JAC. VAN ZOELEN BOEKBINDER KANAALSTRAAT 8 A M ST E R DA M-W.  E S S A I SUR L'INFLUENCE DE L'ESTOMAC SUR TOUTES LES OPÉRATIONS Dl L'ÉCONOMIE ANIMALE,   E S S A I SUR L'INFLUENCE DE L'ESTOMAC SUR TOUTES LES OPÉRATIONS de l'écono mie animale; Suivi d'une courte expojïtion des dïfférentes maladies, qui dépenden^ du dérangement des fonclions dc ce vïfcere, & d'un moyen certain pour les cotnbattre. Pah M. DACHER, A AMSTERDAM, Et fe trouve A PARIS, Chez l' Auteur, a Vancien Hótél des Moufquetaires Gris, rue du Bacq. M. DCC. LXXXIIÏ.  NEDERL. KJ^TfQHAPPiJ TER BEVORDERING. Ülfi GENEESKUNST  A SON ÉMINENCE MONSEIGNEUR D' A L B E R T DE L U Y N E S, Archevêque-Vicomte de Sens, Primat des Gaules & de Germanie , AbbéComte de Cqrbie , Commandeur de POrdre du S. Efprit, &c. &c. M. ONSEIGNEUR, Le dcfir de me rendre utile a mes femblablcSj mengage a mettre  vj É P I T R E. au jour l'Ouvrage que j'ai l'honneur de prefenter a V O T RE ÉMINENCE. Soufrei qü'en le publiant fous vos aufpices 3 je fii/ffi cette occafion pour vous témoigner publlquement la reconnoijjance dont je fuis pénétré pour les bomés dont V O T R E ÉMINENCE m konore depuis long temps. Ne craigm^ run des épanchernens demon cozur; je nignore pas combi ai votremodejlu  É P I T R E. vij redoute les éloges; je me les interdis. Je fais quune naiffance illuftre , rdes dignités éminentes , & tous les autres biens dont les hommes om coutume de s'enorgueillir, ne font a vos yeux quedes avantages fnvolesl Vous releve{ Hécht de la pourpre Romaine par vos vertus : vous étes Ie père des malheureux , voire main compatiffante ejl toujours prête a, ejfuyer leurs larmes; maisje mappercois que je pajjerois aifément les  viij Ê P I T R E. hornes quc je viens de me prefirire , fi ma foummijfwn h vos ordres nt me réduifoit au filence. Jefuis avec un trés-profond rejpea, Monseigneur, De vothe Éminence; Le très-humble & trésobéfflant ferviteur ,  A VA N T-PROP OS. 'EST le fort de toutes les nouvelles découvertes d'éprouver des contradictions : c'eft une vente dont 1'hiftoire des Sciences peut fournir plus d'une preuve. Mais, pour me borner a la Médecine, qui eft-ce qui ign'ore que Témétique, ce remede aujourd'hui fi en vogue, fut profcrit dans fa nahTance par un Arrêt du Parlement de Paris, donné en conféquence d'un Décret de la Faculté de Médecine ? &, de nos jours, quels débats n'a pas occafionné 1'inoculation? N'a-t-on pas poufie la chaleur jufqu'iï intérelfer .a  ij AVANT-PROPOS. lés loix divines & humaines dans cette difpute? Je ne parlerai point des clameurs excitées par les découvertes de M. Stork & de Wanfvieten, par 1'éledricité médicale, & par le magnétifme animal; ces proces font encore, en quelque forte, fur le Bureau, & il n'eft perfonne qui n'en foit inflruit. Qu'un Phyficien, qu un Cnymif-* te qu un Méchanicien annonce une découverte qui paroiiTe combattre les idees recues, aulfi-töt le Public efl inondé de Brochures. On difpute, on s'échaufTe, on fe traite mutuellement de vifionnaires & d'ignorans; mais ces querelles fe bornent aux Savans, rarement le Public y prend-il quelque part. II n'en efl pas de même en Médecine; comme la fanté des Citoyens  AVANT-PROPOS. iij efl Pobjet de cette Science, chacim fe croit intérelfé a fes progrès. Ainfi, a peine un nouveau remede efl-ii annoncé qu'ü fe forme auffifót deüx partis. Le peuple, avide de nouveautés,adopte toujours fans examen tout ce qui a la plus légere apparence d'utilité; & les gens de Part, trop prévenus en faveur de leur méthodedécrient toute innovation comme autant d'incurfions fur leur domaine. L'inventeur du nouveau remede n'eft pas ménagé j on lui prodigue libéralement les épithètes flateufes d'ignorant , d'impolleur, de charlatan; j'avoue que c'efl le plus fouvent avec rakfon, & que la plupart des PolTe/Teuri de prétendus nouveaux remedes méritent routes ces dénominations. Les gens de 1'art ne font pas tou- a l)  iv AVANT-PROPOS. jours injuftes; il faut même convenir qu'il y a, principalement dans cette Capitale, plufieurs Médecins Philofophes, qui, connohTant les bornes de nos connoiflances actuelles , loin de décrier routes les nouvelles découvertesTont la figefTe de les foumettre a. 1'expérience, 8c tirent prudemment parti de celles qui leur paroiffent utiles; maïs les fufTrages de quelques hommes éclairés , quoique propres a confoler du mépris d'une foule d'enthoufiaftes, font fouvent des barrières infuffifantes contre leur acharnement. Ces réflexions m'ont empêché, pendant long-temps , de mettre au jour le petit EfTai que je publie aujourd'hui; il feroit encore dans mon por te - feuille , fi des amis , témoins des cures furprenantes que  AVANT-PROPOS. v j'opère chaque jour, ne m'avoient repréfenté que le bien de 1'humanité exige que je les fafTe connoïtre au Public, qu'en me bornant a employer,dans le filence,le remede dont je fuis PofTefleur, j'enfouiflois un tréfor, qui, par la publieke, deviendroit d'une utilité plus générale. Je me fuis enfin rendu a ces raifons : je n'ignore point a quoi je "m'expofe; je prévois que mes idéés 'fur la caufedes Maladies feront traitées d'abfurdité &de paradoxe, ma pratique d'empyrifme, mes obfervations de fables, ma conduite de charlatanifme, & mon Remede de felle a tous chevaux , de moyen inefficace, & je ferai fort heureux fi on ne va pas jufqu'a le qualifler de préparation meurtriere, 8c i me traiter d'empoifonneur. a lij  v] AVANT-PROPOS. Rien ne me feroit plus aifé que de détruire ces différente* imputations. Par exemple, je juflifierois mes idéés fur les caufes des maladies, par 1'incertitude qui regne fur cette matiere ; je prouverois cette incertitude par la diverfité des opmións des Médecins les plus célebres; je démontrerois que chaque Ecnvain a eu fafagondepenfer particuliere a eet égard,d'oü je coi> cluerois qu'il m'eii bien permis d'avoir la mienne. Je pourrois encore démontrer, que la caufe que j'indique n'a rien de plas ablurde, que 1'Archée de Vanheimont , les Fermens des Chymiftes,lesAcrimonies deBoerhaave, & peut-être même que TAclion du principe vital de quelques modernes, calque fur le fen~  AVANT - PROPOS, vij timent de Sthal. Mais je ne propofe mes idees que comme de fimples conjeótures. Je n'y tiens pas beaucoup. Qu'on en penfe ce qu'on voudra; cela ne change rien a la pratique. Quant a eet article, je conviendrai que 1'expérience efl mon feul guide, &: qu'en cela je fuis 1'exemple d'Hypocrate , de Sydhenam, de Baglivi, & de tous les grands Médecins de tous les temps §C de tous les pays. Je prouverois la vérité de mes Obfervations,& par le témoignage même des perfonnes qui en font le fujet, qui font toutes dignes de foi , & d'une manière encore plus convaincante, en opérant fous les yeux des incrédules les même guérifonsque celles c|u'ils ofent nier, a ïv  viij AVANT-PROPOS Je me laverois du reproche de charlatanifme en faifant voir que loin de mettre tout en oeuvre pour meprocurer des malades, loin d'avoir recours a des fourdes menées & a des moyens bas , pour m'attirer la confiance , je refufe trèsfouvent de me charger de ceux qui ont recours a aaoij prefque toujours j'exige que le Médecin ordinaire du malade foit témoin de ma conduite ; ce n'eft que chez les Pauvres que je me difpenfe de cette précaution , les traitant gratis: Enhn , a 1'égard de la multiplicité des vertus de mon remede, jedemanderoisll un remede eftmauvais paree qu'il produit plufieurs erlets différens ? N'y a t-il pas un grand nombre de fubflances dans lefquelles on reconnoït des proprié-.  AVANT-PROPOS. lx tés diverfes ? Le quinquina, par exemple efl reconnu comme fpécifique contre les fièvres intermittentes , comme un excellent antiputride , & comme tres - efficace contre la gangréne. L'antimoine ne jouit-il pas d'un grand nombre de vertus? & le mercure, nfc 1'adminiftre t-on pas avec fuccès contre une foule de maladies ? S'il faut en croire les Médecins des eaux minérales, il n'eft aucune efpece de maladie qui réfifte a 1'efficacité de ces eaux. Or, fi la nature a accordé tant de propriétés a la même fubftanceeft-il donc abfolument impoffible a 1'art d'imiter, jufqu'a un certain point, fes opérations? 6c de ce qu'on n'auroit pu y réuffir jufqu'a préfent, peut-on, en bonne logiqüe, en conclure qu'on  * AVANT-PROPOS. n'y réufïira jamais? Le grand nombre de vertus que j'attribue a mon remede n'efl donc pas une raifon d'en nier la réalité; c'en feroit tout au plus une, fi ces vertus étoient contradiéloires : or , il fuffit de lire mes Obfervations pour fe convain* ere qu'elles ne le font pas. Mais , me dira t-on, peut-^être, fi ce remede réunit tant de qualités précieufes , c'efl un crime de lefe-humanité que de le tenir enveloppé des ombres du myflère. Ce reproche , tout fpécieux quil efl, n'a rien de bien folide. Les découvertes les plus heureufes font fouvent l'effet d'un pur hazard, J'en conviens; mais ce hazard ne les préfente, pour 1'ordinaire, qu'a 1'homme laborieux, qui confacre fes veilles & fa fortune a des re-  AVANT-PROPOS. xj cherches utiles. On peut donc , avec raifon ,. les regarder comme le prix de fes travaux. Or, y a t-ii de propriété plus légitime ? Et quelle efl: la loi qui fait un crime de conferver fa proprié'té, & d'en jouir ? Un bon remede celTe-t-il d'être efficace s'il ne devient public ? La Médecine n'a t-elle pas une foule de préparations falutaires qui ont été fecrettes pendant trèslong-femps? N'employe t-on pas tous les jours des remedes dont la compofition efl abfolument ignorée ? Efl-on d'accord fur la nature de 1'ambre & du cachou? Et qu'importe , en effet, qu'un remede fqit connu ou non ? Le point elfentiel c'efl qu'il foit efficace. Je ne nierai pas que la liberte ülimitée de diflnbuer des remedqs  xij AVANT-PROPOS. feerets efl fujette a des grands inconvéniens. Elle peut donner lieu a des abus funeftes; mais la fageffe du Gouvernement, qui les a prévus , a pris les mefures les plus efficaces pour les prévenir. C'eft dans cette vue qu'on a formé une Compagnie compofée de Médecins éclairés , qui ont foin de faire paffer les nouveaux remedes par le ereufet de 1'expérience , êt qui, après un mür examen, adoptent ceux qu'ils jugent utiles, & rejettent ceux qu'ils trouvenvt nuifibles' ou inefEcaces. Je n'ai pas cherché a. me fouftraire au jugement de la Societé Royale de Médecine. J'ofe même avancer avoir fait tout ce qu'il étoit néceffaire pour' mériter fon fufTrage.  AVANT-PROPOS. rxi{] Je me fuis adrelTé a cette Compagnie. Elle m'a nommé deux Commiflaires , MM. Andry & Thourette; j'ai découvert la compofition de mon remede a ces Melfieurs. J'ai demandé qu'il me fut confié un certain nombre de malades , pour les traiter fous leurs yeux. La difficulté d'en pouvoir réunir en même-temps , un nombre fufEfant , a empêché 1'erTet de ma demande ; mais a défaut , MM. les CommhTaires me promirent de luivre les traitemens que j'entreprendrois a. mefure qu'ils fe préfenteroient; en conféquence, je les airequis plufieurs fois de vouloir bien fe tranfporter chez quelques malades. Mais les nombreufes occupations dont .ces Meffieurs  xiv AVANT - PROPOS, font accablés, leur ont très-rarement permis de fe rendre a mon invitation» C'efl ce qui m'a obligé a nommer les perfonnes qui font 1'objet des Obfervations que je joins a eet Effai, & a de'crire les maladies dont je les ai guéries , afin de me mettre a 1'abri de tout foupcon injufieux. Je fuis fi convaincu des lumieres & de 1'integrité de cette Compagnie favante , que je n'héTite pomt a lui offrir, publiquement, a foumettre mon remede a. telles épreuves qu'il lui plaira ordonner, & fous les yeux de tels Commiffaires qu'elle jugera a propos de me nommer. Comme, fuivant 1'obfervation de MM. Andry & Thourette, la multiplicité des vertus  AVANT-PROPOS. xv de mon remede rend fon examen difficile & embarralfant, je vais en de'terminer les propriéte's d'une maniere précife. Ma préparation efl ftomachique, dépurative , & fondante. Je la donne comme fpécifique contre les dartres & toutes les maladies cutanées. C'eft fous ce point de Vue que je fupplie la Société de la confidérer. C'efl: contre ces fortes de maladies que les épreuves doivent être dirigées. Outre ce point capital, mon re* mede a produit de très-bons erTets contre les fleurs blancljes & les laits répandus ; contre la petite vérole , contre les e'crouelles , & dans quelques cas, contre des cancers. Mais comme fur chacune de ces maladies je n'ai que quelques  m AVANT-PROPOS. Obfervations ifolées, je ne garantis pas que mon remede foit infaillible dans ces circonftances. Je me borne feulement , a eet égard, a dire que ces différentes qualités font fi précieufes, qu'elles méritent bien d'être conftatées par un plus grand nombre d'expériences. Au refle, ma liqueur ne pofféda-t-elle réellement que la vertu anti-dartreufe , dont je garantis la réalité, je penfe qu'elle feroit bien digne de 1'attention de la Société Royale de Médecine, 5c j'ofe même dire des regards paternels de notre Augufte Monarque. ESSAI  E S S A I SUR L'INFLUENCE DE L'ESTOMAC, S U i? TOUTES LES OPÉRATIONS DE L1 ÉCONOMIE ANIMALE; Suivi d'une courtc cxpojitïon des différentcs maladies, quï dépendentdn dérangement des, fonSions de ce vifbere , & d'un moyen certain pour les combattre. JLjE tableau des infïrmités fans nombre dont la vie de Thomme eft afFligé , a fans doute fait croire a des Philofophes chagrins, que la douleur eft infcparable A  2, ESSAI SUR L'lNFLUENCE de la.condition humaine. L'homme eft né pour foufFrir , nous difcm - ils : paradoxe étrange! Les peines, tant phyfiques que morales, font au moins, en grande partie, les fuites des vices de la fociété. Combien de maux feroient inconnus a rhomme , s'il ne fe fut jamais écarté des loix de la nature ! Mais en vain Péloquent Roufleau a-t-il fait tous fes efforis, pour nous ramener a la fimplicité des moeurs du premier %e; Ternpire des paffions eft auiourd'hut trop affermi ; le luxe, en augmentant le nombre de nos jouiftances, a multiplié nos befoins, & la privation de bien des chofes fuperflues & inconnues k nos peres, feroit pour nous un mal réel, & plus incommode, peut-être, que tous ceux auxquels on voudroit remédier. Laiftbns donc aux moraliftes le roin de réformer les mcrurs : en attendant Ie fruit de leur zèle, t&chons de foulao-er  de l'Estomac. 