Bibliotheek Universiteit van A metarum» ui Ü749 6982  RECHERCHES S U R L E COMMERCE. Tome Premilr Premieke Partil-^-   RECHERCHES SUR L E COMMERCE. O U Idéés rêlatives mix intéréts des différent Peuples de VEurope. Daveniam Peccavimm , . Sed mijerere, pretor, fpeciofoque eripe damno. O vid. Metam. Lib. XI. T O M E PREMIER. PREMIÈRE P A R T I E. A AMSTERDAM Chez MARC-MICHEL RE Y, MD CCLXXV1IL   PR.ÉFACE. Jj E Commerce efl, depuis blen des fiecles, Voccupation dun grand nombre d'hommes. Tous les Smveraïns de /'Europe y Jont actuellcment int én ([és, Vim plus, l'autre mains, a raifon de ï emplacement de leurs Et at s fur cette partk du globe. Un grand nombre d'Auteurs, parmi les Nations réputées Commercantes, ont écrit fur cette matiere; presque tous saccordent a dire quil faut étendre le Commerce autant quil efl pojjible, 6? autant que fa nature le permet; prefque tous ont étabti leur fyfléme fur des principes * 3  vr P R É F A C E. qui tendent en fubjlance a embraffer touies les parties du Commerce. Uapres leurs idees, on diroit quil y a des Nations qui avec le tems doiyent devenir extrémement putjfantes, 6? d'autres entiérement pauyres. Selon eux , tout fe réduit a ce raifonnement: que lor & 1'argent font le réfukat dun Com* irieree avantageux. • Si ces deux mètaux forment , comme on ie pret end, la vraie richejfe d'une Nat ion, ne senfuit-il pas, que le Peuple qui pos'félcroit le plus de ces précieux métaux , feroic Ia Nation la plus heureufe & la plus puiffante'? Mals ce raifonnement efl -ii WH r'ép'èfn ? EJl-il même conforme a l'insiitntion des Sociéte's ? Et peut - on croire avec W/el que fondement que ce foit la la fin que s'efi 'fro^ofée la Providence, en permettant ïtta'blifment des Sociétés parmi les hommes?  P R É F A C E. vir frordre parfait que ïon voit regner part out dans fes Ouvrages ne porte - fil pas plutot è penfer, que cefl fe conformer a fes desems, que de procurer a toutes les Nations la jouisfance mutuelle des divers montages, que cha-cune de ces mem es Sociétés efl d même de procurer a chaque individu ? Ces confidérations, intéreffantes par ellesmêmes, & qui tiennait de fi pres au bonheur de Vhumanité, ayant fait depuis long-tems fobjet de mes réflexions, je me fuis fait im devoir de les communiquer au public, en lui expofant les idéés que ce fujet ma 'fait naitre. Les deux Parties qui ferment ce premier VilutM [ont diyifées en XIF Chapitres. On trouyera dans V IntrodnBion & dans le Chap'itre L quelques déf uitwas préliminair es, que fai cru nêcefaires pour ïintelligen e du refle. On ver ra dans le II, que Var gent efl la mefure des chofes , & ia bafe Jïtr laixuelle * <  m P R É F A C E. répofent les prix des Marchandifes, des Den* rees , de la Mam - d'ozuvre £?c. dans les diverfes Sociétés: on y parle auffi des Monnoies des Romains, êf des différentes variaPions que leurs efpeces ont êprouvées. Dans le Chapitre. III les fiiiyans,, jufquau IX. inclufivementon examine les révolutions que le Numéraire de ïargent a effuyé dans les quatre fiecles qui précédent celui oh nous viyons , comparées ayec celles qui ont eu lieu fur les prix des mêmes Marchandifes Sc pendant ces mêmes fiecles* Cette mattere étant néceffairement liée avcs les ivénemens hiforiques des diyers Pays dont il efl queftion, fai cru devoir rapporter les traits djiifloire qui fervent d éclaircifèment @u fujet que je traite, lequel étant fort fee par lui-meme, auroit pu rébuter le Lecteur, fi on eut négligé de lui procurer ce petit dé-, laffemmt*. Si le détail dans lequel je fuis  P R É F A C E. ix wtrê 11e peut etre regardé comme un ornement de mon Ouvrage, du moins efl - ü néceffaire pour ï intelligence de la matiere qui y efl traitée. Dans le cours de mes Recherches, loru que fen étois déja au Chapitre Vayanï par hazard trouvè les rapports quil y aycit ent re nos premières Mommies dor du XIV. fiecle , avec celles des Romains avec ks premières Mommies des Rots deFrance, de la première & feconde Race, [ai découvert en même -tems des traces de la valeur des efpeces contenues dans le Code des L oix des Frisons. On trouvera donc- cette pariie plus détaillêe dans le commencement du Chapitre VII. Le X. donne en gros une idéé de la quanütè d'or dargent qui nous efl yenue de VAmérique, depuis fa découyerte jufqu'a nos jours, *5  I PRÊFACE. Dans les trois Chapitres fuiyans je traite de la proportion quil y ayoit entre Tor & targent, dans le cours des fiecles pajfés, & de celle qui a lieu dans le ndtrê; bafe fur laquelle les yaleurs refpectiyes de Hos Monnoies font étabües, & qui s"y trouyent ex* pofées dans un détail afez éteudu. lx XIV. renferme la conchrlon générale de ce qui efl contenu dans les deux Parties du premier Volume, £f fait voir combien il importe d'établir une proportion jhfle entre le figm des Rickefts , £? . les chofes que ce figne repréfente. Je dois encore ayertir, que je nai faa ni Chapitre ra Article féparé concernant le prix des Denrées, de la Main - dceuyre £?c. chez les Anglois. Si fayois feu leur langue, 'faurois étë a même de parcourir leurs anciens Eer lts , leurs Loix Ordonnances,  P R É F A C E. xi ou yraifemblabkment on doit trouyer , ou ces mêmes prix indiqués , ou les raifons de leur variation dans leur Ijle, ce qui niauroit mis a portee d'êtablir mes calculs fur ce qui s'eft pajfê rélatiye'ment d eet objet chez" les trois Nations qui font aujourd'hiii les plus intèreffèes dans le Commerce gènéral de /'Europe. Si le Public recoit ayec indulgence ce fruit de mes Recherches , je les continuerai avec encore plus d"'ardeur: mats ft lont rome que je me fuis trompé, £f que j'aie donné clans Verrem, je préviens que je Vai du moins fait de bonne foi. Mon unique hut a été de tacher d'être utile aux hommes, autant qu il efl en mon pouyoir, & que leur nature le comporte. Je ne raattends pas que eet Ouvrage foit gouté univerfellemcnt , eer , je l avoue, le Jyflême que fy établis dij/ére de beaucoup des  gti P R É F A C E. idéés recnes, 6S qui font aujourd'hui en yogue. Les verlies qui mont frappé, que fofe meitre au jour, peuyent être queU quefois oppofêes a 1'mHrfo particulier; maïs 'f.aurai atteint mon hut, fi fai le bonheur de mériter le fufirage des vrais Amis de Vkumanité. Au refie, fayoue ingénuement que fans rAuteur du Livre intitulé: Effai fur les Monnoies , ou Réflexions fur le rapport entre fargent & les Denrées par M. du Pré pe St. Maür, ü efl yraifemblable que Tidée de faire de pareilles Recherches, firtout dans le goüt que je les communiqué; ne me feroit pas venue a Tefprit. J'ai lu avec plaifir les Ecrits des divers Auteurs qui ont traité du Commerce 6? des Monnoies; fai admiré ent-fautres ce que le célébve Montesquieu a écrit fi fuccinclemenp  P R É F A C E. xin fur cette portie. On remarquera affez que fai fait ufage de plufieurs Remarques dz ces Ecriyains; auffi ne me défendrai-je point de les ayoir mis d contribution. Enfin i on remarquera que je ne fuis pas fort partifan du fyjlême de ceux qui vou~ droient qu'on multipliat les fignes des Richeffes (*) , ê? que je n'exhorte pas les Nations a ètendre le Commerce, autant qiion la fait depuis deux a trois fiecles. Combien d'horreurs n'a-fon pas exerce'es pour ces morceaux d'or 6? dargent! combien na-fon pas abufé de cette abondance , qui depuis deux cents quatre - vingts ans a caufé chez nous tant des re'yolutions! Si cette quairieme partie de la Terre, dont ïexiflence a ètè fi long - tems ignorée, devoit  xiv P R E F A C E. rendre les autres plus malheureufes, pourquoi ne mus efl - elle pas toujours reflée inconnue ? Cct Or, dèterrê de fe< Jombres abymes, En fans de mes forfaits, qüs produit il ? des Crimes. Durand. Chanc. VI. La marqué (H) qu'on trouve fouvent parmi les Notes dans eet Ouvrage, déflgne que ce font des livres écrits en Hollandois. jdchevé d'lmprimer ie it 'janvier i^jS.  T A B L E DES CHAPITRES DU TOME PREMIER PREMIÈRE PART IE. INTRODUCTION. Idéé générale de eet Ouvrage . . . Pag. i CHAPITRE I. Idéé générale du Commerce &? des effets qu'il a produits g CHAPITRE II. Que Urgent cfi la me/ure dss cïi.fes ; des Monnoies chez les Romaiqs ... .51 CHAPITRE III. De laprogrejfion quil y a eü fur le Numéraire chez les Franpois, tam fur le Mare d'ot £f ö''argent, que fur te prjx des Denrêes, de la Main-ééceuvre &c. 42  xvi TABLEDESCHAPITRES CHAPITRE IV. Origine de la Monnoie chez les Batave s, & de Jon étabiijfement Jous les regnes des Rois Francs des Comtes de Hollande . . 68 CHAPITRE V. Réflexiens fur Iêvaluation du Solidtjs dont il efi fait mention dans les Loix des Frifons, fur F êvaluation du Mare d'or ö* a" ar gent dans les XIV & XV feeks en Hollande 94 CHAPITRE VI. Continuation du même fujet. Êvaluation du Mare d'or £? d''argent en Hollande, depuis 14S9 juf qua nos jours 121 CHAPITRE VII. Confidèratiohs Jur Vêvaluation de quelques Amendes contenues dans le Code des Loix des Frifons. Prix des Denrées, Main d'ceuvre fié dans les XII, XlII, XIV, & XV fiedes, ceji • a - dife .jufques vers l'époque de la découveite de FAmérique .... 144 Fin de la Table du Tome Premier Première Partie. RECHERCHES  INTRODUCTION, ldée générale de eet Owrage. X> o r s q u e la Société Hollandoife des Scien» ces, établie a Haarlem, propofa cette Ques» tion: Quel efl le principe ou le fondement du Commerce de la Hollande, aufji bienque de fon accröisfement? Quelles font les caufes & les accidens qui ont produit fes viciffitudes, £p fa décadence ? Ouels font les moyens les plus propreê £f les plus facilcs, pour le conferver dans fon état prèfentt Vamèl'wrer £f le porter h fon plus haut polnt de perfeftion1? je me propofois d'écrire fur cette matiere ; mais lorfque je voulus rriettre la main a 1'oeuvre, je me fentis.d'abord arrêté par un obftacle. En réfiéchiifant fur cette D^mande, il me parut que MM. les Membres de la Société étoient d'opinion que le Commerce de la Hollande avoit déja décliné; eet objet devoit par cónféquent être confidérë comme le point fur, lequel on devoit s'arrêter principr.lement. Mais comme, du moins felon mon idee, cette alfertion me paroït fujette a des contestations, & qu'ainfi cette matiere exigeoit, au |>réalable, de ma part, un examen & des recherches propres a m'éclairer la - deifus 3 fai A  2 INTRODUCTJON. fait tous mes efforts pour me procurer de p!us amp'es connoiffanc-s. J'ai cru qu'une lifte exafte des Vaiireaux, qui depuis plufieurs années font entres fuccefïivement dans un des principaux ports de la Hollande, & qu'un tarif exacl: des droits d'entfée & de fortie d'une des principales Amirautés du 1'nys , pourroient beaueoup fervir a 1'éclairciifment de la Question. Mais ma'gré les peines que je me fuis données, je n'ai pu réufTir entiértment, & autant que je 1'aurois fouhairé, fur le premier objet: objet cependant effende] pour moi, puisque me trouvant dans le doute a eet égard, il étoit néceilaire d'éxaminer fi !e cas pofé fe trouvoit fonLie fur des preuves réelles & incontestables (i), Cl) Pour travaüler fur des principes folides, il faudroit diViler le tems qu'on prend pöur baze en plufieurs périodes; J>ar exemple; prcn«:u le temi depuis Pannéc 1576 jufqu'en '775 > cc 'unr 100 années que l'on pounoir réduire en t! periodes. La dtrnieie romprendroir. depuis 1751. jufqu'^ l'année 1775. inclufivemenr. tn rffl 'chil/anr lur ce qui s'efl: paflé danS ces différente* époques, il lcra faale d'oblerv«r que, pendant Ie cours de la demiere, la Hollande 1 joui de rous les avantages que le Commerce peut piocurer , fbrtout depuis 1755 ju;qu'en 1763, Ion de U guerre enrre \'AngUterrc & la Francs, & enfuire avec \'Efpagnt, La République des Provinces - Unie», tranquille alors au milieu de la difcorde, a lil profiter de ces momens pour auyroc-nter & ériblir de plus en plus Ion Commerce, & a di.ni iué fe dette naiionale, au lu u de I'accumUler, comiue.il eft arrivé cliez les I'uilTanses voifines. II clï vrai  INTRODUCTION. 3 J'ai donc préféré d'attendre d'autres circonstances, parca qu'il me falloic des preuvcs pour être fecondé, & pour établir une bafe folide fur laquelle mes idees puifent être appuyées. que les avantages du Commerce auroient pu être encore plus confidérables, fi les Anglois n'avotent pas jnquiété & troublé notre Navigation. J'ai connoifiance des Rdtnontrances que plufieurs Négotians firent a fon Alteffe Séréniiliroe, Mgr. ie Prince ri'Oiange de glorieufe mémoirc, peu de tems ap;ès ion dlcÉtion au Stadhouderat, fur le rétablifletneti; du Commerce, 6^ ue la pietcction donc ce Prince lei honora. En 1751. le 27 Aoüt, ce Prince fit des propofitions fur eet objet dans 1'afieinblce de Li.urs tfautes puiifances. Mon intention n'eft point dc critiquer ai de blamtr cette louablt démarche, qui mérite la reconnoitiance de tout bon compatr:o:e......... Cependant les perlonnes qui fembient Scie perfu2dées du dé. clin du Commerce, devroient confidércr que ces Rén.onuances furent faites au förrïr d'une guerre qui avoit é;é ruintule pouc la Nation. L'homme fe plaint ordinairement avec plus d'éni rgia des malheurs dont il efl; actueilement affeélé, fans examiner d'oCt dériveut les löurces de fes plaintes. Je n'entrerai point iei dans un plus grand détail; je le réferve a mes Lcéïuurs pour un au» tre tems; cependant afin dc donnet un point d'appui a ces iddts, que 1'on pourroit peut-étre taxer de régéroté, je crois devoic placer ici une lifte des Vaiffeaux entrds dans le Por: du Tejtel depuis environ 40 ans. 1739 1646. Vaiffeaus; 174" 1643» «74» 1813. 1742 J591. ?743 1710. r 13 cJe Curacao. Ï758 15ÏÖ. Parmi Iefquels / 49 de St. Euflache^ £ jo de Surinam. A 2  4 2NTR0DUCTI0N- CeperHant comme le Commerce fait la principale (ource de la fuDfiflance des habitans da Pays oti j'ai eu le bonheur de naicre, je n'ai jamais pcrdu de vue ce grand Objet. r 45 de Curacao. Ï759- • • • • I5I4« Parmi lefquels / 59 de St. Euftache. C 44 de Surinam. C ?,3 de Curacao. !76o. . . o . 1412. 52 de Sr, Euftache. t_ 44 de Surinam. r 57 de Ctiragao. 1761. .... IS08 1 5ï de St. Euftache., f_ 48 de Surinam. C 36 de Curacao. J762. .... 1474. ...... \ 39 de St. Euftaclie, C 40 de Surinam. \77* i"94» -<*• S773 l'öSf.' «774 '837- J775 iö3g. I77<5 lö is- Si 1'o.n commre les sinq premières années 1739— 174J9 donntntj en total 8403 Vaiffeaux entrés au Texel, avue lts ci> q dernieres 1772 —177(1. qui en offrent 8592, on voit que lil f^avigation , branche eflentielle de notre Commerce, n'a pas diminué, du moins par le Port du Texel. VailTsaui employés au Cointaerce de 1'Amérique, entrés dans Je Puit du Texel. en 1740= en 1774. Des Berbices . 3 • ° 2 1 St Euftache 9 20 Curacao .......10.. it Sunnirn ....... 5% ....... .41 Pcniétari . ' , o «  INTR0DU-CT10N. s Élevé dans Ie Commerce, & ayant pafle pla. fieurs années dans eet état, je me fuis faic un devoir de m'y appliquer d'une maniere par* ticuliere. Car fi chaque individu, en quelque circonftance qu'il fe trquve, doic rapporter toutes fes aétions au bien-être de faPatrie, il doitaufli travailler, non feuiement pour 1'avaa- « 1741. en 1775. Des Herbices . . , . ..3...... . ^ St. Euftache 5 ,9 Curacao . • .... n ....... IO Surinam 44 ....... 63 Dêmérari ...... o p Ï4* 192 Par ce tableau des Vaiffeaux employés au Commerce de l'Ainérique, on voit que le nombre n'en a pai non plus diminué, «Juoiqu'il foit moindre qu'en 175!!, 59, 60, 61 & £2. Mais cette augmentation pendant ces cinq dernieres années étoit un effet de la guerre dont j'ai parié ci • deffus. J'omets les Vaifleaux qui font entrés ou fortis par Ie Vlie. En Goeré & par 1'embouchme de Is Meufe. il en-re anruelle. ment a-pen-prés un pareil nombre de Vaiïïejux. En voici la lifte pendant Ie cours de e nq années. • Entré. Sorti. 1772 1456. 1297. 1773- .... 15-5. 1597. «774 1573' M"'7' 1775 1514. 1509. Ï77Ö 15'5. 1480. Dans ce nombre ne fe trouvent pas cotnpris les Vaifll-auj: deftinés a la pêche tfljlande, les Buyzen, l'ervant è la pêche des Harengs, ni nombre de Vaiffeaux deftmés pour la Zeelan. is &C.  i ÏNTRODUCTIOU. Eage de fes concitoyens, maïs en même-tems pour celui de tous les hommes, furtout lorsqu'il ne nuit pas par la au bonheur réel de fes compatriotes. J'ai lu, dans le tems, avec emprelTement, les Réponfes qui ont été envoyées a la Société de Haarlem; j'ai obfervé, par la lecture des Srois Mémoires qui ont été agréés, q'i'aucun n'avoit embralTé 1'état de la Queftion dans le point de vue dont j'ai fait mentionj chacun ayarit fuivi exaclement la route de la Propofition qui avoit été faite, fans qu'aucun des Auteurs ait examiné fi réellement les chofes Sjfexiftoient pas autrement. Ce fut dans ce tems, a peu-près, que le Septieme Volume de YHiftoire Philofuphique 6" Pulitique des EtabliJJemens & du Commeree dis Européens dans les, deux Indes fut rendu public : je m'étois flatté que eet Ouvrage auroit contenu un détail circonftancié, relatif au Commerce del'Europe; que du moins 1'Auteur suroit donné une efquhTe de ce qui en fait actuellement 1'objet parmi les différentes Nations: yn tel Ouvrage, dans un fiecle comme le nöïre, eut été très-utile. Au refte, mon intention n'étant pas de don» ~er un traité de Commerce complet, je par-  XNTRODUCTION. ? lerai fculement de 1'origine du Commerce ea général, & de celui de ia Hollande en particulier; en me bornant uniquemenc a ce qui fera néceflaire pour entrer en matiere, & pour ap» puyer les idéés que j'cxpoferai. Mon but efl d'examiner fi la trop grande quantité d'or & dargent en Europe n'a pas été nuifible, attendu que cette abondance n'a fervi qu'a exciter en nous une paiT;on défordonnée pour les richelTes: paflion qui par fa nature n'eft jamais fatisfaite. Ces deux métaux, devenus précieux par la valeur que les hommes leur ont donnée, font trés - propres a étendre le Commerce; auiTi leur abondance, depuis trois ou quatrc liecles, at-elle été regardée par les Puilfances Commereantes comme le nerf des Empires; mais comme toutes les chofes ont leurs bornes, ne fe pourroit-il pas que le Commerce lui même fik aujourd'hui trop étendu, & par la contraire aux vrais intéréts des hommes? Cette idéé fera regardée par la majeure pjrtie des Lefteurs comme un Paradoxe : heureux encore que nous vivions dans un fi rcle oü nous avons le bonheur de polféder quelques vrais Sages, qui, occupés continuellement a obferver ce qui efl; utile, feront micux en écat de décider A 4  S l N T R O D U C T l O N, fj mes raifons & mes conjedlures font fondées.' Je leur dois beaucoup, puifque c'eft par leurs Ecrits que je me fuis éclairé, & canfirmé dans mes principes: je leur devrai encore davantage, s'ils veulent corriger ou feconder mes idéés, afin qu'elles fervent a rendre 1 etat de 1'homme aufTi heureux que fa nature & celui de chique Société le peuyent permettre.  RECHERCHES SOS LE GOMMERCE. LIVRE PREMIER. CHAPITRE t Idéé générale du Commerce 6? des effets qu il a produits, D è s que les hommes ont commencé a s'établir en Sociétés, ils ont pris différens états, par le moyen desquels ils pouvoient fe prêter les affiftances réciproques que leurs befoins exigeoient. A mefure donc que rhpmme établisfoit les différentes profelfioni, il étabüflbit ta« cieement les moyens des échanges, ou ce qu'ï xevient au même, le Commerce. Je ne m'arrêterai pas a détailier les progrès que le Commerce fit parmi les premiers hommes. On a beaucoup écrit fur ce fujet, ceux qui youA 5  IQ Chap. t IDÊES GÉNÉRALES drom en être éclaircis trouveront de quoi fe fatisfaire (i ). Je palTerai donc le plus rapidement que je pourrai de ces premiers tems a celui qui fait J'Epoque du Commerce de nos jours. Les Egyptiens (2) Ck les Alfyriens ("3), dans les premiers fiecles connus, les Phéniciens (4) & les Tyriens (5) enfuite, ont été reconnus pour les premiers peuples qui fe foient livrés au Commerce, & qui 1'aient étendu, au point que, de 1'état d'aifsnce, ils s'adonnerent bivntöt au luxe. On fait a quel point, plufieurs fiecles après, les Carthaginois, formés d'une Colonie de Tyriens, éleverent leur puüTance, par un Com- (1) Hifloire du Comm. B de la Navig. des anciens par M. Hu ET. Hifloire du Comm. c? dc la Navig. des Egyptiens fotis les regnes des Piolo.rJes. Eltmtns du Commerce. Tom. I. Chap. I. &c. O) Cenefe. Cbap. XL.I. v. 56 & 57. Grand Commerce en bleds. Les Chapitres prccéden» fonr auffi connotrre lts commu. Ilications qu'avoit \'Epypte avec les pay< circonvo'fins. Hifloire du Comme, ce £? de le Navig. des anciens par M, Hu et. Chap. V. Hifloire ancienne de M. Rollin. Tome X. p 482. (3) Le luxe des AlTyriens & 1'opulcnce de rtabylone font Ia preuve inconteflable d'un grand Commerce dans eet Empire Voyez VHijioirc anc. de M. R. Tome 11. Chap. 1. C4) Hifloire ane. dc M. R. Tome X. pag. 482 oc fuiv, ( 5 ) Md.  SUR LE COMMER CE. n itierce qui rendit long-tems leur Villelemule de Rome même, & a qui elle difputa pendqjat plus d'un fieele 1'Empire du monde. (6") Au commencement de la guerre qu'ils eurent contre les Romains, les Carthaginois étoient au nombre d'environ fept cent mille habitans, outre plufieurs Villes de leur dépendance, dans le feul continent de 1'Afrique (7). Par 1'étendue qu'ils avoient donne'e k leur navigation , ils établirent plufieurs Colonies s & leur Commerce les rendit maitres d'une partie de 1'Efpagne. Au commencement de 1'établiflement de Carthage, Marfeille fut fondée par une Colonie de Phocéens (8). La pêche occafionna fouvent des guerres entre ces deux peuples. Je ne parlerai pas de ce que les Grecs , les Romains , & enfuite les autres peuples, les Venitiens (9) & les Genois furtout, (6) Hifloire anc. de M. R. Tome I. Cliap. I. %. 4. pag. 213. (7) Voyez 1'Encyclop. d'Yverdum, au mot Carthage. (8) Les habitans de la Phocée, Colonie d'Athenes, chaffés de leur pays, fonderent Marfeille fur les cótes méridionales des Gaules. Voyez 1'Encyclop. de Paris au mot Phoc/e, & les EU' mens Au Commerce, Tome I. Chap, I. (9) Avant la conquête des Indes. Vcnife avoit prefque tout le Commerce de 1'Europe, par fa Navigation dans le Levant & en Egypte, d'eü elle tiroit les plus riches marchandifis de Syrië, de Ptrlè, tfArabie, & même de l'Indoftan: r'eft ce qui Ia rendit ü formïdable a la Chréiienté, qu'on fe ligua enfin pour la dé-  is Chap. I. IDÉÉS GÉNÉRALES (10) ont fait de grand & de remarquable k ee fujet: je me bornerai feulement h dire, que ces derniers ont profpéré par le Commerce de 1'Afie, lequel, par fa nature, a prefque toujouys été le plus riche & le plus lucratif* L'année 1181 on vit du fein de la vexation & du défefpoir naïtre 1'idée des Lettres de Change; c'efl: aux mauvais traitemens qu'on fit aioi's aux Juifs que nous en avorjs 1'obligation. Je fais mentïon de cette époque, paree que les Lettres de Change ont beaucoup cqntribu.é a 1'extenfion du Commerce. Ce fut enviro^ dans le meme-terns, ceft-a-dire dans les XII, & XIUeme fiecles, que la ligue des Villes Ai\féatiques fe forma, lorfque les Crcifades étoient en vigueur. L'une & 1'autre époque ont beaucoup répandu 1'efprit commercant dans les différens Etats de 1'Europe. truire, au commencement du XVI Siècle; & Ton en feroit veins «ffeétivement 1 bout, 11 la jaloufie du Pape contre les Princes «ju'il avoit animés contre elle, ne 1'eat bientót fauvée de leuri Siiins. Cependant fon Commerce & fes richeffes ont beaucoup diminué depuis, quoique la lageiTe de fon Gouvernement & fel manufaétures y niaintiennent encore l'aboddance. Voyez !'/ƒ«toirs naturelle de l'or c? de l'aigent par M. D u r a n &, jiag. i5l. (10 j Les Génois ont partagé long - tems avec les Vénitiens 1'Empire de la mer. Environ 1'an 1350 ces deux peuples furent en guerre au fujet du Commerce de la Mer noire. Voyez VHU' tojre dc Muit/te p« Cl. ds Vertot, in-12. Tome II. pag. 217,  SUR LE COMMERCi 15 La décöuverte de la Bouflble étendit confidérablement la Navigation, & par conféqueiïï Ie Commerce; auffi en 1487 Barth.Diaz, Capitaine Portugais, doub'a le Cap de bonne Espérance, & s'ouvrit la route des Indes Orientales. En 1492 Chrijïophe Colomb, Génoïs, décoüvrit 1'Amériqu- pour ia Reine de Caftille. Après cette époque vient celle des troubles de la Flaridre, qui donnerem naiflance a la République des fipt Provinees ■ Unies, qui 80 ans aprés fut reconnue pour Etat indépendant, a la paix dè Munfter, eh 1648. Ce fut ulors que Ia Nation fïollandoife acquit ce dégré de puilTance qui 1'a mife de pair avec les plus riches Etats de 1'Europe, & qui lui a mérité le nom de Commergante par excellence: mais nous nous étendrons davantage fur ce fujet imérelTant dans une autre occiflon. Pour fe fohncr mamtenant une idee préciie & jutte du moe Commerce, il faut bien laifir, que dans fon origine ü hetoit proprement qu'un Echange; que dans chaq'ue opëration, On n'y voit qne deux hommes, & deux valeurs, öu deux befoins. Deux hommes, dont le prémier eft vendeur, & 1'autre acheteur ou confommateur: Deux valeurs, dont 1'une efl; cédée par le vendeur pour arriver a ïacheteur, tandis  14 Chap. I. IDÉÉS GÉNÉRALES que'celui■ ci, en èchange de la première, céde a fon tour an équivalent (n) C'efl: proprement dans eet Echange que confifte le Commerce. Je le répete, il efl: eflentiel que cette idéé foit claire a 1'efprit, afin d'envifager toutes les opérations dans leurs vrais rappons: car fi eet Echange peut fe faire immédiatement & fans frais, c'eA a-dire fans intermédiaires, par lefquels j'entends principalement les différentes opérations qui doivent être faites avant que les marchandiks arrivent du vendeur h l'acheteur, il n'en fera que plus avantageux aux deux agens. Combien de ventes & d'achats ne doivent-ils pas fe faire, & ne fe font-ils pas réellement, avant que la marchandife foit chez celui qui en doit faire ufage ? Combien de fois, [& prefque toujours] 1'or & 1'argent ne doivent-ils pas venir a notre fecours, comme gage intermédiaire ou marchandife repréfentative, pour faciliter ces mêmes opérations? C'efl eet or & eet argent, en lingots ou monnoyés, qui étant devenus 1'ame du Commerce, devroient être la mefure jufte de nos opérations, & de toutes les affaires que nous (i O Voyez l'EncycIop. d'Yverdun , au mot Commerce 9 S>»ge 473.  SUR LE COMMERCE. 15 trairons. Mais comme les hommes n'operent plus fur leur première mtfure ou figne, je penfe que cette matiere mérite, p^r fon importance, d'êrre traité en dérai & djitmclernent* afin d'examiner fi les alterations qui ont eu hen fur les Monnofs, n'ont pas p'utoc été au préjudice qu'a 1'avantag- des Sociétés de 1'Europe. CHAPITRE II. Que ï Ar gent ejl la me fur e des eho/es; des Monnoies chez les Romains. ruis un tems immémorial, & vraifemblablemenc a mefure que les fociétés fe font mukipliees, & que les hommes ont étendu leurs befoins, ils ont j .gé a propos d'attacher, par une efpeee de convention (i ), a une certaine chofe, un prix déterminé, par lequel on mefurat le prix propre & intriïifequë de toutes les autreSï & qui renfermat vinucllement la vakur de ciiacune: enforte qu'a Ja faveur de cette chofe, que Ion appelle Argent ou Monnoie, on püc fe procurer teut ce qui feroit a vendre, ( i ) |c dis une erpece de convention , car je penfe que c'tft par 1'ul'age que la Monnöie s'elt etablie. Vcyrz la Note pro rulere d;i §, ii. du. Ch|p. I. Liv. V. de i' vb t e nd ur f. Drcit de la Nature.- & des Gens.  Ï6 Chap. Ü. MONNOIES & faire cómmodement toute forte de Commer« ce & de Contrats. Aristote dit avec raifon 'queYJrgent elt le moyen propre a mefurer juftemeht les chofes qui fonc Fobjet du Commerce (2), Les Jurifconfultes s'accordent auffi Ia - deflus l & témoignent que la Monnoie a été inventée pour fervir de valeur pubilque & continuelle, afin de prévenir toutes difficultés dans les échan- ges (3)- . • . Püffendorf a encore approfondi cette matiere dans le Tome II, Chapitre I du Livrei V, oü il traite du prix des denrées &c. II eft eflentiel dans les échanges, ou Commerce que noüs faifons aujourd'hui, que nous ayons en vue deux chofes, fcavoir: i°. Le plus ou moins d'Or, d'Argent, od de Cuivre que nous donnons. 20. La quantité des chofes ou le travail, 1'induflrie &c. en tant que tout cela fait partie du Commerce, & fë paye avec ces métaux. De tout tems 1'Or a été eflimé davantage que 1'Argent, & 1'Argent plus que le Cuivre, (O Eft medium quoddam per quod nos omnia metimur qua in commercium cadunt, Q 3 ) Jnventa efl pecunia cuivis publica & perpctua ajtimatw j ^ua -diflicullatibus permutalionum [ubyeniret.  DES ROMAINS. i7 vre. Ces trois métaux auront été donnés au commencement en difFérens morceaux ou en pieces brutes, qui auront eu entr'elles une valeur proportionnée. II y a toute apparence qa*a leur première infhitution, on les a comptés par pieces & pefés a la balance, afin de prévenir tóute forte 'de fraudes; qu'ils ont été, chacun dans foa efpece, d'un poids plus ou moins péfant, k proportion de la valeur que 1'on aflignoit ait mé tal, & de 1'ufage que 1'on en faifoit. II eft probable encore, par exemple, que pour Ie poids de 1'Or, on a pris dés Ie commencement des grains de bied: chez les Hébreux on troüve établi le grain d'orge & les ficles, chez les Grecs les talens & la drachme, & chez les Romains le denier & les as. Bornons ■ nous aux derniers; il paroit qua XAs ou la livre, & enfuite le denier d'argent, qui étoit compofé au commencement de 10 as9 & le fefterce ou le quart du denier, ont été le numéraire ou la Monnoie courante chez les Romains (4). Numa, fecond Roi de Rome, fit tailler grosfiérement des morceaux de cuivre, du poids d'une livre de douze onces, fans aucune mar- CO Voyez Encyclcp< tl* Paris au mot Monnoie p. 6515  i8 Chap. II. MONNOIES que; on les nommoit As Rude (5). Ils fe]>, voient de Monnoie , qui , toute groflliere qu'elle étoit, eut cours pendant 137 ans: car la plus grande richefle confiftoit alors en beftiaux. L'an de Rome 176 Servius Tuiljus fixieme Rü! , chang-.a !a forme groffiere qu'avoit alors la. Monnoie; il fut le.premier qui fic fabriquer des pieces rondes de mérne poids & de même valeur, fur lefquelles étoit repréfentée la figure d'un boeuf: les unes furent appellées As Lihralis. & Liberia ( 6) de ce qu'elles pefoient une livre; on ajoüta aux autres des lettres pour marquer leur poids & leur valeur, car ces deux chofes étoient toujours en proportion; il y en avcit de dix as, ce qui les fit nommer Deniers. La . marqué des premières Monnoies de cuivre, rondes, étoit d'un cöté la tête doublé de J.anus, & de 1'autre une proue ou bec de navire; mais fur le Quadrain, qui ne valoit que le quart d'un as, & fur les Triens, qui ne vaCs) Traité des Monnoies en forme de DiBionnaire par M. Abot de Iïazinghem Tome II. page 6r. (6) Pline Liv. XXXIII. C III. Hifloire mtureüe de Vor & de Vargent par M. Du rand page 25. Les figures de ces premières Mofinb és fe frouvent dans f Amiquiti extliquêe par Montfaucon Tome lll.Partie I. P. i55 ef fih. & dans le Traité de G. van Loon intiïulé Hedendaagfche Penningkunde, r; Ouvrage HoUandois qui n'a pas encore été traduit) page 15 & fuiy.  DES ROMAINS. ïoïent que le tiers, outre le Janus d'un cöré, on voyoit de 1'autre un petit navire ou une galere;a quoi il faut ajouter,qu'a 1'égard du Quadrain , on le nommoit auparavant Teruncius , paree qu'il n'étoit effectivement que de trois onces, le quart de Yas primitif (7). On ne commenca a frabriquer des Monnoies dargent que 1'an de Rome 485. fous le Confulat de Q. Ogulnius & de C. Fabius, 5 ans avant la première guerre punique (8). A la 3ooen,e année de Rome, on envoya en Grece Sp. Poftumius, S. Sulpicius & A. Manlius, qui a leur retour, 1'an 302, ralTemblerent plufieurs loix, coutumes & ufages des Grecs: après cela, on élut les Décemvirs pour travailler a la compofition des loix (9). N'eft-il pas vraifemblable que les Romains ayant pris des peuples de la Grece ce qui leur convenoit pour radminiitration de leur Gouver- (7) Voyez Montfaucon & vam Loon; ce dernier page 14. expliqoe la doublé tête de Janus, en difant que 1'une Tepréfemoit la tête de Satutne, 1'autre celle du Roi Janus, \ qui le premier, lorlqu'il fut obligé de quitter Crete & de venir par mer en Italië , apprit non feulement 1'agriculture, mais encore la navigation & 1'ufage des Monnoies. Voyez OviiD. FafK lib. I. (8) PliNE Liv. XXXIII. Chap. III. t$) 'Btfifr* Rom' Par Rollin Tome II. page 64 §5 de ïargent pag« 195.9 1- d'autres 4 1'an 583. lorrque i'as d'une once fut réduir a la moitié. Enfin la VI[|. celle , U je me fuis bnrné. eft de i'année de Rome 629 fous Livius Drufus, dont nous avons parlé plus haut, & qui eft le même dont Plinb dit qu'il mêla un huitieme dé cuivre aex deniers d'argent (26; Traité des Monnoies de M. A. de Iï a z. Tome II. page 73 & ruiv- Ejj-ai pur Ut MmmkSt ou ^aeaions fur le "pport entre 1'argent & les denrées, imprimé a Paris en 1746. Diétionnaire de Commerce de S a v ari , Encyclop. dc Paris & d'Yveidun au mot Monnoie. Dans nos Kcoles Lattnes on enfeigne que le denier Romaia d argent valloit 6> fols. Cette êvaluation me paruft conforme ik mes calculs. Par exemple, une livre Romaine contenoit 1'an 485. 96 deniers, & pa,mee 629, 84. Mais alors on y avoit ajouté un huitieme d'alliage. Le denier des S4 rcdla donc égal, en argent, au denier des 95; ce qui ne coniredit en hen Pline L.v. XXXIII. Chap. III , & Chap. IX. & Liv. XXI Chap XXXIV. v' Une livre Romaine de 12 onces, ou de 6912 grains, efl égale en poids a 6,44 grain, de France, ou a 10 onces 5 gros 1 denier. Voyez Traité des Mennoies de M. A. Dg Baz. i l'article po.ds. 1 giain Romain fan donc huit.neuvieme d'un eraia de France: ör44 grams de France font égaux il 6789J as, poids de Troyes öc d'/lmjterdam. Pour ine convaincre de ce fsit, j'ai  32 Chap. II. MONNOIES que leurs diverfes explications h'ont fervi qu"a embrouiller davantage une matiere auffi obfcure. Peu de perfonnes font a même de s'en former des idéés précifes; il vaut donc mieux s'attacher a 1'appréciation des proportions; car dès qu'un poids eft une fois connu, il eft facile de le comparer a un autre poids. II n'en eft pas ainfi de la livre & du fol de France, ou de notre livre florin & gros; ceux-ci ont fubi tant de changenaens, qua peine les peut-on reconnoïtre, ainfi que j'aurai occafion de le remarquer par' la fuite. Je fouhaiterois feulement pouvoir expofer le prix des denrées &c. ainfi qu'elles ont été évaluées fucceffivement fous différentes périodes chez les Romains; cela nous mettroit a même de favoirfile figne rcpréfentatif, dans le vérifié le poids avec lequel on pefe 1'or & 1'argent a Paris, & je 1'ai confronté avec le notre. Un Mare de Paris, poids de Troyes, eft égal a 5002 ai, poids de Troyts en Urage dans noWe Ville ■ chaque denier des 96 pefe donc 7o| ets: notre Mare centiem 5120 as, & vaut ƒ 25: 10 fols le Mare d'argent fin, chaque denier du titre de 10 deniers 12 grains revient a Ö folsS * kluivers), il n'en eft pas ainfi de 1'évaluation réelle de Yas • qu'on eftime égal a 5 dutes, ou la dixieme partie du denier; car Yas, au commencement, étoit compofé de 12 onces effeétiveS de cuivre, enfuite de 2, 1 & enfin d'une demie - once: or \ once, quoiqu'en numéraire la diiieme partie du denier d'argent, eft uien au deffous du poids de 12 onces, & différe par co»; gquent confidérablement ea valeur réelle.  DES ROMAINS.- 33 Ie tems de ces variations, a répondu jaflemenc a 1'idée que 1'on s'en efl; formée. M. Mar crus étant Edile (dit Pline) 1'an de Rome 298, donna le bied au peupie Romain a raifon d'un as le boifleau. Lucius Miuucius Augtirimu (1'an 316 ) qui avoit découvert les mauvais defleins de S, Melius, fournit du froinent, pendant trois divers marchés, a un as le boifleau, dans le tems quil étoit le onzieme Tribun du peupie: c'eft pourqudi le peupie Romain lui ëleva une ftatue, hors de la porte TrigtmtMi a fes propres dépens (27). Trebius étant Edile (28) fit auffi donner le bied au peupie Romain a un as le boiil a , en reconnoiflance de quoi on lui éleva des ftatues fur le Capitole & fur le mont Palatin, & quand il fut mort le peupie porta fon corps fur le bucher. M. Rollin dans fon Hifloire Ro* maine Liv. II. Tome IV. page 134, fait mention du bas prix des vivres lors du triomphs de Metellus (1'an 502) qui termina la première guerre de Carthage, auquel tems on eut a Rome, pendant trois j jurs de marciié, un boisfeau de bied, un congé de vin* trente livres de figues feches s dix livres d'fiuile d'olive i f27) Pline Liv. XVIII. Chap. Ut. ( 2" ) Hem traduit en Francois , Edition de Paris I77J« Tome VI, page 275, Note 30. c  34 Chap. tt MONNOIES douze livres de viande, chacune de ces chofes pour un as, c'eft. - a dire alors la dixieme partie d'un denier d'argent. Dans le tems dont nous parions, continue M. Rol li n, les dépenfes extraordinaires, qu'il avoit fallu faire pour équi> per des flottes, avoient épuifé le tréfor public & rendu 1'argent trés-rare: c'eft ce qui avoit fait bailfer fi fort le prix des vivres. Pendant la première guerre punique la Monnoie de cuivre, ou Yas, avoit été affoiblie. On peut naturellement admettre , que le bied devoit valoir en cuivre au deffus du prix qu'il avoit valu avant cette époque. Auffi j'obferve, que 1'année de Rome 552, & ainfi après que Yas eut été porté a une once de cuivre, & le denier d'argent a 16 as, Scipion ayant fait palier d'Afrique une grande quanticé de froment, il fut vendu pour un Qiiaterni ou 4 as (29). Cependant d'après Gronnvhs, il faut que T. Live fe foit trompé , & on doit lire Vim mis ou deux as; ce qui eft encore confidérable, vu la grande quantité dont il eft fait mention ici. Polybe, Liv. ÏL Chap. III, dit que de fon tems il y eut en Italië une fi forte abondance de grains, qu'il vit vendre le boilfeau de (29) Voyez T. Liv. f.iv. XXXI. Chap. IV. & la Brochure d'HAMBERGER.1 donc j'ai déja parlé plus haut.  DES ROMAINS. Sj froment, mefure de Sicile, a quarre oboles, & 1'orge a deux oboles. Tite Live nous apprend auffi cue Ie froment, porté d'Afrique, avoic été diftribué pour deux as Je boifleau ou riiodius. Ciceron, en détaiüant les crimes de Verrès (30) Préteur de Sicile, met au nombre de fes accufations, 1'ordre qu'il avoit donnë qu'on lui pryat pour le bied douze fefierces \ lorfque Ie prix n'étoit que de deux fefierces. Tacite Liv. XV. Chap. XXXIX. rapporte que fous Neron, après 1'incendie (^31) de Rome, le prix du boifllau de bied Fut réduit a trois deniers. Pline dit (3a) que de fon tems, lorfque les vivres étoient a un prix moy n , la farine blanche valoit 40 as le boifleau, la fleur de froment blutée 8 as de plus, & celle de farine de Siligo §0 as. Avant le Siege de Veies, le foldat Romain n'avoit pas de paye journaliere de la part de l'État; ce ne fut que dans la fuite qu'il en rejut, & cette paye fut fucceffivement hauflee, a mefure de 1'enchérifle* ( 30 ) Les crimes de Vertil Tont rapportés par M. Roili N i 1'an de Rome 6H2. Voyez Tome 11 page 133 , & Cicecon fut aflafllné 1'an de Rome 711 , agé de 63 ans iV 11 mois. ( 31 ) L'incendie de Rome lous JSs'ron 1'an 1404, ou 64 de ftis - Chrift (32) PtitiE Liv. XVIII. Chap. X. e &  36 Chap. U. MONNOIES ment des vivres, enforte qu'elle étoit deja. plus que triplée du tems de Jules Cé/ar (33). (33J Voyez M. Rollin Tome II. psge 276 fk 297. l.'an de Rome 349 Jcs foldats, qui jufqu'jlors avnient fervi 1'Etat a leurs p:op;es fraix & dépens, eurent par décret du Senar une paye priie fur les deniers publics. L'an 352 la Cavalerie recut auül une certaine p4ye. T. Live Liv. V. Chap. Xlt. n'en marqué pas !e montant, mais aillcurs il dit qu'elle étoit triple de celle de, 1'lnfanterie. Selon 1'olybe Liv. VI. page 484, la paye des Fantaffins étoit de deux oboles 011 5 as, lin pcu plus de 3 fols touinois. Celle des Cavaliers de fix oboles, ce qui eft le triple; les vivres étoicn: pour lors a bon marché. Le bnifleau de froment ne valoit ordinaïrement en Italië, (Liv. II. page, 103) que quatre oboles, flx fols & deni, & le boifleau d'örge Ia moiiié. Un boifleau de froment fuffiToit a un foldat pour ?. jours. Ce fut a cette occafion , & pour la premicre fois , que les Cavaliers fe fournirent eux - mêmes de chevaux. Dans la fuite, cn 535 011 538 , la pcye du foldat refta fur le pied du denter d'argent de 10 es- ce qui faifoit aufli une auamentation de paye. Dans le tems de Jules Céjar Ia paye du foldat fut de 10 as. DomUicn y ajouta encore un quart ; elle fut donc de 12 \ as, fur quol 1'on déduifoit le Wed & autres befoins de néceffité , ce qui fe donnoit aux alliés pour rien (* ). (*) M. J>'% MON t e s q 01 E ti, dansles Confnlirations fur les centjes de la grandeur & de la décadeiice des Romains, dit au Chap. XVI. a la tiote m. Un foldat \_dans la piece de I'laute, intituUe Mojlellaria ] dit que la paye étoit de trois as lors de la première guerre punique, ce qui ne peut être entendu' que des as de dix onces. II parott qu'a la feconde guerre punique, lorfque le dmier d'argent fut porté a 16 onces , la r'!Y- du f°>dat fat i 5 otices de Cuivre. Suivant Suetone, Cefar auroi; doublé cette paye.  DES ROMAINS. 37 D'après ces exemples, on peut e'tablir avec eertitude que les anciens fe font trompés dans le but qu'ils fe propofoient dans ces différens changcmens, ainfi que fur 1'accroiflement des fignes repréfentatifs, comme nous, depuis 3 a 4 fiecles, mais dans un dégre encore plus fort. Si j'avois pu faire une colJeóïron d'exemples plus fuivis du prix des vivres &c. chez les Romains, j'aurois examiné fi ces variations ont été en raifon de 1'afFoibliüement fucceffif des Monnoies, ou bien dans une plus forte ou moindre proportion, Paffons maintenant a 1'évaluation du Mare d'argent fin. J'ai trouwé qu'on fuppofe que depuis Papirius jufques vers le fiecle de Saint Louis, il a valu 48 fols Parifis, ou 60.fols tournois (34). Le prix de L'Êtaui & du Plomb, fuivant Pline, (dit un Auteur) oomparé avec celui de 1'année 1202, fait voir que depuis fon tems, jufqu'a 1'an 1200, les Monnoies n'on: prefque pas changé de valeur. Pretium ejus (fianni) in libras 30 {fubauditur affes), albo per je fincera funt trJginta ajfés', nigrofexdecim (afjes). C'cfla-dire, que la livre d'Écain de douze onces val* f34) Voyez EJfai fur les Monnoies, imprimé a Paris en 1746, page 190 & 191. M. A. De Ba zing hen clans fon Traité des Monnoies. Ton,e II. page 103, die qu'avant 1'an 1138, le Mare d'argent valloit 53 Ibis 4 deniers lournois. C 3  3§ Chap. II. MONNOIES loit 30 as ou 3 deniers. Sur ce pied la livre de France de 16 onces auroit valu du tems de Pline 4 deniers. La livre de douze onces d.'Êtain noir, ou d'une efpece de Plomb fin va}ant 16 as, ou un denier & trois cinquiemes, celle de 16 onces devoit valloir 21 as & un tiers ou 2 der)iers & En 1202 la livre d'Étaïn valloit en France 6 deniers, & celle de Plomb 1 denier \\. la différence entre les deux prix n'elt pas bien grande (35)° II feroit donc bien eflentiel d'avoir des tables exacles du prix des différentes chofes, ainfi que de la valeur des efpeces, de leur titre & de leur poids j fans cela il n'eft pas poffible de dire avec eertitude que dans les différens tems ïe figne ait répondu a la chofe, ou Ia chofe au figne ; je veux dire , fi par 1'affoiblifiement de la Monnoie primitive des E.omains, ou de leur premier numéraire, les autres chofes ont éié éyaluées dans la jufte proportion; ce qui nous mettroit a même de connoitre la nature <$z le fuccès de toutes leurs opérations. Venons maintcnant a 1'idée que j'ai deffein d'expofer. je me repréfente donc que c'eft le befein des (3S) Efai fur les Monnoie, page 104- Pline, Liv. XXXIV.  DES ROMAINS. 39 échanges, & la difficulté de les faire fans une valeur repréfentative, qui a fait naitre 1'idée des Monnoies. Que les métaux pouvant fe divifer plus facilement que toute autre maiere, on a prcféré de s'en fervir. Au commencement les Romains ne connoiffant que de médiocres befoins, le cuivre leur fuffifoit; ayant eniuite connu 1'argent & puis 1'or, ils les adopterent fueceffivement pour leur fervir de Monnoie. En augmentant les conquëtes, le Commerce s'étendit, & on eut? comme je 1'ai déja dit, des Monnoies non feuiement de différens poids, mais auffi de différentes empreintes. Ces trois métaux , purs ou avec alliage, font donc les matieres ordinaires , & principalement aujourd'hui 1'or & 1'argent. Le titre öc le poids en font la bafe & le fondement. Ces métaux ayant la propriété de fe détériorer peu par 1'ufage, & craignant moins 1'empire du tems qu'aucune autre matiere, font auffi les plus propres a fervir de fignes ou de mefures dans les échanges pour les achats ou les paye* mens que nous faifons. Par conféquent lorfqu'on altere ou qu'on diminué ces fignes, on doic s'attendre que le prix des chofes qu'ils repréfentent varie en proportion. Dans le cas oü 1'on voudroit que les chofes C 4  4o Chip. It MONNOIES reftaflent fur un pied folide ou fhble dans les fociétés, la prpgreffion de la valeur de 1'un doit réponire précfément a la p'ogrefïion du prix de 1'autre. Or cela eft prefque impofïible s paree qu'une caufe ayant fait aitérer le figne, produit d'autres changemens dans les fociétés, qui tous ont leurs rapports avec le prix des chofes. Si les hommes en général avoient 1'efprit caiculateur, ils auroient facilement obfervé que ces fréquentes altérations des Monnoies font ruineufes pour les fociétés; du moins fe feroitón gardé de les répéter fi fouvent. ; II efl vrai qu'au commencement le prix des denrées &c. n'a éprouvé que des changemens très-lents & trés - médiocres j deforte que dans leur origine ils ont été prefque impereeptibles, <5c 'n'ont été retmrqués que par la fucceffion des tems. On s'imagina d'abord que la Société s'étoit procuré un ayantage reel par 1'augm ntation du numéraire des efpeces ; mais dans la fute la progreffion du prix des denrées &c. ayant de beaucoup furpaffé celui de 1'argent, il en efl réfülté un trés- grand mal, non ïeulement 'pour les 'particuliere., mais même pour la Société, comme le prouvera le fimple èxpofé de mes principes. Car dans le Commerce des fociétés, tout devant fe rapporter a une mefure commune, il  DES ROMAINS.' 4r en eft réfuké que dès qu'on a altéré le premier numéraire, ou le taux de 1'éyaluation originelle, on a fait un mal, & on en a fait de plus grands z mefure qu'on a mulciplié ces abus. On voit rarement les hommes revenir de leurs erreurs; accoutumés a fe conduire presque toujours par le même efpric, on voic pintor, parmi eux les erreurs fe multiplier, que la vé> rité s'établir. Les Romains ont, felon moi, fait en partie par une extreme néceifité, ce que, plufieurs fiecles après, d'autres ont fait par trop d'abondance (36). Les Monnoies ayant donc été réelles (37) dans leur inftitution, font infenfiblement devenues de plus en plus idéales: le numéraire d'aujourd'hui n'eft donc pas a beaucoup prés au fi proportionné que celui d'autrefois. J'en vais donner des exemples dans les Chapitres fuivans, qui contiendront principalement la valeur des Monnoies ou de 1'argent, & des diverfes chofes, avant & après la découverte du Nouveau Monde. Je me fuis borné pour cela a ce qui s'eft paffé en France & en Hollande. (36) L'cfprit des Loix Liv. XXII. Chap. II. (. S7 ) H'»* 'bid. Chap. III. Vjycz auffi les Chap, fuivani de' te preinjer Volume. C 5  4g Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX CHAPITRE III. De la progrefjion qu'il y a eu fur le Numéraire chez les Frangois, tant fur le Mare d'or £f d'argent , que fur le prix des denrées, de la main d'wuvre &c. I^es Francs quï pafïerent, au commencement du Ve. fiecle, de la bafle Germanie leur patrie, dans les Provinces fituées depuis le Rhin jusqu'a 1'embouchure de la Loire, avoient déja vraifemblablement, long-tems avant, leur propre poids, & peut-être 1'avoient - ils eu avant qu'ils euflent aucune communication avec les Romains; enfuite ayant envahi les Gaules, je fuppofe qu'ils adopterent le poids de ces Contrées, qui étoit égal a celui des Romains, pour la maniere de compter, enforte que les 6912 grains des Francs ou Gaulois n'ont pas été égaux en poids aux 6912 grains Romains 9 mais bien en chifres (1). (1) Voici ce que M. Abot de E azi nc hen dit i I'arricie Montioi* page 03. §■ 5. >, L'uniformité de poids que nous trouvons entre les Monnoies d'or de ce tems & celles des Eropereurs Rnmains qui ont regné fur Ie ddclin de 1'Empirc, „ nous fait juger que les Francois fe fervoient de Ia livre Ro„ mïine pour pcfer 1'or & 1'argect, & pour tailler leur Mon-  DES DENRÉES &c. en France. 43 M. Aeot deBazinghen, dans fon Traité des Monnoies, dit a 1'article Poids: „ Le poids Gaulois étoit différent de celui „ des Romains, car après la conqnête des Gau„ les par les Romains, le poids des Romains „ y fut auffi bien en ufage que le Gaulois, le „ peupie eut la liberté de fe fervir de Firn & 3, de 1'autre, mais il étoit tenu de déclarcr 3, duquel il entendoit fe fervir. De cette li. „ noie; il n'y a rien de fi fréquent dans les titres de ce rems, que les amendes a livres d'or & d'argent; il y a même une „ Ordonnance de Pépin qui juftifie qu'on fe fervoit alors de la „ livre pour pefer 1'or & 1'argent, & que 1'on s'en étoit fervi „ fous la Première Race." Que les Francois atent fait fabriquer chaque fol d'or du même poids que le fol d'or des Romains, cela parolt êire démontré, les efpeces même en font la preuve la plus convaincante: mais que la livre des Francois ait été au commencement plus pel'ante que la Romaine , efl une chofe également probable: ainfi je fuis trés-porté a croire , que le poids des Francois dans fon origine a été différent de celui des Romains (comme je l'ai obfervé}, de forte que fi chez les Romains 72 Pieces fe tailloicnt de la livre, les Francois en tailloient 81, ce qui fait auffi la proportion qu'ii y a du poids d'une livre Si 1'autre. Soit a préfent que le poids Francois ait été égal au poids Gaulois, foit qu'ils 1'aient adopté, ou qu'il en ai' été autrement, le grain Romain fait toujours P. dè celui des Francois, & 9 livres Romaines font 8 livres Francoifes. Les hommes font naturellement portés a ce qui leur parolt le plus avantageux; ainfi vraifemblablement on aura préféré, dans les premiers fiecles de la Monarchie, de lever les tribuis fur le pied de la livre Francoife, puifque pour huit livres oh en avoit neuf du poids des Rcraains.  44 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX: Js berté eft; venue la diverfité des coutumes, 3, poids & mefures qui font en divers lieux de „ la France, quoique fous la domination d'un, „ feul Roi. Depuis, les Gaulois s'étant dé„ livres de la fervitude des Romains par 1'aide „ des Francs, & ayant pris le nom de Francois, 3, ne changerent rien de leur ancienne coutu„ me, mais établirent Ie gouvernement mo. „ narchique, pour éviter les calamités dans les„ quelles 1'ambition & 1'avidité des Gouver3, neurs les avoit entrainés." Le Mare défignoit autrefois, chez les Allemands & les Anglo-Saxons, le poids d'une livre (2). Peu avant le douzieme fiecle oa quitta en France, & dans les pays voifins, 1'ufage de compter par livres le poids de 1'or & de 1'argent, & on commenca a le compter par Mare. Ufage qui s'eft confervé jufqu'a pré» fent (3). En France 1'ancienne Monnoie de compte étoit le Parifis, le Tournois (4) & 1 ecu d'or (2) On lit dans Ie Diclionnaire de Pa pi as: Marca dicitur póndus unius libra. Voyez Encyclop. d'Yverdun , au mot Mare. (3) Sous le regne de Philippe l, enviton 1'an 1080, on introduifit en France Ie poids de Mate. Voyez ce mot dans le Traité de M. A. de B a z. (4) L'origine du mot Parifis & Tournois vient de Paris Sr ie Tours.  DES DENRÉES &c. en France. 45< Jol, ou au folei!; mais depuis 1'Ordonnance de j6ó7, on n'y corapte plus qu'en Livres, Sols, & Deniers tournois (5; En remontant aü tems oü 1'on a commence en Frdnce a compter par livres, on trouve que ce ce Monnoie imaginaire doit fon origine a une chofe réelle (6). Sur la fin de Ja première race, on fe fervoit déja du Jol, qui ne valloit que douze deniers; La livre numéraire du tems de Charlemagne étoit donc réputée le poids d'une livre d'argent de douze onces, cette livre fe divifoit" numériquement, comme aujourd'hui, en 20 partics, mais il y avoit des fols d'argent femblables a nos Êcus, dont chacun pefoit la vingtieme ou vingt-deuxieme partie d'une livre de douze önces, & enfuite la douzieme partie d'ude livre. Ce Jol fe fous-divifoit comme le notre en douze deniers. Charlemagne ayant ordonné que le Jol d'argent fcroit précifément la vingtieme partie de douze cnces, c,n s'accoutuma a regarder dans les comptes nnméraires 20 Jols pour une livre. f5) D:a;otina!ro de Savari'. au mot livre. (6) I ei Monnoies /dV & d'argent ont été rulles en poids & cn valeut, 1! a été ,,„ fchu o» elles ont val,, une livre ou 20 fols. comme lts /•-,,„„ cl>0, ,,es ftüjj & ^ & les Francs d'argent a "'«i <«J» obfervé a la Nötè 26 du Chap. precedent, d'envirun un demi pour ceut plus ptlant.  48 Chap. UI DE L'ARGENT ET DU PRIX 11 feroit a fouhaiter que i'Or le plus pur fut employé partout pour la fabrique des Monnoies, afin d'avoir parcout la mefure la plus jufte poffible. On divife Tor en 24 parties, ou dégrés de valeurs, dont chacun efl nommé Kar at (10), qui donne a connoïcre le titre de 1'or. L'argent n'eft pas fi précieux que 1'or, & en conféquence on le divife en moins de parties • on n'en compte que douze, connues fous le n'om de Deniers. Le Denier efl fous-divifé en 24 Grains. Le dégré de finefle du cuivre n'efl pas nommé, paree qu'on fe fert ordinairement, pour 1'ufage des Monnoies, de cuivre rouge, qui efl réputé le pus pur. II faut qu'on faffe furtout attention h la proportion de la valeur de 1'or a l'argent. Elle a varié vraifembiablement chez tous les peuples, conformément a la nature & aux circonflances des chofes, & a la fituation des pays. L'an 1641 Louis XIII, Roi de France, fit confulter plufieurs perfonnes expertes fur les Monnoies, afin d'étabür une jufte proportion, convenaole aux valeurs d'alors entre 1'or & 1'argent. (io) Le Kam en Franct eft divifé cn 32 pirties; en IMaridf Je Kwat fe cliwfc en 12 Üraius.  DES DENRÉES &c. en Francs. 49 gent. Ce fut a cette occafion que par les épreuves qui furent faites fur différentes efpeces, on trouva que la proportion entre 1'or & l'argent fe trouvoit établie en différens Pays, fcavoir: En Allemagne & a Milan, comme de . 1 è 12 en Flandre & autres Pays-Bas . . 1 a i2| en Angleterre x a 13^ en Efpagne 1 a 13S Ces Contrées avoient, en outre, chacune leurs différentes coutumes, Ordonnances & privileges fur les Monnoies. II fut ordonné d'obferver dans la fabrication des Louis d'or la proportion avec l'argent, comme de 1 a 13], ce qu'on a fuivi pendant plufieurs années. Les dernieres Ordonnances, en France, fur les Monnoies, font des mois de Janvier & de Mai 1727: on y établit 1'Or du Louis a 720 Livres le Mare, & 1'Argent de l'Ecu a 49 livres 16 fols le Mare. Au refte, il y eut alors en France des vaxiations trés confidérables fur les Monnoies, & on en a vu encore pendant le cours de ce fjecle. J'y ai eu égard dans les recherches que j'ai faites, ne m'étant pas- entiérement [borué D  5o Chap. UL DE L'ARGENT ET DU PRIX au prix de lArgent ou des chofes, qui a eu lieu dans ces époques. L'or & l'argent en tant que Monnoie, comme on 1'a déjadit, font le figne commun de toutes les valeurs: - mais l'or & l'argent font en même-tems Marchandife, en qualité de Métaux, & leurs prix varient fuivant 1'abondance ou la rareté. Un ou plufieurs Vaiflëaux chargés d'argent arrivent a Cadix; on en tranfporte une partie a Amfterdam; cette abondance fait diminuer de quelque chofe le prix des Piaftres, ou de l'argent. II en efl de même de l'or, lorfqu'il en efl arrivé une grande quantité a Lisbonne, & qu'on 1'a tranfporté foit a Londres, foit dans une autre place; ou bien lorfque le cours du change de Londres efl tellement difpofé, que ces matieres viennent a Amfterdam; ou encore par d'autres circonflances, comme on 1'a vu a 1'occafion de la derniere guerre d'Allemagne, pendant lequel tems il y eut plufieurs refontes des Monnoies. Pour donner maïntenant une idéé claire & fenfible de 1'augmentation progreflive de la valeur numéraire des Efpeces, j'établis trois épo■ ques. Pour la première, que je prends a 1'an 1202, 1'Auteur de YEjJai fur les Monnoies, ou Kèüexions fur le rapport entre l'argent & les den-  DE S DENRÉES &c. en France. 51 rées, m'apprend que l'argent valloit alors en numéraire, 60 fols tournois le Mare fin ( n ). A la feconde époque, vers 1'an 1488, l'argent étoit de 11 a 12 Livres le Mare. 11 y eut donc alors une augmentation numéraire fur le prix de 1'Argent, comme de 1 a 3*. On fjait que le voyage de Colomb pour le nouveau monde n'eut lieu qu'en 1492. La troifieme & derniere époque (qui efl auffi celle de nos jours, pour les raifons détaillées dans la Note ci-deflbus (12),) eft a 1'année C'eft .a cette époque que le prix de l'argent eft monté a 54 livres: il y eft refté depuis. Ainfi depuis la découverte de 1'Amérique, en prenant le prix moyen de 11 a 12 livres, & celui de nos jours a 54, le numéraire de 1'ar- (11) Elfc' fur les Monnoies Page 3o. Par deux Tirres rap. portés dans ia nouvelle Hifloire de Languedoc, dont un du mois d'Avril 1130 & 1'autre de 1133., on nous fait connoitre qutl étoit pour lors l'état des Monnoies dans cette Province. (12) 1°. Paree que la date de ce livre, (Efai fur fel Mon. noies &c. par M. Dupré de St. Maur.) elt de 1'année 1746. 2°. Paree que les prix de l'argent & de plufieurs denrées font par conléquent d'une date antéiieure. Et en derntcr lieu paree qu'il auroit été difïïcile pour moi, & prefque impofiible, étant en Hoüande, de me ptocuter les prix atftuels de diSiéiens artkles, iels qu'ils fe vendem, chtz i'éusn£«r. D 2  52 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX gent efl monté comme de i a4+, & depuis Ia première époque de 1202, comme de 1 a 18. Voyons maintenant ce que Faugmentation de ce numéraire a opéré d'un autre cöté. Je prie ]e Leöeur de vouloir bien fe rappeller ce que j'ai dit plus haut. i°. La quancité d'argent comme mefure, & 2'\ celle des denrées, de !a main d'reuvre &c. J'ai préféré de m'expliquer autant que j'ai pu par la quantité d'argent en malfe. J'y joins ]a quantité d'argent en numéraire, pour donner plus de clarté a ces calculs. Entrons en matiere. J'expofe fur le Tableau NJ. I. le prix de diverfes chofes dans 1'année 1200 ou environ, j'y ai joint ceux que j'ai pu trouver aux environs de 1500, & enfin les prix des années 1740 a 1745. Sur le Tableau N". II, fe trouvent les prix de différentes chofes, & les falaires journaliers, ainfi que 1'Auteur des Rêflexions politiques fur les Finances les a donnés dans fon Ouvrage, oü 1'on verra, que prefqu'auffi-tot après la découverte de 1'Amérique, lorfque l'argent commenca a abonder dans les premières 50 années, les difproportions les plus fortes fur les prix des chofes fe font établies, ce qui s'obferve auffi partieuliérement par la comparaifon que eet Auteur a faite.   TABLEAU. N°. ï. Tome I. Première Partk. pag. 53 Années , Tome l Première Partie. pag. 53 du XIIle. fiecle - - ■ Denrees ... Prix ------- Prix de 1740. Anciens. 120a Une Livre d'Etain - - - - - 6 deniers - - - . 20 fols. —■—■ Une Livre de Plomb i',' ----- - 6 —• ■ ■ Une Livre de Cire - I fol. 2? den. - - - - 48 — Un Muid de Vin de Meulan - - 15 fols. 30 Livres Un Septier d'avoine, mefure de Paris. - - - - 7 fols. ----- 14 — — Un Sepder de Bied --------- 9 fols. 18 • Un Cheval. depuis 50 fols. jufqu'a 34 livres deiooa 1300 Liv. . Une gros Jambon ------- . . _ IO fok. ------ 20 Liv. ——- Une /iune de Toile pour le furplis des enfahs de chceur - » 2. fols. ----- ^ —• Tous les travaux pour cultiver un Arpent de vignes - - ------ 36 fols. 4 den. - • - 72 Liv. Années - - * Denrées Jfnx - - - - tours - - - - mx mo - . Proportion • - Anciens. du Mare. dernes. 1471 « * - 10 Livres - - - - - - - - . . . •—— - Uil pecit Cochon. ■• - 2 fols. 9 den. - - - 3 Livres [M.J 00 . i - - a - - 22 . —Agneau. « - - - 3 - - 4 - - " —— - —Veau. - - - - - iS - - ------ 14. - - 14 fols. - . t ~ - k - - 20 *—' - Centceufs. « * « * 3 - - \ ----- 2-, 3 Liv. a 4I - - i - . a - - 22* - - Un feptier d'avoine. * 8 - - * » * - * 14 - - 13 fols. - - x - - k - 36*. 1472 - idem - - - - * - 9 - - \ 14- - 13 - s 1 . . a . „ ** 1473 - 36 Moutons. - ■ > 10 t - | chacun - - - 16 - - [Mj - - - ï - - k - • %o . - Une vache. - - - - 56 fols. 45 a 50 Liv. - - - 1 - - a - - i-f. - Un Pigeon. - 4 d. - . . „ _ J* - Une Livre de Beurre. - - - - 8 d. 10 fols. - - at - • a - - 1474 - Cent ceufs. - - - - 3 fols. ..... gs Liv. - - .- . ï - * • | * . af* -—■ - deux Chevaux. - - - 14 Liv. 13 f. 4 d. - - - 200 Liv. - - - - . ....* 1475 - 25 moutons. 9 f. 6 d. la pieee - - - 16 - - [M] - - - x _ . a . . " 1476 - Un Veau. - - - - - 19 f. 16I a i?j Liv. - - - 1 - . a - * jg -— - Une liv. de Beurre frais. - -- 9 d. - -- -- - - - - - - . - Une liv. de Ris. - -- -- - 10 d. - - - 7 fols. - - - 1 - - a - - 80) - Un petit Cochon. - - - - 4 - 5 d. - - 3 Liv. [M] - - - i - - è - - 14 1501 - Un Chapon. 3 n Liv. 2 - - [M] - - - t - - a - - jti, 1502 - Une liv. de Chandelles. - - 12 d. - - - 81 a 9 f. - - 1 - - a - - o 1503 - Une liv. de beurre. 10 d. - - - - 12 f. [MJ - - 1 - - z - - 14. -— - Une liv, de Chandelles. - - 10 d. 8 a 9 f. - - r - - a - - 11 ■ - Une Pinte de Vin. .... c d. - . 4 i5of5 - Une Paire de Souliers. - 2 - 5 d. 100 f. [M] - - 1 - . a - - ±1 1515 . Un Porc gras. - - - - 40 f. - - - - 12I Liv. - 80 Êivres * - Une boane Vache 80 Livres 1518 - Une liv. de Plomb. - - - - 7 d. 6 fols. - - - 1 - - a- - ia O) La Lettxe M. figrifie que Jes Articlcs oü cllc fe tvouve font tires dit Livre de M. Mbloh* <|ê) L'Ansériquc produit beaucoup de Rist Les Prix de ces différens articles, extraits du Livre intitulé: FJJai fur les Monnoies, ou Rêflexions furie Rapport entre ïar gent & les denrées, font montés, depuis 1'année 1202 jufqu'a 1740, a-peu -prés dans la proportion de 1 a 40. — Les fuivans offrent plus de variations dans leurs propordons numériqueSj ce qui me femble auffi plus conforme au cours naturel des chofes. Prix de diverfes chofes du tems a-peu - prés de la 7 . ,.,,„' , , „ découverte du Nouveau Monde , jufqu'a celui oü \ Pnx dePUIS *?3° 1745, le Mare d'argent fin 1'abondance de l'argent a pu influer fur ces Prix. J etant a 54 Livres.  DES DENRÉES &c. en France. 53 i°. Des prix du tems de Louis XII, ou de 1'année 1508, comparés a ceux du tems de Lojïs XV, ou de 1'année 1735: on trouve la différence de 1 a 12, & celle fur l'argent coram^ de 1 a 4' environ. 20. Du rems de Henri II 3c de Franpoii II, 41 ans plus tard, comparés au tems da rcgne de Louis XV, comme de 1 a 15, & fur Ftegent de 1 a 3^. 3°. Des Prix fous le regne de Henri UI, ou dans 1'année 1580, égalethent comparés è ceux du tems de Louis XV, comme 1 a 8, & encore fur l'argent comme de 1 a 2* : ce qui contirme ce que je viens de dire, que dés que la forte augmentation des matieres d'or & d'argent s'eft fait fentir, 1'enchérilTement a été le plus fenfible, ce qui eft auffi felon la nature des chofes. J'ai notté au bas du prix courant N°. II. le numéraire & la maffe en argent aux différentes époques, paree que c'eft ce qui fait lobjet de comparaifon, & démontre que l'argent, ou le numéraire, ne repréfente plus les mémes chofes qu'autrefois. Par ces détails, il efl aifé de remarq>ier, que je ne me fuis pas attaché a un feul Auteur danj mes recherches fur un point auffi effende!; mon but étant de démpntrer principalement, que !a progreffion fur ie prix de l'argent n'a pai été D 3  TABLEAU N°. ÏL Tome L Première Partie. pag. .5.3. ARTICLE PREMIE R...... EN AUVERGNE» Denrées |PH* fous Louis Prix fous 'Louis XII en 15CS. X^ en 173^. Un Mouton gras avec la laine. • t * *• . . 7 fols. . . ....... lo Liv. Un Mouton ordinaire. 5 ..... ■ 5 - 10 f. Un Veau 5 9 • • • • . Un Cochon. ïo 25 - a 35 Liv. Une Poule ö den 6 1. Un Chapon. . . .......... I . • 12 Un Pigeon o 1 d . i . . 3 Un Chevreau 1.6. > . 1$ Un Lapin 10 .12 Cent Bottes de foin pefant 15 liv. la botte. .. 10 .......... . 7 . 10 Journée d'un manoeuvre en Eté ö d 12 idem en Hyver . 4 • " La charge de froment pefant 240 liv. . . . . 20 . . 12 . . 61 '. 9tf. .......... 72 Liv. 6 f. Denrêes\ 4., £« Champagne wifmes annêet. Le Septier du meilleur bied, pefant 50*0 liv. . . 20 fols. . L . . 22 Liv. Le Septier de feigle. . . . 10 . . . 12 . . Le Septier d'avoine. 5 .... 7.-4 La journée d'un homme . 1 • • • • J8 fi 36f. . ■ \ 4 i » 42 . . 2 fi Denrées. . £« Bourbonnois .... mêmes années. Une Charretée de foin de 12 Quintaux. . . . 10 fols . 10 Liv. Un Tonneau de Vin. . . . 30 . $° • • La Coupe d'un arpent de bois 2 . 6 d. ; . . • . . . . . 1 . . 1'arpent de Vignes 30 ............ 12 . . Une livre de Beurre • • 4 • I • • • • » 10 — livre d'huile de Noix. ......... 