Boekbinderij Drukkerij RUSTENBURG Tel.7217 78 Amsterdam  RECHERCHES SUR L E COMMERCE. Tome Premier; Seconde Partie.   RECHERCHES SUR L E COMMERCE. O U Idèss rêlatives aux intéréts Hes diffèrens Peuples de fEurope. Da vernam Peccavimus, Std mifererc, precor, fpeciofoque eripe damno. Ovid. Metam. Lib. XL TOME PREMIER. SECONDE PARTIE. A AMSTERDAM Cfcz D. J. CHANGUION, MD C C X C I.   T A B L E DES CHAPITRES D E L A SECONDE PARTIE du TOME PREMIER. CHAPITRE VIII. Prix des Denrées, Main-d'Oeuvre &c. pendant les XVI, XVII, & XVIII Siecks. Pag. i CHAPITRE IX. Conclufion des Chapitres précédens. . . . 93 CHAPITRE X. De la quantité cTOr & dïArgent qui peut étre venue en Europe de puts la découverte dit Nouveau Monde. 124 CHAPITRE XI. De la proportion aSluelle entre VOr & TArgenty & de leur valeur refpe&ive. . . 13S  TABLE DES CHA.PI TRÉS. CHAPITRE XII. De la Monnole a&uelle de France, tTAnglc* terre êr1 de la Hollande ' 150 CHAPITRE XIII. De la Monnoie Univetfelle 169 CHAPITRE XIV. Conclufion de la première & feconde partie de ce Premier Volume 185 Fin de la Table du Tome Premier Seconde Partie.  RECHERCHES SUR L E COMMERCE. SUITE DU LIVRE PREMIER. ' CHAPITRE VIII. Prix des Denrées , Main £ oeuvre &c. pendant les XVI, XVII & XVIII Sledes. XVI SIÈCLE. $. r. Du Prix de différentes Denrées Vo ici ce que j ai pu recueillir dans divers Auteurs fur le prix des Denrées dans le courant de ce fiecle. En 1501 on achettoit en Zclande une demi mefure [agtendeel] de froment, une oye grafie, une livre de beurre, & un pot [/loop] de vin de Potoufe, pour 6 Cols [/Zuivers] (i). (O Voyez Chroniques de Zdlande par Rygersbersen, annie 150:. A  2 Ch. VUL DU PRIX DES DENRÉES En 1506 la récolte de la Garence fut fi confidérable , qu'on achettoit les cent livres pour 30 efcalins gros, ce qui n'étoit pas arrivé depuis longtems (2). En 1508. deux vaifTeaux de retour a Fee re des lies Caharies, chargés de fucre, firent patier cette cargatfon a Airoers; le fucre s'y vendit alors moins de 3 gros la fivfê. On le garda pendant fix mois, jufqu'au mardi gras, dit 1'Auteur, & on eut encore toutes les peines du monde a en obtenir 3 gros (3). Un agtendeel fait la moitié d'un fac,Sz 41 facs font le laft. A Middelböurg •& k Vliffingen ïl y a 39 au laft; k Zierikzee 37 7^ 5 ='i Amfterdarn le Ic.Jl eft de 27 mails, le muhl de 4 hoijfeaax: un 7«/Z cft auffi de 36 /S«; k Hom un laft eft de 22 aw&fr, 011 44 facs, le fix valant 2 bolljean.-:, 011 un agtendeel, un / Dans 1'année 1520 il fut ordonné a Alcmaar, que la biere de Haarlem, de Delft & de Gouda, ne fe vendroit qu'un demi braspenning la Mingle, & la biere tfAlcmaar un demi fol la même mefure (8). Vers ce même tems on achetoit encore communément un fac de froment 11 fols, un fac de feigle 8 fols, un fac d'orge 4 fols, trente trois (5) Voyez Commelin, Tome II. page 752. (6) Chroniqucs de Zélande, armée 1519. (7) Chroniques d'Anvers, par F. G. page 12. 37 veertel d'Anvers font un lafi, & 37 i- pour les bleds durs: cnforte qu'a 9 fols le veertel, le laft de feigleTêvïéttt a ƒ16- 17 fols de Braband, & pour le froment i f 23-8, [le mare d'argent valloit alors 12 _d florins.] Voyez le Commcrce En 1521 on achettoit en Flandres un demi •boifleau de bied, une oye graiïè, une livre de beurre, & 2 pots de vin de Potoufe pour 6 fols (10). Tout étoit de même a grand marché; ce qui changea bientöt, a caufe de la guerre qui furvint avec Ja France. Car en 1522 on achettoit en Zélande le fac de bied 10 efcalins gros ; le peuple fe nourrifibit alors de pain compofé d'orge, de feves & de pois (11}. En 1524 le fel fut très-cher, ce qui étoit occafionné par la guerre entre la France & ces pays. Le fel blanc & rafiné fe vendoic en Zélande 70 livres gros de Flandre les cent (12). L'année 1532 les Provinces de Hollande & de Weft - Frife ayant des démêlés avec le Dannemarc, le nouveau Roi Fréderic ferma le Sund aux habitans de ces Provinces, ce qui interrompit la navigation de nos Villes Maritimes, & occafionna une cherté fur les grains. Ces différens ayant été terminés par un traité de paix fait a Copenhague3 la (9) Informations particulietes de Hom. (10) van Spaan, pag. 116. .(n) Chroniques de Zélande, armée 1522. (12) Idem, annte 1524. A 3  6 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES nouvelle de la conclufion du traité fit diminuer le prix da feigle de 46 a 22 florins dor (13). L'an 1536. 800,000 Briques, grandes pierres de Leide, coiuerent a Enkhitifcn 1200 florins Caroü, y compris le fret & autres fraix; ce qui fait revenir les 1000 a 30 fols (14). On voit la copie d'un Acte du 11 Mars 1537, dont 1'original repofe au Secrétariat de MM. les Députés des États de Frife, & le Contrat fait par Wiard Mathys & Fedda fa femme, avec le Couvent $ Aaljuin, par lequcl ils cedent leur maifon, biens, & deux gemeten de terre propre a faire des tourbes, a condition que le Couvent les foignera leur vie durant, c'eft - a - dire, qu'il leur donnera une chambre avec cheminée, deux lus, des tourbes autant qu'üs en auront bcfoin, 18 livres de pain par femaine , un demi tonneau de beurre rouge par an, un boeuf engraiiïé, de trois ans, ou bien 4 florins d'or, un cochon gras ou 2 florins d'or, un loop d'orge, un demi hop de feves, un demi loop de pois, autant de lait qu'il leur en faudra ; chaque fois qu'on aura brafie de la biere le quart d'un Tonneau, deux frömages de va- (ij) Voyez les Chroniques de Hom par Velius pag. 239- & FHiftóire i'Enkhulft n. (14) Voyez 1'Hiftoire A'Enklmifai, pag. 61. cent pieds de Pierues de Benthem avec les fraix coutcrent 15 florins.  APRES LE XV SIÈCLE. 7 cbe par année, 20 livres de Stokfis, & un demi pot d'huile (15). M. Commelin dans fa Defcription cTAmflerdam racontc qu'il a trouvé dans les Mémoires de Jean Bets Rodenburg, que le 8 Juillet 1539 il avoit achetté avec Jacob van Foreeft & Pieter Klaafe Koning, de Jacob Vos & d'Adrien Zas, a facs d'orge pour 12 fols & 7 gros, auffi pour 2 cfcalins 9 gros, de même d'Adrien Zas 100 facs d'orge , le fac a 12 fols 8 deniers & 1 mite (16). L'an 1540 il y eut cherté de vivres, occafionnée par une grande fécherefle, enforte que le laft de feigle fe paya 68 florins d'or: cependant ce prix exceflif fut de courte durée, car peu de tems après, & dans la même année, on achetta tous les articles ci- deflbus mentionnés pour les prix fuivans: Un Laft de feigle pour . . 11 "j Un de bied 16 | Un d'orge 10 f* florins d'or. Un d'avoine 9j Une ancre de vin du Rhin . 12 florins. (15) Chartves de Frife, Torae It. page 694. Un bcenf de 3 ans [ Tv/enter Shichtbeefl ] vaut aujourd'hui en Frife ico florins & .plus, & un Cochon gras 48 a 50 florins. Voyez le Chapitre fuivant. (_i6) Defcription 3) Voyez le Livre contenant les Privileges, Ordonnances & coutumes de Ia Ville «Amflerdam &c. [II.] imprimé en 1624. Cette biere 11e paye pas d'Accyfe, ou d'impftts. On dit que Ia qualité en eft aujourd'hui bien moindre qu'autrefois. Elle fe vend aujourd'hui deux dutes la mingle. (29) Voy. Commelin pag. 532. Voici ce qu'il nous rapporte: le prix du Bied efluya plufieurs variations dans ce fiscle. En 15001e Laft de feig'e valloit 14 florins d'or 10 Z fols. En 1545, 25 florins d'or. Le Tonneau de beurre 20 florins, un pannier de Tourbes 2. fol, un Schippond [300 ff] de fromage, 7 florins. En 1568, 1570, 1571 & 1572, le laft de feigle valloit65 florins d'or,en 1573 100florins d'or; un Tonneau \Val\ de beurre 65 J florins; un tonneau de H.irangs 2t florins, en 1574 le laft de feigle valut 92 I florins d'or, en 1575 il baiffa; le feigle de Riga ne valloit plus que 46 florins i: celui de Priijfe 34 florins d'or. _ ^  14 CA. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Une livre de poiflbn de Bergen . 7 Hards Un pain de feigle de 12 fg . . 6 fols Un Boiffeau de Dreche {Ooftermolt) 18 — '—de Pois . . ifj — ■ • d'orge . . 15 " • de blé Sarafia 14 — ' ' ■ de Sel . . 12 —. Un pot de Jopenbier (biere forte & niédicinale, qui fe brafle a Bantzick) 7 — Un pot de vin du Rhin .... 0 —1 Un pot de vin de France .... 5 — (30). L'année 1587 la cherté, caufée par les guerres & les troubles deBandre,'fuc inouie a rfnpers. Le laft de froment fe vendoit 935 florins 10 fols, & celui de feigle 900 florins. Cette même année le prix ayant baifle , on paya encore le laft de feigle 56 florins 10 fols, ou cnviron 40 florins d'or (31). A la fin de ce fiecle, c'eft-a-dire depuis 1595 jufqu'en 1597, il y ent de nouveau cherté degrains. Eu 1597 Ie prix en fut porté au plus haut point dans la Ville de Hom. Le laft de feigle s'y vendu 200 florins, celui de froment 280, ce qui peurt-peu diminua, car en 1599 le feigle valut 99j, & au commencement du fiecle fuivant il vint k 40 (30) Voyez Chronique de Hollande de \V, van Goudhoeven page 161 a la fin, lóus l'an 1^0 f [IJ. ÜO Commelin, pag. 913.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 15 & 44 florins d'or, comme nous le verrons dans la fuite (32). Enfin les divers Placards qu'on publia dans ce fiecle confirment & la variété du prix des grains, & ce qui en réfulta fur le prix des vivres en général l cela fut vraifemblablement caufé par les troubles & les guerres qui affligerent nosContrées, & furtout par les variations fréquentes que le numéraire de 1'argent éprouva (33). Q2) Chroniques de Hom, pag. 499. van Spaan pag. 169. (33) Pour confirraet cncore la pureté des fources oü j'ai puifé la notice de ces differents prix, je rapporcerai deux paffages de M. D 1 r c k G r a s w 1 n c k e l , Avocat Fiïcal des Domaines du Comté de Hollande, qui vivuit dans le XVII Siècle, (étant ne en 1Ó00, & mort a M ilines le 12 Octobre 16ÖÖ) & qui a recueilli divers Placards qui concernent le prix des vivres. 11 rapporte enti>uttes un Phicard de Philippe- Archiduc d'Autiiche, de 1'année 1501. on le prix des Bleds efl fixé a 16 florins d'or, & oü il eft dit: que le prix de 22 florins d'or eft exeejpf & a charge aux peuples. Dans un autre "endroic, oü eet Auteur démontre combien il eft pemicicux & injullc de la part du Prince de défendrc les achats ou ventes des récoltes fur pied, voici comme il s'exprime: „ Les pnx „ des maichandifes qui n'ont de valeur que dans 1'opinion, peuvent „ varier, c'eft-a-dire, monter ou defcendre, fans aucun préjudice „ pour les peuples ; mais quant aux vivres, & a tout ce qui tient „ aux premiers befoins de 1'homme, le prix en eft fixé pour ainfi d» „ re par la nature, & un Prince ne peut avoir le droit de les h„ miter". De ce que le Laft de Seigle valoif autrefois 10 florins cTor dansjes tems de bon marché, ö> 30 florins dans lei tems de difette, & qu'atu jourd'hui il en vaut 70 dans le tems d'abondance, & 200 dans les tems de prix exceflïf, il ne s'enluit pas que le Prince puiffe s'arroger le dioit d'en régler le prix, & d'y mettre ordre. Car dans ce cas, il en faudroit feite autant pour toutesles autres marchandifes, &  i6 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES §. 2. Prix de la ma in d'CEuvre &c. Nous avons vu que dans Ie fiecle dernier Ie fakire des Ouvriers, tant en Zélande qu'en Hollande, étoit trés médiocre, ce qui continua encore pendant quelqucs années, mais cependant avec quelque différence. Voici le détail de ce que j'ai pu recueillir fur les prix de la main d'oeuvre dans le courant de ce fiecle même pour Ie falaire des ouvriers. Un Seieur de bois qui gagne maintenant 30 fols, en gagnoit autrefois 6. & même Ia moitié, fi j'ai bonnc mémoire 5 cependant Ie ferviCe eft le même: le changement n'êft pas arrivé fur les marchandifes, mais fur I'argent, qui depuis la découverte de PAmérique eft quadruple en Europe. Au refte nous 'ne pouvons nous refufer de traduire ici encore un pafTage fort intérelTant du même Auteur fur la véritabte appréciation de ces denrées qui font le plus folidcment utiles au genre hllmain : „ On peut vivre, dit eet Auteur, & les Etats peuvent Gibfiftei „ fans argent. Dans le Commencement du monde, on n'en connols„ foit point 1'ufage. Dans jes fiecles d'or il étoit ignoré. Ce ne fut que dans les ages d'airam & de fer que Por tiré du fein de Ia ter., re commenca a êtrc en eftime". Lacddcmone exifla 500 ans fin. connoitre les monnoies, elle ne les adroit que vers les tems de fa décadence. Pourquoi donc les marchandifes ne pourroient - elles pas fitte échangées en nature, & 1'une contre 1'autrc-, fans recourir a des moyens imaginaires, furtout les marchandifes qui tiennent de plus pres aux befoins réels 53(36) Mem Ibidem. B A  i8 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES dit 1'Auteur]: en 1548 cela fut de nouveau accordé (37). Le compte des Thréforiers de la dite Ville d'Alc* iuaar en cette même année 1508 finit par eet article: „ Pour honoraire de eet emploi, chacun 5 „ livres de 40 gros chaque livre" (38). L'IIiftoricn iïEnkhuifen rapporte que l'an 1513 le Bourguemaitre (Franctscus Fréderili) a fon retour de la Haye, oü il avoit été en Commiflion pour la Ville, fut tué en chemin, entre les villes de Hom & de Purmerend, marchant a pied, en fon habit de cérémonie. II marchoit h pied, dit 1'Auteur, afin de faire moins de dépenfe, n'ayant pas ofé dépenfer 6 efcalins, que les cochers lui avoient demandé avant fon départ de Purme-. rend (39). L'an 1521 les députés de la part des Frifons a la Cour de la Gouvernante, & de 1'Empereur, recurent de la Magifirature du pays un préfent de 120 florins de Brabant, tant pour leur peine, que pour les fervices qu'ils avoient rendus (40). Par un article d'infr.ruéh'on de l'an 1524 on obferve, que le falaire du Receveur des impöts, réfidant fur le port de Harlingen, étoit de 60 livres, (37) Hiftoire d'Alcmaar, pag, 53. (33) Ibid Ibidem, pages 53 & 54. (39) Hiftoire d'Enkhuifen, pag. 44. (40) Chartres de Fiife,Tome II. pag. 114.  APRES LE XV SIÈCLE. i9 de 40 gros. Suivent enfuite les appointemens des divers Employés pour percevoir les impöts. a M. Willem Tetievoirt Maïtre de 1'accyfe un falaire annuel de po a L'employé réfident au Lemmer . . 90 a Sloten u o a fon Controlleur j0 a Staveren, au maitre des impöts . 75 a fon Controlleur 50 a Hindeloepen, au maitre des impöts 56 ii Worcum pour le maitre des impöts 140 a fon Controlleur 100 a Mackum pour le maitre des impöts 70 a Lye au Bild au maitre des impöts ■ . 70 : a Dockum, au maitre des impöts . 110 Au Controlleur 60 a Collum au maitre des impöts . . 100 Le maïtre des Accyfes d'Opterland & de Smal'lingerland n'eut pas de falaire fixe, mais fon inftruétion portoit, qu'il recevroit un falaire proportionné au fervice qu'il feroit, lequel feroit taxé & a la difcrétion du Stadhouder de Frife (41). Sous Ia date 28 Avril & 2 Mai de 1'année 1525, on trouve deux projets, concernant les Digues de Frife, & les fraix a faire pour les réparations de ces dits objets. i°. L'entrée du port de Harlin- (41) Chartres ik Frife, Tomé II. pag. 475. B 2  so Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES gen ayant beaucoup fouffert par les ravages du tems & de la mer, devoit être presqu'entiérement refuit, les fraix en furent évalués a 800 Livres de 40 gros. 2°. On projetta de faire un nouvel ouvrage du ccté du Nord de cette même Entrée. on y fait mention entr'autres d'un terroir de 180 toifcs de long, de 10 pieds de large , & de quatre pieds de haut du cöté des terres, afin de fe garantir des eflbrts de la mer. II fallut pour eet ouvrage 600 Fimmenrys, ou tant de cents de fagots. chacun a 20 fols, qui font 600 Livres, & le fa1 lire évalué a 6 fols, le vimmen, feroient 180 Liv. de 40 gros (42). Par la Commiffion de Charles-Quint , du 4 Mai dans 1'année 1527, donnée au maitre des Monnoies de Frife {Frank van Papevelt) pour 3 années, on voit qu'il eut pour falaire 120 livres de 40 gros par année, a prendre fur les droits Seigneuriaux &c. (43). Par celle donnée a Jean Rattaller, Confeller & Maitre Général des Rentes en Frife, de la même date, on lui alloua, comme garde (JFardein) de la Monnoie pour 3 années, annuellement 100 Livres de 40 gros. Item a Jean Jansz Orfevre, eiTayeur a la Monnoie, un falaire de 52 liv. de 40 gros f42) Chartres de Frife, Tome II. pages 492 & 493. (439 Hem pag. 522.  APRES LE XV SIÈCLE. 21 Item z Jacob Yfbrcntsz Orfevre, comme Graveur a la Monnoie 50 livres de 40 gros (44). L'Empereur ordonna par un ordre de la même date a Frank van Papevelt Maitre des Monnoies, de fournir a Jacob Ysbrantsz 20 livres pour une fois feuiement, pour fervir a 1'achat des poineons & d'autres uftenciles propres a 1'office de Gra* veur (45). Par le Teftament du Docteur Dou-weTetama, ou Tietema, Noble Frifon, & Confeiller [qui fut pendant un an Préfident de la Cour de Frife] daté du 11 Oclobre 1528, on voit, entr'autres difpofitions & legs particuliers, qu'il fonda une Rente perpétuelle de la fomme de 125 florins d'or par année, pour fournir aux fraix des études & de 1'éducation de deux jeunes enfans de fa familie, c'eft -a-dire, un de la branche de fes freres, 1'autre de celle de fes fceurs, lefquels enfans jouiroient pendant 16 ans de fuite de cette dite fomme, a condition qu'ils refteroienc a 1'Etude &c. Au refte il nomma pour Exécuteurs tcftamentaires, MM. les Bourgemaitres de la Ville de Lcuwarden , qui font encore Receveurs de ce legs, & qui en ont toujours difpofé felon 1'intention du teflateur (46). (44) Chartres de Frife, Tomé II. pag. 524 & fair. (45) Idem, page 528. (46; Idem, pag. 548. B %  22 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Ce Telrament, qui m'a paru un morceau aflez curieux,renferme encore quelques legs, qui nous font connoïtre combien 1'argent dans ces tems-la étoit en eflime. II legue a la femme vermeufe chez laquelle il demeuroit, tout ce qui lui reftoit de Tourbes & de bois, & en outre 8 florins d'or, pour fes bons offices. — A Mathieu, fon ferviteur fidele, huit florins d'or également. Et a 1'Eglife, même fomme, pour être enterré dans le Cimetiere, & non dans 1'intérieur de 1'Eglife. II défend dans ce même Teftament que 1'on fonne les Cloches & que 1'on fe ferve de flambeaux; enfin 1'humilité de ce Doéteur eftimable étoit telle , qu'il voulut qu'on ne fit a fes Obfeques aucune de ces Cérémonies de pompe , fi contraires au vrai efprit du Chriftianifme. L'an 1528 on commencaa fabriquer la Tour de Ia grande Eglife de Hom, fous 1'infpeétion de Jacob van Edam. L'ayant pouflee jufqu'au premier étage, eet Architccic fut invité de vcnir h Haarlem pour y conftruirc une Tour \ leur grande Eglife, nommée •Sr. Bavo, fous promeffe d'un meilleur falaire, & d'un prcfeni, apiès que 1'ouvrage feroit achevé. Le dit Jacob van Edam ayant accepté le marché, recut pour preTene a la fin de la baciflè un florin il retourna a Horn pour achever  APRÈS DU XV SÏECLE. 23- la Conftruétion de la Tour, qui étoit reftée k moitié batie, & telle qu'on la voit encore aujourd'hui (47). L'hiftorien de la Ville d''Alcmaar rapporte qu'en 1'année 1528 le fret de 1000 pierres étoit 8 deniers \_Pcnningen\ Un chapeau de chaux (inefure oü 1'on met la Chaux) coutoit 1 fol. La chaux valloit 23 fols le chapeau; un Maïtre Charpentief gagnoit alors fix fols, un compagnon 3 fols, un Aide-Macon 3 -fols, un Maïtre Macon 6 fols, & lesfemmes gagnöient un fol par jour (48). Par une Cëmttiiffiön pafTée par le Stahouder .& fon Confeil de Frife, en date du 26 Avril 1529, concernant les fraix néceffaires pour 1'entretien des Digues, on voit que MM. les Députés employés otdinairement dans ces commiffions, recevoient pour fraix, vacations & dópenfes 35 fols par jour (49). On peut encore obferver la rareté & la valeur de 1'argent par le détail fuivant des dépenfes faites en 1532 par la Ville d''Alcmaar. Au Huiflïer de la Cour de Hollande pour le nou§ velan efcaL Au MelTager (Bode) Hollande item 12 Aux Mefïagers fous ferment, pour leur nouvel art' (47) Informations particulieres de Öorri. (48J) Hiftoire d'Alcmaar, pag. 71. (49) Cnarues de Frife, pag. 556 du Tomc u. B 4  34 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Aux valets du Baillif item ... 24 efcal. a 1'Organifre de 1'Eglife pour fon année 18 florins a 2 perfonnes de garde fur la Tour de 1'Eglife 16 a celui qui regie 1'horloge de la Tour 13 a celui qui fonne la petite cloche de la maifon de Ville 5 Pour netoyer les foffés oü on jette les immondices de la Ville .... 22 a M. Cornells Avocat de la Ville . 12 ■ a M. Comelis Capelle Procureur de la Ville ï 8 Pour le falaire des deux Tréforiers de la Ville - ï2 (50). Par une Ordonnance, ou Réglement, concernant 1'éreétion d'un corps de la 3meperfonne en Frife ,datée du24Avril i535,onobferveque pour chaque homme on donneroit pour folde 4 fols par jour. Cette Ordonnance contient auffi le nombre d'hommes, 1'ordre qu'on devoit obferver, & le Diftrióf. ou pays qui les devoit fournir. Ce qui répond précifément a la paye qu'on avoit donnée dans le fiecle précédent en Hollande, & que 1'on donna encore dans ce fiecle en Wefl-Frife (51). (50) Hiftoire d'Alcmaar, pag. "2. (5O Cliartres de Frife, Tome II. pag. 674. Quoique Ie numeïaire de 4 fols paroifle égal a celui du XV Siècle,  APRÈS LE XV SIÈCLE. 25 L'an 1537 1'Organifle a Alcmaar eut pour falaire d'une année 18 florins, ainfi que le ïréfurier Andries Pietersz Zei (52). L'an 1541 le clocher de la maifon duSt. Efpril, fa préfenc le poids] fut orné de 11 cloches. M. Ysbrand recut pour falaire pour toucher 1'Orgue & pour fonner le carrillon 6 florins ,* on devoit fonner les cloches au moins trois fois la femaine, & toucher 1'Orgue 24 fois 1'année (53). L'Ordonnance en date du 29 Avril 1542, concernant Je droit de cuire le pain, de moudre les grains, de braflèr la biere, de tenir cabaret de vin & de biere, tant étrangere que du pays, de marquer les emplacemens du marché, le monopole des grains &des vivres, la vente des tourbes & du bois, nous fait connoitre le prix de plufieurs chofes. Scavoir (Art. 9.) qu'un pain de feigle entier devant pefer 11 liv. [éé] ou k moins, feroit mis a autant de deniers que le feigle fe vendroit de florins d'or le lafl, a quoi les Boulangers ajouteroient encore £ fol, paree qu'ils devoient fe lérvir aulli du poids de Troyes, ce qui ne fe pratiquoit pas auparavant. (Art. 10) le Reglement du prix devoit être fixé pour 14 jours, & ne pouvoit conféquemment changer que il y a pouitant une difterence, lorfqu'on le convertit en poids d'argent. (52) Hiftoire d'AIcmaar. pag. 90. (53) Idem. pag. 97. B 5  WS Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES tous les 14 jours; & au cas que le feigle valuc au dela de 22 florins d'or, les Boulangers pourroient s'écarcer de la limir.ar.ion prefcrice, & le Réglement du prix étoit laifie a leur difcrétion. (Artic. 22.) Le falaire des Meuniers pour moudre le feigle & le froment, fut fixé a 2 fols par kop. Le prix de la Biere fut limité, fcavoir une forte de biere, nommée Kuite, a 19 fols, & celui de la biere doublé, telle qu'on la donne a Haarlem, a 27 fols, ce qui doit feulement être entendu lorfqu'on la livreroit a Leuwarden, car ailleurs c'étoit a proportion du fret. II fut encore ordonné que la première forte de Biere ne pourroit être fabriquée d'un moindre prix que de 24 fols, & la 2de forte que de 16: il paroit que 1'impöt n'y étoit pas compris. La mefure des tourbes y fut auffi ftatuée. Si, dit 1'Ordonnance, 1'on vend des tourbes par batteau, chaque batteau contiendra 70 paniers de Leuwarden, dont la mefure en largeur & hauteur fera gardée chez les Juges, tant dans les Villes que dans les Villages, & la dite mefure fera attachée au mur de la maifon de Ville, oü chacun pourra la voir, & s'en fervir pour mefurer les tourbes qu'il achettera, s'il le juge a propos; & fera payé aux porteurs une dute par 10 paniers, ou un fol par batelée, c'eft-adire pour 70 panniers, ou au-deflus; mais au cas qu'il y en ait moins, le payement fera proportion-  APRÈS DU XV SIÈCLE. 2? né, & payable moitié par le vendeur, moirié par 1'acheteur. Enfin la mefure du bois, nommé Barnhout, y fut auffi réglée , c'eft - a - dire, une mefure de 3 pieds & § feroit vendue par Brafie {vadem) laquelle auroit 7 pieds de haut & de 7 de large; pour 1'txécution de quoi on employeroit au!R des mefür reurs jurés, dont le falaire feroit 2 dutes pour chaque Brafie , une dute payable par 1'acheteur, & une dute par le vendeur (54). Dans les Regiftres de la Ville cYEnk/tulfen on trouve nottés divers falaires de 1'année 1550; fcavoir: au Secrétaire de la Ville Jean JFÏllemsz pour fon année vingt flcrins. Au Maitre du Port, pour avoir l'infpetftion fur le nouveau port 16 florins. Pour favorifer les Etudes de la jeunefle & fon avancement dans la langue Latine, ainfi que pouf les rendre Dode ou favant, on établit le nommé Crifpinus Arendonk pour Directeur des Ecoles, & Keinier van Staveren pour fous-Maitre. On donna au premier 26 florins d'appointemens, & au fecond 20. par an (55). (54) Chartres de Frife Tome IL page 849. La rnoüture d'un hop de feigie fe payoit alors 2 fols. ce qui fait, en fuppofant le laft de 36" hopen. 3 florins 12 f. pour Ie laft. On paye aujourd'hui a Amfterdam 9 flo. du laft de feigle, & 9-16-8 de celui :de froment, pour lamoaT ture. Et en Frife 6 fols par hop , ou ƒ 10 -16 par laft. C55) Hiftoire d'Enkhuifen, pag. 72.  e8 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES En 1551 on trouve, parmi les dépenfes de 1'Eglife de St. Laurent \ Alcmaar, qu'on paya aux douze perfonnes qui repréfentoient les 12 Apötres Ie jour des Ramaux, a la proceffion oü la figure de Jéfus-Chrift montée fur un ane étoit conduite par eux, ainfi qua celui qui portoit le livre, chacun un fol, & pour garder la lampe qui doit toujours bruler devant le Crucifix, 25 fols par an (56). L'an 1553 on prit en fervice a Enkhuifen Gysbert van Ewyk pour faire la fonclion de Médecin de la ville,auquel on donna 30 florins par an (57). En 1555, afin de favorifer les Ouvriers/de la ville d'Enkhuifen, le Confeil de la ville choifit un d'entr'eux pour fervir d'intendant, ou maitre de la Fabrique, avec un falaire de 25 florins, & on donna les mêmes honoraires a celui que 1'on nomina pour recevoir les impöts de la Ville. Environ dans le même - tems on prit en fervice M. Gerrit Prins pour faire des Sermons & dire les Meflès a 1'Höpital de la Ville, en lui donnant par an 14 flor. (58). Dans la même année on conftruifit en cette Ville, pour proteger le Commerce & la pêche des Harangs, deux Vaiflèaux de guerre de 85 hommes d'Equipage chacun : les foins de eet équipement & les dépenfes en furent confiées a Corn, Dirks (56) Hiftoire d'Alcmaar, pag. 117. (57) Hiftoire d'Enkhuifen, pag. 74, Idem, pag. 73.  APRÈS LE XV SIÈCLE. so Dol, Sieuwert Jansz, & a Jan Willemsz Suurmondt. Marie, Reine de Hongrie & dans ce tems-lh Gouvernante desPays-Bas, confentit au nom de 1'Empereur fon frere, a la levée d'une fomme de i oooo florins, qui devoient être employés a la protection de' cette fameufe pêche, & au foutien des Habitans. Le quart de cette fomme devoit en outre fervir a 1'équipement de ces deux Vaiflèaux. Les gages de 1'Equipage fe montoient, fuivant la lifle, fcavoir: Au Capitaine par mois . 30 florins ") j — Maitre (Schipper) . 24 — Pilote . 20 Cotiers . . 8 flor. 10 fols — Maïtre de Quartier . 8 florins — Bottellier . 7 ■— Cuifinier 1 . 