L E DUEL o u LA FORCE DU PREJUGS5 C 0 M É D I E EN TROIS ACTES, EN VERS. Par M. Rauquil-Lieutaud. Représentée, pour In première feis, d Paris, par les Camtdiens Italiens ordinair es du Roi» U 20 Juin 178Ó. L'Education Penfeignt; Qe Préjugf) fexemple Vaccridite; la cridulitè Fadopte, & l'ignorance le foutient. Difcours Cat le Duel. A A M S T E R D A M, ChezCESAR NOËL GUERIN, Libraire. 1790.  PERS0NN4GES. M. DE VALBAINS , Oftogénaire. LE MARQUIS, fils de M. de Valbains. LA MARQUISE de Valbains, fille de M. de Blémon. M. DE BLEMON, ancien Officier. LE CHEVALIER, frère de la Marquife. MERVAL, jeune Officier, ami commun du Mar- quis & du Chevalier. BRILLANT, Bijoutier. L1SETTE, Femme - de chambre de la Marquife. CHARLES, vieux Domeftique du Marquis. LA FLEUR, Valet-de-chambre du Chevalier. Un Domeftique, Perfonnage muet. l,a Scène ejl dans une Vitte confidèrable de Province, £f PaJIe dans la maifon de Monfieur de Valbains.  L E DUEL, CO M Ê D I E. ACTE PREMIER. Le Tkédtre reprèfente un Sallon. SCÈNE PREMIÈRE. CHarles, endormi prés d'une talie fur laquelle brule une lumière, s'éveille un moment après que le rideau ejt levé. Le jour ne pnroic pas...... voyons 1'heure qu'il eft...,* (// fe leve £p va regarder a la pendule.} Cinq heures moius un quart; c'eft ce qu'i! me falloit: Mon Maïtre en fe couchant, i plus de vingt reprifes, M'a dit de 1'éveiller a cinq heures précifes. Et pour n'y point manquer je me fuis vu réduit, A pafler en ce lieu le refte de la nuir * Je ne puis concevoir quelle prefTante affaire L'oblige a fe lever plutót qu'a 1'ordinaire Réfumons cependant j'ai cru m'appercevoir Que le Marquis étoit fort fombre hier au foir. Les Riches ont fouvent tant de fujets de Pêtre! Je n'en puis pourtant pas dire autant de mon Maïtre} C'eft un fibon humainl Au refte, c'eft un fait Qu'il étoit en rentrant inquiet & défnit; Peut-être prends-je aufli pour de finquiétuda Ce qui n'étoit en lui qu'effet de laflïtudes II revenoit du Bal & la fatigue mais Je ne réfléchis pas qu'il ne danfe jamais. De fon mal a préfent je foupeonne la caufe 5 L'abfence de Madame eft ce qui 1'indifpofe, II veut dès aujourd'hui prévenir fon retour... Courons donc l'dveiüer, & fervir fon amour. A 2  4 le duel; Eh, mais! J'entends quelqu'un Que vois-je? C'eft lui - même Ah ! que ne faic ■ on pas pour un Objec qu'on aime. scène ii. le marquis, charles. le marquis, en chenille if en bottes. Charles charles. j'illois, Monfieur, a votre appartement, le marquis. Va dire qu'on me felle un cheval promptement. charles. Votre chaife feroit plus commode, fans doute. l e marquis. II me faut un cheval, dis - je. charles. Mais la route, Par le temps qu'il a fait, eft facbeufe a tenir. le marquis. Qui te parle de route ? charles. Eh quoi { l e marquis. Cours m'obéir. {Le rappellant.") Charles. 'charles, revenant. MonQsur. le marquis. . Un mot. a ce que je fuppofe, Mon père dans fon lit rranquillement repofe. charles. Mais a 1'heure qu'il eft, je le préfume aufïï; Carquoique oftogéuaire, il jouit, Dieu merci, D'une fanté parfaite; & puis tout honnête honiuie, Sain, trauquille & content, dort toujoursd'unbonfomme.  C O M É D I E. § le marquis. Qu'on refpefte le fien. charles. Ah! croyez le marquis. II fumV. Ainfi donc a préTeut, va, cours ou je t'ai dit. charles. Oui, Monfieur, de ce pas c'eft ce que je vai« faire; Car, enfin, je fca's trop qu'nne plus noble affaire D'animer un grand coeur n'eut jamais le pouvoir, La nature & 1'honneur vous en font un devoir. le marquis, Apart. Auroit-il deviné le trouble de mon ame? charles. Monfieur ne va-t il pas au devaut de Madame? le marquis. Elle revient demain. c h a r l e s. Dair.ain eft donc le jour Qui la rend a nos voeux, ainfi qu"ü votre amour. Quelle femme jamais en fut plus digne qu'elle! le marquis, a part. Te ne le fcais que trop! charles. Auffi douce que belle; Vous plaire & vous aimer font fes foins les plus doux..... Monfieur. permectez-moi de partir avec vous. Je vous fuis attaché beaucoup plus que perfonne. le marquis. J'en conviens, mais d'abord fais ce que je t'ordonne. charles. t'_ v0]e quoi,Monfieur, fansfuite&fanstémoin le marquis, d'un air plus embarrajfé. Je n'en veux point avoir, & n'en ai pas befoin. charles, a part. Qu'eft-ce a dire? Quel e(t donc le projet qui Tamme? le marquis, d part. Ce jour doit éclairer mon malheur & mon crime. iHaut.') En un mot je ne puis difFérer plus long-temps; Coursm'obéir, te dis-je, & fcnge que j'attends. A 3  6 LE DUEL, SCÈNE IIL LE MARQUIS. u n beau-ftère infolent & m'infulte & me brave. L'afïïont eft trop public & 1'injure trop grave. C'en eft fait; pardonner n'eft plus en mon pouvoir. L'lipnneur Barbare honneur, tu me fais un devoir, Ou de perdre Ia vie ou d'être parricide. Si ma vengeacce encor ne frappoit qu'un perfide!..,.. Mais que d'infortunés entrainent av.ec nous Les horribles effets d'un aveugle courroux! Et comme fi Julie eüt prévu mes allarmes, L'autre jour en partant el!e fondoit en larmes. Je la vois accourir en me tendant les bras, Et fon vertueux pêre accompagne fes pas. Le mien entreaveceux onmecherche, on m'appelle Djeu! quelle folitude efFrayante & cruelle! {Avec un cahnc concer,tré.