LES DANGERS DE L'ABSENCE, O U LE SOUPER DE FAMILLE, C O M É D I E EN DEUX ACTES, ET EN PROSE. Représentée pour la première fois, d Paris, par les comêdiens 1taliens ordinaires DU roi, Ze ii Novembre 1788. Et devant Leurs MAJESTES, k Verfailles, le 2 Janvier 1785. Par M, PUJOULX, de plufieurs Sociécéi Littéraires. A AMSTERDAM, Chez CÉSAR NO ÉL GUERIN, Librairc. 1790.  PERSONNJGES. M. DE FLORVILLE. Mad. DE FLORVILLE. AU GUSTE. 7 fils & fille deMonfieur & Madame C de Florville, agés d'environ huit a J U LIE. £ douze ans: Augufte eft 1'aïné. CANDOR, Père de Madame de Florville. AMBROI SE,'vieux ferviteur de M. de Florville. LISETTE, femme de chambre de Madame de Florville. LA FLEUR, Domeftique de Madame de Florville. DEUX DOMESTIQUES. (Ptrfmnages mutts.') La Scène eft chez M. de Florville, dans me Maifon de Ville &f de Campagne, d une demi lieue de Paris.  LES DANGERS DE L'ABSENCE, C O M Ê D I E. ACTE PREMIER. Le Théatre reprêfente un Salon, bien mcublê. SCÈNE PREMIÈRE. M. DE FLORVILLE, AMBROISE. M. DE FLORVILLE. Tu as beau t'en défendre, mon cher Ambroife, tu es le feul de mes anciens domeftiques que ma femme ait confervé: tu avois toute ma confiance avant mon départ, & je crois que tu la mérites encore; ainfi, c'eft de toi feul que je peux apprendre des détails qui importent a ma tranquilité; c'efl de toi feul, enfin, que je peux favoir cequi s'efi: pzffé dans ma maif'on pendant deux ans d'abfence. AMBROISE. Mon cher maitre... M. DE FLORVILLE. Je ne fuis ici que depuis deux jours; mais j'en ai aflez vu pour me prouver qu'il »'eft fait un grand changement, & fi je voulois me donner le tems d'obfeiver,- je pounois avant peu me paflVr de tes éclairciflemens. AMBROISE. Eh bien, Monfieur, pourquoi meprefTer?.. M. DE FLORVILLE. Paree qu'on n'apprend jamais aflez tót le ma! pour y »P* A 2  4 LES DAZ^GERS DE L'ABSENCE, porter le remède, & d'ailleurs ma femme ne faara pa» que tu tn'as dit... ambRoise, vivement. Je Ie faurai, Monfieur, & c'eft aflez pour moi. M. de florv|lle' Qnelle obltination! Loin de trahir Madame de Florville en m'inflruifant de fes erreurs, c'eft au contraire la fervir; cs'eft me donnerles moyens de la ramener afesdevoirs. Parle , dis.moi,par bonté, par recorwoiflance, ce que d'aiures me diront par intérét: je n'ai pas de tems a perdre; ou iu vas tout me découvrir, ou je vais appelier un des domeftiques de ma femme, faire briller 1'or t fes yeux, ör ce que la raifon & mes prières n'ont pu faire fur ton cceur, ma bourfe le fera fur celui d'uu être méprifable, AMbroise, l'arritant. Ah! mon maitre, qu'allez-vous faire! quelmoyen!., Songez qu'il pourroit noircir votre époufe a vos yeux, ajoiuer ,1a calomnie a la vérité, qui n'eft, hélas! qie rrop cruelle; & plus il vous diroit de menfooges & d'horn-urs, mieux il croiroit gagner fon falaire, Qui paye un valet pour trahir les maltres, eft toujours für d'être uop bien lervi, M. de florville. Eh bien, Ambroife, empêche-moi d'avoir recours a des moyens fi contraires a ma maniêre d'agir. ambroise. Avant tout, promettez- moi de ne point faire ufage de Ce qiie je vais vous dire pour chagriner ma maitrefTe. M. DE FLORVILLE. Tu copnois mes fentimens pour ma femme, & tu peux penfer?.. ambroise. Pardonnez; mais c'eft que j'aimerois mieux mourir, que de porter le trouble dans votre ménage. M. DE VLORVILZiX. Pour achever de te tranquilifer, je te jure de te confier les moyens que j'employerai pour la ramener , & de n\n faire ufage que quand tu les auras spprouvés. AMBROISE. Au moins me permettrez - vous... M. DE florville. Ne me cache rkn. Je connois trop ma femme, je füis pop prévenu en fa faveur pour ne pas excufer toutes fes erreurs; elle eft foible, &,.,  C O M É D I K. AMBROISE, viyement. Élleeflfoiblc; c'eft cela, monriiafrre, ce mot renferme tous fes nrts. Entralnc-e par 1'exemple de quèlques femmes, qui femblenc ie faire un devoir d'oubfier qu'elIeS font mères, elle... M. de florville; Tu héfites... Elle a oublié qu'elle 1'étoit; elle a negligé fes enfans, je ne m'en fuis que trop appercu. Mais pourquoi a -1 - elle reavoyé fon ancienne femme de charabre, qui leur fervoit de gouvernante? ambroise. Paree qu'elle s'occupoit trop de vos enfans, pas aflez de ia parure de Madame. m> d* florville. Et vrsifemblablement celle qu'elle a prife, cette Lifette que j'ai vue, n'a que le mérite futile qui manquoit 4 1'autre? ambroise. Je fuis forcé de 1'avouer, Monfieur; vous arrivez afiei tót pour empêcher que 1'exemple de celle-ci ne détruife dans leur coeur les bons principes que la première y i JaiiTés. m. de florville, trés-émti. Explique- toi ? ambroise, héfitant. Vous avez dü vous appercevoir que... Madame traitoit fon père... avec un peu d'indifférence ?... m. de florville. Tu foiblis, Ambroife; je ne fuis ici que depuis deux jours, & je me fuis appercu qu'elle le traitoit trés-indifféremment, comme un étranger, & un étrangerqui nous eft a charge. ambroise. Hélas! MonGeur, cette Lifette a 1'imprudence de répéter devant les enfans, ce que Madame dit, fans y fonger, de fou père. m. de florville. Cette Lifette eft jeune, fans expérience; elle ignore 1'art d'élever des enfans ,■ de former leur caraétère. Mais ma] femme, qui parle avec mépris de fon père, eft plus que légére. — Au moins les domeftiques ont pour lui les attemions... A 3  6 LES DANGERS DE L'ABSENCE, ambroise. Ils renchériffent fur Madame; moi feul, quand on me 1 a permis , lui ai offert roe? fervices. m' de florville. Jentends, tout ce changement .