Boekbinderij Drukkerij RUSTENBURG Tel.7217 78 Amsterdam  RECHERCHES SUR LE COMMERCE. Tome Premier; Première Partie.   PRÉF A C E. Jj E Commerce efl, depuis bien des feclesl ïoccupation d'un grand nombre d'hommes. Tous les Souyerains de /'Surope y Jont aciuellement int ére (fes, ïunplus, ï'autre moins, a raifon de remplacement de leurs Etats fur cette partie du globe. Un grand nombre d'Auteurs, parmi les Nations réputées Commergantes, ont écrit fur cette mattere; presque tous saccordent a dire quil faut ètendre le Commerce autant quil efl pojfible, & autant que fa nature le permet; prefqm tyus ont- établi leur fyftéme fur des principes * 3  vr P R É F A C E. qui tendenk en fubïïance a- embrajfer toutes les parties au Commerce. D'apres leurs idéés, m diroit qu il y a des Nations qui avec le te-ns doivent devenir extréme ment puijfantes, M senfuit - il pas, que le Peuple qui pos-, fé lerok le plus de ces prétieux métaux , feraic *Ia Nation la plus heureufe & la plus puifTante? Mals ce raifonnement eft -ib bien réflxhi? Efl-il même conforme a Tinstitufwn des Sociétés ? Et peut - on croire avec qiielqne fondement que ce fait ld la fin que s'efi proDojée la Providcnce, en permettant l éta-htjj'dMut des Sociétés parmi les ho-mmes?  P R É F A C E. vu L'ordre parfait que Ton voit regner part out dans fes Ouvrages ne porte - til pas plutot h penfer, que c'efl fe conformer h fes depeins, que de procurer d toutes les, Nations la jouisfance mutuelle des divers avantages, que chacune de ces mêmes Sociétés efl d même d& procurer d chaque individu ? Ces confidérations, intéreffantes par ellesmêmes, qui tiennent de fi prés au bonheur de Vhumanitè, ayant fait depuis long-tems robjet de mes réflexions, je me luis fait un devoir de les communiquer au public, en lui expofant les idéés que ce fujet 'iria fait naitre. Les deux Parties qui forment ce premier Vilume font divifées en XIF Chapitres. On trouvera dans VIntroduBion & dans le Chapitrel. quelques défnitions préliminair es, que fai cru nèceffaires po:ir l'intelligence du refte. On ver ra dans le II, que T ar gent efl la mefure des chofes , &> la bcfe fur laqueile * 4  vut P R i F A C E. répofent les prix des Marchandifes, des Den^ rees , de la Mam - d ceuvre Sc dans les diyerfes Sociétés: on y park auffi des Mon~ noies des Romains, & des différent es yariations que leurs efpeces ont éprowées. Dans le Chapitre II1 & les fuivans^ jufquau IX. inclufiyement, on examine les. réyoluttons que le Numéraire de ïargent. a e{fuyé dans les quatre feeks qui précédent celui om nous viyons , comparées ayec cellet qui ont eu lieu fur les prix des mêmes Marchandifes &q. pendant ces mêmes feeks, Cette watiere ètant néceffairement liée avec les événemens hifloriques des divers Pays dont U efl quepi&ft j fai cru devoir rapporter les. traits d kifloire qui fervent d'éclaircijfement au fujet que je traite, lequel étant fort fee par lui-me me, auroit pu réhuter le Lecleur% ft on ent negligé de lui procurer ce petit dé~ Ipffement, Si le détail dans lequel je fuls *  P R É F A C E. lx_ mtrè 11e peut être regardé comme un ornement de mon Ouvrage, du moins efl - il néce(faire, pour lintelligence de la matkre qui y- efl ïraitée. Dans le cours de mes Recherches, & fos* que fen étojs déja au Chapitre Vayantpar hazard trouvé les rapports quil y avoit. mtre nos premières Monnoies d'or du XIV. fecle , avec celles des Romains 65 avec les premières Monnoies des Rqis deFrance, de la première £? feconde Race, fai découvert en même - tems des traces de la valeur des efpeces contenues dans le Code des L oix des Frisons. On trowera donc cette partie plus détaillêe dans le commencement du Chapitre VIL Le X. donne en gros une idéé de la quatu tité dor & dargent qui nous efl venue d^ VAmérique depuis fa découverte juf qua ms: jours. * 5  x PRÉFACE. Dans les trois Chapitres fuivans ie traite de la proportion quil y avoit entre Tor Vargent, dans le cours des fiecles pajfés, de celle qui a lieu dans le nêtre; bafe fur laquelle les valeurs refpectives de nos Monnoies font étabiies, qui s'y trouvent expofèes dans m détail afjez étendu. De XIV. renfirme la conclufion générale de ce qui efl contenu dans les deux Parties du premier Voh.me, fait voir combien il im~ porte iïétablir une proportion jufle entre le figne des Rkhejfes , & les chofes que ce Jigne repréfente. Je dols encore avertir, que je nai fait ni Chapitre ni Arücle féparé concernant le prix des Denrées, de la Main - iïaewre chez les Anglois. Si fayois feu leur langue, fanrois été a même de parcourir leurs anciens Ecrits, leurs Loix & Ordonnances,  ? R É F A C E. $ êh vraifemblablement on doit trouver , ou ces mêmes prix indiqués , ou les raifons de leur variation dans leur Ijle, ce qui rtauroit mis d portée détablir mes calculs fur ce qui fe/l paffé rélatiyement d eet objet chez les trois Nations qui font aujourdhui les plus hu Ureffèes dans le Commerce général de /'Europe. Si le Public recoit ayec indulgence ce fruit de mes Recherches , je les continuerai ayec encore plus dar deur: mais ft Ton trouve que ,je me fuis trompé, & que faie donné dans Terreur, je préyiens que je Tai du moins fait de bonne foi. Mon unique hut a été de tacher detre utile aux hommes, autant quil efl en mon pouvoir, que leur nature le (omporte. Je ne m'attends pas que eet Ouyrage foit goute' uniyerfellement , car, je Tayoue, le Jy/lëme que fy ëtablis difére de beaucoup des  xii P R É F A C E. idéés regues, êf qui font dujiurd'hui en yogue. Les vêrités qui mont frappé, £?• que fofe mettre au jour, pensent être quel-. quefois oppofées a l'intérêt particulier: mak faurai atteint mon bul, fi fai le bonheur de mériter le fujrage des vrais Amis de F hu-, maniié. Au refle, favoue ingênuement que fans VAuteur du Livrc intitulé: Eflai fur les Monnoies , ou RéflexióMs fur le rapport entre fargent & les Dcnrées par M. du Pré d e S t. M a u r , il efl, yraifemblable. que Tidée de faire de pareilles Recherches, furtout dans le gout que je les communiqué, ne me feroit pas yenue a l'efprit. J'ai lu. ayec plaiftr les Ecrits des divers Auteurs qui ont traité du Commerce & des Monnoies;fai admiré entfautr.es ce que le célébm Mo.ntesquieu a êcrit fi fuccincfement.  RECHERCHES S U R L E COMMERCE. 0 u Idéés rèlatives aux Intéréts des différent Peuples de l'Europe. Da veniam Peccavimus, Sed miferere, precor, fpeciofoque eripe damno. Ovid. Metam. Lib. XL TOME PREMIER. PREMIÈRE P A R T I E. A AMSTERDAM Ckz D. J. CH ANGUION, M D C C X C 1.   xiv P R É F A C E. rendre les autres plus malheureufes, pourquöi ne nous efl-elk pas toujours reflée inconnue? Cet Or, dêterrê de fes Jambres abymes, Enfans de mes forfaits, qua produit-11? des Crimes. Du rand. Chanc. VI. La marqué (H) qu'on trouve fouvent parmi les Notes dans cet Ouvrage, défjgne que ce font des livres écrits en Hollandois. Jchevé d'lmprimer ie 12 Janvier i'j&.  P R É F A C E fur cette partie. On remarqueri afifez que i fai fait ufage de plufieurs Renwrq- t ces Ecriva'ms; aujfi ne me dêfendrai-je point de les ayoir mis d contribution. Enfin, on remarquera que je ne fuis pas fort partifan du fyftême de ceux qui voudroient quon multiplidt les fignes des Richeffes (*) > & iue 3e i^exhorte pas les Nations d étendre le Commerce, autant quon Va fait depuis deux d trots fiecles. Combien d'horreurs na - fon pas exercêes . pour ces morceaux dor & dargent! & combien na - fon pas abufé de cette abondance , qui depitis deux cents quatre - vingts ms a caufé chez nous tant des révolutionsl Si cette quatrieme partie de la Terre, dont Vexiflence a e'tê fi long-tems ignore'e, devoit (*) Cettt idee fc trouvo plus détsüüec dans Ie Second Volume.  T A B L E DES CHAPITRES DU TOME PREMIER PREMIÈRE PARTIE. INTRODUCÏION, Idéé générale de cet Ouvrage . . . Pag. t CHAPITRE I. Idéé générale du Commerce £f des e ff ets qu'il a produits 9 CHAPITRE II. Que VArgent ejl la me/ure des chofes ; des Monnoies chez les Romains ... .51 CHAPITRE III. De laprogrejjion quil y a eufur le Numéraire ehcz les Francais, tant fur le Mare d'or ö* è'argent, que fur le prix des Dcnrées, de la Main-d'oeuvre &c. ....... 42  xvi TABLE DES CHAPITRES CHAPITRE IV. Origine de la Monncie chez les Bataves, fi? de jon établiffement fous les regnes des Rois Francs & des Comtes de HMandé . . tfg CHAPITRE V. Rèflexions fur l'èvaluation du Solidus dont il eft fait memion dans les Loix desFrifons, &fur V évahation du Mare d'or Sargent dans les XI? & XVfiecles en Hoihnde ' 94 CHAPITRE VI. Continuation du même fujet. Evaluation du Mare d'or ö3 d'ar gent en Hoüande, depuis 14^9 jufot* nos jours . . , t 4 J2 CHAPITRE VIL Confulèrations Jur l'èvaluation de quelques Amendes contewm dans le Code des Loix des Frifons. Prix des Denrées, Main d'wuvre &c. dans les XJI, X'II, Xll/, £f xk ' fee! es , ceft - a - dire ,jufques vers l'époque de la décoitveite de l'Amérique .... x^ Fin de la Table du Tome Premier Première Partie. RECHERCHES  INTRODUCTIÖN. Idéé générale de cet Ouyrage. Ïvorsque la Société Hollandoife des Scien» cés, établie a Haarlem, propofa cette Ques» tion: Ouel efl le principe oU le fondement du Com~ merce de la Hoïlande, auff bien que de fon cccroisfement? Quelhs font les caujes ö3 les accidens qui out produit fes vicijfitudës, &f fa dêcadence ? Ouels font les moyens les plus propres & les plus facilcs, pour le conferver dans fon état préfent 9 ïaméliortr £f le porter a fon plus haut point de perfeftion'? je me propofois d'e'crire fur cecte matiere ; mais lorfque je voulus mettre ]% main a 1'oeuvre, je me fencis d'abord arrêté par un obltacle. En re'fléchiffant fur cette Dcmande, il me parut que MM. les Membres de la Société étoient d'opinion que le Commerce de la Holiande avoit deja déclinë; cet objet devoit par conféquent être confidéré cpmme le point fur lequel on devoit s'arrêter principalement. Mais comme, du moins felön mon idee, cette alTertion me paroït iujette a des conteslations, & qu'ainfi cette matiere exigeok, au préalable, de ma part, un examen & des recherches propres a m'éclairer la'- delfus, j'ai A  3 INTRODUCTION. fait tous mes efforts pour me procurer de plus amp'es connoilTances. J'ai cru qu'une lifte exadte des VatiTeaux, qui depuis plufieurs années font emrés fucceffivement dans un des principaui ports de la Hollande, & qu'un tarif exa£l des droits d'entrée & de fortie d'une des principales Amirautés du Pays , pourroienc beaucoup fervir a 1'éclaircifllment de la Question. Mais malgré les peines que je me fuis données, je n'ai pu réuflir entiérement, & autant que je 1'aurois fouhaité, fur le premier objet: objet cependant eflentiel pour moi, puisque me trouvant dans le doute a cet égard, il écoit néceflaire d examiner fi le cas pofé fe trouvoit fondé fur des preuves réelles & incontestables (i). Ci) Pour travaüler fur des principes folides, il faudroit di«viler le terns qu'on prend pour baze en plufieurs périodes; par txcmple; prenant le temj depuis 1'annéc 1576 jufqu'en 1775 > ce ^ont soo'années que 1'on pourroit réduire en S périodes, i.a derniere comprcnriroic depuis 1751. jufqu'a 1'année 1775. inclufivement. En rtffiéchilïant fur ce qui s'efl pallé dans ces différentes époques, il fcra fatile d'obfervtr que, pendanï le cours de la derniere, la Hollande » joui de tous les avantage» que le Commerce peut procurer , furrout depuis 1755 jusqu't n 17^3 , lors de It gueire entre YJngleterrc & la Francs, & fciiluue avec VEfpagne. La République des Provinces- Uniei, tranquille «lors au milieu de la difcorde, a Cu profiter de ce* aiomens pour a.igmenter & établir de plus en plus fon Commerce, & a diminué fa dttte nationale, au lieu de raccumuler, coinuie d eft arrivé c&ez les 1'uttTsnses voifines. II cft vrsi  INTRODUCTION. s J'ai donc préféré d'attendre d'autres circonftances, paree qu'il me falloit des preuves pour être fecondé, & pour établir une baze foiide fur laquelle mes idéés puffent ëtre appuyées. que les avanta3es du Commerce auroient pu 4tre encore „,„, conQdérables, C les Anglois n'avoienc pas inquiété cc troublé notre Navigarion. J'ai connoiffance des Rcmontrances que plufieurs Négotians firent i fon Alteffe SéréniffiiDt, Mgr. ie Prince d'Orange de glolicufe memoire, peu de tems, apiès fon éleétion au Stadhouderat, fur le rérabliffement du Commerce, & de la proteaion donc ce Prince les honora. En 1751. le 17 Aout, ce Prince fit des propofitions fur cet ebjet, dans 1'aflemblée de Leurs Haures Puiflances. Mon intenlion n'eft point de critiquer ni de blamer cette louable démar- che, qui mérite la reconnoimtnee de tout bon cotnpatriote Cependant les perfonnes qui femblcnt ê:re perfusrfées du déclin du Commerce, devroient confidérer que ces Remontrancet furent faites au fortir d'une guerre qui avoit été ruineure pour ia Nation. L'bornine fe plaint ordinairement avec plus d'énergie des malheurs dont il eft afluellemem affeeïé, fans ex.roiner d'ou dérivent les föurces de fes plaintes. Je n'entrerai point ici dans un plus grand détail; je le réferve a mes Ledleurs pour un autre tems i cependant afin de donner un point d'appui a ces idéés, qie 1'on pourroit peut - êire taxer de légéreté, je crois devoir placer ici une lifte des Viifftaux entrés dans le Port du TextJ depuis environ 40 ans. En 1759. .... 1646. VaijTemiK «74» 1643. 1741 1812. J742. .... 150c »743 1710. '758 1526. Parmi lefqueb A 2 r- 13 de Curacao. / 49 de St. Eufhche. C. 30 de Suruiam.  <. JNTRODUCTION. Cependant comme le Commerce fait la prin^ cipale fource de la fubfiftancé des habiians du Pays oa j'ai eu le bonheur de naïtre, je n'al jamais perdu de vue ce grand Objet. r 45 de Curaeao. 1759. . . ; . 1514. Parmi leiquels ) 59 de St. Euftache. 44 de Surinam. 38 de Curaeao. l76a 1412 I 52 de St. Euftache. (_ 44 de Surinam. r 57 de Caracno. ,7Sl tgtitl \ 53 de St. Euftache. (. 48 de Surinam. r j6 de Curaeao. ,762 I474- 39 de St- Euftache." 40 de Sutinath. 1772. .... 1794- 1773. .... 1627. 1774 l837- Ï775. .... 1689'. 1776 1615. Si 1'on compare les cinq premières années 1739 I74S » qui donnent en mal 8403 Vaiffeaux entrés au Texel, avec les cinq dernieres ,772—1776. «g en offrent 8592, on voit que ]« Navigaiion, branche eirentielle de notre Commerce, n'a pas diminué, du moins par le Port du Texel. VaiOeaux employés au Commerce de 1'Amérique, entrés dan* le port du Texel. en i74°- c" l7'4- DtS ^erbices 3 " '2 St. Euftache 9 20 Curaeao' . i • • • • 10 11 Surinam «/■-■•••.« Démirari • • » ' • • 0' *  2NT. R0DUCT1Q N. s Élevé dans le Commerce, & ayant pafle plufieurs années dans cet état. je me Tuis fait un devoir de m'y appliquer d'une maniere particuliere. Car fi chaque individu, en quelque circonftance qu'il fe trouve , doit rapporter toutes fes aftions au bien-être de faPatrie/il doit aufii travailler, non feulement pour 1'avan- «' >74i. en 1775. Des Berbices . ..... 3 4 St. Euftache 5 2j Curaeao n ....... 10 Surinam . . . ... 44 ....... 63 Dêmérari ...... o 9 142 192' Par ce tableau des Vaifleaux employés au Commerce de 1'Araérique, on voit que lc nombre n'en a pas non plus diminué, «juoiqu'il foit moindre qu'en 175U, 59, 60, 61 & 62. Mais «tte augmentation pendant ces cinq dernieres années étoit un effet de la guerre dunt j'ai parlé ci • delfos, J'omets les Vaiffeaux qui lont entrés ou fortis par Ie VUe. En Gocré & par rembouchure de 1? Meufe, ü entre annueüe. ment i-peu-près un pareil nombre de Vaiffeaux. En votci la lifte pendant le cours de c nq années. Entre". Sorïl. I7"2 145C 1297. 1-73. .... 1397. 1774- .... 1573. 1407. '775 I5'4- 1509. Ï776 1515'. 14S0. Dans ce nombre ne Te trouvent pas compns les Vaifl'eaux deftuiés a la pêche ifljlande, les Buyzen, tenant i la pêche des Harengs, ni noinbre de Vaiffeaux dtftinés pour ld Ztclan** ikc. A3  6 1NTRODUCTION. tage de fes concitoyens, maïs en même-tems pour celui de tous les hommes, furtout lorsqu'il ne nuit pas par la au bonheur réel de fes compatriotes. J'ai lu, dans le tems, avec empreflement, les Réponfes qui ont été envoyées a la Société de Haarlem; j'ai obfervé, par la leéture des trois Mémoires qui ont été agréés, qu'aucun n'avoit embrafle 1'état de la Queftion dans le point de vue dont j'ai fait mention; chacun ayant fuivi exaétement la route de la Propofition qui avoit été faite, fans qu'aucun des Auteurs ait examiné fi réellement les chofes p'exifloient pas autrement. Ce fut dans ce tems, a peu-près, que le Septieme Volume de YHiJloire Philofophique fcf. Pülitique des EtabltJJemens £? du Commerse des Europêens dans les deux Jndes fut rendu public,: je m'étois flatté que cet Ouvrage auroit contenu un detail circonftancié, relatif au Commerce de 1'Europe; que du moins 1'Auteur auroit donné une efquhTe de ce qui en fait actuellement 1'objet parmi les differentes Nations: un tel Ouvrage, dans un fiecle comme le nötre, eut été très-utile. Au refle, mon intention n'érant pas de doneer un traité de Commerce complet, je par-  ÏNTR0DUCT10N. 7 lerai feulement de 1'origine du Commerce en général, & de celui de la Hollande en particulier; en me bornant uniquement a ce quifera néceflaire pour entrer en matiere, & pour appuyer les ide'es que j'expoferai. Mon but efl d'examiner fi Ia trop grande quantité d'or & d'argent en Europe n'a pas été nuifible, attendu que cette abondance n'a fervi qu'a exciter en nous une paiïion défordonnée pour les richeflls: paflion qui par fa nature n'eft jamais fatisfaite. Ces deux métaux, devenus préeieux par la valeur que les homir.es leur ontdonnée, font très-propres a étendre le Commerce; autfi leur abondance, depuis trois ou quatre fiecles, at-elle été regardée par les Puilfmces Cummercantes comme le nerf des Empires; mais comme toutes les chofes ont leurs bornes, ne fe pourroit-il pas que le Commerce lui-msme füt aujourd'hui trop étendu, & par la contraire aux vrais intéréts des hommes? Cette idéé fera regardée par la majeure partie des Le&eurs comme un Paradoxe : heureux encore que nous vivions dans un fiecle oü nous avons le bonheur de pofieder quelques vrais Sages, qui, occupés continuellement a obferver ce qui efl: utile, feront mieux en écat de décider A 4  $ I N T R OD ü C T I O A. ff mes raifons & mes conjeflures font fondées.' Je leur dois beaucoup, puifque c'eft par leurs Ecrits que je me fuis éclairé, & confirmé dans tnes principes: je leur devrai encore davantages s'ils veulent corriger ou feconder mes idéés, afin qu'eljes fervent a rendre 1'état de Vhom» pie auffi heureux que fa nature & celui de chv •ijue Société le peuyent permettre.  RECHERCHES, SUR L E COMMERCE. LIVRE PREMIER. CHAPITRE t Idéé générale du Commerce &f des effets qu il a produits, s que les hommes ont commencé a s'établir en Socie'te's, ils ont pris différens états, par le moyen desquels ils pouvoient fe prêter It^s afliftancés réciproques que leurs befoins exigeoient. A mefuré donc que 1'homme établisfoit les differentes profeffi.ons, il étabüüoit tacitement les moyens des échanges, ou ce qüï revient au même, Ie Commerce. Je ne m'arrêterai pas a détailler les progrès que le Commerce fit parmi les premiers hommes. On a beaucoup écrït fur ce fujèt", ceux qui vouAs ' 1  ï* ckap. i idée;s générales dront en être éclaircis trouveront de quoi fc fatisfaire (i). Je paflerai donc le plus rapïdement que je pourraï de ces premiers tems a celui qui fait FEpoque du Commerce de nos jours. Les Egyptiens (2) & les Afiyriens (3), dans les premiers fiecles connus, les Phéniciens (4) & les Tyriens (5) enfuire, ont c'té reconnus pour les premiers peuples qui fe foient livrés au Commerce, & qui 1'aient étendu, au point que, de 1'état d'aifance, ils s'adonnerent bientöt au luxe. On fait a quel point, plufieurs fiecles après, les Carthaginois, formés d'une Colonie de Tyriens, éleverent leur puifiance, par un Com- (1) Hijloire da Comm. & de In Navig. des anciens par M. Hu et. Hifloire da Comm. fi? de la Navig. des Egyptiens fous les regnes des Ptolomies. EUmms du Commerse. Tom. I. Cbap. I. &c. O) Genefe. Cbap. XLl. r. 56 & 57. Grand Commerce en bltds. Les Chapitres précédens font auffl connottre les commn■ications qu'avoit VEgypte avec les pays circonvoiflns. fKJleire la Commerce & de la Navig. des anciens par M. Hu et. Cbap. V. Hifloire aitcienne de M. Rollin. Tome X. p. 4.82. (3) Le luxe des Afiyriens & 1'opulence de Babylone font !t preuve inconteltable d'un grand Commerce dans cet Empire« Voyez VHijloire anc. de M. R. Tome II. Chap. I. (4) Jliftoire ans, de M. R. Tome X. pag. 4S2 Sc fiiiv. (5) ïttld.  SUR LE COMMERCE. u merce qui rendit long-tems leur ViIIe 1 'émule. de Rome méme, & a qui elle difputa pendant plus d'un fiecle 1'Empire du monde. (6) Au commencement de la guerre qu'ils eurent cohtre les Romains, les Carrhaginois étoient au nombre d'environ fept cent mille habitans, outre plufieurs Villes de leur dépendance, dans le feul continent de 1'Afrique (7). Par 1'étendue qu'ils avoient donnée k leur navigation , ils établirent plufieurs Colonies & leur Commerce les rendit maïtres d'une partie de 1'Efpagne. Au commencement de l'établifiement de Carthage, Mar/eille fut fondée par une Colonie de Phocéens (8). La pêche occafionna fou* vent des guerres entre ces deux peuples. Je ne parlerai pas de ce que les Grecs , les Romains , & enfuite les autres peuples les Venitiens (9) & les Genois furtout* (6) Mfioire anc. de M. R. Tome I. Cbap. 1. %. 4. pag. 213, (7) Voyez l'Encyclop. d'Yverdum, au mot Carthage. (8) Les habuans de la Pbocée, Colonie Abct de B.ui ncium. Tome II. page 61. (6) 1 li ne Liv. XXXIII. C III. Ilijloire naturelle de l'or 8" de l'u gent vit M. Du rand page 25 Les figures de ce3 premières Monnoies fe trouvent dans YAntiquiU cxpliquée pat MontfauC"N Tome lil. Parrie I. p. 155 £? fiiiy. & dans le T ité de G. van 00N inc.tulé Hedendaagfche Penningkun. de. Ojvrage Hollandois qui n'a pas encore été traduit) pas2 »5 & fuiy.  DES ROMAINS. ï9 Joienc que le tiers, outre le Janus d'un cöfé, on voyoit de 1'autre un petit navire ou une gaJere;a quoi il faut ajouter,qu'a 1'égard du Quadrain , on le nommoit auparavant Teruncius , paree qu'il n'étoit effectivernent que de trois onces, le quart de Yas p'rimitif (y). On ne commenga a frabriuuer des Monnoies dargent que 1'an de Rome 485. fous le Conftilat de Q. Ogulnius & de C. Fabius, 5 ans avanc la première guerre punique (8). A la 3ooeme année de Rome, on enveya en Grece Sp. Pqftumius, S. Sulpicius & A. ManUns, qui a leur retour, 1'an 302, raflemblerent plufieurs loix, coutumes & ufages des Grecs: après cela, on élut les Décemvirs pour travailler a la compofition des loix (9). N'eft-il pas vraifcmblable que les Romains aj'ant pris des peuples de la Grece ce qui leur convenoit pour 1'adminiltration de leur Gouver- (7) Voyez Montfaucon & van Loon; ce dernier page 14. expliquela doublé tére de Janus, en difant que l'une repréfentoit la tére de Saturne, Cautie celle du Roi Janus, » qui le premier, loriqu'il fut obligé de quitter Crete & de veuir par mer en Italië, apprit non feulement 1'agriculrure, ma/s encore la navigation & i'ulage des Monnoies. Voyez Ovid. F2ft. Lib. I. (8) Pline Liv. XXXIII. Chap. III. i9) JJiJiiire Ram. ps'r Koms Tome II. page 64 & 155 B %  zo Chap. II. MONNOIES rement, ils 'es aient auffi imités fur ce qui conCerne les Monnoies ? Par les Monnoies Grecques, & en particulier par les Monnoies Attiques , confervées dans les Cabinets des antiquaires, on fcait que 1'or & 1'argent, employés par les Monétaires d'Athênes, étoient, a une trés iégere différence prés, au même titre que 1'or & 1'argent des Monnoies de France. Ce fait eft bien conftant, & 1'on a fur cet article tous les édairciflemens que 1'on peut défirer (10). Pline, Liv. XXL Chap. XXXIV. dit que la Drachme Attique étoit égale en poids au denier d'argent; elle pefe un denier d'argent, c'efta-dire, Jix oboles, l'obole pefe dix calques. Or la drachme étant égale a trois fcrupules Romains, il feroit probable, comme BuDÉEpiroït auffi 1'admettre, que le denier d'argent contcnoit la huitieme partie de 1'once; qu'ainfi 96 deniers, au commencement, étoient taillés de la livre Romaine. Quant a leur titre, je penfe qu'on rifijue le moins en fuppofant qu'ils ont fuivi ce qui étoit, ou avoit été en ufage9 principalem'ent chez les Athéniens. (ie) Voyez VOrigine des laix, des fciences, des arts & de leurs progris chez les anciens peuples par M. CocuEt. To. me 1U. page 251 £?ƒ«>'. ou Chap. I, des Monnoies Grecques.  DES ROMAINS. zz Selon Budée, il y avoit donc iauit deniers, d'argent a 1'once, & par conféquent a la livre Romaine de 12 onces, 96 pieces. Le premier denier d'argent eut cours a io, as ou livres de cuivre, le quinah-e ou demi denier a 5, les fes~ zsrces a z\. La marqué de 1'argent étoit des Bjges ou des Ouadriges; c'eft-a-dire, des chars. a deux ou a quatre chevaux, d'on ils prirenc le nom de Bigati & de Quadrigatï. II y avoit alors auffi des doublés deniers qui valoient autant que les didraehmes des Grecs, & pefoient epviron deux drachmes. On y vjyoic d'un cöté la tête de Janus fans barbj, avec une couronne de laurier, & de i'autre un Quadrige, ayec le mot Roma gravé en creux (11). En adoptant, felon 1'idée de quelques - uns,, que la livre d'argent ait été au commencem nt chez les Romains compofée de 84deniers (i2.)s que ceux-ci ont été du titre de 10 deni-rs. & 12 grains, le célebre Montesq^uieu auroit encore eu raifon^is) de dire que la pro- (11) Montfaucon Tome III. Partie I. Chap. II. page 1 60 & fuiv. Traité des Munmia de M. a. de Baz. Toiue 11. pag. 63. (12) Encyclop. d'Y.erdui a Part. Monnoie, page lefi. . (13J 1'Eïprit des ion Liv. XXII. Chap. XII. [e dis que M. it& Mokte squ ie u auroit eti raifon . paree que d'une livre de matiere, fupputóe de 12 d.uiers d'argent, ca y ajiutanl aulant d'alliage , alin que 1'argtnt foic du titre de io deniers 12 B 3  22 Chap. II. MONNOIES portion fut alors entre 1'argent & le cuivre» comme i a 960. A la première guerre punique, qui.commenca 1'an 490 de Rome, les befoins de la Républiqu© fe trouverent fi grands, qu'on fut obligé de réduire Yas de 12 onces a 2, & tous les autres a proportion, quoiqu'on leur confervat la même valeur. Ainfi on frappa des as de deux onces feulement, c'eft-a-dire, de la fixieme partie de fon ancien poids (14); tellement que Ia Rébublique fur un as en gagna cinq, & parvint par ce moyen a payer toutes fes dettes. On ordonna que ce qui ne faifoit auparavant que la fixieme partie de Yas, auroit toute fa valeur. Ce fut donc a cette occafion que la Monnoie originelle fut pour la première fois affoiblie chez les Romains, & la proportion de 1'argent au cuivre portee comme 1 a 160: & comme cette première réduótion étoit trés • cori'fidérable & tres - frappante , il eft probable qu'outre les befoins de 1'Ètat, les Romains auront eu d'autres raifons très-folides pour cela, & tirées des jrrains. on taillera gr, pieces, dont 84 contiendront la ?J pjnie d'une Ijvro d'argent (in. (14) Les figures de ces Monnoies dans leurs diffiirentej rdtbictiona fe trouvent dans le Sv.np'.imetit aux /Imi-uMs de Montfaücon Tome 11!. Liv. IV. Cltap. U S' fuin  DES ROMAINS. =3 eirconfrances ou ijs fe tróuvoient. J - hazarde fur cet qbjet quelques conjecr.ures dan. la Nute ci-deiTous (15). A la feconde guerre punique, (538) lorsqu'Annibal s'avarcca jufqu'aux portes de Llpme & mit Ja République a Texcrêmité, Fahi s I lascimus étant Diólateur (16), ïas fir réduit de deux a une once, & le denier d'aigcni hauiTé a 16 des dits as. On eut donc alors pour un denier d'argent 16 onces de cuivre ; par con- <■ 15) II efl probable que les peuples qui commercoienr dans la Mediterran e, quelqui >. fic-cles avant les Romains, fe fervoitnt d'argent pour leurs Monnoies. Et dans des tems plus r.cules-, ne voyons-nous pas (Genefe Chap XXIII.) qu'Abrahïtn achetta de Hephran le champ & la caveme pour quatre cents fides d'argent qui avoient cours entre les Marchands ? Les Romains jusqu'en 485 n'eurent d'autres Monnoies que Ic cuivre. Ne Ie nié> iant p3s alors beaucoup du Comnerce érranger, il leur impor toit peu de favoir ce qui fe paffoit la-deffus chez les autres peuples; mais loriqu'iis eurent comracncc! a fabriquer des Monnoies d'argent, & qu'a 1'occafion de la première guerre puniqua ils eurent des rdlations fréquentes avec les peuples voifins, fnrtout avec les habitans de Ia Sfcile, Ils obferverent lacilement qu'ils pouvoient acheter plus de grains pour 120 onces de cuivre ou zo iis, que pour une drachme ou un denier d'argent, & que par conféquent il étoit de leur intérêt d'y mettre ordre. La riéceffité & la nature des choles a donc vraifemblablement Ie piuj comribuê" h la réduébon confklé>able des 12 onces a 2. Les léduétions fucceffjves eurent probablement les memes raifons pour baze; mais on peut auffi ajouter, qu'elles différent beaucoup de raffoibliffement des Monnoies que 1'on a vu en Europe depuis srois a quatre fiecles. CiG) Voyez la-deffus YHiJtflre iVaf. de 1'or £? de 1'argent, Nors de la page J94. B 4  W Chap. II. MONNOIES féquent le denier fut réduit a un cinquieme de moins en valeur qu'il n'en avoit eu depuis la première guérre punique. Cependant la paye du fodat refta en raifon de dix as pour un denier (17). ' Cette feconde ope'ration établifioit donc , dans le public, k proportion entre 1'argent & le cuivre, comme de 1 a 128. " Les premières Monnoies d'or (dit Pline) a, (18 ) furent frappées foixante - deux ans , après celles d'argent (19 ) i. le fcriipule d'or „ valut vingt fefierces ( 20), ce qui fit monter Sf la. üvre d'or, fur le pied du fèjterce de ce i tems., a neuf cents fefierces.. Dans la fmte * on frappa quarante deniers d'or a la livre," * nos princes en diminuerent le poids jufques ' a Néron, fous lequel la livre d'or en con= , tc.noit quarante-cinq." N'ell-il pas probable, 'd'après ces propres parolec de Phne, que les deniers d'or aient (17-^ I'i.ine Liv. XXXIII. Chap. Hl. Idi.il. Nat. de l'ar 'cz <"> Petii Ouvrag* de M. G. C FIamberobu dé l'année ir54. ccr't en Latin, imituïe- de pretih return «pui veteree Romanos Difputaüo, qui a remporté le prix de rAcadé.' ais de CcuiDgta, pan; 7. ? 