur & fon imagination étoient encore plus flattés de la réputation qu'il fe promettoit après fa mort , & nous avons déja fait obferver que cette noble paffion n'a jamais tant de force que dans les grandes ames. Après cela peut-on fe défendre d'une jufte indignation , ïorfquon entend de frivoles déclamateurs, qui n'ont jamais été capables de pénétret le véritable caradère de Cicéron , ni de lentir combien le leur eft méprifable , prononcer témérairement que Cicéron étoit le plus vain de tous les hommes. (a) Si, cum cxten de nobïs (ïlent, non etiam nofmetipfi tacemus , grave. Sed fi Ledimur, fi accufamur , fi in invidiam vocamur, profeóto concedetis ut nobis libertatem retinere liceat, fi minus liceat dignitatem, Pro Syll.  de Cicéron, Liv. XII. 285 Mais le point cle vue fous lequel il peut être eonfidéré avec autant d'utilité que de fatisfaction par un lecleur qui cherche a s'inftruire, eft du cöté de fa do&rine & de la prodigieufe étcndue de fes connoiiïances. Cette forte de mérite brille avec tant d eclat dans tous les monumens qui nous reftent de lui, qu'il diminue en quelque forte la dignité générale de fon caractère. L'idée de i'homme favant abforbe celle du fénateur , &c lorfqu'on le regarde comme le plus grand des écrivains , on oublie qu'il étoit aufti le plus grand mao-iftrat de Rome. Nous apprenons la langue & r latine au collége. La lecture de fes ouvrages le.t a nous former le ftyle & les fentimens. Nous 1'abandonnons enfuite, & ce qui nous en refte n'eft guère que l'idée d'un orateur ou d'un philofopne. Cependant il en eft des caraclères comme des peintures. On ne peut juger d'une partie fans avoir jeté les yeux fur toute 1'étendue du tableau. La perfedtion de chaque trait dépendant du rapport & de la proportion qu'ils ont tous entr'eux , ils tirent 1'un de 1'autre une augmentation de fplendeur & de grace, dont on ne peut être frappé qu'en les obfervant tous enfemble. Le favoir dc Cicéron, eonfidéré fans mélange , fera naitre une jufte admiration ; mais ce fentiment augmentera beaucoup lorfqu'une qualité fi rare fera confidérée dans le premier miniftre d'un puif-  1§4 HlSTOIRE DE LA VI E fint empire. Son habileté dans 1'adminiftration eft furprenante ; mais elle caufera beaucoup plus detonnement lorfqu'on fera réflexion qu'elle fe trouve dans le plus favant philofophe & 1'orateur Ie plus éloquent de fon fiècle. Et 1'union de ces deux caractères nous (a) repréfente le plus parfait modèle que la nature & 1'éducation puifient fermer. De tant d'écrivains qui ont employé toute leur vie a 1'étude , il n'y en a point qui nous alt lailTé des fruits plus abondans & plus précieux de fes lumières , dans toutes les parries des fciences & des beaux-arts. L'éloquence, la poéfie, ïa philofophie , la jurifprudence , 1'hiftoire , la critique , la morale (^);on ne nommera rien fur quoi Cicéron n'ait écrit avec autant de fuccès que les plus grands maïtres de fon tems ; & dans (a) Cum adnaturam eximiam atque Muftrem acceffit ratio qusedam conformatioque dcörinse , turn illud nefcio quid praclarum ac ftngulare folere exiftere. Pro Arch. 7. (i') M. Cicero in libro qui infcriptus eft de jure ciVili in artem redigendo , verba ha>c pofuit. Aul. Geit. 1, 22. M. Tullius non modo inter agendum nunquam eft defiitutus fcientia juris, fed etiam componere aliqua de eo cceperat. Quintil. 12, 3. At M. Tullium, non fllurn habemus Euphranorem circa plurium artium fpecies pneftantem, fed in omnibus qux in quoque laudantur , emw nenalïïmum. Uid. c. 10.  de Cicéron, Liv. X11. i8y| pïufieurs de fes ouvrages il a furpaiTé les plus grands écrivains de tous les fiecles. Ce qui nous lelie de fes compofitions n'eft qu'une petite partie de ce qu'il avoit publié ; Sc quoique la plupart nous foienc venues fort imparfaites, c'eft-adire , ou mutilées par le tems, ou altérées pat la barbarie d'un grand nombre de fiècles, elles paflent juftement pour les plus beaux reftes de 1'antiquité. Semblables aux livres des Sybilles, leur prix n'auroit pas diminué quand il s'en feroit encore perdu davantage. L'aiïïduité de Cicéron au travail furpalTe toutes nos idéés Sc parott prefqu'incroyable. C'eft par cette induftrieufe & con(tante application qu'il trouva le fecret d'exécuter tant de merveilles , Sc de concilier perpétuellement 1'étude des fciences Sc le foin des affaires. II ne facrifia jamais un feul moment de fon loifir a 1'oifiveté, Sc les moindres intervalles étoient foigneufement ménagés pour le travail () peut être regardé comme des mé- (d) Mearum épiftolarum nulla eft wxyay*, led habet Tiro inftar feptuaginta. Ad Au. iö, (b) Qux qui legat , non multum defideret hiftoriam contextam eorum temporum; fïc enim omnia de ftudiis principum, vitis ducum, ac mutationibus reipablics per- m'oires  JtfS Cicéron, Liv. XÏ1. ig moirés authentiques de fon tems, qui contiennenc fes plus importans macériaux de cette partie de l'hiftoire romaine, & qui nous découvrent le fond & les relTorts des plus grands évènemens. C'eft faute de les avoir eonfulte's, ou de les avoir bien approfondis, que tous nos écrivains modernes paroifTent fi fuperficiels, & commettent tant d'erreurs dans l'hiftoire de ce fameux fiècle; aimanC mieux tranfcrire les relarions ftériles & imparfaites des derniers hiftoriens grecs , qüe de chercher avec un peu d'attention & de travail le fidelle récit des faits dans leur véritable fource. (#) Les lettres familières de Cicéron n'ont point une élégance recherchée. II emplöyoit les premiers te'rmes qui fe préfentoient a fa plume, & qui étoient dans i'ufage ordinaire de la converfatioh. S'il écrivoit dans un moment oü fon efprit füt difpofé a la joie, fes expreffions étoient légères, naturelles (b); elles fembloient cou- fcripta funt, ut nihil in his non appareat. Corn. Nep. Vit. Att. i6. (a) Epiflolas vero quotidianis verbis texere folemuss Ep. fam. 9 , zi. (b) Quicquid in buccam venerit. Ad Att. 7, 10; 14 t *]. En faifant un reproché a Antoine de ce qu'il avoic publié une de fes lettres ': « Combien de chofes badines^f » dit-il, ne met-on pas dans uné lettre, qui paiïèroieni » pour des folies & des impertinences fi elles étoient pUq »> bliées » ? Phil, 2 4» .Tome 1F. %  290 HlSTOIKE DE LAViS Ier de fon fitjet; 1'abondance n'en dirninuoit point le feu ni la fincffe, & dans ces occafions il ne rejetoit point un mot enjoué s'il le croyoit propre a faire rire fon ami. Dans fes lettres de compliment , dont plufieurs font adrefiees aux plus grands hommes de la république , le défir qu'il avoit de plaire eft exprimé d'une manière douce & aifée, dans les fentimens comme dans les termes, fans y employer ces titres pompeux , ni ces magnifiques épithètes que 1'ufage moderne a ïntroduits dans le commerce avec les grands , & qu'il a revêtus mal a propos du nom de politefie. Dans fes lettres politiques, toutes fes maximes font tirées d'une profonde connoifiance des hommes Sc des affaires. II touche toujours le principal point des difficultés qui 1'embarraffent, il prévoit les dangers, il prédit les difgraces , Sc 1'effet de fes prédi&ions ne manquoit guère de juftifier la fagelTe de fes confeils. Cette remarque eft prouvée dans l'hiftoire de fa vie par tant d'exemples , qu'un des meilleurs écrivains de fon tems (a) n'a pas fait difiiculté de dire de lui: « Que fa prudence étoit une efpèce de divïnation, (a) Utfaciie exiüimari poffit prudëntïam quodammodo eiTe divinationem. Non erfim Cicero ea folum qua: vivo fe acciderunt futura pr.rdixit, fed etiam qua: nunc ufu Jreniunt, cecinit ut vatess Corn. Nep. ié.  be Cicéron, Liv. XII. x9% 8c que non-feulement il avoit prédit mille 53 chofes qui étoient arrivées pendant fa vie , mais 53 que fes lumières, comme celles des prophètes 33S'étoient étendues jufqu'aux évènemensqui avoient 33 fuivi fa mort 33. Mais de toutes fes lettres, il n'y en a point qui faiTent plus d'honneur a fon caraélère que les lettres de recommandation. Dans les autres On voit éclater fon efprit & fes talens. Dans celles-ci (a) c'eft la rendrefle de fon cceut (a) On peut tirer une objection contre le caractère qu'on fait ici de ces lettres, d'un palfüge ou Cicéron fait entendre en écrivant a un proconful d'Afrique , qu'ils étoient convenus de quelque figne par lequel ils le marquoienc mutuellement quel égard ils devoient avoir pour leurs recommandations, Ep.fam. 13, 6. Mais ce trait lemble ne regarder qu'une perfonne, qüi, ayanr de grandes affaires en Afrique , pouvoit faire craindre a Cicéron & au proconful qu'il ne leur fut également incomrnode. Cependant i| ne laiiïe point dans la méme lettre de recommander en général Fintérêt de la méme perfonne, avec beaucoup d'ardeur & d'afFecn'on. Mais quand il auroit 'uivi la même méthode avec tous les autres proconfuls, il paroit nonfeulement raifonnable , mais même nécelTaire , qu'un homme de fon rang & de fon autorité, de qui tout le monde pouvoit efpérer des bienfaits ou des fervices, eut quelque moyen de faire diftinguer fes véritables amis, de ceux qui ne lui arrachoient fa recommandation que par leurs importunités. II nous apprend qu'il le trouvoit fort louvent dans ce cas : « Ön eft fi perfuadé, ècrit-il a un » ami, que vous avez pour moi quelque confidération , Tij  H*>1 HlSTOIRE DE EA VlÉ & fa probité qui fe font admirer. II follicite lmtérêt de fes amis avec cette chaleur & cette force d'expreffion, dans laquelle il étoit un fi o-rand » que je fuis fans ceiïè importune par les demandes qu'on » me fait d'une recommandation auprès de vous. Mais » quoiqu'il m'arrive quelquefois d'en donner d des gens » dont 1'intérêt me touche peu, je ne le fats ordinairement » néanmoins que pour mes véritables amis » Dans une autre lettre : « Notre amitié , dit-il , & Paffed^n que » vous me portez font fi connues, que je me trouve obli» gé de vous recommander bien des gens : mats quoique » je ne puÜTe me difpenfer de fouhaiter du bien a tous ceux » que je recommande , U s'en faut beaucoup néanmoins » que je leur porte a tous Ia même amitié », &c. Ep.fam. 13 , 7o , 71. Souvent Cicéron fait entrer des mots grecs dans fes lettres, apparemment paree qu'il n'en trouvoit pas qui exprimalTent mieux en latin ce qu'il vouloit dire. Lorfqu'il étoit affligé, ou d'une humeur chagrine , il n'avoit pas befoin de grec pour exprimer fa douleur, paree que c'eft un fentiment de toutes les langues ; mais lorfqu'il étoit dans une affiette tranquille, il mêloit volontiers dans fon ftyle des mots de cette langue ; ce qui étoit auffi fort ordinaire a Atticus, comme on le volt par quelques petits fragmens de fes lettres. Au contraire, lorfque Cicéron écrivoit pour le public, même fur des matières qui autoient eu fouvent befoin du fecours de Ia langue grecque, Comme dans fes ouvrages philofophiques , alors il fe faifoit une loi de n'employer que des mots latins, quelque peine fiu'il eAt a ea trouyer mjj réportdjCent jufle, aux temes  Ï5ie Ci c é k o n, Li v. XIL 253" maïtre. II apporte toujours quelque raifon particuliere pour juftifier fon zèle, jufqu'a déclarer fouvent qu'il y eroit fon honneur même intéreffé. Après tout, les lettres de Cicéron n'ont point dont les philofbphes gfecs s'e'toient fervis. On voit dans une lettre a Atticus ( liv, 13 ,21) qu'il fut bien embarrafle a trouver un mot qui rendit celui dont fe fervoient les philofophes fceptiques pour dire, fufpendre fon juge* ment. Entre les Iettres de Cicéron il y en a un grand nombre d'autres qni font de plufieurs grands hommes du même tems, & ce ne font pas toujours les moins curieufes. II y en a de Céfar , de Pompée , d'Antoine ; & ces monumens font précieux. On remarque dans celles de Céfar, cette modération au milieu-.de la plus haute fortune, qui lui gagnoit les coeurs même de fes ennemis. Celles de Pompée roulent toutes fur Paffaire de Corfinium, II écrït avec une noble fimplicité, en homme qui favoit faire la guerre & en parler. C'ert une choiê aflez curieulè que de voir Antoine & Cicéron en commerce d'honnêteté & de poliieiTe. Après la mort de Céfar , Antoine ayant delfein de rappeler de l'exil un afTranchi de Clodius , & 1'un des principaüxminiflres de toutes les violences de ee tribun, il ne le vcalut pas, comme on Pa lu dans cette hiflojre , fans ie cönfèhteiierit de CicéronvIl lui écrivit la-deiTus une lettre trés - polie , mais ou les expreffions font mefiirées avec beaucoup d'art. Cicéron ne demeura point dans de fi juffes bornes. II oublia qu'il écrivoit a un homme contre lequel il feroit peut-être bientót obligé de fe déclarer , & les ïouanges qu'il lui donna fourneren! en effet contre luimême. • ■ - ■ T iij  a) qui füt capable de furpaffer les grecs dans un genre que les romains avoient peu cultivé. II ne put fe procurer aiTez de loifir pour une fi grande entreprife; mais le plan (c) qu'U nous en a fafë^ renferme en peu de mots la plus parfaite idee d'un ouvrage hifiorique, Ses poéfies ont eu le même fort que fes ouvrages d'hiftoire, a la réferve de quelques fragmens qu'il a mêlés, fuivant Poccafion, dans fes ïiutres écrits, & qui fuffifent pour nous perfuader que fon génie poétique auroit égalé fes talens pour 1'éioquence s'il eüt été cultivé avec le même foin. L'alliance eft fi étroite entre ces (a) Cicero in Admirandis pofuit, &c. PUn. Hifi. nat. 31, i. Quod Admirandis fuis interuil M. Cicero. Ibid. 4. In monumentis M. Ciceronis invenitur , unguenta grauora effe qua terram quam qua; crocum fapiant. Hifi. nat. »3 > 3, 17, r. (b) Poflulatur a te jamdiu , vel flagitatvj- potius hiuWa. Sic enim putant, te illam tractante , effici pofte, ut in hcc qtiam genere Grxc'ix nihil cedamus . abeftenim kift torialiteris soilfts. De Leg. 1, 1, 3, (<•) ï?e Prat, 2, ij,  t> e C i c é r ö n, Liv. XII. 297 deux arts, qu'il eft difficile d'exceller dans 1'un fans avoir de la difpofition pour 1'autre. Ils demandent eflentiellement les mêmes qualités, c'eft-adire, une imagination vive, une invention fertile, avec de 1'abondance 8c de la noblelfe dans 1'expreffion. C'eft pendant la vie de Cicéron que 1'ancienne rufticité de la mufe latine commenca par degrés a fe polir, & fe familiarifa infenfiblement avec 1'harmonie des nombres 8c les autres ornemens de Tart : mais la perfection ou elle fut portée après fa mort ayant exclu abfolument la médiocrité, il n'eft pas furprenant qu'il ait confervé peu de réputation dans un genre qu'il avoit trouvé fi inculte 8c fi barbare. Nos jugemens ne fe forment que par des comparaifons. Cicéron pafte pour mauvais poé'te , paree qu'il n'eft point au rang des Virgile & des Horace ; 8c cette manière de juger s'étoit établie particulièrement a la cour d'Antoine & d'Augufte, oü c'étoit faire un compliment aux fouverains que de jeter du ridicule fur tous les traits de fon caractère (a) qui pouvoient en recevoir. (a) Poflea vero quam triumvïrali profcriptione con(üm['tus eft , paflim qui oderant, qui invidebant, qui a-mi:ïabantur , adulatores etiam prafentis potentia:, non refpon-: furum invaferunt. Quint, n, 10,  2?8 HlSTOIRE DE LA VlE De-la vient cette raillerie perpétuelle , qui a fut* Mé jufqu'aujourd'liui, fur deux fameux vers: Cedanf arma Toga?: concedat Iaurea lingua?. O fortur.atam natam me confule Romam ! Ainfi deux mauvaifes lignes, choifies par Ia malignité de fes ennemis , & tranfmifes a la poftérité comme un exemple de toutes les autres, ont fervi a faire condamner un grand nombre de bons vers; car Plutarque compte Cicéron entre les meilleurs poë'tes de Rome ; Pline faifoit gloire d'afpirer a Pimitation de fa poéfie (a), & Quintilien n'attribue les reproches de fes cenfeurs qua leur malignité (b). Mais la plus forte preuve du mérite de fes vers , c'eft qu'ils étoient dans le meilieur goüt de fon tems , & dans le ftyle de Lucrèce , dont on prétend qu'il revit & qu'il corrigea le poëme avant fa publication (c). Enfin 1'on ne peut douter du moins qu'il n'ait été conftamment 1'ami & le protecfeur de tous les poë'tes célèbres de fon fiècle, c'eft-a dire (<ƒ), (a) Sed ego verear ne me non fatis deceat quod d&j cuit M. Tullium. Ep. I. $ , 3. (?) In carminibus utinam peperciiTet, .qua: non defie-< runt carpere maligni. Quint. 11, I. (c) Eufeb. Chronic. (d) Adjicis M. Tullium mïra benignitate poetarum in» genia fovilTe. Plin. Ep. 3 , 15. Ut ex familiari ejus I*  ï)e Cicéron, Liv. XII. i$9 d'Accius, d'Archias , de Chilius, de Lucrèce , Sc de Catulle , qui le remercie par une (a) épigramme, de quelque faveur qu'il avoit recue de fon amitié. D'ailleurs la poéfie n'étoit pour Cicéron qu'un amufement, &C comme le délaiTement de fes autres études. Son talent diftinétif, fon fouverain attribut, étoit 1'éloquence. II lui avoit confacré toutes les facultés de fon ame (£) , & jamais mortel ne s'elt élevé a la méme perfeétion. «Rome, » obferve un hiltorien poli, avoit peu d'orateurs 33 avant lui qui méritaifent de lui plaire; mais » elle n'en avoit aucun qu'elle put admirer » . .. Demofthènes fut fon modèle. L'émulation le fit Accio poeta audire fum folitus. Brut. 197. Lucretii poemaia , ut fcribis, lita funt multis hominibus ingenii, muite tarnen artis. Ad Quint. Ad Att. 1,9, i^» (a) Difertïflime Romuli nepotum, Quot funt quotque fuere, Marce Tulli, Quotquot pofl aliis erunt in annis ; Gratias tibi maximas Catulius Agit, peffimus omnium poeta , Tanto peffimus omnium poeta Quanto tu optimus omnium patrorrtis. Catul. 47. (b) At oratio..... ita univerfa fub principe operis &ii erupit Tullio , ut deledari ante cum paucifiimis , mir rari vero neminem ppf^..... Vel, Pat, I, 17,  ye-ó' H15 ï 5 r r é b"g Eï Vig marcheravec tant de fuccès fur fes traces (aU qu'il a mérité ce très-hel éloge, comme 1'appelle S. Jéróme : « Demofthènes t'a ravi la gloire » d'être le premier orateur, & tu lui ötes celle «d'être 1'unique ». Leur génie , leur habileté, leur üyk & leur manière ont beaucoup de reffemblance. Leur éloquence eft de ce genre étendu , grand, fublime , qui embellic toujours fon fujet, & qui lui donne toute la force & la beauté qu'il eft capable de recevoir. C'eft cette rondeur de langage pour me fervir d'une expreflïon des anciens, a laquelle on ne peut rien ajouter, rien retrancher. Enfin leurs perfections font fi tranfcendantes, & fi égales fur toutes fortes de points, que les critiques ne conyiennent point encore auquel ils doivent donner la préférence. A Ia vérité, Quintilien, qui en eft Ie plus judicieux, I'attribue enticrement a Cicéron. Mais s'il eft vrai, comme d'autres 1 ont penfé, que Cicéron n'ait ni le nerf, ni 1'énergie, ni, comme il 1'appelle lui-même , le tonnerre de Demofthè- (a) Demoflhenem igitur imiterrum O dii boni i Quid .quafi nos aliud agimus ? Aut quid aliud optamus ? Brut. 417. M. Tullms, in quem pulcherrimum illud elogium e i : Demoflhenes przripuit tibi ne eiTes primus orator tu mme folus. Ad Nepot. de vita Ckricor. t, 4. Ediu ëtned.  to ï Cicérön, i/r, XII, joi lies, il le furpalfe par 1'abondance & 1'agrément de la diclion, par la variété des fentimens, &z fur-tout paria vivacité de (a) 1'efprit & par la finelTe des railleries. Démofthènes n'a rien d'enjoué ni d'agréable 5 & lorfqu'il tente quelquefois de badiner, la manière dont il le fait montre que ce. genre ne lui déplaït pas , mais qu'il lui convient peu; car fumnt 1'expremón de Longin, cc toutes » les fois qu'il affecloit d'être plaifant, il ne fai» foit que fe rendre ridicule (b) , & s'il lui arri» voit de faire rire, c'étoit prefque toujours a fes «dépens». Au lieu que par un fond perpétuel d'efprit & de bonne plaifanterie , Cicéron avoit toujours le pouvoir de plaire lorfqu'il perdoit 1'efpérance deconvaincre, Sc trouvoit lemoyen d'infpirer de la gaieté a fes juges auffitöt qu'il commencoit a redouter leur févérité. On fait qu'une plaifanterie bien placée (c) lui fervit plus d'une fois a fauver divers cliens de leur ruine. (a) Huic diverfa virtus, qu* rifum judicis movendo • pknque Demoftheni facultatem hujus rei defuifte credunt, Cicerom modum. Nee viderï poteft noluifie Demofthènes' cujus pauca admodum dicta oftendunt non difplicuiiTe ™ J0C0S> fed non c°™'g>'fc Mihi vero mira qua-. dam vtdetur in Cicerone fuifte urbanitas Quintil. Hv. 6, 3. Bid. io y l, ' (?) Longin. de Sublim. c. 34. i') Ut grq l± gjac.c.o K querjj regetundaruiq rerunt  302 HlSTOIRE DE LA V I Ê Cependant, au milieu même de fa gloire Si de fa plus grande réputation , il y avoit de fon tems a Rome une autre fecte d'orateurs, gens d'efprit & de mérite (a), & la plupart même d'une haute naiiTance, qui en reconnouTant la fupériorité de fon génie, critiquoient fa diction , Sc, fuivant 1'exprelTion d'un ancien , n'y trouvoient pas le véritable caraétère de 1'atticifme. Les uns prétendoient qu'elle étoit lache Sc languiiïante, les autres qu'elle étoit enflée Sc trop abondante : ces cenfeurs affedtoient une exaöitude qui s'étendoit jufqu'aux minuties; c'étoient des fentences ingénieufes (b), des périodes courtes Sc concifes , auxquelles il n'y avoit pas une fyllabe a retrancher ; comme fi 1 eloquence confiftoit dans la frugalité des mots, Sc n'étoit que 1'art d'accumuler des idéés Sc des fentimens dans ün très-petit efpace. Les chefs de cette méthode jocï opportunitate de manifeftiffimis criminibus exemit » &c. Macrob. Sat. 2,1. ( a ) Conftat nee Ciceroni quidem obtreflatores defuifle, quibus inflatus & tumens, nee fatis preflus, fupra modum exultans & fuperfluens & parum atticus videretur, &c. Tacit. Dialog. 18. Vid. Quintil. 12, t, (b) Mihi falli multum videntur qui folos eiTe atticos credunt, tenues & lucidos & figniiïcantes , fed quadam eloquentia: frugalitate contentos, ac manum femper intra palUum contyienjes. Quintil. 12, c. 10.  de Cicéeon, Liv. Xll, 303 étoient M. Brutus, Licinius Calvus, Ahnius Pollion , & particulièrement Sallufte, que Séneque fait regarder comme Pauteur du ftyle coupé obfcur 8c fententieux. Cicéron les railloit fouvent (a) de leur prétention a 1'élégance attique, 8c de juger moins de leloquence par la force de 1'art que par leur propre foiblelfe. Ils ont entrepris, difoit-il, de décrier ce qui eft au-deflus de leur capacité, 8c de ne donner ([>) leuradmiration qua ce qu'ils croient pouvoir exécuter. Quoique leur manierede parler, ajoutoit-il, püt flatter Poreille d'un critique &c d'un grammairien , elle n'étoit point de ce genre harmonieus &C fublime, qui ne fe propofe pas feulement d'inftruire, mais demouvoir une aflembléej ce n'étoit pas cette éloquence qui eft propre a faire de puiflantes impreflïons fur la multitude; & qui prouvant fon mérite par fes effets , ravit 1'admiratión , arrache les applaudiflemens 8c les fuf- (E eaViS frasres, enfin, qui victorieufe par fa nature entrainé également (a) 1'homme d'efprit & la populace* Pendant la vie de Cicéron , le goüt dominant: de Rome fut toujours pour cette véritable éloquence, Ses oraifons étoient les feuleS qui fulTent admirées de la ville ; tandis que tous ces orateurs attiques, eomme ils en prenoient eux-mêmes le nom , étoient généralement méprifés, & leurs audiences fi défertes, qu'on les abandonnoit quelquefois au milieu de leürs harangues (b). Mais après la mort de Cicéron 8c la ruine de la république , Péloquence romaine difparoiflant avec la liberté, laiiTa fuccéder a fa place un fantóme , qui prévalut bientöt dans toutes les parties de 1'empire. Au lieu de cette manière noble, abondante } naturelle, qui embralfoit librement toutes fortes de fujets, on ne vit plus qu'une méthode sèche 8c relferrée, un genre fententieux , des (d) Sed ad Calvum revertamur, qui metuens ne vltiofum colligeret , etiam verum fanguinem deperdebat; Jtaque ejus oratio nimia religione attenuata , doftis & at* tente audientibus erat illutlris ; a multitudine autem & a foto , cui nata eloquentia eft, devorabatur. Brut. 410. Ita«jue nunquani de bono oratore & non bono doótis homi-» nibus cum populo diiTenfio fuit. Ibid. 257. (? ) At cum ifli attici dicant, non modo a corona, quod eft ipfum miferabile, fed etiam ab advocatis relinguantur, Ibid. 317. fujets  de Cicéron, Liv, XII. 305 fefeis recherchés & des tours conrrainrs; en un mot , une éloquence convenable aux occafions pour lequelles on la faifoit fervir , c'eft-a-dire, propre a faire des panégyriques, & des complimens ferviles aux tyrans. Ou peut obferver cette différence dans tous les écrivains qui ont fuivi Cicéron jufqu'a Pline le jeune , qui a porté le nouveau ftyle a fa dernière perfection dans fon fameux panégyrique de 1'empereur Trajan. Cette pièce mérirant 1'admiration qu'elle a obtenue par 1'élégance du ftyle, la beauté des penfées & ü deiicateffe des complimens, elle eft devenue dans ces derniers tems comme i'étendart de la belle éloquence, & l'on ne voit dans les critiques moderues que des plainres de 1'ennuyeufe longueuï &c de 1'exceffive abondance de Cicéron. Maïs une réflexion fort fïrnple peut fervir a régler la-defius notre jugement: c'eft que non-feulement fe fiècle le plus poli de la liberté de Rome a mis Cicéron au premier rang de Péloquence , mais que cette décifion a recu la confirmation la plus aurhemique que nous connoiffions dans Ia nature des chofes humaines, par le confentement unanime de tous fes autres peuples , qui négligéant töutes les produétions de fes rivaux & de fes contemporains , nous ont confervé ces précieux reftes comme le plus parfait modcle qui puiffe être, propofé a 1'imitation des hommes; de forte qug Tome IV y  3oS HlSTOIRE de LA Vie dans un tems auffi éloigné de nous que celui de Quintilien, Cicéron jouiffoitdéjafi parfaitementde cette réputation univerfelle , qui eft le fceau des véntés les plus conftantes (a), que fon nom étoic regardé comme le nom même de 1'éloquence. On n'a fait confidérer ici jufqu'a préfent, que la partie extérieure du caractère de Cicéron. II eft tems de pénétrer les fecrets de fon ame , &C d'y découvrir , s'il eft poffible , la fource réelle de fes actions, en examinant les principes de cette philofophie , par laquelle il faifoit profeffion de régler toute fa vie. II nous apprend dans une infinité d'occafions que c'étoit celle des académiques , fecle qui tiroit fon origine de Socrate, & fon nom d'un célèbre collége (b) , ou ( a ) Apud pofteros vero id confecutus, ut Cicero jam non hominis, fed eloquent!* nomen habeatur. Quintil. 10 , i. (?) Illi autem , qui Platonis inftituto in academia , quod eft alterum gymnafium , coetus erant & fermones habere foliti , è loei vocabulo nomen habuerunt. Academ. i 4. Ce lieu célèbre , que Servius Sulpicius appelle le plus noble collége du monde, avoit pris fon nom d'Academus , ancien Héros, qui le poffédoit du tems des Tyndarides. Mais, fameux comme il étoit, il n'avoit pas laiffé d'être vendu dans la fuite pour la fomme d'environ deux mille livres de notre monnoie. On 1'avoit confacré aux exercices publics des citoyens d'Athènes, & par  DE ClCÉ KON, Liv. XII. 307 d'un lieu d'exercice, nommé fAcadémie , fitué dans un faubourg d'Athènes, ou les profefleurs de cette école faifoient leurs Jectures& leurs difputes philofophiques. Socrate fut le premier qui bannit de la philofophie les recherches phvfiaues (a), qui en étoient avant lui funique objet, & qui Ja tourna de cet obfcur & difficilé exercice aux queftions de la morale. S'étant propofé le bonheur de 1'homme & de Ia fociété humaine, il concut que les notions les plus nécelfaires étoient celles de la verru & du vice , 8c celle de la différence naturelle qui eft entre' le bien & le mal. Comme il avoit trouvé le monde prévenu des plus fauffes idéés fur des matières fi importantes, il prir pour méthode , non d etablir direcfement fes propres opinions, mais de ré* degrés il avoit été embelli d'allées, de bofqnets, de por^ iiques, & d'appartemens commodes pour Pufage des pro fefleurs & des maïtres de 1'école académique. II s'en trouva plufïeurs qui y pafsèrent toute leur vie, en s'abflenant fi religieufement d'en fortir , qu'ils ne mettoient pas même Iep,ed dans ville. Ep.fam. 4, 12. Plutarq. Vie de Thefi'e, ij. Diogen. Laert. in Plat. 7. Plut. de Exir 603. (a) Socrates id quod conflat inter omnes, primus a rebus occultis & ab ipfa „atura involuds, avocavifle pMofopluam & ad vitam communem adduxifiè ut de vrrtut.bus & vitüs omninoque de bonis rebus & malis quareret, Sic. Md. vit. It. Tufc. QUaJl. y, 4.  So8 HlSTOIRE DE LA VlÈ furer celles d'autrui , Sc d'attaquer les erreurs qui avoienr fair le plus de progrès. Cerre voie lui avoir paru la plus propre a difpofer les hommes au goüt de la vérité, ou (a), ce qui en approche le plus, au goüt du moins de la probabiiité. Ainlï , pendant qu'il faifoit proteffion de ne rien favoir , ii renverfoit les fyftêmes de ceux qui pré'.endoient a quelque réputation de fcience ; Sc les engageant dans une fuite de queftions embarraflantes , il les réduifoit , par 1'enchainement même de leurs réponfes, a quelqu'abfurdité fenfible , qui les metroit dans ï'impoflibilité de défendre (b) plus long-tems leur opiqion. Platon Sc fes partifans ne s'attachèrent point exacjement a la méthode de Socrate , quoiqu'ils fiflent proleftion de le reconnoitre pour leur guide. Au lieu de cette modeftie , qui I'avoir porté a ne rien affirmer Sc a fe bomer en apparence a de fimples recherches, ils formèrent un fyftême (a) E quibus nos id potiflimum confecuti fumus quo Socratem ufum arbifabaTiur; ut noftram ipfi fentenriam tege emus, errore alïos levaremus, & in omni difbutatione quid effet fimilliraum veri qua?reremus. Tufc. Qucefl. 