3 rhumanité foufFrante ; c'eft en s'empreflant a fecourir fes femblables qu on acquiert des droits inconteftables fur leur reconnoHfance. Depuis environ un fiècle que le flambeau de la faine philofophie éclaire 1'Europe , la médecine a produit une foule de grands hommes, dont les noms feront, fans contredit, immortels. Les Ouvrages des Eoeraave , des Wan-Swieten, des Haller, des Linajus, des Morgagneri, &c. femblent avoir porté cette fcience a fon plus haut période. A la leclure de ces favans écrits, on feroit tenté de croire que leurs auteurs ont pris la Nature fur le fait ; ils développent les caufes de touces les maladies, avec une fa^acité merveilleufe; anemie difficuké ne les arrête; ils ont mis a contribution les trois règnes de la Nature, pour en tirer des remèdes efEeaces: &graces aux progrès  4 Essai sur l'influence immenfes de Ia chimie, Tart de préparer les médicamens & de les combiner, eft fondé fur des principes certains ; & cependant, malgré les travaux de ces grands hommes, Tapoplexie, 1'épilepfie, la rage, le cancer, la gourte & bien d'autres maladies, paffent pour être incurables. Lesparalyfies, les hydropifies, lesécrouelles, les dartres, les fleurs-blanches, font fi rebelles, qifon les regarde, avecraifon, comme Ia pierre d'achoppement de la médecine. Suivons, en eflet, le médecin Ie mieux inftruit, au lit du malade; il ne marchera qu'i tdton: enfin, il ne prefcrit qu'avec défiance les fecours que les auteurs de matière médicale annoncent comme infaillibles. Quels font les obftacles qui s'oppofent aux progrès de Ia pratique de 1'Art de guérir > Si je ne me trompe, c'eftque les médecins, éblouis par des théories féduifantes , ne ccnfultent pas aifez  del'Estomac. 5 I'expérience : on jetteroir, peut-étre,un grand jour fur cette partie, ft, au lieu d'attribuer chaque efpèce de maladie k une caufe particuliere, on les regardoit toutes, ou prefque toutes, comme partant d'une fource commune, & fi, au lieu de trairer chaque efpèce d'une manière différente , on s'appliquoit a découvrir un moyen proprek combattreladépravation primitive, qui donne lieu k tous les autres dérangemens, fauf k aflocier ce nouveau fecours, fuivant les circonftances, avec les remèdes convenables a chaque cas particulier. Mon idéé paroitra peut-être abfurde k bien des gens, on me reprochera,peut-étre, de vouloir faire revivre 1'or potable , la panacée univcrfelle, & les autres rêveries des alchi-miftes ; ma's mon opinion, quelque fingulière qu-'elle paroifle, ifeft pas dépourvue de fondement ; je puis même ailïrrer qu'elle eft confirmée par une longue expérience: A iij  6 Essai sur l'influence je vais tacher de la développer dans eet Eflai. Toutes les maladies, en gcnéral, dépendent de I'impreffion de quelque caufe étrangère, fur Ie corps humain. Ces caufes font fair, les viciilitudes des faifons, les fubftances, tant folides que liquides, qu'on introduit dans les premières voies, foit comme alimens, foit comme'médicamens,foit dans tout autre vue ; les venins contagieux , qui infectent nos huraicurs, quelle que foit Ia voie par laquelle ils y pénètrent, & les difFérentes paffions qui agitent notre ame. les altérations produites par ces di■ verfes caufes, different entr'elles a raifon de leurs marches, de leurs durées & du danger qui les aecömpagne; ce qui a donné lieu a Ia divifion de tcutes les maladie. en deux cïaïïès principales. Ia première cemprend celles qui parequ-  del'Estomac. 7 rent leur période dans un temps déterminé, dont la durée ne va pas au-dela de Fefpace de quarante jours, & qui font toujours accompagnées d'un dangcr plus ou moi/is grand; c'eft ce qu'on appelle maladies aiguës : telles font les pleuréfies, les péripneumonies, la petite vérole , la rougeole, toutes les efpeces de fiévres continues, foit putrides, foit malignes, &c. On range dans la feconde claffe, toutes les maladies dont Ia durée n'eft point bornée a un remps Hmité, & dont Ie danger n'eft point preffant : on les nomme chroniques. De ce nombre font la phthifie, Thydropifie, la paralyfie, Tépilepfie, la goutte , les écrouelles, le cancer , les dartres, les fleurs blanches & une foule d'autres maux, qui nous rendent Ia vie infupportable. Suivantmon opinion, le dérangement des digeftions eft la caufe efficiënte, ou A iv  8 Essai SUR L'iNFLUEN'CE au moins concommittante de prefque toutes les maladies. Rien ne me feroit fi aifé que de prouver mon atfertion a I egard des maladies aiguës , il me fuffiroit de mettre fous IeS yeux de mes Iecleurs ce qui fe paffe chez Jes malades , qui en font attaqués ; 1'épaifTeur , la blancheur, fempdtement de la languë, Iapuanreurde 1'haleine , les naufees & les vomiffemens quon obferve, en pareil cas, atteftent Ie mauvais état de premières voies. II paroft inconteftable qUe les différente* efpêces defièvres, foit putrides, foit malignes, ne dépendent que d'une füite de mauvaifes digeftions; mais il n'en- pas auffi évident que ces dérangemens foient la fourcc direöe des fièvres inflammatoires & des maladies éruptives, telles que les pleuréfies, les petites véroles, &c.J'enconviens; cependant, pour peu qu'on veuiile fe donner la  DE L'ESTOMAC 9 peine de réfléchir fur ce qui arrivé dans ces circonftances , on fera obligé d'avouer que les fonólions de feftomac font toujours troublées, en pareil cas, & que cela concourc avec la caufc principale a rendre la maladie beaucoup plus grave. Je n'infifterai pas d'avantage, cependant, fur les maladies aiguës.Leur guérifon eft prefque entiérement 1'ouvrage de la Nature. C'eft relativement a cette clafle que le père de la médecine a dit, avec raifon , Natura morborum medicatrix. Le médccin n'eft proprement que le miniftre de cette fage mère. Son de voir fe borne a examiner fa marche, avec attention, & a feconder fes eftorts, Iorfqu'ils font infumTans. Hipocrate nous en fait une loi exprefïe. Quo natura vergit so ducendum , dit ce grand homme. Envain fefprit de fyftéme avoit voulu fubftituer des théories aufn faufTes  IO ESSAI SUR L'lNFLUElSrCE que brillantes a une doctrine fondée fur Fexpérience, la Nature a enfin repris fes droits; les médecins les plus célèbres s'accordent tous k regarder fa marclïe, comme leur feule boulfole dans le traftement des maladies aiguës. II n'en eft pas de méme des maladies chronïques. C'eft-lk que le praticien le plus inftruit, privé d'un guide auflï fidéle, eft prefque toujours forcé de marcher d'un pas incertain; c'eft principalement ces maladies que je confidère comme dépendantes du mauvais état des premières voies. Qu'il me foit permis d'entrer dans quelques détails; je me flatte » de prouver que mon idéé eft confirmée par fexpérience. On compte parmi les maladies chronïques les diarrhées de toute efpèce, les dyftenteries, les vomiffemens habitueis, les difFérentes fort es de coliqu.es, la perte de Tappctit , la dépravation du  DE L'ESTOMAC. II gout, &c. Je crois pouvoir me difpenfer de prouver que l'altération des organes de la digeftion efl: la fource de ces difFérentes infirmités; c'eft une vérité connue des hommes les moins éclairés. Ce même dérangement eft au moins Ia caufe éloignée de la plupart des autres maladies chroniques. On convient généralement que toute maladie eft 1'efFet d'une altération quelconque , foit dans les folides, foit dans les fluïdes, foit dans les uns , & dans les autres. Les vices des folides fe réduifent a 1'excès de tention , ou au trop grand reldchement. Les fluides pêchent cu par épaifFiflement, ou par diftolution. Les difFérentes modifications dont nos parties, tant fluides que folides, font fufceptibles, dérivent toutes de ces quatre fources principales ; il s'agit donc de démontrer qnelles font les fuites des digeftions viciées.  12, ESSAI SUR L*INFLUÉNCE On préfumebien que je necomprends pas, dans cette claiTe, les maladies pro duites par un venin contagieux , telles que le mal vénérien , Ia gale, Phidrophobie, la morfure de lavipëre, ou de tout autre animal Vénimeux, quoique J'eftomac fouffre réellement dans ces occafions. Cependant, comme eet organe, n'eft affecté que fecondairement, je penfe qu'on doit alors recourir aux fecours convenables a chaque efpèce de maladie.; mais ces cas exceptés, je fuis d'avis que toute fattention du médecin doit fe porter du cöté des premières vaies. Lafanté confifte dans la parfaite harmonie de nos parties entr'elles. Cette harmonie ne fauroir fubfifter des que les fonchons du principat organe font troublées. Or , puifque c'eft 1'eftomac qui prépare le premier ce fluide elfentiel qui va porter la vie dans toutes les  DE L'ESTOMAC. 13 parties du corps; n'eft-il pas évident que fi ce vifcère ne fournit que des fucs mal digérés, toute Téconomie animale doit néceffairement s'en reflentir? Pour mieux faire fentir cette vérité, il eftnécefiaire de jetter un coup d'oeil fur la ftruóhire de 1'eftomac, & de rappelleren peu de mots tout ce que nous favons de plus certain fur le méchanifme de la digeftion. J'emprunterai du célèbre Heifter la defcription de la ftru&ure du ventricule, & des parties qui concourent aux mêmes fonclions. Le commentateur de eet habile anatomifte me fournira ce que j'ai k dire, fur 1'ufage & les fonctions de ces parties. Le ventricule eft un fac membraneux, figuré k peu-près comme une cornemuie, deftiné k recevoir les alimens & k les digérer ; il eft placé obliquement fous le diaphragme, entre le foie & la rate. On divife ordinairement 1'eftomac en trois parties ;  14 Essai sur l'influence favoir, les deux orifices, & le fond, qui eft la parrie inférieure & la plus grande. L'orifice gauche eft plus élevé que Ie droit, il eft contigu avec 1'oelophage; 1'orifke droit, qu'on nomme pilore, eft joint aux inteftins. La grandeur de 1'eftomac varie : il eft ordinairement vafte dans les grands mangeurs; il a, en général, plus de capacité dans les hommes que dans les femmes : Thomme n'a qu'un feul ventricule , divers animaux en ont plufieurs. La fubftance de ce vifcère eft compofée de quatre tuniques, dont la première eft membraneufe, la feconde eft mufculeufe, la troifième célullaire & la quatrième eft veloutée. La première tunique eft une continuation du péritoire, la feconde efl formée de deux plans de fibres charnues, dont les direclions font en fens contraire, de manière que les fibres du plan externe font coupées  DE L'ESTOMAC. 15 ©bliquement par celles du plan interne. La troifièrne tunique n'eft, felon Heuler, que la fubftance célullaire de Raisk, dont on trouve une lame entre la première & la feconde tunique. Enfin, Ia tunique veloutée eft une fubftance fongueufe, femblable a des rayons de saki, c'eft Torgane qui verfe dans Veüomac les fluides qui s'y filtrent. Ces tuniques font féparées enrx'elles parplufieurs réfeaux vafculeux, fonnés par les dernières ramifications des artères gaftriques, qui fournifient le fas&g a feftomac, & des veines du même nota, qui le rapportent a 3a veine porte , ou au rameau fplénique , ou a Ia veine coronaire , qui environne feftomac. Osi y obferve de plus un grand nombre de filets nerveux fort confidérables, qui viennent de la paire vague. Les vaiffeaux lymphatiques de eet organe aboutilfent au réfervoir du chyle. La timi-  16 F.ssai sur l'influence que célullaire eft parfemée de quantité de glandes qui filtrent la liqueur eftomacale , & dont les orifices s'ouvrent dans les interfaces ou rayons de la tunique veloutée. Le ventricule n'eft pas Ie feul organe qui ferve k Ja digeftion, les infteftins les vaifTeaux lactés, les réfervoirs de Pecquet,le canal thérachique, le foie même, en fourniftant Ia bile, contribuent a cette opération. Je ne m'arrêterai cependant pas a décrire chacune de ces parties en particulier. On peut confulter la-dellus les excellens Ouvrages d'anatomie, dont nous fommes redevables k Heifter, kWinflow , k Ferrein , aSabatier. Je me contenterai de dire un mot de la fituation des organes, a mefure que j'aurai occafion de parler de leurs Ouvrages. Je palïe donc au méchanifme de la difgeftion. L'ouvrage de la digeftion commence dans  DE L'ESTOMAC. 17 dans la bouche : les dents broyent les alimens, Ia falive les pénètre, en forme une efpèce de pare groffière, & les met, par la , hors d'état de bleffer, par leur afpérité, les parois de I'Gcfophage. L'ufage de la falive ne fe borne pas a. cela ; la grande quantité qui s'en fépare des glandes falivaires, pendant la mafiication, & qui s'introduit dans PefTomac, pendant la déglutination des alimens , prouve que cette humeur fert, ainfi que les fucs gaftriques, a dilfoudre les alimens. Comme je ïfai pas intention de faire un Traité fur la digeftion, je crois pouvoir me difpenfer de difcuter les différens fyftèmes qu'on a fucceffivement imaginés fur cette opération de Péconomie animale. Je me contenterai d'expofer les phénomènes les plus certains. Je dis donc que les alimens étant parvenus dans la capacité de Peftomac , y font diffous, foit B  l8 ËSSAI SUR L'iNFLUËNCË par Ia falive, foir par les fucs fournis par les glandes dont la cavité de ce vifcère eft tapilfée, foit que le mouvement du ventricule y contribue au moyen d'une trituration, ou non : ces alimens, ainfi diflous, forment une pdte grifdtre, qui pafle dans les inteftins, par le pilore ; arrivée dans ce canal, cette pdte, qu'on appelle Chime, fe mêle avec une nouvelle humeur, qu'on nomme Suc pancréatique, fournie par une efpèce de glande , le pancréa, placé derrière 1'eftomac , qui communiqué avec le duodenum , par un canal, qui s'ouvredans eet inteftin, un peu au-deifous du pilore. On obferve au même endro;t un autre canal, qui s'ouvre dans eet inteftin & y répand la bile : ce canal eft appellé Choledoqüe; il eft formé par la réunion de deux petits conduits particuliers, dont 1'un (le cond:üt hépatique) part du foie, & 1'autre ( le cyftique ) , qui fort de Ia veficule  DE t'EsTOMAC. 