5  zé Chap. II. MONNOIES compofé) au cuivre, comme i 4-ia8. C'ejfc.. a-dire, qu'une livre d'or équivalloit a 1920 livres de cuivre. Examinons un inftant 1'augmentation dont Pline nous parle, fur le denier d'or: „ Dans s, la fuite, dk-il, on fit jufqu'a 40 deniers d'or „ d'une livre." il y en avoit donc moins au commencement dans la livre. II eft queftion, a préfent de rechercher en quel tems il eft probable que cela a eu lieu. J'obferve d'abord , en fuivant toujours 1'Auteur de 1'Histoire Naturelle dans le Livre XXXIIIetne Chap. IIL (ainfi que je le rapporterai incesfamment dant la Npte 25) que fous un autre Tribun (Livius Drufius') on rafina auffi fur le denier d'argent, en y mêlant un huitieme de cuivre. Peut-on douter un moment que les Romains n'aient pas eu des idees tout auffi naturelles & auffi claires que nous? Vraifemblablement on voulut eonferver la proportion établie entre 1'or & 1'argent. Qu'y avoit-il alors a faire, en alliant 1'argent avec un huitieme de cuivre ? de deux chofes l'une : ou il failoit auffi ajouter de falliage a 1'or, ou rendre les efpeces plus peiites; cVfl; auffi ce qu'on fit, & ce qui convenoit le raieux. Par le calcul, je trouve qu'en augmentant  DES ROMAINS. 2,7 36 deniers d'or par un neuvieme, ou ie nombre 4, j'ai 40; & diminuant 96 par un huitieme, ou en ajoutant a 1'argent autant en alliage (ce qui eft le même) je ne garde que 84 de ces pieces a Ia livre: il faut donc diminuer du nombre de 96 la huitieme partie en allliage, alors il restera 84 de ces deniers, comme je fai déja diü La livre Romaine e'tant compofée de 40 p0 ces d'or, chaque piece devoit dès-lors contenir 71 fcrupules en poids; & ]e fcrupule évalué encoré a 20 fefierces, donne 144 fefierces, les» quels a 4 fefierces le denier, (le fefterce a toujours été évalué au quart du denier) font 36" deniers d'argent, a quoi il faut ajouter ia huitieme partie d'alliage, ou augmenter les 36 par la neuvieme partie, ce qui eft éga!, & ronS avons encore les 40 deniers. Ces deniers, quoique plus pefants chacun, ne contiennct cependant pas plus de poids en argent qu'iJs n;'en contenoient lorfqu'on tailloit 96 picc s a ia livre, & qUe la piece pefoit trois fcrupUi>s: ainfi donc 36 deniers d'argent k 3 fcrupules font 108 fcrupules: or 71 fcrupules d'or & 108 fcrupules d'argent établiffent encore la proportion comme 1 a 15. Mais comme le cours du denier d'or, quoique diminuc en poids, devoit continuer dans le public pour 40 deniers d'argent; au nombre  aS Chap. II. MONNOIES des 36 deniers, il falloit néceilairement joindre talliage, c'eft-a-dire, y ajouter en cuivre k poids de 4 deniers, pour faire juftement cekü des 40 pieces. Par cette nouvelle opération, les chofes continuerent dans une parfaite harmonie. Je ne dis pas que ces opérations aient été faites au, mime inftant; vraifemblablement elles n'auront, eu lieu que fucceffivement: peut-être en. eftil autrement. ' N'étant pas aftez verfé dans les langues anciennes, il ne m'a pas été pofiible 4e pouffer mes recherches plus loin. Quant aux titres des premières Monnoies d'or & d'argent, je crois. ne pas m'éloigner beaucoup de la vérité, en difant qu'ils ont été s fcavoir: 1'or, de celui de 21 Karats, & 1'argent de ic deniers 12 grains; ce qui donne juftement la bajance des proportions (22). Au refte Pline nous apprend que ce n'eft que fous Néron que 1'on commenca a tailler a la livre romaine 45.pieces d'or, comme nous l'ayons, obferyé ; felon d'autres Auteurs , on, (aa) [/idee m'en eft, venue, en lifan: I« ^ ^ *j VOngine des loix, iu arts S des fchnces &c. Torne 1IÏ. Pa&e 9,i , & en calcul.nt les divers rapport.. Si donc les Monno.es üktthénes font do titre d'environ » & de 10J demers, lus premières Monr.oies Rtaólines 1'autont été vraifemblablement.. a#i; ceus qui pofledeni des Monnoies antiques peuvect faïilssient s'en omval""5.  DES ROMAINS. 2j> en a encore augmenté Ie nombre, 'comme de 4S, 50 & 55 (23)- Je n'ai pas deüein de m'étendre davantage fur le cours de ces efpeces, ni de faire de nouvelIes combinaifons fur les raifons plus ou moins probables qui ont caufé les opérations que les Romains ont faites pendant le rcgne des Empereurs. je dirai feulement, que vers 1'an 225 de 1'Ere Cbrétienne, on fabriqua k Rome des deniers ou fols d'or a la taille de 72 k la livre, qui ont été fous-divifés en demi & tiers de fols, & nommés SemiJJls & Tremijjfis (24.). En 367 la Monnoie étoit fabriquée d'or trèspur, fans remede de poids ni dalloi, & fans aucun alliage, puifque les efpeces fondues revenoient au même poids & au même titre que la matiere hors d'oeuvre, & que les fols d'or étoient continués a Ja taille de 72 pieces a Ia livre & de 96" grains Romains: ce qui paroïe avoir fubfifté jufqu'au démembrement de J'Empire Romain dans 1'Occident. » Peu de tems après, ditPtiNE, (c'eft„ a-dire après la rédu&ion qui eut lieu fous „ Fabius Maximus) on frappa encore de non„ veaux as, qui ne péfoient qu'une demi-once, C23) Traité des Monnoies de M. A. deDaz. Tome II. P'ge 64. C«4} Idem., page 65.  3o Chap. tl MONNOIES ce fut fous le Tribun Papirius". Ce qui établiffoit enfin la proportion entre 1'argent du demêr & le cuivre comme i a 64, & réduifit une livre de cuivre, en moins d'un fiecle, a fa quinzïeme partie. On ignore a quelle occafion ce dernier aftoibliflement des Monnoies eut lieu. Quant aux; autres réducTions antérieures, il paróït, felon Pline, qu'elles ont été occafionnées par la héceffité oü la République s'eft trouvée. Remarquons ici l'exa&itude avec laquelle cet Hiftorien traite cette matiere; elle me conrme de plus en plus dans 1'opinion, que 1'idée que je viens de donner peut trés - bien être conforme a ce qui a eu lieu chez les Romains ( 25 ). ( 25) Pour donner plus de elarté a la matiere que je traite, voici les Epoques des révolutions fur les Monnoies Romaines. La I. commence (par fuppofition) avec les premiers Romains , c'eft - a - dire au tems oü 1'on a commencé chez eux a fe fervir du cuivre en maffe, & dont 1'ufage a continué affez long-tems. Numa fit taiiler groffieremcnt des morceaux de cuivre du poids d'une livre de 12 onces. La II. commence fous Servius Tallius, lorfqu'on changea la forme groffiere de ces Monnoies en efpeces rondes du méme poids & de la uiéme valeur, fur lefquelles étoient repréfentécs la figure d'un bauf, d'une brebis , d'un verrat. Voyez le TraUé des Monnoies Tome II. page Cu La UI. commence & 1'an de Rome 485, quand, felon Pline, on commenca a fabriquer des Monnoies d'argent. Le denier euE cours pour 10 livres, ou 120 onces de cuivre. La IV. eft cclle de 1'année 49°> 'oifijUe 1'on réduilh \'as de u.U onces.  DES ROMAINS. 31 Au refte, je ne veux rien hazarder fur 1'e'valuation des Monnoies Romaines en Monnoies Francoifes ou Hollandoifes; aiTez d'Auteurs (2(3) ont e'crit fur ce fujet, & je fuis convaincu La V. eft celle de 1'année 538 , lorfque Vas fut réduit de a a une once, & Ie cours du denier poné de 10 a 16 as , ou di. minué de 20 onces ii 16. La VI. k Fannée 547. lorfqu'on fabriqua pour la'première fois des Monnoies d'or de 36 pieces a la livre. La VII. fous Papirius, que les uns mettent a fannée 575 (Voyez /ƒ/}?. Afc'f, # />fl, g> rflS pargent page 195.) & d'autres * 1'an 583. lorfque r uus ies travaux pour cultiver un Arpent.de vignes 36 fols. 4 den. - - - 72 Liv ce qui me ietnble aufl] plus conforme au cours naturel des chofes. ««luenques. JPrix de diverfes cnores du téms peu. près de ]a _ decouverte du Nouveau Monde , jufqu'a celui oü > Pri* depuis 1730 jufqu'^ 1745, le Mare d'areeht fih I abondance de l'argent a pu influer fur ces Prix. J étant a 54'Livres. 6 Jinnees - - - üenrées ----- prfc Coary - - - - Prix mo . PnM u ■. ■ S—-9 Ancicm- du Marc- der»«' ^oportion - - I47I - - ------10 Livres _5=SSHSS ' - Un petit Cochon. •• - 2 fols. 9 den. - - - 3 Livres TM.] CO . T . \ ' ' " - ~~Agneau. - - - - 3 . _ 4 " 7.." " 2Z' - -Veau. - - -'i5 14- -14" fols. - . \ i " " -— - Centceufs. - •* j.* , , - - - a - • 20. Unfeptier d'avoine. - 8 --' - - - - - u'AiTfolf l " , " * * ' ' 1473 - 36 Moutons. - . - ro.-.Jchacun - - - 16 ' - &! ". \ " ' \ " * 33i : JJnevache. - . . . JÖ fok 45 a 50 Liv. .. . v * Un Pigeon. ------- 4 d - . . *7» - Une Livre de Beurre. 8 d ' - - - - ;n rnü" : f474 - Centceufs. .... fols8 d' V-I°.fok ? ' * ' - } - - x5. Zt~5 - Jeux^enTx- ■ • ■ j4Liv- ^ f-^d- - - - & t*. .: -*- . *:-/:25- " Une hv. de Beurre frais. - - - 9 d. - - . . . " " lS- - Une liv. de Ris. 10 d' - ' fnle "* - Un petit Cochon. - - - - 4 -5 d! - . 1 . . "« t",v ™ " " * 1 ' " f " " 8^ 1501 - Tjn Chapon. 3, Liv 3a f Ml " ' " 1 ' ' ? " ' U' 1502 - Une liv. de Chandelles. - - 12 d. - . . ;.LTIJ >)* " 1 _ _ * " " 1503 ; JJne liv.de beurre. - - - - 10 c1. -, ." - -" 12 £ [wq I I ï I I I . ^ Une hv. de Chandelles. - • 10 d . a i ó ? . - r . - i 4' • - Une Pinte de Vin. - - - - 6 d. . f _ .9 V . . . . 3 " " «• 1506" - Une Paire de Souliers. - 2 - 5 d. - . - 100 f. [M] - - 1 . i " *. 2515 - Porc gras. - - - - 40 f. - - - - x». Liv. - 80 tivres " " " 41- . Une bonne Vache - » . . g0 Livres . - - - 1518 - Une liv. de Plomb 7 d. - . . . 6 fols. - . I ï /- a" -'} i" " flsnific! ^ les Artic,es on elle fe troiffe' font 'flrds du Lifte dc M. Mël 1 (») L'Aménqnc proiiUJ[t beaucoup de Ris;  TABLEAU. N°. II. Tcme % Première Pmüe. pag. 53. ART IC L E PREMIER EN A U V E R G N !, Dmi"- Erix fous Louis Prix fous Louis Un Mouton gras avec la laine. . '. ■'. ;"\ 7 f0js. . T. Un Mouton ordinaire i 10 Llvr- „ Un Veau J 5 - 10 f. Un Cochon. . t„9 • ; • • . Une Poule . . Vden35 - a 35 L«* Un Chapon. ' x' t ° L Un Pigeon * ; 0 ' ,"d12 Un Chevreau ^ ' ' * • 3 Un Lapin _ ' to \15 Cent Bottes de foin pefant 15 liv. la botte. . \Q' 12 Journée d'un manoeuvre en Ete' . d d. * " * ' * * " 7 • -° idem en Hyver. . " ' 12 La charge de froment pefant 240 liv. 20'6 ^LLJI- * * ' • 7» Liv. 6 C #£»r&ï En ChaniDavne.... e sbhbssbs -f^^ff^l; • «zemes années. Le Septier du meilleur bied, pefanc 560 liv. . . 20 foü a-ti-a-—5 Le Septier de feigle. IO 22 Liv. Le Septier d'avoine. * . 5 ia . . La journée d'un homme. ... ï' 7 • • 4 r °' ' 42 • ■ a f £S«•Enjcmbonnois mêmes années. Une Charretée de foin de 12 Quintaux. ... 10 fols. Un Tonneau de Vin. ........ 30 *. ' ' * ' * 10 Llv' La Coupe d'un arpent de bois. 2 . ó" d. * 5° • • 1'arpent de Vignes , . . 30 . . ' "•**•■•. 1 • - Une livre de Beurre 4 .12.. — livre d'huile de Noix. . 710 — livre de Suif. . .... . ' * t * 7 ' ' ' ' ' 4 * • • ,. . 6 -73j^ Trrrjf. Récapitulation. année „. 1 ^— : —» 0 ° I735. £ C^e ^C?^dtó%^ «g X446 fol,f le Mare . Grain, *tf - BourbonLisJ^ . .V.\ .\\\ l \ ï/.ïf% Z ? ' ■ - jgg i2i££> dea • • ' • • • Grajns 3i5ö 37^101. Grams. 16422. ~~ „ .4 ,, le -Numéraire. 1 a 22. "V Poids dargent 3156. . . a 16422 . . ou . . x % Si ƒ A R T I C L E II. 2V"*r Prix fous HenriLL Prixfm & trangois II. 2.W« Une Paire de fouliers . c rau J Un Levreau .... 5 iois. ioo fob. Un Perdreau \ \ '.'.'.[ 6 3° ' * * En 1550 le Septier de bied valloit I 20 'fols. [ '. '. [ ■ ' \ 240 *' ' 26 fols- J9o. f. lenum.raic. l'argent a 15 Liv. 399 grains, a 54 Liv.... 16Ö4 glarniTPFoport. J'a4. A R T I C L E III. DeméeSPrix M Henri III Prix fous XK —i» en '735- Une Queue de Vin, de 400 Pots fut eftimée 7 liv. 10 fols. Le Muid d aujourd'hui 2 Liv. 14 fols. ..... 12 3.4-- 5 • 6 274 . 7 num. r a 8. L'argent a 20 c& 20'.". 7H01 grains.. a 54. 234ro grainXl^oTt. 1 & 3. tf« Réflexions Politiques fur les Finances c? le Commerce. *Toihe t ~~ ~" "   DES DENRÉES &c. en France. 53 i°. D?s prix du tems de Louis XII, ou de l'année 1508, comparés a ceux du tems de Louis XV , ou de l'année 1735: on trouve la différtnce de 1 a 22, & celle fur J'argcnt comme de 1 a 4] environ. 2°. Du tems de Hcnri II & de Frangois II, 41 ans plus tard, comparés au tems du regne de Louis XV, comme de 1 a 15, & fur l'argent de i a 3?. 30. Des Prix fous le regne de Henri III, cu dans l'année 1580, égalemtnt comparés ?, ceux du tems de Louis XV, comme 1 a 8, & encore fur l'argent comme de r a 2]: ce qui confirme ce que je viens de dire, que dés que la forte augmentation des matieres d'or & d'argent s'eft fait fentir, l'erjchériffement a été Ie plus fenfible, ce qui eft auffi felon la nature des chofes. J'ai notté au bas du prix courant N°. Ih le numéraire & la malTe^h argent aox différentes époques, paree que c'eft ce qui fait 1'objet de comparaifon, & démontre que l'argent, ou Je numéraire, ne repréfente pias les memes chofes qu'autrefois. Par ces détails, il eft a"ré de remarqner, qua je ne me fuis pas attaché a un feul Auteur dans m s recherches fur un point auffi effende!; m 1 bu '" -r t de démontrer principalernent, que la iro^refllon fur le prix de Urgent n'a . „ ecq D 3  54 Chap III. DE L'ARGENT ET DU PRIX de pair avec la progreffion fur le prix des denrees, de la main d'ceuvre &c, ainfi que quelques perfonnes le penfent (13), mais plutót qu'il s'y trouve une inégalité très-remarquable (14); je le ferai obferver encore a 1'article du falaire des ouvriers: mais avant tout, parions du Bied, nourriture générale & commune des habitans de 1'Europe; examinons fon prix, & compa» rons-le avec celui de l'argent dans ce fecond article. En 1202 le feptier de Bied, mefure de Paris, valloit 6 fols 8 deniers, ou \ d'un Mare d&rgent fin, a 60 fols le Mare. En 1514 le feptier de Bied, eftimé communément 25, 26, & 27 fols, valloit encore la neuvieme partie du Mare d'argent fin monnoyé, valant alors 12 livres: & en prenant les prix depuis 1732 jufqu'en 1742, 1'un dans 1'autre, le Bied a valu t"8 livres 12 fols 8 deniers S; ce qui fait, au prix du Mare d'argent fin, un peu moins que le tiers du Mare (15). Reprenons cette difcuffion intéreflante, & ïendons la encore plus intelligible: un Mare (13) Entr'acjtres M. Hu me. Voyez fes RéfiexioM pplitiqu.es page 106 , & Pauteur du Traité de Ia Circuletiion c? du Credit. ( i1 1 Voyez Efai fur les Monnoies page 6 , des Notions Préliminairs. OS) E.6'aifur lls Monnoies pages 32-.35.  DES DENRÉES. &c. en Francs. 55 d'argent produifoit, en 1514, x2 üvres, & en 1744, 54 livres ou environ. L'augmentation des efpeces eft donc comme de 1 a 4ï en nume'raire. Le prix moven du feptier du meilleur Bied, mefure de Paris, étoit en 1514 de 25 fols tournois, & en poids d'argent, 480 Grains. En 1744 le prix moyen du même feptLr de B'ed étoit de 18 Jivr,_s 12 fols, & en poids d'arg nt fin 1587 Grains environ. L'augmentation du prix du Bied eft d'un a 3 ,?s environ en poids d'argent fin, & d'un a 14^ en numéraire. Deforte qu'a préfent, en mefurant les prix fur l'argent même, la nourriture, en France, conté plus du tripie en argent effeclif, qu'svant 1'arrivée de cette prodigieufe quantité d'or & d'argent que nous ont fournie les mines de 1'Amérique. Avancons, & examinons maintenant reffet qu'a produit l'augmentarion de ces deux précieux métaux fur le falaire des ouvriers; ce qui fait le fujet de mon troifieme article. L'année 1350 le prix du falaire des ouvriers en France, a caufe de la grande morcalité, fut augmenté de 3 fols jufqu'a 4. dargent valloit 6 livres le Mare Lts efpeces furent augmentées Ja même année, & le Mare d'argent fin valat depuis 6 livres 15 foi* D 4  56 Chap. HL DE L'ARGENT ET DU PRIX jufqu'a 9 livres; aujourd'hui l'argent fin vaut 54, & le falaire des ouvriers dont il eft ici question fe paye 48 fols (16). Les ouvriers avoient en 1350 , en argent fin, fur le pied de 6 livres pour l'argent & de 3 fols pour le falaire, & partie d'un Mare, & en 1745, au taux de 54 livres & de 48 fols de falaire k d'un Mare; ils ont donc prefque deux (16) Une Ordonnance du 12 Avril 1350 rTl>me 11 des Ordonnances, page 230. "OUï apprend que la Monnoie étoit [un] Vingt-quatrieme, c'eft-»-dire, que Ie Mare d'argent fin mon„oyé produifoit fix livres. Les efpeces furent augmentées la même année, & le Mare d'argent fin monnoyé value depuis fix livres qüinze fols , jufqu'a neuf livres Tournois. Comme il vaue aujourd'hui cinquante quatre livres fix fols fix deniers & fix on, ziemes, il eft monté, depuis 1350 jufqu'a nous, enviroa d'un & fix ou a buit. Dans la même année il y eut une grande mortaHtc r»; ce qui fut Cïufe que les falaites des ouvriers & des gens de journée furent augmemés d'un tiers eu fus , par une Ordonnance du Mois de Février IJ50 (6). Elle attribue aux faucbeürs des prés quatre fols par arpent. Aéluellement on leur paye environ quarante huit fols par arpent pour la première herbe. Cette augmentation fur les joimiées des t'aucbeurs, depuis 1330 jul'qu'ii p.élent, iroit d'un a douze. lis ont un vingt - unieme du Mare d'argent fin, ils n'en avoknt gueres qu'un quaramieme en 1350. O) L'ancien Manqfcript des Chroniques de France en vélin, de la Riu'iothcqiie tlc Mr- DE Sakdiere, fait mention de la pefte de 1348 , dont il eft parlé dans l'Ordonnance de 1350. (b~) Voyez dans Fontanon, Tome I. page 864. Et dans le Recueil des Ordonnances, Tome 11. p. 350, les Titres 24, «5, 26 & 17.  DES DENRÉES &c. en Frame. 57 fois autant qu'en 1350 en argent effeótif: mais cela n'til pas aflez pour aller de pair avec la dépenfe qu'ils pouvoienr faire avec leur modique falaire de l'année 1350 ou environ. Un Ciiarretier conduifant la charrue en 1350 gagnoit par an 7 livres; & en 1738 & 39 « en gagnoit 79. C'eft a peu-prés une augmentation d'un a 10, & de 6 onces a 12 onces en poiJs d'argent (17). Un Vacher avoit en 1350 la fomme de 50 fols par an, ou 2 onces & un feptieme d'argent fin monnoyé; en 1739 il avoit 30 livres par an, ou 4 onces % d'argent fin: voila une augmenta' tion en numéraire d'un a 12, & en poids du doublé (18). Les falaires des Maréchaux, des Faucheurs, des Batteurs en grange font montés dans la même proportion, Comme on 1'obfèrve dans Ia Note (19); mais quoique ces différens ouvriers (17) Effai fur les Monnoies page 38. ( 18 ) EIJai fur les Monnoies page 39. ( 19 ) Idem. Voyez paga 39, üU ,1 eft fair mention du falaire des Maréchaux , des Faucheurs & de» Batteurs en Grange Nous rapporterons feulement ce qui concerne ces denim. En 1350. [.es Batteurs en grange auront, de la Saint Remi è Paques, dix buit deniers fans ére uourris, & a la tdche d'ar. gent , do,.ze fols du muid de Wed, & kuit fols du muid d'avolee; & ,'US hattent en bied, il, auront & prendront au vingt C'eft- i. dire la vingt^», pwfe. En 1?2l „„ pi,yoir j frl^ tPvüM Vliie de France] .u* batteurs du bichei d* rtoment Ueui  5g Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX recoivent aujourd'hui en argent le doublé de ce qu'ils avoient, & plus du décuple en numéraire, ils ont encore de laperte; car un homme ne peut pas faire aujourd'hui avec 48 fols la même dépenfe qu'il faifoit avec 3 ou 4 fols vers Van 1350, ce qui fait un objet très-fenfible p0Ur cette clafle d'hommes, qui forme partout la plus grande partie de 1'État, & quis malgré la grande mifere oü elle eft prefque toujours plongée, contribue le plus a la propagation de 1'efpece humaine. Comparons maintenant la valeur des Beftiaux & de différens articles entr'eux, ainfi que 1'Auteur du Rapport entre l'argent & les denrées les a raflemblés. Une Tablette de Preuilli en cire, de 1'an 9j V313 & 1314, hxe le prix du feptier d'avoine a ió fols; d'un porc a 24 fols; d'une bre| bis a 6 fols 3 deniers & h; d'un bosuf 34 1 livres 15 fols; d'un mulet a 5 livres; dun cheval a 7 livres 10 fols; d'une livre de cire a 2 fols 8 deniers; d'une livre de chandelles a 8 deniers parifis: ce font a peu-prés les „ proportions d'aujourd'hui, deux brebis & de„ mi pour un feptier d'avoine; quatre livres fols & du bichet d'avoine un fol: c'auroit été 12 fols du feptier de Wed, & fept livres quatre fols du muid; ce qui fait, depuis 1350, wc augmentation d'un a douze. &c. i5cc.  DES DENRÉES &c. en France. 59 „ de chandelles pour une livre de cire; deus „ livres & fix onces & demie de cire pour une „ brebis ; environ feize brebis pour un boeuf „ parvenu a la moitié de fa groffeur, & pefant „ environ 400 livres, & quatre brebis pour un „ porc qui pefitroit foixante livres ou environ. „ Cependant les proportions entre les denrées, „ fans avoir égard aux événemens extraordinaï„ res, n'ont pas toujours été exaclement les „ mêmes. En partant du même tems jufqu'a „ nous, les chofes qui'font de fuperflu pour Ia 3, vie, comme les amandes , les figues, les „ raifins &c. ont monté d'un a feize; les cho„ fes qui font d'un plus grand ufage, mais qui „ ne font pas d'une néceffité indilpenfable „ „ comme le boeuf, le mouton &c. ont monté „ d'un adix-huic; les chofes abfolument néces35 faires a Ja vie, & que tout le monde confom„ me, comme le bied & les grains, ont monté „ d'un a vingt. En 1342 i] y eut plufieurs „ changemens dans les Monnoies, & le Mare 35 d'argent fin monnoyé, en prenant un milieu, „ vallut douze livres. Un boeuf fe payoit alors „ a Preuilli ioa ir livres; il revenoit a peu„ prés a fept onces d'argent fin monnoyé: au„ jourd'hui les boeufs qu on vend communément 55 dans les campagnes, & qui font bien plus pe„ tits que ceux de Paris, vaudroient a Preuilli  Co Chap. III, DE L'ARGENT ET DU PRIX „ environ 135 livres, c'eft a peu-prés vingt„ une onces d'argent fin monoyé, qui font eri „ poids le tripie d'alors, ainfi que nous 1'avons „ obfervé ci deflus. Un cheval de voiture (pro „ quadriga) acheté a Preuilli-32 livres 10 fols, „ valloit autant que trois boeuf», qui fur le pied „ de fept onces chacun, faifoient vingt-une „ onces. Aujourd'hui un cheval fembiable fe vendroit communément aux environs de foi„ xante-trois onc-s pefant dargent fin, qui „ pro iuiroient en valeur numéraire 402 livres „ 15 fols." (20) II eft vrai qu'il y a quelques articles dans le Commerce, qui, loin de monter en prix depuis deux cents ans, ont au contraire diminué; comme le lucre, qui fe payant en 1595 > 2° f°'s > fe payoit en 1740 :6 fols ; cependant les efpeces étoient bien plus baffes en 1505 qu'elles ne le font aujourd'hui: cette diminution dans le prix du fucre vient de ce que la quantité s'en eft confidérablement augmentée en Europe au moyen des plantations: & par la nous pouvons juger des progres du, Commerce (21)* fcn 1312, onze muids quatre feptiers de froment couterent a Long champ, prèi de Paris, C 20) £'■ f"r les Monnoies \*t 36 -37' M»c ivihè J 51 livres 3 Ibis 3 deniers (21) li«m. paaes 41 , 42,  DES DENRËES &c. en France. 6t Ito livres 13 fols 9 deniers: c'étoit environ 16 fols & le feptier. Sept livres de poivre y furent payées la méme année 28 fols, c'étoit 4 fols la livre, ou environ le quart du prix du feptier de Bied. En 1738 & 39 la livre de poivre coutoit a Preuilii 32 & 36 fols; ce netoit gueres que la dixieme partie du feptier de Bied, fur le pied de 15 a 18 livres le feptier. L'once des cloux de gérofle, qui valloit environ jo fols en 1587, ne vaudroit gueres aujourd'hui que 12 ou 15 fols, quoique les efpeces aient bien plus que doublé de valeur depuis ce tems - la (22). Mais ce peu d'articles, en comparaifon de ceux que nous venons de détailier, ne font point un objet, & peuvent être regardés comme Zero. Je n'ai pas parlé du fel, ni de bien d'autres denrées; le fel, dit 1'Auteur cité cideifus, a enchéri pour les Francais & les Étrangers dans une proportion bien plus confidérable que celle des Grains. Examinons maintenant 1'article des Polfesfions en biens-fonds, & voyons dans quel point de vue fe préfente la progreffion numéraire fur la valeur du produit des terres, compiré cortre celle fur l'Afgent efectif. ( 22 ) Ejfai [ar lts Monnaies pag, 4a.  &scotanus, Hijloire des Frifons (H.) Liv. II. page 47. Nos Hiftoriens ne s'accordent pas fur les tems, mais tous font d'accord & fur le fait & fur les perfonnages dont il eft qneftion. (15) Raaboul Roi des Frifons (qui defeendoit de Thierri, lequel regnoit en Frife dans l'année 300, dans le tems qu'£broin, Maire du palais de Neujlrie, excercoit fes méchancetés-} ie rendit maltra de IFiltensbourg, Ville frontiere des Frifons, & qui leur avoit aurrefois appattenu: il en chaffa la garnifon franr.oife j démolit l'f.giife de St. Thomas que Dagobert avoi: fondée i Utrecht & enrichie confidéiablemcnt ; il pouffa fes conquêtes encore plus loin , & s'empara de Nimegue. Voyez Schotanus Hijloire des Frif. Liv. II. page 55. Chféniq. de Frife par Schat, lenses page 401 (16) „ Radboud fut encore battti par Pèpin prés de Dores„ tatus , & ertfuite contraint de lui céder la Frife d'en d ca du „ Zuiderzée: joute fois tant qu'il vêcut, il ne voulut jamais „ fduffrir que les Prêrres cbrétiens que Pèpin envoyoit en ce pays. 11 , paffaiïent dans I'nuire Frife pour y aller prêcber 1'Evan„ gile." Mé'ZERAi Tome I. pages 281-282. Schotanus Mfti de Frif. Liv. H. page 55. Chroma, de Frife page 42.  DE LA MONNOIE en EollaUe. 75 tat, paiferent enfuite a fon fils Charles Martel C'7). Les premiers Maïtres des Monnoies en France paroifient avoir été établis dés le regne des Rois de la première Race. On peut s'en con« vaincre par 1 ïnfpection des figures des pieces mêmes (18), car elles portoient, non le nom des Souvcrains , mus celui djs Miï'res des Monnoies, fuivant 1'ufage des Rois de France, qui affermoient, dans ces tems primitifs, au plus offrant le droit de battre Monnoie, fous condition qu'ils mettroient leur noTi fur fêfc efpeces, afin qu'en cas de fraude on fc&t a qui attribuer le délit (19). C 17) Charles Martel, 31 ans après que Pépin fon pere eut /ecouvié au profit ile la Couronne d'Auftrafie, les pohVllionS dont le Roi des Frifons s'étoit emparé , érigea Utrecht en Mérropole de 1'Evêché (ou Seigneurie de ce nom). Voyez Trahit des Monnoies de van I. oon. Part. F. page 28. (18.) Dsfcript. des Monnoies de M. van Mieris page 79. Dans le fixieme fiecle a Utrecht cc i Wyk-te - Duurftede, on avoit déji étab'li des madbns publiques pour la fabricaiion de Ia Monnoie. Voyez Le B l a n c : des Mon. de France page 85. & Mezerai Kift. de France. Tome I. pag 194. f19) „ Us mettoiem (ies Francois} l'ur leurs Monnoies, outre „ leur nom, & celui du lieu on elles étoient fabriquées, ceux „ du Comte & du Monétaire, ou Maltre de cette Monnoie, afin ;, qu'ils fufi'ent refpomables de la valeur des pieces & de la „ bonté de leur ouvrage Quand ils furent devenus riches „ & puiflants , la gloire de? Rimams leur entra dans la tête, „ &: ils commencerent S les iiniter dans leurs inferiptions, k n s'insituler, fiSior, /lugujlus, & il graver une viélolre fur leurs  16 Chap. IV. ORIGINE Parmi les pieces de Monnoie fabriquées alors, il y en a deux, l'une de Trijetïum ou Utrecht i & 1'autre de Dorefiatus ou Wyk-te-P.uurftede: d'un cöté 1'on voit 1'empreinte du Roi, avec le nom de la Ville a 1'entour, & au revers une. croix, fuivant 1'ufage introduit par les Princes chrétiens, avec le nom du Maïtre des Monnoies: fur la piece d'Utrecht, Thafemundus M., & fur celle de Wyk-te-Duurftede, Madelinus auffi avec un M., qui fignifie Monetarius ( 20 ), La ville d'Utrecht étant affez connue, je ne m'y arrête pas; mais quant a celle de IVyk-teBuurftede, qui depuis ce tems a fubi un déclin confidérable, je crois devoir faire obferver que, c'étoit alors une des villes du bas Rhin les plus fameufes' par le Commerce: car felon le témoignage d'anciens Écrivains, on a vu quelquefois des 'flottes de cent voiles venir d'outre-mer, Sc monter le Rhin, deftinées pour cette ville (21). Monnoies, mais qui avoii une croix & la main, pour rnontrei „ qu'ils n'étoient plus idolattes mais Chrétiens." Mkzkrai Tome I. page 193 & 194. (20) Defcription des Monnoies de van Mieris, page 89. Hijloire Anc. de van Loon, Tome I. page 270. Traité des; Mon. du même , Part. I. Chap. VI. (21) Traité des Monnoies de van Loon, Part. I. Chap. VI. Voyez aulfi Defcription des Monmies des Evéques i'Utrecht par van Mieris page 104 & 105, & VHijloire de la Pa'.rie Turue II, Liv. V. pa,'e 8 & 52. &c.  