01 2130 0560 UB AMSTERDAM  DE L'INFLUENCE DES AFFECTIONS DE L'AME DANS LES MALADIES NERVEUSES DES FEMMES,   DE L'INFLUENCE DES AFFECTIONS DE L'AME DANS LES MALADIES NERVEÜSES DES FEMMES, AVEC LE TRAITEMENT QUI CONVIENT A CES MALADIES. Par M. DE BEA UCHENE , Doüeur en Médecine de VUniverfité de Montpellier, & Médecin de Monsieur , Frère du ROI. NOUVELLE ÉDITION, revue, & augmentée du Traitement des Maux de Nerfs des Femmes encemtes. Juvat integros accedere fontes, Atque faaurirc. A AMSTERDAM, Et fc trouve A PARIS, Chei Méquignon laïné, Libraire, rue des Cordeliers. pres des Ecoles de Chirurgie. M. DCC. LXXXIIL   PRÈFACE L'iNDULGENCE avec laquelïe Ie PuBIic a accueiiïi Ia première édition de eet ouvrage , m'engage k Ie remettre fous preffe, & me fait un devoir d'employex tous les foins qui dépendent de moi a Ie perfeöionner. On peut faire des ouvrages Beaucoup plus étendus & Beaucoup plus favans fur les Maladies nerveufes : c'eft une partie de Ia Médecine qu'on ne fauroit trop approfondir , & dont I'étude a. jgfigft. préfent été trop négligée. Maïs je n'ai pas eu pour oBjet de faire un traité aBfoIu fur ce genre de maladies.; fai cru qu'iï étoit d'aBord plus utiïe de mettre entre. les mains de tout Ie monde un ouvraga qui put avertir des caufes &. des effets-du a iv  v"i PRÉ F A-CE. dérangement dans Ie fyftême nerveux, & fervir a Ie prévenir. . 11 n'en eft pas des ouvrages de Médecïne, comme de Ia plupart des autres ïivres qui n'influent que fur les opinions, & dont lutifité ou Terreur ne peut être fentie qu'après un grand nomBre dW nées. Mille caufes peuvent faire qu'un Médecm fe trompe dans Ia pratique : maïs il ne peut fe tromper dans les traitemens qu'iï indique par Ia voie de iimpreffion , fans exciter auffitöt les réclamations des autres Médecins. Au contraire, en enfeignant au PuBIic des précautions & des remèdes dont Ie fuccès ne peut pas être contefté, fon ouvrage devient üttfe au moment même oü il elt répandu; & quand il ne ferviroit k guérir gu une feule perfonne, ce feroit une récompenfe affez ffatteufe de fon travail  PRÊFACE. ix La Médecine n'elï plus aujourd'hui une fcience myflérieufe, comme il y a trois fiècïes ; eïle ne s exprimoit alors que dans des langues inconnues au vulgaire : mais ce préjugé a été détruit, a proportion que Ia phyfique &. les fciences qui en dépenden t font devenues I'oLjet de ï etude générale. II y a peu de gens du monde qui n'aient pas quelques connoiffanees de pnyfiologie &. de chimie, qui les mettent a portée de participer aux ïumières de Ia Médecine *. C'eüt été rendre un moins Bon office, * J'ai eu plufieurs fois la fatisfaétion de voir que des Dames attaquées, depuis plufieurs années, de vapeurs, de maux de tête & de langueurs d'eftomac, font parvenues a s'en délivrer fans employer d'autre médecin que mon livre, ni d'autre méthode que le traitement qu'il indique.  jr. . PRÉ FACE. paTticulièrement aux femmes , que leur offrir un livre d'une lefture favante &. pénible , qu'elles auroient compris avec plus de difficulté : car, pour perfuader , il faut fe faire bien entendre. Prefqüe toutes les fciences feroient plus généraïement répandues , ft les favans daignoient fe mettre a Ia portée du Public , éviter les formules fcientifiques » routes. les fois qu'elles ne font pas mdifpenfables , & facrifier quelque chofe a 1 elégance & a Ia clarté. .J'ai divifé les affeftions nerveufes en différentes claffes, afin que chacune des perfonnes qui en font attaquées puiffe reconnoitre Ia véntable efpèce de fes maux, & profiter par elle-même des différens moyens préfervatifs ou curatifs que j'indique. Les maladies des nerfs exigent beau™.  P R É F A C E. xj coup plus d'attention, de régime & de foins., que de remèdes énergiques : il faudroit par conféquent que Ie Médecin n'aLandonnat jamais, pour ainft dire, fon malade. Quel fervice plus grand peut-on rendre a ce dernier, que de ie mettre a portée d'être lui-même fon médecin dans tous les momens oü celui a qui il a donné fa confiance ne peut Ie fecourir ni I'affifter de fes confeils ? C'eft par les mêmes motifs que fai ajouté a cette nouvelle édition quelques avis aux femmes enceintes fur les affections nerveufes qu'elles éprouvent fouvent dans- leur groffeffe. Ces accès^accidentels , & qui proviennent d'une caufe paffagère, n'ont rien de dangereux; mais il efl important que celles qui y font fujettes puiffent les prévenir par les moyens que j'indique, ou les calmer par  W PRÉFACE. des remèdes facfles lorfqu'elles n'ont pu s'en prëferver, ou qu'elles ont négligé de ïe faire. I TroP occuPé *s devoirs de mon état, j ai peu Je temps d'écrire. Les maladies' cnroniques, devenues figénérales, ont été ïe principal otjet de mon appKcatfon; & je voudrois pouvoir faire part de mes recherches k tous ceux que je ne puis voir, afm qu'ils puffent raifonner leur traitement fur ïes principes que je me fuis formés , & auxqUeIs jQ dois tous mes fuccès dans ïe traitement de ces maladies. J applaudis au zèle de mes Confrères qui s'apphquent k Ia guérifon de Ia maladie Ia plus redoutée , & malheureufement Ia plus commune : mais je defirerois qu'un plus grand nomhre d'entrë eux travaat k rétahlir les tempéramens  P R Ê F A C E; Xüj épuifés par cette maladie affreufe, & par Terreur cfes nouvelles découvertes que ï'on a prétendu faire dans Ie traitement de ces maladies. Je me propofois de publier a ce fujet quelques-unes des obfervations que j'ai faites ; les circonftances me forcent de remettre eet ouvrage a un autre temps. J'aurois écrit pareillernent fur les Maladies de Ia peau , & particulièrement fur Ie traitement des dartres qui proviennent de tant de caufes diverfes, & font répandues en fit grande quantité parmi les babitans des grandes villes. Mais, tandis que je conferverai les forces &. Taftivité de Ia jeuneffe, je dois me livrer aux fatigues de ma profeffion, & n'en éviter aucune; & j'attendrai, pour laiffer au Public les fruits de mon expérience, Ie temps oü lage viendra mürir mes ré-  xïv V R É F A C E, flexions, & me condamner au repos. Heureux fï, par eet emploi de ma vie, je puis recueillir reflime de mes concitoyens, & jouir a Ia fin de mes jours de Ia reconnoiffance de ceux dont j'aurai adouci ou prolongé Ia viel DE  T A B L E. Introduction , . - • » Page 11 PREMIÈRE PART IE. Discours Ier. Des Vapeurs en ge- ^ ^ néral, - • • * * ", ' Discours IL Sur la nature des Ma- ladies nerveufes, . .. • • 4 discours III. Sur la caufe immedtate des Maladies nerveujes, . • 5 5 SECONDE PART IE. SeCTIONI. Maladies nervêufes avec matière & léfion orgamque , 6$ Coupes des Maladies nerveufes avec matière & léfion orgamque . 60 Svmptómes des Maladies nerveufes J avec matière & léfion orga- . ... 67 nique , . • • * . Traitement des Maladies nerveufes avec matière & Ufwn orgamque} . • • ■ , section II. Maladies nerveufes hyj- tériques, -99  H t a b l e. Caufesdes Maladies nerveufes hvfteriques, .,' "# J JJ Symptomesdes Maladies nerveufes " hyftériques , . * • nyjleriques, . 7 SECTIO* fit Des Maladies nervenfe's '°5 avec reldchement des folid4 & dégénération des humeurs, . M- reldchement desfolides & dé-' génération des humeurs, . \\>\A Symptomes des Maladies ner-eufès avec reldchement des folides & ; degenératwn des humeurs, i\6 Iraitement des Maladies nerveufes avec reldchement üsfolides & oECTION IV Des Maladies nerveufes des femmes enceintes.3 . jgz Caufes des Maladies nerveufes des femmes enceintes, . . J 2 Symptomes des Maladies nerveufes' des femmes enceintes IQt Fraitement des Maladies nerveufes' des femmes enceintes , . j^j RÉSUMÉ de tout.ce qui précède, . 1IO DE L'lNFLUENCE  DE L'INFLUENCE DES AFFECTIONS DE L'AME, DANS LES MALADIES NERVEUSES DES FEMMES. INTRODUCTION. L'excessive fenfibilité de 1'ame, & la foibleffe des organes, ont rendu la plupart des femmes qui habitent les grandes villes fujettes aux vapeurs : les femmes qui vivent a la campagne, qui font habituées a cle longues marches , ou qui ■ A  2. iNTRODUCTÏÖfr. fupportent de grands travaux , en fonÊ rarement attaquées. L'activité de leur vie, en même temps qu'elle donne une force plus grande a leur tempérament, & développe toutes leurs facultés organiques , diftrait leur imagination de toutes les affeclions qui pourroient s'en emparer trop vivement, & acquérir trop de puiffance Fur elles-mêmes. Interrogez une femme de la campagne, vous lui trouverez peu d'idées abftraites & métaphyfiques : fa croyance & fes devoirs moraux, voila tout ce qu'elle fait, tout ce qui remplit fa mémoire, & ce font des idéés fuggérées, fur lefquelles il eft rare qu'elle fe {bit permis de réfléchir; elle s'écarte peu de ce qu'elles lui prefcrivent , elle ne connok rien au-delk: jamais elle ne s'égare , incertaine , dans le cercle fans barnes de nos penfées & de nos defirs; fans ceffe occupée a fatisfaire les premiers befoins de la nature , ils lui procurent toujours des plaifirs variés, toujours renaifTans. II ei\ rare qu'elle s'arrête par préférence fur 1'un de ces plaifirs, qu'elle  Inï ». o d üc.ïi ö ifc | <2'n jouifTe avec excèsj Ia nature feit tout, fimagination eft. muette. La révolution des ahs, celle des faifons, les gradations des mois, la pluie , les vents, le foleil ou 1'orage, les fêtes, & la diftribution des jours, le matin, le midi, le foir; toutes ces différences, qui n'en font point pour nous,- dirigent toutes fes aftions, & promènent fans cefle fon attention 'fur des tableaux variés, que les tréfors de notre imagination, nos arts & nos plaifirs , ne remplacent peut-être qu'avec défav'antage. Eile n'eft jamais oifive, elle n'a jamais le temps de former des defirs j après le travail elle a befoin de repos, après le repos vient le befoin du travail ; & le travail eft un plaifir pour les hommes robuftes: au travail fuccède 1'appétit; & après les repas, qu'il rend délicieux, de nouveaux exercices rendent la digeftion facile. Les jours de repos., a la campagne , feroient des jours de fatigue pour les habitantes de nos villes. Le matin, des devoirs appellent au village; le foir, A ij  4 Ïntroóüctiojï; il faut danfer dans Ia grange ou fous un' ormeau. L'homme a re$u de la nature un penchant invincible vers le mouvement & ra&ivké ; 1'ufage , ce tyran des grandes villes , contrarie ce penchant, en condamnant les femmes a ne vivre que pour ce que 1'on appelle le plaifir, & ce plaifir ji'en eft plus un, lorfqu'il eft féparé des travaux journaliers j il devient.habitude, fatigue, lorfqu'il cefTe detre un befoin, . & les femmes font réduites k en chercher de nouveaux dans les reffources inépuifables de Fimagination. Plus fimagination travaille, plus elle devient féconde, mais plus elle affoiblit auffi les organes qu'elle maitrife y elle leur donne quelquefois de ft violentes fecoufles, qu'ils fuccombent, ne pouvant fupporter les efforts qu'elle leur occafionne. II y a dans la nature, & des biens & des maux; mais la fomme des maux n'eft pas affurément aufti confidérable-dans nos climats, que les biens qu'elle nous offre; le plus grand' de tous ces maux eft faas  f N TR O D U C TT O N. y contredit la crainte que nous en avons, & qui nous conduit fouvent a abufer des biens dont elle a voulu nous faire jouir: il réfulte de eet abus des fouffranees intolérables ; mais ce n'eft pas a la nature qu'il faut ies attribuer. L'imaginatiön a, comme la nature, fes maux & fes plaifirs; c'eft un miroir oa toutes fortes d'objets & de fantömes paffent fans cefle en revue j tout eft de fon reflbrt; & comme ft nous n'avions jamais trop a fouffrir, elle noüs tourmente par le fouvenir, par la crainte , par le preffentiment; elle embraffe,, elle definit tout j elle enfante les fuperftitions , les vices; c'eft elle feule qui crée ce qu'ort appelle le malheur: il eft vrai qu'elle nous offre en dédommagement des fpe&acles charmaris , des rêves délicieux ; qu'elle embellit nos difcours; qu'elle a fait de 1'amour une affaire, un*travail, un plaifir compofé de mille autres plaifirs, une occupation dans laqueile nos femmes font confifter le bonheur de leur vie: enfin, elle forme nos paflions qui donnent  6 Introduction. l'a&ivité de notre ame autant d'alimens qu'elle peut en defirer, mais qui fatiguent le tempérament & les nerfs, en enflammant tout-a-coup nos fens, & en les plongeant enfuite dans un .état de léthargie pour lequel ils ne font pas [faits. II ne faut pas croire que les femmes foient feules fujettes aux vapeurs, dans les villes ou nous vivons entaffés ; les, hommes qui ne fe livrent qu'a 1'oiiiveté & aux plaifirs du luxe, en font quelquefois tourmentés : mais , comme leur tempérament eft naturellement plus robufte que celui des femmes, qu'ils ont plus de fujets de diflipation, & qull eft rare den trouver qui ne foient adonnés a des exercices qui diminuent les accès vaporeux ; la mauvaife difpofition de leurs nerfs ne peut faire 1'ohjet d'un traitement aufli fé* rieux, ni mériter une attention au/Ti particnlière, que les«!maladies nerveufes des, femmes. II n'en eft pas de même des maladies vaporeufes du fexe; elles font devenues ü générales, fi graves dans les grandes  ÏNTRODUCTlOïT. J villes, & fur-tout a Paris, qu'elles influent prefque toujours confidérablement fur la durée de leur vie, & fur la guérifon des maladies accidentelles dont -elles font attaquées. * Je pourrois dire aux hommes: batiffez autrement vos maifons , changez votre habitude de vivre, affurez les mceurs & la félicité de vos femmes, en les occupant d'une manière agréable & utile, en ne leur lauTant pas le temps de former des defirs; détruifez vos fpectacles, ou chaffez-en du moins les drames, les tragédies modernes ; brülez tous ces petits romans, oü 1'affectation du ftyle, 1'invraifemblance du fond, & 1'exagération des fentimens, font les moindres défauts; appelez fans ceffe vos enfans fur les pas de leur mère: fon affection pour eux deviendra bientöt la plus vive de fes affections j & ce fentiment fi pur ne lui caufera jamais de migraine, de vapeurs, ni de mélancolie. * Sydenham a rcmarqué qu'elles engendroient I?. moitié des maladies chroniques. A iv  g Introductiok Rappelez-lui ces temps heureux', oü une rnere fe glorifioit de fa fécondité; oü le plus agréable des fpeéhcles pour elle erwt une nombreufe familie qu'elle fe piaifoit a former pour Ia vertu. - Je pourrois développer ces p'réceptes, & en démontrer tous les avantages j mais ces lecoiïs du bon fens & de la philo%hie , ne me réuilïroient pas mieux qu aux .hommes célèbre.s- qui les ont employees avant moi. lis pourroient, tout T plUS ' fer-vir k diriger Ia génération toe : ceft Ia génération préfente que mon état m'oblige de foulager & de guérir. On a peu de bons livres fur les maladies vaporeufes : fi 1'on excepte les ouvrages de Boerhaave, de Whkt & de Lony ' tous «ux que nous avons fur cette matière importante , ne méritent pas de grands éloges. Après m'être rempli des laées de ces grands hommes, M . compris que 1'objet njétoit point épuifé & «juon pouvoit y faire de nouvelles cecouvertes.  ÏNTRODUCTIÖN. 9 La raifon en eft fimple, c'eft que ces maladies font nouvelles ; leurs progrès ont fuivi ceux du luxe, ceux de Fimmenfe population de Paris. Je fais cependant que des obfervateurs habiles, des maitres éclairés dans Fart que je profefle, ont étudié & connu les maladies vaporeufes, & les moyens de les guérir ; mais,'trop occupés pour avoir le temps d'écrire, ils n'ont pas toujours recueilli leurs obfervations; ils fe feroient#reproché les momens qu'ils auroient enlevés a Fhumanité fouftirante , dont ils entendoient la voix les appeler de tous cötés : venu après eux dans la même carrière , j'ai profité de leurs lumières , je leur ai dérobé le feu facré : je ne crains pas qu'ils me fachent mauvais gré de ce larcin ; c'eft pour rendre fervice a ceux qu'ils ne peuvent guérir eux-mêmes, que j'entreprends un ouvrage dont, fans doute, ils ont connu Futilité avant moi. Pas plus maitre de mon temps qu'ils ne le font du leur, mais animé du même zèle, j'ai obfervé , j'ai vu comme eux,.  ÏO ÏNTRODÜGTIofc, & j'ai écrit k mefure que je voyois; je n'ai rien négligé pour m'aflurer du fuccès des traitemens que je propofe : ils ont produit 1'effet que j'en attendois, toutes les fois que je les ai mis en ufage ; Sc il n'en eft pas un fur lequel je ne puiflë dire, Experientia docuit*  PREMIÈRE PARTIE* DISCOURS PREMIER. Des Vapeurs en général. D ans 1'age oü les paffions germent ordinairement dans le cceur des femmes, elles n'ont point de vapeurs; mais, quand ces paffions fe développent & s'exaltent, les maladies nerveufes font les plus grands ravages dans leur tempérament. Les tranfports violens qui agitent les fens, leur communiquent un reffort dont les mouvemens trop rapides détruifent 1'équilibre dans la conftitution matérielle. L'organifation délicate des femmes, leur procure cette fenfibilité que la nature a placée en elles pour faire notre bonheur; & cependant, telle eft leur difpofition phyfique , que, malgré la délicatefle de leurs organes, la nature donne a leurs paffions, a leur fenfibilité, une énergie , une force expanftve , dont  H Premier Discours. 1'homme n'eft pas capable ; leurs idees naiffent avec la rapidité de 1'éclair , & confervent fans ceffe 1'aöivité du feu'qui les produit. La conftitution phynque de Ia femme , eft en tout différente de celle de 1'homme * quoique au premier regard elle paroiffe n'en différer que par quelques points foibles & ifolés, dans 1'enfemble de la ftature humaine. On s'eft même efforcé de chercher des analogies dans tous les organes des deux fexes; & le même efprit de fyftême qui engageoit h ces recherches , a cru découvrir ces analogies dans les organes mêmes que la nature a marqués par une féparation immenfe, &fans doute néceffaire a fes vues. C'eft cette néceffité qui a produit 1'uniformité dans' le plan qu'elle a fuivi pour Ia formation & le développement des mdividus dans les deux fexes. La différence d'un fexe a 1'autre, eft caraétérifée dans tous les individus ,'par des nuances plus ou moins fortes, mais toujours fubfiftantes & toujours fenfibles, '  Premier Discours. ï$ Les femmes ont les organes d'un tilTu beaucoup plus délié , les mufcles moins fortement prononcés ; les fib^es qui les compofent, moins rapprochées: Ge qui les rend fufceptibles de contraftions plus vives & plus rapides que celles des hom.mes *. Plus il y a de divifions entte les fibres des organes, plus.leur mouvement eft rapide 5 par conféquent les contractions des fibres nerveufes, chez les femmes , doivent avoir plus de rapidité que chez les hommes, oü tous les mouvemens organiques font naturellement plus lents & plus folidement régies. L'imprefiion qui réfulte de ces mouvemens dans toute leur conftitution, eft moins forte, moins vive & plus durable. La colèrë d'une femme s'allume au moindre fujet; & il arrivé fouvent que fes tranfports font fui.vis de vapeurs. La colère d'un homme * Le mouvement d'un organe quelconque, eft toujours eh raifon compofée de la divifion de fes moié' cules élémentaires, ou en raifon inverfe du carré de leur diftance. Foye\ Loke , Efais fur f Entendement humain.  J4 Premier Discours. eft ordinairement fuivie d'une profonde meiancolie. Une femme a-t-elle vu périr 1'objet de la pamon, les vapeurs s'emparent d'elle sarrêtent & fe fuccèdent rapidement: on la croiroit infenfée; elle verfe des torrens de Iarmes: bientöt une infenfibilité abfolue vient interrompre fes fanglots 5 le moment d'après, Ie calme, Ia gaieté femblent renaitre en elle j mais Ie moindre obiet qui lm rappelle le fujet de fa douleur, Ia replonge dans fon premier état; les convulfions s'emparent d'elle au milieu de la joie, paree qu'elle aura vu quelqu'un qui reflembloit a 1'objet de fes regrets. L'homme, au contraire, s'eft-il vu trahir par le iaux ami qui avoit gagné fa confiance, a-t-ii perdu dans la frénéfie du jeu les fommes qu'il deftinoit a 1'entretien de fa familie, eft-il accufé, traïné dans les priiom; un profond fiïence, Ie calme de fes organes extérieurs, font les fignes de fon defefpoir: ft 1'impatience & la douleur lui font proférer quelques mots, ce font toujours les accens d'un chagrin raifonné: il  Premier Discours. ij fera furieux, & n'aura point de vapeurs. Huk jours confoleront la femme la plus affligée ; la douleur de 1'homme s'affoiblit avec le temps, mais elle dure des années entjères : il eft: même des hommes qui vivent dans une triftefle habkuelle, paree qu'ils ont été malheureux une feule fois. D'après ces obfervations, il n'eft: pas difficile d'en induire, que plus les femmes ont fenti la mollefie, plus elles ont acquis de facultés voluptueufes; que plus leurs organes ont acquis, dans la volupté, de fouplefle, de délicatefle & de rapidité, plus ils font fufceptibles d'irrkation * ; qu'enfin, en perfe&ionnant la finefTe de * Avant que les Romains eufient fait la conquête de 1'Afie, les dames Romaines n étoient point fujettes aux vapeurs ; mais a cette époque, la vie molle &: voluptueufe des Afiatiques s'introduifït dans Rome, & les femmes devinrent vaporeufes. Ammien Marcellin rapporte que, fous le règne de J'Empereurilulien, le luxe avoit tellement énervé les Romains, que, lorfqu'ils fe promenoient fur leTybre, dans des gondoles ou Tart avoit raflemblé tous les befoins propres a. fe concilier avec la mollefie, s'il arrivoit qu un rayon de foleil pénétrat jufqu'a eux, ils comboient fubitement en convulfion.  ï6 Premier Discours'* leurs fens, elles augmentent la caüfe de* leurs vapeurs. Les molécuies élémentaires qui compofent la fibre mufculaire & Ia fibre nerveufe des hommes, font au contraire dune cohéfion beaucoup plus ferme , qui fe confolide & fe règle encore par leur éducation & les exercices virils , tels que 1 equitation, Ia paume ; les attachés de leurs mufcles font plus fortes: enfin, toutes les formes préfentent en eux un caractère de force & de vigueur ; de même que chez les femmes elles ont recu ce tour heureux, qui caradérife en elles la délicatefle & les graces. Leur conftitution phvfique explique afiez bien les variations de leur caractère*; la vivacité de leur efprit, qui pro- La nature, dit La Bmyère, a mis le caprice k cote de ia beauté, pour en être ie contre-poifoni, mais ne feroit-ce pas plutót pour déconcerter 1'efpérance trop prcfomptueufe des hommes, qui fe flattant d une vicïorre prochaine, la voient fuir h 1'mftant qu'ils croxent en jouk? C'eft „ne efpèce deqmlibre qu'elle a voulu etablir entre la force & la foibleffe. duit  Premier'Discours. 17 duit fans effort les images les plus riantes, & les anime des couleurs les plus féduifantes ; les graces de Fefprit, les faillies de fimagination * ; le fentiment exquis dont elles font douées, femble compenfer en elles ce qui leur manque du cöté de la profondeur des idéés, de la force de la raifon , du génie créateur , qui font 1'apanage de 1'homme. Ce principe furabondant de fenfibilité dans les femmes , fe communiqué quelquefois a différens organes, trop foibles pour en fupporter 1'effort; il trouble Féquilibre de leurs mouvemens, & dérange leurs fonftions naturelles , pour leur en prefcrire d'autres qu'ils ne fuffifent point * Ne pourroit-on pas expliquer cette grande activité de 1'efprit dans la plupart des femmes, Sc mê ne une partie de lenergie qu'elles montrent dans leurs paffions, par une plus grande portion de fluïde élêctrique ? II en réfulte qu'elles peuvent élever leur ame au dernier degré de renthoiifiafrhe, & lui donner un reffort indépendant de la vigueur du corps; ce qui leur fait produire quelquefois des acTions fi belles, que les hommes les plus capables de vigueur & de grandeur d'ame, font obligés d'admirer leur courage & leur génerofité. B  i8 Premier Discours. a remplir : alors on voit naïtre tous les défordres phyfiques connus fous la dénomination d'aftections vaporeufes. - Les paffions haineufes ne font point naturelles aux femmes j fi elles font quelquefois capables de vengeance, c'eft paree que leur extreme fenfibilité leur a rendu plus pénible 1'outrage ou la douleur que lui a fait éprouver celui dont elles veulent fe venger. Leurs paffiqns primitives & naturelles, font toutes affeftueufes & douces. Ce font les feules que la nature ait voulu faire agir habituellement fur des nerfs deftinés a recevoir des impreffions tendres & délicates, a porter dans leurs fens le feu de la volupté, a le faire briller dans leurs yeux, & a le répandre fur tout ce qui les environne *. Mais lorfque d'au- * Quoique la nature ait mis entre les deux fexes des rapports qui les invitent a fe rapprocher, il eft néanmoins vrai qu'ils font plus ou moins marqués, fuivant les perfonnes de 1'un & Tautre fexe. C'eft ce qu'on a vxmiu défigner par la fympathie, qui fait une impreifion foudaine dans deux coewrs qu'elie unit des noeuds les plus étrpits. Ou la lympathie ne joue pas, les coeurs ceftent d'être a runiffon. On en a. cherché  Premier Discours. 19 tres paffions, uées la plupart de leur imagination , de 1'abus de leur fenfibilité , niaitrifent la nature , elles portent avec elles le ravage & les fecouffes violentes, long-temps la caufe , que je croirois volontiers être une-impreffion éleélrique, qui, al'afpect de deux perfonnes, excite en elles une commotion générale. Leurs ames femblent être unies par une efptce de contact, qui produit ce qu'on appelle proprement 1'amour. Cet effet n'eft point, comme le croit le vulgaire, Sc comme le difent quelques efprits-forts, des naturaliftes célèbres, &r de prétendus philofophes, un effen naturel du defir, une opération groflïère de phyfioloeie; c'eft une véritable éleétricité : s'il n en étoit pas ainfi, fi les analogies qui fe rencontrent entre le feu éleclrique qui vivirie le fang des femmes, & les fibres nerveufes des hommes, ne déterminoient pas lei pré-* férences de 1'amour, pourquoi toutes les femmes c'galement belles, ne feroient-elles pas toutes une impreffïon femblable fur le même homme ? Pourquoi préféreroit-il fouvent une femme moins belle a celle qui 1'eft davantage? Pourquoi ne fe trouveroit-il pas enfin des philofophes de dix-huit ans , qui répéteroient, en amour tout efi bon, hors le mor al $ & qui, d'après cette maxime fameufe , ne fentiroient jamais cette commotion vraiment électrique que 1'on a jufqu'a préfent mal indiquée par le mot vague de fentiment du coeur? Cette commotion précieufe n'eft pas inconnue aux gens de la campagne , z ces gens en qui 1'imagination a fi peu de pouvoir : c'eft la nature, oui, c'eft la nature feule qui la donne ; mais elle eft B ij  zo Premier Discours. qui renverfent 1'économie de leur conftitution. La bienveillance, la compafïïon, 1'attendriffement, 1'amour, font les fentimens moins grande, moins fenfible pour eux que pour nous, paree que la circulation du fang eft moins vive d'ans les femmes de la campagne que dans celles de la ville; leurs fibres font plus compaCtes, ont un mouvement beaucoup moins rapide; & les nerfs des payfans s'animent aufii plus difficilement que ceux des habitans des villes. Mais il refte une quefiion a rtfoudre. Sans doute , nous dira-t-on, 1'action éleólrique des organes féminins fur les nótres, eft facile a démontrer; mais rfexillera-t-il pas un mouvement réciproque qui leur fait reflentir la même commotion qu'eiles nous donnent ? Je répondrai que je ne le crois pus, & qu'il m'a toujours paru que les préférences que les femmes ont en amour pour de certains objets, réfultent de leur imagination , de leurs réflexions fur des avantages extérieurs ou corporels, qui les ont frappées ; qu'enfin, ardentes quand elles rencontrent quelques obftacles a leurs delirs, elles font prefque toujours froides quand rien ne s'y oppofe ; ce qui eft le figne le plus évident du pouvoir de fimagination, qui maitrife la nature : de la vient que les femmes dont fimagination eft plus lente qu'il n'eft ordinaire dans leur fexe , manquent rarement a leurs devoirs conjugaux , fi leurs maris ne leur en donnent euxmêmes 1'occafion , ou par leur imprudence, ou par kur mauvaife conduite.  