Bibliotheek Universiteit van Amsterdam 01 3392 1338  METHODE NOUVELLE et FACILE DE GUERIR LES MALADIES VENERlENNES En introduifant le Mercure dans ld circttlation des humeurs par les petits vaiffeaux abforbans de l'intérieur de la boucbe. avec des remarques et oisservations öe MM. Hun ter & Cru ikshank, en faveur de ccttc Métbode; s ui viiis D'ün traite' sur LA gonorrée. gfc—-:■£<-. r& —s=ffi—j-^gg-ffi traduit DE L'ANGLOlS DE MR P. CLARE. par M. D*'*. iion tnihi, fed rationi & experientiaea A LA HAYE, M DCC L X X X I I.   AVERTISSEMENT D U TRADUCTEUR. 0« a dé ja tant ècrit Jur le traitcment des Maladies Vénériennes qu\m Livre de plus fera Jans doute,peude Jenjationdatïs lafoule des Ouvrages de se genre. Le Jort du Public, tirailleurs, ejl dYtrefi jouvent trompépar la tèmèritê de plufieurs Empiriques qui ne cbercbent, en dèhitant leurs jyflémes, qu'a mettre a profit Ja crédulité, qu'il ejl h craindre que eet Ouvrage, fruit de tant d'expériences, neJoit confondu dans la clajje des volumes inutiles ècrit's Jur eet te matierc. Ce pendant le Jujetn'êtant po'mt indijférent par lui même^puisüiïÜ s'agit de la cure d'unc maladie qui attaque les jour ces de la génération £5? les principes mêmes de la vie, les Gens de Parti^f t°us ceux en génêral, qui aiment * 2 Phu-  iv AVERTISSEMENT du TRADUCTEUR* Tbumanitê, ne dêdaigneront pas fans dou« te de jetter un regard curieux Jur un Ouvrage qui annonce un nouveau moyen dcguérijon. V Int ér ét que ce Livre peut infpirer ebez les Lelleurs s'augmentera encore, en leur apprtnant que PAuteur ejl un Cbirurglen fort renommé a Londres, a qui le hazard, pour ainfidire 5 a procuré eet te découverte,a laquellele raijonncment&Texpérience ónt donnê tout Pappui qui convenoit pour le déterminer a en faire part au Public. Deux Editions de eet Ouvrage Anglois Je font fuccédées rapidement; une troifieme plus exatle encore & plus étendue en afixé la réputation. Kous ajouterons encore que le eélebre Mr. Camper, dont le nom j'eul Jait autorité, en a jugé la tradutlion utile,& que cejltfaprès Jes avis £5? jon jentiment qu'elle a été entreprife en Francais. La Métbode de 1'Auteur préjente au premier afpeil quelque cbofe de (ingulier, de peu probable méme. En efet faire des frittions de Mercure fur les lèvres &? dans Vintérieur de la boucbe} Jemblc défier en quelque forte la pro- priété  AVERTISSEMENT dit TRADUCTEUR. v priété qu'a ce minéral (faffetler eet te partie; mals ïèxpèrience conflante de PAuteur prouve qtfil en réjulte une Jalivation moins forte que parle procédé des frillions ordinair es; que la boucbe en ejl toujours moins malade, paree que le Mercure s'abJorbe plus rapidement par les por es de V intérieur desjoues,des lévres £fc; que d'ailleurs il en faut une moindre quantité, enfin que la guèrifon ejl infiniment plus prompte , plus jacile, plus propre,. £5? plus Jure. Waprès le fentiment de TAuteur que le Mercure ejl le jeul Jpécifique réel, reconnujusqu'a préjent pour les maux Fénériens, il ne s^agit plus,felon lui,que de trouver la maniere la plus efficace dê Vadmmijlrer. Or après tous les effais qu'une longue pratique lui a fait entreprendre,il a trouvé que le Mercure-doux fublimé 7 h 8 fois [c^eJI-a dire le Calomel ou Panacee Mercurielle]/ntfj^ fimplement fur les lévres £«? dans Vintérieur de la bouche , procuroit tous les ejjets défirès, fans caufer aucun inconvénient grave. Pourquoi le Public ne luijauroii-il pasgrê * 3 de  vi AVERTISSEMENT dö TRADUCTEUR de lui faire part de cette beureufe décoaverte ? Et pourquoi dans les autres contrêes de PEurope rfeffayeroit - on pas un moven qui réuffit d Londres? Ce ne Jeroit pas,jans doute, la feule vêritê que nous aurions repue des Anglois. On doit convévenir qu'on a plus êtudiê en Frame qu'ailleurs, tout ce qui concerne les Maladies Vènèricnnes, & qu'en gènèral on les guêrit bien a Paris, a Montpellier &c. Mais la Méthode des Francais ejl longue 6? dispendicufe; clle cxige du temps £5? de Pargent: deux chojes qui ne Jont pas h la dispofition de tout le monde. On offre donc a cette majeure partie de Phumaritè,un molen plus prompt, plus facile &? qui ne trouble point les opérations journalieres. Si d'après les effais Pon trouve que le fuccès réponde a P attente, on er oir a avoir bien mérité du public^, en luifaifant connoitre un Ouvrage ejlimé dans fa languc originaH. PRE F ACE  EXTRAIT de la PREFACE D E L'AUTEÜR. JLfEs fuccès réitérés de la découverte que fai faite de la facilité avec laquelle le Mercure s'abförbe & s'introduit dans la circulation, par le moyen de friclions fur les lévres & 1'intérieur de la bouche, me déterminent a en faire part au Public, dans Pespoir que les Gens de PArt feront quelque attention a ce nouveau moyen de guérir les maladies Venériennes. Quelque préfomptueux qu'il puifle paroïcre de s'écarter de la route ordinaire tracée par nos maïtres, on voudra bien fans doute réüéchir qu'il exifte encore des. découvertes a faire } & qu'on dok au snoins me favoir gré de mes efforts. II n'appartiendroit qu'a un membre inutile a la fociété, de ne pas lui faire part d'Obfervations aufll importantes en elles mê* 4. mes  Vin preface mes: ne füt-ce. que pour exciter Pémulation j & porter Part au dégré de perfecïion que le bien de Phumanité exige. Oütre mes propres expériences, & les raifonnemens qui les appuient, je crois devoir prévénir mes Leéteurs que ma nouvelle Méthode a eu Papprobation & les fuffrages de deux Praticiens trés recommandables, Air. Cruyksbank & Mr. Munter [je me dispenferai d'en énumérer bien d'autres]. ,, Je déclare féneufement , a 9, publiè Air. Cruyksbank, que, dans une matiere d'aufli grande importance, cu „ la fontéde mille perfonneseftir.téreffee, 3, & oü. ma réputation pouroit - être com- promife, nen n'a pu m'indnire, finon „ le feul motif du bien public, a faire Pé3, loge d'une Metbode lur laouelle il me 3, relteroit encore quelques doutes Or 3, [ajoute-fil] je n'en ai aucun fur la fa-. cilité de Pabforption du Calomcl pai a, lts vaifitaqx de la furface interne de !a 33 bouche, & je ne doute point que cette n découverte, examinée avec impartialité jj pe donne une. lumiere imporcame poui* 53 la  P R E F A C E ix „ Ia cure des maladies vénérienncs,"&e. &c. [ Lettres de Mr. Cruyksbank a Mr. Clare. zs. Edition page 238.] Quant au fentiment de Mr. Munter, je renvoie nies Lecleurs a la page 56 de ceu Ouvrage, oü je Tai rapporté tel qu'il a bien voulu me le faire parvenir. Si la discrétion nécelfaire dans notre profelïion, furtout pour les cas de cette nature, & la crainte de devenir trop diffus, ne n'euflent retenu, il y a une infinité d'autres témoignages que j'aurois pu rapporter, principalement de ceux que j'ai guéris,& dont le nombre n'efl: rien moins que médiocre; mais Pétalage de ces preuves,dontla forcefeperd, en quelquefacon, a mefure que le livre s'éloigne du local de Ja fcene, me femble iriutilë: perfuadé que Tcxpérience feule poura convaincre ceux que le raifonnement n'aura pas tout a fait déterminés en ma faveur. C'eft par cette raifon que j'engage tous les Gens de 1'Are a ne pas fe rebuter pour le défaut de probabilité: mais a faire des efTais & a n'acporder a ma Méthode que le mérite qiPils * 5 H  X P R E F A C E lui trouveront après leurs expériences. Je regarde comme umverfellement admis ans notre profefllon que le Mercure eft abfolument néceflaire a la guérifon des maladies Vénériennes. La Faculté n'a point trouvé jusqifa prefent [du moins que je fache] de fpécifique plus fur, & fur lequel on puifle plus compter; or après avoir employé toutes les manières de radmimftrer, j'ai reconnu que la meilleure étoit la friélion du Calomel fur la furface interne de la bouche: ce qui procure une abforption facile de ce minéral dans la circulation, fans occaiïonner aucune mauvaife conféquence. C'eft la bafe fur laquelle efl appuyé tout mon Ouvrage ; & malgré la fimplicité de ce procédé, que quelques uns croiront fans doute dangereux pour la bouche,les fuccès conftans que j'en ai cbtenus me donnent le droit de Pannoncer comme Ie plus prompt & le plus certain ainfi que le plus facile. Je n'ignore pas qu'en général le Public recoit avec dédain les nouveües découvertes. Avec quelle peine, par exemple, n'a  P R E F A C E. n'a t'on pas établi Vinoculation de la Iretite Vèrolel mais ces difficultés inévitabkss vu la trempe de Pesprit humain, ne doivent êrre comptées pour rien iorsque Pavantage des hommes y ell intérefle. La vérité luit tot ou tard; ce qui n'eft point utile s'évanouit bientöt dans Poubli, tandis que lesdécouvertes heureufes prennent chaque jour une nouvelle confiftence, en dépit des efforts de Paveuglè préjugé. La plupart des Auteurs imaginent & créent d'abord la théorie,puisilscherchent des preuves qu'ils accommodent comme ils le peuventaleurfyftême. Telle n'eft point la marche que j'ai fuivie; Pexpérience avoie dévancé depuis longtemps mon opinion particuliere fur la Méthode que je recommande aujourd'hui; & j'ai été fur ce fujet bien plus difficile peut-être, quene le feront ceux qui 3 d'après mes raifons, effayeront ePen faire quelques épreuves. Les avantages fur lesquels on peut le plus compter, en faifant ufage de ma Méthode, font la facilké, la rapidité, la propreté & le peu de dépenle. De  XII P R E F A C E. De tels avantages méritent fans doute que Ton examine impartialement s'ilsexistent ou non ;j1aipour moi les fuccès d'une longue pratique, & je ne défavoue point le plaifir que j'eprouverois en apprenant qu'il en feroit de même, entre les mains de mes confrères de quelque pays que ce foit. A propos de la facilité & de la rapidité de la guérifon, j'ai trouvé des hommes asfe2 bilarres pour me dire que c'eft rendre un mauvais fervice au genre humain, de lui donner un moyen fi facile degnérirles maux Vénériens, en ajoutant pour raifbn que c'eft exciter le libertinage, don t la principale punition eftledéfordre,lesdouleurs& lahonte que caufent ces maladies. J'admire beaucoup la moralité de ce prétexte, mais je n'en fuis pas affez frappé pour concevoir le moindre fcrupule de la fatisfaction que j'aurois d'avoir mis au jour un préfervatif,même total,s'il étoit poffible. Dl-  DIGRESSION Sur les Remedes en ujage dans le traite" ment des maladies Vènèriennes, lorsqu'on commenpa h les connottre en Europe. JL* A. méthode de guérir les maladies Vènèriennes qui n'ont infedé FEurope que depuis 300 ans environ, n'eft; pas auïïi perfecYionnée par les Gens de 1'art qu'on auroit droit de s'y attendre après un laps de temps fi confidérable. Elles ont fait longtemps des ravages auxquels on ne fcavoit oppofer aucun frein, avant la découverte d'un remede efficace contre leurs terribles eftets. On reconnut dans la fuite que Ie Mercure renfermoit le veritable antidote de ce poifon; mais 1'emploi de ce minéral n'étoit guerre moins dangereux , expofant fouvent les malades a perdre Ia viemême, par d'horribles falivations qu'exci- toient  XIV D I G R E S S I O N. toient les Médecins de ces temps, qui rnanquoient d'une connoifiance fuffifante de la nature & des qualités du Mercure. En 168), le Docleur Sydenham écrivit fur cette matiere & fur plufieurs autres. II dit que quoique 1'ufage du Mercure foit le meilleur remede contre ces naaiadies, on a cependant fait peu de progrès dans la maniere de les güérir. En 1731 , le Docleur Turner, membre du college de médecine a Londres, & qui a fait fa principale étude des maladies vénériennes, jugea a propos de faire part au Public de les obfervations, & de fa pratique. Les remedes mercuriels qu'il prescrit font tels qu'ils pouroient ruiner la conftitution la plus robufte; a combien plus forte raifon, une foible & delicate? Le célebre Boerhave a donné fur ces matieres, un fyftême moins dangereux & moins préjudiciable en apparence que les précédens, & qui a été fort adopté dans fon temps. La théorie de ce Médecin fur  DIGRESSION. sv fur ces maladies, eft que leur fiége réfide dans la grahTe. Selon fon opinion, les évacuations tendantes a diffiper, confumer , & détruire la membrane adipeufe font celles qui contribuent Ie plus a la guérifon. C'efl par cette raifon qu'il recommande furtout les fudorifiques & les purgatifs. Les premiers en efFet font moins préjudiciables a la conftitution que les derniers. Deux chofes concourent, depuis 20 ou 30 ans, a perfeétionner, & rendre plus fur le traitementde ces maladies;favoir i°. les connoüTances plus parfaites que Ton a acquifesfur l'Anztomie, & 20. les progèsextraordinaires de la Chymie. Les unes nous ont appris k connoitre le fiége véritable de la maladie, les autres la nature & la qualité des remedes : d'oü il eft; réfultc une méthode plus facile & plus raifon-; nable. (1) ( O La plupart des Lefteurs defireront naturellement de favoir par quel moyen on a découvert que le Mercure eft le vrai fpe'cifique contre ces maladies. Nous les informerons donc que la première idéé d'employer ce minéral pour la guérifon des iriaux  DIGRESSION. maux Ve'ne'riens, nous vient des Arabes qui, recommandant l'ufage de 1'onguent Mercurie! dans ia lépre ou la galle , fuent venir la penfée a quelques Mede :ins Italiens, d'e'flayer Ion efficacité adétruhe les durete's, les mal-propretes de la peau dans cette nouveüe & terrible maladie. Ils e'pargnoient fi peu eet enguent qu'ils ne craignoient pas de faire des fri&ions pendant 12, 15 & meme plus de trenre jours de fuite. Pratiqüe trés dangereufe & qui n'eft encore que trop commune. La Salie-pareille, le Saffafras & le Gaïac ont éte de tout temps plus ou moins eftiméspour leur vertu antivénériennc; mais le Mercure eft le leül vé'itable fpécfique fur lequel on fe foit toujours répofé. Les déco&ions des bois fusnommés ont été mifes en ulage , feulement comme auxiliaires du Mercure, & en effet, jointes a lui, elles acquierent fans doute un plus grand degré dc force. NOUVELLE  NOUVELLE METHODE de G U E R I R. LES MALADIES VENERIENNES. D« <$?>ge ^ Maladifé PM1KL 6/1presque unitverfeI,e- illii llffil ment reconnu 9ue ^ Sgj| ||É|| Vénêrien fe transmet dans jKjEfi Bil le fan^' & circule avec les iife^a^^^ autrespendant quelque temps, avant d'affe&er ou d'attaquer les folides. II eft donc néceflaire , pour détruire Scguérir les maladies que ce Virus occafionne, d'introduire le Mercure dans la circulation des humeurs j moyen par leA quel  2 quel il eft a préfumer qu'on entrainera le Virus par toutes les fécretions, telles que les urines, la falive, la tranfpiration & même les excrémens; & par lequel il eft probable qu'on le détruira dans les foli- ■ des merries, s'ils en étoient deja affectés. (a). Les diverfes obfervations que fai fakes me portent a croire, avec plufiéurs autres Chirurgiens,queles maladies vénérienncs font en bon train de guérifon, dès qu'il paroït une abondante falivation , ou du moins qu'il y a une émolliation des genci- ves, («) Mr. Plenck [dans fon Ouvrage fur 1c Mercure, traduit par le Dr. Sounders] dit, page 110, que tout le fyfltme des Secrétions, poffede av.Jp/' '* cifique provoquant irritatif,yzt lequel les humeurs '] font mifes en mouvement, non par tout fti" mulant quelconque, mais chacune par fon fti" mulant particulier. " Ceci eft prouvé par pluKeurs obfervations & peut être regardé comme une •vérité. C'eft ainfi que les Cantarides provoquent plus particuüercment les vaiffeaux urinaires & les partics de la génération; que les Emétiques agufentfuri'eftomach, & que les Purgatifs, foit prw intérieurement, foit appliquës fur le bas ventre, provoquent les intcftins, & caufent des diarihees.  