~) Plus de fi!s, plus d'époux j'aurai fubi mon fort, Et celui qui m'attend, c'eft Ia föite ou la mort..... Ah 1 que m'importeroit la pene de Ia vie, Sans celle de mon fils, d'-un pere & de Julie? II ne me refte plus qu'a lui recommander •Ce fils qu'a notre amour le Ciel vient d'accorder..... D'un père infortuné n'avoit-il rec/J, 1'être. Que pour le détefter ftns jamais le connoJtre? O mon fils!..». de mes plcurs je viens de Jecouvrir, Ses foibies bras fembloient vouloir me retenir. Puifte-t-il être un jour, au défaut de fon pêre, La confolation & 1'efpoir de fa mère. (II écril,') Pardonne • moi, Julie, & tes pleurs & ma mort..... Je meurs exempt de crime & non pas de remord. „ Ün coupableaggrefteur....." Ce coupable eft fonfrèrel D'autres le lui diront, moi je dois le lui taire. Élle aura de mon fort du moins quelque pitié, Quaad je veux de fes maux lui cachsr la moitié,  C O M É D I È. '7 SCÈNE IV. M. DE VALBAINS, LE MARQUIS. M. DE VALBAINS, en bonnet de nuit, en robede-chambre une bougie a la main. C omwent, déjalevé! le marquis. Mais vous-même, mon père, Par quel hafard? m. de valbains, avec intention. L'efprit agité ne dorc guère; Tu le vois par toi-même. le marquis. Et d'oü vient, s'il vous plait, Cette agitation ? m. de valbains. Monfieur, c'eft mon feeree En vous voyant iri, demandé-je le vótre? le marquis. Je 1'avoue. m. de valbains. £n ce cas, gardons chacun le nótre. le m arq.uis, ó part. Seroit il informé? m. de valbains, de meme. Je 1'intrigue, tant mieux, Pour ne point me trahir, gardons ce férieux. (haut) Que fais tu la? le marq.uis. J'écris. M. de v a l n A I n s. A ta femme ? le MARQUIS. Oui, mon père. Mi de valbains. Eh bien! J'en fais charmé L'excellent caractère Que cette femme la j'en fais le plus grand cas; Oui, certes eh! comment ne 1'aimerois-je pas? , A 4  8 LE DUEL, Noble fans vaniré, bel'e fans impofture, EUe eft Ioin d'affedter 1'infoiente tournure De ces femmes du jour qu'on ne peut concevoir, Dont Ie premier principe eft de n'en point avoir,' Et qui de nos Lsïs fe difputant les traces, Font rougir la pudeur en appellant les graces. Julie eft un tréfor..... je voudrois pour beaucoup Qu'elle fut de retour. le marquis, apart. C'en eft fait; il faic tour. ' m. de valbains. Maïs ]e m'en appercois, je t'empéche d'écrire.... Pardon, encora un mot & puis je me retire. LE marquis. Vous vous moquez m. de valbains. Non, non; écris, te dis-je écris* Puifque c'eft a ta femme; & marqué lui, mon fili' Que ton pere 1'attend avec impatience, Et qu'il n'a jamais tant fouhaité fa préfence. Ce defir h tel point me tourmente l'efprit, Que je n'en ai pss pu fermer 1'oeil de Ia nuit; C eft que, pour des raifons, que tu fauras enfuite, II eft elïentiel qu'elle arrivé au plus vite. le marquis. Quel fnjet fi preftant? m, de valbains, continuaitt d'affecler un air férieüx qui trompe le Marquis. Jem'entends, mais enfin..., l e marquis. At£Z-vous oublié qu'elle arrivé demain? m. DE VALBAINs. Demain fera trop tard l'attente eft fi terrible ' le marquis, apart. ' Ma fïtuation eft encor plus horrible. m. DE valbains. Mais je vais m'occuper des moyens d'y pourvoir. le marquis, voulant le retenir. Mon père.... m. de valbains. Continue, adieu; jufqu'au reyoir,  C O M É D I E. 9 SCÈNE V. L E MARQUIS. Il fait tout le moyen d'en douter davantage! Mais qu'il ne m'ait tenu que ce fimple langage, Et qu'il ait confervé ce calme, ce fang-froid, Dont je fuis béaucoup moins la dupe qu'il ne croit, C'eft ce qui me confond, & je nepuis comprendre, SCÈNE VI. LE MARQUIS, CHARLES. CHARLES. li.e pardons, Monfieur, je vous ai fait attendre; Mais fi matin encore..,.. il m'a fallu le tems D'aller de tous cótés pour éveiller vos gens. On va vous fatisfaire. le marquis, reprenant la plume. Ainfi pourfuivons Charles, Ne t'éloigne pas trop, il faut que je te parle. charles. Folontiers a propos; j'oubliois que la Fleur.... le marquis. Valet de mon beau- frère. charles. Oui, lui-néme, Monfieur; ïl eft la qui voudroit vous parler. le marq.uis. Allons, vlte; Qu'il entre; il eut fallu fannoncer tout de fuite. * 5  io LE DUEL, SCÈNE VIL CHARLES, LE MARQUIS, LA FLEUR. le marquis, ö la Fleur. Approchez, charles, a part. Ecoutöns. le marquis, Mcmfirrjr Je Chevslier Seroit.il déj* prêt? la fleur. 11 vous fait fupplier, Monfieur, de vou'.oir bien ici in:me l'atttndre, A huit heures formant il vi n ' • s y prendre, l e MARQUIS. Allez; & diu-s. lui qu'n !era fawsrak. charges, bas a la Fleur, qu'il retient. Ton Maitre, par hazard, t'auroic ii mis au fait? la fleur. D'oü vient? charles. Réponds toujours. la fleur. Eh! je craindrois charles. Sottifef la fleur. Je vais lui demander s'H faut qu'on vous le dife.  C O M Ê D I E, ii SCÈNE VIII. LE MARQUIS, CHARLES. lE marq uis, èpart» O o uu o n s mettre a profic de précieux inftans. O Charles.') Si Ton vient, je n'y fuis pour perfonne. charles. J'entends. Mais avant tout, Monfieur voudroit.il me pennettre De lui rappeller le marquis. Quoi? charles. Qu'il m'a daigné promettre Que pour prix de mes foins, fon coeur a 1'avenir, De s'ouvrir avec moi fe feroit un plaifir. Les premiers feux d'amour s'allumoient dans votre ame, Et vous n'étiez encor que 1'Amant de Madame. Vous me difiez fouvent: „ Cbarles, ah! mon ami, „ Je viens de voir Julie, & Julie a fouri!....." Quand fa bouche vous fit 1'aveu de fa tendrefie, Quand d'être a vous, fa main vous figna la promefTe, Vous vous en fouvenez, chaque jour, chaque inllant, Du fuccês de vos vceux me rendoit confident. Je partageois alors le bonheur de mon Maitre! D'après cela ne puis-je efpérer de connoitre Quel peut être aujourd'hui le funefte fecret, Qui le rend a tel point fombre, pale & diftrait; Lui dont un calme heureux peignoit fur fa figure, Un coeur e»empt de trouble, ainfi que d'impofture, le marq.UIS, pénétré. Charles! charles. Ce que j'en dis n'elt pas, en vérité, Par un vain mouvement de curiofité. Mais, Monfieur, que fcait on? Peut-être eft-il poffible P'obyier le marquis. Je te fcais un cceur noble & fenfible.  