MÉMOI RE HISTORIQUE Sur les Dïfftrens qui s'éleverent entre JE AN ET BAUDUIN D'AVESNES, e t MARGL1ERITE DE CONSTANTINOPLE , Comtesse de Flandre et de Haïnaut , leur Mere. Par Mr. AM AND. Equidem non affirmare fuftineo de quibus dubito, nee fubducere, qu;e accepi. Quint. Curt. L. 9. A MAESTR1CHT, Chez Ph. Roux & Compagnie , Imprimeurs-Libraires, Et se trouye A BRUXELLES, Chez F. Hayez , Imprimeur-Libraire , rue de 1'Efcalier. 17 9 4.   PRE FACE. J'Avois réfolu de laijfer ce Mémoire dans mon portefeuille, mats cédant aux injlances de quelques per/onnes h qui je Vai communiqué 3 je tof re au Public , quoiqu'un peu tard. VAcadémie Impériale & Royale des Sciences & Belles-Lettres de Bruxelles lui a donné en ijgz un regard favorable ; depuisje me fuis procurè des pieces intérefantes qui mavoient manqué , lorfque je le préfentai au concours ; j'ai corrigé quelques erreurs que la précipitation mavoit fait commettre ; j'ai ajouté des Anecdotes qui ont échappè aux recherches des Auteur „a:„.- bles qui ont traité cette maüere avant moi, ou qui m'avoient alors paru inutiles au fond de la queflion. Si quelque motif a pu me déterminer h livrer a l'imprejfion ce morceau fi intérejfant de notre Hiftoire , & traité fi diverfement par les Hiftoriens , öeft Vamour de la vérité que j'ai vue également outragée par les partifans de la Comtefe & de fes fils. En efet, les uns ne confidérant dans Marguerite que les fondations pieufes qu'elle a fakes en grand nombre en Flandre & en Hainaut, en ont A 2  C 4 ) fait la Princejfe la plus vertueufe de fon tems , perfécutée par un fils intrigant & am~ bitieux ; les autres ne voyant en elle qu'une femme fourde aux cris de la Nature , toujours acharnée contre fes enfans , qtielle veut par toutes fortes de moyens dépouiller de leur patrimoine , nous tont repréfentée fous les couleurs les plus noires. hes uns (y les autres ont fouvent altéré la vérité des faits. Pour apprécier au jufie les deux perfonnages célèbres qui doivent paroüre ji fouvent fur la fcene , j'ai puifé dans les fources les moins cotrompues. Les Archives de la Province , la Chronique de St. Ghislain , manufcrit précieux, les Mémoires M. S. de La Fontaine , dit Vicart, les écrits de Jacques Le Febvre , prétre de Vilenciennes , ceux de Thierry-GJiisbert, prieur de St. Saulve, niont fourni des matériaux rares & incontejlables. Et fi malgrè mes foins , il fe trouve dans ce Mémoire quelque chofe de repréhenjible , je prie le Le&eur d'attribuer ce défaut a l'mcapacité de VAuteur , plutót qua fa mauvaife foï ou a fa partialité.  (7) fatisfa&ion des peuples de Flandre & de Hainaut. Elle alla avec fon époux habiter le chateau d'Etroën Ci) , que Wautier d'Avefnes avoit donné a Bouchard fon frere, en conlidération de ce Mariage Elle lui donna deux hls , Jean & Bauduin , avant qu'on eut aucune connoilfance de 1'ordination qui rendoit ce mariage nul & facrilege. La princeffe paffa les deux plus belles années de fa vie avec un époux qu'elle aimoit, mais fon bonheur s'éclipfa pour jamais, lorfque Bouchard, excommunié par fentence du pape, fut obligé de fe féparer d'elle ; fon amour pour lui fe changea en une haine implacable , qu'elle fit retomber fur les fruits innocens de leur union. On ne fait rien de certain fur la mort de Bouchard , les uns difent qu'il fut décapité par ordre de la comteffe Jeanne & fa tête portée dans toutes les villes de Flandre & de Hainaut; les autres , qu'il mourut dans fon chateau d'Etroën , d'autres enfin , qu'il mourut ou fut affafliné fur le chemin de Rome , oü il étoit allé demander difpenfe pour fon mariage. Quoi qu'il en foit, il eft certain qu'il vivoit encore en 12 41 , comme on peut s'en convaincre par une lettre datée de cette année & repofant dans la Chambre des comptes a. Lille , touchant certaines difficultés entre lui & un certain Renaud, au fujet du vivier de St.Albain & des terres qu'il avoit acquifes dans le territoire. (a ) Marguerite féparée de Bouchard, époufa en fecondes noces Guillaume de Dampierre, nis ( 1 ) Etroën ou Ecrun , étoit un chateau appartenant a la maifon d'Aveines ; c'eft encore un village eloigné d'Avefnes d'une pedte lieue. _ C2) Inventaire des titres dépofés dans la Cnambre des comptes a Lille, imprimé parlesfoins de M. le comte de Saint Genois.  ( 3 ) d'Archambeau, Sire de Bourbon, de qui elle eut trois fils, Guillaume, Guy & Jean Une aveugle prédileftion pour les enfans de ce fecond mariage la précipita dans une infinité de malheurs, & empoifonna le refte de fa vie • car voulant en leur faveur priver de fa fucceffion les enfans qu'elle avoit eus de fon premier mari elle employa toutes fortes de moyens pour parvenir a ce but, & s'aliéna beaucoup 1'efprit de les peuples, qui ne 1'appelloient plus que la noire name,* caule de la haine qu'elle portoit a fes entans Jean & Bauduin d'Avefnes, & des vexations qu'elle exerca pour la fatisfaire. (ij La comteffe Jeanne n'avoit point d'enfant; par fa mort fa foeur devint comteffe de Flandre & de Hainaut en 1244. Elle fe rendit d'abord a Peronne, (1) oü étoit le Roi St.-Louis, pour réiever de lui le comté de Flandre avec fon fils ainé Guillaume de Dampierre, & le faire reconnokre pour fon fucceffeur ; mais Jean & Bauduin d'Avefnes fe trouvoient a la cour & s'oppoferent aux deffeins de leur mere. St.-Louis remit ce différend a un autre tems & ne recut 1'hommage que de la comteffe. Ce refus 1'indigna, elle ne put fecontenir, & éclata en invectives contre Jean & Bauduin, qu'elle traita de batards, (3; croyant les exclure par la de fa fucceffion. Elle alléguoit 1'empêchement canomque, qui ne permettoit pas a Bouchard de fe maner. Mais fi Tordination de ce prince annulloit le mariage, elle avoit été faite fi fecretement (1) Colins, Hifloire d'En°-fiien. (2) M. S. de Lefebvre. " (3) Oudegherft dit que le mariage de Bouchard & de Marguerite n'avoit point été concrafté en forme, & qu'il avoit abule de fa pupille, mais cela paroit faux. II ne s'a-it que de jetter un coup-d'ccil fur la piece juftificative VUL pour s en convaincre. ^  que Marguerite ni fon peuple n'en avoient eu aucune connoiffance , & la bonne foi de la mere légitimoit les enfans, comme il fut décidé par le pape Innocent IV, qui avoit délégué des juges pour examiner cette affaire. ( i ) De fon cöté Jean d'Avefnes ne négligeoit rien pour s'affurer fon patrimoine; il venoit d'époufer Alix de Hollande, foeur de ce Guillaume, créé depuis Roi des Romains. La douceur & la nobleffe, qu'il faifoit paroitre dans toutes fes actions , lui avoient formé un parti puiffant, & cette alliance pouvoit le rendre redoutable a la comteffe. Elle eut recours a St.-Louis, qui de concert avec Odon, légat du St. Siege , fit un partage des comtés de Flandre & de Hainaut. Ils aflignerent les comtés de Hainaut & de Valenciennes a Jean d'Avefnes, a charge de donner un apanage a Bauduin fon frere, & le comté de Flandre a 1'ainé des Dampierre , fous la même charge de donner a fes freres un apanage & d'en laiffer la libi'e jouiffance a la comteffe leur mere. (2; On eut dans ce partage plus d'égard a la politique qu'a la juftice •, car il eft certain que eet arrangement étoit préjudiciable a Jean d'Avefnes. Selon les Coutumes de Flandre & de Valenciennes, il n'y a point de batard de mere. Jean d'Avefnes, une fois reconnu légitime, devoit être conlidéré comme 1'ainé de la familie, & emporter les comtés de Flandre & de Hainaut a rexclufion des Dampierre, mais les parties intéreffées avoient donné aveuglément (3; plein pouvoir aux arbitres d'arranger les chofes a leur gré, fans avoir égard aux loix du pays, & avoient ratifié 1'arrangement avec promeffe de n'y ja- (1) Voyez pieces juftificatives, Nos. VII & VIII. C2) Voyez pieces juftificatives, N°. I. (3) Voyez pieces juftificatives, II.  C 10 ) mais contrevenir. Ce qui paroitra le plus fingulier dans eet arrangement, c'eft que la Flandre, qui étoit la partie principale, fut aiïïgnée aux enfans du fecond lit, & que les ainés n'eurent que la plus petite ponion de l'héritage de leur mere La Cour de France faitit 1'occalion de féparer les deux comtés ! i)pour rendre le comte de Flandre moins puiffant, dans la crainte fans doute qu'il ne vint dans la fuite révendiquer les terres que la comteffe Jeanne avoit été forcée de céder a Philippe-Augufte. Jean d'Avefnes fe fit auffi - tót' reconnoitre comte de Hainaut, & releva en 1247 ce comté de Henri de Gueldres , évêque de Liege, ( 2 > qui lui donna a ce fujet une charte, & en addreifa une autre la même année f3) aux peuples de Hainaut, pour les engager a reconnoitre Jean d'Avefnes pour leur légitime fouverain. Oudegherft ajoute qu'il étoit défendu a Jean d'Avefnes de réiever le comté de Hainaut du vivant de fa mere. Je n'ai point vu ailleurs cette claufe, & je doute de la vérité de ce fait. (4) La comteffe en concut de 1'ombrage , & commenca dès-lors a traiter le Hainaut comme un pays ennemi. Les d'Avefnes, comme ils étoient braves & bons foldats, aimés des grands & du peuple , prirent les armes , & profitant de 1'abience de Guillaume de Dampierre, fils ainé de Marguerite, qui s'étoit croile avec St.