^espiique de lui-même. Madame de Florville en me voyant partir pour SaintDomingue, oü j'alloi» recueillir une fucceflion affez confiderabie, a cru qu'il étoit convenable de prendre un ton, une facon d agir analognes a notre nouvelle fortune; en conféquence, elle s'ert liée avec quelques Bourgeoifes ennoblies , plus vaines que les véritables nobles, en a pris l orgueil, la coquetterie, & tous les défauts; elle a chaffé le» anciens domefiiques, paree qu'ils n'étoient pas affez impertinens pour une femme riche; fa femme de chambre paree qu elle élevoit fes enfans trop bourgeoifement & elle a re9a fon père avec indifférence, paree que fa bonhommie, fa franchife villageoife, coutraftoient trop fonemen t «vee fa vanité. Conviens, mon pauvre Ambroife, que yoila la conduite de ma femme, depuis mon départ. jufqu a moa arnvée. ' ambroise. Monfieur... m. de florville. Ajoute a cela que mon retour lui a peut-étre caii<"é un peu de peine. En effet, qnel mari pour une femme a la mode, quun bon bourgeois, franc & ferfible qui fe fouvient de fon état, & ne regarde les dons de Ia Fortune que comme des moyens d'augmenter fes jouiffances en augmemant fes bienfaits. a m ïi r o i s e, avtc chaleur. Ah! mon cber maitrel vous allez trop loin. Madame a pü s cgarer; mais fon cceur n*a pn chenger a ce point: elle na ceffé de parler de vous en votre abfence; je lui ai entendu quelquefois lire vos lettres aux Dames de fa fociété, & elle ajoutoit toujours aprés cette lefture: il mtarde qu il foit de retour, pour vous Ie préfenter & juflifier tout le bien que je vous en ai dit. ' m. de florville. Quand on négligé fes enfans; on aime rarement foa époux. Peut-étre la vanité feule On vient. AMBROISE. Ce font vos enfans.  C O M É D I E. 7 SCÈNE II. Les Précédens, AUGÜSTE, JüLIE. J ü L i e. Bonjour, mon papa; comment avez-vous paffé 1» nuit? a u g u s t e. Bonjour, mon cher papa. m. de florville, les embrajjant. Bonjour, mes enfans. Vous vous êces levés un peu tard aujourd'hui. a u g u s t e. Ce n'eft pas notre faute; nous ne pouvons nous lever que quand on nous le permec. — Bonjour, Ambroife. m. de florville. Et pourquoi ne demandez-vous pas la permiflion de vous lever tous les jours de bonne heure ? cela vous feroir, .du bien. a u g u s t e. Oh! maman dit que nous rembarralTons; cependantnous ne faifons pas grand bruit, car nous reftons toute la matinée dans la chambre de notre grand papa, ou dans le jardin, a courir avec lui. m. de florville. Avez-vous embrairé votre maman ce matin? jülie, embarrajfée. -Mon papa... m. de florville. C'eft fort mal. — Qu'as-tu, Augufte? tu pleures, ja srois. aügoste, avecpeine. Mon cher papa... m. de florville. Que t'a.t-on fait, mon enfant ? augusïe, pleurant. Quand nous avons été habillés, j'ai dit a ma fosur: „ Julie, allons fouhaiter Ie bonjour a maman". Nous fomtnes entre's doucement dans fa chsmbre pour Ia furA +  8 LES DANGERS DE L'ABSENCE, prendre; elle étoit a fa toilette; en me jettant dans fes bras pouf l'embrafTer, j'ai dérangé un peu une de fes boucles , &... m. de florville. Eh bien... A ü g d 8 t e. Et elle m'a donné un foufflet bien fort, en me difint que j'étois un fot &un mal - a- droir. M. de florville, d part. Quel exces 1.. ambroise, bas. Monfieur, contenez.vous, fongez... M de florville, fe contraignant. Une autre fois il faudra prendre garde... a u g ü s t e. Ce n'eft pas le foufflet qu'elle m'a donné qui me fait pleurer; mais c'eft que je crains qu'elle ne m'en veuille toute la journée, paree que je fais que quand on la décoè'f. fe un peu, cela lui fait bien de la peine. M. de florville. Ne crains rien: je ferai ta paix avec elle. j u l i e. Ambroife, fais • tu oü eft mon bon papa ? ambroise. Je crois qu'il eft encore dans fa chambre. A u g d S t E. C'eft bon, nous allons le chercher, & nous irons tous irois déjeuner au jardin. m. de florville. Allez, mesenfaus, aliez, & einliralTlz-fe de ma part. a u g u S t e. Oui, mon papa, cela lui fera bien du plaifir. m. de florville. Augufte, ne penfe plus a cela... Allez, allez. iUGUSTE, prenant la main d'Ambroife. Adieu, Ambroife; je t'aime bien, va, paree que tu aimes bien mon bon papa. ambroise. Ces pauvres enfans ! quel bon naturel!  C O M É D I E. 9 SCÈNE III. M. DE FLORVILLE, AMBROISE. m. de florville, ügité. Tu viens d'entendre, Ambroife! Quand tu ne m'aurois rien apprii, ce trait d'indifférence & de coquetterie auroit fuffi pour achever de deffiller mes yeux fur la conduite de ma femme. ambroise. JYi vu votre agitation; j'ai craint que vous ne fiiïïez paroitre votre mécontentement... m. db florville. Non, non, je fais me contenir, & je fuis réfolu de tout entreprendre pour la corriger. ambroise. Songez è ce que vous m'avez promis. ; II. de florville. II parolt que mes enfans n'ont d'auires araufemens, d'autres plaifirs, que ceux qu'ils partagent avec le pere de ma femme t ambroise. Il eft vrai, & depuis qu'il eft ici ils ne font pas autant a plaindre: Madame... les négligé, leur Bonne les maltraité; mais ils fe confolent de tous ces petits défagrémens, en jouant en cachette teut les foirs avec lui. m. de florville, étOtiné. Comment ? ambroise, avec myjtire* On les fait coucher de trés bonne heure pour en étre plutot débarraffé; mais leur Bonne eft il peine fortie, qu'ils fe lévent, vont le chercher, & jouent dans leur chambre a de petits jeux, tandis qu'on les croic dans leur lit. m. de florville. Tu plaifantet? ambroise. Non, Monfieur; je les ai furpris plufleurs fois dans A s  »0 LES DANGERS DE L'ABSENCE, M. d E F L o K v I t L e c^de^S rere Candor va donc fe ecu- AMBROISE. rnnr même-ten,s 1ue les enfaiii, & ce foir ils fe couche. ïöstr r°rdinaire'1 Uneféte? n°Rmu' très-étonné. r> •. A M I! R o I s E, j£?! "ous "e fav« pas .. Excufez, j'aJ eu t0rt de pailer; elle vouloit peu&étre-von.-fiirprendre M. d E F l O R V I l L E. inSir.PeUX COmiDUer' pUiftJDe' faus ,evoül°'''> ra»'« VU u- . • A M R 8 o I S E. S Jl tt- y a?f!! &feu d'artifice; mais en exiS"fe? " déia" ' V0US vous ótez ^ P'^rde Ja M. de florville, rivant: -»°™- iv/r r , AMBROISE. Monfieur, n'allez pas dire.