Premier Discours. 21 les plus naturels aux femmes, & les plus favorables k leur conftitution ; mais le moindre rxcès dans 1'un de ces fentimens devient funefte a leur tranquillité ; il met les fouffrances a la place des plaifirs, & il eft difficile d'en modérer les effets; on diroit que rien ne peut arrêter la marche rapide de leur fenfibilité. Les vues de la nature paroïffent affez k découvert dans fouvrage qu'elle deftinoit fans doute.pour fon chef-d'ceuvre , puifqu'elle s'y eft fignalée dans le développement des facultés morales, & furpaflee dans les contours heureux des formes qui conftituent la beauté a laquelle elle a attaché un attrait irréliftible, deftiné a remplir fes intentions en perpétuant fon plus bel ouvrage. Si les paffions de quelques femmes donnent a leur habitude morale une direclion moins douce & moins heureufe-, contraire même en apparence a la fenfibilité, indépendamment du vice de leur première éducation, que 1'on doit très-fouvent accuferj il ne faut pas.fe diffimuler que la nature s'eft B üj  22 Premier Discours. quelquefois trompée en formant ces femmes hommaffes, dont les os & les mufcles font faillans, les yeux durs & froids, en un mot, des monftres de Iaideur. Ces êtres amphibies font heureufement trop rares pour fournir aucune objection , foit au moral, foit au phyfique, contre ce que nous avons dit en général de la conftitution des femmes. Mais, parmi celles mêmes qui n ont rien de défectueux dans leur enfance, des coutumes bifarres, une éducation aveugle & defpotique nuit fouvent a 1'exrenfion des faculrés naturelles; elles croiflent dans la gêne & la contrainte; la morale qu'on leur enfeigne n'eft qu'un tiffu de préjugés, qu'elles font trop heureufes d'oublier dans le refte de leur vie. C'eft a des facrifices continuels que 1'on donne le nom de vertu; on n'en donne aucun au courage, a la vigilance ,a la douceur que la nature exige des mères de families. On nourrit fans cefle leur mémoire, leur imagination; rarement leur cceur, jamais leur expérience. Si 1'on favoit diriger les premiers élans de leur  Premier Discours. 23 fenfibilité, dans eet age oü les paffions ne font qua leur aurore, on leur affureroit des jours fereins ; leurs fentimens n'auroient qu'une expanfion heureufej jamais la nature ne fe trouveroit forcée par leurs defirs , & on leur épargneroit tous les combats intérieurs des fens & de la raifon, tous les tourmens qui choquent & tendent leurs organes jufqu'a caufer en elles un ébranlement général. On rencontre quelquefois parmi les hommes des individus dont la conftitution itehyfique & morale eft plus rapprochée We celle des femmes', qu'il n'eft ordinaire a leur fexe: * c'eft en eux qu'il faut obferver le paffage que la nature a fuivi, pour arriver a la création d'un fexe différent, & 1'on y verra bientöt la vérité de nos * J'ai connu un Officier de dragons, d'une ténuité d organes fi grande , & d'une délicateffe nerveufe fi marquée, que, toutes les fois qu'il entendoit parler dans la fociété d'une femme qui fans doute 1'intéreffoit, fi la converfation pouvoit allarmer fes fentimens pour cette dame , il en éprouvoit une telle  14 Premier Discours. idees fur ia conftitution des femmes & fur les effets qui en réfultent ; on verra que , dans le traitement de toutes leurs maladies , & fur-tout dans celui des maladies vaporeufes, on ne fauroit rrop s'mftruire de leurs affeaions & de leurs habitudes morales. Oui, fans doute, il avoit raifon ce philofophe qui prétendoit qu'il exiftoit une médecine de 1'efprit, medicina mentis, que 1'on devroit étudier, & qm fouvent nous éclaireroit fur les vrais principes des maladies, dont les caufes matérielies font toiJ| jours d'autant moins faciles a découvrir^ qu'elles tiennent de plus prés aux affec' tions de 1'ame. Dans ces maladies, ce n'eft que par une heureufe combinaifon des fecours moraux & des moyens phyfiques, que 1'on pourra réuftir. On les attribue commotion, que la fievre nerveafe funenoit, & Ie forcou a garder ie lit au moins vmgt-quatre heures. Cet orage dans le genre nerveux , n'étoit pas plutot calmé, qu'il paroiffoit jouir de route la fanté que permet une tellc, ccnititution.  Premier Discours. 25 trop fouvent a une dépravation générale ou particulière des humeurs ; les remèdes n'agiront (ur ces humeurs dépravées,qu'autant que le calme & la férénké renakront dans 1'ame du malade. Telle eft la force des affeclions graves & profondes de 1'ame, qu'elles ont toujours befoin d'un traitement combiné avec les fecours qu'exigent les maux qu'elles ont produits, &'qui leur font tout-a-fait fubordonnés. II eft quelques attaques de nerfs qui ne font poinr produires par les paffions de 1'ame, & 1'obfcurké dans les caufes matérielles de ces maladies, n'eft pas affez profonde pour n'être point appercue. Ce font les plus aifées a guérir , mais ce font auffi les moins communes; elles proviennent des humeurs furabondantes, des fucs digeftifs mal élaborés, des léfions particulières dans les vifcères du bas-ventre, qui, en changeant le fyftême particulier d'un de ces organes, change fa correfpondance avec les autres organes, & par-la détruk leur équilibre refpeöif: mais  26 Premier Discours. les maladies vaporeufes tirent plus fou- vent leur origine de 1'effervefcence des paffions. Dans ce fiècle de matérialifme , on objeftera , peut-être, que 1'obfcurité des caufes matérielies dans les vapeurs, n'eft point une raifon de leur nullité; que, dans toutes les maladies, c'eft 1'irritation, la difpofition, l'excès ou le défaut de quelque organe qui produit les paffions, & non pas les paffions qui produifent le foulèvement, la contraéHon des organes: mais en admettant ce fyftême, & quand il feroit vrai que les modiflcations particulières de 1'ame ne feroient que 1'effet des mouvemens organiques, il n'en feroit pas moins certain, que 1'état des affeétions morales étant changé, il influe a fon tour fur la contraction des organes auxquels il rend les impreffions que 1'on fuppofe qu'il a lui-même recues d'autres organes matériels, & que eet état des affeétions morales exige des remèdes purement moraux, tels que Ie régime , l'emploi des heures, les diffipations, les exercices; remèdes qui doivent  Premier Discours. 27 concourir avec 1'adminiftration des traitemens matériels. II refte toujours certa-in que nous devons fixer nos recherches fur les difpofitions morales de 1'individu vaporeux, quand nous ne pouvons déterminer le vice phyfique, obfcur & incertain qui lui correfpond, ni par conféquent les fecours qui peuvent le détruire. Quelquefois il eft moins caché, & 1'on peut dire que les caufes matérielles agiffent alors fur les affeftions de 1'ame, fur Ia volonté, fur les aftions mêmes vicieufes de 1'individu vaporeux. Une affeclion particulière a la matrice, par exemple, peut changer 1'ordre habituel de la fenfibilité, & donner des direétions particulières aux paffions qui correfpondent a ce vifcère. Des dégénérations particuhères du fang, dont les caufes font fouvent très-connues, impriment aux nerfs des irritations qui changent la férie de leurs mouvemens, & intervertiflent 1'ordre de la fenfibilité dans tout 1'individu. Ces caufes phyf.ques , & beaucoup d'autres encore , peuvent propager le  28 Premier Discours. trouble dans 1'ame , & même dans la ra* fon, & déranger leurs fon&ions en même temps qu'elles portent le défordre dans le corps. C'eft alors fur ces différens vices matériels que le médecin doit diriger fes premiers moyens, fans tout-a fait négliger lesfecours moraux,dont l'ufage eft cncore utile pour affurer un effet heureux a fes premiers remèdes. Laiffons aux philofophes le foin de découvrir 1'agent intermédiaire qui tranfmet les fenlations & les mouvemens du moral au phyfique, de faifir les points de ccntacl & d'union par lefqutls jis correfpondentavec la rapidné de 1'éclair : leur orgueil febnftra long-temps encore conrre cette difficuité ; mais la tache du médecin ^eft remplie, quand il a trouvé les moyens de rétabÜr 1'équihbre entre Ks aftlclions morales & les mouvemens organiques, a proportion de leurs facultés réciproques, & fuivant i'ordre fixé par la nature : il n'y peut parvenir que par des fecours moraux & des agens matériels. En vain voudroiton entreprendre la guénfon d'un homme  Premier Discours. 29 attaqué de folie, fi 1'on n'employoit pour y réulfir que des moyens phyfiques; il faut régler la diftribution de fon temps, le moment, la durée des exercices • proportionnés a fon état; laiffer d'abord quelques heures a la folie, les diminuer infenfiblement pour en donner davantage a la raifon : la mufique, la converfation, quelques inftans même de lecture , dans les ' momens oü fon délire eft fufpendu, tout enfin, jufqu'a la couleur de la tenture de fa chambre , peut influer fur fa guérifon. Les remèdes matériels n'auroient jamais un fuccès complet, fans ces fecours que 1'efpnt jufte & fain doit donner a 1'efprit foïble & malade. Nos philofophes diront peut-être encore , que ces fecours mêmes font purement phyfiques \ cela peut-être, nous ne difputerons pas fur des mots: mais, fi nous nous exprimions ainfi, nous ne pourrions nous faire entendre; & indépendamment du matérialifme auquel nous fommes fort éloigné de croire, nous perdrions en définitions ftériles le temps qui nous eft néceffaire pour faire connoi-  }o Premier Discours. tre & pour guérir les maladies les plus fré- quentes, & les moins connues parmi nous. Lues ne font pas encore a leur terme ces maladies fi générales dans nos villes ^ leurs progrès feront toujours en raifon compoiée de la diminution des maladies aigues: car celles-ci tiennent a une conftitütion phyfique tout-a-fait oppofée a celle qui eft fufceptible d'affecïion vaporeufe; & plus la nature, par des changemens dans la mamère de vivre , fe verra rapproehée de 1'une de ces extrémités, plus es hommes feront fujets aux maladies qui tui correfpondent *. Le genre de vie que les femmes riches ont adopté dans les grandes villes, eft confacré a ce que 1'on s'obftme a appeler plat : * II eft certain qué les maladies aiguës font infi- aXem l T ***** Qud^s <^cins' at buent les changemens furvenus dans notre conftituüon, « des revolütions dans notre globe, qui les ont amenés lentement ; d autres avec n!„< A, r Ipc -,f^;k i u"utres, avec plus de ruifon, les a tnbuent au changement de nos moeurs : mais un plus grand nombre adopte le fyftême ingénSS d une correfpondance direde entre les révolutl2 u globe & les mosurs des nadons.  Premier Discours. 31 fir, & qui n'eft qu'un ennui déguhe pour celles qui fe font rendues fes efclaves; c'eft eet ennui qui marqué 1'ufage des inftans. Le moment oü nos femmes fe lèvent a Paris, ne fuit que de très-loin celui que la nature a marqué; les plus belles heures du jour font écoulées, 1'air le plus pur a difparu, perfonne n'en a profité. Les vapeurs , les exhalaifons mal-faifantes, attirées par la chaleur du foleil, s'élèvent déja dans 1'atmofphère$ & c'eft 1'heure que la beauté choifit pour fon lever. Apeineune femme eft parée , que , fans avoir pris aucun exercice, 1'ufage 1'invite k fe mettre a table. Les alimens font devenus bien néceffaires , mais la digeftion eft pour 1'ordinaire pénible ; d'oü il réfulte des anxiétés, des mal-aifes, des accidens , légers d'abord , mais qui deviennetjt bientöt in* fupportables pendant les inftans de la digeftion, & pendant ceux oü le chyle s'amalgame avec le fang. Pour changer 1'apathie de 1'ame, qui réfulte de 1'anxiété des organes , quels  3* Premier Discours. moyens a-t-on inventés ? Les fpe&acles ï II en eft qui, ramenant le plaifir & Ia gaieté, ne peuvent qu'influer utilement ftir les organes, oü, monrrant le danger des paffions , & les combattant par le glaive tranchant du ridicule, ils amufent en éclairant la raifon: mais ce ne font pas ceux que 1'on préfère ; on court a ceux qui careflent les paffions, qui les enflamment & les exaltent. Quand tous les genres de fpeéhcles ierojent également utiles a Ia fanté de i'efpnt & du corps , feroit-ce au fortir de la table que 1'on devroit s'y renfermer ? ne conviendroit-il pas mieux de ne s'y rendre qu'au moment oü la digeftion étant prés de s'achever, elle ceffe d'être laborieufe ? Un autre inconvénient encore inféparable de nos/peétacles, c'eft que les fpectateurs vont fe renfermer fous les clefs de deux vieilles geolières, dans des efpaces fi refferrés, & pourtant fi remplis, qu'il . y refte a peine affez d'air pour que Ia refpiration  Premier Discours". 35 frefpiration n'y foit pas entièrement impoffible *. Mais c'eft peu d'un pareil danger. La fenfibilité des femmes, dirigée fur un petit nombre d'objets, y eft mife en jeu par toutes fortes de moyens. L'ame eft fi fortement ébraniée , qu'elle produit dans leurs nerfs une commotion, paffagère & Ia vérité, mais dont les fuites font ordinairement graves; la privation momentanée de leurs ifens , les Iarmes qu'elles répandent a la repréfentation de nos modernes tragédies , font les moindres * Nous nous crpyons obligés Je rapporter a ce fujet !e réfultat des expériences qui ont été faites fur eet air, par un Phylicien feclateur de Prieftley. Ayant procédé d'abord avec fair pris dans Ia Salie S. Charles, ou Ton met les malades attaqués de fièvre putride, a l'Hötel-Dieu, eet air s'eft trouvé de deux degrés moins falubre que celui du Jardin du Roi, fur lequel il avoit fait des recherches de comparaifon. Sa feconde expérience a été fur fair pris dans la Salie de la Comédie Italienne, un jour de très-grande repréfentation ; il a trouvé que eet air étoit de fix degrés plus méphitique que celui de la Salie S. Charles, & il ne lui manquoit que deux degrés de plus pour être abfolument mortifère. c  34 Fremier Discours. accidens qui puiffent en réfulter. Obfervez-les plufieurs mois après cette repréfentation , & vous ferez bientöt afluré qu'elle a produit en elles une agitation» bien difficile a calmer , & qui fouvent rnême leur caufera des douleurs de nerfs très-violentes. Celles mêmes fur qui les effets de ce qu'elles ont vu au théatre ne fe manifeftent pas promptement, confervent dans leur ame une difpofition toujours prochaine k de nouveaux troubles, qui fe renouvelleront fpontanément 8c fans aucune caufe connue ; c'eft a ces troubles de 1'ame qu'il faut rapporter les pleurs que 1'on voit répandre aux femmes du grand monde, fans que rien d'apparent, ni même qu'elles puilTent définir, les affefte fenfiblement. Pourquoi pleurezvous , Mefdames ? leur demanderoient en vain ceux qui les approchent ; ils n'en pourroient tirer d'autres réponfes que ces mots : ce n'eft rien, cela va fe paffer, ce font des vapeurs. Et qui les caufe , ces vapeurs ? ce font prefque toujours les commotions que certaing  Premier Discours. jjf ipe£tacles ont données a leurs nerfs dé* licats *« En fortant du fpeétacle , on cherche h repofer fori imagination ou a fe défen* nuyer par le jeu, & le jeu devient lui-même un principe d'affeótions nuifibles. L'attention qu'il exige & les craintes qu'il infpire, ne laiflent aucune tranquiilité a ceux qui s'en occupent. On quitte le jeu pour la table, & déja. la nuit eft avancée: la foule des mets eft le moindre danger a redouter pour les femmes; en général elles mangent peu, elles font très-fobres; mais les vins recherchés , les deflerts & les liqueurs font une grande imprefBon fur leurs nerfs, & cependant elles en font leurs délices. Leur corps n'étant fatigué pendant le jour par aücun exercice, une grande partie de la nuit fe pafte avant qu'elles aient * 11 eft étonnant que j. j. Roufleau, qui connoiffoit fi bien les femmes, &: fur-tout celles des villes, en écrivant contre les fpectacles, nait pas fortifié la caufe de cette remarque , qui pouvoit fournir des argumens bien puiifans a un homme tel que lui. C ij  36 Premier Discours. penfé a fe procurer de repos. H'eureufeS enfin fi la grande agitation de leur efprit s pendant qu'elles ont été éveillées, ne laüTe pas des traces qui troublent encore le calme de leurs fens, lorfqu'elles defirent enfin le repos! Leur ame impatiente eft toujours prête afe retracer les images dont elle a été affeétée pendant le jour, & les moindres mouvemens analogues que les fens produiront lpohtanément , ramèneront dans 1'ame la même férie d'idées tumultueufes. Et fi 1'agitationdes fonges ne rompt point 1'engourdilfement des fens externes, cette agitation devient d'autant plus forte, que fa fphère d'aétivité eft plus rétrécie; & la fenfibilité intérieure, forcée de fe replier continuellement fur ellemême, augmente la rapidité de fes mouvemens, au point que le réveil-arrivé au milieu des agitations les plus cruelles *. * Ce que nous venons de dire des indifpofitions, des tourmens, des maladies mêmes qui réfultent des agitations de Tefprit, n'eft pas étranger aux hommes, même les plus robuftes, lorfqu'ils fe livrent trop aux travaux du cabinet. Tout Poète a riraagination exal-  Premier Discours, 37 Un femblable fommeil ne peut réparer !es pertes faites pendant le jour; il en réfulte une plus grande irritation des nerfs, une vie remplie de fouffrance & d'ennui, une vieilleffe prématurée; & c'eft ainfx que les plus belles fleurs que la nature ait produites pour 1'ornement du monde, fe flétrilTent avant la fin de la faifon. Les leclures des femmes font les romans ; & ceux oü les paffions font le plus cxaltées , leur plaifent davantage. Dans les premiers fiècles de la politefle & de la galanterie francoife, l'efprit moins perfectionné des femmes , fe contentoit de faits téej tout Orateur a les nerfs affedtés: & ceux qui , fans talens & fans génie , voudroient les égaler * force de travail, deviendroient, fans contredit, furieux ou imbécilles, avant d'y parvenir. Les mêmes dangers font moins imminens pour ceux qui fe bornent a fexercice d'une profeffion qui n'exige pas unc. attenüon d'efprit continuelle , mais ils exiftent ; Si quiconque a de 1'expérience , ne doute pas qu'un manouvrier ftupide ne foit plus heureux & plus robufte, qu'un homme de mérite ï la ville : mais un homme de mérite feroit au comble du malheur s'il devenoit manouvrier; fon imagination feroit le flambeau des furies.. C iij  38 Premier Discours. & d evènemens auffi merveilleux qu'incroyables ; elles veulent maintenant des faits vraifemblables, mais des fentimens fi merveilleux, que les leurs en foient entièrement troublés & confondus: elles cherchent enfuite, dans tout ce qui les environne, a réalifer les merveiltes dont elles font enchantées ; mais tout leur parok fans fentiment & fans vie, paree qu'elles veulent trouver ce qui n'eft pas dans la nature. Au milieu de ces occupations, de ces idees , au milieu de ce genre de vie, fi quelques paffions les faififtent, leur fang eft tout en feu; c'eft du falpêtre, c'eft du vitriol qui coule dans leurs veines, a la place du lait falutaire que la nature y avoit mis; leurs nerfs font tendus au plus haut degré, & dès le premier inftant oü la pafïion leur commande quelque effort, les vapeurs furviennent. Ce ne font plus alors ces vapeurs paffagères & fupportables qu'elles ne prenoient pas même le foin de difïïperpar les exercices du corps, & que des promenades a la campagne  Premier Discours. 39 & des alimens falubres auroient peut-être guéris: ce font des contraftions affreufes de tout le genre nerveuxla raifon fe perd , les fens s'affaiffent & s'émouffent; elles ne les reprennent que. pour jeter d epouvantables cris & s'arracher les che* veux. Bientöt a. ces tranfports furieux fuccèdent de profonds gémiflemens & des torrens de larmes, qui font interrompus a'leur tour par des grincemens de dents., par de nouveaux hurlemens, & par des convulfions. générales. Venez, femmes aimables & fenfuelles, venez contempler ce fpeftacle, s'ilen eft temps encore; & fifon feul afpeft n'eft pas capable de vous pioneer dans de pareils accès, fuyez déforr mais les dangers des faux plaifirs, des paffions fougueufes, de 1'inaftion & de la mollefie ; fuivez vos jeunes époux dans les campagnes, dans les voyages; défiezles a la courfe fur 1'herbe tendre & paree de fleurs; revenez a Paris donner a vos compagnes 1'exemple des exercices & des travaux convenables a votre fexe; aimez, élevez fur-tout vos enfans : vous faures. C iv.  40 Premier Discours. bientót combien ce plaifir eft au defius des autres, & quel eft le bonheur que Ia nature vous a deftiné: vous vieillirez lentement lorfque votre vie fera pure. Que dis-je ? vous ne vieillirez point, car vous ne ceflerez pas d'être utiles & chères a votre familie jufqua vos derniers momens j & a mefure que les progrès de lage vous enlèveront une jouiffance, elle fera remplacée par une autre d'un ordre fupérieur; vous n'aurez befoin de terminer votre carrière , ril dans la pruderie , ni dans 1'intrigue ou le jeu; vous ferez mèrea de families; 6^ vous verrez fe multiplier autour de vous les bénédi&ions de'vos enfans, & les éloges mêmes de ceux qui n'auroient pas le courage d'imiter vos vertus.  4ï DISCOURS SECOND. Sur la nature des Maladies nerveufes. Nous avons, en général, parlé des maladies vaporeufes ; nous en avons indiqué les différentes origines : il nous refte a cara&érifer ces maladies, & a les définir d'une manière qui puiffe éclairer fur leurs diverfes efpèces, & fur leurs dangers. Nous analyferons enfuite leurs caufes & leurs progrès 5 & d'après cette analyfe , on marchera, avec une forte de füreté, dans le traitement de ces maladies. Tout Médecin inftruit, confirmera par la pratiquemes obfervations, ou en découvrira le vice. S'il trouve les mêmes réfultats, fon témoignage ajoutera aux raifons fur lefquelles j'appuie la curation des maux de nerfs: fifes réfultats font difTérens ,il reétifiera mes erreurs, & j'aurai du moins fait un nouveau pas vers la vérité. J'aurai ainli la fatisfa&ion d'avoir épargné du travail a mes jeunes confrères. Ce n'eft que par ce commerce réciproque de travaux &  4i Second Discours. de lumières que la fcience s'établit & fè> fortifie en faveur de 1'humanité *. Les fymprömes nerveux accompagnent prefque toutes les maladies, foit aiguës, foit chroniques, & fe mulfiplient en raifou de la conftitution particulière des nerfs. Les douleurs, les fpafmes, les convulfions, les foibleffes, font les effets de letat malade des nerfs ; mais la caufe qui Jes produit eft fouvent éphémère, & peut fe rencontrer dans 1'organe le moins nerveux. Une violente douleur de dents, une colique, des graviers dans les reins, ne font pas des maladies nerveufes, quoique ces maladies foient accompagnées au plus haut degré de fymptömes nerveux : ces De toutes les maladies , nulle clafle n'eft plus diffkile a fixer que celle des maladies vaporeufes, vu leur grande affinité avec les autres maladies, avec qui elles fe mêlent & fe confondent. 11 eft dilïicile de déterminer dans 1'ordre des maladies, 1'efpace qu'elles occupent, le degré ou elles commencent, & celui oü elles finiflent. Jufqu'ici on ne fa point encore entrepns. Nous tacherons d'y fuppléer par notie attention & par nos remarques, & de jeter quelque lumière fur le traitement de ces maladies,  Second Discours. 43 fymptömes re tiennent point du vice des nerfs, & ne peuvent être comptés au rang des maladies nerveufes , lorfque la caufe qui les produit eft accidentelle, & lorfqu'ils ceftent avec elle. Nous appellerons donc maladies nerveufes ou vaporeufes, celles qui ont leur caufe dans une léfion particuliere , & qui tient a 1'origine des nerfs, ou a une portion de leur étendue ; celles enfin qui produifent des fymptömes fubordonnés a 1'action des nerfs. On entend par léfion particuliere , eet état de foibleffe, de mobilité & de fenfibilité extréme, qui eft, pour ainfi dire, 1'apanage des conftitutions foibles ou épuifées. La mobilité & la fenfibilité extréme des nerfs, qui proviennent d'une foible conf*' titution, peuvent être originelles & inhérentes ausHempérament, ou bien acquifes & dépendantes de caufes plus prochaines. Dans 1'un ou 1'autre cas, les premières caufes qui ont affoibli les nerfs, doivent fervir a indiquer le traitement qui leur convient.  44 Second Discours. Nous appellerons encore maladies ners veufes, toutes celles dans lefquelles 1 etat malade des nerfs peut être affez déterminépar les effers qui en réfultent, pour être affurés que les fymptömes qu'il produit font étrangers aux maladies avec lefquelles ils fe compliquent. Par exemple, fi dans une fièvre intermktente , on appercoit, avec les effets qu'elle doit naturellement produire, des fymptömes vaporeux qui s'y joignent, on peut conclure que la foibleffe naturelle aux nerfs a donné naiffance a ces fymptömes , puifqu'une perfonne dont le fyftême nerveux eüt été plus ferme, n'auroit point éprouvé ces accidens , quoique la même. caufe ftimulante eüt agi fur fes; nerfs. Nous appellerons enfin maladies nerveufes fympathiques ou fymptomatiques, celles oü le vice d'un organe, produit par une caufe phyfique ou morale quelconque, agit affez puifiamment fur les nerfs pour changer 1'ordre de leur fenfibilité ordinaire, & détruire d'une.ma-  Second Discours. 45 üière durable la férie des mouvemens que ia nature leur avoit imprimés. II eft néceffaire de bien connoitre i'intenfité de la caufe qui a déterminé les fymptömes nerveux, pour apprécier leur valeur toujours d'autant plus forte , que la conftitution nerveufe en général fera plus«foible, & que cette caufe portera fur des organes d'une fympathie plus étendue dans les produits de la fenfibilité, fur les organes fimilaires. C'eft encore a cette première caufe morbifique qu'il faut avoir égard dans le traitement des maladies qu'elje fait naïtre , & que j'appelle maladies vaporeufes fympathiques. Je n'entreprendrai pas de déterminer ft les caufes qui affeclent primitivement ou fympathiquement les nerfs , agiffent fur leurs enveloppes, fur leur fubftance médullaire, ou fur le prétendu fluide qui circule dans des cavités imaginaires. Les accidens fans nombre qui peuvent arriver a ces parties, feroient trop longs a détailier, & ne pourroient que nous égarer. Les ténèbres répandues fur les caufes des maladies  4$ Second Discours. qui agilTent immédiatement fur les nerfs, ne laüTent d'autres reffources que des hypothèfes; je me garderai bien d'en augmenter le nombre. Mais, quelle que foit 1'obfcurité de ces caufes , les effets fe manifeftent bien fenfiblement, par le défordre qui furvient aux facultés motrices & fenfitives. Leurs fon&ions peuvent être troublées par la foiblefle & 1'inertie, & par trop de force & d'activité dans leurs mouvemens. f Le vice de ces facultés dépend de la réfolution ou de la concentration des forces fenfitives & motrices. Dans le premier cas, la fenfibilité étant trop émouffée , & la mobilité fans force, on éprouve des foibleffes, des langueurs' la pufillanimité, la terreur de la mort, &c! Les fiimulus n'ontplus qu'une aêlion foible fur les nerfs; tous les organes auxquels ils fe diilribuent, ne produifent que des mouvemens lents & pénibles; les fécrétions & les excrétions font languiflantes. La paralyfie locale ou générale , complette ou incomplette , peut devenir le produit de  S-e-cond Discours. 