m 3 >® ves; & ce fymptome [regardé par pki^ ficurs gens de 1'art comme 1'unique certain] donne la preuve convaincante qu'une quantité confidérablede Mercure a été abforbée ou introduite dans le Jyjlême desbumeurs, & que les glandes en font puisfamment affedtées. (£) Lorsque ce cas arrivé, (£) Selon Mr. Fordyce, lorsqu'il y a un peu d'acrete' & de chaleur dans lesgencives, ou lorsqu'il vient une abondante falivation, on peut esperer une guérifon rapide. Voyez Rem. fur les Ma* lad. Vén. p. 100. 11 eft généralemcnt de'montré que le Mercure , par fon poids , divife la maffe du fang , 1'atténue «5e 1'appauvrit. Le Dodteuf Culten eft d'un fentiment contraire, pag. 443, 4, & 5- „Hn'ya point, dit 41, d'altération dan's le „ fang tant que dure la falivation; fa nature, fa ,, maffe , fa ténacité paroit la même alors que „ dans tout amre temps. Après l'sclion du Mercure „ fajoute-t'il] il re paroit aucun changement „ désavantageux dans le fang : au contraire le s, malade eft dans un meilleur e'tat qu'avant, & „ donne des marqués d'une fante' plus ferme. pag. „ 449- " Boerbave confidere cette maladie comme fituée dans la membranc adipeufe. Ses remedes tendoient È de'truire peu a peu toute graiffe; en quoi, lui, & ceux qui fuivent fon opinion, ne réuffiffent que trop: leurs malades fc trouvant bien tot réduits A 2 . 4  rive, les fymptomes vénériens tels que les tumeurs, les éruptions, les douleurs &c. commencent a diminuer, & le Mercure, par fon influence fenfible, obtient une teL le fupériorité fur la raaladie que la guérifon eft bientöt complette. Le premier objet doic donc être de procurer 1'introduftiondu Mercure dans le Jyjlême des fluïdes, & le fecond de Ty retenir & de le modérer. a 1'état d'étifie par un ufage continuel de purgatifs & de fudorifiques: pratique trop commune encore de nos jours. Le Dr. Brookes, dans fa Pratique Générale de Médecine , Vol. II. pag. 110 , dit: „ Boerhave „ avance que la falivation eft fans aucun fuccès, „ fi chaque particule de graifle n'eft pas en que!- que fa?on liquéfiée & fondue dans le fang, & fi », le patiënt n'acquierc pas une paleur mortelle."  Be r Ufage interne du Mercure. \^UeIques Perfonnes de la Profeffion preferent de donner les remedes intérieurement; quelques autresaiment mieux les friclions extérieures de Mercure en forme d'onguent. Les remedes intérieurs fe donnent ordinairement en bolus ou en pilules, formes inventées pour prévenir le dégout & les naufées qu'occafionnent fouvent certaines drogues. Quelques uns de mes malades éprouvant de la répugnance pour Tune & fautre méthode, fimaginaide leur donner le Mercure doux dans quelques gouttes de firop que je leur faifois tenir dans la bouche. Le Mercure fe répandant ainfi dans 1'intérieur de cette partie,en affecla bientöt toutes les parois, & la guérifon fuivit en peu de temps. Ces fuccès me déterminerent a uier pour Tavenir de Ia méthode d'affeóter ainfi par le MerA 3 cure  #< 6 >® cure les parois ou la furface interne de la bouche, au lieu d'irriter, felon 1'ancienne maniere, reftomach & les inteftins (ö). Je (a) Le Dr. C«to, dans fes Lecons fur les effets du Mercure, dit, „ que fon aftion dans 1'eftomach „ eft a peu pres la même que celle de 1'Emétique; s5 que porté dans les inteftins il dsvient un purgaS„ tif de même qualité; que daas le fang il eft diu, rétique & diaphorétique: en ua mot, que fem*, blable a tout autrè évacuant.le Mercure eft un 5) Stimulus, un provo^uant Réne'ral." „ Lorsque nous purgeons , nous penfons com. munément que nous agiiTons fur les canaux qr« ' dinaires de la machine; mais il y a peu d'avactages ö tirer du Mercure en 1'employant de cette " maniere; fa vertu de'pendaut principalement de „ fon aftion fur tout le corps en général. " „ Les Preparations Mercurielles opérent dans les inteftins avec encore plus d'effet. Elles s'y " renferment, s'y confinent toujours dans quelque °' partje, & leur aftion alors emportée de cette " maniere ne produit plus aucun autre ..effet fur ' le corps". Foyez LeSons fur les opèmhons dn . Mercure, page 450, £f 53- " Mr Cruiksbank dit dans fes Lettres, page 15»r$ Ouoique les Préparations Mercurielles admifes ' dans Tcftomach & les inteftins, puiflent fouvent a etre abforbées par les furfaces, ou les parois in53 térisures de ces parties, aufii bien que tout au» trs pur-atif: cependaqi par la grande muabikte de  Je donnois antrefois le Cahmeï [ou Tanacèt Mercurklle\tn pilules: je le donne actuellement d'une maniere différente & que je regarde comme beaucoup meilleure; & je prie les perfonnes de la Faculté,qui font profeffion debonne foi, de remarquer & de con venir qu'il n'y a réellement aucune raifon fuffifante de 1'attachement que fon a toujours eu pour les pilules, qui} quoique utiles en d'autres occaüons, ne paroiffent pas en effet fort propres a 1'introduótion du Mercure, puisqu'il doit être trés-difficile en premier lieu, pour ne pas dire imposfible, de distribuer tellement le Mercure qu'il n'y ait point de différence entre les dofcs, lorsque la malle efl divifée en plufieurs pilules; «Sc qu'en fecond lieu il peut arriver qu'elles paffent fans fe diffoudre. (b). Dans ce dernier cas le Mercure eft fans de ces Visceres, le Stimulus du Calomel ou de toHte autre Préparation Mercurielle, re prouve que trop qu'il produit des tranchées, des coli* ques» des maux de toute espèce &c (b) Le Dr. Culien & d'autres, affirment avoir A 4. ™  8 fans effet: «Sc dans le premier, c'efl a-dire lorsque les pilules fe dilfolvent immédiatement, feflomach & !es autres organes en peuvent être picotés# De la Nouvelle Maniere d'iniroduire le Mercure, par les Vaijj'eaux abforbants de Pintèrieur de la bouche. JLl y a tant d'exemples de bouches rendues malades & gatées fans qu'on s'y foit attendu , ainfi que de falivations trop abondantes, occafionnées par Pact ion du Trécipité rouge, ou autres Poudres Mercurielles , appliquées fur des parties non revêtues de la peau extérieure, que tout Chirurgien doit apporter la plus férieufe attention a procurer Pabforption du Mercure dans le fang. Or ne peut-on pas fuppofer avec raifon que 1'on procurera réellement cette abforption de ia Poudre Mercurielle, en 1'appliquant fur 1'épiderme mince [Epitbelium ou Membrane interne] & fur les furfaces intérieures du corps? (a} Mes (a) On convient généralement que toute furface, toute celluie, dans lc corps, abforbe. De 1'eais  #< II Mes expériences réitérées me donnent ]e droit de dire que cette abjorpion a véritablement lieu alors,puisque fai produit de cette maniere les effets les plus puisfans du Mercure chez mes makdes, & que fai dêtruit abfolument chez eux tout Virus Vénérien, en leur faifant frotter, de trois ou quatre grains de Calomel, Tintérieur des joues, avec les doigts humecflés de falive; & cela de temps a autre dans le cours de la journée, un grain a chaque fois; ayant foin de faire cette friction interne fur & autour des endroits oü les glandes falivaires s'ouvrent dans la bouche. Afin de prévenir les inconvéniens qui pouroient furvenir en avalant la Poudre Mercuriclle, je confeille a mes malades d'appüquer particulierement le Calomel aux lévres: parties alTez propres a fup- por- 1'eau retenuc dans les membranes cellulaires,che3 les Hydropiques, s'abforbe fouvent: il en eft de même du fang lorsqu'il eft extravafé dans les mêmes cellules. UEccbymofis donne un exemple. familicif de cette abforption. &c. &c.  porter une douce friétion, ainfi que la furface extérieure des gencives: alors on n'avale que très-peu , & même point du tout de Mercure, «Sc toute fa force eft abforbée dés la première fois. Les Gens de Tart, les Practiciens, penferont peut-être que la fimple furface des lévres eft trop petite pour procurer une abforption de Mercure dans une quantité fuffifante , & qu'on doit toujours y employer 1'intérieur de la bouche. Mais oütre qu'on peut effectivement y employer 1'intérieur de la bouche, n'eft-il pas certain qu'une friólion fouvent répétée, d'un peu de Calomel fur une petite furfr.ce, doit produireplus d'effet qu'une plus grande quantité de cette même Préparation Mercurielle, frottée une feule fois fur un espace plus étendu? D'aiileurs on peut répéter la fricftion autant que 1'urgence du cas Pexige, «Sc jusqu'a ce que la bouche fe relTente de l'aftion du Mercure. II faut en appliquer un grain, ou feulement un demi-graina chaquefois. Le malade doit avoirfoind'avaler oudecracher fa fali-  #< 13 ># falive, avant de commencer a faire ufage de ce remede: autrement la friclion pouroit occalionner une trop grande abondance de ce fluide dans la bouche. II doit aulTi s'abftenir de boire, pendant une demi - heure & même plus longtemps après Popération, afin de ne pas entrainer le Calomel dans l'eftomach, & de lui donner le temps néceffaire pour être abforbé. On dira peut-être que le Mercure pa/Te néanmoins dans l'eftomach, & que fans aucune abforption dans les vaifTeaux de la bouche, h guerifon s'opére felon les moyens ordinaires? Mais dans ce cas même, les malades préféreront certainement d'être guéris de cette maniere, plutöt que deprendre le remede en pilules, puisque celles-ci peuvent fouvent pafier par l'eftomach fans fe diffoudre. Au refte ceux qui uferont de la méthode ici recommandée, devront faire attention de ne point avaler leur falive, jusqu'a ce que 1'abforption foit a peu prés effedluée: Cependant la mixcionde la falive avec Ie Calomel cor- rige  $K 14 ^ fïge un peu la qualité irritante de ce dernier, & fix ou huit grains de cette Préparation , employés de cette maniere, produifent un effet moins purgatif, moins violent, que deux grains en pilules. Circonflance tres favorable fans doute pour beaucoup de malades. (b) Le Mr. Plenck dit: „ qu'un fimple Mucilage „ [tel que ia falive] cnchaine & détruit le Jlimii„ lusy l'irritant, du Mercure, fans altérer cepen- dam fa vertu anti-vénérienne. Le Mercure éteint par une matiere muqueufequelconque,paiTeplus „ facilement dans le lang [foit par les -premières „ voies ,foit applique' extérieurement] quele Mer„ cure non e'teint. Le même Auteur ajoute : ,,que le Mercure a , moins d'afflnité avec les matieres graffes qu'avec „ les muqueufes; de la il arrivé que lonque le Mtr« „ cure eft joint a des matieres graffes, comme „ dans Ponguent mercuriel, il s'echape, fe déro- be & prend fon cours par les glandes de la gorge „ ou autre partie D'unautre coté quand ,, le Mercure eft éteint par quelque matiere ma. „ queufe,ilfe mêle re'ellement avec tous les fluides „ du corps, & circule facilement avec eux dans „ tout le Syfteme des vaiiTeaux, également dis,, tribué dans chacun. Quoique ni le V'ms Vènêrien, ni fon antMot.e ne  Le Ledleur ne doit pas fuppofef que je prétende en général exciter la falivation, ou que jè penfe que le Virus l'ènétien paiTe plus promptement par Paugmentation & Pabondance de la falive que par les autres ficrétions. (c) Cependant la quan- ne s'appergoivent point dans le fang, lorsqu'on 1'anaiyfe; nous avons cependant [d'après leurs effets certains] la plus forte raifon de croire qu'ils y font 1'un & 1'autre veritablement adrnis & voiture's. je conclurai eet Extrait, en adoptant le fentimens&les exprelïions-mêmes de Mr. Plenck, qui dit ,, Je foumets au jugement des gens inUruks ce j, quej'ai avancé fur la théorie de la falivation, & a, je verrai avec plaifir que quelqu'un en donneune meilleure, concernant les effets furprenans du „ Mercure d quoi j'ajoute, & une méthode plus facile & plus falutaire pour la pratique. (c) I! y a certainement bien d'autres fécre'tioni que la falive excite'es par le Mercure. 11 agit en effet puiffamment comme diaphoréti jue, & comme diurétique; c'eft ce qu'affirme encore le Dr. Bunter dans fes Lec,ons fur la c:rcu!ationdu fang, ,,Pra„ tiquez, dit-il, ouvrez un Orifice, & injnflez y „ un fluïde de qualité purgative, un diurétique, „ ou toutautre, il aftcdleia chaque glandeparticu„ liere conforme'ment a Ia nature. &c. &c. Ayant été informé que ces diveri'es expérience3 avoiens  quantité de Mercure que je juge être néceflaire pour arrêrer les progrès de la maladie, & en faciliter la guérifon, doit, che? plufieurs malades, produire eet effet. fjc'eft a dire exciter.plus ou moins la falivation] Mais lorsqifelle a lieu, elle eft pres* que toujoürs fi modérée que Ton en éprouve rarement de grands inconvéniens, tels que d'êcre obligé de gardsr la chambrej & même qu1én prenant quelques précaü-' tions il eft difficile qu'on s'en appercoive. Plufieurs perfonnes peuvent prendre le Mercure en grande quantité, fans qu'il excire chez elles aucune falivation, & qui n'cn guérifferit pas moins promptement. II vauc cependant mieux, après tout, cotlrir le risque d'un léger Vtyaïhme^ow d'üne émolliation des gencives [qui prouve ègalement la préfence du Mercure dans les fluïdes ] que de négliger de prendre le re- avoierit été faites par Mr J. Hunter, je faifi's i'occafion d'en faire mention ici; ne voulant pas être fuspeöé d'omcttre ou detaire a deffein quelque chofe de ce qui peut fervir a établir de plus en plus la réputation de ce célebre Chiiurgien.  remede en quantité fuffifante. La facilité avec laquelle on corrige]les elfets du Virus Vénérien, même dans le cas d'inflammation de la bouche & des gencives a un degré médiocre , me confirme dans cette utile &falutaire pratique; & la continuation de fattendriiTement de la bouche, jusqu'a entiere guérifon, ainfi que Ie rétabliflement de la fouplelTe de la peau* font, a mon avis, la feule maniere efficace de prévenir pour toujours Je retour du Virus Vénérien. Plus d'une fois en effet fai excité la falivation, au point quelquefois de caufer inflammation & même exa> riation dans fmtérieur de la bouche, mais fans avoir jamais vu paroïtre de ces profonds u'ceres fi communs dans les autres procédés. Un ou deux grains de Calomel appliqués fous le Prépuce ou far les Levres [Labia or/j] occafionnentquelque-fois une mauvaife haleine, & un léger flux de falive: mais joint a notre autre procédé, ce moyen fait faire des progrès rapides a la cure, non comme application d'un topiö que  18 que mais toujours par la voie d'Abforption dans le Syftême des humeurs. (d) ( d ) On peut en ufer deux ou trois fois par jour, en 1'étendant fur la partie, en petite quantité, & l'humecïant de falive; il agit également comme pré. fervatif contre la contagion du Virus; „ II eft urnverfellement reconnu aujourd'hui,dit Mr. Saun\\ dm, que la falivation n'eft pas néceiTaire pour la " guérifon des maladies Vénériennes, qu'elle aftoi]\ büt fouvent la conftitution, qu'elle expofe le uulade a plufieurs inconvéniens, & enfin qu'eile nous gêne, & nous borne, dans 1'emploi de la " quantité néceflaire de Mercure, qui s'evacue a'ors trop vitc, & avant que la guérifon ne foit " tffcduée. &c. &c. page 133. Le même Auteur ajoute: nous apprenonspar la Pathologie qu'il y a cinq cbofes requifes avant que le Virus Vénêntn " puiffe être entieremsnt détruit par l'a&ura du " Mercure. r. Qu'ily ait une affez grande quantité " de Mercure pour vaincre & chafter te principe de ') la maiadie. 