8 — Maitre officier qui com- par mande les matelots . 8 mois — fon Compagnon . . 6 — Esquiman .... 7 — Charpentier .... 8 — Conflaple .... 8 — Bofch Schieter ... 6 — Mar fel 5 — Voilier 6  3o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES A 1'Ecrivain 6 Au Chirurgien .... 8 — Prevoc 8 -— Tambour .... 5 flor. 10 fols paj, — Fifre ...... 5—10 -("mois •— Matelots 3 ~~ J5 ~ •— Putger ..... % — Mouflès 1 — 10 -J (59) C59) Hiftoire d'Enkhuifen page, 78 & 79. Pour avoir une idéé précife de l'auginentation fur le falaire d'un Equipage d'un vaiffj iu de guerre, voici ce qu'on paye acïuellement. Ceci eft copié d'après une lifte imprirnée. Lifte des Officiers, Matelots & foldats qui feront Commandés par Sur le Vaiffeau de Guerre N. Capitaine N. . . . ƒ 30: - par mois ; c'eft celui auquel eft confié le commanderaent en chef du Vaiffeau. Comme on eft dans 1'ufage en ce pays-ci de lui payer 7 fols par tête pour la nourriture •de chaquc Matelot & foldat , & 9 fols pour celle de chaque Officier par jour, fon profit principal eonfifte dans ce qu'il peut éconornifer fur le tbtal des fubfiitances. Capitaine en fecond 100 Commandeur 6» Lieutenant 3° Maitre 30 1' Premier pilote 36 Second pilote 3" Troifieme pilote . . . 1'A Ecrivain 16 Catéchifte (faifant fonétion de Mihiftre) ... 14 Mattre Officier qui commaude les Matelots . . 22 Sop compagnon , .... 16 lifqtéman 18 Son compagnon . 15 Premier Conftaple 22 Aurte Conftaple 2*  APRÈS LE XV SIÈCLE. 31 Au mois de Mai 1'année 1556 les Magiftrats nommerent M. Gerbrand Cloeting pour affifier de Second Conftaple 18 Son Compagnon '5 Premier cliarpentier fur un Vaiffeau du premier rang 4e. & fur un moindre ....... 38 Cliarpentier 2+ Second '5 Maitres de quartiet *5 Voiliers 18 Second * I* Trompette 13 Premier Chirurgien 32 Second 30 3eme . dito '5 Vitrier « Boutellier . 18 Son Compagnion H Cuifinier , 18 Leur Compagnon '+ Corporal 15 Prévot « > Ia Tonnelier 12 Commandeur des foldats. H Tambour 12 Cadets 10 Matelots 11 Soldats 10 Moufies de 4 a 7 Aintt formé par Du Confeil de L'Amirauté, réfl- dant a Amfterdam. Ie n'entre pas dans un plus grand détail fur la différence qu ,1 y a fur chacun de ces Articles, le Ledeur attentif peut 1'obferver par lui-même. Je vais m'attacher feulement ace qui regarde les Matelots. 1?„ ,«8. un matelot eut pour falaire 3 § florins, ce qui fait, a raifon de 13. ƒ pour le mare, cn poids d'argent, 2 onees enxiron.., „h .„.,, . si 1uoo .(.a s\ nhofi f?>ioa3 aiipMb sb J> s/Bh  32 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES fes avis le College des Echevins, avec un falaire de 75 florins 1'année. Cette même année on prit au fervice de la ville un chirurgien, a qui on donna par an 10 florins (60). L'an 1557 MM. les Bourguemaïtres SEnkhuifen prirent en fervice le nommé Koman Ysbrand, fils de Thomas., pour avoir la direclion des affaires du port, ordonnant que journellement il vifiteroit les Vaiflèaux qui y entreroient ou qui fe trouveroient dans le port, & qu'il recevroit 1'argent du paffage du pont: on lui donna par an pour cette commiffion 64 florins Caroli. Vers le même tems , Feinte fils de Jacob fut nommé Maitre de 1'Artillerie, avec un falaire de 10 florins par année {61). En 1562 on confia au Penfionnaire M. Gerbrand Cloeting la direflion de 1'Ecole Latine, moyennant un falaire de 150 florins par an, il devoit a fes fraix payer 2 fous - Maïtres (62). En 1563 Franciscus Petrus Maakfchoon fut nommé Médecin de la Ville, avec des appointemens de - ' • ; ...... .,■.'.'.'.,„' 42 Aüjoiitd'hiii (en 1777) il a 11 flor.' Ie Mare évalu'é a 25I fl. fait en poids d'argent 3 onces & J>_ Environ. 11 a donc aujourd'hui plus d'une once en argent par mois de plus qu'il n'avoit en 1555. (60J) Hiftoire d'Enkhuifen, pag. 80. (61) Idem, pag. 81. (62) Idem, pag. 93, La Recteur a aujourd'hui 600 / par an de la ville & de chaque Ecolier 3 fiorin 6 fols pour Je quart de l'an. fe Conrecteur 500. & 3 f. 3 1. le pnecepteur 400. & f. 3.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 33 42 florins par an, a condition qu'au cas de maladie épidémique, il foigneroic aufli bien les pauvres que les riches de la Ville (63). L'an 1572 les troubles du pays étanc déja commencés, & laRéfonnation prenant le deflus,ily eur. dans la plupart des principales Villes beaucoup de confufion, de forte qu'a Enkhuifen la Régence fuc obligée de prendre a fa folde 350 Bourgeois. Elle accorda a ces nouveaux foldats un denier de fept fols piece pour 1'entrée de fervice. II ne fe trouvoit pas alors d'argent a 1'Hötel de ville, de forte qu'un des premiers citoyens, nommé Pieter Luitjesz Bükkes, qui fut la même année Bourguemaitre, débourfa 1'argent néceflaire. Quelques jours après les mêmes foldats fe rendirent a la maifon de Ville , & demanderent leur payement, menacant de quitter les armes s'ils ne recevoient pas d'argent. Comme il ne s'en trouvoit point encore a la maifon de Ville, le même Buiskes leur compta leur folde encore de fon propre argent, ce qui les retint dans leur devoir (64). Boxhorn, en détaillant le prix du falaire des Ouvriers en Zélande dans le courant du XV Sie- (6$) Hem, pag. 94. Le falaire du Médécin avoit donc déja auginen. t car toutes „ les parties des vivres dont j'ai fait mention fous „ le XV.Siècle, avoient encheri confidérablement, „ fcavoir un buitieme de bied couta en 1574. 4 „ efcalins gros, un pot de vin 1 efcalin, un pot de „ biere 2 efcalins, une livre de beurre 8 gros, une „ eertaine quantité de poiiïbn 4 gros, & 1'ouvrier „ gagnant 3 efcalins 4 gros deFlandre, étoit courc „ contre Ie produit de fa journée de 4 efcalins 2 „ gros. Voyez Boxhorn Tom. I. pag. 3226c 323. L'an 1578 la Communauté des Porteurs de Biere préfenta a M. M. les Bourguemaitres SAmfterdam une Requête pour obtenir une augmentation fur leurs falaires: ce fut 1'augmentation du prix fur les vivres & les Impöts qui les déterminerent a cette démarche, a laquelle ils furent encore poufles par 1'exemple d'autres particuliers , qui probablemenc avoient follicité de leur cöté. Voici en peu de mots la fubftance de leur Requête: Supplient humblement les Jurés de Ia Communauté des Porteurs de Biere, que Mesfeigneurs les Bourguemaitres daignent confidérer, que lesdics Supplians n'ont point d'autres moyens de  APRÈS LE XV SIÈCLE. 35 fubfifter, que par ce qu'ils peuvent obtenir de leur travail; que n'ayant qu'un fol pour le tranfport de chaque Tonneau, ils fe trouvent obligés, furtouc les jours de Marché, de le débourfer pour les voitures, enforte que les Suppliants font le plus fouvent dans le cas de ne rien retirer de leur travail; qu'étant de pauvres gens, chargés d'une nombreufe familie, laquelle ils voudroient maintenir honnettement, & empêcher leurs femmes & Enfans de fouffrir la faim & la mifere; & qu'outre cela, Ie prix des vivres, du loyer des maifons, des laines, des toiles, des chandelles, des tourbes &c, ayant rencheri du doublé, & même du triple de ce qu'on les payoit autrefois, outre tous les nouveaux impöts dont on fe trouve malheureufement chargé, les Suppliants fe trouvent hors d'état de fubfifler, fi MM. les Bourguemaitres n'ont la bonté d'ordonner une augmentation de leur falaire. Cette Requête, dont les motifs font fenfibles, eut fon effet: le falaire d'un fol fut mis a un braspenning, ou 10 dutes, & celui de fix deniers a huit. Vers la fin du même Siècle, & dans le fuivant (65), on les augmenta encore, ainfi qu'on peut le voir par les di- (65) L'an 1595, & en 1617 les falaires des porteurs de vin & de biere furent hauffés. Aujourd'hui on paye deux fois pour Bentree d'un tonneau [vat] dansla maifon, de quelque grandeur que foit le tonneau. Et lc Brafieur elt chargé des fraix du tranlport. C 2  S6 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &o vertes Ordonnances contenues dans le Livre des Privileges &c. que j'ai cicé Note (28). Je pourrois citer encore plufieurs de ces exemples, furtout fi je m'étois attaché aux informations particulieres que j'ai été a même de me prccurer de plufieurs endroits; mais j'ai préféré d'expofer ce que j'ai pu citer d'Auteurs connus & eftimés , afin que le leéïeur put par lui - même fuivre les détails oü je fins entré dans les recherches que j'ai faites , recherches toujours pénibles, paree qu'elles demandent une attention & une affiduité particulieres, pour pouvoir comparer les prix des denrées , de la main d'ceuvre &c. avec la mefure générale , qui eft toujours 1'argcnt effectif. §. 3. De la valeur des Terres, et du prix des loyers. Extrait du Regiftre des informations faites a 1'occafion des impofitions en Hollande & en Wefl-Frife dans 1'année 1514 fol. 53 & ultra, concernant la Weft-Frife feulemenr. Le 5 Article de Fint truétion concernant la valeur des Terres fituées dans la Seigneurie de Kennemer, gevolg Langedyk. Les Pafteurs & Régents ont déclaré fous ferment, que les terres fituées dans la dite Seigneurie & aux environs des Villages Noord- Scherwoude, Zuid - Schervjoude & Broeck, valloient 1'arpent,  APRES LE XV SIÈCLE. 37 T*un dans 1'autre, environ quatorze Nobks a 50 fols piece. Et les Loyers a trois florins environ 1'arpent (66). Par un Afte imprimé l'an 1518 le 19 Avril,fait par devant les Echevins du Village de St. Pancras, fitué prés $ Alkmaar, il eft déclaré que le peu de bonnes terres que les Villageois pofledoient dans ce voifinage, valloit trente-deux nobks, deux florins du Rhin, chacun de 40 gros, par arpent, 1'un dans 1'autre,- & que chaque arpent valloit en Loyer fix florins du Rhin quinze fols, & que 1'on payoit pour fraix des digues, chemins &c. vingt cinq fols & un liard par arpent (67). M.le Baron de Schwartzenberg, dans fon excellent Ouvrage Tome II., nous donne entr'autres chofes curieufes le montant des impöts qu'on payoir, en Frife au commencement du XVI fiecle, fur toutes les terres fituées dans cette belle Province, & qui fe levoient au denier vingt-un des rentes annuelles (68); c'eft par ce moyen qu'un particulier demeurant en Frife, & au fait de la valeur des Terres, telles qu'elles fe trouvent acluellement, pourroit facilement faire une comparaifon des valeurs des Terres & de leurs Loyers d'alors, avec celles d'aujourd'hui; chofe d'autant plus facile , que les £66) Informations d'un particulier de Horn. C67) Situatfon do Wefl - Frife par S. Eikelenberg pag. 97. [II] £68) Livre des Chartres de Frife. Tom. II. C 3  38 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Ecrivains Frifons que j'ai eu occafion de parcou* rir, m'ont paru trés-folides & trés-véridiques dans ce qu'ils ont expofé. Un pareil Ouvrage mettroit a même d'exarniner 11 mes idéés fur ce fujet fe trouvent yfcaies & fondées. Les lecteurs inftruits comprendront tres bien qu'il s'agit ici d'une valeur réelle en poids d'argent, & non pas en numéraire. Ceci peut auffi bien être appliqué au Bilan que le Souverain fait annuellement des charges, ainfi que des dépenfes : car je le repete, il faut tout voir dans fes rapports réels, & non fiétifs; il s'agit d'approfondir 1'avantage réel pour le total des habitans, & non celui de quelques particuliers feulement. Si les taxes montoient proportionellement a la valeur numérique de ce que 1'on poffede, alors la chofe feroit de peu de conféquence; mais chez nous, chaque individu contribue aux charges de 1'Etat, non felon ce qu'il poflêde de richeflès, mais a proportion de la confommation qu'il fait. Ce n'eit pas une chofe indiiTérente pour le particulier que les impöts fur les vivres foient plus ou moins forts; un homme riche a millions, s'il vit avec ceconomie, ne contribue pas plus aux charges de 1'Etat, que le pauvre artifan, qui n'a que fes bras pour tout tréfor. Mais revenons a notre fujet. Par une lifle des biens que les Eccléfiafliques de la Religion Catholique pofledoient en 1510 , on  APRÈS DU XV SIÈCLE. 39 voit encore les revenus de plufieurs bien - fonds dans ces tems-la (69). Par un Contrat de vente paffe par Frere Petrus van Wel, Confeflèur &c.a Aaljum, en date du 28 Oétobre 1527, on voit la vente ou 1'achat de douze Pondematen de terre fituée a Fervjolde, fake a Ulke Syreks, cum uxore, pour 329 florins, nommés Hoorntjes Guldens. Voyez la valeur & les re. marqués a 1'occafion de cette Monnoye, dont je n'ai pas encore fait mention, dans la Note fujvante (70). (69) Livre des Chartres de Frife, Tom. II. (70) Idem. Tom. II. pag. 536. Velius dans fa Chronique, pag. 194. &Ó78 fait mention du Itoriri de Hom (Hoorns Gulden). H dit que c'étoit une Monnoie, dont 104 fe tailloienr dn Mare, mais de bas alloi, étant du titre de'9 Karats d'or fin- Harkenroth rapporte a la Chronique de Beninga, pag. 532 , qu'on avoit dans ces pays deux fortes de florins de Hom. L'un étoit originaire d'Eft-Frife, & valloit, l'an 1580, 4 brebis, (fcliaap) 10 W ou 9 fols (fluiyers): mais les vieux florins de Htm valloient la même année 6 brebis (fchaap ) ou 12 Ibis. Cet Auteur dit encore, pag. 471, que le droit de battre Monnoie a été depuis un tems immémorial un droit de Souveraiucté chez tous lés peuples, & qu'en Hollande il a appartenu aux Etats du pays depuis un tems trés reculé ; que lorfque ce pays fut érigé en Comté, ce droit fut cédé aux Comtes, fous condition cependant que les Comtes ne pourroient fabriquer des Monnoies qu'avec 1'aveu & concurrence des Iitats. Mais ce feroit fiuis fondement que 1'on prétendroit que les habitants de laProvince de Hollande auroient fait fabriquer des Monnoies, & je ne penfe pas qu'on püt le prouver; non qu'ils n'en euflent pas le droit, mais paree que les circonftances 11e le leur perrairent point. Le pen d'étendue de leurs Etats, la médio. ere quantité d'or & d'argent, & 1'impuinance d'augmenter fubitement leur Commerce, en furent les caufes naturelles, auxquelles on pouroit encore ajouter leur ambition trés modérée, rélativement a 1'extenfion de4a C 4  4o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Par le Teftament ó'Epo van Lyaukema, fait le 16 Avril 1535, j'obferve qu'on y évalue quelques Pondematen de terres h Pieters ■ bierum appartenant a la maifon Lyaukema k 15 florins le Pondemate. Les terres propres a la culture des grains fituées a Foppen, auffi appartenant a la maifon ós Lyaukema, a 15 florins le Pondemate (71). L'an 1546 on loua a Enkhuifen un emplacement pour y faire une Corderie, fix florins par an (72). L'an 1549. M. M. les Bourguemaitres louerent a Klaas Klaasz un certain terrain fitué hors la por- puiflance fouveraine dans leur Pays. On n'a point de deniers plus anciens que ceux du Comte Florcnt III, auxquels ont fuccédé ceux de fes fils Thierri VII & Guillaume I. On ignore oü les premières Monnoies ont été fabriquées; le tems & le lieu font également incertains; car quoique quelques anciens Privileges accordent ce droit a la Ville de Dordrecht, il ne s'enfuit pas qu'elle ait joui antériememer.t de ces privileges, dont le plus ancien eft de l'an 10(14, & fut accordé a cette Ville par 1'Empereur Bcnri IV. Les premières pieces fur lesqueües on puifle lirele nom du lieu de leur fabrication , font du tems de Flortnt IV, mort en 1235: mais ces efpeces font aufii bien fabriquées a Médcnblik qu'a Dordrecht. Les pieces exiltantes le prouvent. Poftéricurement i ce Comte, il y a plufieurs deniers qui 11e font point mention de la ville oü ils ont dté frappés. Dans les Chartres de Frife Tome II, on voit que le florin de Hom, (apparemment celui é'Efl-Frife) fut de 124 au mare, & évalué a 12 fols. Voyez pag. 741. 19. Avril 1539. Les 329 florins dont il eft fait mention doivent être évalués a 12 fols piece: le mot de hoorntjes fignific petite corne, ou petite Coquille de mer; ce qui vraifemblement aura été la marqué de ces elpeces. Les armes de la ville de Hoorn font auffi une corne. (71) Livre des Chartres de Frife, Tom. II. pag. 668. (72) Hiftoire «Enkhuifen, pag. 71.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 41 te du Sud, pour y conftruire un Chantier , pour Ia fomme de treize florins (73). La Ville de Rotterdam s'étant confidérablemenc accrue par 1'augmencation de fon Commerce, le terrain renfermé dans fes murs a éprouvé, ainfi qu'a Amfterdam, plufieurs progreflions fucceflives dans le prix; enforte qu'a mefure que de tems a autre la Ville s'étendoit, les Magiftrats vendoient plufieurs fonds & emplacemens a divers prix. On en voit plufieurs exemples dans ce Siècle, & au commen. cement du fuivant. Voyez la Note (74). (73) Hiftoire d'Enkhulfiu, pag. 72. (74) Chronique de Rotterdam par S. L o 1 s Edition de 1747. L'an 1584, dit 1'Auteur pag. 101. &c., il n'y avoit a Rotterdam que quatre Moulins a vent pour moudre le bied , Ok cinq'Moulins a chevaux. La ville augmentant en profpérité, il y eut en 1612,13 moulins a vent & in a chevaux. On trouve dans ce même Livre le détail de plufieurs ventcs de fonds de terre en diffé-rentes années, qui nous donneront encore quelques exemples fur la différence des prix aétuels, d'avec ceux de ce tems-la. L'an 1597. chaque emplacement de maifon fitué dans le Barketflraat fut vendu 100 florins : en 1598 chaque emplacement de 150 pieds de long fur 22 de large fut vendu 160 florins; ceux de 100 de long lui 22 de large 100 florins. Toutes ces veutes fe monterent ii 50C.00 florins, dont on acquitta une dette de pareine fomme au denier 16. L'an 1611, 42 empiacemens fur le Leuve-haven furent vendus enfemble igoco florins; chacun de ces fonds étoit large de 18 pieds, mais de différentes profondcurs. En 1613 furent encore vendus des marais fur le Boompjes, propres ïi faire des Chantiers, chaque emplacement long de 180 pieds fur 20 de largo fut vendu 400 florins. ... Nous paflbns fous filence plufieurs de ces exemples curieux («). _ (V) Quoique cette anecdote foit étrangcre a la matiere qui nous C 5  42 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Enfin par le moyen des informations que je me fuis procurées, j'ai feu que c'eft a la fin de ce fiecle que les grandes révolutions fur la valeur des terres & de leurs Loyers fe font fait le plus fentir dans nos Provinces. La raifon en eft toure naturelle, en 1589 parut 1'Ordonnance fur les Monnoies , lorfque le prix de 1'or fe trouva augmenté fi confidérablement, & que le Mare d'argent fut fixé a 21 florins & 8J fols. Par exemple, aux environs üAmfterdam une terre avec maifon , fituée proche du Diemermeer y avoit été louée en 1586 pour 60 florins, a condition que le locataire entretiendroit le long de fa terre la Digue, a laquelle cette Métairie ou Ferme touchoit. L'an 1593 elle fut louée pour 135 florins. Une terre de huit arpens, avec une petite maifon, fituée proche du JBykmer - Meer, a une lieue d'Amfierdam, fut louée avant 1588 pour 30 florins & un petit baril de beurre, libre de tous fraix, hormis les impöts {Verpondingen). L'an 1588 cette même Terre fut louée pour 35 florins. L'an occi'pe, nous dirons cependant que dans le même Livre on voit qu'en 1582 1'Eglife Romaine adopta dans fon Calendrier ie fyftême de L. l'':o Médécin de Vaor.t. La iête de Nocl, qu'on célébroit le 25 Décem . , fut mife au 15 du même mois, & la nouvc'.'e Anne* cormneiiea le t2 Dfcerabre. On ordonna 1'exécution de cette réfortnc par une b, lle du 21 Fév. 1532. Ce qui fut adopté en Hollands, cn Flandre, &c.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 43 !593 Pour 7o: ï'30 1599 Pour 75 5 & dans 1'année 1602 pour 100 florins. L'an 1578 une terre de fept arpens , fituée a Sloterdyk, a une demi lieue $ Amflerdam, fut louée pour 6 florins; en 1584 pour 7; en 1588 pour 10, en 1590 pour 13, en 1591 pour 20, en 1592 pour 24, & en 1594 pour 40 florins, fous condition que le locataire payeroit les impöts, lefquels, felon que je 1'ai trouvé, montoient en 1588 pour s années a 9 florins 16 fols. II doit y avoir une infinité de ces exemples; nous voyons par ceux que nous avons cités que dans 1'efpace de huit ou neuf années les Loyers des terres monterent également au doublé, triple, & k plus (75). L'an 1597 le 29 Novembre une Métairie de vingt un arpens, avec maifon & hangard (endroit oü fe met le foin de garde) fut louée pour 145 florins; en 1603 elle fut louée pour 150 florins. Cette terre eft fituée fur YAmJiel, a un quart de lieue d''Amflerdam (76) (& alors un peu plus loin). Une Métairie pareille & tout auffi proche de la Ville fe loue aujourd'hui pour 800 ou 1000 florins. (75) Informations particulieres tk&s d'anciens Regiftres d'nne maifon établie depuis long - tems a Amflerdam pour le foulagemenc des pauvres. (76) Idem. C'eft la Métairie de Meerhuizen.  44 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. §.4-De l'évaluation de quelques Articles particuliers dans le courant du même slecle. L'homme qui veuc approfondir les viciffitudes des chofes humaines , en rencontrera de grands exemples dans ce XVI Siècle. En effet, ce fiecle fera toujours celui oü fon efprit fera furpris des progrès que les hommes ont fait dans toutes les connoiflances qui font a leur portee. Les affaires rélatives au Commerce font celles auxquelles nous nous bornons. 11 feroit même trop long de le fuivre dans toutes fes branches. Je me bornerai feulement a deux ou trois exemples, qui m'ont paru aflèz curieux, & qui méritent qu'on en conferve la mémoire. i°. Nous avons vu dans le fiecle dernier, combien dans nos contrées furent rapides les progrès qu'on fit dans la navigation. J'ai pour cela cité un exemple de l'Hiftorien üEnkhuifen. Je continuerai de me fervir encore de fon Ouvrage, afin de faire connoitre l'évaluation de nos Vaiflèaux marchands de ce tems-la, & de rappeller au fouvenir des lefteurs combien 1'habileté des marins SEnkhuifen fut alors en réputation. Environ ce tems-la [dit 1'Auteur] (en 1542) ^ 1'occafion d'une demande de la part de 1'Empereur, MM. les Bourguemaitres repréfenterent au  APRES LE XV SIÈCLE. 45 Maïtre des Rentes, que les habitans avoient perdu depuis 3 ou 4 ans, 16 ou 17 Vaiflèaux, appartenant tous a des citoyens SEnkhuifen, & valant enfemble une fomme de 80380 florins Caroli, ce qui avoit beaucoup influé fur 1'état des habitans, & leur avoit pour ainfi dire fait prendre le parti de ne plus faire de nouvelles entreprifes. Ils remontrerent encore que les Revenus de la Ville ne fe montoient pas a plus de 2700 florins ; qu'ils étoient chargés de 1300 florins de Rentes perpé* tuelles, & de 625 florins de Rentes viageres; qu'ils avoient outre cela des dépenfes continuelles a faire a la Ville & au Port, qui exigeoienc par an au moins 1600 florins Caroli, fans compter les impofitions ordinaires , & les demandes extraordinaires de Sa Majefté. Pour vérifier la perte faite fur mer, on ajouta aux Remontrances la note fuivante: Vaiflèaux Péris. .Un nommé Karvel/chip, de 300 Laft, appartenant a Klaas Jacob Blaeuhulk. évalué a' 7000 florins Caroli. Un petit, dont le maitre s'eft feul fauvé 800 • Un neuf, de 100 Laft . . . 3000 Un idem, de 250 .... 8000 Un petit 500 1 Un petit 500 -——  4fS Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Ua grand de 200 .... 7000 florins Caroli. Une grande Carvelle de 300 laft. 7000 Une- de 225 . 4000 (le feu prit a celle -ci par accident devant la Ville.) Une autre 35°° florins Caroli* Un autre Vaiflèau .... 2500 , Un de 200 laft 5°°° Un autre de 250 , . . . 6000 Une Carvelle neuve de 250 . 6500 ■ * (périe avec tout 1'équipage.) Une autre Carvelle de 300 laft 7000 florins Caroli. Une autre de 300 .... 8000 ' Une Carvelle neuve de 300 laft 10080 — &c. (77) Le même Auteur, fous la date de 1'année 1551,» notté, que la Ville SEnkhnlfen avoit 60 gros Vaiffeaux de mer , 200 Vaiflèaux du Rhin, & outre cela plufieurs batteaux pour la pêche des Harangs. Mais ces forces de mer furent bientöt diminuées, par la guerre qui furvint peu après avec la France-, car avant la déclaration de guerre, 3 gros Vaiflèaux SEnkhuifen, valant au defa de 26000 florins, furent pris; & depuis la déclaration ils perdirent encore deux Vaiflèaux, propres a la pêche des Harangs, valant au dela de 1800 florins, & en 1551 (77) Hiftoire «Enkhuifen, pag. 63.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 47 & 52 par les défaftres de Ia mer, 4 gros Vaiflèaux, qui valloient au moins 20000 florins. Ce petit détail, avec ce que 1'on trouvera au Chapitre fuivant, fufflra pour nous donner une idéé de la valeur des Vaiflèaux de ce tems - la. Le bois & les autres matériaux propres a la conflruftion des Vaiflèaux font depuis le XVI Siècle fi confidérablement augmentés en prix, qu'on a de la peine a en croire fes propres yeux. Ce qui valloit en 1550, 900 florins,en vaut aujourd'hui 7000 (78). Mais rien ne doit plus furprendre, lorfqu'on fait réflexion aux différentes révolutions arrivées depuis ce tems-lh. Revenons au fecond objet de 1'Hiftorien ÏÏEnkhuifen, lcavoir a la réputation que les habitans de cette Ville s'étoient déja faite dans la navigation. Charles tfAutriche , Souverain de ce pays , voulant fe faire reconnoitre en Efpagne Roi de Caflille & des autres Royaumes qui lui étoient échus, vint a Middelbourg en Zélande l'an 1517, d'oü il fe mit en mer pour fe rendre en Efpagne le 12 Aoüt. II voulut que ceux SEnkhuifen le tranfportaflènt, ainfi qu'ils le firent, ayant une en- (78) Hiftoire ffEnhhuifen, pag. 73. Rygersbergen dans ft Chronique de Zélande, dit a 1'année 1533, que dans cette année 011 commenca en Hollande & en Zélande a couvrir les Buyzen qu'on empioyoit a la p(!che des Harangs; car tous ceux que 1'on avoit fabriqués & équipés avant ce tems-la, n'avoient pas d'atitre tillac que quelques planches, & une voile par deflus.  48 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. tiere confiance dans leur expérience fur la mer (79). 2". Si 1'expofé de la valeur de nos Vaiflèaux marchands du XVI Siècle nous jette avec raifon dans quelque furprife, lorfqu'on la compare au prix de ceux de nos jours, nous ne ferons pas moins éconnés de la prodigieufe différence qu'on trouve entre le prix de ce que les maifons qu'on faifoit batir coutoient alors, & entre celui de nos jours. Notre Auteur de l'Hiftoire ÏÏEnkhüifén va nous fournir encore quelques exemples a ce fujet. L'an 1531 on éleva a Enkhulfen une Tour & une muraille longue de 35 toifes, allant de la porte du Nord vers 1'Orient au Zuiderzée , ce qui couta alors en tout 2362 florins Caroli (80). L'année d'après on batit encore une petite Porte, ainfi qu'une grande Tour ronde, avec 27 toifes de muraille du cöté Oriental de celie qui avoit été faite l'année précédente, jufques dans le Zuiderzéey ce qui couta a la Ville 2741 florins. Tout eet ouvrage fut aflis fur un fondement de poutres de bois d'aulne, fur lequel on batit un f'ocle de 20 a 25 nieds, enforte que Fouvfage de deflbus couta autant que celui de deffus, encore 1'ouvrage du cöté de la mer fut - il partout revêtu de pierres dures de (79) Wtoite d'Enkhuifcn pag. 47. • (80) Hem, pag. 54.