19 c!u fiel. La bile fe mêle donc en même temps avec la pate alimentaire , autrement, chimacée. Quel efl: l'ufage de ces différens fluides dans la digeftion ? voici, en peu de mots, ce que les Phyfiologiües ont écrit de pk 5 raifonnable a ce fujet. La nature de ces différentes humeurs, efl: l'indice le plus certain que nous ayons fur leur ufage ; la falive, le fuc gaftrique & le pancréatique font des fluides prefque abfolument infipides , ou, tout au plus, très-légèrement falés; leur analyfe ne fournit ni acides , ni alkalis; il y a donc lieu de croire qu'ils n'agilfent que comme des diflolvans aqueux ; il n'en efl: pas de même de la bile. Suivant 1'analyfe chimique, cette liqueur contient beau. oup de fel & d'huile mêlés avec le phlcgme : elle eft, par conféquent, de la nature des favons; ce qui le prcuve , c'eft qifil n'y a aucune efpèce de favon qui en- B ij  20 ESSAI SUR 1/lNFLUENCE leve mieux les taches des étorFes que la bile. Par cette qualité, cette humeur eft propre a diffoiidre les parties grafles des alimens , & les méle avec les parties purement aqüeufes ; ce qui ne pourroit pas fe faire fans fon fecours ; car, on lait que les huiles ne fauroient fe meier avec le phlegme; mais, fi on incorpore un favon, alors les huiles deviennent mifcibles a Peau, par le moyen du lel, qui, comme Pon fait, de'vient folübïe dans ce liquide. De plus, la bile, par fes parties huileufes, embralfe les parties qui pourroient être trop graffes ) car les expériences chimiques nous apprennent que, plus les fels alkalis font dépouillés d'huile , plus ils deviennent cauftiqucs, &que, par contraire, on diminue leur caufticité par le moyen de Phuile. Par cette propriété elle rend le chyle-plus doux, la bile eft plus putrefcible. Cette difpofition a la putré-  DE L'ESTOMAC. 2,1 iaction n'eft pas inutile pour la digeftion; c'eft par cette qualité que la bile eft propre a diffoudre les. parties fibreufes de nos alimens., en excitant en elles un mouvement de dilfolution, fans lequel les parties ne fauroient étre affimilées au refte de nos hnmeurs. On voit par ce que nous venons de dire, que la bile eft le.principal agent de la digeftion. La paté chimacée ayant fubi dans les inteftins la préparation 'convenable, fe change en une liqueur homogene blanche , douce, a-peu-près femblable au lait, c'eft ce qu'on appelle le chyle. Ce fluide paffe des inteftins dans un grand nombre de vaiffeaux nommés laclés., dont les orifices s'ou-< vrent dans la cavité des inteftins. Ces vaiffeaux aboutiffent au réfervolr fitué derrière les piliers du diapbragme, a droite, vers la jonction de la première vertèbre des lombes avec cell-c du des B iij  22. Essai sur l'influence a-peu-près entre les origines des mufcles pfoas , c'eft le réfervoir de Pecquet, du nom de celui qui Ta découvert; ce réfervoir eft adapté au canal nommé thorachique, qui porte!le chyle & lalymphe dela a la veine foufclavière, oü Ie chyle fe mêle avec le fang\ On voit clairement que de toutes les parties qui contribuent a la formation du chyle, iln'en eft point dont fimportance égale celle du ventricule. On ne doit pas confidérer eet organe , comme un fac purement paffif; les glandes donc Ia tunique veloutée eft parfemée, fournilfent un fuc qu'on regarde , avec raifon, comme le premier agent dela digeftion. L'excès ou le défaut de ce fuc & les difterentes qualités dont il eft fufceptible, font les principales fources de tous les dérangemens qui peuvent arriver k cette fonction. Les bornes que je me fu's pr.fciïtes, dans at elfd , nc  DE L*E S TOMAC- 2-3 me permettent pas d'entrer dans un plus long détail, pour démontrer cette propofition dans tous fes points; on en fera aifément convaïncu , fi Ton fait attention que la matière néceffaire a la réparation des pertes que le corps humain fait continuellement, eft le produit des alimens. La préparation de ce fuc nourricier n'eft pas 1'ouvrage d'un feul organe. Le chyle au fortir des inteftins pafte fucceftivement dans divers couloirs , oü il fubit un nouveau degré d'élaboration. Parvenu au torrent de la circulation, il parcourt avec le fang différentes parties du corps. Chaque vifcère , chaque glande eft une efpèce d'alembic deftiné a extraire de la mafte générale des humeurs quelques liqueurs particulières, dont les ufages font différent Par exemple» le pancreas fepare un fuc auquel on donne le nom de paneréatique , le foie répare & extrait la B iv  M ESSAI SUR L'INFLUENCE bile; il eft doric évident que fï Ia pdte alimentaire n'a pas fubi dans Feftomacle degré d'élaboration convenable, il n'en pourra réfulter qu'un chyle imparfait ; par une fuite de conféquences, toutes les autres liqueurs feront plus ou moins viciées. Or, puifqu'il eft démontré que Ie bon état des folides dépend de celui des fluides, & réciproquement; le déraugement des uns doit être une fuite néceffaire de Paltération des autres. On doit regarder fous deux points de vue ce vice de la digeftion. Pour qu'elle foit parfaite, il faut que cette fond-on foit faire fans être trop précipitée, & que les réfultats fournifTent des fucs propres a être animalifés, fans que par leur qualité particuliere, ils puiflent communiquer aux humeurs des altérations contre nature. La digeftion fera donc mauvaife , lorfque Ja nourriture dont on aura fait ufage ne pourra fournir  DE L'ESTOMAC 2, «5 que du mauvais chyle, que des fucs impropres k s'afiïmiler k nos humeurs, a réparer les perces & k en corriger les alrérations; enfin, lorfquele vifcère deftiné a travailler la pare alimenta.ire, & les fucs néceflaires pour en perfccticnnerla coction, feront impropres k la produire. La nourriture dont on doit faire ufage eft lTobjet Ie moins déterminé; l'igej, le pays, le tempérament, rinftinót, fliabitude , Texercice , les faifons jettent une variété infinie fur la qualité des alimens qu'on doit employer, & fur leur quantité; & fi jamais famour de Hiumanité portoit un obfervateur éclairé k fixer avec quelque jufteife le genre de nourriture le plus favorable k chaque a~ge, Sc k-peu-près a chaque tempérament, il verrok fon ouvrage admiré k caufe du motif qui 1'auroit dicté,'mais rendu inutiiepar le goüt qu'on chercke a conten-  a6 ESSAI SUR l/lNFLUENCE ter; il n'entrera donc pas dans mes vues de corriger les digeftions vicieufes quand elles ne le feront que par la nature des alimens qu'on aura pris. Chaque individu doit fe gouverner Ik-deflus par 1'amour de fa confervation, & choifir, s'il efl: poffible , celui qui fatisfaira le mieux a fon goüt & a fa fanté; mais je me perfuade faire le plus grand bien en corrigeant les vices de la digeftion qut dépendent de 1'eftomac lui-même, & peuvent être le fruit de nos caprices paffés, de notre conftitution, du genre de nos occupations & du régime indifpenfable, quoique mauvais, auquel nous avons été aftujettis. L'influence de 1'eftomac fur toutes les fonétions del'économie animale, me paroit fufhTamment démontrée. II eft aifé de concevoir, après tout ce qu'on a dit ci-deiïus, que le délabrement de ce vifcère, eft la fource la plus ordinaire de  DE L'ESTOMAC 2.7 la plupart des maladies; mais il n'eft pas auffi aifé de prouver la connexion directe de ces mêmes maladies avec les différentes altérations dont eet organe eft fufceptible; voici tout ce qu'on peut dire de plus probable k ce fujet. Tous les vices des folides fe réduifent a deux principaux, 1'excès de tenfion & de retèche'menc ; de même 1'épaiffilfement ou la diflolution des fluides, font les deux fources de toutes les dépravations des humeurs. Ainfi, fi je ne me trompe, 1'excès de tenfion dans les fibres de 1'eftomac, doit être fuivi de 1'épaiffilfement des fucs qui fe féparent de ce vifcère. Ces deux caufes réunies doivent produire un chyle plus grouler; delk,. toutes les obftruclions & la foule de maladies qui en dépendent; telles que less écrouellcs , les fquirres, certaines hydropifies, la jaunilfe, les fleurs blanches dans certains cas, & par une raifon con*  2.8 Essai sur l'influence traire, le relachement des tuniques du ventricule, fera accompagné de la diffolution des fluides; & ces deux alterations fe communiquant de proche en proche au refte de la machine, produiront toutes les maladies dépendantes de la diffolution des humeurs, telles que le fcorbut, le car.cer, les dartres, les hydropifies fpontanées, les ulcères des vifcères, les pertes des femmes produites par errofion, les fièvres malignes, &c. On doit rapporter aux mêmes caufes la faim canine, le dégout, Tappétit dépravé, les différentes efpèces de coliques , les dévoiemens ou vomilfemens opiniatres, les dylfenteries, les vertiges, les maux de tête habituels, les infomnies ou aflbupiïFemcns, les vapeurs dans plufieurs occafions, & mêrne ccrtaines épilepfies. Tout le monde fait que certaines ciéfaillances,& fouvent 1'apoplexie, font les efrèts d'une tpdigeftion ou d'une fuite  de l'Estomac. Z9 de digeftions mal faites. Les flèvres putrides n'ont jamais d'autre caufe, & les intermittentes en dépendent prefque toujours. C'eft k la foiblefle de 1'eftomac qu'on attribue toutes les rechütes, qui font ft fréquentes après les maladies aiguës. Je fuis fort éloigné de penfer que toutes les maladies que je viens de nommer, ne puiftènt dépendre de plufieurs autres caufes, que du dérangement des digeftions. Je prétends feulement dire, que c'eft la leur fource la plus ordinaire. Je fais bien qu'il y a un très-grand nombre de maux qu'on ne fauroit jamais attribuer k cette altération, tels que les'fièvres inflammatoires en général, les maladies éruptives, les contagieufes, telles que la petite vérole & la pefte, le mal vénérien, &c. Mais ces maladies 'même font & plus dangereufes & plus rebelles, lorfque les premières voies font en mauvais état.  30 Essai sur l'influence Au refte, la théorie ne nous fournit que des notions rrès-imparfaites touchant les caufes des maladies. Ses principes ne peuvent avoir qu'un degré plus ou moins grand de probabilité. Le flambeau de 1'expérience feul peut nous conduire a la certitude; c'eft a la lueur de ce flambeau que j'ai acquis le peu de connoiffancesque j'ai fur ces matières. Frappé de I'opiniatreté de certaines maladies & de finutilité des fe cours que 1'art em. ploie contr'elies, je me fuis appliqué , pendant long-temps, a en connoitre la raifon. Des obfervations multipliées , m'ont enfin convaincu que Ie défaut de fuccès ne vient, le plus fouvent, que de ce que les gens de Tart, entièrement occupés de la caufe prochaine, négligent abfolument la caufe primitive du mal; c'eft-a-dire, le mauvais état des premières voies ; toute mon attention s'eft donc bornée a éviter eet écucil. J'ai  DE 1,'EsTOMAC. 3I fait k ce deflein plufieurs tentatives inutiles; mais loin d'étre découragé par leur peu de fuccès, j'ai, au contraire, redoublé mes efForts jufques a ce que mes recherches m'ont enfin conduit au but auquel je vifois; c'eft-k-dire, que je fuis k la fin venu k bout de compofer un remede propre a réparer parfaitement les délabremens de 1'eftomac. Ce remede confifte dans une eau ftomachique, qui eft en même-temps fondante & dépurative. Cette eau réunit encore deux avantages, qui en augmentent le prix; elle eft très-limpide,. & fon goüt n'eft point du tout défagréable. Cette compofition me tient lieu de tout autre re* méde dans plufieurs cas. Dans certaines circonftances, elle fait la bafe du traitement, mais je lui aflbcie des fecours convenables , pour aider fon activité. Enfin, dans plufieurs occafions, je la prefcris comme un moyen accéflbire ,  32 Essai sur l'influènce & pour rendre Ia guérifon plus prompte & plus complette, ou , pour prévenir les rechiites, je Ia varie, felon les cas: favoir; fi les folides font trop tendus , trop irritables, trop fecs, il faut couper mon eau avec trois quarts ou deux tiers d'eau ordinaire & un peu de fucre, ou avec de 1'eau d'orge , on deux tiers ou moitié lait; enfin telle tifane ou infufion que le cas particulier peut rendre plus ou moins bien indiquée, & la prendre alors bien dégourdie; au contraire, dans Ie cas cfatonie ou de foibleffe marquée, il faut laiifer a mon eau un depré d'activité plus ou moins grand, relatif au degré de foibleffe & du tempérament du malade, & alors la donner froide. On peut.joindre a Ia bouteille, une ou deux cuillerées d'eau de fleur d'orsnoe fj Ten veut. Quand. avec 1'atonie ou 1'excès du ton des folides , on trouve encore a corriger un vice d'acrené dans nos  de l'Estomac. 33 nos humeurs, ou telle autre dépravation , on afïbcie a mon eau quelque boilfon adoucilfante, comme la décoction de mauves, de na'vets , Peau de veau , le lait, Peau d'orge , & enfin tel autre remede, qui, quoique efficace contre Ia vue fecondaire , feroit infufHfant pout rétablir 1'eftomac. Je vais rapporter quelques exemples de chacun de ces cas, pour mettre tout lecteur & portée d'en faire la diftribution-, Première Observation. M. Pabbé de Beron , chanoine de Noyon , avoit Peftomac dérangé. II étoit totirmenté, depuis long-temps, par des coliques violentes; il rendoit ccntinuellement des vents par le haut & par le bas; fa refpiration étoit très-gênée, fur-tout, pendant Ia nuit : fa poitrine alors produifoit un fifflement continuel, le volume de la rare étoit prodigieufe- C  34 ESSAI SUR L'tttFLUENCE ment augmenté, ce qui donnoit lieu a une tention & a une enflure extraordinaire du bas ventte; fes urines ne couloient qu'en très-petite quandté , & étoient très-chargées & noirdtres. La mauvaife odeur de fon haleine & la perte de Tappétit, annoncoient évidemment Ie mauvais état des premières voies. Tous les remedes adminiftrés patdes rhains favantes n'avoient pu lui donner le moindre foulagement. M. Biftos, Grand-Vicaire de 1'Archevéque .d'Embrun me 1'adreïïlt, dans eet état. Je lui fis prendre de mes eaux, trois verres tous les matins, a une heure, environ , de diftance 1'un de 1'aütre, coupées avec une décodion, ou tifane faite avec trois oignons blancs, fur une pinte d'eau ; un, après fon diner mélé avec de Peau commune & un peude fucre, & deux le foir avant de fe coucher , comme ceux du matin. Dans huk jours, il fut  de l'Estomac. 3$ Foulagè de toutes fes incommodités, & dansun mois, il fut entiérement rétabli. 2.e Observation. M. deRouiFiere, Cher de S. Louis, C ommi ffai re ordonnateur des guerres, d'un tempérament fort bilieux, avoit, depuis long-temps, reftomac fort dérangé ; il étoit fujet k des coliques afFreufes. II avoit des obltruétions au foie & Ia jaunilïe. II étoit d1une maioreur & d'une foibleffe extréme. Une infomnie continuelle achevoit de le deffécher. Les médeeins les plus célebres lui avoient adminifrré tous les fecours de Part; ils Ie reo-ardoient comme incurable. Ce fut dans eet état qu'il s'adreffa k moi. Je lui fis prendre mes eaux coupées , les premiers jours, avec de la limonade , k la dofe de trois gobelets tous les matins, & un après chaque repas. II ks fentit travailler beaucoup les premiers C ij  $é ESSAI SUR L'lNFLUËNCE jours dans tout ie corps, elles lui occafionnoient des mal-aifes & des douleurs aiguës aux parties engorgées. Ses digeftions fe faifoient néanmoins beaucoup mieux; je lui fis prendre alors un peu de lait coupé avec mes eaux, quoiqu'on le regardat comme un poifon, dans fon état, il paffit tres-bien. Son appétit, fon fommeil, les digeftions fe rétablirent, & peu-a-peu, avec ce régime fimple & doux, & quelques lavemens &pürgations analogues a fon état, je Ie ramenai k Ia fanté -7 dont il jouit. 