2. Qu'il coule librement dans tous " les vaifleaux même les plus petits. 3. Qu'il s'impregne dans chaque particulc des fluïdes. 4. Qu'y *| demeurant pendant quelque temps uni & atta" ché, il circule partout avec eux. 5. Enfin que *' le Mercure & le Virus s'évacuent enfcmble par ies fecretions naturelles." Autrefois, dit Mr. Fordyce, les Médecinsfetourmentoient beaucoup pourexciter la falivation, penfant n'être jamais certains d'une guérifon complette fans elle. Depms peu ils fe font contenté* de fueurs  i'ueurs oa d'urines abondantes; quelques uns fe conten tent mair. tenant d'une dofe de Mercure, fixée, foit quM'e effe<3:e les glandes falivaires, foit qu'elle paife par la tranfpiration ou les urines. Je me range voloiuiers dans cedernier nombre, avec cette difference que lorsqu'il fe trouve quelque douleur , ou éehauffernent dans les gencives, j'espere une guérifon plus rapicle que lorsqu'il n'y en a point, ou qu'il y a une falivation trop forte. M.Cruikshank dit: " J'ai rarement vu des malades hors de toute atteinte de rechute, fans avoir eu pendant la guérifon la bouche affez confiderable» ment affeclée. Selon le Or. Smitb. Dans un feconde attaque le Mercure eft le remede fur lequel on doit le plus compter. La pratique générale a été de prescrire le Ivjercure d'une maniere a exciter la falivation , mais i'expe'rience a fait voir qu'elle n'éft point néceOaire a la cure des maux Vénériens. &c. B % Be  20 )® Je penfe, dit eet Auteur page 133, qu'il n'eft pas improbable que 1'Abforption puifte commencer a s'opérer de la maniere fuivante. Les petits vaiffeaux abforbans font revêtus de membranes fibreufes; ils font fusceptibles d'iritation, & garnis de muscles. Les parties musculaires en général font fusceptibles d'être irritées, & lorsqu'elles ont éprouvé une contraclion, fi elles font dans un état fain & convenable, elles doivent fe relacher d'elles-meines fur le champ. Tout ce qui doit s'abforber s'applique aux furfaces abforbantes, foit par la preffion de 1'Atmosphere extérieur, foit par le mouvement Tèriftaltique de l'eftomach, & des inteftins, ou par celui de la respiration, la pulfation des arteres voifmes, ou enfin par la contraction / De la maniere dont s'opére rjbj&rption. Extrait des Lettres de Mr. Cruikshank.  tion des parties musculaires en général. La matiere qui doit être abforbée ,étant en contact avec Porifice d'un vaiflTeau abforbant , elle Paiguillonne , Pirrite, «Sc lui fait d'abord éprouver une contraction: il occupe alors moins d'espace, «Si le fluide, ou matiere quelconque, s'élance en avant ; Porifice abforbant le dilatant alors, forme un \uide dans lequel le fluide fe précipite; ce qui picotant & irritant de nouveau le vaiffeau abforbant Poblige a fe contraóler encore. Cette nouvelle contraftion non feulement fait descendre le fluide dans PAbforbant, mais encore fait place a une autre portion de matiere; «Sc c'eftpar ce moyen fans-doute, & de cette maniere que s'opere PAbforprion dans les vailfeaux des furfaces. Mr. Munter regarde les vaifTeaux abforbans a peu-près comme des animaux vivans, «Sc penfe que leur aclion tant fur les fluides que fur les folides eft femblable a celle de la Sang-fue. Mr. Cruikshank ajoute, i°. Que le Cahmel frotté intérieurement dans la bouB 3 che  22 ># che peut être abforbé, comme il paroit probable par analogie. zo. Les furfaces fur lequelles vous propofez, [m'écrivoit-il] de frotter le Calomel font de leur nature les plus abforbantes peut-être, qifaucune autre flirfacedans le corps humain. 3°. L'Abforption du Calomel dans Tintérieur de la bouche, felon votre méthode, paroit inconteftable, fuivant le témoignage de plufieurs de vos mala- d£S' C*} *o. Si (a) Si vos maladcs [dit k même] fe fróttent chaque jour de trois grains de Calomel, 1'inténeur de la bnuche.&qu'ilsn'éprouventpoint detranchées ni de violentes felles; & fi l'effet ordinaire de trois grains pris dans l'eftomach eltd'occaflonner des tranchécs, on en doit conclure que les tro:s grains donnés felon votre méthode n'ont point paflë récllement dans l'eftomach; ainfi les bons effets qu'ils pro:iuifent fur la maladie pour laqueile iis font employés, montrent évidemment qu'ils ont éte ab^ forbés par les furfacés fur lcsquelles fts ont éte ap- P Unie mes ma!ades,ajoute Mr. Cruikfiank avoit pris hnü grains a diverfes reprifes, fans avoir de felles trop violentes, ni de coliques Sur quel- le autre fuppofiuon [dit-il] nous appuirors-nous  0< 23 >® 4°. Si le Calomel eft abforbé, par votre moyen, [ainfi qu'il ejl vrai] on doit préférer cette méthode a toute autre, paree qu'elle eft moins fujette a irriter 1'estomach & les inteftins, & beaucoupmoirjs fusceptible de detruire fes propres effets, que fi la première action fe portoit immédiatement fur ces visceres. ( b ) $0. Vo- pour trouver la raifon pourquoi ces huits grains n'opérérent pas une violente purgation, fi non qu'étant abforbés dans la bouche, leur action fut en quelque forte émouffée ? C'eft ainfi que 1'effet du Mercure eft plus doux, lorsqu'il eft abforbé par la peau. Mr. Cruikshank, curieux de faire 1'expérience lui même, prit un jour, en une feule fois, trois grains de Calomel en pilules dans du fyrop de mures. Six heures après il fentit de violentes coliques «Se fut trés fortement purgé. Quelques jours après il fe fit lui même une fri&ion de trois grains de cette preparation a trois différente» fois, & plus de 28 heures après il n'avoit encore reffenti aucune incommodité de cette friction; il n'éprouva qu'un peu de chaleur aux gencives & aux joues, ainfi qu'un goüt de cuivre dans Ia bouche. Voyez Lettres de Mr. Cruikshank d Mr. Clare page. 231. (b) Le Calomel fe mêle avec la falive pendant la fri&ion; il fe répand dans toute la bouche, & il eft abforbé par les furfaces intérieures des lévres 9 par celles de la largue, du palais, du gofier, & B 4, niê-  #< 24 ># $e, Votre frielion de Calomel eft ftioins pénible& moins dégoutante que les friclions ordinaires d'onguent mercuriel. 6P. Votre méthode fe recommande ainfi d'elle-même, comme plus propre, plus facile & moins défagréable que les autres 7e. Votre méthode, toutes chofes ega-» les d'ailleurs, eft préferable a Ia maniere ordinaire d'employer le Mercure interieurement. 8e. Elle eft encore préférable a la fric-* tion de 1'onguent mercuriel, en ce qu'on peut croire avec fondement que les fluides aqueux font plus facilement abforbés que les buileux, & qu'ils n'ont pas non plus les qualités désagreables de ces derniers. II eft certain d'ailleurs que le mélange du Mercure avec la falive eft plus favorable que celui du Mercure avec fhuile. Oe. Vo- tnême des joiies. Ainfi fes premiers efTets ne font pas comme ceux d'un Stimulus d'un irrU tant fur les premiers voies, mais il s'introdüit égalemcnt, & graduellement dans tout le fystême des fluides. Lettres de M. Cruikitant page,  $< 2? ge. Votre méthode paroit encore plus expéditive a introduire la vertu mercurielle dans toute féconomie du corps, & a détruire le Virus Vènérkn. joe. Enfin mes propres expériences confirment jusqu'a ce jour votre méthode. B $ AutrcS  26 >& ^frtfm Objervations de Mr. Cruikshank. TTjEs Particules du fang vues au microscoop font dix fois plus volumineufes que cel'es du Calomel reduit en poudre. Cependant fai eu plufieurs occafions de voir les vaiffeaux abforbans gonflés & remplis de particules de fang. Les particules de Mercure dans la plus parfaite préparation defonguent mercuriel font,dans le meme microscope, aoffi diftinftes que celles du fang, & nous favons, qu'elles lont trés rapidement emportées par les petits vailfeaux abforbans de ia peau. Un Portefaix par exemple, ou un Garcon de Bout5que mêle & frotte pendant deux ou trois tours, dans un mortier, du Mercure avec du Sain-doux. Le pilon dont il fe fert eft prefque toujours enduit de cette efpece tfonguent, même par 1'endrpit que Ion  tient dans Ia main ; au bout de quelque temps rOuvrier éprouve du mal aux gencives, & a une mauvaife haleine; ce qui eft 1'effet ordinaire des fri&ions mercurielles, & ce qui fait voir que cette abforption, occafionnée fans le vouloir, s'eft effcctuée par la furface ou 1'épiderme de la paume des mains. Quoique 1'abforption puilTe avoir lieu de cette maniere, cependant il eftcertain que plus la peau de la furface abforbante fera iine & mince; plus la matiere qui doit s'abforber s'y attacbera étroitement. Ainfi appliquée a. la bouche, ou fur les membranes des vailfeaux abforbans, elle éprouvera bien plus vïte eet effet défiré. C'eft ainfi que la matiere Vénérienne, [Ie Virus ] étant introduite fous le prépuce chez les hommes , & fiir 1'intérieur des Labiapudendi chez les femmes, attaque bien plutötles glandes inguinales, que fi ce Virus s'étoit communiqué fimplement par le contract a 1'extérieur de quelqu'une de ces parties. Si ce Virus fait un chemin plus rapide par  par les furfaces intérieures, pourquoi fon antidote n'éprouveroit-il pas les mêmes effecs ? Pourquoi le Mercure ne s'introduiroit-il pas dans tout le fyftême du corp3 plus vite par la furface inférieure de la bouche par exemple, que par celle extérieure de la cuilfe ? Un enfant, dans les bras de fa nourrice , requt un baifer d'une fille - publique qui par hazard palfoit prés de lui. [ün fait que la peau deslevres eftextrêmement délicate «Sc mince Sc que laiffant un paiïage plus facile au fang, elle acquerre cette rougeur qu'on y remarque] Peu de jours après on vit un chancre fur le bord de la levre inférieure de 1'enfant. Ce chancre réfifla longtemps a tous les remedes qu'on y appliqua ; enfin il céda au Mercure, «Sc reconnoiffant alors que c'étoit un accident Vénérien, on fe rapella la circonfhnce du baifer a laquelle on n'avoit pas fait attention «Sc qu'on avoit oubliée. Si la matiere Vénérienne eut été appliquée fur la joue leulement, il eft probable qu'elle auroit pu y féjourner quelque temps fans pro- duire  #< 29 ># dnire aucun effet, & qu'elle auroit pu fe difliper entierement en frottant fimplement la partie; ou au moins qu'elle n'auroit pas produit un chancre avant quinze ou vingt jours 6c peut-être fix femaines. Dk  ^ 30 Digrefjion Jur les Orificcs des Abforbans Par Mr. Cruickshank. jn^Prèsavoir avancé ce fentiment,favoir que Jes Abforbans dn corps humain enlevent ou abforbent le Mercure fous la forme d'une poudre fine & déliée, on s'attend fans doute a quelque détail de ma .part fur les Orifices de ces mêmes Abforbans. Ceci m'engage inévitablement dans une carrierre vafte & curieufe. Prefque tous les Anatomiftes ontétéperfaadés jnsqu'a préfent que ces Orifices étoient trop petits pour être vifibles même dans le rnicrofcope, «Sc que cette petiteffe n'étoit pas fans avantages, fervant pour ainfi dire de garde a la fureté de la conftitution , en empêchant tout corps trop groflier d'entrer dans les vailTeaux, & de fe mêler avec le fang. Les recherches fur ces orifices conduifent naturellement  ment aux furfaces intérieures des inteftins, & Ton eft bientöt convaincu que la probabilité du fuccès [ c'eft a dire la facilité de 1'abforption ] eft plus grande en faveur de ces furfaces , que pour aucune autre du corps-humain. Ces différens vaifTeaux s'allongent, s'aggrandilfent avec le temps; ils paroiffent, a Ia vue, femblables aux poils folets, ou comme les poils du velours, & ils avancent au delTusdes furfacesce qui leur a fait donner par les Anatomistes le nom devilli. [villusou poil] chacun de ces villus a fon artere , fa veine & fon orifice abforbant; & qUOiqUe Ton ne puisfe pas démontrer par le fecours de 1'Anatomie qu'ils font pourvus de nerfs, les effets de la colique nous convainquent affez qu'ils en ont également. Ces vailfeaux & leurs nerfs font attachés par une membrane cellulaire, & ont encore une espèce de peau mince ou d'epiderme qui les recouvre. Quoique j'en euiTe fréquemment obfervé, je n'avois encore rien vu qui reffera.blat aux Orifices des vailfeaux laftées. Enfin •  e< 32 >® fin il y a denx ans environ, qu'une occsfion favorable de bien examiner ces Orifices s'eft préfentée d'elle même. Une femme mouruc fubitement vers les quatre heures du matin, quoique la veille elle fe portat fort bien. Ses parents voulurent connoitre la caufe d'une mort auffi foudaine, & le corps fut ouvert. Les vailfeaux lactées, au dehors des inteftins & le long du Méfentere, étoient enflés par un chile coagulé, bien plus que je n'eulTe encore eu occafion de le remarquer. lis paroisfoient en proportion plus volumineux, «Sc égaux, pour le moins, en nombre tant aux artères qtfaux veines: les glandes du Méfentere,au lieu de paroïtre rougeatres, comme elles le font ordinairement, étoient blanchcs par la quantité de chile qu elies contenoient. Lorsque les inteftins furent ouverts, je vis un grand nombre de petits points répandus ca «Sc la mr leurs furfaces internes; dans plufieurs endroits il paroisfoient entaffés les uns fur les autres, mais en général féparés. En les examinant^de plas prés, on s'appercevoit, que chaqu un  m 33 ># de ces villus étoit une véficule gonflée de chile; les arteres & les veines étoient fi gonflées par la dilatation des vailfeaux laétées que chaque villus paroiifoit être lui même un de ces vailleaux;& quoique tcus ne fnlfent pas également blancs & dilatés, il n'y en avoit point cependant qui ne contïnt du chile. Sur la partie des intestins examinés au microscope, au grand jour, je vis diftinótement un grand nombre de pores, tant fur le fommet que fur les cótés de ces villus, je fus convaincu alors que ces pores étoient les orifices abforbans des vailfeaux la&ées: ils paroisfoient comme bulbeux aux cxtrêmités de ces vailleaux, & leur diametre étoit pluslarge que celui des particules de fang vues au même microscope. Je pris le deffein, fur le papier, de plufieurs de ces petits vaisfeaux les plus diltincls, ainfi que de leurs orifices abforbans. Le docleur Hunter, le doéteur John Jebb & plufieurs autres de mes amis, tous gens de 1'art, y étoient préfens par occafion; ils virent ainfi que moi tout ce que je viens de décrire, & en C pa-  34- parurent fort fatisfaits; ainfi je peux croire avec raifon n'avoir pas été decu ni m'être trompé. La railon la plus probable du fuccès que j'eus alors, vient fans doute de ce que le chile étoit coagulé dans le corps , & qu'il occafionnoit la même diftenfion & éredion dans ces petits vaisfeaux que s'ils eulfent été excités par 1'irritation réelle de quelque matiere; fans cela ils auroient été dans 1'état d'affanTement, fur-tout dans un corps mort, & je n'aurois pu diftinguer leurs orifices.  