DE LA MONNOIE én Hollande. ff On fcait affez commenc s'éteignit la première race des Rois de France; commént les fuccesfeurs de Péptri le bref ont regné en Allemagnê & en France. Ce font eux qui oht long- tems gouverne nos contrées, & nous leur devdns 1'origine de nos Dacs & Comtes (22). Carloman & Charles ( 23 ) fils de Pèpin fuccéderent a ce dtirnier. Carloman eut cn partage C 22) Le nom de Duc fe donnoit anciennement 1 ceux qoj commandoient une armée., mais dans les V, VI & VII fiecles ce nom s'approprioit au Gouverneur, ou & celui qui avoit 1'adtniniftration de plulienrs contrées ou difliiéts, qu'on appellöit Com'és [ Comitatus ], & fur chacun defquels commandoit uq Duc, ou Comte. b'ordinaire la dignité de Duc étoit fuperieure j celle de Comte. Un Duché, felon l'oiinion de quelques uns4 confiltoit en douze Comtés. Dans les fiecles fuivans, on irouve qu'il y en avoit de trois, & n.êrhe de plus de douze Coratés» Toute la Fiife, au neuvieme fiecle, eut le nom de Duché, Le nom de Comte [Comes~\ qu'on rendoit autrefois (vers Ie liuitieme & neuvieme fiecle) par les mo s de Grafio & de Gra. vfo. fe donnoit du tems du gouvernement Gjthique, en l.alie & particu'iéreintnt dans le huitieme fi cle, 5 ceux h qui le Roi donnoit 1'adminiltrarion d'une Ville, pays, bois, les, agé de 24 ans, ent la partie de la France, connue fous le nom d'Auflrap~e & de Bourgogne. Carloman la Neuflrie • il etoit agé de 18 ans; ces deux fteres furent en diflenfiou dès la more de leur pere. Carloman mourut en 771. Charles fut alors reconnu feut Roi. Voyuz Mezerai Tome f. page 385 & 388. (24) ,. On ne peut entendre prononcer le nom de Charlemai,gne, dit Mezerai, fans concevcir auffirót quelque grande. & merveiHeufe idée." Le méme Auteur décrtt enfuite fota portrait au naturel, tel que Ion Secrétaire Eginhard 1'a Jaiffé, Voyez Tome I. page 388 (25) Le jour de Noel 1'an 800. £26 ) Voyez Mezerai Tome f. page 429. (27) Les Uanois (ou Normands) incommodoient fouvent, tant par leurs pirateries par mer que par leurs incurfions par terre, les peuples de la Frife: Charlemagne les redoutoit. . U.i „ jour, dit Mezerai, Tome I. page 422 , qu'il é'oit S table „ dans un logis qui regardoir ur la mer, il vit quelques vais„, ftaux qui rodoient le long de la eóse, & il connut a la ma-  DE LA MONNOIE en Hollande. 79 Els, Charles, Pépin & Louis (28). Afin de pre'venir les diffenfions qui auroient pu s'élever a fa mort, a raifon de 1'étendue de fes Etats, il fit convoquer les principaux Evêques, Ducs & Comtes a Didenhoven, en préfence de fes fils , qui en témoignerent leur fatisfaclion. Nous remarquerons ici que Charles eut la Thuringe, Ia Saxe & beaucoup d'autres Principautés, prineipalement la Frife ( 29 ), dans Iaquelle fut comprife la Hollands proprement dite. Pépin & Louis fe rendirent aux États qui leur avoient éte' affigne's, & qui furent gouverne's par eux, mais toujours fous Ia direftion de leur pere Charlemagne, lequel partit de Didenhoven „ mere du b:Viment que c'étoient des pirates: en effet ayant „ commandé a quelques uns des fiens de les aller reconnottre, 3, ils pnrent le large, & on lui rsppoita que c'étoient des Nor„ mauds. Aiors ce fage I'rince, ayant comme un preffencimcnr. „ des maux que ces barbarc-s cauferoient quelque jour a la Fran- ce, en fut touché jüfqu'au fond du cceur, & ne put s'empê„ cher de dire : Ui quoi! a ma vuè 2? dans ce haut point de „ gloire oii eft la puijfanze des Francois >. ah que fera- ce un jour tl fi la France s'ajfoibli' ".' I 2!) Hiïtoire AnfcienSe de Hollande par van Loon, Tome ÏI. pa< V laar dingen, Rynsbourg (ou Kenenbourg) Doehun, & autres Villes confidérabJes leur appartenoient (36). On défignoit en général fous le nom de Frifons les peuples qui habitoient les contrées connues aujourd'hui fous le nom de Provinces*"* (ja) Hijloire Ancitnne de Hollande de van Loon, Tome II. page 24. (33 ) iï'W page 25. (34) Be da Lib. V. Cbap. :o. Hijloire de la Patrie, Tornt l, Liv, IV. psge 3,sy. (.35 ) H'jloire de la Palrie, Tome I. Liv. ;il. page 2;?2> C5Ó) Hem. Tome II. Liv. V. page 4. F  8a Chap. IV. O R I G I N E Unies (37): ces peuples,extrémement anciens;, (3SJ n'avoient rien confervé de leurs moeurs (.39) ni de leur reiigion primitive (40): le Commerce que les Francs eurent avec les Romains les civiliferent infenfiblement. Lire, écrire, batir des villes, & générale-ment tous C 37 ) Bïpoiri de la Patrie. Tome II. Liv. V. page 4. (38) L'ongine des Frifons n'eft pas bien connne: les HMot liens donnent généralemcnr Jl penler qu'ils font plus anciens que ies Bataves .• on rapporte qu'ils font venus plus de 30c ans avant la naiflantre de [lisus Christ dans ces pays, (bus un' chef normné Frifo, fi!s d'un Roi que fon ne nommc pas, duquel Frifo ce noys a confervé le nom. Sou frere qui fe nommoit Sa.ro fe fisa dans le pays que 1'on appelle aujourd'hui la Saxe; ce peuple, ainfi que la piüoart des Nations anciennes a don; auffi une origine fabuleufe : c'eft ainfi qu'on iit dans q.elques HiOoriens que la France tire Ton nom d'un nommé Francus qu' vim s'y iStiblir, l'italie vhttlus &c. tout ce qu'on peut en conjectuur, c'eft qu'elle prouve une nés - hati'e amiquité. Voyez Batavia illa/lrata page 49. O Scharlenses dans fes Chrouiques de Frife, page 12, , (39^1 Quant S leurs tnoeurs anciennes, on peut voir ce que Tacite a éclït fur ce fujet. ( 40 ) Les Frifons anciennement he plac-nienr pas leurs Dieux dans des Temples ; ils penfolént qu'il étoit indécent de les pl,i ,per dans I encèinre des murs. Les IJ01- eioient dévoués i leurs Divmités. Leur D«tj ou l).: de les laifier périr s'ils ne prenoierrr pa< la rourriture qu'on leur offVoit: i|5 avojent and. l'ulhge barbare d'off.ir aux Dieu* des faciitices de fang liuinain; ib offiotnt Mn feu «muit les criminele „,aj, encore es c?Pt f«. Voyez O*mpH0ri de la StU gneurie de Frife, entre le Vlie & le Lauwers. [ li].  DE LA MONNOIE en Hollande. 83 ies arts d'utilité, qu'on ignoroit anciennement dans ces contrées, furent connus afTe.:: tot de ces peuples; & lorfque lts Francs leur eurent appris a fabriqu.r des Orgties, des Hor!og;s Sc des inflrumens d'afrronomie, Ie goüt des arts d'agrénu-nt s'y intmduifit ég dement (41). La vttrtrie étoit conr.u^ chez eux dés le huirieme fiecle (42), lorfqu'on 1'ignoroit encore en Anglererre. En changeant de moeurs, ils changerent auffi de dogmes: lorfque les Frifons eurent embraiTé la Rcligon Chrétienne , les Temples, ainfi que les Autels de Tanden cuke furent détruirs, & leurs Divinités abandonnées. I! y a des Hifiori- ns qui font monter 1'origine de Staveren a 300 ans avant 1'Ere Chrétienne; mai< on peut mettre cette opinion parmi tant d'autres fables de 1'anti-juité: cep.-ndant il eft certain que cette ville étoit, il y a bien des fitcL-s, la plus grande, la p us riche & la plus opulente ville de la Frife; eiie étoit le fi ge ordinaire de la rtfidtnee des Rois Frifons; & la bonté de Ion Port rtndit fon Commerce fioriffinr. Mais aLijdurd'hui elle n'a plus rien de tout ccla; ce qui ne paroïtra pas fort harpi enanr., fi 1'on coafidere qu'une nartte de (47) UW.oht de la Pa'ris, Tome II. ! iv. V. page 5. GerïEirri $0. CX^IU apud Du C/fefnt Tome II. page 823, (42^ ri.ft, de ia Paine, loco dtato. f i  84. Chap. IV. ORIGINE cette ville a été engloutie par la mer, une autre ruinée par le feu, & une partie enfin détruite par les révolutions que le peuple Frifon a elfuyées pendant les troubles fur la Reügion, Sc fous fes différens Princes. Et comme fi tout cela ne fuffifoit pas, la Guerre, ce terrible fléau, a fouvent ravagé cette belle contrée. On prétend auffi que les Frifons ont fabriqué des Monnoies dans le huitieme fiecle. On trouve dans le Traité de M. van Mieris, les infcriptions de deux Monnoies d'or (43). II efl cettain que Charlemagne, pendant Ia vie de Grégoire troifieme Evêque d:'Utrecht, a fait battre de la Monnoie d'argent qui paroit être entiérement de fabrication gothique. M. van Mieris (44) nous a donné la (43) Defcript, des Mon. de M. van Mieris, page Q2.0J. L'Auteur de la Defcription de la Seigneurie de Frife entre le Vlie é? le Lauwere dit, i Partiele de Staveren, page 262, qu'en 1509 le 2 Décetnbre, 011 y trouva deux deniers d'argent frappés du tems du Roi Radboud. Er en 1425 un demi denier d'or, ayant d'un cötd Adgillus fecundus Friporum Rex, & de 1'autre; Mond a curea civitatis Stavrenps. M. van Mieris fait mention de ce dernier. Que les Frifons ajem eu anciennement leurs Monnoies, c'eft une chofe indubitable. Voyez le Code de leurs anciennes Loix, Tir. II!. § 44, tiö il efl fait mention d'un denier Frifon. Le Roi Radboud, fuivant les Hifloriens de ces pays, vivoit au huitieme fiecle, c'eft donc auffi depuis un tems ttès • reculé que ces peuples ont eu des Monnoies. (44) Defcript. des Monnoies de van Mieris page ici. Hijloire Anc, de Hollande, par van Loon. Tome ii.  DE LA MONNOIE en Hollande. 85 figure de'deux de ces pieces. Sur l'une on voit le feul nom Carolus, & de 1'autre Trijeclum: fur ïa feconde, d'un cöte' Carolus, & fur le revers Walacano, lequel avec le pays de Schouwen & de Borfelen, felon le témoignage de Rygersbergen, dans l'année 830, ont écé les premiers pays de ïa Zêlande. En 758, fuivant le rapport du même Auteur , ces pays ont été entourés de digues par les Danois & les Goths: probablement le nom de Zêlande nous vient des Danois. ili trkmagne, étant mort en 814, fon Als X^a/fjfurciommé Je Vieux, alors refté feul par la mort dc fes deux freres, lui fuccéda. C'eft pendant fon regne que la ville de Doreftatus avec fon diftricr., dans lequel on comptoic environ foixante tgiifcs , & dont le pays s'étendoit jufqu'au JVczer, pafla, en 826, en fief a Hé~ tiaid Seigneur Danois. Cependant les incurfions & les pirateries de ces peuples condnuerent. En 834 doreftatus, (qui dans le neuvieme fiecle étoit le marché général, (Emporium,) pour ces pays) fut en partie réduite en cendre par les Normands, lefquels continuant leurs hoftifités, fe rendirent en 845 maicres de prefque toute la Frife. II fallut donc penfer a d'autres rnoyens pour repoufier ces barbares, car les habitans de la France, des confins de 1'Alle» F 3  B6 Chap IV. ORIGINE. magne, & les divers peuples de ce: Régions, en étoient continuellement afTaillis (45). Quelques Seigneurs Danois gouvermrent ces Provinces pendant un certain tems fous la qualité de Ducs fêoïaux, & y firent battre Monnoie; mais ces moyens, comme nous venons de loblerver, fe trouvant encore infuffifans (46), les Souverains d'Ailemagne & de France éubiirent des Comtes fur les frontkres, qu'ils mirent en état, & par les bienfaits qu'ils leur accorderent, & par les fecours qu'ils leur fournirent, de rcpoufler les Normands, loriqu'ils entreprirent de nouvelles defccntes. J'ai cru ces détails affez mtéreifans par euxmêmes, & en quelque forte néceflaires pour nous conduire au tems de nos premiers Comtes de Hollande (47), dont Je premier reconnu par T45) Ü'hra, Tome 1. Liv X. Si 1'on eft clIri=.)x de voir a qoel degré de cruauté les Normands ont pouiTé leurs invaOons dans Ie neuvieme fieele, on n'a qu'a jetter les yeux *, ce qu'en dit M. iMbue Mriot Tome I. Cbap. VII & VIIÏ ou ,1 „poft a.fii Ie, tantes du declm de la puifece des Francs fous les Rois de le leconde race. Uó \ Öiftoire ae la Pa,*, Tome II Liv. V. page 5I &fuhm ( 47 ) UaWs v a M (. o N & W a c e n a a r, ( Voyez 1 Mol re de la Patrie, Tome Ir. I f* V. ) 0n rrbnVe hoté darts untj Crnomque de l'Evê.1Ue de Minden, que le Comri de Hollande a commcncé IV,„ 840. Et il parolt Pr„babie, d'anès une ardenne „adirion . q„e les corceffio„s fe.V » tXoruk Seignew m*i en lont la prenuere ongtne. ffi® on trouve aftW que  ARBRE GÉNÉALOGÏC^UE. Depuis Pépin, dit le Gros^jufqü'è Thierri Comte de Hollande,pour monfrer que les Rois de France de la feconde Race & les Comtes de Hollande ont eu une origine commune; ce qui fert a rendre raifon des donations que ces Rois ont faites aux dits Comtes .& aux Evêques de nos Pays (*) lome 1. Partie f. Chap. IV. pag. 87.' R E N V O I S. 1. Pépin, dit le Gros ou de Heriftel, petit fils de Pépin de Landen,Maire du Palais des Rois de France, jouit d'une autorité prefque illimitée dans le Royaume des Francs, vainquit Radboud Duc de Frife en 707: il mourut en 714. 2. Grimoald, Maire du Palais fous les Rois Chil- debert II. & Dagobert III, époula Théodefinde fille de Radboud. II fut alTafTiné a Liege par un Frifon en 714, & mourut fans cnfans. 3. Charles Martel, fils de Pépin Maire du Palais, remporta trois viétoires fur les Saxons, doinpta les Frifons &c. II mourut en 741 agé d'environ 50 ans. 4. Carloman fe fit Religieux, & mourut en 755, 5. Pépin, dit le Brcf, fils de Charles Martel, Mai¬ re du Palais fous Childeric III, (dernier Roi de la Race Mérovingienne) devint Roi de France, & fut couronné en 752: il mourut en 768. L'Evéque d'Utrecht Willibrord 1'avoit Baptifé. 6. Bernard, fils naturel de Charles Martel, eut (a ce qu'on dit) un Gouvernement dans 1'EftFrife, qui alors appartenoit au Roi de Frauce. 7. Carloman, Roi d'Auftrafie &C. mourut en 771. Z. Charlemagne fils de Pépin le Bref devient Roi de la France entiere par la mort de fon frere Carloman & enfuite Empereur d'Occident: il mourut a Spa en 814. 9. Théodrade,fille de Bernard,époufa Thierri Duc de la Frife d'Auftrafie (Ooftfrankifche Friesland'). Après la mort de fon mari elle devint AbbeiTe de Soiflbns, & mourut en 845, 10. Charles, fils de Charlemagne, Roi de la France Oriëntale, mourut en 811 eu Baviere, fans laifler de poftérité. C») Tiréc du tivre des Chartres de Hollande , par M . 11. Louis le Débonnaire & le Pieux , Roi & ■Empereur, mourut en 840. 12. Gerlof, Comte en Frife en 811, fut battu par les Danois en 837. 13. Imme, fille de Théodrade, époufa Egbert, Duc en Saxe , après la mort duquel elle devint Ab • befle de Soiflbns. 14. Lothaire I fut Empereur, pofléda fltalie & toutes les terres fituées entre le Rhin & le Rhone: il mourut en 855. 15. Louis I, Roi d'AUemagne (Germanie^) pofléda les terres au de-la du Rhin, eut par conféquent aufli la Frife, recut par héritage de Lothaire II le pays connu aujourd'hui fous le nom de Hollande , dans lequel fe trouvoit Ia Foreft de M'asda , dont il fit préfent au Comte Thierri. Louis mourut en 876. 16. Charles, dit le Chauve, fut Roi de France jufqu'a la Meufe: il mourut en 877. 17. Thierri,fils de Gerlof,fut Comte en Frife, obrint la Foreft de TVasda en 869. fut vaincu.... 18. Louis II, fils de Lothaire I, fut Roi & Empereur d'Italie: il mourut fans cnfans en 875. ip. Lothaire II, fils de Lothaire I, regna fur le5 terres entre le Rhin & l'Efeaut, & aulïi fur la Frife: il mourut en 860 lans poftérité. 20. Carloman, fils de Louis, mourut en 880. ai. Louis, Roi de Lorraine, eut par conféquent auffi la Frife, mourut fans enfans en 882. 22. Charles, dit le Gros, fils de Louis I, fut Empereur & Roi d'AUemagne. Après la mort de fes freres il regna fur tous leurs Etats : il mourut en 888. 23. Louis II, dit le Bégue, fils de Charles dit le Chauve, mort en 879. 24. Gerlof II, fils de Thierri, Comte en Frife, obtint en 889 du Roi Arnold des terres &c. a Zttithardeshage, proehe de Bodegnve, & périt en , van Mieris, Tome I. page 31. 25. Arnold [le Batard] fils de Carloman, mouru: en 890. 26. Charles, dit le fimple, fils de Louis II, Roi de France, hérita, aprés la mort de 1'Empereur Louis, d'une partie de la Lorraine, dans laquelle étoit comprife la Hollande & la Zélande , & mourut en 929. 27. Hildegarde, lille de Gerlof II, époula Wigman III, Comte de Hameland, qui mourut en 944. 28. Thierri, fils de Gerlof II, fut Comte en Hollande proehe de Bodcgrave, eut la régie de 1'Abbaye SEgmont, oïi il fit batir une Eglife de bois. II eft connu dans 1'hiftoire de la Patrie fous le nom de Thierri I. il mourut en 923. 29. Walger, fils de Gerlof II Comte de Teifterbant par fon époufe &c. périt en 936. 30. Louis IV. Empereur d'AUemagne , fils d'Arnold, mourut fans poftérité. 31. Zuentibold, Roi de Lorraine, fils d'Arnold, qui la lui avoit donnée en 895 périt en 900. 32. Louis, dit d'Outrcmer, Roi de France, fils de Charles le Simple, mort en 954. 33. Thierri II, fils de Thierri I (voyez 28.) eut pendant la vie du Pere en 922 la régie de 1'Abbaye XEgmont, devint Comte d'une partie du pays, connu aujourd'hui fous le nom de Hollande, & époufa Hildegarde, laquelle, après la mort de fon époux , fe maria au Comte Thierri, fils de Wigman IV. II y en a qui penfent que Hildegarde étoit fille de Louis, dit d'Outremer. 34. Thierri Comte de Teifterbant, fils de Walger. 35. Henri Comte de Teifterbant, fils de Thierri. 36. Ansfried Comte de Teifterbant, fils de Henri, Evêque d'Utrecht, mourut en 1008. AAAA. Branche des Rois de France. BBBB. Branche des Comtes de Hollande &c.   DE LA MONNOIE «n Hollande. 87 les Hiftoriens fut Thierri I (48), qui avoit fuccédé, a la mort de fon pere Gertbf, en 1'an 89Ï). II paroït que lui & ceux qui lont fuivi (49) n'ont pas fait battre Monnoie: ce fut Roruk a gouvernê une partie du pays connu depuis fous le nom de Hollande. Dans une lifte des Biens que 1'Eglife A'Utrccht polj^doit (avant Odibalt douZ'eme Evêque . esviron 1'an 8660 '3 tfouv en Iloltlant Q Hollande) quatre Manfes, dunt l°. deux fitu e- i Leithen. C Leyden ]). 3°. une.... & 3*. une.... Un iMatifus ou Manfa, felon le jugement de quelqucs - tins , l'eroit douze ccraines parties de terres, qui ont chscune 912 Toües de llhynlar.d; par confëquent une Manfa feron. aujourd'hui 18 arpcnis Cv. 144 toifes de T.rrain ayec ene Maifon, Chaiiticr, Uftencües & EsdSVes. Voyez les Liv.et < es Charlres de M. van Mie nis Tome I. psge 20. Uiftoire de la Patrie, Tome II. Liv. V. page 71. & Livre VI pages 173 & \ty. C 48 ) Votcj Ie Tableau G è n é a l o g 1 r> u e de nos premiers Comtéf: on y voit que Thierri I. delcsndoit de Charles Martel- Ce Thierri I. eut la R^ie de 1'Abbaye öEgntont; fit biiir une Egl.fe de bois, il l'endtuit pd le corps de Sr. Ad ll/irt ripofoit; fonda un Couvent de Religieufes.. & favorifi de les plonres biens ces nouveaux établiffements. Voyez. YWfldre de la Patrie; Tome II. Liv. V & VI. i C 49 ) COMTES de Vancienne Maifon de HOLLAND E. T mesji I. probablemeut mort en 973« T 11 ï e a a 1 II en 9^9» L'intervalle étant trop long entre la mort d:; Thierri I. & celle de T H 1 r u 1 II, il fe pnurroit,'comme le ptétend M. van Hemf.rt, qui a écrit l"Hi!lui:e de ia vie de nos Comtes, que fous ce rqm H faut entendje , non pas une leu'.e,. mais deux peifonnes diftinéles. ThiBuri li l'eroit, felon lui, mort en 940 ou 943, & !bn Epo..fe Ie Itroit remariie ii un autre C> i-te portant ie ruStne nom de la Maifon de Gand . & fila de VV 1 <■■.man ie jeune, Voytz auffi ce que van loon , dans fon F 4  88 Chap. IV. ORIGINE Florent 11L qui jouit le premier de cette pré- Il'ftoire, rapporte i ce fujer, L'hiftorien Wagenaar nous cffe auffi quelques dputes fur le regne de ce Thierri II, mais il s'en tient cependant a un feul de c» nom. La probabi- lité me parolt contre ce long regne; mais abandonnons ces faits de pure cunofité, & fur lelqueis on ne peur acquérir de certitude Arnoul fuccéda & fon Pere Thierri, fans qu'il rrouvUt nécilfsire .Ie fe faire reconnottre par des Patentes de l'Empereur; ïl efl donc h préTumer que le Gouvernement des Comtes étoit déji héréditaire, & que le plus proehe parent fuccédoit de plein droit, fans recours au con'èntement de l'Empereur ni des Etats. Voyez )'Uiftoire de la Patrie, Tome 11. Liv. VI. page 128. On n'a poiut de eeititude fur l'année de la mort d'Aisom, Jaquelie doit avoit eu lieu vers le comiacfJcement du onzicme fiecle. La mort de fon Fils Thierri, connu dans nos Hilïoires fous le nom de Th ie RUI III, Comte de ce nom, arriva ie 27 Mai 1039. II laiffadeux Fi's, Thierri & Florent, qu'il avoit eus è'Othilie, ou IVithilde fon époufe, fille tfQtton Duc des Saxont. Th erhi IV. mort fans Enfans, en ..... . 1049. Florent I. lui fu-céda, il mourut en ioCi. Thierri V. encore mineur, lui fuccéda. Sous fa minorité 51 y eut des troubles pendant lefquels Robert le Frifon & Codefroi gouvernerent. li mourut en 1091. Florent II. . ...... ...... 11220 Thierri VI 1157. II eut qiHques démêlés avec Fbrent le neir fon frere. Florent UI. (Hls de Tkierii VL ) m0rt en . . , 11900' Croilé & mort i Antioche en Syrië. Thirri VII. mort en 1203. A d a la fille, morte en 1218. Gu'llaume I. frere de Thierri Fit. depuis 1'an mille de I.', par fa Mere defcendant du Duc Jlfort, fut le nremier Comte de Hollande & de ZHandt de la Maifon de Bourgogne, il mourut en 1467- Charles I. 1477- Marie ... 148a. Comtes de la Maifon d'A U T R I C H E. Phili ppe II. mort en , l5°6. ' Charles II. connu fous le nom de Charles quint, féfigna en . '. '355. P h 1 l 1 pp e Ut. connu fous Ie nom de Phil ipp e II Roi d'Eipagne, cc dernier Comte de Hollande. (50; Voyez la Defcription de M. van Mieris, & les Mon* F 5  po Chap. IV. ORIGINE Le denier connu de lui fe trouve dans le Traité d'Jhkemade (51). Le fi.s de' Florent III. & les Comtes qui lui ont fuccédé, paroiüent tous avoir fait battre Monnoie. • Cependant il confte que long tems avaat Florent III. (en 937) TEglife d''Utrecht avoit recu de 1'Empereur Otton I, le pouvoir de battre Monnoie (52) Le Roi Henri II. confirma le 3 Septembre 1003. a l'Eglife ÜUtrecht la donation, en l'rionneur de st'. Martin, de la ville de Bommel, de la Douane , de la Monnoie, &c (53)- L'Empereur Henri IV. permït, en 1064 rétablifiement d'une Monnoie a Dordrecht. II eft a remarquer que le premier denier, de nos Comtes a été une Monnoie d'argent, foit qu'il ne leur fut pas permis de battre des Mon- noies des Comtes £? Comteffes par Alckemade. La Hollande fut anciennement un hef appartenant a. I'Etnpire. Hijloire de'ln Patrie, Tome II, UI l: IV. Cs1) Voyez-en la figurc dans 1'Ouvrage d'A lckemade, (5a) Defcript. de M. van Mieris. (5j) Livte des Chartres da van Mieris, Tome 1. page 56. II paroit par Pafte que dans cetre donation fui comprife, outre ia jurisdiétion de la ville de Bommel, tout ce qui apparte» noit non leulemcnt a la ville, mais au Pnnce, comme la Douane, la Monnoie, la vunte exclufive de la biere, nommée Grint. Bommel, fhiel, ainB que Wyk-te - Duutjlede ont été dans les ix j X & XI liecles des ville» floiiffarttés par le Commerce.  DE LA MONNOIE en Hollande. QI nol-s u'or, ou que la matiere pour en fabrjquer leur manquat. O.i conjechire que le manage de Marguerite ComteiTe de Hainaut avtc J'Emp.reur Louis V a donné lieu aux premiers deniers d'or connus dans nos pays (54). Au refte il paruït alTez certain qie tous les Comtes & Comteffes de Hollande, excepté la Comceile Ma, jufqu'a Philippe II, troifi-me Comte de ce nom , ont excercé le droic de faire battre Monnoie (55). L'eftime qu'on eut pour Philippe au. commencement de fon regne ne dura pas long-tems. Né & élev-é en Efpagne, il youlut gouverner les Pays Bis avec (yrannie, fans refpeéLr les privileges dont il avoit juré le maintLn. L'amour qu'on avoit coqcu pour lui it changea infenfiblement en haine , au point que 1'on s'arma. Les Nobles, & prefque tout es les principales Villes de la Hollande, s'unirent & bnfcrer.t les Hens qui les atcachoient au Roi, On coniïa, quoiqu'tncore en fon nom, Je Gouverru ment du Pays a Guillaume Prince d'Orange, afin de fe tenir mieux mus fous un chef, contre 1'lnquiüuon, & comre 1'impót du dixieme (S4) Traité des Mon. de van Loon, Partie I. chap. VIII P3ge 35- ( 55) Voyez Alckemade.  02 Chap. IV. ORIGINE denier que le Duc SAlbe demandoit au nom du Roi fon Maïtre. L'étendarc de la Liberté étoit levé. Vaincre ou mourir étoit devenu le cri univerfel des hommes refpe&ables qui fe trouvoient alors en place. Les troupes Efpagnoles avoient mis le pays dans une fituation fi malheureufe & fi défefpérée, qu'on étoit fur le point de mettre le feu aux moulins, de rompre les digues & d'abandonner le pays (56); mais par la mort de Réquefens, a 1'occafion de laquelle les troupes Efpagnoles fe mutinerent, tout reprit en Hollande uné nouvelle face, Ce fut cn 1576.'au milieu destroubles, quQ ]'on battit Monnoie (57) pour la première fois fous 1c nom des Etats du Pays. Depuis la pacification de Gand, les troubles au lieu de diminuer augmenterent. On vit en 158X les Etats fe déclarer ouvertement contre Philippe (58), qui dès lors ne fut plus reconnu Comte de Hollande. Enfin les Provinces- Unies ^ k la veille d'être fubjuguées par le nombre, & livrées au reffentiment de leurs adverfaires, durent leur liberté a la valeur & a la conftance (56) Hijloire- de la Patrie, Tome VIL Liv. XXV. page 80. ■ < 57) Voyez - en les rlgures dans le Traicé des Mon. d«, van Loon, Partie I. au Chap. IX. C§ü) Voyez les Aanaies de H. 0* Groot [H] page 76,  DE LA MONNOIE en Hollande. 93 hércïque de Guillaume, Prince d'Orange, qui de fon coté dut tout a fes talents & a fes adverfités. II fe conduifit toujours avec beaucoup de douceur & de droiture dans la conduite des affaires, deforte qu'on lui de'féra de plein gré 1'Autorité Souveraine dans les affaires politiques & Miütaires, pendant tout le tems que la guerre dureroit. Les Etats lui donnerent enfuite, au commencement de Juillet 1584, le titre de Comte de Hollande. II ne manquoit plus rien a la confommation de cette grande affaire, que de lui rendre hommage (a quoi les Villes de Gouda & d''Amfterdam n'avoient pas voulu confentir) lorfqu'une mort prématurée enleva ce grand homme, & arreta le cours des chofes (59). On avoit déja préparé une Médaille a l'oc« cafion de cet événement. On en trouve Ia figure dans le Traité des Monnoies de van Loon (60). Le Gouvernement tomba dès-Iors entre les mains des Etats du pays. Le droit de battre Monnoie y eft compris: depuis ce tems toutes les Monnoies, tant de Dordrecht que de la Nord - Hollande, ont été fabriquées a leur empreinte, & fous leur nom (61). C 59 ) Voyez 1'Hijloire de la Patrie , Tome VII. Liv. XXVIII. oü fe trouve tout ce qui fe paffa il cet égard en 1584. Ce Prince fur tué S Delft le 10 Juillet de cette même année. <6o) Traité des Mannnhs de van Loon, Partie I. Chap. IX. (61; Idem. Peu aptès la conciufioa del» faroeufe Unha &*Utrecht  ?4 Chap. V. ÉVALUATION DU M IRC U eft tems de mettre fin a Gctte digreffion, que nous avons cru indifpenfable , & de revei ir au fujet qui doit principalement nous occuper. CHAPITRE V. licflcxinns fur 1'évaluation du SolMus, dont il eft fait mention dans les Loix des Fri/uns, & fur Vévaluation au Mare d'Or & d'Argent dans le X.LV & XV fiecles en Hollande. On trouve dans 1'Öu.vrage de M. le Baron de ScHWARTZENBtllG e T H O h E n- 1ansberg, ainfi que dans celui de M. van Mieris, les copies dts Contrats & aums Ecrits, concernant les affaires du pays, & particuliérement celles des Provinccs de Frife & de Hollande. La plus ancienne de ces pi. ces eft le Code des loix des Frifons. II y a des Hiftoriens qui penfent qu'il eft du tems du reg- (en 1579) on érigea une Chambre qui eür la direcTon gt'n'ra'c des affjires qui concernoient les Monnoies. Voyez Etat prélent des provinces. Unies [11] Tome XI. page 336. Ou:re la H. celui qu'on regardoit cororde le plus propre Si conduire les affaires. Voyez Hooft Hijloire des Pays-Bas Liv. XII. page 539. & Liv. XIII. page 551. [II] On trouve auüi Tome I. Anal. Matthai page 543. le mot Ruyvaard expliqué par ceux-ei: Civitatis & Patrio: defenfor vel AJvocatus. Après la mort de Guillaume IV, dernier Comte de la maifon de Haimut , arrivée en 1345, lequel ne lailfa point d'enfans légitimes, l'Empereur Louis donna ii 1'Impdratrice Marguerite feur ainée de Guillaume , l'invtltirure de ces pays en 1340. Elle fut reconnue partout, & accorda a cette occafion discis G 3  ?o2 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC En 1388 (11) le même Duc ordonna de faire un denier d'or nommé Schilden, ou Écu de Dordrecht, du titre de 23I Karats, un grain de remtde en aloi, & d'un eftelin fur la taille, privileges aux villes & Provinces, par lefquels, entr'autres, elle s' ng'aea ii ne point faire la guerre que du confentement des Nobles Ui des Villes. En 1349 Marnueriti céda Ton autotité' b Guillaume fon fils, fe refervant feulement une partie des revenus. Guillaume ne payant point 5 fa Mere la penfion ftipulée , Marguerite fut obligde de reprendte le gouvernement, & chercha du fecours en Anglecerre pour dépodtider fon fils qui s'étoit fait reconnot re de nouveau. A cette occafion s'éleva la fameufe faftion des Iïneckfche & des Cabeljauwfclie, dont les premiers tenoient le parti de ja tnere. & lts autres celui du fils. La fortune parut dans le comtncncement favorable h Marguerite , qui dc'fit fon fils fur mer pres de Vere ; mais enfin elle fut vaincue dans un autre coml>at fur la Meufe, & obligée de fe retirer en Ang'eterre. Par un accommodement , figné le 7 Décembre 1354 par Pentremife du Roi Edotmrd. la Hollande, la Zélande & la Frife furent cédées £ Guillaume. Le Hainaut refta feul i'Warguerite, qui mourut le 30 Septemhre 1355; c'eft ainfi que ces Comtés pafTes*ent dans la maifon de Baviere. Guillaume , qui avoit auffi fait la guerre au nom de fa mere h 1'Evêque d'Utreeht, lequel il forca ii demander la paix, perdit peu de tems après 1'efprit, & demeura enfermé an QuefnrA en Hainaut jufqu'a fa mort, qui arriva au mois d'Avril 1389 Pendant la détnence de Guillaume, la Rógence fut déférée , en 1358, jpar 1'entremife des Hoeclt/che, au Duc iïbert, frere de Guillanme, & cinquierae Comte de ce nom. Alierl porta le nom de Ruwaard, tant q e fon frere vêcut,& ne fut reconnu Comte qu'ap'rès la mort de Gu> laume. Voyez VWjlo're de la Patrie , Tome Hf. (11) Livre des Chartres de At. van Mis nis, Tome II'. page 504. l-e Couis des Monnoies ctoit, en Octobie 1388 „ comme il fuit:  D'OR ET D'ARG. tn Hollande. 