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 49 de Benthem , & par en haut de pierres de Leyde (81). L'année 1534 on éleva une Tour d'une moyenne grandeur, avec une muraille, partanc de la partie du Nord vers 1'Oecident, longue de 35 toifes. Ce rempart couta a Ia ville 3258 florins Caroli. Dans ce tems-la le Comte de Hoogfïraten, Stadhouder de Hollande, ordonna de faire encore quelques ouvrages du cöté du Sud de la ville. En conléquence de eet ordre l'an 1535 on fit trois Tours, deux petices & une grande , garnies de murailles de chaque cöté, 1'une regardant la mer, 1'autrc le port, de la longueur de 51 toifes, ce qui couta 5133 florins. Nous rapportons cela,dit 1'Auteur, non comme chofe de grande importance , mais pour conferver feulement le fouvenir de ce qui fe pafibit dans ces tems - la (82). Lorfqu'en 1536 1'Empereur fit prendre des informations fur la fituation de certaines affaires, MM. les Bourguemaitres remontrerent, que les habitans C81) Hiftoire ff Enkhui fin, pag. 54. (82) Hiftoire d'Etikfiuifen, pag. 58. Pour eet ouvff ge on avoit employé 800 mille Briqucs. Voyez page. 6. qui couterent 1200 florins 4000 Pieds de pierre'.dc Benthem, . . . 600 Et en Boifage. 400 f 2:00 En calculatie Ia chaux & les falaires il ne feroit pas impolüi>le, pour une pérfbnne. entendue & fur les lieux, d'en fake un objet de com- j>araifón. D  5o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. de la Ville avoient fait fouvent de grandes pertes fur mer, & que la Ville avoit fait des dépenfes confidérablcs en batiflès; qu'ils avoient fait vouter dans le courant de l'année trois grandes Tours, & que les Remparts avoient été nouvellement réparés, avec nouvelle terre & pallitTades, ainfi que du cöté de la Mer, dont les glacés en hyver avoient beaucoup endommagé les pilotis, ce qui en tout avoit coüté 1700 florins. Dans ce même tems on fit auffi des dépenfes par rapport aux digues, on y employa un terrain d'environ 175 arpents. Nous avons vu a Partiele du prix des denrées &c. de ce fiecle combien couterent en l'année 1536,800 mille pierres de Leyde. Dans le même tems, continue 1'Auteur, 4000 pieds de pierres de Benthem coutoient a Enkhuifen 100 Livres de gros, c'eft-adire 15 florins Caroli les 100 pieds, non compris la chaux, les falaires &c. Le même Hiftorien donne dans la fuite le détail d'un nouvel ouvragë a faire du cöté du Sud de la ville, vers 1'Occident, hórs de la porte du Sud, fcavoir, une nouvelle tour & des murailles flanquées de tours de diftance en diftance, jufqu'au Weflerporte, qui conduit a Grootebroeck, ouvrage long de 200 toifes, & qui leur avoit été ordonné par le Comte de Hoogftraten. Cet ouvrage conftruit  APRÈS LE XV SIÈCLE. 5i partout fur des pilotis de bois d'aulne devoit revenir a 14 ou 15000 florins Caroii (83). Je terminerai eet article en remarquant que notre Auteur nous a encore confervé le montant des fraix que couta le pavé du chemin. En 1552 on pava le chemin depuis la maifon habitée par Pieter Landtmans, jufqu'au nouveau port , a raifon de 3 florins par toife quarree , tout compris. Les Bourgeois fournirent 1 florin par toife pour fubvenir aux fraix, & la ville 2 : ce chemin n'avoit point encore été pavé (84). Je pourrois m'étendre encore davantage, mais ces exemples fuffiront pour donner une jufte idéé des différents prix des chofes dans ces tems - la. Difons maintenant un mot des droits , des impöts & des charges , pour completeer la comparaifon des tems pafles aux nótres. L'an 1507 Enkhuifen étoit feulement chargée de 76 florins 2 fols de Rente perpétuelle, & de ƒ 520-4. de rente viagere; ce qui fe trouvoit encore en 1536 monter a environ 800 florins du Rhin, avec cette différence, qu'il y avoit plus de Rentes pcrpétuelles que de viageres (85). L'année 1515 ]a Ville ayant fouffert confidérablement par les inondations, on fit des Rémontran- (83) Hiftoire «Enkhuifen, pag. 62. (84) Utm, pag. 74. 1 (85) Utm% pag. 4 b D 2  52 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &o. ces au Souvcrain & a fon Confeil, afin de trouver un moyen de fubvenir aux fraix des digues, atcendu que la plupart des ckoycns forcoienc de la Ville pour fe ibulïraire aux charges auxqu'elles ils devoienc contribuer. Le Prince ne connut d'autre moyen que celui de lever des nouveaux impöts; il permit par Lettres a la Régence de lever quelqu'argent par le moyen de 1'accife, qui fe régla de la maniere fuivante: on prit la valeur d'un fixieme fur tout le vin qui feroit confuraé dans la Ville, un fol fur chaque laft de Bied & de feigle, dont une partie fortiroit de nouveau de la Ville, 3 fols d'un laft de feigle con> fumé dans Penceinte de la Ville, d'un tonneau de fel 1 fol, a condition que la Régence emploiroit les deniers qui proviendroient de ces droits a batir ou a réparer par tout oü la néceiïké le demanderoit le plus , & qu'elle en rendroit compte au Prince (86). L'an 1526 la Régence de la même Ville d'Enkhuifen exempta les particuliers qui établiroient des Fabriques de raffineries pour le fel, de payer des droits d'accife, lorfqu'ils le vendroient en détail par mefure du quartier, mais ils n'étoient pas exempts pour les ventes qui fe feroient avec des mefures plus petites. (S6) Hiftoire SEnkhuifai, pag. 45.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 53 Enfuite (en i53i)onmit de nouvelles renriclions a eet article, mais de peu d'importance (87). En 1549 pour fubvenir aux fraix d'un port nouvellement conftruit, le Prince permit que la Régence levat un droit fur chaque VailTeau qui viendroit ou hiverner ou charger dans le port; que de chaque laft on payeroit 3 fols gros de Flandre, & cela pour 1'entretien du port; en reconnoiflance de laquelle permiiïion la Régence s'oblïgeok a payer au Maitre des Rentes, ou Receveurs du Prince, 1 o florins Caroli de 20 fols piece, par an. Cette permiiïion fut accordée a Bruxelks le 23 Mai de la même année. Dans ce même tems la Ville SEnkhuifen affèrma pour 8 ans le droit fur les Eaux de vie, qui ne fe montoient alors qua 42 florins l'année (88). En 1553 la Régence follicita de nouveau 1'aug- (87) Hiftoire fEtikhulfin, P*g- 51 & 53. En 1531, les Fabriquana conyinrent entr'eux de ne vendre que par tonneaux entiers; on devoit faire mefurer le fel par des hommes admis & recus avec ferment. F,n 1536 il y avoit hors de la ville SEnlhufen quatorze Fabriques pour rafiner le lel. Pour donnet ici un exemple frappant de 1'accife que 1'on paye aftiiellefnent, fur le fel, voici 1'expolé de ce qu'il en coute pour un fac de fel [120 Livres] a Amftertlam. fAchapt d'un fac de fel 1 flov. '7 f°ls En 1777. i^imp6ts ou droits d'accife ik le fceau. . 1 17 f 3 - 14 Deforte que les impöts fur cette denree fe moment aufli haut que la chofe même. (S3) Mem, pag. 72. D 3  54 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. memation des droits d'Accife pour fournir aux dépenfes continuelles, ce qui fut accordé en partie; fcavoir, qu'on pourroit lever de chaque tonneau de biere braflee dans le pays: De la qualité de 20 fols & plus bas 6 fols - 21 ii 29 . . . 9 30 a 39 . . . io 40 & au-defïïis .12 8 den. Ceci étoit le droit fur les Cabaretiers, car pour ce qui regarde les Bourgeois , il étoit réglé de la maniere fuivante: De la qualité de 20 fols & plus bas 6 fols . 21 a 29 . . . 9 , 30 a 39 ... 7 8 den. ■ ■ 40 & au-defius .10 Des Bieres érrangeres, tantfur les Bourgeois que fur les Cabaretiers . . . . . 30 fols De Biere d'"Angleierre, de Hambourg, de Breme, & de Roftock 15 fols De route forte de vins qui feroient confumés dans . la ville & dans fon diftriél, le cinquieme denier , au lieu du fixieme, comme nous avons vu qu'on le donnoit ci-cfevant. Le tout pour le terme de 9 ans, & fous cette condition fpéciale, que la plus grande partie des intéreflës y devoit confentir, & que lés Suppliants payeroient en reconnoiflance de la per-  APRÈS LE XV SIÈCLE. 55 mifiion aux Pveceveurs de 1'Empercur 12 Livres (Ponden) de 40 gros par an (89). En 1560 la Régence, afin de fubvenir aux fraix d'un nouveau port pour les pêchcurs, follicita la continuation de 1'Oétroi accordé en 1553 par le pere du Souverain alors régnant. A cette occafion ils demanderent auffi de pouvoir mettre un droit fur les Grains qui fe confumoient dans la ville & dans.fon diftricT:. Le Prince 1'accorda pour le terrae de 12 ans, & permit de ie percevoir fuivant le tarif qui fuit: D'un laft de bied 4 fols de feigle 3 d'orge ..... 2 8 den. d'avoine 3 gros D'un tonneau de fel ... . 1 fol Et toujours fous la condition que les Citoyens donneroit leur confentement. Le privilege en fut figné le 1 O&obre de l'année 1561 (90). 11 ne fera pas hors de propos d'appuyer ces exemples par un "autre du même genre. Voici donc ce qui fe paifa dans ce fiecle dans la ville d'JIc- (89') Hiftoire d''Ehkhuifen, pag. 77. (90) Idem, pag. 91. AcTruellement on pnye pour 1'Irnpöt de laProvin■ce, du feigle qu'on confume,52 flor.9 fols 6 den. pour le laft, & pour 1'accifede la Ville 5 flor. 5: 8 fols le lalt. Et du froment ƒ 104. 18. 12. & ƒ16. 4. Au IX. Chapitre on peut' obTerver les taxes de notie fiecle iltr plufieurs autres articles. D 4  56 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c maar, ville encore aujourd'hui floriflante dans Ia Nort ■ Hollande. En 1507 on alloua la veille de Noël, fuivant Ie Compte des Tréforiers de cette ville, le droit d'Accife fur le vin pour le terme de 13 mois, le mois fuppoféde 28 jours, a raifon de 65 Livres (Ponden). L'Accife de la Biere pour 182 jours h 19 \ de ces livres par jour; Livres {Ponden) L'Accife des grains a .... 149 le mois des Draps 28 des Tourbes & Bois . . 40 de la viande . . . .352 l'an. (91) L'an 1531. le 26 Juillet il fut ordonnc de la part de la Magiflrature', que chaque citoyen de la ville payeroit un doublé fol par femaine de chaque 100 florins qu'il pofledoit, & que 1'on feroit pour cela eftimer les maifons & les meubles par des Cpmmiflaires nommés a cette fin; on taxoit au doublé des le lendemain quiconque ne payoit pas au jour limite, & on féviflbit contre le premier qui parloit trop ouvertément fur cette dure impofition. Cet argent devoit fervir a fortifier la Ville (92). L'an 1537.. FAccife de la biere fe montoit, d'après les quittances, a 12 florins du Rhin & un ■Braspenning. (90 Hiftoire SAlcmaar, pag. 51, (92) Idem, pag. 75.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 57 Par les comptes de Jacob Wilkmz en de Dirk van Teylingen , Tréforiers, commencant la veille de Noël en 1536 & finnfant en 1537, égalemcnt la veille de Noël, on voit que 1'accife du vin étoic montée a 358 liv. 6 $, celle de la biere a 2709 liv. 12 $, celle du bied 1397 liv. 18^7 gros, celle des draps a 279 liv. 10 gros [ce qui prouve que lesFabriques étoient alors en vigueur]; celle des tourbes & du bois a 246 liv. 10 celle de la viande 156 liv. celle de 1'eau de vie 19 liv. Toutes ces liv. (Ponden) de 40 gros. Dans ce même tems les Douannes, dont Ie revenu fe percevoit au profit de Ia Ville dans le grand Marché, fe montoient a 108 liv. (93). Dans la guerre que 1'Empereur eut contre la France, la ville d''Alcmaar fut obligée d'accorder plufieurs demandes que fit S. M. Pour y fatisfaire, les Bourguemaitres & Confeillers mirent fur tous les biens des particuliers une charge de cinq fols, fur chaque 100 florins par demi an (94). Enfin, dit 1'Auteur, „ Le Roi Philippe , Fan „ 1558, commenca a épuifer nos principales fa„ milles , pour exécuter fes odieufes entreprifes, (9:,^ Hiftoire SAhmanr, pag. 8g. (94; Idem, pag. 90— 120. L'an 1553 on fit de ia part de TEm. pcreur une dernande extraordinaire de 300000 florins ,• pour y fatis. faire, les habitans durent cbntribuer du dixieme denier de leurs imjneub.es, comme mailóns & teires. D 5  S8 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. -,„ fous le prétexte de la guerre qu'il avoit a foute„ nir contre la France ". Par une Ordonnance de ce Prince, on voit qu'il demanda a fes fujets des Pays-Bas de Paffifter en argent, par forme d'emprunt: a cette occafion il y eut un comité. Par devant les Commifiaires du Roi comparurenc •les perfonnes ci-nommées: F. van Teylingen, A. Pieterszoon Sel, Lucas Andrieszoon, &c. & les Régens de la vieille Cour, autrefois notmnée le Couvent de Sainte Cathérine, &c. Lesquelles déelarerent confentir a pré ter au Roi •par forme d'emprunt , fcavoir F. van Teylingen 200 Livres, A. Sel. 100 Livres &c. faifant enfemble 1000 Livres {Ponden') de 40 gros: 1'eroprunt fe fit pour un an; mais la guerre étant devenue plus longue & plus difpenüeiife , on commua le rcmbourfcment en une rente au denier 16. (95). Terminons ce Tableau des révoiutions fur les prix des denrées &c. par des réilexions générales, rélativement a ce qui s'efl pafTé dans le courant du XVI fiecle. C'eft dans ce fiecle, lorfque PEurope fut devenue infiniment plus riehe en or & en argent que dans les fiecles précédents, que Phomme, toujours avide de tichelles, eik dü fans doute fe trouver au comble de la félicité; cependant jamais peut* (95) Hiftoire «Alcmaar, pag. 136.  APRES LE XV SIÈCLE. 59 être le genre humain, & furtout 1'habitant de cette brillante partie da monde , ne fut accablé de plus granus maux. Si Colomb, en revenant de VAmérique, nous préfenta d'une main les tréfors d'un nouvel Hémifphere, on eft aflez généralement perfuadé que de 1'autre il nous donna cette affreufe maladie qui n'eft que trop connue, & dont les ravages font d'autant plus terribles, qu'ils détruifent les fources mêmes de la vie. Le feul Monarque Efpagnol répandoit par fes Vaiflèaux plus d'or & d'argent en Efpagne, qu'il ne s'en trouvoit dans le refte de 1'Europe; & malgré ces immenfes richeflès, le fucceflèur de CharlesQuint , le Prince fans doute alors le plus riche & le plus puiflant des Nations Europécnnes , ne put ni par fes forces de terre, ni avec fes forces de mer, ni avec tout fon or & fon argent, conferver ce petit coin de 1'Univers que nous connoiflbns tous , fous le nom des fept Provinces Unies des Pays-Bas. Ses propres richeflès fervirent même contre lui. Les énormes dépenfes qu'il devoit faire continuellement, firent couler tout Por & 1'argent de YAmérique vers la Flandre, & éleverent enfin en Europe cette nouvelle Puiflance, qui s'eft rendue depuis fi refpeétable & fi utile. C'eft depuis la découverte du nouveau monde, depuis que les fleuves d'argent du Mexrque, du Chili & du Pérou, & ceux d'or du Brófii ont pris  6o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. la route de PEurope, c'eft depuis cette mémorable époque, dis-je, que Pon a vu PEuropéen continuellement accablé d'impöts. 11 paroit donc, que plus on a, plus on veutavoir: Vélius, Hiilorien de Hom, fentoit bien cette vérité, lorfqu'il difoit: „ Celui-la eft riche , qui fe contente de peu, „ & non celui qui en poffédant beaucoup, a enco„ re de plus grands befoins; paree que le peu qui „ manque au premier, peut être bien plus facile„ ment rempli, que la fomme immenfc des défirs „ du dernier". Charles-Quint, ce Prince fi puifiant, & fur les terres duquel (fi Pon encroit le proverbe) (96) Ie Soleil ne fe couchoit jamais, fut obligé de demander un jour (en 1537) un Ibbfide extraordinaire d'argent aux habitans de la Province de Frife. Les Repréfentans de la Province, qui en 1531 lui avoient fait de leur propre mouvement un préfenc de 14000 florins Caroli (97), lui firent alors de trés humbles Rémontrances (98), en lui expofant les malheurs & les pertes qu'ils avoient efiuyées depuis 1515 par les guerres ruineufes qu'il avoit entreprifes. Cependant pour témoigner leur fincere attachement a 1'Empereur , ils réfolurent (99) de (9(1) Voyez Morcrl, pag. 136. de la Ecttre E. C97) Chartres de Frife, ïome II. pag 579. (9?,) Mem, pag. ;o3 & 713, C99) A la prge 727 011 trouve ce qui Te pr.ua le 18 Avril 1539. & jours fuivans a la Diette que les Etats de Fiife tinreut i'ur cette in»-  APRÈS LE XV SIÈCLE. 6t faire un dernier effbrt en fa faveur, mais fous Ia condition d'une promeffe de fa par:, fur plufieurs arcicles concernant leurs Droits, Privileges, & Prérogacives , conditions que le grand CharlesQcint fut obligo d'accepter (100). Quel exemple pour 1'homme qui penfe! On voit ici le Frïjbn dans toute fa fplendeur, même au milieu de la détrefiè. Ce peuple ami de la Iiberté fcait 1'acheter au poids de Por, quand il ne peut la conferver autrement. Qui étoit le plus grand dans ce moment la?Etoit-ce Charles ou le Fris on? Enfin il faudroit trop de tems & plus d'un volume pour faire la defcription des révolutions que le Commerce en général & les affaires des finances en particulier, fubirent dans ce fiecle, j'aurai occafion de dire encore quelques mots fur ce dernier obj'et dans mon fecond Volume. portante affaire. II eft a remarquer furtout, combicn fut grande Ia fermeté des Frifons, qui ne voulutent jamais donner de confentement avant que les articles ne fuffent réglés de part & d'autre, malgré les promcffes que leur firent les Commiffaires, que 1'Empereur auroit égard a leurs conditions, lorfqu'ils auroient confenti au fubfide demandé. Le Stadhouder & les Commiffaires n'afïïfterent même pas h leur affembléede forte que les Repréfentans nationnaux tinrent leurs conférences entiéremerït libres. II feroit trop long de détailier ici tous les articles qui y furent agités; cependant on peut affurer qu'ils font curieux & intéreffans , & qu'ils mentent d'être confervés a la poflérité. Ce font de ces pieces qu'on ne peut trop connoitre , lorfqu'on veut fe fonner une jufte idéé du peuple Frifoit dans Ie XVI Siècle, & fous un Regne tel que celui de Charles - Qii'mt. (loo) Chartres de Frife, Tome ii. pag. 7,53. 18 Juin 1539, Voyez encore la lettre de la Reine Mar ie, a la page 757 & fuivantes. La  62 Ch. Vliï. DU PRIX DES DENREES ócc. XVII SIÈCLE. §. i. Du Prix de différentes Choses. Nous avons vu au Chapitre VI qu'a la fin du XVI Siècle le mare d'argent valloit déja entre 21 & 22 florins. Nous venons de voir que le prix des denrées,de la main d'ceuvre &c. s'étoient confidérablement rcfiènti de cette étrange révolution , principalement fur 1'argent: nous allons voir maintenant fur quel pied le prix de quelques articles s'eflr encore établi dans le cours de ce Siècle. La cherté fur les grains, qui eut lieu fur la fin du fiecle dernier, cont.inua au commencement de celui-ci. En 1602 le feigle fe vendit 63 florins d'or, & en 1603. 80, mais ce prix diminua enfuite, car en 1605 il ne valloit plus que 40 a 44; il Amjierdam même il fut payé 47 florins d'or par les Adminiftraceurs des Etabliflèmencs publiés (101). Diette du 3 Aoiït i539, & (toont h Copic de tfinftmrfiion donnée a MM. les Bepittés vers Ia Reine Mark Douairière de Ihngrie Régen te, fous la même date, par laquelle les Etats déctarerent qu'ils esi geotent Acte du privilege, cacheté & dans les formes requiles fans chaugetno.it d'aucuns articles , & au cas de refus de ces conditions, les Députés étoient deftitués de leurs pouvoirs , & 1'Etat ne devoit pas acqtuefcer aux demandesj mais que, fi les conditions étoient acceptees, les Dépuiés & comracttans pouvoient promettre au nom du pays 4CCO-, f.orins Caroli, & en palier Acte en forme. Cioij VÉuus Chronique de Hom pag. g*g. Et Information particuliere, urée des Livres d'une Maifon éub.ie a Amjlerdam pour le foubgemeni des pauvres.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 63 J'ai déja dit a Partiele du prix des denrées &c. dans le fiecle dernier, que je me fuis attaché a citer différens articles que j'ai trouvés dans des Auteurs publics, & qui font a la portie de tout le monde. J'aurois volontiers continué fur le menie pied, fi j'avois rencontré ces objets dans les Auteurs du pays: mais a mefure que Pon approche de notre tems, un détail exact fur le prix des vivres nous manque; ceux du moins que j'ai pu me procurer, n'en font aucune mention, & nos Annales, qui les ont exaélement nottés, ne commencent qu'a l'année 1747; ainfi j'ai été obligé de recourir, furtout pour les prix du froment & du feigle dans les XVII & XVIII fiecles, a des informations particulieres. A Arnfterdam ces détails font beaucoup plus difliciles a fe procurer que dans d'autres pays, tels que ia Flandre, le Brabant &c. Les Couvents & les Communautés font ordinairement les feuls endroits ou Pon conferve avec foin ces fortes de chofes, & les feuls peut-être oü on les trouve avec queique exa&itude. J'ai cependant été aiïèz heureux pour me procurer plufieurs détails de deux des principaux Etabliflèments $Amficrdc:n. En 1605 a Arnfterdam la chaux fe payoit 3 florins 5 fols le chapeau. 5000 dubbelde rode (leenen [efpece de briques roüges] & 400 tuiles , coütoient ƒ 65 -12; 2200 briques [moppen] ƒ 17 -12; 13000 briques de Gouda 49 fols les 1000, 24000  64 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c rede [leenen (briques rouges) ƒ4- 16 les 1000; 30 poutres [Noordfche Balken] a 11 florins piece , 400 blauwe [leenen (pierres bleues de 14 pouccs) 40 florins les 100. II fut payé par les Adminiftrateurs des Etabliflèments publiés en 1604. 61 florins 12 fols pour 784 paniers de tourbes, & en 1605, 28013 paniers couterent 2914 florins (102). L'an 1608 les vivres enchérirent de nouveau, mais particuliérement le laitage. A Hom le Tonneau de beurre fe vendit 112 florins, & le fromage 13. (103), prixinoui jufqu'alors. J'aurois pu faire mention plus fouvent du prix de ces articles, mais comme ils dépendent ordinairement de cerraines circonftances particulieres, telles qu'un fubmergement dans certains cantons , une mortalité de bclliaux &c., je ne m'y luis pas tant attaché. Au refte les articles que j'ai rapportés pour fervir de comparaifon, fuflifcnt pour affermir la bafe fur laquellc mes principes fe trouvent écablis; L'an 1620 le feigle, dit Velius (104), fe vendit encore une fois a 44 florins d'or, ce qui depuis quelques années n'étoit pas arrivé, & ce qui n'eut plus lieu dans la fuite, excepté en l'année 1669. (102) Information particulieres ci - deflus. (103) Véli us Cbrort. de Ilorn, pag. 534. (104) Mem, page 50Ö.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 6*5 1669. Twisk dans fa Chronique fous l'an 1620 faic mention de 50 florins d'or. On éprouva en l'année 1623 une nouvelle cherté fur les vivres. Le Magiflrat $ Arnfterdam prit a tems des foins particuliere pour prévenir le renchérilTement & les Monopoles fur les vivres. On s'étoit attendu que le prix du feigle diminueroit pendant 1'Eté, paree que la récolte promettoit beaucoup; mais il y eut une telle mortalité en Pologne, que 1'on y manqua de monde pour faire battre le bied; & la féchereflè y fut fi grande, qu'on ne pouvoit pas tranfporter par eau les grains k Damzick, ce qui les fit encherir encore d'avantage, & occafionna qu'a Arnfterdam le feigle fe vendit enAutomne 170 florins d'or, & même plus cher. On paya 200 florins d'or (dit Commelin) (105), ce qu'on avoit eu trois ans avant pour 40 & pour 45. Cette cherté continuajufqu'au premier d'Avril de l'année 1624 , auquel tems plufieurs Vaiflèaux chargés de grains arriverent avec une charge de 4000 laft, peu après il en ar*iva aufli de France, de forte que le prix baifla jufqu'a 140 florins d'or. Dans le mois d'Aout de Ia même année 1624 il arriva encore beaucoup de grains de la Mer Baltique & desportsde France, enforte que le feigle (105) Defcription SAmtlerdam, page u75. E  66 Ch. VIII. DU PRIX DES DENREES &c. fe vendit a 120 florins d'or, & vint encore a plus bas prix. L'année fuivante le prix refta a-peuprès de même; mais en 1626 la cherté recommen9a, furtout en France & en Flandre (106). , En 1627 le Roi $ Efpagne crut avoir trouvé le moyen de mettre a Ia raifon les habitans des Sept Provinces Unies. II députa un Officier en Pologne, pour folliciter le Roi de fermer 1'entrée de fes Etats aux habitans des Pays - Bas; mais cela ne réusfit pas, car on fentit en Pologne & en Pruffe que ce feroit ruiner le pays & anéantir entiérement les revenus des douannes; d'autres circonftances particulieres traverferent encore les deflèins de Philippe, enforte que le feigle s'achetta encore la même année a 90 florins d'or (107). A la fin de l'année 1628 on défendit Ia fortie des grains des Pays- Bas, par la crainte qu'on y eut d'une cherté prochaine ; en effet , deux grands fléaux, la guerre & une maladie contagieufe, affligerent nos Pays au point que le froment fe vendit 208 florins d'or, le feigle monta enfuite a 250, & en 1630 les prix monterent encore bien plu? haut. Dans ces tems (dit Commelin) le feigle s'achettoit ordinairement 80 florins d'or; mais par la générofité des Magiftrats, le Peuple a Arnfterdam (io5) Delcription d'Amjlerdam 5page II7& (10-) Utm Ibidem.  APRES LE XV SIÈCLE. 67 ne payoit pour un pain de feigle de 6 malgré la cherté générale, que 11 fols ou environ, tandis qu'un pain du même poids fe payoit ailleurs un tiers de plus (108). En 1631 la cherté avoit un peu diminué, cependant le pain de 6 tè fe vendoit encore 10 fols. L'année fuivante le bied revint a fon prix ordinaire. M. Commelin (109) en détaillant plufieurs faits extraordinaires, fait auifi mention des fornmes exceflives qu'on donnoit pour des fleurs en l'année 1636. Cette même année, dit-il, on acheta pour les prix ci- indiqués, Deux laft de froment .... 448 florins Quatre de feigle 558 Quatre bceufs gras 480 Huit Chochons gras 240 Douze moutons 120 Deux barriques de vin .... 70 Quatre tonneaux de biere de 8 florins 32 Deux Tonneaux de beurre . . . 192 Mille livres de fromage .... 120 Un lit & tout ce qui y appartient . 100 Un habit 80 2440 florins (10?.) Defcription d'Arnfterdam, page 1177, £100) Idem, pag. mi. E 2  68 Ca. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c 2440 florins Un gobelet d'argenc 60 2500 Ajoutez-y pour une barque . . . 500 Enfemble 3000 florins Somme, ajoute-t'il, pour laquelle on ne pouvoic pas achecer un Oignon de tulipe. Car la plus fameufe fe vendit a Alcmaar 5200 florins; mais par la fagefle du Souverain ce commerce fut reftraint a des juftes bornes. L'an 1648 , connu chez nous fous le nom de Van de Paix, paree que dans cette année la paix fut conclue entre Y Efpagne & les Pays-Bas,après que ces derniers eurent aflliré leur liberté par les armes, cette année, dis-je, fut tres humide, 1'hyver fut prefque fans gélée, & 1'Eté fe pafla fans féchereflè; ainfi les fruits, les légumes & les grains fe gaterent; les prairies furent prefque toute l'année couvertes d'eau, enforte que les befliaux ne purent y trouver leur nourriture accoutumée, ce qui fit rencherir tous les vivres, & particuliérement la viande de mouton. Le prix des grains fut cependant médiocre, eu égard aux circonflances; mais dans l'année 1662 les bleds renchérirent au point que le prix d'un pain de feigle de 6 tè fut porté a o fols & un liard. Les Magiflrats prenant a coeur  APRÈS LE XV SIÈCLE. 