3.e Observation. Mlle. Colet, de Pontchartrain , étoit confumée, depuis fix mois, par une fièvre lente , avec redoublemens. Son eftomac étoit fort délabré ; elle y reffentoit, de temps en temps, des pefanteurs & un gonfiement conlidérable ; elle fe plaignoit d'un grand feu dans  de l'Estomac. 37 Ce vifcere. Elle n'avoit point d'appétit, dormoit peu ; elle avoit la jauniife & étoit très-maigre; elle s'étoit tranfportée en cette ville, pour y faire des remedes , qui tous avoient été infructutux. Je lui fis prtndre mes eaux mêlées avec égale quantité de limonade , & le jour de 1'accès, au moment du frifTon, je lui fis prendre de fuite 8c dans fintervalle, une pinte de mon eau froide, qui lui procura une fueur abondante; & dans le cha.ud, on continua de lui en fervir coupée avec une infufion de fleurs de mauves, alors, un peu chaude. Je la purgeai le lendemain. Elle continua, le jour fuivant, & a 1'heure de faccès, de prendre la. pinte d'eau Comme le premier jour. L'accès fut tréspetit. Elle fe purgea le lendemain, elle n'eut pas le troifieme. Sa fièvre difparut , fon eflomac fe rétablit, Pappétit & le fommeil revinrent, fes digcuipns C iij  38 Essai sur l'influence furent parfaites, & dans un mois de 1'ufage de ces eaux, elle fut entiérement guérie. Le méme traitement a eu un pareil fuccès dans les fièvres tiercés. Sur un grand nombre de perfonnes que J ai traitées, forc peu ont eu le quatrieme acces. 4-e Observation. M. Ie Curé de Pontchartrain , oncle de la malade précédente , avoit l'eftomac dans un état li déplorable, qu'il rejettoit fes alimeus, par la bouche, prefque dans Ie même état qu'il les avoit pris. II étoit, de plus, cruellement tourmenté par une retention d'urine. On étoit obligé de fe fervir de la fonde. Les médecins défefpéroient de fa gué. rifon , ils 1'avoient abandonné. Mlle. Colet, fa nièce, vint me prier de lui dcnner ce mon eau, comme dernière reifource. Je la lui fis couper avec une  de l'Estomac. 39 tifane faite de bois de bouleau. On ne fut pas peu étonné du foulagement qu'elle lui procura. Des le premier jour , le malade urina avec alfez de facilité & ne rejetta pas le bouillon. Peu-k-peu 1'eftomac fe rétablit, les forces revinrent, & dans Pefpace de quinze jours , fa fanté fut rétablie. M. de Maurepas s'intéreflbit beaucoup k ce malade , & fut fi furpris de cette cure , d'après le rapport que les Médecins de la Cour, qu'il avoit envoyé au fecours de ce curé, lui avoient fait de fa maladie, qu'il defirat connoitre cette eau & fon auteur. 5.e Observation. Mlle. de Sloly, Femme-de-Chambre de Madame Vicloire de France , avoit 1'eflomac fi délabré, qu'elle ne pouvoit rien digérer. Elle étoit, de plus, tourmentée , par des verdges continuels , qui la mettoient hors d'état de faire fon C iv  4© ESSAI SUR L'INPLUENCE fervice; de maniere qu'elle étoit fur le point de demanderfa retraite. Elle avoit des obftructions & une difficulté de refpirer. SufFoquée par la bile, elle avoit envain éprouvé tous les fecours ordinaires adminiftrés par les mains les plus habiles. Je lui fis prendre de mon eau, avec de la limonade, dans peu de jours fon eftomac fe rétablit; les digeflions fe firent mieux & a 1'aide de quelques remedes & de quelques purgatifs doux, je lui rendis la firn té , dönt elle étoit privée depuis long-tems. 6.e Observation, M. de Fargés, Intendant de Finances, fut délivré , par mon eau , que je lui fis mêler avec une infufion de fleurs de mauves, d'une fièvre & d'une roux tres- opinidtre, qui Ie tourmentoient depuis long-tems, & qui avoient réfiflé a tous ks remedes. L'eflomac,  DE l'ESTOMAC 41 dont le dérangement étoit au dernier période , fe rétablit de jour en jour, par fufage de cette même eau , que je lui fis couper , après que la fièvre eut ceffé, avec du lak. U a eu foin de les continuer pendant long-tems, & il lui doit la fanté conftante dont il jouit. 7. e Observation. M. de la Garde, Maitre de Mufique, de la Reine, fe plaignoit de digeflions laborieufes, de pefanteurs d'eftomac. L'aliment le plus léger 1'incommcdoit. II a employé mes eaux, coupéesavec une infufion de fleurs de mauves, ou avec de 1'eau ordinaire, & un peu de fucre, avec le plus grand fuccès. 8. e Observation. M. le Marquis de la Sonne , d'un tempérament bilieux , foufïroit beaucoup de Peibmac 3 il ne digéroit qu'a*  42 essai sur ltnfluence vee beaucoup de peine , & il éprouvoit toutes Iesineommodités qui font les fuites k ^ ^ dant ving-quatre heures , Ie zeft d'un «tron, fur une pinte d'eau, lui procura le foulagement le plus prompt. 9-e Observation. M. le Marquis d'Efpagnac avoit 1'eftomac très-dérangé; fes digeflions etoient très-Iaborieufes. II fe plaignoit, de plus, d'un reflèrrement très-douioureux de Ia poitrine, qu'il attribuoit a la peinture. II étoit devenu fort ma-gre. Mon eau, dont je lui fefois prendre trois gobelets, tous les matins, fnélée avec du lait, & un, après fon repas, mélée avec de 1'eau ordinaire , & un peu de fucre, lui ont rendu la fanté & 1'embonpoint.  de l'Estomac. 43 io.e Observation. M. Ie Baron d'Efpagnac, d'un tempérament fort bilieux, avoit 1'eftomac fort dérangé, & il éprouvoit un mal-aife continuel. II étoit fujet k des attaques d'apoplexie, II a été délivré de toutes fes incommodités par 1'ufage de mes eaux. Madame Ia Baronne d'Efpagnac qui en a pris un verre, le matin, pendant quelque temps, s'en eft fort bien trouvée. n.e Observatign. M. Martin, premier Secretaire de M. Le Noir , Lieutenant - Général de Police , étoit incommodé , depuis bien long-temps , par une pefanteur d'eftomac confidérable, & fe plaignoit d'une barre qui ferroit toute Ia région de ce vifcere. Ses digeflions étoient laborieufes, & il n'alloit k la garde-robe que  44 essai sur linfluence tous les huirs a dix jours, a force de prendre des remedes. II étoit fujet a des migraines violentes, a un mal - aife continuel, & une grande crifpation dans le genre nerveux. Lors de faccès, fes pieds, & les doigts de fes mains, fe tournoient; a la fuite, il venoit un fpafme qui lui occafionnoit les douleurs les plus violentes. II s'eft délivré de ces incommodités par Tufage de mes eaux, qu'il n'a pas difcontinué,depuis pres de quatre ans, tous les matins, & après les repas. II continue toujours avec le méme fuccès. 12.e Observati on. Madame la' DuchelTe de étoit afFecT:ée de la poitrine. Elle avoit une toux très-feche; le !ait lui avoit été pref crit par les Médecins; mais fon eflomac , qui étoit en très-mauvais état, ne pouvoit pas Ie fupporter. Malgré tous  öe l'Estomac. 45 les rnoyens que la Médecine a imagirïés, pour le faire palTer; elle eut recours k mes eaux, qui, mêlées avec le lait, praduifirent les effets les plus heureux. 13.e Observation. Monfeigneur 1'Archevêque d'Embrun, fatigué depuis long-temps, par un rhume opiniatre , qui ne lui lahToit gouter aucun repos, ayant d'ailleurs 1'erromac très-délabrè, & une douleur au cöté, a recouvré la fanté a Ia faveur de mes eaux, que je lui fefois prendre, le matin & le foir, mêlée avec égale partie de lait, & avec de 1'eau ordinaire, après le repas. Ce Prélat, k qui j'avois donné quantité de mon elixir, pour les pauvres d'Embrun, m'a alïuré avoirfait un nombre infini de cures k THopital, par leur feul ufage , & que les Soeurs de charité avoient rendu la fanté k d'autres dont lesmédecinsdéfefpéroient de laguériibn.  4<5 ESSAI SUR L'lNFLUENCE i4-e Observation. Monfeig.' I'Evéque de Séez, premier Aumönier de Monsieur, avoit I e/tomac entiérementdérangé; fes digeê tions étoient trés - Iaborieufes Attaqué d'un gros rhume, depuis long-temps, il avoit une fanté très-foible. Les remedes adminiftrés par MM. Lieutaud & k Sonne, célebres Médecins, n'avoient pu la lui rétablir; Ie lait qui lui avok été ordonné ne paffoit pas. M. Le Noir, qui éprouvoit les meilleurs effets de mes eaux, lui confeillad'y avoir «cours; il en fit ufage : eiles lui firent paffer Ie lait & lui rendirent Ia fanté dont il étoit pr|' vé.M.-de la Sonne, a qui il fit part des effets merveilleux de mes eaux, les lui confedla, II les continue, tous les jours, avec fuccès , & jj jouit ? depuis ce temps, de Ia meilleure fanté.  de l'Estöm'ac. 47 i5-e Observation. M. Ie Marquis de Trance avoit 1'eftomac fort dérangé; il fentoit un mat aife & des courbatures par tout le corps. On lui avoit confeillé Ie lait, qui ne palfoit pas chez lui- jc Ie fis couper avec mes eaux, il pafla rrès-bien. Son eftomac & fa fanté font rétablies. i6.e Observation. M. Chiquer, Confeiller au Parlement de Dijon, avoit 1'eftomac fort dérano-é, depuis long -temps ; il avoit, tous les jours, fur le foir, un petit accès de fievre. La bile ne couloit pas, il avoit des obftruclions. Tous les remedes connus n'avoient produit aucun effet. II eut recours k mes eaux, que je lui fis couper, dans les commencemens, avec une infufon de zeft de citron. Dans moins de quinze jours fon eftomac fut rétabli, les accès de fievre difparurent; il les prit  4*3 ESSAI SUR S'INFLUENCË enfuite coupées avec du lait, qu'il aime beaucoup ; elles lui redonnerent fon embonpoint , dont il étoit privé depuis long-temps. II continue d'en prendre tous les jours, un verre, le matin, & après fes repas; &, depuis leur ufage, il n'a pas reflênti la moindre indifpofition , ni indigeftion, auxquelles il étoit li fujet auparavant. i7.e Observation. M. Ie Comte de Chamineau étoit tourmenté d'une toux cruelle, nuit & jour; il avoit employé, inutilement, tous les fecours ordinaires. II me fit prier d'aller le vou" k Verfailles, chez M. Ie Comte de Saint-Germain, oü il étoit. Je lui fis prendre quatre verres de mon eau , avant que de fe coucher, coupée avec de 1'eau ordinaire & un peu de fucre. II ne toulfa prefque point dans la nuit. Je lui fis prendre la même dofe, Ie matin ,  de l'Estomac. 49 matin, a une heure de diftance d'un gobelet a 1'autre. II continua le même remede pendant quatre jours, & il en fut entiérement délivré. i8.e Observat i o n. M. 1'Abbé de Gamanfon, grand Archidiacre d'Orléans, d'un tempérament fort bilieux , étoit dans le même état que le malade précédent; il avoit, d'ailleurs , 1'eftomac délabré. Je lui prefcrivis mon eau, mêlée avec dela limonade , & dans huit jours fon eftomac fut rétabü & délivré du rhume & de la bile qui le tourmentoit. Dans tous les cas oü il y a des rhumes, j'ai ordonné mon eau, coupée avec du lait, ou de 1'orgeat, ou avec une décoction d'orge, de navets, de bouillon blanc, de fleurs de mauves, ou toute autre tifane adoucilfante, felon le tempérament & 1'age du malade. D  $0 essai sur L'lNFLÜENCE i9-8 Observation. M. Francés Bataille , Receveur-Général des Finances • M. Francés Daville, ion frere, d'un tempérament fort délicat , ont été, 1'un & 1'autre, délivrés plufieurs fois de Ia même maladie, par Ie feul ufage de mes eaux, coupées avec Ie lait, ou Ia tifane qui leur convenoit Ie mieux. 2o.e Observation. M. de Beaufort, premier Lieutenant des Maréchaux de France , attaqué auffi d'un rhume très-opiniatre, ayant Momac fort dérangé, en a été guéri avec mes eaux, coupées avec 1'eau de navets. 2i.e Observation. M. Herbain, Porte-Manteau de Mgr. Ie Duc d'Angouléme , avoit 1'eftomac fort dérangé , une roux fèche , qui le tourmentoit depuis long-temps, un  »E t'ESTOMAC. $f fifïïement contimael, & une douleur au cóté , beaucoup d'axreté dans les humeurs. II a été délivré de toutes fes incommodités par 1'ufage de mes eaux, avec du lait, qu'il n'avoit jamais pu digérer, & que mes eaux ont fait paiïèr. 22. e Observation-. Madame Ia Marquife de Rafiïgnac, qui me fut recommandée par M. IaMaréchal de Briffac, avoit f eftomac trèsdérangé. Les alimens les plus légers ne paffoient qu'avec peine. Sapoitrine étoit très-délicate. Par fufage de mon eau , de laquelle je ne lui fefois mettre que le tiers , fur deux tiers d'une infufion de fleurs de mauves, & un peu de fucre. Son eftomac fut rétabli dans dix ou douze jours, & elle continua, pendant quelque temps, avec fuccès. 23. e Observation. La Femme de Chambre de Madame Dij  $2, Essai sur l'influence 1a Marquife de Nefle avoit la poitrine affectie, une toux fèche, la refpiratioa gênée, & 1'eftomac très-dérangé. Le lait ne pouvoit pas palfer. Après avoir eftayé , fans fuccès , tous les fecours ufités, elle me fut recommandée par Madame la Marquife, fa maitreffe. Je joignis mon eau au lait, dès-lors cette boilfon paffa k merveille, fon eftomac & fa poitrine fe rétablirent, peu k peu fa refpiration devint aifée , la toux ceffa, & la malade reprit, en peu de temps, fa force & fon embonpoint. 24." Observation. M. 1'Abbé Roy, Secrétaire & Aumónïer de S. E. M.ër le Cardinal de Luynes, avoit, depuis long-temps, 1'eftomac fi dérangé, qu'il ne pouvoit prefque rien digérer; iln'avoit point d'appétit, ilfentoi: fes forces diminuer de jour en jour, il fe plaignoit de laiïitude & de petites  DE t'ESTOMAC. 53 douleurs dans les membres : mon eau ftomachique, coupée avec de 1'eau ordinaire , & un peu de fucre, a fuffi pour le rétablir entiérement. 2,5 • Observation. M. 1'Abbé de Ternay , Confefleur de MadameLouise deFrance > Supérieure desCarmélites, k Saint-Denis, avoit, depuis long-temps, fon eftomac très-dérangé;fes digeftions^toienttrès-laborieufes, un enrouement confi dérable,la poitrine afFedéc \ il n'alloit k la garde-robe qu'avec beaucoup de peine, & tous les douze ou quinze jours. Ayant employé, fans fuccès, tous les remedes ordonnés par les plus favans Médecins, M. Le Noir, Tréforier des aumönes du Roi, qui éprouvoit les meilleurs erfets de mon eau, lui confeilla d'y avoir recours , ce quil a fait. II les coupoit avec de 1'eau d'orge , & du lait dégourdi ; il D iii  54 ESSAI SUR L'lNFLUENCË s'en eft trouvé très-bien, & il les a continu ées avec fuccès. 2-6.e Observation. Ie Prince de NafTau avoit, dePuis quelque temps , 1'eftomac trésdérangé; il ne pouvoit prefque rien digérer, il n'avoit point d'appétitj dès qü'il prenoit quelque aliment, il éprouvoit, un moment après, un mal-aife, des maux d'eft0mac%& des éblouiflemens. Après avoir employé tous les fecours ufités, fans fuccès, il eut recours * moi : mon eau ftomachique, coupée avec de 1'eau ordinaire , & un peu de fucre, lui rétablit, dans peu de jours, fon eftomac, & lui rendit 1'appétit & la fanté. 