4 7 •— livre de Suif. . . ...... ., • • 4 * f» "« • • • - ^ 73 6". 74 • • 3r- Récapïtutation. année 1508. fofaêc 173S. En Auvergne. . 61 f.pd.lefflarcd'arg.a i2Ï Liv. Grains 1138 144Ö fols. r le Mare , Grains. 6169. — Champagne 36 663 842 — 5 d'argent 3592. — Bourbonnois. 73 ■ 6 . . . , ...... 1355 .. 1^83 —. O 54 hvres . ... 6661. i7i fols. 3. den. Grams 3x50 3771 lols- Grains. 16422. ' ' " 1 "... le Numéraire. 1 a 22. > ■ Poids d'argent 3156. » . a 16422 . . ou . . 1 a 5*. ƒ ... ARTICLE II. Denrées Prix fous Henri //....».....» Prix fous Franpois II. Louis X.V Une Paire de fouliers. »...'.••'•• 5 fols. ....... 100 fols. Un Levreau. . ......... .... 6" den. 30 . . . Un Perdreau 6 . 20 . . . En 1550 le Septier de bied valloit 20 fols. ....... 240 . ■ . 26 fols. . 390, f. lenum. i aij. l'argent a 15 Liv. 399 grains, a 54 Liv.... 1604 grains. Proport. ia4< ARTICLE III. Denrées •» ?rix fous Henri LU....... Prix fous Louis W* cn 1580. <■« 1735. Une Queue de Vin, de 400 Pots füt eftimée 7 liv. 10 fols. Le Muid d'aujourd'hui 1 * 2 Liv. 14 fols. . . % é . 50 LivreS Une Charreté de 14 ou 15 Quintaux de foin. . . 3 . . . 22 . . . Un Brjeuf gras 24 ........ , 170 . . . ■— Mouton gras 3 • * * 16 . . . — Chapon gras. ............ 6 f. ..... 4 2 . * . Une Poularde 2 f. 6" den 15 f* — petit Cochon de lait i . 5 3 . — Douzaine d'ceufs 1 . . . . ïo — Aune de toile commune. . 5 • 2 • <— Livre de beurre 2 .....12 — Charretée de bois. . . . . ■ 10 . ....... 7 . 10 34.. 5 . 6 * % . . 4 i 274 . 7 num. i a 8C Largent a 20 S) Affd-fiP les Monnoies pages 32-35.  DES DENRÉES. &c. en France. 55 d'argent produifoit, en 1514, 12 livres, & en 1744 ) 54 livres ou environ. L'augmentation des efpeces efl donc comme de 1 a 4ï en numéraire. Le prix moyen du feptier du meilleur Bied, mefure de Paris, étoit en 1514 de 25 fols tournois, & en poids d'argent, 480 Grains. En 1744 le prix moyen du même feptier de Bied étoit de 18 livres 12 fols, & en poids d'argent fin 1587 Grains environ. L'augmentation du prix du Bied eft d'un a 3 '5 environ en paids d'argent fin, & d'un a 145* en numéraire. Deforte qu'a préfent, en mefurant les prix fur l'argent même, la nourriture, en France, coüte plus du triple en argent efFe£tif, qu'avant 1'arrivée de cette prodigieufe quantité d'or & d'argent que nous ont fournie les mines de 1'Amérique. Avancons, & examinons maintenant 1'effet qu'a produit l'augmentation de ces deux précieux métaux fur le falaire des ouvriers; ce qui fait le fujet de mon troifieme article. L'année 1350 le prix du falaire des ouvriers en France, a caufe de la grande mortalité, fut augmenté de 3 fols jufqu'a 4. L'argent valloit 6 livres le Mare. Les efpeces furent augmentées la même année, & le Mare d'argent fin valut depuis 6 livres 15 fols D 4  56 CUp. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX jufqu'a 9 livres; aujourd'hui l'argent fin vaut 54, &. le falaire des ouvriers dont il efl ici questïon fe paye 48 fols (16). Les ouvriers avoient en 1350 , en argent fin, fur le pied de 6 livres pour l'argent & de 3 fols pour le falaire, partie d'un Mare, & en 1745, au taux de 54 livres & de 48 fols de falaire u d'un Mare j ils ont donc prefque deux (16) Une Ordonnance du 12 Avril 1350 {Tornt II des Ordoitnances. page 231)» nous apprend .que Ia Monnoie étoic [un] Vmgc-quitrieme, c'eft-fc-dire, que le Mare d'argent fin monnoyd produifoit fis livres. Les efpeces furent augmentées la inJme année, & le Mare d'argent fin monnoyé valut depuis fix livres quinze fols , jufqu'a neuf livres Tournois. Comme il vaut «ujourd'dtri cinquante quatre livres fix fols fix deniers & fix onïittnes, il eft montS, depuis 1350 jufqu'a nous, environ d'un ï fix ou it huit. D.ns la même année il y eut une grande mortaïité («); cequi fut Ctufe que les falaires des ouvriers & des gens de journée furent au'merités d'un tiers en fus , par une Ofdonnance du Mois de Févri<:r 1350 (&). Elle attribue aux fauclieurs des prés quatte fuis par arp^it. Actuelletnent on leur paye environ quarante huit fo'.s par arpent pour Ia première herbe. Cette augmentation fitr les journées des faucheurs, depuis 1350 jufqu'a préfent, iroit d'un a douze. lis ont un vingt - unieme du Mare d'argent fin', ils n'en avoi nt gueres qn'un quarantieme en 1350. (a) [/ancien Mtnurcript des Chroniques de France en vélin, de la BiWiotheque de Mr. de Sar.dier.e, fait mention de ."a pefte de 1348 , dont il tft parlé dans rOrdonnance de 1350. (b) Vcytz dans Font a non, Tome I. page 864.. Et dans Ie Recueil des Ordonnances, Toine 11. p. 350, les Tures 14,. »5, 26 & 17.  DES DENRÉES &c. en Franse. 57 fois autant qu'en 1350 en argent effeófif: mais cela n'efl; pas aflcz pour aller de pair avec la dépenfe qu'ils pouvoient faire avec leur modique falaire de 1'année 1350 ou environ. Un Charretier conduifant la charrue en 1350 gagnoit par an 7 livres; & en 1738 & 39 il en gagnoit 79. C'eft a peu -prés une augmentation d'un a io, & de 6 onces a 12 onces en poids d'argent (17). Un Vacher avoit en 1350 la fomme de 50 fols par an, ou 2 onces & un feptieme d'argent fin monnoyé; en 1739 il avoit 30 livres par an, ou 4 onces £ d'argent fin: voi'la une augmentation én numéraire d'un a 12, & en poids du doublé (18). Les falaires des Maréchaux, des Faucheurs, des Batteurs en grange font montés dans la même proportion, comme on 1'obferve dans la Note (19); mais quoique ces différens ouvriers (17) Efai fur les Monnoies page 38. (18) Efai fur les Monnoies page 39. (19 ) Idem. Voyez page 39, oü il eft fair mention du falaire des Maréchaux , des faucheurs & des Batteurs en Grange. Nous rapporterons feulement ce qui concerne ces derniers. En I353' Les Batteurs en giavge auront, de la Saint Renti ii Paques, dix huil deniers fans étre marris, & a la ttfche d'af gent , douze fols du muid de Bied, £P huit fols du muid d'ayoir.e; & s'ils battent en bied, ils auront £? prendront au ringt, c'eft-a-dire la vuigtieind parrie. En 1721 on payoit il Preuilli [pctite Vitie de France] aux batteurs du biebet de froment deus D 5  58 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX recoivent aujourd'hui en argent le. doublé de ce qu'ils avoient, & plus du décuple en numéraire, ils ont encore de laperte; car un homme ne peut pas faire aujourd'hui avec 48 fols la même dépenfe qu'il faifoit avec 3 ou 4 fols vers 1'an 1350, ce qui fait un objet très-fenfib'e pour cette clalTe d'hommes, qui forme partout la plus grande partie de 1'État, & qui, irnlgré la grande mifere oü elle eft prefque tou- . jours plongée, contribue le plus a la propagation de 1'efpece humaine. Comparons maintenant la valeur des Beftiaux & de différens articles entr'eux, ainfi que 1'Auteur du Rapport entre ï'argent & les denrées les a rafle-mblés. „ Une Tablette de Preuilli en cïre, de 1'an 3j 1313 & 1314, fixe le prix du feptier d'avoi„ ne a 16 fols; d'un porc a 24 fols; d'une bre„ bis a 6 fols 3 deniers & h; d'un bceuf 3.4. „ livres 15 fols; d'un mulet a 5 livres; d'un „ cheval a 7 livres 10 fols; d'une livre de cire „ k 2 fols 8 deniers; d'une livre de chandelles „ a 8 deniers parifis: ce font a peu-prés les „ proportions d'aujourd'hui, deux brebis & de3, mi pour un feptier d'avoine; quatre livres fols, ct du bicbet d'avoine un fol: c'auroit été ia fols du feptier de Wed & iept li res quatre fols du muid; ce qui fait, depuis 1350, Ui.c augmtntaticn d'un a douze. &c, &c.  DES DENRÉES &c. en France. 5^ de chandelles pour une livre de cire; deus „ livres & fix onces & demie de cire pour une „ brebis ; environ feize brebis pour un bceuf „ parvenu a la moitié de fa groffeur, & pefant „ environ 400 livres, & quatre brebis pour un „ porc qui peferoit foixante livres ou environ.. „ Cependant les proportions entre les denrées, „ fans avoir égard aux événemens extraordinai„ res, n'ont pas toujours été exacfement les „ mêmes. En partant du même tems jufqu'a „ nous, les chofes qui font de fuperflu pour !a „ vie, comme les amandes , les figues, les „ raifins &c. ont monté d'un a feize; les cho„ fes qui font d'un plus grand ufage, mais qui „ ne font pas d'une néceffité indifpenfable x „ comme le boeuf, le mouton &c. ont monté „ d'un a dix-huit j les chofes abfolument néces3, faires a la vie, & que tout le monde confom„ me, comme le bied & les grains, ont monté „ d'un a vingt. En 134a il y eut plufieurs „ changemens dans les Monnoies, & le Mare „ d'argent fin monnoyé, en prenant un milieu, „ vallut douze livres. Un bceuf fe payoit alors. „ a Preuilli 10 a 11 livres; il revenoit a peuj, prés a fept onces d'argent fin monnoyé: au3, jourd'hui les bceufs qu'on vend communément ,x dans les campagnes, & qui font bien plus pe-, 5, tits que ceux de Paris, vaudroient a Preuilli  6o Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX „ environ 135 livres, c'eft a peu-prés vingt„ une onces d'argent fin monoyé, qui font en „ poids le triple d'alors, ainfi que nous 1'avons „ obfervé ci-deffus. Un cheval de voiture (pro „ quadriga) acheté a Preuilli 32 livres 10 fols, „ valloit aurant que trois boeufs, qui fur le pied „ de fept onces chacun, faifoient vingt-une „ onces. Aujourd'hui un cheval femblable fe „ vendroit commune'ment aux environs de foi„ xante-trois onces pefant d'argent fin, qui „ produiroient en valeur numéraire 402 livres „ 15 fols." (20) II eft vrai qu'il y a quelques articles dans Ie Commerce, qui, loin de monter en prix depuis deux cents ans, ont au contraire diminué; comme le fucre, quijfe payant en 1595, 20 fols, fe payoit en 1740 jö fols; cependant les efpeces étoient bien plus bafles en 1595 qu'elles ne le font aujourd'hui: cette diminution dans le prix du fucre vient de ce que la quantité s'en eft confidérablement augmentée en Europe au moyen des plantations: & par Ja nous pouvons jjgger des progrés du Commerce (21). En 1312, onze muids quatre feptiers de froment couterent a Long-champ, prés de Paris % (20) Efai fur les Monnoies page 36 - 37. Le Mare évalué a 51 livres 3 fols 3 deniers i, (21) lier». pa»es 41, 41,  DES DENRÉES &c. en France. 61 110 livres 13 fols 9 deniers: c'étoit environ 16 fols & Jj75 le feptier. Sept livres depoivre y furent payees la mëme année 28 fols, c'étoit 4 fols la livre, ou environ le quart du prix du feptier de Bied. En 1738 & 39 la livre de poivre coutoit a Preuilli 32 & 36 fols; ce n'étoit gueres que la dixieme partie du feptier de Bied, fur le pied de 15 a 18 livres le feptier. L'once des cloux de gérofle, qui valloit environ 10 fols en 1587, ne vaudroit gueres aujourd'hui que 12 ou 15 fols, quoique les efpeces aient bien plus que doublé de valeur depuis ce tems-Ia (22). Mais ce peu d'articles, en comparaifon de ceux que nous venons de détailler, ne font point un objet, & peuvent être regardés comme Zero. Je n'ai pas parlé du fel, ni de bien d'autres denrées; le fel, dit 1'Auteur cité cidelfus, a enchéri pour les Francais & les Étrangers dans une proportion bien plus confidérable que celle des Grains. Examinons maintenant Tarnde des Polfesfions en biens-fonds, & voyons dans quel point de vue fe préfente la progreflion numéraire fur la valeur du produit des terres, comparé contre celle fur 1'Argent effecfif, C-22) EJfai fur les Monnoies pag, 42, - <  02 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX „ Budée (23) dit que dans un endroit „ de la France nommé Marly, (Marly-la-villc) ,, entre Louvres & Lufarchi^ oü il poffédoit des terres, il falloit une mine & demie, ou „ neuf boiffeaux, pour enfemencer un arpent j „ que dix-huit arpens d'aflez bonne terre s'y „ affermoient communément un muid de Bied, „ a un fol prés, du meilleur, ainfi chaque ar-. „ pent étoit affermé huit boiffeaux de Bied. „ Ces huit boiffeaux valant pour lors 16 fols „ 8 deniers, fur le pied de 25 ibis le feptier , „ vaudroient a préfent (en 1745) 12 livres, „ en mettant le boifleau a 30 fols, & le feptier , a 18 livres. L'arpent doit donc fe louer „ douze livres, & les 18 arpens 216 livres, „ avec quoi on auroit encore un Muid de bied „ dans des tems ordinaires. Cefl en effet „ ce que 1'arpent de terre eft a peu prés affer„ mé a Marly. Cette terre vient d'être vendue „ en 1745 a M. de Nantouillet; on m'a afluré „ qu'il avoit augmenté le prix du Bail, & que ,3 1'arpent, dont fon préde'ceffeur ne retiroit „ que 13 livres, étoit préfentement affermé „ fur le pied de 14. „ A Fontenai- Mareuil prés GoneJJe, il n'y , a pas long-tems qu'une Terre étoit affermée (S3) Efai fur les Monnoies, pages 64 , 66.  DES DENRÉES &c. en France. 63 „ en grains, moyennant un feptier de bied par „ arpent. De 80 arpents, fuivant les anciens ,, baux , on devoit rendre 80 feptiers , qui „ s'eftimoient en un certain tems de 1'année, „ & fe payoient en argent. Aujourd'hui Ie „ fermier n'ayant pas voulu affcrmer en grains „ ces mêmes arpens, il en rend 1000 livres „ & un millier de Paille. C'eft environ 13 „ livres 15 fols de 1'arpent, en évaluant le mil„ lier de paille a 100 livres. Les 18 arpens „ de Budée, en eftimant alors, comme nous ü venons de le dire, le feptier de Bied 25 fols, „ & la valeur du Mare d'Argent 12 livres, „ produifoient par an 15 livres de rente, ou „ environ un Mare & 2 onces d'Argent fin „ monnoyé. Si la familie avoit confervé ces „ 18 arpens, elle en retireroit aótuellement 215 „ livres." ou, a 54 livres, quatre Marcs d'Argent fin. Les terres étoient du tems de Btjdée au denier 15. ( 24) Vingt fols de Rente en fonds de terre fe vendoient fur le pied de 15 livres; aujourd'hui la quantité des denrées qui formoit un revenu de 20 fols, produiroit 12 livres, öc ces ï 2 livres fe vendroient fur le pied du denier 25 , c'eft - a • dire 300 livres: l'augmentation C24) EJfai fur lis Slonnohs page C7 a la Wote (c ).  64 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX du prix des terres, depuis Budée, efl; donc d'un a 20 en numéraire, & celle de 1'argenc de 12 a 54. Cette terre qui valloit donc en 1514, 15 livres de rente en numéraire, ou if Mare d'argent, vaut aujourd'hui plus de 3 fois autant en argent, & conildérablement plus en numéraire. Les 4 Marcs d'argent forment a peu-prés l'augmentation en valeur effective que nous avons tantöt obfervée fur le Bied. Quant a la valeur de cette terre, elle feroit aujourd'hui, felon mon êvaluation, fur le produit de 4 Marcs d'Argent fin, au taux d'une rente de 4 pour cent, ou du denier 25 , 100 Marcs d'argent fin. Les 100 Marcs d'argent, a 54 livres, font en numéraire 5400 livres, & a raifon de 4 pour cent, 216 livres, ou 4 Marcs d'Argent. Une Rente de 15 livres au denier 15 formoit en 1514 un Capital de 225 livres. Ces 225, a. 12 livres le Mare, faifoient i8+ Marcs, & la Rente de 15 liv. 1} Mare. Mon êvaluation efl; calculée fur le pied d'une Rente nette , déduite de tous fraix , impöts ou taxes fur les terres, tant de 1'année 1514, que de 1745. Ceci me conduit infenfiblement aux Rentes fur des partie uliers.  DES DENRÉES &c. en France. 65 Le taux de cette efpece de Rente, du tems de Btjdée, étoit en France au denier 12, (25) ce qui efl; Si pour cent: 15 livres de Rente établïflbient un capital de 180 liv. en numéraire, & en argent de 15 Marcs. Pour ces 15 liv. on avoit, comme pour les 15 liv. de la rente de la terre, i'4 de Mare d'Argent, & on pouvoit achettr pour ces 10 onces d'argent, ou pour les 15 liv. en numéraire, 12 feptiers de bied au prix d'alors, de 25 fols le leptLr. Aujourd'hui le taux des rentes en France efl: d'environ la moitié. Je ferai mon calcul fur 5 pour cent: ces 180 liv. de numéraire donneroient 9 liv. de rente, & en argent effefcfif fur les 15 Marcs, % de Mare, en fuppofant qu'on levat la rente fur l'argent en maffe qui avoit été donné alors. Comparons maintenant cette rente fur les particuliers avec celle des Terres. La rente de 216 liv. d'une Terre valant aujourd'hui en numéraire 5400 livres, fufrk a pei» ne pour payer 12 feptiers de bied (26). (25) Efai fur les Monnoies page 65. 12 Sept. a 25 i. font .... i-ï Liv. 12 ... a 18 Livres .... 216 — Les 32 onces d'argent, ou le poids de 4 Marvs, font anfiï 316 Livres, & les 12 feptiers a raifon du pri. réel, depuis 1732 a 1742. a 18 liv. 12-8. font 223. liv. ia fols, Voyez Efai fur les Monnoies page 32. E  66 Chap. III. DE L'ARGENT ET DU PRIX En 1514. cette Terre valant 225 liv., & donnant au denier 15 un revenu de 15 liv., paya les 12 feptiers de bied. La même année un Capital de 180 liv. fur des Particuliers donnoit au denier 12. auffi une rente de 15 liv., pour lefquelles on achettoit auffi 12 feptiers de bied. Mais aujourd'hui ce Capital de 180 liv. donne au denier 20 une Rente de 9 liv., qui fuffit a peine pour un demi feptier de bied. J'avoue que cette difproportion m'a frappé lorfque je i'su appercue pour la première fois. Depuis la grande abondance Ö'or & d'argent les affaires ont tellement changé, qu'cn ré uiman t le paffe on fe reconnoit a peine. Concluons ce Chapitre par quelques réfiexions générales. En parcourant ces différeo articles, nous rernarquons i°. qu'en France les biens en Terres ont mieux répondu a 1'idée de la vraie richeffe, puifque le revenu de cea Terres, rnalgrc les révolutions que nous avons vues, balaice encore le mieux le figne repréfentatif, ou la mefure générale. 11 efl prefque ïncompréhenfible, que nonolftant une haufie fi fenlible fur le numéraire, la rente confidérable d'aujourd'hui fuffife a peine pour payer ce qu'elle étoit a même de faire en 1 14. 20. Que par rapport au falaire, les ouvriers7  DES DENRÉES &c. en France. 67 qui font la majeure partie de Ia Société, ont recu réellement depuis 1'année 1500, ou environ, une augmentation en numéraire comme d'un a 12, a 16, & même davantage; & en efivc» tif, (je veux dire en argent) une augmentation du doublé; mais que cela ne fuffit pas, puifque leur dépenfe, toutes chofes égales, efl beaucoup plus confidérable, comme on a pu s'en appercevoir. 30. Que 1'c'tat du Rentier eft Ie pire de tous: car le capital de celui-ci s'efl prefque diffippé. Si donc l'or & l'argent continuent encore de fubmerger, pour ainfi dire, les Etats de 1'Europe, & que 1'on continue d'agir dans les fiecles a venir comme on a fait dans les précédens, le réfultac ne préfente pas une perfpeétive avantageufe. En réfumant 1'enfemble de ce que nous avons expofé ci-d.fTus, il me paroït que la Société en général fe trouve, en France, par raugraentation & la quantité d'or & d'argent , plutót arriérée quavancée; furtout fi 1'on réfiéchit fur les autres chofes que cette abondance a produites, ' Nous avons vu que la progrefïlon du prix de l'argent n'a pas été a beaucoup prés proportionnée a la progreffion du prix des chofes. Et comme tout a rapport a la mefure commune E z  08 Chap. IV. ORIGINE des échanges, nous chercherons, dans Ja fuite, ce qui a encore augmenté cette difproportion. Avant d'entrer dans ce détail, nous allons confidérer ce qui s'eft palTé fur cette matiere en Hollande; mais au préalable examinons depuis quelle Epoque les Monnoies y ont été connues. CHAPITRE IV. Origine de la Monnoie chez les Bataves, £? de fon établijjèment fous les Regncs des Róts Francs öJ des Comtes de Hollande. I.e compas d'Uranie 2 meftiré 1'efpace. 6 Tems, litre inronnu que 1'liomme ("eul embiafTe t Intincible torrent des fiecles & des jours ; Tandis que ton pouvoir nr'enrraine dans la tombe, J'.ife , avant que j'y tombe, M'arrêter un moment pour contempler ton cours. Qui me dévoileri l'inftant qui t'a vu nattre? Quel ceil peut remonter aux fources de ton être 7 Sans doute ton berceau touche a 1'étemité. Epltre de M. Thomas» §I le tems détruit jufqu'aux monumens dans lefquels on conferve la mémoire des chofes pasfées, devons ■ nous être furpris de ne pas pouvoir remonter jufqu'au liecle de ces premiers  DE LA MONNOIE en Hollande. 6% hommes, qui ont vécu avant que ces monumens aient été élevés? Quels hommes ont les premiers fqrmé nos Sociétés? d'oü font-ils venus dans les diffon ns pays de 1'Europe, & d'oü tiroient-iis leur première & véritable origine? Plus nous voulons reculer dans nos recherches, plus les ténebres deviennent épailTes. II efl: certain cependant que ces pays ont été habités, long-tems avant la naillance de J £ s u sChrist, par des peuples, qui probablement ne connoiiloient ni l'or ni l'argent, moins encore les Monnoies. Apparemment que ce font les Romains qui les premiers les ont fait connoitre aux Bataves, après que Jules Ce[ar ies eut fqumis, fous la condition qu'ils ne payeroient pqint de Tributs, & qu'ils fourniroient feulement des troupes aux Romains (i). Les Hiftoriens nous apprennent qu'après cette efpece d'alliance (2 >, ils furent a la folde de 1'Empire, qu'ils fervirent de Gardes a Tibete, a Caligula (3) & a d'autres Empereurs: ainfi ces peuples ont commence a avoir des CO Hifloire de la Patrie Liv. I. pages 46 & 47. Wjlohs Ancienne de Hollande de van Loon. [H.] Tpme I. Chap. II. Tacite. Hifï. Lib. IV. Cap. XIL (a) Tacite Annal. Lib. ï. Cap. XXIV. C«8ar de Bello Gallico , Lib. IV. (.3) Suetonï in vit! Caügula;, Cap. XLIU. E 3  7o Chap. IV. ORIGINE liaifons avec les Romains, environ 55 ans avant Jesus- Chuist. Tacite, qui vivoit k la fin du premier fiecle & au commencement du fecond, témoigne que les beftiaux étoient encore de fon tems la feule, & conféquemment la plus précieufe rich lTe des Genmins; que les peuples qui demeuroient plus bas fe fervoient, felon la première fimplicité, des échanges.,, Ainfi, continuei'iU (4) 'es Dieux propiees ou courroucés jus„ qu'alors ne leur avoient pas fait encore par„ venir la connoiflance de l'or ni de l'argent; „ de orte que 1'ufage de ces métaux attrayants ne leur étoit pas encore familier. On vit „ même dans ces tems, chez ces peuples, les 3, va fes d'argent qui furent donnés en préfent s, a leurs Députés, regardés comme s'ils a3, voient été d'argile." 11 me femble, d'après d'autres Ecrivains (5) , que TacIte, par cc récit, a eu en vue les Bdtuv/ès, car les Germain?, qui habitoient les pays voifins de ces derniers, avoient déja 1'ufitge de l'or & de l'argent. On ffffit que ce font eüx qui donnoient la préfércnce a une c:rtaine Monnoie nommée Biges, & aux pieces éfentelées tout au tour comme une fcie. On (4I ƒ)■* Mnribus German, Cap. V. (5; Traité des Mmnoies dt van L oom [ïl ] Part. t. Chap. V.  DE LA MONNOIE en Hollande. 7ï norrimoit ces efpeces Nummi Serrati (6). Ces Monnoies furent ainfi fabriquées, afin qu'elles ne puffent pas facilement étre contrefaites; les contrefakes étoient de cuivre couvert d'une feuille d'argent. Les Germains ayant eu une fois connoiflance de ces faufles Monnoies, prirent des niefures pour ne plus être furpris. Plus les Romains s'avancoient, ou augmentoient leur conquete du cöté des Bataves, plus la connoiflance des Monnoies & leur ufage fe font accrus chez ces derniers: de tems a autre on en a trouvé des vöflrges dans ces pays; car, fuivant le rapport des Hifloriens, les Romains ont féjourné a Katwyck, &dans d'autres endroits (7), L'ufage des Monnoies Romaines a donc continué chez les Bataves, même après l'irrupüon des Frifons, jufqu'a 1'éreccion du Royaume des Francois, c'eft • a - dire jufqu'a la fin du cinquieme fiecle ( 8 ). (6) Traité des Monnoies de van Loon, oü fe trouvenr les figur.s de ces pieces. C7.) Les Romains ont campé ou Céjoumé a Katwyck, a Foorburg, il Roomburg, & en divers autres endroits jul'.ju'au nombre de cinquante. Voyez F l op. us Hift. Lib. IV, Chap. XII. Hifi. de la Patrie Liv. I. pag. 69, & le Traité des Monnoies de vam Loon Part. I. Chap. V. Différentes Monnoies Romaines ont été détettées en Hollande. Voyez les Antiq. de Kalwyci [II.] page 105. & Kïfi. des deniers des Pays - Das par van Loon, [11.] Tome I. page 327. (8) Traité des Monr.oics de van L 00 n » Partie , I. Ca. V. vers la fin. E 4  1% Chap. IV. ORIGINE Les Francs qui ont habité le pays depuis Colcgne jufqu'aux bords du Rhin, vers le Nord, cMr-a-dire dans les endroits oü fe trouvent a-peu pres Schenkenjchans & Doesburg, fe mirent en marche en 486, fous la conduite de Jeur Roi Clovis, & palTerent enfin le Rhin, après avoir repouifé les Romains, & vaincu Siagrius a Soijjons (9 ); ils fe rtndirent enfuite maïtres, non feulement de tout le pays depuis la Loire jufqu'a Toumai, mais encore des régions qühabitoient les Bataves, & y introduifirent les Monnoies Francoifes (10). Ils Êrent fondre les efpeces Romaines, y mirent d'autres empreintes, mais conferverent la taille des fols entiers, des demi & tiers de fols (n), lelqueis ont été en ufage avant & depuis Constantin, fcayoir les entiers du poids de 85 ï Grains, & les autres dans la proportion, & fur le meme pied que ceux des Romains (12)0 ( 9 ) Mesekai Tome I. Liv. Vf. page 3. (10) i e Bi,anc, des Monnoies de France, page 40. (11) Traite des Monnoies de M. A deBazingheh, Tome II. page 65 & 70. Mezfrai Tome I. page 193. (12) 1 e li l a n c, des Monnoies de France, page 3, Traité des Monnoies de van Loon, Part. I. Chap. VI. & celui de M, A. de Baz. a t'article Sol. Savary au mot Monnoie. M. van Mieris doute li ks premiers Rois Fran^ou om fait bartre Monnoie, paice qu'a Tournet, dans le Winti au de Childeric, morr en 4Ï1 , ne fe font point trouvées des Monnoies Francoiles, mais tien cellss de Marcianus, de Leon,  DE LA MONNOIE en Hollande. 73 Nous pofTédons encore de la poftérité de Clovis les Monnoies Francoifes (13 ) qui ont été fabriquées dans les Pays • Bas a Tournai, a Vtrecht, & W-yk-te-Duurftede, (en latin Dorefiatus). Utrecht & Wyk te - Duurftede ont fait pendant un certain tems partie des domaines du Royaume des Frifons en deca du Rhin, jufqu'a ce que le Roi Clotaire, dit le vieux, 1'année 628 (14>> vainqiüt ces peuples, tua de Zenon , & d'autrcs E.mpereurs qui regnoient vers le milieu du cinquieme fiecle. Néanmoins Boutteroue fait entendie tjue, même avant ce tems , les Rois Francois exercoient ce pouvoir; mais n'eft-il pas dès-lors probable qu'on aurpit trouvé des Monnoies de France dans le tombeau de Childericl Le Rlanc penfe auffi être alfez fondé it contredire ce que Pr'jcopius dit la-deffus, dans fon troilieme Livre des guerres Gothiques. Voyez Defcription des Monnoies, & Sceaux des Evéques, pat. liculiérement de ceux d''Utrecht [H.] par M. van Mis ris, page 76. (13) Traite1, des. Monnoies de van Loon, Part. J, Cli. VI. Cf. fon Hifloire Anc. de Hollande Tome I. p?ge 245 & fuiv. (14) Les Bas-Saxons & les Frifons ont louvent été confondus enlëmble: il eft même douteux s ils n'ont pas été, de tems ïi autre, foumis a un même Souverain , ou s'ils ont été unis fimplement par des alliances. Cette derniere conjeciure parott la plus certaine, quoiqu'on n'en connoiii'e pas précilément le tems ni la date. Les peuples de ces Coutrées ayant éié fouvent inondes par les émigratiois des barbares du Nord, eurent recouts a la proteétion des Rois Fr2ncs, qui, par le moiif de la religion, & peut - être p us encore par les tributs qu'ils en ruiroient, ne refuftrent pas de les fecourir. C'eft ce dont Mezep.ai femble rendre ténvoignsge , loriqu'il dit dans fon pie^nier Tome, page 182: „ C'étoit un puilïant peupie que celui „ des Saxons; il en comprenoit plufieurs divetfenie.nt apptijjs, E5  74 Chap. IV. ORIGINE leur Roi ou Duc Bertholde, & fe rendit maitre de ces deux places. II eft vrai que depuis elles furent reconquifes par Radboud (15) Roi des Frifons (16): mais Pépin Je-gros, Maire du Palais en 697, s'en empara de nouveau. Ces Pays acquis alors au milieu des troubles de 1'E- „ & avoit des Ducs dans chaque contrée. Ceux qui devoient tribut aux Francois fe révolterent en 626. Dagobert, leur faifant la guerre, fut bleffé d'un coup d'épée." Le Roi C/c- taire, dit le vieux, s'en vengea par la vi&oire complette qu'il rcmporra fur eux, & oü il tua de fa propre main leur Duc Bertholde. Voyez auffi VHifl. de la Patrie Liv. IV. page 332 £? fuiy* O Sc harlens es dans fes Chroniqtles de Frife, (II.j pag.' 35 & 36, & Scotanus, Hifloire des Frifons (H.) Liv. II. page 47. Nos Hifto iens ne s'accordent pas fur les tems, mais tous font d'accord & fur le fait & fur les petfonnages dont il eft queftion. Cis) Raaboul Rni dei Frifons (quj defeendoic de ThUrri, lequel regnoit en Frife dans 1'année 300, dans 1c tems qu'£broin, Maire du palais de Neuflrie, excercoit fes méchancetés ) fe rendit maitre de mitensbourg, Ville fronticre des Frifons, & qui leur avoit autrefois appartenu: il eii chnfla la garmTors francoife, démolit PEfHfc de St. Thomas que Dagobert avoi: fondée a Utrecht & eniichie confidérahlement ; il poulTa conquêtes encore plus loin, & s'empara de Nimegi:e. Voyez Schotanus Ipfloire des Frif. Liv. H. page 55. Chronlq. de Frife par Scharlenses page 40, ri5) „ Radboud fut encore battu par Pépin prés de Dore;„ tatus, & enruite contraint de lui céder la Frife d'en dcca du Zuidcrzée: toute fois tant qu'il vecut, il ne voulut jamais „ foufïïir que les Prêtres chrétiens que Pépin envoyoit en ce pays. ia , pafiTaffent dans 1'auire Frife pour y aller precher 1'Evari. „ giie." Mt zer.'-t Tome I. pagts 281 - 282.' Sciiotancb Uift. de Frif. Liv. II. page 55. Chroniq. de Frife page 42.'  DE LA MONNOIE en Hollande. 75" tat, palTerent enfuite a Ton fils Charles Martel (17). Les premiers Maitres des Monnoies en France paroiiïent avoir été établis dés le regne des" Rois de la première Race. On peut s'en convaincre par l'infpe&ion des figures des piec/s' memes (18), car elles portoient, non le nom des Souverains , mais celui des Maiires des Monnoies, fuivant Tufage des Rois de France, qui affermoient, dans ces tems primitifs, au plus offrant le droit de battre Monnoie, fous condition qu'ils mettroient leur nom fur les efpeces, afin qu'en cas de fraude on feut a qui attribuer le délit (19). C17) Charles Martel, 31 3ti3 aptes que Pépin fon pere eut recouvié, au profit de Ia Couronne d'Auftrafie, les poff fiions dont le Roi des Frifons s'étoir emparé , érigea Utrecht en Métropole de 1'Ëvêché (ou Seigneurie de ce nom). Voyez Traité des Monnoies de van I con. Part. I. page 28. (18) Defcript. iles Monnoies de M. van Mieris page 79. Dans le fixieme fiecle il Utrecht & a. Wyk-te- Duur/lede, on avoit .déja étabü des mailbns publiques pour Ia fabricatkm de la Monnoie. Voyez Le Blahc: des Mon. ds France page 85. & Mezerai Uift. de France. Tome b pag lg4> (19) „ Ils tueitoient (les Francois) fur leurs Monnoies, outre „ leur nom, & celui du lieu oü elles étoient tabriquécs, ceus „ du Comte & du Monetaire, ou Maitre de cette Monnoie, afin „ qu'ils fuffent refionfables de ia valeur des pieces & de la „ bonte de 'leur ouvrage Quand ils furent devenus riches „ & puiflanrs , la gloire des Romains leur entra dans la tête, a, & ils cemmencerent a les imiter dans leuis inicriptions, a „ s'intituler, fSStV, éleg/'fl» > & 4 Sravet une victoire fur leurs  76 Chap. IV. ORIGINE Parmi les pieces de Monnoie fabriquées alors il y en a deux, 1'une de Trijetlum ou Utrecht* & 1'autre de Doreftatus ou Wyk-te-Duurftede: d'un coté 1'on voit 1'empreinte du Roi, avec le nom de Ja Ville a 1'entour, & au revers une croiv , fdvant 1'ufage introduit par les Princes chrétiens, avec le nom du Maitre des Monnoks: fur Ja piece d'Utrecht, Ihafcmundus M., & fur celle de Wyk-te-Duurftede, Madelint auffi avec un M., qui fignifie Monetarius f20 ). La ville $ Utrecht étant aiTez connue, je ne m'y arrête pas; mais quant a celle de WyhteDuurjlede, qui depuis ce tems a fubi un déclin confidérable, je crois devoir faire obferver que. c'étoit alors une des villes du bas Rhin les plus fameufes par Ie Commerce: car felon le témoignage d'anciens Écrivains, on a vu quelquefois des flottes de cent voiles venir d'outre-mer, & monter le Rhin, deftinées pour cette ville (21). „ Monnoies, mais qui avoit ure croïx h la main, p0Ur montrer „qu'ils n'étoienc plus idolatres mais Cbrétiens." Müzkraï Tome I. page 193 & 194. Cao) Defcripiion des Monnoies da van Mi kris, pjge gp. Hifloire Mc. de van Loon, Tome I. page 270. Traité des Mon. du même, Parr. 1. Chap. VI. (21) Traité des Monnoies de van Loon, Part. I. Chap. VI. Voyez auffi Befcription des Monnoies des Evéjues cYUtrecht par van Mieris page ,04 & 105, & VJJiJioire de la Pauit. Toiue II. Liv. V. page 8 & 52. &c.  DE LA MONNOIE en Hollande. 7? On fcait aflez comment s'éteignit la première race des Rois de France; comment les fuccesfeurs de Pépin le bref ont regné en Allemagne & en France. Ce font eux qui ont long - tems gouverné nos contre'es, & nous leur devons 1'origine de nos Ducs & Comtes (22). Carloman & Charles ( 23 ) fils de Pépin fuccéderent a ce dernier. Carloman eut en partage (22) Le nom de Duc fe donnoit anciennement 1 ceux qui commandoient une armée, mais dans les V, VI & VII fiecles Ce nom s'approprioit au Gouverneur, ou k celui qui avoit 1'adminiftration de plufienrs contrées ou diftriéls, qu'on appellok Comcés [Comilatus ], & fur chacun defquels commandoit uu Duc, ou Comte. ü'ordinaire la dignité de Duc étoit fupérieure a celle de Comte. Un Duché, felon 1'opinion de quelques uns, confiftoit en douze Comtés. Dans les fiecles fuivans, on troure qu'il y eu avoit de ttois, & même de plus dc douze Comtés. 'foute la Frife, au neuvieme fiecle, eut le nom de Duché. Le nom de Comte [ComesJ qu'on rendoit autrefois (vers Ie huitieme & neuvieme fiecle) par les mots de Crafio & de Grayio, fe donnoit du tems du gouvernement Guthique, en Italië, & particuliéreinent dans le huitieme fi-cle, a ceux a qui le Roi donnoit l'adminillration d'une Ville, pays, bois, eau, digue , &ca Dans les pays conquis par les Rois Francs, les noms de Ducs & de Comtes furent donnés a ceux qui en avoient su 1'administration avant la conquête, 6c on kur laiffoit ce titre a condition de promettre & de tenir fidclité: c'eft ainfi qu'en Frife un Roi vaincu rtfta dans fon Gouvernement, fous le nom de Duc. Souvent on donnoit aux peuples conquis la faculté de fe choific eux-mêmes leurs Ducs ou Comtes; Voyez Leg. Ba ju var. Tit. II. Cap. I. Leg. I. Voyez V Hifloire de la Patrie„ Tome H, Liv. V. page n 15. (2$) Pépin mort tn ?6& laiffn quatte fils & trois filles , Char. les, Carloman , Pépin & Gilles, Le dem;er fut mis encore  7S Chap. IV. ORIGINE les Pays-Bas, mourut & lailTa Charles (ft con> nu depuis fous le nom de Charlemagne ) maïtre de tous fes Etats (24). Ce Prince, vers !a fin de 1'année 800 ('25), ayant été couronné Empereur a Rome, revint en France après un féjour de quelque tems en Falie, & prit en C04 les arrangemens néceffaires avec les /Ibndrites contre les Saxons & les Danois (26), qui avoient déja fait des incurfions fur les confins de fes Etats (27). En 805 ou 806, agé de 63 h 64. ans, Charle-, viagne fit le partage de fes Etats entre fes trois jeune au Monaftere du Mont-[oratie, Pépin mourut au bout de 3 ans; Ie Royautne refta aux deux autres. Charles, agé dc i\ ans, eut la partie de la France, connue fous le nntn A'/iufirape & de Bourgogne. Carloman la Neuflrie : il etoit ag* de 18 ons • ces deux freres furent en diflenfion dès la mort de leur pere. Carloman mourut en 771. Charles fut alors reconnu feul Roi. Voyez Mezerai Tome I. page 385 & 388. (24) „ On ne peut entendre prononcer le nom de Chtrlema„ sie, dit Mezerai, fans cnncevoir audirór quelque grande „ & merveilleufe idéé." Le même Auteur décrit eni'uite forj portrait au naturel, tel que fon Secrétaire Eginhard 1'a laiff^ Voyez Tome I. page 388 (25) Le jour de Noël 1'an 800. Ccö ) Voyez Mezerai Tome I. page 455. ■ (27) Les Danois (ou Normands) incommodoient fouveht tent par leurs pirtteriel par mer que por leurs incurfions par terre, les peuples de la Frife: Charlemagne les rüdoutoit. ., Un ■■■> -iour' dit Mezerai, Tome I, pige 422 , qu'il étoir □ rabfe =a dans un logis qui regardoit fur la mrr, il vit qu.lques vais0> feaux qui rodoient le long do la Lote, & il cennut a la ms-  DE LA MONNOIE en'Hollande. 7$ fils, Charles, Pépin Sc Louis (28). Afin de prévenir les diffenfions qui auroient pu s'élever a fa mort, a raifon de 1'étendue de fes Etats, il fit convoquer les principiux Evêques, Ducs & Comtes a Didcnhoven, en préfence de fes fils , qui en témoignerent leur fatisfaclion. Nous remarquerons ici que Charles eut la Thuringe, Ia Saxc Sc beaucoup d'autres Principautës, principalement la Frife (29), dans laquelle fut comprife la Hollande proprement dite. Pépin Sc Louis fe rendirent aux États qui leur avoient été afiïgnés, Sc qui furent gouvernés par eux, mais toujours fous la direcfion de leur pere Charlemagne, lequel partit de Didcnhoven nicre du bitiment que cYtoient des pirates: en effet ayant 3> commando a quelques uns des Cens de les aller reconnottre , „ils prirent le large, & on lui rappotta que c'étiient des Nor„ tnauds. Alors ce lage l'rince, rysnt comme un prefl'eiitiincnt „ des maux que ces barbares rauferoient quelque jour a la Fran„ ce, en fut touché julqu'au fond du ccsur, & re put s'empê53 cher de dire : Ui quoi 1 a ma vue & dans ce haut point de „ gloire oii ejl la pujfauce des Francois ' a!i que fera ■ ce un jour 3, fi la France s'nfoihli: " l (28) Htltoire Ancienne de Hollande par van Loon, Torna II. page 22. Mezerai, Tome I. pïg_- 431. (29) Ui loire Ancienne de Iloilande par van Loon, Tome it page 23. Charta divif Rrgni Ftanc. inter Carolum, Pepïnam £? Ludov. fai 88. Auflriam, iXeuflriax, Turingia'n, Sflxon'am, Frisia.M ü partem lUjoaria qua dicitut Korlhgo-w, diletio filio nofirv Ka.'olo conccjfwMS, cis.  go -Chap. IV. ORIGINE & vint par la Mofelle & le Waal jufqu'a Nimf* gue, qui, ainfi que Wyk te-Duurftede, étoit une des principales Villes de Commerce du cöté de la mer, & qui par fes Douannes fournisfoit au Prince de trés-gros revenus (30). En 808 1'Empereur, revenu a fa Cour de Nimegue (31 ), eut de nouvelles conférences avec les Eccléfiafliques, les Ducs & Comtes , fur les abus qui s'étoient glilTés dans 1'administration des affaires publiques. On avoit négligé les biens Féodaux: on lui prèta a cette occafion ferment de fidélité; & a caufe de la grande cherté qu'il y avoit alors dans les grains, par le défaut de recolte de la précédente année , il ordonna aux Evêques, Abbés, Abbeiïes, Ducs, Comtes, & a tous fes autrés fujets, d'entretenir leurs Leudes (vajjaux rth yaux,) des biens fifcaux (c'eft - a - dire royaux ou féodaux) ; que par rapport au fuperflu dont on voudroit fe défaire, le muid d'avoine fe vendroit deux deniers, le muid d'orge trois, Je muid de feigle quatre, celui de froment fix, & pas au-deflus, fuivant la mefure qui fut alors £30} Hifloire Ancienne de Hollande de van Loon, Tome II. page 53. (3 O iï'm P'g 24»  DE LA MONNOIE en Hollande. alors arrêtée par lui, laquelle étoit déja par» tout en ufage (3 0- Cette Ordonnance, & autres femblables fur les Douannes royaies, les mendians, & fur l'augmentation continuelle de 1'ufure, 1'ayant; occupé tout Ie Carême, il célébra Ia Paque avec autant de magniricence qu'il avoit fait deux ans auparavant (33). Parions maintenant des habitans de la Frites ces peuples, ma^gré les gucrres qu'ils eurent afoutenir, & malgré les Conquêtes qui furent faites fur eux par les Francs, ne purenc être entiérement foumis (34.); ils ont pofTéJé depuis un terriroire fort étenlu: fcavoir d'e 1'orienc ii 1'occident depuis le Lauivers & YElbe jasqu'aux riv^s de J'F/aw (35): Utrecht, Wyk\ l'hardingen, Rynsbourg (ou Kenenbourg) Doekum, & autres Villes confidérables leur sppartenoient (36). On défignoit en gértéral fous le nom de Frifons les peuples qui habitoient les contrécs connues aujourd'hui fous le nom de Provinces« 1 (ja) Hifloire Ancienne de Hollande de vak Loom, Tome XI. page 24.. ( 3J ) tim page a5. • (34) Ce da lib. V. Cbap. 10. Hifloire ds la Patrie, Tom? 14 i.iv. IV. page jsy. .(■35) Hifloire de la Pairie, Tome I. Liv. III, page 203, C36) Idem. Tome II. Liv. V. page 4.  2z Chap. IV. ORIGINE Unies (37): ces peuples,extrémenienü anciens, (38) ri'avoient rien confervé de leurs Mineurs (39) ni de leur reiigion primitive (40): le Commerce que les Francs eurent avec les Romains les civiliferent infenfiblement. Lire, écrire, batir des villes, & généralement tous (Z-7 ) Hifloire de fa Patrle, Tome II. Liv. V. page 4. (38) L'origine des Frifons n'efl pas bien connne: les Hiftoriens donnent généralement i penfer qu'ils font plus anciens que les Bataves; on rapporte qu'ils font venus plus de 300 anj avant la naifiance de Jésus-Ckrist dans ces pays, foui un chef nommé Frifo , f,!s d'un Roi que 1'on ne nomme p35 , do. quel Frifo ce p3ys a r.on(wi le nom. Son frere q„i fc n0rr)J molt Saxó fe fïsa dans Ie pay, qne 1'on appelle aujnurd'nui la Saxe; ce peupie, ainfi que la plupart des Nat.ons anciennes a donc auffi une origine fabuleule : c'eft atnfi qu'on lit dan- nuel' ques Hiftotieus que la France tire fon nom d'un nommé FrLcu, qui vint s', érabHr, l'l,„ie #ltalus &c. ce ^ conjefturcr. c'eft qu'elle prouve une trés - haute anthruiré Voyez BatarU iUvfirata page 49. O Sc n ar lens es dans fes Chroniqites de Frife; paste 12. C39) Quant I leurs moeurs enciennes, on peut voir ce que T a c 1 t e a écrir fur ce fujet. (4°) Les Frifons anciennement ne pl.coient pas leurs Dien* dans des Temples; iIs p£nroient qu,, ^ ^ ^ eer dans l'cnceinte des murs. Les Bois étoient ddvoués » ,eurl D.vtnitcs. Leur D,eu ou Duft BaiuHsuHa fut adoré dans le bots Qtué prés de tranek-r ou de HarUngit. Les Frifons pay.-us ovoient coutume d'expofer leurs enfans & de .es laifier périr s'ils ne prenoient pas la nourntnre qu'on leur cfTroIt, „s ïvoleo, au!n rnftge |)arbare iMik..mm.Wmmim facnfice, de lang humain; ils oüroient non feuiement les criminels, mais encore ies ca-tifï. Voy.2 Befcripto» de la ^ gneune de Frife, enirg le-yiie & le Lauwers. [ ü ].  DE LA MONNOIE en Hollande. 83 les arts d'utilité, qu'on ignoroit ancienncment dans ces contré^s, furent connus affez tot de ces peuples; & lorfque lts Francs leur eurent appris a fabriqu rdesOrgnes, des Horloges Sc des iriflrumens d'aftroüomie, le goüt des arts d'agrément s'y introduifit également (41). La verrerie étoit conr.ue chez eux dés le huirieme fiecle (42), lorfqu'on 1'ignoroit encore en Angleterre. En changeant de mceurs, ils changerent aufTi de dogmes: lorfque les Frifons eurent embrafie la Relig on Chrétienne , les Temples, ainfi que les Autels de 1'ancien culte furent détruits, & leurs Divinités abandon nces. I! y a des Hiftoriens qui font monter 1'origine de Staveren a 300 ans avant 1'Ere Chrétienne; maf- on peut mettre cette opinion parmi tant d'autres fables de 1'antiquité: cependant il efl: cenain que cette ville étoit, il y a bien des fiecles, la plus grande, la plus riche & la plus opulente ville de la Frife; elle étoit le fiege ordinaire de la réfidence des Rois Frifons; öc la bonté de fon Port rendit fon Commerce florilTanr, Mais aujourd'hui elle n'a plus rien de tout cela; ce qui ne paroltra pas fort harpt enant, fi 1'on confidere qu'une partie de (41) Hifloire de la Palrie, Tome II. liv. V. page 5. GüR* BERTI E)>ifl. CXI.VIIÏ apud [Mi Ch'.fne lome II. page 833. (42) Hiit. tie la Paiiie , loco ciiaco, F a  84 Ckip. IV. ORIGINE cette ville a ére' engloutie par Ia mer, une autre ruineë par le feu, &. une partie enfin détruite par les révolutions que le peupie Frifon a effuyées pendant les troubles fur Ia Religïon, & fous fes difFérens Princes. Et comme fi tout cela ne fuifiloit pas, la Guerre, ce terrible fléau, a fouverit rava'gé cette belle contrVe. Oa prétend auffi que les Frifons ont fabriqué des Monnoies dans le huitieme fiecle On trouve dans Ie Traité de M. van Mieris, les inferiptions de deux Monnoies d'or (43)'. II efl; cetta'in que Charlemagne, pendant la vie de Grégoiré troifieme Evêque d'Utrecht* a fait battre de la Monnoie d'argent qui parolt être entiérement de fabrication gothique, M. van Mieris (44) nous a donné la C 43 ) Dcreript. des Kom. de M. van Mieris, pa;;e 92-jn, ï.'Aurcur des la Defcription de la Seignturie de frife uiire le tilt F? le Lêuwtrs dit, i Partiele de Staveren, page 2^2, qu'tn 1509» le 2 Décembre, on y trouva deux deniers d'argent frappés da tems du Roi Radboud. Er en 1425 un demi denier d'or, ayant d'un cóté Adgülus fecuntlns Friflorum Rcx, & de 1'autre ; Moneta aurea clvitatii Stayreufis. M. van Mieris fait mention de ce detnier. Que les Frifons aient eu anciennement leurs Monnoies, c'eft une chofe indiibitable. Voyez le Code de leurs anciennes Loix, Tit. III. § 44, rii i) eft fait mention d'un denier Fril'on. Le Roi Radboud, fuivant lei Hifloriens de ce? pays, vivM au hüitiemo fiecle, c\(t donc auffi depuis un tems ttès-recuii que ces peuples ont cu des Monnoies. C fuiv, ( 47 J) toSa van Loon & Wagenaar, f Voyez VUïflol re de la Patrie, Tome II. I ,v. on trouve noté dans une Chron.que de l'Evéque de Minden, que le Conus" de Hollande a commencé 1'an 840. Et il parolt probate, d'aprèj. une ancien, ne traduion , q ,e lei cnrceflions fake» è Koruk Seigrreuï DaOOja, en lont la premtere origine. Auffl on trouve affirmé qua   ARBRE GENE ALOGIQUE. Depuis- Pépin, dit le Gros, jufqü7) Thierri Comte de Hollande,pour montrer que les Rois de france de la feconde • Race & les Comtes de Hollande ont eu une origine commune; ce qui fert d rendre• raifow- des- donations que*. ces Rois ont faites aux dits Comtes & aux Evêques de nos Pays (*), lome I, Portie I. Cha$: IV. pag. 8?.. R e n v o i s. 1. Pépin, dit Ie Gros ou de Heriftel,. pctït fits de Pépin de Landen ,.Maire du Palais des Rois dc France, jouit d'une autorité prefque illimrtée dans le Royaume des Francs, vainquit Radboud Duc dc Frife en 707: il mourut en 714. 2. Griraoald, Maire du Palais fous les Rois Chil- debert II. & Dagobert UI, époufa Théodefmde fille de Radboud. II fut allaffiné a Liege par un Frifon en 714, & mourut fans enfans. 3. Charles Martel, fils de Pépin Maire du Palais, reniporta trois viótoires fur les Saxons , dorapta les Frifons &c. II mourut en 741 agé d'environ 50 ans. 4. Carloman fe fit Religicux, & mourut en 75^. 5. Pépin, dit le Bref, fils de Charles Martel, Mai¬ re du Palais fous Childeric III, (dernier Roi de la Race Mérovingienne) devint Roi de France, & fut couronné en 75a: il mourut en 768. L'Evèque d'Utrecht Willibroni Favoit Baptifc. 6. Bernard, fils naturel de Charles- Martel, eut (a ce qu'on dit) un Gouvernement dans 1'Eft-. Frife, qui alors appartenoit au Roi de France. 7. Carloman, Roi d'Auftrafie &c. mourut en 771. 8. Charlemagne fils de Pépin le Bref devient Roi de Ia France entiere par la mort de fon- frere Carloman & enfuicc Empereur d'Occident: il mourut a Spa en 814. 9. Théodrade,fille de Bernard,époufa Thierri Duc de la Frife d'Auftrafie (Oeflfrankifc he Friesland'). Après la mort de fon mari elle devint AbbefTc de Soiffons,'& mourut en 845. 10. Charles, fils de Charlemagne, Roi de la France Oriëntale, mourut en 811 en Baviere, fans laiffer de poltérité. C*) Tiréc du Livre des Cliartrcs dc Hollande , par. 2 . 11. Louis le Débonnaire & le Pieux , Roi & j Empereur, mourut en 8404, 1-2. Gerlof, Comte en Frife en.s3.i 1, fut battu parv les Danois en 837. 13. Imme, fille de Théodrade, époufa Egbert,Dtic en Saxe , après la mort duquel elle devint Abbeffe de Soifions. 14. Lothaire I fut Empereur, pofféda 1'Italie & toutes les terres fituées entre le Rhin & le Rhoner il mourut en 855.. 15. Louis I, Roi d'Allemagne (Germanie') pofféda les terres au de-la du Rhin, eut par confé.quent auffi la Frife, recut par héritage de Lothaire II le pays connu aiijourd'hui fous le nom de Hollande , dans lequel fe trouvoit la Foreft de IVasda , dont il fit préfent a« j Comte Thierri. Louis mourut en 876. ; 16. Charles , dit le Chauve, fut Roi de France jufqu'a la Meufe: il mourut en 877. 17. Thierri,fils de Gerlof,fut Comte en Frife, obtint la Foreft de IVaula en 86c. fut vaincu..., 1.8. Louis II, fils de Lothaire b, fut Roi & Empereur d'Italié: il mourut fans enfans en 875. 19. Lothaire II, fils de Lothaire I, regna fur les. terres entre le Rhin & 1'Efcaut, & auffi fur la Frife: il mourut en 869.fans poltérité. 20. Carloman, fils de Louis, mourut en 880.. 21. Louis, Roi de Lorraine, eut par conféquent auffi la Frife, mourut fans enfans en 882. 22. Charles, dit le Gros, fils de Louis I, fut Empereur & Roi d'Allemagne. Après la mort de fes freres il regna fur tous leurs Etats il mourut en 888. 23. Louis II, dit leBégue, fite de Charles dit le Chauve, mort en 879. 24. Gerlof II, fils de Thierri, Comte en Frife, obtint en 880 du Roi Arnold des terres &c. a Zuithardeshage, proche de Bodegravc, & pélit en..,.. I. van Mieris, Tome I. page 31. 25. Arnold [le Batard] fils dè■ Carloman,. mourut en 800. 26. Charles, dit le fmiple, fils de Louis II, Roi de France, hérita, après la mort de 1'Empereur Louis, d'une partie de la Lorraine, dans laquelle étoit comprife la Hollande & la Zé-lande,. & mourut en 929. 27. Hildegardè, fille de Gerlof II, époufa Wigman, III, Comte de Hameland,qui mourut en 944. 28. ■"..Thierri, fils de Gerlof II, fut Comte en Hol¬ lande proche de Sodegrave,, eut la régie de. 1'Abbaye d'EgmorM, oü il fit batir une Eglife de bois. II eft .connu dans i'hiftoire de la Patrie fous le nom de Thierri I. il mourut en P23. 29. Walger, fils de Gerlof II Comte de Teifterbant par fon époufe &c. périt en 936. 30., Louis IV. Empereur d'Allemagne., fils d'Ar, nold, mourut fans poltérité,. 31. Zuentibold, Roi de Lorraine* fils d'Arnold, qui la lui avoit donnée en 895 périt en 900. 32. Louis, dit d'Outremer, Roi de France, Airde Charles le:Simple, mort en 954.. 33. Thierri II, fils de Thierri I (voyez 28.) cue pendant la vie du Pere en 922 la régie de 1'Abbaye iïEguwnt, devint Comte d'une partie du pays,, comm aujourd'hui fous le nom de I lóllande, & époufa Hildegardè, laquelle, après Ia mort de fon epoux , fe maria au Comte Thierri, fils de Wigman IV. II y en a qui penfent que Hildegardè étoit, fille de Louis, dit d'Outremer. 34. Thierri Comte dê Teifterbant, fils de Walger. 35. Henri Comte de Teifterbant, fils de Thierri. 36; Ausfried Comte de Teifterbant, fils de Henri, Evèque d'Utrecht, mourut en 1008. AAAA. Branche des Rois de France. BBBB. Branche des Comtes de Hollande &c.  DE LA MONNOIE en Hollande. 87 les Hiftoriens fut Thierri I (48), qui avoit fuccede, a la mort de fon pere Gerlof, en 1'an 898. II paroit que lui & ceux qui 1'ont fuivi (49) n'onc pas fait battre Monnoie: ce fut Roruk a gouverné une partie du pays connu depuis fous le nom de llullande. Dans une lilte des Biens que 1'Eglife ÜUtrecht pofl'c'doit (avant Odibr.lt douzieme E\óque. environ 1'an S66.) fe trouve en Iloltlant (Hollande) quatre Manies, dont 1°. deux fituéc-s i Liithen (Leyden). z". une.... & 30. une.... Un Manfus ou Manfa, felon le jugement de quelques - mis , feroit douze certaines parties de terres, qui ont cliacune 912 Toifes de llhynlr.r.d; par conféquent une Manfa feroit aujourd'hui 18 arpents & 144 toifes de Ttrrain avec ine Maifon, Chanticr, Uftenciles & Esclavcs. Voyez les Livres des Cliartrcs de M. van Mieris Tome I. pege 20. HiJlo:re de la Patrie, Tome II. Liv. V. page Ti. & Livre VI, pages 173 & 197. ( 48 ) Voici le Tableau Généalogique de no= premiers Comtes: on y voit que Thierri 1. defcendott de Charles Martel. Ce Thierri I. eut la Rég ~ de 1'Abbaye d'L'gmnnt; fit batif une Eglife de bois, ï l'cndroit oü le corps de St. Adelbert répofok; fonda un Couvent de Religieufes, & favorifa de fes piopres biens ces nouveaux établiffements. Voyez YUijloire de la Patrie; Tome II. Liv. V & VI. ( 49 ) COMTES de l'ancieime Maifon &HOL L A N D E. Thierri I. pro'jabltmetit mort en 9*3» Thierri II '. . en 9"9' L'intervallc étant trop long entre la mort de T Hiie ft ri I. & celle de T h 1 ft r 1 II, il fe pourroit, comme le pictcnd M. van He me rt, qui a écrit l'Hiftoire de Sa vie de nos Comtes, que fous ce rom H faut entendre , non pas une feuïe, rir;s deux perfonnes diftincles. Thierri II feroit, felon lui, inoit en 940 ou 943, & lón Epoufe fe feroit remanée ft un #utreCsmte portant le mime nom de la Maifon de Gand, & li Is de Wï»man Ie jeune. Voyez aufü ce que van Loon , dans Ion F 4  83 Chtp. IV. ORIGINE Florent 111. qai joule Ie premier de cette pré- Hfftoire, rapporte a ce fujet. L'hiftorten Wacehaar nous olT.e aufïï q.elques dotltes fur le regrw de ce faiERui II mais ,1 sVn tient cependant a u„ fc.il de ce nam. La probabi.' Jité me paroït contte ce long regr.e; mais abandonnons ces f.it, de pure cunofité, & fur lelquels oa ne peut acquérir de cer~ t kilde. Arnoul fuccéda j fon Pere Tl;IERRI) fan3 qi),n trouïtt n«ceffa,re de fe faire reconnotcre par des Patente, de l?Empete»«' i. ; eft donc a preTumer que le Gouvernement des Comres étofc -jMiéred.taue, & que le phts proche parent fuccedoit de plein dfoir, fans recours au confentement de l'Emperetir ni des Etats. Voyez VHiltoire de la Patrie, Tome If. Liv. VI. page Ia8. Ou n'a poiut de ceititude fur IWe de la mort d'ARNo tj, laqueile doit avoir eu lieu vers le commencement du oaziemè fiecle. ■La m,t de fon Eifs Tt| i h itï, connu dans nos Hiftoire. fcus le non, de Thierr, III, Comte de ce no.n, arriva Ie aj» Mai 1039. ■ II laifladeu, Fils, T?1 E BK, & Fioh'nt, qu'il avoit eu* iOthüde, ou Mthild* 1'on époafe, fille a>0tto» Duc des Saxonaj Th erri iv. mort fana Enfans, en ..... Florent I. lui fu.cdda, il mourut en . * °i9' Thierr. V. encore mineur, lui fuccéda. Sous fa minorité «I y eut des troubles pendant lefqucls liobert le Frifon & Code. j'iot gouvernerent. II mourut cn „ ........ 1091. fldr5nt II. . . . _ , „22, T111 e r n 1 VI ; • H57. II eut q.elques démêlés avec Florent le noir fon frere. ï-lorent III. (fils de Thierri V|0 mort en . .. . „„ Croifé CS: mort il Antioche en Syrië. Th 1 R R 1 vil. mort en . . *■•••• •••• 1203. Ada la fille, morte en . . f • 1318. Güil lab me I. frere de Thierri depuis 1'an mille deux cent quatre en régence, & mort en , . E l o r ent IV. .fon Fils mort en . . *,».."  DE LA MONNOIE en Hollande. 89 rogative, & qui obtint cette faveur de 1'Empereur Friderk L dit BarberouJJe (50). guillaume II. . . • 611 ... .... 1255. élu Roi des Romains en 1247. Florent V. mort en .......<•• • 1=9^. Jean I. mort fans Enfans, cn 1299. Comtes tic la Maifon ie II AI N A U T. Jean II. mort en '304- Guillaume III. fon fils 1S37«' r-~ IV 1345. Marguerite, fa fceur, Epoufe de l'Emperaur Louis , uiot- te en . '• • • '355- . C'eft fous fon Gouvernement que commcnca la fameufe faction des Hoeckfche & des Cabeljairpfch*, Comtes de la Maifon de B A VI E R E. Guillaume v, tnott en 1389 fon Frere AÏ.bert flui avoit gouverné déja lous le nom de Ruwaard} lui fuecéda, &- mourut en • 1404. Guillaume VI. fon Fils *}7- jACquELiNEfa Fille, morte en 1436. En 1415. elle avoit été mariée a Jean Duc de Touraine fccond Fils de Charles VI. Roi de France. Lorlqu'elle fe démit de la Régence, Ie Gouvernement paffa de la Maifon de Baviere dans cellp de Bourgogne. 'Philippe L , par fa Mers defcendant du Dnc Albert , fut le premier Comte de Hollande & de Zélande de la Maifon de Bourgogne, il mourut en MPT* Charles I MAItlE ... 't82' Comtes de ia Maifon d'A U T RIC H E. P h f L 1 p p e II. mort en 1506". C harlea II. connu fous le nom de Charles quint, téfiena en *555t PhilippeHI. connu fous le nom de Philippe II Roi (TBI'pigne, cc dernier Comte de Hollande. f-oj Voyez la Defcription de M. van Mieris, & les Mooi F 5  9© Chap. IV. ORIGINE Le denier connu de lui Ce trouve dans Ie Traité SAlckemade (51). Le fils de Florent III. & les Comtes qui lui ont fuccédé, paroilTent tous avoir fait battre Monnoie, Cependant il confte que long.tems avant Florent III. (en 937) 1'Eglife d'Utrecht avoit recu de 1'Empereur Otton I. le pouvoir de battre Monnoie (52), Le Roi Henri II. Confirma le 3 Septembre 1003. a 1'Eglife d'Utrecht la donation, en 1'honneur de St. Martin, de Ja ville de Bommel, de la Douane , de la Monnoie, &c (53). ^ L'Empereur Henri IV. perrnit, en 1064 rétablilTement d'une Monnoie a Dordrecht. II eft a remarquer que le premier denier de nos Comtes a été une Monnoie d'argent, foit qu'jl ne leur füt pas permis de battre des Mon- noies des Comtes £? Comtefes par Aukemads. La Hollande fat snclcnuemcnt an Hof appartenant a I'Etnpire. Mffoire de Ut Patrie, Tome 11, III & IV. C5U Voyez-en la figure dans 1'Ouvrage d'A lckemadEi ( 52 ) Defcript. de M. van M i a r i s. Livre des Chartres de v an Mi e r,is, Tome I. page 55. II paro!: par rafte que dans cette donation fin comprife ontre la jurisdiétion de la ville de Dommel, tont ce qui appatte. non „on feulement a la ville, mais au Prince, comme Dou3. ne. la Monnoie, I, venté cxcluCve de la biere, nommée Grrit. nommel, Thiel, ainü que Wyk-nDuurfiede ont été dans les IX, X & XI ik des des villes HatnTantes par le Commerce.  DE LA MONNOIE en Hollande. 9\ noies d'or, on que la matiere pour en fabriquer leur manquat. O 1 conjeéture que le mariage de Marguerite Cormeife de Hainaut avec l'Empereur L^is V. a donné üeu aux premiers deniers d'or connus dans nos pays (54.). Au r.ftj il par lït aflez certain que tous les Comtes & Comteiïes de H )l:aaJe, excepté la ComtelTe /ida, jufqu'a Philippe II, tjoifiérnd Comce de ce nom , ont excercé le druk de faire battre Monnoie ( 55 ). L'efüme qu'on eut puur Philippe au commencermnt de fon regne ne dura pas long-iems. Né & élevé ..n Efpagne, il voulut gouvenvr les Pays-Bis avec lyrannie, fans r. fpecl r les privileges dont il avoit juré le maintien. L'amour qu'on avoit concu pour lui fe chargea infenfiblement en haine , au point que 1'on s'arma. Les Nobles, & prefque tout?s ks principales Villes de la Hollande, s'unirent & bnkrent les licns qui les attachoient au Roi. On confïa, quoiqu'tncore en fon nom, le Gouvernement du Pays a Guillaume Prince d'Orange, afin de fe tenir mieux unis fous un chef, contre 1'inquifuion, & contre 1'impöt du dixieme (?+) Traité des Mon. de van Loon, Partie I. Chap. VIII. PSge 15- C 55 ) Voyez A l c e e 11 A D b.  92 Chap. iv. origine denier que le Duc d'Jlbe demandoit au nom du Roi fon Maïtre. L'étendart de la Liberté étoit levé, Vaincre ou mourir étoit devenu le cri univerfel des hommes refpe&ables qui fe trouvoient alors en place. Les trjupes Efpagnoles avoient mis Ie pays dans une fituation fi malheureufe & f! défefpérée, qu'on étoit fur le point de mettre le feu aux moulins, de rompre les digues & d'abandonner le pays (56); mais par la mort de Rèquefens, a 1'occafion de laquelle les troupes Efpagnoles fe mutinerent, tout reprit en Hollande une nouvelle face, Ce fut en 1576. au milieu destroubles, que 1'on battit Monnoie (57) pour la première fois fous le nom des Etats du Pays. Depuis la pacifkation de Gand, les troubles au lieu de diminuer augmenterent. On vit en 1581' les Etats fe déclarer ouvertement contre Philippe (58), qui dès lors ne 'fut plus reconnu Comte de Hollande. Enfin les Provinces- Unies k la veille d'ètre fubjuguées pu* le nombre,' & livrées au reltentiment de leurs adverfaires,' durent leur liberté a la valeur & a la conltance (56) Hifloire de la Patrie, Tome VII. Liv. XXV. page 80. <' i? J Voyez-en les figures dans le Traité des Won/dc van Loon. Partie I. au Chap- IX. C £3 J> Vafez les Annales de H. i>ï Groot [H] page 76.  DE LA MONNOIE en Hollande. 93 héroïque de Guillaume, Prince d'Orange, "qui de fon coté d&t tout a fes talens & a fes adverfités. IJ fe conduifit toujours avec beaucoup de douceur & de droiture dans le maniment des affaires, deforte qu'on lui déféra de plein gré 1'Autorité Souveraine dans les affaires Polïtïques & Militaires, pendant tout le tems que la guerre dureroit. Les Etats lui donnerent enfuite le titre de Comte de Hollande. Au commencement de Juillet 1534 il ne manquoit plus rien a ia confommation de cette grande affaire, que de lui rendre hommage (a quoi les Villes de Gouda & $ Amfterdam n'avoient pas voulu confentir) lorfqu'une mort prématurée enleva. ce grand homme, & arreta le cours des chofes (59). On avoit déja préparé une Médaille a 1'occafion de eet événement. On en trouve la figure dans le Traité des Monnoies de van Loon (60). Le Gouvernement tomba dés-lors entre les mains des Etats du pays. Le droit de battre Monnoie y efl compris: depuis ce tems toutes les Monnoies, tant de Dordrecht que de la Nord - Hollande, ont été fabriquées a leur emjpreinte, & fous leur nom (61). C59) Voyez riltfioire de Je Patrie, Tome VIT, Liv. XXVIII. eü fe trouve ce qui fe paffa ft est égard en 1584. Ce Prince fut tué a Delft le 10 Juillet de cette naCme année. (<5o) Traité des Monnoies de van L ooN.Parrie I. Chap. IX i, il payera 27 folidi „ moins un denarius a fon Seigneur, & au plus CO Voyez Ia Preface de l'Ouvrage de M. i.e Bauonde SC""r"E""!C ET Ho he NL a^j s B e 11 g , Grietman ie Menaldumadeel en Frife, Deputé aux Etats &c. [II] Oans ia faire nous dófi.-nerons eet important Ouvrage ious le nom d8 C har tres ds Frife. C) £tat mitoyen entre 1'Hotnme Libre & 1'Efclave.  96 Chap. V. ÊVALUATION DU MARC „ proche parent 9 folidi moins la troifieme par« *, tie d'un denarius. §. 5. Si un Libre tue un „ Noble, il donnera d'amende 80 Jolidi dc." Entre le Vtie £f ÏEJcaut, Tarnende pour un Noble étoit de 100 Jolidi, pour un Libre de 50, pour un Litus de 25 folidi (Ie fulidus évalué a 3 denarii de la nouvelle Monnoie &c) (2). Ces am^ndes varioient felon les délits: par exemple , lorfque 1'on tuoit des beftiaux, Tarnende étoit proportionnée a Tefpece de Tanimal. L'incendiaire étoit condamné a une amende t ès-confidérable; le parricide étoit en outre deftitué de fon héritage. Je n'ai trouvé dans tout le Code des Frifons que deux cas oü la peine de mort fut promulguée ( 3 ). . 1". Lorfqu'un Elclave ou un Litus avoit commis un meurtre fur la perfonne de fon Seigneur. 2°. Lorfqu'on avoit ouvertement violé le respect dü aux Temples: mas cette peine de mort étoit décernee d'une maniere fi crutlle, qu'il vaut Ce) Fntre Ie Lauwers & h I7cTer, 1'amende étoit pour uL Noule icfi folidi & \ : pour un Libre & un Litus i proportion. C3) II eft dit encore, dans les Chartres fe Frife, Tome h page 28. „ SI quelqu'un vole un cheval ou un bceuf, ou qu'il ait ron> j, pa la f. rrure d'un coffre, il kra pum par une ftntence d? n mort, qu'il pourri raclietter par une I'oinme d'ar^enf "  D'0R ET D'AR G en Holland?. 97 vaut mieux en -perdre totakment lamémoire^ que d'en rappeller 1'odieux fouvenir a la poftérité (4.). Outre que les Loix des Frifons nous apprertnent & nous défignent les différentes Monnoies d'a'ors, elles nous font auffi connoïtre que k Nation étoit compofée de quatre claffes d'h ommes, les Nobles, les Libres, les Litus & les Efclaves. Nous aurons occafion dans la fuite de ;revenir fur ce fujet. J'ai trouve dans d'anciens Édits, Réglements* Ordonnances &c. qu'il efl fait .mention de plufieurs efpeces de Livres (en Hoüandois Ponden) de Livres Parifis, de Livres Tournois, de fi, d'Onces, enfin de Livres Noiresi dzns une lifte des revenus de 1'Abbaye d'Egmont, tirée du Livre de St. Adelbert (5), fans fixation de tems., il efl parlé de librcp, unc\ce, Jolidi & denarii: on trouve auffi des .ciiadons .d'efcalins , de fols, de gros, de deniers, de Livres de Cologne, de Livres de Liege , de Livres de 40 gros &c. Enfin la variété efl infinie fur toutes cec dénominations. Dans cette obfcurité, attacb.ons- ; C4> Voyez Tit. Xlf. de honor: Templorum g. i. (.5) Chartres dc Hollande par M. van Mi erts [h] Toine I. page 165. ceue piece eft datée des environs de 1*1*, contient les revenus de 1'Abbaye A'Egmond, & eft tirée OÜ ï,ivre de St. Adelbert.  98 Chap. V. ÊVALUATION DU MARC nous aux chofes qui nous donne des idees plus claires & plus exacles. Voici donc ce que j'ai remarqué dans les recherches que j'ai faites fur nos anciennes Monnoies. Parmi les anciens Manufcrïpts qui concernent les Frifons, ii y en a un, que 1'on date de 1276± qui contient la valeur ou le numéraire de l'argent , ainfi qu'il avoit cours dans les quartiert d'Oftergo & de Weftergo (6); mais n'entendant pas affez la langue Frifonne dans laquelle il efl ccrit, pour ne rien hazarder je m'ert tiendrai a la fimple mention que j'en fais ici. On peut par des conjeclures approcher du vrai; peut-être le fiifit-on, mais on n'ofe rien affirmer: d'ailleurs en confrontant ce pafïage avec d'autres copies- qui me font tombe-es fous les yeux, j'ai trouvé de la difparité entre plufieurs mots (7) , ce qui redouble la défiance & 1'obfcurité. Cependant la première piece que j'ai rencontré fur les Monnoies, efl du 9 Janvier 1336: c'eft un Contrat entre Guillaume Comte de Hai- (6) Livre des Chartres de Frife Tome [. page 97. C7 ) Vov 2 Oefcripiion de la Frife entre le Vlie SP le Lauvers, page 93 Cette piece fer» probablement d'une date antérieure au XIU fltcle. oMerve dans le Chapitre précédent tju'en Fiife, a Utrecht & > Wyk te - Duurflede, les rnatl'ons & les Hotels des Monnoies étoient tléji établis depuis long-tems.  