8< 3? Dc ïufage extérieur du Mercure fous la forme d'onguent: ou unguentum Mercur. Carul. Jl feroit fhperflu fans doute d'énumérer ici toutes les circonftances déftgréables quifuivent 1'application de ce remede; il eft r.on fèultment mal*propre mais encore extrêmement nuillble tant par fon odeur que par fes effets presque toujours pernicieux, ou du moins incertains. (i ) La peau CO Le Dotftcur Culten obferve qu'on ne peut jamais exciter une purgation par quelque moyen que ce foit, fanscaufer un fpasme quelconqne dans les inteftins, lequel , lorsque la même opération eft indiscrettement continuée, dégénéré en fpafmc & inflammation habituels, toujours fuivis de dangcreufes conféquences. Il ajoute: La méthode depurger par orclion n'eft pas beaucoup meiüeure, quoique produii'ant peut-être un plus grand effet, paree qu'elle eft fouvent fuivie de grandes douleurs. On peut ajouter a tout cela que les hémorragies, la diflenterie & les flux de ventre les plus fuC 3 neftes  8< 3<5 >t reau extérieure ett une furface qui, en ouelque facon n'eft nullement fusceptible 4 d'ab- neftes font quelquefois les conféquences de 1'ong ent mercuriel employé avec trop dcprofofion 8 Le Doftear Méad, dit qu'il a trouve une rondes particules de Mercure dans le Përïnée d'un cadavre enfcvé de ia potence pour être difféqué [dont les os eates témoignoient qu'une maladie avou exige 1 aLe de ce minéral fans doute en friftion ] lans aucune marane de corrofion fur les parties dans lestiuelles il s'étoit raiTemblé. On a beaucoup ague c-tte queftion j combien de temps le Mercure feiournedans le corps après une falivation? Voici a ce fuiet le fentiment du Dodleur Méad, auquel on renV0ie le Lecïeur. „ L'expérience m'a convaincuquc des doles répe'tées de Mercure non éteint font " encore reffentir des effets violents, très-long" temps après avoir étéprifes,& occsfionnent fou" ventdesaccidens inattendus. Je mereffouviens, " aioute-t-il , de deux accidens de cette efpèce " [dont 1'un même devint fatal] dans lesquels " une aiTez médiocre quantité de Mercure, pnfe plufieurs jours de fuite.occafionna une falivation ' qui dura deuxmois après qu'on eut ceffé les fric" tions. J'ai vu, dft-H, il n'y a pas longtemps " une jeune femme qui ayant pris pendant trois '', jours de fuite fix dragmes de Mercure chaque " matin, eut une falivation de trois femaines. Le ]\ flux cefla, mais revint fix mois après & dura \\ trcnte jours. II rcpatut encore une fois deux „ mois  8< 3? ># d'abforber, paree-qu'elle eft denfe,épailTe, & conféquemment impénétrable en plufieurs endroics. Lvonguent mercuriel y oc- „ mois plus tard. Son baleine étoit aflectée chaque ,, fois, comme c'eftl'ordinaire pendant les friftions ,, mercurielles.Tante» grande 1'adt.ivtté de ce minéral ,, même fimple & non compofé. Foyez Ejfais Jur les poifons des minéraux, par le Docleur Méad. page 104 éy Juiv. Un Célebre Anatomifte remarque dans fes Legons qu'il a vu des globules de Mercure fur la furface interne des inteftins. Ce qui eft la caufe fans doute, dit-il, de ces retours imprévus de falivations en difTereqs temps. Le Mercure mis en mouvement par quelque irrjtation accidentelle peut, fans que 1'on s'en étonneC, étre réabforbé & irriter de nouveau les glandes faiivaires. Le Dofteur Fordyce dit page 103; je connois en ce moment un veillard qui depuis quatre femaines épróuve une alfez forte falivation accompagnée d'un goüt de cuivre dans la bouche, quoiqu'il y ait plus de douze ans qu'il n'aitpris le Mercure fous quehue formequece foit. II eft certain en général que le Mercure étant en tout lieu prefque toujours en mouvement,s'échappe fouvent très-rapidement du corps, & quelque foisbeaucoup plus vite qu'il ne feroit a fouhaiter pour les malades; c'efl un fait que les conftuutions ruinées parl'ufagedes liqueurs.ouautresexces, font tout de fuite & trés violemment afitclées par une petite quantité de ce minéral. C 3  38 ># occafionne généralement des inflammations, ce qui oblige fouvent de discontinuer les fiictions. Quelque-fois il alïcCte la bouche, quelque fois non; & jamais en effet aucune des autres fécretions [autanc du moins qu'on a pu s'en appercevoir] ce qui fait qu'on ne peut récllement placer aucune confnnce en ce remede. Mr. Cruikshank obferve, p3ge 202, que les Frictions faites avec le Calomel font moins pénibles & moins défagréables que celles faites avec 1'onguent mercuriel: il ajoute , 33être obligé dc frotter fai mê„ me une demie dragme de eet onguent „ pendant une demi-heure chaque jour, „ eft une peine & un travail qui ne peu„ vent être concus que par ceux qui font „ éprouvé: il n'eft rien dont on fe plxigl ne plus univerfellement. Que ferok-ca „ Ö 1'on faifoit une friétion d'une demi„ once & même d'une once, comme on , 1'ordonne fouvent) Ce procédé en un mot fatigue tellement les malades que „ plufieurs' 1'abandonnent avant d'avoir s, acjievé, & que d'autres 1'omettcnt lors- „ qu'il  39 „ qu'il feroit le plus néceffaire de Ie con„ tinuer. II exige une force confidérable, j, & fi le malade eft foible c'eft envain v qu'il 1'entreprendra: je fuis même per„ fuadé que c'eft la raifon pour laquelle „ plufieurs malades ont manqué leur gués, rifon. Suppofons que quinze grains „ d'onguent mercuriel foient égaux en s, effets a un grain de Calomel [Cette „ fuppofition ne paroitra pas trop forte k „ ceux qui ayant donné les deux quanti5) tés en dilférentes occafions a leurs majj lades, auront obfervé qu'aprés douze „ ou quinze jours d'ufage du Calomel, ils „ ont obtenu un gain fenfible fur la mala„ die, tandis qu'en fe fervant de 1'on„ guent mercuriel, ils auront été obligé „ d'augmenter la dofe, longtems avant „ ce terme, pour en obtenir les mênaes „ effets.] Si donc un malade après avoir 9, fait une fri&ion de quinze grains d'on„ guent ordinaire, ou une d'un feul grain „ de Calomel, éprouve exaclement les „ mêmes effets: y aura-t'il le moindre j) doute, la moindre incertitude fur le C 4. „ choixs  #< 4o » „ choix ? Car quoique toute furface foit „ abforbante, & que chaque partie puiffe „ être excitée a abforber plus qu'a Tordi„ naire, cependant les furfaces en général „ fe fatiguent , fi Ton peut s'exprimer „ ainfi, & femblables aux muscles, lors „ qu'elles ont fubi une certaine continuité „ d'action , elles fe laffent, & refafent tout travail ultérieur." Enfin nous trouvons pir expérience que fonguent mercuriel eft enlevé plus aifement par les abforbans, en Tetendant fur de larges furfaces, ou en frottant tantot fur une partie, tantöt fur une autre. Cet or.guent étant plus volumineux, plus épais, & plus visqueux que le Calomel,même mê'é avec la falive, exige une furface plus large & un temps plus long avant de palier dans le corps par la voie de la friclion. Or fi [en nfaccordant ma fuppofition] trois grains de Calomel obciennent un auffi grand effet fur le Virus Vènérien que 4.? grains d'onguent mercuriel, «Sc s'il faut, je fuppofe, une demi heure de friclion pour abforber ces ±5 grains par les pores  res de la cahTé, demêmequ'il faut unedemi-heure pour abforber les trois grains de Calomel par la furface intérieure de la bouche : & fi enfin ce dernier procédé n'eft fuivi d'aucun défagrément «Scd'aucunes douleurs: qui n'avouera pas alors 1'avantage du Calomel fur 1'onguent mercuriel, dücon même employer douze heures de friction au lieu d'une demi-heure? Les friclions d'onguent mercuriel fur les cuilfes ou fur les bras, font pour plufieurs perfonnes la chofe la plus défagréable pofïïble, fa couleur plombée fait un contrafte dégoutant avec la peau, «Sc la rend très-mal-propre. II a d'ailleurs une odeur trés nuifible, outre celle de Thérébentine ou de baume de Souphre employé pour éteindre le Mercure: ajoutez a toutes ces circonftances qu'une demi-heure, & même une heure de friction, füt-elle parfaitement exécutée, ne produira pas encore une abforption totale de 1'onguent. La peau en refte ordinairement encraffée longtemps après 1'opération. Etant en outre huileux & ne pouvant s'évaporer ni fécher promptement, il s'attache «Sc falie C § tout  $< 42 tout ce qu'il touche. II foit de la que les malades pour ne pas gater a tout moment les draps de lit, font obligés de s'envelopper ou de faire ufage decalecons de flanelle ou autresjd'en changer trés fouvent & de fe laver continuellement la peau; ce qui retarde quelque-fois, au lieu d'avancer la cure qui peut durer alors des cinq ou fix femaines ou même trois mois; & fi par quelque accident 1'onguent tache & falit quelque piece de linge ou les draps, on eft expofé a des découvertes facheufes pour ceux qui ont intérêt de les cacher. Remarques fur les abforbans en générah Mr. Crmkfank dit page 144.. On a douté fi les abforbans enlevoient également les fels , c'eft a dire les fubftances véritablement irritantes? Nous pouvons affurer que cela eft ainfi. Si le fublimé corrofif pris & introduit dans l'eftomach dans le defTein de guérir un mal vénérien, n'étoit pas abforbé par les vailfeaux lactées, comment produiroit-il une falivation } Le changement qu'il fubit enfuite dans  #< 4-3 dans le corps, en devenant Vif-argxnt, s'opere probablement dans les vahteaux fanguins. Le dofteur Munter rapporte un événement alfez lingulier arrivé a quelques Ouvriers occupés a nétoyer un puits d'eau minérale. Ces gens avant d'entrer dans le puits avoient quitté leurs habits & kurs fouliers ainfi que leurs bas. Les fels contenus dans 1'eau pénétrerent par les abforbans de leurs pieds, & tous furent purgés violemment. Je fais que quelques uns ont attribué cela a la fraicheur de feau, & en effet le froid faififfant les pieds peut quelquefois produire eet effet \ mais il eit difficile de croire que tous ces Ouvriers, accoutumés fans doute a ce genre de travail, aient fubi chacun une purgation au même moment, uniquement par la fraicheur de 1'eau. Voici, relativement a la théorie de 1'abforption en général, lextrait fuivant tiré de la Rélation des voyages du Capitaine Kcnnedy, publiéeen i76o,deuxieme Edition page 191. „ Le cinquieme jour après „ notre  44- „ notre arrivée a Ambergris, dit le Ca,, pitaine, nous decouvrimes heureufe„ ment un petit vaifleau a quelque diflan3, ce fous voile , vers lequel nous diri„ geames: nous arrivames a fon bord vers „ le foir [le 10 janvier], «Sc nous mouilla,, mes enfin a la baye de St. Georges, „ dans un état trés-miférable. Je ne „ peut conclure mon récit, ajoute-t-il, „ fans faire mention de Pavantage fingu„ lier que jetirai de Pidée qui me vint de „ tremper deux fois par jour mes habits „ dans feau de la mer, & de les mettre „ ainfi tout mouillés. Mes Compagnons „ furent longtemps a vouloir m'imiter, „ quoiqu'ils vilfent les bons effets qui en „ réfultoient pour ma fanté ; enfin ils s'y „ déciderent, «Sc le pratiquerent auifi „ deux fois par jour; C'eft a ce fingulier „ ufage que fix perfonnes «Sc moi fümes re„ devables de la vie que nous eufiions cer„ tainement perdue fans cela. Ce fut le „ fouvenir d'avoir lu une pareille circon„ ftance dans un traité du Do&eur Lind, „ qui m'infpira cette penfée. Cet Ouvra-  4-? „ ge ne peut être trop recommandé & j, devroit être entre les mains de tous „ ceux qui font des voyages fur mer. „ Une chofe digne de remarque , c'eft „ que chaque jour nous rendions une „ même quantité d'urine que li nous „ euiïions pris modérément la même do„ fe d'un liquide quelconque: ce qui étoit „ fans doute occalionné par un pareil 'vo„ lume d'eau abforbée par les pores de no„ tre peau. Les particules falines reftant „ dans nos habits s'y criftallifoient par la chaleurde nos corps & celle du foleil, „ au point que leurs pointes aigues nous blelfoient & nous empêchoient de nous „ alfeoir. Enfin nous trouvames qu'en „ lavant ces particules defel5& mouillant „ fréquemment nos vêtemens, ce que „ nous faifions ordinairement deux fois „ par jour, notre peau revint en peu de 3, temps dans fon premier état, & nous „ tirions un fi grand avantage de cette „ pratique qu'elle appaifoit prefque fur le 3, champ 1'ardente foif qui nous confu3, moit, diffipoitla féchereffe de Ia lan* » gue,  &< 4.6 >$ „ gue, «Sc nous raffraichifToit autant quefi „ nous euflions pris la meilleure nourri- 3, ture. " Le Capitaine faitenfuite cette Queftion : Si les bains de mer ne feroient pas trésbons contre les fievres chaudes, «Sc pour divïfer la trop grande adhéfion du fang qui caufe les maladies inflammatoires? 11 eft encore a remarquer jdit-il, que les quatre hommes qui moururent dans la Chaloupe, avoientavalé beaucoupd'eau falée, & qu'ils expirerent dans le délire «Sc les convulöons. Ceux qui n'en avoient pomt avalé n'eurent aucun de ces fympromes. (2). (2) Je laifle k la décifion & a Pexamen des gens de l'art cette qucftion: Si les fels font ablbrfae's ou non par les petits orifices abforbans de la peau extérieure? Quant a la relation ci-deffus, fi elle efi: exi'fti, on ne peut la rendre trop publique, pour 1'avantage de tous les marins. Acsl-  8< 47 ># Obfervation Iere. A. B. virit ms confulter, ayant un chancre trés gros fur le prépuce depuis deux mois, & un bubon fur chaque aine, dont fun étoit deja en fuppuration «Sc 1'autre dur. Je lui ordonnai de prendre (*) chaque jour deux grains de Calomel le matin , «Sc trois grains le foir. II n'éprouva ni coliques, ni trop fortes évacuations. Le troifieme jour fa bouche devint un peu malade. Dés le cinquieme de 1'ufage de cette méthode, les accidens diminuerent & (*) En légeres fri&ions fur les lévres & Pinteïrieur de la bouche fuivant la méthode ci deflus, c'eft-a-dire introduifant la préparation mercurielle dans le corps par les orifices des vaiffeaux abfor? kans de «'intérieur de la bouche. Accidens Vénériens guéris par notre nouvelle manière de procürcr VAbforption du Mercure.  #< 43 >& & les bubons commerc?rent a fe diiliper. (*) 11 continua le Calomel en plus petites dofes, de maniere a conferver 1'attendrilfement de la bouche qui dura trois femaines au bout duquel temps le chancre fut parfakement guéri. J'avois delfdn alors de lui faire quitter le Mercure, étant pleinement fatisfiit & certain de la guérifon; mais-le Docleur Hun-ter qui voyoit le malade, fut d'avis de le continuer encore quinze jours,de crainte de rechute: (j) ce qui eut lieu & fut fuivi du fuccès, le fujet ayant recouvré une fanté complette. Mr. Maxwell Apothicaire, qui voyoit fréquemment le malade peut rendre témoignage de cette cure. (*) Mm intention n'étoit pas de diiliper le bubon qui étoit en fuppuration, maisle Mercure que je dus ad niniftrer pour arrêter le progrès du chancre , occafionna la diffipation de 1'enflure. Plufieurs Me'decins cependant [entr'autres Mr. AJlruc^ns rejettent point la pratique de faire rentrerles bubons. (f) On doit toujours prendre cette précaution, après la guérifon d'un chancre , furtout lorsqu'il refte encore un peu de dureté dans la peau: ce qui eft un fymptome aufli dargereux qu'un chancre ouvert, & ce qui demontre que le Virus n'eft pas eotkrement chafle> Obz  fl« 49 Objervation 11. C. D. vint chez moi avec une tumeur au fronc auffi large qu'une piece de fix fois, & dont les bords étoient calleux & endurcis. 