-Louis , ils fondirent fur la Flandre Impériale , qui comprennoit les terres d'Aloft, le pays de Waes, CO Saint-Louis, dit Hoffart, tome 2, page 5, ayant mis en confidération, non les raifons alléguées, mais le bien - être de fon Royaume & 1'abbaiflement de fes vaffaux (2) Voyez pieces juftificatives, N°. III. (3) Voyez pieces juftificatives, N°. IV. (4.) Voyez la note de la piece juftificative, N°. II.  plus de deux cents cinquante chevaliers, qu'il fit tranfporter a Watteringhe en Hollande. Lefebvre dit que les prifonniers furent dépouillés jufqu'a la chemife & obligés de fe couvrir la tête de feuilles de pois verds, pour fe garantir de la chaleur exceflive, qu'il faïfoit alors. L'an mil deux cent7y chinquante trois. Les Flamengs feirent chapeaux de pois. Marguerite fut défefpérée en apprenant la défaite des liens & la captivité de fes deux fils. Elle chercha a les délivrer, quoiqu'il en coütat, & envoya les évêques de ïerrouanne & de Tournay avec le doyen de St. Donat de Bruges vers 1'Empereur , pour traiter de leur rancon. II refufa long-tems de les entendre , mais'enfin 1'archevêque de Cologne, chancellier de l'Empire leur répondit en ces termes, en préfence des' évêques de Spire & de Mayence: „ venerables „ peres pour ceque le Roy des Rommains vous „ avoit promis donner refponfes dedans trois „ jours elle eft telle & briefve. Scachiez que „ voftre dame la comteffe Marguerite eft regif„ trée es libvres du confiftoire de l'Empire comme v non féable ains rebelle & defobeiflante con„ tumaffe a l'Empire a toutz les prélatz & „ princes du confiftoire du St. Empire & juf„ ques a ce que elle aura fatisfaift elle ne aura „ aultre refponfe. En oultre le Roy requiert „ d'elle fidelité car elle a publicquement menty „ contre fon fayel tefmoing le duc de Brabant „ prefens trois aultres ducs en la main def„ quelz elle avoit juré induces de trois jours &i „ elle fortant du confiftoire commanda que ce„ pendant que le Roy & fes princes eftoient „ empechiez que toutz fes capitaines s'en al„ laffent par mer en Walachre & pour fon in„ fidelité Dieu feul a combattu pour le Rov B 2  ( 25 ) La fermeté de Valenciennes étonna la comteffe, elle ne pouvoit s'imaginer que des hommes peu faits au métier de la guerre euffent ofé arrêter une armée formidable; elle jura de puriir d'une maniere éclatante la défobéïflance de les fujets ; elle affiégea la ville dans les formes & détruilit les faux-bourgs. En douze jours les Francois livrerent cinq affauts ; les affaillans furent cinq fois repouffés , défaits, renverfés & leurs ouyrages détruits. Rebuté d'une réliftance auflï opiniatre, Charles jugea plus convenable de fe faire reconnoitre du refte du Hainaut, & laiflant devant Valenciennes une partie de fon armée; il marcha vers le Quefnoi, qui lui ouvrit fes portes. Mons, Maubeuge, Ath , Soignies , Binch, Beaumont, Braine-le-Comte s'emprefferent d'obéir a Marguerite, qui fe faifoit rendre les clefs pour les donner au comte d'Anjou. _ Le feigneur d'Enghien, a 1'exemple des habitans de Valenciennes , réfolut de refter fidele a Jean d'Avefnes. Sa fortereffe pouvoit faire une longue réliftance; il favoit d'ailleurs que le Roi des Romains s'avancoit avec une armée formidable pour délivrerle Hainaut: il avoit fait venir du pays de Liege fept cents Ronds-compagnons & autres, qui s'étoient joints a ces libérateurs de leur patrie , trés appareille7y de combattre, dit Lefebvre , lefqueb^ fe mettoient en embufches es bois pour furprendre les Franchoïs que un attendoit. L'armée de Charles étoit partje de Soignies & n'étoit éloignée d'Enghien que d'une lieue, lorfque tout-a-coup le feigneur d'Enghien fortit des bois avec environ fix cents hommes armés de fayettes dards & lances, & obligea les Francois de reculer. Leur armée logea cette nuit a Silly f i), réfolue de brüler toute la terre d'En- CO Sylly, village de Hainaut, avec le titre de Pairie , a 3 ueues d'Enghien & d'Ath.  ( 26 ) gliien. Les payfans s'étoient retirés vers leur feigneur au nombre de plus de deux mille, & mêlés avec les Ronds ; ils vinrent attaquer les Francois vers minuit, lorfqu'ils commencoient a mettre le feu a Silly & aux villages des environs , & les mirent en déroute. Une grande partie de leur armée fut maffacrée pendant ïes ténebres dans des lieux qui leur étoient inconnus. Pluiieurs feigneurs de France & d'Allemagne y perdirent la vie, tels que les comtes de Ligny & de Grandpré, Jean de la Fere en Parthenois, Bauduin de Germanie, Gaultier de Condé-fur-Marne, Guy de Flefchin , Jean de Gotiz, Thierry de Mailly, & plus de quatre cents écuiers & chevaliers Charles & IVJarguerite réfolurent d'abandonner leur entreprife fur Enghien, & de retourner au fiege de Valenciennes, afin de revenir avec toutes leurs forces , lorfqu'ils auroient réduit cette Ville. Dans leur retraite, ils furent encore attaqués & défaits par Le Roux, capitaine de Jean d'Avefnes v Les débris de 1'armée arriverent le deuxieme jour auprès de Valenciennes. Le lendemain on donna deux aflauts, 1'un a la porte de Cambray, 1'autre a la porte de Mons. Les affiégés fe défendirent avec intrépidité & repoulferent les ennemis aux deux endroits avec une perte confidérable de part & d'autre. L'attaque de la porte Cardon fut plus meurtriere encore; la place fut efcaladée, & déja les Francois, maitres des ramparts , defcendoient dans la vjlle. Les bourgeois attirés par le bruit des affiégeans, courent aux armes & fe portent en foule de ce cöté. Bientöt ils repoulfent les ennemis , les échelles leur manquent, ils font précipités dans les fofles, & la ville eft fauvée par le courage de fes habitans. La comteffe voyant qu'elle ne pouvoit emporter la. ville de vive force, fit fommer les gou-  .n (17) vernenr & magiftrats de venir hors de la porte de Mons parler a leur Souveraine. Ils le refuferent, difant qu'elle n'étoit pas leur Souveraine, mais leur ennemie. Le lendemain elle leur fit favoir que s'ils vouloient lui donner des ötages elle iroit en perfonne traiter de paix avec eux, ce qui fut accordé. Les prevöt & jurés firent aflembler le peuple fur la place d'armes pour être témoin du concordat. Marguerite entra dans la ville avec peu de fuite: arrivée vis-a-vis Thótelde-yille, oü les prévöt & magiftrat 1'attendoient. „ Nous nepoons affès efmerveiller , leur dit-elle-, 3, comment vous qui efiez executeurs de noftre „ juftiche en noftre ville de Valenchiennes vous avez efté fi rebelle a nous quy fommes vof„ tre conteffe & dame naturelle que nos portes >, avez cloz devant nous nos gentz avez occis & „ pluiüeurs griefs domaiges nous avez portez. „ Voicy tout le pays de Haynnault les Bailliai„ ges Prevoftez & Chafteaulx obeyffent a nous 3, & vous feul & le feigneur de Henghien avez „ efté & comme eftez encoires rebelles contre „ nous. „ . Le prévót de la ville prit la parole & lui répondit avec fermeté: (1) „ dame, vous avez (1) J'ai rapporté au long ce difcours du prévöt nommé Gilles Minave , perfuadé que le ledteury verra avec plaifir quel étoit Tétat ancien de cette ville, devenue malheureufement célebre par une réliftance moins légitime. Sous fes comtés particuliers, elle formoit avec fon territoire un comté , qui réuni fous le regne de Richilde au Hainaut, a toujours continué d'avoir fes loix & fon adminiftration particuliere. De la nos Souverains fe difoient Comfes de Hainaut &'de Valenciennes. Les fubfides fe payoient au Prince féparément & étoient taxés au fïxieme du Hainaut. Valenciennes avoit fon héraut d'armes & le conferve encore aujourd'hui : elle avoit fes Pairs ; 1'inauguration s'y faifoit a part, comme elle fe fait a préfent a Gand pour la Flandre & a Ypres pour la Weft-Flandre. J'ai entre les  C *8 ; ,j propofé que vous eftez venu en voftre ville „ & que nous avons cloz voz portes devant j, vous item dites que vous eftez noftre conj, teffe & dame naturelle item que nous avons 55 occis vos gentz & vous portez divers griefs 33 domaiges & finablement que tout le pays de 3, Haynnault fe eft offert a vous. Je repondz quant 3, au premier que la ville de Vallenchiennes (1) ,, n'eft pas voftre ne les portes ne les murs. „ Nous recognoiffons toutes fois que nous foms, mes tenuz de donner chacun an ciertaine fom3j me d'argent au vray & idoint conté de Hain3» nault par telle condition qu'icelluy conté eft „ tenu par ferement deffendre noftre ville de „ Vallenchiennes & cefte debte