5 , 4. Ir. 1 , 4. (b) Socrates enim perrunctando atque interrogando elicere fo'.ebat opiniones eorum quibufcum diflerebat. De Fin. z, 1.  de Cicéron, Liv. XII. 307 d'opinions (a) , qu'ils communiquèrènt a leurs difciples comme les principes de leur lede. Speufippus, neveu de Platon , héririer de Ion école, & fes fucceffeurs, condnuèrent leurs lecons dans 1'Académie , d'oü ils prirent le nom d'académiques; tandis quAriftote, le plus diftingué des difciples de Platon , fe redra dans un autre collége , qui s'appeloit le Lycée , oü 1'ufage qu'il obferva d'expliquer fa doélrine en fe promenant,' lui fit donner & a fes difciples le nom de péripatétiques. Ces deux feétes, quoique difn'nguees (b) par des noms différens, s'accordoientr dans les principes fondamentaux de leur philofophie. Elles plagoient le fouverain bien dans la vertu , avec une porti'on fuffifante de biens extérieurs. Elles enfeignoient 1'exiftence d'un Dieu , une providence , 1'immortalité de 1'ame , & deux états futurs3 1'un de récompenfe, 1'autre de punidon. (a) Illam autem Socraticam dubïtationem de omnibus rebus, & nulla adfirmatione adhibita confuetudniEm diflèrer.di reh'querunt. Ita fafta eft , quod minimè Socrates probabat, ars qua:dam philofophia: & rerum ordo , & defcriptio difciplina:. Acad. i , 4. (b) Sed idem fons erat utrifque, & eadem rerum expetendarum , fugiendarumque partitio. Acad. 1 , 4 , 6, s. Peripateticns & academicos nominibus difFerentes , re congruentes. Ibid. 2,, y. Viij  JIO HlSTOIRE DE LA VlÈ L'école académique fe foudnt dans cet état fous. cinq maitres qui la gouvernèrent fucceffivement après Platon; Speufippus, Xenocrates, Polemon , Cratès & Crantor. Mais le fixième, qui fe nommoit .Arcefilas, renverla tous les fyftêmes de fes prédéceiTeurs, & rappelant la méthode focratique de ne rien affirmer (a) Sc de douter de tout, il fit voir la vanité de toutes les opinions qui s'étoient établies. La raifon qu'il apporta pour juftifier Ia riéceffité de cette réformation, fut cette même obfcurité qui avoit réduit Socrate Sc les anciens qui 1'avoient précédé, a reconnoitre modeftement leur ignorance; il fit obferver , comme eux , que la fphère des fens eft étroite , la raifon foible , la vie courte , la vérité enfévelie dans les ténèbres , 1'opinion Sc 1'ufage en pofieffion (b) de (a) Arcefilas primum ex variis Platonis libris, termojfibulque Socraticis, hoe maximè arripuit , nihil efie certi, quod aut lenfibus aut animo percipi pofiit. De O reu. 3, 18, ( b ) Non pertinacia, led earum rerum obfeuritate , qua» ad confeflioneni ignorantie adduxerant Socratem , & omnes pcenè veteres ; qui nihil cognofci, nihil percipi, flihil fciri pofle dixerunt; anguflos fenlus ; imbecillos animos ; brevïa curricula vitas ; in profundo veritatem demerfam; opinionibus & inftitutïs omnia teneri; nihil verïtatï relinqui; deinceps omnia tenebris csreumfuia eiïè dixerunt. Acad. 1, 13.  r>e Ci cé kon, Lir. XII. 311 tous les efprits 5 enfin que tout eft couvert d'une épaifle obfcurité. II enfeigna par confécjuent qu'il n'y avoit rien dans la nature qui fut connu parfaitement, & que Terreur ni la vérité n'avoient point de caraclère certain ; que rien n'étoit fi déteftable, fi téméraire , fi fcandaleux pour un philofophe que de fe former des principes faux ou douteux; qu'on ne doit rien affirmer d'un ton dogmatique ; que dans tous les cas il faut fufpendre notre jugement, & renoncer a la certitude, pour nous bomer a des opinions probables, qui font le feul terme oü la raifon puifTe s'arrêter. La fede d'Arcefilas (a) prit lenom de nouvelle académie , pour fe diftinguer de celle de Platon & de celle des anciens académiques. Son crédit s'étoit foutenu jufqu'au temps de Cicéron , par une fucceffion d'habiles profelTeurs , dont le chef étoit alors Carnéades, quatrième fuccelTeur d'Arcefilas. Elle parvint comme au fommet de fa (a) Hanc academiam novam appellant, q%e ufque ad Carneadem perduóta , qui quartus ab Afrféfila fuif, in eadem Arcefila; ratione permanfit. Acad, i , 13. Et hsec in philofophia ratio contra omnia differeTid:, nuüamque rem aperte judicandi, profeöa a Socrate, repetita ab Arcefila, confirmata a Carneade , ufque ad nollram vigiiif artatem. De Nat. Deor. 1,3. Hlnc hsc recentior academia emanavit, in qua extitit divina quadam celeritate ingenii dicendique copia Carneades. De Orat. 3 , 18. Viv  $12. HlSTOIRE DE LA V I E gloire, fous un maïtre dont 1'efprit & 1'éloquence mérirèrent les plus grands éloges de 1'antiquité. II ne faut pas néanmoins s'imaginer que ces académiques paflaftent effecfivement toute leur vie dans le doute, & que flotrant fans celfe dans le fcepticifme & 1'irréfolution, ils demeuraifent fans aucune opinion (a) déterminée ou fans aucune règle de jugement & de conduite. Leurs principes étoient auffi méthodiques & auffi certains que ceux des autres fecfes. Cicéron nous les repréfente dans plufieurs de fes ouvrages : « Nous ne fommes pas , dit-il , de ces philo» fophes dont 1'efprit ne fait que pafler d'erreur 53 en erreur, fans fe propofer aucune fin dans fes 53 recherches. Que feroit-ce qu'une vie palfée dans J5 une fi trifte incerritude , fans règle & fans méJ3 thode pour nos aétions & nos penfées? La dif55 férence qui eft entre nous & les autres, c'eft 33 qu'au lieu de donner a quelque chofe le norn 33 de certain ou dCincertain , nous nous fervons 33 du terme de probable ou d'improbable. Pour33 quoi ne m'attacherois-je point a ce qui eft pro33 bable, & ne rejetterois-je pas ce qui manque de pprobabilité r Pourquoi n'éviterois-je point d'af- (a) Neque enim academici, cum in utramque difFerunt partem, non fecundüm alteram vivunt. Quintil. üv, ï2, i..  de Cicéeon, Liv. XII. 3rj »firmer avec arrogance , pour évirer le re» proche de témérité qui eft de tous les vices 33 le plus éloigné de la fagefle (a) » ; Dans un autre endroit: « Nous n'alfurons point qu'il n'y ait M aucune vérité, mais ieulement que toutes les 33 vérités font mêlées de quelques erreurs, & que 3» les apparences des unes & des autres font li 33 femblables, qu'on ne découvre aucune marqué 33 qui puilïe fervir de règle pour les diftinguer ; 33 d'oü 1'on doit conclure que fans concevoir par33 faitement les chofes , on en trouve ouantité 33 de probables , qui fuffifent pour gouverner la 33 vie d'un homme fenfé (c)... Entre nous, dit-il (a) De Offic. 1 , 2. (b) De Nat. Deor. 1 , y. (c) Academ. z, 3. Cette idéé des principes de 1'académie peut nous mettre en état de décider la fameufe conteftation qui s'eft élevée entre les critiques fur la raanière de lire le pafTage fuivant du Traité de Cicéron fur la Nature des Dieux : De qua tam varia; funt docïijimorum hominum tamque difcrepantes fententiiE , ut magno argumento effe debeat caufam , id ejl, princi* pium philofophias, ejfe fcientiam (infcientiam ) ; prudenterquc academicos d rebus incertis ajfenfionem cohibuif fe. II eft queftion de favoir lï c'eft fcientiam ou infcientiam qu'il faut lire. La plupart des éditions & des manufcrits ont le premier de ces deux mots, mais Alde Manuce & le dofleur Davies préfèrent le fecond, & 1'on fe range ici de leur fentiment, L'intention de Cicéron n'eft-  314 HlSTOIRE DE LA" VlE «encore , Sc ceux qui prétendent connoitre Ia " vérité des chofes, il n'y a que cette différence , » qu'ils n'ont aucun doute de la certitude de »leurs opinions; & que nous au contraire , en »feconnoifTant des probabilités auxquelles nous 35 ne faifons pas difhculté de nous attacher, nous 5» n'avons pas la hardieffe de les donner pour des 33 vérités. Cette manière de penfer garantit notre 33 jugement de toutes fortes de préjugés, Sc nous 33 difpenfe de combattre pour la défenfe de nos 33 principes; au lieu que les partifans des autres 33 fectes fe trouvent attachés a certaines doctrines ssavant qu'ils ayent pu difcerner quelle eft la meil- elle pas de relever cette maxime fondamentale de fa fecte, E LA V I E il que la modération doit être obfervée dans tous les fentimens , Sc Plurarque , qui étoit attaché a leur fede (a), nous apprend qu'ils refpedoient beaucoup cette ancienne maxime; M»eTeV uydv, Ne quid nimis. Comme cette école ne combattoit particulièrement aucune des autres, Sc qu'elle leur étöit oppofée a toutes , ou plutót qu'elle étoit en général 1'adverfaire de tous les dogmatiques chaque fede lui donnoit volontiers après ellemême, la préférence fur toutes les autres ; Sc de ce droit a la feconde place (b), qui lui étoit accordée par toutes fes rivales , elle pouvoit conclure avec alfez de raifon qu'elle en avoit un fort jufle a la première. En effet, fi 1'on jette les yeux fur 1'état du paganifme , Sc fi 1'on fait réflexion aux plaintes que les plus fages faifoient eux-mêmes des ténèbres dont ils éroient environnés, Sc aux difputes continuelles qui les divifoient fur les points les plus imporrans de la ( d) In Lib. de Ei apud Delp'n. 3S7. It Lib. de primo Frigido fin. (b) Academico fapienti ab omnibus carterarum feftarum lecundz partes dantur; ex quo poteft probabi'iter confici eum refte primum effè luo judicio, qui omnium coeterorura judicio fit fecundus. Fragm. Academ. ex Augujl.  de Cicéron, L i r. XIL 317 religion & de la morale (a) , on r-econnoïtra néceflairement que la philofophie académique étoit non-feulement la plus fenfée & la plus mode fte, mais la plus propre, par fa manière de raifonner, a découvrir quelques rayons de la vérité. Son caraótère étoit d'encourager fes partifans dans leurs recherches, d'en pénétrer 1'objet jufqu'au fond, &c de balancer la valeur de chaque argument, jufqu'a ce qu'elle en eüt trouvé le véritable (b) poids. C'eft ce qui porra Cicéron , dans un a>e avancé, & dans toute la maturité de fon jugement, a quitter la vieille académie pour s'attacher a la nouvelle. Après avoir connu par une longue expérience la vanité de toutes ces fectes qui fe vantoient de pofleder la vérité, & d'être les feuls guides de la vie ; perdant enfin 1'efpérance de parvenir a quelque certitude , il fe crut trop heureux, pour fruit de toutes fes peines (c), de pouvoir s'attacher du moins (a) De Natur. Deor. i , 1,3. Academ. 1,3,1, 13. (b) Neque noftrse difputationes quicquam aliud agunt, nïfi ut, in utramque partem differendo , eliciant & tanquam exprimant aliquid quod aut verum fit , aut ad id quam proxime accedat. Academ. 1,3. (c) Relidam a te veterem jam , traftari autem novam» Ibid. 4. Ultra enim quo progrediar , quam ut verilimilia videam, non habeo : certa dicent hi , qui & percipi ea poiïè dicunt, & fe fapientes profitentur. Tufcul. Qucejl.  318 HlSTOIRE DE IA VlE au probable. Cependant le génie & Ie cara&cns général des deux académies étoient encore a peuprès les mêmes. Quoique Pancienne fit profeffion d'un fyftême déterminé , c'étoit toujours avec beaucoup de défiance & de précaution , & fi la nouvelle en étoit différente, c'étoit feulement paree qu'elle poulfoit beaucoup plus lóin le fcrupule. II fuffit de lire les écrits de Platon (a ) , premier maïtre de 1'ancienne, qui fuivant la re' marqué de Cicéron, « n'affirme jamais rien fans 3» réferve, ne donne rien pour certain , examine a» librement une queftion , & difcute fans partia»lité les divers fentimens». Mais on peut ajouter une autre qualité de cette phiiofophie , qui devoit y conduire auffi naturellenzen; Cicéron. De toutes les fecfes, elle étoit la plus favorable a 1'éloquence , paree que 1'ufage qu'elle avoit établi de difputer pour &c conrre chaque opinion , donnoit a 1'orateur une occafion admirable d'exercer fes talens , & d'acquérir la facilité de traiter ï , 9. Sed nee in maxirais rebus, quidquam adhuc inveni firmïus quod teperem aut quo judicium meum dirigerem , quam id quodcumque mihi iimiiiimum veri vide^ retur, cum ipfum ijlud verum in occulto lateret. Orator, fin. . (a) Cjajus in libris nihil amrmatur, & in utramque partem multa difleruntur , de omnibus quaritur, nihil $erti dicitur. Jcadem, i, 13.  de Cicéron, Liv. XII. fur le champ toutes fortes de fujets. II l'appellspar cette raifon la mère de 1'élégance & de 1'abondance. II déclaré qu'il doit toute fa réputation dans Part de parler (a), non aux regies méchaniques des rhétoriciens , mais aux principes nobles Sc étendus de 1'école académique. Cependant cette célèbre école étoit prefqu'abandonnée dans la Grèce , Sc n'avoit a Rome qu'un petit nombre de partifans (b), lorfque Cicéron s'en rendit le protecfeur , & s'efforga de lui faire reprendre fon ancien luftre. Elle impofoit a fes difciples la pénible obligation de difputer contre chaque fecte & fur chaque point de philofophie : Sc s'il étoit difficile , remarque Cicé- (a) Itaque mihi temper academia; confiietudo de omnibus rebus in contrarias partes differendi, non ob eam caufam folum placuit quod aliter non poiïêt quid in quaque re verifimile fit inveniri, fed etiam quod eflet ea maw xima dicendi exercitatio Tufc. Quccfl. 2,3. Quint. Ego autem fateor me oratorem, fi modo firn, aut etiam quicumque firn , non ex rhetorum officinis, fed ex academia: lpatiis extitiffe. Orator, fub init. Nos ea philofophia plus utimur, qua; peperit dicendi copiam. Procent. Paradox. O) Quam nunc propemodum in Gra;cia intelligo.. .1 Nam fi fingulas difciplinas percipere magnum eft, quanto majus omnes > Quod facere iis neceffe eft quibus propofitum eft, veri reperiendi caufa , & contra omnes philofóphos & pro omnibus dicere. De Nat. Deor. I, y.  320 HlSTÖIRE DE LA V I E ion O"), d'en combattre une feule avec avantage, combien ne 1'étoit-il pas de les vaincre routes ? II n'eft pas furprenant qu'avec des loix fi rigoureufes, 1'académie füt abandonnée dë toutes parts a mefure que la mollelTe & le goüt du plaifir devenoient des paflions dominantes. Cette altératiorj des mceurs & des fentimens difpofoit tout le monde a la doctrine d'Epicure : fur quoi 1'on trouve dans Lae'rce un aflez bon mot d'Arcefilas. On lui demandoit pourquoi les épicuriens faifoient O) D'ogen. Laert. de Arcefila. Diogènes Laerce & qu-elques écrivains poftérieurs parient d'une troifième académie qui tenoit comme le milieu entre les deux autres : fiir quoi les modernes ont fait Platon chef de la première , Arcefilas de la leconde , & Carneades de la troifièmes ( Voyez Carneades , dans la Vie des Philofophes , par Stanley. ) Mais cette diftinction parok peu réelle, puifque Cieéron n'en nomme que deux , Pancienne & la nouvelle , & qu'il déclaré expreiïemsnt que la feconde lubfiffoit de fon tems fous la méme dénomination , c'eft-adirs, fous Carneades comme fous Arcefilas; & loin de divifer leur école en trois académies , Philon , maitre de Cicéron, fondé lur la reffemblance du génie & des principes de Pancienne & de la nouvelle , foutint confiamment dans fes ouvrages qu'elles ne devoient palTer que pour une feule école. Academ. i , 4. Perturbatricefn autem harum omnium rerum academiam, hanc ab Arce-j fila & Carneade recentem exoremus ut fileat. De Legib* n- tant  tant de conqtótes dam to„res les fea„ „ ■ v-erfe ld«= generale de Ia «Rii^r . • , céron frrefwi j piHiofophie de Ci- *r > a- n ■ " "Jeicrupuie iur cet am>lp & nafFedcr point d'être obftur da.s S «on de. fes principes C'eft- I, , IexP,iCa- * la différence de W tl * & *** -tirade de f£S lect 1. D " ^ ^ J'in" croient ponvoir firer indiffir > Js bpmions, de fes haran^es de , ;emabIes de fes lettres. ■ ' de 'eS dlai°g«es & Toutes fes hardngüês font dans le ,enre in «We; c'eft-a-dire, aü'eües font " ? de repréfenter I, - blen moins i P 3 Venteqiïe de^^ir avec X  3il HlSTOIEE DE LA' Vis* avantage tout ce qui peut. être utile a i'intérêt de fon cliënt; car c'eft au (a) juge que le foin de la vérité eft confié par les loix. On chercheïoit donc en vain les véritables fentimens d'un avocat dans fes plaidoyers. La nature de 1'ouvrage ne le permet pas , & Cicéron même s'explique la-deflus aflez ouvertement pour nous öter 1'efpérance de découvrir les fiens par cetre voie : «On fe trompe beaucoup, dit-il (6), fi 1'on » juge de nos véritables opinions par les difcours 33 que nous prononcons au barreau. C'eft le lan33 2ao-e du tems & des affaires , dans lequel il 33 ne faut chercher ni 1'homme ni 1 avocat. M les 30 caufes pouvoient s'expliquer d'elles-mêmes, elles *3n'auroient pas befoin du miniftère d'un ora» teur. On nous emploie pour dire publiquement, 93 non ce que nous voudrions afliirer de notre >5 propre autorité , mais ce que demande I'intérêt » de la caufe & du cliënt^. Quintilien fe conformant a ces idéés (c), penfe auffi, que 1'orateur O) Jud'.cis eft temper in caufis verum fequi; patroni rionnunquam verlfimile , etiam li minus fit verum defendere : quod fcribere prsfertim cum de philofophis fcnberem , nifi idem placeret graviftimo ftoicorum Pan«etio. De Ojfic. i , T4- (Jj S d errat vehementer , fi quis in orationibus noftris , quas in iudiciis habuimus , auftoritates noftras confignatas fe ^abere arbitratur, &c. Pro A. Cluent. jo. É CicéroNj Liv. XII }ls med.tanc.ns & par Jes com fidom P fapW Ceft ce qu'il nous déclaré lui-même dans fon Trairé du fouverain bien & du fouve«n ««al dans celui dc la nature des dieux, dans es Tufculanes & dans fon livre de Ia PhilofoPh-e academique. II y fait q(Ielquefois Jg ^ dun ftoraen, quelquefois celui d'un épicurien , ou dun penpatéticien, pour expliquer avec plus Jpo.dsles différentesopinions de chaque feL& comme il fe couvre du nom de - futer plus facilement les autres, il reprend auffi Par mtervalles fon caractère d'académique pour es combattre tous; d'oü il arrivé fouv.ent qu'un ecfeur .„eonfidéré, qui ne fait pas dattention i a nature du dialogue, s'imagine que c'eft toujours Cicéron qui parle; & dans certe erreur il prend pour fes véritables opinions celles d'autrui que Oeéron ne cite que pour les réfuter. Ma.s dans ces dialogues, comme dans tous fes autres ouvrages, lorfqu'il fait profeffion de rraiter parncuhèrement quelque fujet, ou lorfqu'il ClJ^iJ^^^ feit - nS h busexpHcandam pmavi; m P J£* arl eCUS, & Hd IaUdem dvitat]'S' res ta« tamque pr.claras latinis etiarn literls contineri. De Nar ^or x, 4. j. r«^«/, 1 J 3 3 4» X iij  326 HlSTOIRE DE LA VlE' qu'il parle directement ou fous le caraclère dVca* démique s on peut s'aflureï qu'il esplique fes propres fentimens. S'il ne parolt pas lui-même fuï la fcène,il prend foin ordinairement de nous infonner fous quel caradère il défend fes principes, C'eft le principal interlocuteur qu'il choffit prefque toujours pour le repréfenter ; CraiTus, dans le traité de 1'Orateur , Scipion , dans celui de la République , Caton dans le dialogue fur la Vieilleffe , &c. Avec cette clé, on paiviendra infaillibtlement a connoïtre fa doclrine , en diftinguant fes véritables opinions dans toutes les parties de fes ouvrages. Mais faifons nous-mêmes 1'elfai de cette entreprife. Sur la pbyfique & la philofophie naturelle , il penfoit comme Socrate, que des recherchés trop détailiées & capables de fixer uniquement notre attention, étoient une étude moins utile qu'amufante, & qui contribuoit peu a perfeélionner la vie hürtiaine, Ce n'eft pas qu'il n'eüt approfondi les divers fyftêmes de tous les anciens philofophes qui s'étoient fait quelque réputatiori , & qu'il ne les eut même expliqués dans fes écrits mais il (a) croyoitne pouvoir faire un meilleur ufage (a) Ut enim modo dixi, omnibus fere in rebus , & maxime in phyficis, quid non fit, citius quam quid fit, dixerlm. De Nat. Deon i, n. Academ. 3?.  de Cicéron, Lir.Xll. i2J ie fon loifir qu'a former de nouvelles opinions ou du moins qu'a les écrire. Cependanr on peut obferver dans l'idée qu'il nous donne de ces fyftémes, qu'un grand nombre de principes fondamentaux de la nouvelle philofophie, donc on artribue la découverte aux modernes, ne font que d'anciennes notions, qui étoient familières aux premiers philofophes dont l'hiftoire nous a confervé les noras; telles par exemple , que le mouvement de la terre, les cntipodes, le vide (a), la gravitation univerfelle ou la qualité attracfive de la matière , qui foutient Ie monde dans la forme & dans 1'ordre qu'il conferve. A 1'égard des grands points de religion & de morale qui ont un rapport plus immédiat & plus néceffaire au bonheur de 1'homme, tels que l'exiftence d'un Dieu, la réalité d'une Providence, e'Immortalité de l'Ame, Vétatfutur de récompenfe & depunhion, la différence éternelle du bien & du mal, Cicéron s'eft expliqué nettement dans plufieurs endroits de fes écrirs. II foutenoit 1'exiftence d'un premier être, ou d'un Dieu, incorporel, érernel, exiftantpar lui-même, qui a créé le monde par fon pouvoir, & q„i le conferve par fa providence. II croyoit cette vétiré bien érablie par le confenrement général de toutes les nations , par la beauté & O) De Natur. Deor. 2, 4j. Academ. z , 38, > dita mocu fempiterno. Tufcul. Qucefi. i , 17. Sed omnes gentes una lex & fempiterna & immortalis continebit ; Unufque erit qua/1 magifter & imperator omnium deus. Fragm. I. 3. de Prepub. Ut porro firmiffimum hoe adferri v detur , cur deos elfe credamus , quod nulla gens tam fera cujus mentem non imbuerit deorum opinio ..... omni autem in re confenlio omnium generum lex nature putanda eft. Tufcul. Qucsfl. 1 , 14. Plarc igitur & tam innumerabilia cum cernimus , poffumufne dubitare quin his prafit aliquis vel effèctor, fi ha;c nata funt, ut Platoni videtur , vel, fi témper fuerunt, ut Ariftoteli placet, moderator tanti operis & muneris. Ibid. z2. Id eft primum quod inter omnes , nifi admodum impios, convenit , mihi quidem ex animo exeri non poteft , elle deos. De Nat. Deor. 3 , 3. EiTe praftantem aliquam aeternamque naturam , & eam fufpiciendam admïrandamque hominum generi, pulchritudo mundi, ordoque rerum coeleftium cogit confiteri. De Divinat. z , 71. Qua: quan-, tq confilio gerantur, nullo confilio afiequi polTumus. De. Natur. Deor. z , 3 8.  Cicéron, Liv. XII. frj ne peuvent pénétrer la profondeur de cette fageiTe qui a produit tant de merveilles. II croyoit auffi la réalité d'une providence , qui veilloit conltamment a la confervation du fyftcme univerfel, & dont les foins en embraffoient toutes les parties. II lui attribuoit une attention particuliere fur la conduite & les actions des hommes, en laiiTant néanmoins la direction des êtres inférieurs au cours des loix générales. Ces conclufions lui paroiiToient couter nécefïairement de la nature 8c des attributs de 'la divinité, qui ne pouvoit abandonner ni négliger ce qu'elle avoit une fois produit (a); & , fans cette perfuafion, il foutenoit qu'il ne' pouyoic fe trouver dans le monde, de piété ni de religion. II n'étoit pas moins perfuadé de 1'immortalité de 1'ame & dc fon exiftence féparée après la mort dans un état de bonheur ou de misère. II tiroit ( a) De maxima autem re eodem modo : divina mente atque natura mundum univerfum atque maximas ejus partes adminiftrari. De Fin. 4, y. Quam vim animum eiTe dicunt mundi , eandemque eiTe mentem fapientiamque perfectam , quam deum appellant; omniumque rerum qnz funt ei fubjefta;, qua/i prudentiam quandam , procurantem cceleftia maxime , deinde irt terris ea qua; pertinent ad homines. Academ. i, S. De Nat. Deor.' i, t > 44 , z > C6, 3 , 36,  JjO HïSTÓIRE DE È A V r E cette certitude du défir ardent de vivre, qui eft commun a. tous les hommes , Sc plus encore de cette paffion pour 1'immortalité qui fe déclaré dans les grandes ames, règle aflez juflepour connoitre en général la nature de toutes les autres: il la riroit de 1'eflence même de 1'ame, qui eft indivifible, paree qu'elle eft fans mélange Sc fans compofition ; de fes facultés naturelles, telles que Ia force de fe mouvoir, la mémoire , 1'invention, 1'efprit, la compréhenfion , Sc le raifonnement , quaiités (a) qui font incompatibles avec la pefanteur Sc finfenfibilité de la matière. Les ftoïciens fe figuroient que 1'ame é*oir une fubftance ignée Sc fubtile qui coKtinuoir de fub* lifter après la deftrudtion du corps , mais dont la durée n'éroit point éternelle. Ils en fixoient la fin au tems de la cor.fommation générale, qui devoit fe faire par les Hammes. Sur quoi Cicéron (a) Quod quidem ni ha le haberet, ut animi immortales effent, haud optimi cuiufque animus maxime ad immorulitatem niteretur. Cat. 2,3. Num dub'tas quin fpecimen natura; fapi debeat ex optima qu^que natura? Tuf. Qua/1. 1, zt.. Sic mihi perfuafi , fic fentio , cum tanta celeritas animorum fit, tanta memoria prxteritorum futurorumque pruder.iia , tot artes, tot fcientis, tot inventa, non poffé eam naturam qua; res eas cont'.neat, eiTe mortslem ; cumque femper agitetur animus, &c. Cat. si. Tufcul, Quceft. i, *}, ij , 36. De Atnïcit. 4,  B E C I C É R O K5 L I V, XII. 331 remarque (a) qu'ils accordoient la feule chofe qui étoic difficile a concevoir; c'eft-a-dire 1'exiftence de 1'ame féparée de celle du corps; & qu'ils rejeccoienc ce qui fe comprenoic beaucoup plus facilement, & ce qui fembloit n'êcre qu'une conféquence du même principe , fon éternelle durée. Ariftote penfoit qu'outre les quatre élémens du monde matériel, dont tout le refte étoit compofé, il y avoit une cinquième nature, une effence diftinguée, qui étoit propre a la divinité & a 1'ame des hommes, & qui n'avoit rien de commun avec tous les autres êtres (l>). C'eft a cette opinion que Cicéron paroït s'êcre actaché. II s'explique avec une noblelfe & une netteté admirable dans fes Queftions Tufculanes : «Ce n'eft 33 pas , dit-il, fur la terre qu'il faut chercher l'o33 rigine de 1'ame. Sa nature ne renferme rien de 33 mixte, de marériel, & de terreftre , rien qui (a) Zenoni ftoico animus ignis videtur. Tufcul. Quczft. 1, 9. Stoici autem ufuram nobis largiuntur, tanquam cornicibus; diu manfuros aiunt animos, temper negant.... qui, quod in tota hac caufa difficillimum efi , fufcipiunt, poffe animum mr.nere corpore vacantem : illud autem quod non modo facile ad credendum e£ï, led eo conceiïb quod volunt, confequens idcirco non dant, ut cum diu permanferit ne intereat. Bid. I, 31, 32. O) Ibid. 10.  $3 2 HlSTOIEE DÉ LA VI É fc>reffemble a i'eau , a 1'air, ni au feu. Tous ces "êrres ne font capabies ni d'intelligence ni de fc» penfée, ni de mémoire. Ils n'ont rien qui les »3 rende propres a retenir le pafte, a prévoir 1'a» venir, & a faire ufage du préfent; qualités pu» rement divines, & qui ne peuvent avoir été » communiquées a 1'homme, que par Dieu même. » Ainfi ia nature de 1'ame eft d'une efpèce parti53 culière , diftinguée réellement de celle de tous 33 les êtres. Tout ce qui fent, qui penfe , qui 33 vit & qui fe remue, doit ê^re célefte & divin , >3 & par conféquent doit être érernel. Dieu même, 33 dont nous découvrons fi clairement 1'exiftence 33 ne peut être compris que fous l'idée d'un ef'3 pric pur & dégagé de tout, mélange corrups» tible , qui obferve tout , qui donne le mouMvemenr a tout, & qui trouve au-dedans de lui— 33 meme le principe de fes propres mouvemens. »'L'ame humaine eft de la même nature (a) 33. De 1' immortaÜté de 1'ame , Cicéron concluoit la néceffité d'un érat furur de récompenfe & de punition. Les attributs de Dieu & la condirion de 1'homme dans cette vie mortelle concouroient également a lui faire trouver fa conclufion fi probable, qu'il ne croyoit pas qu'on put former ladeflus le moindre doute ; a moins , dit il, que 1'ame ne puiiTe être éblouie par la lumière qu'elle (a) Ibid. 17,  tos Cicéron, 1,iv. XII. 333! Trouve en elle-même, comme les yeux le font(a) quelquefois en regardant fixemenc le foleil. II fuivoit pour guides, dans cette opinion, Platort & Socrate , [a dont le jugement lui paroilToit G. 33 refpeélable, que s'ils s'étoient bornés a décla33 rer leur fentiment , fans le foutenir, comme »ils avoient fait, par d'excellentes preuves (b)> 33 il n'en auroit pas été moins convaincu par le »feul poids de leur autorité. II nous apprend » qu'a 1'heure de la mort, Socrate déclara qu'il m y avoit deux chemins ouverts a 1'ame , lorfqu'elle 33 fe féparoit du corps : que ceux qui s'étoienc 33 livrés a 1'excès des plaifirs fenfuels , & qui s'é-> 33 toient fouillés par des vices privés ou par des 33 crimes publics contre leur patrie, prenoient 33 une route obfcure & détournée , loin du féjour 33& de 1'alfemblée des dieux; tandis que ceux 33 qui avoient vécu dans 1'innocence , & qui s'é33 toient préfervés de la conragion du corps en » s'élevant par 1'efprit a 1'imitation des dieux, •3 trouvoient une voie douce 5c facile pour monter (a) Nee vero de hoe quifquam dubitare pollet, nilï idem nobis accideret diligenter de animo cogitantibus ? quod his fscpe ufu venir qui acriter oculis lolem in uerentur , ut afpeftum omnino amr.terent, 8tc. Tufcul. Qucefi. x, 30. (b) Ibid. 11. de Amicït. 