11 avoit eu un chancre un mois avant, & il avoit quitté trop-tót 1'ufage du Mercure. Je ne doutai point que cette tumeur ne fut un accident vénérien & js lui ordonnai le Calomel, dont ïlfrottoit deux grains fur les lévres, deux fois par jour, ce qu'il continua pendant trois femaines, au bout desquelles il fut complettement guéri. Je lui fis prendre encore le Calomel pendant quinze jours; il avoit les glandes de la gorge un peu enflées, elles reprirent alors leur état naturel. Mr. Cruickshank vit ce malade plufieurs fois , & peut déclarer qu'il n\ut pendant la cure ni coliques ni tranchées, ni fortes evacuations. D Ob-  #< jo Objervation UI. E F. [Du Sexe féminin] avoit un enouement conlidérable, oütre des douleurs continuelles dans les os; ce qui lui étoit refté d'un accident vénérien qu'elle avoit eu deux ans auparavant & qu'elle fuppofoit avoïr été guéri; elle avoit en oütre des chancres depuis peu. Elle prit trois grains de Calomel, felon ma méthode, deux fois par jour. Le troifieme elle commenca a faliver un peu,fans éprouver ni tranchées ni fortes felles. Une fueur abondante furvint, & 1'enrouement ainfi que les douleurs des os furent foulagés. La falivation continua légérement pendant quinze jours fans autre addition de Mercure , & les chancres furent parfaitement guéris. Comme elle avoit repris un extérieur de fanté, je crus devoir arrêter les remedes: perfuadé que c'eft moins la quantité  m si ># tité de Mercure que la maniers"de Pemployer qui eft utile & falucaire dans les maladies vénériennes. Trois femaines après elle revint chez moi. Elle paroiifoit être dans un trifte état;elle fe plaignit d'uneincommodité qu'elle avoit cru être des Hémorroïdes, mais que je reconnus pour un ficus Vènérien. Si j'eulfe été informé plutöt de cette circonftance je ne lui aurois pas fait celfer 1'ufage du Mercure. Je lui redonnai donc le Calomel comme avant. Sa bouche fut un peu afftclée; les bons effets fuivirent de prés & elle recouvra la fanté. Je lui continuai le Calomel encore quelques jours par précaution. D a Oh  Vbjervation ly. G* H. d'environ trente ans, avoit un chancre fur le prépuce; il étoit aufli affligé d'une gonorrée & defenfations douloureufes dans les glandes inguinales. Je lui ordonnai deux grains de Calomel deux fois par jour en friclion fur les lévres feulement. Dés le quatrieme jour fon haleine fut affectée, fa bouche attendrie, & le feptieme le chancre disparut; il ne lui restoit plus de douleurs dans les glandes inguinales, & fa gonorrée, quoique non encore guérie, alloit beaucoup mieux.  Obfcrvation V. I. K. avoit des chancres fur le gland de la verge, avec un Pbimofis. Ses chancres, par négligence,avoient fait des progrès trés rapides. Je jugeai qu'il étoit nécelfaire de lui affeéter la bouche auflltot qu'il feroit poffible , & je lui donnai en conféquence une forte dofe de Calomel, il en prit trois grains deux foisle premier jour, qui les jours fuivans furent augmentés jusqu'a 6, pris deux fois dans la journée. Dés le fecond jour fa bouche devint tendre & s'enflama même un psu; la falivation furvint immédiatement: elle dura quinze jours mais fort légere. Les progrès de la maladie s'étoient arrêtés dès le moment que la bouche avoit été affc&ée. La fievre quifuitafTez fouvent ces accidens ceffa; & dans un mois le malade futcomplettement guéri. Mr. Sauvage, Apothicaire,a vu fréquemment ce malade pendant le traitement. D 3 Oh -  m h Obfervation FL L« M- vint me trouver [ c'étoit une iemme] elle avoit un ulcere vénérien dans les tégumens de rabdomen au deiTus du nombnl, a peu-près de la grandeur d'un fchelling en circonférence, & dans laprofondeur duquel on auroit pu mettre aifément deux feves ordinaires, Elle föuffroit des douleurs excétfives; je lui ordonnai la friction de deux grains de Calomel par jour dans Pintérieur de la bouche. Dès le croifieme elle fe plaignit que Ion haleine étoit affeélée & fa bouche douloureufe 3 mais dès ce moment fon ulcere prit un aspeét plus favorable, & fut entierement guéri dans Pefpace d'un mois. Je lui continuai le Calomel pendant quelques jours encore 5 en plus petites dofes, pour prévéto les fuites s'il y en avoit a craicdre.  «< SS Je lui avois de temps en temps baiïiné fa plaie avec de 1'huile & du Cérat doux. Le traitement n'excita chez elle aucune évacuation, ni purgation violente; elle jouiffoit même pendant ce temps d'une fanté alfez bonne & ne fut point obligée de garder la maifon, venantchez moideux ou trois fois par femaine. D 4 Sen-  #< $6 ># Sentiment du DoFIcur Munter , Jur la nouvelle Méthode de Mr. Cl are 3 d?introduire le Mercure dans la circulatiotty par les vaiffcaux abjorbans de la bouche & des lévres. furface intérieure du corps [dit ce MédecinJ] étant poreufe& bibuleuje, comme la furface ou peau extérieure, il n'y a point de doute que fabforption ne puiffe avoir lieu facilement par les pecits vailfeaux de fintérieur de la bouche, par ceux duprépuce, des lévres «Sec; «Sc toute poudre, ou toute préparation capable d'y être abforbée, le fera fans doute encore plus facilement, étant mêlée avec un fluide aqueux [ comme la falive] que mêlée avec une fubftance huileufe [ainfi que dans fonguent] & frottée fur la peau extérieure.  re. II efl également trés-probable que lorsqu'on fait des frictions de Calomel dans 1'intérieur de la bouche, ce qui en eft entrainé dans l'eftomach, s'y répand fur une furface fi large qu'il ne peut jamais beaucoup irriter les premières voies • & c'eft pourquoi les gens dont l'eftomach eft foible doivent préférer cette méthode, aux pilules, aux bolus &c. II eft encore trés raifonnable de fuppofer qu'un fluide aqueux, en général, s'abforbera bien plus facilement que tout autre, même appliqué fur la furface extérieure. D 5? Ré-  Réponfes a plufieurs Objettions faites contre cette nouvelle méthode. C3-NT a objeété que le Mercure, administré felon la méthode recommandée par moi, doit irriter les glandes falivaires, [comme le font toutes les chofes acres, acides &c. ] qu'il doit d'ailleurs n'éKciter qu'une falivation momentanée, & qu'ainfi le Calomel ne paroit pas propre a s'introduire d'une maniere favorable dans le fyilême des humeurs. La réponfe a cette Objeélion eft 1'exemple de la malade E F. de la troifieme Obfervation, qui a fubi une falivation afiez forte, & qui a été guérie aulïï complettement que par tout autre traitement mercuriel. Le Docteur Hunter qui 1'avoit vue dans 1'état de falivation , a déclaré par écrit qu'il favoit trou-  trouvée falivant légérement & fuffifamment. Elle n'avala point de Calomel Sc n'eut point de flux de ventre, quoique fon haleine fut un peu affectée. Sa falivation continua aflez abondamment plus de quinze jours; ce qui n'eut pas eu lieu, fi le Mercure n'eut excité que momentanément les glandes falivaires, ou localement fans pénétrer dans tout le fyftême du corps; Sc fon accident qui étoit fort invétéré n'eüt pu fans doute feguérir fans cela. D'ailleurs toutes les autres guérifon» rapportées ici, prouvent évidemment que par ma méthode le Mercure eft véritableraent introduit dans le corps. ( * ) Mais, dit-on, les friclions de Mercure dans la bouche rendent certainemenc les dents noires ? Cette objection me femble une pure conjecture peu fondée5 & qui n'eft (* ) Si. Cruiksbank obferve que le Calomelproduifant des effets évidens fur les maladies pour \ckquelles on 1'emploie, montre certainement qu'il a penéfé dans le corps; ouen autres termes, qu'il a été bien abforbé par les; furfaces fur lesquelles il a été appliqaé. I  ®< 6b n'eft faite que pour exciter une prévention chez les malades contre cette méthode. Durant un long traitement mercuriel quelqu'il foit, les dents deviennent noires & mal propres; maiseft-ce un effet immédiat du Mercure, ou de Ja négligence de les nétoyer?1 [ce qu'on défend toujours pendant ce temps] c'eft ce que je n'entreprends point de décider. Je fuis trés-convaincu feulement que le Calomel frotté fur les furfaces de la bouche & des gencives ne rend point les dents noires par cette application locale ;& jamais aucun de mes malades ne s'en eft plaint. On objeéle encore que le Calomel laiffe un goüt de cuivre trés-défugreable dans la bouche. A la vérité mes malades s'en font plaint quelques fois, mais en général peu fouvent. 11 y a peut-être un moyen d'obvier a cette objeftion: c'eft d'appliquer le Calomel en forme de Juppofitoire a la furface interne du Reclum que 1'on regarde comme la furface la plus abforbante du corps humain ;je fuis perfuadé que cette maniere d'adminiftrer le Mercure [quoi-  [quoiqusjene 1'aie jamais effayée] pourok-ê*re, fi non propre & agréable, au moins falutaire ós efficace. On doit remarquer que le Mercure, fous quelque ferms qu'il foit adminiftré, donne toujours un goüt de cuivre dans la bouche lorsqu'il a pénétré dans la circulation. II eft vrai que dans ma méthode, ce goüt Ie fent dès les premiers jours; mais il en eft de même du Quinquina & d'autres remedes trés eftimés; & cette circonftance ne doit point prévenir contre leur ufage. Mais,ajoute-ron encore, comment pouvoir regarder comme furfaces abforbantes, des furfaces glanduleufes, qui paroilfent rejetter conftamment ce qu'elles renferment; par les quelles d'ailleurs fe font les fecrétions mêmes [la falive], & qui enfin doivent être préfumées rendre par la fuite tout ce qu'on auroit pu leur faire abforber ? ( * ) Je C*) Quelque,forte que paroifie cette obje&ion, elle tombe cependant d'elIe-même,lorsqu'on veut bien rèflcchir que la furface dont il eft ici qucftion eft une furface vive. Que fi c'eft une obje&ion contre  62 ># Je réponds en bref qu'il n'y a point de plan ni de fyftême, contre lequel on ne puifle trouver des obje&ions réelles ou imaginaires. Tout ce que je defire, c'eft que 1'on péfe avec févérité, mais auiïi avec impartialité, tous les avantages & les défavantages de ma méthode,& qu'on në lui accorde enfin que le mérite qu'on lui trouvera. La vérité & 1'expérience font les fondemens fur lesquels je m'appuie, & je ne doute point que 1'espèce de découverte que j'ai faite, ne foit adoptée & reconnue par la fuite, puisque le temps, ce deftruéïeur univerfeldes chofes, ne fait qu'ajouter encore des forces a la vérité. La vérité, dit Ie DocleurHope, doit être 1'unique but de toutes les discuffions; & lorsqu'elle eft de mon coté, je demeure infenfible aux traits de la critique. J'ai tou- tre la propriété d'abforbcr dans une furface d'être propre aux fécrétions; alors 1'objeclion ne fera pas moins forte contre ies furfaces les plus abforbantes du corps humain; favoir les furfaces internes des inteftins. Lettres de Mr. Cruiksbunk. page 186.  «K «53 » toujours eu foin de ne jamais m'attribuer ce que j'ai appris des autres, mais au contraire de leur en marquer publiquement magratitude, ufage alTez peu fuivi dans ce fiecle. Combien en effet ne voit-on pas de Livres remplis de ce que leurs auteurs ont pris, ou ramaffé de tous cotés, prétendant a des découvertes qu'ils ne firent jamais, &fe parant de plumes empruntées?   TRAITÉ SUR LA GONORRÉE, Pour Jervir de fuite a Ia nouvelle mét bode de guérir les maladies vénériennes. TRADUIT DE L'ANGLOIS DE MR. P. CLARE, E   PREFACE ^^Qelques perfonnes de mes smis m'ayant fait connoitre qu'elles feroient charmées que je publiafle mes Obfervations fur la Gonorrée,les regardanc même comme un fupplément néceffaire a mon Ouvrage intitulé Nouvelle Méthode de guérir les maladies vénéricnnes: j'ai cru ne devoir pas réfifter plus longtemps a leurs deflrs & a leurs confeils. II y a deux manieres différentes de trai* ter la Gonorrée; Tune par des médecines internes feulement, 1'autre par des remedes appliqués extérieurement, tels que les inj.:clions, &c La première méthode eft en général dégoutante, ennuyeufe & désagréable a bien des égards. La feconde, quoique plus facile & plus expéditive, eft rejettée par plufieurs perfonnes qui fe préviennent contre elle par je ne fgais quel prejugé qui xegne depuis longtemps , & E 2 qui  $< 68 qui n'eft encore que trop généralement répandu. Mon but eft de détruire ce préjugé déraifonnable , autant qu'il me fera poflible, tant par les raifons que ma prepre expérience me fournit,que par le fentiment des bons Auteurs de la Profelfion qui viennent a mon appui. j'ai longtemps réjetté moi-même 1'ufage des injeclions, mais ayant reconnu dans la fuite les avantages infinis qu'on peut en retirer, je fuis revenu de mon erreur a eet égard. Les divers fuccès que j'ai obtenu par leur moyen m'ont confirmé de plus en plus dans la. néceffité de les ordonner; & j'espere ramener a ce fentïment ceux qui, ne fe refufant point aux lumieres de 1'évidence , font aulfi avides que moi de connoitre la vérité. A la publication de mon premier Ouvrage, je meflattois que la Faculté feroit faire quelques épreuves de ma nouvelle maniere d'adminiftrer le Mercure; maïs voyant qu'elle a négligé eet objet, j'ai jugé a propos de faire de nouveaux efforts, & de rendre ma méthode plus facile & plus  #< 60 plas convenable encore qu'elle ne lef mbloit a la première Edition de mon Livre. (a) J'ai eu fouvent le plaifir d'npprendre, de temps k autre, des guérifons opérées par desGensdel'artquife font fervis de ma méthode, & qui en ont avoué Pefficacité, non feulement pour les accidensordinaires, mais encore pour ceux qui avoient déja réfiilé a plufieurs traitemens mercuriels. Bien des malades ainfi guéris en ont fait part a leurs amis, en rendant juftice a ma nouvelle découverte; & fi je n'en ai pas recu I moi même plufieurs fois des témoignages ouvertement, je ne 1'attribue qu'a ce que les (a ) Ayant trouvé que la Poudre Mercurielle répumoit a plufieurs malades,je 1'ai convertie depuis peu en une efpece de Mucilage un piu vifqueux, qui eft d'un ufage pius facile & moins désagréable , «Se dont la dofe eft d'un très-petit volume. Avec vingt-cinq grains de ceitepréparation.qui contiennent un fcrupule de Mercure doux, [frotté fur la furface des lévres] j'ai guéri en douze jours un jeune homme d'un chancre, qu'un autre Chirurgien, auquel il s'etoit d'abord adrefle , lui avoit propofé d'extirper par incifion, cc qui eft contre toutes les régies de la prudence. E3  mi ?o m les parties intérelfées ont fouvent des raifons pour ne pas fe faire connoitre dansles cas de cette Nature. Je fuis feulement faché que cette confidération, toute iatisfüfante qu'elle foit, me privé du pouvoir d'inftruire le public de tous les fuccès de ma méthode,(Sc de lui en apporter des temoignages certains. De même s'il s'efl trouvé quelques cas oü elle n'a pas réulfi, & que j'euffe pu en être informé, j'aurois elfayé d'en trouver la raifon, & peut-être d'y apporter remede. Je ne me fuis jamais refufé aux objedions, & je fouhaiterois con-, noïtreles jugemens qu'on en porte, favo-? rables 011 non; car ce n'eft que par la discullion & Pexamen que 1'on parvient a la vérité, & que 1'on perfecticnne les con= noilunces. Un Ecrivain de notre Profelfion, qui veut faire part au Public de fes découvertes,eft en genéral fort embaralfé: car s'il écrit avec trop de franchife [devoir indifpenfable k tout membre de la {bciétè] on le blame de divulguerlesfecretsde la Profelfion j (5c s'il paroit vouloir cacher quelque chofe' au  au Lecteur, il en eft accufé avec jufte raifon, comme d'une réferve condamnable, & mis au rang des Empiriques dont le princïpal motif eft le fordide amour du gain. O) Les proteftations de désintérelfement de la part des Auteurs obtiennent ordinairement peu de confiance chez les gens fenfés. Le defir de fe faire un nom, ou Tappas du gain, font presque toujours les vrais motifs qui engagent a eenre; mais lorsqu'il arrivé que 1'avantage du Public concourtréellement avec le profit particulier, alors c'eft un motif bien plus puiffant & bien plus agréable pour un Ecrivain honnête. De combien n'auront pas a repondre ceux qui ofent afTurer qu'on peut fe fier a certains remedes qu'ils fa vent, difent-ils, pré- (*) J'ai taché d'écrire de manierca être enten'du de tous ceux qui en géne'ral ont regu une certaine éducation, qu'ils foient de la profcffion ou non; car ti ces derniers n'ont pas les connoiffances médi. cales qui pouroient les guider pour apprécier mon Ouvrage, ils n'en ont pas non plus les préjugés qui pouroient les égarer. E 4, .  #< 72 préparer fins Mercure, pendant que 1'expérience journaliere leur déraontre lans celfe la faulfeté & même le danger de ces prétendus remedes! Avec quelque ardeur que JaFacuité defireun fpécifiqueréelpour lesmaux vénériens fans Pemploi du Mercure: a moins qu'elle ne voye des preuves bien plus évidentes que tout ce qu'on lui a fait voir jusqu'k prefent, elle n'abandonnera point fans doute celui fur qui feul elle peut mettre une jufte confiance. Ainfi toute la queflion fe réduit a favoir: Qu'elle eft la meillcure maniere d'adminillrer le Mercure? Mr. Foit dans la Préface de fes Obfervations fur les plaies de la tête, rapporte 1'avis que le célebre Bacon donnoit a fes Difciples : ,, De s attacher furtout a la ,, connoiifance parfaite d'un genre dema„ ladie,& de ne point paffer a un autre, „ fans êtreprofondémentinftruit dans ce,, lui que Ton quitte ." Mr. Fott obferve en oütre que la voie la plus fure de parvenir a quelque célébrité dans notre art, eft la connoiffance intime de fanatomie, 1'attention la plus exacte aux fymptomes des ma-  «< 73 ># maladies dans les vivans, & fexamen le plus fcrupuleux des apparences fur le cadavre. Ce font la, ajoute-f-il, les fources pnncipales de la faine Médecine. Dans ce peu de mots, Mr.Pott a indiqué, felon moi, Ie vrai chemin que doit fuivre tout Praticien, ainfi que tout Auteur qui entreprend d'éclairer le Public fur la nature , le fiege & le traitement des maladies corporelles, E J TRAITE'  r4 >® TRAITE' sur la GO NORRÉE. IL a. partie Ia plus affecTée, dans cette maladie, eft la verge qui eft compofée de trois parties principaies. Deux fituées de chaque coté, & que Ton nomme les corps cavcrneux; la troilieme, fituée en delfous, & nommée le corps Jpongieux de Vuretrc. Celle-ci eft compofée de parties bulbeufes & membraneufes qui s'étendent jusques la veiTie,& quia 1'autre extrêmité fe terminentalacouronne ou glanddela verge. L'-uretre a trois glandes, qui ont été découvertes par Coivper, & que 1'on nomme glandes muqueufes, a caufe de la ténacité de la liqueur qui les fépare. II y en a encore deux [ou plutöt une feule] de la grolfeur a peu prés d'une noix muscade, fituées au col de la velEe, entre les vé-  véficules féminales & la verge, fous les os pubis, presque en dedans du baiïin de VAbdomen. Elles diftillent une humeur glutineufe qui eft transportée dans 1'uretre par plufieurs canaux fitués auprès de ceux de la proftate. Cette liqueur paroit être deftinée a fe mêler avec la femence dans 1'uretre, au moment du coït , «Sc a produire une éjaculation plus facile. Lesdeux premières glandes de Cowper font a peu prés de la grolfeur d'une feve, de la forme d'un ovale comprimé, ont une couleur jaunatre comme la proftate, «Sc font fituées de chaque coté de la bulbe de 1'ure^ tre, un peu au deffus. Leurs vailfeaux excrétoires nailfent de la furface interne attenant la membrane inférieure de 1'ures tre dans laquelle ils s'ouvrent un peu plus bas par deux dilférens orifices, précifément fous la courbure des os pubis dans le périnée , «Sc laiffent couler en eet endroit une liqueur visqueufe. La troifieme glande muqueufe eft une petite glaath grrondie, & de couleur jaunatre corn.':'1'. ks précédentes, mais un peu moins: elle eft  #< ?6 eft fituée au deffus de 1'angle de la courbure de 1'uretre, fous les os pubis dans Ie pêrinée, prés de 1'anus. Elle a deux canaux excrétoires qui entrent obliquement dans 1'uretre, un quart de pouce au desfous des deux précédentes «Sc qui dégorgent une liqueur femblable a celle des deux autres pour la confiftence & la couleur. Le fiége de la Gonorée, chez les femmes, eft le vagin, qui eft affecté par un écoulement tel que celui de 1'uretre chez les hommes. II eft fitué entre la veffie, «Sr 1'inteftin reflum, «Si il a des rugofités, fous lesquelles font de petites glandes dont les conduits excrétoires font nommés lacune. Ces glandes diftillent une humeur mucilagineufe, gluante, qui fert a exciter, a picoter le vagin; & elles font dans les femmes Ie fiége propre de la Gonorrée, comme chez les hommes les glandes de 1'uretre. Le méat urinaire étant un paffage trés-court, 1'échauffement eft beaucoup moindre dans le.fexe que chez nous. La  $< 77 X» La matiere vénérienne occafionne presque toujours le changement de 1'humeur muqueufe de cette partie, ou du fluide de Pulcere, en une matiere femblable a celle du virus même; & dès qu'une quantité iuffifante a été ainfi infecfée, il en refulte une inflammation ou dans la membrane muqueufe, ou dans les glandes, ou enfin dans Pulcere. Les premiers fymptomes paroilfent fur la partie qui a recu Pinfection, & lorsque cette infection fe communiqué & fe mêle avec Phumeur muqueufe de Puretre, du gland, du prépuce ou du vagin, &c.s'il n'y 'a point encore eu d'écoulement, d'ulcere, ou de puftules, on peut 1'emporter en lavant la partie; & le mal, dit le Docleur Fordyce, eft facilement prévenu par Pufage de la recette fuivante. Caujlic. Com. fort. pbarm. lond. 31. Solve in aq. Jont. lib j. cola per chartam. On peut mêler un peu de la folution cidelfus avec de Peau, dans un verre, de maniere qu'elle ait alfez de force pour laver & nétoyer les mucofités de la bouche  73 che fans caufer beaucoup de douleur; rempJir enfuite une feringue de cette même liqueur, & Pinjecter dans Puretre, ou dans le vagin, Py retenant une minute environ, puis prenant une cuillerée de ce qui refte, en laver le gland & le prépuce, ou les lévres [labia pudendi]; enfin injecler Sc.laver ces parties avec un peu d'eau & de lait chaud. J'ai vu plufieurs fois les progrès de la maladieprévenus [du moins en apparence, car nous ne pouvons jamais être bien asfurés du fait] par une lotion favoneufe, appliquée une heure & même plus longtemps après le coïc. On peut encore pour plus de fureté appliquer un peu de Mercure doux fur la peau des parties après avoir lavé avec la lotion de favon. Lorsque la matiere vénérienne s'eft mêlée avec les humeurs muqueufes, il en réfulte une inflammation Sc une grande fécrétion des glandes de Puretre; ce qui produit proprement la maladie nommée Gonorrée. Le Doóleur tordyce obferve qu'il y a des perfonnes infectées du Virus Vé-• né-  79 W nérien mêlé & retenu dans les humeurs muqueufes de Puretre ou du vagin &c. [lequel Virus ne peut être lavé par les urines a caufe de Pinfolubilité des muqueux dans Peau,] qui appercoivent les fymptomes du mal au bout de vingt-quatre heures, & d'autres quelquefois plus de trois femaines après Pavoir rectu; mais Pordinaire eft que ces fymptomes fe montrent vers le 4, le $ ou le fixieme jour. La Gonorrée, chez les hommes, s'annonce par des inquiétudes dans toutes les parties de la génération, & par un peu de matiere blanche qui coule de Porifice de Puretre; il y furvient un peu d'enflure & de rougeur, ainfi qu'un léger tiraillement lors de 1'évacuation de Pu-; rine. L'écoulement de matieres blanchatres devient bientöt plus abondant, 1'inflammation de Pestrêmité de Puretre augmente , & Pon éprouve une tenfion, une dureté dans toute la partie , ainfi qu'un tiraillement douloureux dans la verge, principalement lorsqu'elle eft eri éreólion. La matiere augmentant tou-  #< 8o ># toujours,flue plus abondamment, devient plus déiiée & prend une couleur jaunatre ou verdatre. II y a toujours alors infhmmarion & rougeur vers 1'extrêmité du canal,& unedouleurcaufée par la diflenfion de 1'uretre pendant 1'ëjaculationdesurines; ces douleurs font plus fortes encore vers rorilke par la petiteirritation qu'il éprouve a la fin de 1'évacuation. L'inflamrriation prévient ordinairement 1'extenfion de 1'uretre dans 1'éreclion, de forte que la verge fe courbe alors, & fait reffentir de cuifantes douleurs qui augmentent encore, furtout au lit oü la chaleur caule de plus fortes éreéfions. Voyez Elémens de Mèd. par le D. Fordyce. II ajoute: Je regarde comme le plus fpécifique en ces „ cas, de donner le nitre en grande quan„ tité, ainfi que des électuaires purgatifs „ & de faigner le malade avec toute liber„ té; il faut aulfi lui ordonner beaucoup „ de boiifons ralraicbilfantes, un régime 5, févere, abftinence de viandes, de végé- taux & furtout de liqueurs fortes. &c. " La queftioneftdefavoir fi toutes cesméde- cines  #< 8i éines & cc9 reftricfions du Doóleur Fordyce font bien néceffaires? Quant a moi je penfe que non; & qu'après tout, elles lont capables de faire plus de mal que de bien, comme je le démontrerai par Pcxpérience de ceux qui font a même de donner leur opinion fur cette matiere, ainfi que par les miennes propres. Le Docleur Cullen remarque que les pur ratifs non feulement enflamment le reclum, mais encore font fentir leur irritation jusques dans Puretre. Ne pouroiton pas en effet attribuer a cette caufe la Cordée ou Ie Priapisme ? En augmentant un peu les fecrétions par quelques purgatifs, dit le Dr. Fordyte, on procure feulement deux ou trois évacuations par jour. Mais comment être afTuré que le malade n'en aura que deux ou trois par jour ? Les inteftins une fois mis en mouvement s'accommodent-ils a nos fouhaïts, ou a notre convenance? Heureufement pour le Public,. il paroit qu'on peüt fe pafler entierement de ces Furgations. F. Ca  82 Ce Dcéïeur ajoute cependant, que les trop fortes purgations augmentent les fymptomes inflammatoires, caufent des ftrangurïes, des ulcérations, 1'inflammation des tefticules (i) & des parties voifines; ou elles arrêtent 1'écoulement avant que le Virus foit tout a fait détruit, & la Gonorrée revient en peu de jours, ou un long ulcere prend fa place. Le même obferve de plus, qu'une continuité de purgations eft véritablement propre k aifoiblir Feftomach, nuit a la digeftion, & produit des dégouts , des langueurs, des fymptomes hypocondriaques furtout dans les complexions mélancoliques & faciles a irriter. (2 ) On C 1) Cette inflammation n'eft pas confidérée comme provenant du Virus, mais elle eft traitée comme une inflammation ordinaire de toute autre glande. Les fomentations émoiliantes, les cataplasmes, les onguents & lotions de Saturne [qu'on a beaucoup mis en ufage dans ces derniers temps] font propres a être employés comme Sedatifs pour appaifer.les douleurs de cette inflammation &c. (2) Quelques perfonnes de la Profeffion, qui n'aiment pas a fatiguer l'eftomach ds leurs malades  83 On pouroit apporter encore bien cTaiitres autorités en preuve des mauvais effets qu'occafionnent les purgations réitérées dans cette maladie qui généralement traine en Iongueur, lorsqu'on la traite de cette maniere. On ne doit pas non plus fe fier trop aux remedes antiphlogiftiques, d'uutant plus qu'ils produifent fouvent 1'effet contraire a ce qu'on attendoit. Parmi ces remedes dont 1'ufage n'eft pas fur, eft le Nitre dont on fe fert dans les maladies inflammatoires. Le docteur Levjis$ dont fautorité eft de quelque poids, dit que le Nitre foulage fouvent les malades s dans la ftrangurie, & les chaleurs d'urine, foit venues naturellement, foit occafionnées par une attaque vénérienne ; & en effet la plupart des Chirurgiens le donnent encore des par des médecines, fe contentent de leur adminiftrer le Mercure en pilules; mais leur aclion dans reftornach eft trop forte, & trop rude; car comme remarque le Dr Saunders, les prdparations falines ne s'accordant nullement avec les eftomachs délicats, elic excitent les coüques, donnent la fievre &c. Ce qui fuffit fans doute pour ne s'en feryir jamais. F 2  # encore dans les ardeurs d'urine de c^tte derniere claüe. Relati vemen t a cette pratiqus, dit le docleur Hope dans fes Lefons, je fuis porté a croire que le Nitre doit cette réputation 9 d'être bon contre les ardeurs d'urine, a ce qu'on 1'a toujours donné dans les douleurs qu'on éprouve lors de 1'évacuation de ce fluide pendant la Gonorrée; & de ce qu'on a toujours attribué a ce fel la qualité de rafraichiffant. Mais il eft certain que 1'urine n'a pas plus de chaleur pendant 1'inflammation vénérienne qu'en tout autre temps; ainfi prescrire le Nitre contre cette chaleur prétendue n'eft qu'une abfurdité; & je fuis perfuadé qu'en y réfléchiflant fans partialité, on fe convaincra que le Nitre n'a pas la moindre pniffance d'adoucir les douleurs qu'on refient alors. Je fai donné tant en petite qu'en grande quantité dans les différens états de la Gonorrée 5 mais dans tous les eifais que j'en ai faits, je n'ai jamais reconnu qu'il procurdt le moindre foulagement; & véritablement on ne doit pas s'y attendre,en confidérant d'une part les  lei caufes du mal, & de 1'autre les véritables propriétés du Nitre, ainti que fes effets. La caufe des douleurs vient certainenient de facrété des fels dont Purine eft imprégnée, & la folution de Nitre appliquée fur toute partie excoriée quelconque, augmente toujours confidérablement la douleur. L'expérience nous apprend qu'en introduifant du Nitre dans 1'eftomach,les urines s'en impregnent auflitöt; donc plus les dofes de ce fel feront fortes ou réitérées, plus les urines s'en impregneront, & plus elles feront chargées-d'irritants; d'oü Fon peut facilement conclure qu'il eft bien plus propre a augmenter qu'a diminuer les douleurs de 1'évacuation. Mr. Hope obferve encore qu'il y a des estomachs faibles & dèlicats qui ne peuvent fupporter le froid qu'il occafionne, & d'autres a qui il caufe toujours des naufées. En outre la ctrconftance défagréable d'être obligé de prendre une grande quantité de médecines dégoutantes nous fait voir qu'il y a réellement la plus grande incertitude fur les effets qu'on en atcend. A F 2 la  #< 85 la vérité une poudre de cette espece, jettée fur du fang dans un baflln, peut vifiblement affccter ce fluide & le rendre plus clair ou plus épaisj rnais pris dans l'eftomach, & de la introduit dans la cir^ culation, il eft fort incertain qu'il produife aucun effet fur nos fluides, après avoir fubi fans doute dans fa courfe des changemens & une altération confidérable. Un célebré profeffeur en matiere médicale, mort depuis peu, discourant avec fes disciples fur 1'aét.ion des médecines mucilagineufes dans le foulagement des douleurs caufées par une pierre dans la veflie, remarquoit que de telles médecints étoient néceffaires dans le cas ou la pierre étoit de nature fpongieufe, & qu'eljes étoient propres a exciter les membrannes de la veifie, il leur difoit que le mucijage envelopperoit la pierre,en rendroit la fur, face uniforme, douce, dépourvue d'aspérités & conféquemment hors d'état 'de nture a la veflie. 