69 les befoins du Peuple , felon leur louable coutume, publierenc le 1 de Mai, que tous ceux qui voudruienc fe procurer des pains de feigle de 6 livres a 7 fols & demi, le pourroient faire , en venant chcz les Commiflaires de Quartier (JVykmeeftereri) recevoir de petits plombs marqués, qui fe diftribuoient a chaque familie , & avec lefquels on alloit chercher des pains chez les Boulangers, au prix indiqué; les Magafins de la ville fourniflbient a ces derniers des feigles a meilleur marché que les Commercans ne le vendoient (110). Dans le courant de cette année 1662 le laft de feigle de Vrufje fe vendit 260 florins d'or Un laft de froment 315 a 320. Un laft de bied farazin 36 livres de gros. Sept ans après les grains revinrent a bon marché. Le feigle fe vendoit depuis 50 jufqua 54 florins. Le froment 100 florins le laft, & le bied farazin 14 a 15 livres de gros. On achettoit les 100 Cfi de fromage de Frife k 5 florins. Celui de la NordHollande pour7 & 7%, & celui d'Edam 8 florins. Un quart de Tonneau de beurre de Groningue fe vendoit 10 a n florins. Celui de Hollande 20 florins, & celui de Leyde 24. le vierendeel (m). En 1657, ttdze cent huit paniers de Tourbes, (ircO Defcription ^Arnfterdam, page 1178. ('in) Daniël Willinks Amfteldamfche Arkadia, page 166. E 3  7o Ch. VIII. DU PRIX DÉS DENRÉES &c. telles qu'on s'en fert dans nos Höpitaux &c. coütérenr 27 florins les 100 paniers, ck le portage 48 fols. Aujourd'hui une quantité égale de Tourbes, de la même qualité, & dont on fe fert encore dans les mêmes maifons publiques, coute 34 florins, & les fraix du portage &c. 65 fols. On peut voir a la fin de ce premier Volume le prix des bleds de quelques années, ainfi que j'ai pu les rafiembler. Enfin voici les prix de divers articles, tels qu'on nous les a confervés, & pris du milieu & de la fin du XVII Siècle (na). L'an 1698 & 1699 [dit M. Isaac le Long]il y eut dans ce Pays une fi grande cherté, que malgré les précautions prifes par les Magiftrats d''Arnfterdam, les prix des grains refterent toujours a un dégré très-haut. L'an 1699, on paya en Hollande, Pour un laft de froment de Zélande 560 florins. Seigle de Prujje . 39a . bied Sarazin . . 250 d'Orge .... 176 —— d'Avoine . . . 120 Enfemble 1498 florins. (112) Commerce SAmjlerdam, par le Moi ne »e l'Espinf, migmenté par Isaac ee Long Edit. de 1763 [H] page 275. & fiivtantts.  APRES LE XV SIÈCLE. 71 Et dans Pan 1700 on achetta pour cette même fomme tous les articles fuivans: Un lal! de froment 240 florins» de Seigle 126 ■ de bied Sarazin . . . 102 ■ d'Orge 60 d'Avoine 42 1000 livres de fromage de la meil- leure efpece 60 1000 livres de fromage de Cumin 25 Un Tonneau ou | de beurre de Leyde 80 Une barrique de vin de France . 30 Une ancre d'Eau de vie . . . 12 Une ancre de Genevre .... 8 Une ancre de vin ordinaire ... 12 Un habit neuf 20 Un bceuf gras ou vache ... 70 Un cochon de 200 livres ... 20 Un couple de moutons gras . . 14 Douze poulets 6 Douze Coqs d'Inde p Douze Canards 6 Quatre Lievres 6fl. i2f. Quatre Cochons de lait .... 5 florins. Douze Lapins 4 fl. 4 f. Cent livres de Perches .... 15 florins. ƒ 972- iófols E 4  72 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. ƒ972 - 16 f. Cent livres de Gardons .... 3 fl. 15 f. Dix Brochets, chacun d'une aune de long 3 florins. Dix Sacs de pois blancs . . . 2 2Ü. iof. Dix de gris . . . 27 fl. 1 o f. Mille choux 25 florins. Cent milliers des haricots . . . 18 fl. 15 fl Cinq cents paquets de Carottes . afl. 10 f. Dix huit morues fraiches [Cabeljauwen] 3 florins. Quatre cents merlans [Schelvisfchen] 5 Dix boiflèaux de poires . . . yü. 10 f. Dix boiflèaux de pommes ... 4 florins. Dix boiflèaux de pommes d'hyver 9 Dix paniers de prunes .... 1 Mille livres deCérifes .... 10 Un bouc de cinquante livres . . 3 fl. 3 f. Un laft de Harangs 60 florins. Un lafl de Morue 60 Un Cheval 50 Une Chaife roulante 30 Cinq cents livres de petites Anguil- lcs [Paling] ........ 23 fl. 15 f. Cinq cents livres d'Anguilles [Aal] 25 florins. II y eut encore de refte a dépenfer pour quarante huit hommes chacun une Rysdaler 120 Et pour les domeftiques . . • 10 fl. 16 f. Enfemble 1498 florins.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 73 Dans le tems de la cherté, en 1698, on prit une notice de la quantité de bied qui fe trouvoit chez les Marchands a Arnfterdam, & on défendk toute fortie des grains lans la permiiïion de la Ré« gence. On diftribua au Peuple des plombs qui portoient Pempreinte des armes de la Ville, avec lefquels on alloit acheter chez les Boulangers le pain de feigle a moindre prix que celui qui avoit été limité, a Pordinaire, d'aprcs le cours du bied, au mois d'Oétobre de 1698. %. 2. Du Prix de la main d'ceuvre &c. A la fin du fiecle dernier le prix de la main d'ceuvre avoit déja haufle comme le prix des chofes, ainfi qu'on a pu 1'obferver: la Notice que j'ai prife fur quelques articles concernant les falaires des Ouvriers, y ajoutera un nouveau dégré de confirmation. La Mouture d'un lafl; de feigle coutoit en 1603 4 florins 8 fols (113). (113) L'an 1579 le 31 Aoüt, par une Ordonnance, le falaire pour Ia mouture du feigle avoit été limite" a 2 fols par muid. Du froment & du Bied farazin a un Vier Tzer ou 5 gros. Voyez les Livres des Ordonnances Privileges & Coutumes «Amsterdam Edit. de 1748, a Ia pag. 388. En 1683 Ie 3 Avril, le falaire pour moudre le froment fut limité" a ƒ 9. 16. 8 le laft, ainfi qu'il eft encore aujourd'hui. E5  74- Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Les femmes employées a remplir les Tonneaux de Tourbes avoient par jour 7 fols (114). Celles qu'on employoit a balayer les maifons &c. avoient en 1605 10 fols par jour (115). On donnoit en 1606 aux Boulangers pour cuire le pain (fans lalt) f 12-10 par laft (116). Pour porter, arranger &pofer les briques fervant a la conftruótion des maifons , on donnoit 2 fols pour les 1000 (117). Les Scieurs de bois avoient au commencement du XVII fiecle 18 fols par jour. (*) Le falaire des Ouvriers travaillant a la journée étoit a Arnfterdam de 15 fols (118). Avant l'an 1593 un Maitre Cliarpentier gagnoit fur le falaire de 1'Ouvrier qu'il employoit 3 gros; & cette même année ce profit fut haufle a 2 fols óu 4 gros. Celui d'un Menuifier fut porté de 21 fols a 3 Cl 14) Aujourd'hui le falaire eft fixé a une dutte par Tonneau, (115) Le falaire des femmes employées au ncttoyages & a la lerfive , eft aujourd'hui 12 fols; & on les nourrit en fus. (116) On paye aujourd'hui aux Boulangers pour cuire le pain, favoir pour chaque fac de feigle 28 St 30 fols, ou pour Ie laft 50 h54 florins. On paye d'avantage pour Ie Froment. (117) On peut voir fur eet objet les Ordonnances de l'an 1544. J545. .1565 —1662, & 1665—1684 & 1720. qui traitent des Pierres, de la chaux, & du fable &c. Voyez les Livres contenant les Privileges, Ordonnances &c. de la Ville, «Jmfterdam. '(*) Les Scieurs de bois gagnent aujourd'hui bien plus ; mais ordinairement on fait une convention avec eux a tant pour une certaine quantité. (118} Le falaire de ces ouvriers eft aujourd'hui 20 fols & plus.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 75 fols. Ec celui du Maitre Macon d'un fol a 3 gros. En 1644 le profit du Maitre Cliarpentier fur le falaire des Ouvriers a fon fervice fut porté fur chacun a 3 fols. . Et celui du Menuifier a 5 fols par jour. ■ Par 1'Ordonnance du 10 Nov. 1662 le falaire des macons fut mis a 18 fols. Enforte que le falaire du maitre étoit de 20 fols. 11 y avoit alors , comme cela fe pratique encore aujourd'hui , une différence entre le falaire de 1'été & celui de 1'hyver: la différence étoit de 5 fols (119). Aujourd'hui a Arnfterdam un Manoeuvre gagne 18 fols par jour, & le Maitre recoit fur fon falaire 3 fols; deforte que le falaire total eft de 21 fols. Les divers falaires des Ouvriers en général allerent fuccefïïvement dans le XVII Siècle en augmentant. La paye des frets des Barques, Batteaux & Vaisfeaux navigeant dans 1'mtérieur du Pays ou au dehors, fut aufli haufTée de tems a autre. Par exemple, par un Réglement du fret de la ville de Dordrecht a Arnfterdam,.& vice verfa, on obferve entr'autres, qu'en ióu (120). On paya pour un laft de feigle f 1 - 8: ce qui a . été fixé en dernier lieu (en 1744.) . . a/2- 8 (119/ Voyez les Livres contenant les Privileges, Ordonnances &e> <1''Arnfterdam. Edit. de l'année J7/)8. Cl20) Idem.  76 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Pour un lafl: de froment. fi -12 . . . a 2-15 Pour un lafl: de Bied farazin & d'orge . 1-3 . . . a : - : Pour un lafl: d'avoine 1 - : . . . a 2 - : Le Sel $ Efpagne, la mefure nommée le cent 7 - 1 oSel de Cadix a 18 -: Sel de la Méditterranée 8- : DeCagliaria 22-: Le fret d'un Vaiflêau d'allege de la Ville d''Arnfterdam pour le Texel étoit en 1646 36 florins, & dans le fiecle préfent on a payé pour cela 42 florins (121). On voit par la qu'il y a des objets qui enchériflènt encore, quoique plus infenfiblement qu'autrefois. On peut voir par les Réfolutions particulieres de Meflèigneurs les Etats de Hollande quels étoient en 1574 les appointemens des Miniftres de nos Eglifes. Un Miniftre de Ville avoit 300 florins, ceux de Village 250 : l'an 1594 ces derniers eurent 400 florins, lorfqu'ils avoient plus de trois enfants; & lorfque leurs fonclions s'étendoient a plus d'une Eglife, 50 florins de plus. Le 17 Novembre de la dite année 1594 il fut réfolu de payer aux Miniftres de quelques Villes au moins 500 florins. Et par diverfes Réfolutions des années 1623, 1624 1649, & 1651., ainfi qu'en 1675, les Ho- C12O Information particuliere, & fur laquelle je peux compter.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 77 noraires des Miniftres de Village ont été fucceflivement portés jufqu'a 650 florins. Les appointemens ou Honoraires des autres perfonnes en place ont également hauflé; mais comme je n'ai nulle envie d'entrer dans aucun détail fur ce fujet, pour ne point donner a penfer que j'aie eu en vue quelque réforme, je déclare que je n'en fais mention que pour appuyer les idéés rélatives a Pobjet que je traite, & que j'abandonne cette matiere épineufe aux perfonnes, qui dans leur particulier voudront s'cn occuper. Si Pon prend la peine de calculer & de mefurer les chofes fur la mefure générale, c'eft - a - dire, fur 1'argent, ou fur ce qu'on recevoit alors, & d'en faire la comparaifon avec les dépenfes que Pon faifoit, on verra clairement que le Souverain avoit raifon de prévenir le public, par des Edits & des Ordonnances, du préjudice qu'il fe portoit a lui-même, en fouhaitant une hauflè, ou une plus grande quantité de numéraire (122). Je terminerai eet article par ce que rapporte notre celebre hiftorien Wagenaar , concernant ce que recevoient les Officiers Municipaux de notre Ville (123). Anciennement les Honoraires de la Régence étoient peu de chofe (124); aujourd'hui ils font (122) Voyez ce que j'ai expofé la - delïïis au Chap. VI. (123) Defcription de. la Ville d'-HmJlerdam par M. Jean Wac eNaar. Ëdit. in Folio, Tom. III. page 278; (124) Vélius, a l'an 1550, rapporte qu'a Uorn Ia Richejfe, ou  78 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. encore trés modiques. Au milieu du XVI Siècle les Echevins a Arnfterdam n'avoient pas plus de trois fols par jour [argent de préfence]. L'an 1568 on réfolut pour la première fois d'affigner aufïi un Honoraire a MM. les Bourguemaitres, aux Maitres des Rentes, ou Tréforiers, & aux Directeurs des Orphelins ; il paroit que jufqu'alors ces derniers n'avoient rien percu. LeBaillif eut aufli un pareil argent de préfence; & ce nefut que l'an 1593 que 1'on porta la fomme jufqu'a 50 florins, outre 50 autres florins pour les habits, ou argent de manteau, qui, a ce qu'il paroit, n'avoit été jufqu'alors que do 26 florins. L'an 1602 Xargent de préfence recut le nom de [Traclement] ou d'appointemens, & fut fixé a 350 florins: il fut porté enfuite a 400, & il augmenta peu a peu jufqu'a mille florins & plus. L'année 1624 on le diminua; le Baillif, les Bourgemaitres, les Echevins & les Tréforiers ordinaires, eurent chacun 500 florins, les Direéteurs des Orphelins 400, les Tréforiers extraordinaires 450 , les Maitres des Comptes 200, les Commiffaires de la Banque 200, ceux des Lombards 450, & les Com- les Confeillers, eurent alors pour la première fois leur argent de pré. fence, pour vaquer aux affaires de la ville,ce qui ne montoit chaque fois qu'ils fiégeoient qu'ii un Blanc, ou plutöt a un demi fol. Cet Honoraire fut dans les tems de troubles a Hom a.igmenté jufqu'a un fol, & ii un brafptnning (un fol & 2 duttcsj. Et c'elt a ce dernit? taux qu'il eft refte' long - tems.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 79 miflaires des petitcs affaires 250. Mais les appointemens de ces derniers furent portés dans 1'arinée 1641 agoo, non cornpris 1'argent du manteau. Celui des Commiffaires de la Marine fut 250, outre 50 florins pour 1'argent du manteau, felon 1'ufaget • M. M. les Bourguemaitres réglerent enfuite les appointemens de M. M. du Confeil, ainfi que des Commifiaires de la Chambre de défolation. L'an 1654 on donna aux Commifiaires des affaires Matrimoniales, a qui furent auffi confiées les affaires des injures , 200 florins , & 50 pour le manteau. Les appointemens des Directeurs des Affiirances n'eft pas fixé, & dépend de 1'étendue des affaires qui font portées a cette Chambre: les Commifiaires de la Chambre de défolation limitent ou fixent maintenant leurs honoraires. Les chofes refterent fur ce pied jufqu'a l'année 1746; alors les honoraires de M. M. les Bourguemaitres & de la plupart des Commifiaires furent diminués, écfixés a 250, & a 50 pour le manteau. Ceux des Echevins refterent a 500, & ceux des Préfidens Echevins furent portés a 1000 florins. Depuis ce tems-la il n'y a pas eu de changemens dans les rétributions des membres de la Régence (125). ■ C'25) Ces appointemens Tont chargés du 100 & 200 denier Qlloadtrjle cn twee, honderfle penning") de forte que les 1000 florins ne rendcut que 800 & les 500, feuleraent 400 florins.  80 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Je fuis entré dans ce détail pour donner une idéé du désintérefièment avec lequel fe rend la juftice dans ces Pays. Les affaires, tant celles qui concernent la politique que l'adminiftration de la juftice, font traitées, dans cette grande Ville furtout, fans aucune vue d'intérêt, & on n'y eft pas dans 1'ufage de folliciter fes juges; adminiftration louable, &. dont le feul expofé fait 1'éloge. La Cour de juftice a Arnfterdam eft adminiftrée par les Echevins, qui en entrant en fonétion font ferment de ne pas s'écarter des loix, & de rendre la juftice en confcience. Au refte ce font des hommes , & par conféquent fujets a Terreur, Cependant on peut dire que cette refpeétable Magiftrature marche encore fur les pas de fes prédéceflèurs. Invitons fans crainte les Etrangers a venir svifiter nos contrées, & a s'aflèoir dans nos Tribunaux. Ils verront furément les mceurs antiques régner encore dans nos campagnes & dans la plupart de nos Villes. Sans doute que 1'Auteur même de VHiftoire Philofophique & Politique des deux Indes &c. a trouvé nos moeurs bien différentes de celles qu'il a peintes dans fon premier Volume (126). Eft- (126) Edition originale de 1770, pag. 204. oü 1'Auteur, après avoir fait 1'éloge de la Nation, s'cxprime ainfi : ., Mais combien ces mceurs font déja déchues & dégénerées. ■ Les „ intéréts perlbnnels, qui s'épurent par leur réunion, fe font ifolés „ entiéteinent, & la eOrnipdon eü devenue générale. II n'y a plus ., de  APRÈS LE XV SIÈCLE. 81 Eft-ce donc de loin, & fur des fimples ouï-di* res, ou fur des rapporcs que Ia jaloufie a pu dicler, qu'un Écrivain impartial doic cracer le porcrait d'une Nation? Enfin, le refpeét dü a Phumanité en général, doit-il permettre a un homme de Lettres des écarts auffi dcplacés, & qui peuvent tcrnir en un inflant la gloire de dix ans de travaux? II peut être vrai que le luxe (127) ait fait chez nous de trop grands progrès, mais nous a-t'il corrompus dans „ de patrie dans I'Univers qui devroit infpirer le plus d'attachemenc „ ïi fes habitans. Que de raotifs Ccontinue 1'Auteur) pour ido-, „ lltrer fa patrie 1 Cependant il n'y a plus d'efprit public en Hollan„ de: c'eft un taut dont les partjes n'ont d'autre rapport entr'elles que la place qu'elles occupent. Les banefles, Faviliflement & Is „ mauvajiè foi font aujourd'hui le partage des vainqueurs de Philippe. „ lis trafiquent de leur ibrment comme d'une denrée ; & ils vont de„ venir le rebut de l'univers, qu'ils avoient étonné par leurs travaux „ & par. leurs vertus. „ Hommes indignes du Gouvernement oü vous vivez, frémifféz du „ moins des dangers qui vous environnent. Que peuvent op- „ pofer des Tviipublicains a cette fupériorité rédontable'? Des vertus; „ & vous n'en avez plus. La corruption de vos mceurs & de vos „ Magiftrats, enhardie par tous les calomniateurs de la liberté j & „ votre excmple funette refierre peut-être les chaines des autres Na„ tions. Que voulez - vous que nous répondions ii ces hommes qui, par mauvaife foi ou par habitude, nous difent tous les jours: le „ voila cc Gouvernement que vous exaltez fi fort dans vos Ecrits: voila les fuitcs heureufes de ce fyltême de liberté qui vous eft li „ cher. Aux vices que vous reprochcz au defpotifme, ils ont ajouté „ un vice qui les furpaüe tous, 1'impuiflance de réprimer le mal. Que „ répondre ? O27O Le Luxe eft 1'ombre des Richeflès : il s'aggrandit k mefure que la roaüe en devient plus grande. F  Sa Ch. Vill. DU PRIX DES DENRÉES &c. la même proportion que les autres Peuples ? Voila ce qui eft encore en queftion, & ce qu'il n'appartient pas a un fimple particulier, encore moins a un Etranger, de décider. XVIII SIÈCLE. Du Prix des Denrées, Main d'ceuvre &c. Nous voici main tenant arrivés a Pexamen du prix des denrées &c. de notre fiecle. Comme cette connoiflance eft a la portée de tout le monde, il paroicroit inutile d'en faire un article féparé; mais comme fouvent les chofes qui font lé plus a notre portée font ordinairement les plus négligées, j'ai cru rendre fervice a la poftérité, en lui confervant une notice du prix des bleds, & du falaire qu'on a payé dans le cours de ce fiecle a cette claflè d'hommes qui font occupés aux travaux journalliers. i°. On trouvera a la fin de ce Volume une Table, contenant le prix du feigle depuis 1700 jufqu'a ce jour. 2°. De celui du Froment depuis la même Epoque. A quoi j'ai a ajouter , que les prix que Pon nonirae bas, & qui ne font ordinairement que d'une courte durée, font comme il fuit:  APRÈS LE XV SIÈCLE. 83 Froment de Zélande du poids de 128 livres de 16 onces . 93 a 94 florins dor Froment de Pologne 124 ü . 98 a100 Seigle de PruJJè . u8ai2o 58 k 60 Orgc 40 a 50 Avoine 22 a 36 Bied Sarazin . 9311 livres de gros, (de 6 florins) En portant ces prix a 20 florins d'or au defliis, & Ie Bied Sarazin a 13 & 14 livres (Ponden Vlaamfch) on n'aura encore que des prix ordinaires ou moyens. Au mois de Mai & de Juin de cette année 1777. les bleds ont été a trés bon marché, & leur prix a été auffi bas qu'il ait pu étre depuis environ 30 ans; mais ce bas prix n'a duré que peu de femaines; les pluies continuelles des mois de Juin & de Juillet ont fait hauflèr les prix des grains, enforte qu'en quinze jours il étoit monté d'environ 20 florins d'or par lafl. Le tems s'étant enfuite remis, la fin de PEté a été belle, & le prix des grains a cefle de monter plus haut (128). Sans les pommes de Terre, dont 1'ufage efl uni- (123) Le feigle de Prujfe de 118 r§ a valu au commencement d'Octobre 84 florins d'or le lafl. Le froment de Pologne, de 128 f5, a couté 145 & 146florins d'or, & le plus beau 158. Le froment de Zélande, vieux bied, 6 3. & ? florins le fac, dont 36 au laft. F 2  84 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES ckcv verfel parmi le peuple en ce pays-ci, le prix des? Grains feroit devenu exceffif depuis quelques années. Cet aliment eft d'une trés grande reffource, & d'autant plus précieufe, que jufqu'a préfenr il n'a été chargé d'aucun impöc. II eft a fouhaiter que nos Souverains reftent a cet égard dans les mêmes difpofitions, afin de rendre moins miférable Pétac des Ouvriers & du peuple , qui conftitue la plus grande & la plus nécefTaire partie de la Société, & de qui dépend en quelque facon la force & la confervation des Etats (129). 30. Le falaire qu'on paye aujourd'hui a Arnfterdam a un garcon Charpentier eft de 31 fols, donc le Maïtre retient pour fon profit 4 fols. Celui d'un macon eft de 30 fols, dont le Maitre a pour lui 4 fols. Un Aide - macon gagne 21 fols, & le Maitre garde pour lui 3 fols. Lorfqu'on leur donne de la biere, on leur diminue 3 fols. J'ai raflèmblé dans la Note (130) le falaire qu'on (129) Le prix des Pommefs de terre eft au plus bas & 3 florins 10 fols, & le plus liaut ordinairement a 5 florins pour Ie Tonneau (vat) > lequel contient 8 paniers , ou 2? vierdevat, & le Tonneau de Pommes en contient 32. ((30) Suivant les informations que j'ai recues de Dordrecht, le falaire d'un mattre Macon & Charpentier e(t 28 a 29 fols par jour. Celui de leurs Gatcons 23 fols pendant 1'Eté & 17 1'hyver. Et de 1'Aide-macon 13 fols pendant 1'Eté , & 10 a 11 Puyvcr.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 85 paye a ces meines Ouvriers dans les Villes de Dordrecht & A'Enkhuifen, dans la Province de Frife, & a Middelbourg en Zélande. Pour ce qui concerne la valeur des Terres & leurs Loyers, il eft difficile de marquer la - deftus quelque chofe de précis. Cependant on peut dire afTèz généralement, qu'aux environs & Arnfterdam ces Loyers font trés chers (131) >njais ce n'eft que Un mattre Couvreur dans la dite Ville gagnc 1'Eté 33 fols, & 1'hyver 27 fols : lön garcon gagne pendant 1'Eté 25 fols, & l'hyver 20 fols. Le falaire d'un homme travaillant a la Campagne chez un payfan dans les environs de Dordrecht eft de 100 a 110 florins par an : mais pour lors il elt nourri. A Etikhuifai le falaire des Garcons Cliarpentiers ou Macons, eft pendant 1'Eté 26 fols, & l'hyver 20 fols. Mais les Maitres ont de chaque perfónne 2 fols par jour. Un Aide - macon a 18 fols. En Frife le falaire d'un homme travaillant a Ia Campagne eft dans le tems de la fénaifon 20 fols par jour; apiès ce tems 16 fols; lépt femaines avant la Tousfaints 14 fols, les 3 mois fuivans 12 fols, & A la Chandeleur 14 fols. II doit fe nourrir. Le Batteur en grange a fix fols par jour, & eft nourri : il commence fon travail a 3 ou 4 heures du matin, & finit 1'après midi a 2 ou 3 beures. Le falaire d'un Mattre Macon ou Charpentier pendant 1'Eté eft un florin, d'un Garcon lil fols, d'un Aide-macon 14 fois. Et pendant l'hyver celui d'un Maitre Macon ou Charpentier eft i3 ou 16 fols; du Manoeuvre 14, & de 1'Aide - macon 12 Ibis. En Zélande (k Middelburg') les garcons Macons & Charpentiers gagnent dans une journée d'Eté 30 fols, dont ies Maitres ïetiennentpour leur prolït 5 fols. Le falaire de 1'Aide -macon eft de 20 fols, dontle Maïtre a 2|. Pendant l'hyver les premiers gagnent feulement 244, & )e Maitre en retient 4.'( 1'Aide-macon 15)-, & le Maitre a la -deflus ai pour chaque homme. (131) Hors «Arnfterdam, a une diftance d'environ deux a trois cents Toifes de la vi.le, comme par exemple dans le Dimernteer, F 3  86 Ch. VIII. DU PRIX DÉS DENRÉES &c. dans les endroits un peu éloignés de la Ville. Du cöté de VAn/lel,les terres fervant aux paturages fe louent entre 18 & 25 florins 1'arpent. Par exemple, une Métairie avec maifon, Hangard, & 30 arpents de Terres, fe loue pour 560 florins l'année (132). Les Terres au deflus de Haarlem les meillenres prairies Te vendent de 800 a 1000 florins, & fe louent 30 ou 40 florins 1'arpent. Le long de la digue de 1'Arnftel (AmfttWylC) entre les 400 & icöo Toifes de la Ville, 'es terres fe vendent felon leur qualité, pour 4, 5 ou 600 fl.n'ir.s, & donnent en loyer 24,26, ou 28 florins 1'aipent. F.ntre le Loopveld, ou Kalfjeslaan, & le Village «Ouderkerk, les terres d'une Métairie'; cönmiés (bus Ie nom de heele bruiker, valent 200,25c h 300 florins, & font louees de 18 h. 22 florins 1'arpent. II fau't reniarquer qu'aétiièllement aux environs «Arnfterdam les terres font tres cbereS. La Diminution qu'on a éprouvé fur la valeur des terres depuis 1740, a été occafionnée principalement par la mortalité que nous avons ene parmi les Beftiaux. (132) Une Métairie fituée a une demi lieue ou a trois quarts de lieue de Ia Ville «Arnfterdam, dn cöté du Diemcrmeer & du Canal de Weefop QVcefper trekvaart), contenant Maifon, Hangard & traite Arj^èrits de terre, fur lefquels fe trouvoient 30 bccufs ou vaches , & deux chevaux , fut vendue en Scptembre 17-7 pour 6800 florins, & fe loue pour 560 florins. Les taxes de cette terre fe montent it environ ƒ 80. florins. Les fraix des moulins des 2t arpents it 54 fols 1'arpent ; & ceux de 4 autres arpems, fitués dans un autre Diftriét (Polder) a 5 florins; it quoi il faudroit encore ajouter les fraix de réparations &c, pour fcavoir au jufte 1'intérét qu'on rerre de la fomme débourfée. Une autre Métairie, fituée du cöté de 1'Amfiel, entre les 1300 & 1400 Toifes de Ia ville, avec Maifon, Hangard & 28 Arpents, a été louée pour 550 florins. Cette terre étoit chargée des fraix fuivans: Poor taxes QFerpviuStigeti) ƒ 67-11-8 Fraix des moulins prorato 3° - : ■ : Réparations en 3 années 345, revient par an it . . • "5- : - ; enfemble ƒ 220-11-3  APRÈS LE XV SIÈCLE. 8? font aujourd'hui aflèz cheres: on m'a afPuré que les bonnes terres y valent 600 florins 1'arpent, & même davantagc (133). Dans la Province ÜUffeeht, a la diflancc d'une, ou d'une & demi lieue de la Capitale, les terres propres a des prairies fe louent de 12 a 22 florins. Et celles qui font propres a la culture des grains, de 10 a 20 florins 1'arpent (134). En Zélande dans Plfle de IVf.kheren, les bon» nes terres s'eftiment entre 100 & 150 florins le Gemeete (135). Deforte qu'il y a environ 330 florins de refle. Si on eftime la valeur de cette terre a railön de 4 pour cent d'intérêt, a'ois ie capital en feroit par exemple : 4 : ico : : 330 2i 835c florins , & fur Ie pied de 3I pour cent 9428. Souvent le loyer des terres fans maifons &c. elt aulfi fort que celui des terres avec maifon : il fuflit pour cela qu'elles foient fituées dans le voifinage d'autres Métairies : dans ce cas, comme fes fraix de réparation font moindies, ces terres ont en eiles-mêmes plus tte valeur, car c'eft d'après le revenu net qu'il faut étnblir le capita]. (133) Aux environs do la Ville de Haarlem il y a des terres qu'on loue 30 & 40 florins 1'arpent. (134) Aflcz géneïalcnicnt dans Ia Province «Utrecht le Capital, ou 1'argent employé en terres, eft calculé fur le pied d'une rente de 4 pour cent l'année, & même a moins. Les taxes perfonnelles (perfoueele lajlen) font ordinairement ii la charge du fermier, & les taxes réelles (reëelen lajlen) h la charge du Propriétaiie. Ces taxes différent entr'elles. La taxe perfonnelle eft de 15 Ibis par arpent, & la taxe réelle de 20 (bis. Les Charges des digues du Leek varient auffi pour chaque Villoge ou diflriét; il quoi il faut ajouter ies fraix des pttites digues, dans 1'intérienr des terres , les fraix des moulins, villages, &c. 035) " ya aullï des terres prés de la ville de MiMelbburg qui valent 5 h 600 florins 1'arpent. Dans 1'lle de Walcheren les terres fe louent ordinairement 2 livrsi F 4  r 88 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. En'Frife proche de Harlingen, de Franeker, de Leu-vjaarden, & dans le DiilricT: du Bild, les bonnes terres valent confidérablement. II y en a .qu'on eflime jufques a 500 florins le Pondema,^(136), & d'autres de 3 a 400 florins,ce qui va- 2 efcalins de gros, ou 12 florins & 12 fols par gemeste, ou demi arpent. Ces terres font cliargées des fraix fnivans: Pourle CCme denier (Twee honderfle penning') ordinaire & extraordinaire oC : 9'4 2 efcalins par gemcetc qui Jft enfémencée, loco Sf Hoorn • geld . 