D'OR ÈT D'AB G. en Hollande. 99 naut & de Hdlande, & 'Jean Duc de Brabant, dont voici 1'txtrait: „ Nous Guillaume Comte de Hainaut &c', & s, nous Jean Duc de Brabant &c „ Scavoir faifons par grand confeil & par „ grande déüberation que nous avons, fur ce, 5, tu mürement, par 1'accord éi 1'afT nt des no„ bles & bonnes villes de nos p.iys, nous fom„ mes affentis & accordés enfembie pour une „ Monnoie, tout d'un poids, d'une !i & „ d'une enfcigne: a fcavoir que la dite Mon„ noie doit être blanc-de mer, d argcra de aix fols & quatre deniers de comp e a Mare ie I ro- „ yes a neuf deniers d'argent le-Roi & „ vaudra en ces prys de H.iinault, de Hoilan„ de & de Zélande, &c" (8). II paroït par cette Ordonnance, ou pour mieux dire, par ce Traité ou Contrat, qu'il y avoit alors une Monnoie d'argent nommée Bianc» Cctre Monnoie devoit être compofée de 10 efcalins 4 deniers, fur un JMarc ce Iruyes. Les 10 elcalini 4 deniers tont 1^4 gros, ou 61 lols, fc'eft ce que nous nommons, ou connoiflons (8) Voye le livre des Cha'tres de M. vaH MiERisj Tome U. page 575, ure des Aichives du jisfakut, psgc aM , & 285. G i  loo Chap, V. ÊVALUATION DÜ MAR.C a préfent pour fols (Jh&vtrs}: mais comme eet argent étoit da titre de neuf deniers, & que Vargent-le-Roi eft de irf, le Mare de Troyes peut donc étre évalué a 4 florins, ou a-petv près. On s'hnagïnera naturellefnent que les fols ont ëté les mêmes en poids d'argent que ceux d'aujouru'hui; je préviens qu'il s'en faut de beaucoup. Le détail fuivant le pronvera encore mieux. Le Mare d'argent dit 2e-Roi étoit formé de 80 lols ou de 1C0 gros, c'eft-a - dire de quatre -vingt, on de cent foixante parties: aujourd'hui le Mare d'argent fin valant 25^ Jlorins, fe trouvera étre compofé par vingt fois 25I, ou quarante fois 25^; c'eft-a-dire que 25 florins 10 fols font 510 fols (Jluivers) ou 1020 gros, ou bien, autant de parties. Ce jx qui voudront des preuves encore plus frappante*, n'ont qu'a comparer les fols d'aujonrd'hui avec ceux d'autrcfois 5 car les anciens doivent par conféquent avoir été tout arlflï grands que nos pieces de 5 fols & demi. L'auteur de 1'Encyclopédie, (de Paris) a Partiele Livre , vient encore a notre appui. „ Par un chang.ment, qui eft prefque la honte „ du gouvernement de 1'Europe, ce fol qui  D'OR ET D'ARG. en Holland?, io* „ étoit autrefois ce qu'eft. h -peu-prés un écu „ d'argent, n'efl: plus en France qu'unc légere y) piece de cuivre avec un douzieme d'argent." Le même abus a eu lieu en Hollande, & fucceffivement dans tous les pays de 1'Europe; la différence n'efl: feulement que dans la gradation du mal, mais le mal a été fait dans toutes les Sociétés. Le 10 Juillet 1376 (9) le Duc Alhert étant Ruwaard (10) ordonnaa fon Maitre des Monnoies de fabriquer un nouveau denier d'argent. C9) Livre des Chartres de M. van Mieris, Tome UI. page 326. C 10) Ruwaard Bgnifie confervateur du repos. Voyez Kiliamus [H] au mot Ruwaard. Dans un privilege du Duc \lliert de Baviere, dans le Recueil des privileges & octrois'de f'laerdingen du 15 Juin 1445, on trouve 1'explication de ce mor, dans les exprefflons fuivantea: „ Et ils nous ont accepti „B nous acceptent comme Ruwaard , pruteSt'eut £? con^ftrvateur da Tipt» de tous les pays dc notre trés cher „ Frere." Voyez auffi un privilege de la ville ffAmjlerdam 1357* parmi les privileges de cette ville, page 5. Cet Emploi répóndoit h celui de Stadhouder, & étoit confié en' tems de trouoles a celui qu'on resardoit comme le plus propre k conduire les affaires. Voyez Hooft Hifloire des Pays-Das I iv. XII. page 539. & Liv. XIII. page 551. [H] On trouve auffi Tome I. Anal. Matthai page 543. le mot Ruwaard expliqué par ceux-ci: Civitatis & Palrix 'defenfor vel Advocatus. Apris la mort de Guillaume IF", dernier Comte de Ia maifon de Hainaut, arrivée en 1345 , lequel ne laiffa point d'enfans iégitimes, 1'Empereur Louis donna a 1'impératrice Marguerite, ■ïf*'.ir atnée de Guillaume , i'inveth'tute de ces pays en 1346. Elle fut recoiiiiue partout, & accotda & cette 'occafion diveu G 3  ?02 Chap. V. EVALUATfQV DU MARC £n * 388 (11) le mème Duc ordonna de faire un denier d'or no-nné Schilden, ou Écu de Dordrecht, du ticre de ajj Karats, un grain de remede en aloi, & d'un eftelin fur la taille, privileges sux ville' Sc Provinces, p3r lefquels, entr'autres. elle s' igigea 1 ne piint faire ia guerre que du confentement des N >n es (V de< Villes. En 1149 Marguerite céda fon auto'ité h Guillaume firn fils, fe rgferyant (euleraenl une oarrie des revenu*. Guillaume na payant point h I» Mere la penG»n ftipulée , Margu rite fut oliligSiue tfUireeht. lequel il forca a demander la paix. perdit peu 'de tems 1 \h- l'efprit, & lemctlta tnfermé au Qucfnii en H "aui jufqii'è la mort, qui arriva au mois d'Avril 13S9 Pendant la dém-ncc dc Guillaume, la Regence fut déférée . en 1358, pa' l'emremife des Uo-ckjclie, au Dnc Alben, fretc de GuiUau>' ID' , & cinqioeme Comte de ce nom. Alhert poita le nom dc Ruw ■ tam q e Ion fieie vê<.ut,& ne fut reconnu Comte qit'après ]a irï il vrai que les 6912 grains de France font précifement la 1. ivre de 11 onees d'aujourd'hui. Par conféquent quatre vingt folidi doivenc être confidérés comme repréfentant la valeur d'une livre d'or fin, compofée de 12 onces,' alors d'ufage en France : d'après cela nous pouvons dire, puifque le Mare de France efl a-peu pres égal a notre Mare de Troya, fi huit onces, ou un Mare, valent 375 florins „ aux Romains; on ne prenoit pas fur les Monnoies les frais de „ leur fabneation; l'état les payoit ; de facon qu'un particulier „ qui portoit une livre d'or fin 4 In Monnoie, recevoir 72 fols „ d'or tin , qui pelbienr une livre; ainfi l'or & l'argent en mas„ fe , ou convertis en Monnoie étoient de même valeur. „ II feroit difficile de marquer quand les Rois ont commence„ il lever ce droit; nous n'avons rien trouvé, fur eet objet, „ de plus ancien que l'Ordonnance de Pépin de 1'an 755 , lors „ du Parlement tenu S VerneuiU par lnquelle il ordonna que les fols d'aigi-nt ne feroient plus taillés que de 22 a la hvte ds „ po.ds, que de ces 22 pieces le mattre de la Monsoie en retie'droit une, & rendroit 1'autre a celui qui avoit fourni , l'argent, &c. H efl a croire que les Rois de la première „ race en avoient ufé ainfi , n'étant pas vraifeinblable que Pépin „ eül oré, dans le commencement de l'on -egne. impofer un nou. „ veau tribut aux Francois qui venoient de lui donner la Cou. „ ronne. „ Oans ce qui noua rcfle d'Ordonnances des Roi de la fe„ cemde race fur les Monnoies , il n'y efl fait aucune mention „ de ce droit; cependant la donation que Louis le Débennaiu fit il St. Mtdard de Soiffo :s, du pouvoir de battre Monnoie, „ fait voir que l'on en tiroit quelque profit. II y eft dit, qu'il ., leur accorda ce droit pour être emp'oyé au fervice qui fe fas„ foit che2 eux en 1'honaeur ie St, Séiafiien."  ïoci Chap. V. ÊVALUATION DU MARC courant de Hollande, les douze onces ou j* Mare font 562! florins de no.re numéraire. Ce qui nous donne encore plus de raifon de croire, que 1'amende de 1'homicide de Noble a Noble étoit évaluée a une livre d'or, c'eft que 1'homicide d'un Libre 1'étoit aux deux tiers d'une livre d'or, c£ celui du litus a un tiers feulement. Revenons maintenant a nos Monnoies. Le 15 Mai 1393 le Duc Alben (16) donna une nouvelle Ordonnance fur les Monnoies, qui devoit avoir force pendant vingt ans. II fut ftatué que le denier d'or nommé Schilden (enl füite Ponden & florin de Hollande) feroit au ritre, poids, & cours des précédens. II y eut tin changement dans le denier iargent, car il (16) Livre chs Chartres de M. van Mieris, Tome IU. page 593- Le is Mai, 1393. • Le Florin de Hollande valloit ...... t-i Gros de Gueldre - . - 5;- ■ Pierre de Brabant & Hemlkens de Flandre 38 Mouoene de France 44 Schilden de 1'Empereur & de Gand - - , - . 4~ t-y°sn • - - - 50" Doublé Ecu de Hainaut 45 Eugel dc Flandre & Brabant 47 Vieux Fianc -..„.„ „ ■ ■ - 34 Franc Nouveau - - . _ 32 Ecus ncuveaux de Berchlclic & d'Eyrche - - - 32 Florins C Ducats 3 de Hongrie d £s Bohème : . 3 ■ de Gand - - ... ...... jj3 r-y»en . Vieux doublé Mortoene ƒ60 • Dordrecht, doublé - 57 Doublé Ecu 47» Morroena de France 53! Engel de Hamaut faterioué avant ce tems - - • £7  D'OR ET D'ARG. en Hollande. iir Le 31 Juillent 1414 le Duc Guillaume régla le cours des différentes efpeces pour le terme de cinq années confécutives. Ecu de France - *| . Pierre * - - - - - j Schilden de Malincs - - « kelmken» *45 Demi Kn->eH'che Nollen ... - ... - - | Paidzen & autres pieces - J Vieux Franc * " 7 Ecu de Hainaut - S41 Gro* Ducats --------- J Nouveau Franc - . Nouvel Ecu de Hainaut .„.--.--Berchfche Schilden »--.«---»- - J Florins du Rhin - -- -- -- 35 GrOS . de Gueldre - - 3* » de Guillaume de Hollande - - - - - 30 ■ d'Albert de Hollande 26 :— de Gueldre ----------- 2,i dc Liege - '9 ■ — de Reynaldus l9 Monnoies 4*Argent. Butdrsgers Jtogelairi /'7 Den« Tuuntans de Hainaut Demi Butdragers "j Gros i la Croix Guillaume \ Gros paed.'clie Guillaume - ------- ^ ;i DeW Placken de Dordrecht - - Ganlen de Deventer 3 Rheenl'che ----- J Gros de Zyppcr fZutphen) - - - - — TüU,"üi S? Den,' ■—— de Hollande fabritjué demieteinent • - - ■ \  ns Chap. V. ÊVALUATION DU MARC Le 7 Aoüt (r8) & le 26 Septembre i\2x on vic paroïtre de nouvelles Ordonnances du Duc Gros de Berchfche - - \ D — d'Alberr 3vec l'Ecu dans la Croix - - - J Placken de Flandre 16 Den. Vieux pros de Flandre - ia Meeuwen de Gueldre - - 8 Leliarrs "> Pozante S14 Den. Saulge» de Brabant - - - - J Penning de Brabant dernié:(.inent fabriqué - 16 Et Gros Ludixfce I iege) - - 4 (iïj Livre des Chartres de M. van Mieris, Tome IV. p. 502. Le 7 /lo'U 1431. i Le Noble d'Angleterre peiant 4J Eftelins , avoir cours pour 8 Efcal. Gros. Un Noble de Flandre . - IO den> Ecu de France pefant - a| Eft. 53 deniers Gros. , Un autre Ecu de France de 2J Eft. 49 Gros. Schild de France ... 5 efcal. g Gros. ■ de Guillaume de Hollande 3 _6 1 ■ de Jean de Baviere - 3 4 Un Florin d'Arnhem de 1'an 1419 - . 34 Grcsi 1 Nouveau ' —— de Jean de Baviere . . . 31 • d'Unechr .... 31 ■ des Eltfteurs du Rhin - - 40 ' 1 " £ Baviere oouble - - 2 efcal. C Monnoie éArgent. Tunen de Guillaume _ Ludii gryppenmngen avec le Lion courant - ( Buddra^er de Brabant .... f * rof' Uois LrCns - kif- ~ " 4.1 Vieuz  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 113 Duc Jean de Baviere, fur le cours de l'argent donc la valeur fut alors de nouveau augmentée. Car le florin, Schilden, ou Écu de Fran- Vienx Butcirigers .--«__._«: Placksn de Flandre - - [ 2' Gr0, . , >de Flan. Jangel - - I ■ I dre. Braspenning du Brabant -------./ , Ia piece - -- -- S7Deuts. Cromfterten de Flandre - -- -- -- 13 . P-ucilla Tunen - XI Joliannes Timen . Vieux tr,ros de Flandre ------- f 10 ' J'ai ob'ervé q'ie les gros & les deniers de Flandre n'ont pas été a'iciennement tfgaux fi ceux de Hollande , c'eft ce que prouvent les riiffirrntes dénominations & évaluations des efpeces. VoycZ auffi la D fcription de la Frife entre le fHe le Lauwers , psge 93. On y oblervera qu'H y a eu des Elcalins de fix gros , & auffi d'auttes de 2 gros, fous le nom de petits efcalins. , , . • »•• • , JPjr une Ordonnance de 26 Senrenibre 1421 Ie Duc jeé\ de B'iviere fit fabriquer )> Dordrecht un denier d'argent rrotnmé Tjeitts. lequel contenoit un denier & 16 grains d'argent-le-Roi, 5 la taille de 26 efcalins au Mtc, „ dont notre ilaltre des Rlon,, noies [eft-il dit dars 1'Ordonnan- e] aura pour remede dans ï'allol 3 grains, fi? 32 des dit) denier* de chaque Mare ccuvé; „ t.es fix Deuts auront cours pour un gro-s, cVt-i.dire 12 pour „ un bon Tuyn. De même un demi Deuts du même al! ii a la „ tadle de 72 efcalins au Mare, au remede de 3 grains en „ aljftl, & 61 des di's denijs de chaque Mare oeuvre'. Ai»fi „ nous auront pour uo re droit de chaque M-TC d'argent fiq „12 tles dits pyos prefcrits. . . ... Ce mêne jour le cours des efpeces d'or Sz d'argent fut ainfi régié. Ijavolr, , ,i Feu de '"Empereur & de Fiance » - 62 Gros Noble d'ot • • 96 H  U4- Chap. V. ÊVALUATION DU MARC ce, qui avoit été évalué en 1414. a 52 gros, fut mis (par i'Ordonnance du 7 Aoüt) a 5 efcalins 3 deniers ; on ne fait pas m;ntion du Ducat; mais vraifemblablement il aura été fraude en proportion. On ordonna auffi Ja fabricadon d'un denier de fort bas alloi. Le 23 Juillet 1422 ( 19 ) on fit encore fabrïquer trois deniers d'argent, fcavoir, Ecu de France . ... . J2 Gros Schilden de Guillaume de Hollande . . 43 Florins du Rhin , - , . . \ Schilden de Baviere . .... f ' Fit riii d'Arnhem . .... 36 >—■— de Baviere . . . . , ^ de l'Eveque f2,5 Demi doublé cc lammehens \cigneau, ou agneT] 33 Monnoies u"Argent, Tuyn de Guillaume .... -* Nouveau Penning de Baviere . C . j' ^ * (2 Gros Ludixen Gtypen . • • . . \ Brafpenning de Flandre .... 3 Vieux Botdragers de Flandre • • . 21 Cromlkrten de Flandre «... i4Deuts Johanncs Tunen . , , , . Penningen de Brabant , . . ƒ11 " Vieux gros de F andre .... IO Lions de Hollande . g Un Brarpenning de Brabant pour deux Lions & rj fleurt „ Ceft-a-dire dc tels feft-il dit dans la même Ordonnance] „ que nous ferous battre a notre Monnoie de Dordrecht, les", quels font uu gros, & les 12 un Tuyn." C'9) Voyez Tome IV. des Chartres de M. v a n Mi e 111 s page 646.  D'OR ET D'ARG. en Hollands. 115 i°. Un denier d'argent du titre de 4 deniers argent - ie • Roi. qui eut cours pour 2 gros. 2". Un denier du titre de 2 deniers argcnt-leRoi, & de taille de vingt neuf fix deniers, dont 4 pour un gros. 30. Un denier, d'un denier douze grains en argent, ayant cours pour 8 au gros. Le Mare d'argent fin valloit donc alors 6 florins 10 fols 8 d-niers, & ie Mare d'or 76I (20). • (2.0) Par cette Ordonnance du 23 Juillet 1421. Jean tfué de 'Baviere orrionna fi fes Maftres Ue la Mónnöie dc Dordrecht ie fabnquer trois deniers d'aigent fcavoir, 1°. Un qui devoit avoir cours pour 2 gros, & qui devoit conteuir en alloi 4 deniers argent • le - Roi, dont 64 devoient le taille r du Ma c de Troyts, & delquels les Mgi.rcs de la Mounoié auroient de remede 3 grains dans 1'alloi de chaque Mare eeuvré, & de la taille 4 deldits deniers. 20. Un denier Coerloers ou Toerloers. dont 4 rerom 'au ?-os, qui comieudra cn alloi 2 deniers argent. fe- fai dans I» tsjlle vingt ncuf (is dcm'crs, & dom Ie.- Majtres des Mo- j.oies devoient avoir 3 grains de chaque Mare eeuvré, cc de la taille lfl deldits deniers. * ... 3°. Ui) denier dont S au gros, qui devoir centenir ïn alioi i denier 12 erains arrjii.t ■ le - Roi, & fur la taillé 45 elcaiins, & les Malires de la Monnoie devoient avoir 3 grams de remede, Cs; 32 deniers defidlfS de chaque Mare eeuvré. : Comme le denier contenu dans le itcond Article m'a prj'u Ie mieux déiaillé, t\tt auffi fur lui que j'ai fait mes colculs , afin dc faire voir encore pies claiiemtnt i combitn étoit, en 1422, Imaieur du Maic ii'a-g.iu fin (rtmaiqnés ttptndanr que je Mg ige le remede lur le poiüs, cc les jraix ou dtpiu de la Monnoie;. H 3  m hm. T. ÊVALUATION D'U MARC Oi ne fauroit trop remarquer combien ce fiecle vit de changemens dans les Monnoies, & dans q'uel embarras devoient fe trouver les habitans des contrées viétimes de ces caprices. Voici comment Reyd, Auteur Hollandois, s'eft exprimé la-delTtis. „ En France, du tems dü Gouvernement Angiois, en 1'annéè 1418, le Mare d'argent fin,qui valloit environ 0 Livres tournois,fut; „ par plufieurs furhaulTements tolérés , porté „ cn deux ans de tems a 18 Livres tournois; Js les Etats du pays ont veillé autant qu'il étoit „ en .leur ponvoir a empécher chez eux le pro- gres1 de tels inconveniens; ils ont prëféré dé „ renoncer aux profits qu'ils auroient pu faire j5 par ce moyen indire<5tr Car fi en conféquence des affoibliiTements que l'on remarquoit chez fcavoir: D'un Mare :re denier, nommé Philippe, que nous faifons fabriquer a prffent, 5 efcalins 4 gros. Norre denier d'argent que nous faifons fabriquer, & qui a cours dans notre pays de Flandre pour 2 gros, vaudra en Hollande en Z'lande & en Frife 8 deniers. Ct nss Cromfiaert que nous avons fait fabriquer ci - devant 2 gros. .... . lei commence lo cours des efpeces pour tout Ie tems fixé par J'Oroonnance. Salut de France. 46 Grcs Noble d'A gleterre 4* .... 92 Lt^ J , ?, & propon ion Noble de Flandre Co Le denier de Monfeigneur, nommé Philippe ou Ry Ier • . . 41 Le J il proportion. Le Flonn des ElectJtirs du Rhin du poids & titre connu aujourd'hui . . , . 3O  D'OR ET D'ARG. cn Hollande. 119 Bourgogne fur Ie cours des Monnoies; on y ob« ferve que le denier d'or, nommé Philippe ou Ryder, y fut évalué a 48 gros, le Noble'de 4I eftelins a 10 efcalins ou 120 gros, jufques au 24 Juin de !a même année, enfuite pour 92 gros, & ainfi a un moindre prix qiiécelui contenu dans 1'Ordonnance de 1421. Mais cette différence ne montant pas a un objet bien confidérable, je ne m'y arrête pas («3). Le dernier d'argent nouveau de Monfeigr.eur . 2 Gros Les ' i ' ^ pniportion. Voici le cours des efpeces , qui durera jufqu'a. nouvelle Ordonnance. ' Schilden de Guillaume de Hollandje . . 37 Gros Philippe pierre de Bourgogne . . 35 Schilden de Philippe de Bourgogne . . 28 ainfi que le florin de Rcynaldus d'Arnheifn. Le florin de Baviere • . . . « 26 Le florin Arnold d'Arnheim, pefant 2 eftel. • 18 Mennoie a'Argent. Vieux placlten de Flandre, vieux Bjtdragers, Cromfterten (te Jean , & doublé Lion . la piece . , 2 G os. Braspenning de Joh3nnes , [Jean de Flandre] ill lts 4 Gros dvalué is 8 deniers Philippe Cromjlacrt de Bourgogne & Braspen. niiig de Philippe de Bourgogne ... 13 Den„ Fleur de lys de Tournai, le Crwnflaert, le vieux gtos de Flandre, & les Tuynes de Va'enciennes . 10 (Jen. Tuynes blanc ét Jobannes Bancnien Tuynen . 9 Den. Vieux Btictgin'», vieux Lions, Ctoix de Guillaume , & Claiftgins de Fbndre, la piece . 1 Gro«„ C23) J'a' ciir ci-d-ffus qu'en 1422 le prix du Mare d'or fut S 76J & celui de l'argent ïi ö-io-8: ce qui dtabliffoit la ptoportion entre ces deux métaux comme do 1 a. 11,* euviión; !i on H 4 • •  120 Chap. V. ÊVALUATION DU MARC Pendant le regne de Philippe I. lequel vc'cut jidqu'en 1467, il y eut vraiflmblablement encore plufieurs changemens dans 1'évaluation ces Monnoies, ou des efixces; mais comme noas n'uvons point la deiïus de témoignages eertains, ou. du moins que je n'en ai pas rencontré de tels, je n'en ferai point mention, non plus que de ceux qui peuvent avoir eu lieu fous les r-.gnes de fon Fils Charles 1. & de fa petite fille ?uarie de Bourgogne. * On fe rappellera, au refte, les guerres continuelles qui eurent lieu pendant prefque tout le Rtgne de.Charky, & comment il périt enfin au commencement de 1'an 1477 a la bataihe'de Nancy. Marie fa Me unique lui fuccéda: c'efi. elle qui uccorda aux Villes & aux pays des Privileges avantag.mx, & entr'autres celui connu fous le nom de la Grande Chartre de Marie/da 14 Mars 1477. Elle époufa, cette même année, Maximilicn d'sJutriche, fils de TEmpereur Fréderic III: A la mort de Marie , en 1482, la mai'pn d'Autriche ecx la Souveraineté des Pays-Bas, fuppofe i oré/ent !e prix du Noble fi 92, après le 24 Juin de 1'an 247.3 "f M34. ou 120 gros avant le 24 Juin pour le iMarc d'or, alors tl auroit valu 73 florins, 7 fols ou <)-\ environ, & l'argenc 6 fl .rins s bis. ou S florins 3 lols Ie Mare, luppolani que ia jfio^oiuun foit tjillee la luiaie.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 121 dans la perfonne de Philippe fils unique de Marie. Maximilicn tint les rênes du gouvernement juf|ua la majorité de Philippe; c'eft fous cè même Maximilicn, en 1489, que parut la famtufc Ordonnance fur les Monnoies , dont nous ferons mention incefiamment. II paro'ït que le Mare d'or y fut évaiué a 881 florins, & r ai gent ■ le - Roi a 7 J§. Le numéraire de l'or depuis 1388 étoit donc monté de 58 I a 88 \; & celui de l'argcnit, depuis 133Ö, de 4 a 7 florins 13 fols. Voyons maintenant quel a été le progrès de cette augmentation depuis la decouverte du Nouveau Monde, CHAPITRE VI. Ccntinuation du mêmejujet: Êvaluation du Mare dor & d'argent en Hollande , depuis 14S9 jusqua nos jours. X-A uteur d'un Livre trés - ancien, imprimé a invers en 1512 (1), contenant une Chro- CO La trés - excellentt Chronique du Brabant, de la Hol'ande deZélande, de Flandre en général, avec beaucoup ü'additio.jS ejui ne ie irowvenc pas tUns lei suites édUiosa LliJ- , H 5  122 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC nigue des événemens furvenus dans Ie Brabant, la Hollande, la Zdande, & Ia Flandre en général, dit qu'en 1481 cotnmenca 1 epoque de la cherté des vivres, qui dura plufieurs années de fuite: il dit encore que l'argent, pendant ces mauvaifes années, augmenta fi prodigieufement, qu'un florin d'cr valloit neuf efcalins de Flandre & plus; de forte que les revenus des rentiers fe trouverent extrèmement réduits. En conféquence les Seigneurs de la Cour tinrent confeil, afin de délibérer s'il ne convenoic pas de diminuer ie numéraire des efpeces. II fe trouva parmi le nombre de ceux qui s'asfemblerent, quelques hommes fages qui ürer/c fentir, que pour ne pas trop nuire au Peupie, il falloit faire cette diminution en différent tems, & a diverfes reprifes mitigees: mais plufieurs Prélats, entr'autres 1'Abbé de Saint e Gertrude, ne furent pas de eet avis; ils opinerent de mettre le numeraire, dans une fois, au plus bas; ainfi le florin d'or fut mis k trois efcalins de Flandre. Cëla arriva en 1489 k Bréda. Le même Auteur continue ainfi: „ Cette s, diminution, difoient des perfonnes entendues, ,V faifpit plus de tort que n'en avoient fait Jee „ guerres que l'on avoit eues jufqu'alors; auffi 3, la nouvelle Ordonnance ne dura pas long»» tems« L'Abbé mourut fubitement a Malines.  D'OR E!T D'ARG. en Hollande. 123 "j, Les matieres temporelles ne font point du 5, refTort des Eccléfiaftiques, & rarementf voit„ on profpérer celles dont ils fe font mèiés, „ lorfqu'elles font étrangeres a leur vocation." Philippe Comte de Hollande donna a Bréda, le 14 Décembre 1489, une Ordonnance fur 1'évaluation des deniers d'or & d'argent vieux & nouveaux. Cette Orionnance contient des Inftructions bien amples conccnant les Monnoies & tout ce qui en dépend. Les defordres, dont les peuples étoient depuis longtems viclimes, y donnerent occifion, comne on peut le voir dans le texte rappcrté ci-des= fous (2). (2) Voyez le premier Tome du livre contenant les Placarts s Ordonnances, & Euits de leurs Hautes PuuTances , & de Mes» fejets , ii 1'a cauie dite, plus appauvris 5, que pour nuile cfcole ijut leut feit advepue, foit a, 1'occafjon de  124 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC Par cette Ordonnance il fut ftipulé i°. que l'on fabriqueroit un denier d'or nommé Doublé fiorin, dont le Noble d'Angleterre (que le Roi Henri faifoit frapper) feroit compté pour fiij. Ce doublé florin devoit avoir cours pour quarante pattarts de la nouvelle Monnoie ; éfc fera, dit 1'QrJonnance, le dit denier de 3 fols 8 deniers & \ de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi, & demi Eflelin en poids fur chaque Mare d'ceuvre, dont la traite du Mare d'or fin (tel que deflus) iera de 14 livres ( * ) 18 fols 4 deniers gros; & le Mastte de la Monnoie donnera aux marchands c>: changeurs 14 livres 14 fols 4 deniers gros., ainfi refle pour feigneuriage & ouvrage 4 fols 2. deniers gros, „ la grien; ou autrement, & encore plus feront, (ï provifion ,ii s, eit raife. Pojr laciuclle chofe faire plus heurcufeuienc & dé- libérément, II jut & Puiflint Prince notre trés - cher &trc> „ amé coulin le Ouc de Salfèn, notte Lieutenant Général en notre pays de p3t' deca, & de notre feu CS: confentement ftit „ affembler les Etats de tous nos dits pays qui fe fon; premie„ rement trouvés en notre ville de I ire & en apiés en la vilfe „ de Bréda ; Les luputés defquels ont avec aucuns des princ;„ paux de notre grand Confeil, les Généraux Maltres particu'. „ liers de no3 Monnoies, avec autres bons & notables perfen- nag:s, connoiffant cette matiere, tonlulté & 'débattu cette „ matiere bien ec au long, & apiès pour donner ordre & forme „ aux dites Monnoies & tollir le dit deTordre, ont par enfembte „ cöncu & advüd bs points & articles qui fuivent &c. (") Par les livres fols &c. il faut ctiteaiite livres, efcalins ÊeC.' de Flandre. " *  D'OR ET D'ARG. en Hollende. ü$ 2°. Item le florin de St. Jndré, tel & ferri* blable en poids & en alloi que MelTeigneurs les Ducs Philippe & Charles de Bourgogne (que Dien ahfolve') firent faire en leur vivant: a fcavoir, dix neuf Kar?.ts d'or, Je dit Njble Henneus compté pour fin alloi de quatre Karats dargent fin, & un de cuivre, lefquels deniers feront de 6 fols de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi , & d'un demf éftelin en poids fur chaque Mare oeuvre; lequel denier aura cours pour vingt pattarts de la nouvelle Monnoie ; dont la traite du Mare d'or fin (comme defius) fera de 15 livres 3 fols 1 denier, 21 *i mites de gros; & le Maitre de la.Monnoie donnera aux marchandr. & chang-:urs, dechaque Mare d'or fin , 88 hVres 5 fols d'empirance, qui valent 14. livres 14 fols 2 deniers gros : ainfi demeure pour alloi , .feigneuriage & ouvrage de chaque Mare d'or fin 8 fols 11 , deniers 21 fs mites gros, dont il faut déduire, pour l'allöi des difs florins, 5 fols gros, ainfi refte pour feigneuriage & Ouvrage 3 fois, 11 deniers 21 » mites. 3Ü. Un denier d'or nommé Demi florin dortt la taille fut éublie a 12 fols & le cours a dix pattarts la piece. Quant i la Monnoie d'argent, il fut ftipulé par la même Ordonnance i°. quel oh irapperoit'  125 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC un denier d'argent nomme Grand Doublé au deniers 18 grains, argent- le- Roi, & de 3 fols 3 deniers de taille, au Mare de Troyes, au remede d'un grain en ailoi, & d'un eftelin ea poids fur chaque Mare oeuvre, lequel aura cours pour quatre pattarts. 2°. Un denier d'argent nommé Doublé Pattart (3) a dix deniers argent le-Roi, & de cinq fols fix deniers, de taille au Mare de Troyes, au remede d'un grain en alloi & d'un eftelin en poids, lequel aura cours pour deux pattarts. 30. Un denier d'argent nommé Pattart a 6 den. argent le Roi, de fix fols huit deniers de taille au Mare (4): enfin plufieurs autres fubdivifions d'efpeces rapportées dans la même (3) Voyez le Tome premier du livre de M. C Cau, mentionné ei - dtfltt», page 2581. La traite du Mare d'argent Iers de 26 fols, 6 deniers 15 mites «|, & donnera Ie Majtre de la Monnoie aux marchands & changeurs, de chsque Mare Jar. Sera-le-Roi, 25 ibis 6 denier* gros, ainfi refte pour feigneuriage & ouvrage 12 deniers 15 J| mites. C4) Voyez le Livre de M. C. Cau: dont la traite (du Mare dargent- le - Roi) fera de 26 lols 8 derniers, & pour l'eigreunage & ouvrage fera paye 14 g os, & aux marchands &c. 25 fols 6 deniers gros. Un denier d'argent nommé Cros, h cinq deniers argent-le.Roi de 11 fols 4 deniers de taille au Mare. au remede d'un rjrain en alloi, & de 2 deniers tn poids fur chaque Mare tebvréj & le Maltre de la Monnoie donnera aux marchands c\c. de chaque Mare d'argent - le ■ Roi 25 fois 6 derniers gtos ; ainfi rtfJtf pour féigneuiisge & ouvrage 20 deniers pi mites.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 127 Ordonnance, & dont le prix dn Mare payable aux marchands, fut toujours évalué, ainfi que des pieces d'argent ci-deffus, a 25 fols 6 deniers gros, ce qui fait 7 florins 13 fols: mais Var gent-le-Roi efl: h plus foible, ce qui feroit donc enviro.i 8 florins j mais comme dans ce tems la Var gent-le Roi étoit regardé comme l'argent fin, on doit toujours compter 7 florins 13 fols pour 1'évaluation du Mare d'argent fin. Par rapport au prix du Mirc d'or fin, comme 1'Ordonnance ftipule qu'on en payera aux m-irchands & changeurs 14 livres 14 fali 2 deun denier nommé Elanc on demi gros h 4 deniers, & de 1S fols 4 deniers de tailie au Mare. Un denier nommé Ouare de gros a 3 deniers & dc 28 fols. Un denier blanc, nommé benier, dont les 12 vaudront un pattart, a deux deniers argent - le • Roi, dont 29 fois 8 deniers Eu Mare. Un denier noir nommé Courie , dont les 24 vaudront un pattart, a douze gros argent ■ le - Roi, qui aura cours pour deux mites de Flandre, de 19 lols de taille au Mare. Un denier nommé Mie, dont les vingt - quatre vaudront un gros, & Dx grains ergc:a - le • Rui, & de vingt - cinq. lols de taille au Mare de Tr.y.s, au remtde d'un grain en alloi, & de dix d'ic'eux deniers en poids fur chaque Maic cejvré, qui aura cours pour une mite de Flandte, dont la traite du Mare d'argentle-Roi fera de cinquane fols gro.,: & le HHlue de la Momoie. donneia aux changeuis & marchands, de diaq.ie Mare d'argent le - Roi v.ngt-cinq fols fix deniers gros: ainfi rede poir cuivre, leiguturiaive, & ouvrage vingt quatte lols fix deniers gros. Les frats de leigneuriage & ouvrage fur ces Monnoies doivent avoir mllué. eucore fur les prix des chofes, puifqu'alors les efpeces ne repréfentoient que la moitié de la valeur qu'on prétsndoit leur alfigner.  123 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC niers gros, je m'y tiens auffi; ce qui fait 88 florins 5 fols pour le Mare. Je ne fcaurois disfimuler cependant, que je n'ai pu bien précifément fixer l'évaluation du denier d'or nommé Doublé Florin, a caufe que le titre du denier, doi.c il efl: ici queltion, me manque dans le texte, & que c'eft cependant fur ce denier que parott repofer la valtur du Mare d'or fin. Mais comme 1'eftimation du Florin de St. Andrè (voyez page 125) dont le titre étoic de dix - neuf Karats en or, quatre en argent & un en cui* vre, me paroïc aflez bien répondre aux 8J i pour le Mare d'or, je m'y fuis tenu; d'aurant plus qu'on y a trés-bien obfervé la proportion de l'or a l'argent, qui doit avoir eu lieu dans ces tems-la (5). II ( 5 ) Si un Mare d'or dp 19 Karats eft évalué i 72 florins, chicun de 20 Ibis l/luivtrsj taillé ,iu Mar*, l'or tin, ou celui dc 2+ Karats, devroit ötre évalué il 90 J.J florins; par conféquent le ttcre du Noble d'Angleterre auri été de Karats , ou environ; du moins l'évaluation de 88 ï le fait crone [j- négligé roujours !e remede fur 1'alloi Ik le poids, pour ne oas tomoer dans des lougiieurs inutiles]. Ou Mare d'or de 19 IC ara's , dont i! eft q"efrion ci-deflus, devoient fe cailler fix 'bis, Centendez 12 rois 6j ainfi 72 pieces, dont le cours de cbicune fut de 20 pattarrs ou fol. Ces 72 pieces contenoie-nt 19 Ka ?t« d'or & 4 deniers d'argent, (lefquels 4 deniers ou Karats d'argent Je négligé:) par conféquent, fi 19 Knats lailoient 71 florins, les 24 Karats me donnent 90 florins J|, ce qui fait, & rail'on de fix florins cbaque iivre de gros, 15 livres quélques efcalms; ce qui luffit pour être tranquille lur l'appréciation du Mare d'or lin.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 129 II convient de dire ici un mot fur les découvertes que j'ai faites dans le fecond Tome de l'Ouvrage deM. leBaronde S c h wa r tzenberg, relatives aux Monnoies des Frifons; remarques utiles, & qui méritent d'être confervées: mais pour ne pas perdre le fil de la matiere, je les ai raffemblées aulfi fuecinctement qu'il m'a été poflible dans la Note ( 6 ). (6^ Dans le Premier Tome de M. le Bar on de Sch wartT, en beiic ou ne trouve aucune piece concernant les M« "»cs chez les Fiil'ons , que celle dont j'ai lait mention au Chapitre précédent, hqnelle eft fous la date de 1'année 1271). Voici tnaintenant ce que j'ai tiouvé dans Ie fecond Tome. Pat une Ordonnance du Duc George de Saxe, de 1'an 1504, il efl fait mention du cours de plutkurs peti es pieces d'aigent qui avoient cours dans la provmce de Frife. O.i a'y refcre auffi aux Ordonnances de Sa Majcfté le Roi de Caftille, fur l'évaluation de l'argent. Par l'inftruètion oh commiflion donnée a Hera Voyd.es, Mairre de la Monnoie en Frife, riaiée du 4 Seutembre 1505, il parott qu'il devoit fabriquer des Hortus d'or du titre de 18 K.rais fix grams. & dc 72 au Mare, poids de Coogne, & le Maiue devoit avoir 3 grains pour remede. Remarquez qu'il elt iait mention tci d'un tout autre noids que de celui de Troyes. II devoit aufii fabriquer i° un denier d'a.gent nommé BouUe Efcahn du 2 elcalms , dont le Mare contiendia 8 deniers urgentle-Roi, & 7p pieces, un grain de remede lur l'alloi, Cx un Elteiiu lur le poids de chaque Mare oeuvré. = 2°. Un denier elcalm titre 4 derniei» argent - le. Roi, & 80 pit.ces au Mare. 3°. Un demi efcalin 3 deniers 8 giains 145 pieces au Mare. 4°. Ue hard, efcal 2 . . 2 . . 226 5°. Schcyskens 1 . . 13 . . 3°° 6». Un üemi dealer 1 . . • • .59°  130 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC Au refte, je ne m'arrêterai pas h détailler a chaque époque Ja limitation du cours des Et il eft dit dans la même Inflrubiion, que pour la fabricalion de Vargent on employoit le poids de Mare de Troyes. II paroit itir julqu'alors le poids de Cologne avoit été en ufage dans ia Frife pour les Monnoies: cela Ie trouve encore confinné par une Ordonnance de 1'Empereur de 1'année 15:9, oü il eft dit qu'a l'avenir en Frife on ne fe ferviroit plus pour les marchands que du poids de Mare de Troyes, & point de celui de Cologne, ainfi que l'on avoit fait ci-devant & juf'qu'alors. Les Piacards & Ordonnances de 1'Empereur ClmrUi-Qbint ', cn date du 4 Février 1520, & 10 Février isa(5, fur les Monnoies , eurent égnlement lieu en Frife. Voyez Tome II. page 388 & 508. Voyez auffi 1'Ordonnance fur l'évaluation des Monnoies de 1'Empereur, de 1'an 1521. page 165 du II Tome. Avant de terminer eet article . je crois devoir faire part au lecleur d'une obfervation intétcfiante que nous ofTre M. Wa gein aar dans fa Defcription d''Amfterdam, fur les poids de cette Ville. Edit. in Fol. Tome III page 16. „ Deü.\ ou 3 iortes de poids, dit notre Htftorien, étoient en „ ufage dans Ie Commerce au XVI fiecle , & probablement „ avant: le poids de Troyes, qui tire Ion nom de la ville de „ Troyes en Champagne, & le poids de Liege ou dc Brabant.'-' Le premier tft moins pelant de 40 ou 42 As que celui d'An.sterdam: cette différence vient probablement de ce que, pour donner plus de cours ou d'avamage au poids d'Amfterdam, on ijoutoit toujours quelque chofe au poids précis. En France le poids de Troyes tft encore plus iéger u'environ 26 As !- que le poids de Troyes en .ulage a Amfterdam. Le poids de Liege , ou de l?rabant, eft de 5 pour 100 plus léger que- de celui A'Amftcrdam. Ce poids n'a Pas toujours étê en ulage iei. En 1487 01, rég'a que les Boutiquiers, & autres Déteilieurs, Ie fert&j&ent du po/Ui de Troyes, & non de celui de Cologne ; en 1404 me rutre Ordonnance remit eu ufage le poids de Cologne, o: ne periijir. le poids de Troyes qu'aux ituls   Tomel. Partie I. Chap. VI. page 13E, Le Noble Henricus de 35 a 36 pieces au Mare. i . Le Noble de Flandre Le vieux Ecu (Francke Schild) ou l'Ecu Caroli, 36" m Mare . VEcu d'or, ou Ré al de 1'Empereur Charles- Q u 1 n t , 4.6 au Mare. ......... Le Florin d'or, ou Florin du Rhin, 74 a 75 au Mare. . . Le Florin d'Allemagne, ou le Florin nommé Ovtr- Rynfe Gulden , 74 au Mare. . ....... L'Ecu de Guillaume (JVilhelmus Schild) 72 au Mare. . . Le vieux Ecu de Dordrecht, valant il Florins d'or, 75 au Mare Le Ducat de Hongrie > de 69 a 70 au Mare. ...... Êvaluation et Cours de pelques Efpeces d'or'en Hollande depuis Van 1489 jufqttett 164.6. daprès M. Co mm el in. tm 1520 *526 «3i 1552 U77 1526 1598 1Ö07 «H3 ^ 7óU 1646 ƒ2:10 3:15 3:§ 4-- 4 = 4 <5;io 6:8 --- 7:8 8:- 9:. 1:- 1:2 1:1 i:S x:i3 — 2:- 2:- • 3:I2 3 6 3-'- 3:8 3:3 3:ö 4:io 5=- *:8 5=i5 6:2 —' 1 ; 18! i:8 i:8 I?" t'A 2:8 2:14 2:15 2:15 2:i8 2:i8 I:_ 1:8 1:11 3:" 2:+ 2:8 2:14 2:r5 2:18 3:3 ' 1:1 —1 —— ~^-f — —— —* 1:10 2S1II 2:2 2:9 2:io 2:10 ' f 5:8 4-'i4 i-5 | 1:19 2:1 1:19 2:1- 3.4. 3:I2 j 3:16 j 4:- 4:2 4:10 5:5 j 4:15  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 131 efpeces, qui ont été confidérables; j'en ai rasfembié quelques-unes dans un Tableau formé d'après les lumieres puifées dans un Auteur accredité, & dans lequel j'ai ajouté l'évaluation du Mare d'or & d'argent fin. Charles-Quint fit publier en 1520 une Ordonnance , dont le motif étoit de prévenir ou d.'arrêter les défordres que l'on remarquoit dans les Monnoies. On y voit, entr'autres chofes, un jOrdre de fabriquer i°. un den'er d'or fin, nommé Réal, du titre de 23 Karats, 9 \ grains fin, de 46 de taille du Mare dc Troyes, qui devoit avoir cours pour Co fols (jluivers), & dont L Mare payable aux marchands & autres feroit de 22 livres 16 fols gros de Flandre. 20. Un démi Réal qui auroit cours a 30 folss Orfcvtes; mais ce nouveau reglement ne fubfifta que jufqu'eii 150-5 oü 'I fut ordoiiné a tous marcliands en laines , épiceries, nie-rceries & auircs maichandiles quelconqtics , de ne (e fervir que du poids en ulage au poids public de la ville, lequel écois le poids de Troyes. Un Mare de Ilol.ande poids Ae _Tr< yes contient'nuir onces o" • • • • 5120 As. Un Mare de palis, 8 onces ou . . ^oya Un Mare de Cologne [eonnu il Amfterdam] . 4874 7 " o ces , ou 3800 griiins d'Anglererre, poids de J'fityts, lont égaux a S onces poids de Troyes de Hoiiande, ou a . . . . . 51;.© ËE une livre de is onces poids d'Argleterre, égale I • * • ■ f a 7?te}*ï l 2  Time I. Partie f. C/ap. VI. page 131/ L'an 1336Y * « * . . f*parfuppofition) -t ; 1388 *293- r4H. Le Ducat d'or de Hongrie & de Bohème , qui valloit en 1393, 34 gros, fut porte' en 1411 Ü41: & dans cette proportion l'or valut. . . 1422. Ï433- ou 34 1489 1520. D'après 1'Ordonnance de Charles-Quint l'argent de 11 den. 5 grainsƒ12:12. Et l'or de 23 Karats 9! grains ƒ 136:16- I 1531. D'après le cours des Efpeces 1540- • . . environ 1548. D'après le cours des efpeces contenu dans 1'Ordonnance du n Juillet. . . J552. Idem 23 Mars environ i57r- Voyez Chap. VI. page 13 ö, environ. avant iS7?. . . . dito 157?- 10 Janvier. Voyez la Réfolution des Etats de Hollande O'aptroa J<; coar-s E/psC£S l'or Peut avoir valu environ *589 1665. L'or de 22 Karats ƒ 325 : $ : 6. L'argent a 11 den. 8 grains ƒ 23 : 5 : 10 168Ö. L'argent 25: 2 a l'or/ 355- Agio 5 pour cent. , . . Prix du Mak d'or et d'Argent .1 en Hollande. Argent-le- | Argent 0r. \ Proportion t Roi' fin. I tre l'or fi . l'argent. Florins, fols. Florins, fols. Florins, fols. ~ * 4 : " ï : H *42 : 10 ~ F .« 58 : 15 ra ioft f : 18 5Slk59'- 1 aio 71 : ' 6 : ioï 76 : 10 1 a liT» 6 : 5 73 7 1 a nl | 7 : 13 8 : - g8 : 5 1 a 11 13 •* 10 138 : - 1 a 10} 145 : - 13 : - —— 145 : - 14- : - 154 : - 1 a 11 : 16 : 16 ..... 17 : 6 • ..... 200 : - ] 21 : 17 240 : - I 1 a ni'f / 555 : - ? 24. : 15 ] I a Hf 25 : 1 ^ 372 : 15 \ 1 * J4-  i32 Chap. VI. ÊVALUATION DU MARC & dont Ie Mare feroit payable aux marchands a 22 livres 13 fols 4 gros (7). 30. Un denier d'or, nommé Carolus, du titre de 14 Karats & de 84 a la taille, dont le cours feroit a 20 fols. 4". Un denier d'argent nommé doublé Carolus qui auroit cours pour 6 gros de Flandre, ou 3 fols, du titre de ir deniers 5 grains d'argent fin, a la taille de 80 au Mare, & devoit être payé au marchand pour le Mare 2 fg, 2 fi gros (8). (7) IO' Pour 'es fra'x 24 fols (Jlülvert) fur chaque Mare. 2°. Le demi Réal de 70 J au Mare, titre l3 Karats en or fir:, 4' Kcrats en aigcnt & ij en cuivre; ainfi d'un Mare d'or fin de 24 Karats devoient être faits 93 * Réaux , lelquels font au dit ptix 23 iivres 7 Cols 6 gros , & les Maltres des Monnoies feront tenus de payer aux marchands & autres , du mare d'or fin de 24 Karats , 22 livres 13 fols 4 gros,- ainfi rtfte pour les fraix 3 elcalins 8 gros. ( 8 ) A Ia taille de 8o au Mare un grain de remede en alloi & un Eftelin fur le poids de chaque Mare eeuvré, deforte que du Mare d'argent fin fe feront 85 \ pieces & 21 \ mites ; qui \ 6 gros la piece font a livres 2 lols 9 gros 21 \ mites , & fera payé par les Maltres des Monnoies aux marchands 2 fjg 2 Qf ainfl reite pour droit de feigneuriage & autres fraix 9 gros 21 \ mites. Encore un denier d'argent de bss alloi du titre de 5 den. 12 grains & de 78^ de taille au Mare , qui eut cours pour 3 gros, & devoit être payé aux marchands &c., 2 fjg 1 Q 6 gros da Flandre pour Ie Mare.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 133 D'après la teneur de cette Ordonnance on peut établir 1'appréciation de l'or & de l'argent fin; (on peut voir dans la Note que cette appréciation n'efl: cependant qu'approchée) fcavoir: on payo.it au marchand pour le Mare d'or de 23 Karats 9 \ grains 22 livres de gros & 16 fols, c'eft - a ■ dire. ... ƒ 136.-16-: Pour le Mnrc d'argent de xi denLrs 5 grains 2 livres de gros & 2 fols, ou . . 12-12-: Ce qui établit Ja proportion de l'or a l'argent (du titre dont il efl ici queftion) comme de 1 a 10 '. Ce qu'on lit dans la Note (9) offre les dates des Ordonnances qui ont été publiées dans ce (9) Placard concemant les Mcnncies, de Pannée. . 1513 • fur le cours des erpeces, 2 Janvier . • 151Ö ■ Idem ... 5 Aoüt . . 1521 Hem ... 4 Mars . .. I$22 • Renouvellement & continuation des Monnoies, publié le . ig Juin . . 1524 ■ ■ lur le cours des efpeces 25 Novembre . 1525 Efpeces d'or & d'argent 10 Déccmbre . 1525 -w—— Idem ... 15 Février . . 1527 i—; fur les Monnoies, fans date , mais après le . 1 Décembre . 1530 ■ fur le cours des efpeces 7 Oiïobre . 1531 ■ Idem . . . 11 Aoftt . 1330' Idem pour deus mois 9 Avnl . 1339 ■ Efpeces d'or & d'argent 12 Juillet . 1539 . Concemant la Monnoie 19 Oétobre . 1540 m . idem , . . 7 Novembre 154» I 3  x3|. Chap. VI. EVALUlTiON DU MARC fiecle9 en Hollande, relativement a nos M)nnoies: je dois cependant prévenir que depuis Placsrd concemant les Monnoies, du 6 Novembre 1542^ ■ Pour fiapper des Florins \i Caroli . . . 21 Février . 1542 - Défenfe d'une certaine Monnoie d'or & d'argent „ 5 Mai . . 1545 .. & Ordonnance fur les Monnoies, très-ample ... 6 Juillet . 154S . — Concernant une Monnoie, nommée Angelot, de la marqué O 16 Novembre 1545 -■ iur les B'ancs d'argent . 14 Février . 1549 1 ■ 'ur le cours des efpeces 23 Mars . . 1552 ■ Idem . . » . 12 Mai . . 1553 ■ Ment .... 1 Février . 1553 Placard. O.uiinuricn fur le cours des efpeces, 20 Janvier . 1554 ■ ■ Cours des efpeces . . 2% Juillet . 1555. . Continuation . . . 27 Décembre 1555 Btm ties-ample . . 14 Janviet 1555 Idem .... 24 Octobre 1559 • 1 Idem .... 20 Avril . 1560 Une Lettre de h Ducbcfie de Parme, cencernant les Monno;es, du 4 Septemb. . . 1564 Placard concemant la rolérance des efpeces jufqu'a i • la Sr. Jean 150VS, & défenfe des efpeces d'or & d'argent qui ne fe trouvent point évaiuées, •a Juület . . . . . . . XJg4 ïl y en a encore du 4 Juin 1567, du 3 Décemb-e 1575 , du 17 Juillet 1578 & du 4 Mai 1579. J'en ai en.ore omis quelques autres, pour ne pas trop étendre cctre Note. * Thé du l ivre intitulé, Recueil [Repertorium] de tous les PI». ca> N, Oe'V-ois, Ordonnances ,\c. de la Cour de Hollande depuis ?5'3 j'iqu'en 1(123 , imprtmé en 1624, i la luite du Livre cité cï • dellus.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 133 Fan 1520, jufques environ 1580, les Livres contenant les Placards, Ordonnances & Edits de LL. HH. PP., de Mefleigneurs les Etats de Plollande, & de Zélande, raiTemblés par M. C. Cau, n'en font aucune mention. Cependant ces pieces exiffent, ainfi qu'on peut s'en convaincre par le Livre contenant les Privileges de la Ville d'Amfterdam, & paria iedure du II Tome de M. le Baron d2 ScHWARTZENBERG. Par 1'Ordonnance de 1'année 1536. on eft aiTuré que l'argent fin valloit encore 12 llorins 12 fols le Mare; & quant a celle de 1'année 1540. du 12 Juin, on peut avec fondement dire, que le Mare d'argent fin valloit alors douze florins dix-fept a dix-huit fols, & que celui de l'or étoit encore comme du tems de 1'Ordonnance de 1'année 1520; car le Placard de 1540 confirme celui de 1539, dans lequel l'évaluation des pieces d'or, Hommee; Jlèal & fiorins CaroH, fe trouve encore limitée au même taux ou cours que dans 1'année 1520. O pendant par le Tableau de l'évaluation des diverfes efpeces que M. Co mm el in nous a donné dans fa defcription d'Amfterdam, & que j'ai déja expofée , on voit qu'ü y eut quelqu'augmentation fur le prix des pieces d'or & d'arI 4  x36* Chap. VI. EVALUATfON DU MARC gent, & que le Rêal qui va'loit en 1520. 3 florins, valloit en 1531, 3 2%. Environ 40 ans après, la différence fut encore plus fenfible, ainfi qu'on pourra 1'obftrver dais ce Tableau : mais pendant eet intervalle, Ja grande révolution du pays eut lieu, & les fonmes im menfes que Je Roi d'Efpagne fut obligé de faire palier dans nos Contrées, pour Foutéhir cette longue guerre, augmenterent confidérablement la malTe de l'argent dans les Pays B is, & durent naturellement influer fur la diffé rence frappante que 1'Ordonnance de 1589 nous fait voir dans l'évaluation numérique dc l'or ck de l'argent. Voici cependant les variations que j'ai déCQuverr.es fur l'argent depuis 1540 jufqu'a 1'année 1580 óu environ, par le moyen des Réfolurjqns de Mdfeigneurs les Etats dc Hollande. L'an 1554 le 15 üefobre , le Préfident dc 1'AIX rnblée des Êtats de Hollande leur communiquas que la Reine Régente approuvoit q 1' on limi'it la vaLur de l'argent de Ia nouvelle erapreinte, ou du nouveau poinjon , [nieuwe poinfirmcj a 52 fols l'once. Le 5 Novembre 1571 le Miïtre'des Monnoies de Hollande déclara aux Etats, qu'il n'étoic pas a meine de fapriquer des menus de-  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 137 niers, paree que la matiere ou l'argent-dur [liard zilver'] qu'on achetoit, avant cette époque, 41 fi 6 gros, fe payoit alors 48 fi 5 gri)SLe 10 Janvier 1577 on paya a la Monnoie de Dordrecht chaque Mare d'argent fin 50" escalins; ce qui fut encore augmenté par les Etats de 10 fols. Le 29 Juillet 1580 les Etats réfo'urent que la Rysdale a la Croix feroit fabriquée fur 1'ancjen pied & alloi, laquelle auroit cours pour 41 fols. Dans 1'Ordonnance de 1589 il efl; dit que le Noble (d'or) de la taille de 32 au Mare, du titre de 23 Karats 10 \ grains, un grain de remede en alloi, & un eftelin dans le poids, auroit cours a 7 florins 10 fols: ce qui établit: le Mare a 240 florins. II y eft dit également a 1'article 7, qu'on fabriqueroit un denier d'argent nommé Réal des Pays-Bas, de la taille de 7 u au Mare, du titre de 10 deniers, qui auroit cours a 2 florins 10 fols; ce qui, fur ce pied, fait revenir les 12 deniers a 21 florins 8 fols 8 deniers le Mare, & établit la proportion entre l'or & l'argent de 1 a 11 .V7. 1 .e Lecleur obfervera la progreffon confidér,ible qu'il y eut-depuis 1489 jufqu'en I5;l9- A ia première époque le Mare d'argent- le- Roi valloit 7 florins 13 fols, & a la feconde ceiui de I 5  i33 Chap, VI. ÊVALUATION DU MARC l'argent fin 21 florins 8 fols 8 deniers, ce qui fait environ le triple. Depuis ce tems-Ia il y a eu plufieurs Ordonnances qui ont limité le cours de diverfes efpeces. En voici les dates: une du 29 Mars 1593 concemant le cours des Monnoies dans la Province d'OveryJJel; une autre du 2 Septembre 1594; une autre du 2 Mars 1596 &c. Voyez le repte dans la Nots (10). Dans 1' Ordonnance du 12 Aoüt 1626 fe trouvent les figures des diverfes pieces monnoyées, parmi lefquelles on voit le Ryder d'or (devant pefer 6 J eftelin (engels), de la taille de 24 u au Mare de Troyes), qui fut évalué alors a 11 florins 6 fols, & le doublé Duc at, pefant 4 eftelins & 18 As, de 35 au Mare, évalués a 8 florins iq fols, le demi Ducat dans la même proportion &c. une Ordonnance de 1633 confirma Ie cours des fufdites efpeces; mais par celle de 1638 , 39 & 40, il fut haufle. L'Ordonnance du 19 Novembre 1641, qui confirme les limitations faites dans 1'année (10) En date du 2 Avril & 19 Décembre 1(103. 18 Février 1606. 21 M?rs %6a6. 22. Seprerabre 1606. 28 Juin 1608. ij Déccmbte 1600. 27 Aoöt 1609. i & 6 Juillet iöio. 26 Seprerabre 1(115. 13 Féviicr 1619. 16 Msi 1619. 5 Juin 1621. 20 Septembre 1621. 23 Féiricr 1622. 21 Juillet 1Ö21. & 12 Aoftt itiafi. F.nfin tous ces Pbcards & toutes ces Ordonnances, dont je fais ici mention, fe trouvent dsns POuvngs de M. C. Cau.  D'OR ET D'ARG. en Hollande. 139 2638, paroit avoir été diftée par les vues'les plus fages & les plus réfléchies; voici ce qu'01; y lit. „ II paroït que la plupart des hommes, mê5, me ceux qui devroïent être ies plus ent.n„ dus, s'abufent & fe lailTent féduire par une 3, faulTe imagination, lorfqu'ils penfcnt qu'ils s, n'éprouvent aucun tort s'ils peuvent payer 3, feulement les Monnoies au meme prix & „ taux qu'ils les ont recues; cependant, re„ marqué-t-on bien, que les prix des chofes 3, renchériffent infenfiblement, que le capital „ des penfions, traitements ou falaires dimi5, nuent en efFet, & que toutes les marchan» 3, difes avec le tems auront plus d'apparence 3, que d'efFeólive & véritable valeur, dont il 3, ne leur reftera plus que le nom. Cette igno„ rance des chofes & pernicieufe maniere de „ penfer efl; encore fomentée par des per„ fonnes qui y trouvent leurintérêt, lefquelles „ profitent de l'afcendant qu'elles ont fur 1'es* „ prit des gens foibles & ignorants, pour leur „ faire recevoir les deniers k plus haut prix 3, qu'ils n'ont été limités par les placards & loix „ du pays, en alléguant abufivement & fans 3, le moindre fondement de vérité, que ces Monnoies peuvent être recues ailleurs a un 5, plus haut cours que fur le lieu, & comme  i4o Chap, VI. ÊVALUATION DU MARC „ les | pieces d'or font fi exceffivement augmen„ tées qu'on n'y reconnoït plus ni regie ni pro„ porcion: A ces Caufts Nous &c." On obferve les mêmes vues & les mêmes réflexions patriotiques dans l'Introduótion des Placards en date du 6 Mars 1645, 19 Aoüt 1647, 23 Mai 1652 & 6 Janvier 1653. La haufie trop confidérable du cours des efpeces a toujours paru trés-préjudiciable, & on a cru également que les réduétions devoient fe faire par gradation & pas a pas, afin de ne point caufer trop de préjudice aux citoyens. Dans ces dernieres dates le prix du Ryder fut limité a . , . . . . . ƒ 12-12-: Celui du doublé Ducat a . . ƒ 9-10-: Le Ducaton dargent a . . ƒ 3-3»: Et la Rysdale des Pays-Bas a . ƒ 2-10-: On régla auffi le prix qui devoit être payé du Mare d'or des différentes efpeces. Cette êvaluation de l'or étoit faite fur le pied de ƒ 12-12, pour le Ryder, & de ƒ 4-15 pour ie Ducat. Ainfi l'or en Ducats fe payoit le Mare 323 florins 7 fols 10 mites, & l'or ea Noble Henricus (Réaux d'or & vieux Engelot d'Angleterre) 329 florins 2 fols 34 mites. Par une Ordonnance du ir Aoüt 1659, le prix du Mare d'argont fut limité è, la Monnoie, je avoir:  D'OR ET D'ARG. en Hollande: 141 Pour le Mare d'argent fin fur le pied de Ia Rysdale des Pays - Bas qui a cours a 50 fols a ƒ 2i?I4>: Du Mare d'argent fin fur le pied du Daalder a Lion, ayant cours a 40 fols a . ƒ 23.11 Du Mare d'argent fin du nouveau Ryder d'argent, évalué a la Monnoie 60 fols argent de poids, (Zvvaargeld) entendez auffi argent de Banque, & ayant cours dans le public a 63 fols ƒ 23*9-24, Enfin, pour le Mare d'argent fin fur le pied du nouveau Ducat d'argent, évalué a la Monnoie 48 fols de Banque, & ayant cours dans le public a 50 a . . . . ƒ 23-13-12. Le 5 Qdbobre 1663 on limita de nouveau, pour les Orfevres & autres, le prix de l'or & de l'argent en maffe, fcavoir, L'or de 23 Karats 8 grains le Mare a 70 n Ducats d'or, lefquels Ducats ayant cours a 5* florins font revenir le Mare a . ƒ 350 -1-6 L'or, a 22 Karats, 65 h Ducats a 5 florins foQtf ƒ 325-8-6 L'argent au deniers 8 grains le Mare a 7 |U Ryder d'argent, & au cours de 3 florins 3 fols fait ƒ 23.5-10 En-1686 on annonca que le Mare d'argent fin ne feroit pas payé a la j Monnoie plus haut que ƒ 25 - 2 -: mais la livraifon s'en faifant  fc|ft Chap VI. ÊVALUATION DU MARC par les Banques, marchands, changeurs &c. alors feulement ƒ 25-1-; Tel efl donc le prix fur lequel on travaille l'argent dans nos Monnoies; l'or fin y eft évalué a 355 florins argent de banque pour le Mare, ainfi qu'il efl contenu dans l'inftruftion des Maïtres de-s Monnoies. Je' n'ai point cité les dates des Placards contenant la prohibition des Monnoies faufles ou décriées, ainfi que les Régletneria fur la fortie des métaux précieux, paree que je penfe que dans un pays commercant, oü les habitans doivent auffi bien payer leurs dettes a 1'étranger, que recevoir ce qui leur eft, dü, de pareilies Ordonnances font inutiles & même nuifibles. j'aurai occafion d'en dire un mot a la fin du fecond volume, oü je ferai auffi mention de la Rysdale, auffi nommée Ducat d'argent, dont le cours a été haufle en Zélande fuccesfivement depuis 50 jufqu'a 53 fo!s„ Ainfi depuis la fin du fie.de dernier, dans la Hollande & les autres Provinces, la valeur du Mare d'argent fin a ƒ 25-2-, & celle de l'or a ƒ 355 argent de banque du Mare d'or fin, n'a point varié dans nos Monnoies, qioique dans le public, l'or & 1'argenc aient presque toujours valu davantage, a raifon des cirècnftances plus ou moins tavorables pour le  D'OR ET D'ARG. cn Hollande. 143 Commerce. On a vu le prix de l'or fin porté a un Agio de 6, 7, & méme a 8 pour cenc au defiiis de 355, & l'argent fin a envirori s<5 florins le Mare (11). C O N C L U S I O N. ' II réfulte des détails oü je fuis entré dans ce Chapitre & dans Ie précédent, que l'argent, . depuis 1'année 133Ö jufqu'en 1489, a monté . en numéraire dans la proportion de 4 a 7 \\ pour V argent-le-Roi, & de 4 ?7„ a 8 pour l'argent fin; & depuis I49°> époque a peu prés de la découverte du Nouveau Monde, jufqu'a Ia fin du XVII fiecle, dans la proportion de J a 3 v ou i; c'eft-a-dire de 8, a 25 ou a 2(5. Cette prodigieufe augmentation eft cependant bien différente de celle qui a eu lieu en France, & qui dans le courant de ce fiecle a fubi encore dans ce Royaume d'étonr.antes réitions, dont notre République s'eft heureufement préfervée. Maintenant il me refïe a expofcr les variations qu'a fubi le prix des denrées, main d'oeuvre &c. depuis environ le XII fiecle, afin de faire voir combien les variations dans les Mon- Cn) E" '765. au mois de Juin les Fiaflres ent été payées ƒ £3 - 16 - ; cc 1'aig.nt fin en bane valloit a ors c6 a ƒ 26 - 3 .: '•' * l""* de 6 a ö i pour 100. Voy.2 aulli le Cuap. XI.  144 Chap. VII. MONNOIES CITÉES DANS noies ont été défavantageufes aux particuliers, ainfi que nous i'avons obfervé d'après les propres paroles des Ordonnances que nous avons citées. CHAPITRE VII. Con/idérations fur f êvaluation de quelques Amendes contenucs dar.s le Code des Loix des Frijuns.. Frix des denrées, main • d'auvre ÖV. dans les XII, XIII, XIV, & XV fiecles, cefta-dhe jufques vers l'époque de la découverte de ï stmèrique. prés avoir examiné les différentes varïations qu'a fubi le numéraire qui nous a fervï de roefure depuis 1'an 1336, je vais tacher dans ce Chapitre & dans le fuivant d'en faire 1'application: mais avant d'entrer en matiere, levons encore une partie du voile qui couvre nos anciens monumens. Remontons jufqu'au commencement, a peuprès, du période de ces fiecles, dans le cours defjuels le célebre Robertson ( 1) dit que 1'anarchie regnoit partout, & fubftituoit tous les (1 ■) Voyez fon Wftoire du Re?ne de 1'Empereur Charles. Quiiil. liitrvduStiwi page 13. Edit. iu- 4°,  LES LOIX DES FRISONS. 145 ?es défordres qui 1'accompagnent aux douceur* & aux avantages que les hommes efperent trouver dans la Société. Le Peupie, qui toujours fait la plus nombreufe & la plus utile portion de 1'État, étoit alors réduit dans un état de vraie fervitude. Le Souverain fe trouvoït hors d'état de protéger le foible & de punir les coupables. Les Nobles s'épuifoient les uns les autres par des guerres éternelles, opprimoient leurs fujets, & humilioient ou infultoient leuf Souverain. Nos Campagnes font encore coü* vertes des débris de ces vieux Chateaux, furtout dans la Province d''Utrecht, qui fervoient de demeure, de Cour, de forterelTe oude prifoil a ces auguftes perfonnes: on comprend bien qus je parle du tems oü le Gouvernement féodal étoit en vigueur, c'eft a-dire, depuis ïe fep* tïeme jufqu'au onzieme fiecle; c'eft a cette époque que l'on vit le fanatifme s'emparer de fesprit de 1'homme, & le porter a courir après des chimères (2). J'ai parlé plus haut des Loix des Frifons t mais comme Ie fujet que je traite a préfent, (.O Les Croifades ont commencé en 1094, & Cft erprit d*tn« thoulisline & de fanatüine continus jufqu'a 1'année 1250 environ. Voyez EjTni fur fHiftoirt p«t M.os Voltaus Chon» SLlV, X ,V & X'.vi. VoV_z auffi 1'OoVrep de M. R o b f. ü i> son page 24. de VIntroduBion, & page ai & 32. de 1 Hiiiutrv» K  U6 Chap. VII. MONNOIES CITÉES DANS qui efl: celui du prix des denrées, main d'ceuvre &c. me conduit comme de lui-même a cette matiere, je remonte de nouveau au feptieme fiecle, afin d'examiner fi on n'y trouveroit pas de quoi fe former une idéé plus précife de ce qu'on a déja lu au Chapitre cinquieme. Pour eet effet, examinons un peu en détail les différentes évaluations des Monnoies des Rois de France de la première & feconde race, période dans laquelle les différentes loix des Frifons ont pris naiffance. Suivant un Auteur digne de föi (3) , les Frangois fous les Rois de la première race, en s'établifTant dans les Gaules, adopterent le poids que les Romains étoient alors en ufage de donner a la Monnoie d'or. Le folidus , ou fol d'or, pefoit 85 \ grains Francois, ou 96 grains Romains; enforte que 72 de ces pieces fe tailloient de la livre Romaine, & 81 de la livre Francoife. Ce fol fut fous - divifé en demi & tiers de fols, qui formoient conféquemment dans la livre Romaine 144 & 216, & dans la livre Francoife 162 & 243 pieces. Quoique l'on prétende que ce n'efl que fous Pépin que l'on a commence a lever un droit C3)! Voyez ce que j'ai dit il ce fujet Chap. V, & les Nor.es 13 & 14 du même Chap.  LES LOIX DES FRISONS. 147 feigneurial fur les Monnoies , je pré/urne qu'on 1'a fait bien antérieurement (4), c'tfr.- a-dire, peu après l'érefilion des Hutels des Monno;es dans ces pays; ce qui paroït avoir été fait dans le fixieme fiecle a Utrecht & kW^'k-te DuurJïede (5). Quoique le Maïtre des Monnoies retint une piece pour fon droit ou revenu de chaque livre d'or, la livre devoit contenir 80, 160 ou 240 pieces. Le Maïtre des Monnoies mettoit alors fon nom fur chaque efpece, & c'cfi: a quoi l'on reconnoït celles de la première race. Quant a la Monnoie d'argent, je ferois porté a croire, avec Boutteroue, que les deniers d'argent ont été d'un fcrupule, c'efla-dire de 288 a la livre, poids Francois de 12 onces. La loi Salique annonce certainement que ï$ folidi (ont, 600 denarii, ainfi 40 denarii pour C4) Traité des Monnoies Tome II. su mot Monnoie & 5 celui de Pépin. Quoique 1'Auteur diCc formellement dans eet endroit, que Pépin fut le premier qui leva un dtoit feigneutial, il dit dans un autre, [au mot Seigneuriitgé] qu'il eft h croire que les Rois de la première race en avoieut ufé de même, n'titant pas vrrifemblsble que Pépin tOt ofé dans le commencement de Ion regne impofer un nouveau tribut ii ceux qui venoient de lui fionner la Couronne. (5) Voyez ka Ouvrages de van Loon & de vm K »  14-5? Chap. VII. MONNOIES CITÉES DAN3 un folidus. Si les Maïtres des Monnoies, par fiippofition, ont retenu 8 pieces de la livre d'argent, on aura eu de cette livre 280 pieces; & comme l'argent, ainfi que l'or, que l'on employoit alors pour les efpeces, paroït avoir été a p:.u de chofe prés d'un titre trésfin, en établifïant le cours fur le pied de 40 pieces d'argent pour le denier d'or, la proportion de l'or a l'argent revient comme de 1 a 11 r, ce qui me paroit auffi le plus probable: car un denier d'or pefoit 85 | grains, & 40 deniers d'argent 960 grains, cela fait jufLment la proportion, enforte que les 280 pieces d'argent équivaloient a 7 deniers d'or, Outre la Monnoie d'argent, il efl vraifemblable qu'il y a eu des Monnoies de cuivre, quoique je n'en puifle pas citer des exemples. Je p< nfe cependant qu'on en pourroit trouver des traces dans les anciens Écrits Frifons, d'une date même trés-poflérieure a celle de leurs Loix (6). Au refte, en faifant attention que fous les Rois de la première race les évaluations des amendes font faites en efpeces d'or, n'efl-il pas probable & mème tres-vraifemblable, qu'une partie de ces Loix doit être rangée dans le 66) Oi en trouveroii probablement auffi dans les Cabinets das Monétaiica.  LES LOIX DES FRISONS. 149 tems de cette période? les Auteurs Frifons Héroldius & Siccama font également de cette opinion. Je placerois furtout fous cette période le Titre I. qui traite de 1'homicide, Les articles oü il efl parlé de 12 folidi, qui font 36 denarii (7), offrent la même Monnoie, netant que le tremijjis du denier d'or, dont 3 faifoient le folidus, ou denier entier. Les 5. 1 h 10. (du Tic. I.) & qui finüTéitt aux mots Jibi duo decimus juret, cQqyénrient les plus anciennes Monnoies. Les Monnoies qui fe trouvent mentionnées au bas du §. 10. font (a ce que je peiife) d'un poidi diJFcrent, & probaoLmenc plus modernes que les premières. Ces mots inter Fli &c. peuvent fe confidérer comme une addition fake dans un. teu;s postérieur. II paroït vraifetnblable que les 80 fols d'or auront été appreciés égx\i\ en valeur aux 106 fols & l Voye.: la-deiTus h Note-(8). (7) Voyez le Livre contenant les Chartres ds Flife, Tondel, page 10. Tit. 8. (8) Pour tirer cette matiere des ténebres ofi elie a dié eaveloppée depuis fi long-tems, voici ce qui me pari.it devoir .«rv.r de guide dans cette recherche. II pateït csrtain que de la liviu Francoife fe tailloient 81 pieces d'or, dont cbacune éwn dd poids de 85 f grains, ou dit O. s c h a r l e n s e s , celui qui étoit tiche de 100 livres (Jonden) devoit payer a 1'Etat un florin tr.aichar.d.  AVANT LE XVI SIÈCLE, iöx les diftinguer de 1'ancienne livre, ou de la livre numérique: & ce n'eft. que dans le XII fieéle que j'obferve, par des pieces aucentiques qu'on a confervées, que l'on a comrnencé a faire men-» tion du mot Mare (20). ■ Les voyages des Croife's (21) auroit DflUtêtre contribué a ce que le poids de Mare aic été généralem' nt adopté. La prodigieufe quanti é d'or & d'argent qu'il leur fal'oic pour L-s fraix de leurs différentes expéditions, aura contribué pareiilement a porter leurs vues vers Ie Co.aauTce. Les Cr »ifes , eu paffant par les différents États du Midi de 1'Europe, & furcoat en Italië, étoient a mèn'e d'obferver a quel p 'ine les Vénitiens & les Génois s'étoient enrichis par le négoce (22). ; En 1198 ü fe trouvoit a Venift un nombre ïnlini de Princes, de Seigneurs & de Gurilshommes qui s'étoient croifés fous la conduite - ( 20 ■) Depuis io"o 1'ufage du poids de Mare fut prelque uni^ verfcl en France. >• •,' « • • • - ' •■ (21) En iuppofant, avec M de Vol t ai re, que dans divots tems rOnent ait éti le tombeau de deux millions d'EufO'viens, & que chacun air emportd 50 fi irins, ou 100 livres dl Frcnce , cela fait cent millions dc- florins tranljmrtés hors de 1'Europe La raneon de St. Louis, dit le mêuie Atrteur, cóuta 8oo mille be'.ans , ce qui lalt euviroi 9 millions de notre Monnoie. > • ' > ,> f « l ij >■-i. >; , : f, 12 Voy«.z ce que dit ft ce fujft M. Rob er tssi; lians £ou Hjftoire dc t h ar l g s- q v 1 nt8 buml. page 24, L  1(52 Chap. VIL PPvïX DES DENRÉES &c. da Marquis de Moitferrat, grand Capicaine, & fiere da Prince de même ncm qui avoic fait une fi belle défenfe contre Saladin au fiege de Tyr. U étoit queftion de faire paiïer au Levant cette nouvelle armee de Croifés; les chemins par terre, & a travers les Etats des Prince? Grocs & Mahométans, étoient difficiies & dangéreux. Des députés des principaux Croifés eurent recours a Henri Dandoi Doge de Venife. Ils lui propoferent, pour faire paffer le ur nrmde & bagage en Syrië, une fomme de quatrevingt-cinq mille Marcs d'argent cn divers payemens. La Répubüque s'y engagea: i! étoit queflion dc tranfpórtcr 4500 Chevaliers, 9000 hommes armés a 1'Ecu, & 20000 hommes de pied, avec armes, vivres, munitions dc guerre &C. ( 2.3 ) Les Vénitiens fe trouverent a même de remplir exaótement toutes les conditions (23) M. Francisco VÉRdizottI dans Ton Ouvraje fur i'urigine de la Répubüque de Venife , écrit cn hallen , Tome h Livre VI, rapporte, que le réfultat dc la conférence des Sénateors avec les principaux .Seigneurs Croifés, fut: Que la Républiquc fourniroit aux Croifés autant de vaifleaux qu'il conviendroir pour conduire & tranlporter en Syrië 4500 hommes avec leurs chevrux , 9000 fantaflins armés a l'écu , & 20000 hommes d'auttcs troupes, & eu outre toutes les munitions & tous les vivres nécefiaires ?i cette nrmée: Que les Croifés s'obligerent h paycr k la Répubüque 85000 marcs d'argent, fcavcir 15000 au premier Aoüt, iecco au premier Novembre10000 h la fête nomméc Chatidcltur [2 de Février], cc les 50000 reftans au roois d'Avril fuivant, :uijuel tems les troupes devoient itre prctes ïi Venife pour 1'embarqucment, & les payemens eiitiéremcnt complets.