eftant payée 3, rien ne povez raifonnablement demander fur ,., la ville ce que vous mefme avez jurez fur 33 les fainftes évangilles de Dieu. v Quant au fecond vous diftes que vous ef3, tez noftre conteffe & dame naturelle nous 5, refpondons que fe tiranneffes doibvent eftre 3, dicles dames naturelles d'aulcuns pays je 3, confentirois affes toft voftre dict eftre vray. mains des monumens pre'cieux que je me propofe de mettre au jour dans un autre mémoire a ce fujet. Ce difcours eft tiré du M. S de Lefebvre. Louis de La Fontaine, dont le M. S. eft entre les mains de M. de Bavai, confeiller penfionnaire de Valenciennes , dit, a quelques termes pres, la même chofe. (O Vallenchiennes, dit Gisbert, prieur de St. Saulve , rfloicpieca ( autrefois ) ville impériale. Elle a jadis , dit d'Oultreman , tenu forme de répablique , de laquélle le Prince efioit le chef protecteur & feigneur, fi vous voule$ a la facon de plufieurs villes d'Empire Cf provinces d''Allemaigne. Le Magiftrat Cf le Confeil de ville, ajoute le mêrrie auteur, font appelles SEIGNEURS DE CESTE VILLE. C'eft de la fans doute que tire fon origine 1'ufage de traiter les échevins de Valenciennes de NoJJ'eigneurs lorfqu'ils font affemblés ; c'eft prefque la feule prérogative qui leur refte. On les a vu.s fouvent contrebalancer 1'autorité du Prince.  ( 29 ) „ J'ay ouy des clercs les differenfes entre fei3, gneurs naturelz d'aulcuns pays & ung tyran s, & pourceque ces conditions avons treuvés en 33 vous nous avons cloz les portes de noftre 33 ville & ainfchois raorions nous toutz que par „ violence fouffrirons que vous immuez quel3, que chofe en noftre endroict & pour ce avons 33 occiz voz gentz & occirons les aultres comme ,, fauteurs des tyrans & volons que fachiez que vous ne voftre Charles ne doubtons en riens. 3, Nous fommes pourveus de touttes chofes 3, appertenantz a ung fiege & fe a 1'advenir „ nous occions encoires de vos gentz nous ne ,3 les allons pas affaillir. II eft loifible de rebou„ ter forche par forche. Toutesfois s'ilz feuffent 3, demorez en franche jamais ne les euflions ocs, ciz. Quant a voftre conclufion finable vous „ di&es que tout le pays vous a voulontiers ,3 rechue mais nous refpondons que che ne s, conclut contre nous. Pourceque chacune bon,3 ne ville a fes couftufmes & frankifes a part. 3, Nous ne debvons les enüevir mais eulx nous. 33 S'ils ont meffaict nous ne volons les enlie3, vir. „ Après ces paroles le prévöt demanda aux habitans qui étoient affemblés fur la place d armes s'ils approuvoient fa réponfe, & un cri univerfel fe fit entendre ouy, ouy, ouy; alors fe tournant vers la comteffe : dame, dit-il, il efi temps de trai&ier, propofe^ que chacun loye. Elle prétendit entrer dans fhötel-de-ville pour faire fon traité a part avec les prévöt & jurés, mais Minave 1'arrêta, en lui difant: jamais dame la mattere ne fera traiStié fors en la prefence de toutr. Marguerite put a peine contenir fti col ere, elle fit propofer fes demandes par un avocat de Paris. II conclut en difant que „ la conteffe „ eftant defcendue de la vraye fucceffion des con-  (3°; tes naturelz d'Haynnault elle povoit libera,, lement vendre cefte conté a noble ou pauvre „ partout elle auroit miz fa volonté. & pourceque „ en la prefence de Loys Roy de France & de ,, fes barons elle avoit donné folemnellement „ ladite conté a toufiours a Charles d'Anjou fon couhn & avoit fceellé la lettre de fon „ fayel requeroit que icelles lettres fuiffent 3, fceellées des fceaulx de la ville de Valentiennes „ en iigne de confirmation dudit don.1" Cet avocat en impofoit. Jamais St.-Louis n'avoit donné la main a une donation obfolue , mais bien a une ceffion pour la vie de la comteffe. Cependant nonobftant Toppofition du Roi, elle avoit fait une donation a perpétuité du Hainaut la veille de la Touffaint 1253 a Paris, fous le vidimus de Gaufride, abbé de Saint-Magloire a Paris ne fe réfervant qu'un revenu trèsmodique, moyennant un hommage audit Charles d'Anjou. 11 eft vrai que 1'évêque de Liege protefta (2) contre cette injuftice criante , mais que pouvait une proteftation contre les armées nombreufes qui fecondoient la haine de la princeffe? (-3) Les habitans de Valenciennes ne furent point dupes de cette iupercherie, les prévöt & jurés fe retirerent dans 1'hötel-de-ville pour délibérer avec les notables. Il fut réfolu qu'on ne permettroit jamais qu'on dépouillat 1'héritier pré- (O Inventaire des titres dépofés a la Chambre des comptes 3 Lille. Ca) Cette proteftation fe trouve dans les archives de Ha'naut, layette E, N°. 19. (3) II eft inconcevable quels moyens elle employa pour fe former des alliés. Elle en trouva jufques dans la Cour de 1'Empereur, dans la perfonne de Conrad , archevêque de Cologne, qui fit un traité avec Charles d'Anjou. Voyez la piece juftificative, NQ. XII.  ( 3* ) fomptif des comtés de Hainaut de Théritage de fes ancêtres : que fi cependant la comteffe vouloit'céder les comtés de Hainaut & de Valenciennes , fa vie feulement, a Charles d'Anjou, on demandoit trois jours pour y réfléchir. Cette propolition fut acceptée. Marguerite refta dans la ville & alla loger a fon palais de la Salie. Les trois jours écoulés, le magiftrat confentit a reconnoitre le prince comme comte de Hainaut & de Valenciennes , pendant la vje de Marguerite feullement Alors la comteffe avec les prévöt & échevins allerent recevoir le comte d'Anjou a la porte de Mons. Cent des plus notables bourgeois les accompagnoient la tête couronnée de rofes & un ram eau verdoyant a la main , en iigne de paix. Le refte de la bourgeoiüe étoit fous les armes. Charles ne prit avec lui que cent des principaux feigneurs défarmés, qui a 1'exemple des habitans , avoient des couronnes de rofes fur la tête & des rameaux verds a la main. Le prince fut conduit vis-a-vis 1'hótel-de-ville , oü il fut proclamé comte de Valanciennes aux conditions énoncées plus haut. Il prêta le ferment de conferver a la ville fes droits, coutumes & privileges , & recut des habitans affemblés le ferment fidélité. Marguerite ne put retenir fes larmes dans ce moment frappant, oü elle fé voyoit dépouillée de la fouveraineté d'une ville qu'elle aimoit, & qui 1'avoit vu naitre. Elle recommanda avec inftance au prince les habitans, & fur-tout 1'églife de St Jean, oü elle avoit été baptifée. Huit jours furent fignalés par des fêtes , que le fouvenir des maux paffes rendoit encore plus belles. Le comte accprdoit des privileges avec prodigalité. II ne prévoyoit pas fans doute que fon regne feroit de peu de durée. A peine fut-il huit jours comte de Valenciennes, quand tout-  C 3* ) a-coup quelques troupes légeres, qui parurent fur les bords de 1'Efcaut, jetterent 1'allarme dans 1'armée francaife. Le tumulte s' accrut au point que les bourgeois s'imaginerent que 1'armée qui étoit reftée fous les murs, cherchoit a fe venger des maux que la réliftance opiniatre de la ville lui avoit fait fouftrir. On court aux ramparts pour connoitre la caufe de ces mouvemens. On vit les francois fe retirer en défordre. L'Empereur après les avoir attendus trois jours au rendez vous dans la pleine d'Afche, venoit les chercher a la tête de cent mille hommes. A fon approche Charles prit le parti de fe retirer la riuit & d'aller cacher en France fa bonte & fa défaite. Marguerite abandonnée de fon allié, demanda la paix. Elle lui fut accordée aux conditions qu'elle reconnoitroit le traité de partage de 1246, & rendroit fes bonnes graces a fes enfans, (ij elle promit tout & n'executa rien. L'Empereur n'eut point le tems de mettre (O La Fontaine dit que Guillaume voulut que Marguerite cériat acluellement le Hainaut a Jean d'Avefnes. Je n'ai vu que dans eet Auteur cette condition , qui n'eft pas fans probabüité ; car Guillaume tenant fon ennemie entre les mains, fe feroit-il contenté de faire ratifier le Traité de de 1246, lui qui ne cherchoit que 1'avantage & 1'agrandiffement de fon beau-frere ? 1» Jehan & Baulduin, dit-il, maintenoient toufiours Hayn„ nault voulfit ou non leur male mere laquelle fut con„ traire a ces deux jufqu'a la fin & ja ne fina les en em,, pefcher fe elle 1'euift peu Jehan en fes faits a 1'oppofite „ eftoit tant courtois & debonnaire que tout le monde 1'a„ voit chier & pourtant demouraft-il Comte de Hayn„ naulr." Je crois pouvoir hafarder des conjeftures pour concilier 1'efiimable auteur déja cité avec les autres écrivains. Jean d'Avefnes ne demeura comte de Hainaut, qu'autant qu'il avoit rompu les mefures que fa mere prenoit pour le dépouiller, & ne conferva que l'efpoir de regner fur cette Province après la mort de la comteffe. la  ( 33 ) la derniere main a fon ouvraze car ivonc n • que les FHfons fe révoltoiemfu SdoïlS qufjsrte mes q „v Chdlons' qui les a déclarés Iéeitim , ny av0]t pomt procédé comm g ti ÏÏÏf, ff tCmS rEmPere"r s'avancoit vers la Fnie ou la mort 1'arrêta au milieu'des fucces Son cheval fut arrêté au milieu des glacons HnnV lï PÜt fe reti-r. II fut tué par i^S t cm s d r£COnnU- Jea" d'Avefnes< Privé d'u f cou s de ce prince, dut fe contente? du comté 1? TT' qui étoitfon aP*™ge, & deTef poir de devenir comte de Hainaut II en cot Les comtes Guy & Jean de Dampierre rof toient toujours prifonniers en Holl w dehvrance touchoit beaucoup la comteffe Ful fe rapprocha infenfiblement & fes enfant da^ obre xT P ffVenir ' dle Promit »» 2b dtc Jeanfont £ ™ ^ (2) ?bur e"Pecher peut avoir donné dans ce ^i**^ lui affure les terres qu'on lui avok affignée" en L.