27' Observation. M. Ie Chevalier de Romé, de Verfailles, avoit 1'eftomac tres - dérangé, & beaucoup d'acrimonie dans les humeurs.  de l'Estomac 5 II a pris mon eau, mélée avec du lait, & un peu d'eau de fleurs d'orange, avec du fucre; &, fans autre remede , il a recouvré la fanté. • 2.8. e Observation. Madame de Saint-Germain a fait ufage de mon eau, avec un pareil fuccès, contre les mêmes indifpofitions. 2.9. e Observation. M. Pomard, Chevalier de 1'Ordre de Saint-Louis, grand Prevöt de la Touraine, avoit Teftomac trés - dérangé , & un fquirre au foie; il étoit abandon* né des Médecins, qui n'ont pu lui donner aucun foulagement. Mon eau coupée , avec 1'infufion de chicorée fauvage , lui ont rétabli feftomac, & il a épreuvé, pour les autres incommodités, un mieux , qu'il n'avoit relfenti depuis long-temps. D iv  %6 ESSAI SUR i/lNFLUENCE 30.e Observation. Al. le Baron du Chatelet Ianguiffoit, depuis long-temps , dans une fituation déplorable , & ne pouvoit rien digérer; il étoit tourmenté par un vomiffement & un dévoyement continuel; il étoit d'une maigreur affireufe , fon teint étoit d'un jaune livide; il avoit, d'ailleurs, une grande acrimonie dans les humeurs. On avoit, envain, effayé tous les remedes indiqués, le lait ne paffoit point, le malade le rejettoit auffi-töt, ou le rendoit tout pur , par les felles. Je lui fis couper Ie lait avec mon eau ftomachique; alors, il paffa très-bien, 1'appétit & les forces fe rétablirent en peu de temps ; la pefanteur de 1'eftomac difparut; les vomilfemens , les dévoyemens s'arrêterent, fans aucun autre fecours, & fa fanté fut entiérement rétablie;  DE L'ESTOMAC. 17 3i.e Observation. M. Chavrier, Garde du Corps, étoit dans unétat encore pire que le malade précédent; il avoit 1'eftomac entïérement délabré, un dévoyement, depuis vingt-deux mois , qu'on n'avoit pu arrêter; il étoit dans le dernier degré de marafme. Une fievre continue , fa poitrine af&aée, le lait ne paflöit pas; li avoit, en outre, beaucoup de dartres, & il étoit abandonné des Médecins. Ce fut dans eet état que je 1'entrepris. Jelui fis prendre de mon eau ftomachique, avec le lait, qui pafla très-bien. Le fecond jourle dévoyement ceffa; peu a peul'appetit revint; dans moins de deux mois il fut entiérementrétabli, & a même de continuer fon fervice. Ses dartres difparurent. 32.e Observation. Madame de Caflini étoit affügée dunc  58 ESSAI SUR ï/lNFLUENCE toux fechey fa refpiration étoit génée ; la'poitrine doulouteufe, fon eftomac etoit entiérement dérangé- elle ne dor™it point, & elle éprouvoit des coliques violentes. Après avoir bien fouffert pendant cinq ou fix ans, & avoir employé, fans fuccès, tous les remedes indiqués par les Médecins , elle eut recours k moi. Je lui prefcrivis I'ufage de mes eaux,avec du lait,&un peu d'eau de Keurs d'orange; Ia malade fut agréablement [furprife en voyant que fon eftomac, qui n'avoit pu fupporter Ie lait ie digéroit parfaitement. Le feul ufao-c' de ce"eboiffon lui procura,en peu de temps, une fanté des plus heureufes. 33-e Observation. M- deFarges, Maréchal des Camps & Armées du Roi , fut délivré d'un rhume affreux ,& d'une goutte remontee a 1'eftomac, par I'ufage de mes eaux  de l'Estomac. 59 34e. Observation. M. 1'Abbé de Jean, qui étoit attaqué de la goutte aux extrémités inférieures, depuis très-long-temps, & qui en avoit des paroxifmes très-longs & très-fréquens, efl: parvenu k en diminuer le nombre Sc la violence, par I'ufage conftant qu'il a fait de mes eaux. Se trouvant bien, il a voulu elfayer de les quitter, la goutte eft revenue. 3$e. Observation. M. le Comte de Faudoas , d'un tempérament fort bilieux, avoit 1'eftomac fort dérangé ; il fentoit du mal-aife & des courbatures par tout le corps, & des douleurs rhumatifmales très-aiguës. Ses digeftions étoient ttès-laborieufes : mes eaux, en rétablilfant fon eftomac, ont calmé fes douleurs. 36.e Observation. Madame la Marquife de Boulainvilliers  60 ESSAT SUR L'lNFLUENCE avoit 1'eftomac fort dérangé; elle étoit fujette a des maux de téte affreux : mes eaux , en rétabliffant fes digeflions 5 firent cefter fes maux de téte. 37-e Observation. M. Fromentin, ci-devant Intendant de Monfeigneur le Prince de Condé , avoit un cöté du corps perclus par une hemiplégie; le bras droit, & fur-tout Ia jambe, étoientfort engourdis; il fentoit une douleur violente a la plante des pieds; fa jambe étoit enflée. II a recouvré I'ufage de fes jambes par Ie feul fecours de mes eaux. 38e- Observation. M. le Noir, Tréforier des Dons & Aumónesdu Roi, ètoit attaqué, depuis plus d'un mois, par un catharre qui lui caufoit un feu extraordinaire a Ia poitrine & a 1'eftomac que rien ne pouvoit appaifer. Sa langue, Sd'arriere bou*  Dê l'Estómac. 6r ifche, étoient enflammées & couvertes de petits boutons ; il fe plaignoit de grandes cuilfons dans ces parties & dans 1'oefophage. Son eftomac étoit très-dérangé. Jele délivrai de tous ces accidens au moyen du lait coupé avec égale quantité de mon eau, qu'il continue, depuis ce temps, avec fuccès. 39.e Observation. Madame Giquet, Femme de Chambre de Madame la Princefie de Beauffremont, étoit tourmentée , depuis longtemps , par une toux opiniatre; elle crachoit même le fang; fa refpiration étoit très-gênée, fon eftomac étoit délabré. Je la traitai, de la même maniere, avec fuccès. Le lait qu'elle ne pouvoit digérer palfa très-bien. 4o.e Observation. M. le Marquis de Crillon avoit un rhume très-opinidtre, duquel il fut dé-  fe ESSAI sur I'inMuenc* fe'aiFt" de Jours, par I'ufage de «"Péeavec du lait & u„e wfufionde fleurs de mauves. 4i-* Observation. M.delaRoche,ChevalierdeSai«t.L0U1S' 3VOit >'eft°™c fort dérangé, Je genre netveux très-irritable , & ij «o,t fujet k des mouvemens fpa&odiques tres-incommodes. Ses feljes étoient tm-abondantes, très-bilieufes , & accompagné d,ardeurs dans fa IIafa,tufagedemoneaU;mél,e uneInfufiondefleursderiileulJqucIque. fo», avec du lait, & quoique 'a f^ ioit bien rétabhV ;i i>. • , , etab"e>I,lac°™nue,depui. Pres de deux ans, avec du lait. 4?-° Observation. lefilsde M.Deurat,ConfeiIIerau Grand-Confeil, agè de fept ans, étoit attaque d'une fievre continue, avec redoubiemens; iiétoit, fans ceflè, agité  DE L'ESTOMAC 63 & il fouffroit continuellement, jettant des hauts cris, ne dormant ni nuit ni jour.Sa langue& fa bouche étoient noires, fon corps étoit fi fort contracté, en tous fens, que fes genoux étoient, pour ainfi dire, collés a fon menton, &les mufcles du bas-ventre étoient attachés ï 1'épine du dos. Les urines & les felles étoient, prefque , totalement fupprimées. II étoit devenu imbécille, par la trop grande fouffrance , MM. Lory & Fumé, fuivant cette maladie, effayerent, inutilement, tous leurs remedes. M. Lory, le croyant perdu , f abandonna; M. Bouvard fut appellé a fa place; &, dans leurs confulcations, ils prélumerent que c'étoit une petite vérole rentrée, & ils défefpérerent entiérement du malade. Ce fut alors que je fus appellé. J'elfayai I'ufage de mon eau, que je ne lui fis donner qu'au quart, mêlee de trois quart d'eau ordinaire, & un peu de fucre. Fordonnaia Ia garde  64^ Essai sur l'influence de lui en faire boire autant qu'elle poufroit. II en but, dans la nuit, deux bouteilles de pinte; les douleurs & la fievre s'appaiferent. II repofa environ deux heures. Je lui fis continuer cette eau; les urines & les felles commencerent d'aller. Le jour fuivant la garde 1'ayant mis fur un fauteuil il y repofa neuf heures de fuite. II but, le refte du jour, une bouteille de mon eau, mêlee , & une dans la nuit. II dormit fix heures, & ayant continué, dans quatre jours, il fut hors de danger, & en très-peu de temps, il fut parfaitement rétabli. 43«e Observation. Le fils de Madame Serés, agé de trois ans, qui avoit refté dans la même Penfion , avec le malade ci-delfus, fut attaqué de la même maladie, & abandonné des Médecins. Je fus le voir, aux prieres de fa mere, les mêmes fecours lui rendirent la fanté. 44*  de I'ESTOMAC 6$ 44-c Observation. Un autre fils du Sr. Befirat', agé de trois ans, attaqué d'une jaunifTe, &qui avoit èffayédetoüs les remedes, en fuc cntierement délivré, par mon eauftomichique. 4$ .c Observation. Ayant été envoyé a Br eft, par le Miniftre de la Marine, pour adminiftrer mes poudres alimentaires aux équipages de la flotte du Roi, qui étoit pour lors ravagée par une dyffenterie & par des fièvres putrides malignes, M. Brulé, 1'un des Médecins de la Marine, fit ufage, de mes eaux anti-putrides, fur un Officier attaqué d'une fièvre putride rtialigne, k qui il avoit adminiftré inutilement tous iesremèdes connus. Le malade, a fon dixième jour , ne laiffoit plus d'efpoir de guérifon; fes jambes & fes cuiffes étoient enflées, fon ventre étoit ten du comme un ballon, fa Jangue & E  66" EsSAl SUR L'INFLUENCE fa bouche étoient noires, il ne parloit point, il étoit fans connoifÉnce, toutes iesfonaionsétoientfupprimées.LeMédecin adminiiftra lui-méme mes eaux de Ia faconque jelui prefcrivis; je recommandai a Ia Garde de lui en faire boire autant qu'elle pourroit , coupée avec de la limonade, qui étoit la boilfon ordinaire du malade. II en prit dans la nuit deux pintes & demie , qui lui occafionnèrent une fueut confidérable & rétablirent les urines. La fièvre fut diminuée le jour fuivant. On continua de lui en faire boire autant qu'on put. Je lui ordonnai alors un lavement purgatif, que M. Brulé Médecin approuva. II produifit 1'effet qu'on pouvoit defirer. On continua le même régime, & le quatrième jour , le malade fut hors d affaire; plufieurs habitans de Breft prirent de cette eau , & ils s'en trouvèrent bien.  de L'ESTOMAC 67 46.e Observation. Madame de Ia Biche 3 mere de M. de la Biche , Directeur général des vivres des rroupesde terre, étoit atraquée de la dylfenterie & fe trouvoit réduite dans rétat le plus facheux. Je fus prié de la* voir. Je lui fis prendre de fuite un gobelet de Peau ftomachique, dans laquelle je fis diffoudre un gros de gomme arabique; j'y mis autant de lait & un peu de fucre. Jelui fis prendre ce mélange aufii chaud qu'elle put le fuporter; un moment après fes douleurs decoliquesdiminuèrent; 1'on réitera la même dofe, & dans quatre jours elle fut entiérementrétablie. Copie d'une Lettre de M. 1'Abbé de la Biche , écrite a ce Jujet, de Br eft le 20 Oclobre 1779. Je m'étois propofé, Monfieur, d'avoir Fhonneur de vous voir aujourd'hui pour vous remercier des foins obligeans que E ij  68 Essai sur l'infiuêncë vous avez bien voulu prendre de mi mère, & de 1'effet que votre elixir a produit fur elle & fur moi. Mais des affaires elfentielles, jointes a Ia difficulté qüe j'ai de marcher, m'cmpêchent d'ert trouver le moment. Agréez , je vous fupplie , mes excufes. Nous nous trouvons, ma mère & moi, on ne peut mieux de votre élixir. Les tranchées & foibleffes d'eftomac de ma mère font abfolument évanouies, le feu qu'elle relfentoit eft éteint; a la réferve de la fécherelfe a la bouche qui fe fait encore feiitir par momens, elle a recouvré la fanté. Quant a moi, mon eftomac, qui étoit abfolument inhabile \ la digeftion, me caufe moins de douleurs. Je mange avec plus de plaifir. Votre élixir ma occafionné des vomiffemens qui m'ont óté un poids confidérable , & ma refpiration eft pluslibre.  De l'Estomac. 69 J'accepte avec reconnoiflance 1'ofFre que vous m'avez faite d'une bouteille de votre élixir, que je vous prie de remettre au porteur. Agréez les vceux que je fais pour votre voyage, que je defire être dew plus heureux , & mes regrets fincères d votre trop prompt départ \ 1'humanité y perd trop , pour qifun bon Francois. n'y foit pas fenfible. J'ai 1'honneur , &c. Signé 1'Abbé de la Biche, 47.c Observation. La domeffique de M. D uplanti ,ou je logeois, fe ttouva attaquée de cette même maladie • elle avoit une fièvre des plus fortes. M. Duplanti vint m'avertir comme j'allais me coucher. Je lui pré. parai de fuite une bouteille d'eau ftomachique; je lui en fis prendre deux gtands gobelets a peu de diftance 1'un de. l'autre, & lui recommandai deboire le reftant pendant la nuit. Les deux pre- Eüj  70 kssai SUR L'lNFLUENCE miers gobelets calmèrent fes douleurs, elle continua de boire Ie reftanr qui lui ptocura une fueur très-abondante. Le lendemain elle fe trouva fans fièvre & fans colique , elle continua Ia même boiffon pendant Ia journée, ce qui Ia rétablit entiérement. 4s.e Observation. Le Médecin de I'Efcadre Efpagnole, a quij'avois laiffé de mes eaux anti-putndes, m'a marqué avoir tiré d'affaire, par leur ufage , des malades attaqués de fièvres putrides ou malignes , & d'autres dela dyifenterie, qu'il avoit abandonnés après avoir donné, fans fuccès , tous les autres remedes connus. J'ai remis quelques unes de fes lettres, avec d'autres, a MM. Andry & Tourete , qui ont été nommés par Ja Société Royale de Médecine, pour fuivre les effets de mes eaux.  D E L'ESTOMAC. 71 49.e Observation. Mademoifelle Rivet étoit attaquée d'une fièvre maligne, elle étoit hors d'efpoir, elle vomiflbit de fuite le peu de bouillon qu'on lui donnoit. Le dévoyement furvint , on Ie rep-arda comme le fymptöme d'une mort prochaine; elle étoit dans eet état quand un de mes amis, qui étoit fort attaché a cette demoifelle, me pria d'aller la voir , & prit en attendant deux bouteilles de mes eaux dont il lui fit faire ufage tout de fuite. Je m'y rendis fur le foir , elle me dit qu'elle fe trouvoit un peu mieux , & qu'elle n'avoit point rendu le bouillon. Je lui fis continuer mes eaux avec de 1'eau d'orge ; le fuccès furpaila mon attente: elle fut hors dedanger en quatre. jours, & en moins de dix elle recouvra la fanté. E iv  7* Essai sur l'influence 5o.e Observation. M. de Pernon étoit depuis long-temps dans une fituation des plus fachcufes. Le mauvais état de fon eftomac étoit au point qu'il ne pouvoit plus digérer, il avoit un dégout infurmontable pour tous les alimens , un abattement total des forces & une maigreur extréme. Les felles & toutes les autres évacuations étoient prefqu'entièrement fupprimées. Le malade étoit fouvent tourmenté par des coÜques & par des vents très-incommodes. Un Médecin confulté fur fon état, caraclérifa la maladie de racornilTemenf de tous les folides membraneux , & de défaurs de foupleife des vifcères paren, chimateux. De la , ce Médecin inféroit que les fluides devoient étre néceftairement ralenlis > conféquemment épaiftis. D'aprè§ ce jugement, il fe préfentait naturel-  de l'Estomac. 