47 Ce vice, fuivant que la puiffance motrice & fenfitive, qui fe diftribue aux mufcles par le moyen des nerfs, fera alMee, ou fuivant encore que la mobilité ou la fenfibilité feront plus ou moins léfées dans l'a&ion particulière a chaque organe. II eft facile d'appercevoir que ce genre de léfion des facultés motrices & fenfitives, fera le partage des maladies vaporeufes, que j'ai définies être le produit d'une affeaion particulière & primitive k 1'origine des nerfs, ou dans une portion de leur étendue. Dans le fecond cas, au contraire, on peut appercevoir que la concentration de ces mêmes forces produftrices du fentijnent & du mouvement, dok donner les affeftions vaporeufes que j'ai appelées fympathiques. La caufe morbifique , quelle qu'elle foit, agiflant fur un organe, y établit un centte de fenfibilité , dont la fphère d'action fera d'autant plus grande, que la caufe itimulartte fera plus forte; ce qui produira »n foyer d'irrkabilké , d'oü les mouve-  4§ Second Discours. mens fe dirigeront fur les organes les plus fympathiques avec celui qui eft le centre de leur aftion: alors lequüibre eft détruit dans la diftribution des forces fenfitives & motrices , & les fymptömes vaporeux naifient en foule. La fenfibilité exaltée dans les organes fympathiques, les expofe a une irritabilité toujours prochaine a 1'occafion du moindre flïmulus ; lés odeurs les plus foibles produifent les agitations les plus violentes, L'ame , toujours difpofée a être remuée fortement, eft livrée auxdéfordres iesplus aftreux , par la caufe Ja plus légère. Les organes qui ne forrtpas doués de la même fympathie, reftent au contraire dans 1'inerrie & la foibleffe , paree qu'ils font privés du principe de la fenfibilité & de la mobilité. Par cette caufe on .expliquera pourquoi le fpafme, la tenfion & le relachement fe rencontrent fi fouvent dans certaine partie des nerfs, dans le même temps, chez les perfonnes vaporeufes; on trouvera aufli la raifon des mauvaifes digeftions, des vents & de la conftipation. II  Secoïïd Discours. 49 II fuffit de remarquer la foibleffe des mouvemens périftaltiques , pour reconnoitre le défaut d'équilibre, qui les privé de la fenfibilité & de la mobilité qui leur eft nécelfaire. C'eft encore a eet état particulier des nerfs, qu'il faut attribuer ces mouvemens de fpafmes & d'irritations qui fe dirigent fur un ou plufieurs organes, tandis que d'autres font dans un affaiffement complet. Les bouffées de chaleurs qui fe portent vers la tête, la poitrine ou autres organes intérieurs , tandis que les extrémités font froides & languiflantes, tiennent auffi au même principe, qui fervira a explique'r tous les phénomènes que 1'on peut obferver dans les maladies vaporeufes. Quelle que puifle être la caufe irritante qui produit les fymptömes vaporeux fympathiques , elle peut avoir a-la-fois plufieurs fphères d'acfioh , ou les changer > mais alors de nouveaux défordres fe feront remarquer ; & leur fiège, ainii que leur cara&ère, ferviront a indiquer les organes primitivement affe&és par la caufe ilimulante, D  Second Discours. Cette fympathie nerveufe s'obfervè d'une manière plus particulière & mieux marquée , entre certains organes : par exemple, le hoquet annonce une léfion au «erf diaphragmatique ; le ris fardonique, au mufcle temporal j la démangeaifon du bout du nez, des vers dans les inteftins ou l'eftomac; & les douleurs de tête, une mauvaife difpofition de l'eftomac, &c. Ces mouvemens fympathiques des nerfs font très-nombreux , & paroiffent dépendre de fanalogie qui exifte entre les nerfs qui ont recu 1'impremon d'une caufe ftimulante quelconque, & ceux de 1'organe oü ils ont porté la fenfibilité fympathique, qui ne s'eft communiquée qu'en raifon de 1'homogénéité des agens qui propagent ces fortes de mouvemens. L'expérienceparoit confirmer cette opinion. Les nerfs, dans tous les individus , font doués d'une fenfibilité bien différente: ce qui irrite les uns, affeéte agréablement les autres ; & dans ie même individu, le même Jlimulus agit diverfement. Par  Secönd Discour^ exernple, 1'émétique eft un irritant trés* aflifpour 1'eftomac, & ne pröduit aucurï effet fur la membrane pituitaire. Ne pour5roit-on pas en conclure que la fenfibilité qui fe communiqué a un nerf, en fe refufant a un autre, n'eft due qu'a une parfaite analogie dans la conftitution intime de ces deux nerfs qui ont été mus par le même Jlimuhts, & que la fympathie ceffe, iorfque cette analogie manque ? Quoique les nerfs paroiffent a 1'examen parfaitement analogues, & qu'on en tire les mêmes principes darts 1'analyfe chi1mique, il eft très-vraifemblable que la nature a mis entre eux des différences qui nous échappent , & par lefquelles elle nous cache fes opérations. Si les nerfs étoient parfaitement analogues , pourquoi ne recevroient-ils pas conftamment les mêmes impreflions du même flimulus , & pourquoi ne fe les communiqueroient-ils pas indifféremment les uns aux autres ? Quoique Willis & Vieuflens aient expliqué la fympathie par la continuité & la D ij  52 Second Discours. connexion des nerfs entre eux ; quoique Ce fyftême, qu'on retrouve dans Galien, ait été fuivi par la plus grande partie des modernes; les objeöions qu'il fait naïtre font néanmoins trop fortes pour qu'il en puifie foutenir le choc, & pour être uniVerfellement adopté. La confufion qui naïtroit dans les idéés, fi cette prétendue connexion étoit admife, eft une objection puiffante contre elle. Ce .qui la confirme encore, c'eft que les nerfs, k leur origine, fuivent une direclion particulière & pre%ue ifoiée, jufqu'a 1'organe oü ils fe terminent; & c'eft en vain qu'on a recours au plexus pour les réunir; cette production de la nature eft trop compliquée pour que 1'on puifie y rien appercevoir de certain. Je penfe donc qu'il eft impoffible d'expliquer tous les p.hénomènes de.Ja fympathie nerveufe, par de fimples moyens mécaniques, par le jeu des organes qui fouvent n'ont d'autres liaifons entre eux, que des connexions générales qui fervent a unir une partie au tout dont elle émane.  Second Discours. 55 7e penfe auffi qu'il eft poffible que la fenfation qui fe perpétue dans un organe éloigné de celui qui a reen la première impreffion, foit 1'effet d'une analogie parfake entre les nerfs de ces deux organes j a peu prés comme dans deux cordes d'un inftrument, dont 1'une ne réfonne point fans exciter un frémiffement dans 1'autre. Cette analogie réfulte, fok des moiécules élémentaires , foit de leur contexture. Quoi qu'il en foit, il eft certain que la fenfibilité té tranfmet dans certains organes de l'un a 1'autre, fans autre caufe qu'une analogie qui femble les identifier, tandis que dans d'autres organes oü la fympathie ne joue pas, la fenfibilité eft nulle. Le même phénomène arrivé a peu prés. dans le mécanitme des fécrétions : le fang roüle avec lui toutes les différentes humeurs, il pénètre tous les vifcères; & il éprouve dans chacun d'eux une élaboration particulière , & un changement qui leur eft propre. J'ai dit ci-devant que les femmes étolent douées d'une plus grande fenfibilité , en D üj  f4 Second Discours. raifon d'une cohéfion moins forte dans ïes molécules conftituantes de leurs mufcles. Fourquoi ce même arrangement de partjes conftituantes ne fe trouveroit-il pas dans différens nerfs du même individu j dou il réfulteroit fans doute un changement & un ordre relatif dans leurs mouvemens, ainfi que dans leur fenfibilité ? L analogie des nerfs entre eux eft origmelle ou accidentelle, C'eft fans doute h cette dernière qu'il faut attribuer tous les mouvemens brufques & paffagers d'anXietes, d'inquiétudes, & même de dou. leurs momentanées qu'éprouvent tous les, jours les perfonnes vaporeufes,  Ï3 DISCOURS TROISIËME, Sur la Caufe immédiate des Maladies nerveufes*. La marche inconftante & bizarre des maladies vaporeufes, la variété de leurs fymptömes, les défordres multipliés qu'elles occafionnent, cachent les caufes qui les produifent fous: un nuage bien difficile a pénétrer. Les Anciens ont fait de grands efforts pour dimper ce nuage : mais, en voulant faire 1'hiftoire de la nature , ils n'enont fait que le roman. Les Modernes, plus heureux dans leurs recherches , ont éclairé de quelques lumières le traitement des maladies vaporeufes; mais ils font reftés au même point que les Anciens fur les caufes de ces maladies; & toutes les hy- pothèfes. q%'ils ont baties pour y arriver^ fe réduitent a des iuppoiitions graiuues, démenties parTexpérience, & que la raifon combat. Inftruit par les erreurs de ceux qui nioi^ D i$  56 Troisieme Discours; précédé, je deviendrai fage a leurs dépens, en m'abftenant de vouloir pénétrer dans un fanéruaire que la nature femble avoir ferme'; je mettrai un frein a mon imagination , de peur qu'elle ne m'égare fur leurs traces; & 1'ombre de la vérité ne me tiendra jamais lieu d elle. Je crois qu'il eft plus lage de fixer fes recherches, dans 1 etude de la nature , fur les phénomènes qui nous conduifent ad'autres phénomènes analogues, que de chercher des caufes phyfiques que la nature a voilées a nos yeux, fans nous laiffer aucun efpoir de jamais les découvrir. C'eft clans la liaifon & la férie d'un phénomène a un autre, dont la caufe eft déterminée, qu'on peut" trouver la caufe inconnue d'un effet phyfique analogue, puifque les effets naturels du même genre indiquent une caufe uniforme. t N<)S connoiffances fe multipiient en tau fon des phénomènes que nous découvrons dans tout ce qui a des rapports a la fenfibilité ; mais leurs caufes font cachées pour nous 5 & nous ne les trouvons que dans  Troisieme Discours. 57 la caufe connue des phénomènes qui font analogues aux premiers. L'analogie nous conduit donc a fuppofer une même caufe entre des effets femblables : tels font les limites de nos connoiffances. Peut-être feront-elles franchies un jour par quelque obfervateur des grands travaux de la nature : peut-être trouvera-t-il la caufe phyfique & 1'explication des mouvemens dans tous les états de nos organes. Autant que peuvent s'étendre nos conje&ures, il paroit poffible, par exemple, que le feu éleftrique, qui joue un röle fi intéreffant dans toutes les grandes productions de Ia nature, influe affez puiffamment fur nos organes , pour leur communiquer une portion de fenfibilité dans tous leurs états de vitalité. II eft poffible encore que les molécules élémentaires de nos nerfs, jouiffent dans chaque organe d'un mouvement émané du feu éle&ique, qui les difpofe a recevoir plus fortement i'impreflion des paffions qui leur correfpondent. Toutes ces poffibilités acquerroient de  58 Troisieme D-iscourst.' nouveaux degrés de vraifemblance, fi 1'on yenoit a bout de démontrer que le prétendu fluide nerveux n'eft qu'un mode particulier du feu éleébique, & que le principe de notre reprodu&ion lui doit toute fon énergie. . Mais aucune de ces fuppofitions nëtant démontrée, il feroit inutile de les fubftituer a d'autres fyftêmes, qui, fans être plus probables ni plus prouvés, ont joui quelque temps d'une briliante vogue,. êk fe font perdus depuis dans 1'oubli. Si 1'on peut, en quelque forte, les pardonner aux favans, c'eft qu'ils ont épargné a ceux qui leur ont fuccédé, bien des erreurs par lefquelles il faut néceflairement pafler, avant d'arriver a la vérité. Je ne donnerai pour caufe immédiate de tous les fymptömes nerveux, qu'un de ces produits dont la liaifon avec la nature eft affez intime pour merker toute 1'attention dans 1'examen des phénomènes qui en réfultent. Enfin c'eft au mouvement de la fenfibilité & de la mobilité, dont l equiJibre eft vifiblement interrompu dans dif-  Troisieme Discours. 59 férens organes, que j'attribue la caufe immédiate de toutes les maladies vaporeufes. Leur jeu eft démontré & trop connu pour avoir befoin de le démontrer encore. II ne refte donc plus qu'a examiner les modifications particulières qu'il donne a nos organes , & les diverfes impreffions qu'il communiqué a 1'ame. C'eft ce que je ferai en traitant en particulier de chaque efpèce de maladies nerveufes ; cette hiftoire conv prendra le détail de leur traitement. On pourra m'objecler que la fenfibilité & la mobilité font un mode particulier de nos organes, & par conféquent foumifes a une caufe phyfique quelconque. Je ne ferois point furpris qu'on la vit ici dans le fluide nerveux, dans les efprits animaux, ou dans le principe vital; mais je crois avoir déja répondu a cette objeftion, en difant plus haut que le défaut de comparaifon avec des phénomènes analogues, nous voiloit la découverte de la caufe de celui qui fait 1'objet de nos recherches. Or, ne pouvant mefurer la mobilité & ia fenfibilité des nerfs fur rien qui leur cor-  oo Troisieme Discours. refponde en phyfique, il eft donc impofl ftble d'en.démontrer la caufe. Son effet deviendra lui-même, par fa Iiaifon étroite avec la caufe première, une feconde caufe qui fervira a l'explication de tous les phénomènes qui dérivent d'elle, & de tous les mouvemens qu'elle communiqué. La divifion des maladies des nerfs eft la condition la plus eftentielle a leur traitement. La nature, dans le développement de chaque individu , a laifle des traces de fa marche ; & c'eft a ces mêmes traces que 1'on peut reconnoitre le tempérament qu'elle lui a donné. Pour s'affurer davantage de ce travail fecrer, le meilleur moyen eft d'étudier la conftitution morale, & de la rapprocher de 1'organifation phyfique, afin de le faire' cadrer avec elle. En approfondiflanr cette matière, je penfe qu'il feroit poffible de décöuvrir les paflions correfpondantes a chaque organe, dans tous les états de vitahté, après avoir trouvé celles qui correfpondent a chaque tempérament. Enfin, en réfléchiftant profondément fur  Troisieme Discours'. 6t Ie jeu des paffions, dans une conftitution donnée , on pourroit découviïr \ex\r jlimulus dans cette conftitution particulière, & le germe des maladies qu'elles doivent produire. Une fuite d'obfervations analogues fourniroit un ptincipe certain fur lequel on appuieroit des conféquences, des^apports & des liaifons avec le vice particulier d'un organe, & fétat moral qui lui correfpond. On le trouveroit fans doute fubordonné a la conftitution primitive du tempérament \ mais il fourniroit une nuance qui découvriroit le paffage de la nature pour arriver au développement d'un tempérament différent. Ces mêmes nuances feroient trèseffentielles a faifir, afin de calculer le traitement fur le plus ou le moins de rapports qu'elles offriroient avec les deux tempéramens dont elles formeroient le milieu. Par une fuite de recherches analogues, on pourroit encore découvrir les maladies particulières a chaque tempérament & & chaque age, comme on a obfervé les maladies endémiques aux différens climats öt  ffc Troisieme Discours. aux différentes régions. Cette manière dé voir les maladies, en même temps qu'elle repandroit de grandes lumières fur leurs caufes, offriroit des moyens de traitement beaucoup plus affurés. Une telle révolution dans I'art de guérir , produiroit de très-grands avanrages dans la^rarique, fi les hommes de génie qui éclairent leur fiècle, dirigeoient leurs travaux fur des tels principes. Ils réufft, roient fans doute a démontrer que chaque tempérament eft, par la nature, aftujetti a un genre de maladie qui ne peut pas attaquer tel autre tempérament. Cette théorie démontrée, il ne refteroit plus qu'a donner les fignes caraétériftiques des tem. peramens , & des maladies qui leur co* reipondenr. " Quelques réflexions fur les principes elementaires des maladies, ferviroient a faire connoirre leurs rapports avec les temperamens, & les dégénérations particuJieres auxqueUes ils font fujets. II en ré* ulteroit une méthode nouvelle de ciafler les maladies, qui n'auroit d'autre principe  Troisierïe "Discours. 63 que leurs rapports avec les tempéramens. L'avantage qu'en retireroit i'art de gué^ rit, fans doute feroit immenfe; mais il ne feroit pas le feul que ces principes produi* roient. En connoilfant bien les tempéramens , & les mauxfoit phyfiques-, foit moraux, qui les menacent, il feroit poffible de détourner les fléaux prêts a fondre fur la foible humanité. II feroit peut-être pomble encore de redreffer un naturel pervers, en changeant la conftitution de fes humeurs vicieufes ; alors cette conftitution fatigueroit moins fon ame tra* patiënte, dont les mouvemens toujours rapides livrent fans celfe 1'homme aux efforts d'un tempérament violent, & le portent a des excès que la raifon condamne, & ne fauroit empêcher. Nous appercevons diftin&ement dans la pratique de la médecine, plufieurs efpèces de maladies vaporeufes ^6k le fuccès de leur traitement conlïfte a les bien diftinguer. Chaque efpèce eft foumife fans doute a un tempérament particulier, comme je 1'ai obfervé ci-deflus.  64 Troisieme Discours; II eft facile de difcerner trois efpèces de vapeurs , dont les liaifons font affez éloignées, foit par les caufes, foit par leur produit. . Pour remarquer la féparation que Ia nature a mife entre elles, nous appellerons la première efpèce , affe&ion nerveufe avec matière & léfion organique. La deuxième , afïe&ion nerveufe hyftérique. La troifième , affeótion nerveufe avec relachement des folides & dégénération des humeurs. LE  DE L'INFLUENCE DES AFFECTIONS DE L'AME, DANS LES MALADIES NERVEUSES DES FEMMES. SECONDE PARTIE. SEC T ION PREMIÈRE. Maladies nerveufes, avec matière & léfion organique. CU'est dans cette efpèce de maladies nerveufes, que les affeclions de 1'ame pro- E  66 Seconde Partie^ duifent le moins d'effet j leur influence eft plutöt fymptomatique qu'eflentielle a la maladie. Un tempérament bilieux , flegmatique en eft la caufe éloignée; & c'eft le germe dont le développement produit toutes les caufes fubféquentes , dont voici les principales. Des amas de matières bilieufes dans 1'eftomac, les inteftins, le foie, la rate & les autres vifcères du bas-ventre ; des engorgemens, des concrétions pierreufes dans ces organes; la fuppreflion des régies ■ou des hémorroïdes , des vers dans les inteftins , &c. &c. La caufe immédiate de toutes les efpèces de maladies nerveufes , eft toujours une diftribution inégale du principe de la vie; & c'eft cette diftribution vicieufe qui , rompant 1'équilibre dans la fenfibilité refpeétive des organes, détruit la chainedes mouvemens, qui alfuroit la régularité de leurs fonclions.  SECTION PREMiERE. 67 Symptomes des Maladies nerveufes, avec matière & léfion organique. Lés premiers fymptómes de ce genre de maladies nerveufes, fe déclarent dans les organes digeftifs: 1'appétit eft foible & bizarre; on éprouve après les repas , des rapports nidoreux ou acides; les vents tourmentent beaucoup : les douieurs ou les mal-aifes font très-fréquens dans 1'eftomac & le bas-ventre; on vomit des matières bilieufes ou glaireufes: les digeftions font irrégulières. II fe léve des bouffées de chaleur qui portent k la tête ou fur d'autres organes* L'impreflion d'un froid gênant eft queiquefois aufii rapide : on reflent des douieurs vagues dans différentes parties du cotps. Les urines font ordinairemenr pales & limpides : le pouls eft plein & alTez fort, fouvent irrégulier , & pour 1'ordinaire plus concentré du cöté droit (que du gauche* Les fymptömes de ce genre de maladie fjoivent fe raflembler fur les organes de la  68 Seconde Partie. digeftion, ou dans les vifcères du basventre, puifqu'ils font Ie fiège de la maladie. Les humeurs que la nature a deftinées a faire la digeffion, n'ayant pas la force néceffaire pour accomplirce travail, n'impriment aux alimens qu'un changement imparfait; ils font dès-lors abandonnés a la fermentation qui leur eft propre. De-la des rapports nidoreux ou acides après les rep as : des vents qui tourmentent & fatiguent beaucoup paree que les alimens ne pouvant être affez élaborés, ou, pour ainfï dire, animalifés par les fucs digeffifs, fermentent plus long-temps dans les premières voies, & développent une plus grande quantité d'air. Les anxiétés, les ir^i-aifes tiennent a la même caufe : une digeftion laborieufe donne aux nerfs un tache trop pénible, & les efforts impuiffans nuifent a leur fenfibilité naturelle. Le chyle qui n'a pas été affez Complétement animalifé dans les premières voies, pour s'affimiler a nos humeurs & réparer nos pertes, occafionne de nouveaux dé:  Sectton première. 691 fordres en paflant dans la maffe du fang , auquel il ne fe mêle qu'avec peine, & pour perpétuer la caufe des mêmes accidens. Du même principe des mauvaifes digeftions; viennent les vomiffemens & les diarrhées; elles forment, avec le temps, des amas de matières bilieufes dans Feftomac, dans les inteftins ou dans les vif'cères. Les bouffées de chaleur, & le froid fubit que les malades reffentent, font 1'effet d'une circulation irrégulière. Les dégoüts & les appétits bizarres, dépendent des différentes altérations des fucs digeftifs, ou bien des difpofttions particulières du genre nerveux. Les douleurs vagues, qui fe font fentir * d'une manière plus ou moins fixe dans différentes parties du corps , viennent des fpafmes reproduits dans des parties éloignées des nerfs qui fouffrent une irritation locale , ou a leur origine, ou dans une portion de leur étendue , mais plus fouvent dans le canal inteftinal. La feule fympathie peut reproduire ces douleurs dans ■ E iij  70 Seconde Partie. des parties éloignées du centre de i'anec* tion primitive, par une analogie dans la fenfibilité des organes fimilaires. Les nerfs de 1'eftomac étant irrités par des matières acres; les inteftins, par des vents ou des vers ; les vifcères qui les avoifinent, par des caufes irritantes quelconques, les fenfations douloureufes qu'éprouvent ces organes, fe font reffentir' dans les parties éloignées, fympathiques, & particulièrement a la tête. Les urines pales & Iimpides viennent d'une irritation dans les nerfs des reins, $1 trés - fouvent elles font 'le fignal d'un orage dans tout le genre nerveux, Les battemens plus concentrés de 1'artere du bras droit, font 1'efFet de la circu? lation pénible qui fe fait dans le foie, t} lorfque ce vifcère eft affefté. Ce fymptöme eft conftant dans prefque toutes les maladies de eet organe ; & fouvent il peut éclairer fur le fiège, les progrès & le développement d'une maladie dont la marche feroit obfeure. L'ennui, la triftefle & toutes les affec-  Section première. 71 tions de 1'ame, dans,cette efpèce de maladies nerveufes , font prefque toujours fubordonnés aux caufes phyfiques, qui lui impriment des idees dont la teinte eft a peu prés analogue aux humeurs qui portent le trouble dans la conftitution matérielle. "Les inquiétudes , le poids que les malades reflentent fur la poitrine, le refroidiflement des extrémités, leur engourdiffement, les tiraillemens, les palpitations de cceur , les bourdonnemens dans les oreilles, les vertiges, les foiblefles font les fymptömes qui précédent les fyncopes qui arrivent fouvent avec fpafmes & convulfions, ck quelquefois fans ces préliminaires. On peut expliquer tous ces fymptömes, par les différentes modifications de la caufe immédiate de toutes ces maladies. Dans toutes les efpèces de maladies nerveufes, les difïérens fymptömes qui les caraftérifent, fe confondent en raifon de 1'analogie & de la liaifon qui fe trouvent dans les tempéramens, ou des caufes defquelles elles réfultent. E iv.  72. Seconde Partie. Traitement des Maladies nerveufes, avec matière & léfion organiquc Il offre quatre indications principales. La première, c'eft de corriger ou d'é' vacuer les. humeurs qui gênent 1'aétion des organes digeftifs, & autres vifcères. ' Lafeconde, c'eft d'avoir égard a la léfton de ces organes. La troifième confïfte a combattre 1'état nerveux de ces mêmes organes, & fon influence fur le fyftême général des nerfs. La quatrième fe rapporte aux affeétions de 1'ame , & a leur correfpondance avec les défordres matériels. La nature, dont on ne peut calculer les moyens pour la folution des maladies aiguës, n'a que de très-foibles reftburces pour la guérifon des maladies chroniques, & fur-tout des maladies nerveufes. C'eft pourquoi il faut, en général, peu compter fur fes efforts pour la guérifon de ces maladies. On a cependant remarqué quelquefois, qu'elle en a opéré la cure par des évacuations fpontanées de dépots cii-  S E C T I O N PREMIÈRE. 73 tiques, comme des varices aux jambes: mais il eft moins rare & plus naturel de voir la fdlution de ces maladies par le flux hémorrhoïdal, & fur-tout par des hémorrhoïdes blanches, des diarrhées, des dyf-, fenteries, des vomiffemens bilieux, comme 1'a ób&rvéPiquer. On les a vues encore fe terminer par un crachement continuel, ou même par un vomiffement de pituite. Nous.obferverons qüun vomiffement de pituite & de'glaires, peut beaucoup foulager ; & qu'en vomiffant fouvent de pareiiles matières, il feroit même poffible d'être guéri radicalement. Cette cure, au premier coup-d'ceil, ne paroit que palliative j mais, fi 1'on confidère que ce vomiffement & cette fputation ne peuvent fe faire fans beaucoup agiter & ftimuler 1'eftomac & les organes voifins, on fentira que leur impreflion dok produire une nouvelle chaine de mouvemens fans doute plus avantageufe que celle dont ils étoient affeaés, & par-la remonter, pour ainfi dire, les organes digeftifs au ton qui leur eft propre.  74 Seconde Partie, L'équilibre une fois détruit, on nepeut efperer de Ie rétablir qu'en imitant Ie procédé de Ia narure, qui excite dans le genre nerveux des fecouiTespius ou moins fortes, des mouvemens plus ou moins rapides, afin de ramener a leur mobilité & leur fenfibilité conftitutive, les organes qui en étoient éloignés, Ces crifes complettes par le vomifïementbilieux, glaireux, &c. ces fputations pituiteufes prouvent la vérité de ce que nous venons d'avancer. Boerrhaave dit que cette fputation pituiteufe ruine les forces des mélancoliques , caufe ce defiechement & eet état de confomption auquel ils font fujets ; 8c dans cette vue il affure qu'ils feroient mieux d'avaler leur falive que de la cracher : ' mais ce confeil me paroit pernicieux, furtout a 1'égard des femmes. Piquer a obfervé que les malades qui avaloient leur falive étoient fujets aux langueurs, aux défaillances, aux pefanteurs d'efiromac & aux vertiges. II faut donc s'attacher a corriger le vice  Section première. 