11 eft difficile pour ceux qui connoiffent le mechanisme du corps humain, & les opé-  87 )® opérations de la médecine, de croire, ou de mettre en fait,qu'un mucilage pris par la bouche puiiTe arriver jusqu'a la vellie dansle même état qu'il a été recu. Nous favons bien que certains remedes particuliers affecten! certaines parties particuliere? • que lebeaume de Capivi, par exemüle', étant abforbé, affeéte les reins & la 'veffie, par 1'odeur forte qu'il répand fur les urines, mais nous ne pouvons aflurer que ce beaume, ou toute autre médecine, excepté le Mercure, puiffe paffer dans le corps, ou y fejourner, fous la même forme que lorsqu'on 1'a pris par la bouche. Ce beaume eft fort eftimé pour fes quahtés, furtout dans certains états de la Gonorrée, mais il eft fi défagréable a caufe de fon gout huileux & amer ,que plufieurs malades en font dégoutes, & que d'autres refufent abfolument de le prendre ; eest pourquoi nous ne devons pas troir.er étrange que la plupart preferent les mjections k tout autre moyen, furtout a celtuci qui n'apporte aucun foulagement fenfible k leurs peines. On doit avouer que F 4 les  m 88 ># les malades fouffrent fouvent plus du remede gue de ia maladie même, & qu>j)g deviennent quelque fois plus maigresLus Pales & plus défiitsfchofefortdéfa^ We dans certains cas] dans 1'espace d'une ^naine par reflet des purgations dan. h Gonorrée, qU'iJs ne le feroient devenus peut-etre au bout d'un mois, fi ]>on n'avoit pas chercné a arrêter les progrès naturels de la maladie. De plus, il y a bien des j d n'ontpasleloifirdecontinuer les ordor_ nances& régimes trop féverer, qu'on leur Present; & dans fa fuppofition même qu ilsauroient tous, le temps & fa commo. dite, peu en voudroient fupporter les fa tigues & les dégouts. Les procédés long* ne conviennent point, & s'adaptent mal a la plupart des malades, qui doivent erre, & font iournellement guéris par des moyens plus faciles & aula prompts quelicaces. r Le Doélsur ^ eft de Popinioa que la prompte guérifon d'une Gonorée virulente eft raremenc parfaite ; les malades,  t< 89 ># hdes , dit-il, ne doivent point s'y attendre, ni les Médecins le leur promettre, Le mal peur, durer 2 ou 3 mois, quelquefois même 5 ou 6, quoique le traitement ait été bien dirigé. Voycz Med. domeft. page 536. Le Docfeur Smith, dans fes Formule medicamentorum , dit que la Gonorrée, li on la prend dèslecommencement, peut généralement être guérie en 15- jours, fans aucune altération dans la eonftitü* t'ion, ou autres mauvaifes fuites. Ce que chacun de ees Médecins avance, eft certainement trés vrai, & toute la dilïérence confifte dans les moyens dont on fe fert dans la cure , comme je 1'ai fouvent éprouvé moi-même. La discuffion de tout ce qui concerne les maladies vénériennes dans les Ouvrages du dofteur Smitb eft fi concife , & en même temps fi fatisfaifante que j'y renvoie mes Lecteurs. L'accident Vénérien , dont nous traitons ici, fe diftingue en deux maladies, c'eft-a-dirc en première, & {bconde inF ï feöion,  #< po feélion, ou pour parler mieux, en maladie locale & maladie univerfelle. Elle eft locale lorsque les parties feules de la génération font affeclées, elle fe nomme alors Gonorrée fimple ou Chaudepijje. Elle eft univerfelle lorsque 1'économie générale du corps eft attaquée par le Virus Vénérien, & alors elle fe nomme Gonorée virulente celle ci dégénéré presque toujours en Vérole , & peut même porter. ce nom. L'Infeétion locale lorsqu'elle n'eft pas fuivie de chancres, de bubons ou d'inflammation dans les tefticules, peut - être guérie alTez promptement de la maniere fuivante. On injeétera dans 1'uretre de 1'huile douce, telle que 1'huile d'amandes, cu autre femblable; cette injection fera fake chaude,deux ou trois fois par jour. Après le huitieme jour , on le fervira de 1'injeétion fuivante, un peu chaude , pen* dant 4, ou jours, ou auiL* longtemps qu'il fera néceffaire. Vitrioli alb. BS — Bh Solve in aq. fontan, % ij Une Emulfion purgative peut-être prJfe deux  deux fois la femaine, & on peut faire chaque jour fur les aïnes une petite friction d'onguent mercuriel, Par ce moyen , une Gonorée , prL fe dès qu'elle commence k paroïtre, peut être généralement guérie en 15 jours fans crainte d'aucune mauvaife fuite. S'il furvenoit quelques fymptomes inquiétans ou douloureux on peut y remédier facilement de la maniere fuivante. Les ardeurs d'urine, par une abondante boiflon rafraichilfante danslaquelle entrera de la gommearabique & du Nitre; le Priapisme & Ia Cordée, par des opiats pris au lit; le Phimojis & Parapbitnofis, par des cataplasmes émolliants, & de 1'huile injeftée entre le gland de la verge & le prépuce; les Bubon?, par des émulfions purgatives & de 1'pnguent mercuriel; la Hernie humorale par des faignées , & des purgations douces, avec des fomentations émolliantes & des cataplasmes fur la partie. Les Chancres, par 1'huile & de fortes fridiions mercurielles. Dans la feconde infeclion, ou Gonorée uiru-  $< 92 virulente, ou plutot Férole le Mercure & fes préparations font lefpécifique fur lequel on doit le plus compter. Jusqu'a prefent la plupart des Praticiens ont pre&crit le Mercure d une maniere k exciter la falivation, mais fexpérience a fait voir qu'elle n'eft point néceflaire k la cure de cette maladie: plufieurs accidens très-graves ayant été guéris par les mercuriels, fans que la bouche ait été aucunement affeftêe. La recette fuivante guérira,même une Vérole déclarée, auiïl certainement que S'il y avoit falivation. J$° Mercurü Calcinat, gr. j. add. jjj. Sulph. antim. pracip. gr. ij. ad. jjjj extract thébaic. gr.ïs. —gr. j. conJerv. cynosbat. q. s. ut ft. bolus, om* ni node hor. decubitus jum'end. Sa Rad. Sarfaparill. % jjj. LaureoU [la racine mezereon] 3 ij. coq. ex aqua fontan. lik iij ad lib. jj. coJatur. Capiat. lib. fs. 4.. ter. de die. II eft néceflaire de continuer le remede  4K 93 de i? jours encore après que les fymptomes ont disparus; pendant la cure le malade doit fe tenir chaud, obferver une diette légèrement nourrifTante & boire abondamment des bouillons & autres liquides rafraicbilfans. (3) J'ai éprouvé d'également bons effets, dans le traitement des Gonorécs , d'une injecYion vitriolique, telle qu'elle eft décrite par le doóteur Smitb, & d'autres Médecins font obfervé comme moï. Elles font meilleures que les injeftions préparées avec le Mercure. Ce dernier dépofe presque toujours un fédiment, qui étant charrié dans le canal de 1'uretre, y caufe des irritations & des douleurs. Plufieurs ordonnent des injections d'huile pour encourager [difent-ils] 1'écoulement, qui me paroit n'avoir aucun befoin d'être accéléré, mais qui eft au contraire toujours trop copieux, & que 1'on peut même ( 3 ; Les bainschauds, joints aux autres remedes, font aufli un trés bon effet, & latent beaucoup la guérifon. FormuU Medic. p. 138.  # furfaces du corps, par des injecYions qui non feulement font plus promptes a produire l'efïet defiré, mais qui paroilfent aiuTi, en comparant le veritable mérite de chaque chofe, jouir d'un autre avantage, favoir d'être un moyen de guérifon plus agréable & plus für que tout autre. RE-  ®< IOI >® RECHERCHE CRITIQUE Sur les dijjérentes méthodes cPadminiJlrer le Mercure. JLL y a une grande diverfité d'opinions fur la maniere d'adminiftrer les Préparations Mercurielles, & chacun apporte des raifons pour préférer fon fentiment a celui des autres. La méthode altérative réunit en fa faveur une grande partie des fuffrages, & fans doute qu'en la réglant comme il convient, elle peut produire de bons effets. Ces noms altèrants, altératifs,k donnent généralement a tous remedes qui corrigent les mauvaifes qualités du fang, ou d'autre fluide quelconque, fans occaG 3 üonner  #< 102 Üonner nne évacuation fenfible. Suivant le doclenr Wöodwaart, tout ce qu'on allégue ordinairement fur les changemens que ces remedes opérent dans les principes des maladies, eft purement chimérique; il prétend qu'il ne peut y avoir aucune révolution, aucun changement a Pa, vantage du corps humain, fans que 1'on ne chafle fucceffivement tout ce qui peut nuire k la cnnftitution, & que cette évacuation ne foit remplacée par des principes moins nuifibles. Ce Médecin donne conféquemment la préférence aux remedes évacuants, comme plus capables de déiivrer la machine de tout ce qui Fmcommode. D'autres non moins recommandables, attribuent les effets falutaires des évacuants k leur nature altérative: quaÜté qu'ils accordent au Mercure dans le traicement des maladies vénériennes. Entre les remedes allératifs, il y en a qui changent véricablement le local des fymptomes , & d'autres qui fuspendent pour quelque temps 1'acYion des principes morhifiques; mais ce dcrniers ne font en géneral  #< J03 néral que palliatifs, & peuvent être regardés comme dangereux, par la raifon qu'ils enchainent & fuspendent également 1'action des principes elfentiels a la vie. Le Docleur Fordycc dit page362: Quelque Préparation Mercurielle que Pon emploie, on devroit toujours la donner de maniere a produire un peu de plénitude, de dureté & de frcquence dans le poulx & une évacuation modérée mais fenüble; car le Mercure, ajoute-fil, guérit bien plus éfficacement & plus vïte, quand il eft un peu forcé, que lorsqu'il eft trop réduit. Mr. Pknk eft de 1'opinion que Ie Mercure mêlé avec Je Virus Vènèricn s'évacue plus facilement & plus heureufement par les fécrètions ordinaires, telles que les fueurs, les urines, les felles &c. Quant a moi je regarde comme beaucoup plus fur de procurer une evacuation graduelle du Mercure, [après qu'il a circulé quelque temps avec Ie Virus] par 1'une ou 1'autre des fecretions, que de le. G 4. iren-  renfermer dans le corps par des Opiats, ©u autres moyens, de maniere a produire plénitude, dureté & accélération dans le poulx. L'impregnation du Mercure <3ans tout k fyftême des humeurs, eft vraiment un procédé dangereux, óc qui fe termine quelquefois par une diarrhée funefte. II eft fans doute bien plus prudent de faciliter doucement fa fortie, en n'introduifant dans la circulation que ce que 1'on juge fuffifanc pour corf.'ner une aótivité modérée de ce remede dans la conftitution. Le Mercure & le Vin ont a peu prés les mêmes effets fur le corps humain. Après avoir bu une certaine quantité de vin, on éprouve ordinairement une dureté, une plénitude, «Sc une accélération dans le poulx, jusqu'a ce qu'on fait évacué; mais lorsque 1'évacuation n'a pas lieu, & que le Vin refte dans le corps [ainfi qu'il en eft du Mercure donné comme alüé-ratif] alors il excite «Sc donne des fieVres \ chaudes, des transports , «Sc faic enfin  los enfin beaucoup plus de mal que s'il avoit plfTé par quelqü'unes des fecrétions ordinaires. Selon le Docleur Fordycc, il n'eft jamais néceflaire d'exciter la falivation, a moins que le malade ne foit tellement fusceptible d'irritation,que la plus petite dofe de Mercure neluiaffecïeimmédiatement la bouche; ou a moins que la maladie ne faffe des progrès fi rapides qu'il foit dangereux d'attendre qu'ils s'arrêtent d'euxmêmes, par les effets du remede donné de maniere a éviter Ia falivation. „ La fa„ lmition,ajoute cc même Auteur, rend „ les effets du Mercureincertainsjfï, non„ obftant les précautions, la falivation fe „ manifeftoit, je ne connois aucun reme„ de qui put véritablement I'empêcher; a, quoique Ie baume de foufre, le camphre „ &iespurgatifsfoientrecommandés pour „ cela" &c. Foyez POuvrage du Dr. Fordyce, page 363, j'ai toujours trouvé que parmi les malades , ceux qui étoient Ie plus fusceptibles cfêtre irrités, ou exciiés par le Mercure, G S gué-  io6 ># cuériiToient Ie plus facilement. Suppofons que dans un traitement mercuriel la bouche & les gencives foient afe&ées: [parties qui, vü la petite irrkabilité de leur furface, font les plus capablesde fupporter la friclion. Obiervez encore que la diminution de la falivation, a toujours lieu neuf fois fur dix] le Mercure alors s'échappera en général trés-rapidementüTon c-lfe les friclions: circonftance contre laquelle il faut prendre quelques précatttions; l'attendrilfement de la bouche, [du moins a certain degré] devant toujours être confervé, par un ufage modéré du remede, même après la guérifon, pour prévénir les rechutes. Ctt ufage prolongé du remede, ne doit avoir lieu qu'en petites dofes; & en général c'eft moins la quantité de Mercure que la maniere de 1'employer qui, felon rnoi, produit de bons effets dans les maladies vénériennes. Je préférerois certainement courir le risque [s'il étoit poffible] dene pasguérirunmalade, que de 1'expofer au hazard d'accumuler dans fon corps une quantité trop con-  confidérahle de Mercure qui pouroit alors devenir fatale, ou du moins s'ecbaperd'elle-mêmedu corps, en irritant au dernier point les inteftins, & épuifant ainfi les fources de la vie. On peut regarder comme fort plaifan^ te, fans doute, la théorie du Mercurecirculant dans nos humeurs fuivant un êquïtihre parfait, & n'inclinant pas plus a une fècretion qu'a une autre. Mais il n'en eft pas moins certain que le Mercure elf un remede très-actif, & a femploi duquel il faut apporter la plus ferieule attention. Nous nepouvons lui dire: tu iras jusqucsllt, & non plus Mn. Le pilote Ie plus txpérimenté, s'il charge trop fon vailfeau de ce dangereux minéral, aura de la peme a le fauver & a le faire furgir au port. L'ingénieux Mr. Fknck, a qui le Public eft: redevable de grandes découvertes & d'expériences réitérées fur le Mercure, & le traitement des maladies vénériennes, prétend quela falivation eftune circonftance dangereufe; car le favant Mr. Jflruc, ditil, atTure qu'elle eft fréquemment fuivie[de tievres,  #< io8 ># fievres, de diarrbées, de diffenterie, d'immobiiité des machoires &c. & cela même lorsquelle a été le plus convenablement dirigée. Mr. Locker affirme la même chofe. 