2 -: Pour taxes des digues &c : 11-: Pour réparation & entretien des foffés, un florin , ou . : 3-4 c£ '-5-8 Ainfi il refte au Propriétaire : 1Ö-4 c€ Les terres fituées pres des Villes ou Villages fe louent de même, furtout fi le terrein en eft bon, 18 & 20 florins le gemeete. Alors ces terres valent 300 florins & davantage le gemeete. (136) En Frife, il y a par exemple une terre de trois Pondematen taxée ii un florin (Jank floreen). Une autre de 2 Pondematen it un florin; il s'en trouve quelquefois dont un Pondemate eft auffi taxé it vin florin, & ces terres font fouvent proche Tune de 1'autre; il y en a même qui ne font pas cliargées de cette taxe. Cet impót, connu fous le nom de lands floreen, eft fixé, & fe monte a 6 florins 6fols l'année. Et c'eft feion la taxe de Ces florins que les fraix pour les digues font levés. De forte que ces deux charges, fur une grande partie de cette belle Province , fe montent il 12, & quelquefois a 14 florins par Pondemate, Lorfque cette charge eft déduite du loyer des terres, alors le quart de ce qui refte doit être fourni au Pays, & c'eft ce qui eft cor.nu fous le nom de réel. Mais lorfqu'une maifon fe trouve fur une pareille tcire, alors on leve les 5I ou Ji deniers, c'eft - a - dire, d'un revenu de 51. florins, un florin, & c'eft i mefure qu'il fe trouve un revenu net de refte, que le Pondemate eft apptéeié. Enforte qu'il y a d;s Pondematen qui valent 50, & d'auuvs  APRÈS LE XV SIÈCLE. 89 rie felon le fol, la fituation , les taxes, ou Impöts (137). 500 florins, quoiqu'clles foient proche 1'une de 1'autre; ce qui doit néanmoiiis s'entendre des meilleuics terres de la Province. • II y a des Powlematen de terres qui valent 500 florins , mais elles ne font pas cliargées de la taxe nommée floreen. Cela provient de ce qu'autrefois 011 pouvoit transférer cetie charge d'une terre fur une autre. Enforte qu'alors, moyennant une certaine fomme d'argent, une autre peifonne fe chargeoit de cette taxe, ce qui ne peut plus fe faire aujourd'hui. Un arpent de terre fitué dans le Diftriét nommé Bildland, & chargé d'un floreen, fe vend aujourd'hui communément 600 florms. Neuf Pondematen de bonnes terres, fituées proche de la ville de Tranéker, & cliargées de fix ftoreenen, font aétuellement louées 144 florins. Les dits floreetien font environ 48 florins. 11 y a donc 96 flor. de refte pour le Propriétaire; d'oü il faut déduirc le quart pour le rdel, & alors il y a 72 florins de rente. Si cette terre fe vendoit, elle vaudroit 2000 florins. II y a 50 années que ces 9 Poniematen furent vendues pour environ 2300 florins. 037) Voici un exemple de la valeur & du loyer d'un terrain en prairies , fitué dans le Diftriét Am:a Parochie fur le vieux Bild, & connu fous le nom de Baar Fenne tot Beetgum. Ce terrain contient environ dix fept arpents & demi , ou 44 Pondematen, & fe loue pour 855 florins 6 fols; le Pondemate revient donc a 19 florins 8 fols 12 deniers. Les impóts ou taxes, & autres fraix de cette terre font: La taxe du floreen f ico - 19 - : Le rdel on 4tne denier 147-17- 4 Autre charge d'une Rysdaler par arpent 43-ió-it Appointemens promo 20-17-8 Entretien des terres 49-10- : Dépenfe a 1'occafion du compte que 1'on fait en public 4 - 4 - 1 Appointemens des Adminiftrateurs 20- :- : Dépenfe fans quittance 3 . 0 _ ; enfemb'e ƒ 399-ij- S II faut d.'duire cette fomme des ƒ 855 florins 6 fols, alors il y a de refte pour le propriétaire 455 florins 12 fols 8 deniers, ce qui donne F 5  9ö CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. . La valeur des terres eft plus ou moins confidérable felon qu'elles font plus ou moins chargées d'impöts & de redevances, furtout en Zélande, oü il fe trouve des biens fonds fi accablés de taxes, .que 1'Etat doit venir au fecours du Propriétaire. Oblérvons au refte que c'eft la qualité plus ou moins bonne de ces terres, ou leur fituation avantageufe, furtout lorfqu'elles fe trouvent proche des villes plus ou moins opulentes, qui en regie toujours le prix, lequel varie encore fuivant Pufage que Pon veut faire de ces terres (138). Quant au prix des loyers des maifons, il feroit inutile de vouloir dreflêr la - defius une lifte, parceque cela dépend non-feulemcnt de Pemplacemenc des Villes, du genre de vie des habitans, du plus ou du moins de population des Villes; mais en outre , de la grandeur des maifons, des ornemens qui s'y trouvent, & enfin du plus ou moins d'aifance des particuliers. Plus les hommes abondent dans une Ville, plus ils y font a Pétroit , a moins que Femplacement n'y augmente a proportion (139). pour cliaque Pondemate 10 florins 7 fols; lefquels, éValués a 3 pour 'cent l'année, étabüfient un capital de 345 florins. En 1775 dans le même Diitriét ont été vendues 6 Ponde:;yden avec les fraix au - dela 'de 350 florins cliaque Pondemate. Ce qui prouve que l'évaluation ciaeflus eft fondée. (138) Piés de la Ville «Utrecht il y a des terres h jardins potagers 'qui fe louent 50 a 80 florins 1'arpent. (139) M. Waoenaa it dans l'Ififloire de la Patrie 'f-ime 5 page $32.. rapporte a l'an 1553 , a i'occalioa de ce ce qu'on voulut iever  APRÈS LE XV SIÈCLE. 9i En 1632, tems oü Pon avoit déja pour la troifieme fois aggrandi la Ville, il y avoit a Arnfterdam 14,440 Maifons , & dans les Fauxbourgs 1122: en tout 15,562. Si la Ville n'avoit pas été continuellement aggrandie , les loyers, quoique déja portés a un prix cxceffif, feroient encore beaucoup plus chers. En 1732 on comptoit fur les lifles des Taxes dans Arnfterdam & dans fon Diftriét 26,035 Maifons. Depuis, (en 1740) ce nombre s'eft trouvé augmenté de 282 , enforte qu'alors il y avoit 26,317 Maifons. le dixïeme denier des biens immeubles, que lorfque MM. les Députés de la ville A'Arnfterdam flrent ! reviennent donc, a ce prix, a 17£ fols. Le beurre de la Nord ■ Hollande s'achettoit l'an 1510 31 florins, (chaque florin de 16 fols,) le Tonneau contenant de 300 a 320 environ. Lorfque le meilleur beurre de Hollande fe trouve aujourd'hui a trés bon marché, il vaut 20 florins les 80 fg. Et le prix moyen eft 24 a 25 florins. Je ne puis pas citer en exemple le prix du fromage du XV Siècle. Aéluellement, qu'il eft a bon marché en Frife, il vaut 11 a 12 florins les 300 Efê, & lorfqu'il eft de 15317 florins, ce prix efl regardé comme cher. Le fromage de la Province de Hollande eft fure- menc (4) Un Tonneau de 320 $ du meilleur beurre a valu le 9 Septembre dernier (1777) en Frife 92 florins. Avant la mortalité des Beftiaux, c'eft-a - dire avant l'an 1740, on 1'a vendu a 48 : mais alors le Païl'an n'y trouvoit pas fon compte.  CHAPITRES PRÉ CEDENT S. 97 ment fupérieur a celui de Frife, mais les qualités en font difrérentes, ce qui ne permet pas d'en indiquer un prix bien précis; cependant le bon fromage ordinaire de Nord-Hollande a cöte rouge, vaut, a un prix moyen, 13 a 14 florins les 100 f§. Commelin dit que dans l'année 1545 les 300 fê de fromage valloienc 5 florins. L'Argent valloit alors 13 florins le Mare, & aujourd'hui le doublé. La progreffion du prix du fromage en 1545, feroit donc encore plus du quadruple, comparée a celle qu'a éprouvé le numéraire de 1'argent. En 1435 un Boeuf qui donnoit 120 ■©de graisfe, s'achettoit pour 8 florins 2 fols. En 1500 une Vache s'achettoit (apparemment en Nord - Hollande') pour 5 florins. Par un Aéte public de l'année 1537. (Voyez page <5.) on voit qu'un Boeuf de trois ans fut eflimé en Frife 4 florins d'or (de 28 fols) qui font 5 florins 12 fols d'aujourd'hui. Voyons maintenant quel a été le prix de ces animaux dans le cours de ce fiecle. Une Vache ou Boeuf de trois ans en Frife, vaut aujourd'hui au moins aux environs de 100 florins. La viande fe vend de 3 a 31 fols la livre. En 1718 a Arnfterdam une Société de Commercans achetta i °  o8 Ch. IX. CONCLUSION DES 1109 Boeufs pour 96808 florins. en 1719 1139 . . • 98711 1720 1178 . . • 103832 1721 1081 . . . 96o66 Ce qui fait revenir chaque animal a 88 florins. Dans ces forces d'achats, on eft dans 1'ufage de ftipuler que les Boeufs du Pays doivenc pefer fix cencs livres, & ceux nommés Danois ou du Dannemarck cinq cencs livres. En 1771. 649 Boeufs onc écé vendus enfemble . . 76250 florins. 1772 655 82441 . 1773 600 73944 1774 510 564o5 (5) 1775 456 5°668 1776 450 47546 (5) Voici un Compte de ce qu'ont couté 510 Bceufs vendus enfemble /5°4°5 A la peifonne qui fait l'eitimation de ces beftiaux . . 300 ƒ567°5 Si on déduit de cette fomme 3754a livres de cuir qui toutes enfem. We ont été vendues pour 5531 flor. 15 fols Pour les graifles, entrailles & autres objcts qu'on vend ordinairement 8448— 19 iz<$i il refte ƒ 42724 A quoi il faut -joindre les Impóts ou taxes du 7111e. denier de la fomme ci-defius , c'eft-a- dire des 56405 flor ƒ8050 Encore chargé d'un impót nommé dixieme 805 "855 ƒ 51579  CIIAPITRES PRECEDENTS. 99 Ce qui fait revenir chaque Bceuf a 117 florins. Mettons-les a 100 florins d'aujourd'hui, & comparons ces 100 florins aux 5. de l'an 1500 ; & aux 5 florins 12 fols de Fan 1537; alors la diffcrence eft comme de 1 a 17 & plus (6). Cette difterence doit fe trouver naturellemenc dans une proportion encore bien plus fenfible, fi 1'on confidere que les Equipages des Vaiflèaux & les habitans de nos Colonies doivent confumer aujourd'hui beaucoup plus de ces animaux qu'aux environs de l'année 1500. La mortalité, a laquelle ces Befliaux paroiflènt être plus fujets qu'autrefois, doit auffi entrer en ligne de compte, & fait par conféquent encore un objet fur le prix; c'eft auffi pour cette raifon que j'ai notté le prix de ce qu'ils coutoient vers l'an 1720 car au refte , j'ai rencontré dans mes Recherches, qu'a la fin du XVI La livre de Bceuf revenoit en 1774, fans taxe, a 2 fols 91 den. Et y compris les impöts a 3 - tjï En 1-71 k 3S & 4 fols la t8 J-773 . . . 3| a 17 WS 3| a 34: 1775 • •3^a3J L'accife de la ViPe eft de 30 fols par Bceuf. En Frife, les Bceufs qui ne font plus fujets a la maladie êpidémique (1'ayant déjït eue) valent communément de 80 a 150 florins, & ceux qui ne font point eue, de 80 it 100 florins. (6) Je dis plus, paree que fi 1'on fait la comparaifon des 5 avec ks 117, cela fait une différence comme de 1 a 23 & plus, G 3  ioo Ch. IX. C0NCLUSI0N DES Siècle on faifoit déja mention des maladies épidémiques qui régnoient parmi ces animaux. II fe peut pourtant trés-bien que cette maladie foit & plus fréquente & plus contagieufe dans le fiecle préfent; & peut-être ces animaux font-ils encore plus qu'autrefois les viétimes de notre efprit commercanr., fi fort en vigueur aans ce fiecle. Par le Contract, dont nous avons rapporté Pextrait page 6, on peut obferver qu'un Cochon valloic en 1537 deux florins feize fols, & felon Vélius, en 1435 (Voyez Chap. VII.) deux florins cinq fols. On voit de même par le dit Acte qu'un Cochon étoit alors eflimé la moitié d'un Bceuf, ce qui a encore lieu en Frife. Car aujourd'hui un Cochon gras de 400 éê vaut de 45 a 50 florins (7); ce qui établit aufli la proportion de 1 a 17 environ. En Frife un Mouton gras de 80 a 90 tè vaut 12, 13 & 14 florins, felon que les peaux & les laines en font eftimées. Un Agneau de 50 a 60 fg 5 a 6 florins. Le prix des moutons qu'on vend en Hollande roule depuis 7 jufqu'a 11 florins. Dans le XV Siècle un Mouton valloit 6 a 8 fols (8). (7) En Frife nn Coclion gras de quatre cents livres environ Te vend de 48 a 50 florins, & la livre vaut 3 a 3I fols. (8, Par rapport a ces trois Moutons. j'ai calculé fur 38 fols: cependant on peut obferver au Chap. VII a Partiele du prix des denrées du XV Siècle a Pan 1472 que l'évaluation du florin d'alors eft fur le pied de 10 fols, ce qui pour lors réduiroit les Moutons a 19 fols, au lieu de 33.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 101 JVIettons - le même i 2 f fols , la différence eft encore de i a 18, & même plus confidérable. Les Chapons étoient eftimés au XVI Siècle 4 fols; & aujourd'hui le prix commun eft de 26 a 28 fols la piece. Quand les Poulets font a Arnfterdam a bon marché, ils valent 1 o fols la piece; en 1472 38 poulets s'achetterent pour 25 fols (9). Cette différence eft auffi comme de 1 a 15, & plus. Dix livres de Chandelles pour la Chapelle s'achetterent en 1465 a Dordrecht pour 3! fols, aujourd'hui elles coutent 5 a 6 fols la livre. Le fel, le fer, 1'etain, la chaux , les briques, & plufieurs autres articles, peuvent être appréciés d'après 1'expofé que j'en ai fait. II faut dire maintenant un mot de la valeur de nos Tourbes & de notre boiflbn journaliere. Les Tourbes valloient dans le XIV & XV Siecles de 30 a 60 fols les cent paniers (deux paniers font un Tonneau) y compris le falaire. Aujourd'hui le falaire feul pour les porter au grenier &c. fe monte de 50 a 60 fols, & même a plus, felon 1'éloignement des maifons du lieu oü le Batteau s'arrête pour les décharger. Les Tourbes dont on fe fert communément* fe (9) Par des Mémoires confervés, rélativemcnt a certains biens Eccléfiaïtiques, on obferve que dans le XVI Siècle le Chapon y efl: évalué ii 4 ibis. En 1472 treme huit Poulets s'achetterent 25 fols. Voyez Partiele du prix des denrées du Chap. VII. Les Poulets a Amfierfam tk payent fouvent 16 fols, & lorfqu'ils font chers 20 a 24 fols. G 3  102 Ch. IX. C0NCLUSI0N DES payenc 38 a 43 florins les cent paniers, y compris les Impöts ou Taxes (10). Quant a la Biere, celle qui efl: braflee a Anifterdam coute de 3 a 6 florins le Tonneau, lequel contient cent vingt huit mingles (11). En Frife la meilleure Biere vaut 2 fols la mingle (12) & (10) Les Tourbes enchériflent tous les jours, paree que Ia terre dont on les tire devient journellement plus rare. Les bonnes Tourbes Te pavent 38 i 43 florins les cent Paniers, ou 50 Tonneaux. La taxe du P.iys & de la :Ville s'y trouve comprife, & elles fe montent enfemble k 11 florins & 5 fols pour les 100 Paniers, c'eft - a - dire, it 4 fols le Tonneau pour la taxe du pays, & a un demi fol pour 1'Accife de la Ville. Les Tourbes d'une moindre qualité, dont les Brafieurs & autres fe fervent, coutent de 13 it 17 i florins les 100 Tonneaux. LTmpflt du Pays pour les 100 Tonneaux . . . . ƒ 6-17-8 Celui de la Ville . . . , 2 - 2 • : ƒ 8 - ly • 8 Pour un Billet por.r la permiflion de décharger le Vaiffeau 12 fols 12 deniers. II y a deux ans que la taxe fur ces Tourbes d'une qualité inférieure étoit doubie, (n) Un Tonneau de Biere a Amflenlam contient 128 mingles. Pour donner une idéé claire de Ia taxe fur Ia Biere , voici cc que ccuce un Tonneau & demi: a 4 florins le tonneau ƒ6-:-: Impöt du pays & Accife de la Ville d'un Tonneau & demi ï 46 fols ƒ 3- 9- : Le Ballet & fraix du portage : -16 - : 4 - 5 - : Lorfque la Biere eft de 3 florins le Tonneau , les ƒ 10- 5- : taxes font a - peu - pres égales au prix de lad. Biere : 14 Tonneaux de Biere a 3 flor. f 42 - : - : Les Impöts comme ci-delfus .... 32- 4 - : Les autres fraix 5'19-' 3;!- 3-: ƒ80- 3 - : (12) en Frife la meilleure Biere fe paye 12 florins Ie Tonneau, &  CHAPITR^ES PRÉCEDENTS. 103 celle de la rnoindre qualité un demi fol. UAccife n'eft pas payée en Frife par 1'achetteur, mais par les Brafieurs, &par ceux qui la vendent en détail. Comme Partiele du vin efl: trés - difficile a apprécier, vu la différence des qualités, & les variations des récoltes , je crois pouvoir .renvoyer le Lecteur a ce que j'ai dit au Chapitre VII Note 53, fur les différentes valeurs du vin du Rhin, tant actuelles, que fur la fin du XIII Siècle. Je donne feulement en Note (13) les taxes qu'on paye fur les Vins & Eaux de vie dans cette Ville. celle qui eft de moindre qualité fe vend 3 florins. Le Tonneau contient 160 mingles de Frife, dont 40 font une Ancre, ou 48 Bouteilles ordinaires. (13} Les Impóts d'une Ancre de vin fe montent avec ie Billet a 3 flor. 14 fols 3 dutcs 1'Accife de Ia Ville a : 8 : ƒ4 2 3 Les March.inds de vin en gros payent Ia grande Accife de la Ville, les deniers des pauvres & des fortifications, qui fe montent pour unc Ancre a f 1 flor. 14 fols Ce que j'ai dit a la fin de Ia Note 53 du Chap. VII de la I Partie, que la mefure des vins eft a Amflerdam comme dans le refte de la Province, fe trouve fondé, paree que les droits ou impóts des vins font levés, ou fe trouvent établis fur le Stoop d''Amflerdam, Voyez le Placard ou 1'Ordonnancc des Utats de l'an 1749. II fe peut cependant que dans quelques Villes de Ia Province il y ait oucre les mefures dont j'ai fait mention, encore d'autres mefures particulieres pour différentes boiffons; par exemple, le Stekan de vin ou de Ia Biere iï Dordrecht contient environ 9 [ Stoopen. ou 1 d'une Barrique; mais cette mefure, ou ces 9! Stoopen de Dordrecht, font égaux aux 3 Stoopen, ou ió mingles en ufage a Amflerdam. G 4  io} CL IX. C0NCLUSI0N DES Pafions a préfenc au falaire des Ouvriers. j'ai détaillé amplement ce que j'ai rencontré Ikdeffiis aux XiV, XV & XVI Siecles. Par le détail oü je luis cntré, on a pu obferver combien étoit borne ie falaire qu'on donnoit alors aux Ouvriers: & il paroit évident que le falaire qu'on leur payoit au commencement & vers le milieu du XV Siècle, étoit afiez comrnunément de 2 h 3 fols. II augmenta dans la fuite , vraifemblablement a raifon de 1'augmentation du numéraire. Afin de procéder avec toute la circonfpeétion poffible fur un objet auffi eflèntiel, je me fuis procuré par le moyen d'un ami des Annotations trés exactes & trés intéreflantes, fur lefquelles je puis On m'a aiïuré qu'a Rotterdam on fe fert dans le Comraerce de deux foites de mefures pour jauger le vin, 1'unc fe nommc mefure de Mer (Zee roeijing) & 1'autre 'mefure de Care, ou de Magafln (Pak-huis roeijing). Mais on m'a afluré en même tems, que la mefure de leur /•acre étoit égale \ la .notre, comme auffi que les 90 Stoopen qui il Rotterdam font une Barrique , font égaux aux 91S Stoopen mefure «Amftcraaa. Au rcfle la mefure de chaque Barrique, ou Tonneaux de ivin , d'Eau de vie, ou de Biere, différent cntr'elles; une Barrique d'Eau de vie contient environ 30 viriels, lefquels font 93 Stoopen ii Amflerdam ; & alors 1'Ancre, (en fuppofant 6 ancres dans une Barrique) revient a 151 Stoopen. Un Tonneau (ton) de Biere «Amflerdam contient 5 mingles de plus qu'un Aam de vin. On doit ici remarquer que la mêfurè de la futaille de liourdeaux, eft celle qu'on corrfidere comme la plus exaéie. L'lmpót fur iesEaux de vie &c. d'une Ancre 3 flor. 19 fols 6 Accife de la Ville 3 : f6 19 O  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 105 compter. Elles ont été prifes dans une des principales Villes d'une Province voifine , & fe trouvent confignéesdans les Livres d'un Etabliflêment, dont les Mémoires non feulement exiftent encore, mais ont été exaétement fuivis. II s'agit des falaires d'un Couvreur , d'un Charpentier & d'un Macon, avec leurs Manoeuvres. Ces Mémoires fur le falaire de ces Ouvriers commencent avant 1'époque de la découverte du Nouveau Monde, & ont été continués jufqu'a ce jour. (Voyez les Tableaux.') Pour plus de clarté, je les ai raflèmblés & placés de fuite , comme dans une efpece de table. On y obfervera 1'augmentation graduelle qu'ils ont fubi. On remarquera d'abord qu'a la fin du XV Siècle, a Tarnde du Couvreur, on payoit un fol de plus par jour aux Ouvriers qui préferoient de fe nourrir eux-mêmes, c'eft-a-dire , 4 fols dans ce dernier cas, &3 fols lorfqu'on les nourriffbit; ce qui peut fervir a nous prouver , que les Ouvriers recevoient en proportion une plus forte paye qu'aujourd'hui, puifque leur nourriture n'étoit évaluée que le quart de leur falaire journalier (14). (14) Le falaire des femmes qu'on employé aux nettoyages des maifons &c. eft de 10 a ia fols avec nourriture; & lorfqu'on ne les notirrit pas, on leur paye ordinairement 18 a 20 fols. G 5  io6 CL IX. CONCLUSION DES Un falaire de 3 fols faifoit en 1482, a 8 florins le mare,. 96 as ou 3 Eflelins (Engels). En 1488 les 4 fols faifoient, aufli a 8 florins le mare, 128 as ou 4 Eflelins. Et les 20 fols qu'on leur paye aujourd'hui font 197 as ou 6 5 Eflelins. Ils ont donc a-peuprès le doublé en poids d'argent. Boxhorn (Voyez le Chap. VII. a Tarnde du XV Siècle oü j'ai traité de la main d'ceuvre &c, a la fin ) vient encore a 1'appui de cette obfervation, dans le détail qu'il nous donne des dépenfes que pouvoit faire un homme a journée a la Campagne en 1495 avec fon falaire de 6 fols. Pour 4 gros, felon cet Hiftorien, il pouvoit achetter environ un demi fac de froment, ou pour 4 fols, environ un fac (15); & maintenant avec les 20 fols, (15) A Zirckzée un laft contient 37X facs, & un fac contient 2i. agundeelen. A Middelbourg nn laft contient 41 facs,& un fac 2 aglendeelen. Suppofé que les mefures fufient autrefois comme elles font aujourd'hui, ce qui peut bien être admis du moins il ne paroit pas qu'il y ait de la différence fur le généïal entre les poids & mefures du XVI Siècle, & celles d'aujourd'hui. (Voyez tin petit Livre imprimé en 1545 , intitulé der Kooplieden handbocexkin : c'eft - a-dire, Ie Mannel des Mareltands') le laft contiendroit 951 agtendcelen, & chaque agtendeel (a. 4 gros le laft de froment,") revient a 9 florins 11 fols. En iiippofantque 1''agtendeel fait Ia moitié d'un fac, on pouvoit avoirpour4 fols,0118 gros environ, un fac de froment. Le feigle dePrufe de 118 fg, valant aujourd'hui 83 il 84 florins d'or le laft, & 41 facs & un agtendeel de Mddelbourg dans Ie laft, alors chaque fac revient a deux florins d'or, ou a 56 fols: & en évaluant le laft il 36 facs, le fac revient a 65 fols.  CIIAPITRES PRÉCEDENTS. 107 qui font les prix ordinaires des journées, il peut a peine fe procurer le tiers' d'un fac de feigle. Nous avons déja vu h l'an 1555 (Voyez page 31,) que le falaire des Matelots étoit alors 3 florins 15 fols, ou 2 onces & ft par mois. Aujourd'hui un Matelot a 11 florins, ou 3 onces & demi par mois en argent. L'E t a t leur paye donc dans ce Siècle la moitié plus en effeétif de falaire, que dans le XVI fiecle. Mais n'efl: - il pas évident que le Matelot recoit aujourd'hui beaucoup moins, rélativement a fes befoins'? Et par conféquent fon état ne fe trouve - t'il pas réellement appauvri ? Pour rcndre la difference des dépenfes encore plus fenfible,rappellons-nous que leDocteurDouwe Tetama , Noble Frifon, infidtua par fon Teflament en 1528 une rente annuelle & a perpétuité de 125 florins d'or pour 1'Ëducation & les Etudes de deux jeunes gens de fa Familie. Ces 125 florins font 175 florins de 20 fols, ou, au cours d'alors, environ quatorze marcs d'argent. Aujourd'hui deux jeunes gens , qui avec toute 1'ceconomie poflible apprennent les premiers élemens des Sciences dans une Ville écartée, & oü 1'on vit a grand marché, ont couté en deux années environ 1600 florins, ce qui revient annuellement h 800 florins , lefquels font (a 25 £ le mare) 31 marcs d'argent en poids. Si ces deux jeunes gens  io8 Ch. IX. CONCLUSION DES étudioient a Franeker, leur dépenfe monterok vraifemblablement bien plus haur. En un mot, tout nous prouve cette vérité, fi les particuliers paroiflènt être aujourd'hui plus riches, paree qu'ils poflëdent une plus grande quantité de numéraire, ils fe trouvent néanmoins réellement appauvris, rélativement aux prix des denrées &c., & rélativement a leurs befoins. Afin de rendre ce tableau aulli complet qu'il foit poflible, tachons de donner une idéé de ce que coutent aujourd'hui & les Maifons qu'on fait batir, & la Conftruction d'un VaiiTeau; & comparons ce prix a celui du XV & XVI fiecles. On trouve au Chap. VII, que 1'Edifice, autrefois nommé la Porte de St. Antoine, qui fert aujourd'hui de poids public, & oü fe tient aufli 1'Ecole d'Anatomie &c., fitué fur le Marché neuf, avoit couté tout compris au XV fiecle 5305 florins & 5 fols. On y a fait depuis des changemens peu confidérables (16). Si un pareil Edifice devoit être élevé act.uellement, & dans le même gout oü il fè trouve conftruit aujourd'hui, on m'a afluré qu'il faudrok pour le moins cent mille florins. Toujours eft - il vrai, que d'après les informations de plufieurs Ar- 06) Voyez Defcription a" Amflerdam par M. J. Wagen aar, Tomé II, page 34, Edition en Folio.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 109 chiteétes, l'évaluation monte a 124800 florins, & même a 148000 florins. Je rapporte le calcul da dernier dans la Note (17). Nous avons vu a la page 46 a l'an 1542. qu'un (17) Eftimation de ce que couteroit la Battifie qui fe trouve fur le Marché-neuf (Nieuw markt) fi on 1'entreprenoit aujourd'hui furie mime modele. Pour creufer & tenir ii fee le terrein il en couteroit ƒ 1500 ■ les pilotis & piloter le terrain , y compris les treilles (rouflerwerk) cela monteroit it . . 1500a ■ les fondemens, c'eft-ii - dite les muraillcs juf- qu'a la profondeur de. 12 pieds . . . . a 10000 les murailles en dedans fur les fondemens . a 4500 ■ encore pour les murailles en dedans ik leurs voutes a 4':co ■ les pierres de Bretner, aulfi connues fous le nom de Sojynfche Jlcenen a. 5000 ■ le corps de la Battifie depuis la furface de la terre jufqu'ati bord du toit a 35000 ■ les Poutres du greniet des deux étages Sc le bois de chêne . '. . '3, ggog le planchet desdits étages ...... a 3000 le Toit ou la haute partie de 1'Edifice , y compris Ie fer, plomb, ik ardoifes . . k 40000 Efcaliers de bois & de pierres, cloifon de plan- ches au dedans de la battifie, les portes en dedans, Comptoirs, &c h 7000 les Bordures avec les goutieres de plomb . ït 5000 les fen-tres avec leurs croifées, &c. . . a 5ooo les cheminées & ^ooo Ie P*j* a iooo les grandes portes en dehors a 1000 /148000 Rans les dites pattics les divers falaires y font compris,  iio Ch. IX. CONCLUSION DES Vaiflèau neuf (i 8) de 300 laft fut efti- mé • . 10800 florins. Un autre de 250 laft neuf . 8000 Un autre dito neuf .... 6500 Un autre de 100 laft neuf . 3000 Deux Vaiflèaux propres a la Pêche des Harengs, nommés Buyzen , étoient eftimés . 1800 florins Comparons a prefent ces valeurs a celles d'aujourd'hui. L'an 1773 une Société de Commercans établie dans ces Pays achetta un Vaiflèau (Fluit Schip) long de 136 pieds , pour une fomme de 49000 florins. Ce Vaiflèau avoit fait une voyage a Archangel, étoit chargé a fon retour de 307 laft de feigle, ó<: pouvoit être conduit avec un équipage d'environ trente hommes. En 1774 la même Compagnie achetta encore un Vaiflèau (Hoeker) long de 132 pieds, 29 pieds 8 pouces de bau, 14 pieds 2 pouces de creux, & entre-pont 6 pieds 6 pouces. Ce Vaiflèau avoit été bati neuf en 1773 a Saardam, & avoit fait un voyage a Riga. II fut vendu 47700 florins. ' En 1770 fut conftruit a Arnfterdam un Vaiflèau (18) Dans 1'Ouvrage de M. N. Witjen, fur Ia Conftruction ou rare de biUir les Vaiffeaux, on voit Chapitre VII. qu'au XVI Siècle on avoit conftruit des gtos Vaiffeaux marchands de 135 pieds de long.