„... at /> f' • ° e florville. Non, AmbKHfe je ne ftrai poiiir un Il)2llvar= ufi*. de mat ce que tu m'as nppris; fois tn-nquilJe... Dh *?mt cocher de me«re les chevaux a buir heureV * 11". . AMBROISE. Mais, Monfieur, & cette feie que Madame M. JJ E FLORVILLE. Toi-rnéme répands dans la maifon, mais fans affcclation que je foupe ce foir a Paris. -"cccation, AMBROISE. Songez, Monfieur M. de FLORVILLE. Je fonge a tout... Quand tu auras fait ce que ie viens cle re dire, tu iras m'attendre dans mon appartement & Jirat remphr ma promeüe en t'inftruifaat de mon projet.  comédie; é On vient, c'eft sürement ma femme, prends garde qu'elle te voye.{Ambroije forf). Contraignons nou^fc feigiions d'avoir un engagement pour ce foir qu'il m'eft impoflible de reinettre. S C E N E IV. Mad. DE FLORVILLE, en peignoir, M. DE FLORVILLE. M. DE FLORVILLE. J'allois pafler chfz toi. ma bonne arnie ,quand on m'a dit que tu étois a ta toiletre. Mad. DE FLORVILLE. Je m'y fuis mife ce maiin de bonne heure, pour étre en état de recevoir les perlönnes qui viendront te féliciter fur ton heureux retour. M DE FLORVILLE. Je n'attends perfonne: fimpatience oü j'étois de revoir ma femme & mes enfans, m'a fait prendre la pofte è Bordeaux le jour même oü j'y fuis debarqué, & je n'ai pas encore eu le tems d'informer nos amis de mon arrivée. Mad. DE FLORVILLE. II y en a quelques- uns a qui il (era inutile de la marquer & que je n'ai point vus pendant ton abfence... leur état.... M. DE FLORVILLE. Eft fans doute Ie même qu'avant mon déparc & moü cceur eft le même aufli. Mad DE FLORVILLE. Oui, mais tu fais qu'il y en a dont le peu de fortune.,.. M. DE FLORVILLE. Ah! 1'accroiftement de la mienne me fait un devoir da les accueillir avec plus d'ami.ié qu'auparavant; les abaudonnerois-je quand je peux leur étre utile? Non, ma femme, celui qui nous aima dans la médiocrité eft le. véritable ami. Mad. DE FLORVILLE. Comment as-tu trouvé ['ameublement du falon de Compagnie & de ta chambre a coucher ?  # LES DANGERS DE L'ABSENCE, m. DE florville »™«rqué en emrant dans ma chambre, qu'en faifa„t des Quoidon^' °E fURïI"«t . M'DE FLORVILLE. neL;airPas!fttap?é.mon Pèrej J'e fuis ét°^ eet oubü T v ■ DE FLORVILLE. coLmV!. ' ^ ^ ét°H Ü nJ*1 Peint & d™ ™ li / . m. DE florville. j' é'°'t feirembiant, ,e Je tenois de lui, c'en eft affer lZ Z/a"e °UbIier CCS défauts & me ™*e ce ableau mettre a fa place: je te ferai obligé de 1'y faire replacer. T v, di florville. repeLd'releshE"3 Peintre~» ^ faire m. de florville. WCl le?il le dégrad« & öter fon mérite a mes Shif, t" CD,,PlC q,Ui 'C C0UVre' Peint fa candeurr" franchife, fc au, heu de reconnoitre dans ce tableau, un homme refpeflable, un bon pere de familie, on n'v verrolt plus qu cn de ces vieillards moderats, de cesNarcilTes fexagenaires; dont 1'accoutrement ridicule fert de rifée a la jeunefle & de honte a la vieilleffe fenfée o ^aupcons.... M. de florville, toujours avec tranquilUté. Ton cceur eft incapable de douter du mien; mais je vais rejoindre ton père & nos enfans, & il notre retour j'efpere que tu auras oublié.... Mad. de florville, avec douleur. Je ne 1'oublierai de ma vie. Un mot encore U. de florville, avec douceur 6? aménitê. Ce feroit vainement... Adieu, tu fais qu'ils m'attendenr. (// s'arrête au fond, & fait des figncs decotttentetnent.') SCÈNE VII. Mad. de FLORVILLE, feüle. Quelle froideur! je ne puis m'y méprendre, il n'eft plus le même... II ne me traitoit pas ainfi avant fon départ.... L'abfence auroit-elie changé fon caractêre?... Je me faifois un plaifir de le furprendre; mon atnour.propre jouiflbit d'avance des complimens que j'allois recevoir: Monfieur de Florville paiToit pour un homme aimable.... il 1'eft encore avec mon pere, fes enfans.... Non, ce n'eft B 2  xo LES DANGERS DE L'ABSENCE, qn avec moi feule.... Aurois-je quelque chofe a me reprocher?.... Uyec abandon.) Ahl je ferois tout pour roemer la tendrcfle de mon époux.... Mais quel eft ce fouper fi preflant, cette femme fi intéreffante, cette faSeroit.ce une fable , ou la jeune femme leroit- *"e' \avf' da,u/eur0 Je ne fuis point jaloufe de mon «Jpoux, maïs s il m eftimoit aftez peu pour me donner une rivale, cette humifiadon m'arracheroit la vie. (Elle Te iette dans un fauteuil.') J SCÈNE VIII. LISETTE, Mad. de FLORVILLE. L r 6 e T t e, accourant. A D AME.... Mad. de florville. Que me veux-tu, Lifette? lisette. Votre couturiere vient d'apponer la robe que vous de. vez mettre ce foir: elle eft charmante, toutes lts fernmes enferont ïaloufes &.... Mais qu'avez-vous ?.... Cet air trifte.... 1 Mad. de florville, oppreiïée. As-tu vu Monfieur de Florville .? lisette. II vient de forto- avec la pere Candor & les enfans; il avoit 1'air fort faiisfait. ' Mad. de florville. II ne foupe pas ici. l i s e t t e. Et cette fête que vous dounez pour célébrer fon retour & il laquelle vous avez invité tant de monde? Mad. de florville. II n'y fera point: rien n'a pu 1'arrêter; il a promis d'afc, Ier fouper a Paris avec une jeune femme &.... lisette, vivement. Avec une jeune femme?... Et c'eft lui.méme qui vous la dit?....  