75 des organes de la digeftion , qui eft le fymptöme dominant ; & rien ne paroit plus utile, pour y remédier, que cette fputation de falive muqueufe ou pituiteufe. Ces folutions fpontanées font trop rares pour que 1'on puifle y compter, & dans eet efpoir , abandonner la nature a éllemême j il faut au contraire 1'aider, en dirigeant fes moyens fur les principes que j'ai établis ci-deflus pour le traitement de cette efpèce de maladie nerveufe, i<\ Les humeurs qui féjournent dans 1'eftomac, le foi$, la rate, ou autres vifcères, peuvent gêner leurs mouvemens, & imprimer aux nerfs de ces organes des fenfations vicieufes, ou par leur quantité ou par leur nature, & le plus fouvent par Tune & 1'autre. Dans le premier cas-, les remèdes évacuans font les plus elTentiels ; dans le fecond, les correcttfs ; & dans 1'un & dans 1'autre, la combinaifon de ces deux moyens réunis produit 1'effet que 1'on doit defirer. Les évacuans doivent être choifis dans  7^ Seconde Partie.' une claffe de purgatifs dont on n'ait point a redouter 1'aótion irritante *. Les fels neutres, par exemple, font ceux qui conviennent davantage: ils font a-la-fois correcti s & évacuans j ce font les remèdes les plus propres dans les cas d'empatement * " eftcependantquelquefois néceffaire d'employer te at uT ^ tra!rem,ent' I« Purgatifs draftfques; tels que Ia fcammonee , le jalap, la rhubarbe: Tufage de laloes eft a urn quelquefois utile, en procurant des evacuations fanguines (les hémofrboïdes, les rïïes) Les poudres d^ilhaud qui ne font qu'lin purgat.fi réfineux akérés, c# fouvent produit dt bons efrets dans le cas ou une pituite épaiffe tapiffe I eftomac & les inteftins, & fur-tout s'il y a compli! canon d humeurs laiteufes. En général, les purgatifs conviennent peu dansles maladies nerveufes 5 les vomitifs produifent de meilleurs effets j & leur aftion terminée , les malades ff entent une légéreté & une alacrité bien oppofée a lafoibleffe & a la mélancolie qu'ils éprouvenfaprés lufage des purgatifs. C'eft de tous les remèdes évacuans, celui que les vaporeux fupportent le mieux Jai connu deux femmes^aporeufes qui vomiiToient fans danger &. fans douleur s & qua„d il faUoit les PVger, |etoiS obligé de les faire mettre dans le bain Le iejour plus long d'un remède irritant fur les parties nerveufes, & d'une très-grande furface (les ini&hns), donnent Texplication de ce phénomène  Section première. 77 ö'humeurs bilieufes : ils défruifent leur ftxité. II faut les donner a petite dofe& les répéter plufieurs fois dans la journée. On aide leur action par des lavemens émolliens & quelquefois purgatifs, & des décoclions de plantes nitreufes, prifes intérieurement. Quand 1'humeur a commencé a fe frayer une route par le condukinteftinal, onpeut employer des purgatifs plus énergiques. Les eaux minérales ont alors un affez bon effet; on ne dok plus redouter leur aétion fur des humeurs trop fixées dans 1'eftomac, les inteftins ou les vifcères du bas-ventre. Les purgatifs violens ne conviennent, en général, que pour excker une forte agitation, & dans 1'efpoir qu'elle fera fuivie d'un calme. heureux, en dénaturant la caufe qui a porté le trouble dans le genre nerveux. Les véficatoires peuvent- procurer le même avantage, & ajouter celui d'une dérivation ou d'une révulfion falutake.  7$ Secönöë PAïitiË; Quelques Auteurs, qui ont reconnu les bons effets de la falivation, ont recom* mandé, pour imiter ce procédé de la na* ture, de donner des friclions mercurielles, pour exciter cette excrétion; mais ce moyen pourroit devenir dangereux , & 1'utilité n'en eft pas prouvée. Les fruits mürs & fondans conviennent beaucoup. Les alimens doivent être choifts de préférence parmi les végétaux. L'état des organes de la digeftion, & Ia nature des fucs digeftifs ne les difpofe que trop a la fermentation putride, qu'il faut diminuer par un régime végétal. Les ceufs font encore plus dangereux; ils donnent une digeftion bilieufe , qui augmente la caufe de maladie ; de même qu'on les voit, dans les fièvres intermittentes, redoubler la force de 1'accès fuivant, ou ramener la fièvre fi ellé n'eft paflee que depuis peu. Les-faignées font tout-a-fait contraires dans ce genre de maladies nerveufes; s'il y a retard ou fuppreffion de flux périodique, c'eft moins ia pléthore qui en eft  Sectïon première. 79 la caufe, que la dépravation des humeurs, & le plus fouvent 1'engorgement glaireux de la matrice; & dans ces cas, la faignée eft dangereufe. Elle ne peut que diminuer la quantité du fang, mais jamais rétablir 1'équilibre dans fes principes conftituans. L'évacuation fanguine ne peut être indiquée que lorfqu'après une fuppreflion de régies ou d'hémorrhoïdes, on voit les fymptömes nerveux augmenter fenfiblement ; 1'expérience apprend qu'alors la manière la plus heureufe de tirer du fang, eft d'appliquer des fangfues a 1'anus. Le dérangement dans les régies ne doit être regardé que comme 1'effet de la maladie, & non comme fa caufe. Observation. Une demoifelle d'environ vingt ans, d'un tempérament bilieux, phlegmatique, dont le flux périodique fe faifoit très-irrégulièrement depuis long - temps, & qui éprouvoit toujours quelques incommodités a cette époque, fouvent pénible a paf-  So Seconde Partie. fer , eut une fuppreffion fubite, occafionnée par quelques contrariétés qu'on lui fit éprouver , & qui l'affe&èrent beaucoup. Deux heures après la fuppreffion, elle reffentir une douleur vive au cöté droit; quelques inftans après, une grande difficulré de refpirer, avec une oppreffion coniidérable. Des femmes dont le zèle furpafibit les lumières, offrirent leurs fervices , & s'empreffèrent de fricaffer de 1'avoine avec du vinaigre, pour appliquer fur le cöté malade ; elles employèrent en même temps rinfufion de méliffe & de fafran. Le fuccès ne fuivit point leurs efpérances, & la malade fentoit fes douleurs s'accroitre de plus en plus, avec la fièvre'& des douleurs de reins. Les fpafmes & les convulfions fe firent fentir a leur tour, & les vents la tourmentoient confidérablement. La malade étoit dans eet état, lorfque je fus appelé. On m'inftruifit qu'elle étoit fujette a des commotions nerveufes, que i'on  Section première. 8i 1'on regardoit comme des vapeurs, & que c'étoit fur-tout a i'époque* de fes régies, que ces accidens avoient lieu. On m'apprit auffi qu'elle fe plaignoit fouvent d'une fenfation douloureufe au creux de 1'eftomac; qu'elle avoit beaucoup de vents & fouvent des coliques. Tout ce détail, joint a Fétat dans lequel fe trouvoit la malade, me perfuadèrent que le genre de fes vapeurs tenoit a 1'efpèce que j'appelle maladies nerveufes avec matière. Je me décidai en conféquence a lui faire prendre d'heure en heure , des poudres compofées avec le tartre vitriolé, le nitre & le quinquina, mais ce dernier a trèspetites dofes; je lui fis boire beaucoup de petit-lait, & lui ordonnai des lavemens avec la graine de lin, le nitre & 1'huile de camomille romaine. Six heures après que la malade eüt fait ufage de ces remèdes, les évacuations bilieufes commencèrent, tous les accidens fe calmèrent; & vingt-quatre hénres après la première prife, elle fut totalement guérie, les régies ayant reparu. F  8i Seconde Partie; J'ai eu occafïon de remarquer depuis , que tou%les remèdes anti-hyftériques, pris dans les huiles effentielles & les teintures fpiritueufes, faifoient le plus grand mal a cette même perfonne, & augmentoient tous les fymptömes vaporeux auxquels elle étoit fujette. 2°. La léfion organique doit être combattue fuivant 1'organe affeété & le genre d'affeclion, des obftructions, des skirres, des concrétions pierreufes , des ulcères, des offifications, des anévrifmes, des polypes, &c. Toutes ces caufes peuvent produire des fymptömes vaporeux affez forts & affez fuivis pour en impofer fur leur principe j mais il n'échappera pas a la fagacité d'un Médecin éclairé, & il faut abandonner a fa prudence le traitement qui leur convient: il exigeroit trop de détails & des modifications trop multipliées, pour trouver place dans le plan.de eet Ouvrage. Je ne citerai qu'un feui exemple de ceux que m'a fournis Ia pratique ; il deviendra intéreffant par fa rareté , 6c par les vues  S e c t i o n première. 8} qu'il pourra fournir dans des circonftances obfcures .& incertaines. Observation. Une jeune femme dê vingt-cinq a trente ans, avoit épuifé une très-grande partie des reffources de 1'art, pour trouver du foulagement a une maladie nerveufe dont les fymptömes la fatiguoient étonnamment; elle étoit d'un tempérament bilieux décidé, & reffentoit depuis long-temps tous les accidens qui caraétérifent un tel tempérament. ' Les différens traitemens auxquels elle fut fucceflivement foumife, annonc;oient que 1'on regardoit fa maladie comme dépendante immédiatement de 1'irritabilité générale des nerfs ; mais on avoit négligé de rechercher la caufe première de cette irritabilité. La maladie avoit fait de. grands progrès; la fièvre , que jufqu'alors on avoit envifagée comme fièvre nerveufe fimple, prit un caraclère plus dangereux. Le ventre fe gonfla beaucoup, la région F ij •  %4- Seconde Partie. du foie étoit tendue & douloureufe; les fpafmes, les convulfions, prirent une marche très-rapide, & le cerveau fe dérangea. Je fus appelé a cette époque, -& mes premières réflexions portèrent fur le tempérament de la malade. II fut facile a reconnoitre ; la nature 1'avoit trop bien marqué pour qu'on s'y méprit. Ce fut cette connoiflance, jointe h 1'état du pouls du bras droit, dont les battemens étoient plus rapprochés , mais plus profonds & plus durs que de Tautre cóté , qui me donnèrent les premiers foupcons fur la véritable caufe de la maladie; & ils m'engagèrent a diriger les premiers fecours fur 1'état aétuel du foie, qui me fembloit dans un grand défordre. Je me déterminai en conféquence a faire appliquer, fur la région de ce vifcère, des linges imbibés dans une décoction chaude de quinquina, oü 1'on avoit fait dilfoudre du fel ammoniac & de 1'huile de camomille romaine. J'ordonnai intérieurement le jus de limon, avec 1'huile d'amandes douces, &  Sectïon première. 8j la liqueur dTIoffmann, pour calmer les convulfions de l'eftomac. Pour diffoudre & faire couler la bile, j'empioyai le tartre vitriolé avecle nitre. Je me fervis encore de lavemens faits avec une déco&ion très-forte de piffenlit, k laquelle j'ajoutai ie tartre foluble & le nitre , a haute dofe. La boiffon ordinaire étoit une décoction de piffenlit, ou bien de la limonades. Quand la bile commenga a couler, ce qui arriva après vingt-quatre heures de traitement, j'employai, avec les premiers remèdes, 1'huile de camomille romaine, intérieurement. Alors le ventre s'affaiffa, les convulfions finirent, & les évacuations fe foutinrent. La bile étoit très-noire : elle entraina plufieurs pierres bilieufes de la groffeur d'un pois. Les mêmes .évacuations durèrent plufieurs jours, «& ajoutèrent a chaque inftant a la guérifon, en diminuant la caufe de la maladie. Tous les grands accidens ayant ceffé , après que la caufe en fut détruite, il ne F iij  8(5 Seconde Partie. refta plus qu'a rétablir les forces qu une longue maladie avoit totalement anéanties , & a rendre aux nerfs plus de fixité dans leurs mouvemens; ils avoient perdu leur fenfibilité naturelle, par les grandes commotions qui les avoient très-longtemps agités. 3°. Pour combattre 1'état nerveux des vifcères affeaés, & détruire fon influence fur le fyftême général des nerfs, i°. II faut détruire les caufes qui impriment une fenfibilité vicieufe aux organes maladesj 2°. On dok remédier a la conftitution trop mobile & irritable de tout le genre nerveux. : Dans le premier cas , les moyens que Ton doit employer font ceux dont j'ai fait mention ci-deffus, en parlant des différentes caufes morbifiques qui peuvent affeder les vifcèaes j & leur ufage influera puiflamment fur la mobilité & 1'irritabilité générale $es nerfs. • L oblervation fuivante en eft Ia preuve.  Section première. 87 Observation. Une demoifelle de trente-cinq a trentefïx ans, éprouvoit, depuis plufieurs années, un dérangement confidérable dans Ta fanté ; fes nerfs paroilToient très-malades, & les fecouffes violentes qu'ils éprouvoient 1'avoient fort allarmée. Elle avoit confulté plufieurs perfonnes de 1'art, qui prefcrivirent beaucoup de remèdes; mais ils produifirent peu d'efTet. Cette malade étoit d'un tempérament bilieux pblegmatique ; elle étoit mal réglée ; fouvent elle avoit mal a la gorge: elle crachoit une pituite claire; fon appétit étoit bizarre: la digeftion étoit prompte, mais fuivie de vents qui 1'incommodoient beaucoup : la région du ventre étoit trésfenfible, elle étoit gonrlée & fouvent douloureufe. Les maux de gorge étoient prefque habituels.La malade avoit le teint pale; elle fembloit peu vivace: elle n'éprouvoit pas de plus grands accidens dans 1'intervalle des accès, dont elle fentoit 1'approehe par une foibleffe générale, de légers F iv  88 Seconde Partie. fpafmes dans les mufcles des parties fupérieures, & lur-tout par une abondance de larmes qui couloient malgré elle, fans que rien put 1'affliger que la confcience ou l'inftinct qui lui apprenoit la fcène dont elle étoit menacée. ^ Ces allarmes n'étoient point menfongères ; elle éprouvoit bientöt après des contraftions générales dans tout le genre nerveux, des convuifions affreufes: tous fes organes extérieurs paroiffoient a peu prés également agités par cette horrible tempête. La raifon s'égaroit; & après quelques minutes de cette puütion, elle paroiffoit dans un calme profond, qui n'étoit que 1'effet d'un accablement total. Le fommeil furvenoit pour 1'ordinaire, & k fon réveil elle n'avoit confervé de fes maux paffés que le fouvenir nécelfaire pour empoifonner le refte de fa vie. Ces accès revenoient a peu prés toutes les femaines, fans qu'aucune circonftance morale parut les hater , m les retarder. Le régime n'avoit pas une influence plus  Section première. 89 marquée fur la marche de cette maladie. Après avoir rapproché toutes les circonflances de cette maladie, après avoir réfléchi fur leur liaifon & catculé leur correfpondance, après avoir pefé les plus légers fymptömes dont le détail feroit trop long, je me perfuadai que le fiège du mal étoit dans le conduit inteftinal, & que probablement des vers en étoient la caufe. Je me difpofai en conféquence a faire prendre a la malade des bols compofés avec l'afTa-fcetida, le camphre, le fiel de bceuf, & 1'extrait de grande ciguë. Elle commenca 1'ufage de ces remèdes a petite dofe, mais je 1'augmentois journellement; & quand elle fut parvenue a prendre a peu prés un gros & demi de ciguë par jour, elle rendit deux vers par 1'efTet d'un fimple lavement : ils étoient longs d'un pied, de la groffeur d'une plume a écrire; ils avoient le corps tout rouge, & la tête armée de poils longs de plufieurs lignes, & roides comme du erin. Dans 1'intervalle qui s'écoula depuis qu'elle fit ufage des pilules ci-deffus, juf-  90 Seconde Partie. qu'a 1 epoque oü elle rendit les deux vers, elle effuya trots accès j mais les deux derniers furent beaucoup plus foibles, & j'avois trouvé les moyens de les arrêter tréspromptement, en faifant donner deux lavemens avec 1'eau a la glacé. Je fis continuer 1'ufage des mêmes bols, toujours en augmentant la dofe : ils lui ürent rendre encore trois vers femblables aux premiers.Lorfque la malade fut parvenue a prendre deux gros de ciguë par jour, elle éprouva un phénomèrje bien fingulier. Un jour qu'elle étoit environnée de plufieurs perfonnes, elles s'appercurent que fa raifon s'égaroit, par les propos fans fuite qu'elle leur tenoit; fes yeux fe troublèrent j & , fans aucune efpèce de convulfions, elle fe promenoit a grands pas dans la chambre en criant qu'elle alioit fe noyer, & elle retrouffoit fes jupons, en levant fes pieds fort haut, comme fi elle eüt été dans une rivière. On m'envoya chercher; j'arrivai, & lui fis prendre fur le champ du jus de citron, qui lui rendit toute fa raifon en fort peu de temps.  Section première. 91 Alors je dimirmai la dofe des bols de moitié; &, en 1'augmentant dans la même proportion qu'auparavant, je la fis encore monter jufqu'a deux gros: a cette époque, la malade rendit deux vers comme les premiers, mais beaueoup plus gros. Le même phénomène arriva encore avec les mêmes fymptömes > qui furent diffipés de même par le jus de citron. Je fis continuer encore pendant quelque temps les bols, mais en les diminuant tous les jours. Les accès ne revinrent plus , & il y avoit déja long-temps qu'ils étoient abfolument paffés. Les autres fymptömes s'étoient fucceffivement diffipés ; & cette crueile maladie, qui reffembloit beaucoup a 1'épilepfie, fut ainfi radicalement guérie. II ne refta plus qua rétablir les forces, qui avoient été ruinées & par la maladie, & par les remèdes. Dans le fecond cas, il faut avoir recours aux remèdes calmans & anti-fpafmodiques. Le premier des remèdes calmans, c'eft  $i Seconde Partie. le bain: il arrête le defféchement des fibres nerveufes & mufculeufes, fi commun dans les conftitutions vaporeufes. II rend aux übres leur humidité élémentaire propre a cmpêcher la confomption des mélancoliques; mais il faut prendre garde de les donner trop chauds, de crainte qu'ils n'occafionnent ou n'augmentent la congeftion des humeurs fur le cerveau. L'eau de poulet, les émulfions, les gommes étendues dans l'eau, lepetit-lait,&c. tous ces moyens font propres a détruire la trop grande irritabilité des nerfs. L ufage du laudanum exige beaucoup plus de ménagemens : il éteint, il eft vrai, une partie de la fenfibilité & de 1'irritabilité, & par-la diminue les douleurs, les fpafmes & les convulfions; mais il occaftonne des reflux d'humeurs vers le cerveau , & en facilite la congeftion fur fes membranes. II agit puiffamment fur le principe de la vie; il occafionne des foiblefies, des langueurs , des défaillances ; en un mot, ce n'eft que dans un cas extreme qu'il faut y avoir recours.  Section première. 93 Sydenham a beaucoup vanté fon laudanum liquide. II eft bien vrai que de toutes les préparations d'opium ( fi 1'on en excepte celle de Rouffeau ), elle eft la moins a rejetter; non par une des raifons qu'en rapporte Sy denham , qui eft fa plus grande folubilité. Cette vertu eft tout-a-fait indifférente, car il eft* prouvé que 1'opium agit fans être diffous j mais fa plus grande yertu tient a ce qu'il ne caufe pas de vomiffemens comme 1'opium fee *. Les demi-bains, les lavemens, les bains de pieds, font des calmans très-convenables. Mais on ne peut, en général, compter fur 1'effet de tous ces remèdes , qu'autant qu'on leur reconnoitra une vertu décidée pour corriger , changer ou détruire la caufe des mouvemens vicieux des nerfs 3 * que 1'on trouve le plus fouvent dans la conftitution élémentaire des humeurs dont 1'équilibre eft détruit. S'il y a atonie , foibleffe dans toute * Voyez un Mémoire aufll favant qu'ingénieux, lu par M. Lorry ala Société royale de Médecine, 1'année dernière.  94 Seconde Partie» Ia conftitution, ce qui facilite en général la congeftion des humeurs , & en particulier leur raptur fur quelque organe; il faut avoir recours aux amers, aux préparations de fer, au quinquina, & en général aux analeptiques. Ces derniers accidens donneroient beaucoup d'atialogie & de rapport entre cette efpèce de maladie nerveufe, & celle que j'ai appelée maladie nerveufe avec relachement des folides, &c. Auffi en parlerai-je d'une manière détaillée dans le traiment de cette efpèce particulière. 4°. Des affeótions de 1'ame. Je 1'ai déja dit, 1'organe immédiat de la penfée, dans ce genre de maladie nerb veufe , n'eft affeóté que fymptoma'tiquement; & quand on aura détruit, par les moyens que j'ai prefcrits , le vice qui règne dans les organes de la digeftion, ou les autres vifcères , on verra bientöt renaitre le calme & la férénité dans les , facul£££^morales. II faut rétablir l'harmonie dans les fonctions de chaque organe, puifque de leur  Section première. 9J cercle conftant & bien mefuré, dépendent les bonnes opérations de 1'ame. Meibomius rapporte qu'ayant purgé nn mélancolique qui avoit Fimagination ttès-affe&ée , & lui ayant donné immédiatement après des diaphorétiques , la «nature, fans doute vivement excitée par 1'acrion de ces deux remèdes en fens contraire, forma aux cuhTes un abcès qui dégéra en ulcère: il ne fe preffa pas de le confolider, & il parvint par-la a épuifer le foyer de la maladie ; il guérit radicalement 1'ame de fon malade, au grand étonnement des autres Médecins. Observation. J'ai connu un jeune homme d'envirön trente ans; il étoit d'un tempérament bilieux, mélancolique ; il avoit 1'efprit vif & pénétrant, beaucoup d'affiduité au travail j il éprouvoit très-fouvent une fenfation pénible ck un peu douloureufe du cöté droit, dans la région du foie. Ses appétits étoient bizarres, & fes digeftions i-rrégulières ; les vents 1'incommodoient  <)6 Seconde Partie.' beaucoup ; il étoit conftipé ou il avoit la diarrhée ; le plus léger mouvement inattendu produifoit des commotions & des fecoulfes très-fortes dans fes nerfs: mais, ce que je trouvai de plus remarquable dans fa fituation, c'étoit une forte difpolïtion & une tendance continuelle a Ia» colère , quand cette douleur au cöté fe renouvelloit. Elle n'étoit pas plutöt diffipée, par 1'ufage des décoélions des plantes nirreufes ou leurs fucs, le petit-lait, la limonade, les fels neutres, ou la crème de tartre avec le nitre, dont je lui confeillai 1'ufage, qu'il étoit rendu a fa tranquillité ordinaire. Mais ü quelques fautes dans le régime lui ramenoïent ces douleurs, il retrouvoit avec elles la colère & la fureur auxquelles il ne pouvoit réfifter, quand la plus légère contrariété heurtoit fes opinions ou fes goüts. Je pourrois rapporter une infinité d'exemples, qui prouveroient invinciblement la forte influence des léfions organiques fur la direóKon de nos penfées : mais perfonne ne peut douter qu'il n'7 ait une  Sectiost première, 97 \me harmonie conftante entre les caufes ïntérieures ou extérieures qui aghTent fur nos nerfs, & les fenfations qu'elles communiquent a 1'ame. L'ame fe déterminé en faveur de tel objet, fuivant 1'impreHion que eet objet a produite fur elle. S'il ne produit pas une ïmpremorï convenable , alors 1'harmonie eft détruite $ & c'eft principalement dans Pétat malade des nerfs qu'il faut en chercher la caufe. Les hypocondriaques font pour lWdinaire attaqués d'un dégout fi confidérable pour la vie, qu'ils font vivement follicités au fuicide *. II eft bien difficile d'accorder ce dégout de la vie avec la foiblefle qu'ils laiflent paroitre aux approches de la mort, * Ce phénomène pourroit s'expliquer par la plus grande fenfibilité des nerfs qui fe diftribuent aux vifcères du bas-ventre , ou leur plus grande influence fur des penfées fombres &c mélancoliques: ce qui eft affez probable, puifque les phthifiques ne craignent pas la mort, a laquelle ils touchent; & que les vaporeux la redoutent beaucoup , quoiqu'elle ne les pienace pas. G  98 Seconde Partie. & la terreur que fon ombre feule leur oc* cafionne. C'eft dans ce genre de maladies nerveufes que rentrent les maladies mélancoliques & hypocondriaques des hommes, qui n'en font éloignées que par quelques modifications qui font dues a une conftitution matérielle que la nature a en général trop différenciée de celle des femmes, pour que nous puiffions jamais y appercevoir des analogies & des rapports parfaits.  9i SECTION SECONDE, Maladies nerveufes hyflériques. J'entends fous la dénomination de vapeurs hyftériques, feulement celles dont la caufe eft inhérente a la matrice. Les Auteurs qui ont attribué toutes les aftections nerveufes des femmes au vice particulier de la matrice, fe font trompés. II eft complétement prouvé , par 1'expérience journalière, que le plus grand nombre des femmes qui ont des vapeurs, n'ont aucune affeclion ou léfion particulière a la matrice, qui puifie leur occalionner cette maladie, dont on découvre au contraire la caufe dans d'autres organes qui n'ont même que très-peu ou point du tout de fympathie avec ce vifcère. Les caufes éloignées des maladies vaporeufes hyftériques , font un tempérament bilieux-mélancolique , quelquefois fanguin-bilieux ; & les accidens auxquels ils donnent lieu, deviennent de nouvelles Gij  too Seconde Partie. caufes qui produifent 1'état vaporeux : des régies peu abondantes ou irrégulières,une vie fans aétivité, des le&ures lafcives, Ia mafturbation, des paffions malheureufes, le veuvage, &c. Les caufes plus prochaines font la fuppreffion des régies, différens vices des humeurs, des engorgemens, des skirrhes, des polypes ou des ulcères a la matrice; une ' tendance particulière d'humeurs dégénérées fur eet organe, tel qu'un lait répandu, un vice dartreux ou arthritique. La caufe immédiate eft toujours la diftribution vieieufe du principe de la fenfibilité & de la mobilité dans le fyftême général des nerfs. Symptomes des Maladies nerveufes hyjlériques. Les plus fréquens fymptömes des vapeurs hyftériques, font une douleur fourde, & quelquefois aiguë, dans la région du bas-ventre & dans les reins; des vomiflemens de bile, ou quelquefois de matières femblables au mare du café j des Mille-  Section IL ioi1; mens fréquens ; des éternuemens ; une douleur fixe a la tête ou le clou hyftérique; des pefanteurs, des engourdifïemens dans les membres; des tenfions fatigantes & douloureufes dans le bas-ventre, des contraólions a la bouche K des tintemens d'oreilles, des vertiges, des apparitions fubites de difFérens objets, des étourdiffemens, une quantité de vents dans les inteftins & 1'eftomac, quelquefois dans la matrice; ce qui produit des efpèces de rots, &c. &c. Le pouls eft ordinairement plein , le vifage rouge & animé tous les traits prennent une expreftion qui n'eft plus celle de la pudeur; les yeux font gonflés & ardens, le regard farouche & hardi. Quelques-uns de ces fymptömes précédent toujours ceux qui caraétérifent les affeèlions hyftériques décidées. Tels font les fuivans. II eft des femmes qui tombent en con~ vullion en faifant de grands cris, d'autres fans fe plaindre; il en eft qui tombent fubitement dans une fyncope alarmante , G iij  io2 Seconde Partie. qui ne fe manifefte que par de fauffes apparences d'un fommeil tranquille. Les convulfions, & même les fyncopes fuccèdent quelquefois aux ris auxquels on ne connoit point de caufes: d'autres fois, c'eft aux pleurs dont les motifs ne font pas plus raifonnables. Ces foiblefles ou fyncopes durent plufieurs inftans, quelquefois des heures & même des jours entiers, avec une privation totale de mouvemens & de fentimens. Ces malades ne donnent aucuns fignes de vie , lors même qu'on leur fait des bleffures; & elles ne recouvrent fouvent 1'ufage de leurs fens, qu'en laiffant paroitre une raifon égarée qui les livre a beaucoup d'excès. On ne peut pas être trop fur fes gardes pour^juger de la mort des perfonnes qui ont eté fujettes a ces attaques. Les livres fourmillent d'obfervations qui conftatent les funeftes erreurs dans lefquelles on eft tombé a ce fujet. II n'eft poffible d'expliquer ces différens fymptömes, que par la grande irritabilité  Section II. 103 de tout le genre nerveux, qui les difpofe k entrer en convulfion au moindre Jlimulus. La matrice eft le foyer d'oü partent tous les mouvemens d'irritation , & leurs direöions diverfes produifent des accidens difterens. La vitalité de ce vifcère eft fi fott exaltée, que fa réaaion fur les organes fympathiques leur communiqué un exces de vie qui détruit leur fenfibilité naturelle. La même caufe mettant ttop fouvent & trop fortement en jeu des reflerts qui n'étoient pas deftinés a des mouvemens aufli rapides, détruit leur a£tion ; & dès-lors 1'équiiibre général & particulier eft rompu. De-la les douleurs, les fpafmes, les convulfions, en un mot, tous les fymptömes que nous venons de décrire. Ce genre de maladies nerveufes attaque prefque toujours les femmes du tempérament auquel j'ai dit que correfpondoit cette efpèce de vapeurs. Cependant on y remarque quelquefois des fymptömes qui femblent les rapprocher de 1'efpèce que j'ai décrite dans la, G iv  'i04 Seconde Partie. Seétion précédente , ou de celle que Je décrirai dans la fuivante. Mais ces différens fymptömes ne font que le produit de quelques modifications particulières du tempérament ; & il refte aux maladies nerveufes hyftériques une empreinte & un caraclère ineffacables, qui ferviront toujours a les faire reconnoitre des autres efpèces de maux de nerfs. Quoique dans ma divifion des maladies nerveufes, j'en établiffe trois efpèces diftincles & féparées, il eft cependant des nuances intermédiaires qui peuvent les rapprocher & fouvent les^confondre. La ligne de démarcation que la nature a établie entre elles, femble alors, pour ainfi dire, effacée ; mais elle reftera cependant toujours fenfible pour le Médecin accoutumé a reconnoitre Ia marche bizarre & incertaine des maux de nerfs, & la mobilité de leurs fymptömes j il trouvera 1'explication des divers mouvemens organiques, & 1'obfcurité de leurs caufes nechappera pas a fa fagacité. C'eft fur-tout dans les maladies nerveufes que 1'on eft  Section II. io£ ienvironné de cette obfcurité qu'il n'eft poffible d'écarter qu'a la faveur d'une connoiflance intime de la métaphyfique de 1'ame, ou, fi 1'on veut, du travail de fimagination , qui régit prefque tous les mouvemens organiques chez les femmes, & fur-tout parmi celles dont la conftitution délicate & fenfible donne plus d'empire a leur ame, paria foible réfiftance que leurs organes oppofent a fes volóntés. Traitement des Maladies nerveufes hyftériques. Il fe rapporte, i°. k 1'acreté des hu-' meurs bilieufes, qui irritent le plexus nerval de la matrice, & qui ont dénaturé la vitalité de ce vifcère. 