73 lement deux indications, dont la première confiftoit a rendre aux folides la fouplelfe; & la feconde , a rendre aux liqueurs la fluidité qui leur manquoit. Ce Médecin , qui avo't éprouvé plufieurs fois les effets falutaires de mon eau ftomachique, la jugea propre a remplir, au moins en grande parrie , cette doublé indication. II en prefcrivit I'ufage, & la fit d'abord prendre mêlée avec deux tiers d'eau de la Seine; la dofe,, pendant les huit premiers jours , étoit de fept a huit verres dégourdis, pris dans la matinée; il la donna enfuite affociée avec le petit lait, le fuc de cerfeuil, & la décoétion de racines de Patience. Après avoir donné un léger purgatif, U fubftitua le lait d'aneffe au petit lait. II le fit d'abord couper avec mon eau, & la décodion de racines de Patience, & enfuite il lui donna pur. Qt remede  74 ESSAI SUR 1,'lNFLUENCE fimple, I'ufage de mon eau, & un bon regéme, ont parfaitement guéri une maladie qu'on croyoit incurable. *V Observation. M. 1'Abbé de Chabannes, Comte de Lyon, Aumönier ordinaire de Msr. Ie Comte d'Artois, étoit attaqué d'une maladie des plus graves. Son eftomac étoit entièrement dérangé, il fouffroit des coliques violentes, «il urinoit très-peu , & avoit des douleurs atroces. Ses urines dépofoient un fédiment morveux ou purulent, il ne pouvoit fupporter le mouvement de la voiture. M. Tronchin Ie traitoit depuis 18 mois fans aucun fuccès ; Ie mal avoit empiré par les remedes chauds qu'il lui faifoit prendre. M. 1'Archevéque d'Embrun lui con feilla d'avoir recours a moi. Ayant été Ie  de l'Estomac. 7f ~Voir, je lui ordonnai le lait coupé, avec mes eaux, & je fubftituai des remedes doux & rafraichiffant a ceux qu'il prenoit. Comme il alloit prendre le premier verre de mon eau , il lui furvint une colique très-violente , & il prit au lieu de 1'eau , des pilules que M. Tronchin lui avoit ordonnées, Ia colique augmenta, ce qui lui fit reconnoïtre que ces pilules étoient contraires. M. Tronchin, arrivé dans ce moment, convint que les pilules étoient nuifibles , ainfi que les remedes chauds, il ordonna du lait coupé avec de 1'eau de chaux. II attribua cette maladie a un irritation inflammatoire des parties génitales, internes, & externes, qui s'étendoit jufqu'au péritoire & a la vefïie ; irritation produite felon les apparrences, par une humeur fcrophuleufe. Cependant Ie délabremen^ de 1'eftomac étoit fi grand, que Ie malade ne pouvoit pas abfolument digérer le  76 ESSAI SUB. LTNFtUENCE laitage; des rapports acides, Ie dévoye* ment , les envies de vomir , tout annoncoit que lelaitne pafloitpas, malgré 1'eau de chaux & les terres abforbantes qu'on employa tour-a-tour. La maladie empiroit de jour en jour , la retention d'urine , les douleurs atroces que le malade éprouvoit en urinant, & les autres fymptomes, faifoient craindre la fuppura. tion, & mêmelagangrenedes parties t.n* flammées. Je fus confulté de nouveau. Je penfai que le régime prefcrit par M. Tronchin , qui étoit le même que j'avois confeillé , pouvoit tenir lieu de tout remede, & qu'il ne s'agiiïbit que de trouver un moyen de faire palfer le lait. Comme mon eau ftomachique pofféde éminemment cette propriété , je la fiS: affocier avec le lait, Elle produifit 1'effet que j'en attendois ; le lait paffa très,bien, & fon ufage continué, feconda parfaitement les efpérances que M.TroEU.  de l'Est om ac. 77 «nih en avoit concues. Après que la violence de rirritation fut appaifée,j'achévai la guérifon, en rétablilTant 1'eftomac, au moyen de la même eau, mêlé avec de 1'eau commune, dont je faifois boire au malade, une pinte par jour, jufqu'a guérifon. 52.e Observation. Au mois de Juillet de 1'annee 1778, les Ecoliers du Collége des GraiTins coulant donner une fête au Principal, fe procurèrent les Muficiens de M. le Duc de Villeroi. Un des Muficiens fut attaqué d'un accident d'apoplexie. On lui adminiftra , fur le champ , tout les fecours ordinaires , mais inutilement. Le malade étoit fans connoilfance , & fans pouls ; mon fils qui étoit pour lors penfionnairedans ce Collége , voyant Tinutilité des remèdes qu'on donnoit k ce malheureux , elfaya de lui faire pfendre  7& ESSAI SUS l/lNFLTJEÏVCE quelques cuillerées de Pélixir, qui fait Ia bafe de rnon eau ftömachique. On ouvrit avec effbrt la bouche du malakde, & on y verfa peu-a-peu envlron un demi-verre de mon élixir. Certe prenuère prife lui fit rendre urfe quantké de glaires épaitfes, & gluantes; onrevint * Ia charge , & Je ma]ade fecouvra pu_ fage de fes fens. Alors, il fut tranf- PorredansfondomiciIe,&moyennant Ie meme remède continué pendant deux jours, il fe rétablir parfaicement. 53-e Observation. La ^edexM.deS.Simon^géedefept ans , attaquée d une petire vérole des plus confluentes, fut mife des les premiers joursa I'ufage de moneau,couPee avec une infufion de fureau. MFe vorn.t une grande quantité de bile & de matière verte ; elle avoit la fievrc, un mrf violent k la tête. Quelques bou-  de l'Estomac. 79 tons commencerent a paroitre. Le fecond & troifième jour , leur nombre & leurgroffeur augmentèrent beaucoup. La malade avoit bu deux pintes d'eau ftomachique, que je lui faifois prendre une partie , fur trois d'eau de fureau; je lui en fis continuer I'ufage, qui lui fit rendre un grande quantité d'urine. Le quatrième jour, la fièvre, & le mal de téte ont difparu. Jai fait continuer I'ufage de 1'eau , mais coupée avec une décoólion d'orge , & ün peu de fucre. Je donnai a la malade quelque pommes cuites , avec un peu de fucre , un petit morceau de pain , point de viande ni bouillon. Le fixièmé jour , les boutons commencerent a blanchir; je fis baffiner le deffous des yeux,avec partie égale de mon eau , & de lait; je fis la même chofe dans le nez, ce qui fut caufe qu'il ne parut aucun bouton fur ces deux  So Essai sur l'inuenflce parties, quoique le refte du vifage , Sc du corps en fuffententièrement couverts; Le huirième jour, les boutoris étoient jaunes , & la pointe étoit couverte d'une croüte. Le neuvième jour, je fis ouvrir tous les boutons du vifape , & les fis baffiner avec mon eau , mèlée avec égale partie de lait, ce qui fut réitéré plufieurs fois par jour. Le onzième , les boutons étoient tous fecs; le douzième, il n'en eft pas refté un feul, & la peau n1 a pas paru du tout marquée 5 il refta une petite rougeur aux endroits ou étoient les boutons , qui a difparu depuis. M.Pratx,Chirurgien del'Hötel-dieu, que j'avois prié de fuivre la malade, m'alfura qu'il n'avoit jamais vu une petite- vérole de cette efpèce , traitée aufti heureufement. Cc qui fétonnoit, c'eft que tous les endroits oü mon eau avoit touché, avoient été exempts de boutons ,  de l'Estomac. 8i tons, & que le malade a été fans fièvre. II ajouta, que la plupart des enfans qui étoient traités de cette maladie a PRotel-dieu , périffoient du mal de gorge, actendu que les grains de la petite vérole, qui pouffoient dans legofier, étoient defléehés par Pair qui palToit parcette voye, & par larefpiration, ce qui produifoit une inflammation, qui fe terminoit le plus fouvent par la gangrene, accident dont ma malade avoit été garantie par I'ufage de mon eau. Le fils de M, Thomas , Sgé de cinq ans, avoit tout les fymptomes de la petite vérole, avec une fièvre des plus violentes. II étoit extrémeinent rouge & un peu bouffi ; Thumeur vérolique ne pouvoit pas fortir. Le père vint me chcrcher a cinq heures du matin , pour me prier d'aller voir fon enfant: il étoit dans eet écat depuis trois jours. Je lui fis prendre de mon eau ftomachique , F  82 Essai sur l'influence coupée avec de Peau d'orge. A midi, plufieurs taches de la petite vérole,commencèrent a paroitre fur le vifage , & fur le refte du corps. Le foir, le nombre en fut plus confidérable ; le jour fuivant, la fièvre diminua. Le vifage , & le refte du corps furent couverts de boutons ; je lui fis couper alors , 1'eau ftomachique avec du lait. Le troiiieme & le quatrieme jour , le nombre des boutons & leur groffeur augmentèrent prodigieufement; Ia fièvre & Ie mal de téte difparurent, & en fuivant la méme méthode employée pour Ie malade ci-deffus , dans douze jours , il fut hors d'affaire , & par le foin qu'on prit de baffiner fon vifage avec de mon eau, mêlée avec le lait, il n'a pas été marqué ; il n'en a pas été de même du refte du corps , n'ayant pas pris la même précaution.  de l'Estomac. 8, 54-e Observation. Le fils de M. le Comte de , 3gé de frx ans, ayant été enrhumé & rempli d'humeurs,qui contenoientbeaucoup d'dcreté , ayant un teint fort jaune & le vifage boufn, fut mis k fufage de mon eau, dont on lui faifoit prendre une partie fur trois de lait; fon rhume difparut dans peu de jours. II continua néanmoins mes eaux pour adoucir 1'acreté deshumeurs, pendant quatre mois; elles procurèrent une éruption & un écoulement tres - c.onfidérable aux oreilles , qu'on lui entretenoit avec du linge trempé dans mon eau , placé derrière les oreilles. Son teint devint plus vif, les boumffures difparurent, & il jouilTcit d'une parfaite fanté , quand fon frère fut attaqué de la petite vérole ; il prenoit de mes eaux , & étant trèsdifpofé, on fe détermina a les mettre F ij  84 Essai sur l'influence enfemble pour la lui faire prendre. Ses oreilles , oü Ton avoit foin de tenir du linge trempé comme ci-defïus, réridoient une humeur très4cre & très-abondante; ce fut le dix-feptième jour que Ia petite vérole fe déclara prefque fans fièvre. L'enfantn'eur pas plus de vingt boutons, dont quatre ou cinq fur le vifage, qui ne lailferent aucune marqué. S$.e Observation. La petite fille de la femme de chambre de Madame Sauzede, dgée de fix ans, avoit tous les fymptomes de la petite vérole , grand mal de tête, une fièvre des plus violentes. Elle étoit rouge comme Técarlate , fes boutons étoient comme des tétes d'épingles, & fe touchoient les uns les autres par toutle corps. On avoit commencé a lui faire boire de Peau delentilles,quand on vint me chercher; je lui donnai de mon eau, que je  DE t'ESTOMAC. 8^ Cs méler avec les trois quarts -de 1'eau de lentilles , & j'ordonnai de lui en faire boire autant qu'on pourrok. Elle en prit deux pintes le premier jour, elles lui procurèrent une fueur des plus abondantes; les jours fuivants, la fièvre fe calma; la malade but deux autres pintes ; & le troifième jour , quand je fus la voir , je la trouvai entièrement guérie, tout avoit difparu. Cette Obfervation me fournit une réflexion ; ne feroit-il pas poffible que, la petite vérole étant une vérkable maIadie inflammatoire, 1'on parvinta la terminer par le moyen de la réfolution, qui eft une des manières dont toure efpèce d'inflammation , peut celfer. Un remède qui produiroit un p.*r„e;l effet, feroit fans contredit, le plus précieux de tous ceux que la médecine polféde. On éviteroit par la , lafuppuration qui eft fi dangereufe , ou du moins ü F iij  86 Essai sur l'influence incommode ; la petite vérole feroit exempte de tout danger; on n'auroit pas méme a craindre les difformités, que les cicatrices produifent fi fouvent, k la fuite de cette cruelle maladie ; le beau fexe ne trembleroit plus pour la perte de fes charmes. Un pareil remede difpenferoit d'avoir recours k 1'inoculation. On pourroit attendre de pied ferme eet ennemi contre lequel onauroit desarmes viftorieufes. Je n'oferais alfurer pofitivement que mon eau polféde une qualité auffi merveilleufe, mais les obfervations précédentes & quelques autres de la même efpèce , me donneroient quelque penchant k Ie croire. Au refte, une plus longue expérience juftifiera peut -etre mon opinion. 56.e Observation. M. Durand fut attaqué d'un accident d'apoplexie, qui le priva non-feulement  DE L'ESTOMAC. 87 de I'ufage de Ia parole , mais encore de toute connoiffance. Après bien des remedes inutiles, les Médecins 8c les Chirurgiens qui avoient été appelles a fon fecours, 1'abandonnèrent. Cet état fut fuivi d'une fièvre violente, accompagné d'un gros rhume , & d'un gonflement extraordinaire de 1'eftomac. Le malade étant abandonné, & regatdé comme mort, j'effayai de lui faire prendre quelques cuillerées de mon élixir. Apeine en eut-il avalé un demi-verre, qu'on le vit un peu reprendre fes fens, articuler quelque mots ; encouragé par cet heureux changement, je redoublai la dofe; un inflant après , les forces augmentèrent, il vomit des glaires fort épaifTes. La trojfiémj dofe le fit évacuer par le haut & par lc bas; je continuai de lui endonner a dofes plus légères, & peu-a-peu il recouvra I'ufage de la parole. Alors je coupai mon eau avec 1'eau F iv  88 Essai sur l'influence commune, dont I'ufage fut continué pendant trois jours après lefquels, le malade fut parfaitement rétabli. 57-e Observ atio sr. MadamePillon d'Étampes, avoitI'éftómac très-dérangé , des obftru&ions dans les vifcères , & des fleurs blanches; je fis couper mon eau avec une infufion de fleur de mauve ou , de muguet fauvages', a fon choix, & je lui donnai d'une autre eau pour faire des injections avec 1'infufion de feuilles de romarin. Dans deux mois elle recouvra une fanté par_ faite, & fut délivrée des fleurs blanches , qui 1'incommodoient beaucoup. Ces fleurs blanches étoient entretenues par le relachement des glandes , qui fe trouvent dans la matrice & dans fon col; il efl conftant que des injections toniques fonttrès propres a coooérer la guérifon de cette perte. D'ailleurs  Ï>E L'EST OM AC 89 rdcreté de rhumeur des fleurs blanches, irrite les parties par oü elles paffent, a la longue, elles caufent comme des petits ulcères ; au moyen des injections , on prévient ces inconvéniens , & on y remedie, s'il en exifte déja, en rendant les injections déterfives , au moyen de 1'eau d'aigremoine , de millepertuis. Mais quelque efficace que puilfe être ce remede , il ne faut jamais 1'employer que lors qu'on eft moralement fur d'avoir détruit la caufe principale de la maladie, par des remedes intérieurs , fans quoi, on repercuteroit 1'humeur, qui pourroit fe porter fur quelque partie effentielle a la vie, telle, par exemple, que le poumon, & produire une maladie plus dangereufe que celle qu'on vouloit guérir. C'eft pourquoi j'ai toujours employé , en pareil cas, mon eau ftomachique, avant d'en venir aux injections.  