JAC. v. ZOELEN BOEKBINDER KANAALSTRAAT 8 AMSTERDAM-W. TELEFOON 8 3 4 7 0  LA FALSIFICATION MÊDICAMENTS DEFOILEE. OUVRAGE 4ans lequel on enfeigne les moyens de découvrir les^ tromperies mifes en ufage pour falfifier les Médicaments tantfimples quecompofés, &oü on établit des regies pour s'aflurer de leur bonté. Ouvragc non-feulement utik aux Médecins, Cki~ rurgiens , Apothicaires & Droguiftes 3 mais aujfi aux Malades. Par J. B. VANDEN S ANDE, Maitre Apothkaïre de Bruxelles, A LA H AT E, chez Van Clef , Imprimeur-Libraire. Et fe trouve a Bruxelles chez JE. De Bel. Imprimeur-Libraire, Marché au Bois. M. DCC. L X X X I V.   DISCOURS XP JL JÉ JL XJMC X l^JL XXL Km J^Lus les Médicamens font précieux a Thu-' manité, plus il importe que ceux qui les vendent ou qui les mettent en ufage n'en altèrenC pas la qualité , en fubftituant aux véritables ceux qui n'en ont que 1'apparence. Les maux que peut caufer a 1'humanité cette infidélité, foit de la part des marchands Epiciers ou Droguiftes qui vendent des médicamens aux particulicrs, foit de la part des -Apothicaires, font d'autant plus grands qu'elle ne peut, pouc la plupart, être appercue que de ceux qui par état font obligés de la connoïtre. II eft peu de perfonnes qui fe donnent la peine d'acquerir cette connoiffance. Le marchand n'envifageant que le profit qui peut lui en revenir s'inquiete fort peu de la qualité: Le Médecin en étudie les propriétés Sc il en a  ii DISCOURS üxe la quantité. Le malade obéit a fon racdecin & prend de la main de 1'apothicaire tont ce qui lui eft préfenté; a peine connoitil le nom du medicament dont il attend le ' foulagement après lequel il foupire. Plus il eft difficile de connoïtre la falfification des médicaments , plus elle peut nuire a. la fociété 5 il eft donc intéreffant pour 1'humanité que ceux , que le dérangement de la fanté oblige a en faire ufage ou celui qui les doit ordonner & celui qui les vend connoiffent ce qui peut les rendre pernicieux : ils le font toujours lorfqu'ils font altérés par la fophiftication. Pour parvenir a ce but, nous avons puifé dans les auteurs les plus eftimés & dans les mémoires des plus célèbres académies, une partie de ce quils ont traité fur la connoiffance des médicaments & fur les moyens de diftinguerxceux qui font fophiftiqués de ceux qui ne le font pas ; nous avons répété une partie des expériences qu'ils ont faites, nous  PRELIMINAIRE, ui en avons fait plufieurs nouvelles dont le réfultat a été de nous faire découvrir de nouveaux moyens pour les reconnoïtre. Quoique nous ayons trouvé des analyfès de quelques auteurs qui étoient imparfaites, nous ne les avons pas moins rapportées; ces défauts fe trouvent principalement dans les fimples, Sc il feroit a defirer, vu les nouvelles découvertes que la chimie vient de faire, qu'on les exa-] minat de nouveau. Comme le falfification des remèdes n'inté*' reffe pas feulement le particulier mais aulU 1'état, il feroit a fouhaiter que chaque gouvernement prefcrivit des reglements févères pour arrêter les tromperies Sc le charlatanifme quï regne dans tout ce qui regarde les drogues. On ne peut s'empêcher de frémir en voyant a quel point on trompe de toutes manieres dans des marchandifes qui devroient être facrées, Sc combien ceux qui en font commerce facrifient non feulement la fanté mais  ïr DISCOURS la vie même de leurs femblables, pour fatiffaire une avidité infatiable de gagner. Une grande partie des drogues qu'on tire de letranger nous vient ou par la Hollande ou par Marfeille ; ces deux endroits paroifiènt fe difputer le prix de 1'adrcffe a les frelater. Gilibert dans fon traité de F anarchie médicale dcc. dit que la freiatation des 5, drogues eft la feule fcience dont les 3, marchands fe piquent, il y en a a Marfeille 0, qui, de pere en fils, en font leurs uniques 3, occupations, toute leur fagacité fe trou5, ve de ce cöté; ils ont trouvé Tart d'al, , térer , même de contrefaire . les drogues 5, étrangères. ,, Un vaiiïèau apporte-t-il des marchandi3, fes corrompues; on ne les jette point a 3, la mer pour cela , on les mafque, on les 3, travaille, jufqu'a ce que 1'altération ne foit 3, plus fenfible. La plupart des drogues font j, fupplées par des remèdes du pays qui  PRELIMINAIRE, y ,, leur reflemblent affez par les qualités ex, , térieures pour tromper les plus attentifs. ,, Je me fouviendrai toute la vie d'une ,, converfation que j'eus avec un célèbre j, négotiant de Marfeille; comme je n'ai ,, rien a vous dire que vous rie fachiez fur ,, leurs vertus , je paffe direclement a ce ,, qui vous intéreffe, & a ce que je puis ,, vous apprendre c'eft a dire a letrange ma,, nipulation que les marchands employent , , pour tous les remèdes, avant qu'ils par, j viennent jufqu'a vous. J'ai fuivi cette bran,, che de commerce avec ardeur. Vous fa,, vez que c'eft une des plus confidérables ,, fur nos cötes, je 1'ai abandonnée depuis > ,, frémiffant a la vue des maux qu'elle cauj , fe au genre humain: mais je 1'ai etudiée ,, pour en dévoiler tous les abus. Prémiere, j ment, dans les pays étrangers oü fe trou,, vent les drogues, les marchands les falü,, fient de plufieurs manieres j avides comme ,, les nötres, ils y font entrer des matieres  yi ■ DISCOURS \ ,, étrangères pour augmenter le poids. Peu ,, inftruits des vraies méthodes de faire la ,, collecte , cette opération fe fait fans art. ,, ignorants les principes de Ia deffication ils 5, fe livrent a une routine aveugle & incer- ,, taine, par la leurs drogues, avant d'en- 3, trer dans nos vahTeaux, font en partie al- 3 , térées, les unes fermentent, d'autres per- a, dent leurs aromates, d'autres fe moififfent 5, Sec. 1'humidité de la mer la négligence 5, des marchands, la compreffion, les em- 5, ballages, le mélange , tout concourt a s, augmenter les premières altérations. ,, Des que les marchandifes font arrivées 3 , a Marfeille , elles font remifes a des dro- 3, guiftes plus avides encore que ceux qui 3, font la première exploitation ; ceux-ci en 5, ont rafïmé 1'art de les deguifer. Ils fub- 3, ftituent des matieres étrangères ou torri- 3 j fiées a celles qui ont pris de mauvaifes 9 , qualités; les drogues les plus chères font s 5 les plus maltraitées. L'abus eft pouffé a  PRELIMINAIRE, viï , un tel point que certains articles qua, druplent de maffe, en fortant de Marfeil,, le. On vend , par exemple , cent fois plus ,, de quinquina, que l'Amérique n en peut ,, fournir, on vend cinquante fois plus de , j manne qu'il n'en arrivé a Marfeille. Les réfines les plus précieufes, les aromatcs, ,, les bois font prefque tous contrefaits ; pour , , y parvenir on ajoute des bois anologues ,, qui prennent un peu daromate par le con,, taót, on les peint, on les colore &c. Aprcs ce que vient de dire Gilibep.t , quelles doivent être les drogues qu'on trouve chez les marchands ! ils achetent le plus fouvent, fans les connoitre, de celles qui ont déja fubi plufieurs falfifications èc les vendent ou aux malades ou a un grand nombre d'apothicaires , on a ces réiigieufes qui, fans aucune connoiffance ni dc la matiere médicale ni de la pharmacie , encore moins de la chimie,en font d'après leur a- '. uele routine des compofés quelles vcndear.  viTi DISCOURS aux malades a leur grand préjudice. Trop heureux, fi dans les mains des uns ou des autres Ton ne rencherit point fur les premières falfifications! Une grande partie de ceux qui vendent 'des drogues n'ont pas plus de connoüTance des indigènes que des exotiques öc vendent fouvent par ignorance un végétal pour 1'autre. Mais cette ignorance devient un crime lorfqu'il s'agit de la fanté ou de la vie des hommes. Comme nous n'avons donné que la defcription & la méthode de connoitre la plupart des drogues exotiques & le moyen de diftinguer celles qui font fophiftiquées ou détériorées de celles qui ne le font pas, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que les médicaments indigènes ne font fouvent point exempts de reproches quoiquils ne foyent ordinairement pas fi chers que les autres. On trouve des marchands de drogues qui fubftituent les unes aux autres ou  PRELIMINAIRE, ix par ignorance ou par intèrêt. Chez d'autres on trouve les herbes, les fleurs Sc les racines mal choifies , furannées , moifies , pourries ou cariées, qui au lieu de guérir ne fervent qua dégoüter les malades qui en font ufage. Heureufement pour 1'humanité on trouve des apothicaires qui, nés avec des talens, Sc poffédants parfaitement les connoifTances rélatives a leur profeffion , font continuellement en garde contre la fraude & mauvaife foi de ceux qui font commerce des drogues exotiques, Sc n'achetent les remèdes indigènes qu'après les avoir foigneufement examinés Sc renouvellés au moindre dcfaut qu'ils y appercoivent. Uniquement infpirés par le defir d etre utiles, ils font très-exaéts dans les préparations tant chimiques que pharmaceutiques j la probité leur fait une loi de ne jamais laiffer fortir de chez eux un remède qu'ils n'héfiteroient pas a prendre eux-mêmes, s'ils étoient attaqués de la maladie qui afflige le  x DISCOURS malade pour lequel il eft deftiné. Malheureufement pour 1'humanité foufFrante ce por-, trait n*eft pas celui de tous les "apothicaires; il s'en trouve qui fans autre connoiffance que celle de leurs intéréts végétent mécaniquementj 1'art de préparer les médicaments chimiques leur étant parfaitement inconnu , comme la vanité eft la fuïte de 1'ignorance, ils fe gardent bien de s'adreffer a leurs confrères qui font plus inftruits qu'eux j ils tirent leurs compofltions chimiques des marchands qui fouvent n'en ont pas plus de connoiffance qu'eux, lefquels les achetent des fabriquants fur-tout des juifs Hollandois , qui ont foin de les fophiftiquer pour pouvoir les donner a bas prix. Quant aux remèdes exotiques ils nen connoiffent pas les vrais caracteres & les marchands les trompent facilement. L'intérèt & 1'avidité des autres les portent au • point de n'acheter que de mauvaifes drogues qu'ils ont a bas prix: ce même intcrèt fait qu'ils ne renouvellent. point celles  PRELIMINAIRE, xi qui font altérées ou gatées j leurs compoütions font faites a leur fantaifie, toutes les formules font pliées a la routine qui leur eft familiere &C qu'ils fuivent toujours telle inférieure & mauvaife qu'elle foit; d'autres prenent pour guide le difpenfaire dans lequel elles font le moins fraieufes. Ceux qui fubftituent, dans les compofitions, des drogues moins chcres ainfi que moins bonnes a celles qui font plus chères, ne font pas moins blamables; il en eft de même de ceux qui, pour donner leurs médicaments a tres-bon compte ne mcttent que la moitié de ce que le médecin a prefent. Souvent le médecin même , pour proteger un apothicaire, après qu'on a été chercher les médicaments chez un autre , dans la recette qu'il donne n'y mettra que la moitié du médicament le plus cher, pour faire croire a 1'acheteur qu'il 1'a a meilleur marché chez celui qu'il favqrife qu'ailleurs; d'autres, fans avoir la coünoiffance des médicaments ou par mauvai-  xii DISCOURS fe intention, taxent impunément 1'apothicaire qui eft muni de la meilleure forte de n'en avoir que de mauvaife , ou de ne point avoir celle qu'ils ordonnent, foit pour favorifer celui qui eft fi ignorant qu'eux & le plus fouvent pour partager le profit avec lui. Je ne dirai rien de ces charlatans qui trouvent prefque partout ou les médicaments mauvais ou trop diers, pour qu'eux-mêmes puifTent vendre leur drogues aux malades au centuple de ce qu'ils les ont achetées ou chez lapothicaire ou chez le droguifte; ne confidérants pas fouvent la bonté du médicament, mais feulement le prix, car leur intérèt eft que le malade en ufe beaucoup & longtems. Dans plufieurs villes, il fuffit d'ouvrir une boutique de pharmacie pour être apothicaire j dans d'autres, il fuffit pour cela d'entrer dans le corps d'un métier j dans d'autres, pour être apothicaire, il faut fubir des examens & faire des chefs - d'oeuvres qui font certainement le  PRELIMINAIRE, xiü vrai moyen pour avoir des apothicaires inftruits; mais par qui & eomment font ils fouvent examinés? Je ne crains pas de dire qu'il eft plus d'un endroit oü les examinateurs auroient trèsgrand befoin d'être examinés eux-mêmes. Dans certaines villes oü ceux qui ont été duement admis ont feuls le droit de . diftribuer des médicaments, tout marchand mercier le peut faire aufü , mais feulement des fimples ; mais ce qui eft le comble de 1'abus c'eft que les réÜgieufes même vendent des médicaments tant fimples que compofés & quelles pouffent la témerité non feulement au point de fubftituer un médicament a 1'autre, mais auffi de corriger les ordonnances de ceux qui exercent 1'art de guérir avec diftinclion : jufqu'a quand laifTera-t-on fubfifter des abus fi dangereux ? Les Etats qui ont pris tant de précautions 8c fait tant des reglements pour fixer le titre de 1'or car fouvent, fous le nom des pauvres, les riches avares fe procureroient les médicaments. Tous les apothicaires devroient pafifer leur examen & ceux qui les examinent ne de-  xvï DISCOURS vroient pas recevoir ceux qui ne font point capables, car c'eft un abus de recevoir des fujets incapables en les foumetant même a la condition de ne point compofer des remèdes, fans les faire examiner & approuver par les maitres de preuves ; condition qui fera bientöt éludée nonobftant les peines ftatuées & au grand détriment du public. On ne devroit donc pas s'écarter de la regie de faire faire des preuves de leurs connoifTances a ceux qu'on autoriie a vendre des médicaments. Dans la plupart des villes, le nombre des apothicaires étant trop grand, la médecine étant beaucoup fimplifiée, il arrivé que 1'apothicaire, pour fubfifter, au lieu de bons médicaments en donne de médiocres & même de furannés: fi le nombre des apothicaires étoit fixé, cela n'arriveroit point fi fouvent, car pour lors ils auroient une mbfiftance honnêté , ils renouvelleroient leurs médicaments quand ils s'appercevroient que cela devient néceiTaire.  PRELIMINAIRE, xvü nécelTaire. On s'imagine que la vifite des boutiques peut empêcher la vente des mauvais médicaments, mais on fe trompe; caU fouvent cette vifite fe fait dans un tems limité & fi ellfi fe faifoit a 1'imprévu, celui qui a des médicaments détériorés auroit foin de les cacher pour les vendre après la vifite fake, & ne montrerait que ceux qui ont toutes les qualités réquifes: cette vifite ne fe fait ordinairement que dans les villes oü les apothicaires forment un corps, ou dans celles oü il y a r n college de médecine dans les autres villes il ne s'y en fait pas; cependant ces habltans font hommes comme les autres. La plupart des marchands merciers , connus fous le nom de dröguiftes, ne vendenc pas moins ,de médicaments que les apothicaires , pourquoi n'y fait on point la vifite comme chez eux ? les couvents réligieux &z principalement ceux de' filles qui vendent des médicaments au public & qu'on tolère devroient aulfi être fujets a la vifite, ou il vau- b  xxm DISCOURS droit mieux leur défendre Ia venre des mé dicaments & ]e public hen courroic pas Ie rifque. Ces vifltes devroient fe faire par des perWs iniïruites & non par celles qui, pour avoir végété pendant plufieurs années dans lemploi de vültear, n ont fouvent dautre mént' qUC 36 P°ids * leur age & une rou. tme aveugle; on en trouve même dont 1 ignorance va au point de devenir très-dan4reufe au public, fcr-touc paree que non contents de mal compofer eux memes leurs médicaments, au préjudice des hommes, ils exigent des apothicaires qu'ils les préparent com*e eux , & foic par ignorance ou Me coupable condefcendance ou par Ia crainte detre décriés par ces vi&eurs ignorans, ils s y conforment. Notre intention na pas été de parler d'aucun pays, ni viUe en particulier. nous parions de ce qui arrivé dans quelques pays. Plufieurs perfonnes & celles principalement  PRELIMINAIRE, xir. qui font fufpecles, trouveront très-déplacé que nous ayons mis au jour leurs fcvirberies. C'eft le bien de la fociété qui nous a engagé a le faire, 5c les amis de i'humanitc nous en fauront gré. II y a certainemcnt des fophiftications qui ne font pas venues a notre connoiftance; mais en employant les moyens qne nous donnons pour connoitre les unes, on dccouvrira également les autres ; fur - tout ceux qui font inftruits dans la chimie &C dans la matière médicale n'en feront point les dupes. 11 feroit a dcfirer qu'il n'y eut qu'un même poids & méfure en méde.cine, mais prefque chaque pays a un poids & méfure différents des autres ; bien plus, dans la même ville on trouve chez les apothicaires des poids & méfures différents. D'oü il arrivé que le médecin a fouvent la dofe du medicament Ordonné trop forte ou trap foible. L'art pharmaceutique eft un art des plus  » DISCOURS ntiles , au progrès fduquel 1'humanité a 1'inté-. rêt le plus direéh eo effet que peuvent les médecins & les chirurgiens fans cette partie eflèntielle de la fcience de guérir ? N'eft ce pas du choix des rémèdes, & de la maniere dont ils font préparés que dependent la nullité, le danger ou 1'efficacité quon en attend? Quel eft le médecin éclairé qui, attaché a fa profeffion & a fes malades, pourra être tranquille lorfqu'ii faura que celui chez lequel on porte fa formule na fait aucune étude des regies qu'il invoque pour 1'exécution de fes ordonnances & qu'il ne connoit pas même la nature des fubftances premières, qu'il va mélanger? On vient de fentir en Ruffie combien il eft important de protéger cette partie intér reffante de la médecine qui s'occupe du choix & de la préparation des médicaments. Un des moyens emploiés par la Ruffie, pour remédier a une bonne partie des abus, eft que le Souverain sy eft rendu^maitre abfolu des  PRELIMINAIRE, xxi rémèdes qui fe diftribuent a fes fujets Sc qu'il n'en confle la préparation qua des apothicaires inftruits auxquels il s'en rapporte aveuglement pour le choix Sc 1'inftruction de ceux qui doivent travailler fous leurs ordres. En Allemagne oü le nombre des pharmaciens eft Jimité pour 'chaque vilie, perfonne qu'eux ne peut compofer ni diftribuer des rémèdes ; mais dans plufieurs autres villes chacun les fait Sc les débite ; le public qui court toujours au meilleur marché va chez celui qui trompe d'avantage. II y a beaucoup de ces marchands de drogues qui ont fi peu de confianCfi dans ce qu'ils vett* dent que quand ils ont befqin de rémèdes, ils les font acheter chez des apothicaires inftruits. Pourquoi la loi qui défend a toute perfonne de profefler un art quelconque , fi elle ne prouve qu'elle y eft experte, fe trouvet-elle prefque entiereüient négligéc pour uh  xxü DISCOURS des arts qui importe tant a la confervation de 1'efpèce humaine, & qui par cette négligence coupable eft devenu pour ainfi-dire lc domaine de fout le monde?' U ne fuffit pas pour bien exercer la pharmacie d'avoir du zèle & même de 1'ïntelligence ■ il faut encore une étude profonde de laphyfique &c de la chimie, & une connoiffance exaéte des fubftances dont le pharmacien doit faire choix & qu'il doit emploier. Ce qui nuit beaucoup a Ia pharmacie & a la médecine en général, ce font les charlatans : nous n'entendons pas par charlatan celui feulement qui ramafTe le peuple, qui court le pays pour vendre fes drogues; mais auffi le fourbe qui trompe le public foit en faifant parade d'une fcience qu'il ignore, foit en ne fe fervant de fes connoiffances que pour abufer de la crédulité &z de la bonne foi du public , en extorquant des penfions par des promeffes de guerifons fans effets, ou en venT dant des onguents ou 'autres rémèdes au pu-  PRELIMINAIRE, xxiü blic, non pour le guérir, mais pour avoir font argent & lui donner fouvent la mort ou lui occafionner des accidents plus graves que ceux qui l'affligeoient. Si cette conduite attire juftement 1'indignation de la fociété fur un homme quelconque, elle mérite certainement la punition la plus févére a celui qui fe joue de la fortune, de la fanté, & fouvent de la vie de fes femblables. En France on vient de donner une ordonnance par laquelle on défend a tous propriétaires de rémède, qu'il ne pourra point le faire inférer dans les journaux ou papiers publics, fi. non lorfqu'il aura eu 1'approbation de la fociété royale de médecine, pour prevenir les méprifes funeftes auxquelles la crédulité publique donne lieu fi fouvent, que ces marchands de drogues, non réconnues, qui fe joindront aux farceurs pu baladins, pour les débitcr aux endroits publics, feront punis d'une amende de mille livres Sc feront en outre pourfuivis extraordinairement.  sxir DISCOURS &c. II feroit a defirer que par-tout il exiftaé de femblables ordonnances Sc qu'on les obfervat, elles empêeheroient le public detre volé par ces hommes a fécret. On n'a pas d'idée de la quantité de perfonnes que les charlatans tuent tous les jours avec leurs eaux, leurs onguents, leurs extraits &Cc. qu'ils diftribuent impunément. Cette audace mérite-* roit certainement 1'attention réfléchie du Gouvernement, qui perd autant de fujets par ce brigandage que par le fer de 1'ennemi.  Tl AIT É SUR LA F ALSIFIC ATION DES MÉDICAMENS. LES RACINES. ["_^A Rkglisse. Glycyrrhiza, Liquiritia, dulcis Radix, officin. Eft la racinc de la plante qu'on nomme Glycyrrhiza, radlce ferpente, vulgaris germanica, J. B. Glycyrrhiza [iliquofa vel germanica, C. B. P. ' Elle eft de couleur grife ou rouflatrc au dehors Sc jaune au dedans : elle eft longue, & fa groffeur ordinaire eft d'un doigt : fun goüc eft doux & agréable, elle a trés peu d'odeur. A  s Traité sub. la Falsificatioic ' Elle donne a 1'étnér une couleur légère qui del vient un peu citrine après un féjour fuffifant, L'infufion aqueufc de la régliffe eft jaunatre prefquefans odeur, d'une faveur douce, fa teinturefpiritueufe eft d'une couleur jaune foncée; elle a une faveur douce mêlee d'un peu d'acrêté". Par le moyen de 1'efprit de vin, 1'on obtient d'une once de racine de- régliffe, un gros cinq grains d'extrait, jaune-rougeatre, d'une faveur douce avec un peu d'acrêté : & par le moyen de 1'eau environ une demi once d'extrait d'un gotit agréable & doux, d'une couleur brune foncée, tirant un peu fur le' Doir. ^ Plus nouvellcment eft cueillic & fechée Ia raeine de régliffe , meilleure elle eft. On peut auffi juger de fa qualité par fa couleur intéiieure.; celle dont la couleur eft jaune, qui a Une faveur douce & agréable & qui eft de la groffeur du gros doigt, eft a préférer : on doit rejetter comme mauvaife cellc qui eft échauffée, vermoulue, ou moifie. On fe fert de la racine de régliffe comme adouciffant & incraffant & on la met dans les apozemes pour corriger 1'amertume des autres drogues. La dofe ordinaire en eft d'une once pour un pot de liquide.  fcES MÉDICAMENS. 3 Rhubarbe (flaj) Rhabarbarum, Rhcum, officin. Eft la racine de la plante nommée par les botaniftes Rhcum palmatum foliis palmaüs acuminatis , Linn. On 1'apporte en merceaux de différentes formes. Elle eft légere ; fa fubftance paroit fongueufe , a 1'cxtéricur elle eft d'une couleur jaune foncée même un peu brunc, fa couleur \ 1'intérieur eft auffi jaune avec des taches & des rayes rougeatres & blanciiatres par intetvalles, ce qui lui donne un air marbré & de la reffemblance avec la noix mufcade , fon odeur eft aromatique, mais défagréable ; fon goüt eft amcr k. légerement acre, laiffant un peu d'aftriclion. Elle ne donne a 1'éther qu'une légere teinture citrine. Ce qui prouve qu'elle ne contient que trés peu de parties réfmeufes, c'eft que fa teinture faite par le moyen de 1'efprit de vin eft trés-légère, a peu d'amcrtume & ne devient pas laiteufe. Quand on la jette dans 1'eau , on peut tirer de cette racine plus de la moitié de fon poids d'extrait; elle donne a 1'eau dans laquelle on la met tremper une couleur qui approche de celle du faffran; un goüt amer avec aftriction, une odeur aromatique & défagréable.  4 Traité sur la t a lSifi c a t i o w Si on diftille la rhubarbe dans une retorte, elle donne d'abord une liqueur qui a peu de faveur, mais qui en a Podeur, puis une liqueur qui devient de plus en plus acide & enfin un peu d'huile : on peut tirer du réfidu un peu de fel alkali fixe. On nous apporte trois fortes de rhubarbe, de Ia platte , de la ronde & de la rhubarbe trouée; cellc-ci eft la meilleure : on doit la préférer aux deux autres, fur-tout fi elle eft bien féche , friable avec une certaine dureté, épaifle & denfe a 1'extérieur; d'une couleur jaune foncée tirant même fur le brun; a Pintérieur elle doit être d'un jaune rayé de rouge pale mêlé d'un peu de blanc, comme la noix mufcade, ayant le goüt amer & d'une odeur aromatique mais défagréable. Elle eft fujette a fe noircir & a fe carier, & quand elle eft dans eet état, elle ne fent plus rien , non plus que celle qui a perdu fon odeur ou qui fent le moifi. Pour tromper Pacheteur, les vendeurs de vieilles rhubarbes viciées la frottent aux endroits les plus endommagés avec'de la poudre de couleur femblable a celle de la rhubarbe ; cette poudre entre dans les trous de la carie & paroit faire corps avee les parties faines; quand on a quelque foupgon fur la probité du vendeur3 on peut' aifément découvrir  DES MÉDICAMENS. g fa fraude en paffant pluficurs fois la raain deffus; la poudre fe détache & la trompcrie fe manifefte. On vend quelque fois la racine de rapontic pour de la rhubarbe, cette fraude eft facile a reconnoitre: en coupant cette racine tranfverfalement on y diftingue des cannelures difpofées en rayons tirés de la circontêrcnce au centre ce qui ne fe trouve pas dans la vraie rhubarbe. La meilleure rhubarbe nous vient des Ruffes, & ce peuple qui eft a peine forti de la barbaric, fait ccpendant des réglemens concernant la rhubarbe qui font de la plus grande fageile. Ceux-ci vont la cherchcr fur les confins dc la Chine, & c'eft un commifTaire & un apoticairc qui vont 1'y acheter pour le compte du fouverain. Toute la rhubarbe qu'ils achetent indiftinélement eft remife a 1'apoticaire de S. M. qui eft a Kiachta; il 1'examine avec la plus grande attention , féparc la bonnc de la mauvaife & jettc celle - ci au feu , de facon qu'il n'y a que celle qui eft bonnc qui eft envoyéc dc Kiachta a Mofcow & a Peccrsbourg oü elle eft remife entre les mains d'un apoticairc qui 1'examine de nouveau, fépare celle qui eft parfaitement bonne de la médiocre qu'il brule. II feroit a foühaiter qu'oa donnet par - tout la même attention a la ventc d9  4 Traité sur la Falsification ce medicament, d'autant plus précieux qu'il eft un de ceux dont le pcuplc fait le plus grand ufage. J'ai feu que dans une grande ville oü il y a un collége de médccine on vendoit publiquement & au plus olfrant dc la rhubarbe noire & tellcment vcrmoulue qu'on la réduifoit en poudre entre les doigts; c'eft ccpendant pour la claffe indigente, pour le labourcur & pour les défenfeurs de la patrie, que de tels médicamens font le plus fouvent deftinés. Les riches n'en font pas exempts non plus , ils croient trouver du foulagement en prenant des médicamens, mais leurs maux augmentent, deviennent plus cruels & plus opiniatres &. ils font trop heu, reux, quand ils ne les conduifent pas au tombeau. Pourquoi ne pas fuivre par-tout la fage ordonnance de PImpératrice de RuiEe ? La rhubarbe eft un purgatif qu'on emploie trèsfouvent : on feait qu'elJe laifTe après fon ufage une légere aftriétion: on s'en fert avec fuccès dans les diarrhées & dans les diffenteries. On la donne auiü comme amer fimple & ftomachique a petite dofc. Sa dofe ordinaire eft depuis vingt jufqu'a foixante grains en fubftance & depuis un gros jufqu'a deux en infufion. Rapontic. R.aponücum, officin. Rhabarbarum fom  DES MÉDICAMENS. 7 Diofc. & antiq. % R- H. eft la racine de la plante nommée Rhcum fohiglabris pctiolis fubfulcatis, Linn. Raponticum folio Icpathi majoris glabro , C. B. P. Elle eft oblongue, groffe d'environ deux pouces, mollafic, fpongieufe , jaune en dehors Sc en dcaans, d'une odeur moins forte que la rhubarbe & auffi d'une faveur moins amère mais acre & aftringente: elle eft gluante & vifqueufe lorfqu'on la tient longtcms dans la bouche. Cette racine coupée tranfverfalcmcnt laiffc voir des cannelures difpofées en rayons tiréa de la circonfércnce au centrc. L'éther tire de la rapontic une teinture jaunebrunatre : fon infufion fpiritueufe eft rouge-brune, d'une faveur aromatique , fans odeur. L'infufion aqucufe eft de mcme couleur que la fpiritueufe, peu amère & fans odeur fenüble. La meillcure rapontic eft la plus récemment cueillic , la plus haute en couleur , la plus faine dans toutes fes parties; il faut fur-tout qu'elle foit exempte de toute caric & moifnïure, elle y eft plus fujette que la rhubarbe. On 1'ordonne rarement , elle a a peu prés la mcme vertu que la rhubarbe, mais il faut en emploicr le doublé : elle paroit êtK un peu plus aftringente que la rhubarbe.  S Traité sur la Falsification Racine d'Hermodacte. Radix Bermoda&yli ; officin. Elle produit la plante qu'on;nomme Iris corollis imberbis, föliis tetragonis, Linn. Ilermodactylus folio qaadrangulo, Tournef. Elle eft dure, tubercufe, triangulaire; elle a la figure d'un cceur coupé par le milieu, applati d'un cöté , relevé en bofle de 1'autre, fe terminant cn pointe avec un fillon creux fur le dos depuis la ba*p jufqu'a la pointe : a 1'extérieur cette racine eft 2 couleur jaunatrc ; elle eft blanche dans l'intéricur: elle a une faveur douceatre, vifqueufe, mêlée d'un peu d'acrimonie. L'éthcr n'a aucune action fur elle. L'eau dans laquellc on la fait infufcr, eft jaune & trouble ; elle a trés peu d'odeur & eft prefque fans faveur; la teinture fpiritueufe qu'on en tire eft légerement jaunatre, "& elle n'a d'autre odeur ni goüt que ce^ lui de 1'efprit de vin qu'on a employé. Les mcilleures racincs d'Hcrmodaéïe font les plus groffes & les plus nouvelles. II faut qu'ellcs foient feches, entieres , jaunatres en debors , blanches en dedans, & qu'elles fe laiffent facilement réduire en .poudre : pour peu qu'ellcs foient cariées , on ne doit pas en faire ufage.  j)ES MÉDICAMENS. 9 On les ordonnc comme fudorifiqucs & purifiantcs dans les maladies caüféès par 1'impurité' du fang & de la lymphe; la dofc en poudre eft depuis un demi gros jufqu'a un gros,& en décoeïion depuis un jufqu'a deux gros. Jalap. Jalapa , Jalcpium , Gialapa, Chdapa , Celopa, Mechoacanna nigra. officin. La plantc de la racine dc Jalap fe nommc Convalvulus Jmèrkanus, yalapium dièJus. Rail. Cette racine eft inégale, pefante, réfineufe, dure, d'un gris foncé & noiratre en dehors, d'un gris foncé en dedans entremelé de lignes blanches ou jaunatres, n'ayant qu'unc odeur foible , un goüt réfineux qui excite de légères naufées: réduite en poudre fa couleur eft d'un jaune-gris: on nous 1'apporte ordinairement coupée par tranches. Douze onces de Jalap choffi & bien fee donnent trois onces dc réfine & quatre onces d'extrait. Ccpendant Boulduc n'en a tiré que deux onces de réfine , ce qui peut provenir dc la qualité du Jalap. Par la diftillation on retire de deux livres dc jalap neuf onces d'buile, un peu d'acidc & beaucoup de phlcgme de nature alkaline. L'eau dans Jaquclle on la fait infufcr devient d'une couleur jaunatrc fc un peu troubl*} elle acquicn une faveur dou~  io Traité sur la Falsification ceatre, & une légere odeur. L'éther de cette racine tire trés peu de teinture. La teinture fpiritueufe eft de couleur d'or, fans odeur, mais d'un goüt réfmeux & très-acre. Dans le choix il faut préférer les plus gros morceaux qui font dans 1'extérkur, d'un gris noiratre, ainfi que ceux qui font bien entiers, qui paroiffent les plus réfmeux, & luifants intérieuremcnt, qui ont le goüt acre, qu'on a le plus de peine a rompre avec la main, & qui fe brifcnt facilcment le pilön : ff la racine de Jalap s'enflamme dés qu'on 1'approche du feu, c'eft une marqué de fa ' conté; mais il faut rcjetter toutes celles qui font Manches en dedans, légères, moifics, cariées, ou vermoulues; On falfïfie queiquc fois la racine de Jalap avec celle de Brione blanche qu'on coupe par tranches & qu'on fait fécher : cette trompcrie eft aifée a apperecvoir, car la racine de Brione eft d'une couleur plus pale, elle .eft plus légere & plus caflante que celle de Jalap. La racine dc Jalap eft un purgatif dont 1'ufage eft tres-für; on la met ordinairement dans le nombre des purgatifs hydragogucs. On 1'ordonne pour les maladies bilieufes , pour 1'hydropifi.c, le rhuXnatifrne, la cachexie & Four les maladies de la  des médicamens- * * peau. La dofe en poudre eft depuis dix jufqu'a foixante grains. Ipécacuanha , Mine d'or végétale ou beconquille. Ipécacuanka, Cacofanga, Bcguqueüa, Specacuanha, Beculo, Beloado, Radix Brafdienfis, quorund. On diftingue trois fortes de ces racines. La première eft 1'Ipécacuaniia gris. Ipécacuanha cineritiavulgaris,fcu Pmtviaha ;ofem BexuquUlo, &raifdeoro, hifpan; elle eft épaific de deux a trois lignes, tortueufe & comme entourée de rugofités ; elle eft dure , caffantc & réfmeufe ; de couleur brunciair ou eendree ; d'un goüt acre, amer, n'ayant qu'une foiblc odeur. On appertjoit au milieu dc cette racine un petit filet qui lui tient lieu de moelle. On ne fcait pas pofitivement qu'cllc eft la plantc dc cette efpccc d'Ipécacuanha : on croit que c'eft celle que Pifon nomme Ipécacuanha blanc. Et que Moriifon nomme , Planta Brafdiana pcriclymcno accedens flopdis congeflis albis. La feconde cfpece eft L'Ipécacuaniia brun, Ipécacuanha fufca [ive nigra. Radix Brafilienfis , officm La plante qui en provient eftle Euphorbia, dichotoma foliis integernmis lanceolatis, pedunculis axidaribus, tini floris,folia cequanübus , caule credo , Linn.  ** Traité sur la FiLSlnCATI0N Elle eft plus tortucufe , plus chargée de rugofi. tes & plus menue que celle de la première efpece • ■elle eft brune ou noiratre en dehors , bianche en del ■ dans & d'un goüt légcrement amer. La troifieme efpece eft lTpècacüa^a blanc qu'on nomme auffi faux Ipécacuanha. Ipécacuanha caniidior.cm*. fa plantc eftnomméedcmême. Cette racine eft d'un blanc jaunatrc, menue, ligneufe, liflb ■& fans amcrtume. L'Ipécacuanha de la première efpece , c'eft-a-dire Ie gris, autrement dit du Pérou , eft lepluseftimé : c'eft auffi 1c feul- dont on devroit faire ufage dans la médecine.^ Les principes acïifs de cette racine réndcnt dans fes parties cxtéricurcs ou dans fon écorce dont on tire d'une once trois gros d'extrait, par le moyen de 1'eau; eet extrait a une couleur brune foncée ' & une faveur amerc , acre & un peu aftringente & de la même quantité de fon écorce on tire auffi quatre fcrupulcs d'extrait par le moyen de 1'efprit de vin , d'une couleur: brunatre, d'un goüt acre , amer & un peu aftringent, & d'une légere odeur balfamique;fi 1'on filtre 1'cau dans laqüelle on la fait infufef , elle eft tranfparente, d'une couleur brune-.  DES MÉDICAMENS, ï§ rougcatre tirant fur le jaune , elle a un goüt amer , acre , & un peu aftringent , une foible odeur qui approchc de celle de la fcmence de caryi. Son infufion fpiritueufe eft de couleur jaunatre tirant un peu fur le brun & le rouge: elle a une faveur acre peu différente de celle du poivre & une odeur foible qui excite les naufées. L'éther tire peu de chofe de cette racine, mcme après un long fejour. Gcofroi dit avoir obtenu , par le moyen de 1'eau trois onces & demic d'extrait de huit onces d'Ipécacuanha gris, & par lc moyen dc 1'efprit de vin dix gros de réfine dc la même quantité d'Ipécacuanha. Tandis que dencuf onces d'Ipécacuanha brun, il n'a tiré par le moyen de 1'eau qu'une once & trois gros d'extrait , & fix gros de réfine par le moyen de 1'efprit de vin. On obtient de 1'Ipécacuanha gris ou brun diftilé a fee dans une retortc, d'abord un peu de phlegmc , enfuite un peu d'cfprit acide & puis un peu d'huilc , mais 1'Ipécacuanha brun donne un peu plus d'efprit & moins d'huile que lc gris. Dans le choix dc la racine d'Ipécacuanha grifc ou brune Ü faut préférer la plus groflc , la plus nourric & la plus charnue. Enfuite qu'clle foit  1Ï4 Traité sur la F al si f i ca tioït compacïe , bien ehtiere , bien réfineufe , nettoyée des petits filets qui naiffent autour ; fur-tout qu'elle foit bien fainc fans moififfurc.' S'il fe trouve de 1'Ipécacuanha blanc mêlé.avec lc gris & le brun, il faut lc jetter. On mêle fouvent avec les vraies racines d'Ipécacuanha des autres racincs qui leurs reflcmblent, entre autres une que Ie Cbevalier Sloanc a découverte dont la plante eft un Apocin venimcux , cette racine eft d'un brun plus foncé que la racine d'Ipécacuanha ; on y appercoit quelques mélanges de rouge qui ne font pas dans 1'Ipécacuanha.La couleur de fon écorce eft a Pextérieur d'un jaune-rougca trc, les morceaux en font auffi plus grands: on en voit qui ont jufqu'a feize pouccs de long : les fentcs qu'on appercoit dans fon écorce font plus éloignécs les uncs des autres que celles qui fe trouvent fur Técorce de 1'Ipécacuanha , & les efpaces qui font entre les fcntcs;font auffi plus unies. Les racincs qu'on mêle avec celles du véritable Ipécacuanha blanc, lui reffemblent beaucoup , mais ellcs font plus grofles, plus longues, plus droites , plus douces au toucher , fans être auffi noueufes que la vraie racine d'Ipécacuanha blanc. La racine d'Ipécacuanha eft un émétique doux & un fpécifique dans la plupart des diifenteries ;  des médicamens. ï£ il y a des auteurs quj. le recomandent dans certaines hémorrhagies, telles que les pertcs de'fang qui vicnnent des hémorrhoïdes & de la matrice. La dofe ordinaire eft depuis fix jufqu'a foixante grains. Racine d'ImpÉr.atoire, ou Otruchc ;Benjoin francois. Imperatoria radix, officin. Aflrantia, Magiflcrantia, Oftrutium, quorund. Elle produit une plante qu'on nomme Imperatoria major, C. B. P. Aflrantia, Dodon. Elle eft oblonguc, affez épaiffe , ridée , gcnouillée , de couleur brune en dchors , blanchatre en dedans, d'un goüt tres-acre, aromatique un peu amer qui piqué fortement la langue & échauffe toute la bouchc ; fon odeur eft penetrante & aromatique. L'eau dans laquclle on la fait infufer eft un peu trouble , de couleur brune & ayant un goüt amer , elle provoque les naufécs & laifie quelque tems après elle une légere acrété qui a 1'odeür de la racine ; 1'infufion fpiritueufe eft dc couleur d'or jaunacre , d'un goüt un peu amer , mais plus acre que fon infufion aqueufe : fon odeur eft tres-pénétrantc. D'une livrc de racine d'impératoire on tire environ huit onces d'extrait diffolublc dans i'cau , de couleur brun-noiratrc, d'une odeur foible un peu balfamiquc, d'une faveur amere, deux a trois onces  i6 Traité sur la F a lsi f i c a ti o sr de matiere réfineufe d'une faveur amère très-acre d'une couleur d'or foncée , & qui a 1'odeur de la racine , & un demi gros d'huile; elle donne a 1'éther une légère couleur jaunatre. Les meillcurs racines d'Impératoire font celles qui font groffes, bien nourries & nouvellemenr fechées. Leur goüt & leur odeur doivent être aromatiques & piquantes. Toutes celles qui font cariées ou moifies, font a rejetter comme étant mauvaifes. On ordonnc cette racine comme alexipharmaque & fudorifique, elle aide a la digeftion, elle leve les obftructions; on la rtcommande pour retablir les menftrues : la dofe en eft depuis un demi gros jufqu'a un gros. Racine-d'Iris de Florence , Radix Iris Florentina. , officin. El!e produit la plante qu'on nomme Iris alba Florentina , C. B. P. Iris fiore albo , J. B. On 1'apporte en morceaux de 1'épaiiTeur d'environ un doigt, elle eft applatie , gcnouillée, blanche en dchors , & parfemée de quelques pointes d'un jaunc-brunaire. Blanche ou d'un bianc jaunatre en dedans; 1'odeur aflez forte &c approchant de celle de la violette , elle a une faveur légerement acre & amère , elle laiffe dans la bouche un peu de patcux,  DES Mi Dl CA M I W S> *T on dépouille cette racine de fon écorce fur le lieu óü on la cucille. Elle ell d'un jaunc-rouge. On en obtient d'une once environ cinq gros d'une fubitance farineufe fort infipide. Quoique 1'Iris de Florence ait une odeur fubtile & pénétrante, ellcne donne cepcndant par la diftillation qu'une eau impregnée de 1'odeur de violette fur laquelle nage d'efpace en efpace une très-légcre pelicule huileufe & quelques gouttes d'huile. L'eau dans kquelie on la fait infufer a une couleur jaune-pale, une odeur de violette & une faveur un peu amere & acre qui provoque les naufées. Son infufion fpiritueufe eft auffi de couleur jaune, fon odeur eft la mcme que celle de fon infufion aqueufe; elle a une faveur un peu amere, acre, & légerement balfamique. L'éther n'a aucune action fur cette racine. Par le moyen de 1'efprit de vin, on tire d'une once de racine d'Iris environ deux fcrupulcs de fubftance huileufe & réfmeufe d'un brun-jaunatre , d'une faveur un peu amere, balfamique, trés-acre & de 1'odeur de violette. Et par le moyen de l'eau , environ cinq fcrupulcs d'extrait, lequel eft d'une odeur agréable, d'une faveur douce mêléc d'un peu d'acrêté & de •oulcur brun-fale. L'Iris diftilée par la cornue, donne d'abord une  ti Traite sur. :la Faesificationliqueur limpide , puis une iiqucur jaunatre légere-, ment acide, en fuite une liqueur d'un rouge-brun moins acide que le vinaigrc, mais qui a plus d'acrimonie ; enfin une huile empireumaüque. Les mcilleures racines d'Iris de Florence font celles qui font bien nourries , qui pcfent le plus, les quelles font bien compaftes, bien Manches en dehors & en dedans,& d'une bonne odcu:\ Toutes celles qui font fans odeur ou en ont une de moifi ou qui font cariées, font mauvaifes, & doivent être rejettées. La Racine d'Iris dc Florence eft ftirnulante & incifivc; on s'en f rt dans 1'afthme humide. La dofe eft depuis quinze jufqu'a lbixante grains. Racine de Mechoacan, ou Rhubarbe blanche, Méchoacan du Perou, ou Bryone d'Amérique , ou Scamonée d'Amérique , Radix Méchoacannce. officin. Rhdbarbarum album, Mecochoaca Peruviana, Scamonium Americanum, Brionia Amerkana, quorumd. La plante qu'elle produit eft nommée par les botaniftes Convulcuhis Amerkanus Mechoacan dic7us3 Tournef. Bryonia alba Peruviana, live Mechoacana, Park. On Papporte en tranches circulaires ou oblongues. Elle eft de couleur blanche en dedans & grife en, dehors: elle eft ridée, n'a prefque point d'odeur xi%  DES MÉDICAMIMS. TP dc goüt, a moins qu'on la mache longtcms, elle laiffe alors fur la langue un fentiment d'acrêté & dc cuiifon : on la rompt faalement, elle eft moins dure que la racine de Jalap. L'éther en tire une teinture légcrcment jaunatre. On obticnt d'une once de cette racine trois gros d'extrait foluble dans l'eau, d'une odeur mauvaife, de couleur brun - obfeur & d'un goüt acre qui provoque la falive , plus un demi fcrupule de réfine, de couleur jaunatre, d'un goüt acre & d'une odeur foible un peu nauféabonde. L'eau dans laquelle on la fait infufer, prend une couleur jaune-brun; elle eft un peu trouble & a une odeur & une faveur qui provoque les naufées. Son infufion fpiritueufe eft fort tranfparente, dc couleur jaune - d'or : elle laiife fur la langue moins d'acrêté que fon infufion aqueufe. On doit choifir cette racine en tranches circulaires de couleur blanche en dedans, grife en dehors , recente, compacte, pefante, & d'un goüt prefqu'infipidc, & rejetter celles' qui font légeres, cariécs , trop blanchcs & qui fe brifent aifément. La racine de Brione a de la reiïcmblance avec celle de Mechoacan, c'eft cc qui fait que les marehands les mêlent fouvent , mais il eft aifé da  Po Traité sur la Falsificatioit rcndre leur fraude inutile, car pour peu qu'on f faife attention, on diftinguera aifément la racine de Brione de celle de Mechoacan , celle-ci étant compacte & n'étant pas fongueufe comme celle-la. On les diftingue auffi par la couleur, celle de Brione éft d'un blanc rouffatre. La racine de Mechoacan a un goüt prefqu'infipide & celle de la Brione un goüt amer qui provoque les naufées. On ordonne rarement cette racine, cependant 1'on peut s'en fervir pour purger les perfonnes délicates & les enfants, on s'en fert auffi dans 1'afthme humoral, 1'hydropifie, la goutte & les maladies de la téte. La dofe eft depuis dix jufqu'a foixante grains. Racine d'Orcanette. Radix Anchufa>, officin. elle eft d'une moyenne groffeur, peu longue; fon écorce eft rouge : elle eft blanchatre en fa partie ligneufe, d'une faveur terreufe légerement aftringente. Sa plante s'appelle AnchufaMonfpeliaca,]. B. An~ chufa Minor purpurea , Park. L'éther en tire une belle couleur rouge, cette teinture mife en diftillation au bain-marie, laiffe dans Ja cucurbite une matiere réfmeufe d'un rouge brillant, indiffoluble dans l'eau. Une once de cette racine donne trois gros d'extrait aqueux d'une fcveur terreufe, faline, légerement aftringente, do  DES MÉDICAMENS. II aouleur rouge-noiratre Sc prefque fans odeur; & quatre fcrupulcs & quelques grains de réfine de couleur jaunc-rougc un peu fauve, d'un goüt un peu amer, & un peu aftringent, & inodore. La teinture fpiritueufe de cette racine eft d'un beau rouge foncé, & la teinture aqueufe de couleur brunatre fans goüt ni odeur particuliere. On la doit choifir nouvelle, bien féche, fouple, d'un rougc-foncé en dehors & blanche en dedans. II faut qu'elle ne foit pas trop groife, & qu'en la frottant fur 1'ongle ou fur la main , elle la colore d'une belle couleur vermeille. Toutes celles qui font moifies ou cariées doivent être rejettées. Elle paffe pour être fortifiante &: aftringente : on dit auffi qu'elle eft utile pour faciliter la guérifon de la cachéxie. La dofe eft d'un ou deux gros en décoction. Racine de Pareïra brava , ou butua. Radix Pareirce bravce & butua : officin. Boutoaa & Membrog 3 Brafil. Les botaniftes nomment la plante Cipmpclos foliis petalis, cordatis emarginatis , Linn. Cette racine eft ligncufc , longue, tortueufe, rude au toucher, dure; fa groffeur eft depuis celle d'un doigt jufqu'a celle d'un bras, Sa couleur en dehors  •2 ft Traité sur. la Falsificattow eft brune & en dedans jaune, tirant fur Ie gris, & interrompue par plufieurs fibres ligneux. Si 1'on coupe cette racine tranfverfaiemcnt , un y appercoit plufieurs ccrclcs concentriques traverfes par plufieurs rayons qui aboutilfent au centre , elle n'a pas d'odeur, fon goüt eft un peu'amer. L'éther n'a pas d'action fur elle Si on la fait mfufer dans l'eau, cette eau prend une couleur orangée-pale, fans avoir aucune odeur particuliere, mais elle a un goüt amer. L'iniüfion fpiritueufe eft de couleur fauve foncée, fa faveur un peu acre, amere & douccatre, n'ayant point d'autre odeur que celle de 1'efprit. L'extrait aqueux a une faveur en quelque fagon douce mêlee d'un peu d'amcr, tout-afait fans odeur & de couleur rouffatre. L'extrait réfineux' eft d'abord d'une faveur un peu amere & légerement aftringente; mais dans le tems qu'on le goütc, il devient douceatre, fans odeur particuliere & d'une couleur roufTe-noiratre. La racine de Pareïra brava, pour être bonne, doit être bien feche & exempte de carics. Elle a été vantée comme un excellent lithontriptique, mais fa réputation ne s'eft point foutenue longtcms. Cependant on croit qu'elle attcnue les  DES MÉDICAMENS. 23 humcurs Sc on 1'ordonnc conire les affeeüons cachéciqucs & anhnuques & contrc les fleurs blandies. La dofe en poudre eft depuis un fcrupde jufqu'a un gros. Racine de Pyretre. II y & deux fortcs dc ces racincs. La première qu'on nomme Racine Salivaire. Radix Pyrcthri. ütncin. eft ridée extéricurement & de couleur grife- rougeatre; mais elle eft blancluUre en dedans : fa longcur & fa groffeur ordinaire font celle d'un do'igt, elle a quclqucs fibres, & eft d'un goüt trés acre Sc brulant, mais fans odeur. . La plante quclle produit fe nomme Buphthalmum. caulibas JlmpliciJJJmis , wiifioris , folüs pinnato mltifidis , Linn. Chamamdum fpeciofo flore, radice longd, firvidd , Shaw. La deuxicme forte de racine dc Pyrctre que quelques perfonnes nornment xMagale, eft plus menue que la première. Elle eft longue d'cnviron un demi pied, fa couleur eft gris-brun en dehors, & blanchatre en dedans, Sc garnic dc quclqucs fibres: elle a a fa partie fupérieure une efpece dc barbc ou de frange. Sa faveur eft moins acre Sc brulantc que celle dc° la première efpece; elle eft auffi imwore.  M Traité sur. la Faisiticatiok Sa plante fe nomme Chryfanthemum fruauofum, folüs tinéaribus, dentale trifidis, Linn. Lencantke, mum Canarienfe, folüs Chryfanthemi, Pyrethri fa J>ore, Tournef. ^ L'eau dans laquelle ou la met infufer, prend une couleur brun - fale , elle a un goüt & une faveur qui provoque les naufces; fi on en fait lWufion d^ns 1'efprit dc vin, il devient jaune - rougeatre , »ais n'a pas d'autre odeur que celle de 1'efprit de vin. Une once dc cette racine donne environ trois gros d'extrait foluble dans l'eau d'une odeur affez mauvaife, de couleur brune & d'un goüt acre & chaud, & environ un fcrupule de réfine de couleur Pale,;d'un goüt chaud & acre comme la racine d'ouilprovient, & une odeur nauféabonde. L'éther en tire par le féjour qu'ü y fait une très-légèrc couleur citrine. Les vinaigriers pour donner de la force a leur vmaigre y f0nc infufer de ]a ^ de celle de la première efpece a plus de force & plus 4e vertu que celle de la deuxieme efpece. II faut Ia choifir nouvelle, difficile a rompre, d'un goüt trés-acre & brulant : celle qui eft cl riée ou moifie doit êcre rejettée.  