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 103 ida traité, & outre cela* ils fournirent on plus grand ncmbre ce vaiffeaux: ils armtrent a leurs dépens 60 Galeres chargées de bonnes troupes de débarquement. Cette liotte devoit fe monter a 60 gros vaiffeaux de guerre, & a 120 d'un rang inférieur. Le Doge , quoiqu'agé de So ans, fit le voyage en qualiré de Croifé. Lorfque Je items de remplir les conditions auxquellts les Croifés s'étoient obligés fut échu, ils ne purent fournir aux Vénitiens que cinquante mille Marcs d'argent, dont ceuxci fe contenterent, moyennant qu'on leur aideroit a faire la prife de Zara en Dalmatie. En 1203 les Croifés, fous les aufpices du Doge, firent encore un traité pour rétablir IJaac fur Ie throne de 1'Empire d'Oceident, dont le fiege étoit a Confhntinople, moyennant une fomme de deux cents mille Marcs d'argent (24). I.e merrie Ouvrnje nous apprend que la Répubüque ddfirant coopércr 3 certe grande emreprife, ofTrit de Ta propre volontd, de fournir Co Galeres inonrces d'un nombre l'uffi ant de ramciirs, de foldats & dVturs. l es Croiles, de leur cdié, s'obligerent a fecourir & a maintcnir la R.'publique 'de toutes leurs forces , pend.mr l'efpace d'un an , tems limité pour l'entrepril'e. M. J'Abbé df. Ver tot dans Ion Hifloire des Chevaliers de Mai. the, ne s'accorde pas fur le nombre de ces. tioupes; il ne paije que de 40c0 hommes de Civa'erje, & de icooo fantafTns. |. ( 24) Iljfioire des Chevaliers de Maithe, Livre Hl. page Edit. de 1725. L 3  IÖ4 Chap. Vil. PRIX DES DENRÉES &c. En 1225 1'Empereur Frédcric II. promit au Pape de fe rendre dans un certain tems en perfonne a la Terre Sainte, & de fournir en attendant un certain nombre de Chevaliers avec leurs équipages, & qu'il dépoferoit entre les mains de Jean de Brionne, du Patriarche & du Grand Maïtre de 1'Ordre Tcutonique, cent mille onces d'or pour les fraix de eet armement (25). Par ce trait d'hiftoire, on voit i°. que l'argent, quoique plus rare qu'a préfent, fe trouvoit pourtant repandu en groffes fomraes p:rmi les diverfes nations, & 20. on peut fe fórmer 1'idée de l'évaluation d'un parei! tranfport, en. Ie comparant a un autre qui vient de fe palier pour ainfi dire fous nos yeux (26). (25) IJifluire des Chevaliers de Slalthe, Livre III. page 435. (26) On comprendra facilement que j'ai en vue ce qui s ^ft paflé dada nos contrées 1'année dtinicre, lorfque 1'AngletcTre fut obligée de faire 1111 tranfport de troupes priles k fa lolde chez quelques princes Allemand!. A cette occafion, elle fit frêter, entr'autres h Amfierdarri, plufieurs vaiffeaux propres ait tranfport d'liommes, de vivres, d'arrnes &c. J'ai actucllemcnt devant moi la copie d'un Contrat, paiïé par devant Notaire le 20 Mars 1770, au fujet du vjjffeau VF.fpérar.ee, lorg e'e 103 * pic-ds, large de 27, profond de 12, ik entre 1'étage 5 pieds [. Ce vaiffesu, nn de ceux defliués pour le dit tranfport , contenolt 150 lalt, ik chaque lalt devoit fepayet 11 lloiins le mois; fon fervice ne devoit pas étre pour moins de 6 mois. Ce valffeau étoit monté de 14 hommes d'équipagè,  AVANT LE XVI SIÈCLE. 165 Pour rendre plus fenfible 1'objet qui me refle h traiter, je vais diviier le tems en plufieurs périodes , afin de faire mieux fentir combien grande a été dans la fuite la progreffion numérique fur le prix des denrées &c. Commencons par les XII & XIII fiecles , tems oü la livre de compte étoit en ufage. & a tranfporté 200 ïleffois cn Amélitfie. te voyage a été de nctif mots & demi, & on a payé, fuivanc les conventions, 15675 florinJ'ai egalement copie d'un autre Conrat, paffé le 2t Mars de Ia même année po'ir un vailTcau nommée VAmitüt •long de 141 pieds, large de 34 , profond de 15 ,5r & en-re 1'étage 7 piedï. Ce vaiffeau a été mefuré ponten» 4-° 'afts > tic a été frété aux mêmes conditions_ què le précédent. ' II a tranfporté 5'i chevaux, dont 22 lont motts en foute; il été en fetvice 10 mois, on a payé pour cela 46200 , florins deforte que les 36 chevaux, qui font arrivés il hon port, ont cottié cette fomme pour le tranfport feulemenr. Si on confidere maintenant ce ü quoi la Répubüque de Ven'.fe s'é'oit obligée pour le tetme d'une année, & pour un nombre de S3500 hommes & de 4500 chevaux, outre les vivres, armes &c. on trouvera une immenfe dirproportion : car a raifon de 15675 florins pour 200 hommes, 33500 coüieroient 2,611,375 florins: ,©r 2.61^375 florins font, au cours de 26 florins pour le Mare, plus de cent mille marcs d'argent. Les 46 marcs poids de Vtnifefont 47 marcs poids de Cologne, par conféquent les 85000 marcs font 82675 de nos marcs poids de Troyes. Si nous examinons le tranfport des chevaux, la diffirence fera encore tt fes-frappante, car li a raifan des 50 chevaux, qui 1'aniiée derniere couterent 46200 florins, on veut calculer pour 4500, alors les fraix tnontetoient it 3.584 4™ flpiini : cependant la na.vigation s'étant facilitée, & les connoilfances fur la manceuvre jnaritime ayant augmetué, il lemble que cela auroit dü ptoduire depuis le XII Siècle quelque diminution fur les Iraix. de tranfport? L3  166 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. XII & XIII SI ECLES. Quoiqu'il foit difficile de connoitre précifément quel fut, dans ces tems reculés, le prix des denrées, main d'oeuvre &c,, je tacherai cependant d'entrer la - deffus dans quelque détail; 1°. par le moyen de quelques Ordonnances qui nous ont été confervées, & auxqueües certains faits mémorables ont donné lieu: 2". par les Mi* nufcrits d'un très-petit nombre d'Ecrivains (car on fcait combien peu ces fiecles ont été éclairés) qui pour la plupart fe font attachés a rapporter cerïains cas frappants; comme, par exemple, les chertés occafionnées par le derangement des faifons, ou par d'autres caufes naturelles, ou enfin par les guerres & h fureur des hommes. Dan? une Ordonnance de 1'Empereur Henri V., datée du 2 Juin 1122, on voit quels étoient les droits de Douanne qui devoient alors fe pciyer a Utrecht ( 27 ). Ca?) Voyez dans le Livre des Char. de M, van Mieris Tome l. p-ge 8fi (.en Latltf) l'Aéte par lequel 1'Empereur Henri V. régla Ja .Douanne qui devoit ie payer h Utrecht. Eu voici en racourCÏ Ie contcnu. Les EccléflaiHques « fe« Cuoy.ns d'/j. ircchi ayant fait des plairites fur les torts qu'ils foufl'roient par Jes exafttons & les défordres occafiormés par eeus qui reeevoient Jes Oouannes des marclrands ét+lngéra &c. rtttwjjeféér-, fur 1'avis des plus iagea & des plus experts lur les anciennes Ordonnances, ufages & coutumes, Iran i & renouvetla les anciennes Ordonnmices, afcavoir: que ceux qui viendreient du coté de Doei*  AVANT LE XVI SIÈCLE. i5? En 1151 en Flandre, par i'intempérie contipuelle des faifons, le prix des grains, déja exceiüf, s'étoit encore doublé, de maniere qae le Chapcau de grains valut a Britges 40 efcalins de leur Monnoie: fornrne cqnfidérablfi, vu la rareté de l'argent ( 28 ). A la fécherefle de 1'année 1178 , caufee par les grandes chaleurs, fuccéda un hyver rude. La quantité de neige qui étoit tombée s bourg avec des vivres payeroient 3 deniers, & le huitieme denier leur devoit être rendu: on devoit p:;yer auffi en nrkiure une certaine meiure; plus bas que Doesbourg on payuit fur le mime pied 7 deniers; que ceux qui apportetoient du vin payeroient iS deniers: & que le fetZlerhe kurTerolt rendu* lorlqu'ils ameneroient 10 Barils , alors on leur feroit giace d'un, cn confidórant ce dixieme tonncau comme deftiné ii costcnir le vin pour ïempiir les autres: que l'on prendroit fculemcnt la Douanne du poni'on, lotfqu'il y airioit doublé charge, 1'une de vin , Pature dc puisfon , cc que- la derniere feroit plus forte. Les frifons , poriaiu du fel, devoient payer un loop & un denier, Que les Fnlons du ctié Orienta! payeroient 2+ deniers, dont leur feroient retidus. Que- ceux de Saxe payeroient £7 deniers, & le 17111e leur feroit rendu. C-ux qui porteront du Cuivre i vendre, continue 1'Ordonuciice, payeront uu ferton [apparetntuent certaine monnoie ayant cours dans le Pays,] de chaque led. Les Danois venant pour faire commerce, & entrant en ville, payeront par tite 4. deniers Les Normands feront libres de toutes üotiannes. Celui qui fraudcra ou qui ne déclarers pas jufte , feta condaifiné a 3 lalents monnoie de Thlel. Celui qui vient en ville' pour faire commerce, eft cenfé Ctre fous Ia Jurifdiction des Echevins. C 23 ) Chroniques de Flandre [11] Tome I. Chap. XXIV. page lyj. édit. in lel.  V68 Chap. VIT. PRIX DES DENRÉES &c & la gélée qui continua jufqu'cn Février i '79, occalionna une cfffette de nourriture pour les 'moutons & bétes a corne deflinées a la fubfistance des 'hammes : la monalité 'qui furvint enfrirte parmi ces animaux produifit une cherté U exceflivé, qu'on vendït pnur trois efcalins ce qui n'avoit conté 'quelques mois auparavant qbe trois deniers (29). Qu-ljues exemples des XII & XIII fiecles font connoitre le dégré de valeur que l'on donnoit a l'argent. •.. ;< > • , {• i Vers 1'an 1148 Thierri VI & la ComtelTe fon époufe acheterent de Gerbrand van Beverwyck une terre, fitaée dans cette dtrniere contrée, dont le rev nu étoit annu.llement trois livres [Ponden) & quatre onces, defquvlles une livre fut dellinée pour les cierges de 1'Eglife, afin d'y ètre brulés tant de jour que'denuit, a 1'anniverfaire de la mort des Comtes öc ComtelTes qui s'y trouvoient enterrés, & pour quatre Chandelles de cire pour les vïgifes & les fles: les autres deux Livres & les quatre onces furent deflinées pour un repas, pour le. Freres du Convent, trois fois dans 1'année, fcavoïr le 26 AviR, le 26 Juillet, & le jour des Morts. i lis offr:rent encore pour le repos de 1'ame de ^29) Chroiiiquts de Fiam're [H"| Tome 1. page 22%  AVANT LE XVI SIÈCLE. 169 leur fils Pelgrom, fept livres & demie, pour iefquelles on acheta de.s terres fituées en diverfes contrées, qui rendoient enfemble annuellement 14 onces; fcavoir une terre dont le revenu étoit 2 f, une autre 4 j, une autre 3 , & enfin nne autre 4 onces; defquelles, 14 onces, 8 furent deflinées pour les jours de recréation & pour les repas des Moines, & les 6 autres employées en habillements pour les pauvres (30). fjo") Dans la Chronique CCEgmond de J. van LeyDBN [ U ] pag. 4' , Thierri eft nommé ome Comte: mais comme tl tft reconnu dans l'Hiftoire dc- la Partie pour tïe Comte de ce nom, ainfi que dans i'Art de «érffer les dates, j'ai préféré de le défigner fous ce nom. Soivant 1'luftoire de nos Comtes pac van IIemekt, il fut Ie I2me Comte de Hollande. L'Auteur de 1'Uinoire de la Pattie dit au Tome II. pag. 236, qu'a la mort Florent lui fuCcéds , & qu'il la.ffa encore au moins trois nis , Pelgrom , kotert, & Otton. Cependant au rapport de l'Auteur de la Chrönique d'Egmond, Pelgrom doit être décédé durant la vie du Comte & de la Comtelfe , puilqu'il y eft dit clairement [Voyez le Uiap. XXV 'J qu'ils ont offert a 1'Eglife pour l'ame de leur Ks Pelgrom, lept livres & demie, pour Iefquelles on achetta des terres a Alcn.aar, qui rapportoient annuellement 14 onces. Scavoir, du Mattre de la Monnoie Rein. waard une terre lituce op de Geeft, du revenu de 2* onces &c. Ce détail eil trop circonltancié pour s'y méprendrej defor'e que fi apiès le décès du Pelgrom dont il eft ici queftion, le Comte & la Comteffe n'ont pas eu un autrè Bis de ce nom , nos Histor.ens le ttouvent dans l'erreur.. L'Hiftoiien de la Patrie a fuivi Boxiiorn, qui a continué R1 o e r s ij e R o g n ; mais comme Ie paffage qui concerne la'perlonne de Pelgrom, dont il eft ici queftion fe ttouve parmi les articles ajoutés, & qui font cn termes g.n raux.on peut tres-bièn 'Ctre trompé , du moins quant au tems. Au refte, quant a la valeur des dons dontil eft fak ici i> ■ L 5  I7P Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. On trouve plufieurs de ces exemples dans le Livre intitulé, Chroniques d'Egmont. A la fuite de ce Livre fe trouve le Journal des morts qui ont été enterrés a 1'Abbaye, & qui ont fait des legs. Par la fpécification de tes legs, on voit combien l'argent étoit rare aux XIII & XIV Siecles. En voici un entr'autres qui mérite d'être rapporté. Fulpen Poppe légua au Monaftere d'Egmont une Métairie en Arem , dont le revenu annuel étoit de 18 deniers (31). mention, il me parolt trcs-poffible & très-probable, ainfi qu'on le voit au commencement du Chapitte IX, que par livres il faut ici entendre une monnoie effefiive, qui contenoit eu argent \\ Mare, ou a- peu -prés. En évaluant la livre a 12 onces, ces 12 onces valloient au XIV fiecle encore 6 florins : les 3 > |jvies font donc 5 Marcs d'argent: 1 » Mare d'argent fervit pour les cierges de toute 1'année, & les 3 « Marcs, ou 2 liv. 4 onces rclhntes , pour les divers repas des ft.fl. pp. Les 7 { livres ou po onces, dont nous avons parlé plus haut furent employees it l'achat de terres, doanant un revenu dc 14 onces, ou 1 » Mrrcs d'argent, fcavoir: une terre dont Ic revenu étoit d'un mate, une autre une autre A & Me autre *e ou *. Pour les 7'2 liv., ou 90 onces d'argent, on achettoit alors ur revenu de 14 onces; cc qui eft trés - probable, cn les comparant a d'autres aflaires dc ces anciens tems : un Mare d'argent fervit pour les récréations & plaiDrs des Moines, les autres 6 onces ou * d'un mare pour habiller les pauvres ; ce riernier article me paroit aficz prouver la probabilité de ce que je viens -favancbr, fcavoir Ie dégré de valeur qu'on donnoit a l'argent. ' CoO Probablement deniers d'argent, ou dc lapetite Monnoyé. X9le* Cu:on^u-s *-%*»■**• aux Regiftres monuaixes pag. 2 &.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 171 La convention faite par Guillaume Comte de hollande en T2I3 avec le Roi d'Angleterre mérite de trouver place ici: outre qu'elle nous fait connoïtre qu'on fe fervoit alors, du moins dans ces pays, du poids de Mare, elle nous fait -voir auffi pour combien peu d'argent on pouvoit, dans ces tems, fe procurer des fecours militaires, lorfque le befoin le demandoit (32). Magtilda Comteffe de Hollande, le 7 Novembre 1225, fit donation au Convent de Loosd-iinen, pour le falut de fon ame & de celles de fes parents, d'une terre fituée prés du Cou- (32) Livre des Chartres de M. van Mieuis Tome I. pag. 157. L'Acte eft du 29 Mars 1213. par eet Acte GuV.ldunt Comte de Hoilande promet a, Jean Roi d'Angleterre, lorlqu'il feroit affadli par des peuples cttangers dans tön pays , de TasCiter avec toutes fes fo:ces, apie qu'il en aura re?u la nouvelle, ce qui devoit avoir lieu duns tous les cas, escepté dans celui oü il autoit lui - mème une armee enncmie dans Ion pays. 11 fut encore ftipulé, qu'il lui envertoit è fa demande 25 Chevaliers (Mil'ues) i fes propres fraix, & que du jour qu'ils feroient arrivés en Anttleterre, ils ferviroient de gatde au dit Roi pendant les tres qaadrigsnas; qu'ils feroient S fes ordres partout 0C1 il cornmanderoit, & ontre cela, [difoit le métne Comte] fi le Roi veut des {Strvlentes) de mon pays, il enverra quelqu'un des fiens, & je lui ferai avoir 500 ou 1000, & méme plus d'hommes s'il eft néceffaire; je lui fournirai aufQ des vaifleaut de tranfport, & du jour qu'ils auront mis a la voile ils feront cenfés lui appartenir, je lui promets auffi que mes geus en fervice le ferviront bien & fidellcmcnt, car j'ai fait hommage a Mfg. Roi Jean, & je lui ai fait ferment de fidélité, je recevtai pour cela a Pitqucs 400 marcs d'argent &c.  i{2 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. vent, nommée Bridges. Elle y ajouta autant de prés, au-delTus de 's Cravezande, qu'il feroit nécelTaire pour faire paitre 300 brebis, & ce, pour être poiTédé a perpétuité par lesSreurs du dit Couvent,& pour leur propre ufage;mais au cas, ajoute Magtilda, que mes fils ou mes defcendants, après ma mort, n'approuvent pas ce don, & qu'ils veuillent le conteiter, je promets au Couvent, de mes propres biens hérités & fitués en Brabant, annuellement 50 livres {Bonden] Monnoie de Hollande (33). Le 28 Février 1232 Florent Comte de Hollande confirma les dons faits par Marie, ci-devant Impératrice, au Couvent de Rhinsbourg. Ce don confiftoit en cinq livres payables en deux échéances (34). L'an 1237 Alida, Veuve de Therri Comte de Hollande, promit annuellement deux livres de Hollande au Couvent de Rhinsbourg , ou elle voulut être enterrée, & la dixme de Shoendorp, fitué dans le terrain dcNieudorp, devoit fervir a payer cette fomme (35), (33) Livre des Chartres de M. van Mieris Tome I. pag. 197. Les terres dont il eft ici queftion. font évaluées a une rente annuclle de 50 livres Monnoie dTIollande. La dénornination de cette Monnoie me parolt démontrer que ces livres font différentes de celles dont j'ai fait mention a la Note 30. ■ C 34) U'm , Tome I. pag. 200. ([ 35 j Idem j Tome I. pag. 213.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 173 Par les privileges de Guillaume II. Comte de Hollande, accorde's aux habitans de Haarlem le 23 Novembre 1245, il efl; dit que celui qui veut acquérir le droit de Bourgeoifie, donnera au Baillif quatre deniers , au Meflager un denier, & aux Echevins trois efcalins (36). Florent, Comte de Hollande, régla le 23 Avril 1252, par une Ordonnance, les Douannes du fel charge dans les Vaifleaux ou barques qui montoient & defcendoient la Riviere. Un vaiffeau chargé d'un demi cent de fel, montant la riviere, pryoit a Hcufden deux deniers de Hollande, & en defcendant un denier.^ Un vaifleau, chargé de plus d'un demi-cent de fel, payoit pour cela & pour fon fret, foit en montant foit en defcendant la Riviere, fix deniers de Hollande: il entendoit que les propriétaires fuflent habitans de Dordrecht, fi non, outre les droits ci-deflus énoncés, ils devoient payer ce qui étoit de droit Lorfqu'on voulut creuicr le canal de Sparendam, Guillaume, Roi des Romains, ayant oui le rapport de fes Confeillers ordinaires, des Noblcs & non Nobles de la province de Hollande , & autres Notables, flatua, par une Or- (37) Livre des Chartres de M. van Mieris pag. 219. cn Latin pag. 223. [en Ho!.] C36_) Idem, Tom. i. p. 265, ,  174 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. domance'du 9 Avril 1253, que les fraix du caml feroient rembourfés peu-a-peu par tous les vaifleaux qui pafferoient par le-ditcanal, jus» qu'a la rentree de Ia fomme entiere. Un Vaisfeau, qu'on nomme Elffchae, payoit 12 deniers; chaque barque a tranfporter du foin, 8 deniers; un navire avec un gcuvernail pendant, 6 deniers; & les autres prtites barques, un denier; le retour y étoit même fouvent compris (3g> Florent V, Comte de Hollande, régla. par tme Ordonnance du 7 Juin 1273, le falaire dei porteurs de vin & des mefureurs de fel dans Ia ville de Dordrecht, fcavoir: De chaque Tonneau de vin que l'on chargera ou déchargera des vaiffeaux 18 deniers de Hollande, & d'un Legger de vin, (efpece de Tonneau contenant aujourd'hui ordinairement 15 Ancres.) 9 deniers: de chaque baril que l'on tranfportera aux maifons fituées proche de Ia Grue, 12 deniers; enfin pour mefurer Ie fel, de chaque cent [mefure de fel], 5 efcalins de Hohande (39). C3") Livre des Chartres de M. van Mieris Tome I. page 276, C 39 ) Uem pag. 367. (en Lifte) & pag. 368. [en Hol.] Le falaire «les porteurs dc vin dans la ville de Dordrecht eft actuellement, Pour charger ou décharger „n Baril de vin .5 lols ; julqu'.nu .. omptoir 4* foU{ dans une mailon ou maga^in, un pied haut ou  AVANT LE XVI SIÈCLE. 175 Le 2 Juillet 1274, Jean Duc de Brabant régla ainfi, par une Ordonnance, pour les habi- bas, un Tol de plus par Bari!; pour changer un Voeder de place, 6 fols, & 2 fols de plus felon les cas. Si je fcavois maintenant combien de deniers, des 9 & des 18 deniers dc Hollande, doivent ére comptés au gros, je pourrois apprécier la jufte difféïence qu'il y a entre le falaire de ces tems & celui d'aujourd hui'. On obferve au fiecle fuivant. dans une Ordonnance du 28 Février 1316, que le gros tournois eft évalué ii 8 deniers, & dans ,une autre du 1 Mai 1323, qu'il efl évalué a 16 deniers. Dans la première, felon la teneur de 1'ACte, c'étoit Ie Comte qui payoit, Ct dais ra feconde il recevoit. Pour mefurer Ie fel on paye depuis 70 ans encore sctuellement , 50 lols du fel gros de France pour ioo Tonneaus 'Vat'), 6 pour Ie fai d'Elpagne, 60 fols. I.oifqu'011 remefure !e fel, c'eft a-dire , lorfqu'il a dïja été meftiré il Amfterdam, i RotUrdam, oti aüieurs, alors on paye feulement 35 fols pour 100 Tonneaus dj fel blanc; pour le mefurage on paye 32 fo's pour 104 tonneaux , 100 tonneaux font 404 mefures (*); d'a:«cs cela il me femble que, furie prix contenu dans cette Ordonnance, il doit néceffairement y avoir erreur, car le plas riant falaire d'argent fcoit io efcalins, ce qui ne fait pas de différence avec le tems du XIII. fiecle. Le plus fouvent dans ces anciens Ecits les dénominations des livres , efcal. & gros ou deniers, font écrits par des fignes , ou bien par le nom de fol, term? trop général; alors il eft facile en lifint ces anciens Ecrits de confondre J'efcalin avec Ie. fol ou gros. Je penferois donc que les 5 efcalins peuvent trés - biea avoir été 5 gros , ou fils , ou des pieces dc cette valeur è-peupièi, (voyez a 1'an 1401 un denier, nommé Schele) il pourroit (*) Ci Hollande, panicuüe'rjtnent a Amjterdam., lefelfevend au Cm:, le Cent contenant 404 mefures ou fchepels, faifant 7 laft, 14 tonneaux de France, ou 2oï facs. Voyez Diétiontüire de M. Savaju au mot Sel,  i76 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. tans de Dordrecht, Ia Douanne qu'ils devoient payer a Lil te. ■ , De chaque Tonneau rempli de vin, 10 deniers de Cologne; d'un autre non rempü, un denier de Cologne; de chaque piece de drap de laine teinte, trois Ballingen [Heller] de Cologne ; de chaque piece de drap non teinte, trois Vierlingen de Cologne; des draps de laine mis enfemble dans un paquet, dix deniers de Cologne &c. (40). Par les conventions matrimoniales de Jean de Hollande fils du Comte Florent V, avec Elizabeth, fille d'Edouard Roi d'Angleterre, on voit, entr'autres conditions, qu'il y efl: fait mention d'une dot de öooo Livres tournois noi' res (4 O- Par peut - être nous faire un peu mieux connoitre Ia diffetence qui doit fe trouver dans la proporrion, comme on peut 1'obferver par le falaire des ouvriers lur le vin. (40) Livre des Chartres de M. van Mieris Tome I. pag. 3-4: dans ceite Ordonnance fe trouvent encore divers articles de marchandifes, comme fer , plomb, chatbon, cuir, ff. gues, &c. ... (41) Idem pag. 455 f°us 1'année 1285. Je n'ai pas trouvé dans mes recherches la valeur inde des livres tuurnois noires, fi ce n'eft ce que l'on trouvera inceflammenr par Textrait de 1'Acte du 8 |uillet 1310 de Guillaume , dans lequel un gobeler d'argent eft évalué h 10 livre-. tournois noires. Et dans un vieux Mémoire, contenant les annorations éc évaluations des chofes anciennes d'ui'age dans des tems reculésa j'a! trouvé évalué  AVANT LE XVI SIÈCLE, k^f Par un acte du 27 Oótobre 1285 Guillaume van Amjlel Pnvot, Gys.brecht Seigneur d'Amftel, & Amould van Amftel freres, rtconnoisfent devoir aü Comte de Hollande 200c Livres Ponden) deniers de Hollande, pour laqnelle fomme quinze Nobles furent caution foiidairetnent (42). Enfin , 1'an 1300 mourut a Dordrecht Maf* gucrite époufe de Dirk Tden fils, qui légua a la grande Églife, \_Notre - Dame] dix gros, & Helman van Wyngaarde, qui a fa more fit auffi don de dix efcalins (43). Je pourrois citer bien d'autres exemples, qui feroient égilement connoitre en quelle eftime l'argent étoit alors par fa rareté; mais dans la crainte de fatiguer le lefteur, & n'étant pas a même d'ailleurs de donner la jufte appréciation de chaque article dans notre numéraire, je me hate de piffer au période du XIV. Siècle: tems oü la mefure étant mieux connue , on peut mieux apprécier le prix des denrées &c. évalué une livre tournois noire h f 2. 3 f. 6 d, un v'iei! Ecu aufli y 2. 3. 6. enlórte qu'on pouiroic préfumer que la I vre noire a lété égale en valeur au vieil Ecu {Oude- Schild.. (40 Uivre des Cnarcres de M. van Mieris Tome li jaag. 462. (43.j M< Halen Delcription de Ia ville de Dordrecht, M  178 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. XIV SIÈCLE. §• I. Puix des Denrées; Impöts &c. i °. Voici les droits des Douannes qui étoient en ufage dans 1'année 1307, & qui fe payoient alors a la Douanne de Drielle par les habitans de Dordrecht. De chaque VahTeau chargé de fel & remontant la Riviere, un boifleau; de chaque Vaisfeau chargé de harangs, 4 gros de Liege & 20 harangs. Et en cas qu'un des citoyens de Dordrecht cüt chargé un même VaiiTeau de fel & de harangs, il ne payera de droit que poür la marchandife dont le Vaifleau fera le plus chargé; en defcendant la Riviere, on ne payera de chaque Tonneau de vin que 6 gros de Cologne, & d'un (Legger) 3 gros feulement. De chaque piece de dran en laine 4 gros de Liege, & de chaque ico pieces de toile, quatre gros, ainfi que des 100 Bacys. Du fer, de telle marqüe qu'il foit, 4 gros, auffi de 1'acier; & fera exécuté ainfi, dit 1'Ordonnance,feulement pour les marchahdises qui fe trouvent ici mentionnées. 2". Pour Ia Douanne a Suylichcm, on payera de chaque VaiiTeau chargé de fel 18 gros de Hollande, & de chaque Vaifleau chargé de harangs pareille fomme, avec vingt harangs, en  AVANT LE XVI SIÈCLE. 179 montant la Riviere; mais en defcendant, chaque Tonneau de vin payera 8 gros de Cologne, d'un Legger 4 gros, & des draps, des toiles Sc du fer, de cfiaque forte 4 gros. 30. On payera a la Douanne de Gribbe, pour chaque Vaifl au chargé de fel 2 gros dz Cologne, & une certaine mefure nommée Sommer dc fel; d'un VaiiTeau de harangs, 20 harangs, & de chaque lalt de harangs 4. gros de Cologne. De 'chaque Vaiffëaü chargé de grains 2 gros de Cologne, & un Sommer de grains; & du vin, de chaque piece granJe ou petite, deux gros (4+).- Par un A£fe du 18 Juillet 1310, Guillaume, Comte de H dlande, reconnoït avoir reca, fous 1'approbation de 1'Evêque d'Utrecht, toutes les dixmes que 1'Eglife de St. Pierre d'Utrecht avoit en Zelande, pour un don gatuit d'un gobelet d'argent, ou 10 livres-(Ponden) tournois noires (45). En 1315 il y eut en France, en Allemagne & dans nos Pay-:, une morta'ité parmi les hommes, ce qui cau fa auffi une grande cherté d.ms les vivres: lorfque c tte cherté fut a fon plus haut point, un boifleau de feigle fut vendu en () Livre lies CWrres de M. van Miièis Tome II. piu (jj. |>ar care Ordonnance il parolt qu'on étoit cneore , lur ffl . q les articles, dans l'ul'ogc de-paver en nature. (45 ) t.urc des Chartres de M. van ili££is, Tcme II. page 107. M ?  i8o Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. Hollande 30 fols; rads enfuite, les envois étanE arrivés du dehors, le prix baitTa, deforte qu'on achcta, comme ci- devant, le boiffeau de grains 5 gros (46). Le Comte Guillaume, en renouvellant, le 7 Mai 1322, les privileges donnés aux marchands de Kampen, ordonna que les marchandifes qui viendroient du dehors payeroient, fcavoir: de chaque laff. de harangs 2 deniers Anglois; de chaque chapeau de bied ou de feigle 4 deniers de Hollande ; de chaque chapeau de pois & fevcs, un denier Anglois (47). Le 1 Mai 1323 le Comte Guillaume accorda encore la liberté aux habitans de Middelkourg d'a* voir un jour de marché, & en régla les droits, fcavoir: C 46) Defcription des fails renmrqual/lcs de plufieurs fiecles , pat G, van spaan LU], pag. .71.. 11 feroit a fouhaiter que eet Auteur eüt cité dans eet endroit, & en plufieurs autres , le pasfage OU il avoit trouvé ce fait, paree que j'aurois pu voir de quelle forte d« mefnre i! eft ici queftion. Le laft connu t Amsterdam eft bien de 27 muids, & le muid de 4 botffeaux : te boiffeau il 5 gros doiincrou le laft il 13 fi. 10 lols; ce qui uit encore ttop cber pour ces rems; il faut donc que la mefure ou la valeur dont i! eft ici queftion foit différente de celle dont je fais mention. Le Florin dans le XV fiec'e eft fouvent évalué a 10 fols: fur ee pied on pourroit cneore évaluer le feigle a f 6. 15. ce qui feroit plus ajjrocb-int de la vraifemblance: & ainli il y auroit eu 4 gros au fol d'alors. (47) üvrs des Clurtres de M. van Mieris Tome II» pag. 287.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 1S1 Le jour du marché cornmencera la veille de Saint e Marie Magdeleine, & durera cinq jours. Les deux premières journées on vendra les chevaux, befiiaux, draps & autres merceries. Les autres genres de marchandifes feront refervcs pour les trois jours fuivants. Chaque VaiiTeau qui viendra a ce marché donnera 6 deniers tournois de Douanne. De chaque cheval vendu, on payera 8 deniers tournois ; de chaque vache 4 deniers; de chaque béte a corne, agée de deux ans ou au de-Mus, 2 deniers tournois; pour celles au delTous r denier; de chaque brebis vendue 1 denier; de deux agneaux 1 denier; d'un porc, grand ou petit, 2 deniers; de chaque paquet de toile vendue on payera 2 efcalins tournois; (on pourra auifi faire fortir ces marchandifes, en cas qu'elles ne fe vendent pas); de chaque paquet de Pelleteries, ou peaux de lapin ceuvrees, 2 efcalins tournois; de chaque paquet de laine d'agneau oeuvrée, 12 deniers tournois. Celui qui achetera des draps teints donnera 4 deniers, & des draps blancs feulement 2 deniers &c. De chaque ouvrage d'or, d'argent, d'étain, de plomb, & de toutes marchandifes de ce genre non fpécifiees ici, fera payé de chaque Livre un denier tpurnois. M 3  182 Chap. VIT PRIX DES DENRÉES &c. Les payemens de toutes ces Douannes devoient fe faire en gros tournois, évalués alors a 16 deniers tournois (48). Le 1 Novembre 1330, le Comte Guillaume permit, par une Ordonnance, aux marchands Anglois de venir commercer dans ces pays, a condition qu'ils payeroient a la Douanne le centieme denier (49). L'année 13^4. un tonn°au entier de biere 8Amersfoort s'achettoit pour 12 ou 12 ' Braspeniiingen ( so ). Le 22 Avril 1363, le Duc Albert accorda a x rfiarehands d'Allemagne quelques privileges, & la liberté de commercer dans le pays, fous les cóndiüons fuivantes: Ils payeront de chaque quille de vaiffeau, foit grand ou petit, 9 deniers de Hollande. De chaque baiil (tonneau) de fuif, de beurre, de harangs, d'huile, de miel &c. 4 deniers de Hollande. Des Pelleterks, peaux de lievre' &c. 9 deniers ; de chaque peau de bceuf, 4 deniers, & des peaux de vache, 3 deniers. (48 1 Mvre des Chartres de M. van Mieris, Tome I70 page 316. On voit ici que le gios tournois eft évalué a 16 de»i' r-.. C 49 ) Idem pag. f504. (50J Dlfcription le O vak Spaan pag 75; j'ignore VI. valuauon du trusptmang o'alors»  AVANT LE XVI SIÈCLE. 183 Da iooo livres defeP, 12 deniers; de chaque tonneau d'acier, 8 deniers; de chaque voeder de plomb, le voeder évalué a 12 waghen, deux efcalins de Hollande; de■ chaque mülier d'étain, 10 gros; de chaque balie de fer blanc, 6 deniers de Hollande; de chaque baril de fafran, gingembre, canelle, noix mufcade, & autres épiceries, confites ou non, 12 deniers de Hollande; de chaque Schippond [300 livres] de lin, 3 deniers de Hollande. De chaque balie de toile blanche, 15 deniers; de chaque baril d'huile, 15 deniers; de chaque tonneau de viande, 3 deniers; de chaque muid de fel, 1 denier; de ch.ique fac de farine, 2 deniersj de chaque chapeau [de Hollande] de grains, foit feigle , foit bleJs, erge , avoine , pois öic. 3 deniers. De chaque millier de Stock-Fifch, 12 deniers; de chaque tonneau de foufre, 3 deniers. II y a encore beaucoup d'autres articles mentionnés dans cette Ordonnance. La Monnoie ou l'argent ne payoit point de Douanne. Les payemens de ces Douannes devoient fe faire en gros de Hollande ou de Flandre, évalués a 6 deniers de Hollande le gros (51). (5O Livre des Chartres de M.. van Mieris Tome HL pag. 145- Nous venons de voir que le taux de la Dousnne pour les An- M 4  iU Chip. VU. PRTX DES DENRÉES &e. Ei 138Ö on achetoit un voeder de vin pour C-fbrins d'Allemagne. Le vin médiocre, mëme Mefure, 2 ou 3 florins (52). En date du 1 Juin 1398 on lit les conditions fous Iefquelles le Seigneur d'Hemberg s'engagea de livrer a fes dépens a Cologne 200 voeder de vin du Rhin pour Fufage du Duc Alben. De Cologne jufqu'a Nimcg'ie les rifqnes & fraix; devoient être pour le compte du Duc; chaque. f'jjji étoit étabü fur Ie pied d'un pour too de Ia valeur. Probablement on obfervoit la même taxe pour les AHemands; ers fuLppofani cela, on pourroit facilement apprécier quelques articles contepus dans cette O dor.nance. Par excmple iooo gg de fej ftroierw, il 1 pour 100 , 10 ,'@ pour la Douanne; ces 10 fjg fvs. luées a 12 deniers, 6c les 6 deniers devant faire un gros, les looo fg vaudroienr conféejuemment 20® gros. Par 1'Ordonnance rife i au IJ3Ö le mirc d'argent valut 4 flor,, & par celle dc 1'année 1388,5 flor. n fols. Ces 1000 g, faifoient donc a - peu. prf>s équivalent d'un mare d'argent. Aujourd'hui cela vaudroit plus de 3 marcs en argent fin. 1000® d'Etain, Il dix gros chaque xooo, les 1000 £g valloient danc au moins 1000 gros, ou fur ia pied de / 4! prix moyen entre ƒ 4 & f 5. 11 , environ 5 marcs d'argent. Aujourd'hui ces 1000 g? d'Etain valent ƒ39. les 100 gf fout plus d; 19 marcs d'argent. U 1 fchippond de lin devoit payer 3 deniers de Hollande ou *■ gros; fur ce pied, le fchippond valioir 50 jjros, 0.1 S -peu- pies le quarc d'un mare d'argent: aujp.ird'tui cela vaudroit environ ƒ 50, 011 a - peu piè> 2 marcs; ainli on pourroit parvenir a apprécier., en gros, piulicurs articles con enus Jans cette Ordonnance, l'urtout de ceux qui regardeur. Ia co iftrucl in des vaul'eaux, oü duit fe trouver la différence Is plus cohQderabl e. (52 j Oct'criptton de G. van Spaan pag. Sc,  AVANT LE XVI SIÈCLE. 185 voeder devoit être payé 14 florins, Monnoie du Rhin (53). Par une Qrdonnance du Duc Albert, du 24 Janvier 1398 ou 1399, on'voit que le prix (53) Livre des Chartres de M. van Mieris Tome III. pag 679. Je préviens que depuis le XIV fiecle, l'or même eft enchéri: on doit, lorfqu'on veut calculer jufte, ne pas perdre eet objet, de vue. Par exemple, 200 voeder de vin du Rhin , a 14 florins chaque voeder, font en or, lur le pied de 60 florins le mare, 4*5* marcs, & en argent, a 6 floiins le mare, 4S6*. En calculant feulement fur les 14 florins, ils font en or |g marcs , ou 37^ Eft. & en argent 2' marcs. Un voeder de vin du Rhin contient ortlinairetnent 7] k & Aam. Ce vin vaut communément aujourd'hui 20, 25 & 30 Rysdalers, & ces prix varient fuivant la qualité 11 y en a encore de Uien fupérieur, & dont Ie prix eft conléquemment bien audeffus, car il s'en trouve dont ia piece revtent entte 400, 500 & 600 florins. Une piece 011 Tonneau de vin de Mofelle contient ordinairement 5J k ö Aam : ce vin valloit il y a quelques années moins qu'a prél'ent; aujourd'hui on en fait un plus grand ufage; il eft plus demandé, & prr conféquent plus cher: XAam revient de 28 a 32 Rysdalers: ia piece , non compris le fret & autres fraix , revient ït 420 ou 430. florins. Suppolbns que la qualité du vin du Rhin de 1'année 1398 foit égale a celle du prix de 600 florins, alors la différence fur le numéraire eft comme de 1 & 44'. Et celle de l'argent n'eft que de t i 4*. En évaluant le mare, en 1398, a 6 florins, & en 1777 ii 26 florins. Et cn le comparant avec la quartité de la matiere, foit en of ou argent, de 1'année 1392. & avec celle d'aujourd'hui, nous *urons le rapport iuivsnt: M 5  i%6 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. de la biere en Nord- Hollande fut fixé a 5 deniers la mingle, & eelle d'Hambourg a 6 deniers, dont huit font un gros (54). 5- IL HoNORAIR.ES, APPOINTEMRNS CvC. Le 28 Février 1316, Guillaume , Comte de Hainaut aeeorda a fon Chambellan Guillaume van Duvenvoorde, pour fes appointemens annuels, 25 Livres (Ponden) de Hollande (le gros. Les 14 en or, en 1398, font en poids 37" Eftclins d'or fin. Les 600 .. . 1777 255 Ettelins. idem. Les 14 en arg. en 1398 fjj Marcs d'arg. fm. Les 600 .. . 1777 23 idem. L'augmentation fur le poids eft donc en matiere d'or, comme de 1 il 7 environ, & en matiere d'argent,comme de 1 ii 10environ ce qui prouve ce que j'ai dit ci-deffus, que l'or eft enchéri coniidérablement. Je dois prévenir que la mefure du vin elt calculée fur celle d''A-.njl'.rJam , qui contient 2 ftoopen [le ftoop contient deux pots ' ou 4 pintes plus que celle de Mofelle; un Aam de ces contrées d'Allemaaue contient 62 ftoopen, ou 124 mingles, cc un Aam Amfterdam contient 64 ftoopen ou 128 mingles. La mefure des vins efl ii émfterda.n, comme dans Ie refte de la Province; elle eft établie fur la futaille de Jlaurdeaux, fcavoir.' 2 pintes font une minrtlc, 2 mingles font un ftoop, ii ftoopen ou 16 mingles font 'un ftekan, ou une dtmi-ancre, une ancre fait 16 ftoopen ou 32 mingles, 6 ancres ou ie ftekans font un Oxhooft, ou Carrique, & 4 Uarriques font un Tonneau {Vat.~y C5+) Livre des Chartres de M. van Mieuis Tome Hf. pag. 091. Dans cette Ordonnance le gtos eft évalué a S deniers „ cette biere valloit donc i\ & 3 dutes.  AVANT LE XVI SIÈCLE. i$? tournois évalué a 8 deniers) payables par fon Maïtre des Rentes de la Nord - Hollande (55 ). Le 17 Novembre 1328, le Comte Guillaume Tjrit a fon fervice Jean Arents Smeets fils, Couv'reur, pour avoir foin de fes maifons fituées en Hollande, a raifon de 5 livres (Ponden) par an, & d'une paire d'habits a Paques. Dans ]'A6f.e il efl; dit: fi nous 1'employons a d'autres ouvages, il nous fervira pour le falaire journalier que nous donnons a nos autres gens (56). ] e 21 Mars 1338, le méme Comte accorda a Dicric den Grille 1'Office de fon Maïtre d'armes, pour un falaire annuel de 10 Livres (Ponden) de Hollande & d'une paire d'habits (57). Le 26 Décembre 1356 le Duc Guillaume dc Baviere Comte de Hainaut, de Hollande, de Zelande, & Seigneur de Frife, donnoit a fon CLrc ou Secrétaire, qu'il avoit nommé pour gérer fes affaires a la Cour de Rome, 100 vieux écus (Schilden) par an, i& des habits comme ceux des Maïtres Clcrcs de fon Hotel (58;. (55") Livre des Chartres de M. van Mie ris Topse II. pag. iöS. (56) Idem , Tome II. pag. 46S. (57) Idem ibid, P3g- 6o3. (58 Idem, Tome III. pag. i\. Par 1'Ordonnance de Pannée 1388 on voit que l'écu [ScKitd] y elt évalué is 40 gros. Le numéraire du mare d'argent avoit de'ja fubi des changemens, car en 133Ö il fe trouve évalué il 5JI florins, au lieu de 4; dcforte  m Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. Le jo Mars 1358 ou 59, ]e Duc Alben donna a Ma%r Woutersz 5 livres (Ponden) de Hollande annuellement, & une paire d'habits, pour por ter 1'épée a Dordrecht, ainfi que le texte le rapporte (59). Le 2' Mai 1359, le même Duc fit Engel fils de IVoïbrants fon pourvoyeur de poiflbn, pour 10 livres (Ponden) de Hollande & une paire d'habits (60). . Le 14 Avril 1372, ]e même 'Duc fit Koppe Haffen, fon Maïtre d'armes, a raifon de 18 Hvres (flg) & d'une paire d'habits (61). En Mai 1398, le Duc Alben promit aux Chevaliers qui le ferviroient dans la guerre des Frifons, de payer pour chaque homme armé que ces 100., écus, 5 40 gros cliscun, qui faifoient en 133(5 25 marcs d'argent eficétifs, n'en firent plus en 1383 que 18. Quoiqu'il en foir, c'eft bien peu de chofe en comparailön de cc qu'un Envoyé ou un chargé d'affaires auroit belbin aujourd'huj. En 1579 M. D, van der JVieuwiurg eut 9 florins par jour pendant le voyage qu'il faifoit en Allemagne de la part du Prince & des Etats , a la Cour de 1'Empereur; & fes dépenles journalieres depuis le 23 Février jufqu'au 13 Novembre 1579 , étoient montées felon le compte il 2558 florins; ce qui fait appercevoir, en deux fiecles dij», une augmentation confidérable dans Ia maniere de vivre. C59) Livre des Chartres de M< van Misris Tome JIJ» pag. 84. (60) Idem ibid, pag. 93. C61 ) Idem ibid. pag. 268.  AVANT LE XVI SIÈCLE. i8e> & pour tous fraix 8 gros par jour, pour tout le tems que dureroit 1'expédition en Frife (62), Le 17 Décembre 1399 le Duc Alben choifit pour fon Chapelain Dirk van Delft, qu'il avoit fait étudier en' Théologie, & qui avoit été re§u Docleur, moyennant un honoraire annuel de 20 vieux écus (Schilden) de 40 gros (63). L'aa 1400, le 5 Mai, le même Duc fit W. Z- Ion Maïtre Charpentier a Staveren, h raifon de 12 écus de Hollande, du poids & titre frappés en dernier lieu, & d'un habit, ou, a "la place, 4 desdits écus. Outre cela, eft - il dit dans 1'Aéte, fera payé pour le falaire de lui & de fon va'et 12 gros par journée, tant qu'il fera a mon fervice (64). f62) Chartres de Frife Tome I, page 276. C63J Livre des Chartres de M. van Mieris Tome I. pag. 711. (64) Chartres de Frife Tome t. pag. 303. Les 12 Ecus de Hollande du po ds & titre frappés en 1'an 1388, valloient en argent, £ railbn de 40 gros , 480 gtos, qui font, au prix du mare d'argent de 5^ florins, en argent fin 2^ marcs, Cv les 4 écus pour 1'liabit, i d'un mare. Les 12 gros pour le falaire des deux ouvriers dont il efl: ici queftion , font au dit prix de 5' pour le mare d'aigent, en poids d'argent 280 as, ou 3*Eftelins. Si nous calculor.s le feigle au prix oii il fut vers le milieu du XV fiecle, c'eft-a - dire il 9 florins du Rhin le laft, cc le florin du Rhin au cours de 30 gtos, prix de 1'an 1383, ces 9 florin» font ƒ 6-15. en numéraire j ces deux hommes pouvaient donc  xoo Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. Dans la même année ce Duc accorda des dons gratuits annuels a plufieurs perfonnes , entr'autres un de cinq florins de Hollande; ce qui prouve 1'extreme rareté de l'argent (65). §. III. De la valeur des Terres. M. van Mieris dans fes Livres, contenant lts Chartres du pays, a confervé un Mémoire, fans date, dans lequel fe trouve détaillée letendue de la Wefl.-Frife; mais comme on le trouve après une autre piece datée du 12 Mars 1338, il efl: afiYz vraifemblable que alors, avec leur lalaire de 12 gros, fe procurer 4 * boiffeauz da feigle. Aujourd'hui en payant fi ces mêmes hommes 50 fols, ils onr au prix de ƒ 25- 10 le mare, 1, » Eftelins en poids d'argent f & en fuppofant le feigle au prix moyen de 80 florins d'or le lafi ils ne pourront s'en procurer pour leur falaire que 2* boiffeaux. Ainfi le parriculier qui fair rravailler paye aujourd'hui réeliement Ie doublé en poids d'argent de ce qu'il payoit en ces tems: 1'ouvrier recoit égalemenr le doublé pour fon falaire , & cependant, malgré cette frappante augmentation, il ne peut fe piocjrer que' la moitié des fubfiftances qu'il pouvoit acquérir en i4or. Ce qui démontre, que celui qui emploie un ouvrier, de même que 1'ouvrier qu'on fait rravailler, c'eft-a diie, 1'homme nche & 1'ouvrier, perdent tous les deux 1'un en payant la roöitié plus, 1'autre en acquérant la moitié moins, quoiqu'en eliet Ié dernier recoive le doublé: fi encote l'augmentation des prix n'eut eu lieu que fur les objets de luxe, le mal feroit moindre pour 1'ouvrier. mais cette augmentation s\ft malheureulemeiK auffi fait fentir fur les objets de- pre uiere nécefliti. (65 j Cliartrcs de Frife, ïome 1. pa;. 3i5 & 3lrJ.  AVANT LE XVI SIÈCLE. i9t le Mémoire dont nous parions efl. d'environ ce tems - la. Outre les différentes évaluations des terres, donc la valeur étoit probablement proportionnée a leur f.tuation, on y trouve aufïï noté le nombre d'habitans qui fe trouvoient dans les differents lieux de cette contrée. En Gcejiman-Ambacht, contenant un emplacement de plufieurs Villages, la plus haute êvaluation efl: de 5 65 (*)■■ & la plus bafle de 33 efcalins 4 deniers par Ghcerje, dont trois font un arpent. En Nieudorper- Ambacht, parmi les villages fe trouve le fameux Schagen; la plus haute êvaluation des terres y efl portée a 40 efcalins, & la plus bafle a 20 efcalins par Ghccrfe. En Houtixouder-Ambacht, on trouve un emplacement de 12816 arpents, dont chacun fut évalué alors a dix efcalins au plus bas , & a 4 fè au plus haut. par arpent. "EnDrcchtcrland fe trouverent i68eo arpents, dont le plus bas efl évalué a 20 efcalins, & le plus haut a 6 & 7 fg; mais ces terruins fe trouvoient prés des villes d'Enkhuifcn & de Hom {06). (*) C'eft-S-dire livre de gios de Flandre, l 240 gros piere. (M>) Dans le ckftrict. de Gcejlmati ■ Ambacht fe trouvoient plufieurs viliages, contenant i2;suo Gheerfcn, (qui font 4166 arpents & 400 toil'eiü & 791 hommes, ptupres apparemtnenc ii portcr les grmes, Nitudurper Ambacht, oh fe trouvent Schaghtn & Niev/iturht \ qui 01,r 440 liuii.uitSjJ iü,6oo Ghecr/iu, ou 5333 4 aipents, oc C;'i bouiuie*.  192''Chap: VII. PRIX DES DENRÉES &c. Le Livre des Chartres de M. le Baron de Swartzenberg contient auffi des pieces par Iefquelles on peut connoirre quelle étoit alors la valeur des terres en Frife. Le 22 Novembre 1390 furent vendues 8 Pondematen, fituées en Kotera Hemrick; chaque Pondemate a onze grands merk, fuivant le cours connu alors, payables 3 parties en ar= gent, & deux parties en bêtes a cornes ( 67 ). M. van Mieris nous a encore confervé dans fon Livre des Chartres Tome III, page 702, fous la date du 28 Aoüt 1399, la valeur des terres propres a faire des tourbes. Ces terres fe trouvoient fituées entre la ville de Haarlem & le Mannepad, dont le Duc Jllbert avoit fait don a fon fils, lé Comte Ooftervant, en confidération des fervices qu'il avoit rendus dans les troubles de la Frife. Ces terres furent enliiite vendues en 1407, 1'arpent a 15 Nobles a"'Jngleterre, & 33 arpents, qui Houtwouder - Ambacht, oü fe trouvent Benningbroeb, difiriét proche de ia ville de Medtnbliic [qui avoit 225 hommes] 12 Ü16 arpents, & 885 hommes. II y a quelques endroits cü le nom'bre d'hommes ne Ie trouve pas indiqtté. En Drechterland, oü fe trouvent Etikhuifcn & Hom, 16,Sao arpents & nSo hommes. Vo^.z Chartrts de M. van Mie» klis Tome 11. pag. 606. C$7 ) Livre des Chartres de Frife, Tome i. pag. 250,  AVANT LE XVI SIECLÉ. $ qui en faifoient la totalite', monterent enfemblè u 495 NobTeï, 'qui font 105 livres de gros. Encore recu (dit le texte; pour lo arpents de tourbieres, a 10 écus 1'arpenr, 100 écus, qui Font ,6 livres (Ponden) 13 efcalins 4 gros. Le fiecle fuivant eh fournit d'autres exern* piés. ï iv. De l'évaluation de quelq_ués5 articles de cónsidération, dans le courant du meme siècle. Le 10 Oftobre 1304 le Comte Guillaume donna ordre a la Régence de Middeibourg de lever un impöt fur les ttrres fituées dans 1'Isle de Walcheren , fcavoir : de chaque Gemeete (dont 2 a 1'arpent) 6 deniers; le produit de eet impöt fervit a entourer Middeibourg de for° tifications (68). Le même Comte promir, par un A&e du 31 Janvier 1334^ a ceux du Pays de Rhynlani & de Woerden, qu'il ne leur feroit d'aucurï préjudice a 1'avenir d'avoir fait lever un drok de 2 deniers de Ho'lande par arpent, p'ouf Jiibvenir aux fraix qu'occafionnoient les troübles de la Frife; car, dit l'A:t.e, pöttè Hifeta* C*3j livr* des Chartres de M. van Mier is Toni. II, 44. n  m CUp. VIL PRIX DES DENRÉES. &c. tion efl de ne plus lever pareille impofkion; ce que nous promettons e'galement pour nos defcendans (69). Le 21 Mars 1339 1'Empereur Louis recut de Reinould Duc de Gueldre 40 mille Marcs d'argent, & lui donna en gage toute la Frife, nommée alors Eft-Frife, hormis la partie qui appartenoit au Comte de Hainaut & de Hollande (70). Le r Juin 1398 Johan van Loon, Seigneur ÜHensberg, promit au Duc Albert un fecours de deux cents Galeres bien armées, pour fervir contre les Efl-Frifons, moyennant une fomme ce 4000 florins du Rhin pour le tout (71). XV SIÈCLE. §• E Du Prix des Denrées &c. Un Auteur tflimé a écrit qu'a la fin du XIV fiecle les ico paniers de Tourbes fe payoient 30 , 40 & 50 fols , & dans le XV fiecle, 2 \, julqu'a trois florins au plus haut, y compris le falaire aux ouvriers (72). ( 69 ) Liv. des dartres de M. van Mieris Tom. II.p. 5590' f70) li'e.n ibid. pag. 616. (71) Idem, Tome III, pag. 679. ( 72) Defctiption d'Amfterdam psr C. Couueiin [H] Tome i. pag. 533. Entte les années 1400 & 1410. on acbettoit  AVANT LE XVI SIÈCLE." 155 Les Chroniques de Flandre, en 4 vol. in fol. contiennent plufieurs articles fur les prix des vivres en ge'ne'ral: nous voyons entr'autres dans le Tome II, page 129, que Tan 1401, furies piaintes que les prifonniers en Flandre porterent au' Comte, on fit un nouveau reglement pour fixer la dépenfe: par ce réglement ou Ordonnance, on voit que les prifonniers a la charge du Comte avoient par jour 3 Jchclen & 6 deniers parifis, donc le Baülif avoit 2 fchelen „ pour lefquels il dtvoit fournir a chaque pri'onnier du pain , de la biere & du potage ; les autres dix-huit deniers reflans devoient être pour le Geoüer, qui devoit fournir un lit & des draps; & au cas qu'il fe trouvat quelqu'un qui voulöt fe charger de fournir toutes ces chofes, on lui payeroit les 3 Jchelen & 6 deniers en entier. Les prifonniers qui n'étoient pas a la charge du Comte devoient payer 6fchelen parifis, i Casco paniers de Tombes , tous les fraix y rotnprii, rotrr 30 , 40, <3u 50 lols ; & même dans 1'année 1545 le panier ne valloit en~ coie qu'tin demi lol. On trouve encore dans les Regrftres , ou papiers de MM. les Directeurs, une vieille Patente , contenant i'établiflement d'une rente perpéruelle de so elcal de Holiande par an , datée de 1401, devant fervir ii achetter des Tourbes pour Être diftribuées aux pauvres. Voyez pages 350 & 912 dM snême Auteur. Voyez aufli Amfltldaafche Arkeuia ptu Wj.l& 1m k Edit. de 1737. pag. 143. K &  i96 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &ó voir, 2 au Gcolier pour Hts & draps, & 4 au Caftelcyn ou Baiilif, qui devoit fournir pain, biere, viande, potage & chandelles, & les jours maigres du pohTon, harangs ou autres felon le tems, mais toujours de maniere que les prifonniers ne manqualTent en rien du nécefTaire. Dans le cas oü un prifonnier, outre cette nourriture, voudroit boire du vin, le Geolier devoit lui en fournir jufqu'a un pot par jour, pour lequel on lui payeroit 2 fchelen; & fi le prifonnier voulolt encore être mieux traité, le Geolier devoit lui fournir felon fes demandes ou fes befoins, pourvü toutefbis que la dépenfe n'excedat pas 8 gros. Ces Lettres ou Ordonnances furent fignées a Conflans prés de Paris, par le Duc & la Dueheffe, & furent envoyées a Gand pour y être publiées. Dans la Chronique de Veiïüs, Auteur trés-exact, on trouve page 672, Édit, de 1740. qüen 1'année 1435 le froid, qui avoit été rigoureux pendant tout 1'hyver, continua jufqu'en Avri! & Mai; que le jour de St. Pancrace, 12 Mai [vieux ftile], la glacé avoit été afLz forte pour porter un Corbeau; les arbres a fruit 5 les foins & les bleds ne croilToient point; le jour de St. Jean Bapüfte, le 24 Juin, on voyoit encore les vieilles femmes allifes devant les  AVANT LE XVI SIÈCLE. 197 Eglifes avec leurs pots a feu ou chaufferettes; enfin que ce ne fut que vers le 30 du même mois que la chaleur commenca a fe faire fentir. Ceux, ajoute le même Auteur, qui n'avoient pas eu confiance en la Providence, & qui craignoient de manqaer de fubfiftances, labourerent leurs champs une feconde fois, mais ils ne recueillirent rien; ceux au contraire qui avoient fupporté patiemment leur fort, firent une recolte de quatre chapeaux de froment dans les endroits oü ils avoient coutume de n'en recueiüir qu'un. Les fruits retardés par le froid, commencerent a poufler avec la chaieur, & crürent a merveille. On achetta la huitieme partie (agtcndeel) d'une mefure de froment 8 gros, de feigle 6 \ gros, d'orge 4 gros, & d'avoine 10 dutes. Les pommes, dites pommes d'or (guldeling* appel), fe payoient 3 gros la mefure du même nom, celles d'une autre force un Brafpennrng, & le refte des fruits a proportion. Le foin , ia quantité néceflaire pour une vache, fe payoit 18 fols le meilleur. Un cochon, le plus gros, fe vendit 3 livres (Ponden) de Hollande, [ou 45 fols] : un boeuf eftimé de 120 livres de graisfe, 9 florins du Rhin [ou 8 florins 2 fo's] & les autres animaux a proportion; les prix baiflerent encore dans la fuite (73). (73) Les pommes dites (.pippeling') valent actuellement, quasiij N 3  spS Chat. VII. PRIX OES DEN"1ESS fccr. En i * 4. ia granie Toir de Zirckzée en Zé* lande fuc barie; elle couta 15,761 livres gros de FUnJre, La clu ix s'achettoit dans ce temsla poir £ groi le chajeiu (74). En 1455 il y eut cherté de vivres, ce qui continua jufqu'en 1400 ; enforte que le laft de feig'e le venJoit 40 florins du Rhin, & les autres grains a proportion, ainfi que le elles fbnr h rrès - bas prix a j lorins , prix moye» 405, & un prix cber 7*8 florins la I.,,1'dute melure. Le foin néceflaire pour une vache pendant un hyver Cs monte ordinaircment dans ces pays ii environ 3000 §g; les 1000 gg valeur, quand le foin elt a bon marché 8 a y florins i Ams~ ter-lam. Dans le moi;: de Septembre de cette année il a valu ici en vi'le de 11 it 14 florins les 1000 Éê. Calculons fur un pris de 6 ou 7 flonns : les 3000 W font 18 ou 21 florin», ce qui ne valloit en 1435- que 18 fols. La viande d'un cocbon gras, quand elle eft a bon marché fe vend 2 i lols la Ég- quant elle eft chere 2 J a 3 lol»; ce qui «'entend lorlqu'on en fait provilion pour une certaine quanihé. on peut évaiuer l'animal de jï 3 50 florins. On rencontre rareruent des bceuf» qui donnent 12c fg de graisfe ö mettons le poids de tout l'animal h 800 gj. le plus bas prix pour un pareil bceuf feroit 115 i 120 florins, ou zv fols la livie Öt lorrqu'il eft ch r 140 flivhis , ou 3J fols la livre. (7+) Cnronique de Z plande par M. R e v g e r s ee k ü e k „ contnuiée par M. Z. van Box hork [II] Tome 1. pag. 322, Le Chapeau de cbaux valut en 1603 ƒ 3I-: en 1776. ƒ 10:& vaut aujourd'hui fl Amfterdam ƒ 6 il 6[. Cette diminution provient .le ce que les envois lont, cette année, moindres pour nos Colonies d'Ainérique, qui s'en trouvent aéiuellecient lascbargée*.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 199 beurre, 1'huile, le frumage &c. Depuis 1'an 1460 jüfqüen 1463 , ou 64, la cherté doninua; alors a Bohwerd, en Frife, le laft de feigle s'achettoit pour 9 florins du Rhin, un loop de froment fe payoit 7 a 6 5 fois, un loop d'avoine 2 l fols £ een Jioter], & auffi a moms; une Batelée [Maarschip'] de laïtage fe donnoit pour 6 desdits florins, & 1'année d'après, tout cela s'obtenoit encore a meilleur marché (75). L'Auteur ci-deflus mentionné, [M. Comme l 1 n ] dit qu'il a trouvé dans un ancien Mémoire, qu'en 1464 on achetoit dans ces pays, (75) Chronique de Frife par O Schar lens es [H] f.iv. V. pag, 205. Dans les Chroniques de Schotanus [Liv. X. p. 328.] le trouve conh'rmé le prix de 9 Borlns du Rhin pour le laft de feigle. On voit encore au même endroit q : l'on payoi; ordinaiiement 6 florins [du Rhin] pour un t niieiu du mei!, leur beurre, & pour 400 livres de fromag>; ce q 11 nous explique parfaitement le mot de Maarfchip dont O. ben au lens es s'cft fervi, que j'ai traduit par Batelée, & par leqti-: 11 Isut rntendre le tonneau de beurre ci-deffus, & les 4 0 livres de fro» mage. L'année fuivante les prix furent encore moindres- \JaL00p eft une mefure de Frife, dont 36 font un laft, le fro~ uient valloit donc le laft ƒ ia-^ a 11^, & l'avoine e*\ florins Ie laft. Je dois faire remarquer, que lorfqu'on paris de flerins d\,r ou de florins du likin &c. il ne faut pas entendre tÖujdWrS une piece de 28 ou de 20 fols, mais un denier d'or, dont le cours 0 varié fuivant le tems. En 1388 un florin du Rhin valloit 30gtos; cn 1411. 35. en Ï434 Sö Hros- Dans le XV liecie on vji: aufit le florin ordinaire évalué ü 10 fols. Voyez le Chap, V. & rarticie du 3 Juillet 14C5 de ce Chapitte. N 4  3c,a Chap VIL PRIX DES DENRÉES &c. pour 31 fols, un muid de froment, un muid d'orge, un maid d'avoine, un muid de feigle, un tonneau de pommes, un chapon gras, öc un pot de vin ; il eft apparent, ajoute 1'Auteur, que ces prix avoient déjA eu cours depuis quel= gu.es années (76). Velius, dans fa Chronique de la ville de Horn, dit avoir trouvé dans les Regiflres de la dite ville, 1'an 1464, que les Bourguemaïtres, fejon les comptes qui en avoient été dreffés9 C.76) Voyez Commelin Tome II. pag. 91a. Pour le' 31 lol- on achettoit en 1+64. i muid de froment. I de feigle. I d'orge. I d'avoine» Un chapon gras. Uo tonneau de pommes. lid pot de vin. > Dans notre flecle on a schatte- au plus bas prix jufqu'fe ce jow. fols. Un muid de froment . . . . 104^ Évalué d'après le plua 1 de feigle 62 [. bas prix que l'on 2, — — d'orge ...... 47 ^ payé le laft, qui con- d'avoine 3o | rient a Amfterda,!£i, u>" chapon gras zo) 27 muids, Un tonneau de pommes . . . 4? le prix moyen eft 4 a 6 florins, & Ie prix tres - cher, 12. Un pot de vin ou une Minglp, 20 (par. iu^poiiyoij) _~» 323  AVANT LE XVI SIÈCLE. 201 avojent dépenfe 3 fols, lorfque M. de Charolois, fils du Comte, fe trouvoit a la Maifon de Ville; & peu de tems après, lorfque le dit Seigneur fe trouvoit encore en cette Ville, 2 \ fols: ceci me paroït extraordinaire & incompréhenfible, dit 1'Auteur , mais il paroïc que dans ces tems on pouvoit avec une petite quantité d'argent faire beaucoup de chofes, paree que tout étoit a bon marché; les hommes vivoient frugalement <& fobrement, tant dans le gouvernement de leur ménage particulier, que dans 1'adminifi.ration des affaires publiques; ils fcavoient fe contenter de peu. Puifque nous en fommes fur ce fujet» no.us citerons encore quelques exemples tirés des Regiftres de la meme Ville, qui eurent lieu la meme année, & qui feront connoitre la prodigieufe différence de ces tems a ceux d'aujourd'hui. Qu'on fache donc que dans le compte de ces mêmes Bourguemaïtres, on trouve qu'ils dépenferent pour un repas donné h 1'occafion de féleétion de plufieurs Régens fubalternes, 16 Braspenningen pour la biere, & 10 fols (ftuhers) pour vin de France. M.Pierre. Penfionnaire de la Ville, eut pour tout Honoraire 26 fchilden, (écus de Baviere,) qui, a i\ fols la piece, font 18' florins 4 fols. Le dit fieur faifant voyage, en fa qualité, pour la Ville N 5  202 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &a de Hom a Avenhorn , avoit dépenfe un demi braspenning, $ Avenhorn a Alcmaar, ayant pour cela loué une bar que, 2 fols, de Haarlem a Xeyi*? 2 fols, & de Leyde a la Haye un iraxpenning; remarquez bien, continue 1'Auteur, qu'il eft dit que le Penfionnaire avoit loué des barques exprès pour faire plus promptement fon voyg-. 11 efl vrai, dit le même Auteur, en fe plaïgnant que de fon tems on avoit befoin de beaucoup plus d'argent que dans les fiecles précédens, il eft, vrai que le gain étoit peu de chofe alors, a caufe de la rareté de l'argent; mai* cependant i! me fcmble que les citoyens d'alors vivoient avec moins de tourrnent d'efprit qu'a préfent; car celui-la efl; riche qui fe contente de peu, & non ce'ui qui a beaucoup & qui a de grands befoins, paree que le peu qui pourroit manquer au premier, efl bien plus facilement rempli, que le beaucoup qui manque au der nier (77). Voici un morceau qui renferme un détail aflez curieux, tiré des Regiftres des RR. PP. de St. Pierrc, alors établis dans la ville de Dordrecht (78). (77) Chroniques de Hom [H] par Vslims, continuées pat Sa C ENTEN, p3g. 7~i. (y'6) Dans les articles qui renferment le détail fuivant, il efi  AVANT LE XVI SIÈCLE. 203 „ Divers exemples du bon marché des Den„ rées &c. de ces tems , tirés des compr.es „ des RR. PP. de St. Pierre, fairs par leurs ,? propres Doyens, fcavoir le 3 Juillet 1465 „ donné. „ Pour 10 livres de Chandelles a 1'uïage de S} la Chapelle, 7 \ fols (ftuivert) „ Pour le voyage avec les fix Communau- s, tés (Gilden) a Heere Jansdam . • 2 fols „ Achetté de Lysbet Cleysweynders „ onze livres de cire & l, enfemble 373 „ Donné a Jean Gracht maker pour „ fonner la cloche 2 „ Pour faire 26 patés . . . igl „ Donné au cuifinier Dirk pour fa 9, cuiflbn 5 „ Pour 5 Achtcl de Pain . . . 2 il „ Pour un faumon . . . . .16 9, Pour une douzaine de gands . 6 „ Pour 2 Tonneaux de biere . . 27 „ Donné a Jean de Nagher in St. „ Janshuis, pour fon aflfiftance . , 3 aifé de voir qu'il y en a un grand nombre qui ne peuvent point fervir d'objet de comparadbn; mais ce palïnge étant tiré tour entier de la ficfoiption de Dordrecht par M. Balen [H] Tome I. page 167, je n'at pas cru devoir en rien retrancherB afin de préfenter au leéleur, non-feulement la facon de vivrs de ces tems mais encore la manierc d'écnrc & d'arrarjger les •bjets de dépenfe.  204 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. „ Pour faire entrer la biere . . i fol „ Pour faire cuire le poiffon . . j „ Voyage ...... i fol i dut, 3, Donné aux Auguftins . . . i fol „ Donné aux Minimes . . . . i 3, Donné pour paffer le pont tour- „ nant i fylpus „ Achetté de Jacob Tach 5 Jlo.open „ ou pots de vin IO fols „ Pour avoir été chercher du vin, 2 ftoo- „ pen k 2 l fols, a 1'anniverfaire de St. „ Pierre. 14.66. 3, Pour 2 l Tonneaux de biere, avec falaire 3, du portage . 38 fojs „ Achetté 26 poulets .... 29 „ Achetté 3 moutons, . 52 fols 1 liard. „ Aux Auguftins, aux Minimes & a cefui „ qui feime le port 3 fols „ Pour moutarde, un ftoop . . 1 a, Pour fonner la doche ... 2 s, Donné au Prêtre pour fon Sermon 1 Lc 28 Juin 1467. „ Pour faire une nouvelle boè'te qui fe trou^-. ve dans 1'endroit nommé Koepel; 1 i fols „ Donné a Mr. Dirck Kants pour „ vin & pain . , 1 „ A notre valet Roel pour fon an- „ née de gages ....... io  AVANT LE XVI SIÈCLE. 2Ctf „ Pour une charetée de fable . i fol 1468. „ Donné au Pretre . . . . t „ Donné pour [Wenden] . . . 1 •„ Donné a un ébenifte . . . 1 „ Pour 1500 briques qui ont été ma« „ connées a 1'höpital .... 15 „ Au Maicre macon avec fon ouvrier 8 folsi' ,, Pour une terre que nous avons achetée ,, fituée hors Heere Jan/dam, hors des digues» donné 8 florins (qui, a 10 Cols le florin, font 4 florins.) „ Pour le Contrat de la terre que nous avons „ achetée, & pour les fraix . . 6 fols „ Pour du beurre 22Ï fcavoir 50 Kinderkens. „ Pour le paflage du port . . 8 „ 13 livres de raifins fecs, la livre ,5 un Lelyaert, fait 10 fo!s moins 1 liard. ' 1470. „ Du bois pour la rue de St. Pierre 2\ fols.1 Un Kop, pefant 3 livres , de „ beurre , , . 2'fols •„ Pour voyage par le pays . . 4 „ 2 Tonneaux de biere . . . 37 „ avec TAccife & ie falaire du portage. 1472. 5l 3 Moutons, pour . , . . 3s  zc6 Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. ,, 38 Poulets 22 florins, (ce qui a „ 10 fols le florin, fait 25 fols.) „ Au Chapelain 1 br af penning „ A Griet pour la Croix . . . 1 „ A la perfonne qui ferme le port 1 brasp. „ Aux Augu'lins Sc Minimes, chacun un „ demi brafpenning. „ Le Cuiflnier Sc les Wenders . 10^ fols „ Les Reetrekkers, (ouvriers qui „ fervent au paffige) 4 Donné a Zier le Marguillier un brafpen„ ning (de-la efl; venu peut-être le proverbe „ Ho landoïs au Marguiükr un brafpenning ) Pour blanchiflage, 1 brafpenning. „Pour la lettre patente,[machtige brief]\Ms , Pour 3 moutons 45 fols, un Lelyaert, (ou „ 12 deniers.) „ Pour une petite piece de fer . 1 dute „ Pour des Mdfes 2I fols „ Pour le Cuiflnier 1 florin (le florin a 10 „ Les Archers 4 fols „ Pour entretenir les rigoles des „ Prés [land] . . . . 8 fols & I Hard. 147Ö. „ Pour le nouveau Régiflxc mor- „ tüaire 2J fols Pour accife de la biere 16 fols & 1 liard.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 20? „ Pour refaire a St. Paul la maïn „ & 1'épée 1 fol H78. „ Bu {lome chri] I fol „ Donné pour copier le Régiltre „ mortuaire • I „ Pour 19 ftoopen de biere 19* „ moins une dute „ Un quart de boifleau defarine, [fpint] 2 fols, moins une dute." Vers 1'an 1473 on achettoit a Schorl en Nord - Hollande, les jours de marché du lundi, un fac de bied pour 12 fols, un fac de feigle 8, un fac d'orge 4 fols, 33 oeufs un fol, 3 mefures de beurre un fol; pour moudre le froment il en coutoic un liard par fac; un ouvrier gagnoit 3 gros par jour; j'aurai occafion de revenir fur " eet objet (79). L'année 1474 fut fi favorable, & les fruits fi abondans, qu'on achettoit le 1 Septembre a Middelbourg un pot (ftoop) ou 4 pintes de vin du Rhin nouveau, pour 6 gros (80), (79) Chroxiques de la vitte de Medemilik [II] par D. Bui» ser van Schoort. Tome 1. pag. 147. L'Hiftorien A'Alcmaar rapporte une Ordonnance du 24 Sept, 1519. oü il eft dit qu'une mefure [kop] de beur.e devoit. contenir 36 looi, ou 18 onces. ( 80) Chronique de Zélande pnr R Y O E P> 3 B E Jt. C E H [ 12 ] a la date du 1 Septembre 1474.  