C O M Ê D I E. 21 Mad. DE FLORVILLE. Lui • même. LISETTE. Voila ce qui sVppelle étre sur de la facon de penfer de fon époufe... Ne plaiiantez-vous point? Mad. DE FLORVILLE, ÜVSC douleUT. Je n'en ai nulie envie. LISETTE. Vous a-t-il dit auiii fon notn, fa demeure?.... C'eftapparemment quelque femme qu'il a connu a Saint Duiningu», & qui aura pafTé en France dans le même vailleau queiui. Mad. DE FLORVILLE. Dans le même vaiffeau, dis-tu? Mais... en effet, cela me parolt plus vraifemblable que ce qu'il m'a dit; il m'a caché fon nom & fa demeure, & s'efl contenté de me dire qu'elle logeoit dans un quartier retiré. LISETTE. C'eft tout fimple, comme toutes les femmes honnêcei, Mad. DE FLORVILLE. Sérieufement, Lifette, tu penfes?... LISETTE. Moi, Madame, je ne penfe rieu. Mad. DE FLORVILLE. Tu peux parler. J'ai toujours aimé & eflimé Monfieur de Florville, mais je n'ai jamais eu la folie de concevoir la moindre jalouüe.... LISETTE. C'eft fort bien fait; ainfi ce fouper, ce rendez-voas ?.. Mad. DE FLORVILLE. Ce rendez - vous, Lifette ? LIS E T T E. Que voulez-vous penfer de ce refus? Mad. DE FLORVILLE. II prétend que c'eft une affaire très.preffée; qu'il a donné fa parole.... LISETTE. II n'y a point d'affaire, point de parole qui tienne. Je voudrois bien que mon mari, (fi j'en avois un , s'entend,) »'objeftat pour s'abfenter, aprês un voyage de deux ans, qu'il a des affaires, des foupers, flc Ie même jour fur-tout oü j'aiuois pris Ia peine d'inviter ma foeiéte ik une fê:e que je donnerois exprès pour lui.... Je le voudrois.... II iroit, peut-étre, comme votre infidèle, mais je ae le lai «ardonnerois de ma vie. B 3  32 LES DANGERS DE L'ABSENCE, Mad. de florville> avec douleur. Tu m'ouvres les yeux. Je n'olbis me Kvrer h ma* XPbienn Vondel C°mmenCe ' CI°ire ^ a^ *» L i s e t t I. Vous pleurez, je crois.... J'efpére que c'eft de dépte, Mad. de florville. Comptes.tu pour rien la honte de me vair,dédaienée? S°"ge 3ure ce'a peut fe favoir dans Ie monde Ali! ma cnere Lifette, aide-moi a me convaincre de Ia perfidie de Monfieur de Florville: 1'incertitude eft défefpérante. lisette. Voyons.... Comment nous yprendrons-nous? Mad. de florville, avec chaleur. Ne pourrois-tu pas engager la Fieur, comme fi cela ve noit de toi, a prendre un cheval, a fuivre de loin fa vor'. ture, & a s'informer du nom de la perfonne chez laquelle il le verra defcendre ? lisette. Je ferai tout pour vous obliger. Soyez tranquille, vous connaifTez 1'intelligence de la Fleur: avant minuit nous aurons de fes nouvelles. Mad. de florville. J'y compte. lisette. Vous, banniffez le chagrin & ne fongez qu'a vous difliper. Mad. de florville. Quant a mon père & a mes enfans.... lisette. LaifTez moi faire, ils feront tous trois couchés alachüte du jour. Mad. de florville, apart, avec douleur. Ahl Monfieur de Florville! lisette. Oui, je fais qu'il eft dur de fe voir trahie, a votre age  eOMÊDIE. 23 fur» toot. AHots, contraignez-Vous jufqu'a ce qu'il foir parti, & ce foir, la compagnie, le fouper, le bal acheveront de vous diffiper. Mad. de florville, en fortmt. Tu me réponds de la Fleur ? lisette. U ]e fuivra, foyez en füre. (Seule, en s'en allant.) Pourquoi brüle-t-on de favoir ce qu'on devroit toujours vou. joir ignorer! Fin du premier Aiïe. B A  *4 LES DANGERS DE UABSENCE, ACTE SECOND. Le Tbédtre repréfinte une cbambre tneuhU, r , ment; au fond f# a„ '""">re meubléefimph» »« juna or dans les aneies k Ar„;ffcj> a gaucbe, Jont deux * mte & chambres a couchTr j, 7' /m celles de' Candor 'lZ de la du père SCÈNE PREMIÈRE. AUGUSTfi et j^^^.^l'^^ LISETTE, oir «Su^^ xoic pu m'ippercevoir. «rnere la voiture, au- _ L i s K T T p Que va dire Madame >  C O M É D I E. 25 cela dérangeoit un peu notre joli plan: Monfieur de Fior* vüle, qui a été en bonne fortune, m'aurok peut-étre fait courir tout Paris, & c'étoic une foirée perdue, tandis que nous pouvons 1'employer agréablement. Champagne & la Jeuneffe font dans 1'anti-chambre: ils annoncent; onvabientót jouer, tu feras libre; on me croit & Paris, & nous pourrons caufer. J'ai bien des chofes a te dire. lisette, a Julie. Allons, Mademoifelle, dépêchez-vous. la fleur. L'arrivée de Monfieur de Florville dérange un peu notre petite fortune; il a 1'air rangé, écouoine: d'ailleur* ce vieux Ambroife que Madame maltraitoit en fon abfen. ce, va rentrer en crédit, & fi tu m'en crois nous quitterons le fervice. Oü les maitres font fages, les valets font miférables; qu'en penfes-tu. Lifette? lisette. Je crois que tu as raifon, mon cher Ia,Fleur. Oui, voila Monfieur arrivé, plus de jeu, plus de bals, plus de grands diners. la fleur. Conféquemment plus de profits. Si tes épargnes font auflï confidérables que les miennes, nous en auroris affez, &..., lisette. Je gage pour le doublé. Comptes-tu pour rien Ie pro. duit de ce que Madame appalle fes chiffons, qui font des robes prefque neuves, des bonnets encore très-frais; toutes les fottifes qui fervent a la parure d'une coquette, & qui n'ont de valeur qu'autant qu'elles font nouvelles, tout cela paffe a la femme de chambre. la fleur. Je|te 1'ai déja dit, fi tu veux joindre nos petites fortunei en joignant notre fort, je te promets de doubler nos fonds avant deux ans. lisette. Oh! tu exagères. la fleur. Toi, de la figure, moi de 1'efprit; ajoute a cela ue peu d'argent; voila de quoi parvenir aux plus grandej places. lisette. Oui, mais la naiffanee,.... BS  2é LES DANGERS DE L'ABSENCE, la fleur. Eh bien! nous 1'achetterons, & ï'on n'aura plus n'en 1 nous reprocher. Quelle perfpeftive agréable.' ie m'en, réjouis d'at/ance. (7/ écoute.) lisette. Qu'as-tu? la lleur, épOUVanté. Ah ciel! je crois entendre Madame... Que dire! que airel j lis.ette. regardant. C'efl elle.même. Ne perdons pas la tête. Dis comme moi. la fleur. S'il faut mentir, je fuis ton homme. lisette. Feins d'arriver... 1'air fatigué, harraffé. la fleur. ■ Comme cela ? t. lisette. Bon. — Paix. — Elle entre. SCÈNE II. Les Précédents, Mad. de FLORVILLE, trés» par ée. Mad. .de florville. Csmment! ces enfans ne fout pas encore couchés? lisette. Madame.... j'alioi».... Mad. de florville. Ah! Lifette, tu jie peux concgvoir ce que ja foufFre: j'ai voulu jouer, a chaque inltant je faifois des fautes. Si iu avois vu mou embarras , quand on m'a demandé oü étoic M. de Florville Comment! vous voila, la Fleur? la fleur, embarrajft. Oui, Madame... me voila.  