des Médicamens. «5 On 1'cmploie principalemcnt cn mafticatoire, comme propre pour débaraffer les glandes falivaires; elle diffipe aulli le mal de dents caufé par Parrêc de la férofué : on s'en fert quelquefois en qualiti d'épipaftique. Racine d'Angelique. Radix Angelicce , officin. Radix Spiriuh Sancti, C. Hoffm. Sa plante fe nomme Angelica foliorum impari lobato, Linn. Imperatoria fativa> Tournef. La racine d'Angelique eft affez groffe & longue; brune & ridóe a 1'extérieur & blanche dans 1'intérieur; fon odeur eft aromatique, agréable, approchant un peu de celle du mufc; fon goüt eft acre* aromatique, un peu amer. Par 1'analyfe chimique on obtient de quatrc liyres & quatorze onces de cette racine fraiche, environ dix onces de phlcgme urineux , trois livres &£ fix onces de liqueur acide & une ence dc 1'huile ou effentielle ou épaiife : du réfidu refté dans la cornue on a tiré trois gros cinquantc quatrc grains dc fel alkali L'eau dans laquelle on Pa faite infufer, eft de couleur jaune , fon goüt eft balfamique , douceatre : elle a 1'odeur de la racine , mais dans un dégré moins ion. Si elle eft infufée dans 1'efprit  2.6 Trait.é sur la Falsificatiow de vin, ce liquide prend une couleur d'or p-ile, un goüt acie balfamique, un peu amer, & fon odeur eft celle de la racine dont une livre donne un gros d'huile eiTentielle étant diftiüég avec de 1'eau. D'une once on tire ordinairement deux gros de réfine d'une couleur jaune tirant fur le brun, d'une odeur aromatique & d'une faveur acre aromatique, & trois gros d'extrait aqucux d'une odeur foible, d'un goüt aromatique & de couleur brun-ioncé. Elle donne a 1'éther une couleur légerement brunatre. On choifit cette racine groffe , qui foit brune au dehors & blanche en dedans, d'une odeur approchant un peu du mufc. On doit rejetter celle qui eft cariée , a quoi elle eft fort fujette lorfqu'on la garde quclquc tems. On lui attribuoit autrefois des vertus qui font difparueslorfqu'on a obfervé fes effetsavec attention,cepen-* dant cette racine eft un bon aromatique; elle eft auffi diaphorctique & on la met au nombre des mafticatoires. Racines d'Aristoloches. II y en a de quatre efpeccs dont on fait ufage en médecine. '' La Première efpece, fe nomme, Racine d'AristoJwchb longue. Radix Ariflolochia longa, officin. Elle  DES MÉDICAMENS. 27 I unpied dc long:fa groffeur eft depuis celle dupouce iufqu'a celle d'un bras : elle eft charnue, ronde, caffantc, de couleur brune en dehors & de couleur jaunatre en dedans : fon goüt eft fort amer & legcrement aromatique. Les Botaniftes nomment fa plante Ariflolochia. folüs cordatis pctiolaüs integerrimis obtufiufculis caule infirmo ,floribus folitarüs , Lmn. Ariflolochia cauU infirmo ramofo , folüs cordatis, integerrimis , Zon|4 pctiolaüs ,floribus folitarüs, Sauvag. Monipell. La deuxicme efpece fe nomme Racine d'Aristoloche Climatite,ou de vigne, ou farra.ine. Radix ariflolochia climatitis , omcin. elle eit a une médiocre groffeur, fibreufe , de couleur brune a 1'extérieur, & jaunatre en dedans, fon goüt eft amer, ede a une odeur plus forte que les autres efpeces. On nomme fa plante Anftolochia caule ereclo flmplicifllmo , folüs cordatis pctiolaüs , floribus lateraMus confertis, Linn. Ariflolochia climatitis recla, C B. P- '■ La troifiemc efpece de Racine d'AIÏstólöché qu'on nomme La Ronde, Radix Ariflolochia rotundcE, officin. &dont la plante eft nommée jriftolachia folüs cordatis fubfcffllibus obtufls, caule m-  Traité sur. la Falsificatici* firmo , floribus folitarüs, Linn. Ariflolochia rotundé Jiore expurpura nigro, Q J3. P. EUe eft tubereufe,charnuc & épaiffe d'environ tro^pouces^rrondie^bré^ridée,^ leur brune en dehors & jaunatre en dedans; elle'eft ~d'UneéC°rCedPaiffe- S°n "O & plus amer que celui de l'Ariftoloche longue. On nomme la quatrieme efpece Racine de la ?pT,£ tRIST°L0CHE- RadlX ^fiolochke tenuis, vel ïfloloclu* officin. fa couleur tire furie jaune. EL le eftcompofee de plufieurs fibres mennes , fongues , attachées a un tronc commun : fon odeur eft aromatique & fon goüt amer. Toutes ces Racines donnentpar Panalyfe .hymique beaucoup de liqueur acide, une grande quantité d'hmle, une plus médiocre quantité d'efprit unneux & une grande quantité de terre & de fel fixe. Elles donnent a Péther une légere teinture jaune. L'infufion de la racine d'Ariftoloche ronde faue dans Peau eft jaune: elle a une odeur difgracieufe & un goüt légerement amer avec acrété , Ia teinture fpiritueufe a une couleur jaunatre, une faveur un peu amère , & une odeur foible. On les doit choifir nouvelles , bien feches ès  DES MÉDICAMENS. 2$ bien nourries , groffes, pcfantes , brunes en dehors, jaunes en dedans , d'un goüt acre &c aromatique ; & rejctter celles qui font maigres & n'ont pour ainfi dire que la peau , & fur-tout celles qui commencent a avoir une odeur de moifi & a être vermoulu.es. Elles ont des proprietés communes avec les amers aromatiques , on les regarde comme emménagogues, antivermineufes & vulneraires deterfives: c'eft la longue & la ronde qui font lc plus en ufage ; on les croit auffi peclorales, hyfteriques, céphaliques , alexipharmaques & refolutives , proprcs pour exciter les menftrues & capables de caufer 1'avortcment, mais nous croyons qu'il faudroit examiner les vertus de ces racincs de pres pour en être certain. La dofe eft depuis un fcrupule jufpu'a une dragme & demie. Nard Celtique. Radix Nardi Celtica; Spica Gallica, Spica Celtica, Spica Romana, officin. Valeriana Celtica, C. B. P. c'eft une petite racine fibreufe, chevelue & noueufe ; fa couleur eft jaunatre, elle eft garnie de feuilles ou de petites écailles d'un verd jaunatre ; d'une odeur forte, aromatique & un peu défagréable ; d'une faveur acre , un peu amère Sc aromatique.  3'o Traité sur la Falsificatioïc Sa plante eft nommée, Valerlana floribus triandris s folüs ovato-oblongis integerrimis , Linn. Valeriana Celtica, Tournef. L'eau dans laquelle on 1'a m'ife infufer dcvient de cöulcur rouiiatre; èlle a 1'odeur & la faveur de la racine. La teinture qu'on en tire par 1'efprit de vin eft de couleur de paiHe ; fon odeur eft aromatique & fon goüt eft un peu amer & aromatique. L'éthrer n'en tire prefque point dc teinture même par le fejour. On apporte cette racine en petits paquets ; elle doit être choifie nouvelle, de couleur jaunatre & odoriférante Les marchands, pour frauder , la mêlent quclqueibis avec d'autres racines qui lui rcfTembJcnt telles que le Nard bdtard ou lc Bouquain Hircuius. On reconnoit cette fraude paree * que ces racines n'ont ni le goüt ni 1'odeur aromatique du Nard Celtique. Elle eft toniqae & carminative Les anciens en faifoient un grand ufage dans les maladies de 1'eftomac & dc la veffie: mais on ne s'en fert guere aujourd'hui- Racine de Contrayerva. Laquelic on nomme auüi racine contre les venins , racine Bézoardi-  DÏS MÉDICAMENS. § f que & Alexipharmaque. Radix Contrayerva , officin. Contrayerva Hifpanorum, five Drackena Radix, Cluf. On nomme la plante qui la produit Cyperus longlis odoratus Peruanus , C. B. P. Dorflena dentaria Radice,fphondylii folio , placentd ovali, Tranfacl Philofop. Scapis radicatis , Linn. La racine de Contrayerva eft oblonguc , mince , ridée , noueufe , écailleufe & compacte : a 1'extérieur fa couleur eft jaunatre ou fauve-rougcatrc, & intcricurcmcnt, d'un blanc jaunatre : elle a une odeur foible & un peu aromatique : fa faveur eft un peu aftringente mêléc d'une légere acrimjnic qui n'eft pas défagréable. L'eau dans laqucHc elle a infufé a une odeur qui provoque les naufécs , un goüt foible un peu amer & une legére acrété : -infufée dans 1'efprit de vin, elle a un goüt un peu amer, alfez acre & piquant, mais elle conferve fon odeur naturelle. Si elle féjourne dans 1'éthcr , il en tire une légere teinture. Lorfqu'on choifit cette racine, il faut rejettcr celle qui eft moifie ou cariée , a quoi elle eft fort fuiêtte, on doit prendrc la plus nouvelle , la plus péfantc & qui eft exempte dc ces partics fibrcufes. Elle eft tonique & légerement deterfive ; elle paf-  I* Traité stjr la Faisificatioït fe pour diaphorctique , aléxiterrée & fudorifique i on 1'ordonne quelquefois dans les fievres petichiales& malignes: fon goüt légerement aftringent montre que cette racine peut convenir dans les fievres accompagnécs des diarrhées & autres accidents qui font craindre la colliquation. La dofe en poudre eft depuis vingt jufqu'a foixante grains, & en infufion depuis un jufqu'a deux gros. Racine de Costus doux , Radix Cofti odorati, ofii» cin. Radicum Coflus Iridcm redokns, C B. R Elle nous eft envoyéc en mofceaux oblongs afllz épais; elle eft poreufe, mais ccpendant dure & friable, un peu réfineufe, ayant I'acrété aromatique du Gingembre & un peu d'amertumc : fon odeur eft agréable, elle approchc de celle dc llris de Florence ou de la Violette : fa couleur eft gris-blanchatre. Quelques auteurs ont parlé de trois efpeces de Coftus, mais on ne connoit dans le commerce que celie dont nous venons de faire mention. La plante qui la produit fe nomme Ponvo Bramanum Coflus Iridcm rcdolens feu Indicus, C. B* Paco Coatinga Brcfllienfibus, Marg. L'éther en eft légerement coloré. Si on Ja fait infufer dans l'eau, elle prend une faveur amère & aromatique; elle a 1'odeur de la racine; fa couletff eft  BES MÉDICAMENS. J3 eft jaune, mais trouble ; la teinture qu'on en tire par le moyen dc 1'efprit de vin, eft d'une couleur jaune-foncé , fon odeur eft un peu aromatique, mais fon goüt 1'cft trés-fort, ainfi qu'amcr & acre. Quand on 1'achcte, on doit choifir la plus nouvelle, la plus compacte, celle qui rend le plus d'odeur, dont lc goüt eft aromatique & un peu amer, & exempte de carie. Ellepaffie pour incifivc , atténuante & diaphorétique, elle fortifie 1'eftomac, diilipc les vents & les flatuofités : on la recommande contrc les maladies nerveufes, & dans la paralyfie; la dofc eft depuis un demi gros jufqu'a un gros en poudre, & depuis deux gros jufqu'a une demie once en infufion. Racine de Curcuma. Terra mcrita; Safran ou Souchet des Indes. Curcuma feu Terra mcrita, officin. elle produit une plante nomme c Curcuma folüs lanceolatis utrinque acuminatis, nervis lateralibus nuincrojijjlmis > Linn. Cannacoris radice croced, Tournef. i Cette racine eft oblongue , coudcc , pefante ; elle a des nccuds de diftance cn diftancc, fa couleur a 1'extérieur eft iaunc-pale, a 1'intéricur elle eft d'un jaune plus foncé tirant fur lc Safran; C  g4 Traité sur la Falsification fa faveur eft un peu acre, amère & aromatique; fon odeur eft foible; elle relfemble un peu a celle du Gingcmbre. L'eau dans laquelle on 1'a faite infufer eft de couleur jaunatre; elle prend Podcur de la racine & a un goüt un peu amer & balfamique qui provoque les naufées. La teinture qu'on en obtient par 1'efprit de vin eft d'un fort beau rouge; elle teint en jaune Ia peau qui en eft frottée ainfi que les parois du verre; fon goüt eft acre & aromatique & provoque les naufées, mais 1'efprit de vin conferve fon odeur. L'éther en tire une couleur jaune-rougeatre. Une livre de cette racine donne 20 a 30 grains d'une huile effentielle de couleur d'or, d'une odeur & faveur aifez forte. On trouve deux fortes de cette racine dans le commerce, la longue & la ronde, mais c'eft ordiriairement la longue qu'on trouve dans les boutiqües; elle eft meillcure que 1'autre : on la doit choifir enüere, pefante, compacte, brillante quand on Ia cafle; elle doit être d'une faveur acre & mordicantc, de couleur jaune-fafrané. On doit rejetter les racines qui font cariées & vieilles, cllcs font aifées a reconnoitre a leur couleur qui tire fur le pourpre. La racine de Curcuma ronde, Tcrrata merita  DES MÉDICAMENS. 3£ rond. Curcuma radice rotunda, officin. eft tubereufe, arondie , charnue , compacte & groife comme le pouce, elle eft jaune au-dehors; fi on la coupe tranfverfalement, on y voit des cereles jauncs-rouges; fon odeur & fon goüt font plus foibles que ceux de la racine de Curcuma long dont nous avons parlé préccdemmont. La plante dont on la tire eft nommce Curcuma radice rotunda, Parad. On ordonne ces racines comme apcritivcs, fondantes, diurétiqucs, toniques, anti-fcorbutiqucs & ftimulantes : on les recommande fur- tout dans la jauniffe oü elles réuffilTent fouvent tres- bien : quelques auteurs les ont regardées comme un fpécifique dans les maladies du foye, mais c'eft un préjugé tiré de leurs couleurs. La dofe ordinaire eft de 15 a 30 grains en poudre & depuis un gros jufqu'a deux en infufion. Racine de Doronic Romain. Radix Doronici Romani, officin. la plante qui la produit fe nomme Doronicum folüs cordatis obtufis, radicalibus pctiolaüs, caulinis ampkxicaulibus, Linn. Doronicum radice fcorpü, C. B. P. Elle eft tuberculeufe, genouillée & comme articuléc, elle eft compofée de différens nceuds garnis  3*5 Traite" sur la Falsifi cat i on dc fibres; jaunatrc extérieurerflent & blancMtre dans Fintérieur; fon goüt eit douceatre, .vifqueux & un peu aftringent; fa grolLur orainaire eit celle d'une petitc noiiette. Cette racine donne a 1'éther une couleur blanchatre & un peu troubie. L'eau dans laquelle on Ta faite intüfcr eit jaunatre, a une faveur douceatre & n'a point d'odeur. On en tire par le moyen de Pefprit de vin une teinture de couleur jaune fans odeur ni goüt qui lui foient particulicrs. II faut rejetter comme mauvaifes celles qui font platreufes, vermoulues & qui ont un goüt de moifi : on ne doit prendre que les racincs emières & préférer celles qui font les plus groiles & les plus charnues. Plu^enrs auteurs reganlent 1'ufage de ces racines comme fuseer; d'atures difont d'après leurs propres expériences que leur ufage n'eft aucunementdangereux : on croit qu'elle remédié a la foibleile de la tète & de la matriee, & que c'eft un frécifique contre les vertiges. Gejner a pris deux gros de cette racine fans en ctre incommodé. Racine d'Ellebore. On en fait ufage en méde-  DES MÉDICAMENS. 37 cine de deux fortes, on nomme Tune Ellebore blanc, Sc Fautre Ellebore noir. La racine d'Ellebore blanc. Radix Helkbori albi, officin. dont la plante eit nornjmée Vzratrum caule ramolb , Linn. Vcratrum flore fubviridi , Tournef. eft èpaiffe, oblongue, tubcreufc, garnie de plufieurs fibres bruns a 1'extérieur , fa couleur a 1'intéricur eft blanchatre : elle eft fans odeur, a un goüt acre, amer,, légerement aftringent, défagréab.e & excitant des naufées. L'éther a peu d'aétion fur TEllebore blanc. Pat Vanalyfe chimique on en ure un efpfit d'un goüt trés-acre, enfuite une liqueur acide currotïve, fuivie d'un fel volatil concre: Sc d'huiie : la quantité de terre qui refte équivaut a la trolfieme partie du poids des tacincs qu'on a mis a 1'analyfe. L'eau dans laqueile on la met infufer, prend une couleur jaunatre ; elle laiffie fur la langue un foible fentiment d'acrêté; elle a une mauvaife odeur. On en obtient p.r le moyen de l'efprit de vin une teinture de couleur jaune-brun qui a une faveur amère & acre fans odeur qui lui foit particuliere. On fait a préfent très-pcu d'ufagc de PEllebore blanc, c'eft un purgatif Sc un émétique violent:  38 Traité sur laFalsification comme nous avons des purgatifs & des vomitifs qu'on'peut donner fans danger, nous confeillons dc ne jamais faire ufage intérieurement de cette racine : M. M. Vogel la met au nombre des poifons. La Racine d'Ellebore noir. Radix Hellebori nigri, officin. produit une plante qu'on nomme Helhboms niger flore rofco, C. 33. P. Helleboms fcapo fubrotundo bifloro, folüs pedatis, Linn. Veratrum nigrum, officin. Cette racine eft compofée de plufieurs fibres qui partent d'une tête ou d'une cfpéce de tubercule; elle eft noire en dehors & blanchatre en dedans : elle a une faveur acre, un peu amère qui excite des naufées, & une odeur nauféabonde. De cinq livres de racincs d'Ellebore noir diftillécs dans une cornue, on obtient huit onces d'une liqueur verdatre d'un goüt très-acre qui ne change point la couleur du tournefol, ni ne trouble point la dilfolution du fublimé corrofif; il coule enfuite dans le recipiënt deux livres, douze onces & fix gros d'une liqueur qui , de couleur verte qu'elle étoit, prend une teinte moins foncée, & dont le goüt acre fe change en acide ftyptique, eet acide change la couleur du tournefol en une couleur rouge  DES MÉDICAMENS. 59 de feu; les quatre onces qui viennent enfuite jfeécipitent la diübluüon du fubiimé corrofif & font eilcrvefccncc avec 1'acide marin : 1'huiie fecide qu'ont donné-ccs racines pefoic une once & demie; lc retidu qui a refté dans la cornue donne fix gros dc iel fixc & deux onces &: un gros de terre. L'éther a très-pcu d'aaion fur 1'Ellebore noir; 1'infufion fpiritueufe eft de couleur jaunatrc fans odeur que celui dc 1'efprit dans lcquel il a' infofé; d'une faveur un peu amère, mêlee d'acrétó. L infufion aqueufc eft dc couleur jaunc-pale, d'une odeur un peu aromatique & prefque fans faveur. Une once donne environ trois gros & un fcrupule d'extrait aqueux, & un gros deux fcrupulcs d'extrait réimeux. II faut choifir celui dont les filets de la racine font menus, petits, bien nétoyés, bien fecs, & les plus nouveaux & rejetter ceux qui font moilis ou cariés. Cette racine eft un purgatif violent, mais moins que 1'EUebore blanc : on s'en fert dans la eachexie, 1'hydropiiie & les maladies dans leiqucllcs on vent purgcr fortcment. La dofe en poudre eit ordinairement d'un demi gros, & en aécoètion on dunne jufqu'a une demie once.  40 Traité sur la Fa l si fi ca tiow Racine de Galanga. II y a deux efpèces de racine de ce nom dont on fait ufage en médecine. On les diftingue par 1'épithête de grande & de petite. La petite Galanga, ou Galanga de la Chine, ou Souchct de Babylone. Radix Galanga minoris, Galanga Sinenfis, officin. Chaukngian & Chaferudarva, Avicen. produit une plante qui fe nomme Kampferiana folüs ovatis fcjjilibus Linn. Lagendi, Herman. Cette racine eft jnégale, dure, folide, de la groiTcur du petit doigt : de diftance en diftancc font des genoux circulaires dc couleur brun-rougcatre cn dehors & de couleur rouffe-blanchatre en dedans : fa faveur eft acre, aromatique; brulant & piquant le gofier comme lc poivre & le gingembre : fon odeur eft aromatique : cejui-tï eft fupérieur en vertus au grand Galanga. L'eau dans laqueÜé on a fait infufer la racine de petit Galanga eft de couleur brun-rougcatre; elle a une odeur penetrante, un goüt un peu acre & aromatique. Si elle a infufé dans une liqueur fpiritueufe , cette liqueur eft rouge, fon odeur eft moins forte que celle dc 1'infufion aqueufe; mais la faveur eft plus acre & plus piquante. L'éther a très-peu d'aclion fur cette racine, même par le féjour: par  BES MÉDICAMENS. 41 le moyen de 1'eau on obticnt d'une once, environ deux gros & deux fcrupulcs d'extrait. Par le moyen de 1'efprit de vin, on en obticnt deux fcrupuies environ d'une matiere rougc-brun , d'un goüt aftringent & aromatique, & qui laifle fur la langue une faveur trés-acre. Par la diftiliation humid'e, ■une livre de cette racine donne environ un gros d'huile cifentielle. La Racine de grand Galanga. Radix Galanga major is, Galanga favanenfis , officin, produit une plante qu'on nomme Bangula & banchabe. Elle eft de la groffeur du pouce, tubereufe, noucufe , genouillee , tortue , repliéc & recourbée , comme par articulation , de diftance cn diftance : elle eft divifce en branches entourées dc bandes circulaires , folides , dures & inégalcs: fa couleur a Intérieur eft brun-rougcatre & pale ; dans 1'intéricur , elle a la faveur acre du poivre un peu amer : fon odeur eft aromatique , mais elle eft moins forte oue celle de la petite Galanga. On doit faire attention dans le choix dc Fone & de 1'autrc de ces racines qu'ellcs foient nouvelles , qu'ellcs ayent une odeur aromatique , une faveur acre. Celles qui font vieilles ont un goüt infipide><  42 Traité sur la Falsification il faut les rejetter , ainfi que celles qui font vermoulues. Le Galanga eft un bon aromatique, il eft ftimulant & apéritif , ftomachique ; hervin & défobftruent. La dofe en poudre eft depuis quin/e jufqu'a trentecinq grains ; on lc donne cn infufion depuis une dragme jufqu'a trois. Racine de Garance. Radix Rubia tinBorum. officin. produit une plante nommée Rubia folüs fciüs , Linn. Rubia tinctorum fativa. C. B. P. Cette racine eft oblongue, mince, ligneufe, rouge en dehors & cn dedans, n'ayant pas d'odcur; fa faveur eft légerement acre & amère ; elle eft une des cinq racincs apéritives mineures. L'éther en tire d'abord une couleur d'or qui augmentc par le féjour. L'eau dans laquelle on 1'a mifc infufer eft de couleur rouge-noiratre , elle a une odeur qui provoque les naufées & n'a aucun goüt particulier; fi on la fait infufer dans une liqueur fpiritueufe , cette liqueur eft d'un beau rouge foncé 3 elle a une faveur un peu aftringente , & un peu amère : fon odeur n'a rien de particulier. Une once de cette racine donne 2 gros d'extrait aqueux  des médicamens. 43 de couleur rouge-noiratre , d'une faveur terreus- ■ falin, légerement aftringent , & quatrc fcrupulcs cc quatre grains d'extrait fpiritueux de couleur jauneroügeun peu fauve , d'un goüt un peu aftringent & un peu amer & fans odeur particuliere. Elle a la propriété de eolorer en rouge les os des animaux qui en ont mangé. On doit choifir cette racine lc plus recemment féchée,ayant un goüt légerement amer , exempte dc vermoulurc & de moifiiiüre. Elle eft apéritivc & diurétique. La dofe en poudre eft depuis trente jufqu'a foixantc grains , & cn décoétion depuis une demie once jufqu'a une once. Racine de Gentiane. Radix Gcntiana , officin. elle produit une plante nommée Gcntiana major Intea, C. B. P. Gcntiana vulgaris major, Hcllcbori albi folio, J. B. Cette racine eft longue , aflez épaiflë , d'une couleur brune au dehors & d'un jaune-roulïatre au dedans : elle n'a point d'odeur, mais fa faveur eft très-amère. L'eau dans laquelle elle a infufé, a une couleur rouge-obfeur, une odeur foible qui excitc les naufées & une faveur fort amère. La teinture qu'on  44 Traité sur la Falsificatiou en tire par le moyen de 1'efprit de vin en de cou, leur orangé, a une faveur très-amère, mais fans autre odeur que celle de lVfprit dé vin. Une once de Gentiane donne a peu prés trois gros d'extrait aqueux, de couleur rouge-brun , d'un guüt trèsamer; par le moyen de 1'efprit de vin i'on cn obticnt deux gros & quelques grams d'extrait d'un goüt fort amer & de couleur ja une-rougeatre : l'éther a peu d'action fur cette racine. La meilleure eft de moyenne groffeur, la moins garnie de petites racines, & la plus nouvelle. Elle doit être jaune en dedans & fort amère. On doit rejetter comme mauvaifes celles qui font ridéLS, noiratres en dedans ou cariées. Cette racine ticnt le premier rang parmi les amers; elle eft ftomachique, propre a rémédier a 1'inertie de la bile, on s'en fert dans Ja fuppreilion des regies, pour guerir les fleurs Manches & pour détruire les vers : avant qu'on connut le Quinquina, on s'en ( fervoit beaucoup, mais aujourd'hui on s'en fert tréspeu contre les fievres : c'eft cependant un grand fébrifuge; fa doft eft depuis trente jufqu'a foixante grains en poudre. Racine de Gingembre. Radix Zinziberis five.  DES MÉDICAMENS. 45 Gingiberis, officin. Zinzibel, InJior. Sa plante fe nomme Jmomum jcopo mido, Spica ovata, Linn. Zl.zibtr aitgupim folio, 5cm//u urLij que Indik alumna, Pluck. Cette racine eft courte, tubercufe, noucufe & un peu applatte : fa fubitunce eft réfineufe, un peu fibréc, & recouverte d'une écorce grife-aonacre : fa chuir eft brun roufl&tre ; elle a une odeur foible, maïs agréable. Sa faveur eft aromatique, tres-acre & très-bruiante. L'éther en tire une teinture d'une légère couleur d'ambre. S; on la fait imufer dans l'eau, elle prend une couleur jaunatre; fon goüt eft acre & brulant & fon odeur a celle du Gingembre. La teinture qu'on en tire par le moyen dc 1'efprit de vin, eft couleur d'or, elle a une faveur bruiante & piquantc; fon odeur tire plus fur 1'efprit de vin que fur celui de la racine. Par lc moyen dc 1'eau on tire d'une once de cette racine environ deux gros d'extrait, d'un goüt acre & brulant, mais fans odeur; & un demi gros ou un fcrupulc par lc moyen de 1'efprit de vin : eet extrait eft de couleur jaune-roulïïitre , d'une faveur bruiante & très-acrc, a peu d'odeur. Une livre de Gingembre donne environ un gros d'huile effencielle par la dhuiiation.  4<5 Traité sur la F a lsi f i c a ti o n II faut dans le choix qu'on fait de cette racine, faire attention qu'elle foit nouvelle , bien feche, bien nourrie, difficile a.rompre, d'une couleur grisrougcatre en dehors & réfineufe en dedans; qu'elle ait un goüt trés-acre & brulant. Celle qui eft filandreufe, molaffe, blanche, vermoulue & pleijie de poufiiere ne vaut rien. Pour cacher fes imperfections, on frotte fa fuperficic avec de la craye, par ce moyen on remplit les trous que les vers y ont faits. II y a des marchands épiciers qui falfifient leur poivre en poudre avec de la racine de Gimgembre pulvérifé. Le Gingembre eft mis au nombre des médicamens ftimulants, atténuans, ftomachiques, carminatifs & aphrodifiaques. La do'fe ordinaire eft depuis quatre jufqu'a dix grains en poudre. Racine de Salsepareille. Sarfaparilla, officin. Elle efr cxtraite d'une plante qu'on nomme Smilax afpera Peruviana, five Sarfaparilla, C. B. P. Smilax caule aculeato angulato, folüs inermibus ovaiis re~ tufo-mucronatis, Linn. Elle eft ordiuairement très-longue & fiexible, canelléc dans fa longucur, ridée & difficile a rompre, ' de 1'épaiffeur d'une plume; en dehors elle eft de  DES MÉDICAMENS. 47 couleur roux-cendré & blanche en dedans, molaffe, un peufanncuib, fans odeur, d'une faveur foible, légerement amere & laifiant dans la bouche un goüt un peu vifqueux. Quatrc livres de cette racine diftillée a la cornue ont donné deux onces d'une liqueur infipide ; huk onces d'une liqueur un peu acide, quinze onces d'efprit acide , quatorzc onces d'efprit rempli de fel , foit acide foit urineux,& fix onces d'une huile qui fe précipitoit au fond de 1'eau. Du réfidu , on a tiré une once deux gros & vingt-quatre grams d'un fel approchant du fel marin. L'eau dans laquclle on 1'a faite infufer eft de couleur rougeatre; clie n'a pas dc faveur particuliere & fon odeur provoque les naufées. La teinture qu'on en obticnt par 1'efprit dc vin, eft de couleur rougeatre. Par le moyen dc 1'efprit de vin on ure d'une once dc cette racine deux fcrupulcs d'extrait de couleur rouge-obfeur , d'une faveur un peu amcre,acrc & provoquant des naufées. Si on fe fert d'eau , on obticnt deux gros d'extrait qui a une odeur naufeufc & n'a aucun goüt remarquable. Quand elle féjourne dans l'éther , elle lui donne une couleur dc paillé qui tarten* plus ioncée par lc féjuur.  4$ Traité sur. la Falsificatiott La meillccre racine de Salfeparcille eft celle .qui eft grife cn-dehors & blanche cn dedans avec des raycs rougeatres fur les bords , de 1'épaifleur d'une plume a écrire : il faut qu'elle fe fende facilcmenc & qu'elle ne fe fcnde pas par petits éclats cn répandantune efpece de farine. Celles qui font humides , rcmplies dc fibres , extremement menues „ d'une couleur brune-obfeure ou noiratre, ou cariées, doivent être rejettées comme mauvaifes, ainfi qu'une efpece de Salfeparcille qui vient de Hollande en petites bottes. Les extrêmités des racincs qui les compofent font coupécs; ordinairement ces boties contiennent dans le milieu des racines très-menues & même dont une partie tombe en pouffiere quand on veut les feparer les uncs des autres. La Salfeparcille eft mife au nombre des diaphorétiques & fudorifiques ; on s'en eft fervi mais fans fuccès pour dctruirele virus Véné:ien : nous doutons avec M. Carthfeufer que cette racine ait la vertu diaphorétique qu'on lui attribue: il paroit que fes principes font peu aétifs , ni le goüt, ni les différens extraits qui en réfultent, n'y font rien appercevoir qui puifle favorifcr 1'opinion qui la fait regarder comme ftimulantc & fudorifique. Nous croions qu'on a quelqucfois obfervé que la tranlportation , foit fenfible  DES MÉDICAMENS. 4O fenfible ou infenfible , avoit augmenté après avoir pris la décoétion de ccttc racine; on doit peut-être autant Fattribuer a l'eau chaude feule qui fervoit devébiculc qü'aux paf tics mcmes dc la Salfeparcille que Peau en pouvoit avoir cxtrait ; car Pon fcait que les boiffons aqueufcs & chaudes détcrmincnt & facilitcnt fouvent la tranfpiration. La dofe cn décoétion eft d'une demie once ou d'une once. Racine de Serïentaire de Virginie. Ou Viperinc de Virginie, Serpentaria V'irginiance Radix. Colubrina & Piflolochia Virginiana , officin. Viperina Radix, Contrayerva Virginiana, Senegruel, quorumd. On connoit la plante qui la produit fous le non? elle a unc odeur penetrante; une livre donne environ un gros dc cette huile. Cette Écorce doit être choifie en tuyaux de la groffeur & de la longueur de 1'index, épadk d'cnviron deux lignes, de couleur eendree extérieurement, Si dc couleur dc rouille de ter intérieuremént, d'une faveur aromatique & amere, d'unè odeur aromati me affez agréable quand ori ia brulé. Qubique 1'écorce de Cafcarille a beaucoup de re iemblan fe avec lc Qinquina, elle cn differe cependaht par k faveur qui eft moins amère, par fon odeur agréable aromatique qu'elle donne quand on la brule, 8t en ce qu'elle contient plus de matiere réfmeufe que le Quihquina. La Cafcarille paffe pour tonlquc, difcufive & légerement calmantc ; on s'en fert qüelquëfoïs dans les fievres interrnittentcs. Sthal s'en fervoit dans les maladies de poitrine, même dans celles qui lont aigues, on voit fouvent de bons effets dc la Cafcarille dans les toux cataralies, convulfivcs, Sc dans  86 Traité sus. la Fa l si fi cAtiott 1'efpece qu'on nommé commurieTnent quirite. On la recommande auffi dans los diarrhées & les fieurs blanches. La dofe en poudre eft depuis douze jufqu'a foixante grains , & le doublé en décocftion ou infufion. Casse en- bois. Caffia lignea, Oxylo-Cafjia, officin. El!c eft 1'écorce d'un arbriffeau appellé Cinnamomum feu Canclla Malabarica & Javanenfis, C. R P, Laurus folüs lanceolatis trineivüs , nervis Jupra lef.n ïinitis, Linn. Elle eft tournee fur elle-mêmé en petits batons comme la Oanelle; elle en differe par fon épaiifeur, par fa couleur & par fon odeur : fa couleur eft plus rouge, fon goüt eft moins aromatique , & fon odeur eft moins fortc : elle ne laiffe point comme la Canelle, après 1'avoir machée pendant que] que tems, du bois dans la bouche; mais une fubftance glutincufc qui infenfibiement fe diffout avec la falive. On a beaucoup de peine pour extraire par l'infufion la partie mucilagineufe de la Caffe en bois, paree qu'elle fe gonfle confidérablemcnt dans l'eau & forme avec ce liquide une gelee fi ténace qu'elle' ne peut fe filtrer; on y réuffit mieux par la décoction. Par ce moyen on en tire d'une once, deux gros  DES MÉDICAMENS. Sj & deux fcrupulcs d'extrait, lc plus fouvent d'une couleur brune, d'un goüt aromatique & qui a un peu i'odcur de 1'écorce. L'eau dans laquelle elle a infufé , paffee a travers un linge, efc de couleur blanchatre; elle a unc faveur infipidc, & fans odeur. L'infufion fpiritueufe a une odeur aromatique, un goüt acre & aromatique , légerement aftringent: fa couleur eft rouge-noiratre. Une once donne un gros & demi d'extrait réfmeux de couleur rougenoiratre, d'un goüt aftrir.gait & légerement aromatique , & d'une odeur peu aromatique. Elic donne a l'éther une couleur rougeètre. Elle doit être choifie récente, haute cn couleur, d'un goüt aromatique, agréa^e., un peu piquant, la plus fortc cn odeur & laif/ant dans ia bouche une vifcofné lorfqu'on la mache. Cette Écorce eft fortdiantc, échauffante, nervinc, mais moins que la Canelle. La grande quantité de mucilage qu'elle contient la rend incraffantc & adouciiTante, c'eft pourquoi 1'on s'en fert dans les maladies qui proviennent dc la diiïolution & de 1'acrimonic des humcurs & dc 1'éroficn des partiès folides; comme, par exemple,dans i'apreté du gofier , 1'ardcur de 1'eftomac , la toux, la dyfentcric, la ftrangurie, le cholera morbus. La doic or-  83 Traité stjr la F a l s if i c a t i o ndinaire eft, prife en- poudre, depuis ftx grains jufqu'a un fcrupule , on la prend auffi en décoétion dans 1'eau ou en infufion dans du vin. Écorce de Dictame elanc. Cortex Bictamni albi, officin. eft 1'écorce de la racine d'une plante que les botaniftes nomment Bicicmnus, albus vulgö üve Fraxindla C. R P. Fraxindla officin. DlSak nus, J. B. On Papporte roulée fur elle-même h peu prés comme la canelle. Sa couleur eft blanche, fon goüt un peu amer & acre : elle a une odeur un peu aromatique. L'eau dans laquelle elle a infufé eft de couleur crangc-foncc ; elle n'a pas d'odeur, mais fa faveur eft amère. La liqueur fpiritueufe dans laquelle on 1'a faire infufer, eft plus amère que l'infufion aqueufe Par le moyen de l'eau, on tire d'une once de cette Écorce environ cinq gros d'extrait, & quatre fcrupulcs par le moyen de Fefprit de vin. L'éther n'en eft point teint même par le féjour. 11 faut la choifir récente , gróffe, blanche Par- tout , ayant une odeur affez aromatique & rejet- ter celle qui eft vieille & cariée. On la dit ftomachique, antivermifuge, & fudo-  DES MÉDICAMENS. ?9 rifiquc. La dofe cn eft depuis vingt jufqu'a foixante grams pris cn poudre, & en infufion depuis un gros lufq ï'a unc demie once. Écorce de Grenade. Cortex Granatorum, Ma? Ucorium pfidium ou fidiutn , pfficin. Elle eft dure , aifez épaiffe, coriace, ridéc cn dehors & dc couleur rougeatre ; elle eft jaune cn dedans & d'un g >üt acerbe , mais elle n'a pas d'odeur. Cette Écorce eft celle d'un fruit nomme Grenade Malum Granatorum , officin. lequcl eft produit par 1'arbrc qu'on nomme grenadier a fruit ou domcftique Malus Punica fativa , J. B. Punica qua Malum Granatum fert, Ccfiip. L'infufion fpiritueufe de cette Écorce eft d'une belle couleur jaune, elle a 1'odeur de Fefprit de vin & un gout amer & un peu aftringent. L'eau ou elie a infufé eft d'un brun-fi.nee, & fon gout eft auftère; fi on la fait chauiTer, elle a une odeur légerement puante. Une once donne paf lc moyen de l'eau environ unc demie once d'extrait brillant, de couleur brun-noiratrc, fort auftèrc, fans odeur, & quelques grains feulement dc fubftance réfineufe, Elle donne a l'éther une couleur jaunatre tirant lur le brun.  90 Traité sur la Falsification ' Pour qu'elle foit bonnc, die doit êire nouvelle, bien féche, affez haute en couleur, ayant un grut aftringent: celle qui fent le moifi ne yam rien ainfi que celles qui ent etc féchécs fans que ia pulpe du fruit ait été vuidée, car elles font ordinairemen* moifies intérieurement & ont un mauvais goüt. Cette Ecorce ainfi que toutcs les maticres aftringentes change cn noir la couleur de la diübïution du vitriol martial. Elle eft un aftringent affez puiffant, rarement employé intérieurement ; on s'en fert extérieurement dans les déco-étions , fementations, gargarifmes, & injedtions aftringentes. Quinquina , ou Écorce du Pérou. Comme ce font les Jéfuites qui font apportée les premiers cn Europe , on Pa appellée auffi Écorce des Jéfuites, & réduitc cn poudre, la Poudre des Peres. On Pa nomméc cnccrc la Poudre de la Comfeffe , la Poudre du Cardinal de Lugo, Écorce febrifuge. Kina Kina , Cortex Peruvianus , Cortex febrifugus, China China , China Canna, Specificum vegetabile, Specificum ante-febrile. officin. Cortex Ganaperide, Raii, Chinchöna Linu. Palo decalenturas } Hifp. Coneza ou Cufcura deloxa, Indior,  DES MÉDICAMENS. 9l Lc quinquina eft 1'Écorcc de 1'arbre qui porie lé même nom , elle eft très-feche, cafiante, plus oa moins épaiffe & rudc; elle eft a 1'cxtérieur dc couleur brune , & on y remarque des eipeces de b;ifures. Quclqucfois elle eft couverte d'une mpuflp blanchatre. A 1'intérieur elle eft lifie, de couleur de rouille dc fer, un peu réfineufe, ayant une odeur qui n'eft pas défagréable; un gout amer qft laiiTe dc 1'aftriclion. Elle eft en mor.caux plus u moins longs, & plus ou moins roulés fur e ix-mêmcs. Les Écorccs qui nc font pas rqulées, lont celles qui ont été prifes fur le tronc de i'arbre. Celles qui font plus minccs & rouiécs en petits tuyaux, font les écorccs des petites branches. De tous les médicamens le Quinquina eft un dc ceux dont le prix & la qualité varieut le plus. A Rotterdam il fc vend depuis g fois jufqu'a 24 f. 36 f. 48 f. & même 64 £ tandis qu'il ftra vendu dans le même tems a Amfterdam 28 f 30. 40 f. 50 f. 70 f. 75 f. & même 80 f. argent d'Hoilandc. II n'y a pcut-être pas dc médicament qui foit plus précicux a 1'humanité : mais fi lc bon Oumquina a fauvé la vic a des miifcrs d'hommes combftn d'hommes aulfi n*ont-üs pas été la vietimc du mauvais Quinquina.  92 Traité sur la Falsification- Acumann a tiré d'une livre d'écorce de Quinquina , environ trois onces d'un liquide acide & deux gros d'huile , aprcs la calcination. Le réiidu lui a donné depuis deux fcrupulcs jufqu'a un gros de fel alkali fixe. L'eau , dans laquelle on 1'a faite infufer, a une foible odeur provoquant les naufées : fon goüt eft amer & un peu aftringent , & fa couleur d'or. Si l'infufion s'eft faite dans une liqueur fpiritueufe , cette couleur eft jaune - rougeatre, fans odeur fenfibie } d'un goüt un peu amer & auftère. On en obticnt plus ou moins d'extrait réfmeux & aqueux, fclon la bonté dc 1'écorce , & encore felon la différente maniere dont on fait 1'analyfe. Bohmer dit avoir tiré d'une once, environ deux gros d'extrait aqueux & un gros d'extrait fpiritucux. Neumann cn a tiré de la même quantité feulement deux fcrupulcs & quinze grains d'extrait aqueux , & un gros & un grain d'extrait fpiritucux. Cartheufer en a obttnu de la mcme quantité trentc-fept grains d'extrait aqueux & deux fcrupules & douze grains d'extrait fpiritucux. L'extrait aqueux du Quinquina eft dc couleur jaunc-fauve , d'un goüt amer & .prefquefans odeur. L'extrait fpjritüeux eft d'un goüt ftiptique un peu amer, d'une odeur foible balfamique & naufeufe, & a unc couleur fauve.  DESMÊDICAMEWS. 95 L'éther en recoit une couleur blanchatre qui i n'augmente point par le, féjour que cette Écorce 1 y fait. Pour que le Quinquina foit' bon & produife les I effets qu'on en aitcnd, if faut qu'il foit péfant; I d'une fubfumee compacte, bien ferrée & bien féche, I que les écorccs foient minccs & réiincufes; dc couleur rouiTkre ou rougeatre, & parfemées dc quclque peu dc moüffe blanche, que fon goüt foit amer, I d'une odeur comme de möifi; il faut rejetter celui dont 1'Écorce eft épaiffe, ligncufc, filandreufc quand on larompt, vermoulue. ou pénétrée d'eau, laiiTant dans la bouche un goüt glutineux &c infipidc, quand on ia mache. ■ On falfifiè fouvent le Quinquina avec des écorccs de bouleau, ou d'autres arbres qui ont été trempés dans l'Aloës diffout dans l'eau, mais cette trompcric n'échapc pas a ceux qui examinent avec un peu d'attentiön ces prétendues écorccs de Quinquina , car elles n'ont ni la couleur ni le goüt des véritablcs: on vend quelquefois dc 1'écorce cYyllificr mêlé avec le Quinquina, la diftinélion peut s'en faire aifément, puifqué 1'écorce tfAlifier eft plus blanche cn déhors, plus rouge cn dedans & aun goüt I , plus ftiptique que 1'écorce véritablc du Quinquina.  94 Traité sur la Falsification On vend pour du bun Quinquina en poudre, les fiaperfieiès exténeures & ïncerieures du Quinquina qui s'eit réduit, en partie,. en poudre par le frottemetit qu'il a éprouvé pendant le tranfport, elles fe trouvent au fond des balots, & 1'on acheve de les pulverifer. Cette poudre n'a point de vertus, elle eft faei'e a diftinguer d'avec la poudre du bon Quinquina, en ce qu'elle contient une grande quantité dc petits poinLs noirs, qu'elle eft rcraplie de fibres ligneuus qui reiTemblent a des poils & par fon goüt qui eit beaucoup moins amer que le bon Quinquina. On 1'emploie avec fuccès dans les fievres intermittentes , il convient auffi dans plufieurs ficvivs contmucs , lorfqu'on y remarque un rapport exact entre les redoublcmcnts & la remittence des accidents qui accpmpagnent ces maladies; on doit cbferver, avant qu'on s'en ftrve pour la guérifon des fievres4, qu'il faut vuidcr les premières voycs foit par les purgatifs, foit par les émétiques. On s'en fert auffi comme antifpafmodique propre a appalfer 61 uécruire les mouvements convulfifs, principaiement ceux qui fuivent des périodes régulieres; un 1'emploie dans les gangrenes quelquefois avec fuccès, & fi paroit qu'il réuffit mieux dans la gan-  DES MÉDICAMENS. 95 grene féche que dans Fhuttüde; le Quinquina comme tunique convicnt dans les maladies qui provienncnc du relachement. Gn die qu'il eft fpécifique pour co aces les maladies périodiques pourvu qu'ellcs ne I foient point inflammatoires, telles font la goutte , les rhumatifmes &c. on s'en fert auffi dans la coqueluche avco fuccès. La dofe varie fclon les circonftanccs .:on lui attribue le defaut d'attaqucr la poitrine, mais c'eft un présage qui 'n'cft fon dé fur- j aucunc obfervation.. Si 1'on a app'ercu quelquefois des maladies de poicrine , ou autres accidens fur yenir après qu'on a fait ufage du Quinquina ce n'cft 3 pas une faite de fon cifet , mais c'eft la faute de i celui qui Pa adminiftré, ou a contretemps ou fans j connoidance. ÉcöR'CË oe SimaiCOUbA. Cvtex $imafouba>i officin. Cette Ecöfce eft püante , difficile a rompre , de couleur jaune-blanchacrc, d'un gout un peu amer, i\ mais fans odeur. Elle provient d'un arbrc nomme Pifiach'u f>!:!s i\ pinnatis decidius, folialis ovatis, Linn. Tercbinthus major, Rctulce corcicc, fruciu triangulari, Sloan. L'eau dans laquelle elle a infufé a unc couleur ïauuatrcj un goüt amer, mais elle n'a pas d'odeur.  p6 Traité sur la Falsificatioot Si on Fa faite infufer dans une liqueur fpiritueufe, eile eft de couleur jaune , a une faveur un peu amere, mais fans avoir d'autrc odeur que celle de Fefprit dc vin. Elle donne a l'éther une couleur jaunatre. Les marchands vendent quelquefois une autre écorce pour celle dc Simarouba. Cette fauife écorce a. tant de vraifemblancc avec la vraie qu'il eft difficile de la difdnguer. Mais la vraie écorce qu'on fait bouillir dans 1'éau, rend cette eau blanche Sc mufqqeufe , prefque laiteufe. Quand elle eft refroidie, la décoction eft rougeatre, au lieu que celle de la fauife ^Simarouba eft d'un brun-jaunatrc. . On 1'ordonne avec fuccès dans les devoiements & dans les dyifentcries. On la prefcrit ou en fnbftancc ou en décoction, mais non pas indiiféremment; car fi on foupconnc encore de la faburre dans les premières voyes on la donne cn décoction , & s'il n'y cn a plus on Pordonnc cn poudre : la dofe eft depuis douze jufqu'a vingt grains & le doublé en décoéiion. LES  DESMÉDïCAMEWS. LES HERBgS ET FLEURS. "f^ Euilles de Dictame de Crete , ou de Candie. Folia Dictamni Critici, orficin. fonc celles d'une plante appellée par les botaniftes Oïiganum Creticum , latifolium , toment ofum , feu Diclamnus Creticus , Tournet". Origanum folüs tomeutojis , fpicis nutantibus , Linn. On les apporte féchées ; leur couleur eft verdpale : elles font couvertes d'un léger duvet cotoneux qui les fait paroltre prefque blanches : ëlles font rondts & pointucs par un petit bout; leur odeur eft agréable & aromatique, ainfi que leur faveur & qui eft fort acre. Ordinairemcnt on trouve mèlées avec ces feuilles les fleurs de la plante qui les produit. Elles font purpurincs & placécs au fommet de la tige : edes ont la mcme odeur & la même faveur que les feuilles. L'infufion aqueufe de ces feuilles eft d'une couleur jaunatre, d'une odeur aromatique ayant ie goüt des feuilles; l'infufion fpiritueufe eit dc couleur verdatre : 1'odeur de 1'efprit de vin y domine, mais on fent tant foit peu 1'odeur du Dictame; la faveur G  $S Traité sur tA Falsification- eft tant foit peu aromatique. Elles ont coloré l'éther en verd, cette couleur augmente par le féjour. Pour être bonnes , elles doivent être entieres cotqneufes, leger.s & douces au toucher. Les plus grandes & les plus nouvelles font a préférer , ayants un goüt & une odeur agréable & aromatique. II faut réjetter celles qui font vieiiles, petites, vermoulues & qui fentent le moifi. On les peut placer parmi les aromates acres, deftinés a excitcr les ofciilatiens des fibres, & accélcrer le mouvement de la circulation devenue trop languiffante. La dofe eft depuis vingt jufqu'a quarante grains, on peut Paugmenter jufqu'a deux gros en infufion. Jonc odorant, Schoenantc. ^«ncHf odoratits, five aromaticus Sc/oz anthiis, Squmanthum , officin. eft ure efpece de jaume fee, gcnouillé, roide, arondi, luhant , & de la longueur d'environ un pied : il eft rempli d'une moëïe fongueufe d'une odeur pénétrante qui tient le milieu entre celle de la rofe & celle du pouliot: fon goüt eft acre , amer & aromatique : fa couleur eft jaune-pale tirant fur le verdpourpie; a la partie inférieure il eft de la groffeur & de la figure d'un tuyau de paille d'orge, mais plus menu pur le haut.  DES MÉDICAMENS. 00 La plante eft deiignée par les botaniftes par le nom de jfuncus rotundus aromaticus, C. B. Lagurus paniculat fpiculis conjugatis ovatis 3 Linn. Le Jonc odorant infufé dans l'eau , donne a ce liquide 1'odeur & la faveur qui lui eft propre & une couleur jaunatre. S'il a infufé daus fefprit de vin , ce liquide a une couleur iéDeremcnt jaune , un goüt légerement aromatique, & ne lui a point communiqué d'odeur. 11 dunne a 1'éihcr une légère teinte de jaune. On apporte le Jonc odorant en petites bottcs; il faut choifir le plus nouveau, propre, léger, d'une odeur aromatique & piquante, & réjetter celui qui eft fans odeur, ainfi que celui qui eft fans faveur & qui fè trouve melé avec des matieres étrangeres. On le dit propre contre les obftruélions des vifecres , dans les vomiiïemcnts, le boquet, pour la difficulté d'uriner 6c pour provoquer les menftrues. Cette plante eft dans la claife des aromatiques, elle entre dans la thériaque. La dofe eft depuis vingt jufqu'a foixante grains en poudre, & depuis un demi gros jufqu'a deux gros en infufion ou décoéiion. Le Nard Indien , Spica Nard. Nardus Jndica  too Traité sur. la Falsificatios? vel Spica Narai, Spica Indica, officin. On a cru lengten.s qu'il étoit une racine; re'n'cft dans le vrai que les filamens nerveux de feuilles fannées , deffechées & raraaflees dont on fofine de petits paquets de la groffeur & de la longueur d'un doigt : les feuilles font d'un brun-rougeatre ou couleur de rouille de fer : elles ont une odeur aromatique & agréable, une faveur aromatique, amère mêlée d'un peu u'acreré. Pafmi ces filamens on rencontre quelquefois des feuilles blanches entieres & de petites tiges creufes & canellées. La plante eft nommée par Breyn , Gramen Cypctoïdes aromaticum Indicum. L'eau dans laquelle elles ont infufé, n'a prefque pas de faveur ; elie a 1'odeur aromatique du Nard, & fa couleur eft très-légére, tirant fur le jaune. Si elles ont infufé dans Fefprit de vin, ce liquide en eft teint de couleur jaunatre , & a unc faveur légerement aromatique fans autre odeur que celle de Fefprit de vin même. L'éther n'en tire prefque rien. II faut choifir le Nard Indien récent , haut en couleur, avec une longue chcvelure & entier;& réjetter celui qui tombe en poufficre ou qui eft moifi. On attribue au Nard Indien la vertu alexitere ,  DES MÉDICAMENS. 