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. ui Marchand, en forme de Fregatte, long de 115 pieds fur la quille, & de 1'étrave a 1'étambord — 120: ayant 34 pieds de bau, & qui pouvoit charger environ 1 80 a 190 lafl: il couta lorfqu'il fut en mer (19) 54000 florins. Un autre fut conftruit en 1773, ayant 100 pieds de long & 29 de large, qui pouvoit charger 130 h 140 laft, & couta 34457 florins (20). Deux Buyzen coutoient en 1542, 1800 florins, & clles en couteroient aujourd'hui 14000 (21). (19) Couta en mer, s'entend y compris la valeur des vivres de 1'Equipage pour quelques mois, felon Ia longueur du voyage. (20) Un Vaiffeau marchand long, de 1'Etrave k 1'Etambord , de 100 pieds, de 20 pieds de bau , de 13 pieds de creux, & d'entre-pont si. a couté ƒ 15900 Pour le Canot & Chaloupe 3&3 Au Sculpteur 155 —- Menuifier . . ... • • • 58 -— Peintre, fondeur de plomb, &c. . . • 900 — Forgeron 28y° — Marchand de f* 55° —- Mats 1198 — Cordages 55°° — Voiles .... . . • • 3095 — Poulies .... '-. . . 400 — Canons, ancres & divers autres objets . . 3000 ƒ34457 (21J une tsuyze, ie nomme auui aucnc, voyez uicuomiani; ut mjum.. „ Une Buchc a ordinairement environ 52 pieds de long, de 1'étrave a. „ 1'étambord, 13 pieds 6 pouces de bau, & 8 pieds de creux. 1'Etra„ vc a 20 pieds de haut, 12 de quefte, 9 pouces d'épaiffeur en de„ dans, & un pied neuf pouces de largeur par le haut & par ie „ bas, &c. Le Maitre ou Patron de:ces Batiments y commande ,• il a „ un aide, qui le luk en dignité. Le contre • maitre vient aprés, fous  ii2 Ch. IX. CONCLUSION DES La diffërence fe trouve donc comme de i a 8 environ. Ce qui efl: le quadruple, comparé a 1'augmentation du numéraire depuis ce tems-la. II .heft pas facile d'établir un point de comparaifon entre les Vaiflèaux ci - deflus mentionnez: & c'eft pourquoi je paiTe rapidement la - deflus; 1'expofé que j'en ait fait, fuffit, pour faire voir que la diffërence eft trés confidérable. Nous étant occupés jufqu'ici des articles qui peuvent être regardez généralement comme des objets de dépenfes pour les hommes, examinons un inftant quelle a été la valeur des Terres, leur revenu &c. pendant toutes ces Révolutions: quelques exemples nous ferviront de guide. Le leéteur, en parcourant les articles qui fe trouvent détaillés aux XIV, XV &XVI Siecles, aura pu par lui - même obferver la diffërence qui s'y trouve, entre le prix des Denrées &c. d'alors, com- r lequel font ceux qui virent a bord les auflïéres ou funes , ceux qui Tont „ employez a. faifir les filets & les caqueurs, qui égorgent les Harengs & qui les vuident de leurs breuilles, ou entrailles, h mefure qu'on „ les pêche. On ne fert que du bifcuit, du poifibn fee ou falé & du „ gruau, 1'équipage fe tenant content du poifibn qu'il pêche. C'elt s, le Patron qui donne 1'ordre pour jetter les Rets & pour les reti„ rer. Les matelots fe louent d'ordinaire pour tout le voyage en gros. Une Buyze coute avec fes agrêts &c. environ ƒ 7000. II n'y a pas long-tenis que d2iis un endroit fitué fur les rives de la Meufe, il s'eft vendu un de ces Batimens pour 5600 flor. qui fervoit déja depuis 2 ii 3 ans. Lorfqu'un dc ces Vailfeaux revient fans avoir fait de pêche, ce donc ü n'y a prefque pas d'exemples, la pene eft évaluée it 30CO florins.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 113 comparé a celui de ce que les mêmes chofes coutent aétuellement. Pour donner encore plus de clarté a cette matiere, j'emploierai quelque exemples, tirés des fairs que j'ai déja cités, & auxquels j'en joindrai encore d'autres , que j'ai été a même de me procurer , ainfi que je Pai déja annoncé dans la Note 102, Nous avons vu a l'an 1514. que les Terres fituées dans la Nord- Hollande, entr'autres dans les Diftncis de Nord- Scherwoude , de Zuid-Schermende & de Broeck , valloient alors 1'arpent , 1'un dans 1'autre, 14 Nobles , qui a 50 fols la piece font 35 florins, & que chaque arpent produifoit 3 florins de loyer. Les Terres fituées dans le DiflricT: de Hens Broeck & de Opdam valent aujourd'hui, fa voir: Les mauvaifes terres . . ƒ 25I Les médiocres 200 ^-par arpent. Et les meillcures .... 300J Les loyers font de 20 a 25 florins 1'arpent. Les Terres fituées dans le DiflricT: de Hoogwoud valent. Les mauvaifes Les médiocres . . . . . ƒ 300 Et les bonnes 605. (22) (22) Les fraix des Terres duns le Diftriét de Hoogwoud fe montent ordinairement a 10 Hor. 1'arpent, dans lesquels font compris 7 i florins potir les charges des Digues. H  II4 Ch. IX. CONCLUSION DES Une perfonne, demeurant dans la Nord- Hollande, m'a informé qu'en 1514 les Régents du Diftriét SOofterblokke & de Wejlwoude déclarerent fous ferment que leurs bonnes Terres valloient alors ƒ 80. du Rhin, & que le loyer étoit a 4g florins 1'arpent. Les Terres médiocres & les moindres valloient de 20 a 40 florins, & les loyers 35 fols ou 2 florins & au - deflus, & les fraix pour les Digues &c. fe montoient a 15 fols par arpent. Par les ventes faites depuis trois années dans les dhs Diftriéts, on efl: afluré que les bonnes Terres vallent L'arpent . . . ... • • ƒ 620 Et le loyer 36 Les médiocres 38° Le loyer 3° Les mauvaifes 100 Et le loyer 2 3 Et comme les mauvaifes terres font proportionnellement chargées de plus de taxes que les meilleures, c'eft par cette raifon que ces Terres s'achettent a un plus bas prix , & produifent un loyer plus fort; car c'eft toujours fur le revenu net que doit s'établir l'évaluation du fonds. Nous venons de voir que ce qui valloit en 1514  I CIIAPITRES PRÉCEDENTS. 115 35, 40 & 80 florins, en vaudroit aujourd'hui 200, 300, 380 & 620. Ec que les loyers font montés de 2 a 30, de 3 a 20 & s 25 , & de 4 i a 36. On doit toujours , dans ces évaluations, avoir préfent a la mémoire ce que valloit 1'argent dans ce tems-la. En 1520 le taux du mare rouloit entre 12 & 13 florins. La diflerence entre la pro» greffion du prix de 1'argent, comparé a celui des Terres, efl: donc aflbz fenfible, fans que j'aie befoin d'entrer dans un plus ample détail la-deflus. Paflbns aux Terres fituées en Frife. Par.le Teftament iïEpo Lyaukema, fait en 1535 (Voyez pag. 40.) on voit que le Teflateur fixa un prix a certaines Terres, entr'autres a celles fituées a JVynaldum & a Piet ers * Bierum, dont le Pondemate fut eflimé 15 florins. Entrons un peu en détail la-deflus. Lyaukema efl une ancienne Maifon Seigneuriale (Adelyke State) fituée dans la Grietenye de Barradee!, dans le Diflriét du Village de Sex - Bierum. Elle tire fon nom de fes anciens propriétaires, lefquels, dans les fiecles précédents , s'appelloient Lyaukema. Epo de (van) Lyaukenia mit en 1535 fes biens en fidei Commis, ainfi que fon pere avoit fait déja en 1479. Cette Familie étoit alors vraifemblablement une des plus riches de la Frïje. H 2  ti6 CA. IX. CONCLUSION DES Mais depuis, foit par défunion, ou par d'autres caufes, les bien? de cette familie font tellement diminués, qu'a préfent la Maifon de Lyaukema ne paflède plus que quatre Mctairies, fcavoir: A. Une NféOfete a SefrPUruw de 107 Pondematen. B Ibidem , • 7° ( ï Wtyialéum . 1032 ' ]) Ibidem . . 4° " A. fe loue l'année . . ƒ 73° B 344 C 5°° D 230 La Terre A. efl: chargée de ƒ 132 -14-8 (23) il refle donc au Propriétaire ... ƒ 597 Jf B. eft chargée de ƒ 62- 3 - 10 . . 2971 C. . . . de . 90-18-2 . . 4°9 D. . . . de . 41-16- 6 . • 188 (23') La Taxe ou fraix que je déduis, efl: Ie denier qu'on paye des 5\ deniers du revenu. La taxe du floreen fe monte, de la terre A. a ƒ 41 - "7 - "• de li. 26- :- : de C. 23-12- : de D. 11-:-: ƒ 102 - 9 - : Ces terres fe trouvent ainfi taxées depuis Je prc-nicr May 1777.. jufqu'au 1 May 1778. Ces taxes doivent en outre éne pavées par Ie locataire. II efl afiéz fouvent d'ufage que Je locataire fSwmtfe aux ftaix d'entreticns & de réparadons des Maifims, ainfi qu'aux cbarges extraordinair^, telles que 1'cntretien des Canaux publiés, des Digueg, Chcmins, &c.  CMAPÏTRES PRÉCEDENTS. 117 On évalue aflez communément les renres des Terres en Frife au taux de 2 l pour cent, & partant de ce principe, la Terre A. vaudroit 23891 florins Caroli, & le Pondemate . . ƒ2234 B. . vaudroic 11192$ • environ 160 C. . . . . 103031 • • • D 7527* ... 188 Que Pon compare maintenant ce prix aux 15 florins par Pondemate de l'année 1535, on avouera que cette progreffion efl: non feulement confidérable, mais frappante, furtout fi Pon fait réflexion a ce que ces Terres doivent contribuer pour le foutien des Digues & pour les autres befoins del'Etar. Paflbns maintenant a la valeur des Terres dans les autres Provinces. Voici ce que je me fuis procuré d'une Province voifine. En 14 n. 10 arpents de Terres fituées a Reigerskop, dans la Province ^Utrecht, fe louerent pour 3 Ecus de Fran;e & 5 Chapons. 1543 Idem 11 Ecus de France & 10 Canards 1551 • l7 10 . . 1562 .20 lopiec. de Volaille 1608 . 50 florins & . . 10 Chapons (24) 1676 .80 20 (ïa) Les Chapons étoient évalués en 1550 a 3 fols piece, en '1569. 4 töls,en 158c. 4 & auffi 5 fols, en 1595 io,& en 1618 auffi 10 fels. H 3  118 Ch. IX. CONCLUSION DES 1706 . 50 Florins ... 20 Chapons 1719 .40 20 1734 • 83 20 1777 .90 20 Le Chapon s'évalue aujourd'hui a 30 fols; ainfi ces 10 arpents fe louent aétuellemcnt 120 florins, lefquels font , (a 25! le mare) 37 a 38 onces d'argent fin. Les 3 Ecus de France qui en 14 n eurent cours a 51 gros, faifoient 153 gros. L'argent valloit ƒ 5 -18. le Mare, & ces 153 grosrepréfentoient environ 5 onces d'argent. Une Métairie avec 28 arpents de Terre fe loua cn 1380, 14 vieux Ecus de France. En 1608 cette même Métairie renfermoit 36 arpents, & fe loua pour 231 florins & 40 Chapons- En 1769, pour 250 florins & 80 Chapons, ou en tout pour 370 florins. La moitié d'une portion de 9 arpents de Terre fituée dans le Diftriét de OudlFulven & de Wayen fe loua pour 3 Vieux Ecus de PEvêquc, & en 1618 pour 33 florins, 2 Boiflèaux de froment & 4 Chapons , a 10 fols piece. En Achtienhoven, en 1480. 4 arpents de Terre furent loués 3 florins de Baviere. En J485 les mêmes . . 7 florins $ Arnhem a 7! fols chacun.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 119 En 1532.. 4 arpents deTerre 4 flor. d'or & 4 Chapons 1542 4 • • . 6 . . 1546 8 . . . 4 . . J'ai trouvé que les Chapons étoient évalués en 1551 a 3 fols la piece. 1556 10 florins a vingt fols , & 4 Chapons 1558 14 dito 4 dito (*) 1580 13 florins 4 Chapons a 5 fols la piece , libre de tous fraix: ainfi le locataire euc a fa charge tous les fraix des Taxes &c. 1595 22 florins. 1618 44 . . les fraix a la charge du locataire. 1639 50 florins. Idem. 1709 55 . . comme ci-deflus 1721 50 . . dito 1734 55 • • dho 1740 45 . . dito 1758 45 • • dit0 1767 110 . . le locataire libre des Taxes &c. En établiflant donc une Rente d'environ 50 florins que ces 4 arpents ont produit 1'un dans 1'autre depuis 1618 jufqu'a l'année 1758, alors 1'aug- (*) En 1561 Ie Chapon étoit évalué a 4 fol». H 4  120 Ch. IX. CONCLUSION DES mentation fur la valeur des efpeces, comparée avec les 7 florins de 7 J fols chacun, fe trouve comme de 1 a 19. J'aurois pu citer encore bien d'autres exemples, mais je me fuis borné a ceux qui m'ont paru les plus propres a fervir de bafea mes calculs; ce qui doit être fufnfant, fi on y ajoute ce que j'ai déja expofé fur cette partie. Ön voit maintenant, par le détail oü nous fommcs entrés, ainfi que nous 1'avions déja obfervé au Chapitre III,. que les revenus des Terres ont le mieux répondu aux variations qu'ont éprouvés les autres différents objets de nos befoins, pendant toutes ces révolutions caufées par les découvertes des hommes. Qu'on exalte maintenant, tant qu'on voudra, les grands avantages qui réfultent d'un Commerce étendu &c. Pour moi j'ofe affirmer, qu'il n'y a pas de richeflè plus fötide & plus réelle que celle qui provient óe la culture des terres. Que les peuples nés dans des Contrées heureufes & fertiies s'occupenc donc de PAgriculture , & qu'ils abandonnent les' foins & les embarras d'un Commerce étendu, aux Nations a qui la terre femble rcfufer fes produdrions. Que Phabitant SEnkhuifen ferve d'exemple mémorable a la poftérité. Son pays, englouti pour ainfi dire fous les eaux, Pobligea de confier fa vie au gré des vents, & de  CHAPITPvES PPvÉCEDENTS. 121 chercher fur les roers une fubfiftance qu'il ne pouvoit plus trouver chez lui. Ce fut la nécefficé qui fit des Hollandois un peuple commercant; & peutctre la France ét PAngleterre, dont le fol peut fournir a leurs habitans des reflburces inépuifables, #font - ellcs réellement affoiblies depuis un fiecle , par la trop grande étendue qu'elles ont donné h leur Commerce .... Mais ces idéés, dont le développement m'entraineroit maintenant trop loin, trouveront leur place dans la fuite. N'anticipons point fur les tems, & ne fortons point acluellement de notre fujet. Trop fouvent on aime a s'aveugler foi-même fur certains objets ; la vérité n'eit pas toujours de mife , & il faut des fiecles entiers d'expérience pour convaincre les hommes de leurs véritables intéréts. Au rclte il feroit inutile de nous arrêter plus long-tems fur ces objets: les dhTérens articles que j'ai expofés fuffiront pour appuyer mon fyftême, & prouveront enfin , aux yeux de quiconque réflechit, que fi aujourd'hui nos bourfes fons plus rcmplies, il s'en faut de beaucoup que nous foyons réellement plus riches. Avant de terminer ce Chapitre je ferai remarquer qu'il me paroit, du moins felon mes idéés, que le célebre M. Hume, dans ksDifcours Politiques, eft tombé dans Perreur (ainfi que nous Pavons précedemment obfervé) fur Paugmentation qui a eu lieu " 5  122 Ch. IX. CONCLUSION DES fur la maffe de 1'argent (25). Cet objet ne doit pas être indifferent (26) a une Nation qui doit avoir les yeux ouverts fur fes intéréts. La diffërence fur le numéraire efl: moins fenfible en Angleterre, mais cependant elle exifte (27) ; & les mêmes révolutions qui ont occafionné tant de variations en France & en Hollande , fe font auffi fait fentir chez les Anglois (28). (25) Voyez Difiours Politiqv.es de M. Home, 'traduits de 1'Anglois , Tomé I. page 94 „ II eft évident que 1'abondance d'ar- „ gent plus ou moins gtande n'eft d'aucune conféquence, puifque ie „ prix des denrées eft toujours proportionné a la quantité de 1'argent , &c. Et k la page 106: fi 1'argent eft dans une plus grande abon„ dance, comme il en faut alors une plus grande quantité pour re„ prérenter la même quantité de biens, cela ne peut produire aucun effet, bon ou mauvais, pour une nation particuliere." (269 Ibidem, page 115: „ II importe peu que 1'argent foit en plus „ "rande ou en moindre quantité. Et page, 135. la quantité abfolue „ de ces prétieux métaux eft un objet trés indifférent." (27) Voyez Hiftoire de la maifon de Tudor par M. D. II u m e Tome I. paae, 171. Edition in 12. en Note : ,, En 1505 1'argent étoit fous „ le Regne de Henry VI [. 37 Eft. 6 deniers." Aujourd'hui 1'argent du coin dont 1'Ecu d'Angleterre eft fabriqué, vaut dans le Commerce 67 pence ou deniers I'once, ou 67 efcalins la livre de douze onces. L'augmentation fur le numéraire eft donc comme de 1 a 2, a-peu - prés. (28) Dans le Livre Efai fur les Monnoies, Notions préliminaires , page 5. Note A : 011 trouve la remaique fuivante :., L'Eveque i'Bly, dans „ fon Ouvrage intitulé Cronicon pretwfum, page '6ö & 167, avai.ce „ qu'en Angleterre de lis 1440 jufqu'a 1460, Po 1 :e d'argent valant ,, 2 fols (efcalins) 6 deniers, le prix moyen daQiia/:.r de bied étoit „6 fols 8 den., que depijis ió36 jufigP* 1706, i'once d'argent valant „ 5 fols 2 den. Ie prix moyen du Ojurter de bied étoit 4^> fols. II „ réfulte de ce qu'il dit, que le 144^ a 1460 le mare d'argent valloit „ 20 fols, que le Qftartcf ile bied payé communément 6 ibis 8 den.,  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 123 Leur larigue m'étant étrangere, ainfi que j'en ai déja fair. Paveu dans ma Préface, je n'ai pu me procurer , par la lefture des Auteurs de cette Nation, les éclairciiïèmens nécefiaires pour faire fur cet important article un Chapitre féparé. Mais je ne doute pas que cette matiere, qui mérite toute Pattention des Politiques, n'excite le zéle de quelqu'un plus a portée que moi , & qui la traitera mieux que je n'eufie pu le faire; Pébauche que nous en a donné M. du Pré de St. Maur a déja frayé la route. ., répondoit pour lors a 2457 grains |. pefant d'argent, & que de 16S6 a 1706 le mare d'argent valant 41 ibis 4 den., le OiiarUr de bied „ payé communément 40 fols,coutoit 4459 grains ü pefant d'argent. „ Ainfi depuis 1460 jufqu'en 1706. les cliofes feroient prefque enché„ ries du doublé en poids d'argent, & au jufte de 2457 1 a 4459 " \h' * en V!>leur numéraire elles feroient montées dei a56 en An„ gleterre. " Si la quantité du numéraire de 1'argent eft montée en Angleterre de 1 a 2, & le prix des cliofes de 1 a 6, renchérilTement lui le bied reviendroit, felon mon cateul, au triple.  124 Ch. X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. CHAPITRE X. De la quantité cTOr & d'Argent qui peut être venue en Europe depuis la découverte du Nou' veau Monde. En 1492 le 3 Aoüt Chriflophe Colomb , Génois, partie: de Palos pour chercher un Nouveau Monde. ii fut de retour en Efpagne le 15 Mars 1493. C'eft donc a cette année que Pon peut & que Pon doit fixer Pépoque de la venue du nouvel Or & du nouvel Argent en. Europe par Pentremife des Efpagnols & des Portugais (1). Pour établir la bafe du calcul de la quantité d'Or & d'Argent qui nous font veras de PAmérique depuis 1493, j'ai d'abord fuivi ce qui eft venu depuis l'année 1674 jufqu'a l'an 1723 inclufiveïnent, & j'ai trouvé que cette fomme fe monte a fix cent foixante & douze millions de Piajlres. Mais quoique dans les années avant 1674 les fommes aient probablement été plus confidérables, j'ai cependant compté fur le même pied depuis 1493 jufqu?en 1775' ce 1u' une pério^e ^e 2^3 ann^s, qui nous donnent 3804 millions de Piaftres fortes (ou (0 Hiftoire Générale des Voyages.  VENUE EN EUROPE. 135 de io | Réaux) en Or & en Argent,foit en maffe ou en monnoie, a laquelle fomme il faut encore ajouter un tiers de plus, venu par fraude ou entré fans Enregiitrement, ce qui fait un total de 5072,000,000 de Pïajirès (2). (2) Dans cclte fomme fe trouve comprife celle qui eft venue au conunencement de ce fiecle par le moyen des Fjancds & des Anglois. On fcait combien les premiers, depuis le régue de Philippe V, & ii datter dès les eommencunens de la fameufe guerre pour la 1'uccesfion, ont étendu leur commerce dans les EtabluTeuiens Efpagnols. Si donc 011 prend ces 50 années, & Ia fomme de 672 millions de ■Piaftres [de 10 j> Réaux] venue dans cet efpacc de tems des Colonics Erpagnoles, on peut, fans trop s'écarter de la vraifcmblance, évaluer la fomme totale a 3804 millions; & ii on y ajouie, non feulemcnt un peu plus du quart, fuivant le fentiment de fAutcur de Yllifloire Philofophiquc fl? Politique, &c., mais même un tiers en fus pour ce qui eft entré fans payer les droits, alors nous aurons, fuivant Ie calcul le plus jufte & le pKisprobable 5,072,000,000 de Piaflres pour les fusdites 283 années. Cette fomme, plus modérée que les Neuf milliards auxquels 1'Auteur cité ci-defllis 1'a poitée, paroitra fans doute aux lecteurs attentifs plus approchsnre de la vélité; les obfervations qui fuivent ferviront encore ii le con'irmer. M. I'Abbé R., ainfi que 1'Auteur du Supplément ii l'Encyclopédie STverdun (article Efpagne), qui tous les deux portent Ia fomme.a Neuf milliards de Piallres, paroiflent avoir fuivi ce que le Docteur Don Souche de Moncade avance fur ce fujet. Suivant le fentiment de ce dernier, il eft entré en Efpagne depuis 1492 jufqu'tn 1595 Deux mille millions d'or ou cTargent des Indet, (ce qui répond a 20 millions par an:) & au moins, ajoute cet Auteur, une même quantité entrée par fraude & fans Enregiftrement. Or, en multipliant les 248 années dont il s'agit par 20 millions, dont 1'entrée eft reconnue par 'e Gouvernement, & enfuite par 20 autres millions entrés par fiaude, le total fe monte réellement au dcla des .Neuf milliards, auxquels ce total eft porté dans les Livres que j'ai cités. Mais n'eft - il pas évident qu'on a de beaucoup exagéré la fomme non- Enregiftréc'? Et  sr>6 CA. X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. On peut évaluera 13 ou a 1400, ou fil'onveut a 1350 millions te Piaftres (de 101 Réaux) la ibm- 1*Auteur de V Hiftoire Philofohhique £? Politique n'a-t-il pas dü le fentir lui-même, puifque dans les n années dont il a donné le calcul, lequel fe monte * 153,82(5,154. il ne porto la fraude qu'it un peu plus duquart? L'inattention du Gouvernement auroit-ello été aiTez exceflive pour donner lieu a une fraude aufii conlidérable ? Et la vérité du contraire n'eft - elle pas fenfible, lorfqo'on voit que (furtout en 1686) le Gouvernement prit des précautions pour mettre des bornes efficaces ii la contravention ? Nous pouvons donc aflurer avec quelque fondement, que la fomme de cinq milliards pour les fufdites années eft bien plus probable que celle de neuf milliards, dont la poffibilité n'eft fondée que fur 1'exiftence d'une fraude moralement impoflible. Une derniere preuve, & qui eft peut - être fans replique, c'eft que fuivant 1'aveu des Efpagnols & des Portugais mêmes, il s'eft trouvé que parmi leurs Flottes arrivées entte 1Ö74 & 1723, il y en avoit de plusriches qu'ils n'en euffent encore recues ; ce qui prouve que leurs mines étoient alors dans leur plus grande vigueur. Si maintenant on compare la fbinme que j'ai trouvée fur les 50 années avec le calcul des n années de 1'Auteur de f Hiftoire Philofophique, on voit que nos réiültats font it- peu -prés les mêmes, car 672 millions divifés par 50, donnent k-peu -prés 13Ï. millions par r.n, ce qui approche de trés prés des 13 millions 984, 185 ^ de Pias. tres, qui réfultent du calcul de M. 1'Abbé. R. Je crois en même - tems devoir faire obferver, que les pertes occaConnées par les naufrages &c. n'entrent point dans mes recherches: car je ne m'attache qu'k ce qui eft réellement entré en Europe. Pour confinner d'avantage fi ce que j'avance ici eft poffible, voici les propres paroles de M. Jérome tTUftaris, page 2(1 de fa Théorie pratique du Commerce &c. Edition de 1753. , Le Dofteur Don Sanche de Moncade , Profefieur de 1'Ecriture „ Sainte k Akala, dit dans le Troifieme Difcours du Chapitre premier de fon Traité publié en 1619, que 1'on avoit repréfenté il y avoit déjk 24 ans k Sa Majefté, que depuis la découverte des Indes Occidentale* en 1492, jufqu'k l'année 1595, il étoit entré en Efpagne ., deux mille millions d'or ou d'argent des Indes feuleiuent; ce qui, „ dans cet elpacc de 103 ans, répond k environ vingt millions par  VENUÉ EN EUROPE. 12? me que les Portugais ont apportée' en Europe depuis qu'ils pofiedent des domaines en Amérique. On fcait que le fonds des richelTes qui nous font vernies par le canal de ces derniers, confifte principalement en or, & que celui de VEJpag/te conCille en argent (3). „ an: qu'il en étoit au moins entré une même quantité fans Regis„ tre; ik que de tam d'or & d'argent il feroit dirricile d'en trouver „ deux cents millions an Efpagne, cent enmonnoie,& cent en meu" b,es' S' ''on fait enfuite le «>nnKe depuis 1595 jufqu'a préfent „ 1724; & fi 1'pn fuppore qu'il en foit entré feulement douze mil„ lions pendant chacune de ces 129 années, cela forme une fomme „ de quinze cents trente fix millions, & les deux parties jointcs enÜ femble, forment celle de trois mille cinq cents trente fix millions „ de Piaflres. „ Don Pedro Fernandès de Navarette dans fon Vingf-unieme Difcours „ de la confervation des Monarchies, dit que fans compter 1'argent „ qu'il y avoit en Efpagne, ni celui qu'on avoit tiré des mines.de „ Guadal canal, on avoit apporté des Indes par Regiftre quinze eens „ trente fix millions, depuis l'an 1519 jufqu'a l'an 1617, ce qui fait „ plus de quinze milüons par an dans cc-t efi>ce de 9Ü années. Si „ nous fuppofons qu\%ait apporté douze millions par année pendant „ les 27 qui fe font écoulées depuis la découverte en 1492 jufqu'a l'an „ 1519, laquelle Navarette commence fon compte 5 & fi nous fuppo,, fons une pareille importaüon pendant les 107 ans qui fe font écou- lés depuis-1617 jufqu'a préfent 1724, nous aurons une autre fom„ me de quinze cents quatre vingt feize millions; & les deux calculs „ feront un montant de trois mille cent trente deux millions ■: ajoun tons-y Ia quantité de ces métaux qui fera venue des Indes fans „ Regiftre, & ce qu'il y en avoit dans le Royaume j le tout panera „ cinq milliards de Piaflres, en or ou en argent, en fuivant même „ le calcul de Navarette, qui eft le plus foible &c. (3) Outre ce qui nous vient de 1''Amérique, Y Europe recoit de I'or de la Cóte de Guinée. En fuivant les lilles des Vahiéaux arrivés de Gaiuée, j'ai trouvé cnu'autres qutil eft vènu au Texel en 16Ü9. 1340  i28 Ch..X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. De ces différentes maffès, nous devons déduire les fommes fuivantes: 1° L'Or & 1'Argent que les Négocians & les Compagnies Commercantes ont fait paffèr de ïEurope .aux Indes Orientales jufqu'en 1775: je 1'évalue a 875 millions. 20. Ce qui a paffe d'or & d'argent dans le Levant, en Egypte, fur la cöte de Barbarie pour le Commerce en général, & en particulier pour celui du Bied. A quoi il faut joindre ce qui a été porté de la Turquie Européenne en Afie par les Caravanes & les Marcs, & k Vliffmgue 300 Marcs5 cn 1690, 1700 Marcs, & 1693, environ 2000 marcs. Les mines ile VEurope doivent avoir iburni encore une certaine quantité de ces prétieux métaux. Voyez ce que le célebre Struyok a écrit lk - deflus [en IIoll.] dans fon traité de Géographie & Dans 'es premiers tems de la République (felon G a p. r a u t), „ l'or étoit eftimé dix fois autant que 1'argent, & felon cette propor„ tion la Monnoie d'or fut marquée au bceuf, & celle d'argent it la „ brebis , proportionnément au nombre des drschmes; cependant cct„ te analogie varioit fuivant 1'abondancc ou la rareté de 1'une ou 1'au- tte matiere." Voyez Traité des Monnoies article Proportion. S a v o t , dans fon Difcours fur les Médailles, dit au Chapitre IX page 17(5 que du tems de Plinc la propoition entre l'or & I'ar„ gent étoit d'un h douze ;' que cette proportion douzieme eut un „ grand cours; qu'elle vint auffi h 13; qu'elle defcendit a 10, & „ même a un peu moins que 8. Un , Traité fait entre les Romains „ & les Etoliens, par lequel, felon Polyuk&Ti te-Live, ces „ derniets pouvoient donner dix talens d'argent pour un d'or, nous „ fait connoïtre que la proportion d'un a 10 de i'or a 1'argent exiftoit „ chez les Grecs comme chez les Romains. Cependant, quoique „ cette eilimation ait ctt lieu dans le Traité dont il eft qucilion, cela ne „ démontre pas fans appel la réalité de la proportion: car fi nous „ prenons pour exemple l'évaluation de dix brebis pour un bceuf, „ nous devrons obferver qu'il ne s'agilfoit dans l'évaluation réelle „ que d'un feul métal, c'eft - k - dire , du cuivre , feul alors en ufage „ dans les premières années de la République. M. A. de Bazin c hen, qui fait auffi mention du Traité conclu avec les Etoliens, dit également, que les Amendcs étoient limitées a deux bceufs ou 20 brebis, lelquelles en Monnoies furent évaluées, ffa-  L'OR ET L'ARGENT. i39 qu'un bceuf valloit dix brebis. Mais eft-on fondé k prendre cette eftimation, pour établir Ik - deiTus la proportion entre ces deux métaux ? Rome fut cinq fiecles fans connoitre chez elle d'autre .Monnoie réelle que le cuivre. Les Amendes établies pour avoir manqué de refpect aux Magiftrats, fe payoient d'abord en befïiaux. II me paroit donc plus probable, ainfi que je 1'ai déja obfervé au Ohapitre II, que lorfque les Romains commencerent fous les Confuls k fe fervir de 1'argent & de'l'or, la proportion entre ces deux métaux fut de i a 15; ce qui vraifemblablement a enfuite varié-,- par 1'alliage que 1'on ajouta aux efpeces d'or & d'argent, furtout lorfqu'on étendit les conquétes, & que 1'on com« menca k prendre le goüt des richeflès. Ce fut alors qu'infenfiblement le défordre s'incroduifit partout. Si la grandeur des Romains avoit eu pour ba fe le Commerce, comme chez les Carthaginois, je crois que leur Empire fe -feroit écroulc encore plutöt. „ Les citoyens Romains ,. (dit un'Auteur 'Céle- voir: Is boeuf k 100 at, & Ja -brebis ia; mais iT faut' enféöffiè livres de cuivre. II n'elt dont:ici queftion que 'd'uri feul métal. „ P 0 l u x & Hesychius (dit le même Auteur) „ êcrivent „ que de leurs tems cette -ana'ógie'■dixremc ■étoit'eiicorè' en ufage?' „ cependant plufieurs font du fentiment, qu'il faut entendre par l'or „ qui avoit cours, non de l'or fin, mais feulement-de l'or A-Ophir, „ qui tenoit quelqu'alüage ,.,qua les anciens favoieut très-bien diftin„ guer; car, comme le remarqtie Hérodole, lorfque Cmfus -envoya „ des tuiles d'or k Delphes, quatre étoient d'or fin , & les autres ;, d'or allayé."  