C O M É D I E. t? lisette. II arrivé a .1'inflant. Mad. de FLoavrLLE, vivement. Eh bien! 1'avez-vous fuivi? L'avez-vous vu entrerf Oü ? Comment ie norame-t-eile? la fleur. Madame.... lisette. II m'a dit... qu'il 1'avoit fuivi d'auffi loin qu'il avoit pu... pour qu'Ambroife... Mad. de florville. Eh bien! oü efi-il defcendu? la fleur. Dans.... dans une rue, Madame Mad. de florville. J'entends bien, mais comment fe nomme-t-elle? L A F L e u r» Madame... c'eft dans le fauxbourg St.Germain, voila ce dont je fuis sur. Mad. de florville. Ce n'eft pas cela que je vous demande, comment fe nomme-t-elle? la fleur. Elle fe nomme.... Mad. de florville. Quel eft fon état? la fleur. Vous confondea, Madame; je ne fais, ni fon nom, ai fon état. Mad. de florville. Pourquoi avez.vous donc fuivi Monfieur de Florville? lisette, embarraffée. II dit.... qu'aufïïtót que Monfieur eft entré dans la miifon.... Ambroife eft refté fur la porte. Mad. de florville. Ambroife 1... le fcélérat!... Protéger les intrigues de fon maltre! — II eft refté, dites-vous, fur la porte?.... LA fleur. Oui, Madame... fur la porte de 1'hötel. Mad. de florville. De 1'hótel ? C'eft donc une perfonae comme il fauc f  «8 LES DANGERS DE L'ABSENCE, ... , la fleur. Mais... ouf ... Je n'en fais rieii, Madame. Mad. de florville Vous étes un foc... Quelle perp]exitéi..".Rec0nno7 tnez-vousla maifon, ou 1'hótel oü il eft defcendu? /m. i lisette. °"^Madarne--" detnain fi vousvoulez Mad. de florville , avec cbaleur'. Demain, Lifette?...Ce foir, a 1'inftant. - Prenez un eheval, retournez dans la rue oü vous 1'avez vu defcen" dre; attendez qu'il foit forti, informez.vous du nom , de létat, du pays de Ia Dame. Voila ma bourfe, partagel bren^nftrudt?mefl,qUeS de ,3 maif°n' & 06 Mai,.f. Vdï£?d. £ ^^ 9 "vUnt' Mad. DE florville. Quoi! que voulez-vous encore? H FLEUR, Si.... Monfieur Ihbie^ °E ri°lV11^ „ , . la fleur. Ne fortoit pas de 1'hótel. Mad. DE florville. clLre f0a?,u PV11 fembIe tIu'il fe P|a*ft a me défefpérer. - Allez & ne paroiflez devant moi qu'avec dL renfeignements certains. * la fleur, enfortant. Allons...ireSardant la hourfci; l'escellent métier! os paye jufqu'a nos menfonges. dH/ert.) u"  COMÈDIE. t$ SCÈNE III. Mad. de FLORVILLE, LISETTE, JÜLIE et AUGUSTE, d taile. Mad. de florville, s'afieyant. _A.nl Lifette, fuis» je aflez humiliée! auguste, fortant de table. Ma bonne, nous avoni foupé. Mad. de florville. Un inftant, Monfieur. Ne voyez-you» pas que votr» Bonne eft avec moi t julie, venantfur l'avant-fcène. Eft-ce que vous avez du chagrin, maman? Mad. se florville, avec impatience^ Taifez-vous, petite fotte.... Pourquoi ne les avoir pai cpuchés? lisette. J'allois les fortir de table, quand la Fleur eft arrivé; je les coucherai auiïirót que vous aurez rejoint votre fociété. auguste. Voulez- vous permettte que nous allions embraffer notre grand papa avant de nous coucher? Mad. de florville. Non, Monfieur; votre Bonne n'a pas le tems d'attendre votre commodité.... (A partei Le parjure ! julie. Vous pleurez, maman. Mad. de florville, avec humeur 6? confufion. Taifez-vous, vous n'ouvrez la bouche que pour dire dei fottifes. auguste, bas d Julie, Tais- toi donc. Eft.ce que tu ne vois pas que maraan a de 1'humeur. Mad. de florville, Je levant avecprécipitation &ƒ ejjuyant fes larmts. J'entends du bruit. Je crains de paraltre, tant je fuis agitée.  flö LES DANGERS DE VABSENCE, lisette. chelreniette2!*V0US' Ceft lÊ PerC Cand0r qui va fe cou" SCÈNE IV. Les Précédens, lePere CANDOR, un bsugeoir d la main. Mad. de ;f l o r vil le, avec êtonnemenu C ommeni ! mon pere, il y a une heurequ'il fait nuit. „ Je croyois que vous repofiez. LEPE RE CANDOR. Je me fuis amufé a voir les préparatifs du bal & du feu d artince. ,t r aü,gu„ste et jülie, gaiement. Un feu dartifice? Eft. ce que nous ne le verrons pas. Mad. de FLORVILLE. Lifette, couchez-les. {Au fere Candor.) Pourqtiot parler de cela devant les enfans ? {Lifette amène lescn. fans au fond du thédtre, & défait leur coëfure.) LE PERE candor. Et vous, ma fille, ponrquoi les priver d'un plaifir qu'il vous coüte fi peu de leur procurer? Mad DE FLORVILLE. Je fuis affez rarfonnable pour gouvemer feule mes enfans, & je fuis étonnee, mon pere.... le pere candor. Point d'humeur. Je vous cberchois pour vous dire que la compagnie étoit inquiête de vous. - Mad. de florville, avec peine é? étonnement Eft. ce que quelqu'un vous a parlé ? le PERE CANDOR. Oui. Une jeune dame, très.briliante, s'eft adrefTée a moi, & m'a dit: mon ami, favez-vous ce qu'eft devenne Madame de Florville?... Jé lui ai répondu affez indifte.  G0MÉD1 E. SI remment, que je n'en favais rien. Peut-être m'a-t-elle prfl pour un de vos domeftiques; la méprife eft pardonnable. Mad. de florvil.le, éfffllt.} Mon pere!.... le pere candor. Elle n'eft pas obligée de favoir que la bure couvre celui qui vous donna le jour, mais elle ne doit pas ignorer que 1'habit le plus fimple couvre fouvent 1'homme le plus vertueux. (.Avec douleur.') Adieu, ma fille, demandez au Ciel de n'être jamais méprifée par vos enfans, car c'eft la plus grande des humiliations. — Bon foir, mei enfans, aimez bien votre mere, & le Ciel vous bénira. (// entre dans Ja chambre.) SCÈNE V. Les Précédens, homis le Pere CANDOR. auguste, d Lifette. Bonne, qu'eft-ce qu'il a notre bon papa? On di. roit qu'il pleure. Mad. de florville. Je ne puis refpirer. . ju l i e, entrant dans fa cbambre. Bon foir,maman. • aug oste, de même. Bon foir, ma petite maman. Mad. de f lorville, très'êmue. Lifette, as - tu entendu mon pere ? lisette. Non, mais qu'avez-vous ? Vous pleurez, je crois... Que vous a-t-il dit? Quelque difton, quelque vieille fentence? Allons, allons, fécbez vos larmes & allez re. joindre la compagnie: un vingt-un fera oublier tout cela. Pauvres femmes! comme nous fommes foibles! comme