103 dpnt foixante pieces feroient taillées au Mare, &. dont chacune. auroit cours pour 40 gros, monnoie de Hollande. On trouve dans cette même Ordonance plufieurs autres articles fur la fabrication d'un nouveau denier d'argent, & furie cours de plufieurs efpeces étrangeres; il y eft dit encore, qu'on compteroit par livres, fols, ou efcalius & deniers, & que les dettes contracties avant la date de 1'Ordonnance feroient payees en fiorins de Dordrecht, fur le pied de 21 gros de Hollande. II paroït par la que les fiorins furent augmentés aiors de 21 a 25*: cette fixation aura été générale, & par conféquent le numéraire de l'or a cette époque fut hauiTé de 21 a 2S\, ou en deniers, de 24 a 29+ au Mare. Le vieux Ecu de France . . . j3 Gros Le Noble . ..... 74 1'Engel de Brabant ou de Flandre . . 45 Franc de France , .... 34 i'Ecu de Hainaut . .... 37 Fiorins du Rhin . .... 30 de Dordrecht . .... 251. de Gueldre & d'Oyfche ... 24 d'Utrecht & de Liege ... 23 Schilden , ou Ecu de France .... 42 — de Gand .... 41 --—— • de 1'Empereur .... 42 Monnoie d' Argent. Les courtes • croix', nommees Vl&amfche ffakken, . . ; 10 deniers de Hollande. G 4  m Chap. V. ÉVALUATION DU MARC Voici comment j'ai procédé pour trouver, en l'année 1388, la valeur du Mare dor & dareent d'après le cours des Monnoies d alors ° Un Mare d'or du titre de 23l donnoit foixante pieces (je négligé le remede fur le titre & la taille) dont chacune devoit avoir cours a 40 gros de Hollande. Soixante pieces du titre de 23! en font 58J Karats; donc la valeur en numeraire d alors femontea^o gros, dont 2 au fol; ainfi les 235o gros font 58 Aorins 15 fols pour un Mare d'or fin. , Voyons maintenant a combien on doit eva, luer le Mare d'argent. Un Mare devoit con t£n, 7 efcalins 8 deniers ou ?, pieces titre de 5 deniers ArSent ■ le - Rou LA gen, le Roi eft de 11 deniers grams, Slavent fin de ia deniers. Les 7) P^ces etan fur le t oied de 12 gros, dont 2 au fol, le Mare doi a'ot valu§5 fiorins r t fols ,& la proporSn de l'or a l'argent fe trouvoit ,lors.comme ^iwat; Auteurs Hollandois qui ont penfé qu le florinde Mrecl* eft onginairement 1, i 1'article foin: „ Les termes de flonn öf ''d n r /toient onginairement des oom**»   SALAIRE Sun Maitre Couvreur, L'an 1620 il gagnoit 22 fols (ftuivers') par jour, fournifiant lui-menie fa boiflbn. [1728. 24 fols Un Gargon Couvreur. Tome I. Chap. IX. pag. 105. N°. 1. . , . Un Manoeuvre de Couvreur. L'an 1482. 3 fols par jour & la nournture. 1488. 4 fols ... . fans nourriture. L'an 1488. 4 fois par jour. 4 1581. 14 • • 1604. 14 f620. 20 1645. 20 ... • Salaire d'Eté. l8 . . . . Salaire cTHyver. 1690. 20 ... . Salaire d'Eté. 1728. 20 ,775. 20 t. . »7/5- »*fdfi . . R E M A 11 Q U E. En 1482. L'argent fin évalué k 8 flor. le tere, les 3 fols font en poids d'argent 3 Eflelins (.Engiti) 1488 * * ' ' + • • • • 1566. . . 15 • • 4 • • • 2* 15Si. . , 18 . • H • • * 6» 1Ö45. . =4 • < 20 * ' ' 6* 1775- .. • ' =5i • • 23 ' V • <$}.,....   t-„ ,t«. .... l695- 20 1727- 22 iS . . Salaire d'Hyver. 1775- 2* 25 . . Salaire d'Eté. Remarque. Vm 1466. L'argent fin évalué a ƒ 6 4.1e SSfSriT 6f0l.S f°nt P 7| ^elins c^> 1695. a ƒ 35.1e mare,les 24 fols auflï 7f   D'un Gargon Magon. Tome I. Chap. IX. pag. 105. N°. SALAIRE Sm Mtfm Magon. L'an 1624. 22 fols {ftufvers) par jour. 1Ó7Ó. 24 . L'an i483. 4 fols par jour. D un Manoeuvre Magon. 1566. 4 . . . . L'an 1566. 2 fols par jour. 1586. 8 . . . . I58' 5 1620. 20 . . . Salaire d'Eté. „ 1620. 10 . 1624. 18 . . . Salaire d'IIyvcr, 1624. 12 . . . Salaire d'Hyver. 1Ö4Ö. 20 . . . Salaire d'Eté. 1646. 14 . . . Salaire d'Eté. 16.-4- 14 . ,6-96. 20 l69ó. 12 . . . Salaire d'Hyver. 1727. 18 . . . Salaire d'Hyver. i~27« 12 1775. 21 . . . Salaire d'Eté. l77$' 12 18 d'Hyver. 14 . . . Salaire d'Eté. R E M A R Q U E. Eil 1488 l'argent fin valant ƒ 8 le mare, les 4 fols font en poids d'argent 4 Eftelins (Engels'). 1566 . . . 15 • . 4 • • ■ • 2 7 1586 ... 21 .. 8 . . environ 3 ...... itj2o . . . 22 . . 20 . . . . 7 ir 1696 . . . 25 . . 20 . ~\ . . 61 .... . 1-75 - • i =5i • • 2« • . . . 6\  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 105 „ 1'on donnoit a toutes les Monnoies d'or. On „ trouve indifféremment dans les auteurs, dans „ les acles &c. deniers d'or, fiorins d'or, a ïa„ gnel, è l'ècu, aux fleurs de lys, a la maffe „ &C." (12) Je ne faurois m'empécher de remarquer ici en paflant, que cette première Monnoie d'or fabriquée ctiéz nous fur la taille de foixante, au Mare, fait revenir chaque piece a 85; As; cela m'a fait penier au folidus d'or, qui étoit anciennement compofé précifément d'autait de grains. Voyez Savari a 1'article Monnoie, & le Traité de M. A. deBa zing hen, article fol (13 ;. (12) Je penre que c'eft des Schilden, ou Ecus de 40 gros," que dérivent nos Ponden ou florms, connus fous l'un & 1'autre nom. Dans le Placard de l'année 1520 le florin Carolus de 20 fols fut frappé pour la première fois, & prit la place des Ecus, mais il fut auffi une Monnoie d'or; dans le fiecle fuivant on frappa le fiorin en argent, mais d'un poids bien plus fort, ainfi que cela s'entend, & dont le cours refla tonjours S 20 fols. (13) L'or, dont le folidus étoit compofé, étoit autrefois de l'or Ie plus fin. Voyez Savari au mot Monnoie. Voyez aufll ce que M. a. de Baz. entr'autres dit la - deffus dans fon Traité des Monnoies, il 1'article fol, oü 1'on voit que le folidus pefoit 85\ grains de Ftance, poids de Mare, & qu'il y en avoit -o •» la livre Romaine, Les demi - fols & tiers d? fols pefoient a proportion. Ceux qui reftent bien entiers & bien confervés en France en font la preuye; & quant il leur titre, le même Auteur aflure qu'on fe fervoit alots de i'or dans toute fa purcté pour la fsbrication des Monnoies. G 5  io5 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC En appliquant cela aux amendes dont nótis. avons parlé a 1'article des Loix des Frifons, onpourroit, fans trop hazarder, établir comme ïan principe aflez folide, que 1'homicide de Noble a Noble étoit évalué a une Livre.compofée de 12 onces d'or pur "( 14), Car 80 folidi, du poids de 85ï grains, font.68263 grains, & la Livre de 12 onces, en fuivant la divifion qui a eu lieu, fait 6912 grains. Si 3'on déduit de ces 6912 grains un folidus, que 1c Maitre des Monnoies peut avoir retenu pour le rcmede, 1'alliage ou autres fraix (15), il paroit Voyez encore ce que le même Auteur dit Ih-defiiis, & 1'article Monnoies des Rois de la I, II & III Race. Cl4J Voici mes idéés encore plus clairement expofées. La livre Romaine de iï onces étoit compofée de 72pieces d'or, chacune de 96 grains, qui ensemble font 6912 grains, ou'lc total de Ia livre Romaine. Mais ces grains ne font pas t'gau^ en poids aux grains Francois, puiiqu'un grain Romain èft égal fl * d'un grain du poids de Mare de France. Or öpis grains Romains font, dans la proportion ('e !, 6144 grains Francois, qui divifes par 72, donnent pour cliaque piece 85' grains; ce qui eft le 'jufte poids du fol d'or, ou folidus, ainfi que je viens de Fobferver ci-dtffus; 6912 grains Romains font donc égsux 3 6144 de France. ' Donc p<5 — s5'> & Par conféquent 81 folidi, \ 85? grains chacun, font C912 grains de France, ou ia livre compol'ée de 12 onces. (15) Au mot Seïgncur'tagt M. Adf, B Az. s'exprime ainfi. , Cc dtoit que tous les Princcs de 1'Europe levent fur les Mons, noies, étoit non feulement inconnu aui anciens, mais raóme  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 107 que cela fait juftement les 6826!: toujours eftil vrai que les 6912 grains de France font précifément la Livre de 12 onces d'aujourd'hui. Par conféquent quatre vingt folidi doivent être confidérés comme repréfentant la vaLur d'une livre d'or fin, compofée de 12 orces, alors d'ufage en France : d'après cela nous pouvons dire, puifque le Mare de France eft a-pcu prés égal a notre Mare de Troyes, fi huit onces, ou un Mare, valent 375 fiorins „ aux Romains; on ne prenoit pas fur les Monnoies les frais de leur fabrication; 1'état les payoit : de facon qu'un particulier „ qui porton une livre d'or fin i la Monnoie, recevoit 72 fols ,, d'or fin, qui pefoient une livre; ainfi l'or & l'argent en mas- „ fe , ou convertis en Monnoie étoient de même valeur. „ II fcroit difficüe de marquer quand les Rois ont commencê il lever ce droit; nous n'avons rien trouvé, fur ret objet „ de plus ancien que l'Ordonnance de Pépin de l'an 755 , lors „ du Parlement tenu k Verneuil, par laquelle il ordonna que les fols d'argent ne feroient plus taillés que de 22 S la livre de „ poids, & que de ces 22 pieces le maitre de la Monnob en retiendroit une, & rendroit 1'autre i celui qui avoit fournï „ l'argent, &c. II eft & croire que les Rois de la première race en avoient ufé amfi , n'étant pas vraifemblable que l'c'pin „ eül ofé, (lans le lommeneement de fon regne, impofer un nou. „ veau tril/ut aux Francois qui venoienf de lui dunner la Cou- „ ronne. ,, Dans ce qui nous refte d'Ordonnances des Roi de la fe„ conde race fur les Monnoies , il n'y eft fait aucune mention de ce droit; cependant 'a donation que Louis le Débonnaire 3, fit h St. Midard de Soifo is, du pouvoir de battre Mo.finoip, „ fait vcir que 1'on cn tiroit quelque profit. II y eft dit, qu'il „ leur accord'a ce droit pour être employé au fervice qui fe fas„ foit chea eux en l'hormeur de St. Sibaflien."  io8 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC courant de Hollande, les douze onces ou i* Mare font 562; fiorins de notre numéraire. Ce qui nous donne encore plus de raiiön de croire, que Tarnende de 1'homicide de Noble h Noble étoit évaluée a une livre d'or, c'eft que 1'homicide d'un Libre 1'étoit aux deux tiers d'une livre d'or, & celui du Litus a un tiers feulement. Revenons maintenant a nos Monnoies. Le 15 Mai 1393 le Duc Albert (16) donna une nouvelle Ordonnance fur les Monnoies, qui devoit avoir force pendant vingt ans. II fut ftatué que le denier d'or nommé Schilden (enfuite Ponden dc florin de Hollande) feroit au 'citre, poids, & cours des précédens. II y eut un changement dans le denier d'argent, car il (16) Livre iles Chartres de M. van Mieris, Tome Ut. page 593- Le 15 Mai, 1303. Le Florin de Hollande valloit -,- - r - 45! Gros ■ de Gueldre ......... s^ > Pierre de Brabant & Hcmlkens de Flantire 38 Mottoene de France 44 Schilden de 1'Empereur & dc Gand - - - - 42 Eyoen - 50 Doublé Ecu de Hainaut - 49 Engel de Fiandre & Brabant 47 Vieux Franc .... ........ 34 Franc Nouveau ... i ■, ■ ■ . , F.cus nouveaux de Berchfclie & d'Eyrche - - - 32 Floiins (. Dagats) de Hongrie & de Bohème - - 34  D'OR ET D'ARG. en Hollande. iep fut ordonné qu'un denier feroit du titre de 5 deniers d'argent, & de taille de 8 efcalins 2 deniers au, Mare; un autre denier de la moitié, ou de 2 deniers 12 grains, de 24 efcalins au Mare, & encore un d'un huitieme, de 48 efcalins au Mare. L'argent fut donc alte'ré de quelque chofe quant a fon numéraire, c'eft-a-dire qu'il fut porté dans l'èvaluation a 5 fiorins 18 fols le Mare; & comme l'or (ce que je fuppofe d'aprés la teneur de la dite Ordonnance) refta dans la fabrique de la Monndie fans effuyer de variation, la proportion s'établit alors d'un a dix environ. On voit cependant dans le tableau du rapport des efpeces, que préfente cette Ordonnance, que le cours des Monnoies d'or fut alteré de quelque chofe. On y voit enCore un avertiiTement, que le florin de Dordrecht continueroit au cours de 25" gros, & qu'au cas que dans d'autres pays rirconvoifins on fit quelque changement dans les Monnoies, on s'y conformeroit. II y eut auffi dans le XV. fiecle plufieurs augmentations, ciminutions & refontes dans les Monnoies. Les Ducs & Comtes, a mefure que 1'occafion s'en prélentoit, en faifoient leur pro fit particulier t ce qui fuc lóuvent retnarqué par des per-  iio Chap. V. ÉVALUATION DU MARC fomes qui étoient dans la Magiftrature des différentes Villes ;& quoique le Gouvernement füt fur un autre pied qu'aujourd'hui,il paroït cependant qu'on eut foin de fe prévaloir de quelques momens nécelTiteux de nos Comtes, qui, de leur cöté, ne négligeoient rien pour leur intérêt propre. C'eft ce qu'on obferve dans une Ordonnance que donna le Duc Guillaume, en Avril 141 r, dans laquelle on voit que fous prJtexte que les Ètats de Hollande & de Zilande ne lui payoïeïit pas les droks convenus póuf qu'il ne battïc pas Monnoie, il annonce qu'il va faire fabriquer plufieurs pieces d'or & dVgent: a cette occafion on fic une nouvelle hauffe fur Je prk des Monnoies qui devoient avoir cours alors daris le public ( 17). (17) Livre des Chartres de M. van Mieris, Tome IV. page 165. Le 19 Avril 1411. Schilden, Ecus de I'Empereur ....... , de Gaud . - - ) 5°ï G|0 —1 . je France - - ~ gr. IN ble d'Angleterre - - - 90 de Gand 88 Lyuen Vieüx d'iuble Mortoene - f ■ Dordrecht, doublé ........ 57 Doublé lieu 47^ Stottotne de France .......... ga| Engel de üainaut t'abriijue' avant ce tems • • • ï!  D'OR ET D'ARG. w Hollande. iii Le 31 Juillent 1414 le Duc Guillaume régla le cours des différentes efpeces pour le tertne de cinq années confécutives. Ecu de France . ........ _ . -\ • Pierre {' ; Schilden de Malines - . J Helmkens - - - - .. ..... _ _ f45 Demi Enpellche Nollen | Paidzen & autres pieces J Vieux Franc - -- -- .- _- ,«_■'% Ecu dc Hainaut - Groi üucats - \ Nouveau Franc - Nouvel Ecu di- Hainaut Beiehfche Schilden _} Fiorins dn Rhin 35 GrOS ■ • de Gueldre -. 35 ■ de Giillaume de Hollande 30 • d'Albert de Hollande 26 '< de Gujldre 21* de Liege - ..-.---..--19 * de Reynaldos .--.---.--19 Monnoies d''Argent. Butdragers *> Jaugelairs S17 Den, Tuunkens de Hainaut - - 3 Demi Buidragers - . . . . -\ Gros it la Croix Guilisume j Gros paedfche Gjiilaume .... - . . . ^gt pjen> Placken de Dord'echt I Ganlén de Deventer i Rheenfche J Gios de Zypper CZurphen) ....... i -% Tournois ....... („ >? Den. '-— dc lïoüande labriqud derniéictaenc - - - - \  ii2 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC Le 7 Aoüt (18) & le 26 Septembre 1421 on vit paroitre de nouvelles Ordonnances du Duc Gros de Bercbfche \^ Den> — d'Albert avec 1'Ecu dans la Croix ... ' Placken de Flandre ... - iö Den. Vieux eros de Flandre - - - 12 Meeuwen de Gueldre - -- -- -- -- 8 Leliarts Pozanc» S14 Den. Saulgen de Brabant <■ - - - 3 Penning «le Brabant derniétcment fabriqué - 16 Et Gros Ludixfce ( l.iege ) 4 ( i3 ) Livre des Chartres de M. van Mieris, Tome IV. P. 592' Le 7 Aoat 1431. Le Noble d'Angleterre pelant 4] Eftelins , avoit cours pour S Efcal. Gros. Un Noble de Flandre - - 7 10 den. ,Ecu ds France pefant - 2! Eft. 53 deniers Gtos. Un autre Ecu de France de 2' Eft. 49 Gros. Schild de France 5 efcal. 3 Gros. de Guillaume de Hollande 3 -6 • ■ de Jean de Baviere - 3 4 Un Florin d'Arnhem de l'an 1^19 - - 34 Gros' —— Nouveau i . 32 ' de Jean dc Baviere 31 . d'Utrecht - . - - 31 ■ des Eleéteurs du Rhin . - 40 t ■ i Baviere doublé - - 2 efcal. 6 Monnoie d'Argent. Tunen de Guillaume Ludix gryppenningen avec Ie Lion courant - Kt Q[0i Buddrager de Brabant - V trois Lions - - . Vieux  Ö'O R E T D'A R G. en Hollande. u3 Buc Jean de Baviere, fur le cours de l'argent donc Ia valeur fut alors de nouveau augmentée. Car le florin, Schilden, ou Écu de Fran- Vj'eujt Butdragers Pbck;n de Flandre - - - . l „■ ^ ") Gros Jangel fan. Braspenning dn Brabant - -- -- - _J Jre* la piece ---....„ tj Deuts Crornrrerten de Flandre - j, ~ Püciffa Tunen - - . Joliannes Tunen Vieux gros de Flandre ----_„. «^I0 ' T'ai ob'ervé que les gros & les deniers de Flandre ri'ont pas été anciennement égsux n ceux de Ho(lande , c'eft ce que prouvenr les différenres ■ dénonvnations & évaluations des efpeces. Voyez auiïi la D-fcription de la Frife entre le Plie & te Lauvters , page oj. On y oblervera qu'il y a eu des Efcalins de un gros, « aum d'autres de a gros, fous Ie nom de petits efcalins. > » , . Par une Ordonnance de 26 Sentenibre 1411 Ie Duc Jean ds Baviere fit fabriquer a Dordrecht un denier d'argent nommé Deuts. lequel contenoit un denier & 16 grains ffcrgent-le-Roi i ia taille de 26 efcalins au Mare, „ dont notre Mattre des Hlon„ noies [eft-II dit dars l'Oidonnana] aura pour remede dans ,, ralloi.% grains, £? 32 dl» de chaque Mare ceuvré; „ Les fix Deuts auront cours pour un gros, c'e't-ii-dire 12 pour „ un bon Tuyn. De même un demi Deuts du même alloi il la „ taille de 72 efcalins au Mare , au remde de 3 grains en ,, alloi, & 61 des dirs denjers de chaque Mare ceuvré. Aitifi „ nous auront pour no're droit de chaque Mirc d'argent fin „ 12 des dits gros prercrits. Ce mé ne jour le cours des efpeces d'or & d'argent Tut ainfi r.églé . lifavoir, Ecu de ('Empereur & de France . I 62 Gron Noble d'or . , . m H  n4 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC ee, qui avoit été évalué en 1414a 52 gros, fut mis (par 1'Ordonnance du 7 Aoüt) a 5 efcalins 3 deniers ; on ne fait pas mention du Ducat; mais vraifemblablement il aura été haufle en proportion. Oa ordonna auffi la fabrication d'un denier de fort bas alloi. Le 23 juillet 1422 t_ 19 ) on fit encore fabriquer trois deniers d'argent, fcavoir, >? Eet de France . ... . 5-4 Gros Schilden de Guillaume de Hollande . . 43 .Fiorins du Rhin \4l Gr03 S.:iiih!en de Baviere . ... ■* F!nrin d'Arnhem . .... '/> . de Baviere . . • • . \ „_ f ^a de 1'EvÊque . Demi doublé & lammekens [cgneau, ou agnel] 33 Monnoies d''Argent. Tuyn de Guillaume ~} Nouveau Penning de Kaviere • • • Va Gro: Eudixen Grypen . • • . • 3 Braspenning de Flandre .... 3 Vieux Butdragers cb Flandre ... 2? Cromfterten de Flandre .... 14 Deuts Johanncs Tunen . . . • • \n Penningen de Brabant Vieux gros de Flandre .... 10 Lions de Hollande . . • . . 8 Un Brafpenning de Brabant pour deux Eions & 6 Deuts. C'eft • il - dire dc tels [eft - il dit dans la même Ordonnance] que nous ferons battre è. notre Monnoie de Dordrecht, les- quels font un gros, & les 12 un Tuyn." C19) Voyez Tome IV. des Chartres de M. van Miesi i page 64C  D'ORET D'AR G. en Hollande. iiS i°. Un denier d'argent du titre de 4 denier* argent - le • Roi, qui eut cours pour 2 g>-os. 0 20. Un denier du titre de 2 deniers argcnt-leRoi, & de taille de vingt neuf fix deniers, dont 4 pour un gros. 30. Un denkr, d'un denier douze grains en argent', ayant cours pour 8 au gros. Le Mare d'argent fin valloit donc alors 6 fiorins 10 fols 8 deniers, & le Mare d'or 76I (20). (20) Par cette Ordonnance du £3 Juillet 1422. Jean Duc de Baviere ordonna it les Maïtres de la Monnoie de Dordrecht de fabiiquer trois deniers d'argent, fcavoir, 1*. Un qui devoit Svoir cours, pour 2 gros, & qui devoit contenir en alloi 4 deniers argent • le ■ Roi, dont 64 devoient fe tailler du Mare de Troyes , & del'quels les Maiires de la Monnoie auroient de remede 3 grains dans l'alloi de chaque Mare ceuvré, & de la taille 4 defdits deniers. , 2°. (Ju denier Coerloers ou Toerloers, dont 4 feront au gros, qui contiendra en alloi 2 deniers argent - le - R0i & dans la taille vingt ncuf fis deniers, & dont les Malwes des Monnoies devoient avoir 3 grains de chaque Mare oeuvré, & de la taille 16 defdits deniers. 3°. Un denier dont 8 au gros, qui devoir contenir en alloi 1 denier 12 grains argent - le. Roi, & fur la taille 45 efcalins, & les Matrres de la Monnoie devoient avoir 3 grains de remede, & 32 deniers defdits de chaque Mare ceuvré. Comme le denier contenu dans le fecond Article m'a paru le snieux détaiilé, c'eft auffi fur lui que j'ai fait mes calculs , afin de faire voir encore plus clairement è combien étoit, en 142a, lavaleur du Mate d'argent fin (remarqués cependant que je mg.ige ?e remede lui le poids, cc les lraix ou droits de la Monade 1, Ha  Ïi6 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC On ne fauroit trop remarquer combien ce fiecle vit de changemens dans ïes Monnoies, & dans qnel embarras devoient fe trouver les habitans des contrées viólimes de ces caprices. Voici comment R e y d , Auteur Hollandois, s'eft exprimé la-deffus. „ En France, du tems du Gouvernement „ Anglois, en l'année 1418, le Mare d'argent f, fin j qui valloit environ 9 Livres tournois, fut, „ par plufieurs furhauffements tolérés, porté „ en deux ans de tems a 18 Livres tournois; iy les Era's du pays ont veillé autant qu'il étoit „ en leur pouvoir a empécher chez eux le pro„ grès de tels inconveniens; ils ont préfcré de „ renoncer aux pronts qu'ils auroient pü faire s, par ce moyen indirect,. Car fi en conféquence „ des afibibliffements que 1'on remarquoit cher fcavoir: D'un Mare fe taille 29 fois 6 deniers, ce qui fait 1 74 pieces. fJc ces deniers 4 ont fait un grós, ainfi les 174 onc fa'11 43gros ; mais comme ces deniers font du titre de 2 deniers, c'etfh-dire, une fixieme partie en atgent & \ en cuivre; (i le poids des 43! gros étoit au lieu dé l'argent 4 2 den. , h 12, c'eft - il - dire , du titre fin, aiors les 43' gros vaudroienr 6 fois autant, on ƒ6.10 3 deniers le Mare. Le Noble d'or évalué, en 1388, 74 gros, & le Mare d'or lïn valant £8. 1^, ou environ 59 fiorinsk établit en 1421 ou 1422, (Ie Noble ayant cours pour 96 grosl le Mare d'or fin !i 76J fiorins, Cc la proportion de l'or a l'argent comme de 1 ii 11,'', environ,  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 117 „ nos voifins, on les eut fuivis continuellement, „ on auroit pu profiter la-deflus d'une forame fi 5, confidérable,qu'elie eut bien pu égaler Ia hui„ tierae partie' du revenu de tous ces pays" (21). Ce peu de mots fuffifent pqur donner une idéé de l'embarras oü 1'on étoit alors fur cette partie de 1'Adminiftration , tant chez 1'étranger que dans nos pays. Malgré les défenfes & les Ordonnances qui parurent journellement, on n'etoic pas en état de tenir le peuple dans les bornes. La multitude s'étoit attachée a Topinion, qu'il fuffifbit de hauffer la valeur des efpeces pour attirer a foi ces precieus métaux de chez 1'Etranger. Ces cortinuels furhaulTemens du numéraire, & affoibliffemens des Monnoies, convenoient alors aux intéréts des Princes; <5c c'étoit eux principalement qui mettoient en jeu, & qui donnoient le mouvement a ces re'S» forts faelices. On baiffoit fouvent la valeur de ces efpeces,& c'étoit principalement lorfque de leur part il y avoit de grofïl-s fommes a encaisIgr. On avoit foin auTi de faire lever les impöts au pius bas taux poffible, de fbrte qu'il y avoit fouvent entre la recette & la paye une difFérence confidérable. Comment fe pcut-il que le chef d'une Société ait pu donner Ia main C 21) E. vanReyd, Guerres des Pays - Bas. [U ]. H 3  ïi8 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC a de telles manrjeivres ? & pour parler plus ouvertement, comment le pere, le proteéleur d'un peuple a-t-i! pu être lui-même la fangfue de fes propres enfans? Mais tirons le rideau fur ces tems, & félicitons-nous de n'avoir plus rien a craindre de pareil. En 1433 ou 34, le 8 Mars ( 22 ) parut une nouvelle Ordonnance de Philipps I. Duc de (22) Le 8 Mars 1433 ou 1434 Philippe Ouc de Bourgogne régla le cours de différentes efpeces, la teneur de FOfrionnance devant avoir force jufqu'fi la St. Jean , ou 24 Juin. ■ Le N >b!e d'Angleterre devra pefer 4 & demi eftelins , & aurs cours pour 10 efcal. un Salut de France pour 5 efcalins gros. Nos Pierres que nous avons fait fabriquer 4 tlcal. 2 gros. Nos Schilieu [écus] que nous avons fait tabriquer, 3 efc. 2 de» uiers po*. Notre denier, nommé Philippe, que nous faifons fabriquer a prifent, 5 efcalins 4 gros. Notre denier d'argent que nous faifons fabriquer, & qui a cours dans notre pays de Flandre pour 2 gros, vaudra en Hollande en Zélande & en Frife 8 deniers. Et nes Cromjlaer: que nous avons fait fabriquer ci - devant, 2. gros. ■ t ■ - t lei commence Ie cours des efpeces pour tout Ie tems fué par ï'Oraonnance. • Salut de France 46 Gros Noble d'A gleterre 4| ...... 92 Lev ? , * . Vproportion Noble de Fbndre 60 Le denier de Monfeignenr, nommé Philippe ou Ryder . . . • • • • O Le J h proDortion. Le Florin des Elefteurs du Rhin du poids & titre connu aujourd'hui . . . . or>  D'OR ET D'ARG. cn Hollande. uj) Bourgogne fur le cours des Monnoies; on y ob« ferve que le denier d'or, nommé Philippe ou Ryder, y fut évalué a 48 gros, le Noble de 4] eftelins a 10 efcalins ou 120 gros, jufques au 24 Juin de la même année, enfuite pour 92 gros, & ainfi a un moindre prix que cJui contenu dans 1'Ordonnance de 1421. Mais cette diitérence ne montant pas a un objet bien eonfidérable, je ne m'y arrête pas (^3)- Le dernier d'argent nouveau de Monfeigneur . 2 Cros Les ', ; i proportion. Voici le cours des efpeces , qui durera jufqu'h nouvelle Ordonnance. Schilden de Guillaume de Hollande . . 37 Philippe pierre de Bourgogne ... 35 Schilden de Philippe de Bourgogne • • 28 ainfi que le florin de Rcynaldus d'Arnheim. Le florin de Baviere . . ■ . • s6" Le florin Arnold d'Arnheim, pefant 2 edel. . 18 Monnoie d'Argent. Vieux placUen de Flandre, vieux Butdragers, Cromftertcn de Jean , & doublé Lion . la piece . . 2 C-.os. Braspenning de Johannes , (Jean de Flandre] lil ks 4 Gros évalurj 6 8 deniers Philippe Cromftaert de Bjurgogne & Braspen- ning de Philippe de Bourgogne . . . IJ Den. Fleur de lys de Tournai, le Cromtlaert, le vieux gros de Flandre, & les Tuynes de Valenciennes . ' io Den. Tuyncs blanc & Johannes Bananien Tuynen . 9 Den. Vieux Bucigins, vieux Lions, Croix de Guillaume , & Claifigins de Flan;i.'e, la piece . 1 Cro'„ (23) J'ai dit cl-deffüs qu'en 1422 le prix du Mare d'or fai & 7C' & celui de l'argent & 6-10-8 : ce qui établilTuit la propertbn entte ces deux métaux comme de 1 it 11 /, enviicn ; fi cn H 4  130 Qafi. V. ÉVALUATION DU MARC Pendant le regne de Philippe I. lequel vécut jufqu'en 1467, il y eut vraiftmblablement encore plufieurs changemens dans l'èvaluation des Monnoies, ou des efpeces; mais comme nous n'avons point la • deiTus de témoignages eertams, ou du moins que je n'en ai pas rencontré de tels, je n'en ferai point mention, non plus que de ceux qui peuvent avoir eu lieu fous les regnes de fon Fils Charles 1. & de fa petite fille Marie de Bourgogne. On fe rappellera, au reile, les guerres continue lLs qui eurent lieu pendant prefque tout le Regne de Charles, & comment il périt enfin au commencement de l'an 1477 a la batailie de Nancy. Marie fa fille unique lui fuccéda: c'eft elle qui Ejccorda aux Villes & aux pays des Privileges avantageux, & entr'autres celui connu fous le nom de la Grande Chartre de Marie, du 14 Mars 1477. Elle époufa, cette même année, Maximilien d'Autriche, fils de 1'Empereur Frédeiic III. 1 A la mort de Marie , en 1482, la mairqn d'Auinche eut la Souveraineté des Pays-Bis, fur>pre a preTent le prix du Noble '■>. 92, apiès Ie 24 Juin de l'an 14(3 P" '434. óu 120 gros avant le 24 [uirt pour le Mare d'or, aiors il auroit valu 73 fiorins, 7 fols ou 95" environ, & l'arg.-nr. ö fl.rins <; 6js, ou S fiorins 3 fols Is Mar:, fuppolanc que ji propouicn lcic reftée !a mèms. *<*■. ',n i .i jkTi, .'•, j> .'""'--.'