i4o Ch. XL DE LA PROPOPvTlON ENTRE bre) (2), regardoienc le Commerce & les Arts „ comme des occupations d'efclaves, ils ne les „ exercoient point". Et en effet, dès qu'une fois Por & 1'argent abondent dans un pays, ils ne fervent plus pour 1'ufage inflitué, mais ils fervent uniquement de moyen pour parvenir a tel but qu'on fe propofe. Dès que Rome connut la Monnoie d'or, on vit en peu de tems leurs mceurs fe corrompre; les tréfors tirés des mines $ Efpagne & d'Afriquè acheverent de rendre la corruption univerfèlle, & ce fut alors qu'on ne reconnut plus de République Romaine. Lorfqu'a Rome (dit M. PAbbé Millot) 1'amour des richeiïès fit préférer 1'argent a Phonneur, fruit naturel des grandes conquétes, ce fut le figne infaillible d'une prompte décadence. Marius, enfuite Sitta, & puis Cêfar, fe rendirent les maitres des élections a prix d'argent. ■ En jettant les yeux fur l'Hiftoire Romaine, on voit, furtout fous les Empereurs , des exemples frappans de richeflès , de luxe, & de magnificence. Jamais la République Romaine ne fe vit fi opulente qu'a 1'époque de fon bouleverfement (3). (2) Montesq uiEu, Conjidératwns fur les Caufes ile la grandeur & de la décadence des Romains. Chap, X. (3) Hiftoire naturelle de Vor & de Targent par Durand psge 32.  L'OR ET L'ARGËNT. 141 Lorfque Céfar revint triomphant des Gat/les, il apporta a Rome une fi grande quantité d'or, que celui - ci n'étoit eftimé que fept fois & demi autant que 1'argent. Augufte ayant conquis Y Egypte, apporta en Italië les tréfors des Ptolomées : l'or & 1'argent devinrent alors trés communs en Europe (4), ce qui changea quelque tems après, lors de la décadence de 1'Empire. Ces idéés préliminaires m'ont paru nécefiaires pour affermir mon opinion fur la proportion entre l'or & 1'argent, dans les commencemens de la puiffance Romaine. Au déclin de ce grand Empire, au lieu d'une abondance, on appercoit fouvent la rareté de ces métaux. Vers l'an 395 , felon 1'Auteur que j'ai déja cité (5), la proportion fe trouvoit établie comme de 1 a 14». ce qui doit avoir été confirmé en 534. Mais cela feroit-il probable, puifque dans les V & VI fiecles, fous les Rois de France de la première Race, on veut que la proportion ne fut que de 1 a 10? Je penfe donc que tant que 1'on ne fcaura pas au jufte le titre & le poids précis d'un denier d'or & d'argent de ce tems - la, on ne pourra pas établir avec certitude la proportion qui exiitoit entre ces matieres; & que tout ce que (4) Uifloire naturelle de l'or & de 1'argent par D w r a k d. Voyez auffi Traité des Monnoies. Sous Tibere 1'argent étoit auffi comniun en Italië, qu'il peut 1'étre aujourd'hui en quelque partie de 1'Europs que ce foit. Voyez encore Mo n t f a u co n Tome III, £5) M. A. de Bjzinckes.  l|2 Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE Pon peut faire, c'eft tout au plus d'efperer qu'on approche de la probabilité. Les Araendes é tablies dans quelques Codes de Loix font plus propres a répandre de la lumiere fur cet objet; par exernple, dans le Code des Loix des Frifom, onze livres d'argent me paroiffènt évaluées a une livre d'or, ainfi que je Pai obfervé au Chapitre VII. Cette proportion fe trouve également établie fous Pépin; il paroit donc que Por étoit alors plus abondant qu'aujourd'hui, & qu'il ne 1'avoitjamais été,du moins felon mes idéés,aux V & VI fiecles de la République Romaine. Au IXme. fiecle de 1'Ere Chrétienne, la proportion paroit avoir monté h, 12, ce qui depuis a varié , car nous voyons, d'après un Acte du regne de Philippe le Bel, qu'un mare d'or eut cours pour 10 marcs d'argent (6). En Hollande, l'an 1336 le mare d'argent valloit 4 florins, & le mare d'or 42\ environ, ce qui établit la proportion comme de 1 a ioi (7). (6) Traité des Mommies k Partiele Louis IX , ou Saint Louis, page 108. (7~) Le prix qtte j'attribue ici au mare d'or n'clf que par ruppofition, & d'aprês ce que j'ai vu que le mare d'or valloit en 1388. Or en gardant la même proportion de Por a 1'argent, 58^ ou 59 font it 42I ^environ pour l'or, comme font les ƒ5 11 :* 4 pour 1'argcnt. Dans mes Recherches, je n'ai pu trouver d'auties ACtes authentiques de nos Monnoies d'or dans la Province de Hollande, que celui de 1388, dont j'ai fait mention au Chap. V. Cependant il y a des Auteurs, tcls que M. Alckemade d'après W. van Gout hoeven dans fa Chronique de Hollande (en Ilollandois), qui prétendent que Cuillaume  L'OR ET L'ARGENT. H3 En 1388 l'or valut en France (aux Monnoies) 67 livres, & V argent-le-Roi 6 livres, ce qui donne la proportion de 1 a 10$ (8). Dans la même année,l'or valloit en Hollande environ. 59 florins, & 1'argent fin 5 florins 11 fols Ie mare, ce qui établit une proportion de 1 a 10^(9). Peu après , cette proportion vint chez nous a 10, mais depuis elle efl: infenfiblement montée aux environs de 11 : elle a continué ainfi jufques longterm après la découverte du Nouveau Monde, deforte' qu'en 1589, un fiecle après cet événement, la proportion étoit encore environ a ir, c'eft-adire, comme de 1 a fi*$. Depuis ce tems-la Ia proportion a encore bien augmenté (10), car elle eft venue fucceflivement depuis 114 jufqu'a 14, & même au - dela, & c'eft a ce taux, & toujours au - deflus, qu'elle eft reftée chez nous depuis environ un fiecle , quoiqu'avec quelques variations, rélativement aux circonftances particulieres, foit du 11. Uoi des Romains, qui vivoit au XlIIme fiecle , auroit déjii eu des Monnoies d'or, que 1'on connoiifut fous le nom d'//gneis. Voyez Ia Préfacc d'A ickeujds. Cet objet cependant me paroit trop ehvironrié d'obfcurités, pour le donnet' comme une preuve Ue ce que j'avance. (8; Voyez la Table des Efpcces, ii la fuite" du Traité des Monnoies 1 l'an 1388, & Ejfai fur les Monnoies. Six livres pour Var gent .te-Rui établit Targent fin a environ 6*., & donne la proportion de ten. (9) Voyez Chapitre V. (10) Eq iÖ4i,du tems de Louis XIII, la proportion fut établie en France fur le pied de 131. En Flandtes & dans les Pays - bas elle fut fur celui de 121. Voyez Chap. III.  i44 Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE Commerce, foit des affaires politiques de 1'Europe. Cette proportion s'établit donc toujours fuivant le prix des métaux, lequel varie felon 1'abondance ou la rareté de la matiere. On a vu a Amflerdam , que dans l'année 1763 (11), & a la fin de 1772, ou au commencement de l'année 1773, des faillites confidérables occafionnerent un difcrédit furprenant, qui produifit une grande rareté d'efpeces, & une altération dans les prix refpeétifs de ces deux métaux. La proportion varie auffi un peu dans chaque Pays, fuivant les rélations qu'ils ont avec celui oü fe trouvent les fources de l'or & de 1'argent. Par exemple, 1'Angleterre, qui par fon Commerce avec le Portugal, ou par celui qu'elle fait fous le nom des Portugais dans fes Etablifiêmens de FAmérique, fe trouve continuellement créanciere de Ci O Dans l'année 1763 k l'ouvertnre de la Banque dans le mois de Juillet, le défaftte arrivé alors par quelques faillkes confidérables, dirsinua la confiance , & ferma les Bourfes des particulicrs qui fe trouvoient fur la piace &'Arnfterdam, au point que Hambourg & Lonircs fe reffentirent de ce terrible coup porté au Commerce : l'or & 1'argent, en lingot ou en efpeces monnoyées, düt venir au fecours. Le papier ne mérita plus cette confiance, foit réelle ou imaginaire , qu'il avoit eue ci - devant. On vit alors des cliofes étranges , & qui doivent encore étre bien prérentes a la mémoire de plufieurs de mes Compatriotes. Je fus témoin, orfque le prix de 1'Agio de la Banque fut porté a I pour cent au defibus de 1'argent de caifle. 11 eft vrai que cela n'eut lieu que pendant une feule matinée , & ne dura pour ainfi dire qu'un inftant.  L'OR ET L'ARGENT. 145 de cette Nation, qui n'a pas aiïèz de produits, foit en Europe, foit dans fes pofTeffions en Amérique, pour lui donner des marchandifes en payement. Le Portugal doit donc continuellement liquider ou fuppléer a fes comptes par l'or en efpeces ou en barres qu'il recoit ordinairement de 1'Amcrique. Nous ne prétendons point borner par la a la feule Angleterre les payemens en or & en argent effedifs; on fcait que les autres Nations en recoivent auffi, comme par exemple les Géwis & les Hollandois. De 1'Angleterre ces métaux fe répandent dans les autres parties du Nord del'Europe, dans 1'Allemagne, la Hollande &c. felon que les circonftances du Commerce en général ou des affaires politiques ou particulieres J'exigent. La même chofe a lieu avec 1'Efpagne, qui paye en argent a ceux pour qui ou avec qui elle fait principalement Ie commerce de 1'Amérique; c'efla-dire, elle en donne une partie aux Francois,une partie aux Hoüaadois, foit pour eux, foit pour le compte des Fabricans de la Süefie, & enfin une partie auxAnglois: mais cette Nation fait actuellement moins d'affaires avec 1'Efpagne qu'autrefois (ie). (12) On m'a afluré que pendant Ie cours de l'année 1775 1'Angleterre a eu plus qu'a 1'ordinaire un débouché confidérable de fes manufailures pour les Colonies Efpagnoles de 1'Amérique; délbrte que par cette augmentation de Commerce 5 ik encore par celle que cette même Nation aïu ii-peu-pies dans la mijne époque dans la Pologne, le Couvernement Angiois fe fera probablemeut moins reflenti de la diminution K  146 Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE Voici coramenc la proportion & la valeur de ces deux métaux fe trouvent aujourd'hui établies: A Paris le mare d'argent fin valut le 5 May 1777' ' ' * °^ 53*1 5"! donne la proportion Et I'once d'or fin. 99 i J de 1 a 14 \\\ Marcs A Londres, I'once d'arp-ent du titre dont la Monnoie eft compofée ( le 4 Juillct 1777)- 5 Efcalins & 7-J den.-j de 1 a 14J Et l'or (13) 4 Liv. fterl. j environ. A Arnfterdam le mare "] d'argent fin ( le 4 & 11 I, de 1 a 14J Juillec 1777) . . .ƒ25-17 fenvir.(H). L'or , argent de Banque 355 - : Et PAgio .... 5ipourCt.J L'or comparé a 1'argent efl: donc aujourd'hui cn que les troubles avec les Colons devoient naturcllement produire fur fon Commerce en général. Aujourd'hui que Angleterre a tant de troupes a habiller, & a fournir de tout le néceflaire, il e(t apparent que les Commercans & les Fabricans ne fe reffentiront pas fitöt des calamités qui ont déja lieu fur une t ès grande partie de la Tene. (13) L'or dont le prix e(t noté ci - deifus eft de 22Karats,& 1'argent du titre de HJL- Le prix de ces deux métaux portés au fin, donnent la dite proportion. (14) L'an 1776 au mois de Juin, l'or fin fe payoit ït Perk dans le Commerce ico Livres & £ I'once, ou de 802 a 804 le mare; & 1'argent fin de 11 den. 20 grains 54 oC. A Londres, vers ces temsla l'or Livres fterlings, 3-17-7 I'once Et 1'argent 66- | (pence") ou deniers. a Amflerdam l'or fin valut 355 florins de Banque & en fus, 1'Agio de 5I pour cent. -"L'aigent fin de 12 deniers ƒ 25-15 argent courant.  L'OR ET L'ARGENT. i47 Hollande 40 a 50 pour cent plus cher qu'en 1393, & moins cher qu'il ne 1'étoit y a 50 années. Le détail fuivant le confirmera. L'an 1720 (en Aout) 1'argent fin valloit ƒ25-12 fols, & l'or ƒ 355 argent de Banque, 1'Agio ou; prime 4 i pour cent. En Septembre 1'argent fin valloit ƒ 25 - 9, & l'or 31 pour cent; & en Décembre ƒ 25 -10 & 5 f. En tablant fur le prix du mois de Septembre, la proportion fe trouve comme de 1 a 14 J-, ou quelque chofe de moins (15). L'an 1723 (en Janvier) 1'argent fin valloit ƒ 24-41, & l'or 355 & 6 pour cent. En Février 24-4 & 8 pour cent. En Oétobre l'or fe paya 5 pour cent, & 1'argent ƒ 24-6. L'an 1725 le prix de 1'argent varia de 24-6 k 24-10 , & l'or refla aux environs de 51. pour cent. L'an 1728 l'or valut de 4 k 4; pour cent,& 1'argent de ƒ 24-6 a 24-9. Pendant ces périodes, en prenant le plus haut prix pour l'or de 8 pour cent, & le plus bas prix pour 1'argent de 24 - 4, la proportion eft comme de 1 k 15 § (i 6). 05) li proportion de nos Efpeces d'or & d'argent Te trouve établie a la Monnoie tut le pied de 1 a 14jr , ainfi qu'on le verrat au Chapitre fuivant. (16) II fe peut que les changemens & les variations qui eurent lieu dans les Monnoies en France contribuerent alors a faire ahorn ^er dans ces Puj's 1'argent, & en firent dinünuer le prix. K a  MS, Ch. XI. DE LA PPvOPORTION ENTRE Obfervons un initant commenc les prix de Pof & de 1'argent fe trouvoient a la révoludon arrivée dans l'année 1763 (17). Au commencement de cette année [1763] 1'argent valut ƒ 25-6., & Tor 5 4 pour cent. En Aoüt de la même année, & pen- Voici maintenant le cours de l'Agio de Banque pendant les fufditcs années. En 1720 agio 4| I41. En 1723 5 T'4 it 5 ff En 1725. 4 ^ ii |, cc en 1728 4 i a 5 pour cent. Les Mexkaines (Piajlics d'Efpagne') valurent en 1720 ƒ 22-15 st 23-6. En 1723. 22-13 k 9J. En 1723. 22-5 it 6. a 22-15; & en 1728. 22-11 a 9. le mare. Les Co/onnes valurent en 1720 f 23-12. h 23 - i3. En 1723. 22 - 15 ï 22-7^. En 1725. 22-11. ii 22-17; & en 1728. 22-10! a 15. La piime des Rysdalers en 1720. ^ a .0 pour cent. En 1723. | it 1 pour cent. En 1725. 3. 1 1 t.; & en 1728 5 i I pour cent. X'7) E'an 1762 Ie prix de 1'argent fut en Janvier ƒ 26-2; & l'or 5i; l'Agio de la Banque 2 pour cent. En May 25-16; & l'or 3 pour cent. Le 23 Juin ƒ 25 - 5 & Por 5 pour cent. En Juillet 25-5 & l'or 5 pour cent. En Septembre 25 - 6 & l'or 5 J, ce qui dura jufqu'en Février de l'année fuivante. On peut par-li expiiquer conunent, au commencement de l'année 1763, les prix de l'or cc de 1'argent déclinetent. Cela fut caufé par 1'abondance des mitieres qui nous arrivoient continuelleinent , k Poccaflon des refontes qui fe firent en Allemagne des diverfes Monnoies au fortir de la Guerre. Cette opérattón occafionna une circulation imtncnfe, qui fe termina par les grandes faillites qui eurent lieu cette même année 1763. Au commencement d'Aout de la même année le prix de 1'argent fut porté dans le prix courant de Ia femaine a ƒ 25-6 & celui de l'or k 5 Du 8 au 15 Aoüt il fut a ƒ25- 1. l'or 5 A, ce qui continua, quant au prix de 1'argent, jufques vers la fin d'Octobre a 25 -1: cc le prix de l'or tomba pendant ce tems a 41. Enfuite 1'argenc fut ii 25 - 4 a 3 ; cc l'or monta jufqu'a 6 1 pour cent. En Aoüt da l'année 1764 1'argent fut a ƒ 25 ■ 5. En Décembre 25-6 k 7. En Octobrt de l'année 1765 a ƒ 25 -14, & en Décembre 25 - 15. f  L'OR ET L'ARGENT. 149 dant tout ce mois jufqu'en Octobre, le prix de 1'argent refta aux environs de ƒ25-1. & celui de l'or de 4 | a 5 : ce qui établit une proportion de 1 a 14 j ou environ. Les prix de 1'argent & de l'or augmenterent dans la fuite a mefure que la confiance fe rétablifToit, & que le papier circula de nouveau dans le Commerce, enforte qu'en Oétobre de l'année 1765 1'argent fin valut le mare ƒ 25- 14; & en Décembre de Ia même année 1765 f 25-15. On peut donc hazarder de dire, que fi les chofes reltent fur le pied oü elles fe trouvent depuis environ dix années , il feroit néceflaire de faire quelque changement dans nos Monnoies, rélativement feulement a la proportion établie entre les "deux métaux, & non autrement. Le prix de 1'argent en lingots indiqueroit par exemple que l'or efl fur notre place plus abondant que 1'argent, foit qu'il ne vienne pas de ce dernier métal une fi grande quantité que ci-devant , foit qu'on en confume d'avantage pour les meubles, ou pour le Commerce que nous faifons chez 1'Etranger. Cependant je dois obferver, que fi la quantité d'or & d'argent de YAmérique continue de venir en fi grande abondance en Europe, comme eela a eu lieu depuis quelques années, Tor pourroit bien dèslors monter en prix, & fe rapprocher non feuleK 3  150 CL XI. DE LA PROPORTION ENTRE inent de la proportion qu'on a établie ci-devant dans nos Monnoies, mais la furpaflèr, paree que i°. On fait paflèr plus d'or qu'autrefois aux Indes Orientales pour le Commerce (18). 2°. O i fabrique plus de tabatieres & de montres u boëtes d'or, qu'on ne faifoit il y a 50 ans. 30. La guerre que les Anglois ont itctuel'ement avec leurs Colonics Américaines, fera repafier vers ce Continent une quantité prodigieufe de ce prétieux métal, deforte que je ne ferois pas furpris, fi cela continue, de voir que la proportion qui efl: au deflbus de 15 , montat dans la fuite des tems au deflus de 15, & même a 16. Ce qui feroit un objet fur lequel les diverfes Puiflances feront bien d'avoir égard pour leurs avantages refpechfs. Au refte il me femble qu'il feroit néceflaire que la proportion entre l'or & 1'argent fut réglée aux Monnoies de la part des Souverains. Si on vouloit fixer le prix du mare d'argent feulemcnt, on ne devroit pas fabriquer des monnoies d'or. En évaluant les différentes efpeces d'or & d'argent dans le public, on établit de foi-même la proportion entre ces métaux. Cela feroit plutöt praticable fi les (i3) Dans mes Recherches j'ai rencontré ii la fin du Siècle dernier &• au commencement de celui-ci, qu'il vient outre cela quelquefois de l'or des indes Orientales: par excmple, le 5 Juillet 1-01 arriva de la Chine aux Dunes Je Vailïeau YMerlope ik le Tofian Ca!y, portam entt'autres 711 onces d'or.  L'OR ET L'ARGENT. fgj efpeces avoient, comme du tems de Charkmagne, leur poids réel, correfpondant a leur dénomination; qu'une livre de 12 onces fut divifée en 12 parties, & chacune de ces parties encore fous - divifée; que par exemple le mare d'or ou d'argent fut divifé en 8 onces, ou florins, I'once en 20 eflelins ou fols, & le fol en 32 as ou deniers (19), & que dans chaque partie il y eut la quantité néceflaire pour compofer en total le poids de l'or fin ou de 1'argent fin; mais il feroit diflicile aujourd'hui d'établir les chofes fur ce pied. Enfin c'eft toujours 1'abondance ou la rareté des matieres qui en doit réglcr la proportion, & fervir de bafe aux valeurs des Monnoies 02C0" 11 feroit a fouhaicer pour le bien des trois prin- (19) O» Te fert aujourd'hui du cuivre pour former la plus petite fous - diviüon des Monnoies; auffi paroit-il le plus propte pour cela. Le cuivre rouge , c'eft - a - dire le meilleur, & celui dont on fe fert pour les Monnoies, vaut aujourd'hui ƒ62 a.63 les 100 fg. Le cuivre, réduit dans nos moulins en plaques propres ii la fabrique des dutes, vaut ƒ78 les 100.tg: 160 dutes de cuivre font notie florin, & patent une livre de 16"onces. Si 011 n'y comprend pas les fraix de la fabricanon, la proportion feroit de 1'argent fin (calculé fur le pied de 26 le mare") au meilleur cuivre brut (au prix de 62) comme de 1 i; 84; au cuivre travaillé pour fervir h cette Monnoie, cömme de 1 a 66: & la proporticn entre la monnoie de cuivre & entre celle d'21'gent (florin) comme de 1 a 50 ou 52. c'eft - dire, que 50 a 52 livres de cuivre cn dutes , font égales en valeur numéraire a une Livre pefant d'argent: & en valeur intrinfeque, c'eft-ii-dire, matiere contre matiere, comine de 84 a 1, ainfi que je 1'ai déja dit. (20) Voyez les Idéés juftes (felon moi) que M. Macê de Richeb 0 u r g a expofé fur cette importante matiere dans fon Eilai écc. flntroduétion]. K 4  152 Ch. X t DE LA PROPORTION &c. cipaux Etats Commercans qu'on trouve aujourd'hui dans Y Europe, qu'on put s'accorder fur la fixation de la valeur des Monnoies, & furtout fur la proportion du taux entre l'or & 1'argent, objet de la plus grande importance pour eux. Je n'entends pas par la que le Prince ou le Gouvernement regie cette proportion par un Acte de fon autorité, & établiiïè en conféquence la valeur des efpeces; mais je veux feulement infinuer, que fon Autorité devroit dans un cas pareil fervir a maintenir la loi qui auroit été promulguée, après avoir pris les avis & le confeil des perfonnes expertes fur ces matieres.   pi 2 C/hlp. XII'  PI. 1, C&ap. 331.   DES MONNOIES &c. -53 CHAPITRE XII. Des Mo nnoies atluelles de France, d"1 Angleterre & de Hollande. Chaque pays a fa Monnoie particuliere, qui efl: la mefure par laquelle Ia Société apprécie les chofes, comme les denrées, Ia main d'oeuvre &c.,foic dans fon propre pays, foit chez PEtranger. Si une plus grande ou une moindre quantité d'or & d'argent dans le Commerce regie la proportion des métaux dont ces monnoies font compofées, il efl néceflaire que le cours, ou le numéraire des efpeces, foit établi fur cette bafe dans chaque pays. II eft donc eflcntiel qu'on ne perde jamais cet objet de vue, dans quelque opération que ce foit. En France (i), en Angleterre & en Hollande, il y a des Officiers qui font particuliérement chargés de veiller fur cette intéreflante partie. Chaque Etat a la-deflus fes Regies & fes Loix particulieres (2). CO En France il y a des Hotels des Monnoies établis en plufieurs Villes du Royanme. Chaque Hotel a une Jüriöiclion compofée de plufieurs Officiers. Voyez le Traité dei Monnoies, a 1'article llótel des Monnoies. _ ' Ca) Parmi les claufes du celebre Traité «Union «Utrecht (en 1579) ll eft dit dans "Art, XII: Que les Provinces convicndront entr'Zlles fur K 5  i34 Ch. XII. DES MONNOIES Or la Monnoie devant être par fon inftitution la mefure commune de toutes les chofes qui conlH- Vartkle des Monnoies , ou du cours de 1'argent. Voyez Etat préfent des Provinces-Unies Tome XI. page 155. en Hoilandois. Pende tems après ce fameus Traité, on érigea une Chambre des Monnoies pour les Provinces - Unies. Par le contenu de l'Art. XII, on voit que les Provinces s'étoient mutuellement engagées de faire des nouvelles Ordonnances fur les Monnoies, & de n'y rien changer que d'un accord unanime. Quoique chaque Province, comme étant Souvcraine cnez elle, ait le droit de faire battre Monnoie a fon empreinte, on eft cependant convenu que la Monnoie de chaq ie Province particuliere auroit cours dans toute la République, & contiendroit une même valeur intrinfeque; & c'eft ce qui a rendu néceffaire Pércction d'une Chambre géjiérale des Monnoies. Elle efl: compofée de trois Confeilicrs & Maitres Généraux de la Monnoie, d'un EQayeur général, & d'un Secrétaire , qui tienuent leurs Aflemblées dans un des appartemens de la Cour a la llaye. Ees Membres de cette Chambre font élus par les Etats Généraux. Cette Chambre a la direétion de toutes les affaires quelcouques concernant les Monnoies de nos Pays. . Dans la Province de Hollande il y a deux Villes ou 1'on bat monnoie , 1'une dans la Hollande Méridionale, ii Dordrecht, 1'autre alternativement de dix en dix ans dans tiois Villes de la Nord- Ho'!inde, ou IFcft ■ Frife, leavoir ii Hom ,a Enkhuifen üikSfcden'jlik : c'eft dans cette derniere Ville qu'on bat la Monnoie actuellement, ce qui doit continuet jufqu'a l'année 1781. ' En Gueldre la Monnoie fe frappe ordinairement ii Harder-xyk; la place de Mattre de la Monnoie dans cette ville efl: actuellement va« cante, depuis une ou deux années. Dans la Province «Utrecht c'elt dans Ia Capitale du même nom. Dans celle de Zélande a Middelbourg. Toutes ces Monnoies ont été jufqu'a préfent en plein exercice toutes les fois que le beibin de 1'Etat ou celui du Commerce Pont exigé. Quant a la Frife, les Monnoies fe fabriquent ii Leuwaarden; dans la Province «Overydel a Zwol, a Deventer ou a Caoipen, cc dans celle de Gron'wgue dms la Ville du même nom: mais depuis quelques années on frappe rarement Monnoie dans ces Provinces. Une Pcrfouue en place dans uu des Hotels des Monnoies de. la Répu-  DE FRANCE &c. I55 tuent le Commerce d'une Société, il fant qu'elle foic fabriquée dans le dégré le plus jufte poflible; & il feroit même utile que fa valeur intrinfeque fut univerfellement connue. N'cd-il pas dans 1'ordre des chofes que chaque Pere de familie foit au fait de tout ce qui peut intérefïèr fa maifon ? Et ne doit - en pas toujours veiller a ce que Phomme foit a Pabri d'être furpris? La principale Monnoie de 'France efl:, comme tout le monde le fcait, Ie Louis dVr, de vingtquatre livres, & YEcu de fix & de trois livres. \J Angleterre a hGuinée, de vingt-un Efcalins, & YEcu ou Crown de cinq Efcalins. La Hollande a le Ryder, piece d'or de quatorze florins , la piece d'argent de trois Florins & le (Gulden) Florin de vingt fols Cftuhers) (3). blique m'a apprls, a la fuite de quelques autres informations, qu'elle ne recevoit point de falaire; que 1'ufagè n'étoit pas d'en aliïgner, & que leurs prorits fe tiroient principalement des avantages que pouvoit leur procurer le Commerce relatif aux Efpeces, joint a l'exemption d'accife, &c. Voyez fur toute cette matiere l'Ouvrage qui j'ai déjè ciré, Etat préftnt des Provinces - Unies a la page 336 & fuivantes. Et les Ouvrages de G, van L 0 0 n. (3) Tant que le prix courant ne permet par d'achetter de l'or ou de 1'argent pour le battre en Monnoie fans perte, 1'Etat, ou les Maitres des Monnoies , n'en font point ordinairement 1'emplette. Ea derniere Réfofutión de LL. IIH. PP. pour faire fabriquer des Ryder* d'or, eit du 21 Avril 1767. I.a cherté & la rareté de la matiere fut caufe qu'on ne pot l'exécuter qu'en 1763. Un Maitre des Monnoies m'a affuré, que depuis 176c le Gouvernement n'avoit pas fait fabriquer des deniers (Stand penningen') pour fon compte. Mais les Maitres de la Monnoie ont eu la liberté d'en faire pour leur piopre comp-  s56 Ch. XII. DES MONNOIES Entrons un peu en détail fur les poids, titres & figures de ces différentes efpeces. Suivant les Edits de l'année 1726, 30 Louis font taillés d'un mare, & ont cours pour 720 Livres. Un mare, ou 4608 grains de poidsRemede de poids 9 4599 graios -4599 grains de poids en matiere fine, & d'or pur dit être de 22 Karats. Remede de fin fur Ie titre . . »| 21 \ \ Karats. 21 |j Karats, a raifon de 6 grains de poids par forment un total en grains de poids, matiere pure, pour un mare, de 4164 grains de poids Et dans la même proportion , fi 4608 grains poids de mare fe trouvent réduits a 4164 grains: a combien devront être réduits 4599 grains? a . . 