11 y a quelques années qu'un Médecin eut le malheur de perdre, presque dans le même temps, deux malades qui avoient des chancres, & pendant le traitement desquels il s'étoit élevé une forte falivation , excitée par les friclions d'onguent mercuriel. Au moment que la falivation commenQoit a ceffer, & que la guérifon paroilfoit prochaine, un de ces malades fut attaqué d'une dilfenterie, & expira en peu d'heures. Cet accident fut attribué a un morceau de beurre que fa garde avoit mis par inadvertence dans un potage. L'autre mourut aufii d'un flux de ventre, occafionné par une descente foudaine du Mercure qui s'étoit précipité avec impétuofité dans les inteftins du malade. Ce Médecin imprudent fut menacé par les parents d'un des morts, d'être pris a partie, & de fe voir accufer comme affas-  iop alfafïïn, paree qu'on favoit que Ie Chirur* gien, qui avoit éeé appellé dans la confultation, 1'avoit prévenu de ceffer les frictions, & qu'il les avoit toujours voulu continaer malgré eet avertiiTement. La mort de ces deux perfonnes arrivée dans le même temps, & au même Médecin, fit plus de bruit dans la ville que celle de vingt autres malades; & fera, fans doute, quelque impreffion fur 1'esprit des Lecteurs, furtout des gens de Part. Au lieu de l'ufage de 1'onguent, ou de celui des pillules [contre lesquelles je me fuis toujours élevé] je fais prendre un grain de Poudre Mercurielle, & quelquefois un mucilage compofé de mercure doux, de Ja confiftence du beurre, mais tellement ménagé que fix dofes n'excédent pas le volume ordinaire d'un pois. On 1'applique, une ou deux fois par jour, fuivant que Ie cas le requiere, fur la furface inférieure de la bouche ou des lévres; moyennant queJques précautions, il n'en paffe riendans l'eftomach, mais tout s'abforbe dans le fang, par les petits vailfeaux de  IÏO I'intérieur de la bouche. L'abforption eft encore facilitée par une friclion légere & momentanëé avec la langue ou les doigts, & le Mercure adminiftré felon cette méthode guérit trés promptement le mal le plus invétéré. (*) Le (* ) Puisque les méthodes fuivies jusques a préfent font de'f'agréables & même dégoutantes, pourquoin'adoptcroit-on pas celle-ci; & pourquoi feroit on d'ffisuité de dunner cette poudre. qui n'a aucun gout, dans de la gelée ordinaire, ,o\x de la marmelade ou autre conierve? C'eft 1'idéc de femede, & 1c dégout qVon a générsllemcntpour les Médecines, qui rendent les pilules & les Bolus diffidles, a avaler, & qui occafionnent des convuifions dans le gofier & quelquefoi iufques dans l'eftomach. Plufkurs perfonnes furmontent enfuite par 1'habitude la répugnance qu'dles avoient les premières tbs: mais ne feroit* il pas plus agréable pour les malades que 1'on abandonnat tout a fait les méthodes & les remedes dégoutans? Quel mal y auroit-il&cela? On dua peut être que les Apothicaires n'y trouveroient pas leur compte? Cet argument , lans doute, eft d'un grand poids , mais il faut efpèrer qu'il ne 1'emportera pas fur le bien public, comme celaarrive fi lóuvent. On pouroit encore préférer des Tablettes Mercurielles aux pilules, a ce que je crois; par cequ'elles peuvent fe diffoudre doucement dans la bouche  m in LeDocteur Huntcr dit,enparlant de ma Méthode , il n'y a pas de doute que Fabforption n'ait facilement lieu par les vaisfeaux de I'intérieur de la bouche, ceux. du prépuce, ou des levres. &c. Mr. Cruikshank remarque relativemant aux fri&ions d'onguent mercuriel, que quoique les furfaces abforbent, & que toute furface, par le moyen des friclions, puilfe être excitée a abforber plus qu'elle ne le feroit naturellement; cependant ces furfaces femblent enfin fe fatiguer, fi 1'on peut parler ainfi; femblables aux muscles qui & qu'il n'eft pas queftion de les avaler. Cet ufage auroic fans doute tout 1'effet qu'on demande des pilules, & même des avantages fur elies; car pendant le temps que les Tablettes fondroient dans la bouche, une partie du Mercure s'abforberoitpar les vaiffeaux intérieurs de cette partie , & ce qui pafferoit dans l'eftomach, y étant entrainé avec la falive, ne feroit pas capabie de caufer une grande irritation dans ee viscere. Ce procédé vaudroitinfioiment mieux que 1'ufage de i'Opium, dont on fe fert généralement pour adoucir 1'irritant du Mercure, & qui, comme je 1'ai deja remarqué ci dèvant, fait lui même beaucoup dc tort a la conftftution.  $< 112 giii après un certain degré de tenüon , fe refufent enfüite a toute aütre action prolongée. Notre Methode réunit encore des avantages particuliers,telvsque d'exciterun peu les abforbans eux mêmes, & d'aiTifter letir indolence naturelle. Le Médecin ci delfüs cité, dit encore dans un autre endroit: „Si trois grains de „ Calomel ont un effet égal fur le Virus ,, Vénêrien que quarante-cinq grains d'on> ,, guent mercuriel; comme cela effc dé„ montré. Si de plus, il faut une demi„ heure de forte friétion pour faire entrer „ ces quarante-cinq grains par les pores „ de la cuiffe, tandis que le même temps „ fuffit pour abforber les trois grains de „ Calomel par les vailfeaux abforbans de „ I'intérieur de la bouche ou des lévres; „ & fi enfin dans ce dernier procédé le „ malade n'épróuve aucune incommodité: „ Qui ne conviendra pas alors de 1'avan„ tage fingulier que le Calomel a fur 1'on„ guent mercuriel ? & qui poura héfiter de faire choix du premier, la friction düt  #< H3 ># düt-elle dtirer douze heures au lieu dW 3, ne demier " LesGbfërvarionsfuivantes qui ufontété faites par des Médecins de mes amis, & le récit de quelques cas particuliers qui mé font furvenus depuis dans la pratique, ajouteront encore un nouveau poids a la Méthode que j'offre au public, & que je prends a cceur d'établir. „ Je n'ai pas la moindre objcclion a „ faire contre vos principes en général, „ [ m'évrivoit une pcrjonne de Pari, très,, babüe, j «Sc je fuis convaincu que vous avez établi votre doclrine lur une bafê ,, folide; mais je doute fi des Praticiens „ inconfidérés ne pouroient pas quelque5, fois introduire dans le corps une trop „ grande quantité de Mercure ? Et „ fi la plus petite inattention dans ,3 le régime nc deviendroit pas funefte? Je ,3 trois avoir remarqué des cas oü des j, fymptomes facheux paroilfoientpouvoir ,, être attnbués plutöt au remede qifa la „ maladie. Ceci, au refle,n,efl pas peut* 5, être une objection réellc contre la MéH ,3 the de  114 j, thode elle même, mais contre la manie-. „ re de s'en fervir." Avec toute la déférenceque je dois a ce Médecin, je le prie d'examiner férieufement li une grande attention dans le régime eft fi néceflaire, [furtout relativement au froid, ou k 1'humidité], lorsque le Mercure ne doit point agir fur l'eftomach & que fes effets ne doivent point fe porter fur les premières voies ? Un de mes Malades, homme de mer, étant dans les remedes, fut expofé plufieurs fois a garder fur lui fes liabits mouillés, Sc n'éprouva jamais que cela lui fit le moindre tort. Tant cette ma* niere d'adminiftrer le Mercure eft favorable a la conftitution ? Deux autres Médecins ont également donné leur fentiment fur ma Méthode dans une lettre que j'ai rec,ue d'eux le 8 Juin 1780, oü ils difent, en s'adreflant a moi, ,, Nous espérons que vous pourfuivrez „ votre plan dont on peut préfager la plus „ grande utilité pour ie genre humain, & „ qui peut fauver fans doute bien des „ conftitutions, a qui les fricüons ordi- „ naires  naires de Mercure étoient pernicieu- » fes. " C^j fartkulkrs. Ier. je fus appellé par un habitant de cette ville [ Londres] pour voir fon domeftique agé d'environ trente ans, quife plaignoit depuis plufieurs moisdegrandea douleurs dans les tefticules. Je 1'examinai en préfence d'un Médecin qui regardoit le cas comme incurable. Outre une tumeur trés grolfe & fquireufe,il avoit un ülcered'un afpeétfort mauvais. On ne pouvoit affurer li cemal étoit occalionné par 1'acfion d'un Virus Vénérkn,onvzr quelque contufion ou enfin feulement par la mauvaife conftitutiort du fujet. II plut au Médecin d'ordonner 1'effai du Mercuré doux fublimé fix fois, en fricfion felon ma Méthode. L'Apotbicaire de la maifon étant préfent, je le priai de commencer a donner au malade troh? grains par jour pour frotter fur les lévres & dans I'intérieur de la bouche, & nous convimmes d'appliquer fur la partie afïïiH 2 gée  ®< 116 gée un cataplasme de mie de pain & de lait. Au bout de trois a quatre mois je vis ce domeftique complettement guéri. 11e. Environ un an après, une perionne qui fait fa rcfidence a la campagne, m'amena fon fils, agé de neuf a dix ans, qui avoit un ulcere a la gorge, & un enrouement continuel, ce qui lefaifoit parler du nez; il y avoit prés de deux ans qu'il étoit affligé de ce mal; on avoit mis tout en ufage depuis ce temps fans aucun fuccès, & cét enfant, qui avant fe portoit bien, périsiöit de jöur en jour. Scn pere après tant de vaines tentatives vouloit faire 1'eifai de ma Méthode: ce a quoi je confentis. Au bout de quinze jours, ilvint me dire que fon fils alloit beaucoup mieux. Je ne le revis plus que cinq femaines après; ilmedit qu'il ■venoit expres pour me témoignerfa reconnoiffance; qu'il avouoit que j'avois fauvé la vie a fon fils, & qu'il ne favoit comment me recompenfer; je lui repondis qu'il n'y avoit  &< ii7 avoit rien de fi facile, & que je n'exigeois de lui que la complaifance d'aller en perfonne chez le Docteur Hunter&c chez Mr. Cruikshank qu'il connoiffoit , leur faire part de toutes les circonftances de cette cure opérée par ma Méthode, au fuccès de laquelle ils s'intérelfoient tous deux. UK Quelque temps aprè9, un Médecin d'un de nos Hopitaux fut appellé pour voir un de mes malades qui avoit des pufhilcs vénériennes en apparence, & auquel j'avois ordonné des friclions de Mercure doux fur les lévres & la fuiface interne de la bouche. Ce Médecin, qui avoit refufé de rien décïder avant de m'avoir vu, fut d'avis de continuer monOrdonnance de trois grains par jour; il y ajouta feulement une ptifanne propre a purifier le fang & a accélérer la cure; le malade fut guéri parfaitement en trois ou quatre femaines. Le Médecin regardoit ces puflules comme autant fcorbutiques que vénériennes. H 3 Ces  n8 ># Ces différentescures font rapportées ïci, de maniere a ne pouvoir choquer, ni faire de la peine aux parties intéreifées, quoique je ne doute point que tous ceux dont il eft queftion ne fuffent prêts a rendre témoignage a la vérité, s'il étoit néceffaire. Mais on fait aiTez qiïe dans notre Profesfion, lorsqu'il s'agit de cas de cette nature, nous ne devons rien révéler qui pinïfe faire connoitre ceux dont on parle,du moins fans leur aveu. ^ D'après toutes les raifons que fai alkguées, & 1'expérience conftante qui les. appuie,je crois pouvoir dire que mon procédé eft te Méthode laplus jur e, la plus efficace, & laplus facile d'adminiftrer le Mercure; & peu fenfible aux farcasmes de la critique, ou aux affertions dogmatiques de qui que ce foit, il n'y auroit que des argumens fondés fur 1'évidence «Sc cspables de démontrer de la fauffetê dans les miens, qui pouroient dètruire uneopinion fondée lur autant de preuves. Oh-  Obfervations Jur Tujage £*? Vabus des Bougies. U N jeune homme affligé d'une diarrhée continuelle qui 1'avoit réduit au dernier état de 1'étifie, vint chez moi, par Je confeil même du Chirurgien k qui il s'étoit adrefle d'abord. II rendoit une fi petite quantité d'urine par les voies ordinaires, que nous foupc.onnames qu'il y avoit une communication chez lui entre 1'uretre & le retlum; fatisfaits fur cette particularité qui fe trouva vraie, nous lui introduifimes une fonde creufe flexible, d'argent [Catbeter~\ & nous obtimmes une quantité confidérable d'urine. Comme il étoit néceflaire que 1'inftrument reftat quelque temps dans le canal pour faire écouler tout le fluide qui s'y étoit ramalfé, nous lui fubftituames une Bougie, grailfée d'huile, comnie c'eft 1'ufage; ce qui n'occafionne H 4. qu'une  #< iao qu'une légere douleur, & ce qui procure quelque-fois la guérifon naturelle de la plaie, enemportant la caufe, c'eft a dire 1'irritation produite par les fels de 1'urine. Le jeune horame fut guéri dans 1'espace d'un mois, & recouvra bientöt fa vigueur. Les Bougies , en plufieurs circonftances, font véritablement trés utiles, mais leur introduction demande en général la main prudente d'un Chirurgien, paree qu'elle peut êtrefuivie de mauvaifes conféquences,furtout chez les gens agés. Deux cas finguliers de ce genre font venus a ma connoiffance. L'un efl celui d'un homme d'environ trente ans qui aulieu ds f? fervir d'une Bougie de Chirurgien, faifoit ufage d'une bougie ordinaire dont il étoit marchand, (fl) ce qui lui caufoit des douleurs |Ó Les anciens Chirurgiens employoient, dans Ces cas, une petite bougie ordinaire, mais ia cire fondant fouvent dans l'uretrc, ou la bougie même ■venant a catfer lorsqu'on la retiroit, «k le morceau reftant dans le canal, les accidens graves qui en étoient la fufw ont fait ceffer eet ufage. ön fait main-  leurs aigues «Sc des inüammations dans la partie. II ceffa heureufement cette ridicule pratique avant d'avoir trop aggravé fon mal. L'autre étoit d'un homme de foixante ans qui s'imagina Lle temeraire! ] d'introduire un inftrument tranchant pour extirper ce qui 1'empêchoit d'uriner, au lieu de fe fervir de la methode facile & raifonnable des Bougies. La gangrenne fe mit bientot dans le palfage urinaire, «Sc il mourut en peu de jours. On a beaucoup écrit & beaucoup parló fur ks propriétes fpécifiques des Bougies. Mr. Daran qui en a introduit principale-' ment fufage, mérite certainement la reconnoilfance du public, les Bougies foulageant effeclivement les maux de Puretre . vil Digreffion fur les remedes en ufage dans les maladies vénériennes , lorsqu'on commencaa les connoitreen Europe. xm Niuvslle Méthode de Guérir les Makdies Vénériennes. ..... Du Siége de Ia Maladie. ... i De 1'Ufage interne du Mercure. . . 5 De!a nouvelle maniere d'intrpduirele Mercure par les Orifices des VahTeaux abbans de I'intérieur de la Bouche. . 10 De la maniere dont s'opere 1'abforption, par Mr. Cruikshank. .... 20 Autres Obfervations de Mr. Cruikshank. . 26 Digreffion fur les orifices des abforbans m qy De  T A B L E De 1'ufage extérieur du Mercure fous la forme d'onguent 35 Remarques fur les Abforbans en géneral. . 42 Accidens Vénériens guéris par la nouvelle Méthode. . ... 47 Obfervation I. .... idem Obf. . . iï. I i . i 49 obf. . . ui. i . • 5° Obf. . . IV 52 Obf. . . V. . . . 53 Obf. . . VI 54 Sentiment du Doóleur Hunter fur cette nouvelle Méthode. .... 56 Réponfes a plufieurs Objeéïions. . . 58 Traité fur la Gonorrée. Préface. I . . ; : . 67 Traité fur la Gonorée, Symptomes de cette maladie 47 Recette du remede. . . . 90 & 92 Re,  T A B L Ë Recherche critique fur lei differentes méthodes d'adminiftrer le Mercure. . 101 Obfervation fur 1'ufage & 1'abus des Bougies. . . . I . . 119 FIN de la TABLE.