(0 Inventaire des titres de Ia Chambre des Compres a (2) Archives du Hainaut, Layette I N° - c "J'  Hainaut. Les prévót & échevms de Valenciennes proraettent de' reconnoitre Jean d'Avefnes pour leur légitime comte. La comteffe promet de faire enforte que tous fes hommes & toutes les villes de Hainaut s'obligent a reconnoitre après fa mort Jean d'Avefnes & fes hoirs après lui pour febneur de ce comté, & a ne point aider Bauduin fon fils & fes hoirs, s'ils vouloient contrevenir a la renonciation qu'il avoit faite a ce comté. Tean& Bauduin renoncent a toutes leurs prétentions furNamur, fauf 1'hommage dü au comte de Hainaut, lorfque la fucceffion du comté fera dévolue a Jean d'Avefnes. Cette paix domeftique en préparoit une autre ■ efe %t fignée le i novembre de la meme anriëe entre Florent, frere de l'Empereur & mteur de Florent fon neveu, hentier de la Hollande Marguerite & Jean & Bauduin de fautre part. On relacha d'abord Guy & Jean de Dampierre (O avec les comtes de Guifnes & de liai & les autres prifonniers en Hollande, en payant une o-rande fomme d'argent. Charles d'Anjou renoncoit a fes pretentions fur le Hainaut, moyennant une fomme de 160 mille livres, payables en 12 années K) pour les fraix de la guerre. L'accord de 1246 fut conhrmé On conclut le mariage du jeune Florent avec la fille de Guy, comte de Flandre , nis de Marguerite; on céda, lorfque ce mariage s'exécuteroit,la Zélande a Florent ou a fon ne- VCEnfin le 23 novembre (4) 1257, Marguerite & CO Lefebvre, La Foiitaine, Vinchant. (2; Pankouke , Hiftoire de Flandre. % Turï dt^^reporantalaTrérorerie des Chartes a Mons, Layecte E, N9. 27.  ( 35 ) Jean d'Avefnes mirent la derniere main a leur reconcil ation. Jean & Bauduin promettent d'obfer-' ver les traités de 1246 & 1248 ; Jean renonce a toutes les lettres obtenues touchant la flandre Impériale. De fon cöté Marguerite dcclare que pour éviter toute difficulté a fa mort entre Jean & Bauduin d'Avefnes, Guy & Jean de Dampierre fes enfans, & voulant régler la part qui leur reviendroit dans fes biens meubles & immeubles , & le payement de fes dettes & legs, elle ordonne que le comte de Flandre fera tenu de payer les deux tiers des dettes & des legs , & jouira de tous les biens meubles & immeubles qui fe trouveront a ia mort dans le comré de Flandre & appartenances. Jean de Dampierre rendra a Guy fon frere dans les dettes & ïegsa concurence de ce qu'il prendra dans la fucceffion. Jean d'Avefnes payera le tiers de fes dettes & legs, & jouira de tous les biens meubles & immeubles du comté de Hainaut,- fauf ce que Bauduin fon frere devra en fupporter. Les penlions perpétuelles & a vie ferontpayées par celui fur le coulté duquel elles feront affiguées. Jean d'Avefnes ne förvécut pas long-tems a cette paix , il mourut la même année 1257, ^a veille de Noël, avant de parvenir a fa fucceffion. Il fut d'abord enterré a Leuze, & enfuite fon fils, étant devenu comte de Hainaut, après la mort de Marguerite, le fit tranfporter a Valenciennes , oü il fut inhumé auprès d Alix fon époufe, dans 1'églife des Dominicains. On lifoit encore il y a quelques années cette épitaphe fur fon tombeau. Grandi regalis aquilce leo confepelitur. Terror uterque tnalis, nutic vermis utroque potitur. Tantus kanos, talis probitas, heu cur operitur ? C 2  ( 36 ) Regia fiirps horum fed fors harmonia morutn. Vivunt lauJe Thorum proles fublimat eorum ,' His, rex rcgnorum, regnum largire polorum. Après la mort de ce prince, Marguerite prit des ientimens plus humains a 1'égard du lang de Bouchard; elle rendit toutes fes bonnes graces & fa confiance a Bauduin fon fils , & lui donna la tutelle de fes petits fils. Elle 1'établit comme Gouverneur du Hainaut, tandis qu'elle alla habiter la Flandre avec les Dampierre. J'ai entre les mains une lettre, que j'ai copiée d'après les archives de Valenciennes, par laquelle elle enjoint aux échevins de cette ville de fe trouver a la délivrance d'une monnoie que „noftre chierfil^, dit elle , fait faire de par nous a Vallenchiennes. Cette lettre & datée de 1270. Enfin Marguerite parvenue a une age trèsavancé, pour empêcher toute difpute après fa mort, fit reconnoitre Guy de Dampierre comme comte de Flandre & Jean II comte de Hainaut & de Valenciennes. Elle mourut peu de tems après dans Gand lJan 1280. En elle finit la race de Richilde & des Bauduin.  PIECES JUSTIFICATIVES. N°. I. Partage des Comtés de Flandre & de Hainaut entre les d'Avefnes & les Dampierre. J\fOS ... . in negotio prcefato taliter ordinamus & per ditlum nofirum ajjignamus Joanni de Avefnis militi totum comitatum Haynonie , cum omnibus pertinentiis : itd quod Balduino fratri fuo militi tenetur de eodem comitatu in portione hereditaria providere. Guillelmo verö de Dampetrd militi ajjignamus totum comitatum Flandrie , cum omnibus pertïnentiis : ito. quodfratribus fuis germanis Guydoni fcilicet & Joanni tenetur de eodem comitatu in portione hereditaria providere. He autem provijiones fient fecundum confuetudinem comitatuum pred'ictorum. Hec fi quidem pronuntiamus retentd nobis potefiate declarandi & exponendi ea qua in ditto nojiro continentur, fifortè inter partes aliqua dubietas oriretur. Prenominale autem partes dictum nofirum ficut prolatum eji approbaverunt, & ratum & gratum habuerunt : promittentes fe dictum ifiud jideliter fervaturas , & nullo unquam tempore contraventuras. Et ad majorem fecuntatem htteras fuas fuper kis nobis dederunt jigillis fuis figillatas. In cujus rei tefiimonium prafentibus litteris jigdla nojira duximus apponenda. Acium Parifiis, anno Domini M. Ifc XLVl menfe julio, Duraont, code diplomatique.  C 38 ) N°. II. Pleins Pouvoirs donnés aux Arbitres pour la fucceffion de Marguerite. TT v> Niverfis prafentes litteras infpeciuris Johannes de Avefnis & Balduinus fratres falutem in Domino. Notum facimus tam prafentibus quam futuris , quod cum inter nos quos nobilis domina Margareta comitijja Flandria & Hannonia de nobili viro Buchardo de Avefnis fufceperat ex und parte , Guillelmum de donna Petra Guydonem & Johannem fratres & Johannam fororem ipforum quos pradicta Domina & mater nofira de viro nobili Guillelmo de donna petra fufceperat, ex altera, mota effet contentio fuper eo quod utraque partium comitatus Flandria O" Hannonice & totam terram quam tenet dicia comitiffa, dicebat ad fe poft obitum dictee comitiffte matris nofira jure hereditario pertinere , tandem de volunlate & ajfenfu dicla. comitiffa matris nofira, & amicorum nofirorum confilio in excellentijjimum Dominum Ludovicum Regem Francorum illufirijjimum & venerabilem fratrem odonem tufculanum epifcopum Apofi tolica fedis legatum unanimiter compromifimus tali modo quod fecundum formam juris & judicii non fit in boe arbitrio procedendum cum tota terra pradicta per viam juris parti alteri debere cedere dignofcatur, fed de terra prcediSd debent taliter ordinare , quod utrique partium de diSta {tareditare partem afjignent fecundum quod videbitur Mis bonum efife, ita videlicet quod ambo di&orum capita comitatuum uni nofirum dare . vel alterum uni, & reüquum alii, vel partem alteri in comitatu altero , vel utroqueprout eis bonum videbitur, poterunt affignare.  