4,  334 HlSTOIRE DE LA VlE a> jufqu'a ces mêmes dieux, donc (a) ils avoient =o tiré leur origine On s'imaginera aifément, après cetce explication , quel cas Cicéron devoit faire de la religion de fon pays. Un efprit pénécré de tant de grands principes , n'étoit guère capable de troiiver la moindre apparence de vérité dans un culte fï abfurde. La liberté qu'il fe donne , & que tous les anciens écrivains fe donnoient comme lui (3) de tourner én ridicule &c leurs dieux, Sc les fi&ions de leur enfer, marqué affez qu'ü fuffifoit d'avoir recu une éducation libérale pour confidérer la religion établie, comme un fyftème politique , dont toute 1'utilité fe rapportoit au gouvernement, & fe bornoit a contenir le peuple dans 1'ordre. Sous ce point de vue, Cicéron la tecommande toujours comme une fage infh'tution , qui convenoitparticulièremer.tau génie romain (c)t {a) Ibid. 30. (h) Dic,quaï(b, num te illa terrent ; triceps apud inferos Cerberus, Cocyti fremitus, tranfvectio Acherqntis? Adeone me delirare cenfes ut ifta eredam ? Ibid. 1 , 5 , 6 il. Qua: anus tam èxcors inveniri poteft , qus 21a qua; quondam credebantur apud inferos portenta extime:cat ? De Natur. Deor. i , t. (<;) Ordiar ab harufpicina , quam ego reipublicse caufa communifque religionis colendam cenfeo. De Divin. i, 11. Nam & majorum infiituta tueri Cicris ceremoniiique  de Cicéron, Liv. XII, 335 & ne cefle pas d'en louer 1'exercice & les maximes , comme Ie devoir de tous les bons citoyens. La religion des romains avoit deux branches principales, Tobfervation des aufpices & le culte des dieux; la première inftituée par Romulus 5 cell e-ci par Numa, fon lucceiTeur, qui dreffa un rituel ou un ordre de cérémonies pour les diffé- retinendis fapientis eft. Ibid. 71. De Leg. 1, n , 13. On trouve dans Poiybe une réflexion qui s'accordé fort bien avec le fêntiment de Cicéron : ,Le plus g-and avantage, dit-il , que le gouvernement de Rome eut fur les autres états, confifloit dans 1'opinion que le peuple romain avoit des dieux; & cette manie qui efl fi décriée parmï tous les autres mortels, la fuperflition , foutenoit la république romaine. Elle étoit portée fï loin , dans les arEures publiques & particulières, qu'on ne doit point être furpris de (ês effets. Cependant je fuis perfuadé que tout ce qu'on appeloit religion a Rome n'avoit été inflitué que pour la populace j car fi 1'on pouvoit fuppofer une fociété fo-mée de fages , ces lortes de (yflêmes feroient peu necelTaires. La multitude étant toujours emportée, toujours agitée par des défirs illicites , par des reiïëntimens furieux & par des paffions violentes , il n'y avoit point de moyen plu; sür pour la contenir , que de lui infpirer des terreurs fecrètes par toutes ces fictions tragiques d'enfer, de furies & de tourmens. C'étoit donc par une infigne prudence que les anciens avoient pris foin d'étabür toutes ces idéés , que les modernes , ajoute Poiybe , s'eforcent témérairement de détruire. Polyb. liv. 6,pag. 457.  3 3^ HlSTOlRE de ea'Vtfi rens facrifices des divinités étabiies. Dans Ja füfr* on jotgnit a ces deux parties de Ja religion un trotfième miniftère, qui regardoit les avertiiTemens divins par les prodiges, par les naifiances monftrueufes (a), par les entrailles des bêtes & les prophéties des fibylles. C'étoit le collége des augures qui préfidoit aux aufpices, comme 1'interprete fuprême des volontés de Jupiter , & qöi déterminoit quels étoient les %nes malheureux ou propices. Les autres cas de religion & touc Ce qui concernoit le culte public (b), ou privé, appartenoit au tribunal des autres prêtres. Les miniftres de la religion étoient chöifis entre la première nobleffe de Rome , & les augures fur-tout étoient communément des fénateurs du rang confulaire, qui avoient palTé par toutes les dignités de la république. Leur autorité fur les aufpices leur donnoit le droit d'arrcter toutes les affaires , & de rompre les affemblées du peuple. (a) Cum omnis populi romani religio in facra & aufp.cia divifa fit, tertium adjunctum fit, fi quid predictionïs caufa ex portentis & monflris fibyll* interpretes, harut pices-ve monuerunt. De Nat. Deor. 3, 2. ( b) Curfacrispomifices, cur aufpiciis augures prefunt 2 Ibid. 1, 44. Eft autem boni auguris meminifle maximis relp. temporibus p^fto eflè debere , Jovique optimo max>mo fe confii1ariuna atque adminiltrum datum. De Leg- Pour  de Cicéron, Zjf. XII. 337 Pour la garde & l'interprétation du livre des fioylles, on choimToit dans le collége des prêtres dix perfohnes du rang le plus diftingué, qai portoient le nom de décemvirs. Le troifième minïflère, c'eft-a-dire, 1'interprétation des prodiges & 1'inipection des entrailles, étoit exercé par les haruipices, qui étoient aux gages du public, & qui accompagrtant les magiftrats dans tous les facrifices, ne manquoient point de conformer leurs iéponfes aux vues de ceux qui les employohmt & dont Ia prorecfion les faifoit fubiïfrer. Cet établiifement de religion, dans un état oü le peuple étoit haturellement fuperftitieux , mettoit comme nécelfairement la difpofition de toutes les affaires entre les mains du fénat 5: des perfonhes du plus haüt rang, qui pouvoient lans ceffe ufer de leurs avantages pour arrêrer les violences de la populace & les faclieufes entreprifes des tribuns (a). Auffi le voit-on continuellement applaudi & recommandé par Cicéron ^ comme le fondement de lordre & le rempart de la république, quoiqu'il n'y reconnut, avec tous les gens fenfés, qu'une invention humaine -' '■ - 1 •.» - O) Omnibus magiflratibus aufpicia dantur, ut muitos inutiles comitiatus profcabiles impedirent mors: fepè enim pópuli impetum injuffum aulpicii; dii immorjtalcs reprefferunt. De Leg. 3 , 11. Tom lFt X  3 38 HlSTOIRE »E LA Vlï & un fyftême de pure politique. La feule partie dont i'origine paroiflbit fujette a quelques difficultés, étoit celle des augures ou de 1'art de deviner par les aufpices (a). Les ftoïciens fe figuroient (a) Duo funt enim divinandi genera, quorum alterum artis eft , alterum nafura; Eft enim vis & natura quidam , qua; cum obfêrvatis longo tempore fignificationibus, turn aliquo ïnftinftu inflatuque divino futura prasnunciat. De Divin. i, 6. Ibid. 18. Cet art eft fort ancien , car nous le voyons défendu par Moyfe au chap. 17 du Lévitique , & au 18 du Deutéronome. Les grecs 1'avoient appris des chaldéens , & les toCcans s'y rendirent enfuite fort habiles. Mais les romains avoient tant de confidération pour les augures, qu'il étoit expreffément ordonné de fuivre leurs ordres ou leurs avis; Auguri parento. De Leg. liv. 2. Romulus avoit compofé un collége de trois augures feulement, tirés des trois tribus dans lefquelles il avoit d'abord partagé le peuple romain. Servius en ajouta un quatrième. Ils étoient tous de race patricienne jufqu'a 1'an 454, lorfque fous le confulat de Q. Apuleius Panfa & de M. Valerius Corvinus, les tribuns du peuple demandèrent qu'on élevat les plébéiens a la dignité d'augures; ce qu'on leur accorda après quelque conteftatïon, & 1'on en créa cinq du peuple. Ainfi ce collége des augures fe trouva compofé de neuf perfonnes jufqu'au tems de Sylla , qui en augmenta le nombre jufqu'a quinze, felon Florus & Tite-Live ; & fêlon d'autres, jufqu'a vingt-quatre. Ils étoient fous 1'autorité d'un doyen, qu'on appeioit Magifier Collegii Augurum.  bh Cicéron, Liv.XlI. 3}9 'qüe Dieu, par bonté pour les hommes, avoit imprimé dans la nature des chofes, certains carac- Un peu de détail fur la manière de prendre les augures , fera connoitre jufqu'od alloit la fuperflition romaine. On' en diflinguoit trois efpèces : augurium , aufpicium, & tripudium foliftimum. Lorfque les augures favorifoient une entreprife , on les appeloit Profpera , cSc les augures étant confultés , répondoient, id aves addicunt; mais lorfqu'ils étoient contraires, on les nommoit Adverfa , infaufla & pïacularia , & les augures répondoient, id. aves abdicunt. Si les augures fe préfentoient d'eux-mêmes & fans que 1'augure y fit attention , on les nommoit OblL tiva; que s'ils ne fe préfentoient qu'après les avoir deman.' dés, on les appeloit Impetrata. L'augure qu'ils tlroieiy: des phénomènes qui paroiiïbient dans les airs étoit le plus confidérable & le plus folennel, paree qu'il ne pouvoit fe réitérer le même jour, & qu'il rompoit toutes les affemblées, de forte qu'un magiflrat qui vouloit empêchet une affemblée du peuple , ou la faire différer, faifoit afficher par les carrefours qu'il obferveroit ce jour-la les fignes du ciel. Alio die dixerit. Le fénat abolit enfin cet abus. Cette forte d'augure qu'ils appeloient augurium de ccelo oafervare de coclo, fe prenoit des fignes extraordinaires* & fubits qu'ils remarquoient dans le ciel. Or parmi ces fignes, il yen avoit qu'ils nommoient Bruta ou Vana, qui ne pronofliquoient rien; d'autres nommés Facidica qui promettoient du bien & du mal 3 & de ces derniers les uns étoient appelés Confüiaria, paree qu'arrivant lorfqu'on idibéroit de quelque affaire, ils fembloient la confeijler:  ■$4° HlSTOlRE DE LA VlE tères qui fe rapportoient a 1'avenir, comme dans" les entrailles des bêtes, le vol des oifeaux , le les autres Auclorhativa ou aucloritatis , qui venant après la chofe faite , la confirmoient & Fapprouvoient. II y en avoit enfin d'autres nommés Pofiularia , qui demandoient qu'on réitérat les facrifices ; d'autres Monitoria, qui avertiffoient de ce qu'il falloit éviter. Plutarque nous apprend que Metellus, fouverain pontife, défendoit de prendre les augures après le mois d'aoüt , paree qu'en ce tems-la les oifeaux muent , & tous les mois de 1'année ïmmediatement après les ides, paree que la lune commence è décroitre; enfin tous les jours après midi. Le lieu ovi 1'on prenoit 1'augure étoit élevé, & pour cette raifon il fe nommoit Templum, Arx, ou Auguraculum. II y avoit hors de Rome un champ defiiné pour cela , nommé Ager effatus,, luivant la remarque de Servius fur Virgile. Lorfque tout étoit difpofé pour la cérémonie , 1'augure dans fon pavillon , revétu de fa robe augurale appelé Cccna ou Trabea, tenant en fa main droite fa litue , qui étoit le baton augural, cqurbé par le bout d'en haut, a peu prés comme la croiTe des évéques & des abbés, s'étant alïis , il portoit la vue autour de lui, & marquoit les quatre parties du ciel avec ce baton , tirant une ligne de 1'orient nommée Anüca, une a 1'occident, appelée Poftïca, & une autre de travers , du midi au lêptentrion, nommée Dextra & Siniftra. Cette cérémonie achfvée, il facrifioit aux dieux, leur faifant cette prière: Jupiter Pater, fi efi fas ut tua figna ■nobis certa & clara fint int er eos fines quos feci. Après cela 1'augure fe remettoit fur fon fiège, Sc demeureit  t>e Cicéron, Liv. XII. 341 tonnerre & les aucres fignes céleftes , & que par une longue obfervation, ces connoiflances attentif a regarder de quel cöré & de quelle manière viendroit un figne du ciel. 11 fe faifoit alors un grand filence, chacun joignant les prières & fes voeux a ceux de 1'augure. Cette pratique fait entendre Pexprefïïon latine federe augurem , qui veut dire anendrt 1'augure, ou quelque figne pour connoitre la volonté des dieux. Si les fignes paroifToient a gauche, ils étoient favorables, paree que fuivant Donat. ( fur le premier livre de 1'Eneïde , V. 3 60 ) , ils venolent alors de la droite des d'ieux. Les foudres qui pafToient du feptentrion a Porient étoient de mauvais augure ; au contraire , ceux qui alloient de i'orient a 1'occident étoient heureux. S'il ne faifoit que du vent , ils remarquoïent de quel cóté il venoit, le regardant comme le melTager des völoatés du- ciel. Quelquefois il attendoit- que les dieux ratifiafient un préfage par quelque nouveau figne. ( .Eneïd. 1. 11, v. 691.) Ce qui fe faifoit pour les fignes du ciel fe pratiq'uoit auffi pour les oifeaux. On appeloit particulicrement cet aagure , Ofclnutn , & ceux qui le pr-êrtoiw», Ofcines. La différente manière dont les oifeaux vololent , les faifoit- nommér tantót finlfira , de mauvais augure; tantót funebres ou arcula , funefles & qui défendoient quelque entreprifè j tantot clivia:, qui montroient que i'exécutïon feroit difficile ; tantót remores , qui la retardoient; tantót inebres , qui y apportoient quelque obflacle 5 & tantót enfin altera, quand un fecond préfage détruifoit le premier. Dans les grandes affaires de la république , on confïiltoit lss fignes du ciel, dans celles de la guerre Je vol , le ga7.0uillem.ent des oifeaux , & leur manière de prendre leurs aümens, Si- Y ui  34* Histoire t>e la' Vie ayant été réduites en art} chaque caractère ou chaque figne pouvoit être appliqué a 1'événement dans cette vue, ils nourriiïbient des poulets dans des cages, qu'ils nommoient poulets facrés , & qu'ils faifoient ordïnairement venir de 1'ile de Négrepont. Celui qui avoit foin de ces poulets , s'appeloit Pullarius. Le conful l'avertiffoit de préparer tout pour prendre l'aufpice. II jetoit enfuite du grain aux poulets; s'ils le prenoient avec avidité , en trépignant & 1'écartant ca & la , l'aufpice étoit favorable. Si au contraire ils refufoient de manger & de boire, l'aufpice étoit funefte. Voici la formule dont ils fe fervoient pour prendre l'aufpice, confultant toujours quelque perfonne intelligente dans ces fortes de divinations. Quinte Fabi, te volo mihi in aufpiciis effe, ou in aufpicium adhibere : dicito fi filentium effe videtur. Quintus Fabius, je veux que vous me ferviez a prendre l'aufpice ; dites-moi fi toutes les cérémonies ufitées en pareil cas, ont été exactement oblervées, & fi l'aufpice n'efl pas défeétueux. II répondoit: Silentium effe videtur. Rien ne manque. Dicits fi pafcuntur aves ,■ quec j aut ubi; attulit in cavea pullos pullarius. Dites-moi encore fi les oifeaux mangent & 014 ils mangent ? 8c fi le pouletier a apporté les poulets dans la cage. II y avoit un collége de trois eens augures. Clément Alexandrin veut que les phrygiens ayent été les premiers qui obfervèrent le vol des oifeaux , qu'on appeloit Prcepetes , comme on nommoit Ofcines ceux qui obfèrvoient le chant & la manière de manger..... Les trois oifeaux les plus confidérables étoient le corbeau, !a corneiile & le hibou. Après eux venoient 1'aigle, le yautour, le milan, &c.  de Cicérón; I/r. XII. 343 qu'il fignifioir. C'eft ce qu'ils appeloient la divination. artïficieUe, pour la diftinguer de la naturelle , qu'ils regardoient comme un inftinct, ou comme 1'eftet d'un pouvoir que 1'ame avoit recu de la nature , & qui n'agiflbit jamais avec plus de force que dans les fonges & dans la folie ,, oü 1'ame étoit comme dégagée des liens du corps. Mais cette notion étoit tournée en ridicule par tous les autres philofophes ; & dans le college A Fégard des arufpices , qui devinoient par 1'infpeétion des entrailles , on croyoit les tofcans li habiles dans cet art, que, fuivant le témoignage de Cicéron, le fénat envoya dans la Tofcane fix jeunes gens de families nobles pour y recevoir cette forte d'inflruftion. II rapporte ( Divin. liv. i ) qu'un payfan labourant la terre, & le coutre de la charrue ayant pénétré plus avant qu'a 1'ordinaire, il vit qu'une motte prit la figure d'un jeune enfant, que les habitans appelèrent e Cicéron, Liv. XII. 34? s'étoient éclaircies, on avoit abandonné cette opinion 5 ce qui n'avoit point empêché les légifla-; teurs & les fages de la confeiver , paree qu'elle étoit utile a la république (a ). Mais quelqu'origine qu'on veuille donner a la religion de Rome, celle de Cicéron lui venoic fans doute du ciel, puifqu'elle avoit pour fondement un Dieu , une providence , & 1'immortalité. II confidéroit ce court efpace, dans lequel notre vie eft renfermée , comme un état d'épreuve, ou comme une école, dans laquelle nous devons' nous former, & faire nos préparatifs pour cette éternité d'exiftence qui nous attend après la mort. II nous croyoit ici placés par la main du premier êcre(3):« Moins pour habiter la terre (a) Non enim fumus ii nos augures, qui avium reliquorumque fignorum obfervatione futura dicamus 5 & tarnen credo Romulum , qui urbem aufpicato condidit, habuiffè opinionem eiTe in providendis rebus augurandi fcientiam. Errabat multis in rebus antiquitas, &c. De Divin. *,33- (b) Sed credo deos fparfiffe animos in corpora- humana , ut effent qui terras tuerentur , quique coelettium ordinem contemplantes, ïmitarentur eum vitae modo & conftantia, &c. Cato xi. Nam cum c^teras animantes adjeciffèt ad paflum , folum hominem erexit, ad ccelique quali cognationis domiciliique priftini confpeftum excitavit. De Leg. 1, p. Ipfe autem homo ortus eu ad mundum  HlSTOIRE DE EA VlE »que pour contempler Ie ciel, oü tous nos de-voirs font tracés en caraétères intelligibles. II «obfervoit que ce fpecfacle ne pouvoit conve» mr qu4 Phomme , puifqu'il eft le feul animal qUI Dieu ait donné une figure droite, avec » des yeux, q„j ne font pas tournés vers Ia terre - comme ceux de tous les autres animaux, mais «qui s'élèvent naturellement vers le ciel, pour » 7 regarder fans ceffe le lieu d'ou il eft defcendu . vers lequeI y eft rappeJé par de » efpérances». Le fyftême de funivers & tous les ouvrages fenfibles de Ia main de Dieu lui paroilfoient une déclaration de fa loi, & unc explication de fes volontés. Comme il en avoit "re la certitude de fon exiftence, & la connoif«ance de fa nature & de fes attributs, il croyoit qu on en pouvoit recueillir auffi les motifs & Ia fn de fes actions, pour apprendre a nous conduite par fes exemples, & pour trouver dans les opérations dc fa fageffe le moyen de perfectionner la nótre, puifque Ia perfection de fhomme confïfte effecfivement dans fimitation de Dieu. C'étoit de cette fource que Cicéron tiroit l'o- contemplandum , & imitandum , nullo modo perfeftus, fed eft quidam particula perfedi. De Nat. Deo-. 2 14, fo.  de Cicéron, Liv. XII. 347 ïlgïne de tous les devoirs, & la règle de toutes les obligations morales (a). La volonté de Dieu manifeftée dans fes ouvrages, la raifon éternelle , la convenance & le rapport de toutes les chofes qui exiftent, tels étoient les principes dont il ne faifoit que développer les effets & les conféquences. II les appelle la première loi, la loi im- (a) Sed etiam modeftiam quandam cognitie- rerum eceleftium adfert iis, qui vïdeant, quanta fit etiam apud deos moderatio , quantus ordo 5 & magnitudinem animi, deorum opera & fa&a cernentibus : juftitiam etiam cum cognitum habeas quid fit fummi rectoris & domini numen, quod confilium , qua: voluntas, cujus ad naturam apta ratio vera illa & fumma lex a philofophia dicitur. De Finib. 4, Nos legem bonam a mala, nulla alia nifi natura: norma dividere pofTumus. Nee folum jus & injuria natura dijudicantur , fed omnino honefia ac turpia : nam & communis intelligentia nobis notas res efFecit; eaPque in animis noflris inchoat , ut honefia in virtute ponantur , in vitiis turpia. Ea autem in opïnione exiflimare, non in natura pofita , dementis eft. De Leg. 1 , 44. Erat enim ratio profefta a rerum natura; & ad refte faciendum impellens, tk a deliéto avocans 3 qua: non turn demum incipit lex efie , cum lcripta efl, fed turn cum orta eft : orta autem fimul eft cum mente divina ; quamobrem lex vera atque princeps apta ad jubendum atque ad vetandum, reéta eft ratio fummi Jovis, &c. Ex quo intelligi poteft eos qui perniciofa & injufta populis j-affa defcripfèrint, cum contra fecerint quam polliciti profeftique fint quidvis potiug tulifle quam leges, Sic, De Leg. z , 10 , &C«  $4$ ïfrsïoÏRE i)Ë la Viè" muable, Ia règle infaillible pour difcerner U bien & le mal, le jufte & l'/njuue ; règle imprimée dans la nature, modèle ineffacable de toutes les loix humaines. S'imaginer, ajoute-t-il, que Ia diftinction du bien & du mal na pas fon fondement dans la nature, & qu'elle n'eft qu'un eifet de la coutume, de i'ópïnión , ou de route autre inftitution des hommes , c'tft un aveuglement, une folie capable de renverfer la fociété , & de confondre parmi les hommes toutes fortes de droirs & de juftice. Les fages de tous les tems (a) , dit-il encore, ne fe font-ils pas accordés dans ces notions ? Ils faifoient profeflion de croire que 1'efprit de Dieu qui gouverne 1'univers par fon éternelle raifon , eft la principale & fouveraine loi , dont les fubftituts fur la terre font 1'efprit & ia raifon des fages-. Tous les écrits de Cicéron font remplis de ces admirables paffages : «la vraie loi, dit-il (b) » dans un fragment de fon traité de la République, ^ (a) Hanc igitur video fapientiffimqrum fuiiïè fapientiam , legem neque hominum ingeniis excogitatam , nee fcitum aliquod elle populorum , fed xternum quiddam , quod umverfum mundum regeret, imperandi prohibendi-». que fapientia, &c. Ibid. &c. (i>) Fragment. Lib. 3, de Repub, ex Lactantio,  de C i c ê k d s, Liv. XII. 34$ 43 eft la droite raifon , conforme a la nature des 33 chofes, conftante } éternelle, répandue dans tout » ce qui exifte, qui nous appelle au devoir par 33 la force du commandement, qui nous éloigné 33 du pêché par celle de la défenfe, qui ne perd 33 jamais fon influence avec les bons, & qui 33 ne peut la conferver avec les méchans. Elle 33 eft fupérieure a. toutes les autres loix. II n'y 33 en a point de nouvelle qui puifte 1'abroger , 33 foit entièrement, foit en partie. Ni le fénat 30 ni le peuple ne peuvent nous difpenfer de fon 33 obfervation. Et nous n'avons pas befoin pour 33 Tentendre, d'autre commentaire ni d'autre inter33 prête qu'elle-même. II ne faut pas croire qu'il 33 y ait une loi a Rome & une autre loi a Athènes ; 33 une loi préfente & une loi future : c'eft la même 33 loi, la loi éternelle, immuable , qui comprend 3» tous les tems & toutes les nations, fous Dieu , 33 le maitre & le principe univerfel. II eft 1'in» venteur, le promulgateur & le foutien de cette *>loi. Quiconque refufé d'obéir, doit avoir com33 mencé par renoncer a lui-même , & par fe dé33 pouiller de la qualité d'homme. Ce feul exces 33 eft un rude chatiment , quand on pourroit fe 33 dérober a tous les fupplices qu'on eroit préparés 33 pour les méchans 33. Dans un autre ouvrage , il nous avertit que 1'étude de cette loi eft 1'unique moyen de nous bien remplir de la plus importante  350 HlSTOIRE DE EA V I E de toutes les lecons (a) , celle de nous con-i noïtre nous-mêmes ; c'eft-a-dire , de connoitre la vraie nature, Je rang qUe nous tenons dans notre fyftême univerfel , & pour quelle fin nous nous trouvons placés dans ce monde. « Quand » un homme, dit-il, a jeté une vue attentive fur le » ciel, fur Ia terre, fur la mer, & fur-tout ce qu'ils - renferment, qu'il a obfervé d'oü ils viennent, oü » ils tendent, comment ils doivent finir , ce qu'ils » ont de mortel & de périlfable , ce qu'ils contien»nent de divin & deternel; quand il s'eft élevé " & ^ a prefqu'atteint a I'auteur & au prin» cipe de tour ce qui exifte autour de lui, & « que tournant les yeux fur lui-même, il 'voit » qu'il n'eft pas renfermé dans letroic efpace » d'un lieu borné , mais que le monde eft une « ville commune dont il eft citoyen; dans cette » magnifique perfpective , avec une connoilfance " fi e'tendue de la nature, grands dieux ! qu'il ^apprendra facilement a fe connoitre lui-même! » Qu'il faura bientöt méprifer, rejeter , compter » pour rien ce qui paroït le plus fplendide Sc » le plus glorieux aux yeux du vulgaire » ! La religion & la morale de Cicéron étoient fondées fur ces principes. Ils jettent une lumière éclatante dans tous fes ouvrages; mais ils fe («) De Legib. I, ij.  be Cicéron, Liv. XII. 3jt' rrouvent expliqués avec plus d'étendue dans fes traités du Gouvernement & des Loix, auxquels il ajouta dans la fuite celui des Offices, pour rendre fon fyftême complet : ouvrages, traités , qui méritent, comme le premier des deux Plines le difoit a fon empereur, non-feulement d'être lus (a), mais d'être appris par coeur , & de n'être jamais oubliés. Le plus confidérable de ces traités, celui du Gouvernement , s'eft perdu, a la réferve de quelques fragmens. II y avoit expliqué fi nettement fes véritables idéés, que dans une lettre a Atticus, il appelle les fix livres dont cet excellent ouvrage étoit compofé, des garans de la droiture de fon coeur, qu'il n'avoit pas fait difficulté de donner a fa patrie, &c fur lefquels il n'auroit jamais la hardieffe de jeter les yeux, s'il étoit capable d'oublier fes (b) propres principes. Dans fon livre des Loix, il continue de traiter le même fujet, & 1'origine de la loi eft toujours pour lui la volonté du Dieu fuprême. Ces deux ouvrages contiennent donc fa doelrine, & fon (a) Qua? volumina «jus edifcenda, non modo in manibus habenda quotidie , nofli. Prcefat. ad Hifi. Nat. (b) Prafertim cum fex libris, tanquam prxdibus , meipfum oburinxerim, quos tibi tam valde probari gaudeo. Ad Att. 6,j. Ego audebo legere unquam aut attingere sos libros, quos tu dilaudas, fiiaje qujd fecero? Ibid. t.  •$ 5 Z H I S T O I R E DE LA V I Ë livre des Offices nous repréfente fa pratique. II è tracé dans celui-ci les devoirs de 1'homme, ou la règle d'une vie conforme aux divins principes qu'il s'eft efforcé d etablir dans les deux autres. Auffi renvoie-t-il fouvent fon lecleur a ces deux ouvrages (a), comme au fondement de tout fon fyftême. Ses Offices font un de fes derniers écrits , compofé particulièrement pour 1'inftruction de fon fils i a qui il 1'adreiTe, comme le recueil des maximes, par lefquelles il s'étoit gouverné , Sc qu'il lui lailfoit vers le déclin de fa vie pour lui fervir de modèle. Si les chrétiens n'ont point de lumière a tirer des principes de fa morale & de 1'application qu'il en fait aux diverfes circonftances de la vie humaine, ils peuvent trouver du moins dans fa pratique le fujet d'un jufte reproché. La doctrine qu'il enfeigne'a fon fils eft cette loi dont parle faint Paul, tracée par la namre dans le coeur des gentils, pour les guider au travers de 1'ignorance & des ténèbres dont ils fe plaignoient eux-mêmes, jufqu'au tems d'une plus parfaite révélation des volontés divines. Ce fyftême tel que Cicéron Pexpofe , eft affurément le plus complet qui ait jamais été connu du monde idolatre. C'eft le plus grand effort que la nature humaine ait pu faire pour s'élever vers la fin qui lui convient, {al 9ffi*i, l, 6t 17, yers  b£ Cicéron, Li y. XII. 35$ Vers ce bien fuprême qui eft Fobjer de fa deftirration. Erafme, en contemplant les fübiirhes vérités qui venoient d'un payen ne doutoic pas que le cceur d'oü elles étoient forties n'eüc été infpiré de Dieu mème. Malgré tant de glorieux fentimens que nous attribuons a Cicéron, & qUj font puifés dans ks propres écrits, il s'eft trouvé des cenfeurs qui fes ont pris pour des fieurs d'éloquence plutöc que pour des concluiïons de fa raifon, paree que dans quelques autres endroirs de fes ouvrages , il femble marquer non-feulement de ia défiance' mais même de 1'incrédülité fur les grands points de lïmmortalité de 1'ame, & d'un état futur dé punition Sc de récompenfe. On allcgue particulièrement fes lettres, oü 1'on fuppofe qu'il ex. pliquoit les fecrets de fon ame avec plus .<«) Quid alüs accidat riefcio; me legentem fic afficere fokt M. Tuiiius , prifertim ubi de bene vivendo dlfferit ut dubitare non poffim , quin illud pedus, unde ifla prol dierunt, aliqua divinitas occüparit. Erafm. Ep. ad Joarz. Vlatten. (b) Sspiffime & legi & audivi, nihil mali eiïe ih mortej in qua fi refidéat fenfiis , immortalitas illa potius quam nrors ducenda eft ; fin fit amiftus, nulla vidèri miferia debeat qui „o„ re„t;a£ur. Ep.fam. ifïè.XJi hoe faltêm w maxirms malis boni confequamur , ut mortem, quani etiam beati contemnere debeamus, propterea quod nullum Tomé Ift, 2  3C4 HlSTOIRE DE LA VlE d'ouverture. Mais comme les paflages dont on appuie cette objection, & dans lelquels il parle fënturn efiet habitura , nunc fic affefti, non modo contemnere debeamus, fed etiam optare. Ibid. n. Sed Iikc conlolarid levis; illa gravior , qua te uti fpero , certe mor : nee enim dum ero , angar ulla re , cum omnivacem culpa; & fi non ero, fenfu omnino carebo. Ibid. 6,3. Deinde fi jam Voces ad exitum vitas, non ab ea republica avellat qua carendam eiTe doleam , prefertim cum id fine ullo fenfu futurum fit. Ibid. 4. Una ratio videtur , quidquid evenerit, ferre moderate , praefertim cum omnium rerum mors fit extremum. Ibid. zi. Sed de illa fors viderit , aut fi quis eft qui curet deus. Ad Att. 4, 10, Cette idee des principes moraux de Cicéron , doit nous faire fèntir la force d'une règle qu'il nous prefcrit fou-. vent : celle de fuivre la natur;, comme le gu:de le plus fidéle & le plus infaillible de la vie. ( De Legib. 1 , 6. De Senec. z. De Amicit. 5. ) II entend par-la cette loi ou cette volonté de dieu qui le manifefle dans la nature des chofes : & non pas fuivant 1'explication de quelques commentateurs, les mouvemens de nos pafïions déréglées , auxqueiles on donne fauffement le nom de naturelles, quoiqu'eües ne foient que les mouvemens de nos appétits vicieux , & que loin d'être 1'ouvrage de la nature , elles ne foient que celui de i'habitude. Le dérèglement qui nous livre a leur tyrannle eft plus contraire a la nature, fuivant la doctrine de Cicéron , & par conféquent doit être évité avec plus de foin que la pauvreté, la douleur & même la mort. De Offic, 3 , % , 6.  & CrcéRON, Lïr. Xft. ?fj fcrredivement de la mort comme d'un terme aui dela duquei 1'homme n'a plus rien l piétendre fe rrouvent dansdiverfes letrresde confolarion qu'il 'écrivoir a des amis malheureux, les commentateurs rtrodérés n'y décoiïvrenr que cette fentence cömimune: «La mort eft la fin de toutes les chofes * du moniIe > & 'ne lailfe aucun fentiment de ce * qui fe fait für la terre ». . . .» Si 1'on prétend 'que ces expreffions renfermenc 1'entière deftruc"rion de notre être , on doit obferver auffi què Cicéron écrivoit próbablement a des épicuriens, & qu'il mefuroit fes argumens a leur caractère (a)h 'en prenant de leur philofophie même les morifs de confolarion qu'ils croyoient les plus efficaces-„ Mais quand cette raifon feroit fans force, il faudroir fe fouvenir que Cicéron éroit de la feéïe académique , & qü'en faifanc profeffion de croire un état furür, en chérjffant cette opinion , ert declarant qu'il ne 1'abandonneroic jamais (b), il (a) Cette réflexión ne paroitra point fans vraifemblance , fi I'o„ Fait arehtion que ia plupart des patriciens & dés amis de ( icéron étoient en efFet de Ja fecte d'Epicure, partxufèrement les Torquatus, auxquels deux de ces iettres font adrefïl'es.. ... Accurate quondam a L. Torq.,ato , homine omni doftrina erudito, defenfa eft Eplcéri fententia de voluFtate, a meque ei refponf m. De Fin. 1,5. (t>) Quod Cx in hoe erro quod animos hominum.Immor, Zij  35^ HlSTOIRE DE LA V I g ne la traitoit néanmoins que d'opinion probable.5 Comme la probabilité renferme toujours un mé* lange de doute, & qu'elle en admet différens degrés, on concoit qu'elle peut mettre auffi de Ia variété dans Ja fermeté & la conftance de notre perfuafion. Ainfi, dans un moment de mélancolie, lorfque les efprits de Cicéron étoient abattus &C languiffans, il pouvoit arriver que les mêmes argumens ne fiflent plus fur lui la même impreffion ; les difficultés Sc les doutes prenoient 1'afcendant, 5c ce qui fe faifoit le plus goüter de fa raifon étoit ce qui flattoit alors fon chagrin. Les lettres qu'on prend foin de citer font de cette nature •, c'eft-a-dire , écrites dans un tems d'infortune, oü tout paroiflbit déclaré contre lui, dans le plus grand éclat de la fortune de Céfar : & quand on conviendroit qu'elles ont toute la force poffible, & qu'elles expriment ce que Cicéron penfoit dans ces fombres momens, elles prouveroient tout au plus que fuivant le caractère & les principes de fa fede , il doutoit tales efie eredam , lubenter erro. Nee mihi hunc errorem, quo detector , dum vivo, extorqueri volo. Cat. 13. Geram tibi morem , & ea qua: vis, ut potero , explicabo: nee tarnen quafi Pythius Apollo certa ut fint & fixa qua: dixero : fed ut hominibus unus è multis, probabüia conjectura fequens. TufcuU Quafi. c. 9.  ï)ë Ci Cé ron, Liv. XIÏ. 3 57* quelquefois de ce qu'il croyoit habituellement. Mais dans quelque fens qu'on les veuille prendre , il y auroic auffi peu de raifon que de juftice » oppofer quelques idees jetées comme au hafard, dans des occafions oü fon fujet ne le conduifoit point a. des recherches bien méditées, aux volumes qu'il a compofés avec de profondes & tranquilles réflexions fur 1'autre cöté de la queftion (a). (a) II nait de cette idéé générale de la religion de Cicéron , une réflexion qui tervira peut - être a corriger ce qu'il y a d'excelïïf dans la penfée d'Erafme. C'eft que 1'état le plus exalté de la raifon humaine étoit fi éloigné de rendre inutile 1'ufage de la révélation , qu'il prouvoit au contraire le befoin d'en obtenir une plus explicite & plus étendue. Quoique la loi naturelle, dans la perfeétion ou Cicéron Pavoit comprite , parut un guide fuffifant pour quelques efprits diftingués, tels que le fien, elle avoit éié corrompue dans tous les hommes par tant d'erreurs & de Vtces, qu'il n'avoit pu Ia découvrir lui-même que par de longs effbrts ; & tout ce qu'il en avoit pu tirer pour 1'avenir étoit une efpérance plutót qu'une perfuafion. D'ailleurs le rede des hommes , & la plupart méme de ceux qui avoient de 1'amour pour la vertu & la vérité, viVoient lans la connoiflance de dieu & de 1'avenir. La multitude étoit plongée dans une groflière idolatrie. Ce n'étoit point par les idéés particulières d'un philofbpheque tant de ténèbres pouvoient être éclaircies. Toutes ces réflexions montrent quelle reconnoiffance nous devons a Dieu pour le préfent qu'il nous a fait de fon évangile. * Z iij  J ƒ 8 HlSTOIRE DE LA Vlg La conduite politique de Cicéron eft a coin vert de routes fortes de cenfures. Jamais ciroyen ne fat plus ferme dans fes principes, & plus conftaDr. dans fon affecfion pour fa patrie. Sou tempérament nature! , le caractère de fon efprit & de fes mceurs, le genre de vie anquel il s'étoit attaché , rendoient fes propres intéréts comme inféparables de ceux du public. Auffi ne varia-t-il jamais dans la vue générale (a) de foutenir la liberté de la république fous la même forme que les romains de fon fiècle lavoient regue dc leurs ancêtres. II étoit perfuadé que 1'état n'avoit point de fondement plus folide que 1'ancienne conftlririon, & rien ne forroit plus fouvent de fa bouche qu'un vers d'Ennius, qu'il ïefpectoit comme un oracle , paree que la confervation de Rome y eft atrribuée a fon attaché-ment pour 1'ancienne difcipiine : ( b ) Moribus antiquis fiat res romana virifque. C'étoit une autre de fes maximes , & fans celle (a) 'Si<„ üut, ml Prs'e , perfuadé me dies & nocles, nihil aliud agsre , nihil curare , nifi ut mei cives falvi lïberique fint. Ep.fam. i, 22. (b) Quem quiiem il'e verfum vel brevitate vel veritata tanquam ex oraculo mihi quodam effatus videtur, Sec. Fragm, de Rep. i j, '  fcl Cicéron, Liv. XII. 359 il la répète dans fes écrits, « que fi la fin d'un 55 pilote (a) eft de faire une heureufe navigation , 35 celle d'un médecin de rendre la fanté a fon ï> malade , celle d'un général de remporrer la vic55 toire ; de même la fin d'un homme d'état eft 33 de rendre les citoyens heureux , d'affermir leur 33 pouvoir, d'augmenter continuellement leurs ri33 cheffes , leur gloire & leur vertu ». II déclaré que de tous les objers de la fociété humaine , cette entreprife eft le meilleur & le plus noble; &C comme elle ne peut réuffir que par la concorde & I'harmonie de tous les membres d'un état (b ) , il s'attachoit conftamment, a réunir les difterens ordres de fa république dans les mêmes vues, 8c a leur infpirer une confiance mutuelle , en établiffant une balance fi jufte entre la fouveraine autorité du peuple & le pouvoir du fénat , que la force légiftative fut d'un cóté , &C le confeil de 1'autre •, c'eft-a-dire, que le pouvoir du peuple füt réglé par 1'influence du fénat. Telle éroit en effet cette ancienne conftitution qui avoit élevé Rome a toute fa grandeur , comme (a) Ut gubernatori curfïis lecundus fic huïc mo- deratori reipub. beata civium vita propofita eil, &c. Viel. ibid. (b) Qui harmonia a muficïs dicitur in cantu, ea efi ïh civitate concordia, ereöiffimum atque optimum omni in republka vinculum insolumitatis, &c. Ibid. I. z. Z iv  'J £o HlSTOlRE DE EA ViE fes difgraces n'étoient venues que du principe: oppofé , qui avoit jeté fouvent la défiance & k divifion entre le fénat & le peuple. La politique de Cicéron fe propofoit donc comme fon principal objet, de mettre 1'afcendant des affaires du, cöté des magiftrats & du fénat (a), autant du moins que cette difpofition pouvoit s'accorder avec les droits & les liberrés du peuple , & dans un gouvernement populaire , ce principe fera toujours 1'objet des fages, & U règle des honnêtes gens. Cicéron ne s'en propofa point d'autre dès le premier moment qu'il prit part aux affaires pubhques, & jufqu'a Ia fin de fa vie il fuivit conftamment la même route. S'il paroït s'en être écarté dans quelques endroits de fon hiftoire , avec un peu de réflexion fur les circonfiances * on trouvera bientót que le changement ne fut jamais que dans fes mefures , &que tendant tou-. jours a la même fin, il fat feulement obligé de céder quelquefois a ia force des conjonótures, a Ia violence du pouvoir, ou perfonneliement aux' juftes égards qu'il devoit a fa füreté. II pouvois (a) Nam fi fenatus domirms fit publici confilii poffit, ex temperatione juris, cum poteflas in pepulo', audontas in fenatu fit, teneri ille moderatus & cencsrc civitatis flatus. De Legib. 3, u.if. i7„  de Cicéron, Liv. XII. fet applsquer a fa conduite ce qu'un orateur athénien difoit pour excufer fon inconftance (a), «qu'a » la vérité dans quelques occafions il avoit agi » contre fes principes , mais qu'il n'avoit jamais 33 agi contre les intéréts de la république 33. D'ailleurs fa philofophie académique n'étoit pas d'mi moindre ufage dans les affaires de la vie civile que dans les fpécularions de la morale. Elle lui donnoit toujours la liberté de fe déterminer fuivant les régies de la nature & les lumières de la raifon ; & quand les tems ou les affaires changeoient de face , elle lui permettoit de changer de conduite, & d'employer de nouveaux moyens pour arriver a la même fin. Les trois fectes qui partageoient alors les philofophes de Rome étoient celles des ftoïciens, des épicuriens & des académiques; & leurs chefs, ou du moins leurs principaux ornemens, étoient Caton , Atticus, &c Cicéron. Ils étoient liés tous trois par une étroite amitié, fondée fur l'eftime qu'ils avoient mutuellement pour leur vertu. Mais la différence de leur conduite fera connoitre par un exemple réel le différent mérite de leurs principes , & lefquels en effet étoient les plus utiles a la fociété. O) Plutarq. De Demade , in vit. Demoit. pag. Sji, Edit. Par.  362 HlSTOIRE E>E LA V I E* Les ftoïciens étoient une fecte de bigots 5c d'enthoufiaftes, qui ne reconnoiflbient de fageiTe & de bonté que dans eux mêmes, qui plagoient Ie fouverain bien dans la vertu, dépouillée même de tous les autres biens, qui croyoient que tous les crimes étoient égaux (a), toutes les fautes contre la juftice également criminelles ; qui ne mettoient point, par exemple , de différence entre tuer un coq fans raifon 5c maiTacrer fon père ; qui prétendoient que le fage ne devoit jamais pardonner, jamais être touché par la colère , la faveur ou la pitié; jamais fe rromper , jamais fe repentir, jamais être fujet a Ia moindre altération dans fes défirs & dans fes penfées. Caton étoit rempli de ces principes lorfqu'il étoit entré dans les affaires ; & fuivant le témoignage de Cicérön (b), « il régla fa conduite 5c fes 33 diicours comme s'il eut vécu dans la répu- (a ) Sapientem gratia nunquam cujufquam delido ignoC csre ; neminem mifericordein effe , nifi ftultum ; viri non effe , neque exorari , neque placari; omnia peccata effe paria , nee minus delinquere eum, qui gallum gallinaceum, cum opus non fuerit, quam eum qui patrem fuffocavit; fapientem nihil opinari, nullius rei poenitere , nulla in re falli, fententiam mutare numquam. Pro Mur&n. 29. (b) D .ciï en;m tanquam in Platoni mAmta., non tanquam in Romuli fcece fententiam. Ad Att. z, 1 , pag. 178.  r>e Cicéron, Liv. XII. 3£3 s> blique de Platon, & non parmi la popu»lace de Rome ». 11 ne diftingua ni les tems ni les affaires. II n'accorda rien a la foiblefle de la république ni au pouvoir de ceux qui 1'opprimoient. Sa maxime étoit de combattre toute autorité qui n'étoit pas fondée fur les loix, Sc s'il ne pouvoir la réprimer , de la traiter du moins avec mépris. II ne conrioiffoit pas d'autre chemin quele plus droit, pour aller l fonbut. Ytrouvoitil des obftacles ? II marchoit du même pas , réfolu de les furmonter ou de périr dans 1'entreprife. Dans fes idees, le moindre mouvement qui Peut détourné de fa ligne, étoit une baffeffe &c un aveu de fa défaite. Vivant dans un fiècle corrompu oü la difcipline & le gouvernement touchoient également a leur ruine, il ofa s'emporter contre la corruption avec un zèle fans mefure , & s'armer avec la dernière obftination contre un pouvoir fupérieur. En vain s'appercut-il que la rigueur de fes principes lui faifoit perdre plus d'amis qu'elle ne lui réconcilioit d'adverfaires, & qu'en irritant le pouvoir qu'il ne pouvoit fubjuguer (a), il ne faifoit que précipirer fa ruine. Après une infinité de pertes & de dif- (a) Pompeium & Cxfarem , quorum nemo alterum audebat offer lere , nifi ut alterum demereretur, fimul provocayit. Senec. Ep. 104.  3*4 HlSTOIEE DE EA Vitf graces, fe trouvant enfin dans 1'impuiiTance abfolue de fuivre fa première route, au lieu de s'en ouvrir une nouvelle, il prit encore confeil de fa philofophie , qui lui dicfta la réfolution dé, fefpérée de fe poignarder. Mais fi les ftoïciens élevoient trop la nature humaine, les épicuriens 1'avilifioient honteufement , & de 1'état héroïque oü les premiers s'efforcoient de la faire monter, ceux-ci la rabailfoient jufqu'a la brutalité. Pour les partifans d'Epicure , Ie plaifir étoit le fouverain bien, & Ia mort éroit la deftruétion abfolue de notre être. Ils placoienr par conféquent le bonheur dans Ia jouifiance paifible & agréabie de la vie , n eftimant la vertu qu'autant qu'elle fert au plaifir & qu'elle peut en alfurer la durée en confervant la fanté du corps & nous conciliant i'efiime &,l'amitié des hommes. Ainfi tous les devoirs du fage fe réduifoient dans leurs principes, a fe procurer une vie aifée, a fuir toutes fortes de peines & d'embarras, a fe dérober aux affaires publiques, & a fuivre pour modèle Ia vie de leurs dieux , telle du moins qu'ils fe Ia figuroient, en pafiant fes jours dans une rranquilliré profonde , au milieu des jardins & des plus délicieufes retraites. Atticus s'étoit déclaré pour ce voluptueux fyftême. II réunifioit dans fa perfonne mille qualités qui pouTOientle rendre utile a Ia fociété, de 1'efprit, du  de Cicéron, Li r. XII. fgf jugement, du favoir , de la bonté, de la carndeur, de la générofité avec le même attachement que Cicéron (a) pour fa patrie , & les mêmes principes de politique. II 1'avoit preffé de fervir letat. II avoit pris plaifir a 1'aider de fes confeils. Cependant il n'avoit jamais pu fe déterminer lui-même a fe donner le moindre mouvement dans les mêmes vues ; ou s'il étoit quelquefois forti de cetre indirférence , il avoit toujours obfervé de n'expofer ni fa füreté, ni fon repos. Quoiqu'il fit profeffion d'aimer tendrement ce grand homme , & qu'il ne lui égalat rien dans fon eftime, il ne lailfa point d'entretenir des liaifons avec le parti oppofé , & de cultiver même famitié de Clodius & d'Antoine, fes plus mortels ennemis , dans la feule vue , fans doute, de fe précautionner contre tous les évènemens, & d'affurer la tranquillité de fa vie, qui faifoit le principal objet de fes défirs. C'eft ainfi que deux hommes d'un mérite diftingué, trompés par de faulfes notions de vertu , qu'ils avoient tirées des principes de leur fecte , devinrent en quelque forte inutiles a leur patrie : chacun dans 1'exeès le plus contraire a 1'autre; 1'un agilfant fans (a) In republica ita eft verfatus , ut femper opimarurn partium & effét & exiftimaretur; neque tarnen fe civilibus fiuflibus committeret, Corn. Nep. Vit» Au. 6,  o,€S HlSTOIRE DE LA VlÊ cefle, & s'expofant a toutes fortes de dangers fanS aucune apparence d'utilité ; 1'autre infenfible a la gloire de fe rendre utile, & déterminé par fon indolence a vivre continuellement dans 1'inaetion. Cicéron prit un temperament entre ces deu* extrémités. Pour fe porter z ce qui lui paroiffoit jufte, il préféra toujours la voie Ia plus convenable & la plus droite , lorfqu'il ]a crut ouverte ; mais s'il y prévoyoit des obffacles, il prenoit celle qui en approchoit ie plus, & qui lui paroiflbit la plus propre a le conduire au même terme. En un mot, dans la politique comme dans la morale, lorfqu'il défefpéroit d'arriver a la vérité , il fe réduifoit a ce qui lui fembloit probable (a). II compare fouvent 1'homme detat au pilote, dont Part confifte a ménager tous les vents, & a faire fervir les plus contraires au progrès de fa navigation ; de forte qu'en changeant quelquefois fa courfe & faifant un circuit (a) Nunquam enim pradfantibus in republica gubefn'anda viris lauaata eft in una lententia perpetua permanfio : fed ut in navigando tempeftati obfequi artis eft, etiam fi portum tenere non queas ; cum vero id poflis rau^ tata velificarione aftèqui , ftultum eft eum tenere curfurrt cum periculo quem cceeris, potius quam eo commutato, quo velis tandem pervenire, &c, Ep. fam. i, ï.  de Cicéron, Lir. Xït 3éy plus étendu , il ptiilTe arriver fürement, quoique plus tard, au terme de fa route. II fait obferver , ce qu'une longue expérience lui avoit confirmé , que tous ces citoyens ambirieux & populaires, qui afpiroient a des commandemens extraordinaires, & qui vouloient fe rendre les chefs de la république, n'avoient tenté de parvenir a leurs fins par la faveur du peuple (a), qu'après avoir elfuyé le refus du fénat. Cette obfervarion étoit vérifiée par toute la fuite des diflèntions civiles, depuis les Gracchus jufqu'a Jules-Céfar. Sur un principe fi conftant, lorfque Cicéron voyoit a la tête des affaires des gens de ce caractère, qui par la fplendeur de leur vie & de leurs acbons , avoient acquis de 1'afcendant fur la populace , il ne ceifoit point d'exhorrer le fénat a les gagner par des complaifances , & a leur accorder volonrairemenr des faveurs qui fuffent capables de modérer leur ambirion & de les décourner des entreprifes défefpérées. II penfoit que la contenrion devenoit une imprudence , lorfqu'elle n'étoit pas d'une utilité manifefte, ou lorfqu'on n'étoit (a) Neminem unquam efl hic ordo amplexus honoribus & beneficiis fuis qui ullam dignitatem pra:ftabilio-> rem ea quam per vos efTet adeptus , putarit. Nemo unquam hic potuit efTe princeps, qui maluerit eiTe popularis. De Provinc. Confular. 16. It, Phil. f, 18.  3éT$ HlSTOïRE DE LA V I E pas fiïr du moins qu'elle ne pouvoit nuire (a)t Mais fi les forces d'une faction emportoient une fois la balanceil vouloit qu'on cefsat de réfiffer , & qu'on ne pensat plus qua tirer quelque bien du mal, en calmant par la patience le pouvoir qu'on n'avoit pu réduire par d'autres voies, & s'il étoit poffible , en le faifant rentrer dans des vues falutaires au public. Sa conduite s'accordoit la-dellus avec fes confeils, & cette remarque explique aflez la complaifance & les ménagemens qu'on lui reproché dans plus d' une occafion, pour divers ufurpateurs de 1'autorité publique. 11 mettoit une jufte diltinétion entre fupporter ce qui ne devroit pas être fouffert C b ) , & donner fon approbation a ce qui mérite d'être condamné. S'il prenoit le parti de fe foumettre a 1'ufurpation , c'étoit toujours fans y confentir ; & Ca) Sed contentio tamdiu fapiens eft quamdiu aut proficit aliquid, aut fi non proficit, non obeft civitati j voluimus quidam, c-ontendimus, experti fumus, non obtenta funt. Pro Cornel. Balbo z7. Sic ab hominibus doctis accepimus, non folum ex malis eligere minima opportere, fed etiam excerpere ex hit ipfis fi quid ineflèt boni. De Offic. i, r. (*) Non enim eft idem ferre fi quid non ferendum eft, & probare fi quid probandum non eft. Ep. fam, 9, 6. dans  Be Cicéron, Lx v. Xll. ^ dans le tems même qu'il cédoit a la force, les plainces amères qu'il en faifoit a fes amis dans fes Jettres , rendoient cemoignage de la violence qu'il faifoit a fes inclinations. Aufll t&voit-ü nas plu* tot la liberté de fuivre fes princ-pes, & d'aaJt avec une certaine indépendance, comme dans ion confulat, dans fon gouvernement, & dans le tems qui fuivit la mort de Céfar , qU'on Ie voyoit briller avec tout féelat de fon caractère excellent citoyen, grand magiftrat, amateur zéi de k patrie, enfin tel, qu'atteftant Atticus, ce fidelle dépofitaire de tous fes fentimens ■ a) ij étoit en droit de dire, cc Qu'il uvoit rendu dW «portans fervices a k république, lorfqu'il en -avoit eu le pouvoir; & que s'il ne 1'av.oit pas «toujours pu, il avoit toujours penié dhinemen» » fur fon devoir * S'il eft donc néceffaire de le comparer avec Caton, comme plufieurs écrivams font fait avec affectarion , il cft Certain que Ia vertu de Caron a plus. d'éclat dans ia théorie mais que celle de Cicéron Fempor;,,lC réelfemen* dans k pratique. L'une étoit romariVque, 1'autre xaifonnable. Caton avoit «ré la 1, „ne des rafinemens de lecole, & celle de Cicéron couioiC Ja) Priclara ,g„ur confciemia fuflent cum £ . me de republlca aut meru;ffe oj.me o certe nunouam „ifi Ceg«alie, M Jt(t t& 1 lome IV, a A a  ?70 HlSTOlRE DE LA Vit des principes de la nature & de la fociété. L'unS étoit fouvent nuifible, & prefque toujours inutüV, 1'autre produifit conftamment des avantages cer- tains , & fervit plus d'une fois au falut de la république. Enfin la mort de Cicéron , quoique violente , ne mérite point le nom de prématurée. C'étoic la fin qui convenoit a fa vie. Une prolongation de quelques années, dont il auroit été redevable k Mare-Antoine, auroit terni fa gloire. Nonfeulement il s'attendoit a fon fort , mais dans les circonftances oü il fe voyoit réduit, c'étoit fans doutê le plus ardent de fes défirs (a). Après avoir marqué de la timidité dans les dangers &C de 1'abattement dans la difgrace, ne le voit-on pas, après la mort de Céfar , comme réveillé tout d'un coup parl'état défefpéré de fa patrie,&reprendre les fentimens d'un courage héroïque (t>) ? II ne connoit plus la crainte , il méprife le danger •, & ne pouvant délivrer Rome de la tyrannie , il excite les tyrans a lui arracher une vie qu'il n'avoit plus (a) Nullum locum prstermitto monendi, agendi, providendi; hoe denique animo fum, ut fi in hac cura atque adminiftratione vita mihi ponenda fit, praxlare aftum mecum putem. Ep. fam. 9 , M. (b) Sed plane animus, dubiis rebus forfitan fuent tnfirmior, defgerati* eonfirmatus eft multum. Ep.fam. U tl.  »e CicÉRONj Liv. XIL 37t èWérêt a conferver. Ainfi , tel qu'un acteur fUI le tnéatre, il s eroit réfervé pour le dernier acte & fatisfait d'avoir joué fon röle avec dignité \ il prit la réfolution de le finir avec gloire. Le caracfère de Marcus, fon Bh, n'eft pas venu è nous fous des couleurs fort avantageufes. Les anciens & les modernes s'accordent a nous repréfenter 1'héritier d'un fi grand nom, commè un homme vicieux & ftupide (a) , jufqu'a faire paffer ce conrrafte en proverbe. Mais lorfqu'oa cherche le fondement d'une tradhion fi fcandaïeufe, on ne le trouve pas auffi bien établi quoa fe 1'imagine. Dans fa jeuneife & pendant tout Ie tems qu'ij pafia fous les yeux & fous la difeipline de fort père , il donna toutes les preuves qu'on peut efpérer a cet age d'un excellent naturel & d'ua efprit au-delfus du commun. II étoit modefte, docile, refpeétueux , appliqué k 1'érude , & fi avancé dans fes exercices, qu'au combat de Pharfale, k peine kgé de dix-fepr ans, il fe diftingua (b) par fon adreiïe a monter k cheval, £ (a) Ciceronem filium qua; res corftulem fecit , nili pater? Senec. de Bene/. 4, 30. Nam virtutes omnes aberant flüpor & vitia aderant. Lipfii Nor. ad locum. (J>) Quo m bello cum te Pompeius alz alteri prrfeaflet, magnam. Jaudem & a fummo viro & ab exercitii Aai/  M HlSTOIRE DÉ LA Vie ïancer le javelot , & par toutes les autres qua; lités militaires. Après la mort de Pompée , il fit le voyage d'Athènes, pour s'y perfeótionner dans 1'étude de la philofophie & des belles-lettres, fous Cratippus , le plus fameux philofophe de fon tems, a qui Cicéron procura dans la fuite le dioit de bourgeoifie romaine (a). A la vénté, dans cet éloignement de Rome , Marcus n'ufa pas bien de fon indépendance. L'ardeur de la ieuneffe le précipita dans quelques folies dépenfes qui chagrinèrent fon père , & dans lefquelles on le croyoit entraïné par Gorgias, fon maïtre de rhétorique , qui aimoit beaucoup le vin & le plaifir. Cicéron reprocha fort amèrement cette conduite a Gorgias, & le déchargea des foins qu'il donnoit a 1'inftruction de fon fils. Mais le jeune Marcus ouvrit bientöt les yeux fur fa folie, Sc •cédant aux lemontrances de fes amis, fur-tout l celles d'Atticus, il reprit tant de goüt pour fon devoir , que Cicéron paya fes dettes (b), & confequebare , equitando, jaculando , omni militari labore tolerando. Ojfic. i, i j- (a) Plutarq. Vie'de Cicéron. (b) Ad Ciceronem ita fcripfifti, ulli ut neque feverius neque temperatius fcribi potuerit nee magis quam quemadmodum ego maxime vellem. Ad Att. ij, ï. iï. i6> ,i, ij, Plutarq. Vu de Cice'ron.  Bk C t C Ê R Ö N , L I V. XII. 37y qu'il augmenta fa penfion annuelle jufqu'a la. fomme d'environ vingt-mille francs. Depuis cet incident on ne trouve que des témoignages avantageux de fa conduite , foit de la part des honnêtes gens d'Athènes, foit dans les relations de plufieurs romains, que leurs affaires conduifoient dans cette ville ; & leurs expreffions font fi fortes qu'on ne fauroit les prendre pour de fimples complimens, par lefquels ils voululfent flatter ie cceur de Cicéron. II marquoit fouvent a fon cher Atticus la joie qu'il en relfentoit (a). Trebonius aliant en Afie lui écrivoit d'Athènes : « Etant arrivé ici le n de mai, »j'y ai vu votre fils, & j'ai eu le plaifir de Je » voir attaché a tout ce qu'il y a d'honnête , » avec i'eftime & l'affeétion de tout le monde. Ne » vous imaginez pas , mon cher Cicéron , que »je cherche a vous flatter. Perfonne n'eft fi gé«néralement aimé que votre jeune homme 1'eft » des athéniens ; perfonne ne s'applique avec m plus d'ardeur a tous ces arts dont vous faites »vos délices, c'eft-a - dire , aux meilleurs. J'en s> félicite & vous & moi, avec autant de vérjté- (a) Csteri praxlara fcribunt. Leonidas tarnen rettnet illud fijum adhuc, fummis vero laudibr.s Herodes Ad Att. 15 , 16. Gratiflimum, quod polliceris Ciceroni nihil defuturum 5 de quo mirabilia Melfala Ibid. 17, A a iïj  374 HlSTÖIRE i)ï IA VlE » que de fatisfaction. II eft heureux pour nousï y> que celui que nous ferions obligés d'aimer, de 33 quelque caractère qu'il put être, foit tel , que 33 nous Paimerions par notre propre choix (2)33^ Mais rien ne caufoit une joie plus fenfible a, Cicéron que les lettres de fon fils. II les trouvoit écrites non-feulement avec le refpect & la tendreffe qui pouvoient toucher le coeur d'un père , mais même avec tant d'exactirude & d'élégance qu'elles méritoient, difoit-il a Atticus , d'être lues dans (b) une affemblée de gens d'elprit; & fi 1'affection paternelle pouvoit lui faire illufion fur d'autres points , il fentoit réellement que ïe favoir & le goüt de fon fils fe perfectionnoient de jour en jour. De toutes ces lettres , qui pourroient fervir de preuves au mérite du jeune Marcus, il ne nous en refte que deux a Tiron. II fuffira d'en traduire une pour faire juger tout a la fois de fon caractère & de fes talens. II avoit alors environ dix-neuf ans : mais on doit fe fouvenir qu'avec un homme de la (a) Ep. fam. n , 16. It. 14. (b) A Cicerone mihi liters fane Tnntmft.iia.1 & bene longa?. Ca?tera autem vel fingi polfunt; tivg« literarum figni£cat doétiorem. Ad Att. 14 , 7. Hercule ipfius literas fic & tpiAoo-Tep>u{ & ivvums ïcriptaj, ut eas vel in acroafi audeam legere ; tmo magis illi indulgendum puto. Ibid. 15,  tefe CiCéêön, Liv. XII 37; Condition de Tiron , il ne pouvoit prendre qu'un ton familier. Marcus Cicéron, a Tiron. J'attendois votre meflager de jour en jour avec la dernière impatience (a). II eft arrivé enfin , après quarante-fix jours de marche, & rien ne pouvoit me caufer plus de plaifir. La lettre de mon père eft fi remplie de bonté 8c de tendrelTe, qu'elle m'a pénétré de joie. La votre y a mis le eomble , de forte qu'au lieu de me repentir d'avoir manqué la dernière occafion d'écrire a Rome , je dois m'applaudir demon filence, qui m'a procuré des témoignages fi particuliers de votre affection. Je fuis charmé que vous ayez gouré mes excufes, 8c je ne doute pas, mon cher Tiron, que les récirs qu'on vous fait a préfent de moi, ne vous caufent une vraie fatisfaction. Tous mes foins & mes efforts vont être employés a confirmer de jour en jour la bonne opinion qu'on commence a prendre de moi •, 8c puifque vous me promettez de publier mes louanges , je vous alfure que vous le pouvez hardiment, fans craindre que je les démente jamais. Je fuis fi humilié de mes erreurs paifées, que non-feulement je les ai prifes en haine, mais que je ne puis en entendre parler (a) Ep. fam. 16, n. A a iv  '37* HlSTOIBE DE IA VlÜ lans honre. Vous avez pris part , dites-vous, a mon inquiétude & a mes regrets. Je ne m'en étonne point; car en me fouhaitanc du bien pour 1'amour de moi-même , vous devez m'en fouhaiter aufïï pour votre propre intérêt, puifque ma réfolution a toujours été de partager avec vous tout Ie bien qui peut m'arriver. Après vous avoir caufé du chagrin, je veux m'attacher préfentement a vous donner une doublé joie par ma conduite. Vous faurez que je vis dans Ia plus intime union avec Cratippus , & qu'il me traite moins comme fon difciple que comme fon fils. Je prends autant de plaifir a fes converfations qu'a fes lecfures. Nous palfons enfemble des jours entiers, & fort fouvent une partie de lanuit; car je 1'engage aufli fouvent que je le puis a fouper avec moi; & comme il eft d'une humeur fort agréable , il met a part toute la févérité philofophique pour fe réjouir fi familièrement avec nous, que la nuit nous gagne fans que nous nous en appercevions. Tachez de nous venir joindre le plutót qu'il vous fera poftible pour jouir d'une fociété fi charmante. Que vous dirai-je de Bruttius ? Je vous alfure que je ne le perds pas un moment de vue. Sa compagnie eft aufti amufante que fa conduite eft exemplaire. II pofsède 1'art de mêler des queftions de littérature dans les converfations les plus enjouées, & d'af faifonner la philofophie de beaucoup d'agrément.  