20. Au vice particulier qui affeéle eet organe. 3°. A la fenfibilité & k 1'irritabilité générale & particulière des nerfs, & a fon influence fur les paffions de 1'ame. i°. Pour remédier aux défordres que produifent les humeurs qui fe portent fur Ja matrice, il faut changer leurs qualités  io5 Seconde Partie: nuifibles, ou détruire leur tendance fur ce vifcère , afin d'y rétablir la fenfibilité dans fon équilibre conftitutif. On ne peut changer leurs qualités nuifibles, qu'en introduifant dans le fang des remèdes auxquels on reconnoiffe la vertu de dénaturer 1'humeur vicieufe , foit en s'amalgamant avec elle, & produifant un nouveau compofé, dont le réfultat n'aura plus les mêmes propriétés; foit en agiffant fur leurs principes, & les combinant différemment; foit enfin en évacuant fes humeurs vicieufes. Les remèdes évacuans quelconques, n'ont, dans ces cas, qu'un effet douteux, & fouvent dangereux , s'ils ne font pas corre&ifs des humeurs viciées. La bile très-acre qui domine dans le fang , n'eft pas évacuée par privilège aux autres humeurs, quand 1'effet d'un purgatif irritant produit une fécrétion plus abondante dans le canal inteftinal; je crois, au contraire, qu'un purgatif donné dans de pareilles circonftances, ne peut que nuire beaucoup , en occafionnant une irritabilité  S E C T I O N II. 107 tnarquée dans le voifinage de la matrice. Cette irritabilité étant excitée dans la fphère d'aétion des mouvemens lïmilaires dont la matrice eft le point de réunion, elle ne peut qu'augmenter le défordre qui règne dans ce vifcère. La faignée pourroit être envifagée fous un afpeét plus favorable; en confidérant ia révolution qu'elle introduit dans tous les mouvemens, on pourroit efpérer qu'elle changeroit la chaine vicieufe de ceux qui fe dirigent conftamment fur la matrice. Mais cette vraifemblance ne peut féduire qu'un moment; car, ft 1'on confidère que cette fuite de mouvemens contraires n'eft produite que par la nature des humeurs, on fera forcé d'avouer que ce vice des humeurs eft Findication principale a fuivre dans le traitement, puifque tous les accidens nerveux lui font fubordonnés, & n'en font que les réfultats. Rondelet défend la faignée, quand 1'atrabile p'roduit i'affe£tion vaporeufe. Sans doute il avoit raifon, & je 1'ai toujours vue produire les plus mauvais effets dans les  io8 Seconde Partie. affeftions hyftériques: la fuppreffion de* régies qui les accompagne, déterminé , pour 1'ordinaire, a ce genre de moyen; mais en réfléchiffant fur Ia conftitution élémentaire de cette efpèce d'affeftion vaporeufe, on découvre aifément que la fuppreffion des régies n eft que 1'effet de la maladie, & non fa caufe 3 on la trouvera dans 1'acreté de la bile qui abonde dans le fang, & qui détruit lequilibre de fes principes. C'eft cette même bile qui, fe portant fur les nerfs de la matrice, empêche 1'écoulelement périodique, de fe faire, par I'irritation & les conftriéïions fpafmodiques qu'elle produit dans ce vifcère. Les faignées ne peuvent, dans ce cas, que diminuer la mafte du fang, mais elles ne changent rien a fa combinaifon; auftr les emploie-t-on toujours en vain : les fangfues mêmes, dont 1'utilité paroït plus marquée , en raifon du voifmage, foit qu'on les applique a 1'anus ou au vagin, ne produifent que de très-foibles avantages & peu conftans, a moins que Ia fup-  Section 11. 109 preffion des hémorrhoïdes n'ait déterminé J'affeclion hyftérique. Les dépuratifs ou fudorifiques ne méritent pas de préférence fur les autres évacuans; leur ufage feroit au moins auffi fulpeét. La bile qui abonde dans le fang, a trop d'acreté pour être évacuée par la voie de la tranfpiration ou de la fueur; elle ne peut arriver aux extrémités des vauTeaux capillaires: leur diamètre feroit trop refferré par 1'acreté de cette humeur, qui ne peut être évacuée que par les felles ou les urines» Mais rien ne convient mieux que les délayans , les adouchTans , les calmans & les fondans , & fur-tout le régime yégétal. Les bains tiédes, le petit-lait, les boiffons légérement nitrées, les farineux légers , les mucilagineux, la gomme arabique ou adragant, le fucre de lait, le fel deSedlitz, les lavemens, l'eau de riz, de gruau oud'orge mondé, les eaux de Vals, de Sedlitz ? en un mot, tous les médica-  iio Seconde Partie. mens délayans-adouciflans, & légérement fondans, convienrient. On ne peut trop infiiïer fur les fondans végétaux, tels que les fruits mürs. Ils diffolvent les fels fixes répandus dans le fang ; ils corrigent la bile acre & réfineufe quidomine dans les humeurs, & en facilitent 1'évacuation. Les fels neutres réumffent a merveille j ils .déterminent une fonte de bile ; & ils dépurent la maffe des humeurs, en même temps qu'ils rétabliffent le calme dans le genre nerveux, en diffolvant une bile tenace fixée dansles vifcères, & dominante dans le fang. Cette fonte doit être foutenue par les purgatifs que 1'on donnera en petites dofes, & toujours avec des correclifs, tels que les gommeux & le fucre de lait, dont 1'aétion eft néceflaire pour défendre les nerfs de 1'irritation que les purgatifs pourroient occafionner. Les purgatifs aftifs deviennent mieux indiqués quand la bile noire commence a couler 3 c'eft alors que leur utilité eft mar-  SE ct1 ö n ï I. ii f quée, & que 1'on peut compter fur une guérifon prochaine. Observation. Une femme de vingt-deux a vingt-quatre ans, mariée depuis peu, d'un tempérament exceflivement bilieux, étoit fujette, depuis quatre ou cinq ans, a des attaques de nerfs, dont les fymptömes étoient allarmans. La familie de cette jeune perfonne avoit efpéré que le mariage opéreroit fa guérifon, & n'avoit employé jufque-la, que les moyens les plus fimples pour arrêterles progrès d'une maladie dont on ne foupconnoit pas la véritable caufe. Le calcul fut faux; le mariage ne guérit rièn, & les attaques devinrent plus fortes & plus fréquentes: elles s'annoncoient par des baillemens réitérés ; les convuHions furvenoiént alors brufquement; elles agitoient tout le corps, & finilfoient par lailfer la malade dans une fyncope qui düroit plufieurs heures, & quelquefois un jour entier. L'accès fini, la malade ne fe plaignoit point j elle difoit même ne réfïennr aucun  tté Seconde JpARTf. mal: mais ces fecoulTes phyfiques avoient tellement ébranlé fa raifon , qu'elle n'avoit plus aucune jultefie dans les idéés, ni décence dans les fentimens. Elle fe Hvroit k des excès de haine & d'amour, qui n'annon$oient que trop 1'agitation de fes fens, & le défordre de fa raifon. Tout ce qui lui devoit être le plus cher dans la nature, étoit devenu 1'objet de fa haine; & ces tendres élans d'une ame délicate & fenfible , qui 1'attire doucement vers celui qui a mérité fon choix, ne paroiflbit en elle qu'un appétit groflier qui 1'entrainoit rapidement vers le premier objet dont elle étoit frappée ; fouvent même fon imagination féduite, lui choififlbit des fantömes auxquels elle fe livroit dans le tumulte de fes fens. Ces efpèces de crifes fe répétoient plufieurs fois dans la journée, & laiflbient conftamment la malade dans un état de ftupeur & d'accablement. Les accidens phyfiques paroilToient beaucoup moins confidérables que le défordre moral, 14  5 E C T l O N 1 L 115 La malade fe plaignoit quelquefois de ïenfïons fatigantes, mais peu douloureufes, dans le bas-ventre. Les urines étoient claires & limpides; le pouls très-dur & plein, le regard étoit farouche & hardi \ le vifage prefque toujours animé ; 1'appétit étoit foible, le fommeil agité & fouvent interrompu. On avoit employé déja beaucoup dé remèdes contre cette maladie, lorfque je fus confulté. Les bains tièdes, les bains fróids, les douches avec l'eau a la glacé, les faignées* les narcotiques & les véficatoires, étoient les principaux remèdes que 1'on avoit mis en ufage. Après avoir réfléchi profondément fur cette maladie, je me décidai a fuivre une méthode de curation différente, & je me propofai de remplir les trois indications fuivantes. La première, de dépurer la maffe du fang des humeurs bilieufes excefïïvement acres qui y dominoient. La feconde, de détruire leur dire&ion  ,i4 Seconde Partie; fur la matrice, & de donner des modifications plus heureufes aux paffions correfpondantes a ce vifcère. La troifième, de calmer la grande agitation de tout le genre nerveux. J'employai, pour remplir la première indication, des poudres compofées avec le fucre de lait, le tartre vitriolé, & un peu de gomme arabique; la malade prenoit de cette poudre a petites dofes, mais fouvent : je lui fis faire ufage en même temps de jus de piffenlit, & d'une décoction de faponaire. Pour remplir la feconde indication > j'employai des purgatifs a petites dofes, tous les deux ou trois jours: je les joignois h la poudre ci-deffus. J'employai encore le camphre combine avec le nitre. Pour fuivre la troifième indication, je fis prendre tous les jours a la malade, des bains de bouillons de tripes. Après un mois d'ufage de ces remèdes combinés, les évacuations bilieufes commencèrent a s'établir. Je les entretins avec  Section TI. it* les mêmes remèdes, en. y ajoutant le nel de boeuf a hautes dofes; après quinze jours de fon ufage , les évacuations devinrent noiratres, fe foutinrent pendant plus d'un mois de Ia même qualité, a 1'exception des jours que je fufpendois 1'ufage des purgatifs : a cette époque, elles devinrent jaunatres. Je cherchai encore a les entretenir, en diminuant cependant Ia dofe de tous les médicamens, & fur-tout des purgatifs. La maladie avoit bien changé de face: les convulfions étoient abfolument ceflees; mais 1'ame fembioit fixée dans un état d'étonnement qui avoit pris la place de tous les excès auxquels elle s'étoit livrée. Après quelques femaines, fes fentimens naturels fe ranimèrent par degrés, & lui rendirent bientöt toute fon énergie. Enfin la nature triompha, & rentra dans tous fes dro?ts. 2°. Pour détruire les différens vices qui affe&ent la matrice: Les faignées, les fétons, les ventoufes, les véficatoires & les cautères , font les moyens fur lefquels on compte peut-être trop j ce n'eft que dans des cas d'inflarm« H ij  u£ SecoNÓe Partiemation, de fluxion ou d'engorgement cori' fidérable fur ce vifcère, qu'il faut y avoir recours, comme dans celui oü 1'on craindroit les ulcères, les obftrucüons, les skirhes, ou bien quand ces maux font déja formés: alors ces moyens peuvent convenir pour arrêter leurs progrès, en faifant révulfion des humeurs, & en établiffant une évacuation avantageufe. Le p'us grand inconvénient des véficatoires dans ces fortes de maladies , c'eft que les fels acres & cauftiques des cantharides, étant diflbus dans le fang, augmentent encore lacreté des humeurs, & fur-tout leur impriment une tendance fur des organes* qui ne font que trop difpofés è 1'irritation. Les vices que je viens de nommer font quelquefois la caufe des affeclions nerveufes hyftériques ; leur traitement eft toujours fort difficile , & le fuccès trèsjncertain. Les modifications auxquelles ii eft foumis, étant trop nombreufes pour I* Je veux dire les organes de la génération,  SE CTION II. ny itablir & détailier les principe» qui doivent les éclairer, nous ne pourrions nous livrer a ces recherches qu'en fortant du plan que nous nous fommes formé. La grande irritabilité de la matrice, empêche fouvent le flux menftruel; & le féjour du fang dans ce vifcère, occafionne des convulfions hyftériques auxquelles on remédiera par les moyens que nous avons indiqués. II arrivé aufli quelquefois qu'une conformation vicieufe de la matrice, empêche levacuation périodique de fe faire aufli complétement qu'il eft néceffaire pour la fanté : alors il faut avoir recours a des moyens chirurgicaux. II arrivé fouvent encore , & fur-tout aux jeunes filles , quoique bien conftituées, que leurs régies font incertainesj & quelquefois elles n'ont pas encore paru, quoique lage oü elles devoient naturellement paroitre foit déja pafte. Les Auteurs qui ont traité du chlorofe, ont, pour la plupart, attribué fa caufe au deyeloppement encore imparfait de la ma-  ïi8 Seconde Partie. trice, & de tout 1'individu; regardant Ie flux menftruel, comme le furplus & 1'excédent des moyens que la nature emploie pour achever & entretenir fon ouvrage. Sans vouloir contrarier ce fyftême, il faut avouer de bonne foi qu'on peut lui oppofer les objeclions les plus fortes. i°. II a exifté beaucoup de femmes qui ont eu plufieurs enfans, qui ont joui de la meilleure fanté, & qui n'ont jamais été réglées. J'en ai connu qui ne 1'ont été que pendant le temps de leur groflefle.' 2°. Les plus délicates & les plus foibles font prefque toujours celles qui perdent plus abondammenr. II me femble que la nature a toujours tenu une marche trop incertaine dans 1'éruption des régies, pour que 1'on puifle expliquer cette évacuation par quelquesunes de fes lois générales. Je crois donc qu'il eft beaucoup plus naturel de chercher cette caufe dans 1'action même de la matrice, dans la conftitution élémentaire des humeurs, dans firnpulfton du principe qui vivifiera ce vif-.  Section II. 119 cère, & retardera ou changera fa vitalité, a l'époque oü la nature dirige toutes fes forces fur eet organe. Dans ces momens de crife, fi elle n'achève pas fon travail, fi fes efforts font impuiffans, ils préparent fourdement le germe de toutes les maladies qui dans la fuite affe&eront ce vifcère , & dont Finfluence s'étendra fur tous les organes, & particulièrement fur ceux dont la fympathie eft plus marquée avec la matrice. Observation, Une femme agée d'environ quarantecinq ans, étoit attaquée depuis dix ans, d'une maladie dont la caufe n'avoit pas été connue. Les fymptömes de cette maladie étoient graves, & luidonnoient tout le caraélère d'une maladie vaporeufe hyftérique. Les fpafmes & les convulftons atta-* quoient fucceflivement différens organes extérieurs; les vifcères n'étoient point a 1'abri de ces fecouffes : la région du basventre fembloit être le foyer oü fe for- H 'v  ï2o Seconde Partie. moient & s'entretenoient tous ces oragéf dans le genre nerveux. La poitrine éprouvoit un ferrement coniidérable; les palpitations de cceur étoient fréquentes: il arrivoit très-fouvent que le cou fembloit refferré par une efpèce de cordon. La tête étoit affe&ée; eet organe éprouvoit des fueurs fréquentes & des douleurs très-aiguës ; les idéés fe troubloient, & la raifon s egaroit totalement : 1'ame étoit alors livrée a beaucoup de défordres qui annongoient la grande agitation des fensj mais leur équilibre n'étoit pas plutöt rétabli, que 1'ame rentroit dans fon calme ordinaire , ayant perdu jufqu'a la confcience de fes propres erreurs. Une fueur générale annongoit toujours la fin de ces crifes-qui duroient des heures entières, & qui fe répétoient irrégulièrement plufieurs fois dans la femaine. La malade étoit alors rendue a un état plus heureux, mais elle ne jouiffoit pas d'une fanté compléte. Dans 1'intervalle des grandes attaques,, elle étoit toujours trour  $ E C T I O N II. Jlt hlêe par des douleurs vagues, des friffons irréguliers, des fpafmes dans différens organes , & une douleur cuifante conltaminent fixée fur la matrice. Le traitement que 1'on avoit mis en ufage 'contre cette maladie, annoneoit qu'on la regardoit comme occafionnée par un ulcère a la matrice; on avoit , en conféquence, employé beaucoup de faignées dans le principe: elles n'eurent pas plus de fuccès que tous les autres remèdes dont on ufa dans la fuite. Enfin, après un trés-long ufage de remèdes, je fus appelépour voir cette femme. Après 1'avoir bien examinée, & réfléchi fur toutes les circonftances de fa maladie, je vis clairement qu'elle étoit produite par un vice du fang, qui s'étoit jetté fur les nerfs de la matrice. Je cherchai a m'inftruire de fa nature ; mais toutes les queftions que je pus faire a la malade, ne m'apprirent rien. Dans cette obfcurité, j'ordonnai des remèdes dépuratifs & incififs , afin de déplacer le vice qui affe&oit la matrice,{  222 Seconde Partie. & de juger de fa nature par fes effets & fa direóKon. Les remèdes que je mis en ufage furent la décoétion de bourgeons de fapin de Ruffie, les préparations de fer, du jus de creflbn , & quelques dofes légères de quinquina. Ces moyens me réuffirent: après trok femaines , ou a peu prés, la malade fe plaignit de douleurs dans les jambes; je les fis mettre aufli-töt dans l'eau tiède, & après quelques jours, les articulations des pieds rougirent & fe gonflèrent. Les douleurs dans le bas-ventre fe calmèrent, les crifes diminuèrent, & tous lei? accidens qui les précédoient fuivirent Ia même marche. Eclairé alors fur la nature de la maladie^ mais craignant de ne pouvoir fixer fur les extrémjtés un vice qui avoit établi depuis long-temps fon fiège dans les vifcères, je me décidai a faire appliquer deux larges véficatoires aux jambes, afin de changer le foyer de cette maladie, & de 1'épuifer par une évacuation falutaire.  Section II. 12$ J'interrompis k cette époque tous les remèdes internes , excepté le quinquina que je continuai a des dofes très-légéres. Après deux mois de 1'effet des véficatoires, je les fupprimai, tous les fymptömes de la maladie ayant été détruits fucceffivement, & la malade ayant recouvré une tranquillité d'ame qu'elle avoit perdue depuis long-temps. 30. La fenfibilité générale des nerfs eft portée a fon plus haut degré d'énergie, dans l'affeftion hyftérique. La grande fympathie de la matrice avex les nerfs de prefque tous les organes les plus effentiels a la vie, les difpofe a une irritabilité toujours prochaine, & a des commotions qui portent le trouble & le défordre dans leurs fonftions. Les caufes les plus légères y donnent lieu, fur-tout quand les femmes font dans les jours deftinés a 1'évacuation menftruelle. Les fuppreffions font très-faciles dans ce genre de maladie vaporeufe, & les défordres qui peuvent les fuivre font fans nombre. Les fluxions, las inflamma-  124 Seconde Partie? tions des vifcères , Ie clou hyftériqueZ !es vomiffemens, les douleurs des reins 9 ies convulfions, les fyncopes, &c. font les maux que peuvent produire ces fuppreffions accidentelles. II n'eft pas facile de remédier a tous ces accidens, & on ne peut le faire qu'en rétabliflant l'équüibre qui a été rompu dans la fenfibilité des nerfs , & dans le mouvement des fluides $ ce moyen ramènera certainemeut 1'évacuation fupprimée, & détruira fes mauvais effets. ^ Rien ne réuffit mieux dans ces fortes d'accidens que les remèdes irritans, qu'il faut toujours appliquer dans les organes éloignés de ceux oü fe fait fentir la concentration des mouvemens d'irritation afin de faire révulfion de ces mêmes mouvemens , pour rétablir 1'harmonie dans Ia dire&ion des forces motrices & fenfitives. La faignée-, que 1'on emploie fi fouvent dans ces fortes d'accidens, ne peut réufiir que dans un petit nombre de cas. Par exemple, elle peut être employée, fuivant les lois de la dérivation ou de larévulfionj  3 F. C T I Ö N ï ï. ï l f ^out empêcher la rapidité des mouvemens ju fang qui fé porte fur quelque organe cffentiel a la vie. Endiminuant la quantité de ce fluide, on en peut empêcher les direcfions nuifibles quand on craint 1'inflammation; mais le foulagement qu'elle procure eft de peu de durée : elle diminue beaucoup les forces du principe de la vie; mais elle lui imprime rarement des directions plus avantageufes pour 1'économie animale *. Les lavemens acres, les demi-bains, les fri&ions avec la teinture de cantharides, les ligatures, les ventoufes fcarinees, les véficatoires, font des moyens de révulfion bien plus fürs, & que 1'on ne peut employer trop tót dans les cas extrêmes. Le défordre qui règne dans les idéés,' dans la mémoire & même dans la raifon, annonce affez la léfion des organes. des fens, & fur-tout du cerveau; mais le vice * J'ai vu la faignée du bras, dans une fuppreffion, être fuivie très-promptement d'une fiuxion inflammajpire a la poiuine, qui fut très-grave.  n6 Seconde Partie. quiparoit dans les nerfs de ce vifcère, elt plutöt produit par la fympathie de la matrice , qu'il n'eft eflentiel au cerveau. Les moyens de le traiter rentrent donc dans le fyftême général du traitement des vapeurs hyftériques; mais ils exigeront quelques modifications, ft les nerfs du cerveau font primitivement affectés: modifications qui doivent être peu confidérables, puifque le vice qui aura porté le trouble dans la fenfibilité des nerfs du cerveau, eft, fans doute, le même que celui qui aura détruit 1'harmonie dans les mouvemens de Ia matrice. Observation. Une femme d'environ quarante - cinq ans, d'un tempérament bilieux-mélancolique, parvenue a 1'époque du temps critique , étoit en proie depuis plufieurs années a prefque tous les accidens que peut produire 1'état nerveux-hyftérique. On lui avoit donné pen de remèdes 3 fon état ayoit toujours été envifagé comme  S ê c t i o n li. 147 Feffet préliminaire de la ceffation des régies. Les fpafmes, les convulfions, les fyncopes avoient fouvent lieu, & elle reftoit alors fans fentiment des journées entières. II régnoit une mobilité extreme dans cout le genre nerveux : le plus léger mouvement 1'effrayoit j 1'appétit étoit très-irrégulier, le fommeil fouvent interompu," les forces prefque anéanties; les coliques étoient fréquentes, les vents habituels, le pouls prefque toujours ferré & inégal. Le moral étoit encore plus affe£té que le phyfique s & la raifon le plus fouvent fans effet: 1'étonnement ou la Itupeur cara&érifoit fon état habituel; enfin toutes fes facultés morales étoient dans un fi grand défordre, qu'elle étoit abfolument nulle dans la fociété, quand elle n'en étoit pas Ie fléau. J'envifagei la caufe de ces différens accidens , comme tenant profondément a fa conftitution; vk je me perfuadai qu'une bile très-acre & alkaline abondoit dans  '128 Séconde Partie. ia maffe des humeurs, & que leur penté étant plus décidée du cöté de la matrice que de tout autre, avoit vicié Ia fenfibilité de ce vifcère, & par fympathie, détruit 1'harmonie des mouvemens des nerfs du cerveau. Je me décidai en cönféquence a employer conftamment les moyens quipouvoient changer la nature des humeurs, & en même temps leur direétion fur la matrice : cette feconde indication étoit d'autant plus effentielle a fuivre, qu'a lepoque du temps critique, ce vifcère ne fauroit être trop défendu contre l'a£tiora des humeurs. Pour remplir cette doublé indication j je mis la malade a un régime abfolument végétal, lui faifant faire ufage de beaucoup de fruits: une bière blanche trèsJégère étoit fa boiffon ordinaire : le jus de piffenlit fut a peu prés le feul remède dont elle fit ufage, a 1'exception des eaux de Sedlitz, dont elle prenoit très-fouvent, ou bien de l'eau de Vals; c'étoit ainfi que je lapurgeois: ces feuls moyens lui firent rendn?  Section II. 129 fendre des quantités énormes de bile noire; & après quelques mois de traitement, Ia conftitution phyfique & morale a-repris toute fa force & fon énergie. Les affections de 1'ame , les paffions les plus violentes tiennent de prés a ce genre de maladies nerveufes ; elles occafionnent fouvent les plus grands défordres, & fourniflent 1'indication principale, pour établir une méthode fage de curation: elles font quelquefois portées a un fi haut degré , chez les femmes attaquées de vapeurs hyftériques, qu'elles entrainent fouvent les plus fages & les plus honnêtes dans les écarts les plus codamnables. S'il paroit un inftant de calme , au milieu de ces affreufes tempêtes, c'eft alors que la vertu recueille toutes fes forces, pour leur tenir tête quand elles furviennent. De combien d'eftbrts n'a-t-elle pas befoin contre un tempérament fougueux, contre le foulèvèment des fens ? La raifon, il eft vrai, doit venir a fon fecours j mais fouvent aufli elle eft enchamée par les paffions qu'elle devoit maitrifer. Si, dans  igo Seconde Partie. une circonftance aufli critique, des livres auftères & de fages confeils font néceflaires a une femme , en la rappelant a fes devoirs par tous les moyens que peuvent fuggérer la morale- & la religion; il eft également indifpenfable de recourir aux Médecins, qui trouveront dans leur art les moyens de modérer ces paflions fougueufes qui la troublent, & de ramener le calme dans la nature, & la férénité dans 1'ame. L'équilibre une fois rétabli entre le phyfique & le moral, la raifon reprendra 1'empire fur les fens, & la guérifon fera parfaite. Mais pour y parvenir, il eft néceflaire que les Moraliftes & les Médecins foient d'accord , & qfl'ils établifient des bornes qui doivent marquer a chacun d'eux fon domaine. L'union intime que le Créateur a établie entre les deux fubftances qui conftituent 1'homme, exigedes réflexions &une étude approfondie , afin de ne pas trop s'écarter des vues de la nature; elle a des droits qu'elle réclame quelquefois avec force 3  S E C T I O N II. 131 & c'eft alors qu'il faut aband«nner les paffions a leur élan naturel, mais en dirigeant fagement leurs efforts , & pour les enchainer par le plus faint & le plus refpe&able de tous les nceuds. L'ame voudroit-ellefe détacher des fens; au moment oü elle veut leur échapper, elle reconnoit la foibleffe de fes efforts, & fe voit forcée de rentrer en commerce avec eux. C'eft dans 1'harmonie parfaite de l'ame & du corps que confifte la fanté, ce bien fi précieux a 1'humanité. J'ai fouvent Vu arriver dé très-grands défordres, pour avoir négligé de fe conformer aux vues que je viens d'indiquer ; & c'eft fur-tout chez les femmes, dont Fimagination eftfacile a s'enflammer, par 1'agacement qu'éprouvent leurs nerfs, que ces fortes d'accidens font plus fréquens. Si la caufe qui irrite leurs nerfs fe porte fur la matrice, elle excite les paffions quicorrefpondent a eet organe, de même qu'en fe dirigeant fur 1'eftomac , elle excite eet appétit exceffif que 1'on nomme faim canine. * lij  kyi Seconde Partie. Les calmllns les plus énergiques, les bains, le camphre, le nénuphar, Topiuin combiné avec le nitre, font les moyens que 1'on doit employer les premiers, afin de calmer l'eftervefcence du fang. Le traitement doit être continué avec la combinaifon des mêmes moyens, & 1'emploi de ceux que nous avons prefcrits cidefliis, fans négliger les fecours moraux dont 1'ame a befoin pour moins préfenter d'oppofition aux agens phyfiques qui doivent la rendre a des affeétions plus heureufes.  