! • ' • •- van» /~i '  D'OR ET D'ARG. en Hollande. i3t dans Ia perfonne de Philippe fils unique de Marie. Maximüien tint les rênes du gouvernement jufqu'a la majorité de Philippe; c'eft fous cq méme Maximiiien, en 1489, que parut la famtufe Ordonnance fur les Monnoies , dont nous ferons mention incelTamment. II parots que le Mare d'or y fut évalué a 88+ fiorins, & l'aigent le-Roi a 7 '2ï. Le numéraire de l'or depuis 1388 étoit donc monté de 58 l a 88 ï; & celui de 1'arg.nt, depuis 133Ö, de 4 a 7 fiorins 13 fols. Voyons maintenant quel a été Ie progrés de cette augmentation depuis la decouverte du Nouveau Monde. CHAPITRE VI. Continuation du même fujet: Fvaluation du Mare dor & d'argent en Hollande, depuis 1489 jusl qua nos jours. L'auteür d'un Livre trés-ancien, imprimë a JJnvers en 1512 (1), contenanc une Chro- CO La trés • excellente Chronique du Erabanr, de la Hollaa» de, deZeïande, de Flandre en gériéral, avec beaucoup d'addjticw^ qui ne fe trouvent pas dans les autres éditions [UI. H 5  xs» Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC nique des événemens furvenus dans le Brabant, Ia Hollande, la Zélande, & la Flandre en général, dit qu'en 1481 commenca 1'époque de la cherté des vivres, qui dura plufieurs années de fuite: il dit encore que l'argent, pendant ces mauvaifes années, augmenta fi prodigieufement, qu'un florin d'or valloit neuf efcalins de Flandre & plus; de forte que les revenus des reritiers fe trouverent extrêmement réduits. En conféquence les Seigneurs de la Cour tinrent confeii, afin de délibérer s'il ne convenoit pas de diminuer le numéraire des efpeces. II fe trouva parmi le nombre de ceux qui s'asfemblerent, quelques hommes fages qui firent fentir, que pour ne pas trop nuire au Peuple, il falloit faire cette diminution en différens tems, & a diverfts reprifes mitigées: mais plufieurs Prélats, entr'autres 1'Abbé de Sainte Gertrude, ne furent pas de cet avis; ils opinerent de mettre le numéraire, dans une fois, au plus bas; ainfi le florin d'or fut mis a trois efcalins de Flandre. Cela arriva en 1489 a Bréda. Le même Auteur continue ainfi: „ Cette 'M diminution, difoient des perfonnes entendues, 3, faifoit plus de tort que n'en avoient fait les „ guerres que ï'&n avoit eues jufqu'alors;'aufll 3, la nouvelle Ordonnance ne dura pas long„, tems. L'Abbé mourut fubitement a Malines.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 123 3, Les matieres temporelies ne font point du l; reffort des Eccléfiaftiques, & rarementf voit„ on profpérer celles dont ils fe font mêlés, ,3 lorfqu'elles font étrangeres a leur vocation.' Philippe Comte de Hollande donna a Bréda, le 14 Décembre 1489, une Ordonnance fur l'èvaluation des deniers d'or & d'argent vieux & nouveaux. Cette Ordonnance contient des ïnftructions bien amples concernant les Monnoies & tout ce qui en dépend. Les défordres, dont les peuples étoient depuis longtems victlmes, y donnerent occafion, comme on peut le voir dans le texte rapporté ci - desfous (2). (2) Voyez le premier Tome du livre contenant les PIacarts9 Ordonnances, & Euits de leurs Haur.es Puiffances, & de Mesfeigneurs les Etats de Hollande & de Zélande, raffemblés par Corn. Cau. [HJ. „ Maximilien, Roi des Romains , & Philippe, Archiduc d'Au. triche, Comte de Hollande, Zélande &c. „ Ordonnance touchant l'èvaluation d'aucuns deniers d'or & „ d'argent vieux & nouveaux, contenant une inftruétion bien „ ample fur les Monnoies & tout ce qui en dépend. Comme „ par le grand défordre qui depuis aucun temps a été (& eft „ encore ) ès monnoies d'or & d'argent, ayant & qui ont cours „ en nos pays & les feigneuries entre nos bons & loyaux fub„ jets, qui efl tel que le denier qui fut forgé pour vingt pat- tarts s'aüoue & eft mis pour foixante pattarts & & 1'advenan: tout autre denier: nous & nos fubjets foyons adommagés & „ intérelTés de tel & fi grand dommage qu'il eft ineftimable, & „ même foyent nos dits fubjets , a la caufe dite, plus appauvris j, que peur nuiie chofe qui leur feit atlvenue, foit a 1'occafion de  124 Chap. VI. ÉVALUATION DU MARG Par cette Ordonnance il fut ftipulé i°. que 1'on fabriqueroit un denier d'or nommé Doublé florin, dont le Noble d'Angleterre (que le Roi Henri faifoit frapper) feroit compté pour fin. Ce doublé florin devoit avoir cours pour quarante pattarts de la nouvelle Monnoie ; & fera, dit 1'Orddnnance, le dit denier de 3 fols 8 deniers & \ de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi, & demi Eftelin en poids fur chaque Mare d'osuvre, dont la traite du Mare d'or fin (tei que deflus). fera de 14 livres (*) 18 fols'4 deniers gros; & le Maïtre de la Monnoie donnera. aux marchands Öi changeurs 14 livres 14 fols 4 deniers gros , ainfi refte pour feigneuriage & ouvrage 4 fols 2 deniers gros. „ la guerre ou autrement, & encore plus feront, fi provifion d „ efi: mife. Pour laquelle chofe ftire plus heureufeinent & dé. ,,'libérément, Maut & Puiffant Prince notre très-cher & ttès- amé coufin le Duc de Saffen, none Lieutenant Général en' notre pays de par dcca, & de notre f;u & confentement fait „ affembler les Etats de tous nos dits pays qui le font premie,, rement trouvés en notre ville de i ire & en après en la ville de Bréda ; Les Deputés delquels ont avec aucuns des princi„ paux de notre grand Confeil, les Généraux Maïtrcs particu„ liers de nos Monnoies, avec autres bons & notables perfon„ nag.;s, connoilfant cette matiere, confuké & débattu cette „ matiere bi:n & au long, & après pour donner ordre & forme „ aux dites Monnoies & tollir le dir défordre, ont par enfemble concu i: adviie les points & articles qui fuivent &c. (') Par les livres fols &c. il faut entendte livres, efcaüns i5cc. de Ffsodre. '  D'OR ET D'ARó. en Hollande. 125 2°. Item Ie florin de St. Andrê, tel & ferhblable en pfids & en alloi que MefTeigneurs les Ducs Philippe & Charles de Bourgogne (que Dieu abfolve') firent faire en leur vivant: a fea\Wh*;, dix neuf Karats d'or, le dit Noble Henneus compté pour fin alloi de quatre Karats d'argent fin, & un de cuivre, lefquels deniers feront de 6 fols de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi, & d'un demi efbiin en poids fur chaque Mare oeuvre'; lequel denier aura cours pour vingt patta'rts de la nouvelle Monnoie ; dont la traite du Mare d'or fin (comme deiïus) fera de 15 livres 3 fols 1 denier, 21 f? mites de gros; & le Maïtre de la Monnoie donnera aux marchands &charigeurs, de chaque Mare d'or fin , 88 livres 5 fols d'empirance, qui valent 14. livres 14 fols 2 deniers gros : ainfi demeure pour alloi , feigneuriage & ouvrage de chaque Mare d'or fin 8 fols 11 deniers 21 mites gros,' dont ii faut déduire, pour 1'ailoi des dito fiorins, 5 fols gros, ainfi refte pour feigneuriage & ouvrage 3 fols, n deniers 21 £ mites. 30. Un denier d'or nommé Demi florin dorit la taille fut établie a 12 fols & le cours a dis pattarts la piece. Quant a la Monnoie d'argent, il fut ftipulé par la même Ordonnance i°. que 1'on frapperoit  n6 Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC un denier d'argent nomme Grand Doublé air deniers 18 grains, argent-le-Roi, & de 3 fols 3 deniers de taille, au Mare de Troycs, au remede d'un grain en alloi, & d'un eftelin en poids fur chaque Mare ceuvré, lequel aura cours pour quatre pattarts. 20. Un denier d'argent nommé Doublé Pattart (3) a dix deniers argent-le- Roi, &. de cinq fols fix deniers, de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi & d'un eftelin en poids ,> lequel aura cours pour deux pattarts. 30. Un denier d'argent nommé Pattart a 6 den. argent le Roi, de »fix fols huit deniers de taille au Mare O)-* enfin plufieurs autres fubdivifions d'efpeces rapportées dans la même (3) Voyez Ie Tome premier du livre de M. C. Cau, mentionné ci-deffus, page 2581. La traite du Mare d'argent fera de 26 fois, 6 deniers 15 mites J|, & donnera Ie Mattre de la Monnoie aux marchands & changeurs , de chaque Mare d'argent-le-Roi, 25 Cols 6 deniers gros, ainfi refte pour feigneuriage & ouvrage 12 deniers 15 \l mites. ( 4") Voyez le Livre de M. C Cau: dont la traite (du Mare dargent-le - Roi) fera de 26 fols 8 derniers, & pour feigneuriage & ouvrage fera payé 14 gros, & aux marchands &c. 25 fols ö deniers gros, Un denier d'argent nommé Gros, h cinq deniers argent-le-Roi de 11 fols 4 deniers de taille au Mare . au remede d'un giain en alloi, & de 2 deniers tn poids fur chaque Mare ceuvréj & Ie Mattre de la Monnoie dor nera aux marchands &c. de chaque Mare d''argent - le ■ Roi 25 lois 6 derniers gros ; ainfi refte pour feigneuriage & ouvrage 20 deniers tl mites.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 127 Ordonnance, & dont le prix du Mare payable aux marchands, fut toujours évalué, ainfi que des pieces d'argent ci-deffus, a 25 fols 6 deijiers gros, ce qui fait 7 fiorins 13 fols: mais ï'ar-gent-le-Roi eft £ plus foible, ce qui feroit donc environ 8 fiorins; mais comme dans ce terns la l'argent-le-Roi étoit regardé comme l'argent fin, on doit toujours compter 7 fiorins 13 fols pour l'èvaluation du Mare d'argent fin. Par rapport au prix du Mare d'or fin, comme 1'Ordonnance ftipule qu'on en payera aux marchands & changeurs 14 livres 14 fols 2 deun denier nommé Blanc ou demi gros a 4 deniers, & de 18 fols 4 deniers de taiile au Mare. U11 denier nommé Ouart de gros il 3 deniers 6': de 28 fols. Un denier blanc, nommé henier, dont les 12 vaudront un pattart, ii deux deniers argent-le - Roi, dont 29 fo's 8 deniers au Mare. Un denier noir nommé Courte , dont les 24 vaudront un pattart, ü douze aros argent - le • Roi, qui aura cours pour deux mites de Fiandre, de 19 Ibis de taille au M::rc. Un denier nommé Mite. dom les vingt - quatre vaudront un gros, a fix grains argent - le - Roi, & de vingt - cinq fols de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi, ik de dix d'iceux deniers en poids fur chaque Mare ce ivré, qui aura cours pour une mite de Flandre, doiit la traite du Mare ^urgentie ■ Roi fera de cinquante Ibis gros; ik ie Mattre de la Monnoie donnera aux changeurs ik marchands, de chacj'ie Mare d'argent le - Roi vingt-cinq fols fix deniers gros: ainfi reib pour cuivre, feigneuriage, & ouvrage vingt quatre fob fix deniers gros. Les f Va ix de feigneuriage & ouvrage fur ces Monnoies doivent avoir infbé encore iur les piix des chofes, puifqu'alors les efpeces ni repréfentoieut que la taoitié de la valeur qu'on prétendoit leur affignir.  n8 Chap; VI. ÉVALUATION DU MARC fiiërs gros, je m'y tiens auffi; ce qui fait 88 florins 5 fols pour le Mare. Je ne fcaurois disMater cependant, que jë n'ai pu bien pfécifément fixer l'èvaluation du denier d'or nommé Doublé Florin, a caufe que le titre du denier dont il eft ici que Ikon, me manque dans le texte, & que c'eft cependant fur Ce denier que paroït repofer la vakur du Mare d'or fin. Mais comme 1'eftimation du Florin de St. Ahdrè (voyez page 125) dont le titre étoit de dix - neuf Karats en or, quatre en argent & un en cuivre, me paroït aflez bien répondre aux 8$ 1 pour le Mare d'or, je m'y fuis tenu; d'autant plus qu'on y a trés-bien obfrrvé la proportion de l'or a l'argent, qui dok avoir eu lieu dans ces tems-la (5). j] C5) Si un Mare ri'or de 19Karats rft évalué 5 72 florins, chicun de ao Ibis [/Zuw«] taillé du Mare, l'or fin, ou celui de 24 Karats, devroit être évalué a Q0 t| florins . par ionféjjuèm l£l tftre du Noble d'Anglererre aura ité de ft, K-irats , ou environ ; du moins 1'évaluntion de 88ï \t fait cr01r; [j; „^,,ge to,)jours' le remede fur l'alloi & Ie poids, pour ne pas tomber dans des longneurs inutilesj. Du Mare d'or de 19 Karats , dont il eft queftion ci-deffus, devoient fe tailler fis fols. (entendcz 12 fois 6) ainfi' 72 pieces, dont le cours de clncune fut de ao pattarts ou fol. Ces 72 pieces contenoienr 19 Karats d'or & 4 deniers d'argent, (letquels 4 deniers ou Karats d'argent je négligé:) par conféquent, fi 19 Karats faifoient 72 fiorins , les 24 Karats me donnent 90 flotins |«, ce qui fait, a raifon de fix florins chaque livre de gros, i? livres quelque. efcalin,; ce qui fuffit pour étr." tranquille fur l'appréciation du Mare d'or fin.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 129 II convient de dire ici un mot fur Jes découvertes que j'ai faites dans ie fecond Tome de l'Ouvrage de M.leBaronde S c h wa r tzenberg, relatives aux Monnoies des Frifons; remarques utiles, & qui méritent d'être confervées: mais pour ne pas perdre le fai de la matiere, je les ai raflemblées auffi fuccinctement qu'il m'a été poffible dans la Note ( 6). f 6) Dans le Premier Tome de M. le Baron de Schwastïenberg 011 ne trouve aucune piece conccrnanc les Momoies chez les Fiifons, que celle dont j'ai fait mention au Chapitre précédent, laqnelle efl fous la date de l'année 1176. Voici tnaintenant ce que j'ai trouvé dans le fecond Tome. Par une Ordonnance du Duc George de Saxe, de l'an 1504, il eft fait mention du cours de plufieurs petires pieCes d'argent qui avoient cours dans la province de Frife. On s'y refere auffi aux Ordonnances de Sa Majefté le Roi de Cuflille, fur l'èvaluation de l'argent. Par 1'luitrurSion ou commiffion donnée ii Uera Vxiydes, Mattre de la Monnoie en Frife, datée du 4 Septembre 1505, tl parott qu'il devoit fabriquer des florins d'or du titre de 18 Karars Cs grams, & de 72 au Mare, poids de Cologne, ót le Mattre devoit avoir 3 grains pour remede. Remarquez qu'il eft fait mention ici d'un tout autre poids que de celui de Troyes. II devoit auffi fabriquer 1°. un denier d'argent nommé -Doublé Efcalin de 2 el'cobns , dont le Mare coniiendia 8 deniers argent4e- Roi, & 79 pieces, un grain de remede lur l'alloi, cc un Bftelm lur le poids de chaque Mare oeuvré. ,2°. Un denier efcalin titre 4 derniers argent - ie. Roi, & 80 yicces au Mare. 3°. Un demi efcalin 3 deniers 8 grains J45 pieces au Mare. 4°. Le hard, efcal 2 . . 2 . . 22ö .5*. Schtyikens I • • 13 . • 3°° £*. Uu üsüii denier i . < • . £eo i  i3o Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC Au refte, je ne m'arrêtcrai pas a détailier a chaque époque la limitation du cours des Et il efl dit dans la même Inftrnüion, que pour la fakricslior. de l'argent on employoit le poids de Mare de Troyes. II paroït cue julqü'afors le poids -de Cologne avoit été en urage dans la Frife pour les Monnoies.: cela fe riouve encore confinné par une Ordonnance de l'Empereur de l'année 1529, oü il eft dit qu'a 1'avenir tn Frife on ne [e ferviroit plus pour les marchands que du poids de Mare de Troyes, & point de celui de Cologne, ainfi que 1'on avoit fait ci-devant & ju'qu'alors. Les Piacards & Ordonnances de l'Empereur Charles-Qjtinl, en date du 4 Février 1520, & 10 Féyrier 1526, lur les Monnoies , eurent égalenient lieu en Frife. Voyez Tome II. page 388 & 508. Voyez aufïï 1'Ordonnance fur l'èvaluation des Monnoies de l'Empereur, de l'an 15211 page 165 du 11 Tome. Avant de terminer cet article , je crois devoïr faire part au Leéteur d'une obfervation intéicfTante que nous offre M. Wa genaak dans. fa Defcription d'Amfterdam, fur les poids de cette ville. Edit. in Fol. Tome III page 16. „ Deux ou 3 lorres de poids, dit notre Hiftorien > étoient en „ ulage .dans Ie Commerce au XVI fiecle , & probableruent „ avant: le poids de Troyes, qui tire Ion nom ile ia ville de „ Troyes en Champagne, Sr. Ie poids de Liege ou du Brabant." Le premier eft moins pefant de 40 ou 42 As que celui d'An:sterdam: cette difi'érence vient probablement de ce que , pour donner plus de cours ou d'avantage au poids d'Amfterdam, on ajouroit toujours quelque chofe au poids précis. En France le poids de Troyes eft encore plus léger d'environ 26 As i que le poids de Troyes en ufage i> Amfterdam. Le poids de Liege, ou de Brabant, eft des PO»r 100 plus léger que de celui d''Amfterdam. Ce poids n'a pas toujours été en urage ici. En 1487 on fcgla que les Boutiquicrs, & autres Détailleurs, fe lerviroient du poids de Troyes, & non de celui de Cologne ; en 1494 une autre Ordonnance remit en ufage le poids de Cologne , & ne permis le poids de Troyes qu'aux feu!»  Totml. Partie I. Chap. VI. page 131. Le Noble Henricus de 35 a 3*5 pieces au Mare. Le Noble de Flandre ; - Le vieux Ecu (Francke Schild) ou l'Ecu Caroli, 36 au Mare , VEcu d'or, ou Réal de l'Empereur Charles- Qd int, 46 au Mare Le Florin d'or, ou Florin du Rhin, 74 a 75 au'Mare. Le Florin d'AUemagne, ou le Florin nommé Over- Rynfe Gulden, 74 au Mare L'Ecu de Guillaume (fPllhelmus Schild) 72 au Mare. Le vieux Ecu de Dordrecht, valanc il Florins d'or 75 au Mare " * Le Ducat ds Hongrie, de 09 a 70 au Mare. » .• . Évaluation et Cours de quelques Efpeces d'or en Hollande depuis Tan 1480 juffen 1646. daprès M. Commelin. 1489 r_„ " ■ ■■ . ' >S*> iJ26 153' i5j2 .577 X598 ,&7 IffI3 J«» I ^ ^ .ƒ2:10 3:15 3:8 4-- 4:4 6": 10 6:8 --- 7:8 7:11 ^ 7: 16 °' 9-" . i:- I:2 ■ I:I i;g U13 — 2:- 2:- ■ 3:12 3:6 . 3 :- 3 : 8 3-3 3 '-ö 4:10 Si- 5:8 5:15 6:2 : 18I 1:8 i:8 —' 1:11 2:- 2:8 2:I+ 2:15 2:15 2:18 2:18 „ 1:- 1:8 i:ri 2:- 2:- 2:4 2:8 2:14 2:l5 2:18 3:3 . 1:10 2:2 *«I 2:2. 2:9 3:10 2:io 5.8 4:i4 . ;;5 1:19 2 •• 1 1:19 2:1 j 3: | 3:4 | g. ia ^ y,l6 ^, ^ ^ ^  Tome I. Partie I. Chap. VI. page 131. Prix du Marc d'or et d'Argent 1 en Hollande. L'an 1336. (* par fuppofition) ; ". 1388. - 1293 r4.11. Lc Ducat d'or de Hongrie & de Bohème , qui valloit en 1393, 34 gros, fut porté en 1411a 41: & dans cette proportion l'or valut. . 1422. . 1433. ou 34 1489- ... 1520. D'après 1'Ordonnance de Charles-Ouint l'argent de r 1 den. 5 grains ƒ12:12. Et l'or de 23 Karats 93 grains ƒ 136": i<51531. D'après le cours des Efpeces. . . . . 1540. . . . environ 1548. D'après le cours des efpeces contenu dans 1'Ordonnance du 11 Juillet. . . 1552. Idem 23 Mars environ 1571. Voyez Chap. VI. page 136, environ. avant 1577. • • • dito 1577. 10 Janvier. Voyez la Réfolution des Etats de Hollande D'après le cours des Efpeces l'or peut avoir valu environ 1589- * • . ■ 1663. L'or de 22 Karats ƒ 325 : 8 : 6. . . L'argent k 11 den. 8 grains ƒ23 : 5 : 10 1680. L'argent 25: 2 a ...... • l'or ƒ 355-Agio 5 pour cent. . . Ar gent-le- } Argent Or. j Proportion en- Roi. fin. tre ïor & Vargent. Florins, Joh, Florins, fols. Florins, fols. 4 : - 4 : 3J *42 : 10 —-—. 5 : ir 58 = 15 1 a 10& ' 5 : 18 58la59--- I a 10 . ?I . . . 6 : 10] 76 : 10 1 * ïlï! 6:5 73 : 7 1 a nl . 7 : 13, 8 : - 88 : 5 1 a 11 13 : 10 138 : - 1 a 10} 145 : 13 : 1— I45 : . —. 14 : - 154 : - 1. 4 11 15 : ; 16 : 16 ; , 17 : 6 " 200 : - ■ 21 : 17 240 : - 1 a iiïs? 555 : * X 1 a X4I 25 : i 7 372 : 15 \ Ia **  D'OR ET D'A R G. en Hollande. 13\ efpeces, qui ont été confidérables; jen ai rasfemblé quelques-unes dans un Tableau formé d après les lumieres puifées dans un Auteur accrédité, & dans lequel j'ai ajouté l'èvaluation du Mare d'or & d'argent fin. Charles • Qiiint fit publier en 1520 une Ordonnance , dont le motif étoit de prévenir ou d'arrêter les défordres que 1'on renurquoit dans les Monnoie?. Oi y voit, entr'autres chofes, un or.lre de fabriquer i°. un denier d'or fin, nommé Ré al, du titre de 23 Karats, 9 " grains fin, dc 46 de taille du Mare de Troyes, qui devoit avoir cours peur co fols (ftuïvers), & dont ie Mare payable aux marchands & autres fi.rok de 22 livres 16 fols gros de Flandre. 2°. Un démi Réal qui auroit cours a 30 fols, Orfevtes; mais ce nouveau reglement ne funfifta que jurqu'en 1502, oü il fut orrionné a tous maichsnds en laines , épiceiies, merceries & autres- marchandeer qtulconques, de ne fe fervir que du poids en ufage au poids public de la ville, ltquel étoit ie poids dc Trcyss. j Üa Mm l!e HcllK1«i2 poids de Trom contient huit onces ou 5120 As. Un Mare de Ptris, 8 onces ou . o Un Mare de Cologne [connu a Amjlen/em] . 4874 7 frf, oiccs, ou 3800 grams dWngleterte, poids de Trny;s, lunt égaux a 8 onces poids de Troyes de .Hollande , OU S . . . > . ri»o> Et une livre de u onces póids d'Angleterre, egale * • 776c]t J a  i32 Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC & dont le Mare feroit payable aux marchands a 22 livres 13 fols 4 gros (7). 3°. Un denier d'or, nommé Carolus, du titre de 14 Karats & de 84 a la taille, dont le cours feroit a 20 fols. 4". Un denier d'argent nommé doublé Carolus qui auroit cours pour 6 gros de Flandre, ou 3 fols, du titre de ir deniers 5 grains d'argent fin, a la taille de 80 au Mare, & devoit être payé au marchand pour le Mare 2 fg, 2 fi gros (8). (7) 1°. Pour les fraix 24 fols (jluiyers) fur chaque Mare. 2°. Le n ai encore omis quelp.ue» autres', pour ne pas troj étendrc cette Note. Tiré du Livre intitulé, Recut.il {Repertorium] dc tous les Pla. ca. !,, Octrois, Ordoniiancs ikc de la Cour dc Hollande .d.-puis '5'3 i',:qu'en 1623, iiupriuté cn 1624, a la iuitè du Livre cué ci- deffus.  , D'OR ET D'AR G. en Hollande. i35 fan . 1520 jufques environ-, 1580, les Livres contenant les Placards, Ordonnances & Edits de. LL. IIJ-I. PP., de Meffeigneurs'ies Etats de Hollande, & de Zélande, raflembiés par M. C. Cau, n'en font aucune mention. Ce-' pendant ces pieces exiflent, ainfi qu'on peut s'en conyaincre par Ie Livre contenant les Privileges de. ia. yille.d Amfterdam, & paria leclure du II Tome de M. le Baron de Scii wartzenberg. Par 1'Ordonnance, de l'année 153Ö. on efl: afliiré que Kargent fin valloit encore 12 fiorins 12 fois le Mare; & quant a celle.de l'année 154.0. du 12 Juin, on peut avec fondement dire, que Ie Mare d'argent fin valloit alors douï| fiorins dix-fept a dix-huit fols, <$f que celui de l'or étoit encore comme du tems de 1'Ordonnance de l'année 1520; car le Placard de 1540 confirme celui de 1539,,,dans lequel l'èvaluation des . piece;». d'or, nommces Réal & fiorins Caroü, fe trouve encore limitée au même taux ou cours que dans l'année 1520. Cependant par le Tableau de l'èvaluation des diverfes efpeces que M. Co mm el in nous a donné dans fa defcription d'Amfterdam, & que j'ai déja expofée , on voit qu'il y e«t quelqu'augmentation fur le prix des pieces d'or & d'ar' I4  12,6 Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC g nt, & que le Rèal qui valloit en 1520. 3. florins, valloit en 1531, 3 Environ 40 ans après, la différence fnt encore plus fenfible, ainfi qu'on pourra 1'obferver dans ce Tableau : mais pendant cet intervalle, la grande révolution du pays eut lieu, & les* fommes immenfes que le Roi d'Efpagne fut obligé de faire pafler dans nos Contrées, pour foutenir cette longue guerre, augmenterent confidérablement la malle de l'argent dans les Pays Bas, & durent naturellement inftuer fur Ia différence frappante que 1'Ordonnance de 1589 nous fait voir dans l'èvaluation numérique-, de l'or Si de l'argent. Voici cependant les variations que j'ai découvertes lur l'argent depuis 1540 jufqu'a 1'année X580 ou environ, par le moyen des Réfoïmions de M- flcigneurs les Etats de Hollande. L'an 1554 !e 15 Octobre , le Préfidenr, de 1'Afr.mblée des Etats de Hollande lcurcommuniqua, que la Reine Régente approuvoit qu'on limi'at la val>. ur de l'argent de ia nouvelle erapreinte, ou du nouveau poincon, [riiewvos poinfonne~] a 32 fo's l'once. Le 5 Novembre 1571 le Miitre des Monnoies de H)1 lande déclara aux Etats, qu'il n'étoit pas a mèrne de fabriquer des menus de»  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 137 niers, paree que Ia matiere ou l'argent • dur [hard zilver'] qu'on achetoit, avant cette époque, 41 $ 6 gros, fe payoit alors 48 Q 5 gros. Le 10 Janvier 1577 on paya a la Monnoie de Dordrecht chaque Mare d'argent fin 56 escalins; ce qui fut encore augmenté par les Etats. de 10 fols. Le 29 Juillet 1580 les Etats réfolurent que la Rysdale a la Croix feroit fabriquée fur Tanden pied & alloi, laquelle auroit cours pour 41 fols. Dans 1'Ordonnance de 1589 il eft dit que le Noble (d'or) de la taille de 32 au Mjrc, du titre de 23 Karats 10 \ grains, un grain de remede en alloi, & un eftelin dans le poids, auroit cours a 7 florins 10 fols: ce qui établit le Mare a 240 florins. fl y eft dit également a 1'article 7, qu'on fabriqueroit un denier d'argent nommé Rèal des Pays-Bas, de la taille de 7 au Mare, du titre de 10 deniers, qui auroit cours a 2 florins 10 fols; ce qui, fur ce pied, fait revenir les 12 deniers 3 21 florins 8 fols 8 deniers Ie Mare, & établit la proportion entre l'or & l'argent de 1 a 11 w. Le Leétetir obfervera Ia progreffion confiderable qu'il y eut depuis 1489 jufqu'en 1589. A la première époque le Mare d'argent-le- Roi valloit 7 flurins 13 fo.'s, & a la fi.conde celui de I 5  x$8 Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC l'argent: fin. 21 fl>rins 8, fols. 8 deniers, ce qiu fait environ le tripie. Depuis ce tems la il y a eu plufieurs Ordonnances qui ont limité le cours de diverfes efpeces. En voici les dates: une du 29 Mars . 1393 : concernant le cours des Monnoies dans la Province d'OveryJJel; une autre du 2 Sep-. tembre 1594. ; une autre du 2 Mars 1596 &c. Voyez le refie dans la Note ,(10). Dans 1'Ordonnance du 12 . Aoüt 1Ö2Ö • fc trouvent les figures des diverfes pieces monnoyées, parmi lefquelles on voit Je Ryckr d'or (devant pefer 6 j eftelin (engels), de ia taille de 24 ï6} au Mare de Troyes), qui fut 'évalué alors a 11 fiorins 6 fols, & le doublé, Duqat, pefant 4 eftdins. & 18 As, de 35 ,au Mare, évalués a 8;flprins. 10 fols5..le:demi Ducat dans; la méme proponion cxc. une Ordonnance de ÏÖ33, confirma le cours ^des. fufdites efpeces; mais par ceUe.de 1638, ,39 & 40, il fut hauiJév, L'Ordonnanqe du 19 Novembre 1641, guj confirme les limitations faites dans l'année, (10) En date du fa Avril R 19' Décembre ifiö'3. iS Février 1606. 21 Mars löod 22. Septembre i(5c6. 28 Juin'1608. ik Décembre tóo3. 27 Aout 1609. 1 & 6 Juillet 1610. 26 Sepiein. bre 1615. 13 Février 1O19. itf Mai 1C19. 5 Juin 1,621. 20 Septerobre i6it."c3 Fé\rier 1622. 21 Juïlfet 1621. & 12 AoSf 1626. j Enfin tous ces l'iacards & toutes «es Ordonnances, dont je fab ici mentjrjn, fe trouvent darts i'Ouvrage de M. C Cau,  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 139 1638, paroït avoir été dictee par les vues'les plus fages & les plus réfléchies; voici ce qu'on y lit. ' ,, II paroït que la plftpart des hommes, mê„ me ceux qui devroient etre Jes plus ent ju„ dus, s'abuiènt & fe laiflent.féduire p^r uhè 3, fayffe imagination, lorfqu'ils pénfent, qu'ils s, n'éprouvënt aucun tort s'ils peuvent payer „ feulement les Mönnoies au même prix & „' taux qu'ils les ont recues; cependant, re> „ marqué-t-on bien, que les prix des chofes „ renchériffent ïnfenfibltmtnt, que le capital „ des penfiohs-, traitements ou falaires dirnis, nuent en effet, & que toutes les marehan„ difes avec le tems-auront plus d'apparence „ que d'effeétive & vérfcable valeur, dont il „ ne leur r eft era plus que le nom. Cette igno„ rance des chofes & pernicieufe maniere de „' pehfer ' eft éneore fomentée par des per„ fonnes qui y trouvent leur intérét, lefquelles. „ profitent de 1'afeendant qu'el'es ont fur l'es« „ prit des gens foibles & ign irants, pour leur „ faire recevoir lés deniers'a plus haut prix „ qu'ils n'ont été limités par les placards & loix j, du pays, en alléguant abufivement & fansle noindre fondement de vérité, que ces * Monnoies peuvent ëtre recues' ailleurs a un 5, plus haut cours que iur le lieu, & comme  l4o Chap. VI. ÉVALUATION DU MARC „ les pieces. d'or font fi excefiivement augmen„ técs qu'on n'y reconnoit plus ni regie ni pro„ porcion: A ces Caufes Nous &c." On obferve ies mêmes vues & les mêmes réfiexions patriotiques dansTIntroduclaon des Placards en date du 6 Mars 1645, 19 Aoüt 1647, 23 Mai 1652 & 6 Janvier 1653.^ La haufie trop confidérable du cours des efpe,ces a toujours paru trés - préjudiciable , & on 3 cru également que les rédu&ions devoient fe, faire par gradaüon & pas a pas, afin de n? point caufer trop de préjudice aux citoyens. Dans ces dernieres dates le prix du Ryder fut limité a, ƒ 12-12-: Celui du doublé Ducat a . . ƒ 9-10-: ■ Le Ducqion d'argent a . . ƒ 3- 3*: . Et la Rysdale des Pays- Bas a . ƒ 2 -10 -; On régla auffi le prix qui devoit être payé du Mare d'9r des. différentes efpeces. Cette, évaluation de l'or étoit faite fur le pied de, ƒ 12-12-, pour le Ryder, & de ƒ 4-15 pour, le Ducat. Ainfi l'or en Ducats fe payoit le Mare 323 florins 7 fols 10 mites, & l'or en, Noble Henricus- (Réaux d'or & vieux Engelot, d'Angleterre) 329 florins 2 fols 34 mites. . Par une Ordonnance du n [Aoftt 1659, le prix du Mare d'argent fut limité a la Monnoie, fcavoir;  D'OR ET D'ARG. en Hollande, 141 Pour le Mare d'argent fin fur le pied de Ia Rysdale des Pays - Bas qui a cours a 50 fols a ƒ 23-14-: Du Mare d'argent fin fur le pied du Daalder a Lion, ayant cours a 40 fols a . ƒ 23-11-: Du Mare d'argent fin du nouveau Ryder d'argent, évalué a la Monnoie 60 fols argent de poids, (Zwaargeld) entendez auffi argent de Banque, & ayant cours dans le public a 63 fols ƒ 23-9-24. Enfin, pour le Mare d'argent fin fur le pied du nouveau Ducat d'argent, évalué a la Monnoie 48 fols de Banque, & ayant cours dans le public a 50 a . . . . ƒ 23-13-12 Le 5 Oftobre 1663 on limita de nouveau, pour les Orfevres & autres, le prix de l'or & de l'argent en maffe, fcavoir, L'or de 23 Karats 8 grains le Mare a 70 & Ducats d'or, lefquels Ducats ayant cours a 5 florins font revenir le Mare a . ƒ 350-1-6' L'or, a 22 Karats, 65Ducats a 5 florins font ƒ 325- 8-6 L'argent a 11 deniers 8 grains le Mare a 7 $ Ryder d'argent, & au cours de 3 florins 3 fols fait ƒ 23-5-10 En-1686 on annonca que le Mare d'argent fin ne feroit pas payé a la Monnoie plus haut que ƒ 25 • 2 -: mais la livraüon s'en faifant  v42 aap VI. ÉVALUATION DU MARC par les Banques, marchands, changeurs &c. alors feulement. . . . [ . . ƒ251-. 1 el eft donc le prix. fur. lequel on travailte l'argent dans nos Monnoies; l'or fin y eft évalué a- 35"ö6. au mois de Juin les Fwflies ent été psyées ƒ 23- iö-: & l>rgtnt Sin cn barre valioit ators 26 i ƒ 1(1 - 3 - : ia Mare & l'or de 6 a 0 l puur 100. Vuy.z auSIÏ lc Cbap. XI.  ,i44 Chap. Vil. MONNOIES CITÉES DANS noies ont été défavantageufes aux particuliere, ainfi que nous 1'avons obfervé d'après les propres paroles des Ordonnances que nous avons citées. CHAPITRE VII. Conjidérations fur f évaluation de quelques Amendes contenues dans le Code des Loix des Frifons. Prix des denrées, main - d'ceuvré &c. dans les XII, XIII, XIV, & XV fiecles, c'eft. a-dire jufques vers 1'époque de la dècouverte de ï'Amérique. pres avoir examiné les différentes variations qu'a fubi le numéraire qui nous a fervï de mefure depuis l'an 1336, je vais tiener dans ce Chapitre & dans le fuivant d'en faire 1'application: mais avant d'entrer en matiere, levons encore une partie du voile qui couvre nos anciens monumens. Remontons jufqu'au commencement, a peuprès, du période de ces fiecles, dans le cours defquels le célebre Robertson (i)dit que 1'anarchie regnoic partout, & fubftituoit tous les £ 1 ~) Voyez fon Hiltoire du Regrie rance, long de 103 \ pieds, large de 27, profond de 12, & entre 1'étage 5 pieds \. Ce vailfeau, un de ceux dtftinés pour le dit tranfpd'rt, conrenoit 150 laft , & chaque laft devoit fe paycr il (loiins le muis; fon iervice ne devoit pas être pour moins de 6 mois. Ce vaiffeau étoit monté de 14 hommes d'équipagi. 't  AVANT LE XVI SIËCLE. 165 Pour rendre plus fenfible 1'objet qui me refte a traiter, je vais divifer le tems en plufieurs périodes , afin de faire mieux fentir combien grande a été dans la fuite la progreffion numérique fur le prix des denrées &c. Commencons par les XII & XIII fiecles , tems oü la livre de compte étoit en ufage. & 1 tranfptmé 200 Heflbis en Araétique. Le vcyage a été de neuf mois & demi, & on a payé, fuivant les conventions, 15675 florins, J'ai également copie d'un autre Contrat, pali'é le ei Mars de la même année pour un vaiffeau nommée VAmüU, Jong de 141 pieds j large de 34 'jf profond da 15 T!,, & entre 1'étage 7 pieds. Ce vaiffeau a été mefuré contenir 420 lalts, ik a été frété aux mêmes conditions que le précédent. II a tranfporté g8 chevaux, dont 22 font morts en route; il (Jté en fervicc 10 mois; os a payé pour cela 4.15200, fiorins deforte que les 36 chevaux, qui font arrivés il bon port, ont coüié cette iomme pour le tranfpoit feulement. £i on conlidere maintenant ce ii quoi la Républiquï de Ven'ife s'étoit Objigée pour le terree d'une année, & pour un nombie de 33500 hommes & de 4500 chevaux, cutje les vivtes, armes &c. on trouvera une immenfe dil'proportion : car a raifon de 1567; florins pour 200 hommes, 33500 coüteroient 2,611,375 floiinsè or ï.dl 1.375 florins font, au cours de 26 florins pour le Mare, jkus de cent mille marcs d'argent. Les 46 marcs poids de Vfnift font 47 marcs poids de Cologne, par conféquent les 85000 marei font 82675 de nos taares poids de Troyes, Si nous examinons Ie tranfport des chevaux, la différence fera encore très-frappante, car fi a raifon des 58 chevaux, qui 1'an. née derniere couterent 4C200 fiorins, on veut caljuler pour 4500, alars les fraix montcroient a s,53+;430 florins: cependant la navigation s'étant facilitée, & les connoiflanccs fur la manoeuvre maritime ayant augmenté, il femble que cela auroit dü ptoduiie vjepuis le XII Siècle quelque ditninution fur les fuix de tranfpvit. L 3  %66 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. ' i .:• ■ XII & XIII SI ECLES. Quoiqu'il foit difficile de connoïtre précifément quel fut, dans ces tems reculés, le prix des denrées, main d'oeuvre &c., je tacherai cependant d't-ntrer la • deflus dans quelque détail; ï°. par le moycn de quelques Ordonnances quï rious ont été confervét s, & auxquelles certains faits mémorables ont donné lieu: 2U. par les Manufcrits d'un très-petit nombre d'Ecrivains (car on f9ait combien peu ces fiecles ont été éclairés) qui pour la plupart fe font attachés a rapporter certains cas frappants; comme, par esemple, les ch^rtés occalionnées par le dérangement des faifons, om par d'autres caufes naturelles, ou enfin par les guerres & la fureur des hommee. Dan* une Ordonnance de l'Empereur Henri V , datée du 2 Juin 1122, on voit qu Is étoient les droits de Douanne qui devoient alors fe payer a Utrecht ( 27 ). C27) Voyez. dans le f.ivre des Char. de M van Muris Tome 1. page '66 (.en f.atin) l'Acie par lequel l'Empereur Henri V. régln ia Douanne qui devoit fe payer & Utrecht. En voici en racourci le contenu. Les Eccléfiaftiques & le^ Citoy-Mis ö'Uireskt ayinr fait dos plaintes fur les torts qu'ils lonffioient par lé» e- é: iir cc les jdéTordie* occafionnfs par ceux qui recevoienr. les Douanries des ma'Chands étrangers &c. 1'Eutoereur, fur l'avis de' plu^ fases cc des plu- experts lur les anciennes Ordonnances, ulaaes k coiituniès, Usr.ua & renouvella le< anciennes Ordonnances , it fcavoir. que ceux qui viendioient du cóté du Does-  AVANT LE XVI SIÈCLE. 167 En 1151 en Flandre, par 1'intempérie continuelle des faifons, le prix des grains, déja exceffif, s'étoit encore doublé, de maniere que le Cbapeau de grains valut a Brugss 40 efcalins de leur Monnoie: fomme conüdérable, vu la rareté de l'argent (28 ). A la fécherefTe de fannée. 1178 , caufée par les grandes chaleurs, fuccéda un hyver rude. La quantité Je neige qui étoic tombée , hoarg avec des vivres payeroient 8 deniers, & le huitieme denier leur devoit être rendu : on devoit paycr auffi en naiure une certaine mefure ; p!us bas que Doesbourg on payoit fur Ie même pied 7 deniers; que ceux qui apporteroient du vin payeroient \6 deniers : & que le feizieme leur feroit rendu; lorfqu'ils arheOeroient 10 Barils , alors ou leur feroit grace d'un, en cpnGdérant ce dixieme tonneau comme deftiné !i txv.fenir le vin pour remplir les autres: que 1'on pren Jroit feulement la Dsnsnfe du poiflbn, lorfqu'il y auroit doublé charge, l'une de vin , 1'autre de poisfon , & que la derniere feroit plus forte. Les Frifons, portam du fel, devoient paye* un loop & un denier. Que les Frifons du cöié Oriental payeroient 24 deniers, dont 4 leur feroient ren dus. ' Que ceux de Saxe payeroient 17 deniers, & le 17111e leur feroit rendu. Ceux-qui portetont du Cuivre a venJre, continue 1'Crdonnance , payeront un Ferton [apparemment certaine monnoie ayant cours dans le Pays,] de chaque Isft. Les Danois venant .pour faire commerce, & entrant en ville, payeront par têfe 4. deniers. Les Normand? feront libres de toutes Oouannes. Celui qui fraudera ou qui ne déclarera pa^ jufle , fera coodamné ii 3 talents monnoie de Thiel. Celui qui vient en ville pour faire' commerce, efl cenfé c;re fous la Jurifdiétion des Echevins. C23 . Chroniques de Flandre [II] Tome 1. Chap. XXIV, page 193. édit. 111 fel. E 4  Ï68 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. & la gélée qui continua jufqu'en Février 1179, occafionna une difette de nourricurc pour les jnoutons & bêtes a corne deftinées a la fubfistance des hommes : la mortalité qui furvint enfuite parmi ces animaux produifit une chercé fi exceffive, qu'on vendit pour trois efcalins ce qui n'avoit couté quelques mois auparavant gue trois deniers (29). Quelques exemples des XII & XIII fiecles font connoitre le dégré de valeur que 1'on donnoit a l'argent. Vers l'an 1148 Thierri VI & la Comtefle fon époufe acheterent de Gerbrand van Beverwyck une terre, fituée dans cette derniere contrée, dont le revenu étoit annuellement trois livres (Ponden ) & quatre onces, defquelles une livre fut deftinée pour les cierges de 1'Eglife, afin d'y être brulés tant de jour que de nuit, a 1'anniverfaire de la mort des Comtes & Comtefies qui s'y trouvoient enterrés, & pour quatre Chandelles de cire pour les vigiles & les meffes: les autres deux Livres & les quatre onces furent deftinées pour un repas, pour les Freres du Couvent, trois fois dans l'année, fcavoir le 26 Avril, le 5,6 Juillet, & le jour des Morts. Ils offrirent encore ppur le repos de 1'ame dtó (89) Chroniques de Flandre [Hl Toae 1. page 2aj.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 109 leur fils Pelgrom, lept livres & demie, pour lelquelles on acheta des terres fituées en diverfes contrées, qui rendoient enfemble annuellement 14 onces; fcavoir une terre dont le revenu étoit 2 \, une autre 4 \, une autre 3, & enfin une autre 4 onces; defquelles, 14 onces, 8 furent deftinées pour les jours de recréation & pour ïes repas des Moines, & les 6 autres employées en habillements pour les pauvres (30). (30) Dans ls Chronique iVEgmond de J. van Leyden f_H] osg. 41, Thierri efl: nommé ome Comte: mais comme il eft teconnu dans l'Hiftoire de la Patrie pour Ce Comte de ce nom, ainli que dans 1'Art de yérifjer les dates, j'ai préféré de Je défigner l'ous ce nom. Suivant 1'liiftoire de nos Comtes par Van Hemeit, il fut le I2tne Comte de Hillande. L'Auteur de l'Hiltoire de la Patrie dit au Tome II. pag. 236, qu'è ia mort Florent lui fuccéda , & qu'il laifla encore au moins trois fils, Pelgrom, Robert, & Otton. Cependant au rapporc de I'Auteur de la Chronique ó'Egmond, Pelgrom doit être déc'édé durant la vie du Comte & de la Comtefle, puifqu'il y efl: dit clairement [Voyez le Chap. XXV ] qu'ils ont offert a 1'Eglifè pour 1'ame de leur (ils Pelgrom, lept livres & demie, pour lelquelles on ochetta des terres & Alen,aar, qui rapportoient annuellement 14 unces. Scavoir , du "Mattre de la Monnoie Reinwaard une terre fituée op de Geejl, du revenu de 2.\ onces &c. Ce détail eft trop circonftancié pour s'y méprendre; defore que fi aptès le décès du Pelgrom dont il eft ici queftion, le Comte & la Comttfie n'ont pas eu un autre fils de ce nom , nos Historiens le ttouvent dans i'erreur. L'Hiflorien de Ia Patrie a fuivi Boxhorn, qui a continué Rygersuergkn; mais comme le paffage qui concerne la perfwne de Pelgrom, dont il efl: ici queftion, fe trouve parmi les articles ajoutés, & qui font en termes gén-raux.on peut très-bien i'être trompé , du moins quanr Vu tems. Au refte, quant i la valeur des dons dont il eft fait ici L 5  ï7o Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. On trouve plufieurs de ces exemples dans le Livre intitulé, Chreniques d'Eginont. A la fuite de ce Livre fe trouve le Journal des morts qui ont été enterrés a 1'Abbaye, & qui ont fait des legs. Par la fpécification de ces legs, on voit combien l'argent étoit rare aux XIII & XIV Siecles. En voici un entr'autres qui mérite d'être rapporté. Folpert Poppe légua au Monaftere d'Egmont une Métairie en Arem , dont le revenu annuel étoit de 18 deniers (31). mention, il me parolt tics-pofiible & très-probable, ainfi qu'on Ie voit au commencement du Chapitte IX, que par livtes il faut ici entendre une monnoie effective, qui contenoit en argent Mare, ou S- peu -prés. En évaluant ia livre ïi 12 onces, ces 12 onces valloient au XIV fiecle encore 6 fiorins: les 3 A livres font donc 5 Marcs d'argent: 1 j Mare d'argent fervit pour les cierges de toute l'année, & les 3 ' Marcs, ou 2 liv. 4 onces reilantes , pour les divers repas des RU. pp. Les 7 l livres ou 90 onces, dont nous avons parlé plus haut, furent employees il Tachat de terres, donnant un revenu de 34 onces, ou 1 * Marcs d'argent, fcavoir: «ne terre dont Ie revenu étoit d'un mare, une autre j|, une autre £ & une autre ou \. Pour les 7j liv., ou 90 onces d'argent, on achettoit alors un revenu de 14 onces; ce qui elt trés - probable, en les comparant il d'autres affaires de ces anciens tems: un Mare d'argen: fervit pour les récréations Cfc plaifirs des Moines, les autres 6 onces ou ° d'un mare pour habiller les pauvres ; ce demie: article me paroit affez prouver la probabilité de ce que je vie.is d'avancer, fcavoir le dégré de valeur qu'on donnoit !x l'argent. (31) Probablement deniers d'argent, ou de lapetite Monnoyé. Voyez Clironiqucs d''Egmnd, aux Regiftres mortuaires pag. S./C.  AYANT LE XVI SIÈCLE. i7r La convention faite par Guillaume Comte de Hollande en 1213 avec le Roi d'Angleterre mérite de trouver place ici: outre qu'elle nous fait connoitre 'quon fe fervoit alors, du moins dans ces pays, du poids de Mare, elle nous fait voir auffi pour combien peu d'argent on pouvoit, dans ces tems, fe procurer des fecours militaires, lorfque le befoin le demandoit (32). Magtilda ComteiTe de Hollande, le 7 Novembre 1225, fit donation au Couvent de Looi' innen, pour le falut dc fon ame & de celles de fes parents, d'une terre fituée prés du Cou- (32) Livre des Charrres de M. van MiEtiis Tome I. pas. 157. L'Ade eft du 29 Mar^ 1213. par cet Arte GuiUume Comte de Hollande promtt k Jean Roi d'Angleterre, lotlqu'il feroit affailli par des p;u?les etrangers dans Ion pays , de rasfilter avec toutes fes fo.ces, apiè qu'il en aura recu la nouvelle, ce qui devoit avoir lieu dans tous les cas, excepté dans celui oü il autoit lui - mime une armée ennemie dans fon pays. 11 fut encore ftipulé, qu'il lui envenoit £ fa demande 25 Chevaliers (Milites') 2. fes propres fraix, & que du jour qu'ils feroient airivés en Analeterre, ils ferviroient de garde au dit Roi pen lant les tres quadrigenas; qu'ils feroient è fes ordtes partout oü il commanderoit, & outre cela, [difoit le même Comte] fi Ie Roi veut des QServientes') de mon pays, il enverra quelqu'un des fiens, & je lui ferai avoir 500 ou 1000, & même pius d'houmes s'il eft ndceflaire; jelui fournirai auffi des vailfeaux de tranlport, & du jour qu'ils auront mis i la voile ils feront cenfés lui nppartenir, je lui promets auffi que mes geus en fervice le ferviront bien & fidellement, car j'ai fait hommage & Mfg Roi Jee», & je lui ai fait ferment de fidélité, je recevrai pour cela i PAques 400 marcs d'argent &c.  '172 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. ♦» vent, nommée Bridges. 'Elle y ajouta autant de prés, au-delTus de '* Gravezande, qu'il feroit néceffaire pour faire païcre 300 brebis, & ce, pour être pofledé a perpétuité par lesSreurs du dit Couvent,& pour leur propre ufagejmais au cas, ajoute Magtilda, que mes fils ou mes defcendants, après ma mort, n'approuvent pas ce don, & qu'ils veuillent le contefter, je promets au Couvent, de mes propres biens hérités & fitués en Brabant, annuellement 50 livres [Ponden] Monnoie de Hollande (33). Le 28 Février 1232 Florent Comte de Hollande confïrma les dons faits par Marie, ci- devant Impératrice, au Couvent de Rhinsbourg. Ce don confiftoit en cinq livres payables en deux échéances (34). L'an 1237 Jlida, Veuve de Therri Comte de Hollande, promit annuellement deux livres de Hollande au Couvent de Rhinsbourg , oü elle voulut être enterrée, & la dixme de Shoendorp, fitué dans le terrain dcNieudorp, devoit fervir a payer cette fpmme (35)» (33) Livre des Chartres de M- van Mieris Tome I. pa^,. 197. Les terres dont il eft ici queftion font évaluées a une rente annuelle de 50 livres Monnoie d'Hollande. La dénornination de cette Monnoie me paroit démontrer que ces livres font différentes de celles dont j'ai fait mention a. la Note 30. £34) Idem, Tome I. pag. 209. ( 35 j Idem, Tome 1. pag. 213=  AVANT LE XVI SIÈCLE. 173 Par les privileges de Guillaume II. Comte de Hollande, accordés aux habitans de Haarlem le 23 Novembre 1245; il eft dit que celui qui veut acquérir le droit de Bourgeoifie, donnera au Baillif quatre deniers , au MelTager un denier, & aux Echevins trois efcalins (36). - Florent, Comte de Hollande, régla le 23 Avril 1252? par une Ordonnance, les Douannes du fel chargé dans les Vaiffeaux ou barques qui montoient & defcendoient la Riviere. Un vahTcau chargé d'un demi cent de fel, montant la riviere, payoit a Heufden deux deniers de Hollande , & en defcendant un denier. Un vaiffeau, charge de plus d'un demi- cent de fel, payoit pour cela & pour fon fret, foit en montant foit en defcendant la Riviere, fix deniers de Hollande: il entendoit que les propriétaires fuflTent habitans de Dordrecht, fi non, outre les dróits ci-deffus énoncés, ils devoient payer ce qui étoit de droit (37). Lorfqu'on voulut cretifer le canal de SparenAam, Guillaume, Roi des Romains, ayant oui le rapport de fes Confeiüers ordinaires, des Nobles & non Nobles de la province de Hollande , & autres Notables, ftatua, par une Or- ("37) Livre des Chartres de M. van Mieris pag. 219. cn Latin pag. 223. [en Hol.] H%) Idem, Tuin.', p. 1G5. )  174 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES 16 deniers. Dans la première, felon la teneur de 1'Aéiê, c'étoit le Comte qui payoit, & dans la feconde il reccvoit. Pour mefurer le lel on paye depuis 70 ans encore actuellernent , 50 fols du fel gros de France pour 100 Tonneaux (_Vaf)t 6 pour le fel d'F.lpagne , 60 fols. Lorfqu'on remefure le '.el, c'et--a-dire , lorf^u'il a déja été niefnré il Amfterdam, 5 Rotterdam, ou ailleurs, alors on paye feulement 35 Ibis pour 100 Toiineaux de fel blanc; pour le menjrage on paye 32 fois pour 104 tonneaux, 100 tonneaux font 404 mefures (*j; d'acïès cela il me femble que, fur Ie prix contenu dans cette Ordonnsnce, il doic néceflairement y avoir erreur, car le plus haut falaire d'argent fei Jt 10 efcalins, ce qui ne fait pas de différence avec ie tems du XIII fiecle. Le plus fouvent dans ces anciens Ecrits les dériOtTrinatittns' des livres, efcal. & gros 011 deniers, f>nt écrits par des fignes , ou bien par Ie nom de fol, terrae tro général; a'ors ü efl facile en lifanc ces anciens Ecrits de confomire 1'cfcalin avec le fol ou gros. Je penferois donc que les 5 efcaii.is p-uvent trés - bien avoir été 5 gros , ou fols , ou des pieces de cette Valerr a-peupris, (voyez ^ Tan 1401 un denier, nommé Schele) il pourroit (*) En Hollande, particuliéretnent h Amfterdam, lefelfevend au Cent, le Cent contenant 404 mefures ou fchepets, faifant 7 laft, 14 tonneaux de France, O'.i 20S fa.es. Voyez Diftionr.aire de M. Sa vat. i au mot Srf.  176 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. tans de Dordrecht ., la Douanne qu'ils devoient pa-yer a Litte. De chaque Tonneau rempli de vin, 10 deniers de Cologne; d'un aucre non rempli, uh denier de Cologne; de chaque piece de drap de laine teinte, trois HaUingen [Hellcr~] de Cologne ; de chaque piece de drap non teinte, trois Vierlingen de Cologne; des draps de laine mis enfemble dans un paquet, dix deniers de Cologne &c. (40). Par les conventions matrimoniales de Jean de Hollande fils du Comte Florent V, avec Elizabeths fille d'Edouard Roi d'Angleterre, on voit, entr'autres conditions, qu'il y eft fait mention d'une dot de 6000 Livres tournois nol» res (41). Par peut-étre nous faire un peu mieux connoftre la différence qui doit fe trouver dans la proportion, comme on peut 1'oblcrver par le falaire des ouvriers lur le vin. (40) Livre des Chartres de M. van Mieris Tome f, pag. 374: ,1ans cette Ordonnance Ie trouvent encore divers articles de marchnndifes, comme fer , plomh, charbon, cuir fi. gues, &c. (4t) Idem pag. 455 & 4.57 , fous l'année 1285. fe n'ai pas trouvé dans mes recherches la valeur inde des livres tour. nois noires, fi ce n'eft ce que 1'on trouvera inceflamment par lVxtrait de 1'Arfte du 8 Juillet 1310 de G'ii/hume . dans lequel un gobelet d'ariïent eft évalué a 10 livres tournois noires. Et dans un vieoi Mémolre, contenant les annot*tiona & évaluations Ües choles anciennes d'ufage dans des tems rccülés, j'ai trouvé - évalu*  AVANT LE XVI SIÈCLE. 177 Par un acle du 27 Ofïobre 1285 Guillaume "van Amfiel Prtvot, Gysbrecht Seigneur a'Amfiel, & /Irnould van Amftel freres, r.connoisfent devoir aü Comte de Hollande 2000 Livres (Pondeh) deniers de Hollande, pour laquèlté fomme quinzt Nobles furent caution folidairement ('4'^. Enfin , l'an 1300 mourut a Dordrecht Marguerite époufe de Dirk TJen fils, qui légua a la grande Églife, [Notre •Dame'] dix gros, & Tielman van Wyngaarde, qui a fa mort fit auffi don de dix efcalins (43). Je pourrois citer bien d'autres exemples, qui feroient également connoïtre en quelle eftime l'argent étoit alors par fa rareté; mais dans la > erainte de fatiguer le lecteur, & n'étant pas a flième d'ailleurs de donner la jufte appreciation de chaque article dans notre numéraire, je me bate de paffer au période du XIV. Siècle: te.ns oü la mefure étant mieux connue , on peut mieux apprécier le prix des denrées '&& évalué une livre 'tournois noire h f 2. 3 f- 6 d. un viei' Ecu o'uftt ƒ 2. 3. '6. enlorte qu'on pourroir préfumer que la Ihrt iloiri a ^cé égale en valeur au vieil Ecu (_Oucie. ScMS). (4?,) Livre des Chartres de M. van Mieris Tom: ï. foag. 462. i.>ii) Mi BAtïN Defcription de la ville de Êor/lr-eckt»  178 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &Co XIV SIÈCLE. 5. i Prix des Dënreès; Impöts &c. ï °. Voici les droits des Douannes qui étoient en ufage dans l'année 1307, & qui fe payoient alors k Ja Douanne de Driellc par les habitans de Dordrecht. De chaque VaiiTeau chargé de fel & remon» tant la Riviere, un boiffeau; de chaque Vaisfeau chargé de harangs, 4 gros de Licge & 20 harangs. Et en cas qu'un des citoyens de Dordrecht eut chargé un même VaiiTeau de fel & de harangs, il ne payera de droit que pour la marchandife dont le VaiiTeau fera le plus chargé èn defcendant Ia Riviere, 'on ne payera de chaque Tonneau de vin que 6 gros de Cologne, & d'un (Legger) 3 gros feulement. De chaque piece de drap en laine 4 gros de Liege, & de chaque ico pieces de toile, quatre gros, ainfi que des 100 Baeys. Du fer, de telle marqué qu'il foit, 4 gros, aufli de 1'acier; & fera exécuté ainfi, dit 1'Ordonnance,feulement pour les marchandises qui fe trouvent ici mentionnées. 2°. Pour la Douanne a Suylkhem, on payera de chaque Vaifieau chargé de fel 18 gros de Hollande, & de chaque VaiiTeau chargé de harangs pareil/e femme, avec vingt harangs, en  AVANT LE XVI SIÈCLE. x?9 montant la Riviere; mais en defcendant, cha* q.ue Tonneau de vin payera 8 gros de Cologne, d'un Legger 4 gros, & des draps, des toiles & du fer, de chaque forte 4 gros. qü. On payera h la Douanne de Gribbe 3 pour ehaque VaiiTeau chargé de fel 2 gros de Cologne , & une certaine mefure nommée Sommer de fel; d'un VaiiTeau de harangs, 20 harangs, & de chaque laft de harangs 4 gros de Cologne. De chaque Vaiffeau chargé de grains 2 gros de Cologne , & un Sommer de grains; & du vin, de chaque piece grande ou petite, deux gros (44). . Par un Aéïe du 18 Juillet 1310, Guillaume, Comte de H dlande, reconnoït avoir recu, fous i'approbation de 1'Evêque d''Utrecht, toutes les dixmes que 1'Egüfe de St. Pierre cTUtrecht avoit en Zelande, pour un don gatuit d'un gobelet d'argent, ou 10 livres (Ponden) tournois noires (45). , En 1315 il y eut en France, en Allemagne & dans nos Pays, une rnortalité parmi les hommes, ce qui caufa aufTi une grande cherté dans . les vivres : lorfque cette cherté fut a fon plug haut point, un boiffeau de feigle fut vendu era I (44) Livre des Chartres de M. vah Mi.iris Tom- U. psg. 64. Par cette Ordonnance il paruit qu'on étoit encore, luf queiqnes articles, dans l'ul'sge de p.iyer en natn.e. , (45; Livre des Chartres de M. VA_w .Mieris, touM II. page 107. ' M %  i8o Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. Hollande 30 fols; mais enfuite, les envois e'tant arrivés du dehors, le prix bauTa, deforte qu'on aeheta, comme ci-devant, le boiffeau de grains 5 gros (46). Le Comte Guillaume, en renouvellant, le 7 Mai 13221 les privileges donnés aux marchands de Kampen, ordonna que les marchandifés qui viendroient du dehors payeroient, fcavoir: de chaque laft: de harangs 2 deniers Anglois; de chaque chapeau de bied ou de feigle 4 deniers de Hollande ; de chaque chapeau de pois & feves, un denier Anglois (47). Le 1 Mai 1323 le Comte Guillaume accorda encore la liberté aux habitans de Middelbuurg d'avoir un jour de rnarché, & en régla les droits, fcavoir: d 46) Defcription des faits remarjuables de plufieurs fiecles , psr G. van SpAan [U]. pag. 74. 11 feroit a fouhaiter que cet Auteur eüt cité nans cet endroit, & en plufieurs autres, le pas» fage oü il avoit trouvé ce fait, paree que j'atirois pu voir de queile forto de mefure il efl: ici queftion. Le laft connu i Amsterdam eft bien de 27 muids, & !e muid de 4 boifieaux : Ié boifieau i 5 gros donneroit (e laft & 13 fi. 10 Ibis; ce qui eft encore trop cher pour ces tems; il faur donc que la mefure ou li valeur dont il eft ici queftion foit différente de celle dont Je flis mention. Le Florin dans le XV fiecle eft fouvent évalué i 10 fols: fur ce pied on pourroit encore évaluer le feigle a ƒ 6. 15- ce qui feroit plus approchant de la vraifemblance; & ainfi il y aurois eu 4 gros au fol d'alors. C47) Livre des Chartres de M. van Miehis Tome II» pag. 2S7. \  AVANT LE XVI SIÈCLE. i8r Le jour du marché commencera la veille de Sainte Marie Magdeleine, & durera cinq jours. Les deux premières journées on vendra let chevaux, beftiaux, draps & autres merceries. Les autres genres de marchandifes feront referyés pour les trois jours fuivants. Chaque VaiiTeau qui viendra a ce marché donnera 6 deniers tournois de Douanne. De chaque cheval vendu, on payera 8 deniers tournois ; de chaque vache 4 deniers; de chaque béte a corne, agée de deux ans ou au deilus, 2 deniers tournois; pour celles au deffous 1 denier; de chaque brebis vendue 1 denier; de deux agneaux 1 denier; d'un porc, grand pu petit, 2 deniers; de chaque paquet de toile vendue on payera 2 efcalins tournois; (on pourra auffi faire fortir ces marchandifes, en cas qu'elJes ne fe vendent pas); de chaque paquet de Pelleteries, ou peaux de lapin ceuvrées, 2 efcalins tournois; de chaque paquet de laine d'agneau oeuvrée, 12 deniers tournois. Celui qui achetera des draps teints donnera 4 deniers, & des draps blancs feulement 2 deniers &c. De chaque ouvrage d'or , d'argent;, d'étain, de plomb, & de toutes marchandifes de ce [genre non fpécifiées ici, fera payé de chaque Livre un denier tournois. M g  s&2 Chap. VII. PRIX DES DENRÊES &c. Les payemens de toutes ces Douannes devoient fe faire en gros tournois, évalués alors z 16 deniers tournois (48). Le 1 Novembre 1330, le Comte Guillaume permit, par une Ordonnance, aux marchands Anglois de venir commercer dans ces pays, k condition qu'ils payeroient a la Douanne le eenïieme denier (49). L'année 1331. un tonneau entier de biere 8Amersfoort s'achettoit pour 12 ou 12 ,* Braspenningen (50). ' Le 22 Avril i3f53, ]e Duc Alhert accorda aux marchands d'AUemagne quelques privileges, & la liberté de commercer dans le pays, fous les conditions fuivantes: Ils payercnt de chaque quille de vaiffeau, foit grand ou petit, 9 deniers de Hollande' De chaque baril Ctonncau) de fuif, de beurres de harangs, d'huile, de miel &c. 4 deniers de Hollande. Des Pelleteries, peaux de lievre &c. 9 deniers ; de chaque peau de boeuf, 4 deniers, & des peaux de vache, 3 deniers. C4S ' Livre (lcs r,,artres * M. vak M,ERIS, Tome IJ. P»ge tl6. On voit ici que le gros tournois eft évalué a srS denii rs. ... C 49 ) Idem pag. 504. (.50) Defcription de G. vaw Spaan pag, 75; j'igviorc VCVïluation du Braspenning d'alers.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 183 De 1000 livres defer, 12 deniers; de chaque tonneau d'acier, 8 deniers; de chaque voeder de plomb, le voeder évalué a 12 CC-O Livre des Chartres de M. van M.1 e m s Tome lil, pag. 691. Dans cette Ordonnance le gros eft évalud S § denier: , cette biere valloit donc él & 3 dutes.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 187 tournois évalué a 8 deniers) payables par fon Maïtre'des Rentes de la Nord- Hollande (55). Le 17 Novembre 1328, le Comte Guillaume prit a fon fervice Jean Arents Smeets fils, Couvreur, pour avoir foin de fes mail ons fituées en Hollande, a raifon de 5 livres (Ponden) par an, & d'une paire d'habits a Paques. Dans l'Acle il eft dit: fi nous 1'employons a d'autres ouvages, il nous fervira pour le falaire journalier que nous donnons a nos autres gens (56). Le 21 Mars 1338., le même Comte accorda a Dieric den Grille 1'Office de fon Maïtre d'arihes, pour un falaire annuel de 10 Livres (Ponden) de Hollande & d'une paire d'habits (57), Le 26 Décembre 1356 le Duc Guillaume ds Baviere Comte de Hainaut, de Hollande, de Zelande, & Seigneur de Frife, donnoit a fon Clerc ou Secrétaire, qu'il avoit nommé pour gérer fes affaires a la Cour de Rome, 100 vieux écus (Schilden) par an s & des habits comme ceux des Maitres Clercs de fon Hotel (58;. (55) Livte des Chartres'de M. van Mieris Tome II» pag. 1 CS. ( 56) Mem, Tome II. pag. 468. (,57) Mem Md. pag. 6o3. (58; Mem, Tome III. pag. 14- l'Ordonnance de l'année 1388 on voit que I'écu [ Schild] y eit évalué a 40 gros. Le numéraire du mare d'argent avoit déji fubi des changemens, car sa 1336 il fe trouve évalué il 5Ji florins, au lieu de 4; de forte  188 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c; Le 19 Mars 1358 ou 59, le Duc Albert donna a Mathys Woutersz 5 livres (Ponden) de Hollande annuellement, & une paire d'habits, pour porter 1'épée a Dordrecht, ainfi que le texte le rappor te (59). Le 25 Mai 1359, le même Duc fit Engel fils de Wolbrants fon pourvoyeur de poiflbn, pour 10 livres (Ponden) de Hollande & une paire d'habits (6a). Le 14 Avril 1372, le même Duc fit Koppe Haffen, fon Maïtre d'armes, a raifon de 18; livres (tg) & d'une paire d'habits (61). En Mai 139.8, le Duc Alben promit aux Chevaliers qui le ferviroient dans la guerre des Frifons, de payer pour chaque homme arme' que ces 100, écus, h 40 gros chscun, qui faifoient en 1336 35 marcs d'argent effcélifs, n'en firent plus en 1388 que iS. Quoiqu'il en foit, c'eft bien peu de chofe en comparaifon de ce qu'un Envoyé ou un chargé ri'affaires auroit befoin aujourd'hiii. En 1579 M. D. van der Niemvburg eut 9 florins par jour pendant le voyage qu'il faifoit en Allemagne de Ja part du Prince & des Etats, i la Cour de l'Empereur; & fes dépenfes jour^alieres depuis le 23 Février jufqu'au 13 Novembre 1579, étoient montées felon le compte è 2558 florins; ce qui fait appercevoir, en deux fiecles déjfc, une augmentation confldérabie dans la maniere de vivre. C59) Livre des, Chartres de M. van Mis ris Tome III. pag.' 84. (60) Idem ibid. pag. 93. (_6i ) Idem ibid. pag. 268.  