de Cicéron, Liv. XII. 377 J'ai loué pour lui une maifon prés de lamienne, Sc je 1'aide dans fa pauvreté autant que mon petit revenu le permet. J'ai commencé aufïï a déclamer en grec fous Cafïïusi mais pour le latin , je m'exerce plus volontiers avec Bruttius. Je ne vois pas moins familièrement les gens de lettres; qui font venus de Mitylène avec Cratippus. II fait beaucoup de cas de leur favoir-, Epicrare, 1'homme le plus eonfidéré d'Athènes , Léonidas, Sc plufieurs autres perfonnes du même rang , paffent de même une partie de leur tems avec moi. Voila. quels font h peu-prés mes amufemens & mes occupations. A 1'égard de Gorgias , il m'étoit affurément fort utile pour m'exercer a la déclamarion, mais je n'ai rien mis en balance avec les ordres de mon père qui a voulu abfolument que je ceffaffe de le voir. La moindre incertitude lui auroit paru fufpedte, Sc j'ai fait réflexion d'ailleurs qu'il ne convenoit point de délibérer fur le jugement d'un père. Au refte votre zèle & vos avis me touchent fenfiblement. Je recois Texcufe que vous tirez de vos occupations. Je fais que tout votre tems eft bien employé. Vous avez acheté une ferme. Je m'en réjouis beaucoup, Sc je fouhaite qu'elle vous procure toute la fatisfaction que vous en efpérez. Vous ne devez pas être furpris que je choififTe cet endroit de ma lettre pour vous en féliciter, car c'eft le même oü vous m'appre-  HlSTOIRË fig IA VlÊ jnez dans la votre que vous avez fait cette nouveile acquifition. Enfin vous êtes le maïtre d'un lieu oü vous pouvez mettre a part toutes les formalités de la ville, & vous voila devenu, graces au ciel , un romain de 1'ancienne trempe. Je me repréfente déja votre figure, & je me plais a vous voir occupé du foin de vos affaires ruftiques , 'confultant votre fermier , ou porrant dans un coin de votre robe des femences pour votre jardin. Raillerie a part, je luis auffi faché que vous de ce que je me fuis trouvé abfent dans ces circonftances , & je regrette de n'avoir pu vous aflifter. Mais comptez, mon cher Tiron , que je rendrai quelque jour votre fortune aifée fi la mienne répond a mes efpérances, fur-tout connoiffant que vous avez acheté cette ferme pour mon ufage autant que pour le votre. Je vous remercie de la diligence avec laquelle vous avez exécuté mes ordres; mais ayez foin , je vous prie, qu'on m'envoye promptement un copifte , qui fache particulièrement écrire le grec ; car vous ne fauriez vous imaginer combien je perds de tems a tranfcrire. Sur toutes chofes confervez votre fanté, & vivons long-tems s'il fe peut, pour tenir quelque jour enfemble beaucoup de favantes conférences. Je vous recommande Antherus. Adieu. Le jeune Marcus étoit dans cette fituation , lorfque Brutus paffant par Athènes , concut tant  t>e Cicéron, Liv. XII. tf B b  3815" HlSTOIRE DE LA V I E gent & des autres commodités qui leur devoient être néceffaires dans la retraite qu'ils étoient réfolus de chercher en Macédoine. Ils efpéroient de pouvoir exécuter leur deffein avant que la profcription fut commencée , ou palier fecrètement quelques jours a Rome, fans craindre d'y être découverts. Mais la diligence des fatellites d'Antoine , & 1'ordre qu'ils avoient re^u particulièrement de furprendre les Cicéron, 1'emportèrent fur toutes les précautions de la prudence. Ce fut Ie fils qui fut découverc le premier. On rapporte quetant moins inquiet pour fa vie que pour la füreté de fon père, il refufa conitamment de déclarer le lieu de fa retraite; fur quoi les foldats d'Antoine eurent la cruauté de le mettre a la torture. Mais le père apprenant le malheur & la généreufe tendreffe de fon fils, fe hata volontairement de paroïtre pour le délivrer de fes tourmens , & demanda pour unique faveur d'être exécuté le premier. Son fils prefik les bourreaux de lui accorder la même grace, & de lui épargner la douleur de voir malfacrer fon père a fes yeux. Ils fe laifsèrent toucher par un combat fi tendre , & pour les fatisfaire tous deux, ils les prirent a part (a), & les tuèrent dans le même inftant. («O Dio. p. 333. Appian. 601. Plutarq. Vit de Cicéron.  dé Cicéron, Liv. XII. 387 A 1'égard d'Atticus, 1'art qu'il avoit trouvé de mener une vie tranquille dans des tems lï difficiles &c fi tumultueux, confirme l'idée qu'on a donnée de fes principes , & doit le faire regarder comme un maïtre confommé dans cette ap-réable doctrine, qui propofoit le plaifir & le repos pour fouverain bien. On s'imagineroit naturellement que fes liaifons avec Cicéron & Brurus, jointes a la renommée de fes richefles , devoient le faire envelopper dans 1'arrêt de la profcription. II en fut lui-même fi alarmé qu'il demeura quelque tems caché ; mais fes défiances étoient fans fondement. L'intérêt de fon repos lui avoit fait prévoir les maux dont Rome étoit menacée. II avoit fait fort alfidument fa cour a Marc-Antoine ; & dans le tems même de fa difgrace, lorfqu'il étoit chafle de 1'Italie , & que fes affaires paroifioient défefpérées , il avoit rendu d'importans fervices a fes amis de Rome. II avoit pris foin de fa femme & de fes enfans, jufqu'a les affifter de fes richelfes dans 1'extrémité de leurs befoins ; de forte qu'Antoine en arrivant a Rome & dans la chaleur du maflacre3 n'eut pas de foin plus preffant que celui de faire chercher Atticus. Ayant découvert fon afyle, il lui écrivit de fa propre rnain pour calmer toutes fes craintes & 1'inviter alc venir joindre, II lui enyoya même une garde $ Bbij  '3SS HrsToiRE bb ea Vie pour le mettre a couvert de 1'infulte U) Sc d« la violence des foldats. C'eft encore aux foins prudens d'Atticus Sc aux précautions qu'il prenoit continuellement pour affurer fon repos, qu',1 faut attribuer la fuppreflion de toures fes lettres. On admire qu'après une fi longue correfpondance, dont il nous refte feize livres enriers de celle de Cicéron fur les plus grande; affaires de leur fiècle, il n'en paroiffe pas une feule d'Atticus. Mais on n'en doit pas chercher d'autre caufe que le foin qu'il eut de retirer routes les fiennes après la mort de fon ami, Sz de les fupprimer fans exception , dans la crainte qu'elles ne puflènt lui nuire ou diminuer fon crédit auprès de fes nouveaux maitres. Sa tranquillité & fa fortune furent bienröt établies fur (a) Atticus cum Ciceronis intima familiaritate urerefur , amiciffimus eiïet Bruto , non modo nihil iis indulfïc ad Antonium violandum , fed è contrario familiares ejus ex urbe profugientes, quantum potuit, texit.... ipfi au- tem Fuivi* , cum lidbus diftineretur fponfor omnium rerum fuerit Itaque ad adventum imperatorum deforo decefTerat, timens profcriptionem Antonius autem ei, cum requififlèt ubinam efTet, fua manu fcripfit ne timer et, flatimque ad fe veniret ac ne quid pericu- lum mcideret , pr^dium ei mifit. Corn. Nep. in vit. Att. io.  DE C ! C É R O N, I ; r. XII. i un fondement plus folide que celui de fon merite, par le mariage de Pomponia , fa fille unique , avec Marcus Agrippa. II fut redevable a Marc-Antoine de cette (a) haute alliance , qui le fit admettre a la familiarité d'Augufte, par la faveur dAgrippa, miniftre & favori de ce prince j & dans la fuite il eut 1'honneur de s'allier au maïtre même de 1'empire romain , en mariant fa petitefille a Tibère. Ainfi Atticus joignit de la dignité a fon repos , & parvint a une extréme vieillefle par la voie qu'il s'étoit propofée ; heureux, refpeclé , a couvert de toutes fortes de troubles &£ de dangers. Mais s'd vit encore dans la mémoire & dans 1'eftime des hommes, il ne doit cet avantage qu'a 1'amitié de Cicéron; car c'eft au fond la plus glorieufe circonftance de fon hiftoire : & Séneque obferve avec raifon que les épïtres de Cicéron Pont fauvé de 1'oubli (b). «Ni fon » gendre Agrippa, ni Tibère , mari de fa petite- (4) Atque harum nuptiarum , non enim eft celandum, conciliator fuit Antonius. Ibid. ü. Nata eft autem Attico neptis ex Agrippa. Hanc Cxfar vix anniculam , Tiberio Claudio Neroni, DrufiUa nato , privigno fuo defpondit. Qu* conjuncVto neceflitudinem eorum fanxit. Ibid. 19. ( b ) Nomen Attici perire Ciceronis epidola non finunt. Nihil illi profuiffet gener Agrippa & Tiberius progener, & Drufus pronepos ; inter tam magna nomina taceretur,, nifi Gcero illura applicuiflèt. Senec, Epift. *i« Bbiij  390 HlSTOIEE DE LA VlE, &C. "fiüe, niDrufusfon arrière-perit-fils, n'auroient »pas fervi beaucoup a fa gloire, fi k nom de "Cicéron emportant celui d'Atticus a fa p fuite, ne 1'eut comme affocié a fon immorta-. fi lire' 3>. Fm du Tome quatriéme.  T A B L E DES MATIÈRES. Les Chiff'rcs Romains ïndiquent le Volume. Les Chijfres Arabes la page. A _A_ cAnÊ mie , fecte de philofophes a Athèi.es, d'oii elle tiroit fon origine & fon nom , IV , 307 , Note (b). Ses principes fondamentaux , 308. Nouvelle académie, en quoi elle différoit de 1'ancienne, 311. Ses principes, 311 & fuiv. Tenoit le milieu entre les {ïoiciens & les fceptiques, 314. Etoit la plus fenfée de toutes les feétes, 3 j 5; & la plus favorable 3 1'éloquence ,319. Prefqueabandonnée du tems de Cicéron,pourquoi,/^?. & fuiv. Ce qu'on a dit d'une troifième académie, eft fans fondement, 320, Note (a). Ses principes étoient de grand ufage dans la vie civile ; comparaifon qu'on en fait avec ceux des ftoïciens & des épicuriens, 3 61 & fuiv. Aculeo , (C. ) chevalier romain, avoit époufé une tante maternelle de Cicéron, I, 1. Ses deux fils font élevés avec Cicéron ,13. Adoption, conditions qui y étoient requifes, & fes effets , II, 84. Adrien , ( 1'empereur ) mourut dans la maifon Puteo-! lane de Cicéron, IV , 308 , Note (b). iENOBARBUS. ( L. Domitius) Les ttiumvirs lui arrachent le confulat auquel il afpiroit, II, 329. II y parvient enfuite, 35?. .Êschile de Cnide, fameu* orateur, accompagne Cicéron dans fes voyages , 1, 69. Afranius , (L.)_ élu au confulat par les brigues de Pompée , II , 46. Son caractère , 57. Agraria , ( Loi ) ce _ que c'étoit ; inconvéniens qui en réfultoient, I , 2 3 3. Une de ces loix publiée par Céfar , II, 86. Agriculture, ( T) étoit une honorable occupation des premiers romains ,1,9. Bb iv,  5*5 TABLE ftaudtc ,' acte< Antoine , ( Mare) orateur, fiffii g^nd pere du triumvir , eft arge &fa tete clouée a la tri- 4£ bune aux haranguespar ordre. de Alanus, 1,36. .Antoine, (Mare) père du tnumvir. Commiffion extraordinaire dont cn le charge ; il fait une invafon dans l',le de Crete; eft défait, & meurt aorès cette difgrace,I, ioy, 106. Antoine , ( Mare ) étant *ibun, s'oppofe a un décret du enat contre Céfar; il fe rend 'u camp de Céfar, III,9I Son 9*.3. Sa fuite de ■ Reprend le mafque après 'ignement des conjurés, 373. te 1'Italie pour engager les rans a fon fervice, 383 ?e pernicfeux qu'il fait dii stdufénatquiconfirmoit les de Céfar, ^A&fuiv. Se dutréfor public ,-417. Sou Jt feduit Dohbella ,418, Marqué du mépris pour*  DES MATIERES. Octave ,437. Propofê au fénat Hntraité avec S. Pompée, 4jo. Entreprend d'öter a Brutus & a Caffius les gouvernemens de Macédoine & de Syrië, 466. Invite Cicéron a fe trouver a une affemblée du fénat; fur fon refus Antoine le menace , 467. Répond a la première Philippique de Cicéron , 471 & fuiv. Elève une flatue a Céfar, 478. Fait malfacrer trois eens centurions ; fès emportemens contre Octave & Q. Cicéron Ie fils , 487 , 48 8. II abandonne la ville dans le defTein de s'emparer de Ia Gaule Cifalpine ,489. Affiège D. Brutus dans Modène , 497 & fuiv. Le fénat lui députe des ambaffadeurs, IV, 14, 15, 19. Refufé de recevoir les ordres du fénat; conditions qu'il propofe aux ambaffadeurs , 25 , 26. PrefTe vigoureulement D. Brutus dans Modène , 73. S'efforce d'ébranler Ia fidélité d'Hirtius & d'Octave , 83 &fuiv. Remporte quelqu'avantage fur Panfa; eft défait par Hirtius, 124 & fuiv. Eft mis entièrement en déroute par Oéiave & Hirtius dans une feconde bataille ; il fuit vers les Alpes , 138, 139. Eft recju par Lépidus, 17r. Forme la ligue du fecond triumvirat avec Ofrave & Lepidus, 218 & fuiv. Confent a la profcription de fon oncle; revue fommaire de fa conduite depuis la mort de Céfar , 2 3 f & fuiv. récompenfè qu'il donne pour Ia tête de Cicéron ; il la fait attaeberala tribune, 242,243, Antoine , ( C. ) frere du triumvir, eft battu & fait prin fonnier par les troupes de Brutus , IV, 97. Eft traité avec douceur par Brutus , 98 , 99. Engage plufieurs foldats de Brutus dans une fédition; eft mis en süreté dans un vaiffeau ,157. Antonius , ( C.) oncle du triumvir, notépar les cenfeurs, & exclus du fénat pour fes crimes, 1, 17c. Se met au rang des candidats pour le confulat; il emploie ouvertement la brigue & la corruption , z 1 <;, 217. Eft donné pour coliègue a Cicéron , & même par les intrigues de celui-ci, 224. 11 eft envoyé avec une armée contre Catilina, 27f. Montre peu d'ardeur a 1'attaquer , 312, 313. Idéé qu'en avoient fes concitoyens , 319, 320. Eftbanni pour fes malverfations pendant fon gouvernement de la Macédoine , II, 82. Appian , hiftorïen grec , paroït avoir copié Plutarque , Pré face , p. Ixxv. Appius , prédéceffeur de Cicéron au gouvernement de Cilicie, fè plaint de la méthode de gouverner de fon fuccefleur, III, fi. Eft accufé par Dolabella , & acquitté, f 6 & fuiv. Exerce fon office de cenfeur avec févérité, 58. Affuroit, comme augure, la réalité de la divination artificielle; fa créduité raillée par fes coilègues, IV, 344 , 345/Appuleius , (L. ) gouver- ïeur de Macédoine. Sa conduite  JP4 TARLË a 1'égard de Cicéron réfugié dans fa province , II , 173 & fuiv. Apuleius , tribun, dans un difcours au peuple détruit une calomnie répandue contre Cicéron , IV, ui. Aquilius , ( Marcus) eft livré a Mithridate par les habitans de Mitylène, 1, 74. Aratus. Ses phénomènes traduits en vers latins par Cicéron,!, 14, if. Ses pronoftics pareillement, II , 64. Arcesilas , fixième fuccefièur de Platon dans 1'école académique , fonde la nouvelle académie,IV, 310. Sa réponie ïngénieufe a une queflion qu'on lui faifoit, ibid. Archtas , poëte fameux , un des maitres de Cicéron , étoit entretenu chez Lucullus, 1,17. 11 eft défendu par Cicéron, II, 38. Ariobarzanes , roi de Cappadoce , recommandé par Ie fénat a Cicéron , implore la proteétion fur la nouvelle d'une confpiration, III , 13 , 34. II devoit des fommes immenfes aux grands de Rome, 26 & fuiv. Aristote. Ses ceuvres font apportées en Italië, par Sylla , I, 4$. II étoit difciplede Platon ; fonde la feéte péripatétique, IV, 364. Admettoit une cinquième nature , diftinguée des quatre élémens, & propre a Ia divinité & a 1'ame des hommes ,331. Arpinum, ville oü naquirent Cicéron & C. Marïus, s'étoit procuré le droit de bourgeoifie romaine ; fon terroir rude Sc montagneux ,1,3,4. Arufpices. V. Harufpices. Aflura, terre de Cicéron, fa lïtuation , III, 258. Ateius , tribun, déclaré que 1'entreprile de Craflus eft condamnée par les aufpices; il eft exclus du fénat pour ce tujet par lecenfeur Appius,II, 347,348. Atticus , fumom donné a T. Pomponius; pourquoi : il fuivoit la fecte d'Epicure ; il contraéle une étroite liaifon avec Cicéron , I , 66, 67. II achète a Athènes pour Cicéron des ftatues & d'autres curiofités, 106 & fuiv. Fait copier les ouvrages des meilleurs écrivains grecs par (es efclaves, 209 t 21 o.Refufé d'être lieutenant de fon beau-frère Q, Cicéron j brouillerie qui en réfulte : Cicéron les réconcilie , II , 48. Refufé d'aller joindre Cicéron exilé ; quels étoient les motifs de fon refus, 167 , 168. II le blame de fon abattement, 177. Fournit de 1'argent a Cicéron ; eft accufé d'être trop froid , 198. A une entrevue a Dyrrachium avec Cicéron, 208, 209. Epoufe Pilia, 309. Ses plaintes für la conduite de Quintus envers Pomponia, III, 5. Fournit de 1'argent a Cicéron, 187 ,188. S'effbrce de lui faire gouter l'adminiftration de Céfar, 298. Son attendriffement en fè féparant de Cicéron , 440} 441. Son excellent  DES MATIERES. i$f caractère gagnoit quelquefois le delfus fur fa philofophie & fon ambition, 44 3. Sa vie tranquille, vrai modèle du fyftême épicurien,I V,4 3 7.Pourquoi les lettres a Cicéron n'ont pas été publiées; ïl marie fa fille unique avec Agrippa ,439 : & fa petite-fille a Tibère : fa principale gloire fut 1'amitié de Cicéron, 440. Augures. Leur nombre ; leur caracfère ineffacable; comment ils étoient créés ,11,417, 418. Préfidoient aux aufpices , comme interprètes de la volonté de Jupiter, IV, 336, 337. Leur dignité & leur pouvoir , 337 , 33 8- Aufpices.I-.eur obfervatlon, par qui inftituée & exercée ; ancienneté , utilité de cette ïnvention politique , IV, 3 3 j & fuiv. Aulu-Gelle. Conté qu'il fait au fujet de 1'achat d'une maifon par Cicéron , II, 22, *3- Autronius , (P.) Poetus , convaincu de brigue & de corruption , perd le confulat, I, 201. Eft banni comme complice de Catilina , II, 18. B Balbus, (Corn.) défendu par Cicéron, fon caracïère, II, 320, 321. Ecrit a Cicéron , & le prelfe de fervir de médiateur entre Céfar & Pompée, III , 127 , 118. II 1'exhorte a le tenir neutre ,1336- fuiv. B aïle. Erreur ou il eft tombé fur Tullia, III, 1^6, 2^7, Note (b). Bestia , ( L.) défendu par Cicéron ; fon caraftère , II , Bibulus , ( Marcus Calpurnius) eft élu conful avec Céfar, II, 73. S'oppofe a 1'adoption de Clodius,83. II eft traité indignement pour fon oppofïtion a une loi agraria de Céfar , 87. Se tient renfermé dans la maifon, 88. Harcèle lestriumvirs par les édits ,97. Commande en Syrië ; entreprend une expédition ou il eft repouflc avec perte, III, 41 , 42. Obtient un décret de fupplication , 43. Afpire au triomphe, 83. Bonne de'ejfe. A quel point on pouffbit le fcrupule dans la folennité de fes myftères, I, 294 , 295. Ils tontprofanés par Clodius; idéé que les romains le formoient de ce crime, II , 26 & fuiv. Bretagne. ( Grande) Expédition de Céfar dans ce pays ; opinion qu'on en avoit a Rome, II, 370. Parallèle entre 1'état ancien & moderne de cette ile, & celui de Rome, 371. Brutus , ( Marcus) lieutenant du coniul Marcus Lepidus, occupe la Gaule Cifalpine, I, 82.II eft obligé de ie renfermer dans Modène; iè remet entre les mains de Pompée qui le fait maffacrer, ibid. Brutus , ( Marcus Junius ) fils du précédent, compote un difcours pour la défenfe de Milon, ou il loue le meurtre  TABLË de Clodius, II, 421, 453. II avoit prêté de groiïès fommes au roi Ariobarzanes , foliicite Cicéron de lui en procurer Ie payement, III, 16 & fuiv. S'intérsiïe pour une fomme prêtée a la ville de Salamine au plusliaut intérêt,ip & fuiv.Se joint a Pompée contre Céfar ma'gré fi haine contre le premier, 167. Compofe un ouVrage fur Caton ,134. Répudïe fa femme Claudia,pour époufer Porcia, fille de Caton ,177. Fait a Céfar 1'apologie du roi Déjotarus, 311 , 3 1 2. Efl un des principaux chefs de la confpiration contre Céfar : ion caraftère , 317 & fuiv. II tiroit fon extraction de L. Brutus, premier conful de Rome : il ne pouvoit être fils de Céfar, ibid. Note (f>). Fait un difcours au peuple dans le capitole , après la mort de Céfar, 360. S'éloigne de Rom; par les intrigues d'Antoine, & fe retire a Lanuvium avec Caffius, 373. Brutus & Caffius demandent a Antoine par une lettre 1'exolica'ion de fesdeffeins 419 & fuiv. Recoit la commiffion d'acheter du blé dans 1'Afte , 430. Les ieux & les fpeétacles qu'il donne pendant fon abfence, en qualité de préteur, fonr applaudis, 44? & fuiv. Mortification qu'il yrecut, 448 , 449. Prend le chemin de la Macédoine pour s'y établir , 4.66 , 467. Lettre qu'il écrit de concert avec Caffius a Antoine, ATi £* fuiv. Envoie une relation de fon expédition, IV, 42 , 43. Difhngue Ie jeuné Cicéron , & le fait fon lieutenant général , 53 , 54. Rend compte de fa fituation en particulier a Cicéron , 56 , 57. Fait C. Antoine prifonnier, 97. Son embarras fur la manière dont il devoit le traiter; penche pour la douceur, 98 & fuiv. Efl mécontent du décret d'ovation porté en faveur d'Octave , 148 , 149. Fait garder C. Antoine dans un vaiffeau, 157. Ne peut être perfuadé depaffer en Italië , 196. Sa conduite en Grèce, 101, zoi. Paroit mécontent des mefures prifês par Cicéron, 201 , 203. Inégalite de fa conduite comparée a celle de Cicéron. Sa fierté & fort arrogance prouvées par fes lettres, 205: & fuiv. Accufation mal fondee qu'il jette contre Cicéron dans ur e lettre a Atticus ,217,228, Note. Brutus, ( Decimus) un des confpirateurs contre Céfar , III, 336. Son caractère, 337. Se rend dans la Gaule Cifalpine & s'y fortifie , 373. Défend 1'entrée de cette province a Mare Antoine, 491, 491. Défend Modcne contre lui avec une merveilleufê valeur , IV , 123. Contribue a la défaire d'Antoine , t 38. Se met a la pourfuite d'Antoine, 163. Joint fes troupes a celles de Plancus, 171. Efl abandonné par Plancus ; veut fe fauver dans la Macédoine, 18 8. Efl tué par les foldats d'Antoine, 189. Brutus , (L.) médaille oA  DÈS MATIERES. ,9f «ft gravée fa tête d'un cöté & celle d'Ahaia de 1'autre ; conjeélure fur ce fujet, III, 356, Note. Bursa , ( T. Munatius Plancus) eft accufé par Cicéron , & condamné au bannifleuient, II, 44! , 441. c CalEifusiER romain , eft réformé par Céfar , UI, 144 O fuiv. Calenus , ( Fufius ) ami d'Antoine. Avis qu'il ouvre dans le fénat, IV , 1,3. Entretient une correfpondance réguliere avec Antoine , & publie fes lettres , 20. Caufe de 1'embarras a Cicéron , & 1'emporte dans quel ;ues points, 26, 27. Son avis a 1'occalïon des fuccès de Brutus, 43 , 44. Opine contre Dolabella , 60. Propofition qu'il fait au fénat, 60, 61. Callidius , ( Marcus ) célèbre drateur , mais froid & indolent , accufe Q. Galiius , &c. 1, 21 8 & fuiv. Capitole , (le ) brülé pendant la dictature de Sylla , eft rétabli; Q. Lutatius Catulus y met la dernière main, & le dédie avec une pompe fort éclatante, I, 174. Ses tuiles dorées, 175-. Centre & tróne de la maje.lé de 1'empire, II, 243. Caratïères des perfonnes ; comment on doit les tracer , Préface , p. lxiij, lxiv. Caracière de Mithridate , I, 33. De C. Marius, 38 & fuiv. De Sylla , 76 & fuiv. De Rofcius le comédien , 85 & fuiv. De Sertorius , 108. De Marcus Craflus, 113,114. De Catil.na , 2,7 & fuiv. De Lentulus, 15 8, 2 551. De Cethegus, 26o6-/wV.DeLucullus, 322. De Clodius, II, 25. De M. Puppius Pifon, 37. De L, Calpurnius Pifon , 120, 121. De Gabinius , 122. De Pifon , gendrede Cicéron, 239, Note, De Corn. Balbus , 320 , 321. De Marcus Coelius, 322,323. De Trebatius, 1,67. De Publ. Craftus , 41 j. D'Hortenfius , III, 73 6" fuiv. De Mare-, Antoine , 91, 93. De Pompée, 1.90 & fuiv De Curion , 200 , 201. De Caton ,2356 fuiv. De Ligarius, 250. De Tullia , 257. De Marcellus, 309. De Mamurra ,314, Note (a,. De Marcus Brutus, 327 & fuiv. De C. Caflius ,331 & fuiv. De Decimus Brutus , 337. De Trebonius, ibid. De Céfar , 343 & fuiv. De Servilie, 434. D'Atticus, III, 443 , 4l4> De Sulpicius, IV , 38 &fuiv. De Hirtius, 140. De Panfa , 14 t, 142. De Melfala, 207 , 208 , Note (b). D'Octave, 256. De Lepidus, 337. Carbo , ( Cn. Papirius) eft chaffé d'Italie par Sylla,& mis a mort en Sicile par les ordres de Pompée , 1, 48. Carneades , profeffèur de la nouvelle académie , la porte au fommet de la gloire , IV , Cas ca , ( C.) fénateur. ft>s  398 ÏABLE précautions pour n'être pas pris pour un autre , III, 370. Casca , ( Pub.) nommé au tribunat par Céfar, lui porte le premier coup , III, 370. Prend pofTeflion du tribunat, 49°. Cassius , ( C.) bloqué par les parthes dans Antioche, eft dégagé par une marche de Cicéron ; remporte de 1'avantagefur eux dans leur retraite , IIÏ , 34, 35. Confpire contre Céfar; fon caraftère ,331 & fuiv. Se 'retire a Lanuvïum avec Marcus Brutus , 373. Recoit la commiffion d'acheter du blé en Sicile, 430. Prend le chemin de la Syrië pour s'en faifir , 466 , 467. Ses fiiccès dans cette province , IV , 117 & fuiv. Afliège Dolabella dans Laodicée, & le réduit a fe tuer lui-même, 163. Juftification de fa conduite & de fa méthode pour avoir de 1'argent, 200. Différence entre fa conduite & celle de Brutus, 201, 202. Cassius, (Q.) s'oppofê au decret qui ordonne a Céfar de Congédier fon armée, III, 90. Se rend au camp de Céfar, 91. Catilina , ( L. Sergius ) déchu de fês prétentions au confulat , confpire contre 1'état, I, ao 1. Accufé pour fês opvreffions en Afrique , il follicite Cicéron d'entreprendre fa défenfe, 112. Corrompt par argent Clodius ion accufateur, 2*4. IIbrïgue ouvertement le confulat, 216, 217. II avoit coupé*la tête de C. Martius Gratidianus pour 1 la préfênter a Sylla, 220. Ë(l accufé d'avoir tué plufieurs citoyens dans la profcription de Sylia : on lui reproché un commerce inceff ueux avec une weftale, 221. Renouveile fês prétentions au confulat par des démarches fcandaleufes; forme le delTein de tuer Cicéron, 251. Ses fières réponfes aux reproches qu'on lui fait , 251 , 2?2. Son caraöère , 254, & fuiv. Confpire contre 1'état , 256 6 fuiv. Plan de fa confpiration, z6o & fuiv. Sondeffein fur Prénefle ne réuflit pas, 264. II fe rend a 1'alTemblée du fénat au capitole ; il y eft confondu par Cicéron, 266 & fuiv. Sort de Rome, 271. II eft déclaré ennemi de la république 275-. Eft bloqué par Q. Metellus & par C. Antonius, 313. Eft défait & tué, 315. Caton, (Cneius) tribun. Son caraftère, II, 276. Se déclaré contre le rétablifiement du roi Ptolemée , 277, 2751, 281. Traite Pompée rudement, 292. Se rend ridicule en vendant des gladiateurs qu'il avoit achetés , 313. Ne veut pasfouffrir aue les confuls convoquent 1'afremblée pour 1'éleéfion des magiftrats , 328. Caton. ( Marcus Porcius } Sa harangue pour engager Ie jsnat a faire mourir les complices de Catilina, I, 307 & fuiv. Obtient un décret conforme a fon avis, 310. Donne i Cicéron le titre de père de a patrie, 318. S'oppofê a 1*  DES MATIERES. *99 demande des chevaliers & la füit rejeter, II, y^. II s'oppofê une feconde fois a la même demande ; Céfar 1'envoie en prifon, 89. Acceptela commiffion de dépofer Ptolemée, roi de Cypre , en exécution d'une loi de Clodius, 159. Réflexions fur cette expédition de Caton, 160 & fuiv. Soutient la validité des ades de Clodius, 267. Ne peut obtenir la préture qu'il demandoit, 343. S'oppofê a un decret de fupplication demandé par Cicéron ; lettre qu'il lui écrit a cette occafion , III, 43 & fuiv. II oublie fês principes en faveur de Bibulus fon gendre, 46 , Envoyé par Pompée pour garder la Sicile , il abandonne ce pofte, 160. Son éloge entrepris par Cicéron ,232 & fuiv. Son caractère , 23 j & fuiv. Témoignage que lui rendit Augufle, IV , 246 , Note. Ses principes politiques comparés a ceux de Cicéron ,362 & fuiv. Catulus , ( Quint. ) condamné a mort par Marius , quoiqu'il eüt partagé avec lui le confulat & fa viétoire contre les cimbres , fê tue luimême, 1,36,37. Catulus , (Q.) fils du précédent , s'oppofê aux deffeins de Marcus Lepidus fon collègue au confulat, I, 81. Son confulat expiré , il efl revêtu de 1'autorité proconfulaire, & chargé de la défenfe de 1'état avec Pompée; ils battent Lepidus, 82 , 83. Catulus, ( Q. Lutatius) conful avec Hortenfïus, dédiele capitole avec grande pompe: in* vente une fortede luxe inconnue avantlui, I, 174 , 175 & fuiv. Cenfeurs. En quoi confiftoït leur office ; il eft rétabli après 17 ans d'interruption , & exercé avec févérité, 1, 169 , 170. Centuries. Divifion du peuple en centuries, I, 189. Cerfllia , dame favante. Ses liaifons avec Cicéron ; de quelle efpèce elles étoient,IV, 271, 172. César , ( Jul.) allié de prés a C. Marius, refufé de répudier fa femme , fille de Cinna; efl dépouillé des biens de cette femme, & de la dignité de grand-prêtre par Sylla : il fê cache a la campagne ; efl découvert par les fatellites de Sylla ; a peine a fauver fa vie} pronoflic de Sylla fur Céfar, I. 50. Efl honoré d'une couronne civique au fiège de Mitylène, 75. 11 s'emprelTe arétablir le pouvoir des tribuns, i6é, Ce fut par leur moyen qu'il renverfa la république , 168. II furpafle tous ceux qui 1'avoient précédé, par la magnificence des fpectacles qu'il donna au p»uple, 172. Soutient la loi Manilia ; par quels motifs, 196. Paffe pour complice d'une confpiration, &c. 202. II réveille le parti de Marius, pourfuit les miniflres des crur.u-  4«o TABLÉ tés de Sylla ; maïs il épargne Catilina ,119. Engage Labienus d'accufer Rabirius: le fait nommer duumvirdans cette affaire &condamnel'accufé, 24-0, 141. II efl élu grand-prétre , 249. Efl d'avis de ne pas faire mourir les complices de Catilina , 298 & fuiv. Echappe a peine a la fureur des chevaliers quile foupqonnoient d'être complice de Catilina, 3 16. Soutient le tribun Metellus contre Cicéron ,11,- j. Attaque Catulus avec violence, mais en vain , 4. Efl fulpendu des fonétions de fa préture, 5. Se foumet & obtient la révocation du décret qui le fufpendoit, 6. Accufé de complicité avec Catilina, par L. Vettius & Q. Curius , il fe difculpe; obtient une pleine vengeance contre fes accufateurs . 