101 «éphalique, ftomachique, anthelmitique, emmenagoguc, antiüephretique, defobftruante & diuretique. Mais on Lretnploié raremcnt en fubftancc & il entre dans quelques compofitions pharmaceutiques telles que la mitridate, la theriaque- &c. Safran , Cricus , officin. On nomme la p'ante qui leptóduitCrocüs verus fativus autumnaüs, Park. Crocusfloribus fruaui impofitis, tufo hngijpmo, Linn. On donne lc nom de Safran aux étnmines de ia fleur qui portc le mcme nom, elles font applaties; dc couleur rouge-foncé tirant fur le pourpre dans la pattic fupéricure,& blanchatres dans. la partie inférieure: elles ont une faveur légerement acre & fubtile qui ïaifle fur la langue une impreffion qui leur eft particuliere: 1'odeur en eft trés- pénétrante & aromatique, elle portc a la tête & caufe mcme rivrcffe. Les menftrucs aqueux & fpiritucux agiifent égalemcnt fur lc Safran. Une once de bon Safran donne environ fix gros & demi d'une maticre également foluble tant dans 1'eau que dans 1'efprit de vin, ainfi que dans l'huilc;de couleur rouge, d'un gout amer, aromatique très-pénétnmt & qui a beaucoup d'odeur. L'éther n'en tire qu'une légere couleur d'ambrc, mais le Safran eft bcaucoup altéré dans fa couleur par ce liquide, & il précipite fous  102 Traité sur la Falsification la forme d'une matiere gorameufe liquide la teinture de Safran faite par Fefprit de vin , & l'éther n'en retient qu'une légere couleur ambrée. Ces filaments donnent par 1'analyfe étant diftilés dans une cornue, d'abord un efprit fubtil, très■volatil & acre , mais en petite quantité ; enfuite une liqueur un peu acide :' ils donnent très-peu d'huile & d'alkali urineux ; du réfidu on obtient un peu d'alkali fixc. Pour que le Safran foit bon , il faut qu'il foit gras, flcxible, largo & long , & facile a rompre; qu'il colore les mains d'une belle couleur rougefoncé lorfqu'on les frotte & qu'il rende une odeur très-forte. On doit rejetter celui qui eft trop humide & qui n'a qu'une foible odeur & faveur , & celui qui eft d'une couleur blanchatre, jaunatre ou tirant fur le noir, grêlé ou aride, fe rompant difficilement, & prendre garde qu'il ne foit pas mêlé ou avec du Safran fauvage ou avec des balauftes. On Fa mis au nombre des rémèdes calmans, carminatifs , antifpafmodiques~, ftomachiques, cordiaux & emmenagogues. On Fordonne dans la fupreffion des regies, dans les pales couleurs, dans les maladies hyitériquts & hypocondriaques. On lc  DES MÉDICAMENS. I03 donne auffi comme fudorifiijue dans ia goutte & le rhumacifme. La dofe ordinaire en fubftance eit depuis deux jufqu'a vingt grains; on peut augmenter la dofe quand on le prend en infufion. II faut obferver qu'on ne doit jamais 1'ordonner en trop grande dofe car il portc fon impreffion fur la tète, il la rend péfante & il reut occaiionner d'autres accidents; a 1'extérieur on 1'emploie comme aikuüif & refolutif. Feuilles de Sené , Feuilles d'Orient. Folia 'Sèkrict & Sena Oriëntale, officin. Elles font étroi cs, affez petites, fermes, fmiffants en pointe a peu-près comme lc fcr d'une lance : eiles font douces au toucher , ont une odeur qui n'eli pas défagréable, une faveur vifqueufc , légerement amère, provoquaüt les naufées ; leur couleur eit d'un verd un peu jaunatre. Les botaniftes nomment Tarbriffeau qui produit ces feuilles Cajjia folüs tripcuükis quadripinnibttfque fubovatis, Linn. Senna Akxahdrina folüs acutis, C. B. P. Par la diftillation dans unc cornue, cn ebtient de quatre livres & quatrc onces de feuilles dc Ser.e, quinze onces de liqueur alkaline urineufe , ncuf  to4 Traité sur la Falsification onces environ dc liqueur acide, ae 1'huile épailfe fix onces un gros & douzc grains, & un gros dc iel volatil urineux. Du réfidu on obticnt une once & cinquante fix grains de fel alkali. ün tire d'une once environ deux gros d'extrait par le moyen de l'eau, & environ un gros d'extrait réfmeux par le moyen de Fefprit de vin. La teinture obenue par Fefprit de vin, eft de couleur jaune tirant fur le verd; d'une iégèrc faveur de Scné, fans odeur que celle de Fefprit de vin. L'infufion aqueufe eft de couleur jaune-brunatre & a 1'cdeur & la faveur des Feuilles dc Scné. L'éther en tire une couleur verdatre. II faut choifir les Feuilles de Sené d'Alexardrie récentes, odonférantcs , le moins brifées qu'i eft poffible; qu'ellcs ne foient ni mortes ni tacbées, & n'ayants que le moins qu'il fe peut de buchettes cu de queues. En médecine on ne devroit fe fervir que de celles d'Alcxandrie & rejetter celles qui viennent de Tripoli qui font plus grandes que les autres; elles font obtues a leur cxtrêmké , rildes au toucher, trés-vertes; ayants une ocleur plus foible que celles d'Alcxandrie qui font auffi préférables a celles de Moka qui ont les feuilles larges, grunües & arrondies a leur extremité. Dans la vente  DES MÉDICAMENS. I05 les marchands qui veulent tromper, mélent aux Feuilles de Sené, dont nous venons de parler, des Feuilles dc Sené d'Italie , Senna Italica folüs obtufiï, C. B. P.; mais il eft aifé de les diitinguer de celks. d'Alcxandrie, tant par la largèuf que par la figure ronde dc leurs feuilles qui font auili plus minccs &c plus fragiles. Les Feuilles de Sené font un purgatif qu'on employé trés-fouvent cn médccine , on les regardè comme un purgatif des plus fur que la médécïtiè poiféde; il eft vrai qu'il donne quelquefois des tranchées, mais eet accident n'eft pas auili fréquent qu'on le dit, & nous croyons qu'il dépend autant dc la difpofition du maladc que du Sené même. La dofe en infufion eft depuis un gros jufqu'a quatre & cn poudre depuis un demi jufqu'a deux gros. Foi.licules de Sené. FolUculi Senna, officin. Ce font des gouffes affez larges, recourbées a leur cxtrêmité ; elles font compofées de deux membrancs liffes, d'un verd-palc & roufatrc, mais noiratres dans quelques partics. Elles renferment unc fcmer.ee platte affez femblablc a des peplus de raifin ; elles font produites par lc mcme arbrilfeau que les feuilles dont nous venons de parler. Les Follicules de Sené infufécs dans l'eau, don-  ioö Traité sur. la Falsification nent a ce liquide une couieur brunatrc, qui a une odeur particuliere & la faveur du Sené & naufeufe. Si elles ont infufé dans une liqueur fpiritueufe, fa couleur eft jaune & d'une faveur légerement amère ; elle n'a pas d'autre odeur que celle de 1'cfprit de vin. L'éther en recait une couleur jaune tirant fur le brun. Elle doivent être choifies grandes/ épaiffes, de couleur verdatrc. II faut que la femence qu'elles contiennent foit grofle & bien' nourrie. On doit rejetter celles qui font noiratres, dechirées & dont les femenccs font féches ou moifies. Elles ont les mêmcs propriétés que les feuilles, mais il faut les ordonner en plus grande dofe. Fleurs de Stjechas Arabique. Flores Stcecadis Arabkcz, & Flores Sthacados, officin. Les botaniftes nomment la plante qui les produit Lavendula folüs lanceolata linearibus, Spied comofd} Linn. Spica fiorida, Stcechas Arabica vulgb dicla, J. B, Ces fleurs reffemblent a des épis ou petites têtes oblongues, écaiileufes : elles font de couleur tirant fur le pourpre ; leur odeur eft aromatique , aifez agréable & pénétrante; elles ont une faveur amère & un peu acre. U eft rare de trouver de ces fleurs  DES MÉDICAMENS. I07 qui foient fraiches paree qu'on cn fait peu d'ufage en médecine, celles qu'on trouve le plus fouvent dans les boutiques font de couleur rouüaire; elles font brifécs, fans goüt & fans odeur. Elles donnent a 1'eau dans laquelle on les a fait infufer leur goüt & leur odeur naturelle , & unc couleur jaune tirant un peu fur le pourpre. Inlufées dans fefprit de vin , elles ne lui communiquent point d'odeur fcnfible, mais elles lui donnent une couleur légerement jaune, une faveur amère & balfamique. Elles donnent a l'éther unc couleur légerement jaune. Les fleurs dont nous nous fommes fervis étoient vieilles de deux ans, ck elles avoient été gardées dans une bouteille. Pour qu'ellcs foient bonnes & qu'on puiffc en faire ufage, il faut qu'clles foient irakhes, de couleur purpurine, d'une odeur aromatique & penetrante &: qu'ellcs aient une faveur un peu acre & amère. Elles font aromatiques, toniques t & antifpafmodiques. On en fait ufage dans ks maladies des nerts, mais elles font très-rarcment employécs, cxcepté dans quclques compoütions pharmaccutiques.  io8 Traité sur. la Fal sif ica tioh LES FRUITS A Nacarde. Anacardium, officin. Baladar, Serap. eft un fruit ou noyau qui a Ja figurc d'un cceur, de la longucur d'un pouce & qui fe termine en pointe cmouriëe, il eft couvert d'une efpece d'écorce noiratre, brillante & contenant fous une doublé enveloppe une amcnde blanche & agréable: entre la duplicature de cette écorce on trouve un fuc mielleux, acre & brulant. Les botaniftes nomment Parbrc qui produit ce fruit Anacardium Oriëntale, Jonft. Arbor Indica , fruSu Conoïde , cortice pulvinato , nuleum unicum nullo ojjïculo tcclum claudente, Raii. L'infufion aqueufe des Anacardes eft de couleur rouifatre, d'une odeur provoquant les naufées, d'une faveur un peu acre. L'infufion fpiritueufe eft de couleur jaunatrc, n'ayant point d'odeur que celle de Fefprit de vin:mais un gutit tant foit peu acre.L'éther cn eft teint d'une couleur brunatre. On doit les choifir nouvelles, péfantes, de couleur noire, leur noyau doit être blanc, contenir beaucoup de liquide.  DES MÉDICAMENS. 100. On croit as fruits proprcs pour forcificr la mémoire, autrerois ou vantoit beaucoup unc confection dans laquelle ces fruits enfoient; on Ta décorée du nom de confection des lages, mais C. Hofman la nomme avec raifon la confection des fous paree que fon ufage trop fréquent a fait perdre la mémoire a plufieurs perfonnes, & les a même rendues furieufes on dit ces fruits propres pour guérir la paralyfie. Cacao. Cacao, officin. Amigdalus fimilis Guativialenfis , C. B. P. Cacao America, feu Avellana Mrxicana, J. B. Cacahualo vuigö Cacao, Pifon. eft un fruit ou une amende produite par Parbre qu'on nomme Cocohicr ou Cacaotier, Arbor Cacarifera , Hernand. Theobr^ma folüs integerrimis, Linn. Ce fruir eft de la groffeur d'une olive; fa forme eft oblonguc, arrondie, couverte d'une écorce brune, facile a caffer; fous cette écorce eft une amende folide, qui eft un peu grolfe, de couleur grife mcléc dc rouge ou de fauve, d'un goüt un peu amer, & légerement acerbe fans cependant être défagréable. Deux livres de Cacao , dépouifé de fa coque & diftillé dans la cornue, ont donne fix onces de liqueur acide & acre, & quatorze onces d'une huile tranfparente lorfqu'ellc eft chaude, elle prend en fe  iio Traité sur la Falsiïicatiou refroidiffant la confiftance du beurre; fa couleur eft TOUiTatre, fon odeur eit fubtile & fa faveur acre & piquante. Du réiidu on obticnt quatre gros de fel fixe falé. Une livre de Cacao pilé & chauffé rend par exprcffion deux onces d'huile & fi Pon fait bouillir le mare dans l'eau, on en obtient trois onces deux gros & demi d'huile épaiife. L'infufion aqueufe eft de couleur jaune tirant fur le brun, d'une faveur un peu amère mais point défagréable, a peu prés comme le fruit du Cacao. L'infulion fpiritueufe eft de couleur grifatre, ayant tant foit peu le goüt de la fêve & une légère odeur du Cacao, mais 1'efprit de vin y domine. L'éther en tire une légère couleur de paille. On doit choifir le Cacao récent, gros & entier, & rejetter celui qui eft carié ou moifi. Celui qu'on nomme Gros Caraque eft le plus eftimé. On Pordonnc dans la phtifie & heétifie, il fortifie Peftomac & adoucit 1'acrimonie des humeurs. Le principal ufage qu'on cn fait eft dans une pate ferme & onétueufe connue fous le nom de Chocolat avec lequel on compofe une boiffon fort agréable & très-nour* riffantc, mais qui ne convient pas a tous les eftomacs.  des médtca'men'9. iii Casse solutive , Cafie en bacon. Cafjia fiflula, Cujjia foluüva, CaJJia nigra, Siliqua Algyptiaca, ofiicin. eft le fruit luiqueux d'un arbre nommé par les botaniftes CaJJia folio/is quinqut pinntst ovaüsy acuminatis, glabris, pctiolaüs, Linn. CaJJia Fijlula yllcxandriiia, C. B P. Ce fruit eft d'une forme cylindrique, long d'environ un pied & demi , d'un pouce d'épaifleur & dont la fubftance eft ligneufc, mince, d'une couleur brun-foncé a Pextérieur & jaune dans 1'intérieur : on voit a fes faces extéricures deux futures dont Pune paroit compofée de plufieurs lignes relevées : en Pouvrarjt, on voit la face intérieure partagée par plufieurs cloifons mcmbraneufes formces par deslamcs minces, ligneufes, orbiculaires & parallcles, enduites d'une fubftance pulpeufc de couleur noire, d'une faveur douceatre, d'une odeur fade & dont la confiftance approche de celle du miel: cette pulpe renferme un grain dc forme ovale, folide, dur, & de couleur jaune un peu funcc. La pulpe de CalTc paroit prefque toute gommeufe ou mucilagineufc, cependant Pèfprit de vin cn tire une légère teinture. Celle qui a féjourné dans Péthcr, lui donne une légère couleur de paille.  na Traité sur la Fa l s i fi ca tiokt Deux livres cinq onces & quatre gros de pulpe de Caffe d'Alexandrie, diftillée au bain marie, ont produit fix onces cinq gros & douze grains de liqueur limpide : elle étoit infipidc, avoit une foible odeur de Caffé : elle a changé en rouge la couleur de tournefol; & une once fept gros & demi d'une liqueur infipide & fans odeur. Le réfidu reftant , mis & diftillé-dans une cornue, a donné un cfprit acide de couleur rouflatre péfant dix onces & quatre gros; neuf gros d'efprit acide & urineux, & quatre gros foixante grains d'efprit feulement urineux, apres lefquels on a obtcnu quatre gros quarante fept grains d'huile épailfe empyreumatique. Du réfidu on a tiré fix gros douze grains d'alkali fixe. II faut choifir la Caffe en batons affez gros, entiers, péfants; bien remplie d'une pulpe noire de bonne confiitance, ni trop humide ni trop féche, fe féparant aifément de fon écorce & la laiffant nette. On doit rejettcr celle qui refonne quand on Ia fecoue, car lc fon qu'elle rend eft une preuve que la pulpe eft deffechée, ou qu'elle eft aigrie, ce a quoi la Caffe eft fort fujette comme les autres corps doux, par un léger mouvement de fermentation Quand la pulpe de Caffe eft deffechée, ce qu'on appercoit  BES MÉDICAME1TS. ïlj appercoit a la légereté du bacon qui la cont-cnt, on eft dans 1'uiagc ue ia cretnper dans Peau, ou bien on la met dans une cavc humiae ann ü.. lui donner fa première humidité : on peui aifément reconnoicre cette fraude ; cu tis ftbrtbus digynis, folüs ovatö-oblor.gis , Lmn. Dc quatrc livres & trois onces de pulpe de Jvjutcs féparée des noyaux 6c diiti"éc par la cornue , on obtiert vingt-bun onces & fix gros de liqueur Jimj-ide fans odeur, mais un peu acide; quatre onces & cinq gros de liqueur rouffatre, u'un goü acide très-vif, deux onces' dc liqueur rouf1'ai.re empyrcumatique contenant de i'acide & de Falkali urineux ; puis trois gros d'huile qui a une confiftance épaiffe. De ce qui refte dans la cornue , on rctire quatre gros & cinquante grains de fel alkali. L'infufion aqueufe de ces fruits eft de couleur jaunatrc, d'une odeur un peu vineufe& a une faveur douceatre. L'efprit de vin en eft coloré d'une couleur légerement jaunatre , & l'infufion n'a d'aitre odeur que celle de l'efprit de vin qu'on a employé, & la faveur des Jujubes. L'éther n'en tire rien même par le féjour.  "» E S MÉDKAMIUS. I2Ï Qnelqne bons que foient les jujubes , ils nc fe gardent pas plus de deux ans. lis doiveat être choifis, nouveaux, gros, bien nourris, d'un jaune tirant lor le rouge. Ceux qui font noiratres , kntant le morfi ou qui font vermouius, vieux ou pourris, doivent être rëjettés. Fs font émollians & adouciifans; on les ernploie dans ies maladies des reins dc la vèffie & dans celles ie ia poitrine ; on ies fait entrer dans les décodtions , fur trois a quatre iivres d'eau on en met depuis dix jufqu'a vingt. Bayes de Laurier. Biccce Lauri, officin. Elles font oblongues ou quelquefois rondes ; dc couleur noire a 1'extéricur : elles contiennent une doublé graine d'une couleur un peu fauve; elle eft renfermce dans une feule enveloppe : cette graine a une odeur aromatique,un goüt huileux aromatique,acre & amer. L'arbre qui les produit fc nomme Laurier franc, Laiirus vulga.üs; C. B. P. Laurus folüs lanceolatis , vcnofs, perennantibus , fioribus quadrifdis di~ vifis} Linn. On en tire dc 1'huile par la diftillation, la décoéiion , & Pcxpretïion. L'eau duns laquelle on les  122 Traité sur la Falsification a faitcs infufer eft de couleur jaunatre un peu trouble, ayant peu de 1'odeur des Bayes & un goüt aromatique avec un peu d'acrêté. Infufées dans l'efprit de Vi-n , elles donnent a ce liquide une faveur légerement aromatique & amère , une odeur aromatique mais l'efprit de vin y domine& une couleur jaunatre. Ces Bayes colorent l'éther en jaune un peu foncé. Quand on les choifir , il faut préfércr les plus nouvelles, les plus entieres, celles qui lont bien féches, qui ne lont pas attaquées de carie & féparécs de leur écorce. II faut qu'elles aient unc odeur aromatique & foient de couleur noiratre. Elles font difcuffives , carminativcs , toniques, emmenagogues, propres a réfoudre & a fortifier ; la dofe ordinaire en poudre eft depuis fix jufqu'a vingt grains. Noix Muscade. Nux Mofchata , officin. Nucifta , Nux 'myriflica , Mofclwcaryon , Mofckocarydion, Nux imguentaria ,Nux aromatica, quorumd. Gianziban , Avic. jfcuzbeve vel Jusbaque , Serap. Elle eft Ie fruit cu plutöt le noyau du fruit d'un arbre qu'on1 nomme mufcadicr , dont il y a deux efpèccs. L'un donne laNoix Mufcadc fcmcllc ou ordinaire, 1'autrc la Noix Mufcade male ou fauvage. Les botaniftes nomment 1'arbre qui porte ia Noix Mufca-  DES MÉDICAMENS. 123 de fcmcllc Nux Mojcaata , fruclu rutundo, C. B*. PMyrifiica Linn. l ala, jfófc-b, & l'arbrc qui pr.;duic la Müfcade male ou fauvagc Nux Mofckata jruuu oblong^ C B. P- La Muscade femelle a a peu prés la figure d'une olive ; elle eft cependant plus ronde & moins pointne; elle eft compacte, dure , un peu ridée a Pextéricur, graflè au toucher, d'un goüt très-aromatique; elle eft huileufe, a ure odeur aromatique agréable : fa couleur eft cendrée extéricurement. A Pintérieur fa couleur eft jaune-pale : on y voit des vcines ondulées, d'un rougc-brun & d'un ^auneblanchatre. On obticnt, par lc moyen de 1'eau , d'une once de Noix Müfcade , environ deux gros & un ferupule d'extrait qui n'a qu'une odeur foible & une faveur balfamique un peu amère , mais fi foible qu'on ne fauroit reconnoitre le fimple d'oü on 1'a tiré. L'extrait fpiritucux eft d'un goüt peu amer, aromatique & légerement aftringent, aiant 1'odcur de Müfcade. Une livrc diftillée avec de l'eau donne environ une once & demie d'huile eifentiei'c : par expteffion on cn obticnt depuis quatre jufqu'a ifix onces d'huile. L'eau dans laquelle elle a infufé , a unc couleur blanchatre, 1'odcur & le  124 Tratté sur xa Falsificatioit goüt de la Noix , mais légerement. Si elle a infufé dans l'efprit de vin , cette infufion eft d'un beau jaune, elle a unc odeur aromatique, une faveur acre 8c'aromatique; elle teint l'éther en jaune-jale. La Müfcade femelle la plus nouvel'e eft la meilIeure ; il faut auili, pour qu'elic au cette qualité, qu'elle foit péfante , gralfe, & fi on la piqué avec une aiguillë, qu'il en ftorte un jus huileux. Celles qui font vieilles ou cariées doivent être re'ettécs. La Noix Muscade male , que les anciens nomment Azcrbes , eft plus grof'e que la Noix Mufcade femelle. Elle eft oblongue, paroit a i'intérieur comme fi elle étoit cariée & panacbée de vcines noiratres, fon goüt eft défagréable : elle n'a prefque pas d'odeur. Les vers s'y mettent facilement, & 1'on dit que,fi on la mêle avec la Müfcade femelle , elle la corrompt. Macis. Macis. officin. eft nommée improprement Fleur de Müfcade: elle eft la fecondc enveloppe du fruit que donne le mufcadier. Cette enveloppe eft divifée en plufieurs lanières , d'une fubftance vifqueufe , même huileufe & cartilagineufe, d'une couleur rougeatre & jaunatre , d'une faveur acre, balfamique , fort aromatique , très-agréable , & fort odoriférante.  DES MÉDICAMENS. ï2£ Lacher ne ure rien d'abord au Macis & très-peu de chjie par le féjour. L'iniuiion aqueufe eft blaacnacre, a le gjüc & 1'odeur da Macis, mais légerement. L'efprit de vin aans lcquel elle a infufé eft dc coalcar jaunatre , & en a ie goüt &c i'uucur. Pour que le Macis foit de bonnc qualité. il faut qu'il foit flexib'e, huileux , ayant la couleur approchant da fafrun , qae fon odear foic tres-forte & très-aromaaqae. • II a a peu prés la même vertu que la noix müfcade. L'un & l'autre fout un aromatique aétif & chaud , ils font fordham, ftomachique, cordiai, carminatif, & céphaüqae. La dofe en poudre eft ordinairement depuis iix grams jufqu'a trente. Les Mtrobolants font des fruits deifechés qu'on apporte des Inaes Onentales ou ils font nommés Fruits de Parel : on en diftingue de cmq elpèces dilfe rentes. M i k.obolan3 Citrins. Myrobalani citritm, officin. Mirobalani teretes citrini bilen purgantes, C. B. P. Helilegi Azifur, Arab. Ont la forme d'une petite poire dont les deux extrêmités font applaties, aiants environ quinze lignes de longueur & neuf lignes de largeur; d'un bout a l'autre on voit cinq grandes  j2<5 Traité sur la Falsificatiobt cötcs ou cannelurés, entre lefquelles il y en a cinq petites; leur couleur eit citrine ou d'un jaune-rougeatre , leur écorce extérieure a une dcn:ie ligne d'épaiöeur; elle eit un peu gtutineufe, d'une faveur acerbe un peu acre , en ueuaas elle a un nuyaa oblong anguleux, de coüeur moins foncée que i'écorce, qui rwnferme une amande blanchaae , recouverte d'une membrane jaune très-mince. Pcrfonnc n'a encore donné la defcription de 1'arbre qui porte ces fruits. jumton le numme Arbor Mirobolanifera , forbifoliis. L'infufion aqueufe de ces fruits eft de couleur jaune-rougeatre3 d'une odeur ïégcremau aromatique, fins faveur marqnée. Sa teinture fpiritueufe eft d'un roiige-brun, elle a 1'odeur de l'efprit de vin & lailfe dans la bouche une légere aftriction. L'éther en eft coloré en rouge-brun. On doit choifir ceux qui font nouveaux, péfans, gommcux, difficilès a caflèr & de couleur jaunerougcatre. Myrobolans Chébules. Myrobolani Chebnla , officin. Myrcbalani maxima:, oblongaa angulofa, pitüitam 'püfgantes, C B. P. Myrobalani Chebula citrini JimiUs 3 nigrantcs, J. B. Myrobalani guibus,  DES MÉDICAMENS. I27 quorumd. Eeiilegi, Kebuli ,- Arab. Ils refcmblent aux eitrins, mais font plus granus & ont cncore plus la forme d'une poire : leur couleur eit brunltte exténeurement , & d'un roux noiratre in erieure- . ment; ils ibnt éga.ement relevés ue cinq ccués comme les Myrubolans citrins; ils en ont le mcme goüt; mais leur chair eft plus épaiife ; le noya i qu'ils renferment eit anguleux, creux & contient une amande obiongue : on caife ce noyau difficikmenL L'arbre d'ou font tirés ces fruits eft nommé par Jonfton , Arbor Myrobalanifera Perfica folio. L'infufion aqueufe eft d'une couleur jaunc-rougeatrc prefque fans odeur. Elle laiife de 1'aftrlétiörJ dans la bouche, mais légerement. Son infufion fpiritueufe eft jaune-brunatre, a 1'odeur de l'efprit de Vin & laiife une légère aitiiction dans la bouche. L'éther en regoit une couleur jaune-brunatre. Ils doivent être choifis gros , durs, d'une couleur brune. Le dedans êtant cafie, il doit paroitre réfmeux, avoir un goüt aftringent, tirant fur 1'amer. Les Myrobolans Indiens , ou noirs, Myrobalani India feu nigra. feu damafona, officin. Myrobalani India nigra fine nucleis , J. B. Myrobalmi nigra octangulares, C. B. P. Ilelilcgi afidd, Arab.  ts.S Traité sur u Falsificatio» font oblongs, plus petits que ceux des deux autres elpèces , plutöt riues que Canneies, érnpuffés aux deux bouts; intérieurement noirs & luiians comme dc la poix ; noirs extérkurement : iblides & creufés d'un iillon, iis lont luns amapde : quand on les mache ils s'attachent aux uents & font cracher. Ils ont une laveur aeerbe, un peu amere & acide avec une légere acrêté. Joniion nomme i'arbre qui porte ces fruits, Ar~ lor Mjrobaianijcra /alias folio. Leui infufion aqueufe eit prefque fans odeur, laiife dans la bouche de faftndion, & eit de couleur rouge-brpn. L'infufion fpiritueufe eft prefque de la même couleur que celle de 1'infufton aqueufe & a 1'odeur de l'efprit de vin d'un goüt un peu altrmgent. L'éther en recoit une couleur rouge-brun. On doit choifir ceux qui font les plus nouveaux, de couleur noire, péfants & dont la chair foit épaiife & compaéte. Les Mïrobolans bellirics , ou belliriques. Myrobalani bdüricce, officin. Myrobalani rotimda betlh ricce , C. B. P. Myrobalani bellegtt, belliicgi} quorumd. font des fruits arrondis, un peu angukux, de la figure & 4e la couleur de la noix müfcade} mais tirants  DES MÉDICAMENS. 120 tirants plus fur le jaune t ils ont environ un pouce de longueur & prefque dix lignes de largeur, tenninés, comme la figué, par unc pédicule courte & épailfe : leur écorce a une ligne d'épaiifeur , elle eft un peu molle , d'une faveur auftèrc , amère & aftringente : elle contient un noyau grifatrc qui renfermc une amande arrondic & pointue femblable a une avcline. L'arbre qui les produit eft nommé par Jonden Arbor qua Myrobalanus lauri folio fubcinericeo. Leur infufion aqueufe eft de couleur jaunc-rougeatre, prefque fans odeur, lahtant une légère aftriction dans la bouche; la teinture fpiritueufe eft de couleur jaune-brunatre, a 1'odeur de l'efprit de vin & une faveur légerement aftringente. Cc fruit teint l'éther de couleur jaune-brunatre. On les choifit nouveaux, aiants 1'écorce compacte & la chair moins folidc que celle des Myrobolans chébules ou citrins. Myrobolans emblics., ou embliques. Myrobalani emblica , ofdcin. Myrobalani cmbllca in fegmentis nucku/n habentes, angulofa, J. B. Myrobalani embelgi, embkgi, diafeni, ambegi, quorumd. Ce font des fruits prefque fphériques, diftingués cn fix an- I  130 Traité sur la Falsification gles ouvcrts; dun demi pouce de diamètre. Ils ont une couleur grife-noiratre , contiennent un noyau. léger, poli, anguleux, blanchatre, de la groffeur d'une aveline qui eit ouverte en trois parties. Parement on reeoit en Europe ces fruits entiers, & le plus fouvent ce font les fegmens dc Ia chair ou de la pulpe deffechée qu'on cnvoye. Ils font noiratres, d'une faveur aoftère. aigrelette, & un peu acre. L'arbre qui produit les Myrobolans emblics , fuivant Jonfton, fe nomme Arbor Myrobalanifrra, folüs miautim incifis. L'infufion aqueufe dc ces fruits eft dc couleur brun-foncé , d'une odeur légerement balfamique & d'une faveur un peu aftringente. L'infufion fpiritueufe eft de couleur rouge-brunatrc , d'un goüt difgracienx, ayant 1'odeur feulement de 1'efprit de vin. L'éther en recoit unc couleur brun-foncé. On doit choifir les fegmens, car on les trouve rarement entiers dans ies boutiques , qu'ils foient nouveaux, charnus, péfants & noiratres, & réjetter ceux. qui font remplis de noyaux & d'ordurcs. Les Myrobolans font légerement purgatifs , & lajffent après leurs ufages une légère aftriclion, c'eft pour cette raifon qu'on les cmploic quelquefois pour.  DES MÉDICAMENS. 12,1 purger dans les diarrhées: leur dofe cn décoction eit depais une demie once jufqu'a une once & demie , & cn poudre depuis dix jufqu'a foixante grdns. Noix de Galle. Galles, officin. C'eft une coque végétaie qui vient fur les chêncs quand ils,ont.été' piqués par un infedtc qui y dépofe fes ceufs. Eiles diiférent entre elies tant par leur groffeur, leur poid, leur figure, leur couleur, que par leur furface polie , raboteufe ou rude : elles ont un trou rond par ou l'infectè s'eft envolé : elles font ordinairemene rondes & groffes comme des noix ou comme des avclines ; raboteufes ou épineufes , d'une couleur blanchatre, ou verdatre, ou noiratre, ou rougeatre; réfmeufes cn dedans, d'un goüt aftringent & acerbc. L'éther tire unc couleur jaunatrc de la Noix de Galle par le féjour qu'elle y fait. L'infufion fpiritueufe eft dc couleur rougeatre , d'un goüt tant foit peu aftringent. N'aiant d'autre odeur que celle de l'efprit de vin; leur infufion aqueufe eft dc couleur brunatre , fans odeur rémarquable, mais u'une faveur aftringente. Elles donnent a la diffolution du vitriol martial, une couleur violette ou noire : elles font comme la pierre dc touche pour s'affurcr de la qualité martialo des caux minérales.  ïg.2. Traité sur. la Falsificatiow r:.II- faut les choifir épincufes , noircs , péfantes & dares., & réjcttcr comme. moins bennes, les Manches , les légères, les peu cures & ies rougeatres. '- Elles ont unc vertu aftringente & aufterc., on lèsuordonne intérieurement pour guérir les fievres' intermktentes, on s'en fert extérieurement en épirheme-contre la'-chute de ia matnee & dc 1'inteftin reclum. Noix vomique , (LEil de Corbcau. Nux vomica, officin. eft une petite amande platte, ronde ou orbiculaire, veloutée ou lanugineufe, d'une fubftance dure comme de la corne, d'une couleur grife en cléhors & de diverfes couleurs en dedans, telles que la jaune, la blanche ou la brune; rémarquabie par une efpèce de nombril qui eft au centre. Elles fe trouvent au nombre de quinzc dans un fruit rond qui croit fur un arbre nommé Strycknos feliis ovatis, caule inermi, Linn. Malus Malabarica, frutlo corticofo amaricante, femine plano comprejjb, D. Lycn. & Raii. Hift. L'infufion aqueufe cn eft blanchatre & n'a point d'odeur ; elle eft d'un goüt acre & amer. L'efprit de vin, ainfi que l'éther n'en font point colorés ;  DES MÉDICAMENS. I33 ccpcndant cllc donne a l'efprit dc vin unc faveür amère & un peu acre, mais point d'odeur. On a longterm regardé la Noix vomique comme un poifon pour les quadrupèdes & les oifcaux. & non pour l'homme; & une partie de ceux même qui profclfent aujourd'hui la médecine, ou la pliarmacie la regardent encorc comme telle. On en voic tous les jours véndre au premier venu, ou entiere ou cn poudre , laquelle on mèle avec de la farine ou de la graiife, & on la laiiTe expofée fouvent h 1'avidité des enfans principalemcnt chez le peuple. Ihjfman rapporte qu'une fille dc dix ans cn eit morte. J'ai vü mourir un enfant d'cnviron trois ans pour avoir pris dc la Noix vomique mèléc avec de la farine : il eut des vomilfements cruels & des convulfions. Combien d'cnfans nc voit on pas trèsforts , très-bicn portants tombcr en convulfion. La Noix vomique dont on fe fert fi négligemmcnt & fi imprudemment nc pourroit-clle pas y contribuer pour quelque chofe? c'eft aux magiftrats a empêchcr que rien de cc qui peut nuire ne fe débitc inconfidérement, & aconfeituer des perfonncs capablcs & qui connoiffent les vertus des médicamens pour en inftruire les autres. EUe doit être proferitc dc la médecine & être  134 Traité sur la Falsification regardée comme un poiibn, ainfi que les compofitions dans lefquelles elle entre, telle que Pclectuaire nommé de rceuf. Pistaches. Nuces Fijlacice, officin. font des fruits ou des petits noyaux de la groffeur des avelincs, oblongues, pointucs , plus élevées d'un cóté, & applaties de l'autre, de couleur verdatre , d'une faveur miekufe, douce & agréable, environnées d'une petite peau, laquelle eft ou d'un jaune-palc ou d'un pourpre-obfeur. Elles font recouvertes de deux écorccs , 1'extéricure eft dc couleur rouli'e, membraneufe, aride, mince & fragile : 1'intérieure eft de couleur blanche , ligneufe & caffante : on les trouve ordinairement débaraffées de leurs enveloppes, & on vend les noyaux feuls nuds. L'arbre qui les porte eft nommé piftachier. Pif tacia füliis impari pinnatis, foliolis rctroifum Jubfalcads , Linn. Jlrcbinthus Indica, Theop. Elles donnent d'abord une couleur verdatre a l'éther laquelle augmente par le féjour. Elles coloxent l'efprit de vin de couleur jaunatre, & ne lui communiquent point d'odeur, mais unc faveur légerement de Piftache. L'eau dans laquelle elles ont infufécs eft dc couleur blanchatre , fans odeur '& cn a lc goüt.  des médicamens. I35 Elles doivent être choifies péfantes, nouvelles, d'une faveur gracieufe; étant calfées elles ne doivent fentir ni fhuile, ni lc mqifi, ni le rance. On s'en fert dans la phtifie , la fievre hedique, la ftrangurie, 1'impuiiTance, les catharres acres, & la dyfcrafie feorbutique des humeurs. On les mange ordinairement ; on les fait auffi entrer dans les élcduaires & ks machicatoires , & on cn fait des émulfions lefquelles ont utó couleur verdatre. Tamarins. Tamarindi , oxipha'nica. officin. Ce font des fruits qui fé débitent fous une fubftance pulpeufe ou médullaire , comme grafie, vifqueufc & gluante; réduite en maffe molle , d'une faveur acide & vincufe, d'une couleur rouffe-noiratre, mêlée de filamens cartilagineux, des graines dures, luifantes , plus grandes que celles dc la caffe folutive , prefque quadrangulaires & applatics ; de couleur rouge-brun. L'arbrc qui les produit eft connu fous le nom de tamarinier. Siliqua Arabica qua Tamarindus, Raii Hifi Palam putti feu Maderam putti, Hórt. Malab. L'infufion aqueufe des fruits de Tamarin eft légerement brunatre. d'une faveur aigrc & ayant 1'odeur du Tamarin. Sa teinture fpiritueufe eft de couleur légerement brunatre, de 1'odcur dc l'efprit de  I36" Traité sur la F al sifi c a t i o x vin & a une faveur acide; mais le goüt de Fefprit de vin y domme. L'éther en tire unc couleur jaunatre h Tournefort a tiré de fix livres de Tamarins déüés dans huit pintes u'eau , fix gros d'un fel efentiel qui lui a paru femblable a celui du tartre de vin. II feroit a défirer qu'on ne feroit ufage que des Tamarins en filiques, mais on ne les trouve que rarement dans le commerce. Ainfi Ton doit choifir ceux qui viennent en pulpe, nouveaux, gras, d'une faveur.acide agréable, & réjetter ceux qui féntënt le moifi, & qui ont été mis dans la cavc, cc qu'on reconnoit a leur grande humidité & a leurs noyaux qui font gonfles. On les fallffie auffi avec de la mélafle & du vinaigre ; on s'en appercoit au goüt qui eft plus piquant & moins agréable. On doit beaucoup fe méfier de cette fubftance Pulpeufe , car elle eft fort fujette a contcnir du cuivre en oillblution que 1'on Pcut appcrecvoir cn y tremFant une lame de couteau bien propre ; cn moins ü'une mftantfi les Tamarins cn contiennent, on trouvera cette lame cot verte de ce metal : on cn trouve auili ou cette matière pernicieufe fe manifefte d'eliejnömc par une eïïlorefcence verdatre fur la furface de la pulpe de Tamarin.  DES MÉDICAMENS. I37 Elle eft lüxative, légerement purgative & rafraiehiffantc ; on en fait grand ufage dans les licvres ardentes & putfides , de même que dans 1'ardeur d'urine. La dofede cette pulpe, mondée de fes fémenecs & parties membraneufes, eft depuis deux gr's jufqu'a unc once, & en décoction depuis une once jufqu'a trois. Vanille. Vanille, VainfgHa, Bainilla, Aracus ar om at! ais, officin. Elle eft une filique longue d'environ fix pouces, un peu applatic, un peu molaffe, ridée, de couleur rouge-foncé en déhors; cn dedans elle ren ferme une fubftance pulpeufe , graffe , de couleur rouffatre , d'une faveur & odeur aromatique & agréable. On trouve dans fa pulpe des petites fémences noires & luifantes. Cette filique eft produitc par une plante nommée par les botaniftes Vanilla fiore viriel & albo, fiuaii nigrefcente , Plum. Volubiiis filiquefa Mcxicana folüs plantaginis, Raii Hift. On Öiftingue trois fortcs de Vanille; la première eft nomméc Vanille dc Ley ou du Leg; c'eft Ja mcilleure & la feule dont on devroit faire ufage : fa filique eft mince & longue. La feconde , dont la göuffe eft plus-groffc & plus  138 Traité sur la FalsifIcation courte, eft nommée par les Efpagnols Bovo ou Pompara, c'cft-a-dire enflée ou bouffie : elle a 1'odeur trop forte pour être agréable. Sa pulpe eft plus fluide que celle de la précédente, & fes grains font auili ;plus gros. La troifième oü la filique eft la plus petite cn tont fens, fe nomme Simarona, ou bat ar de.: c'eft celle qui contient le moins de liqueur & de graine ; elle a auffi le moins d'odeur. On voit quelquefois des filiques de Vanille monftrueufes par leur groffeur ; elles ont 1'odeur des prunes & font courtes. On les appelle Vanille de rindoftan. L'infufion aqueufe dc la Vanille eft de couleur jaune-brunatre, elle a une agréable odeur & une faveur aromatique. La teinture fpiritueufe a auffi une odeur aromatique, mais l'efprit de vin y domine; elle eft d'une faveur aromatique , mais moins forte que celle de la Vanille , & d'une couleur jaune, L'éther en eft teint d'une couleur jaune. On doit la choifir nouvelle, un peu molle, huileufe , graffe , caffante , de couleur rougeatre : fa pulpe doit être huileufe, dc couleur rouffatre, remplie dc petits grains noirs •& luifants , ayant une odeur agréable.  DES MÉDICAMENS. I39 'II faut prcndre garde que la goulTe n'aic pas été vuidée de fa pulpe aromatique & qu'on n'y air. pas fubfticué des paillettcs ou d'autres corps étrangers, en bouchant 1'ouverture avec un peu dc colic, après les y avoir introduits pour les entremêler avec la bonnc Vanille. On mêle quelquefois la première forte de Vanille avec les deux autres ëfpëcés que nous avons décrites; il eft tres-prudent d'ouvrir res bottcs, car fouvent on les falfifie auili en mettant dedans de la vieille qui a peruu fa qualité & qu'on a rajeunic cn la faifant tremper dans de 1'huile d'amande douce mêlée avec du itorax & du baume du Pérou. On trouve quelquefois ces filiques recouvertes d'une fleur faline & brillante qui n'cft que Ie fel effentiel qui a tranfudc en den. rs quand on i'apporte dans un temps trop chaud. On fait peu d'ufage cn médecine dc la Vanille, elle eft fudorifique, cordiale s & ftomachique, on Pordonne contre les aftêétions méiancoliques. Priie cn fubftance , la dofe eft depuis douze grains jufqu'a trente. En infufion ou décoction , foit dans du vin, ou. dc l'eau, la dofe eft depuis un demi gros jufqu'a un. gros. On employé la Vanille dans une compofitiom qu'on nomme chocolat pour lui communiquer un gout agréable & lc rendrc moins péfant fur 1'eftomac.  140 Traité sur la Falsificatiost Les Cubebes , ou Quabebes , Poivre a queue. Cubeba vulgares, officin. fontdes graines de la groffeur des graines de poivre , de couleur grifatre, ridées, garnics d'une petite queue : d'une odeur pénétrante, d'un goüt fort acre aromatique qui attire beaucoup de falive. On trouve dans 1'intérieur une petite graine brune, extérieuremcnt blanche, intérieurement ronde, polie & compacte, d'une faveur très-acre. On n'eft pas encore bien certain de la plante qui les produit; elle eft nomméeCurane, par Hermann. Elles donnent par la diftillation humide un peu d'huile effentielle plus péfancc que l'eau. L'éther en eft teint d'une légère couleur jauneverdatre. L'infufion aqueufe eft de la faveur de cette Graine, d'une odeur tirant. tant foit peu, fur la lavandc, & de couleur brunatre. Sa teinture fpiritueufe eft légerement jaunatre, d'un goüt amer, acre & aromatique; & d'une odeur légerement balfamique, mais l'efprit de vin y domine : on obticnt d'une once dc Cubebes, par la menftrue aqueufe, environ trqis gros d'extrait qui a la faveur aromatique & acre, & unc odeur pénétrante mais moindre que les Cubebes. Par la menftrue fpiritueufe on obtient environ deux gros & demi d'extrait d'un  Des Médicamens. 141 goüt acre aromatique , & un peu amer, & qui a 1'odcur de Cubebes. Elles doivent être choifi.es récentes, groffes, un peu péfantes, les moins ridées qu'il eft poffible, & aromatiques; il faut réjetter celles qui font légères & ridées & dont le noyau eft petit ou flafque, car elles ont été cueillies avant leur maturité. On les dit fpécifiques contre les vertiges, & 1'imbécilité dc la mémoire; elles font aélives & ftimulantes . moins cependant que le poivre; on les met au nombre des principaux peéhoraux, anticatarrheux & ftomachiques. La dofe ordinaire en poudre eft depuis fix jufqu'a vingt grains & depuis un fcrupule jufqu'a un gros infufécs dans du vin. Poivre. 11 y a trois fortcs dc poivre dont on fe fert qui font lc Poivre blanc, le Poivre noir & le Poivre long. Le Poivre noir. Piper nigrum, officin. Piper rotundum nigrum, C. B. P. eft une fémence ronde, féchc , ridée . petite , grolfc comme un pois dc moyenne groffeur. Sous une écorce noiratre , fe trouve une fubftance affez dure & compacte, de couleur verd-jaune extéricurement , & dc couleur blanche intérieurement. Son odeur eft légerement  142 Traité sur ia Falsificatïon aromatique; fa faveur eft trés-acre. Elle cxcite dans la bouche & dans le gofier une fenfation bruiante. La plante ligneufe qui le. produit, eft connue fous le nom de Pcivricr Lada aliis Molanga, five Piper aromatieum , Pifon. Piper folüs ovatis , petioüs fimplicijjimis, Linn. Six livres dc Poivre noir, diftillé dans une cornue, ont donne huit onces trois gros & demi de liqueur qui contenoit un peu de fel urineux qui avoit la faveur & 1'odeur du Poivre; quatorze onces •& huit grains de liqueur rouffatre empyreumatique, acre, un peu acide qui donnoit des fignes d'un fel foit acide, foit urineux, deux onces cinq gros & vingt quatrc grains d'efprit urineux, un gros d'alkali volatil concret, un demi gros d'huile effentielle & huit onces d'huile épaiffe. Du réfidu cm obticnt une once trois gros & douze grains de fel alkali fixe. 'L'éther dans iequel le Poivre noir a infufé eft d'une couleur jaunatrc, tirant'un peu fur lc verd.' Lc Poivre noir pour être bon doit être bien nourri,. péfant,;le moins ridé pofliblc, très-acrc au goüt & qu'il ne foit pas rempH dc pouffierc. Le Poivre blanc. Piper Album 3 Leucopiper 3  DES MÉDICAMENS. 143 officin. Piper rotiindum album, C. B. P., eft une graine unie, polic, de couleur blanchatre, groiTe comme un pois de moyenne groffeur, ayant la figure extérieure d'un grain de coriandrc, d'une faveur moins acre & moins piquante que lc Poivre noir. L'éther en tire une teinture laiteufc laquelle devienc un peu citrine par la fuitc. Le Poivre blanc naturel eft cxtrêmcmcnt rare & on n'en trouve guère que dans lc cabinct des curieux. Celui qu'on trouve dans lc commerce eft: du Poivre noir auquel on a öté fon écorce extérieure. Les Uollandois fe font emparés dc cc travail qui cependant n'altcre .point les bonnes qualités du Poivre. 11 n'en eft pas dc mème d'un autrc moyen que des perfonnes employent pour blanchir lc Poivre , & pour augmenter fon poid par des matières péfantes & fouvent venimeufes. A cette fin ils mettent le Poivre noir dans des tonncaux §vèq une fuffifantc quantité d'eau pour i'humccter, on 1'y laiffe jufqu'a ce que 1'écorcc quitte facilemcnt la graine , enfuite ce Poivre eit mis dans un baffin de cuivre' percé de trous, dans lequcl ils lc piongent, en le fufpendant dans un baquet rempli d'eau; avec un balai ufé ils frottent le Poivre pour faire tom-  144 Traité sur la F alsifi catioit ber , autant qu'il eft poffible , fon écorce noire, après ils couvrent certe graine d'une couche dc pate ccmpofée dc la coüc d'amidon avec une plus ou moins grande quantité de blanc de cérufe: ils rcmuent & agitent le Poivre dans cette paté tant qu'il eft fuffifamment chargé , ils mettent enfuite cette graine fécher ; après qu'elle eft féche, ils la remuent pour arrondir la pate qui a refté appliquée autour des grains. On peut reconnoitrc cette fraude dangercufe, en faifant tremper lc Poivre dans de 1'eau; 1'eau, cn diffolvant la cölle , laiife précipitcr la cérufe qu'on peut reduire en plomb par le phlogiftiquc, fi c'eft de ia craic dont on s'cft fervi cn place de cérufe, on la trouve auffi au fond de l'eau. Le Poivre long , Piper fangum , Macropipcr , officin. Piper fangum Oriëntale, C. B. P. eft un fruit dciTéché avant fa maturité , de couleur grifatre, oblong , cylindrique, gros comme une plume, Jong d'environ un pouce & demi, affez fembiable au chaton de boulcau, cannelé, ou garni de tubercules , unis fort étroitement & placés cn forme de rouleaux , divifés intérieurement cn petites cellulcs membraneufes rangécs fur unc mcme ligne cn rayons, dans  des Médicamens. i^j dans chacune defquelles eft concenue unc petite graine arrondic de couleur noiratre extéricurement, blanche en dedans , d'un goüt plus acre & plus brülant que le Poivre noir & ayant unc odeur aromatique. La plante qui produit ce fruit eit nommée Piper longum five Pimpiiim Pifon. Piper foiiis cordatis pctiolaüs fejjilibujque, Linn. L'éther tire d'abord du Poivre long une teinture laiteufe qui devient verte & peu chargée par le féjour. L'eau dans laquelle ces trois fortes de Poivre ont infufé. n'a que peu d'acrêté; au licu que l'infufion & l'extrait faits par l'efprit dc vin brülent la langue & le paiais. On tire par la diftillation d'une livre de Poivre, environ un gros ou quatre fcru j puics d'huile effentielle laquelle nage fur l'eau, elle a 1'odcur & la faveur du Poivre, mais n'en a point 1'acreté. Une once de 1'un ou dc l'autre Poivre fournit environ une demie once d'extrait aqueux & un gros & quclqucs grains d'extrait fpriritueux. II doit ctre choïfi nouveau, bien nourri, compact, péfant, difficile a rompre & non carié a quoi il eit fort fujet. Ces trois efpèces de Poivre font des aromates très- K  146 Traité sur la Falsificatioït a&ifs & ftimulans, on doit écre très-circonfpcét dans 1'ufage qu'on en fait, car ils agiiTent cn picottant" vivement lesfolides, & en atténuant fortement les humeurs. Ils ne convienncnt point aux perfonnes d'un tempérament fee ou pléthorique. On s'en fert dans les fievres quartes opiniatres, dans la cachexie, IVdeme, les fleurs blanchcs invétérées & habituelles. La dofe en. fubftance eft depuis fix jufqu'a vingt grains, & en infufion depuis dix jufqu'a trente. Le Poivre long a beaucoup plus d'acrêté que lc noir & le blanc. LES SEMENCES. Sémrnce d'Ammi. 11 j en a de deux efpèces, la première eft hommee Amm iCommune , Ammi vuU gare, officin. On nomme la plante d'oü elle provient Sifon foliolis fubcapiilaribus , Linn. Ammi vulgare majus, foliis latioribus femine minus odorato , J. B. Elle eft petite. canelée , d'une coukur ccndréc, jaunatre, d'un goüt amer, acre & très-pé, nétrante, d'une odeur aromatique. La 2e. efpèce eft l'Amhi m Crête, a oleu*  bes MÉDICAMïWa. I47 b'Origan-, Cumin d'Ethiopie, Ammi odore Origani, Cretici veri, officin., Sa plante eft nommée par les botaniftes Fozniciilum Ammium Origani odore, Tourncf. Ammi parvum foliis fozniculis, C. B. P. Elle ne diifére point beaucoup de la précédente quant a la forme extérieure , mais par fon odeur plus pénétrantc & par fa faveur aromatique approchant de celle de POrigan ; fa couleur eft d'un" rougc-brun & quelquefois un peu verdatre. On ne fe fert ordinaircmcnt en médecine que de PAmmi dc Crcte. Une once a donné quatrc fcrupules & douze grains d'extrait fpiritucux, de couleur jaunatre, d'un goüt aromatique trés-acre , & d'une odeur balfamique très-doüce, & autant d'extrait aqueux d'une odeur foible balfamique, d'un goüt un peu amer, légerement acre, aromatique , & dc couleur fauve - noir : 1'infnfion aqueufe eft dc couleur jaunc-rougcatre, ayant 1'odcur de la fémence, d'une faveur piquante & aromatique. L'infufion fpiritueufe eft de couleur jaunatre, d'une odeur de la Sémencc, mais 1'Efprit dont on s'eft fervi y dominc, elle a un goüt légerement aromatique. L'éther en tire une légère couleur dc paille par le féjour. On s'en fert comme fortifiant , échauffant,  34§ Traité sur la Fa l sificatiow carminatif & ftomachique, c'eft une des quatre fémences qu'on a nommées, fémences chaudes mineures. La dofe en poudre eft depuis cinq jufqu'a fix grains , & infufée dans du vin depuis dix jufqu'a trtnte grains. L'anis de la Chine, ou de Sibérie, 1'Anis étoilé, 1'Anis des files Philippines, la Sémence de Badiane, Anifum ludicum fidlatum , Badianc dictum, officin. Cardamomum Siberienfe , Paul Amman. Anifum peregrinum , C. B. P. Zingi fruSus fieilatus, five Anifum Indicum , J. B. Anifum Philippinarum infularum, Cluf. Anifum Chinenfe, Scm. Badian,F. Rhed. croit fur un arbre qu'on nomme Evonymo affinis Philippinarum infularum , Anijum Spirans, nuculas in cap/ulis fidliformiter congcftis profcrens', Pluck Badianifera, Linn. 11 relfemble pour la figure a celle d'une écoille compofée de fept, huit ou plus grand nombre de capfules triangulaires réunies a un centrc commun en maniere de rayons; elles ont de longueur depuis cinq jufqu'a dix lignes & de largeur depuis trois jufqu'a cinq lignes étant un peu applaties, & unies enfemble par leur bafe. Ces capfules ont deux écorccs , Tune extérieure, dure, raboteufe , jaunatre, eu de couleur de rouille de fer;. l'autre intérieure eft  des Médicamens. 149 lilTe, luifante & prefque oifeufe: celles qui font féches & vicilles, s'onvrent en deux panneaux par le dos & iaitfent chacunc fortir unc lémence renfermée dans une coque mince, fragile, liife , luifante , de la couleur de la graine de lin , applatie, dc deux ou trois lignes de longucur & d'une dc largeur; en les ouvrant , on appercoit une amande blanchatre , grafie , douce & agréable au goüt & d'une faveur aromatique, qui tient le milieu entre 1'Anis & le Fcnouil, mais plus vive, & d'une odeur agréable. Une once des capfules a donné environ une demie once d'extrait aqueux, d'un goüt légerement aromatique , d'une foible odeur, & d'une couleur rouge - brun, & deux gros d'extrait fpiritucux d'une faveur & odeur plus aromatiques que 1'aqueux. L'eau dans laquelle cllcs ont infufé , eft de couleur jaune; elle cn a 1'odeur ainfi que le goüt. La liqueur fpiritueufe dans laquelle elles ont infufé , a a pcu-près le même goüt, 1'odeur & la couleur de l'infufion aqueufe. L'éther cn reebok unc couleur d'or - foncé. On les doit choifir entières, qu'ellcs foient nettes & exemptcs de poulliere. L'Anis de la Chine eft carminatif & on 1'cm-  i£0 Traité sur la Falsificatiow ploie dans les cas ou les rémèdes chauds de cette efpèce peuvcnt convcnir. On 1'ordonnc auili pour forcifier Peftomac, pour diiliper les vents, & pour faciliter l'expccloration. La dofe en poudre eft ordinaircment depuis quatre jufqu'a dix grains & infufée dans du vin depuis dix jufqu'a vingt grains. Sémence de Cardamome. II y a trois efpèces différentes, mais celle qu'on emploie lc plus fouvent en médecine eft la Petite Cardamome. Cardamomum minus, officin. Cardamomum Simpoiiciter in officinis diSum , C. B. P. Elle nous eft apportée renfermée dans une gouffe Membrancufe, triangulaire & rayée ou canellée, attachéc a de petites queues, dc couleur cendrée , tirant fur le blanc. Cette goufTe eft partagée en trois loges dans lefquelles font deux rangs de petites graines , a 1'cxtérieur de couleur jaune-foncé & noiratre dans quelques endroits; blanche en dedans, d'un goüt fort aromatique & acre, tenant un peu de celui du camphré, & d'une odeur agréable. L'éther en regoit une foible couleur jaune. L'infufion aqueufe eft de couleur légerement jaunatrc, d'une odeur aromatique. L'infufion fpiritueufe eft de couleur jaunatre, d'une faveur agréable & aromatique : elie a 1'odeur du Cardamome. D'une livre oa obtient environ fix gros d'huile eifcntieile.  DES MÉDICAMENS. !