AVANT LË XVI SIÈCLE, ify & pour tous fraix 8 gros par jour, pour tout le tems que dureroit 1'expédition en Frife (62). Le 17 Décembre 1399 le Duc Albert choifit pour fon Chapelain Dirk van Delft, qu'il avoit fait étudier en Théologie, & qui avoit été recu Dofteur, moyennant un honoraire annuel de 20 vieux écus {Schilden) de 40 gros (63). L'an 1400, le 5 Mai, le même Duc fit J. W. Z fon Maïtre Charpentier a Staveren, a raifon de 12 écus de Hollande, du poids & titre frappés en dernier lieu, & d'un habit, ou, a la place, 4 desdits écus. Outre cela, eft-il dit dans 1'Act.e, fera payé pour le falaire de lui & de fon valer. 12 gros par journée, tant4 qu'il fera a mon fervice (64). ( 62) Chartres de Frife Tome I, page 276. C63J Livre des Chartres de M. van Mieris Tome L pag. 711- ( 64) Chartres de Frife tome I. pag. 408. Les 12 Ecus de Hollande du poids & titre frappés en Pan 1388, valloient en argent, a raifon de 40 gros, 4Ï0 gros, qui font, au prix du mare d'argent de 5] florins, en argent fin 2?, marcs, & les 4. écus pour 1'habit, d'un mare. Les 12 gros pour le falaire des deux ouvriers dont il eft ici queftion, font au dit prix de 51 pour le mare d'aigept, en poids d'argent 280 as, ou Eftelins. Si nous calculons le feigle au prix oü il fut vers le milieu du XV fiede, c'eft-a-dire a 9 florins du Rhin le laft, & le florin du Rhin au cours de 30 gros, prix de l'an 1388, ces 9 florins *ont ƒ 6-15. «a numéraire; ces deux bomrats pouvoient donc  Tpo Chap. Vil. PRIX DES DENRÉES &c. Dans la même année ce Duc accorda des dons gratuits annuels a plufieurs perfonnes \ entr'autres un de cinq florins de Hollande; ce qui prouve 1'extrême rareté de l'argent (65). i iïi DE LA VALEUR DES TERRES. . M. van Mieris dans fes Livres, contenant les Chartres du pays, a confervé un Mémoire, fans date, dans lequel fe trouve détaillée 1'étendue de la Weit-Frife; mais comme on le trouve après une autre piece datée du 12 Mars 1338, il eft afltz vraifemblable que , alors avec leur falaire de $ gros , fe pr0CBrer 4 ' ^ de feigle. Aujourd'hui en payant i ces rnêmes hommes 5o fols, ff, ont au prix de ƒ 25- I0 le mare, ,5 » Efteliiw en poids d'argent • cc en fuppofant le feigle au prix moven de 80 florins d'or le laft' ils ne pourront s'en procurer pour leur falaire que a» boifleaux' Ainfi Ie particulier qui fair travailler paye aujourd'hui réellemenc Ï d°Ub,e £" P°'dS d'areent;de ce qu'il payoir en ces tem,louvrier refo,t également le doublé pour fon falaire, & Pendant, malgré cette frappante augmentation, il ne peut fe ptÓcu rer que Ia moitié des fubfiftances qu'il pouvoit acquérir en r4ot" Ce qui démontre, que celui qui emploie an ouvrier, de même que 1'ouvrier qu'on fait travailler, c'eft-a dire, 1'hgmme riche & 1'ouvner, perdetit tous les deux, 1'un en payant la moitié plus, 1'autre en scquérant la moitié moins, quoiqu'en effit Ie dern.er recoive le doublé; fi encore l'augmentation des pris treur eu lieu que fur les objets de luxe, Ie mal feroit moindre pour 1'ouvr.er, mais cette augmentation s'cft malheureufemePf suffi feit fentir fur les objets de première nécellité. C*5) Chartres de Frife, Tome J. pag. 3t5 &  AVANT LE XVI SIÈCLE. 191 le Mémoire dont nous parions eft d'environ ce tems-la. Outre les différentes e'valuatïons des terres, dont la valeur étoit probablement proportionnée a leur fituation, on y trouve aulïï noté le nombre d'habitans qui fe trouvoient dans les differents lieux de cette contrée. En Gcejïman-Ambacht■» contenant un emplacement de plufieurs Villages, la plus haute évaluation eft de 5 fê (*) : & la plus bafle de 33 efcalins 4 deniers par Gheerfe, dont trois font un arpent. En Nicudorper - Ambacht, parmi les villages fe trouve le fameux Schagen; la plus haute évaluation des terres y eft portée a 40 efcalins, & la plus baffe a 20 efcalins par Gheerfe. En Houfmouder-Ambacht, on trouve un emplacement de 12816 arpents, dont chacun fut 'évalué alors a dix efcalins au plus bas, & a 4 fg au plus haut par arpent. En Drechterland fe trouverent 16800 arpents, dont le plus bas eft évalué k 20 efcaiins, &de plus haut a 6 & 7 $rj; mais ces terrains fe trouvoient prés des villes d'Enkhuifen & dzHorn (66). (*) C'cfi:-fi - dire livre de gios de Flandre, l 240 gros piece. Cd6) Dans le dcitriét. de Giejlman- Ambacht Ie trouvoient plufieurs vilisges, contenant 12,500 G/itcrfcn, ((juifont 416Ó jrrpents & 400 unies.;) & 701 bonimes, propres apparemment a porter les arnies. Tfitiidorpet Ambacht, oü fe trouvent Schaghcn & Niiwikerke, F qui out 440 hommes»] lG,6oo Ghserfm, ou 5533 J arpents, & 678 bommel.  rpa Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. Le Livre des Chartres de M. le Baron ce SwaRTZenberg contient auffi des pieces par lelquelles on peut connoitre quelle étoit alors la valeur des terres en Frife. Le 22 Novembre 1390 furent vendues 8 Pondematen, fituées en Kotera Hemrick; chaque Pondemate a onze grands merk, fuivant le cours connu alors, payables 3 parties en ar-^ gent, & deux parties en bêtes a corhes (67). M. van Mieris nous a encore confervé dans fon Livre des Chartres Tome III, page 702, fous la date du 28 Aoüt 1399, la valeür des terres propres a faire des tourbes. Ces terres fe trouvoient fituées entre la ville de Haarlem & le Mannepad, dont le Duc Alben avoit fait don a fon fils, le Comte Ooflervant, en confidération des fervices qu'il avoit rendus dans les troubles de la Frife. Ces terres furent enfuite vendues en 1407, l'arpent a 15 Nobles d" Angleterre, & 33 arpents, qui Houtwouder - Ambacht, oü fe trouvent Bcnningbrock , didrift proehe de la ville de Medenblik [qui aVoit 225 hommes] 12,816 arpenrs, & S85 hommes. II y a quelques endroits oü le nombre d'hommes ne Te trouve pas indiqué. En Drcchtcrlsnd, oü fe trouvent Enkhuifcn & Hom, 16,860 arpents & 11I9 hommes. Voyez Chartres de M. van MiE* 1 s Tome II. pag. 606. {67) Livre des Chartres de Frife, Tome I. pag. 250»  AVANT LE XVI SIÈCLE, ig$ qui en faifoient la totalité, monterent enfemble a 495 Nobles, q' i font 165 livres de gros. Encore regu jdit le texte; pour 10 arpents de tourbieres, k 10 écus l'arpent, 100 écus, qui font 16 livres (Ponden) 13 efcalins 4 gros-. Le fiecle fuivant en fournit d'autres exen> pies. 5 1 De l'èvaluation de quelq^ueS articles ue considiiration, dans le courant du me me siècle. Le ïo Oclobre 1304 le Comte Guiüaumê donna ordre a la Régence de Middeibourg de 3ev r un impöt fur les terres fituées dans 1'Isle de Walcheren , fcavoir : de chaque Gemeete (dont 2 a l'arpent) 6 deniers; le produit de cet impöt fervit a entourer Middeibourg de fortifications (68). Le même Comte promit, par un Acle dü 31 Janvier 1334, a ceux du P4ys de Rhynlani & de Woeraen, qu'il ne leur feroit d'aucun préjudice a 1'avenir d'avoir fait lever un droic de 2 deniers de Ho'lande par arpunt, pour fubyénir aux fraix qu'occafionnoient les troub de Ia Frife; car, die 1'Acr.e, notre inttn- Livre dss Chartres de M. van Mieris Tom. II» p. 44. N  rp4 Chap, VII. PRIX DES DENRÉES. &c, tion eft de ne plus lever pareille impofition; ce que nous promettons également pour nos defcendans (69). Le 21 Mars 1339 l'Empereur Louis recut de Rsinould Duc de Gueldre 40 mille Marcs d'argent, & lui donna en gage toute la Frife, hommee alors Eft-Frife, hormis la partie qui appartenoit au Comte de Hainaut & de Hollande (70;. Le 1 Juin 1398 Johan van Loon, Seigneur ffHensberg, promit au Duc Alben un fecours de deux cents Galeres bien armées, pour fervir contre les Eft-Frifons, moyennant une fomme de 4000 florms du Rhin pour le tout (71); XV SIÈCLE. I l Dü Prix des Denrées &c. Un Auteur eftimé a écrit qu'a la fin da XIV fiecle les ico paniers de Tourbes fe payoient 30 , 40 & 50 fols , & dans le XV fiecle, 2 \, jufqu'a trois florins au plus' haut, y compris le falaire aux ouvriers (72). ( 6h ) Liv. des Cfiartres de M. van Mieris Tom. II. p. f70) Idem Md. pag. 616. (71) Idem, Tome III. pag. 670. ( 72 ) Deicription ö'Amf.erdnm par C. Commelin £H] Tome I. pag. 533. Entre les années 1400 & £pa> on »cl»e«'oit  AVANT LE XVI SIÈCLE. 195 Les Chroniquès de Flandre, en 4 vol in fol. contiennent plufieurs articles fur les prix des vivres en général: nous voyons entr'autres dans le Tome II, page 129, que l'an 1401, furies plaintes que les prifonniers en Flandre porterent su Comte, on fit un nouveau reglement pour fixer la dépenfe: par ce reglement ou Ordonnance , on voit que les prifonniers a la charge du Comte avoient par jour 3 Jchelen & 6 deniers parifis, dont le Baülif avoit 2 fchelen \ pour lefquels il devoit fournir a chaque prifo'nnier du pain , de la biere & du potage ; les autres dix-huit deniers rt flans devoient être pour le Geoiier, qui devoit fournir un lit & des draps; & au cas qu'il fe trouvat quclqu'un qui voulut fe charger de fournir toutes ces chofes, on lui payeroit les 3 Jchelen & 6 deniers en entier. Les prifonniers^qui n'étoient pas a Ia charge du Comte devoient pajer 6fchelen parifis, Ica- ipo paniers de Tonrb"S , tous les fraix y compris , roer jo , 40, ou 50 luis ; ü même dans l'année 1545 Ie panier ne valloit encoie qu'nn demi lol. On trouve encore dans lesRefiiftres , ou pa. jraers de MM. les Dirtcteurs, une viei'le Patente . eontenanE TétablilTement d'une rente perpétuelte de 20 cl'ral. dc Hollarde par an, datée de 1401, devant fervir h achetter de»..Tourbea pour être diftiibuée» aux pauvres. Voyez ragi 1 350 & 012 au .même Auteur. V, ytz auffi Amfteldemfchc AtkauUt par W tiHK £dit. de 1737. pag. 143. fc 'i  iqö Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c„ voir, 2 au Geoiier pour lits & draps, &4.au Caflcleyn ou Baillif, qui devoit fournir pain, biere, viande, potage & chandelles, & les jours maigres du poiffon, harangs ou autres felon le tems, mais toujours de maniere que les prifonniers ne manquaffent en rien du néceffaire. Dans le cas oü un prifonnier, outre cette nourriture, voudroit boire du vin, le Geoiier devoit lui en fournir jufqu'a un pot par jour, pour lequel on lui payeroit 2 fchelen; & fi le prifonnier vouloit encore être mieux traité, le Geoiier devoit lui fournir felon fes demandes ou fes befoins, pourvü toutefois que la dépenfe nexcedat pas 8 gros. Ces Lettres ou Ordonnances furent fignées a Cónflans prés de Paris, par le Duc & la Dtichelle , & furent envoyées a Gand pour y être publiées. Dans la Chronique de Velius, Auteur trés-exact, on trouve page 672, Édit, de 1740. qu'en l'année 1435 le froid, qui avoit été rigoureux pendant tout 1'hyver, continua jufqu'en Avril & Mai; que le jour de St. Pancrace, 12 Mai [vieux ftilé], la glacé avoit été aflcz forte pour porrer un Corbeau; les arbres a fruit, les foins & les bied? ne croifioient point; le jour de St. Jean Bnptiflc, le 24 Juin, on voyoit encore les vieilles femmes aiïifes devant les  AVANT LE XVI SIÈCLE. 197 Eglifes avec leurs pots a feu ou chaufferett.es; enfin que ce ne fut que vers le 30 du même mois que la chaleur commenca a fe faire fentir. Ceux, ajoute le méme Auteur, qui rf'avoient pas eu confiance en la Providence, & qui craignoient de manquer de fubfiftances, Jabourerent leurs champs une feconde fois, mais ils ne recuefilirent rien; ceux au contraire qui avoient fupporté patiemment Lur fort, firent une recolte de quatre chapeaux de froment dans les endroits oü ils avoient coutume de n'en recueillir qu'un. Les fruits retardés par le froid, commencerenc a pouffér avec la chaleur, & crürent a merveille. On achetta la huitieme partie (agtcndeel) d'une mefure de froment 8 gros, de feigle 6 \ gros, d'orge 4 gros, & d'avoine 10 dutes. Les pommes, dites pommes d'or (guldeling* appel), fe payoient 3 gros la mefure; du même nom, celles d'une autre force un Brafpenning, öc le refte des fruits a proportion. Le foin , la quantité néceffkire pour une vache, fe payoit 18 fols le meilleur. Un cochon, le plus gros, fe vendit 3 livres (Ponden) de Hollande, [ou 45 fois] : un bceuf eftimé de 120 livres de graisfe, 9 florins du Rhin [ou 8 florins 2 fols] ei les autres animaux a proportion; les prix baiflerent encore dans ia fuite (73). (7$) Les pommes dites (pippeling) vaknt actudlement, quand N 3  ipg Chap. VII. PRIX DES DENREES &:; En 14^4 la grande To ir de Zirckzêe en Zéla i le fut ba:ie, elle couta 15,761 livres gros de Flandre. La cha ix s'achettoit dans ce temsla poir 5 gro.i le chapeau (74). En H55 ij y eut cherté de vivres, ce qui continua jufqu'en 1460 ; enforte que le laft de feigle fe vendoit 40 florins du Rhin, & les autres grains a proportion, ainfi que le elles font a trés - bas pris S s florins , prix raoyen 4 a 5, & l fifl prix cber 7*8 florins la lufditte meiure. Le foin néccffaire pour ons vacbe pendant un hyver fe monte ordinairement dans ces pays h environ 3000 tjg • les ïooo jg valent, quand le foin efl il bon marché, 8 h 9 florins h 'Ami'crdar,:. Dans le mois de Septembre de cette année il a valu ici en vüle de 11 6 14 florins les 1000 Ég. Calculons fur un prix de 6 ou 7 florins: les 3000 B? font 18 ou 21 fljrin*, ce qui ne valloit en 1435. 1ue '8 fa'sLa viande d'un cochon gras , quand elle eft a bon marché ^e vend 2 \ fols la fg • quand elle efl chcre 2 * « 3 fols; ce qui s'entend lorlqu'on en fait provilion pour une certaiue quantité : on peut évaluer l'aninaal de }<; i 50 florins. On rencontre rarement des bceufs qui donnent 120 fg de graiste ; mettons le poids de tout 1'aiiimal a 800 {g. le plus bas prix pour un pareil bceuf feroit 115 3 «so florins, ou 2'/ fols b üvre, & lorfqu'il eft cher 140 florins, ou 3' fols |a livre. (74) Chronique de Zélande par M. Reïceeiberceh, contintiée par m. z. van Box'hskr [h] Tome I. pug, jaj, Le Chapeau de chaux valut en 1603/3'.: en i776./io-& vaut aujourd'hui ü Amjleriam ƒ 6 a 6^. Cette diminution provient de ce que les envois lont, cette année , moindres pour nos Colonies d'Atnérique, qui s'en trouvent acluellsment fut> charg^es. -  AVANT LE XVI SIÈCLE. 199 beurre, 1'huile, le fromage &c. Depuis Tan 1460 jufqu'en 1463 , ou 64, la cherté diminua; alors a Bolswerd , en Frife, le laft de feigk s'achettoit pour 9 florins du Rhin, un loop de froment fe payoit 7 a 6 1 fols, un loop d'avoine 2 l fols [een ftoter'j, & auffi a moins; une Batelée [Maarschip] de laitage fe donnoit pour 6 desdits florins, & l'année d'après, tout cela s'obtenoit encore a meilleur marché (75 ).. L'Auteur ci-deflus mentionné, [M. Comme l 1 n ] dit qu'il a trouvé dans un ancien Mémoire, qu'en 1464 on achetoit dans ces pays, f75) Chronique de Frife v~ï O S c iia r l e n s n s [H] ' iv. V. pag. 205. Dans les Chroniques de bc H o T a M U S uv. X. p. 328.] fe trouve confirmé le prix de 9 florins du Rhin pour le laft de feigle. On voit encore au même endroit que Ton psyoit ordinairement 6 florins [du Rhin] pour un tonneau du nieilIteur beurre, & pour 400 livree de fiomage; ce qd nous ixpüqne parfaitement le mot de MaarfMp dont O. Scp a;Rle■« s e s.s'tfl fervl, que j'ai traduit par Batelc'e, & par leqti I il faut entendre le tonneau de beurre ci-deffus, & les 4:0 livres de fic mage. L'année fuivante les prix furent encore moindres. Un Loop eft une mefure de Frife, dont 36 font un laft, le fronient valloit donc le laft ƒ i2,,!3 ii n^J. ^s; l'avoine e,\ fiorins Ie laft. Je dois faire remarquer, que lorfqu'on parle de florins d'or ou de florins du Rhin &c. il ne faut pas entendre toujours une piece de 28 ou de 20 fols , mais un denier d'or , dont le cours a varié fuivant le tems. En 1388 un fiorin du Rhin valloit 30 gros; en 1411. 35. en 1434. 36 gros. Dans le XV fiecle on voit aufli Ie florin ordinaire évalué a 10 fols. Voyez le Chap. V. Ö£ 1'article du 3 Juillet 1465 de ce Chapitre. N 4  »03 Chip VIL PRIX DES DEN'RÉES &c pour 31 fols, un muid de froment, un muid dVge, un m lid d'avoine, un muid de feigle, un tonneau de pommes, un chapon gras, & un pot de vin ; il eft apparent, ajoute 1'Auteur, que ces prix avoient déja eu cours depuis quelques années (76). Velius, dans fa Chronique de la ville de Horn, dit avoir trouvé dans les Regiftres de la dicc viüe, l'an 1464, que les Bourguemaïtres, felon les coroptes qui en avoient été dreiTés.3 (76) Voysz Commelin Tome II. pag. 912^ Pour Ion 31 fol 'ji acbettoit en 1464. 1 muid de fromem. 1 . de feigle. I d'orge. ï — d'avoine» u11 chapon gras. Un ronneau de pommes» Un pot de vin. ■ Dans notre fiecle on a achetté* au plus bas prix jufqu'a ce |our. fols. .Un muid de froment . . . . 104^ Évalué d'après le pips : de feigle 62 j bas prix que Pon ft ' d'orge 47 Vjayé le laft. quicon- es . d'avoine 30 | tieat ïi Arnflerdaai Ui tH pon gras zo) 27 muids. Un tonneau de pommes ... 49 Le prix moven eft 4 i 6 flurins, & le prix tiès • cher. 12. Un poi de vin ou uiic Mingle. 20 (par iuppolieion) —-n  'AVANT LE XVI SIÈCLE. 201 avoient dépenfé 3 fols, lorfque M. de Charolois, fils du Comte, fe trouvoit a la Maifon de Vil-, le; & peu de tems après, lorfque le dit Seigneur fe trouvoit encore en cette Ville, 2 i fols: ceci me paroït extraordmaire & incompréhenfible, dit 1'Auteur , mais il paroït que dans ces tems on pouvoit avec une petite quantité d'argent faire beaucoup de chofes, paree que tout étoit a bon marché; les hommes vivoient frugalement & fobrement, tant dans le gouvernement de leur ménage particulier, que dans l'adminiftration des affaires publiques; ils fpvoient fe contenter de peu. Puifque nous en fommes fur ce fujet, nous citerons encore quelques exemples tirés des Regiftres de la meme Ville, qui eurent lieu la meme année, & qui feront connoitre la prodigieufe différence de ces tems a ceux d'aujourd'hui. Qu'on fache donc que dans le compte de ces mêmes Bourguemiitres, on trouve qu'ils dépenferent pour un repas donné a l'oocafion de l'éleétion de plufieurs Régens fubalternes, 16 Braspenningen pour la biere, & io fols (Jluivers) pour vin de France. M. Pierre, Ptnfionnaire de la Ville, eut pour tout Honoraire iófchilden, (écus de Baviere,) qui, a 11 fols la piece, font 18 florins 4 fols. Le dit fieur failant voyage, en fa qualité, pour la Ville N s  202 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. de Hom a Avenhorn , avoit dépenfé un demi braspenning, d'Avenhorn a Alcmaar, ayant pour cela loué une bar que, 2 fols, de Haarlem a Xeycii? 2 fols, & de Leyde a la Haye un inu* penning; remarquez bien, continue 1'Auteur, qu'il eft dit que le Penfionnaire avoit loué des barques exprès pour faire plus promptement fon voyage. II eft vrai, dit le même Auteur, en fe plaignant que de fon tems on avoit befoin de beaucoup plus d'argent que dans les fiecles précédens, il eft vrai que le gain étoit peu de chofe alors, a caufe de la rareté de l'argent; mais cependant il me femble que les citoyens d'alors vivoient avec moins de tourrnent d'efprit qu'a préfent; car celui • la eft riche qui fe contente de peu, & non celui qui a beaucoup & qui. a de grands befoins, paree que le peu qui pourroit manquer au premier, eft bien plus facilement rempli, que le beaucoup qui manque au dernier (77). Voici un roorceau qui renferme un détail affez curieux, tiré des Regiftres des RR. PP, de St. Pierre, alors établis dans la ville de Dor* drecht (78). r77) Chroniques de Horn jjffl par Veliüs, continudes pat S, Centbn , psg- ?8> . (7ö; Dans les articles qui renferment le détail fuivant, il cc.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 203. „ Divers exemples du bon marché des Dens, rées &c. de ces tems , tirés des compr.es }, des RR. PP. de St. Pierre, faits par leurs 3, propres Doyens, fcavoir le 3 Juillet 1465 5, donné. ' „ Pour 10 livres de Chandelles a 1'ufage de s, la Chapelle, 7 \ fols (fiuivers) „ Pour le voyage avec les fix Communau- 3, tés (Gilden) a Heere Jansdam . • 2 fols 3, Achctté de Lysbet Cleysweynders 3, onze livres de cire & \, enfembie 373 „ Donné a Jean Gracht maker pour s, fonner la cloche . .... 2 „ Pour faire 26 patés . . 19^ ,, Donné au cuifinier Dirk pour fa j, cuifibn 5" „ Pour 5 Achtel de Pain . . . 2 li „ Pour un faumon 16 3, Pour une douzaine de gands . 6 3, Pour 2 Tonneaux de biere . . 27 „ Donné a Jean de Nagher in St. 33 Janshuis, pour fon alfiftance . . 3 aifé de voir qu'il y en a un grand nombre qui ne peuvent point fervir d'objet de comparaifon; mais ce paflage étant tiré tout entier de la Defcription ie Dordrecht par M. Balen [If j Tome I. page 167, je n'at pas cru dtvoir en rien retraucher, afin de préfenter au lecïeur, non - feulement la ficon de vivre de ces tems, mais encore la msniere d'écrire & d'nrr2n£sr les sbjets de dépenfe.  ao4 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c w Pour faire entrer la biere . . i fol „ Pour faire cuire le poiiTon . . \ „ Voyage i fol i dut. „ Donné aux Auguftins . . . i fol „ Donné aux Minimes . . . . i „ Donné pour paffer le pont tour- » nant i fylpus „ Achetté de Jacob Tach 5 floopen '„ ou pots de vin 10 fols „ Pour avoir été chercher du vin, 2 floo- „ pen a 2 \ fols , a 1'anniverfaire de St, „ Pterre. 146(5. „ Pour 2 2 Tonneaux de biere, avec falaire „ du portage 38 fols „ Achetté 26 poulets .... 29 „ Achetté 3 moutons, . 52 fols 1 liard. „ Aux Auguftins, aux Minimes & a celui qui ferme le port 3 fols >5 Pour moutarde, un Jloop . . 1 „ Pour fonner la eloche ... 2, „ Donné au Prêtre pour fon Sermon 1 Le 28 Juin 1467. „ Pour faire une nouvelle boëte qui fe trou» i ve dans 1'endroit nommé Koepel; I \ fola „ Donné a Mr. Dirck Kants pour „ vin & pain 1 „ A notre valet Roel pour fon an- » née de gages ....... 10  AVANT LE XVI SIÈCLE. 20^ " Pour une charetée de fable . 1 fol 14Ó8. „ Donné au Prêtre . . . . a „ Donné pour [Wenden] . . . 1 „ Donné a un ébenifle . , . 1 „ Pour 1500 briques qui ont été ma„ connées a 1'höpital .... 15 „ Au Maicre macon avec fon ouvrier 8 fols. „ Pour une terre que rious avons achetée ,, fituée hors Heere Jan/dam, hors des digues, „ donné 8 fiorins s, (qui, a xo fols le florin, font 4 florins.) . „ Pour le Contrat de la terre que nous avons „ achetée, & pour les fraix . . 6 fols „ Pour du beurre 22Ï fcavoir 50 Kinderkens. „ Pour le paffage du port . . 8 „ 13 livres de raifins fecs, la livre „ un Lelyacn, fait 10 fols moins 1 Hard. 1470. „ Du bois pour la rue de St. Pierre 2] fols. „ Un Kop, pefant 3 livres, de „ beurre 2 fols „ Pour voyage par le pays . . 4 „ 2 Tonneaux de biere ... 37 „ avec 1'Accife & le falaire du portage, 1472, „ 3 Moiuons, pour . . . .  30(5 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c, ,, 38 Poulets 2I florins, (ce qui h „ 10 fols le florin, fait 25 fols.) „ Au Chapelain 1 hr af penning „ A Griet pour la Croix . . . j „ A la perfonne qui ferme le port 1 brasp', „ Aux Auguftins 5c iVL.iimes, chacun un 5, demi brafpenning. Le Cuifmier & les Wenders . io] fols „ Les Reetrekkers, (ouvriers qui „ fervent au pafDge) 4 Donné k Z ier le Marguillier un braf-en„ ning (de-la efl; venu peut-être le proverbe „ Hollandois au Marguillier un brafpenning ) 5, Pour blanchïflage, I brafpenning. „ Pour la lettre patente, [machtige brief] ] fols „ Pour 3 moutons 45 fols, un Lelyaert, (oii „12 deniers.) Pour une petite piece de fer . 1 dute s, Pour des MeiTes 2' fols „ Pour ie Cuifinier 1 fljrin (ie fforin a iö » fols) ■ Les Archers ...... 4 fols „ Pour entretenir les rigoles des fe Prés [land] . . . . 8 fols & 1 liard, 1476. „ Pour le nouveau Régiftre mor- 5, tuaire 2' fols ?, Pour accife de la biere 16 fols & x üard.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 20? „ Pour refaire a St. Paul la main J, & 1'épée . 1 fql 1478. „ Bu \_bonne chere'j . . . '. ~. I föl „ Donné pour copier le Régiftre 3, mortuaire 1 „ Pour 19 floopen de biere 19J „ moins une dute . „ Un quart de boifieau de farine, [_fpint] 2 3, fols, moins une dute." Vers l'an 1473 on achettoit a Schoorl eri Nord - Hollande, les jours de marché du lundi, un fac de bied pour 12 fols, un fac de feigle 8, un fac d'orge 4 fols, 33 mufs un fol, 3 mefures de beurre un fol; pour moudre le froment il en coutoit un liard par fac; un ouvrier gagnoit 3 gros par jour; j'aurai occafion de revenir fur cet objet (79). L'année 1474 fut fi favorable, & les fruits fi abondarts, qu'on achettoit le 1 Septembre a Middeibourg un pot (floov) ou 4 pintes de vin du Rhin nouveau, pour 6 gros (So). (79) Chroniques de la ville de Medeattlik [HJ psr D. E ue» oer van Schoort. Tome I. pag. 147. L'IIiftorien A'Alcmdar rapporte une Ordonnance du 34 Sept. Ï519. oü il eft dit qu'une meiure [kop] de beurre devoit conté» air 36 looi, ou Ï8 onces. ( 80 J Chronique de Zèlande p;r Ryoersbergen [ II ] I !?. date du 1 Septembre 1474.  208 Chap, VIT. PRTX DES DENRÉES &c. En 1480 les vivres dans les Provïnces d'(7trecht Si de Hollande furent très-ehers. Le muid de feigle valloit en Hollande 60 fols, & dans la Province d'Utrecht 80 fols: cela alla fi loin a Utrecht , que 1'on dépenfoit 2 fols pour un diner, fans vin (81). En 1494 au priniems le laitage fut très-cher; un Toniuau de beurre fe payoit 16 florins d'or: mais peu après & dans la même anne'e les chofes changerent tellement, qu'on achettoit pour is florins d'or & 14 fols les articles fuivans : un baril de b urre, un baril de harangs, 300 livres de fromage, 100 livres dè fromag ' de Leyde, un pot d'huile, un cochon gras, un mouton g'as, une paire de bas, un muid de bied, un muid de feigle, un muid d'orge, un muid d'avoine, un pot de vin, un pot de biere, un pot de miel, un habit {Wanhayi\ ,une douzaine de lacets & un bonnet (82). L'an (Si ) van Staan [ H] par;. 09. C82J Voy. Conmf. lin [H] Tom. II. pa?. 913. LTWtorieti il n'y eut pas afltz de Magafins dans les Iflès de Schouwen & de WaU cheren pour emmagafiner le fel, qui s'achettóit alors [c'eftdire celui de la Baye] a 5 livrei gros de Flandre le cent, & a moins (83). En 1500 on achettoit a Alcmaar une vache pour 5 florins du Rhin, & un veau pour ïi dutes (84). Dans le cours de la rnême année ön payoit; a Do'drecht un Tonneau de fel jl2 fols» un Tonneau de bied 7 fols, un Tonneau d'avoine 2 fols 5 dutes, une Oye graiTe 9 dutes, un pot de vin rouge 10 dutes, ou 1 \ de fol, le tout enfemble 20 fols C 85 )• A Amfterdam la même année oft payoit un pot de vin du Rhin, un boifieau de froment, un pain de feigle [Ruggen-brood'] une mefure dè beurre, & une jeune Oye, le tout enlemble 7 fols [ 86 ). On voit par li que quoique YAmè- (33 5 Chroniqiie dt Zélande, [H] année 1493. Le fel dc St. Martin, nu and le prix eft modêrè*, fe flaye 3^ & 40 livrei de g>os le cent [** hondert ]. Voy«z fur cette mti* {ure le Note 39 au bas de la natte 175. < «4 j Hijtvite d-Alcmaar [H] par J. E 1KE L1H ft E tl 13 , cöli» tiiiuée par Boomkamp pag. 4«. (85) Balen [H] Tome lt. par; 805. , £!S6j van Spaan [H] pag. 104, un tonneau is fel, & ti« O  aio Chap, VIL PRIX DES DENRÉES &£ riqne fQt déeouvertc, l'argent n'avoit pas cn-core iaiué fur le prix des vivres; ceia ne devoit auffi arriver que peu a peu, & avec le tems (87); ainfi les chofes continuerent fur ce pied encore plufieurs années, comme nous 1'obferverons en trakant des prix des denrées &c. dans le XVI fiecle, dans lequel arriverent ces étonnantes révolutions qui ont, pour ainfi dire, changé la face de notre Europe. § IL HoNORAIRES des MACISTRAT3 &C„ Prix de la main d'ceuvre &d. L'an 1409 le Comte de Flandre,k lapriere des Flamands, érigea une Cour de Juftice a Gattdi Le Préfident eut 500 florins, & les autres Confeillers 3co. L'Avocat Fifcal 200. Le Procureur Général 200. Le Greffier 100 patagons. Le Receveur des amendes, qui en mème-tems exercoit Ia fonéfion de Notaire, auffi 100 patagons. Les Huiffiers 15 patagons. Le tonneau ,1e fromant s'acbettoient pour 15 fols un tonneau dV voine a fols & , dutes, une Oye grafie 0 dutes, & un Jioop da vin rsuge to dutes. ■ Cn7) Ce ne Fut qu'a,, commencement du XVI fiecle que l'or & l'argent commencerent I venir d'rtmcrique vers notre hémispl-ere, & vers la fi:, de ce même fiecfc, ces métaux interest lur le commerce univer/el de 1'Europe.  