16, 17. Répudie Pompeia fa femme , 27. Sa conduite dans le procés de Clodius, 32. Invite Pompée a fê rendre maitre de la république, 40. Revient plein de gloire de fon gouvernement d'Efpagne, 72. Efl fait conful avec Bibulus, 73 , 74- Forme une iriple ligue entre Pompée , Craffus & lui-même, 74. Maïie fa fille Julia a Pompée, 76. Fait paffer 1'acte d'adoption de Clodius, 85. Fait paffer une loi Agraria avec violence, 8 6 & fui. Obligé les chevaliers; envoie Caton en prifon; fait ratifier les aétes de Pompée : humilie Lucullus, 89, 90. Sa conduite a 1'égard de Cicéron, 90 , pii Feint d'être en différend avec Clodius, 92 & fuiv. Harcelé par les édits de Bibulus, il s'efforce d'exciter la populace contre lui, 98. Fruits qu'il recueille du triumvirat, 1 o 1 , 102. Fait étrangler Vettius dans Ia prifon, 106. Se fait accorder le gouvernement da la Gaule Cifalpine & de 1'lllyrique par le peuple, & celui de la Gaule Tranfalpine par le fénat, pour cinq ans, 107, 108. Se propofê de mettre Cicéron dans fa dépendance, offre de le faire fon lieutenant général dans les Gaules, 111 , 112. Irrité par les refus de Cicéron, il fê lie avec Clodius, & rejette tout le blame fur Cicéron , ibid. Réconcilie Pifon avec Clodius, 119. Condamne les procédés de Cicéron envers Lentulus & les autres complices de Catilina, 133. La validité des aétes de fon confulat eft attaquée inutilement, 143. Se rend dans fon gouvernement des Gaules , ibid. Félicite Clodius fur la commiffion qu'il avoit fait don» ner a Caton , 161. Confent au rétabliifement de Cicéron, 200. Demandes qu'il fait aa fénat appuyées par Cicéron ; fon gouvernement lui efl continué pour cinq ans , 296. A une entrevue avec Pompée a Lucques, 304. Réconcilie Pompée & Craffus, 328» Lie une correfpondance réguliers  DES MATIERES. **h Mte avec Cicérort , 361 & fuiv. Sa fèconde expédition contre la Bretagne, 370. Ses nttentions pour Quintus, frère de Cicéron, 376. Prelfe Cicéron de défendre Vatinius, "Srt. Et enfuite Gabinius, 387. Supporte avec conftance la mort de fa fille Julia : n'attend que I'occafioft de rompre avec Pompée , 400 & fuiv. Faveur extraordinaire que Pompée lui procure , 447. Ses projets allarment 1'Italie ; 449. Efl bieri aife de voir un refroidiffement entre Cicéron & Caton ; travaille a 1'augmenter , III, 4?. Termïnela guerre des Gaules; paroït peu difpofé a quitter fa commiffion, 60, 61. Corrompt Paullus & Curion par fes libéralités, 66 , 67. Le fénat lui ordonne de congédier fon armée , 90. Prétextes & motif réel de fon entreprifè: il paffe le Rubicon, 98. Envoie a Rome im plan de conciliation , 103, 104. Prouve fon peu de fincérité, 106. Réflexions fur fon entreprifè , 1076- fuiv. Préjugé répandu contre fon caractère ; fês maximes oppofées a" la tyrannie; prend Corfinium; traite fês prifbnniers avec générofité, 115 6 fuiv. Preffe Cicéron d'être neutre entre Pompée & lui, 129 & fuiv. A une entrevue avec Cicéron a Formies , 137. S'empare du tréfor public ; 148. Pourquoi il alla foumettre 1'Efpagne plutót que de pourfuivre Pompée. i<58, 169. Efl créé diaateurj Tome IP~t fe nomme lui-même conful / & va chercher Pompée, 171. Le bloqué dans Dyrrachium* efl contraint de fe rotirer 171. Remporte une victoire complette a Pharfale, 176. Sa conduite comparée avec celle dé Pompée , 17S , 179. Eft éhi diflateur pour la feconde'fois , 198. Ecrit-une lettre gracieufe a Cicéron , 204. Le recoit a bras ouverts, 107. Ufe arbitrairement de fon autorité 3 part pour 1'Afrique, 208, 209^ Dates diverfes de fon embarquement conciliées, ibid. Note (a). Retourne viciorieux ; eft flatté indécemment par le fénat, 217, 219. Ses égards pour Cicéron, 231, 232. Répond a 1'éloge de Caton entrepris par Cicéron ,234. Accordé le pardon de Mare. Marcellüs a Pintefceffion du fénat, 138 & fuiv. Réforme le calendrier, 243. Pardonne aLiga* rius, 249. Part pour 1'Efpagné contre les fils de Pompée, 2^1^ Fait part 3 Cicéron de fes deófeins & de fes fuccès , 295-, Publie fbn Anti-Caton , 307. Son magnifique triomphe eft peu applaudi des citoyens, 308.1 Donne deux fomptueux feftinst a toute la ville, 309. Paroit mal difpofé contre le roi Dejotarus i que Cicéron & Brutus défendent, 312. Eft frappé de la liberté de Brutus en cette occafion, 313. S'invite lui-mêmea paffer' un jout dans la maifon de campagne de Cicé-ion, j 13 & fuiv. Fait uri aétU Gg  4o& TABLE ful pour une demi - journée , 3 16. Abrège le tems du confulat pour obliger un plus grand nombre de fes amis; fè revét pour la cinquième fois de cette dignité , 318. Son avidité pour toutes fortes de flatteries 5 fouhaite d'être nommé Roi ; fociété inftituée a fon honneur, &c. 3216 fuiv. Sa mort, & fon caractère ,2426 fuiv. Efl honoré comme un dieu par lapopulace, 384. Ce culte eft établi par un décret du fénat, 468, 469. Cethegus , un des complices de Ia conjuration de Catilina, fon caraétère, I, 260 <& fuiv. Eft mis a mort, 310. Cicéron , (Mare.) le grandpère;quel homme c'étoit, I, 8, 10. II eut deux fils, Marcus & Lucius, 12. Cicéron, (Mare.) le père, homme lavant & prudent,fait élever les deux fils avec grand foin föus la direétion de L. Craffus, I, 12, 13. Meurt après 1'éleécion de fon fils au confulat, 224. Cicéron, (Lucius) coufin de Cicéron, fa mort. Cicéron déplore la perte de ce coufin , qui lui étoit d'un grand fecours, I, 178. Cicéron, ( M. Tuil.) année de la naiffance, I, 1. Etat de fa familie ,20) fuiv. Pourquoi on 1'appeloit Homme nouveau ; lieu de fa naiffance , 6. Defcription de fa maifon paternelle poffédéeaujourd'huipar les dominicains, 7 & fuiv. Eft nommé Marcus comme fbn père & fon grand-pcre, 8. D'oft venoit le nom de Cice'ron, 9. II eft élevé avec les Aculeo, fês coufins , fous la direflion de L. Craffus, 13. II eft mis dans une école publique fous un maïtre grec, if. Mis fous la difcipline du poëte Archias, il s'attache a la poéfie, & compofè un poëme encore enfant; il prend la robe virile , 17, 18. U s'attache a Q. Mutius Sca:vola 1'augure, & enfuite a Scaïvola le grand prêtre, & acquiert par leur fecours une connoifTance parfaite des loix, 19. 20. Ses grandes vues; ce qu'il faifoit pour fe perfectionner, 23 & fuiv. II traduiten vers latins les Phénomènesd'Aratus; publie deux autres poémes , 1'un a 1'honneur de Marius ; 1'autre nommé Limon ,• etendue de fon génie poétique ,246" fuiv. II s'applique a la philofophie : eft d'abord charmé de Phèdre 1'épicurien ; abandonne enfuite les principes de cette lede , 26. II fait une campagne avec le conful Cn. Pompée Strabon, dans la guerre marfique , 28. II fe trouve a la conférence du conful avec le général des marles , 29. Sert en quaiité de volontaire fous Sylla; rapporte une aétion remarquable dont il futtémoin , 3 1, 32. II eft témoin de 1'entrée violente de Marius dans Rome, 37. Publie fes Ouvrages de Rhétorique qu'il rétrafte dans un age plus avancé, 41. Devient dif-  D Ë S M A T I E R E S\ ,^ ejple^ de _ Philon ; philofophe académicien ; reprend 1'étude de 1'éloquence fous Molon le rhodien,43. II entretient dans fa maifon le ftoïcien Diodore pour s'inftruire fur la logique; déclame en 'gréc & en latin avec M. Pifon & Q. Pompée, 44 > 4f- Prend derechef des ïecons de Molori , 53. II perFeétionne fon fïyle dans la compagnie des femmes qui excelloient dans la délicaieiTe du langde > U, Ui II fe préfente aubarreau, 56. Ilentreprendla caufe d; P. Quinétius , 57. II défend S. Rofcius d'Ameria; fon courage & fon habileté lont applaudis de toute la ville , 58 & fuiv. II foutient le droit de certaines villes d'Italie a la bourgeoifie de Rome contre ïine loi de Sylla qui les en priVoit, 64. Motif du voyage qu'il fait en Grèce & en Afie, ibid. & fuiv. II loge a Athenes chez Antiochus; rencontre Atticus dansicette ville, 66, 67. Continue de cukiver 1'éloquence fous Demetriu;; fe fait initier auxmyflèresd'Eleihlne, 67. II paffë en Afie , 011 il voyagseri Ia compagnie des plus fameUx orateurs du pays , 69. Vifite Rhodes; y recoit les lecons du philofophe Poftidonius , & déclame en grecavec Molon, 70, 71. II retourne a Rome après deux ans d'abfènce , 71, 7;. oa methode de voyager efl prefque la fèule dont on puilTe •attepdre des fruits réels, ibid. L'hiftoire de fon Yoyage a l'o- ïacle de Dclphes eft peu eertaine, 83, 84. II plaide la caufe du comédien Rofcius, 84 & fuiv. Eft fait quefleur par le fuffrage unani ne de toutes les tribus, 90. II époufe Terentia, 94, 95. Exerce fon office de quefleur en S cile, 96 & fuiv. Grands honneurs qu'on lui drcerne dans ce pays; il y plaide la caufe de quelques jeunes feigneursromains, 9%,99. Ildécou* yre le tombeau d'Archimède, inconnu aux fyracufains, 100, 101. Son retour en Itafe; mortification qu'il effuie 3 Pouzzoles; il prend la réfolution de réfider conftamment 3 Rome, roi ,103. Obferve exaétement la loi Gncia, itj. Si dans fon action il prenoit Efope & Rofcius pour maitres. 116. II ne négligeoit pas les voies ufitées pour fe rendre agréable au peuple, 118 , 119. Fft élu édile, ï*i. Ilentreprendla caufe contre Verrès, 113. II va en SiciIe pour vérifier les mémoires Sc les accufations contre Verrès ; fa réception a Syracufè, 118. II eft mal recu a MeCftne, 129 & f,iv. Renverfö tous les projets de Verrès par une nouvelle facon de procéder, &l'obligea s'exiler, 132, 133. Cette affaire indifpofe la nobleffe contre lui, 13 Paffe aux fonftions de l'édilité', 170. Prend un tempérament dans les fpe&acles qu'il donne au peuple, & trouve le fecret de lui plaire, 173. Préfens qu'il recoit des Siciliens; il les env Cc ij  »°* TABLÊ ploie au loulagement des pauvres, 174. II défend Fonteius &Coecina, 176, 177. Eft déclaré premier préteur en trois affemblées différenres, 18S. II condamne Licinius Macer, 190 & fuiv. Monte fur la tribune eux haranguespour la première fois, & y foutient la loi Manilla, 194 & fuiv. II défend A. Cluentius, 197,198. Fréquente 1'école de Gnipho, 198. Se charge de la défenfe de Manilius, 199. II ne veut accepter aucun gouvernement de province, 103. Dreffe fes batteries pour obtenir le confulat, ibid. II fê procure des flatues , des livres & d'autres curiofités, par le moyen d'Atticus qui demeuroit a Athènes , 20J & fuiv. Défend C. Cornelius, 210, zit. Se trouve prefque .déterminé a entreprendre la défenfe de Catilina ; change de fêntiment, 112, 213. Se met au nombre des candidats pour le confulat, 21 $ & fuiv. Occafion de la harangue nommée in toga candida, 217. II défend Q. Gallius, 218 & fuiv. Efl choifi premier conful par Facclamaxion de toute la ville, 222 , 223. Mariage de la fille; naiflance de fon fils, 224, 22^. Engage fon collègue a rompre les anciens engagemens qu'il avoit formés contre fon devoir, 229 & fuiv. Réunit 1'ordre équeflre avec le fénat, 231 & fuiv. Prend poffêffion de fa dignité; s'oppofê a la ioi Agraria, 223 & fuiv. II appaife un tilrnulte ex:ïté 3 1'occafion de la préfênce d'Othon au théatre ,242,243. Perfuadé aux enfans des profcrits par Sylla, de fupporter leur difgrace, 243, 244. 11 défend C. Rabirius, 245 & fuiv. Pubiie une loi contre la corruption dans les brigues , 2^0. Cite Catilina dans une affèmblée du fénat & lui reproché fon crime, 251. Recoit ordre du fénat de prendre garde que la république ne fouftnt aucun mal, 252. II eft informé des complots de Catilina par Curius un des complices , 263. Affemble le fénat dans le temple de Jupiter au capitole ; difcours véhément qu'il y adrefle a Catiiina même, qui le détermine a fbrtir de la ville , 2£< & fuiv. Prononce fa fêconde oraifon contre Catilina, 272 & fuiv. Pourquoi il ne le fit pas arrêter, 276, 277. Défend L. Munna , 277 & fuiv. Et C. Pifon , 281 , 282. II fe fert des ambaffadeurs des allobroges pour avoir des preuves complettes du complot des conjurés, 2S2, 283. Le fénat lui décerné des marqués éclatantes de la reconnoiffance publique, 289. Rend compte au peuple de ce qui s'étoit paffe au fénat; troifième oraifon contre Catilina, 390 & fuiv. Purblie plufieurs copies de ce qui s'étoit dit dans le fénat, 293. Explique fon fentiment lur la punition des confpirateurs; quatrième oraifon contre Catilina^  DES MATTERE S. W I96 & fuiv. II emploie les voies de la douceur a l'égard de Céfar, 3 17. Eft déclaré Père de la patrie ,318. Les villes d'Italie lui décement de grands honneurs, 319. Porte une loi pour réprimer Fabus du privilege nommé Legatio libera, 310, 311. S'emploie pour procurer a Lucullus les honneurs du triomphe , 322. Fait décerner dix jours d'aétions de graces au nom de Pompée, 323. Réfigne le confulat; veut haranguer le peuple a cette occafion; oppofition du tribun Métellusjprononce un ferment nouveau, &c. 325- , 326. Cicéron pronooce & publie Une harangue véhémente contre Metellus, II, 6. Ecrit en réponfe a Q. Métellus Celer, au fujetde la conduite du tribun fon frère, 7 & fuiv. Sa lettre a Pompée, 14 & fuiv.Sende témoin contre Autronius, 18. Défend P. Sylla, & repouffe les railleries de fon accufateur, ibid. & fuiv. Achèts une maifon fur le mont Palatin, avec de 1'argent emprunté; conté d'Aulu-Gelleace fujet, 21 & fuiv. Rend témoignage contre Clodius, 31. Son chagrin a Toccafion du jugement qui abfout Clodius, 34, 35. Défend le poëte Archias, 38. Réconcilie fon frère avec Atticus, 48. Ce qu'il dit de Caton , f y. Met a la loi Agraire de Pompée, des modifications qui calment tous les partis, f8. Choifi par le fort pour un des ambaffa¬ deurs vers les villes des Gaules , on ne lui permet pas de quitter Rome, 59. Publie les mémoires de fon confulat en grec , 60. Compofe un poème latin fur fa propre hiftoire, ibid. Publie fes harangues confulaires, 62. Traduit en vers latins les pronoftics d'Aratus ; s'unit avec Pompée; juf. tifie cette démarche , 64 & fuiv. Sa conduite envers Céfar & le triumvirat , 76 , 77. Défend C. Antonius ion collègue au conlulat, 82. Ils'applique aux exercices du bar-< reau; défend A. Termus & L. Valerius Flaccus , 96. Donne des avis admirables a fon frère Quintus , ibid. Preffe Pompée de rompre avec Céfar, 103. Eft alarmé du tribunat de Clo-i dius; preffe Atticus de revenir a Rome, 108, 109. Refufé d'entrer dans la commiffion établie pour la diftribution des terres , & n'accepte pas la lieutenance générale des Gaules, pofles que Céfar lui offroit, ui, 112. II fait fond d'abord fur Pompée , & a lieu enfuite de le défier de lui , 114, 115, Souhaite d'obtenic une place d'augure , & rétrafte ce premier mouvement, 116, 117. Concoit des efpérances avantageufes de Pifon & de Gabinius ; il eft bientöt détrompé, 119 , 120. S'affure de L. Ninnius, tribun, pour s'oppofer aux loix de Clodius; il les fupporte enfuite par les confeils de fes amis ,114- Se trouvanf C c ii'i  406 TABLE réduit a Ia, condition d'un crirninel , il change d'habit, eft infulté par la populace , & défendu par les chevaliers & paria jeune nobleffe , iz6 & fuiv. Réflexions fur fa condui:e dans cette occafion , nj. Eft abandonné par Pompée, 135 44- Envoie fon fils & fon neveu a la cour du roi De;otarus, 47. Sa modération : & fon défintéreiTement dans fa ; province, 48 & fuiv. Sa mé- ; ihode de gouverner chagrine 1 Appius fon prédéceiïeur, 52. i §e déckre pour Appius accufé ] par Dolabella , $6. Demande aux confuls par Ces lettres de ne point prolonger fa com-r miflïon , 67. Finit fon adminiftration par un trait de générofité, 69, 70. Remet fon auto-r rité a fon quefleur, & fe met en chemin pour 1'Italie, 71. PaiTè par Rhodes; y apprend la mort d'Hortenfius qui 1'afflige beaucoup, 73, Arrivé a Athènes; deflein qu'il y forme & qu'il n'exécute pas, 77. Se flatte d accorder Pompée & Céfar , 78. Son affeétion pour Tiron un de fes efclaves, 78 & fuiv. Se réfout a demander le triomphe, 83. A deux conférences avec Pompée ,856- fuiv. Ses réflexions & fes vues, 88 , 89. Arrivé a Rome; y eft recu avec toutes fortes d'honneurs ; état oü il la trouve, 89 , 90. On lui confie le commandement de Capoue; il réfigne cet emploi, 100. Fait un compliment a Céfar fur la générofité; réponfe qu'il en recoit , 117, 118. Sa réponfe a Pompée qui vouloiê 1'engager a le fuivre, 120 & fuiv. A une entrevue avec Céfar, 13* & fuiv. EaCoUkiré par Céfar , Marc-Antcine & autres de ne pas ftiivre Pompée, 140 & fuiv. Ils ne peuven: 'en détourner ,150. Ses amu"emens dans fa terre de For* nies , 154. A une conférence tvec Serv. Sulpicius, 1^9. Va oindre Pompée, 164. Sa coniuite & fes fentimens dans ce :amp, 165 , 166. Fait fentiï iar fes railleries les fautes qu'ü  DES M A T I E R E S. 4o«* riepeutempêcher, 186. Voye^ la Note, ibid. Refufé le commandement qui lui eft offert après la bataille de Pharfale; le jeune Pompée indigné de ce refus, veut le tuer, 180. Retourneen Italië, 183. Ses fujets de chagrin du cóté de fa familie, 185 , 186. Sa lïtuation défagréable a Brindes, 190 & fuiv. Recu gracieufement par Céfar; revient a Rome , 107. S'attache a fes livres; fe lie étroitement avec Varron,io8. Deux ouvrages , fruits de fon ioifir ,zii, 113. Répudie Térentia , 114 , 115. Epoufe Publilia , ibid. Ses railleries fur la nouvelle adminiftration , 118 , Note. Eft careffé par les amis de Céfar , 121 , 225. Compofe un livre a la louange de Caton , 232 & fuiv. A la prière de Brutus il compote 1'ouvrage ïntitulé l'Orateur, 238. Prononce une aftion de graces a Céfar pour le pardon accordé a Marcelluc, ibid. & fuiv. Défend Ligarius, 247. Envoie fon fils a Athènes, 2 5 3. Eft exceffivement afifigé de la mort de fa fille,2fp. Compofe un traité de confolation pour fon propre ufage , 268. Veut batir un temple a fa fille , 270 & fuiv. Juflifié fur le deffein oü il étoit de faire fon apothéofe, 272 , 273, Note (3\ Fait divorce avec Publilia , 277. S'attache 3 la philofophie, 287 & fuiv. Publie la pièce appellée Horfenfius ; une autre fur les principes 4es académiciens , 2896 fuiv. Son traité De Finibus , 291,291. Ses queftion* tufculanes ,293. Compofe un éloge funèbre de Porcia , fceur de Caton , 294. Eit prcffé d'écrire quelque chofe qui put plaire a Céfar : il eft découragé par les difficukés de cette entreprife , 298 , 299. Fait compliment a Céfar fur fbn livre contre Caton, 307 , 308. Défend ie roi Déjotarus ,311, 312. Traite Céfar qui s'étoit invité chez lui, 314 & fuiv. Raille le confulat pour une demi-journéedeCaninius, 317 & fuiv. II s'étoit attendu a la cataftrophe de Céfar, & l'avoit fouhaitée ,3550/ fuiv. Confeils qu'il donne aux confpirateurs , 364 & fuiv. Quitte Rome mal fatisfait de 1'indolence de fes amis, 374. Refufé de prendra intérêt aux affaires de Cléopatre qui l'avoit choqué par fes airs impérieux , 381. Tache de faire entrer Hirtius & Panfa dans les intéréts de la république , 393 , 394- Compofe divers ouvrages dans fa retraite, 421 & fuiv. Prend le chemin de Rome , confère avec Brutus; fes amis le déterminerit a s'éloigner, 427, 428; Obtient une lieutenance honoraire , 430. Affifte a un confèil tenu par les conjurés , 435, 436 & fuiv. Concoit de bonnes efpérances d'O&ave , 438, 439. Commence ion Traité des Offices, ibid. Compofe une oraifon fur la fituation des affaires publiques: prend congé  4i9 T ABLE d'Atticus , &c. ibid. Lui envoie fon Traité de la Gloire: comment cet ouvrage s'eft perdu, 440 & fuiv. Note. Part pour la ia Grèce, 441, 442, 4j7. Ecrit fon Traité des Topiques pendant ton voyage , 459. Avoit toujours en rélèrve plufieurs préfaces , 460. Réflexion fur cette métbode, ibid. Note (e). Les nouvelles agréables qu'il recoit de Rome le font retourner lur fes pas, 461 & fuiv. A une entrevue avec Brutus, 464. Remarque fur un bruit répandu qu'il alloit en Grèce pour y voir les jeux olympiques, ibid. Note (a). Arrivé a Rome, refufé de ie trouver a une affemblée du fénat, pourquoi, 467 & fuiv. II y va le jour ftiivant, & y prononce fa première Philippique, 468 & fdv. S'abtente d'une autre aftèmblée indiquée par Antoine, 471. Se retire dans la maifon qu'il avoit prés de Naples : ü y compote la fëconde Philippique , 471 , 473. Content a s'unir avec Octave fous certaines conditïons, 481 & fuiv. Achève Ion Traité des Offices , 48y. II entreprend fes Paradoxes ; les dédie a Brutus, ibid. Retourne a Rome a la nouvelle de la retraite d'Antoine, 489. Se rend au fénat; y prononce fa troifième Philippique, 491 & fuiv. & fa quatrième devant le peuple, 496 & fuiv. Publie la feconde , 498. Cicéron prononce la cm- quième Philippique , IV, 3 & fuiv. & la iïxieme au peuple pour lui rendre compte des délibérations du fénat, 16 & fuiv. La lèptième , 20, zi. Porte le fénat a prendre le Sagum , ou robe militaire ,27» 28. Sa huitième Philippique, 29 & fuiv. La neuvième , 3 2 & fuiv. La dixième 3 5 & fuiv. L'onzième , 38. La ftatue de Minerve qu'il avoit dédiée au capitole, eft mife en p ècespar un coup de tonnerre, & rétablie par 1'ordre du fénat ,72. Prononce ta douzième Philippique , 74 & fuiv. La treizième, 89 cy fuiv. Ses efforts pour le rétablillement de la république, 102,103. ^es follicitations pour engager Lepidus, Pollion & Plancus dans le même intérêt, ibid. & fuiv. Traite durement Serviiius dans le fénat, 114 & fuiv. Chagrin que lui caule un bruit injurieux qu'on fait courir fur fes delfeins, isi , izz. Eft conduitparla ville en triomphe lur la nouvelle de Ia défaite d'Antoine, 128. Prononce la quatorzième Philippique, 131 & fuiv. Preffe Brutus d'amener Ion armée en Italië , 146. Fait décerner des honneurs aux deux confuls & a Aquila, morts pour la patrie; procure 1'ovation a Octave, ibid. Se plaint a D. Brutus de 1'évafion d'Antoine , 149. Blame M. Brutus de fa clémencepourC. Antoine, if2 & fuiv. 156 , i?7. Marqué lön oppofition a la demande du confulat faite par Octave, 181,  DES MATIERES. 4" 182. Sollicite Brutus & Caffius de paffer en Italië ,1906" fuiv. Sa conduite , depuis la mort de Céfar, eftjuftifiée & comparée avec celle de Brutus , 203 & fuiv. Compte qu'il rend de fes vues dans une lettre a Brutus , 207 £f fuiv. Juflifié d'une accufation inférée dans une lettre de Brutus a Atticus, Note, 227, 228. Efl profcrit par les triumvirs, 232. II auroit pu fe mettre a couvert dans la Macédoine, 233. Efl bientot informé de fa profcription ; s'embarque a Aflura , 139. Eft forcé de prendre terre deux fois ;préf ere la mort aux fatigues de la vie & de la mer ; fes domeftiques 1'obligent a fuir; dortprofondément malgré le bruit d'un grand nombre de corbeaux, 240 6 fuiv. Eft atteint par les foldats qui le pourfuivoient; défend 3 fes domeftiques de faire h moindre réfiftance ; on lu: coupe la tête & les deux mains. & on les attaché a la tribune 242 , 243.Le lieu 011 il fut tui étoit vifité avec refpeéf par le voyageurs, 244. Pourquoi 8 Virgile & Horace n'en fon aucune mention , 24? , 246 Louanges queluidonnentTite Live & Augufte, ibid. 247 Note (a). Zèle de Velleiu Paterculus pour Cicéron, 248 Tous les écrivains depuis L tems de Tibère le louent ; 1'envi, ibid. Sa figure , & fot tempérament, 249. Ses habit & fa parure, ibid. Sa conduit' dans fon domeftique & dans 1 fociété, 250. Ses notions fublimes fur 1'amitié & la gratitude , 2 51 f> fuiv. Etoit facile a fléchir pour fes ennemis ,253. Sa manière de vivre fplendide, 2^4, 255. Son gout pour la joie & la bonne chère ; avoit 1'efprit tourné a la raillerie, 2? 6, 257. Eft accufé de I'avoir pouffée trop loin , 259. La réputation de fon efprit auffi étendue que celle de fon éloquence ; fes bons mots recueillis par Trebonius, par Tiron , 260, 261. Nombre & fituatiort de fes maifons, 264 £f fuiv. Epigramme fur fon académie , ou maifon Puteolane, 26y , Note (a). Elégance & richefïe de fes meubles; table de cèdre qui lui avoit appartenu, &quï exiftoit du tems de Pline , 7.66. Source de fês grandes richeffes, 267 . £> fuiv. Son caraftère irréprochable , 269. On ne trouve aucune tracé de galanterie dans fon hiftoire, 270 ^ , 271. S'enfloit trop dans laprof: périté, s'abattoit trop dans la ; difgrace, 272, 273. Sa plus vive paffion fut fon amour pour : la gloire & pour les louanges; , idéé & défenfe de la vérirable • gloire, 274&/tóiv.Sadoct,rine, , & la prodigieufe étendue de (es > connoiiTances, 283 & fuiv. Ses . ouvrages font les plus beaux ! reftes de Pantiquité , 28 <. Son i afliduité au travail, ibid. 186. t Caractère de fes lettres , 287 Cf > fuiv. Avantage qu'elles ont fur : celles des écrivains pofiérieurs , 1 & en particulier fur celles de  TABLE rlme, 293 , 194. Ses ouvrages hiftoriques n'ont pu échapper aux ravages du tems, 29j. Ses poéfies ont éu le méme fort, a la réfervede quelques fragmens qui prouvent fes talens dans ce genre, 15,5 & fuiv. Caraftère de fon éloquence comparée a celle de Démofthènes, 299 & fuiv. & a celle de fes contemporains qui prétendoient i ï'éléganceattique, 301 & fuiv. Ses principes de philofophie tirés de I'académie, 306. Comment il nous les repréfènte, 311 & fuiv. Jugement fur un palfage de fon traité de la Nature des dieux, 313 , Note (c). Quitte 1'ancienne académie, s'attache a la nouvelle, 317. Pourquoi il eft difficile de connoitre fes vrais fentimens , 320, 321. Pourquoi il ne faut pas les chercher dans fes harangues, 322 & fuiv. Elles font feulement des garans certains des 323 , Note. Ses lettres famiüères découvrent le fond de fon coeur; exceptions, ibid. & juiv. But de fes ouvrages philoföphiques , 326 , 327, Clé pour connoitre fes opi- 1 nions , ibid. Ses idéés fur la 1 phyfique & la philofophie naturelle ; il connoiffbit certains 1 principes dont on attribue la t découverte auxmodernes, 328. I II s'eft expliqué nettement fur f les points les plus effentiels de 1 la religion & de la morale, 329 i & fuiv. Quel cas il faifoit de I la religion de fon pays , 3 3 4 6- p fuiv. Sa religion divine, 337 d 6- fuiv. Dans quels de Ce( ouvrages il explique avec le plus d'étendue fes principes fur la religion & fur la morale , 3^3 , 3,-4. Son fyftême eft le plus complet qui ait été connu des payens, ibid. 3 j 5-. Objections contre la réalité de la perluafton fur ces points; réponfe,^;,/. & fuiv. Comment il faut entendre la règle qu'il prefcrit de fuivre la nature, ibid._ Note (b). Sa conduite politique a couvert de toure ceniure ,35/86- fuiv. Ses principes comparés a ceux de Caton, 362 & fuiv. & a ceux d'Atticus, 364, 365. Commentil le comportoit invers les citoyens puiffans Sr ambitieus, 366 & fuiv. Ses vrais principes le développoient, lorfqu'il avoit la liberté de les fuivre , 3 69. Sa mort violente , mais non prématurée; il paroiffbitla défirer: Gnit avec gloire le dernier acte de fa vie , 370 , 371. CrcÉRos, le fils , prend la :obe virile a Arpinum, III , 139. Eft amené par fon père iu camp de Pompée, 164. Se liftingue a la tête d'un corps le cavalerie qu'il conduiföit , :8o. Eft envoyé a Athènes & nis fbus la direétion de Craippus, 25-1. S'attire 1'eftime i 1'amitié de Brutus , qui le ait fbn lieutenant général, & 11 donne le commandement e fa cavalerie, IV , f3 , 54. )éfait C. Antoine & le prend rifonnier, 97. Son caractère éfiguré par la poftérité; vraie  DES MATIËRES. 4*i idee qu'on s'en doit former, & abtégé de fa vie, 371 <& fuiv. Acquiert la confidération d'Augufte; eft fon collègue au confulat, 380, 381. Lit au fénat & au peuple les lettres d'Augufle lur la victoire d'Actium ; porte & fait exécuter un décret contre les ftatues & autres monumens d'Antoine, 381. Traits qu'en rapporte Pline, 384. Son caractère, 38$. Cicéron, (Q.) frère de 1'orateur, obtient le gouvernement de 1'AGe après fa préture; le brouille avec fon beaufrère Atticus : Cicéron les ré conciüe , II, 48. Se propofè en revenant d'Afie de voir fon frère a Theffalonique, mais il ne le peut, 174- Arrivé a Rome, & y eft bien requ, 184. Sauve fa vie dans un tumulte en fe cachant fous un tas de corps morts, 119. Eft chaffé de fa maifon par le feu qu'y met la faélion de Clodius, 2.69. Eft choifi par Céfar pour Ion lieutenant général dans les Gaules, 361. Forme le plan d'un poëme fur 1'expédition de Céfar en Bretagne ,373. Accompagne fon frère en Cilicie en qualitéde lieutenant, III, f. Querelle domeftique entre lui & Pomponia fa femme , ibid. & fuiv. Suit fon frère au camp de Pompée, \6z, 163. Obtient fa grace de Céfar; rejette le blame de fa conduite liir fon frère ,185-, 186. Ecrit des lettres injurieufês contre fon frère, ibid. & zo6. Chan- ,ge de langage ; félicite fon frè-< re de fon rétabliflement, ibid. Trifte portrait qu'il faifoit des confuls Hirtius & Panfa, IV t 141, 147. Eft profcrit par les triumvirs : fe cache dans Rome i eft découvert & tué avec fort fils, 39ï> 196. Cicéron , ( Q.) fils, neven de 1'orateur, le rend auprès da. Céfar , & lui donne des informations contre fon oncle, III, 139. Compofe un difcours contre fön oncle, i8f, 186. Ne ménage ni fon père , ni fon oncle , pour avancer fa fortune, 197. Se fait admettre dans la fociété de luperciens inftituée a 1'honneur de Céfar , 322. II abandonne Antoine, & fê réconcilie avec fon père & fes oncles, 451, 4J3. II eft préfentéa Brutus, 456. Accufé Antoine devant le peuple, 4J7. Eft maltraité dans les édits d'Antoine, 487. Efl profcrit, pris dans Rome, & tué avec fon père , IV , 39 J , 396. Cincius , ( Marcus) tribun du peuple , publie une loi qui défend aux patrons de recevoir de 1'argent ou des préfens de leurs cliens, I, 88. Onna , le conful, eft dépofé & chaffé de Rome par fon collègue Oétavius; il léve une armée; appelle Marius a fon fecours ; force 1'entrée de Rome, & paffe tous fes enne* mis au fU de 1'épée , 1, 36. II eft tué dans une fédition de fee propres foldats, 46.  