un rien nous émeut I paree qu'on a un pere & des enfans, faut.il renoncer a tout plaifir? Non, cbaque ige a lea fiens; la vieillefTe aime la tranquilUté; 1'enfance, le tu-  3* LES DANGERS DE L'ABSENCE, mtèh asréabie que celai de fon SCÈNE VI. LISETTE, feuU. SVX a pauvre maitreiTe! on diroic nrpfaiiA n«.'0n„ n. ■ louié.... jaloufe de fon époux! c'efl ffwnioïr ? eftJa' malbeureufe. rV/Az»* £ * , J ,V0ul0ir fe rendre SCÈNE VIL £e TMArv eft trés .fombrt. AUGUSTE ET JULIE. aüGüste, entr'ouvrant la porte de fa chambre. Üllk eft fortie.... Allons, ma fceur. t„« k- jü,lik» Mfouvrant la'funru. i u es bien für que ma bonne. auguste, d demüvoix. Om, elle a emporté Ia Iumiere; elle ne penfe olnï * nous. Allons frapper a 1, porte de notre grand1 Paja ?.! Don-  G O M É D 1 Ë. 31 Donne-moi la main. QIls vont en tatonnant du cêtè de la porte). jol t Ü. De quel cóté ? a U G U S T e. A la droite.... Viens donc. jtiLiE, (prenant Augufte par le bat de fon habit.) Ah! je te tiens. —. Ce bon papa! Il avoit l'air biert trifte quand il eft entré dans fa chambre; jé crdins biaa qu'il ne veuille pas jouer ce foir. auguste. Oh que fi: il e(t fi bon f {/lrrivant a la porte.) Attetids.... je crois que j'y fuis. (// frappe doueiment.) Mon bort papa, mon bon papa. le pere candor, dans fa chambre. Un iuftant, un inftant, mes enfans. auguste, trés- gaiement. C'eft bon. Eiuends- tu, il va venir. j b l I ë. Le bon papa! 9a me fait bien de la peine quand maman lui parle durement. AUGUSTE. Ec a moi donc. Tout a 1'heure il nous a dit: bon foir, mes enfans, les larmes me font venues aux yeux; j'allois pleurer, mais je me fuis retenu, paree que maman étoit ia. (// écoutt.) ;Vlais.... oui.... je 1'enteuds. SCÈNE VIII. Le Pere CANDOR, JULIS, AUGUSTE, le pere candor, un bougeoir d'unt main, £ƒ des cartes ö1 une bourfe de l'autre. "El h bien 1 mes enfans, vous venez donc chereber votre revanche? Je vous ai gagné hier au foir bien de 1'argent. CJuliê range la table.) auguste. Oui, mais c'eft égal, quand nous n'en avons plus, tu nous en donnés. C  3* LES DANGERS DE L'ABSENCE, lepere candor. Et fi vous me fakes banqueroute? Si Prenez garde de vous faire mal. — Si vou,- ne me payez pas? j u l i e. Si nous ne te payonspas....Eh bien! tu t'en confoleras, paree que tu n'es pas avare, toi. — Augufte, apporte le fauteuil pour mon bon papa. aüguste, mettant le fauteuil prés de la table. Tiens, afïleds-toi, tu dois étre las, car nous t'avon» bien fait counr ce matin. lepere candor, s'affeyant. II eft vrai, mais cela me fait du bien. — Tenez, ie n'ai rien oublié, voila les cartes & voila notre petite fortune — Julie, voila ton argent, Augufte voila Ie tien, & voila Ie mien. Je vais diftribuer les cartes. Coupe fulie tu me porteras bonheur. (Elle coupe.) Allons, mes enfans , mettons au jeu! (Ils mettent au jeu.) aucuste, pendant qu'il diftribue les cartes. C'eft un joh jeu que Ia bataille, je 1'aime bien mieux que celui que maman joue avec Monfieur Dorval. j u l 1 e. Elle 1'appelle Ie piqutt\ je n'y comprends rien. auguste. Elle fe fiche toujours quand elle joue ce jeu-II, & nous, nous rions toujours quand nous jouons Ie nótre ainfi c'eft Ie nötre qui vaut mieux. * le pere candor, ramaffant fes cartes. Vous avez raifon, mes enfans, ne regardez jamais Ie jeu que comme un amuferaent. Si vous aviez eu un feul «nftant d'humeur eu jouant avec moi, j'aurois quitté Ie jeu tout de fuite. auguste, jouant. De 1'humeur? Eh! pourquoi ? —- Ramailè tes cartes ma foeur., — Que je perde, quejegagne, c'eft toujours' ton argent. Bataille. — Et puis, nous ne jouons que pour le plamr d étre avec notre bon papa. —» A toi Julie. juLia, jouant. As de carrean, c'eft pour moi. le pere candor. Mes enfans, quand je ne ferai plus ici, jouerez.voue enfemble le foir ? auguste, Eft-ce qu'on peut jouer fani Jumiere? «. Ahf bataille  C O M Ê D I E, 3* de Rois. — Et d'allleurs, quand nous en aunoas, nous n'oferions pas jouer feuls, paree que fi mamaa nous turprenoit.... LE PERE CANDOR» Et fi elle vous furprenoit a préfent ? AUGUSTE. Nous en ferions bien fachés, mais malgré cela, nous favons bien que nous ne pouvonspas faire de mal quand nous fommes avec toi. LE PERE CANDOR. Votre maman ne vous fait coucher de bonne heure que oarce qu'elle croit que cela vous fait du bien, & moi je ne confens a jouer tous les foirs avec vous, que paree que je fais que vous ne vous endormez pas de bon cceur quand je ne vous ai pas embrafles. — Roi de piqué. J JULIE. Prends, Augufte. AUGUSTE. Oh! ca c'eft vrai, & puis, eft-ce que tu crois que nous nous coucherions fi tranquilement, fans l efpérance de nous amufer avec toi quand ma Bonne eft fortie loue donc, ma fceur. — Bemande a Juhe, nous ne fommes fages que depuis que tu es icu JULIE. Oh oui! & fi tu veux que nous foyons toujours fages, il faut y refter toujours. (Elle fembrafe.') LE PERE CANDOR, * pUTt. ^ . Les charmans enfans! Quel cceur! Puiirent-i-ils n etre ja» mais corrompuspar les m«urs du fiècle! PuilTe leur mere.... AUGUSTE. Tu pleures, mon bon papa. LEPERE CANDOR. C'eft de plaifir, c'eft de tendreffe. (A part.) Leur amour peut feul me faire ftipporter 1'indifférence de ma fil* Oui, fans vous, mes enfans, je mourrois de douleur. (Augufte pleurt d'atttndrtjfement). C * I  %6 LES DANGERS DE L'ABSENGE, SCÈNE IX. LES AMBRm^TS; U' DE FLORVILLE, tenant un panier couvert. m. de florville, büi. housnl vu?bi%„S°nS-n0US dÊ " CÓté- Nan,MonAfirr.R°ISE,^/e^rm. de florville. sufoZT' IISnemecr°yedtpasfip^. Qhrefient le pere candor. Qu a--ni, Augufte? Allons mon enfant, fonge a ton ieu jep.encis. — Oh! tu crois paree que je fuis jeune au* je ne vois pas ce qui te fait de taVne™a'SS* quand je t'a. rencontré derrière fa pefte charmé, tu « vóit gSé.r ,3V0IS J£S y™"'^> que maman!