£! Une once donne un gros & quelques grains d'extrait fpiritucux dc couleur pale-fauve, d'un goüt acre, brülant & un peu aromatique, & de 1'odeur de la Sémcncc. On cn obticnt une rlus grande quantité d'extrait aqueux lequel eft prefque fans odeur & fans faveur. On ne devroit faire ufage cn médecine que de la Sémence de petite Cardamome , comme étant la mcilleurc & ayant lc plus d'odeur. La grande Cardamome , qu'on nomme aulïï Graine de Paradis. , ou Maniguette. Cardamomum, majus femine piperato, Granum Paradifi, Malaguetta, Müleguctta, officin. Sa plante n'eft guère connue & la defcription qu'en donne le pere Labat, &: Flacourt dans fon hiftoire dc Madagafcarne la font pas mieux eonnoitre. Elle eft apportée en goulles ou coques dc la figure & de la groffeur d'une petite figue laquelle contient un grand nombre de Sémcnccs triangulaires, d'une couleur rougeatre en déhors , blanche cn dedans, d'une faveur acre & mordicante comme celle d'un melange de camphré, de poivre, de layande & dc thym. D'une once on obtient environ un gros & quel-  152 Traité sur la Falsification qucs grains d'extrait aqueux d'une couleur fauveobfeur, d'un goüt acre & brulant, & un gros & un fcrupule & demi d'extrait fpiritucux ayant un goüt brülant & très-acre. La Graine du Cardamome moten. Cardamomum medius, officin. eft anguleufe , de couleur rougeviolct, d'une faveur fort acre, elle eft contcnue dans une gouffe longue , triangulaire & courbée, plus petite que Ja précédente. 11 faut choifir dc J'une ou de l'autre de cesCardamomes les plus nouvelles, les plus péfantcs & dont les gouffes font entières & point cariées ou perforées; il ne faut point les ouvrir avant que de s'en fervir , car Jes graines fe confervent mieux étant enveJoppées de leur gouffe. On les a mifes au nombre des ftomachiques, céphaliques, carminatifs & cardiaques Jes plus chauds. On leur attribue Ja vertu de fortifier Ja mémoire, la vue & 1'ouic. La dofe en fubftance eft depuis' dix jufqu'a vingt grains, & en infufion depuis un gros jufqu'a deux ou trois. Semences de Daucus. On s'en fert de deux fortes en médecine; la première eft nommée Daucus de Crête. Semen Dauci Cretici, officin. Elle fait  des médicamens. 153 partie des quatrc petites Sémences chaudes, cüe eftoblongue, canclée, velue, convexe d'un cöté', applatie de l'autre, d'un blanc un peu jaunatre, d'une faveur un peu acre, qui n'eft pas défagréable, d'une odeur foiblcment aromatique. La plante qui da produit eft nomméc Atamanta foliolis Uncaribus planis hirftttis, Seminibus oblöngïs hirpjtis, Linn. Myrrhis annua, Sanine firiato villofo, irtcana, Tournef. On en obticnt d'une once, 'environ trois gros d'extrait aqueux, de couleur brun-noiratrc, d'une faveur foible d'abord & nc donne que quelquc tems après de très-légers veftiges d'acrêté; & par l'efprit de vin environ un gros d'extrait réfmeux d'une odeur du miel, d'une faveur acre légerement amère & aromatique, de couleur d'or-foncé. L'infufion aqueufe dc cette Sémence eft de couleur légerement jaun,atre, d'une odeur un peu aromatique, & a le goüt de la Sémence. L'infufion fpiritueufe eft de couleur jaune-verdatre , d'une faveur aromatique amère & d'une odeur légerement aromatique. L'éther cn eft teint d'une couleur verdatre laquelle augmente par le féjour. La fecondc cfpècc eft nommée Daucus vulgaire,  i$4 Traité sur la Faxsificatïon Chirouis, Carotte fauvage, Scmcn Datici vulgarist officin. Ces Scmences font oblengues, canelces garnics dc poils, de couleur grifatre, d'une odeur & faveur plus foibles que celle de la Sémence de Daucus dc Canuie. La plante qu'elle produit eft appellée Paftinaca fylvcjlris, five StaphWms J. R Paftinaca tenui folia fylveftris , Diofcorid. vel Daucus 3 officin. C. B. P. r II faut les choifir nouvelles, bien nourries & odoriférantes. Elles font atténuantes, incifives, apéritives, carminativcs , emmenagogues & diurétiques. La dofe ordinaire cn poudre eft depuis huit jufqu'a vingt grains. Sémence de Fenotjil doux. Scm.en Fceniculi dufa cis, officin. Elle eft oblongue, canelée, verdatre ou d'un pale-jaunatre, d'une faveur douce un peu acre, d'une odeur agréable & aromatique. La plante qui produit cette Graine eft appellée Fozniculum five Maratrum vulgatius dulce, Lobel, Foeniculum dulce majore & albo Semine, J. B. L'eau dans laquelle elle^a infufé, a une faveur douceatre k un peu acre: fon odeur eft foible &?  bis médicamens. 155 point agréable. Infufée dans l'efprit de vin, cette liqueur eft dc couleur jaunatre, a une odeur forte de Fenouil, un goüt aromatique, acre mêlé de doux. L ether dans lequcl elle a infufé , en eft teint de couleur verdatre : elle donne beaucoup d'huile cifentielle par la diftillation aqueufe, cette huile fe coagule au froid & devient fi blanche qu'elle refemble plutöt a la graiffe qu'a 1'huile. Les Sémences du Fenouil doux doivent être choifi.es nouvelles, bien nourrics, d'un goüt doux & agréable. 11 faut réjetter les vieilles, les petites & celles qui ont perdu leur faveur. Ces Sémences font carminatives, ftomachiques & légerement diurétiques. Sémence de Zedoaire , Sementine , Barbotine, Santolinc , Semen contra, Sémence a vers; Semen Zedoaria, Semen contra vermes, Semen fanclonicum,Seinen fanctum, Lumbricorum Semen, Semen Cina, officin. eft une petite graine oblongue, d'une couleur verdatre, d'une odeur balfamique un peu défagréable : légerement acre au goüt, amère & balfamique . Les auteurs ne font point d'accord fur quelie plante vient cette Sémence ; les uns la regardent comme une efpèce d'abrotanum & les autres la met-  ri£t> Traité sur la Falsificatiow tent au nombre des cfpèces d'abfynthe & la nomment avec C. Bauhin, Abfmthiumfantonkum Akxandrinum. L'éther en tire une légère couleur ambrée. L'eau ou elle a infufé, eft de couleur brün-rougeatre; a un goüt très-amcr, un peu balfamique, une odeur aifez forte, pareille a celle qu'a la Sémence même. Si on cn fait infufer dans l'efprit de vin , ce liquide devient de couleur .jaune-brun , mais il conferve fon odeur naturelle. Cette infufion fpritueufc eft moins amère & plus balfamique que l'infufion aqueufe. D'une once de cette Sémence, on obticnt environ trois gros & quelques grains d'extrait aqueux, de couleur rouffe tirant un peu fur le noir , d'un goüt amer balfamique & d'une odeur foible. Par l'efprit de vin on tire environ deux gros & demi d'extrait d'une faveur amère balfamique, d'une odeur difgracieufe & de couleur roux-noiratre. On doit choifir celle qui eft verdatre, qui a une odeur forte , qui n'a pas de petites feuilles , de grains de fable & autres ordures qu'on y trouve fouvent; on doit prendrc garde que ce ne foit pas la Sémence d''Auronnc laquelle on lui fubftitue fouvent. On peut aifément reconnoitre cette fraude , car  DES MÉDICAMENS. l$7 la Sémence cVAuronne eft jaunatre, légère, reffemblant plutót a de la paiile qu'a dc la Sémence. Celle de Zedoaire eft plus groife , longue & de couleur verdatre : elle eft auili plus amère &; plus aromatique que celle de YAuronne. On 1'ordonne comme difculTif, ftomachique, carminatif & antivermineux , c'eft fur-tout cn cette derniere qualité qu'on 1'ordonnc le plus fréquemment en y joignant quclqucs purgatifs tels que la rhubarbe , & le mercure doux. La dofe eit depuis douze jufqu'a foixante grains. EXCROISSANCE. _t\^Garic. Agaricus , officin. Boletus abieti laricis dicat Linn. Agaricus five Fungus laricis C. B. P. eft une excroiifance fongucufe, blanchatre, molle, friable, légère, excitant fur la langue d'abord une faveur douce & qui eft enfuite amere avec acreté. EUc fc forme fur le Larix ou Mêlèze. 'L'éther cn rceoit promptement unc couleur citrine , on n'en tire , fuivant Boulduc , avec l'eau feule qu'un mucilage épais, & point d'extrait; mais, pour cn avoir la partie extraétive, il faut employcr les alkalis fixes diflbus dans l'eau. L'efprit de vin  x,5s Traité sur la Falsifi catiok en tire une teinture laquelle eft plus foncée quand elle provicnt de 1'écorce de FAgaric que de la partie fqngu&ufe ; cette teinture écant concentrée eft d'une odeur & faveur fi difgracieufes qu'une feule gouttc fur la langue peut faire vomir & caufcr pendant longtems des naufées , pour peu qu'on foit fenfible. Une demie once d'Agaric donne environ deux gros d'extrait fpiritucux, fon écorce en donne une plus grande quantité. La même quantité d'Agaric donne cnyiron quatre fcrupules d'extrait aqueux, & fon infufion aqueufe eft de couleur blancjaunatre. II doit être choifi fouple & qu'il fe laiife aifément dépêcer avec les doigts, il faut réjetter celui qui eft noiratre3 péfant, peu friable, fibreux, ligncux & carié. Avant de Facheter, on doit le coupcr car le bon comme le mauvais eft frotté avec de la craie pour cacher fes défauts & le faire p'aroitre plus blanc. Autrefois on faifoit plus d'ufage de l'Agaric qu'on n'en fait a préfent : il lache & purge doucement le ventrc & chaffe les vers. On lc croit fpécifique dans les maux de tête , les affe&ions faporeufcs, Fapoplcxie pituieufc, les aifcctions hiftériques & la gouttc invéterée. La dofe ordinaire eft depuis vingt juf-  des Médicamens. 159 qu'a foixante grains cn poudre. Mais il vaut micux la prendre infufée dans du vin depuis un gros jufqu'a deux. H^D^ <^^>«£^ ^C-^ï-^ö^J- r^>0^^b^> LES B A U M E S. Jj^Aume de Copahü , ou Ct pau , ou du Bréiil, Baljamam Copaiva, Balfamum BrafiUcnfe; Balfamad gamdo, Balfamum vc' Oleum C p :iba vel Copaxt. officin. Caplvus Dalc. C'eft unc réfine liquide, qui fe tire par 1'inciiion qu'on fait a fécorce d'un arbre affez élevé qui vient dans 1'Amérique Meridionale & priricipalemënt au Bréfil. On cn trouve aufli dans les Antilies. Pifqn & Marcgrave nomment eet arbre Copaiba , aibor Bclfamifera Brafilienfis , friiËu monofpermo. 11 y a deux fortcs de Baume dc Copahu ; celui qu'on tire par 1'inciiion eft d'une couleur jaunepale, d'une faveur un peu amere, d'une odeur aromatique affez agréable , d'une confiftence plus ou moins épaiffe , felon qu'il eft plus ou moins vieux. On croit que l'autre eft extrait des ramcaux & dc l'écorce du même arbre par décoéiion ; ii a la confiftence du miel, unc odeur pénétrante approchant de celle de la térébemhine , d'un goüt plus  i6o Traité sur la Falsificatioic amer que le précédent & affez défagréable ; il eft chargé d'un peu de liqueur trouble. On a vendu le Baume de Copahu extrait par la décoéiion fous le nom de Baume de MaIpeyer Ou Malpaire qui étoit le nom d'un épicier de Paris qui en faifoit un gros débic. 11 fe diffout très-promptement par l'éther. Cette diffolution eft tranfparente de même que celle faite par l'efprit de vin. Le vieux Baume dc Copahu étant verfé fur l'eau, tombe fubitement au fond ; le' nouveau , au - contraire, furnage fur la furface de l'eau fous la forme d'une pellicule. On tire quelquefois d'une livre , par la diftillation aqueufe, depuis cinq jufqu'a fix onces d'huile cffcntielle, laquelle devient après quelque tems de couleur jaune-pale ; elle eft d'une odeur forte, aromatique & ingrate , d'une faveur légerement amère, acre & pénétrante. Ce Baume , diftillé par la cornue, a donné de 1'huile étherée , dc la liqueur acide, & une huile épaiffe empyrcumatique qui étoit d'abord de couleur rouge, enfuite de couleur brune; du réfidu qui a refté dans la cornue, Pon n'a obtenu aucun fel. 11  DES MÉDICAME1TS-. 161 II faut choifir le Baume dc Copahu d'un jaunepa;e, ciatr , d'une ödeür aromatique alfcz agréable, d'une faveur un peu amere, d'une confiftence approchunte dc celle de la téreoenchine J fe diffoivant enuèremcnt dans quatre parües d'efprit de vin. On s'en fert dans les ulcères du poumon , dans cbux des reins & de la veliic & fur la fin de la gonorrhée. La dufe eft depuis trois jufqu'a douze gouttes. Baume de Judée, de la Mccque, d'Egypte, de Conftantinople, du Grand-Caire, de Giiea ou Baume vrai ou blanc. Balfamum Jiddkum, Baljamatleeon , Opobalfamum , Balfamum Gileadenfe, Balfamum è Meccd, Balfamum Syriacum, Balfamum Conftantinopolitanum album , oihcin. II fe tire d'un arbriifeau nommé Balfamum verum , J. B. Balfamum Syrlacum , tutte, folio , C. B. P. Balfamum lentifci folio, Aigyptiacum , Belion. II y a trois efpeces de cc Baume , la prémière eft celle qui découle de 1'inciiion faite a 1'écorce du baumier ; c'eft le plus précieux & le plus eitimé des Baumcs. II eft très-rare paree qu'il eft refervé en entier pour le Grand-Scigneur. La feconde cfpèce eft celle que Pon rctire a la L  i6t Traité sur la Falsificatiow prémière ébullition des branches & des feuilles du baumier qu'on fait bouillir dans 1'eau. Ce Baume, fous la forme d'une huile lympide & fubtile, vient nager a fa furface. Cette efpèce eit encore rare paree que les femmes Turques la rechcrchcnt & en font un grand ufage. La troifième efpèce provient de la continuation de 1'ébullition qa'on fait fubir aux mèmes branches & feuilles du baumier. II eft plus épais & moins odorant que le précédent , auffi eft - il le moins recherché. Le Baume de Judée eft une réfine d'un blanc jaunatre, d'une odeur trés aromatique affez femblable a celle dc 1'écorce de citron. Son goüt eft acre & pénétrant, mais fon acreré n'eft point défagréable, elle laiife dans la bouche un goüt aromatique qui dure très-longtcms. Plus il eft nouveau, plus il eft liquide & blanc; en vieilliffant il s'épaiffit beaucoup , fa couleur devient d'un jaune-doré; il perd de fon odeur & devient réfine folide & friable, d'un goüt acre, mais il faut beaucoup de tems pour qu'il fe durciife ainfi. II fe diffout très-promptement dans l'éther, ainfi que dans l'efprit de vin; mais cette diffolution eft  DES MÉDICAMENS. IÖg. un peu louche; il fe forme un crès-léger dépot blanchatre par le féjour qu'ü y lait. Pour diftinguer le Baume de la Mecque nouveau & qui eft le meilleur, on cn vafe dans feau; s'il eft nouveau, quoiquc ve rfé de trcs-haut, il furnage & forme a la furface de ce liquide une pellicule, laquelle fe coagule & fe laiife retirer dc feau en encier, elle eft très-blan che. Celui qui eft vieux étant verfé fur l'eau, tombe tout de fuite au fond. Comme il eft préciet ix, on le falftfie fouvent en y mettant de la térébï mthine fine, ou du baume de Canada & de 1'huile e ifcnüelle du citron ou autres drogues. L'odeur & le { 'out dc cc mêiange peuvent faire découvrir aifément : cette tromperie. On a indiqué, comm c certains, plufieurs fignes auxquels ou pouvoit ree onnoitre le vrai Baume de Judée; mais tous ces li gnes ne font pas auili fürs qu'on vuudroit ie faire croire & ne font qu'imaginaires. Entre autres ceux dc coaguier le lait, d'exciter le faignement ( du nez en refpirant l'odeur , de s'ecbapcr entil :remcnt par les pores fi on en tient dans la main & de ne point tacher le linge. Le Baume de la Mecq ue eft très-eftimé, & Ton  i6f Traite sur la Falsificatioi* ne fgauroit s'empéchcr de convenir qu'il poffède dans un degré éminent toutes les qualités proprcs aux fubftances balfamiquesi Ccpcndant les autres baumes, tels que ceux du Pérou, de Copahu &c. peuvent très-bicn le remplacer, & ils ont a peuprès la même vertu de cellui de la Mccque. La • dofe eil depuis quatre jufqu' a quinze gouttes. Baume du Pérou. II y a trois cfpèces de .Baume de Pérou, 1'unc blanche & liquide, l'autre brune ou noire & liquide & la troij ièrne de couleur jauned'or & folide. Le Baume blanc du Pfi -iou. Balfamim Peruvianum album feu Scirax al ba, officin. eft celui qui découle naturellemcnt ou p ar inciiion de 1'écorce, fur-tout dans un tems pluvu :üx , d'un arbre qui croït dans 1'Amérique Mcridioj aaie que les botaniftes Djmment Balfamum cx pen • , j. B. Koitziloxite feu ArborBalfami Indici 3 Balj amifera'prima 3 Hernand. Le Baume blanc du Pérc >u eft une réfine liquide tranfparènte, d'un bianc-jai matre, d'une odeur affez agréable, tenant un peu d e celle du bcnjoin & du ftorax, d'une faveur acre- -amère, ayant la confiftence du miel liquide; c'e: ft 1'efpèce la plus rare & on ne la trouve .que rarer, nent dans les boutiques :  DES MÉDICAMENS. 165 celui qu'on y trouve eft fouvent frélaté avec la térébenthine qui decoule naturelement des Mélèzcs. Cttte fraude eit a reconnoitre en jettant de ce Baume fur des charbons ardens; s'il eft falfirié avec, on s'en appcreevra a 1'oueur qui participera dc celle de la térébenthine. Le Baume du Pérou sec eft celui qui découle du mcme arbre par incifion & que les naturels du pays regoivent dans des coques qui ont ordinairement la groifeur du poing, dans lefquelles ils le font durcir. II eft lolide, fee, & un peu friable, d'une couleur jaune-d'or, odorant, d'un goüt plus acre & plus amer que Je baume de tolu avec lequcl on lc confond fouvent. Ce fuc réhncux & folidc en. appor té en coques. Ce Baume ainfi que le Baume blanc du Pérou fe dilfout très-promptement dans l'éther; mais cette diifolution eft un peu louche & laiife précipiter une matière blanchatre. L'efprit de vin dilfout trés-bicn Pun & l'autre de ces Baumcs. On falfifie quelquefois le Baume fee du Pérou avec la Colophane, on reconnoit cette fraude en jettant un morceau fur les charbons ardens, s'il eit falfifie , on fent une odeur de térébenthine.  166 Traité sur l a F a l s if i c a t i o w Le Baume du Pérou brun ou noir. Balfamum Peruvianum fujcum vel nigrum, officin. ou firnplement Bcljamum Peruvianum, provient des branches, de l'écqrce & du tronc du même arbre, coupé par morecaux, que les lndiens lont bouilhr dans 1'eau. II a la coniiltence approchante de celle de la térébenthine, unc odeur aromatique affez agréable, une laveur acre & un peu amère , une couleur rouge tirant fur lc noir. "Cette réfine fluide étant approchée du feu, s'en. flammc a.fément & répand une vapeur d'une odeur forte, douce & agréable. II faut réjetter celui qui eft abfoiument noir & qui a une odeur d'cmpyreumc. II fe diffout promptcment dans l'éther & y dépofe unc matière noirc adhérente a la bouteiile. On obtient d'une livre, par la diftiilation humide, environ unc once d'huile cffentielle, de couleur rouge & pénétrante. II faut une grande quantité d'efprit de vin pour diffoudrc cette huile. La maffe qui refte dans la cucurbite eft réfineufe & retient encore une partie de 1'odeur du Baume. On falftiie fouvent ce Baume avec de 1'huile d'amandc douce. Cette fourberie eft facile a connoitre9  DES MÉDICAMENS. 16*7 ear fi lc Baume en eft cxempt il fe diifoudra entièremcnt dans l'efprit dc vin ; s'il eft mclé avec cette huile, on ia trouvera au fond, car fefprit de vin ne la diifout pas. Nous ne fommes point du fentimcnt de Pommet qui dit qu'on peut réconnoitre le Baume noir du Pérou mclé avec de 1'huile d'amande douce, en ce qu'étant mis fur un papier, il coule plus aifément & eft plus rougeatre', que celui auquel on n'en a pas mêlé. Nuus avons obfervé que le Baume noir du Pérou nouveau eft toujours plus rougeatre & plus fluidc que le vieux, & qu'en vicilliffant, il perd de fa fluidité & devient plus noir par le raprochement dc fes partics. On vend fous le nom de Baume du Pérou noir une compofition faite avec 1'huile de benjoin, des jets de peupliers & avec 1'huile dc ben. On reconnoit cc faux Baume en ce que le vrai fc diifout entièrement dans l'efprit de vin reétifté & celui-ci ne s'y diifout pas. C'eft le Baume noir du Pérou qui eft le plus cn ufage en médecine; il eft nervin, antifpafmodique & confolidant ; on lc donne avec fuccès dans les diifcnteries, après que la fievrc Sc les autres fymp-  16Z Traité sur. la Falstficatioit tómes qui indiquent 1'état inflatnmatoire font diminués ; on s'en fert auffi dans ies ulcères du poumon. La dofe eft depuis iroisjuiqu'a vingt gouttes. * Baume de Tolu. On tire le Baume de Tolu, qu'on nomme auili Baume d'Amérique, Baume dur, Baume de Carihagène & Baume fee. Balfamum Tolutanum , officin. Balfamum fblidum, quorumd., par inciiion d'un arbre nommé Toluifera, Linn. Balfamum Tolutanum foliis ceratia ( Caroubier j fimilibus^ quod candiaum. efl , C. B. P. On nous apporte ce Baume en ' calabaffes, il a «nc coniiftence plus ou moins feche tenant le milieu entre 1'état de fluidité & celui de folidité. Ce fuc réfmeux elf d'une couleur jaune doré, ou tirant quélque peu fur Ie rouge , folide , fee & un peu fnablc , d'une odeur trés - pénétrante qui approche de celle du benjoin , d'un goüt fort doux, fans être acre ni amer comme celui de? autres Baumes, ne caufant point des naufées comme eux. I] fe diifout trés-facilement dans l'éther : fa diifolu-, tion eft d'une couleur jaunatre. L'efprit de vin le diifout très-bien. On le falfifie comme le Baume du Pérou fee avec la colophane & on peut reconnoitre cette falfiücauon de la même facon,  DES MÉDICAMENS. l6g On 1'ordonne avec fuccès dans les maladies de poitrine & dans tous les cas ou les balfamiques convienncn: ; il eft beaucoup moins acre & moins penetrant que le Baume du Pérou. La dofe eft depuis fix jufqu'a trente grains. Térébenthine, Tcrebinthina; Trebihtkifta ; officin. Termenthina ; Tremcnthina ; Terebintnina, quorumJ. eft un Baume naturel ou fuc réfmeux , plus ou moins fluiie, qui découlc de plufieurs arbres tcls que la Méièze, le Sdptn , &c. il y cn a de dirlérentes fortcs dans les boutiques. La Térébenthine de Chio ou dc Chypre, Terebintlïma Clüa vel Cypria, officin. eit d'une confiitencc plus ferme que les autres Térébeothmes ; elle eft tranfparente, de couleur jaunatre tirant un peu fur ie vefd, un peu gluante, flexible; fouvent elle s'attache aux doigts, quelquefois friable^ d'une faveur acre batons qui fc croifent. Le fuc s'y condenfe & s'y forme en larmes ou en grumcaux de différentes grolfeurs. Quoique cette fraude ne foit point touta-fait nuifible, cependant on a obfervé qu'elle ne purge pas fi bien que celle qui découle naturellement de 1'arbre. Cette fraude eft af_z difficile a connoitre., mais nous avons obfervé qu'elle eft d'un blanc matte, moins. féche 8t plus compacte que l'autre. L'autre forte qu'on nomme Manne en Sorte eft en morceaux irréguliers, un peu gros, d'u-aroux affez foncé, ayant la même odeur &c la même faveur que la prémière. II y en a encore une autre forte qu'on nomme Manne grasse & qui eft prefque fyrupeufe, onctueufe, d'un roux tirant fur le noir, mclée de pailles & d'ordures. On ne doit jamais fe fervir de cette derniere forte, car on y mêle fouvent du fucre, du miel , dc la fcamonée ," du jalap &c. d'ou il arrivé qu'elle eft plus purgative que les autres fortes. On trouve de la Manne en larmes d'une belle couleur blanche qui eft contrefaitc , ce n'cft que du fucre cuit avec de la Minne. On peut s'appcrcevoir de la fraude, paree qu'elle a un goüt 'dif-  S40 Traité sur la Falsificatios? férent de celle qui n'a point été akerée & qu'elle eit plus compaéte & plus pélante, & d'un blanc opaque. La Manne découle pendant 1'été ou d'elle-même ou par 1'inciiion qu'on fait a deux eipèces de frefncs nommés Fraxinus humiiior, five altera Theophrafti minore & tenuiore folio , C. B. P. Frafinus fioribus complctis, Linn. On en trouve auiü fur le Pin, le Mélcze, le Sapin , le Chêne , le Génévrier , VErable, le Figuier, VOliviér & fur plufieurs autres arbres. On retire au bain-matie de deüx livres de Manne choifie deux onces fix gros & quarante - huit grains de liqueur, fans odeur, & fans goüt, qui rougit un peu la teinture de tournefol : la maffe qui a refté , ayant été diftillée dans une cornue , a donné unc once & un gros de liqueur acide , neuf onces &f cinq gros de liqueur rouifatre , empyreumatique, non - feulement acide mais auffi un peu urineufe, deux onces d'huile fubtile, de couleur rouifatre, & deux onces quatre gros d'une huile groffiere. Du réfidu on obtient deux gros de fel alkali fixe. Elle s'entlamme aifément lorfqu'elle eft bien féche. Elle fe diifout entièrement dans l'eau, a laquelle  DES MÉDICAMENS. 84! quelle elle donne une faveur douceatre, fade & qui excite des naufées. L'éther n'a aucune aétion fur elle. On doit choifir l'une & l'autre f )rte de Manne en larmes grandes ou petites , légères, féches, pures, de couleur blanche, tirant tant foit peu fur le roux dont ies larmes ont intérieurement, étant caffées, une efpèce dc fyrop d'un goüt doux. Elle eft un purgatif doux qui convient a prefque toutes les conftitutions, elle convient principalement pour évacucr les poitrinaires ; c'eft auili le purgatif qu'on ordonne aux hypocondres & aux mélancoliques, on s'en fert auffi dans la petite véröle conrluente : la dofe ordinaire, diilbute dans de l'eau, eft depuis une once jufqu'a trois. Suc d'Acacia. Succus Acacia, officin. eft le fuc exprimé & épaiffi des filiques qui ne font pas encore mures d'un grand arbre épineux qui fournit auffi la Gomme Arabique. On le nomme Acacia folio feorpioides kguminofe , C. B. P. La couleur de cc fuc épaiffi eft noiratre en déhors, rougeatre ou rouifatre en dedans, fans odeur: il a unc faveur d'abord douceatre & enfuite auftere & aftringente , il eft formé en petites mailes arrondics, enveloppées de veilles minces. Q  ,242 Traité sur laFalsification L'éther n'en regoit point de couleur même par le icjour. L'ciprit de vin n'enieve que quelques particules colorantes. On le doit choifir, fe diifolvant facilement dans l'eau étant caüé, net & luiiant imérieurement, d'une faveur d'abcrd douceatre enfuite auftère, fans laiifer aucune impreffion défagréable au gout , ne fentant point le brülé. II faut prendrc garde qu'il ne foit mêlé de fabic ou autres ordures. . On trouve quelquefois dans les boutiques. un autre fuc nommé Acacia d'Allemagne. Acacia noftras & Acacia Germanica, oilicin. Lequel on met dans des veilies comme le vrai Acacia duquel il diifère cependant par fon goüt acide & par fa couleur qui eft prefque noire comme le fuc de la régliffe. Ce fuc épaiffi eft tiré d'un arbre nommé Prunier fauvage. Prunus fylveflris , C. B. P. On s'en fert comme incraifant & aftringent, on Pemploye pour la foibleffe de 1'eftomac, le vomilfemeDt & ie flux de ventre. La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu'a vingt grains. . Caciiou. Catcchu, Terra Japonica, officin. eft le Suc exprimé & épaiffi du fruit d'une efpèce de Palmier nommé Palma cujus fmclus fc(]ilis Faufel  DES MÉDICAMENS. 243 dicitnr , C. B. P. Aieca frondibus pinnatis, fdiis oppojitis, lanccolatis , pücatis , Linn. Ce Suc gommeux-réfineux eft d'une confiftence folidc & féche, d'une couleur rouge-noiratre, plus marqué a 1'extérieur qu'a Pintérieur, fans odeur , d'un goüt aftringent & un peu amer laquelle ametume n'cft point défagréable. II fe diifout entièrement dans l'eau; & dans l'efprit de vin il s'en diifout une grande quantité; la couleur de la diifolution aqueufe eft d'un brunobfeur tirant fur le noir. Sa teinture faite par l'efprit dc- vin eft de couleur rouge-noiratre. L'éther n'en recoit qu'une légère couleur citrine qui n'augmentc guèrc par lc féjour. II faut le choifir fee, d'une couleur rouge-noiratre, & prendre garde qu'il ne fe trouve pas mclé avec du ftible ou autres impuretés, auxquelles il eftfujct,alors il le faut réjetter , ainfi que celui qui fent le brülé. Le Cachou eft un tonique aftringent, on s'en fert quand il eft néceflaire dc rafermir lc ton de 1'eftomac & des inteftins., on le donne fur la fin dc diarrhées féreufes, après qu'on a fait précéder les évacuations convcnablcs : on 1'ordonne auili eomme vennifuge, on Pcmpioic dans le craehe-  244 Traité sur. la Falsificatioit ment de fang, les fleurs blanches, les hemorrhoïdes erop abondantes & dans les vieilles gonorrhées. La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu'a vingt grains pris en fubftance , & en décoéiion depuis un gros jufqu'a un gros & demi. On s'en fert extérieurement pour ralcrmir les geneives dans les affections fcorbutiques. Suc de Rég-lisse. Succiis Liquiritioz , five Succus Ghzyrrhiza, officin. Celui qu'on trouve dans le commerce eft fait avec la décoction des racines de Régliffe auquel on a ajouté un peu de GommeArabique & qu'on a évaporé enfuité jufqu'a confiftence convenable. II eft ordinairement impur, rempli de parties cuivreufes, de parties de feuilles de paille, de grains fablonneux &c. dont la quantité va quelquefois jufqu'a deux onces par livre. On croit communement que le Suc de Régliffe qu'on a dépuré par diffolution & filtration eft pur, mais nous avons obfervé que celui qu'on vend fous ce nom contient le plus fouvent des parcelles de cuivre fort divifées lefquelles on peut cependant appercevoir en en diffolvant dans 1'eau & en étendant cette diffolution fur une glacé, on y verra briller les parcelles de cuivre qu'elle contient. Ce Suc eft trés - nuifible par raport aux parties de ce métal qui lui font unies.  DES MÉDICAMENS. 245 II feroit néceffaire que les apoticaires préparaffent eux-mêmes le Suc de Régliffe comme ils préparenc les autres extraits; il eft vrai qu'ils ne pourroient point le vcndre au même prix que celui qu'on tire fabriqué en grand de chez 1'étranger. Celui fait avec foin eft d'une couleur brune, d'un goüt agréable, fucré & piquant, mais qui ne prend point a la gorge & fans aucune acreré , fe diffolvant entièrement dans l'eau. Celui qu'on trouve dans le commerce eft dc couleur noire, en le diffolvant dans 1'eau il y dépofc un fediment, fi on le coupe en tranches on y appercoit fouvent des raclures de cuivre rouge. L'éther en tire une couleur jaunatre. L'efprit de vin en eft teint d'une couleur jaune tirant tant-foit-peu fur le rouge, cette teinture eft d'un goüt douceatre & n'a point d'autre odeur que celle de l'efprit de vin. Son infufion aqueufe eft de couleur brun - jaunatre, d'une faveur douce & a 1'odeur de la Régliffe : mêlé avec 1'acide vitriolique, il devient d'une couleur orangéc, & il exhale une odeur légérc mais fenfible d'acide marin. 11 communiqué a l'eau forte une belle couleur rouge; mêlé par la trituration avec l'aikali végé-  246 Traité sur la Falsification tal il laiffe échaper une odeur d'alkali volatil. Dc celui qui eit dans le commerce i'acide vitrioliquc ne dégage point 1'acide rnarin , ni Falkali végétal dc Falkali volatil; mais 1'unc & l'autre de ces matières en développe une odeur d'empyreume. On ordonne le Suc de Réglife dans les maladies de la poitrine, dans celles des reins & des ia veffie, comme adouciffant Sc légèrement déterfif. On le donne feul cn fubftance ou bien on le fait fbndre dans de 1'eau & on le prend en boiiïon. tot to«o»o# citottot tot-tot DES ANIMAUX ET DE LEURS PARTIES. E Blanc de Baleine. Spermaceti, officin. qu'on a fi improprement nommé & qu'on nomme encore Nature dc Baleine, eft la cervclle dc ia petite Baleine ou Cachalot. Cctus , officin. Cete dentatus, Charlet. II eit de couleur blanche, doux au toucher; par fa forme & confiftence , il eit fort fcmblable au fuif ordinaire , cependant point fi onctucux mais plus friable, fon goüt eit modérement gras & vifqueux, d'une odeur adipeufe laquelle neft point défagréable.  DES MÉDICAMENS. ^47 L'alkali cauftique diffout le Blanc de Baleine & forme avec lui un favon qui acquiert tant de folidité jufqu'a devenir friable : il s'unit au foufre comme les huiles grail'cs; I'acide vitriolique concentré le diffout, cette diffolution eft précipicée par 1'eau comme 1'huile dc camphré : les acides nitrcux marins n'ont point d'aétion fur lui ; il fe diffout dans les huiles graffes & cflentielies; il n'eft point diffout par l'efprit de vin, mais ce liquide cn extrait par la digcfiion un peu d'huile fubtile laquelle fait environ la huiticme partie de fon poid; étant diftillée dans une cornue , il paffe entièrement dans le récipient fous la forme d'une huile claire d'une nature butircufc fans laiifcr dc rciidu. tl faut choifir lc Blanc dc Baleine en belles écailles blanches, légerement tranfparentes, tendres, douces, graffes au toucher, fe fondant facilemcnt dans 1'huile, ayant très-peu d'odeur, d'un goüt fade, vifqueux, gras, très-peu agréable; il faut réjetter celui qui eft jaunatre & rancc, ainfi que celui qui eft mêlé avec dc la cire, lequel on peut reconnoitre, tant par fon odeur que paree qu'il eft alors extrèmement menu & d'un blanc mat , ou encore par l'éther dans lequel il fe diffout cn grande partie , enfuite fi on le laiffe tranquille il fe déuofe  248 Traite sur la Falsification fous la forme d'une criftallifation ; au contraire 1'éthcr ne fait que délayer peu-a-peu lacire, & la diffolution qui s'en eft faite eft trouble femblable a du lait. II faut avoir foin de garder le Blanc de Baleine dans une bouteille bien fermée , car autrement, quoique bien choifi, il devient jaunatrc & contra&e un goüt rance, ce que lui donne auffi 1'age. II a une vertu adouciffante , antifpafmodique, anodine, émolliente & tempérante. La dofe eft depuis dix grains jufqu'a foixante. Bezoards , ou Calculs Animal. Ce font des fubftances folides qu'on trouve dans plufieurs parties incernes de différentes cfpèces d'animaux; il différent par la forme & le volume, on en trouve qui ont la figure d'une fêve, des ronds , des oblongs, des ovoides; il y en a des liffes , des rabotcux, on en trouve qui ont la groffeur depuis un pois, jufqu'a celle de la tête d'un adulte, on remarque très-fouvent au centre de ces pierres quelques corps tels que du poil, des noyaux , des grains, du bois, des pailles &c. il y a trois fortes de Bezoards dont anciennement on faifoit grand ufage. Le premier eft lc Bezoard Oriental. Bezoar.  des Médicamens. 249 Orientalis, officin. il fe trouve dans le quatrieme eftoraac de la gazelle des Indes, laquelle eft noramé.e des naturaliftes Gazdla Indica, cornibus rectis longijjimis , nigris , prope caput tantum annulatis, Raii Sinop. Anim. Capricerva Bezoardica, quorumd. Cet animal qui elf a peu pré* de la grandeur de nos chévres ordinaircs, fe trouve dans plufieurs cndroits des Indes, & cn Perfc. C'eft ordinairement dans la vicilleffe de ces animaux que le Bezqard fe forme. II eit peu dur, compofé de plufieurs couchcs ou lames appliquécs conccntriquement les unes contrc les autres , n'ayant de lui-mêmc prefque aucune odeur, ni faveur particulière, d'une couleur bleue ou verdatre , ou compofée de ces deux couleurs, tirant légerement fur le noir; il y en a auffi des roux , des jaunes & de plufieurs couleurs mêlées enfenible, mais ils font le moins eftimés, on en trouve de différente forme, telle qu'ovalc, ronde, cyündrique, quelquefois d'une figure tout-a-fait irréguliere , d'une groffeur d'un ceuf de poule ou de pigeon f ce font les plus raresj) : d'autres & c'eft le plus grand nombre, font beaucoup plus petits & ne péfent quelquefois pas plus d'un fcrupule. On trouve rarement de vrai Bezoard Oricntal;  ö£re Traité sur la Falsification la plus grande partie eft factic-c, principalement ceux qui ont une certaine groffeur. Les véritables font diffolubles enièrement par I'acide nitreux & par facide marin, ces diffolutions ont une couleur rouge : ces pierres étant mifes & laiffées dans l'eau pendant quclque tems ne troublent point la limpidité de ce liquide, & en étant retirécs, n'ont ni augrnenté ni diminué dc poids: il faut qu'ellcs impriment une tracé d'une couleur olivatre ou d'un jaune verdatre fur un morecau de papier qu'on a frotté avec de la cérufe, ou de la craie, car jufqu'a préfent on n'a pu donner cette propriété au Bczoard faétice , il faut auffi qu'ils laiffent paffer une aiguiilc rougie au travers. La feconde efpèce eft connue fous le nom de Bezoard Occidental. Bczoar Occidentalis. officin. On le trouve au Pérou & au Bréfil dans 1'eftomac d'une efpèce d'animal qui tient du cerf & de la cbevrc nommé Capricerva Occidentalis, Quguacu , rubi Capra, Donon Capra cornibus ercBis uncinatis* Linn. Celui-ci eft beaucoup moins eftimé que 1'Oriental auquel on lé fubitituc trés - fouvent , cependant on cn peut connoitrc la différence en ce qu'il eft d'une texture plus lache & plus fragile? \  des médicamens. s.^t fes kirmes qui font plus épaiffes & plus rudes fe féparent plus aifément & elles font parfemées de beaucoup dc petites aiguillcs, leur couleur eft d'un gris cendré ou blanchatre; elles font plus grotfes que les Orientales, mais elles ne font point fi liffes ni li luifantes que ces dernieres, & on y trouve auili plus fouvent des poils ou autres matières au centre. La troificmc efpece eft la Pieure de Porc. Bezoar Porei, five Lapis Porcinus. officin. C'eft le plus rare dc tous les Bezoards on le trouve de différentes groifeurs ; d'une couleur verdatre ou jaunatre, on cn trouve auffi des rougeatres, ou noiratres. II a ï'ceil gras & favoneux ainfi que le toucher. On trouve cette pierre dans la vcffie ou le véficule du hel dc quelques fangliers des Indes, & dans le porc - épic. On a donné beaucoup des proprictés imaginaires aux Bezoards, telles que de préfervcr, étant portés cn amulette, des contagions, d'étre un trés-grand préfervatif contres les vcnins, ccpendant toutcs leurs vertus confiftent d'ctrc abforbants. Cantharides. Mouchcs d'Efpagnc , Mouchcs Cantharides , Cantharides, officin. Mafca Hifpanica, nonnullor. Cantharis cccruleo virides thoracc  252 Traité sur la Falsificatiou tcrcüufculo. Linn. Elles font des infeétcs du genre des fcarabées; d'une couleur verte, luifante, azurée mêlee de couleur d'or, leur odeur eit défagréable, leur faveur paroit d'abord légere, mais bientót elle devient acre & cauftique. L'éther tire très-peu de couleur d'abord de ces infecties; par le féjour il fe teint d'une trés légère couleur verte. Suivant Monf. Thouvend , on obtient d'une once de Cantharides i°. Une demi-once d'une parenchyme dont il n'a pas déterminé ia nature. i°. Trois gros d'une matière extraclive jaune-rougeatre , d'un goüt fort amer, laquelle donne de i'acide étant diftillée. 30. Douze grains d'une matière jaune, cireufe. 40. Soixante grains d'une matière verte, huileufe, analogue a ia cire, d'une faveur acre; on obtient, par la diftillation de cette matière un acide très-piquant & une huile concrête comme la cire. L'extrait & 1'huile jaune font diffouts par l'eau laquelle a auffi un peu d'aétion fu.r 1'huile verte, mais l'éther n'attaque que ce dernier. En diftillant les Cantharides dans une retorte on en obtient de Falkali volatil tant liquide que, folide & une huile empyrcumatique très-puante.  DES MÉDICAMENS. 253 On doit préférer celles qui n'ont que huit ou neuf lignes de iongeur, entieres & nouvelles, & réjetter celles qui commencent a fe reduire en pouure. On emploie les Cantharides feulement en véficatoire, on doit s'abftenir de les donner intérieurement , car fouvent elles donnent la mort ou occaüonnent des accidens très-graves. Castoreum. Cafloreum, Caflorium, falfo Cafloris teflkuli, officin. eft le nom qu'on donne a des véficules membraneufes plus ou moins groffes qu'on trouve dans les aines d'un quadrupede amphibie , nommé Caflor fiber , Raii Canis Ponticus , feu üuviatalis, quorumd. Caflor cauda ovata plana , Linn. On trouve dans 1'intérieur de ces véficules msmbraneufes une matière qui reffembie a un mélange de cire & de miel, de la couleur de ia canelle mais plus foncée, ordinairement entrcmêlée de petites membranes fines, d'une odeur très-forte, pénétrante & défagréable, d'un goüt acre un peu amer & dégoütant. Le Caitoreum fe diffout en partie dans l'eau, l'éther en tire une couleur rouge, d'abord, la-  254 Traité sur la F als ificatiost quelle devient plus foncée par le féjour, mais la teinture que l'efprit de vin en tire eft plus foncée. Mr. Model, membre de plufieurs académies, a obtenu du Caftoreum , diftillé dans une cornue , au degré de Peau bouillame , une liqueur fcetide de 1'odeur d'une graiife rance fur laquelle nageoit une fubftance graife, blanche & tranfparente, laquelle étoit foluble dans l'efprit de vin ; après une huile tenue, rougeatre, ayant 1'odeur bitumineufe, & en meme-tems il s'eft attaché au col de la cornue & du recipiënt un fel blanc criitallifable, volatil, enfuite il eft vcnu unc vapeur blanche épailfe laquelle avoit 1'odeur acide , fuivie d'une huiie de couleur noire, de 1'odeur de la poix minérale, & un peu plus d'une once d'une huile noire épaiffe qui avoit 1'odeur d'huile animal empyreumatique , le réfidu calciné a donné des fignes d'une terre calcaire calcinée. Le meilleur Caftoreum eft celui qui vient de la Ruffie, de la Pologne & de la Pruffe; il faut réjetter celui qui vient du Canada ayant 1'odeur foible & peu oncfueufe, auffi on le vend autant la livre que l'autre coute 1'once. II faut le choifir gros, péfant, de couleur brune  DES MÉDICAMENS. extéricurement, rempli d'une matière dure, friable; de couleur brune ou jaunatre, entrelalfé de niembranes fort déliées, d'une. odeur forte, penetrante & défagréable, d'un goüt umpeu amer, acre & dégoütant. La chcreté du Caftoreum fait qu'on le falfifie fouvent cn y mèlant différentes matières, cepenpenuant on peut reconnoitre cette falfiiication, en le cuupant en deux on y trouvera les plombs qu'on y aura mis pour augmenter fon pp'ids. Celui: qui. fera contrefait avec du Caftoreum en poudre mêlé avec des gommes, telles que la gomme ammoniac, le ftigapenum, le galbanum, &c. lefqu'ellcs on eraferme enfuite dans ies membranes qui ont fervies d'enveloppe aux tcfticules des chevraux & des agneaux; pn s'en appercevra a 1'odeur qui eft plus foible & cn examinant 1'intérieur de ces véficules dans lef. quelles on ne trouvera point des membranes qui font toujours melées avec le vrai Caftoreum. On rcconnok celui qui cit falfi&é avec du miel & autfes matières qu'on y a mêlé, en cc qu'il eft uni, luifant, bourfouflé & que quand on le preffe il en fort un miel puant, iï faut auili réjetter le Caftoreum qui eft vieux noir & gaté. 11' a été- regardé par plufieurs medccins pour un  256" Traité sur la Falsifi catios fpécifique dans toutes les maladies fpafmodiques , hyftériques & convulfives; on le vante auffi, comme nervin, calmant & emm. agogue, plufieurs médeeins doutent de ces vertus, cependant on a obfervé qu'il a quelquefois produic du foulagement; c'eft aux médecins inftruits de voir dans quel cas ils le doivent employer. La dofe eit depuis quatre jufqu'a trente-fix grains. La Cire. Cera, officin. eft une matière que les abeilles tirent des végétaux & qu'elles élaborent ; il y en a de la jaune & de la blanche dans le commerce. La Cire jaune. Cera citrina feu flava , officin. doit être choifie haute en couleur, faciie a caifer, d'une bonnc odeur, infipidc au goüt, elle ne doit point adhérer aux dents, étant machée, on doit réjetter celle dans laquelle il y a ou de l'eau , ou de la terre, ou des pierres; ainfi que celle qui eft falfifiée avec de la réfine, poix grade ou galipot, laquelle falfification on peut reconnoitre au goüt, car celleci a la faveur de ces matières, & l'autre a un goüt infipidc, &, par l'efprit de vin qui diifoudra ces matières réfineufes, on trouvera le poid de la Cire diminué. La Cire blanche. Cera alba, officin. n'eft qu'une Cire  DES MÉDICAMENS. 2gf Cire a laquelle on a öté la couleur jaune : on 1'appellc impropremcnt Cire vierge, car ia véritabie Cire vierge eit ie Propolis. Elie doit être blancUe, ciaire, dure, caflante, fans odeur Sc fans goüt, étant maGhée elle ne doit poinc tenir aux dents. On la falfifie fouvent avec du fuif, on reconnoit cette fraude , en ce qu'elle eit plus moue, moins caiTante Sc de mauvaife odeur. La Cire, diftillée dans une cornue, a produit une liqueur acide, laquelle étoit fuivie d'une liqueur qui avoit d'abord l'apuarencc d'une huile, mais qui fe figeoit auffitöt dans le récipient, Sc avoit la confif. tence du beurre. En rédiitiilant plufieurs fois cette huile figée, eile devient liquide comme de 1'huile, & chaque fois on obtient de la liqueur acide. L'eau ne la diifout point, non plus que 1'cfpriC de vin, cependant ce dernier enleve a la Cire jaune tou'cfa couleur, & la bianchit entièrement. L'éther ne fait que peu-a-peu délayer la Cire blanche, &C forme avec elle une diifolution trouble qui reifemble au lait; ce même liquide femble agir plus vite fur la Cire jaune, fa diifolution eft trouble comme la précédentc , Sc il en retient une légère couci trine. R  Traite sur la Falsificatiow La cire, principalement celle qui eft jaune, eft légerement émollienre, adouciifante & un peu réfolutive;' elle n'eft d'ufage qu'extérieurement. Cochenille. Coccinella, Cochinilla, Cocciniglia, officin. Cochinilla five Fici Indici Grana, C. B. P. c'eft une progalle infeclé qu'on trouve fur une efpèce de figuier, nommé Opuntia maxima , folio oblongo rctundo, majoie, jpimdis 'obtufis, mollibus & innocentibas obfito , fiore firiis rubriis variegata, Sloan. Laquelle étant fëêhe reffemble a des graines irrégulieres, convexes d'un coté & concaves de l'autre ; marquée de fitnes ou rides traverfales, intérieurement de couleur pourpre , extérieurement d'un roux noiratre, n'ayant prefque point d'odeur, mais quelquefois elle en a une légère de moifi, d'une faveur aigrelette , un peu amère & légerement aftringente. L'infufion aqueufe eft d'une faveur un peu amère & très-médiocrement aftringente, d'une belle couleur rouge, mais fans odeur. L'infufion fpiritueufe eft auili d'un beau rouge foncé tirant fur le pourpre \ d'un goüt un peu acre , un peu amer & balfamique, & n'a que 1'odeur de l'efprit de vin. On obticnt d'une demie once de ces infectes, par le moyen de l'efprit de vin , environ deux gros & cinquante  DIJ MiDlCAMïH J. 259 grains d'extrait, d'une faveur amère, balfamique un peu aftringente"; d'une odeur balfamique, mais difgracieufe, & d'une couleur rouge fanguin; environ trois gros d'extrait aqueux , d'une faveur mmüagincufe un peu amère, d'une odeur femblable au rob de fureau, & de couleur pourpre-noiratrc. Elle ne communiqué, même par le féjour, aucune teinture a l'éther, mais il précipite , fous la forme d'une poudre rougeatre, la teinture de Cochenille faite par l'efprit de vin , & l'éther en retient une trés légère couleur vineufe. S La mcilleure Cochenille eft celle qu'on nomme Mejïeque; elle doit être choiiie groife, bien nourrie, féche, de couleur argenté , brillante cn deiius, donnant, qutnd elle eit écraféc , unc couleur rougefoncé; il faut réjetter celle qui eft noiratre. On a longtcms cru qu'elle étoit cordiale, fudorificme, propre k fortifter 1'eftomac & la tête; mais les médecins inftruits la regardent feulement comme légerement ftimulantc, & nc 1'emploient que rarement. La dofe en poudre eft depuis trois grains jufqu'a trente , & depuis trente grains jufqu'a foixante en infufion dans du vin. Pierr.es d'Écrevisse, ou Yeux d'Écreviife. Ocu*  *6d Traité sur la Falsificatioh lorum Cancrorum , Lapides Cancrorum, feu potius, Lapiili Aflacorum fitiviatilium , officin. lont des petites pierres orbicuiaires, convexes d'un cöte & concaves de l'autre ,■ elles paroiifent formées par des lames ou des couches appliquécs les unes fur les autres; elles font dures , liffes , de la groffeur d'un pois coupé en deux, blanchaires; & brunatres, quand on les trouve: dans 1'eftomac , au moment que 1'Ecreviffe eft prife. Elles font compofées d'une partie purement terreufe & d'une partie gélatineufe , c'eft la partie terreufe qui eft la plus abondante, car dans une once on trouve fix gros & cinquante-fix grains de cette terre qui a les propriétés de terres abforbantes , & feulement un gros & quatre grains de matière gélatineufe : elles font eifervefcence & fe diiiblvent dans les acides. II faut les choifir groffes , entières, & prendre garde qu'ellcs ne foient contrefaites avec des matières abforbantes de moindre valeur & de la gomme adragante; on peut reconnoitre cette fraude en lesfaifant tremper dans de i'eau chaude, car les vraies. Pierres d'Écreviffe y refcent entières, & celles qui font contrefaites y tombent cn poudre. On les contrefait  DES MÉDICAMENS. auffi avec de la terre argillcufe blanche, on les reconnoit en ce qu elles ne font point d'eifervefcence avec les acidcs comme les véritables. Les Yeux d'Écreviffe font des abforbants terreux : la dofe eft depuis vingt jufqu'a foixante grains. Kermes, graine de Kermes, ou d'Ecarlatte. Kermes five Cnermes, Granum Kermes, Granum Tinctorum , Coccum Baphicum, Coccum inferiontm fcarlatum, Coccus infcStoria3 officin. Coccus querci-ilicis, Linn. On a regardé longtems le Kermes comme des graines qui croiifent fur une efpèce de chêne vert, nommé par les botaniftes I'ex Coecigera, J. B. Ilex acculeata Cocciglandifera , C. B. Mais des ob•fervations plus exactes ont appris, que les graines qu'on recueilloic fur ces arbriffcaux n'étoient qu'un infeéte de la familie, nommce par de Reaumur, Gallinfecte. On nous les envoye ordinairement de Montpcllier. Ils font ronds, membrancux , de la groffeur d'un pois, liifcs, d'une couleur rouge-brun, remplis de petits ceufs rouges, & même d'animacules'qui lorfqu'ils font récents, en les comprimmts, repandent pne couleur rouge, mais lorfqu'jis font fecs, on n'y  9.6i Traité sur. la Falsification trouve qu'une fubftance qui fe réduit cn poudre, d'une faveur qui a une légère acreté mêlée d'amertume , & qui laiffe iur la langue un peu d'aftrictien, & d'une odeur foible qui n'eft point défagréable. Par 1'analyfe chymique, d'une livre de Kermes récent, on obtient beaucoup de liqueur lans odeur ni faveur , enfuite une empyreumatique ; fix gros da fel conerct volatil, un peu d'huile de couleur citi ne, & une grande portion d'huile épaiife aiant la confiftence du beurre , de couleur rouifatre, & d'une odeur empyreumatique. L'éther en tire d'abord une très-légère couleur de rofe, laquelle devient un peu ambrée par le féjour. L'miuiion aqueufe eft d'une odeur naufcufe & balfamique, d'une faveur un peu amère & un peu aftringente fur la fin , d'une couleur d'un beau rougefoncé. Sa teinture fpiritueufe eft d'un beau rouge, d'une odeur nanfeufe, d'un goüt balfamique un peu amer & légerement auftère. Une once donne environ deux gros & deux fcrupules d'extrait aqueux de couleur rouge-noiratre , d'une faveur amère & aftringente, mais fans odeur; & environ deux gros & demi d'extrait, par le moyen de l'efprit de vin, Jequel eft de couleur rouge-foncé , d'une faveur balfa-  DES MÉDICAMENS. 