4H TABLE Cinna, (L. Corn.) loue les rneurtriers de Céfar dans un difcours au peuple : il court rifque dure tué , III, 361. Onna , (Helvius ) trioun, ancien ami de Céfar, efl pris pour le précédent, & mis en pièces par les mutins , III, 370. Cispius, tribun, eft repouffé par Clodius & chalfé du forum, II , 219. Civique, couronne civique, €e que c'étoit, 1, 75. Clajfques, auteurs claffiques, pourquoi ainfi appelés, 1, 189 , Note. Cléopatre, reine d'Egypte , part de Rome avec précipitation après la mort de Célar : conférence qu'elle avoit eue avec Cicéron , III, 380. Clodia, fceur de Clodius, fameule par fes intrigues , fait des avances de galanteries a Cicéron, lij 2z, Note. Eft ibupconnée d'avoir empoifonné Métellus (on marl , u?. Son relfentiment' contre Ccelius un de fes amans, 322. Clodius , (P.) fê portepour accufateur de Catilina; il fê 1 laiflë corrompre par argent, 1 & trahit fa caufe, I, 114. Son ( caractère , II,, if. Profane les < myftères de la bonne déeftê, 1 z6 , 27. Accufation qu'on lui 1 intente la-deffus, 28 & fuiv. < Repouffe les attaques de Ci- j. céron dans le fénat par des < railleries , 3 5- , 36. Son pro- j jet de parvenir au tribunat en f fe faifant adopter par un plé- t béien , & fuiv. L'ade dé fon adoption eft pafte par le fecours de Pompée & de Cé- ' far, 82. Brigue le tribunat; feint d'être en différent avec Céfar, 91 & fuiv. Eft élu trioun , ro8. Menace Cicéron; prend poflêlTion du tribunat; empéche Bibulus de parler air peuple en réfignantle confulat, ii4j irf. Fait un traité avec Pifon & Gabinius pour opprimer Cicéron, \i9, Tache d'enchainer le peuple par des loix populaires, 113. Fait infulter Cicéron dans les rues iz6 Ses violences contre les amis de Cicéron : il produit les confuls pour déclarer au peuple leur fentiment contre le confulat de Cicéron, 132. Fait abolir les loix jElia & Fufia, J3 3.134'Publie une loi contre' Cicéron , 147 , i48. PiHe , brule , démolit les maifons dé Cicéron ; confacre le terrein de celle de Rome au fervice de la religion , 149 & fulVi Pourfuit la femme & les enrans de Cicéron , ibid. Em)oifonne Q. Seius Pofthumus mi refufoit de lui vendre fa naifon ; acbète fous un nom raprunté une partie du terrein le celle de Cicéron , ifi. Padie une loi pour détrónerPtosmée, roi de Chypre ; motif e fon relfentiment contre ce rince; charge Caton de 1'exéution de cette loi, 158 6 uiv. II en eft félicité par Céir, 169. Loi qu'il fait receoir pour mettre a couvert une  DES MATIERES. 41< de les créatures ; flatue érigée en ion honneur, 16 z , 162. II brave Pompée & le fai/ït de Tigranes fon prifonnier, &c. i8j. On lui attribue un complot contre la vie de Pompée , 188 & fuiv. Ses artifices pour maintenir fa loi contre Cicéron, 191 , 192. Son chagrin contre les triumvirs; attaque les aétes de Céfar; tombe lur Gabinius, 209, mo. Fin de lbn tribunat, le plus infame & le plus corrompu qui fut jamais, 212. & fuiv. S'empare du forum , en cliaffe les tribuns , & commet plufieurs autres excès, 219 & fuiv. Eft repouffé par Milon; cité en juftice par le même; mis a couvert de cette accufation par le conful Métellus, zzz. Continue fes oppofitions contre le décret qui rappelle Cicéron, 219. Se prélente au peuple, & rifque quelques inveétives contre la loi du rappel de Cicéron, 238. Excïte de nouveaux tumultes contre lui, 249 & fuiv. Se fert d'une occalïon nouvelle pour maltraiter Cicéron, 253. S'oppofê a la reftitution de la maiion de Cicéron, 2 64 & fuiv. Commet de grands excès contre Cicéron & Milon, 268 & fuiv. Eft élu édile; réflexion lur ce choix, 28? & fuiv. Accufé Milon, 288 & fuiv. Applique les réponfes des harufpices a Cicéron, 316, 317. Accufé les tribuns Suffen as, Cn. Caton & Procilius, 384. Eft tué par ordre de Milon, 423 & fuiv. Clodius, (Sextus) occafionne de grands défordres aux funérailles de fon parent Clodius ,11, 425, 426. Eft condamné au banniffement, 440. Eft rappelé par Antoine, III, 377 , 378. Cluentius, ( A.) chevaliec romain , eft défendu par Cicécéron, I, 197, 15,8. CtELius, (Marcus) défendu par Cicéron ; fon caractère, 11,322, 323. Mande les nouvelles de Rome 3 Cicéron, III, 12 &fuiv. Eft fait édile; demande a Cicéron des panthères pour fes jeux , &c. 64 & fuiv. Preffe Cicéron de demeurer neutre entre Céfar & Pompée , 143 & fuiv. Publie diverfès loix odieufès, en qualité de préteur de Rome; eft dépofé ; rappelle Milon ; excite avec lui une fédition ; eft tué; fon caractère, 173 & fuiv. C(elius, ( C. ) quefteur de Cicéron, qui lui remet fon gouvernement, &c. III, 70, 71. Confulaires , leurs privileges , II, 1, 2. Confuls , méthode ufitée dans leur éleétion, I, zzz. Leur autorité , 226, 227. Cornelia , mère des deux Gracchus , fes lettres lues & admirées long-tems après fa mort, I, i?. Cornelios, (C.) tribun, excite de grands défordres ,  4i. Crassus , ( L. ) le plus grand orateur de fon tems, dirige 1'éducation de Cicéron, I, ij. Crassus, (Marcus) met fin a la guerre fèrvile; fl ob"tient les honneurs de 1'ovation avec la couronne de laurier, I, 108. Eft choifi pour collègue de Pompée au confulat, 113. Ses grandes richeffès: comment il les avoit acquifes, 113 , 114. Soupconné d'être complice d'une confpiration avec Catilina & Céfar, &c. II foutient Cn. Pifo contre Pompée, 202. Eft foupconné d'avoir eu quelque part 'a la confpiration de Catilina, 315. II en eft même accufé par Tarquinius, chevalier romain, 3 i 6. Corrompt les juges de Clodius, II, 33. Loue le confulat de Cicéron devant Pompée qu'il déconcerte par-la, 44, 4?. Se rend caution pour Céfar de deux millions : forme avec lui & Pompée le premier triumvïrat, 74, 75. Preftè le peuple de recevoir la loi Agraria de Céfar, 87.Seréconcilieavec Pompée : ils arrachent le conlulat a jEnobarbus , 328 , 319. Obtient le gouvernement de Syrië pour cinq ans.; fe prépare a une expédition contre les parthes malgré les auf-< pices, 347. Avant fon départ il fe réconcilie avec Cicéron, 349 & fuiv. Sa défaite & fa mort; réflexions lur cet événement, 413 & fuiv. Crassus, (Publius) fils d« Marcus, fa mort & fon carac:ère, II, 415, 416. Cratippus , chef des périjatéticiens a Athènes, eft eh?.rjé de la diredion des études du  DES MATIERES. 4t* öu hls de Cicéron, III, if4j iV, 372, 373. Cremutius Cordus , efl mis a mort par ordre de Tibère, pour avoir loué Brutus, IV, 246, 247. Crete , (1'ifle de ) efl enVahieparles romains, I, 105 , 106. Curio , ( Scribonius) orateur de profeftlon, nature de fon éloquence & de fon action, I, 93, 54. Curion , le fils, Ie déclaré contre le triumvirat, II, 98. Confond Vettius qui Paccuföit d'avoir formé un complot , lof. Commence un commerce de lettres avec Cicéron ,• fon caractère, 411 , 412. Obtient le tribunat: change de parti & fe déclaré pour Céfar, III , 66, 67. Motif de fon changement, 68. Se rend au camp de Céfar, 91. Rend une vifite a Cicéron , & le prefie de demeurer rteutre entre Céfar & Pompée, 147, 148. ChalTe Caton de la Sicile , 160. Eft défait & tué en Afrique ; fon caractère, 200, 1 201. Cürius , un des complices de la conjuration de Catilina , 1 gagné par le moyen de fa mai- ] trefte Fulvia , découvre leurs complots a Cicéron , 1, 263. 1 Accufé Céfar, & demande la 1 récompenfë aftignée a celui qui decouvriroit le premier la conf j. piration; perd cette récompenfë par Ie crédit de Céfar , II , c f6. ! Tome D amasippe, préteut de Rome , fait mourit les princit paux fénateurs, par 1'ordre du jeune Marius, 1, 47. Decemvlrs , prépofes a Ia garde & a 1'interprétation des livres des Sibylles, i V , 337. Decumans , fermlers géné-i raux de la république , pour-» quoi ainfi nommés , III , ip Note (ü). Dé jotarus , roi de Galatie, fidéle allié de Rome, s'oppofê a 1'exécution d'une entreprifê de Clodius, II, 213. Se prépare a joindre fes troupes k ctlles de Cicéron contre les parthes , III, 47. Perd une. partie de fes états a caufê de fort. attachement a Pompée: accufé d'avoir formé des deffèinscontre> !a vie de Céfar, il eft défendu par Brutus & par Cicéron ,311, 512. Se rétablit dans fes étatsi )près Ia mort de Céfar ; les: niniftres a Rcme achètent la jroteftion d'Antoine, 415'. DÉMÉTRius,fameuxmaÏ!re^ 1'éloquence a Athènes , I '7- ^Démosthenes , modèle des licéron ; leurs talens mis ett larallèle , IV , 299 & fuiv. Denis de Magnefie,fameux: hétoricien, accompagneCicéon dans fês Voyages, I, 69, Devins. Voyez Har'uf •ices. Diitateur , cet office , utile ans les commencemens de la épublique, devient odieux fit Dd  4i» T A B L E fufpeér dans la fuite, pourquoi, I, yi. Dion Cassius , lur quoi étoit fondée fa prévention contre Cicéron ; a quels excès il pouffè fa malignité contre lui , Préface , lxxvj & fuiv. Prétendoit avoir recu du ciel 1'ordre d'écrire l'hiftoire , ibid. & lxxix. Dionysius , lavant grec , affranchi d'Atticus, eft chargé de 1'inftruction du fils & du neveu de Cicéron, II, 333, III, 47. Diodo re , le ftoicien, entretenu chez Cicéron , lui donne des inftruétions lur la logique , Ir.44- Divination naturelle & artificielle , ce qu'en penfoient les ftoïciens, IV, 3 3 8 & fuiv. Divination , efpèce de procédure , donne lieu a une oraifon de Cicéron ainfi nommée , I , lilt», 134- Divorce, fa liberté , lans frein a Rome , n'avoit rien d'avantageux , III , 7. Pratique ufitée dans les cas de Divorce, lorfqu'il y avoit des enfans ,214, Note. Dolabella , ( P. Cornélius) époufelafille de Cicéron, III, 5 y. Son caractère : il ie porte pour accufateur contre Appius Claudius, 5 6. Exhorte Cicéron a abandonner Pompée, ,17%, 173. Obtient le tribunat; excite de nouveaux troubles; défordres de les affaires, 188 , 189. Se fépare de Tuiüa fans "éclat, 2 ?4. Manque le confulat par les artifices d'Antoine ; fait un difcours injurieux contre lui au fénat ,319. Prend pofleffion, du confulat après la mort de Céfar ,383. Donne de bonnes efpérances de fa conduite; démolit une pyramide & un autel élevés a Céfar , 385-, 386. Séduit par 1'argent d'Antoine , il contribue a renverfer la république ,418,419. Part de Rome pour s'aller mettre en pofTefïïon de la Syrië; furprend Smyrne; fait cruellement mourir Trebonius, IV , 57 & fuiv. Eft déclaré ennemi de la république , 60. Eft affiégé dans Laodicée, & réduit a 1'extrémité, il fe tuelui-même, 162, 163. Domitius , (Cn.) afpirant au confulat, fait un marché fort étrange avec les confuls .Sinobarbus & Appius , II , 378,379. Domitius , ( L.) préteur, attaque Ia validité des acres de Céfar, II, 143. Se jette dans Corfinium ; y eft affiégé par Céfar, III , 111 , 112. Se rend a difcrétion; eft renvoyé libre, 117. Drusus , tribun, eftaftaffiné en s'efforcant d'établir une loi en faveur des villes d'Italie qui demandoient le droit de bourgeoifie romaine , I, 27. Duumvir, ce que c'étoit, I, 247. E fjDiLES, nature & devoirs de leur office: Ediks curults;  DESMATIERES. 419 Hdiles plébékhs ,1,112,113. ïls fe )u inoient fouvent par la dépeniedes jeux publics, 170. • Edilité, (f) ou le tribunat, étoient des voies néceffaires pour conduire aux dignités fupérieures , I , 121 & fuiv. Droits de V Edilité, 113. Eleusinf , ( myflères d') a cjuelle fin ils furent inventés, 1, 67 ,68. Quelques détails fur Ces myflères, 6 8 , 69 , Note(c). Éloquence , cet art doit fa riaiflance a la liberté ; elle ne fleurit que dans un état libre, 1, 99 , 100. L'éloquence rornaine difparoit avec la liberté, IV, 304, 305-. Fauflè éloquence de Pline, ibid. Empereur, ou Imperator , ce que ce mot fignifioit dans Ion origine, II, 14 , Note. Epicuriens , leur reipect pour les refles de la demeure d'Epicure, III, 11. Ils en font Taillés par Cicéron , 12. Bon mot d'Arcéfilas fur leurs conquêtes , IV , 320 , 32 •. La plupart des leigneurs romains & des amis de Cicéron étoient de cette feété, 3, Note (a). AviliiToient la nature humaine par leurs principes relachés, 364. Equeflre , (1'ordre ) ou des chevaüers, ce que c'étoit, I , 4, Note (b). Sylla óte a cet ordre le jugement des caufes, & le reftirue au fénat, 52. Le droit de judicature lui eft rendu, 166. II obtient des places parïiculières aux théatres par la ioi du tribun L, Othon , 185 , 186. De quelle confïdération il étoit dans la république ,131, 131. Erana , capitale dü pays d'Amanus , eft prife par Cicéron après quelque réfiftance, m, 37. Erasmr , fait dans un age avancé , 1'éloge des écrits de Cicéron , contre qui il avoit contrafté quelques préjuoés dans la jeuneffe , Pre/ace, Ixxj. Trait de cet auteur fur. Cicéron , IV , 148 , 265 , Note (a), 253. Esope , fameux comédien en jouant fon röle , fait tomber la penfée des fpeétateurs fur. Cicéron, li, 227, 228. Evocati, ce qu'on entendoit par-la, IV, 1246- Note (e}. F Fa b r a , veftale , fceur de Ia femme de Cicéron, eft foupconnée d'incefte avec Catilina ; elle eft appellée en juftice Sc déclarée innocente , I 221. Fabius , ( Q. ) 'eft"fai£ conful par Céfar, III, 308 , 309. L'honneur du triomphe lui eft accordé; différence de ce triomphe avec celui de Céfar; bon mot la-deflus ,310, 3 1 x. Meurt fubitement ,316. Fabricius , (Franc.) Sa vie de Cicéron; idéé de cet ouvrage, Préface , lxxxij. Fabricius , tribun , eft attaqué & chaffé du forum par Clodius, II, 218. Favonius , fénateur, affecDd ij  4io T A B L E" tok d'imiter Caton , III , 43- Fibrenus, petite rivière qui arrofoit la maifon paternelle de Cicéron ,1,6. Flaccus , ( L. Valerius ) accufé de vol & de rapine , efl défendu par Cicéron, II, $6, 97- Flaccus , ( M. Lenlus ) recoit dans fa maifon de campagne Cicéron exilé, II, 168 ; & au retour de fon exil, 141. Flavius , tribun , met le ccnful Métellus en prifon , II, 53. Flavius , pr'éteur , veut arracher Tigranes des mains de Clodius : fon efcorte ell battue, & il te fauve a peine, II, 184, 185. Fonteius , qui avo't été préteur de la Gaule Narbonnoife , accufé par les peuples de cette province , efl défendu par Cicéron, 1, 176, 177. Forum , la grande place publique de Rome, I , 18. Fut via , femme d'Antoine, fa barbarie , III , 486. G Cjabinius, (A.) tribun, propole une loi pour accorder a Pompée une commiffion extraordinaire, 1, 180 & fuiv. Eft élu conful, II, 118. Traité qu'il avoit fait avec Clodius , ■ibid. Son caraéière, 121. Rejette la demande des chevaliers en faveur de Cicéron, 127. Sa •fureur contre le fénat; übannit L. Lamia , chevalïer zélé pour Cicéron, 128. Condarane Ie confulat de Cicéron devant le peuple, 132. Traite mal les amis de Cicéron, 137. Sevante d'avoir été le favori de Catilina, 145. Combat pour Pompée contre Clodius, 189. Se retire dans fon gouvernement de Syrië , 214. Remporte quelques avantages fur Ariflobule; le fénat lui refufé les honneurs qu'il demande, 314. Eft rappellé de fa province par le fénat , 310. Rétablit le roi Ptolemée , 334. Revient a Rome ; efl accufé de divers crimes ; eft abfous de celui de trahifbn, 387 & fuiv. Succombe dans le procés de concuflion , quoique défendu par Cicéron , eft condamné au banniffement perpétuel, 393 , 354. Galba , ( Ser^ius ) un des meurtriers de Céfar , &c. IV, 146. Gallius , ( Q.) eft accufé par CalHdius , & défendu par Cicéron, I, 123 & fuiv. Gaule Narbonnoifè , moeurs que Cicéron attribue aux peuples de cette province, 1, 176, 177. Gellius , ( L. ) eft élu cenfeur avec Cn. Lentu'us;ils exercent cet office avec févérité, I, 169. Gnipho , célèbre rhétorlcïen, tient 1'école d'éloquence a Rome , 1, 198. Gracchus, cataftrophe de Tjber. Gracchus , Pré/act r  DES MATIERES. 41* 'Note 'a), cviij & fuiv. On crut les Gracchus redevables de leur éloquence a leur mère Cornelia , I, i4) 15. Grecs , (les ) étoient les meilleurs maitresd'éloquence , Ï,i7. Leur difcipline, & furtout 1'éloquence , étoient en honneur a Rome, 54. Les hiftoriens Grecs doivent être lus avec précaution fur les affaires de Rome , Préface , Jxxij. Guerre Marfique, autrement appelée Italique , ou Sociale, 5, zé. Une partie de 1'éducation romaine étoit le métier de Ja Guerre ; c'étoit la voie la plus söre pour s'élever aux honneurs, 18, 29. Première Guerre civile qu'on eut vue proprement dans Rome, 33 , 34. Guerre octavienne , 26. Servile, 108. Guerre de Sertorius , 109 & fuiv. H Rt/SPiCEs, confultés fur certains prodiges , leur réponfe , II, 31 247, Quvre a Céfar une voie a Ia dignité de grandprétre, 249. Abandonne Céfar; ruine par-la fa fortune fans procurer aucun avantage a Pompée, III, id , 103. L^elia , femme de 1'augure Scsvola, fameufe par 1'élégance de fes difcours, I, y y , 56, Laterensis, lieutenant de Lepidus, fait avertir Plancus da fa trahifon, IV, 170. Se tue de fa propre matn, ibid. Legatio libera, légation ou ambalfade honoraire , ce que c'étoit, I, 320. Legs , qu'on recevoit des amis & des ellens a leur mort, voie honorable de s'enrichir a Rome, IV, 268. Lentulus , un des complices de la conjuration de Catilina, fon caractère, l, 258 , 259 & fuiv. Efl étranglé dans la prifon ,310,311. Lentulps , (L.) accufé Gabinius de trahifon, II, 3 8 3. Se con-duit mal dans cette affaire, 390. Lentulus , ( Publ. CorneKus ) conful élu , propote le rétabliffement de Cicéron, II, 150. Donne des jeux & des fpectacles, &c. 224, 225. Soa zèle pour le rappel dc Cicéron, 24y. Sollicite la commiffion de rétablir Ptolemée dans le royaume d'Egypte, 27?, 279. Se rend a fc-n gouvernement de Cilicie, après avoir confié le foin de fes affaires a Cicéron , ibid. Ne penfe plus au rétabliffement de Ptolemée . 313. Eft pris a Corfinium & renvoyé libre par Céfar, III ,117.  DES MATIERES. 4'-3= Lepidus , (Marcus) conful, entreprend de faire, caffer les aftes de Sylla , & de rappeler les exilés; il n'y peut réuffir; prend la voie des armes, I, 80, 81. Son armée eft miie en déroute , 82. II fe fauve en Sardaigne oü il meurt, ibid. Lepidus , (Marcus) fils du précédent, penfe a faire mainbaffe fur ceux qui avoient tué Céfar , & a fe rendre maltre du gouvernement: il en eft dilfuadé par Antoine , &c. le met en pofTeflïon de la dignité de grand-prétre, III , 362, 363. Oftre une compofition honorable a Sextius Pompée ,450. Ecrit au fénat pour 1'exborter a faire la paix avec Antoine , IV, 88. Eft foupconné d'intelligence avec lui, 92. S'excufè d'avoir envoyé du iecours a 'Antoine , 149. Agit de mauVaile foi avec Plancus: joint fes forces avec celles d'Antoine, 169 , 170. Eft déclaré ennemi de la patrie , 174. Forme la ligue du fecond triumvirat avec Octave & Antoine, 229 & fuiv. Confent a la profcription de ton propre frère pour obtenir celle de Cicéron, 23y. Eft la dupe de les deux collègues; fon caractère; abandonne fon véritable intérêt; eft dépofé de fa dignité par Octave , 237 & fuiv- Lettres de Cicéron a Atticus, I, 178 & fuiv. 265 & fuiv. 3126' fuiv. II, 43 & fuiv. 49 & fuiv. 78 & fuiv. 93 & fuiv. 100, io 1, 104, 109 , iio <£• fuiv. 178, M9i 181 , 182 , 192, 193 & fuiv. 198 , 201 , 206 (j fuiv, 324 , 325 , 330 6- fuiv. III, y & fuiv. 18 & fuiv. 27 & fuiv, 31 & fuiv. 36 , 40, 46 , 50 & fuiv. 72 , 78., 82 , 83 , 8y , 87 , 96 & fuiv. 104 , ioy , 112 &■ fuiv. t 17 , 116 & fuiv. 152 , 154 , 156, 157 , 158 , léo , 190 , 203 , 232 , 250 , 258 , 271 , 273 , 287 , 291 , 297 , 299 & fuiv. 307 , 309, 313 & fuiv. 355 , 35 6, 374 ,,38l> 38J , 354 , 398 , 399 , 4°o > 4°3 > 4°4 , 414 > 4266- fuiv. 43 y & fuiv. 438 , 440, 443 , 447 , 481 & fuiv. Lettres de Cicéron a Q» MetellusCeler,II, 7 & fuiv. A Pompée ,146- fuiv. A Terentia, 194 & fuiv. A Gallus, 273 & fuiv. A Lentulus, 3oy&fuiv. A Lucceius, 3 27. A M. Marius , 342, 343. A Céfar, 365 & fuiv. A Q. Cicéron ,3906- fuiv. 400. A Curion ,412 ,420 & fuiv. A Trebatius , III , 12 , 13. A Ccelius, 17, éy. ACaton, sy« A Papyrius Pauus, 41 , 219 6fuiv. 224 &fuiv. 226. ATiron , 80 & fuiv. A Pompée , 120 & fuiv. A Céfar ,1316- fuiv. 186. A Varron , Z17 , 2ié. A Plancus, 2iy. A Ampius, 228, 229. A Servius Sulpicius, 239 & fuiv. z66 & fuiv. A Ligarius , 247, 248. A Caftius, 3oy , 378 ; IV , 28,70,19y. A Curius, III, 317, 318. A Dolabella , 387 & fuiv. A' Matdus, 406 , 407. A Marcus Brutus, 446 ; IV , yy , 99 & fuiv, 114 , 146 , i?7 > I?? > Ddiy  •4*4 T ABLE • il75", i8t, 191, 2,07. A Lepidus 1 95. A Plancus, 96 , T04 & fuiv. A Decimus Brutus , tl?2 , ié6 , 186. Lei tres de Cadiusa Cicéron , III , 14 & fuiv. y8 , 60 , 142, H46,168. De Caton a Cicéron , 44, 4?. De Pompée a Cicéron, (lio. De Céfar 3 Cicéron ,118, U29 , 140. De Balbus a Cicéron, 127 , 135. Du même & d'Appius ,133, 134. D'Antoine a Cicéron, 142, i;r, 378 , 379. Du même a Hirtius & a_Céfar, 84 & fuiv. De Servies Sulpicius 3 Cicéron , 2.6i_ & fuiv. 278. De Caffius a Cicéron , 296 , IV , 117 A fuiv. De Matius a Cicéron , III, 408 & fuiv. De Brutus & Caffius a Marc-Antoine , •419, 47*. D'Hirtius a Cicéron, 432. De Marcus Brutus aux confuls, IV, 42 , 43. A Cicéron, 54, 99, I77 , 2I7_ De Lentulus a Cicéron, 54. De Plancus a Cicéron , 109 & fuiv. 167, 170. De Pollion a Cicéron, m & fuiv. ifo. De Galba a Cicéron , 12 4 6fuiv. De Lepidus a Cicéron , 149, ijo. Au fénat, 171. De D. Brutus 3 Cicéron , 153 , , 164 , i8y. De Trebonius a Cicéron, 373. De Marcus Cicéron a Tiron, n^&fuiv. Lettres, remarques fur celles de Céfar, de Pompée , d'An- 1 toine, &c. qui fe trouvent parmï celles de Cicéron , IV , 291 & 1 fuiv. Note. ( Lettres familières de Cicé- t Ton, & iiir-tout fes lettres d Atticus , font des mémoires! de ce tems-la, Préface, lxviü IV, 287 .6- fuiv. Liberté, un chapeau en étoit 1'enfeigne, III, 3 S9, Note (a). Licinia , deux dames romaines de ce nom excelloient dans la délicatelle du langage , Ligariüs , eft pardonné par Cefar, III, 247, z?o. Son caradère , MO, Lrcus, (^Elius)tribun, s'oppofê au rappel de Cicéron II, 183. Loix. La connoiftance des loix élevoit aux premiers honneurs de la république, 1, 21, Loi Cincia, 88. Propofïtion de quelques nouvelles loix, qui mettent 1'agitation dans Rome ; loi de Gabinius, 180 & fuiv. Celle de L. Othon , 18 f , 18 6. Loi Calpurnia, 187. Loi Manilia, 192 & fuiv. Effet ordinaire de 1'infraétion des loix 196. Loi de Papius, 211. Loi Agraria, 233 & fuiv. Deux loix portées par Cicéron , 320. Loix propofées par Clodius, II, 123. Autre du neême pour l'abolition des loix Ailh & Fuüa; changement qu'elle caule lans la conftitution de la réJublique, 134. Loi Julia, III, :\ , Note. Loilius , (M.) chef des nutins fous Clodius, II, 250. Lucceius, célèbre écrivain, mtreprend d'écrire l'hiftoire de Cicéron fon ami, a fa follici3tion , II, 326 , 327. Lucullus , (L. ) conful,  DES MATIERES. 4** s'oppofê aux entreprifes du tribun L. Quinctius, I, 103, 1I04. II eft chargé de la conduite de la guerre contre Mithridate, 107. Chafie Mithridate de fon royaume de Pont, après I'avoir vaincu dans plulieurs batailles, 191- Mutinerie de ion armée, ibid. Obtient 1'honneur du triomphe a la follicitation de Cicéron ,311, 312. II fe retire des affaires, fon caractère , 322. S'oppofê aux prétentions de Pompée , II, 58. Eft maltraité par Céfar & lui demande pardon , 89. Luperciens. Société inftituée en 1'honneur de Céfar, III , 322,325. Lupus , tribun , propofe d'annuler Pafte du confulat de Céfar pour la divifion des terTes de Campariie, II, 277. Luftricus dies , ce que c'étoit, I, Note tb) 8. Lyce'e, college d'Athènes oü Ariftote ouvrit fon école, IV , 309. M IVIacer, (Licinïus) accufé pour fes extorfions, eft condamné par Cicéron ; fa mort différemment racontée , I, 19c Magius , (P.) affaffine for ami Marcellus, & fe tue dt •même poignard, III, 278; 279- Qui ü étoit, conjeftun fur les caufes de fon crime; 281, 281. Mammurra , général di 1'artillerie de Céfar, fon caractère, III, Note (a) , 314. Mamlius , tribun , excite des troubles par une loi nouvelle qu'il propofe & qu'il eft contraint d'abandonner : il en publie une autre pour tranfporter de Lucullus a Pompée la conduite de la guerre contre Mithridate , I, 191. H efï accufé de rapine & de concuffion; eft défendu par Cicéron, 199, 200. Manlius , centurion, léve une armée pour le fervice de Catilina, I ,257. II eft déclaré ennemide la république , 275. Marcellinus , ( Cn. Corn. Lentulus) conful, oppofé aux triumvirs, prenoit fouvent le ton dur a 1'égard de Pompée , II, 294, 295. S'efTorce d'infpirer au peuple des défiances contre Pompée, 3-28, 329. _ Marcellus , (Marcus) édile avec Clodius, parle pour Ia défenfe de Milon contre fon collègue, II, 289, 290. Ardent ennemi de Céfar , propofe plulieurs decrets contre lui: fait fouetter un magiftrat de CÊrae , qui fe difoit citoyen romain , III, 61, 62. Obtient fon pardon de Céfar , 238. Eft aflafliné par fon ami Magius, 278, 279. Son caraftère , 309 & fuiv. Marius , compatriote de Cicéron , 1, 6. Sa conduite dans la guerre Marfique, 30, 31. Ses menées pour obtenir le Gomman dement de Parmée con. tre Muhridate a la place de '. Sylla; forcé de fuir de Rome, il plonge jufqu'au menton dans  TAB L E 1 eau des marais de Minturnum ou il efl découvert & fauvé par ïes habitans du pays ; il retire en Alrique, 33 , 34. Ce qu on dit des deux gaulois enVoyespour le tuer, efl uneinventionmoderne, Note, ibid. li entre dans Rome avec ure armée & y commet de grandes cruautés , 37. Comment il excufa ces cruautés; fa mort i oc Ion caradère, 38 & fuiv. Son cadavre efl cxbumé & jeté 1 da-s la rivière d'Anio par les i «rdres de Sylla, 80. Monument de Marius, ce que c'é- s t0k, II, 2M. * Marius, le fils, efl affiégé 1 dam Pramcfte; ordres qu'il envoie au préteur Damaffppe; c ïlletue lui-même, I, 47, 48. , Marfique, ( guerre ) appe- li lee auffi Sociale & Italique: 1 quelle en fut Pocéafion ; idéé fuconte des événemens de cette u guerre, I, z7, z3. - v Marcellus & Cefetius, tribuns, arrachent Ie diadême ft qu'on ayoit mis fur la flatue S< de Céfar ; ils font déoouilJés tc de leur magiflrature & de la qi qualité de fénateurs, III, 323. Matius intime ami de tri Céfar; fon emportement con- ro tre fes meurtriers ; converfa- ré tien qu'il eut avec Cicéron, 32 *P. 19U 396. Se charge du co lom des fpedacles donnés par un Octave a 1'honneur de Céfar, av 406. Juftifie fa conduite dans pe une lettre a Cicéron , 408 , pl( 409 & fuiv, Son caractère' pé. 412, iVW. C0] Memmius , ( C.) préteur, attaque la validité des ades de ,r?r»!I '.Hi.Etrange marché quil avoit fait pour parvenir au confulat; il le rompt & en avertit le fénat, 378 & fuiv. Banni de Rome ; fait fon fé!our a Athènes; chagrin qu'il caufe aux épicuriens ; recoit me lettre de Cicéron a ce fuet, III, 11, 11. Menippe de Stratonique 'rateurd'Afie.accompagneCil cron dans fes voyages , 1, 69. Merula , bourgeois d'Ana;me , érige une ftatue a 1'honeur de Clodius, II, l6l 61. Messala , ( Mare. Valerius) anful, fon caradère, II, 38. Messala, {P. Valerius) 272. Ss rend a fon gouvernement d'Efpagne après s'être réconcilié avec Cicéron , 279. Veut empêcher Céfar de fe rendre maitre du tréfor public, III, 149. —~ Metellus , ( Q. Caftius) Celer, fon caractère , II, f6, Eft mis en prifon par le tribun Flavius , 58. La Gaule Tranfalpine lui tombe en partage ; jo'.e qu'il en reiTent, 60 S'oppofê vivement a 1'adoptiot de Clodius fon beau-frère, 6 6 Sa mort prématurée & imprévue fait foupconner fa femmi de I'avoir empoifonné , 115 116. Metellus , ( C. Claudtus conful , propofe de donner u fucceffeur a Céfar : oppofitioi de fon collègue & du tribi Curion, III, 68. Milon , tribun , repoufi Clodius qui attaquoit fa maifoi Je cite en juftice , II , 22 Achète des gladiateurs pour défendre , 223. Attaqué ut feconde fois , il le repouffe tue une partie des fiens, 27c 171, Eft accufé par Clodiu: & défendu par Pompée, 2! & fuiv. tpoule f auita , mie de Sylla, 355. Fait tuer Clodius, 424. Eft défendu par Cicéron ,4296 fuiv. Eft exilé, 438. Eft rappelé a Rome pat Ccelius: ils y excitent des troubles ; eft tué ; fon caradère , III, 174- Mithridate , roidePont; fon caradère ; _ fait la guerre contre les romains, I , 3 3. Il fq rendmaitre d'Athènes, 43 • Traite M. Aquilius avec indignité, 74 , 75. Renouvelle la guerre contre Rome, 106. Eft battu par Lucullus & chaffé de fon royaume de Pont, 192, 193* Sa mort, 323. Mitylene, ville de 1'ile de Lelbos , livre Aquilius a Mithridate ; eft détruite par Q. Termus , & rétablie par Pom, pée , I , 74» 7?. [ Modène , foutient contre Antoine un des plus rriémo. rables fiéges de 1'antiquité, IV, : 122. Molon le rhodien, fameux maitre d'éloquence, donne des ) lecons a Cicéron, I, 43- II n fut le premier a qui 1'on permit is de le fervir de la langue grecn que au fénat ,53. Mongault, (1'abbé) éloge 'e de fa tradudion des Lettres de i, Cicéron a Atticus, Préface, lxXXvj. ê Mucta , femme de 1'orateur ie L. Craffus, excelloit dans Ia & délicateffe du langage , I , MuSiESA, (L.) élu conful, p accufé de brigue & de corrup-  f TABLE «™ , «i aetendu par Cicéron , ') *77 6' fuiv. N KL k LR0N' (T-Claudius) recherche en inariage la fille de Cicéron, III, yy° Ntnwws, (L.)"tribun, fa. Vonfe Ccéron , II, n4. Engage le fénat a prendre 1'hatjit de deuil, comme avoitfak «^ceron, ,l7> Il8. Pro fe *bn rappel, ,83. Tourne une achon de Clodius en ridicule 21 r. ' Nomenclateurs, leur emPIo.>, I, 120. Si leur ufajje etoit contraire aux loix, ibid Norns des families romai- , «es leur origine, I, 819. < Novius Niger, quefleur, , efl condamné a Ia prifon pour , avo.r re9u une accufation con*reCefaralorspréteur, II, lÉ} j l 0 ' ' O , 1 wctave, furnommé enfuite f Augufle , fa naiffance fous le r, confulat de Cicéron; réflexions 1 a cefujet, I,3M. Envoyé en q Macédoine par Céfar fon oncle h tl en revient au bruit de fa' p; mort pour recueillir fa fuccef- F lion; efl préfenté a Cicéron, tri i«, 402 ,• 403. Se réfout a pi pourfmvre fes droits malgré tai les confeils de fa mère & de ur ton beau-père, ibid. Prononce qu un dIfcours au peuple de la fo, tribune, 404. Donne desfpec- pu tacles & des jeux a Phonneur & tr i °nCJe' 4°*' Ea t»verfe dans fes prétentions par Antome, 437. Forme un complot contre la vie d'Antoine 477, 478. Sollicite les foldats' de fon oncle ; forme un corps de veterans; promet de fe conduire par les avis de Cicéron 479 , 480. Decret propofé en la faveur par Cicéron, IV, IO ' Honneurs que quelques fénateurs vouloient lui decerner, I4. Sa conduite & Ion courage; reproché mal tonde que lui fit Antoine dans la fuite, 12.8. Le conful Hirtius & lui gagnent une viöoire complette fur Antoine ,138 ' iS. Efl foupconné d'avoir fait uer les confuls Hirtius & Pana> Hf, 146. On Iuiaccorle 1 ovation , i48. Pourquoi il 'epourfuit pas Antoine, iy2, -•te une correfpondance avec Antoine & Lepidus; demande le onfulat avant lage de vingt ars> 79. Efl nommé conful 18?' orme plufieurs plaintes fans «dement, 184. Cherche qUe■11e au fénat & a Cicéron, i8rme la ligUe du fecond umvirat avec Antoine & Lelus, i29 & fuiv_ Sa réRC_ 'ce _a facrifier Cicéron fur efeinte, 234. Eft plus cruel 5 les collègues, idéé ' nmaire de fa conduite des Ia mort de Céfar, 236 fuiv.  