£ Ehbien?" PERE CAND°*> <■* a u g d s t e. Lh bien! II y avoit un quarr-dheure que je te vnvnl, fans etre vu ; .1 y avoit un quart-d'heure queje PjeuroL de te yoir pleurer. ^ J pieurojj le pere candos, vivement. Mon enfant, je pleurois, paree que.... a u c ü s t e Oh Iai tout entendu.... J-aime maman, mais je Mme. rois bien davantage fi elle t'aimoit autant que nous. LE pere candor, vivement. Llle maime, mes enfans, elle m'aime, jen fuis jUr auguste. Tiens, mon papa, qui n'eft pas ton rils,qui a été abfenr pendant deux ans, t'a fait p!us de carefles, a fon arrivée que raaman, depuis quinze jours que tu es ici- aufTiie' l aime de tout mon cceur. UI"Je  COMÉDIE. 37 M, de florville, tOUjoUTS ddTlS U fond. Que neïes entenüez-vous, ma rèmmel le pere ca DOR. Les pauvre. enfans. ÏLegarddnt ci fa nwntre Jarge*n. CommemMl eft prés deW heure.l nous .vo» cau.é plus long-tems qu'a 1'ordinaire. O /f p m de florville, a Ambroife. II eft tems de paroïtre. le pere candor. Ventonds du brüit. m. de hohvh' r-,.., ffr Ne craigtiez rien, mon pere, e'eft • .morgue, te'peke candor, avec étonri' nt Monfieur de Florville)... Voji nous ftuprenèz,.. J eipere que vous ne me ferez pas un c me . ^ augoste, vivenunt. Mon papa, c'eft nous qui avons écé ie réveüer, ce n'eft pas fa faute M. DE FLORVILLE^ Augufte, vous oubliez que votre grand papa na pas befoin de fe juftifier vis-a-vis de moi. le»ERE CANDOR. Vous avez refté peu de tems a Paris,par quel hazard ?.... M. DE f l o R V i L l b. Te n'v fuis point allé, je vous expliquerai cela; maïs,. avJnt t Jut nous allons goater enfemble d'un pent fouper qu?Ambrolre . apporté. (Ambroife & les enfans arrangent k P^uven^ j. T julie, enfemble gaiement. u,llbupele PERB.CANDOR. Jene comprends pas.... Ma «He fan donc*... AUons, allons, mes amis. — a,uc' le petit couve;t). j u l i ï. Et maman? , . m. de florville, apart. „ , , rn. rUnuf\ Ouelques affaires.... AffeElle m'embanallè. Og-g ^STmu enfans; vous yonsnous, mon pere, aiuytz-vuus, O 3  $8 LES DANGERS DE L'ABSEXCE, ra un peu dVp4, Augu^.?t0US J°Urs fête' Te feu,ai,, „ . A ü G U S T E. Oh!queouI,monpana,&Pujs ie plaifir.... m. de FLoRvirr» relüme0uaS.t0Ute imerdite' ~ U£4»?U. I boi- fi^Jff^ii^ ^ * Allons, ma M. de FLORVIrrr? jouer tous Jei fou^a ,a bata^e avec ""^ P°Jr vnnc auguste. la boucke pkine. *^3E?&*- de ra*e* 4 m°n "«» P-P-. car il M. DE FLORvir r e- ^■4Spi^fi^0 Mais vous ne «"««gez Pas; Non. c'eft qïe..*.■"■ M. DE FLORVILLE, a« Ca„^_  C O M É D I E. 39 SCÈNE X. Les Précédens, la FLEUR. la fleur, fans paroüre. JË ne fais oü eft Lifette. J'appercois de laJumièr«. jjjM la chambre des enfans; elle y eft, fans-doute. C« «««O Ehbienl ma chere Li.... m. de florville, fe levant. L'importun! la fleur, tres-itonni. Comment!.... Excufez.... Monfieur, icil... Je nw retlte' m. de florville, le retenant. Un inflaur, Que demandes • tu ? la fleur, embarrajje. Monfieur, pardonnez.... Je cherchois.... m, de florville. Qui? la fleur. Permettez.... M. de florville. Tu parois étonné demevoir ici.Pourquoices bottes.ce fouet? la fleur. Monfieur, je.... Je cherchois Lifette. m. de florville. Réponds, d'oü viens-tu? Oü allois-m t la fleur. _ , • Monfieur, j'allois.... Je devois aller.... J*" dïU Ier.... m. de florville. Oü? la fleur. Je ne fais pas, Monfieur. m. de florville. II y a quelque chofe la-deflbus. Je vais te faire punir ft tu n'avoues.... C *  40 LES DANGEKS DE L'ABSENCE, r„„n, A FLEBIi) vivement. »*a pehe! coinine vous v allez r- a n/r j jn'avóie envoyé a Paris. eft MildaI1ïe qui m. de florville, le tirant d part , _ LA fleur, Pour... pour M. de florville. I u clierches, tu veux me tromper. pou10ia'fé!e.°nfieUr' ^ur--Lpo«^^éter quelque cbo.fb M, de florville E^^^!; JC oyerchercherdes ri-.ui L A f l E u R. JJiabJe, vous êtes preflant. Ehblen*' * e f l 0 * * i l l e. , l a f l e u r, apart. Bastas *«* M. de florville. De me foiyre?^ Parle plus bas. Pour quelle raifon ? Pour favoir., la FLEUR, Acheve. M" ü E F L 0 ^ V I L L E. M. p £ FLORVILLE, d part. Le norn? La demeuie de la Demoüelle ?.... Ouoi! des foupcons! C/^«0. Et tu a, eu Ja hardieffe de mefu we, tn m'.s vu défcendre au bas du viIJage remrer™ ie jardin avec Ambroife, & ttl as é(é direSa'femme pp' w„n Ar F L E u R » d'MB 'cw important. TSon, Monfieur, je lais trop le relpect que ie dois a mem maitrepour.... Non, Monfieur, je ne'voJ ai pöinc m. DE FLORVILLE. Je gage que la parefle feule.... Ma «qu'as tu dit a ma femme/ Quelle réponfe lui as tu fake? "  C O M É D I E. 41 LA FLEUR. . Ne pouvant me fauver outrement, Lifette ma aidé 4 brocher une petite aventure galante M. DE FLORVILLE. Comment, maraudl vous avez eu 1'infolence... LA FLEUR. Ma fpi, Monfieur, mettez-vous a ma place, plutót que d'être renvoyé... M. DE FLORVILLE. Impertinent! ainfi ma femme croit en ce moment, grace a vosfoins.que je fuis aux genoux de quelque coquêtte? LA FLEUR. Quand on ne peut pas dire la vérité, on tache du moins de faire un menfonge vraifemblable: eh! qui Uiaoie aurult pu penfer que tandis que nous vous croyions a Paris en bonne fortune, vous étiez ici a fouper triftement ave.c Monfieur votre beau père & vos enfans. M. DE FLORVILLE. Non pas-un impudent'valet, qui fuppófe toujours des défauts a fes maitres. LA FLEUR. Si c'ell-lh la récompenfe.... M. DE FLORVILLE. Je ne récompenfe jamais pour dire Ia vérité, mais je fais punir quand on me fait un menfonge. . Montez dans votre chambre, fans faire de bruit; Ambroife ira avant peu régler votre compte.... Et fi tu dis un feul mot.... LA FLEUR. Monfieur..,. M. DE FLORVILLE. Vous ne pouvez coucher dans cette maifon, allez, alles. (La Fleur fort.') CS  ** LES DANGERS DE L'ABSENCE, SCÈNE XI. I-es Précédens, hornat la FLEUR. m. de florville, Apart. a femrru» me foupconne! me fuppofe une imrigue l «- Je crains qu'elle ne vienne pas.... Oh l j'ai un moven' lor pour 1 attirer fous un prétexte vain en ces lieux, & fi elle tarde encore.... J'entends du bruit... Si c'étoirelle. Remettons - nous. (// SaffieJ.) le pere candor. Vous paroiflez agité. Mad. de Florville, fansparoitre. Que veut dire la Fleur? Il a 1'air égaré.... lisette, fans paroitre. Madame, je ne fais.... Mad. de florville, fans paroitre. Je fuis dans' uue'agttation. (Elevant la voix fc? s'adresfant aux domeftiques.) Apportez des flambeaux. >—« Viens, Lifette; je ne concoi* rien....  