C 39 ) Concordatum eft etiam & conceffum quod fi comi. tatu Flandria alteri per dictum eorum afjïgnato , alii voluennt in eodem comitatu partem terra afjignare, Me qui partem Mam habuerit, comitatum habenti de ed homagium faciet & partem Mam tenebit de eodem. Simiiiter fi comitatu Hannonia per dictum dlorum alicui afifignato in comitatu Mo alii partem terra affignaverint, Me qui partem Mam in comitatu habebit, comitatum habenti homagium faciet, & partem Mam de Mo tenebit, nj.fi terra confuetudo in contrarium fe haberet Quod fi ejfet, homagium faceret & partem fuam teneret fecundum quod terra requ.reret confuetudo. Jnfuper eft fciendum quod in koe unanimiter convenimus : quod Ji fine liberis de uxore fud defponfatd procreandis contingerei aliquem nofirum decedere , frater ejus germanus, vel foror ejus germana fi decedens fratrem 'non kaberet germanum eidem decedenti fuccederet in totd terrdquam kaberet. Concordatum eft in fuper quodfi pradictum legatum kis inquirendis contingeret non adejje , Dominus Roberlus comes attiebatenfis ipfius D.ni regis frater ad hac exequenda reciperetur fine contradiciione aliqud loco ejus. Volumus etiam quod Mud quod ordinabitur fiat falvo konore utriufque partis, iia tarnen quod propter koe non remaneat quin partes & divifiones terrarum^ & totius hareditatis pradicta remaneant fiab 'des & firma prout ab ipfis fuerit ordinatum. Conceffimus enim quos contenti erimus divifionibus itlis & partibus quas nobis affignabunt, nee contra ordinationem Morum veniemus aliquo modo , nee unus in porte alii affignandd jive in proprietate , Jive in F°fièffione aliquid per fe vel per alium reclamabit, nee movebit quifquam nofirum contra alterum fuper his in ecclefiajiicd veljeculari curid quafiionem aliquo modo vel aüqudratione juris aut facti. Conceffit autem Dominus Rex quod ipj'e recipiet in hominem de co* mitatu Flandria fi) vivente dicld comitiffa matre CO Cette claufe me confirme dans 1'opinion gu'Oude^herft  (4°) noprafi ipfa hoe petieru, illum qui per ordinationem ipforum diélum comitatum habebit falva ipfius comitijjie , & falvo in omnibus Domini regis jure. Propter abfentiam utriufque partis vel alterius non dimittent quin , fi voluerint, iri eodem arbitrio procedant, & quid quid fiet vel ordinabiturper ipfos , tam valebit, & ita tenebimur obfiervare , ac fi nobis prafentibus factum ejjet. Hcec autem omnia faiïa funt & concejjd eo falvo quod pradi&a comitiffa mater noftra non objianubus compromiffione pradicta vel arbitrio , vel ordinatwne quam fuper hls facient, plènam quamdiu vixerit habeat potefiatem & adminifirationem pradiSorum comitatuum, & totius terra fua, & de ipfis po ffit pro fud voluntate facere ficut poterat ante eompromiffionem pradi&am. Salvo eo quod dicla comitijja nulL nofirum aut aliorum liberorum fuorum poffit ahquam terram feu redditum dare prater partes qua per dictos Dominos fuerint nobis ajjignata . nee altcui nofirum aüquid dare fuper partem alteri ajjignatam. SupradiSia autem omnia & fingula promif fimus pradictis Domino regi & Domino legato , & nobis ad invicem nos firmiter fervaturos , & contra, nullo unquam tempore quocumque modo venturos , prafiito fuper his coram ipfis corporaliter juramento. In cujus rei teftimonium & munïmem prafentes litteras figillorum nofirorum impreffionibus fecimus roborari. AStum Parifiis anno MCCXLV. (\) Dumont , Code diplomatique. a dit légerement : qu^l n'étoit pas permis a Jean d'Avefnes de rclever le comté du Hainaut durant la vie de fa mere. Pourquoi cette claufe n'auroit-elle pas été mife égalernent pour la Flandre? on ne l'avoit pas alors a qui tomberoit cette partie de la fucceflion.~ _ (1) Cette piece démontre toute 1'injurHce de Marguerite qui vouloit donner a perpêfMé le comté de Hainaut a Charles_ d'Anjou. Elle avoit donné fon confenterrient au compromis de fes enfans, & par ledit compromis elle étoit engagée a laiffer fuivre a un chacun ce qui lui étoit affigné par les arbitres Mais en même tems elle pouvoit en dif. pofer la vie comme il lui plaifoit.  ( 4* ) No. III. Charte de 1'Evêque de Liege touchant Ie reliëf du Hainaut. j/L tous ceulx qui ces prefentes lettres verront. Henrj par la grafce de Dieu ejleu de Liege falul. Scavoir faifons que nous avons receu noble homme Jehan d' Avefnes aifné fils de la contejje Marguerite de Flandres & de Haynnault en homme de fief de Haynnault & luy avons rendu comme fes ancejfeurs l'ont tenu de no7K prediceffeurs. En tefmoing de ce nous luy avons donné ces lettres fceellées de noftre fceel. Donné Van doufe cent7x quarante & fept le joëdy prochain le fefie St. Michiel. (i) N°. IV. Autre Charte du même Evêque. H Enry par la grace de Dieu efieu de Liege a, tout7K les pers de Haynnault & de Vallentiennes falut & a tout7x les chevaliers prévofts & jure7^ eskevins de Mont7y en Haynnault de Vallentiennes & de toutes les boines villes de Haynnault nos ame7^ en noftre Seigneur falut. Nous vous faifons favoirpar les prefentes que nous avons receu noble homme Jehan d' Avefnes aifné fils de Marguerite conteffe de Flandres & Cl) Cette Charte fe trouve a la Tréforerie des Chartes de Hainaut, Layeue cottée E, N°. 28. É  ( 40 de Haynnault en homme de fief de Haynnault & luy avons rendu ledit fief comme fes anticejjeurs Vont tenu de no7K prediceffeurs & fur ce luy avoris badlé no7v lettres pourquoy nous vous requerrons, toutr^ & chacun de vous pryons a certes que cnviers ledit Jehan voftre feigneurfaictes benignement ce que debve\ faire. Donné a Couloingne foub7y noftre fceel Van M CC XLVI1 au mois d'o&obre. Cette Piece fe trouve a la Tréforerie des Chartes a Mons, Layette E, N°. 28. N°. V. Renonciation de Jean & Bauduin d'Avefnes a la Flandre Impériale. jN' Ous Jehans d'Avefnes & Baulduins freres chevaliers fify de dame Marguerite contejfe de Flandres & de Haynnault fcavoir fefons a tout?^ que ces lettres verront ke quand li Roy noftre Sires & Vevefque Tufculan cardinal legafi en Franche donnerent leur dici & ordonnance ducomprommis faïEt en eulx de nous d'une part & Guillaume Guyon & Jehans de Dompierre no{ freres d'aultre part nous apres ce diEt & ordonnance mifmes en kalenges les terres de JValchre de Zuyt - Beurlandt Nord - Beurlandt Borfelle & touttes les Ifies de Zeelande les HIJ offices terre de fVaefi Tenremonde Grardmont & Aloot avec touttes leurs appertenanches & touttes les terres que les feigneurs de Flandres tenoient & ont tenu7K de V Empereur en ce temps que les contes de Flandres ne tenoient point la conté de Haynnault & difions que ces chofes n'appertinoient audict Roy ne au legafi & n'efioient des appertenances de Flan-  c 43'} dres & nous aprils cefie reclammation ou kalenge aux prur.es & refquefies de nojire tres chiere mere latffbns lefdites reclammations & kalenges quiSons totalement en perpetuel pour nous & pour nor^ hoirs a nofdits freres & a leurs hoirs leurs terres avant ditcs avec leurs appertenanches ne es ficfs dommaines & alloex ne es heritaiges de quelconque ils foient tenui & renoncons exprejfement pour nous & recognoijbns auffy que toutes les chofes & fief d'Angleterre le cafiellenïe de Cambray le gavene deCambrefis font des appartenanches de Flandres & appartiennent a norv freres fufdits & doibvent demorer a eulx & a leurs fuccejfturs avons auffy prommis par no foy & ferement que de ce jour en avant nous par nous ne par aultruy ne venrons contre cefie préfente quiSance ains le warderons & tenrons bien & finablement a toufiours. En Tefmoing de ce nous avons faiSt fceeller cesprefentes de norjceaulx, Faict en Van de Vincarnadon XLVU1 en janvier. Manufcrit de Lefebvre. N°. VI. Promeffe de Marguerite de donner a Jean d'Avefnes 60,000 livres. J E Marguerite conteffe de Flandres & de Haynnault fais fcavoir a tout{ que je prommetr^ que de ce jour & 'heure que Guillaume mon aifné fils fera retorné de la Terre-Sainte de Oultre-Mer en Flandres je feray tant enviers luy & fes deux freres qdilr^ quicleront dedens XL jours après fon retour en Flandres d Jehan & Baulduins mes tres chiers filr_ les LX mille libvres dcfquels il\ fefoient complamcie  / ft ( 44 > contre eulx a Voccafion des oftr mener h Rupelmonde^ & aultrement o> de ce me feray debverejfe CJ me confütue hotagiere en oultre fats /fe* votr que Ifommaige de Namur & de fes aPPirtenanches cy de tout ce que le conté de Namur nent de mj enHamnault & les Aommatges du feigneur de Lu%embourg & tout ce qu'il tient de mj en HaynTnalT- ^^ufire-Meufe demofént a Jeian Z Baulf™ netfih « * leur fuccejfeurs femblablement les hommaiges de la conté de Namur & du fetgneur de Lut^embourgde toutes chofes quils tien. nent en Flandres demoront a mejfilr GudlaZe Guj c Jehan de Dampierre O d leur) fucceffeurs Et en tejmom d£ ce aj ^ fa.re J ^ . jceeller de mon fajel donné Van M I/c XLVIII au mois de janvier. a tes^M Pr°mreffe ^ * ,a Tréf^erie des Charies a Mons , Layetre cottée E, N°. 9. No. VII. Innocent IV charge 1'Evêque de Chalonsfur-Manie & 1'Abbé de St. Sépulchre d'examiner la légitimité des d'Avefnes T ± Nnocentius epifcopus fervus fervorum Dei, vcnerabih fratri & epifcopo catalaunenfi, & dilecto filio abbatiS. Sepulchn Cameracenfis falutem & apofiolicam benedictionem. Quia no( diledti filii, nobiles viri Joannes de Avennis & Baldumus frater ejus mfinuatione monftraverunt, quod quidam eorum cemult malitiofé, ut proceflu temporis a bonis ad eos heredkano jure fpectannbus, excludi valeant, notam illeguimationis impmgunt, id multorum auribus mfiellando  / 45 ) Quare nobis fupplicarunt humiliter, ut cum eis , aut faltem eorum heredibus fit valdt periculofum , quod id maneat taliter indifcuffum , providere ipfis fuper hoe paterna follicitudine curaremus. Quo circa difcretioni vejira per apofiolica fcripta mandamus , quatenüs fupra caufd natalium eorumdem nubilium ( non obfiante quod fuper hoe inter ipfos ex parte und & fratres eorum ex altera , fuit coram nobis aliquamdiü litigatum & procej/um, cum nihil inde terminatum extilerit) inquiratis, ficut magis de plano poteritis , veritatem, & quod canonicumfuerit, appellatione pofi pofitd, fiatuatis, quaftione bonorum principali domino refervatd. Datum Lugduni V idus Decembris pontificatüs nofiri anno VI. La Bulle originale fe trouve a la Tréforerie des Chartes du Hainaut, Layette cottée E, N°. 