la maffe générale des fluides; or, nous avons prouvé ci-deffus que toutes nos liqueurs viennent originairement du chyle. Je conclus de-Ia que 1'acreté de la lymphe eft très-fouvent , & prefque toujours, une fuite d'un mauvais chyle; par conféquent, un remede propre k  ïoé* ESSAI STJR L'ltfFiUENCE détruirela caufe ,c'eft-a-dire, a corriger 1'altération primitive desfucsnourriciers, fera nécelfairement celfer la dépravatiort des autres fluides, qui n'en efl: que la fuite. D'ailleurs, quelle preuve plus forte que les faits? fexpérience feule a droit de prononcer fur 1'effet des remedes. Or je puis aflurer que cette vertu de mon eau eft confirmée par une fuite trèslongue de preuvestrès-décifives. Jepourrois mettrefous les yeux de mes le&eurs , une lifte de plufieurs perfonnes de nom, que j'ai délivrées de dartres invétérées par ce feul moyen ; mais comme les perfonnes attaquées de cette cruelle maladie méritent les plus grands égards, & que je craindrois , en les nommant, de blelfer leur délicateftè , je ne rapporterai que quelques Obfervations détaillées a la fuite defquelles je placerai le nom de quelques malades qui n'ont pas exigé le fecret pour ce traitement.  t>K t'ESTOMAC. 107 6$.* Observation. M. Leblanc étoit affligé de dartres aux mains & aux doigts; rhumeur étoit fi acre qu'elle avoit corrodé les ongles. Ses deux enfans avoient chacun un engorgement confidérable fous le menton. Je priai MM. Andry & Touret Gommiffaires , qui m'avoient été donnés par laSociétéRoyalede Médecine, de vouloir bien confrater fétat de ces trois malades. M. Poillbnier Defperieres fe joignit a eux; ces Meffieurs qualifièrent d'humeur froide 1'engorgement du menton des enfans, & de dartres vives la maladie du père. Je mis les malades a Tufage de mes eaux coupées avec du lait, je fis fomenter les dartres & les tumeurs du menton avec cette même eau; Sc dans très-peu de temps , ils furent entièrement guéris.  108 Essai SUR LTNFLUENCE Lettre de Madame Leblanc. Monfieur, vous pouvez prévenir, quand vous voudrez, les trois Médecins que vous avez amenés pour conftater Fétat de mon mari & de mes enfans , quils peuvent fe rendre chez moi. Mon mari n'a plus de dartres, & Tengorgement que mes enfans avoient fous Ie menton , a difparu, & ils jouhTent d'une bonne fanté. Cependant je fuivrai votre avis de leur faire continuer encore I'ufage de votre eau: je vous prie de m'en envoyer, &c. 66.e Observation. Louis Gazon , Caporal dans le Régiment d'Agenois , en garnifon a 1'Ifle de Rhé, avoit le corps entièrement couvert de dartres : n'ayant pu étre guéri dans 1'Iüe, le Médecin de 1'Hó-  be l'Estomac; 109 pital militaire jugea a propos de 1'envoyer dans fon pays. Ce malade fe rendit a Lyon-, fa patrie; il fe réfugia k 1'Hópital, il y fut traité de différentes manières, & même il paffa par les grands remedes , Ie tout fans fuccès. II vint a Paris, croyant y trouver des fecours plus efïïcaces ; mais on refufa de le recevoir dans les Höpitaux. Ce malheureux fe trouva donc dénué de tout fecours. Quand il me fut préfenté, je priai Madame Neker de le faire recevoir dans 1'un de fes Hofpices ; mais je trouvai des obftacles que je n'avois pas prévus. Cependant, Madame Neker , dont i'iiumanité ne fe dément jamais , me fit prier de me charger du foin de ce malade , & elle m'alfura qu'elle pourvoiroit a fa fubfütance. Je n'héfitai pas a, 1'entreprendre, & dans moins d'un mois, toutes les croütes dartteufes étoient tombées, la fuppuration ceffa & le ma-  ÜO EsSAl SUR flNFLUENCE lade fut en état de retourner a LyonJ Jelui confeillai de faire ufage de mon remede encore pendant 1'efpace d'une couple de mois, afin d'achever de purifier la mafle du fang; il a fuivi mon confeil, & il m'a marqué être guéri, 67° Observation. M.O-Keine, ancien Médecin des Armées du Roi, & Médecin de 1'Höpital militaire de Philippeville, avoit trois enfans ; favoir,une fille agée de dix-fept ans, un garcon de quatorze ans, & un autre de treize, attaqués tous les trois d'une dartre vive , dégénérée en teigne. Tous les remedes qu'il avoit employés depuis dix ans que ces enfans étoient attaqués de ce mal avoient été inutiles. Ce Médecin étant venu & Paris , y amena fes enfans. Ayant ehtendu parler de mon remede pour les dartres , il me pria de les foigner. Avant de les entrepren-  ï)£ l'Estomac. IIÏ dre, je les fis voir a deux Médecins , Membres de la Société, MM. Andry & Touret, & a M. Varé, Chirurgien Jiabile. Ces trois Meflieurs défefpéroient de leur guérifon ; néanmoins le fuccès trompa leur attente , moyennant mon eau ftomachique mêlée avec du lait, quelques purgatifs légers & une pommade fimpleque je compofai, pour a'ttirer 1'humeur en dehors, j'ai guéri radicalement ces trois malades. Ils jouiffent depuis de la fanté la plus parfaite. Je joins ici le certificat que cc Médecin mengagea de prendre, a raifon de cette cure. « Nous, Docteur en Médecine de 1'Univerfité de Montpellier, ancien Médecin des Camps & Armées du Roi, en Allemagne, ci-devant Médecin de 1'Höpital royal & militaire de Phalsbourg en Alface, Médecin aótuel de 1'Höpital royal & militaire de Philippeville en Hainault,'  tip ESSAI SUR L'lNFLUENCE Aflocié correfpondant de la Société Royale des Sciences de Metz, &c certiftons que 1'eau ftomachique de M. Dacher, combinée & mariée avec le lait, le régime & des purgatifs par intervalle, a remis mes trois enfans; une fille de dbc-fept ans, mon fils aïné de quatorze, mon cadet de treize, d'une dartre vive, farineufe, dégénéréeen efpèce de teigne plutót féche qu'humide , qu'ils avoient au fommet de la téte, & qu'ils avoient contractée a mon infcu, par le moyen d'une fervante qui fe peignoit avec les mêmes peignes qui fervoient a peigner mes trois enfans, ayant ladite maladie cutanée, il y a environ dix ans , & pour laquellc maladie cutanée , je n'ai ofé rienfaire,d'autant plus que toutes les fois que je voulois mettre en avant quelque remede plutötfavorablea la tranfpiration & ala dépuration du fang, qu'autre, leur yue s'affoiblifloit, ce qui me fai- N foit  DE L'ESTOMAC. 113. foit craindre de frapper trop fort dela circonférence au centre , & par conféquent d'intéreffer notablement le coeur ou le cerveau 8; le poumon, d'oü ftrictement dépend la vie. Alfez Phyficien pour ne pas me lahTer ëntrainer a des préjugés grolfiers oufrivoles, je rends alfez de juftice a M. Dacher, qui, fans aucun motif d'intérêt, a bien voulu s'intéreffer a mes enfans pour les guérir > n'y ayant que la force de la vérité qui doit être facrée chez les hommes , qui forme la bafe de mon aveu. Pavoue en même temps, que nombre de perfonnes avoient employés plufieurs remedes fimples , & d'autres plus compofés oü entroit le précipité rouge, fans fuccès, ala continuation defquels , je me fuis oppofé toutes les fois que j'ai eu le moindre foupcon d'empirer leur état. A Paris, ce i.cr Mars 1780, & fcellé de mes armes. Signc O-Keine , Médecin de H  114 essai sur i/tnfluence 1'Höpital Royal & militaire de Phillippeville en Kainault«. 68.e Observation. Madame Martin, deSceaux, étoit affligée depuis long-temps d'une dartre k la téte, qui dégénéra en teigne, qui couvroit toute la rête. Un Médecin de cette capitale , la foignoit; tous les remedes connus lui furent adminiftrés, & bien loin de diminuer fon mal , ils détruifoient fon eftomac & fa fanté; fon teinr étoit d'un jaune-plombé, la teigne fit des progrès , & commencoit de gagner une partie du front. Le Médecin ne lui donna aucun efpoir de guérifon , & lui difoit que fa téte étoit couverte de petits vers qu'il appercevoit avec le microfcope. Ce fut dans cet état qu'on s'adrelfa a moi; je la mis k I'ufage de mon eau. Après huit k dix jours elle fut purgée, & je lui préparai une  DE L'ESTOMAC. I15 pommade pour ramollir la croüte , & attirer en dehors Phumeur dar* treufe que 1'eau prife intérieurement y poufToit. L'un & 1'autre produifirent 1'effet défiré. La malade étoit obligée de changer plufieurs fois par jour les linges qu'elle appliquoit fur fa téte , par la quantité d'humeur qui en fortoit. Elle vint me voir au bout d'un mois;fa téte étoit nette,fes couleurs naturelles, &fon eftomacentièrement rétabli. Elle a continué pendant quatre mois I'ufage de mes eaux avec du lait , & le régime que je lui ai prefcrit , & fa teigne a été guérie. Une autre perfonne avoit le vifage couvert d'une dartre croüteufe, & fuppurante qui la rendoit hideufe ; on ne pouvoit la voir qu'avec peine & dégout. Je la trouvai chez moi en revenant de chez M. de Vicq-d'Azyr , Secrétaire de la Société royale de Médecine , chex H ij  116 ESSAI SUR L'lNFLUENCE qui j'avois été relativement a mes eaux; j'exigeai d'elle qu'elle fut le voir avant de 1'entreptendre, pour faire conftater fon état. Je lui remis une lettre pour ce Médecin; mais fur leportrait que fon domellique lui fit de cette fille , il ne fut pas curieux de la voir,& me la renvoya : je 1'entrepris , & je fai guérie. 69.e Observation. Le Valet - de - chambre de Madame Blondel, qui étoit attaqué de la poitrine , & fort fee, avoit une toux féche, des dartres au vifage & fur le corps, a été également guéri. 7o.e Observation. M. 1'Abbé de 9 qUi me fut adrefle par M. 1'Abbé Folcher, Prédicateur du Roi, étoit affligé depuis 22 ans d'une dartre qui lui couvroit tout le vifage jufqu'aux oreilles & au menton. II avoit confulté d'habiles Médecins, &  d E l'EsTÖMAC' 117 fait tous les remedes connus, fans en éprouver le moindre fuccès; je ie mis kl'ufage demon eau coupéeavec du lait, qui n'avoit jamais pu paffer, & que mes eaux lui firent digérer patfaitement. Je lui fis mettre furie vifage, qui étoit boufB , des linges trempés avec mon eau coupée avec du lait. II avoit foin d'humecter ces linges k proportion qu'ils féchoient. Elle attira 1'humeur qui étoit répercutée , óta dans peu de jours finflammation & fenflure. Les croütes difparurent entiè-r rement, & dans moins de deux mois, il ne refia pas le moindre veftige des dartres fur le vifage. II continua néanmoins I'ufage de mon eau, pour achever de purifier la maffe du fang, & rétablir 1'eftomac, que les divers remedes avoient entièrement délabré. 7i.e Observation. M. Perrier-étoit crueÜement afïligé Eiij  ïi8 Essai sur ltnfluence de dartres par tout les corps, a la réferve du vifage ; les jambes , les cuiffes & les pieds étoient enflés & couverts d'une croute d'oü fortoit fans ceffe une matièrefort dcre; ils étoient d'une couleur violette,tirant fur le noir; on eütdit que ces parties étoient gangrenées. II ne marchoit qu'avec peine. Les divers traitemens qu'on avoit employés depuis dixhuit mois , au lieu d'avoir diminué fon mal, navoient fait que Paugmenter. II en étoit de même de fes bras & de fes mains. Ce fut dans cet état qu'il s'adrefla a moi; je lui fis prendre de mes eaux coupées avec du lait & une decodtion de fëuilles de noyer; je lui fis envelopper les jambes, les cuiffes & les mains dans des linges trempés avec mes eaux coupées avec égale quantité de !ai». Elles commencèrent d'attirer Phumeur qui s'étoit répercutée, & pendant cinq a fix jours, il fortit une fi grande quantité  DE L'ESTOMAC. 119 de matières de toutes ces parties, qu'il étoit obligé de changer de linge cinq a fix fois par jour. Les pieds, les jambes , les cuiffes commencèrent k ie défenfler. Sesmains & fes bras ne tardèrent paskl'être.L'inflammation ceffa ,& dans moins d'un mois,les croütes & la fuppuration des mains, des bras, de la téte & des cuiffes, difparurent entièrement. La chair des ulcères devint vermeille; toute la fuppuration fut portee vers les jambes; elle a diminué de jour en jour & dans moins de fix mois, le malade a été guéri. 7ie. Observation. Un particulier avoit le vifage couvert d'une dartre qui s'étendoit jufqu'aux oreilles & au menton , & qui rendoit continuellement une humeur qui lui rendoit fon mal infupportable; il avoit employé tous les remedes connus , fans H iv  Jio Essai sur l'influence aucun fuccès; IeFrercCofmeme 1'adrefTa, je Je mis a I'ufage de 1'eau anti-dartreufe, coupée avec du lait , & dans trois ou quatre mois il en fut entièrement délivré. 73e. Observation. Un ancien Coureur de M. le Prince de Naifau , avoit Ie vifage couvert de petits boutons purulens ; je 1'engageai k voir MM. Andry & Tourret , que la Société royale de Médecine avoit nommés Commiffaires , pour examiner les effets de mon remede ; fon état étant conftaté par ces MefTieurs , je lui en prefcrivis I'ufage, & par ce feul moyen, dans trois ou quatre mois , il fUt entièrement o-uéri. ö J'obferve que 1'eau anti-dartreufe que j'ai employée chez tous ces Malades, étoit compofée de deux onces d'éhxir,fur une pinted'eaucommune. C'eft ainfi que jela donne toute prépiarée dans cetteCapita!et  de l'estomac iii a 30 fois la bouteille. J'ai qualilié 1'eau pure d'Éiixir, pour la difïinguer de la précédente, & pour éviter toute équivoque Depuis quemonamour pour 1'humanité m'a engagé a annohcer , par la voie des papiers publics , mon fpécifique contre les dartres , la teigne & les autres maladies cutanées, j'ai traité, tant dans cette Capitale que dans les Provinces, plus de deux cents perfonnes de toutfexe, de tout £ge & de toutes les conditions, afïligées de cette cruelle maladie. Elles avoient épuifé tous les fecours connus ; plufieurs avoient été dirigées par des Médecins célèbres. Fatiguées du peu de fuccès de leurs foins , elles s'étoient enfin déterminées keffayer mon remedec omme dernière reffource. Tous ces malades ont été agréablement furpris lorfqu'après un mois de traitement ils ont éprouvé unfoulagement inattendu.  111 EsSai sur l'influence Dans 1'efpace d'environ deux mois, les dartres qui fubfiftoient depuis vingt , trente ou quarante ans , celles même qui venoient de naiffance, difparoiffoient a vue d'ceil j il ne falloit pas un fuccès moins évident pour infpirer a ces malades Ia plus grande confiance en mon remede. Au refte , comme la différence d'age, de fexe & de tempérament demande des variations dans 1'adminiftration de 1'eau ftomachique & anti-dartreufe; j'ai foin de me faire inftruire exactement de toutes ces circonftances : d'après cette connoiflance j'indique a chaque malade Ia dofe d'élixir qu'il doit mettre dans 1'eau qu'il compofera pour fon ufage ; je lui prefcrisle régime qui convientafon état. Inftruit par une longue expérience , & familiarifé avecun remede auffi fimple qu'efficace, j'ai eu la fatisfadtion deguérir tous ceux que j'ai entrepris & qui ont  DE L'ESTOMAC. 