ia L E DUEL', Mais ponrquoi, mon ami, te tourmenter en vain? Ne puis-je être occupé, fans avoir du chagriu? charles. : Vous en avez, Monfieur, tout en vous me 1'annoncs, Tout vous trahit enfin jufqu'è votre réponfe. A ces fignes encor mon coeur même fe joint, Et celui.In, Monfieur, on ne ie trompe point. Quelqu'un de vos amis, foit dit f3n« vous déplaire, Vient.il de s'attirer une méchante affaire? LE marq.uis. Ceile dont il s'agit ne regarde que aioi. CHARLES. Monfieur, vous ajourez encore a mon effrof. Eft-ce que vous amiez quelques dettes? le marquis. Aucunr charles. Le luxe abforbe ici la plus grande fortune. Les femmes coutent tant! puis, la table, Ie jeu Mais vous ne jouez pas, c'eft-a-dire fort peu. Madame n'eft rien moins non plus que dépenfière. Ce n'eft pas, j'en conviens, la faute de fon frère. Quel homme le marquis. Je le fciis! charles. Mais fcavez. vous aufll Que eet étourdi-la doit 1'impoffible ici, Et qu'un prelTant danger maintenant Ie menace, Si votre Bijoutier ne lui veut faire grace? le (marquis. Peu m'importe! charles. II eft vrai que fon ton peu décent, Sur-tout a votre égard, ue peut abfolument Vous infpirer, Monfieur, un intérêtbien tendre; Aufti le feul parti que vous eufliez a prendre Etoit del'éviter. Vous le faites; tant mieux, Et puifllez-vous ainfi vivre en paix tous les deux. le marquis, d part. Hélas! charles. Vous foupirez..... Expliquez-vous, de grace. Et vous-iaéme un moment mettez-vous a ma place. J'ignore vos chagrjns, fuppofés ou réels,  C O M É D I E. *3 Mais mon ame eft en proie a des foupcons ctuels \ Et je vous le demande; eft-il tourment plus rude Que celui de li crainte & de fincertitude? Ainfi compatiflez a la peine que j'ai, En confidérant celle oü je vous vois plongé". Oui, Monfieur, fi jamais je vous parus fidele, D'un aveu confolant récompenfez mon zèle, Confiez librement vos fecrets a ma foi; II vous faut un ami; vous le voyez en moi Pardonnez mon état n'avilit point mon ame, Et j'ai fur votre coeur des droits que je réclame. 4 L E M A R q U I S. II faut te 1'avouer, tu ne te trompois pas; Te me trouve engagé dans le plus facheux pas. De quelque affreux tourment qu'on fe fafie 1'idée, D'un plus affreux encor mon ame eft obfédée; Le mal eft fiins remede, & loin de 1'adoucir, Le temps qui guérit tout, ne fera que 1'aigrir. Pour la caufe, elle doit psndaut toute ma vie, Dans 1'ombre & le fecret refter enfevelie. Ce fecret eft le mien; crois-tu me 1'arracher, Lonqu'a tout 1'Univers je voudrois le cacher! Je le dois par honneur, je le dois par prudence.... Que ce mot donc t'irapofe un éternel filence, Ainfi crains déformais, oui, crains de pénétrer Ce que ton Maftre veut te laïfler ignorer. (A part.) Quant a moi courons vite achever cette lettre Avec tout le fcng.froid que je me puis promettre, Et revolons enfuite au berceau de mon fils, Dans fes bras un moment oublier mes ennuis, Le prefl'er fur mon fein dans mes peiues cruelles, Et 1'arrofer encor de larmes paternelles. S C E N E I X. ' CHARLES. Ce qu'éprouveMonfieur doit ëtrebien facheux.... Je viens de voir des pleurs échapper de fes yeux. Je ne fcais oü j'en fuis C'eft que plus j'examine Qael en eft le fujet, & moins je Ie devine.  n LE DUEL, Par quel moyen pourtam pourrois-je m'éclaircir ?..... Au Diable foic le fat qui vient nous étourdir. SCÈNE X. MER VALj CHARLES. me rva l, en habit d'uniforme; légèrement & en étourdi parcourant toute la Scène. L'am i Charles, bon jour. charles. Bon jour, Monfieur m e r v a l. Ton Maltre Eft, je penfe, éveillé? charles. Du moins cela doit étre, Car il Tient de fortir. m e r v a l. Bien vrai la fans détour. charles. Monfieur, je vous protefte.... m e r v a l. A peine fait.il jour. charles. C'eft que la circonftance apparemment 1'exige. M e r v a l. Je le crois! charles. Au furplus, il eft forti, vous dis-je. u e r v a l. A cheval ? charles. A cheval. HERVAL. Ayant a fon arcou....'. Deux pifiolets chargés charles. Saus doute & du canoo.  C ö M Ê D I E. 15 M. E R v A X. Du canon l.... excellent!.... Monfieur Charles veut rire. c ha r les, a part. U y paroit 1 M E R v a L. Fais-moi la grace de me dire De quel oöté notre homme a pu porter fes pas. CHARt.ES, avec intention. C'eft ce qu'en vérité je ne fous dirai pas. m E R v A L. Point de fecond? charles. Aueun. herval. Pas niême un Domeftique? C H A RLE?. Non, Monfieur, pas un feul. m E R v A L. Oh ! te trait eft unique. Voilé mon étourdi..... je 1'avois bien pré vu. CHARLES.* Quoi I vous fcaviez ? m E r v A L, Comment 11e 1'aurois-je pas l£u? La fcène s'eft paffee hier en ma préfence; Et notre cher Marquis, dont 1'inexpérience, En ce genre s'encc-nd, eft lemoindre défaut, N'aura pas arraugé tout cela comme il faut. CHARLES. De quel arrangement, Monfieur, de quelle fcène Voulez-vous donc pariet ? m E R v A L. Allons, c'eft bien la peine De feindre, lorfqu'hier, avec Ie Chevalier , II s'eft pris de propos devant unBal en'ier!..... Tout Ie monde eft inftruit de leur beile équipée. CHARLES. Qu'en réfulteroit il? m e r v a L, froidement. Mais quelques coups d'épée, Tout au moins; & je crois que c'en eft bien Ie cas. CHARLES. Eh! quoi  *6 L E D U E Li m e r v a l. Je te 1'apprends, fi tu ne Ie fcais pas, lis vont fe batire charles. . Ciel! Voila donc ce myftère, Cet horrible fecret qu'il prétendoit me taire. (Apart.) Courons le retenir & puiffai-je..... mer va l, le retenant comme il va pour s'en aller. Un moment..... charles. Tout-a-l'heure, Monfieur parloit d'arrangement; Enferoit-il un feul? M e r v a l. C'eüt été fi facile; On en eiit trouve* cent, on en auroit pris mille. charles. Daignez vous expliquer. (A part.) Il me parott fenféf Pour la première fois. herval. Loin d'être embarralTé, S'il m'avoit écouté.... mais lorfqu'on le confeille charles. Vous auriez difpofé les chofes mer va l. A merveille. charles. De forte qu'a préfent M e r v a l. Tous feroient fatisfaits, Car je 1'aurois inftruit, guidé je tn'y connois. charles, apart. En vérité, pour peu j'irois cherchermon Maïtre. (Haut) Ainfi donc a Monfieur vous eufliez fait coanoitre... M e r v A l. Un endroit fait exprès pour ces affaires-la. charles. Pour fe battre! m e r v a l. Divin, fait exprès pour cela. Entouré d'un taillis a cent pas a la ronde, Vous vous en donnez la, parbleu, Ie mieux du monde. charles. Comment! vous, fon ami, ioiu de Ie détourner Da  C O M É D I È. 17 De ce projet affrsux qui me fait friflbnner