263 mique, amère & très-aftringente ; mais d'une odear gracicufe balfamique. On les doit choifir nouveaux, entiers, les plus rcmplis, les plus péfants , & ies plus gros, d'une couleur vive, & réjetter ceux qui font maigres, fecs & noiratres. On les croit légerement ftiptiques ; mais plufieurs auteurs en doutent; on les recommande comme légerement ftimulants & difcuiiifs, & ils paifent auffi pour cordiaux : on doit regarder comme un préjugé puérile 1 ufage que quelques femmes en font pour prévenir 1'avortement. La dofe de ces infeótes deffechés eft depuis douze jufqu'a trente grains. On fe fert en médecine d'un fyrop fait avec ces infeótes; lequel doit être choifi d'un rouge-brun tirant fur lc pourpre , aiant la confiftence a peu prés de la térébinthine , exempt de grumeaux , d'une odeur douce qui n'cft point défagréable; & réjetter celui qui fent 1'aigre. Ce fyrop a les mêmes vertus que l'infeóte d'ou il provient. La dofe eft depuis deux jufqu'a huit gros. Lacque , ou Laqué. Laccce Gummi, officin. Lachetta , Cajulacca, Cermes Arabum , quorumd. C'eft improprement qu'on a donné a cette fubftance lc  «64 Traité sur ia Falsific ation nom de gomme : elle eft 1'ouvrage de certains infeétes qui reffemblcnt beaucoup aux fourmis. Ün trouve trois fortes de Lacque dans les boutiques. La prémière eft nommée Lacque en batons. Gummi Laccce in baculis, officin. paree qu'elle eft encore attacbée aux petites branches fur lefquelles elle a été formée : elle eft fous la forme de petits corps oblongs, ridés, terminés d'un cöté par une pointe & de l'autre par deux, d'une couleur rougeqbfeur & noiratre, n'ayant d'odeur que quand on la brüle , laquelle eft alors affez agréable , d'une faveur réfineufe, avec une légere aftriction. La feconde forte eft la Lacque en graines. Gummi Laccce in granis, officin. Elle eft tirée des batons, & eft par petites graines ifolées; fa couleur eft plus claire & plus rouge que la précédente, Sc elle a le même goüt & odeur étant brülée. La troifieme efpèce eft la Lacque platte , ou cn tablettes. Gummi Laccce in tabulis, officin. Elle eft tirée des batons, dont on Pa fondue , & enfuite jettée en feuilles plattes; elle eft de couleur rouge, plus ou moins transparente, ayant la même faveur, & donnant la même odeur étant brülée que les précóéentes,  DES MÉDICAMENS. 265 La teinture fpiritueufe eft de couleur jaune-rougeatrc & tranfparente, cette diifolution a p'us 1'odeur de l'efprit de vin , que de la Laqué ik une faveur acre & amère. Ede ne fe diifout point dans 1'huile d'olive quoique chauffées enfcmble. L'buile eifentielle de térébenthine cn tire une couleur rouge, & il refte unc partie de Lacque qui eft indiifoluble dans cette huile. L'éther en tire une légère teinture citrine, elle s'y gonflj fans fe diifoudrc, 1'eau a très-peu d'action fur elle. On en retire par la diltiiiation une efpèce de matière bitureufc, fembiable au beurre de cire. C'eft de la Lacque en feuilles qu'on fait lc p1us d'ufage; on la doit cn'dllr, ciaire, un peu tranfparente, haute en couleur , fe fondant aifément fur lc fe , qui étant jettée fur des charb'ins ardens répand une odeur agréable, quand on la mache qui teint la falive cn rouge , & quand on la fait bonillir dans l'eau mêlée a que'que acide donne unc teinture d'un beau rouge. II faut réjetter celle qui eit rempiie d'ordures & de couleur noiratre. On ne s'en fert ordinairement qu'extéricurcmcnt; elle eft tonique & propre a rafermir les parties: on fe fert de fa teinture fpiritueufe pour détergcr& rafermir les gencives, & les dents des fcorbutiques.  -2<56* Traité sur la Falsification Le Musc. Mofchus , officin. eft une matière grumuleufe, féche , mais qui paroit onétueufe au toucher , femblable en queique fagon a du fang deifecbé & rompue en petits morceaux, d'une couleur tannée ou brune, d'une odeur trés - forte & trés - pénétrante, d'une faveur un peu acre avec une légère amertume. L'animal qui produit lc Mufc eft encore peu connu. Quelques auteurs croient que c'eft une efpèce de Gazelle. D'autres que l'animal avec qui il a le plus de rapport, eft le Chevrotaln, duquel il diffère, en cc que le Porte-Mufc, eft beaucoup plus grand, & par ces dents molaires qui font au nombre de fix de chaque cöté, le chevrotain n'en ayant que quatre, lefquelles font auili d'une forme différente ; & ils différent encore par la couleur de leur poil. L'infufion aqueufe eft de couleur brunatre, a 1'odeur & la faveur de cette fubftance. Sa teinture fpiritueufe eft de couleur légerement jaune-rougeatre, d'une odeur du Mufc ainfi que le goüt. L'éther cn tire unc couleur jaune. Un gros donne environ vingt-quatre grains d'extrait aqueux; & un fcrupule d'extrait fpiritueux. On i'apporte & on le vend ou en veffies ou hors des ■veffies; on doit choifir le Mufc en veffies, fee, onctueux, odorant, que la peau dc la veffie foit  DES MÉDICAMENS. 267 inince, très-peu garnie de poils; lefquels doivent être de couleur brune , qui eft la marqué du Mufc de Tongum qu'on eltime le plus. Le Mufc de Bengale qui eit de moindre valeur, a la vcilie garnie de poils blancs, on en apporte auffi de Ruffie, mais celui-la n'eft. point eftimé. Le bon Mufc fans enveloppe doit être gras mais fee , pur, d'une odeur trés - forte & infupportablc , d'une couleur tannée, fe confumant entièrement fur le feu. Plus les matières font chères, plus elles font fuiettes a la fophifticaion, auffi on ffivhiftique. le Mufc par dilférens moyens, même en Alie , malgré la detfenle des Princes de ces contrécs, ou avec du plomb qu'on a foin de broyer trés - fm, ou avec dc la ferre, avec du fang, ou dc la chair hachée des tefticulcs , ou autres parties de la même nature des animaux coupécs menues. Celui fophiitiqué avec lc plomb eft fecile a connoitre en en faifant brüler, car s'il en contient, on trouvera le métal en maife. On s'appergoit des autres fraudes, en cc que celui qui eft pur s'enflammc, & jetté fur une pcle rougie fe confume en enticr , celui qui eft fophiitiqué y laiife un charbon, & a de la peine a prendre feu.  [268 Traité sur la Falsificatiow Les Indiens ont trois méthodes pour reconnoitre celui cn veüies falfifié. La lere. eft au poids a ia main , car 1'expérience leur a fait connoitre combien doit péfer une veffie non alterée. La 2e. au goüt, ils tirent quelques grains hors des veilles qu'ils mettent dans la bouche. La 3me. cbnfifte a tremper un fïl dans du fuc d'ail., & de le tirer a travers la veffie avec une aiguille; fi 1'odeur d'ail fe perd , le Mufc eft bon, fi le fïl garde 1'odeur d'ail il eft falfifié. Quoique plufieurs auteurs confeillent de le garder dans des boetes de plomb, nous condamnons cette méthode , car nous avons gbfervé qu'il a de Paction fur le plomb, il vaut mieux conferver celui qui eft hors des veffies dans des verres bien fermés, pour qu'il ne fe deffêche point & qu'il conferve fes parties les plus volatiles. Plufieurs médecins regardent le Mufc comme un antifpafmodique très-efficace, & 1'ordonnent quelquefois avec fuccès dans les maladies convulfives. Cependant la même fubftance par fon odeur eft fort fujette a porter a la tête, & a caufer des vapeurs, des fpafmes & même des mouvements convuififs. Les femmes hiltériques font celles qui en re£.  des Médicamens. 269 fentent le plus vivement les effets. La dofe eft depuis deux jufqu'a quinze grains. Les Perles. Margaruce , Perlce , Uniones, officin. Unio vulgö Caiculi animallum concharum , Linn. font des concretions ou loupes pierreufes, folides, dures, rondes ou prefque rondes, ordinairement d'un blanc argentin, poli, luifant; on en trouve auffi de jaunaires, de couleur plombée, de veruatres & de noirÈftres. On les trouve dans plufieurs coquilles bivalvcs de mer, de riviere & de lac, telles que rikrondeilc , le Martcau, la Pintade grife , les Huitrcs communes, les Moulcs du Nord &c. Celle dans laquelle on trouve les plus belles & en grande quantité porte le nom de Mere de Perles , Nacre de Pcrlcs, ou. Huitre d écaille nacrée. Mater Perlarum feu Conciia Margaritifera , officin. Cette coquilie eft une huitre a écailles nacrées, qui varie en grandeur & péfanteur, peu creufe, ridée & apre , mais non canncilée ; grife en déhors , unie & luifante en dedans , de couleur blanc-argenté , d'une fubftance plus dure & folide que les Perles mêmes qu'elle contient. Les Perles ainfi que les coquilles d'oü elle provient font des fubitances pierreufes & calcaires, elles; font elfervefcence avec les acides k. s'y difiblvent.  470 Traité sur laFalsificatioh On a donné anciennement dc grandes vertus aux Perles; & même des perfonnes de Part , jufqu'a ce jour , y ajoutent foi ; hcureulement pour i'homme que le plus grand mal qu'ellcs lont eft a la bourfe de celui qui les prenu. Laiüons les pour la parure du beau fexe & piaijmuns les hommes qui fe laiflent trompcr ■ par ces iourbes qui achetciit du Nacre de Perie ou qls hui-tres en poudre chez 1'apoueaire, & les vendent pour aes vraies Peries en poudre au poid de Por. Les médccins inftruus & de bonne foi conviennent que les Perles ne font que des abforbans terreux & n'.ont pas plus de vertu que les huitres les plus communes. Corail. Cofattium, officin. On ne fe fert que de deux fortes des Coraux en médecine du blanc & du rouge. Corail blanc. Corallium album oculatum, officin. Madrepora fimplex ramofa, ramis teretibus lavibus tabulofis , lamellis integris , Lmn. Les rameaux de cette efpèce de Madrepore font d'un blanc de lait, arrondis, tortucux, liffes & entrelaifés les uns dans les autres, parfemés de grands trous ou pores affez éloignés les uns des autres , débordants un peu la fuperficie, étoilés & canneiés en dedans. Corail rouge. Corallium rubrum 3 officin. Mille-  des Médicamens. 271 fora rubra firiis obfoktis flexuofis, Linn. Ce polypier eft d'une fubftance dure & compacte, maiiive, plein c & folide intérieurement, fans aucun trou ni poronté comme dans les Madrepores branchuès , légerement ftriée , & de couleur rouge : il a beaucoup de relfemblance avec les plant es étant, branehu comme eUes , mais luns feuiüe : il eft formé dans la mer par des polypcs, ainfi que le Corail blanc. Les Coraux fe laiiTcnt diifoudre par tous les acides ; fefprit de vin tire du Corail rouge une teinture ; l'éther n'altére aucunement ce Corail. Le Corail blanc doit étrc choifi très-blanc, compact k poli; k le Corail rouge, haut en couleur, uni, poli k luiilmt. II y en a qui falfifient la poudre dc 1'un ou de l'autre Corail avec d'autres matières abforbantes de moindre valcur; la fraude eft difficile a connoitrc, heureufement elle eft de peu de conféquence, car ces matières ont la même vertu que le Corail qui n'agit que comme abforbant. Nous avons obfervé que le Corail, après avoir été pilé dans un mortier de cuivre , contenoit de «e métal ; on peut s'en convaincre en cn faifant  272 Traité sur. la Falsificatio» diffoucre dans de I'acide nitreux, car, en ajoutant cc 1'ajkali vuiatil a la dilïolutiun, elle fe coiore Cn bleu , ce qui n'arrive point a celle qui eft exempte de ce mé tal. Miel. Mei, officin. C'eft nne fubftance épaiffe, ondtueufe, ferrrtentefcible \ d'une couleur ou blanche ou jaune-pale ou jaune-foncé ; d'une odeur agréable, & d'un goüt très-aoux. Cc font des infedtes nommés Abeillcs, dont il y cn a de domeftiques, & de fauvages qui ie cueillent du nectar des fleurs aromauques; telles que des rofes, de la fauge , du remarin, de la lavande, du thim, du trefle, du lys, de 1'origan &c. Deux livres dc Miel ont denné , par 1'analyfe chimique, fix onces d'eau claire qui en a i'ódeur, & csaatient un peu a'acide, après quatre onces d'eau tranf; arentc, de couleur jaune, d'une odeur de Miel. fort agr < bic , d'un goüt acide, acre, fentant un peu le feu; puis trois onces de liqueur rouge fentant le brülé , mais agréable ; d'une faveur acide , fort acre, pénétrante & brülant un peu la bouche; fuivie de deux onces de liqueur de la même odeur que la précédente, de couleur orangc; d'un goüt acide, &acre, mais moindre que la précédente, & fept  bes Mêdicamews. »75 fept onces de liquide rouge-brun, d'une faveur acide, acre & piquante , d'une odeur forte de brülé, fans qu'elle foit beaucoup défagréable, & deux gros d'huile épaiife, d'un goüt acre , & noire comme la poix. On préfére celui de Narbonne aux autres Miels; on le doit choifir grainu , d'un blanc égal, gracieux au goüt, d'une odeur douce, Sc qu'il fe fortde facilement dans la bouche. On mêle fouvent aux autres Micls des herbes aromatiques pour leur donner lc goüt de celui de Narbonne , mais ces fortos dc Miels nc font jamais fi blancs que le vrai Miel de Narbonne , on y trouve auffi fouvent des feuilles des herbes qu'on y avoit mis. On les falfifie auffi avec des farines, ou avec de 1'amidon : cette fraude 'eft aiféc a connoitre , car il eft glaircux Sc filandreux , Sc n'eft pas égalcmcnt blanc par-tout , en le faifant fondre dans l'eau on s'appercoit auffi de cette fraude. Le Miel jaune doit être choifi nouveau , d'une bonne confiftence, le plus grainu Sc le moins chargé de cire poffible, de couleur jaune-doré, Sc prendre garde qu'il ne foit mêlé avec des farines. II eft laxatif Sc détcrfif; on 1'ordonne comme apéritif, adouciffimt, émollient Sc peéioral; on e& S  S74 Traité sur la Falsificatioir ufe fréquemrrient dans les lavements kxatifs & purgatifs; la dofe pris intérieurement eft depuis deux jufqu'a trois onces: on s'en fert extéricurement pour mürir les abces, réfoudre les inflammations & adoucir les douleurs. DES MATIÈRES Mi NE'RA LES ET DES PRÉPARAÏIONS CHIMIQUES. J^Mbre gris. Amharum cineraceum, feu grifeum, Ambra grifca, officin. Ambar live Ampar, Aëtii. On a été longtems indécis pour favoir de quclle nature étoit cette fubftance ; mais a préfent quelques chimiftes & naturaliftes, après 1'analyfe qu'ils en ont fait , 1'ont mife au nombre de bitumes , plutót a caufe des principes qu'il fournit lorfqu'on le diftille que par une connoiifance certaine de fon origine. On trouve quelquefois dans ce bitume des 'corps étrangers; il eft opaque, léger, gris - cendré , mar"bré, un peu gras au toucher, d'une odeur agréable , volatil, fe liquéfiant facilement au feu, prefque tout inflammable, & s'amolliifant comme la eire dans la main échauffée.  DES MÉDICAMENS. 975 II eft diffbluble cn partie dans l'efprit de vin auqucl il communiqué une foible odeur & faveur balfamique, mais il eft indiffoluble dans l'eau. L'éther en tire promptcment une teinture citrine, & en eft diifout prefque entièrement par le féjour. Suivant Ncuman , un gros d'Ambre gris mis en difüllation a donné deux fcrupulcs & demi d'huile , cinq grains d'eau , deux grains de fel volatil acidule, ik un grain dc matière terreufe. On choifit 1'Ambre gris, grifatre, tanné a 1'intérieur,fe caffimt inégalement, paroiifant écailleux, raboteux, marbré en dedans de taches jaunatres & noires, peu péfant, fuavc , inilammable, entièrement liquéfiable fur les charbons, & s'y confumant totalemcnt, fans donner beaucoup dc fumce, mais repandant une odeur agréable ; on le falfifie fouvent en y mclant différentes matières, fur-tout a celui qui eft frais & un peu mou: on compofe auffi du faux Ambre gris avec dc la poix, de la réfine, de la cire, avec du ftorax & du mufc &c. lequel eft fouvent acheté de ceux qui ne le connoiifent pas pour du vrai Ambre gris. On peut reconnoitre, celui qui eft falfifié du véritabie, en le piquant avec une éguiHe chaude , il en doit fortir un fuc gras & odorant; èn le faifant fondre a la flamme d'un»  276 Traité sur la Falsificatioh1 bougie dans une cuiller d'argent , il doit entrer en parfaite fufion, lans qu'il s'y forme des builes , & prcndre alors , fuivant fa teinte , ou une couleur dorée ou brune , & devenir maniable comme de la cire ; on le peut encore mettre fur une lame de couteau rougie au feu & , par 1'odeur de la fumée qui en exhalera, on appercevra de la fraude; il nage fur l'eau , & laiife beaucoup moins de terre après fon ufiion que celui qui eft factice. On doit auili réjetter celui qui eit noir ou blanc. On le regarde comme cordial & nervin, il peut convenir pour relevcr les forces abattues & redonner du mouvement aux fébriles nerveufes, mais on s'en fert très-peu en médecine. La dofe eft. depuis un jufqu'a fix grains. Bitume dsJudée, Afphalte, Karabe de Sodome. Bitumen J.tdaïcum, otlicin. Afphaltum, Diofcor. Bitumen Babilonicum , Karabe Arabum , Karabe Sodoma, & Gummi funerum, Serapion Mumia, quorumd. Cette fubftance eft folide, calfante, d'une couleur brillante & prefque noire , d'une odeur forte & bitumineufe. On en diftingue deux fortes, 1'une qui eft Ia plus commune eft tirée des eaux de la mcr, l'autre qui eft plus rare eft foffiie & eft tirée des mines.  DES MÉDICAMENS. 277 On lui a donné Ie nom dc Gumme de funérailles & dc m > me a caufe que Ie commun peuple d'Egypte s cn lervoic pour cmbaumer les morts. II fe diifout très-bien dans fefprit de vin , dans 1'éther & dans 1'huile. L'eau n'a point d'aétion fur lui : il fe liquéfie aifémenc au feu. On vend quelquefois pour du Bitume de Judée de la poix cuite & mife en morceaux, mais on peut aifémenc difiinguer cette fraude, car en brülant le Bitume , il a une odeur bitumineufe, ce que n'a pas la poix ; de plus fa lamme n'cft pas fi belle ■ni fi blanche que celle du Bitume de Judée & laiife beaucoup de reiidu. On le confond quelquefois avec la pierre noire des charpentiers ; mais cette pierre n'étant point inflammabie , il eft facile de difiinguer 1'un de l'autre. II lc faut choifir folide , caffant , léger , d'une couleur brillante tirant fur lc noir; qui étant caffé , & préfentant ies morceaux vis-a-vis une lumière paroiiiént d'une couleur qui tire tant fuit peu fur le rouge , d'une odeur forte bitumineufe , laquelle odeur s'augmente & devient plus pénétrante & plus défagréable quand ii s'enflamme ; en brüiant qui donne une belle ilamme blanche, & laiife trèspeu de réfidu après qu'il eit brülé.  2"s Traité sur. la Falsifi cationt Les anciens lui ont attribué beaucoup de vertus , mais a préfent on en fait très-peu ufage en médecine, il entre dans quelqucs préparations pbarmaceutiques, telle que dans la thériaque. On pouroit s'en fervir en fumigation pour les maladies hyftériques & hypocondriaqucs & dans les rhumatifmes. Les Bols. Boli, officin. font des terres argilleufes extrêmement fines & douces au toucher. Elles ont une faveur légerement favoncufe, elles font plus poreufes que 1'argille commune, quoique folides elles font fragiles , laiiTants après qu'on les'a frottées, tine tache légerement luifante. Elles fe divifent facilement dans la bouche, en empatant la langue; elles tachent les mains, s'imbibent aifément des fluides & fe divifent prefque dans l'eau. il y cn a •de différentes couleurs , telles que de blancs , de rouges, de gris, de jaunes, de couleur de chair, de verds & de noirs. On ne fe fert en médecine que de trois fortes des Bols , du blanc , du rouge $c de couleur de chair. Le Bol blajstc. Bolus alba , officin. Ar gil la ore liquefcens alba, Linn. doit être choifi trés-blanc P gxempt de matières micacées, pyriteufes, talqueufès & calcaires.  DES MÉDICAMENS. 279 Bols rouges. Boli fubra. officin. II y en a deux fortes dont on faic ufage en médecine. La prémière eft nommée Bol d'Armênie. Bolus Armtna, Bolus Orientalis, officin. Bolus fubtilis pinguis colore rubro, Wolftcrd. Rubrica Lemnia aut adfiringens. Elle doit être d'un rouge fafrané , compacte , péfante , s'attachant fortement a la, langue en 1'empatant, luifante, graffe & très-poreufe. L'éther n'en tire aucune couleur. Le Bol rouge commus. Bolus rubra nojlras , officin. eft ordinairement d'un jaune tirant fur le rouge-palc; ce Bol fe trouve fouvent mêlé avec des matières étrangères , on les doit féparer avant da s'en fervir. II faut le choifir jaune tirant un peu fur le rouge , d'un goüt ftiptique } fondant dans la bouche en y laiffimt très-peu de fable, s'attachant fortement a la langue & qu'il tache les mains. Le Bol couleur de chair , Terrc figillée, ou Terre de Lemnos. Terra hemnia, Terra Melïtaia, Terra Turcica, Terra figillata, officin. Bo/ju Orientalis , Bolus colore carneo , Wall. eft cette Terre autrefois fi fameufc en médecine. Elle eft trèsdouce & trés- fine au toucher, ne différant du Bal  2%Q Traité sur la Fals ification des anciens qu'en ce qu'elle eft plus ou moins colorée, d'une manière uniforme, & différemment empreinte: on nous 1'envoie en paftilics ou en pains convexes d'un cöté,& applatis de l'autre,par i'impreüion d'un cachet. Souvent on lui fubftitue de la terre a pipe qu'on colore avec une teinture végétale, & fur laquelle on met la même empreinte que fur le vrai. On reconnoit cette falfification en lavant ces faux Bols figillés avec de l'eau dans laquelle ils fe décolorent. Les hommes de tout tems ont aimé d'être éblouis ■par le merveilléux. Les prêtres des payens qui trouvent leur profit dans la crédulité des hommes en ont abufé. Jufqu'aux Terres Bolaires ont été tirées de la terre avec des cérémonies fuperftitieufes. C'étoient anciennement les prêtres de Vénus qui mettoient le cachet de Diane fous la forme d'une chêvre fur cette terre. Comme tout change fuivant les circonftances, auffi la cérémonie pour tirer la Terre Bolaire a changé , & aux cérémonies fuperftitieufes des payens, les prêtres Grecs ont fubftitué une liturgie & des pricres. On penfe bien que ces cérémonies ont beaucoup acrédité la vertu de cette Terre dans l'efprit des hommes crédules , mais nous  DES MÉDICAMENS. 281 croyons que tout leur effet ne conlïfte, pris intérieurement, qu'a fatiguer 1'eftomac. Craie blanche , ou Terre de Crête. Creta alba, officin. Creta cohcerens folida , Wall. C'eft une terre calcaire , friable , farineufe fans odeur , ni faveur, s'attachant a la langue, un peu compacte, blanche, calcinable , fe diffolvant dans tous les acides , s'étendant confidérablcmcnt dans l'eau. II y a plufieurs fubftances entre lefquelles il y en a de très-nuifibles & qu'on prendroit au premier coup d'ceil pour de la Craie , telle entre autres eft la cérufe: on la peut cependant diftinguer a la péfanteur qui eit plus forte que celle de la Craie, & cn verfan t dcifus du vinaigre, lequel occafionnera tout de fuite une effervefcence avec la Craie & point avec la cérufe : comme on trouve fouvent que la cérufe eft falfifiée avec des matières abforbentes qui ont auffi la propriété d'effervefcer avec les acides; fi on avoit du doute d'une telle Craie, il en faudroit effaier la réduction par le phlogiftiquc. Le bol blanc peut auffi être confondu avec la Craie blanche; comme lc premier ne fait point d'eifervcfcence avec les acides il fera aifé de le diftinguer de la Craie. II eft un abforbent terreux, on 1'ordonne contre ies aigreurs.  28a Traité sur la Falsificatioit Des Pierres précieuses. Autrefois on croyoit qu'elles poffedoient de grandes vertus, aujourd'hui toute perfonne inftruite dans la matière médicale & la chimie fait qu'elles n'ont pas plus de vertu que le verre, & que, loin de foulager les maux auxquels le genre humain eft fujet, elles ne font que Paugmenter, & qu'étant prifes a une certaine quantité elles deviennent de vrais poifons méchaniques. Les plus renommées de ces Pierres en médecine étoient rÉmeraude , le Grenat, l'Hyacinthe , le Saphir & la Sardoine. Elles font connues dans la pharmacie fous le nom de cinq fragmens précieux. La Pierre Nepliritique qui eft une efpèce de Pierre fcintiliante & qu'on a tant vanté n'a pas plus de vertu que les cailloux; & du même nombre eft la Pierre d'Azur. On trouve encore des compofitions pharmaceutiques dans lefquelles ces Pierres entrent, telles font la confection d'Hyacinthe , la confection Alkermes &c. lefquelles on ordonne encore que trop-fouvent, & que Pon devroit bannir hors de la médecine. Arsenic blanc. Arfenicum, officin. II eft la fleur ou chaux du régule d'Arfenic. Cette matière, quoique terre métallique, eft auffi fubftance faline;elle a du commun avec les chaux métalliques en ce qu'elle eft capable de fe combiner avec le phlogiftique  BES MÉDICAMEI7J. 283 & devient par ce moyen un véritabie demi-métal. Cependant elle diffère des chaux métalliqucs par fa diifolubilité dans 1'eau cn ce qu'elle eft conftamment volatilc,au lieu que tous les autres métaux & demi-métaux étant privés de'leurs phlogiftiqucs font très-fixcs; par fon odeur qu'elle confervc toujours d'ail lorfqu'on la chauffe. Elle fe diifout dans les acides ; elle excite , étant mife fur la langue , une impreffion d'acrêté & de chaleur; elle s'unit facilement avec tous les métaux , mais elle les rend fragiles & caiTants; elle s'unit auili aux demi-métaux, elle eft trèsfufible, toutes propriétés dont les autres chaux métalliqucs font privées; elle volatilife , fcorifie & vitrine tous les corps folides , excepté 1'or, la platine & 1'argcnt. L'Arfenic a la propriété de décompofer le nitre, en dégageant fon acide, dont il prend la place auprès de 1'alkali, avec lequel il forme le Scl neutre Arfaücal. II fe diifout dans 1'eau & verdit la couleur bleue des végétaux. On s'en fert pour plufieurs compofitions , telles |ue le cuivre blanc, ou tombac blanc; on s'en fert auffi pour faire avec le cuivre & 1'étain des compa-  2.84 Traité sur la Falsification fés métalliques pour faire des miroirs de métal. II eft auffi employé par les teinturiers dans plufieurs de leurs opérations, mais les eifets qu'il y produit ne font pas encore bien connus. On le fait entrer quelquefois dans la compofuion de pluiicurs verres & criftaux pour leurs donner de la netteté & de la blancheur, mais il a le défaut, y étant mis en trop grande quantité, de faire tcrnir plus promptement ces criftaux par 1'action de Fair. On trouve quelquefois FArfenic pur & dégagé dc toute fubftance terreufe , mais le plus fouvent mêlé avec d'autres matières minérales. dont on ie dégage par la fublimation. II eft un poifon des plus violent dont on ne doit jamais fe fervir pour Pintérieur , mcme pour 1'extérieur; fon ufage n'eit pas fans inconvénients. On Fa pröné comme un médicamcnt certain pour guérir le cancer : même des ignorants, nc craignants point la fuite des accidens qu'il produit, font affez téméraires de 1'ordonner pour guérir la fievre tiercé & la fievre quarte. On dit qu'il y a des braffeurs , dans une ville cé~ lèbre par fon univerfité , qui mettent de 1'Arfenic dans leur bierre. II feroit a défirer que cette uni-  DES MÉDICiMEKJ. yerfité fit dc récherches pour découvrir la vérité, ne fut-ce qae pour détruire le préjugé. II faut le choifir blanc, péfant, luifant en déhors & en dedans, en morceaux, & réjetter celui qui eit en poudre, car le plus fouvent celui-la eft mèlé ou avec de la craie ou du gypfe en poudre: on reconnoit cette fraude en mettant de FArfenic ainli falfifié dans une cuiller de fer ou dans un creufet, on le fait chaurfer doucement , FArfenic fe dillipe &. la terre qu'on y avoit mèlé y refte. Sel neutre Arsenical. Sal neutrum Arfenicale, officin. CVft une combinaifon de FArfenic avec Falkali ou végétal ou minéral. Les criftaux de ce Sel font des prifmes quadrangulaires reétangles, terminés a chaque bout par une pyramide de même efpèce. lis ne changent point la couleur bleue des végétaux , fe diifolvent en plus grande quantité dans l'eau que FArfenic; ils ne font point d'eifervefcence ni avec les acides, ni avec les alkalis , ils fe fondent, étant pouifés au feu dans les vaiifeaux clos, fans fe décompofer ; mais étant mis au feu dans un creufet, ils fe décompofent, & FArfenic s'envóle en vapeur blanche, & Falkali refte feul. On employé ce Sel dans quelques manufactures.  286 Traité sur la Falsification Quoiqu'il ne foit point un poifon fi violent ni fi acfif que PArfenic pur, il eft cependant fort dangereux. Mrs. De Morvean , Maret & Durande en ayant fait prendre a un chien, il en eft mort un mois après. 11 feroit a fouhaiter que quelques fociétés favantes fiifent des récherches pour trouver une antidote contre ce poifon. On ne faurcit aiTez prendre de précautions pour la vente des poifons. Le magiftrat de la ville de Bruxelles, qui tend toujours pour le bonheur de fes citoyens, a fait émaner une ordonnance il y a cinq ans, par laquelle il défend a toute perfonne , excepté les apoticaires & les droguiftes, comme étant fuppofés avoir des connoiffances des matières nuifibles, de vendre de PArfenic ou autres poifons fous peine de mille florins d'amende pour la prémière contravention, & d'être pourfuivis arbitrairement en cas de récidive:par la même ordonnance, il eft ordonné aux apoticaires & droguiftes de garder fous la clef PArfenic ou toute autre matière nuifible ("*•_), ( * ~) II feroit a déflrer que fur un objet fi important il y eut dans i'ordonnance une défignation fpécifique des drogues que la prudence exige de tenir fous la clef, puifqu'il fexoit aifé de tomber en faute fans le voüloir \ une gtande par-  DES MÉDICAMENS. de ne le vendre qu'a des perfonnes connues; d'écrire i'ur un régitre le nom, la qualité de la perfonne,& la quantité qu'ils lui auront vendue;mais ils pourront en donner fur 1'ordonnance d'un médecin ou d'un chirurgien, jaquelle devra être fignée d'eux & être garuée par 1'apoticaire ou le droguiiie, lbus peine de trois cent florins d'amende &, en cas de récidive, d'être punis arbitrairement. II feroit a déiirer que dans toutes les villes on feroit de pareilles ordonnances, & qu'elles fuffent obfervécs;& que tout marchand mercier lequel, dans plufieurs villes, peut auffi vendre des drogues & qui le plus fouvent ne ies connoit pas, ne pourroit point être droguifte qu'après avoir fubi un examen, fur la qualité des fimples, & fur la diftinction de ceux qui font nuifibles d'avec ceux qui ne le font pas. Tuthie. Tuthia, officin. Cadmi foitrnccum , Agricol. C'eft une efpèce de fuie métallique de couleur gris-cendré concave d'un cöté & convexe de l'autre , qui s'éleve pendant la fufion & fabrication du cuivre jaune, lequel eft compofé avec la pierre ca- tie des drogues qui fe vendent chez les apoticaires, droguiftes, marchands de couleurs & autres, étants de leur nature nuifibles en petite dofe ou le deviennent a une plus forte dofe quoiqu'on vend les unes & les autres au premier venu.  288 Traité sur la F a l si f i c a t ioi-ï laminaire qui eft une efpèce de mine de zinc & de cuivre rouge fondus enfemble: le zinc étant un demi-métal volatil & calcinable, pendant la fufion, il fe réduit en partie en fleurs , lefquelles cntrainent avec elles un peu de cuivre & forment enfemble la Tuthie. On la contrcfait avec de 1'argille blanche a laquelle on a mêlé un peu de cuivre réduit en limaille, lequel mélange on a fait fécher fur des verges de fer rondes, pour donner a cette compofition l'apparence de la Tuthie; cette fraude eft a reconnoitre en ce que la fauffe Tuthie eft plus friable que la vraie , qu'elle fe délaie dans l'eau, en exhalanc une odeur d'argillc, ce que ne fait point la véritabie. Des fophifticateurs plus adroits, pour donner plus de reifémblance, font légerement calciner la fauffe Tuthie pour lui doener plus de confiftence : quoique cette fraude foit plus difficile a connoitre ; cependant on appercoit dans cette dernière des' points brillants provenants de la limaille de cuivre qu'on' a mêlé avec 1'argille; la vraie Tuthie en eft exempte & on la trouve égale par-tout. On ne s'en fert qu'extérieurement; fon ufage intérieur eft dangereux. Elle eft cicatrifante, deffica- tive?  des MIdicamins. 289 tive, aftringente, corroborative & ophthalmique. Fleurs de Zinc Flores Zinci, officin. On donne ce nom a la terre métallique de ce demi-métal privé dc prefque tout fon phlogiftique, & laquelle pendant la déflagration du Zinc a été enlevée en forme de flocons légers. Elles fe diffolvcnt dans les acides a peu prés comme le demi-métal d'oü on les a obtcnues; elles font tres-difficiles a reprendre leur état demi-métalliquev Les anciennes font effervefcence avec les acides, mais celles qui font nouvellcment fublimées excitent a peinc un mouvement fenfible: en expofant les anciennes au feu; en perdant .Fair nxe qu'elles avoient recu de 1'atmofphére, elles perdent auffi la propriété de faire effervefcence; elles font très-fixcs au feu, Sc fe fondent plutót que de fe fublimer. Elles doivent être choifies pour la médecine léf gères Sc très-blanchcs; il faut réjetter celles qui font de couleur grifatre, laquelle couleur eft due a une partie de phlogiftique qu'elles contiennent encore. On s'en fert extéricurement comme defficatives.II y a des auteurs qui propofent les Fleurs de Zirio comme fudorifiques, Sc difent qu'elles purgent quel- T  2Qö Traité sur la Falsification quefois par haut & par bas. La dofe eft depuis trois jufqu'a douze grains. Antimoine. Antimonium , Stihium , officin. C'eft une fubftance foiide , d'une couleur fombre, plombée, aifée a rompre : on y voit des fijets ou des efpèces d'aiguilles brillantcs qui ont une apparence métallique : ce minéral eft compofé de foufre touta-fait femblable au foufre commun & d'une partie réguline métallique, laquelle a beaucoup des propriétés communes aux métaux; mais elle en diffère en ce qu'elle fe volatilife au feu , qu'elle eft caifante & non malléable ; elle a auffi la propriété d'attaquer tous les métaux excepté 1'or. On a donne plufieurs noms a 1'Antimoine tels que le Plomb des Sages, le Bain du Soleil, le Loup dévorant, ou Saturne qui dévore fes enfants &c. On diftingue 1'Antimoine cn Antimoine naturel & Antimoine fondu. Le premier dont il y a plufieurs efpèces eft comme cn le tire de la mine, il eft mêlé avec diiférentes fortes dc pierres & de terres, on n'en fait point ufage en médecine; cn en voit des morceaux très-beaux dans les cabinets des amateurs de 1'Hiftoirc Naturelle. L'Antimoine fondu.eft celui dont on fe fert cn  BIS MÉDICAMENS. 2pl médecine: il faut le choifir en aiguilles, exemptcs de terre & dc pierres- On le regarde comme un ftimulant doux, un bon apéritif & fondant; on s'en fert comme ftomachique; on 1'ordonnc dans les rhumatifmes, dans les fievres lentes, hecliques , & lc marafme. La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu'a trente grains. Antimoine diaphorétique , Diaphorétique minéral , & Chaux blanche d'Antimoine. Antimonium diaphorcticum , Stibium diaphoreticum , officin. On donne ce nom a 1'Antimoine privé de fon phlogiftique par Ie nitrc, & bien lavé pour en öter tous les fels. Cette Chaux eft très-bianchc, n'cft point düfoluble par les acides. Mr. Rouelle a obfervé qu'elle a la propriété de fe diffbudre dans l'eau, mais cn tres-petite quantité. Elle a de commun, avec le autres Chaux d'Antimoine, dc fe fondrc en verre3 mais il faut un feu violent. On la falfifie tres-fouvent, ainfi que l'Antimoine diaphorétique martial, avec de la craie. Cette fraude eft reconnoilfable cn ce que ces deux Chaux ne font point effervefcence avec les acides comme la craie ;, on la falfifie auffi avec la cérufe , laquelle eit trcs-nuifible , & peut même occafionner la mort, étant prife intérieurement : on peut reconnoitre  2q2 Traité sur la Falsificatiow cette fraude en faifant digerer l'Antimoine diaphorétique qu'on fufpeéfe dans du vinaigre, qui a la propriété de diffoudre la cérufe, du quel on le peut précipiter avec un alkali, & lc réduire en plomb en y ajoutant du phlogiftique , ou bien' en y mettant quelques gouttes de foie de foufre arfenical liquide ,> s'il y a de la cérufe cn diffolution , il prcndra üne couleur noire. Plufieurs médecins rcgardent l'Antimoine diaphorétique comme entièrement inutile & fans effet,cependaut d'autres 1'ordonnent comme diaphorétique a Ja dofe depuis douze jufqu'a trente grains. Bezoard m;néral. Bezoardicum minerale 3 officin. eft une chaux d'antimoine blanche, qui a les mèmes qualïtés que Pantimoine diaphorétique; auffi on la falfifie comme ce dernier, & on peut reconnoitre cette faifification par les mémes moyens. On les mêle quelquefois enfemble, & on lui fubftitue quelquefois Pantimoine diaphorétique. Cette fraude n'cft pas nuiiibie car fi elles ont quel que vertu , elle doit être égale. Foie d'Antjmoine. Ilepar Antimonii , officin. C'eft une fubftance a demi vitriiiée , d'un rougefoncé , péfante, compacle , caffante; elle fe met facilemènt en poudre.  DES MÉDICAMENS. ig% II faut Fachctcr en entier, car celui qu'on vend cn poudre eft ordinairement mêle avec des briques pulverifées ; les médecins iniiruits ne 1'ordonnenc jamais, mais les maréchaux s'en fervent. Kermes minéral , Poudre des Chartreux. Kermes mïncralis, Pulvis Carthufianorum, officin. II eft, comme Pantimoine, unc combinaifon du foufre & du régule, mais la partie réguline fe trouve dans un autre état que dans Pantimoine crud , & il contient auili plus de foufre que lui. II doit être choifi d'un rouge-orangé , trés-fin, doux, uni au toucher, & comme vélouté. On vend quelquefois le foufre doré d'antimoine pour du Kermes ; on reconnoit ce premier en ce qu'il eft d'une couleur pius claire tirant fur 1'orange. Celui qui eft fophiitiqué avec de la terre d'ombre, ou autre matière non diilbluble dans Peau, peut être reconnu en le mettant dans 1'aikaii fixe en liqueur , car celui qui en eit exempt fe diifout entièrement dans ce liquide, & s'il contient de ces matières on les trouve au fond. Celui qui eit falfifié avec des matières diilblubles dans Peau, eft a reconnoitre cn cc que cqs matières, en fe dijfoivants dans ce liquide , diminuent le puid du Kermes.;  ap4 Traité sur laFalsification celui qui contient du fel alkali fixe, & par conféquent qui n'a pas etc bien lavé , eft a reconnoitre en le mêlant avec le fel armoniac , s'il en contient, on fentira Fodeur de Falkali volatil que Falkali fixe en aura dégagé. On en fait auffi par la fonte , c'eft celui qu'on trouve le plus communement dans le commerce & qu'on vend a bon marché : celui ainfi préparé eft plus émétique,fes parties font beaucoup moins douces au toucher que celui fait par 1'ébullition : il arrivé alors que d'un rémède dont on n'attend que des effets affez doux , on en voit arriver de contraires, que les médecins attribuent fouvent a toute autre caufe qu'a la mauvaife préparation du Kermes. II y a peu de médicamens dont un médecin habile puiffe tirer d'auüi grands avantages que du Kermes : ce médicament réunit la vertu évacuante & excitente des préparations émétiquesde Pantimoine, avec les propriétés apéritives, fondantes, divifantes & toniques du foie de foufre : il eft, entre les mains d'un habile médecin, purgatif, émétique, diurétique, expeélorant, fudorifique, fuivant les cas. La dofe ordinaire eft depuis un demi grain jufqu'a cinq.  des médicamens. sc-*? Tartre antimonié , ou Eniétique , ou Stibié. Tartarus emeticus , vel fiibiatus, officin. eft la combinaifon de la partie rëguline de Pantimoine a demi . dépouillé de fon principe inflamrnable avec I'acide tartareux. On trouve* prefque dans chaque difpenfaire une méthode différente pour faire le Tartrc émétique ; fimportance de ce rémède a fait déiïrer aux médccins éclairés qu'on put exécuter par tout cette préparation d'une maniére uniforme; loin que ces vceux que 1'humanité ne ceife de répéter foient exaucés, la maniere de préparer ce Sel varie non feulement dans chaque vilie, mais chez chaque apoticaire, & quelquefois dans la même boutique; que d'inconvénicns fans nombre ne réfulte t'U pas de cette diveriité ? le médecin toujours incertain fur la dofe qu'il doit employer s'cxpofe journellement a fe voir trompé dans les effets qu'il en attend : il feroit néceifaire , pour faire ceffcr les inconvéniens que produit ce grand rémède mal préparé , que des artiftes habiles ff Tent le Tartre émétique en commun , & en public : on pratique bien eet ufage, pour la thériaque, dont fimportance eft bien petite fi on la compare a ceile du Tartrc antimonié.  spó" Traité sur la Falsificatiow La meilleure méthode de le faire eft de combiner I'acide Tartareux avec la poudre d'Algaroth ou Mercure-de-vie, on eft certain d'avoir toujours le même produit par cette méthode , & que le Sel qui en provient a le même eifet. Les cryftaux du Tartre émétique' font figurés en pyramide triangulaire, de couleur blanc-opa-? que étant fecs, mais tranfparens tant qu'ils font humides, ils décrépitent au feu du chalumeau , ils laiffcnt exhaler en brülant une fumée d'antisnoine , & dépofent des grains métalliques fur les charbons; l'eau diftillée a une chaleur de quinze dégrès , en diffout la partie de fon poid, a peiïie cette diffolution rougit le firop de violertes, les alkalis fixes & volatils décompofent ce Sel; I'acide vitriolique occafionne dans la diffolution Un précipité blanc, mais qui difparoit par la feule agitation; le foie de foufre alkalin produit du foufre doré d'antimoine, li on le mêle avec une diifolution du Tartre émétique. On trouve dans les boutiques une poudre grifatre, laquelle s'humcéte aifément a l'air, qu'on vend pour du bon Tartre émétique; cependant cc n'eft que fon eau mère incryftalifable que des fophiftiQucurs ont mêlee a une quantité, feion leurs ca-  DES MÉDICAMENS. 297 prices, de crème de tartre , & qu'ils ont faite enfemble évaporer jufqu'a ficcité : ce faux Tartre émétique reffemble affez a celui que prefcrivent quclques pharmacopées ; lequel eft fait avec de la crème de tartre, du verre d'antimoine, & du Crocus Metallorum en poudre qu'ils font bouillir avec de l'eau jufqu'a extinction. On ne doit jamais 1'acheter qu'en cryftaux, fee, & abfolument réjetter celui qui eft en poudre ou humide. On fait le plus fouvent prendre le Tartre émétique dans l'eau; ce Sel a la propriété d'être décompofé par ce liquide, principalemcnt quand il eft chaud & en grande quantité ; pour prévcnir cette décompofition, on ajoute a l'eau dans laquelle on fa fait diffoudre autant de crème de tartre qu'on y a mis du Tartre émétique. II eft, par rapport a fa forme faljne, plus propre qu'aucun autre médicament de ce genre pour remplir les vues qu'on fe propofe , lorfqu'on a indication d'exciter le vomiiïcment. La dofe de celui fait avec la poudre (VAlgaroth ou Mercurc-de-vk eft de trois grains; & plufieurs habiles praticiens ont obfervé qu'il ne fatigue point 1'eftomac, ni les  *S>8 Traité sur la Falsificatiow inteftins comme fait le plus fouvent ce Sel préparé d'une autre fagon. Vin émétique. Vinum emeticum, officin. II diffère, fuivant les difpenfaires que 1'on fait, tant par la quantité que par la qualité du foie d'antimoine qu'on ajoute au vin, ainfi que par la qualité du vin même, lequel étant plus ou moins acide, peut contenir plus ou moins de foie d'antimoine en diffolution , ce qui le rend toujours d'un fuccès incertain. II vaudroit mieux , lorfqu'on veut avuir du Vin émétique, le préparer en diffolvant du tartre émétique ou dans du vin blanc ou dans du vin d'FJpagne, & on feroit alors certain de fon effet. On le donne depuis deux jufqu'a huit gros en lavement dans 1'apopl exie, la paralyiie & autres maladies oü il y a ftupeur ou engourdiffement. Beurre d'Antimoine , qu'on nomme auffi Cauftique Antimonial, Huile glaciale d'Antimoine. Butyrum Anümonü, Oleum glaciale Antimonü, Caufticüm Antimoniale, officin. C'eft un fel a bafe métallique compofé du régule d'antimoine & de I'acide marin: c'eft improprement qu'on le nomme Beurre & Huile d'Antimoine, car ce fel n'a aucune des propriétés de ces fubftances, fi non la confiftence, & la facilité qu'il a a fe fondre, a une  DES MÉDICAMENS. Ü99 chaleur trés-douce comme le beurre. 11 a la propriété d'attirer 1'humidicé de Pair & dc fc réfoudre en liqueur. II eit fufccptiblc dc cryftallifation, & forme de gros cryftaux en quarrés allongés ou en parallipipedcs. II a la propriété de s'envoler étant échauffé jufuq'a un certain point: les alicalis fixes & volatils, & les tcrrcs abforbantes décompofent le Beurre d'Antimoine: I'acide nitrcux le diffout, & cette diffolution fe fait avec une grande adtivité : l'eau décompofe ce fel métallique & la poudre qui en précipite, après avoir été édulcorée avec de l'eau porte le nom de Poudre d'Algaroth ou Mercure -dc- vie. On doit le choifir, d'une confiftence folide; & réjetter celui qui eft liquide ou roux, comme moins bon : on lui peut enlever fa couleur rouffe en lc rédiftillant; on doit avoir foin de gardcr ce fel métallique dans une bouteille bien bouchée. On fait très-peu. d'ufage du Beurre d'Antimoi' ne , cependant on 1'emploie quelquefois extéricurement comme cauftique , mais on lui préfcre le cauftique lunaire; pris intérieurement il agit comme les poifons corrofifs. Soufre doré d'Antimoine , ou Soufre d'Antimoine précipité. Sulphur auratum Antimonü, Sul-  300 Traité sur la Falsificatiow phur Antimonü prcecipitatum, officin. eft une combinaifon du régule d'antimoine avec le foufre ] lequel on obtient par la diffolution des fcories du régule d'antimoine fimple, en les précipitants par un acide, Le Soufre doré étant compofé du régule d'antir moine & du Soufre , comme Pantimoine crud , eq diffère cependant tant par la couleur qui eft orangée, que par Ta vertu émétique très-forte. Ces différences proviennent de ce que, la partie réguline eft liée intimement avec le Soufre dans Pantimoine crud, & en quclque forte mêlée avec le Soufre, dans le Soufre dore d'Antimoine. Quoiqu'il ait quelque reifemblance avec le kermes minéral, il en diffère par fa couleur qui eft jaune-orangé, celui du kermès minéral étant rouge-orangé , & par la proportion du Soufre, qui eft moindre dans le Soufre doré d'Antimoine que dans le kermès minéral. Les proportions du régule d'antimoine & du Soufre peuvent varier beaucoup dans ce précipité : fi au lieu de précipiter tout a la fois on le précipité par partie, on obtiendra du Soufre doré qui deviendra de moins en moins émétique, & on remarque que la couleur diminue chaque fois, tellement que les derniers précipités n'ont qu'une lé-?  DES MÉDICAMENS. JOI gcre couleur jaune, les premiers étant rouges, & ils ne contiennent prefque pomt de régule d'antitnoine. Le Soufre doré eft diiToluble dans 1'alkali fixe en liqueur, on reconnoit celui qui eit falfifié avec i des matières inditfolubles dans ce liquide en ce qu'elles ne s'y düfol vent point. Celui qui eit mêlé a des matières falincs, eft, a réconnoitre par ce que ices matières fe diffoivent dans 1'eau, ce que ne f fait point le Soufre doré d'Antimoine. II évacué par haut & par bas, il portc auffi par les voics de la tranfpiration & des urines, mais on ne s'en fert guère en médecine vü qu'on a trèspeu de certitude de fon effet , car dans chaque jboutique on le trouve différemment compofé, tant par rapport a la manière de le précipiter, que de la nature de I'acide dont on fe fert pour le précipiter. La dofe eft ordinairement depuis un jufqu'a fix ; grains, laquelle on peut augmenter oudiminuer felon la quantité de parties régulines que le Soufre doré d'Antimoine contient. Le Mercure , Vif Argent. Argentum vivum, drargytam, officin. Mercurius, chimic. Qu'il foit Confideré ou comme métal ou comme demi-métal, il eit de toutes les fubitanccs métalliques, le feuf  go2 Traité sur la Falsificatiow qui foit fiuide ; il eft d'un blanc brillant & éclatant , abfolument femblable a celui de 1'argcnt, il eft, après Por & la platine, le plus péfant tant des métaux que des demi-métaux: Un pied cube de ce mé tal péfë neuf cent foixame & dix-fept livres: il pcrd dans Peau, étant péfé a la balance hydroftatique, environ un treizicme de fon poid, l'eau pi Fair n'ont aucune action fcnfibie fur cette matière : il n'cft point fufceptible de rouille comme plufieurs métaux, il eit de tous les liquides le plus froid a Pair & auffi celui qui au feu devient le plus chaud;~ étant chauffé jufqu'a un certain point ii ie voiatilife , mais il eft indeltructible par le même élément ; mis dans une tube & agité dans les ténèbrcs il paroit phofpborique; il a la propriété de s'amalgamer plus ou moins facilcment avec les métaux , ces amalgames mis au feu dans un vaiffeau clos lui font reprendre fon état fluide & argentin : il fe diffout dans I'acide nitrcux ; I'acide vitriolique étant très-concentré le diffout auffi, & le réduit en une maffe faline de couleur blanche ; I'acide marin en liqueur n'a point d'action fcnfibie, quoique bouillant, fur lui ; il faut que eet acide pour qu'il ait action deffus foit très-concentré , & réduit en vapcurs, & que cc mé tal foit auffi en vapeurs. Les  DES MÉDICAMEKfc gO§ acides végétaux n'ont point d'action fur le Vif Argent en malle , mais ils le diifolvent quand ils le trouvent uans un dégré ce divifion convcnable. On le falfifie foit avec le plomb, le bifmuth ou 1'étain; ii ces métaux, ou enfemble ou féparés, font en grande quantité on peut s'en apperccvoir en faifant palier le Mercurë au travers d'une peau de chamois, on trouvera une partie des particules métalliques dans la peau. On le reconnoit auili en ce qu'il a moins dcpéfanteur fpécifique que celui qui nc 1'eft pas, en lc faifant couler doucement fur une affiette dc fayencc ou de verre, il laiife après lui unc légère pouliière métallique qui lui faic faire la queue, cc que ne fait point celui qui eft pur. En mettant ce Mercure dans un creufet au feu il s'envolcra & laiffera le métal auquel il étoit amalgamé dans le creufet. On le peut purificr de ces métaux par la diftillation. Si Ie Mercure contient des matières hétérogenes qui-ne lui adhérent que très-foiblement on les öte cn les faifant palier a travers unc toile neuve & ferréc. II eft un des plus grands remedes qu'on connoit, il eft un fondant très-cfticacc qui convient dans la plupart des obftructions invèterées des glandes lymphatiques 3 on cn fait quelquefois ufage dans  304 Traité sur la Falsifioatioïst cette affreufe cplique connue fous le nom de Mifc~ rère. II a la vertu anthelminthique, c'eft le véritabie antidote pour détruire le virus vénérien. On s'en fert auffi dans quelques maladies de la peau avec fuccès. Cinnabre. II y a deux fortes de Cinnabre ? 