8. N °. VIII. ASte de légitimation des d'Avefnes. P JL Etrus miferatione divind catalanenfis epifcopus, judex a Domino papa delegatus , & Hugo abbas Leffienfis , Cameracenfis dicecefis, fubdelegatus ab abbate S Sepulchri Cameracenfis , judice d domino papa delegato , univerfis prcefentibus & futuris falutem in domino. Cum nobiles viri Joannes de A'vennis & Balduinus , frater ejus , filii nobilis mulieris Margareta , Flandria & Hannonia comitiffa, caufjam natalium fuorum imprtrafjenl nobis, epijcopo catalanenfi\ viro religiofo abbati S Sepulchri Cameracenfis d domino papa delegati ; conjuncii procuratores eorumdem nobilium in jure proponere curaverunt, quod olim  ( 4^ ) nobilis vir Bouchardus de Avennis, pater eorum & nobilis muiier Margareta , Flandria & Hannonia comitiffa, mater eorum , mavrimomum pubLcè & ~folemniter, in facie ecclejia, ad invicem coturaxerunt, ex quorum matrimonio iidem nobdes Joannes & Balduinus, dum in facie ecclefia reputabatur legitimum , fuerunt legitimè procreati. Undé petebant iidem procuratores, nomine diciorum nobilium , ut nos auctoritate apojioücd eorumdem nobilium natalitia legitima declarantes, ipfos legitimè natos , & effe legitimos proriuntidremus. Quia verö nemo apparebat. qui in eodem negotio fe nobihbus opponeret ante diciis , nos d parte nobilium eorumdem juramenta recepimus, prout exigit ordo juris. Receptis tefiibus in eodem negotio produciis juratis , diligenter examinatis, depofitionibus eorumdem publicatis , injpeclis a£iis ejujdem negotii univerfis, ac auditis qua ex parte diciorum nobilium fueruntpropofita coram nobis, die ad definiendum afjignatd, quia nobis confiitit dicios Joannem C Balduïnum de Avennis intentionem fuam fufficienter probavïffe, nos de juris peritorum conjilio , eorumdem legitima natalitia declarantes , ipfos legitimè natos efj'e , & legitimos fententialiter dejinimus. Datum remis anno Domino M.CCXLIX, ferid fextd poft ociavam S. Martini hiemalis, Cette Sentence fe trouve dans la Tréforerie des Chartes a Mons, Layette cottée E , N. ia.  C 47 ) N°. IX. Guillaume donne a Jean d'Avefnes la Flandre Impériale. CjT Uillaume par la graf ces de Dieu Roy des Rommains a tout7x feables du Saint Empire falut. Puifi que l'exaltateur des humbles nous a eflevé en honneur de dignité & nous a aquis le fceptre du Royaume Rommain & palme de vicioire rien ne refplend Jy grandement en noftre haulteur que clemence par laquelle rendons a chacun felong texigence de fes merites comme noble Jehans d'Avefnes nojire tres cluer ferourge ait fait! agreables fervice & debvoir a nojire haulteur & que par fon merite foyons tenu7y le pourvoir de grafce fpecial & faveur nous avons octroyé audit Jehans par la providence de nojire confeil & reale liberalité en fief la terre de Namur la terre d'Alooft la terre empres PEfcault la terre de fVaaft la terre des quatre offices avec toutes leurs appertenances des queh^ la contejfe Marguerite contejfe de Flandres & de Haynnault par fa contumaffe manifefie eft rendu indigne en defobeyf fante a no7K mandements dedans le terme a elle prefix par no7^ princes & feigneurs & par non recepvoir de nous fi que elle deuft les terres defeure nommées comme par les princes & feigneurs de VEmpire at efie confentiet pardevant nous en nofire court general a Frankefort avons invefiy ledit Jehans d'Avefnes a telle folempnitè comme il appertient en nofire cour en recepvant par ferement de luy hommaige & feaulté deue Oultre at eftéfententietpar lefdits princes en cefie court par devant nous que apres nofire infeodation fe aulcuns neferont hommaiges audit Jehans ou ne requeront de luy leurs fiefs felon fes plaijus  ( 43 ) ou volonte^ les puifi donner a aultres en fief & pour ce par ce ediBt deffendons de nofire auclorité que quelque perfonne ne ofe venir contre cefie infeo* dation ou oStmy. Et guy prefumera le contraire fache qu'il encourrera grievement nofire indignation & fera compofé en l'amende de cent mars d'or la moifiié d nofire fief & Vaultre moifiiè a ceulx qui fouffriront cefie injure fi qu'il eft accouftumet a l Empire. Lefdites fentences neantmoins demorant en leur farce. Donné en nofire chafüel devant Frankefort le V ide de jullet X indiciion Van Lil. L/onginal de cette piece fe trouve en Latin dans la Tréibrerie des Chartes de Hainaut. La tiadu&ion eft extraite du manufcrit de Lefebvre & paroit conforme a 1'original. N ° . X. Lettre du grand Bailli de Hainaut a 1'Evêque de Liege. J -£L Tres Reverend pere en Dieu & feigmur efieu de Liege le Bailly de Hainnault & les confeillert de dame Marguerite humble & deue recommandation Comme de~y long temps comme par raifon d'amyable compofition les evefque de Liege refquir^ foyent tenu7y de aydier au conté de Haynnault en pluifieurs cofes pourtant au nom de la dicte contejfe vous fupplions & requerrons tres injianment que pluifieurs malfaieteurs que on di& les Rons Compaignons vous veuillierK bannire hors de voftre Evefché & fe aulcuns prendre en poe? fy les faites pendre defcoller ou enrouer comme vray jufiiche requiert vaille voftre feigneurie comme defirons. M. S. de Lefebvre.  ( 49 ) N°. XL Réponfe de 1'Evêque de Liege. H. Enry par la grace de Dieu efleu de Liege & d'icelle grace duc de Bouillon au bailly de Haynnault & aultres confeillers de la comteffe Marguerite falut combien pue par amyable compofition les evefque de Liege 'foyent tenur^ au comte de Haynnault, touttes fois a Marguerite comteffe de Flandre ne font en riens tenu^ ains luy doihvent faire injure molefie & dommaiges car elle a tenur la comté de Haynnault par longtems, & combien que elle euifi efté deuement admonefiée fe elle ne a point relevé de nous ne de no\ prediceffeurs la comté de Haynnault, nous defirons aydier en touttes chofes a Jehan d'Avefnes que nous reputons comte de Haynnault (J a fes adharens lequel fe eft deuement acquicté devers nous de l'hommaige de la dicte comté de Hainnault, nous ne treuvons point que les compaignons que on appelle rons que vous querre^ eftre banniry de nofire evefchè leur caufe difcuté en no7K cours foyent dignes de mort pourtant que le commenchement de leur faiEt eft treuvé jufie & pourceque ihy ont ce faiEt en regard de juftiche de nofire feal Jehan d'Avefnes leur comte nous les avons recheu & recepverons en nofire evefchè jufquè d ce que ferons aultrement informc contre eulx. M. S. de Lefebvre. D.  C 50 ) n°. xij. Traité d'ailiance entre Conrad , Archevêque de Cologne & Charles d'Anjou figné au möis d'Aoüt 1254. ronho^r0nradpr0mU h COmie #M<% # Jon hotr comte ou comt£jre d& Hainaut, Marlueritc i Flandre > GV M fils, camee de Flandre ,%Ts ZerïnT ^ & ^ ' ^ & II. M le comte d'Anjou ou le comte de Flandre ^mllent d leurfecours, ü fera obllgé de % aVÉCf°n &m « ^andre ou 'en Hamaut- yitamepour commander fes troupes, & il y re(iera afe,< fpensjufqu'dlafinde la/uerre * J courlrP & MarS^rUe firont obligés de fe- au Xi: sdtf°fP^nniers, le comte de Juüers ileZfrTi™ f7e' ds ne pourront h* <* liberte fans le confentement de Varchevêoue. y& 1L Pro™t d'exécuter ces lettres & de faire &Èf*' P te n JSi obligeront de cin- Jmm,Le COmt£ dlAn}°U PWmet U méme <*°f' & nornmejuatre perfonjs que ïarchevêaue avoit choi- „fT, d°Tr0n£ de Pareilks l^es. La comteffe ö Jau les mémes promeffes M Invemaire des titres de Flandre repofant a la Chambre des Comptes a Lille.    