123 eu Ia conftance de le continuer pendant le temps néceffaire. Non content de traiter gratuitement tous les indigens qui ont recours a mes foins , j'envoie fréquemment de mon fpécifique a des Curés qui m'en demandent pour les pauvres de leurs paroilfes attaqués de cette maladie ; plufieurs Médecins même , après avoir épuifé toutes les relfources de leur art ,fefont adreffés a moi; quelques-uns convaincus par leur propre expérience derefncacitéde mon remede, en ont pris eux-mêmes pour fe déli vrer de cette maladie rebelle. Après des fuccès auffi multipliés & auffi conftar.s , je penfe qu'il doit nfêtre permis d'annoncer mon Remede comme un vrai fpécifique. Manicred'employcr l'Eaudépuratïve pour h traitcmcnt des dartres, On a vu ci-deffus que j'ai dbhnë le nom d'Eüxir Jr 1'eau ftomachique büre \  124 Essai sur ltnfluence en conféquence , on mêle une once & demie , ou deux onces de cet élixir , ce qui fait trois ou quatre cuillerées a bouche , avec deux livres d'eau commune bienclaire; Iamoitié de la dofe de 1'élixir fuffit pour les enfans. Lorfqu'on veut faire ufage de cette eau , on y ajoute partie égale de lait de vache ou de chevre , ou bien égale quantité de tifane de racines de guimauve, ou quelqu'autre analogue ; le lait mérite la préférence , principalement pour le matin. On prend tous les matins trois ou quatre grands verres de ce mélange, & un de même le foir en fe couchant. Les perfonnes qui ont 1'habitude de déjeuner, ne font pas obligées. de s'en priver, pourvu que ce foit demi-heure après le fecond ou le troifième verre ; on peut encore , fi 1'on veut, tremper un morcea.u de pain dans le fecond, ou troifième verre , & boire le dernier par defiüs.  DE l'ESTOMAC ItS Les perfonnes dont reftomac eft dérangé , ou dont la digeftion eft laborieufe, en prendront un verre mélé avec de feau commune, après chaque repas; on peut y ajouter un petit morceau de fucre ; dans fintervalle du diner au fouper 3 on prendra quelques verres de tifane faite avec de la racine de patience ou dé fcabieufe. Les malades fe coiitenteront des alimens les plus fimples & les plus légers , tels que les viandes blanches , bouillies ou röties , des légumes, principalement le foir ou des foupes au lait. Pour tenir lieu de fouper, on pourra prendre quelques talfes de lait , auquel on ajoutera une cuillerée a café d'élixir ftomachique & un peu de fucre , & dans lequel on tremperaquelques morceauxde pain. On doit fe priver avec foin de tous les alimens de haut goüt , des viandes & poiffons falés & des liqueurs fortes.  116 Essai sur ltnfluence. On peutcependant boire un peu de vin ; pcurvu qu'il foit bien trempé. Les fruits fondans & bien mürs ne font pas contraires au traiternent de cette maladie. Les perfonnes dont le genre nerveux eft très-fenfible , aiouteront une cuillerée ou deux d'eau de fleurs d'orange a chaque bouteille d'eau ftomachique ; les bains domeftiques & ceux de rivieres dans la faifon, leur feront très-falutaires. Comme il eft effentiel, dans cette maladie , de tcnir le ventre libre, les perIonnes conftipés auront foin de couper le premier verre d'eau ftomachique qu'elles prendront chaque jour , avec une infufion faite avec une once de polipode de chéne mondé de fes filamens & écrafé; on le fait infuferdans une pinte d'eaubouillante ; 1'on boit de cette infufion dans le courant de la journée , & 1'onprend quelques lavemens d'eau commune. Les malades fe purgeront tous les  DE L'ÊSTOMACI 127 douze ou quinze jours avec des purgatifs trës-doux. On peut y fuppléer au moyen des Iavemens purgatifs; ils méritent méme la préférence , vü qu'ils ne troublent point les fonctions de i'eftomac. Mes malades fe trouvent très-bien de I'ufage du lavement purgatif dont voici la compofition. Prenez fix moyennes racines de cbicorée fauvage ratiflees. Des fommités de pariétaire & defeuillesde mercuriale, de chaque une poignée; onjetteles racines. Des fleurs de violettes ou de mauve, une pincée. De polipode de chêne & du fenné mond és , de chaque demi-once. Faites infufer Ie tout dans fufïïfante quantité d'eau bouillante pour deux Iavemens ; palfez cette infufion k travers un linge, & ajoutez k la colature quatre onces de miel ordinaire. Divifez ce lavement en deux parties; on prendra le fecond deux heures après  n8 Essai sur l'influence • le premier , fi ion efFet n'eft pas fuffifanr. On tiche de les garder le plus long-temps qu'il èft poflible ;. on boira quelques talles de bouillon aux herbes ou d'infufion de fleurs de mauve a chaque felle, auxquelsonajoutera un tiers d'eau ftomachique pour en augmenter l'aótivité. Lesfemmes ne prendrontces Iavemens que fept ou huit jours avant ou après leur évacuation périodique. On fomente les dartres avec 1'eau ftomachique, compofée de deux onces d'élixir fur une pinre d'eau commune. Lorfqu'on veut s'en fervir , on y joint un tiers de lait ou d'eau d'orge ; on fait tiédir ce mélange , dans lequel on trempe des compreftes qu'on tient fur les dartres auffi long-tems qu'il eft poflible. Je compofe une autre eau qui a Ia propriété d'appaifer plus promptement les démangeaifons incommodes des dartres  DE t'ESTOMAC 129 tres & d'attirer Phumcur en dehors. II réfulte de cette aclion , que la quantité & 1'étendue des dartres, la cuifiori & Pirritation de la partie'augmentent d'abord , en raifon de l'acrimonie'& de Fabondance de Phumeur attirée , il fe forme des croutes qui féchent & tombent d'elles-mëmes aufli-tot que töute Phumeur celfe d'aborder a la partie. On ne doit employer cette eau que douze ou quinze jours après avoir commencé I'ufage de Peau ftomachique & s'être purgé ; aloxs on fomente légere ment les dartres avec ; lorfque ce topique eft féché , on applique.de nouveau des linges imbibés d'eau ftomachique & de lait , ce qui adoucit les dartres , ramollit les croutes & le* fait tomber pus aifément. On abandonne Pufage de ce topique auffi-tót que les démangeaifons font appaifées 6k que les dartres ont difparu ; I  ï^o -Essai sur l'influenêe on continue cependant encore quelques jours d'y appliquer des compreffes trempées dans Peau ftomachique, pour rendre a la peau fa foupleffe & fa couleur naturelle. On réitère Ia méme opération , toutes les fois qu'une nouvelle démangeaifon annonce la préfence de Phumeur , qu'il faut empêcher de féjournerfur la partie. Pour affurer la guérifon 6\" prévenir le retour de la maladie , il faut continuer I'ufage interne de Peau ftomochique avecle lait, encore quelque temps après la difparution totale des dartres , pour achever de purifier les humeurs & de détruire leur dcrêté ; car on ne peut fe flatter d'une guérifon radicale que Iorfqu'il ne revient aucune dartre dans la faifon oü elle avoit coutume de paroitre. Au refte , comme ce n'eft pas ce topique qui guérit , que ce n'eft qu'un  BE I/ESTOMAC. j3z moyen auxiliaire , chacun eft Iibred'en faire ufage ou non , il accélère la guérifon firdétruit le vice local. II n'eft pas a craindre qu'il répercute les dartres ; ft ne fait aucune impreffion fur Ia partie lorfque I'humeur dartreufe eft expulfée, il n'agit que fur elle. Quand mon eau n'auroit que Ia feule propriété de guérir radicalement les dartres , je penfe que je ferois afiez fondé a regarder ma découverte comme trèsintéreffante • perfonne n'ignore combien cette maladie eft incommode & défagtéable , fur-tout quand elle attaque le vifage; on fair auffi combien elle eft dangereufe quand elle eft traitéemal-a-propos. N'avons-nous pas tous les jours fous les yeux des exemples funeftes des ravages produits par une humeur dartreufe répercutée > Mais 1'efficacité de mes eaux ne fe borne point a cette maladie; 1'on a vu cideffus Ie grand nombre de circonftancei I ij  I32 PSSAI SUR LINFLÜÊNCE öü on peut Temployer avec le plus grand fuccès. Je n'ai cependant pas fait mention de tcus les cas oüfonufage eft falütaire. Je n 'en fers très-utilefnent dans toutes les tfpeces de maladies, fo;t chroniques ou a'güés, pour aider faction des remedes ordinaires , &, principalementdans les convalefcences, pour prévenir les rechutes: fes avantages , dans ce dernier cas, font inconteilables. - Tout le monde fait que , pendant le 'cours de t ute efpèce de maladie , les fonchons defe^omacfont plus ou moins dérangées. II fe iorme donc une certaine quantité de mauvais fucs , qui , en paffant dans les fecondes voies , s'oppofent au parfait rétabliifement de la fanté , ou ;produifent une rechüte. C'eft pour cela que les Praticiens ne négligent jamais de netroyer les premières voies k la fin des 'rhaladïes , fins quoi les malades portent la peine de kur négligence; mais les éva-  DE L'ESTOMAC. 133 cuations réitérées font ordlnairement infuffifantes. Ce n'eft pas affez d'avoir balayé les mauvais fucs contenus dans les premières voies , il faut encore rendre les organes propres a en former dc bons. C'eft cette indication que remplit mon eau , en qualité de ftomachique. Je ne finirois pas , fi \c voulois citer tous les cas de cette efpèce ©ü je m'en fuis fervi unlemcnt; après ce que j'ai dit ci-delfus , il me paroit fuperflü de m'étendre d'avantage fur fes vertus: je n'ajouterai qu'un feul mot fur la dofè la plus ordinaire , & la manièrq de s'en fervi r. Je donne mon eau peur boifTon ordinaire a mes malades , a Ia piace de tifane ; je la fais couper avec de 1'eau d'orge , oa avec une légere uecodlion de racines de guimauve , ou avec du lait; ce mélange varie fuivant les circanitances. La dofe ordinaire eft d'une pinte l ijj  134 Essai sur l'influence par jour de ce mélange, pour les adultes. On fait bien que Page & le tempérament doivent en cela fervir de guide pour la donner plus ou moins forte. Leur ufage n'aftreint a aucun régime particulier ; cependant, on doit fe priver des alimens trop lourds , & manger peu le foir, Lorfque Peftomac eft aflfeöé , on en prend deux ou trois verres dans la matinée , environ a une heured'intervalle de Pun a Pautre ; on en prend un verre après chaque repas, & un le foir en fe couchant ; on peut, fi Pon Veut, y ajouter un peu defucre. L'effet fenfible de cette eau eft de divifer & de faire couler la bile ; elle augmente le mouvement des fluides , par fa vertu fondante ; elle produit quelquefois des pefanteurs a Peftomac & quelques Iégeres envies de vomir ; mais ces accideus , qui ne font que les effets des mauvais fucs qui tapiftèntles paroisdel'eftq*  DE l'ESTOMAfl. 135 mac, &qui ont été détachés & entrainés par le remede , difparoiffent a mefure que ces humeurs pafTent dans les inteftins. C'eft en débarraflant Peftomac de ces glaires vifqueufes qui engluentfes parois, que cette eau rend ce vifcère propre a remplirfesfonctions & rétablir Pappétit; il arrivé cependant quelquefois que cette pefanteurd'eftomac, lemal-aife&lesnaufées continuent pendant quelques jours; c'eft unepreuve que le remede agit; toutes ces angohTes ceftent dès que les humeurs commencent a s'évacuer par les felles; ce qui n'arrive , dans certains fujets , qu'après avoir fait ufagedu remede pen_ dant Pefpace de dix a douze jours. L'étonnante efficacité remede aufft fimple trouvera fans doute quelques incrédules; je m'attends bien que cet eflai n'échappera pas a la critique. Des hommes prévenus ou guidés par leurs intéréts perfonnels ne manqueront pas de I iv  I36 ËSSAI SUR I/INFLUENCE décrier mon remede ; ils me reprocheront, fans doute , de lui attribuer une vertu univerfelle , & a défaut de raifon folides, ils auront recours aux injures & aux épdthetès offenfantes; mais fans m'arrêter a repoulfer des traits lancés par 1'envie , je me contenterai de répondre, que je ne regarde point mon eau comme un remede univerfel, je n'ignore pas qu'il ne fauroit en exifter; mais comme un 'tres-puiftant ftomatique, il eft très-propre k rétablir les fonctions de l'eftomac , & par conféquent trèsefficace dans toutes les maladies qui font produitcs oü'entretenues par le délabrement de ce v'ifcère. • Or , il n'eft aucun Médecin inftruit & de bonne-foi, qui ne convienne que le nombre de ces maladies eft prefque ihfini. Au refte , ce n'eft que par de nouvelies guérifqns , que je tacherai derépondre k toutes les objeclions qu'on  DE l'ESTOMAC. 137 pourra me faire. Tout ce qu'il y a de plus éclairé parmi les Maïtres de Tart de guérir , convient que la matière medicale eft encore fort éloignée de fa perfedion ; que nous manquons de fecours contre un orand nombre de maladies; ö enfin, que parmi les remedes particuiiers, il s'en trouve quelquefois de très-efficaces. En conféquence , dès qu'un homme prétend en avoir découvert quelqu'un, ces hommes prudens ne dédaignent point d'en connoitre les effets; ils ne donnent point a fon poflelfeur une dénomination injurieufe , ayant de favoir s'il la mérite ; au contraire , ils cherchentles occafions d'éprouver les nouveaüx remedes ; lorfqu'ils font convaincus de leur efficacité , ils ne refufent pas de leur accorder leur approbation ; 011 les voit même en devenir publiquement les apq-^ logiftes. "Au refte , je fuis fort éloigné de pre-  138 Essai sur l'influence tendre qu'au moyen de mon eau ftomatique , on puiffe fe paffer des fecours des g-ens de Part; au contraire, je ne cefferai jamais de dire, qu'il n'y a point deremede abfolument univerfel, & que méme, dansles cas oü 1'emcacité de mon eau eft Ia mieux conftatée , la préfence & les confeils d'un Médecin expérimentéferonttoujours très-avantageux , ne feroit-ce que pour varier les dofes ou modifier différemment les remedes, relativemcment a Vège ou au tempérament du malade , a la nature des fymptomes & aux autres circonftances. Je n'ai jamais refufé d'adminiftrer mes eaux, fous les yeux & Ia direclion des Médecms < je me fais un devoir de me conformer entièrement a leur avis, quant a fadminiftration des remedes qui peuvent etreprefcrits concurremment avec mon eau. Auffi les bons effets en font teliemcnt ccnnus de plufieurs Médecin*  de l'Estomac. i30 de cette capitale, qu'ils ne font aucune difEculté d'en prefcrire eux - mémes I'ufage a leurs malades , dans les casoü ils les jugent convenable; ilyenaméme plufieurs qui s'en fervent pour leur propre fanté. II efl: vrai que bien différens en cela des poffeiïèurs de préten dus remedes particuliers , je n'ai jamais fait beaucoup de myflère de ma compofition; je 1'ai communiquée a plufieurs Médecins qui ont été forcés de convenir que cette eau ne fauroitmanquer d'avoir de grandes vertus, tant a caufe des fubftances qui en font la bafe , que de leur com