SECTION TROISIÈME. De* Maladies nerveufes avec reldchement des folides & dégénération des humeurs. Cette efpèce d'affection nerveufe, eft Ia plus commune. On peut lui afligner différentes caufes, lesunes éloignées,Jes autres occafionnelles, d'au vulfions annon§oient chaque redoublement de cette fièvre, dont la marche étoit femblable a celle des fièvres bilieufes ordinaires; elle fe terminoit par des évacua.-; tions bilieufes très-abondantes,  *54 Seconde Partie. Je la traitai d'une de ces fièvres , en lui faifant prendre de 1'orengeade pour boiffon ordinaire, & du nitre avec la crème de tartre, a petites dofes, mais fouvent répétées: Ia fièvre finit, mais les fpafmes & les contraéïions nerveufes ne furent que peu diminuées : une foiblefle générale accabloit Ia malade , une profonde mélancolie la dominoit; elle avoït prefque toujours mal a la tête, un dégout habituel, un fréquent mal de gorge, une foif continuelle. Je m'appercus qu'elle avoit la bouche en mauvais état, elle étoit très-échauftee, & fes gencives étoient gonflées & livides. Quelques taches violettes qui parurent au cou , achevèrent de me convaincre qu'un vice fcorbutique * étoit la caufe de la maladie nerveufe. Je la traitai en conféquence ; ellepritle * Le vice fcorbutique n'eft peut-être qu'une dêgénération alkaline de la bile. Ce fyttême ne feroit pas Facile a prouver 5 mais on pourroit au moins démontrer que les tempéramens bilieux font plus fujets a cette maladie, & qu'ils en éprouvent des effets bien plus rapides.  S e c t i o n III. i 5 j jus des plantes anti-fporbutiques, & la décoclion des bourgeons de fapin de Ruffie ; jé lui ordonnai un régime abfolument végétal, & elle fut radicalement guérie. Les fymptömes vaporeux diminuèrent en proportion des fymptömes fcorbutiques; la mélancolie fe diilipa, & l'ame fut débarraffée des idéés noires qui 1'avoient fi longtemps fatiguée. IIe Observation. Une Demoifelle de cinquante -Jiuit k foixante ans, d'un tempérament bilieux, éprouvoit depuis plus de douze ans des douleurs très-vives qui fe faifoient relfentir dans prefque tout le corps, mais fur-tout dans les extrémités inférieures &a la tête; des taches fcorbutiques avoient fouvent paru pendant ce laps de temps , les foibleffes & les fyncopes étoient fréquentes j 1'appétit étoit foible , les digeftions pénibles; les vents la fatiguoient beaucoup, le ventre étoit très-ferré. Depuis a peu prés lix mois, les extrémités inférieures étoient abfolument paralyfées; laviefembloitcan-  *5 Seconde Partie. tonnée dans les vifcères, &ri'avoir que peis d'a&ivité & de développement. La malade étoit dans eet état, lorfque je fus appelé : depuis dix ans elle avoit pris des remèdes dépuratifs a-peu-près de toute efpèce, & fur-tout des anti-fcorbutiques. Le peu de fuccès que ces derniers avoient eu ne me découragea point, étant dans la certitude que lê vice fcorbutique avoit produit les défordres nerveux & les autres fymptömes. Je me décidai a 1'ufage des mêmes moyens : je prefcrivis un régime végétal; & pendant deux mois entiers, j'employai la plus grande partie des antifcorbutiques , avec autant de foin & de combinaifon qu'il me fut poffible. J'eus la douleur de les voir échouer tous; ils n'avoient pas même fufpendu le progrès de la maladie : je la crus alors au deffus des relfources de 1'art; cependant le defir de foulager cette pauvre malade , plutöt que 1'efpoir de la guérir, m empêcha de 1'abandonner; & ayant fupprimé tous les remèdes ci-deffus, dont je n'avoisque tropreconnu 1'inutilité , je lui recommandaj de boirede  Section II t. M7 l'eau faturéed'airfixe : ellefuivit mon confeil, & quelques jours après elle fe fentit un peu mieux; je l'engageai a continuer , & tnêrne ?. ^ prendre trois lavemens par jour; ie mieux ie foutint , & s'accrut au point qu'en trois mois elle fut radicalement guérie. Je lui fis continuer encore trois mois après être guérie, le même remède, & 1'ai fort engagée a en prendre de temps en temps par reconnoifiance. . 11 Ie. O b s e r v a t i o n. Une Dame d'environ quarante-huit ans, d'un tempérament flegmatique , ayant pafle, depuis dix ou douze ans, le temps critique, étoit attaquée, depuis eette époque , d'une maladie cruelle , dont on étoit bien loin de foup§onner la caufe. Quelques mois après la fuppreffion totale de fes régies, elle éprouva des difficultés d'uriner ; elle reffentoit des douleurs trèsvives dans la région des reins; elles fe prolongeoient quelquefois dans dirTérentes parties du bas-ventre , & s'étendoient juf-  15$ Seconde Partie; ques dans les cuifles & les jambes. Les urines dépofoient quelquefois un limon rrès-rouge , & alors les reins étoient brülans comme du feu : d'autres fois elles dépofoient une quantité confidérable de glaires : les mouvemens, en marchant, étoient pénibles & fouvent douloureux. Tout le genre nerveux étoit d'une mobilité extreme; les fpafmes, dans différentes parties, très-fréquens3la pluslégèrecaufe, ou phyfique, ou morale, y donnoit lieu: 1'ame éprouvoit le même ébranlement, & la plus légere fenfation de peine ou de plaifir , la livroit a des efforts qui lui étoient funeftes. Tous ces accidens n'étoient que Ie prélude d'accidens beaucoup plus graves, qui fe renouveloient tous les trois ou quatre mois, depuis a-peu-près dix ans: quand ils arrivoient, la malade éprouvoit un feu dévorantdans lesreins,une douleur déchirante dans le cöté du ventre, tantöta droite, tantót a gauche. Ces douleurs alloient toujours en croiffant j la première heure, elles étoient moins vives j mais la feconde, elles  • S E C T I O N III. 159 devenoient affreufes, & finifloient par les convulfions. La feconde heurerévolue, k Ia minute toutes les fouffrances finifloient. La malade reftoit deux heuresentières fans rien reflentir qu'une très-grande foiblefle : ces deux heures de Calme écoulées, la même fcène recommencoit, & fe renouveloit ainfi fucceflivement pendant trois jours entiers ; le premier , les douleurs étoient moins fortes ; lefecond , elles 1'étoient davantage, ék le troifième encore plus. Après que ces trois journées s'étoient ainfi écoulées dans les douleurs & les fouffrances , fans qu'aucun fecours put les calmer , les ralentir ni changer leur marche, la malade reftoit dans une foiblefle excefftve : les facultés de fon ame étoient affoiblies pendant ces accès affreux. Les urines étoient fort claires avantl'attaque dont elles étoient le fignal. - Ce fut après un de ces accès , dont je fus témoin, que je commencai le traitement : je vis, du premier coup-d'ceil, que les accidens nerveux n étoient que fymp-  ióo Seconde Partie. * tomatiques : je vis quele principal fiège de Ia maladie étoit dansles reins : j'y foupconnois de la fuppuration; les urinesm'avoient femblé 1'indiquer ; mais j etois très-embarrafie fur la manière de traiter cette maladie. Je me décidai pourtant, étant perfuadé qu'une dégénération muqueufe du fang, étoit Ia caufe éloignée de la maladie, & que peut-être des graviers dans les reins en étoient Ia caufe prochaine* - J'employai, en conféquence, des fondans végétaux&minéraux, tels que le raifort, la faponaire, la ciguë, les baumes. naturels, les préparations de fer , les pur* gatifs très-aftifs. Arrivé a 1'époque oü 1'ao cès avoit coutume de revenir, je fis prendre le quinquina a très-haute dofe , afin de rompre la chaine des mouvemens qui ramenoient cette maladie. Tous ces remèdes n'eurent qu'un fuccès éphémère; ils retardèrent 1'accès de trois mois, mais il revint avec autant de force qu'avant. Pendant ce dernier accès, j'eA fayai toutes fortes de remèdes calmans: ils n'eurent aucun fuccès. Dan^  S E C T I O N I I L ï6~I Dans 1'intervalle qui s'écoula entre les deux derniers accès , la malade n'ayant rendu ni pierre ni gravier , mais ayant évacué une quantité énorme de glaires par les feiles & par les urines, pendant 1'ufage des remèdes que j'avois employés, je me décidai ales continuer; mais, foupeonnant alors quelque vice caché dans la maffe du fang, je prefcrivis des bains tièdes; & les douleurs étant toujours aufli cuifantes dans la région des reins, je cherchai a faire révulfion du vice qui s'étoit fixé fur ces organes. Je fis faire en conféquence des friétionS fur les cuiffes avec la teinture de cantharides ; elles produifirent a-peu-près 1'effet d'un véficatoire: les petites véficules auxquelles elles donnèrent lieu fe terminèrent par des dartres. Ayant fait cette découverte, je changeai le traitement: je continuai cependant les bains , prendre des bouillons compofés avec les plantes dépuratives Sc les écreviffes. Ces remèdes firent fortir des dartres jm abondance fur les cuiffes Sc les jambes. L  i6z Seconde Partie. J'employai une ample boiffon d'infufion de creffon j j'y joignis le jus de plantes dépüratives , & je purgeai très-fouvent avec des pilules de Bellofte, ou la tifane de vinache. Ce traitement dura a-peu-près quatre ou cinq mois ; les dartres difparurent, & avec elles tous les accidens auxquels elles avoient donné lieu: il y a quatre ans que ce traitement a été achevé, & la cure ne s'eft pas démentie. Les fleurs blanches font trop communes &: influent trop puiffamment fur les maladies nerveufes , pour n'en pas dire deux mots. Leur caufe eft toujours une dégénération muqueufe du fang, avec relachement dans les vaiffeaux lymphatiques de la matrice , & inertie dans eet organe. Les fymptömes effentiels de cette maladie font les tiraillemens de 1'eftomac, les laflitudes dans les bras, les jambes & les cuiffes, & enfin, 1'affoibliflement de tout le corps. Mais le premier & le plus particulier  Section I IL 16*3 fymptöme de cette maladie , doit éclairer fur le traitement; il indique que c'eft fur les digeftions que les premiers moyens doivent porter, C'eft en changeant leur nature qu'on parviendra a corriger celle du fang, &: a y rétablir 1'équilibre néceffaire. Quoique ce moyen puifte être envifagé comme général dans le traitement de toutes les maladies, cependant il eft applicable plus immédiatement au traitement des fleurs blanches. II faut donc chercher les remèdes qui produifent des digeftionsmoms muqueufes; rien ne m'a paru mieux opérer eet effet, qu'une combinaifon de nel de bceuf, de fel effentiel de quinquina, & d'extrait de gentiane» J'obferverai, a 1 egard du nel de bceuf, que c'eft le plus grand remède que 1'on puiffe mettre en ufage , toutes les fois que les fucs digeftifs ne peuvent plus produire de digeftions, ou qu'ils en produifent de mauvaifes. II a le doublé avantage de purger les premières voies des humeurs groffières qui les fatiguent, & d'en détruire la Lij  iÓ4 Seconde Partie; caufe; en fe mêlant a la mafte du fang , il y rétablit l'équilibre conftitutif. Ce médicament eft trop peu connu, ou du moins trop peu ufité en France : les Allemands en font beaueoup de cas, & s'eu fervent tous les jours avec les plus grands fuccès. Son ufage eft fufceptible de beaucoup d'extenfion ,-& ce remède peut devenir de la plus grande utilité entre les mains d'un Praticien ingénieux. Par exemple , dans les maladies chroniques; fi des obftru&ions ont détruit le jeu des vifcères du basventre , & qu'il leur en refte a peine affez pour qu'ils rempliffent leurs fonctions, la vie du malade eft alors réduite aux mouvemens pénibles de ces organes; & pour cntretenir ce refte de mouvement, il faut diriger tous les moyens vers 1'eftomac, afin que des digeftions artificielles fourniffent aux befoins de la nature , qui ne peut plus fe fuffirè. On entretiendra ainfi les difterentes fonclions des vifcères ; & en combinant ce médicament fi propre a fayorifer les digeftions, avec différens re-  S E C T I O N III. 16*5 mèdes appropriés a 1'état des vifcères , on peut parvenirpar degrés a leur rendre touteleur énergie , & a détruire des maladies que 1'on regarde communément comme incurables. Cependant il eft difïïcile de décider jufquaquel point il eft poflible de pouffer la cure de ces fortes de maladies ; mais ft tous ceux qui pratiquent Tart de guérir üfoient de prévoyance, on ne verrok pas tant de viclimes de i'hydropifie, a la fuite de-s obftrucfions, lorfqu'il étoit poffible d'étendre encore leur vie dans un affez long avenir , en empêchant les obftruétions de fe multiplier & de s'accrokre. Les remèdes fondans & toniques con-»viennent dans le traitement de cette maladie ; le r.aifort fauvage , rapé & pris en guife de moutarde, aide a dépurerJa maffe du fang, des parties muqueufês qui détruifent les forces toniques de la matrice. Les remèdes externes, tels que les injections, les fumigations , peuvent être de quelque utilité. L'état de relathement & d'inertie de la matrice, qui produit une L iij  166 Seconde Partie. efpèce de catarrhe fur ce vifcère , indique ces moyens; mais il ne faut pas les employer comme remèdes curatifs: les fleurs blanches ne doiyent pas fe guérir trop promptement. La tifane que Ton doit employer conftamment dans le traitement de cette maladie , c'eft la décoétion de bourgeons de fapin de Ruffie, a laquelle on ajoute une petite dofe de fel neutre quelconque, afin d'en obtenir plus de parties réfineufes. Ce remède eft d'autant plus für, qu'il a Ia propriété particulière de guérir un vice qui fouvent fe confond avec les fleurs blan-. ches, & en impofe aux gens de 1'art. Les pertes fanguines tiennent de prés aux caufes qui produifent les fleurs blanches ; mais leur traitement exige un détail trop long pour me permettre de m'y livrer, Je me contenterai de dire que 1'on guériroit beaucoup plus fouvent ces maladies % a quelques époques que les .femmes en foient tourmentées, fi 1'on comptoit moins fur les faignées & les aftringens, & fi 1'on s'attachoitdavantage a détruire les humeurs  Section III. 167 glaireufes & flegmatiques qui dominent dans le fang, & qui, fe dépofant continuellement fur la matrice, détruifent le ton néceflaire a eet organe, & changentinfenliblement fa vitalité naturelle. La faignée eft d'autant plus dangereufe dans le traitement de cette maladie, qu'elleeft fouvent la caufe éloignée qui la produit. Si la vertu des aftringens ne fe détruit pas dans les premières voies, elle ne peut qu'augmenter la cohéfion des fibres qui compofent les vaiffeaux de la matrice , & par eet effet , retarder quelquefois les pertes; mais leur aóHonne portant pas fur la caufe de cette maladie , ils ne la guériflent jamais: ils peuvent même la rendre incurable, en donnant plus de confiftance aux humeurs glaireufes, qui produifent , avec le temps , des engorgemens , des. skirres ou des polypes dans eet organe» O b s e r v a t i o n. Une femme de quarante - cinq ans,aï Tépoque du temps critique , qui avoit eu trois enfans, étoit d'un tempérament fan- L iv  %6è Seconde Partie.' guin-flegmatiqne; elle avoit toujours étq affez mal réglée, ce qui avoit depuis longtemps fait föupconner une maladie de raatnce. Les foupcons s'étoient fortifiés dans la fuite, par les douleurs qui fe firent ref* fentir dans ce vifcèrerLes fleurs Manches étoient habituelles; affez fouvent la malade avoit des pertes en rouge , & les douleurs alors étoient heaucoup plus confidérables. Les reins fouvent étoient douloureux, les urines trés-pales; il y avoit de temps a autre des- accès de fièvre qui duroient plufieurs jours1-, leffomac faifoit mal fes fonöions, les glaires dont il étoit rempli les rendoit difficiles & de mauvaife nature;les appétits étoient bifarres; les coliqües très-fréquentes; le ventre étoit conftammeut refferré; une foiblefle & une forte de laffitude habituelle rendoient les mouvemens pénibles; les nerfs étoient dans un mauvais état • les fpafmes & les ccnyulfions les agitoient fouvent , dans les intervalles oü de plus fbrtes crifes laiffoient a la malade quelque tranquillité. Ces crifes du genre nerveux fe mamfeftoient par des contraöions dans k  S E C T I O N III. Ió'cjj bas-ventre : bientöt après les convulfions devenoient générales; lefentiment feperdoit alors, ainfi que le mouvement, & eet état pénible duroit quelquefois plufieurs lieures. On avoit dans le principe envifagé ces état comme dépendant d'une irritation de la matrice : en conféquence on avoit employé beaucoup de faignées, de bains, & des remèdes adouciffans & calmans. Dans la fuite on avoit craint un ulcè.re. Enfin , après s'être affuré de 1'état interne de la matrice, on avoit décidé unanimement qu'il exifloit un polype affez confidérable : on prefcrivit en conféquence les remèdes préliminaires de 1'opération que 1'on avoit décidé de faire par la ligature.L'époque fixée pour latenter étant arrivée, on employa toutes fortes de moyens pour y réuffir, mais ils furent tous vains. Ie fus confulté quelque temps après fur les fymptömes nerveux qui exifloient toujours. J'annoncai que pour guérir les maux de nerfs], il falloit en détruire Ia caufe qui étoit fixée dans la matrice.  ijo Seconde Partie. J'ajoutai que je croyois qu'il exiftoit une efpèce de fongus ou emparement glaireux qu'il feroit poffible de détruire par les fondans, & qui ayant réuffi, les fymptömes nerveux fe dimperoient fans autre moven. Je calculai qu'il y avoit deux indications a remplir pour guérir radicalement cette maladie. La première, de dénaturer abfolument les digeftions qui étant toujours glaireufes, entretenoient un germe de fermentation muqueufe dans la mafte du fang, & ajoutoient cliaque jour a la maladie qu'elles, avoient produite dans Ia matrice. La feconde, d'employer des moyens loeaux, afin de fondre & divifer les matières. nuifibles qui fatiguoient la matrice, & de rendre a eet organe le ton & Ia vie qu'elles lui avoient fait perdre. Pour remplir Ia première indication , je commengai par 1'ufage des jus d'herbes, dépuratives ; j'y ajoutai dans la fuite les herbes aromatiques, telles que le ferpolet, la marjolaine."  S E C T I O N I I L 171 J'employai des bouillons compofésavec les écrevifles & le corbeau, Je^mis encore en ufage le fiel de bceuf combiné avec un peu de fel de quinquina. La boiffon ordinaire de la malade étoit une décoftion de racine de raifort fauvage; je lui en faifois prendre aufli de rapée, en guife de moutarde, a tous fes repas. Pour fatisfaire a la feconde indication, j'eus recours aux injeétions compofées avec une légere diffolution de fublimé corrofif} quelquefois je me fervois d'une injeftion d'eau de Barèges, de lavemens de café , quand les douleurs étoient trop fortes. J'appliquai fur le bas-ventre des cataplafmes anodins, ou je faifois don* ner des lavemens de lait avec les gouttes d'Hoffmann, quelquefois 1'opium. Le . régime que j'ordonnai , étoit les viandes noires, les ceufs, ayant foin d'en öter le blanc; fur-tout le gibier , les fruits mürs , le vin blanc, & du café a l'eau. Je défendois fur-tout la foupe , les farineux, les viandes blanches, le poiffon & les légumes.  *?* Secowde Partie. Deux mois après 1'ufage de ces moyens combines, les accidens diminuèrent beaucoup ; & quatre mois après les avoirtfcommencés , la guérifon fut parfaite, les matières étrangères ayant été fondues ou entrainées par lambeaux par. Ie moyen des mjeclions. Les accidens nerveux ne furent pas plus rebelles que les autres fymptömes , ils cédèrent a proportion que Ia caufe qui les produifoit s'affoibliffoit; & enfin la fanté tedevint auffi floriffante que jamais. Pour détruire la tendance a ia congefr tion des humeurs furie cerveau,ou la concentration des mouvemens nerveux fur eet organe , i°. II faut modifier 1'extrême fenfibilité des nerfs du cerveau; 29. Rétablir dans toute la conftitution un degré conftant de fenfibilité "& de mobilité moyenne; 3°. Faire révulfion de la direftion, fok des humeurs, foit des mouvemens nerveux qui fe, portent fur 1'orjgine des nerfs. I. Les remèdes antifpafmodiques font les  S e e t i o n I ï I. 173 plus propres a modifier 1'extrême fenfibilité a 1'origine des nerfs: & c'eft: par les plus doux médicamens de cette clafle qu'il faut commencer leur ufage. Les infufions de feuilles de millefeuille, de fleurs de chèvre-feuille , de fleurs de tilleul, de feuilles d'oranger, font des remèdes très-appropriés dans ces cas. Lés eaux diftillées de fleurs d'orange j de menthe, de mélifie, de lis, les eaux ipiritueufes, &c. . Après ces remèdes, onpeutenemployer de plus énergiques ; tels font Ia valériane fauvage, le camphre, le mufc, larhue, 1'afla-fcetida. Les remèdes qui n'ont qu'une vertu antifpafmodique légère , changent doucement 1'irritabilité des nerfs; ils leur impriment un nouvel ordre de fenfibilité, tandis que des remèdesplus aftifs occafionnoient des commoti ms auxquelles les nerfs ne font déja que trop accoutumés; ilsaugmenteroient tous les défordres nerveux, comme on le voit arriver lorfqu'on emploie les  i?4 Seconde Partie* effences, les efprits, les fels volatils, dans des cas de mobilité extreme. Les fleurs de chèvre-feuiile font de légers calmans qui conviennent dans les cas oü IWraintd'échauffer, & oüil eft important de calmer ia trop grande irritabilité des nerrs. Les feuilles d'oranger ont beaucoup plus de vertu j elles ont acquis une grande reputation depuis quelques années : MM. Vdn-Swieten , Storck & de Haen s'en font fervis avec beaucoup de fuccès, dans le traitement de toutes les maladies convulnves. La valériane fauvage a eu encore beaucoup plus deloges ; elle a été regardée comme un véritable fpécifique : elle raffemble plus d'obfervations en fa faveur que tous les autres remèdes antifnafmodiques. MM. Columna & Marchand ont donné beaucoup de célébrité k ce remède. Le camphre & le mufc ont une action bien connüe fur les nerfs ; mais ils doivent etre fagement adminiftrés.  S E C T ï O N III. 17^ Le caftoreum eft de tous les remèdes antifpafmodiques celui qui mérite le moins de confiance *. L'affa-fcetida réuflit très-bien quand il y a des vers dans les inteftins, & fur-tout ft on 1'affocie a la valériane fauvage. Son ufage occafionne quelquefois des bluettes devant les yeux. Si ces remèdes ne font pas fuivis d'un fuccès complet, on emploiera des moyens qui puiffent augmenter la fenfibilité dans les organes qui jouiffent d'une forte fympathie avec le cerveau, afin d'obtenir la révulfion des mouvemens d'irritation fixés fur ce vifcère. Rien n'eft plus propre a produire eet heureux effet que des lavemens acres, ou des friêtions fur les jambes avec la teinture des cantharides. II. Pour rétablir dans toute la conftitution un degré moyen de fenfibilité & de mobilité, il faut employer une alternative afiidue de bains tièdes & de bains froids, * M. Fend prétendoit qu'il n'en avoit; aucune.  176 Seconde Partie, de lavemens chauds & de lavemens a1 li glacé, 1'exercice a cheval ou en voitürej de longues courfes a pied, quand les forces' Je permettent, les friftions fèches & le repos, les plaques d'aimant, lelearicité • &c. * ? L'examen de la méthode de M. Mefmer dans le traitement des maladies, femble annoncer qu'il emploie 1'aimant, & 1'aimant pèut-être éledrifé L eledricité & Ie magnétifme ont été confidérés comme des fluides analogues entre eux, & peut-être font-ils les mêmes : ils ont peut-être aufli plus que de 1 analogie avëc le prétendu fluide nerveux 5 il eft poffible que la même caufe qui attire le fer, qui fait gronder la foudre, faffe mouvoir & fentir 1'homme. C'eft ce qu'on avóit reconnu avant M. Mefmer. Si M. Sauvage avoit voulu envelopper fes découvertes du voile du myftère, elles auroient été jugées fublimes & beaucoup plus étonnantes encore qu'elles n'ont pam lorfqu'il lesa publiées: mais ce grand homme ne cherchoit a furprendre les fecrets de la nature que pour les divulguer a 1'univers: tel doit être la conduite d'un Médecin digne de 1'art qu'il profeffe. M. Mefmer ah contraire promène fon fecret de contrée en contrée, de ville en villej & en vojrageant ainfi philofophiquement, il femble s'être impofé la j01 de le garder par-tout. II fe plaint cependant qu'il La  I e c t 2 o ar III. i77 La chaine des mouvemens qui perpétuent la fenfibilité vicieufe d'un organe .eft toujours d'autant plus forte, que 1'haJoitude de ces mêmes mouvemens eft lui a été dérobé tout récemment dans Ia capitale. Si cela eft, nous préfumons qu'il fera bientöt public (Vil mérite de L'être), puifquil eft au pouvoir dun Médecin. Quoique la curiofité du Public foit fort ralentie a ce fujet, les Médecins ne le recevront pas moins avec reconnoiflance, s'ïl peut être de quelque utilité a leur art, & 1'enrichir d'une découverte utile. \°n avoit iadis employé 1'aimant ordinaire, mais il n avoit pas produit de grands effets. Le remède de M. Mefmer en produit, dit-on 5 mais la manière dW nous femble fi peu füre, li peu fidéle, qu'il ne peut menter a fon Auteur qu'un fuccès éphémère, équivoque, & clandeftiri. i°. II n'opère pas fur tous les individus. 2°. 