208 Chap, VII. PRIX DES DENRÉES &c; En 1480 les vivres dans les Pro vinces d'C7trecht & de Hollande furent très-chers. Le muid de feigle valloit en Hollande 60 fols, & dans la Province d'Utrecht 80 fols: cela alla fi loin a Utrecht , que l'on dépenfoit 2 fols pour un diner, fans vin ( 81 ). En 1494 au printems le laitage fut très-cher; un Tortneau de beurre fe payoit 16 florins d'or: mais peu après & dans la même année les chofes changerent tellement, qu'on achettoit pour 15 florins d'or & 14 fols les articles fuivans : un baril de beurre, un baril de harangs, 300 livres de fromage, 100 livres de fromage de Leyde, un pot d'huile, un cochon gras, un tmuton gras, une paire de bas, un muid de bied, un muid de feigle, un muid d'orge, un muid d'avoine, un pot de vin, un pot de biere, un pot de miel, un habit [Wan&jyr],une douzaine de lacets & un bonnet(82). L'an ( 3r ) van Spaan [ II ] pag. yy. (82; Voy. Con meliN [H] toni. II. pag. 913. L'Hifrorieti de Frllè Scharlenses place l'époque de la cherté en 1452. Le feigle auroit alors été vendu 70 florins d'or. Le pain qui lüvoit déji valu 5 i 55 fols, le vendit enfuite 2 fols. ScotaNus pag. 422. en parlant du pnx des vivres de 1'année 1494, iou environ , rapporte qu'un tonneau [7e««c] de feigle fe ventloit ordinairement 21 Kromflerten [2 gros en 1433. Voyez Chap. V.] U,i tonneau [ Tonne~\ d'avoine , 6 Kromflerten. Un tonneau & dt:ni d'orge , un florin du Rhin. Un tonneau de beutre rouge 6 florins «u Rhin. Quels tems heureux, a'écne 1'Auteur, & qu'il doit paroltre wcioyable a notre Siècle i  AVANT LE XVI SIECLË. set} L'an 1493 les habitans de Zirckzée, faKant tin Commerce trés étendu fur les cötes de Bré* tagne & a la RocheUe, il n'y eut pas affz ds Magafins dans les ffles de Schouwen & de Walcheren pour emtrugafiner Ie fel, qui s'achettoit alors [c'cfl a-dire celui de la Biye] a 5 livres gros de Flandre le cent, & a moins f83). En rjoo on achettoit a Aicmaar une vachö pour 5 florins du Rhin, & un veau pour iï dutes (34). Dans le cours de la même année on payoie a Dordrecht un Tonneau de fel 7\ fols, un Tonneau de bied 7 fols , un Tonneau d'avoine 2 fols 5 dutes, une Oye grafle 9 dutes, un pot de vin rouge 10 dutes, ou 1 \ de fol, le tout enfemble 20 fols (85). A Amfterdam la meme année on payoit un pot de vin du Rhin, un boifleau de froment, un pain de feigle [Roggen-brood] une mefure de beurre, & une jeune Oye, le tout enfemble 7 fols {36). On voit p.r laqué quoique l'Amé- (83) Chronique de Zilande , [H] année 1493. Le fel de St. Martin, quand le nrix til modéré, Te paye 30" S 40 livres de gros le cent ['< hondert ]. VoyiZ lur cette mefure la Nore 39 au bas de la page 175. (84, Wfloire d'Aicmaar [II] par j. E 1 kelenben r., ccn» tinuée par Boomkamp nag. 45- (83) Balen [H] rome II. par; 805. f86; van Spaan [II] pag. 104, Un tonneall és fel, & ah O  aio Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. rique füt découverte, l'argent n'avoit pas ericore influé fur le prix des vivres; cela ne devoit auiTi arriver que peu a peu, & avec le tems (87); ainfi les chofes continuerent fur ce pied encore plufieurs années, comme nous 1'obferverons en traitant des prix des denrées &c. dans le XVI fiecle, dans lequel arriverent ces étonnantes révolutions qui ont, pour ainfi dire, changé la face de notre Europe. § Ü HoNORAIRES DES MagistRATS &C. Prix de la main d'ceuvre &c. L'an 1409 le Comte de Flandre ,a Ja priere des Flamands, érigea une Cour de Juffice a Gand. Le Préfident eut 500 florins, & les autres Confeillers 300. L'Avocat Fifcal 200. Le Procureur General 200. Le Greffier 100 patagons. Le Receveur des amendes, qui en même tems exercoit Ia fonétion de Notaire, auffi 100 patagons. Les Huiffiers 15 patagons. Le tonneau de froment s'acbettoient pour 15 fols, un tonneau d'svoine 2 fols & 2 dutes, une Oye graffe 9 dutes, & un fioop ds vin rouge 10 dutes. C87) Ce ne fut qu'au commencement du XVI fiecle que l'or & l'argent commencerent a vcnir d'Amérique vers notre hémis. pl.erc, & vers la fin de ce même fiecle, ces métaux infiuerens fur le comiuefce univerfel de 1'Europe.  AVANT LE XVI SIÈCLE, zii Gardien des prifons eut pour fes foins 300 florins. Cette Cour de Juftice fut abolie par une émeute du peupie, a caufe de fes longues procédures (88). Dans le mois de Mai 14131e Duc Guillaume prit en fervice un nommé Haujfcn, pour être executeur de la haute juflice dans tous fes Pays, moyennant un falaire de 40 livres (Ponden), payables par le Baillif de Haarlem & de Delft, chacun la moitié (89). Le 9 Mars 1426, ou 1427, Philippe Duc de Bourgogne promit a fon Capitaine Jean van Nykerke (qui avoit confervé Ja Ville & le Chateati de Schiedam pendant 5 mois, fans avoir recu de payement) un écu [Schild] de Hollande par jour, pour fes dépenfes, & pour celles de fa maifon (90). Le 28 Septembre 142Ö, le même Philippe ordonna a fon Tréforier de Hollande & de (83) Chronique de Flandre Tome II. pag. 153 oü on trouve plufieurs faits curieux concemant les Monnoies, les prix des denrées, de la main d'teuvre &c. Voyez Tome II, pj£. air. 231, 280, 603. Tome 111. pag. 24, 42, 43. 49, 5^, 55,59, 113 , 119, 122 &c. C89) Livres des Chartres de M. van Mieris Tome IV. pag- 234. ( 9° ) Livres des Chartres de M. van Mieris, Tome IV , pag. 876". O 2  212 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &e; Zélande, Boudyn van Zweeten, de payer, pour Jes perfonnes qui feront fous le commandement du fidele Chevaüer & Capitaine Ge'néral des pays de Hollande, de Zélande & de Frife, M. van Liladam, après qu'ils auront pafte la revue de M. le Marêchal de Bourgogne, ou de fon repréfentant, jufqu'au nombre de 2000 hommes armés, ou au delTous,de leur payer,dis-je, leur falaire de 3 femaines, échu le 30 de ce mois de Septembre, & ainfi de mois en mois; de payer de même au dit fieur van Liladam 400 écus de Hollande, a M. van derBofche 50 écus, & ainfi aux autres Capitaines qui feront fous eux dans le pays de la Hollande, pour leur dépenfe par mois; & de payer un franc, évalué a 32 gros, argent de Flandre, par mois, aux Capitaines pour chaque dépenfe de deux hommes armés, fuivant la convention faite avec eux (91). Le 30 Septembre 1426 le même Duc de Bourgogne fit MM. tot Gaasbeek & Roeland van Uitkerken fes Capitaines Généraux en Hollande, leur donnant pour Appointemens 6 florins par jour, & pour 25 hommes & leurs chevaux, 12\ florins auffi par jour (92). Le 13 Aoüt 1428 Jacqueiinc, DuchefTe de C91) Livre des Chartres de M. van Mieris, Torne IV. pag. S64. fj y2 ) Idem, ibidem.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 213 Baviere, Comteffe de Hainaut, de Hollande, de Zélande, & Dame de Frife, de concert avec Philippe fon frere, érigerent un Confi.il compofé de 9 Confeiliers, dont les appointemens, dans 1'année 1435 furent réglés ainfi, fcavoir: Au Préüdent du Confei! 1200 nouveaux Ryders de Philippe, a 4 Efcalins gtos la piece, faifant 1240 fg. Aux autres Confeiliers 400, 500, & 600 écus (Jchilden) de Bourgogne (93). Lavieille porte d'Amfterdam,nommée la porte St. Antoinc, [endroic public, oü fe pefent au- (91) Liire des Chartres de M. van Mieris, Tome IV. pag. 932 & 933. Les i2oo nouveaux Ryders de Philippe, a 4 Efcalins la piece, font 1440, cc non pas 1240, ainfi qu'on le trouve dans les Chartres de M. van Mieris. Le marei 6 fluiins 10 fols, faic cn poids d'rrgent 221 marcs, & 400 écus de Bourgogne fonc 43 marcs. Les anciens Convts de Hollande fallbiént prefque tous leur rólidence dans le pays, fcavoir il 's CravefanJe, & enfuite è la Haye; mais le Ouc Phili/ipe de li:urgogr.e étant devenu Comte de Hollande, & poflVdant plufieurs autres Provinces, fit gouverner cette contrée par des Stadhouders, & eet ufage fut fuivi par la plupart de fes fuccclfeurs. II érigea en 1'année 142S, pour le maintien du bon ordre, un Coufeil qui devoit réfidef d la Haye. Voy-:z ce qu'out ét-rit h ce iujet M. M. van Mieris, Sz Go utiioevg n , Chroniquesde Hollande pag. 483 ot 499 Balen p. 1339, & S* hr+S siit Hifiorien de Hurderwyk, Tome II. p. 31. [II]. Quant a Ia valeur des Ryders dont il til ici fait mention , Voyez le Chap. V. Note 32 page 143. ou. ce denier eft nommé philippus, ou Ryder, de 48 gros . ce qui répond a la fufdite êvaluation. L'écu de Phi^ Sippe de Bourgogne fe trouve aulli évaiué a, 28 gtos. 0 3  *U Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c jourd'hui les marchandifes] couta en 1482 pour être baiie 5305 florins & 5 fols. On avoit commence a ia batir en 1448; les Maïtres ouvriers gagnoient alors 2 fols (fluivers) par jour s & les compagnons un fol & demi (94). En 1454. le gain ou falaire d'un fimple oi> vrier, foit charpentier, foit macon, ou autre quelconque (dit BoxHORNen faifant le reek de ce que couta la Tour a Zirckzée) étoit alors par journée 3 gros, & celui d'un aide-macon un bral penning: (ce qui faifoit au compte d'aujourd'hui 2J gros) (95). Afin de mieux comprendre qu'avec ce médiocre falaire on pouvoit alors fuffire aux dépenfes pour la nourriture &c. je placerai icis dit 1'Auteur (Boxhorn) une annotation qui | été confervée dans la dite ville de Zirckzée. „ Dans 1'année 1495 le falaire qu'un Ouvrier „ retiroit du travail de fa journée , lorfqu'il 3, fortoit le rnatin avec fa bêche de la ville de „ Zirckzée pour aller travailler dans la cam„ pagne, lui fuffifoit pour acheter les articles e, fuivans, & il avoit encore de refte: „ Un huititnu [agiendeet] dc froment 2, pour . ^ gr0g „ Un pot de vin ... 1 C94) C om m el in Tome H. pag. pit. C 9S ) RyctRfBERCEN, concinué psr M. van ft o x* ho rn, Tome I. pag. 322.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 215 „ Un Jloop de biere . . 1 gros 6 mites „ Une livre de beurre . 1 „ Une livre de fromage . o . 18 mites „ Une certaine quantité de poiflbn „ frais 1 gros & demi „ Et il fe trouvoit avoir de „ refte i\ gros Ainfi il gagnoit alors onze gros. Ces mêmes ouvriers gagnerent enfuite 12, 13 & 14. gros (96). J'ai déja dit dans 1'article du prix des denrées &c. que Ia moüture des grains fe payoit en Nord-Hollande, environ 1'an 1473, un liard par fac: lorfqu'un homme travailloit toute la journée avec la bêeie a Schoorl, il gagnoit 3 gros, un tailleur avoit un fol par jour (97). Un de nos Hifïoriens, en détaillant les événemens arrivés dans la ville d'Enkhuifen, rapporte que les Bourguemaïtres en 1489 avoient rtcn du Tréforier Korf une fomme de 2450 livres 16 fols, la livre a 40 gros, pour le payement des perfonnes en fervice, fjavoir pour 22 payes, chaque homme a raifon de 8 gros de Flandre par jour &c. (98). (96) Ryger.sber.gen, continué par M. van Bos-: does, Totne i. pag. 322 , 323. C97) Clironiques de la ville de Mcdeablik, pag. 147. (9S) Hijloire de la ville a*Enkhui f en par Brand, ou E cbert van den Hoof, page 36. O 4  sti<3 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES Sic, ' A dlcmaar, 1'an 1498 , on donnoit au norrtiné Roemer ±4, fols par année pour les réparapons de 1'horloge de 1'Eglife, & pour le foin de fonner les cioches aux tems néctfïaires (99). Par un Acte de convention entre les habiians de Benhuifen , Hoogcarfpel , Binnenzvyfend Sc Wejterblokken (en Nord-Hollande) du BI Avril 1499 , on obferve que les Villagcois d'un de ces endroits n'ayant pas eu le foin né» celfaire pour leurs éclufes , les Chefs des dies lieux convinrent encr'eux de prendre des ouvriers pour 1'ouvrage dont il étoit queftion, moyennant un falaire d'un Stoter (2I fols) par jpur (100). % III. De la valeur des Terres et de leurs LoYERS. Dans les Livres des Chartres de Frife fe trouvent divers Contrats de ventes & d'achapts de terres fituées dans la dite Province, dans le XV fiecle; & quoiqu'il y ait beaucoup de difparité fi.r les prix, apparemment proportionnés a la bonté & a la Gtuation du terroir, j'en donne-. rai cependant qutiques exemples. ^99) Iliffoire i'Alcmaar, pag. 4a. (looj ïniormaiiQn it'urj particulier demeurant \ Hom,  AVANT LE XVI SIÈCLE. 217 En 1447 une terre de 2| Pondematen fut vendue pour fix klinkerts & 6 jlaamsken ( 10 r ). En 1450 une terre de deux Pondematen fut vendue pour 16 vieux Ecus (ald Schilden). (102). En 1457 fut louée par les Adminiirrateurs de 1'Höpital de Leuwaarden a Jarich Joeukisz, fa femme, fes enfans & petks enfans, une maifon pour 3 vieux écus (Schilden) a 30 Jlaamsken gros pour 1'année (103). En 14.53 un Pondemate valloit 15 klinkerts (104). En 1473 Tiebe Fokelens fit don au Couvent de Hafcha d'une terre de n Pondematen, nommée in den Traan, dont le Pondemate fe louoit C131) Livre des Chartres de Frife Tome I. p. 532- Cette lerte étoit nommée Ilinxteland, fituée proche l'Auberge. Chaque Pondemate contient 240 toifes, ainfi 1'arpent de 600 toifes contient 2* Pondematen. ( 102) Idem, pag. 534. Cette terre étoit propte a faire des Tpurbes , & fituée ii Fyowerhuifym. En payement on avoit, donné deun paires de boeufs , & le refte en argent. C ioj ) Idem pag. 592. Ceci fait connoitre les anciennes conditions fous Iefquelles fe faifoient de pareils Contrats. En Turquie, il eft encore d'ufage aujourd'hui de ne pouvoir mettre dehors un particulier qui a loué une maifon , lui, ni fa familie après lui, il moins qu'il ne loit en ictard pour le payement du loyer, pu que le propiiéiaire n'y vienne loger lui ir.éme. (104) Idem psg. 597. fituée en Wantnia Venne. 0$  2i8 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. 5 flaamfcken [entendez gros] a condition qu'on lui donneroit fa vie durant 4 klinkerts &c. (105). En 148 x Sywart Jellc Oenkamaz pafla quittance pour la vente de toutes fes terres au Cou. vent de HaJJcher. II y efl dit que s'il livre plus de 100 Pondematen de terre, il aura pour chacun 2 florins, nommés Pqftulaat Gulden, & que s'il en livre moins, il lui fera déduit 2 florins par Pondemate (106). Enfin en 1490 il y eut un Contrat de vente, 6 on pafla une quittance pour 15 Pondematen de terre, fitués a Lekkutn, dont le Pondemate fut vendu 6 florins du Rhin (107). Si j'eufle pu me procurer quelque détail (108) fur les terres fituées dans les Provinces de Hollande ou d'Utrecht , je les aurois expofés aux yeux du Leêteur, afin de le convaincre de plus en plus , que le produit des bonnes terres doit être en tout tems, fous 3a main d'un bon cultivateur, & fans aucun dérangement des faifons , a-peu-prés le même; (105 ) Livre des Chartres de Frife Tom. I. pag. 651. le Textej porte 12 a 13 Pondematen. ( 106 ) Idem ibid. pag. 695. ( 107 J Idem ibid. pag. 746. Ces terres étoient ütuées i Le!:. him in Ilierdsma Kunena fin. (tol!) Je rapport» dans les Chapitres VIII & IX quelquea exemples qui fervent de compaiailön , lur la partie des Loyers des Terres, & de leurs valeurs, tels qu'ils ont m. lieu dsi.s la XIV, XV & XVI Sijcks dans les Prov'inccs d'Utrecht & de Hollande.  AVANT LE XVI SIÈCLE. 219 «jue cependant les appréciations en font diffé» rentes, paree qu'elles fe reglent fur le taux de 1'intérêt qui eft en ufage, fouvent auffi fur 1'opinion, mais furtout a proportion que le numéraire repréfente une plus forte ou moindre quantité d'argent, & c'eft de quoi il eft ici queftion. De l'Evaluation de qüelq.ues Articles particuliers, dans le courant du même Siècle. En 1407 le Baillage de Kennemerland en W-ft - Frife fut affermé 336 livres & 7 efcalins (109). La charge de Baillif d'Alcmaar s'achettoit pour 16 livres 13 fols 4 gros. Ce Baillage étoit plus confidérable que ceux de Dordrecht, d''Amsterdam, & meme que celui de. la Haye; il étoit regardé comme la charge de Receveur Général de la Nord- Hollande, ce qui prouve qu'Alcmaar étoit alors une ville floriffante (110). En 1412 Goreum & la Seigneurie d'Arkei, furent achetées par Contrat, par Guillaume Duc de Baviere pour 100 mille Ecus de France, ce qui fait 300,000 florins. Ce n'eft que depuis ( 109 ) II' flair e a" Akme.ar [tl] pag. 9. £ Uü ) Idem ibid.  22o Chap. VIL PRIX DES DENRÉES &c. ee tems-la que Gorcum & la dite Seïgneurie ont été cenfés être compris dans la Province de Hollande (irr), Le 3 Aoüt 1417 Jaqueline, ComtelTe de Baviere , de Hollande &c. vendit pour 2000 Schildert [écus d'or] le pays connu fous le nom de Tcrfchclling, avec haute & bafle Juftice, & tous les revenus, rentes &c. a M. Gerard van Heemskerk (112), II ne fera pas hors de propos de faire ici une petite digreffion, en expofant quelle fut la première caufe de 1'accroiflement du Commerce des habitans d'Enkhui/cn : eet exemple nous apprendra encore, que la plus grande prospérité a fouvent eu poar principe les plus grands malheurs. Reprenons les chofes un peu de fource (irj). L'an 1404 ou 1405 mourut le Duc Alben; fon fils Guillaume lui fuccéda. II confirma & accorda plufieurs privileges a la ville d''EnkhuiJen au commencement de fon regne ; & en confidération de ce que les habitans avoient fourni au Comte l'argent qu'il avoit demandé, il permit aux Echevins & Confeiliers de la ville de taxer les habitans, en leur promettant qu'il (m) Btfcrfption de Dordrecht par van Balen, p. 764. (m) Chartres de M. van 55 1 e 11 is, Tome IV. p. 41,3,. (113) Jlijloirc iTlinkhuifcn, pag. 15 & Iu.iv,  AVA NT LE XVI SIÈCLE. 22* ne feroit de nouvelles demandes qu'a la derniere extrêmité. L'an 1411 il leur accorda comme une faveur qu'ils lui payeroient pour la dixme de chaque arpent de terre un vieux Guillaume florin de Hollande (114). Par le privilege de l'an 1412 on peut voir les articles qui furent ftatués de la part du Comte, entr'autres que perfonne ne feroit élu Baillif, Echevin ou Confeiller, que celui qui auroit été trois années citoyen; le Baillif choi.fiflbit chaque année le Dimanche après 1'Ascenfion fept perfonnes pour Echevins. II n'y avoit eu jufqu'alors qu'un feul Port dans ia ville, & ce ne fut qu'après la mort de Guillaume VI, & fous le regne de fa fille Jacqueline, que la profpérité de la Ville commenca a s'accroitre. On vit dans ces tems le Duc de Baviere, Oncle de la Comtefiè, appuyé par la faétion des Cabeliaufche, prendre le titre de Tnteur du pays. Ce dernier accorda encore plufieurs droits & privileges, car la ville s'étoit déclarée pour lui: elle fe fortifia par quelques Portes de bois: jufqu'alors elle avoit été entiérement ouverte. Mais cette précaution dc- (114) Cc qui confirmc ce que j'ai dit su Chap V, une PprJ. gine des iiuins vitnt d'une pitce il'oty eAalcCe ui 158) 1 _j gtos ia pitce.  223 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &c. vint a cette occafion d'autant pJus néceflaire, que la ville avoit tout a craindre par la nouvelle révolte qu'il y eut parmi les Efl;-Frifons. Ce ne fut qu'en 1'année 1420 que le Monaftere des Religieufes de Sainie Urfule fut bati, quoiqu'il y en ait qui penfent que ce Couvent commenca a être conllruit en 1385 &c. (115). C'eft après cette époque que les habitans d''Enkhuijen commencerent a s'appliquer avec plus d'ardeur au Commerce. Mais un fubmergement confidérable, arrivé en 1420, (116) (115) Ce Couvent, au commencement du XV Siècle, avoit pour Confcffeur un Prétre relpeélable, nommé Herman, qui ne s'occupa , dit 1'Hiftorien A''Enkhuifen, qu'il pacifier les troubles domeftiques qui pouvojent furvenir entre les habitans de cette ville, deforte qu'il fut comme le juge univcrrel auquel s'en rapportoient avec plaifir tous ceux que des affaires d'intétêt ou autres défuniffoient. (ii(ï; li eft reconnu généralement que de tout tems ces Pays ont été fujets it des inondations trés- confidérables. L'Hiftorien ó"Enkhmfen fait mention de plufieurs, & nous apprend entr'autres, que les habitans A'Enkhuifen fouffrirent beaucoup de celle qui arriva en 1173. Le 11 de Mni de la meme année il y eut une fi haute marée, & un fi gros vent5qu'un terrain confidérable aux snvirons A'Enkhuifen & de MedenUik fut fubmergé. Ce fut felon lui dans ce tems - la que fe formerent les Golphes connus aujourd'hui fous le nom de Vtie & de Texel, ou qui du moins furent aggrandis de beaucoup. D'autres prétendent que ceci n'arriva que dans 1'année 1395 ou en' 1175, ou bien en 1287. Toujours eft - il vrai, felon le même Hiftorien , qu'en 1287 il y eut une inondation confidétable dans la IFefl - Frife; plufieurs milliers d'hommes & de beftisux   ^^^^^ ^^.^9^^^Stórr^,/^ i££££  AVANT LE XVI SIÈCLE. 223 engloutit 72 ParoilTes dans Ia Hollande Méridionale , endommaga plufieurs Cantoris en Wejl-Frife, & détruifit en outre toutes les terres fertiles aux environs d'Enkhuifen. Les Ma- y périrenr. Une bonne partie des Terres, fituées itörs encore entre Enkhuifen & Startrek, & qui étoient rrès-fertiles , futent entiérement fubmergées, ce qui CvraifemblabiemenO aggrandit le Zuider-Zée. On peut facilement comprendre que ies habitans fe trou verent alors féduits a un état bien déplorable. A peine ces habitans s'étoient - ils un peu retnfs des pertes qu'ils avoient faites ei-devant, que le rouveau défaitre de 1420, dont nous parions, détruifit encore la majeure partie de. Tcrrc3 qui avoient léchappé aux premières inondations. Voyez l'Hiftoire A'Enkhuifen page 5 & 1'uivantes. Pour donner aux Etrangers une idéé plus claire de Tandem» fituation de ces Contrées, nous plncerons ici la Copie d'une Carré, telle qu'on la trouve dans nos Hiftoriens, & oü l'on voit que' rffle de Texel étoit joinre autrefois a la Terre ferme. (Voyee auffi li-dejus le Livre de S. Eikslekiïerg fur la fituation de la treft. Frife, pa8e öV, Que le Zuider-Zée, dans le tems des Romains & fous l Gouvernement des Francois, ait e„ des hornes bien P!us etroites que celles que nous lui connoifions aujourd'hui, p3roit u„ fife trés-certain, & q„i ne f0UrTre pas de doute< ^ ^ quel tems précifémeut, & depuis quand cette Mer s'eft fi cona dérablement aggrandie, c'eft fur quoi on n'a pas affez de lumie" res. Mats fi on ne peut pas en fixer l'épocue avec cettitude toutours eft.il „ai que felon cette Carte. & celle qui fe t ' *n commencement ce l'Ouvrage de M. \Vacen.,ar, Auteur de l'Hiftoire de la Patrie &c. ce qui autrefois n'ctoit vraifem blablement qu'un petit Lac, n'eft plus nujourd'bui reconnoilfable " ceft reellement une petite Mer, qui aéluellement couvre toutes les platnes de ces Cantous. On peut auffi copfulte.r fur cc-t objet les Cartes dreffées par M. MENSO ALTING, & paW£es au con3mencement BWle par le Libraire Hai.ma.  £24 Chap. VII. PRIX DES DENRÉES &&: rais qui refterent ne purent plus fervir a faire des prairies, & ne purent ëtre enfémencés. L'indigence & la néceffité contraignirent alors ces peuples de chercher fur les mers la fubfistance que le terre leur refufoit. Ils s'appliquerent d'abord a la pêche des Harangs, ce qui leur fut d'une trés • grande reflbürce. On penfe que ce font des pêcheurs de Zirckzée qui Pont faite les premiers en 1i63 , & que ce fut Un pêcheur nommé Guillaume Beukelsz, demeurant a Biervliet en Flandre, qui iriyenta fur la fin du quatorzieme fiecle la maniere de faler & d'encaquer les harangs. Le grand filet pour cette pêche fut troavé en 1416 par un habitant de Hom. On fe fervoit pour lors d'un VaiiTeau nommé BuyJJ, au lieu qu'on ne s'étoit fervi auparavant que d'une efpece de Barque nonmé Slabberts (n?)- L'année • ( tl?) Hifloire Rotterdam - - . 1,150. Schiedam - - - 350. Dom 2,000. MedeMih ... 45o. Enkhuifen ... 470. Les auttes Villes, Srgnutties & Vii!s?cs devoiem foornir te nfte de la fomme. Voyez Commelin Tome II. pag. 9I4. An refte, j'obfcrverai que la lomme dont je fals mention doit être réduite en mmes d'atgent, Pour s'en formcr .me idéé plus claire; par extmple, la iomme que devoit foutnir la P,0. vince de Hollande fe mon.oit i ,4,3c, )ivKS ^oun,o]s. le ^ valloit ence tems - la 10 livres; par conféquent ces 14,300 livres font 1 430 maus d'argent, & les 150.450 livres Tournois ,5 c45 marcs, & en numéraire d'aujouid'hui, fur le pitd de *s?? Bof Idi pour le mare, 387,913; florins, ou a 54 livres Toursois,812.43a livres.  *34 Chap. Vil. PRIX DES DENRÉES &c. Dans la fuite, Maxilien d'Autriche ayant épouPé M. Marie, fille unique du Duc Charles, fit préfenter un pareil Memoire, & demanda aux Etats des Provinces de contribuer a 1'avenir fur ce pied, ainfi qu'ils 1'avoient fait du tems de fon beau pere. En réfumant ce que nous avons rapporté dans ce Chapitre, on peut obferver que depuis l'an 133G qu'on commen^a a augmenter le numéraire de l'argent, renchériiTement fur le prix des Denrées, main d'oeuvre &c. s'efl: auffi infenfiblement fait fentir. Deforte que l'argent repréfentoit déja moins a la fin du quinzieme fiecle qu'a fon commencement. Fin de la Première Partie du Tome I.    RECHERCHES SUR L E COMMERCE. Tome Premier Seconde Partie.   RECHERCHES SUR LE COMMERCE. O u Idéés rélatives aux intéréts des différens Peuples de 1'Europe. Da veelom Peccavimw\t SeJ miferere, precor, fpeciofoque eripe davno. O vin. Metam. Lib. XI. TOME PREMIER. SECONDE PARTIE. A AMSTERDAM, Chez MAR C-M ICHEL R E Y. MDCCLXXVIII.   TAB L E DES CHAPITRES D E L A SECONDE PARTIE du TOME PREMIER. CHAPITRE VIII. Prix des Denrées, Ma-in-d'Oeuvre &c. pendant les XVt\ XVII, & XVIII Siecles. Pag. i CHAPITRE IX. Conclufion des Chapitres précédens . . , pg CHAPITRE X. De la quantité iïOr & tTArgent qui peut étre venue en Europe de puis la découverte du Nouveau Blonde. 124 CHAPITRE XI. De Ia proportion a&uelle entre TOr & VArgent, & de leur valeur refpe&ive. . . 13S  TABLE DES CHAPITRES. CHAPITRE XII. De la Monnoie a&uelle de France, d'Angleterre & de la Hollande 150 CHAPITRE XIII. De la Monnoie Univetfelle 169 CHAPITRE XIV. Conclufion de la première & feconde partie de ce Premier Volume 185 Fin de la Table du Tome Premier Seconde Partie.  ERRATA. Tome I. Partie L Page 30 ligne 12, conrme, lifez confirme. 56 ligne 8 & 9, deux fois autant, lifez Ie doublé. 74 a Ia Note 15 , la marqué) doit être après 300. Tome I. Partie II. Page 8 ligne 6, Schouven, lifez, Schouwen. 13 ligne 6.46 florins |, lifez 46 florins d'or & $. 159 ligne 13, 129 }|, 129 IJ. 189 Note 7, 2, o eflelins 3 ï as, ^2 2 eftejins 8 J as.   RECHERCHES SUR L E COMMERCE. SUITE DU LIVRE PREMIER. CHAPITRE VIII. Prix des Denrées , Main cf oeuvre &c. pendant les XVI, XVII 6? XVIII Siecles. XVI SIÈCLE. 5« 1. Du Prix de différentes Denrées. Voici ce que j'ai pu recueiüir dans divers Auteurs fur le prix des Denrées dans le courant de ce fiecle. En 1501 on achettoit en Zélande une demi mefure [agtgndeel] de froment, une oye grafie, une livre de beurre, & un pot [/loop] de vin de Potoufe, pour 6 fols [ftuivers] (1). CO Voyez Chromque- de Zélande par R yg 5 rsRe K g En 1521 on achettoit en Fiandres un demi boifleau de bied, une oye grafie, une livre de beurre, & 2 pots de vin de Potoufe pour 6 fols (10). Tout étoit de même a grand marché; ce qui changea bientöt, a caufe de la guerre qui furvint avec la France. Car en 152a on achettoit en Zélande le fac de bied 10 efcalins gros ; le peupie fe nourrifToit alors de pain compofé d'orge , de feves & de pois (11). En 1524 le fel fut très-cher, ce qui étoit occaflonné par la guerre entre la France & ces pays. Le fel blanc & rafiné fe vendoic en Zélande 70 livres gros de Flandre les cent (12). L'année 1532 les Provinces de Plollande & de Weft- Frife ayant des démêlés avec le Dannemarc, le nouveau Roi Fréderic ferma le Sund aux habitans de ces Provinces, ce qui interrompit la navigation de nos Villes Maritimes, & occafionna une cherté fur les grains. Ces différens ayant été terjninés par un traité de paix fait a Copenhague, la C5O Informations patticuliergs cie Uorn. (10) van Spaan, pag. iifj. . 00 Chroniques de Zélande, année 15*9» C12) Idem, année 1524. A 3  6 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES nouvelle de la conclufion du traité fit dirainuer le prix du feigle de 46 a 22 florins d'or (13). L'an 1536. 800,000 Briques, grandes picrrcs de Leide, couterent a Enkhuifen 1200 florins Caroli, y compris le fret & autres fraix; ce qui fait revenir les iqoo a 30 fols (14)- On voit la copie d'un Afte du 11 Mars 1537, dont Poriginal repofe au Secrétariat de MM. les Députés des États de Frife, & le Contrat fait par Wiard Mathys & Fedda fa femme, avec le Couvent SAalfum, par lequel ils cedent leur maifon, biens, & deux gemeten de terre propre a faire des tourbes, a condition que le Couvent les foignera leur vie durant, c'eft - h - dire, quil leur donnera une chambre avec chemince, deux hts, des tourbes autant qu'ils en auront befoin, 18 livres de pain par femaine , un demi tonneau de beurre rouge par an, un boeuf engraiffé, de trois ans,ou bien 4florins d'or, un cochon gras ou 2 florins d'or, un loop d'orge, un demi loop de feves, un demi kop de pois, autant de lak qu'il leur en faudra ; chaque fois qu'on aura braffé de la biere le quart d'un Tonneau, deux fromages de va- 03) Voyez les Chroniques de Hora par Velids pag. =39- & FHiftoire tTEiikhuifin. (U) Voyez 1'Hiftoire A'Enkhuifen, pag. 61. cent pieds de JM**»es de Benthew avec les fraix couterent 15  APRÈS LE XV SIÈCLE. 7 che par année, 20 livres de Stokfis, & un demi poe d'huile (15). M. Co mm el in dans fa Defcription iï Amfterdam raconte qu'il a trouvé, dans les Mémoires dc Jean Bets Rodenburg, que le 8 Juillet 1539 il avoit achetté avec Jacob van Foreeft & Pieter Klaafe Koning, de Jacob Vos & dAdrien Zas, 2 facs d'orge pour 12 fols & 7 gros, auffi pour 2 efcalins 9 gros, de même dAdrien Zas 100 facs d'orge , le fac a 12 fols 8 deniers & 1 mite (16). L'an 1540 il y eut cherté de vivres, occafionnée par une grande féchereflè, enforte que le laft de feigle fe paya 68 florins d'or: cependant ce prix exceffif fut de courte durée, car peu de tems après, & dans la même année, on achetta tous les articles ci - defïbus mentionnés pour les prix fuivans: Un Laft de feigle pour . . 11T Un de bied 16 Un d'orge 1 o > florins d'or. Un d'avoine oj Une ancre de vin du Rhin . 12 florins. {15) Chartres de Frife, Tome ii. page 694. Un bceuf de 3 ans [Twenter Staciabeeft ] vaut aujourd'hui en Frife ico florins & plus, & un Cochon gras 48 a, 50 florins. Voyez le Chapitre fuivant. (16) Defcription 1?Amfterdam par Commblin, Tome ii. pag* 913. a< la Note. A 4  8 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Un Tonneau de Jopenbier . . Un Schippond de fromage . . 5 / Et un demi Tonneau [Vai\ de | beurre (17) 8j En 1545 on achettoit, dit Rygersbergf.n, dans lePays de Schouven le 100 [te] de garcnce pour 3 livres gros de Flandres, ce qui enrichit plufieurs perfonnes & en ruina d'autres. Le meme Auteur fait mention d'une grande cherté de vivres dans 1'année fuivante; on achettoit alors le feigle plus cher que le froment; en Zélande, oü l'on étoit accoutumé a manger du pain de froment, on payoit le fac 12 efcalins gros de Flandre, & plus (18). Dans la même année 1546 un laft de feigle fe payoit a Am fier dam 68 florins d'or, & en 1548 on achettoit pour eet argent Un Laft de bied Un habit Un d.c feigle Une bourfe (Tas) Un d'orge Un mouton gras Un d'avoine Un baril de 'Jópendier Un quaït de tonneau de-beurre Un baril de biere de Roftock Un Schippond de lard Et on avoit 6 fols de 100 Livres de fromage refte (ip). (17) Chroniques de /ta, pag. 25s- ,Voyez auffi C o m m e l i N pag. 912, 913, 948. (ïïi) Chroniques de Ztlanie. (19J Com.mei.in, pag. 012 &c. Van Spaan, pag- «81  APRÈS LE XV SIÈCLE. 9 Le meme Auteur marqué encore qu'en 1547, ayant achëté pour 66 florins d'or un laft de bied, [ce qui fait 92 florins Caroli & 8 fols], 1'année d'après, c'eft - a - dire en 1548, on payoit les articles fuivans, le prix ici marqué: t Un Laft de Froment ... 21 florins Caroh. Un de Seigle 12 12 fols D'Orge 11 ■ 14 — D'Avoine 8 8 — Un demi Baril \Vaf\ de beurre 9 300 £ê de Fromage ... 4 Un Tonneau de Harangs . 3 ■ de Morue . 3 ■ de Jopenbier . 5 > i de Sel . . . 16 fols ■ de Vinaigre . 1 — 10 —1 Un panier de Raifins Secs . 1 —- 12 —- Un de Figues 18 —1 Un Pot dTIuile 6 •— Un Jambon 10 •— Un Mouton gras . . . . 1 florin 5 •—Une Oye grafie ....... 4 —■ 2 Chapons gras 10 — 2 Lapins . 2 f. 8 d. 2 Oifeaux gras 38 Un Pot de vin du Rhin ..... 5 fols Un bonnet neuf 16 —• '. ƒ86- 12 — A 5  *o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES f86 12 — Un Wambuys .... 2 florins 2 fols Une paire de Culottes . . 2 10 — Une paire de Souliers 6 Une Bourfe (Tas) 7 — Enfemble 91 17 (ao). En 1548 a Alcmaar le laft de Seigle valoit le 2 Février irSj florins d'or; & le 1 Novembre de la même année 14 florins d'or: 1'année fuivante 11 } florins d'or, & ce fut alors que le contrat avec les Muficiens de Haarlem, pour afïïfter a la Proceffion, fut renouvellc. Voyez 1'ArticIe du prix de Ia mam d'ceuvre &c. de cc fiecle (21). En 1557 il y eut de nouveau cherté de vivres dans ces pays , occaffonnée par i'intempérie des faifons; enforte qu'a JBolsivaard cn Frife, ainfi que Schotanus le rapporte , un pain de 11 livres fe vendoit 11 fols de Brabant, ce qui fait, dit 1'Auteur, 16% de nos fols; a St. Nicolaas- gae 14 fols, a Sloot en 22, & a Workum 25; cette cherté continua depuis le Mardi gras, jufqulau lundi de la Pentecöte, auquel tems Ie même pnin fe payoit 5 fols, après 1'arrivée de plufieurs Vaiffeaux chargés de feigle de la Mer Baltique en Hollande> (22). ■-(20) Commei.jn, pag, 912. (21) Iliftoire $ Almaar, pag. 115. (22) Schotanus. Iliftoire de Frife, pag. 702. L'an 1557, au  APRÈS LE XV SIÈCLE. n La même année 1557, Boxhorn fait aufll mention qu'en Zélande le Seve de froment , qui avoit valu 2 livres 12 efcalins de gros s'étoit vendu enfuite 10, 11 & 12 efcalins (23). L'an 1549 il fut ordonné que la Tonne de Biere , nommée Enkelbier a Haarlem, fèroic vendue a 15 fols (24.). Velius fait mention de la cherté rapportée par Boxhorn en ces termes: En 1557 a Hom un pain de feigle de 11 livres fe paya au commencement 5, enfuite 6, 7, & a la fin 9 fols: pour le laft de feigle, il fe paya jufqu'a 116 florins d'or, argent pefant. Le 7 Juin la Ville recut 1'heurcufe nouvelle qu'on appercevoit de loin des Vaifleaux chargés de grains. Le peupie , a cette nouvelle, courut en foule au port; & quoiqu'il n'arrivat qu'un petit vaifièau \Boeyef\ chargé feulement de 35 laft de feigle, cela influa néanmoins fur le prix. Le jour fuivant 12 autres Vaifleaux chargés arriverent , enforte que le prix baifla confidérablement, & qu'on achetta le pain a un prix modique (25). eommeneement da Juin un pain de feigle de n livros fe payoit it fuis. lïientöt après il vint ii 4 fols. (2',) Chroniques dc Zélande, contlnuées par Boxhorn Tome I. pag. 326. (24) Voy;;z l'Hiftoire de Haarlem de M. de Bruyn |.h], (25) Chroniques de Hum psg. 269, Voyez auffi divers Auteurs Hol» landois, tels que M. van Mieris dans fon Hifloire 3 Partie fol. 414-:  T2 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES M. Co mm el in fait mention qu'en 1557 le feigle s'achettoit en Brabant 120 florins d'or. Mais que dans le mois de Juin 70 Vaifleaux chargés de grains étant arrivés de la Mer Baltique, le prix, du feigle defcendit a 90 florins d'or, & enfin a 18 florins d'or (26). En 1564 L'hiver fut trés-long & très-rude, les fortes gélées commencerent une femaine avant Noël, & durerent jufqu'en Mars, deforte que nos Canaux étant trop long - tems fermés, on ne put rien faire venir dans le pays, ce qui occafionna . une' cherté. L'Hiftorien 8Enkhuifen rapporte que le feigle valut dans cette Ville jufqu'a 100 florins d'or. A eet hiver fuccéda un primtems froid, deforte qu'en 1565 la cherté continua. Un Négociant $ Enkhuifen, dit Phiftorien, avoit refufé a la Touflaints 99 florins d'or pour le laft de feigle, il en vouloit 100: quelque tems après il ne ie vendit que 36, le prix ayant baiffé de nouveau (27). Par une Ordonnance publiée en 1570 le 2 Dé- 416. La fuite de la Chronique de Hollende pag. 139 & 140. P. Bon Liv. I. pag. 11. Go ut hoeven fuite des Chroniques pag. >) & 6. P. J. T w 1 s k Chroniques 'pag. 1179. SImom d e V r 1 e s» Chronique des Chroniques V Partie , pag. 496 — 49'!. Hifloire A'Enkhuifen par Brand pag. 81. Benin ga Hifloire de 1''Eft* Erife ii l'an 1557. Tous Auteurs Hollaadois. (26) Commelin, pag. 913. h la Note. C27) Chroniques de Hom, pag. 289 & 293. Hifloire d' Enkhuifen,  APRÈS LE XV SIÈCLE. 13 cembre a Amfterdam, on voit que Ia Mingle de Ia petite biere, connue fous le nom de Scharrebier, ne devoit pas fe vendre au deiïüs d'une dute (28). En «574 le laft de feigle valloit a Amfterdam 92 \ florins d'or. L'année d'après il baifïa deforte que celui de Riga fe vendit 46 florins \, & celui de Prufe 34 & \ (29). L'extrait d'une Ordonnance du 28 Oftobre 1580 du Magiftrat & des Capitaines de la Ville de Steenivyk fait connoitre les prix dc plufieurs denrées, dans le tems que cette Ville fut afïïégée: Un pot de biere, mefure de Sieenwyk \ fols Une livre de Lard 3 — Une livre de beurre 4 — Une livre de fromage a — Une livre de fromage ordinaire . . 1 & un liard C28) Voyez Ie Livre contenant les Privileges, Ordonnances & coutumes de la Ville i'Amjhrdam &c. [M.] imprimé en 1624. Cette biere ne paye pas d'Accyfê, ou d'impóts. On dit que la qualité en dl aujourd'hui bien moindre qu'auttcfois. Elle Te veqd aujourd'hui deux dutes la mingle. (29) Voy.CoMMEim pag. 532. Voici ce qu'il nous rapporte: Ie prix du Bied effüya plufieurs variations dans ce fiecle. En 1500 le Lrzft de feigle valloit 14florins d'or 10 1 fols. £111545,25 florins d'or. Le Tonneau de beurre 20 florins, un pannier de Tourbes i fol, 1111 Schippond [300 $] de fromage, 7 florins. En 1568, 1570, 1571 & 15-2, le laft de feigle valloit 65 florins d'or, en 1573 100 florins d'or; mi Tonneau [Fat} de beurre 65 1 florins; un tonneau de Harangs 21 florins, en 1574 le iaft de feigle valut 92 ï florins d'or, en 1575 il baifiTa; le feigle de Riga ne valloit plus que 46 florins i : celui de Prufe 34 1 florins d'or.  i4 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Une livre de poifTon de Bergen . . 7 liards Un pain de feigle de 12 gg . . 6 fols Un Boifleau de Dreche (Oofvermolt) 18 — ■ de Pois . . 16 —■ ■ d'orge . . 15 _ de bic Sarafin 14 — ■ ■ de Sel . . 12 —1 Un pot de Jopenbier (biere forte & médicinale, qui fe braflè a Dantzick) 7 — Un pot de vin du Rhin .... 9 — Un pot de vin de France .... 5 — (3°)- L'année 1587 Ia cherté, caufée par les guerres & les troublcs deFlandre ,■Tut inouie a Anvers. Le laft de froment fe vendoit 935 florins 10 fols,& celui de feigle 900 florins. Cette même année lc prix ayant baiffé , on paya encore le laft de feigle 56 florins 10 fols, ou environ 40 florins d'or (31). A la fin de ce fiecle, c'eft-a-dire depuis 15^5 jufqu'en 1597,1! y eut de nouveau cherté de grains. En 1597 ie prix en fut porté au plus haut point dans la Ville de Hom. Le laft de feigle s'y vendit 200 florins, celui de froment 280, ce qui peua-peu diminua, car en 1599 le feigle valut 99 & au commencement du fiecle fuivant il vint a 40 (30) Voyez Clironique de Hollande de \V. van Go bsb o R v e H page 161 ri la fin, fous l'an 1580 [IQ. GO Com m e n n, pag. yij.  APRES LE XV SIÈCLE. 15 & 44 florins d'or, comme nous le verrons dans Ia fuite (32). Enfin les divers Placards qu'on publia dans ce fiecle confirment & la variété du prix des grains, & ce qui en réfulca fur le prix des vivres en général: cela fut vraifemblablemenc caufé par les troubles & fes guerres qui affligerent nos Contrées, & furtout par les variations fréquentes que Ie numéraire de l'argent éprouva (33). C32) Chroniques de Hom, pag. 499. van Spaan pag. 1C9. (33) Pour confirmer encore la pmeti des fources oü j'ai puifé Ia notice de ces différents prix, je fapporterai deux pali";iges de M. D 1 r c k G r a s \v 1 n c k e l , Avocat Fifcrd des Domaines du Comté de Hollande, qui vivok dans le XVII Siècle, (étant né en ifjoo, & mort a Malines le 12 Oclobre iöóö) & qui a recueilli divers Placards qui concernent le prix des vivres. II rapporti entr'autres un Placard de Philippe Archiduc d'Autriclie, de 1'année 1501. cü le prix des Bleds eft lirsté k 16 florins d'or, & oü il eft dit: que le prix de 22 florins d'or eft excefif & a charge aux peuples. Daus un autre endroit, oü eet Auteur démontre combien il eft pernicicux & injuftc de la part du Prince de défendre les achats 011 veates des rdcoltes fur pied, voici comme ii s'cxprime: „ Les prix „ des marchandifes qui 11'oiit de valeur que dans 1'opinion, peuvent „varier, c'eft - i - dire, monter ou defcendre, fins aticim préjtidice „ pour les peuples; mais quant aux vivres, & a tout ce qui tient „ aux premiers befoins de l'homme, le prix en eft fixé pour ainfi di„ re par la nature, & un Prince ne peut avoir le droit de les li„ miter". De ce que le Laft de Seigle valoit autrefois 10 florins d'or dans les tems de bon marché, £? 30 florins dans ks tems de difetle, cc qu'aujourd'hui il en vaut 70 dans le tems d'abondance, & 200 dans les tems de prix exceffil', il 11e s'enfiiic pas que le Prince puiffc s'arrogor le droit d'cn réglcr le prix, & d'y mettre ordre. Car dans ce cas, il en faudroit faire autant pour toutes les autres marchandifes,&.  i6 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES §. 2. PltlX de LA MAIN d'CEuVKE &C. Nous avons vu que dans Ie fiecle dernier Ie falaire des Ouvriers, tant en Zélande qu'en Hollande, étoit trés médiocre, ce qui condnua encore pendant quelques années, mais cependant avec quelque différence. Voici le détail de ce que j'ai pu recueillir fur les prix de la main d'oeuvre dans le courant de ce fiecle même pour Ie falaire des ouvriers. Un Scieur de bois qui gaene rhaintenant 30 fols, en gagnoit autrefois 6. & même la moitié, fi j'ai bonne mémoire ; cependant le fervice eft le même: le changement li'eft pas arrivé fur les marchandifes, mais fur l'argent, qui depuis Ia découvertc de PAmérique eft quadruple eii Europe. Au rtfte nous 11c pouvons nous refufer de tradnire ici encore un paffag? fort intéreffant du même Auteur fur la vérirable appréciation de ces denrées qui font le plus folidcment utiles au genre htimain : „ On peut vivre, dit eet Auteur, & les Etats peuvent fubfifter „ fans argent. Dans le Commencement du monde, 011 n'en connois„ foit point 1'ufage. Dnns les fiecles d'or il étoit ignoré. Ce ne fut „ que dans les ages d'airain & de fer que Por tiré du fein dc la ter„ re commenca it être en eftime". Lacédcmone exifta 500 ans fans connoine les monnoies, elle ne les arimit que vers les tems de fa décodence. Pourquoi donc les marchandifes 11c pourroient - elles pas être échangées en nature, & Pune contre 1'autre, fans recourir a des moyens imaginaires, furtout les marchandifes qui tiennent de plus pres aux befoins récls des hommes ? De tout ce qui eft en eftime, rien ne Ie mérite davantage que la terre & fes fruits; c'elt d'eux que Phomme tire fa fubfiftance, le refte 11e forme que des objets de fantaifie. En Livonie QLyjhud) en Lithucmie, en Courlande, en l'ri.'fe & dans d'autres endroits , les fermes ne fe payent qu'en produélions du fol.  APRES LE XV SIÈCLE. i7 de, qui comparés a ceux des tems préfens, offriront d'étonnantes difparicés. En 1508 M. IIarwen, Lecleur (ProfefTeur) de 1'école publique a Akmaar, fit au dépends de la Ville un voyage en Eft-Frife, accompagné de quelques Kleves, afin de recommender la dice Ecole, pour lequel voyage on lui donna 5 livres {Ponden) (34). Au mois de Mai la même année, on trouve qu'il fut payé de la part de la Ville aux Prêtres qui avoient porté le St. Sacrement [connu fous le nom du St. Sang] chacun 2 fols (35). On trouve encore notté fur un vieux Regiflxe, que lorfque 2 ou 3 foffoyeurs fGravemakers] étoient de garde dans la grande Eglife, on leur payoit a chacun un fol par nuit,& une mingle de biere pour tous (36). On trouve encore notté que les Muficiens, qui étoient accoutumés de venir annuellement au mois de Mai de Haarlem a Alcmaar pour faire leur office le jour de la Procefiion de la dite Fête folemnelle, n'ayant pas été contents de leur ancien falaire de 4 florins 4 fols, qu'ils avoient coutume de recevoir de la ville & Alcmaar, on accorda de nouveau qu'ils auroient chacun 25 [entendez fols, C34) Hifloire d'Alcmaar, page 52. C35) hicm > Pss> 53' (36) Idem Ibidem. B  i8 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES dit PAtiteur]: en 1548 cela fut de nouveau accordé (37). Le compte des Thréforiers de la dite Ville tfAlcmaar en cette même année 1508 finïc par eet article: „ Pour honoraire de cct emploi, chacun 5 „ livres de 40 gros chaque livre" (38). LTIinorien & Enkhuifen rapporte que l'an 1513 le Bourguemaïtre CFranciscus Fréderik) a fon retour de la Hètye'% oü il avoit été en CommiSon pour la Ville, fut tué en chemin, entre les villes de Hom & de Purmerend, marchant a pied, en fon habit de cérémonie. II marchoit h pied, dit PAuteur, afin de faire moins de dépenfe, n'ayant pas ofé dépenfer 6 efcalins , que les cochers lui avoient demandé avant fon depart de Purmerend (39)- L'an 1521 les députés de la part des Frifons a la Cour de la Gouvernante, & de 1'Empereur, recufent de la Magillrature du pays un préfent de 120 florins de Brabant, tant pour leur-peine, que pour les fervices qu'ils avoient rendus (40). Par un article d'inflruction de l'an 1524 on obferve, que le falaire du Receveur des impöts, réfidant fur le port de Harlingen, étoit de 60 livres, (37) Iliftoire d'Alcmaar, pag, 53- (38) Oid Ibidem, pages 53 & 54. (39) Hifloire d'Enkliuifen, pag. 44. (40) Chartres de Frife , Tome O. pag. 114.  APRES LE XV SIÈCLE. Ip de 40 gros. Suivent enfuite les appointemens des divers Employés pour percevoir les impöts. a M. Willem Terlevoirt Maitre de 1'accyfe un falaire annuel de po 'a L employé réfident au Lemmer . . Qo a Sloten ... 110 a fon Controlleur ^Q a Staveren, au maïtre des impöts . 75 a fon Controlleur ^0 a Hindeloepen, au maitre des impöts 56 h Worcum pour le maïtre des impöts 140 a fon Controlleur IOO a Mackum pour le maïtre des impöts 70 a Lye au Bild au maïtre des impöts . 70 a Dockum, au maïtre des impöts .110 Au Controlleur ^Q a Coüum au maïtre des impöts . .100 Le maïtre des Accyfes ÜOpterland & de Smal* lingerland neut pas de falaire fixe, mais fon inftruftion portoit, qu'il recevroit un falaire proportionné au fervice qu'il feroit, lequel feroit taxé & a Ia difcrétion du Stadhouder de Frife (41). Sous Ia date 28 Avril & 2 Mai de 1'année 1525, on trouve deux projets, concemant les Digucs de Frife, & les fraix a faire pour les réparations de ces dits objets. ko. L'entrée du port de Harlin- GO Chatttea de Frife; Tome H. pag. 475, B 2  so Ch. Vim DU PRIX DES DENRÉES gen ayant beaucoup foufFert par les ravages du tems & de la mer, devoit être presqu'entiérement refait, les fraix en furent évalués a 800 Livres de 40 gros. a°. On projetta de faire un nouvel ouvrage du ccté du Nord de cette même Entrée. on y fait mention entr'autrcs d'un terroir de 180 toifes de long, de 10 pieds de large , & de quatre pieds de haut du cöté des terres, afin de fe garantir des efforts de la mer. II fallut pour eet ouvrage 600 Fimmenrys, ou tant de cents de fagots. chacun a 20 fols, qui font 600 Livres, & le falrire évalué a 6 fols, le vimmen, feroient 180 Liv. de 40 gros (42). Par la Commiffion de Ciiarles-Quint, du 4 Mai dans 1'année 1527, donnée au maitre d s Monnoies de Frife {Frank van Papevelf) pour 3 années, on voit qu'il eut pour falaire 120 livres de 40 gros par année, a prendre fur les droits Seigneuriaux &c. (43). Par celle donnée a Jean RaPtaller, Confeller & Maitre Général des Rentes en Frife, de la même date, on lui alloua, comme garde (Wardein) de la Monnoie pour 3 années, annuellement 100 Livres de 40 gros. Item a Jean Jansz Orfevre, eflayeur a la Monnoie, un falaire de 52 liv. de 40 gros (42) Chartres de Frife, Tome il pagos 492 & 493, (43) Mem pag. 522.  APRES LE XV SIÈCLE. 2 ( Item a Jacob Tj'brentsz Orfevre, comme Graveur a la Monnoie 50 livres de 40 gros (44). L'Empereur ordonna par un ordre de la mérae date a Frank van Fapeveh Maitre des Monnoies, de fournir a Jacob Tsbrantsz 20 livres pour une fois feulement, pour fervir a 1'achat des poincons & d'autres uftenciles propres a 1'office de Gra' veur (45I, Par le Teftament du Doéïeur DouvjeTetama, ou Tietema, Noble Frifon, & Confeiller [qui fut pendant un an Prcfident de la Cour de Frife] daté du 11 Oétobre 1528, on voit, entr'autrcs difpofitions & legs particuliers, qu'il fonda une Rente perpétuelle de la fomme de 125 florins d'or par année, pour fournir aux fraix des études & de 1'cducation de deux jeunes enfans de fa familie, c'eft-a-dire, un de la branche de fes freres, 1'autre de celle de fes fceurs, lefquels enfans jouiroient pendant 16 ans de fuite de cette dite fomme, a condition qu'ils refteroienr a 1'Etude &c. Au re.le il nomma pour Executeurs teftamentaires, MM. lesBourgemaitres de la Ville de Leuivardsn , qui font encore Receveurs de ce legs, & qui en ont toujours difpofé felon 1'intention du teftateur (46). (44") Cliartres de Frife, Tom:; II. pag. 524 & fitiy. (45) Idem. page 528. (46; Idem, pag. 548. B 3  22 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Ce Teftament, qui m'a paru un morceau affez curieux, renferme encore quelques legs, qui nous font connoitre combien l'argent dans ces tcms-la étoit en eftime. II legue a la femme vertueufe chez laquelle il demeuroit, tout ce qui lui reftoit de Tourbes & de bois, & en outre 8 florins d'or, pour fes bons offices. — A Mathieu, fon ferviteur fidele, huit florins d'or également. Et a 1'Eglife, même fomme, pour être enterré dans le Cimetiere, & non dans 1'intérieur de 1'Eglife. II défend dans ce même Teftament que l'on fonne les Cloches & que l'on fe ferve de flambeaux; enfin 1'humilité de ce Docleur eftimable étoit telle , qu'il voulut qu'on ne fit a fes Obfeques aucune de ces Cérémonies de pompe , fi contraires au vrai efprit du Chriftianifme. L'an 1528 on commenca a fabriquer la Tour de la grande Eglife de Hom, fous l'infpeclion de Jacob van Edam. L'ayant pouffée jufqu'au premier étage, eet Architeétc fut invité de venir a Haarlem pour y conflruire une Tour a leur grande Eglife, nommée St. Bcrco, fous promeflè d'un meilleur falaire , & d'un prefent, après que 1'ouvrage feroit achevé. Le dit Jacob van Edam ayant accepté le marché, recut pour préfent a la fin de la batiffe un florin d or, après quoi il rctourna a Hom pour achevcr  APRÈS DU XV SIÈCLE. 23 la Conftruétion de la Tour, qui écoit reftée a moitié batie, & telle qu'on la voit encore aujourd'hui (47). L'hiftorien de la Ville SAianaar rapporte qu'en 1'année 1528 le fret de 1000 pierrcs étoit 8 deniers [feniiingeii]. Un chapeau de chaux (mefure oü Pon met la Chaux) coutoit 1 fol. La chaux valloit 23 fols le chapeau; un Maitre Charpentier gagnoit alors fix fols, un compagnon 3 fols, un Aide - Macon 3 fols, un Maitre Macon 6 fols, & les femmes gagnoient un fol par jour (48). Par une Commiffion paffee par le Stathouder & fon Confeil de Frife, cn date du 26 Avril 1520, concemant les fraix néceffaires pour 1'cntreticn des Digues,on voit que MM. les Députés employés ordinairement dans ces commiffions, reccvoient pour fraix, vacations & dépenfes 35 fols par jour (49). On peut encore obferver la rareté & la valeur de l'argent par le détail fuivant des dépenfes faites en 1532 par la Ville SAlcmaar. Au Huiffier de la Cour de Hollande pour le nous vel an H e^al. Au Meliger (Bode) te Hollande item 12 Aux Meffagers fous ferment, pour leur nouvel an 24 Infoi'tnations particuiieres de Hom. (48J Hifloire d'Alcmaar, pag. 71. ' (49) Chartres de Frife, pag. 556 du Tome ft. B 4  a4 CA. VIII. DU PRIX DES DENRÉES Aux valets du Baillif icem ... 24 efcal. a POrganifte de 1'Eglife pour fon année 18 florins a 2 perfonnes de garde fur la Tour de 1'Eglife 16 a celui qui regie 1'horloge de la Tour 13 a celui qui fonne la petite cloche de la maifon de Ville 5 Pour netoyer les foffés oü on jctte les immondices de la Ville .... 22 a IYI. Corneüs Avocat de la Ville . 12 a M. Cornelis Capelle Procureur de la Ville 8 Pour le falaire des deux Tréforiers de la Ville . 12 (50). Par une Ordonnance, ou Reglement, conccrnant 1'éreétion d'un corps de la ^meperfbnne en Frife , datée du 24 Avril 1535, on obferve que pour chaque homme on donneroit pour folde 4 fols par jour. Cette Ordonnance contient auffi le nombre d'hommes, 1'ordre qu'on devoit obferver, & le Diftrict. ou pays qui les devoit fournir. Ce qui répond précifément a la paye qu'on avoit donnée dans le fiecle précédent en Hollande, & que l'on donna encore dans ce fiecle en Wefl- Frife (51). (50) Hifloire d'Alcmaar, pag. 82. (51) Chartres de Frife, Tome II. pag. 674. Quoique Ie numéraire de 4 fols parotte égal a celui du XV Siècle,  APRÈS LE XV SIÈCLE. a5 L'an 1537 POrganifle a Alcmaar eut pour falaire d'une année 18 florins, ainli que le Tréförier Andries Pieter sz Zei (52). L'an 1541 le clocher de la maifon duSt. Efprit, [a préfent le poids] fut orné de 11 cloches. M. Tsbrand regut pour falaire pour toucher 1'Orgue & pour fonner le carrillon 6 florins ,• on devoit fonner les cloches au moins trois fois la femaine, & toucher 1'Orgue 24 fois 1'année (53). L'Ordonnance cn date du 29 Avril 1542, concemant Je droit de cuire le pain 5 de moudre les grains, de brafler la biere, de tenir cabaret de vin & de biere, tant étrangere que du pays, de marquer les emplacemens du marché, le monopole des grains & des vivres, la vente des tourbes & du bois, nous fait connoitre le prix de plufieurs chofes. Scavoir (Art. 9.) qu'un pain de feigle entier devant pefer 11 liv. [ft] ou k moins, feroit mis a autant de deniers que le feigle fe vendroit de florins d'or le, laft, a quoi les Boulangers ajouteroient encore | fol, paree qu'ils devoient fe fervir auffi du poids de Troyes, ce qui ne fe pratiquoit pas auparavant. (Art. 10) le Réglement du prix devoit être fixé pour 14 jours, & ne pouvoit conféquemment changer que il y a pourtant une différence, lorfqu'on le convertit cn poicis d'ar* gent. (52) Hifloire d'Alcmaar. pag. go. (53) pag- 97. B 5  U Ch. VIII. DU PRIX DES DENREES tous les 14 jours; & au cas que le feigle valuc au dela de 22 florins d'or, les Boulangers pourroient s'ccarcer de la limitation prefcrite, & le Reglement du prix étoit laifle kleur difcrétion.(Arde. 22.) Le falaire des Meuniers pour moudre le feigle & le froment, fut fixé a 2 fols par loop. Le prix de la Biere fut limité, fcavoir une forte de biere, nommée Kuite, a 19 fols, & celui de la biere doublé, telle qu'on la donne h Haarlem, a 27 fols, ce qui doit feulement étre entendu lorfqu'on la livreroit a Leuivarden, car ailleurs c'étoit a proportion du fret. II fut encore ordonné que la première forte de Biere ne pourroit être fabriquée d'un moindre prix que de 24 fols, & la 2de forte que de 16: il paroït que 1'impöt n'y étoit pas compris. La mefure des tourbes y fut auffi ftatuée. Si, dit 1'Ordonnance, Pon vend des tourbes par batteau, chaque batteau contiendra 70 paniers de Leuwarden, dont la mefure en largeur & hauteur fera gardée chez lesjuges, tant dans les Villes que dans les Viüages, & la dite mefure fera attachée au mur dc la maifon de Ville, oü chacun pourra la voir, & s'en fervir pour mefurer les tourbes qu'il achettera, s'il le juge a propos; & fera payé aux porteurs une dute par 10 paniers, ou un fol par batelée, c'eft-adire pour 70 panniers, ou au-deflus; mais au cas qu'il y en ait moins, le payement fera proportion-  APRÈS DU XV SIÈCLE. 2/ né, & payable moitié par le vendeur, moitié par Pacheteur. Enfin la mefure du bois, nommé Barnhout, y fut auffi réglée , c'eft - a - dire, une mefure de 3 pieds & i feroit vendue par Brafïè {vadem) laquelle auroit 7 pieds de haut & de 7 de large; pour Pexécution de quoi on employeroit auffi des mefureurs jurés, dont le falaire feroit 2 dutes pour chaque Brafle , une dute payable par Pacheteur, & une dute parle vendeur (54). Dans les Regiftres de la Ville SEnkhidfen on trouve nottés divers falaires de 1'année 1550; fcavoir: au Secrétaire de la Ville Jean Wülemsz pour fon année vingt flcrins. Au Maitre du Port, pour avoir l'infpeclion fur le nouveau port 16 florins. Pour favorifer les Etudes de la jeunefie & fon avancement dans Ia langue Latine, ainfi que pour les rendre Doéïe ou favant, on établit le nommé Crifpinus Arendonk pour Direéteur des Ecoles, & Reinier van Staveren pour fous-Manre. On donna au premier 26 florins d'appointemens, & au fecond 20. par an (55). (54) ehartres de Frife Tome II. page 849. La moitrui'e d'un loop de feigle fe payoit alors 2 fols, ce qui fair, en fuppollint le laft de 36 loopen. 3 florins 12 f. pour le laft. On paye aujounfnui il Amftenhm 9 flo. du laft de feigle, & 9 - iS - 8 dc celui de froment, pour lamouture. Et en Frife 6 fols par loop , ou ƒ 10 -16 par laft. f55) Hifloire d'Enkhuifen, pag. 72.  23 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES En 1551 on trouve, parmi les dépenfes de 1'Eglife de St. Laurent a Alcmaar, qu'on paya aux douze perfonnes qui repréfentoient les 12 Apötres le jour des Ramaux, a la proeeffion oü la figure de Jéfus- Chrifi montée fur un ane étoit conduite par eux, ainfi qu'a celui qui portoit le livre, chacun un fol, & pour garder la lampe qui doit toujours bruler devant le Crucifix, 25 fols par an (56). L'an 1553 on prit en fervice a Enkhuifen Gysbert van Ewyk pour faire la fonction de Médecin de la ville,auquel on donna 30 florins par an (57). En 1555, afin ^e fovorifer les Ouvriers de la ville $ Enkhuifen, le Confeil de la ville choifit un d'entr'eux pour fervir d'intendant, ou maitre dc la Fabrique, avec un falaire de 25 florins, & on donna les mêmes honoraires a celui que l'on nomma pour recevoir les impöts de la Ville. Environ dans le même - tems on prit en fervice M. Gerrit Prins pour faire des Sermons & dire les Meffès a 1'Hópital de la Ville, en lui donnant par an 14 flor. (58). Dans la même année on confiruifit en cette Ville , pour proteger le Commerce & la pêche des Plarangs, deux Vaifleaux de guerre de 85 hommes d'Equipage chacun : les foins de eet équipement & les dépenfes en furent confiées a Corn. Dirks f56) Iliftoire d'Alcmaar, pag. 117. (57) Iliftoire d'EnUhuifcn, pag. 74. Cs») Idem, pag. 73.  APRES LE XV SIÈCLE. 29^ Dol, Sieuwert Jansz, & a Jan Wilkmsz Snurmondt. Marie, Reine de Hongrie & dans ce tems - Ia Gouvernante des Pays-Bas, confentit au nom de PEmpercur fon frere, a Ia levée d'une fomme de 10000 l^rins, qui devoient être employés ala proteclion de cette fameufe pêche, & au foutien des Habitans. Le quart de cette fomme devoit en outre fervir a 1 équipement de ces deux Vaiffeaux. Les gages de PEquipage fe montoient, fuivant la lifte, fcavoir: Au Capitaine par mois . 30 florins 1 — Maitre (Schipper) . 24 — Pilote . 20 Cotiers . . 8 flor. 10 fols — Maïtre de Quartier . 8 florins — Botrellier . y — Cuiflnier > ■ . 8 — Maitre officier qui com- par mande les matelots . 8 mois ■— fon Compagnon . . 6 — Esquiman .... 7 — Charpcntier .... 8 — Conflaple .... 8 ■— Bbfch Schieter ... 6" — Marfel 5 — Voilier 6  3o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES A PEcrivain 6 -j Au Chirurgien .... 8 — Prevot 8 — Tambour .... 5fl0r.ro fols p — Fifre 5—io -\m(™ — Matelots 3 — 15 — — Putger 2 !— Mouffes 1 — 10 — j (59) (59) Iliftoire d'Enldntifcn pige, 78 & 79. Pour avoir une idéé précife de 1'augmeiitation fur Ie falaire d'un Equipage d'un vaiffeau de guerre, voici ce qu'on paye actuellenient. Ceci eft copié d'après une lifte imprimée. Lifte des Officiers, Matelots & foldats qui feront Commandés par. ....... . Sur le Vaiffeau de Guerre N. Capitaine N. . . . ƒ 30: - par mois ; c'eft celui auquel eft confié le commandement en chef du Vailleau. Comme 011 eft dans 1'ufage en ce payvei de lui payer 7 fols par tête pour la nourriture de chaque Matelot & foldat , & 9 fols pour celle de chaque Officier par jour, fon profit principal confifte dans ce qu'il peut économifer fur lc total des fuhfi'lances. Capitaine cn fecond 100 Commandeur 60 Liautenant 30 Maitre 30 Premier pilote 36 Second pilote 30 Troifieme pilote ........... 18 Ecrivaiu 16 Catéchifle (faifant foneïion de Miniftre) ... 14 Maitie Officier qui conimaiide les Matelots . . 22 Son compagnon \C Efiujman i3 Son compagnon .....15 Premier Conftaple 22 Autre Conftaple 22  APRÈS LE XV SIÈCLE. 31 Au mois de Mai Pannée 1556 les MagilTrats nommerent M. Gerbrand Cloeting pour affifter de Second Conftaple !3 Son Compagnon !j Premier cbarpeiuier fiir un Vaiffeau du premier rang 42. & fur un moindre 38 Charpentier 24 Second .., Ir Maitres de quartier ig Voiliers x3 Second ^ Trompette 13 Premier Chirurgien 32 Second ^Q 3eme . dito . !^ Vitrier l2 Eotitcllier . !3 Son Comp.ignion j4 Cuifïnier !g Leur Compagnon ,^ Corporal Ptévot , I2 Tonnelicr I2 Commandeur des foldats. 14 Tamliour 12 Cadets J0 Matelots n Soldats 10 Mouffes de 4 i. 7 Ainfi formé par Du Confeil de L'Amirauté, rdfi- dant it Amfterdam. Je n'entre pas dans un plus grand détail fur la diifërence qu'il y a fur chacun de ces Articles, le Leéteur attentif peut 1'obferver par lui-même. Je vais m'attacher feulement itce qui regarde les Matelots. F,n 1555. un matelot eut pour falaire 3 ^ florins, ce qui fait, a. raifon de 13. ƒ pour lc mare, en poids d'argent, 2 onces & j environ.  32 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES fes avis Ie College des Echevins, avec un falaire de 75 florins 1'année. Cette même année on prit au fervice de la ville un chirurgien, a qui on donna par an 10 florins (60). E'ah J557 MM. ?es Bourguemaïtres cYEnkhuifen prirènt en fervice le nommé Koman Tsbrand, fils de Thomas, pour avoir la direclion des affaires du port, ordonnant qué journellement il vifireroit les Vaiffeaux qui y cntreroient ou qui fe trouveroient dans le port, & qu'il recevroit l'argent du paflage du pont: on lui donna par an pour cette commiffion 64 florins Caroli. Vers Ie même tems , Feitite fils de Jacob fut nommé Maitre de P Artillerie, avec un falaire de 10 florins par année (61). En 1562 on conüa au Penfionnaire M. Gerbrand Cloeting la direéfion de 1'Ecole Latine, moyennant un falaire de 150 florins par an, il devoit a fes fraix payer 2 fous-Maitres (62). En 1563 Franciscus Petrus Maakfchoon fut nommé Médecin de la Ville, avec des appointemens de 42 Aujóurd'mii (en 1777) il a 11 (lor. Ie Mare évalifé a 25Ï fl. fait en poids d'argent 3 onces & *? Enyiron. II a donc aujourd'hui plus d'une once en argent par mois de plus qu'il n'avoit cn 1555. (JSoj Iliftoire d'Enkhuifen, pag. 80. (61) Idem. pag. 81. (62) {dein, pag. 03, Le ReéVeur a aujourd'luu 600 ƒ par an de ia ville & de chaque Ecolier 3 florin 6 fols pour le quart de l'an. le Conrc&eur 500. & 3 f. 3 f. le prieccpteur 400. & f. 3.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 33 42 florins par an, a condirion qu'au cas de maladie épidémique, il foigneroit auffi bien les pauvres que. les riches de Ia Ville (63). L'an 1572 les troubles du pays étant déjh com-. mencés, & laRéforrnation prenant le deilus, ily eut dans la plupart des principales Villes beaucoup de confufion, de forte qu'a Enkhuifen la Régence fut. obligée de prendre a fa folde 350 Bourgeois. Elle accorda a ces nouveaux foldats un denier de fept fols piece pour 1'entrée de fervice. II ne fe trouvoit pas alors d'argent a 1'Hötel de ville, de forte qu'un des premiers citoyens, nommé Pieter Luitjesz Buiskes, qui fut la même année Bourguemaitre, débourfa l'argent néceffaire. Quelques jours, après les mêmes foldats fe rendirent a la maifon de Ville , & demanderent leur payement, menacant de quitter les arraes s'ils ne recevoient pas d'argent. Comme il ne s'en trouvoit point encore a la maifon de Ville, le même Buiskes leur compta leur folde encore de fon propre argent, ce qui les retint dans leur devoir (64). Boxhorn, en détaillant le prix du falaire des Ouvriers en Zélande dans le courant du XV Sie- (63) Hem, pag. 94. Le falaire du Médécin avoit donc déja augmen. té. Voyez 1 1'année 1553. Les deux Méd&ins & les deux Chiriir. jp'ens ont aujourd'hui a Enkhuizen 42* ilorins. (.60 Hiftoire d''Enkhuifen pag. 122. ty fuiy. C  34 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. de , continue a faire mention de celui du XVI. \, En 1574, dit-il, un ouvrier fortant de Zirck„ zée pour aller travailler a la journée, ne pouvoit „ avoir pour fon grand falaire', autant qu'il en avoit „ eu pour fon petit falaire en 1495, car toutes „ les parties des vivres dont j'ai fait mention fous „ le XV.Siècle, avoient enchéri confidérablement, „ fcavoir un huitieme de bied couta en 1574. 4 efcalins gros, un pot de vin 1 efcalin, un pot de „ biere a efcalins, une livre de beurre 8 gros, une „ certaine quantité de poiiPon 4 gros, & 1'ouvrier „ gngnant 3 efcalins 4 gros de Flandre, étoit court „ contre le produit de fa journée de 4 efcalins a „ gros. Voyez Boxhorn Tom. I. pag. 322 & 323. L'an 1578 la Communauté des Porteurs de Biere préfenta a M. M. les Bourguemaïtres SAmfterdam une Requête pour obtenir une augmentation fur leurs falaires: ce fut l'augmentation du prix fur les vivres & les Impöts qui les déterminerent a cette démarche, a laquelle ils furent encore pouffés par Pexemple d'autres particuliers , qui probablement avoient follicité de leur cöté. Voici en peu de mots la fubftance de leur Requête: Supplient humblement les Jurés de la Communauté des Porteurs de Biere, que Mesfeigneurs les Bourguemaïtres daignent confidérer, que lesdits Supplians n'ont point d'autres moyens de  APRÈS LE XV SIÈCLE. 