AVANT LE XVI SIÈCLE, 211 Gardien des prifons eut pour fes foins 300 florins. Cette Cour de Juftice fut abolie par une émeute du peuple , a caufe de fes longues proce'dures (88). Dans le mois de Mai 1413 le Duc Guillaume pric en ferviee un nommé Hanffcn, pour être exécuteur de la haute juftice dans tous fes Pays, moyennant un falaire de 40 livres (Ponden), payables par ie Baillif de Haarlem & de Delft, chacun la moitié (89). Le 9 Mars 1426, ou 1427, Philippe Duc de Bourgogne promit a fon Capitaine Jean van Nykerke ( qui avoit confervé Ja Ville & le Chateau de Schiedam pendant 5 mois, fans avoir reen de payement) un écu [Schild'] de Hollande par jour, pour fes dépenfes, & pour celles de fa maifon (90). Le 28 Septembre 1426, le même Philippe ordonna a fon Tréforier de Hollande & de (83) Chronique de Flandre Tome II. pag. 153 oü on trouve plufieurs faits curieux concernant les Monnoies, les prix des denrées.de la main d'ieuvre &c. Voyez Tome II. pag. 217. 231, 280, 603. Tome Hl. pag. 24, 42, 43, 49, 50, 55, 59 , ïi3 , 119 , 122 &c. CSp) Livres des Chartres de M. van Mieris Tome IV. pag» 231- (9°) Livres des Chartres de M. van Mieris, Tome IV, pag. 876. O 2  2i2 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. Zélande, Boudyn van Zweeten, de payer, pour Jes perfonnes qui feront fous le commandement du fidele Chevalier & Capitaine Général des pays de Hollande, de Zélande & de Frife, M. van Liladam, après qu'ils auront pafle la revue de M. le Maréchal de Bourgogne, ou de fon repréfentant, jufqu'au nombre de 2000 hommes armés, ou au defiöus,de leur payer,dis-je, leur falaire de 3 femaines, échu le 30 de ce mois de Septembre, & ainfi de mois en mois; de payer de même au dit fieur van Liladam 400 écus de Hollande, a M. van derBofche 50 écus, & ainfi aux autres Capitaines qui feront fous eux dans le pays de la Hollande, pour leur dépenfé par mois; & de payer un franc, évalué a 32 gros, argent de Fiandre, par mois, aux Capitaines pour chaque dépenfé de deux hommes armés, fuivant la convencion faite avec eux (91). Le 30 Septembre 1426 le même Duc de Bourgogne fit MM. tot Gaasbeek &f Roeland van Uitkerken fes Capitaines Généraux en Hollande, leur dotrnant pour Appointemens 6 fiorins par jour, & pour 25 hommes & leurs chevaux, 12, florins auffi par jour (92). Le 13 Aoüt 1428 Jacquéline, Duchefie de (91) Livre des Chartres de M. van Mieris, Tome IV, pst;. 8^4. (92) Idem, ibidem.  AVANT LE XVI SIÈCLE, 213 Baviere, Comteffe de Hainaut, de Hollande, de Zélande, & Dame de Frife, de concert avec Philippe fon frere, érigerent un Confdl compofé de 9 Confeillers, dont les appointemens, dans l'année 1435 furent régies ainfj, fcavoir: Au Préfident du Confeil 1200 nouveaux Ryders de Philippe, a 4 Efcalins gros la piece, faifant. 1240 Aux autres Confeillers 400, 500, & 600 écus (fchilden) de Bourgogne (03). Lavieille porte d'/lmflerdam,nommée la porte St. Antoinc, [endroit public, oü fe peftnt au- (91) Lhre des Chan.es de M. van Mieius, Tome IV» pag. 932 & 933. Les i20t» nouveaux Ryders de Philippe, j 4 Efcalins Ia piece, font 1440, & rcyi pas 1240, ainfi qu'on le trouve dans Ifs Chartres de M. van Mieris. Le mare ii 6 florins 10 fols, fait en poids d'argent 221 marcs, & 400 écus de Bourgogne font 43 marcs. Les anciens Comtes de Hollande failoient prefque tous leur réfidence dans le pays, fcavoir ii 's Gzavefandc, &; enfuite i la Haye; mais le Duc Philippe de Bmrgogue étant devenu Comte de Hollande, & poORdant plufieurs a^ires Provinces, fit gouvemer cette contrée par des Stadhouders, & cet urage fut fuivi par la plupait de fes fucccffeurs. 11 érigea en l'année 142S, pour le maintien du bon ordre, un Coufeil qui devoit réfider a la Haye. Voyz ce qu'ont écrit a ce fujet M. M. van Mieris, & G.o ut hoe ve n , Chrouiques de Hollande pag. 483 & 459, Balen p. 1339, & Sc ;i rasser Hiftorien de Hurderwyk, Tome II. p. 31. [H], Quant a la valeur des Ryders dont il tft ici fait mention , Voyt-z le Chap. V. Note 3* page 143. oü ce denier efl: nommé philppus, ou Ryder, de 48 gros, ce qui répond è la fufdite évaluation. L'écu de Philippe de Bourgogne fe trouve auffi évalué il 281 gros, °a  Ïï4 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. jourd'hui les marchandifes] coma en 1482 pour être batie 5305 florins & 5 fols. On avoit. commence a la batir en 1448, les Maïtres ouvriers gagnoient alors 2 fols Qjluivers) par jour, & les compagnons un fol & demi (94). En 1454. le gain ou falaire d'un fimple ouvrier, fort charpentier, foit macon, ou autre quelconque (dit Boxhorn en faifant le rédt de ce que couta la Tour a Zirckzée) étoit alors par journée 3 gros, & celui d'un aide-macon un brafpenning: (ce qui faifoit au compte d'aujourd'hui 2l gros) (95). Afin de mieux comprendre qu'avec ce médiocre falaire on pouvoit alors fuffire aux dépenfes pour la no;;rriture &c. je placerai ici, dit 1'Auteur (Boxhorn) une annotation qui a été confervée dans la dite viile de Zirckzée. „ Dans l'année 1495 le falaire qu'un Ouvrier „ retiroit du travail de fa journée , lorfqu'il „ fortoit le matin avec fa béche de la ville de „ Zirckzée pour aller travailler dans la cam„ pagne, lui fuffifoit pour acheter les articles s, fuivans, & il avoit encore de refte: „ Un huitieme [agtendeef] de froment ^ pour . 4 gros s, Un pot de vin . . . 1 (04) Commelin Tome II. pag. 912. Cl>5 ) Ryomrsbergen, cuaiinué par M. v an tl 0 xkorn, Tome 1. pas. .322.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 215 „ Un fioop de biere . . 1 gros 6 mites Une livre de beurre . 1 „ Une livre de fromage . o . 18 mites „ Une certaine quantité de poiiTon » frais 1 gros & demi „ Ec il fe trouvoit avoir de 3) refte T- gros , Ainfi il gagnoit alors onze gros. Ces mêmes ouvriers gagnerent enfuite 12, 13 & 14 gros (qö). J'ai déja dit dans 1'article du prix des denrées &c. que Ia moütüre des grains fe payoit en Nord-Hollande, environ 1'an 1473, un liard par fac: lorfqu'un homme travailloit toute la journée avec la béphg a Sc/worl, il gagnoit 3 gros, un tailleur avoit un fol par jour (97). Un de nos Hiftoriens, en détaülant les évéaemens arrivés dans la ville d'Enkkuifcn, rapporte que les -Bourguemaïtres en 1489 avoient repu du Tréfoner Korf une fomme de 2450 livres 16 fols, la livre a 40 gros, pour le payement des pérfonnes en fervice, fcavoir pour 22 payes, chaque homme a raifon de 8 gros de Flandre par jour &c. (98). (95) Rycehseergün, continué par M. van Boxhor n , Tome I. psg. 322 , 323. C97) Chraniques de la -Alle de MedenblLk , pas. 147, C98) Uifoirs de la ville d'Enkhuifen pac'Brand , ou E p. sert VAN oen hoof, page 36. °4  aap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. A Hiernaar, 1'an 1498 , on donnoit au nommé Roemer 24 fols par année pour les réparaïions de 1'hurtoge de 1'Eglife, & pour le foin de fonner les cloches aux tems néctffaires (99). Par un Acte de convention entre les habitans, de Benhuifen , Hoogcarfpel, Binnenwyfend. que cependant les appréciations en font difft> rentes, paree qu'elles fe reglent fur le taux de 1'intérêt qui eft en ufage, fouvent auffi fur 1'opinion, mais furtout a proportion que le numéraire repréfente une plus forte ou moindre quantité d'argent, & c'eft de quoi il eft ici queftion. 5 i v. Pc l'Evaluation de quelq.ues Articles particuliers, dans LE courant du même SlECLE. En 1407 le Baillage de Kennemsrlard en, W-ft - Frife fut affermé 336 livres & 7 efcalins (109). La charge de Baillif SAlcmaar s'achettoit pour 16 livres 13 fols 4 gros. Ce Baillage étoit plus confidérable que ceux de Dordrecht, d''Amsterdam, & même que Celui de la Haye; il étoit regardé comme la charge de Receveur Générai de la Nord - Hollande, ce qui prouvë quAlcsnaar étoit alors une ville floriffante (110). En 1412 Gorcum & la Seigneurie d'Arkel, furent achetées par Co„trat, par Guillaume Duc de Banier e pour roo mille Ecus de France, ce qui fait 300,000 florins. Ce n'eft que depuis (i"0) ll'floire a"Alcmemr £H] pag, 9. fiiü) Idim ijlj.  »2o Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c.' ce tems-la que Gorcum & la dite Seigneurie ont été cenfés être compris dans la Province de Hollande (xn), Le 3 Aout 1417 Jaqueline, Comtefle de Baviere, de Hollande &c. vendit pour 2000 Schilden |[écus d'or} le pays connu fous le nom de Terfchclling, avec haute & baffe Juftice, & tous les revenus, rentes &c. a M. Gcrard van Heemskerk (112)- II ne fera pas hors de propos de faire ici une petite digreffion, en expofant quelle fut la première caufe de 1'accroiiTement du Commerce des habitans d''Enkhuifen : cet exemple nous apprendra encore, que la plus grande prospérité a fouvent eu pour principe les plus grands malheurs. Reprenons les chofes un peu de fource (113). L'an 1404 ou 1405 mourut le Duc Albert; fon fils Guillaume lui fuccéda. II confirma & accorda plufieurs privileges a la ville d''Enkhuijen au commencement de fon regne ; & en confidération de ce que les habitans avoient fourni au Comte l'argent qu'il avoit demandé, il permit aux Echevins & Confeillers de la ville de taxer les habitans, en leur promettant qu'il' (ui) Defcription de Dordrecht par van Balen, p. 7CI4. (112) Chartres de M. ">. P^ "dH dorrelliques qui pouvoient furvenit entre les h.b.U»* de cette "vIe dorte'qu'i. fut comme ,e juge «niverfel auque. s'en, repportoient avec plaifir tous ceux que des affa.res AM ou au- ^StSmmm ^nétalement que de tout tems ces Pays ont é fujets a des inondations tres-confidérables. L H'ftorien TsSn fait mention de plufieurs, fc nous apprend entr auS, cue ies babitans ffMW ^aucoup e ceU. ,,,, Le 11 de Mai de la même année .1 y eut qui ,„iv. en 1X7,. _ «* Jnt ,qn.un tOT.!n conOdérebte une fi J Ü fut fnbmerg, Ce fut aux envtrons d JLMu,,,n ce ^ ^ furent aperandis de beaucoup.    AVANT LE XVI SIÈCLE. 223 :engloutit 72 ParoiiTes dans la Hollande Me'ridionale, endommaga plufieurs Cantoris en Wefl- Frife, & détruifit en outre toutes les terres fertiles aux environs $ Enkhui Jen. Les Ma- y périrenr. Une bonne partie des Terres, fituées alors encore entre Enkhuifen & Slaveren, & qui étoient tres-fertiles , furent emiérernent fubmerg'es, ce qui (vraifemblabletnenQ aggrandit le Zuider • Zée. On peut facilernent comprendre que les habitans fe trouverent alors réd'.iirs i un état bien déplorab'e. A peine ces habitans s'étoient - ils un peu rerriis des perres qu'ils avoient faites ci-devant, que lc rouveau déïattre de 1420, dont nous parlon^, détruifit encore la majeure partie des Terres qui avoient écbsppé aux premières inondations. VoyeZ l'Hiltoire d'Enkhuifen pa^re 5 & (liivanttes. I'onr donner aux Etramzer» une idéé plus claire de 1'ancienne fituation de ces Contrées, nons placerons ici la Copie d'une Carte telle qu'on la trouve dans nos lliltoriens, & oü 1'on voit que Tme de Texel étoit jointe autielbis il la Terre ferme. (Voyeü auiii l.*-ilefi'us le Livre de S. Eikelenherg fur la fituation de la IVefl - Frife , paje 6.) Que le Zuider-Zée, dans le tems des Romains & fous Ie Gouvernement des Francois, ait eu des hornes hien plus étroitej que celles que nous lui connailTons aujourd'hui, paroit un fait trés-certain, & qui ne fouffre pjs de doure. Mais de dire en quel tems précifément, & depuis quand cette Mer s'eft fi confidérablement aggrandie, c'tlt fur quoi on n'a pas aijez de lumieres. Mais 11 on ne peut pas en lixer 1'époqne avec certitude, toujours eft-il vrai que felon cette Carte, & celle qui fe trouve au commencement de l'Ouviage da M. Wagenaar, Auteur de l'Hiltoire de la Patrie &c. ce qui nutrefois n'eioit vraifemblablement qu'un petit Lac, nVffc plus aujourd'hui reconnoiflable, c'eft réellement une perite Mer, qui actuellement couvre toutes les plaine» de ces Camoni. On peut atjfK confulter fur cet objet les Omes drelfées par M. Menso Alting, & publiées au commencement de eft fiecle par le Libraire 11 At MA,  22+ Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c; rais qui refterent ne purént plus fervir a faire des prairies, & ne purent être enfémencés. L'indigence & la néceflïté contraignirent alors ces peuples de chercher fur les mers la fubfistance que le terre leur refufoit. Ils s'appliquerent d'abord a la pêche des Harangs, ce qui leur fut d'une trés-grande reffource. On p^-nfe que ce font des pêcheurs de Zirckzée qui font faite les premiers en 1163 , & que ce fut ün pêcheur nommé Guillaume Beukelsz, demeurant a Biervliet en Flandre, qui inventa fur la fin du quatorzi.me fiecle la maniere de faler & d'encaquer les harangs. Le grand filet pour cette pêche fut trouvé en 1416 par un hahitant de Hom. On fe fervoit pour lors d'un vaiiTeau nommé Buyff, au lieu qu'on ne s'étoit fervi auparavant que d'une efpece de Barque nonmé Slabberts (117)' L'année . (U7) Iliflohe d-ÈMuim, pag. iff Dih. de Zé. lande Par Rtoe ks b e ao en, conrinuée par Uoxhorn Tome ii. pa». ™° . on ohl'trve 1ue le Roi d'An§,eterre pat une Uttre de Ia =3me. année de fon regne l'an ^g.accorda le o8 Septembre aux Zélandois, Erifons & Hollandois le droit de pêcher les Harangs lur les cótes de Jarmouth. _ Cette faveur avoit eu vraifemblablement pour origine le Traité eonclu cn 128, entre lui & le Comte Florent V , a l'occnfioti duauel le dernier avoit ptnmis fon fils Jun I. en manage h Wfabeih fille i'Edwari i. Voyez auffi VHiftoire de la Pame Tome ui. Liv. ix.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 22$ Des l'année 1448 la navigation des habitanS . d''Enkhuifen étoit deja devenue fi confidérablé dans ia Mer Baltique, 'qu'ils recurent au Sund le privilege de puyer la Douanne immédiatemenc après ceux de Staveren , a condition d'une reconnoiflance annuellé d'uné piece de drarj de Jaine (n8). L'année 1459 les Villes markimes de nos Pays envoyerent M. Pieter Reynsz au Roi de Dannemarck, pour foliicker Fa proteétion de leur Navigation. Les habitans óTEnkhuifen & des autres ports de Mer de nos Provinces, [exepté ceux d''Amsterdam , qui ne voulurent pas y être compris, ] donnerent a cet Envoyi pour les Fraix de foh voyige deux livres de gros (119). Vers le même tems les Bourguemaïtf'es, du confentement de la Richejfe (120), firent batir la maifon connue fous le nom dü St. Efpritt laquelle coüta, fans le fable & la clóifon de planches, 17 florins du Rhin. Les Bourguemaïtres & les Echevïns n'avoient pas eu jufqu'alors d'autre endroit pour tenir leur aflemblée que la Chapelle de lTIopitalj ^ii8j Hijloire d'Ei-kiuifeii, pag. 24. ( 119 j If'cm ibid. paae 27. (120 j C'&mi Ie nom que 1'on donnoit autrefoi* sus Co**8;'lEers, 011 RepiÉientaus des Otuyens. P  226 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. cela ent fes ineonve'niens de tems a autre, car on tenoit quelquefois les affemblées dans des Auberges. Enfin en 1460 on réfolut de s'éloigner de 1'Höpital, & de fixer le lieu de 1'asfemblée fur le Bréejiraat, endroit oü fouvent on avoit tenu la Juitice en plein air. Ce fut donc dans ce lieu que fut batie la Maifon de Vil avec une facade de pierre, fous la direcliort de Shnon Wincltel. Le falaire des ouvriers fe monta a 45 Schilden (écus). On y transport a une Cloche qui avoit été ci- devant a la Tour de la vieille Eglife , & qu'on avoit réfondue a Utrecht. Chaque centaine de livres de matiere fe montoit a 12 florins du Rhin , & on paya pour la refonte de chaque cent livres un Noble. Nous ne le rapportons que pour faire connonre ia valeur de l'argent dans ce .tems la ( i2i ). On loua auffi un Jardin pour fix ans, a raifon de 32 fols, & une corderie pour 3 florins du Rhin l'année (122). On vendit par ordre de la Juftice la maifon d un Bourgeois, fituée dans la ville, pour S florins moins un liard. Le poids de la ville fut affermé ou loué pour 60 florins (123). (121) Hijloire d1 E-.ikhuifen, pag. 28. en 1433 ou 34 le No« We ent cours pour 92 gros; Voyez Chap. V. pag. 11S. C 122 ) Hem , ibid. C 123 ) Idem, ibidem, page 28.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 227 On voit par 1'exemple fuivant, qui fe trouve dans 1'hiftorien $ Enkhuifen , combien cette ville & celle d'Amfterdam s'occupoient déja, dans le XV Siècle, de la navigation & du commerce. L'année 1472 quelques vaiffeaux d''Enkhuifen venant de Hambourg furent pris, & leurs Capitaines , au nombre de trois , avec quelques négocians de Bruges, furent maffacrés. Les habitans d'Enkhuifen, pour protegeï leur navigation, mirent en mer un vaifTau nommé Baerdfe, trés-bien armé, mais les pirates échapperent a leurs pourfuites. Cependant ceux d'Enkhwfen fe ren'lirent maitres d'un batiment d'Embden, d'un de Meppen & d'un vaiff.au du Rhin, lefquels furent enfuite relachés avec leurs marchandifes (124). 1 rois ans après, lorfque le Roi de France Louis .Xi" étoit en guerre contre le Duc Charles, & qu'il armoit contre ces pays, on équipa a Enkhuifen 4 VailLaux de guerre. Ceux d' Amsterdam fe joignirent a eux avec 50 VjilRaux marchands, armés plus qu"a 1'ordinaire: avec cette flotte ils prirent !a route de 1'Oecident; & comme ils eurent foin de ne fc point féparer, les Francois n'oferent les atta^er: mais au retour, ayant fait Commerce, & étant pnn- C 124 ) Hijloire 4'Enkhuifen, page 31. P 2  22S Chap. VII. PRIX DES DENRÉES Sec. cïpalement chargés de fel, lorfqu'avec les Vaisfeaux d'Enkhuifen Sc de Hom ils fe trouvoient au nombre d'environ 70, ils furent par leur imprudence furpris par les Francois; car au lieu de fe tenir enfemble, ils s'étoient prefque tous tellement éloignés les uns des autres, que les Francois parvinrent a les prendre tous 1'un après 1'autre. Tous ces vaiffeaux ayant donc été faifis, les Matelots Sc foldats faits prifonniers, il n'y en eut qu'un trés-petit nombre qui trouverent le rnoyen de fe fauver a terre, échapperent a 1'ennemi, Sc retournerent a pied chez eux. Ce fut une perte confidérable pour les habitans d'Enkhuifen (125). Peu de tems après Ja ville eut des démélés avec le Dannemark. Voici le peu que j'ai pu recueillir fur cette affaire dans les Mémoires du fameux Ecrivain de ce tems, Blaauwhulk: il rapporte un Contrat que les Capitaines des grands Vaiffeaux firent entr'eux a cette occafion, afin de fournir enfemble quelque argent au profit du Roi de Dannemark, & dont voici en fubftance la teneur: „ Le 2 Avril 1476, nous, Maitres ordinai,j res des gros Vaiffeaux qui naviguent hors M des Dunes, nous nous obligeons, Sc voulons (,125) Hijloire d'Enkhuifen, pag. 31*  AVANT LE XVI SIÈCLE. 229 „ que chacun de nous qui paiTera par le Sund, „ foit en allant foit en revenant, donne ou pa„ ye - fol par laft; que chaque VaiiTeau fera 5, tj.ui.nc ucu ccua uui ue aroit CXC nr.nr „ fubvenir aux fraix & aux charges qu'éprou„ vera le Roi de Dannemark, afin que les dits 3, Maïtres & Citoyens d'Enkhuifen naviguent 5, librement— & durera ce Contrat jufqu'a „ ce que les deniers aient rempli les fraix faits 3) ou a faire.... Donnons encore pouvoir au s, Baillif, aux Bourgueinaïtres & aux Eche„ vins, d'augrrjenter ou de diminucr cet impöt par laft; & fe fera le payement ès ma:ns „ des Bourguemaiu-es 15 jours après leur ar„ rivée." Voici les noms des Maitres des Vaiffeaux qui furent alors compris dans ce Contrat: Tsbrand Reinicrs, ion vaiüeau évalué a Qo laft. Luit gen Reiner sz 50 Renier Maertensz 120 Pjeter Garbensz gQ Jan Fredriksz ^ Jean Wdlemsz , 42 Tade Jansz ........ 50 Tapper Nannisz 40 Willem Jansz ioo Pieter Simpnsz 37 P 3  s3o Chip. VII. PRIX DES DENRÉES &c. Pa-iwel Hermsz laft. Komen Jacob 115 harmen Geibrantsz 28 Gemt Klaesz 80 Rykert Ger>itz . 28 Meinert Outgerlsz 70 Volkert Pietersz Renier Gerritsz 6.mon Pieter'z Nitter Fiorisz ^ Gerrit Jansz y/lb: n Luitgisz, fon vaiiTeau *?a,ué a 65 laft, Tsbrar.ds Fredriksz a Gtrbrandt Renicrsz . .... 05 S)men Hippensz Symen TCs brandt pQ yJlbert Jansz g0 JVoutrr Volkettsz 40 Piet er RciKtgïsZ 35 Picter Pietersz j10 Jan Klaesz . . 1 0 Ji'bcrt l' ersz • • . j . . . 42 Tskrant Jansz ^Q Gwbran) Luitgisz . . .... 23 Fredrik Mcinsz ....... 60 Jan Gysbertsz 3(5 Frederd' JgnsZ Dit k ï olkertsz ....  INTR0DUCT10N. 3 J'ai donc préféré d'attendre d'autres circonstances, paree cu'ii me feülöit des preuves pour être fecondé, Cc pour étabür une feafe folide fur laquelle mes idees pufient être appuyécs. que les avantages du Commc.c: auroient pu être e;.co;e plus confidérables, fi les Anglois n'avoicut pas inqjitèié & iroublé notre Navigation. J'ai connoifiance des Rémomrances que pluGenrs Négotians firent a fon Alteffe Sérénifljme, Mgr. le l'nnce d'Orangs ds glo. rieufe mémoire, peu de tems ap;ès Ion éleétion au S'adhouderat, Tur le rétablilletnent du Commerce, & de la pratection dont ce Prince les honota. En 1751. le 27 Aoflt, ce Prince fit des propofitions fur cet objet dans l'alïeuiulée de Leurs liautes puiflances. Mon intention n'eft point de ciitiquer ni tle blamer cette louable déuiarche, qui merite la reconnoiffance de tout bon compatriote.. • Cependant les perlonnes qui femblent être petiuadèt- du déclin du Commerce, devroient coniidérer que ces 'Réinonttauccs furent faites au fortir d'une guerre qui avoit été ruipeuff pout la N2tion. L'homme fe plaint ordinairtment avec plus d'éntrgia des malheurs dont il eft actueHeinent affe#é, fans examiner d'oil dérivent les iburces de fes plamtes. Je n'entrerai point ici dans un plus grand détail; je le réferve a mes Lectors pour un autre tems; cependant afin de donner uti point u'app'ui a ces idéés, que 1'on pourroit peut-être taxer de légéreté, je crOis devoit placer ici une lifte des Vaiffeaux entrés dans le Port du Texel depuis environ 40 ans. En 1739 Faijfeaux 1740 1643, 1741 1813. 1742 %S)U 1743 17 Io« 1758 1526. Parmi le'quels f- 13 de Ctirafao. ) 49 de St. Eullache. ) 30 de Surinam. . J A 2  4 INTRODUCTION. Cependant comme le Commerce fait la principale fouree de la fubfiftance des habitans du Pa vs oir j'ai eu le bonheur de naicre, je n'ai jamais perdu de vue ce grand Objet. f" ^ ile Curaeao. Ï759 I5I4« Parmi Iefquels / 59 ile St. Euftache. C 44 de Surinam. C j3 de Curaeao. ï76o 1412 ^ 52 de Sr. Eiiiracbe. C 44 de Surinam. C 57 de Curaeao. Ï76t tS03 < 53 de St. Euftache. C 48 de Surinam. C 36 de Curaeao. »7Ö2 '474- ......< 39 de St. Euftache, C 40 de Surinam. 1772. .... !794. 1773 1027. 1774. • • • i 1837. 1775 1689. 1776 1615, Si 1'on compare les cinq premières années 1739 1745, qui donnent en total 8403 Vaiffeaux entrés au TA-xel, avtc les cinq dernieres 177* —177(5. qui eu offrent 8592, on voit que la Navigation , branche tlfentielle de notre Commerce, n'a pas dnninué, du moins par Ie Port du Texel. Vaiffeaux employés au Commerce de 1'Amérique, entrés dans ie Poit du Texel. '*. '74". en 1774. p.es Berbices 3 > Sr Ejllache 9 • Curaeao ....... 10 .... . ; , It Surinam . . Déméran o ..... '  DE LA MONNOIE en Hollande. 03 héroïque de Guillaume, Prince d'Orange, qui de fon cocé düt touc a fes talens & a fes adveriicés. II fc conduifit toujours avec beaucoup de douceur & de droiture dans le maniment des affaires, deforte qu'on lui déféra de plein gré 1'Autorité Souveraine dans les affaires Palitiques & Militaires, pendant tout le tems que la guerre dureroit. Les Etats lui donnerent enfuite le titre de Comte de Hollande. Au commencement de Juillet 1584 il ne manquoit plus rien a la confommation de cette grande affaire, que de lui rendre hommage (a quoi les Villes de Gouda & d''Amfterdam n'avoient pas voulu confentir) lorfqu'une mort prématurée enleva ce grand homme, & arreta le cours des chofes (59). On avoit déja préparé une Médaille a 1'occafion de cet événement. On en trouve la figure dans le Traité des Monnoies de van Loon (60). Le Gouvernement tomba dés-lors entre les mains des Etats du pays. Le droit de battre Monnoie y eft compris: depuis ce tems toutes les Monnoies, tant de Dordrecht que de la Nord - Hollande, ont été fabriquées a leur empreinte, & fous leur nom (61). C59) Voyez VWJtoire de la Patrie, Tome VII. Liv. XXVIII. eü Ie trouve ce qui Ie palfa Ji cet égard en 1584. Ce Piince fut tué & Delft le ro Juillet de cette merne annöe. ((ïo ) Traité des Monnoies de vak Loon. Partie l. Chap. IX (.61) Idem. Pau apiès la concltilion de la fameule Union li'Ulrechi  94 Chap. V. ÉVALUATION DU MARC U eft tems de mettre fin a cette digrefiSon'f qua nous avons cru indifpenfable, & de re-" venir au fujet qui doit principalement nous occuper. CHAPITRE V. Rèflexions fur Vévaluation da Soïïdus, dont il efl fait mention dans Ier Loix des Frifons, 6f fur ^évaluation du Mare d'Or q» d'/Irgent dans le XIV & XV fiecles en Hollande. & On trouve dans I'Ouvrage de M. le Baron de SCHWARTZENBERG ET H o HENLANSBERG, aiafi que dans celui de M. van Mieris, les copies des Contrats & autres Ecrits, concornanc les affaires du pays, & particulieren! mt celles des Provinces de Frife & de Hollande. La plus ancienne de ces pieces eft le Code des loix des Frifons. II y a des Hiftoriens qui penfent qu'il eft du tems du reg- (en 1579) on érigea une Chambre qui eut la direction générale des affaires qui concernoient les Monnoies. Voyez Etst frtfent des Provinces Unies [I]J Tome XI. page 336. Outre la Hollande', qui fait battre Monnoie dans deux de fes villes, chacune des fi* autres Provinces , comme Etats lndépendans, jouu égalsmem du même dioit.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 231 Jacob VollerUZ R Gerritz Ramer ...... Fredrik Jocvbsz Wybrant Piet enz (126) En 1478 il y eut en Frife un accord entre plufieurs Eccléfiaftiques d'une part, & de 1'autre part entre les Repréfentans de divers Diftnéls & lts habitans de la ville de Leuwaarden, pour faire un Canal de 80 [Bynderï] de long, fur 20 [houtvoeten~] de large, & de 20 pieds de profondeur. II devoit y avoir le long de ce Canal trois paires de Portes, & une porte a éclufe. Les Eccléfiaftiques fe chargcrent des fraix de cet ouvrage , moyennant une fornme de 850 (Jchilden) Ecus. II y fut auffi queftion d'une Douanne, payable par les Vaiffeaux étrangcrs qui y pafferoient (127). En 1488 les Bourguemaitres de la ville SEnkhuijen négocierent a rente viagere une fomme de 216 florins du Rhin, pour fournir aux dépenfes qu'ils avoient a faire pour construire une pointe, ou tête, fur les bords de la mer, & qui fut appellée le Pakhooft ( 128). En 1495 ou alloua a /llcmaar a Arend de Wilde pour une année ie droit de méfurer les pom- ( 1 26 ) Uifimre d'Erkhuifcn , pife 3 1 & 32. (127 ) Chartres de Frife, Tome I. psg. 673. (12S j tiijioire c£E>Muifeii , pag. 35.  23a Chap. VIL PRIX DES DENRËES Sec: mes, & cela a 5 florins du Rhin l'année (129). En 1498 le poids de la dite ville fut aflermé 87 livres (Ponden) Se 1 fol, chacune de quarante gros (130). Enfin pour comprendre encore mieux Ia valeur de l'argent &c. dans le XVI™ fiecle,voici ce qu'en 1475 chaque Province donna pour fa pare de contribution au Souverain, fcavoir: i^a bourgogne . 27410. Le Brabant . . 12754. Le Luxembourg 1180. La Gueldre . . 13883. La Hollande . 14300. La Zélande . . 2c85. V/lrtois . . . 17683. Le Hainaut . . 12199. Namur . . 593!^. La Flandre . . 42390. 150150. Liv. Tourn. (131), 29) Hijloire fAlcmaar, pag. 40. O30) Velius dans la Cbronijjye de Hom, è |'an i5oS d:i que le poids de la Vdle de Hom fut alor.s affetmé 275 florins' & qu'il fairoit partie des Oomaines du Comte. Mais ce qui eft furtout curieus, c'eft uu-;, „ous rappone que ^ ^aflermeen .... 1?B4 . . . / ^ '735 - - - 15900. '73<5 - - - i53Cf,. Ï737 - - - 16200. Voyez l'Ouvrage de Velius pag. tf0, euir. de mo C i 3 ij Voytx le Caiinec des Monnoies d'A lckmade, page 60.  AVANT LE XVI SIÈCLE. " 233 femme que les dites Provinces furent obligées de fournir au Duc Charles de Bourgogne. Lorfque le Duc Charles de Bourgogne, au mois de Tuin da l'an 14Ö8 . r Et les petites Villes* Almaar - - - 800. liotterdam • - - 1 ,1 50. Schiedam - - - 350. Hom ----- 2.000. Fledenbiik - - - A50. Enkhuifen . - - 470. Les autres Villes , Se;gnc-uiies & Villagfs devoient fcurriir Ie rtfte de la femme. Voyez Coumeun Torre II. pag. 914. Au relte, j'ooferverai que la lornrrie doiit ie fai.' mention, «loit être réduite en marcs d'aigcnt, pour ffcti former tpc idéé plus claiie; par •>.• irple, la ftn-roe que de\óit fouiuir la Province de Hollande fe niouioit i 14,300 livres Tcutro's ; Ie rt.ara Valloit en ce tems-lii 10 üvres; par conféquent ces 14 310 livrrs font I 430 marcs d'argent, & les 150 450 livres Tournois 15 C45 taisics, & en numéraite d'aujGUitl'hui, lur Ie pitd Ce 2=;~tlortr.s pour le mare , 387,913} fiorins, ou a 54 livres Tournois, Ü1243C livres.  334. Chap. VIT. PRIX DES D^NRÉES &c. Daas Ia fiuite . Maxilien d''Autriche ayant épou. fé M. Marie, fille unique du Duc Charles, fit préfenter un pareil Mémoire, & demanda aux Etats des Provinces de contribuer a 1'avenir fur ce pied, ainfi qu'ils 1'avoient fait du tems de fon beau pere. En réfumant ce que nous avons rapporte dans ce Chapitre, on peut obférver que depuis l'an X330 qu'on commenca a augmenter Ie numéraire de l'argent, renchériflement fur le prix des Denrées, main d'osuvre &c. s'eft aufli infenfiblement fait fentir. Deforte que l'argent repréfentoit déja moins a la fin du quinzieme fiecle qu'a fon commencement. Fin de la Première Partie du Tome I.