11 agit fur quelques-uns malheureufement. Cela eft prouvé par 1'exemple d'un homme h .demi fourd amené a M. Mefmer, qui, après avoir été touché } l oreuie, eit devenu plus fourd qu'auparavant, &c. &c. 3°. Ce remède ne peut agir que Tur les maux de nerfs , & ne guérit que quelques fymptömes de ces maladies. Mik Gl|**» attaquée d'une efpèce de tympanite, après avoir employé plufieurs remèdes inutilement, fet confulter M. Mefmer, qui, en la touchant fi?i lé ventre , lui fit rendre beaucoup de vents, & la fou- M  *78 Seconde Partié. •plus conftante; & les commotions qu'elle produira feront plus vives & plus rapprochées , fuivant que la fenfibilité & la mobilité s'éloigneront davantage de leur équilibre conftitutif & inhérent a chaque organe. Les mouvemens organiques ont befoin d'un équilibre parfait pour conferver 1'intégrité de leurs fonétions, de même qu'il eft mdifpenfable pour aflurer la juftefle des opérations de l'ame; & quand cette harmonie eft détruite, il en réfulte toujours des défordres plus ou moins apparens, foit au phyfique, foit au moral. Les remèdes que j'ai prefcrits ci-deffus produifent fans doute d'heureux effets, en dirigeant la fenfibilité dans des fens oppo- lagea; mais les vents étant reproduits bientöt après, elle eut recours une feconde fois a M. Mefmef, qui ne lui procura encore qu'un foulagement momentané, fon remède ne pouvant agir fur la caufe de' la maladie. Cette Demoifelle s'eft confiée depuis aux foins d'un Médecin, qui, fans la toucher, 1'a guérie, & délivrée pour toujours des attouchemens de M9 Mefmer,  Segtion III. \y§ ïes; d'ou il réfulte une nouvelle chaine de mouvemens qui, fans être ceux que la nature defire , la ramènent pourtant a; 1'état qui lui ell convenable. III. On établira la révulfion des humeurs , ou la concentration des mouvemens nerveux qui fe dirigent fur 1'origine des nerfs ou fur d'autres organes, par les calmans , les rafraichiffans, les faignées, les fangfues, les fétons, les finapifmes, les véficatoires, les cautères, les ventoufes fcarifiées, les bains de pieds, les lavemens acres, & les demi-bains, &c. Mais tous ces remèdes ëxigent beaucoup de fagacité dans le choix, & d'intelligence dans 1'adminiflration. La tendance des humeurs vers le cerveau , annonce une grande effervefcence dans Ie fang. Les délayans, les calmans,' font les remèdes convers bles dans ce cas. Le nitre, les gommeux & le camphre, les lavemens rafraichilfans , calment la trop grande effervefcence du fang, & erapêchent fes raptus vers le cerveau. L'aiï" M ij  '186 Seconde Partie* frais & libre , tel qu'on le refpire a la campagne, eft encore d'une grande reffource ; il détend le fpafme & 1'érétifme de la peau, & facilite une circulation plus égale; il tempère la chaleur du fang, ea fe trouvant en contacf avec fes molécules pendant le temps de 1'infpiration ; il fe charge par ce moyen des vapeurs ignées qui 1'agitent : effet que n'auroit pu produire un air déja chargé de parties hétérogène^, tel que celui qu'on refpire dans les grandes villes. Les fétons, les véficatoires, les faignées,1 &c. Conviennent dans un vice particulier des humeurs, oü il eft indifpenfable de faire révulfion de 1'humeur qui fe porte fur quelque organe intérieur effentiel a la vie. Ces remèdes ont le doublé avantage d'agir comme évacuans révulfifs, & comme irritans. Cette vertu irritante ne doit point effrayer, même dans les cas oü il y a déja un érétifme fixé fur quelque partie. Le véficatoire,. en 1'appliquant fur une partie éloignée de celle oü 1'irritation  Section III. ïoY feft concentrée, agira comme révulfif de ces mouvemens d'irritation. L'irritabilité locale qu'il produira dans fa fphère d'action, attire , par 1'analogie de fes mouvemens*, les mouvemens fimilaires, & les augmente en raifon inverfe de la diminution des premiers; & par ce moyen rétablit une efpèce d'équilibre dans les mouvemens nerveux. C'eft la fans doute la manière d'agir des lavemens acres, & de 1'émétique que 1'on y ajoute a haute dofe, quand on adminiftre ces remides dans les affeótions foporeufes ou apoplecliques. II m'a toujours * réuffi dans ces cas avec la même conftance. Et une preuve encore de cette théorie, c'eft que fi on donne 1'émétique par le haut, dans ees fortes de maladies, & que le malade n'ait pas 1'eftomac rempli d'alimens ou d'humeurs, on augmente tous les fymptömes de 1'apoplexie , paree que le cercle d'aétion de 1'émétique s'étendant jufqu'au cerveau , par une forte fympa~ M üj  ï$i Seconde Partie. thie, il donne une nouvelle force d'irrltation aux mouvemens qui s'étoient concentrés fur eet organe *. Les bains de pieds, les. demj-bains, peuvent faire révulfion, foit des mouvemens ïierveux , foit des mouvemens des humeurs qui fe portent vers la tête : ces moyens, en fixant une plus grande quantité de fang dans les parties inférieures . diminuent fa tendance vers la tête, & empêchent ces effets funeftes. * Ce remède peut produire encore un autre accident dans ces cas, c eit celui de porter le fang a la tête i mais on peut Téviter en faifant ouvrir Ia jugulaire' pendant l'adtion du vomitif; ou bien en appliquant des fangfues fur difFérentes parties de la tête & du cou„  il! SECTION* QUATRIÈME. Des Maladies nerveufes des femmes enceintes. Si les femmes doivent paroitre intéreffantes, c'eft fans doute dans 1'inftant oii elles font prêtes de mettre au jour le dépot précieux que la nature leur a confié pour fe régénérer elles-mêmes, & donner aux hommes de nouveaux objets de tendrefle 8c de plaifir. Le doux fentiment que les enfans infpirent dans leurs premières années, fe fait fentir d'avance k 1'afpeft d'une femme enceinte. Mais k combien de dangers, d'inquiétudes , de fouftrances cette tendre mère n'eft-elle pas expofée ! combien ne voyons-nous pas tous les jours de fuites funeftes de fon imprudence ou de fa fenfibilité ! Je 1'ai déja dit, la mobilité des nerfs, & par conféquent la fenfibilité de ces organes , eft infiniment plus grande dans les femmes que dans les hommes. Cette mo- M ft;  *§4 Seconde Partiev biJité cette fenfibilité s'augmente au plul iiaut degre pendant Ie cours de la grof feflè ;1'état de Ia matrice étant abfolument changé, mflue puiffamment fur 1'irritabilite générale du fyftême nerveux : c'eft alors que les femmes ont befoin de tous les foins, de toute 1'attention de ceux dont elles partagent Ie fort, & dont elles font deftmees a faire le bonheur. Elles ne font plus, pour ainfi dire, maitrefies d!ellesmemes; elles ne s'appartiennent plus, elles lont toutes a Ia nature , qui a befoin de toutes leurs facultés & de toute leur exiftence. Quelle autre preuve faudroit-il de \ empire abfolu des fens, & de la fénfiÉilité nerveufe fur leur ame & fut leur volonté \ que ces larmes inquiètes & inattendues \ ce defir aftif qui ne peut déterminer lui-" meme fon objet, & fe porte au hazard fur les choies .les plus hizarres; ce changement général qui furvient dans leurs hahitudes,leurs appétits & leurs goüts? Dans eet etat elles exigent en même temps les fecours d une Médecine prévoyante,& les regards pénétrans d'un Phyficieri éclairé,  Section IV. i § 5 ÏJuels accidens n'a-t-on pas vus réfulter, dans Ia Capitale même, du défaut de confeils & de foins dans la grofteiïe des femmes ? On a vu fe détruire ainfi les rejetons les plus précieux , & des families diftinguées s'èteindre par 1'ignorance, les méprifes & les négligences du vulgaire, qui ne s'accoutume pas a regarder 1'état des femmes enceintes comme un état d'incerti-; tude, qui, s*fl n'eft pas une maladie réelle ? en exige du moins tous les ménagemens. C'eft particulièrement parmi les femmes qui jouifient des avantages de la fortune & du rang , que ces ménagemens font indifpenfablement néceffaires. Acc'outumées, par 1'abus même des richefies, a des alimens agréables, mais fouvent dangereux , toute leur organifation fe refient de cette manière de vivre; leur tempérament en eft affoibli; & cette délicatefle dé traits, & cette vivacité de phyfionomie que nous remarqupns avec tant de plaifir, fönt elles-mêmes les preuves d'une ténuité de fibres & des nerfs que 1'on ne remarque point dans les femmes qui prerinent une  iB6 Seconde Partie, rtourriture commune, mais folide, & qui fe livrent fans ceffe a des exercices groffiers, ou aux devoirs humbles, mais fatigans du ménage. II faut donc changera pour ainfi dire, leur conftitution dés le commencement de leur groffefle, les ramener par degrés a une nourriture plus fubftantielle; & ft Terreur de notre imagmation, Ie raffinement de notre luxe & de nos plaifirs, ne nous permet pas de retourner a la vie ruftique des nos aïeux, tachons du moins que nos femmes, plus aimables que leurs mères, tranfmettent a, leurs enfans , avec leurs agrémens , des organes fains & bien conformés. Si, pendant la groftefte, il furvient quelque dérangement qui provienne de la foible difpofition de la mère, employons tous nos foinspour que 1'enfant qu'elle nourrit dans fon fein n'en foit nullement affefté. Dans une telle circonftance, une femme prudente doit recourir aux confeils d'un Médecin attentif: c'eft fur-tout dans les. crifes des nerfs qu'elle en aura befoin. Si les commorions qu'elles donnent ébranlent,  Sec tio n IV. 187 toute la conftitution d'une femme, quelle impreflion ne font-elles pas fur un foible germe qui ne peut fe développer que dans la plus grande tranquillité des parties qui Je renferment ? Après avoir ainft démontré la grande utilité que les femmes des villes peuvent trouver dans un Médecin-obfervateur, je vais tacher de faire connoitre les fecours qu'il peut leur donner, felon les différentes efpèces de fymptömes nerveux qui peuvent furvenir pendant la groflefjTe, Quand le fyftême particulier des vifcères qui recèlent Ie foetus pendant la groffefle éprouve quelque dérangement, il porte le trouble dans toutes les fonctions animales. Pour prévenir eet incon-. vénient, ilfaut employer plus deprécautions que de remèdes; il ne faut pas toutè-coup changer le régime auquel la femme eft habituée , même en le reconnoiffant nuifible : il faut apporter, dans les gradations de ce changement, les lumières d'un Médecin exercé; il faut introduire peuè-peu les. alimens fains, les farineux nutri-  ï88 Seconde Partie. tifs de facile digeftion, afin qu'on les puifie lubftituer entièrement aux ragouts & aux autres mets dangereux, vers le temps oü i enfant en prenant plus de force , aura fcefom d'une nourriture plus abondante, « que le tempérament délicat de fa mère ne pourroit lui fournir fans cette fage prévoyance. II arrivé fouvent qu'en négligeant un moyen fi facile & fi naturel, les femmes groffes éprouvent des langueurs d'eftomac, de pénibles digeftions qui caufent de violens maux de tête , & un dérange. ment facheux dans les nerfs déja trop facties a irriter. Souvent encore, dans cette fituation,rigno'rance vient ajouter a la maladie ; on fiugne imprudemment la femme fouffrante, & on la privé d'une fubftance déja trop difficile a régénérer chez elle : 1'enfant ayant befoin d'une portion de fang pour fubvenir .a fa nourriture , on le pnve d'une partie de fa fubfiftance. Les maux de nerfs, dont les femmes enceintes font attaquées, fe rapprochent toujours de quelques - unes des efpèce*  S.E C T I O N IV. igc) dont j'ai parlé dans les feélions précédentes. Mais, comme elles attaquent indiftinétement un plus grand nombre de tempéramens, n'étant qu'accidentelles &. dépendantes de 1'état paffager de la matrice , elles exigent des foins particuliers. II fembleroit, au premier coup-d'ceil, que les affeélions nerveufes des femmes enceintes devroient fe rapprocher des vapeurs hyftériques ; cependant elles font d'une autre nature, & fouvent-même ces dernières font guéries par la groffefle, ou au moins fufpendues. Les femmes, dans leurs groffeffes, font difpofées, comme je 1'ai dit, a des impreffions fortes. On ne peut les tenir trop en garde contre 1'effor de leurs paffions ; les fecouffes qu'elles en reffentiroient leur feroient trop funeftes. La nature médite fes travaux en filence; & le calme eft néceffaire aux ouvrages qui fortent de fes mains. La génération eft un myftère que des hommes de génie ont inutilement voulu pénétrer ; de nouvelles tentatives pour (uprendre ce fecret,ne préfagentpeut-être  tpo Seconde Partie* que de nouvelles erreurs. Leleclricité ouvre une vafte carrière aux Savans; il eft a defirer que leurs efforts ne demeurent pas fans fuccès; les phénomènes de eet agent phyfique peuvent conduire par 1'analogie a connoitre quelques-uns des moyens que la nature ëmploie dans la génération, éclaircir nos doutes, & nous indiquer une meilleure route a tenir. On a déja foutenu qu'en éleétrifant davantage avant 1'ceuvre de la génération, deux individus deftinés k y coopérer, ils font par ce moyeh mieux difpofés k la fécondité *; & je ne fuis pas éloigné de croire qu'en les éle&rifant fans commotion au moment même , on ne puifie détruire toutes les caufes de ftérilité qui ne proviennent pas du mécanifme des organes. Peut-être que leleétricité, en agiffant au même inftant fur deux individus en contaét, y déve- * M. 1'abbé Bertholon, dans fon Ouvrage fur 1'Electricité, rapporte quun Médecin de Lyon, ayant fait éleélrifer un mari & fa femme qui n'avoient pu avoir d'enfans, deux mois après 1'ufage journalier de 1'élecsricité, la femme eft devenue grofle. . 4.  Secti on I V* 194 loppe k peu prés au même degré la fenfibilité & la vie 5 & communiquant par fon effet aux différens organes, un reffort indépendant de leur conftitution , il en peut réfulter une forte d'éqtiilibre dans les mouvemens de la nature, favorable a fes deffeins. Mes idéés fur eet objet font d'autant moins k négliger, que , ft elles ne peuvent être aufli avantageufes qu'il y a* lieu de le croire, du moins ne fauroientelles être nuifibles. II faut maintenir la fenfibilité des femmes enceintes dans une efpèce d'équilibre, en réglant leurs occupations 8c leurs plaifirs de manière è les tenir dans un aüffi grand, éloignement du tumulte que de fennui, éviter tout ce qui peut leur caufer des mbuvemens trop brufques, ou jeter leur ame dans une langueur a laquelle elle n'a que trop de penchant. Un exercice modéré , des jeux qui ne captivent point 1'efprit, la mufique fur-tout, leur lont abfolumenr néceffaires. Ce qui les environne doit refpirer une gaieté douce, & les difi» pofer k des idéés riantes. A quoi peut ^1  ioi Seconde Partïe. feryir la fortune , fi ce n'eft a adoucif les fouffrances de la vie, a en écarter les maux & les dangers ? Caufes des Maladies nerveufes des femmes enceintes. Les caufes éloignées de ces maladies, font, comme nous venons de le faire fen*tir, un régime contraire au'tempérament, une conftitution affoiblie par la mollefle^ les veilles, le défaut d'exercice & 1'abus des plaifirs, les mauvaifes digeftions qui en réfultent, &c. &c. Les caufes occafionnelles font 1'extrême mobilité & 1'irritabilité générale des nerfs, augmentée par la difpofition aéluelle de la matrice. La caufe immédiate eft faclion mécanique de la matrice fur les autres vifcères du bas-ventre, dont Ia vie particulière eft gênée par la grande extenfion de eet organè ; enfin, le changement paflager qui en réfulte dans le fyftême d'équilibre de toutes les parties qui aboutiffent au centre de eet organe. Symptomen  Secïiön IV. 193 'Symptomes des Maladies nerveufes des femmes enceintes. Les fymptömes de ces fortes de ma* ladies fe rapportent prefque tous au vifcère qui en eft ia caufe immédiate. L'enfant fe trouve gêné dans fon accroiffement, & fait fentir a la mère une forte d'angoiffe , une anxiété profonde 5 une vive douleur des nerfs y fuccède, & caufe des tiraillemens qui fe prolongent de la matrice jufques dans les cuiffes; elles s'étendent juiqu'aux reins, & fatiguent par cies fouffrances qu'on auroit peine a décrire, jufqü'a ia région du tbie. Tous les vifcères du bas-ventre éprouvent des défordres plus ou moins marqués, en proportion de la fympathie qu'Üs ont avec la matrice *. * Les anciens Médecins , &r principalement Hippocrate & Arétée, ont parlé des dcfordres qu occafionnoient les différens états de la matrice, dans les organes fympathiques. Nous aurions pu accwmuler des citations fur cette matière; mais nous penfons qu'elles feroient inutiles pour les Médecins , 6c ennuyeufes pour les gens du monde.  194 Seconde Partiè. Alors 1'eftomac ne fauroit être difpofé a recevoir des alimens ; les convulfions 1'agitent Sc produifent des vomiflemens pénibles; la poitrine éprouve des reflerremens qui, pour n'être qu'inftantanés, n'en font pas moins infupportablesi La tête eft lourde & pefante, les yeux petdent leur éclat , la voix cliange , Ie cceur eft agité par les palpitatións; les extrémités s'affoibliflent, elles éprouvent quelquefois de Ia douleur, & même des gonflemens: en un mot, les fens font affaif fés, & femblent avoir perdu leur énergie. Dans ces fortes de maladies, fi les foi» bleffes, les fyncopes, les pamoifons, font plus fréquentes que les convulfions, c'eft que la matrice fait contribuer les autres organes a ces nouveaux befoins, Sc par-la^ diminue leur vitalité naturelle , Sc fait haitre les différens accidens dont je viens de parler. Le fyftême général de leur conftitution étant changé, non-feulement elle influe fur tous les organes qui lui font fympathiques, mais encore fur les paffions qui y correfpondent.  Section IV. 195 Traitement des Maladies nerveufes des femmes enceintes. Le traitement offre quatre indic*ations: t°. 1'état d'irritabihté de la matrice ; z°. la difpofition trop mobile de tout le genre nerveux ; 30. les digeftions fatiguantes auxquelles il eft effentiel de remédier, afin de protéger Fouvrage de la génération j 40. les affeclions de l'ame qu'il faut modérer , & ramener la malade a une manière de vivre naturelle & fubftantielle. §. I. II faut s'attacher a calmer Firritabilité de la matrice, fans toucher a fa caufe qui eft trop connue pour ne pas exiger les plus grands ménagemens : on ne doit employer que les moyens les plus fimples pour calmer fon agitation , lor 'elle pourroit être funefte a la vie du fcetui , par fa violence, ou fa durée. Les anti-fpafmodiques légers fuftifent ordinairement; tk s'ils ne produifent pas affez d'effet, on peut y ajouter les bains N ij  i$6 Seconde Partie.' tièdes. Le fyftême nerveux, qui ne cherche qu'a rétablir la férie des mouvemens dont il a befoin,feconde lui-même ces remèdes, fur-tout dans les jeunes femmes. Mais, li la nature fe refufe a ces premiers moyens, on doit foupconner un vice caché antérieur a la groffefle, & qu'il faut rechercher, en examinant foigneufement le tempérament de la maladei C'eft d'après eet examen que 1'on doit établir une méthode de curation dont le plan fera raifonné fur le genre de vice qui affecfe la matrice. La variété infinie qui fe trouve entre les différentes affeétions nerveufes qui proviennent de Ia matrice, exigeroit des détails qui ne peuvent trouver place dans eet ouvrage, & fur lefquels il faut s'en rapporter a 1'expérience & a la pratique. Mais voici une obfervation générale qu'il ne faut pas perdre de vue : les Praticiens accufent trop fouvent 1'interruption des régies de tous les accidens qui arrivent dans les commencemens de la groffefle; ils ne veulent pas s'accoutumer a regarder  S E C T I O N IV. *97 Ia groffefle comme un état naturel a la femme ; & paree qu'elle eft enceinte, on eft perfuadé qu'on ne fauroit lui faire verfer trop de fang ; tandis que les femmes de la campagne, celles qui vivent dans des climats oü la médecine n'a point encore fait de progrès, jouiffent d'une fanté parfaite pendant la groffefle, & accouchent heureufement lans jamais être faignées. Ce n'eft point 1'interruption des régies qui caufe les accidens trop communs dans la groffefle des femmes de nos villes; mais 1'affoibliffement trop ordinaire de leur conftitution : par .conféquent, loin que la faignée puiffe leur être utile, c'eft peutêtre un des plus grands fléaux qu'elles aient a redouter. Elles ont a peine affez de vie pour la partager avec la nouvelle créature qu'elles recèlent dans leur feiiij & on veut leur öter la meilleure partie de ce qui leur en refte. Par cette erreur, les accidens redoublent & s'aggravent j & on y ajoute eneore tous ceux que la faignée peut produire. Ces derniers acci~  iq8 Seconde Partie. dens font fans contredit les plus redouta-; bles. Si la femme enceinte triomphe, par fa jeunefle, des maux que la faignée peut produire dans les premiers mois de la grof feffe, il eft rare qu'elle puiffe éviter ceux qui furviennent vers la fin & après la couche. Les faignées difpofent la matrice aux évacuations fanguines, & provoquent par eet effet les faüffes-couches dans les premiers temps de la groffefle. A une époque plus avancée , elles relachent la matrice, &la difpofent mal aux fonétions qu'elle doit remplir. Dans tous les temps, elles épuifent les forces des femmes; elles ufent leur vie, & leur.caufent une vieilleffe prématurée. II eft quelques tempéramens fanguins auxquels ce genre de fecours peut être néceflaire pendant la groflëfie , comme dans les autres momens de la vie ; mais elle eft fur-tout dangereufe aux tempéramens bilieux & flegmatiques. II ne faut pas fe méprendre aux gonflemens de quelques veines, qui fembleroient prouver une difficulté dans-la cir-  S E C T I O N IV. 199 culation pendant la groffefle *, ni a quelques fymptömes qui femblent annoncer que le fang eft porté a la tête. A ce prémier afpecl, tout Médecin femble devoif être difpofé a ordonner la faignée. Mais fi 1'on réflechit que la caufe de tous ces fymptömes eft purement mécanique, on trouvera plus convenable d'employer des moyens doux qui rétabliront fegalité, autant qu'il eft poffi.ble, dans la circulation, en attendant patiemment 1'inftant qui doit mettre fin a eet état pénible. L'ufage du quinquina pris en petite dofe, & les infufions légères de végétaux amers, font très-propres a établir 1'équilibre de la circulation du fang pendant la groffefle, en même temps qu'ils facilitent, les digeftions , & font éviter aux femmes ces * Rien de fi commun q«e de voir furvenir 1'hydropifie dans ces cas; ou au moins l'infiltration du tiffu cellulaire des parties inférieures , lorfque 1'on. emploie la faignée, paree que ces accidens proviennent de la preifion de la matrice fur les artères iliaques, & que la faignée ne fauroit y remédier: mais, en affoibliflant toute la conflitution , elle difpofe a 1'hydropifi^ N iv  200 Seconde Partie. dérégiemens d'appétit fi fouvent dangereux *. ° " Observation. Une femme de vingt-deux ans étok grofle pour la quatrième fois*$ fes trois premières groffeffes avoient été pénibles ; fon tempérament étoit biiieux-fanguin \ elle digéroit mal; & pour y reroédier, on la faignoit tous les mois: Ioin qu'elle en fut fouiagée, fes fouffrances redoubloienti elle étoit fans force , accablée de langueur ; elle vomiflbit tous les jours: fes accouchemens avoient été facites, mais fuivis de pertes qui 1'avoient laiffée dans un état de foiblefle fi grand, qu'on avok crainr pour fa vie. La fièvre de lait avoit un cara&ère humoral } elle avoit duré a-peu-près trois femaines, dans les trois premiers accou- ■ f Les Négrefles dans nos Ifles de 1'Amérique, ont le plus grand foin de faire ufage des végétaux amers, don* elles connoiflent parfaitement la vertu j par ce moyen elles ne votaiffent jamais, M font jamais faignées , & accouchent heureufemenc.  S E C T I O N IV. 201 chemens. Enfin, les forces revenoient li lentement, que fa fanté reftoit très-chancelante dans 1'intervalle des groflefles.» C'eft ainfi que s'étoient écoulées les premières années de fon mariage, & les plus belles de fa vie. Ce ne fut qu'au commencement de fa quatrième groflefle que je fus appelé ; je lui prefcrivis un régime fortifiant, un exercice fuffifant & réglé, & je fupprimai fur-tout les faignées: je la pürgeois doucement tous les mois; & remarquant que la bile étoit difpofée a s'arrêter dans le foie , j'avois foin de ia faire couler par 1'ufage des plantes nitreufes & amères. Vers le milieu de la grofiéffe, pour fortifier fa conftitution, & appaifer les commotions nerveufes qui étoient fréquentes, je lui fis prendre quelques bains de rivière, qui réuffirent parfaitement: tous les accidens ceflerent, 1'accouchement fut heureux, le rétabliflement très-prompt; enfin 1'enfant provenu de cette couche eft le mieux conftitué de fa petite familie. Le tempérament de la mère a repris fa pre-  iGi Seconde Partie. mière vigueur j & un cinquième accou' chement a été encore plus heureux. §. II- On remédiera a la difoofition tron mo¬ bile de tout le genre nerveux, par 1'ufage des antifpafmodiques que nous avons déja indiqués pour les circonftances analogues., dans les feclions précédentes. O e s e r v a t i o n. Une femme de vingt-fix ans avoit déja fait quatre fauflês couches; & les précautions que 1'on avoit employées pour 1'en garantir avoient produit 1'effet contraire : on avoit toujours infifté fur la faignée , les délayans & autres moyens fembiables. Le deuxième mois de fa cinquième groffelfe étoit écoulé , lorfque je fus appelé ; je reconnus bientöt qu'une fenfibilité excefiive de tout Ie genre nerveux avoit été la caufe des fauffes-couches. La malade étoit d'un tempérament fanguinflegmatique, ayant les folides très-laches, les digeftions difficiles, le ventre mal ré"  Section IV. 203 glé , les fpafmes & les convulfions fréquentes : le vomifiement étoit habituel % les fécrétions peu abondantes, le pouls ferré & inégal. Pour remédier a tous ces accidens, j'ordonnai la déco&ion des feuilles d'oranger, & quelques autres antifpafmodiques. Je lui fis garder la chambre, ne lui permet-, tant que très-peu de mouvement de corps & d'efprit: je lui fis prendre les bains dans l'eau prefque froide j je prefcrivis un régime fortifiant & adouciflant, & je ne permettois de fortir que dans un air fee & frais : je la conduifis par degrés a aller prendre les bains a la rivière, les interrompant quelquefois par des bains domeftiques; & rétabliflant ainfi fes digeftions avec la force de fes nerfs, & ménageant fon fang, elle parvint heureufement au terme qu'elle defiroit d'atteindre. §• HL Les digeftions devant fournir a une doublé exiftence , le Médecin prudent doit avoir grand foin de les favorifer.  204 Seconde Partie; Pour y parvenir , le moyen le plus efficace eft fans contredit 1'ufage des amers j fans eux il feroit difficile de prefcrire un régime falubre & nourriffant, paree que les caprices de Feftomac feroient fans nombre, & que les appétits déréglés dérangeroient. fes projets. II n'y a que les amers qui puilTent prévenir les vomiftemens que beaucoup de femmes éprouvent fréquemment pendant les groflefles: quand les vomiftemens furviennent, le Médecin eft forcé d'abandonner le cboix des alimens a ï'inftincT: qui les fait defirer, & les femmes fe livrent alors fans réferye a ces goüts bizarres qui peuvent altérer leur fanté pour le refte de leur vie. Quel cas ne doit-on pas faire d'un remède auffi utile que les amers,, & pourtant aufli fouvent négligé ? Indépendamment du falut de la mère , les premiers élémens de Ia vie de 1'enfant étant folidement combinés, contribuent a lui procurer la fanté dans tous les ages.  