DES MATIERES. A*9, Octavius , (Cn.) conful, dépofe fon collègue Cinna & le chaffé de Rome; il eft tué, I, 35- Oppius , preffe Cicéron de favorifer Octave, & fe rend garant de fes intentions, III, 489, 490. Oraifons de Cicéron ; celle pour Quinftius, I, y6, 57. P°ur Rofcius d'Ameria, j8 & fuiv. Pour Rofcius le comédien, 84. Contre Coecilius & Verrès , 126 & fuiv. Pour Fonteius, 176, 177. Pour la loi Manilia, 195 & fuiv. pour Cluentius, T97. Pour Q. Gallius, 218 & fuiv. Contre la loi Agraria, 23 5 & fuiv. Celle pour appaifer un tumulte occafionné par la préfence d'Othon au théatre, 242. Celle aux enfans des profcrits, 243 , 144. Pour Rabirius, 245 & fuiv. Première contre Catilina , 265 & fuiv. Seconde contre le même, 272 & fuiv. Celle pour Murama , 277, Pour C. Pifon , 281 , 282. Troifième contre Catilina, 290, & fuiv. Quatrième contre le même, 300 & fuiv. Pour P. Sylla, II, 18 & fuiv. Poui le poëte Archias, 38. Pour Flac cus, 96. Au fénat & au peuple pour les remercier de fot rappel, 246, 247;Pour la ref titution de fa maifon , 25! & fuiv. Pour Sextius, 299 Sur les réponles des harufpice -17, 318. Pour la diftributio des provinces conftilaires ,319 320. Pour Cornel. Balbus 320, 321.Pour CceliuS, 322, 323. Contre Pifon , 336 & fuiv. Pour Plancius, 386.Poucv. Rabirius Pofthumus, 396 & fuiv. Pour Milon , 419 & fuiv. Pour Marcellus , III , 238, 241. Pour Ligarius, 249 & fuiv. Pour le roi Dejotarus, 311, 312. La première Philippique, 46Ï. Seconde, 473. Troifième , 492. Quatrième , 496. Cinquième , IV, 3 & fuiv. Sixième, 16 & fuivi Septième, 20 & fuiv. Huitième, 29 & fuiv. Neuvième , 3 2& fuiv. Dixiqme , 44 & fuivi Onzième 61 & fuiv. Douzièi me , 74 & fuiv. Treizième, 89 & fuiv. Quatorzième, 9Jj & fuiv. Oraifon de J. Céfar fur les complices de Catilina, I, 298. De Caton iur le même fujet, 307 & fuiv. Orateur, idéé de cette profeftlon, I, 23 , 54, ?7-Elle n'étoit point mercenaire, les honneurs & les dignités en étoient la récompente, 42 Sf fuiv. Sefte d'orateurs attiques, IV, 302 & fuiv. Orestinüs , (L. Mucius) tribun , empêche la publication d'une loi contre la brigue & la corruption; fe joint aux 1 ennemis de Cicéron qui 1'a■ voit défendu dans une accu! fation de pillage & de vol, I, • 1I7- s Osaces , général des par- 1 thes, eft bleffé mortellement, , IH, 35- , Othon, (L.) mbun,pu-  43° TABLE bhs une loi qui affignoit a 1'ordre équeflre des places particulières auxthéatres, I, i8y. Sa préfence au théatre occafionné un turnulte, 141, z^z. P Pansa, conful, concourt aux réfolutions modérées • des amis d'Antoine , IV, 27. Communiqué au fénat la lettre de Brutus dont il fait 1'éloge, 43 , 44- S'oppore aux propofitions de Cicéron faites en faveur de Caffius, 70. Se met en marche a la tête d'une armée contre Antoine, 83. Se bat contre Antoine ; détail de cette adion, 123 & fuiv. Eff blelfé, 118. Sa mort, 139. Son caradère, 141 & fuiv. Papirius P^etus, fait préfent a Cicéron d'une colleciion_de livres, II, 78. Envoie des inffi-udions miütaires a Cicéron , qui lui fait une réponfe badine , lil, 41. Papius , (C.) tribun, renouvelie la loi qui obligecit les étrangers de quitter la ville de llome, I , 2 1 t. 1 Parthfs, paflènt 1'Euphra- i te, MI,2 3. Bloquent Caffius dans Antioche; font battus en Cili- 1 cie ; abandonnent Antioche ; 1 font mis en déroute par Caffius, t 34, \%. Patriciens, qui étoient ceux c a qui ce titre appartenoit, I, p 216, Note. Paulus , ( L. jEmilius) fait e conftruire de mngnifiques édi- I fices, II, 40?. Efi corrompö par les libéralités de Céfar lil, 68. ' Pedius, (Q.) eft nommé conful avecOdave, IV, 183; S'efForce de calmer Ie peuple alarmé des protcriptions; meurt de fatigue, & faifï d'horreur, 233. Pentelicien, marbre pentelicien, ce que c'étoit, I, 207, 208 , Note. . Pères, (les) de l'églife Iatme faifoient grand ufage des ecnts1 de Cicéron, III, Note (ci) 289. v ' . Peripate'tiques , pourquoi ainfi nommés; s'accordoient avec les académiciens dans les principes fondamentaux de leur philofophie, IV, 310 & fuiv. Perpenna,lieutenant de Sertorius qu'il fait affiaffiner pour ufurper fon autorité, efl pris & mis a mort par Pompée, I, in, 112. Petreius , lieutenant de C. Antotne, le détermine 3) :ombattre Catilina ; il taille en pièces Catilina & toute fon armée , I, 314. Phedre 1'épicurien , urt les premiers maitres de Cicéon pour la philofophie ,1, 26. Philippus, (L.) efl député 'ers Antoine, IV, 1 Retoure a Rome avec la réponfe 'Antoine, 2j, zS. ' Philon , fameux académïien , vient a Rome oü il a our difciple Cicéron,I, 41,42. Pindenijfum , fa fituation j ï affiégé & pris par Cicéron, 1, 40.  rïP.S MATIERES. Pifidiens , peuple Hvré a la divination, IV, Note (rt), 344- Pison, (Cn.) foupconné d'être complice d'une confpiration , &c. obtient le gouvernement de 1'Efpagne ; complot avec Céfar qu'on lui attribue ; il eft aiTaftiné , I, 201 , 201. Pison , (C) eft défendu par Cicéron , il eft abfous, 281. Pison, ( Marcus Puppius) conful, partifan de Clodius ; fon caradère , II, 37. Pison (L. Calpurnius) conful, beau-père de Céfar, donne des marqués d'amitié a Cicéron, II, 129. Traité qu'il avoit fait avec Clodius ; fon caractère, 120, i2t. En quel état il reqoit une vifite de Cicéron : refufé de prendre fon parti, 130. Sa réponfe aux amis de Cicéron qui imploroientfaprotedion, 137, 138. Se vanu d'être coufin de Cethegus, 149 Soutient Clodius contre Pompée , 189. Se rend a fon gouvernement de Macédoine ,214 II eft rappelé par le fénat, 320 Sa mauvaife conduite & fe malverfations dans cette province : revient a Rome; atta que Cicéron dans le fénat vive réplique qui lui eS faite 3366- fuiv. Eft élu cenfeu avec Appius, III, 57. Ne pren point de part aux procédés d fon collègue , 59. Se fign; le par un difcours plein de fei meté & d'honneur , 46?. étoit demeuré neutre pendai la guerre civile de Céfar, &c. 469, Note. Eft député a An-; toine , IV, 15. Son retour avec des propofitions d'Antoine, 25 ,26. Pison , gendre de Cicéron ,' s'intérelTe vivement pour le rappel de fon beau-père, II, ï 16. Sa mort & fon caradère , 239, Note. Pison, (Cn.) jeunenoble; charge Pompée de plufieurs entreprifes contre Ie bien public , II, 330. Piancius, (Cn.-) quefteur de Macédoine, va au-devan£ de Cicéron a Dyrrachium, & le conduit a Theffalonique , II, 172, 173. Ses intentioi-.s pour lui, 176. Plancus, commandant dans la Gaule, appuie 1'avis de Lepidus touchant la paix avec Antoine, IV, 96. Donne de fortes aftiirances de fidélité a la république, 106. Paffe le Rhóne avec fon armée, 110. Témoigne fa réfolution d'accabler Antoine, 151. Eft averti de la trahifon de Lepidus, 170. Joint D. Brutus, 171. ; L'abandonne & joint Antoine . & Lepidus, 188. Platon, ne s'attache point , exadement a la méthode de , fon maitre Socrates , IV. 308. r Ple'ite'iens , en quoi ils difJ férosent des patriciens, 1, 216, e Note. Pleuréfie , maladie com- mune dans Rome ancienne & 1 moderne , 1, 38, Note. it Pline, fes lettres compa-  TABLE rees avec celles de Cicéron, iV, 294. Avoit poffédé les mémes emplois; mais quin'avoient plus d'éclat que par leurs titres, 29y. Jugement fur fon panégyrique, 307, 306. Plotius , léve le premier dans Rome une école d'éloquence latine, 1, 16. Pi.uTARQUB,connoiuoitpeu l'hiftoire romaine ; jugement «> fur fes ouvrages hiftoriques, Préface , lxxij & fuiv. H rapporte quelques prodiges arrivés a la nailfance de Cicéron, I 2. Son goüt pour les événemens de cette forte, ibid. Pollion, promet a Cicéron de défendre la république, IV , ui. Renouvelle fes promeffes, 150. Prend parti pour Antoine & Lepidus, 188. Pompée, (Cn.) Strabon, pere de Pompée le Grand, Cicéron fait une campagne I fous fes enfeignes, I, 18. 1 Pompée, (Cn.) joint Syl- « Ia avec trois légions , 1, 46. j II pourfuit Carbon en Sicile & c envoie fa tête a Sylla , 48. c Revientvictorieux de l'Afrique • a efï falué du titre de Grand par c Sylla , demande les honneurs li du triomphe contre Ie gré de n Sylla; fon char trainé par des S éléphans; le feul de 1'ordre c: équeftre qui ait obtenu les hon- u neurs du triomphe 5 joie du pi peuple a ce fujet, 72 & fuiv. c< II joint fes forces avec celles de Q. Catulus, contre Mar- Jij cus Lepidus, &c. 8 2. Fait maf- a\ facrer Marcus Brutus; injuf- E tice de ce procédé, ibid. II efï envoyé contre Sertorius, 109. II fait brfiler les papiers de Sertorius fans les voir, & fait mourie Perpenna ,110. Taille en pièces les reftes des gladiateurs, ibid. II triomphe pour la fëconde fois avant d'être forti du rang équeftre ; prend pofieftion du confulat qui lui avoit été accordé en fon abfence & avant 1'age compétent, nj. Réta. blit Ie pouvoir des tribuns 166. Excelloit dans 1'art dé diftimuler, 183. Ilfinitlaguerre contre les pirates, 184, i8y. Obtient le commandement de Ia guerre contre Mithridate par Ia biManilia, 192, 1936 fuiv. II finit cette guerre; le fénat décerné dix jours d'aftions de graces en fon nom , 323. Pompée revient a Rome; jpinion 011 il étoit qu'on fèroi't Hentót obligé de le créer diétaeur,II, 39, 4°. Détail de fes onquêtes ,41. Profane le temle de Jérufalem , 4J. Sa conuite pleine de ménagemens & e réferves, 43 tr fuiv. Eft ppelé par ra'llene Cneus Ciéron , 46. Fait élire au coniuit-L. Af'ranius contre 1'incliation de toute la ville, ibid. an triorrmhe , 47 , 48. Sollite la ratification de fes aétes & * loiagraria, 57, 58. Prend « a 1'intrigue de Clodius mtre Cicéron , 68. S'unit ec Cicéron , 69. Forme la ;ue du premier triumvirat ec Céfar & Craflus , 74. 'oufe Julia fijje de Céfar, 76. Soutient  DES MATIERES. 435, Soutient Pafte d'adoption de Clodius, 83. Se déclaré pour la loi agraria de Céfar, 87. S'attire lahaine publique , 97 , 98. Sa lenfibilité pour ce changement, 100. Eft la dupe de fes deux collègues au triumvirat ;erreurs de fa conduite, 102 , 103. Donne a Cicéron les plus fo-tes affurances de fa proteftion , in, Son zèle pour Cicéron te refroidit; foupcons qu'on lui infpire contre lui: il (e retire a fa maifo.i de campagne, 13 f , ,136. Recoit froidement les amis de Cicéron qui viennent le conjurer de ne pas Fabandonner, i37.Refuië fon fecours a Cicéron lui-même, 138. Eftinlulté par Clodius ; penfe a faire rappeller Cicéron , 185 , 186. Se renferme dans fa maifon; y eft affiégé par un affranchi de Clodius, 189 Parokpeualarmé de ce complot; fa politique, ibid. 190. Son avis fur le rappel de Cicéron ,216. Ses mouvemens pour cette affaire dans Capoue & les autres colonies de ce canton, 114. Fait un difcours fort travail!" dans le fénat pourle même fujet, 229. Fait 1'éloge du mérite de Cicéron devant le peuyle, 233 , 134. Eft chargé de 1'adminiftration du blé & des autres provifions publiques par 1'avis de Cicéron ,253. Choifit Cicéron pour fon premier lienrenant dans cette com-niffton; fes foins procurent 1'abondance ,256, 2^7. Souhaite d'obienir la commiffion derétablirle roi, Pfojemée; lome IV. fa diffimulation , 280 & fuiv. Plaide la caufe de Milon, Z90. Eft traité févèrement par plufieurs fénateurs & par le tribun Caton ; joint fes forces avec celles de Cicéron, 292 , 293. Va preffèr les provifions de blé , &c. a une entrevue a Lucques avec Céfar ; engage Cicéron a fe défifter des pourfuites commencées contre les intéréts de Céfar, 303 & fuiv. II ie réconcilie avec Craffus, & de concert ils arrachent le confulat a iEnobarbus, 318 , 3 29. Paffe quelque tems a Baïes & aux environs ,332,333, 334. Fait batir un magnifique théatre , & en fait 1'ouverture par de beaux fpeftacles, 3 3 8 & fuiv. Fait déclarer Vatinius préteur a 1'exciufion de Caton ; extorqueun décret du fénat, &c 3 44. Preffe Cicéron de défendre Gabinius, 393 , 394. Perd fa femme Juiia , 400 , 401. On propo.e de le faire diétareur ; oppofitions de la ville & du fénat, 407, 408. Eft élevé fèul au confulat ; publie plufïeurs loix nouvelles , 426 , 427, Ruine Milon ,429 & fuiv. Préferve Scipion accufé de brigue ; époufe fa fille Corneüa; maltraité Hypfams, 440, 441. Plaide la caufe de Burfa , 442. Prépare une infeription. pour un temple qu'il avoic conftruit a Vénus; queftion de grammaire qui s'élève , &c. 445. Publie une loi après s'en être fait excepter , & Une autre en faveur de Céfar, 447. E $  434 TAELE Pompée tiroit de grciïës lommes d'Ariobarzanes, III , 23. Eroit fujet a la fièvre ; prières publiques ordonnées pour fon rétablifFement, 72 , 73. A une conférence avec Cicéron , 8y & fuiv. Paro-t peu difpofé a s'accommoder avec Céfar, 87, 8S.- Difpcrfe les gl idiateürs que Céiar tenoit is Capoue , iod. Cache ton deffein de quitter ITtalie , 110 & fuiv. Se reiid méprifable en fuyant devant Céfar, 114. Se re;-.:e a Brindes ; déclaré fa réfolution de foutenir la guerre hors de ITtalie; invite Cicéron a le venir joindre, 119, 120. Laiffe le tréfor public en proie a Céfar; il ouvre les yeux trop tard fur cette erreur , 148. Affèéte d'imiter Sylla , 163. Sa conduite fut une fuite contin jelle d'imprudences, 167, 168. Sa préfomption caufe fa ruir.e , I7f. Sa fuperftitbn , 176. Avoit un rede difficile a foutenir, ibid. 177. Paralléle de fa conduite & de celle de Cicéron , 1786-fuiv. Efl défait a Pharfale , 179 , 180. Sa mort & fon caractère, 190 & fuiv. Pompée le jeune, veut tuer Cicéron, &c. III, 180. Son frère & lui s'emparent de PEfpagne, 152. En font chaffés par Céfar, 295. CneiusPompée y efl tué , 307. Sextus fait fon traité d'accommodement, quitte PEfpagne, & fe retire a Marfeille , 450 & fuiv. Eff enveloppé dans Ia condamnation des meuxtrjersde Céfar, IV, 190. Soutient Ia guerre en Steile j fait fa paix avec le triumvirat, 379- Pompeia , femme de Céfar, a une intrigue avec Clodius, II, 26. Etïrépudiée, 31. Pomponia , fceur d'Atticus & femme de Q. Cicéron ; fon humeur infupportable ,11.311 ; III. scV^V. Pontinius , C C. ) foumet les aliobroges; obtient les honneurs du triomphe après cinq ans de follicitations , II, 401. Cicéron le fait fon lieutenant III, 9. Po pilius L^nas , défendu par Cicéron dans une caufe capitale , fe fait chef de fês meurtriers; il offre la tête & les mains de Cicéron a Antoine ; récompenfë qu'il en recoit, IV , 241, 242. Porcia , fiile de Caton , & veuve de Bibulus, époufe Brutus , III, 277. Meurt avanc Brutus d'une maladie de langueur ; erreur des anciens écrivains fur le tems & le genre de fa mort, IV, 158 , 159. Possidonius , favant fbicien , maitre & ami de Cicéron ,1,70. Trait de fon courage fioïque, ibid. Note. Pou7ftoles,m des plus agréables lieux d'Italie, 1, 1 o 1. Préfages, fouvent fuppofés par Marius & par Sylla , pour anirr.er leurs foldats, I, 39, 78. Prétres , (les ) ou pontifes, font convoqués pour décider fïir la reflitution de la maiion de Cicéron , II, 258 & fuiv.  DES M A T I E R E S. 4ff Pre'ture , quelle étoit celle d'gnité,fes fonftio.ns, I, i38, 189. Pr ocmus, tribun, efl condamné pour avo.'r tué un citoyen , II, 383 , 384. Prodiges, -qui précédèrent les complots contre la république ; un de ces prodiges décrit en vers par Cicéron , I, 114, 115. Prodige conccrté entre Cicéron & Terentia ; 294 , 295. Autres prodiges ; devins confiiltés; leur réponfe , II , 315, 316. Ceüx qui précédèrent la mort de Céfar, III , 348. Autre a Fégard de Cicéron, IV, 140 , 14 i: Profcriptions des citoyens , Sylla en fut le premier inven-. teur; jufqu'ou il les étendit , 1 , 49 , fo. Celles du fecond triumvirat, IV , 231 & fuiv. Provinces , ce qui exci.oit les citoyens de Rome a en obtenir les gouvernemens, comment ils fe comportoient dans ces pcftes ,lll,i & fuiv. PtölEmée , roi de Cypre , détróné par une loi de Clodius, finit fa vie par le poifon , II, 1586- fuiv. Ptolemée , roi d'Egypte , ne peut fe procurer une audience du fénat, 'ufqu'a ce que 1'affaire du rappel de Cicéron foit terminée , II , 235. Fait alTafliner les députés que fes peuples envoyoient au fénat ; efl obligé de quitter Rome , 275. Le fénat refufé de le rétatlir par la voie des armes, 2 79 & fuiv: Eft rétabli. par Gabinius ,334. Publilia , jeune romair.e-, belle & ric;he, Cicéron 1'époufe dans un age avancé , après avo:r répudié Terentia , Iü , 215. Efl répudiée, 277. Pute'olane , ( maifon ) de Cicéron , batie fur le plan de 1'académie d'Athènes, &c. IV , 264. Devient un pa'.ais inipérial ; 1'empereur Adrien y meurt, ibid. Note (b). q ^)uesteurs , quelle étoit la nature de leur office , c'étoit le premier pas aux honneurs publics, & il procuroit 1'entrée au fénat, 1, 91, 92. Quinctius , ( L. ) tribun turbulent, tache de faire annu!ler les afles de Sylla , I, 103 , 104. Quikctius, (P.) eft défendu par Cicéron ,1,57,58. QunxTius , ( Numerius ) homme obfcur, prend le furnom de Gracchus; eft élevé au tribunat: delfein de Clodius fur la vie : il s'en défie , & s'enfuit déguifé , II, 220. Quintilien , fage règle qu'il prelcrit dansles jugemens qu'on fait des grands hommes , Preface , Ixj. R li 1 r 1 u s, (C.) fénateur, accufé par T- Labienus , eft défendu par Cicéron ,1, 245 & fuiv. Ee ij  436 TABLE Rabirius Posthumus , défendu par Cicéron,11, 396 & fuiv. Kacilius , tribun, renouvelle les débats fur le procés de Clodius,II, 278. Rebilus, ( C. Caninius) eft fait con!ul par Céfar pour une demi-journée, III, 3 16. Religion (la) des anciens romains n'étoit qu'un fyftême politique, IV, 3 35. Idéé qu'en donne Poiybe, ibid. Note (£). Ses branches principales ,336, 337. Son établiftèment metto;t les affaires entre les mains du fénat, &c. 337. Religion naturelle , fon fyftême le plus parfait prouve le befoin d'une révélation plus explicite & plus étendue, IV , 338, 339, Note. Robe virile , a quel age on la prenoit, 1,18,19. Romains, leurs occupations & leurs amufemens du tems de Cicéron , Avertif. xvj & fuiv. Queftions fur leurs aftembiées , ibid. xxxj & fuiv. Idéé générale de leur conftitution & de leur gouvernement, Préface, xcj & fuiv. Ils ne fe laiftbient point corrompre a prix d'argent du tems des deux Gracchus, ibid. cj & fuiv. Ils faifoient élever leurs enfans avec grand foin, 1, 13. Ils accordent le droit de bourgeoifie a toutes les villes d'Italie; ce qui hata leur ruine, 32, 33.MefiiroientleurnoblefTe par le nombre des ftatues de feurs ancétres , 113. Leur corruption dansles goiiverne- mens des provinces . 114, Ils" ne parloient aux étrangers qu'en latin , 131 , Note (a). Trait remarquable de leur caractère , 280 & fuiv. Employoient rarement les punitions capitales , 297 , '29a. Ü;age qui leur a été particulier, IV, 180. Leur religion, 335 & fuiv. Roscius,fameuxcomcdien, Ciccron plaide pour lui , I , 84- Son caractère dépeint par Cicéron : a quoi fê montoienf fês appointemens, 85 & fuiv. Cicéron s'exarcoit quelquefois avec cet acteur , 118. ^ Roscius d'Ameria, accufé d'avoir tué fon père, eft défendu par Cicéron & déclaré innocent, I , 107 , 108. Sénateurs, n'étoient téputés tels qu'après avoir été inférés dans les röles des cenfeurs; les places vacantes remplies par ceux qui fortoient de laquefture, I, ?o, 91 » 9Z> Sergius , ( M.) chef des mutïnsfous Clodius, II, 250. Serramjs , (S. Atilius) tribun , corrompu par Clodius , II , 214. Fait fufpendre le de; cret pour le rappel de Cicéron , & s'y oppoie enfuite oui vertement, 217 , 218- S'op, pofe a la reftitution de la maifon de Cicéron ,164. Révoque ) enfuite fon oppofition , 265. Sertorius, fon caradère ; - il foutient une guerre de huit - ans contre Rome ; eft affafliné par Perpenna fon lieutenant, .- 108 & fuiv. e Servilia , mère de Brutus, u fes liaifons avec Céfar; fon ;, caradère, III, tf fuiv. Serviuüs, illuftre romain , ■, fait honte au conful Métellus ;e de fes irréfoiutions & le fait ;ft défifter de fon oppof tion au rap11- pel de Cicéron , II , 230 , 231. Serviiius, (P.) fon can , radère 3 trouble Cicéron dans s fes plus fages mefures , &c. IV, 114. ü- Seprces , leur évaluatioft eft peu certaine, Avert, Hij. ,m- Seftemi & Seflertia , en quoi ils dirTéroient, ibid. liv. ici- Sextius , ( P.) quefteur, fe E e iij  *5.8 T A B L E ^■<. * rctreius pour prefier C.Antonius de livrer bataille a Catilina, I, 3,4, Etant tribun U fait confentir Céfar au «PPel de Cicéron, II, ,30Efl laiffé comme mort Vur le' forum par la troupe de CIoo'us , *19. Eiï accufé par AIbwovanus; défendu par Cicéron &abfous, 301, ,01. SrcA , recoit chez lui Cicéron exilé ,II,i 64. SicUe, (l'de dej.fut, après 1 Italië ,. le premier pays foumis aux romains ; elle étoit divifée en deux provinces 1 96. Elle étoit nommée Ie ^re- < nier de la république , g7. Cé- : lèbre autrefois peur fon 'école ï d éloquence, 99 , i0o. 0 Sicilkns , premiers inven- p leurs des régies d'éloquence, 1,99 , ïoo. Antoine leur ac- fl corde Ie droit de bourgeciile romaine , III, 4ry. ^ Sicjniüs, tribun', faétierx, t& raille les^ confuls C. Octavius vi '• Scrioomus Curio; exc;te ce jin tumulte ou il efl tué par 1 artiSce de Curion , I , 94. tin ' Silanus , conful défigné vei opme le premier a faire mon- da, m les comphees de Catilina , qu, l' *98- les Socrate , bannit la phy- S01 fique de la philofophie ,& s'at- cer< tacn* a b morale ; fa métho- Et Sf. d^fegner, IV, 307 & léf Jlav. SoLrGENES, célèbre afin- fin »örne , efl employé par Céfar S a ja reformc- du calendrier, corit T i fiquc Jow/w, principal repas des* romains, IV, 255. Spartacus, général desg!adiateurs dans la'guerre fervle, eff tue a la tête dc les trouoes I, 108. 1 ' Speclacles & jeux publics; depenfe exceflive qu'on y fair°"> I, 170, 171 j II, 340 34*. Speusippus, reveu de Pla'm? & héritler de fon école, Stoïciens, leur zèle pour Ia loctrine de leur école, IV 114. Leur fentiment fur la naure & la dnrée de 1'ame, 30. Croyoient ia réalité de la rvmation, 338 & fuiv. Étoient igots & enthouflaffes.j leurs nncipes outrés , ■,(,-., 363. Suetone , déciare que Ccr fut tué jufïement', III, 34,. SuiPicrus, (Servius; con1, d'un caractère módé-é, :he d'arréter les entreuriiès lentes de fon coüèeue Mar- 111 ' **H A une nftrence avec Cicéron ; fa 1:£3»e» Mid. & fi$v. mrdesPP. Carrou & Rouilit fbn^lujet; trait remarrfe qui devint la caufe de habileré, 41 & fuiv. Note. rtLA , ( L. Cómélius ) fa uite dans ia guerre mar- ,1, 31, 31. Obtient =vc 7  DES MATIERES. '43* le confulat la province d'Afte , & la conduite de la guerre contre Mithridate, 34. II chafïè Marius de Rome, 2 5. II chalfe Mithridate de la Grèce & de 1'Afie; efl maltraité a Rome pendant fon abfénce; fait la paix avec Mithridate, 45. II porte en Italië les GEuvres d'Ariflote & de Théophrafte; il prend terre a Brindes, ibid. & 46. II eft joint par le jeune Pompée ; défait Norbanus ; donne la vie a Scipion, 47. Revient aux profcriptions, dont il avoit inventé la méthode, 49 , jo. II dépouille J. Céfar de la dignité de grandprêtre , & ne lui accordé la vie qu'a grand-peine; fon pronoflic fur J. Céfar ,51. 11 efl nommé diétateur , ibid. Fait de grands changemens dans 1'état, 51 , 51. Donne a Pompée le titré de Grand; fon refroidifi^ment envers Pompée , qui deTiande les honneurs du triomphe, 73. Sa mort & fon caractère, 76 & fuiv. Sylla, ( P. Cornelius) convaincu de brijrue &.de corruption , perd !e confulat, 1 , 2.00, iot. Accufé d'être complice de Catilina , il eft défendu par Cicéron , & d?:hirgé de 1'accuUtion , II , 1S & fuiv. ■ Syracos" & Meftïne refufent de fe joindre r>.véc les 1 autres villes de Sidile ' dans la pouraiite . de_ Verrès , I , W- ! T TVrquinius , chevalier ro* main, acculè Caftius d'être complice de Catilina ; fon té* moignage eft rejetté , 1, 316, Terentia , femme de CU céron , étoit riche & d'illuftre origine, I, 95. Sa jaioufte contre la fceur de Clodius, II, 31. Efl arrachée du tempie de Vefta par ordre de Clodius, ifo. S'agite pour les intéréts de Ion mari, &c. 194. Penie a vendre fon bien pour remédier a fes néceftités, ipS. Son humeur infupportable, 310. Sa mauvailê économie, III, 1S7. Efl répudiée par Cicéron ; fon caractère, 114, \ 15. Parvicnt a un grand age; nombre de, fes maris, 116, Note. Théophraste, les ouvrages apportés en Italië par Syila , 1, 45"- Thermus, (Q. ) détruitla ville de Mitylène , 1, 82. Tiburaniens , (les ) fe loumettent & donnent des ótages a Cicéron , III, 40. Tiron , efclave, favoü de Cicéron, tombe maiade a Patras ; quelques détails lur cet illuftre efclave, III, 78, 79. Titb-Live , problême qu'il "e propole lur Céfar, III, 3 46, 547- Appelé Pompéïen par Auïuflï , IV, 24J. II louo Ci:éron, ibid. Torq.ua.tus, accufe P. Syla de complicité avec Catili)a 3 tourne fes railleries coo-  '* 4o T A & L E tre Cicéron , défenfëur de i'accufé, [I, 18. Traduciion d'une hifioire , combien elle eft différente de celle d'un ouvrage de poëfie ou d'éloquence , Avert. viij. Régies a obferver dans les traductions, Pref. Ixvj & fuiv. Trebatius, jurifconfulte , placé par Cicéron auprès de Céfar , II , 363 , 364 & fuiv. Son caractère , 3 67 & fuiv. Embraiïèl'épicurianifme; Cicéron le raille ia-deffus, III, 11. Trebonius , tribun , fait recevoir une loi qui affignoit 3 Pompée & a Craffus leurs provinces pour cinq ans , II, 347. Confpire contre Céfar , III, 336. Son caractère, 337 & fuiv. Se retire dans fon gouvernement d'Afie,- eft furpris & cruellement mis a mort pai Dolabella, IV , f7, 58 &fuiv. Treviri ou Triumviri MoTietales , fur-intendans de la monnoie : Treviri capitales : allufion de Cicéron a cette magiftrature, IV, 381, Note. Tribuns , leur établiffement, leur nombre & leur entreprife, Preface xcix & fuiv. Leui pouvoir porté aux plus grand: excès par les deux Gracchus. ibid. cij. II eft diminué pai Sylla, I, 51. Et rétabli pai Pompée, 166. Ils étoient 1'inftrument des ambitieux , 167 L'oppofition d'un fèul arrêtoii toutes fortes d'aftes & de loix; remède contre cet inconvénient II, 130 , 131. Triomphe, a quel titre or y pouvoit prétendre , III, 2' , Note. Triumvirat, par qui fut formé le premier & dans quelies vues, II, 74. Second Triumvirat , comment & en quel lieu le plan en fut formé, IV, 228 & fuiv. Conditions de cette ligue; leur lilde de profcription , Cicéron y eft compris , 130 & fuiv. Triumviri monetales,- voyer Treviri , IV , 381. Tubero , (L.)parent de Cicéron , le vifite en paffant a Theftalonique , &c. II, 175. Tubero ,(Q.) accufé Ligarius, III, 2,49. Chagrin qu'ilen> eut , &c, 250. Tullia , fille de Cicéron , tems de fa naiffance, 1, 9 5. Va au-devant de fon père rappelé de ton exil, II, 240. Après la mort de fon premier mart Pifon , elle époufe Furius CraC fipes , 309. Fait divorce avec Craffipes & le remarie a Dolabella , III , fj. S'en fépare ; vifite fon père 3 Brindes, 189 , 190. Sa mort & fon caractère , 250 & fuiv. Découverte de fon corps fur la voie Appia, &c. 274, Note. Tullius , nom de la familie de Cicéron , d'oü il venoit, 1,8. Tufculum , Cicéron y avoit une maifon qu'il préféroit 3 fês autres maitbns de campagne ; fês foins pour 1'orner , I, 205 & fuiv. IV, 261 , 262. Elle appartient a des moines, ibid. Note.  DES MATIERES. 14* Tvrannion , grec favant, ïnftruit Ie fils de Cicéron , II, 310, 311. Range fa bibliothèque d'Antium, 3T4. V Vaiere-Maxime, ce qu'il dit fur la défenfè de Vatïnius & de Gabinius par Cicéron, II, 399. Varron ,( Marcus Térentius) fe lie étroitement avec Cicéron ; fon caractère , III, 2.08. Varus , ( P. ) fe faifit de 1'Afrique au nom de la république ; eft foutenu par le roi Juba , III, 199. Vatinius , tribun , gagné par Céfar, II, 81. Chalfe du forum Bibulus & fon parti, 87. Donne affaut a la maifon de Bibulus, 98. Fait paffer une loi lans exemple , 107. Dépofè contre Sextius; s'attire les inveöivesde Cicéron, &c. 301 , 302. Eft élu préteur a 1'exclufion de Caton , 343. Eft défendu par Cicéron , 387. Veileius Paterculus , dans un tranlport de zèle pour Cicéron , fe livre aux plaintes les plus amères contre Antoine, IV, 247. Verrès , ( C. ) préteur de Rome , décidoit fuivant les caprices de la maitreffè , I, 104. Pendant fa préture en Sicile, il s'étoit rendu coupable d'une innnité de rapines & de fruautés: Cicéron devient Ion accufateur, 123 & fuiv. II eft convaincu , & prévient fon jugement par un exil volontaire , 133. Expofition de les. principaux crimes,-137 & fuivi Sa mort, 165. Vettius , général des marfes pendant la guerre fociale , a une conférence avec le conful Cn. Pompée Strabon ; réponfe qu'il fait a un ancien ami, I, 29 , 30. Vettius , ( L. ) accufé Céfar d'être complice de Catilina ; il eft maltraité & jcharcé de chaines, II, 17. Céfar 1'engage a jeter 1'accufation d'un complot lur le parti oppofé au triumvirat, & lur le jeune Curion, 103 & fuiv. Eft étranglé dans la prifon par ordre de Céfar, 106. Viclunesqu'on trouvoit fans coeur & fans foie dans quelques facrifices , queftions curieufes fur ce phénomène , III, 341 Note. Virgiie , dérobe quelque chofe a 1'honneur de Rome, plutót que de parler de Cicéron , IV , 245. Virgilius , ( C. ) préteur de Sicile , prohibe 1'entrée de cette 51e a Cicéron , fon ancien ami, II, iéf , 166. Vomitifs , la coutume d'en prendre avant les repas étoit fort commune parmi les romains , III , 314 , 31 y } Note 'b). Voyages de Cicéron , vrais modèles des voyages utiles, I 7', 72.  TABLE DES MATIERES. Pne Cicéron rlanc fei vnvunpt Tin dfi la Table des Maüères. VuiTURcius , un des complices de Catilina, I, 283. Avoue tout pour mcriter fa grace , 286. Le fénat lui ailïgne des récompeoies , f?6* X X enoclès d'Adramirte , rhétoricien d'Afie , accompagne Cicéron dans fes voyages, 1» 69.