C O M É D I E. 43 SCÈNE XII. Êf dernisre. Les Précédens, Mad, de FLORVILLE, LISETTE, deux Domesïio,ues, portant des flambeaux. (Le pere Candor fc? les enfans fe lèvent, M. de Florville, feul, rejie affis). Mad. de florville, avec un étonnement mélé d'aigreur. Comment, mon pere! mes enfans! Qu'eft ce que cela fignifie?.... (avec un grand étonnement, milé de confufion.) Dieux! mon mari. lisette. C'eft lui-méme ! je n'en reviens pas. m. de florville, tranquülement. Pourquoi vous étonner, ma bonne amie? Vous voyea que votre pere, vos enfans, partagent en fecret Ie plaifir que vous caufe mon retour. Mad. de florville. Comment, Monfieur! Et ce fouper avec cette dame, fon pere, fes enfans?.... m. de florville, fe kvailt. a la dame prés, je ne vous ai point menti. —- As - tu pu penfer que je préférerois Ia fociété d'une étrangere a celle de mon époufe? Non, celle de mon pere, de mes enfans pouvoit feule balancer le plaifir que me caufe ia tienne. Mad. de florville, avec confufton. Quoi! je ferois jouée! m. de florville. Tu te trompes, ma bonne amie; voici mes raifons: mon pere, mes enfans n'étoient point admis a la fête que tu donnés pour célébrer moa retour, & comme ce font,  44 LES DANGERS DE L'ABSENCE, après toi, mes meilleurs amis. il étoit jutte qu'ils le célébraflent. J'ai préféré leur pstit fouper a ton feftin. paree que la vérité, Ia franchife faifoient les frais de celui - ci, & qua l'ennuyeufe étiquette préfidoit a celui que tu as donné: Il n'y manquoit qu'une perfoaue pour Ie rendre le plus beau de ma vie. Mad. de. florville. Je fuis conTondué.... Quelie lefön terrible! CEllefe ca. c te le vifage. L e p f. h f. candor, vivement. Ah! je cor.cois... Qjoi, ce fj;]per?.... Je ne fais fi lei larmes qui m échaopent font de triite/Te ou de joie. M. dé FLOsviiLEj bas è Ambroife. Ambroife, amenez ces enfans, & cachez-leur 1'einbarras de leur nnre. (Ambroife fort avec les enfans, les dome* ftiques laiffi'nt les flambeaux & forteni). Mad. de florville. Et j'ai pu foupconner!.,.. Je n'ofe lever les yeux. m. de florville. Ne rougis point de tes erreurs, ta confufion me dit que tu vas tout réparer. Mad. de florville. Le pourrai-je jamais? m. de florville. II en eft tems encore. Tes enfans t'airnent, prodigue leur tes loins, & ils t'adoreront; pour ton pere, fes larmes te dii'ent que tu n'as jamais forti de fon cceur. Mad. de florville. Suis-je aiï'ez coupable! m. de florville. Non, tu ri'és que foible , tu as fuivi 1'exemple dangereux de ces femmes, qui, entrainées par les vains plaillrs°d'une vie bruyante, oublient ce qn'elles doivent a leur pere, a leurs enfans, & leurs époux; redeviens toi-même & connois Ie vrai bonheur. Mad. de florville. Et j'ai pu croire les indices faufles que mes domeftiques m'ont données; j'ai pu croire... Que dis-je ! leurs menfonges font moins affreux que mes foupcons. (A Life/te), Ne paroill'ez devant moi que poür recevoir votre compte. LISETTE. Madame.... -  C O M É D I E. 45 Mad. de florvillï. N'aioutez pas a la hardiefle que vous avez eue, celle de vouloir vous juftifier: fortez. (Lifette fort). Me par* donneras-tu? m. de florville. Te n'ai jamais douté de ton cceur, & quand j'ai coticerté cette épreuve, j'étois bien für qu'elle réullïroit. Mad. de florville, clierchant avec une tendrt inquiétude. Te ne vois point mes enfans. m de florville-, vivement. Modere tes carelfes; qu'ils ne s'apptrcoivent pas que tn les a négligés; rends - leur ta tendrefl'e... par degrés, afin qu'ils puilfent dire, dans un age plus avancé: elle nous a toujours aimé. (Mde.de Florville appergnit fon pere qui cache fes larmes: elk veut fe jetter a fes genoux ; il farrite £? la recoit dans fes hras; elk revicnt a fon époux, qui dit gaiement, en efuyant fes larmes...) — Mais laiflbns cela, que va dire ta compagnie? Mad. de florville, avec le plus grand abandon. Eh! que m'importe, je fuis heureufe. — Le plaifir feul que j'éprouve a avouet mes torts eft pluspur, eft plus doux que tous eenx que j'ai goürés pendant ton abfence. La coquette s'étourdit; mais n'a que des jouiffim. ces aulïï faufles que les attraits qu'elle etnprunte de Tart. Ma coquetterie a préfent fera toute dans mes enfans; les éiever, les inftruire, voila mes feuls, mes vrais plaifirs, & leurs yeux & les tiens fsront le miroir oü je verrai cha« que jour fi je dois étre contente. le pere candor. Ma fille! que vous favez bien faire oublier les peines! Mad. de florville. Te vais te préfenter aux perfonnes que tu ne connois pas; il y en a qui font dignes de ton amitié; venez, mon pere, je veux vous faire connoltre a nos amis; amenons stufli nos enfans: le bal vient de coramertcer, ils s'amuferont. m. de florville. Oui. — Mais fi mon air un peu mariti, fi la franchife da ton pere, la gaieté de tes enfans alloient déplaire a ces grandes dames?  46 LES DANGERS DE L'ABSENCE. Mad. DE FLORVILLE. Eh bien! elles s'en iroienc; nous continuerioHS la fêts •n familie, & elle n'en feroit que plus belle. M. DE FLORVILLE. Je te reconnois. Voila la véritable mere, qui n'eft heureu. fe qu'avec fon pere, fon époux, fes enfans: maintenant nous pouvons aller nous réjouir (Avec fatisfaüioni) Je m appercois que mon petit fouper a produit tout renet que j'en attendoiï. F I N.