35 fubfifter, que par ce qu'ils peuvent obtenir de leur travail; que n'ayant qu'un fol pour le tranfport de chaque Tonneau, ils fe trouvent obligcs, furtout les jours de Marché, de le débourfer pour les voitures, enforte que les Suppliants font le plus fouvent dans le cas de ne rien retirer de leur travail; qu'étant de pauvres gens, chargés d'une nombreufe familie, laquelle ils voudroient maintenir honnettement, & empêcher leurs femmes & Enfans de fouffrir la faim & la mifere; & qu'outre cela, le prix des vivres, du loyer des maifons, des Iaines, des toiles, des chandelles, des tourbes &c, ayant rencheri du doublé , & même du triple de ce qu'on les payoit autrefois, outre tous les nouveaux impöts dont on fe trouve malheureufement chargé, les Suppliants fe trouvent hors d'état de fubililer, fi MM. les Bourguemaïtres n'ont la bonté d'ordonner une augmentation de leur falaire. Cette Requête, dont les motifs font fenfibles, eut fon effet: Ie falaire d'un fol fut mis a un braspenning, ou 10 dutes, & celui de fix deniers a huit. Vers la fin du même Siècle, & dans le fuivant (65), on les augmenta encore, ainfi qu'on peut le voir par les di- (65) L'an 1595, & en 1617 les falaires des porteurs de vin & de biere furent hannes. Aujourd'hui on paye deux fols pour 1'entrée d'un tonneau [vat] dans la maifon, de quelque grandeur que foit le tonneau. Et le Braffeur eft chargé des fraix du tranfport. C z  36 Ck VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. verfes Ordonnances contenues dans Ie Livre des Privileges &c. que j'ai cité Note (28). Je pourrois citer encore plufieurs de ces exemples, furtout fi je m'étois attaché aux infonnations particulieres que j'ai été a meme de me procurer de plufieurs endroits,- mais j'ai préféré d'expofer ce que j'ai pu citer d'Auteurs connus & efiimés, afin que le ieéteur put par lui-même fuivre les détails oü je fuis entré dans les recherches que j'ai faites; recherches toujours pénibles, paree qu'elles demandent une attention & une affiduité particulieres, pour pouvoir comparer les prix des denrées , de la main d'ceuvre &c. avec la mefure générale, qui eft toujours l'argent eiTe&if. §. 3. De la valeur des Terres, et du prix des loyers. Extrait du Regiftre des informations faites a 1'occafion des impofitions en Hollande & en Wejl-Frife dans 1'année 1514 fol. 53 & ultra, concemant la Wefl- Frife feulement. Le 5 Article de Pint truétion concemant Ia valeur des Terres fituées dans la Seigneurie de Kennemer, gevolg Langedyk. Les Pafteurs & Régents ont déclaré fous ferment, que les terres fituées dans la dite Seigneurie & aux environs des Villages Noord- Scherwottde, Zuid-Schenvoude & Broeck, valloient 1'arpent,  APRÈS LE XV SIÈCLE. 37 Fun dans Pautre, environ quatorze Nobks a 50 ■fols piece. Et les Loyers a trois florins environ 1'arpent (66). Par un Acte imprimé l'an 1518 le 19 Avril, fait par devant les Echevins du Viilage de St. Pancras, fitué prés $ Alkmaar, il eft déclaré que le peu de bonnes terres que les Villageois pofTédoient dans ce voifinage, valloit trente-deux nobks, deux florins du Rhin, chacun de 40 gros, par arpent, 1'un dans Pautre ,• & que chaque arpent valloit en Loyer fix florins du Rhin quinze fols, & que l'on payoit pour fraix des digues, cherains &c. vingt cinq ibis & un liard par arpent (67). M.leBarondeSchwartzenberg, dans fon excellent Ouvrage Tome II., nous donne entr'autres chofes curieufes le montant des impöts qu'on payoit en Frife au commencement du XVI fiecle, fur toutes les terres fituées dans cette belle Province, & qui fe levoient au denier vingt-un des rentes annuelles (68); c'eft par ce moyen qu'un particulier demeurant en Frife, & au fait de la valeur des Terres, telles qu'elles fe trouvent aétuellement, pourroit facilement faire une comparaifon des valeurs des Terres & de leurs Loyers d'alors, avec celles d'aujourd'hui; chofe d'autant plus facile , que les (66") Informations d'un particulier de llurn. c67) Situation de TFeft - Frife par S. e i K e L E N B E R G pag. 97. [Ilj £Sy Livre des Chartres' de Frife. Tom. II. C 3  38 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Ecrivains Frifons que j'ai eu occafion de parcou» rir, m'ont paru trés - folides & trés - véridiques dans ce qu'ils ont expofé. Un pareil Ouvrage mettroit a même d'examiner fi mes idéés fur ce fujet fe trouvent vraies & fondées. Les lecleurs inftruits comprendront trés bien qu'il s'agit ici d'une valeur réelle en poids d'argent, & non pas en numéraire. Ceci peut auffi bien être appliqué au Bilan que le Souverain fait annuellement des charges, ainfi que des dépenfes : car je le repete, il faut tout voir dans fes rapports réels, & non fiétifs; il s'agit d'approfondir 1'avantage réel pour le total des habitans, & non celui de quelques particuliers feulement. Si les taxes montoient proportionellement a la valeur numérique de ce que l'on poflede, alors la chofe feroit de peu de conféquence; mais chez nous, chaque individu contribue aux charges de PEtat, non felon ce qu'il poffede de richeffes, mais a proportion de la confommation qu'il fait. Ce n'eft: pas une chofe indifférente pour le particulier que les impöts fur les vivres foient plus ou moins forts; un homme riche a millions, s'il vit avec (économie , ne contribue pas plus aux charges de PEtat, que le pauvre artifan, qui n'a que fes bras pour tout tréfor. Mais revenons a notre fujet. Par une lifte des biens que les Eccléfiaftiques de la Religion Catholique pofiedoient en 1510 , on  APRÈS DU XV SIÈCLE. 39 voit encore les revenus de plufieurs bien - fonds dans ces tems-la (69). Par un Contrat de vente palfé par Frere Petrus van Wel, Confeflèur &c.a Aaljum, en date du 28 Octobre 1527, on voit la vente ou 1'achat de douze Pondematen de terre fituée a Ferwolde, faite a Ulke Syreks, cum uxore, pour 329 florins, noramés Hoorntjes Guldens. Voyez la valeur & les re« marqués a Poccafion de cette Monnoyé, dont je n'ai pas encore fait mention, dans la Note fuivante (70). (69) Livre des Chartres de Frife, Tom. II. (70) Idem. Tom. II. pag. 536. Veuds dans fa Chronique, pag. 194. & 678 fait mention dn florin de Hom (Hoorns (luldenSi II dit que c'étoit une Monnoie, dont 104 fe tailloienr du Mare, mais de bas alloi, étant du titre de 9 Karats d'or fin. II arken rot 11 rapporto it Ia Chronique de Bcninga, pag. 532, qu'on avoit dans ces pays deux fortes de florins de Hom. L'un étoit originaire d''Eft-Frife, & valloit, l'an 15C0, 4 brebis, (fcliaap) 10 W ou 9 (bis (ftuirers'): mais les vieux lioriiis de Iloru valloient la même année ó brebis Qfchtu>.p~) 011 12 Ibis. Cet Auteur dit encore, pag. 471, que le druit de battre Monnoie a été depuis un tems immémorial un droit de Souveraineté chez tous les peuples, & qu'en Hollande il a appartenu aux Etats du pays depuis un tems trés reculé ; que lorfque ce pays fut érigé en Comté, ce droit fut cédé aux Comtes, fous condition cependant que les Comtes ne pottrroient fabriquer des Monnoies qu'avec l'aveu & concurrence des Etats. Mais ce feroit fans fondement que l'on prétendroit que les ha'uitants de laProvince de Hollande auroient fait fabriquer des Monnoies, & je ne penfe pas qu'on püt le prouver; non qu'ils n'en euffent pas le droit, mais paree que les circonftances ne le leur permirerit point. Le pen d'étendue de leurs Etats, la médiocre quantité d'or & d'argent, & 1'impuiffance d'augmenter fubitement leur Commerce , en furent les catifes naturelles , auxquelles on pouroit encore ajouter leur ambition trés modérée, rélativement a l'exteufton de la C 4  4o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Par Ie Teftament d'Epo van Lyaukema, fait le 16 Avril 1535, j'obferve qu'on y évalue quelques Pondematen de terres a Pieters - blerum appartenanc \ la maifon Lyaukema a 15 florins le Pondemate. Les terres propres a la culture des grains fituées h Foppen, auffi appartenant a la maifon de Lyaukema, h 15 florins le Pondemate (71). L'an 1546 on loua a Enkhuifen un emplacement pour y faire une Corderie, fix florins par an (72). L'an 1549. M. M. les Bourguemaïtres louerent a Klaas Klaasz un certain terrain fitué hors la por- puiffance fouveraine dans leur Pays. On n'a point de deniers plus anciens que ceux du Comte Florent 111, atixquels ont fuccédé ceux de fes fils Thierri VII & Guillaume I. On ignore oü les premières Monnoies ont été fabriquées; le tems & le lieu font également incertains; car quoique quelques anciens Privileges accordent ce droit it la Ville de Dordrecht, il ne s'enfuit pas qu'elle ait joui antériemement de ces privileges, dont le plus ancien eft de l'an 1064, & fut accordé it cette Viile par 1'Empereur Henri IV. Les premières pieces fur lesquelies on puiffe lirele nom du lieu de leur fabrication, font du tems de Florent IV , mort en 1235: mais ces efpeces font auffi bien fabriquécs it MidenHik qu'il Dordrecht. Les pieces exiftantes le prouvent. PoRérieurement it ce Comte, il y a plufieurs deniers qui ne font point mention de la ville oii ils ont été frappés. Dans les Chartres de Frife Tome II, on voit que le florin de Hom, (apparemment celui d'£/Z - Frife') fut de 124 au mare, & évalué it 12 fols. Voyez pag. 741. 19. Avril 1539. Les 329 florins dont il eft fait mention doivent être évalués it 12 fols piece: le mot de hoorntjes fignifie petite corne, ou peiite Coquille de mer; cc qui vraifemblement aura été la marqué de ces efpeces. Les armes de la ville de Hoorn font auffi une corne. (7O Livre des Chartres de Frife, Tom, II. pag. 668. (72) Hifloire $ Enkhuifen, pag. 71.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 41 te du Sud, pour y conftruire un Chantier , pour Ia fomme de treize florins (73). La Ville de Rotterdam s'étant confidérablement accrue par 1'augmenration de fon Commerce, le terrain renfermé dans fes murs a éprouvé, ainfi qu'a Amfterdam,plufieurs progreflions fucceffives dans le prix; enforte qu'a mefure que de tems a autre la Ville s'étendoit, les Magiflrats vendoient plufieurs fonds & emplacemens a divers prix. On en voit plufieurs exemples dans ce Siècle, & au commencement du fuivant. Voyez la Note (74). (73) HIftoire d'Enkhuifen, pag. 72. (74) Chronique de Rotterdam par S. L 0 is Edition de 1747. L'an 1584, die 1'Auteur pag. 101. &c, il n'y avoit it Rotterdam que quatre Moulins | vent pour"moudre le Wed ,& cinq Moulins i chevaux. La ville augmentant en profpérité, il y eut cn 1612,13 moulins a vent & 10 a chevaux. On trouve dans ce même Livre le détail de plufieurs ventcs dc fonds de terre en différentes années, qui nous donneront encore quelques exemples fur la différence des prix adtuels, d'avec ceux de ce ten*- la. L'an 1597. chaque emplacement de maifon fitué dans le Bankctjlraat fut vendu 100 florins : en 1598 chaque emplacement de 150 pieds de long fur 22 dc large fut vendu 160 florins; ceux de ico de lors fur 22 de large 100 florins. Toutes ces ven'res fe morftetent a 50C00 florins, dont on acquitta une dette de paréiBe fomme au denier 16. L'an 1611, 42 emplacemens f.ir le Leuve-haven furent vendus enfemble 18000 florins; chacun de ces fonds étoit large de 18 pieds, mais dc différentes profondeurs. En 1613 furent encore veridés des marais fur le Boompjes, propres ii faire des Chantiers, chaque emplacement long de 18,0 pieds fur 20 de large fut vendu 400 florins...: Nous paflbns fous filence plufieurs de ces exemples curieus 00 • 00 Quoique ccttc anecdote foit étrangeré il la matiere qui nous C 5  42 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Enfin par Ie moyen des informations que je me fuis procurées, j'ai feu que c'eft a la fin de ce fiecle que les grandes révolutions fur la valeur des terres & de leurs Loyers fe font fait le plus fentir dans nos Provinces. La raifon en eft toure naturelle, en 1589 parut 1'Ordonnance fur les Monnoies , lorfque le prix de l'or fe trouva augmenté fi confidérablement, & que le Mare d'argent fut fixé a 21 florins & 8J fols. Par exemple, aux environs $ Amfterdam une terre avec maifon , fituée proche du Diemermeer, avoit été louée en 1586 pour 60 florins, a condition que le locataire entretiendroit le long de fa terre la Digue, a laquelle cette Métairie ou Ferme touchoit. L'an 1593 elle fut louée pour 135 florins. Une terre de huit arpens, avec une petite maifon, fituée proche du Bylemer-Meer, a une lieue ó:Amfterdam, fut louée avant 1588 pour 30 florins & un petit baril de beurre, libre de tous fraix, hormis les impöts (Verpondingen). L'an 1588 cette même Terre fut louée pour 35 florins. L'an occupe, nous dirons cependant que dans le même Livre on voit qu'en 1582 l'Eglile Romaine adopta dans fon Calendrier le fyftême de L. Lilio Médécin de Vérone. La fête de Nuël, qu'on célébroit Ie £5 Décembre, fut mife au 15 du même mois, & la nouvelle Année commenea le 22 Décembre. On ordonna 1'exécution de cette réformc par une Bulle du 24 Fév. J582. Ce qui fut adopté en Hollande, 'en Flandre, &c.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 43 1593 pour 70: Pan 1599 pour 75, & dans 1'année 1602 pour 100 florins. L'an 1578 une terre de fept arpens , fituée a Sbterdyk, a une demi iieue $ Amfterdam, fut louée pour 6 florins; en 1584 pour 7; en 1588 pour 10, en 1590 pour 13, en 1591 pour 20, en 1592 pour 24, & en 1594 pour 40 florins, fous condition que le locataire payeroit les impöts, lefquels, felon que je 1'ai trouvé, montoient en 1588 pour 2 années a 9 florins 16 fols. II doit y avoir une infinité de ces exemples; nous voyons par ceux que nous avons cités que dans 1'efpace de huit ou neuf années les Loyers des terres monterent également au doublé, triple, & a plus (75). L'an 1597 le 29 Novembre une Métairie de vingt un arpens, avec maifon & hangard (endroit oü fe met ie foin de garde) fut louée pour 145 florins; en 1603 elle fut louée pour 150 florins. Cette terre efl: fituée fur ÏAmftel , a un quart de lieue $ Amfterdam (76) (& alors un peu plus loin). Une Métairie pareille & tout auffi proche de la Ville fe loue aujourd'hui pour . 800 ou 1000 florins. (75) Informations particulieres tirées d'anciens Regiftres d'unemaifon établie depuis long - tems a Amfterdam pour le foulagement des pauvres. (76) Idem. C'eft Ia Métairie de Meerhuizen.  44 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. 5.4.DE l'évaluation de quelques Articles particuliers dans le courant du meme SlECLE. L'homme qui veut approfondir les viciffitudes des chofes humaines , en renconcrera de grands exemples dans ce XVI Siècle. En effet, ce fiecle fera toujours celui oü fon efprit fera furpris des progrès que les hommes ont fait dans toutes les connoifiances qui font a leur portee. Les affaires rélatives au Commerce font celles auxquelles nous nous bornons. II feroit même trop long de le fuivre dans toutes fes branches. Je me bornerai feulement a deux ou trois exemples, qui m'ont paru afiez curieux, & qui méritent qu'on en conferve la mémoire. 1 °. Nous avons vu dans Ie fiecle dernier, combien dans nos contrées furent rapides les progrès qu'on fit dans la navigation. J'ai pour cela cité un exemple de 1'Hiftorien üEnkhuifen. Je continuerai de me fervir encore de fon Ouvrage, afin de faire connoitre l'évaluation de nos Vaiffeaux marchands de ce tems-la, & de rappeller au fouvenir des lecleurs combien 1'habileté des marins $ Enkhuifen fut alors en réputation. Environ ce tems-la [dit 1'Auteur] (en 1542) a 1'occafion d'une demande de la part de 1'Empereur , MM. les Bourguemaïtres repréfenterent au  APRÈS LE XV SIÈCLE. 45 Maitre des Rentes , que les habitans avoient perdu depuis 3 ou 4 ans, 16 ou 17 Vaifleaux, appartenant tous a des citoyens a" Enkhuifen, & valant enfemble une fomme de 80380 florins Caroli, ce qui avoit beaucoup influé fur Pe'tat des habitans, & leur avoit pour ainfi dire fait prendre le parti de ne plus faire de nouvelles entreprifes. Ils remontrerent encore que les Revenus de la Ville ne fe montoient pas a plus de 2700 florins ; qu'ils étoient chargés de 1300 florins de Rentes perpé» tuelles, & de 625 florins de Rentes viageres; qu'ils avoient outre cela des dépenfes continuelles a faire a la Ville & au Port, qui exigeoient par an au moins 1600 florins Caroli, fans compter les impofitions ordinaires , & les demandes extraordinaires de Sa Majefié. Pour vérifier la perte faite fur mer, on ajouta aux Remontrances la note fuivante: Vaifleaux Péris. Un nommé Karvelf'chip, de 300 Laft, appartenant a Klaas Jacob Blaeuhulk. évalué a 7000 florins Caroli. Un petit, dont le maitre s'eft feul fauvé 800 ——— Un neuf, de 100 Laft . . . 3000 Un idem, de 250 .... 8000 Un petit 500 ■ Un petit 500  46 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Un grand de 200 .... 7000 florins Caroli. Une grande Carvelle de 300 M. 7000 , Une - de 225 . 4000 (ie feu prit a celle -ci par accident devant la Ville.) Une autre 3500 florins Caroli. Un autre VaiiTeau .... 2500 . ' Un de 200 laft 5000 Un autre de 250 , . . . 6000 Une Carvelle neuve de 250 . 6500 • (périe avec tout 1'équipage.) Une autre Carvelle de 300 laft 7000 florins Caroli. Une autre de 300 .... 8000 Une Carvelle neuve de 300 laft 10080 — &c. (77) Le même Auteur, fous la date de 1'année 1551 ,a notté, que la Ville $ Enkhuifen avoit c5o gros Vaiffeaux de mer , 200 Vaifleaux du Rhin, & outre cela plufieurs batteaux pour la pêche des Harangs. Mais ces forces de mer furent bientöt diminuées, par la guerre qui furvint peu après avec la France-, car avant la déclaration de guerre, 3 gros Vaifleaux £ Enkhuifen, valant au dela de 26000 florins,, furent pris; & depuis la déclaration ils perdirent encore deux Vaifleaux, propres a la pêche des Harangs, valant au dela de 1800 florins, & en 1551 (77) Hifloire iCEnkhuifen, pag. 63.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 47, & 52 par les défaftres de la mer, 4 gros Vaiffeaux, qui valloient au moins 20000 florins. Ce perit détail, avec ce que Pon trouvera au Chapitre fuivant, fuffira pour nous donner une idéé de la valeur des Vaifleaux de ce tems - la. Le bois & les autres matériaux propres a la conftruclion des Vaifleaux font depuis le XVI Siècle fi confidérablement augmentés en prix, qu'on a de la peine a en croire fes propres yeux. Ce qui valloit en 1550, 900 florins,en vaut aujourd'hui 7000 (78). Mais rien ne doit plus furprendre, lorfqu'on fait réflexion aux différentes révolutions arrivées depuis ce tems-la. Revenons au fecond objet de lïlifiorien d''Enkhuifen, fcavoir a la réputation que les habitans de cette Ville s'étoient déja faite dans Ia navigation. Charles dAutriche , Souverain de ce pays , voulant fe faire reconnoitre en Efpagne Roi de Cafiille & des autres Royaumes qui lui 'étoient échus, vint a Middelbourg en Zélande l'an 1517, d'oü il fe mit en mer pour fe rendre en Efpagne le 12 Aoüt. II voulut que ceux d'Enkhuifen le tranfportaflènt , ainfi qu'ils le firent, ayant une en- (735 Hifloire d''Enkhuifen, pag. 73. P. ygf. rsbergen dans fa Chronique de Zélande, dit a 1'année 1533, que dans cette année on commenfa en Hollande & en Zélande a. couvrir les Jluyzen qu'on employoit fi la pêche des Harangs; car tous ceux que l'on avoit fabriqués & équipés avant ce tems-Ia, n'avoient pas d'atttre tillac que quelques planches, & une voile par deffus.  48 Ch. VUL DU PRIX DES DENRÉES &c. tiere confiance dans leur expérience fur la mer (79). a°. Si Pexpofé de la valeur de nos Vaifleaux marchands du XVI Siècle nous jette avec raifon dans quelque furprife, lorfqu'on la compare au prix de ceux de nos jours, nous ne ferons pas moins éconnés de la prodigieufe diffcrence qu'on trouve entre le prix de ce que les maifons qu'on faifoic batir coutoient alors, & entre celui de nos jours. Notre Auteur de 1'Hiftoire ^Enkhuifen va nous fournir encore quelques exemples a ce fujet. L'an 1531 on éleva a Enkhuifen une Tour & une muraille longue de 35 toifes, allant de la porte du Nord vers 1'Orient au Zuiderzee., ce qui couta alors en tout 2362 florins Caroli (80). L'année d'après on batit encore une petite Porte, ainfi qu'une grande Tour ronde, avec 27 toifes de muraille du cöté Oriental de celle qui avoit été faite l'année précédente, jufques dans le Zuiderzée, ce qui couta a la Ville 2741 florins. Tout eet ouvrage fut aflis fur un fondement de poutres de bois d'aulne, fur lequel on batit un focle de 20 a 25 pieds, enforte que 1'ouvrage de deflbus couta autant que celui de deflus, encore 1'ouvrage du cöté de la mer fut-il partout reyêtu de pierres dures de (ycf) Iliftoire d'Enkhuifen pag. 47. (80) Idem, pag. 54.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 49 de Bent/hem , & par en haut de pierres de Leyde (8ï> L'année 1534 on éleva une Tour d'une moyenne grandeur, avec une muraille, partant de la partie du Nord vers 1'Occident, longue de 35 toifes. Ce rempart couta a la ville 3258 florins Caroli. Dans ce tems-Ik le Comte de Hoogftraten, Stadhouder de Hollande, ordonna de faire encore quelques ouvrages du cöté du Sud de la ville. En conféquence de eet ordre l'an 1535 on fit trois Tours , deux petites & une grande , garnies de murailles de chaque cöté, 1'une regardant la mer, Pautre le port, de la longueur de 51 toifes, ce qui coma 5133 florins. Nous rapportons cela, dit i'Auteur, non comme chofe de grande importance , mais pour conferver feulement le fouvenir de ce qui fe paffoit dans ces tems-la (82). Lorfqu'en 1536 1'Empereur fit prendre des informations fur la fituation de certaines affaires, MM. les Bourguemaïtres remontrerent, que les habitans (81) Iliftoire d''Enkhuifen, pag. 54. (82) Iliftoire $ Enkhuifen, pag. 58. Pour eer ouvrage 011 avoit employé 800 mille Briques. Voyez page. 6. qui couterent 1200 florins 4000 Pieds de pierre .de Bentliem, . . . 600 E.t en Boifage. . .... 400 ƒ 2200 En calculant la chaux & les falaires il ne feroit pas impoffifale', pour üneperlöntieemendue & fur les liettx, d'en faire un objet decomparaifón. D  5o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. de la Ville avoient fait fouvent de grandes pertes fur mer, & que la Ville avoit fait des dépenfes confldérables en batifles; qu'ils avoient fait vouter dans le courant de l'année trois grandes Tours, & que les Remparts avoient été nouvellement réparés, avec nouvelle terre & palliflades, ainfi que du cöté de la Mer, dont les glacés en hyvcr avoient beaucoup endommagé les pilous, ce qui en tout avoit coüté 1700 florins. Dans ce même tems on fit aufli des dépenfes par rapport aux digues, on y employa un terrain d'environ 175 arpents. Nous avons vu a Partiele du prix des denrées &c de ce fiecle combien couterent en l'année 1536,800 mille pierres de Leyde. Dans le même tems, continue 1'Auteur, 4000 pieds de pierres-de Benthem coutoient a Enkhuifen 100 Livres de gros, c'eft-adire 15 florins Caroli les 100 pieds, non compris la chaux, les falaires &c. Le même Hiftorien donne dans la fuite le détail d'un nouvel ouvrage a faire du cöté du Sud de la ville, vers 1'Occident, hors de la porte du Sud, fcavoir, une nouvelle tour & des murailles flanquées de tours de diftance en diftance, jufqu'au Wefterporte, qui conduit a Grootebroeck, ouvrage long de 200 toifes, & qui leur avoit été ordonné par le Comte de Hoogftraten. Cet ouvrage conftruit  APRÈS LE XV SIÈCLE. 5r partout fur des pilotis de bois d'aulne devoit revenir a 14 ou 15000 florins Caroli (83). Je terminerai eet articie en remarquant que notre Auteur nous a encore confervé le montant des fraix que couta le pavé du chemin. En 1552 0n pava le chemin depuis la maifon habitée par Pieter Landimans, jufqu'au nouveau port , a raifon de 3 florins par toife quarrée , tout compris. Les Bourgeois fournirent 1 florin par toife pour fubvenir aux fraix, & h ville 2 : ce chemin n'avoit point encore été pavé (84). Je pourrois m'étendre encore davantage, mais ces exemples fuffiront pour donner une jufte idéé des différents prix des chofes dans ces tems - Ik. Difons maintenant un mot des droits , des impöts & des charges , pour completeer la comparaifon des tems paffes aux nötres. L'an 1507 Enkhuifen étoit feulement chargée de 76 florins 2 fols de Rente perpétuelle, & de ƒ 520-4. de rente viagere; ce qui fe trouvoit encore en 1536" monter a environ 800 florins du Rhin, avec cette différence, qu'il y avoit plus de Rentes pcrpétuelles que de viagcres (85). L'année 1515 k Ville ayant fouffert conlidérablement par les inondations, on fit des Rémontran- (83) Hiftoiie SEnkhuifen, png. 62. (84) Hem, pag. 74. (85) Utmt pag. 41. D 3  52 Ck. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c ces au Souverain & a fon Confeil, afin de trouver un moyen de fubvenir aux fraix des digues, attendu que la plupart des cicoyens forcoienc de la Ville pour fe louflxaire aux charges auxqu'elles ils devoient contribuer. Le Prince ne connut d'autre moyen que celui de lever des nouveaux impöts; il permit par Lettres a la Régence de lever quelqu'argent par le moyen de Paccife, qui fe régla de la maniere fuivante: on prit la valeur d'un fixieme fur tout le vin qui feroit confumé dans la Ville, un fol fur chaque laft de Bied & de feigle, dont une partie fortiroit de nouveau de la Ville, 3 fols d'un laft de feigle con; fumé dans 1'enceinte de la Ville, d'un tonneau de fel 1 fol, a condicion que la Régence emploiroit les deniers qui proviendroient de ces droits a batir ou h réparer par tout oü la néceffité le demanderoit le plus , & qu'elle en rendroit compte au Prince (86). L'an 1526 la Régence de la même Ville d''Enkhuifen exempta les particuliers qui établiroient des Fabriques de raffineries pour le fel, de payer des droits d'accife, lorfqu'ils le vendroient en détail par mefure du quartier, mais ils n'étoient pas exempts pour les ventes qui fe feroient avec des mefures plus petites. (86) Hiftoire d''Enkhuifen, pag. 45.  APRÈS LR XV SIÈCLE. 53 Enfuite(en i53i)onmic de nouvelles refirictions 3i eet article, mais de peu d'imporrance (87). En 1549 pour fubvenir aux fraix d'un port nouvellcment conftruit, le Prince permit que la Régence levat un droit fur chaque Vaiffeau qui viendroit ou hiverner ou charger dans le port; que de chaque laft on payeroit 3 fols gros de Flandre, & cela pour 1'entretien du port; en reconnoiflance de kqueile permillion la Régence j'obligeoit a payer au Maitre des Rentes, ou Receveurs du Prince, ïo florins Caroli de 20 fols piece, par an. Cette permillion fut accordce a Bruxelks le 23 Mai de la meme année. Dans ce même tems la Ville SEnkhuifen at firma pour 8 ans le droit fur les Eaux dc vie, qui ne fe montoient alors qu'a 42 florins l'année (88). En 1553 la Régence follicita de nouveau Paug- (87) Hifloire d'Enkhuifen, pag. 51 & 53. En 1531, les Fabriquaiy co.ivinrent entr'eus de ne vendre que par tonneaux en tiers; on deVv it faire melurer Ie fel par des hommes admis & recus avec ferment. En 1536 il y avoit hors de la ville Al Enkhuifen quatorze Fabriques pour raüner le fel. Pour donncr ici un exemple frappant de 1'accife que l'on paye aétuellement fur Ie fel, voici 1'expofé de ce qu'il en coute pour un fac de fel [120 Livres] a Amfterdam. f"Achapt d'un fac de fel 1 flor. 17 fols £•» !7/7- ^impöts ou droits d'accife & Ie fceau. . 1 17 ƒ 3 - 14 Deforte que les impöts fur cette denree fe moment aufli haut qu« la chofe même. (y'è) Mem, pag. 72. D 3  54 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. mentation des droits d'Accife pour fournir aux dépenfes continuelles, ce qui fut accordé en partie; fcavoir, qu'on pourroit lever de chaque tonneau de biere braiTée dans le pays : De Ia qualité de 20 fols & plus bas 6 fols *"~~ ' 21 a 29 . . . 9 ' 3° a 39 . . .10 1 40 & au-deffus . 12 8 den. Ceci étoit Je droit fur les Cabaretiers, car pour ce qui regarde les Bourgeois , il étoit réglé de la manïere fuivante: De la qualité de 20 fols & plus bas 6 fols 21 h 29 . . . 9 " '~ 3o a 39 ... 7 8 den. " 1— 4° & au-deffus . 10 Des Bieres étrangeres, tant fur les Bourgeois que fur les Cabaretiers 3o f0jg De Biere d'Angleterre, de Hambourg, de Ureme, & de Roftock. . . . . . 15 fols De route forte de vins qui feroient confumés dans la ville & dans fon diflrict, Ie ciuquieme denier , au lieu du fixieme, comme nous avons vu qu'on le donnoit ci-devanr. Le tout pour le terme de 9 ans, & fous cette condition fpéciale, que la plus grande partie des intéreffés y devoit confentir, & que les Suppliants payeroient en reconnoiffance de la per-  APRÈS LE XV SIÈCLE. 55 miffion aux Receveurs de 1'Empereur 12 Livres {Ponden) de 40 gros par an (89). En 1560 la Régence, afin de fubvcnir aux fraix d'un nouveau port pour les pcchcurs, follicita la continuation de l'Oclroi accordé en 1553 par le pere du Souverain alors régnant. A cette occafion ils demanderent auffi de pouvoir mettre un droit fur les Grains qui fe confumoient dans la ville & dans fon diftricl. Le Prince 1'accorda pour le terme de 12 ans, & permit de Ie percevoir fuivant le tarif qui fuit : D'un laft de bied 4 fols de feigle 3 ; d'orge 2 8 den. d'avoine 3 gros D'un tonneau de fel ... . 1 fol Et toujours fous la condition que les Citoyens donneroit leur confentement. Le privilege en fut fïgné le 1 Oétobre de l'année 1561 (90). 11 ne fera pas hors de propos d'appuyer ces exemples par un autre du même genre. Voici donc ce qui fe pafla dans ce fiecle dans la ville SAlc- (89) Iliftoire £ Enkhuifen, png. 77. (90) Idem, pag. 91. Aétuellement 011 paye pour 1'Impöt de la Provirice,du feigle qu'on conlüme,52 flor.9fols6 den. pour le laft,& pour I'accifede la Ville 5 flor. 5: 8 fols le laft. Et du froment ƒ104. 18. 12. & f 16. 4. Au IX. Chapitre on peut obferver les taxes de notre üecle Sur plufieurs autres articles. D 4  56 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. maar, ville encore aujourd'hui floriilunce dans Ia Non ■ Hollande. En 1507 on alloua Ia veille de Noè'l, fuivant le Compte des Tréforiers de cette ville, le droic d'Accife fur le vin pour le terme de 13 mois, le mois fuppofédeoSjours, a raifon de 65 Livres (Ponden). L'Accife de la Biere pour 182 jours h 19 £ de ces livres par jour; Livres (Ponden) L'Accife des grains a .... 149 le mois ■ des Draps 28 des Tourbes & Bois . . 40 de la viande . . . .352 l'an. (91) L'an 1531. le 26 Juillet il fut ordonné de la part de laMagiftrature, que chaquecitoyen dela ville payeroit un doublé fol par ferriame de chaque 100 florins qu'il poffédoit, & que l'on feroit pour cela eftimer les maifons & les meubles par d^s Commiffaires nommés a cette fin; on taxoit au doublé dès le lendemain quiconque ne payoit pas au jour limité, & on fêviflbit contre le premier qui parloit trop ouvcrtenient fur cette dure impofition. Cet argent devoit fervir a fortifier la Ville (92). L'an 1537. 1'Accife de la biere fe montoit, d'après les quittances, a 12 florins du Rhin & un Braspenning. (ni) Hiftoire $ Alcmaar, pag. 51. (92; Idem, pag. 75.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 57 Par les comptes de Jacob Willemz en de Dirk van Teyl'wgen , Trcforiers, commencant la veille de Noël en 1536 & finiüant en 1537, également la veille de Noël, on voic que Pacciïè du vin étoit montce a 358 liv. 6 celle de la biere a 2709 liv. 12$, celle du bied 1397 liv. 18 $ 7 gros, celle des draps a 279 liv. 10 gros [ce qui prouve que lesFabriques étoient alors en vigueur]; celle des tourbes & du bois a 246 liv. 10 J5, celle'de la viande 156 liv. celle de Peau de vie 19 liv. Toutes ces liv. (Ponden) de 40 gros. Dans ce meme tems fes Douannes, dont le revenu fe percevoic au profit de la Ville dans le grand Marché, fe montoient a 108 liv. (93). Dans la guerre que PEmpereur eut contre la France, la ville d''Alcmaar fut obligée d'accorder plufieurs demandes que fit S. M. Pour y fatisfaire, les Bourguemaïtres & Confeiliers mirent fur tous les biens des particuliers une charge de cinq fols, fur chaque 100 florins par demi an (94). Enfin, dit PAuteur, „ Le Roi Philippe , Pan „ 1558, commenca a épuifer nos principales fa„ milles , pour exécuter fes odieufes entreprifes, (93) Hifloire $ Alcmaar, pag. 89. (94) Idem, pag. 90— 120. L'an 1553 on fit de la part de PEmpereur une demande extraordinaire de 300,00:1 florins ; pour y fatisfaire , les habitans durent contribuer du dixicme denier de leurs in> ineubles, comme maifons & terres. D 5  58 CS. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. „ fous Ie prétexte de Ia guerre qu'il avoit a foute„ nir contre Ia France". Par une Ordonnance de ce Prince, on voit qu'il demanda a fes fujets des Pays-Bas de 1'affifter en argent, par forme d'emprunt: a cette occafion il y eut un comité. Par devant les Commiflaires du Roi comparurent les perfonnes ci-nommées: F. van Teylingen, A. Pieterszoon Sel, Lucas Andrieszoon, &c. & les Régens de la vieille Cour, autrefois nommée le Couvent de Sainte Cathérine, &c. Lesquelles déclarerent confentir a prêter au Roi par forme d'emprunt, fcavoir F. van Teylingen 200 Livres, A. Sel. 100 Livres &c. faifant enfemble iooo Livres {Ponden') de 40 gros: 1'emprunt fe fit pour un an;mais la guerre étant devenue plus longue & plus difpendieufe, on commua le rembourfement en une rente au denier 16. (95). Terminons ce Tableau des révolutions fur les prix des denrées &c. par des réflexions générales, rélativement a ce qui s'eft pafTé dans le courant du XVI fiecle. C'eft dans ce fiecle, lorfque 1'Europe fut devenue infiniment plus riche en or & en argent que dans les fiecles precédents, que 1'homme, toujours avide dc richefTes, eut dü fans doute fe trouver au comble de la félicité; cependant jamais peutCos) Iliftoire d''Akmiiar, pag. 136.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 59 être le genre huraain, & furtout Phabitant de cette brillante partie dn monde , ne fut accablé de plus grands maux. Si Colomb, en revenant de VAmérique, nous préfenta d'une main les tréfors d'un nouvel Plémifphere, on eft affez généralement perfuadé que de Pautre il nous donna cette affreufe maladie qui n'eft que trop connue, & donc les ravages font d'autant plus terribles, qu'ils détruifent les fources mêmes de la vie. Le feul Monarque Efpagnol répandoit par fes Vaifleaux plus d'or & d'argent en Efpagne, qu'il ne s'en trouvoit dans le refte de 1'Europe; & malgré ces immenfes richefïès, le fucceiTeur de CharlesQuint , le Prince fans doute alors le plus riche & le plus puiffant des Nations Européennes , ne put ni par fes forccs de terre, ni avec fes forces de mer, ni avec tout fon or & fon argent, conferver ce petit coin de 1'Univers que nous connoifTons tous , fous le nom des fept Provinces Unies des Pays-Bas. Ses propres richeflès fervirent même contre lui. Les énormes dépenfes qu'il devoit faire continucllement, firent couler tout l'or & l'argent de ÏAmérique vers la Flandre, & éleverent enfin en Eurooe cette nouvelle Puifiance, qui s'eft rendue depuis fi refpeétable & fi utile. C'eft depuis la découverte du nouveau monde, depuis que les fleuves d'argent du Mexique, du Chili & du Pérou, & ceux d'or du Bréftl ont pris  6o CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. la route de PEurope, c'eft depuis cette mémorable époque, dis-je, que Pon a vu 1'Européen continuellement accablé d'impöts. II parolt donc, que plus on a, plus on veut avoir: Vélius, Hiltorien de Hom, fentoit bien cette vérité, lorfqu'il difoit: „ Celui-la eft riche, qui fe contente de peu, „ & non celui qui en poffédant beaucoup, a enco„ re de plus grands befoins; paree que le peu qui „ manque au premier, peut être bien plus facile„ ment rempli, que la fomme immenfè des défirs „ du dernier". Charles-Quint, ce Prince fi puiflant, & fur les terres duquel (fi Pon en croit le proverbe) (96) le Soleil ne fe couchoit jamais, fut obligé de demander un jour (en 1537) un fubfide extraordinaire dargent aux habitans de la Province de Frife. Les Repréfentans de la Province, qui en 1531 lui avoient fait de leur propre mouvement un préfent de 14000 florins Caroli (97), lui firent alors de trés humbles Rémontrances (98), cn lui expofant les malheurs & les pertes qu'ils avoient effuyées depuis 1515 par les guerres ruineufes qu'il avoit entreprifes. Cependant pour témoigner leur fincere attachement a 1'Empereur , ils réfolurent (99) de fj)S) Voyez Moreri, pag. 136. de la Lettre E. (97) Chartres de Frif:, Tome II. pag. 579. (98: Hem, pag. ;cB & 713. C9 1 1 a p 5 727 on trouve ce qui Te pafla lc 18 Avril 1539, & jours fuivans it Ia bietie que les Etats de Frif» tinrem fur cette im-  APRÈS LE XV SIÈCLE. 6t faire un dernier effort en fa faveur, mais fous Ia condidon d'une promeffe de fa "pare, fur plufieurs articles concemant leurs Droits, Privileges, & Prérogatives , conditions que le grand CharlesQuint fut obügé d'accepter (ioo). Quel exemple pour 1'homme qui penfe! On voit ici le Frifon dans toute fa fplcndeur, même au milieu de la détrefle. Ce peupie ami de la liberté fcait Pacheter au poids de l'or, quand il ne peut la conferver autrement. Qui étoit le plus grand dans ce moment la?Etoit- ce Charles ou le Fris o n ? Enfin il faudroit trop de tems & plus d'un volume pour faire la defcription des révolutions que le Commerce en général & les affaires des finances en particulier, fubirent dans ce fiecle, j'aurai occafion de dire encore quelques mots fur ce dernier objet dans mon fecond Volume. portPnce affaire. ii eft aremarquer furtout, combien fut grande la fermeté des Frifons, qui ne voulnrenc jamais donncr de coniëntement avant que les articles ne fulfent réglés de part & d'autre, malgré les promefiës que leur firent les Commiffaircs, que 1'Ëmpereur auroit égard it leurs conditions, lorfqu'ils atiroient confenti au fübfide demandé. Le Stadhouder & les Comraiffaires n'affiftercnt méme pas a leur aflemblée ,• de forte que les Repréfentans nationnaux titirent leurs conférences entiérèment libres. ii feroit trop long de détailier ici tous les articles qui y furent agités j cependant on peut affurer qu'ils font curieus & intéreffans, & qu'üs méritent d'ètre confervés ï la poftérité. Ce font de ces pieces qu'on ne peut trop connoitre , lorfqu'on vtttt fe former une jufte idéé du peupie Frifon dans le xvi Siècle, & fous un Regne tel que celui de Charles - Quint. (100) Chartres de Frife, Tome ii. pag. 753. i3 Juin 1539, Voyez encore la lettre de la Reine Marie, it la page 757 & fuivantes. La  62 CA. VIII. DU PRIX DES DENREES &c. XVII SIÈCLE. §. i. Du Prix de différentes Choses. Nous avons vu au Chapitre VI qu'a la fin du XVI Siècle le mare d'argent valloit déja entre 21 & 22 florins. Nous venons de voir que le prix des denrées,de la mam d'ceuvre &c. s'étoient confidérablement reflènti de cette étrange révolution , principalement fur l'argent: nous allons voir maintenant fur quel pied le prix de quelques articles s'efl- encore établi dans le cours de ce Siècle. La cherté fur les grains, qui eut lieu fur la fin du fiecle dernier, continua au commencement de celui-ci. En 1602 le feigle fe vendit 68 florins d'or, & en 1603. 80, mais ce prix diminua enfuite, car en 1605 il ne valloit plus que 40 a 44 • ii Amfterdam même il fut payé 47 florins d'or par les Adminiftrateurs desEtabliflèments publics(ioi). Diette du 3 Aoüt 1539, & furtout la Copie de 1'inftruction donnée a MM. les Députés vers la Reine Mark Douairière de llonrnie Regen te, fous la même date, par laqttelle les Etats dJclarerent qu'ils exi, geoient Acte du privilege, cachoté ft dans les formes requifbs fans chmgement d'attcuns articles , & m cas de refus de ces conditions. les Députés étoient deftitués de leurs pouvoiis , ft PEtat ne devoit pas acquiefcer aux demandes; mais que, fi les conditions étoient acceptees, les Députés ft commettans pouvoient promettre au nom ds pays 4000* florins Caroli, & en palTer Acte en forme. CioOViura Chronique de Hom pag. 625. Et In&rnwioh particutoe, aréedes Livres d'une Maifon établie a Amflcniam pour le foulngeinent des pauvres.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 6*3 J'ai déja dit a Partiele du prix des denrées &c. dans le fiecle dernier, que je me fuis attaché a citer différens articles que j'ai trouvés dans des Auteurs publics, & qui font a la portée de tout le monde. J'aurois volontiers continué fur le même pied, fi j'avois rencontré ces objets dans les Auteurs du pays: mais a mefure que Pon approche de notre tems, un détail exact fur le prix des vivres nous manque; ceux du moins que j'ai pu me procurer, n'en font aucune mention, & nos Annales, qui les ont exactement nottés, ne commencent qu'a l'année 1747; ainfi j'ai été obligé de recourir, furtout pour les prix du froment & du feigle dans les XVII & XVIII fiecles, a des informations particulieres. A Amfterdam ces détails font beaucoup plus difikiles a fe procurer que dans d'autres pays, tels que la Flandre, le Brabant &c. Les Couvents & les Communautés font ordinairement les feuls endroits oü l'on conferve avec foin ces fortes de chofes, & les feuls peut-être oü on les trouve avec quelque exactitude. J'ai cependant été afiez heureux pour me procurer plufieurs détails de deux des principaux EtabliiTements £ Amfterdam. En 1605 a Amfterdam la chaux fe payoit 3 florins 5 fols le chapeau. 5000 dubbelde rode fteenen [efpece de briques rouges] & 400 tuiles , coütoient f 65 -12; 2200 briques [moppen] ƒ'17-12; 13000 briques de Gouda 40 fols les 1000, 24000  6*4 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. ra/e fteenen (briques rouges) ƒ4-16 les icoo; 30 poutres [Noordfc/.-e Balken] a 11 florins piece , 400 blauive Jleenen (pierres bleues de 14 pouces) 40 florins les 100. II fut payé par les Adminiftrateurs des Etabliflèments publics en 1604. 61 florins ia fols pour 784 paniers de tourbes, & en 1605, 28013 paniers couterent 2914 florins (102). L'an 1608 les vivres enchérirent de nouveau, mais particuliérement le laitage. A Hom le Tonneau de beurre fe vendit 112 flerins, & le fromage 13. (103), prixinoui jufqu'alors. J'aurois pu faire mention plus fouvent du prix de ces articles, mais comme ils dépendent ordinairement de certaines circonflances particulieres, telles qu'un fubmergement dans certains cantons , une mortalité de beflïaux &c, je ne m'y fuis pas tant attaché. Au refte les articles que j'ai rapportés pour fervir de comparaifon, fuffifent pour affermir la bafe fur laquelle mes principes fe trouvent établis. L'an 1620 le feigle, dit Velius (104), fe vendit encore une fois a 44 florins d'or, ce qui depuis quelques années n'étoit pas arrivé, & ce qui n'eut plus lieu dans la fuite , excepté en l'année 1669. (102) Information particulieres ci - deflus. 0°3) V é l 1 u s Chron. dc Hom, pag. 534. O04) Idem, page 595.  APRÊS LE XV SIÈCLE. 65 1669. Twisk dans fa Chronique fous l'an 1620 faic menrion de 50 florins d'or. On éprouva en l'année 1623 une nouvelle chercé fur les vivres. Le Maatrat d'' A^nfterdam pric a tems d.'s fohis pirticuliers pour prévenir le renchériifiment & les Monopoles fur les vivres. On s'écoit atteniu que le prix du feigle diminueroit pendant 1'Etc, paree que la récolte promettoit beauco ip; mais il y eut une telle mortalité en Pologne, que l'on y manqua de monde pour faire battre le bied; & la fécherefle y fut fi grande, qu'on ne po ivoit pas tranfporter par eau les grains a Bantzick, ce qui les fit encherir encore d'avantage, & occafionna qu'a Amfterdam le feigle fe vendit en Automne 170 florins d'or, & même plus cher. On paya 200 florins d'or (die Commelin) (105), ce qu'on avoit eu trois ans avant pour 40 & pour 45. Cette cherté continuajufqu'au premier d'Avril de l'année 1624 , auquel tems plufieurs Vaiffeaux chargés de grains arriverent avec une charge de 4000 laft; peu après il en arriva auffi de France, de forte que le prix baifli jufqu'a 140 fl >rins d'or. Dans le mois d'Aouc de Ia même année 1624 il arriva encore beaucojp de grains de la Mer Baltique & des ports de France, enforte que le feigle (105) Defcription c\'Amfterdam, page 1175. E  66 CL VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. fe vendit a 120 florins d'or, & vint encore a plus bas prix. L'année fuivante le prix refta a-peuprès de même; mais en 1626 la cherté recommenca, furtout en France & en Flandre (106). En 1627 le Rei d''Efpagne crue avoir trouvé le moyen de mettu a *a raifon les habitans des Sepi Provinces Unies. II députa un Officier en Pologne, pour folliciter le Roi de fermer 1'entrée de fes Etats aux habitans des Pays-Bas; mais cela ne réusfit pas, car on fentit en Pologne & en Pruffè que ce feroit ruiner le pays & anéantir entiérement les revenus des douannes; d'autres circonflances particulieres traverferent encore les deflèins de Philippe, enforte que le feigle s'achetta encore la même année a 90 florins d'or (107). A la fin de l'année 1628 on défendit la fortie des grains des Pays- Bas, par la crainte qu'on y eut d'une cherté prochaine ; en effet , deux grands fléaux, la guerre & une maladie contagieufe, affligerent nos Pays au point que le froment fe vendit 208 florins d'or, le feigle monta enfuite a 250, & en 1630 les prix monterent encore bien plus haut. Dans ces tems (dit Commelin) le feigle s'achettoit ordinairement 80 florins d'or; mais' par la générofité des Magifirats, le Peupie a Amfterdam (ioój Defcription ö"Amfterdam ,ptige 1176. £S07) Idem Ibidem.  APRES LE XV SIÈCLE. 67 ne payoic pour un pain de feigle de 6 g§, malgré la cherté générale, que 11 fols ou environ, tandis qu'un pain du même poids fe payoit ailleurs un tiers de plus (108). En .1631 la cherté avoit un peu diminué, cependant le pain de 6 éê fe vendoit encore 10 fol?. L'année fuivante le bied revint a fon prix ordinaire. M. Commelin (109) en détaillant plufieurs fairs extraordinaires, fait auffi mention des fommes exceffives qu'on donnoit pour des fleurs en l'année 1636. Cette même année, dit-il, on acheta pour les prix ci - indiqués, Deux laft de froment .... 448 florins Quatre de feigle 558 Quatre boeufs gras 480 Huit Chochons gras 240 Douze moutons 120 Deux barriques de vin .... 70 Quatre tonneaux de biere de 8 florins 32 Deux Tonneaux de beurre . . . 192 Mille livres de fromage .... 120 Un lit & tout ce qui y appartient . 100 Un habit 80 2440 florins (108) Defcription d'Amflertem, page "77« (,109) Idem, pag. mi. E 2  68 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. 2440 florins Un gobelet d'argent 60 2500 Ajoutez-y pour une barque . . . 500 Enfemble 3000 florins Somme, ajoute - t'il, pour Iaquelle on ne pouvoit pas achecer un Oignon de tulipe. Car la plus fameufe fe vendit a Alcmaar 5200 florins; mais par Ia fagefle du Souverain ce commerce fut reftraint a des juftes bornes. L'an 1648 , connu chez nous fous Ie nom de Van de Paix, paree que dans cette année la paix fut conclue entre 1"'Efpagne & les Pays-Bas,après que ces derniers eurent afluré leur liberté par les armes, cette année, dis-je, fut trés humide, Phyver fut prefque fans gélée, & PEté fe pafla fans fécherefle; ainfi les fruits, les légumes & les grains fe gaterent; les prairies furent prefque toute l'année couvertes d'eau, enforte que les beftiaux ne purent y trouver leur nourriture accoutumée, ce qui fit rencherir tous les vivres, & particuliérement la viande de mouton. Le prix des grains fut cependant médiocre,eu égard aux circonftances; mais dans l'année' 1662 les bleds renchérirent au point que le prix d'un pain de feigle de 6 66 fut porté a 9 fols & un liard. Lés Magiftrats prenant a cceur  APRÈS LE XV SIÈCLE. 69 les befoins du Peupie , felon leur louable contume, publierenc le i de Mai, que tous ceux qui voudroient fe procurer des pains de feigle de 6 livres a 7 fols & demi, le pourroicnt faire , en venant chez les Commiflaires de Quartier (IVykmeefteren) recevoir de pc tics plombs marqués, qui fe diltribuoient a chaque familie , & avec lefquels on alloic chercher des pains chez les Boulangers, au prix indiqué; les Magafins de la ville fourniffoient a ces derniers des feigles a meilleur marché que les Commercans ne le vendoienc (uo). Dans le courant de cette année 1662 le lalt de feigle de Prujje fe vendit 260 florins d or Un laft de froment 315 a 320. Un lalt de bied farazin 36 livres de gros. Sept ans après les grains revinrent a bon marché. Le feigle fe vendoit depuis 50 jufqu'a 54 florins. Lc froment 100 florins le lalt, & le bied farazin 14 a 15 livres de gros. On achettoit les 100 03 de fromage de Frife a 5 florins. Celui de la NordHollande pour 7 & 7 §, & celui SEdam 8 florins. Un quart de Tonneau de beurre de Groningue fe vendoit 10 a 11 florins. Celui de Hollande 20 florins, & celui de Leyde 24. le vierendeel (111). En 1657, treize cent huit paniers de Tourbes, (ito) Dcrciiption rV'Amfterdam, page ii_r3. (ui) Daniël Willinks Amftddamfclie Arkadia, page 166.  7o Ch. VIII. DU PRIX DÉS DENRÉES &c. telles qu'on s'en fert dans nos Plöpitaux &c. couterent 27 florins les 100 paniers, & le portage 48 fols. Aujourd'hui une quantité égale de Tourbes, de la même qualité, & dont on fe fert encore dans les mêmes maifons publiques, coute 34 florins, & les fraix du portage &c. 65 fols. On peut voir a la fin de ce premier Volume Ie prix des bleds de quelques années, ainfi que j'ai pu les raffembler. Enfin voici les prix de divers articles, tels qu'on nous les a confervés, & pris du milieu & de la fin du XVII Siècle (112). L'an 1698 & 1699 [dit M. Isaac le Long] il y eut dans ce Pays une fi grande cherté, que malgré les précautions prifes par le» Magifirats d''Amfterdam, les prix des grains refterent toujours a un -dégré trés-haut. L'an 1699, on paya en Hollande, Pour un laft de froment de Zélande 560 florins. ■ Seigle de Prit ft e . 392 bied Sarazin . . 250 d'Orge .... 176 d'Avoine . . . 120 Enfemble 1498 florins. 012) Commerce $ Amfterdam, par le Aio ine de l' Esp ine, nugmenté par Isaac le Lont. Edit. dc 1763 [II] page 275,. ë Juivantes,  APRES LE XV SIÈCLE. 71 Et dans Pan 1700 on achetta pour cette même fomme tous les articles fuivans: Un lali de froment 240 florins. 1 de Seigle 126 de bied Sarazin . . . 102 d'Orge 60 d'Avoine 42 1000 livres de fromage de la meil- leure elpece 6"o 1000 livres de fromage de Cumin 25 Un Tonneau ou \ de beurre de Leyde 80 Une barrique de vin de France . 30 Une ancre d'Eau de vie . . , 12 Une ancre de GeUevre .... 8 Une ancre de vin ordinaire ... 12 Un habit neuf 2Q Un boeuf gras ou vache ... 70 Un cochon de 200 livres ... 20 Un couple de moutons gras . . 14 Douze poulets <5 Douze Coqs d'Inde p Douze Canards 5 Quatre Lievres 6fl. i2f. Quatre Cochons de Iait .... 5 florins. Douze Lapins 4 fl. 4 f. Cent livres de Perches .... 15 florins. ƒ 072-16fols E 4  72 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. ƒ972 - 16 f. Cent livres de Gardons .... 3 fl- 15 f* Dix Brochets, chacun d'une aune de long 3 florins. Dix Sacs de pois blancs ... 22 fl. 10 f. Dix de gris . . . 27 fl. 10 f. Mille choux 25 florins. Cent milliers des haricots . . . ib'fl. 15 f. Cinq cents paquets de Carottes . 2fl. 10 f. Dix huit morues fraiche* [Cabeljauyoen] 3 florins. Quatre cents merlans [Schekisfchen] 5 Dix boiflèaux de poires . . . 71". iof. Dix boiflèaux de ponames ... 4 florins. Dix boiflèaux de pommes d'hyver 9 Dix paniers de prunes .... 1 Mille livres de Cérifes .... 10 Un bouc de cinquante livres . . 3 fl. 3 f. Un laft de Plarangs 60 florins. Un laft de Morue 60 Un Cheval ....... 5° Une Chaife roulante 3° Cinq cents livres de petites Anguilles [PaUng] 230. 15 f. Cinq cents livres d'Anguilles [Aal] 25 florins. II y eut encore de refte a dépenfer pour quarante huit hommes chacun une Rysdaler .v- . . 120 Et pour les domeftiques . . * 10 fl. 16 f, Enfemble 1498 florins.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 73 Dans Ie tems de la cherté, en 16y8, on prit une notice de la quantité de bied qui fe trouvoit chez les Marchands a Amfterdam, & on défendit toute fortie des grains fans la permiffion de la Régence. On diftribua au Peupie des plombs qui portoient 1'empreinte des armes de la Ville, avec lefquels on alloit acheter chez les Boulangers le pain de feigle a moindre prix que celui qui avoit été limité, a Pordinaire, d'après le cours du bied, au mois d'Octobre de 1698. %. 2. Du Prix de la ma in d'ceuvre &c. A la fin du fiecle dernier le prix de la main d'rxuvre avoit déja hauffé comme le prix des chofes, ainfi qu'on a pu l'ob.'èrver: la Notice que j'ai prife fur quelques articles concemant les falaires des Ouvriers, y ajoutera un nouveau dégré de confirmation. La Mouture d'un laft de feigle couroit en 1603 4 florins 8 fols (113). C113) L'an 1579 le 31 Aoüt, par une Ordonnance, le falaire pour la moutuie dtt feig'e avoit été limité it 1 (bis par muid. Du fiotnent & d.i Bied farazin a un Pier Tar ..u 5 gros. Voyez les Livres des Ordonnances Privileges & Coutumes d'/fefterJam Edit. de 1-4s, a la pag. 38S. En 1683 le 3 Avril, le falaire pour moudre le fioment fut limité 8/9. 16. 8 le laft, ainfi qu'il tft encore aujouid'hui. E 5  74 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Les femmes employees a remplir les Tonneaux de Tourbes avoient par jour 7 fols (114). Celles qu'on employoit a balayer les maifons &c. avoient en 1605 10 fols par jour (115). On donnoit cn 1606 aux Boulangers pour cuire le pain (Jam lalt) f 12-10 par lafl (116). Pour porter, arranger &pofer les briques fervanc a la conftruéh'on des maifons , on donnoit 2 fols pour les 1000 (117). Les Scieurs de bois avoient au commencement du XVII fiecle 18 fols par jour. (*) Le falaire des Ouvriers travaillant a Ia journée étoit k Amfterdam de 15 fols (118). Avant l'an 1593 un Maitre Charpentier gagnoit fur le falaire de POuvrier qu'il employoit 3 gros; & cette même année ce profit fut haufie a 2 fols ou 4 gros. Celui d'un Menuifier fut porté de i\ fols a 3 Cl 14) Aujourd'hui le falaire eft fixé it une dutte par Tonneau. (115) Le falaire des femmes employees au neïtoyages & il la leffive , eft aujourd'hui 12 fols,• & on les nourrit cn fus. (116) On paye aujourd'hui aux Boulangers pour cuire le pain, favoir pour chaque fac de feigle 28 a 30 fols, ou pour Ie laft 50 354 florins. On paye d'avantage pour Ie Froment. Ci 17) On peut voir fur eet objet les Ordonnances de 1'an 1544. I545- 1565—1662, & 1665—1684 &1720. qui traitent des Pierres , de la chaux, & du fable &'c. Voyez' les Livres contenant les Privileges , Ordonnances &c. de la Ville, «Amfterdam. C*) Les Scieurs de bois gagnem aujourd'hui bien plus; mais ordinairement on fait une convention avec eux a tant pour une certaine quantité. Ci 18) Le falaire de ces ouvriers eit aujourd'hui 20 fols & plus.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 75 fols. Et celui du Maitre Macon d'un fol a 3 gros. En 1644 le profit du Maitre Charpentier fur le falaire des Ouvriers a fon fervice fut porté fur chacun a 3 fols. Et celui du Menuifier a 5 fols par jour. Par 1'Ordonnance du 10 Nov. 1662 le falaire des macons fut misa 18 fols. Enforte que le falaire du maitre étoit de 20 fols. II y avoit alors , comme cela fe pratique encore aujourd'hui , une différence entre le falaire de 1'été & celui de 1'hyvcr: la différence étoit de 5 fols (uo). • Aujourd'hui a Amfterdam un Manoeuvre gagne 18 fols par jour, & le Maitre recoit fur fon filaire 3 fols; deforte que le falaire total efl de 21 fols. Les divers falaires des Ouvriers en général allerent fucceffivement dans le XVII Siècle en augmentant. La paye des frets des Barques, Batteaux & Vaisfeaux navigeant dans 1'intérieur du Pays ou au dehors, fut aufli hauffée de tems a autre. Par exemple, par un Réglement du fret de la ville de Dordrecht a Amfterdam, & vice ver fa, 011 obferve entr'autres, qu'en 1611 (120). On paya pour un laft de feigle ƒ 1 - 8: ce qui a été fixé en dernier lieu (en 1744.) . . a/2- 8 (119) Voyez les Livres contenant les Privileges, Ordonnances &c 8 Amfterdam. Edit. de l'année i?.|8. O20) kern.  76 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Pour un laff.de froment./i -12 . . . a 2-15 Pour un lafl de Bied farazin & d'orge . 1-3 . . . a : - : Pour un lalt d'avoine 1 - : . . . a 2 - : Le Sel d''Efpagne, la mefure nommée le cent 7 -1 oSel de Cadix h 18 -: Sel de la Méditterranée 8 - : De Cagliari a 22 -: Le fret d'un Vaiffeau d'allege de la Ville d''Amfterdam pour le Texel étoit en 1646 36 florins, & dans le fiecle préfent on a payé pour cela 42 florins (121). On voit par lk qu'il y a des objets qui enchériflent encore, quoique plus infenfiblement qu'autrefois. On peut voir par les Réfolutions particulieres de Meflèigneurs les Etats de Hollande quels étoient en 1574 les appointemens des fYlinifires de nos Eglifes. Un Minifire de Ville avoit 300 florins, ceux de Village 250 : Pan 1594 ces derniers eurent 400 florins, lorfqu'ils avoient plus de trois enfants; & lorfque leurs fonéiions s'étendoient a plus d'une Eglife, 50 florins de plus. Le 17 Novembre de la dite année 1594 il fut réfolu de payer aux Miniftres de quelques Villes au moins 500 florins. Et par diverfesRéfolutions des années 1623, 1624 1649, & 1651., ainfi qu'en 1675, les Ho- C12O Information particuliere, & fur laquelle je peux compter.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 77 noraires des Miniftres de Village ont été fuccefli- vement portés jufqu'a 650 florins. Les appointemens ou Plonoraires des autres per- fonnes en place ont également haufle; mais comme je n'ai nulle envie d'entrer dans aucun détail fur ce fujet, pour ne point donner k penfer que j'aie eu en vue quelque réforme, je déclare que je n'en fais mention que pour appuyer les idéés rélatives a 1'objet que je traite, & que j'abandonne cette matiere épineufe. aux perfonnes, qui dans leur particulier voudront s'en occuper. Si l'on prend la peine de calculer & de mefurer les chofes fur Ia mefure générale, c'efl: - a - dire, fur l'argent, ou fur ce qu'on recevoit alors, & d'en faire la comparaifon avec les dépenfes que Pon faifoit, on verra clairement que le Souverain avoit raifon de prévenir le public, par des Edits & des Ordonnances, du préjudice qu'il fe portoit a lui - même, en fouhaitant une haufle, ou une plus grande quantité de numé-. raire (122). Je terminerai eet article par ce que rapporte notre celebre hiftorien Wagenaar, concemant ce que recevoient les Officiers Municipaux de notre Ville (123). Anciennement les Plonoraires de la Régence étoient peu de chofe (124); aujourd'hui ils font C122) Voyez ce que j'ai expofe la-deflus au Chap. VI. (1:3) Uefcription de la Ville «Amfterdam par M. Jean Wke, naar. Edit. in Folio, Tom. III. page 278. (124) Vélius, a l'an 1559, rapporte qu'a Hom la Rkhefe, ou  78 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c„ encore trés modiques. Au milieu du XVI Siècle les Echevins a Amfterdam n'avoient pas plus de trois fols par jour [argent depréfence~\. L'an 1568 on réfolut pour la première fois d'afligner auffi un Honoraire a MM. les Bourguemaïtres, aux Maitres des Rentes, ou Trélöriers, & aux Directeurs des Orphelins ; il paroit que jufqu'alors ces derniers n'avoient rien percu. Le Baillif eut auffi un pareil argent de préfence; & ce ne fut que l'an 1593 que l'on. porta la fomme jufqu'a 50 florins, outre 50 autres florins pour les habits, ou argent de manteau, qui, a ce qu'il paroit, n'avoit été jufqu'alors que de 26 florins. L'an 1602 1''argent de préfence recut le nom de [Traclement'] ou d'appoïntemens, & fut fixé a 350 florins: il fut porté enfuite a 400, & il augmenta peu a peu jufqu'a mille florins & plus. L'année 1624 on le diminua; le Baillif, les Bourgemaitres, les Echevins & les Tréforiers ordinaires, eurent chacun 500 florins, les Directeurs des Orphelins 400 , les Tréforiers extraordinaires 450 , les Maitres des Comptes 200, les Commüfaires de la Banque 200,ceux des Lombards 450, & les Com- les Confeiliers, eurent alors pour la première fois leur argent de pré. fence, pout vaquer aux affaires de la ville, ce qui ne montoit chaque fois qu'ils fiégcoient qu'ii un B/anc, ou plutöt a un demi fol. Cet Honoraire fut dans les tems de troubles ii Hom auginenté jufqu'a un fol, & a un brafpenning (un fol & 2 duttesj. Et c'eft a ce dernier taux qu'il efl refte long - tems.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 79 mifTaircs des petites affaires 250. Mais les appointemens de ces derniers furent portés dans l'année 1641 asoo, non compris l'argent du manteau. Celui des Commiffaires de la Marine fut 250, outre 50 florins pour l'argent du manteau, felon 1'ufage. M. M. les Bourguemaïtres réglerent enfuite les appointemens de M. M. du Confeil, ainfi que des Commiffaires de la Chambre de défolation. L'an 1654 on donna aux Commiffaires des affaires Matrimoniales, a qui furent auffi confiées les affaires des injures, 200 florins , & 50 pour Is manteau. Les appointemens des Directeurs des Affurances n'eft pas fixé, «Sc dépend de 1'étendue des affaires qui font portées a cette Chambre: les Commiffaires de la Chambre de défolation limitent ou fixent maintenant leurs honoraires. Les chofes refterent >ur ce pied jufqu'a l'année 1746; alors les honoraires de M. M. les Bourguemaïtres & de la plupart des Commiffaires furent diminués, & fixés a 250, & a 50 pour le manteau. Ceux des Echevins refterent a 500, & ceux des Préfidens Echevins furent portés a 1000 florins. Depuis ce tcms-lh il n'y a pas eu de changemens dans les rétributions des membres de la Régence (125). Ci 25) Ces appointemens font chargés du 100 & 2co denier Clloitderfle en twee handerfle penning) de forte que les iooo florins ne reu, dent que 800 & les 500, feulement 400 florins.  8o Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Je fuis entré dans ce détail pour donner une idéé du désintéreflèrnent avec lequel fe rend la juftice dans ces Pays. Les affaires, tant celles qui concernent la politique que 1'adminiftration de Ia juftice, font traitées, dans cette grande Ville furtout, fans aucune vue d'intérêt, & on n'y eft pas dans 1'ufage de folliciter fes juges; adminiftration louable, & dont le feul expofé fait 1'éloge. La Cour de juftice a Amfterdam eft adminiflrée par les Echevins, qui en entrant en fonclion font ferment de ne pas s'éeartër des loix, & de rendre la juftice en confeience. Au refte ce font des hommes, & par conféquent fujets a Terreur, Cependant on peut dire que cette refpeftable Magiftrature marche encore fur les pas de fes prédécefleurs. Invitons fans crainte les Etrangers a venir vifiter nos contrées, & a s'affeoir dans nos Tribunaux. Ils verront furément les moeurs antiques régner encore dans nos campagnes & dans la p'üpart de nos Villes. Sans doute que PAütenf même de YHiftöïre Philofophique & Politique des deux Indes &c. a trouvé nos moeurs bien différentes de celles qu'il a peintes dans fon premier Volume (126). Eft- (126) fidition originale de 1770, pag. 204. oü PAuteur, après avoir fait 1'élogc de la Nation, s'cxprime ainfi: ., Mais combien ces moeurs font dJjii déchues & dégénerées. Les intéréts petfonnels, qui s'éptirent par leur réunion, fe font ifolés entiétement, & la corruption eft devenue générale. II n'y a plus „ de  APRÈS LE XV SIÈCLE. 81 Eft-ce donc de loin, & fur des fimples ouï-dires, ou fur des rapports que la jaloufie a pu dicler, qu'un Ecrivain imparnal doic cracer le portrait d'une Nacion? Enfin, le refpedt dü a 1'humanicé en général, dolt - il permettre a un homme de Lettres des écarts auffi déplacés, & qui peuvent ternir en un infhnt la gloire de dix ans de travaux ? II peut ctre vrai que le luxe (127) ait fait chez nous de trop grands progrès, mais nous a-t'il corrompus dans de patrie dans 1'Univers qui devroit infpirer le plus d'attachement „ !t fes habitans. Que de motifs (continue 1'Auteur) pour ido- „ latrer fa patrie! Cependant il n'y a plus d'efprit public en Hollan„ ds: c'eft un tout dont les parties n'ont d'autre rapport entr'elles „ que la place qtt'elles occupent. Les bafleffes, 1'aviliflcinent & la „ mauvaife foi font aujourd'hui le pattage des vainqueurs de Philippe. „ Ils trafiquent de leur ferment comme d'une. denree; & ils vont de„ venir le rebttt de 1'univers, qu'ils avoient étonné par leurs travaux „ & par leurs vertus. „ Hommes indignes du Gouvernement oü vous vivez, frémiiïlz du „ moins des dangers qui vous environncnt. Que peuvent op- „ pofer des Républicains h. Cette fupériotité rédoutable'? Des vertus; „ & vous n'en avez plus. La corruption de vos mceurs & dc vos „ Magiftrats, enhardie par tous les calomniateurs dc la liberté j & „ votre exemple funefte reüerre peut-étre les chalnes des autres Na„ tions. Que voulez-vous que nous rcpondions it ces hommes qui, „ par mauvaife foi ou par habitude, nous difent tous les jours : Ie „ voila ce Gouvernement que vous exaltez fi fort dans vos Êcrits: „ voilb. les fultes heureufes de ce fyftéme de liberté qui vous eft II cher. Aux vices que vous reprochez au defpotifme, ils ont ajouté „ un vice qui les furpaflë tous, 1'impuiffance de réprimer le mal. Que „ répondre ? (127) Le Luxe eft 1'ombre des RichelTes: il s'aggrandit it racfur» que Ia maffe en devient plus grande. F  82 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. Ia même proportion que les autres Peuples ? Voila ce qui elt encore en queftion, & ce qu'il n'appartient pas a un fimple particulier, encore moins a un Ecranger, de décider. XVIII SIÈCLE. Du Prix des Denrées, Main d'qiuvre &c. Nous voici maintenant arrivés a Pexamen du prix des denrées &c. de notre fiecle. Comme cette connoiflance eft a la portee de tout le monde, ft paroïtroit inutile den faire un article féparé; mais comme fouvent les chofes qui font le plus a notre portée font ordinairement les plus négligées, j'ai cru rendre fervice a la poftérité, en lui confervant une notice du prix des bleds, & du falaire qu'on a payé dans le cours de ce fiecle a cette clalTe d hommes qui font occupés aux travaux journalhers. x» On trouvera a la fin de ce Volume une Table, contenant le prix du feigle depuis 1700 jufqu'a ce jour. £*, De celui du Froment depuis la même Epoque. A quoi j'ai a ajouter , que les prix que Pon fiömmë bas , & qui ne font ordinairement que d une courte durée, font comme il fuit:  APRÈS LE XV SIÈCLE. 