M E R V A L. Moi, je 1'aurois fait battre, & nous aurions enfuite . Avifé tous les deux aux moyens de fa fuite. Ce n'eft pas confobnt, d'accord; mais 1'Etranger Fotirnit tant de moyens de s'èn d^dommager. Les Alleinandes lont de fort simable» fetnmes, M'a.t.on dit. Que fait.on? On cajole ces Dames; Et comme leurs maris font un peu bilieux, Pour leut apprendre a vivre, ón fe bat avec eux. CHARLES. Et 1'on traine uue vie errante & vagabonde. M E R V A L. Qu'importe! en fe battant on fait le 'tour du monde* Sans plaifahter, tori Maitre en cetté afFaire-ci, S'eft fort bien préfenté. Je fuis content de lui. Le Chevalier, tu fcais, ne 1'aima jamais guère, Et pour caufe; il s'étoit défigné pour beau-frère Certain de nos amis, ami fur, éprouvé, Avec qui maintefois il s'eft dcja iroüvé; Et point du tout, fa fceur n'en fai ant qu'a fa guife, Aime mieux devenir Madame !a Marquife. CHARLES. Quoi de phs naturel! penchants, vèrtus, attraits^ Tout leur faifoit la Loi de s'unir a jamais. M E R V A L. Soit; mais le Chevalier, né rnilleur & cauftique, Se récrioit beaucoup fur le bonheur unique D'un Epoux dans les bras d'un jeune objet charmant, Lequel avoit voulu Taveir abfolument. II ajoutoit atifil qu'en fait de mariagé, Certaines gens avoient un très-grand avantage, Que ces affaires-la, fur töut depuis un temps, Réuffiifuient fort bien; car, plutöt qu'aux parents, Ces Meffieurs, s'adrelfant d'abord aux Demoifelles, Commencoient par figner au contrat avec elles. Indigné du propos, dont il prenoit fa part, Le Marqüis furieux vous le tire a 1'écart; , Lui parje fiêrement Apper9us de ces Dames, lis alloient pour fortir, mais ces diables de femme» Accourent auffitót pour niettre le hola, S'einparent de nos gens, & les forcent par-li De d'fférer 1'inftant de vuider leurs qüerelles. C'ell facheux ! a préfent töut feroit dit fans elles. A propos, quel cheval le Marquis a-t-il pris ? B  18 le duel; Pourvu que toutefois ce ne fok pas Ton gri.«; Car s'ils font feu, conviens qH'il feroit fort bizarre Que ce pauvre animal périt dans Ia bagarre: Mais je cours de ce pas chercher le Chevalier. charles, d part. Puifllez-vous étre loin! m e r v a l. II eft k parier Que chez lui je vais faire une inutile courfe; Nous verrons. Au furplus, Charles, voici ma bourfe. Prends-la; d'en difpofer je te Iaifle Ie foin. charles» Quoi! Monfieur..... m e r v a l. L'un des deux peut en avoir befoin. Adieu. SCÈNE XI. CHARLES. Quel homme étrange & quelle inconfé'queneel Débuter avec moi par une extravagance Et finir par un trait de générofité Mais mon Maitre Grand Dieu! quelle fatalité! Le danger eft urgent; que devenir, que fiire? Eh bien, tachons du moins d'écarter fon beau - frère. SCÈNE XII. M. DE VALBAINS, CHARLES, m. de valbains. jAl.h '. Charles, te voila, je vonlois te prier De courir de ma part chercher le Chevalier..... charles. Monfieur le Chevalier ?  C O M É D X É. 19 m. de valbains, d part. II eft de ma prndence, Sur 1'emploi qu'il obtient, de 1'mftruire d'avance. PQur mon fils, il connoit tous les devoirs du Hen, Et de ce có:é-!n, morbleu, je ne crains rien. QHaut.) Va donc. charles. Si vous avez quelque chofe è lui dire, Vous pouvez tn'en charger. M. de valbains. Non vraiment, je defire Qu'il vienne. c h a r l e 8. Monfieur fcait que Monfieur le Marquis Ne fympathife point m. de valbains. Fais ce que je te dis. Te connois leurs ddbats, mais ce que je médite Va les mettre tous deux pour Ie moins quitte a quitte. charles. Comment! vous voudriez? m. de valbains. Je veux ce que je dois, Et d'un père d'honneur je réclame les droits. charles. Obfervez m. de valbains. Que pour toi ce point eft un myftèrel charles. Non, Monfieur. m. de valbains. Tu fcais c h a r l e 8. Tout. m. de valbains. Diable! ais foin de te taire. cha rles, apart. II veut les faire battre: on 1'aura mis au fait. m, de valbains, d part. Le timbre de la lettre a trahi mon fecret. (Haut.) Mons Charles voudra bien me jurer qu'a perfonne II ne foufflera mot de tout ce qu'il foupconne. B 2  2Q L E DUEL, charles. Ah! Monfieur, je fais plus que de le foupconner. M. de valbains. Tant pis* (A part.) CeDiable d'horame a 1'art dedeviner. (Haut.) Ecoute-moi; je fcais que mon fils & fon frère, Comme tu dis fort bien, ne fympathifent guére. 1'en fuis défefpéré; c'eft pourquoi mon projet Eft de les accorder une fois tout a fait, Et nous y parviendron? Le plus court, ce me femble, Pour terminer le tout eft de les moure enfemble. A ta difcrétion je veux bien me fier, Mais encore une fois cours chez Ie Chevalier; Conduis-le moi toi-même, ou dis-lui de s'y rendre* Piévenu fur ce point le Marquis va 1'attendre, Et commé tout ceci, mon cher, eft pour leur bien. Seconde mon projet. (7/ ftrt') charles, apart. Tenons-nous en au mien, SCÈNE XIII. charles. I L n'eft rien pour cela qu'aujourd'hui je ne terne Mais que dis-je! II me vient une idéé excellente Peut étre nn pen hardie; au furplus, il faut vcir..... Puifle 1'événement répondre a mon elpoir. Fin du premier Jfte.  e O M É D I E. 21 ACTE II. SCÈNE PREMIÈRE. BRILLANT. I_/A propofitioa de Charle eft fingullère. Cependant k part moi, plus je penfe & faffaire, Plas je crois qu'en effet le bon homme a raifon. Qae rifqué'je après tout? Ce Monfieur de 15 emon, Diftrait, inconféquent, comme ceux de fon age, Ne me paiera jamais; car c'eft alfez fufag»; Au Iieu que fi je fais valoir dès aujourd'hui, Cet Arrêt que je viens d'obtenir contre lui, II eft a préfbmer que je palpe ma fomme. Tandis que d'autre part j'oblige un galant homme. Par ce moyeti je fais d'une pierre deux coups; Ce n'eft pas mal. adroit. !ï SCÈNE II. CHARLES, BRILLANT. CHARLES. Oomment, c'eft encor vous! Songez donc qu'il nous eft d'une extréme importance Qu'on ne fe doute pas de notre inteJIigence; A'n.fi pour prévenir tout foupcon dangereux, Faites-moi le plaifir d'abandonner ces lieux. BRILLANT. Je fuis de votre avis; adieu, je me retire B 3  £2 L E DUEL, r . charles. 