S E C T I O N IV. 205 §. IV. Les femmes groffes doivent être attentives a maintenir leur ame dans une douce paix le tumulte des paffions détourne la nature de fon travail, & elle ne fauroit être diftraite quaux dépens de fon ouvrage. Les accens variés de la mufique font trèspropres a amufer 1'efprit des femmes enceintes , fans leur donner une occupation pénible. Lorfqu'on eft pénétré de chagrin, on ne fauroit goüter les plaifirs que la mufique procure. Lorfqu'on eft troublé par les vives agitations de la joie & du plaifir, on ne peut pas lui donnet toute 1'attention qu'elle exige, ni en bien fentir 1'avantage. Mais, dans les momens fédentaires de la grofleffe , les femmes doivent en fentir tout le prix & tous les attraits. Confolatrice, elle les accompagne dans les momens de folitude ; elle fait encore leurs délices au milieu de la fociété: elle peut enfin les empêcher de s'appercevoir des. pnvations que leur état leur impofe. Plus recueillies, plus fenfibles que dans les au-  2ö6 Seconde Partie. tres momens de la vie, quels agrémens né doivent-elles pas retirer d'un art qui parle k la fois aux lens & a la penfée; & qui, vif cömme les premiers, & fugitif comme les derniers, prend fucceffivement les acCens de tout ce qui refpirë , de toutes les paffions & de tous les plaifirs ? L'ufage de la mufique eft infiniment préférable pour les femmes, pendant leur groflefle , a celui de la lefture la plus amufante , & même a 1'agrément de la Converfation. Elle réunit le doublé avantage d'intérefler, par le plaifir qu'elle procure , & d'attendrir , en échauffant les fentimens, mais fans que l'ame foit agitée de Ces commotions fortes & durables que produit le déchainement des paffions: Ia flexibilité de fes mouvemens, 1'harmonie de fes accens, remuent doucement nos organes, & procurent a l'ame une alacrité bienfaifante qui donne plus d'expanfion a la vie, fans fatiguer fon principe. Les accidens nerveux qui peuvent être la fuite des couches, font fans nombre: le travail violent de la nature pendant  Section IV. 207 1'accouchement, laiffe dans tout le genre nerveuxunébranlement qui doit exiger des foins dans la fuite ; mais comme ils fe rapportent aux différentes indications que nous avons parcourues dans le cours de eet ouvrage, cette matière n'exige plus aucun détail particulier. En finiffant cette fection, nous croyons devoir parler un moment de 1'aUaitementk De grands hommes , des auteurs célèbres, obfervateurs attentifs de la nature, fe font réunis pour engager les femmes k nourrir elles-mêmes leurs enfans : leurs confeils étoient fages, mais ils n'ont pas toujours produit 1'effet qu'ils en avoient attendu. Sans doute une femme d'un tempérament robufte & bien conftitué, doit allaiter fes enfans j c'eft une partie de fes devoirs. A Dieu ne plaife que nous voulions ladétourner d'un foin fi précieux, ni 1'approuver fi elle tenoit une conduite contraire ! Mais il n'en eft pas ainfi des femmes de la cour & de la viile : nées la plupart de mèfes aufli débiles qu'elles, il femble qu'elles aient échangé toutes leurs  *ö8 Seconde Partie. forces contre les agrémens & les grices.' Comment pourroient-elles nourrir leurs enfans , elles dont la conftitution eft fi délicate, elles dont 1'eftomac eft fi foible, qu'il peut a peine fuffire a leur exiftence? Elles ont pour la plupart une belle arae & de mauvais organes: c'eft cette ame qui leura fait accueillir avec enthoufiafme les lecons des Philofophes; elles ont cru ajouter k leurs plaifirs, en étendant les devoirs de la maternité : ce font ces organes affoibhs, qui ne leur ont pas permis d'atteindre le but qu'elles s'étoient propofé par dé- vouementmaternel.Combienn'envoyonsnous pas , viftimes de leur tendreffe & de leur impuiffance , cherchant en vain a retrancher de leur vie, pour étendre & perfectionner celle de leurs enfans! Elles ne doivent pas s'impofer des devoirs qu'elles ne peuvent remplir. Un enfant, forti avec effort des enrrailles d'une femme trop délicate , a befoin, ennaiflant,.d'une nourriture faine, & dans la fuite affez abondante pour qu'elle puiffe corriger du moins la foibleüe de fa conftitution -j il Ia trouvera auprès  S E C T I O N IV. 20C} auprès d'une nourrice étrangère, au milieu des campagnes , tandis que les foins attentifs de fa mère, ne pouvant fuppléer ni a 1'abondance, ni a Ia qualité de fon lak, ne ferviroient qu'è le rendre plus débile. Ne vous trompez donc plus, mères trop tendres; confultez vos forctfs autant que vos devoirs; & puifque vous ne fauriez changer votre exiftence, ni peut-être même renoncer a vos goüts, a votre luxe, ni k tout ce qui corrompt votre tempérament, n'en fakes pas partager 1'influence a vos jeunes enfans ; en croyant leur donner des marqués de tendreffe, vous deviendriez leur ennemie.  RÉSUMÉ DE TOUT CE QUI PRÈCÈDE. INIous avons cherché a démontrer dans eet ouvrage * que les maladies nerveufes tiroient le plus fouvent leur origine des tempéramens affoiblis par des paffions vives, une imagination aclive & des jouiffances trop multipliées. Cette grande vérité a été démontrée par la comparaifon que nous avons faite de la vie molle & voluptueufe des habitans des villes avec celle des habitans des campagnes, & par les effets qui en réfultent. LesfaufTesjouiffancesque 1'art a inventées pour agrandir notre exiftence, ne tendent qu'a la détruire; & les efforts qu'il en coüte a la nature pour foutenir des mouvemens fi rapides, changent en maux tous les biens qu'elle nous avoit defHnés. Cependant les paffions, les affeclions de l'ame ne font pas toujours la caufe des maladies vaporeufes; c'eft quelquefois dans  RÉSUMÉ DE TOUT CE QUI PREC. m le défordre matériel qu'il faut la chercher. Les hommes font aufli tourmentés par les maux de nerfs ; mais ces maladies exercent de plus grands ravages chez les femmes. La nature, qui s'eft furpaffée en les comblant de fes dons les plus agréables , n'a pu les garantir des maux qui correfpondent a cette conftitution , qu'elle femble plutöt leur avoir donnée pour faire notre bonheur que pour aflurer le leur. Tout ce qui tient a la délicatefle, a la fenfibilité & au fentiment, eft dans un accord parfait chez les femmes 5 toujours vous les voyez prêtes a s'attendrir fur nos maux , & empreffées a les réparer: il femble que la nature ait placé en elles la fource du fentiment, comme celle de la vie & la confervation de 1'efpèce humaine. Cette expanfion de l'ame qui leur eft ft naturelle, eft fouvent funefte a leur tranquillité. Pourquoi les jeux & les plaifirs que nous cherchons auprès d'elles n y fixent- • ils pas leur bonheur ? Hélas! elles femblent ne le connoitre que pour le répandre fur tout ce qui les environne. O ij  112 RÉSUMÉ Dans la foule des livres qui ont été faits fur les maladies nerveufes , il y en apeu de bons; les Auteurs de ce petit nombred'ouvrages diftingués connoiffent les mceurs de leur fiècie; & cette fcience eft abfolument néceflaire pour calculer la marche , le développement , & fur-tout le traitement de ces maladies. C'eft après 1'avoir étudiée , que j'ai entrepris eet ouvrage. Je F ai deftiné a la portion la plus intéreflante de 1'humanité, & je defire qu'il foit utile aux femmes, qu'il puifie affermir leur fanté êkprolonger leur vie. La conftitution phyfique des femmes offre toujours des indications particulières pour le traitement de'toutesleurs maladies; & ce n'eft que par une étude fuivie , des reflexions approfondies, &une fuite d'obfervations, que 1'on peut s'inftruire a' fond du tempérament des femmes en général, & en particulier de fon influence fur les mouvemens de 1'ame. Ces connoiffances apprendront les modifications différentes qui font utiles, foit au phyfique, foit au moral, & les moyens  DE TOUT CE QUI PRÉCÈDE. 213 ■de les donner dans le traitement de toutes leurs maladies. Une pareille étude exige fans doute toute 1'application d'un Médecin , tous les momens de fa vie ; mais quoi de plus- fatisfaifant que de s'y livrer ? A combien de fentimensnefacrifie-t-on pas a. la fois? La nature , en fuivant la même route dans la formation & le développement de tous les individus de notre efpèce, a cependant fignalè fon pouvoir d'une manière rnieux marquée dans la conftitution intime des organes de la femme : leur extréme finelfe, qui correfpond fi bien avec la deftinationdeieur vie, eftfupérieure aux dons que nous avons recus de la nature; mais c'eft dans leur rapprochement que 1'on voit le complément de fon ouvrage & fon plus rare chef-d'ceuvre. La Médecine de Fefprit n'eft point une chimère, & c'eft fur-tout chez les femmes qu'elle eft utile. L'aclivité de leur imagination , contra&e fouvent des direftions nuifibles a 1'économie de leur conftitution; & c'eft au Médecin a en modérer les eftets, o üj  214 RÉSUMÉ en même tems qu'il cherche a en détruire la caufe. Un femblable travail eft bien digne d'occuper & fon efprit & fon cceur. Qu'il eft heureuxde trouverdans fon art les moyens de rétablir 1'équilibre entre 1'exiftence phyfique & 1'exiftence morale , &. d'aflurer par la des jours tranquilles a celles de qui dépend le bonheur des nötres ! Les maladies nerveufes fe multipilent tous les jours dans les grandes villes; & les maladiesaiguës, au contraire , diminuent: la raifon de ce changement eft plus morale que phyfique. Si j'ofois me permettre de faire un reproche aux femmes , de la vie qu'elles mènent dans les grandes villes, je leur dirois que 1'emploi qu'elles font du temps, eft prefque toujours une contradiétion que la nature elfuie. Le jeu, les fpe&acles, les bals, les fêtes, réufïifient fouvent mal a les diftraire & les amufer: il n'y a de plaifir réel & fans danger, que lorfqu'il eft un befoin de la nature. .  DE TOUT CE QUI PRECÈDE. 21 210. F. Femmes ; la différence de celles qui habitent les grandes villes, d'avec celles qui vivent a la campagne : pourquoi les unes font fujettes aux vapeurs, & les autres ne 1'y font pas. 1 , & fuiv. Ne font pas les feules fujettes aux vapeurs; cette maladie ayant atteint les hommes qui ont voulu trop leur reffembler. 6. Quel moyen la Médecine peut employer pour prévenir en elles les maladies vaporeufes» Leur conftitution difTère infiniment de celle des. hommes, ïz & fuiv. Les effets qui en réfultent. 13 & fuiv. Sans le luxe, les femmes n'euffent point connu le? vapeurs. Avant que les Romains euffent fait la conquête de 1'Afie, les Dames Romaines n'y P iv  ^3* T A B L E étoient point fujettes: mais a cette époque; la vie molle & voiuptueufe des Afiatiques s'introduifit dans Rome, & les femmes devinrent vaporeufes. 15. En perfeflionnant la fineffe de leurs fens, les femmes augmentent la caufe de leurs vapeurs. 16. D'après leur conftitution phyfique , il eft aifé d'expliquer les variations de leur cara&ère, la vivacité de leur efprit , qui produit fans effort les „nages les plus riahtes, & ks anime des couleurs les plus féduifantes ; don précieux que leur a fait la nature , pour compenfer en elles ce qui leur manque du cöté de la profondeur des idéés, de la force de la raifon, du génie créateur, qui fon11'apanage de 1'homme. 17. Les paffions haineufes ne font point naturelles • aux femmes ; leurs paffions naturelles font toutes affeftueufes & douces. 18. Les défauts de la morale qu'on leur enfeigne, fource de tous les combats intérieurs des fens' &de la raifon , qui choquent & tendent leurs organes jufqu'a cauferen elles nn ébranlement général. 22,22. Combien le genre de vie qu'elles ont adopté dans les grandes villes, & fur-tout I Paris, nuit a leur fanté ! combien le jeu , les vins recherches, les liqueurs prennent fur elles ! com-  DES MATIÈRE S. 133 bien enfin la leöure des romans modernes enflamme & exalte leurs paffions! 30, 31 ,32, 33 > 34» 35> 36>37- Parallèle des femmes livrées aux faux plaifirs aux paffions fougueufes, k 1'inacYion & a la molleffe , avec ces femmes aimables & vertueufes, qui, tendres compagnes de leurs époux, les fuivent par - tout, cultivent 1'éducation de leurs enfans, & donnent 1'exemple des exercices &t des travaux convenables a leur fexe. 39 ,40. Les femmes font fur-tout intéreffantes dans finftant oü elles font prés de mettre au jour le dépot que la nature leur a confié , pour fe régénérer elles-mêmes , donner aux hommes de nouveaux objets de tendreffe & de plaifir. 183. ' C'eft dans eet état refpe&able qu'elles ont befoin de tous les foins, de toute 1'attention de ceux dont elles partagent le fort. Elles exigent en même tems les fecours d'une médecine prévoyante , & les regards pénétrans d'un Phyficien éclairé. Ces ménagemenS font indifpenfablement néceffaires aux femmes qui font accoutumées, par Fabus même des richeffes , a des alimens agréables, mais fouvent dangereux. Toute leur organifation fe reffent de cette manière de vivre ; leur tempérament en eft affoibli. II faut donc changer,  33* ï A' B t E pour ainfi dire , leur conftitution dès le commencement de leur groffefle, les ramener par degrés a une nourriture plus fubftancielle. Sans cette prévoyance , le tempérament délicat de !a mère ne pourroit fournir a 1'enfant , a meiure qu'il prend des forces , la nourriture dont il aura befoin. Que fera-ce donc, fi 1'ignorance vient ajouter a fa maladie ; fi on faigne imprudemment la femme fouffrante ; & fi on la privé d'une fubftance déja trop difficile aferégénérer chez elle? 185 cV fuiv. Quels doivent étre les plaifirs & les occupations des femmes dans 1'état de groffefle ? Pour maintenir leur fenfibilité dans une efpèce d'équilibre , il leur faut un exercice modéré, des jeux qui ne captivent point 1'efprit, & furtout de la mufïque. 191 , 205 , 20$. G. Génération; myftère que des hommes de génie ont inutilement voulu pénétrer. 189. Si les phénomènes de I'éleéfricité peuvent conduire, par 1'analogie, aconnoitre quelques-uns des moyens que la Nature emploie dans la génération. Ce qu'il y a de certain , c'eft que deux individus deftinés a coopérer a 1'ceuvre de Ia génération , ayant été électrifés, en furent mieux difpofés a la fécondité. 190.  DES MATIÈRE S. 135 H. Hommes ; il y en a dont la conftitution phyfique & morale eft plus rapprochée de celle des femmes, qu'il n'eft ordinaire a leur fexe. ^3- Quel eft 1'agent intermédiaire qui tranfmet les fenfations & les mouvemens du moral au phyfique, c'eft ce qu'il n'eft point donné aux Philofophes de connoitre ; mais ce qui nous importe , c'eft de trouver les moyens de rétablir 1'équilibre entre les affe&ions morales &C les mouvemens organiques. Or, on n'y peut parvenir que par des fecours moraux ck des agens matériels. En vain voudroit-on entreprendre la guérifon d'un homme attaqué de folie , fi 1'on n'y employoit, pour y réuffir, que des moyens phyfiques. 28 Sc 29. M. ]\Taladtes vaporeufes du fexe ; elles font devenues fi générales , fi graves dans les grandes villes, qu'elles influent prefque toujours confidérablement fur la durée de la vie. 6. Si 1'on excepte les ouvrages de Boerhaave, de Whitt, de M. Lorry, on a peu de bons livres fur ces maladies, qu'on peutregardercomme nouvelles, & dont les progrès ont fuivi ceux du luxe. 8 , 9.  2ji<5 T A B t; E . C'efl au moment oü Jes paffions fe développenf & haltent, qu'elles font les plas grands «vages dans Ie tempérament des femme,, i , eclaIrerfurlesvra1sprincipesdesmaladies,d0nt t^ffif; el,eS fOTlt t0^°urs ^«ant Inf ,IeSldiC0Uvrir^^llestiennentde pi-prèsauxarreclionsderame.Leurtraitement e-geune heureufe combinaifon des fecours moraux & des moyens phyfiques. a4 6- fuiv. geft.o„Pemble,d»oü il réfulte des anxiétés, des mal-aifes, des accidens, légers d'abord, maïs qu. deviennent bientót infupportables. Combien il eft difficile de caradérifer ces fortes de maladies, & de les définir d'une manière quipuuTeeclairer furleur» diverfesefpèces. 41. Celles qui ont leur caufe dans une léfion particuliere^ qui tient a 1'originedes nerfs, font proprement appelées maladies nerveufes ou vaporeufes. 43. Les Anciens, ainfi que Jes Modernes, peu heureux dans leurs recherches fur Ia caufe immé* oiate des maladies nerveufes. 55. S'il eftpermis de conjeéturer fur cettecaufe, peutetre pourroit-on la foupconner dans le feu electnque , qui j0Ue un röle fi intéreffant  DÉS MATIERES. 237 dans toutes les produ&ións de la nature. 75- La mobilité & la fenfibilité des organes, eft un effet qui, par fa ïiaifon étroite avec la caufe première , peut devenir une feconde caufe qui fervira a Pexplication de tous les phénones qui dépendent d'elle. 60. Par une fuite de recherches analogues, on peut découvrir les maladies particulières & chaque tempérament Sc k chaque age , & fe procurer par la un moyen fur de les bien traiterJ 61, 6i. Trois efpèces de vapeurs qu'il eft facile de difcerner. La première fe nomme affection nerveufe avec matière & léfion organique. La deuxième , affe&ion nerveufe hyftérique. La troifième , affeótion nerveufe avec relachementdes folides & dégénération des humeurs. 64. Traitement des maladies nerveufes de la première efpèce. 716- fuiv. Plufieurs obfervations faites par 1'Auteur fur différentes femmes. Une Demoifelle d'environ vingt ans , d'un tempérament bilieux-phlegmatique , dont le flux périodique fe faifoit très-irrégulièrement depuis long-tems, éprouvoit toujours a cette époque des incommodités qui dégénérèrent en fpafmes Si convulfions , & que 1'on regardoit comme des vapeurs.  T A B L E L'Auteur la traita , Ia guérit totalement, 8é fes régies reparurent. 79 &fuiv. Second exemple. Une jeune femme avoit épuile une trés grande partie des reflburces de 1'ait , pour trouver du foulagement a une maladie nerveufe qui la fatiguoit étonnamment. Lorfque rAuteur 1'entreprit, la maladie avoit fait de grands progrès, qu'il décrit exaftement. II parle enfuite de fon traitement, qui fut couronné du plus heureux fuccès. 83 & fuiv. Troifième exemple. Une demoifelle de rrentecinq a trente-fix ans éprouvoit depuis Iongtems des fecoufïes violentes dans les nerfs. L'Auteur, après avoir rapproché toutes les circonftances de cette maladie , après avoir réfléchi fur leur Haifon, & calculé leur correfpondance , après en avoir pefé les plus légers fymptömes , entre dans un détail des remèdes qu'il employa pour la guérir radicalement. 87 Quels en font les fymptömes ? 100 & fuiv, Quel en doit être le traitement ? 105 & fuiv. Obfervations faites par 1'Auteur fur cette efpèce de maladie. Une jeune perfonne , d'un tempérament très-bilieux , étoit fujette, depuis quatre a cinq ans, a des attaques de nerfs , dont les fymptömes étoient allarmans. L"Auteur fuit cette maladie dans tous fes progrès ; il vient a bout de la déraciner par les remèdes qu'il indique dans le plus grand Jdécail. ui & fuiv. ■ La feconde obfervation eft fournie par une femme agée d'environ quarante - cinq ans , attaquée d'une maladie vaporeufe hyftérique. L'Auteur, après 1'avoir décrite avec beaucoup d'exa&itude , annonce les remèdes dont il s'eft fervi pour la détruire. 1196- fuiv. Une femme du même age , parvenue a 1'époque du tems critique , étoit en proie depuis plufieurs arinées a prefque tous les accidens que peut produire 1'état nerveux hyftérique. Def-cription de 1'état de fa maladie , & de la méthode fage que 1'Auteur a employée pour fa curation. 126 & fuiv. La troifième efpèce de maladies nerveufes eft Ia plus commune; elle a différentes caufes , les unes éloignées, les autres occafionnelles, d'autres enfin immédiates. L'Auteur les parcourt toutes. 1316- fuiv.  240 T A B L E Quels en font les fymptömes ? 1366-fuiv. Quels traitemens on doit leur appliquer ? 140. Différentes obfervations de 1'Auteur fur cette efpèce de maladies nerveufes. Il rapporte 1'exemple d'une Sultane qui fut frappée , en badlant, d'une catalepfie , comme d'un coup de foudre. II fallut alarmer fa pudeur pour lui faire recouvrer la fanté. 141 & 142. Autre exemple. Une demoifelle fut attaquée fubitement de la même maladie, en apprenant que fon mariage avoit été rompu ; 6k il n'y eut que la nouvelle de fa réhabilitation qui lui rendit la fanté. 142 , 143, Troifième exemple. Plufieurs enfans attaqués dépilepfie, n'en furent délivrés que par la grande frayeur qu'on leur caufa. 143. Nouvelles obfer'vations de 1'Auteur pour prouver combien la dégénération des humeurs influe furlefyftême nerveux. 1J3. Une demoifelle de trente ans étoit fujette, depuis long-tems, k des fièvres bilieufes', accompagnées de fpafmes & de contraérions nerveufes générales. Elle fut radicalement guéne par un régime abfolument végétal que 1'Auteur lui ordonna. 153 &fuiv. Une autre demoifelle fexagénaire, d'un tempérament bilieux , éprouvoit depuis plus de douze ans, des douleurs trés - vives que lui caufoient des taches fcorbudques. Les antifcorbutiques  DES M A T I E R E S. fcorbutiques ne lui avoient pas été épargnés &n'avoient eu que peu de fuccès. L'Auteur ne fe découragea point, étant dans la certitude que le vice fcorbutique avoit produit les défor'dres nerveux & les autres fymptömes. II fupprima les anti-fcorbutiques ,& luifltboire de l'eau faturée d'air fixe, qui rétablit peu k peu fa fanté. 1556- fuiv, Une Dame d'environ quarante - huit ans , ayant paffe depuis dix ou douze ans le tems critique, étoit attaquée, depuis cette époque, d'une maladie cruelle , qui affoibliffoit les facultés de fon ame pendant les accès affreus qui en étoient les fuites. L'Auteur ne laiffe rien a deflrer fur cette maladie , dont fon art triompha , en employant des remèdes fondans & toniques. 157 & fuiv. L'Auteur obferve que 1'on guériroit beaucoup plus fouvent ces fortes de maladies, fi 1'on comptoit moins fur les faignées & les aftringens, & fi 1'on s'attachoit davantage a détruire les humeurs glaireufes & flegmatiques. 166, 167. Un dernier exemple. Une femme de quarantecinq ans, flegmatique , & toujours affez mal réglée, mère de trois enfans , paffoit pour avoir une maladie de matrice. Les douleurs qui fe firent reffentir dans ce vifcère , don-, «èrent lieu de le croire. On la traita en coi*. Q  T A B L E féquence fans réuffrn L'Auteur, s'élevant au deflus des régies ordinaires, eut encore Ie bonheur de la tirer d'afFaire. 167 &fuiv. Maladies nerveufes des femmes enceintes. 183. Produifent dans les nerfs une mobilité, une fenfibilité qui s'augmenteau plus haut degré pendant le cours de leur groffefle. 184. Accidens qu'oa a vu réfulter du défaut de confeils ck de foias dans la grofTelTe des femmes. 185. Les affeftions nerveufes des femmes enceintes font d'une autre nature que les vapeurs hyftériques. 189. Caufes éloignées de ces maladies. J91. Leurs fymptömes fe rapportent prefque tous au vifcère quï en eft la caufe immédiate. 195'. De quelle manière on doit les traiter. 195 & uiv. Matrice ; ,ïe foyer d'oü partent tous les mouvemens d'irritation ; leurs direftions diverfes produifent des accidens différens. 103. Sa grande irritabilité empêche fouvent le flux menftruel. Sa conformation vicieufe produit aufli le même effet. 117. Si 1'éruption des régies ne fe fait pas exactemenr, il eft naturel d'en chercher Ia caufe dans 1'action même de la matrice. 118, 119.  DES M A T I E R E S. 243 N. Nature ; s'eft fignalée dans 1'ouvrage qu'elle deftinoit a être fon chef - d'ceuvre , par Ie développement des facultés morales , & fur-tout par les contours heureux des formes qui conftituent la beauté des femmes. 21. S'eft quelquefois trompée en formant ces femmes hommaffes , qui font des monftres de laideur. 22. Médite fes ouvrages en filence ; le calme eft nécefTaire aux ouvrages qui fortent de fes mains. 189. Nerfs ; font doués dans tous les individus d'une fenfibilité bien différente. 50. Ne font point parfaitement analogues, quoiqu'üs le paroiffent a 1'examen. 51. Willis , Vieuffens , & même Galien , ont mal expliqué la fympathie par la continuité 5i la connexion des nerfs entre eux. 52. II eft poffible que la fenfation qui fe perpétue dans un organe éloigné de celui qui a rec,u la première impreffion , foit 1'efTet d'une analogie entre les nerfs de ces deux organes. 53. P. Passions ; fource des maladies nerveufes dans les femmes. tt.  %44 T A B L E Les paffions haineufes ne font point naturelles aux femmes. 18. La raifon feule peut s'oppofer aux fortes paffions , en nous éclairant fur les maux qui marchent a la fuite des excès auxquels elles entraïnent. 140. Souvent auffi une paffion fe guérit par une autre paffion. 141. R. Romans ; dangereux aux femmes par 1'afFectation du flyle , 1'invraifemblance du fonds & 1'exagération des fentimens. 7. Ceux oü les paffions font le plus exaltées, leur plaifent davantage. Elles cherchent, dans tout ce qui les environne , a réalifer les merveilles dont elles font enchantées. 38. s SaignÈEs; loin d'être utiles aux femmes enceintes, font un des plus grands fléaux qu'elles aient a redouter. 197. Les faignées difpofent la matrice aux évacuations fanguines,&provoquent par eet effet les fauffes CQuches. 158. Elles épuifent les forces des femmes , ufent leur vie , & leur caufent une vieillefie prématurée. Jbid. 'SpeUachs; ceux oü 1'on montre le danger des  DES MATIERES. 145 -paffions, comme il arrivé dans les bonnes tragédies, Stceux oü cm les combat parleglaive du ridicule , comme dans les comédies , peuvent être utiles; mais ceux qui careffent les paffions, qui les enflamment &c les exaltent , font nirifibles. 3 2. Un inconvénient inféparable de nos fpe£facles J c'eft d'y être renfermé dans des efpaces fi refferrés, & pourtant fi remplis , qu'il y refte a peine affez d'air pour que la refpiration puifle fe faire. 32. La fenfibilité des femmes y étant dirigée fur un petit nombre d'objets , leur ame en eft fi fortement ébranlée , qu'elle produit dans leurs nerfs une commotion , dont les fuites font ordinairement graves. 33. Les impreffions caufées par une repréfentation J confervent dans leur ame une difpofition toujours prochaine a de nouveaux troubles,qui leur font répandre des larmes fans que rien d'apparent les affeéte fenfiblement. 34. L'agitation de leur efprit les fuit jufques dans le fommeil. 36. 'Sympathie ; fait une impreffion foudaine dans deux cceurs , & les unit par les nceuds les plus forts. 18. Produite par une impreffion éleftrique. 19. Ce n'eft que par le ';feu éleélrique qu'on peut expliquer pourquoi toutes les femmes éga-  *46 T A B- L E lement belles , ne font pas toutes une impreffion femblablefur le même homme. 19. Tous les phénomènes de la fympathie nerveufe nefauroients'expliquerpar de fimpies moyens mécaniques. 52. Symptomes nerveux (les) accompagnent prefque toutes les maladies , foit aiguës, foit chroniques, Sc fe muItipHent en raifon de la conftitution particulière des nerfs. 42. Ifc ne tiennent point du vice des nerfs, & ne peuvent être comptés au rang des maladies nerveufes, lorfque la caufe qui les produit eft accidentelle. 43. La caufe irritante qui produit les fymptömes vaporeux, peut avoir a-la-fois plufieurs fphères d'aéhon , Sc les changer. 49. Les premiers fymptömes des maladies nerveufes, avec matière & léfion organique , fe déclarent dans les organes digeftifs. 67. Ils fe confondent en raifon de 1'analogie Sc de Ia haifon qui fe trouvent dans les tempéramens. 7h Les plus fréquens fymptömes des vapeurs hyftériques font une douleur fourde , Sc quelquefois aiguë , dans la région du bas-ventre Sc des reins, des éternuemens, des vomiftemens de bile, une douleur fixe a Ia tête. 100 & fuiv. Dans les maladies nerveufes avec relachement des folides Sc dégénération des humeurs, les  DES MATIERES. 147 fymptömes fe manifeftent par un abattement & un découragement d'efprit confidérables , par une apathie pour le plaifir, par une crainte affreufe de la mort. 137. Dans les maladies nerveufes des femmes enceintes , les fymptömes fe rapportent prefque tous au vifcère qui en eft la caufe immédiate. 193. TABLE DU RÉSUMÉ. Femmes (les). La nature , qui s'eft furpaflee en les comblant de fes dons les plus agréables, n'a pu les garantir des maux qui correfpondent k cette conftitution : loin de goüter le bonheur qu'elle a attaché a leurs agrémens , elles femblent ne le connoitre que pour le répandre fur tout ce qui les environne. 211. Leur conftitution phyfique ofFre toujours des indications particulières pour le traitement de leurs maladies; & cette fcience fuppofe la connoiffance desmceurs du iiècle. 212. Elles ont une ennemie malfaifante dans leur imagination. 213. . Le jeu , les fpectacles , les bals, les fêtes, font des plaifirs factices qui ne valent pas ceux de la nature. 214. Un fpeétacle en plein air, dans des bofquets, , propre k faire naïtre des idéés riantes, eft  M TABLE DES MATIERES. préférable aux falies de fpeétacles oü elles ontpeine a refpirer. 215. La letfure des romans leur eft contagieufe. zi6 Hommes ( les) font auffi tourmentés par les ma! ladies des nerfs , mais moins que les femmes chez qui elles exercent de funeftes ravages' 211. 0 Maladies. nerveufes (les). II eft démontré par 13 comparaifon des femmes ruftiques avec celles des villes, que les vapeurs tirent le plus fouvent leur origine des tempéramensaffoiblispar des paffions vives, par une imagination a&ive & des jouiffiances trop multipliées. 210. Les maladies nerveufes ne peuvent être traite'es avec fuccès fans avoir été divifées. L'Auteur lesa divifées en trois efpèces , dont le caractère eft afTez diftinét & féparé , pour être fidèlement appercu danslapratique, & indiquerun traitement différent. 219 , 220. .Un traitement qui ne devoit pas être omis, eft celui des femmes enceintes. 224. Ilregarde fur-tout les femmes favorifées de la fortune, d'autant qu'elles le font moins de la nature , qui femble en elles avoir payé un tributaladélicatefle&auxgraces. 224 & 225. Fin de la Table des Matières,