83 Froment de Zélande du poids de 128 livres de 16 onces . 93 a 94 florins d'or Froment de Pologne 124 eg . 98 aioo Seigle de PruJJè . u8ai2o 58 k 60 Orge 40 a 50 Avoine 22 a 36 Bied Sarazin . 9 a 11 livres de gros, (de 6florins) En portant ces prix a 20 florins d'or au deffus, & le Bied Sarazin a 13 & 14 livres (Ponden Vlaamfcli) on n'aura encore que des prix ordinaires ou moyens. Au mois de Mai & de Juin de cette année 1777. les bleds ont été a trés bon marché, & leur prix a été auffi bas qu'il ait pu être depuis environ 30 ans; mais ce bas prix n'a duré que peu de femaines; les pluies continuelles des mois de Juin & de Juillet ont fait hauffer les prix des grains, enforte qu'en quinze jours il étoit monté d'environ 20 florins d'or par laft. Le tems s'étant enfuite remis, la fin de 1'Eté a été belle, & le prix des grains a ceffé de monter plus haut (128). Sans les pommes de Terre, dont Pufage eft uni- (12Z) Le feigle de Prufe de 118 f§ a valu au commeiicemenE d'Octobre 8+ florins d'or Ie laft. Le froment de Pologne, de 128 flj,a couté 145 & 146florins d'ot, & le plus beau 158. Le froment de Zélande, vieux bied, 6 3. & 7 florins le fac, don» 36 au laft. F 3  84 Ch. VIII. DU PPvïX DES DENRÉES &c verfel parmi le peupie en ce pays-ci, le prix des Grains feroit devenu exceffif depuis quelques années. Cet aliment eu d'une tres grande refïöurce, & d'autant plus précieulé, que jufqu'a préfenr il n'a été chargé d'aucun impót. II eft a fouhaiter que nos Souverains reftent a cet égard dans les mêmes difpoiltions, afin de rcndre moins miférable Pétac des Ouvriers & du peupie , qui conftitue la plus grande & la plus néceffaire partie de la Société, & de qui dépend en quelque facon la force & la confervation des Etats (129). 3°. Le falaire qu'on paye aujourd'hui a Amfterdam a un gargon Charpentier eft de 31 fols, donc le Maitre retient pour fon profit 4 fols. Celui d'un macon eft de 30 fols, dont le Maitre a pour lui 4 fols. Un Aide-macon gagne 21 fols, & le Maitre garde pour lui 3 fols. Lorfqu'on leur donne de la biere, on leur diminué 3 fols. J'ai raffemblé dans la Note (130) le falaire qu'on Ont)") Le prix des Pommes de terre eft nu plus bas h 3 florins ia fols, & le plus haut ordinairement it 5 florins pour le Tonneau (vat), lequel contient 3 paniers , ou 28 vierdevat, & le Tonneau de Pommes en contient 32. (130) Suivant les informations que j'ai recues de Dordrecht, le falaire d'un maitre Macon & Charpentier eft 28 it 29 fols par jour. Celui de leurs Garconi 23 fols pendant 1'Eté & 17 Phyver Et de 1'Aide-macon 13 fols pendant 1'Eté, & 10 a 11 Phyver.  APRÈS LE XV SIÈCLE. 85 paye a ces mêmes Ouvriers dans les Villes de Dordrecht & d''Enkhuifen, dans la Province de Frife, & a Middelbourg en Zélande. Pour ce qui concerne la valeur des Terres & leurs Loyers, il eft difficile de marquer la - deffus quelque chofe de précis. Ce-pendant on peut dire affez généralement, qu'aux environs d''Amfterdam ces Loyers font trés chers (131) ■> ma's ce o'eft is.& 1'byver 20 Ibis. Le ialaire d'un homme travaiilant èr la Campagne chez un payftn dans les environs de Dordrecht eft de 100 a ito florins par au : mai» pour lors il elt nourri. A Enkhuifen le falaire des Gaicons Charpentiers ou Macons, elt pendant 1'Eté 26 fols, & 1'byver 20 fols. Mais les Maltres ont de chaque perfonne 2 fols par jour. Un Aide - macon a- 18 fols. En Frife le falaire d'un homme travaillant it Ia Campagne eft dans le tems de la féuaifon 20 fols par jour; apies ce tems 16 fols 3 fept femaiiRS avant la Tousfaints 14 fols, les 3 mois fuivans 12 fols, & it la Chandeleur 14 fols. 11 doit fe nourrir. Le Batteur en gtange a fix fols par jour, & eft nourri: il commence fon travail it 3 ou 4 heitres du matin, & iinit 1'après midi a 2 ou 3 heures. Le falaire d'un Maitre Macon 011 Charpentier pendant 1'Eté eft uti florin, d'un Garcon lil fols, d'un Aide-macon 14 (bis. Et pendant Phyver celui d'un Maitre Macon 011 Charpentier eft i3 ou if> fols; du Manoeuvre 14 , & de l'Aide - macon 12 (bis. En Zélande O Middelburg) les garcons Macons & Charpentiers gagnent dans une journée d'Eté 30 fols, dont les Maitres retiennent pour leur profit 5 fols. Le falaire de l'Aide - macon eft de 20 lols', dont le Maitre it 2 ■. Pendant 1'hyver les premiers gagnent feulement 24}-, & le Maitre en retient 4' l'Aide-ma^on 15^, & le Maitre a li -defius tX pour chaque homme. (131) Hors $ Amfterdam, \ une diftance d'environ deux it trois cents Toifes dc la ville, comme par exemple dans le Diemermcer, F 3  86 Ch. VIÏI. DU PRIX DES DENRÉES &c. dans les endroits un peu éloignés de la Ville. Du cöté de YJmflel,\es terres fervant aux paturages fe louent entre 18 & 25 florins 1'arpent. Par exemple, une Métairie avec maifon, Plangard, & 30 arpents de Terres, fe loue pour 560 florins l'année (132). Les Terres au deffus de Haarlem les meilleures prairies fe vendent de 3oo k loco florins, & fe louent jo ou 40 florins 1'arpcnt. Le long de Ia digue de 1'Amftel (Amjleldyk) entre les 400 & 1000 Toifes de la Ville, les terres fe vendent felon leur qualité, pour 4, 5 ou 600 florins, & donnent en loyer 24,26, 011 28 florins 1'arpent. Entre Ie Loopveld, ou Kalfjeslaan, & Ie Villnge «Ouderkerk, les terres d'une Métairie, connues lötis le nom de heelt bruiker, valent 200,250 h 300 florins, & font louées de 18 a 22 florins 1'arpenr. 11 faut remarqucr qu'aetuellement aux environs «Amflerdam les terres font tiès cheres. La Diminution qu'on a éprouvé fur la valeur des terres depuis 1740, a été occafionnée principalement par la mortalité que nous avons eue parmi les Befliaux. (132) Une Métairie fituée a une demi lietie ou a trois quarts dc lieue de la Ville d!Amfterdam, du cöté du Diemerniccr & du Canal de Weefap (Weefper trekvaart), contenant Maifon, Ilangard & trente Arpents de terre, fur lefquels fe trouvoient 30bceufs ou vaches,& deux chevaux , fut vendue en Septembre 1777 pour 6800 florins , & fe loue pour 560 florins. Les taxes de cette terre fe montent a environ ƒ 80. florins. Les fraix des moulins des 21 arpents a 54 fols 1'arpent ; & ceux de 4 autres arpents, fitués dans un autre Dilhict (Volder) a 5 florins; h quoi il faudroit encore ajouter les fraix de réparations &c, pour fcavoir au jufte Pïntè'fét qu'on retire de Ia fomme débourfée. Une autre Métairie, fituée du cöté de 1'Amftel, entre les 1300 & 14CO Toifes de la ville, avec Maifon, Hangard & 28 Arpents, a été louée pour 550 florins. Cette terre étoit chargée des fraix fuivans: Pour taxes (Verpondingen) ƒ 67-11-8 Fraix des moulins prorato 38 - : - : Réparations en 3 années 345, revient par an a . . . 115- : - : enfemble f 220-11-8  APRÈS LE XV SIÈCLE.- 87 font aujourd'hui affez cheres: on ma afTuré que les bonnes terres y valent 600 florins 1'arpent, & même davantage (133). Dans la Province êt Utrecht, a la diftance d'une, ou d'une & demi lieue de la Capitale, les terres propres a des prairies fe louent de 12 a 22 florins. Et celles qui font propres a la culture des grains, de 10 a 20 florins 1'arpent (134). En Zélande dans Plfle de Walcheren, les bon* nes terres s'eftiment entre 100 & 150 florins le Gemeete (135). Deforte qu'il y a environ 330 florins de refie. Si on eftime la valeur de cette terre a. raifon de 4 pour cent d'intérêt, alors le capital en feroit par excmple : 4: 100: : 330 a 8250 florins , & fur le pied de 3J pour cent 9428. Souvent le loyer des terres fans maifons ixx. elt aufli fort que ce«. lui des terres avec maifon : il fuffit pour cela qu'èiiës fqient fituées dans ie voifinage d'autres Métairies :'dans ce cas, comme les fraix de réparation font moindres, ces terres ont en elles-mêmes plas de valeur, car c'eft d'après le revenu net qu'il faut établir le capital. C'33) Aux environs de la Ville de Haarlem il y a des terres qu'en loue 30 & 40 florins 1'arpent. O34) Affez généralcment dans la Province «Utrecht le Capital, ou l'argent employé en terres, eft calculé fur le pied d'une rente de 4 pour cent l'année, & mênjea moins. Les taxes perfonnelles (per. fonecle lajlen) font ordinairement it la charge du termiet, o; les taxes réelles {reëelen lajlen) it la charge du Propriétaiie. Ces taxes différent entr'elles, La taxe perfotmelle eft de 15 fols par arpent, & la taxe réelle de 20 fols. Les Charges des digues du Leek varient auffi pour chaque Village ou diflrid; it quoi il faut ajouter ies fraix des petïtes digues, dans' 1'intéricur des terres, les fraix des moulins, villages, &c. Ci 35) II ya auffi des ten es prés de la ville de Middelburg qui va-, lent 5 h rtoo florins 1'arpent. Dans 1'Ile de Walcheren les terres fe louent ordinairement 2 livrei F 4  88 Ch. VIÏI. DU PRIX DES DENRÉES &c En Frife proche de Harlingen, de Franeker , de Leuwaarden, & dans Je Diftriét du Bild, les bonnes terres valent confidérablement. II y en a qu'on eftime jufques a 500 florins le Pondema^(136), & d'autres de 3 a 400 florins,ce qui va- 2 efcalins de gros, ou 12 florins & 12 fols par gemeete, ou demi arpent. Ces terres font chargées des fraix fnivans: Pour le CCme denier (Twee konderjle penning') ordinaire & extraordinaire öC : 9-4 2 efcalins gemeete qui eft enfémencée, loco S? Hoorn- geld . 2 -: Pour taxes des digues &c : 11-: Pour réparation & entre tien des foffés, un florin, ou . : 3-4 c€ i- 5-8 Ainfi il refte au Propriétaire : 16 - 4 Les terres fituées prés des Villes ou Villages fe louent de même, furtout fi le terrein en eft bon, 18 & 20 florins le gemeete. Alors ces terres valent 300 florins & davantage le gemeete. (136) En Frife, il y a par exemple une terre de trois Pondematen tasée a. un florin (lanti floreen). Une autre de 2 Pondematen it un florin; il s'en trouve quelquefois dont un Pondemate eft auffi taxé it un florin, & ces terres font fouvent proche 1'une de 1'autre; il y en a même qm' ne font pas chargées dc cette taxe. Cet impöt, connu fous le nom de lands floreen, eft fixé, & fe monte it 6 florins 6 fols l'année. Et c'eft felon la taxe de ces florins que les fraix pour les digues font levés. De forte que ces deux charges, fur une grande partie de cette belle Province , fe moment it 12, & quelquefois a, 14 florins par Pondemate. Lorfque cette charg; eft déduite du loyer des terres, alors le quart de ce qui refte doit être fotirni au Pays, & c'eft ce qui eft connu fous le nom de réel. Mais lorfqu'une maifon fe trouve fur tme pareille terre, alors on leve les 5I ou Ji deniers, c'eft - it - dire, d'un reveim de 5 J florins , un florin, & c'eft h mcfure qu'il fe trouve un revenu net de refte, que le Pondemate efl: apprécié. Enforte qu'il y a des Pondematen qui valent 50, & d'autres  APRÈS LE XV SIÈCLE. 89 rie felon le fol, la fituation , les taxes, ou Impöts (137). 500 florins, quoiqu'elles foient proche 1'une de 1'autre; ce qui doic néanmoins s'entcndre des meilleures terres de Ia Province. II y a des Pondimaten de terres qui valent 500 florins , mais elles ne font pas chargées de la ta.se nonimée floreen. Cela provient da ce qu'autrefois on pouvok transférer cette charge d'une terre fur une autre. Enförte qu'alors, moyerinant une certaine fomme d'argent, une autre peifoime fe chargeoit dc cette taxe, ce qui ne peut plus fe faire aujourd'hui. Un arpent de terre fitué dans le Diftrifr. nommé RiHland, & chargé d'un floreen, fe vend aujourd'hui communement 600 florins. Neuf Pondematen de bonnes terres, fituées proche de la ville de Frcn.ker, & chargées de fix florcenen ,Ibnt aétuellement louées 144 flo. rins. Les dits florcenen font environ 48 florins. 11 y a donc 06 flor. dc refte pour le Propriétaire; d'oü il faut déduire le qusrt pour le réel, & alors il y a 72 florins de rente. Si cette terre fe vendoit, elle vaudroit 3000 flotins. II y k 50 années que ces 9 Pondematen furent vendues pour environ 2300 florins. 037) Voici un cxemple de Ia valeur & du loyer d'un terrain en prairies , fitué dans le Diftriét Anna Parochie fur Ie vieux BUd, & connu fous le nom de Buur Fenne tot Beetgum. Ce terrain contient environ dix fept arpents cc demi , ou 44 Pondematen, & fe loue pour 855 florins 6 fols; le Pondemate revient donc it 19 florins 8 fols 12 deniers. Les impóts ou taxes, & autres fraix de cette terre font: La taxe du floreen ƒ IC9 - 19 - : Le réel ou 4tne denier 147-17- 4 Autre charge d'une Rysdaler par arpent 43-16-12 Appointemens prorato 20-17-8 Entretien des terres ' . . 40 -10 - • Dépenfe a l'occafion du compte que l'on fait en public 4 - 4 - ; Appointemens des Adminiftrateurs jo - : - : Dépenfe fans quittance 3 . Q _ : enfemble ƒ 399-13- 8 II faut déduire cette fomme desƒ855 florins 6 fols, alors il y a da refte pour le propriétaire 455 florins 12 fols 8 deniers, ce qui donne F 5  90 Ch. VIII. DU PRIX DES DENRÉES &c. La valeur des terres elt plus ou moins confidérable felon qu'elles font plus ou moins chargées d'irapöts & de redevances, furtout en Zélande, oü il fe trouve des biens fonds fi accablés de taxes, que PEtat doit venir au fecours du Propriétaire. Obfervons au refïe que c'eii la qualité plus ou moins bonne de ces terres, ou leur fituation avantageufe, furtout lorfqu'elles fe trouvent proche des villes plus ou moins opulentes, qui en regie toujours le prix, lequel varie encore fuivant 1'ufage que Pon veut faire de ces terres (138). Quant au prix des loyers des mailöns, il feroit inudle de vouloir drelfer la-deiïus une lifte, parceque cela dépend non-feulement de remplacement des Villes, du genre de vie des habitans, du plus ou du moins de population des Villes; mais en outre, dela grandeur des maifons, des ornemens qui s'y trouvent, & enfin du plus ou moins d'aifance des particuliers. Plus les hommes abondent dans une Ville, plus ils y font a 1'étroit , a moins que Pemplacement n'y augmente a proportion (139). pour chaque Pondemate 10 florins 7 fols; lefquels, évalués a 3 pour cent l'année, établiflent un capital de 345 florins. En J77.3 dans le même Diftrict ont été vendues 6 Pondematen avec les fraix au - detè de 350 florins chaque Pondemate. Ce qui prouve que l'évaluation cidefflts elt fondée. . C~ï38) Pres de la Ville «Utrecht il y a des terres k jardins potngers qui fe louent 50 a 80 florins 1'arpent. 1 (139) M. Waoenaa it dans l'IIifioire de la Patrie Tome 5 pa^e 382. rapporte a l'an 1553 , a 1'occafion de ce ce qu'on voulut lever  APRÈS LE XV SIÈCLE. 9i En 1632 , tems oü Pon avoit déja pour la troifieme fois aggrandi la Ville, il y avoit a Amfterdam 14,440 Maifons , & dans les Fauxbourgs 1122: en tout 15,562. Si la Ville n'avoit pas été continuellement aggrandie , les loyers, quoique déja portés a un prix exceffif, feroient encore beaucoup plus chers. En 1732 on comptoit fur les Jiftes des Taxes dans Amfterdam & dans fon DiftricT: 26,035 Maifons. Depuis, (en 1740) ce nombre s'eft: trouvé augmenté de 282 , enforte qu'alors il y avoit 26,317 Maifons. le dixicme denier des biens immeublcs, que lorfque MM. les Députés de la ville A'Amfterdam firent lit - dcffüs leurs Rémontrances dans 1'Affemblée des Etats Ac Hollande , ils dirent entr'autres: Qu'il convenoit de ne pas charger les maifons de cette taxe, lorfque le loyer ne fe m'ontoit pas it fix florins j qu'il y 'avoit it la vcrité peu de ces maifons dans la ville , mais qu'on en trouvoit cependant plufieurs dont les Propriétaires n'avoient dans l'année qu'une livre de gros de Flandre de revenu net. Et a la page 386 on lit: que la taxe du dixiane denier de la valeur des maifons & emplacemcnts dans Amfterdam, fe monta a. treize mille & quelques cents florins. Quelle prodigieufe différence ! Si l'on compte les maifons qui fe trouvent maintenant k Amfterdam, feulement depuis 1'Amftel jufqties au Spiegefftraal, de Pnn & 1'autre cóté du Heeregraat, (dont la plus grande partie donne entre 1500 & 2800 florins de loyer, y cotnpris les Ecuries,) il y a 143 maifons, dont Ic total des loyers fe monte au moins h cent ciiiquante mille florins. Le même Hiilorien rapporte, qu'en 1515 on comptoit dans cette Ville 2531 feux (Schoorftcneii). Dans 1'efpace d'un Siècle Ia Ville doit avoir été confidérablement aggrandie, car en 1622 on comptoit it Amfterdam 99586 habitans j dans le Fauxbourg hors de la porte St. Antoiue 1789, hors le Reguliers - poort 1476, hors le Heilige-wegs-poort 1423, & hors Ia Porte de Har/hm 387. Ainfi dans les quatre Fauxbourgs 5375. Et dans la Ville & fes Fauxbourgs enfemble 104961.  92 Ch. VIII. DU PRIX DES DENREES &c. Par un détail, qui fe trouve enregiftré, on eft afTuré qu'il y avoit a Amfterdam (en 1747) quarante un mille cinq cents foixante une Families, dont 22,821. demeuroient chacune dans des maifons particulieres, & 18,740 logées dans les quartiers commun's & écartés, ou dans des petites Chambres & dans des Caves (140). M. Stuuyck, fur 1'exaéf.itude duquel on peut compter , rapporte qu'en 1747 les habitans $ Amfterdam ne fe montoient pas a deux cents mille (141), d'autres penfoient que ce nombre étoit plus confidérable, & je crois qu'aujourd'hui on peut fans trop hazarder admettre Popinion de ces derniers. Mais je m'appercois qu'il efl tems d'cn venir a Ia Conclusion de ce Chapitre & du précédent. (140) Defcription cYAmjlenUm par M. Jean Wagenaar, Edit. in Folio, Tome i. page 50 & 51. C14O Nouvelles découvertes de N. Struyck, page 146.  Ch. IX. CONCLUSION «Sec. 93 CHAPITRE IX. Conclufion des Chapïtres précédents. R Efumons rnaintenant ce qui a été dit ci-devant: i*. concemant le numéraire de l'argent, Le Mare d'or a valu pendant le cours du XIV Siècle de 42 J a environ 59 florins. Celui de l'argent de 160 a 222 gros, ou de 4 a 5 florins 11 fols. La Livre de gros de Flandre valloit alors (& probablement depuis le tems de Charlemagne) plus que le mare d'argent , puifque cette Livre contenoit 240 gros ou deniers (1). Par un A«fle de l'année 1317 (2) on voit claire- CO >5 sous Osric, vers l'an 900, les Saxons divi'foient la livre de „ Troyes de douze onces en deux cents quarante deniers lterlings,ou „ fols comtnuns, ik 1'once en vingt de ces memes pieces, qu'ils ap„ pellercnt pfenning, d'ou s'eft fonné le mot Anglois penny. C'eft „ pour cela que 1'once de Troyes Angloilè eft eftimée, pour le poids „ & pour le titre, vingt penny weights (poids) ou deniers fterlings , dont chacun repréfënte vingt quatre grains. Les chofes demeure„ rent a - peu - pres fur le meme pied jufqu'a Edouard III. Sous Uenry VI. 1'once d'argent fe divifa en treute pence ou deniers. „ Pendant le Rr-gne «Edouard'IV. elle répondit Jt quarante pence ou „ deniers. fous Uenry VIII a quarante cinq. La Reine EVtzdbeth aug„ menta d'un tiers la valeur de 1'once, qu'elle porta a foixante de,B niets, ou cinq fols fterling. Voyez Efai fur les Monnoies page 120. 00 Voyez Livres des Chartres de Frife, Tom» I page 157. Dans  5>4 Ch. IX. CONCLUSION DES ment que la Livre tournois étoit différente de la livre de gros, puifque dans cet Afte , 112 livres tournois font évaluées a 200 marcs d'argent dit le Roi. Cette livre tournois valloit a-peu prés la moitié d'un mare; au lieu que dans le même tems, ou environ, c'eft-a dire en 1336, la livre de gros étoit équivalente aux deux tiers d'un mare d'argent, lequel , comme on fcait , contient huit onces. Dans fon origine, cette Livre de gros pefoit douze onces, & avoit cours pour 240 gros, valeur de la livre de gros; il s'enfuic que la proportion entre la valeur réelle de l'argent, & fon cours dans le public, étoit dans Ia plus grande jufteffe; c'efth - dire , que le numéraire étoit égal a l'effeétif, ou que quatre florins en numéraire répondoient jufte a quatre florins en poids. Depuis 1336. le mare d'argent eft monté de 4 florins a 25 J, & même a 26, ou comme de 1 a 6j. 2°. Jettons a préfent un coup d'oeil fur les révolutions qu'ont éprouvés les prix de plufieurs articles, avant & après la découverte de YAmêrique. On fcait avec affez de eertitude , cn fuivant le prix des bleds dans le cours du XV Siècle, que le feigle valloit aux environs de 9 florins du Rhin, & le froment 12 a 14 florins le laft. Et quoique ces florins fur la. fin du XIV & au commencement du cet Acte il eft dit: que 112 livres gros tournois font deux cents marcs urgent - le - Rei. Le ülarc évalué a dix fterlings d''Angleierfe.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. XV fiecles , aient été évalués a 30 & a 35 gros (3), je fais cependant mon calcul fur le pied de 9 florins (a 40 gros chacun) pour le feigle, & fur 13 i pour le fromenc. Les 9 florins réduits en poids d'argent a 6\ le mare, prix moyen du XV fiecle, font en argent fin ... 7090 As ou ii mare pour le Laft. 13 i florins font 10635 As ou 2 /5 environ. Dans notre fiecle le prix moyen du Seigle eft 80 florins d'or, ou 112 florins de 20 fols, qui réduits a 25 i Ie mare, font en argent fin 4 £ marcs pour le Laft * Et du Froment 120 ou 168, 6 J — ——— La valeur réelle d'aüjourd'hui, comparée a celle du XV Siècle, eft donc plus que triplée. Examinons un inftant comment le numéraire de ces deux objets dans Pun & Pautre tems, repond & la mefure générale. L'argent valut au XV Siècle entre 5 & 8 florins. Evaluons-Ie a 6% le mare; & en 1777 a 251. La progreflion fur ce numéraire fe trouve donc comme de 1 W 4, a-peu -prés. Et les 9 florins du Seigle, font a 112 le Laft, comme 1 eft a 12 |. Les 13 | du froment k 168, comme 1 a 13, apeu - prés. (3) Voyez le Chap. V. oü ces évaluations font rapporties.  96 Ch. IX. CONCLUSION DES Le beurre de Frife, depuis cinquante ans, lorfqu'il a été a tres bon marché, a valu, fans y comprendre le baril, 12 a 13 florins le quart du Baril, ou du Tonneau, c'eft - a - dire, les 80 Ég: & quand on le dit cher, il coute encore 26 a 30 florins (4). Dans Ie XV Siècle le prix de ce beurre fut 6 florins le Baril, ou un Tonneau de 320 fg environ. Ec en 151 o les 2 Tonneaux de beurre de Frife furent vendus pour 7 florins. Les 80 m reviennent donc, a ce prix, a i7jfols. * Le beurre de Ia Nord- Hollande s'achettoit l'an I5i° 3i florins, (chaque florin de 16 fols,) le Tonneau contenant de 300 a 320 fjj environ. Lorfque le meilleur beurre de Flollande fe trouve aujourd'hui a trés bon marché, il vaut 20 florins les 80 £g. Et le prix moyen eft 24 a 25 florins. Je ne puis pas citer en exemple le prix du fromage du XV Siècle. Acluellement, qu'il eft a bon marché en Frife, il vaut 11 a 12 florins les 300$, & lorfqu'il eft de 15 a 17 florins, ce prix eft regardé comme cher. Lê fromage de la Province de Hollande eft fure- ment (4) Un Tonneau de 320 fg du meilleur beurre a valu le 9 Septembre dernier 0/77) en Frife 92 florins. Avant la mortalité des Beffiaux, c'eft-a-dire avant l'an 1-40,011 1'a vendu a 48: mais alors 1c Pailan n'y trouvoit pas fon compte.  CHAPITRES PRECEDENTS. 97 ment fupérieur a celui de Frife, mais les qualités en font différentes, ce qui ne permet pas d'en indiquer un prix bien précis; cependant le bon fromage ordinaire de Nord-Hollande a cöte rouge, vaut, a un prix moyen, 13 a 14 florins les 100 t$. Comme lin dit que dans l'année 1545 les 300 fg de fromage valloient 5 florins. L'Argent valloit alors 13 florins le Mare, & aujourd'hui le doublé. La progrefflon du prix du fromage en 1545, feroic donc encore plus du quadruple, comparée a celle qu'a éprouvé le numéraire de l'argent. En 1435 un Boeuf qui donnoit 120 •8? de graisfe, s'achettoit pour'8 florins 2 fols. En 1500 une Vache s'achettoit (apparemment en Nord-Hollande) pour 5 florins. Par un Aéte public de l'année 1537. (Voyez page 6.) on voit qu'un Boeuf de trois ans fut eftimé en Frife 4 florins d'or (de 28 fols) qui font 5 florins 12 fols d'aujourd'hui. Voyons maintenant quel a été le prix de ces animaux dans le cours de ce fiecle. Une Vache ou Boeuf de trois ans en Frife, vaut aujourd'hui au moins aux environs de 100 florins. La viande fe vend de 3 a 3 1 fols la livre. En 1718 a Amfterdam une Société de Commercans achetta G  p3 C/i. IX. CONCLUSION DES 1109 Boeufs pour 96808 florins. en 1719 1139 . . . 98711 1720 1178 . . . 103832 1721 1081 . . . c>6o66 Ce qui fait revenir chaque animal a 88 florins. Dans ces fortes d'achats, on efl: dans 1'ufage de ftipuler que les Boeufs du Pays doivent pefer fix cents livres, & ceux nommés Danois ou du Dannemarck cinq cents livres. En 1771. 649 Boeufs ont été vendus enfemble . . 76250 florins. 1772 655 ..... . 82441 1773 600 . . . . ; . 73944 1774 5io 56405 (5) 1775 456" 50668 *776 45° 47546 C5) Voici un Compte de ce qu'ont conté 510 Boeufs vendus enfemble ƒ50405 A la perfonne qui fait l'eftimation de ces beftiaux . . 300 ƒ50705 Si on déduit de cette fomme 37542 livres de cuir qui toutes enfem< ble ont été vendues pour 5531 flor. 15 fols Pour les graiffes, cntrailles & autres objets qu'on vend ordinairement 8448 — 19 13981 il refte ƒ 42724 A quoi il faut joindre les Impöts ou taxes du 7111e. denier de la fomme ci-deffus , c'eft-a- dire des 56405 flor ƒ8150 Encore chargé d'un impöt nommé dixieme 805 8855 ƒ 5!579  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 90 Ce qui fait revenir chaque Boeuf a 117 florins. Mettons - les a 100 florins d'aujourd'hui, & comparons ces 100 florins aux 5. de Pan 1500 ; & aux 5 florins 12 fols de Pan 1537; alors la différence efl: comme de 1 a 17 & plus (6). Cette différence doit fe trouver naturellement dans une proportion encore bien plus fenfible, fi Pon confidere que les Equipages des Vaifleaux & les habitans de nos Colonies doivent confumer aujourd'hui beaucoup plus de ces animaux qu'aux environs de 1'année 1500. La mortalité, a laquelle ces Befiiaux paroiflent être plus fujets qu'autrefois, doit aufli entrer en ligne de compte, & fait par conféquent encore un objet fur le prix; c'eft aufll pour cette raifon que j'ai notté le prix de ce qu'ils coutoient vers l'an 1720 ,• car au refte , j'ai rencontré dans mes Recherches, qu'a la fin du XVI La livre de Boeuf revenoit en 1774, fans taxe, a 2 fols 91 den. Et y compris les impdts a. . 3 - ij Kn 1771 ?i 3* & 4 fols la ff 4 pp J775 312 31. '775 • . . 33 n3ï. L'accife de la Ville eft de 30 fols par llreuf. En Frife, les Bceufs qui ne font plus fujets a la raaladie épidémi-. que (Tayant déj-t eue) valent communément de 80 a 150 florins, & ceux qui ne 1'ont point eue, de 80 a 100 florins. (6) Je dis^far, paree que fi l'on fait la comparaifon des 5 avec les 117, cela fait une différence comme de 1 h 23 & plus. G 2  ioo Ch. IX. CONCLUSION DES Siècle on faiibic déja mention des maladies épidémiques qui régnoient parmi ces animaux. II fe peut pourtant trés - bien que cette maladie foit & plus fréquente & plus contagieufe dans le fiecle préfent; & peut-être ces animaux font-ils encore plus qu'autrefois les victimes de notre efprit commercant, fi fort en vigueur aans ce fiecle. Par le Contract, dont nous avons rapporté 1'extrait page 6, on peut obferver qu'un Cochon valloit en 1537 deux florins feize fols, & felon Vélius, en 1435 (Voyez Chap. VII.) deux florins cinq fols. On voit de même par le dit Aéte qu'un Cochon étoit alors efiimé la moitié d'un Boeuf, ce qui a encore lieu en Frife. Car aujourd'hui un Cochon gras de 400 tè vaut de 45 a 50 florins (7); ce qui établit auffi la proportion de 1 a 17 environ. En jFfifè un Mouton gras de 80 a 90 85 vaut 12, 13 & 14 florins, felon que les peaux & les laines en font eftimées. Un Agneau de 50 a 60 fjg 5 a 6 florins. Le prix des moutons qu'on vend en Hollande roule depuis 7 jufqu'a 11 florins. Dans le XV Siècle un Mouton valloit 6 a 8 fols (8). 00 Kn Frife un Cochon gras de quatre cents livres environ fe vend de 48 h 50 florins, & la livre vaut 3 a jl fols. (8) Par rapport a ces trois Moutöns, j'ai calculé (ur 33 fols: cependant on peut obferver au Chap. VII il 1'article du prix des denrées du XV Siècle h Pan 1472 que l'évaluation du florin d'alors eft fur le pied dc 10 fols, ce qui pour lors réduiroit les Moutons a 19 fols, au lieu de 38.  CHAPITPvES PRÉCÉDENTS. 101 Mettons-le même 12 f fols , la différence eft encore de 1 a 18, & même plus confidérable. Les Chapons étoient eitimés au XVI Siècle 4 fols; & aujourd'hui le prix commun eft de 26 a 28 fols la piece. Quand les Poulets font & Amfterdam a bon marché, ils valent 10 fols Ia piece; en 1472 38 poulets s'achetterent'pour 25 fols (9). Cette différence elt auffi comme de 1 a 15, & plus. Dix livres de Chandelles pour la Chapelle s'achetterent en 1465 a Dordrecht pour 3% fols, aujourd'hui elles coutent 5 a 6 fols la livre. Le fel, le fer, Petain, la chaux, les briques, & plufieurs autres articles, peuvent être appréciés d'après Pexpofé que j'cn ai fait. II faut dire maintenant un mot de la valeur de nos Tourbes & de notre boifibn journaliere. Les Tourbes valioient dans le XIV & XV Siecles de 30 a 60 fols les cent paniers (deux paniers font un Tonneau) y compris le falaire. Aujourd'hui le falaire feul pour les porter au grenier &c. fe monte de 50 a 60 fols, & même a plus, felon Péloignement des maifons du lieu oü le Batteau s'arrête pour les décharger. Les Tourbes dont on fe fert communément fe (9) Par des Mémoires confervés, ré3ativement ïr certains biens Eccléfiaftiques , 011 obferve que dans le XVI Siècle le Chapon y eft évalué k 4 fols. Eu 1472 trénre huit Poulets s'achetterent 25 fols. Voyez Partiele du prix des denrées du Chap. Vü. Les Poulets h AmjhrJam fe payent fouvent iö fols, & lorfqu'ils font chers 20 k 24 lols. G 3  102 Ch. IX. C0NCLUSI0N DES payent 38 a 43 florins les cenc paniers, y compris les Impöts ou Taxes (10). Quant a la Biere, celle qui efl: braflee a Amfterdam coute de 3 ii 6 florins le Tonneau, lequel contient cent vingt huit mingles (11). En Frijè la meilleure Biere vaut 2 fols la mingle (12) & (10) Les Tourbes enchériflent tous les jours, paree que la terre dont on les tire devient journellement plus rare. Les bonnes Tourbes ie psytnt g8 it 43 florins les cent Paniers, ou 50 Tonneaux. La taxe du P.iys & de la :Ville s'y trouve compri["e, & elles fe moment enfemble it 11 florins & 5 fols pour les 100 Paniers, c'eft - h - dire, it 4 fols le Tonneau pour la taxe du pays, & it un demi fol pour 1'Accife de la Ville. Les Tourbes d'une moindre qualité, dont les Braffeürs & autres fe fervent, coutent de 13 it 17ï. florins les ico Tonneaux. LTmpót du Pays pour les loei Tonneaux . . . . ƒ 6-17-8 Celui de la Ville . . . , 2 - 2 • : ƒ 3 - iy - 8 Pour un Billet pour la permiffion de dceliargcr le Vaiffeau 12 fols 12 deniers. II y a deux ans que la taxe fur ces Tourbes d'une qualité inférieure étoit doublé, 00 Un Tonneau de Biere it Amfterdam contient 128 mingles. Pour donnet' une idéé claire de la taxe fur la Biere , voici ce que coute un Tonneau & demi: it 4 florins le tonneau f6-'.-: Impöt du pays & Accife de la Ville d'un Tonneau & demi it 4(1 fols ƒ3.9.; Le Billet & fraix du portage :-i6- : 4-5-: Lorfque la Biere eft de 3 florins Ie Tonneau , les ƒ 10- 5- : taxes font it - peu - pres égales au prix de Iad. _____ Biere : 14 Tonneaux de Biere k 3 flor. ƒ 42 - : - : Les Impöts comme ci - deflits .... 32 - 4 - : Les autres fraix 5-19-: 38-3-: ƒ80- 3 - : OaD en Frife U meilleuie Biere fe paye 12 florins Ie Tonneau, ik  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 103 celle de la moindre qualité un demi fol. UAccifè n'eft pas payée en Frife par Pachetteur, mais par les BraiPeurs, & par ceux qui la vendent en détail. Comme Partiele du vin eft très-difficile a apprécier, vu la différence des qualités, & les variations des récoltes , je crois pouvoir renvoyer le Lecleur a ce que j'ai dit au Chapitre VII Note 53, fur les différentes valeurs du vin du Rhin, tant actuelles, que fur la fin du XIII Siècle. Je donne feulement en Note (13) les taxes qu'on paye fur les Vins & Eaux de vie dans cette Ville. celle qui eft cfe moindre qualité fe vend 3 florins. ï,ë Tonneau contient 160 mingles de Frife, dont 40 font une Ancre, ou 48 Bouteilles ordinaires. (13) Les Impöts d'une Ancre dc vin fe moment avec le Billet it 3 flor. 14 fols 3 dutes 1'Accife de la Ville it : 8 : fi 2 3 Les Marchands de vin cn gros payent la grande Accife de la Ville, les deniers des pauyres & des fortifications, qui fe moment pour une Ancre k ƒ 1 flor. 14 fols Ce que j'ai dit it la fin de la Note 53 du Chap. VII de la I Partie, que la mefure des vins eft it Amfterdam comme dans le refte de la Province, fe trouve fondé, paree que les droits ou impöts des vins font levés, ou fe trouvent établis fur le Stoop d'Amfterdam. Voyez Ie Placard 011 1'Ordonnance des Etats de l'an 1749. II fe peut cependant que dans quelques Villes de la Province il y ait outre les mefures dont j'ai fait mention, encore d'autres mefures particulieres pour différentes boiflbns; par exemple, le Stekan de vin ou de la Biere a Dordrecht contient environ 91 Stoopcu. 011 .| d'une Barrique; mais cette mefure, ou ces 91 Slaopen de Dordrecht, font égatix aux 8 Sloopen, ou 16 mingles en ulage it Amfterdam. G 4  io4 Ch. IX. CONCLUSION DES Paflons a préfent au falaire des Ouvriers. J'ai détaillé amplement ce que j'ai rencontré Padeffus aux XIV, XV & XVI Siccles. Par Ie détail oü je fuis entré, on a pu obferver combien étoit borné Ie falaire qu'on donnoit alors aux Ouvriers: & il paroit-évident que le falaire qu'on leur payoit au commencement & vers le milieu du XV Siècle, étoit affez communément de 2 a 3 fols. II augmenta dans la fuite , vraifemblablement a raifon de l'augmentation du numéraire. Afin de procéder avec toute la circonfpection poffible fur un objet auffi effentiel, je me fuis procuré par le moyen d'un ami des Annotations trés exactes & trés intérefiantes, fur Iefquelles je puis On m'a afluré qu'St Rotterdam on fe fert dans le Commerce de deux fortcs de mefures pour jauger le vin, 1'unc fe nomme mefure de Mer (Zee roeijthg) & 1'autre mefure de Care, ou de Magafln (Pak-huis roeijing). Mais on m'a afluré en même tems, que la mefure de leur Mere étoit égale a la notre, comme aufli que les 90 Stoopen qui a Rotterdam font une Barrique , font égaui aux 96 Stoopen mefure CCAmfteraam. Au refte Ia mefure de chaque Barrique, ou Tonneaux de [vin, d'Eau de vie, ou de Biere, différent cntr'elles; une Barrique d'Eau de vie contient environ 30 viriels, lefquels font 93 Stoopen it Amfterdam; tk alors 1'Ancre, (m fuppofant 6 ancres dans une Barrique) revient 1 151 Stoopen. Un Tonneau (ton) de Biere «Amfterdam contient 5 mingles de plus qu'un Aam de vin. On doit ici remarquer que la mefure de la futaille de Bourdeaux, eft celle qu'on confidere comme la plus exacte. LTmpót fur IesEaux de vie &C. d'une Ancre 3 flor. 19 fols 6 Accife de la Ville 3 : • ƒ6 19 6   Un Garcon Couvreur. Tome I. Chap. IX. pag. 105. N», 1. L'an 1482. 3 fols par jour & la nourriture. Un Manoeuvre de Couvreur. 1488. 4 fols ... . fans nourriture. .jyan ,488. 4 fols par jour. 1566. 4 S AL AI RE d'un Maitre Couvreur. «5«i. H . 1604. 14 L'an 1520 il gagnoit 2? fols (Jluivers) par jour, IÖ20 „0 fourmffant lui-même fa boiffon, 1645. 20 . . . . Salaire d'Eté. 18 . . . . Salaire d'Hyver. 1690. 20 ... . Salaire d'Eté. 1728. 24 fols .... ,„ 0 1728. 20 . . l77S- 20 • ' • " . 1775. 18 fols . . R.E MARQUÉ. Eu 1482. L'argent fin évalué ft 8 flor. Ie mare,les 3 fols font en poids d'argent 3 Eftelins (Enfliï 1488.. . m . + ■ ■.. . 4 ...... , 'S^ . . 15 • • 4 . . . f)t I58r' Wm '4 6$ 1(J45- . . sM. . 20 . , . 65 . . . . 1775. . aM- • 2C 6,  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 105 compter. Elles ont été prifes dans une des principales Villes d'une Province voifine , & fe trouvent confignées dans les Livres d'un Etabliflèment, dont les Mémoires non feulement exiftent encore, mais ont été exaftement fuivis. II s'agit des falaires d'un Couvreur , d'un Charpentier & d'un Macon, avec leurs Manoeuvres. Ces Mémoires fur le falaire de ces Ouvriers commencent avant 1'époque de la découverte du Nouveau Monde, & ont été continués jufqu'a ce jour. (Voyez les TableauxJ) Pour plus de clarté, je les ai rafiemblés & placés de fuite, comme dans une efpece de table. On y obfervera l'augmentation gradüelle qu'ils ont fubi. On remarquera d'abord qua la fin du XV Siècle, a Partiele du Couvreur, on payoit un fol de plus par jour aux Ouvriers qui préferoient de fe nourrir eux-mêmes, c'eft - a - dire , 4 fols dans ce dernier cas, &3 fols lorfqu'on les nourriuoit; ce qui peut fervir a nous prouver , que les Ouvriers recevoient en proportion une plus forte paye qu'aujourd'hui, puifque leur nourriture n'étoit évaluée que le quart de leur falaire journalier (14). (li,) Le falaire des femmes qu'on employé aux nettoyages des maifons &c. eft de 10 a 12 fols avec nourriture; & lorfqu'on ne les nourrir. pas, on leur paye ordinairement 18 ii 20 fols. G 5  SALAIRE dun Maïtre Charpentier. Uun Garcon Charpentier. Tome I. Chap. IX. pag. 105. No. 2. L'an 1+6». 5 fols OW;,) par jour, fans L'an H9u + fols la journée. la nourriture. Wo. 6 , _ *57°. 5 1(521. 16 . . Salaire d'Hyver. 20 . . Salaire d'Eté. l675- 2* i 1&4> J2 _ SaIajre d,%ver> l575' 24l64 20 . , . Salaire d'Eté. 1646". 14 . . . Salaire d'Eté. »%• 14 "•^•20 1696. 12 . . . Salaire d'Hyver. 173. 18 . . . Salaire d'Hyver. 1727. 12 I77J. 21 . . . Salaire d'Eté. 1775. 12 18 d'Hyver. 14 . . . Salaire d'Eté. RlSIARQ U E. En 1488 l'argent fin valant / 8 le mare, les 4 fols font en poids d'argent 4 Eftelins (Engels). f I5<5c5 i. . , 15 , . 4 . . . . j i J586 r . , 21 . . 8 . . environ 3 1620 . . , 22 . . 20 . . . . 7 ,| 1696 . . . 25 . . 20 . . . . 61 '775 • • « 25I . . 21 . . . . 6J  iofj Ch. IX. CONCLUSION DES Un falaire de 3 fols faifoit en 1482, a 8 florins le mare, 96 as on 3 Eitelins (Engels). En 1488 les 4 fols faifoient, aufll a 8 florins le mare, 128 as' ou 4 Eftelins. Et les 20 fols qu'on leur paye aujourd'hui font 197 as ou 6} Eitelins. Ils ont donc a-peuprès le doublé en poids d'argent. Boxhorn (Voyez le Chap. VII. a 1'article du XV Siècle oü j'ai traité de la main d'ceuvre &c., a la fin ) vient encore a 1'appui de cette obfervation, dans le détail qu'il nous donne des dépenfes que pouvoit faire un homme a journée a la Campagne en 1495 avec fon falaire de 6 fols. Pour 4 gros, felon cet PMorien, il pouvoit achetter environ un demi fac de froment, ou pour 4 fols, environ un fac (15); & maintenant avec les 20 fols, (15) AZirckzée un laft contient 37X facs, & un fac contient 2Ï. ag~ lendeelen. A Middclbourg un laft contient i]i facs,& un fac 2 aglendeelen. Suppofé que les mefures fuffent autrefois comme elles font aujourd'hui, ce qui peut bien étre admis du moins il ne paroit pas qu'il y ait de la différence fur le général entre les poids & mefures du XVI Siècle, & celles d'aujourd'hui. (Voyez un petit Livre hnprimé en 1545, intitulé der Kooplieden handbocexkin i c'eft - it-dire, Ie Mannel des Marchands) le laft contiendroit 95 ï- agtendeelen, ik chaque agtendeel (il 4 gros le laft de froment,") revient it 9 florins 11 fols. En fuppofantque f'agtendeel fait la moitié d'un fac, on pouvoit avoir pour 4 fols,ou 8 gros environ, un fac de froment. Le feigle de.Prv.jfe de 118 f§, valant aujourd'hui 83 a 84 florins d'or le laft, & 41 facs & un agtendeel de Middelbourg dans le laft, alors chaque fac revient ii deux florins d'or, öit a 56 fols: & en évaltiant le iart !t 36 >facs, le fac revient \ 65 fols.  CIIAPITRES PRÉCEDËNTS. 107 qui font les prix ordinaires des journées, il peut k peine fe procurer le tiers d'un fac de feigle. Nous avons déja vu a l'an 1555 (Voyez page 31,) que le falaire des Matelots étoit alors 3 üorins 15 fols, ou 2 onces & T'3 par mois. Aujourd'hui un Matelot a 11 florins, ou 3 onces & demi par mois en argent. L'E t a t leur paye donc dans ce Siècle la moitié plus en effeclif de falaire, que dans le XVI fiecle. Mais n'efl: - il pas évident que le Matelot recoit aujourd'hui beaucoup moins, rélativement a fes befoins? Et par conféquent fon état ne fe trouve - t'il pas réellement appauvri ? Pour rendre la différence des dépenfes encore plus fenfible, rappellons - nous que le Docïeur Dou* we Tetama, Noble Frifon, inftitua par fon Teftament en 1528 une rente annuelle & h pcrpétuité de 125 florins d'or pour 1'Education & les Etudes de deux jeunes gens de fa Familie. Ces 125 florins font 175 florins de 20 fols, ou, au cours d'alors, environ quatorze marcs d'argent. Aujourd'hui deux jeunes gens , qui avec toute Pceconomie poffible apprennent les premiers élemens des Sciences dans une Ville écartée, & oü Pon vit a grand marché, ont couté en deux années environ 1600 florins, ce qui revient annuellement a 800 florins , lefquels font (a 25^ le mare) 31 marcs d'argent en poids. Si ces deux jeunes gens  io3 Ch. IX. CONCLUSION DES étudioient a Franeker, leur dépenfe monteroit vraifemblablement bien plus haut. En un mot, tout nous prouve cette vérité, fi les particuliers paroilfent être aujourd'hui plus riches, paree qu'ils poffédent une plus grande quantité de numéraire, ils fe trouvent néanmoins réellement appauvris, rélativement aux prix des denrees &c, & rélativement a leurs befoins. Afin de rendre ce tableau auffi complet qu'il foit poffible, tachons de donner une idéé de ce que coutent aujourd'hui & les Maifons qu'on fait batir, & la Conftruétion d'un Vaiffeau; & comparons ce prix a celui du XV & XVI fiecles. On trouve au Chap. VII, que 1'Edifice, autrefois nommé la Porte de St. Antoine, qui fert aujourd'hui de poids public, & oü fe tient au (li 1'Ecole d'Anatomie &c., fitué fur le Marché neuf, avoit couté tout compris au XV fiecle 5305 florins & 5 fols. On y a fait depuis des changemens peu confidérables (16). Si un pareil Edifice devoit être élevé aftuellement, & dans le même gout oü il fe trouve conftruit aujourd'hui, on m'a afluré qu'il faudroit pour le moins cent mille florins. Toujours efi-il vrai, que d'après les informations de plufieurs Ar- 06) Voyez Defcription cTAinJlcrdam par M. J. Wagen aar, Tome II, page 34, Editkm en Folio.  CHAPITRES PRÉCED ENTS. 109 chitecltes, l'évaluation monte a 124800 florins, & même a 148000 florins. Je rapporte le calcul du dernier dans Ia Note (17). Nous avons vu a la page 46 a Pan 1542. qu'un 07~) Eftitnation de ce que co'uteroit la Battifie qui fe trouve fur le Marché neaf (Nieuw markt) fi on 1'entreprenoit aujourd'hui fur le méme modele. Pour creufer & tenir h fee le terrein il en couteroit ƒ 1500 les pilotis & piloter le terrain , y compris les treilles (roofterwerk) cela monteroit it . . 15000 les fondemens, c'eft.a-dite les murailles jufqu'a la profondeur de 12 pieds . . . . & I000o les murailles en dedans fur les fondemens . it 4500 ■ encore pour les murailles en dedans & leurs V0l,tes it 4..-00 les pierres de Bretner, auffi connues fous Ie nom de Sofyufche p.eenen \ 5000 le corps de la Battifie depuis la furface de la terre jufqti'ati bord du toit 4 ,!nm —— les Poutres da grenter des deux étages & le bois de che,le =. . .' a 8000 le plancher desdlts étages ...... a 300o le Toit on la h tute partie de 1'Edifice , y compris le fer, plomb .'& ardoifes . . a 40003 ËfcaHers de bois & de pierres, cloifon de plan- ches au dedans de la battifie , les portés eu dedans, Comptoirs, &c \ ?000 les Bordures avec les goutieres de plomb . ik 500o —1— les fenetres avec leurs croifées, &c. . . a 5ooo —-— les cheminées .... ,, . , a 3000 Ie pavé ...... i . , a rooo les grandes portes en dehors a I00o Dans les dites parties les divers falaires y font compris.  iio Ch. IX. CONCLUSION DES Vaiffeau neuf (i 8) de 300 laft fut cfti- mé • . 10800 florins. Un autre de 250 laft neuf . 8000 Un autre dito neuf .... 6500 Un autre de 100 laft neuf . 3000 Deux Vaiffeaux propres a la Pêche des Har engs, nommés Buyzen , étoient eflimés . 1800 florins Comparons a prefent ces valeurs a celles d'aujourd'hui. L'an 1773 une Société de Commercans établie dans ces Pays achetta un Vaiffeau (Fluit Schip) long de 136 pieds , pour une fomme de 49000 florins. Ce Vaiffeau avoit fait une voyage a Archangel, étoit chargé a fon retour de 307 lafl de feigle, & pouvoit être conduit avec un équipage d'environ trente hommes. En i/74 la même Compagnie achetta encore un Vaiffeau (Hoeker) long de 132 pieds, 29 pieds 8 pouces de bau, 14 pieds 2 pouces de creux, & entre-pont 6 pieds 6 pouces. Ce Vaiffeau avoit été bati neuf en 1773 a Saardam, & avoit fait un voyage a Riga. II fut vendu 47700 florins. En 1770 fut conflruit a Amfterdam un Vaiflèau (iS) Dans 1'Ouvrage do M. N. Wits en, fur Ia Conftruction ou Part de batir les Vaifleaux, on voit Chapitre VII. qu'au XVI Siècle on avoit conflruit des gtos Vaiffeaux marchands de 135 pieds de long.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. u, Marchand, en forme de Fregatte, long de 115 pieds fur la quille, & de 1 'étrave a Pétambord — 120: ayant 34 pieds de bau, & qui pouvoit chargcr environ 1 80 a 190 laft: il couta lorfqu'il fut en mer (19) 54000 florins. Un autre fut conftruit en 1773, ayant 100 pieds de long & 29 de large, qui pouvoit chargcr 130 h 140 laft, & couta 34457 florins (20). Deux Buyzen coutoient en 1542, 1800 florins, & elles en couteroient aujourd'hui 14000 (21). 09) Couta en mer, s'entend y compris Ia valeur des vivres de 1 Equipage pour quelques mois, felon la longueur du voyage. f» Un VaiiTeau marcliand long, de 1'Etrave a I'Etambord, de 100 pieds, de 29 pieds de bau, de 13 pieds de crcmt. & d'entre-pont 5a couté .... - ^ Pour Ie Canot & Chaloupe ^2? Au Sculpteur r 1 =;5 — Menuiliei ^ —- Peintre, fondeur de plomb, &c. . . O0C) ~- For5eron 2890 — Marchand de fer 5,Q — Mats • .' n98 — c;^s 550Q ~ Volles 3095 ~ Poulies • • . . ... 400 -— Canons, ancres &z divers autres objets . . 3000 f 34457 (21) UneBayze,& nomme auffi Buchs, voyez DicHonnaire de Marine. „ Une Buchc a ordinairement environ 52 pieds de long, de j'éttave a „ 1'étambord, 13 pieds 6 pouces de bau, & 8 pieds de creux. 1'Etra„ ve a 20 pieds dc haut, 12 de quefte, 9 pouces d'épaifleur en de„ dans, & un pied neuf pouces de largeur par le haut & par le „ bas, &c. Le Maitre 011 Patron deEces Bitiments y commande ,• il a „ un aide, qui Ie iiiit en dignité. Lc contre. maitre vient après, fous  na Ch. IX. CONCLUSION DES La différence fe trouve donc comme de i a 8 environ. Ce qui eft le quadruple, comparé a l'augmentation du numéraire depuis ce tems-la. II n'eft pas facile d'établir un point de comparaifon entre les Vaiffeaux ci-deflus mentionnez: & c'eft pourquoi je paffe rapidement la - deffus; 1'expofé que j'en ait fait, fuffit, pour faire voir que la différence eft trés confidérable. Nous étant occupés jufqu'ici des articles qui peuvent être regardez généralement comme des objets de dépenfes pour les hommes, examinons un inftant quelle a été la valeur des Terres, leur revenu &c. pendant toutes ces Révolutions: quelques exemples nous ferviront de guide. Le lefteur, en parcourant les articles qui fe trouvent détaillés aux XIV, XV & XVI Siecles, aura pu par lui-même obferver la différence qui s'y trouve, entre le prix des Denrées &c. d'alors, com- ,, lequel font ceux qui went a bord les auffiéres ou funcs , ceux qui fout " empioyez a faifit le»filets & les caqueurs, qui égorgent les Harengs & qui les vuidem de leurs breuilles, ou entraiHes, a mefure qu'on ,, les pêche. On ne feit que du bifcuit, du pomön fee ou falé & du „ aruau, 1'équipage fe tenant content du poillbn qu'il pêche. C'eft „ le Patron qui donne 1'ordre pour jetter les Rets & pour les teti„ rer. Les matelots fe louent d'ordinaire pour tout !e voyage en gros. Une Buyze coute avec fes agrêts &c. environ f 7000. II n'y a pas lona-tems que d2tis un endroit fitué fur les rives de la Meufe, il s'eft vendu un "de ces Batimens pour 5600 flor, qui fervoit déja depuis 2 it 3 ans. Lorlqu'un de ces Vaiffeaux revient fans avoir fait de pêche , ce dont II n'y a prefque pas d'exemplcs, la pene eft évaluée a 30CO florins.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. n3 comparé a celui de ce que les mêmes chofes content aétuellement. ' Poa\ donner encore plus de clarté h cette matiere, j'emploierai quelque exemples, tircs des fries que j'ai déja cités, & auxquels j'en joindrai encore d'autres , que j'ai été a même de me procurer , ainfi que je Pal déja annoncé dans la Note 102. Nous avons vu a Pan 1514. que les Terres fituées dans la Nord-Hollande, entr'autres dans les Diftrifts de Nord-Scherwoude , de Zuid-Scherwoude & de Broeck , valloient alors 1'arpent , 1'un dins Pautre, 14 Nobles , qui a 50 fols la piece font 35 florins, & que chaque arpent produifoit 3 florins de loyer. Les Terres fituées dans le Diflrict de Hens Broeck & dc Opdam valent aujourd'hui, favoir: Les mauvaifes terres . . ƒ 25I Les médiocres 200 j^par arpent. Et les meilleures .... 300 j Les loyers font de 20325 florins 1'arpent. Les Terres fituées dans le Diflrict de Hoo^voud valent. Les mauvaifes Les médiocres ƒ o00 Et les bonnes dó5i O) Les fraix des Terres dans le Diflrict de Hoogwoud fe moment ordinairement a ro flor. 1'arpent, dans lesquels font compris ? I flarins pour les charges des Digues. - H  ¥4 Ch. IX. CONCLUSION DES Une perfonne, demeuranc dans la Nord- Hollande, m'a informé qu'en 1514 les Régents du Diftricl d'Oofterblokke & de Wejlwoude declareren: fous ferment que leurs bonnes Terres valloient alors ƒ80. du Rhin, & que le loyer étoit a 4ï florins 1'arpent. _ Les Terres médiocres & les moindres valloient de 20 a 40 florins, & les loyers 35 fols ou a florins & au - delfos, & les fraix pour les Digues &c. fe montoicnt a 15 fols par arpent. Par les ventes faites depuis trois années dans les dits Diftriéts, on eft afluré que les bonnes Terres vallent L'arpent f 620 Et le loyer 36 Les médiocres 38° Le loyer 3° Les mauvaifes i°° Et le loyer "3 Et comme les mauvaifes terres font proportionnellement chargées de plus de taxes que les meilleures, c'eft par cette raifon que ces Terres s'achetten: a'un plus bas prix , & produifent un loyer plus fort; car c'eft toujours fur le revenu net que doit s'établir l'évaluation du fonds. Nous venons de voir que ce qui valloit en 1514  CHAPITRES PRÉCEDENTS. 115 35, 40 & 80 florins, en vaudroit aujourd'hui 200, 300, 380 & 620. Et que les loyers font montés de 2 1 30, de 1 h 20 & 3 25, & de 4x k 36. On doit toujours , dans ces évaluations, avoir préfent a la mémoire ce que valloit l'argent dans ce tems-la. En 1520 le taux du mare rouloit entre 12 & 13 florins. La différence entre la progreffion du prix de l'argent, comparé a celui des Terres, efl: donc aflèz fenfible, fans que j'aie befoin d'entrer dans un plus ample détail ia - deflus. Paffons aux Terres fituées en Frife. Par le Teftament d'Epo Lyaukema, fait en 1535 (Voyez pag. 40.) on voit que le Teftateur fixa un prix a certaines Terres, entr'autres a celles fituées a JFynaïdum & a Pieters - Bierum, dont Ie Pondemate fut eftimé 15 florins. Entrons un peu en détail la-deflus. Lyaukema eft une ancienne Maifon Seigneuriale (Adelyke State) fituée dans Ia Grietenye de Barradeel, dans le Diftricï du Village de Sex-Bierum. Elle tire fon nom de fes anciens propriétaires, lefquels, dans les fiecles précédents , s'appelloient Lyaukema. Epo de (van) Lyaukema mit en 1535 fes biens en fdei Gommis, ainfi que fon pere avoic fait déja en 1479. Cette Familie étoit alors vraifemblablement une des plus riches de la Frife. H 2  lig CL IX. CONCLUSION DES Mais depuis, foit par défunion, ou par d'autres caufes, les biens de cette familie font tellement diminués, qu'a préfent la Maifon de Lyaukema ne poifede plus que quatre Mécairies, fcavoir: A. Une Métairie a Sex- Bierum de 107 Pondematen. B Ibidem . . 7° C a Wynaldum . io3J ' D Ibidem . . 4° ' ' A. fe loue l'année . . ƒ 730 B 84* C 5°° D 230 La Terre A. eft chargée de ƒ 132-14-8 (23) il refte donc au Propriétaire ... ƒ 597 h B. eft chargée de ƒ 62. 3- 10 . . 297*- C. . . . de . 90-18- 2 . . 4°9 D. . . . de . 41-16- 6 . . 188 (23) La Taxe ou fraix que je déduis, eft le denier qu'on paye des 5I deniers du revenu. La taxe du floreen fe inonte, de la terre A. k f 41-17- : de B. 26 - : - : de C. 23-12- : dc D. 11 - : - : ƒ102- 9- : Ces terres fe trouvent ainfi taxées depuis le premier May 1777, jufqu'au 1 May 1778. Ces taxes doivent en outre Cue payêes par le iocataire. II eft affez fouvent d'ufage que le toestaire fourniffe aux fraix d'cntrericns & de réparations des Maifons , ainfi qu'aux charges extraordinaires, telles que 1'entietien des Canaux publics, des Digues, Chcmins, &c.  CMAPITRES PRECEDENT S. 117 On évalue aflez communément les renres des Terres en Frife au taux de 2 1 pour cent> & par. tant de ce principe, la Terre A. vaudroit 23801 florins Caroli, & le Pondemate . . ƒ2234: B. . vaudroit 11192! . environ 160 C 163634 ... 158 D 75°-7* • • • 188 Que Pon compare maintenant ce prix aux 15 florins par Pondemate de l'année 1535, on avouera que cette progreffion eft non feulement confidérable, mais frappante, furtout fi Pon fait réflexion a ce que ces Terres doivent contribuer pour le foutien des Digues & pour les autres befoins de PEtat. Paflbns maintenant a la valeur des Terres dans les autres Provinces. Voici ce que je me fuis procuré d'une Province voifine. En 14II. 10 arpents de Terres fituées a Reigerskop, dans la Province iïUtrecht, fe louerent pour 3 Ecus de France & 5 Chapons. 1543 Idem 11 Ecus de France & 10 Canards 1551 -17 ..... 10 . . l56<2 • 20 lopiecdeVolaille 1608 . 50 florins & . . IO Chapons (»±\ i676 . 80 20 7 Les Chapons dtoient evames en 1550 i3 fols piece, en 1560. 4 fols, en 158c. 4 & auffi S fols, en i595 l6,& en lölf> auffi 10 H 3  n8 Ch. IX. CONCLUSION DES 1706 . 50 Florins ... 20 Chapons 1719 .40 20 1734 • 83 20 1777 • 9° 20 Lc Chapon s'évalue aujourd'hui a 30 fols; ainö ces 10 arpents fe louent arftuellement 120 florins, lefquels font , (a 251 le mare) 37 a 38 onces d'argent fin. Les 3 Ecus de France qui en 1411 eurent cours a 51 gros, faifoient 153 gros. L'argent valloit ƒ 5 -18. le Mare, & ces 153 gros repréfentoient environ 5 onces d'argent. Une Métairie avec 28 arpents de Terre fe loua cn 1380, 14 vieux Ecus de France. En 1608 cette même Métairie renfermoit 36 arpents, & fe loua pour 231 florins & 40 ChaponsEn 1769, pour 250 florins & 80 Chapons, ou en tout pour 370 florins. La moitié d'une portion de 9 arpents de Terre fituée dans le Diftrïtfl de Oud Wulven & de Wayen fe loua pour 3 Vieux Ecus de ÏEvêque, & en 1618 pour 33 florins, 2 Boiflèaux de froment & 4 Chapons , a 10 fols piece. En Achtïenhoven , en 1480. 4 arpents de Terre furent loués 3 florins de Baviere. En 1485 les mêmes . . 7 florins d''Arnhem a 71 fols chacun.  CHAPITRES PRÉCEDENTS. no En 1532.. 4 arpentsdcTerre 4 flor. d'or & 4 Chapons 1542 4 • • • 6 . . 1546" 8 . . . 4 . . J'ai trouvé que les Chapons étoient évalués en 1551 a 3 fols la piece. 1556 10 florins a vingt fols , & 4 Chapons 1558 14 dito 4 dito (* ) 1580 13 florins 4 Chapons a 5 fols la piece , libre de tous fraix: ainfi le locataire eut a fa charge tous les fraix des Taxes &c. 1595 22 florins. 1618 44 . . les fraix a la charge du locataire. 1639 50 florins. Idem. 1709 55 . . comme ci-deflus 1721 50 . . dito 1734 55 • • dito 1740 45 . . dito 1758 45 • • dito Ï767 110 . . le locataire libre des Taxes &c. En établiflant donc une Rente d'environ 50 florins que ces 4 arpents ont produit Pun dans Pautre depuis 1618 jufqu'a l'année J758, alors Paug- Cj En 1561 le Chapon étoit évalué a. 4 fols. H 4  120 Ch. IX. CONCLUSION DES mentation fur la valeur des efpeces, comparée avec les 7 florins de 7 j fols chacun, fe trouve comme de i a 19. J'aurois pu citer encore bien d'autres exemples, mais je me fuis borné a ceux qui m'ont paru les plus propres a fervir dc bafe a mes calculs; ce qui doit être fuffifant , fi on y ajoute ce que j'ai déja expofé fur cette partie. On voi: maintenant, par le détail oü nous fommes entrés, ainfi que nous 1'avions déja obfervé au Chapitre III, que les revenus des Terres ont le mieux répondu aux variations qu'ont éprouvés les autres différents objets de nos befoins, pendant toutes ces révolutions caufées par les découvertes des hommes. Qu'on exalte maintenant, tant qu'on voudra, les grands avantages qui réfultent d'un Commerce étendu &c. Pour moi j'ofe affirmer, qu'il n'y a pas de richeflè plus folide & plus rcelle que celle qui provient de Ia culture des terres. Que les peuples nés dans des Contrées heureufes & fertiies s'occupent donc de PAgriculture , & qu'ils abandonnent les foins & les embarras d'un Commerce étendu, aux Nations a qui la terre femble refufer fes produftions. Que Phabitant $ Enkhuifen ferve d'exemple mémorable h la poflérité. Son pays, englouti pour ainfi dire fous les eaux, Pobligea de confier fa vie au gré des vents, & dc  CHAPITPvES PRÉCÉDENTS. 121 chercher fur les mers une fubfiftance qu'il ne pouvoit plus trouver chez lui. Ce fut la néceffité qui fit des Plollandois un peupie commercant; & peutêtre la France & 1'Angleterre, dont le fol peut fournir a leurs habitans des refiburces inépuifables, fe font-elles réellement affoiblies depuis un fiecle, par la trop grande étendue qu'elles ont donné a leur Commerce .... Mais ces idéés, dont le développement m'entraineroit maintenant trop loin, trouveront leur place dans la fuite. N'anticipons point fur les tems, & ne fortons point acluellement de notre fujet. Trop fouvent on aime a s'aveug'er foi-même fur certains objets ; la vérité n'eft pas toujours de mife , & il faut des fiecles entiers d'expcrience pour convaincre les hommes de leurs véritables intéréts. Au refie il feroit inutile de nous arrêter plus long-tems fur ces objets: les diffcrens articles que j'ai expofés fuffiront pour appuyer mon fyftême, & prouveront enfin , aux yeux de quiconque réflechit, que fi aujourd'hui nos bourfes fons plus remplies, il s'en faut de beaucoup que nous foyons réellement plus riches. Avant de terminer ce Chapitre je ferai remarquer qu'il me paroit, du moins felon mes idéés, que Ie célebre M. Hume, dans ksDifcours Poütiques, eft tombé dans 1'erreur (ainfi que nous Pavons précedemment obfervé) fur l'augmentation qui a eu lieu " 5  122 Ch. IX. CONCLUSION DES fur la mafTe de l'argent (25). Cet objet ne doit pas être indifférent (26) a une Nation qui doit avoir les yeux ouverts fur fes intéréts. La différence fur le numéraire efl moins fenfible en Angleterre, mais cependant elle exifte (27) ; & les mêmes révolutions qui ont occafionné tant de variations en France & en Hollande , fe font aulil fait fentir chez les Anglois (28). (25) Voyez D'feours Politiqv.es de M. H u m e , 'traduits de 1'Anglois, Tome I. page 94. — — „ II eft évident que 1'abondance d'ar- gent plus ou moins grande n'eft d'aucune conféquence, puitqtrt le „ prix des denrées eft toujours proportionné it la quantité de 1'avgent „ &c. Et a la page 106: ü l'argent eft dans une plus grande abou- dance, comme il en faut alors une plus grande quantité pour re„ préfenter la même quantité de biens, cela ne peut produire auctm „ effet, bon ou mauvais, pour une nation particuliere." (269 Ibidem, page 115: „ I! importe peu que l'argent foit en plus grande ou en moindre quantité. Et page, 135, la quantité abfolue „ de ces prétieux métaux eft un objet tiês indifférent." (27) Voyez Iliftoire de la maifon de Tudor par M, D. II u m e Tome I. page, 171. Edition in 12. en Note : ,, En 1505 l'argent étoit fous „ le Regne de Uenry VII. 37 Eft. 6 deniers." Aujourd'hui l'argent du coin dont 1'Ecu d'Angleterre eit fabriqué, vaut dans le Commerce 67 pence ou deniers 1'once, ou 67 efcalins la livre de douze onces. L'augmentation fur le numéraire eft donc comme de 1 it 2 , a - peu - prés. (28) Dans Ie Livre Efai fur les Monnoies, Notions préliminaire! , page 5. Note A : on trouve la remarque fuivante : „ L'Evêque d'E'y, dans ,, fon Ouvrage intitulé Cronlcon pretiofum, page 166 ik 167, avance „ qu'en Angletcrre depuis 1440 jufqu'it 1460, 1'once d'argent valant „ 2 fols fefcalins) 6 d eniers, le prix moyen du Qjiarier de bied étoit „ 6 fols 8 den., que depuis 1685 jufqu'it 1706, 1'once d'argent valant „ 5 fols 2 den. le prix moyen du Quarter de bied étoit 40 fols. II „ réfulte de ce qu'il dit, que de 1440 it 1460 le mare d'argent valloit „ 20 fols, que le Qttarttr de bied payé communément 6 fols 8 den..  CHAPITPvES PPvÉCEDENTS. 123 Leur langue m'écant étrangere, ainfi que j'en ai déja fair. Paveu dans ma Préface, je n'ai pu me procurer , par la lecture des Auteurs de cette Nation, les éclairciflèmens nécefiaires pour faire fur cet important article un Chapitre féparé. Mais je ne doute pas que cette matiere, qui mérite toute Pattention des Polidques, n'excite le zêle de quelqu'un plus a portee que moi , & qui la traitera mieux que je n'euffe pu le faire; Pébauche que nous en a donné M. du Pré da St. Maur a déja frayé Ia route. „ répondoit pour lors a 2457 grains | pefant d'argent, & que de 1686 ,, a 1706 le mare d'argent valant 41 ibis 4 den., le Oiiarter de bied ,, payé coinmunément 40 fols, coutoit 4459 grains 11 pefant d'argent. „ Ainfi depuis 1400 jufqu'eii 1706. les chofes feroient prefque enché,, ries du doublé en poids d'argent, & au jufte de 2457 | it 4459 ,, |x . & en valeur numéraire elles feroient montées de 1 a5<5 en An„ gleterre." Si la quantité du numéraire de l'argent eft montée en Angletcrre de 1 a 2 , & le prix des chofes de 1 it 6, l'enfch&ïfiemeot fur Ie bied reviendroit, felon mon calcul, au triple.  ia4 CA. X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. CHAPITRE X. De la quantité d'Or & c£ Argent qui peut être venue en Europe depuis la découverte du Nouveau Monde. En 1492 le 3 Aoüt Chrifïophe Colomb, Génois, partit de Palos pour chercher un Nouveau Monde. II fut de retour en Efpagne le 15 Mars 1493. C'eft donc a cette année que l'on peut & que Pon doit fixer Pépoque de la venue du nouvel Or & du nouvel Argent en Europe par Pentremife des Efpagnols & des Portugais (1). Pour établir la bafe du calcul de la quantité d'Or & d'Argent qui nous font venus de lAmérique depuis 1493, j'ai d'abord fuivi ce qui efl; venu depuis l'année 1674 jufqu'a l'an 1723 inclufivement, & j'ai trouvé que cette fomme fe monte a fix cent foixante & douze millions de Piajlres. Mais quoique dans les années avant 1674 les fommes aient probablement été plus confidérables, j'ai cependant compté fur le même pied depuis J493 jufqu'en 1775, ce qui fait une période de 283 années, qui nous donnent 3804 millions de Piajlres fortes (ou (1) Hiftoire Générale des Voyages.  VENUE EN EUROPE. 125 de 10 | Réaux) en Or & en Argent,foic en maflè ou en monnoie, a laquelle fomme il faut encore ajouter un tiers de plus, venu par fraude ou entré fans Enregiitrement,ce qui fair. un total de 5072,000,000 de Piajlres (2). (2) Dans cette fomme fe trouve comprife celle qui eft venue au commencement de ce fiecle par le moyen des Francois & des Anglois. On fcait combien les premiers, depuis le regne de Philippe V, & h datter dés les commencemens de la fameufe guerre pour la fticcesfion, ont étendu leur commerce dans les Etablifleinens Efpagnols. Si donc on prend ces 50 années, & la fomme de 672 millions de Piajlres [de 10 j> Réaux] venue dans cet efpace de tems des Colonies Efpagnoles, on peut, fans trop s'écarter de la vraifemblance, évaluer la fomme totale it 3804 millions; & fi on y ajoute, non feulement un peu plus du quart, fuivant le fentiment de r Auteur de Vm/loire PM. lofophique & Politique, &c., mais meme un tiers en fus pour ce qui eft entré fans payer les droits, alors nous aurons, fuivant le calcul le plus jufte & le plus probable 5,072,000,000 de Piajlres pour les fusdites 283 années. Cette fomme, plus modérée que les Neuf milliards auxquels l*Auteur cité ci-deflus 1'a portée, paroitra fans doute aux lecteurs attentifs plus apptochante de la vérité; les obfervations qui fuivent ferviront encore it le confirmer. M. 1'Abbé R., ainfi que 1'Auteur du Supplément h 1'Encyclopédic ü'Tyerdun (article Eijrague), qui tous les deux portent la fomme a Neuf milliards de Pi.aff.res, paroiffent avoir fuivi ce que le Dofreur Bon Sanehe de Moncade avance fur ce fujet. Suivant le fentiment de ce dernier, il eft entré cn Efpagne depuis 1492 jufqu'cn 1595 Deux mille millions ) Combien, par exemple, Ie Commerce du Thé ne s'eft-il pas accru dans ce XVIIIme fiecle? I 2  i32 Ch. X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. grande quantité d'or & d'argent monnoyés dans le Commerce, pour fervir continuellement de figne de repréfentation. 