'Serviceur...,. b r i l l A N t. J'ai pourrsnt quelque chofea vous dire. r, , „ . charles. Qu'efl.ce? b rillant. \v &™ „Eter^r°US bien iür que Mnfieur le Marquij XVe lera pas fache contre moi ? r» j • charles. AnJ v?" " P°ur beaucoup, par votre miniflère, Apprtndre enfin a vivre a Monfieur fon beau.frère; Maïs encore une fois ob:ervez, s'il vous plalt, <^ue la lecon ne peut pioduire fon effet Qu autant que yous ferez, eu cette circonftance, Aum difcret qu aftif. * brillant. „ . , ' , Comptez fur ma prudence; eet Arrtt, au furplus, qu'on vient de m'accorder, Je nai voulu 1 avoir que pour 1'intimider. Et c'eft en vain; j'ai beau le prefTer & me piaindre, Kien n y fait..... charles. Agifï«z; vous n'avez rien a craindre, Au contraire, vous dis-je. brillant. En ce cas, je vous croi. charles. Ne perdez point de lernps. brillant. Repofez • vous fur moi. SCÈNE III. CHARLES. Jai vu toutel'affaire! elle eft en bonneforme. Courage! Si notie homme a mes vceux fe conforme Et trés • certainement il s'y conformera, ' Je ferai tout-a- fait tranquille après cèla. Motus.,... En.ce Sailon mon Mattre va fe rendre,  C O M É D I E. 53 Te !e quitte a 1'inftant; il m'a dit de 1'attendre. Que peut.il me voulóir? juftement le voici. SCÈNE IV. LE MARQUIS, CHARLES. le marquis, avec un air plus rojfurê. Charles.... charles. Qu'eft-ce, IVlonfieurT le marquis. J'avois cru jufqu ici Que Monfieur de Valbains inftruit de mon affaire, Par pur reilemiment s'obilinoit a fetaire..... Combien un malheureux mérite d'être plamt ! Hélas! ii craint toujours, & crcittout ce quil craint. c h a r l e s. Eb bien ? le marquis. Je me trompois, mes frayeurs étoïent vaines, Et je' viens d'en avoir des preuves trés-certaines. Mon père ne fcait rien de ce dont il s'agit; Un tout autre projet occupe fon efprit; II m'en fait un fecret qu'il s'obftine a me taire. PuilTe a jamais pour lui le mien être un myftère! Le lui cacher encor c'eft prolonger des Jours, Dont bieiuot mon malheur va terminer le cours. charles. Moi j'ai de 1'avenir un plus hcureux augure; Oui, Monfieur, & je fens que mon cceur fe rafliire. le marquis. Le mien eft prét a tout; mais en cas de malheur, Le inteux que tu pourras prévenant fa douleur, Remets, a ion retour, cette lettre a ma femme. charles. Qu'exigez-vous de moi! vous fcavez qu'a Madame Je dois, ainfi qu'a vous, mon bonheur & mon fort, Et vous'me commandez de lui donner la mon! B 4  L E DUEL, _ MARQUIS. K i'V VOiu pourta,n ^«''ftramoh onmnj .Je frém.s & f.iccombe a cette affreufe faan ' CHARLES. Moic „„ m' V Monfiei)r, daignez ine pardonner. Mais ne m ordonnez plus "» i-E MARQDls. Ecoute & réPond,moi, èS^TfüfS^Ne m'as-tu pas toujours fervi fidèlemen^ ' Et moms par intérét ,,ue par attachement? . ... CHARLES. Auroif-je jamais pu trouver un meilieur Malcre? L E M A R Q U I S. Comme dans un moment tu !e peïdras peut-étre. Ta, youlu mon ami, prévenir tes malheurs. . . Ce contrat doit t'aider a vivre fi je meurs. C! • • C H A R L E S. N j étois anuné d'un intérét fervile racceDterois ce don, mais jl eft inutile. J ai cu me garantir d'un avenir facheux; Et penfer autrement feroit une infamie ' Dom j aurois a rougir Ie refte de ma vie. i,. , LE MARQUIS. Charles, ce procédé me prouve ton bon cceur, Maïs..... qu entends-je? ..' CHARLES, (11 ccurt effrayé fune te/Struis revenu avec prócipnatim.) Monfieur, Monfieur...., Qu5eft-ce? ' „ CHARLES. C'eft elle. I- E M A R q IJ I j( Qui? CHARLES. Madame Ia Marquife. Madame de V,ibains* * * * Q ü 1 S'  C O M É. D I E. iS charles. Oui, Monfieur...., le m a r q V 1 S. Mafurprife, Mon efïroi charles. La voici!..... l e marquis. Comment la recevoir?..... Fuyons; je ne fuis pas en état de la voir. SCÈNE V. M. DE VALBAINS, LE MARQUIS, CHARLES, m. de valbains, retenant le MarqiiiSi commeilva) pour Jörtir. Es - tu fou? t'en aller, lorfque ta femme arrivé? le marquis, avee unt furprife affeftée%] Ma femme? m. 1) e valbains, Eh vraiment oui, toujours joyeufe & vive...., Ece-ute, 1'entends-tu  4fe L E D U E L, SCÈNE VI. Les Phecéden5, LA MARQUISE, LISETTE, UN DOMESTIQUE. (Pendant cette Scène Lifette eft d'abordoccupée a ranget diférevts paquets qu'elle a apportés, elle aborde enfuite Charks qui lui fait fignedele fuivre: ceiui-ci en fortant cherche d n'étre point appercu du Mar» quis.) la marquise, derrière le Thêdtre. D0R t-jl? efl-il levé? Comment fe porte-t.ii? M. de valbains, allant au-devant d'elle &,lui pr-éfentant le Marquis. Le voilé tout tfouvé. la marquise, précédée d'un Domeftique du Mar* quis, qui fe retire aujfi-tót. Je te furprends un peu, n'eft-ce pas? le mas quis. Je 1'avoue. 4 la marquise. Seroit-ce un mauvais tour que ta femme te joue? Mon ami, gronde- moi bien fort en'ce cas-la, Car j'ai couru la nuit tout exprès pour cela. le marquis. C'elt fort bien fait. m. de valbains. Pour moi je vous en remercie, Car de vous embralTer je me mourois d'envie. la marquise, Soyons tous trois heureux, me voila dans vos bras. m. de valbains. Mais notre ami Blémon, eft-ce qu'il ne vient pas? la marquise. Mon père! a fe montrer il ne tardera guères. m. de valbains. Mes enfants, vous avez vos petites affaires..... En fait de róles, moi, je n'en counois aucua Be plus fot a jouer que celui d'importun,  COMÉDIE. 47 SCÈNE VII. LE MARQUIS, LA MARQUISE, la marquise, d'un air naïf, franc ouvert pendant prejque toute fa Scène. Nous voila réuhis! le marquis, contraint £? embraffê, J'en ai bien de la joie. (Apart.