4155 Hf grains. Or 4156 grains de poids en matiere fine & d'or pur, font donc livrés en France au public en valeur numéraire pour 720 Livres (4). Et l'or te, ce qui arriveroit fréquemment , fi le prix de 1'argent fe trouvoit alfez bas pour cela, ainfi qu'il eil arrivé depuis 1762 jufqu'en Janvier 1765. (<0 Voyez Efai de M. MaoS de Richebourq.  DE FRANCE &c. \ 157 fin, évalué a 99 Livres 10 fols I'once, ainfi que le prix a été a Paris dans le Commerce, (Voyez le Chapitre précédent) font pour les 4156 grains fJê.jij-18-4.,& l'or a 100 livres I'once fait reve- nir 415Ó grains a . . . . c& 721-10. (5) Voyons maintenant comment 1'Ecu de 3 livres répond a fa valeur intrinfeque: 8 Ecus de 6 livres , ou 161*„ Ecus de 3 livres, courent dans le public pour 49 livres 16 fols, & font taillés d'un mare, ou de 4608 grains de poids Remede de poids 9 Rede 4599 grains de poids en matiere fine pur argent, dit être 11 deniers : remede de fin fur le titre . . . . *k 24 Refte 10 -I- deniers 24,-f tb*& deniers, a raifon de 16 grains de poids par s?, forment un total en grains de poids, matiere pure, pour un mare, de 4184 grains. Et dans la même proportion, fi 4608 grains poids de mare fe trouvent réduits a 4184: a combien devront être réduits 4599 grains? a 4175?? grains. Si donc aujourd'hui 4608 grains argent fin valent dans le Commerce 531 livres, 4176 grains don- £5) A Paris Ie 28 Juin 177(1 le mare d'or fin valloit 802 a 804, livres, & I'argeut, de 11 deniers 20 grains, 54 livre».  158 Ch, XII. DES MONNOIES nent 48 livres 144 fols; & au prix de 54 livres environ 49 livres, ce qui efl moins que le numéraire qui a cours dans le public, c'eft-a-dire que les 49 livres 16 fols (6). II réfuke de ce détail, que le Louis cfOr, dont la flgure fe trouve a la Planche I pgttfe 1, pefe *5S'&,|«fosi dont environ font en matie¬ re pure, & le refte en alliage. Cette Piece d'or revient, a raifon de 718 livres environ pour les 30 Louis, a 23 livres 18f fols, & non a 24 livres. • L'Ecu d'argent de 3 livres, (Voyez fig. 2.) pefe -77 » grains, dont 251 jj environ de matiere pure, reviennent, fur le pied de 53 livres 15 fols pour le mare, a 58 fols 8 deniers & §, & non a 60 fols, que PEcu repréfente. En Angleterre (7) la Monnoie fe trouve établie de la maniere fuivante: D'une Livre de douze onces , ou de 5760 grains, fe taillent 44 \ Guinées, l'or en eft du titre de 22 Karats, & chaque Guinee ayant cours pour 21 efcalins (Shillings') établit le prix de l'or (6) Voyez Efai de M. Maci de R i c n e e o ij r g. (7) En Jngleterre toutes les Efpeces fe fabiiquent a la Tour de Londres, & nulle autre part. C'eft toujours pour le compte du Gouvernement, ou bien pour celui de Ia Banque, qui en ïnême-tems fburniflent les maiieres pour cet éffef. Chacun peut envoyer de l'or ou de 1'argent en barres it Ia Monnoie , & Fy faire monnoyer aux dépends du Roi. On lui rend en argent Monnoyé au titre du Royaume le même poids qu'il fait potter cn or ou en argent fin a la Mon. coie, fans aucune déduclion.  DE FRANCE &c. i59 fin, ou de 24 Karats, pour la Livre de douze onces 350 Livres 19 f efcalins (fïerlings) ou environ. J2ï Ecus (Crown) fe taillent auifi d'une livre: 1'argent en eii du titre de 111\ deniers; chaque Ecu a cours dans le public pour 5 efcalins: en calculant fur la valeur des 62 efcalins pour la livre d'argent de 11 rl0 deniers , 1'argent fin revient a 3 Livres 7trr efcalins fterlings. Ce qui établit la proportion cumme de 1 a 15 sL. Voici a préfent la valeur intrinfeque des Efpeces" ii Londres, depuis quelques mois. La Guinée d'Or (Voyez pl. 1. fig. 3.) pefe 129^ grains, & contient, lorfqu'elle ell neuve ou de poids (8), en matiere pure ï 18 f grains. La (8; La Guinée, dont on voit ici 1'empreinte, pefe 5 Èftelins 14 as de notre poids, ce qui répond k quelque chofe de plus que les 129 grains Angiois, deforte que celle - ci contient fon poids. On eftime it Amflerdam l'or de la Guinée être du titre de 21 Karats 11 1 grains & non de 22 karats, fur lerquels elles font fabriquées en AÏigleterre. Suivant une Déclaration du Roi du 12 Avril 1776 , une Guinée eft de poids lorfqu'elle pefe 5 deniers 8 grains. Sur ce pied il y a 45 pieces a la livre de 12 onces, lefquelles, a 21 Efcalins chacune, font en numéraire 47 liv. 5 efcalins irerüngs, & non 46-14-6 que donnent les 44 ï. Guinées. A Londres les Portugaifes, ou Lisbonines, ont cours dans le public : celles de 6400 Rees, du titre de 22 Karars, pefent 9; deniers, pour 36 Efcalins, ce qui eft dans la jufte proportion des 21 Efcalins pour la Guinée de poids, c'eft - h - dire de 129 ? 9 grains. A Londres un karat contient 4 grains, & un grain 24 parties. A Amflerdam le karat eft fous - divifé en 12 grains, qui peuvent fe divi. fer en moindres parties a volonté.  i6o Ch. XII. DES MONNOIES matiere d'une Livre d'or de 22 Karats pour les 44 J Guinées, au prix du mois de Juin dernier, fait 48 Livres fterlings, & calculée au fin de 24 Karats, fait revenir la livre 852 livres 7T3r efcal. flerl. L'Ecu d'argent (Voyez pi. i. fig. 4.)pefe 464*; grains, & en matiere pure 429 f grains (9). La matiere du titre dont cette Monnoie eft compofée, fe paya (au mois de Juin dernier) I'once 67 x deniers (pence), ou pour la livre Sterling 3-71, qui calculés fur le fin, ou les 12 deniers, fait revenir la livre a .... 3 livres 13 efcalins ilerlings. La proportion aótuelle fe trouve donc comme de 1 \14$ (10). Or (9) On m'a afiiiré que depuis !c Regne de Gcorge III on n'a pas encore fabriqué des Ecus ou Couronnes, mais feulement des demiCouronnes, des Êfcalins & demi - Efcalins. Si ces Efpeces fe trouvent en poids dans ia proportion de 1'Ecu, "comme il eft probable, alois la même difproportion exiite. (10; Lorfqu'on en étoit (le 15 Décembre 1777) a imprimer ce XII Chap. je fus inïormé que Ie prix de 1'Or de 22 Karats ii Londres avoit été leg Décembre demier b 4 livres £? 4 deniers fterïwgs I'once, ce qui fait revenir 1'Or fin, ou les 24 Karats, a 4 livres 7 Efcalins & 7 3. deniers fterlings. Le prix de 1'argent, du titre de la Couronne, étoit le même jour 5 efcalins 9 deniets pour I'once, & par conféquent 1'argent fin , ou du titre den deniers, s'établiflbit a 6 el'calins 2 deniers &-j environ, ce qui établit la proportion entie l'or & 1'argent encore moindre que cideflus: car fur ce pied, une livre de dpu'ze onces d'or fin efl: évahiée égale a H fr livres de douze onc-s d'argent fin: ce qui déian- ge  DE FRANCE &c. lèSl Or la Guinée de poids ayant cours dans le public pour 21 efcalins, contient, au prix de 4 livres I'once . . . . 21 efcalins 7 den. environ (11)4 Et 1'Ecu de poids, a 67 5 den. I'once, 5 efcal. 5 d. & §•. Ce qui démontre que les efpeces en Angleterre, quand elles font de poids, repréfentent plus que leur numéraire, ce qui ne porte aucun préjudice', (il flïfTic pour lors qu'on ait foin que la Monnoie qui a cours dans le public foit de poids): mais ce qui doit en caufer, cefl que VAngleterre rïobferve pas aujourd'hui la proportion qui fe trouve établie dans le Commerce. Car les 7 deniers qu'il y a de plus en matiere d'or fur chaque Guinée, font fur la Livre, conté* nant 44\, pieces, 26 efcalins (12). ge encore plus la proportion qui Te trouve établie it la Monnoie, & rend Ie préjudice dont je fais mention encore plus confidérable. Cette nouvelle haufle a Londres fur Ie prix de 1'argent, provient probablement de ce qu'on fait aufli pafier des efpeces d'argent Monnoyées (des Piaflres &c.) dans 1'Amérique Septentrionale. (n) Si la Oublie de poids efl: feulement de 5 deniers 8 grains, alors, au prix de 4 livres fterlings I'once, la Guinée contient en matiere 21 Efcalins & 1, ou 4 deniets, & non 21 Efcalins 7 deniers, ce qui dérange encore d'avantage la proportion qu'il y a entre les Monnoies d'or & d'argent 5 car je fuppofe que toutes les Efpeces d'argent en Angleterre font du titre de nT'5 deniers, dont fe trouve compofée Ia piece qu'on nomme Courbnne. (12) Si la Guinée ayant cours dans le public pour 2t Efcalins , & pefant feulement 5 deniers 8 grains, ou 128 grains, ne contient qije L  löz Ou XII. DES MONNOIES Et les 5 deniers & f- fur chaque Ecu font fur les 12 | Ecus, ou une livre d'argent, 66} deniers, & fur les i$n livres d'argent 84 efcalins. En déduifant donc les 26 efcalins en matiere de trop fur la Livre d'or, des 84 efcalins en matiere de trop fur les 15 $ fg d'argent, il y a fur cette quantité d'argent contre l'or de trop, 58 Efcalins, ce qui fait une différence au préjudice du Gouvernement d'environ une livre en poids d'argent, ou de 58 Efcalins (13). II doit donc néceflairement réfulter de-la, & 1'expérience le prouve , que les Efpeces d'argent doivent être trés rares en Angleterre. Cet objet efl: d'une grande conféquence pour un Royaume, qui depuis environ quarante années doit fouvent folder ou liquider les Engagemens qu'il a contraclés avec 1'Etranger, par le moyen des Efpeces , ou par l'or & 1'argent en nature. ai L Efcalins de mattere , au jnis de 4 livres fterlings I'once , alors le tiers d'un efcalin fur cliaque Guinée fait fur la livre de 12 onces> ou fur les 45 Pieces, feulement 15 Efcalins, & non 26. (13) Suppofons que de la livre fe taillent 45 pieces d'or, lefquelles, a 21 Efcalins, font 945 Efcalins, & divifes par 67 Efcalins, comme on 1'a établi pour la livre d'argent: c'eft - a - dire, que rune & 1'autre foient converties en matiere fine, alors la proportion fe trouve comme de 1 ii 15 1. ce qui eft encore plus que 15^-, & feroit par confequent plus d'une livre en poids de différence au deTa-vantage du Gouvernement «Angleterre.  DE FRANCE &c. 163 Venons maintenant aux Monnoies de Hollande. Dans le fiecle dernier (Voyez Chapitre VI.) la Monnoie dont nous nous fervons aujourd'hui fuc établie fur la proportion de 14/,, c'eft-a dire, qu'un mare d'or fin fut évalué a 14/, marcs d'argent fin. Un Mare d'or fin a 355 florins de Banque, Agio 5 pour cent, font ƒ 372-15-: Et 14*31, ou 14& marcs d'argent fin a ƒ 25-1. fait auffi 372-15-: Voila le fondement fur lequel les évaluations ou le cours de nos Efpeces fe trouvent réglés. Voyons a préfent comment elles répondent aujourd'hui a la mefure générale, c'eft-a-dire a l'or 6 a 1'argent en maflè. Le Ryder (14), dont on trouve 1'empreinte (Planche 2. fig. 5), eft a préfent la feule Monnoie (14) II y a des demi Rydcrs du même titre, & d'un poids proportionné, c'eft-ii-dire de 3 Eftelins 7-ï.as, ayant cours pour 7 florins. Suivant une Inftruction pour les Maitres des Monnoies, en date du 17 Février 1606, le Ryder doit pefet 6 Eftelins & 15 as en fus, c'eft - idirc, plutót plus que moins. En iöort le Ryder eut cours pour 10 florins 2 fols. Par une Ordonnance du premier Aoüt 1749 cet article rélatif au poids fut confirme". Voyez les Livres de M. C. C a u Tome VII. page 1107. On taille d'un Mare 261 Ryders & T|> parties. Voici un .autre calcul : 100 Marcs d'or de 22 Karats font en or fin 91 Marcs 16 Karats: donnent 26 1 Ryders &.», ou ƒ 374 -o JgJ, ou ƒ 374.1 ƒ34387. ïS - iö faifant 2449 Ryders a 14 & ƒ 1 -18 -16. L 2  -64 Ch. XII. DES MONNOIES d'or du pays , qui aic cours dans la République pour 14 florins. 11 pefe 6 eflelins 15^ as. Mille Pieces pefent 40 marcs 3 onces 9 f | eflelins. Le Ryder fe trouve compofé ou allié de 22 Karats en or, de 16grains d'argent fin, & de 8 grains de cuivre. Cette maflè de métaux contient donc \\ parties d'or fin, d'argent fin, & 3^ de cuivre. En voici le poids en or fin: 37 marcs 1 karat 7 grains , & la valeur a ƒ 355 pour le mare ƒ13158-!? L'Agio de Banque & celui du prix de l'or 723-14 donnent ƒ 13882- 4 en Argent 2-1-1911 k 25-17 . . 58- ï en Cuivre 1 - o-19 »| .... Marcs 40-3- 9*5 . . . ƒ13940- 5 On peut donc fans perte fabriquer des efpeces d'or: mais en y ajoutant un pour cent, auquel on évalue les fraix & droits de la Monnoie, il y a de la perte. Toujours eft-il vrai que la matiere, ou poids de mille Ryders, contiennent ƒ 60 moins que leur numéraire, ou que les 14000 florins qu'ils repréfentent. Quant a la Monnoie d'argent, outre les pieces de 1 & de 3 florins, il y en a de plufieurs poids & titres; par exemple, les pieces de 30 fols, de  DE FRANCE &c. 165 28 fols, de 6 fols, de 55, de 2, &d'im fol(15). Je ne ferai ici mon calcul que fur les deux premières Efpeces, donc on trouve les empreintes a la Planche 2 fig. 6 & 7 (16). La Piece de trois florins pefe 1 once & 17 J as. . 200 pieces 25 marcs 5 onces 11» eftelins corapofées de . . 10 deniers 23 £ grains d'argent 1 — £ de cuivre, C15") ioooEfcalins,ou 600 florins, doivent pefer 40 Marcs, 4 onces $ Eftelins, du titre de 6 deniers 20 i grains , font en argent fin 2j Marcs 1 denier 23 grains 12 J parties it ƒ 25 - 2 . . ƒ 581 - 8 - 38 Et a ' 25 -17 ƒ 598 - 16 6xo doublé fols £ dubbeltjes ) 011 600 florins, pefent 39 Marcs 2 onces 8 i Eftelins du titre de 6 deniers 20 grains, qui font£en argent fin) Marcs22-4 .13. 4| a 25-2 ƒ 557-8-32 Et a 25 -17 ƒ 578 -10 Ces exemples, outre les précédens , fuffiront pour expliquer ce que je m'étois propofé d'expofer au fujet de nos Monnoies. (16) Par un Placard du 25 Septembre if>8i, les Etats de Hollande JP de IFeft - Frife inftituerent quatre nouveaux deniers d'argent de la première Clafle, fcavoir la piece de 3 florins, nommé Staten Gulden, la piece de 2 florins, & celle de 1 & demi florin. Voiei comment les pieces de 3 & I florins répondent au cours de ƒ .25 - s , felon le prix qu'on afligna ii ces Elpeces. 200 Pieces pefent 25 Marcs 5 onces 12 i Eftelins du titre de 10 derriers 23 ^ grains , qui font en argent fin 23 Marcs 6 deniers 11 grains 4 x parties, k 25-2 le Mare fin ƒ590-6-22 Mites fioo Pieces pefent 25Marcs 5 onces 15 Eftelins, qui ii 10 deniers 22 i donuent en argent fin 23 Marcs 5 deniers 7 grains 4 parties, a ƒ 25 - 2 ƒ 588 - 4 - 7 L 3  i66 Ch. XII. DES MONNOIES font en argent fin 23 marcs 4 onces 44 eftelins, a ƒ 25 -17. pour le mare d'argent fin . ƒ608-: Et la piece d'un florin pefe 6 eflelins 27 /, as. 600 pieces 25 marcs 5 onces 11 S eftelins allié de .... 10 deniers 221-grains d'argent 1 1 k de cuivre, font en argent fin 23 marcs 3^,325-17 ƒ 607-: II y a donc de la perte, outre les fraix de la Monnoie, a faire fabriquer les dites Efpeces d'argent, & du profit s'il étoit permis de s'en fervir comme Marchandife; c'eft - a - dire, fi 1'on pouvoit le fondre & 1'envoyer chez 1'Etranger pour de 1'argent en maflè. D'après le détail oü je fuis entré fur nos Efpeces d'or & d'argent dans ce Chapitre & dans le précédent, il réfulte,qu'aujourd'hui fur le prix de ƒ325. 8f &5s pour centd'Agio pour l'or de 22 Karats, & de 25-17 pour 1'argent de 12 deniers, ou ƒ23-14 pour celui de n deniers, ou bien 10-23:}, la proportion de l'or a 1'argent fe trouve établie comme de 1 a 14i environ, & non comme de 1 a 14^ , bafe cependant fur laquelle eft établi le cours de nos Efpeces. Tel eft donc 1'état aéluel de la valeur réelle des Monnoies refpeétives en France, en Angleterre & en Hollande.  DE FRANCE &c. 167 Au refte, je hazarde les idees fuivantes, qui peut-être feront de quelque utilité pour le public. i°. II feroit tres a fouhaiter qu'on ne fabriquat les Mo inoies q.fav-c je moins d'alliage pofiible; moins 4'ajliijgs ï'ii (ine épirgne , & procure par conféquent du profit. La matiere qu'on emploie pour cet alliage a un ccrtain prix, & n'eft jamais portée: en Hgne de comptc dans la réfonte; plus donc les Monnoies contiennent de matiere fine, moins elles coutent a celui qui les fait fabriquer. ic'. II faudroit en même tems que les fraix des Monnoies fuilènt partout , ainfi que du tems des Romains, pour le compte du Gouvernement. 30. On ne devroit accorder aucun remede fur le titre & poids des efpeces aux Maitres des Monnoies , mais ce devroit être fur le titre & fur le poids réel , ou fur la maflè réelle , que fe reglat toujours le cours de chaque denier d'or ou d'argent. Quand une piece d'or ou d'argent a fon titre & fon poids précis , elle en vaut davantage. Si le Maitre des Monnoies doit être dédommagé lh-deflus de quelque chofe, il faudroit que ce fut pour le compte du Gouvernement. Enfin on ne peut aflèz répéter dans un Ouvrage de ce genre les expreflions du Celebre Montesquieu: „ ce n'efl pas le nom qui L 4  it58 Ch. XII. DES MONNOIES &c. „ doit régler le cours des efpeces, mais la maflè „ de la matiere". Ceil en effet elle qui regie , par la quantité de matiere pure, la valeur réelle des efpeces , & non pas le numéraire ("ou la valeur) qu'il plait au Prince d'afligner ou de faire marquer fur fa Monnoie.   JY. Cfap. XZ7T Lt.JJiifü'j- Ja/ü>.  PI. 3. c/iap. jnii. *~~ * Cl. Du/ïhr Jcu^,   DE LA MONNOIE UNIVERSELLE. 169 CHAPITRE XIII. De la Monnoie Univerfelle. A Prés avoir parlé des Monnoies qui ont cours dans les Etats des trois PuifTances Commercantes de VEurope, il convient de dire un mot de l'or & de 1'argent en maflë ; c'eft-a-dire, de celui qui fe trouve en barres ou en lingots. Lorfque ces métaux, qui font ordinairement plus ou moins alliés avec du cuivre, en contiennent le moins, ils approchent le plus de ce que nous nommons fin; l'or fin ne peut pas entiérement être porté au titre de 24 Karats, & 1'argent a celui de 12 deniers (1). Dès qu'une fois le titre (par le moyen de 1'eflai) & le poids de ces métaux font connus, ils peuvent facilement être évalués dans le Commerce; cette évaluation repofe dans chaque Société fur le numéraire attaché aux Monnoies. Quand l'or & 1'argent deftinés a fervir de Monnoies ne font pas aflèz fins, on peut, parle moyen de raffinage , les purifier des autres métaux, & (i) En Allemagne on eft dans 1'ufage d'eltimer la Sneue de 1'argent par lotlu. L'argent fin eft de iG lolhs , le loth fe divife en 4 gros, & le gros en 4 deniers. Voyez Traité des Monnoies, J Réoux. Ce qu, varie felon que le cours du Change fe nou. ve établt avec les Platei Etrangeres. B C9) C'eft-a-dire, fi on m'avoit informd du titre &du poid, nrdcis JMdW, ces Bfpeces font fabriqudes , VJ, \% Jj O<0 Contenu du Mdmolre. Je ddfirerois fcavoir • ranI;deD:;rbien " ^ " P°PUlati°" *■ «~ W-* a. Quelle quantité de Terrain eft employde a 1'Agriculture, & da„s quelles Contrdes font fituées les Terres qui y font propres? 3- Si lAgncuIture s'eft accrue depuis le Czar Pierre I, ou depuis 5c commencement de ce Siècle, & „ quelle proportion v *' 4- QueUes fortes de Fabriques fe trotivent établies dans 1'Etnpire, & qtiel prog,ès elles y ont fait dans ce Siècle I * 5- Oe quelle maniere fe fait |. perception des Impóts? A queii. fomme peut e monter la recette, & , qHelIe founue'e épenfe " AOtónÏÏs ÏÏÏ 'e Cümn,XTCe des R"fe avcc >« AU.a.iques fitués vers 1'Orient de 1'Inde ?  UNIVERSELLE. 183 des détails, m'a afluré 1'avoir envoyé; mais comme il ne m'cit rien parvenu jufqu'a ce jour, je préfume que je ne dois plus arcendre de réponfe, & je défefpere même de pouvoir jamais acquérir fur cet objet important les éclairciflements que je défirois, & dont j'aurois fait part au public , avec la ch> confpeclion néceflaire. Cependant je ne puis m'empécher d'obferver, que cette matiere, trés intérefiante par elle-même, préfenteroit aux perfonnes un peu au fait un champ valre a leurs réflexions. Cet Empire immenfe , plus grand que ne le fut jamais 1'Empire Romain, ni celui de Darius conquis par Alexandre, de plus de huit cents lieues du Midi au Nord, & de plus de deux mille de 1'Orient a 1'Occident, confinant en même - tems a la Pologne & a la Mer Glaciale, ainfi qu'a la Snede & a la Chine, cet Empire, dis-je, forti depuis un Siècle des ténebres de la barbarie , 7. Si les relations avec les Chhiois font de quelque importance, rélativement au Commetce. 8. Quel eft le Plan de Commerce qu'on aformé, ou de quelle nature font les matieres du Commerce qu'on veut établir avec les Turcs & Iïs Tartans, depuis le dernier Traité de Paix, & depuis que la Mer Noire eft pour ainfi dire ouverte pour la Ruffie ? y. Quels avantages la Rj/fic peut - elle tirer de la révolution furverue dans la Pologne ? 10. Quel eft Péfat des Monnoies dans tout 1'Ènipire ? Quel eft le poids & titres des Efpeces d'or & d'argent ? 11. A CQipbien fe monte a-peu-près la fomme de l'argent qui entre annuellement en Rufie, & le noinbre h-peu-prés des Vaiflèaux, tant Rafes qu'Etrangers, qui entrent & fortent des Ports de 1'Empire? 12. Enfin le iuxe fait - il des progrés, eft - il borné a la Villa Capitale, fe répand - il aufli dans le refte de 1'Empire ? M 4  ï84 Ch. XIII. de LA MONNOIE Sec. fe trouve dans la néceffité d'avoir dans 1'étendue immenfe de fes poffeffions des Monnoies, qui non feulement varient confidérablement entr'elles dans leur poids, figure &c. mais aufli dans la valeur refpeélive des métaux dont elles font formées. Cet objet ne peut être regardé avec indifférence par les perfonnes en place, & qui prennent a coeur les intéréts de 1'Impératrice actuellement regnante, & celui de fes Peuples. Les foins que S. M. Czarine fe donne pour la félicité de fes Sujets, la renommée qu'elle s'eft acquife par la fagefle de fes Etabliflèments, fa gloire affermie par la protedion éclairée qu'elle accorde aux talens, tout cela doit concourir a engager des obfervateurs éclairés a feconder de tout leur pouvoir les louables intentions de cette Princeflè. Et quel fujet plus intérefiant que celui qui nous occupe! N'eft-il pas évident que c'eft de - la quedépend a plus d'un titre la fureté des opérations de route Puiflance quelconque, qui veut établir fon Commerce fur des principes folides & ftables? C'eft par une application conftante a de tels objets qu'un Souverain mérite 1'amour de fes Peuples, & les monumens éternels que lui éleve la reconnoiffance. Tel eft furtout celui que Catherine II. s'eft déja élevé, non feulement dans les coeurs de tous fes Sujets, mais encore de tous les Etrangers inftruits , qui entendent prononcer fon Au* gufte nom.  CONCLUSION &c. 185 CHAPITRE XIV. Conclufion de la première 208 a 234 . . . 128.a 185 1Ó51 .... 199 a 234 .. . 169.a 181 1652 .... 232 a 250 .., 156 a 185 1653 • .... 238 a 170 nes 1654 .... 140 a 166 . . . 98 a 100 1655 .... 130 a 152 .. . 68 ii 95 1656 . . . . 140 a 170 . . . 110 a 114 1657 . : 96 1658 . ... 140 a 144 .... . 85 1677 .... 148 a 170 ... 100 a 112 1692 .... 108 a 132 ... 100 è 150 1693 , . . . 145 a 175 . . . U6 a I35 1Ó95 .... 134 a 178 .. . 75 a 105 1Ó97 .... 150 & 200 ... u7 a I36 1698 .... 180 a 230 ... 160 a 260 de Pologne valut . 236 a 276. le Seigle de PrufTe 176 a 200 En 1700 le 13 Mars le Magiftrat d''Arnfterdam réïolut de donner le Seigle aux Boulangers a 150 florins d'or le Lalt: mais ce prix diminua enfuite des le 1 Oftobre 1700 a 125 a 155 . . , 78 a loo N  »*> PRIX DES BLEDS Pendant le cours de ce Siècle, jufques & compris rannée tjjj: Froment Seigle L'an öe Pologne. de Prujje. 1701 le 1 O&.Fl.d'Or 90a 122 . . . . co a 78 I7c2 86 114 .... jö 70 1703 .... • 85 128 .... Co 80 ■ 1704 95 125 .... 58 77 170$- ..... 91 122 .... 58 77 1706 90 115 ..... 56 69 1707' 88 ti8 ...... 56 70 1-03 ic8 138 .... 77 ^5 1709 ; ; •. \ . 242 326 ... . 204. 240 1710 145 225 • • I28 152 1711 146 164.... 83 101 1712 'thé f\% • • ♦ • 78 93 17[3 . . . . . 135 iöo . . . . 84 96 1714 .... . 157 177 • ■ • • 95 110 1715 94 131 .... . 7+ 92 1716 ic4 135 • • • • 70 9\ 1717 97 125. ... 74 87 rj-'t8 ..... 106 126 .... 73 83 J719 . . f. . 100 114 . . . . 85 95 172o 92 100 .... 76 82 yjii QZ 111 .... 51 70 1?22 82 I04 .... 47 6 • T723 92 120 .... 57 <3Ü 0:24 97 121 .... 77 85 I72J ..... IIÖ ISO .... 82 92  PRIX DES ELED S. ipi Froment Seigle L'an de Pologne de Pruffe. 1726 Ie 1 OcL Fl.d'Or 98 a 128 . . 74 a 92 . . J7=7 9J- 118 . . 82 9j . . 1728 90 110 . 78 64 . 78 . . ï729 100 ïio . . 61 75 . . W 78 98 109 48 56k6o ,?3« 77 97 m J3 60 64 J732 ..... 70 81 9(5, 48 J5 57 ]733 ...... 74 85 98 J4 J9 ör *234 .... . 100 110 124 72 78 81 J735 90" 112 125 62 70 72 1735 ..... 96 106 116 74 |i g+ J737 . ..... 108 116 130 62 72 7J J738 ..... io5 112 122 62 71 74 *739 _ 104.11; 124 68 7j 77 r7t° Ï88 207 242 ioj lig 123 !74i 14Ö iSo 208 106 Hg 122 ]742 9). 114 134 60 80 82 *i743 31 Qftófare 120 .. . 70 . . . *i744 Septembre 111 64 . . *174T I Oótübre 114 .. . 74 . . i *i74s ... ... i3r, . . '. m , > t *I747 Aoiit . . 155 . . . iop . . . Oétobre . 142 ... 94 *I748 141 i 152 . 9; . *i?49 140a 143 . . 80 *i75° Aoüt . . 133 ... 73 ji73» Oclobre . 118 ... 79 *!?J2 ..... 128 rfe Dantzick 77 . . -) . N 2 'fJ  i92 PRIX DES BLEDS. Fromsnt Seigle L'an de Pologne. cle Pruffe. ♦1753 Óctobre . .1:43128 . 3 7°*7I • + 1754 ic.5 7° • *I75J 31 Oftobrc .116 80 . *J7j6 paillet .112 87 . Oétobre .152 .... . 152 • Novembre 143 130 • *i757 160 128 . *I7J8 Septembre 140 . . . . 101 . Novembre 151 . . cWDantzick 109 a 1:3 *i759 Oclobre .137 ... Priiffe 78 . *I71o 121 .... . 79 . *Ï76i' Septembre 132 • 76 * +176-2 136 98 . *i7f53 Oftobre . 128 . . de Dantzick 84 . ♦1764 25 Septembre 134 82 . J-6s 1 Oftobre 13431503166 . 80 a 91 1766 Mars . 138 158 . . .94 103 Oftobre 156 170 . . .94 103 1767 Mars . 146 162 . . . 85 95 Novembre 172 210 . . -75 92 1768 Juillet . 194 220 . . . 82 96 Novembre 196 210 . . . 98 108 • ■ de Zélande Décembre 188 204 250 icc 113 I.769 en Mars . 186 208 186 114 122 . . Juillet. . 144 166 170 80 94 . . Décembre 138 160 154 84 94 1770 Mars . 128 145 144 81 91 Aoüt . 138 152 166 94 iq).  PRIX DES BLEDS. 193 iN 3 Froment Seigle L'an de Pologne, de Zélande, de Prttjfe. i7?oOclob. Fl.d'Or 150a 174 190 1303140 Décembre . 145 1G2 176 120 131 17 71 Février . . 162 175 185 134 144 Avril . . 160 175 178 146 152 Oclobre . 180 2o5 220 180 200 Novembre . 192 210 225 196 2o67 Décembre . 195 222 230 198 214 1772 Janvier .... 218 2jo 210 236 Avril . . 178 214 . . . 140 208 Aoüt . . ij,o 230 ... 168 138 Décembre . 182 210 236 158 152 1773 Février « . i?5 220 230 140 150 Jüin , . . 184 215 235 110 134 Aoüt . . . 176 202 234 90 114 Décciijbre . 180 200 scï 8+ 112 1774 Janvier . . 175 200 196 go 110 Mai . . . 172 192 2co 70 88 Septembre . 188 200 210" 102 114 Décembre . 153 200 .... 108 118 J77JFévrier . . 154 198 .... ioj 118 Juin . . . 160 2co .... 118 123 Aoüt . . . i<58 202 . . . . 1x4 125 Décembre . 152 192 156 . 105 120 ï-76 Février . . 150 192 164 , 106 120 Mai . . . 140 170 T30 . ïoo 116" Juillet . . 132 164 150 . 90 104 Septembre . 128 162 350 . 75 9$ Oftobre . . 130 164 150 . 86 104. Décembre . 120 156 146 76 98  19+ PRIX DES BLEDS. Froment Seigle. de Pologne, de Zélande, de Prvjje. 1777Mars Fl.d'Or 1223150 . 146 . 74 a 94 Mai . . . 110 140 . 140 . 64 88 Juin . . . 100 135 .... 60 78 Juillet . . 115 155 . T65 . 80 98 I Les prix ci-deflus mentionnds m'ont été communiqués par tin de oos premiers Courtiers en grains,, excepté ceux avec la marqué * qui rnanquoient au même Courtier, & lefquels je me fuis procuré par les annotations des achats faits par une Société Commercante. Je dois cependant prévenir, que vraifemblablement les prix défignés par une * ne font pas les plus hauts , paree que ces grains fervirent a faire du pain & du bifcuit pour f équipage des Vaiflèaux.  Voici encore une Notice des prix du Froment dc Zélmidc, tels qifiis ont en lieu a Arnfterdam pendant les 8 demieres années,