1'un eft le naturel & l'autre eft 1'artificieL Cinnabaris nativa, & Cinnabaris faBitia, officin. L'un & l'autre font compofés du mercure & du foufre. II eft en aiguilles brillantes appliquées les unes fur les autres dans leur longueur; péfant & fragile; d'un rougetrès-fbncé quand il eft en maffe; étant mis dans des vaiffcaux clos au feu, il fe fublime fans éprouver de décompofkion ; les acides n'ont point d'action fur cette matière , mais falkali fixe en liqueur la décompofe. II doit être acbeté en entier, car celui qui eft eri poudre, qu'on vend fous le nom de vermillon, eft le plus fouvent falfifié par le minium : on peut reconnoitre cette fraude en en mettant dans un petit creufet ou fur une fpatule de fer, en le mettant au feu, le Cinnabre qui eft volatil fe diffipera , & laiffera le minium fur la fpatule ou dans le creufet ; cette fraude eft auffi a reconnoitre en faifant digérer le Cinnabre mêlé avec du minium dans du vinaigre  DIS MÉDICAMENS. %0$ yinaigre lequel a la propriété de le diifoudre le iét* nier; fi on jette dans cecte diifolution ou foie de foufre arfenical calcaire liquide , elle prendra une couleur noiratre; on peut auffi en précipiter lc minium avec un alkali & réduire ce precipué eriTplomb avec le phlogiftique. On lc falfifie auffi avec lc réalgar, ou orpimënt rouge : on découvre cette fophiftication en expo-' ffint le Cinnabre fur des charbons ardens, car s'il eft fophiftiqué avec le réalgar ou fent une odcuf d'ail. On nc devroit faire ufage én médecine qüe du Cinnabre fadice , car le Cinnabre naturel n'eft prefque jamais pur ; il eft fouvent mêlé avec des matières arfenicales, c'eft apparemment faütè d'eri êrre inftruit que plufieurs médecins le prefcrivenfi dans leurs formules. Autrcfois on 1'a vanté comme apéritif, CateatlC§ fondant. antifpafmodique, & comme fpécifique dans! les convulfions, dans 1'épirepné , la paralyfte, \cê vapeurs hyilériqucs & hypocendriaqués, mais cc. rémedc ft vanté a-t-il tant des vertus? nous eftimons qu'il ne produit aucun cifet & qu'il fort liofsj du corps comme on fa pris. On s'en fert cn fumn V  306 Traité sur la Falsification gation dans les maladies vénériennes quelquefois avec fuccès. Précipité rouge. PrcEcipatus ruber, officin. C'eft ïmproprement qu'on le nomme-ainfi, car ce que le Mercure diifout dans I'acide nitreux eft réduit a ficcité par 1'évaporation & après calcination jufqu'a ce qu'il devienne, rouge. Le Précipité rouge eft plus fixe au feu que le Mercure ; il a la propriété, fi on le pouife au feu, dans des vaiffeaux qui ne font point parfaitement clos, de fe fublimer , ce fublimé eft de couleur rouge & a la même qualité que le Précipité; il fe diffout avec1 chaleur , mais fans effervefcence dans I'acide nitreux, de même dans I'acide vitriolique; I'acide marin le rend d'un beau blanc. On le fophiftique avec du bol rouge, mais plus fouvent avec le minium; comme le Précipité rouge le diiiipe au feu, on reconnoit celui qui eft mêlé avec 1'une ou l'autre. de ces matières en en mettant fur une fpatule, ou dans un creufet fur le feu , la matière avec laquelle il fera mêlé n'étant point volatile reftera deffus & le Précipité fera diffipé. Le Précipité rouge pris a une certaine quantité  DES MÉDICAMENS, 3O7 eft très-nuifible aux hommes & même mortel; on en voit cependant vendre tous les jours au premier venu & depuis quelque tcms il eit devcnu d'un ufage dans quelques villes prefque univerfel pour détruire la vermine ; il eft vrai que ce n'efc pas pour le rendre moins périlleux qu'on a ibin d'y mèler beaucoup de minium, mais c'eft pour en tirer plus'de pront, car chez la plupart des apoticaires & droguiftes on en vend pour deux hards au premier venu : il y a des ufages établis qu'on a bien de la pcine a détruire; teis font entre autres celui de venure au pubiie certaines marchandifes qu'il a toujours eu a fa prémière demande quoique nuifibles , & certainement celui qui s'aviferoit de les lui refufer trouveroit bientót fa boutique dé-> garnie de chalands. Ce n'eft que par de nouvelles ordonnances dans les endroits ou, il n'y cn a point , ou pour faire exécuter celles dans les endroits ou il en fubfifte, qu'on peut détruire ces abus. On emploic lc Précipité rouge extérieuremene comme cauftique rongeant, & déterftf & en quelque faeon mondicatif, on cn foupoudre légerement les ulccres pour détruire des calloiitcs & des chairs bavcufes : plus le Précipité rouge eit haut en couleur  3°8 Traité sur la Falsificatiojt moins il eft corrofif. On fordonne intérieurement pour détruire le virus vcnérien; mais il doit être adminiftré par un médecin prudent, car il eit trèscauftique & rongeant. Nous condamnons ceux qui ,1c. donnent comme vomitif, nous avons affez d'autres jaiédicamcnts- pQur faire vomir fans péril. La .dofe eft depuis un demi grain jufqu'a un gram. Turbith minéral , ou Mercure émétique jaune, Ou Précipité jaune. Turpetum minerale, Mercurius ■ emetieus -flavus , officin, - eft unc chaux mercurielle .péfante, & d'un très-beau jaune, provenant de la .diffolution..dc ce: métal'dans I'acide vitriolique, lequel .en eft précipité par 1'eau, & lavé par le même Jiquide; quand il a été bien lavé, il ne donne plus -aucun iigne d'acide. i .: On Ie fophiitiqué avec le mafficot ; on réconnoit .«eue :fraude.-en mettant celui ainfi fophiftiqué dans UU creufet au feu avec du iiux noir,; le Mercure le :diiïïpe ï, & on trouve une régule de plomb dans le creufet. Il-eft un vomitif affez fort , il y a des perfonnes qu'il, purge plutót que de les faire vomir , mais c'eft rcujours avec violence; .on prétend qu'il excite la tranfpiration & la fueur. La dofe en eft depuis un jufqu'a fix grains: on Pordonne auffi en fractions  des Médicamens. 309 de grains comme alcérant. Sydenham faifoit grand cas du Turbith minéral dans les maladies vénériennes, principalement dans le traitement des gottorrhées rébcües. On prétend que le Turbith minéral eft un fpécifique centre la rage , cn donnant en même tems des friétions avec dc 1'onguent mercuriel. Le Mercure Précipité blanc. Mercurius Pra>cipitatus alhus, officin. eft unc combinaifon du Mercure avec i'acide marin , lequel y eft cn moindre quantité que dans le fublimé corroftf. 11 a la propriété étant mis au feu de fe fublimer dans les vaiifeaux clos, fans fe décompofer. On doit choifir ce Précipité très-blanc, & réjetter celui qui eft jaunatre , ou de couleur orange. On le falfifie très-fouvent avec la cérufe, & quelquefois avec Ia craie, ou avec Pamidon ; cette fraude eft a reconnoitre en en mettant fur une fpatule au feu, s'il eft cxempt de ces matières il s'cnvolera fans y rien laffer : pour reconnoitre celui qui contient de la cérufe on le met dans un creufet avec du flux noir, en le pouffant au feu on obtiendra du régule de plomb. Le Précipité blanc auquel on a mêlé de la craie eft a reconnoitre en verfant deffds du vi-  310 Traité sur la Falsificatiow naigre, s'il en contient on appercevra une effervefcence. ; On s'en fert extéricurement étant mêlé avec des graiffes pour guérir la galle & autres éruptions de cette efpèce. On 1'orcionne auili intérieurement avec fuccès pour détruire le virus vénérien, mais, comme il eft légerement corrofif, il faut qu'on le premie avec précaution. La dofe eft depuis trois grains jufqu'a douze. Le Sublimé corrosif. Mercurius fublimatus corrofivus, ofl.cin. eit un Sel métallique compofé de Mercure uni par la fublimation avec la plus grande quantité d'acide marin polïible; ce Sel eft un poifon trésviolent, blanc, trés-péfant & volatil, fe fublimant a une chaleur moderée ; il n'cft point clélicuefcent; il fe diifout dans l'eau , & une once de ce liquide diftillée en diifout trente grains, a la chaleur du cinquantieme dégré du thermomêtre de de Farenkeit: il fe cryftallife, ou par la méthode uiitée pour les fels, ou pour la fublimation, & dans 1'un ou l'autre cas ces cryftaux ont le même briilant, ;& font figurés en lames minces & pointues: jl fe iaiffe décompofer par l'eau de chaux , par les alkans fixes, & volatils, & par les terres abforbantes; il a la propriété de verdir le fyrop de vio-  DES MÉDICAMENS. 31 ï lettes , & de rougir la teinture de tournefol : les menftrues fpiritucux diifolvent une plus grande quantité de Sublimé corrofif que les menftrues aqueux; une once d'efprit de vin rectifié en diffout prés de trois gros, & une demie once d'éther en diffout un gros & dix-huit grains avec un trésléger mouvement d'effervcfcence. On trouve fouvent dans le commerce du Sublimé corrofif fophiitiqué par 1'arfcnic, cette fophiftication eft a reconnoitre en le jettant fur des charbons ardens, s'il en contient on fent tout de fuite une odeur d'ail-; il faut être trés-prudent & ne point s'expofer a la fumée; on découvre auili cette falfiftcation, en en faifant diflbudre dans 1'eau diftillée & en y mettant de falkali volatil, s'il contient de 1'arfenic cette diifolution deviendra noiratre. Le Sublimé corrofif eft un des plus violents poifons qu'on connoit : il caufe des douleurs les plus vivcs a ceux qui ont le malheur d'en prendre, des convulftons , des fpafmes, 1'inflammation, le vomiffement, 1'érofion des parties, la gangrêne & la mort. On 1'ordonne cependant avec fuccès pour détruire le virus vénérien ; pour cette fin on en fait diffoudre dans 1'eau diftillée , ou dans l'efprit de froment; on prend ordinairement douze grains  3i2 Traité sur la Falsificatiojj fur deux livres de 1'un ou de l'autre liquide , on en fait prendre au malade environ une cuiliier dans une_ livre de décoéiion d'orge , fuir & matin , laquelle dofe on peut augmenter; mais il eft prudent de n'en point faire ufage fans le cpnfeil d'un médecin. II eft a obferver qu'il faut faire la diffolution du Sublimé corrofif dans un mortier de verre; nous pvons vu qu'il y avoit des perfonnes qui la faifcient dans un mortier de marbre , d'autres qui la faifoient dans un mortier de cuivre; le marbre & le cuivre ayants plus d'afrinité avec i'acide marin que Je Mercure, il arrivé que les médecins , au lieu d'avoir un médicament fur lequel ils comptent, n'ont qu'une diifolution calcaire , ou une diifolution de cuivre, dont la prémière eit fans effet, & Ia fecor.de, au lieu de guérir le malade , lui occaüonne des nouveaux accidents ; lefquels on attribuc au Sublimé corrofif, mais qui provierinent de 1'ignorance de celui qui a préparé le rémede. L'Ethiops minéral. Etkiops mineralis, officin, eft la combinaifon du foufre avec le mercure * Ia couleur de ce compofé eft noire; on le fait par Ia fonte, & par la trituration. On prend partie égale de foufre & de mercure pour celui fait par la fufion;  DES MÉDICAMENS. 313 mais pour celui fait par la tricuration, on prend deux parties du mercure & trois parcies du foufre. Comme le mercure eft beaucoup plus cfcer que le foufrë on ie met fouvent en moindre quantité, on sVppercoit de cette fraude en diftillant 1'Ethiops minéral comme on diftiüe le cinnabre pour en obtenir lc mercure, s'il eft fait fidèlement, on trouvera dans le recipiënt la quantité de mercure indiquée. II y a des médecins qui le regardent comme un grand antivénérien , un fondant de'la lymphe, qui convient dans toutes les obftructions lymphatiques, & les humeurs fquirrheufes; d'autres difent n'avoir trouvé aucune de ces vertus dans 1'Ethiops minéral; on 1'ordonne auili comme vermifuge. La dofe eft depuis fix grains jufqu'a un gros. ■ Mercure doux. Mercurius dulcis, Aquila aWa officin. eft un fel ncutre métallique , compcfé du Mercure parfaitcment faturé avec I'acide marin; lequel on a fait fublimer trois fois; il fe diffout cn trés-petite quantité dans l'eau, il faut quatre onces de ce liquide bouillant pour diffoudrè un grain ; il change en verd-blcu lc fyrop de violettcs, les alkalis tant fixes que volatiis % troubient mais fans effervefcence fenlible.  314 Traité sur. la Falsification On nomme Calomelas, le Mercure doux fublimé trois fois ; & Panacee Mercurklle, le Mercure doux fublimé jufqu'a neuf fois, & lequel a été mis en digeftion avec l'efprit de vin reftifié. Monfieur Beaumé croit avec raifon que le Mercure doux , & la Panacee Mercurklle ainfi. que ce Calomelas , ne font & ne peuvent être, que la même chofe après qu'on les a lavés avec fuffifante quantité d'eau, pour emporter le fublimé corrofif excédent qu'il pourroit contenir. Le Mercure doux étant un médicament d'un très-grand ufage en médecine, il eft très-important que la combinaifon de I'acide avec le Mercure foit très-parfaite, il ne doit point faire impreffion fur la langue : on le doit choifir en maffe blanche, folide, -péfante, demi tranfparente, & réjetter celui qui eft rarefié. Pour s'affurer qu'il eft exempt de fublimé corrofif on le concaffe groffièrement, & on le laiife quelque tems dans 1'eau. chaude; puis on le fait fécher a une douce chaleur ; s'il en contient il aura bèaucoup diminué de fon poid, même il eft très-prudent de le réduire en poudre,' & de le lavcr dans l'eau, pour lui öter le fublimé corrofif qu'il pouroit contenir', avant de s'en fervir; on peut auili reconnoitre fuivant Diderus celui qui en con.  DES MÉDICAMENS. 315 tient en le frottant contre de 1'or, fi ce métal blanchit c'eft un figne que le Mercure doux contient du fublimé corrofif, s'il devient lèuiement pale, c'eft un figne qu'il en eft exempt. Celui qui a été fait avec du fublimé corrofif fophiftiqué avec 1'arfenic, eft a reconnoitre en mêlant dc la fleur de foufre avec lui, lequel mélange on met dans un creufet, qu'on couvre avec un autre rcnvcrfé , on le met au feu pour faire fublimer le foufre, s'il eft fophiftiqué par 1'arfenic, on fent unc odeur d'ail, odeur carraótériftique de 1'arfcnic; fi on ne fent pas cette odeur, c'eft figne qu'il eft exempt de ce poifon. Beaucoup de praticiens fe plaignent que fouvent le Mercure doux donne des coliques, & même des felles fangtunoientes, nous croions que cela peut provenir' ou de la furabondance du fublimé corrofif que cette maffe faline contient, ou de 1'arfenic qu'on y a ajouté , car celui, exempt de 1'une & de l'autre matière, ne produit point dc tels accidents. On fe fert du Mercure doux avec fuccès pour détruire lc virus vénérien; furtout dans les gonorrhées. II eft un trés - bon fondant dans les obftructions de la lymphe; on 1'ordonne auffi comme  3i6 Traité sur la Falsification diurétique, diaphorétique & vermifuge: il eft auffi un bon purgatif, mais on ie mêle le plus fouvent avec d'autres, tels que le jalape, la rhubarbe, le diagrede & Faloës. La dofe ordinaire eft depuis un jufqu'a dix-huit grains. Le Plomb, Saturne. PJumktm, officin. Saturhus 3 Chimic. eft un métal imparfait, de couleur blanche tirant fur le bleu, d'une odeur & faveur qui lui font particulières, lc plus mou des métaux , prefque fans élafticité ; mais il a beaucoup de duétilité ; il eft auffi le métal qui a le moins de ténacité : un fïl d'un dixieme de pouce de diamêtre ne peut porter qu'un poid de vingt - neuf livres & un quart, avant de fe rompre. II eft après Por, le mercure & la platine, le plus péfant des métaux, le pied cube péfe huit cent vingt - huit livres. II fe laiife diffoudre tant par les acides minéraux, vcgétaux, qu'animaux ; les huiles & autres matières graffes ont de Faclion fur lui: c'eft le métal qui entre Ie plus promptemcnt en fufion au feu, & il fe calcine très-aifément, il s'amalgame trés - bien avec le mercure, & il s'allie avec tous les métaux exccpté le fer. Étant coupé par un inftrument tranchant, fa  BES MÉDICAMENS. 317 tranche paroit très-liiïe, très-compaéte & très-refplendiifante : Pair; le ternit proprement par une petite rouille grife fort légère qui fe forme a la furface, 1'eau a auili de I'action fur lui. On ne devroit jamais fe fervir pour 1'intéricur, des compofttions faites avec le Plomb : on doit regardcr ce métal comme 1'enncmi le plus cruel de la fanté des hommes ; c'eft avec ce perfide métal qu'on fophiftiqué non feulement les vins, mais même qu'on ötc la rancidité aux huiles & au beurre. Ce a quoi on ne fait pas affez d'attention. c'eft a 1'étamage. La plupart des ouvriers, ou par cupidité ou par ignorance, ne connoiffants point le danger , mêient pour étamer , du Plomb a l'étain,ce n'cft pas la pertc de 1'argcnt qu'on a donné a ce mauvais étamage, qu'on doit regretter , mais c'eft la fanté qui fe détruit infcnfiblemcnt par 1'ufcge des aiiments qui ont été préparés dans des vaiiieaux éramés par ce mélange; car une grande partie a de 1'aétion fur le Piomb. . II y a des endroits oü il y a des ordonnances, ou édits par lefquels eft fixée la quantité dc Piomb qu'on peut mettre dans 1'étamage, mais ces ordonnances nc tendent qu'a empêchcr la fraude, &  gi8 Traité sur la Fa l si fi catiow inalheureufement combien peu d'attention y fait-on, & comment ceux qui font ces ordonnances pourroient-ils s'affurcr & juger fi. on a mis plus bu moins du Plomb dans 1'étamage ? il faudroit une ordonnance qui défendroit de ne point du tout mêler du Plomb avec 1'étain pour éiamer , & laquelle fut rigoureufemcnt obfervée. II eft trés - imprudent de iaiffer féjourner dans des vafes de terre , dont I'émaii eft fait avec du Plomb, des alimens, tels que le lait, le bouillon , le vin, les graiffes, le vin aigre ou autres acides; même le tabac qu'on garde fi fouvent dans des boïtes de Plomb le corrode & devient nuifible. On peut reconnoitre les matières devenues nuifibles par le Piomb , ou par fraude , ou par négligence; fi c'eft, par exemple , une matière liquide telle que les vins, les huiles &c. en verfant dedans quelques gouttes de foie dc foufre arfenical calcaire liquide auffitöt la liqueur devient obfcure, fe brunit, & devient noire; fi c'eft du beurre, ou de la graiffe qu'on préfume contenir du Plomb ; on les fait liquéfier & on verfe quelques gouttes de foie de foufre arfenical calcaire liquide dedans, on remue le mélange avec une fpatule ou  DES MÉDICAMENS. gï£ de verre ou de bois, fi ce melange en contient il deviendra noir. La Céruse. Cozrujfa, officin. eft une efpèce de rouille de plomb blanche, péfante, qui a été corrodée & a demi diffoute par I'acide du vinaigre réduit en vapcur , auquel on a mêlé depuis partie égale jufqu'a un quart de la craye. La Cérufe broyée qu'on trouve dans le commerce, contient ordinairement plus de craie, que celle qui eft en pain. Elle doit être choifie péfante fous la main, féche, car les marchands mal-honnêtes la tiennent humide pour lui donner du poid; bien blanche , s'écrafant & en poudre peu liée & point pateufe, ayant dans la caffure une efpèce de ton velouté. En la broyant on doit prendre la précaution de n'en pas avaler, car elle eft, comme toutes les pfeparations du plomb, très-nuifible & occafionne entre autres accidents la cruelle maladie connue fous le nom de la coliquc des peintres. On 1'emploie extérieuremcnt comme delïicatif, mondificatif & adoucilfant. Minium. Minium, officin. C'eft une chaux de plomb d'une belle couleur rouge, laquelle on falfifie avec du bol rouge; on peut reconnoitre cette falfification en ce qu'il a moins d'éclat que celui  320 Traité sur la Falsificatiow qui eft pur, & en lc réduifant fous ia forme métallique ; car cinq parties de Minium réduit étant pur donnent quatre parties de plomb , & ce qu'on en trouve de moins, eft la matière avec laquelle on 1'a falfifié. II doit être choifi, étant cn poudre, d'un rouge un peu velouté, fans gruméaux , jaunatre lorfqu'on 1'écrafe , & fmgulierement péfant. • On 1'emploie extéricurement comme déterfif, mondificatif, cicatrifant & adouciffant. . Sel de Saturne , Sucre de Saturne, ou Sel aceteux de plomb. Sal Saturni, Saccharum Saturni, officin. C'eft un Sel neutre a bafe métallique , compofé de Taaide du vinaigre , combiné jufqu'au point de faturation avec le plomb. II eft blanc, cryftallifé en parallipipedes obliquangles, d'une faveur douceacre , en quelque forte défagréable avec aftriclion. II eft décompofé par les alkalis fixes & volatils, ainft que par les terres abforbantes ; il ne change point la couleur du fyrop de violettes. II a la propriété de décompofcr les Seis neutres provenants de Tackle vitriolique avec les alkalis végétaux & minéraux, ainfi que ceux provenants du  DES MÉDICAMENS. J2I du même acide avec les matières terreufes & métailiques. II doit être choifi. blanc & fee, on doit réjetter celui qui eft gris-jaunatre, & rempli d'ordures. II eft peu cn ufage en médecine; on ne devroit jamais 1'emploicr intérieurement a caufe de la qualité malfaifante & pernicieufc du plomb qui lui fert dc bafc : cependant on trouve des praticiens qui s'en fervent , mais non fans péril pour le malade ; car le Sel de Saturne doit être regarde comme un vrai poifon. On s'en fert extéricurement, étant diffout dans l'eau , pour baflincr les ulcères qu'on vcut cicatrifer & féchcr; on s'en fert auüi comme ophthalmique & adouciffant, ainfi que contre les dartres rongeantes du vifage , & pour diffoudre les tumcurs inilammatoires du fcrotum & des tcfticulcs. On ne s'en fert que trop fouvent mêlé a quelques autres matières pour corriger les vins qui font troublcs , ou qui font aigres; nous avons rapporto a Partiele piomb le moyen dc réconnoitrc ceux ainfi fophifiiqués. Extra it de Saturne. ExtraSum 'Saturni, officin. C'eft la diffolution dc la lythargc, laquelle eft U  3^2 Traité sur la F alsification une chaux provenant du plomb , faite par le vinaigre; laquelle on fait évaporer jufqu'a une confiftence üe firop très-clair. Celui qu'on trouve dans les boutiques, n'eft txès-fouvent que la fimple diifolution qu'on ne s'cft pas donné la pcine d'évaporer : quoique la vue fuffit pour diftinguer 1'un de l'autre, nous avons obfervé que celui qui a la confiftence d'un firop liquide a péfé , dans une bouteille qui contient unc once d'eau, douze gros & huit grains, le thermometre dc Reanmur ayant cinq dégrès audeifus de glacé. En mèlant 1'Extrait de Saturne , avec de l'efprit de vin & de l'eau, on fait l'eau végétö-minérale, connue auili fous lc nom dc l'eau de Goulard: elle doit être claire & tranfparente , mais dans quelques pays on a introduit fufage de faveur blanche & trouble , pour s'épargncr la peine de chercher dc 1'eau pure & exempte de lelénitc, ou de fe fervir dc l'eau diftillée ; ceux qui la vantent ainfi ignorent fans doute que le fel acéteux dc plomb eft décompofé par lc feiénite que contient fouvent l'eau des puits & des fontaincs : nous avons vöulu introduire fufage de cette eau faite avec de l'eau diftillée, mais prefque toujours on  DES MÉDICAMENS. gig nous la renvoioit, le médecin ou chirurgicn ayant dit, que ce n'étoit point de 1'eau végétö-mmérale qui avoit toutes les qualités, ou qui ne valoit nen. Cette eau a les mêmes vertus que le fel de fa* turne diffout dans le même liquide. L'Étain , qu'on nomme auili Jupiter. Stannutïl officin. Plumbum album, Plumbum candidum , Pliniü Diabolum Haallorum, Jupiter , chim. eft aprèi le plomb , le plus mou de tous les métaux , d'unö couleur blanche approchante celle de i'argent, mabl plus fombre; il a, comme tous les métaux imparfaits, de 1'odeur &c de la faveur: cn le pliant eri différents fens , il fait entendre un petit bruit comme s'il fe déchiroit, on nomme ce bruit les cris de 1'Étain ; il eft le plus léger de tous lea métaux , & perd dans l'eau, étant péfé a la balance hydroftatique , environ le fepticme de fon poid ; il eft plus malléablc que le fer & le plomb , maisi il eft peu ténace ; il 1'eft cependant plus que le) plomb, & un ftl d'un dixieme de pouce foü.tient , - avant de rompre, un poid de quarante-neuf livres: il entre facilcmcnt en fufton & répand a caufe dö 1'arfenic qu'il contient des vapcurs dangcreufes: lorfcju'il eft réduit en limaille , Sc ietté dans la  524 Traité sur la F al s if i c ati0 n fiamme d'une chandelle il lui donne une couleur bleue , & on appercoit aufiitöt une odeur moins fulphureufe qu'arfenicale ; il s'amalgame facilement avec le mercure : tous les acides tant minéraux que végétaux. ont de l'aétion fur ce métal. II fe rouille moins facilement, par l'aétion cömbinée de 1'air & de l'eau, que le fer & le cuivre; la furface de ce métal, lorfqu'elle eit nette & brillante, perd fon éclat, & fe ternit très-promptement, étant expofée a 1'air; mais 1'efpèce dc rouille légère qui s'y forme alors , refte mince & fuperficielle, & ne fait point le même progrès que celle du fer & du cuivre; c'eft pourquoi on fe fert avec avantage de 1'Etaiu pour recouvrir leur furface. Les vaiffeaux d'Etain qu'on trouve dans le commerce, ne font pour la plupart que de 1'Étain mêlé avec quelque autre métal, foit du plomb, du cuivre, de 1'antimoine, du bifmuth ou du zinc ; d'ou il provient qu'ils font plus ou moins nuifibles, felon la qualité, ou la quantité du métal qu'on y a joint. Les arts chimiques n'étant point fi perfeétionïiés comme ils le font aujourd'hui; les anciens  DES MÉDICAMENS. 325 n'ayants point autant de connoiffances, ils ont vanté de préférance les vaiffeaux d'Etain aux autres pour ia confcrvation des médicaments ; on en trouve encore aujourd'hui dans plufieurs apothicaircries. Cependant nous neconfeillons aperfonnede laiffer féjourncr dans des vafes d'Etain , prétendu fin , bien moins encore dans ceux faits d'Etain mêlé avec d'autres métaux , des médicaments deftinés pour être pns intérieurement, ou quelques fubftances deftinées a fervir d'aliment telles que du lait, des ceufs, &c. moins encore les vins ou toute autre boiffon acidule; car ils corrodent ces vaiffeaux, & il en peut réfulter des effets plus ou moins dangereux , fÉtain n'étant point toujours exempt d'arfenic. Nous révoquons cn doute la vertu peétorale adoucilfante , hyftérique , fondante &x. qu'on a attribuée a l'Etain , mais fa vertu fermifuge eft connue , & on la regarde comme un fpécifique contre le ver folitaire. La dofe en eft, en poudre , depuis dix grains jufqu'a deux gros. L'Antihectique de la Poterie , ou Diaphorétique Jovial. Antihccticum Potcrii, oificin. eft une chaux métallique blcuatre qu'on obtient cn faifant  326 Traite sur la Falsification détonner avec le nitre, 1'étain & le régule d'antimoine martial qui ont .été fondus enfemble, Elle eft indiffoluble dans les liquides. On la falfifie avec de la craie , on reconnoit celle ainfi falfifiée, en verfant deilus quelque acide qui excitera une effervefcence, ce qui n'arrivera joint fi elle en eft cxempte. La Poterie 1'a ordonné , & après lui plufieurs snédecins ont vanté ce rémède, pour la plupart des maladies qui viennent d'obftruction, peur les fcorbuts , les écrouelles , & fur-tout pour 1'éthifie : mais un médecin fage & intelligent fcait bien , qu'une chaux métallique telle que 1'Antihectiquede la Poterie, n'cft pas capable de produire les effets pour lefquels on Pa vantée. La dofe eft depuis quatre jufqu'a cinquante grains. Cuivre. Cuprum, officin. Venus, chimic. C'eft tra métal imparfait, d'une couleur rougeatre, brillante, & éclatante dans fa fracture; il eft le plus malléablc & le plus duclile de métaux imparfaits : étant frotté entre les mains, il exhale une odeur défagréable, il a auffi unc faveur métallique défagréable , il perd dans l'eau, étant péfé a la balanee hydroftatique, entre un huitieme & un neu-  DES MÉDICAMENS. %^ vieme dc fon poid; un fil d'un dixieme de pouce de diamètre foutient un poid de deux cent quatre-vingt dix-neuf livres & quatre onces, avant de fe rompre ; il faut un feu très-violent pour le faire entrer en fufion: il eft le feul des métaux qui fuit coloré cn jaune par le zinc. Tous les acides, les alkalis, les huiles, les graiffes, en général tous les liquides, ont de l'aétion plus ou moins forte fur lui : il fe décompofe auili a l'air, & produit unc rouille verte. On fait beaucoup d'ufagc des vaiiTeaux de Cuivre, cependant de tout tems on a reconnu que eet ufage étoit dangereux ; pour prévenir les dangers, on a pris le parti d'étamer ces vaiffeaux, mais j'ai fait voir 1'inconvénicnt de eet écamage , en ce que les ouvriers mêleht avec Pètain plus ou moins du plomb ; 1'étam lui-même n'cft point toujours exempt de danger, & Mr. Mar graf a fait voir que celui qui eft le plus fin & lc plus pur contient prefque toujours de 1'arfenic. En outre cct étamage n'cft pas toujours fuffifant pour garantir ces vailfeaux de la rouille, & empêchcr de formcr du verdet, lequel étant pris intérieurement eft un véritabie piofun. II eft vrai qu'on peut fans aucun danger faire  320" Traité sur. laFalsificatiost cuire des aliments dans des vaiffeaux de Cuivre , tels que de la viande, du poiflbn, &c. pourvu qu'ils foient propres, bien purs, & fans verdet; même je donnerai la préférencc a ces vaiffeaux, fur ceux qui font mal étamés ; mais il ne faut point laiffer féjourner aucune matière dedans, car ils contracleront des qualités trés - nuifibles. II faudroit condamner tous les robinets de Cuivre dont on fe fert tant pour tirer dc Ia bierre, du vin, que du vinaigre, car nous avons obfervé qu'il y en avoit qui étoient incruftés de verdet. Nous ne pouvons point paffer fous filence 1'inconvénient qu'il y a de triturer dans des mortiers de Cuivre , des matières huileufes, ou falincs; inconvénient auquel plufieurs perfonncs de 1'art devroient faire plus d'attention : car ces matières en agiffants fur le Cuivre, forment d'un medicament falutaire, un d'autant plus nuifible qu'il contient une plus grande quantité de ce métal en diffolution. Les marchands de fel ne devroient point fe fervir des méfures de bois avec des cercles de Cuivre pour méfurer lc fel : il feroit néceffaire auffi de défendre le,s méfures de Cuivre, tant pour méfurer de 1'huile?  BES MÉDICAMENS. 329 que du lait; en un mot on nc devroit jamais fe fervir d'aucun vaiffeau de Cuivre, car par la moindre inattcntion ou par lc plus léger oubli, encore qu'il ne feroit point dangereux par lui - mcme, il le devient. On peut reconnoitre les matières qui en contiennent en diffolution , en y mêlant dc l'alkali volatil liquide qui leurs donne une couleur bleue. On doit bannir hors la médecine, pour Fin* térieur, toute préparation dans laquelle cc métal entre. Le Fer.. Ferrum , officin. Mars, chimic. Quoi- , que le plus commun des métaux , eft ccpendant le plus utile , il eft de couleur gris - obfeur , tirant un peu fur le noir, mais brillant, & argentin dans fa fracture ou 1'on diftingue des grains rhomboïdes: il eft très-compaclc , très-tenace , folide, le plus dur, & le plus éiaftique des métaux ; il eft peu maüéable: un fil d'un dixieme de poucc foutient , fans fe. rompre, un poid de quatre-cent cinquantc livres; après 1'étain, il eft le plus léger dc tous les métaux, un pied cube de Fer forgé péfe cinq-cents quatre-vingt livres ; il perd dans 1'eau entre un feptiemc, & un huitieme de fon poid. Ce métal eft la feulc fubftance connuc dans la  33° Traité sur la Falsification nature, qui foit attcrable par Paimanc, & qui puiffe devenir elle-même un aimant eapable a'attirer d'autres Fers. II lui faut un feu très^vioient pour le fondre. Tous les acides le diffolvent; l'aétion combinée de Pair & de l'eau le convertifknt en une rouille ou chaux jaunatre ,'privée de prefque tout fon phlogiftique ; Peau même fans lc fecours de Pair agit fur cc métal , le divife , & Fattenue confidérablement. On fait un grand ufage du Fer en médecine, on doit prendre garde que celui qu'on achete en limaille, ne contienne des parcelles de cuivre, ni des foudures, defquelles on ie peut féparer par Faimant. On peut reconnoitre fi le Fer eft diffout dans quelque liquide , ' par Palkali faturé dc la matière colorante du bleu de Pruilè, qu'il en précipité fous une couleur bleue. Le Fer fournit a la médecine des médicamens très-efficaces; il eft en quelque forte le leid métal qui n'a ricn de virulent; il faut qu'il foit bien divifé , ou uni avec quelque acide fous forme faline, quand on le fait prendre intérieurement: on Pordonne comme tonique, ftimulant, apéritif & fondant. II • produit de bons effets dans les maladies  des médicamens. 33£ qui ont pour caufe Pinertie, & la laxité des organcs qui fervent a la digeftion. On Fordonne auffi dans plufieurs affe&ions hyftériques, hypocondriaques & niélancoliques, dans les pales couleurs, la fupreöion des regies, certaines jauniffes, & autres maladies du menie genre. Vitriol de Mars , Vitriol verd , Couperofe verte, & Vitriol de fer. Vitriolum Martis, Vitriolum viridc, Vitriolum aglicanum, officin. C'eft un 'fel neutre métallique provenant du fer & de I'acide vitriolique : les cryftaux réguliers du Vitriol Martial font des cubes obliquanglcs, ou dont les fix faccs repréfentent des rhombcs égaux, dc eculeur verte, d'une faveur aftringente, métallique, & très-ftiptique, la furface de ces cryftaux fe ternit aifément , & fe couvre d'une rouille couleur orangé. Les alkalis fixes, & volatils, ainfi que les terres abforbentcs ont la propriété dc décompofer ce fel, &c d'en précipiter lc métal. II faut , pour en diffoudrc une livre , deux livres d'eau froidc , mais il fe diffout en plus grande quantité dans 1'eau chaude. II y a du Vitriol de Mars dans le commerce qui contient du cuivre, on le peut reconnoitre cn le faifant diffoudre dans l'eau, & en y mêlant quelques  332 Traité sur. la Falsification gouttes d'alkali volatil liquide. La diffolution devient bleuatrc , ce qui n'arrive point a celui qui en eft exempt. On 1'ordonne dans les obftru&ions provenantes du rélachement, dans 1'hydropifie , l'jcdeme , la cachexie 3 & les pales couleurs. La dofe eft depuis dix jufqu'a vingt grains. L'argent. Argentum, officin. Luna, chimic. eft un métal parfait, & le plus ductil des métaux après 1'or; d'une couleur blanche , brillante, compacte ; fonnant, réfiftant ainfi que Tor aux imprcffions du feu, fans fe détruire. Le picd cube de ce métal pèfe ordinairement onze mille cinqcent vingt - trois onces : un fil d'un dixieme, de pouce foutient fans le rompre un poid de deuxcent foixante & dix livres : il faut un dégrè de feu très-violent pour le faire entrer en fufion. L'acide nitreux eft le feul acide qui diffout facilement 1'Argent en maffe ; les autres acides font auffi capables de diffoudre ce métal; mais avec plus de difficulté. L'aétion de l'eau & dc 1'air combinéc nc 1'attaqucnt point, & n'y occafionnent aucune rouille. On ne fe fert cn médecine que de 1'Argent pur  DES MÉDICAMENS. 333 en feuilles dans quelques poudrcs, dans lefquelles, nous le croyons fort inutile. On s'en fert auili pour argenter les pillules , il faudroic pour que ces feuilles ne fuffent point nuifibles, qu'elles fuffent privées abfolument du cuivre auquel 1'Argent de commerce eit allié ; on peut reconnoitre celui-ci, en le faifant diifoudre dans I'acide nitreux trèspur, en y ajoutant de Falkali volatil liquide ; fi la diifolution ne bleuit pas, c'eft figne que 1'Argent en eft exempt. On ne doit point laiiTer féjourner des aliments dans des vafes d'Argent, car celui qui eft dans le commerce, & avec lequel ils font faits, contient plus ou moins de cuivre, fur lequel la plupart des matières ont de l'aétion, ce qui rend ces aliments très-nuifibles. Quelques auteurs attribuent a 1'Argent beaucoup de vertus , telles que d'ctre défobftruant, tonique, ccphalique , aftringent, &c. nous croyons qu'il fort du corps comme il y eft entré , & qu'il nc paffe nullement dans les humeura. Les Crystaux d'Argent , ou de Lune, ou Nitre Lunaire. Cryftalli Luna vel Hydrcgogum Lunare , officin. font un fel neutrc métallique formé de 1'argent & de I'acide nitreux. Ils font biancs, minces , tranfparents & feuilletés ; les feuilles  334 Traité sür la Falsificatiost qui les compofent font quelquefois hexagoncs & quelquefois triangulaire» j on les obticnt auili , principaicmènt quand on les fait en grand, en lames quarrées ou en parallélogrames reciangles. ♦ II les faut garder, fi on les veut tenir blancs, dans une bouteille bien fcrmée; car ils font fujets a fe ternir a 1'air. On nomme quoique improprement le Nitrc Lunaire , Vitriol Lunaire. Ce Sel ne contient aucun atöme d'acide vitriolique, & ce nom ne doit être donné qu'au fel formé par 1'union de 1'argent avec I'acide vitriolique. Pour que ce Sel foit pur, il faut qu'étant diffout dans 1'eau diftillée & quand on y ajoute de Palkali volatil liquide que cette diffolution ne bleuiife point, car fi elle bleuit, c'eft un figne qu'il contient du cuivre. II y a des médecins qui 1'ordonncnt comme évacuant, hydragogue & apéritif, a la dofe de fix a fept grains. Mais tout médecin prudent s'abftient de 1'ordonner ayant affez d'autres évacuants & apcritifs, lefquels il peut ordonner fans danger; car lc Nitre Lunaire eft très-cauftique; pris intérieurement il donne des tranchées, des douleurs  DES MÉDICAMENS. 335 & des refferements d'eftomac, il excice Pinflammation & donne la mort , écant pris en trop grande quantiio. La Pierre Infernale. Lapis Infernalis, officin. Les cryftaux d'argent faits par I'acide-nitreux font ellenrdeiiement la même chofe, & elle n'en diffère que paree qu'elle eft privée de fon eau de cryftallifation par la fufion» Elle a une couleur grife, plus ou moins brune; on la trouve ordinairement en cylindre plus ou muins gros, fi on la rpmpt en morceaux, on obfervé que 1'intérieur eft figuré en aiguilles, ou rayons qui vont de la circonférence au centre. Pour quelle foit bonne , il faut qu'elle foit faite avec 1'argent de coupelle, ou avec de 1'argent reffufcité de la lune cornée, car celui de vaiffellc contient toujours du cuivre lequel rend la Pierre Infernale moins cauftique, & lui donne 1'inconvcnient dc s'humeéter beaucoup a 1'air; cc que ne fait point celle faite avec 1'argent exempt dc cc métal. On peut reconnoitre celle faite avec 1'argent qui en contient, cn ce qu'elle eft ordinaircment d'une couleur verte , qu'elle attirc 1'humiditc dc 1'air, qu'elle n'cft point folide & fc brife faci-  33<5 Traité sur la Fa l si fi catioit lement, ce qui rend fon ufage peu fur & même accompagné de quelque danger ; & qu'étant diffouce dans de 1'eau diftillée, fi. on y ajoute de Falkali volatil liquide la diffolution prend une couleur bleuatre. On s'en fert pour confommer les chairs baveufes & molaffcs des ulcères. Pour avancer leurs cicatrices; elle raffermit les chairs, & ne s'oppofe point a la régénération des bonnes; elle détruit très-bien les callofités: on s'en fert auili pour ouvrir ies abcès; & pour guérir les fiftulcs a 1'anus. Son ufage intérieur eft encore- plus violent que les cryftaux d'argent. L'Or , qui eft auffi nommé lc Roi des Métaux. Altruin, officin. Sol, chimic. eft un métal parfait, & le plus duclile de tous les métaux; d'une couleur jaune , brillante, & éclatante; d'une médiocre duretéj lc plus péfant de tous les métaux; il n'a ni odeur, ni faveur : il perd , péfé a la balance hydroftatique, entre un dix-neuvieme & un vingtieme de fon poid; il eft de tous les métaux, celui dont les parties font les pius tcnaces ; un fil d'un dixieme dc pouce de diamêtre, avant de fe rompre, foutient un poid dc cinq-cent livres : il faut un feu affez violent  DES MÉDICAMENS» 337 violent pour faire entrer ce métal en fufion; il ne fouifre aucune akération ni diminution de poid au feu; il n'éprouve auili aucune akération de la part de 1'air & de 1'eau, foit feul ou combine ; il réfifte aux plus forts diffolvants firn pies de la chimie,. tant que fon agrégation n'cft pas rompue; mais ü fc diifuut très-bicn dans l'eau regale. On fait ufage en médecine de 1'Or battu en feuilles pour les mêler avec quelques poudres ou opiats* dans lefqucls il nc fait point de mal, s'il eft exempt d'une certaine quantité du cuivre avec lequel il eft fouvent allié ; on dors auffi les pillules avec ce métal en feuilles. On doit faire attention qu'au lieu de 1'Or ce ne foit du cuivre jaune battu en feuilles , lefquelles font a reconnoitre en ce qu'elles fe ditfolvent dans I'acide nitreux, & 1'Or ne s'y diffout pas. Quoiquc 1'Or ne fe laiife point attaquer par lea acides fimplcs, les matières graifes &c., il feroit uès-imprudent de laiifer féjourner dans des vafca faits de ce métal , des aliments qui ont de 1'action fur le cuivre ; car 1'Or du commerce en eft toujours mêlé avec une certaine quantité. On a cru que 1'Or étoit céphalique, tonique % w  338 Traité sur. la Falsification cprdi&l, propre pour mettre les humeurs en mouvement, & pour diüiper les chagries ; nous fommes du fentiment que 1'Or , pris intérieurement, n'a pas pius de vertu que 1'argent , cependant nous croions que 1'un & l'autre de ces" métaux font capables de diffiper Ie chagrin , principalement a ceux qui en manquent k qui en ont befoin. L'Alun. Aki mm , officin. eft un fel neutre, blanc, tranfparent, comjpofé de I'acide vitriolique uni a une terre argilleufe, aiant un goüt acerbe, douceatre & aftringent, lequel lui vient par cc qu'il eit avec excès d'acide. La figure des fes cryftaux eft fujette a beaucoup de variétés, fuivant les circonftancës qui concourrent a la cryftallifation ; on en trcuve cependant le plus grand nombre figurés en piramides triangulaires dont les quatre angles folides font coupés. II contient environ la moitié de fon poid d'eau de cryftallifation : il rougit un peu la couleur bleue des végétaux. Cc Sel fe diffout en grande quantité dans 1'eau; mais moins dans l'eau ffoide que dans l'eau chaude. Étant mis dans un creufet au feu, il entre en liquéfaction a méfure que fon eau de cryftallifation s'évapore, cette liquéfaction diminue  DES MÉDICAMENS. 339 quand elle eft entièrement évaporée ; on trouve aiors 1'Alun fous une forme féche, rariiié, bourfouflé & très-friable, c'eft VAlun calciné; tous les alkalis le décompofent, ainfi que les terres calcaires & quelques fubftances métalliques, telles que le fes & le zinc. On cftime, & c'eft auffi le plus pur , 1'Alun de Rome , c'eft celui qui eft exempt des matières métalliques; il eft un peu rougeatre en déhors* & cn dedans clair & tranfparent. L'autre forte eft nommée Alun d'Angleterre , on le doit choifir fee , clair, & prefque auffi tranfparent que le cryftali celui qui vient du pays de Liège & de Mézieres, eft plus gras & moins pur; on doit réjetter celui qui a 1'ccil rouge, comme étant le plus impur, & qui contient du vitriol martial. On peut auffi reconnoitre celui qui en contient , foit par 1'aikali faturé de la matière colorante du bleu de Berliri qui en précipité le mare en couleur bleue, ou pat la teinture dc noix de galle qui le précipité cn noir. II y a des médecins qui regardent 1'Alun comme un iiiptique fur, qui convient dans les maladies oii les principales indtcations font de fortifier & de refferrer, comme dans les fleurs blanches , les flux immodérés des regies, les hémorrhagics , les diar-  34° Traite sur. la Falsipicatioic rhées, les vomiffèments de fang ; dans certaines hémopthyfies & dans les gonorrhées : il faut obferver au fujet de ce rémede qu'il faut qu'il foit prefcrit par un médecin éclairé, & qui foit capabie de diftinguer fx les maladies dont nous venons de parler, ne font point occaiionnées ou accompagnées par 1'cngorgcment , ou inflammation : il y a d'autres médecins qui confeillent de n'en jamais faire ufage intérieurement a caufe qu'il eft fort aftringent , & qu'il a un peu de caufticité. La dofe ordinaire eft depuis trois jufqu'a vingt grains. On emploie 1'Alun a 1'extérieur pour reiferrer & fortifier les parties fur lefquelles on 1'appliquc ; ce Sel eft un répercuiiif très-efficace, & fait de trésbons effets dans les gargarifmes & collyres adferingents : on s'en fert auili calciné, pour foupoudrcr les chairs molles & fongueufes qui s'oppofent a la cicatrifation des ulcères. Le Borax , Colle d'Or. Boracium , five Cryfocolla, officin. Tinchar > Auri Colla, Gluten Auri s quorumd. eft unc matière faline , compofée de partie égale d'alkali minéral & d'un fel particulier qu'on nomme fel fédatif: la figure ordinaire des cryftaux du Borax eft un prifme hexaèdre comprimé, aiant  DES MÉDICAMENS. S4I deux faces oppofées , plus larges que les autres, terminé par deux fommets; on en trouve auiii qui eit en cryftaux prifmatiques, hexagones, tronqués, un peu irréguliers , & femblables aux cryftaux de nitre, cu formés dc prifmes octogones, triedres, placés en fens contraire. Ces crj^itaux font blanks, tranfparents, . ont un goüt affez doux d'abord mais qui devient bientót acre & laiife un goüt urineux. On a jufqu'a cc tems ignoré fi le Borax étoit un corps naturel , ou un produit de Part; il paroit , d'après les découvertcs qu'a faites Mr. Eo'èfcr apoticaire du grand Duc dc 1 ofcane, que les eaux de plufieurs Lacs de ce pays , comme celles de CaficlnuGvo & dc Monterotondo tiennent du fel fédatif cn diifolution, lequel mclé avec falkali marin, forme le Borax; que ce fel eft un produit de la nature; cependant, d'après ce que Mr. Beaumé en rapporte, on peut auili obtenir ce fel par 1'art. Le Borax expofé au feu il s'y liquéfie; d'abord il s'y calcine en fe gonflant & s'y rarèfie, il entre après cn fufion , & forme une efpèce de verre trèstendre. II faut vingt-cinq parties d'eau pour diifoudre une partie de Borax , les acides le décompofent, & s'uniifent avec fa matière alkaline qui lui fert de bafe, & forme avec elle des ièis neutres,  34?- Traité eur la Falsification qui font les meines que ceux qui réfultent de 1'union de ces meines acides avec i'aikali marin, II ne fe décompcfe pas au feu : une livre de ce -fel donne étant mis en diftillation , fept onces de liquide, ce qui prouve qu'il contient,a'peu pres la moitié de fon poid d'eau dc cryftallifation; ce qui refte dans la cornue eft le fel privé feulement de fon eau de cryftallifation. Sa diifolution verdit la couleur bleue des végétaux, & jaunit ia diffolution du fublimé corrofif. On falfifie le Borax en le mc'angeant avec 1'alun, ou le fel gemme : on peut reconnoitre 1'alun qui eft mêlangé en le faifant diffoudre dans l'eau; & en jettant deifus dc i'aikali, la terre dc 1'alun fe précipitera : on lc peut auffi diftinguer de 1'alun , en ce qu'il ne fe calcine point au feu comme cette fubftance : on reconnoit la prefence du fel gemme, en jettant deifus dc I'acide vitriolique qui dégagera I'acide marin lequel eft aifé a reconnoitre a fon Odeur qui tire fur celle de fafran , & en ce qu'il pe décrépïte point fur lc feu comme elle. Le Borax paffe pour apéritif, emmenagogue, diuïétique , & fondant; on le recommande pour facilitcr i'accouchcment, & l'cxtra&ion 'du placenta ; on  DES MÉDICAMENS. 343 n'ignore pas que les rémèdes qui font trop irritants font communement dangereux dans ces derniers cas; & que les fecours méchamques qu'on tire de la main fcalc d'un 'oor. accoucheur font a préferer. La dofe eft depuis dix jufqu'a trente grams. On s'en fur: extéricuremev.t pour rafermir les chairs des vieux ulcères, pour dc.fucher les dartres, & les galles. Sel sédatif. Sul fedathnim , officin. C'eft une fubftance faline concrete & cryftaiiifée , laquelle on obtient du borax , par le moyen des acides foit miné raux , foit végétaux, ou par la cryftallifation, ou par la fublimation; on en trouve auffi du naturel dans les lacs de CaftelnuovQ & dc Monterotondo, dans le duché de Tofcane. H a la propriété dc dégagcr les acides tant du fel de nitre , que du fel marin, en s'cmparant dc leur bafe; il a une faveur foiblcmcnt acide; il rougit fur le champ la teinture de tournefol, & altère , quoique lentcment, le firop de violcttcs; il eft du nombre des fels qui fe diffolvent dans l'efprit de vin , & a la propriété de communiquer 'une belle couleur verte a fa flamme. Ce Sel réfifte a tous les agens les plus puiifmts qu'on puifl'e employer pour décompoièr les ïubitanees faHries; ii demande beaucoup d'eau pour être diifout;  344 Traité sur la Falsification & il fe diffout en plus grande quantité dans 1'eau chaude que dans l'eau froide, II nc fe fublimé qu'a la faveur de l'eau de fa cryftallifation qu'il contient , car lorfqu'il cn eft privé, le feu le plus fort n'eft pas capable dc le fublimer, il y refte fixe, & fe vitrifie; ce Sel ainfi Vitrifié conferve entièrement fon caraclere faiin ; & en le faifant diffoudre dans l'eau, on peut enfuite lc cryftaliifer, & le fublimer de nouveau. II faut choifir le Sel fédatif, fait par la cryftallifation , cryftallifé en lames femblabfes a des écailïes de poiffons, ou a du mica; de couleur blanc prgentin, doux au toucher, & lorfqu'on le froiffe entre les doigts faifant un petit craquement; & réjetter celui qui eft jaunatre, ainfi que celui dont les cryftaux font taillés en pointe de diamant, ou en écailles fort épaiffes ; car ils font compofés du Sei fédatif, & du fel de glaubcr qui fe font cryfi tallifés enfemb'e. On mêle & on vend fouvent le Sel fédatif cryftallifé , pour du Sei fédatif fublimé ; cette fraude efta reconnoitre en ce que le Sel fédatif fublimé, lequel eft le plus cher, eft très-légcr, en flocons formés de petites lames , très-blanc , ayant tres-  des médicamens. 