*) . A combien de tourmenrs tout mon cceur eft en proie! la marquise. Et notre fils, mon chcr? le marquis. Je viens de 1'embrafler. la marquise. Contre mon fein auiïi moi je cours le pieflerl (Après une paufe.) la marquise, Je ne puis t'exprimer a quel point ce voyage M'a paru long. |'ai dit cent fois, c'eft bien dommige Que Monfieur de Valbains ne foit pas avec nous. le marquis. Que n'ai je pu vous fuivre! la marquise. Auprès de mon Epoux , En route, j'euüe été la plus heureufe femme. Lifette a'chaque inftant s'écrioit: „ mais ,?Madame, ,, Regardez donc ceci, regardez donc cela. Les fuperbes Chateaux, les beaux Prés que voila!" C'étoient a chaque pas de nouvelles merveiiles, La pauvre enfant étoit tout yeux & toute oreilles; Sei regards curieux obfervoient tout; &rnoi, Moi, je ne voyois rien, je ne rêvois qu'a toi. Je me difois toujours: quel Serviteur fidele, Auprès de lui fcaura fuppléer a mon zèle? Dans la Ville du moins par Ie bal ou le jeu, Quelqu'un parviendra-t-il a Ie diftraire un peu? Cela m'inquiétoit, & je ne pouvois croire Qu'il ne t'ariivat point quelque facheufe hiftoire.  S? L E D U E L, le marquis, a part. Eüe me fait fréinir. la marquise. Je craignois vainement. Tu prenois ton parti beaucoup plus bravement. Te ne te parie point ici de la foirée D'hier. le marquis, trtubtt. Commsnt, d'hier! la marquise, toujours confiante £f gaie, mais exammant de temps en temps fon muri reprenant tout dejuitejon ton, paree que le Mar quis lui en impo/e en fe faijant lui-mê/ne violence pour prendre un air calme fc? content, Monfieur étoit au bal. le marquis, apart. Ah! ce n eft que trop vrai..... mon trouble eft fans égal. la marquise, jouant le férieux. AIlous; en convenir, n'eft-ce pas Ie plus fage ? l E marquis. Puifque vous le fpavez la marquise. J'en fcais bien davantage. le marquis. Comment donc? la marquise. Oui, jefca:s, le fait eft pofitif, Que mon Epoux étoit férieux & penfif; Que nos Dames n'ont pu, pas même les plus belles, L engager a danfer un moment avec elles, E.LSu iJ éToit 311 plus trois neure* quand Monfieur S eft retiré chtz lui Remarques-tu, mon cceur A quel point ta Julie eft indifcrette & vaine, ' Et combien tout ceci lui caufe peu de peine Preuve que mon mari, grace au plus tendre amoïir, S ennuyant loin de moi, fouhaitoit mon retour. le marquis. Vous n'en pouvez dourer Mais Monfieur votre père. la marquise. II me fuit. Un ami retournant a fa Teire Vient de nous rencontrer a quelques pas d'ici Et Msnfieur de Blémon s'entretient avec lui- ' Moi je fuis accourue, & faufles ou réelles,* Voila, mon bon ami, d'oü je tiens mes nou velles.....  C O M É D I E. 29 Mais , di.'-moi, je ce trouve inquiet, agicé; Qu'as-tu donc? le marquis. Rien du tout; vivement tranfporté Du plaifir imprévu de vous revoir..... LA marquise, le confiiêrant avec une nouvelle attention. En bottes, En éperons? Dis-moi, qu'eft-ce que tu complotces, Et que! projet enfin Ah! fort bifn; mon Epoux Etoit prêt a voler a quelque rendez-vous. le marquis, d part. Que! calme intérelTint & quelle ame ingénuel la marquise. Scais-tu que je te plains..... Me voila revenue Et maintenant il faut que tu redes iel. Que ne m'as-tu d'abord fait part de toutceci; C'eft mal-adroit; tu rcais combien je luis honnête.* lVIoi, de peur de troubler un fi doux tête-a-tête J'atirois de tout mon cceur différé mon départ, Alin de n'arriver qu'un ou deux jours plus tard. Cependant oü vas-tu? fais-m'en la confidence. le marquis. Oü j'allois? vous pourriez le deviner, je penfe» la marquise. C'eft ? l e marquis» Au - devant de vous. la marquise, foitant touUd-fait defajècuritè. Bon! au-devant de moi; Et tu ne m'attendois que demain. J'entrevoi Que vous me voudriez faire prendre le change, Et qu'en effet, Monfieur, mon retour vous dérange. le marquis. Eloignez un fonpcon a tous deux li faial. la marquise, piquée & avec humeur. Les furprifes, je vois, me réufïïftent mal : Parte2, on vous attend; j'ai tort d'être jaloufe Vous n'avez point de compte a rendre a votre époafe. le marquis. Vous ne le penfez pas, j'ofe le préfumer; Plus tendrement que moi qui feut jamais aimer? D'un injufte foupcon je fcaurai me défendre En me montrant encor plus fidéle & plus tendre, Je ne jultilierai pleinement a Vos yeux.  go L É D UËLi Votre eftime «tl un bien pour moi trop précieux Pour ne pas m'emprefier a vous prouver, Madame, A quel point j'ai toujours détefté 1'art infame Qui, ftifant préférer le plaifir a 1'honneur, Convertit 1'honnête homme en lache fuborneuf, Que dis-je T Pour changer, pour en étre capable, Oü pourrois.je trouver un objet plus aimable ? la marquise. S'il eft vrai qu'en effet vous ne me trompez point, Üü vouliez-vous aller, éclaircifions ce point. le marquis, Je dois, pour ma fanté, faire un peu d'exercice. (A part.) Faut-il qu'un honnête homme a ce point s'avilifle? la marquise. Monfieur, fi de ma part c'eft un tort de douter, C'en feroit nn plus grand de vouloir infifter. Mon indifcrétion le marquis. Ma venueule amie Ah! ceflez d'accabler mon ame anéantie. QA part.) Son frère va bientót ici porter fes pas; -Quel inftant! & comment m'arracher de fes bras. la mar qui se, (ivtc plus de calme. De Valbains, vous avez du chagrin. le marquis. Moi, Madame? la marquise. Tu veux me le cacher; mais j'ai iu dans ton ame. Tes regards confternés, le trouble de ces fens le marquis. Vous interprétez mal mes fecrets fentiments. la marquise. Eh bien! ouvre-moi donc ton ame toute ehtière. le marquis. Je fuis impatient d'embraliér votre père Je cours le prévenir. la marquise. Jet'enrends; tu me fuis. le marquis. Pourriez-vous Ie penfer? la marquise, avec une nolle fermetè. Va donc; mais je te fuis.  