2°. Que de cet or & argent monnoyés, il en refte toujours une certaine quantité inaclive dans plufieurs caifles, foit Royales, foit publiques ou particulieres (7). 30. Qu'il y a toujours de l'or & de l'argent en malle, en Cruzades & en Piajlres effeciives, dans les différentes places Commercantes , pour fervir au befoin. 4°. Qu'il fe trouve journellement dans Ia Bourfe de chaque homme, ou plutöt de chaque individu, une certaine quantité de monnoie, & que ces petits objets raffèmblés, doivent fonner une fomme tres - confidérable. Evaluons par exemple la population de ïEurope a cent millions d'habitans, que je réduirai a dix millions. Pour que ces dix millions aient une portion égale de 3550 millions de Piaftres, alors chaque individu aura pour fa part 355 Piaftres. Je fuis entré dans ce détail, non feulement paree qu'il m'a paru que la matiere le méritoit, mais outre cela pour répondre a ce qu'on lit dans le Trai- (?~) On a vu par les Nouvelles publiques i Partiele Lhbonne du 10 Avril 1777, qu'il la mort du Roi de Portugal il s'eft trouvé dans la Caiffe Royale 4!'. millions de Cruzades, & dans celles des Dimes 30 millions, enfemble 195 millions de livres de France, ii 50 fols la Cruzade.  VENUE EN EUROPE. 133 té de la Circulation & du Crédit, oü Pon avance: qu'il n'y a pas exiftant dans 1'Univcrs la moirié de l'argent qui fe dépenfe en un an dans la feule Ville de Paris (8). Entrons dans 1'examen de cette aflenion. Suppofons que Paris renferme 600,000 ames,& que la dépenfe de chaque perfonne, prife collcdtivement, fe monte a 10 fols courant de Hollande, cela fait par jour 300 mille florins, qui multipliés par 365, nous donnent 109 millions & demi de florins par an. Quand on doubleroit même & le nombre des habitans & le montant de leur dépences, 1'Auteur auroit bien de la peine a prouver ce qu'il avance. Or il n'efl: pas douteux, que fi l'on connoiflbic les différentes fommes qui relhent oiflves dans les différentes caiflès foit publiques foit particulieres, Pon trouveroit des Capitaux plus confidcrables, même dans notre Répubüque feulement. On fcait que la Hollande, dans une proportion générale, efl: le pays qui poflède le plus d'or & d'argent en efpeces. S'il étoit poflible de faire un pareil calcul, on feroit furpris du total que formeroit Penfemble des fommes renfermées dans les caiffes des principaux Négotians du pays, dans celle de la Banque $ Amfterdam, furtout dans certains tems de l'année, pour ne rien dire des fommes quelquefois (8) Voyez Traité dc la Circulation & du Crédit, page 34. I 3  i34 CA. X. DE LA QUANTITÉ D'OR. &c. furprenantes renfermées dans les Coffres de plufieurs particuliers. L'an 1773 on trouva chez un fimple fabriquant de cire a cachecter, demeuranc fur YAmftel, dans des armoires & autres coffres, lors de fa mort, environ 53 mille florins en efpeces entaffées fuccefïïvement, provenant des gains qu'il avoit fait dans fon érat, & dont une grande partie étoit réclufe depuis bien des années, & n'avoit par conféquent contribué en rien dans la circulation. De pareils exemples ne font pas rares en Hollande ; mais je me bornerai a celui que je viens de citer , pour paffer tout d'un coup a un exemple d'un autre genre, & qui fera toujours frappant & mémorable pour la pofiérité. A quelle fomme ne fe monta pas 1'impöt du denier 50 , levé dans tous les Etats des ProvincesUnies, tant dans YEurope que dans les Colonies Orientales & Occidentales, dans l'année 1747, impöt connu fous le nom de don gratuit, & qu'on exigea fous un ferment formel que la déclaration que l'on faifok de fes biens étoit fidele? Les Etats eurent la fatisfaclion de voir que leurs vues furent remplies dans un trés court efpace de tems (9). Cette 50eme partie de toutes les richefiès quel- CcO Jc n'entre pas dans ce moment dans un plus ample détail ftir la maniere dont cette levée fe fit, paree que j'aurai occafion de rever.ir fur cet objet dans mon fecond Volume.  VENUE EN EUROPE. 135 conques, que la Nation poffédoit, foit en terres, foit en effets commercables, foit en créances chez PEtranger, foit en argent monnoyé , fe monta a plufieurs millions. Cet exemple , peut-être unique dans 1'hifioire , peut fervir a reclifier les idéés peu juftes que certaines perfonnes fe forment des Richeffès qui fe trouvent dans les ProvincesUnies (10). Mon deffein n'étant pas de faire une critique détaillée de POuvrage fur la Circulation, je me bornerai a cette feule obfervation, perfuadé qu'on ne trouvera rien dans mon calcul qui répugne a la vraifemblance, & qu'on ne m'accufera point de Pavoir fondé fur des fuppofitions gratuites. J'ajouterai encore, que 1'expérience que j'ai ac< quife dans le maniement d'affaires d'une certaine étendue, m'a mis a même d'appuyer mes raifonnemens fur des principes affez folides. Les fignes intermédiaires ayant donc été augmentés par la découverte du Nouveau Monde, on 'vit Por & l'argent réfluer de toutes parts en Europe. II faudroit, s'il étoit poffible, pouvoir calculer avec un peu de jufieffè Por & l'argent, monnoyé & non monnoyé, qu'il y avoit déja en Europe, & qui fuffifoit aux Échanges d'alors, afin de pouvoir (10) Si l'on faifoit entter en ligne de compte la valeur des Terres, & celle des maifons des pnncipales Vilres des Sepr Piovinces Unies, 1 quclle prodigieul'e fomme ne monteroientpai' ces deux feuls objets? I 4  r36 CA. X. DE LA QUANTITÉ D'OR &c. juger fi Ia maffe entiere d'or & d'argent avant 1492, efta la maffe aétuelle en même proportion que les prix des denrées, main d'oeuvre &c. étoient alors en général avec ce que ces mêmes chofes coutent aujourd'hui. Nous avons obfervé dans IesChapitres précédens, que depuis la découverte de VAmérique l'argent a augmenté en numéraire comme de 1 a 4 i en France, & en Hollande comme de 1 a 3 k environ: enforte que celui qui avoit un revenu de mille florins en 1492, en gardant la proportion de l'augmentation fur le numéraire des Efpeces, auroit aujourd'hui un revenu de trois mille deux cent cinquan. te florins. Mais les chofes ayant augmenté dans la proportion de 1 h 12 & au-deflus, ce même particulier fe trouveroit réellement appauvri; car avec fes 3250 florins il ne peut aujourd'hui fe procurer ce qu'il étoit alors a même de faire avec fes 1000 florins. Nous avons vu combien cette immenfe quantité d'or & d'argent venue de VAmérique a occafionné de défordres fur la valeur des fignes, ainfi que fur celle des différens objets qui ccnftituent nos befoins journaliers ; nous pouvons donc dire que cet argent, qui s'eft répandu avec une trop grande profufion, a été femblable a un torrent impétueux, qui brife , qui renverfe, & qui finit par rendre tout ftérile.  VENUE EN EUROPE. 137 Non content d'augmenter le mal directement, on Pa encore augmenté indiredtement; car les disproportions que j'ai déja indiquées ont eu elles-mêmes auffi leurs caufes phyfiques ou naturelles, & celles - ci ont entr'elles leurs raifons & leurs rapports. Si les hommes font parvenus a mefurer la diftance des Globes, a connoitre leur marche, & la loi qui les fait graviter autour de leur centre, ne parviendront - ils donc jamais a fentir & a comprendre Pordre qui doit régner dans la valeur des chofes qui regardent de plus pres leur exiftence ? Cela ne dépend cependant que de leur Volonté. 15  i38 Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE CHAPITRE XI. De la proportion acluelle entre VOr <2? I'Argent, & de leur valeur refpeclive. O N eft aflêz d'opinion, que dans les premiers tems de la Répubüque Romaine la valeur proportionnelle entre Por & l'argent étoit comme de i a i o (i); & on appuye cette conjcéture fur ce CO si Dans les premiers tems de Ia Répubüque (felon Gap. raut) „ l'or étoit eftimé dix fois autant que l'argent, & felon cette propor„ tion la Monnoie d'or fut marquée au bceuf, & celle d'argent a la brebis , proportionnément au nombre des drachmes; cependant cet,, te analogie varioit fuivant 1'abondanceou la raretéde 1'une ou 1'au„ tre matiere." Voyez Trant des Monnoies article Proportion. S a v o t , dans fon Difcours fur les Médailles, dit au Chapitre IX page 176 „ que du tems de Pline la proportion entre l'or & Par„ gent étoit d'un h douze ; que cette proportion douzieme eut un „ grand cours; qu'elle vint auifi it 13; qu'elle defcendit i 10, & „ même a un peu moins que 8. Un Traité fait entre les Romains „ & les Etoliens, par lequel, felon Polyue&Tite-Live, ces „ derniers pouvoient donner dix talens d'argent pour un d'or, nous „ fait connoitre que la proportion d'un it 10 de l'or ii l'argent exiftoit „ chez les Grecs comme chez les Romains. Cependant, quoique „ cette eftimation ait eu lieu dans le Traité dont il eft queftion, cela ne „ démontre pas fans appel la réalité de la proportion: car fi nous „ prenons pour exemple l'évaluation de dix brebis pour un bceuf, „ nous devrons obferver qu'il ne s'agiffoit dans l'évaluation réclle que d'un feul métal, c'eft - it - dire , du cuivre, feul alors en ulage „ dans les premières années de la Répubüque. M. A. de B a z 1 n g h e n , qui fait aulli mention du Traité conclu avec les Etoliens, dit égalcment, que les Amendcs étoient limitées it deux boeufs ou 20 brebis, leiquelles en Monnoies furent évaluées, fca-  L'OR ET L'ARGENT. i39 qu'un boeuf valloit dix brebis. Mais efi-on fondé a prendre cette eftimation, pour établir la - deflus la proportion entre ces deux métaux ? Rome fut cinq fiecles fans connoitre chez elle d'autre Monnoie réelle que le cuivre. Les Amendes établies pour avoir manqué de refpeét aux Magiftrats, fe payoient d'abord en befh'aux. II me paroit donc plus probable, ainfi que je 1'ai déja obfervé au Chapitre II, que lorfque les R.omains commencerent fous les Confuls a fe fervir de l'argent & de l'or, la proportion entre ces deux métaux fut de i a 15; ce qui vraifemblablement a enfuite varié, par 1'alliage que l'on ajouta aux efpeces d'or & d'argent, furtout lorfqu'on étendit les conquêtes, & que l'on commenca a prendre le goüt des richeflès. Ce fut alors qu'infenfiblement le défordre s'introduifit partout. Si la grandeur des Romains avoit eu pour bafe Ie Commerce, comme chez les Carthaginois, je crois que leur Empire fe feroit écroulé encore plutöt. „ Les citoyens Romains , (dit un Auteur céle- voir: le bceuf a 100 ai, & la brebis h 10 ,• mais il faut entendre livres de cuivre. II n'efl: dont ici queftion que d'un feul métal. „Po lux & Hes yc mus (dit le même Auteur) „ écrivent „ que de leurs tems cette analogie disieme étoit encore en urage; „ cependant plufieurs font du fentiment. qu'il faut enteudte par l'or j, qui avoi: cours, non dc l'or.(in, mais feulement de l'or cVOphir, „ qui tenoit quelqu'alliage, que les anciens favoient trés bien diftin. ,, guerj c.rr, comme Ie remarque Hérotkte., lorfque Crotfus envoya • des tlli,es d'01' * Delphes, quatre étoient d'or fin , tk. les autres d'or allayé. "  r4o Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE „ bre) (a), regardoient le Commerce & les Arts „ comme des occupations d'efclaves, ils ne les „ exercoient point". Et en effet, dès qu'une fois Por & l'argent abondent dans un pays, ils ne fervent plus pour Pufage inltitué, mais ils fervent uniquement de moyen pour parvenir a tel but qu'on fe propofe. Dès que Rome connut la Monnoie d'or, on vit en peu de tems leurs moeurs fe corrompre; les tréfors tirés des mines d''Efpagne & SAfriqae acheverent de rendre la corruption univerfelle, & ce fut alors qu'on ne reconnut plus de Répubüque Romaine. Lorfqu'a Rome (dit M. 1'Abbé Millot) Pamour des richefïès fit préférer l'argent a 1'honneur, fruit naturel des grandes conquetes, ce fut le figne infaillible d'une prompte décadence. Marias, enfuite Sjlla, & puis Céfar, fe rendirent les maitres des éleéïions a prix d'argent. En jettant les yeux fur PHiftoire Romaine, on voit, furtout fous les Empereurs , des exemples frappans de richeffes , de luxe, & de magniflcence. Jamais la Répubüque Romaine ne fe vit fi opulente qu'a 1'époque de fon bouleverfement (3). (2) Montesqoieu, Confidérations fur les Caufes de la gran' deur & de la décadence des Romains. Chap. x. C3) Hifloire naturelle de Vor & de fat gent par D u r a n d page 32.  L'OR ET L'ARGENT. i4i Lorfque Céfar revint triomphant des Gaules, il apporta a Rome une fi grande quantité d'or, que celui - ci n'étoit eftimé que fept fois & demi autant que l'argent. Augufte ayant conquis Y Egypte, apporta en Italië les tréfors des Ptolomées : l'or & l'argent devinrent alors trés communs en Europe (4), ce qui changea quelque tems après, lors de la décadence de 1'Empire. Ces idéés préliminaires m'ont paru néceffaires pour affermir mon opinion fur la proportion entre l'or & l'argent, dans les commencemens de la puiffance Romaine. Au déclin de ce grand Empire, au lieu d'une abondance, on appercoit fouvent la rareté de ces métaux. Vers l'an 395 , felon 1'Auteur que j'ai déja cité (5), la proportion fe trouvoit établie comme de 1 a 14 «. ce qui doit avoir été confirmé en 534. Mais cela feroit-il probable, puifque dans les V & VI fiecles, fous les Rois de France de la première Race, on veut que la proportion ne fut que de 1 a 10? Je penfe donc que tant que l'on ne fcaura pas au jufte le titre & le poids précis d'un denier d'or & d'argent de ce tems - la, on ne pourra pas établir avec eertitude la proportion qui exiftoit entre ces matieres; & que tout ce que C4) Hiffoire naturelle de l'or & de VargeM par D u r a n d. Voyez aulïï Traité des Monnoies. Sous Tibere l'argent étoit aufïï commuu en Italië , qu'il peut Pétré atijourd'liui en quelque partie de 1'Europe que ce foit. Voyez encore Montfaucon Tome III. (s) M. A. de üazinghen.  14» Ch. XI. DE LA PROPORTION ENTRE Pon peut faire, c'eft tout au plus d'efperer qu'on approche de la probabilité. Les Araendes établies dans quelques Codes de Loix font plus propres a répandre de la lumiere fur cet objet; par excmple, dans le Code des Loix des Frifons, onze livres d'argent me paroiiïènt cvaluées a une livre d'or, ainfi que je Pai obfervé au Chapitre VIL Cette proportion fe trouve également établie fous Pépin; il paroit donc que l'or étoit alors plus abondant qu'aujourd'hui, & qu'il ne 1'avoit jamais été , du moins felon mes idéés,aux V & VI fiecles de la Répubüque Romaine. Au IXme. fiecle de 1'Ere Chrétienne, la proportion paroit avoir monté a 12, ce qui depuis h varié , car nous voyons, d'après un Aéte du regne de Philippe le Bel, qu'un mare d'or eut cours pour 10 marcs d'argent (6). En Hollande, l'an 1336 le mare d'argent valloit 4 florins, & le mare d'or 42j environ, ce qui établit la proportion comme de 1 a 10 ï (7). (o") 7'raité des Monnoies W 1'article Louis IX , ou Saint Louis, page 108. * (f) Le prix que j'attribue ici au mare d'or n'efl- que par fuppofition, & d'après ce que j'ai vu que le mare d'or valloit en 1388. Or en gardarit la même proportion de l'or a l'argent, 5a£ ou 59 font a 42 l environ pour l'or,comme font les ƒ5 11 :a 4 pour l'argent. Dans mes Recherches. je n'ai pu trouver d'autres Aeies authentiques de nos Monnoies d'or dans la Piovince de Hollande, que celui de 1388, dont j'ai fait mention au Chap. V. Cependant il y a des Auteurs, tels que M. Ai. des demi Ryders du meme titre, & d'un poids proportionné, c'eft-a-dire de 3 Eftelins 7 1 as, ayant cours pour 7 florins. Suivant une Inftruction pour les Maitres des Monnoies, en date du 17 Février 1606, le Ryder doit pefer 6 Eftelins & 15 as en fus, c'eft - adire, plutót plus que moins. En i(5ofi le Ryder eut. cours pour 10 florins 2 fols. Par une Ordonnance du premier Aoüt 1749 cet article rélatif au poids fut confirmé. Voyez les Livres de M. C. Cau Tome VII. page 1107. On taille d'un Mare 261 Ryders & -ga parties. Voici un autre calcul : 100 Marcs d'or de 22 Karats font en or fin 91 Marcs iö Karats; & donnent 26 1 Ryders & ^*, ou ƒ 374 - o 'go, ou ƒ 374-1 ƒ34287. r8 -16 faifant 2449 Ryders a 14 & ƒ 1 -18 -16. L z  itS4 Ch' XII. DES MONNOIES d'or du pays , qui ait cours dans la République pour 14 florins. II pefe 6 eftelins 15^ as. Mille Pieces pefent 40 marcs 3 onces 9 \\ eftelins. Le Ryder fe trouve compofé ou allié de 22 Karats en or, de 16 grains d'argent fin, & de 8 grains de cuivre. Cette maffe de métaux contient donc \\ parties d'or fin, $ d'argent fin» & it ^ cuivre. En voici le poids en or fin: 37 marcs 1 karat 7 grains , & la valeur a ƒ 355 pour le mare /i3i58-io L'Agio de Banque & celui du prix de l'or 7»3- i4 donnent ƒ 13882- 4 en Argent 2-1 -19]| a 25-17 . . 58-1 en Cuivre 1 - o-19 \\ .... Marcs 40-3- 9 jj ... ƒ13940- 5 On peut donc fans perte fabriquer des efpeces d'or: mais en y ajoutant un pour cent, auquel on évalue les fraix & droits de la Monnoie, il y a de Ia perte. Toujours eft-il vrai que la matiere, ou poids de mille Ryders, contiennent ƒ60 moins que leur numéraire, ou que les 14000 florins qu'ils repréfement. Quant a la Monnoie d'argent, outre les pieces de 1 & de 3 florins, il y en a de plufieurs poids & titres; par exemple, les pieces de 30 fols, de    DE FRANCE k 165 28 fols, de 6 fols, de 5 I, de 2, & d'un fol (15). Je ne ferai ici mon calcul que fur les deux premières Efpeces, dont on trouve les empreintes a la Planche 2 fig. 6 & 7 (16). La Piece de trois florins pefe 1 once & 17 J as. 200 pieces 25 marcs 5 onces 11 ƒ eftelins eompofées de . . 10 deniers 23"$ grains dargent 1 £ de cuivre, (15) 2000Efcalins,ou 600 florins, doivent pefer 40 Marcs, 4 onces Ji Eitelins, du titre de 6 deniers 20 l grams , font eu argent fin 23 Marcs 1 denier 23 grains 12 j. parties it ƒ 25 - 2 . . / 581 - 8 - 38 Et a 25-17 ƒ 59»-16 6000 doublé fols C dubbeltjes ) 011 600 florins, perent 39 Marcs 2 onces 8 i Eftelins du titre de 6 deniers 20 grains, qui font (en argent fin) Marcs 22-4 . 13, 4| k 25-2 , . . . /557- 8-3S Et 4 25 -17 ƒ 578 -10 Ces exemples, outre les précédens , fuffiront peur expliquer ce que je m'étois propofé d'expofer au fujet de nos Monnoies. (16; Par un Placard du 25 Septembre 1Ö81, les Etats de I/ollaude & de Wejl - frife iultituerent quatre nouveaux deniers d'argent de la première Clalfe, fcavoir la piece de 3 florins, nommé Staten Gulden, la piece de 2 florins, & celle de 1 & demi florin. Voici comment les pieces de 3 & 1 florins répondent au cours de ƒ 25 - 2, felon le prix qu'on afligna it ces Efpeces. 900 Pieces pel'ent 25 Marcs 5 onces 12 i Eftelins du titre de 10 deniers 23 | grains , qui font en argent fin 23 Marcs 6 deniers 11 grains 41 parties, it 25-2 le Mare fin ƒ590-6-22 Mites 600 Pieces pefent 25Marcs 5 onces 15 Eftelins, qui i 10 deniers 22 x donnent en argent fin 23 Marcs 5 deniers 7 graihs 4 parties, a ƒ 25-2 ƒ 583-4- 7 L 3  j66 Ch. XII. DES MONNOIES font en argent fin 23 marcs 4 onces 4^ eftelins, a ƒ 25 -17. pour le mare d'argent fin . ƒ 608 -: Et la piece d'un florin pefe 6 eftelins 27 /? as. 600 pieces 25 marcs 5 onces 11 £ eftelins allié de .... 10 deniers 221 grains d'argent 1 1 i de cuivre, font en argent fin 23 marcs 3 \, a 25 - 17 ƒ 607 -: II y a donc de la perte, outre les fraix de la Monnoie, a faire fabriquer les dites Efpeces d'argent, & du profit s'il étoit permis de s'en fervir comme Marchandife; c'eft-a-dire, fi l'on pouvoit le fondre & 1'envoyer chez 1'Etranger pour de l'argent en mafle. D'après le détail oü je fuis entré fur nos Efpeces d'or & d'argent dans ce Chapitre & dans le précédent, il réfulte,qu'aujourd'hui fur le prix de ƒ325. 8 f & 51 pour cent d'Agio pour l'or de 22 Karats, & de 25-17 pour l'argent de 12 deniers, ou ƒ23-14 pour celui de 11 deniers, ou bien 10-237:, la proportion de l'or a l'argent fe trouve établie comme de 1 a 14! environ, & non comme de 1 a 14/3 , bafe cependant fur laquelle eft établi le cours de nos Efpeces. Tel eft donc 1'état aétuel de la valeur réelle des Monnoies refpeétives en France, en Angleterre & en Hollande.  DE FRANCE &c. 167 , Au refte, je hazarde les idéés fuivantes, qui peut-étre feront de quelque ücilïcé pour le public. i°. II feroit trés a fouhaiter qu'on ne fabriquat les Monnoies qu'avec Ie moins d'aliiage. poffible j moins d alliage faic une épargne , & procure par conféquent du pront. La matiere qu'on emploie pour cet alliage a un certain prix, & n'eft jamais portee en ligne de compte dans Ia réfonte; plus donc les Monnoies contiennent de matiere fine, moins elles coutent a celui qui les fait fabriquer. 20. II faudroit en même tems que les fraix des Monnoies fuiTent partout, ainfi que du tems des Romains, pour le compte du Gouvernement. 3°. On ne devroit accorder aucun remede fur Ie titre & poids des efpeces aux Maitres des Monnoies , mais ce devroit être fur le titre & fur Ie poids réel , ou fur h maffe réelle , que fe reglat toujours le .cours de chaque denier d'or ou d'argent. Quand une piece d'or ou d'argent a fon titre & fon poids précis , elle en vaut davantage. Si le Maitre des Monnoies doit être dédommagé la-deflus de quelque chofe, il faudroit que ce fut pour le compte du Gouvernement. Enfin on ne peut aflèz répéter dans un Ouvrage de ce genre les expreffions du Celebre Montesquiüu: „ ce n'eft pas le nom qui L 4  i68 CL XII. DES MONNOIES && „ doit régler le cours des efpeces, mais la mafte „ de la matiere". C'efl: en effêt elle qui regie , par Ia quantité de matiere pure, la valeur réelle des efpeces , & non pas le numéraire (ou la valeur) qu'il plait au Prince d'affigner ou de faire marquer fur fa Monnoie.  DE LA MONNOIE UNIVERSELLE. 169 CHAPITRE XIII. De la Monnoie Univerfelle. A Prés avoir parlé des Monnoies qui ont cours dans les Etats des trois PuilTances Commercantes de 1'Europe, il convicnt de dire un mot de Por & de l'argent en maffe ; c'efl:-a-dire , de celui qui fe trouve en barres ou en lingots. Lorfque ces métaux, qui font ordinairement plus ou moins alliés avec du cuivre, en contiennent le moins, ils approchent le plus de ce que nous nommons fin; l'or fin ne peut pas entiérement être porté au titre de 24 Karats, & l'argent a celui de 12 deniers (1). Dès qu'une fois Ie titre (par le moyen de Peflai) & le poids de ces métaux font connus, ils peuvent facilement être évalués dans le Commerce; cette êvaluation repofe dans chaque Société fur le numéraire attaché aux Monnoies. Quand Por & l'argent deftinés a fervir de Monnoies ne font pas aflez fins, on peut, par le moyen de Paffinage , les purifier des autres métaux, & (O En Allemagne on ed dans l'ufage d'eftimer Ia fineffe de l'argent ï>ar loths. L'argent fin elt de i5 loths , Ie loth fe divife en 4 gros» & le gros en 4 deniers. Voyez Traité da Monnoies, &c. L 5  ï7o Ch. XIII. DE LA MONNOIE par cette opération les rendre plus purs, plus fins, & de plus haut prix. Quand Tor & l'argent fe trouvent d'un titre trop fin, on y ajoute un équivalant en cuivre , ou bllllon, autant qu'il en faut pour les rendre du titre fixé par les Loix ou Ordonnances. Outre l'or & l'argent en lingots ou en barres, il y a encore des Monnoies qu'on peut confidérer comme fi elles ne différoient point de l'or ou de l'argent en lingots. On doit ranger dans cette Gaffe les Monnoies d''Efpagne & de Portugal, connues & recues aujourd'hui dans le Commerce, que les Mines dc VAmérique nous fourniffent, & qui fe répandent enfuite dans tous les Pays commercans de VEurope. Les Piaflres 8Efpagne , Monnoies d'argent, ont cours dans les quatre parties du Monde; elles fe difiinguent aujourd'hui en Piaftres Colonnes, en Piaftres Sévillanes (d'Efpagne), en Piaftres Méxicaines, & en Piaftres ncuves. Les trois premières font a - peu - prés du même titre & poids, & ne différent pour ainfi dire que par Pempreinte & par la forme. La derniere efl: d'une moindre valeur , paree que le titre en efl moindre. Entrons en détail fur ces efpeces. La première de ces Piaftres, connues chez noUs fous le nom de Py laar en, voyez PI. 3. ftg. 8, eft    UNIVERSELLE. iji fabriquée cn Amérique. Elle efl: du titre de 10 deniers 2ii grains, & chaque piece pefe ordinairement 17 J eftelins (engels) de notre poids de Troyes. Les 913 pieces pefent 100 marcs. Le mare vaut aujourdnui a Amfterdam 22 florins 8 fols argent de Banque. Les Piaftres Sévillanes (voyez ftg. 9.) fe fab'rir quent en Efpagne (felon qu'on me Pa afluré.) Ces efpeces varient entr'clles par rapport au poids, deforte qu'on en rencontre fouvent oü il y a une piece de plus ou de moins fur les 100 marcs. Quant a leur titre , il eft de 10 deniers 22 grains: mais cette efpece fe rencontre aujourd'hui rarement dans le Commerce. Les Piaftres a deux globes, connues fous le nom de Méxicaines vieilles (voyez ftg. 1 o,) font aufli du titre de 10 deniers 22 grains. Ordinairement il y a 912 4: pieces dans les 100 marcs. Elles fe vendent préfentement a Amfterdam 22 florins 8 a 9 fols le mare. Ces Piaftres Méxicaines, vieilles & nouvelles, font d'un même poids; on trouve la figure des dernieres auffi fur la PI. III ftg. 11, maïs elles font du titre de 10 deniers 18 grains. C'eft depuis 1774, fi je ne me trompe, que cette nouvelle efpece a été introduite dans notre Commerce. On les vend actuellement environ 22 florins argent de Banque le mare.  i72 Ch. XIII. DE LA MONNOIE Lorfque ces Piajlres fevendent, il eft d'ufage de donner fur chaque i oo marcs 2 Piaftres au deffus du poids. Entrons maintenant un inftant dans un plus ample détail fur la valeur réelle de ces efpeces. J'ai obfervé, en lifant quelques nodces, écrites il y a environ un demi fiecle, que le titre des Piaftres a été ci-devant bien plus haut. J'ai trouvé que les Piajlres Colonnes (Pylaareii) ont été au commencement de ce fiecle du titre de 11 deniers, a $ grains, a 11 deniers 2 grains, quelque tems après 9 environ 11 deniers , enfuite a 1 o deniers 221 grains, telles que nous les avons encore aujourd'hui. Les Piaftres Méxicaines , felon lesdits Papiers, auroient été auffi du titre de 11 deniers , & font venues enfuite a 10 deniers 22 grains, comme elles font a préfent (2) , excepté les nouvelles, qu'on nomme auffi Méxicaines, & dont j'ai fait mention ci - deffus. Les Piaftres neuves étant reftées en Efpagne fur (2) Dans 1'Ouvrage qui a pour titre : le Commerce d'Amfterdam, pat le Moine de 1'Espine, continué par M. Ifaac le Long, Tome I page 192, on obfervc que les Piaftres Méxicaines contenoient autrefois 11 deniers en argent, & les Piaftres Colonnes (Pylaareu) n deniers 3 grains, & que le titre de ces deux efpeces depuis 172S a été, potté W to deniers 22 grains. Le 1000 Piaftres perent ordinairement 109 | Marcs. Dans cette proportion les 913 ^Piaftres pefent 100 Marcs polls de Troyes, en ufage en Hollande. L'expérience m'a aufli appris que loriquc les Piaftref (bnt neuves, il y a 912 pieces dans les 100 Marcs.  UNIVERSELLE. 173 le même pied que celui des anciennes, mais leur titre étant moindre de quatre grains, il en réfulte néceflairement que les vieilles fortironc de YEfpag«e,&fe difperferont aufll peu-a-peu chez 1'Etranger. II efl: difficile de déviner la véritable caufe qui a produit la diminution de ces Piaftres; 1'opinion, que 1'État gagne en diminuant le titre des Monnoies, fous prétexte que 1'Etranger préférera les Marchandifes aux efpeces, feroit-elle admife en Efpagne ? L'expérience cependant prouve qu'on fe trompe, puifqu'il efl: certain que 1'Etranger mefure tout ce qu'il vend ou achetté, fur l'argent effeétif, & non pas fur la valeur aflignée au numéraire. Lorfqu'en O&obre de l'an 1686 on augmenta en Efpagne de 32 a 38 réaux la valeur de la piece d'or nommée Doublon, le cours du change fur Amfterdam tomba fubitement de 129 a 109, & enfuite a 103 gros. Depuis que les dernieres Piaftres neuves font connues, le cours du change fur Amfterdam s'eft établi dans la proportion. Le cours du change eft le meilleur baromêtre pour tout ce qui concerne Ic Commerce, & ce cours n'a d'autre bafe que la valeur réelle de l'argent. J'ai déja dit que les deux Piaftres, vieille & nouvelle, font du même poids; elles ont cours chacune pour 101 Réaux, ou 3&1 $ marevedis. Mais elles différent cependant en valeur, a caufe d'un  i74 Ch. XIII. DE LA MONNOIE moindre dégré'de fmeflè qui fe trouve dans la nouvelle: car le rapport de la vleille a la nouvelle Piaftre, elt comme les 10 deniers 22 grains font au 10 deniers 18 grains, ou ce qui efl la même chofe, comme le numéraire de 361 k marevedis elf au numéraire de 355 4. Par conféquent les vieilles Piajlres ont une valeur intrinfeque fupérieure aux nouvelles d'environ 1 \ pour cent. On m'a affuré que les vieilles Piajlres en Efpagne fe font échangóes contre les nouvelles dans le courant de cette année avec un Agio de 2 pour cent; deforte que pour 102 neuves on n'a pu obtenir que 100 vieilles, ce qui fait voir que ces dernieres font ellimées du public comme ayant plus de valeur que les nouvelles. Au commencement de l'année 1776' , lorfque les vieilles Piaftres valoient a Amfterdam ƒ22 -8-£ a 9| le mare , les neuves valurent ƒ 22-oj, ou ƒ 21 -19fi, A la fin de la même année les vieilles Piaftres valant 22-8 J a j\ , les nouvelles valurent 21-182 a 18. Dans le courant de cette année les vieilles Piaftres ont été a 22 - 9 ou 8; & les neuves \\ 22-1 ou 22. Vers la fin du mois d'Oéïobre 1777 les Piaftres Méxicaines valoient 22 florins 9 J fols a 9 fols, les nouvelles f 22 -1 i, ou 22-oi Et en prenant pour bafe le prix de 22 florins 9 fols pour les Piaftres de 10 deniers 22 grains, celles du titre de 10 deniers iS grains dans  UNIVERSELLE. 175 la proportion devoient val oir f 22.-2$ le mare; prix cependant auquel elles n'ont pas encore été portées. II n'efl: pas probable que les nouvelles Piajlres puiflent s'établir , proportion gardée , au mème prix que les vieilles, tant que ces dernieres exifteront dans le Commerce. II me femble que le profit que YEjpagne croit faire fur ces efpeces n'efl: pas un avantage folide pour elle, car étant continuellement débitrice .envers 1'Etranger, a caufe de ce qu'elle prend chez lui pour fes pofleflions dans 1'Amérique , elle fe trouve continuellement obligée de liquider fes dettes a fon défavantage. Le Portugal paroit connoitre mieux fes intéréts, puifqu'il continue fa Monnoie d'or au titre de 22 Karats. Ce qui me paroit d'autant plus avantageux & plus prudent, que les Monnoies d'or en France, en Angleterre & en Hollande font toutes établies fur le même titre. La Cruzade, ou Lisbonnine de Portugal, de 6400 Rees, pefe 4 Oclovos, ou une demi once poids de Portugal ( Voyez Planche IV figure 12 au bas de cette planche); elle elf du titre de 22 Karats, & pefe ordinairement 9 eflelins & 11 as. 500 de ces pieces pefent communément 29 Marcs 1 once, & 2 ou 3 eftelins. Elles fe vendent a un prix fixe de ƒ 325- 8f, argent de Banque le Mare, avec un Agio en fus, qui eft plus  i76 Ch. XIII. DE LA MONNOIE ou moins haut dans le Commerce (3). Aujourd'hui (au commencement de Novembre 1777) cet Agio efl: feulement de ,75 a \ pour cent. Outre ces Monnoies étrangeres, la Hollande en a de particulieres qui forment elles-mêmes un objet de Commerce, & qui fervent de gage intermédiaire chez 1'Etranger. Elles doivent être confidérées comme égales a celles $ Efpagne Ik de Portugal, dont je viens (3)Rendons ceci plus fenfible par la fuppofition (hivante : 500 de ces efpeces d'or vennes de Llstonne, fr 6400 Rees, font en Cruzades (chacune de 400 Rees) ƒ 8000 - : Et au cours du change de 46 gros, la Cruzade de 400 Rees 9200- : Les dites 500Pieces péfant 29 Marcs 1 once 21 eftelins, font 1/325; 81 f 9-182-17 L'Agio | pour cent 35 -11 /95t8- 8 A déduire pour le fret ïi 1 pour cent fur un ~) VaiiTeau de Guerre ƒ95- 3 r~ 99-19 Courtage de vente k j par mille ... 4 -16 J Ainfi Ie produit des 500 defdites pieces d'or fe trouve étre k Amfterdam ƒ 9418 - 9 : & le profit f 218 , ou environ 2 J pour cent : duquel il faudroit encore déduire les affiiranccs, ou le rifque de Mer , & les droits de Commiffion, foit au Cotrcfpondant de Lisbonne foit it celui d'Amfterdam; mais d'ordinaire dans ces fortes d'affaires les Négotians fe font un compte i demi, c'eft - it - dire , qu'ils le font de part& d'autre libre de Commifiion ou de Provifion, en partageant cntr'etix le profit ou la perte qu'il y a eu. Le rifque de mer, lorfque le tranfport fe fait fur un VaiiTeau de Guerre, eft évalué it un demi, 011 it un pour cent, feloa h faifon.  UNIVERSELLE. 177 viens de parler, ou comme cgales a l'or & a l'argent en mafTe ou en lingots. Tel eft par exemple le Ducat d'or (Voyez PI. IV. fiS- 13) qui doit pefer 2 eftelins 8 ff as, & qui eft du titre de 23 Karats 7 grains, ou 23/i. Ainfi 1000 Ducats pefent 14 Marcs 1 once ir eftelins /5, qui a 355 florins argent de Banque pour Ie Mare d'or fin, font Mare fin 13. 22 Karats qJJ grains, & font en argent de Banque. ƒ 4952- 7-8 L'Agio calculé a pour cent . . 24-15- : Enfemble argent de Banque . . ƒ4977- Le Ducat pouvant être recu a la Banque pour ƒ4-19 - 8 Jes 1000 pieces donnent ƒ 4975 ; & en Pévaluant a 5 florins argent de Banque, ƒ 5000: il y auroit donc de refte ƒ 22- 17- 8 pour les fraix, falaires, alliages &c. du Maitre des Monnoies (4). Le Ducat d'or a cours parmi nous pour 5 florins 5 fols argent courant, mais on ne peut obliger perfonne a le recevoir en payement. Cependant le plus fouvent Ie Ducat, furtout quand il eft neuf, vaut dans le Commerce plus que les 5 florins 5 fols, c'eft-a-dire un huitieme de fol, ou un fol entier de plus par piece. II y a environ 25 années qu'on (4) 1000 Ducats d'or b f 5-5, font f 52.-0. Et ƒ 4977-2-8 argent de Banque, font, avec 5 pour cent d'Agio , ƒ 5226. Pour peu que les Ducats foient démandés dans le Commerce, nos Monnoies en font des ncttfs. Le bas change de Londres fait aujourd'hui abonder l'or chez nous, & influe fur lc prix dc ce préticux wétal. M  ifc) CA. XIII. DE LA MONNOIE vit Ie prix du Ducat d'or porté a environ ƒ 5-4 , & a moins. Le Ducat, ainfi que la Rysdak (Monnoie d'argent) fervent principalement pour le Commerce du Nord, de 1'Allemagne , furtout de la Ruflie, de la Pologne & de la Prufie. On peut voir 1'empreinte de cette derniere Piece dans la Planche IV figure 14. L'argent en eft du titre de 10 deniers 10 grains, & chaque Rysdak doit pefer 18 eftelins 8 as & un cinquieme. . . 200 Pieces, pefant 22 Marcs 6 onces 11 \ eftelins, font, le Mare fin h25-19 (5),en argent courant environ ƒ 514 \. A quoi il y auroit k ajouter les fraix de la Monnoie , qu'on évalue ordinairement a un pour cent. Et comme ces Efpeces font prefque toujours demandées dans le Commerce , elles fe vendent (5) L'argent fin n," valu pendant le cours de 1'Eté dernier ƒ 25 -17 le Mare : & & ce prix', la valeur des 200 Rysdahs feroit environ ƒ 512. L'Agio dés Rysdalcs a été dans les mois de Juillet & d'Aoüt aux environs de 3 it 31 pour cent. Ainfi les 200 Rysdalcs ont valu environ ƒ518 *: fcavoir, 200 Rysdalcs tirées de la Banque a 48 fols piece font ƒ 4S0 - : L'Agio 3 1 pour cent, y compris 1'intérêt des avances de la Banque J5- : 495" ! Agio de l'argent de Banque,ït 4jj. pour cent,environ . 23-10 ƒ 518-10 Suivant 1'Auteur du Commerce d''Amfterdam, Tome I. page 193. 200 Rysddcs doivent pefer 22 Marcs 6 onces 15 eftelins.    ÜNIVERSELLE. i79 avec un Agio. Le prix de cet Agio efl ordinairement plus haut pendant 1'Eté, car c'eft alors qu'on en expédie le plus vers les Ports fitués fur la Mer Ealtique, & fervent en grande partie pour le payement des Grains que nous tirons continuellement de la Pologne & de la Pruffe. Aujourd'hui 1'Agio de la Rysdak eft de 3 8 pour cent, & par conféquent fa valeur intrinfeque vaut aciuellement environ 51\ a l fols la piece. Le Ducaton (Voyez PI. IV. figure 15) doit pefer une once, un eftelin & 5 J as. Son titre eft de 11 deniers grains. 200 Ducatons pefent 26 Marcs 3 onces 15J eftelins, qui, a ƒ 25-19 le mare fin , font ƒ643- 10; a quoi il faut ajouter les fraix de la Monnoie. Ils ont été payés dans le mois de Février dernier avec un Agio de ai pour cent (6). C'eft de cette Efpece dont notre Compagnie des Indes Orientales fe fert principalement dans fes Etabliffemens au Cap de Bonne Efperance, dans toute Ylfie de Java, ainfi que dans les Ifles Molucques, oü elles ont cours comme Monnoie; & c'eft auffi fur (6) En évaluant l'argent fin 8/25-15 le Mare, ainfi que Ie prix a été au commencement de l'année, alors les 200 Ducatons auroient eu en valeur d'argent 638 -10: & a 63 fols, avec 1'Agio de 23 pour cent, ils ont couté ƒ 647 - 6, ou environ 64 % fols la piece. Suivant ce même Auteur, Tome I. page 193 , 200 Ducatons doivent pefer 26 Marcs 3 onces 15 eftelins , & Ie titre de ces efpeces f& de li deniers 6 grains. M 2  i8o Ch. XIII. DE LA MONNOIE ces Ducatons qu'on fait 1'efiimation de ce qu'on vend ou achetté dans ces Pays. II eft donc effentiel d'obferver fi les Monnoies Nationales de Pinde font dans une jufie proportion entr'elles, & avec les nötres. Le Ducat d'or de Hollande a cours auffi dans nos Poffeffions hors de YEnrope ; mais quelle elf. la jufie proportion entre l'or & l'argent dans cette partie du Monde ? C'clt fur quoi je crois que la Compagnie n'a pas encore des éclairciflèments afièz certains , pour étabïir un jugement précis, tant fur la valeur des Efpeces, que fur l'évaluation des changes avec la Hollande. La jufteffè fur les titres & poids de toutes ces pieces, conftamment obfervée dans la fabrication, en établit la Renommee dans tous les Pays Commercans, & fait honneur aux Souverains dont elles portent 1'Empreinte. Les Séquins de Vénife (7), & les Talleris de la 00 M'étant procurc un Séquin de Pénife, je Fai trouvé du meme poids que nos Ducats d'or, c'eft - ;t - dire, 2 eftelins 3 J as environ ; & 1'ayant i'ait fondre, j'ai trouvé que le titre en étoit de 23 Karats 11 grains, c'eft-it-dire de l'or le plus fin. Examinons un inftant Ia valeur intrinfeque de ces deux efpeces & Jimflcrdam, & comparons - lit enfirite it ce que chacune de ces efpefes repréfetite dans un Empire aflez éloigié de ,chez nous, mais avec lequel nous avons cependant continuellement des rélations par rapport au Commerce. E'or fin de 24 Karats valant ƒ 355, & 5 i_ pour cent d'Agio ( ou ƒ 374. 10 le Mare) l'or de 23 Karats 11 grains vaut ƒ 373. 4. Et celui de 23 Karats 7 grains. ƒ 368. Ainfi Ic Ducat de Vinife pefe 2 eftelins 5.| as, & contient en or  UNIVERSELLE. 181 ■Reine (8), qui fe fabriquent a Halle en Tyrol, (& je Crois miïiaJugsbourg), jouiflenc d'une granen notre numéraire 105 ~ fols. Et Ie Du:at de Hollande du même poids 104. .f ii I Tols. Ces deux Efpeces out un grand cours dans tout 1'Empire de Turauie, deforte que dans les priucipales Placcs de Com nerce de ce vaste Empire on voit autant dc ces efpeces que de celles du Pays même. Avant la derniere guerre entre les Rups & les Turct, par conféquent avant que les Monnoies aient été en dernier lieu affoiblies en Turquie, le Sequin de Pintje avoit cours it Conjlantinopte pour 3g Piaftres. ou 155 paras j & le Ducat de Hollande pour 3 Piajlres 27 paras, ou 147 paras. Depuis 1'affoibliflement des Monnoies, ou depuis raugmefltatipn qui s'eft faite dans leur numéraire , le cours du Séquin de Vénife a été (il ce qu'on m'a afiiiré) de 4 Piajlres & 12 paras, ou 172 paras, & le Ducat de Hollande de rob paras. Or, qu'on obferve maintenant'fi le numéraire de 104 » eft au nu. méraite de 105 §'; comme les 147 paras font aux 155 paris. Jai préféré de faire mon calcul fur le cours ancien de ces efpeces, parce-qtte je fais tres pofitivement qu'a'ors le cours de ces elpeces fut établi fur ce pied-li. 11 eft donc démontré, qu'en Turquie le Séquin de Vénife étant d'un or tres pur, repréfente dans la proportion beaucoup plus que le Du. eat d'or de Hollende; car pour. payer un Müfon de Piajlres it Conjlantinopte , 258064 i Séquins de Vénife me fulfirotent, Icfquels me comeroient ici (it Amfterdam) calculés fur Ie poids de l'or it 105 -j fols par Séquin, f 1363441- Et pour un pareil payement en Ducats de Hollande 272109, lefquels, évalués de même fut le Poids de 1'cr it 104^ par Ducat, feroient ƒ 1,417688. Ce qui prouve ce que j'ai dit plus haut, qu'il eft de 1'intérêt des Nations en général, que les Efpeces -foient fabriquécs de l'or ou de l'argent les plus pms qu'il foit poffible. (8) Un Tal/cri de la Reine, nommé chez nous Rysdale de Convention , pefe |3i Eftelins, & l'argent en a été trouvé du titre de 10 deniers 1 grain. .Auttcfois ces efpeces avoient cours dans Ie Levant pour 2 Piaftres, Monnoie Turque, a. 40 paral chacune. Le coürs du change de Gons- M 3  i8a Ch. XIII. DE LA MONNOIE de rcputation dans \e Lez-ant ,czr les Séquins de Vêvlfe ont cours julques dans 1'intérieur de XAfie , comme nous 1'avons obfervé au Chapitre X. Jc me ferois fait un plaifir d'expofer dans cet Ouvrage leur poids , leur Titre & Jeur empreinte f li j'avois pu avoir la-deffus des informations plus exactes (9). Jen aurois fait autant a 1'égard des Monnoies Ruj/es, 11 j'avois été affez heureux de recevoir le fruit des inïïances réitérées que j'ai fait rélativement a cet objet. Une perfonne qui a des rélations a Tetersbourg, & a laquelle j'avois remis depuis quelque tems un Mémoire (io,), ou je demandois tav.tinnple fur la IhUandt étoit ci-devant 97 a 28 paras pour Ie florin. Bréfentement on paye environ 33 paras le florin. Les ico Talleris fe vendent h Lirourne envkon 115 Pczze, ou Piastres de 3 Réaux. Ce qui varie felon que le cours du Clianee fe trou. ve établi avec les Placcs Etrangeres. C9) C'eft-it-dire, (i on m'avoit informé du titre &du poids précis fur lelquels ces Efpeces font frbriquées it Vémfc, a Malle ou a Augsbourg. (16) Contcnu du Mémoire. Je défircrois fcavoir: 1. De combien en Russie la FoputatiOn s'eft accrue depuis rannée 1700. 2. Quelle quantité de Terrain eft employé* a 1'Acriculture, & dans quelles Conrrées font fituées les Terres qui y font propres? ?,. Si l'Agricultiire s'eft accrue depuis le Czar Pierre I, ou depuis le commencement de ce Siècle, & en quelle proportion? 4- Queues lorres de Fabriqttes fe trouvent établies dans 1'Empire, & quel progrès elles y om fait dans ce Siècle ? 5- 3o quelle manictc fe fait la perception des Iinnöts ? A quelle fomme peut fe monter la recette, & a qllelle fomme les dépenfes? 6- De quelle nature eft le Commerce des Ruffes avec les Peuples Aliatiques fittiés vers i'Orient de 1'Inde ?  UNIVERSELLE. 183 des détails, m'a aiTuré 1'avoir envoyé; mais comme il ne m'efi: rien parvenu jufqu'a ce jour, je préfume que je ne dois plus attendre de réponfe, & je défefpere même de pouvoir jamais acquérir fur cet objet important les éclaircilfements que je défirois, & dont j'aurois fait part au public , avec la circonfpeclion néceffaire. Cependant je ne puis m'empécher d'obferver, que cette matiere, tres intéreflante par elle-même, préfenteroit aux perfonnes un peu au fait un champ vafïe a leurs réflexions. Cet Empire immenfe , plus grand que ne le fut jamais 1'Empire Romain, ni celui de Darius conquis par Alexandre, de plus de huit cents lieues du Midi au Nord, & de plus de deux mille de 1'Orient a 1'Occident, confinant en même-tems a la Pologne & a la Mer Glaciale, ainfi qu'a la Suede & a la Cliine, cet Empire, dis-je, forti depuis un Siècle des ténebres de la barbarie , 7. Si les rélations avec les Chhiois font de quelque importance, rélativement au Commerce. 8. Quel eft le Plan de Commerce qu'on aformé, ou de quelle nature font les matieres du Commerce qu'on vent établit avec les Turcs & les Tartans, depuis le dernier Traité de Paix, & depuis que la Mer Noire elt pour ainli dire ou verte pour la RufjU ? y. Quels avantages la Rujjic peut-elle tirer de la révolution ftuvenue dans la Pelogne ? 10. Quel eft l'état des Monnoies dans tout 1'Empire ? Quel eft le poids & titres des Efpeces d'or & d'argent ? 11. A combien Te monte a-peu-pres la fomme de l'argent qui entre annuellement en Ruffie, & Ic nombre it-peu-prés des Vaiffeaux, tant Rnjfes qu'Etrangers, qui entrent & fortent des Ports de 1'Empire? 12. Enfin le luxe fair - il des progrès , eft - il borné k la Ville Capilaie, fe répand-il auffi dans le refte de 1'Empire? M 4  iS+ C/u XIII. DE LA MONNOIE &c. fe trouve dans la nécelïïté d'avoir dans 1'ctendue immenfe de fes pofiefjions des Monnoies, qui non feulement varient confidérablemcnt entr'elles dans leur poids, figure &c. mais auffi dans la valeur refpective des métaux dont elles font formées. Cet objet ne peut être regardé avec indifférence par les perfonnes en place, & qui prennent a coeur les intéréts de 1'Impératrice actuellement regnante, & celui de fes Peuples. Les foins que S. M. Czarine fe donne pour la félicité de fes Sujets, la renommee qu'elle s'eft acquife par la fageffe de fes Etabliffements, fa gloire affcrmie par la proteclion éclairée qu'elle accorde aux talens, tout cela doit concourir a engager des obfervateurs éclaircs a feconder de tout leur pouvoir les louables intentions de cette Princefte. Et quel fujet plus intéreffant que celui qui nous occupe! N'eft - il pas évident que c'eft de - la que dépend a plus d'un titre Ia fureté des opérations dc route Puiffance quelconque, qui veut établir fon Commerce fur des principes folides & ftables ? C'eft par une application conftante a de tels objets qu'un Souverain mérite Pamour de fes Peuples, & les monumcns éternels que lui éleve la reconnoiftance. Tel eft furtout celui que Cahier ine II. s'eft déja élevé, non feulement dans les coeurs de tous fes Sujets, mais encore de tous les Etrangers inftruits , qui entendent prononcer fon Au> gulle nom.  CONCLUSION &c. 185 CHAPITRE XIV. Conclufiön de la première & feconde Partie de ce premier Volume. No üs avons vu dans le Vme Chapitre, qu'avant la découverte de VAmérique on avoit déja connu & employé Pexpédient ruineux d'affoiblir les Monnoies , ou de multiplier les efpeces (1). Pius les CO M. A. de n Az 1 n o hen dit, dans fon Traité des Monnoies, a 1'article AfoïUir la Monnoie: ,. L'affoibliffemeiit des Monnoies fut „ tres frequent, particuliérement fous les Rois (de France') delatroi„ ficme tace: dès que ces Rois manquoient d'argent, ils alToiblis„ foient leurs Monnoies pour fubvenir ï leurs befoins & it ceux de „ 1'Etat, 11 n'y avoit alors n'y Aides ni Tailles. „ Charles VI, dans une de fes Ordonnances, déclare qu'il eft obti„ gé d'affoiblir fes Monnoies pour réfifter h notre adyerfaire d'Angle„ terre, & obvier it fa damnable entreprife. . . attendu qu'h préfent „ nous h'av'oris auctui autre revenu de notre Dotnaine , dont nous „ nous puUfions aidcr. On lit dans 1'Abrcgé de Charles VI, enfuite de celui de Juvenal „ des Urfms , un portrait trés fidele des. maux que caufa FalToibliirement des Monnoies fous Charles VI, &c." Voici encore comment Mezeray s'esplique, en parlant de 1'affoibliQement fur les Monnoies qui eut lieu fous Philippe Ic hel en 1332. „ II (le Roi) avoit levé une armée plus grande qu'il n'cut encore „ fait; & pour 1'cntretenir, il affoiblit d'un tiers l'alloi & le poids de „ la Monnoie courante. Cette invention Italienne , donnée par un „•Florentin nommé Mafciati, mit tant de confufion parmi les Mar„ chands & le peupie, qu'il fe fit une féditiou it Paris, tout le mon. de courant aux armes poui' avoir juftice par force." Le même Auteur, en tapportant les fuites qu'eut cette furieufe S-  iSÓ CA. XIV. CONCLUSION DE CE Monnoies des diverfes Puiflances ont fubi de changemens, plus les Princes ont cru augmenter leurs Richeffes. Le Souverain méfurant alors fon état fur celui d'un fimple particulier, & fe regardant,fi l'on peur fe fervir de ce terme, comme un Négociant qui ne connoit que le profit prompt & direct, opera fouvent d'une maniere contraire aux vrais intéréts de fes Peuples. C'efl: ainfi que celui qui fe trouva le premier pofïèftèur des immenfes tréfors que VAmérique a fournis a VEurope, fe perfuada fauflcment qu'en réduifant ces métaux en efpeces, & les chargeant d'un plus fort numéraire, il fe procuroit un avantage évident, & augmentoit la maffe de fes richeflès ; fans réflechir , que cette valeur idéale qu'il donnoit a la matiere, tournoit contre lui-même, & devoit par la fuite repréfenter beaucoup moins que ci-devant dans fon propre tréfor. Mais on a vu en tout tems que c'eft 1'opinion qui feule gouverne les hommes: Tappas d'un gain momentané engage trés fouvent dans des fauffes opérations, qui quelquefois font fujettes aux plus grands défavantages. Si l'on eut voulu agir d'une maniere plus conféquente & plus analogue a Pétat des chofes, il auroit fallu diminuer le numéraire des efpeces au lieu dition, dit qu'h cette occafion, les Templiers ayant été accuCés d'avoir eu part dans ces fadions, le Roi conlerva toujours depuis'du reflentiment dans fon cceur contr'eux, Sc fonna dès - lors le deficit-, de s'en venger. Voytz Mezeray, Tome U.page 325 de l'Edit. ia Folio de tan 1685.  PREMIER VOLUME. 187 de Pangmenter: on fe feroit par la plus rapproché de la valeur intrinfeque des métaux, fignes intermédiaires des Richelfes, & on auroit introduit par ce moyen des appréciations plus conformes a Pintérêt des Sociétés. Pourroit - on fe défavouer a foi - même, que par tous ces changemens & par toutes ces variations fur les Monnoies, on a rendu méconnoiflables, non feulement les biens & revenus des particuliers, mais encore ceux des Puiflances mêmes, qui ne fe trouvent plus dans la même proportion de force qu'autrefois? Toujours eft - il certain,que dans les XIV & XV Siecles moins d'argent & moins des Chiffres repréfentoient plus de Denrées &c. que ces métaux n'en repréfentent dans notre XVIII Siècle. Nous Pavons déja fait fentir plus d'une fois, on n'eft pas plus riche paree qu'on a plus a nombrer: ou pour m'expliquer encore plus clairement, paree qu'on poflede plus en chiffres. M. de Voltaire dit, a Poccafion de l'or & de l'argent venus de VAmérique en Europe, que le public n'y gagna rien; qu'il feroit même trés avantageux d'avoir peu de métaux qui ferviflent de gages dans les échanges. J'ofe ajouter, d'après les détails oü je fuis entré, que la fomme aétuelle des richefïès de chaque individu en général de VEurope eft moindre qu'avant la découverte du Nouveau Monde; car ce n'eft pas le tas ou la mafle de mon argent que je dois confidérer, mais ce qu'elle me  i88 Ch. XIV. CONCLUSION, &c. reprcfente, ce que je puis me procurer en donnant mon argent en echange, enfin 1'ufage que j'en puis faire pour mes befoins. 11 eft cependant une clafTe d'hommes qui a profité de toutes ces révolutions, c'eft celle des Négotians, dont les fommes fe font accruesa mefure, pour ainfi dire, que les Etats perdoient; c'eft ce dont on eft forcé de convenir, fi l'on examine les pertes qui fe font faites, & qui ont encore lieu dans la maffe générale des Puiflances Européennes. Plus donc, dans 1'état actuel des chofes, la fomme des fignes repréfentatifs augmentera , plus les interets divers des Sociétés en fouffriront, & plus 1'équilibre géncral fe dérangera. Et comme fi le mal n'eut été fait qu'a demi, cette abondance de fignes, déja trop grande par ellememe, fe trouve encore augmentée par le papier qui les repréfente, & qui contribue également a la disproportion qui regne entre le numéraire des efpeces , les prix des Denrées &c. Cette matiere eft d'autant plus intéreflante, que le papier eft aujourd'hui un objet immenfe de circulation entre tous les Etats commercans. Je vais tacher de la mettre encore dans un plus grand jour dans le Volume fuivant. Fin du Premier Tome.  SUITE i8p Du Tome I. Partie IL Chap. XIV. PRIX DES BLEDS, Pendant quelques Années dans le XVIIme Siècle. L'an 16j.fj.en Florins d'or (Goud sulden ) évalués auiourd'hui a 28 fols Qftuivers) Froment Seigle. chacun, le Laft . . . 125 82 En 1647 .... 140 a 200 ... 84 a 105 1648 .... 180 k 260 ... 108 a 124 1649 .... ipo a 224 ... 140 a 145 1650 . . . .. 208 a 234 ... 128 a 185 1651 .... 199 a 234 ... 169 a 181 1652 .... 232 a 250 . . , 156 a 185 1653 .... 238 a 170 iifj 1654 .... 140 a 166 ... 98 a 100 1655 .... 130 a 152 .. . 68 a 95 1656 .... 140 a 170 . . . iio a 114 1657 • • 96 1658 .... 140 a 144 85 1677 . • • • 148 a 170 . . . 100 a 112 1692 .... 108 a 132 . . . 100 a 150 1693 , . • • M$ i 175 • • • itó'k 135 1695 .... 134 a 178 .. . 75 a 105 1697 .... 150&200 ... 117 a 136 1698 .... 180 a 230 ... 160 a 200 En 1699 le premier dOctobre le Froment de Pologne valut . 236 a 276. le Seigle de Priiffe 176 a 200 En 1700 le 13 Mars le Magiftrat $ Amfterdam réfoiut de donner le Seigle aux Boulangers a 150 florins d'or le Lafl: Hiais ce prix diminua enfuite des le I Oétobre 1700 a 125 a 155 . . . 78 a 100 N  PRIX DES BLEDS Pendant le cours de ce Siècle, jufques & compris f année 1777. rromenc öeigie L'an dë Pologne. de Prujje. 1701 lc 1 Ofl. F-l.d'Ör 90 a 122 . . . . Coa 78 Ï7C2 ...... 8f5; 114 • • • • Jö 70 1703 • • • - « • 85 128 .... Co 80 1704' ..... 95 12J . . . . 53 77 i7of 91 122 ... . 58 77 1706 90 115 • • • • 56 69 1?o7 88 118 Jff 70 1708 . • ♦ • • 1-08 138 • • • * 77 55 1709 • 242 326 • • • • 2°+ 240 ,7io . } • » • ?ft 225 ... . 128 152 17n . .... 146 164 . . . . 83 101 ï7i2 . .... i$o 148 .... 78 93 I7i3 ..... 135 160 ... . 84 9°" 1714 157 177 • • • • 95 "o 1715 .. .... 94 134 • • 4 • 7+ 92 17't6' l°4 135 .... 70 94 J7i7 . . . . . 97 I25 • • • • 74 87 j7Ii> ïoó 125 .... 73 83 17I9 ..... 100 114 .... "5 95 j720 92 100 .... 76 82 ,721 92 112 .... 57 70 I722 82 104 .... 47 Co 1723 92 120 .... 57 68 1-4/ 97 J2i . . . . 77 8(5 lfj$ 116 J3° •••• 82 *>2  PRIX DES BLEDS. 191 Froment Seigle L'an de Pologne de Prujfe. 17261e 1 Odt Fl.d'Or 08 ar28 , . 74 a 92 . . 1727 94 118 . . 82 95. . . 1728 9P no . 78 64 78 . . 1729 100 ïio . . 61 75 . . 1730 78 98 109 48 jöaoo 1731 7.7 97 ni J3 60 04 1732 ,7P 81 96 48 Jj 57 1733 74 86 98 J4 59 <5r 15534 100 110 124 72 78 81 I73J 96 112 125 62 70 72 173S 96 106 11S 74 81 84 1737 • .... 108 116 130 62 72 75 1738 106 112 122 62. .71 74 1739 .104 114 124 68 75 77 1740 . ..... . 188 207 242 ioj 119 123 1741 ij1"5 180-208 106 118 122 174.2 ...... 94 114 134 60 80 82 *i743 31 Oétobre 120 .. . 70 . . . *i744 Septembre m . . . 64 . . . *I74.T I Oétobre 1-14 ... 74 . . . *I?46 ...... g$g . . . 86 . . . * i.747 Aoüt . . 155 , . . 109 . . . Oclobre . 142 ... 94 . . . *I748 141 'ï 1.52 . 94 . . . *I749 140:1143 . 80 . . . *i7:o Aoüt . . 13-3 ... 73 • • • *>75i O&obre . k8 . . . 79 . . . *I7J2. .... 128 A3 Dautzick 77 . . . N 2  i92 PRIX DES BLEDS, Froment Seigle L'an de Pologne. de PruJJ'e. **753 Odlobre . . 1243128 . é fokfn . *i754 ico" ..... 7° • *I7J5 31 Odlobre . 116 . . . . . 80 . *i7j6 Juillet .112 87 . Odlobre . 152 .... . IJ2 • Novembre 143 136 . *i7j7 160 128 . *I7J8 Septembre 140 . . . . 101 . Novembre 151 . . deDantzick 109a 113 *1759 Odlobre .137 ... PruJJ'e 78 . *if6o 121 . . ... 79 • *i76i Septembre 132 76 , **762 13Ö 98 . *l7fj3 Odlobre . 128 . . de Da?itzick 84 . *£76"4 25 Septembre 134 . 82 . 1765- 1 Odlobre 134a 150a 166 ■ . 80 a gi 1765 Mars . 138 158 . . .94 103 Odlobre 156 170 . . .94 103 1767 Mars . 146 162 . . 85 95 Novembre 172 210 . . . 75 92 1768 Juillet . 194 220 . . . • 82 96 Novembre 196 210 . . .98 108 de Zélande Décembre 188 204 2jo ico 113 1769 en Mars . 186 208 180" 114 122 Juillet . 144 i6ö 170 80 94 Décembre 138 160 154 84, 94 1770 Mars . 128 145 144 81 . 91 Aoüt . 138 152 166 94 104  PRIX. DES BLEDS. 193 Froment Seigle L'an de Pologne, de Zélande, de Pruffe. i77oOclob. Fl.d'Or 150a 174 190 130^140 Décembre . 145 162 176 120 131 1771 Février . . 162 175 185 134 H4 Avril . .160 175 178 *r5f *j2 Odlobre . 180 2o5 220 180 200 Novembre . 192 210 225 196 206 Décembre . 19.T 222 230 198 214 1772 janvier .... 218 250 210 236 Avril . . 178 214 . . . 140 2°8 Aoüt . . ipo 230 . . . 168 133 Décembre . 182 250 236 158 152 1773 Février . . 185 220 230 140 150 ]uin . . . 184 215 235 110 134 Aoüt . . .176 202 244 90 114 Décembre . 180 200 206 84 i12 Ï7 74 Janvier . . 175 2CO 196 80 110 Mai ... 172 192 2C0 70 88 Septembre . 188 200 216 102 114 Décembre . 153 200 . . . . 108 u8 1775 Février . . 154 198 ... . ioj 118 Juin . . . 160 2co . ... 118 123 Aoüt ... 1(58 202 . . . . 114 125 Décembre . 152 192 ijö . 105 120 >776Février . . 150 192 164 • i°ö 120 Mai . . . 140 170 Ijo . 100 nff Juillet . . 132 164 150 . 90 104 Septembre . 128 162 150 . 76 98 . Odlobre . . 130 164 150 . 86 104 Décembre . 120 156 146 76 98 N 3  194 PRIX DES BLEDS. Fronicri c Seisle. c'e Pologne, de Zélande, de Prvjje. 1777Mars Fi.d'Or 1220150 . 1,6 . 74 394 Mai ... 110 140 . 140 . 64 £8 Juin . . . 100 15 . •. . . 60 78 Juillet . . 115 155 . 165 . 80 98 Les prix ci-deffus mentionnés m'ont été communiqués par i im de nos premiers Courtiers en grains, excepté ceux avec la marqué * qui manquoient au même Courtier, & lefquels je me fuis pro.curé par les annotations des achats faits par une Société Commercante. Je dois cependant prévenir, que vraifcmblabiemcnt les prix défignés par une * ne font pas les plus hauts , paree que ces grains fèrvirent a' faire du pain '& idu bifcuit pour Féquipage 'des Vaiffeaux.  Ï9S Voici encore mie Notice des prix du Froment de Zélatide tels qiCils out eu lieu a Amfterdam pendant les 8 demieres années, & ainfi que le Courtier me les a communiqués. 1770 du 15 Mars au dernier Avril dc 142 a 150 flor. d'or le Lafl. 15 Mai . . 15 Juin . 160 168 15 Aoüt . . 15 Odlobre 170 187 15 Odlobre . 15 Déc. 165 185 1771 du 15 Mars au dernier Avril 168 185 15 Mai . . 15 Juin . 176 192 15 Aoüt . . 15 Odlobre 194 225 15 Odlobre . 15 Déc. 200 225 1772 du 15 Mars au dernier Avril 174 190 15 Mai . . 15 Juin . 190 214 15 Aoüt . . 15 Odlobre 232 264 15 Odlobre . 15 Déc. 236 270 1773 du 15 Mars au dernier Avril 225 238 15 Mai . . 15 Juin . 236 248 15 Aoüt . . 15 Odlobre 242 260 15 Odlobre . 15 Déc. 220 245 1774 du 15 Mars au dernier Avril 206 225 15 Mai . . 15 Juin . 210 230 15 Aoüt . . 15 Odlobre 225 242 15 Odlobre . 15 Déc. 220 232 1775 du 15 Mars au 15 Juin il n y eut point de Froment de Zélande au Marché $ Amfterdam , du moins la quantité n'en fut pas aflez confidérable pour en noter le prix. du 15 Aoüt au 15 Odlobre 155 a 168 15 Odlobre . 15 Déc. 144 156 1776 du 15 Mars au dernier'Avril 125 160 15 Mai . . 15 Juin . 122 150 i5Aoüt . . 15 Odlobre 122 156 15 Odlobre . 15 Déc. 124 156 1777 du 15 Mars au dernier Avril n<5 146 i5Mai . . 15 Juin .115 140 15 Juin . . .15 Juillet J35 .165 V..."- eüijaV ithbaü  196 L I S T E DES LIVRES HOLLANDOIS rités dans ce Premier Tome, & dont nous donnons ici le titre en Francois, en y ajoutant, par rapr port d quelques - ttns, celui quils portent dans la langue originale. .Antiquités deKatwyk (en Hollandois: A. Pars Katvoykfche Oudheden) in 8°. 1745. Annales de H. Grotius, (en Plollandois: Jaarboeken van Plu go de Groot.) Batavia Jllu/lrata, par van Le uwen in folio 1685. Beninga, Hifloire de la Frife Oriëntale (en Hollandois : Beninga, FLifiorie van Oofl - Friesland.) Chroniques de Frife par O. Scharlenses, in 40. 1742. Chronique ólEgmond par J. van Leyden, in 4°. 1739. Chroniques de Flandre, Bruges 4. Vol. in fol. Chroniques de Zélande par J. Rygersbergen, in 40. 1551. Chroniques de Zélande par J. Rygersbergen, continuées par Boxhörn (en Plollandois: Chronyk van Zeeland, eertyds befchreven door J. Rygersbergen , en vermeerdert door M. Z. van Boxhork:) in 40. 1644. Chroniques de la Ville de Hom par Vellus (en Plollandois: Velius, Chronyk van Hoorn , met  LISTE DES LIVRES HOLLANDOIS. 107 Aantekeningen van S. Centen) in 4°. 1740. Chroniques de Hollande par W. van Goudhoeven (en Hollandois: De Oude Chronyk en Hiftorie van Holland Qr>. door W. van Goudhoeven) in fol. 1636. Chroniques d'Anvers (en Hollandois: F. G. V. Antvjerpsch Chronykje) in 40. 1743. Chroniques de Rotterdam par S. L 01 s, in 40. 1746. Chroniques de Médemblik par Burger van Schoor l. in 120. 1736. Commerce $ Amfterdam par Le Moine de 1'Efpine,augmenté par lftaac le Long (en Hollandois: Koophandel van Amfterdam door Le Moine de l'Espink &c.) in 120. 1763. Conftruction, ou 1'Art de batir les Vaiffeaux par N. Wit jen (en Hollandois: N. Witsen, Aloude en Fledendaagfche Scheepsbouw) in fol. i6ji. Chartres de Frife (en Hollandois: Groot Placaat en Charter-Boek van Friesland door G. F. Baron Thoe Schwartzenberg en Hohenlansberg) in fol. Chartres de M. van Mieris (en Hollandois: Groot Charter-Boek der Graven van Holland, Zeeland, en He er en van Friesland, door F. Mieris) in fol. 1754. Defcription des Monnoies & des Sceaux des Evêques SUtrecht par 31. van Mieris, (en Hollandois: Befchryving der Bifchopelyke Munten en Zegelen van Utrecht &c. door F. van Miekis) in 8°. 1726".  i9s LISTE DES Defcription de la Seigneurie de Frife entre le Vliè & le Lauwers (cn Hollandois: Befchryving van de Heerlykhcid van Friesland tusfchen V Flie en de Lauwers) (fans date). Defcription de la Ville de Dordrecht par M. B alen, in 4°. 1677. Defcription £ Amfterdam par C om m el in , in fol. 1726. Defcription d''Amfterdam par J. Wagen aak, in fol. 1760. Defcription des Evénemens remarquables &c. (en Hollandois: Gedenkwaardige gefchiedenijfen door G. van Spaan) in 8°. 1701. Etat préfent des Provinces-Unies (cn Hollandois: ' Tegenwoordige Staat der Perecnigde Nederlanden) in 8°. 1739- E. van Reyd, Guerres des Pays-Bas (en Hollandois: E. van Reyd,Nederiandfche Oorlogen!) Daniël Willinks, Amfteldamfche Arkadia, in 12°. o Hifloire de la Patrie par J. Wagen aar, in 8vo. ' Amfterdam chez J. Tirion 1756. Iliftoire Ancienne de Hollande, par van Loon , (eri Plollandois: Gehard van Loons Aloude Hollandfche Hiftorie) in fol. 1734. Iliftoire des Monnoies des Pays-Bas par van Loon (en Hollandois: G. van Loons Befchryving der Nederlandfche Hiftorie-Penningen) in.fol. ■ • 1723-  LIVRES HOLLANDOIS. 199, Hiftoire de Frife par Schotanus, (en Hollandois: Ds Gefchiëdenisfen van Friesland, Ooft en Weft , door C. Schotanus) in fol. 165$. Hifloire des Pays-lias par P. C. Hooft, in fol.1642. Hifloire ahrégée des Comtes de Hollande, par J. M. van Hemert, in 8vo. 1749. Hifloire de la Ville d'Enkhuifen par Brand & Centen, in \io. Hifloire de la Ville d'Enkhuifen par' Egb. van den PIoof, in 4to. 1666. (le plus fouvent je me fuis fervi de ce dernier Livre). Hifloire de Haarlem par M. de Bruin. Hifloire &c. par M. van Mieris, in fol. Hifloire. d'Alcmaar (en Plollandois: S. Ei kelende r g Gefchiëdenisfen van Alckmaar, vermeerdert door G. Boomkamp) in 4to. 1747. La trés excellente Chronique de Brabant, de Hoilande, de Zélande, de Flandre en général (en Hollandois: Die-aller excellenfte Chronyke van Braband, Flolland, Zeiand, Vlaanderen, in 'i generaal) in 410. 1512. Placards, Ordonnances, Edits &c. par C. Cau (en Holiandois: Cau, Groot Hollands PlakaatBoek) 7 Vol. in fol. Livre contenant les Privileges de la Ville d'Amflcr-" dam (en Hollandois ■: Handveften der Stad Amfterdam) in fol. 1624. Recueil des Ordonnances, Privileges & coutumes i  soo LISTE DES LIVRES HOLLANDOIS. d'Amfterdam (en Hollandois: Handveften van Amfterdam, door M. H. Noord kerk) in fol. 1755. Les Monnoies des Comtes & Comtelïès de Hollande par Alckemade (en Hollandois: De Goude en . Silvere Penningen der Graven en Gravinnen van Holland, door C. van Alckemade) in fol. 1700. Nouvelles déeouvertes &c. de N. Struyck (en Hollandois : Nader ontdekkingen nopens den Staat van V Menfchelyke Geftagt). Recueil &c (en Hollandois: Placaat-Boek op Vftuk van de Lyftocht, door M. D. Graswinckel) in fol. P. B 0 r , Oorjprong cjV. der Nederlandftche Oorlogen, c'eft-a-dire, Origine &c. des Guerres des Pays - Bas, in folio. P. J. Twisk Chronyk. Situation de la Weft-Frife par Eikelenberg (en Plollandois: Eikelenbergs Gedaante en ge- fteldheid van IVeft-Friesland) in 4to. Introduch'on a la Géographie & a PAftronomie par N. Struyck (en Plollandois: N. Struyck ƒ». leiding tot de Algemeene Géographie en Sterre- knnde) in 410. Traité de G. van Lqon (en Plollandois: Fleden- daag/che Penningkunde, door G. van Loon) in fol. 1732. Fin de la Lifte.