345 peu de faveur, & que celui fait par cryftallifation, eft moins blanc & plus péfant. Homberg, invcntcur de ce Sel, 1'a vanté comme anodin, nervin, calmant, lequel convient dans tcutes les fievres ardentes, dans les affections des nerfs, dans ks épilepfies, les ccnvuifions, les délires, dans les vapcurs hypocondriaques, & byftériques, cependant depuis qu'on en a fait ufage , il nc paroit pas que la vertu fédative cn ait été bien conftatée; plufieurs médecins aifurent même qu'il le faut prendre a une dofe de trente, ou foixantc grains, au lieu dc celle de quclqucs grains peur cn voir des eifets, laquelle dofe on peut même augmenter, Sel d'Epsom , Sel cathartique d'Anglcterrc. Sal Ebskamcnfe vel Epfomence , Sal Anglicanum caiharacticum amarum, officin. C'eft un Selncutrc, compofé de I'acide vitriolique uni a unc matière ter- . rcufe , connue fous lc nom de magnéfie. II eft blanc & tranfparent, cryftallifé en figure prifmatique & quad rangulaire; il a unc faveur peu piquante, aifez fraiehe, fuivic d'une amertume beaucoup plus grande que celle du fel dc glauber. II s'humecle un peu lorfqu'il eft expofé pendant quelque tems a un air qui n'eft pas très-fec ; il fe diifout cn tres-grande auantité dans l'eau bouillantc, & fc cryftallifé par  34<5 Traité sur la Falsificatio n refroidiffement; fes cryftaux retiennent beaucoup d'eau de cryftallifarion, a la faveur dc laquelle ils fe liquéfienc , lorfqu'on les chauffe promptement, & forcement; il perd en fondant la moitié de fon poid d'eau, & a la propriété d'exalter un peu la couleur bleue du firop de violettes; mais il ne fe diifout point dans l'efprit de vin rcétifié. On fubftitue & on trouve dans le commerce, fous le nom dc Sel d'Epfom , un fel de glaubcr mal cryftallifé ; on peut reconnoitre cette fraude , en diffolvant ce Sel dans l'eau , & en y mêlant de I'aikali ; fi c'eft du fel de glauber il n'y aura point de précipité , mais fi c'eft du Sel d'Epfom la liqueur fe troublera & il s'y formera un précipité blanc. II eft fondant , apéritif, légerement ftimulant & purgatif , étant pris a la dofe d'une once , ou une once & demie; on Fordonne quelquefois a la dofe d'un gros ou deux pour procurer légerement la liberté du. ventre , & a cette dofe il agit fouvent par les urines, & comme apéritif. Le Sel de Sedlitz ne diffère en rien du Sel d'Epfom, & c'eft a ce Sel que l'eau de Sedlitz ainfi que plufieurs autres eaux minéralcs amcres doivent leur vertu purgative pu laxative.  des médicamens. 347 La Magnésie du Sel d'Epsom. Magnejia Epfomcnce, officin. cit une terre alkaline très-fine, légere, infipide, d'une blancheur éclatante ; formant une pate avec l'eau, mais qui n'a prefque point dc liant: laquelle a étéprécipitée duScl d'Epfom par un alkali. Avec I'acide vitriolique, elle forme le Sel d'Epfom , dont nous venons de parler , & qu'on pourc-it nommcr vitriol de Magnéfie; avec I'acide nitreux, elle forme un Sel cryftaliifable, dont les cryftaux font prifmatiques quadrangulaires , fpathiques fans pyramides ; d'un faveur acre très-amèrc, qui s'humeclent un peu a un air humide. L'acide marin la diffout auffi, mais cette diffolution ne peut point être réduite en cryftaux qu'en 1'expofant fubitement a un grand froid , après 1'avoir concentrée par 1'évaporation ; ces cryftaux qui font petits attirent très-vite 1'humidité de 1'atmofphêre , & ont un goüt très-amer. Lc Sel marin de Magnéfie, ainfi que le Sel de nitre de Magnéfie ont la propriété dc fe diffoudre dans l'efprit de vin. La Magnéfie dLToute par le vinaigrc diftillé ne donne point de cryftaux; mais une maffe faline, laquelle étant chaudc reifemble a de la colle forte, tant par la couleur, que par  34^ Traité sur. la Falsificatiou fa confiftence, en réfroidiifant elle devienc folide &. caifante : l'efprit de vin diifout ce Sel acéteux. Elle n'eft point une terre argilleufe. Quoiqu'elie a différcntes propriétés communes avec les terres calcaires, elle en diffère effentiellement. Lorfqu'elle a été précipitée par un alkali non cauftique , elle fait effervefcence avec les acides; propriété qu'elle a commune avec les terres calcaires : le gas qui s'en dcgnge pendant fon effervefcence avec les acides, eft de mcme nature que celui qui fe dégage des terres calcaires : on le peut auffi obtenir tant de la Magnéfie que des terres calcaires par Ja feule action du feu. La Magnéfie & les terres calcaires calcinées fe diffolvent dans les acides fans faire d'cifervefcence : mais la différence qui fe trouve entre ces deux terres confifte i.° que la Magnéfie calcinée n'a ni la caufticité , ni la'diffolubilité dans l'eau, ni aucune des propriétés de la chaux vive. 2.0 La Magnéfie ayant tout fon gas a la propriété de précipiter les terres calcaires unies aux acides, en terre calcaire effervefcente , & après qu'elle a été calcinée , elle n'occafionne plus cette précipitation. 3.0 La Magnéfie non calcinée a auffi la propriété de précipiter la terre calcaire hors de l'eau de chaux, en terre calcaire effervefcente , lequel effet elle ne  DES MÉDICAMENS. J4p produit plus étant calcinée. Ges diffèrenccs, reünies avec la diffèfence des fels formés par 1'union de ces deux cerres avec les acides tant minéraux que végétaux, ne permettent aucunement de les confondre. On vend fouvent pour de la Magnéfie d'Epfom , celle qu'on a obtcnue en faifant précipiter par un alkali la terre contcnue dans les caux mères du fel de nitrc &; du fel marin, celle-ci diifère abfolument dc l'autre & n'cft qu'une terre calcaire, laquelle on peut diftinguer de l'autre par ce que nous venons de dire. On trouve auffi une matière qu'on vend pour de la Magnéfie, laquelle n'eft que de la felénite provenant des eaux mères du hitre ou dc fel marin auxquelles on a ajouté dc I'acide vitriolique : on reconnoit cette prétendue Magnéfie en ce qu'elle fe diffout entièrement dans 1'eau. On mêle quelquefois avec la Magnéfie d'Epfom des terres calcaires pour augmenter fon poid : on reconnoit cette fraude en faifant diffoudre celle ainfi falfifiéc dans I'acide nitreux , car l'eau de chaux a la propriété de décompoferle nitre de Magnéfie & on peut par fon moyen reconnoitre la fraude, &: la féparcr de la terre calcaire avec laquelle elle étoit mêléc. On ordonne la Magnéfie comme abforbant, pro-  qgo Traité sus. la Falsificatiost pre a détruire les aigreurs : étant donnée en grande dofe, comme d'une once, elle devient purgative. Nous avons quelquefois obfervé que les malades qui faifoient ufage des abforbants fe plaignoicnt des gonflements, des vents & des mêmes douleurs que produit l'aétion des aigreurs libres dans les prémières voies ; lefquelles nous croions provenir du dégagement du gas que contiennent ces abforbants, lequel fe dégage quand elles s'uniflent aux acides; car ceux qui font ufage contre les aigreurs de la Magnéfie d'Angletcrre privée de fon gas par la calcination, nc fe plaigncnt point de ces accidens. Le Sel de Glauber.* qu'on nomme auffi Sel admirable dè Glauber. Sal catharticus, vel Sal ad~ mirabilis Glauberi, officin. eft un Scl neutre compofé de I'acide vitriolique uni a I'aikali marin. Ces cryftaux font trés - tranfparents, blancs , ré~ préfentants des fblides allongés, ou des efpèces de colonnes dont la furface eft ftriée dans le fens de leur longeur: il eft d'une faveur falée, défagréable & amère. Les cryftaux du fel dc Glauber perdent très-promptement leurs eaux de cryftallifation, étant expefés a un air fee, & fe réduifent en une pouffiere faline d'un blanc mat : ils contiennent prefque la moitié de leur poid d'eau de cryftallifation :  DES MÉDICAMEJfS. 1'eau chaude en diffout environ fon poid égal, mais il faut environ fix parties d'eau froide pour en diffoudre une partie parfaitement, & au point de faire paffer la diffolution par le fiitre de papier: étants expofés au feu ils entrent aifcment en liquéfaction aqueufe, a caufe de leur grande quantité d'eau de cryftallifation qu'ils contiennent. Ce Sel eft décompofé par le phlogiftique; I'acide nitreux le décompofé de même, & forme avec lui lc nitre quadrangulaire; I'acide marin n'a aucune action fur lui i ce Sel deffeché , ne fe diffout point fenfiblcment dans fefprit de vin rectifié, cependant la flamme en prend unc couleur rouge affez vive: ce Sel ne change point la couleur bleue des végétaux. On doit choifir le Sel de Glauber en beaux cryftaux blancs ; & réjetter ceux qui font roux, ainfi que ceux qui font cn poudre. Cc Sel mal cryftallifé a quelque rcffcmblance avec le nitre, mais on peut réconnoitre ce dernier en ce qu'il détonne étant jetté fur les charbons ardens, ce que ne fait point le Sel dc Glauber. On 1'emploie comme un apéritif, & un purgatif  352 Traité sur la Falsificatiöi? fort doux ; il agit quelquefois par les urines. La dofe eft depuis deux gros jufqu'a une once. Tartre vitriolê , Nitre vitriolé, Sel de deux, doublé Arcane, Sel polychreft. Tartarum vitriolaturn , Nitrum vitriolatum , Sal de duobus , Areanltm duplicatum, Sal polychreflum, officin. C'eft un Sel neutre compofé de I'acide vitriolique & de I'aikali végétal: il a peu de faveur , mais cette faveur a quelque chofe de défagréable , fans avoir rien d'acre ni rien de piquant ; il eft en petits cryftaux, lefquels font de polyhèdres a un nombre dc faccs plus ou moins grandes , car la cryftallifation dc ce Sel diffère beaucoup a eet égard, c'eft même un dc ceux dont la figure des cryftaux eft la moins conftante ; il paroit que leur forme la plus parfaite eft un prifme hexaèdre", terminé a 1'une & l'autre extrêmité par une pyramide auffi hexaèdre : il décrépite lorfqu'on 1'échauffe fortement & brufquement; il exigc beaucoup d'eau pour fe diifoudre, & fe diifout cn plus grande quantité dans l'eau chaude que dans l'eau froide : il ne change point la couleur bleue de végétaux : I'acide nitreux le décompofé , ainfi que le phlogiftique; les acides végétaux tels que le tartre, le vinaigre &c. ont auffi la propriété de le décompofer; mais I'acide  DES MÉDICAMEMS. 35S I'acide marin n'a aucune action fur lui: ce Sel ne contient qu'une petite quantité d'eau de cryftallifation , il n'cft point fufceptible de liquéfaction a la faveur dc cette eau, Sc il lui faut un dégré de chaleur trés-fort pour fe vitrifier. On doit choifir ce Sel en cryftaux blancs; & réjetter ceux qui font roux. II y cn a qui compofent des médicaments & qui font évaporer la diffolution dc cc Sel jufqu'a ficcité, au lieu dc ie faire cryftallifer., & le vendent ainfi cn poudre; il ne faut point faire ufage de cettre poudre, car nous avons obfervé que fouvent elle contient ou trop d'alkali, ou trop d'acide ; puifqu'clle verdiifoit OU rbugiffoit la couleur bleue des végétaux. Plufieurs perfonnes de Part ont cru , 8c croienfi encore qu'il y a de la diiférence entre le Sel de deux, lc Tartre vitriolé , lc Sel polychreft Sec. cependant , tant par Panalyfe chimique que par les cffets que ces Seis produifent , on voit que ces nomS doivent être pris pour des fynonimes. On s'en fert en médecine comme apéritif, étant donné en petite dofe, comme d'un gros; 8c laxatif a la dofe depuis fix gros jufqu'a une once : lc Tartre vitriolé, fous le nom de Sel de duo- X  354 Traité sur la Falsification bus, a eu une grande vogue pour les épanchemens du iait, on 1'a regardé jufqu'a ces derniers tems, & il y a des pracicicns qui. le regardcnt encore ,( comme le meilleur fondant, & évacuant qu'on puilfe emploier dans cette maladie. Sel de Nitre , ou Salpêtre. Sal Nitrum, officin. C'eft un Sel neutre, compofé de I'acide nitreux uni a Falkali végétal. Les cryftaux dc ce Sel font tranfparents , ils paroiifcnt ctre des prifmes hexaëdrcs terminés par deux pyramides hexaëdrcs très-courtes réiativemcnt a la longueur du prifme; il eft rare qu'on les trouve fi réguliers, la plupart n'ont qu'une pointe bien terminéc, l'autre eft raboteufe & paroit comme fi elle eut été rompue : il a un goüt falé , un peu frais, fuivi d'un arrière goüt qui n'eft point agréable: quoiqu'il fe diffout facilement dans l'eau froide; cependant il fe diffout en plus grande quantité dans l'eau chaude: il n'eft point déliquefcent a un air humide, mais c'eft un des Seis neutres qui fe fond le plus aifément au feu. II eft décompofé par le phlogiftique; il fe laiife auffi décompofer par I'acide vitriolique, le Sel fédatif, 1'arfenic, & I'acide phofphorique; il n'altère point la couleur bleue des végétaux. On doit choifir le Nitre, pour la médecine, ea  DES MÉDICAMENS. 3££ cryftaux blancs & tranfparcnts; il faut réjetter ceux qui font rouflatres , & prendre garde qu'ils ne foient mêlés avec du Sel de glauber , car ces cryftaux. fe reffemblent en quelque fagon, mais il eft aifé dc les reconnoitre; car le Nitre étant jetté fur les charbons ardens y détonnc, ce que ne fait- point le Scl de glauber. On donne lc Nitre comme rafraichiifant, antifpafmodique , diurétique, diaphorétique, & antiputridc. La dofe eft depuis fix jufqu'a foixante grains; lorfqu'on le prend a la dofe d'une demie once ü devient purgatif. Sel de Saignette, Sel polychreft de la RochelleV Sal Saignettce, Sal polychreftitm de Saignette, officin; C'eft un Sel neutre compofé de I'acide tartarcux combiné avec I'aikali minéral. II eft en cryftaux blancs, tranfparens; & lorfqu'ils font réguliers, cé font des prifmes hexacdres tronqués aux deux bouts^ ils contiennent beaucoup d'eau dans leurs cryftallifations : il fc diifout en plus grande quantité dans l'eau chaudc, que dans l'eau froide : il a une faveur falée, médiocrement forte & défagréable; il devient farineux a fair fee; il n'altére point la couleur bleue des végétaux. On doit choifir ce Sel en cryftaux blancs & tranf-  356 Traité sur ia Falsificatiok parents; & réjetter ceux qui font rouüatres : ainft que celui qui a été évaporé a ficciié. Nous avons vu du fel ce glauber qu'on vendoit dans lc commerce pour du Sel de Saignette, qui avoit 1'extéricur de ce fel mal cryftallifé; cei.ee fraude eft a reconnoitre en mettant fur les charbons ardens du Sel de Saignette, il en exhale Une odeur dc tartre, laquelle n'eft point produice par le fel de glauber. On ordonne le Sel de Saignette comme altérant, & apéritif; ia dofe eft d'une ou de deux dragmes; il eft un bon purgatif minoratif a la dofe d'une once ou d'une once & demie. Sel végétal , Tartre tarcarifé , Tartre folublc. Sal vegetabile, Tartarum vegetabile, Tartaram tartarifatum, Tartarum 'felubik, officin. C'eft un Sel neutre compöfé de i'acide tartareux & de I'aikali fixe végétai : fes cryftaux fent des carrés lengs terminés par deqx bifeaux, d'une faveur amère ; ils fe diifolvent dans quatre parties d'eau diftillée , les acides minéraux les décompofent, ainfi que la plupart des diffól utions métalliques: ils ne changent point la couleur bleue des végétaux. On doit choifir cc Sel cn cryftaux blancs; onle trouve fouvent cn poudre, paree qu'on le fait éva-  DES MÉDICAMENS. 357 porer jufqu'a ff cué au lieu de le cryftallifer. Nous en avons vu qui n*étuit que de la crème dc tartre en poudre mêléc avec de I'aikali végétal auili en poudre : on reconnoit cette fraude en ce que ce mélange verdit tout cie fuite la couleur bleue des végétaux , & que lc Sel végétal n'y occaiionne aucun changement. 11 paroit que lc Sel végétal a les mèmes vertus que le fel de faigncttc, ce dernier a cependant pris unc grande fupériorité fur le prémier. La Terre foliée de Tartre , Tartre régéneré , Sel diurétique, Magiftère fecret de Tartre, Magiftère purgatif de Tartre , Sel effentiel du vin , Arcane du Tartre , Huile de Tartre de Senncrt, Sel elfentiel de Tartre. Terra foliata Tartarï, Tartarum regeneratum , Sal diureticum, Magifterium Tartarï arcanum, Mag'jlerium purgans Tartarï, Oleum Tartari Sennerti, Sal ejjaitiale Vinï, officin. eit un Sel neutrc déliquefcent, compofé de i'acide acéteux & de I'aikali végétal : c'eft improprement qu'on a donné le nom de Terre a ce Sel, c'eft fans doute a caufe de fón apparence terreufe qu'on fa ainii nommé. II eft blanc, d'un goüt légerement piquant, fans qu'on y démêle rien d'acrc, favonncux & doux au toucher; étant parfaitcment ncutre, il nc rougit ni ne  35^ Traité sur la Falsification verdit point ia teinture bleue des végétaux; il fe diffout entièrement dans Fefprit de vin ; il attire très-vite Fhumidité de 1'air, la fcule action du feu décompofé facilement ce Sel neutre; il eit auffi décompofé par les acides minéraux. La Terre foliée de Tartre doit être choifie blanche , ne changeant point la couleur bleue des végétaux; il faut réjetter celle qui eft noiratre, couleur qui lui provient fouvent pour Favoir faite deffêcher dans des vaiffeaux de fer; on Fa falfiiie en y mêlant du fel végétal; on peut découvrir cette fraude en ce que la Terre foliée de Tartre fe diifout aifément dans l'efprit de vin & ce liquide n'a prefatie point d'aóiion fur le fel végétal. Elle eft un des apéritifs le plus fur, non feulement dans Pengorgement des glandes conglomerées; mais auffi dans celles qu'on nomme conglobécs; elle eft auffi très-efficace dans les engorgements, & dépots qui fe font de la matière laiteufe , qui n'a pu s'évacuer après 1'accouchcmcnt; on peut auffi 1'cmploier pour réfoudre les tumeurs fcrophuleufes, $t fouvent elle a reuffi oü d'autres fondants avoient manqués; elle eft un purgatif très-doux, on peut s'en fervir avec fuccès pour purgcr les hypocondriaques & quelques femmes hyftériques; eu égard  DES MÉDICAMENS. 359 a fa grande pénétrabilité elle eft préférable dans plufieurs circonitances au favon blanc, quoique ce dernier cfc auffi un tres-grand fondant; la chêrcté peut être la caufe qu'on s'en fert fi peu. La dofe eft depuis un fcrupule jufqu'a deux gros; & pour s'en fervir comme purgatif, la dofe eft depuis deux jufqu'a fix gros, felon la ccnftitution du malade. Sel Ammoniac , Sal Ammonkanum, SalArmeniacum, Sal Cyrenakum, oflicin. II eft compofé de I'acide marin uni a I'aikali volatil jufqu'au point de faturation. II eft demi-volatil, & fe fublimé, dans les vaiffeaux clos lorfqu'il éprouve une chaleur affez forte, en une maffe affez compacte , dans laquelle on remarque des filets appliqués dans leur longueur parallciement les uns aux autres: il eft tres-blanc, demi - tranfparent, d'une faveur beaucoup plus vive J. B. Acetofa pratenfis, C. B. P. Celui qu'on trouve le plus dans le commerce vient dc la Suiife. Nous avons effaié pour le faire ici; mais la petite quantité que nous cn avons tiré ne pouvoit point dédommagcr des frais. II fe dilfout dans l'eau fans prefque en troublcr la tranfparence , & fe cryftallifé de nouveau : il fait effervefcence avec falkali fixe , & forme avec lui un fel ncutre qui reffemblc beaucoup au tartrc foluble; il rougit la couleur bleue des végétaux, & précipité la diifolution du mercure faite par I'acide nitreux , le précipité qui cn provient eft prefque entièrement diifolubic dans feau. Unc once de ce Scl donne , étant diftillé dans unc cornue , trois gros & demi de liqueur acide , claire & fans couleur , d'une légère odeur d'acide marin ; cct acide a la propriété dc précipiter cn blanc la diffolution du mercure faite par I'acide ni-  374 Traité sur la Falsification treux. Le Sel d'Ofeille chauffé dans un creufet repand une odeur qui reffemble un peu a celle du tartre qui brüle, & laiife cxhalcr une odeur d'acide pénétrante; il devient charbonneux & s'enflamme ; la fiamme eft d'une couleur bleue comme celle dc l'efprit de vin, il laiife après fa combuftion un fel blanc, lequel forme, avec I'acide marin, des cryftaux cubiques. Ce Sel effentiel étant plus cher que la crème de tartre, on le falfifie ordinairement avec; cette fraude eft a reconnoitre en jettant de ce Sel fur les" charbons ardens, s'il en contient , on fentira 1'odeur du tartre qui brüle ; celui qui eft pur y bouillonne fans rien laiffer exhaler, & y laiife un Sel blanc fpongieux, d'un goüt légerement aikalin. Quoiqu'en général on faffe peu d'ufage du Sel d'Ofeille en médecine, cependant cn qualité d'acide il eft propre potir appaifer la foif, il pouffe par les urines, & convient dans les cas oü les acides végétaux font cmploiés; on le fait entrer dans les tifanes, dans les apofèmes, dans les potions &c. : on en fait auili des paftilles avec du fucre, lefquelles on aromatife avec 1'effence d'orange ou de citron. La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu'a foixante  des Médicamens. 375 L'Acide Vitriolique , lequel on nomme quoïque impropremenc Efprit de vicriol. Spiritus Vitrioli, officin. & lorfqu'il eft concentré , Huile dc Vicriol, O leun Vitrioli. officin. eft lc plus fimple des acides, fuivant Beccher & Sthal, & par conféq'uc'nc 16 plus fimple d'entre les fubftances faüncs . lorfqu'il eft très-concentré , il a moins de fluidité que 1'eau, il file prefque comme de i'huile , & en cn prenant une goutte entre les doigts il paroit gras comme elle; lorfqu'il eft pur, il eft fans odeur & fans couleur; fa faveur eft violemment aigre & acide; ii change cn couleur rouge la couleur bleue des végétaux; étant concentré & mclé avec l'eau, il produit une chaleur qui furpaife celle dc l'eau bouillantc; il attire 1'humidité de 1'air. En fe combinant avec les principes inflammables , il forme deux compofés dilférens; le premier qui nait d'une union intime de eet acide, privé dé toute eau furabondante a fon eifence faline, avec le phlogiftique pur, fe nomme foufre. Le fecond , qui eft le réfultat d'une combinaifon de eet acide aqueux avec le principe inflammable, fc nomme acide fulphureux volatil. Les fubftances terrcufes fe Jaiffent diffbudre avee plus ou moins de facilité par eet acide, fuivant 4» 1  37°" Traité sur la Falsification leur nature, & forment avec lui différens fels: il fe combine auffi jufqu'au point de faturation avec les alkalis, tant végétaux, minéraux que volatils , & forme avec eux différents fels: 1'Acide Vitriolique décompofé le fel de nitre & le fel marin : il a en géneral de l'aétion fur toutes les fubftances métalliques, & forme avec ces matières des fels neutres a bafe métaliique. Lorfqu'il eft concentré, il agit auffi avec beaucoup de force fur toutes les huiles, & les fubftances huileufes concrêtes, il les décompofé cn partie, les noircit & les brüle en quelque forte. Etant concentré il préfente différens phénomênes avec l'efprit de vin, fuivant les proportions de ces deux fubftances, & fuivant les manipulations que Ton emploic. II doit être choifi. blanc , tranfparent , fans odeur , le plus péfant qu'on peut trouver. Celui qu'on trouve dans le commerce eft trés - fouvent blanchi par du nitre qu'on y a ajouté : pour les opérations ordinaires cc peu de tartrc vitriolé qui s'cft formé par la combinaifon de 1'Acide Vitriolique & de falkali qui a fervi dc bafc au nitre, ne peut point nüire; mais il y a des opérations oü  DES MÉDICAMENS. 377 il faut eet acide pur; pour Pavoir tel il le faut diftiHer, & on trouvera le tartre vitriolé au fond. Cet Acide tiré du Vitriol bleu contient du cuivre cn diifolution , lequel on y peut découvrir par I'aikali volatil lequel rend fa couleur bleuatre. L'Acide Vitriolique concentré eft un des corrofifs le plus violent , mais lors qu'il eft étendu dans de l'eau il devient un médicament tres-utile dans plufieurs efpèces de fievres, & dans lc cas oü on craint les eifets d'une humeur putride, ou qui commence a le devcnir. On a coutume de faire enrrer ïEjprit dc Vitriol, qui eft PAcide Vitriolique affloibli avec de l'eau, dans les potions, les tifanes , & les gargarifmes , comme on le trouve plus ou moins aqueux dans les boutiques; Fufage ordinaire eft de le prefcrire jufqu'a une agréable acidité : il feroit a défirer qu'on fixat lc dégré d'acidité qu'il devroit avoir: le nötre eft compofé d'une partie d'Acide Vitriolique qui péfe quinze gros dans une bouteille qui contient unc once d'eau, lequel après avoir été mclé a fix parties d'eau diftillée a péfé dans la même bouteille une once quarante-huit grains. Lc thermomêtre de Rcaumar aiant vingt-trois dégrés & demi au-deffus de la glacé.  378 Traite sur la. F als ifi catiosr Les limonadiers, & les fabriquants de punch fe fervent fouvent dc eet Acide au lieu dc fuc de citron: cette fraude eft a reconnoitre, en faifant cvaporcr le liquide dans lequel on le fufpeétc jufqu'a un certain point $ & après y avoir mèlé de Falkali fixe végétal, on le fait évaporer jufqu'a ficcité, on fait calcincr la maffe qui eft reftée , &, par la lexivation & cryftallifation, on obtient du tartre vitriolé s'il y a eu de 1'Acide Vitriolique dedans. L'Acide Nitreux. Spiritus Nitri , officin. a moins de péfanteur fpacifique, & eft plus volatil que I'acide vitriolique, fa couleur eft d'un jaunerouge & ardent, & il s'en exhale cominueilement des vapeurs de la même couleur; eet Acide concentré, étant mêlé avec 1'eau, y produit de la chaleur, & un bouillonnement confidérable, & la liqueur prend une belle couleur bleue, ou verd foncé , cependant les vapeurs qui continuent a s'en exhaler confervent leur couleur jaune - rouge : il a une odeur, & faveur qui lui font particulieres, il attire 1'humidité de 1'air. Étant concentré, une bouteille qui contient unc once d'eau , étant remplic de eet Acide lc plus concentré qu'on puiffe avoir par le moyen ordinaire, péfc unc once & demie & deux fcrupulcs.  DES MÉDICAMENS. 379. L'Acide Nitreux diffout avec beaucoup de facilité les terres calcaires & abforbantes & forme avec elles des fels neutres la plupart déliquefcens. Mclé avec 1'alkaii végétal il forme un fel neutre connu fous le nom dc nitre ou falpctrc: il forme avec I'aikali marin le nitre cubique . avec I'aikali volalatil il compofe un fel neutre fufceptible de cryftallifation , & qui a la propriété de détonner feul & fans addition du phlogiftique étant mis fur ie fcu3 connu fous le nom de nitre amoniacal. II diffout & attaque cn général toutes les fubftances métalliques, excepté la platine, & 1'or ; lorfqu'il eft très-concentré , il brüle, & enilamme k' plupart des huiles. U décompofé l'efprit • de vin , & en transformc unc partie en éthcr. 11 a la propriété de rougir la couleur bleue des végétaux. L'Acide Nitreux , qu'on nomme auffi Eau - forte dans lc commerce, eft la plupart trés foible , & le plus fouvent altéréc ou avec dc I'acide vitriolique, on avec de I'acide marin, ou avec ces deux acides enfemble: on reconnoit ceiui qui cn eft mclé en ce qu'il devient trouble & opaque, quand on verfe dedans dc la diffolution d'argent faite par 1'Acide Nitreux & celui qui en eft exempt  380 Traité sur la Falsification- refte tranfparent : fi on continue a en verfer dans eelui qui contient I'acide vitriolique ou marin jufqu'a ce qu'il ne fe trouble plus, & qu'on le laiffe repofer jufqu'a ce qu'il foit éclairci, on aura un Acide Nitreux pur auquel on donne le nom d'eau de depart ou de féparation, mais qui contient de 1'argent en diifolution; duquel métal on le peut priver par la diftillation, & alors eet acide eft très-pur. II eft un violent corrofif: pris intérieurement dans une certaine quantité il donne la mort, fi par des adouciifans mucillagineux on ne fe hate d'appaifer les défordres qu'il occafionne; quelques grains d'alkali fixe diifouts dans 1'eau peuvent auffi être utiles, piincipalement dans lc commencement. On emploie quelquefois eet Acide pour détruire les excroiifances calleufes, & fort dures, connues fous le nom de verrues , mais il faut qu'il foit affoibli avec de 1'eau. L'Acide marin , óu Acide du Sel commun. Acïdum marinum , officin. eft d'une couleur blanche ou jaune: il exhale des vapeurs blanches , lefquelles ne font vifiblcs qu'a 1'air libre; il a une odeur qui tire fur celui du fafran , & unc faveur violcmment  DES MÉDICAMENS. 3^1 aigre, fans arriére-goüt; a caufe de fa plus grande volatilité, il n'eft point fufceptible d'un auffi grand, dégré de concentration que I'acide vitriolique & I'acide nitreux: quoiqu'il diffout les terres calcaires & abforbantes, & forme avec elles différents fels ncutrcs, il a cependant moins d'affinités avec ces terres que I'acide vitriolique & I'acide nitreux: il fe combine jufqu'au point dc faturation, & forme avec I'aikali végétal un fel neutre connu fous le nom de Sel Fcbrifuge de Silvius: avec I'aikali minéral, il forme le Scl commun: c'eft avec I'aikali volatil qu'il forme un fel neutre demi volatil qu'on nomme fel ammoniac. II diffout en général plus difficilement les fubftances métalliques que I'acide vitriolique, & I'acide nitreux; mais il a la propriété d'enlever dans la fublimation, ou dans la diftillation, en tout ou cn partie les métaux auxquels il eft uni : il a la propriété de former des fels métalliques beaucoup plus corrofifs que I'acide vitriolique & que I'acide nitreux: il attirc 1'humidité de 1'air, mais moins fortcment que ces deux autres acides minéraux. II a la propriété commune aux autres acides de rougir la couleur bleue des végétaux. L'Acide marin fe combine moins intimement  3S2 Traité sur la Falsificatioêf avec Fefprit: de vin que les deux autres acides minéraux, cependant on parvient a décompofer en partie l'efprit de vin par eet acide, en faifant rs-neontrer ces deux liqueurs en vapeurs dans un mèaie vaiffcau, ou en le combinant avec une matière métallique, & le diftillant après avec l'efprit de vin ; ces combinaifons produifent l'éther marin. II faut pour les opérations chimiques que 1'Acide marin foit très-pur & exempt d'autres acides : celui qu'on trouve ordinairement dans le commerce eft fait avec peu de foin, & contient fouvent des matières hétérogênes, on 1'en purifie en le rédifiillant fur du fel marin ; 1'Acide marin le plus concentré, péfé dans une bouteille qui contient deux onces d'eau, péfe dix-neuf gros. Cet Acide pris en trop grande dofe occanonne' des accidents fachcux, & peut même donner la mort. On peut cependant 1'emploier intérieurement délié dans de l'eau, dans de la tifanc &c. jufqu'a unc agréable acidité , & s'en fervir comme rafraichiifant & diurétique dans la dyfurie, & lifchurie qui font produites par la phlogofe des organes excrétoires de farine: on 1'emploie auffi comme déterfif & tonique , dans les gargarifmes,  J DES MÊDICAMEWS. 383, lorfqu'on a intention de diminucr les phlogofes des amygdales, de la luette &c. on s'en fcrc encore comme lotions pour nécoier les gencives des fcorbutiques, & on 1'emploie dans le cas ou les autres acides minéraux font indiqués. L'Eau ou Essence de Rabel. Aqua Rabelliana, officin. efc I'acide vitriolique dulcifié par l'efprit de vin: elle a une odeur fuave comme celle de l'éther, elle eft d'une couleur qui tire un peu fur 1'or, d'une faveur fort acide, laquelle cependant ne va pas jufqu'a la corrofion. On trouve dans les auteurs plufieurs formules pour faire 1'Eau de Rabel, les uns fe fervent de deux parties, les autres de trois, quatre & même dc cinq parties d'efprit de vin contre une partie d'acide vitriolique : ces différences proviennent du plus ou moins de concentration de I'acide vitriolique & du plus ou moins de déphlegmation dc l'efprit de vin : car plus I'acide vitriolique eft concentré plus on y doit ajouter d'efprit de vin pour le dulcifier. Nous nous fervons, pour faire 1'Eau dc Rabel, d'une partie d'acide vitriolique qui péfe le doublé dc l'eau, & de cinq parties d'efprit de vin  384 Traité sur. l a Fal si ficatios reclifïé lequel péfe, dans une bouteille qui contient une once d'eau, fix gros quarante-huit grains; cette Eau dc Rabel péfe, dans une bouteille qui contient une once d'eau, une once quarante-huit grains; le thermotn'être de Reaumur aiant vingttrois dégrés & demi au-deifus de Ia glacé. On en trouve dans le commerce de couleur rouge; on la doit réjetter, car c'eft une Eau de Rabel mal faite qu'on a teint avec des fleurs de pavot rouge. On s'en fert intérieurement, comme un cordial aftringent, & antiputride ; on 1'emploie dans les hémorragies , telles que celles de la matrice , de la veffie , & des inteftins ; on s'en fert auffi dans le hoquet convulfif, & pour rémèdicr aux vomiffements violents, & aux naufées occafionnées par les émétiques antimoniaux donnés dans une dofe trop forte, ou a des fujets d'une conftitution facile a irriter; on s'en fert encore & avec grand fuccès dans la maladie connue depuis Flypocrate fous le nom de la maladie noire. On ordonne quelquefois 1'Eau de Rabel dans les fleurs blanches & dans la gonnorrhée. La dofe eft depuis fix jufqu'a douze gouttes dans quelque liquide, felon les indications qui fe préfentent. La Liqueur minerale anodine d'Hoffman. Liquor  DES MÉDICAMEWSj 385 Jjquor mineralis anodinis Hoffmanni t officin. eft un melange de l'efprit de vin aromatique qui fort le premier, quand on fait l'éther, de 1'huile douce provenante de la décompofition de l'efprit de vin & de l'éther. On trouve plufieurs procédés dans les auteurs pour faire cette Liqueur, même il paroit, par' plufieurs endroits des ouvrages de Hoffinan, qu'elle n'a pas toujours été la même; nous fuivons le precédé pour la faire qui eft indiqué dans la pharmacopée de Paris. Elle doit être tranfparente , d'une odeur forte de l'éther, ne rougiffant point le firop de violettes; étant mêlée avec l'eau, elle donne a ce fluïde un ceil louche, elle fe confume étant enflammée fans laiifer aucun liquide : elle péfe dans une bouteille qui contient une once d'eau , fix gros quatre grains,le thermomêtre de Reaumur aiant dix dégrés au-*; deifus de la glaee. Celle qu'on trouve le plus fouvent dans les boün tiques, n'eft que de l'efprit de vin dans lequel on mêle de 1'huile douce de vitriol; ou un mê-' lange de trois parties d'efprit de vin , & d'une partie d'acide vitriolique, lequel on dïflille juf-" Z  SS6 Traité sub. la Falsificatioit qu'a ce qu'on appercoit que l'efprit fulphureux commence a monter. On la doit réjetter, ainfi que celle qui .a Fodeur fulphureufe & celle qui eft mêlangée avec de l'eau pour augmenter la quantité. Elle [eft un calmant trés - efficace , & n'a point les inconvénients de la plupart des fubftances auxquelles on donne ce nom; elle fait prefque fur le champ ceifer les mouvements convulfifs de 1'eftomac, fréquents dans les affeétions hyftériques & hypocondriaques, ainfi que les flatuofités fi fréquentes & fi incommodes dans ces mêmes cas. La dofe eft depuis dix jufqu'a foixante gouttes dans quelque liquide. L'Esprit de Nitre dulcifié. Spiritus Nim dulcis , officin. a une faveur légerement acide, & une odeur forte & agréable tirant fur celle de l'éther; il eft d'une couleur blanche & tranfparente comme de 1'eau. On trouve plufieurs méthodes différentes dans les livres pharmaceutiques & chimiques, tant 'par rapport a la quantité de I'acide nitreux , & de l'efprit de vin, que pour la manipulation ; cependant tous conviennent que I'acide Nitreux doit être très-concentré, & l'efprit de vin très-rectf fié; il y a des auteurs qui prefcrivent dix parties,  DES MÉDICAMENS, 387 d'autres huit, quatre , trois, même que deux parties d'efprit de vin, contre une partie d'acide Nitreux ; les uns veulent qu'on fe contente de la fimple digeftion, les autres veulent qu'on le diftille jufqu'a ficcité, d'autres n'en tirent qu'unö partie de la liqueur, enfin il y en a qui le cohobent fept a huit fois, auffi il y a peu de prépara^ tions fur lefquelles on trouve plus de variation dans les auteurs. Nous fuivons le procédé décrit dans la pharmacopée royale de Londres traduite de 1'anglois fuf la feconde édition. Cet Efprit de Nitre doux rougit le firop de violettes, ne fait point d'effervefcence avec I'aikali végétal , il eft d'une odeur agréable, fentant l'éther ; il péfe dans une bouteille qui contient une once d'eau, fix gros cinquan* te-fix grains, le thermomêtre de Reaumur aiant dix-ncuf dégrés au-deifus de la glacé. Celui qu'on trouve ordinairemcnt dans le commerce eft fait avec de I'acide nitreux foible, auffi il n'a point cette odeur agréable qu'a le bon efprit de Nitre doux, & a un goüt cauftique; on en trouve auffi qui eft aqueux, & d'une acidité infupportable ; mais celui qu'on trouve le plus fou-* vent n'eft pour ainfi dire que de l'efprit de vin.*  388 Traité sur la Falsificati'obt lequel étant mis & allumé dans une cuillier s'y confume entièrement : preuve dont fe fervent quelques-uns de ceux qui font conftitués pour vifiter les boutiques des apoticaires, & qui croient bonnement que celui qui a cette propriété eft de 1'excellent Efprit de Nitre doux. Ils ignorent fans doute qu'il n'a pas plus de vertu que l'efprit de vin; mais cette ignorance eft d'autant plus criminelle qu'ils ont le pouvoir de faifir les médicaments qui ne font point faits felon leur fantaifie , & obligent fouvent les apoticaires, foit* par crainte d'être amendés, ou d'être décriés d'eux ou par ignorance, de fuivre leurs procédés meurtriers. Car quel eft le médecin inftruit qui dans les maladies oü il a befoin des acides düicifiés ordonnera l'efprit de vin ? On 1'emploie en qualité de diurétique & d'apéritif, particulieremcnt pour ceux qui font fujets a la gravelle : on s'en fert auili dans ies fievres bilieufes, & pour s'oppofer aux accidens qui accompagnent fouvent la fievre fécondairc dans la petite vérole. En en donnant un demi gros ou plus a une perfonne yvre, il 1'endort & lui fait palier ryvrcöe. La dofe eft ordinairement depuis trois jufqu'a douze gouttes dans un verre de bouillon, de tifane, ou d'autre liqtKde.  DES MÉDICAMEK S. 389 L'E^prit de Sel dulcifié. Spiritus Salis dultis, officin. eft I'acide marin combine avec l'efprit de vin. On trouve autant de diverfué dans les auteurs, pour la dulcifkation de eet acide, tant pour les dofes que pour la manipulation, que pour celui dc I'acide nitreux. II eft a obferver que I'acide marin aiant moins dc difpofitions que I'acide nitreux & vitriolique a s'unir a l'efprit de vin, ne fe dulcific pas fi bien que les deux autres acides; c'eft avec raifon qu'on s'en fert très-peu en médecine : car de telle manière qu'on s'y prenne, il eft toujours mal dulcifié, & refte crud, & fes vertus ne différent point effentieUement de celles de l'efprit de nitre doux, lequel eft de beaucoup plus dulcifié. Comme on 1'ordonne quelquefois, nous croions devoir rapporter le procédé pour le faire, lequel nous a paru être le meilieur, & le moins embarraffant; c'eft de mêler enfemble trois parties d'efprit de vin très-reótifié avec une partie d'acide marin fumant dans un matras, fur lequel on en adapte un autre; on laiffe digèrer ce mélange fur le bain de fable pendant dix a douze jours ; cct acide ainfi dulcifié eft d'une odeur agréable, & d'une faveur qui n'eft point corrofive, il péfe , dans une bouteille qui contient une onco  39°" Traité sur la Falsification d'eau, fept gros quatre grains, le thermomêtre dq Reaumur aiant dix-neuf dégrés au-deffus de la glacé. II rougit les couleurs bleues des végétaux, & fait effervefcence avec les alkalis. On en trouve dans le commerce qui a les me? mes defauts que l'efprit de nitre dulcifié, L'Étiier vitriolique. JEther vitriolicum, officin. eft le produit de la décompofition de l'efprit de vin, par le moyen de I'acide vitriolique; il paroit être une fubftance qui tient exactement le milieu entre Fefprit ardent & 1'huile : cette Liqueur eft blanche tranfparente, très-pénétrante & d'une odeur qui lui eft particulière; il furnage l'eau, cependant ce liquide $ h propriété d'en diffoudre environ la dixieme partie; 1'Éther étant mis dans des vaiffeaux a diftiller, & expofé au feu, paffe cn entier dans la diftillation fans fe décompofer, ni laiffer aucun réfidu; il eft plus volatil, & plus inflammable que l'efprit de vin reéfifié, fa flamme eft plus grande, plus blanche & plus lumineufe que celle de l'efprit de vin ; mais elle eft accompagnée d'une légère fuliginofïtó dont eft privée celle de l'efprit de vin : il eft fen|iblement froid ; fi on en laiife tomber fur la main, |I la rafraichit de même qu'un petit, flocon de ncige;  DES MÉDICAMENS. 391 cn plongeant dans 1'Éthcr un thermomêtre il defccnd de quelques dégrés. Pour quil foit bon , il doit fe diffiper entièrement fans laiffer aucun liquide furnager l'eau , & être exempt d'odeur bitumineufe , a laquelle eft fujet celui qu'on fait en grand en Angieterre. II fe combine très-bien avec l'efprit de vin, auffi on le falfifie avec ce liquide : pour reconnoitre cette fraude, on prend une phiole longue, comme celle dans laquelle on débite les eaux d'odeur , on la remplit d'eau jufqu'aux deux tiers dè fa hautcur, on y colle unc petite bande de papier, &c on rempiit le refte de ia bouteilie avec de 1'Éther, on la fecoue après qu'on Pa bouchée, puis on la laiife repofer; fi 1'Ethcr a été mêlé avec de l'efprit dc vin , on voit que la limbe furmonte le morceau de papier qu'on y a collé, & que le volume de la liqueur furnageante eft diminué , laquelle eft plus ou moins grande fuivant la quantité d'efprit de vin qu'on J a ajouté. La portion de 1'Éthcr qui fort la prémière en le rectifiant , eft beaucoup plus pure que celle qui monte la dernicre , & n'eft point chargée d'huile de vin : on le peut reconnoitre a fon odeur qui eft beaucoup plus fuave; le dernier , au contraire , eft  Jp2 Traité sur la Falsificatio n plus gras i plus huileux , fon odeur eft moins fuave, & ii on s'en frotte les mains il laiffe une odeur d'huile de vin ; il fe fépare auffi un j>eu plus difficilement que le prémier de l'eau , fi on le laiife évaporer fur l'eau, après fon évaporation on y voit furnager une quantité affez fenfible d'huile, & le prémier ne laiffe rien fur ce liquide. II eft un puiffant antifpafmodique, il eft cordial, & calmant; il eft un des meiileurs rémèdes contre 1'empoifonnement occafionné par les champignons. DES PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES. E Au - de - Vie de France. Aqua vkct Gallica, , Officin. eft le nom qu'on donne a une liqueur volatile, fpiritueufe , tranfparente, de couleur blanche, d'une odeur agréable, conccnanc environ la moitié de fon poid d'eau, laquelle on obtient par la diftillation du vin; plus elle eft fpiritueufe, plus elle donne de dégrés a Paréomêtre , & plus elle eft bonne. Celle qu'on trouve dans le commerce a ordinaïrement une couleur jaunatre laquelle ne lui pft pas propre, mais provient des tonneaux dans ïpfqucls elle a fejourné, ou des matières coloran-  DES MÉDICAMENS. 393 tes qu'on y a joint; fi. elle eft colorée par le bois du tonneau qui eft ordinairement du bois de chène, en y verfant dedans de la diffolution du vitriol martial, elle fe colore en bleu ; on lui peut redonner fa couleur naturelle en la rédiftillant. Dans le pays oü il n'y a point dc vignobleg, & par conféquent oü on doit la tirer de fétrapger» on y mêle des efprits tirés des autres matières fermcntefcibles, principalement ceux tires des grains; on reconnoit cette fraude en faifant kruier cette Eau-dc-Vie dans une cuillier; fi elle a été mêiée avec de l'efprit de grains, le phlcgme qui eft refté dans la cuillier aura un goüt & une odeur défagréable , & très-différcnte du phlegme de 1'Eaude - Vie de Vin pure. On vend quelquefois pour celle de France, de l'efprit de grains mêlé & diftillé avec du gingembre & coloré par le bois de chêne ; le goüt & 1'odeur feuls peuvent découvrir cette fraude. C'eft ou avec 1'Eau-de-Vie, ou avec. l'efprit de vin , qu'on fait les eaux fpiritueufes aromatiques , tant fimples que compofées : elles doivent être choifi.es fortes, très-odorantes , & qu'étant mêlées avec l'eau elles la blanchiffent ; & réjetter celles qui font aqueufes lefquelles on trouve fort fouvent  §94 Traité sur la Falsification dans les boutiques, ainfi. que celles qui, lorfqu'on s'en frotte les mains, laiffent , après que Fefprit re&eur, & l'efprit de vin font diffipés, une odeur empyreumatique, & tenace, Sc qui laiffent également, après qu'on les a mêlées avec de l'eau, Sc lorfqu'on les boit, une faveur défagréable , bruiante & cauftique dans la bouche. Esprit de Vin , Efprit de Vin recfifié ou Alkoolifée , ou Alkool du Vin. Spiritus Vini, Spiritus Vini rcaificati , vel Alkoolifati vel Alkool Vini, officin. On donne ce nom a une liqueur tranfparente, volatile, d'une odeur agréable, inflammable , Sc qui brüle fans répandre ni fuie ni fumée, «laquelle on obtient par la diftillation du Vin ou de 1'eau-de-vie; on peut auffi obtenir une liqueur femblable par la diftillation de toute matière capable de fubir la fermentation fpiritueufe. Pour que 1'Efprit de Vin foit pur, il faut qu'il n'ait aucune odeur étrangère; étant frotté entre les mains, la partie fpiritueufe doit s'évaporer promptement Sc ne point laiffer ni une odeur de 1'huile de Vin , de phlegme, ni d'eau-de-vie : celui qui eft parfaitement recfifié doit péfer fix gros quarante-  DES MÉDICAMENS. 395 huit grains, dans une bouteille qui contient une once d'eau, & donner a 1'aréomêtre de Mr. Bzaamé trente-fix dégrés & demi, lc thermomêtre de Reaumur étant a dix dégrés au-deiïus de la glacc. On indique encore d'autres moyens pour reconnoitre la bonté de 1'Efprit de Vin, entre auucs étant brülé dans un vaiffeau profond & plongé dans l'eau froide dc nc point laiifer, étant confommé, d'humidité au fond du vafe ; de remplir une petite phiole femblable a celles avec lefquelles on fait des thermomêtrcs, & cn juger dc fa bonté par fa plus grande diktabilité; & cn mettant de la poudre dans une- cuillier avec de 1'Efprit de Vin lequel ou mflamme; fi la poudre s'enilamme, lorfqu'il eft piet dc ceifer de brüler, on croit communcment qu'il eft parfait; cette expérience eft ordinairernent fan.tive, car 1'infiammation de la poudre dépend de la quantité qu'on emploic; en mettant peu dc poudre avec beaucoup d'Efprit de Vin tres fectifié, ia poudre ne s'enflammera point , paree que 1'humidité qu'il fournit pendant fon inflammation eft fufElantè pour 1'humecrer & 1'empêcher dc s'cnflammcr, &t il paifcra pour celui de maüvaife qualité chez ceux qui n'en font point inftruits : celui qui eft bien reótifié n'humeélc point le fel alkali bien deifechó.  '3P<5 Traité sur la Falsificatioit Le Vinaigre. Acctum, officin. eft un acide végétal , lequel eft le produit du fecorrd dégré- de la fermentation , laquelle on nomme, pour cette raifon, fermentation acide ou acéteufe. On fait du Vinaigre non feulement avec le vin, mais auffi avec la bierrej le cidre, & on peut en faire avec toutes les matières qui font capablcs de fubir la fermentation fpiritueufe. Quoique le Vinaigre eft moins fort que les acides minéraux, il en a toutes les propriétés, & diffout toutes les fubftances fur lefquelles les autres acides ont dc l'aétion. On ne fe fert ordinairement pour les opérations chimiques que du Vinaigre diftillé , qui eft moins acide que le Vinaigre même; mais débaraffé de fa partie extractive. On falfifie ordinairement lc Vinaigre avec I'acide vitriolique pour augmenter fon acidité; on reconnoit cette fraude en faifant , par exemple , évaporer un pot de Vinaigre jufqu'a ce qu'il refte environ huit a dix onces, puis on y mêle du fel alkali végétal; après que ce fel alkali y fera diffout , on filtre ce mélange, & on le fait évaporer & cryftallifcr; fi le Vinaigre contient de I'acide vitriolique on trouvera des cryftaux de tartre vitriolé,  DES MÉDICAMENS, tyf, II faut que le Vinaigre diftillé foit blanc & clair. On cn trouve dans le commerce qui a été diftillé dans des vaiffeaux de cuivre, eet acide a de l'aétion fur ce métal, & tient une partie en diffolution , lequel fouvent on n'appergoit point ni au goüt, ni a la couleur; mais cn y verfant dedans de falkali volatil en liqueur il devient bleuatre celui qui eft exempt de ce métal ou de quelque autre, en y verfant de falkali volatil en liqueur, ne fe trouble point , & ne change pas de couleur. Le Vinaigre eft d'un grand ufige non feulement dans la vie ordinaire dans laquelle on en ufe pour affaifqnner les aliments, mais auili en médecine, en chimie & dans plufieurs arts : on le regarde non feulement comme antiputride, mais auffi comme incifif & apéritif; on lui attribue la vertu de guérir la rage, lorfqu'on en prend ia quantité d'une livre par jour en trois dofes, il feroit a défirer que eet acide végétal auroit cette propriété. Eau de Canelle. Aqua Cinnamomi, officin. On trouve fouvent dans les boutiques de f eau faite avec ce qu'on nomme fleurs dc caife, laquelle on vend pour de la vraie Eau. de Canelle; on diftingue 1'une de l'autre en ce que la vraie Eau de Canelle a un  '§9& Traité sur la FalsificatiöS gout plus piquant, & que l'autre a un goüt plud balfamique, & moins piquant. L'Eau faite avec une ëftVèce de Canelle qui vient des colonics Angloifes Bë PAmérique a un goüt difgracieux, lequel le fait diftinguer de la vraie Eau de Canelle. Les caux diftillées fimples, inodores, ou aromatïques, font ordinairement gardées dans les boutiques dans des pots dc fayence bouchés avec un couvercle ou de bois ou d'étain; aufff c'eft rarement qu'on les trouve avec toute leur vertu, car les parties le plus volatiles fe diffipent par Fouverture, principalcment celles qui font aromatiques; pour leurs conferver toutes leurs vertus , elles doivent être gardées dans des bouteilles bien bouchées. Les Teintures , les Quinteifences , ies Baumes fpiritueux , & les Élixirs , dont il y a un grand nombre, malgré leurs dénominations diffèrentes, ne font qu'une feule & même chofe, de font toujours des Teintures foit des fubftances végétales, ou animales, ou mincrales faites par l'efprit de vini ou par 1'cau-de-vie; elles font ou fimples ou compofées., les fimples font celles qui font compofées d'une feule fubftance, & ies compofées font celles da«s lefquel* les il entre plufieurs matières.. . Prefque toutes celles faites par l'efprit de vin,  DES MÉDICAMENS- 399 blanchiifent, & deviennerit laiteufes quand on les mêle avec de l'eau; c'eft une féparation de la matière réfineufe avec l'efprit de vin. Les Teintures fpiritueufes faites avec les fubftances réfineufes liquides, telles que lc baume de la Mecque, du Pérou liquide &c. , mêlées avec l'eau forment des pellicules a la furface, la troublent lorfqu'on 1'ague, & une partie de la fubftance réfineufe s'attache aux parrois du vafe, randis que les autres reftent cn grumeaux difperfés dans ce liquide. Celles faites avec les fubftances réfineufes, féches & friables, telles que le benjoin, le tacamahaca, lefang dragon &c.jettces dans l'eau ne fe réduifent point en grumeaux, mais la fubftance réfineufe fe précipité. Celles faites avec les gommes réfines , telles que lc fagapenum, le galbanum, la gomme ammoniac &c. produifent les mêmes effets, étant mêlées avec l'eau, que celles faites avec les réfines liquides, ainfi que celle du caftoreum. Les Teintures fpiritueufes des bois réfmeux, telles que le bois de guaiac, devienncnt très-laiteufes étant mêlées avec l'eau, mais leur réfine ne fe raifemble pas en grumeaux. Celles de la plupart des plantes, ou de leurs parties, mêlées avec 1'eau la blanchiffent beaucoup moins que les précédcntes, & la fub-  400 Traité sur: la Falsificaticït ftance réfineufe s'en précipité fans fe mettre eri grumeaux. II y a des Teintures fpiritueufes faites par des' matières végétalos, & animales, telles que le feordium, 1'hi per icon, le chardon benit, le polipode, la fquine, la cochenille, &c. lefquelles mêlées avec l'eau ne les blanchiffent point quoiqu'elles contiennent de la réfine. II eft fort difficile de connoitre les Teintures bien faites ; mais elles manquent ordinairement' par Ia quantité des fubftances qu'on y met : on doit, en genéraf, choifir celles qui font fimpides, ïes plus hautes en couleur' & étant mêlées avec de' 1'eau qui rendent cc liquide le plus laiteux. Les Huiles essentielles font des liqueurs irïflammables , qui faifoient partie des fucs des végétaux dont olies ont été tirées ; on les nomme eiTentielles paree qu'elles retiennent toute 1'odeu? de la plante dont on les tire : quoique les Huiles effcntielles ont plufieurs propriétés des huiles graffes, elles cn différent en ce qu'elles s^eriOarrrment fans être échauffées & qu'elles fe diffolventmieux dans l'efprit de vin & dans l'éther que les Huiles graffes, elles en différent auffi par leur volatilité. On  DES MÉDICAMENS, AOI On nc trouve pas PHuile eflentielle égalenient diftribuée dans toutes les parties de la plante * eat quelquefois c'eft dans les fleurs qu'elle réfide, comrnei dans la lavandc, dans le romarin, elle exifte dans les feuilles, Sc dans les calices des fleurs mais point' dans les pétales : c'eft dans la racine de benoite qu'elle' téfide; dans quelque fruits , comme les oranges &: les citrons, elle réfide dans leurs écorces extérieures, toute la plante de 1'angelique en donne, mais les racines & les fémences en donnent une plus grande quantité* La couleur & la quantité des Huiles effentielléi que les végétaux donnent diffère, felon que les annéés font plus ou moins pluvieufes ; moins les annéeS font pluvieufes plus on obticnt de ces Huiles , Se elles font un peu plus eolorées. On cn trouve dc fluides Sc qui confervent cette! liquidité tant qu'elles n'éprouvent point d'altération j telles font celles de romarin , de marjolaine , dö fauge,de thym &c. d'autres, quoique fluides, font cependant fufceptiblcs de fe ligcr par un froid dc huit dégrés au-deiTus de la glacé , telles font ies' Huiles eifentielles qu'on tire des fémences des plan'tes ombellifcrcs comme 1'anis j 1'aneth, ie cumin &c.# A a  ysoz Traité sur la Falsificatiow étant vieilles elles perdent cette propriété ; on en trouve aufli comme celles des rofes, de la racine d'enula campana , de perfil &c. qui ont une confiftence de beurre. Les Huiles effentieiles des plantes indigènes ont la propriété de furnager l'eau , celles des plantes exotiques cemme de la canelle, des girofies, du bois de Rhodes, de faflafras &c. fe tiennent fous l'eau, mais quelquefois une partie furnage ce liquide. Prefque toutes les Huiles effentieiles qu'on tire de 1'étranger font fujettes a être fophiftiquées , il feroit néceffaire que tous les apoticaires les préparaffent eux-mêmes, ou qu'ils en achetaffent a des perfonnes qu'ils connuffent pour être exacfes ; ces Huiles, principalement celles qui font chères, font mêlangées avec celles de moindre valeur auxquelles on a fait perdre leur odeur en les expofant a 1'air ou en les laiffant vieillir; d'autres font mêlées avec PHuile effentielle de térébenthine , on en trouve qui font mêlées avec des Huiles graffes & de celles qui font mêlées avec de l'efprit de vin. Celles qui ont été falfifiees par une Huile effentielle de moindre valeur peuvent être reconnues par 1'odcur qui eft plus foible que celles qui n'ont pas ëté fophiftiquées.  DES M É D I C A M E :i 1 4O3 L'Huile dc canelle, de macis, des noix mufcades , de bois de Rhodes, de faifafras &c. font celles qui font les plus fujettes a être altérées par les Huiles graffes; on reconnoit cette fraude en mouillant un morceau de papier blanc avec ces Fiuiles, on la fait chauffcr légerement , 1'Huilc eifentielle étant volatile fe diffipe cn entier, & laiife le papier pénétré de 1'Huile graffe, celle qui n'en eit point fallifiée laiffe le papier parfaitement fee, blanc & nö paroit point avoir été mouillé : on reconnoit encore celles qui en font falfifiées en cn mettant quelques gouttes dans l'efprit de vin , fi elle eft falfifiée fefprit de vin ne diffoudra qu'une partie & l'autre qui eft f huile graffe y refte fans cn être diffoute. C'eft avec PHuile eifentielle de térébenthine qu'on falfifie les Huiles effentieiles , telles que celles do lavande, dc romarin, de fauge, de thym, de marjolaine, de cumin , d'anis, de fénouil &c. on reconnoit cette fraude en trempant dedans un hnge4 lequel on laiife a 1'air pendant quclqucs heures, 1'odcur aromatique des plantes étant plus volatile fe diilipe la prémière & laiffe le linge impregné de 1'odeur de PHuile effenticllc de térébenthine. On falfifie encore ces huiles ainfi. que celles da  404 Traite sur la Falsificatiow citron, de cëdra, d'orange, de bcrgamotte , &c avec de l'efprit dc vin. On reconnoit cette fraude en les mêlant avec de l'eau ; le mélange devient fur le champ blanc & laiteux. Pour reconnoitre la quantité d'efprit de vin qu'on y a mêlé on en verfe dans un tube de verre, un poid donné , on y ajoute de Peau , on agite le mélange , apres qu'il eft éclairci on en fépare PHuile ; étant péfée , ce qu'elle péfe moins eft la quantité d'efprit de vin qu'on y avoit ajouté. On trouve auffi dans les boutiques fous Ie nom d'Huile effentielle, des Huiles graffes dans lefquelles on a fait infufer des plantes aromatiques, telles que la lavande, la marjolaine, la fauge &c. on peut reconnoitre cette fraude par les moyens dont nous avons parlé, & fi on les mêle avec Fefprit de vin, elles le troublent & fe précipitent au fond au lieu de s'y diffoudre. Les Huiles effentieiles font fujettes a perdre.leur odeur en viejlliffant, il y en a qui s'épaifliffent en partie & d'autres entièrement, principalement celles qu'on obtient des plantes indigènes; celles qu'on obtient des plantes exotiques n'éprouvent point li vite que les autres le changement dont nous venons de parler.  DES MÉDICAMENS. 405 LTIuile effen tielle de camomille romaine eft ordinairement & principalement quand elle eft récente de couleur bleue , cependant quoique récente elle n'a quelquefois qu'une couleur citrine : on la fophiftiqué avec PHuile de térébenthine a laquelle on a donné une couleur bleue par le moyen du cuivre; on peut reconnoitre cette fraude fuivant ce que nous avons dit ci-dctfus. Pour conferver aux Huiles eifentielles toutes leurs propriétés le. plus long tems poilible ; on les doit garder dans des bouteilles entièrement pleines, les boucher avec des bouchons de verre & les garder dans un lieu frais. L'Huils d'Amandes douces. Okum Amygdala* rum dukium, officin. eft une Huile graffe, fluïde, incapable de s'erüammer étant feule & froide, elle n'eft point mifcible avec Peau , & l'efprit dc vin ne la diifout point quand elle eft récente , mais l'éther la diifout fur le champ. Elle eft compofée de phlogiftique, d'acide, d'eau & de terre, föfceptible étant chauifée, par lc fecours d'une mèche, de bruler avec une flamme ^ccompagnée de fumée & de fuie. On ne doit fe fervir que de celle qui eft nouvel-  406 Traité sur la Falsification lemcnt exprimée, elle eft un peu trouble, a raifon d'une certaine quantité de mucilage liquiae qu'elle a entrainé avec elle pendant 1'expreiïion : elle eft d'autant plus claire qu'elle eil plus vieille; il faut réjetter ceile qui a un goüt rance ; celle qui eft' abfolument fans couleur eft fujette a fe rancir plutöt que celle qui eft légerement colorée. Les autres Huiles par expreffion , telles que celles des quatre fémences froides &c. doivent être choifies nouveilement exprimées & exemptes de rancidité, On s'en fert intérieurement dans les maladies inflammatoires de la poitrine & des vifcères du bas ventre; elle appaife les douleurs de la coliquc néphrctique en faifant couler la pierre, ou le fable ou les glaires du rein a la veffie; on donne encore cette Huile pour appaifer les trancbées des femmes en couche, & celles des petits enfants. La dofe eft depuis deux gros jufqu'a quatre onces. Extérieurement on s'en fert auffi pour amollir & adoucir. L'Huile de Noix Muscade par expression. Oleum Nucis Mofchatce per exprejjionem , officin. quoiqu'elle a plufieurs propriétés des Huiles graifes dont nous vcnons de parler, elle en diffère cn ce  DES MÉDICAMENS. 4° 7 qu'elle contient auili une portion d'Kuilc effenödle & aromatique, laquelle eft fortie pendant 1'expreÜion avec 1'Huile graffe, avec laquelle elle s'eft mêlee. On la doit choifir odorante , d'un goüt aromatique , aiant une confiftence femblablc a celle du fuif de bceuf; on en trouve dans les boutiques a laquelle on a cnlcvé 1'Huile eifentielle; comme elle eft alors plus épaiffe, on la mêle avec du fain-doux pour lui donner la confiftence de celle qui n'eft point aitérée ; mais cette fraude eft factie a connoitre cn ce qu'eilc a moins d'odeur: on en mêle •quelquefois pour augmenter fon poid; on reconnoit cette falfifkation en ce que 1'Hnile de rtoix Müfcade par expreffion, qui n'eft point fophiftiquée, fe diffout dans l'éther , & celle a laquelle on a joint du fain-doux rend l'éther laiteux. On s'en fert comme difcuflif, fortifiant, fthomachal, & propre a calmcr légerement. La dofe eft depuis deux grains jufqu'a quinze. Extérieurement on s'en fert cn embrocation fat la région umbilicalc , pour calmer les tranchées des enfants, on 1'appliquc fur 1'épigaftre pour redonncr légerement du reifort a 1'cftomac , calmer les vomiifements & remedier a 1'atonie de cc vifcère,  4°S Traité sur la Falsificatioit L'Huile de Laurier. Oleum Laurinum, officin, Plle eft de couleur verte & odorante, on 1'obtienÉ par 1'ébullition avec 1'eau des baies récentes de Laurier; mais on trouve rarement 1'Huile faite de cette fagon dans les boutiques; celle qu'on y trop, ve eft faite avec les baies dc Laurier & du faindoux , on en trouve auffi qui eft faite avec les feuilles de Laurier, elle eft moins odorante que l'autre , rnais c'eft celle qu'on trouve lc plus fouvent dans le commerce. On vend pour de 1'Huile de Laurier unc compofition faite avec de la graiife & de la térébenthine colorée avec du verdet ou de la morcfie , celie-ci eft a reconnoitre en ce qu'elle n'a point Po! Öeur de la véritabie Huile, mais fent Ia térébcnthine. La bonne Huile de Laurier doit être grenue d'une confiftence affez folide , d'une couleur verte tirant un peu fur le jaune, & d'une odeur forte de Laurier. Celle qui eft tres-verte , liquide , unie, fentant très-peu le Laurier doit être réjettée. Elle a Ia propriété d'amollir, dc raréfier & de fortif er les nerfs , on en ufe extérieurement pour ïa foibleffe des nerfs , pour refoudre les tumcurs , PQUT Ja paralifie, pour Ja goutte feiatique , pour  DES MÉDICAMENS. 409 ks catharres, & pour la colique vcnteufe ; on cn frotte chaudement ks parties, on en fait auili prendre quelques gouttes par la bouche, & on en mêle dans les lavements. La dofe eft depuis deux jufqu'a fix gros. LTÏuile de Palme. Olcum Paling , officin. eft de couleur jaune-doré, d'une agréable odeur, aiant la confiftence du beurre. Elk eft tirée par expreffion & par décoéiion d'un fruit nommé aovara. On la coutrefait en mêlant avec du fuif de mouten & de la graiffe de porc, de la racine de curcuma pour la eolorer, & de la racine d'iris pour lui donner a peu prés 1'odeur qu'elic a ; cette Huile factice eft a reconnoitre a 1'odeur qui n'eft pas la même de la vraie , & au gout du fuif qu'on y trouve : 1'air décolore la véritabie Huile de Palme quand on 1'y expofe , mais ne fait 'rien a celle qui eft facftice. Elle doit être choifie d'une odeur agréable, haute en couleur, d'un goüt doux & agréable comme du beurre frais. On la dit être un rémède contre ks humeurs ftoides, & qu'elle foulage même la goutte.  410 Traité sur la Fa l si fi ca tion L'Huile d'CSufs. Oleum Ovorum , officin eft d'une odeur agréable, d'une faveur trés-douce, & de couleur jaune - doré. On doit réjetter celle qui eft de couleur rouffe, & de mauvaife odeur, & prendre garde qu'elle ne foit point falfifiéc avec quelque Huile graffe & colorée par le curcuma, on la reconnoit en ce qu'elle eft plus liquide que celle qui ne 1'eft pas. On s'en fert pour les crévaffes du fein, des mains, & pour la brülure: elle eft très-adouciffante pour la peau, propre pour effacer les cicatrices & pour empêcher de paroitre les cavités de la petite vérole. Le Beurre de Cacao. Byturum feu Oleum è JVucleis Cacao , officin. eft unc Huile concrête , compofée des mêmes principes & qui a prefque les mêmes propriétés que PHuile d'amandes douces. Elle fe diffout entièrement dans l'éther, excepté quelques gouttes de PHuile qu'on voit au fond: 1'Efprit de vin ne la diffout point, mais elle lui communiqué un peu dc faveur. On la doit choifir de couleur blanche tirant un peu fur le jaune, d'une odeur douce , ayant une confiftence un peu plus ferme que le fuif de mou-  des Médicamens. 4tï ton, fe liquéfiant dans les mains plus facilement que lui: elle engraiffe a peu prèa auffi facilement les mains que le beurre ordinaire. Celle qui eft rance, ou tout-a-fait blanche doit être réjettée, ainfi que celle qui eit falfifiee avec le fuif de mouton; on reconnoit cette fraude a la couledr qui en efc plus blanche , au goüt, & qu'elle fe fond plus difficilemenc que le Beurre de Cacao qui eft pur & bien fait. On l'emploie comme adouciifant , incraffant, propre pour les maladies de la poitrine, les douleurs de reins, des urétres, & dans d'autres maladies dans lefquelles les huilcux doux conviennent. La dofe ordinaire eft depuis fix jufqu'a quinze grains cn bol, ou depuis un gros jufqu'a trois dans du lait , ou dans du bouillon chaud. On s'en fert extérieurement pour amollir & adoucir ia peau. Les Huiles faites ou par. infusion ou par. décoction des fleurs , n'ont fouvent que ia vertu dc 1'Huile qu'on a emploié pour les faire, & nc lui communiquent ni couleur ni odeur, telles font celles faites avec la fleur des rofes de provins, des lys, des violettes &c. On croit communcment que les rofes de provins eolorent 1'Huilc cn rouge ; quclqucs perfonnes, pour  '4i2 Traité sur la Falsifi catiow tenir le public dans cette idee, cplorent de FHuile d'olive avec la racine de Forcanette & la vendent pour de FHuile de rofe faite par infufion. Celles faites par infufion des fleurs de jafmin, de tubereufes &c. doivent être choifies très-odorantes, ainfi que celles des autres plantes & fleurs aromatiqües , telles que les fleurs de camomiile romaine, de menthe, de marjolaine, d'abrotanum &c. ces dernieres doivent avoir une couleur verte; celles des plantes qui ne fodrniffent point dc PHuile effcntielle par la diftillation , telles que celles de cigue, de ftramoniuni, de jufquiame &c. & qui font faites par décoction , doivent être choifies exemptes de rancidité, & avoir une couleur verte. On prépare auffi des Huiles ou par infufion ou par décoéiion avec des animaux ou leurs parties qu'on fubfiituc les unes aux autres, heureufement que la plupart n'ont point d'autre vertu que celle de FHuile avec laquelle elles font faites. Sirops. On donne ce nom a des conferves liquides, faites avec les parties extraélives des fucs dépurés des infufions ou décoélions, lcfquels on conferve par le moyen du fucre. On les diftingue en Sirops fimples ou compofés.  DÉS MÉDICAMENS. 4I3 Les Sirops bien faits font précieux en médecine & on en fait un ufage très-fréquenc, cette branche de la pharmacic eft une des plus fujette aux fraudes ; il y a plufieurs perfonnes qui n'ont dans leurs boutiques que trois ou quatre efpèces de Sirops, lefquels ils donnent impunément pour tous les au-^ tres qu'on ordonne : d'autres, au lieu de Sirops compofés, donnent des Sirops fimples faits de la décoction de la plante qui donne le nom au Sirop lequel eft arornatifé avec un peu d'eau vulneraire ; quoique cette fraude eft difficile a reconnoitre, on s'en appercoit cependant a la couleur qui leur manque, au goüt & a 1'odeur. Ceux qui n'ont pis été affez cuits, & dont on en trouve fouvent dans les boutiques, font fujets a la fermentation, on s'en appercoit au commencement a leur odeur vineufe, & ils acquierent avec le tems un goüt acide; ceux qui font trop cuits, fe candiifent, & acquierent les mêmes défeeftuofités que ceux qui Font été trop peu, ils ont pour lors perdu toute leur vertu. Ils doivent être choifis clairs, & tranfparents, ccux-ci font moins fujets a la fermentation que ceux qui font troublcs ; il y en a néammoins qui font tellement chargés de matières colorantes que leur tranfjarence n'eft point fenfible , comme ceux de  414 Traité sur. la F a l sif i c a t i o jr cichorée compofée, de nerprun &c. cependant en .diminuant 1'intenfité de leur couleur, en les delayants dans l'eau , on voit qu'ils onc été bien préparés , lorfque leur diffolution eft claire & tranfparente. On les garde ordinairement dans des pots de fayence a bec & qui ont une grande ouverture, on ks nomme chevrettes, cette ouverture qui fe bouche mal donne a Fair exterieur la communicaticn avec le Sirop, qui eft la caule, quoiqu'il foit bien cuit, qu'il ne peut pas fe garder longtems fans fe détériorer; il faut pour qu'ils fe confervent les garder dans des bouteilles. II y a deux moyens pour reconnoitre fi les Sirops font bien cuits; la prémière eft de comparer leur péfanteur fpécifique a Peau, la feconde qui eft plus •aifée , eft par le moyen d'un péfe-liqueur , celui dont nous nous fervons eft celui de Mr. Beaumé. En général ks Sirops font bien cuits lorfqu'une once pèfe , dans une bouteille qui contient une once d'eau, le thermomêtre de Reaumur aiant dix dégrés au-dcffus de la glacé, dix gros & quarantecinq grains , ou qui donne étant chaude a Faréomêtre de Mr. Beaumé trente-deux dégrés, & trenteeinq étant froide : cependant on doit excepter les Sirops faits avec des fucs exprimés des. plantes, tels  DES MÉDICAMENS. 4I5 que le creffon', le cochléaria, le bec.cabunga &c. ainfi. que ceux faits avec le fuc de limon, des grénades &c. lefqucis doivent donner au péfe-liqueur étant chauds trente-trois dégrés, & trcntc-fix dégrés étant froids. Les Sirops faits avec les eaux diltillées comme celle dc canelle , d'orange &c. doivent donner les mêmes dégrés que les Sirops précédents. 'Ceux faits avec le vin, tel que celui du qi inquina &c. doivent donner étant chauds vingt-cinq dégrés & demi au péfe-liqueur, & trente lorfqu'ils font froids. Le Sirop d'Orgéat doit donner au péfe-liqueur, lorfqu'il eft chaud , trente dégrés, & trente-deux lorfqu'il eft froid. On vend fouvent pour du Sirop d'Orgéat un compofé du lait de vache , d'un peu de lait d'amandes amères pour lui donner du goüt, & dc la colle de poiffon pour donner de la confiftence , & de ia mélaife au lieu du fucre , mais on le diftingue non feulement a la vue, mais auffi au goüt; en outre ce prétendu Sirop d'Orgéat ne peut fe conferver au plus que huit a dix jours, principalement lorfque les bouteilles font entamées. Le Sirop de Violettes. Syrupus Violarum, officin. eft fait par infufion des fleurs de Violettes. Comme ces fleurs font ordinairement chèrcs, on fub-  4iö Traité sub. la Falsificatioh föfue a la place de ce Sirop un compofé d'unï iniufion de tournefol en pains & de fleurs de mauve* auquel on ajoute un peu d'iris de Florence pour donner 1'odcur de Violettes; cette fraude eft a reconnoitre en verfant dedans de la diffolution du fublimé corrofif qui rougira celui fait avec le tournefol , & verdira celui fait avec les fleurs de Violettes, On ne fauroit affez prendre de précautions pour la vente & la préparation des médicaments ; les perfonnes les moins inftruites, & qui par état ne devroient que prier & foigner les malades qui leurs font confiés, font celles qui" fouvent fubftitucnt impunément un médicament pour l'autre & qui, felon leurs caprices f corrigent les recettes des médecins. Un docleur en médecine aiant ordonné du Sirop Violat auquel il avoit fait mêler de I'acide vitriolique, on alla le chercher a un höpital de filles ou on vend des médicaments au premier venu, la réiigieufe marchande donna le Sirop Violat fans ajouter I'acide vitriolique, heureufement pour le malade que le médecin 1'examinat; voyant qu'on n'y avoit point ajouté I'acide vitriolique qui étoit le rémède principal, il envoya la fervante pour prier la réiigieufe d'y ajouter I'acide ordonné, laquelle répondit que monficur le doctcur s'é- toit  DES MÉDICAMENS» 417 toit trompé, car eet acide difoit cette préfomptueufe gateroit la couleur de ce Sirop. Le Sirop de Violettes eft un peu relachant, il eft rafraichiifant & humeefte la poitrine: on Fordonne comme défalterant dansles fievres ardentes, & dansles rhumes. La dofe ordinaire eft depuis deux gros jufqu'a douze. Le Miel de Roses , ou Rhodomel. Mei Rofarum , officin. eft l'infufion des Rofes de provins a laquelle on a ajouté du Miel & qu'on a fait cuire en confiftence de Sirop. Lorfqu 'il eft bien préparé , ildoit être. clair, tranfparent , & de couleur rouge approchante de celle des Rofes féches. On en trouve quelquefois auquel pour fuppléer k la quantité des Rofes requifes , on a ajouté de I'acide vitriolique pour lui donner la couleur qui lui manque ; cette fraude eft difficile a reconnoitre quand il eft nouvellement fait; mais après un certain tems ce Miel de Rofes devient noir. On 1'emploie comme aftringent-& déterfif, on s'en fert dans les injeeftions , & dans les gargarifmes ; on le fait auffi entrer dans les lavements, quand il eft néceifaire de fortifier les inteftins & de reflerrer le ventre. La dofe-eft depuis une once B b  418 Traitï sur la Falsificatiom jufqu'a quatre, & depuis un gros jufqu'a huit dans les gargarifmes. Les Miels tant fimples que compofés cuits en confiftence, de Sirop font fujets aux mêmes altérations que ceux faits avec le fucre. Pour que le Miel foit bien cuit, il faut qu'une bouteille qui contient une once d'eau remplie avec ce Miel péfe dix gros & vingt grains, le thermomêtre de Reaumur aiant dix dégrés au-deifus de la glacé, & qu'il donne trente dégrés étant chaud au péfe-liqueur de Mr. Beaumé, & trente-quatre étant refroidi. Des Poudres. II y a des marchands de drogues qui font dans 1'habitude de ne vendre que les prémières Poudres qu'ils obtiennent en pulvérifant quelques fubftances, principalement celles qui abondent en principes gommeux & réfmeux, dans lefquels confifte leur plus grande vertu, tels que la racine de jalap, 1'écorce du quinquina &c. quoiqu'ils n'ignorent point que cette prémière Poudre n'eft pas fi bonne que celle qui refte; de laquelle ils fe fervent pour en faire la réfine, ou l'extrait, fachants que la quantité qu'ils en obtiennent eft plus grande que celie que produifent les prémières. Cette fraude eft trés - difficile a connoitre &  DES MÉDICAMENS. 4T9 ce n'eft que par la quantité de réfine ou d'extrait qu'on en obticnt, qu'on la peut découvrir. Les Poudres compofées, telles que la Poudre de Diatragacanth froid, d'Iris compofé &c. dans lefquelles il entre des fémences huilcufes, ne devroient être jamais préparées que quand on s'en fert, ou les ajouter a ces Poudres au befoin ; car 1'huile dc ces fémences fe rancit, leur communiqué des mauvaifes odeurs Sc des mauvaifes qualités , lefquelles elles acquierent en peu de tems. On reconnoit celles qui ont contraóté ces défauts a leur goüt & a leur odeur rance. Les Poudres dans lefquelles il entre des alkalis végétaux ne devroient être préparées qu'a méfure qu'on 1'ordonne , car I'aikali végétal aiant la propriété d'attirer 1'humidité de 1'air, le leur communiqué & les fait gater. Ces Poudres ainfi détériorées font a reconnoitre en ce qu'ellcs font humides; on cn trouve auili qui font moifics. Les Électuaires font compofés de Poudres, de pulpes, dc fucre, ou de miel & fouvent de ces matières enfemble , la plüpart font fujets aux mêmes défauts que les confervcs ; il vaudroit micux garder les poudres qui y entrent dans des bouteilics qui bouchent très-bien, Sc n'en faire des Élcc-  420 Traité sur la Falsificatiow tuaires qu'a méfure qu'on s'en fert; on feroit alors certain d'avoir un médicament qui auroit toujours les mêmes effets. On trouve encore dans quelques boutiques des Électuaires faits felon des pharmacopées dans lefquels elles font entrer des pierres vitrifiables , telles que les t opafes , les éméraudes, les hyacint hes &c. ces fubftances étant indiffolubles par la voie humide dans tous les menftrues foit acides foit alkalins, font abfolument dénuées des vertus médicinales, & prifes intérieurement elles n'ont pas plus de vertu que du verre pillé. Plus il entre de drogues différentes, dans les médicaments compofés plus ils font fujets a la falfification; des marchands de mauvaife foi ne fe font aucun fcrupule de fubftituer une drogue de nature différente laquelle eft a bon marché a une autre qui eft chère; d'autres n'y ajoutent de celles qui font chères qu'autant qu'il en faut pour leur donner 1'odeur, le goüt, ou la couleur : cette fraude eft difficile è connoitre principalement dans les Eleóïuaires, lefquels font fujets de changer de goüt, d'odeur, & de couleur avec le tems. La Gelée de Groseiues. Roob Ribeforum.  DES MÊDICAMEXS. 4*1 •fficia. pour être parfaite doit être tranfparente , tremblante , avoir un goüt- aigrelet & agréable , & être d'une couleur rouge peu foncé. Celle qui eft d'une couleur rouge-brun , qui a une faveur acre & de Roob, doit être réjettée étant moins bonne. En général les Gclées ou Roobs doivent être choifies d'une bonne confiftence, point trop liquides, & on ne doit faire ufage dc celles qui fentent 1'empyreume. On fe fert de la Geléc de Grofcilles en médecine comme antiputride , & légerement aftringent, propre a arrêter les diarrhées. Les Conserves font des électuaires fimples, compofés d'une certaine quantité de fucre, mêlé a la pulpe, ou a la poudre de quelque fubftance. On les diftingue en Conferves molles & en folides : les molles font des matières végétales réduites cn pulpe , ou des poudres qu'on réduit en forme de pulpe en les mouillant avec de l'eau, auxquelles on mêle du fucre. II y a encore plufieurs apothicaires qui croient que le fucre abforbe 1'humidité de ces matières & a la propriété de les conferver dans toute leur bonté,  42^ Traité sur la Fals ificatiokt & même que la-fermentation qu'elles fubiffent après un certain tems , fert a les divifer & a unir les parties effentieiles des végétaux qui tendent a fe diffiper avec le fucre. C'eft tout le contraire, car le fucre dans les Conferves molles entre en fermentation plus aifément qu'étant fcul, laquelle fait perdre a la plupart toute leur vertu. On s'en appercoit quelques jours après qu'elles font faites; car elles perdent leur faveur, leur couleur & leur odeur, & deviennent d'abord vineufes puis aigres; elles deviennent gonflécs & remplies d'air; quelque tems après que 1'humidité eft diffipée , on trouve fouvent leur fuperficie moifie, tandis que Ie deffous eft candifé, lefquels effets arrivent fouvent dans Fefpace de quatre mois. Pour obvier a ces inconvéniens Mr. Beau mé a propofé de n'emploicr pour faire les Conferves que les fubftances végétales féchécs , &: mifes en poudre ; on les peut faire pendant toute Pannée en aiant foin de les garder dans des bouteilles qui font bien fermées; cependant Mr. Beaumé fent que cette méthode ne peut pas convenir a toutes les plantes, telles que le cochléaria, & les autres de cette efpèce oü la vertu conffte principalement dans les parties volatiles, lefquelles fe perdroient pendant la dcffi-  DES MÉDICAMENS. 423 cation. Ces Conferves ne doivent être préparées qu'a méfure qu'on en a befoin, car elles ne peuvent fe garder que quelques jours en bon état. II eft a obferver que quelques perfonnes, pour donner une plus belle couleur aux Conferves de rofes , y ajoutent de I'acide vitriolique ; cette méthode eft a blamer & celles ainfi fophiftiquées font a reconnoitre a la couleur noiratre qu'elles contraclent avec le tems. Extrait. C'eft le nom qu'on donne aux fubftantes qu'on a féparées des corps par un menftrue convenable, & qu'on a par 1'évaporation réduit fous un petit volume. On les diftingue en Extraits gommeux ou mucillagineux, en Extraits gommeux - réfmeux , en Extraits favonneux, & cn Extraits réfmeux. Les Extrait gommeux ou mucillagincux font ceux qu'on retire dc la gomme arabique , dc la gomme adraganth, des fémences de coing , dc lm , de la corne de cerf, de la raclure d'ivoire &c. ils reffemblent a la colle & fc réduifent en gelée en fe refroidiffants; on les prepare avec de l'eau; ils font fujets a fe gater , & cn ne les doit préparer qu'a méfure qu'on les demande,  424 Traité sur la Falsification- On tire les Extraits gommeux-réfmcux, par le moyen de 1'eau, de la plüpart des végétaux qui contiennent de la gomme & de la réfine, tels que la cafcarille , le quinquina, le jalap &c. ces Extraits doivent avoir une confiftence pour pouvoir en former des pillules; leurs difiblutions aqueufes ont un coup d'ceil laiteux & trouble. On en trouve fouvent qui n'ont pas plus de confiftence que du Sirop, lefquels ne font pas tort au vendeur; il faut réjetter ceux qui fentent le brülé, ou le moifi; & prendre garde qu'on n'y ait point mêlé quelques poudres pour augmenter leur poid, lefquelles on y peut appercevoir en les faifant diflbudre dans de l'eau, on les trouvera au fond. Les Extraits favonneux font tirés, par le moyen öe l'eau , des végétaux qui ne contiennent pas feulement des parties gommeufes.& réfineufes, mais auffi des fels eifentiels lefquels divifent & attenuent tellement la partie réfineufe qu'il eft hors d'état de la féparer de la partie gommeufe, tels font les Extraits de creffon , de 1'abfynthe , de cichorée fauvage, de fumeterre, de bugloife &c. il faut qu'ils aicnt la confiftence d'un miel épais, leur diffolution aqueufe doit être claire, & exempte des mêmes défauts que celle des Extraits précédents.  DES MÉDICAMENS. 4*5 On a donné le nom, quoiqu'improprement, de fels effentiels aux Extraits fecs faits felon la méthode de Mr. le comte de la Garaye. C'eft par l'efprit de vin qu'on obtient les Extraits réfmeux purs, ce font les réfines proprement dites, on les peut auffi obtenir par le moyen de l'éther. La Résine de Jalap. Refina Jalapce, officin. eft fouvent falfifiée par la colophone; cette fraude eft a reconnoitre, en en jettant fur les charbons ardens ; fi elle en eft mêlangée , on fentira une odeur de térébenthine ; c'eft en diffolvant la Réfine de Jalap dans l'efprit de vin qu'on peut connoitre celle ü laquelle on a mêlé quelques poudres pour augmenter fon poid; fi cette Réfine en eft exempte, elle s'y diffout entièrement & fi elle en contient on les trouve au fond. Celle qui a été faite avec de l'efprit de vin aqueux contient de la matière gommeufe du Jalap , du quel on la peut priver en la lavant avec de l'eau. On peut reconnoitre par les mêmes procédés les autres Réfines , telles que celle dc fcamonée, de turbith &c. qui font fouvent falfiiiées de la même faeon. La Réfine de Jalap eft un purgatif hydragogue.  426 Traite sur la FalsificaticV irritant, il faut 1'adminiftrer avec prudence & nc la point faire prendre aux perfonnes qui ont les fibres faciles a irriter. La dofe eft depuis quatrc jufqu'a douze grains. La Pulpe de Casse , ou Caffe mondée. Pulpa CaJJice , officin. eft un rémède magiftral, on ne la doit préparer qu'a mefure qu'on la demande, car un jour en été fuffit pour la gater, & elle ne peut fe conferver que deux ou trois jours en hyver. Cependant on trouve dans quelques boutiques de cette Pulpe toujours prête, a laquelle on a mêlé du fucre, pour la pouvoir conferver, mais elle n'a pas la vertu de celle qui eft faite nouvellement. La Caffe mondée eft fujette a occafionner des flatuofités, & des coliques venteufes , fur-tout pour de certains tempéraments; cette propriété lui provient de la grande quantité d'air quelle contient laquelle fe développe dans les prémières voies. Voyez Cajfe en batons. La Pulpe de Tamarins. Pulpa Tamarindorum , officin. faite avec des Tamarins qui ont féjournés ou qui ont été préparés dans des vaiffeaux de cuivre, comme font ceux qu'on trouve très-fouvent dans Ie commerce, contiennent du verd-de-gris; on  DES MÉDICAMENS. 4^7 peut s'en convaincre en faifant tremper dedans unc lame d'acier propre, dans un inftant on la trouvera couverte de ce métal. Si on n'appercoit pas communement de mauvais effets de Fufage des Tamarins, on peut 1'attribucr cn ce que fes fruits étant purgatifs, ils portent avec eux leur contre-prifon, & font évacuer auffitöt la matière dangereufe qu'ils ont portée dans les vifcères ; mais le plus certain eft de ne point fe fervir que de ceux qui font exempts de cuivre, car on voit fouvent arriver qu'une purgation manque fon eifet; elle féjourne alors dans les inteftins & la fubftance pernicieufe qu'elle pourroit contenir y peut produire des effets facheux, dont on ne penfe pas a chercher la caufe dans le vice même du medicament. Voyez Fruits de Tamarins. La Pate de Gutmauve eft compofée dc la décodion des racines dc Guimauvc , de la gomme arabique & du fucre, auquel on ajouté des blancs' d'ceufs pour la .blanchir, & de l'eau de fleur d'orange pour corrigcr la faveur fade dc la gomme arabique. On cn trouve de laquelle on a fupprimé la décoction des racines de Guimauve par rapport a leur faveur qui déplait a beaucoup de perfonnes.  428 Traité sur la Falsificatioït On la falfifie, tant pour lui donner plus de blan, cheur que pour qu'elle revienne a meilleur marché , avec de 1'amidon : quoique cette fraude n'eft point nuifible comme beaucoup d'autres falfifications, cela n'empêche point que 1'acheteur ne foit trompé. CettePateeftadouciffante, elle empate leshumeurs acres qui tombent fur la poitrine, elle calme la toux & pourrit le rhume. On en met fondre un petit morceau dans la bouche. Onguents et Emplatres. La feule chofe en quoi ils différent eft leur confiftence & folidité : ils font compofcs les uns & les autres de matières graiffeufes, de gommes, de réfines, de poudres , & de diffèrentes chaux de plomb. Des perfonnes de mauvaife foi font les Emplatres, ainfi que les Onguents, avec les matières les plus communes, & laiffent dehors celles qui font les plus chères, ou ne les y ajoiitent que pour autant qu'elles leurs peuvent donner la couleur & 1'odeur : cette fraude eft d'autant plus difficile a reconnoitre qu'il entre un plus grand nombre de matière dans leurs compofitions. Ce qu'on nomme Gngucnt Rofat n'eft que du fain-doux qu'on a lavé avec de l'eau de Rcfe;  DES MÉDICAMEITS. 429 d'autres pour en impofer le colorent avec la racine d'orcanette & font par ce moyen accroire a ceux qui ignorcnt que les Rofes rouges ne donnent point de couleur a la graiffe, que cette couleur provient d'ellcs. L'Onguent Popukum eft fouvent fait avec les plantes les plus communes qui y entrent, & le quel on colore avec le verd-de-gris ; cette fophiftication eft très-pernicieufe, car on fait entrcr quelquefois eet Onguent dans les lavements adouciffants. L'Onguent Populeum eft d'une couleur vert-foible tirant tant foit peu fur le jaune , principalement quand il eft préparé dans un tems précédé de pluies abondantes , & celui qui eft coloré avec le verd-degris eft d'une belle couleur verte. On vend pour l'Empldtre de Diachylon gommé, une compofition faite avec de 1'huile, de la cire, & de la craie , auxquels on a ajouté un peu de galbanum pour lui donner 1'odeur du vrai Diachylon ; pour reconnoitre cette fraude on met de eet Emplatre dans un creufet, après que la matière graiffeufe eft brülée, on augmente le feu; fi c'eft du Diachylon fait avec la chaux de plomb , on la trouve réduite en plomb , & fi elle eft faite avec de la craie, on y trouvera cette fubftance mêlee  43° Traité sur la Falsification etc. avec la matière charbormeufe qui provient des matières graiifeufes qu'on y a joint. II y a des perfonncs qui, pour que PEmpldtre de Diapalme refte plus blanc, n'y ajoutent point le vitriol blanc qui le rend un peu plus jaune; d'autres ajoutent a PEmpldtre de minium, lequel eft de couleur gris-rougcatre, du minium pour lui donner une couleur rouge. Pour que les Emplatres foient parfaits ils ne doivent contenir aucune matière grumelée : ceux dans lefquels il entre des poudres, elles y doivent être bien uniformement diftribuées : quand dans PEmpldtre de Grenouilles ou de Vigo avec le Mercure, cette matière métallique n'y eft pas bien mèlée, on peut s'en appercevoir aux globules de Mercure qu'on y voit, lefquels on en peut faire- fortir en le ramolliil'ant entre les mains. F l N.  'T'A BLE DES MATIÈRES. Alun calciné 339 XXCacia (Suc d'J) 236 Ambre gris 274 Achantine ("GommeJ) 236 Ammi; de Crcte ("ScAcide du Scl commun 380 mence d'J) 146 marin 380 Ammoniac ("GommeJ) 224 . nitreux 370 Anacarde (Trui ts d'J 108 vitriolique 375 Angélique("Racine d'J 25 Acorus vrai CRacine d'J 59 Animé ("RéfineJ) 184 Adraganth ("GommeJ) 235 Anis de la Chine ("SeAgaric 157 mence d'J) 148 Alifier 93 de Siberië 148 Alkali volatil cauftique 361 —-— des Ifles Philippi- fluor 301 nes 148 Alkool dc vin 394 étoilé ibid Aloës (jBois d'J 75 Antihectique de la po- Caballin 234 terie 325 Hépatique 232 Antimoine 290 Succotrin 232 diaphoréti- Alun 338 que . 291  T A B L E Antimoine diaphoréti- Baume de Conftantinoque martial 291 ple l6l Apocynvcnimeuxf-Ra- de Copahu i59 cined,>) H d'Egypte 161 Arabique fGommeJ) 236 de Gilla 161 Arcane du tartre 35? de judée l6l Arfenic blanc 282 de Pérou 164 Argent 3^ brun 166 Ariftoloche longue CRa- noir l66 cine d'J 26 fec l6g .— clématite 27 de la Mecque 161 peute • 28 de Tolu ^8 ronde 27 dur iö8 Afphalte 2?6 du grand Caire 161 Afla fcetida CGommed'J)226 fec I(j3 BB verd 184 Abiione C Gomme vrai ^1 de^ 236 Baumes fpiritueux 398 Badiane CSémcnce dej 148 Bdellium CGommedeJ 228 Barbotine 155 BeconquilleCRacinedeJ n Baume d'Amérique 161 Benjoin fGomme de J> 186 blanc 168 Francois 15 de Bréfü j59 Beurre d'antimoine 298 de Calaba 184 de Cacao 410 ——- de Canhagène 168 Bézoard fPierres dej) 248 Bézoard  DES MATIÈRES. Bézoard minéral 292 Canelle (/Écorce dej> 79 Bitume de Judée 276 blanche 82 Blanc de Baleine 246 Cantharides CMouches) 251 Bois de Canelle 73 Caragne ("GommeJ) 230 de chandclle 72 Cardamome C Sémence de Corail 7° de la grandej) 151 de Cypre 62 C Sémence de Rofe 62 dela moyenne.) 152 famt 64 C Sémence , de fan tal blanc 62 de la petite J) 150 _ de Saiiafras 7 3 Cafcarillc (/Écorce de) 84 Bol blanc 278 Caffe en batons 1 Ui _ couleur de chair 279 en boisCÉcorcede) 86 — d'Arménie 279 Caftoreum 253 - rouge commun 279 Cauftique antimonial 298 Borax 34° Cérafe 3 319 Bouquin 3° Chacril 84 Bryone d'Amérique Chaux blanche d'anti- f/Racine dej) 18 moine 291 Butua 21 Cinnabre 304 C Cire jaune 256 Acao ("Fruit de) 109 Clous de girofle IJf Cachou fSuc dej) 242 Cochenille 258 Calomelas 314 Collechair ("Gommede) 222 Camphré . 188 d'or 340 C e  T A B L E Coloquinte f Pomme Daucus vulgaire 153 dej 113 Diaphorétique minéral 291 Conferves 421 Diatragacanth froid 419 i de Rofes 423 Diéïame blanc ("Racine Contrayerva (" Racine dej 88 dej 30 — de Candie Copal ("RéfineJ 191 ("Feuilles dej 97 Corail blanc 270 de Crête ■ rouge 271 ("Feuilles dej) 97 Coftus doux ("Racine Doronic romarin ("Rade J 32 cine dej) 35 Coudre mentianne 68 Doublé Arcanc 352 Couleuvre ("Bois dej -7 E Coupcrofe verte 331 J£j Au de Canelle 397 Craye blanche 281 de départ 380 Cryftaux d'argent 333 de rabel 382 ou de lunc De féparation 380 Cubebes 140 , de vie de France 392 Cuivre 326 diftillée- 398 Curcuma longue (" Ra- Eaux fpiritueufes arocine dej) 34 matiques 393 ronde 34 Écarlatte ("Graine d'J) 261 *9v D Écorce des jéfuites 90 JLJAucus de Crête Febrifuge 90 ("Sémences dej 152 ■ r du Pérou 90  DES MATIÈRES. Écorc de Winter 83 Efprit volatil du fel am- Écreviffe CPicrre d'j) 259 moniac 361 Élecïuaires 4*9 EiTence de rabel 383 Élémi fRéfineJ) 192 Étain 323 Ellebore blanc CRaci- Éther vitriolique 390 ne d'j) 37 Éthiops minéral 312 , noir 38 Euphorbe CGommed'J 211 Emplatres 428 Extrait 42 3 Emplatre Diachylon de Saturne 323 gommé 429 ^ t de Diapalme 430 jC Enouil doux C Sé- , ^— de grenouil- mences dej) 145 les 43° F°r 329 . . de minium 430 Féve de S. Ignace 115 de vigo avec Feuilles d'Orient 103 le mercure 430 Fleur de Benjoin 363 Encens de Mola 177 de zinc 289 , male 175 Foie d'antimoine 292 Efprit de nitre dulcifié 386 Follicule dc Sené 105 ■ de fel dulcifié 389 G de vin alkoolifé 394 \3TAlanga(jRacinedu de vin rcélifié 394 grand J) ' 41 . de vitriol 375 C du - • volatil de corne petitj) 4° de cerf 366 dc la chine 40  T A B L E Galbanum ("Gomme dej 213 Huile i de Palme 409 Galle ("Noix dej) 131 , de tartre de fen- Garance ("Racine dej 42 nert 357 Gayac ("Réfine dej 194 . de vitriol 375 Gelée dc Grofeilles 420 Huiles effentieiles 400 Génévrier ("Gomme dej 178 par décoéiion 411 Gentiane .("Racine dej 43 — par infufion 411 Gingembre ("Racine dej 44 I P Graine de Paradis 151 Alap ("Racine dej 9 Grénade ("Écorce dej , 89 impératoire (/Racine d'J 11 Gutte ("GommeJ 198 Jonc odorant 98 hr tt ^ Ipécacuanha blanc (Ra- JLl Ermodaéle (/Ra- cine d'J 12 cine d'J 8 brun' 11 Huile d'amandes douces 415 gris n ■ animale de dippel 369 Iris de Florence ("Raci- ;■ de camphré 189 ne d'J 16 i eifentielle de Ca- Jujubes 11,7 momille romaine 405 K glaciale d'antir J^. Arabe de Sodome 27Ö moine 298 Kermès ("Graine dej 261 ■—— de Laurier 408 minéral 293 ■—— de Noix müfcade -_- L par exprefüon 406 J_j Abdanum (* Gom- u:i-± d'CEufs 410 me dej 210  DES MATIÈRES. Lacque en batons Mechoacan (Racine de) 18 fGomme dej 264 Mercure 301 _— en graines 264 de vie 299 ; en tablettes ' 2Ó4 de»ux 3*3 Laurier CBaics dej 121 — émétique jau- des Iroquois 73 ne 3oS Lentifque fBois de- 67 précipité blanc 390 Lierre f Gomme dej 210 Merde ou diable . 226 Liqueur anodine miné- Miel 272 rale d'Hoffman 384 de Rofes 4*7 de corne de Mine d'or végétale It cerffucciné 367 Minium 31? , de mindererus 369 Mirobolans bellirics 12S M chébules 126 ]^|_Acis 124 citrins 125 Magiftère purgatif de emblics 129 tartre 357 Indiens 127 . fecret de Rloufcb.es cantharides 251 tartre 357 d*Efpagne 25 r Magnéfie du fel d'ep- Mufc 266 fom 347 Müfcade male CNoix Manne 238 dej 122 d'encens 177 I23 Maniguette 151 Myrrhe CGommc) 216 Maftic fGommeJ 174  T A B L E NN Pierre infernale 33 Ard batard 30 Pierres précieufes 282 —- Celtique 29 Piftachcs IJ9 Indien po Plomb ^ Néphretique'CBoisJ 60 Poivre a queue i4q Nitre lunaire 333 blanc ^ vitriolé 352 iong I4, ffp 0 noir 141 VJEill de Corbeau 132 Poudre d'Algaroth 299 Oliban C Gom me d'J) i?5 deChartreux 293 Onguent Populcum 429 _ de la ComteiTe 90 — Rofat 428 du Cardinal de Onguents 428 Lugo 0O °pium 200 d'Iris compofé 419 Opopanax CGommeJ ^8 des Peres 00 0r 33ó Poudres 4I8 Orcanette CRacine d'J 20 Précipité jaune 308 Otruchc CRacine d'J 15 r0uge 306 PP Pulpe de Caife 426 Anacéemercurielle3i4 de Tamarins 426 Pareïra brava CRacine Punch o7g de-> 2r Pyretre ("Racine dej 23 Pate de Guimauve 427 q PerIes 269 (^Uabebes 140 ?ierre de Porc 251 Quinquina C Écorce dej 90  DES MATIÈRES. Quinteffences 398 Sandaraque CGomrneJ 17S R Santal blanc f Bois dej) 7 a JX.Acine aléxiphar- — citrin (— J 70 maque 31 rougef J ó> Bézoardiquo 30 Santoline 155 4 . contre les ve- Sarcocolle (jGommeJ) 22a nins 30 Saffafras 73 de Cabaret de Saturne 316 Virginie 50 Scamonée 203 Régliffe (Racine dej) 1 d'Amérique 18 (Suc dej 244 Schcenante 98 Réfine de Jalap 425 Sel acéteux du plomb 320 —,— de Scamonée 425 — alkali volatil 364 de Turbith 425 — ammoniac 359 Rhapontic (Racine de) 6 — cathartique d'An- Rhodomel 417 gleterre 345 Rhubarbe f Racine dej) 3 — de deux 354 blanche (1U- — d'epfom 245 cine dej 18 — de glauber 350 S —• de nitre 354 ^Afran 101 — de faignette des Indes 33 — dc Saturne 320 Sagapénum ( Gomme de tartre 371 dej 220 — diurétique 357 Salfeparcille(JRacinedej 46 — effentiel de tartre 357 Sang Dragon 179 ■ de vin 35?  T A B L E Sel effentiel d'Ofeille 373 Souchet long gt — fébrifuge de Silvius 381 rond 52 — neutre arfénieal 385 Soufre d'antimoine pré- — polychreft 355 cipité 299 — falpêtre 354 doré d'antimoine 299 — fédatif 343 Spica nard 99 — fedlitz 346 Squine Occidentale — végétal 356 CRacine dej 54 •— volatil de fuccin 362 Oriëntale CRa- Sémenccs a vers 155 cine dej 54. d'auronne 157 Storax 206 Sémen contra 155 —-— liquide 208 Sémentine 155 Sublimé'corrofif 310 Sené Cfeuilles dej 103 Sucre de Saturne 320 CFollicules dc) 105 Suie d'encens 177 Sénégal CGomme dej 236 T Séraphine CQommeJ 220 J_ Acamahaca CGom- Serpentaire de Virginie mej 182 CRacine dej 49 Tamarins CFruits dej 135 Simarouba CËcorcedeJ 95 Tartre antimonié 295 Sirop d'Orgéat 415 ■ émétique 295 • de Violettes 4(5 régéneré 357 Sirops 411 foluble 357 Souchet CRacine dej 51 ftibié 295 — de Babilone 40 tartarifé 357 des Indes 33 —-— vitriolé 252  DES MATIÈRES. Teintures 39§ Vanille de Leg l$ Térébenthine commune 171 ' de Ley 137 deChio 169 dePompara 138 [ deCypre 170 • de Simarona 138 , de Mélè- Vernis 178 zes 170 Vif-ArgenC 3ot ■ de Sapins 170 Vinaigre 396 de Scras- diftillé 397 bourg 170 Vin émétique 29S , deVénife 170 Viperine de Virginie 49. Terra merita 33 Vitrio1 de fer 33 * Terre de Crète 281 de magnéfie 347, de Lemnos 279 de mars 33* foliée de tartre 358 lunaire 334 figillée 279 verd 33r: Thapfie blanche CRaci- Vomique ("NoixJ 13». ne dej 57 ~ i ag. bó, Z/g. 6, oxylo-cajjia lifez xylo-calfia. ■Pfg- 95, lig- il; foyalis Z//b folie-lis Pag. 101, «gr. 5, ia mitridate lifez le mitridate Pag. 112, hg. 5, caffe Z//e^ caflè. Pag. 114 Z/g. 13, laquelle contenoit falkali uri- neux lifez laquelle contenoit de i'aikali urineux Pag. 125, Z/g. 17, parel Wïcz panel. Pag. 126, lig. 22, oblongace lifez oMw»* 147 > Hg- 4 > faniculls lïkz fGznicidi. '  ERRATA. Pa«. ïKo, tig. 10 , fimpolifiter lifez fimpliciter. Pa". 169, lig. 6, trébinthina lifez frepinthina.' Pa«. 169, ïig- 7 s trémmtina lifez frementina. Pa". 169, Z/g. 7, térébinthirid lifez ferebinthina, Pag. 169, Zig. 22, i/npare lifez fapdrf. Pag. 178, lig. 14, vernes ft/èz vernis. Pag. 187, 4'. i-, abferfé lifez obverfe. Pag. 195, Z/g. 3, brune : extéricurement blanchatre' lifez brune extérieurement, blanchètre. Pap: 239, lig. 11, gros lifez gras. _ Pag. 247, lig. 7, nitreux marins lifez nitreux öc marins. Pao- 251, Zig. 1 9 larmes Zi/èz lames. Pag. 286, Z/g. 3-, Morvean lifez Morvcau. Pag. 306, lig. 4 , car ce que le lifez car celui quele. Pag. 306, lig. 6, calcination Z//èz calciné. pflg. 307, Z/g. 18 , poar faire Zi/èz en faifant. Pag. 327, Hg- 24, piofon Z//èz poifon. Pag. 339,, Z/g. 19, mare lifez mais. pa Utile (V) a tout le Monde , ou le parfait Ècuyer, par De Weyrother. Bruxelles 1767 2 vol. in-8.»