C O M È P ï E. Si LE MABQOls, faifant quelques pas pours'êloigner. De grace, unfeul inltant, & vous pourre.zc mnolcre SCÈNE VIII. Les Précédents, LISETTE. lisette, accourant avec la kttre du Marquis t qu'elle donne i Ja MaitreJJe. Ret enez-le, Madame, & li fez cette lettre. la marquise, au Marquis. Une lettre de vou» ? le marquis. Ah! Madame, arrêtez la ma r qUise, qui Vaparcouru d'un coup d ml. Malbeureux, qu'as-tu fait? f „ (Elle tombe dans un fauteuil.) le mar qui s, fe ]ettant d fes pieds. O Juiie! écoutez Un Epoux fuppliant qui vous demande grace. SCÈNE IX. Les Précédents, M. DE BLEMON, père. m. de bLÉmon, d'abord derrière la Scène. Cour ons vers mes enfants & que je les embrafie; Oü font-ils? Qu'appercois - je! ó ma fille, mon fil?. ■ la marquise, vivement, en donnant a fon pers la lettre du Marquis. II n'en eft plus pour vous; lifez..... m. DE blémon. Quoi'. LA marquise, tombant. de l'autre''cöte du tbédtre , dans un fauteuil. je péris  LE DUEL. U, de bLéMon, noblement &? modérément, apris avoir lu. Mon nis, tu vas te battre? le marquis. Ah! Monfieur..... la marquise. Ah! mon pére Ce n'eft plus déCormais qu'en vous feul que j'efpère. Oubliant qu'il eft fils, époux, pére cbéri , Que nous ne refpirons tous les trois que pour lui, Le perfide, 1'ingrat, pour venger une injure , EtoufFe dans fon cceur le cri de Ia nature; le marquis. Ah! plaignez-moi plutót! Eft.ce que votre Epouxj Vivant déshonoré, feroit digne de vous ? m. de blémon. Vivre déshonoré!..... (// s'arréte tout a,cnup par réflcxion^ Ma fiüe, mon amie, Que ton ame par moi foit enfin rafFermie..... Lai/Iè-nous un mom nt, la marquise. Je n'y puis confentir. m de blémon. Ne me connois ru ras? que crains tu d'obéir.? la mae qu i s e fait queïques pas pour je retirer* Cfel! {Puis revcnant.) Trcmbles fur le fcr: d'uoa ingrate familie, Si je n'ai plus d'éponx, vous n'avez plus de fiüej Tout barbare qu'il eft, a Ton affreux trépas, Je ne 'e fens que trop. je ne furvivrai pas. (Avec un doux èpanchemcnt?) De Va bains, eft.ce la le prix de ma tendreffe? Qu'ai-je fait pour qu'ainfi mon époux me délaifle? Quel que foit le crue! qui te foree è farmer, Dois - tu plus le hsïr que tu ne dois m'aimer? Faut - il, aux droits fanglaws que ta fureur réclame Sacrifier ton père, & ton fils & ta femme? SCÈNE X.  e O M É D I E. |5 SCÈNE X. Les Précédents, LE CHEVALIER. la marquise, allant an dwant du Chevalier qu'ede voit emrer. _Alh! mon frère. accourez; volez a mon fecours.... Recensz de Valosins & confervez fes jours. Tu n'es point fon ami, mak entends ma prière; Vois en lui mon époux, & pardonne a ton frère. le chevalier, itOHTié. Quoi donc?..... la marquise. ii va fe battre. le chevalier. Et Monfieur vous l'i dit. m. de blémon. Mon fils, n'irritez point encore fon dépit Par une queftion qui 1'infulte & m'outrage; Je dois en convenir même, a fon avantage, Mon gendre jufqu'ici n'a fait que fon devoir, II eft homme d'honneur. le mar qui s , fièrement. Monfieur doit le fpavoir. m. de blémon. Chafiez donc un fouppon qui degrsde fon ame. Ce funefte billet qu'il écrit a fa femme Et qu'oH ne lui devoit remettre que demain..... le chevalier, tToublé, inquiet. Ce billet? le marquis. Tait le nom d'un rival inhumaitt, Mais je ferois faché qu'il eür quelque efpérance De pouvoir échapper a ma jufte vengeance. le chevalier. Ce procédé, Monfieur, a droit de me charmer. la marquise. Héla*]...,, vous 1'irritez, au lieu de le calmer. C  54 LE DUEL, m. de blémon. (*) Ma fille, mes enfants le marquis, avec ia plus vive inquihüit. O Ciel! quel parti prtndre? Mon père vient a nous. la marquise,avec indignation. Ton père? il va m'entendre. le marquis, Ah! gardez.vons-en bien, par pitié, par égard, Pour le repos, les jours de ce foible vieillard. SCÈNE XI. Les Précédents, M. DE VALBAINS. m. de valbains. M a bru, vous exercez fort bien ma patience. De vous voir, a mon tour perdant toute efpéraiscej Te reviens II paroït que, foit dit entre nous, Vous en avez bien long a dire a votre Epoua. le marquis. Pardonnes. m, de valbains. Tous ici ? la rencontre elt charmante, ' Mais je viens d'en faire une encore plus plaifante. J'ai feu te 1'épargner, & j'étois loin, ma foi, De m'attendre a revoir ce Monfieur-lè chtz moi. la marquise, d part a fon père. Que je foulfre ] m. de blémon. Un moment, fulpends encor tes larmes. m. de valbains, au Marquis. Dirois.tu qui? le marquis. Jamais. (*) On a cru dovoir pafler a la repréfentation . depuis le Vers marqué d'une (*) jufqu'au fecond Vers de la Scène XII.  C O M È D I E. 35 ii. de valbains. Ton ancien Maitre d'armes. le MARQÜI S. Qui. lui? m. DE VALBAINS. J'ignore alfez quel inotif 1'amenoit, Mais je 1'ai poliment éconduir. m. de bléMon, avec une intention marquée. C'ell bien fair. m. de valrai ns. Öui, fans doute. A fon art fi fon rendoit juflice, Pour parer aux malheurs dont il eft le complice, D'après le vceu des mceurs & de 1'humanité, Les loix le profcriroient de la Société. Et comme les Romains, la Nation plus fage, Aux feuls Gladiateurs en laifleroit 1'ufage, Et mille autres moyens y fuppleroient alors Pour former, exercer les forces & le corps. La valeur n'auróit plus a redouter 1'adrefle, Et le fat infolent, dans fa brutale ivrelfe, Moins fier d'un vain fpavoir, feroit plus circonfpeé», L'bonncte homme fcauroit le forcer au refpeét. Mais d'un indigne abus que de maux il réfulte? Qui de nous peut fe dire a 1'abri d'une infulte ? Quel père pour fon fils ne craint point ce malheur?..... (Au Marquis.") T'en préferve Ie Ciel t j'en mourrois de douleur. (Au Chcvalitr.) Toi, mon fils, plus d'égards & moins de pétulance. Tropardent, forme-toi fur mon expérience. A 1'üge oü te voila, mon indifcrétion, Me forca de me battre en mainte occafion. Un honnête homme enfin en devint la viétime; II tomba fous mes coups. On aflbupit le crime; Impuni par la lot, mon cceur ne Ie fut pas, Me pourfuivit par-tout, par-tout je ne vis qu'elle, En vain pour éluder fa pourfuite cruelle, Je voulus me diftraire Inutiles defirs! Les remords me venoient arracher aux plaifirs. Préviens donc ce forfait & que ton cceur l'abhorre, Lorfqu'après foixante ans le mien en faigne encore. m. de blémon. Mon fils a trop a cceur fon bonheur & le mien. Mais brifons la-deflus. C s  Sö l e duel; m. DE valbains. J'y confens; aufïï-bien Dois.je m'en confoler au fein de ma familie Mon chocolat m'attend, & moi j'attends ma fille. (II fort.) SCÈNE XII. LE MARQUIS, M. DE BLÉMON, LA MARQUISE, LE CHEVALIER. la marquise. Sa fille! mes fanglots trop Iong-teraps rerenus, La douleur qui m'accable hélas! je n'en puis plus..... m. de blémon. Trop coupables enfans! le marquis. Mon père, mon époufe..... la marquise, le repoujfant. Laifiez-moi; de ce nom je ne fuis plus jaioufe; Je 1'abjure; va, fuis un odieux tranfport; Tu n'es plus mon époux, tu m'as donné la mort. Dieu jufte, ne fais pas un jour dans_ta colère, Retomber fur mon fils Ie crime de ion père. (AM. de Blimon.) (A fon frère.). Daignez étre ie fien.