MÉMOIRE HISTORIQUE Sur les Diférens qui s'éleverent entre Jean & Bauduin dAvefnes , & Margueriu de Conflantinople, leur mere , Comteffe de Flandre & de Hainaut. M i ïï,ArfUerite,' fille Puinée de Bauduin , comte de Mandre& de Hainaut, élevé enfuite fur le trone de Conflantinople, étoit très-jeune, lorfqu e 11e perdit fon pere. Ce prince en quittant nvnit 1n£ F011,' l£ V^'age de la Terre-Sainte, avoit laiffe fes deux fïlles fous la tutele de Phiippe fon frere, marquis de Namur, de Guilaurae fon oncle , feigneur de Chateau-Thierry lez-TVamur & de Bouchard d'Avefnes. Philippe trahit les intéréts de fes nieces, en les livrant entre les roains de Philippe-Augufte, Roi de jrance. Les Flaraands irrités de cette perfidie otcrent au marquis 1'adminiftration de la Flandre & la confierent a Bouchard. Ce feigneur etoit doué des plus belles qualités du coeur & de 1 efpnt. Brave, afFable & généreux, il s'étoit attaché tous les coeurs. Bouchard avant de paroitre a la cour avoit pohedé pluüeurs bénéfices & avoit pris le foudiaconat en fecret; maïs il n'étoit point né pour A 3  ( 6 ) cette profenion : il 1'abandonna & fuivit le parti des arraes, oü il fe diftingua autant qu'il 1'avoit fait auparavant dans le droit canonique. Teanne , foeur alnée de Marguerite , fut mariée fuivant les délirs duRoi Philippe-Augufte, a Ferrand de Portugal, & retourna avec Ion époux &fa foeur, prendre 1'adminiftration de les états , après avoir été forcée de faire ceffion a la France d'une partie ( i ) de 1'Artois que fon pere avoit conquife , & qui avoit eté réunie a la Flandre par la paix de Péronne- en iigd. Quant a Marguerite , elle ne fut point mfeniible aux manieres engageantes & génereules de Bouchard, elk lui donna fa mam en iai4, du confentement de la comteffe Jeanne & a la ri) Après la mort'de Philippe d'Alface, comte de Flandre, le Roi Phihppe-Auguiie «in* u* fa Flandre illé-uant que cette provmce avoit ete donrfée i fffemmhfabelle. Bauduin , comte def Hainaut & Stier de Philippe d'Alface, a titre de fa femme Margu rke, fcur de ce prince, fe V'&™l^»*n££ hérita°e On en vint a' un accommodement. Les eveoues de Rheias & d'Arras avec les abbés de Cambron & ffichin adjugerent atiRoi, d«= France Arras Bap^ume Aire St. - Omer, es Comtes d'Hefdin & Lens , «c. «~e démembrement de la Flandre fut dès-lors aPPe le Artois, ie refte de la Flandre refta a notre Comte Bauduin. Ce Prince. peu fatisfait de ce partage trouva bientot PoccalorTderévendiquer VArtois. II dée ara la guerre a 1a! France & s'empara de plufieurs places. On ht a péronne■ la paix donfje viens de parler. Bauduin retint St.Omer, Aire, Lillers , Ardres, 1'Avouene deBethune, & le chateau de Mortagne. . ,, C er ce«e partie quele Roi de France fe St «der par la comteffe Jeanne, lors de fon manage, profitant de la foib&e d'une jeune princeffe qu'un mUre:||l avouj vree . pour reprendre contre la foi d un traite iolemnei des tèrres auxquelles la France avoit renonce le comte Ferrant tenta de les "j^J-jft mes a la main ; il fut battu, fait pnfonmer & condu t a Paris oü il refta 12 ans en captivité ; ün'en fortit qu après a'voi raïifié la ceffion de r Artois a la couronne de France.  (II) . la jurifdiaion des quatre métiers, Terremonde, Grandmont & les lfles de Zélande, prétendant que ces terres n'étoient point du reffort de St.Louis, mais de 1'Empire, & que le Roi n'avoit pu en difpofer. Ils ruinerent une partie de ces terres &affiégerent Rupelmonde(i) par terre & par eau. La comteffe aifembla une armée de Francois, Flamands & Brabancons pour défendre les pays envahis; mais Jean d'Avefnes fortant de 'Terremonde , fa) qu'il venoit de prendre, tomba fur les Flamands, & en fit un terrible carnage. Marguerite épouvantée des fuccès de fon fils, lui demanda la paix. Elle fut conclue au mois de janvier 1248. Jean & Bauduin '3) renoncent a toutes leurs prétentions fur la Flandre Impériale , pour eux & leurs fucceffeurs, de même qu'au fief d'Angleterre & a la Chatellenie de Cambray, qu'ils reconnoiffent être dépendans de la Flandre. Marguerite promet de compter foixantemillelivres aux d'Avefnes, auffi-töt que fon fils Guillaume feroit de retour de la Terre-Sainte f4); elle reconnoit en outre que les hommages que le comte de Namur & le feigneur de Luxembourg avoient en Hainaut, en Ardenne & Outre-Meufe appartiendroient a Jean & Bauduin , & que les hommages que ces feigneurs avoient en Flandre appartiendroient aux Dampierre. Cet accord déplut au Roi des Romains qui ne cherchoit que 1'agrandiflement de fon beaufrere; il favoit que Marguerite n'étoit point appaifée & qu'elle confervoit dans fon coeur tout CO Bourg, autrefois ville forte, fur la rive gauchs de TEfcaut, vis-a-vis de Tembouchure de la riviere de Rupel , a trois lieues d'Anvers. CO Manufcrits de la Fontaine & de Lefebvre. (3;Voyez pieces juftificatives, N°. V. C4) Voyez pieces juftificatives, N°. VI.  ( 12 ) le vemn j il tacha de le dédommager en lui donnant une terre confidérable que les comtes de Hollande tenoient des Rois d'Ecoffe; en omre il ie revetit en 1248 , du Comté ou Marquifat de f 3mur' 1 } 1ue Bauduin II, Empereur de Conftantinople, avoit négligé de réiever de l'Empire L. etoit une nouvelle raifon pour Marguerite üe ran-e enfin éclater la haine qu'elle portoit depms longtems au fang de Bouchard. Elle fe ïonfpflÜ DriS' °l1 £lle P''0tefta en Préfence du conieil du Roi contre 1'accord fait en 1246. Elle n eut point de honte alors de déclarer qu'elle avoit eu connoiflance de 1'ordination de Boucnard , & que fes enfans jean & Bauduin étoient niegitimes & incapables de lui fuccéder Cefie note d infammie fut prononchiée de fa propre bouf«f«ns vergotgne, dit Lefebvre , pms revenu a y mefme fut fj honteuft que a peine puft elle reorner en Haynnault gemijjant comme une femme «ejolee U fumulée des remords de confcknche pour * cruelle diffamation que elle avoit dicl contre Ces Les deux freres voulant niettre fin a ces quereiles , s addreflèrent au Pape innocent, qui étoit alors a Lyon, afin de faire confrater leur état ï> 1 uïV révêclue de Chalons-fur-Marne (2) & labbé de St. Sépulchre a Cambray. Celui-ci ne pouvant s'y trouver, fubdélégua 1'abbé de Liefnes , & ces deux prélats , après avoir écouté les temoins & examiné la queftion, la déciderent en faveur des d'Avefnes, qu'ils déclarerent légitimes a caufe de la bonne foi de la mere lors de la celébration de fon mariage avec Bouchard. (3; O) Meyer. La Lettre cTinveftiture fe trouve a la Tr, valeur du boef de noftre pere fur les trés „ maulvais homechides. Dieu vous faulve. De „ par la fociété des compaignons Haynnuyers. ,t Trois jours après 1'envoi de cette lettre, les Ronds fortirent de Thuin & entrerent en Hainaut par les bois, faifant main baffe de tous les vaffaux, & en moins de fix femaines la province fut purgée de ces brigands Le grand bailli envoya contre eux quelques nobles avec des gensd'armes qui en failirent plulieurs. Alors un des prifonniers fonna du cor & affembla plus de foixantecompagnons. Enhardi par cefecours, „nous 3, fommes bien efmerveillez, dit il, pourquoy 3, Vous Haynnuyers nous haiffezveu que n'avons ,, endommagiez homme du pays de la valeur „ d'une maille ains fommes pretz de faire plai„ lir a toutz les feigneurs de Haynnault toutj, tes fois s'ilz nous cercent nos coraiges fe 33 polroient bien muer. Nous fommes CCC con,s tre les vaffaulx & non contre aultres. ,, Les feigneurs a ces mots les laifferent aller & promirent de ne jamais s'armer contre eux. Les femmes des vaffaux, ainfi mutilées, arriverent a Gand a la cour de la comteffe , lui demandant vengeance. Elle leur promit qu'auffi-töt qu'elle auroit vaincu le Roi des Romains, elle feroit ardoir & brufler tout le pays de Haynnault en punition de 1'attentat commis par les Ronds fur fes vaffaux. Le bailli de Hainaut écrivit a 1'évêque de B  ( i8 ) Liege O) Pour l"e plaindre de ce qu'il fouffroit les ennemis de fa fouveraine, requérant que les Ronds fuffent livrés pour être punis de leurs forfaits. L'évêque répondit(2) qu'il ne reconnoiffoit point Marguerite pour comtelfe de Hainaut, puifqu'elle ne lui avoit point rendu hommage, qu'il ne connoiffoit d'autre comte , que Jean d'Avefnes , & que les Ronds jouiroient du droit d'afyle auffi long-tems qu'il ne furviendroit point d'autres charges contre eux. Entre-tems 1'an^iée de. Marguerite marchoit vers la Zélande, Guillaume de fon cöté avoit ramaffé des troupes nombreufes pour s'oppofer aux Flamands. Déja les armées étoient en préfence, Henri-le-Débonnaire, duc de Brabant, offrit fa médiation, qui fut acceptée. On fit une trêve de trois jours, & 1'on commenca des conférences a Anvers. Mais Marguerite croyantprofiter de 1'abfence du Roi des Romains & des princes , qui étoient en cette ville , pour arrêter cette guerre cruelle , envoya fecretement ordre a fes fils Guy & Jean de Dampierre , d'attaquer les ennemis , qui ne s'y attendoient pas. (3) Cette perfidie eut la fin qu'elle méritoit; les Francois & les Flamands tomberent dans le piege, que leur avoit tendu Florent, frere de 1'Empe1reur, Jean d'Avefnes avec les Ronds compagnons tombafur eux & en fit un terrible carnage. Prefque toute cette armée nombreufe fut tuée ou noyée; on en fit cinquante mille prifonniers , que Guillaume eut la généroiité de renvoyer en Flandre fans rancon; il ne retint que les deux fils de la comteffe, les comtes de Guifnes & de Bar, & ("O Voyez pieces jiiftificatives, N°. X. (2) Voyez pieces juftificatives, Ts10. XI. C3) La Fontaine, Lefebvre, Vinchant, Meyer, Delewarde.  ( 20 ) „ comme il eft apparu du conflicT:, duquel elle j, demora confufe , & pour finale conclulion not„ tez la reigle de droicl a cellui quy brife fafqy „ ne faiStfqy a. gurder C'eft ce qui me eft baillé „ pour refponfes Tefmoings les prelatz & prin„ ces cy prefentz ,,. A ces réponfes, la comteffe hors d'elle-même , vouloit lever une nouvelle armée & reprendre fes fils par la force des armes, & dans fon défefpoir elle fe feroit portée aux dernieres extrémités, fi fon confeil ne lui eut fait appercevoir quelqu'efpoir dans la protection de St.-Louis. Quatre mois après,les mêmes députés retournerent vers fEmpereur de la part du Roi de France & des villes de Flandre. L'archevêque de Cologne leur impofa , de la part du prince, des conditions trés dures „ Que la conteffe Mar„ guerite , dit-il, recognoiffe folemnellement ;, avoir fourfaict contre le trés glorieux Empe„ r'eur & que elle Tarnende comme de droi£t, & de raifon eft aultrement ne veult le Roy ac„ corder quelque traiclié item demande que le „ pays de Flandre auffy Guyon & Jehan de Dampierre (ne lui chault de leur mere ; rap„ preuvent perpetuellement que 1'Ifle de Wala„ chre eft de fief de la conté de Hollande & fe aulcuns droi&s y avoient eu les contes de 3, Flandres ce que n'ont ils quiöent tout & „ remettent en la main du conté de Hollande „ & a leurs fucceffeurs qvtelz qu'ilz foient. Item „ demande que les fentences données & les de3, cretz du Concile Imperial a Wormace des ter- res contenues en l'Empire entre Flandres & „ Haynnault foyent fceellées & confermées de v Guyon & Jehan freres comme de tout le pays „ de Flandres en perpetuel item demande que „ lefdits freres Guyon & Jehan recognoiffent en „ la prefence du Roy de France par lettres*  ( ai ) „ fceellées de leurs feaulx les di£t de la paix „ entre Jehan d'Avefnes & Baulduins fon frere „ d'une part&lefdits Guyon & Jehan leurs freres „ d'aultre part que prononchierent le Roy Loys „ de France & Ode cardinal & legat du pape „ 1'an M. CC. XXXXVI. Item demande pour ,, les defpens faidls a caufe defdits Guyon & „ Jehan feulement deux eens mille florettes de „ bon poids & ce accomply il rendra lefdits freres Guyon & Jehan fains & faulves en quel„ que port qu'ils voulüffent aller & arriver en Hollande. „ Ces réponfes recues, les députés furent traités magnifiquement par le chancellier & les princes de la cour de Guillaume, & s'en retournerent en Flandre porter a Marguerite la rage & le défefpoir Elle fit affembler les états dans Gand , & en préfence des prélats, nobles & bonnes villes de Flandre , elle déclara Guy pour fon fucceffeur & partagea de le moment le gouvernement de la Flandre avec lui, croyant par la intéreffer les Flamands en fa faveur: mais la province étoit épuifée d'hommes & d'argent, elle ne pouvoit en tirer de fecours. „ Veez difoit„ elle aux états affemblés, comment le conté „ de Hollande s'efforche de abbaiffer mes filz & „ exhalter les aultres premiers me laifferois-je 5, morir que lui accordaffes fes refquetes ains „ je propofe tellement befoigner contre lui & ,, mes enfans que leur abbaifferay leur orgueil „ car j'iray brief vers le Roy de France & luy „ donneray ma conté de Haynnault en perpe„ tuel (i) par telle condition qu'il me venge „ de ce maulvais Guillaume & adonc voiront „ Guillaume Jehan & Baulduins quelle chofe „ ils ont proffité des rebellions qu'ilz on faicl:. „ (i) Lefebvre, La Fontaine.  C aa ) Elle fe rendit en effet a Paris auprès du Roi, qui trouva ces conditions trop dures, mais il ne voyoit point de moyens de reprendreles prifonniers par la force des armes, fuivant les déiirs de la comteffe. Elle crut 1'y engager puiffarament en lui offrant le Comté de Hainaut avec toutes fes dépendances. Le Roi fut indigné de cette propolition. 11 la rejetta, en difant, que les d'Avefves étoient fes proches auffi bien que les Dampierre, & qu'il ne fouffriroit jamais qu'on allat contre le traité de 1246. Rebutée auprès du Roi, elle s'adreffa a Charles, comte d'Anjou, fon frere, & a d'autres princes de la cour de France, & lui offrit le comté de Hainaut. II n'ofa 1'accepter fans la permiffion du Roi; alors Marguerite retourna a la charge & trouva Ce prince inflexible. „ Mon plaiür n'efl:, dit-il, pour 1'a„ petit inhumain d'une femme pleine de ven5) geance mener la guerre a nos amys." Mais voyant 1'obftination de fon frere, il affembla le confeil. II y fut décidé ,, que Charles fre„ re d.u Roy emprint cefte guerre par con„ dition que la conteffe de Flandre payeroit ,, les defpens & obligeroit la conté de Hayn- nault feulement fa vye (1) tellement que apres „ la mort de elle la conté de Haynnault re„ tournaft aux anchiens filz quy eftoient proches „ parens du Roy Loys aultrement le confeil ne „ le confentiroit pas. ,?J (O Jean d'Avefnes n'auroit pu s'oppofer h cette donation , fi elle eüt été faite de bonne foi; il ne voyoit que trop. que cette condition étoit illufoire , & que Charles d'Anjou , une fois maftre du pays, s'y fortifieroit fans dou ■ te, & qu'alors il lui feroit difficile de 1'en chaffer. II étoit donc bien naturel qu'il fit tous fes efForts pour s'y oppofer , & que les habitans fecondaffent l'hérrier légitime contre un étranger qui pouvoit attirer des guerres fanglantes fur leur pays. B 3  . ■( «8.5 Le comte d'Anjou raffembla des forces confidérables a Compiegne, les Ducs d'Aleng.on , de Bourbon , d'Eftampes , de Savoie , de Champagne , de Bourgogne, de Lorraine , de Normandie , de Bretagne & une infinité d'autres feigneurs 1'accompagnoient & ajoutoient au nombre des combattans un fafie & un appareil vraiment royal. Le comte fit d'abord lommer par des hérauts, le Roi des- Romains de relacher fans rancon les prifonniers qu'il tenoit dans fes forterelfes , finon qu'il ne tarderoit pas de 1'aller attaquer dans la plaine (i) d'Afche , que s'il ne s'y trouvoit pas au jour affigné, il dévafteroit toute la Hollande. Charles étoit trop préfomptueux, mais il étoit enhardi par les difcours de la comteffe. ,, Vous povez , lui difoit elle, par ,, battaille hardiement envahir le Roy des Rom- maim car je le cognois fy couard que vous ,, 1'affiuldriez fept ans en fon pays ainfchois que il vinft allencontre & de ma part je pro3, metz a mon Dieu que Jehan d'Avefnes mon fils ne fon heritier pour ce que il provient dufang s, de Hollande le quel me faiéi tant de peine „ & molefte a jamais ne poffefferont la comté „ de Haynnault. „ Guillaume n'avoit pas vu tranquillement les préparatifs de cette guerre, de fon cöté il affembloit une armée formidable. 11 combla les hérauts de préfens & renvoya a la comteffe la cotte d'armes dont Guy de Dampierre étoit revêtu lorfqu'il fut fait prifonnier , acceptant le défit & priant le comte de ne point manquer au jour affigné. II ajouta des lettres par lefquelles il lui repréfentoit 1'iniuftice de la donation que Marguerite lui faifoit du Hainaut, & 1'affura que s'il mettoit le pied en Hainaut, il feroit affurément combattu. Cl]) Afche , village fur les confins du örabant, entre Bruxelles & Aloft.  C *4 ) L'armée Francoife fignala fon éntrée en Hainaut par des incendies & des pillages , HaufTy, Hafpres & Saufoir furent dévaftés & brülés. Les habitans des campagnes tremblans fe retirerent dans les villes, abandonnant tout a un ennemi acharné Toutes les villes épouvantées ouvroient leurs portes a Marguerite qui établiffoit d'abord le comte d'Anjou en qualité de Souverain. II dépofoit les magiftats placés par la comteife , & les rébabilitoit enfuite de fon autorité. Valenciennes feule & Enghien refuferent de le reconnoitre. Bouchain ne fut point attaqué , paree que la comteffe Alix, époufe de Jean d'Avefnes , y étoit en couche; on eut la générofité de paffer outre pour le moment. Les habitans de Valenciennes voyant fondre fur eux cette armée formidable réparerent leurs murs & leurs tours, pour foutenir un fiege. Ils ramafferent tous les vivres des environs & réfolurent de périr fous les ruines de la ville , plutót que d'abandonner les intéréts de leur prince légitime. La ville fut fommée de fe foumettre au comte d'Anjou avec menaces des plus grands chatimens , fi elle ofoit réfifter a fa Souveraine. Les gouverneur & magiftrats firent affembler le grand confeil, on y réfolut de répondre a Marguerite que „ fe elle fuift venu en forme de dame du i, pays & en Teftat deu ilz leuiffent honnorable,, ment rechue mais pourceque elle eftoit venue „ comme tyranne & pillereffe a main armée con„ tre fes fubjefts obeiffans a elle & non rebelles & ,> deftruifoit ceque debvoit garder pour ce contre „ elle comme adverfaireaupays cloroient & def„ fenderoient les portes de la ville murs tours }, & deffenfes. (i) (i) Extrait des Archives de Valenciennes.