^... Toi, fi tu me chéri. Approche, approche encor d'oü vientquetufrémis!.... le chevalier. Tes larmes la marquise. Je fens bien que je ne puis plus vivre; Veille fur mon époux; jure-moi de le fuivre le chevalier, pénétré. Qu'exiges-tu ? la marquise. Pour lui j'implore ton fecours. De fa propre fureur fcacbe fauver fes jours. Je 1'exige de toi c'eft Ia derniere grace Que ta fceur tout mon fang dans mes veines fe glacé. Je me meur...... mon époux.....  C O M É D I E. 37 (Elle tombe évanouie & ne peut achevcr.') L E MARQUIS. Tous fes fans éperdus; Ma femme, ma Julie elle ne m'entend plus. (A M. de Blémon.) Monfieur, que votre voix, "votre amour la ranime. M. DE BLÉMON. J'emmène mon enfant ou plutót ta viétime. Crains d'enfoncer le trait plus avant daas fon coeur. (Au Chevalier.~) Et toi, fouviens-toi bien de Pordre de ta fceur. Mon fils, 1'honneur t'en fait un devoir avant elle; Aflbupis au plutót une indigne querelle. LE CHEVALIER. Mon père, vous pouvcZ vous repofer fur nous; L'un ou 1'autre dans peu fera digne de vous. (Lifette qui accourt, aida M de Blimon a emmener la Marquife.) SCÈNE XI I L LE MARQUIS, LE CHEVALIER. LE MARQUIS. M onsieur le Chevalier, vous lui tiendrez parole; Je 1'efpere du moins. LE CHEVALIER. Cet efpoir me confole. Par bonheur en ces lieux nos débats trop connus, Jufqu'a mon père encor ne font point parvenus; Ses allarmes, fes pleurs, 1'état de votre femme, En déchirant mon cceur n'ont fait qu'aigrir mon ame. Un ennemi vous refte, il faut que votre main Soudain vous en délivre en me percant lefein; Car ma haine, Monfieur, je ne fcaurois ls femdre, Oui, ma haine, la mort pourra feule 1'éteindre; Mais fans perdre en difcours un temps trop précieux, Pour terminer enfin abandonnons ces lieux. C 3  3S L E DUEL, LE M A R Q, U I f. Epanchez librement !e fiei qui vous dévoie, Car graces a vos foins, tant s'en faut que j ignore Oue depuis mon hymen , 1'objet de tous vos voeux Eft de vous délwrer d'un beau.frère odieux: Ces vceux, iuftes ou non, je cours les fatistaire. Oui Monfieur, a vos coups j'aurois beiu me fouftraire. Puis ie fuir le retnords & 1'afFreux défefpoir? Non non, il ne fera jamais en mon pouvoir De furvivre au fcandale, ainfi qu'a 1'infamie De deux frè. es armés pour s'arracher la vie. SCÈNE, XIV. Les Précédents, MERVAL. MERVAL. Ou el Diable! encore ici, Meflïeurs ? Etes-vous fous? Cómment! rien de conclu , dit-on? Y penfez-vousr LE CHEVALIER. Nous partions. MERVAL. C'eft fort bien, que rien ne vous arrête. L'amhié de 1'honneur eft ici 1'interprête. Te voudrois pour beaucoup pouvoir vous retemr; Loin de vous obüger ce feroit vous trahir: Kt votre intérét feul a mes defirs s oppofe. Ou'y faire? Au demeurant que je fcache une choie, Quel eft le rendez-vous que voui avez choili. Le petit bois r LE MARQUIS, N'importe. MERVAL. En ce cas, courons-y , Chacun féparément en nous voyant enfemble, Le monde LE CHEVALIER. Je t'entends; maïs partons, car ]e tremble Que quelqu'un  C O M É D I E. 39 LE MARQUIS. II fuffit. mer val, les retenant. Avant que de fortir, De vos faits entre vous il faudroit convenir. Qaelle arme prenez-vous? Moi je n'en connois qu'une, lit c'eft le piftolet. L'épée eft trop commune; Puis avec une épée on peut bien fe blefler, Mais enfuite toujours c'eft a recommencer. Voyez, examinez, tAchez de vous entendre; Moi je prends les devants & je cours vous attendre. SCÈNE XV. LE MARQUrS, LE CHEVALIER. le chevalier. J'ai fpu pourvoir a tout; volons donc de ce pas, Sans témoins & fans bruit, terminer nos débats. l e marquis. On vient Puifque de moi 1'honneur exige un crime Partons, & puiffiez • vous n'écre pas ma vicïime. SCÈNE XVI. M. DE BLEMON, CHARLES. m. de blémon. Eh quoi! petfonne ici? Qu'eft-il donc devenu ? charles, entrant. Qui cherchez.vouj, Monfieur? m de blémon. Ton Maltre; 1'as-tu vu? C4  4* L E D U E L, chaples, avec le plus grand effroi. Dieu! feroit-i. Vous avez de bons cceur», mais de mauvaifes têtes. mer val. Elle a ma foi raifon. la marquise. Nos malheurs font pafTéïi Oublions tous leurs tort», ils fe font embraffés. m. de valbains. A mon tour a préfent, car faufil bien qu'il viemw.  C O M Ê D I E. 6"i Mes enfans, quel beau jour pour qu'il vous enfouviennei Je veux qu'il foit pour nous doublement folemnel; (A M. de BUmon.) Ton fils eft Capitaine & le mien Colouel. (Aux deux jeunes gens.") En voici les brevets, que lsi Roi vous accorde, Qu'a jamais enire vous i!s fixent la conccwde. Je les recus hier avant la fin du jour, Et difcret malgré moi, jufqu'a votre retour, C'eft ce que je brülois d'apprendre a la Marquife, A qui je réfervois le foin de la furprife. Au furplus, mes smis, contensde votre fort, Pour m'en remercier embraftez-vous encor. t E CHEVALIER. Ah 1 c'eft de tout mon cceur ? LE MARQUIS. Quelle ivrefle plus pure, Que celle que j'éprouve en cette conjonfturel Elle réconcilie a jamais deux amis, Dont les cceurs généreux font faits pour étre unit. M. DE BLÉMON. Que cette vérité, que vous aviez profcrite, Vous ferve déformais de règle de conduite. A vos diflentions peafez avec horreur; Redoutez de verfer, pour un faux point d'honneur, Un fang que vous & moi devons a la patrie; Et que votre bravoure en tout temps fe méfie, D'un préjugé cruel, d'autant plus dangereux, Qu'il en impole, belas! même aux plus vertueux. F I N.